Skip to main content

Full text of "Manuel des plantes usuelles indigènes, ou, Histoire abrégée des plantes de France : distribuées d'après une nouvelle méthode : contenant leurs propriétés et leurs usages en médecine, dans la pharmacie et dans l'économie domestique : suivi de recherches et d'observations sur l'emploi de plusieurs espèces, qui, dans la pratique de la médecine, peuvent remplacer un certain nombre de substances exotiques"

See other formats


# 


Le Das 


is 


= 


gui 1 
ee 


LE RE 
= Reid | 
‘ Se 1 # 


sn. 


4] À L£; DL rem 1399 


LE Var nt 2 M 


Lacs 


MANUEL 


DES 


L 


PLANTES USUELLES INDIGENES, 


SUIVI 


DE RECHERCHES ET OBSER VATIONS SUR L EMPLOI DE PLUSIEURS 
ESPÈCES , QUI, DANS LA PRATIQUE DE LA MÉDECINE, PEUVENT 
REMPLACER UN CERTAIN NOMBRE DE PLANTES EXOTIQUES. 


PREMIÈRE PARTIE, 


Ouvrages du même Auteur qui se trouvent chez le 
meme Libraire. 


Nouveau Voyage dans l’Empire de Flore, ou Principes élémen- 
taires de Botanique , contenant la Physiologie végétale, la Ter- 
minologie , l'exposition des Méthodes en général , et celle des 
familles et des genres de plantes cultivées dans les jardins de 
botanique de Paris, suivant la méthode du Jardin du Roi; 
2 parties formant un fort vol. in-8.............. mfr.boc. 

Flora Gallica, seu Enumeratio Plantarum in Galliàä sponte nas- 
centium ; 2 parties formant 1 vol. in-12 de 742 pages , avec 
21 planches; broché: MP RE CPP Nr nr 

Notice sur les Plantes à ajouter à la Flore de France; 1 vol. in-5. 
de 172 pages, avec planches ; broché..." 0... 2fr. 

Recherches historiques, botaniques et médicales sur les Narcisses 
indigènes , pour servir à l'Histoire des Plantes de France ; in-4. 
broché}... 14.420. ue CREER 25 c: 


L'Art de faire les Eaux-de-vie, d’après la doctrine de Chaptal; 
où l’on trouve les procédés de Rozier, pour économiser la 
dépense de leur distillation , et augmenter la spirituosité des 
Eanx-de-vie de vin, de lie, de marc, de cidre, de grains, etc. 
suivi de l’Art de faire les Vinaigres simples et composés ; avec 
la méthode en usage à Orléans pour leur fabrication ; les re- 
cettes des Vinaigres aromatiques , et les procédés par lesquels 
on obtient le Vinaïigre de bière , de cidre , de lait, de malt, etc. 
Par M. Parmentier , de l’Institut de France : ouvrage orné de 
5 planches, représentant les diverses machines et instrumens 
servant à la fabrication des Faux-de-vie. In-8. broché... 4 fr. 

De l'Hygiène des Gens de lettres, ou Essai médico-philosophique 
sur les moyens les plus propres à développer ses talens et 
son aptitude naturelle pour les sciences, sans nuire à sa santé 
et sans contracter de maladies ; ouvrage utile à tous les hommes 
de cabinet et à ceux qui mènent une vie sédentaire ; par 
M. Brunaud, docteur en médecine. In-8. broché...... 7fr. 

Traité complet de la Maladie Scrophuleuse , et les différentes 
variétés qu’elle peut offrir ; ouvrage renfermant ses causes, 
ses symptômes et ses complications ; les principes généraux 
de l'éducation la plus propre à garantir les enfans de cette 
cruelle maladie , et enfin les moyens à employer pour son trai- 
tement curatif ; par M. Lepelletier , docteur en médecine. In-8, 


DrBCRESE ER re 00) AE RE a à je ele nie PMR Te 


DE L’'IMPRIMERIE DE CRAPELET: 


MANUEL 


DES 


PLANTES USUELLES INDIGÈNES, 


OU 


HISTOIRE ABRÉGÉE 
DES PLANTES DE FRANCE, 


DISTRIBUÉES D'APRÈS UNE NOUVELLE MÉTHODE ; 


CONTENANT LEURS PROPRIÉTÉS ET LEURS USAGES EN MÉDECINE , DANS 
LA PHARMACIE ET DANS L'ÉCONOMIE DOMESTIQUE ; 


SUIVI 


De RecugrcHes et d'OsservarioNs sur l'emploi de plusieurs 
espèces, qui, dans la pratique de la Médecine, peuvent 
remplacer un certain nombre de substances exotiques. 


Par J. L. A. LOISELEUR-DESLONGCHAMEPS, 


Docteur en médecine de la Faculté de Paris , membre de la Société de Médecine 
de la même ville; Associé ou Correspondant des Académies des Sciences, Ins- 
criptions et Belles-Lettres de Toulouse, de Rouen , de Toulon ; de la Société 
d'Emulation de Rouen ; de la Société des Sciences physiques et médicales 
d'Orléans; de la Société phytographique de Gorenki en Russie, etc. 


Nos nec Indicarum Arabicarumque mercium , aut externi orbis 
attngimus medicinas. Non placent Here tam longè nas- 
centia : non nobis gignuntur.... salutem quidem sine his 
posse constare probabimus. Pzun. Lib. IF, cap. 24. 


; -IBRARY 
‘EW YORK 
BOTANICAE, 


À PARES: GARDEN, 
Chez MÉQUIGNON aîné, père, Lübraire de la Faculté de 


Médecine et des Hospices , rue del’ École de Médecine , n° 9. 


SLR SIT IR R RER VAS 


1019. 


ÉxÉtTIGRE IR 


AT 
#4 Foas à ra LM 
1» x d, | À 


re 


FAUX. #5 $ to 


ah ip ee , 


ENT PEN A Tes 


A 
dl Foy A, AE 


st 4 1 1 
x es 54 RP I UPS IV) 
Fr à k * fs 4 dt 17.42% 
(AUS \ fée she À \ dut Ca 
Lie Ces ! | 
"ral | ue) F : 


F- Le 


Y ] PAU " 
s É ÿ PR RRURENT..;" rorée 
DOS EN 
; a ; ' # 
«. ” “ Pete 24 ; J 
‘ mn i 
of + x 0 
px 
, \ ù « 
+ 4 \ | , 4 
D + 
LITE 
LL 7 
F ë LAN vaïr 
À à ra" Pi ON RO T FM: 
| D f y 
“y 4 É î 4 » 
3 H 1429 
s ’ L L 
k , 
' 
Le 
+ % 4 
’ 5 { 
É s 
= e # 
d + 
Li 
< . 
7 
\ 
k 101 


EXTRAIT DU RAPPORT 
FAIT A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DE L'INSTITUT DE FRANCE, 


DANS SA SÉANCE DU LUNDI 18 JANVIER 1819, 


Par MM. LABILLARDIERE, DESFONTAINES Tr DE JUSSIEU. 


CLARA RAR RAR ARS RS 


NS avons examiné, par ordre de l’Académie, deux Ouvrages 
présentés par M. Loisezeur-Desconccmamps, docteur en mé- 
decine. 

Le premier est intitulé : Manuel des Plantes usuelles indi- 
gènes, distribuées d’après une nouvelle modification de la méthode 
naturelle, ou Histoire abrégée des Plantes de France, contenant 
leurs propriétés et leurs usages en médecine, dans la pharmacie 
et dans l’économie domestique. 

L’Auteur se propose, dans ce travail , de présenter toutes les 
plantes usuelles de France réunies en genres et familles , d’indi- 
quer leurs caractères spécifiques , génériques et ordinaux, ainsi 
que les propriétés remarquables dans chacune. À la suite du 
caractère général de chaque famille, il énonce sa propriété géné- 
rale qui est le résultat des propriétés particulières... ... 

Le travail de M. Deslongchamps a le mérite de joindre, dans 
le même ouvrage, les caractères qui intéressent le botaniste, 
et les propriétés que le médecin recherche plus particulièrement, 
Sous ce double point de vue, ce travail peut étre utile aux élèves 
qui cherchent à s'instruire dans les deux parties. L’Auteur a dis- 
tribué les familles suivant une méthode qui ne diffère de celle 
adoptée au Jardin du Roi, que par quelques inversions, et parla 
substitution du caractère tiré de l’ovaire supère ou infère em- 
ployé dans les dernières subdivisions, au lieu de celui que don- 
nent les insertions des étamines. 

A la suite de cet Ouvrage, M. Deslongchamps en a joint un 
autre qui doit être de quelque intérêt dans la pratique de la mé- 
decine , surtout de celle des pauvres ; il a cherché les moyens de 
remplacer quelques médicamens étrangers , tels que l’Ipéca- 


EXTRAIT DU RAPPORT DE L'INSTETUT. 


cuanha, le Séné, le Jalap et l'Opium, par d’autres médicamens 
tirés des végétaux indigènes. Chacune de ces substances étran- 
gères est l’objet d’un Mémoire particulier dans lequel l’Auteur, 
après avoir donné l’historique de cette substance, traite, dans 
des articles subséquens , de chacun des végétaux indigènes qu'il 
croit propres à la remplacer. Il décrit ces végétaux , ensuite ül 
indique celles de leurs parties qui participent plus des propriétés 
de l’objet étranger , et la manière de les préparer et de les admi- 
nistrer. Il cite à l’appui des épreuves faites sur divers malades de 
l'un et de l’autre sexe affectés de diverses maladies. Ces expé- 
riences sont présentées dans des Tableaux séparés en plusieurs 
colonnes, qui indiquent le sexe, l’âge, la nature de la maladie, 
l'effet produit sur le malade, et quelques autres observations par- 
ticulières… . .. : | 

À la fin de chacun des Mémoires précédens , on trouve un 
Résumé court dans lequel sont tirées des conséquences justes et 
abrégées pour assigner , à chaque objet substitué , le rang qu'il 
doit occuper dans la matière médicale pour remplacer le médi- 
cament étranger. 

Nous pensons que ce travail de M. Loiseleur-Deslongchamps 
mérite d’être approuvé par l’Académie, et que l’Auteur doit être 
encouragé et invité à continuer ses recherches sur les médicamens 
indigènes , qui tendront à procurer aux pauvres habitans de la 
campagne des remèdes moins coûteux et également salutaires. 


L'Académie a approuvé le rapport, et en a adopté les con- 
clusions. 


DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 


Ns doit-on pas s’étonner que lorsque les diverses bran- 
ches de la médecine, la Nosologie, P Anatomie, la Chi- 
mie, la Botanique, ont fait de nos jours des progrès si 
rapides qu'elles ont été portées à à un degré très-voisin 
de la perfection, la matière médicale, qui paraît temir 
de si prés à la dernière de ces sciences, soit restée tel- 
lement en arrière, qu'on peut dire qu'elle est encore 
dans l’enfance ? IL est singulier que cette _partie qui, 
chez les anciens, fut cultivée une des premières, et qui 
paraît même avoir existé avant toutes les autres, soit 
ensuite restée stationnaire pendant près de dix-huit 
siècles ; car il n’y a pas cinquante ans que notre ma- 
tière médicale ne valait pas mieux qu'au temps de Dios- 
coride ; et encore aujourd'hui à peine peut-on se flatter 
qu er | soit un peu plus avancée; nous nous sommes 
seulement enrichis de plusieurs HA datés que nous 
devons aux découvertes des voyageurs, et qui souvent 
ont été empruntés à des peuples sauvages. Comment 
est-1l arrivé que cette branche de l’art de guérir, qui 
cependant est une des plus essentielles , ait fait si peu 
de progrès réels pendant un si LIoe temps, et quelles 
peuvent en avoir été les causes ? Je CrOES que les princi- 
pales peuvent se réduire à deux, 1°. la Polypharmacie 
ou l’abus des médicamens composés; 2°. la préférence 
accordée aux médicamens exotiques sur les indigènes. 

1°. La matière médicale des premiers médecins paraît 
avoir été très-simple. Hippocrate nous apprend que les 
médecins cnidiens, qui avaient écrit sur la médecine 
avant lui, n’employaient qu’un petit nombre de remé- 
des (1), et ce grand médecin était lui-même trés-réservé 


ci) Qui cnidias appellatas sententias scriptis tradiderunt... paucis 
(Er numero remediis us sunt. Hipp. De ratione victés in acutis. 


a 
ni 


rt 


” 


d… 


ij DISCOURS 


sur l'emploi des médicamens. Il paraît qu'il s’attachait 

principalement à observer les mouvemens et les efforts 

de la nature dans les maladies, faisant consister presque 

tout le mode de les traiter et l’art de les guérir, dans 

la diète ou le régime; et lorsqu'il jugeant les remèdes 

nécessaires, 1l les prescrivait tres-simples ou peu com- 
osés. 

Hérophile, qui vivait environ deux cents ans après 
Hippocrate, passe pour avoir fait un plus grand usage 
des médicamens, tant simples que composés, qu'on ne 
faisait avant lui, de sorte qu'il ne traitait aucune ma- 
ladie sans en employer (1) ; il estimait d’une manière 
parüculiére l’Hellébore blanc (2). Érasistrate, qui était 
à peu près son contemporain , se déclara pour les mé- 
dicamens les plus simples ; 1l bläma fortement l'usage 
de ceux qui étaient composés, et dans lesquels on mélait 
ensemble les minéraux, les plantes, les animaux, les 
choses tirées de la mer et celles que la terre produit (3); : 
il ordonnait à ses malades de se nourrir de citrouilles, 
de melons, de concombres et d’herbages; il faisait, 
d’ailleurs, grand cas de la Chicorée, et 1l a décrit avec 
soin la manière de l’apprêter (4). 

Asclépiade, qui rétablit et pratiqua la médecine à 
Rome vers le temps de Pompée (5}, et qui se fit une 
grande réputation dans cette ville, paraît avoir banni 
de sa pratique la plus grande partie ‘des médicamens (6) 
dont les autres médecins se servaient. Un de ses prin- 
cipes était qu'un médecin doit guérir ses malades sûre- 
ment, promptement et agréablement. Il employait assez 
fréquemment les hear rarement les vomitifs (7), 
et jamais les purgatifs, si ce n’est dans la paralysie et la 


(1) Cels. 4b. 5, Præfat. 

(2) Le Clerc. Hist. de la Médec. part. 2, p. 34. 
3) Le Clerc. Z. c. p. 22. 

(4) Le Clerc. L. c. p. 22. 

(5) Plin. Zib. 26, cap. 3. 

(6) Cels. Lib. 5, Præfar. — Plin. L, c. 

(7) Plin. Z.c. 


PRÉTIMINAIRE, ii 
catalepsie. On peut lui reprocher sans doute d’avoir 
poussé au-delà des bornes l’éloignement qu'il avait pour 
les médicamens proprement dits, en réduisant le trai- 
tement, dans la plupart des maladies, à l’abstinence des 
alimens et quelquefois à celle du vin, aux frictions, à 
l'exercice soit à pied , soit en voiture (1). Mais la mé- 
thode d’Asclépiade ne fut pas de tongue durée, et les 
médecins qui vécurent sous les premiers empereurs, 
reprirent bientôt l'usage des médicamens simples et 
composés; c'est même à cette époque qu'on doit placer 
l'origine de la Polypharmacie. Avant ce temps, on n’a- 
vait guère d'exemple de médicamens composés de plus 
de six à huit substances. Dioscoride , qui vivait sous 
Nérom, nous a laissé, dans son Traité de Matière mé- 
dicale, le seul complet en ce genre qui nous soit resté 
des anciens, les noms des diverses substances employées 
de son temps; et quoique le nombre en soit assez consi- 
dérable , 1l paraît que ce médecin employait peu de 
médicamens composés, au moins si l’on s’en rapporte 
à son ouvrage, dans lequel les prescriptions sont tou- 
Jours assez simples. Damocrate et Andromachus, qui 
furentses contemporains, commencèrent, au contraire, 
à mettre en usage les longues recettes, et l’on vit alors, 
ou peu de temps après, se former ces compositions mon- 
strueuses connues sous les noms de Mithridate, de Thé- 
riaque , d'Orviétan, et tant d’autres électuaires, confec- 
tions, élixirs, trochisques , baumes, onguens, etc. etc. 
dont il serait inutile de rappeler les noms. Plusieurs de 
ces compositions admettaient trente à quarante et jus- 
qu'à soixante ou quatre-vingts drogues différentes, ras- 
semblées de toutes les parties du monde connu; et 
comme si le règne végétal eût été insuffisant, on alla 
chercher dans le règne animal les choses les plus viles (2) 
et les plus dégoûtantes (3). 


(1) Plin. Zib. 26, cap. 3. 
(2) Les crapauds. 
(3) Stercus canis, vulgd album græcum. 


a 1j 


1Y DISCOURS 


Si toutes les compositions pharmaceutiques ne furent 
pas aussi chargées, toutes cependant le furent plus ou 
moins, et très-rarement se borna-t-on au mélange de 
trois à quatre substances ; on ne crut pas qu'une pré- 
paration pût être bonne, si elle n’en renfermait pas au 
moins dix à quinze. Si encore en formant ces compo- 
sitions, clles ne l’eussent été’que d’élémens homogènes; 
mais le peu de connaissance qu'on avait alors sur la 
vraie manière d'agir des substances médicamenteuses, 
ne permettait pas qu'on distinguät ce qu'il était à pro- 
pos de réunir et ce qu'il convenait de séparer. Les mé- 
decins d’alors paraissaient d’ailleurs croire que plus ils 
combinaient de substances ayant des propriétés diffé- 
rentes et opposées, plus ils se trouvaient dansdle cas 
de combattre sûrement et facilement toutes les mala- 
dies, puisqu’en employant ces compositions même au 
hasard , il eüt été bien extraordinaire qu'il ne s’y trouvät 
pas quelque chose qui convint à la maladie qu’on avait 
à traiter. On regarda, par exemple, pendant très-long- 
temps, la Thériaque comme une panacée propre dans 
la plupart des maladies ; et sans citer toutes celles 
contre lesquelles on la croyait très-eflicace , 1l suffira 
de dire qu’on l’estimait capable de préserver de toute 
espèce de poison, et de guérir de la peste. 

Pline n’avait pas si bonne opinion des médicamens 
composés ; 1l les blâme fortement dans plusieurs endroits 
de ses ouvrages (1); et en parlant du Mithridate, dans 
lequel il dit qu'on faisait entrer cinquante-quatre dro- 
gues différentes, il accuse les médecins de n’avoir in- 
venté de telles compositions que par ostentation , et 
pour donner de l'importance à leur art ; 1l va même 
jusqu’à taxer de perfidie les inventeurs (2). 

Cependant, quoiqu'en eût dit l'historien de la na- 
ture, les médecins ses contemporains, et ceux qui vin- 


oo 


(x) Plin. Lib. 22, Cap. 24 ; = 10 24, cap. 1, — et Uib., 29 ; 
cap. I, 
(2) Plin. Lib. 29, cap. 1. 


PRÉLIMINAIRE. v 


rent aprés, ne changèrent pas leur pratique ; au con- 
traire, le nombre des compositions pharmaceutiques 
s’accrut chaque jour. On jugera combien elles étaient 
extraordinairement muluphées du temps de Galien qui 
ne vivait que cent ans après Pline. Ce médecin célèbre 
nous a laissé parmi ses ouvrages plusieurs livres sur les 
substances médicinales simples, et un plus grand nom- 
bre sur la composition des médicamens. Dans ces der 
mers, qui sont au nombre de dix-huit, et dans ses deux 
hvres sur les Anudotes, il est fait mention de plus de 
quinze cents préparations pharmaceutiques de toute es- 
pèce, dont beaucoup sont composées de vingt à soixante 
drogues et davantage. On ne peut pas précisément re- 
procher à à Galien d’être l'auteur de toute cette Poly- 
oo mais on pourra toujours s lui reprocher de 
avoir adoptée et de lavoir consacrée dans ses ouvrages. 
Du temps où vivait Galien à l’époque des Arabes, la 
matière médicale ne paraît pas avoir éprouvé de chan- 
gemens notables, et ceux-c1 n’y changérent rien non 
plus ; mais 1ls l'aügmentérent beaucoup par de nou- 
velles compositions, et particulièrement par l introduc- 
tion des remèdes chimiques. Ils furent les premiers qui 
employérent en médecine l'or, l'argent et les pierres 
précieuses. On leur doit surtout l'usage de plusieurs 
purgatifs, qui n'avaient pas été connus des Grecs et des 
Romains, et plus doux que ceux dont on était servi 
jusque-là. Ils furent aussi les premiers qui introdui- 
sirent différens aromates également inconnus avant eux. 
Depuis les Arabes, la matière médicale, loin de se 
simphfier, s’est au contraire com pliquée de plus en plus, 
et cet abus fut toujours en croissant jusqu’au dix-sep- 
ième siècle. Ce fut en vain que, vers cette époque, 
Ludovicus, médecin allemand, s’éleva avec force contre 
Ja prodigieuse quantité de drogues (1) qu'on employait 
alors; ses sages remontrances ne furent point écoutées ; 


(1) Traité du bon choix des Médicamens , par Daniel Ludovi- 
eus , commenté par Ettmuller. 
a 1] 


v) DISCOURS 


et la réforme qu'il proposait ne put s’exécuter. Ludo- 
vicus parle de trois à quatre mille substances simples; 
ce qui paraîtra encore peu de chose, si l’on veut faire 
attention au nombre de compositions de toute espèce. 
qu'on préparait alors dans les pharmacies. Lémery, 
dans sa Pharmacopée imprimée en 1697, en décrit eu- 
viron deux mulle; et l’ancienne Faculté de Paris, dans 
la dernière édi ie de son Codex, publiée il y a soixante 
ans, en comprend encore plus de douze cents. 

Il paraît cependant que les médecins avaient senti 
dés lors la nécessité d’une réforme ; mais elle fut bien 
imparfaite, puisqu'on laissa subsister une foule de com- 
positions, dont le plus grand nombre aurait dü être 
tout-à-fait supprimé , tandis qu'il eùt fallu réduire celles 
qui sont à conserver (1). Pour qu’on puisse juger jus- 
qu'à quel point l'abus des médicamens composés était 
porté , il suffira de dire que de simples boissons ou 
tisanes ne se préparaient pas sans qu'on y fit entrer 
douze, quinze ou vingt plantes; et les ouvrages des mé- 
decins 1 plus célèbres peuvent en fournir des preuves. 
Boerhaave , dans le Formulaire qui est à la suite de ses 
Aphorismes, présente plusieurs exemples de ces pres- 
criptions compliquées. 

2°. J'ai dit que l'emploi trop fréquent des médica- 
mens exotiques , préférablement aux indigènes , était 
une des causes qui avaient retardé les progrès de la ma- 
uere médicale ; et je crois que celte cause procéda en 
grande partie dela séparation de la médecine et de la 
pharmacie ; ce qui eut lieu vers le temps d Hérophile 
et d'Érasistrate. En effet, les médecins ayant cessé de 
s'occuper de la préparation des remèdes, ceux qui fu- 
rent chargés de cette parue, les pharmaciens, se COM- 
posérent des boutiques dans lesquelles ils introduisirent 
tout ce que le commerce put leur fournir de plus rare 
et de plus cher, afin d'augmenter d’autant plus leur bé- 
néfice. Cet us des hate exotiques était déjà porté 


(1) Ainsi que la Faculté actuelle de Médecine vient de le faire 
dans le nouveau Codex, publié dernièrement. 


PRÉLIMINAIRE. vi 


très-loin du temps de Pline, puisqu'il s'en plaint amé- 
rement (1). Il avait d'ailleurs pris naissance chez les 
Romains, lorsqu' ils eurent soumis à leur domination 
tant de contrées diverses, et 1l s'était accru en raison de 
leur luxe. On sait holieh était grand celui de ces 
conquérans du monde, et surtout celui qu'ils mettaient 
dans leurs repas ; maîtres d’une partie de l'Afrique et 
de l'Asie, en même temps que de la plus grande partie 
de l'Europe, ils aimaient à réunir sur leurs tables les 
producuons de cent provinces différentes. Peut-on être 
surpris, d'aprés cela, que les médecins de cette époque 
aient augmenté à l'infini le nombre des substances mé- 
dicamenteuses , en préférant les plus rares et les plus 
chères, et qu ils aient imaginé en même temps toutes 
les compositions compliquées dont il a déjà été ques- 
üon ? N'était-ce pas alors un moyen sûr d’accréditer la 
médecme, et de l’accommoder au goût corrompu des 
riches et de grands ? 

Les voyages et les découvertes des peuples modernes 
ont encore beaucoup augmenté cette quantité de dro- 
gues déjà si considérable ; combien de substances nou- 
velles nous ont été apportées des Indes, et surtout de 
l'Amérique ? Mais l'indifférence , pour parvenir à leur 
connaissance réelle, était si grande , que naguëre on 
ignorait encore l'origine de plusieurs (2), c'est-à-dire, 
qu'on ne savait à quelle espèce de plante on devait r'ap- 
porter un grand nombre d’entre elles; et il est arrivé 
de là, que “less ; trois, quatre substances différentes, 
et même davantage, passaient dans le commercg sous 
le même nom. 

Il est bien plus facile de suivre la routine ordinaire, 
et de prescrire des choses qu’on trouve dans toutes les 


(1) Plin. Zib. 22, cap. 24, et Lib. 24, cap. 1. 

(2) Le Contrayerva , le Simarouba , l'Ipécacuanha, le Jalap, 
le Quinquina et autres, ont été dans ce cas; les Hermodates ont 
été abandonnées avant qu’on ait su bien positivement de quelle 
plante elles étaient la racine. 


vil DISCOURS 


boutiques , que de se livrer aux recherches, aux obser- 

vations et aux travaux pénibles qui sont inséparables 
de l'étude de la Botanique. Parcourir les prairies et les 
campagnes , s'enfoncer dans d’épaisses forêts, gravir 
des montagnes escarpées, essuyer enfin des fatigues de 
toute espece, tels sont les premiers travaux du médecin 
qui veut parvenir à la connaissance des plantes. Mais 
doit-1l craindre ces peines et ces fatigues, lorsque la 
Botanique fournit à la Médecine la majeure parte des 
remèdes que celle-ci met en usage, et lorsqu'elle pour- 
rait les fournir tous ? car je suis persuadé de la possi- 
bilité de remplacer tous les remèdes chimiques et mi- 
néraux par des végétaux ou leurs produits. Cependant 
certains médecins affectent beaucoup d’indifférence 
pour la Botanique, et croient pouvoir se passer du se- 
cours des plantes ; mais ceux qui manifestent une telle 
opinion ont“bien tort; car, outre que la classe des mé- 
dicamens chimiques est beaucoup plus circonscrite , 1l 
s'en faut bien qu’elle fournisse des moyens aussi efli- 
caces et aussi certains que ceux qui nous sont offerts 
par le règne végétal. Que peut-on comparer, par exem- 
ple,àl Opiume et au Quinquina ? et comment la Chimie 
pourrait-elle remplacer ces substances ? 

Les rapports entre la Botanique et la Médecine me 
paraissent si intimes, que le médecin qui n’est pas bo- 
taniste se trouve privé, dans l'exercice de son art, d’une 
connaissance dont il eût souvent üré le plus grand avan- 
tage, et que l'administration des médicamens que les 
végétaux nous fournissent , n'est plus pour lui qu'un 
empirisme aveugle qui l expose : à commettre les erreurs 
les plus graves et les plus grossières. Comment se fait-1l 
donc que la Botanique soit si peu cultivée par la plupart 
des médecins? J’en ai déjà dit la raison plus haut; c’est 
que cette science ne peut s’acquérir dans le repos, et 
que la fatigue épouvante beaucoup de gens. Pourquoi 
d’ailleurs UE celte science ? à quoi peut-il servir de 
connaître les plantes de la France ? L'usage ne permet 
pas qu'on les emploie ; il veut qu’on leur préfere celles 


PRÉLIMINAIRE, 1x 


de l’Inde, de l'Afrique et de l'Amérique ; ce n’est pas 
alorsdans la campagne qu’il faut aller étudier, c’est dans 
les boutiques du droguiste et du pharmacien. 

L’habitude des drogues étrangères a jeté de si pro- 
fondes racines, que les circonstances les plus défavo- 
rables à leur emploi n’ont pu en faire perdre le goût. 
Naguère le commerce de la France et celui de l’Europe 
presque entière, s’est trouvé pendant plus de dix ans 
dans un tel état de gêne, que les médicamens exotiques 
n’arrivaient plus qu'avec une très-grande difhculté, et 
que le prix de presque tous avait doublé, triplé, qua- 
druplé, quelques-uns même avaient décuplé de valeur. 
Malgré cela, pendant cette période assez longue, à peine 
si l'on peut citer les recherches et les observations d'un 
peut nombre de médecins qui ont tenté de substituer 
les plantes de leur pays à celles que les chances défavo- 
rables de la guerre maritime nous faisaient payer si cher. 

Si quelque chose pouvait amener un changement, 
c'était assurément, comme je viens de le dire, les 
événemens de ces derniers temps; mais ce qui prouve 
. qu'il est peut-être impossible, c’est qu’en général, au 
heu de chercher des succédanées aux médicamens exo- 
tiques , les médecins ont toujours continué , malgré la 
difficulté des circonstances , à introduire de nouvelles 
drogues étrangéres; car si, depuis vingt-cinq ans, trente 
substances nouvelles ont été admises dans les différentes 
Pharmacopées de l'Europe, il y en a les deux tiers qui 
n'appartiennent pas à cette partie du monde. 

Notre sol est-1l donc si pauvre en végétaux, ou ces 
végétaux sont-1ls done dépourvus de toute propriété, 
pour que nous soyons forcés d'aller chercher dans d’au- 
tres climats des remèdes plus efficaces? Non, sans doute; 
le sol de la France est assez vaste et en même temps 
assez varié pour que le nombre des plantes qui crois- 
sent sur sa surface soit tres-considérable. Les Pyrénées 
et les Alpes nourrissent celles de la froide Lapomie, 
tandis que la Provence, le Languedoc et l’île de Corse 
voient éclore les fleurs et mürir les fruits de la Grèce, 


>< DISCOURS 


de l'Espagne, du Portugal, et même de plusieurs con- 
trées de l'Afrique et des Indes. La France est peat- 
être le pays de l Europe le plus riche en végélaux ; au 
moins jusqu ici aucune Flore des royaumes voisins n’est 
égale à à la sienne qui compte près de quatre mille es- 
pêces, sans parler de cette nombreuse classe, seulement 
connue de quelques botanistes, et jusqu'a présent à peu 
prés nulle sous le rapport de ses propriétés; je veux par- 
ler de la Cryptogamie. Si la nature a fait naître avec pro- 
fusion , dans nos climats, tant de plantes diverses , nous 
devons croire que cette mère bienfaisante ne les a pas 
seulement destinées à être le stérile ornement de la 
terre, mais qu'elle leur a donné à toutes des propriétés 
qui soient dans le cas de suffire à nos besoins. Cette 
foule de végétaux , que partout nous voyons éclore au- 
tour de nous, forme des famulles, des genres, tous 
doués de vertus plus ou moins recommandables. Cepen- 
dant ces plantes sont foulées aux pieds avec mépris; 
elles sont négligées comme si elles n’avaient aucune 
vertu, et l’on préfère payer bien cher celles qui viennent 
des pays éloignés. Mais n’est-1l pas ridicule de croire 
que pour guérir une maladie, 1l soit nécessaire de par- 
courir toutes les parties de la terre, et de mettre les 
deux mondes à contribution ? 

Cessons d'aller chercher la Rhubarbe à la Chine et 
en Sibérie, le Séné en Égypte el jusque dans l’Inde, 
l’Aloes en Ce le Quinquina au Pérou, l'Ipéca- 
cuanha au Brésil, l'Opium en Perse ; affranchissons- 
nous de ce tribut, que nous payons aux étrangers, en 
employant nos plantes indigènes, dans lesquelles nous 
trouverons des médicamens aussi bons, souvent meil- 
leurs, toujours préférables, parce qu DE seront plus ré- 
cens, qu'ils pourront être recueillis avec plus de soin, 
et chEn parce qu on sera plus sûr de leur identité. Les 
drogues exotiques sont souvent gâtées par le voyage ou 
le séjour dans les magasins; le ‘plus souvent elles sont 
falsifiées par la eupidité dés marchands, et, dans ce 
cas, les préparations qu'on en reure manquent l'effet 


PRÉLIMINAIRE. xj 


qu’elles doivent produire, et ne remplissent pas l'attente 
du médecan. 

Ces inconvéniens disparaîtront lorsque ceux qui 
exercent l’art de guérir voudront se livrer à l'étude des 
plantes de leur patrie, et les substituer dans leur pra- 
tique à toutes les substances étrangères , qui sont au- 
jourd’hui presque les seules qui composent notre ma- 
tiére médicale. 

Dans l’état actuel des choses, une bonne matière mé- 
dicale indigène est donc presque toute entière à faire. 
En publiant, il y a deux ans, le Nouveau Foyage dans 
l’Empire de Flore, où Principes élémentaires de Bota- 
nique , J'ai cru que Je pourrais être utile à tous ceux qui 
se livrent, par goût on par nécessité, à cette science 
aimable, et j'ai eu la satisfaction de voir mes efforts 
couronnés par le succes que cet ouvrage a obtenu. 

Maïs il manquait à ce premier ouvrage la partie la plus 
essentielle et la plus utile ; je veux dire l’exposition des 
propriétés et des usages des plantes. C’est cette lacune 
que j'ai essayé de remplir en entreprenant, sur les 
plantes indigènes , le nouveau travail que je livre au- 
jourd'hui au public ; travail dont j'ai cherché à étendre 
l'uuhité le plas qu'il était possible, en joignant à l’indi- 
cation des vertus et de l'emploi des plantes dans la mé- 
decine et la pharmacie, les différens usages dont elles 
peuvent être dans l’économie domestique et dans les 
arts, de maniere à ce que ce livre püt devenir, pour 
toutes les classes de la société, un Manuel commode de 
toutes les plantes usuelles de notre territoire. 

Quoique , dans ce nouvel ouvrage, j'aie eu moins 
en vue la partie botanique que celle des propriétés des 
plantes, je ñ’ai cependant rien négligé pour donner à 
la première tout le degré de précision et de perfection 
dont elle. était suscepuble, en faisant toujours précé- 
der ce qui a rapport aux usages et aux propriétés par 
une description concise, mais exacle, de tous les genres 
et de toutes les espèces ; ce qui ne peut manquer d’être 
trés-utile et tres-essentiel pour éviter les erreurs qui 


Xi) DISCOURS 


n’ont que trop souvent lieu dans l'emploi et l’admi- 
mistration des plantes, et qui peuvent quelquefois avoir 
les inconvéniens les plus graves (1) 

Mon principal but a d’ailleurs été de rappeler l’at- 
tention sur les plantes de notre patrie, et de faire con- 
naître aux jeunes gens qui se destinent à l’exercice de 
l'art de guérir, celles qu'il leur est utile d'étudier. J'ai 
voulu aussi que cet ouvrage püt servir aux médecins qui 
exercent dans les campagnes, et qu'il füt pour eux d'un 
usage commode , pour leur apprendre les caractères 
disuncufs des plantes qu'ils ont tous les jours sous les 
yeux, en même temps quil leur indiquerait les pro- 
priétés principales, d’après lesquelles 1ls pourraient sou- 
vent les employer dans leur pratique sans avoir besoin 
d'envoyer chercher d’autres médicamens dans les villes. 

En entreprenant cette Histoire abrégée des Plantes 
indigènes ; jai d’abord été embarrassé sur le nombre 
des espèces qui devaient y trouver place. Devais-je me 
borner seulement à celles dont les propriétés sont bien 
constatées ? Alors le défaut d'observations et d'expé- 
riences positives en eût exclu le plus grand nombre, et 
l'ouvrage eût été réduit à trop peu de chose, J'ai pré- 
féré rapporter la plus grande partie des plantes aux- 
quelles on avait attribué des propriétés quelconques ; , 
mais en ne traitant que briévement de celles qui pa- 
raissaient peu mériter d'être employées, ou dont l'usage 
était tombé en désuétude. 

L’oubli dans lequel certaines plantes sont tombées 
n’est pas d’ailleurs toujours fondé, et plusieurs de ces 
plantes, peut-être, n’atténdent pour reparaître avec 
avantage dans notre matière médicale, que des obser- 
vations exactes qui mettent leurs propriétés dans un 
nouveau jour ; tandis que quelques espèces nouvelle - 


(1) J'ai vu substituer le Trèfle des prés au Trèfle aquatique 
(Menianthes trifoliata, Lin.) , la Fumeterre au Serpolet, le Cer- 
feuil sanvage à la Ciguë , l'Hysope à la Saponaire, la Gratiole à 
la Mercuriale , etc. 


PRÉLIMINAIRE. Xi} 


ment vantées ne tarderont pas sans doute à être aban- 
données. 

Souvent l'emploi d’une plante est une sorte de mode, 
la vogue que telle espéce obtient n'a quelquefois d'autre 
FE que Ja renommée du médecin qui la recom- 
mande, et tous les succès qu'on lui attribue ne sont dus 
qu'à à la ‘grande réputation de celui-c1. Il faut regarder, 
je crois , comme une chose positive, qu'une mulutude 
de plantes à inertes n’ont été tant préconisées que pré- 
cisément à cause de leur inerüe, qui a permis de les 
employer sans nuire; et des médecins peu observateurs 
ont'æmieux aimé léur attribue la guérison de leurs ma- 
lades, que de croire qu’elle était due aux seules forces 
de la nature. 

Dans lincertitude de savoir comment faire un bon 
choix, voulant d’ailleurs ajouter, aux plantes usitées 
en ESF EEE celles qui appellent notre attention par 
d’autres propriétés, j'ai dù comprendre dans ce Manuel 
toutes les plantes qui, soit par leurs vertus positives, 
soit par celles qu'on leur a attribuées, soit par l'usage 
qu'on en fait dans l’économie domestique et dans les 
arts, méritent d’être connues. 

-Je suis loin d’avoir la prétention de donner un livre 
entiérement neuf; J'ai dù, pour cet ouvrage, emprun- 
ter beaucoup aux auteurs qui ont écrit avant moi sur 
le même sujet; mais Jai purgé le mien de toutes les 
erreurs qui avaient été trop long-temps consacrées , et 
qui doivent être écartées d’après les progres SAR IE, de 
la médecine et de la physiologie. Je l'ai enrichi aussi 
des découvertes faites dans ces derniers temps, et Je 
crois surtout que la méthode facile et commode, que j'ai 
suivie pour la classification des espèces, doit ie donner 
un aspect entièrement différent des autres ouvrages avec 
lesquels 1l pourrait avoir quelques rapports. 

En effet, pour rendre plus facile et plus commode 
l'Histoire abrégée des Plantes de France, j'ai dû les clas- 
ser d'après une méthode. Bien peu de plantes, ou peut- 
_ être aucune espèce médicamenteuse, parmi celles qui 


XIV DISCOURS 


sont véritablement actives, n’ont une vertu essentielle 
_et positive. La manière de les préparer, le temps de les 
donner, la nature de la maladie, le tempérament du 
malade, les doses surtout auxquelles on les administre , 
peuvent changer et modifier à l'infini lenrs propriétés les 
mieux déterminées ; de sortie qu’on n’a d'autre ressource, 
lorsque l’on veut classer les médicamens par leurs vertus, 
que de les considérer sous un seul rapport, et en suppo- 
sant leur manière d’agir bornée aux effets qu'ils produi- 
sent le plus-ordinairement étant donnés à une certaine 
dose ; car autrement la même espèce pourrait souvent 
être rangée dans plusieurs classes différentes. Ainsi lO- 
pium, qu’on place le plus souvent à la tête des anuspas- 
modiques, pourrait aussi être rangé avec les substances 
vénéneuses, puisque son abus donne la mort; la Digi- 
tale, qui, à petites doses, ralentit les mouvemens du 
cœur et paraît diminuer lirritabihité, l’excite forte- 
ment, et devient violemment émétique et purgative si 
on la donne à des doses plus élevées ; telle plante pro- 
voque, selon les cas et selon la manière dont elle est 
administrée , tantôt la sueur, tantôt les urines, tantôt la 
purgation ; telle autre produira des vomissemens ou 
facilitera seulement l’expectoration pulmonaire, etc. 
Ces considérations m'ont engagé à préférer aux clas- 
sifications médicales, une classificauon botanique, espé- 
rant d’ailleurs, par ce rapprochement de la matière 
médicale et de la botanique, pouvoir inspirer aux jeunes 
médecins le goût de cette dernière science que la plu- 
part d’entre eux ne cultivent point assez, quoiqu’elle 
soit pourtant, dans la pratique, d’un usage journalier 
et de la plus grande importance ; car qu'un médeain, 
aussi savant que possible, mais qui aura négligé étude 
de la Botanique, soit à la campagne auprès d’un ma- 
Jade qui ait besoin de prompts secours, 1l se trouvera 
fort embarrassé, s’il est privé en même temps de ceux 
de la Botanique et de la Pharmacie ; tandis que celui 
qui aura étudié les plantes trouvera sans peine autour 
de lui de quoi suppléer aux drogues qui lui manquent, 


PRÉLIMINAIRE. XV 


et la connaissance des affinités botaniques lui procurera 
bientôt des succédanées mulupliés. Croit-il avoir 
besoin, par exemple, de la Menthe poivrée, plusieurs 
autres Menthes sont là, ou, à leur défaut, toutes les 
Labiées se présenteront en foule; ne peut-il trouver la 
Guimauve, 1l la suppléera par la première Malvacée; il 
est loin des eaux et des fontaines, le Cresson lui man- 
que, trente autres Cruciféres s'offrent à ses regards; il 
ne peut se procurer d'Opium, toutes les moissons sont 
remplies de Coquelicots, etc. 

La considération des affinités botaniques m’a égale- 
ment engagé à préférer au système de Lanné la classifi- 
cation des plantes en fannlles naturelles ; cette méthode 
ayant le grand avantage de réunir le plus souvent dans 
le même ordre les végétanx qui se conviennent par 
leurs propriétés intrinsèques, comme ils sont rappro- 
chés par leurs formes extérieures (1), et aussi parce que 
cette méthode fournit le plus sûrement au médecin le 
moyen de trouver des succédanées, soit pour les espèces 
exotiques, soit pour les indigènes mêmes, lorsqu'il n’a 
pas sous la main celles qui sont le plus ordinairement 
en usage, et qu'il faut leur en substituer d’autres, ainsi 

ue je viens de le dire. Mais en adoptant en principe 
Jes familles naturelles comme base de ma classification, 
j'ai cru devoir faire un changement dans l’ordre de leur 
exposition adoptée par la plupart des botanistes. 

Les motifs qui m'ont engagé à proposer cette nou- 
velle modification de la méthode de M. de Jussieu, sont 
ceux que Jai déjà exposés dans un Mémoire qui m'est 


(1) Plantæ quæ genere conveniunt, etiam virtute conveniunt ; 
quæ ordine naturali continentur, ettam virtute propiüs accedunt ; 
quæque classe naturali congruunt, ettam viribus quodammodo 
congruunt. Lin. Phil. Bot. . 337. 

Non tantüm integram caracterum et affinitatum cognitionem 
tradit methodus naturalis, sed et plantarum smul virtutes indicat 
magno rei medicæ et alimentariæ, artiumque emolumento. Juss. 
Introd. ad Hist. Plant. apud. GEN. PLANT, £vir. 


by 


XY) DISCOURS 


commun avec mon intime ami M. le docteur Marquis, 
professeur de botanique à Rouen, auquel la première 
idée en est due, et au développement de laquelle nous 
avions déja commencé à travailler, 1l y a douze ans, 
pour un ouvrage qui n'a point encore vu le jour. Je'ne 
crois pouvoir mieux faire que de reproduire ici ces 
motifs. 

« Rai, appliquant mal à propos à l’histoire naturelle 
la méthode usitée dans les sciences mathématiques, 
commença le premier le tableau du règne végétal par 
les plantes les moins parfaites, ou plutôt les plus sim- 
ples, les Acotylédones. Magnol, Boerhaave, Haller, 
Bernard de Jussieu, Adanson, et enfin le célébre A. L, 
de Jussieu, qui a publié et perfecionné la méthode de 
son oncle, crurent devoir suivre le même ordre. 
L'exemple de ce dernier a servi de règle à tous ceux 
qui ont adopté ou modifié cette méthode, en excep- 
tant M. le chevalier de Lamarck (1), qui a publié, en 
1786, dans l'Encyclopédie méthodique, un Tableau 
des Plantes divisées en six grandes classes. Dans cette 
classification, M. de Lamarck commence son Tableau 
par les ordres à fleurs polypétales, et le termine par les 
Cryptogames. 

» Linné ne pensa jamaïs.qu'on dût suivre, dans les 
plantes , la marche usitée dans les sciences mathéma- 
tiques. L'instinct naturel, dit-l, nous porte d’abord à 
étudier les êtres qui sont plus rapprochés de nous, et 
en dernier lieu, ceux qui, par leur petitesse, échappent 


(1) M. Decandolle, après avoir suivi d’abord , à peu de chose 
près , l’ordre de M. de Jussieu dans la 3° édition de la Flore 
francaise , a aussi, en 1813, dans sa Théorie élémentaire de Bo- 
tanique , publié une nouvelle liste des familles naturelles, en 
commencant par les Renonculacées, et en finissant par les Algues. 
Le même auteur, dans la 2° édition de son Essai sur les pro- 
priétés des Plantes , imprimée en 1816 , a suivi le même ordre; 
et c’est aussi, à ce qu'il parait , d’après cette nouvelle classifica- 
tion, qu'il se propose de ranger toutes les familles dans le grand 
ouvrage dont il vient de commencer la publication. 


PRÉLIMINAIRE. Xvi} 


presque à nos sens (1). Il termine, en effet, par les 
Algues et les Champignons, ses fragmens de Méthode 
naturelle. 

» S'il est à propos, dans les sciences abstraites, d’aller 
du simple an composé, doit-il en être de même en 
histoire naturelle ? La nature ne nous offre presque 
jamais que des êtres plus ou moins composés, et c’est 
avec ceux qui le sont davantage qu’elle nous a mis le 
plus en rapport. Ce sont ceux-là par conséquent dont la 
connaissance nous est le plus facile, ce sont ceux-là 
qui, nous servant de terme de comparaison, nous ap- 
prennent en quelque sorte à connaître les autres. 

» L'arbre qui fournit à l’homme un abri, des fruits 
savoureux et nourrissans, fut sans doute pour lui le pre- 
mier modèle de l'idée du végétal. Les plantes dont les 
fleurs charment les sens, comme le Lis, la Rose, furent 
bientôt comprises sous la même idée archétype. Les 
autres végétaux , moins remarquables, vinrent s’y ran- 
ger successivement, à mesure qu'ils fixérent l'attention 
par quelque rapport plus ou moins intéressant avec 
l'espèce humaine. Mais un temps considérable dut cer- 
tainement s’écouler avant que l'esprit de l’homme pût 
considérer, comme appartenant au même règne, le 
Chêne ou le Palmier, qui élancent leur tête dans la nue, 
et le Byssus pulvérulent, qui ne semblent qu'une tache 
sur le rocher. 

Si l'on veut commencer par.ce dernier l'histoire des 
végétaux , 1] faudra donc commencer également celle 
du règne animal, non par l’homme, dont le géme ob- 
serve et classe les autres êtres, mais par la monade invi- 
sible, découverte, après tant de siécles, par l’homme 
lui-même, à l’aide des instrumens qu'il a su créer pour 
étendre à un point si étonnant ses facultés, mais aux- 
quels peut-être il doit aussi plus d’une erreur. 


(1) Naturalis instinctus docet noscere primüm proxima et ul- 
timd minutissima ; cx. gr. homines , quadrupedia , aves , pisces, 
insecta , acaros, vel primüm majores plantas, uliimo minimos 
muscos. Phil. Bot. Ç. 153. 

b cry 


XVI) DISCOURS 

» Nous ne pensons donc point comme M. Decan- 
dolle (r), qu'il soit absolument indifférent de commen- 
cer le tableau du règne végétal par une extrémité ou 
par l’autre. La nature des choses, la convenance non 
moins que Ja commodité nous semblent exiger que ces 
plantes, sur lesquelles Ja curiosité toujours croissante 
de l’homme ne s’est arrêtée d’une manière suivie que 
dans les temps modernes ; ces plantes, dont plusieurs 
n'existent pour ainsi dire pas pour tout autre que l’ob- 
servateur exercé, soient rejetées vers les dernières limi- 
tes du règne, pliëe que la nature elle-même paraît leur 
avoir assignée. » 

Par suite de ces mêmes considérations, de ces mêmes 
convenances , jai cru qu'il fallait commencer l'exposi- 
ion des familles par celles dont l’organisation était en 
quelque sorte plus parfaite, parce que les plantes qui 
les composaient étaient pourvues d’un plus grand nom- 
bre d’organes, et que ceux de leur reproduction sur- 
tout, di sont les plus essentiels, étaient les plus nom- 
breux. Cela posé , 1l me reste à faire connaître sur quels 
pr incipes reposent les divisions principales pour la clas- 
sification des familles. 

Tous les botanistes admettent aujourd'hui la division 
du régne végétal en trois grandes classes, Dicotylédones, 
Monocotylédones, Acotylédones. Avec tous les bota- 
nistes , je reconnais le nombre des Cotylédons, et leur 
Pen Ée comme une des bases principales de toute bonne 
classification des végétaux ; mais je crois que la pr ésence 
ou l’absence des Cotylédons a été mal à propos consi- 
dérée comme caractère e primaire quand il n’est réelle- 
ment que secondaire. La première division à admettre 
dans les plantes doit d’abord, selon moi, être prise dés 
deux grandes cons suivantes : 

1°. Les plantes se muluplient, par dés graines pro- 
Fe par une fécondation préliminaire, dans des indi- 


(1) Théorie élémentaire de Botanique , pag. 205. 


PRÉLIMINAIRE. xix 
vidus pourvus de fleurs constituant essentiellement deux 
sexes différens. 

2°, Les plantes se reproduisent par des corpuscules 
propagateurs se formant spontanément dans un appa- 
reil reproducteur quelconque , mais sans le concours 
de la fécondauon qui ne peut avoir lieu dans des indi- 
vidus dépourvus de fleurs proprement dites, et par con- 
séquent de sexes (1). 

La première de ces divisions comprendra les Dico 
tylédones et les Monocotylédones ; la seconde, les Aco- 
tylédones. En effet, ne peut-on pas croire que les Cotÿ- 
lédons n'existent dde graines, que parce que celles-ci 
sont le produit de la fécondation , et si les corps repro- 
ducteurs des végétaux de la Rue division en sont 
dépourvus, ce n’est probablement que parce qu'ils ne 
sont pas le résultat d’une fétondauon préliminaire. 

C’est dans la présence ou l'absence des organes nour- 
riciers et protecteurs de l'Embryon, qu'on a surtout 
cherché les fondemens de la principale division du 
règne végétal; c’est dans les enveloppes protectrices de 
la fleur proprement dite, c'est-à-dire des organes 
sexuels ; c’est dans le périanthe is paraît qu’on peut 
chercher avec le plus d'avantage les moyens de subdi- 
viser les grandes tribus. 

Les différences du périanthe d’après lesquelles ilnous 
a paru que les Dicotylédones pouvaient être partagées, 
son! les: suivantes : dans les unes, le périanthe est dou- 
ble, ou:formé de deux enveloppes ; il est simple dans 
le5 autres. Nous nommons les premières Dipérianthées, 
ct les secondes Monopérianthées. . 

La plupart des botanistes avant nous ont employé, 


(1) Les parties que beaucoup de botanistes encore regardent 
comme formant, dans les végétaux de cette grande division, les 
organes sexuels , diffèrent tellement de ces mêmes parties dans les 
plantes de la premiére division , désignées communément sous le 
nom de Phanérogames , que rien n’est moins prouvé jusqu'ici 
que leur analogie avec les étamines et les pistils. 


b iv 


XX DISCOURS 


comme considération principale, dans l'établissement 
des classes de leurs méthodes, la division des corolles 
en poly pétales et en iionopétales. Cette division est. 
trop naturelle et trop généralement établie, pour que 
nous ayons pensé à en chercher une autre; soie l'avons 
donc admise comme de second ordre. 

La situation de l'ovaire relativement au périanthe 3 
ordinairement négligée dans la classification des fa- 
milles, nous à paru, après la considération du nombre 
des parues de la corolle, le caractère le plus propre à 
fournir un moyen d'établir des coupes bien tranchées, 
et en même temps bien naturelles; car, à la réserve des 
Pomacées, des Vaccimiées et des Root qui, par la 
DCE de de ce caractère, se sont MbeE exclues, 
les prenneres, des Ronerrels les secondes, des Éri- 
coides, et les troisièmes, deS Asparaginées (réumies par 
moi aux Asphodélées), cela n’a exigé aucune autre sé- 
paration. Quant aux séparations que J'ai faites, doivent- 
elles être regardées comme des affinités rompues, ou 
n'est-il pas plutôt permis de croire que les plantes de 
ces nouvellés familles se trouvent maintenant plus na- 
turellement classées qu'autrefois ? Les Pomacées, par 
exemple, ne sont-elles pas mieux placées à côté des 
Myriées , que lorsqu’ elles étaient confondues dans la 
même famile avee les Poténulles, les Pruniers, etc. ? 
et les Vaccimées ne peuvent-elles pas aussi être regar- 
dées comme ayant de plus grands rapports avec les 

Caprifohacées, qu elles n’en avaient avec les Éricoïdes 
ou les Bruyères ? 

Toutes les autres familles que j'ai établies l'ont été 
par d’autres considérations qu'on tronvera expliquées 
dans l'ouvrage lui-même, et toujours d’ aprés des carac- 
tères bien tranchés, Er distincts et d’une facile ex- 
pression. C’est ainsi que j'ai formé les Helléboracées, 
les Linées, les Oxalidées, les Corydalées , les Hyppo- 
castanées, les Limoniacées, les Amygdalées , etc. Jai 
cru aussi devoir en adopter die autres établies 
derniérement par d’autres auteurs, telles que des Résé- 


PRÉLIMINAIRE. Xx} 


dacées, les Tamariseinées, les Balaniferes {appelées par 
d’autres Quercinées), les Sahieinées, etc. J'ai d’ailleurs 
supprimé les familles qui m'ont paru établies sur de 
trop faibles caractères ; ainsi je n'ai pas mentionné les 
Rhinanthées et les Asparaginées , réunissant les pre- 
mières aux Personées, et les secondes aux Aspho- 
délées. 

. Pour revenir à la préférence que je donne à la situa- 
uon de l'ovaire relativement au périanthe, sur limser- 
uon des étamines, cette considération m'a le plus sou- 
vent servi à conserver dans toute leur intégrité les afli- 
mités reconnues par tous les botanistes, mais elle m'a 
encore conduit à établir d’autres rapports, que l’on 
trouvera , je l'espère, tout aussi positifs, d’après les 
rapprochemens que j'ai faits. Aimsi j'ai rapproché les 
Linées des Malvacées, les Fumeterres des Légumineu- 
ses, celles-ci des Crucifères , les Saxifragées des Caryo- 
phyllées, les Dipsacées des Composces , les Cucur- 
tacées des Campanulacées , les Labiées des Borraginées, 
les Globulaires des Plumbaginées , etc. 

La considération de la position supérieure ou infe- 
rieure d’un organe, par rapport à un äutre, est certai- 
nement une des plus simples et des moins susceptibles 
d'ambiguité. C’est cé qui m'a fait préférer les expres- 
sons d’ovaire supérieur et d’ovaire inférieur, à celles 
d'ovaire libre ou adhérent, adoptées aujourd'huï par 
plusieurs auteurs, pour désigner le même état respectif 
de ces parties. : 

La situation relative de l'ovaire et du périanthe m'a 
paru d'ailleurs avoir cet avantage et cette importance 
sur lx considération de l’attache des étamines, que 
l'ovaire, par la desunation que la nature lui a donnée 
de contenir les germes des graines, est, sous ce rapport, 
Fa partie principale du végétal, souvent la seule qui 
persiste après la floraison accomplie. Mais dans beau- 
coup de cas, lorsqu’à la persistance nécessaire et absolue 
de l'ovaire, se joint la persistance du périanthe, ou au 


XXi) DISCOURS 


moins d'une de ses parties, le calice (1), on voit com- 
bien est réellement important le caractère fondé sur 
la situation respective de l'ovaire et du calice, et de 
quel avantage il est dans une méthode pour faciliter la 
détermination des classes et des familles, lors même 
que la floraison est passée depuis long-temps; tandis 
qu’au contraire , les étamines, organes passagers, des- 
unées seulement à opérer la fécondation, se flétrissent, 
tombent ou sont détruites, si ce n'est dans un peut 
nombre de cas, sans qu'il en reste de trace, lorsque le 
but auquel elles devaient concourir est rempli. 

L’ovaire placé au-dessus ou au-dessous du périanthe 
m'a donc fourni, pour la première grande division de 
ma premiére tribu, un caractère de troisième ordre, 
et des caractères de second ordre pour la deuxième 
grande division de la même tribu. Ainsi j'ai formé 
quatre classes dans les Dicotylédones dipérianthées, 
Savoir : 

1°. Les Polypétales superovariées, c’est-à-dire, à 
ovaire supérieur ; 

2°. Les Polypétales inferovariées , c’est-à-dire, à 
ovaire inférieur ; 

5°. Les Monopétales inferovariées ; 

4°. Les Monopétales superovariées. 

Dans les Dicotylédones monopérianthées, je n’ai fait 
que deux classes, savoir : 

10. Les Monopérianthées superovariées ; 

2°. Les Monopérianthées inferovariées. 

La division des plantes en polypétales et en mono- 
pétales, adnuse pour les Dicotylédones, ne m'ayant 
pas paru pouvoir être appliquée aux Monocotylédones 


(1) Le calice est persistant dans les Légumineuses, les Géra- 
niées , les Malvacées, les Caryophyllées , les Rosacées, les Myr- 
tées, les Ericoïdes , les Apocynées , les Personées , les Labiées, les 
Borraginées , les Radiées , les Flosculeuses, les semi-Flosculeuses, 
et un grand nombre d’autres familles. 


PRÉLIMINAIRE. 


lédones : 
1°. Dipérianthées superovariées ; 
2°. Dipérianthées inferovariées ; 
3°. Monopérianthées inferovariées ; 
4°. Monopérianthées superovariées. 


xxii 
sans rompre beaucoup d'aflinités bien reconnues, Je 

n'ai partagé ces dermiéres qu'en quatre classes , d’après 
la double considération du périanthe simple ou ‘double ; 
et celle de l'ovaire supérieur où inférieur. Ainsi j'ai 
établi les quatre classes suivantes dans les Monocoty- 


La présence ou l'absence des feuilles offre la division 
la plus simple et la plus naturelle de la troisième tribu, 


les Acotylédones. 


Il ne me reste plus, pour donner une idée plus pré- 
cise de cette modification de la méthode naturelle, 
qu'à rassembler, dans un Tableau qu'on puisse em- 
brasser d’un coup d'œil, l’ordre qui vient d’être exposé. 


TABLEAU d'une nouvelle classification botanique. 


classes, 
f superovariées.….. 1 
Polypétales,. 4 © 
sl ( inferovariées ... 2 
1  TRIBU. DISÉRIANTHÉES... , 
f inferoyariées,,.. 35 
Dicotylédones....« Monopétales.. ? , 
| superovariées. ., 4 
superovariées... 5 
MONOPÉRIANTHÉES, «uso sous eee 
inferovariées.... 6 
2° TRIBU, | superovariées, .. 7 
DrPRRTENBHEES). 1.0 le oilee sie | 
inferovariées .., 8 
Monocotylédones, 
{ inferovariées. .. q 
MONO2ÉRIANTHÉES. , ....... gosse | 
superovariées, .,10 
5° TRIBU. 
; FOLIÉES. 22.21. MA SP PR et Na à NP, 11 
Acotylédones.. 
ADHRLERS, 0 0e NON RERA EIRE TN de 12 


XXIY 


DISCOURS 


TABLEAU de la série des Familles des Plantes indi- 
gènes, distribuées selon la nouvelle modification de 


1 
O (O O1 Où OT CU D bi 


17 


18 
19 


39 
40 
41 
42 


A6 
47 
48 
4 

5 
5 


57 


la méthode naturelle. 


Fe CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, POLYPÉTALES SUPEROVARIÉES. 


Helléboracées. 
Renonculacées. 
Malvacées. 
Linées. 
Oxalidées. 
Géraniées. 
Méliacées. 
Aurantiacées ou Hespéridées. 
Hypéricées. 
Rutacées. 
Cistées. 
Violées. 
Polygalées. 
Corydalées. 
Légumineuses. 
Crucifères. 
Capparidées. 
Papavéracées. 
Résédacées. 


Vinifères. 
Berbéridées. 
Tiliacées. 

À céridées. 
Hippocastanées, 
Limoniacées. 
Paronychices. 
Caryophyllées. 
Saxifragées. 
Crassulées. 
Portulacées. 
Tamariscinées. 
Lythrées. 
Rhamnées. 
Euphorbiées. 
Térébinthacées. 
Amygdalées. 
Spiréacées. 
Rosacées. 


IIS CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, POLYPÉTALES INFEROVARIÉES, 


Pomacées. 
Myrtées. 
Loranthées. 
Grossulariées. 


43 
44 
45 


Ficoïdées, 
Onagrées. 
Ombellifères. 


III: CLASSE. 


DYCOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES , MONOPÉTALES INFEROVARIÉES. 


Dipsacées. 
Radiées. 
Flosculeuses. 
Semi-Flosculeuses, 
Valérianées. 
Rubiacées. 


52 
53 
54 
55 
56 


Lobéliacées. 
Campanulacées. 
Cucurbitacées. 
Caprifoliacées. 
Vacciniées. 


IVe CLASSE. 
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, MONOPÉTALES SUPEROVARIÉES. 
58 Rhododendrées. 


Éricoïdes,. 


PRÉLIMINAIRE. 


59 Diospyrées. 68 Acanthées. 

o Apocynées. 69 Orobanchées. 
Gr Gentianées. 70 Jasminées. 
62 Polémoniacées. 71 Verbénacées. 
63 Convolvulacées. 72 Labiées. 


64 Solanées. 
65 Primulacées. 
66 Utriculariées. 


73 Borraginées. 
74 Globulariées. 
75 Plumbaginées. 


: XXY 


67 Personées. 76 Plantaginées. 
Ve CLASSE. 
DICOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES, SUPEROVARIÉES. 
77 Sanguisorbées. 83 Ulmacées. 
78 Amaranthées. 84 Buxacées. 
79 Atriplicées. 85 Urticées. 
80 Polygonées,. 86 Salicinées. 
81 Thymélées. 87 Bétulacées. 
82 Laurinées. 83 Conifères. 
VI CLASSE. 
DICOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES ,; INFEROVARIÉES. 
89 Balaniferes. 91 Aristolochiées. 
90 Eléagnées, 
VII: CLASSE. 
MONOCOTYLEDONES DIPÉRIANTHÉES , SUPEROVARIÉES. 
92 Palmiers. 94 Nymphéacées. 
93 Alismacées. 


VIII CLASSE. 
MONOCOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ;, INFEROVARIÉES. 
96 Orchidées. 
IXe CLASSE. 


MONOCOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES ;, INFEROVARIÉES- 


Hydrocharidées. 


97 Aroïdées. : 09 Tridées. 
96 Tamnées. 100 Narcissées. 
X, CLASSE. 


MONOCOTYILÉDONES MONOPÉRIANTHÉES , SUPEROVARIÉES, 


101 Liliacées. 

102 Asphodélées, 
103 Colchicacées. 
104 Potamophyles. 


105 Joncées. 

106 Typhacées. 
107 Cypéracées. 
108 Graminées. 


XXV) DISCOURS PRÉLIMINAIRE, 
XI° CLASSE. 


ACOTYLÉDONES FOLIÉES. 


109 Fougères. 113 Lycopodiacées. 
110 Salviniées. 114 Mousses. 
111 Equisétacées. 115 Hépatiques. 


112 Characées. 
XII CLASSE. 


ACOTYLÉDONES APHYLLES. 


116 Lichénées. 118 Champignons. 
117 Hypoxylées. 119 Algues. 


Il s’en faut de beaucoup que les plantes soient dis- 
tribuées d’une manière égale dans ces douze classes. La 
nature ne se prête point à des coupes mathématiques ; 
tout ce que nous pouvons désirer dans nos distributions 
méthodiques, c'est de nous rapprocher le plus pos- 
sible d’un ordre dans lequel les affinités naturellés soient 
le mieux conservées. Mais les affinités d'un grand nom- 
bre de végétaux n'étant pas encore bien connues, il 
s'ensuit que, dans une méthode vraiment naturelle, 
l’ordre des familles ne peut pas, jusqu’à présent, être 
regardé comme entièrement fixé ; car l'observation d’un 
nonveau caractere, d’un nouveau RE qui n'avaient 
point encore été aperçus, peut tout à coup changer la 
place d’un genre, d une famille. 
uoique nous n’ayons jusqu'à présent appliqué notre 
méthode qu'aux seules plantes de France, et par con- 
séquent à un peut nombre d'espèces, nous osons croire 
cependant qu elle est suscepuble de recevoir un plus 
grand développement, et qu elle pourra être applicable 
à tout le régne végétal ; mais si,*contre notre attente, 
il en était autrement , 1] nous sue qu'elle fût com- 
mode et facile pour la détermination de nos espèces 
indigènes, pour que nous croyions ayoir fait une chose 
utile en l’établissant. 


MANUEL 


DES 


PLANTES USUELLES INDIGÈNES. 


Ie CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; POLYPÉTALES 
SUPEROVARIÉES. 


Famille I. 


IHELLÉBORACÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractère d’avoir un 
calice de 5 folioles, quelquefois de 4 seulement , plus rare- 
ment nul; une corolle de plusieurs pétales (r à 12 et même 
plus) attachés au réceptacle, conformés dans plusieurs 
genres d’une manière particulière, comme en cornet, en 
éperon, en crosse, etc. ; des étamines en nombre indéfini, 
insérées sur le réceptacle; plusieurs ovaires supérieurs, atta- 
chés à un réceptacle commun et central; plusieurs cap- 
sules s’ouvrant par leur côté intérieur et contenant plusieurs 
graines. 

Toutes les Helléboracées de France sont des plantes her« 
bacées , à feuilles alternes, rarement simples ; à fleurs ordi- 
nairement terminales, rarement solitaires, souvent disposées 
en grappe. 

Les Helléboracées forment, dans la Méthode de M. de 
Jussieu , les 3 dernières sections de ses Renonculacées; mais, 
d’après la différence essentielle qu’elles présentent dans leur 
fruit, qui est une capsule déhiscente et à plusieurs grammes, 
j'ai cru devoir en former une famille particulière, famille 
très-naturelle, si l’on en excepte la Parnassie et l’Actée qui 

A 


2 HELLÉBORACÉES 


ne doivent pas, à la rigueur, être considérées comme lui 
appartenant, mais seulement comme ayant de l’affinité avec 
elle, et que, dans l'insuffisance de nos méthodes, nous ne 
pouvons pas mieux placer. 

Les Helléboracées sont toutes plus ou moins amères, 
âcres et caustiques. Plusieurs d’entre elles sont émétiques et 
purgatives à petite dose : à plus grande dose, elles agissent 
comme de véritables poisons ; ce qui doit rendre les mé- 
decins extraordinairement circonspects sur la manière de 
les administrer intérieurement. 


1°" Genre. — HELLÉBORE. ÂELLEBORUS. Lan. 


Calice de 5 folicles coriaces, persistantes. Corolle de 5 
à 12 pétales en cornet, plus courts que le calice. 50 à 60 
étamines. 5 à 6 ovaires. 5 à 6 capsules comprimées, 


HELLÉBORE NOIR, vulsairement Rose de Noel. 
Helleborus niger. Lan. Spec. 763. — Bull, Herb. tab. 
55. — Helleborus niger, flore roseo. Pharm. 


=: LA 
Sa racine est vivace , composée de grosses fibres noirä- 
tres; elle donne naissance à plusieurs feuilles et à plusieurs 
tiges. Les premières sont grandes, luisantes, un peu coria- 
ces , d’un vert foncé, portées sur des pétioles longs d’en- 
viron 6 pouces, partagées en 7 à 11 folioles lancéolées, 
disposées en manière de digitations , dentées en leurs bords. 
Les tiges sont cylindriques, hautes de 6 à 8 pouces, paï- 
faitement glabres, ainsi que toute la plante, nues dans toule 
Jeur partie inférieure, garnies dans la supérieure de 2 à 
5 petites feuilles ovales-lancéolées, blanchätres, et termi- 
nées par 1 ou 2 grandes fleurs blanches, avec une légére 
teinte rose. {1 leur succède 5 capsules qui contiennent plu- 
sieurs graines. Cette plante croît dans les montagnes de 
la Provence, du Languedoc, du Dauphiné, etc. On la cul- 
tive dans les jardins pour jouir de ses belles fleurs, qui pa- 
raissent en janvier et février, quelquefois même dès la fin 
de décembre. 4 
On a cru pendant long-temps que notre Hellébore noir 
était la plante tant vantée par les médecins de l'antiquité, 
dont ils faisaient usage dans une foule de cas, et principa- 
Jement dans la folie; mais 'l'ournefort, dans son voyage au 
Levant, a retrouvé le véritable Hellébore des anciens, que 
les hotanisles nomment maintenant //ellébore oriental. 


\ 


HELLÉBORACÉES. 5 
Cette erreur à d’ailleurs été sans conséquence, notre plante 
indigène ne différant que très-peu de celle de l’orient, et 
ses propriétés étant les mêmes, si ce n'est qu’elle a un peu 
moins d'énergie. Quoi qu’il en soit, cette espèce est encore 
très-active et même dangereuse, si elle n'est employée avec 
circonspection ; elle excile le vomissement et purge avec 
violence à la dose de 20 à 50 grains en nature et en poudre, 
et en décoction à la dose de 1 à 2 gros ; dans de plus faibles 
proportions , elle est vermifuge, fondante , emménagogue. 
On en fait usage dans la manie, l’hydropisie, les affections 
vermineuses , les engorgemens des viscères. 

Les racines d'Hellébore noir entrent dans la composition 
de plusieurs préparations pharmaceutiques, telles que le 
sirop de pomme helléboré, les pilules de Starkey, ete. Leur 
extrait fait la base des pilules toniques de Bacher, qui sont 
souvent très-efficaces dans certaines hydropisies, et dont la 
dose est depuis 10 jusqu’à 56 grains, ou même plus. 

HELLÉBORE VERD. 

Helleborus viridis. Lin. Spec. 784. — Jacq. FI. Aust. 


t. 106. — Æelleborus niger vulgaris, flore viridi. Pharm. 


Cette espèce diffère d'avec la précédente par ses fleurs 
moitié plus petites, verdätres, ordinairement au nombre 
de 2 à 5, et parce que ses tiges sont chargées, à la base de 
chaque rameau, d’une feuillégigitée. L’Hellébore verd croît 
dans les montagnes des départemens du midi, en Picardie, etc. 
Il fleurit en avril et mai. 

Ses propriétés sont les mêmes, et il peut être employé 
dans des circonstances semblables et à de pareilles doses que 
l'Hellébore noir. Bergeret dit en avoir fait préparer des pi- 
lules à la manière de celles de Bacher, qu'il a employées 
plusieurs fois avec succès. Ses racines, de même que celles 
de l’Hellébore noir et du Pied-de-Griffon, sont propres à 
ouvrir et à entretenir des sétons et des cautères. Les vété- 
rinaires s'en servent avec avantage pour sétonner les bêtes 
à cornes et les chevaux. 


HELLÉBORE FÉTIDE, vulgairement Pied-de-Griffon. 
Helleborus fœtidus. Lin. Spec. 784.—Bull. Herb. t. 71. 
— Helleborus niger fœtidus. Pharm. 


Sa racine est vivace, composée de fibres longues, épaisses ; 
elle donne naissance à une tige cylindrique, assez grosse, 


9 


4. HELLÉBORACÉES. 


droite, haute d’un pied et demi ou environ, rameuse in- 
férieurement, rameuse et comme paniculée en sa partie 
supérieure , garnie de feuilles, dont les inférieures sont pé- 
tiolées, coriaces , luisantes, d’un vert sombre, partagées 
jusqu’à leur base en 6.à 10 digitations allongées, aiguës, 
dentées en scie; les feuilles supérieures sont ovales-lancéo- 
lées, entières, d’un vert blanchâtre. Les fleurs sont verdä- 
tres, inclinées sur leur pédoncule, disposées plusieurs en- 
semble, à l'extrémité de la tige et des rameaux, en une sorte 
de panicule : les folioles de leur calice sont arrondies, re- 
dressées, presque conniventes , verdätres et un peu bordées 
de rouge, beaucoup plus petites que dans l’Hellébore noir. 
Cette plante croît dans les lieux incultes, pierreux, et sur 
les bords des bois ; elle fleurit en février et mars. 

Le Pied-de-Griffon peut être assimilé aux deux espèces 
précédentes pour les propriétés générales; mais depuis quel- 
ques années, on l’a plus particulièrement préconisé comme 
vermifuge. Bisset conseille 1 gros de.ses feuilles fraîches en 
décoction, ou 15 grains de leur poudre lorsqu'elles sont 
sèches, en en continuant l'emploi plusieurs jours de suite. 
M. Decerfs accuse la poudre de causer souvent des vomis- 
semens fatigans, etil donne la préférence à la première pré- 
paration ; il assure d’ailleurs avoir constamment administré 
avec succès l'Hellébore fétide, comme vermifuge, soit en 
décoction, soit en sirop, soit en dissolulion vineuse ou 
alcoolique. 


2° Genre. — NIGELLE. NIGELLA. Lin. 


Calice de 5 grandes folioles colorées, pétaliformes. Co- 
rolle de 5 à 6 pétales en forme de cornet, et plus courts que 
les folioles calicinales. Etamines nombreuses. 5 à 10 ovaires. 
Autant de capsules polyspermes, comprimées et soudées 
ensemble, de manière à paraîlre n’en former qu'une seule 
à plusieurs loges. 

NIGELLE DES CHAMPS, vulgairement Nelle des champs, 

Nielle sauvage ou bétarde, Barbue où Poivrette 
cominune, Toute-Epice. 


Nigella arvensis. Lin. Spec. 955.— Bull. Herb. t. 126. 


Sa racine est grêle, pivotante, annuelle; elle donne naïs- 
sance à une tige droite, glabre comme toute la plante, 
simple ou divisée en quelques rameaux étalés et très-ouverts, 
haute de 8 à 15 pouces, garnie de feuilles alternes, deux 


HELLÉBORACÉES. J 
fois pinnatifides, à divisions linéaires. Ses fleurs sont bleues, 
solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux ; elles ont 
8 pétales, 5 ovaires réunis par le bas et surmontés cha- 
cun d’un style. Ces ovaires deviennent autant de capsules 
comprimées sur les côtés, soudées ensemble par leur base 
de manière à paraître n’en former qu’une, et renfermant 
chacune plusieurs graines noïrätres. Cette plante croît dans 
les moissons; elle fleurit en juillet et août. 

La graine de Nigelle des champs passe pour incisive, 
apéritive et emménagogue ; elle est la seule partie de la 
plante qui soit en usage en médecine , et éncore l’emploie- 
t-on très-peu aujourd’hui. Elle a les mêmes propriétés que 
la Nielle proprement dite {Nigella cretica. Pharm.), et 
on pourrait la substituer à celle-ci dans le sirop d’Armoise. 
Cette dernière entre encore dans l'électuaire des baies de 
Laurier et dans l'huile de scorpion , préparations pharma- 
ceuliques reléguées maimtenant dans les anciens formu- 
laires, et pour lesquelles la Nielle des champs, comme celle 
de Crète, sont parfaitement inutiles. 


5e Genre. — DAUPHINELLE. DELPHINIUM. Lan. 


Calice de 5 folioles inégales, pétaliformes, dont la supé- 
rieure terminée en éperon. Corolle de 1 à 4 pétales irnrégu- 
liers, dont 1 ou 2 également terminés en éperon. 15 à 50 
étamines. 1 à 3 ovaires. 1 à 5 capsules oblongues, conte- 
nant plusieurs graines anguleuses. 


DAUPHINELLE STAPHISAIGRE, vulgairement /7erbe aux 
poux , Staphisaigre, Herbe à la pituite. 
Delphinium Staphisagria. Lin. Spec. 750. — Staphis 
agria. Parm. et Blackw. Herb. t. 265. 


Sa racine est pivotante, simple ou peu divisée, annuelle ; 
elle donne naissance à une tige cylindrique, droite, peu 
rameuse, plus ou moins velue, ainsi que toute la plante, 
haute de 1 à 2 pieds, garnie de feuilles pétiolées, palmées, 
partagées en 5 ou 7 lobes. Ses fleurs sont d'un bleu plus ou 
moins foncé, disposées en grappes au sommet de la tige et 
des rameaux : leur corolle est à 4 pétales irréguliers; les 
élamnines sont au-delà de 15, et les ovaires au nombre de 5. 
Cette plante croît en Provence et en Languedoc; elle fleurit 
en juin el juillet. 

Les graines de Staphisaigre ont une saveur amère, âcre 


A 5 


6 HELLÉBORACÉES. 


et brûlante ; prises à l'intérieur à la dose de 12 à 24 grains, 
elles ren avec violence comme émétiques et purgatives, 
et à de plus fortes doses, elles peuvent causer les accidens les 
plus graves; aussi op n’en fait plus usage qu’à l'extérieur en 
s’en servant, réduites en poudre, sur les cheveux, pour faire 
périr la vermine; ce qui a valu à la plante le nom d’Æerbe 
aux poux. Celui a Herbe à lapituite lui vient de ce qu’on a 
aussi employé ses graines concassées et enfermées dans un 
nouet, comme masticatoire dans les maux de dents, que 
l’on croy ait causés par une humeur fixée sur les gencives , 
afin de déterminer par là un crachement abondant: On s’en 
est encore servi pour détruire les chairs baveuses des vieux 
ulcères. Elles entrent dans l’onguent épispastique. 


DAUPHINELLE CONSOUDE, vulgairement Faute 
des champs. 
Delphiniunm Consolida. Lin. Spec. Da — Consolida 
ie Pharm. — Consolida regalis arvensis. FI. Dan. 
t. 685. 


Sa racine est fibreuse , pivotante, brunâtre, annuelle; elle 
donne naissance à une tige droite, le plus souvent Mince 
en rameaux étalés, légèrement pubescente, ainsi que toute 
Ja plante, haute de1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles 
partagées en 5 folioles principales, elles-mêmes imcisées 
irès- profondément en plusieurs découpures linéaires: Ses 
fleurs, ordinairement d’un beau bleu, plus rarement blan- 

.ches ou rougeñtres, sont portées sur d’assez longs pédon- 

cules, et disposées en grappes peu garnies à l’extrémité de la 
tige et des rameaux : leur corolle est d’une seule pièce, à 
limbe partagé en 5 lobes, et il n’y a qu’un ovaire qui de- 
vient 1 capsule à 1 loge renfermant plusieurs graines. Cette 
plante est commune dans les moissons; elle fleurit en juin 
et juillet. 

Les fleurs du Pied-d’Alouette des champs ont passé pour 
astringentes, eton a quelquefoisemployé leurinfusion contre 
lo phthalmie inflammatoire; mais c’est un mauvais moyen, 
leur âcreté paraissant plus propre à augmenter qu’à apaiser 
Pinflammation. On trouve aussi qu’elles ont élé données à 
l’intérieur comme vermifuges. Les graines pulvérisées peu- 
vent servir comme celles de la Staphisaigre à détruire la ver- 
mine. L’affinité que les Dauphinelles ont avec les Aconits 
doit nous les rendre suspects, Les chèvres et les moutons sont 


HELLÉBORACÉES. Fr 


N / 


les seuls bestiaux qui mangent le Pied-d’Alonette sans répu- 
gnance. Le suc des fleurs de cette plante, préparé avec de 
l'Alun, donne une couleur bleue. 


4e Genre. — ANCOLIE. AQUILEGIA. Lan. 


Calice de 5 folioles pétaliformes. 5 pétales en cornet où 
en capuchon. 50 à 40 étamiues. 5 ovaires. 5 capsules droi- 
tes, réunies par leur base et contenant plusieurs graines. 

ANCOLIE COMMUNE, Vulgairement Gants de Notre- 

Dame. : 

Aquilegia vulgaris. Lin. Spec. 752.— Aquilegia syl- 
vestris. Pharm. — ÆAquilegia. Blackw. Herb. t. 409. 

Sa racine est un peu ligneuse, vivace; elle forme une 
sorte de souche noirâlre, et elle donne naissance à une 
üige cylindrique, droite, simple dans sa partie inférieure , 
un peu rameuse supérieurement, haute de 2 à 3 pieds. Ses 
feuilles sont pour la plupart radicales, longuement pétio- 
lées, deux fois ternées, partagées en folioles presque cu- 
néiformes, lobées, d’un vert foncé en dessus et glauques 
en dessous; les feuilles de la tige sont simplement ternées, 
et les supérieures sont seulement découpées en 2 à 3 lobes 
et tout-à-fait sessiles. Ses fleurs sont d’un bleu foncé, assez 
grandes, terminales, pendantes, au nombre de 5 à 6 
ou davantage , disposées en une sorte de panicule lâche. 
1” Ancolie commune se trouve fréquemment dans les bois ; 
elle fleurit au mois de mai. 

Cette plante a une saveur amère el un peu nauséeuse ; 
elle a été regardée comme apéritive, diurétique, sudori- 
fique et emménagogue. Simon Pauli vante sa graine en 
poudre, dans la petite-vérole et la rougeole: et Hoffinan la 
recommande dans l'accouchement difficile. La dose , dans 
ces cas, est d’un demi-gros à 1 gros. La racine en-poudre 
a été donnée, dit-on , aux mêffles doses, et l'on a conseillé 
sa décoction en gargarisme pour déterger les ulcérations 
scorbutiques de la bouche, pour raffermir les dents et for- 
tiBier les gencives. Les fleurs donnent une belle temture 
bleue qu'Ettmuller a beaucoup précouiséé dans la rougeole. 
Aujourd’hui les médecins ont laissé tomber en désuétude 
l'emploi des diflérentes parties de l’Ancolie, et l'on a entiè- 
rement oublié les pilules auxquelles cette plante donnait 
son nom, et dont ses graines faisaient la base. Les chèvres 
sont les seules, parmi les bestiaux, qui broutent cette plante, 

À # 


(l 


Ô HELLÉBORACÉES. 


qui d’ailleurs doit nous être suspecte sous le rapport de la 
famille à laquelle elle appartient, dont tous les végétaux 
en général ne doivent être employés à l’intérieur qu'avec 
beaucoup de circonspection. 


5e Genre. — ACONIT. ACONITUM. Lan. 


Calice de 5 folioles inégales, pétaliformesz; la supérieure 
conformée en casque ou en capuchon. Corolle de 2 pétales 
portés sur un long onglet, se terminant par une sorte de 
crosse, et cachés dans la foliole supérieure du calice. 50 éta- 
mines et plus. 3 à 5 ovaires. 5 à 5 capsules droites. 


AconiT NAPEL , vulgairement Napel, Capuce ou Ca- 
puchon de moine, Coqueluchon, Madriettes, Thore, 
Tue- Loup bleu. 

Aconitum Napellus, Lin. Spec. 751.—Jacq. F1. Aust. 

4. p. 42. t. 501. — Aconitum cœruleum sive Napellus. 
Pharm. 


La racine de cette espèce est un tubercule brunâtre, 
allongé, napiforme, vivace; elle donne naissance à une tige 
cylindrique, droite, simple, le plus souvent glabre , haute 
de 1 pied et demi à 2 pieds ou un peu plus, garnie de 
feuilles alternes, pétiolées, luisantes, d’un vert foncé en 
dessus, partagées jusqu’à leur base en 5 découpures divisées 
en 2 ou plusieurs segmens entiers, bifides ou trifides, à la- 
niaires linéaires. Ses fleurs sont d’un bleu en général assez 
foncé, pédonculées, disposées en grappe serrée et le plus 
souvent simple : la foliole supérieure de leur calice a la 
forme d’un casque; les 2 pétales sont terminées en cornet 
dont le sommet a la forme d’un sac arrondi dans son fond. 
(Linné donne le nom de Mectaires à ces pétales si singu- 
lièrement conformés. ) Les ovaires sont au nombre de 3, et 
après la floraison , ils deviénnent autant de capsules polyÿ- 
spermes. Cette espèce croît dans les lieux ombragés des mon- 
tagnes du Dauphiné, de la Provence, du Languedoc, de 
l'Auvergne, dais les Pyrénées, les Vosges, etc.; elle fleurit 
en juin et juillet." 

Toutes les parties du Napel sont éminemment vénéneuses. 
La racine fraîche paraît surtout recéler des propriétés délé- 
tères encore plus prononcées que le reste de la plante. Cette 
racine, si on la met en contact avec la bouche par la masti- 
cation, paraît n’avoir d’abord qu’une saveur douceâtre, mais 


HELLÉBORACÉES. 9 


elle occasionne bientôt une sensation âcre, brülante et très- 
douloureuse, accompagnée d’une salivalion abondante, Prise 
à l’intérieur, à petite dose, elle ne paraît pas produire d’effet 
sensible; mais en plus grande quantité elle détermine divers 
accidens, suite ordinaire des empoisonnemens , comme une 
soif ardente, des vomissemens, la cardialgie, la prostration 
des forces, des vertiges, du délire, un état comateux ou 
couvulsif, des sueurs froides, etenfin la mort. Les émétiques, 
quand les premiers symplômes d’empoisonnement se mani- 
feslent , ensuite des boissons mucilagineuses, ou un peu aci- 
dulées, données abondamment, sont les moyens les plus ef- 
ficaces pour remédier aux accidens causés par ce poison. Les 
auteurs rapportent plusieurs exemples d'événemens funestes 
arrivés à des personnes qui avaient mangé des racines de 
Napel. On employait autrefois cette racine en en formant 
avec des viandes, des appâts pour attirer les loups, les ours, 
les loups cerviers et autres animaux féroces, ou nuisibles, 
et pour les faire périr. On dit aussi que les anciens em- 
poisonnaient leurs flèches avec le suc de Napel. 

Cependant Stæœrck ayant observé que le Napel pris à 
pelite dose paraissait être un excitant énergique de la trans- 
piration cutanée, crut pouvoir l’employer dans plusieurs 
maladies, et principalement dansles affections chroniques qui 
résistent le plus à l’effet des remèdes ordinaires. Cet auteur et 
plusieurs autres après lui ont assuré avoir employé le Napel 
avec succès dans la goutte , dans la sciatique, dans les rhu- 
matismes chroniques, dans les engorgemens des glandes 
lymphatiques, dans le squirrhe, dans la syphilis et même 
dans les fièvres quartes rebelles. La préparation dont Stœrck 
se servait particulièrement, et dont on fait en général 
usage, est l'extrait préparé avec le suc exprimé des feuilles 
fraiches. On donne cet extrait une ou deux'fois par jour, 
en commençant d’abord par un demi-grain et en augmen- 
tant progressivément jusqu’à 6 à 10 grains, et même plus. 


ACONIT ANTHORE, vulgairement Anthore, Maclou. 
Aconitum Anthora. Lin. Spec. 751. — Jacq. FI. Aust. 
1. 342.— Aconitum salutiferum sive Anthora. Pharm. 


Sa racine tuberculeuse, allongée, napiforme , anguleuse, 
vivace , donne naissance à une tige cylindrique, droite, 
baute de 10 à 15 pouces, presque glabre, simple ou peu 
rameuse , garnie de feuilles divisées jusqu’au pétiole en 5 ou 


10 HELELÉBORACÉES. 

7 divisions-elles mêmes profondément découpées eu lanières 
linéaires, et pour la plupart bifides ou trifides. Ses fleurs 
sont jaunes, pédonculées, disposées en grappe terminale, 
simple ou un peu rameuse à sa base : la foliole supérieure 
de leur calice a la forme d’un casque; les 2 pétales se ter- 
minent en cornet dont la pointe est roulée en crosse; il y à 
5 ovaires, qui deviennent à capsules droites, contenant 
plusieurs graines. Celte plante croît dans les Alpes de la 
Provence, du Dauphiné, dans le Jura, dans les Pyré- 
nées, etc. elle fleurit en juillet et août. 

Celte espèce , quoique les anciens l’aient regardée comme 
l’antidote de la Renoncule Thora et des Aconits vénéneux, 
ce qui lui a fait donner le nom d’Aconit salutaire, n'en doit 
pas moius être aussi suspecte que les autres espèces, et 1l ne 
faut de mème l’employer qu'avec circonspection. Geoffroy 
dit avoir souvent donné sa racine sèche et en poudre à la 
dose de 24 grains à 1 gros comme vermifuge. 11 dit aussi 
l'avoir employée dans les fièvres malignes, en avouant 
d’ailleurs qu’elle est très -amère ou plutôt âcre, ce qui ne 
permet guère de la donner que sous la forme de bol. Au 
reste lä forme sous laquelle on a prescrit la racine d’Anthore 
diminue beaucoup de ses propriétés nuisibles; les Aconits 
perdant par une dessiccation complète une grande partie de 
leur énergie. 


6° Genre. — PIVOINE. PÆONTZA. Lan. 


Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales plus 
grands que le calice. Etamines très-nombreuses. 2 à 5 
ovaires à stigmates épais et colorés. 2 à 5 capsules ovales, 
ventrues, cotonneuses, contenant plusieurs graines globu- 
Jeuses el luisantes. 


PIVOINE OFFICINALE, vulgairement Pivoine mâle et 
Pivoine femelle , anciennement Pione ou Péone. 
Pœonia officinalis. Lin. Spec.747. — Pæonia mas. 
Blackw. Herb. t. 245; et Pæonia fœmina. Blackw. Herb. 
t. 65. — Pharm. 


Ses racines sont composées de gros tubercules ovales- 
oblongs, brunâtres extérieurement, blanchâtres intérieure- 
ment ; elles donnent naissance à plusieurs tiges hautes de 1 
à 2 pieds, très-peu rameuses, striées, légèrement rougeñtres, 


HELLÉBORACÉES. 11 


garmies de feuilles dont les inférieures sont deux fois , et les 
supérieures une fois ternées, composées de folioles ovales- 
oblongues ou lancéolées, entières ou partagées en 2 à 5 
lobes, lisses et d’un verd gai en dessus, plus pâles en dessous 
et pubescentes dans une variété. Les fleurs sont terminales 
et solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux, très- 
grandes , d’un beau rouge cramoisi. Les graines sont globu- 
leuses, luisantes , d’un beau rouge dans la Pivoine mâle , et 
d’un bleu noirâtre dans la Pivoine femelle. Cette plante 
fleurit en mai; elle croît naturellement dans les bois des 
montagnes, en Languedoc ,en Provence, en Dauphiné; on 
en cultive des variétés à fleurs doubles dans les jardins. 

La racine de Pivoine a une saveur qui paraît d’abord 
douceâtre, mais qui laisse ensuite sur la larigue une impres- 
sion amère {rès-prononcée; quand elle est fraiche, son odeur 
est assez forte et désagréable. L'usage de cette racine en 
“médecine remonte aux temps les plus reculés: Hippocrate 
et Théophraste en font mention. Les anciens lui avaient at- 
tribué des vertus extraordinaires. Galien l’a préconisée 
comme spécifique dans l’épilepsie, et comme agissant même 
par le simple contact, et depuis lui, la plupart des niédecims 
lent employée sans examen et avec confiance, jusqu’à ce 
que des praliciens très-recommandables , comme Fernel, 
Sylvius de la Boë, et Hoffman, aient révoqué en doute ses 
propriétés sous ce rapport, même quand elle est employée 
mtérieurement. Les médecins de nosjours paraissent presque 
généralement avoir embrassé l'opinion de ces derniers, car 
la Pivoine est à peu de chose près tombée en désuétude main- 
tenant, soit comme antispasmodique et antiépileptique, soit 
comme fondante et emménagogue, propriélés qu'on lui 
avait aussi attribuées. Les fleurs et les graines passaient 
aussi pour avoir les mêmes facultés que les racines. La dose 
des unes ou des autres, sèches et réduites en poudre, était de 
24 grains à 1 gros, et en décoction de 1 gros à demi-once. 
La péparation la plus convenable serait, selon Murray, le 
suc de la racine fraîche. Les racines et les graines de Pi- 
voine, dont on préférait la variété dite mâle, entrent dans 
presque toutes les compositions officinales antispasmodiques 
et antiépileptiques des anciennes pharmacopées, et princi- 
palement dans la poudre antispasmodique et la poudre de 
Guttette du Codex de Paris. On en préparait aussi autrefois 
un sirop, et avec les fleurs une conserve et une eau distillée: 


12 HELLÉBORACÉES. 
presque toutes ces préparalions sont maintenant tombées 
en discrédit et ont à peu près cessé d’être usitées. 
* Genre ayant de l'affinité avec les Helléboracées. 
7° Genre. ACTÉE. ACTÆ1A. lan. 


Calice de 4 folioles caduques. Corolle de # pétales. 30 éta- 
mines ou environ. 1 seul ovaire surmonté d’un stigmale 
sessile. 1 baie contenant plusieurs graines. 


ACTÉE en épi, vulgairement Æerbe de Saint-Chris- 
tophe. 
Aciæa Spicata. Lin. Spec. 722.— Aconitum racemo- 


sum Bacciferum. FI. Dan. t. 496. 


Sa racine brunâtre, vivace, un peu ligneuse, donne 
naissance à une lige glabre, droite, à peine rameuse, haute 
de 1 pied ou un peu plus, garnie d’un petit nombre de 
feuilles grandes, 2 ou 3 fois ailées, à folioles ovales-lancéo- 
lées, grossièrement dentées ou même incisées un peu pro- 
fondément. Ses fleurs sont blanches, petites, pédonculées, 
disposées en une grappe terminale peu allongéeet peu garnie. 
Les fruits qui leur succèdent sont des baies noirâtres lors de 
leur maturité. Cette plante croît dans les bois à l’ombre ; 
elle fleuriten mai et juin. 

Ses feuilles sont très-amères ; froissées entre les doigts, elles 
exhalent une odeur désagréable. Ses racines ont une âcreté 
très-prononcée; et ses baies ont une saveur nauseuse. La 
racine, à très - petite dose, a été regardée comme sudori- 
fique et purgative; à une dose plus forte, surlout quand 
elle est fraîche, elle agit comme poison , cause des yomisse- 
mens, du délire et autres accidens graves. La décoction des 
feuilles a été employée contre les scrophules; son usage a 
aussi élé vanté, tant extérieurement qu'inlérieurement , 
contre la gale. L/Actée paraît être un médicament éner- 
gique, mais redoutable, et peu éprouvé, qui ne doit être 
employé qu'à l'extérieur ou avec la plus grande circon- 
spection à l’intérieur , jusqu’à ce qu’on connaisse plus posi- 
üvement sa manière d'agir. 

Les chèvres et les moutons sont les seuls animaux qui 
broutent quelquefois ses feuilles. Ses fruits sont un poison 
pour les chiens et les volailles. Ses baies bouillies avec une 
certaine quantité d’alun donnent une teinture noire. Les 
paysans du Mont-d’Or vendent les racines pour celles de 


« 


La | 


RENONCULACÉES. j 
l’Hfellébore noir, et elles servent, dit - on, en Auvergne, à 
guérir les bœufs d’une maladie à laquelle ils sont sujets, 


Famille II. 
RENONCULACÉES. 


Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans : 
Calice de # à 5 folioles, quelquefois entièrement nul; co- 
rolle de 4 à 5 pétales, et assez souvent d’une plus grande 
quantité, insérés sur le réceptacle ; étamines nombreuses 
attachées au réceptacle ; plusieurs ovaires supérieurs ra- 
massés en têle ; autant de petiles capsules ne s’ouvrant pas 
naturellement , et chacune d’elles ne contenant qu’une 
graine. 

Les Renonculacées sont pour la plupart des plantes her- 
bacées , à feuilles alternes$ tantôt simples, tantôt découpées 
ou composées ; quelquefois des arbrisseaux sarmenteux à 
feuilles opposées; leurs fleurs sont terminales, plus rarement 
axillaires. Les genres qui les composent forment une fa- 
mille assez naturelle. Leur capsule, qui ne s'ouvre point 
naturellement, les distingue bien des Helléboracées: 

Les plantes de cette famille sont presque toutes pourvues 
d’une âcreté plus ou moins marquée, et, dans quelques- 
unes, cette qualité est portée à un tel degré qu'elles sont 
caustiques et vénéneuses. Appliquées sur D" plusieurs 
Renonculacées la rubéfient, et ÿ produisétit des vésicules à 
la manière des vésicatoires. Mais, quelle que soit l’énergie 
de ce principe caustique, la dessiccation à l'air libre ou l’é- 
bullition dans l’eau le font évaporer en totalité, ou au moins 
en partie , dans plusieurs espèces. 

0° Genre. — RENONCULE. RANUNCULUS. 


Calice de 5 folioles caduques. Corolle de 5 pétales, ou 
quelquefois plus, munis d’une petite écaille à la base de leur 
onglet. Etamines ordinairement tès-nombreuses. Plusieurs 
ovaires portés sur un réceptacle commun. Autant de petites 
capsules ramassées en tête, ne s’ouvraut pas naturellement, 
et contenant chacune 1 graine. 

Presque toutes les plantes de ce genre sont âcres, caus- 
tiques, vénéneuses, et leur usage intérieur, s’il n’est pas en- 
liérement proscrit, doit au moins n'être admis qu'avec la 


14 RENONCULACÉES. 


plus grande circonspection. Plusieurs de ces plantes, ap- 
pliquées sur la peau pendant qu’elles sont fraîches, y cau- 
senti d’abord du prurit et de la rougeur ; bientôt après elles 
y font naître de l’inflammation, du gonflement, soulèvent 
l’épiderme en vésicules qui ne tardent pas à suppurer, et 
finissent -par faire des ulcérations profondes, qui tendent 
promptement à être attaquées de gangrène. Mises en contact 
avec la bouche et soumises à la mastication , elles produisent 
la phlogose et l’excoriation de la langue, avec la pefte du 
goût , et si l’on va jusqu'à en manger, elles ne tardent pas 
à causer l'inflammation et de violentes douleurs de l’es- 
tomac, accompagnées de défaillances, d’anxiftés, de con- 
vulsions, et enfin ces accidens se terminent par la mort 
mème. Les espèces qui recèlent le plus d’äcreté sont la Re- 
noncule bulbeuse, la Renoncule scélérate, la Renoncule 
âcre , la Renoncule des champs, celle des Alpes, celle 
d’Illyrie, la Flammule , la Thoya. Quoique inodore , ce 
principe àcre et caustique est assez volatil pour se dissiper 
par la coction ou la dessiccation parfaite; de sorte que , lors- 
que par une de ces opérations on les a dépouillées de toute 
leur acrimonie, on pourrait alors en manger sans incon- 
vénient. Le vinaigre, le miel, Le sucre, le vin, l'alcool ne 
s'opposent point à leur pernicieuse manière d'agir, et parmi 
un grand nombre de plantes essayées pour mitigèr et éner- 
ver leur causticité, les feuilles d’Oseille ont le mieux réussi, 
et ensuite les Groseilles non encore müres ; mais de tous 
les moyens de #émédier aux empoisonnemens arrivés par 
lusage interne des Renoncules, le meilleur remède est l’eau 
prise en grande abondance. 

Cependant il existe dans ce genre quelques espèces qui ne 
participent point aux propriétés malfaisantes de leurs con- 
génères , telles sont la Renoncule dorée et la Renoncule 
lanugineuse, qu’on peut, selon Krapf, manger comme les 
herbes potagéres. 

RENONCULE ACRE, vulgairement Grenouillette, Boutor- 

d'Or. 
 Ranonculus acris. Lin. Spec. 779. — Ranunculus 
hortensis secundus. Dod. Pempt. 426. 


Sa racine est horizontale, rampante, vivace, garnie eu 
dessous de beaucoup de fibres; elle donne naissance à 1 tige 
cylindrique, plus ou moins velue, ainsi que les feuilles, un 


RENONCULACÉES. 15 
peu rameuse dans sa partie supérieure, haute de 2 pieds ou 
environ. Ses feuilles radicales et celles du bas de la tige sont 
pétiolées, découpées presque jusqu'au pédoncule en 3 di- 
visions dont les 2 latérales sont elles-mêmes bifides, et toutes 
ces divisions sont encore incisées en lobes anguleux et den- 
tés; les feuilles supérieures sont simplement partagées en 
découpures linéaires. Ses fleurs sont assez grandes, d’un 
jaune luisant , portées sur de longs pédoncules à l'extrémité 
des tiges el des rameaux. Cette plante est commune dans les 
prés , les paturages et sur les bords des champs; elle fleurit 
en mai, juin et juillet. 

Toutes les parties de celte espèce ont à peu près autant 
d'âcreté les unes que les autres ; cependant ses graines vertes 
et récentes en ont encore plus que tout le reste. On peut 
donc se servir indistinctement , pour remplacer les vésica- 
toires, de la racine, des feuilles, des tiges, etc., dans les cas 
urgens, lorsqu'a la campagne on a cetle plante sous la 
main, et lorsque, au contraire, on ne peut que difficilement 
se procurer des vésicatoires. La préparation à faire dans ce cas, 
consiste à piler la partie dont on veut se servir, et à en faire 
l'application à la place convenable, On peut aussi s’en servir 
au lieu des cantharides, quand on craint l'effet de celles-ci 
sur les voies urinaires. Mais la suppuration produite par 
cette plante et les Renoncules en général, est de plus longue 
durée , et les plaies plus difficiles à cicatriser que lorsqu'elles 
sont produites par les cantharides. L'application de la Re- 
noncule âcre a eu quelquefois d’heureux résultats, et a guéri 
des rhumatismes chroniques et anciens , ainsi que des dou- 
leurs de tête intenses et invétérées. 


RENONCULE SCÉLÉRATE, vulgairement Renoncule des 
marais, Grenouillette d’eau ou aquatique , Herbe 
Sardonique. 

Ranunculus Sceleratus. Lin. Spec. 776. — Ranoncu- 

lus palustris. Blackw. Herb. t. 25q. 


Sa racine est annuelle et composée de fibres menues, 
nombreuses ; elle donne naissance à une tige cylindrique , 
épaisse, rameuse dans sa partie supérieure , glabre comme 
presque toute la plante, droite, haute de 1 pied à 18 pouces. 
Ses feuilles inférieures sont pétiolées, partagées jusqu'aux 
deux tiers en 5 à à détoupures divisées en lobes arrondis ; 
les supérieures sont sessiles, incisées jusqu’à leur base en 


16 RENONCULACÉES. 


lanières linéaires , en manière de digitations. Ses fleurs sont 
petites, Jaunes, pédonculées, trèsnombreuses, disposées en 
bouquet à l'extrémité de la tige el desrameaux. Cette plante 
se trouve communément dans les lieux marécageux et au 
bord des eaux ; elle fleurit depuis le mois dé mai jusqu’à la 
fin de l’été. 

La racine de la Renoncule scélérate a moins d’âcreté que 
tout le reste de la plante, dont les parties les plus caustiques 
sont les ovaires et les jeunes graines. Un des symptômes de 
lempoisonnement par cette espèce est, dit-on, une sorte de 
rire causé par la contraction spasmodique des muscles de 
la face, et surtout de la bouche. Les anciens ont donné à 
ce rire apparent le nom de sardonique. 

Gilibert assure avoir administré comme apéritif, et avec 
succès, le suc de la Renoncule scélérate étendu dans beau- 
coup d’eau. On a quelquefois appliqué sur le poignet, les 
feuilles pilées de celte plante, ou des autres espèces caus- 
tiques, comme moyen propre à guérir des fièvres intermit- 
ientes rebelles. Cette application doit être faite assez de 
temps avant le paroxysme pour que l’action vésicante pro- 
duise un mouvement perturbateur qui empèche l’accès 
d’avoir lieu. Cette manière d'employer les Renoncules est 
plutôt d’ailleurs un remède populaire, qu'un moyen mis en 
pratique par les médecins. 


RENONCULE FLAMMULE, vulgairement Petite- Douve. 


Ranunculus Flammula. Lin. Spec.772.— Bull. Herb. 
4. 15. 


Sa racine est vivace, composée de longues fibres, simples, 
menues, réunies en faisceau ; elle donnenaissance à une tige 
cylindrique, longue de 1 pied ou environ , un peu rameuse, 
redressée ou couchée, quelquefois même radicante à ses 
articulations, garnie de feuilles alternes, distantes, dont les 
inférieures sont ovales ou ovales-lancéolées, longuement pé- 
tiolées, et les supérieures lancéolées ou lancéolées-linéaires. 
Ses fleurs sont petites, d’un jaune d’or brillant, portées à 
l'extrémité des tiges ou des rameaux sur des pédoncules 
souvent géminés. Cette plante croît dans les prés -maré- 
cageux , et fleurit dépuis le mois de mai jusqu’à la fin de 
l'été. 

Cette espèce est une des plus âcres, et c’est ce’qui lui a 
valu son nom, parce que son application sur la peau, la 


RENONCULACÉES, ir 
rougit de même que le feu ou la flamme. On peut l’employer 
ainsi que la précédente comme épispastique, mais il faut 
que ce soit avec précaution et ne pas la laisser trop long- 
temps en contact avec la peau; car une femme qui en avait 
appliqué sur son poignet dans l'espoir de se guérir d’une 
fièvre rebelle, l’ayant laissée pendant une nuit entière et la 
moilié du jour suivant, la partie sur laquelle elle avait été 
fut attaquée d’une escharre gangreneuse, à la suite de laquelle 
les tendons des muscles restèrent à découvert, et dont la 
malade eut beaucoup de peine à guérir. 


RENONCULE BULBEUSE, vulgairement Bassinet, Pied- 

de-Coq, Pied-de-Corbin, Rave de Saint- Antoine. 

Ranunculus bulbosus. Lin. Spec. 776. — Bull. Herb. 
t. 27. — Ranunculus tuberosus major. Pharm, 


Le collet de sa racine qui est fibreuse, forme un renfle- 
ment arrondi, solide, en manière de bulbe, lequel donne 
naissance à une ou plusieurs tiges droites, cylindriques, ra- 
meuses, hautes de 8 pouces à 1 pied. Ses feuilles intérieures 
sont péliolées, un peu velues, ainsi que le reste de la plante, 
souvent marquées de quelques taches blanchâtres, parta- 
gées jusqu’au pétiole en 3 tolioles, la plupart à 3 divisions 
et à lobes incisés; les supérieures sont sessiles et découpées 
en lanières linéaires. Ses fleurs sont d’un jaune brillant , 
larges d'environ 1 pouce, portées sur de longs pédoncules 
solitaires, ou 2 à 2 à l’extrémité de la tige et des rameaux. 
La Renoncule bulbeuse croit dans les pâturages, les haies, 
et sur les bords des bois; elle fleurit en avril, mai et juin. 

La partie de cette plante qui a le plus d’âcreté est sa 
bulbe , dont l’énergie est surtout extrême pendant la florai- 
son , tandis que les parties herbacées sont au contraire moins 
actives pendant ce temps. C’est principalement de cette 
bulbe dont on fait usage. Pilée et appliquée à la plante des 
pieds , elle a quelquefois été utile pour rappeler aux extré- 
mités inférieures la goutte portée sur la poitrine. Son appli- 
cation sur le poignet, comme fébrifuge, a plus d’une fois 
causé des inflammations érysipélateuses, el même des ulcé- 
rations plus douloureuses que la fièvre qu'on voulait guérir. 
Cette racine entre dans l'emplâtre Diabotanum. 

L.{ 


D v* RENONCULACÉES. 
RENONCULE RAMPANTE, vulgairement Bassinet rani- 
pant, Pied-Pou , Pied-de- Poule. 
Ranunculus repens. Lin. Spec. 779. — Ranunculus 
hortensis primus. Dod. Pempt. 425. 6 


Cette espèce ne diffère guère de la précédente par ses 
feuilles et par ses fleurs; mais elle s’en distingue toujours par 
sa racine non renflée en bulbe; par ses tiges moins élevées, 
de la base desquelles naissent des rejets couchés sur la terre, 
et prenant racine à chaque nœud formé par l’insgrtion des 
feuilles. Elle croît dans les pâturages, les lieux cultivés, et 
fleurit depuis le mois de mai jusqu’à la fin de l’été. 

Cette Renoncule est douce ou a très-peu d’äâcrelé. Tragus 
assure qu’en Âllemague le peuple mange ses jeunes feuilles 
mêlées avec d’autres herbes potagères: ét Chomel dit qu'on 
s’en sert utilement en fomentation sur les hémorrhoïdes. 


9° Genre. — FicaiRE. FICA4RIA4. Dillen. 


Calice de 3 folioles caduques. Corolle de 8 à 10 pétales, 
munis d’une petite écaille à leur base interne. Etamines 
nombreuses. Ovaires nombreux. Capsules nombreuses, ar- 
rondies, réunies en tête. : 


FicaAiRE RENONCULE , vulgairement Peiite-Scrophu- 
laire, Petite-Chélidoine , Herbe aux hémorrhoides , 
Eclairette. 

Ficaria Ranunculoïdes. Roth. FI. Germ. 1. p. 241.— 

Ranunculus Ficaria. Lin. Spec. 774. — Bull. Herb. t. 46. 


— Scrophularia minor, sive Chelidonium minus. Pharm. 


Sa racine est composée de pelits tubercules longs de 6 à 
12 lignes, rassemblés en faisceau ; elle donne naissance à 
une ou plusieurs tiges à peine rameuses, longues de 2 à 5 
pouces, presque toujours couchées. Ses feuilles sont lon- 
‘guement pétivlées, cordiformes, anguleuses, glabres et lui- 
santes comme toute la plante, pour la plupart radicales et 
disposées en rosette, quelques-unes aliernes sur les tiges. £es 
fleurs sont d’un jaune d’or, luisantes, portées sur des pé- 
doncules solitaires dans les aisselles des feuilles, ou placés 
à l'extrémité des tiges. Cette plante est commune dans les 
prés, au pied des haies et sur le bord des bois; elle fleurit 
en mars el avril. 

La Ficaire ou Petite-Chélidoine passe pour antiscorbu- 


RENONCULACÉES. 15 


tique ; ses feuilles et ses fleurs n’ont presque pas d'âcreté, 
et dans plusieurs pays du nord on les mange en salade où 
cuites comme les herbes potagères. Ses racines ont une 
saveur d'abord légèrement acide, mais ensuite sensiblement 
âcre , amère et un peu nauséeuse. Ecrasées et appliquées 
sur la peau, elles ÿ produisent de l'irritation, et pourraient 
à la longue devenir vésicantes, mais elles agissent beaucoup 
lus lentement que les Renoncules en général, Fraîches et 
préparées de différentes manières, on les a appliquées au- 
trefois sur les tumeurs scrophuleuses, et surtout sur les 
hémorrhoïdes. Séchées , réduites en poudre et incorpurées 
avec du miel, on les a aussi fait prendre à l'intérieur dans 
les mêmes maladies; mais aucune observation positive ne 
les rend recommandables sous ces rapports , et il parait 
mème certain que leur prétendue propriété, particulière 
ment dans le dernier.cas , n’est fondée que sur une certaine 
ressemblance qu’on a cru voir entre la forme des racines de 
la Ficaire et celle des hémorrhoïdes. L'eau distillée de Pe- 
tite-Chélidoine est au nombre des préparations. pharma- 
ceutiques entièrement négligées aujourd’hui; cependant sa. 
saveur brûlante, assez analogue à celle de la Moutarde, doit 
faire croiresqu’elle n’est pas dénuée de vertu comme anti- 
scorbulique. Ses racines entrent dans l’eau générale ; ses 
feuilles et ses racines dans l’emplâtre Diabotanum. 


10° Genre. — HÉPATIQUE. HEPATICA. Haller. 


é 
Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 6 pétales dé- 

pourvus d’écaille à leur base. Etamines et ovaires nom- 

breux. Capsules nombreuses, oblongues, réunies en tête. 


HÉPATIQUE À TKOIS LOBES , vulgairement Æépatique 
des jardins, Herbe de la Trinité. 
ÆHepatica triloba. Vill: Dauph. 1. p. 556. — Hepatica 
nobilis, sive Hepatica trifolia. Pharm.—Ænemone He- 
patica. Lin. Spec. 758. 


Sa racine est oblique, presque horizontale, garnie de 
beaucoup de fibres; elle donne naissance à plusieurs feuilles 
longuement pétiolées, un peu coriaces, glabres el luisautes 
en dessus , légèrement pubescentes en dessous, échancrées 
en cœur à leur base, et à demi -partagées en 5 lobes entiers. 
De la racine partent aussi immédiatement plusieurs hampes, 
légèrement velues , longues de 5 à 4 pouces, comme les 


B 2 


20 RÉNOGNCULACÉES. 
pétioles des feuilles, et portant à leur sommetsune fieur 
large d’environ 1 pouce, de couleur gris de lin dans la 
lante sauvage, et blanche, bleue ou rouge dans les va- 
riélés cultivées. Cette plante croît dans les bois des mon- 
tagnes ; elle fleurit en mars et avril, et souvent, surtout 
dans les jardins, une seconde fois en automne. 
L’'Hépatique est dépourvue de cette âcreté qui se ren- 
contre si communément dans les autres végétaux de celte 
famille. Elle passe pour être tonique, apéritive, astrin- 
gente et vulnéraire. On l’a conseillée autrefois dans le cra- 
chement de sang, dans la blennorrhagie atonique, dans 
les obstructions, et principalement dans celle du foie. Une 
certaine ressemblance, qu'on avait cru trouver entre la 
forme de ses feuilles et celle de ce viscère, avait singulière- 
ment contribué à sa répulation, comme spécifique des 
maladies du foie. Extérieurement on l’appliquait en cata- 
plasme sur les hernies. L'eau distillée d'Hépatique et coho- 
bée a joui d’une grande réputation comme cosmétique ; 
elle est maintenant entièrement oubliée, ainsi que la plante 
elle-même, dont les médecins ne font plus du tout d'usage 
dans leur pratique. 


Î 


F # e 
11% Genre. — ANÉMONE. ÂANEMONE. lan. 


Calice nul, remplacé par une collerette de 3 feuilles. 
Corolle de 5 à 20 pétales. Etamimes en grand nombre. 
Ovaires nombreux, devenant autant de capsules terminées 
par une simple pointe. ” 

ANÉMONE DES BOIS, vulgairrement Sylvie, Bassinet 

blanc ou purpurin, fausse Anémone es forêts, 
Renoncule des bois. 

Anemone nemorosa. Lan. Spec. 762. — Ranunculus 

sylvarum. Clus. Hist. 247.— Ranunculus albus. Pharm. 


Sa racine est un peu tubéreuse, vivace, horizontale, 
traçante, brunâtre ; elle donne naissance à 1 seule feuille, 
ou qui manque quelquefois , laquelle est portée sur un pé- 
tiole de 3 à 4 pouces de long, et partagée en 8 folioles, 
dont les 2 latérales, souvent fendues jusqu'à leur base, font 

araîlre la feuille comme composée de à découpures; cha- 
cune de celles ci est d’ailleurs lancéolée, légèrement pubes- 
cente , fortement incisée, et comme pinnatifide. De l’ex- 
témité de la racine naît, en outre, une hampe redressée, 


RENONCULACÉES. o1 


haute de 5 à 6 pouces, nue dans ses deux tiers inférieurs , 
chargée à cette hauteur d’une collerette de 3 feuilles à peu 
près de la même forme que la feuille radicale, mais beau- 
coup plus courtement pédonculées. La fleur est solitaire, 
terminale au sommet de la hampe, un peu inclinée, large 
de 15 à 16 lignes, composée de 6 pétales, plus rarement 
de 7 à 6, ordinairement blancs en dedans, d’une teinte 
purpurine en dehors, quelquefois entièrement de cette cou- 
leur. Cette plante est commune dans les bois et les buis- 
sons ; elle fleurit en mars et avril. 

Les feuilles et les fleurs de l Anémone des bois ne s’em- 
ploient qu’à l’extérieur. Chomel dit avoir vu de bons effets 
de leur usage contre la teigne. On les pile pour en faire un 
cataplasme, qu’on applique sur Ja partie malade qu’elle 
guérit en peu de temps, en ayant soin de renoûveler l’ap- 
plication deux fois par jour. Cependant il faut employer 
ce remède avec circonspection ; car on trouve dans les 
Ephémérides d'Allemagne une observation, de laquelle 1l 
parait résulter que l'application d’un onguent fait avec cetle 
plante , sur la “tête d’une jeune fille, a causé une violente 
douleur de tête, des convulsions et une syncope dont la ma- 
lade fut long-temps à revenir. 


12° Genre. — PULSATILLE. PULSATILLA. Tournef. 


Calice nul, remplacé par une colerette de 3 feuilles. Co- 
rolle de 5 à 10 pétales. Etamines en grand nombre. Ovaires 
nombreux, se changeant en autant de capsules chargées 
d’une longue queue soyeuse. 


PULSATILLE COMMUNE , vulgairement Pulsatille, Co- 
quelourde , Herbe au vent, Fleur de Päques. 
Pulsatilla vulgaris. Lob. Icon. 281. — Pulsatilla. 
Pharm: — Anemone Pulsatilla. Li Spec. 759. 


Sa racine forme une souche ligneuse, noirâtre , rameuse 
à son sommet, et donnant naissance à plusieurs tiges cylin- 
driques, hautes de 4 à 8 pouces, portant 1 seule fleur à 
leur sommet. Ses feuilles sont toutes radicales, deux foi 
ailées, à divisions presque linéaires, plus ou moins velues 
Ses fleurs sont dépourvues de calice; elles ont , à la place, 
une collerette de 3 feuilles multüfides, découpées presque 
comme les feuilles radicales; cette collerette, lorsque la 
floraison commence, est très-rapprochée de la corolle; 

B3 


22 RENONCULACÉES. 
mais par l'accroissement du pédoncule propre de la fleur, 
elle se trouve, par la suite, éloignée des fruits à la distance 
de 5 à + pouces et plus. La corolle estt6 pétales lancéolées, 
d’un beau bleu-violet, Cette plante croît sur le bord des 
bois et dans les pâturages secs ; elle fleurit en avril el mai. 
Toutes les parties de la Pulsatille commune ont beaucoup 
d’äâcreté, mais les feuilles en ont encore. plus que les racines. 
Le peuple applique quelquefois les premières pilées aux 
poignels, ou à la plante des pieds, pour y pr oduire leffet 
d’un vésicatoire, et, par ce moyen, guérir la fièvre. Quel- 
ques médecins de prétendu avoir employé leur infusion 
avec avantage dans les engorgemens des viscères abdomi- 
naux, dans l’hydropisie; mais en général on s’en sert peu ou 
point dans la pratique. LÉ: vétérinaires en font plus d'usage ; 
ils les appliquent comme propres à déterger les vieux ulcères 
des chevaux. On faisait autrefois entrer les feuilles ou les 
fleurs de la Pulsatille dans les poudres sternutatoires et dans 
Veau hystérique de l’ancienne pharmacopée de Paris. 
Stœrck a fait plusieurs expériences sur l'emploi de la 
Pulsatille des prés ou Pulsatille noirâtre, espèce très- 
voisine , ou peut- être simple variété de notre Pulsatille 
commune, d'après lesquelles 1l a vanté son usage à l'inté- 
rieur , dans la goutte- sereine, les cataractes des yeux, les 
anciennes maladies vénériennés , et la paralysie. Quoi qu'il 
en soit, ces deux plantes données à à l’intérieur , soit en na- 
ture 4 en poudre, soit en extrait, ne ser être prises 
qu’à Lrès-petiles doses , en commençant par celle de x à 2 
se , et en augmentant tous les jours progressivement. 
En infusion , 20 à 50 grains ne doivent pas aussi être outre- 
passés pour commencer, 


15° Genre. Fee CLEMATIS. Lin. 


Calice nul. Corolle de 4 pétales, rarement de 5. Éta- 
mines nombreuses, à filamens plus courts que la corolle. 
Ovaires plus ou moins nombreux. Autant de capsules ter- 
minées par une longue queue plumeuse. 


CLEMATITE DES HAIES, vulgairement //erbe aux Bueux, 
V’iorne, Barbe à Dieu 
Clematis Vitalba. Lin. Spec. 766. — Jacq. FI. Aust. 
t, 506. — Clematis sylvestris latifolia. Pharm. N 


Ses tiges sont anguleuses, un peu ligneuses, souples, ra- 


RENONCULACÉES. 23 
meuses, sarmenlteuses, grimpantes , s’élevant à 10 où 15 
pieds en s’attâchant sur les corps qui sont dans leur voisi- 
age, au moyen des pétioles de leurs feuilles qui s’accrochent 
et s’entortillent, à la manière des vrilles, aux objets qu’elles 
rencontrent. Ses feuilles sont onposées, ailées , composées le 
plus souvent de 5 folioles pétiolées, un peu en cœur. Ses 
fleurs sont d'un blanc sale, petites, un peu odorantes, dis- 
posées en panicule, dans les aisselles des feuilles : leur corolle 
est à 4 pétales, et les ovaires sont au nombre de 10 à 20. 
Cet arbuste croît dans les bois et les buissons; il fleurit en 
juillet. 

Toutes les parties de la Clémalite des haies ont une saveur 
àcre et brûlante. Ses feuilles fraîches écrasées et appliquées 
sur la peau, rougissent d’abord la partie avec laquelle elles 
sont en contact , y font naître de l'inflammation , ÿ produi- 
sent des vessies, et par suite des ulcères superficiels. C’est de 
là que cetie plante a reçu le nom d'ÆZerbe aux gueux, 
parce que certains mendians s’en servent pour se faire venir 
des ulcérations aux bras ou aux jambes, et par là exciter la 
commisération. Ces ulcères ont peu de profondeur, sont 
larges à volonté, et se guérissent facilement ; il suffit de les 
couvrir avec des feuilles de Poirée, et de les garantir du 
contact de l'air. On a employé les feuillés de la Clématite 
extérieurement pour déterger les vieux ulcères. ‘Tragus dit 
que la décoction de la racine dans le vin est un purgatif qu 
convient dans l'hydropisie. Selon Matthiole et Camérarius, 
on retire par la distillation de cette plante, une eau dont la 
saveur est presque aussi brûlante que celle de l'eau-de-vie. 
La Clématite des haies n’est point employée mtérieurement 
par les médecins, et l’on a trop peu de données sur la manière 
positive dont elle pourrait agir , pour s'en servir, sans au- 
paravant l'essayer avec la plus grande circonspection. 

La cuisson dans l’eau fait perdre à ses jeunes pousses leur 
âcreté, et dans quelques parties de l'Italie, principalement 
dans l’état de Gênes et dans la Toscane, les gens de la cam- 
pagne les mangent après les avoir ainsi préparées. En Pro- 
vence les paysans se servent de la Clématite quand elle est 
sèche, pour guérir la morve des chevaux, des mulets et des 
ânes, en forçant ces animaux à l’aspirer par les narmes.'On 
a trouvé le moyen de fabriquer du papier avec les aigrettes 
de ses fruits, 


B 4 


RENONCULACÉES. 


[Se 
[SS 


14° Genre. — PiGamMoN. T'HALICTRUM. Lin. 


. Ca'ice nul. Corolle de 4 pétales, plus rarement de 5. 
Etamines nombreuses. Ovaires de 1 à 12, terminés par des 
stigmates sessiles. Autant de capsules sillonnées ou angu- 
leuses-ailées. ù 


PIGAMON JAUNATRE , vulgairement T'halitron ou T'ha- 
liétron commun , Rue des prés, Rhubarbe des pau- 
vres, Fausse Rhubarbe. 

Thalictrum Flavum. Lan. Spec. 770. — Rula praten- 

sis herbariorum. F1. Dan. t. 959. . 


Sa racine est jaunâlre , rampante, formant de distance 
en distance, des faisceaux de longues fibres, qui donnent 
naissance à des tiges droites, sillonnées, glabres, hautes de 
2 à 3 pieds, garnies de feuilles trois fois ailées, à folioles 
glabres, d’un vert luisant en dessus, les unes à 2 ou 5 lobes, 
les autres entières. Ses fleurs sont redressées, jaunâtres, dis- 
posées, au sommet de la tige et des rameaux, en une panicule 
droite, un peu resserrée et bien garnie: elles ont 1 corolle 
de 4 pétales, 15 à 16 étamines et 4 à 6 ovaires qui devien- 
nent autant de petites capsules ovoïdes, canuelées, très- 
glabres. Cette plante croît dans les prés humides, et fleurit 
en juillet et août. 

Les racines de la Rue des prés sont remplies d'un suc 
jaune, d’une saveur douceâtre, mêlée d’un peu d’amertume ; 
elles ne partagent pas les propriétés dangereusement éner- 
giques des autres plantes de la même famille. Murray dit 
qu'elles étaient autrefois connues en Allemagne sous le nom 
de Rhubarbe des pauvres , et qu’elles peuvent remplacer 
la vraie Rhubarbe, pourvu qu’on les donne à une dose trois 
fois plus forte, Dodonœus avant Murray avait déjà parlé de 
cette plante en disant que ses feuilles, mêlées aux herbes 
potagères, lächaient le ventre, et que la décoction de ses 
racines agissait de la même manière, mais avec plus de force. 
Ces racines ont encore été regardées comme diurétiques, 
apéritives, toniques et fébrifuges; on en a recommandé 
l’usage dans la jaunisse, dans les engorgemens du foie, 
dans la leucorrhée, dans la fièvre quarte , etc. Aujourd’hui 
les feuilles et les racines du Pigamon jaunâtre sont enlière- 
ment inusitées. 


MALVACÉES. 20 
Famille IT. 
MALVACÉES. 


Les caractères des espèces indigènes qui appartiennent à 
cette famille sont les suivans : calice double, l'intérieur à 
5 divisions ou à 5 folioles ; 5 pétales réguliers, réunis par 
leur partie inférieure, et adnés à la base du tube stamini- 
fère ; étamines nombreuses, à filamens soudés dans leur 
partie inférieure, en un tube qui environne le style; 1 ovaire 
supérieur ,surmonté d’un style divisé en plusieurs stigmates ; 
plusieurs capsules ramassées en rond autour de Ja base du 
style, nes’ouvrant pas naturellement, et ne contenant qu'une 
seule graine ; quelquefois 1 capsule à plusieurs valves, à 
plusieurs loges contenant plusieurs graines. 

Les Malvacées indigènes sont toutes des plantes herbacées, 
ou des sous-arbrisseaux à feuilles alternes , et à fleurs axil- 
laires. 

Les proprietés générales de ces plantes sont d’être adou- 
cissantes et émollientes, ce qu’elles doivent à un mucilage 
très-abondant qu’elles contiennent. 


15° Genre. — MAUVE. MAL A4. Lan. 


Calice extérieur de 2 à 3 folioles; l’intérieur monophylle 
et à divisions. Corolle de 5 pétalesen cœur. 8 stigmaltes, 
ou davantage. 8 capsules, ou plus. 


MAUVE SAUVAGE, vulgairement la J/auve. 


Malva sylvestris. Lin. Spec. 969. — Malva vulgaris. 
Blackw. Herb. t. 22. — Pharm. 


Sa racine est pivotante, vivace , blanchätre, d’une sa- 
veur douce et visqueuse: elle donne naissance à plusieurs 
tiges cylindriques, pubescentes, rameuses, hautes de 2 
pieds, ou davantage, garnies de feuilles alternes, longue- 
ment pétiolées , arrondies, échancrées à leur base, incisées 
en 5 à 7 lobes peu profonds, crénelées en leurs bords, et 
très-légèrement pubescentes. Ses fleurs sont assez grandes , 
de couleur rose , rayées de rouge plus foncé, pédonculées 
et disposées plusieurs ensemble dans les aisselles des feuilles. 
Le fruit est formé de 12 capsules ou environ, glabres, 
réunies orbiculairement, ne s’ouvrant pas naturellement 
et contenant chacune 1 seule graine. Cette plante croît 


26 MALVACÉES. 
spontanément dans les haies et les lieux inculies; elle fleurit 
pendant tout l'été. 


MAUVE À FEUILLES RONDES , vulgairement peti!e 
Mauve. 
Malva rotundifolia. Lin. Spec. 969.— Malva sylvstris 
Jolio rotundo. FI. Dan. t. 721. - 


Cette espèce diffère de la précédente parce que sa racine 
est annuelle; parce que ses tiges sont plus basses, plus 
étalées el presque couchées sur la terre; parce que ses fleurs 
sont beaucoup plus petites, d’une couleur très - claire, 
presque blanche; et enfin parce que ses capsules sont recou- 
vertes d’un duvet court et serré. Celte plante se trouve fré- 
quemment dans les décombres et sur le bord des chemins; 
elle fleurit pendant tout l'été. 

La Mauve sauvage et celle à feuilles rondes sont mucila- 
gineuses, émollientes, adoucissantes, laxatives, et on les 
emploie indifféremment l’une pour l’autre. Excepté les fruits 
dont on ne se sert pas, toutes leurs autres parties sont fré- 
quemment usitées. Leurs fleurs sont au nombre de celles dites 
pectorales ; on fait prendre leur infusion aqueuse dans les 
rhumes , dans les maladies inflammatoires de la poitrine et 
du bas-ventre, dans la dysurie, dans la strangurie , etc. Les 
feuilles et les racines s’emploient en décoction dans presque 
tous les lavemens émolliens; convenablement cuites, on les 
applique aussi très-souvent en cataplasme, ou en fomenta- 
tion, sur les parties douloureuses ou enflammées, comme 
moyen adoucissant et relächant. On prépare dans les phar- 
macies une conserve de fleurs de Mauve. 

Les anciens mangeaient les feuilles de Mauve, comme 
nous faisons de celles de plusieurs herbes potagères; prises 
de cette manière, elles ont la faculté de tenir le ventre libre; 
mais on n’en fait plus d’usage maintenant sous ce rapport. 


16 Genre. — GUIMAUVE. ALTHZA. Lin. 


Calice extérieur à 6 ou 9 divisions ; l'intérieur à 5 décou- 
pures. Corolle de 5 pétales en cœur. 10 à 20 stigmates. 16 
à 20 capsules. 

GUIMAUVE OFFICINALE , vulgairement la Guimauve. 

Althæa officinalis. Lin. Spec. 966. — Althæa. Fuchs. 
Hist. 15, — Pharm. 


Sa racine est blanche, vivace, pivotante, de la grosseur 


MALVACÉES. 27 
du doigt , d’une saveur douce et mucilagmeuse; elle donne 
naissance à 1 ou plusieurs tiges simples, cylindriques, 
hautes de 3 à 4 pieds, Reel. comme toute la plante, 
ap duvet cotonneux trèscourt, très-serré et blauchätre. 

Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales-aiguës , angu- 
leuses, inégalement dentées, blanchäires, douces au toucher, 
comme veloutées. Ses fleurs sont d’un rouge pâle, assez 
grandes, portées les unes près des autres, sur 1 pédoncule 

axillaire, quelquefois fort court, d’autres fois s'allongeant 
et formant une sorte de grappe : leur calice extérieur. est à 
9 divisious. Le fruit est formé d’un grand nombre de cap- 
sules réunies en rond, ne s’ouvrant pas et contenant 
chacune 1 graine. Cette plante croit dans les terrains hu- 
mides et sur jes bords des ruisseaux ; elle fleurit en juillet 
et août. ‘ 


La Guimauve a les mêmes propriétés que les Mauves, 
et l’on emploie en médecine, ses racines, ses feuilles et ses 
fleurs absolument aux mêmes usages. Les racines cependant 
sont particuliérement et préférablement employées à celles 
des autres plantes de la même famille, ou de celles qui ont 
des facultés analogues, parce qu’elles sont encore plus mu- 
cilagineuses , et l’on doit même éviter d’en mettre une trop 
grande quantité ou de les faire bouillir trop long-temps, 
dans les décoctions destinées à être données en boisson , parce 
que celles-ci deviennent alors trop gluantes et trop pâteuses, 
Quant à leur usage extérieur, c’est tout le contraire ; on 
peut rendre la décoction trés-visqueuse, elle n’en vaut que 
mieux ; celle-ci sert avec la farine de graine de lin à faire la 
plus grande partie des cataplasmes émolliens usités mainte- 
nant. Le sirop de Guimauve qu’on prépare dans les phar- 
macies, se fait avec la décoction des racines, l’infusion des 
fleurs, et du sucre. Ce sirop est très employé à a cause de ses 
propriétés adoucissantes. On fait aussi des tablettes qui por- 
tentle nom de cette plante, et quisont principalement usitées 
dans les affections catarrhales. Enfin la racine de Guimauve 
entre dans beaucoup d’autres compositions offcinales , 
comme la poudre pectorale, les tablettes béchiques, lem- 
plâtre de Mélilot, etc. 


20 MALVACÉES. 
GUIMAUVE Pass£-RosE, vulgairement Passe - Rose. 
Mauve-Rose, Rose trémière, Rose d'outre-mer , 
T'rémier. 
Alithæa rosea. Cavan. Diss., 2, n. 156. t, 28. f 1. — 
Alcea rosea. Lin. Spec. 966. 


Cette espèce diffère de la précédente parce que sa racine 
est bisannuelle et que sa tige s’élève une fois davantage; 
parce que ses feuilles sont plus arrondies, plus grandes, 
velues, de même que toute la plante, et non pas veloutées; 
parce que ses fleurs sont très-grandes, disposées sur de courts 
pédoncules , dans la partie supérieure des liges, où elles for- 
ment, par leur rapprochement, un long épi d’un très-bel 
aspect ; enfin parce que leur calice extérieur n’a ordmaire- 
ment que 6 divisions , el que les capsules sont entourées d’un 
rebord membraneux et sillonné. Elle croît dansles montagnes 
de la Provence, et on la cultive pour l’ornement des jardins. 
Ses fleurs, qui se développent en juillet et août, sont souvent 
doubles, blanches, jaunes, d’un rouge plus ou moins clair 
et plus ou moins foncé, ou panachées de différentes cou- 
leurs. 

Les fleurs de la Passe-Rose, surtout celles qui sont rouges, 
ont été considérées comme vulnéraires, astringentes et an- 
üscorbutiques; mais on n’en fait que peu ou point d'usage , 
et l’on doit platôt croire que toute la plante diffère peu, pour 
ses propriétés, de la Guimauve officinale et des Mauves en 
général. ' 


Famille EV. 
LINÉES. 


Cette famille n’étant composée que-d’un seul genre indi- 
gène, sês caractères sont, par conséquent, les mêmes que 
dans celui-ci. 

Les linées sont des plantes herbacées à feuilles alternes, 
enbères , plus rarement opposées, et à fleurs terminales, ou 
axillaires. 

La graine de ces plantes est très-mucilagineuse , adou- 
cissante et émolliente. Les feuilles sont purgatives dans une 
espèce. < 

19° Genre. — Lan. Linum. Lin. 


‘alice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales. 10 


LINÉES. 29 
filamens soudés inférieurement en anneau, 5 d'entre eux 
stériles, les 5 autres portant des anthères sagittées. 1 Ovaire 
surmonté de 5 styles. 10 capsules conniventes, paraissant 
n’en former qu'une seule , s’écartant à l’époque fe la matu- 
rité, s’ouyrant longitudinalement par leur partie interne, 
et chacune d’elles contenant 1 seule graine. 


LiN PURGATIF. 
Linum calharticum. Lin. Spec. 401. — Fi. Dan. 
t. 651. — Pharm. 


Sa racine est menue, annuelle; elle donne naissance à 1 
ou plusieurs tiges très-grêles, un peu couchées à leur base, 
ensuite redressées, hautes de 6 à 8 pouces, dichotomes dans 
leur partie supérieure, garnies de feuilles opposées, ovales- 
oblongues , glabres comme toute la plante, et d'un vert 
assez foncé. Ses fleurs sont petites, blanches, pédonculées 
. et disposées au sommet des tiges et des rameaux. Cette 

lante se trouve assez brettancrusat dans les prés et dans 
les bois ; elle fleurit depuis le mois de mai, jusqu’à la fin de 
lété. 

Le Lin purgatif a une saveur amère, désagréable et nau- 
séabonde. La plupart des auteurs qui ont écrit, il ÿ a 150 à 
200 aus, sur l'Histoire des plantes , ont parlé avantageuse- 
ment des propriétés purgatives de cette espèce. Linné se 
plaint dans ses A ménités de ce qu’elle est négligée, et il la 
recommande comme un doux purgalif, La dose des tiges et 
et des feuilles sèches est de 2 gros en infusion ; une plus 
grande quantité provoquerait le vomissement. EAnfasion 
vineuse est plus energique que l’infusion aqueuse. En sub- 
stance, 1 gros en poudre agit comme linfusion, mais plus 
promptement. Quoique le Lin purgatif paraisse mériter 
d’être employé, et qu'il;puisse être un des succédanées du 
Séné, il n’est point en usage. 


LIN CULTIVÉ, vulgairement Lin usuel, Lin ordi- 
naire. 
Linum usitatissimum. Lan. Spec#597.— Linum sati- 
sum. Blackw. Herb, 1. 160. — Pharm. 


Sa racine menue, presque simple , annuelle, donne naïs- 
sance à une tige cylindrique, grêle, glabre, simple dans 
sa partie infériure, haute de 1 pied et demi à 2 pieds, 
garme de feuilles éparses, élroites, lancéolées-Jinéaires , 


50 LINÉES. 

aiguës , d’un vert un peu glauque. Ses fleurs sont bleues, 
pédonculées, disposées au sommet des tiges et des rameaux. 
Ceite plante croîl dans les champs, el on la cullive dans 
beaucoup de départemens, à cause de ses propriétés écono- 
miques ; elle fleurit en juin et juillet. 

On emploie beaucoup en médecine la graine de Lin, 
comine émolliente, relâchante et résolutive. Préparée en 
infusion dans l’eau bouillante, elle donne une grande quan- 
tité de mucilage. Quand on prescrit l'infusion de graine de 
Lin en boisson, il faut avonsoin de la-faire preudre légère 
aux malades, parce que, lorsqu'elle est trop épaisse et 
gluante, elle charge souvent l’estomac, et cause des nau- 
sées. On en fait principalement usage dans les maladies in- 
flammatoires du bas-ventre, des voies urinaires, dans la 
dysurie, le calcul. On l'emploie aussi beaucoupen lavemens, 
dans les mêmes cas et dans la dyssenterie, les coliques, la 
constipalion , les hémorrhoïdes. La farine de graine de Lin 
préparée en cataplasme avec la décoction aqueuse de la 
racine de Guimauve , est un moyen très-employé comme 
émollient , calmant et résolutif; on en fait ainsi maintenant 
un grand usage , et elle a presque généralement remplacé, 
dans la pratique ordinaire, toutes les autres farines dites 
résolutives, qui étaient au contraire beaucoup plus usitées 
autrefois. La farine de graine de Lin, contenant beaucoup 
d'huile, rancit facilement. Quand elle est dans cet état , elle 
ne vaut plus rien; car devenant âcre et irritante , elle cause 
souvent des éruptions à la peat, au lieu d’agir comme 
adoucissante. En pilant la graine de Lan , on en retire, par 
expression , une huile douce dont on fait usage dans les 
pharmacies, et qui a des propriétés analogues à la graine ; 
elle devient de même âcre et irritante, lorsque le-temps ou 
la chaleur la font rancir. Cette huile , lorsqu'elle est ré- 
cente , a la propriété de lâcher le ventre, de purger même 
dans des circonstances où lés diastiques ne l'ont pas fait. 
On l’emploie dans les arts, et particulièrement dans la 
peinture. La graine de Lin et l’huile qu'on en retire entrent 
dans plusieurs préparalions pharmaceutiques. 

Dans des temps de disette, on a fait en Allemagne, et 
dans quelques autres contrées, du pain avec la farine de ja 
graine de Lin; mais ce pain était très-malsain, et il occa- 
sionpa des maladies graves dont plusieurs personnes mou- 
rurent., 


OXALIDÉES. 31 
Tout le monde connaît l’usage du Lin pour faire du fil et 
de la toile, 
Famille V. 


OXALIDÉES. 


Uu seul genre indigène se trouvant composer cette fa- 
mille , les caractères de celle-ci sont les mêmes que ceux de 
ce genre. . 

Les Oxalidées de France sont des herbes à feuilles alter- 
nes, composées de 3 folioles articulées sur leur pétiole, et 
à fleurs terminales ou axillaires, 

Ces plantes ont en général une saveur acidule qui les 
rend rafraîchissantes, antiscorbutiques , etc. 


18e Genre. — OXALIDE. OxX4215. Lin. 


Calice persistant, à 5 folioles. 5 pétales égaux, insérés 
au réceptacle, et un peu adhérens par leurs onglets. 10 
étamines ayant la mème insertion que les pétales; leurs 
filamens étant alternativement plus courts et réums par leur 
base. 1 ovaire supérieur, sarmonté de 5 styles. x capsule à 
5 valves, à 5 loges polyspermes. 


OXALIDE OSEILLE, vulgairement 4{//éluia , Surelle, 
Pain-de-Coucous Herbe-du-bæuf, Trèfle aigre. . 
‘Oxalis acetosella. Lin. Spec. 620.— Jacq. Oxal. n° 91. 
p. 114. t. 80. f 1. — Alleluia, sive Oxytriphillum. 
Pharm. 


Sa racine est écailleuse, comme articulée, rampante, 
blanchâtre ; elie donne naissance à des feuilles longuement 
pétiolées , composées de 3 folioles en cœur renversé , d’un 
vert pâle ; elle produit aussi 1 on plusieurs hampes longues 
de 3 à 4 pouces, garnies à leur partie moyenue de 2 petites 
bractées opposées, et portant à leur sommet 1 seule fleur 
blanche , veinée de violet. Cette plante croit dans les bois à 
lombre , et dans les haïes : elle fleurit en mars et avril. 

Les feuilles d’Alléluia ont une saveur acide et agréable ; 
elles sont rafraïchissantes, antiscorbutiques, apéritives, 
diurétiques. On peut faire usage soit de leur suc , à la dose 
de 1 à 2 onces, soit de leur décoction, à la dose d’une 
poignée pour 1 ou 2 livres d’eau, dans les fièvres bilieuses 
et putrides, dans les maladies inflammatoires, dans le scor- 


52 OXALIDÉES. 

but. On en préparait autrefois dans les pharmacies, un 
sirop, une conserve, un extrait, une eau distillées; mais 
ces diverses préparations ne sont plus guère employées 
aujourd’hui. 

En Suisse et en Allemagne, on retire en grande quantité 
de cette plante , un sel particulier connu dans le commerce 
sous le nom de se/ d'Oseille, et que les chimistes ont appelé 
Oxalate de potasse, sa base étant la potasse et un acide au- 
quel ils ont donné le nom d'acide Oxalique , parce qu'ils 
avaient d’abord cru qu’il était propre aux plantes du genre 
Oxalis. On peut composer une sorte de limonade agréable 
avec l'acide Oxalique, ou avec lOxalate de potasse, en en 
faisant dissoudre 1 demi-gros à 2 gros dans une pinte d’eau, 
avec suffisante quantité de sucre. Le sel d’Oseille sert habi- 
tuellement à enlever les taches d’encre de dessus le finge, 
les étoffes blanches, le bois, l’ivoire, etc. 


Famille VI. 
GÉRANIÉES. TS 


Les caractères des genres de cette famille sont d’avoir. 
1 calice persistant à 5 folioles , ou à 5 divisions profondes ; 
1 corolle de 5 pétales; 5 à 10 étamines ayant leurs filamens 
réunis par leur base; 1 ovaire supérieur surmonté d’un 
style terminé par 5 stigmates ; 5 cap$ules 1-spermes prolon- 
gées en arêtes qui se roulent en spirale, ou en cercle, lors 
de la maturité du fruit. 

Les Géraniées indigènes sont des herbes à feuilles oppo- 
sées, ou alternes, le plus souvent découpées, et à fleurs 
axillaires, quand les feuilles sont opposées, et opposées à 
celles ci, quand elles sont alternes, 

Elles contienuent un principe légèrement astringent ; 
quelques-unes sont un peu aromatiques. 


19° Genre. — GÉRANIER. GERANIUM. lan. 


Calice de 5 folioles égales. 5 pétales réguliers. 10 éta- 
mines toutes fertiles, et à filamens alternativement plus 
lougs et plus courts. 5 capsules monospermes, prolongées 
en une arête non barbue, se roulañt en cercle à la matu- 
rité du fruit. Celui-ci entier a la forme d’un long bec, 
comme de grue ou de cigogne, ce qui a fait donner aux 
plantes le rom qu’elles portent. 


GÉRANIÉES. 3% 
GÉRANIER A FEUILLES RONDES , vulgairement. PBec-de- 
Grue, Pied-de-Pigeon. * ? 
Geranium rotundifolium. Täin.*Spec. 957. — Gera- 
nium secundum. Matth. Valgr. 855. — Geranium colum- 
binum. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, blanchâtre, annuelle ; elle donne 
naissance à plusieurs tiges légèrement velues, faibles, sou- 
vent un peu couchées , rameuses, longues de 6 à ro pouces, 
garnies de feuilles longuement pétiolées , arrondies, décou- 
pées plus ou moins profondément en 5 à 7 lobes, couvertes 
surtout en dessous d’un duvet court et visqueux. Ses fleurs 
sont d’une couleur pourpre, assez petites, deux ensemble 
sur le même pédicule, placées à l'opposition des feuilles 
et à l'extrémité des tiges et des rameaux. Le fruit est formé 
de 5 petites capsules contenant chacune 1 seule graine, et 
surmontées d’une sorte de queue menue, longue d’un demi- 
pouce, étroitement appliquée côntre le style persistant , 
s'en détachant lors de la maturité de la base du fruit à la 
pointe, et se repliant en arc. Cette plante croît dans les 
lieux cultivés et les décombres; elle fleurit en juin, juillet 
et août, 


GÉRANIER ROBERTIN, vulgairement Æerbe à Robert, 
Herbe à l’esquinancie, Bec-de- Grue, Bec-de- 
Cigogne. 

Geranium Robertianum. Lin. Spec. 955.— Pharm. — 

Geranium tertium. Fuchs. Hist., 206. 


Cette espèce diffère de la précédente, parce que ses tiges 
sont toujours redressées , le plus souvent rougeälres, sensi- 
blement noueuses à l'insertion des feuilles qui sont oppo- 
sées, partagées en 3 à b lobes, eux-mêmes découpés en 
divisions plus petites ; parce que ses fleurs sont d’un rouge 
incarnat , à pétales beaucoup plus grands que le calice. 
Toute la plante a une odeur forte et désagréable; elle croît 
dans les bois, dans les buissons, et fleurit depuis le mois de 
mai jusqu’à la fin de l’été. Sa racine est bisannuelle, 


GÉRANIER SANGUIN, vulgairement Bee-de-Grue san- 
LULIL. 
Geranium sanguineum. Lin. Spec. 958. — Pharm. — 
Geranium septimum hœmatodes. Clus. Hist, CET. 


Cette plante diffère beaucoup des deux espèces précé- 
C 


54 GÉRANIÉES, 
dentes. Sa racine est épaisse, vivace, brunätre; elle donuc 
naissance à plusieurs tiges rougeätres', velues , noueuses, 
étalées, rameuses, longues de 10 à 15 pouces, garnies de 
feuilles opposées, pétiolées, velues, profondément décou- 
ées en 5 à 7 lobes, eux-mêmes divisés en 5 autres plus 
petits. Les fleurs sont grandes, d’un pourpre violet, soli- 
taires sur de longs pédoncules axillaires. Le Bec-de-Gree- 
sanguin croît sur le bord des bois et dans les lieux sablon- 
neux ; il fleurit en mai et juin. 

Les 3 espèces qui viennent d'étre décrites passent pour 
vulnéraires, résolutives et astringentes, et on les emploie, 
en général, indifféremment les unes pour les autres; mais 
cependant on a plus particuliërement conseillé la décoction 
des tiges et des feuilles de la première dans la diarrhée et 
la dyssenterie; la décoction de la seconde en gargarisme, 
dans les maux de gorge, ou sou applicalion extérieurement, 
après l'avoir pilée avec du vinaigre: et enfin le suc ex- 

rimé de la dernière dans les hémorragies. Au reste , ces 
plantes sont peu usitées par les médecinss elles le sont da- 
vantage comme remèdes populaires, surtout l’Herbe à 


Robert. 
20° Genre. — ErODIER. ErRODIUM. L'héritier, 


Calice de 5 folioles égales. 5 pétales réguliers. 10 fila- 
mens réunis par leur base, dont 5 fertiles et 5 stériles. 5 
capsules monospermes, prolongées en une arêle barbue, 
se roulant en spirale à la maturité du fruit. 


ERODIER MUSQUÉ, vulgairement Bec-de-Grue musqué. 
Erodium moschatum. W illd. Spec, 3. p.631. — Gera- 
nium moschatum. Lin. Spec. 931. — Pharm, 


Sa raçine est fibreuse , pivotaule, annuelle; elle donne 
naissance à une lige rameuse, chargée, ainsi que loute la 
plante, de poils glanduleux, haute de 8 à 12 pouces, 
garnie de feuilles opposées, ailées, composées de folioles 
dentées ou incisées, inégales à leur base, portées sur 1 

étiole commun , muni à sa base de 2 larges stipules mem- 
LEE et blaffches. Les fleurs sont purpurines , réunies 
6 à 12 ensemble en ombelles portées sur des pédoneules 
axillaires, plus longs que les feuilles. Cette plante croît dans 
les Heux sablonneux du midi de la France; elle fleurit en 
mai et juin. 


GÉRANIÉES. A 55 
Quelques auteurs disent que son infusion est bonne dans 
la dyssenterie , et dans les maladies-éruptives ; mais on n’en 
fait aucun usage. L’odeur du musc très -prononcée qué 
répandent toutes les parties de celte plante, annoncerait 
assez qu’elle doit avoir certaines vertus; mais celles-ci ne 
sont pas suffisamment déterminées, faute d'observations 
positives, 


Famille VII. 
MÉLIACÉES. 


Cette famille ne comprenant qu’un seul geure indigène, 
son caractère se trouve naturellement étabh à l’article de ce 
dernier. Il en est de mème de ses propriétés. 

21° Genre. — AZÉDARAC. MELIA. Lin. É 

Calice d’une seule pièce , à ,5 dents. Corolle de 5 pétales 
oblongs. Filamens des étamines soudés en tube cylindrique, 
à 10 dents; 10 anthères attachées à la base interne de 
chacuue de ces dents. 1 ovaire supérieur. 1 drupe globn- 
leux, contenant un noyau à 5 loges monospermes. 


AZÉDARAC BIPINNÉ, vulgairement Ærbre-Saint, Arbre 
a chapelet , Faux-S$ycomore, Lilas des Indes. 
Melia Azedarach. Lin. Spec. 550. — Nouv. Duham. 
6.p. 65,t. 21. — AÆzedarach. Pharm. 


Arbre qui, dans son pays natal et dans les contrées mé- 
ridionales de PEurope, s'élève à 4o ou 50 pieds , mais qui, 
dans les jardins du nord de la France, ne forme qu’un ar- 
brisseau de 8 à 10 pieds de hauteur. Ses feuillessonbalternes, 
deux fois ailées, à folioles ovales-oblongues, dentées, aiguës, 
luisantes et d’un vert assez foncé. Ses fleurs, d’un rouge 
clair, mêlées de violet, sont disposées en petites grappes 
-dans les aisselles des feuilles et plus courtes qu’elles. Le fruit 
est un pelit drupe globuleux, jaunâtre , contenant un noyau 
creusé de 5 sillons et partagé en 5 loges monospermes, dont 
2 avortent lrès-souvent, Cette espècè passe pour être origi- 
naire de la Perse et de la Syrie; mais elle est presque natu- 
ralisée en Provence; elle fleurit à Paris en juin et juillet, + 

Dans les Etats-Unis, plusieurs médecins, entre autres 
les docteurs Barton , Grafton, Duvall et Valentin, ont re- 
connu, par une suite d'observations, que les différentes 

C 2 


56 MÉLIACÉES. 

parties de l'Azédarac étaient vermifuges, et ils ont surtout 
employé avec succés l'écorce des racines , à la dose de 2 gros 
en décoction dans 7 à 8 onces d’eau , ou le suc retiré des ra- 
cines fraîches, à la dose de 1 gros. Ce suc doit être édulcoré 
avec du miel ou du sirop pour qu’il soit plus agréable aux 
enfans auxquels on le fait prendre, et il doit d’ailleurs être 
donné avec circonspection, car son administration n'est, 
dit-on, pas exempte de danger. Il paraît démontré, d’après 
plusieurs observations , que les fruits sont un poison pour les 
chiens. En Perse, on emploie leur pulpe pour guérir la gale 
et la teigne , en la mêlant à de la graisse pour en faire des 
frictions. Au Japon, on retire de l’huile des graines con- 
tenues dans $es noyaux. Les fleurs, préparées en infusion 
ou en décoclion, ont passé pour apéritives el propres pour 
les obstruclions; mais elles sont aujourd’hui entièrement 
oubliées. 

Le bois d’Azédarac, d’une couleur rougeätre un peu 
claire, est dur, susceptible de recevoir un beau poli, et 
propre à différens ouvrages de menuiserie. Dans les différens 
pays où cet arbre a été transporté, il est le plus souvent cul- 
tivé dans les jardins comme objet d'ornement; ses fleurs 
joignent à une forme élégante, une jolie couleur et une 


odeur agréable. 18 


Famille VMHI. 
AURANTIACÉES ou HESPÉRIDÉES. 


Les Aurantiacées ne renfermant qu’un seul genre indi- 
gène, il n’est pas besoin d’en établir les caractères généraux ; 
ceux du Citronnier seront en même temps ceux de la fa- 
mille. Celle-ci renferme des arbres ou des arbrisseaux à feuilles 
alternes, simples , ponctuées de glandes transparentes, et à 
fleurs axillaires ou terminales. ; 

Les fruits des Aurantiacées, connus sous les noms d’Oran- 
ges , de Citrons, de Limons, etc., sont formés, intérieure 
ment d’une pulpe trés-aqueuse, plus ou moins acide, qui les 
rend rafraîchissans et anliscorbutiques. L’écorce de leur 
bois, les feuilles et surtout les fleurs et la peau des fruits, 
jouissent d’une propriété stimulante, tonique, fébrifuge et 
antispasmodique qu'ils doivent à une huile volatile, amère 
et très-aromatique, contenue dans une multitude de peliles 
glandes répandues dans le tissu de ces divers organes. 


AURANTIACÉES. 37 
22° Genre. — CiTRONNIER. CITRUS. Lin. 

Calice à 5 divisions beaucoup plus courtes que la corolle. 
5 pétales elliptiques, concaves. 20 étamiues et plus, à fila- 
mens réunis en plusieurs faisceaux et disposés en cylindre, 
1 ovaire supérieur, à style cylindrique, terminé par 3 
stigmate globuleux. 1'grosse baie à plusieurs loges contenant 
1 ou plusieurs graines. 

CriRONNIER LIMONIER, vulgairement Zimonier, Ci- 

tron , Limon. 

Citrus Limonium. Nouv. Duham. 7. p. 77.t. 25.— 
Citreum malum. Pharm. | 

Arbre de 12 à 18 pieds de haut, divisé en branches for- 
mant ordinairement une tête plus ou moins arrondie. Ses 
nouvelles pousses sont anguleusés, souvent teintes de violet 
däns leur jeunesse, garnies de feuilles éparses, ovales-oblon- 
gues, pointues, d’un vert clair, très-glabres, persistantes, 
portées sur 1 pétiole nu ou presque nu, articulés au point de 
leur attache. Ses fleurs sont assez grandes, blanches en de- 
dans , violettes en dehors, légèrement odorantes, portées 
sur des pédicules courts, et plusieurs ensemble dans les ais- 
selles des feuilles ou au sommet des rameaux : leurs étamines 
sont au nombre de 50 à 40. Ses fruits sont de grosses baies 
ovoïdes, terminées par un mamelon, recouverles exlérieu- 
rement d’une peau épaisse , coriace, d’un Jaune pâle, par- 
semée de nombreuses glandes remplies d’une huile volatile 
très odorante ; l'intérieur des fruits contient plusieurs graines 
divisées en 8 à 10 loges et placées au milieu d'une pulpe 
formée d’un grand nombre de vésicules oblongues, jaunes- 
blanchâtres, contenant un suc acide et agréable. Le Limonier 
paraît être origmaire des Indes, d'où les Arabes Font d’abord 
transporté en Arabie , en Egypte, en Syrie, et c’est de ces 
dernières contrées que* les Croisées l'ont transplanté dans 
Y Europe méridionale, à la fin du X[' siècle ou au commen- 
cement du XII°. I] fleurit depuis le mois de février jusqu’en 
octobre. 

Les parties usitées du Limonier sont les fruits, connus 
sous le nom de Limons. Leur”Suc est rafraichissant, anti- 
putride et antiscorbutique. On compose avec ce suc, de 
l'eau et du sucre, une boisson très-agréable et très-rafrai- 
chissante, appelée limonade , dont il se fait une grande con- 
sommation en Europe pendant les chaleurs de l'été, et qu'on 
emploie très fréquemment dans tous les temps, dans plu- 

K 


35 AURANTIACÉES. 
sieurs cas de maladies, principalement dans les affections 
inflammatoires, dans les fièvres bilieuses et dans les fièvres 
putrides. On prépare dans les pharmacies avec du sucre et 
le suc des Limons, un sirop qui porte le nom de ces fruits 
et qui est aussi très-usilé en médecine dans les mêmes cix- 
constances. L’écorce des Limons, gonfite avec du sucre, 
fait d'excellentes confitures. Celte écorce ainsi confile est 
cordiale et stomachique. On retire de cette même écorce 
une huile essentielle connue sous le nom de Néroli et qui 
entre dans la composition dite Eau des Carmes. Desséchée 
et réduite en poudre, elle fait aussi partie de plusieurs pré- 
parations officinales. Les graines des Limons sont améères 
et vermifuges. Les fleurs, les fruits, l'écorce de ceux-ci, 
et les huiles aromatiques qu’on retire de cette dernière, 
entrent dans une foule de compositions et de préparations 
pharmaceutiques. £ 
Sur les honnes tables le suc des Limons sert d’assaisonne- 
ment, surlout pour les viandes rôties, le gibier et certains 
poissons. 


CITRONNIER DE MÉDIE, ou CITRONNIER proprement 
dit, vulgairement Cédratier. 
Citrus medica « Lin. Spec. 1100. — Cüitria malus. 
Blackw. Herb. t. 361. 


Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec la précé- 
dente, et Linné ne les avait regardées toutes les deux que 
comme des variétés de la même espèce. Quoi qu’il en soit, 
le Cédratier diffère du Läimonier, parce qu'il est en gé- 
néral moins élevé ; parce que ses feuilles sont plus allon- 
gées ; parce que ses fleurs sont plus grandes ; el parce que 
ses fruits sont recouverts d’une écorce raboteuse , tuber- 
culeuse , très-épaisse, charnue intérieurement, et formant 
la majeure partie du fruit qui est souvent très-gros. Cet 
arbre est originaire de l’ancienne Médie, d’où il s’est ré- 
pandu de proche en proche, jusque dans l’Europe méridio- 
nale ; il est en fleur pendant toute l’année. 

Les Cédrats ont à peu près les mêmes propriétés que les 
Limons; cependant ces fruits, ayant peu de suc; sont moins 
propres à faire de la limonade; mais leur écorce étant au 
contraire beaucoup plus épaisse, c’est principalement celte 
partie qui est employée, On en fait des confitures sèches qui 
sont excellentes. , 


/ 


AVRANTIACÉES. 59 


CITRONNIER ORANGER , vulgairement Oranger à : fruit 
doux , Oranger commun. Orange. 
Citrus aurantium. Lan. Spec. 1100. — Aurantia sive 
Arantia malus. Pharm. 


Arbre de 15 à 20 pieds, dont les branches forment 
communément une tête arrondie, et dont les jeunes pousses 
sont anguleuses, d'un vert tendre , garnies de feuilles 
ovales-oblongues, aiguës, d’un vert gai, luisantes, persis- 
tantes, légèrement crénelées en leurs bords, et por te sûr 
1 pétiole al. Ses fleurs sont entièrement blänchés, courte- 
ment pédonculées , réunies 2 à 6 ensemble dans les aisselles 
des feuilles: elles ont an parfum très-agréable ‘et très péné- 
trant , et ne différent point, quant aux formes, PE celles du 
Limonmier , ice n’est qu’elles n'ont que 20 à 24 étamines,. 
Ses fruits sont de grosses baies globuleuses, revêtues d’une 
peau ou écorce lisse , d'un beau jaune-safrané ; ils renfer- 

ment intérieurement , et divisée en plusièurs loges, une 
pulpe formée par l'assemblage de nombreuses vésieules oblon- 
gues , jaunes, pleines d’un jus doux, sucré et rafraïichissant ; 
chaque loge contient plusieurs g: aines placées au milieu de 
la pulpe. L'Oranger est originaire de la Chine, et le der- 
nier de ses congénérés qui ait été apporté en Europe ; 3 1 
fleurit au printemps. 

Les feuilles, les fleurs et les fruits de l'Oranger sont usités 

en médecine. Les feuilles sont amères et aromatiques; on 
emploie comme toniques , anti-spasmodiques et vérmi- 
es, en infusion aqueuse et théiforme, ou en substance 
en poudre , à la dose de 1 gros jusqu'à 1 once. Lies fleurs 
rnissent , par la distillation dans l’eau, une liqueur très- 
connue qui porte le nom d’eau de fleur d Orange, et dont 
on fait un grand usage, comme amti-spasmodiqué , cordiale 
et céphalique. Cette même eau est d'un usage très-fréquent 
pour aromatiser beaucoup dé préparations médicamen- 
teuses, et son par fum , qui plait presque à tout le monde , 
fait que les cuisiniers, les pälissiers , les confiseurs s’en ser- 
vent jour nellement pour donner un goût agréable à cer- 
tains mèêts, à plusieurs pâtisseries, ou à diverses répara- 
tions de sucre. Les fleurs d'Oranger sont encore employées 
pour faire des ratafiats, des liqueurs de table, et les phar- 
maciens en préparent une conserve particulière. 


L’écorce des oranges est amère et très-aromatique ; sèche 
C 4 


40 AURANTIACÉES. 


et réduite en poudre, elle fait partie de plusieurs prépara- 
tions pharmaceutiques. C’est un très-bon* tonique qu’on 
peut donner seul, comme stomachique, fébrifuge et vermi- 
fuge. On peut faire avec le suc de ces fruits, de l’eau et du 
sucre, une boisson aussi agréable que la limonade, mais 
plus douce. On la nomme Orangeade, et on l’emploie 
dans les mêmes cas. 


CITRONNIER BIGARADIER, vulgairement Bigaradier. 
. Citrus Bisgaradia. Nouv. Duham. 7. p. 99. — Auran- 
äum vulgare, acre, primum. Fer. Hesp. p. 374. 


Le Bigaradier, que Linné a confondu avec l’Oranger 
commun, en diffère d’une manière positive, selon MM. Gal- 
lesio et Risso , parce que la pulpe de ses fruits est toujours 
amère, Jamais douce, et que ses graines semées reprodui- 
sent constamment cet arbre sans aucune altération. M. Gal- 
lesio pense que le Bigaradier est comme le Limonnier 
originaire des Indes, et qu'il a été transporté en Europe en 
même temps que celui-ci il fleurit au printemps. 

Toutes les parties du Bigaradier ont les mêmes propriétés 
que l’Oranger , si ce n’est que la pulpe amère de ses fruits 
ne permet pas de manger les Bigarades crues, comme on 
fait tous les jours des Oranges; mais on en prépare des con- 
fitures agréables, et leur suc sert d’assaisonnement comme 
celui des Limons. Leur écorce est aromatique comme celle 
des Oranges, mais elle est plus amère, et on l'estime très- 
astringente ; elle est employée aux mêmes usages en méde- 
cine. À raison de son aslringence particulière, on doit 
préférer comme fébrifuge; elle vaut mieux aussi à itr 
vermifuge, à cause de son amertume plus développée. 
la fait entrer dans plusieurs ratafñats et liqueurs, prin- 
cipalement dans celle appelée Curaçao. Les fleurs du Bi- 
garadier , autant et même plus parfumées que celles de 
lOranger, se distillent d’une semblable manière; et leur 
eau s’emploie indifféremment , soit dans la pharmacie , soit 
dans l’économie domestique, sous le même nom que celle 
qui provient des fleurs de l’Oranger. 


‘ Famille IX. 
HYPÉRICÉES. 


Les plantes qui composent celte famille ont pour carac- , 


». , HYPÉRICÉES. 41 
tères 1 calice de 5 folioles; 1 corolle de 5 pétales ; des éta- 
mines nombreuses, à filamens réunis par leur base en plu- 
sieurs faisceaux ; 1 ovaire supérieur , surmonté de plusieurs 
styles; 1 baie à 1 loge, ou 1 capsule à 5 loges. Ces plantes 
sont des arbustes ou des herbes à feuilles opposées, simples, 
et à fleurs terminales. ” 

Les Hypéricées contiennent un suc propre , gommo- 
résineux , souvent coloré, légèrement amer, auquel elles 
doivent Ja propriété un peu tonique et astringente dont elles 
jouissent. 


25° Genre. — ANDROSÈME. AÂANDROSÆMUM. Tournef, 


Calices de 5 folioles inégales. Corolle de 5 pétales. Eta- 
mines réunies en 5 faisceaux. Ovaire surmonté de 3 styles, 
1 baie à 1 loge contenant plusieurs graines. 


ANDROSÈME OFFICINAL, vulgairement T'oute-saine. 
Androsæmum officinale. AIl. FI. Ped. n. 1440. — 4n- 
drosæmum. Pharm. — Blackw. Herb. t. 94. 


Ses tiges sont un peu ligneuses, rougeûtres, hautes de 2 
à 5 pieds , cylindriques, chargées de 2 lignes saïllantes qui 
les rendent un peu anguleuses; elles sont garnies de feuilles 
opposées , sessiles, ovales, glabres , d’un vert brun en été, 
et d’un rouge obscur vers l’automne , toules parsemées 
d’un grand nombre de glandes demi-transparentes qui les 
font paraître comme percées d’une mullitmde de petits 
trous, lorsqu'on les regarde au jour; elles répandent une 
odeur forte et fétide, surtout lorsqu'on les froisse entre les 
doigts. Ses fleurs sont jaunes, petites, pédonculées , et dis- 
posées plusieurs ensemble , en une sorte de corymbe termi- 
nal. Les baies sont petites et noirâtres à leur maturité. 
Cette plante croît dans les bois et les buissons du midi de la 
France; elle fleurit en juin. 

La "Toute-Saine jouissait autrefois d’une grande réputa- 
ton ; on la croyait propre pour toutes les maladies, et c’est 
ce qui lui avait valu son nom. Elle était surtout regardée 
comme apéritive, résolutive, antiputride, vermifuge, 
vulnéraire; mais aujourd’hui elle est entièrement tombée 
dans l’oubli. 


24° Genre. — MiILLEPERTUIS. Â/ŸPERICUM. Lin. 


Calice de 5 folioles égales. Corolle de 5 pétales. Elamines 


L 


4 | HYPÉRICÉES. , }) 
ayant leurs filamens réunis en 3 à 5 Haisceaux. 1 ovaire 
surmonté de 5 styles. 1 capsule à 5 loges, contenant cha- 


cune plusieurs graines menues. 


MILLEPERTUIS OFFICINAL, vulgairement Wyillepertuis, 

Herbe à Mille pertuis. 

Hypericum perforatum. Lin. Spec. 1105. — Hyperi- 
cum. Blackw. Herb. t. 15. — Pharm. x 


Sa racine est vivace, fibreuse , un peu ligneuse, jaunâtre; 
elle donne naissance à plusieurs tiges cylindriques, droites, 
dures, rougeñtres, un peu rameuses en leur partie supé- 
rieure, hautes de t pied et demi, ou environ, garnies de 
feuilles opposées, sessiles, ovales-oblongues, parsemées 
de glandes transparentes et pleines d’une huile volatile 
qui les font paraître, en les regardant au jour, comme cri- 
blées d’un grand nombre de trous. Ses fleurs sont jaunes, 
disposées en corymbe au sommet des tiges et des rameaux. 
Le fruit est une capsule à 3 loges, contenant des graines 
nombreuses, menues, luisantes, d’un brun noirâtre, d’une 
saveur amère el résineuse. Cette plante est commune dans 
les bois élevés et montagneux ; elle fleurit en juin et 
juillet, ” Hi 

Le Millepertuis est vermifuge, astringent , emménagogue, 
résolutif; il a passé pour être diurétique, et surtout pour val- 
néraire, lorsqu'on croyait pouvoir hâter la guérison des plaies 
par des applications quisouvent, au contraire, en retardaient 
la cicatrisation. On l’a recommandé intérieurement daus les 
maladies atoniques de la vessie , lorsque les malades rendent 
des urines glaireuses ou sanguinolentes, dans la gravelle, 
dans les affections hystériques, dans la manie, etle crache- 
ment de sang , suite de l’ulcération du poumon. Les parties 
qu'on emploie le plus souvent sont les sommités fleuries, à 
Ja dose d’une poignée en infusion aqueuse, ou vineuse, : 
pour 2 livres de liquide. Les feuilles et les graines peuvent 
aussi être employées d’une manière analogue et même en 
nature. Le suc exprimé des feuilles fraîches, des sommités 
fleuries, ou des fruits, a été vanté comme un très-bon an- 
thelminthique. Ce sue, surtout celui des fleurs et des graines, 
est rougeâtre, et répand une odeur résineuse. Le Milleper- 
tuis s'emploie aussi à l'extérieur , frais et pilé, ou sec et 
bouilli dans le vin ; on l’applique comme résolutif sur les 
contusions , dans la goutte et les rhumatismes, On prépare, 


HYPÉRICÉES. 49 
dans les pharmacies, une huile de Millepertuis par infu- 
sion , qui avait jadis la réputation d'être un baume excél- 
lent, propre à guérir toutes sortes de blessures et de contu- 
sions. Le Millepertuis, à tftre de puissant vulnéraire ,,entrait 
aussi autrefois dans beaucoup de compositions oflicinales de 
cette nature, ou autres, qui ne sont plus que fort peu ou 
même point du tout employées maintenant. 


Famille X. 
RUTACÉES. 


Les genres qui composent cette famille ont pour carac- 
ières x calice à 4 ou 5 divisions, ou à 5 folioles; 1 ccrolle 
de 5 pétales alternes avec les divisions calicinales; 8-10 
élamines insérées au réceptacle ; 1 ovaire supérieur, à style 
simple ; 1 capsule à 4rou 5 loges, ou 5 capsules. 

Les Rutacées sont des plantes herbacées à feuilles alternes, 
composées , et à fleurs terminales. Comme dans les deux 
familles précédentes , le tissu de leur écorce, celui de leurs 
feuilles et de leurs fleurs est parsemé de beaucoup de petites 
glandes remplies d’une huile volatile, âcre et fortement odo- 
rante , à laquelle elles doivent les propriétés stimulantes 
qu'elles possèdent. 


2b° Genre: — RuE. RUTA. Lan. 


Calice à 4 ou 5 divisions persistantes. Corolle de 4 à 5 
pétales concaves. 8 à 10 étamines. 1 ovaire à style et stig- 
mates simples. Capsule à 4 ou 5 loges polyspermes. 


RuE FÉTIDE, vulgairement Rue domestique , Rue des 
jardins, Rue commune. 
Ruia graveolens. Lin. Spec. 548. — Ruta. Pharm. — 
Blackw. Herb. t. 7. 


Sa racine est vivace, ligneuse, jaunâtre , garnie de fibres 
un peu grosses; elle donne naissance à une tige rameuse 
presque dès sa base, divisée en rameaux cylindriques, durs, 
ligneux inférieurement:, hauts de 2 pieds ou environ, garnis 
de feuilles aliernes, pétiolées, d’un vert glauque, deux fois ai- 
lées, composées de folioles ovales, un peu charnues. Ses fleurs 
sont d’un jaune sale, de po, médiocre, disposées en 
çorymbe au sommet des rameaux. Cetle plante croît dans 


4% BUTACÉES 


les lieux stériles du midi de la France; on la cultive dans 
beaucoup de jardins. Elle fleurit en juin et juillet. 

La Rue a une odeur forte , assez désagréable, et sa saveur 
es! âcre et amère. Elle est vermifuge, emménagogue, an- 
ühystérique , antiscorbutique , et on l’estimait autrefois 
comme un excellent alexitère. On l’emploie dans la chlo- 
rose , dans la suppression des menstrues, dans les affec- 
lions vermineuses, et on l’a aussi vantée dans ’épilepsie 
et les maladies convulsives. Ce sont les feuilles préférable- 
ment à toute autre partie dont on fait usage; on a aussi 
conseillé les graines. Les unes et les autres s’emploient en 
infusion, plutôt qu’en décoction, à la dose d’une pincée 
dans 2 ou 3 tasses d'eau. On prépare dans les pharmacies 
une conserve el uu vinaigre de Rue; ce dernier a été préco- 
uisé comme préservatif dans les maladies contagieuses et la 
peste. On préparait autrefois, plus généralement qu’aujour- 
d’hui, une huile de Rue, en faisant'infuser à plusieurs re- 
prises 4 onces de ses feuilles ou de ses sommités dans une 
livre d’huile d'olives, et on l’employait contre les vers, en 
embrocations sur le bas-ventre des enfans. La Rue entre 
encore dans le vinaigre des quatre voleurs, el elle faisait ja- 
dis partie de plusieurs compositions officinales maintenant 
tombées dans l’oubli. 

Malgré l’odeur et la saveur désagréables de la Rue, les 
Romains en mettaient comme assaisonnement dans beau- 
coup de leurs alimens, et en Italie on en mange encore dans 
les salades. 


RUE DE MONTAGNE ou Rue sauvage. 

Ruta montana. Clus. Hist. CXXX VI. 

Cette espèce diffère de la précédente parce qu’elle s’élève 
moins, et que ses feuilles sont découpées en folioles très- 
menues; ses fleurs sont petites et d’un jaune verdätre. Elle 
croît dans les lieux secs, pierreux et exposés au soleil, dans 
les départemens du midi, et fleurit en juillet et août. 

Elle a les mêmes vertus que la précédente et peut Jui êlre. 
substituée. 


26° Genre. — DictrAmME. DICTAMNUS. Lan. 


Calice de 5 folioles caduques. Corolle de 5 pétales lan- 
céolés , inégaux. 10 étamines à filamens inégaux. 1 ovaire 


à style incliné. 5 capsules réunies par leur bord interne , 
écartées en étoile, et contenant chacune 2 graines. 


Ca 


RUTACÉES. 4 

DicrAME BLANC, vulgairement Fraxinelle, Diptam. 
Diciamnus albus. Lin. Spec. 548. — Jacq. FL Aust. 
t. 428. — Dictamnus albus, sive Fraxinella , vel Dip- 
tamnum. Pharm. \ 


Sa racine est vivace, composée de grosses fibres; elle 
donne naissance à plusieurs tiges droites, le plus souvent 
simples, velues, glanduleuses, hautes de 2 pieds ou 
environ, garnies de feuilles alternes, ailées avec impaire, 
composées de 7 à 11 folioles ovales, luisantes, crénelées. 
Ses fleurs sont grandes, purpurines, panachées de lignes 
d’une couleur plus foncée, quelquefois entièrement blan- 
ches, disposées au sommet des rameaux en une grappe 
droite et d’un bel aspect : les folioles de leur calice sont 
chargées de poils glanduleux, et les pétales sont beaucoup 
plus grands que celles-ci. Cette plante croit naturellement 
dans les bois des départemens du midi et en Alsace; elle 
fleurit en mai et juin. 

La Fraxinelle a une odeur forle qui approche un peu de 
celle du Citron , mais qui est moins agréable. Cette odeur 
est due à une huile essentielle contenue dans des glandes 
nombreuses, répandues sur la partie supérieure des tiges et 
sur les fleurs. Dans les temps lrès-chauds cette huile vola- 
tile s’exhale en vapeurs, et en si grande abondance qu'elle 
forme une atmosphère inflammable autour de la plante, et 
si l’on en approche alors une bougie allumée, surtout le 
soir , lorsque l’air un peu plus frais concentre les vapeurs, 
celles-ci s’allument instantanément, et il se répand sur toute 
la plante une bouffée de flamme qui ne l’endommage point. 

La partie usitée de cette plante est la racine; elle est 
amère, aromatique, el passe pour sudorifique, tonique, 
vermifuge, emménagogue et antiputride. Sa dose en sub- 
* stance et en poudre est d’un demi-gros à 2 gros; en infusion 
on peut en donner jusqu’à une once; mais en général elle 
esl tres-peu employée aujourd’hui, Elle entre dans plusieurs 
compositions officinales dont la plus grande partie est aussi 
tombée en désuétude. Dans les pays chauds du midi de 
l'Europe, on prépare, avec les fleurs de la Fraxinelle, une 
eau distillée très-odorante, que les femmes emploient comme 
cosmétique. 


46 é 4 CISTÉES. 
Famille XI. 
CISTÉES. 


Les plantes qui se APPEL à cette famille offrent les 
caractères suivans : Calice de 5 folioles persistantes; corolle 
de 5 pétales régubers ; ; étamines nombreuses , insérées au 
réceptacle ; 1 ovaire supérieur, à style et stigmate simples ; ; 
1 capsule à 1 ou plusieurs loges, contenant des graines 
menues et nombreuses. 

Les Cislées sont le plus souvent des arbustes, ou quel- 
quefois des herbes, à feuilles simples, presque toujours op- 
posées , et à fleurs ‘disposées en grappe simple à l'extr émité 
de la tige et des rameaux. 

Dans les trois familles précédentes, les diverses parties des 
végétaux qui les composent contiennent, dans des glandes 
particulières, une huile volatile aromatique; dans les Cistées, 
la nature a modifié ce principe en une liqueur gommo- 
résineuse qui transsude à travers les pores de l'écorce des 
jeunes rameaux et de la surface des feuilles ; mais les pro- 
priétés générales de cette substance ré neue sont de même 
stimulantes et toniques. 


Genre. — CistTE. CISTUS. lan. 


Calice de 5 folioles égales. 5 pétales. Etamines en grand 
nombre. Capsule à 5 loges, quelquefois à 10. 


CISTE LADENIFÈRE, vulgairement Ladanum. 

Cistus Ladanum. Lan. Spec. 737. — Cistus Ledon 
primum angustifolium. Clus. Hist, 797. — Labdanum , 
seu Ladanum. Pharm. 


Arbrisseau de 4 à 5 pieds de haut, dont la tige se divise 
en rameaux nombreux, opposés, gar ns de feuilles lancéo- 
Jées-linéaires, presque sessiles, opposées, glabres en dessus, 
cotonneuses et blanchätres en dessous. Ses fleurs sont larges 
de 2 ou 5 pouces, pédonculées, axillaires ou terminales, en- 
tiérement blanches ou marquées à la base des pétales, d une 

tache d’un rouge foneé. Cette plante croît en Provence; elle 
fleurit au mois de mai. 

Pendantles mois de mai, juin et juillet, les jeunes rameaux 
et la surface supérieure de ses jeunes feuilles laissent suinter, 
pendant la chaleur du jour, une substance visqueuse, très- 
odorauie , à laquelle on a donné le nom de Ladanum, En 


| CISTÉES. 47 
Provence, où cet arbrisseau est rare , on néglige de recueillir 
cette substance ; mais en Espagne, où 1l est beaucoup plus 
commun , on la récolie en faisant bouillir les sommités de 
la plante dans l’eau, à la surface de laquelle la résine vient 
surnager et dont il est facile de la retirer. 

L'espèce dont il a été parlé ci dessus n’est pas la seule qui 
donne le Zadanum ; plusieurs autres plantes du même 
genre en fournissent aussi en plus ou moins grande quaulilé, 
et particulièrement celle qui est connue sous le nom de Ciste 
de Crète (Cistus Creticus. Lin.), parce qu’elle croît dans 
cette île. Les habitans du pays recueillent le Ladanum sur 
celte dernière espèce, pendant les grandes chaleurs, en fai- 
sant passer à plusieurs reprises, sur les buissons for més par 
cet arbrisseau, un instrument assez semblable à un rateau, 
mais garni de Jongues lanières de cuir en place de dents. 
La matière gluante qui enduit alors les sommités et les 
jeunes feuilles s'attache aux cuirs, dont on la retire en la 
raclant avec un couteau. 

Le Ladanum qu'on trouve dans le commerce est une 
substance gommo-resineuse, qu’on nous apporte du levant, 
en masse ou pains de diverses formes, dont la couleur est 
roussätre, un peu noirätre, et l'odeur assez agréable. On 
l’emploie extériewrement comme résolatif, et on le donne 
intérieurement comme tonique et astringent. La dose, de 
celte derniére manière , est depuis 1 gros jusqu'à 4 dans 
quelque véhicule convenable ou mêlé à quelque’ autre sub- 
stance médicamenteuse. Il est conseillé dans la diarrhée, les 
aflectious calarrhales; mais on en fait en général peu d’usage. 
Il entre dans la composition de plusieurs préparalions phar- 
maceutiques. 


20° Genre.—HÉLIANTHÈME. ELIANTHLMUM.Tourn. 


Calice de 5 folioles, dont les 2 extérieures plus petites. 
5 pétales. Etamines en grand nombre. Capsule à 1 loge, 
s'ouvrant en 5 valves et contenant plusieurs petites graines. 


HÉLIANTHÈME COMMUN, vulgairement //erbe d'or, 
Hysope des gariques, Fleur du soleil. 

Helianthemum vulgare. Desf. Hort. Par.—Cistus He- 

lianthemum. Lin. Spec. 744. — Chamæcistus primus. 


FI. Dan. t. 107. 
Ses tiges sont nombreuses, grèles, demi-ligneuses, étalées, 


48 CISTÉES. 
velues, longues de 8 à 12 pouces, garnies de feuilles op- 
posées, courtement pédonculées, ovales-oblongues, vertes en 
dessus, blanchätres en dessous. Ses fleurs sont jaunes, pé- 
donculées, disposées en grappe lâche dans la partie supérieure 
des tiges, Cette plante est vivace: elle fleurit en mai et juin; 
on la trouvé fréquemment dans les pâturages secs , sur les 
coteaux et sur les bords des bois. 

Ses racines el ses feuilles ont passé pour vulnéraires et 
astringentes: on les prescrivait autrefois en décoction dans 
le crachement de sang et les hémorragies ; mais elles ne 
sont plus en usage maintenant. 


Famille XII. 
VIOL É ES, 


Les Violées indigènes ne comprenant qu'un seul genre, 
jes caractères de celui-ci sont ceux de la famille qui se com- 
pose d'espèces herbacées, à feuilles alternes et à fleurs axil- 
laires. £ 

Leurs qualités générales, plus prononcées dans les racines 
que dans les autres parlies de ces plantes , sont d’être émé- 
tiques et purgatives : mais elles sont en général trés-faibles, 
. surtout sous le premier rapport, ne contenant, d’après l’a- 
nalyse faite dernièrement par M. Pelletier, que quelques 
traces d’émétine ,substance particulière, éminemment émé- 
tique, que les chimistes ont trouvée dans l’fpécacuanha, 
et à laquelle celui-ci doit toutes ses vertus, 


29° Genre. — VIOLETTE. V’10L4. Lan. 


Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales iné- 
gaux , dont le supérieur plus grand et prolongé à sa base 
en éperon. à Elamines à anthères rapprochées ou soudées. 
1 ovaire supérieur , à style simples Capsule à 1 loge, con- 
tenant plusieurs graines. 

VIOLETTE ODORANTE, vulgairement Violette de mars, 

Violier commun. 

Viola odorata. Lin. Spec. 1524. — Bull. herb. t. 169. 

V’iola. Pharm. 


Sa racine est vivace , formée de fibres nombreuses , blar- 
châtres; elle donne naissance à un grand nombre de feuilles 


VIOLÉES. | 49 
longuement pétiolées, cordiformes, arrondies, dentelées , 
en leurs bords, d’un vert assez foncé, el à des rejets 
couchés sur la terre, s'étendant à 3 ou 4 pouces et pre- 
nant racine de distance en distance. Ses fleurs sont d’un 
violet bleu, quelquefois blanches, d’une odeur douce et très- 
agréable, portés sur des pédoncules gréles , longs de 2 à 3 
pouces, et qui partent immédiatement du collet de la racine. 
Cette plante croît nalurellement dans les bois et les buissons , 
on la culüive dans les jardins à cause du parfum agréable de 
ses fleurs qui paraissent en mars et avril. 
Les feuilles de la Violette odorante sont émollientes et 
laxatives; on les fait entrer dans les lavemens et on les em- 
loie en fomentations. Les fleurs sont purgatives en poudre 
et à la dose d’un gros selon Potérius. On ne sait pourquoi 
on les a mises au nombre des fleurs dites cordiales, Le plus 
souvent on en fait usage en infusion théiforme, comme 
adoucissantes et rafraîchissantes , en ne les prescrivant qu’à 
petite dose, comme à celle d’une pincée pour 2 livres d’eau. 
Elles servent à faire un sirop simple, qui porte leur nom, et 
auquel elles communiquent uue belle couleur bleue-violette, 
Ce sirop est adoucissant et irès-légèrement laxatif. Les 
graines de violettes sont pen en usage, on les dit diurétiques 
et purgatives à la dose d’ine once à une once et demie, 
pilées et préparées en manière d’émulsion, avec 4 ou 6 
ouces d’eau. Ces fleurs et ces graines eutraient autrefois dans 
plusieurs compositions officinales tombées aujourd’hui en 
désuétude. Celles dont elles font partie et dont on fait encore 
usage , sont l’onguent Populeum et le sirop d’Erysimrum. 
Lorsqu'on croyait que l’Ipécacuanha était uniquement 
fourni par les racines d’une Violette exotique, on fut con- 
duit par l’analogie à chercher dans nos Violettes indigènes 
si leurs racines n'auraient pas la mème propriété que celles 
de la Jiola Ipécacuanha. Lin.; mais les expériences qui 
furent faites à ce sujet par MM. Coste et Willemet n'eurent 
qu’un succès médiocre, car les résultats de leurs observa- 
tions ont élé que les racines de la Violette odorante , admi- 
nistrées en poudre à la dose de 56 à 72 et même 96 grains, 
ou leur décoction à celle de 2 à 5 gros dans 6 onces d’eau 
réduite à 4, ne provoquaient que 2 à 4 vomissemens, et 
qu’elles produisaient le plus souvent 4 à 6 évacuations 
alvines, 


D 


50 VIOLÉES. 

VIOLETTE HÉRISSÉE. | . 

Viola hirta. Lin. Spec. 152%, — Viola Trachelii folio. 
F1. Dan. t. 616. 


Cette espèce ne diffère de la précédente que parce que ses 
feuilles et ses pétioles sont très-hérissés de poils, parce que 
le collet de sa racine ne produit point de rejets rampans, et 
parce que ses fleurs sont inodores. Elle croît dans les bois, 
et fleurit en avril et maï. 

Le peu de différence que cette plante présente avec la 
Violette odorante, doit faire croire qu’elle a les mêmes pro- 
priétés, et qu’on peut la lui substituer sans aucun incon- 
vénient , surtout quand il s’agit seulement de l'emploi des 
feuilles; car ses fleurs donneut un sirop qui üre plus sur le 


rouge que sur le bleu. 


VIiOLETTE DE CHIEN. 
V'iola canina. Lin. Spec. 1524. 


Cette plante, comme ses deux autres congénères, ne doit 
être mise qu’au nombre des évacuans les plus doux. D’après 
plusieurs observations de Niemeyer, qui est auteur d'une 
Dissertation sur l’usage en médecine de la 7zola canina, 
24 à 36 grains de ses racines réduites en poudre, et réitérés 
dans un court espace de temps, n’ont jamais produit qu’un 
vomissement , et quelquefois pas du tout , mais toujours plu- 
sieurs évacuations alvines ; et leur décoclion, préparée avec 
2 gros à demi-once, et prise en plusieurs fois, n’a produit 
aucun effet ni par haut ni par bas. 


VioLETTE DES CHAMPS, vulgairement Pensée sauvage. 

Viola arvensis. Murr. Prod. 73. — Viola tricolor «. 
Lin. Spec. 1326. . 

Sa racine est fibreuse, blanchâtre , annuelle; elle donne 
naissance à plusieurs tiges anguleuses , glabres, longues de 
6 à 8 pouces, étalées à leur base , ensuite redressées, garnies 
de feuilles alternes, ovales, crénelées, pétiolées, munies à 
leur base de stipules pinnatifides. Ses fleurs sont axillaires, 
portées sur des pédoncules plus longs que les feuilles , mé- 
langées de blanc et de jaune avec quelques raies violettes, 
et elles n’ont point d’odeur : leur corolle est à peine plus 
longue que les folioles du calice, au reste d’une forme ana- 
logue à celle des autres Violettes ; mais le stigmate, ainsi 
que dans l’espèce suivante, est droit et en forme d’enton- 


VIOLÉES. 53 
noir, au lieu d'être courbé et aigu. Cette plante croît dans 
les champs cultivés; elle fleurit pendant tout l’été. 


VIOLEITE TRICOLORE, vulgairement Pensée des Jar- 
dins. 
V’iola tricolor. FI. Dan. t. 625. — 7ola tricolor 8&. 
Lin. Spec. 1526. 


Cette plante ressemble beaucoup à la précédente , et Linné 
ne les regardait toutes les deux que comme deux variétés 
de la même espèce. Aujourd’hui les botanistes les séparent 
l’une de l’autre, et ils distinguent la Pensée tricolore à ce 
que ses pétales sont une ou deux fois plus grands que les 
foliolesdu calice, et à ce que leur couleur est d’un beau 
pourpre-violet, comme velouté, un peu mélangé de blanc 
et de jaune. Elle croît spontanément dans les prairies des 
Alpes, et on la trouve très-fréquemment dans les jardins, 
où elle fleurit pendant presque toute l’année; il n’y a que 
les gelées un peu fortes qui arrêtent sa végétation. 

La Pensée avait déja été conseillée contre les maladies de 
la peau par Matthiole, Fuchsius et J. Bauhin ; mais elle 
était tombée dans l'oubli , lorsque depuis trente à quarante 
ans Starck, Metzger, Haase et Eccard s’en sont occupés, et 
l'ont de nouveau recommandée , en la préconisant contre la 
croûte laiteuse, la teigne, les dartres et d’autres maladies de 
la peau. Elle a aussi été employée dans le rhumatisme chfo- 
nique et dans différentes maladies lymphatiques. D'un autre 
côté, d’autres médecins, Mursinna , Ackermann, Henning 
et Alibert, disent que le plus souvent ils n’ont retiré aucun 
avantage de son emploi. 

Cette plante a une saveur amère et un peu âcre; elle 
produit souvent des nausées, et elle provoque quelquefois 
le vomissement; mais le plus souvent elle agit comme pur- 
gative. On se sert de la plante entière, et, dans les maladies 
dont il a été parlé ci-dessus , on la fait prendre de manière 
à ce qu'elle ne provoque ni le vomissement ni la purga- 
tion , comme en poudre à la dose de 12 à 56 grains, ou en 
extrait à celle de demi-gros à 1 gros, et le plus sonvent 
en décoclion ou en infusion à 2 gros pour.6 onces d’eau. 

Les médecins allemands ont particulièrement employé 
la Pensée tricolore; on fait beaucoup plus d’usageen France 
de la Pensée sauvage. 


D 2 , 


52 POLYGALÉES. 
Famille XIII. 
à POLYGALÉES. 


Câte famille ne renfermant qu’un seul genre qui soit in- 
digène, ses caractères se lrouvent ne pas différer de ceux 
que celui-ci présente. 

Les espèces du genre Polygala venant naturellèment en 
France, sont des herbes : à feuilles simples, alternes, et à 
fleurs disposées en grappe terminale. Les propriétés qu’ on 
leur a reconnues jusqu'ici sont d'être un peu amères , sudo- 
rifiques et légèrement purgatives. $ 


50° Genre. POLYGALA. POLYGALA. Lan. 


Calice à 5 divisions, dont 2 plus grandes que les autres. 
Corolle tubulée à sa base, fendue supérieurement en 2 lé- 
vres , dont la supérieure à 2 lobes, et l’inférieure concave, 
des souvent barbue. 8 étamines à filamens réunis en 2 
faisceaux. 1 ovaire supérieur. 1 capsule en cœur renversé , 
à 2 loges, contenant chacune 1 graine. 


PoLYGALA COMMUN, vulgairement Æ/erbe à lait, Poly- 
galon. 


Polygala vulgaris. Lan. Spec. 986.—Bull. Herb. t, 177. 


Sa racine est dure, menue, vivace, d’une couleur blau- 
châtre et d’une saveur amère; elle donne naissance à plu- 
sieurs tiges, assez simples, gréles, étalées à leur base, un 
peu redressées supérieurement , longues de 6 à ro pouces, 
garnies de feuilles alternes, lancéolées-linéaires. Ses fleurs 
sont petites, bleues, rougeätres ou blanches, selon les va- 
riétés , disposées en grappe serrée au sommiet des tiges. Le 
fruit est une capsule en cœur renversé, à 2 loges, conte- 
frant chacune une graine. Cette plante croit dans les bois 
et dans les pâturages secs; elle fleurit en mai, juin et juillet. 

Le Polygala commun est sudorifique, béchique, expec- 
torant , légèrement émétique et purgatif. On en a conseillé 
l'usage dans la pleurésie , la péripneumonie , les rhumatis- 
mes , les fièvres intermittentes. On donne la plante entière, 
à la dose d’une demi-once à une once, en décoclion dans 
1 à 2 livres d’eau. On assure que le nom vulgaire d’'#erbe 
4 lait donné à cette plante, lui vient de ce qu’elle augmente 
le lait des vaches qui en mangent. 


POLYGALÉES. 53 
POLYGALA AMER. 


Polygala amara. Lin. Spec. 987. — Jacq. Hort. Vind. 
1. 262. 


Cette espèce diffère seulement de la précédente, parce 
qu’elle est plus petite dans toutes ses parties, parce que ses 
rameaux sont plus couchés, et parce que ses feuilles radi- 
cales sont ovales-obtuses, beaucoup plus grandes que celles 
des tiges. On la trouve sur les coteaux découverts et sur les 
pelouses exposées au soleil ; elle fleurit en avril, mai et juin. 

Ses propriétés sont les mêmes que celles du Polygala 
commun. Gesner , qui appelle cette plante Amarella, 
assure qu’un verre de vin dans lequel on en a fait infuser 
uue poignée, purge fort bien et sans aucun accident. 


Famille XIV. 
CORYDALÉES. 


Les caractères de cette famille sont les suivans : Calice de 
2 folioles opposées, caduques; corolle de 4 pétales irregu- 
liers, imitant par leur conformation une fleur papilionacée ; 
& à 6 étamines ; 1 ovaire supérieur ; 1 capsule monosperme 
ne s’ouvrant pas naturellement, ou 1 silique à 2 valves et à 
1 loge, contenant plusieurs graines, 

Les Corydalées sont des herbes à feuilles alternes , com- 
posées, el à fleurs réunies en grappes latérales ou termi- 
nales. Ces plantes ont une saveur amère très-prononcée, et 
on les emploie en médecine comme apéritives, dépuratives 
et antiscorbutiques. 

. 51° Genre. — CORYDALE. CORFYDALIS. Ventenat, 

Calice de 2 fois: 4 pétales irréguliers, dont le supé- 
rieur terminé en éperon. Filamens des élamines réunis en 
2 faisceaux, portant chacun 5 anthères. 1 ovaire surmonté 
d’un style, terminé par 1 stigmate en tête. 1 silique à 2 
valves, à 1 loge contenant plusieurs graines. 

CORYDALE A RACINE SOLIDE, vulgairement F'umeterre 

bulbeuse. \ 

Corydalis solida. — Fumaria bulbosa y Ein. Spec. 
993. — Pistolochia. Fuchs. Hist. 91.— Æristolochia Fa- 
bacea. Pharm. 


Sa racine est un tubercüle solide, ovale-arrondi, qui 
D 5 


54 CORYDALÉES. 


donne naissance à 1 ou 2 tiges droites, simples, hautes de 
6 à 8 pouces. Ses feuilles sont glauques, pétiolées, divisées 
et sous-divisées en folioles cunéiformes , le plus souvent in- 
cisées à leur sommet. Ses fleurs sont purpurines ou quel- 
quefois blanches, pédonculées, munies à leur base d’une 
bractée découpée en 5 lobes, et disposées en grappe termi- 
nale. 


CORYDALE A RACINE CREUSE, vulgairement Fumelerre 
bulbeuse. 
Corydalis cava. — Fumaria bulbosa «. Lin. Spec. 
983. — Radix cava minor. Dod. Pempt. 327. 


Cette plante diffère de la précédente par sa racine plus 
grosse , irrégulièrement arrondie , creuse intérieurement, 
et surtout par ses bractées parfaitement entières. On la 
trouve plus souvent à fleurs blanches qu’à fleurs purpu- 
rines. Les deux espèces croissent dans les haïes, les hois et 
les lieux couverts; elles fleurissent en mars et avril. 

Les Fameterres bulbeuses ont passé pour être apéritives, 
vermifuges et emménagogues; mais elles sont aujourd’hui 
entièrement négligées, quoique leur amertume, jointe à un 
peu d’âcreté, annonce qu’elles ne sont pas dépourvues de 
toute espèce de propriété. La forme assez semblable, que 
la racine de la première espèce présente avec celle de FAris- 
toloche ronde, l’a fait plus d’une fois substituer, dans les 
boutiques, à cette dernière. 


52° Genre. — FUMETERRE. FUMARIA. Lan. 


Calice de 2 folioles. 4 pétales irréguliers, dont le supé- 
rieur terminé en éperon. Filamens des étamines réunis en 
2 faisceaux portant chacun 3 anthères®1 ovaire surmonté 
d’un style ayant le stigmate en tête. t petite capsule glo- 
buleuse, ne s’ouvrant pas naturellement et ne contenant 
qu'une graine, | 


FUMETERRE OFFICINALE, vulgairement Fumeterre, Fiel 
de terre. 
Fumaria officinalis. Lan. Spec. 984. — Fumaria. Ph. 
— Blackw. Herb. t. 237. 


Sa racine est menué, pivotante, annuelle; elle donne 
naissance à une tige anguleuse, redressée, rameuse, glauque 
comme toute la plante, haute” de 6 à 10 pouces, garnie 


GORYDALÉES. 55 


de feuilles deux fois ailées , à folioles incisées, Ses fleurs sont 
petites, purpurines, rarement blanches, rapprochées les 
unes des autres, et disposées en petites grappes pédonculées 
et opposées aux feuilles. Cette plante est très-commune 
dans les lieux cultivés et les jardins. Elle fleurit depuis le 
mois de mai jusqu’à la fin de l'été, 

Toutes les parties de la Fumeterre officmale ont une 
saveur trèssamère. Leurs propriétés sont d'être apéritives, 
toniques, antiscorbutiques, antisporiques et laxatives. On 
en fait usage dans le scoibut, dans les engorgemens glandu- 
leux , dansles obstructions du foie et des viscèresabdominaux, 
et principalement dans les maladies cutanées. On emploie 
la plante entière verte et sèche. Dans le premier état, son 
suc se donne à la dose d’une à 4 onces, ét quand elle est 
sèche, on la fait entrer dans les tisanes à la dose d’une 
demi-poignée à une poignée, en décoclion dans 1 ou 2 livres 
d’eau. On en prépare, dans les pharmacies, un extrait , une 
conserve, un sirop, et elle entre dans quelques autres com- 
positions officinales. 

On peut substituer à l'espèce dont il vient d'être question, 
trois autres plantes qui ont les plus grands rapports avec 
elle, soit par leurs formes extérieures, soit par leurs pro- 
priétés : ces plantes sont les Fumaria media, Parviflora 
et J’aillantir des botamistes , qui croissent aussi abondam- 
ment dans les campagnes et dans les jardins. Les pharma- 
ciens et les herboristes font souvent cette substitution sans 
le savoir, confondant tontes ces espèces en une seule, ou la 
plupart d’entre eux prenant pour la Fumeierre oflicinale , 
celle qui se trouve dans le canton qu’ils habitent. On peut 
également , sans aucun inconvénient, remplacer, dans le 
midi de la France, toutes ces espèces par la Fumeterre à épis 
(Fumaria spicata. Lin.) , qui est particulière aux dépar- 
temens du midi. 


Famille XV. 
LÉGUMINEUSES. 


Les caractères généraux qui appartiennent à cette famille 
sont les suivans : calice de 1 seule pièce, ordinairement à 5 
divisions ou à 5 dents: corolle de 4 à 5 pétales irréguliers , 
imitant en quelque sorte par leur disposition la forme d’un 


papillon, et dont le pétale supérieur a reçu:le nom d'éten- 
D 4 


56 LÉGUMINEUSES. 


dard , les 2 latéraux celui d'ailes, et les 2 inférieurs, quel- 
quefois soudés en 1 seul, celui de carène; 10 étamines in- 
sérées autour de la base de l'ovaire. ayant leurs filamens 
réunis, dans une plus ou moins grande partie de leur éten- 
due, en un seul corps, ou soudées g ensemble en 1 tube fendu 
longitudinalement dans la parte qui regarde l’étendard, 
le 10° étant libre et placé dans cette fente : dans un petit 
nombre de genres tous les filamens sont libres et distincts ; 
1 ovaire supérieur , surmonté d’un style à stigmate simple; 
1 légume ou 1 gousse à 2 valves, à 1 loge longitudinale, 
contenant 1 ou plusieurs graines : le légume au lieu de s’ou- 
vrir longitudinalement est quelquefois divisé par plusieurs 
cloisons transversales, formant autant d’articulations et au- 
tant de loges contenant chacune 1 graine. 

Les Légumineuses sont des arbres, des arbustes ou des 
herbes à feuilles alternes, munies de stipules, rarement sim- 
ples , le plus souvent composées, soit ternées, soil digilées, 
soit ailées ; leurs fleurs varient beaucoup dans leur disposi- 
tion, selon les genres et même selon les espèces. 

Cette famille, quoique très-naturelle et composée de plan- 
tes qui, par leurs caractères botaniques, ont la plus grande 
atinité les unes avec les autres, est cependant loin d'offrir de 
l'uniformité dans ses propriétés, comme on pourrait le croire; 
aucontraire, les mêmes parties, dans des genres différens, sont 
douées de facultés entièrement opposées, ainsi que l’aperçu 
suivant pourra en faire juger. Les tiges de l’Astragale gom- 
mier fournissent une gomme très-émolliente et très-adoucis- 
sante , qui, jusqu’à un certain point , se retrouve, quoique 
diversement modifiée, dans le suc doux et sucré qu’on retire 
des racines de la réglisse; mais dans les genres Emérus, 
Baguecnaudier , Robinier', Cytise, dans les Genêts et dans 
PAnagyre, le suc propre est plus ou moins émétique et pur- 
galif, ce quicommunique ces mêmes facultés à l’écorce, aux 
feuilles et aux fruits de la plupart des espèces appartenant à 
ces genres. Ensuite, par opposition à ces derniers, nous trou- 
vons dans les Pois, les Haricots, les Fèves, les Lentilles, 
les Pois-Chiches , les Lupins, des graines formées d’une fé- 
cule abondante, qui sont précieuses par leurs qualités nu- 
irilives. En général, quoique les Légumineuses fournissent 
à la médecine quelques médicamens utiles , c’est principale- 
ment sous Îe rapport de leurs propriétés économiques 
qu’elles forment une des familles les plus importantes du 


- 


LÉGUMINEUSES. b7 
règne végélal, car non-seulementelles produisent pour 
l'homme beaucoup de graines alimentaires ; mais encore 
toutes ces mêmes graines peuvent aussi servir à nourrir les 
animaux domestiques qui font la richesse de l’agriculture, 
comme bœufs, vaches, chevaux, moutons, etc. ; et bles feuilles 
de la. plupart des espèces sont , après les graminées, le 
meilleur fourrage qu’on puisse leur donner. 


33° Genre. — RÉGLISSE. GLYCYRRHIZA. Lan. 


Calice tubuleux, à 2 lèvres, dont la supérieure à 4 dents 
inégales. Carène de 2 pétales. Légume oblong , comprimé, 
contenant 5 à 6 graines. 


RÉGLISSE GLABRE, vulgairement /a Réolisse ou Rég lis se 
des boutiques. 
Glycyrrhiza glabra. Lin. Spec. 1046. — Glycyrrhiza 
vulgaris. Dod. Pempt.3#1.— Glycyrrhisa seu Liquiritia. 
Pharm. 


Ses racines sont cylindriques, de la grosseur du petit doigt 
ou davantage, traçantes, ligneuses, roussälres exlérieure- 
ment, jaunes intérieurement, un peu succulentes et d’une sa- 
veur douce; elles donnent çà el là naissance à des tiges droites, 
un peu rameuses, hautes de 3 à 4 pieds, garnies de feuilles 
ailées avec impair, et composées de 13 à 15 folioles ovales, 
glabres, un peu visqueuses. Ses fleurs sont petites, rougeätres, 
disposées eu épis portées sur des pédoncules axillaires. La 
Réglisse croît naturellement en Languedoc , en Provence, 
en Bourgogne, etc. Elle fleurit en juillet et août. 

La racine de cette plante, seule parlie qui soit usitée, 
est adoucissante et pectorale. Elle est d'un usage presque ge- 
néral dans la plupart des tisanes, non pas précisément à 
cause de ses propriétés, mais parce que sa sayeur sucrée la 
rend propre à édulcorer toutes les infusions et décoctions 
dans lesquelles on ne veut pas se servir de miel ou de sucre. 
Le suc ou jus de Réglisse, sorte d'extrait noir et solide qu’on 
trouve dans le commerce , et qui nous vient d'Espagne ; est 
d’un usage journalier et populaire dans les rhumes et dans 
les affections catarrhales. La racine de Réglisse entre d’ail- 
leurs dans plusieurs préparations pharmaceutiques. Réduite 
en poudre on s’en sert pour rouler les pilules et pour leur 
donner de la consistance. 


58 LÉGUMINEUSES. 
54° Genre. — ASTRAGALE. ASTRAGALUS. Lin. 


Calice tubuleux à 5 dents. Etendard plus long que les 
ailes et la carène. Légume à 2 loges contenant plusieurs 
petites graines. 


ASTRAGALE GOMMIER ADRAGANT. 
ÆAstragalus Tragacantha. Lin. Spec. 1075.— Traga- 
cantha. Matth. Valgr. 678. — Pharm. 


Cette plante est un sous-arbrisseau dont la tige se divise 
en rameaux nombreux, étalés, couverts d’un duvet court, 
blanchätre, et hérissés par les anciens pétioles des feuilles 
qui, en durcissant et en persistant après la chute des fo- 
lioles, paraissent être devenus des épines. Ses feuilles sont 
ailéès, toujours avec impair, composées de 19 folioles ou 
davantage, ovales-allongées , cotonneuses, blanchâtres. Les 
fleurs sont blanches, disposées au nombre de 5 à 8 en épi 
court, et portées sur un pédoncule à peine plus long que les 
feuilles. Cet arbuste croît en Provence sur les rivages sablon- 
neux de la Méditerranée , aux environs de Marseille et de 
Loulon; il fleurit en mai et juin. 

C’est beaucoup moins la plante qui vient d’être décrite, 
qui fournit la substance connue et employée en médecine 
sous le nom de gomme adragant où adragante , que les 
Æstragalus Creticus et Gumrmifer qui croissent l'an dans 
l'ile de Candie, et l’autre dans le Levant. En France, l’4s- 
tragalus tragacantha ne donne mème pas du tout de 
gomme, mais dans l'Orient , ce suc est si abondant dans les 
vaisseaux des deux espèces ci-dessus indiquées, que, dans les 
mois de juin et de juillet, il exsude de tous côtés à travers 
l'écorce. 

La gomme adragante qu’on trouve dans les pharmacies 
est en pelils filamens repliés et tortillés, ou en grameaux, 
d’un blanc grisâtre , sans odeur et d'une saveur fade et vis- 
queuse. Elle est adoucissante, émolliente , rafraîchissante, 
ñourrissante , béchique. Elle fournit, délayée dans l’eau , une 
bien plus grande quantité de mucilage que toute autre 
substance gommeuse. On en fait usage dans la diarrhée, la 
dyssenterie, la strangurie, les affections. catarrhales, les hé- 
morragies, les maladies inflammatoires ; elle est aussi très- 
propre à modérer les accidens causés par les poisons corro- 
ifs minéraux, On l’employe rarement seule; elle est souvent, 


LÉGUMINEUSES. 5g 
à cause de ses propriétés, l'intermédiaire par lequel, dans les 
loochs , on rend l’huile miscible à l’eau: c’est avec elle que 
les pharmaciens font les mucilages dont ils se servent pour 
réduire le sucre en pastilles et tablettes, ou pour amalgamner 
les poudres qu'ils veulent convertir en pilules, en troschiques. 
La gomme adragante éntre encore dans plusieurs composi- 
tions officinales. | 


35° Genre. — GALÉGA. GALEGA. Lan. 


Calice tubuleux , à 5 dents presque égales. Etendard ovale 
ou en cœur. Ailes oblongues, couchées sur la carène. Lé- 
gume linéaire , comprimé, un peu noueux aux endroits 
des graines. | 


GALÉGA OFFICINAL, vulgairement Rue de Chévre, ou 
Lavanèse. 
Galega officinalis. Lin. Spec. 1060. — Galega Ruta 
capraria. Blackw. Herb. t. 92. — Galega. Pharm. 


Ses racines sont fibreuses, menues, vivaces, un peu lig- 
neuses: elles donnent naissance à plusieurs tiges rameuses , 
hautes d'environ 2 pieds , garnies de feuilles alternes, ailées 
avec impair. Ses fleurs sont blanches ou d'un blanc tirant 
sur le violet, disposées plusieurs ensemble en un long épi 
porté sur un pédoncule axillaire. Cette plante croit dans les 
prés et les bois, en Auvergne, en Bretagne, en Lorraine, 
aux environs de Paris: elle est en général peu commune, et 
fleürit en juin et juillet. 

Le Galéga passe pour sudorifique et vermifuge; on l’a 
aussi vanté contre l’épilepsie, et particulièrement comme un 
excellent antidote dans les fièvres pestilentielles et conta- 
gieuses; mais lés bons effets qu’on lui à attribués dans la 
peste qui ravagea là Lombardie en 1576, ne sont point ap- 
puyés sur des observations assez exactes et assez authen- 
tiques, et l’on peut raisonnablement révoquer en doute 
qu’une plante dont les Italiens mangent assez souvent les 
feuilles cuites ou en salade, soit douée de verlus aussi recom- 
mandables que celles qu’on lui a sapposées. On prescrivait 
autrefois la plante entière à la dose d’une poigrrée en décoc- 
tion, pour faire des tisanes on des apozèmes alexilères ; au- 
jourd’hui on n’en fait plus guère d’usage , et on a également 
à peu prés oublié une préparation pharmaceutique qu’on 
faisait en distillant dans du vin ses sommités fleuries. 


6o LÉGUMINIU SEINS. 
56° Genre. — EMÉRUS. ÊMER US. we ournef. 


Calice à 5 dents. Pétales munis d’ onglets plus longs que 
le calice. 9 des étaminesréunies en 1 seul corps, la 10° libre. 
Légume gréle, allongé, cylindrique, partagé par des cloi- 
sons transversales contenant chacune 1 graine. 


EmMÉRUS DE CÆsALPIN, vulgairemient Sene: bâtard, 
L'aux- -Baguenaudier, Securidaca des jardiniers. 
Emerus Cæsalpini. ‘Fournef, Inst. 650. — Coronilla 
Emrcrus. Lin. SRE 1046. — Coronilla major. no 
FL. irreg. tetrap. t. 95. 


Cette plante est un arbrisseau à tiges hautes de 4 à 5 pieds, 
divisées en rameaux nombreux, anguleux, garnis de feuilles 
ailées avec impair , composées de 7 folioles ovales, rélré- 
cies à leur base, d’un beau verd. Ses fleurs sont jaunes, 
mélées d'un peu de rouge, disposées deux à trois ensemble 
au sommet d’un long pédoncule placé dans les aisselles des 
feuilles. Cet ar bass croît dans les haies et dans les bois 
du midi de la France. On le cultive pour l’ornement des 
jardins, où il fleurit en mai et juin. Ses feuilles sont légé- 
rement purgatives ; mais on n’a pas d'observations positives 
sur la manière de les employer. 


Genre. — BAGUENAUDIER. COLUTEA. Lin. 


Calice campanulé, à 5 divisions. Etendard relevé. 9 éta- 
mines réunies en 1 seul corps, la 10° distincte. Légume 
grand , renflé, vésiculeux, contenant plusieurs graines. , 


BAGUENAUDIER ARBORESCENT, vulgairement Faux-Séné, 
Séné d'Europe. 
Colutea arborescens. Lan. Spec. 1045. — Nouv. Duh. 
5. p. 90, t. 22. — Colutea vesicaria. Pharm. 


Arbrisseau de 10 à 12 pieds de haut, dont la tige se di- 
vise en rameaux revêlus d’une écorce cendrée, garnis de 
feuilles aïlées , composées de 9 à 12 folioles ovales d’un 
vert glauque. Ses fleurs sont jaunes, disposées en grappes 
au sommet d’un pédoncule axillaire. Ce Baguenaudier croît 
dans les boistet les buissons des départemens : du midi. Onle 
cultive dans les jardins. Il fieurit en mai, juin et juillet. 

Ses feuilles et ses fruits sont purgatifs, et d’après Géiner; 
Bartholin, Garidel, Boerhaave, Linné, elc. ; les unes et les 
autres on très- propres à remplacer le Séné et ses foli- 


LÉGUMINEUSES. Gi 


cules. MM. Coste et Willemet ont employé plusieurs fois 
les feuilles à la dose de 1 once et demie à 5 onces, en 
infusion dans 1 pinte d’eau ,*et les malades qui ont fait 
usage de cette tisane purgative ont eu assez constamment 
sept à huit évacuations alvines. 


58° Genre: = ROBINIER. RORINIA. Lin. 


Calice campanulé , à 4 dents. Etendard ovale-arrondi : 
carène obtuse de la grandeur des aïles. 9 étamines réunies 
en 1 seul corps, la 10° distincte. Style barbu. Légume ob- 
long, comprimé, contenant plusieurs graines. . 


RoBiNiIER, Faux - AcacrA, vulgairement Faux - Aca- 
cia , Acacia des jardiniers. 
Robinia pseudo - acacia. Lin. Spec. 1045. — Duham. 


Nouv. Ed. vol. 2. p. 6o. t. 16. 


+ 

Arbre de 40 à 5o pieds, dont les rameaux sont munis 
d’épines et garnis de feuilles ailées avec impair , d’un vert 
gai, dont les fleurs sont blanches, d’une odeur très-agréable 
et disposées en longues grappes pendantes. Le Faux-Acaeia 
est originaire de l Amérique septentrionale: mais il est main- 
tenant si abondammeut cultivé en France et tellement ac- 
climaté qu’on peut le considérer comme indigène. Ii fleurit 
en juin et juillet. 

Une circonstance fortuite rapportée par M. Gendron, 
médecin à Vendôme, et insérée dans les Annales cliniques 
de la Société: de médecine de Montpellier, janvier 1811, a 
fait découvrir les propriétés du Faux-Acacia. Des écoliers 
étant en recréation après leur diner, s’avisèrent d’arracher 
écorce des branches d’un vieux Acacia , que le vent ve- 
nait de renverser. Ayant trouvé que cetle écorce élait 
douce, ils se mirent à la mächer comme de la Réglisse, 
Environ trois heures après, sept à huit de ceux qui en 
avaient maché le plus, éprouvègent des maux de cœur, vo- 
mirent leur diner , et eurent , par le bas, des évacuations 
assez considérables. On leur fit prendre du Thé abondam- 
ment, et, au bout de quelques heures, tous les accidens 
étaient dissipés. 

D’après cet événement, il serait facile de faire de nou- 
velles obervations pour s'assurer à quelle dose l'écorce de 
Faux- Acacia est émétique et purgaüve, el pour savoir si 
les feuilles n'auraient pas des propriétés analogues. 

L 


62 LÉGUMINEUSES, 


Le bois de Faux-Acacia es! jaune avec des veines plus 
foncées : 1l a le grain fin et susceptible de prendre un beau 
poli, ce qui le rend très-propre aux ouvrages de tour et 
de menuiserie ; il dure long-temps exposé aux injures de 
Pair. 

39° Genre. — CicéRoLE. CICER. Lin. 


Calice à 5 divisions presque aussi longues que la corolle; 
4 de ces divisions supérieures , 1 seule inférieure. Etendard 
plus grand que les autres pétales. 9 des étamines réunies en 
1 seul corps, la 10° distincte. Légume ovoïde, renflé, vé- 
siculeux , contenant 2 graines arrondies , ayec un angle 
sallant. 


CicéROLE TÈrE-DE-BÉLIER, vulgairement Ciche, Chr 
che, Pois-Chiche, Pésette, Garvance. 
Cicer Arietinum. Lin. Spec. 1040.—Cicer domesticum. 
Matth. Valgr. 417. — Cicer. Pharm. 


Sa tige est herbacée , annuelle, rameuse, haute d'environ 
un pied , garnie de feuilles alternes, ailées avec impair, ve- 
lues. Ses fleurs sont petites, pédonculées, axillaires, blan- 
chätres, ou purpurines. Les graines sont blanchätres dans 
une variété, rougeàtres dans l’autre. Cette plante est indi- 
gène du levant, de l'Espagne et de ltalies elle fleurit en 
mai et juin. On la cultive depuis très-long-Lemps en France, 
principalement dans les départemens du midi, où le peuple 
surtout fait usage de ses graines comme alimentaires. 

Les Pois-Chiches sont nourrissans, mais élant durs et 
coriaces ils se digèrent difficilement et neconviennent point 
aux estomacs délicats. Ils deviennent meilleurs et plus 
sains quand ils sont réduits en purée. On peut aussi les 
manger verds, et ils sont plus agréables de celte manière. 
Réduits en farine et appliqués extérieurément en cata- 
plasme, ils sont émolliens et résolutifs. On employait au- 
trefois leur décoction comme un puissant diurétique qu’on 
croyait en même temps propre à briser les calculs de la 
vessie ; on la regardait aussi comme vermifuge et emména- 
gogue ; aujourd’hui les Pois-Chiches sont peu ou point du 
tout employés par les médecins français; ils le sont davan- 
tage en Fspagne et en Jialie. Ces graines torréfiées ont été 
du nombre de celles qu’on a tenté de substituer au café. 


LÉGUMINEUSES. 65 
4o° Genre. — ERrs. ERVUM. lan. 


Calice à 5 divisions profondes , presque égales, de la 
longueur de la corolle. Etendard plus grand que les ailes 
et la carène. Stigmate glabre. Légume ovale ou oblong, 
contenant 2 à 4 graines. 


Ers LENTILLE, vulgairement Lentille où Nentille. 
Ervum Lens. Lin. Spec. 1059.—Lens. Pharm,— Dod. 
Pempt. 526. 


Sa racine est menue, fibreuse, annuelle , elle donne nais- 
sance à une tige rameuse dès sa base, anguleuse, faible, à 
demi couchée, longue de 8 à 10 pouces, garnie de feuilles 
alternes, composées de 5 à 6 paires de folioles oblongues, 
velues et terminées par une vrille. Ses fleurs sont bleuâtres, 
disposées 2 ou 5 ensemble sur 1 pédoncule placé dans 
les aisselles des feuilles supérieures. Le fruit est une gousse 
courte, large, comprimée, contenant 2 à 5 graines orbi- 

laires , aplaties, un peu convexes de chaque côté, et 

’une couleur jaunâtre ou roussâtre. La Lentille croît na- 
turellement dans plusieurs de nos départemens du midi, 
et on la cultive généralement dans les champs du reste de 
la France; elle fleurit en mai et juin. 

Cette plante offre deux variétés ; l’une plus grande dans 
ses proportions et à fruits plus gros; l'autre plus petite dans 
toutes ses parties, Les graines de ces 2 variétés sont indiflé- 
remment employées. On a beaucoup vanté la décoction de 
Lentilles, comme sudorifique, dans la rougeole, la petite- 
vérole et les rhumatismes; mais peu de médecins en font 
maintenant usage dans ces maladies, ce qui n'empêche pas 
le peuple d’y avoir grande confiance. Anciennement on se 
seryait encore , dans beaucoup de cas, des lentilles extérieu- 
rement en cataplasmes ; mais leur emploi de cette manière 
est aussi tombé en désuétude, et en général les lentilles 
peuvent être bannies de la matière médicale, et ne doivent 
être considérées que comme alimentaires. Sous ce rapport, 
‘plusieurs médecins les regardent comme une nourriture 
grossière, difficile à digérer , qui cause beaucoup de vents, 
et qui ne convient guëre qu'aux gens forts et robustes, 
comme ceux de la campagne. Beaucoup d’autres, au con- 
traire, ne sont pas de cet avis, et les Lentilles sont pour eux 
un bon manger que les estomacs délicats digèrent mieux 


6+ LÉGUMINEU SES. 

que la plupart des autres légumes farineux. Celte dernière 
opinion est la plus répandue et la plus exacte. Quoi qu'il 
en soit, bien des personnes sont encore imbues du Page 
que les Lentilles peuvent augmenter le lait des nourrices, 
et elles conseillent d’en manger, aux femmes qui allaitent 
des enfans. 

Les Romainsetles Grecs par Si ne faisaient beau- 
coup de cas des Lentilles. Aujourd hui on en mange moins, 
surtout en nature, si ce n’est chez le peuple. ee eri 
purée, on les estime mieux, parce qu’elles sont d’une diges- 
tion beaucoup plus facile. Les fanes des Lentilles sont un 
bon fourrage pour les bestiaux. 


Ers ERVILIE, vulgairement Er, Eres, Orobe des bou- 
tiques, À lies, Pois de pigeon. 

Ervum Ervilia. ere Spec. 1040.—Mochus sive Cicer 

sativumn. Dod. Pempt. 524.—ÆErpum sive Orobus. Pharm. 


Sa racine est menue, annuelle ; elle donne naissance à 
une où plusieurs tiges faibles, rameuses, hautes d’ enviro 
1 pied, garuies de feuilles ailées, composées de 6 à 8 paires 
de folioles étroites, terminées à leur sommet par un filet 
simple et court. Sen blanchätres, légèrement rayées 
de violet, portées 1 ou 2‘ensemble sur un pédoncule placé 
dans les aisselles des feuilles supérieures. Il succède aux fleurs 
des gousses longues d’un pouce, pendantes, noueuses à la 
place des gieises qui sont arrondies, un peu anguleuses et 
au nombre de 3 à 4. Cette plante croît url daus 
les moissons du midi de la France, et on la cultive dans quel- 
ques cantons; elle fleurit en mai dt juin. 

La graine d’Ers, plus ordinairement connue sous le nom 
d’Orobe, est la seule partie de la plante qui soit employée en 
médecine, comme résolutive. Ce n’est en général que ré- 
duite en poudre et appliquée en cataplasme qu’on en fait 
usage. Elle est au nombre des 4 farines résolutives. On don- 
nait anciennement la poudre d’Ers ou d’Orobe incorporée 
avec du miel pour faciliter l’expectoration dans l'asthme . 
humide, mais il y a déjà assez long-temps que cela ne se pra- 
üqne plus. L’Orobe entrait aussi dans plusieurs préparations 
pharmaceutiques tombées, de nos jours, en désuélude. 

On assure qu'il n'est pas sans inconvénient de laisser 
les graines de l’Orobe dans le Blé, parce que lorsqu'elles 
y sont abondantes , elles rendent le pain malsain, et causent 


LÉGUMINEUSES. 65 


à ceux qui en mangent une débilité musculaire très-mar- 
quée. 

Rilterius, médecin de Nuremberg, assure avoir employé 
avec avantage dans le rhnn.atisme goutteux , les feuilles de 
lOrvbe sauvage à la dose d’une pincée en mfusion théiforme; 
mais son Orobe sauvage est-1l la plante dont il est ici ques- 
lion, ou une espèce du genre Orobus de Linné ? 

Les montagnards écossais font sécher les racines. d’une 
plante de ce dernier genre (Orobus tuberosus. Lin.), qui 
vient en grande abondance dans leurs montagnes, pour 
leur servir d’aliment dans leurs voyages. En y ajoutant de 
l’eau et un peu de levain, ils les font fermenter et en com- 
posent une boisson qui est douce, rafraichissante et très 
saine. 


41° Genre. — Pois. Pirsum. Lin. 


Calice campanulé , à 5 dents, dont les 2 supérieures plus 
courtes. Etendard plus grand que les ailes et la carène. Style 
triangulaire, à stigmale velu. Légume oblong, presque cy- 
lindrique, contenant plusieurs graines globuleuses, 


Pois CULTIVÉ ou Pois COMMUN. 
Pisum sativum. Lin. Spec. 1026. — Pisum. Blackw. 


Herb. t. 83. 


Sa racine est annuelle, grêle , fibreuse ; elle donne nais- 
sance à des tiges cylindriques, faibles, d’un vert glauque, 
ainsi que toute la plante, plus ou moins longues selon les 
variétés, garnies de feuilles pétiolées, ailées, terminées 
par une vrille rameuse , composées de 2 paires de folioles 
ovales , et munies à leur base de 2 grandes stipules arrons 
dies. Ses fleurs sont blanches , portées 2 ou 5 ensemble 
sur un pédoncule axillaire. Le Pois commun passe pour 
être indigène du midi de l’Europe , et on le cultive partout 
dans les champs et les jardins. Îl fleurit en mai et juin. 

Les Pois, comme les Haricots, méritent moins de nous 
occuper comme médicament que comme aliment; car, 
quoiqu'on les ait regardés comme apériifs, diurétiques , 
laxatifs et emménagogues, aucun praticien, peut-être, ne 
les emploie sous ce rapport. 

Les Pois, comme substance alimentaire, sont nourris- 
sans, moins lourds que les haricots, et ils causent moins de 
flatnosités. [ls sont un excellent manger, lorsqu'ils sont 


E 


66 LÉGUMINEUSES. 


verts; presque tout le monde les aime aimsi; il s’en fait à 
Paris, dans les mois de mai, juin, juillet et août , une con- 
sommation considérable ; el par les soins qu’on a donnés à 
leur culture, les riches peuvent en manger dans presque 
toutes les saisons de l’année. Secs, ils font une bonne partie 
de la nourriture des habitans des campagnes. Leurs tiges, 
leurs feuilles et leurs cosses sèches font un bon fourrage 
pour les bestiaux. Les vaches sont friandes de leurs gousses 
vertes, et l’on prétend que cela augmente leur lait. 


49° Genre. — FÈvE. F4B14. 


Calice à 5 divisions. Etendard échancré en cœur, beau- 
coup plus long que les ailes et la carène. Légume oblong, 
épais, un peu renflé, contenant 2 à 4 graines oblongues, 
larges, aplaties, ayant l’ombilic terminal. 


FÈvVE DE MARAIS. 


Faba vulgaris. Mœnch. Meth. 150. — Faba major. 
Blackw. Herb. t. 19. — Faba. Pharm. 


Sa racine est annuelle, fibreuse, garnie de quelques 
tubercules ; elle donne naissance à une ou plusieurs 
tiges simples, droites, quadrangulaires, hautes de 2 à 3 
pieds, garnies de feuilles ailées , composées de 4 à 6 folioles 
ovales-ohlongues, un peu épaisses , lisses, glauques. Ses 
fleurs sont blanches, tachées de noir, portées 2 ou 3 en- 
semble, dans les aisselles des feuilles, sur un pédoncule fort 
court. La Fève de marais est originaire des environs de la 
mer Caspienne, mais elle est maintenant généralement cul- 
tivée en France et en Europe; elle fleurit en mai et juin. 

La farine de fèves est au nombre des 4 farines réso- 
lutives , dont les 5 autres sont celles de Lupin, d’Orge 
et d'Orobe ; on l’emploie sous forme de cataplasme, pour 
amollir et résoudre les tumeurs. On retirait autrefois par 
l’incinération et la lixivation des tiges et des gousses de Fèves, 
un sel que l’on regardait comme un puissant diurétique. 
On préparait aussi par la distillation deux eaux de Fèves; 
l’une , faite avec les fleurs, passait pour un excellent cos- 
métique, et on l’employait pour effacer les taches et les 
rousseurs de la peau; la seconde se faisait avec les coques ou 
les peaux , et on fa regardaitcomme apéritive et diurétique. 
Toutes ces préparations ne sont plus en usage maintenant, 
Cependant ‘l'homas Bartholin assure, d’après l’exprérience 


LÉGUMINEUSES. 67 


faite sur lui-même, que l’eau d’écorce de Fèves est un très- 
bon remède contre la gravelle. 

Les Fèves sont nourrissantes, mais un peu venteuses et 
indigestes. Encore vertes, petites et à demi formées, elles 
sont délicates, très-bonnes à manger, el on les sert sur les 
meilleures tables. Lorsqu’elles ont acquis toute leur gros- 
seur , elles deviennent plus difficiles à digérer , à cause de 
leur peau qui est très coriace ; aussi on est alors assez géné- 
ralement dans l’usage de la leur enlever avant de les faire 
cuire. Sèches , elles sont dures, coriaces, et il n’y a plus 
guère que les gens de la campagne et le peuple qui en man- 
gent. On les donne aussi pour nourriture aux bestiaux. 


43° Genre. — ARACHIDE. ARACHIS. Lan. 


Calice à 2 lèvres, dont la supérieure a 4 dents inégales, 
et l’inférieure entière. Corolle renversée. Etamines mona- 
delphes à leur base, 4 des filamens sont constamment sté- 
riles. Légume ovale-oblong, coriace, réticulé, contenant 1 
ou 2 graines.# 


ARACHIDE SOUTERRAINE , vulgairement Pistache de 
terre, Manobi des Brésiliens. 
Arachis hypogæa. Lin. Spec. 1040. 


Les tiges de cette plante sont herbacées, velues , ordinai- 
rement couchées, longues de 8 à 12 pouces, garnies de quel- 
ques feuilles alternes , ailées, composées de 2 paires de fo- 
holes ovales, d'un vert gai. Ses fleurs sont jaunes, pédon- 
culées, et naissent 5 à 7 ensemble dans l’aisselle de chaque 
feuille : leur style est filforme et très-long. Après la fécon- 
dation , l'ovaire se plonge en terre et y devient un légume 
ovale oblong , coriace, contenant communément 2 graines, 
Cette plante est originaire du Brésil et du Pérou ; mais de- 
puis quelques années on a essayé de la cultiver dans plu- 
sieurs de nos départemens méridionaux , et ces essais ont eu 
assez de succès pour qu'il devienne utile de recommander 
la culture de l'Arachide, à cause de ses propriétés écono- 
miques. , 

Ses graines sont très-oléagineuses: elles fournissent par 
expression la moitié de leur poids d’une huile qui rancit 
difficilement, et qu’on peut employer dans la pharmacie 
et la cuisine, aux mêmes usages que l’huile d’ohive et celle 

E » 


68 LÉGUMINEUSES. 


d’amandes douces. Cette huile est excellente pour éclairer. 
Ces mêmes graines torréfiées peuvent être mêlées par moi- 
tié, ou même davantage, avec du Cacao, et faire, dit-on, 
un très-bon chocolat, qui exige moins de sucre que celui 
aui n’a été composé qu'avec du Cacao. Enfin les fanes de 
l’Arachide fournissent un très-bon fourrage. 


44° Genre. — Lupin. LUPINUS. Lin. 


Calice à 2 lèvres entières ou dentées. Carène de 2 pétales 

distincts à leur base. Etamines monadelphes; 5 des filamens 
ortant des anthères arrondies, et les 5 auires en portant 

d’oblongues. Gousse oblongue, coriace , contenant plusieurs 
graines. 

LupPIN BLANC, vulgairement Lupin. 

Lupinus albus. Lin. Spec. 1015.— Lupinus. Blackw. 
Herb. t. 282. — Pharm. 


Sa racine est annuelle, pivotante, garnie de quelques 
fibres menues ; elle donne naissance à une tige cylindrique, 
droite , un peu velue, médiocrement rameuse, haute d’un 

ied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles éparses , pétiolées, 
digitées, à 5 ou 7 folioles oblongues, d’un vert peu foncé 
en dessus, couvertes de poils soyeux, et molles au toucher. 
Ses fleurs sont blanches, alternes, disposées en grappe au 
sommet de la tige et des rameaux. Les graines sont orbicu- 
laires, médiocrement grosses, un peu aplaties, blanchäâtres 
extérieurement, jaunâtres intérieurement, et elles ont une 
saveur assez fortement amère. Le Lupin blanc passe pour 
être indigène dans quelques départemens du midi, et on le 
cultive dans plusieurs autres ; il fleurit en mai et juin. 

On a vanité les Lupins comme apéritifs, diurétiques, 
vermifuges et emménanogues, mais ils sont aujourd’hui 
bien rarement employés sous ces rapports. On s’est servi 
aussi de leur décoction pour faire des fomentations dans les 
maladies cutanées, comme la gale, les dartres, etc.; c’est 
encore un moyen abandonné. On ne fait plus guère usage 
que de leur farine qui est au nombre des 4 farines réso- 
lutiwes , et c’est seulement comme moyen résolutif qu’on 
s’en sert encore quelquefois en l’appliquant en cataplasme 
sur les tumeurs. 

Les Lupins étaient chez les Grecs et les Romains un mets 
dont ils faisaient assez fréquemment usage, A vant de les pré. 


LÉGUMINEUSES. 69 


parer pour la table, ils les privaient de leur saveur amère et 
désagréable en les faisant macérer pendant quelque temps 
dans l’eau chaude. Aujourd’hui nous sommes plus délicats; 
nous avons abandonné les Lupins comme aliment trop gros- 
sierettrop indigeste. In”y a plus qu'un petit nombre de pays 
en Europe où les paysans et le peuple en mangent encore. 
Dans les autres contrées où ils sont cultivés c’est pour servir 
de nourriture aux bestiaux. 


45° Genre, — HARICOT. PHASEOLUS. Lin. 


Calice à 2 lèvres, la supérieure échancrée, l’inférieure à 
5 dents. Etendard réfléchi; carène roulée en spirale avec les 
étamines et le style. Gousse allongée, contenant plusieurs 
graines réniformes, ayant 1 ombilic latéral. 


HARICOT COMMUN, vulgairement Féverole, Fève 
peinte, Fève à visage, Fève de mer, Phaséole, 
Plhasiole, Pois de mer. 

Phaseolus vulgaris. Lin. Spec. 1010. — Lob. Icon. 2. 

p. 59. 

Sa racine est grèle, fibreuse, annuelle ; elle donne nais- 
sance à une tige cylindrique, rameuse, grimpante, volu- 
bile , s’élevant à plusieurs pieds. Ses feuilles sont alternes, 
pétiolées , composées de 3 folioles ovales, entières, pubes- 
centes. Ses fleurs sont blanches, ou un peu jaunâtres avant 
leur parfait développement , disposées en grappes peu four- 
nies , solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures et 
plus courtes que celles-ci. Les graines , selon les variétés, 
sont plus grosses ou plus petites, blanches , jaunâtres, 
rouges, violettes, noires, ou eufin variées de ces différentes 
couleurs. Le Haricot est, dit-on, originaire de l’Inde, mais 
il est depuis long-temps cultivé dans toute l’Europe tem- 
pérée; il fleurit en juin et juillet. 

Les Haricots passent pour apéritifs, diurétiques et em- 
ménagogues, mais on les employe en général fort peu en 
médecine. Réduits en purée ou en bouillie on peut en faire 
des cataplasmes émolliens et maturatifs qui ne le cèdent 
point à ceux de Fèves de marais, d'Orobes ou de Lupins 
qu'on leur préfère ordinairement. 

C’est principalement par leurs propriétés alimentaires 
que les Haricots sont recommandables ; ils forment dans la 
plupart des provinces de France une des principales nourri- 

- dE 


70 LÉGUMINEUSES, 


tures des habitans des campagnes, et ils sont admis sur les 
meilleures tables, surtout quand ils sont frais. Les Haricots 
sont nourrissans, mais ils ne se digèrent pas facilement et 
ils donnent beaucoup de vents, particulièrement quand ils» 
sont secs ; 1l faut alors avoir un bon estomac, ou être jeune, 
robuste et faire beaucoup d’exercice pour en manger habi- 
tuellement. Les personnes délicates et sédentaires doivent 
s'en abstenir. Réduits en purée, ils sont un peu moins lourds 
et passent mieux. Les blancs sont les meilleurs de tous, 
quoique les plus fades. On mange aussi leurs cosses encore 
verteset tendres, lorsque les graines commencent à peine à 
s’y former. C’est un manger beaucoup plus délicat, plus 
agréable et qui n’a aucun des inconvéniens des Haricots en 
grain. | 


46° Genre. — ONoN1DE. ONONIS. Lan. 


Calice campanulé, à 5 dents linéaires. Etendard plus 
grand que les ailes et la carène. Filamens des étamines ré- 
unis en 1 seul corps à leur base. Légume renflé, à peine 
Ps long que le calice, contenant quelques graines réni- 
ormes. 


ONONIDE ÉPINEUSE, vulgairement Busrane, Bugrande, 
Arréte-bœuf. 

Ononis spinosa. Lin. Spec. 1006.— Ænonis. Pharm. 
— Fuchs. Hist. 60. 


Sa racine est ligneuse, vivace, brunâtre, rampante, 
très-longue ; elle donne naissance à plusieurs liges rameu- 
ses, annuelles, couchées ou un peu redressées, rougeûtres, 
velues, souvent épineuses, surtout dans les terrains stériles, 
garnies de feuilles alternes, pétiolées, pôur la plupart com- 
posées de 3 folioles ovales-oblongues, pubescentes, un peu 
visqueuses , et munies à leur base de grandes stipules am- 
plexicaules. Ses fleurs sont axillaires, solitaires, pédoncu- 
lées et de couleur rose. fette plante est commune sur le 
bord des champs et dans les pâlurages secs; elle fleurit en 
jun et juillet. 

La Bugrane est apéritive, diurétique et emménagogue. 
On en fait usage dans les obstructions, l’ictère, l’hydropi- 
sie, l’aménorrhée. On peut employer toutes les parties de 
la plante; mais c’est principalement de ses racines dont 
on fait usage; celles-ci étaient autrefois comptées parmi ce 


 LÉGUMINEUSES. 71 
qu’on appelait les cinq racines apérilives mineures, dont 
les quatre autres sont celles du Caprier, du Chardon- 
Roland, du Chiendent et de la Garance. La racine de Bu- 
grane se donne en tisanne et en décoction, à la dose de 4 
gros à 1 once pour 1 ou 2 livres d’eau. On a aussi quel- 
quefois employé la décoction des feuilles , comme détersive 
et astringente, pour gargarisme dans les affections scor- 
butiques de la bouche, mais c'est un moyen qu'on peut 
regarder comme assez inerte , et qui est abandonné main- 
tenant, 


47° Genre. — MÉLILOT. MÉLILOTUS. T'ournef, 


Calice tubuleux, à 5 dents. Etendard plus long que les 
ailes et la carène. 9 étamines ayant leurs filamens réunis en 
1 seul corps, la 10° distincte. Légume plus long que le ca- 
lice , ne s’ouvrant qu’imparfaitement. 

MÉLILOT OFFICINAL , vulgairement Hélilot ou Mirlirot. 

Melilotus officinalis. Lam. Dict, Enc. 4. p. 62. —Tri- 
Jolium Melilotus officinalis. Täu. Spec. 1078. — Bull. 
Herb. t. 255. — Melilotus. Pharm. 


Sa racine est blanche, pivotante, bisannuelle; elle donne 
naissance à une ou plusieurs tiges hautes de 1 pied et demi 
à 2 pieds, cylindriques, siriées, faibles, rameuses, gar- 
nies de feuilles alternes, pétiolées, composées de 3 folioles 
ovales-oblongues, dentelées en leurs bords. Ses fleurs sont 
petites, jaunes, nombreuses, pendantes, disposées en épis 
grèles, allongés et portés sur 1 pédoncule placé dans les 
aisselles des feuilles. Le fruit est une gousse courte, ridée, 
saillante hors du calice, et renfermant 1 ou 2 graines. Le 
Mélilot est assez fréquent dans les champs culüvés ; il fleurit 
en juin et juillet. Il n'a que peu ou point d’odeur à l’état 
frais, mais il acquiert par la dessiccation une odeur assez 
agréable. 

Les parties de cette plante dont on fait usage sont les 
sommités fleuries ; on les employe comme émollientes, 
adoucissantes et résolutives. C’est principalement à Pextérieur 
qu’on en fait usage, pour fomentations et lotions. Bouillies 
pendant quelqué temps dans l’eau , et réduites en une sorte 
de pulpe, on en faisait autrefois des cataplasmes qu’on appli- 
quait sur les tumeurs inflammatoires, sur l’abdomen dans 
les coliques et l’inflammation da bas ventre: mais on leur 

E 4 


72 LÉGUMINEUSES, 


préfère généralement aujourd’hui les feuilles des Malvacées. 
On fait plus d'usage de leur infusion aqueuse ; on s’en sert 
avec avantage dans les ophthalmies inflammatoires. Quel- 
ques médecins les prescrivent en décoction dans les lavemens 
émolliens. Leur décoction a aussi été conseillée intérieure- 
ment contre la leucorrhée. La dose est d’une pincée à 
une poignée pour 1 à 2 livres d’eau. Le Mélilot a donné 
son nom à un emplâtre qui n’est plus guère employé main- 
tenant. 

Le Mélilot élevé (Mélilotus altissima ) et ie Mélilot 
blanc (Mélilotus alba) qui croissent aussi naturellement en 
France, ont les mêmes propriétés et peuvent être employés 
à la place du Mélilot officinal. Ces trois plantes, que quelques 
agronomes ont préconisées comme fourrage, fournissent 
aux abeilles, par leurs fleurs nombreuses et qui, durent 
Jong-temps, une pâture abondante et qu’elles recherchent 
avidement. 

On cultive dans les jardins une quatrième espèce de Mé- 
Jilot qui est annuelle et qui passe pour être originaire de la 
Bohème et de la Libye. Cette espèce nommée par les bota- 
nistes Mélilot bleu ( Aelilotus cærulea. Lin. ) à cause de la 
couleur de ses fleurs , est connue vulgairement sous les noms 
de Baumier , Faux-Baume du Pérou , Lotier odorant, Trèfle 
musqué. Elle a une odeur balsamique que la dessiccation dé- 
veloppe encore davantage. Ses fleurs ont les mêmes pro- 
priétés et on les emploie de la même manière que le Mélilot 
ordinaire. On les a de plus vantées comme alexipharmaques 
et vulnéraires, et leur usage a, dit-on , été utile dans les ul- 
cères des poumons. En Silésie, les habitans en prennent en 
infusion en guise de thé; et dans quelques cantons de la 
Suisse on en met dans les fromages pour leur communiquer 
une odeur et une saveur agréables. 


48° Genre. — TRIGONELLE. T'RIGONELLA. Lin. 


Calice campanulé, à 5 divisions presque égales. L’étendard 
et les ailes ouvertes, représentant une corolle à 3 pétales 
égaux, et beaucoup plus grands que la carène. Légume 
oblong, comprimé, acuminé, polysperme. 

TRIGONELLE FÉNUGREC, vulgairement Fénugrec, Sé- 

neégre. F ï + 

Trigonella Fœænum græcum. Vin. Spec. 1095. — Fæ- 


LÉGUMINEUSES. 75 


nogræcum. Fuchs. Hist. 798. — Fœnum grœcum seu 
Fœnu græcuin. Vharm. 


Sa racine, menue et pivotante, donne naissance à une tige 
droite, plus ou moins rameuse, légèrement velue, haute 
de 8 à 10 pouces, garnie de feuilles courtement pétiolées , 
composées de 3 folioles ovales-oblongues, crénelées en leurs 
bords, vertes en dessus, cendrées en dessous. Ses fleurs sont 
d’un jaune pâle , presque sessiles , solaires ou géminées dans 
les aisselles des feuilles. Le fruit est une gousse allongée, un 
“peu aplatie, courbée, terminée par une longue pointe, et 
contenant plusieurs graines à peu prèsrhomboïdales, échan- 
crées, jaunätres , ayant unie odeur un peu forte. Cette plante 
croît naturellement dans le midi, et on la cultive dans quel- 
ques autres parlies de la France; elle fleurit en jumet juillet. 
Les graines de Fénugrec sont les seules parties de la 
plante dont on fasse usage en médecine; elles sont très- 
mucilagineuses. On les employait beaucoup autrefois 
comme émollientes, adoucissantes et résolntives, soit en 
décoction pour tisanes, lotions , fomentations et lavemens ; 
"soit réduites en farine et sous forme de cataplasme. On con- 
seillait alors la décoction de Fénugrec pour tisane dans la 
diarrhée, la dyssenterie, les coliques, et extérieurement 
pour lotions, dans l’ophthalmie inflammatoire, etc. Au- 
jourd’hui le Fénugrec est tombé en désuélude chez la plu- 
part des praticiens; la racine de Guimauve et surtout la 
graine de Lin lui sont presque généralement substituées. 


49° Genre. — CyrisEe. CYTIsus. Lin. 


Calice court et campanulé, ou allongé et cylindrique , 
presque à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 dents, et linfé- 
rieure à 3. Etendard réfléchi, ailes et carène conniventes 
autour des étamines. Légume oblong, comprimé, contenant 
plusieurs graines. 


Cvrise Augours, vulgairement Cyéise à grappes, 
Faux-Ebénier, Aubours, Arbois. 
Cytisus Laburnum. Lin. Spec. 1041. — Nouv. Duh. 
ba'po145; t.. #4, 


Arbre moyen de la hauteur de 15 à 20 pieds, dont le 
tronc est recouvert d’une écorce unie, verdätre , et dont les 
jeunes rameaux sont garnis de feuilles alternes, longuement 


74 LÉGUMINEUSES. 

péliolées , composées de 5 folioles ovales-oblongues, gla- 
bres et d’un vert assez foncé en dessus, un pen soyeuses et 
blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont jaunes, réunies 40 
à bo ensemble en grappes pendantes, longues de 6 à 10 
pouces, et qui paraissent terminer les rameaux ; leur calice 
est court et campanulé, Le fruit est une gousse allongée, 
comprimée , légèrement velue, contenant 5 à 8 graines. Le 
Cytise Aubours croît naturellement dans les bois des mon- 
tagnes de la Bourgogne, du Lyonnais, du Dauphiné, de la 
Provence, etc. On le cultive pour l’ornement des jardins. 
T1 fleurit en mai et juin. 

Dans tout le Dauphiné, cet arbre est généralement re- 
gardé comme vénéneux par les gens de la campagne. Un 
événement , rapporté dans le Bulletin de Pharmacie de 
janvier 1809, a jeté un peu de lumière sur ses véritables 
propriétés. Quelques personnes, croyant que ses légumes 
pouvaient se manger comme des haricots verts, en firent 
préparer un plat et en mangèrent: peu de temps après elles 
eurent des vomissemens ou plusieurs évacuations alvines , 
mais sans éprouver, à ce qu'il paraît, rien de plus fâcheux. 
Les légumes du Faux-Ebénier doivent donc être regardés 
comme émétiques et purgatifs, et il est probable que ses 
feuilles et ses fleurs ont aussi les mêmes propriétés. Quoi 
qu'il en soit, les moutons et les chèvres les aiment assez; 
mais les vaches, et surtout les chevaux, répugnent à les 
prendre pour nourriture: Le bois est brun, noirâtre dans 
le cœur , dur et susceptible de se polir facilement ; il sert à 
divers ouvrages de tour et d’ébénisterie. 


5o° Genre. — SPARTIER. SPARTIUM. Lin. 


Calice court, campanulé , à 2 lobes opposés. Étendard 
en cœur renversé, tout-à-fait réfléchi. Ailes ovales, plus 
courtes que l’étendard. Carène de 2 pétales lancéolés. Lé- 
gume oblong , contenant 1 ou plusieurs graines. 


SPARTIER A BALAIS, vulgairement Genét à balais, 
Genét commun. 
Spartium scoparium. Lin. Spec. 513. — Genisla. 
Pharm. — Blackw. Herb. t. 244. 


Arxbrisseau de 5 à ñ pieds de hauteur, et quelquefois 
plus, dont la tige se divise en rameaux nombreux, verds, 


. 


LÉGUMINEUSES. FÈ 
anguleux,, effilés, très-flexibles, garnis de petites feuilles 
alternes, légèrement velues; les inférieures pétiolées et ter- 
nées ; les supérieures simples, presque sessiles et ovales-lan- 
céolées. Les fleurs sont grandes, d’un beau jaune, pédon- 
culées, axillaires, formant, par leur rapprochement dans 
la partie supérieure des rameaux , une sorte de grappe. Le 
fruit est une gousse oblongue, comprimée, velue en ses 
bords , devenant noirâtre lors de sa maturité, et contenant 
8 à 12 graines. Cet arbrisseau est commun dans les bois 
et dans les lieux incultes. Il fleurit en mai et juin. 

Les sommités, les feuilles et les graines du Genèêt commun 
sont apérilives , diurétiques et purgalives. Simon Pauli 
reconnaît aux fleurs la propriété émétique; mais il observe 
que le vinaigre la détruit, paisque, confites dans ce liquide, 
on peut en manger une assez grande quantité sans qu'elles 
provoquent le vomissement. Pena et Lobel avaient fait la 
même remarque ; ils disent à ce sujet qu'en Auvergne et 
en Guienne, le peuple mange les fleurs du Genêt en salade , 
et que les Brabançons en font confire les boutons dans le 
sel et le vinaigre pour les servir sur les tables, comme on 
fait des câpres. Cullen a employé plusieurs fois avec succés, 
dans l’hydropisie , une décoction de demi-once des sommi- 
tés de Genêt dans une livre d'eau réduite à moitié par lé- 
bullition. IL en faisait prendre deux cuillerées d’heure en 
heure , ce qui agissait ordinairement en mème temps par les 
selles et par les urines. Quant aux cendres de Genèêt dont 
Sydenham et plusieurs autres ont varié l'usage dans les 
hydropisies , elles n’ont aucun avantage sur les autres alca- 
lis. Tournefort recommandait l'extrait des fleurs comme 
stomachique: mais on n’en a jamais fait beaucoup d'usage, 
et aujourd’hui moins que jamais; om ne manque pas de 
moyens beaucoup meilleurs. 

En faisant rouir les rameaux du Genêt à balais, on en 
retire une sorte de filasse dont on peut fabriquer du fil, des 
cordes et de la toile grossière. Les vaches, les brebis et les 
chèvres broutent volontiers les jeunes tiges de cette plante, 
et on la cultive même dans quelques cantons pour leur servir 
de fourrage. On a essayé de faire torréfer les graines pour 
les substituer au café. 


us 


A LÉGUMINEUSES. 


SPARTIER JONCIER, vulgairement Genét d'Espagne. 

Spartium junceum. Lin. Spec. 995. — Genista jun- 
cea. Duham. nouv. édit. vol. IT, Pr 22. — Genista 
hispanica. Pharm. 


Arbrisseau de 12 à 15 pieds, dont Le rameaux ressem- 
blent aux tiges de plusieurs espèces de jonc, et sont garnies 
de feuilles peu nombreuses, lancéolées, sessiles. Ses fleurs 
sont grandes, jaunes, disposées en épis au sommet des ra- 
meaux ; elles ont une odeur agréable et paraissent en mai 
et juin. Celte espèce croît sur les collines et dans les lieux 
incultes du midi de la France. 

Elle a les mêmes propriétés que la précédente ; mais elle 
passe pour être plus énergique. La filasse qu’on peut retirer 
de ses rameaux est beaucoup plus belle que celle fournie 
par ceux du Spartier à balais. 


SPARTIER PURGATIF, vulgairement Genét griot. 
Spartium purgans. nu Syst. nat. edit. 13, p. 474. 


Ses tiges ne s'élèvent qu’à 1 ou 2 pieds; elles se divisent en 
rameaux nombreux, dont les inférieurs sont nus, durs et 
un peu piquans ; les autres sont effilés, cannelés, pubescens 
dans leur jeunesse, garnis de petites feuilles alternes, pres- 
que sessiles, ovales-lancéolées , un peu soyeuses en dessous. 
Ses fleurs sont d’un jaune pâle, pédonculées, disposées en 
grand nombre le long des rameaux. Les légumes sont com- 
primés et velus. Cet arbuste croît dans les lieux montueux, 
stériles et découverts d’une grande partie du midi de la 
France. Il fleurit en juin et juillet. : 

J. Bauhin paraît être le premier qui ait donné à cette 
espèce l’épithète de purgans ; et quoiqu'il ne dise pas un 
mot de ses propr iétés, on doit cependant croire que ce nom 
n’a été imposé à ce Gent que parce qu 1l est effectivement 
purgatif, 


bic Genre. — GENÈT. GENITSA. Lan. 


Calice tubulé, à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 dents 
profondes, linaiebte e à 5. Etendard cblèng, réfléchit sailes 
oblongues , plus courtes que les autres parties ; carène 
échancrée, plus longue que l’étendard , ne cachant pas les 
élamines. Légume ovale ou oblong, souvent renflé , con- 
tenant des graines ordinairement réniformes. 


LÉGUMINEUSES. mes 
GENÈT DES TEINIURIERS, vulgairement Genestrole, 
Herbe à jaunir. 
Genista tinctoria. Lin. Spec. 998.— Tinctorius flos. 
Fuchs. Hist. 608. 


Ses tiges sont ligneuses , étalées ou même couchées, lon- 
gues de 1 à 2 pieds, divisées en rameaux nombreux, pres- 
que herbacés, un peu anguleux en leur partie supérieure, 
garnis de feuilles éparses , presque sessiles, lancéolées, d’un 
vert assez foncé, légèrement velues en leurs bords. Ses 
fleurs sont de couleur jaune, et disposées au sommet de 
chaque rameau en uu épi long de 2 à 3 pouces. Cet arbuste 
croîl sur les collines, dans les pâturages secs et sur le bord 
des bois. 11 fleurit en juin et juillet. 

Les fleurs de ce genêt purgent par bas, selon Ettmuller, 
lorsqu'elles sont données en décoction ; elles provoquent , 
au contraire , le vomissement si on les prend en substance. 
Peyrilhe indique les graines comme émétiques, à la dose 
d’un gros à une demi-once, et le suc des fleurs corme pur- 
gatif, de demi-once à une once; et il attribue les mêmes 
facultés aux racines et aux feuilles. Les sommités fleuries 
servent à leindre en jaune. 

Les Genèêts sont en général négligés, quoique les proprié- 
tés dont ils sont pourvus ne paraissent pas douteuses, au 
moins si nous nous en rapportons au témoignage des an- 
ciens ; et quand il est question d’un émétique ou d’un pur- 
gatif, les effets en sont si évidens, qu’on ne peut guère leur 
reprocher un défaut d’exactitude dont très-souvent ils ne 
sont pas exempis, quand il est question de juger de l’action 
des autres médicamens. Les Genèêts me paraîtraient donc 
mériter l’attention des observateurs et des praticiens. Comme 
ils offrent l'avantage d’être communs dans Tous les pays, 
il faudrait essayer les différentes espèces, s'assurer de leur 
véritable manière d’agir, pour voir celles qui pourraient 
mériter d’être employées. 


52° Genre. — ANAGYRE. AÂNAGYRIS. Lin. 
Calice à 5 dents. Corolle de 5 petales, à étendard très- 


court, et à carène très-allongée. 10 étamines à filamens dis- 
üncts. 


70 LÉGUMINEUSES. 


ANAGYRE FÉTIDE, vulgairement Bors-puant. 

Anagyris fœtida. Lin. Spec. 554. — Nouv. Duham. 
bp rit #2. 

Arbrisseau de 6 à 8 pieds de haut, dont la tige, recou- 
verle d’une écorce cendrée, se divise en rameaux garnis 
de feuilles alternes, composées de 3 folioles ovales-oblon- 
gues, un peu glauques. Ses fleurs sont jaunes, marquées 
d’une tache violette , disposées en petites grappes droiles qui 
naissent le long des rameaux. Les fruits sont des gousses 
de 5 à 6 pouces de longueur, contenant 3 à 8 graines ré- 
niformes et bleuâtres. L’Anagyre fétide croît en Languedoc 
et en Provence, sur les collines et dans les lieux pierreux. 
IL fleurit dans son pays natal en février, et quelquefois dès 
la fin de janvier. 

Les feuilles de cet arbrisseau n'étaient point employées 
lorsque je pensai à en essayer l’usage. Je me suis assuré, par 
les observations dout elles ont été le sujet, qu’elles avaient 
la propriété de faire vomir et de purger; mais comme le 
plus souvent elles m’ont paru agir d’une manière assez in- 
certaine, ne provoquant quelquefois que des vomissemens, 
d’autres fois que des évacuations alvines, je ne les recom- 
mande pas comme un moÿen assuré. Au resle, on peut les 
donner à la dose de 2 à 6 gros en légère décoction, dans 
une à trois tasses d’eau. (Voyez à ce sujet mes observations 
sur P'Anagyre, dans la 2° partie de cet ouvrage.) 


* Genre ayant de l'affinité avec les Légumineuses, 
53° Genre. — CAROUBIER. CERATONIA. Lin. 


Fleurs diviques, plus rarement polygames. Dans les mäles, 
calice petit, à 5 découpures inégales ; corolle nulle ;5 éta- 
mines à filamens étalés. Dans les fleurs femelles, 1 ovaire 
entouré d’un disque charnu, à 5 lobes, terminé par un stig- 
mate orbiculaire et échancré. 1 légume allongé, comprimé. 


CAROUBIER A SILIQUES. 
Ceratonia Siliqua. Lin, Spec. 1513. — Carobe Siliqua. 
Blackw. Herb. t. 209. 


Arbre de 25% à 50 pieds, dont les rameaux torlueux ef 
étalés, sont garnis de feuilles alternes , ailées sans impair, 
persistantes, composées de 6 à 10 folioles ovales, coriaces, 
glabres , toujours vertes. Les fleurs sont disposées en épis 
droits, nombreux, presque sessiles, solitaires ou plusieurs 


: 


LÉGUMINEUSES. 79 


ensemble, longs de 2 à 3 pouces. Le fruit est une gousse 
épaisse, pulpeu-e, comprimée , un peu arquée , ne s’ouvrant 
point naiurellement , divisée transversalement en plusieurs 
loges qui contiennent chacune une graine. : 

Le Caroubier croît dans les contrées méridionales de 
l’Europe et dans quelques cantons de la Provence; il se plaît 
dans les lieux pierreux et les fentes des rochers. 

Les gousses de cet arbre, connues sous le nom de Ca- 
roubes ou de Carouges, sont pulpeuses; elles ont une saveur 
douce et assez agréable lorsqu'elles sont bien mûres. En cet 
état elles sont légèrement laxatives. Dans le Levant et en 
Barbarie , les gens de la classe indigente et les enfans en 
mangent comime aliment. En Egypte, on en relire une 
sorte de sirop qu’on emploie pour confire d’autres fruits, 
En ‘Turquie, en Syrie et en Egypte, on s’en sert en les 
mêlant avec des raisins secs et d’autres fruits, pour faire 
des sorbets, qui, pour les musulmans, remplacent le vin. 

Le bois de Caroubier est dur, veiné de rouge foncé; on 
en fait, dans les pays où il est commun, des ouvrages de 
menuiserie et de marquetterie. Les tanneurs emploient son 
écorce et ses feuilles pour le tannage des cuirs. 


Famille XVI. 
CRUCIFÈRES. 


Les plantes de cette famille sont caractérisées par 1 calice 
formé de 4 folioles , souvent caduques; 1 corolle composée 
de 4 pétales opposés en croix, et munis d’un onglet égal en 
longueur aux folioles calicinales; 6 étamines dont 2 plus 
courtes que les autres; 1 ovaire supérieur , surmonté d’un 
style unique ou nul, terminé par 1 stigmate simple, plus 
rarement à 2 ou 3 lobes; 1 fruit allongé et siliqueux (silique), 
ou court, et siliculeux (silicule), ordinairement à 2 valves, 
et divisé en 2 loges polyspermes par une cloison longitudi- 
nale; quelquefois les valves ne s’ouvrant pas, le fruit est à 
1 seule loge qui ne contient qu’une graine ; d’autres fois les 
loges sont articulées les unes au-dessus des autres, et se sépa- 
rent à leurs articulations sans s'ouvrir. 

Les Crucifères sont des herbes à feuilles alternes, entières, 
ou découpées, et à fleurs disposées en grappes souvent termi- 
nales, rarement axillaires. 


Bo CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 


Ces plantes sont recommandables tant par leurs pro- 
priélés médicinales , que par leurs propriétés économiques. 
Sous le premier rapport, elles contiennent toutes, à un 
degré plus ou mois fort, un principe âcre, volatil, stimu- 
lant, qui leur doune une vert apérilive, diurétique sudo- 
rifique et principalement tonique , qui rend leur usage 
très-utile dans différentes maladies, et surtout dans le scor- 
but , d’où on leur a donné, en général, le nom de plantes 
antiscob butiques. 

Sous leurs rapports économiques, les racines, les feuilles, 
les fleurs, les graines de plusieurs espèces nous “servent tous 
les jours d’aliment ou d’assaisonnement , et les racines , et 
surtout les feuilles d’un plus grand nombre d’ espèces, for- 
ment, pour les bestiaux, une très-bonne nourrilure. Leurs 
graines sont oléagineuses, et les produits qu’on retire de 
Fall qui contiennent de l’huile en plus grande abondance, 
sont, dans certains cantons de la France , une branche in- 
téressante d’ agriculture. 


* Cruciferes siliqueuses. 
54°. Genre. — CHou. BRrASSICA. lan. - 


Folioles du calice conniventes, bossues à leur base. Ovaire 
cylindrique, entouré de 4 glandes à à sa hase. Silique cylin- 
drique- comprimée , Où tétragone , à 2 loges contenant 
plusieurs graines globuleuses, 


CHOU POTAGER, vulgairement Chou pomme. 
Brassica oleracea. Lan. Spec. 952. — Brassica. Pharm. 


Cette espèce, qui est le chou proprement dit, est cultivée 
depuis un temps immémorial , et elle a produit une mul- 
titude de variétés, dont plusieurs présentent des formes si 
éloignées du 1y} De primitif, qu'il paraît diflicile de les y 
rapporter. La race, ou variété, dont il sera principalement 
question dans cet article, est celle connue vulgairement 
sous le nom de (Chou pommé, ou Chou cabus, dont on 
distingue encore plusieur s sous-variétés. 

Le Chou pommé est une plante dont la racine bisannuelle 
se prolonge en un collet qui s’élève hors de terre, en ma- 
niére de tige, et forme une souche droite, charnue et cylin- 
drique, haute de # à 8 pouces, laquelle donne naissance à 

une grande quantité de feuilles presque arrondies, con- 
caves, el tellement rapprochées, qu’elles Patient les 


CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. ‘8t 


unes les autres, se recouvrent comme les écailles d’une 
bulbe, se compriment fortement en s’embrassant , et for- 
ment une grosse tête massive, arrondie , renfermant pen- 
dant un certain temps la tige et ses ramifications , qui ne se 
développent qu'après avoir rompu cette sorte de pomme 
ou tête monstrueuse. Cette tige et ses ramifications, qui 
s'élèvent à la hauteur de 3 à 4 pieds, sont garnies de feuilles 
alternes, glabres , d’un vert plus on moins glauque, quel- 
quefois Leimtes de rouge ou de violet, et dont les inférieures 
sont pétiolées, roncinées à leur base, plus ou moins smueuses, 
et les supérieures simples, plus petites et ordinairement 
amplexicaules, Les fleurs sont assez grandes, jaunätres, ou 
presque blanches, disposées en grappes droites, läches et 
terminales. Les fruits sont des siliques presque cylindriques, 
à 2 valves, à 2 loges contenant plusieurs graines globu- 
leuses, Le Chou pommé est cultivé dans les jardins pota- 
gers et dans les champs; il fléurit à la fin du printemps. 

Les anciens attribuaient une foule de propriétés au Chou, 
et cette plante fut pendant long-temps, pour les Romains 
de la république, une panacée universelle. Caton l’ancien 
avait composé un livre sur ses vertus, dans lequel il disait 
qu’elle pouvait tenir lieu de tous les remèdes. Les modernes 
ont considérablement rabattu de la haute opinion que les 
anciens avaient du Chou, et cette plante est. plutôt regardée 
maintenant comme alimentaire que comme médicamen- 
teuse, quoîque cependant on ne puisse se refuser à croire 
qu’elle soit légèrement stimulante , incisive et antiscorbu- 
tique. Quelques médecins avaient voulu préconiser le Chou 
rouge dans le traitement de la phthisie pulmonaire; mais 
l'insuffisance de ce moyen est bien démontrée aujourd'hui 
dans cette cruelle maladie. On préparait autrefois dans les 
pharmacies un sirop de Chou rouge ; il est peu employé 
aujourd’hui. 

Comme aliment , il se fait une consommation énorme de 
Choux en France. Ces plantes fraîches font, pendant plus de 
la moitié de l’année, l’assaisonnement ou le principal m- 
grédient de la soupe des habitans des campagnes. En Alle- 
magne et dans le nord de l'Europe, la consommation des 
Choux est encore plus considérable. En les mettant dans 
un tonneau avec du sel marin et quelques graines aroma- 
tiques, on leur fait subir un certain degré de fermentation 
acide qui donne le moyen de les conserver tout l’hiver. 

F 


82 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 


Cette préparalion connue en France sous le nom de Chou- 
croûte, par altération du mot allemand Sauer - kraut, 
Chou aigre, est un aliment salubre, plus facile à digérer 
que le Chou dans son état naturel. La Chou-croûte ést un 
excellent antiscorbutique, et celie propriété la rend pré- 
cieuse pour les voyages sur mer. 

Les graines de tous les Choux sont oléagineuses , et l’on 
peut en retirer de lhuile; mais une variété particulière , 
connue sous le nom de Clear: ou Colza, est prmcipalement 
cultivée à cet effet , comme en produisant davantage. Cette 
huile sert dans le Nord aux mêmes usages que l’huile 
d'olive dans le Midi. Les feuilles de tous les Choux font un 
irès-bon fourrage pour les bestianx. 


Cou NAvET, vulgairement Napes. 
Brassica Napus. Lin. Spec. 951. — Napus. Pharm. 


Sa racine est charnue, d’une saveur douce et agréable, 
quoique un peu piquante, différant de forme, de grosseur 
et de couleur, selon les variétés produites par la culture. 
Ses feuilles sûnt de deux sortes: les unes radicales, eblon- 
gues, en lyre, d’un vert foncé, chargées de poils courts et 
rudes au toucher; celles de la tige, au. contraire, sont 
oblongues, en cœur à leur base, semi- amplexicaules, très- 
glabres. Ses tiges sont rameuses, ‘hautes de 2.à 5 pieds, ter- 
minées par des grappes de fleurs peu différentes de celles du 
Chou potager. Les siliques longues d'environ 1: pouce, 
contiennent, dans chacune de leurs 2 loges, plusieurs graines 
arrondies , d’un rouge brun, ayant une saveur äâcre et pi- 
quante On cultive celte plante dans les champs et dans les 
jardins; elle croît naturellement aussi dans les campagnes, 
et fleurit en avril et mai. 

Les Navets passent pour pectoraux, incisifs et diurétiques. 
Préparés par décoction, ils servent à faire une tisane esti- 
mée dans les rhumes ; mais en général on les emploie bien 
moins en médecine que dans la cuisine. Quoique un peu 
venteux, le Navet est un aliment saim Ses variétés à grosses 
racines sont d’une grande ressource pour la nourriture des 
bestiaux pendant l’hiver. Ses graines oléagineuses comme 
celles du Chou , fournissent , surtout dans une variété connue 
sous le nom de Navette, une huile qui a les mêmes pro- 
priétés que celles de Colzat. Les pharmaciens préparaient 


CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 685 


autrefois un sirop de Navet; mais je ne crois pas qu'ils le 
fassent encore, ce sirop étant tombé en désuétude, 


CHoux RoQUETTE, vulgairement La Roquette, Ro- 
quete des jardins. 
Brassica Eruca. Lin. Spec. 952. — Æruca. Pharm. 
Blackw. Herb. t. 242. 


La racine de cette plante est menue, pivotante , annuelle ; 
elle donne naissance à une tige rameuse, un peu velue, 
haute de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles oblon- 
gues, pétiolées, ailées ou en lyre, d’un vert peu foncé, lisses 
et presque glabres. Ses fleurs sont blanches ou d’un jaune 
pâle, veinées de lignes d’un violet foncé, et disposées en 
grappes au sommet de la tige et des rameaux. Les fruits 
sont des siliques droites, un peu aplaties, longues à peine 
de 1 pouce, terminées par un prolongement particulier en 
forme de fer de lance. La Roquette cultivée croît naturelle- 
ment dans les champs des départemens du midi; elle fleurit 
en juin. 

Toutes les parties de cette plante ont une odeur forte et 
assez désagréable , au moins pour beaucoup de personnes, 
car elle ne déplaît pas à d’autres, et en Lialie surtout, on en 
met souvent les feuilles dâhs les salades pour servir d’assai- 
sonnement. Ses feuilles ont une saveur âcre, piquante, et elles 
sont diurétiques, antiscorbutiques, fortement stimulantes et 
aphrodisiaques. Les graines ont les mêmes propriétés, et 
encore plus énergiques. Mâchées, elles excitent fortement la 
salivation par leur âcreté: pilées ou réduites en une sorte de 
farine et délayées avec de l’eau ou du vinaigre , on peut les 
émployer pour rubéfier la peau et produire une vive exci- 
tation extérieure, dans l’apoplexie, la paralysie , la goutte; 
mais en général on fait fort peu d'usage soit des graines soit 
des feuilles de la Roquette. Les premières entrent dans l'eau 
antiscorbutique; préparation beaucoup moins usitée aujour- 
d’hui que le vin du mème nom. 


55° Genre. — MOUTARDE. SINAPIS. Lan. 


Folioles du calice très-onvertes. Ovaire surmonté de 1 
style terminé par 1 stigmate arrondi, et entouré de 4 glandes 
à sa base, Silique à 2 loges, contenant plusieurs graines, 
et terminée par une sorte de bec formé par le prolongement 
saillant de la cloison. 


F 2 


Gt CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 
MOUTARDE NOIRE, vulgairement Woutarde,Sénévénoir. 
Sinapis nigra. Lin Spec. 053. — Sinapi. Pharm.— 
Blackw. Herb. t. 416. 


Sa racine est fibreuse, blanchôtre, annuelle; elle produit 
ane tige cylindrique , haute de 3 à 5 pieds, rameuse , char- 
gée, surtout inférieurement, de quelques poils roïdes qui 
la rendent rude au toucher. Ses feuilles radicales et celles 
de la partie inférieure de la tige sont grandes, pétiolées, 
lyrées, légèrement hérissées , divisées en lobes irréguliers, 
dentés : le terminal toujours plus grand que les autres. Ses 
fleurs sont jaunes, assez petites, disposés, à l’extrémité de 
la tige et des raineaux, en grappes effilées. Les fruits sont 
des siliques longues de 6 à 8 lignes, un peu quadrangulaires, 
divisées intérieurement en 2 loges contenant plusieurs pe- 
tites graines arrondies, d’un rouge brunätre. Cette plante 
est assez commune dans les lieux pierreux et les décombres; 
on la cullive parce qu'elle est fréquemment en usage ; elle 
fleurit en juin, juillet et août. 

Les graines de la Moutarde noire ont une saveur âcre et 
piquante , qui paraît plus développée dans cette espèce que : 
dans aueune autre de la même famille, aussi sont-elles gé- 
néralement préférées aujourd’huïdans la pratique de la mé- 
decine , à toutes celles qui ont des propriétés analogues. Ces 
graines sont stomachiques, antiscorbutiques, fortement sti- 
mulantes , rubéfiantes et même vésieantes. On les a données 
avec succès à l’intérieur, à la dose de 1 à 2 gros, contre la 
fièvre tierce; mais en général on les emploie peu en nature 
et de cette manière comme moyen médicamenteux ; mais 
comme assaisonnement on en fait un grand usage dans la 
cuisine, puisque moulues et réduites en farine elles font la 
base de cette préparation, ou sorte de bouillie un peu li- 
quide, qui porte le nom de moutarde et qu’on sert sur 
toutes les tables. La Moutardeest toniqueet antiscorbutique: 
son usage convient surtout aux personnes qui ont les organes 
de la digestion faibles et languissans. Elle ranime les forces 
de l'estomac; elle excite et provoque l’appétit : sous ce der- 
nier rapport les gens robustes, d’une forte constitution, 
chez lesquels les premières voies font bien leurs fonctions, 
devraient s’en abslenir; mais trop souvent la gourmandise 
cherche un stimulant qui donne les moyens de manger 
davantage, et elle le trouve dans la Moutarde. | 


CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. . 85 


Broyées comme il a été dit ci-dessus, délayées avec de 
eau ou mieux encore avec du vinaigre et mises en contact 
avec la peau , les graines de Moutarde noire la rougissent 
d’abord, et ensuite y font mème venir des ampoules si leur 
application est plus long-temps prolongée. 

On donne le nom de Sinapisme à l'espèce de cataplasme 
ainsi préparé, et dont on fait, surtout maintenant, un grand 
usage en médecine, soit comme moyen de ranimer l’action 
des forces vitales, dans la létargie, l'apoplexie, la para- 
lysie, les fièvres adynamiques, elc., soit comme moyen 
dérivatif lorsqu'on cherche à déplacer une affection gout- 
teuse, rhumatisante ou autre, fixée sur un organe intérieur. 
La farine de Moutarde délayée dans la quantité convenable 
d’eau chaude, s’'administre aussi en bains de pieds dans les 
mêmes maladies. La dose, pour ces applications extérieures , 
est de 2 onces à 1 livre. Les graines de Moutarde noire en- 
trent dans le vin antiscorbutique, et dans l'onguent et l’em- 
plâtre épispastiques. 

Les graines de la Moutarde blanche { Sënapis alba. Lin. 
Spec. 935.)et de la Moutarde des champs ( Szrapis arven- 
sis , Lin. Spec. 953 ) ont des propriétés analogues à celles 
de la Moutarde noire ; mais comme elles sont moins actives, 
on ne les emploie que fort rarement et au défaut de celles 
de la dernière, 


56° Genre. — JULIENNE. /ÆJESPERIS, Lin. 


Folioles du calice droites, un peu serrées ; 2 d’entre elles 
bossues à leur base. Ovaire surmonté d’un style terminé par 
1 stigmate à 2 lames rapprochées. Silique allongée, com- 
primée, à 2 loges contenant plusieurs graines. 


JULIENNE ALLIAIRE , vulgairement #/liaire. 

Hesperis Alliaria. Lam. F1. Fr. 2. p. 505. — Erysi- 
mum Alliaria. Lin. Spec. 922. — Alliaria. Fuchs. Hist, 
104. — Pharm, 


La racine de cette plante est pivotante, bisannuelle, 
garnie de quelques fibres latérales; elle donne naissance à 
une lige simple ou peu rameuse', haute de 1 pied et demi à 
2 pieds , garuie de feuilles cordiformes, grossièrement den- 
iées, glabres, dont les inférieures sont longuement pétiolées 
et obtuses , et dont les supérieures sont plus courtement pé- 


F3 


06 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 


tiolées et sensiblement aiguës. Les fleurs sont petites, blan- 
ches;: disposées en grappesterminales, médiocrement garnies. 
Le fruit est une silique allongée, presque cylindrique, re- 
dressée. Cette espèce fleurit en mai et juin; elle croît dans les 
bois , les buissons et les lieux ombragés. 

Toute la plante a une saveur amère, et elle répand une 
odeur d’ail, surtout lorsqu'on la froisse entre les doigts. Le 
lait des vaches qui en mangent prend un goût analogue. Ses 
feuilles sont diurétiques, expectoranies et antiputrides. Leur 
décoction est, dit-on, utile dans l’asthme humide, et leur 
suc, quand elles sont fraîches, ou leur poudre, quand elles 
sont sèches, a été vanté comme un excellent remède pour 
guérir les ulcères gangréneux et carcinomateux. Les graines 
sont âcres, irrilantes à peu près comme celles de la Mou- 
tarde, mais un peu moins piquantes; pilées, délayées avec 
du viraigre, et préparées en cataplasme, on les a employées 
comme rubéfiant et stimulant extérieur. L’Alliaire paraît 
mériter d’être plus usitée qu’elle ne l’est mamtenant. 


57° Genre. — GIROFLÉE. CHEIRANTHUS. lan. 


Folioles du calice droites, 2 d’entre elles un peu prolon- 
gées ou bossues à leur base. Ovaire linéaire , terminée par 1 
stigmate à.2 ou 5 lobes. Silique allongée, tétragone, ou cy- 
Jlindrique et un peu comprimée , à 2 loges contenant des 
graines entourées d’un rebord particulier. 


GIROFLÉE DE MURAILLE, vulgairement Giroflée jaune, 

… Wiolier jaune, Ravenelle. 

Cheiranthus Cheiri. Lin. Spec. 924. — Keirt vel Cheiri. 
Pharm. — ZLeuconium aureum. Matth. Valg. 877. 


Sa racine ligneuse, vivace, donne naissance à une tige 
dure, presque ligneuse dans sa partie inférieure, et ordinai- 
rement nue et simple, ensuite divisée en rameaux plus ou 
moins nombreux , hauts de 6 pouces à 1 pied, garnis de 
feuilles lancéolées, aiguës, d’un vert gai, glabres. Ses fleurs 
sont d’un beau jaune d’or, assez grandes, d’une odeur agréa- 
ble, disposées en grappes terminales. L’ovaire est terminé 
par 1 sligmate à 2 lobes. Le fruit est une silique allongée, 
un peu comprimée , el à 2 loges contenant des graines ovales, 
comprimées et entourées d’un rebord membraneux. Cette 
espèce croit dans les fentes des murs et des rochers; elle 
fleurit depuis le commencement du printemps jusqu’en été. 


CRUCIFÈRES SILIQUEUSES, 87 


Les feuilles et Les fleurs de la Giroflée de muraille sont , 
dit-on, céphaliques , antispasmodiques , anodynes; elles ont 
aussi passé pour apérilives, diurétiques el emménagogues. 
Leur dose est de 2 gros à demi-oyce en infusion ou légère 
décoction acqueuse, et en infusion vineuse, pour 1 à 2 livres 
de liquide. On en a conseillé l’usage dans la chlorose, les 
affections hystériques, les accouchemens laborieux , la para- 
lysie, les obstructions des viscères, etc.; mais pen de prati- 
ciens emploient aujourd'hui cette plante. Les préparations 
qu'on eu faisait jadis dans les pharmacies, comme la conserve 
des fleurs, leur eau distillée et leur huile par infusion , sont 
encore bien plus tombées en désuétude. 


56° Genre. — VELAR. ERYSIMUM. Lan. 


Folioles du calice serrées. Stigmate très-petit, simple et 
en tête. Silique allongée, linéaire, tétragone , à 2 valves, 
à 2 loges contenant des graines très-petites et arrondies. 

VELAR DE SAINTE-BARBE, vulgairement Æ/erbe de 

Sainte-Barbe, Herbe aux charpentiers , Julienne 
jaune, Barbarée, Rondotte. 

Erysimum Barbarea. Lin. Spec. 922. — Barbarea 
Pharm.— Santæ Barbareæ herba. Fuchs. Hist. 746. 


Sa racine est fusiforme, presque ligneuse, vivace; elle 
donne naissance à 1 tige striée , droite , haute de 1 à 2 pieds, 
rameuse dans sa partie supérieure, accompagnée à sa base de 
feuilles en lyre, pétiolées , glabres, et garnie, dans le reste 
de son étendue, de feuilles sessiles , simples, irrégulièrement 
ovales, dentées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un beau 
jaune, rapprochées, et disposées en grappes terminales. Les 
fruits sont des siliques courtes, redressées , à 4 angles très- 
peu saillans. Cette plante fleurit depuis le mois de mai Jus- 
qu’en août ; elle se trouve dans les prairies humides et sur les 
bords des ruisseaux. 

La racine et les feuilles du Velar de Sainte-Barbe ont 
une saveur âcre, moins prononcée que dans plusieurs autres 
espèces de cette famille ; elles passent pour détersives, vul- 
néraires et antiscorbutiques. On dit leur infusion aqueuse 
utile dans les hydropisies commençantes. Dans quelques 
cantons , les gens de Ja campagne et du peuple appliquent 
les feuilles pilées sur leurs ulcères ou sur leurs plaies. Quel- 
ques-uns les font macérer plus ou moins long-temps dans 


86 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES, 


l'huile, et regardent. ensuite celle-ci comme un excellent 
baume pour guérir toutes leurs blessures. Les graines sont 
apéritives et diurétiques selon Lobel ; mais très-peu de mé- 
decins font aujourd’hui usage d'aucune partie de Herbe 
de Sainte-Barbe. 


59° Genre. — SISYMBRE. SISYMBRIUM. Lin. 


Folioles du calice fermées ou demi-ouvertes. Style très- 
court ou presque nul, terminé par 1 stygmate obtus. Si- 
lique allongée, à 2 loges, à 2 valves droites, s’ouvrant sans 
élasticité. : 

SISYMBRE CRESSON , vulgairement Cresson de Fon- 

laine, Cresson d’eau, Cresson aquatique. 

Sisymbrium Nasturtium. Lin. Spec. 916. — Sisym- 
brium Cardamine. Fuchs. Hist. 723. — Nasturtium 
aquaticum. Pharm. 


Sa racine fibreuse, vivace, produit une tige cylindrique, 
légèrement striée, glabre comme toute la plante, couchée 
à sa base sur la terre, ou nageant dans l’eau, et y prenant 
racine, ensuite redressée, simple ou peu rameuse, longue 
de 1 pied ou un peu plus, garnie de feuilles un peu succu- 
lentes, d’un vert assez foncé, luisantes, composées de 5'à 
g folioles ovales. Ses fleurs sont blanches, médiocrement 
grandes, disposées en grappe terminale. Il leur succède des 
siliques courtes , un peu recourbées , à 2 valves droites, et à 
2 loges contenant plusieurs graines très-petites. Cette plante 
croît dans les eaux des ruisseaux et des fontaines, ou dans 
les prairies très-humides; elle fleurit depuis le mois de mai 
jusqu'en automne. 

Quoique le Cresson de fontaine ne soit pas le plus éner- 
gique des antiscorbutiques, cependant il est un des plus 
employés, probablement à cause de la facilité où l’on est de 
pouvoir s’en procurer de fraispendant toute l’année. Non- 
seulement on s’en sert beaucoup en médecine , mais encore 
à Paris et dans beaucoup d’autres endroits on en fait une 
grande consommation pour manger en salade, parce qu’il 
a moins d'âcreté et que sa saveur est moins forte et plus 
agréable que dans plusieurs autres espèces de la même fa- 
mille. En médecine on regarde cette plante non-seulement 
comme antiscorbutique, mais encore comme apéritive, dé- 
purative, diurétique, et on l’emploie dans le scorbut, les 


CRUCIFERES SILIQUEUSES. 0ÿ 


scrophules, les maladies de la peau, les engorgemens des 
viscères, l’hydropisie, etc. Le vulgaire l'appelle Za Santé 
du corps. La meilleure préparation qu’on en puisse faire est 
d’en retirer le suc, qu'on prescrit à la dose de 2 à 6 onces 
par jour. On peut aussi faire entrer le Cresson dans les 
bouillons et les tisanes, mais il faut que ce soit par simple 
infusion, car il perd ses propriétés par l’ébullition. 

On préparait autrefois, dans les pharmacies, une eau 
distillée, un sirop particulier, un extrait et ce qu'on appelait 
l'Extrait urineux de Cresson ; mais toutes ces préparations 
ont vieilli et ne sont plus en usage. Les compositions les plus 
usitées aujourd'hui, dont les feuilles de Cresson fassent 
partie, sont le vin et le sirop antiscorbutiques. 


SISYMBRE OFFICINAL, vulgairement Y’elar, Tortelle, 
Herbe au chantre. 
Sisymbrium officinale. Scop. Flor. Carn. 2 p. 26. — 
Erysimum officinale. Lin. Spec, 922. — Erysimum. 
Pharm. — Blackw. Herb. t. 26. 


La racine de cette plante est annuelle, pivotante, avec 
quelques fibres latérales, longues et menues; elle donne 
naissance à une tige cylindrique, légèrement velue, ou pu- 
bescente ainsi que toute la plante , droite , roide , haute de 2 
pieds ou environ , divisée supérieurement en rameaux axil- 
laires, effilés, presque ouverts à angle droit, et garnie de 
feuilles roncinées ou en lyre, avec un lobe terminal plus grand 
que les autres. Ses fleurs sont petites, d’un jaune pâle, dis- 
posées en épis grèles le long des rameaux. Il leur succède 
des siliques subulées, courtement pédonculées, appliquées 
contre l’axe commun , et contenant plusieurs graines. Cette 
espèce est commune dans les lieux incultes, les décombres 
et sur le bord des chemins: elle fleurit en mai, juin et 
juillet. 

Le Sisymbre officinal est incisif, pectoral et légèrement 
antiscorbutique. On lemploie en infusion théiforme , dans 
l’asthme humide, dans les affections catarrhales chroniques, 
et quand il est besoin de faciliter l’espectoration de l’hu- 
meur muqueuse des bronches, devenue trop abondante. Cette 
plante passe aussi pour être très-bonne dans l’enrouement, 
d’où lui est venu le nom vulgaire d'herbe au chantre. Elle 
fait la base d’un sirop connu dans les pharmacies sous le 
nom de sirop d’érysimum, et que l'on prescrit assez fré- 


40 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 
quemment dans les mêmes cas où la plante pourrait con 
venir. La plupart des chanteurs ÿy ont une grande con- 
fiance, et en font un usage considérable, ; 


SISYMBRE [R10. | 

Sisymbrium rio. Lin. Spec. 921. — Jacq. FI. Aust. 
15922. 

Sa racine est fusiforme, aliongée, annuelle; elle produit 
une tige cylindrique , droite , simple inférieurement , légè- 
rement rameuse dans sa partie inférieure, haute de 1 à 2 
pieds, garnie de feuilles roncinées ou presque pinnatfides, 
glabres comme toute la plante: les supérieures sont entières 
et linéaires. Ses fleurs sont d’un jaune pâle, petites , courte- 
ment pédonculées , disposées en longues grappes. Il leur 
succède des siliques grèles, très-allongées , à 2 loges con- 
tenant des graines menues , nombreuses, roussätres. Ce Si- 
symbre fleurit depuis le mois d'avril jusqu’à la fin de l'été, 
et croît sur les bords des chemins, sur les vieux murs, dans 
les lieux incultes'et les décombres, . 

Cette plante a les mêmes propriétés que la précédente, 
mais on l’emploie beaucoup plus rarement, et seulement à 
son défaut. 


SISYMBRE A PETITES FLEURS, vulgairement 7'halitron, 
Sagesse des Chirurgiens. 

Sisymbrium Sophia. Lin. Spec. 920. — Sophia Chi- 
rursorum. Pharm.— Blackw. Herb. t. 440. 

La racine de cette espèce est annuelle, pivotante, divisée 
en quelques fibres ; elle donne naissance à une tige cylin- 
drique, simple inférieurement , ordinairement divisée dans 
sa partie supérieure en rameaux ouverts, haute de 1 à 2 
pieds, garnie de feuilles deux fois ailées, à folioles menues, 
d’un vert foncé, et plus ou moins pubescentes, ainsi que 
toute la plante. Ses fleurs sont petites, jaunâtres, à pétales 
pius courts que le calice, et disposées en grappes simples et 
droites. Les fruits sont des siliques grêles , redressées, por- 
iées sur des pédoncules ouverts, et contenant des graines 
nombreuses dans chaque loge. Cette plante croît sur le bord 
des champs, sur les murs de chaume et dans les lieux in- 
cultes ; elle fleurit en mai et juin. 

Foutesles parties de ce Sisymbre passent pour astringentes 
et légèrement antiscorbutiques. Ses graines, prises à la dose 
de 1 gros dans du vin, peuyent arrêter la diarrhée, et c’est, 


CRUCIFÈRES SILIQUEUSES: gL 


dit-on, un remède populaire dans divers cantons, Quel- 
ques médecins les ont conseillées comme vermifuges, sudo- 
rifiques et diurétiques. Le suc ou l'extrait des feuilles ou des 
fleurs a été recommandé dans le crachement de sang, dans 
les hémorragies utérines et dans les flueurs-blanches. 


Go° Genre. — CRESSON. CARDAMINE. Lan. 


Folioles du calice entr’ouvertes. Anthères en fer de flèche 
à leur base. Silique à 2 loges, à 2 valves qui s’ouvrent avec 
élasticité, et se roulent sur elles-mêmes de bas en haut. 
Graines souvent aplaties et entourées d’un petit rebord 
membraneux. 


CRESSON DES PRÉS, ou CARDAMINE DES PRÉS. 
Cardamine pratensis. Lin. Spec. 915. — Cardamine. 
Pharm. — Nasturtium agreste. Fuchs. Hist. 525. 


Sa racine est horizontale, fibreuse, vivace , blanchätre; 
elle produit une tige droite, le plus souvent simple, un 
peu glauque , haute de 1 pied, ou un peu plus, garnie de 
feuilles ailées , glabres ; les inférieures ayant leurs folioles 
arrondies, anguleuses, et les supérieures les ayant étroites , 
presque linéaires. Les fleurs sont assez grandes , d’un violet 
clair, disposées en une grappe courte et terminale. Les 
fruits sont des siliques longues et grèles. Cette plante croît 
dans les prés humides et sur les bords des eaux ; elle fleurit 
en avril et mai. , 

Le Cresson des prés approche beaucoup, par ses formes 
extérieures, du Cresson de fontaine, et il a aussi la plus 
grande analogie avec lui, quant aux propriétéss à dire 
vrai, on ne peut guère, mème sous ce dernier rapport, éla- 
blir de différence entre ces deux plantes, Le Cresson des prés 
peut être employé dans tous les cas où l’on se sert de celui 
de fontaine, et on peut aussi le manger en salade. En 
France, nous préférons le dernier ; dans le nord de FEu- 


= 
? 


rope, au contraire, on fait plus souvent usage du premier. 
61° Genre. — RaDis. R4PHANUS. Lin. 
Folioles du calice conniventes. Ovaire entouré de 4 
glandes à sa base. Silique à plusieurs loges articulées l’une 
au-dessus de l’autre, ne s’ouvrant pas, mais se séparant à 
leurs articulations, et contenant chacune 1 graine. 


92 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 


RaADIS CULTIVÉ, vulgairement Radis noir, Raïfort 
cultivé, Raïfort des Parisiens. | 
Raphanus sativus. Vin. Spec. 935. — Raphanus niger. 
Lobel. Icon. 202. — Raphanus.Pharm. 


La racine de cette plante est tubéreuse, turbinée-fusi- 
forme, bisannuelle , noirätre extérieurement, blanche inté- 
rieurement ; elle donne naissance à une tige très rameuse , 
haute de 2 ou 5 pieds, hérissée de poils courts qui la ren- 
dent rude au toucher, garnie de feuilles dont les radicales 
et les inférieures sont grandes, pétiolées , ailées ou lyrées, 
divisées en lobes ovales ou arrondis, dentées en leurs bords, 
rudes au toucher, le lobe terminal étaut beaucoup plus 
grand que les autres: les feuilles supérieures sont simples et 
sessiles. Les fleurs sont blanches, ou purpurines, pédon- 
culées, disposées en grappes terminales et axillaires. Les 
fruits sont des siliques articulées , renflées vers leur base, 
terminées en pointe, etdivisées intérieurement en 2 loges 
contenant des graines arrondies. Cetle plante passe pour 
originaire de Ja Chine, mais on la cultive généralement 
dans lous les jardins potagers; elle fleurit en juin et juillet. 

La racine de Radis noir a une saveur âcre et piquante, 
trés-prononcée ; c’est un bon antiscorbutique , dont cepen- 
dant 6n se sert peu comme médicament, mais que l’on 
« \ à 
emploie davantage pour l’usage de la table , surtout à Paris. 
Cette racine, fortement stimulante, aide el facilite la diges- 
ion des personnes chez lesquelles cette fonction se fait len- 
iement et difficilement. Rapée,ou écrasée, et appliquée 
extérieurement , elle agit comme rubéfiant. Son suc édul- 
coré avec du sirop, ou du miel, est utile dans l’asthme 
humide et dans les maladies de reins et de la vessie, causées 
par l'affection des membranes muqueuses, ou par la gravelle. 

La Rave et le Radis blanc, variétés du Radis noir, selon 
la plupart des botanistes , et formant les 2 principales variétés 
d’une espèce distincte, selon quelques autres, ont des pro- 
priélés analoguess; mais leurs racines élant plus tendres, et 
ayant une saveur moins âcre et moins piquante , elles sont 
beaucoup plas agréables au goût; et sous ce rapport, on en 
fait, comme aliment, une consommation beaucoup plus 
grande que du Radis noir. Les Raves et les Radis blancs 
offrent d’ailleurs une quantité considérable de variétés en- 
fantées par la culture, et dont on peut manger dans tous 


LS DE 


L 4 


CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 93 


les temps de l’année, par les soins que prennent les jardi- 
niers de les semer à différentes époques, et de les mettre, 
selon les saisons, sous chassis, sur couche , ou en pleine 
terre. 


#* Crucifères siliculeuses. 
62° Genre. — CRANSON. COCHLEARIA. Lin. 


Folioles du calice efffr’ouvertes. Anthères obtuses et com- 
primées. Silicule en cœur, ou ovale, à 2 valves ayant leur 
plus grand diamètre opposé à la cloison, à 2 loges conte- 
nant 1 à 6 graines ovoides , dépourvues de rebord. 


CRANSON OFFICINAL, ou COCHLÉARIA OFFICINAL, vul- 
gairement Â/erbe aux cuiliers. 

Cochlearia officinalis. Lin. Spec. 905. — Cochlearia 

Jolio subrotundo. F1. Dan. t. 135, — Cochlearia. Pharm. 


Sa racine , formée d’une souche demi-ligneuse , bisan- 
nuelle, divisée en plusieurs fibres menues, donue naissance 
à une tige légèrement anguleuse, très-glabre , comme toute 
la plante, rameuse surtout dans la plante cultivée, haute 
de 6 pouces à 1 pied. Ses feuilles sont un peu charnues, 
d’un vert foncé; les radicales arrondies ou réniformes,échan- 
crées en cœur à leur base , longuement pétiolées, creusées 
en cuiller; celles de la tige, surtout les supérieures , sont 
ovales , sessiles, anguleuses en leurs bords. Ses fleurs sont 
blanches, disposées en grappe terminale. Le fruit est une 
silicule terminée par une petite pointe formée par le style 
persistant. Cette plante croit naturellement sur les bords 
des ruisseaux , dans les Pyrénées, et dans les lieux humides 
et maritimes de la Bretagne et de la Normandie. On la 
cultive dans les jardins, où elle fleurit en mai, juin et 
juallet. 

Le Cochléaria a une saveur un peu âcre et amère ; il est 
incisif, diurétique et surtout antiscorbutique. Il doit être 
employé frais, car ses propriétés résident dans un principe 
très-volatil qui se dissipe par la dessicgation. La même raison 
fait qu'on ne doit pas le faire bouillir ; il faut le préparer 
par infusion, et mieux encore en extraire le suc, qu’on 
donne à la dose de 1 demi-once à 1 once. Les jeunes tiges, 
et particulièrement les feuilles, sont les parties qu'on em- 
ploie. On prépare, dans les pharmacies, ün esprit ardent 


9* CRAUCIFÈRES SILICULEUSES. 


de Cochléaria, dont la dose est de 20 gouttes à 1 gros dans 
4 onces d’un véhicule aqueux ou vineux. On s’en sert avec 
succès pour guérir les ulcères scorbutiques de la bouche et 
des gencives, en en faisant laver ces parties. Les feuilles 
de Cochléaria entrent dans le vin et le sirop antiscorbu- 
tiques; leur conserve et leur eau distillée sont tombées en 
désuétude. 

Quelques personnes mangent en salade les feuilles de Co- 
chléaria , soit seules, soit mêlées avec celles du Cresson de 
fontaine. ; 


CRANSON DE BRETAGNE , ou CRAXSON RUSTIQUE, vul- 
gairement Cran-de-Bretagne, Cram-des- Anglais, 
Moutarde-des- Allemands, Moutarde des-Capucins, 
Moutardelle, Raifort sauvage, grand Raifort. 

Cochlearia armoracia. Lin. Spec. 004. — ARaphanus 

sylvestris. Blackw. Herb. t. 415. — Raphanus ruslica- 
nus. Pharm. 


Sa racine est cylindrique, très - longue, blanchâtre, 
vivace ; elle donne naissance à une tige striée, rameuse, 
haute de 2 pieds et plus. Ses feuillés sont, les unes radicales, 
longuement péliolées, très grandes, ovales - oblongues, 
souvent entières , simplement crénelées , quelquefois pinna- 
üfides; les autres, placées sur la tige, sont sessiles , linéaires- 
lancéolées , dentées ou incisées. Ses fleurs sont blanches, 
d’une grandeur médiocre, disposées en plusieurs grappes, 
dont l’ensemble forme une longue panicule. Les fruits sont 
des silicules ovales, terminées par le style. Cette plante 
croît naturellement sur les bords des ruisseaux et dans les 
prés ; on la cultive dans les jardins, et elle fleurit en mai 
et juin. 

La racine de Raïfort sauvage, nom sous lequel cette 
espèce est le plus généralement connue, surtout à Paris, , 
lorsqu'elle est fraiche, une odeur très-pénétrante, et une 
saveur âcre, brülante et piquante, extraordinairement 
forte. Cette racine, la seule partie de Ja plante qui soit en 
usage, est incisive, diurétique, vermifuge , mais surtoul 
fortement stimulante et lrès-anliscorbutique. On ne l’em- 
ploie point en nature, mais seulement en infusion aqueuse, 
ou vineuse , à la dose de 1 à 2 onces pour 2 livres deliquide. 
On l’a conéeillée contre la toux, qui a pour cause une 
pituite âcre el visqueuse, dans les rhumatismes , dans lhy- 


CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 9 
dropisie ; mais c'est particulièrement dans le scorbut que 
soù usage est le plus efficace. Elle entre dans le vin et le 
sirop antiscorbutiques; on en préparait autrefois une eau 
distillée que l’on donnait comme diurétique et comme pou- 
vant être utile dans la gravelle; mais cetle eau est aujour- 
d’hui très-peu usitée. 

Dans quelques cantons on rape la racine de Raïfort sau- 
vage pour faire une sorte de moutarde dont on se sert pour 
assaisonner les viandes , et pour exciter l'appétit. C’est à 
cette préparation qu’on donne plus particuliérement le 
nom de Moutarde-des- Allemands, où de Moutarde-des- 
Capucins. 


63° Genre. — TaBourEr. Z'4HLASpI. Lan. 


Æ pétales égaux: Silicule arrondie ou ovale, rarement 
triangulaire, échancrée au sommet, le plus souvent entou- 
rée d’un rebord particulier + cette silicule est à 2 valves 
ayant leur grand diamètre opposé à la cloison, et elle 
est partagée en 2 loges contenant 1 ou plusieurs graines. 


TABOURET CULTIVÉ, vulgairement Cresson alenois, 
Cresson-des-jardins , Nasitort. 
Thlaspi sativum. Crantz, Surp. Aust. 21. — Nastur- 
tium hortense. Fuchs. Hist. 562. — Nasturtium. Pharm. 
— Lepidium sativum. Lin. Spec. 899. 


Sa racine pivotante, ou peu divisée, garnie latéralement 
de beaucoup de fibres très-courtes et très-menues, donne 
naissance à une tige cylindrique, glabre, ainsi que toute 
la plante, haute de 1 pied, ou un peu plus, rameuse dans 
sa partie supérieure. Ses feuilles sont d’un vert glauque; 
les radicales, et celles du bas de la tige, une ou deux fois 
ailées, à folioles diversement imcisées; les supérieures 
linéaires , très-entières, ou chargées de quelques grandes 
dents écarlées. Ses fleurs sont blanches, petites, disposées 
en grappe à l’extrémité de la tige et des rameaux. L'ovaire 
devient une silicule ovale, comprimée, chargée d’un rebord 
particulier , échancrée à son sommet, et divisée en 2 loges 
ne contenant que 1 seule graine. La patrie de celte plante 
west pas connue; mais, cultivée depuis long-temps dans les 
jardins , elle se propage d’elle-même jusque dans les cam- 
pagnes. Ses fleurs paraissent en mai, juin et juillet. 

Les feuilles de Cresson alenois ont une saveur un peu 


Le 


96 CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 

âcre, mais qui n'est point désagréable; elles sont diurétiques 
et antiscorbutiques. On les emploie dans l’hydropisie, les 
maladies de la peau, le scorbut, l’asthme pe On ne 
doit s'en servir que lorsqu'elles sont fraîches; c’est pour- 
quoi c’est ordinairement leur suc dont on fait usage, à la 
dose de 2 à # onces. Autrefois on préparait, dans les phar- 
macies, une eau distillée de Cresson alenois; aujourd’hui 
elle est inusitée. Simon Pauli rapporte, d’après Ambroise 
Paré, qu’un excellent remède pour guérir la gale et la 
ieigne, est une pommade faite avec du saindoux et les 
feuilles et les graines de celte plante. Ces mêmes graines 
sont , dit-on, sudorifiques, et on en faisait jadis des émul- 
sions qu'on donnait pour faciliter l’éruption de la petite- 
vérole. Au reste, plusieurs personnes mettent, comme 
assaisonnement dans les salades, des feuilles de ce Cresson, 
qui, par leur goût piquant, relèvent la fadeur des autres 
herbes, et les rendent plus faciles à digérer. 


TABOURET DES cHAmPs, vulgairement Thlaspc des 
Champs, Monnoyere. 4 
Thlaspi arvense. Lin. Spec. 901. — Thlaspi. Blackw. 
Herb. t. 66. 


Sa racine est pivotante, annuelle; elle donne naissance 
à une tige cylindrique, glabre, droite, un peu rameuse, 
haute de 8 pouces à 1 pied, garnie de feuilles oblongues , 
seuni-amplexicaules, dentées en leurs bords, et même un 
peu sinuées, d’un vert pâle. Ses fleurs sont blanches, petites, 
pédonculées, disposées en grappes terminales au sommet 
de la tige et des rameaux. Il leur succède des silicules apla- 
ties, arrondies, entourées d’un large rebord , échancrées 
à leur sommet, et contenant, dans chacune de leurs 2 
loges, 4 à 6 graines noirâtres. Celte plante fleurit en avril, 
mai el juin ; elle se trouve assez communément dans les 
champs, les vignes et les lieux cultivés. 


TABOURET BOURSETTE, vulgairement Boursette, 
Bourse à berger, Bourse à pasteur, Mallette à 
berger, Tabouret. 

Thlaspi, Bursa pastoris. Lin. Spec. 903. — Bursa 

pastoris. Pharm. et Blackw. Herb. t. 5. 


Sa racine est pivotante, fibreuse, annuelle ; elle donne 
naissance à une tige rameuse, haute de 1 pied, ou un peu 


CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 9 7 


plus, et garnie à sa base de feuilles légèrement pubes- 
centes , pétiolées, oblongues, quelquefois très-entières, le 
plus souvent roncinées, ou pinnatifides, toujours étalées en 
rosette sur la terre. Les feuilles de la tige sont lancéolées, 
plus ou moins dentelées en leurs bords, demi-embras- 
santes et prolongées, de chaque côté, en forme de fer de 
flèche. Les fleurs sont blanches, petites, disposées en grappes 
simples qui s'allongent à mesure que la floraison avance, 
de manière à occuper souvent plus de la moitié de la lon- 
gueur de la tige. Les fruits sont des silicules triangulaires, 
aplaties sur leurs deux faces, et sans rebord particulier : 
chacune de leurs 2 loges contient 12 à 15 graines, Cette 
espèce est extraordinairement commune dans les champs, 
les lieux cultivés, et sur les bords des chemins; elle fleurit 
depuis le commencement de l'hiver jusqu'aux gelées, qui 
seules arrêtent sa végétation. 

Le Tabouret des champs et la Boursette ont les mêmes 
propriétés que le Tabouret cultivé; et comme ces deux es- 
pèces sont plus faibles, et en général peu où point usitées, 
nous n’entrerons pas dans de plus longs détails à leur sujet. 

On trouve encore, dans les anciens ouvrages de matière 
médicale, le Tabouret champêtre ( T'Alaspi campestre. 
Lin. ), et le Tabouret alliacé, où à odeur d’ail ( 7 Alaspi 
alliaceum. Lin.), indiqués comme apéritifs el antiscor- 
butiques ; mais comme aucune vertu particulière ne les 
rend plus recommandables que les autres espèces de leur 
genre , dont nous avons déjà fait mention , nous nous con- 
teulerons de les avoir cités. - 


64° Genre. — PASSERAGE. LEPIDIUM. Lan. 


4 pétales égaux. 2 à 4 des étamines avortant dans quel- 
ques espèces. Silicule ovale, entière au sommet, à 2 valves 
es leur grand diamèlre opposé à la cloison , à 2 loges 
ne contenant ordinairement que 1 ou 2 graines, en renfer- 
mant quelquefois plusieurs, 

PASSERAGE A LARGES FEUILLES, Vulgairement grande 

Passerage. 
Lepidium latifolium. Lin. Spec. 899. — FI. Dan. 
-t 557. — Lepidium sive Tberis. Pharm. 

Sa racine est allongée , rampante, vivace; elle donne 

uaissance à une tige cylindrique, glabre, de que toute 


G6 CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 

la plante, droite, rameuse, haute de 1 à 2 pieds, ou da- 
vantage, garnie de feuilles ovales-lancéolées, d’un vert 
pâle ou glauque; les inférieures retrécies en pétiole à leur 
base, et les supérieures sessiles, plus étroites. Ses fleurs 
sont blanches, très-nombreuses et très-petiles, pédonculées, 
disposées , à l'extrémité des rameaux, en grappes courtes, 
rameuses , formant dans leur ensemble une large panicule. 
L’ovaire devient une silicule ovale, presque arrendie, ob- 
tuse, terminée par le stigmate sessile, et divisée en 2 loges 
qui ñne contiennent que 1 graine. La grande Passerage fleu- 
rit en mai, juin et juillet. On la trouve dans les lieux 
humides, ombragés, et sur les bords des rivières. 

Les racines et les feuilles de cette plante ont une saveur 
âcre et aromatique qui approche de celle de la moutarde et 
du poivre. On les a préconisées autrefois comme incisives , 
fondantes, diurétiques, toniques et antiscorbutiques. On 
distillait aussi jadis, dans les pharmacies, les feuilles de la 
grande Passerage avec de l’esprit-de-vin, et on en retirait 
une essence qu’on employait dans le scorbut et dans Îles _ 
affections hystériques et hypochondriaques; mais cette pré- 
paration est tombée en désuétude, et la plante elle-même 
est irès-peu usitée maintenant, quoiqu’elle soït une des 
espèces de sa famille dont les propriétés paraissent le plus 
prononcées. | 

En Danemarck, on mêle avec du vinaigre le suc exprimé 
de ses feuilles , et on s’en sert dans la cuisine pour mettre 
dans les sausses, ou pour assäisonner les viandes. 


PASSERAGE IBÉRIDE, vulgairement petite Passerage, 
Chasserage, Nasitort sauvage. 
Lepidium Iberis. Lin. Spec. 900. — Iberis. Blackw. 
Herb. t. 512. 


Sa racine pivotante, demi-ligneuse, donne naissance à 
une tige cylindrique, droite, roide , haute de 1 à 2 pieds, 
divisée, dans sa partie supérieure , en rameaux nombreux, 
menus, divergens. Ses feuilles radicales sont lancéolées , 
pétiolées, dentées ou incisées à leur sommet, quelquefois 
pinnatifides , ou lyrées; celles de la tige sont linéaires, 
glabres ainsi que les premières. Ses fleurs sont blanches, 
très-petites , disposées en longues grappes à l'extrémité des 
rameaux. Il leur succède des silicules ovales, retrécies vers 
leur sommet, La petite Passerage croît dans les décombres 


CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 99 


et sur les bords des chemins; elle fleurit en juillet, août et 
septembre. 

Toute cette plante a une forte odeur de Cresson, et ses 
propriétés sont les mêmes que celles de la précédente. On 
employait autrefois sa racine fraîche et pilée, en applica- 
tion, pour calmer les doyleurs de sciatique , ou pour rap- 
peler lasgoutte aux pieds; mais ce moyen n'est plus guère 
en usage, surtout dans les villes. Toutes les fois qu’on veut 
irriter et rubéfier la peau, on préfère généralement aujour- 
d’hui, à toute autre substance, la farine de moutarde dé- 
layée avec de l’eau ou du vinaigre, comme élant d’une 
: préparation plus prompte et plus facile dans tous les temps. 
En Espagne, selon Peyrilhe, on joint fréquemment l’infu- 
sion de la petite Passerage au Quinquina, et l’on donne l’un 
et l’autre avant l’accès en froid des fièvres intermittentes. 


PASSERAGE DES DÉCOMBRES, vulgairement Cresson des 
ruines. 
Lepidium ruderale. Lin. Spec. 900. — Jberis sive Lepi- 
dium. Matth. Valor. 606. 


F 

Sa racine pivotante, annuelle, garnie latéralement de 
quelques fibres, donne naissance à une tige haute de 5 à 10 
pouces, souvent divisée, dès sa base, en rameaux nom- 
breux et divergens. Ses feuilles radicales sont ailées, à 
folioles dentées ou pinnatifides ; celles du bas de la tige sont 
pinnatifides , et les supérieures sont linéaires, très-entières. 
Ses fleurs très-petites, le plus souvent dépourvues de pétales, 
et n'ayant que 2 étamines, sont blanches, nombreuses et 
disposées en grappes terminales. Les silicules sont ovales, 
légèrement échancrées, chargées d’un petit rebord à peine 
visible : le style, très-court et persistant, est placé au fond 
de l’échancrure , et chaque loge ne contient que 1 seule 
graine. Cette plante croît dans les décombres, au pied des 
murs des villages , et sur le bord des champs; elle fleurit en 
mai, juin et juillet. 

D'après le témoignage du docteur Rubl, conseiller d'état 
et médecin de l’empereur de Russie, le bas peuple, en Rus- 
sie, se sert d'une infusion théiforme de cette Passerage, 
appelée Ditoi-Kress, qu’on administre pendant le froid 
des fièvres intermiltentes. En 1812, 1} régna beaucoup de 
fièvres intermiltentes , et la cherté du Quinquina fit em- 
ployer cette plante, Les docteurs Ruhl, Rittmeister , Tri- 


9 


4 


100 CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 


nius, et Blum, s’en servirent ; l'herbe entière avait été re- 
cueillie au mois de juin et juillet de l’année précédente, et 
Von en faisait bouillir 1 demi-once dans 1 livre d’eau que 
lon réduisait à 8 onces. Les malades attaqués de fièvres 
tierces on quotidiennes en prenaient, pendant l’intermission, 
deux cuillerées à bouche, de derx heures en deux heures. 

De 40 qui prirent ce médicament , il n’y en eat que 2 
qui ne furent pas guéris, quoiqu’on eût employé ce remède 
sans la moindre préparation. Son usage pendant une seule 
intermission suffisait déjà pour empêcher les accès. M. Hah- 
nemann croit que cette plante est l’{beris des anciens, qui 
en connaissaient déjà l'utilité ( Zxtr. du Bull. de la Soc. 
med. d'émul. dans le Journ. de méd. d’octobre 1815, 
vol. 34. p. 280 ). 


65e Genre. — CORONOPE. CORONOPUS. 


Folioles du calice entr'ouvertes. 4 des étamines avortant 
quelquefois. Stigmate sessile, ou presque sessile. Silicule ré- 
miforme , un peu convexe, ridée , nullement échancrée au 
sommet, mais prolongée sur le style; ses 2 valves ne s’ou- 
vrent pas naturellement, et ont leur grand diamètre opposé 
à la cloison ; chaque loge ne contient que 1 graine. | 


: CoroNOPE DE RUELLE, vulgairement Æmbrosie-des- 
anciens, Ambrosie sauvage-rampante, Corne-de- 
Cerf-d’eau , Cresson sauvage, Pied-de-Corneille-de- 
Ruelle. 

Coronopus Ruellii. Dalech. Hist. 1. p. 670. — Black. 

Herb. t. 120. — Cochlearia Coronopus. Lin. Spec. 904. 

— Coronopus sylvestris, sive Nasturtium verrucarium. 


Pharm. 


Sa racine pivotante, annuelle, donne naissance à une 
tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, étalés et 
couchés sur la ierre, glabres comme toute la plante, lougs 
de 6 à 8 pouces. Ses feuilles sont pinnatifides , un peu glau- 
ques , à découpures souvent profondément dentées ; les 
radicales forment, avant le développement des rameaux, 
une large rosetle étalée sur la terre. Les fleurs sont petites, 
blanchätres, disposées le long des rameaux, ou à l’opposi- 
tion des feuilles , en petites grappes-courtes, à peine pédon- 
culées et presque sessiles. Les étamines sont au nombre de 6. 


- 


CRUCIFÈRES SILICULEUSES, Jot 


Cette plante croît dans les lieux cultivés el sur les bords 
des champs ; elle fleurit en juin , juillet et août. 

Les feuilles du Coronope de Ruelle ont une saveur ana- 
logue à celle du Cresson ; mais elles ont moins d'âcreté ; 
elles sont antiscorbutiques, apéritives et diurétiques, mais 
en général très-peu usilées en médecine, Dans quelques en- 
droits, on les mange en salade, ou cuites, assaisonnées avec 
du vinaigre; on les fait encore confire avec du sel. 


66° Genre. — PAsTEL. {SA4TIS. Lin. 


Anthères oblongues, latérales. Silicule oblongue , ob- 
tuse, à x seule loge ne contenant que 1 graine, à 2 valves 
creusées en carène, ne s'ouvrant pas naturellement. 


PASTEL DES TEINTURIERS , vulgairement Guede, ou 
Guesde. 
Isatis tinctoria. Vin. Spec. 936. — Jsatis saliva. 
Fachs. Hist. 531. — Zsatis sive Glastum. Pharm. 


Sa racine demi-ligneuse , vivace, donne näissance à une 
tige droile, cylindrique, ou peu anguleuse, lisse, haute 
de 2 à 3 pieds, simple inférieurement, rameuse dans sa 
partie supérieure. Ses feuilles sont le plus souvent glabres, 
d’une couleur un peu glauque, les unes radicales, lan- 
céolées, rétrécies eñ pétiole à leur base, les autres portées 
sur la tige, sessiles, semi-amplexicaules, prolongées de 
chaque côté de leur base, ce qui leur donne la forme d’un 
fer de flèche. Ses fleurs sont petites, jaunes, nombreuses, 
disposées, à l'extrémité des rameaux , en plusieurs grappes 
formant dans leur ensemble une panicule très-garnies leur 
calice est formé de 4 folioles caduques; leur corolle est com- 
posée de 4 pétales obtus ; les étamines sont au nombre de 6, 
dont 2 plus courtes; et l'ovaire est comprimé ,. terminé 
par 1 stigmate sessile et en tèle. Cette plante fleurit en avril, 
mai et juin; on la trouve sur les collines, dans les terrains 
caleaires et pierreux. | 

Le Pastel est fort pen et même point du tout employé 
en médecine maintenant, quoiqu'on ait vanté ses feuilles 
pilées et appliquées sur les tumeurs, comme étant puissam- 
ment résolutives, et quoique Lemery dise qu'enles mettant 
sur les poignets elles guérissent les fièvres intermittentes. Les 
paysans provençaux s’en servent, dit-on, pour guérir la 
jaunisse, Ces feuilles ont une sæveur âcre et piquanle, qui 

G3 


102 CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 


approche de celle du Cresson et de la Roquette, ce qui doit 
faire croire qu'elles sont antiscorbutiques comme cesplantes.. 

On retire des feuilles de Pastel, par la macération dans 
l'eau, et à l’aide de procédés particuliers, une fécule ana- 
logue à lindigo, et qu’on peut substituer à celte substance 
dans la teinture en bleu ; mais la couleur qu’elle fouruit 
u’est pas toujours aussi belle ni aussi solide. 

Les vaches et les moutons broutent volontiers les feuilles 
de cette. plante; les chèvres et les chevaux n’en veulent 
point. 


Famille XVIL 
CAPPARIDÉES. 


Les Capparidées indigènes ne comprenant qu’un seul 
genre, leur caractère botanique et leurs propriétés géné- 
rales se trouvent réduits à ceux de ce dernier. 


67° Genre. — Caprier. C4PARIS. Lin. 
Calice de 4 folioles caduques. Corolle de 4 grands pétales. 


Etamines nombreuses, insérées au réceptacle, à filamens au 
moins aussi longs que les pétales. 1 ovaire supérieur pédi- 
eulé, surmonté d’un stigmate sessile et en tête. Silique ovoïde 
ou cylindrique, charnue, bacciforme, contenant des grai- 
nes nombreuses, nichées dans la pülpe. 


CAPRIER ÉPINEUX, vulgairement le Céprier. 
Capparis spinosa. Lin. Spec. 720.—Capparis. Blackw. 
Herb. t. 417. — Pharm. 


Ses racines sont ligneuses, vivacès, longues, nombreuses, 
revêtues d’une écorce épaisse ; elles donnent naissance à 
plusieurs tiges cylindriques, glabres, un peu ligneuses, sar- 
menteuses, longues de 2 à 5 pieds, garmies de feuilles alter- 
nes, pétiolées, ovales-arrondies, un peu charnues, lisses, 
munies à leur base de 2 petites stipules courtes, crochues 
et épineuses. Ses fleurs sont grandes, belles, blanches ou 
légèrement purpurines, portées sur des pédoncules solitaires, 
axillaires et un peu plus courts que les feuilles. Le fruit est 
une silique charnue de la forme d’une poire et de la gros- 
seur d’un gland. Cette plante croît naturellement er Pro- 
vence dans les lieux pierreux, et dans les fentes des ro- 
chers et des vieilles murailles ; elle fleurit en mai et juin : 


CAPPARIDÉES. "105 
on la cultive pour récolter les boutons de ses fleurs et ses 
jeunes fruits. - 

Toutes les parties du Câprier , et surtout l’écorce des ra- 
cines, ont une saveur âcre, amère, et un peu acerbe; c’est 
de cette écorce qu’on fait usage en médecine, comme apé- 
ritive, résolutive et diurétique : on la compte au nombre 
des 5 racines dites apéritives mineures: mais elle est main- 
tenant beaucoup moins employée qu’autrefois , où on la 
_ conseillait dans les obstructions des viscères du bas-ventre , 

dans les ‘affections hypocondriaques , dans la paralysie, et 
pour exciter les menstrues, Sa dose en substance et en pou- 
dre est de 1 demi-gros à 1 gros, et de # gros à 1 once en 
décoction dans 1 à 2 livres d’eau. 

Comme assaisonnement les boutons de Cäprier, c’est-à- 
dire les fleurs avant leur épanouissement, confits dans le 
vinaigre, et connus sous le nom de Cépres , ou les jeunes 
fruits préparés de la même manière, sous le nom de Cor- 
nichons de Câprier , sont d’un usage plus général, et sont 
servis sur les meilleures tables. Les uns et les autres ont une 
saveur piquante et assez agréable, qu'ils doivent princi- 
palement au vinaigre; ils sont propres à exciter l'appétit, 
et conviennent aux personnes d’un tempérament froid et 
lymphatique, dont ils peuvent faciliter la digestion ; mais ils 
sont trop irritans, et ne seraient pas propres pour celles 
d’une constitution opposée. 

Les racines du Câprier et les Câpres entrent dans plusieurs 
compositions pharmaceutiques, et particulièrement dans 
l'huile de Câpres, dont l'usage est aujourd’hui tombé en 
désuétude. 


Famille XVI. 
PAPAVÉRACÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractéresgénéraux 
1 calice de 2 folioles caduques; 1 corolle de 4 grands 
pétales; des étamines en nombre indéfini$-1 ovaire supé- 
rieur, surmonté d’un stigmate sessile ; 1 capsule ou 1 silique, 
June et l’autre polyspermes. 
Les Papavéracées sont des plantes herbacées, à feuilles 
-alternes , contenant un suc propre, lactescent ou coloré; à 
fleurs souvent terminales. 


Cette famille, quoique peu nombreuse en espèces, est 
G 4 


Ù 


104 PAPAVÉRACÉES. 


une des plus importantes du règne végétal, sous le rapport 
de ses propriétés médicinales. Le suc propre, Jactescent et 
très-amer du Pavot somnifère donne cette substance que 
nous appelons opzum , narcotique par excellence , mais dont 
la propriété essentielle, susceptible de se modifier selon les 
doses, possède plusieurs autres vertus très-recommandables 
dont la médecine retire de grands avantages. Les autres 
Pavots recèlent aussi le même principe et les mêmes pro- 
priétés, mais dans un degré beaucoup plus faible. Le suc 
propre de la Chélidoine et du Glaucier est jaune 'âcre, un 
peu caustique , apéritif et purgatif. | 


68° Genre. — PAVOT. PA4PAVER. Lin. 


Calice de 2 folioles. 4 pétales plus grands que le calice, 
Etamines très-nombreuses. Stigmate plane, en écusson, 
marqué de lignes disposées comme des rayons. Capsule glo- 
buleuse, ovale ou oblongue, s’ouvrant sous le stigmate en 
autant de trous qu'il y a de rayons à celui-ci, et contenant 
un grand nombre de graines. 


PAVOT SOMNIFÈRE, vulgairement Pavot blanc, Pavot 
noir, Pavot des jardins. 
. Papaver somniferum. Lin. Spec. 726. — Bull. Herb. 
t. 57. — Papaver album et Papaver nigrum. Pharm. 


Sa racine fusiforme , blanchâtre , annuelle, donne nais- 
sance à une tige cylindrique, glabre, glauque comme toute 
la plante, simple, ou rameuse à $a partie supérieure, haute 
de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles oblongues, semi-amplexi- 
caules, à moitié partagées en lobes opposés, et inégalement 
dentés en leurs bords. Ses fleurs sont terminales, très- 
grandes, el porlées sur d’assez longs pédoncules; elles va- 
rient par mille nuances différentes, depuis le blanc jusqu’au 
rouge et au violet le plus foncé, toujours marquées à leur 
base d’une couleur pourpre ou noiïrâtre, plus intense que 
le reste de la fleur. Le frait est une capsule s’ouvrant sous 
le stigmate par 10 trous ou davantage, selon le nombre des 
rayons du stigmate, et contenant une grande quantité de 
graines blanches, srisâtres ou noirâtres ; ce qui a donné lieu 
de distinguer dans l'espèce deux variétés principales, l’ane 
désignée sous le nom de Pavot blanc, et autre sous celui de 
Pavot noir. Cette plante est indigène de l'Orient; mais elle 


PAPAVÉRACÉES. 102 


est aujourd’hui naturalisée-dans presque loule l'Europe, et 
elle est très commune dans les jardins où plusieurs de $es 
variétés sont cultivées à cause de la beauté de leurs fleurs 
qui paraissent en mai, juin et juillet. 

Toutes les parties du Pavot somnifére rendent, à la moin- 
dre déchirure qu'on leur fait, un suc laiteux , peu sensible 
dans les fleurs, excepté dans les folioles du calice, un peu 
plus développé dans les feuilles et dans les tiges, mais très- 
abondant dans les ovaires, les capsules encore jeunes et 
tendres, et dans les pédoncules qui les soutiennent. Ce suc, 
recueilli dans l'Orient par des incisions faites aux capsules, 
ensuite desséché à l'air libre et ramassé en masse solide, 
forme une substance gommo-résineuse , d’un rouge-brun, 
ayant une odeur forte et fétide, dite vireuse, et une saveur 
âcre, arnère, chaude et nauséabonde. Ce suc concret, tel 
qu’on le trouve dans le commerce, et connu en médecine 
sous le nom d'Opium thébaïque, contient une matière âcre 
et résineuse, désignée plus particulièrement sous le nom 
de vireuse, laquelle est unie à la partie extractive. Cette 
dernière étant principalement celle dans laquelle résident 
les vertus utiles de l'Opium, tandis que ses propriétés dan- 
gereuses paraissént tenir à la portion vireuse , les pharma- 
ciens ont cherché et sont parvenus à isoler ces deux parties 
l’une de l’autre, et la préparation qu'on fait dans les phar- 
macies, de la malière extraclive dépouillée de la partie 
vireuse, est connue sous le nom d'extrait gommeux d'O- 
pium. C’est celle dont on fait, surtout intérieurement , le 
plus d’usage en médecine. 

L’Opium est le plus précieux des médicaruens connus, et 
c'est en même temps celui dont l'usage est approprié à un 
plus grand nombre de cas. 11 n'a pas, comme certaines per- 
sonnés le croient , que la propriété de suspendre momen- 
tanément les douleurs, et de procurer un sommeil forcé , il 
agit souvent d'une manière héroïque : il guérit des maladies 
qui résisteraient à tous les autres médicamens, et il arrache 
quelquefois des malades des portes du trépas. Mais n'eût-il 
que la propriété de calmer les souffrances que certains ma- 
lades endurent , ou de procurer un sommeil paisible à ces 
malheureux en proie à des douleurs déchirantes, et qui 
n'ont pour perspective à leurs maux qu'une mort souvent 
bien longue à venir, surtout dans ces maladies contre les- 
quelles la médecine n'est que trop fréquemment impuis- 


100 PAPAVÉRACÉES. j 
sante ; l'opium , disje, n'eût-il que cette propriété, serait 
encore un médicament infiniment précieux. do: :: 

Les principaux cas dans lesquels on a employé l’opium 
avec le plus de succès, sont les insommies habituelles ou 
celles qui arrivent après les longues maladies ; les flux im- 
modérés de toute nature, comme la diarrhée, la dyssen- 
terie, le choléra, lorsqu'ils ne reconnaissent pas pour cause 
la sabure des premières voies; les hémorragies; les affec- 
tions spasmodiques , convulsives , tétaniques , et toutes les 
névralgies dont la classe est si nombreuse et si variées les 
fièvres intermittentes rebelles, en le donnant quelque temps 
avant le paroxysme ; les fièvres malignes et les fièvres ner- 
veuses accompagnées d’insomnie opnâtre ; les fièvres per- 
nicieuses ; les affections vénériennes anciennes; les douleurs 
de toute espèce; les cancers du sein, de l’utérus, etc. 

La dose de l'extrait aqueux d’opium, dit vulgairement 
extrait gommeux, est de 1 demi-grain à 2 graimss; mais, 
dans les cas extraordinaires , il faut des doses beaucoup 
plus élevées pour obtenir des résultats avantageux ; j’ai donné 
deux fois avec succès à une malade qui avait une crampe 
d'estomac d’une violence extrême, 24 grains de cet extrait 
en une heure de temps, et une troisième fois jusqu’à #2 
grains en 6 heures. 

Je crois avoir prouvé dans mon Mémoire sur le Pavot 
somnifère (1), que cette plante pouvait fournir en France 
de véritable opium , et surtout qu'il était facile d’en retirer 
des extraits qui, à raison de leurs vertus similaires avec 
l'extrait gommeux d’opium, pouvaient être substitués avec 
d'autant plus d'avantage à ce médicament exotique, qu'ils 
étaient tout-à-fait exempts de l’odeur et du prmcipe vireux 
dont il n’est pas possible de débarrasser entièrement le der- 
nier; il faut seulement donner ces extraits à des doses plus 
fortes. (Voyez à ce sujet le Mémoire cité.) 

L’Opium s’administre non-seulement sous forme solide , 
ou d'extrait, mais on en fait, dans les pharmacies , en le 
dissolvant dans du vin de liqueur, ou dans l’alcocl, plu- 


(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouyrage, le Mémoire ayant 
pour titre : Observations sur la possibilité de retirer du Pavot 
somnifère , cultivé en France, soit de véritable opium en larmes , 
soit différens extraits, etc. 


PAPAVÉRACÉES. 107 
sieurs préparalions liquides, ou teintures , dont les plus 
usitées sont le Laudanum liquide de Sydenham, ou gouttes 
anodynes, et la teinture de Rousseau, dont les doses ordi- 
naires sont de 10 à 40 gouttes L’Upium entre dans une 
foule d’autres compositions pharmaceutiques, comme la 
Thériaque, le Diascordium, l’'Orviétan ,l'emplâtre calmant , 
les pilules de Cynoglosse, le sirop d'Opium, le sirop de 
Karabé, etc. Plusieurs de ces médicamens doivent presque 
toutes leurs vertus à l’Opium. Le sirop diacode, ou de 
Pavot blanc, qui est d’un usage très-fréquent , doit se pré- 
parer avec les têles sèches du Pavot; quelques pharmaciens 
cependant le font avec l'Opium. Ce sirop se donne à la dose 
de 1 gros jusqu à 1 once. 

L’Opium administré en lavement agit de la même ma- 
nière que lorsqu'il est pris par les voies supérieures; mais il 
faut , en général, le donner à une dose un peu plus forte, et 
on s’en sert d’ailleurs beaucoup moins souvent de celte ma- 
nière, qu’on ne fait usage de la décoction des têtes sèches 
du Pavot. Celles-ci sont en possession d’entrer de préfé- 
rence dans presque tous les lavemens calmans. 

Appliquées à l'extérieur en liniment, ou en fomentation, 
les dissolutions d’'Opium agissent comte sédatives, et l’on 
en retire souvent de l’avantage dans les névralgies qui pa- 
raissent avoir leur siége dans les muscles. La dose de cette 
manière ne peut être exactement précisée ; elle dépend de la 
facullé absorbante de la peau plus ou moins développée 
dans les différens individus. J’ai employé POpium de cette 
manière depuis 10 grains jusqu’à 1 once. 

Si l'Opium est souvent un excellent remède, il ne faut 
pas dissimuler que son administration a besoin d'être dirigée 
avec beaucoup de circonspection ; et que s'il peut étre un 
moyen efficace de salut entre les mains d’un sage médecin , 
il peut devenir un poison dangereux dans des mains inha- 
biles. L/Opium à haute dose est une substance fortement 
délétère, et qui souvent a donné la mort; mais le vulgaire 
doit être désabusé sur le genre de mort qu’il cause. On croit 
assez généralement qu’il ne faut qu’en prendre une dose 
un peu forte pour s'endormir d’un paisible et élernel som- 
meil; mais le plus souvent la fin de l’existence n'arrive 
qu’après des douleurs et des angoisses violentes. Les accidens 
qui accompagnent l’empoisonnement par l'Opium sont 
quelquefois, il est vrai, un assoupissement profond, avec 


108 . PAPAVÉRACÉES. 

respiralion slerloreuse, yeux immobiles , el élat apoplec- 
tique qui ne paraît pas être douloureux; mais le plus sou- 
vent il y a céphalalgie, anxiété, hoquets, vomissemens , 
cardialgie, fortes douleurs abdominales, convulsions vio- 
lentes, défaillances, sueurs froides, et dans tous les cas la 
mort, lorsqu'on n'a pu remédier à ces accidens;, ce qui est 
le plus souvent impossible quand ils sont portés à un haut 
degré. 

Les premiers moyens à employer pour remédier aux 
empoisonnemens par l'Opium sont les émétiques ; ensuite, 
lorsque les malades ont rejeté tout ou partie du poison, 
par les vomissemens, on donne des boissons assez fortement 
acidulées avec les acides végétaux , et des lavemens de 
même nature; enfin on a recours aux excitans et irritans 
extérieurs, comme les synapismes et les vésicatoires. 

D'après l'analyse de l’Opium , faite dernièrement par 
M. Sertuerner, ce chimiste allemand a trouvé dans l'Opiam 
deux substances particulières. L'une, qu'il dit être une 
base alcaline de nature végétale, est nommée par lui Mor- 
phine ; il la regarde comme contenant la partie efficace 
de l’'Opium. L'autre, qu’il a reconnue pour être un nouvel 
acide végétal cristallisable, a reçu de lui le nom d’Æcide 
mnéconique. Peu avant M. Sertuerner, ou presque en même 
temps que lui, M. Dervsne, pharmacien à Paris, avait fait 
un travail sur l’'Opium, d’après lequel il avait trouvé dans 
cette substance deux stls différens, dont celui qu'il avait 
nommé sel essentiel d’'Opium est la mème chose que la 
Morphine, et dont le second est le même que l’acide rmé- 
conique de M. Sertuerner. D’après les essais de M. le doc- 
teur Orfila, pour connaître l’action de la Morphine sur l’é- 
conomie animale, les effets produits par cette substance pure 
.sont moindres que ceux causés par l'extrait d'Opium, ce 
qui paraît dépendre du peu de solubilité de cette dernière 
substance ; mais les sels solubles de Morphine agissent avec 
la même intensité, et produisent les mêmes effets que l’ex- 
irait pur ; d’où M. Orfila conclut que les effets de lOpium 
doivent être attribués à un sel de Morphine; car lextrait 
aqueux d’Opium, exactemeut dépouillé de Morphine, peut 
être donné impanément à trés-haute dose. Enfin, selon le 
même , 6 grains de Morphine , dissous dans huile d'olive , 
sont aussi actifs que 12 grains d'extrait aqueux. Au reste , 
quelque curieuses que soient ces recherches sur l'analyse de 


PAPAVÉRACÉES. 109 
l'Opium , il ne paraît pas qu’elles soient susceptibles d’avoir, 
dans la pratique de la médecine , aucune influence sur l’ad- 
ministralion de ce médicament. 

Les graines de Pavot sont douces et oléagineuses, et ne 
participent nullement aux propriétés de la plante. On en 
retire, par expression, une huile qu’on substitue, dans plu- 
sieurs pays du Nord , à l'huile d'Olive, et qui sert de même 
à tous les usages économiques de la vie domestique. Elle 
ne se fige pas au froid, comme celle d'Olive, et elle est 
moins grasse. On la connaît dans le commerce sous le nom 


d'Auile d Œillet. 


Pavor CoQUELICOT, vulgairement Pavot rouge , Co- 
quelicot, Coq, ou Ponceau. 
Papaver Rhæas. Lin. Spec. 726. — Papaver errati- 
cum vel Rhæas. Blackw. Herb. t. 2. — Papaver rubrum, 
erraticum. Pharm. 


Sa racine pivotante et annuelle donne naissance à une 
tige droite, cylindrique, plus ou moins rameuse dès sa 
base, haute de 1 à 2 pieds, chargée, ainsi que les feuilles 
et les pédoncules, de poils droits, plus ou moins nombreux, 
et garnies de feuilles d’un vert gai, pinnatifides, à décou- 
pures quelquefois simplement dentées, le plus souvent pro- 
fondément partagées en divisions élroiles. Ses fleurs sont 
d’un beau rouge ponceau, tachées de rouge noirâtre à leur 
base , et larges de 3 pouces et plus. Cette plante est très- 
commune dans les moissons et les champs cultivés; elle 
fleurit en juin et juillet. 


PAVOT DOUTEUX. 
Papaver dubium. Lin. Spec. 726. — F1. Dan. t. 902. 


Sa racine , comme dans les deux espèces précédentes, 
est pivotante, annuelle, et donne naissance à une tige droite, 
haute de 1 à 2 pieds, plus on moins rameuse, chargée, 
ainsi que les feuilles , de poils droits, épars, et garnie de 
feuilles pinnatifides, à découpures assez larges, dentées 
profondément , ou même laciniées, et d'une couleur un peu 
glauque. Ses fleurs sont d’un rouge-ponceau un peu pâle, 
marquées , à la base des pétales, d’une tache purpurine- 
noirâtre, solitaires , à l'extrémité de la tige el des rameaux, 
sur des pédoncules ordinairement plus longs que les tiges 
elles-mêmes, Les capsules sont ovales-allongées, glabres, 


/ 


110 PAPAVÉRACÉES. 
couronnées par 1 stigmate à 6 ou & rayons. Cette espèce 
fleurit en mai, juinet juillet ; elle se trouve dans les moissons, 
et surtout dans les champs sablonneux. 
Le Pavot rouge, ou Coquelicot , et le Pavot douteux ont 
les mêmes propriétés que le Pavot somnifére, mais elles 
sont beaucoup moins développées et bien moins énergiques. 
On peut en retirer des extraits propres à être substitués 
à l’'Opium, dans les mêmes maladies où il ÿ a indication 
d'employer ce médicament exotique. L’extrait retiré des 
tiges des feuilles et des capsules du Pavot douteux (1) mé- 
lées ensemble, peut se donner à la dose de 12 à 15 grains, 
au lieu de 1 grain d'Opium ; et celui préparé avec les cap- 
sules seules du Coquelicot, à la dose de 4 à 6 grains; mais 
dans la pratique ordinaire , ôn se sert moins de l’extrait de 
ces deux plantes que des pétales de leurs fleurs. Ces pétales 
sont adoucissans , calmans, et on les prescrit dans les affec- 
tions catarrhales, dans la coqueluche, dans les maladies 
inflammatoires de la poitrine, et principalement dans la 
pleurésie. Ou les prépare en infusion théiforme, à la dose 
de 1 gros à demi-once pour 1 pinte d’eau. On faits dans 
les pharmacies, surtout avec ceux du Coquelicot commun, 
un sirop qui porte le nom de sirop de Pavot rouge, du de 
Coquelicot, el qui se prescrit dans les mêmes cas que l’in- 
fusion des fleurs, ou pour édulcorer les boissons des malades, 
ou pour mettre dans Jes potions calmantes. | 


69° Genre. — CHÉLIDOINE. CHELIDONIUM. Lin. 


Calice de 2 folioles ovales. Corolle de 4 pétales. Etamines 
nombreuses. Ovaire cylindrique, surmonté de 1 stigmate 
sessile. Silique à : loge. | 


CHÉLIDOINE GRANDE , vulgairement grande Chéli- 
doine, Eclaire, Felougue. 
Chelidonium majus. Län. Spec, 725. — Pharm. — 
Blackw. Herb. t. 91. , 


Sa racine est fusiforme , d’un jaune foncé, vivace, di- 
visée en plusieurs fibres; elle donne naissance à une tige 
cylindrique, droite, -:rameusc, haute de 1 à 2 pieds, ren- 


(1) Voyez dans la 2° partie de cet ouvrage mes Observations 
sur les espèces de Pavot, autres que le Pavot somuifère, ctc. 


FAPAVÉRACÉES. 111 


dant, à la moindre déchirure, ainsi que toute la plante, 
un suc d'un jaune safrané; Ses feuilles sont alternes , 
ailées, à folioles écarlées, un peu glauques, plus ou moins 
découpées en lobes arrondis et crénelés. Ses fleurs sont 
d’une couleur jaune d’or, pédonculées et disposées 4 à 8 
ensemble, en ombelles portées sur un long pédoncule op- 

osé aux feuilles. Le fruit est une silique grêle, longue 
de 15 lignes à 2 pouces, à 1 loge contenant plusieurs graines 
noires et luisantes. Cette plante croît dans les haies, les 
buissons et au pied des murs; elle fleurit en mai, juin 
et juillet. 

Le suc propre dont toutes les parties de la grande Chéli- 
doine sont remplies, surtout celui de la racine , est amer, 
âcre et brülant ; appliqué extérieurement , et à plusieurs 
reprises, sur les porreaux et les verrues, 1l les détruit, Ce 
suc a été très-vanté par les anciens, en l’introduisant par 
gouttes dans l’œii, pour guérir les ulcères et les taies de la 
cornée transparente; mais son âcrelé peut causer des in- 
flammations pires que le mal qu’on cherche à guérir ,'ce 
qui fait qu’on ne doit employer ce moyen qu’avec la plus 
grande circonspection. La grande Chélidoine, en général, 
passe pour apéritive, fondante, diurétique, purgative, su- 
dorifique et fébrifuge. On en a conseillé l’usage intérieure- 
ment dans l’hydropisie, la jaunisse, obstruction des vis- 
cères, les scrophlues, la chlorose, les fièvres intermittentes, 
la syphilis. La dose du suc de la plante entière , ou des ra- 
cines , est de demi-gros à 1 gros dans 4 à 6 onces d'un 
véhicule aqueux : celle de la racine sèche en poudre est de 
12 à 56 grains, et celle de cette même racine fraîche, dé 1 
gros à 1 once en décoction dans 1 pinte d’eau ; mais en 
général toutes ces préparalions ne sont que peu ou poim du 
toul usitées. L’eau distillée de grande Chélidoine, regardée 
autrefois comme un merveilleux remède ophtalmique, a 
perdu maintenant tout son crédit, et est tombée en désué- 
tude. 


70° Genre. — GLAucier. GLAUCIUM. Tournef. 


Ce genre diffère du précédent, parce que sou fruit est 
une capsule à 2 loges. . 
GLAUCIER JAUNE, vulgairement Pavoé cornu, Chéli- 
doine cornue. 


112 PAPAVÉRACÉES. 
Glaucium luteum. Smith. FL Brit. 563. — Glaucium. _ 


Pharm.— Chelidonium Glaucium. Lin. Spec. 924.—FI. 
Dan. t. 585. 


Sa racine est fusiforme, brunâlre , yivace; elle donne 
naissance à une tige cylindrique, Hsse, Auot: simple infé- 
rieurement, rameuse dans sa parlie supérieure, haute de 
1 pied à 1 pied et demi, d’une couleur glauque ainsi que 
toute la plante. Les feuilles qui partent immédiatement de 
la racine sont pubescentes sur leurs deux faces, rétrécies en 
pétiole à leur base, découpées en lyre ou pinnatifides, à 
lobes bordés de grandes dents aiguës. Les feuilles supé- 
rieures sont à peine pubescentes, en cœur à leur base et semi- 
amplexicaules, sinuées en leurs bords; ses fleurs sont d’un 
beau jaune d’or , larges de 2 pouces, solitaires , portées sur 
de courts pédoncules opposés aux feuilles. On trouve cette 
plante dans les terrains sablonneux et graveleux, dans les 
décombres; elle fleurit en juin, juillet et août. 

Le suc de Glaucier est âcre et caustique comme celui de 
la grande Chélidoine, et ses propriétés essentielles paraïssent 
être les mêmes; mais, de mème que celui-ci, 1l n’est point 
en usage aujourd’hui. Cependant W endt dit avoir employé 
cette plante avec avantage dans les maladies vénériennes. 
En Provence, les paysans se servent des feuilles pilées pour 
les appliquer sur les ulcères des bêtes de somme. 


Famille XIX. 


RÉSÉDACEES. 


Les plantes comprises sous ce nom ne renferment jusqu’à 
présent qu’un seul genre ; ce qui fait que les caractères et 
les propriétés de la famille se réduisent à ceux que celui-ci 
présente. 


71° Genre. — RÉSÉDA. RESEDA. Lin. 


Calice d’une seule pièce, à 4 ou 6 découpures persistantes. 
4 à 6 pétales inégaux, irréguliers, les uns frangés ou divi- 
sés, les autres entiers. 12 à 20 éiamines. 1 ovaire supérieur, 
pédiculé, surmonté de 5 à 5 styles. Capsule anguleuse, à 
1 loge, ouverte par le sommet, et contenant plusieurs grai- 
nes attachées à ses parois, 


RÉSÉDACÉES. 113 
. RÉSÉDA DES TEINTURIERS, vulgairement Gaude, Herbe 
a jaunir, Herbe jaune. 
Reseda Luteola. Lin. Spec. 645. — Luteola. Blackw. 
Herb. ts 203. 


Sa racine est pivotante; elle a une odeur forte , une saveur 
âcre, et elle donne naissance à une tige cylindrique, droite, 
roide, ordinairement simple, haute de 1 pied et demi à 3 
pieds, garnie de feuilles linéaires-lancéolées, un peu ob- 
tuses, alternes , glabres comme toute la plante et d’un vert 
clair. Ses fleurs sont petites, d’un jaune verdâtre , très- 
nombreuses, portées sur de courts pédoncules, et disposées 
en épi terminal : leur calice est à 4 divisions; leur corolle 
est composée de 4 pétales, dont le supérieur plus grand que 
les autres et découpé en plusieurs divisions ; les étamines 
sont au nombre de 12 ou environ; l’ovaire est surmonté de 
5 styles. Cette plante croît dans les lieux stériles, et sur les 
bords des champs et des chemins; elle fleurit en juin et juillet. 

La Gaude passe pour apéritive; mais elle est aujourd’hui 
peu ou point employée en médecine. Les teinturiers s’en 
servent pour leindre en jaune. 


Famille XX. 
VINIFÉÈRES. 


La Vigne cullivée élant la seule espèce comprise dans 
cette fanulle, il devient inutile de donner ici les caractères 
de cette dernière, et de rapporter sommairement ses pro- 
priétés; celles-ci, comme les caractères, étant les mêmes que 
ceux qui vontêtre présentés à l’article de la Vigne. 
© ‘72° Genre. — ViGnE. ’1718. Lan. 

Calice très-petit, à 5 dents. à pétales adhérens par leur 
sommet, restant réunis en forme de coifle, et se détachant 
par le bas. 5 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté de : 
stigmate sessile. 1 baie à 1 loge contenant 1 à 5 graines. 

VIGNL CULTIVÉE. A be 

Vitis viniféra. Lin. Spec. 295. — Pharm. — Black w. 
Herb. t. 153, ; x | 

Grand arbrisseau sarmenteux, divisé en rameaux fort 
longs, souples, noueux, s'attachant anx corps! qui sont 
dans leur voisinage , par des vrilles ramifiées, opposées aux 
feuilles, centourntes en spirale, et s'élevant, par ce moyen, 


114 VINIFÈRES. | 

jusqu’au sommet des plus grands arbres qu'ils surpassent 
encore. Ses feuilles sont altérnes, pétiolées, d’un vert 
agréable en dessus, plus päles en dessous, échancrées en 
cœur à leur base, et partagées plus où moins profondément 
en 5 à 5 lobes dentés en leurs bords. Les fleurs sont petites , 
d’un blanc verdätre, nombreuses, disposées en grappes 
latérales, opposées aux feuilles. Les fruits sont des baies ar- 
rondies, à 1 seule loge, contenant 1 à 5 graines ,osseuses. 
La réunion de ces baies sur des pédoncules ramifés forme 
ce qu'on nomme communément une grappe de raisin. La 
vigne est originaire de l’Asie; mais une longue culture l’a 
acclimatée d’abord dans l’Europe méridionale, et aujour- 
d’hui elle y est plantée jusque vers le 50° degré de latitude. 
En France, la Vigne croît maintenant sauvage dans les 
haies et les buissons des départemens du midi; elle fleurit 
en juin et juillet. CRE à 

Le raisin. frais et bien mûr est adoucissant, relâchant, 
fondant. Son nsage, comme seule nourriture, a été plu- 
sieurs fois très-salutaire dans les engorgemens des viscères 
abdominaux, et a guéri des malades dont l’état paraissait 
être désespéré. Les raisins secs sont nourrissans, très-adou- 
cissans ; ils sont au nombre des fruits pectoraux. On les 
emploie dans les affections catarrhales, en les faisant entrer 
avec les figues, les dattes et les jujubes, dans les tisanes qu’on 
prescrit dans ces maladies. Leur dose est de 1 demironce à 1 
once pour 1 pinte d’eau. Ils font partie de plusieurs sirops 
et autres préparations pharmaceutiques. Le verjus, ou le 
raisin encore vert, est rafraîchissant et astringent ; son suc 
exprimé passe pour vulnéraire chez le peuple. 

Les feuilles de Vigne sont astringentes; les anciens en 
faisaient prendre le suc pour guérir la diarrhée et la dys- 
senterie. On les a aussi employées en nature et en poudre 
dans les mêmes maladies, et pour arrêter les pertes utérines, 

La séve qui découle de la Vigne , lorsqu'on la taille au 
printemps, et qui est un liquide aqueux, à passé pour être 
propre à guérir les da»tres, les démangeaisons de Ja peau et 
les rougeurs des paupières. On l’a donnée intérieurement 
comme diurétique ; mais loutes ces propriétés ne sont rien 
moins que prouvées, aussi les médecins w’en font que peu 
ou point du tout usage maintenant. 

Le marc des raisins, encore chaud, a été employé plu- 
sieurs fois avec succès pour gérir les rhumalismes chro- 


VINIFÈRES. 115 


niques , la paralysie. On y plonge les parties douloureuses ou 
malades, comme dans un bain, pendant une heure ou deux. 
Le suc des raisins devient, par la fermentation, la liqueur 
nommée wir, liqueur qui est la boisson la plus salutaire 
qu'on connaisse, comme elle est en même témps la plus 
agréable, car elle est du goût de,tous les peuples de la terre. 
Le vin vieux et riche en principes alcooliques est un excel- 
lent tonique; le rouge est particulièrement cordial, stoma- 
chique , sudorifique , antiscorbulique et vermifuge; le blanc 
est apéritif et diurétique. On fait un grand usage du vin en 
médecine; on le prescrit dans toutes les maladies produites par 
l'atonie, soit naturel, soit comme servant d’excipient à dif- 
férentes substances médicamenteuses. Le vinaigre , l’eau-de- 
vie, l’esprit-de-vin , les éthers sont des produits du vin, et 
les usages de ceux-ci sont infiniment variés dans la méde- 
cine, l’économie domestique et les arts. Le vinaigre est ra- 
fraichissant, antiseptique, sudoñifique. On l'avait toujours 
regardé, jusqu’à ces derniers temps, comme l’antidote des 
poisons narcotiques en général, mais, d'après les expé- 
riences de M. Ortila, il aggrave les accidens de l’empoisonne- 
ment par les substances de ce genre, tant qu’elles sont encore 
dans l'estomac, et il ne peut commencer à être utile que 
lorsqu'elles ont été rejelées par le vomissement. Le vinaigre 
est aussi employé dans les pharmacies pour beaucoup de pré- 
paralions médicamenteuses. L’eau-de-vie, l'esprit-de-vin et 
les éthers jouissent des mêmes propriétés que le vin, mais 
portés à un bien plus haut degré, selon celui de leur force. 
L’eau-de vie et l'esprit-de-vin servent aux pharmaciens pour 
faire des teintures, des élixirs ; ils sont les dissolvans des sub- 
stances résmeuses. L’esprit-de-vin est la base de l’éther, liqueur 
trés-volatile dontil y a plusieurs sortes,selon l’acide avec lequel 
l'alcool est combiné , et dont on fait principalement usage 
comme stimulant du système nerveux. Le tartre, sel qui se 
forme et se dépose sur les parois des tonneaux dans lesquels 
on met le vin, fait la base de plusieurs médicamens, tels 
que le tartre stibié ; vulgaivemerit émétique, la terre foliée 
de tartre, la crème de tartre , etc. etc. 


Famille XXI. or : 
BERPBÉRIDÉES: : 


# Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans: 
H 2 


116 BÉRBÉRIDÉES. 

Calice de plusieurs folioles ou partagé en plusieurs décou- 
pures; pétales en nombre égal à celui des divisions calicinaless 
autant d’étamines que de pétales , et insérées devant ceux-ci, 
ayant leurs anthères adnées aux filamens; r ovairesupérieur ; 
1 baie ou 1 capsule à 1 loge contenant plusieurs graines. 

Les Berbéridées sont des arbrisseaux ou des herbes à 
feuilles alternes , simples ou composées, à fleurs en grappe 
ou en panicule. 

Le genre Berbéride est le seul dont les propriétés géné- 
rales soient connues. Ses fruits sont acides, et l’écorce des 
tiges est amère et astringente. 
75° Genre. — BERBÉRIDE. BERBERIS. Lin. 


Calice de 6 foholes. 6 pélales chargés de 2 glandes en 
leur onglet. 6 élamines. 1 stigmate large, orbiculaire et 
sessile. 1 baie à 1 seule loge contenant 2 à 5 graines. 


BERBÉRIDE COMMUNE, vulgairement Æpine-Winelie, 


Vinellier. 
Berberis vulgaris. Lin. Spec. 471.— Nouv. Duham. 4, 
peii.t 4 ë 


* Arbrisseau dont les racines sont jaunâtres, rampantes, 
ét dont la tige s'élève de 6 à 8 pieds de haut, en se divisant 
en branches rameuses, armées d’épines très-acérées. Ses 
feuilles sont ovales, rétrécies en pétiole à leur base, alternes, 
dentelées, et presque épineuses en leurs bords, d’un verd 
gai en dessus, et d’une saveur acide. Les fleurs sont jaunes, 
disposées en grappes dans les aisselles des feuilles : elles ont 
une odeur forte et désagréable. Les fruits sont de petites baies 
ovales-allongées , de couleur rouge, contenant un suc très- 
acide, et 2 à 3 graines. Cet arbrisseau croît naturellement 
dans les bois et les buissons ; on le plante dans les haies ; il 
fleurit au mois de mai. ! 

Les fruits de l’Epine- Vinette sont rafraîchissans , astrin- 
gens , antiscorbutiques , alexitères. On emploie leur suc 
étendu dans de l’eau et édulcoré avec du sucre, ou leur dé- 
coction, lorsqu'ils sont secs, dans les maladies inflamma- 
toires, dans les maux de gorge, les fièvres bilieuses , les 
fièvres putrides, la diarrhée, la dyssenterie, les hémorra- 
gies , la dysurie. Les pharmaciens fout avec lesuc de ces 
fruits un sirop agréable qui porte leur nom; il s'emploie 
dans les mêmes cas que les fruits eux-mêmes, et il est très 


BERBÉRIDÉES. 117 
propre , dans les fièvres ardentes, à tempérer la soif des 
malades. Ces mêmes fruits se font confire au sucre, au 
vinaigre; on en obtient par la fermentation un vin acide. 
Dans quelques contrées du nord, leur suc est substitué, 
dans beaucoup de cas, à celui du citron. Les fruils d'Epine- 
Vinette entraient autrefois dans plusieurs préparations 
pharmaceutiques maintenant tombées en désuétude. On 
employait aussi leurs pepins , desséchés et réduits en pou- 
dre, à la dose de 1 demi-gros à 1 gros, dans les flux de 
ventre et dans la leucorrhée; ils sont aujourd’hui totalement 
oubliés. 

L’écorce de la racine de l’'Epine-V'inette est amère et stip- 
tique. Clusius dit que son infusion dans le vin blanc purge 
irès-bien , mais il ne parle pas de la dose. Les temturiers se 
servent de celle écorce pour teindre les étofles en jaune. En. 
Pologne, on en fait usage pour donner cette couleur aux 
cuirs, 


: Famille XXI. . 
TILIACÉES. 


Les caractères et les propriétés de cette famille pour les 
| d . CE . ll 4 
espèces indigènes se réduisent à ceux que présente le genre 
T'illeul, le seul de cet ordre qui soit naturel en France. 


74 Genre. — TizLEuLz. T'ILIA4. Lan. 


Calice caduc, à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nom- 
breuses. 1 ovaire supérieur surmonté d’un style terminé 
par 1 stigmate à 3 lobes. Capsule coriace , à 5 loges, devant 
contenir chacune 1 graine; mais 4 de ces loges avortant le 
plus souvent, le fruit devient monosperme. 


TiLLEULzL D'EUROPE, vulgairement 7'lleul de Hollande. 

T'ilia Europæa. Lin. Spec. 733, var. «. — T'ilia pla- 
typhytllos. Duham. Nouv. edit. vol. 1. p. 226. t. 50. — 
Tilia. Pharm. 


Grand arbre de 50 à 60 pieds d’élévation, dont le tronc 
est recouvert d’une écorce épaisse, crevassée. Ses feuilles 
sont alternes , pétiolées , cordiformes, accuminées$ dentées 
en leurs bords, pubescentes en dessus et en dessous. Ses fleurs 
sont d'un blanc jaunâtre, odorantes, portées au nombre 


de 5 à 6 au sommet d’un pédoncule dilaté en aile, et placé 
H 5 


118 TILIACÉES. 


dans les aisselles des feuilles. Le fruit est ane petite noïx où 
capsule coriace , ne s’ouvrant point, el ne contenant ordi- 
uairement qu'une seule graine. Cet arbre croît naturelle- 
ment dans les bois, et on le cultive dans les parcs et les 
grands jardins ; il fleurit en juin. 


TILLEUL SAUVAGE, vulgairement Tilleul des Vois, 
Tillet, Tillot, et 

Tilia slpcsirs 1S. DE Hort. ‘Par. —— T'ilia microphy Ua. 

Vent. Til. Monogr. 4. t. 1. f 1. 


Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles plus 
peutes, presque glabres ; par son fruit mince et fragile, 
pointu à ses deux extrémités. On la trouve plus fréquem- 
ment dans les bois; elle fleurit également au mois de j juin. 
On peut sans inconvénient cbstitues cette seconde espèce à 
la première; mais c’est de celle-ci qu’on fait principalement 
usage en médecine. 

Les fleurs de Tilleul ont la réputation d'être un bon anti- 
spasmodique, aussi s’en sert-on beaucoup dans toutes les affec- 
tions nerveuses, vaporeuses , hystériques, etc. ; et‘comme 
ces sortes de maladies sont extraordinairement communes 
à Paris, où elles naissent , et sont entretenues par toutes les 
habitudes qui sont la suite du luxe, et par les passions tou- 
jours trop développées et trop sonvent mises en mouve- 
ment dans les grandes villes, l’emploi des fleurs de Tilleul 
y est très-éonsidéräble, C’est en infusion aqueuse et théi- 
forme qu’on les prépare; elles font, en y ajoutant dusucre, 
quelquefois un peu d’eau distillée de fleur d'Orange, une 
boisson légèrement tonique, d’une saveur agréable, qui 
pe assez à la plupart des malades. L'eau distillée des fleurs 

de Tilleul est aussi d’un très- “grand usage ; les médecins en 
font l’excipient de presque toutes les potions dites antispas- 
modiques, cordiales, etc. Ces mêmes fleurs entrent dans la 
poudre de Guitète, et quelques autres compositions cffici- 
nales. L/écorce ou le jeune bois de Tilleul passait autrefois 
et élait employé comme diurétique; les fruits élaient re- 

gardés comme astrin gens, et propres à arrêter toutes sortes 
d? ’hémorragies, 
_ Le bois de Tilleul est bon pour plusieurs ouvrages de 
menuiserie et de sculpture. L’écorce “oyenne est employé 
à faire des cordes. 


ACÉRIDÉES. 11g 
‘ Famille XXI. 
ACÉRIDÉES. 


Les caractères des plantes de cette famille sont les sui- 
vans : calice monophylle à plusieurs découpures ; corelle 
de 4 pétales où davantage, manquant quelquefois tout-à- 
fait, ainsi que le calice; étamines au nombre de 2 à 6, rare- 
ment plus: 1 ovaire supérieur, surmonté de 1 slyle ter- 
miné par 2 stigmates, ou par 1 süigmate bifide ; capsule 
comprimée , terminée par une languette membraneuse, et 
contenant 1 ou 2 graines : dans un genre, il y a 2 capsules 
semblables réunies par leur base; dans les autres, la capsule 
est unique et à 1 seule loge, par l'avortement constant de la 
seconde. 

Les Acéridées sont des arbres à feuilles opposées, pal- 
mées ou ailées, et à fleurs disposées en corymbe, en grappe 
ou en panicule, dans les aisselles des feuilles, ou à l'extré- 
mité des rameaux. 

M. de Jussieu , en plaçant les Frènes dans la fämille des 
jasminées, les avait présentés d’ailleurs comme ayant beau- 
coup d’affinité avec les Erables. Ayant examiné ces genres, 
sous le double rapport de leurs caractères botaniques ct de 
leurs propriétés, jai eru devoir les réunir dans la même 
famille. Effectivement on peut voir , soit par le caractère 
général de la famille, soit par le caractère particulier de 
chaque genre, combien les Orniers et les Hrènes ont de 
rapports avec les Erables, et#l en est de mème en considé- 
rant leurs propriélés essentielles. Les Erables contiennent 
presque lous uneséve douce el sisucrée, que dans l Amérique 
septentrionale on convertit en sucre celle des espèces dans 

lesquelles la matière sucrée est la plus abondante. Cette 
mème séve existe dans les Frènes; elle n’y est que légère- 
ment modifiées c’est elle qui produit ce suc qui transsude à 
travers les fentes de l'écorce de plusieurs espèces, et qui, en 
.5e concrélant, donne la substance douceätre et sucrée qu’on 
appelle anne. 


75° Genre. — HRABLE. ACER. Lin. 


Calice ordinairement partagé en à découpures. Autant 
de pétales que de divisions calicinales; ils manquent quel- 


H 4 


320 ACÉRILDÉES 

quefois entièrement. Etamines souvent au nombre de 8. 
1 ovaire supérieur, à 2 lobes, surmonté de 1 style terminé 
par 2 sligmales. 2 capsules comprimées, réunies à leur 
base, surmontéés de 1 aile membraneuse, et contenant 1 
ou 2 graines. VAR à 


ERABLE FAUx-PLATANE, vulgairement Sicomore. 
Acer Pseudo-Platanus. Lin. Spec. 1495. — Duham. 
Aÿb'atS 6% 


Grand arbre dont le tronc est droit, l’écorce lisse, brure- 
roussâtre, et le bois blanc. Ses feuilles sont opposées, pélio.: 
lées / grandes, à 5 lobes aigus, dentées en leurs bords, 
glabres et d’un vert foncé en dessus, d’un vert blanchâtre 
ou glauque en dessous. Ses fleurs sont petites, verdâtres, les 
unes hermaphrodites , les autres mâles, disposées en grappes 
longues, pendantes. Cet arbre croît dans les bois des mon- 
tagnes; 1! fleurit en avril et mai. 

Plusieurs Erables fournissent, par des incisions faites à 
leur écorce, une liqueur qu’on peut convertir en sucre 
par l’évaporation. Les espèces dont on en retire une plus 
grande quantité sont l’Erable à sucre, l’Erable rouge et 
TErable blanc, qui sont indigènes de l Amérique septer- 
trionale, mais qui sont maintenant naturalisés en France. 
On est aussi parvenu , dans ces derniers temps, à retirer de 
irès-bon sucre de l’Erable Faux-Platane que nous avons 
décrit ci-dessus, et de l’Erable Plane, qui croissent natu- 
rellement eÿ France. D’après les expériences faites par 
M. Dufour dé Montreux, dans le canton de Vaud eu Suisse, 
on pourrait retirer 2000 liv. le sucre d’un millier d'arbres 
de l’âge de 25 ans. . 

Rozier rapporte que les médecins de la Louisiane pres- 
crivent comme stomaehique, la liqueur sucrée que fournit 


PErable blanc. 
76° Genre. — ORNIER. ORNUS. Persoon. 


Calice monophylle, très-court, à 4 découpures. # pétales, 
linéaires, 2 Etamines. 1 ovaire supérieur, oblong, surmonté 
d'un style droit, à stigmate bifide. Capsule oblongue, 
comprimée, terminée par une aile, ne contenant qu’une 
graine dans 1 seule loge, par l'avortement constant de la 
2? loge. 


ACÉRIDÉES. 121 
OnRx1IER D'EUROPE, vulgairement Fréne à la Manne. 


Ornus Europæa. Pers. Synop. 1. p. 9. — F'raxinus 
Ornus. Lin. Spec. 1510. ; 


Arbre de 20 à 30 pieds de haut, dont les rameaux sont 
garnis de feuilles opposées , ailées avec impair , composées 
de 7 à 9 folioles opposées, ovales-lancéolées, glabres en 
dessus, légèrement pubescentes en dessous. Ses fleurs sont 
blanches; très-nombreuses, disposées au sommet des ra- 
meaux en une belle panicule ; elles ont une odeur douce; 
leurs pétales sont linéaires, très-allongés, et les filamens des 
étarmnines sont presque de la même longueur. L'Ornier croit 
naturellement dans les bois, en Alsace, en Provence, en 
Languedoc ; il fleurit en avril et mai. L 

C’est principalement du Frêne à feailies rondes, Fraxt- 
nus rotundifolia. Lam. , qu’on retire la Manne ; mais lOr- 
nier d'Europe en fournissant aussi, quoiqu'èn plus petite 
quantité, cela me permet de parler dezcetle substance dont 
on fait un si grand usage en médecine. Dans les pays chauds, 

‘et pendant les mois de juin et de juillet, la Manne découle 
d’elle-mème des arbres, ou par des incisions faites à leur 
tronc et à leurs branches. C’est surtout en Calabre et en 
Sicile qu’on la recueille. Peñidant la chaleur du jour, il 
suinte à travers les fentes de l'écorce des Frènes une liqueur 
très-claire, qui s'épaissit en grameaux blanchâtres et rous- 
sâtres. Au bout de vingt-quatre heures, s’il n’est pas tombé 
d’eau, car il suffit d’un brouillard humide ou d’une petite 
pluie pour fondre ces grumeaux, on les ramasse en les dé- 
lachant avec des couteaux de bois, et on les étend au soleil 
pour achever de les sécher. C’est ce qu’on nomme la 
Manne, qu'on envoie dans toute l'Europe par la voie du 
commerce. On distingue dans les pharmacies trois sortes 
de cette substance. La première, nommée Janne en lar- 
mes, est la plus belle, mais elle est plus faible que celle de 
la seconde espèce, Celle-ci est d’un blanc-jaunätre ou un 
peu roussâlre ; on la nomme Manne en sorte, et c’est celle 
dont l’usage est le plus multiplié. La troisième, dont la 
couleur est d’un roux-brunâtre, et qui est souvent chargée 
d'ordures, est la moyns estimée : on l’appelle #anne grasse. 
On ne se sert de cette dernière que pour les lavemens. 
La Manne a une saveur fade, douceâtre et nauséeuse. C’est 
un très-bon purgalif qui convient principalement pour 


222 ACÉRIDÉES. 
purger les enfans, les femmes enceintes et les vieillards. On 
en fait usage dans un grand nombre de cas, mais princi- . 
palement dans les maladies aiguës quand il y a le besoin de 
purger, et lorsqu'en même temps il faut prendre garde 
d'augmenter l'irritation ou l'inflammation. Elle a cepen- 
dant l'inconvénient d’occasionner fréquemment des rau- 
sées , des vomissemens, de produire des pesanleurs d'estomac 
et des coliques; mais ce dernier cas est le plus rare. La dose 
de la Manne est depuis 1 demi-once jusqu’à 3 onces, qu’on 
fait dissoudre dans un véhicule aqueux. La Manne, jointe 
avec un sel neutre et avec le séné ou ses follicules, forme 
uné’grende partie des polions purgatives que les médecins 
prescrivent journellement. Elle entre dans la marmelade 
de Tronchin #préparation qui a eu beaucoup ‘de vogue 
pendant et même après l’existence de son inventeur, et dans 
l'électuaire Diacarthami , composition reléguée mainte- 
uant dans les ‘ancieus formulaires. | 
Nous verrons dans l’article suivant que les feuilles du 
Fréne sont purgatives; j'ai également constaté la prepriété 
purgative de celles de FOrnier, en faisant faire, il ya dix 
ans, un sirop avec le miel et les feuilles de cet arbre, et en 
m'en servant plusieurs fois pour remplacer la Manne dans 
des potions purgatives, qui oht toutes agi selon l'intention 
qui me les faisait prescrire. Une fois même j'en ai donné 
3 onces seules dans une infusion de petite centaurée , et le 
malade , qui était un jeune homme de 15 ans, a eu 4 éva- 
cuations alyines qui n’ont été accompagnées d’aucunes co- 
liques. Ce sirop m'a paru avoir les mêmes propriétés que 
la Manne; mais il n’en a pas la saveur douceâtre et sucrée, 
il est au contraire un peu amer. 


77° Genre. — VRÈNE. FRAXINUS. Lin. 


Fleurs hermaphrodites ou plus souvent unisexuelles. Dans 
les mâles et dans les femelles, calice et corolle nuls; dans 
les individus mâles , 2 anthères sessiles ; dans les fleurs fe- 
melles, 1 ovaire surmonté d’un style droit, à stigmate bi- 
fide. Capsule comme dans le Genre précédent. 


FRÈNE ÉLEVÉ, vulgäirement le Fréne ou Frénecommun. 
Fraxinus excelsior. Lin. Spec. 1509. — Fraxinus. 
Pbarm. — Blackw. Herb. t. 520. 


Cet arbre s'élève à 50 et 60 pieds de hauteur; ses jeunes 


- ACÉRIDÉES. PA 2 ES 
rameaux sont lisses, cendrés ou verdâires, garnis de feuilles 
opposées , ailées avec impair, composées de 9 à 13 folioles 
ovales-lancéolées, dentelées en leurs bords, gläbres, d'un 
vert un peu foncé. Ses fleurs sont verdälres, dispostes en 
grappes latérales, un peu paniculées et presque sessiles : sur 
certains individus, elles sont toutes mâles et stériles; dans 
les autres , elles sont hermaphrodites , et , dans ce dernier 
cas, elles consistent en 1 ovaire pyramidal, nu, accompa- 
gné à sa base de 2 petites étamines opposées l’une à l’autre. 
Les fruits sont des capsules ovales-oblongues, comprimées, 
terminées par une languette membraneuse : ces capsules 
n'ont qu’une loge par l'avortement constant de la seconde ; 
et cette loge ne renferme que 1 graine. Cet arbre croît na- 
turellement dans les forêts ; on le plante assez communé- 
ruent dans les haies autour des habitations rurales, et dans 
les prairies. 1] fleurit an mois d'avril. 

On peut, dit-on , retirer, par la térébration du Frène 
commun , faite au printemps, une Manrie analogue à celle 
que fournit ,en lialie, le Frène à feuilles rondes. Ce fäit 
mériterait d'être vérifié ; mais en attendant qu'il le soit, ce 
qu’on peut regarder comme çonstant, c'est que les feuilles du 
Frêne commun sont un assez bon purgatif, selon MM. Coste 
et Willemet, quiles ont essayées pour remplacer le Séné. 
Ils observent ément que leur action est plus faible que 
celle de ce FN qu’elles doivent, par conséquent, 
être données à une plus forte dose : celles qu'ils fixent est 
de 5 à 6 gros. 

. Ayant la découverte du Quinquina, les médecins em- 
ployaient assez fréquemment l'écorce du Frêne commun 
comme fébrifuge ; mais l'excellence de l'écorce du Pérou a 
fait oublier celle de notre arbre indigène. Dans ces derniers 
temps, on a tenté de rappeler l’écorce du Frêne dans la 
pratique 3 mais le résultat des observations faites à ce 
sujet 1’à pas présenté des faits assez positifs pour donner 
de la confiance dans ce moyen. On a encore présenté cette 
écorce comme antivénérienne ; mais cette prétendue pro- 
priété est bien loin d'être constatée. En Angleterre ; selon 
Peyrilhe, le petit peuple confit, dans le vinaigre et le sel, 
les fruits du. Frêne avant leur maturité, pour s’en servir 
comme assaisonnement dans la cuisine. La décoction de 
l'écorce verte de cet arbre donne à la laine une jolie teinte 
vert-pomme, Le bois dé Frène est un des meilleurs de 


124 ACÉRIDÉES. 

France; on l'emploie beaucoup pour les ouvrages de char- 
ronnage, et on s’en sert aussi pour ceux de tour, de menui-. 
serie , detabletterie, etc. Les bestiaux et les chevaux broutent 
ses feuilles avec assez d’avidité; mais plusieurs agronomes 
assurent que cette nourriture nuit à la bonté du lait des 
vaches. C’est principalement sur les feuilles du Frêne qu'on 
trouve les Cantharides dont l’usage, comme vésicant, est si 
fréquent en médecine. 


Fanulle XXIV. 
HIPPOCASTANÉES. 


Trop de différences bien caractérisées paraissaient devoir 
séparer le Marronier des Erables ; cela m’a engagé à for- 
mer avec le premier une famille particulière dont les carac- 
tères se trouvent être bornés à ceux que présente le Marro- 
nier lui même, ce genre étant le seul de sa famille qu’on 
puisse regarder comme naturel à la France, et le but comme 
les bornes de cet ouvrage.ne me permettant pas d’etablir 
longuement les caractères généraux des familles, surtout 
en y faisant entrer ce qui aurait rapport aux espèces exo- 
Uuques. a: * 


70° Genre.—MARRONIER. AIPPOCASTANUM. Tourn. 


Calice de 1 seule pièce, à 5 dents. Corolle de 5 pétales 
inégaux. 7 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté de 1 
style simple. Capsule globuleuse à 5 loges, dont 1 ou 2 
avortent souvent ; la loge restant ne contient le plus souvent 
que 1 seule graine. 


MARRONIER D'INDE. 

Hippocastanum vulgare. Tourn. Inst. 612.—Duham. 
nouv. ed. vol. 2, p. 54. & 15 et 14. — Æsculus Hippo- 
_castanum. Lin. Spec. 458. 


Très-grand arbre, s’élevant à 60 pieds et plus, dont le 
tronc est revêtu d’une écorce brunâtre, crevassée , et dont 
le bois est blanc. Ses feuilles sont opposées, très-grandes, 
longuement pétiolées, composées de 5 à 7 folioles ovales- 
oblongues, dentées, inégales, disposées comme les rayons 
d’un parasol. Ses fleurs sont blanches, panachées de rouge, 
assez grandes , nombreuses , disposées sur des pédicules ra- 


HIPPOCASTANÉES. 125 


meux, en une grappe pyramidale, redressée, et d’un su- 
perbe aspect. Le fruit est une capsule globuleuse à 1 ou 2 
loges contenant chacune 1 grosse graine connue sous le 
nom de marron. Cet arbre est originaire de l’Asie septen- 
trionale, d’où il a été transporté en Europe.vers 1550. I] a 
été apporté à Parisen 1 615, et il est maintenant naturalisé 
dans toute la France ; il fleurit en avril et mai. 

L’écorce du Marronier d'Inde a été préconisée, par 
quelques médecins, comme pouvant remplacer le Quin- 
quina, qui, il y a quelques années, était devenu fort rare 
et fort cher; mais des expériences suivies, faites par d’autres 
praticiens instruits, ont démontré que l'écorce du Marro- 
nier était loi de pouvoir être substituée au Quinquina, 
avec les mêmes chances de succès, et qu’elle ne devait être 
regardée que comme un fébrifuge propre seulement dans 
les fièvres intermittentes, bénignes, que beaucoup d’autres 
amers indigènes peuvent également guérir, Cette écorce 
peut d’ailleurs se donner en décoction, depuis 4 gros jusqu’à 
2 onces, dans 1 à 2 livres d’eau ; et en nature, en poudre, 
depuis 2 gros jusqu’à 1 once. 

Les bêtes fauves, les vaches , les chèvres et les moutons 
mangent les Marrons d'Inde, et paraissent les rechercher. Par 
le moyen de préparations convenables, on enlève à ces fruits 
la grande amertume qui leur est naturelle, et on en fetire 
une fécule douce et bonne à faire du pain; mais les frais excé- 
dent le produit. On a essayé de faire avec les Marrons une 
sorte de savon, mais la mauvaise qualité du savon qu’on en 
a obtenue, y a bientôt fait renoncer. Le bois de Marronier 
est tendre, mou, de mauvaise qualité et de peu de durée. 
Les propriétés , soit médicinales, soit économiques de cet 
arbre, sont, comme on voit, peu recommandables; ce n’est 
que pour orner les grands jardins et les parcs , qu’il mérite 
d’être cultivé. Les avenues qui en sont plantées font un effet 
magnifique pendant le temps de la floraison. 


Famille XXV. 
LIMONIACÉES. 
Cette famille, que je forme d'un démembrement des 
plumbaginées de M. de Jussieu, n’est composée que de deux 


genres Statice et Limonium, de Tournefort, que Linné 


avait réunis en un seul, sous le nom de Séatice, Ses carac- 
LE 


126 LIMONTACÉES. 


tères sont les suivans : calice monophylle, tubuleux, à 5 
dents; corolle de 5 pétales onguiculés ; le plus souvent 
distincts, plus rarement adhérens et formant # corvlle mo- 
nopétales; 5 étamines à filamens ordinairement insérés sur 
les onglets des pétales; 1 ovaire supérieur surmonté de 5 
styles; 1 petite capsule à une seule loge qui ne s'ouvre pas, 
et contient 1 seule graine : cette capsule est enveloppée par 
le calice et la corolle persistans. 

Les Limoniacées sont des plantes herbacées , ou suffru- 
tescentes , à feuilles toutes radicales, ou rarement garnies 
de véritables feuilles sur leurs tiges, et à fleurs réunies en 
une lêle terminale , ou disposées en épis le* long des ra- 
meaux, 

Les Limoniacées sont astringentes et toniques. 


79° Genre. — STATICE. STATICE. Tournef. 


Calice scarieux, plissé en son bord et à 5 dents. 5 pétales 
distincts. 5 élamines. 1 ovaire surmonté de 5 styles fili- 
formes. Fleurs réunies en tête dans 1 involucre commun, 
composé d'écailles imbriquées, scarteuses. 


STATICE ARMERIE, vulgaivement Gazon d'Olympe, 
Gazon de montagne, Œlillet de Paris, Herbe à sept 
stives. 

Siatice Armeria. Tan. Spec. 394. 

Sa racine est assez grosse, rougeâtre, allongée, pivo- 
tante , vivace; elle se divise dans sa partie supérieure pour 
donner naissance à plusieurs tiges droites, très-simples , 
garnies de feuilles seulement à jeur base, nues dans tout le 
reste de leur étendue, longues de 8 à 12 pouces , portant 
à leur sommet une tête de fleurs d’une couleur purpurine 
claire, quelquefois presque blanche. Les feuilies sont nom- 
breuses, toutes radicales, linéaires. glabres où légèrement 
pubescentes, étalées en rosette. Les fleurs, réunies plusieurs 
eusemble dans 1 mvolucre formé de plusieurs rangs d’écailles, 
sont d’un rose clair. Cette plante croît dans les montagnes 
et dans les lieux voisins de la mer, dans le midi de la France ; 
elle fleurit en mai et juin. | 

Le Gazon d'Olympe était fréquemment cullivé autrefois 
dans les jardins, lorsqu'il servait à faire des bordures autour 
des platles-bandes ; mais depuis la mode des jardins dits 
anglais, on en plante beaucoup moins. On Femployait 


LIMONIACÉES. 197 


aussi en médecine, et on le prescrivait comme vulnéraire et 
astringent , dans le crachement de sang , les pertes utérmes, 
les flux hémor roïdaux trop abondant, is dyssenterie; mais 
on n’en fait plus d'usage aujourd'hui. 


80° Genre. — LAMONION. LIMONIUM. Tournef. 


Ce genre différe du précédent , parce que ses’fleurs sont 
sessiles le leng de la partie supérieure des rameaux , dispo- 
sées en une sorte d’épi uni-latéral, chacune d'elles étant , 
munie , à sa base, de 2 bractées scarieuses. 


LIMONION COMMUN , vulgairement Behen rouge. 

Limonium vulgare: Mill. Dict. n. 1. — Statice Limo- 
nium. Lin. Spec. 564. 

Sa racine est pivotante, d'un brun rougeätre, vivace; 
elle donne naissance à 1 ou plusieurs üges cylindriques, 
glabres, simples dans leur partie inférieure , rameuses et 
paniculées dans la supérieure , et hautes de 1 pied, ou en- 
virou. Ces tiges, dépourvues de véritables feuilles , sont 
seulement chargées de quelques écailles scarieuses ,. fort 
courtes et munies à leur base d’un faisceau de feuilles toutes 
radicales, ovales-oblongues, quelquefois lancéolées, rélré- 
cies en pétiole à à leur base, un DE coriaces , parfaitement 
glabres, entières, ou légèrement ondulées en leurs boras, 
d'un vert pe foncé ou presque glauque. Ses fleurs sont 
bleuâtres, ou d’un rouge très-clair , quelquefois blanchâtres , 
disposées rès- près les unes des autres , en épis courts et umila- 
téraux, placés à l'extrémité des rameaux, formant dans leur 
ensemble une panicule très-garmie, Cette plante croît natu- 
rellement dansles prairies humides et maritimes, voisines de 
l'Océan et de la Méditerranée. Elle fleurit en juin et juillet. 

On l’employait autrefois en médecine comme tonique et 
astringente. On la CI ait surtout propre à arrêter les 
hémorragies ; elle est maintenant entièrement tombée en 
décuétides : 


» 


Famille XX VIH. 
PARONYCHIÉES. 
Les caractères des plantes de cette famille sont les sui- 


vans : calice de 5 folioles, ou divisé profondément en 5 
déconpures ; corolle de 5 petites pétales squamiformes et 


129 PARONYCHIÉES. 

linéaires ; 5 étamines ; 1 ovaire supérieur, surmonté de 2 
‘styles, ou de 1 style bifide; 1 capsule monospérme ; enve- 
loppée par le calice persistant. 

Les Paronychiées sont de petites plantes “herbacées À 
feuilles simples, à fleurs réunies en petits paquets actes, 
ou terminaux. Leurs propriétés médicmales ne sont pas 
bien prononcées ; ; quelques médecins ont pensé qu’elles 
étaient astringentes; d’autres les regar dent comme ayant la 
_ propriété d’exciter la pores des urines. 


61° Genre, — HreNiAIREe HERNIARIA. Lin. 


Calice divisé profondément en 5 découpures. 5 pétales 
linéaires, très-étroits. 5 élamines. 1 ovaire surmonté de 2 
styles courts. 1 petite capsule , monosperme, ne s'ouvrant 
pas naturellement. 


HERNIAIRE GLABRE, vulgairement T'urquette, Her- 
niole, Herbe du Turc. 
Herniaria glabra. Lin. Spec. 3 17. — Herniaria. — 
Pharm.— Blackw. Herb. t. 320. . 


Sa racine longue , menue , annuelle, donne naissance à 
une tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, grèles, 
glabres comme toute la plante, longs de # à 6 pouces, en- 
tiérement couchés et étalés sur la terre, garnis de très-pelites 
feuilles ovales-chlongues, d’un vert gai, opposées dans la 
partie inférieure des rameaux , et alternes dans le reste 
de leur étendue. Les fleürs sont petites, d’une couleur her- 
bacée, presque sessiles , et ramassées d’abord par paquets 
axillaires , et par la site ’allongeant un peu en épi. Cette 
plante est commune dans les champs et les lièux sablen- 
neux; elle fleurit pendant tout l’été, 


HERNIAIRE VELUE. "A 


Herniaria hirsuta. Lin. Spec. #17. gl 


Cette espèce a tout le port et les princrpaux garactères de 
la précédente; mais elle en diffère constamment, parce que 
ses tiges, ses feuilles et ses calices sont très-velus , et parce 
que ses paques de fleurs sont moins garnis. Elle croit dans 
les mêmes lieux, et fleurit en même Temps. 

Ces deux plantes ont les mêmes propriétés, et peuvent 
indifféremment ‘être employées l’une pour l’autre; tontes 
les deux ont une saveur un peu âcre et salée. Les vieux 


PARONYCHIÉES. 199. 
auteurs de matière médicale en racontent des choses mer- 
veilleuses , touchant la vertu qu’ils leur supposent de guérir 
les hernies, ce qui leur a valu leur nom d'Æerniaire, et ils 
recommandent , dans ces eas, de les faire prendre intérieu- 
rement , et de les appliquer extérieurement. Aujourd’hui 
les médecins n’ont pas la moindre confiance dans de sem- 
blables moyens. Quelques-uns ont conservé l'habitude de 
les ordonner comme diurétiques, soit dans les rétentions 
d'urine, soit dans d’autres affections des voies urinaires, 
principalement dans la gravelle et le catarrhe de la vessie. 
Leur suc , lorsque ces plantes sont fraîches, peut se donner 
à la dose de 2 à 4 onces; en décoction on les prescrit par 
poignées , el on les administre aussi en nature et en poudre; 
mais en général, les Herniaires ont perdu la plus grande 
partie du crédit dont elles ont joui autrefois : effectivement 
tout ce que l’on peut raisonnablement leur accorder de 
propriété, c’est d’être légèrement diurétiques. L'eau distil- 
lée de Turquette , que l'ouwrnefort a beaucoup préconisée , 
est aujourd'hui entièrement tombée en désuétude. 


Famille XX VII. 
CARYOPHYLLÉES. 


Les caractères propres aux plantes de cette famille sont 
les suivans : Calice persistant, monophylle, denté à son 
sommet, ou plus rarement partagé en 4 ou 5 folioles ; co- 
rolle de 5 pétales rétrécis en onglet ; élamines en même 
nombre que les pétales, le plus souvent en nombre double ; 
1 ovaire supérieur, ordinairement surmonté de plusieurs 
styles; 1 capsule polysperme, à une ou plusieurs loges, s’ou- 
Yrant à son sommet en plusieurs valves. 

Les Caryophyllées sont des plantes herbacées, à feuilles 
simples , opposées, connées à leur base , à fleurs axillaires, 
ou plus souvent terminales. ‘ * 

Quoique assez nombreuses, les plantes de cette famille 
ne sont recommandables par aucune propriété importante; 
la plus grande partie d’entre elles n’a point de saveur mar- 
quée, 1l faut seulement en excepter la Saponaire et les Gil- 
lets; la première est légèrement amère, savonneuse , et on 
l’emploie, pour cette raison, comme apéritive et fondante ; 
quant aux seconds , l'arome très-prononcé de leurs fleurs 

I 


130 _CARYOPHYLLÉES. 
.donne à ces parties une propriété légèrement tonique et 
stimulante. 


F 


82° Genre. — ŒILLET. DIANTHUS. Lin. 


Calice tubuleux , à 5 dents, muni à sa base de 2 ou 
- plusieurs écailles opposées ou imbriquées en croix. 5 pétales 
à limbe souvent dentelé. 10 étamines. 1 ovaire surmonté 
de 2 styles. 1 capsule cylindrique à 1 loge, contenant plu- 
sieurs graines. 

ŒILLET DES JARDINS, vulgairement @llei commun , 
Œillet grenadin, Gillet giroflée, Œ@illet des fleu- 
ristes. 

Dianthus Caryophyllus. Tin. Spec. 587. — Caryo- 

phyllus ruber. Blackw. Herb. t. 85.—ÆCaryophyllus hor- 


tensis. Pharm. 


Sa racine simple, fibreuse, vivace, donne naissance à 
une ou plusieurs Liges étalées à leur base, ensuite redressées, 
lisses, cylindriques, d’un vert glauque , ainsi que toute la 
plante, noueuses, plus ou moins rameuses à leur partie 
supérieure , garnies à chaque nœud de 2 feuilles opposées, 
sessiles, linéaires, étroites, canaliculées, très-aigués. Ses 
fleurs , solitaires à l’extrémité de chaque rameau , sont d’un 
pourpre foncé dans la variété dont on fait usage en méde- 
cine, mais variées de cent manières différentes entre le blanc 
et le rouge dans les nombreuses sortes cultivées par les fleu- 
ristes. L’Œillet commun croît naturellement dans les lieux 
pierreux et dans les fentes des rochers des départemens du 
midi ; on en cultive dans les jardins un grand nombre de 
variélés à fleurs doubles, recherchées autant pour Pagré- 
ment de leurs belles couleurs, que pour Fexcellence de 
leur parfum, qui a le plus grand rapport avec celui du Gé- 
rofle. La variété qu’on emploie en médecine est à fleurs 
simples. Cette plante fleurit en juin et juillet. 

Les pétales de l'Œüillet sont les seules parties dont on fasse 
usage ; ils sont sudorifiques, touiques, alexitères. C’est en 
infusion théiforme qu'il faut les faire préparer, car la dé- 
coction leur ferait perdre une partie de leurs propriétés qui 
résident dans un principe trés-volalil. La dose est de 1 à 
2 gros pour 1 à 2 livres d’eau. On en recommande princi- 
palement l'emploi dans les fièvres malignes et les maladies 
contagieuses ; mais les médecins préfèrent généralement 


CARYOPHYLLEÉES. 13% 
daus la pratique, à toute autre préparation de ces fleurs, 
un sirop qui porte leur nom , lequel se fait dans les phar- 
macies , et qu'on donne à la dose de 1 à 2 onces dans une 
potion , selon la nature de la maladie. On prépare aussi une 
eau distillée et une conserve de fleurs d'Œüillets , et les con- 
fiseurs en font un ratafia qui passe pour être stomachique, 
Au reste, les Œillets ne paraissent véritablement fournir 
que leur partie colorante à toutes les préparalions dans les- 
quelles on les fait entrer. 


_ 83° Genre. — SAPONAIRE. SAPONARIA. Lin. 


Calice tubuleux , à 5 dents, nu à sa base. 5 pétales ongui- 
culés. 10 étamimes. 1 ovaire surmonté de 2 styles. 1 cap- 
sule à r loge contenant plusieurs graines 


SAPONAIRE OFFICINALE, vulgairement Saponière, Sa- 

vonaire, Savonniere, Herbe à foulon. 

Saponaria officinalis. Lin. Spec. 584. — Saponaria 
vulsaris. Blackw. Herb. t. 115. — Saponaria. Pharm. 

Ses racines sont allongées , blanchâtres, noueuses, ram- 
pantes , vivaces ; elles donnent naissance à plusieurs tiges 
cylindriques , noueuses, glabres, droites, hautes de 2 pieds 
ou environ , garnies de feuilles opposées, sessiles ou très- 
courtement pétiolées, ovales lancéolées, glabres, marquées 
de nervures longitudinales. Les fleurs sont blanches ou d’une 
couleur purpurine trés-claire, disposées en corymbe à 
l'extrémité des tiges : elles ont une odeur agréable. Cette 
plante croît dans les haies, les buissons, el. sur les bords 
des champs. 

La Saponaire a une saveur amère, et toules ses parties 
sont apéritives, résolutives ; dépuralives et sudorifiques. On 
emploie indifféremment les racines, les tiges, les feuilles 
ou les sommités fleuries, à la dose de 2 à 4 gros pour une 
pinte de décoction. On en fait usage dans les affections vé- 
nériennes anciennes, et qui ont résisté au mercure, dans les 
rhumatismes , la goutte , les maladies cutanées , les engor- 
gemens des viscères. On a encore conseillé la Saponaire 
dans l’asthme, dans l’épilepsie. On emploie aussi le suc ex- 
primé de la plante entière lorsqu'elle est fraiche , ou son 
extrait qu'on prépare dans les pharmacies. Sa décoction on 
son infusion dans Peau enlèvent les taches du linge et des 
étofles, comme fait le savon; ce qui lui a fait donner le nom 
qu’elle porte. 

Bis 


CARYVOPHYLLÉES. 
84° Genre. — MORGELINE. ÆALSINE. 


ba, 
Qi 
kb 


Calice de 5 folioles. 5 pétales. 5 étamines. 1 ovaire sur- 
monté de 5 styles. Capsule à 3 valves et à 1 loge contenant. 
plusieurs graines. 

MORGELINE INTERMÉDIAIRE, vulgairement Mouron: 

des oiseaux, Mouron blanc. 


Alsine media. Lin. Spec. 583. — FI. Dan. t. 525. 


Ses racines sont annuelles, composées de fibres menues; 
elles donnent naissance à plusieurs tiges cylindriques, 
grèles, tendres, rameuses , étalées et diffuses , longues de 
8 pouces à 1 pied, garnies de feuilles opposées, ovales, 
pointues, portées sur de courts pétioles dans la partie infé- 
rieure des tiges, et sessiles dans leur partie supérieure. Ses 
fleurs sont blanches, portées sur de longs pédoncules solitaires 
dans la bifurcation de la tige ou des rameaux, et qui se ré- 
fléchissent après la fécondation. Cette plante est très-com- 
mune dans les jardins, les vignes et les lieux cultivés; elle 
fleurit depuis le commencement du printemps jusqu’à 
Phiver. 

La Morgeline passe pour émolliente, rafraïchissante, dé: 
tersive et résolutive. Sa décoction est bonne, dit-on, pour 
apaiser l'inflammation des yeux. Elle a été conseillée dans 
le crachement de sang. Pilée et appliquée en catapläsme, 
elle procure du soulagement aux personnes attaquées d’hé- 
morroides douloureuses. Elle a aussi été recommandée dans 
Fépilepsie. On peut en prescrire le suc à la dose de 1 à 
2 onces, ou la décoction de 1 à 2 poignées dans une pinte 
d’eau. Dans quelques cantons, on la mange comme herbe 
potagère; mais les médecins en fent en général peu ou point 
d'usage. Les petits oiseaux, et surtout les serins, aiment 
beaucoup ses graines. ; 


Famille XX VIEIL. 
SAXIFRAGÉES. 


Les caractères des espèces indigènes comprises dans cette 
famille sont les suivans : Calice monophylle, partagé plus 
ou moins profondément en #4 ou 5 découpures; corolle de 
4 à 5 pétales insérés dans le haut du calice, alternes avec 
ses divisions , et quelquefois manquant entièrement ; éta- 
mines insérées sur le calice en nombre égal, ou plus souvent 


SAXIFRAGÉES. 515000 
double de celui des pétales ; 1 ovaire supérieur , très-rare- 
ment inférieur, surmonté de 2 styles ou de 2 stigmaies ; 
1 eapsule à 1 ou 2 loges, s’ouvrant au sommet en 2 valves, 
et contenant plusieurs graines. 

Les Saxifragées sont des plantes herbacées, à feuilles 
allernes, rarement opposées, souvent charnues ; à fleurs le 
plus ordinairement terminales, et fréquemment disposées 
en grappe ou en panicule. Ces plantes sont peu recomman- 
dables sous le rapport de leurs propriétés ; quelques espèces 
sont apéritives et diurétiques, et les Drosères, que j’ai cru 
devoir rapprocher de cette famille, sont âcres et causliques. 


85e Genre. — SAXIFRAGE. SAXIFRAGA. Lin. 


Calice à 5 découpures persistantes. 5 pétales. 10 éta- 
mines. 1 capsule terminée par 2 pointes recourbées, et 
partagée en 2 loges. 


SAXIFRAGE GRANULÉE, vulgairement Saxifrage blan- 
che, Perce-pierre, Casse-pierre, Rompt-pierre. 
Saxifraga granulata. Lin. Spec. 576. — Saxr/raga 
alba. Blackw. Herb. 1.56. — Pharm. 


‘Sa racine est composée de plusieurs petits tubercules 
arrondis, gros tout au plus comme des noyaux de Ce- 
rise, rougeâtres extériéurement, blancs iniérieurement, 
et d'une saveur un peu amère. Cette racine donne naissance 
à r ou plusieurs tiges droites, cylindriques, simples ou à 
peine rameuses, légèrement velues , comme loute la plante, 
hautes de 6 pouces à 1 pied, garnies de quelques feuilles 
écartées et éparses. Les feuilles qui poussent immédiate- 
ment des racines, sont longuement pétolées , arrondies , ou 
réniformes , incisées en plusieurs lobes; celles des tiges, sur- 
tout les supérieures, sont presque sessiles, incisées profon.- 
dément en plusieurs découpures. Ses fleurs sont blanches, 
disposées au sommet des tiges, en ure panicule lâche et mé- 
diocrement rameuse; leur calice est couvert de poils courts, 
glanduleux et visqueux. Cette plante est commune dans 
les pâturages et sur les bords des bois. 

Les petits tubercules de la racine de cette espèce, nom- 
mésgrains ou semences de Saxifrage, passent pour apéritifs, 
diurétiques et emménagogues; on les a conseillés autrefois 
dans l’asthme humide, dans la gravelle, etc. La dose est 
de 1 demi-once en décoction dans x livre d’eau. 

13 


134 SAXIFRAGÉES. 
86° Genre. — DROSERE. DROSERA. Lin. 


Calice à 5 divisions persistantes. 5 pétales. 5 étamines à 
anthères adnées aux filamens. 1 ovaire surmonté de 5 à g 
styles. 1 capsule à 1 loge s’ouvrant, du sommet jusqu’à sa 
partie moyenne , en 5 à 5 valves, et contenant PIHAENRS: 
graines très-menues. 


DROSÈRE A FEUILLES RONDES, vulgairement Rosée du 
soleil, Rossoli, Herbe à la rosée, Herbe de la 
goutte. 

Drosera rotundifolia. Lin. Spec. 402. — Bull. Herb. 

t. 101. — Rossolis. Pharm. 

Ses racines sont fibreuses, menues, noirâtres, annuelles; 
elles donnent naissance à plusieurs feuilles arrondies , wis- 
queuses.,, longuement pétiolées, étalées en rosette, garnies, 
en leur surface supérieure et particulièrement en leurs 
bords, de cils rougeâtres et glanduleux. Du milieu de ces 
feuilles s ’élèvent 1 ou plusieurs tiges grêles, simples, hautes 
de 4 à 6 pouces, portant à leur sommet plusieurs petites 
fleurs blanches, disposées en épi lourné d’un seul côté. Cette 
plante croît dans les lieux humides et marécageux ; elle 
fleurit en juin, juillet et août. 

Le Rossoli est amère, légèrement acide , un peu âcre et 
même caustique. La plante entière pilée et mise en contact 
avec la peau, agit comme rubéfiant, ce qui fail que, dans 
quelques cantons, les gens ge la campagne se l’appliquent 
aux poignets pour se guérir des fièvres intermittentes. En 
en frotlant les cors et les verrues, elle peut servir à les dé- 
truire. Malgré la causticité bien prouvée du Rossoli, cer- 
tains auteurs l’ont regardé comme pectoral , et ils ont vanté 
son usage dans l'asthme, dans les affections catarrhales, 
dans l’ulcère du poumon, en le conseillant en infusion et 
même en nature à la dose de 1 gros. Boerrhaave lui suppose 
encore d’autres vertus, et il en recommande l’infusion dans 
Ja migraine, dans l’épilepsie, et pour les maladies des yeux. 
Aujourd’hui cette plante est avec raison proscrite comme 
remède interne, dans tous les cas où elle avait été préco- 
nisée ; et les médecins n’en font plus aucun usage; il en est 
même un grand nombre parmi eux qui ignorent qu'on à 
composé autrefois un sirop de Rossolis. Ce qui prouve évi- 
demment que la médecine ne peut espérer d’emploÿ er utile- 
ment cette espèce de Drosère et les autres du même genre, 


SAXIFRAGÉES. 155 


c’est que ces plantes excitent, chez les moutons qui en man- 
gent, une toux qui finit ordinairement par les faire périr. 


87° Genre. — DoRineE. CHRYSOSPLENIUM. Lin. 


Calice à 4 ou 5 découpures inégales, persistantes, colorées 
intérieurement. Corolle nulle, 8 ou 10 étamines. 1 ovaire 
inférieur , surmonté de 2 styles. 1 capsule terminée par 
2 pointes , à 2 valves, à 1 loge contenant plusieurs graines. 


DORINE A FEUILLES OPPOSÉES, vulgairement Saxifrage 

dorée, Hépatique dorée. | 

Chrysosplenium oppositifolium. Lin. Spec. 569. — 
Saxifraga aurea. Dod. Pempt. 516. 

Sa racine est noueuse, rampante, blanchäâtre , vivace ; 
elle donne naissance à plusieurs tiges menues, tendres, 
faibles, légèrement velues, hautes de 4 à 6 pouces, garnies de 
feuilles opposées, pétiolées, arrondies, un peu crénelées en 
leurs bords. Ses fleurs sont jaunes, petites, portées sur des 
pédoncules très-courts, accompagnées de bractées et dispo- 
sées en un petit corymbe au sommet des tiges. Cette plante 
croîl dans les lieux humides et couverts; elle fleurit en avril 
et mai, 

La Saxifrage dorée passe pour vulnéraire , apéritive et 
diurétique ; elle a été employée dans les obstructions du 
foie et des viscères du bas-ventre, dans la gravelle, les ré- 
tentions d'urine; mais elle est très-peu usitée maintenant. 
La dose est de 1 poignée en décoction dans 1 pinte d’eau. 


Famille XXIX. 
CRASSULÉES. 


Les espèces quiappartiennent à cette famille se distinguent 
aux caractères suivans : calice partagé plus où moins pro- 
fondément en plusieurs divisions ; corolle insérée à Ja base 
du calice, formée d’autant de pétales qu'il y a de divisions 
à celui-ci, quelquefois de 1 seule pièce, découpée en lobes 
qui, pour le nombre, correspoydent aux divisions calici- 
nales, mais qui sont alternes avec elles, ce qui‘est aussi de 
même pour les pétales; étamines en nombre égal on double 
des pétales ou des lobes de la corolle: autant d’ovaires supé- 
rieurs que de divisions à la corolle, réunis par leur base 
interne : chacun d’eux devenant 1 capsule s’ouvrant à sa 


L 4 


156 CRASSULÉES. 
partie interne, par une fente longitudinale, et contenant 
plusieurs graines. 

Nos Crassulées sont des plantes herbacées, à feuilles 
alternes ou opposées, succulentes ; à fleurs disposées le plus 
souvent en cime terminale. Elles ont en général une saveur 
aqueuse, devenant stiptique dans quelques - unes , et même 
äâcre et brûlante dans une espèce de Sédon. L'usage qu’on 
en fait en médecine est très-restreint ; il se borne à employer, 
comme rafraîchissantes et légèrement astringentes, celles 
de ces plantes qui sont dépourvues de l’âcreté propre au 
Sédon brülant, que l’on doit cependant, d’après le témoi- 
gnage de plusieurs praticiens, regarder comme un excitant 
qui peut être utile dans les affections scorbutiques. 


88° Genre. — CoTyYLET. COTYLEDON. Lin. 


Calice à 5 divisions. Corolle monopétale, tubuleuse, à 5 
lobes. 10 étaminesinsérées sur la corolle. 5 ovaires. à capsules. 


COTYLET OMBILIQUÉ, vülgairement Nombril de Vénus, 
grand Cotylédon, Ecuelles communes, Escudes. 
. Cotyledon Umbilicus. Lan. Spec. 615, var. & Coty- 
ledon Umnbilicus Veneris. Clus. Hist, LXIIL — Umbi- 
licus VWeneris. Pharm. 


Sa racine est tubéreuse, charnue, vivace, garnie de 
beaucoup de fibres capillaires ; elle donne naissance à une 
üge cylindrique , parfaitement glabre, comme toute la 
plante, droite, haute de 4 à 10 pouces, presque toujours 
simple , munie à sa base de plusieurs feuilles pétiolées , 
arrondies , concaves, crénelées, succulentes et un peu char- 
nues, d’un vert gai; la moitié inférieure de la tige est garnie 
de quelques feuilles alternes , allant toujours en diminuant 
de grandeur. Ses fleurs sont assez petites, d’un jaune ver- 
dätre, pédiculées, pendantes, accompagnées à leur base 
d’une bractée Jancéolée-linéaire , très-entière, et disposées, 
en grand nombre, en an épi terminal qui occupe souvent 
plus de la moitié supérieure de la tige. Cette plante croît 
dans les fentes des rochers et des vieux murs, dans le midi 
et l’ouest de la France; elle fleuriten mai et juin. 


COTYLET JAUNE, vulgairement Nombril de Vénus à 
{leur jaune. 


Cotyledon lutea. Wild. Spec. 2. p. 757. 
Cette espèce diffère de la précédente par sa racine ra- 


CRASSULÉES. 157 


meuse, rampante, par ses feuilles un peu en capuchon, par 
ses fleurs jaunes, droites, jamais pendantes, accompagnées 
de bractées beaucoup plus grandes, ovales, profondément 
dentées et presaue pinnatifides. Elle est indiquée comme 
croissant aux environs de Lyon, el fleurit en mai et juin. 

Les feuilles de ces deux plantes ont.une saveur visqueuse ; 
elles passent pour rafraîchissantes, légèrement astringentes 
et détersives. Ecrasées et réduites en pulpe, on les ap- 
plique avec avantage sur les hémorroïdes douloureuses. 
Dans quelques provinces, elles servent, pilées avec de 
l'huile , pour faire une sorte d’onguent qui est bon pour 
guérir les brûlures; mais, en général, comme elles n’ont 
de propriété qu'étant employées fraîches , on en fait peu 
d'usage, si ce n’est dans les pays où elles croissent naturel- 
lement, parce qu’on peut alors s’en servir lorsque les plantes 
sont en végétation. Elles sont au nombre des espèces qui 
doivent entrer dans l’onguent Populeum. 


89° Genre. — SÉDON. SEDUM. Lan. 


Calice à 5 divisions. 5 pétales. 10 étamines. 5 ovaires. 
5 capsules. 

SÉDON REPRISE ou ORPIN REPRISE, vulgairement Féve 
épaisse, Grassette, Joubarbe des vignes, Orpin, 
Reprise, Herbe aux charpentiers, Herbe à la cou- 
pure. 

Sedum Telephium. Lin. Spec. 616. — Decand. PI. 

grass. t. 92. — T'elephium, sive F'abaria, vel Anacamp- 
seros. Pharm. 


Sa racine, formée de plusieurs tubercules charnus, blan- 
châtres, donne naissance à plusieurs tiges cylindriques , 
glabres comme toute la plante, très-simples dans la plus 
grande partie de leur étendue, seulement rameuses vers 
leur sommet, hautes de 1 pied ou un peu plus, garnies 
dans toute leur longueur de feuilles sessiles , éparses où op- 
posées, ovales, d'un vert pâle, ou quelquefois légèrement 
rougeätres, lisses, un peu charnues et succulentes, dentées 
en leurs bords. Ses fleurs sont purpurines ou blanchâtres, 
nombreuses , disposées en corymbe au sommet de la tige et 
des rameaux. Cette plänte croît naturellement dans les vignes 
et dans les bois taillis; elle fleurit en juillet et août. 

Les racines et les feuilles d’Orpin passent pour être astrin- 


138 CRASSULÉES. 


gentes, rafraîchissantes et vulnéraires; elles sont conseillées . 
à l’extérieur et à l'intérieur. De la première manière, on 
les a appliquées, après les avoir écrasées et broyées dans ur 
mortier , sur les plaies récentes, pour arrêter le sang; sur 
les ulcères, pour les déterger et les faire cicatriser ; sur leg 
hémorroïdes , pour calmer les douleurs qu’elles causent; sur 
les panaris et sur les hernies, ete. ; 5 mais il y a long-lemps que 
les bons chirurgiens ont renoncé à ces moyens d’une nullité 
presque absolue dans la plupart des cas, et pouvant même 
devenir dangereux, par leur prétendue astringence, lorsqu'il 
s’agit d'arrêter des hémorragies. À l’intérieur, on les a em- 
ployées dans le crachement de sang, la dyssenterie , soit en 
décoction, soit en nature, en en faisant exprimer le suc qu’on 
étendait dans une suffisante quantité d’un liquide aqueux. 
L’Orpin entre dans l’eau vulnéraire, dans l’'onguent Po- 
puleum , et on en distillait autrefois une ‘eau qu’on employait 
dans les maladies dont il vient d’être parlé; mais cette eau, 
et mème la plante en général, ne sont aujourd’hui que fort 
peu ou même point du tout en usage. . 


SÉDON BLANC, ou ORPIN A FLEURS BLANCHES , Vulgai- 
rement Petite-Joubarbe, Trique-Madame, Tripe- 
Madame, Vermiculaire. 

Sedum album. Lin. Spec. 619. — Decand. PI. grass. 

t. 22. — Sedum minus. Pharm. 


Sa racine menue, fibreuse, vivace, donne naissance à 
plusieurs tiges cylindriques, légèrement rougeälres, par- 
faitement glabres, ainsi que toute la plante, étalées et sou- 
vent couchées à leur base, ensuite redressées, longues en 
tout de 6 à 8 pouces, un peu rameuses à leur sommet, gar- 
nies de feuilles éparses, sessiles, cylindriques , succulentes , 
obtuses, d’un vert souvent un peu rougeûtre. Ses fleurs sont 
blanches, disposées au sommel des tiges en un corymbe 
étalé; les divisions de leur calice sont très-courtes ; les pétales 
sont aigus, et les étamines ont leurs anthères noirâtres. Cette 
plante croît dans les lieux secs, arides, pierreux et exposés 
au soleil ; elle fleurit en juin et juillet. 

Les tiges et les feuilles du Sédon blanc ont une saveur 
styptique ; elles sont astringentes et rafraîchissantes. Dans 
quelques cantons, on les mange en salade. Les pharmaciens 
les font entrer dans quelques compositions oMcinales , entre 
autres dans Ponguent Populeum etlemplätre Diabotanum. 


CRASSULÉES. 139 


SÉDON BRULANT, ou ORPIN BEULANT, vuloairement 
* Vermiculaire brülante, Pain d'oiseau , Poivre de 
muraille. 


Sedum acre. Lin. Spec. 619. — Bull. Herb. t. 30. 


Sa racine est vivace, menue , fibreuse; elle donne nais- 
sance à des tiges nombreuses, glabres, ramassées en gazon, 
hautes de 2 à 3 pouces, garnies de feuilles éparses, ovales, 
un peu triangulaires , courtes, succulentes, d’un vert-clair, 
très-rapprochées les unes des autres. Les fleurs sont jaunes, 
disposées en bouquet au sommet des tiges. Cette plante se 
trouve dans les lieux arides et pierreux, sur les vieux murs, 
les chaumières ; elle fleurit en juin et juillet. ; 

Toutes les parties du Sédon brûlant ont une saveur äcre, 
très-piquante et presque caustique, qui laisse pendant quel- 
que temps, sur la langue et dans la bouche, quand on en 
a mâché, une impression brûlante très-désagréable. Le suc 
des tiges et des feuilles, à la dose de 1 demi-once à 1 once, 
est fortement émélique et purgalif, mais il produit sur 
l’estomac et les intestins une irritation telle, qu’il peut cau- 
ser par suite une inflammation dangereuse qui doit faire 
proscrire son usage comme émélique et comme purgatif. 
Etmuller vante d’ailleurs cette plante comme un très-bon 
antiscorbutique; et Bernard Below rapporte un grand nom- 
bre d'observations de malades guéris du scorbut par l’usage 
continué pendant quelque temps de 5 à 4 onces de bière 
dans laquelle on avait fait bouillir 2 gros de Sédon brülant. 
Le suc retiré’ des tiges et des feuilles et étendu dans six à 
huit fois son poids d’eau, ou la décoction de ces parties, 
dans les mêmes proportions, peuvent servir à faire des gar- 
garismes qui sont utiles pour guérir les gencives ulcérées, 
et pour raffermir les dents ébranlées. Il y a quelques années 
que le docteur Peters, médecin à Anclam, a présenté le 
Sédon brülant , desséché et réduit en poudre, comme un 
remède efficace dans l’épilepsie, en le donnant à la dose de 8 
à 20 grains, selon l’âge, avec autant de sucre, deux fois par 
jeur ;. mais l'expérience n’a pas confirmé cette prétendue 
propriété. 


90° Genre. — JourÂrse. SEMPERFITUM. Lan. 


Calice de 6 à 15 divisions, Autant de pétales, d'étamines 
d’ovaires et de capsules. 


140 CRASSULÉES. 
JOUBARBE DES ToiTs, vulgairement Grande Joubarbe. 


Sempervioum PePtor um. Lin. Spec. 664. — Decand. PI. 
Grass. t. 104. — Seduim majus. Pharm. 


Sa racine est allôngée, fibreuse, vivace ; elle donne nais-- 
sance à plusieurs paquets de feuilles ovales-oblongues, suc- 
culentes, d’un vert pâle et un peu glauque, glabres en leur 
surface, ciliées sur leurs bords, sessiles, serrées les unes 
contre les autres, et disposées en rosette. Du milieu de ces 
feuilles s'élève une tige cylindrique, simple, excepté vers 
son sommet où elle se divise en plusieurs rameaux très- 
ouverts et même réfléchis, haute d'environ": pied, velue, 
rougeûtre, garnie de feuilles semblables aux radicales , Mais 
plus étroites, plus pointues. Ses fleurs sont purpurines , 
courlement pédonculées, la plupart tournées du même côté 
et disposées presque en forme d’épi le long des rameaux qui 
terminent les tiges. Ces fleurs sont Une d’un calice 
à 12 ou 15 divisions, d’une corolle de 12 à 15 pétales, et 
d’un même nombre d’étamines ei d’ovaires. Ces derniers 
deviennent autant de capsules qui contiennent chacune 
plusieurs graines. Cette plante croît dans les lieux pierreux, 
dans les fentes des rochers, sur les toits rustiques et sur les 
vieux murs; elle fleurit en juin et juillet. 

La Joubarbe est rafraïîchissante et astringente. On em- 
ployait jadis le suc exprimé de ses feuilles, à la dose de 
plusieurs onces, dans les fièvres imflammatoires, bilieuses, 
dans la dyssenterie , elc., et l’on se servait de ce suc pour 
faire des gargarismes dans l’esquinancie. Extérieurement 
on emploie encore les feuilles de Joubarbe sur les hémor- 
roïdes enflammées ; en les écrasant et les mêlant avec du 
beurre frais, on en fait une sorte de pommade qui apaise 
quelquefois les douleurs que les malades éprouvent. On fait 
aussi, en battant leur suc avec une huile douce végétale, 
telle que celle d’olive ou de noix, un mélange qui est bon 
pour guérir les brülures. On s’est quelquefois servi avec 
succès des feuilles de Joubarbe desséchées et réduites en 

‘poudre pour déterger et cicatriser de vieux ulcères. Cette 

lante'entre dans l’onguent Populeum et dans l’onguent 
mondificatif d’Ache. Anciennement on retirait de ses feuilles 
une eau distillée qui n’est plus en usage aujourd’hui. 


PORTULACÉES. 141 
Famille XXX. 
PORTULACÉES. 


Les caractères propres aux plantes de cette famille sont 
ceux qui suivent : Calice divisé au sommet; corolle formée 
le plus souvent de 5 pétales attaghés sur le calice; 5 à 12 éta- 
mines insérées sur le calice; 1 ovaire supérieur, surmonté 
de 1 ou plusieurs styles; capsule à 1 ou plusieurs loges mo- 
nospermes où polyspermes, 

Les Portulacées sont des herbes à feuilles alternes ou op- 
posées, souvent succulentes, à fleurs ordinairement réunies 
par petits paquels au sommet des rameaux. 

La saveur de ces plantes est peu prononcée et leur odeur 
est nulle; ce qui fait qu'elles n’ont pas de propriété bien 
marquée. On ñe peut guère les regarder que comme ra- 
fraïchissantes, et il y a tout lieu de douter des autres facultés 
qui leur ont été attribuées. 


g1° Genre. — POURPIER. PORTULACA. Lin. 


Calice persistant, comprimé , partagé en 2 découpures à 
son sommet. 5 pétales plus grands que le calice. 6 à 12 éta- 
mines ; 1 ovaire adhérent par sa base avec le calice, sur- 
monté de 1 style court, et terminé par 4 à 5 stigmates. 
Capsule s’ouvrant en travers et contenant plusieurs graines. 


POURPIER CULTIVÉ, vulgairement Pourcellane, Pour- 
cellaine. 
Portulaca oleracea. Lin. Spec. 658. — Decand. PI. 
grass. t. 125. — Portulaca. Pharm. 


Sa racine est ordinairement simple, fibreuse , annuelle ; 
elle donne naissance à une tige charnue, tendre, partagée 
dés sa base en rameaux étalés, couchés ou un peu redressés, 
très-lisses , longs de 6 à 8 pouces, munis de feuilles, sessiles, 
alternes, oblongues, en forme de coin, obtuses, charnues, 
glabres , d’un vert jaunâtre. Ses fleurs sont jaunes, sessiles, 
axillaires, réunies plusieurs ensemble dans la partie supé- 
rieure des rameaux. Le fruit est une capsule qui s'ouvre 
en travers comme une boîté à savonnette, et qüi contient 
plusieurs graines petites et noires. Le Pourpier croît spon- 
tanément dans les lieux cultivés et dans les terrains sablon- 
neux ; 1l a donné par la culture plusieurs variétés dont on 


142 s FORTULACÉES. 
prend soin dans les jardins potagers, et qui sont particulié- 
rement connues sous les noms de Pourpier domestique ou. 
des jardins , et encore sous celui de Pourcellane à feuilles 
larges. La plante qui croît naturellement a reçu les noms 
de Petit-Pourpier, Pourpier sauvage, Pourcellane à 
Jeuilles étroites. Toutes ces plantes fleurissent en juillet et 
août. E 

Le Pourpier, soit sauvage, soit domestique, est rafrai- 
chissant, antiscorbutique , vermifuge et fondant. On em- 
ploie la plante entière. Son eau distillée a passé pour être 
très-bonne contre les vers, en la donnant à la dose de 3 à 
# onces dans une potion vermifuge; mais celle-ci emprun- 
tait toutes ses propriétés de la mousse de Corse ou du Semen 
contra qu'on y ajoutait ordinairement; aussi l’eau de Pour- 
pier n’est plus employée aujourd’hui, ou elle l’est seule- 
ment comme excipient simple. Le sirop de Pourpier qu’on 
préparait autrefois chez les apothicaires, n’est plus en 
usage maintenant, de même que l’extrait qu'on donnait à 
Ja dose de 1 gros comme diurétique, et propre à expulser 
les graviers des reins et de la vessie, Les graines de Pour- 
pier étaient comptées jadis au nombre des quatre semences 
froides mineures, maintenant reléguées dans les anciennes 
pharmacopées ; ces graines entrent, ou, pour mieux dire, 
entraient dans plusieurs compositions pharmaceutiques , 
pour la plupart oubliées de nos jours. Maintenant on ne fait 
plus guère usage du Pourpier en médecine, si ce n’est pour le 
faire entrer dans les bouillons rafraïchissans. La meilleure 
manière de l’employer serait de donner son suc à la dose 
de 1 à 4 onces. Comme herbe potagère, le Pourpier se 
mange cuit ou crud; on le prépare en salade, et on le fait 
confire dans du vinaigre avec du sel, afin de le conserver 
pour l’hiver. 


Famille XXXI. 
TAMARISCINÉES. 


2 


Le seul genre ‘Tamarise composant jusqu’à présent cette 
famille , celle-ci ne se trouve pas avoir Œautres caractères 
et d’autres propriétés que le Tamarisc lui-même. 


92° Genre. — Tamarisc. T'4maAr1x. Lin. 


Calice partagé en 5 découpures persistantes. 5 pétales 


TAMARISCINÉES. 145 


altérnes avec les divisions calicinales. 5 à 10 étamines dont 
les filamens sont réunis à leur base. 1 ovaire supérieur, 
surmonté de 3 stigmates oblongs et plumeux. 1 capsule 
triangulaire, à 5 valves, à 1 loge contenant plusieurs grai- 
ues vêlues de duvet. 


TAMARISC DE FRANCE, vulgairement le Tamarisc , on 

T'amaris commun,etencore T'amarix de Narbonne. 

Tamarix gallica. Lin. Spec. 566. — T'amariscus. 
Blackw. Herb. t. 531. — Pharm. 


Arbrisseau dont la tige s'élève à 15 ou 20 pieds, en se divi- 
sant presque dès sa base, en plusieurs branches, sous-divisées 
elles-mêmes en rameaux nombreux, grêles, revèlus d’une 
écorce rougeûtre, et garnis de feuilles courtes, lancéolées, 
très-menues , aiguës , glabres, d’un vert gai ou quelquefois 
un peu cendré, très-rapprechées les unes des autres et pa- 
raissant presque imbriquées sur les jeunes pousses. Ses fleurs 
sout blanches ou légèrement purpurines, disposées dans la 
partie supérieure et latérale des rameaux, en épis nom- 
breux , allongés et serrés : elles sont à à étamines saillantes 
hors de la corolle. Le "Famarise croîl naturellement le long 
des rivières , dans le nridi de la France, et principalement 
sur les bords de la Méditerranée et de l'Océan; il fleurit 
depuis le mois de juin jusqu’à la fin de l'été, 

Les racines, l'écorce, le bois et les feuilles du Tamarise 
commun passent pour être apéritifs et diurétiques ;-on en a 
conseillé l'usage dans l’obstruction des viscères abdominaux. 
On faisait autrefois un extrait de l'écorce , dont on don- 
nait depuis 1 jusqu'à 2 gros, Quelques anciens auteurs de 
matière médicale ont vanté la décoction de cette écorce ou 
du bois, comme un excellent moyen pour guérir toutes 
les maladies de la peau , comme la galle, les dartres et même 
la lèpre; d’autres l’ont préconisée pour les maladies véné- 
riennes. Dans les pays où le Tamarisc prend assez d’ac- 
croissement pour qu'on puisse travailler son bois, on en 
fait des tasses, des barrils qui communiquent, dit-on, une 
propriélé apéritive et diurétique au vin ou à l’eau que l’on 
met dedans. Quoi qu'il en soit, les médecins ne sont plus 
dans l’usage d'employer aucune de ses parties, et d’ailleurs 
leur saveur, un peu amère et légèrement styptique, prou- 
verait bien plutôt qu’elles seraient toniques et astringentes, 
qu’elles n'auraient les propriétés qu’on leur prêtait jadis. 


248: TAMARISCINÉES, 
Les fruits donnent une teinture noire dont les teinturiers 


se servent, dans les pays où cet arbrisseau est abondant, 


pour remplacer fes noix de Galle. Les cendres des tiges et 
des rameaux contiennent une assez grande quantité de 
sulfate de soude , qu'on peut en retirer facilèment et avec 
profit. 


TAMARISC D’ALLEMAGKE. 
Tamarix germanica. Lin. Spec. 587. — Tamarix. 
Fuchs. Hist. 215. 


Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles plus 


allongées, plus éloignées les unes des autres, simplement 
sessiles et non demi-embrassantes: par ses fleurs disposées 


SJ + 


eu longs épis'terminaux, ayant dix étamines dont les fila- 


mens sont réunis à leur base; et enfin parce qu’elle s'élève 
moitié moins. Cet arbrisseau croît en France sur les bords 
du Rhin et du Rhône; il fleurit en mai et juin. Il a les 
mèmes propriélés que le Tamarisc commun, mais il est 
ainsi que lui tombé en désuétude. 


Famille XXXII. 
LYTHRÉES* 


Les caractères suivans sont ceux de cette famille : Calice 
d’une seule pièce, en tube ou en godet, partagé en son 
limbe; pétales en mémenombre que les divisions calicinales , 
et attachés au bas de celles-ci jou quelquefois entièrement 
nuls; étamines insérées sur le calice en nombre égal ou 
double des pétales; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un style 
à stigmate souvert en têle; capsule cachée dans let calice 
persistant, et à 1, ou plusieurs loges polyspermes. 

Les Lythrées sont des plantes herbacées à feuilles sim- 
ples , opposées ou alternes; à fleurs terminales ou axillaires. 
On sait peu de choses sur leurs propriétés; celles qu’on leur 
attribue, comme plus positives, sont d’être astringentes. 


93° Genre. — SALICAIRE. LYTHRUM. Lan. 


Calice cylindrique, strié, à 6 ou 12 dents. 12 étamines à 
filamens filiformes, Style subulé. Capsule oblongue, à 2 lo- 
yes, contepant plusieurs graines. 


LYTHRÉES. 145 


SALICAIRE COMMUNE, vulgairement Lysimachie rouge. 
Lythrum Salicaria. Lin. Spec. 640. — Lysimachia 
spicata purpurea. FI. Dan. t. 671. 


Sa racine est allongée, de la grosseur du petit doigt, 
blanchätre , vivace, garnie de beaucoup de fibres menues ; 
elle donne naissance à r tige droite, quadrangulaire, 
rougeâtre, plus ou moins rameuse dans sa parlie supé- 
rieure , haute de 2 à 3 pieds ou plus, munie de feuilles lan- 
céolées, glabres, d’un vert un peu foncé, sessiles, opposées 
2 à 2, quelquefois 5 à 5 et plus rarement 4# à 4. Ses fleurs, 
d’une couleur purpurine , forment de beaux et longs épis à 
l’extremité de la tige et des rameaux. Cette plante est com- 
mune dans les lieux humides, marécageux, et au bord 
des rivières et des ruisseaux ; elle fleurit en juin et juillet. 

La Salicaire passe pour être détersive, rafraîchissante et 
astringente. Quelques auteurs l’ont conseillée dans la dys- 
senterie et les hémorragies ulérines; mais elle est aujourd’hui 
de fort peu d’usage en médecme. Son eau distillée, que 
Parkinson estimait beaucoup contre l’inflammation et les 
contusions des yeux , est encore plus tombée en désuétude. 


Famille XXXIII. 


RHAMNÉES. 


Les caractères des genres qui composent cette famille 
sont les suivans : Calice d’une seule pièce, à 4 ou 5 décou- 
pures ; corolle de # à 5 pétales ( quelquefois nuls ) insrés 
dans le haut du calice, ou sur 1 disque, et atlernes avec 
les divisions calicinales; étamines en même nombre que les 
pétales et ayant la même insertion; 1 ovaire supérieur, 
surmonté par 1 ou plusieurs styles, et entouré à sa base 
de 1 disque qui naît du fond du calice ; 1 baie où 1 capsule 
à plusieurs loges contenant chacune 1 ou 2 graines. 

Les Rhamnées sont des arbrisseaux à feuilles alternes cu 
opposées, et à fleurs axillaires, ordinairement plusieurs 
ensemble. Les fruits de la plupart des espèces de cetie fa- 
mille sont fortement purgatifs et même émétiques: tels sont 
ceux des Nerpruns en général, du Fusain et du Houx. Les 
Jujubes font exception par leur vertu adoucissante et bé- 
chique. L’écorce des Nerpruns a les mêmes propriétés que 


146 RHAMNÉES,. 

les fruits de ce genre, et sans doute que celle du Fusain a des 

facultés analogues. Quant à l’écorce du Houxelle passe pour 
amère et mucilagineuse, et.ses feuilles ont été préconisées 

comme fébrifuges et sudorifiques. 


94° Genre. — NERPRUN. RHAMNUS. Lin. 


Calice à 4 ou 5 divisions. 4 à 5 pétales très-petits. 4 ou 
5 étamines. 1 ovaire surmonté de 1 style terminé par 1 stig- 
mate bifide ou quadrifide. 1 baie contenant 2 à 4 graines. 


NERPRUN PURGATIF, vulgairement Nosrprun, Bours- 
épine. 
Rhamnus catharticus. Lin. Sp. 279. — Blackw. Herb. 
tab. 155. — Pharm. “ 


Cette espèce est un arbrisseau dont la tige, divisée en ra- 
meaux piquans el irréguliers, s'élève à la hauteur de 8 à 
10 pieds. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales ou 
arrondies , finement dentées en leurs bords, glabres et d’an 
vert assez foncé. Ses fleurs sont jaunâtres, pelites, ramassées 
par bouquets dans les aisselles des feuilles : elles sont com- 
posées de 1 calice à 4 divisions, de # pétales, d’un pareil 
nombre d’éltamines, et de 1 ovaire arrondi; souvent les 
mâles étant séparés des femelles sur des individus diffé- 
rens. Les fruits sont de petiles baies arrondies, noirâires, 
contenant 4 graines. Cet arbrisseau croît naturellement 
dans les bois, les haies, et les buissons: il fleurit en mai, et 
ses fruits sont mürs en automne. 

Le Nerprun est un purgatif énergique, très-usité en mé- 
decine. On emploie ses baies desséchées et en substance, à la 
dose de 1 gros; on les prépare en décoction à la quantité 
de 1 à 5 gros pour 6 à 6 onces d’eau; on donne demi- 
once à 1 once du suc qu’on en exprime lorsqu'elles sont ré- 
centes, et on en fait un extrait qu'on administre à la dose de 
demi-gros à 1 gros; mais, à loules ces préparations ,-on 
préfère le plus souvent le sirop qu’on fait dans les pharma- 
cies avec le jus de ces fruits au moment de leur maturité. 
Ce sirop s'emploie avec succès, comme purgatif bydra- 
gogue , dans la leucophlegmatie et les différentes hydropi- 
“sies : on s’en sert aussi âvec avantage dans l’apoplexie , 
comme pouvant ranimer les forces vitales par la forte exci- 
tation qu’il produit sur le canal intestinal, Il se donne depuis 


F4 

RHAMNÉES. 147 
F , s» f , « 
i once jusqu'a 5, ou seul délayé dans une certaine quan 
tité de liquide, ou associé à d’autres purgatifs dans des po- 
tions évacuantes. Ce sirop ou les différentes préparations 
de Nerprun conviennent aux gens robustes, aux habitans 
des campagnes chez lesquels les doux purgatifs ne pro- 
duisent que peu ou point d’effet. 

On a reproché aux préparations de Nerprun d’occasion- 
ner souvent une sécheresse brûlante de la bouche, du go- 
sier, et de causer des coliques; le meilleur moyen de pré- 
venir:ces eflets est de faire boire aux malades qui en ont 
pris, une certaine quantité de liquide doux et mucilagineux. 

L’écorce moyenne du Nerprun purge fortement, selon 
Allioni, et elle provoque en même temps le vomissement ; 
mais on n'est point dans l’usage de l’employÿer. Garidel 
attribue encore à cet arbrisseau une propriété dont on pour- 
rait, ce me semble, tirer un parti avantageux, si elle était 
bien positive, et par laquelle on pourrait se procurer des 
fruits qui fussent purgatifs, et en même temps d’une saveur 
agréable. Selon cet auteur, le Nerprun communiquerait 
sa vertu purgative aux fruils de certains arbres à noyau 
qu'on aurait entés sur ses tiges ; et il cite à ce sujet un 
particulier des environs ‘d'Aix qui avait un prunier ainsi 
greffé, et qui fut obligé de le faire couper à cause des acci- 
dens auxquels il donna lieu. Je pense qu’avec la précau- 
tion d’avoir un tel arbre dans un jardin enclos, il eùt été 
très-utile een mème temps très-curieux de le conserver. 

On prépare avec le suc épaissi des baies de ce Nerprun 
et une certaine quantité d’Alun dissoute dans de l’eau , une 
couleur verte dont on fait usage dans la peinture, et qu’on 
connaît vulgairement sons le nom de vert de vessie , parce 
que cette matière verte se met dans des vessies que l'on sus- 
pend dans un lieu chaud pour l’y laisser durcir. 


NERPRUN BOURGÈNE , vulgairement Bourgéne, Bour- 
daine ; Aulne noir. 
Rhémnus Frangula. Lan, Spec. 260. — Duham. Arh, 
Nouv.éd. vol. 5. p.44. t. 15. 


La,tige de cette espèce est ligneuse , droite, rameuse , 
haute de 10 à 12 pieds et plus. Ses feuilles sont alternes ; 
pétiolées, ovales, un peu pointues, glabres. Ses fleurs sont 
petites, d’un vert blanchâtre, pédonculées, axillaires, ra- 
massées plusieurs ensemble : elles sont Pr de 1 cabce 

2 


148 RHAMNÉES. : 

à 5 divisions, de 1 corolle à 5 pétales, de 5 étamines, et 
de : ovaire arrondi. Ses fruits sont de petites baies globu- 
leuses, noirâtres, contenant 2 à 4 graines. Cet arbrisseau 
est commun dans les bois; il fleurit en mai et juin, et ses 
fruits sont mürs en septembre. 

La Bourgêne a les mêmes propriétés que le Nerprun; ses 
baies, ses racines et son écorce moyenne sont aussi forte- 
ment purgatives. Les médecins ne sont pas dans l'usage de 
les employer; mais il arrive souvent, soit par fraude, soit 
par erreur, que les gens de la campagne qui fournissent 
les pharmaciens de baies de Nerprun pour faire leur sirop ; 
mêlent, ou mème substituent tout-à-fait à ces dernières , 
celles de la Bourgëne, qui, dans beaucoup de cantons, est 
bien plus commune que le Nerpran proprement dit. Cette 
substitution, à cause des propriétés semblables des deux 
espèces, est sans inconvénient. Au reste, les paysans se 
purgent avec les fruits de la Bourgêne ou avec la décoc- 
tion de son écorce ; ce moyen leur plait parce qu'il les fait 
souvent aller par haut et par bas, et que ces bonnes gens 
sont pour la plupart persuadés que les fortes évacuations 
sont dans presque toutes les maladies le plus puissant moyen 
pour guérir. L 

_ L'écorce de Bourgène teint en jaune ; ses baies donnent 
une couleur verte dont on fait du,vert de vessie, comme 
avec celles du Nerprun purgatif; enfin son bois sert à faire 
un charbon léger, qui est estimé préférable à tout autre 
pour la fabrication de la poudre à canon. 


95° Genre. — JusuBIER. Z1ZYPHUS. Tournef. 


Calice à 5 divisions. h pétales. 5 étamines. 1 ovaire sur- 
monté de 2 styles. 1 drupe contenant 1 noyau à 1 ou 
2 graines. 

JUJUBIER COMMUN. 

Zizyphus vulgaris. Lam. Ilust. t. 185. £ 1.— Rham- 
nus Zizyphus. Lin. Spec. 282. — Jujubæ. Pharm. 


Le Jujubier commun est un arbre dont la tige cylindri- 
que, un peu tortueuse, haute de 20 à 50 pieds, sesdivise 
en rameaux nombreux chargés d’aiguillons et garnis de 
feuilles ovales-oblongues, courtement péliolées, alternes , 
légèrement dentées, très-glabres. Ses fleurs sonL petites, 
d'un jaune pâle, portées sur de courts pédoncules ; axil- 


RHAMNÉES. 149 


Jaires, solitaires ou 2 à,3 ensemble. Les fruits nommés /z- 
Jubes sont des drupes ovoïdes, rouges, dont la chair re- 
couvre un noyau lrès-pointu, à 2 loges qui contiennent 
chacune 1 seule graine. Cet arbre, apporté de Syrie en Italie 
sous le règne de l’empereur Auguste, s’est naturalisé depuis 
dans plusieurs parties de l'Europe méridionale , et on le 
trouve maintenant en Languedoc et en Provence; il fleurit 
en juin et juillet. 

Les Jujubes fraîches sont un peù fermes , et n’ont pas 
la chair très-succulente; mais elles ont une saveur aigrelette 
et vineuse assez-agréable, aussi elles sont au nombre des 
fruits qu’on mange crus dans le midi de la France , en 
Italie, etc. En médecine , on n'en fait usage que lorsqu'elles 
sont sèches ; elles sont alors adoucissantes et béchiques. On 
les emploie dans les rhumes , dans les maladies de poi- 
trine , dans les affections douloureuses des voies urinaires. 
On les prépare par décoction à la dose de 2 gros à 1 once 
pour uhe pinte d'eau, et le plus souvent on les associe anx 
autres fruits dits pectoraux , qui sont les Dattes, les Figues, 
les Raisins secs et les Jujubes. Les pharmaciens composent 
des tablettes de Jujubes qui,sont regardées comme trés- 
propres à calmer la toux et les irrilations de poitrine ; ils 
en fout aussi un sirop qui a les mêmes propriétés. Ces fruits 
font partie des drogues qui entrent dans l’électuaire lénitif 
et dans le sirop de tortues, médicamens à peu près relégués 
aujourd'hui dans les anciens formulaires. 


96° Genre. — FusaiN. Eronrmus. Lin. 


Calice à 4 ou 5 divisions. Corolle de 4 à 5 pétales insérés 
sur un disque charnu. 4 à 5 étamines. 1 ovaire supérieur, 
enfoncé et caché dans le disque avec lequel il fait corps, 
surmonté d’un style court. 1 capsule tétragone ou penta- 
gone , un peu succulente , à 4 ou 5 loges, contenant cha- 
cune 1 grame entourée d’une tunique propre colorée et 
pulpeuse. 


FusaiN D'EUROPE, vulgairement Fusin, Fusaire, 
Bonnet de prêtre, Bois à lardoires. 
Evonymus Europœus. Lin. Spec. 286. — Bull. Herb. 
1. 139. — T'etragonia. Pharm. 


Arbrisseau qui s'élève à 12 ou 15 pieds de hauteur, en 
se divisant en branches et en rameaux quadrangulaires , 


K 5 


350 RHAMNÉES, 


dont les plus jeunes sont verdätres, garnis de feuilles Jan- 
céolées , dentelées en leurs bords, glabres, courtement pé- 
tiolées, opposées. Ses fleurs sont petites, blanchätres, pres- 
que toutes quadrifides , disposées plusieurs ensemble sur des 
pédoncules rameux et axillaires. Le Fusain croît dans les 
bois et les buissons ; on le plante assez communément dans 
les haies, mais celles qui en sont formées ne sont que d’une 
irès-médiocre défense. Il fleurit en mai et juin. 

Ses fruits ont une saveur nauséabonde; ils sont, dit-on, 
émétiques et purgatifs, mais aucune observation positive 
ne paraît encore avoir été faite pour en déterminer la dose; 
aussi ne les emploie-t-on pas du tout en médecine. Dans 

‘certains cantons, on retire des graines une huile bonne à 
brüler ; dans d’autres, on se sert des capsulès pour la tein- 
ture; quelques personnes enfin les font sécher au four, afin 
de pouvoir les réduire en poudre, et, dans cet état , ilsen font 
usage pour détruire la vermine des enfans. Le bois de Fusain 
a le grain fin, serré ct d’une couleur jaunâtre; ce qui le rend 
propre à étre employé pour quelques ouvrages de tour et de 
marquetterie : on en fait aussi des bobines de fuseaux et des 
lardoires ; mais on assure qu’il a l’inconvénient de causer 
des nausées aux ouvriers qui le travaillent. Les rameaux 
réduits en charbon sont employés à la fabrication de la 
poudre à canon, et les dessinateurs en font des espèces de 
crayons qui leur servent à tracer leurs esquisses. Les auteurs 
ne sont pas d'accord touchant ies propriétés malfaisantes 
de cet arbrisseau pour les animaux herbivores. Clusius dit 
avoir observé que les chèvres broutaient ses feuilles avec 
plaisir; Linné et Willich disent en général que les bestiaux 
mangent volontiers ses feuilles et ses jeunes pousses; Landis 
qu’au contraire Gmelin assure qu’elles donnent la mort 
aux brebis, et que Duhamel en parle comme étant nuisibles 
aux bestiaux. l . 


97° Genre. — Houx. 1/1Ex. Lin. 


Calice court , à 4 dents. Corolle de #4 pétales contigus à 
leur base, mais non adhérens. 4 étamines presque de la 
longueur des pétales ; la base de leurs filamens servant d’in- 
termédiaire à la connexité apparente des parties de la co- 
roile. 1 ovaire surmonté de # stigmates sessiles. # baïe ar- 
rondie, à 4 graines osseuses. 


RHAMNÉES. 152 


Houx ÉPINEUX, vulgairement /e Houx. 

Îlex Aquifolium. Lin. Spec. 181. — Aquifollum. 
Blackw. Herb. t. 205. — Æquifolium sive Agrifolium. 
Pharm. : 


Grand arbrisseau ou petit arbre qui s'élève quelquefois 
à 20 ou 25 pieds de hauteur, mais qui le plus souvent 
reste au-dessous de ces proportions. Son tronc se divise 
en rameaux nombreux, souples , recouverts d’une écorce 
lisse et verte, garnis de feuilles alternes, pétiolées, ovales, 
coriaces , persistantes, luisantes, d’un beau vert, ordinai- 
rement ondulées en leurs bords, ayant leurs angles ter- 
minés par des pointes très-épineuses ; planes an contraire, 
dépourvues d’épines sur les très-vieux pieds. Ses fleurs sont 
blanches , petites, nombreuses , disposées dans les aisselles 
des feuilles par petits bouquets serrés. Les fruits sont des 
baies rouges à l'époque de leur maturité, et à peu près de 
la grosseur d’un grain de groseille. Le Houx croît dans les 
buissons et les bois montagneux ; il fleurit en avril el mat. 

Les baies du Houx, prises au nombre de 10 à 12, sont 
purgatives, s’il faut en croire Dodonæus ; mais c’est une 
chose à vérifier, car cet auteur ne parle pas d'après sa pro- 
pre expérience. Les autres propriétés , attribuées par les- 
auteurs aux différentes parlies de cet arbre, sont assez nome 
breuses. Les uns disent que ses racines cuites dañs l’eau sont 
émollientes ét résolntives, et l'écorce paraît avoir des fa- 
cultés analogues. On prépare avec le liber une glu pour 
prendre les oiseaux. Geoffroy et Duhamel ont donné le 
moyen de faire cette préparation que Chomel recommande, 
mise sur des étoupes et appliquée en cataplasme, pour 
apaiser les douleurs causées parka goutte. Quelques auteurs 
ont vanté la décoction des feuilles et leur poudre prise avec 
de l’eau de tussilage , pour la toux, la pleurésie, les coliques 
et les maladies des voies urinaires, etc. Haller recommande 
le suc des feuilles dans Ja jaunisse. Enfin Reil assure avoir 
employé fréquemment la décoction ou l'extrait de Houx, 
et avoir observé que ces préparations provoquaient lap- 
pétit, facilitaient toutes les sécrétions el excrétions, et que 
l’un de leurs effets constans était d'augmenter la transpi- 
ration jusqu’à Ja sueur. Selon le mème auteur, il a employé 
le Houx avec beaucoup de succès dans des fièvres Inter- 
millentes qui régnaient épidémiquement , et plusieurs de 


K & 


152 Ë RHAMNÉES,. 


ces maladies qui avaient résisté au Quinquina ont cédé 1 

l'administration dû remède indigène. Au reste, il convient 
d’ailleurs que celui-ci agit plus lentement que. le Quin- 
quina, car il lui a été nécessaired’en faire continuer l’usage 
pendant huit à quatorze jours pour guérir les fièvres; et il 
avoue encore que leur guérison, dans d’autres circonstan- 
ces, n’a pas loujours élé aussi certaine, Selon Werlhof, les 
habitans de la Frise orientale font un usage fréquent , dans” 
la goutte, des feuilles de Houx en décoction dans la bière, 
et c’est pour eux un remède domestique. Reil ayant aussi 
employé ce remède pour un certain nombre d’arthritiques, 
il dit que plusieurs de ceux qui le prirent éprouvèrent en 
général une sueur abondante qui dissipait, insensiblement 
les douleurs; mais que d’autres en ont fait usage sans aucun 
succés. La dose des feuilles de Houx est de demi-once à 
1 once dans 1 à 2 livres d’eau, et les malades doivent boire 
cette décoction chaude quand ils la prennent comme sudo- 
rifique. Dans les fièvres intermittentes, Reiïl faisait prendr e 
l'extrait des feuilles à la dose de 1 à 2 gros dans la j journée, 
et il y joignait la décoction froide. 

Quelques personnes ont cru que.les graines du Houx, 
desséchées , torréfiées et préparées comme celles du café, 
pouvaient remplacer jusqu’à uu certain point cette denrée 
exotique. 

Le bois du Houx-est compact, très-dur, plus pesant que 
l'eau , blanc jusqu'à un certain âge, mais brun et noirâtre 
vers le centre dans l'arbre un peu avancé en âge. Sa con- 
.sistance très-dur le rend propre pour les ouvrages de tour, 
ceux de marquetterie, elc. Les bêtes fauves et les mou 
tons mangent les feuilles du Houx. Les petits oiseaux se 
nourrissent de ses baies , surtout les grives , lorsque pendant 
l'hiver la terre est couverte de neige. 


“HA | XX LAINE 
EUPHORBIÉES. 


Les plantes de cette famille se distinguent aux caractères 
suivans : Calice monophylle, à 5, 4 ou à divisions; corolle 
de 5, #4 ou 5 pétales insérés TÈ le calice; étamines en 
nombre variable, de 5 à 15; 1 ovaire à 5 styles ou à stig- 
mate trifide ; 1 capsule à à 3 coques monospermes. 

Les Euphorbiées sont des plantes herbacées ou des ar- 


EUPHORBIÉES. 153 


bustes, à feuilles entières alternes, et à fleurs axillaires où 
terminales. Les espèces du genre Euphorbe sont très-nom- 
breuses et contiennent toutes un suc laiteux , d’une grande 
Âcreté et très-caustique , qui rendrait ces plantes vénéneuses 
si elles étaient employées fraîches et surtout en nature; 
mais elles perdent , par une parfaite dessication, leurs mau- 
vaises propriétés , et à des doses modérées elles sont seule- 
ment émétiques et purgatives. La Camelée, autre genre, 
qui ne contient qu’une espèce et que j'ai cru devoir rap- 
porter à cette famille, n’est point lactescente, mais elle est 
un peu résineuse et légèrement purgative. 


98° Genre. — EUPHORBE. EUPHORBIA. Lin. 


Calice d’une seule pièce à 4 ou 5 divisions. Corolle de 
4 à 5 pétales, un peu charnus, arrondis, ou en crois- 
sant, insérés dans le haut du calice et alternes avec ses 
. divisions. 12 à 15 étamines, rarement moins, attachées au 
réceptacle, et ayant interposées entre elles, des écailles 
velues , lacinées ou frangées. 1 ovaire arrondi, trigone , pé- 
diculé , surmonté de 5 styles bifides. 1 capsule saillante 
hors du calice, à 3 coques monospermes. 


EUPHORBE DES BO1s. 
Euphorbia sylvatica. Lin. Spec. 665. — Bull. Herb. 
t. 95. — Esula vel Tithymalus. Pharm. 


Sa racine est presque simple, pivotante, vivace, recou- 
verte d’une écorce brunâtre: elle donne naissance à 3 ou 
4 üges cylindriques, plus ou moins velues, hautes de 2 pieds 
ou environ, garnies de feuilles lancéolées, presque glabres ; 
les inférieures plus rapprochées les unes des autres el ré- 
trécies en pétioles à leur base, les supérieures plus éloignées 
entre elles, plus petites et sessiles. Les fleurs sont jaunâtres 
ou um peu rougeâtres, à pétales échancrés en croissant, et 
disposées, à l'extrémité des tiges, en 1 ombelle formée de 
6 à 5 rayons; quelques autres sont placées au-dessous de cette 
ombelle termimale sur plusieurs pelits rameaux axillaires, 
une fois bifurqués. Les capsules sont glabres et lisses. Cette 
plante est assez commune dans les bois, où elle fleurit en 
avril et mai. 

EUPHORBE DE GÉRARD. 

Euphorbia gerardiana. Jacq. FI. Aust. t. 456. 


Sa racine esl vivace, grosse comme le petit doigt, cou- 


154 EUPHORBIÉES. 

verie d'une écorce brunâtre; elle donne naissance à plu- 
sieurs tiges simples, hautes d'environ 1 pied, parfaitement 
glabres, comme toute la plante, garnies de feuilles linéaires- 
Jancéolées, glauques, sessiles , éparses, assez rapprochées les 
unes des aatres. Ses fleurs sont jaunâtres, portées sur des ra- 
Meaux disposés, au nombre de 10 à 20 , en 1 ombelle termi- 
nale. Les pétales sont arrondis, et les capsules glabres et 
lisses. Cette plante est commune dans les lieux secs et sa- 
blonneux, aux environs de Paris et dans plusieurs parties 
de la France. Elle fleurit en mai et juin. 


EUPHORBE CYPRÉS. 

Euphorbia cyparissias. Lin. Spec. 661. — Jacq. F1. 
Aust. t, 455. — Tithymalus cyparissias. Matth. Valgr. 
1254. 


Sa racine se divise en plusieurs grosses fibres un pe 
couchées, traçantes, recouvertes d’une écorce brune-jau- 
nâtre; elle est vivace, et donne naissance à 1 ou plusieurs 
tiges, hautes de 6 à 10 pouces, simples dans leur partie 
mférieure, chargées, dans la supérieure, de plusieurs ra- 
meaux stériles, fort longs pour la grandeur de la plante. 
Ses feuilles sont éparses, Enéaires , étroites, très-rapprechées 
lés unes des autres. Ses fleurs jaunâtres, à pétales échancrés 
en croissant, sont portées au sommet de la tige sur 8 à 
15 longs pédoncules, une fois bifurqués et disposés en 6m- 
belle. Cette plante est commune dans les lieux secs et sa- 
blonneux; on la trouve fréquemment aux environs de Paris. 
Elle fleurit en avril, mai et juin. 


EUPHORBE PITHYUSE. 
Euphorbia pithyusa. Lin. Spec. 656. — Pithyusa. 
Matth. Valgr. 1258. 


Sa racine est assez grosse, vivace; elle donne naissance à 
1 souche presque ligneuse , qui produit 1 ou plusieurs 
tiges longues de 6 à 10 pouces, garnies de feuilles nom- 
breuses, lancéolées-linéaires, d’un vert glauque, dont les 
inférieures sont imbriquées en sens contraire de la direction 
des supérieures, “qui sont plus larges et plus écartées les 
unes des autres. Les fleurs jaunâtres, à pétales entiers, 
presque arrondis, sont porlées au sommet des tiges sur des 
pédoncules bifurqués et disposés en 1 ombelle mume à 
sa base d’une collerette de folioles ovales , aiguës. Les cap- 


EUPHORBIÉES. 155 
sules sont glabres. Cet Euphorbe croît dans les sables des 
bords de la Méditerranée, aux environs de 'Foulon et 
d’Hières. 4 

Outre les quatre espèces d’Euphorbe que je viens de dé- 
crire , il en existe encore un grand nombre en France, puis- 
qu’on en compte environ quarante espèces. Les plus com- 
munes sont l'Esule, Euphorbia Esula. Lin, l'Epurge ou 
Catapuce, Euphorbia Lathyris. Lin., le Réveil-matin, 
Euphorbia Helioscopa. Lin., le Péplus, Euphorbia Pe- 
plus. Lin. , etl'Euphorbe des moissons, Euphorbia Segeta- 
lis. Lin. Toutes ces plantes ont des propriétés analogues, et 
chacune d’elles est plus ou moins émélique ou purgative, ce 
qu’elles doivent à un suclaitenx, âcre et caustique, répandu 
en si grande abondance dans toutes leurs parties, qu’il s’é- 
chappe en gouttes nombreuses à la moindre déchirure faite 
à leûrs raeines, à leurs tiges , à leurs feuilles; etc. L'âcreté et 
la causticité de ce suc sont telles, qu’une seule goutte sur Ha 
langue y laisse pour long-temps une ardeur brülante insup- 
portable. Aussi cela ne permet pas d'employer ces plantes 
fraîches; mais lorsqu'elles sont parfairement desséchées , elles 
peuvent l’être sans aucun inconvénient. C’est ainsi que , dans 
les recherches que j’ai faites, pour trouver dans les plantes 
de France des succédanées à l’Ipécacuanha (1), je me suis 
assuré, par ma propre expérience, que les racines de 
l’'Euphorbe Cyprès et celles de FEuphorbe Gérard, par- 
faitement desséchées , et réduites en poudre, pouvaient être 
données en nature, et que, comme vomitif simple, elles 
agissaient absolument comme l’Ipécacuanha , et qu’elles ne 
causaient jamais aucun des accidens que quelques auteurs 
les croyaient susceptibles de produire. Les doses auxquelles 
Je les ai administrées ont été , pour l'Euphorbe Cyprès , 12 à 
15 grains où 18 au plus, délayés dans 3 tasses d’eau 
üèdes et données de demi-heure en demi-heure, et, pour 
l'Euphorbe de Gérard, 15 à 24 grains préparés de la même 
manière; j'en ai moi-même fait usage avec succès à cette 
dermière dose. 

N’ayant point employé un grand nombre de fois l'Eu- 


(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouvrage, mes Observations 
sur les Plantes indigènes qui peuvent être les succédanées de 
l'Ipécacuanha, 


156 EUPHORBIÉES. 


phorbe des hoïs, je ne puis le recommander avec autant Je 
certitude; cependant il m'a paru agir à peu près comme 
l’Euphorbe de Gérard. Les observations que j’ai commen- 
cées sur l’Epurge, n'étant point encore assez multipliées, 
Je ne puis dire, d’une manière positive, si cette espèce est 
plus décidément émétique que purgative. Ses graines, plus 
grosses que dans aucune autre espèce, sont d'un usage fa- 
milier dans quelques départemens pour les gens de la cam- 
pagne, qui se purgent fortement en en prenant 10 à 12. 
N'ayant fait qu’une seule observation sur l’Enphorbe 
Péplus, je m’abstiendrai de parler de son mode d’action : 
mais je dois dire: quelque chose de l'Éuphorbe Pithyuse, 
sur laquelle, au contraire, j'ai fait 36 observations. Il ré- 
sulte de celles-ci que les racines de cette espèce, administrées 
à la dose de 15 à 24 grains en poudre, et de la même ma- 
ère que l'Euphorbe Cyprès ou celle de Gérard, ont presque 
uniquement agi comme purgatives. En effet, sur 56 ma- 
lades auxquels j'en ai fait prendre, 8 seulement ont eu 
quelques vomissemens, tandis que tous les autres n’ont eu 
que des évacuations alvines plus ou moins abondantes. 
D’après tout ce qui vient d’être dit, et qu’on pourra voir 
beaucoup plus amplement détaillé dans la 2° partie de cet 
ouvrage, Je Crois pouvoir recommander, comme un très- 
bon émétique, les racines de l’Euphorbe de Gérard et de 
. l'Euphorbe Cyprès, aux doses déjà indiquées ci-dessus. 
Je crois aussi que si on pouvait enlever à celles de l’Eu- 
 phorbe Pithyuse le peu d’éméticité dont elles sont douées, 
elles seraient parfaitement propres à remplacer le Jalap. 
Chomel recommande de faire macérer les racines des 
Euphorbes dans le vinaigre, avant de les employer, et 
c’est ainsi que’ MM. Coste et Willemet en ont fait usage 
dans quelques-uns de leurs essais ; mais je puis assurer que 
celte préparation préliminaire est absolument inutile, et 
qu’elle ne tend qu’à rendre incertaine l’action du médica- 
ment. Au reste, Je dois avertir ici que je n’ai fait usage que 
de la partie corticale des racines d’Euphorbe, et que J'ai 
rejeté leur âxe ligneux , qui ne se réduit qu'imparfaitement 
en poudre. 


100*° Genre. — CAMELÉE. CNEORUM. Laün. 


Calicetrés-court, à 3 dents. 3 pétales oblongs. 3 étamines 
plus courtes que la corolle. 1 seul style terminée par 


EUPHORBIÉES. 157 


35 tigmate trifide. 1 capsule à 5 coques, contenant cha- 
cune 1 seule graine. 


CAMELÉE A TROIS COQUES. 
Cneorum tricoccon. Lin. Spec. 49. — Chamelæa tri- 
coccos. Clus. Hist. 87. 


Cette plante est un petit arbrisseau qui se divise dès sa 
base en-rameaux nombreux, et qui s'élève à la hauteur 
de r pied ou 2. Ses feuilles sont oblongues, persistantes, 
sessiles, d’un vert assez foncé, glabres et luisantes. Ses fleurs 
sont jaunes, solitaires, portées sur de courts pédoncules dans 
les aisselles des feuilles. Cet arbrisseau se trouve dans les 
lieux secs, arides et pierreux , en Languedoc et en Pro- 
vence ; il fleurit en avril et maï. 

* Il régnait beaucoup d'incertitude sur l’action positive 
de cette espèce, doni J. Bauhin parle comme d’un bon 
purgatif hydragogue, et que Dodonæus représente comme 
un purgatif trés-violent, lorsque je me décidai à l’essayer 
de nouveau, pour voir s'il pouvait mériter d’être employé 
ou s’il devail continuer à rester dans l’oubli où il est tombé. 
Les observations que j'ai faites à ce sujet m'ont appris que 
cette plante ne méritait ni les louanges de J. Bauhin , ni les 
reproches de Dodonæus, car ; sur huit fois que je m’en suis 
servi (1), elle a trois fois manqué complélement son effet 
comme purgative, et, dans deux des autres obseryations, elle 
a pu ne devoir l'effet qu’elle paraît avoir produit, qu’à 
l'addition de quelques autres cathartiques. Au reste, j'avais 
employé ses feuilles en décoction, à assez haute dose, depuis 
2 jusqu’à 6 gros. Je crois donc qu'elle ne mérite pas d’être 
rappelée dans la pratique, son action purgalive étant trop 
incertaine. 


Famille XX XV: 


TÉRÉBINTHACÉES. 


Les caractères propres aux plantes de cette famille sont 
les suivans : Calice monophylle, à 5 ou 5 divisions; pétales 
égaux en nombre aux divisions calicinales, alternes avec 


(1) Voyez l’article Camelée , à la suite de mes Recherches sur 
les succédanées du Séné , dans la 2° partie de cet ouvrage, 


à DR TÉRÉBINTHACÉES, 

elles, et insérés à la partie inférieure du calice, quelquefois 
ils sont nuls; étamines en même nombre que les, divisions 
calicinales et ayant la même insertion que les pélales; 
1 ovaire supérieur et 5 styles ou 3 stigmates; 1 drupe mo- 
nosperme. 

Les Térébinthacées sont des arbres ou des arbrisseaux à 
feuilles alternes, composées, rarement simples; à fleurs 
disposées en grappe. Leur suc propre est résineux. Dans 
les Pistachiers ce suc a une saveur amère et une odeur aro- 
matique agréable; ses propriétés générales sont d’être to- 
niques et stimulantes. Dans le Sumac des corroyeurs ce suc 
est très-astringent, et dans quelques espèces exotiquesil a 
une si grande âcrelé que son application extérieure rubéfe 
Ja peau et y produit des effets analogues aux vésicatoires ; 
tel est surtout le Rhus toxicodendron. Les drüpes secs dés 
Pistachiers renferment une amande oléagineuse, d’une sa- 
veur douce. La pulpe du fruit charnu du Sumac a un goût 
acide , et elle est propre à suppléer le vinaigre. 


101° Genre. — PISTACHIER. PISTACIA.1an. 

1 
Divique. Fleurs mâles, disposées en grappe serrée, cha- 
cune d’elles ayant 2 calice court, à 5 divisions: point de 
corolle; 5 étamines, à anthères télragones, presque sessiles, 
Fleurs femelles en grappe lâche, chacune d'elles ayant 
1 calice à 5 divisions; point de corolle; 1 ovaire chargé de 
5 styles, devenant 1 drupe sec, ovale, contenant 1 noyau 

osseux el monosperme. 


PisTACHIER COMMUN , vulgairement, le Pistachuer. 
Pistacia vera. Lin Spec. 1454. — Duham. Arb. Nouv, 
ed, vol. 4. p. 70. t. 17. — Pislacia. Pharm. 


Le tronc de cet arbre est assez gros; 1] s'élève à la hau- 
ieur de 20 à 50 pieds, en se divisant en branches étalées, 
dont les ramifications sont garnies de feuilles alternes, 
longuement pétiolées ; composées de 5 à 5 folioles ovales ou 
un peu lancéolées, glabres. Les fleurs sont les unes mâles, 
les autres femelles, portées sur des individus différens. Les 
fruits sont des drupes secs, d’une forme ovale, dela gros- 
seur d’une olive, ridés et roussätres extérieurement, con- 
tenant dans leur intérieur une amande oléagineuse et d’une 
saveur douce, connue sous le nom de Pistache. Cet: arbre 
est originaire de l'Asie; ce fut Vitellius, alors gouverneur 


TÉRÉBINTHACÉES. 159 
de Syrie, qui, sur la fin du règne de Tibère , apporta le 
premier des Pistaches à Rome. Depuis ce temps le Pista- 
chier s’est naturalisé dans les pays chauds de Europe mé- 
ridionale. On le cultive, en général, en Provence et en 
Languedoc, et quelquefois on l’y trouve venu sans culture, 

Les Pistaches ont un goût agréable; elles passent pour 
être bonnes pour l’estomac, et on-les regarde comme ana- 
leptiques. On peut les prescrire seules ou avec les pignons 
doux aux phthisiques et aux personnes attaquées d’affec- 
tions catarrhales , et, dans ces cas, on en prépare des émul. 
sions dans lesquelles élles entrent à la quantité de 12 à 
20 pour 1 livre d’eau; elles servent aussi à faire le looch 
vert; mais, en général, elles sont peu usitées aujourd’hui 
en médecine, et les compositions pharmaceutiques dans 
lesquelles elles entraient, sont encore plus tombées en dé- 
suélude, ce qui fait que je n'en parlerai pas davantage. 

Au resle, les Pistaches se mangent crues comme les 
Amandes douces; on les sert sur les tables avec les fruits 
secs, et les confiseurs en emploient beaücoup pour faire 
diverses sortes de dragées, en les recouvrant de sucre ou de 
chocolat. On les fait aussi entrer dans les crèmes et dans les 
glaces; mais leur couleur verte étant insuffisante pour colorer 
ces substances, on y mêle du jus d'épinard. 


PiSTACHIER TÉRÉBINTHE, yulgairement T'erébinthe, 
. Pudis. 
Pistacia Ferebinthus. Lin. Spec. 1455. — Terebinthus 
vulgaris. Duham. Arb. vol. 2. p. 506. t. 87. — T'ereben- 
thus vulgaris. Terebinthia Chia. Pharm. 


Dans le midi de la France, cetteespèce ne s'élève qu’à une 
hauteur médiocre et ne forme guère qu’un arbrisseau ; mais 
dans le levant , elle atteint à la grandeur d’un Orme. Ses 
feuilles sont alternes, composées de 7 à g folioles ovales-oblon- 
gues, luisantes, portées sur 1 pétiole commun légérement 
ailé. Ses fleurs sont trés-petites, dioiques comme dans Ja 
première espèce, disposées en 1 panicule axillaire et re- 
dressée : dans les mâles les étamines sont purpurines : dans 
les individus femelles, il succède aux fleurs de petits drupes 
secs , globuleux, et au plus de la grosseur d'un pois com- 
mun. Cet arbrisseau croit naturellement dans le midi de ia 
France , en Italie, dans les îles de la Méditerranée et dans 
le levant ; il fleurit en avril et mai. 


160. TÉRÉBINTHACÉES.. 


Dans les pays chauds il découle naturellement pendant 
les chaleurs de l'été, par les fentes de l’écorce du Térébinthe, 
un suc résineux , d’abord liquide, d’un blanc jaunâtre , ti- 
rant souvent sur le verdâtre ou sur le bleu , qui s’épaissit 
ensuite à l’aiv, se dessèche plus ou moins, et est connu sous 
le nom de'lérébenthine de Chio, parce qu’une bonne partie 
de celle qu’on trouve dansle commerce nousvientdecetteîle. 
Pour augmenter ce produit naturel, on fait, à la fin du prin- 
temps, da incisions au tronc et aux branches de arbre, 
et on recueille, pour différens usages, la résine qui en dé- 
coule, Celle-ci a une saveur un peü àcre et amère, et une 
odeur aromatique, analogue à celle de la résine du Méleze, 
plus connue sous le nom de ‘Férébenthine de Venise. 

La résine du Térébinthe était très-estimée autrefois des 
médecins et des chirurgiens; appliquée extérieurement, ils 
la regardaient comme tirés-résolutive, et comme très-propre 
à nelloyer les plaieset à en faciliter la cicatrisation. Donnée à 
l’intérieur , n la regardait de même comme étant puissam- 
ment balsamique et rire, ainsi qu’on disait alors, eten 
luisupposant la vertu de cicatriser les ulcères internes comme 
les externes, on la donnait dans toutes les maladies où l’on 
pensait que quelque viscère était attaqué d'une ulcérätion 
quelconque, principalement dans la phthisie pulmonaire, 
pour remédier au crachement purulent; mais aujourd'hui 
que les prétendus balsamiques et vulnéraires sout estimés à 
leur juste valeur, on ne croit plus à l'efficacité de la Téré- 
benthine dans la plupart des cas pour lesquelles on l’em- 
ployait autrefois; mais son application extérieure est encore 
considérée comme un des meilleurs moyens résolutifs que 
l’on connaisse. Quant à l’action de la Térébenthine à lin- 
térieur, elle produit un effel tonique et stimulant, et parait 
surtont agir d’une manière particulière sur les voies uri- 
naires, car elle communique à l’urine des personnes qui en 
prennent intérieurement , une odeur de violette ; aussi l’ad- 
ministre-t-on encore ne le catarrhe de la vessie, et comme 
un bon moyen d'arrêter les éconlemens gonorréiques trop 
prolongés. On la prescrit depuis 1 demi-gros Jusqu'à 2 gros, 
sous forme de pilules, ou dissoute anse 4 à 6 onces d’eau, 

ar l’intermédiaire du jaune d'œuf, qu’on fait prendre aux 
site en plusieurs fois dans l’espace de 24 heures ; mais 
comime on se procure DÉSRCONE plus facilement la Téré- 
benthine du Méleze, on lui substitue le plus souvent célie 


TÉRÉBINTHACÉES. 161 


dernière, surtout dans les compositions pharmaceutiques où 
elle entre, telles que dans la Thériaque et le Mithridate. 
Elle fait aussi partie d’une foule d’autres préparations, telles 
que baumes, onguens, emplâätres, etc. Depuis quelque temps 
plusieurs médecins ont souveut employé avec succès l'es- 
sence de ‘Férébenthine contre le ‘Tænia. La dose de cette 
dernière substance est de 1 demi-gros à 1 gros que l’on fait 
triturer avec dix à douze fois leur poids de sucre, et que 
l’on administre après l’avoir délayée dans & à,5 onces d’un 
véhicule aqueux ; on s’en sert aussi en lavement, à une dose 
double. Au reste, ceci regarde plus particulièrement l'es - 
sence de la Térébenthine du Mélèze, la seule qu'on trouve 
maintenant dans le commerce, et si j'en ai parlé ici, c’est 
que la résine du Térébinthe et celie du Mélèze paraissent 
être identiques dans leurs propriétés, quoique ces arbres 
soient de familles différentes. 

En Turquie, en Perse et dans l'Orient en général, on 
mâche habituellement de la Térébenthine cuite: les femmes, 
surtout, en ont presque toujours dans leur bouche. Les 
habitans de ces pays regardent cet usage comme un bon 
moyen de consolider les dents, de les entretenir blanches, 
de rendre l’haleine agréable et d’exciter l'appétit. 


PISTACHIER LENTISQUE , vulgairement Zentisque , 
Méstic, Restencle. 
Pistacia Lentiscus. Lin. Spec. 1455. — ZLentiscus. 


Blackw. Herb. t. 195. — Pharm. 


Cette espèce est un arbrisseau qui s'élève à la hauteur de 
12 à 15 pieds. Ses feuilles sont alternes, ailées, sans iru- 
pair, composées de 8 à 10 folioles lancéolées, glabres, co- 
riaces , persistantes, portées sur un péliole commun ailé 
et presque articulé. Ses fleurs, comme dans les deux autres 
espèces , sont dioiques et disposées en panicules axillaires, 
tres-serrées dans les mâles, plus lâches dans les femelles. 
Les fruits sont de petits drupes arrondis, rouges, devenant 
noirâtres où brunâtres en mürissant. Le Lentisque croit 
naturellement en Provence , en Languedoc, en Italie, dans 
le Levant, etc. Il fleurit en mai. 

Le Lentisque fournit de même que le Térébinthe, soit 
naturellement , soit par des incisions praliquées à son 
écorce, un suc résineux connu sous le nom de Âfastic , 
qu'on trouve dans le commerce sous la forme de larmes 


L 


\ 


162 TÉRÉBINTHACÉES. 

sèches , fragiles, de la grosseur d’un pois ou un peu moins, 
transparentes , d’une couleur blanchâtre ou citrme, ayant 
une odeur ‘aromatique agréable, et une saveur un peu 
astrmgente. L'ile de Chio est en réputation de fournir le 
meilleur mastic , comme elle donne la meilleure Térében- 
thine. En Italie, en Provence, le climat n’est pas assez 
chaud pour que les Lentisques en puissent produire beau- 
coup, et 1l n’est pas d’une aussi bonne’ qualité. Le Mastic 
est recommandé par les anciens auteurs de matière médi- 
cale, comme stomachique et astringent ; ils le conseillent 
pour remédier à l’atonie et à la langueur des organes de la 
digestion. On le prescrivait aussi autrefois dans les crache- 
mens de sang , les catarrhes , les diarrhées. Appliqué ex- 
térieurement sur l’épigastre ou sur l’abdomen , on le disait 
bon pour calmer les nausées , les vomissemens, les coli- 
ques, et pour arrêter les superpurgations et les flux de 
ventre. Aujourd’hui le Mastic est à peine employé. Au 
temps où la polypharmacie était en vogue, il entrait dans 
une foule de compositions officinales maintenant surannées, 
telles que l’électuaire Hiéra picra, les trochisques de Karabé, 
les pilules Polychrestes, les pilules Sine quibus, Vonguent 
Marthatum , Vemplâtre Manus-Dei, etc. 

Les habilans de l’île de Chio et de toutes les îles de l'Ar- 
chipel, hommes, femmes, enfans, les Turcs en général , et 
surtout les femmes du sérail, mâchent presque continuelle- 
ment du Mastic pour se fortifier les gencives et les dents, et 
pour avoir l’haleme plus suave. À Chio, ils sont encore dans 
l'usage d’en mêler dans la pâte en faisant leur pain, afin de lui 
donner une saveur plus agréable. Dans le Levant , au rap- 
port de Tournefort, on retire par expression des fruits du 
Lentisque, une huile que les Turcs préfèrent à celle d'olive 
pour brüler , et qu’ils forft entrer dans leurs médicamens, 

On a aussi attribué aux différentes parties du Lentisque , 
à ses bourgeons, à ses feuilles, à ses fruits, à son écorce 
et à ses racines, toutes les propriétés qu'a le Mastic Îui- 
même ; on a particulièrement vanté la décoction du bois, 
sous le titre d’or potable, comme une panacée merveilleuse 
pour guérir la goutte, les catarrhes, pour arrêter les vo- 
missemens opimâtres, pour expulser les calculs de la ves- 
sie, etc.; mais cette prétendue panacée, beancoup trop 
merveilleuse sans doute, est tombée aujourd’hui dans l’ou- 


bli le plus profond, 


TÉRÉBINTHACÉES. 163 


s 102° Genre. — Sumac. RHUS. Lin. 

Calice à 5 divisions. 5 pétales. 5 étamines , à filamens 
courts, portant de peiites anthères. 3 styles très-courts, on 
seulement 5 stigmates. r petit drupe contenant uu noyau 
monosperme. 


Sumae DES CORROYEURS , vulgairement Roux ou Roure 
des Corroyeurs , Vinaigrier. 
Rhus Coriaria. Lan. Spec. 579. — Duham. Arb. Nouv. 
ed. vol. 2. p. 162. t. 46. 


Cette espèce est un arbrisseau de 10 à 12 pieds de haut, 
dont les branches et les rameaux sont étalés, revétus d'une 
écorce velue. Ses feuilles sont grandes, ailées avec impair, 
composées de beaucoup de folioles ovales, dentées, velues. 
Ses fleurs sont petites, verdälres ou d’un blanc sale, dispo- 
sées en grappes droites et serrées à l'extrémité des rameaux ; 
leur ovaire est surmonté de 5 stigmates sessiles. Cet arbris- 
seau croît naturellement dans le midi de la France, en 
Espagne, en Italie, en Syrie, etc., dans les lieux secs et 
pierreux. Il fleurit en juillet et août. 

Les fruits du Sumac ont une saveur acide et astringente ; 
on les employait autrefois en substance à la dose de 24 grains 
à 1 gros, et en décoction dans 1 pinte d’eau , à celle de 2 
à 4 gros, dans la diarrhée, la dyssenterie et le scorbut: mais 
ils ne sont plus en usage aujourd'hui. Dans le midi de la 
France, ces fruits servaient aussi jadis dans les cuisines pour 
assaisonner les viandes, en place de verjus ou de vinaigre, 
ainsi que cela se pratique encore chez les Tures. 

Les anciens employaient , pour tanner leurs cuis, les 
jeunes rameaux du Sumac, desséchés et réduits en poudre, 
et dans certaines parties de l'Espagne et du midi de l'Eu- 
rope , on s’en sert encore pour le mème usage. L'écorce 
des tiges tent en jaune, et celle des racines en brun. 


SUMAC RADICANT. 

Rhus radicans. Län. Spec. 581. 

SUMAC VÉNÉNEUX. 

Rhus toxicodendron. Lin. Spec. 381. — Duham. Nour. 
éd. vol. 2. p. 267. t. 40. Ce 

Ces deux plantes, que Linné avait distinguées comme 
étant deux espèces différentes, se ressemblent tellement dans 

L2 


164 TÉRÉBINTHACÉES, 
toutes leurs parties, à part quelques légères modifications 
dans leurs feuilles, qu’aujourd’hui les botanistes ne les re- 
. gardent plus que comme deux variélés de la même espèce, 
et leurs propriétés identiques confirment encore cette ma- 
nière de voir. Cette espèce donc est un arbrisseau dont les 
racines sont ligneuses , rougeâtres, traçantes. Ses tiges se 
divisent en rameaux nombreux, flexueux, faibles et cou- 
chés dans leur jeunesse , s’élevant ensuite sur les arbres qui . 
sont dans leur voisinage, et s’ÿ altachant par le moyen de 
suçoirs, presque en forme de racine, qu’ils enfoncent dans 
leur écorce. Ses feuilles sont alternes, longuement pétiolées, 
composées de 3 folioles ovales, un peu pointues, longues 
d'environ 5 pouces sur 2 de large, vertes, glabres et très- 
entières dans la première variété, plus ou moins pubescentes 
et quelquefois sinuées dans la seconde. Les fleurs sont toutes 
mâles sur certains individus, toutes femelles sur d’autres ; 
les unes et les autres disposées en petites grappes courtes , 
d’un vert blanchâtre, et situées dans les aisselles des feuilles. | 
Aux femelles succèdent de pelits drupes secs , d’un blanc 
jaunâtre. Cet arbrisseau croît naturellement dans le nord 
de l'Amérique septentrionale, depuis la Virginie jusqu’en 
Canada ; transporté depuis assez long-temps en France, il 
est aujourd’hui parfaitement acclimaté dans nos jardins où 
il se multiplie avec la plus grande facilité. On le cultive 
mème maintenant plus particulièrement à cause de l’usage 
qu'on en fait depuis quelque temps en médecine, et comme 
il n’exige aucun soin particulier, et que, confié à la pleine 
terre , il s’y conserve dans nos hivers les plus rigoureux , 
cela m'a engagé à en parler comme sil était indigène. 
L’flu des noms donnés à ce Sumac annonce quelles sont 
ses propriétés ; effectivement plusieurs observations qu’on 
trouve dans les auteurs à son sujet prouvent assez qu’il 
doit être mis au rang des plantes dangereuses; mais beau- 
coup d’autres végétaux le sont incomparablement plus que 
lui, et ses émanations ne paraissent d’ailleurs être plus véri- 
tablement nuisibles el plus à craindre que lorsqu'il est pris 
à l’intérieur ; car, de cette derniére manière, ce n’est qu’à 
une forte dose qu'il agit comme poison. Fontana, Gouan et 
Amoureux ont constaté par des expériences les effets dan- 
gereux que peut produire le seul toucher de cette plante, 
el ces effets, selon M. Van-Mons, pharmacien à Bruxelles, 
qui a aussi fait des expériences sur le même sujet, tiennent 


TÉRÉBINTHACÉES. 165 


moins au suc laiteux gommo-résineux contenu dans ses 
feuilles et dans la partie corticale de ses tiges, qu'à un miasme 
particulier qui est exhalé par la plante lorsqu'elle n'est pas 
directement frappée par les rayons du soleil, et que le même 
M. Van-Mons a reconnu êlre un gaz hydrogène carboné. 
Les effets de ce gaz sur l’économie animale sont quelquefois 
assez intenses ; ainsi le toucher du Sumac radicant pent 
déterminer une tuméfaction et une inflammation plus ou 
moins considérable des paupières et même de tout le visage, 
une cuisson brûlante des mains, suivie de l’inflammation 
de ces dernières parties, avec éruption de petites vésicules 

leines de sérosité. Tous les individus ne sont pas d’ailleurs 
affectés de la même mamière : 1l en est qui peuvent toucher 
impunément à ce Sumac, tandis que d’autres ne pourraient 
rester auprès sans en être plus ou moins désagréablement 
aflectés; cela dépend de la susceptibilité particulière à chaque 
personne. Mais il doit suffire que j’aie fait connaître ce que 
les émanations du Sumac radicant peuvent présenter de 
danger ; je vais m'occuper maintenant de cette plante sous 
le rapport de ses propriétés uliles. 

Le docteur Dufresnoy, professeur de botanique à Valen- 
ciennes, est le premier qui ait fait usage du Sumac radicant 
en médecine ; 1l assure l’avoir employé avec le plus grand 
succés à l’intérieur pour la guérison de dartres, qui jusque- 
là avaient paru rebelles, et s’en être également servi pour 
la cure de beaucoup de paralysies, soit récentes , soit déjà 
plus ou moins anciennes. Depuis ces premières expériences 
du docteur Dufrésnoy , sur le Rhus radicans , plusieurs 
médecins recommandables ont aussi publié un grand nom- 
bre d'observations qui attestent également les propriétés 
utiles de cette plante dans les mêmes maladies. La manière 
la plus ordinaire de l’administrer est de donner l'exträit 
préparé par contusion et expression de ses feuilles fraîches , 
ou simplement par leur décoction dans l’eau. Le premier 
de ces extraits est le plus actif; mais plus communément on 
ne se sert que du second. On commence par le donner à la 
dose de 15 à 20 grains, qu’on répète 3 1 fois par jour, et 
chaque jour qu’on en fait continuer l'usage, on augmente 
progressivement les doses de manière à porter celles-ci, 
dans l’espace de six semaines à deux mois, à 1 ou 2 gros 
pour chaque fois; ce qui fait que les malades prennent alors 
@ gros à 1 once de l'extrait en question par jour ; el quand: 


. 


166 TÉRÉBINTHACÉES. 

ils en sont arrivés là , ils sont ordinairement guéris, selon 
le témoignage de ceux qui ont employé ce remède. Les 
feuilles de Rhus radicans peuvent aussi se donner en dé- 
coction; alors on commence par 1 gros pour chaque dose, 
et on peut aller jusqu'à 1 once, que l’on fait également ré- 
péler 5 à # fois par jour. Quant à ce qui est de les adminis- 
irer en-substanee, elles l’ont été très-peu jusqu’à présent. 


, Famille XXXVL 
AMYGDALÉES. 


MT. de Jussieu ne considère que comme une section de sa 
grande famille des Rosacées, les genres Amandier, Pêcher, 
Prunier, Cerisier, elc., dont nous croyons devoir former une 
famille particulière fondée sur les caractères suiyans : Calice 
monophylle, caduc, à 5 découpures; corolle de 5 pétales 
insérés dans le haut du calice ,.et alternes ayec ses divisions ; 
étamines au nombre de 20 à 50, insérées sur le calice au- 
dessous des pétales; 1 seul ovaire supérieur, surmonté de 
1 style un peu latéral, et terminé par 1 stigmate simple; 
1 drupe charnu , contenant 1 noyau qui renferme : ou 2 
graines oléaginenses, 

Les Amygdalées sont des arbres ou des arbrisseaux à 
feuilles simples, alternes, et à fleurs axillaires, solitaires, 
ou plusieurs ensemble. | 

La famille des Amygdalées nous intéresse d’une manière 
parüculière par ses propriétés économiques , et quoique 
peu nombreuse en espèces premières, laculture a tellement 
diversifié leurs fruits qu'elles occupent une très-grande 
place dans nos jardins. Effectivement la Pèche, l'Abrico- 
tier , le Prunier domestique, le Cerisier commun , elc., y 
sont lellement modifiés, que leurs variétés sont aussi nom- 
breuses que les espèces sont multipliées dans d’autres genres; 
la pulpe de tous ces fruits abonde en principe sucré qui les 
rend très-agréabies au goût, el salutaires en même temps. 
Leur amande, êt surtout celle de l Amandier , fournit 
une huile douce que cette qualité rend utile en médecine, 
Les noyaux de ces mêmes fruits et leurs amandes, quand 
elles sont amères, renferment un arome particulier, essen- 
tiellement amer, très-volatil, qui, lorsqu'il est concentré 
dans des liqueurs alcooliques, ou seulement dans l’eau par 


AMYGDALÉES. 167 


la distillation, devient, même à des quantités assez faibles , 
uu violent poison pour l’homme et pour plusieurs animaux. 
Ce principe destructeur ne paraît exister qu’à peine dans 
les feuilles de la plupart des espèces; mais 1l semble, au 
contraire, être comme concentré dans celles du Laurier- 
Cerise, qui, sous ce rapport, sont douées de plus d'énergie 
que les noyaux mêmes des autres espèces. Les chimistes 
ayant trouvé beaucoup d’analogie entre l'acide prussique 
-et ce principe délétère, ont pensé que celui-ci n’était en 
effet autre chose que cet acide naturellement formé dans les 


Amygdalées. 
103° Genre. — AMANDIER. AMYGDALUS. Jan. 


Calice campanulé, à 5 lobes. à pétales. 20 à 50 étamines. 
1 drupe revêtu d’une enveloppe pubescente , sèche, co- 
riace , contenant un noyau crevassé. 


AMANDIER COMMUN. 

Amygdalus communis. Lin. Spec. 677. — Duham. 
Nouv. ed. vol. 4. p. 111.t. 29. — Æmygdalus ‘dulcis et 
Amygdalus amara. Pharm. 


Cet arbre s'élève à 25 ou 30 pieds; ses branches se divisent 
en rameaux grêles, flexibles, d’un vert clair dans leur jeu- 
nesse, garnis de feuilles alternes, pétiolées , lancéolées , 
dentées en leurs bords, glabres des deux côtés. Les fleurs, 
qui naissent avant les feuilles sur les rameaux de l’année 
précédente, sont blanches ou légèrement purpurines, soli- 
taires ou géminées , éparses, presque sessiles. Les fruits sont 
des drupes ovales, un peu comprimés, secs, coriaces , pu- 
bescens, contenant un noyau ovale, ligneux , crevassé en sa 
superficie, dans lequel est renfermée 1 graine ou amande 
à 2 lobes et oléagimeuse, d’une saveur douce et agréable 
dans une variété, d’un goût trèsamer dans l’autre. L/ Aman- 
dier croît spontanément dans le Levant et dans les parties 
seplentrionales de l'Afrique ; ik est aujourd’hui naturalisé 
dans les contrées méridionales et tempérées de l'Europe; il 
fleurit dans les premiers jours du printemps. 

Les Amandes douces sont très-employées en médecine ; 
les amères le sont beaucoup moins; on n’en met souvent 
qu'une sur 15 à 20 des premières dans toutes les prépara- 
tions dont celles-ci font la base, et seulement pour leur com- 
muniquer un parfum plus agréable, Aujourd’hui qu’on 


L 4 


NL 


168 AMYGDALÉES. 


apprécie à leur jusle valeur toutes ces disünctions futiles 
qu'on faisait autrefois de semences froides majeures et de 
semences froides mineures, les médecins ont presque géné- 
ralement renoncé aux émulsions pour lesquelles il fallait 
toujours se servir des graines de Citrouille, de Courge, de 
Concombre, de Melon , de Chicorée, d’° Endives de Laitue 
et de Pourpier, qu'on avait alors F habitude d'associer & à 
4, et dont les premièr es constituaient ee qu'on appelait les 
#& Semences froides majeures, tandis que les 4 dernières for- 

maient les semences froides mineures; et les À mandes douces 
sont maintenant à peu près lesseules en possession de servir de 
base à toutes les émulsions adoucissantes et rafraîchissantes = 
que l'on compose en y en faisant entrer 1 à 2 onces pour 
1 à 2 livres d'eau , et qui s’emploient dans tous les cas où il 
est besoin de Calme) une irritation générale ou cerlaines 
irrilations locales, comme dans les fièvres aiguës et inflam- 
matoires, et dans les maladies de l’organe pulmonaire ou 
des voies urinaires. Les Amandes douces servent encore à 
faire le looch blanc qu’on emploiesi souvent dans les rhumes 
el les phlegmasies de la poitrine. 

Dans ces derniers temps M. Hufeland et quelques autres 
médecins allemands ont préconisé les Amandes amères 
comme un des succédanées les plus infaillibles du Quin- 
quina , dans le traitement des fièvres intermittentes, et selon 
eux, 1 ou 2 de ces amandes, mangées avant le paroxysme ; 
ou une émulsion qu’on en prépare, avec 1 gros et denu à 
2 gros et 5 onces d’eau, sont un sûr moyen d' arrêter la 
fièvre au premier ou au second accès. [ls attribuent avec 
raison, dans ce cas, la propriété des Amandes amères, au 
principe volatil amer, qu’elles contiennent à an plus haut 
degré qu'aucune espèce de la même famille, si ce n'est le 
Laurier-Cerise qui le recèle aussi avec une grande éner- 
gie, mais plus particulièrement dans ses feuilles. Le doc: 
teur Hufeland, un de ceux qui a constaté la pr opriété 
fébrifuge des Amandes amères par plusieurs expériences, 
pense d’ailleurs que l’on pourrait en tirer un plus grand 

pari qu'on ne l’a fuit jusqu'ici dans les maladies nerveuses 
Le morales , aussi-bien que pour l expulsion du 'Fœuia, et il 
dit qu’il connait déjà plusieurs essais heureux de leur usage 
dans ces affections. 

Les Amandes amères sont d’ailleurs un violent poison 
pour la plupart des oiseaux, pour les animaux carnassiers 


AMYGDALÉES. 169 


en général, et même-pour l’homme, étant prises en trop 
grande quantité. Elles donnent la mort en causant de vio- 
lentes convulsions. C’est un préjugé vulgaire de croire que 
5 à 6 Amandes, avalées avant le repas, empêchent l'ivresse; 
maisce préservatifn'est rien moinsquecerlainselons.Bauhin. 

On retire par expression à froid, des À mandes douces et 
des amères, une huile dont la saveur est douce , agréable et 
dont on fait aujourd’hui lrès-fréquemment usage. On la 
fait entrer de préférence à toute autre huile dans les prépa- 
rations oléagineuses qui doivent être prises par la bouche, 
mais on ne la donne plus à si haute dose qu'autrefois. On 
l’emploie en général comme laxative, adoncissante et ver- 
mifuge , à la dose de 2 gros à 1 once dans une potion 
appropriée, et dans & à 6 onces de véhicule aqueux. Pour 
en composer une polion pectorale fort adoucissante, il faut 
lui associer la gomme arabique, par partie égale; on prend, 
par exemple, 2 gros de chacune de ces deux substances, on 
les triture ensemble dans un mortier, et, quand elles sont 
parfaitement mêlées, on leur ajoute, en continuant la ti- 
turation , 1 once de sirop de Guimauve ou de Capillaire, 
eusuile 1: demi-once d'eau de fleur d'Orange, enfin 4 onces 
d’eau distillée, et l’on fait ainsi une sorte de looch fort 
agréable à prendre pour les malades. Les cas dans lesquels 
on donne encore l'huile d’Amandes douces à grande dose, 
sont les empoisonnemens par des matières äâcres, corrosives, 
par les cantharides, 

Par la combinaison de l'huile d’Amandes douces avec la 
soude , on forme le savon médicinal qu'on administre à lin- 
térieur, depuis 10 grains jusqu’à 1 gros en 24 heures, prin- 
cipalement dans les obstructions des viscères de l'abdomen, 

Dans les lavemens, l'huile d’Amandes douces se donne 
à la quantité de 1 à 4 onces, comme laxative, adoucis- 
sante et vermifuge. Extérieurement on la fait servir d’exci- 
pient pour faire des linimens, principalement celui qu'on 
appelle liniment volatil, et dans lequel on en met r à 
2, onces pour 1 demi-gros à 1 gros d’ammoniaque liquide. 

n employant seule on en fait aussi des imbrocations et des 
frictions sur le bas-ventre et sur les membres. Son appli- 
cation sur les parties blessées a été regardée comme propre 
à arrêter l'effet du venin de la vipère et des scorpions ; mais 
c’est un moyen tout-à-fait impuissant dans ce cas, auquel 
c 1 a renoncé pour la cautérisation , la seule qui soit vérita- 


170 AMYGDALÉES. 


blement efficace. En onctions superhñcieiles, elle remédie à 
l2 sécheresse de la peau , calme les démangeaisons et fait dis- 
araître les dartres farimeuses légères, , ù 

Les A mandes douces contractent en vieillissant une odeur 
rance, et elles prennent un äcreté insupportable. On doit 
avoir attention, dans toutes les préparations pharmaceu- 
tiques et autres, de n’en point employer qui soient dans ce 
cas, parce qu'alors, étant devenues irritantes, elles produi- 
raient des effets opposés à ceux qu’on est dans l'intention 
d'obtenir. Leur huile se rancit encore plus facilement et ne 
peut se conserver bonne que pendant quelques mois; aussi 
les pharmaciens sont-ils dans Pusage d’en fabriquer ou de 
s'en procurer de nouvelle de temps en temps. 

Les Amandes douces font la base du sirop d’orgeat, pré- 
paration trés-usitée, soit en médecine parce qu'elle a les 
rnèmes propriétés que les émulsions ou laits d'Amandes, soit 
dans Je monde pendant les chaleurs de l'été, comme for- 
mant avec de l’eau une boisson très-rafraîchissante. Elles font 
partie dessubstances dont se compose l’éléctuaire Diaphénix, 
qui est presque oublié aujourd’hui. Leur huile entre dans 
la composition d’une crème ou pommade pour le teint, dont 
les dames font usage comme cosmétique, dans celle du cérat 
de Galien , en la substituant avec avantage à l'huile d'olive. 
La chirurgie fait maintenant un grand usage de cette der- 
mère préparation, avec laquelle elle remplace avantageu- 
sement la plupart des onguens qu’on employait jadis. 

Dans la saison où les Amandes douces commencent à 
inürir, on les sert sur les tables et on les mange fraîches; 
elles sont agréables au goût, mais elles ne conviennent qu’à 
ceux qui ont un bon estomac, ét il faut avoir le soin.de les 
bien broyer entre les dents. Lies personnes chez lesquelles les 
premières voies sont faibles et languissantes ne peuvent les 
digérer. Lorsqu’elles sont sèches, elles sont encore en pos- 
session d’orner les desserts, pour lesquels on préfère les va- 
r'iétés à coque tendre, se brisant facilement entre les doigts, 
el connues sous les noms d’Amandes princesses où des 
Dames, d’Amandes sultanes , d’Amandes pistaches. 

On fait dans les offices, chez les pâtissiers et les confi- 
seurs, une foule de mets et de friandises dont les Amandes 
douces font la base, ou dans lesquelles elles entrent pour 
beaucoup, comme macarons, biscuits, massepains, gäteaux, 
aongals, etc, C’est avec elles, en les recouvrant de sucre de 


AMYGDALÉES. 171 
diverses manières, que les confiseurs font la plus grande 
partie de leurs dragées. 

Le mare des Amandes qui reste après qu'on en a exprimé 
l'huile, sert à faire une sorte de pâte sèche, ou quelquefois 
un peu liquide, qui est employée comme cosmétique. Les 
dames en font beaucoup d'usage, parce qu'elle blanchit la 
peau mieux que le plus excellent savon, et qu'elle la rend 
plus souple, plus polie et plus douce , au lieu de la gercer 
comme fait celui-ci. 

La gomme d’'Amandier a les mêmes propriétés que celles 
du Prunier (voyez cel article), et peut être employée aux 
mêmes usages que la gomme arabique. Le bois est dur, bon 

our les ouvrages de imarquetterie et de menuiserie; 1l brûle 
très-bien et donne beaucoup de chaleur. 


104° Genre. — PÈCHER. PERSICA. Tournef, 


Calice, corolle, étamines et pistil comme dans l'Aman- 
dier. 1 drupe charnu, succulent, contenant 1 noyau ovale, 
crevassé, qui renferme 1 graine, rarement 2. * 


PÈCHER cOMMUN. 
Persica vulgaris. Mill. Dict, n. 1. — Lois. in nov. 
Dubam. 6. Pitt à 6. — Persica Malus. Pharm. — 


Amygdalus Persica. Lin. Spec. 676. 


Cet arbre s’elève à 12 ou 13 pieds de hauteur, et ses jeunes 
rameaux sont lisses, verls ou souvent rougeàtres. Ses feuilles 
sont alternes, lancéolées , élroites, pétiolées, glabres, d’un 
vert gai, dentées en scie, Ses fleurs, qui se développent 
avant les feuilles, sur les rameaux de l’année précédente , 
sont d’un rose plus ou moins vif, sessiles, solitaires où gémi- 
nées le long des rameaux : les pétales sont égaux an calice, 
ou très-souvent plus grands que lui, selon les variétés. Le 
fruit est 1 drupe globuleux, charnu, succulent, glabre 
ou cotonneux, connu sous le nom de Peche, contenant 
1 noyau ovale, crevassé, dans lequel est renfermée 1 graine 
où amande oléagineuse. Le Pécher est originaire de Perse ; 
transporté en Îtalie il y a 1900 ans, il est aujourd’hui-ng- 
turalisé dans toute l'Europe méridionale et dans une grande 
portion de la partie tempérée; il fleurit au commencement 
du printemps. 

Les Pèches sont humectantes, rafraîchissantes, relà - 


172 AMYGDALÉES. 

chantes, et saines en général; mäis elles ne conviennent pas 
cependant à tous les estomacs; certaines personnes ne peu- 
vent les digérer. La meilleure manière de corriger ce 
qu’elles ont de trop froid et de trop débilitant, c’est de les 
saupoudrer de beaucoup de sucre, ou de les manger trem- 
pées dans un vin généreux. On mange beaucoup de Pêches 
crues dans la saison. Pour les manger cuites, on les pré- 
pare en compote, en marmelade; mais cette dernière n’est 
pas aussi parfaite qu’on pourrait le croire étant préparée 
avec un si excellent fruit. Pour les conserver, on les fait 
sécher au four, au soleil, surtout les variétés à chair dure 
que l’on nomme Pavies. On les confit à l’eau-de-vie avec 
du sucre. On peut aussi faire avec les Pêches une sorte de 
vin qui, par la distillation, fournit beaucoup d’eau-de‘vie. 

La gomme de Pêcher doit être assimilée, pour les pro- 
priétés, à celle que fournissent tous les autres arbres de la 
même famille. Sa graine donne aussi par expression une 
huile analogue à celle de l Amande commune, et qui était 
autrefois employée en médecine ; mais comme elle n'avait 
point de vertus particulières, on l’a abandonnée. 

La propriété purgative des fleurs de Pêcher est connue 
depuis long-temps, et le sirop auquel celles-ci donnent leur 
nom est souvent employé; on s’en sert principalement pour 
purger les enfans, auxquels on le donne à la dose de demi- 
unce à : once, On le regarde aussi comme vermifuge. Les 
feuilles sont plus négligées, quoique Boulduc leur ait re- 
connu les mêmes vertus, et que MM. Coste et Willemet 
l'aient confirmé par de nombreuses observations. Ces der- 
niers disent que les jeunes feuilles recueillies an printemps 
sont préférables à celles ramassées en automne, et ils les 
conseillent à la dose de 1 once à 1 once et demie en infusion 
ou en légère décoction. Je n’en ai point fait usage de cette 
manière ; mais j'ai très-souvent employé un sirop fait avec 
une suffisante quanlité de miel et une décoction saturée des 
icuilles recueillies en automne , au moment où elles vont se 
détacher de l'arbre. Ce sirop me'servait chez les indigens à 
remplacer la Manne, lorsque cette substance exotique à La 
l'rauce était montée à un prix très-élevé, et j'ai toujours 
observé qu'il agissait aux mêmes doses aussi doucement 
qu'elle, et qu'il était trés-rare qu’il donnât des coliques. Ce 
sirop , avant que le miel fût monté au prix où il a été de- 
puis, ne reyenail pas à plus de 12 à 15 sous la livre; et 


AMYGDALÉES. 175 


aujourd’hui encore, je crois qu'il serait beaucoup moins cher 

que la Manne, et qu'il y aurait de l’économie à en composer 
, MI AIS S 

pour l’usage des hôpitaux. 

Le bois de Pêcher est d’un beau rouge-brun, avec des 
veines plus claires; son grain fin et serré le rend susceptible 
de prendre un beau poli, et parmi les bois indigènes, c’est 
un des plus beaux qu’on puisse employer pour les ouvrages 
d’ébénisterie. : 


105° Genre. — CERISIER. CERASUS. Tournef. 


Calice campanulé, caduc, à 5 lobes. 5 pétales. 20 à 50 
élamines. 1 drupe chammu, arrondi, glabre, légèrement 
sillonné d’un côté, contenant 1 noyau lisse, arrondi, angu- 
leux latéralement, dans lequel est renfermée 1 graine, ra- 
rement 2. 


CERISIER VULGAIRE, Ou CERISIER COMMUN. 

Cerasus vulgaris. Mill. Dict. n. 1. — Cerasus rubra. 
Blackw. Herb. t. 449.—Cerasa sativa. Pharm. — Prunus 
Cerasus. Lin. Spec. 679. 


Arbre de 20 à 25 pieds de haut, dont les branches et les 
rameaux sont étalés et forment une têle arrondie. Ses feuilles 
sont ovales, dentées, glabres, d’un verd un peu foncé, 
alternes , pétiolées. Ses fleurs sont blanches, larges d'un 
pouce ou environ, portées sur d’assez longs pédoncules, dis- 
posées plusieurs ensemble en petites ombelles presque ses- 
siles le long des rameaux : leurs pétales sont arrondis. Le 
fruit , le plus souvent de couleur rouge, est connu sous le 
nom de Cerise. Le Cerisier n'existait pas en Italie avant la 
victoire de,Lucullus sur Mithridate ; ce fut ce général qui 
Vy transportaMdu royaume du Pont, l’an de Rome 660. 
Depuis ce temps, cel arbre s’est naturalisé dans la plus 
grande partie de l'Europe; il fleurit à la fin d'avril et au 
commencement de mai dans le climat de Paris; ses fruits, 
connus sous les noms de Cerises et de Griotles , mürissent 
depuis la mi-juin jusqu'en août, selon les variétés plus ou 
moins hâtives. 

Les Cerises ont en général une saveur légèrement acide 
et un peu sucrée; elles doivent. être mises au rang des fruits 
les plus sains; aussi en fait-on dans la saison où elles pa- 
raissent une grande consommation. Considérées sous le rap- 


4 

174 AMYGDALÉES. 

port de leurs propriétés médicinales, elles sont adoucissantes, 
laxatives et rafraichissantes. Leur suc étendu dans de l’eau 
avec un peu de sucre forme une ‘boisson très-agréable que 
les malades prennent avec plaisir, et qui convient en gé- 
néral dans les maladies inflammatoires, dans les fièvres bi- 
Jieuses et dans les putrides. Mangées AT on peut les 
permeltre dans beaucoup de maladies; comme moyen dié- 
tétique , elles conviennent aux personnes qui ont habituel- 
lement le ventre resserré, et dans les maladies où il y a en- 
gorgement des viscères abdominaux. 

Outre la grande consommation des Cerises qui se fait 
dans le moment de leur maturité, on en conserve par diffé- 
rens procédés pour les temps pendant lesquels on en est 
privé. On les fait sécher au soleil ou au four, on les confit 
dans de l’eau-de-vie, on en fait des confitures, etc. : on en 
compose une sorte de vin, on les fait entrer dans plusieurs 
ratafias de table. Une variété particulière, nommée Cerise 
marasque , fournit par la distillation , après avoir subi la 
fermentation vineuse , une sorte d’ ne que l'on convertit, 
en le mêlant avec une certaine quantité de sucre, en une 
excellente liqueur connue sous le nom de marasquin, dont 
le meilleur nous vient de Zara en Dalmatie. 

Les amandes contenues dans les noyaux pourraient ser- 
vir à faire des émulsions ; mais on ne les emploie pas à cet 
usage. L'huile qu’elles fournissent a été recommandée contre 
la néphrétique ; c'est un moyen inusité aujourd’hui. I en 
est de même de la gomme qui découle des fentes de Pécorce 
des Cerisiers, et que l’on a regardée, ainsi que les amandes, 
comme pouvant être utiles dans les rétentions d'urine, dans 
Ja graveile et même dans le calcul. On ne s'en sert pas du 
tout maintenant. Si cette gomme était rappelée dans la 
pratique , ses véritables propriétés sont les is que celles 
de la gomme arabique ; elle est adoucissante et mucilagi- 
neuse. (Voyez à ce sujet l'article du Prunier domestique.) 

L'infusion aqueuse des pédoncules des fruits, appelés 
plus vulgairement queues de Cerises, passe dans le peuple 
pour étre très-diurétique, et certaines gens m’ont assuré 
avoir vu guérir des hydropiques rien que par ce seul moyen; 
nais qua nd j je lai mis en usage, je n’en ai jamais . un 
grand avantage. 


AMYGDALÉES. 155 
CERISIER DES OISEAUX, vulgairement Merisier. 
Cerasus avium. Moœnch. Method. 672. — Lois. in nov. 
Duham. 5. p. 10. t. 3.— Cerasa nigra. Pharm.—Prunus 
avium. Lin, Spec. 680. 


Cet arbre diffère du Cerisier commun, parce que sa tige 
s'élève à 5o et 4o pieds; parce que ses branches sont moins 
élalées , peu touffues , assez redressées ; el enfin parce que ses 
feuilles sont plus étroites, pubescentes en dessous et sur 
leur pétiole, et munies de 2 glandes à leur base. Les 
fleurs, portées sur des pédoncules grêles, sont blanches, 
assez semblables à celles de l’espèce précédente, disposées 
2 à 4 ensemble, rarement davantage, en ombelles sessiles 
le long des rameaux : leur calice est à 5 divisions réfié- 
chies; leur corolle est blanche , à 5 pétales ovales, échan- 
crés en cœur à leur sommet. Les fruits qui succèdent aux 
fleurs sont des drupes dont la grosseur varie dans les 
différentes variétés qui sont trés-nombreuses ; leur forme 
est tantôt ovoïide, tantôt en cœur; leur peau est d’un rouge 
clair, d’un rouge foncé ou noirätre, et leur chair subit 
les mêmes modifications ; dans larbre sauvage, cette chair 
est peu abondante , et elle a une saveur âcre et amère. Ces 
fruits sont connus sous les différentes dénominations de Ze. 
rises, de Guignes, de Bivarreaux et de Æleaumes. Le 
Merisier croît naturellement dans les bois ; ses variétés sont 
cultivées dans les jardins et dans les champs. 11 fleurit en 
avril, et ses fruits mürissent pendant trois mois de l'été, 
selon les variétés. 

Les fräits du Merisier sont moins eslimés que ceux du 
Cerisier, et l’on en mange beaucoup moins: les variétés con- 
nues sous les noms de Guignes et de Bivarreaux sont 
cependant celles dont on fait le plus d'usage. Les Merises et 
les Guüignes approchent plus des Cerises par leur chair un 
peu fondante, mais presque toujours moins relevée et plus 
fade ; leur saveur, quoique quelquefois très-sucrée, ést bien 
moins agréable. Les bonnés varittés de Bigarreaux ont 
la chair relevée et de bon goût; mais comme celle-ci est 
en même temps ferme et cassante, cela la rend difficile à 
digérer pour les estomacs délicats. Les Bigarreaux ont 
d’ailleurs Pinconvénient d’être souvent piqués par des vers, 

On prépare dans les pharmacies une eau de Merises noires 
qui n'a rien de spiritueux , parce qu’on la distille avant que 


176 AMYGDALÉES. 


les fruits aient passé à la fermentation vineuse, Cette eau 
cohobée acquiert une odeur et une saveur qui approchent 
de l’eau distillée de Laurier-Cerise, et si elle est très-chargée 
d’arome, elle ne doit être donnée qu'avec précaution. Elle 
s'emploie principalement comme antispasmodique dans les 
affections nerveuses, convulsives et épileptiques; quelques 
médecins la prescrivent aussi dans l’apoplexie, la paralysie 
et dans les fièvres malignes accompagnées de soubresauts 
dans les tendons. 

Les Merises noires entrent dans la composition de plu- 
sieurs liqueurs, principalement dans celle connue sous le 
nom de ARalafia de Grenoble, dont il se fait une grande 
consommation dans le midi de la France. Le Kirschenwas- 
ser est une espèce d’eau-de-vie ou d’alcool que l’on retire 
par la distillation des Merises sauvages après les avoir fait 
passer à la fermentation vineuse. Cette liqueur se fabrique 
en grande quantité dans les montagnes de l'Alsace et de 
la Franche Comté en France, dans les cantons de Bâle et 
de Berne en Suisse, et dans la Souabe en Allemagne. Le 
Kirschenwasser est tonique et stomachique, mais son excès 
peut èlre plus nuisible que celui des autres liqueurs alcoo- 
liques, et l'ivresse qui en est la suite est beaucoup plus dan- 
sereuse que celle causée par l’eau-de-vie de vins; ce qui 
tient au principe aromatique qu'il recèle, et qui est le même, 
quoique plus faible, que celui du Laurier-Cerise. 

Le bois de Merisier est un de nos plus beaux bois indi- 
gènes: on l’emploie à faire des meubles de diverses sortes; 
les ouvriers l’estiment plus que celui du Cerisier vulgaire. 
1! brüle aussi très-bien et donne beaucoup de chaleur. 


CERISIER MAHABEL, vulgairement Arbre ou bois de 
Sainte-Lucie, Malagué, Quénot. 
Cerasus Mahaleb. Mill. Dict. n. 4. Lois. in Nov. 
Duham. 5. p.6.t.2.—Mahaleb. Pharm. Prunus Mahaleb. 
Lin. Spec. 676. 


Ce Cerisier est un arbre qui s'élève à 15 ou 20 pieds et 
même davantage ; son tronc est recouvert, ainsi que ses 
rameaux , d’une écorce d’un brun rougeûtre. Ses feuilles 
soul alternes, pétiolées, ovalesarrondies, glabres, d’uri vert 
gai, bordées de dents serrées et glanduleuses. Ses fleurs, qui 
se développent en même temps que les feuilles, sont assez 
pelites, pédonculées et disposées au nombre de 6 à 6 en- 


AMYGDALÉES. 1797 


semble en grappes lâches et corymbiformes, éparses sur les 
rameaux : leur calice est à 5 divisions obtuses, réfléchies en 
dehors ; les pétales sont ovales el blancs. Les fruits, moitié 
plus petits qu’une Cerise ordinaire, sont noirâtres, d’une 
saveur acerbe et désagréable avant d’être mûrs, fades et 
douceâtres dans leur parfaite maturité. Cet arbre croît 
naturellement dans les pays de montagnes; il est très: com- 
mun aux environs de Sainte-Lucie dans les Vosges, ce qui 
lui a valu un des noms vulgaires sous lequel il est le plus 
connu ; il fleuril à la fin d'avril ou au commencement de 
mai, 

Les fruits du Bois de Sainte-Lucie ne peuvent pas être 
considérés comme bons à manger, quoique les enfans s’en 
accommodent quelquefois ; mais les oiseaux les recherchent 
pour leur nourriture. J, Bauhin dit que les grives et les 
merles en sont très-avides. 

Les médecins arabes avaient anciennement introduit l’u- 
sage desnoyaux dans la pratique; entre autres vertus ilsJeur 
supposaient celle de dissoudre les calculs de la vessie. On 
trouvait autrefois de ces noyaux dans les pharmacies: on 
les apportait alors d’orient, et on ignora long-temps par 
quel arbre ils étaient produits; enfin ils.ont élé reconnus 
pour appartenir à l'espèce de Cerisier dont il est ici question , 
et bientôt ils sont tombés en désuétude. Le bois de ce même 
arbre passe pour sudorifique, mais on n’en fait aucun usage 
en médecine. Dans les pays où il est commun, il est em- 
ployé par les tourneurs et par les menuisiers, 


CERISIER «A GRAPPES, vulgairem. Merisier à grappes, 

Laurier- Putiet, Putiet, Faux-Bois de Sainte-Lucie. 

Cerasus Padus. Decand, FI. Fr. n. 5781.—Lois. Nouv. 
Dub. 5. p. 2.t. 1. — Prunus Padus. Lin. Spec. 677. 


Cette espèce est un grand arbrisseau dont la tige s'élève 
bien droite, à la hauteur de 12 à 15 pieds et plus, en donnant 
naissance à des branches disposées assez régulièrement par 
étages. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales-lancéolées, 
glabres, d’un vert gai, dentées en scie, munies de 2 glandes 
à leur base. Ses fleurs sont blanches, assez petites, pédon- 
culées, disposées, un grand nombre ensemble, par grappes 
un peu pendantes et plus longues que les feuilles; leurs pé- 
tales sont ovales-oblongs, légèrement denticulés à leur som- 
met. Les fruits sont arrondis, à peu près de la grosseur d’un 


M 


270 - AMYGDALÉES. 

pois, noirs lors de leur parfaite maturité dans l'espèce sau- 
‘vage, rouges dans une variété cultivée dans les jardins. Le 
Cerisier à grappes croît naturellement dans les bois en 
Alsace, en Auvergne, en Dauphiné, etc. Il fleurit en avril 
et mal. 

L’écorce des rameaux du Merisier à grappes a une odeur 
forte qui lui a fait donner , dans les Vosges, le nom de Bous- 
puanl ; sa saveur est amère et un peu astringente. 

Il y a environ 60 ans qu’un médecin de ces pays, Gé- 
rard , de Remberviller, essaya d'employer. cette écorce, à 
la place du Quinquina, dans le traitement des fièvres inter- 
mittentes; mais ses observations n’ont pas été assez nom- 
breuses pour faire valoir ce nouveau fébrifage. On trouve 
aussi dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 
Stockholm, quelques observations sur ses propriétés anti- 
vénérienness; mais, soit que les premiers observateurs se 
soient trop flaités, soit indifférence de la part des médecins, 
ceux-ci n’emploient aujourd’hui, dans aucun cas, l'écorce 
du Merisier à grappes, et cet arbre ne se trouve pas même 
désigné dans les matières médicales. En Allemagne, Les 
geus du peuple attribuent à ses fruits la propriété de guérir 
ou de préserver de l’épilepsie , ce qui n’est fondé que sur des 
idées superstitteuses, puisqu'ils bornent leur usage à en faire 
des amulettes, 


CEristER LAURIER-CERISE, vulgairement Laurier- 
Amandier , Laurier-Cerise. 
Cerasus Lauro-Cerasus. Lois. Nouv. Duham. 5. p 6. 
— Lauro-Cerasus. Blackw. Herb. t, b12. = Pharm. — 
Prunus Lauro-Cerasus. Lin. Spec. 678. 


Grand arbrisseau qui s’élève à 12 ou 15 pieds dansle climat 
de Paris, et beaucoup plus dans les pays du midi. Ses feuilles 
sont ovales-oblongues, luisantes, toujours vertes, dentées en 
leurs bords, pointues à leur sommet, portées sur de courts 
pétioles. Ses fleurs sont blanches, petiles, disposées en 
grappes axillaires et de la longueur des feuilles; elles ont une 
odeur d'amande amère assez agréable; leurs pétales sont 
ovales, très-ouverts, et leur style est saillant, de la longueur 
des étamines. Les fruits qui leur succèdent sont pelits, 
ovales, pointus, très-peu charnus, noirâtres lors de leur 
maturité. Le Laurier-Cerise est originaire de T'rébisonde, 
sur les bords de la mer Noire, d’où il a été transporté eu 


AMYGDALÉES. 17) 
Europe dans l’année 1576, et il est aujourd'hui parfaitement 
naturalisé dans les parties méridionales, où il croit comme 
dans son pays natal sans exiger aucun soin; c’est ainsi que 
je l’ai vu dansla Provence , le Languedoc, la Guienne, ete. 
Dans le climat de Paris, il souffre quelquefois lorsque les 
hivers sont très-rigoureux. Îl fleurit en mars et avril. 

Les feuilles du Laurier-Cerise recèlent un arome qui 
n'existe pas dans les feuilles des autres Cerisiers, où qui ny 
est que trés-peu développé, et qu'on ne retrouve que dans 
les noyaux et les amandes des fruits des autres espèces du 
même genre, ou de plusieurs genres de la mème famille. On 
obtient facilement cet arome par l'infusion et la distillation 
des feuilles dans l’eau ou dans lalcool : mais il ne faut pas 
que ces liquides en soient trop chargés, ear si l'on distille 
plusieurs fois la même eau sur des feuilles de Laurier-Cerise 
renouvelées chaque fois, ce que les pharmaciens appellent 
Cohober, on en retire une liqueur qui, à une certaine doge, 
est un violent poison pour les hommes et les animaux. 
Les chimistes out recounu , dans ces derniers temps, que le 
principe odorant et délétère du Laurier-Cerise était de la 
mème nature que celui de Pacide prussique, qui est un vio- 
lent poison, pris à l'intérieur, et dont les efiets, à l’état de 
gaz, ne sont pas moins pernicieux sur les organes de Ja respi- 
ration, lorsque l’air en est chargé d’une trop grande quantité. 

Plusieurs personnes ayant été empoisonnées en Angle- 
terre pour avoir fait un usage inconsidéré de liqueurs pré- 
parées avec les feuilles du Laurier-Cerise , le docteur Mor- 
timer fit, en 1751, en présence de la Société royale de Lon- 
dres , des expériences sur des animaux, lesquelles sont rap- 
portées dans le 57° volume des'Transactions philosophiques, 
et desquelles il résulte qu'une cuilierée de cette liqueur 
suit pour tuer un gros chien. Duhamel, en France, a re- 
nouvelé ces expériences, et a obtenu des résultats analogues. 
Postérieurement aux expériences du docteur Mortimer, il 
est arrivé, au rapport de John Rutty, qu'un apothicaire 
d'une ville de province, croyant qu'il n’y avait pas d’in- 
convénient de substituer, à l’eau de Cerises noires, celle 
des feuilles de Laurier-Cerise, donna de celle-ci à une fille 
de 18 ans, qui, en ayant pris tout au plus deux cuillerées, 
tomba sans connaissance en moins d’une minute, eut de 
viclentes convulsions, et mourut trés-peu de temps après, 
sans qu'il füt possible de lui porter aucun secours, 

M 2 


180  AMYGDALÉES. 


L'huile essentielle de ces mêmes feuilles est encore plus 
dangereuse ; on en fabriquait autrefois en Italie sous le nom 
d'essence d'Amande amère, dont on se servait dans les 
Cuisines, comme assaisonnement , et que les marchands de 
liqueurs et les parfumeurs employaient aussi dans plusieurs 
préparations; mais divers accidens funestes ayant été la suite 
de son usage inconsidéré, ont porté l’autorité à en défendre 
la fabrication et la vente. Fontana, dans des expériences 
sur cette substance, a donné la mort à un chien, en en 
appliquant une seule goutte sur une plaie, et l’animal a 
péri après avoir éprouvé les accidens qui sont la suite de 
l'insertion du venin de la vipére. 

Les émanations du Laurier-Cerise ne sont pas même sans 
inconvénient, car on assure qu'il suffit de se reposer sous 
son ombrage, par un lemps chaud > pour éprouver des 
maux de tête et des nausées, et il serait sans doute plus dan- 
gereux de s’y endormir. : Hi M: 

Quoi qu’il en soit, on a essayé d'introduire l’eau distillée 
de Laurier-Cerise dans la pratique de la médecine, mais 
c’est encore un remède peu usité, et qui 3 d’après ce qui a élé 
dit plus haut, demande à être administré avec beaucoup de 

rudence. Un médecin anglais, qui le premier ena tenté 
l'usage, la donnée à la dose de 50 à 6o gouttes, 3 à 4 fois 

ar jour, et 1l assure qu'elle a agi comme puissant fondant. 
D’après le mème, l'infusion des feuilles aurait la même por 
priété, et il l'aurait employée avec avantage dans les ob- 
structions du foie. D'un autre côté, M. Cevasco , Chirurgien 
à l'hôpital de Gênes , a publié, il y a dix ans > une observa- 
tion de laquelle il résulte que cette eau distillée a éLé admi- 
nistrée avec le plus grand succès dans une hémopt ysie 
compliquée d’œdématie et ayant pour cause de très-fortes 
palpitations de cœur. ca 

Enfin, l’eau distillée de Laurier-Cerise ne devant émi- 
nemment toutes ces propriétés qu’à l’acide prussique, il me 
semble que cette eau, moins énergique sans doute, mais 
aussi par cela mème mois dangereuse , pourrait étre em- 
ployée avec avantage dans les cas où Il on à proposé | admi- 
histration de l'acide prussique à l'intérieur, C est ainsi que 
M. Magendie ayant remarqué que l'acide prussique, donné 
à la dose de quelques gouttes dans de l’eau , paraissait avoir la 
faculté de ranimer Paction yitale du poumon, et de prévenir 
ou de retarder au moins l’asphyxie des animaux soumis à 


ANYGDALÉES. 8 
des expériences qui les faisaient périr par ce genre de mort ; 
M. Magendie, dis-je, a cru d’après cela pouvoir adminis- 
trer avec succès l’acide prussique à l’intérieur, dans cer- 
taines maladies chroniques de l’organe pulmonaire , et il a 
effectivement retiré un avantage marqué de celte substance 
donnée à la dose de 6 à 10 gouttes dans 3 onces d’un véhi- 
cule aqueux , que les malades prenaient en plusieurs fois en 
24 heures , dans les toux nerveuses et chroniques; et ses 
observations l’ont conduit à croire que ce même acide 
pourrait être utile dans le traitement palliatif de la phthisie 

ulmonaire, en diminuant l'intensité de la toux, en mo- 
dérant l’expectoralion et en favorisant le sommeil. 

Au reste, on emploie tous les jours, dans la cuisine, les 
feuilles de Laurier-Cerise, en infusion ou en décoction , dans 
diverses préparations de laitage , pour leur communiquer un 
gout d’amande amère qui est fort agréable; maisil faut être 
très-réservé sur la quantité; 1 ou 2 de ces feuilles doivent 
suflire, car pour avoir usé de cet assaisonnement avec trop 
peu de discrétion, M. Gouan a connu (d’après une note 
particulière qu’il m'a communiquée) des personnes qui en 
ont éprouvé de violentes tranchées. La gomme qui découle 
des fentes de l’écorce du Laurier-Cerise, ne paraît parti- 
ciper en aucune manière aux propriétés des feuilles. 


106" Genre. — PRUNIER. PRUNUS. Lan. 


Calice, corolle, étamines et pislil comme dans le Ceri- 
sier. 1 drupe charnu, arrondi ou ovoïde, glabre , contenant 
1 uoyau légèrement comprimé, un peu raboleux, sillunné 
d'un côté, anguleux de l’autre, renfermant 1 graine, ra- 
rement 2. 


PRUNIER DOMESTIQUE. 
Prunus domestica, Lin. Spec. 680. — Prunus Da- 
mascena. Blackw. Herb. t. 305. — Prunus. Pharm. 


t 


La tige de cet arbre, revêtue d’une écorce grisâtre, tirant 
un peu sur le brun, s'élève à la hauteur de 135 à 20 pieds 
en se divisant en branches et en rameaux qui forment une 
tête irrégulièrement arrondie. Ses feuilles sont ovales oblon- 
gues , péliolées , alternes, dentées-en leurs bords, glabres et 
d'un vert gai en-dessus, très-légèrement pubescentes en- 
dessous. Ses fleurs sont.blanches, médiocrement grandes, 
pédonculées, rarement solitaires, le plus souvent groupées 

M5 


162 AMVGDALÉES. 

3, 4 ou 5 ensemble le long des rameaux, à la placedes feuilles 
de l’année précédente , et paraissant avant la pousse des nou- 
velles. Le Prunier domestique passe pouf être originaire de 
Syrie; cultivé depuis 19 à 20 siècles, il est aujourd’hui na- 
turalisé dans une grande partie de l’Europe, et il a fourni 
par une longue culture xne quantité considérable de variétés, 
qui se distinguent principalement par la couleur, la saveur, 
la grosseur et la forme de leurs fruits, connus sous le nom 
de Prunes. Ceux-ci sont blancs, jaunes, verts, rouges, 
pourpres, violets, bleus , noirätres: leur saveur est acerbe, 
acide, fade, douce, sucrée, parfumée; leur chair est dure, 
ferme, sèche, molle, fondante aqueuse; il y en a quine 
sont pas plus gros que des Cerises, d’autres qui ont le vo- 
lume des plus gros abricots; enfin les uns sont parfaitement 
globuleux, tandis que les autres sont ovoïdes et même deux 
fois plus longs que larges. Le Prunier fleurit en avril et mai; 
on mange de ses fruits pendant tout l'été, parce que ses dif- 
férentes variétés mürissent à diverses époques. 

Les Prunes sont humectantes, rafraîchissantes et laxa- 
üves; elles conviennent aux gens robustes, sanguins et 
bilieux ; elles sont contraires aux personnes d’une faible 
constitution , dont les organes de la digestion ont plus 
besoin de toniques que de relâchans. Comme alimentaires, 
on en consomme une grande quantité dans les mois de l’été 
où elles paraissent; et dans les années où elles sont très- 
abondantes, leur excès, surlout quand elles ne sont pas 
encore bien müres, produit souvent, chez le peuple et chez 
les gens de la campagne, des diarrhées et des dyssenteries. 
Les Prunes sont d’ailleurs d’une graude ressource, parce 
qu'on fait sécher au soleil ou au four celles qu’on ne peut 
manger dans la saison, et on les convertit en ce qu’on 
appelle Pruneaux. On les confit en outre à l’eau-de-vie on 
avec du sucre; on en fait des pâtes, des marmelades, pour 
lesquelles on choisit les meilleures variétés, comme la Reine- 
Claude , la Sainte-Catherine, la Royale, le Gros-Damas de 
Tours, la Mirabelle, ete. Les pruneaux cuits sont sains et 
conviennent aux malades et aux convalescens. Les petits 
Pruneaux noirs, qui se font avec la Prune de Petit- Damas 
noir , sont plus laxatifs que tous les autres; leur décoction 
sert souvent d’excipient pour faire les potions purgatiyes, 
dont elle masque en partie la saveur désagréable ; leur 
pulpe entre dans l'électuaire Diaprun, dans la confection 


AMYGDALÉES. 183 


Hamech et dans le Lénitif, compositions pharmaceutiques 
bien peu usitées de nos jours. 

En Pologne, en Hongrie, en Bavière, dans plusieurs 
provinces d'Allemagne, en Suisse, et en France, dans les 
Vosges, on retire des Prunes , après qu’elles ont subi la fer- 
mentation vineuse, et principalement d'une variété nommée 
Zweischken en allemand, une liqueur alcoolique dont il 
se fait dans ces pays une grande consommation en boisson, 
dans les arts, et à laquelle on donne, en Allemagne, le nom 
de Zwetschken-wasser. 

11 y a sept à huit ans, lorsque le sucre des colonies était à 
un prixsi élevé sur le continent européen, plusieurs chimistes 
et pharmaciens firent des recherches et des expériences 
pour retirer du sucre des Prunes. Leurs tentatives furent en 
général couronnées de succès ; le sucre qu'ils obtinrent avait 
toutes les qualités de celui de la Canne , mais l'incertitude 
de la récolte des Prunes et le prix de cette fabrication 
seront toujours un obstacle à ce qu'on s'eccupe avec fruit 
d’avoir par ce moyen un sucre indigène. 

Il découle des Pruniers, comme des Cerisiers et autres 
arbres de la même famille, une gomme analogue à celle 
d'Arabie, et connue dans les pharmacies sous le nom de 
gomme du pays ( gumni nostras ). Elle se dissout plus fa- 
cilement dans l’eau que la gomme arabique qui est pro- 
duite par plusieurs espèces du genre Mimosa; ses pro- 
priétés médicales sont d’être nourrissante, quand elle est 
prise en certaine quantité , et d’être très-émolliente et très- 
adoucissante quand elle est réduite en mucilage ou dissoute 
dans une certaine quantité d’eau. On peut la substituer à la 
gomme arabique, dans la plupart des cas où l’on emploie 
celle-ci, comme dans les affections catarrhales , les maladies 
de poitrine, les phlegmasies, les crachemens de sang, les 
hémorragies actives, les diarrhées, les dyssenteries, les affec- 
tions inflammatoires et douloureuses des voies urinaires; 
au reste, comme le principe gommeux paraît y étre moins 
rapproché, il en faut une plus grande quantité. 

Le bois de Prunier est dur, veiné d’une belle couleur 
rougeätre ; les tourneurs et les ébénistes en font usage. 


M & 


104 AMYGDALÉES. 


PRUNIER ÉPINEUX, vulgairement Prunelier, Eine 
noire. 
Prunus spinosa , Lin. Spec. 681. — Prunus sylvestris. 
Blackw. Herb. t. 494. — Prunella. Pharm. 


Celre espèce est un arbrisseau très-rameux qui s'élève à 
10 ou 12 pieds, rarement davantage, ou qui très-souvent 
ne forme qu’un buisson de quelques pieds de hauteur. Ses 
rameaux, revêtus d’une écorce d’un brun rougeâtre, sont 
épineux et garnis de feuilles alternes, ovales-lancéolées, 
retrécies à leur base en un court pétiole, finement dentelées 
en leurs bords, glabres en dessus, très-légèrement pu- 
bescentes en dessous. Ses fleurs sont blanches, assez pe- 
tites , courtement pédonculées, solitaires ou 2 ensemble le 
long des rameaux : elles paraissent assez long-temps avant 
le développement des feuilles, et n’ont que 16 élamines 
ou environ. Les fruits sont pelits, presque globuleux , 
d’abord verdälres, ensuite d’un violet noirâtre dans leur 
parfaite maturité; ils paraissent bleuâtres à cause d’une pous- 
sière lrès-fine dont ils sont recouverts, et que l’on nomme 
fleur dans les fruits de ce genre. Le Prunelier croît dans 
toute la France et dans toute l'Europe, dans les lieux arides, 
sur les bords des bois et dans les haies; il fleurit au com- 
mencement d'avril, et ses fruits sont mûrs eñ automne. 
On faisait autrefois dans les pharmacies , avec les fruits 

encore verds du Prunelier, un extrait qui portait le nom 
d’Acacia nostras, ou Acacia d'Allemagne, et qu'on em- 
ployait comme astringent dans les hémorragies, les flux de 
ventre, elc.; mais il est presque entièrement abandonné 
aujourd’hui. Les Prunelles parvenues à leur parfaite matu- 
rité, et surtout lorsqu'elles ont été légèrement frappées de 
la gelée, perdent leur saveur acerbe, cessent d’êlre astrin- 
gentes, et deviennent au contraire laxatives. Dans cet état, 
elles paraïîtraient très-propres.à remplacer les ‘lamarins:. 
mais on n’est pas dans l’usage de les employer en médecine. 

En Russie, on retire une espèce d’eau-de-vie des fruits 
du Prunelier , en les écrasant , les faisant fermenter , et en 
les distillant ensuite. Dans plusieurs provinces de France, 
les pauvres des campagnes recueillent les Prunelles pour 
eu faire une boisson qu’ils composent en les écrasant et en 
les mettant fermenter avec une certaine quantité d’eau. 
Cette boisson est aigrelette et astringente, son usage habi- 


AMYGDALÉES. 105 
tuel a l'inconvénient de causer assez souvent des obstruc - 
tions dans les viscères abdominaux ; elle serait plus saine s1 
l’on attendait, pour ramasser les fruits, qu’ils eussent perdu 
leur saveur acerbe par une maturité parfaite, et surtout 
par l'effet des gelées qui y développe un principe sucré. 
C’est ainsi que lorsqu'ils sont dans cet état, on s’en sert en 
Dauphiné pour donner de la couleur aux mauvais vins. 

L’écorce du Prunelier est astringente et fébrifuge: elle a 
été employée plusieurs fois avec succès contre les fièvres 
intermittentes , el, dans ces dermiers temps, le docteur 
Juch, de Munich, l’a préconisée comme très-supérieure à 
tous les autres succédanées indiqués pour suppléer le Quin- 
quina. On doit la récolter au printemps sur des tiges de 
4 à 5 ans, et la faire sécher lentement pour l'usage. La 
décoction de cette écorce, dans une lessive alcaline , donne 
une teinture rouge. On peut faire avec le suc qu'on en 
extrait dans son état de végétation, et ane cerlaine quan- 
tité de sulfate de fer, une encre aussi noire que celle que 
l’on compose avec de la Noix-de-$alle. Cette écorce con- 
tenant beaucoup de tanin peut être employée pour tanner 
les cuirs. 

Linné, dans ses aménités académiques , dit qu'on pré- 
pare une sorte de thé par l’infusion, dans l’eau bouillante, 
des feuilles sèches du Prunelier. Les bestiaux, et surtout les 
chèvres et les moutons, les broutent avec plaisir lorsqu'elles 
sont fraîches, ainsi que les jeunes bourgeons. On plante cet 
arbrisseau pour faire des haies, et son bois sert dans les cam- 
pagnes pour chauffer les fours. 


PRUNIER DE BRIANÇON, vulgairement Prunier des 
Alpes. 
Prunus Brigantiaca. Vill: Dauph. 5. p. 555. — Loi. 
Nouv. Duham. 5. p. 187. t. 59. 


Ce Prunier ne s'élève guère au-delà de 8 ou 10 pieds. Ses 
feuilles sont alternes, pétiolées, ovales, terminées par une 
pointe aiguë, bordées de dents inégales, glabres en dessus 
et en dessous, excepié sur leurs nervures postérieures. Ses 
fleurs sont blanches, presque sessiles, disposées 35 à 4 en- 
semble le long des rameaux de l’année précédente , à la 
place des anciennes feuilles, et elles naissent avant les nou- 
velles : leurs pétales sont une fois plus longs que le calice, 
et les étamines, au nombre de 16 à 20, sont moitié plus lon- 


106 AMYGDALÉES. 


gues que les pélales. Ses fruits sont ovales-arrondis, très- 
lisses, d’un jaune clair ; leur chair est fade, peu agréable, 
adhérente au noyau qui est assez lisse, et contient une 
amande amère. Cet arbre croît naturellement dans les mon- 
tagnes du Dauphiné, et surtout aux environs de Briançon; 
il fleurit au mois d'avril, et ses fruits mürissent en août. 

Dans le Briançonnais, on retire depuis long-temps, des 
amandes des fruits de ce Prunier, une huile fine connue 
sous le nom d’huile de marmotte, et plus estimée que celle 
d'olive. Elle est douce comme celle que fournissent les se- 
mences de l’Amandier, mais plus inflammable, et elle con- 
serve un goût de noyau qui la rend un peu amère, et lui 
communique un parfum agréable. Dans les pays où cette 
huile se fabrique, les gens de la campagne attribuent au 
résidu de son extraction ou gâteau d'amandes, la propriété 
d’engraisser très-promptement les bestiaux ; mais 1l faut ne 
leur en donner qu’en petite quantité, car si on leur en donne 
trop, cela peut les faire périr empoisonnés. Le Journal de 
Pharmacie de juin 1817 rapporte un événement de cette 
nature. Deux vaches, après avoir mangé une poignée de ce 
résidu , éprouvèrent aussitôt d’affreuses convulsions ; leur 
ventre devint très-tendu , volumineux, la respiration cessa, 
et l’une d’elles périt en peu de temps. L'autre était prête 
à succomber lorsque M. Chancel, pharmacien à Briançon, 
s’avisa de lui faire avaler une légère dissolution de sulfate 
de fer, comme pouvant absorber l’acide prussique contenu 
en grande quantité dans les amandes amères. Ce moyen 
employé à deux reprises, à 7 ou 6 minutes d'intervalle, 
réussit complétement à calmer tous les accidens, et l'animal 
fut sauvé. Ce que cette observation a d’intéressant, c’est 
qu’elle nous apprend que le sulfate de fer peut être admi- 
nistré avec succès comme contre-poison du principe délé- 
ière des Amandes amères et du Laurier-Cerise. 


107° Genre. — ABRICOTIER. ARMENIACA. Tournef. 


Calice, corolle, étamines et pistil comme dans le Ceri- 
sier. 1 drupe charnu , succulent, arrondi, couvert de duvet, 
contenant 1 noyau légèrement comprimé, à 2 sutures sait- 
Jantes, l’une aiguë , l’autre obtuse, et renfermant 1 graine, 
rarement 2, 


AMYGDALÉES. 187 
ABRICOTIER COMMUN. 
Armeniaca vulgaris. Lam. Dict. Enc. 1. p. 2. — Lois. 
Nouv. Duham. 5. p. 167. t. 49. — Ærmeniacum. Vharm. 
— Prunus Armeniaca. Lin. Spec. 679. 


L’Abricotier paraît être plutôt un arbrisseau qu'un arbre; 
la nature l’a destiné à former une espèce de buisson, mais 
la culture’, et surtout la greffe, en ont fait un arbre plus 
robuste et plus fort; enté sur le Prunier , il parvient à 15 
ou 20 pieds de hauteur, et forme communément une large 
têle arrondie. Ses feuilles sont alternes , un peu arrondies, 
presque échancrées en cœur à leur base, rétrécies en pointe 
À leur sommet , dentées en leur bord, glabres et d’un vert 
gai. Les fleurs sont sessiles sur les rameaux de l’année pré- 
cédente, groupées plusieurs ensemble à la place des an- 
ciennes feuilles , et se développant avant les nouvelles : leur 
calice est rougeâtre et leurs pétales sont blancs, arrondis, 
concavyes , moitié plus longs que les divisions du calice. Les 
fruits, connus sous le nom d’Æbricots , sont recouverts 
d’une peau jaunâtre, veloutée; leur noyau renferme 1 graine 
(plus rarement 2) oléagineuse, nommée Æmande , légère- 
ment amère, quelquefois douce. L/Abricotier est originaire 
de l'Arménie, d’où lui est venu son nom latin Armeniaca ; 
transporté d’abord à Rome, il s’est de là répandu dans 
toute l’Europe méridionale et tempérée. Lui et l'Amandier 
sont les deux arbres fruitiers qui les premiers nous annon- 
cent par leurs fleurs hâtives le retour du printemps; ce 
qui fait que les gelées tardives auxquelles on est si exposé , 
surtout dans le clunat de Paris, nous privent souvent de 
leurs fruits. 

Il y a plusieurs variétés d’Abricots ; mais celles-ci ne 
sont pas si nombreuses, à beaucoup près, que dans le Pru- 
nier et même dans le Cerisier ; la plus estimée est lAbricot- 
Pêche ou Abricot de Nancy. Les Abricots bien mürs sont 
un excellent fruit; ils sont adoucissans et même nourris- 
saus , à cause de la quautité de sucre qu’ils contiennent. Le 
préjugé vulgaire est qu’ils sont sujets à donner la fièvre 
quand on en mange beaucoup; mais rien n’est peut-être 
moins prouvé. Outre les Abricots qu’on mange crus dans 
la saison, on les conserve pour toute l'année, en les faisant 
sécher au four ou an soleil; on en fait des confitures, des 
pâtes, des marmelades; on les confit dans de l'eau-de-vie, ete, 


188 AMYGDALÉES. 


Les amandes des Abricots, surtout celles dont la saveur est 
douce, peuvent être employées à faire des émulsions , de 
l’orgeat; on peut en relirer une huile qui a les mêmes pro- 
priétés que celle fournie par les Amandes douces propre- 
ment dites. On fait encore, avec les noyaux et les amandes 
d’Abricots distillés avec de l’eau-de-vie, ou préparés par 
longue infusion, une liqueur très-estimée et connue sous le 
nom de Ratafia où Eau de noyau. Cette liqueur est un bon 
stomachique, mais elle ne doit pas être trop chargée du prin- 
cipe aromatique qui la rend agréable, car'elle pourrait alors 
devenir nuisible. | 

Dans les cuisines et ailleurs, l’amande des Abricots s’em- 
ploie quelquefois dans les crèmes, dans les pâtisseries, à la 
place de celles de lAmandier. On en fait de mème une sorte _ 
de farine ou de pâte demi-liquide que les dames emploient 
pour leur toilette, parce qu'elle blanchit la peau et la rend 
plus douce. La gomme d’Abricotier ne diffère pas, quant 
aux propriétés, de celle du Prunier. Enfin le bois de cet 
arbre est d’un gris cendré agréablement veimé de rouge et 
. jaune: on l’emploie pour les ouvrages de tour et de ta- 

lelterie. 


Famille XX XVII. 
SPIRÉACÉES. 


Les plantes de cette famille étaient, de même que celles 
de la précédente, comprises par M. de Jussieu , dans sa 
grande famille des Rosacées: mais des différences trop posi- 
tives existaient dans le fruit de ces divers groupes distingués 
jusqu’à présent seulement comme sections d'une même fa- 
mille, pour ne pas les séparer comme formant des ordres 
réellement distincts. En effet, les Spiréacées diffèrent essen- 
tiellement des Amygdalées, qui les ont précédées, par leur 
ovaire multiple et par leurs fruits qui sont des capsules sèches 
s'ouvrant en 2 valves, au lieu d’être un drupe charnu. Il 
est également facile de les distinguer des vraies Rosactes 
par leurs capsales s’ouvrant en 2 valves, et contenant or- 
dinairement plusieurs: graines, tandis que ; dans les Rosa- 
cées, les graines sont nues ou quelquefois renfermées dans 
des baies. 

Les Spiréacées sont des plantes herbacées on frutescentes, 
à feuilles aliernes, simples ou composées, à fleurs terminales 


SPIRÉACÉES. 18) 


ou axillaires, souvent disposées en panicule. Elles sont en 
général astringentes, et, sous le rapport de leurs proprié- 
tés, elles ont plus de rapport avec les Rosacées qu'avec les 
Amygdalées. 


108° Genre. — SPIRÉE. SPIRÆA. lan. 


Calice monophylle, à 5 divisions. Corolle de 5 pétales 
insérés dans le haut du calice. Etamines nombreuses, alta- 
chées sur le calice au-dessous des pétales. Plusieurs ovaires 
supérieurs ; autant de capsules s’ouvrant en 2 valves par leur 
partie interne , el contenant 1 à 3 graines. k 


SPIRÉE ULMAIRE , vulgairement Reine des prés, Herbe 

aux abeilles, petite Barbe de chevre, Vignette. 

Spiræa Ulmaria. Lin. Spec. 502.— Ulmaria. Pharm. 
— Barba capræ floribus compactis. FI. Dan. L. 547. 

Sa racine est assez grosse, longue commie le doigt, odo- 
rante , noiratre en dehors, d’un rouge-brun en dedans, gar- 
mie de beaucoup de fibres ; elle donne naissance à une tige 
uu peu anguleuse , rougeûtre , haute de 3 à 4 pieds, munie 
de feuilles alternes , ailées avec impair, composées de 7 
grandes folioles ovales, inégalement dentées, d’un vert 
foncé en dessus , blanchâtres en dessous; la terminale plus 
grande que les auires, et ordinairement partagée en 3 lobes : 
entre les grandes folioles, on en observe d'autres beaucoup 
plus petites. Ses fleurs sont blanches, nombreuses, dispo- 
sées au sommet des tiges et des rameaux en une large pani- 
cule corymbiforme : elles ont une odeur agréable. .Cette 
plante est commune dans les prés humides; elle fleurit en 
mai et Juin. ? 

La Reine des prés est tonique, astringente et sudorifique ; 
elle a aussi été mise au nombre des vulnéraires lorsqu'on 
croyail à la vertu des plantes sous ce rapport. Sa racine était 
aulrefois beaucoup plus employée qu'a présent, comme 
astringente, dans les hémorragies, la diarrhée, la dyssen- 
terie. On estimait aussi son usage utile dans les fièvres ma- 
ligues, et on la donnait en poudre ou en décoction. Les 
fleurs sont regardées comme cordiales, sudorifiques et cal- 
mantes , et on les emploie en infusion théiforme. On assure 
qu'infusées dans le vin, lhydromel et même dans la bière, 
elles communiquent à ces liqueurs une saveur et une odeur 
qui les fait ressembler à du vin de Malvoisie, L'eau distillée 


190 SPIRÉACÉES. 
des fleurs et l'extrait des racines qu’on préparait autrefois 
dans les pharmacies , sont à peu près tombés en désuétude 
maintenant. à 

La plante entière est propre à être employée pour le tan- 
nage des cuirs. Les feuilles font un bon fourrage; les chèvres 
surtout les aiment beaucoup. 


SPIRÉE FILIPENDULE, vulgairement Filipendule. 
Spiræa Filipendula. Lin. Spec. 702. — Filipendula. 
Blackw. Herb. t. 467. — Pharm. 


Les racines de cette espèce sont composées de plusieurs 
tubercules ovales, de la grosseur d’une noisette ou environ , 
d’un brun noirâtre en dehors, blanchätres intérieurement, 
suspendues à des fibres dont la réunion forme une souche 
un peu charnue, qui donne naissance à une tige glabre, 
simple ou peu rameuse, haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles 
sont pétiolées, alternes , ailées, composées d’un grand nom- 
bre de folioles oblongues, profondément dentées ou inci- 
sées, glabres et vertes des deux côtés; elles sont munies à 
leur base de grandes stipules ovales et amplexicaules. Ses 
fleurs sont blanches, légèrement odorantes , disposées ax 
sommet de la tige en une panicule bien garnie et corymbi- 
forme. Cette plante est commune dans les bois, surtout dans 
les terrains sablonneux ; elle fleurit en juim et juillet, 

Les tubercules de la Filipendule sont astringens, et ils 
contiennent une fécule nourrissante dont on s’est, dit-on, 
servi comme aliment dans des temps de disette. Outre ces 
propriétés de la Filipendule , qu’on peut regarder comme 
positives, on lui en a encore altribué beaucoup d’autres qu'il 
ne faut pas regarder comme.aussi certaines, el pour les- 
quelles cependant on en a plus ou moins fait usage en mé- 
decine. C’est ainsi que certains auteurs ont regardé la plante: 
entière comme incisive et diurétique , et qu'outre la faculté 
d’être utile dans les affections catarrhales des voies urinaires, 
ils lui ont encore supposé la vertu de favoriser l'expulsion 
des graviers hors des reins et de la vessie. D’autres, à cause 
de lastringence des racines, assurent avoir, par leur 
moyen, guéri des leucorrhées qui avaient résisté à beau- 
coup d’autres moyens, des dyssenteries et même des hernies. 
Leur efficacité, dans les deux premiers cas, n’est pas 1m- 
probable ; mais on doit la regarder comme entièrement illu- 
soire dans le dernier, Quelques-uns enfin ont recommandé 


SPIRÉACÉES. - 191 
ses mêmes racines en poudre, ou leur suc quand elles sont 
fraîches , contre l'épilepsie , les écrouelles, la difficulté de 
respirer. 

Les fleurs de Filipendule infusées dans du lait, lui don- 
nent une saveur agréable. "Foute la plante est propre à être 
employée pour le tannage. Les cochons sont très-friands 
des tubercules de ses racines, et ils bouleversent, pour s’en 
nourrir , les terrains dans lesquels ils en trouvent. 


Famille XXX VIII. 
ROSACÉES. 


Les plantes de cette famille ont les caractères suivans : 
Calice monophylle, persistant , à 5 ou 10 divisions, quel- 
quefois à 4 seulement; corolle de 5 pétales {rarement de #4) 
étalés en rose, attachés dans le haut du calice, et alternes 
avec les divisions calicinales ; 12 à 20 étamines et plus, in- 
sérées sur le calice au-dessous des pétales; ovaires multiples, 
surmontés chacun de 1 seul style, et se changeant en autant 
de petites capsules ou baies monospermes et indéhiscentes. 

Les Rosacées sont des herbes ou des arbrisseaux à feuilles 
alternes, rarement simples , le plus souvent composées, 
munies de stipules à leur base, et à fleurs axillaires, ou plus 
ordinairement terminales , disposées diversement. 

Toutes ces plantes ont une astringence très-marquée ; 
plusieurs d’entre elles sont employées comme fébrifuges, et 
quelques espèces du genre Rosier seraient purgatives selon 
le témoignage de certains auteurs ; mais des expériences 
bien positives n’ont pas encore déterminé cetle propriété. 
Les fruits succulens de plusieurs espèces sont rafraîchissans. 


_109° Genre. — RoNcE. RuBUS. Lin. 


- Calice à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nombreuses. 
Graines également nombreuses, contenues 1 à 1 dans de 
petites baies réunies sur 1 réceptacle commun, et formant, 
par leur aggrégation , une baie composée. 

RONCE FRAMBOISIER , ou RONCE DU MONT 1DA , vulgai- 

rement le Framboisier. 

Rubus Idæus. Lin. Spec. 706. — Lois. Nouv. Duham. 

6. p. 70. 1. 25. — Pharm. 


La racine du Framboisier est une souche ligneuse, de 


i92 ROSACÉES. 
laquelle poussent plusieurs tiges droites, hautes de 3 à 4 
pieds, hérissées d’aiguillons menus, droits, assez courts, 
peu piquans. Ces tiges sont garnies, dans leur partie infé- 
rieure, de feuilles ailées, composées de 5 folioles ovales, 
aiguës, dentées, vertes en dessus, cotonneuses et blanchâtres 
en dessous; les feuilles supérieures n’ont que 3 folioles. Ses 
fleurs sont blanches , disposées au nombre de 3 à 6 sur des 
pédoncules grèles, rameux, et placés dans les aisselles des 
feuilles supérieures ou à l'extrémité des rameaux. Les fruits 
qui leur succèdent, connus sous le nom de framboises , 
sont composés de grains nombreux, succulens, d’un rouge 
clair, blancs dans une variété, légèrement pubescens. Les 
Uges du Framboisier ne sont qu’annuelles; elles périssent 
tous les ans à l'automne, et la racine en produit de nouvelles 
à chaque printemps. Cette plante croît naturellement dans 
les lieux pierreux , ombragés et montagneux ; elle fleurit 
eu mai et juin; ses fruits sont mürs en juillet et août. 

Les Framboises ont une odeur et une saveur agréables, 
mais qui ne plaisent pas aussi généralement à tout le monde 
que celles des Fraises; cependant elles partagent souvent 
avec ces dernières l’honneur de faire l’ornement des meil- 
leures tables, et on les mange de mème saupoudrées de sucre 
el arrosées de vin, ou seules, ou mêlées avec les Groseilles 
et les Fraises. On en prépare, en n’employant qu’elles, ou 
en les écrasant dans de l’eau avec les deux fruits dont il vient 
d'être parlé, une boisson très-rafraîchissante pour les grandes 
chaleurs de l'été, et qu'on rend très-agréable en y ajoutant 
une certaine quantité de sucre. Elles entrent dans la com- 
position de différentes gelées, confitures, sirops et ratafias : 
on peut les confire seules ; mais le plus souvent on les em- 
ploie avec les Groseilles. Quelques Framboises mfusées dans 
le vin lui communiquent un goût et un parfum délicieux. 
On obtient aussi, par leur seule fermentation, un vin qui 
est très-fort, assez agréable, et dont ou peut retirer, par la 
distillation , une eau-de-vie très-spiritueuse. Dans plusieurs 
parties de la Pologne, ce vin remplace, pour le peuple, le 
vin ordinaire. Les Russes font avec les Framboises, du miel 
et de l’eau , un bydromel délicieux. En France et ailleurs, 
on prépare, par leur infusion dans le vinaigre, ce qu’on 
appelle le vinaigre de Framboise, que les confiseurs et les 
pharmaciens convertissent , par l'addition du sucre, en un 
sirop très-employé en médecine, dans les fièvres bilieuses, 


ROSACÉES. 197 
putrides et autres, dans les maux de gorge , etc. Ce sir op, 
qui est trés- agréable et très-rafraichissant ; est aussi fout 
en usage dans le monde, comme moyen de calmer l’ardeur 
de la soif pendant les chaleurs. 

Les feuilles et les somnntés du Framboisier sont déter- 
sives et astringentes ; on peut s ’en servir en décoction comme 
de celles de Ronce, pour en faire des gargarismes qu'on em- 
ploie dans les maux de gorge et ceux ‘des s gencives. Les fleurs 
passent pour anodynes et sudoriliques ; leur AE est très - 
borné et presque nul. 


é 
RoncE FRUTESCENTE, vulgairement {4 Ronce ou, Ronce 
des haies. 
Rubus fruticosus. Lin. Spec. : 707. — Lois, Nous. Dub. 
6. p. ga. t. 22. £ 1, — Rubus. Pharm. 


Ses tiges sont ligneuses, anguleuses , rameuses, Joôngues 
de 4 à 6 pieds et même plus, armées d’aiguillons forts et 
recourbés ; elles sont garnies en outre de féuilies pétiokées , 
composées en général de 5 folioles ovales , dénites aiguës, 
glabres ou presque glabres en dessus, cotuñriéiéés et blane 
ches en dessous : les feuilles de la partie supérieure des ra- 
meaux et celles qui sont dans le voisinage des fleurs, n'ont 
que 3 folioles, quelquefois même une seule. Ses fleurs sont 
blanches owrougeâtres, poriées sur des pédenculesraimeux , 
et disposées au sommet des raïhéaux en une panicule plus 
ou moins garnie. Les fruits soul composés de grains nom- 
breux , noirâtrés, luisans,-aigrélets, et un peu suerés lors 
de leur parfaite maturité." La Ronce frutescente est très- 
commune dans les bois ; les haies et les buissons. EHe com- 
mence à fleurir à là fin dé mai, et continue à! donner des 
fleurs pendant plus de deux mois. Sés fruits se succèdent de 
même les uns aux autres A le” mois de juillet j Ed ‘aux 
gélées: "29 


RONCE HYBRIDE. 
Rubus y bridus. Vill. Dauph. 5 5, p. 259. 


Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente ; mais 
on l'en distingue cependant assez facilement, parce que ses 
feuilles sont constamment vertes des deux côtés ; dépourvues 
en dessous, dé ce duvet qui rend blanches les Hills de la 
Ronce frutescente. Ses fruits sont composés de grains un 
peu plus gros que dans cette dernière, mais moins nom- 


N 


104 ROSACÉES. 


breux. Au reste, elle se trouve dans les mêmes lieux, fleurit 
et fructifie en même temps. 


RONCE BLEUE. 
Rubus cæsius. Lin. Spec. 706. — Lois. Nouv. Duham. 
6. p. 69. t. 22. fig. 2. 


Cette espèce se distingue bien des deux précédentes, parce 
que ses tiges n’acquièrent que & pied à à 1 pied et demi de 
haut; parce qu’elle produit des jets très-longs qui rampent 
sur la terre, et y prennent racine de distance en distance; 
parce que ses feuilles ne sont jamais formées que de 3 fo- 
lioles ; enfin parce que ses fruits sont composés de grains 
plus gros, moins nombreux , recouverts d'une poussière 
blanchâtre qui change leur fond noir en une couleur bleuà- 
tre : leur saveur est fade et douceâtre. Cetie Ronce croît 
dans les champs, les buissons et les taillis. Elle fleurit en 
juin et juillet ; ses fruits mürissent dans le courant de l’été 
et'au commencement de l’automne. 

Les rois espèces de Rouce qui viennent d’être décrites 
out les mêmes propriétés, et peuvent indifféremment être 
employées les unes pour les autres. Leurs fruits sont nommés 
vulgairement framboises sauvages, Müres sauvages , 
Müres des buissons, Müres de renard, Müres & poux. 
Ceux des deux premières espèces surtout, ‘sont agréables au 
goût et rafraichissans. Beaucoup de personnes les regardent 
comme malsains; des médecims même les ont accusés de 
causer des coliques , de donner des fièvres intermittentes , 
de produire des maux de tête. Ray dit qu’en Angleterre on 
empêche les enfans d’en manger, parce qu'on croit qu'ils 
engendrent la gale et la Leigne; mais je crois qu'aucune des 
mauvaises qualités qu'on leur attribue ne sont fondées sur 
l'observation, Ce qu’il y a de certain, c’est que, dans les cam- 
pagnes, les enfans les recherchent , et ils en consomment 
beaucoup sans que cela leur fasse du mal, et je puis assurer, 
ainsi que M. Mérat, mon ami, l’a déjà fait dans sa Noûvelle 
Flore des environs de Paris, en avoir souvent mangé une 
grande quantité en herborisant, sans en avoir jamais éprouvé 
la plus légère incommodité ; je leur trouye même, à mon 
goût, une sayeur égale ou "préférable à celle des Fram- 
boises. Dans quelques cantons, on fait avec ces fruits un 
vin qui, dit-on, est peu inferieur à celui dela vigne ; dans 
d’autres, on s’en sert pour donner de la couleur aux vins 


ROSACÉES. # 195 
ordinaires qui sont trop pâles. On peut aussi en faire des 
confitures et un sirop agréables. Quelques médecins ont 
mème préconisé ce sirop comme très-propre à calmer les’ 
ardeurs d'urine ; d’autres l’ont employé avec avantage dans 
les maux de gorge inflammatoires. On préparait autrefois 
dans les pharmacies, en faisant épaissir le suc dés Mûres sau- 
vages, une sorte de rob auquel on donnait le nom de Dia- 
morum >; cette préparation est maintenant tombée dans 
l'oubli. 

Les feuilles et les sommités de Ronce sont encore em- 
ployées en médecine; on lés regarde comme détersives et 
astringentes , et on les fait préparer en décoction pour en 
composer des tisanes ou des gargarismes dont on conseille 
l'emploi dans les maux de gorge, et en général dans ceux 
de la bouche ou des gencives. Les feuilles de Ronce ont aussi 
été employées intérieurement dans la diarrhée, le crache- 
ment de sang , la leucorrhée, les maladies des voies uri- 
naires ,etextérieurement contre les hémorroïdes, les dartres ; 
mais leur usage aujourd’hui est borné aux cas rapportés un 
peu plus haut. ” 

Les chevaux n'aiment pas les feuilles de Ronce ; mais les 
vaches, les chèvres et les moutons s’en accommodent assez 
bien, et les deux derniers surtout, les mangent avec une 
certaine avidité lorsqu'elles sont jeunes ; on péut aussi alors 
en nourrir pendant quelque temps les vers-à-soie. 


110° Genre. — FRAISIER. FRAGARIA. Lin. 


_ Calice à 10 divisions alternativement grandeset petites. 
5 pétales. Etamines nombreuses. Graines portées sur un ré- 
ceplacle succulent, bacciforme, coloré et caduc. 

L 


FRAISIER COMMUN. 

Fragaria vesca. Lin. Spec. 708. — Fraguria. Blackw. 
Herb. t. 77: — Pharm. 

Sa racine formé uné petite souche demi-ligneuse, vivacé, 
d’un brun-rougeâtre , divisée inférieurement en fibres me- 
nues et nombreuses ; elle donne naïssance à 5 à 8 feuilles 
longuement pétiolées ycomposées de 3 folioles ovales, for- 
tement dentées, d’un vert gai en dessus, soyeuses et blan- 
chälres en dessous, ainsi que leur pétiole. Du collet de lu 
racine partent encore plusiéèurs jets grêles, fort longs, ram- 
pans. prenant racine et poussant des feuilles de distance eu 


N 2 


196 ROSACÉES. 
distance; ce qui, par la suite, forme autant de nouveaux 
pieds qu multiplient la plante. Au milieu des feuilles nais- 
sent 1, 2 ou 5 Liges simples, grèles, Rose hautes de 4 
à 6 pouces portant à leur sommet 4 à 6 fleurs ou davan- 
tage, blanches, pédonculées , et disposées en une sorte de 
pelit cor ymbe.” Après la floraison, le réceptacle prend de 
l'accroissement, acquiert une consistance pulpeuse, suc- 
culente, et devient une sorte de fruit ordinairement d’un 
rouge V ermeil , connu sous le nom de Fraise. Cette plante 
croît naturellement dans les bois et les buissons ; elle fleurit 
en avril et mai; ses fruits sont mürs en juin et juillet. 

* C’est bien moins comme médicament que comme fruit, 
ayant une saveur exquise el un parfum délicieux , qu’on fait 
usage de la Fraise. Les Fraises mangées une à une, en les 
cueillänt sux leur lige, sont excellentes , et c’est peut- ‘être de 
cette manière que l’on goûte mieux la finesse de leur par- 
fum. Celles surtout qu’on trouve sauvages au milieu des 
bois, quoique plus petites que celles cultivées dans les jar- 
dins. , lemportent incontestablement sur ces dernières par 
l'excellence de leur goût et de leur odeur. Le plus souvent, 
dans les villes, les Fraises se servent au dessert chez les gens 
aisés; on les mange sau poudrées de sucre et arrosées d’un 
peu vin. Pour être prises en certaine quantité à la fois, 
elles se digèrent mieux ainsi assaisonnées; car, naturelle- 
ment froides, elles donnent quelquefois de coliques aux 
personnes qui en mangent en {trop grande abondance. Les 
limonadiers préparent des glaces trés agréables avec le suc 
qu'on en exprime. Ce suc, “dans lequel on ajoute de l'eau et 
du sucre, fait une boisson très-rafraîchissante qui plaît au 
goût, qui apaisé la soif dans les chaleurs de l'été, et qu’on 
peut donner avec avantage aux malades atiaqués de fièvres 
bilieuses, ou dans plusieurs phlegmasies. On fait entrer les 
Fraises dans diverses liqueurs de table, principalement dans 
celle nommée Ratafia des # Fruits. Leur suc, soumis à 
uu certain degré de fermentation , acquiert une saveur 
vineuse , mais il ne se conserve pas; on peut en tirer de 
J’alcool en le soumettant à la distillation avant qu'il soit 
devenu acide, état auquel 1l passe facilement; il est alors 
PoRee de le convertir en une sorte de vinaigre. 

J'ai déjà dit que ce suc récent pouvait servir avanta- 
geusement comme tisane rafraîchissante dans les fièvres 
inflammatoires: mais on attribue encore à ces fruits d’autres 


ROSACÉES. 197 


propriétés médicamenteuses. Ainsi le célèbre Linné assure 
être parvenu, par l’usage des Fraises, à se guérir d’une 
goulte qui lui avait fait éprouver de violentes douleurs pen- 
dant plusieurs années. Les auteurs citent des malades chez 
lesquels elles ont dissout et dissipé des concrétions arthri- 
tiques anciennes, et leur usage habituel passe pour empê- 
cher la formation du tartre ou pour dissoudre celui dont se 
couvrent souvent les dents de certaines personnes. Gesner 
el Bocrhaave leur attribuent la même propriété pour sou- 
lager les calculeux ; mais le premier fait plus particulière- 
ment résider leur vertu dans le suc des fruits, et le second 
dans leurs graines. 

Les racines et les feuilles de Fraisier ont une saveur légè- 
rement amère et un peu astringente. Elles sont diurétiques 
et apéritives; on les emploie en décoction à la dose de 2 gros 
à 1 demi-once pour 1 pinte d’eau , dans les engorgemens 
des viscères de l'abdomen, dans la jaunisse et dans les ma- 
ladies des voies urinaires. On préparait autrefois, dans les 
pharmacies, une eau dislillée de Fraises, que les dames em- 
ployaient comme cosmétique, pour effacer les taches de 
rousseur; mais celte préparation est tombée en désuétude , 
sans doute à cause de son inefficacité, 

Les moutons et les chèvres broutent volontiers les feuilles 
de Fraisier; les vaches s’en soucient peu, et les chevaux 
refusent absolument d’en manger. 


111° Genre. — POTENTILLE. POTENTILLA. Lan. 


Calice à 10 divisions alternativement plus grandes et plus 
petites. 5 pétales. Etamines nombreuses. Graines nom- 
breuses portées sur un réceptacle sec et non charuu. 


POTENTILLE ANSERINE, vulgairement Argentine. 
Potentilla Anserina. Lin. Spec. 710. — Bull. Herb. 
t.157. — Argentina Potentilla et Anserina. Pharm. 


Sa racine est brunâtre, fibreuse , vivace ; elle produit 
plusieurs feuilles assez grandes, ailées, étalées en roselte sur 
la terre, composées de 15 à 21 folioles ovales-oblongues, 
dentées en scie en leurs bords, d'un vert clair el un peu pu- 
bescentes en dessus, très-soyeuses et d’an blanc argenté en 
dessous. Ses Liges sont grèles, longues de 1 pied et plus, 
rampantes, garnies de quelques feuilles écartées beaucoup 
plus petiles que celles qui partent immédiatement des ra : 


N 35 


\ 

168 ROSACÉES. 

cines , allant d’ailleurs toujours en diminuant de grandeur, 
de manière que l'extrémité des liges paraît presque nue. 
Ses fleurs sont jaunes, larges de 10 à 12 lignes, solitaires , 
portées sur de longs pédoncules qui naissent dans les ais- 
selles des feuilles sur la partie des tiges la plus rapprochée 
des racines. Cette plante croît dans les pâturages et sur les 
bords des champs, dans les lieux un peu humides ; elle fleu. 
rit en mai, juin et Juillet. 

L’Argentine a une saveur légèrement stiptique. Elle est 
un peu astringente et a passé pour vulnéraire. Son usage a 
été conseillé par les uns dans le crachement de sang, les 
pertes utérines, la leucorrhée, la diarrhée, la dyssenterie; 
les autres l'ont recommandée comme fébrifuge et comme 
trés-ulile dans la jaunisse et dans les maladies des voies uri- 
naires causées par la présence de calculs. Dans ce dernier 
cas surtout , l'Argentine n’esl plus d’aucun usage, aujour- 
d’hui que les médecins connaissent si bien l'insuffisance ab- 
solue de tousles prétendus fithontriptiques ; mais, sous les 
autres rapports même, celte plante n’est que bien peu em- 
ployée maintenant. Quoi qu'il en soit, ou peut donner le 
suc qu’on en exprime, quand elle est fraîche, à la dose de 
2 à 4 onces, et, quand elle est sèche, on la fait prendre en 
décoction on en poudre. On préparait autrefois, dans les 
pharmacies , une eau distillée d'Argentine qui passait pour 
propre à effacer les rousseurs de la peau et à remédier aux 
effets du hâle ; cette eau n’est plus du tout employée. 

En Ecosse, on mange les feuilles de l’ Argentine apprètées 
de diverses manières, comme herbe potagère. En Angle- 
terre, quelques personnes préparent de même ses racines 
comme aliment; elles ont un goût assez analogue à celles 
du Panais. Ray a'observé que les cochons la recherchent 
avidement, et que, pour s’en nourrir, ils fouillent avec leur 
groin la terre où il s’en trouve. 


POTENTILLE RAMPANTE, Vulgairement Quintefeuille. 
Potentilla replans. Lin. Spec. 714, — Pentaphyllum. 
Blackw. Herb. t. 454. — Pentaphyllon , sive Quinque- 


Jolium. Pharnm. 


Sa racine.est allongée, de la grosseur du petit doigt , 
vivace, noirâtre en dehors, rougeûtre intérieurement, divi- 
sée en quelques fibres plus menues; elle donne naissance à 
plusieurs tiges grèles, samples ou peu rameuses, longues 


ROSACÉES. 199 


de 1 à 2 pieds, couchées et rampantes sur la terre, prenant 
racine à leurs articulations, garnies de feuilles pétiolées, 
composées de 5 folioles ovales-oblongues, obtuses, cunéi- 
formes à leur basé, dentées en leurs bords, presque glabres 
et vertes des deux côtés. Ses fleurs sont jaunes, larges de 
10 lignes ou environ, solitaires, portées sur de longs pédon- 
cules qui naissent dans les aisselles des feuilles. Cette plante 
n’est pas rare dans les champs et sur les bords des chemins; 
elle fleurit en juix et juillet. 

Sa racine est ordinairement la seule partie dont on fasse 
usage, et plusieurs auteurs même prescrivent de n’employer 
que sa partie corticale. Elle a les mêmes propriétés que 
l'Argentine ; cependant quelques médecins Font regardée 
comme plus décidément fébrifuge ; Chomel a beaucoup 
préconisé son emploi dans la diarrhée et la dyssenterie ; 
enfin d’autres l’ont vantée pour guérir les maux de gorge 
et les ulcères de la bouche. On la donne en décoction à la 
dose de 1 demi-once à 1 once pour 1 pinte d’eau. Cette ra- 
cine entre dans l’eau générale et Ia thériaque de l’ancienne 
pharmacopée de Paris; la plante était au nombre des herbes 
qui devaient faire partie du baume vulnéraire. 

Pour les usages économiques, la Quintefeuille peut servir 
au tannage des cuirs. 


112° Genre. — 'TORMENTILLE. T'ORMENTILLA. Lin. 


Calice à 8 divisions alternativement grandes et petites. 
& pétales. Etamines et graines nombreuses ; ces dernières 
portées sur un réceptacle sec et non charnu: 


TORMENTILLE DROITE , vulgairement Tormentille ou 
T'ourmentille. 
Tormentilla erecta. Lin. Spec. 716. — T'ormentilla 
sylvestris. F1. Dan. t. 589. — Tormentilla. Pharm. 


Sa racine est épaisse , grosse comme le doigt, vivace, 
presque ligneuse, d’un rouge brunâtre, divisée en fibres 
menues ; elle donne naissance à plusieurs tiges redressées 
ou quelquefois étalées, assez gréles, rameuses, plusieurs 
lois bifurquées, pubescentes , longues de 8 à 15 pouces, 
garnies de feuilles sessiles, partagées jusqu’à leur base en 5 
à 5 folioles oblongues , dentées profondément, chargées de 
poils couchés en dessus et en dessous. Ses fleurs sont jaunes, 
larges de 5 à 6 lignes, portées sur de longs pédoncules fili- 


N # 


200 ROSACÉES. 


FPrRRES , solitaires, disposés dans les aisselles des feuilles ou 

dans la bifurcalion des rameaux. Cette plante n’est pas rare 
dans les bois.et dans les pâturages secs ; elle fleurit en mai 
et Juin. . 

La racine de Tormentille a une saveur amère et astrin- 
gente; elle s'emploie en décoction à la dose de 1 demi-once 
à 1 ouce pour 1 pinte d’eau, et en poudre depuis 1 demi- 
gros jusqu'à 1 gros. On en prépare un extrait qui se donne 
ë 1 Ou 2 gros. ji emploi le plus ordinaire qu’on fait de la 
AN le est dans les diarrhées et les dyssenteries atoni- 
ques, dans les hémorragies passives et la leucorrhée. Exté- 
rieurement sa ie est dessiccative ; on peut l’appliquer 
en PORTE sur les ulcères anciens pour les dessécher et en 
faciliter la cicatrisation. La racine de Tormentille entre dans 
la composition du frascordium , et dans plusieurs autres 
préparations pharmaceutiques moins connues aujourd’hui. 
Son exlrait est au nombre des drogues qui font partie de la 
thériaque. . 

La plante entière est He propre au tannage des cuirs ; 
sa racine surtout est riche en principe lanin , et elle donne 
d'ailleurs une couleur rouge. Les Lapons lemploient sous 
ce double rapport pour teindre leurs cuirs en celte couleur. 
Les moutons, les chèvres et les vaches broutent ses feuilles , 
mais les chevaux n’en veulent point. 


115° Genre. — BENOITE. GEUM. Lan. 


Calice à 10 divisions alternativement plus grandes et plus 
petites. 5 pétales. Etamines nombreuses. Graines nom- 
breuses , portées sur un réceptacle oblong, velu , et ter- 
minées par des barbes longues, géniculées, crochues ou 
plumeuses à leur sommet. 


BENOITE OFFICINALE, vulgairement Æ/erbe de Saint- 
Benoit, Galiot, Gariot, Récise. 
Geum urbanum. Lin. Spec. 716. — Caryophyllata 
vulgaris. FI. Dan. t. 672. — Caryophyllata. Pharm. 


Sa racine esl grosse tout au plus comme une plume à 
écrire, vivace, d'un brun rougedlre ; horizontale, munie 
de fibres plus petites; elle donne naïssance à 1 où plusieurs 
üges redressées, légèrement velues, hautes de 1 à 2 pieds à 
nn peu rameuses dans leur partie supérieure, accompagnées 

à leur base de quelques feuilles longuement pétiolées, alées, 


ROSACÉES, 201 


le plus souvent composées de 5 foliolesinégales, dentées, pu- 
bescentes, surtout en dessous; ces tiges sont d’ailleurs garnies 
dans leur longueur, de feuilles écartées, également à 5 fo- 
lioles, mais presque toutes sessiles. Les fleurs sont jaunes , 
larges de 5 à 6 lignes, disposées au sommet de la tige et des 
rameaux sur 1 long pédoncule. Cette plante est assez com- 
mune dans les bois, les buissons et les lieux un peu ombra- 
gés; elle fleurit en juin et juillet. 

La racine de Benoîle a une odeur aromatique analogue 
à celle du Gérofle, mais cette odeur n’est pas la même dans 
tous les temps; elle est plus prononcée au printemps, et 
lorsque la plante est venue dans un terrain sec et chaud. Cette 
odeur se perd d'ailleurs par ladessiccation, et, dans ce dernier 
élat, elle n’a plus qu'une saveur un peu amère et astrin- 
gente ; mais ses propriétés sont cependant d'autant plus 
prononcées, qu’elle a été recueillie dans un meilleur terrain 
et dans la saison la plus convenable. C’est principalement 
cette racine qui est en usage 3 les feuilles étant moins éner- 
giques, ont plus rarement été employées. On se servait au- 
irefois de la racine de Benoîte, en la préparant par décoc- 
tion, dans les affections catarrhales atoniques, dans les 
diarrhées, les dyssenteries, les hémorragies de même na- 
ture ; on la regardait aussi comme propre à faciliter lérup- 
tion de la petite-vérole et de la rougeole; et quelques méde- 
cins avaient attribué au suc exprimé de ses feuilles fraîches, 
dont ils faisaient prendre le suc jusqu’à la dose de 5 onces, 
la propriété de résoudre le sang coagulé à la suite des chutes 
et des contusions. Je ne sache pas qu'aujourd'hui beaucoup 
de médecins emploient la Benoîle dans aucun de ces cas; 
mais il y a trente et quelques années que des médecins alle- 
mands ont présenté la racine de cetie plante comme un 
fébrifuge susceptible de pouvoir suppléer le Quinquina; et . 
dans ces derniers temps, lorsque l'écorce du Pérou était à 
un prix si élevé, plusieurs médecins français publièrent que 
celte racine indigène s’élait souvent montrée eflicace dans 
les fièvres intermittentes, en l’adiministrant en poudre, dans 
l'intervalle des accès, à la dose de 1 demi-once à 1 once 
dans les fièvres quotidiennes et tierces, et à celle de à à 
2 onces dans les quartes ; de sorte que, parmi les diverses 
plantes de notre pays, qui ont été présentées comme pou- 
vant remplacer le Quinquina, la Benoîte paraît être jusqu'à 
présent celle qui mérite le plus de confiance; il faut seu- 


202 ROSACÉES. 


lement la donner à une dose double que le fbrifuge exo- 
tique. La racine de Benoîte entre dans l'eau générale « et dans 
l'eau épileptique ; deux préparations de l’ancienne phar- 
macopée de Paris, bien peu employées maintenant. 

Les Mémoires de l’Académie des Sciences de Stockholm 
rapportent plusieurs observations de la racine de la Benoîte 
des rivages, Geum rivale, Lin., employée avec succès 
dans des fièvres ee rebelles , dans des diarrhées 
chroniques et des hémorragies. 


114° Genre, — AIGREMOINE. AGRIMONTA: Lin. 


Calice campanulé, à 5 divisions. 5 pétales. 12 à 20 éta- 
mines à filamens pou 2 ovaires surmontés chacun 
de 1 style divergent, 2 graines enveloppées dans le calice 
qui, à mesure que la maturité avance, devient entièrement 
hérissé par le développement de plusieurs rangs de poils 
recourbés en crochet à a leur extrémité. 


AIGREMOINE EUPATOIRE, vulgairement Æigremoine. 
ÆAgrimonia eupatortia. Liu Spec. 643. — Agrimonia. 
Docs Herb. t. 21. — Pharim. 
x 


Sa racine est grosse au plus comme une plame à à écrire, 
vivace, d’un rouge brunâtre ; elle donne naissance à une : 
tige ordinairement simple, vel haute de 1 à 2 pieds, 

garnie, dans sa moitié inférieure , de feuilles alternes, ailées 
avec impair composées de 7 à 9 folioles ovales- oblongues, 
fortement dentées, velues , surtout en dessous, et entremè- 
lées de folioles beatcoup plus petites. La partie supérieure 
des tiges est terminée par un long épi de fleurs jaunes, 
petites et presque sessiles. Cette plante est commune sur les 
bords des bois, des chemins, des champs, et dans les pätu- 
rages secs; elle fleurit en juin et juillet. 

Les PTE d’Aigremoine ont une saveur légèrement 
amère et un peu astringente. On les prépare par infusion 
ou légère décoction, à la \ dose-d’une demi-poignée à une poi- 
gnée pour une pinle d’eau. On trouve dans les auteurs, qu'on 
en a fait usage, comme loniques et aslringentes, dans les 
hémorragies passives, dans les diarrhées atoniques; on les a 
aussi conseillées comme apéritives, dans les obstructions dés 
viscères abdominaux, la } jaunisse, lhy dropisie; on s’en est 
encore servi dans la suppression desrègles, la maladie véné-+ 
rieure; enfin on lesa mises au nombre des vulnéraires É qui 


ROSACÉES. 203 


formaient autrefois uite classe si nombreuse. Aujourd'hui on 
n’emploie plus guère les feuilles d’Aigremoine que dans les 
maux de gorge, soit pour faire des tisanes, soït pour faire 
des gargarismes. Elles entrent au reste daus plusieurs 
préparations pharmaceutiques, telles que l'eau vulnéraire, 
l'électuaire Catholicon, l’onguent mondificatif d’Ache, etc. 


115e Genre. — RoSIER. ROSA. Lin. 


Calice monophylle, persistant, ventru inférieurement , 
resserré à son orifice, et ayant son bord partagé en 5 dé- 
coupures. 5 pétales en cœur renversé. Etamines nom- 
breuses, plus courtes que les pétales. Ovatres nombreux 
cachés dans la partie venlrue du calice, surmontés chacun 
de 1 style. Graines nombreuses, hispides, renfermées dans 
la partie inférieure du calice, devenue succulente, et ayant 
pris la forme de 1 baie globuleuse on ovoïde. 


ROSIER MUSQUÉ , vulgairement Rose muscale on mus- 
cade , Rose musquée ou de Damas, Rose musatelle 
ou mnuscadelle. 

Rosa Moschata. Willd. Spec. 2. p. 1074.— Rosa Da- 

mascena. Pharm. 


Sa tige s’élève à la hauteur de 6 à 8 pieds, en se divi- 
sant en rameaux glabres, chargés de quelques aiguillons 
épars, courts et à peine recourbés. Ses feuilles sont compo- 
sées de 5 à 7 folioles ovales-lancéolées, dentées eu scie, 
glabres sur leurs deux faces, d’un vert gai, portées sur des 
pétioles pubescens , et munis à leur base de 2 stipules étroi- 
tes. Ses fleurs sont blanches, larges de 20 à 24 lignes, dis- 
posées à l’extrémilé des rameaux sur des pédoncules assez 
grêles, rameux, puhescens , formant dans leur ensemble 
une panicule composée de 20 à 30 fleurs, et quelquefois 
beaucoup plus. Elles ont une odeur de muse très-agréable ; 
leur calice est pubescent, à divisions élroites, lancéolées , 
plus courtes que les pétales, et leurs styles sont velus, réunis 
au centre de la fleur en colonne saillante. Les fruits ont 
une forme ovoïde. Ce Rosier paraît être originaire de la Bar- 
barie et de l'Orient; mais il est depuis long-temps natura- 
lisé en France, où l’on en cultive dans les jardins une variété 
à fleurs doubles, Il fleurit en juin, juillet et:août. 

Les fleurs de. cette Rose sont fortement-purgatives, s'il 
faut s'en rapporter au témoignage de certains auleurs de 


20% ROSACÉES. 42 


matière médicale, Dans les pays chauds, surtout, où elles 
ont plus d’odeur, elles sont aussi plus énergiques; et Lemery 
dit que 15 à 20 de leurs pétales en infusion, et surtout en 
nature, suffisent pour produire d’abondantes évacuations 
alviues, et même pour provoquer le vomissement. IL est 
bien étonnant qu’un moyen, qu’il nous serait si facile de 
mettre en usage, soit aussi négligé qu'il l’est, car les fleurs 
de la Rose muscate sont entièrement imusitées dans la pra- 
tique. On trouve de plus que leur eau distillée est également 
assez purgative à la dose de 8 onces. Comment se fait-il 
eucore que cet autre moyen, qui paraîtrait devoir présenter 
un médicament agréable, soit tombé dans un oubli aussi 
absolu, tandis que tous les jours les médecins presecrivent, 
pour purger , des préparations aussi dégoûtantes par leur 
couleur , ieur odeur et leur saveur ? 

Sur les côtes de Barbarie, les Tunisiens cultivent ce Ro- 
sier pour retirer de ses fleurs ce parfum si précieux et si 
recherché , connu sous le nom d’essence de Rose , et c’est 
par la distillation des pétales qu’ils obtiennent cette huile 
essentielle. Ailleurs on la retire par d’autres procédés, des 
fleurs du Rosier bifère et du Rosier à cent feuilles, 


ROSIER BLANC. A 
Rosa alba. Lin. Spec. 705. — Lois. Nouv. Duham. 7. 
p50, 116. Pn; 


Les tiges de celte espèce sont vigoureuses; elles peuvent 
s'élever jusqu'à 10 ou 12 pieds, en se divisant en rameaux 
nombreux, d’un vert tendre dans leur jeunesse, armés d’ai- 
guillons recourbés et assez forts. Ses feuilles sont composées 
de 5 à 7 folioles ovales, glabres, et d’un vert assez foncé 
en dessus, légèrement pubescentes et plus päles en dessous, 
bordées de dents très-aiguës, et portées sur des pétioles 
chargés de poils courts et de quelques petits aiguillons en 
dessous. Ses fieurs sont blanches, larges de 2 pouces ou un 
peu plus, portées sur des pédoncules hispides, 2 ou 3 en- 
semble à l'extrémité de petits rameaux qui sortent de la 
place qu’occupaient les feuilles de l’année précédente. Elles 
ont une odeur agréable; leur calice est glabre, ayant ses 
divisions alternativement entières et pinnatifides; leurs styles 
sont saillans, réunis en faisceau par leur partie inférieure, 
et un peu divergens vers leur extrémité. Les fruits ont une 
forme ovoïde, Ce-Rosier croît naturellement dans les haies 


| ROSACÉES, ù 205 


et sur les bords des bois de quelques-uns de nos départemens. 
On en cultive dans les jardins plusieurs variétés à fleurs 
doubles ; il fleurit à la fin de mai et dans le courant de 
juin. 

Les fleurs de ce Rosier, comme celles du précédent, pa- 
raissent avoir toujours été très-peu employées, surtout à 
l'intérieur ; leur parfum, presque le mème que celui de la 
Rose bifère, quoiqu’un peu plus faible, doit faire croire 
qu’elles ont les mêmes propriétés que cette dernière. On les 
dit en général astringentes, et, sous ce rapport, Ettmuller 
les regarde comme propres à guérir la leucorrhée. Lemer 
assure, au contraire, qu'elles sont purgatives. En Alle- 
magne , les pharmaciens s'en servent pour faire l’onguent 
Rosat , et il en est aussi qui en préparent une-eau distillée 
qui s'emploie en collyre, dans les ophthalmies inflamma- 
toires. e 


RosIER BIFÈRE, vulgairement Rosier de tous les mois, 
Rosier des quatre saisons , Rose pâle ou incarnate. 
Rosa bifera. Lois. Nouv. Duham. 7. p. 52. t. 9. — Rosa 
Damascena. Blackw. Herb. t. 82.—/Aosa pallida. Pharm. 


Cette espèce forme un buisson touffu qui s'élève à 4 ou 
6 pieds, et dont les tiges et les rameaux sont armés d’aiguil- 
lons nombreux , un peu recourbés. Ses feuilles sont aïlées, 
composées de 5 à 7. folioles ovales, simplement dentées, 
d’un vert gai en dessus, plus pâles et légèrement pubescentes 
en dessous, portées sur des pétioles couverts de poils très- 
courts, la plupart glanduleux et rougeûlres. Ses fleurs sont 
de cette couleur charmante, et ont cette odeur suave aux- 
quelles elles ont attaché leur nom particulier; elles ont 2 
pouces et demi de large ou environ, et sont communément 
réunies 2 à 4 ensemble ; sur des pédoncules courts, assez 
serrés les uns contre les autres, hérissés, ainsi que le calice, 
de petits poils nombreux, rougeûtres et glanduleux. La 
partie renflée de ce dernier est allongée , et ses divisions sont 
alternativement pinnatifides , à peu près de la longueur des 
pétales. Les styles sont velus, réunis en un faisceau saillant 
de 1 ligne et demie à 2 lignes. La patrie de cet arbrisseau 
n'est pas exactement connue ; on croit,que, c'est le midi de 
l'Europe; mais il est. cultivé depuis long-temps dans tous: 
les jardins, à cau$e de l'élégance de ses fleurs et de leur par- 


206 ROSACÉES. 
fum délicieux. 1] y fleurit à la fin du printemps, et une 
seconde fois dans le commencement de l’automne. 

Les fleurs de cette Rose, et sous ce nom, il ne faut guère 
comprendre que les pétales, car, daus la plupart des 
préparations, on rejette les calices: les fleurs, dis-je, 
sont la seule partie de la plante qui soit en usage, et 
encore en fait-on très-peu d’usage à leur état naturel; mais 
elles donnent leur nom, font la base ou entrent dans plu- 
sieurs préparations pharmaceutiques, telles qu'une eau dis- 
üllée, une huile par infusion , un esprit ardent, un sirop 
simple et un sirop composé, un onguent, enfin un élec- 
tuaire, et quelques autres compositions moins conmues. : 

L'eau distillée, appelée vulgairement eau de Rose, est 
regardée comme astringente ; on la fait entrer dans les col- 
lyres pour l’inflammalion des yeux, et on la donne inté- 
rieurement dans la diarrhée et les hémorragies. Le plus sou- 
vent on la mêle dans les potions ou autres médicamens dont 
on veut masquer la saveur el l’odeur désagréables. Sa dose 
est depuis 1 jusqu’à 6 onces. Les pharmaciens la font aussi 
entrer , à la place d'eau simple, dans la préparation du Cérat 
de Galien, afin de lui donner une odeur agréable. 

L'esprit ardent qu’on retire par la distillation des pétales 
dans l’alcool, est peu usité aujourd’hui; on le donnait autre- 
fois comme cordial à la dose de 1 demi-gros à 1 gros dans 
les potions. Aujourd’hui ce sont principalement les disuilla- 
teurs qui le préparent pour en faire, en ÿ mêlant suffisante 
quantité de.sirop de sucre, cette liqueur agréable connue 
dans le commerce sous le nom d’huile de Rose, et qu'ils 
colorent avec la racine d'Orcanette: 

Le sirop simple, qui se préparé avec le suc épuré des pé- 
tales et parties égales dé sucre} passe pour laxatif, mais il 
a peu de propriété; il est connu sous le nom de sirop de 
Roses pâles. Le sirop cofnposé doit éminemment ses vertus 
purgatives au Séné et à PA garic; il se prescrit depuis 1 jus- 
qu’à 2 onces. Il en est de mème de l’électuaire, qui serait 
à peine laxatif; s'il n’entrait pas de la Scammonée dans sa 
composition. , 21e 

Quant à l'hué:et à l’onguent Rosat, on s’en sert exté- 
rieurement conmé adoucissans et résolutifs. 171 

Sous le rapport des usages domestiques, les confiséurs , 
les distillateurs, et sürtout les parfameéurs, tirent encore un 
plus geand parti que les pharmaciens, de l'odeur délicieuse 


ROSACÉES. 207. 


de la Rose bifére, en fixant ce parfum dans des pastilles, 
des dragées, des crèmes, des glaces, des ratafias, des huiles, 
des pommades, des essences. Les pétales de Roses conser- 
vent leur parfum en les séchant à l’air et à l'ombre: on en 
fait, ainsi préparés, des sachets propres à communiquer 
leur odeur au linge, aux habits, etc. 

L’huile essentielle de Roses, qu'on appelle aussi beurre 
de Roses, se relire principalement de l'espèce qui fait je 
sujet de cet article et de la Rose à cent feuilles. C’est le par- 
fum le plus estimé, et peut-être le plus cher qui existe, Les 
parfumeurs de Grasse et de Paris fixent l’odeur de ces Roses 
dans de la graisse de porc, en faisant bouillir les pétales 
avec celle graisse, dans de grandes chaudières pleines d'eau, 
et ils en retirent ensuite l’huile essentielle au moyen de 
lesprit-de-vin. Dans les Indes, on emploie un autre pro- 
cédé pour obtenir cette essence dans un plus grand degré de 
pureté. On effeuille les Roses dans un vase de bois rempli 
d'eau bien pure, et on l’expose pendant quelques jours à la 
chaleur du soleil, La partie huileuse des pétales se sépare 
el nage sur l'eau ; on la ramasse soigneusement avec du 
coton fin qu’on exprime dans de petites bouteilles qu’on 
bouche hermétiquement. Le beurre de Roses ainsi préparé 
est d’une teinte citronnée , demi-transparent , et ressemble 
à un cristal nébuleux ou à de la glace. IL est toujours figé 
à une Llempérature ordinaire; il se liquéfie en chauffant entre 
les mains le flacon dans lequel il est contenu. 11 a la pro- 
priété de se conserver très-long-temps sans rancir, et l'arome 
qu'il répand est si fort, qu'il suffit de ce qui peut se fixer à 
la pointe d’une épingle qu'on enfonce dans un flacon qui 
eu. est rempli, pour embaumer un appartement el pafumer 
plusieurs personnes pendant toule une journée, Ce beurre 
de Roses est très-cher dans l'Orient, et plus encore en 
France, où 1l est-difficile ds s’en procurer de pur: IL faut 
une grande quantité de Roses pour en produire très-peu : 
à peine en relire-l-on 1 demi-gros avec 100 livres de fleurs. 


_ROSIER DE FRANCE, vulgairement Rose de Provins, . 
Rose rouge. î taf 

Rosa Gallica. Tin. Spec. 704.— Rosa rubra. Blackw. 

Herb. t. 78. — Pharm. | Du 


Ce Rosier ne s'élève grière à plas de 2 ou 5 pieds, et ses 
tiges sont en général peu robustes ; divisées en rameaux 


208 ROSACÉES. 

nombreux , armés de faibles aiguillons, et garnis de feuilles 
composées pour l'ordinaire de 5 ou plus rarement de 7 fo- 
lioles ovales, dentées, d’un vert assez foncé et glabrés en 
dessus, plus ou moins pubescentes et un peu blanchätres en 
dessous. Ses'fleurs solitaires, ou au plus 2 à 5 ensemble à 
l'extrémité des rameaux, sout d’un rouge plus ou moins 
foncé dans les individus sauvages; ellés ont 2 pouces et'demi 
à 5 pouces de largeur, et leur odeur est très-faible : leur 
calice est tautôt globuleux , tantôt ovoïde , à divisions sen. 
siblement plus courtes que la corolle, et les styles sont ordi- 
nairement très-velus. Cet: arbrisseau croît naturellement: 
dans les pays montueux de quelques provinces de France: 
il a produit, par la culture, de nombreuses variétés que les 
jardiniers fleuristes distinguent principalement par’ lès-dif- 
férentes couleurs de leurs corolles, dont les nuances vàarient 
à l'infini depuis le rouge le plus clair jusqu’au pourpre et’ 


Là 


au violet les plus foncés. Il fleurit en juin. : 

Les fleurs de ce Rosier entrent dansun plus grand nombre 
encore de préparations pharmaceutiques que celles dé l’es- 
pèce précédente. On fait une eau distillée avec ses pétales 3” 
on en prépare une autre avec ses calices. Les pétales seuls 
servent pour le sucre Rosat, le vinaigre de Roses, le miel 
Rosat, la teinture de Roses, pour une conserve solide et 
une conserve liquide, pour le sirop de Roses sèches: on en 
prépare aussi, par infusion et par décoction, une huile par- 
ticulière ; enfin elles entrent en nature, et réduites en pou- 
dre, dans divers électuaires, dont les plus usités main- 
tenant sont la Thériaque et le Diascordium. Plusieurs des 
différentes préparations que je viens de nommer font d’ail- 
leurs partie d’une foule d’autres compositions pharmaceu- 
tiques qu'il serait trop long de rapporter ici, et auxquellés : 
il est trop incertain qu’elles communiquent véritablement 
aucune propriété qui puisse mériter qu’on en parle. 

Les différentes préparations faites avec les Roses rouges 
sont toutes plus ou moins astringentes, et, sous ce rapport, 
elles sont conseillées, principalement le suere , le sirop: 
les conserves, dans les hémorragies, les flux de ventre, qui 
ont pour cause l’atorrie des solides, dans la leucorrhée, etc. 
Quelques médecins assurent avoir guéri .des phthisiques | 
désespérés par l'usage de la conserve continuée pendant 
long-temps, et à si haute dose qu'un malade en emplova 
plus de 50 livres en deux mois, et un autre plus de 2e, 


ROSACÉES. 209 


C’est ici l’occasion de faire observer que, pour préparer 
cette conserve, les pétales doivent êtremondés de cette par- 
tie blanche qu’on appelle l'onglet, non-seulement afin que 
la conserve soit d’une plus belle couleur , mais encore parce 
que cette partie recèle, dit-on, une vertu purgative qui 
changerait totalement les propriétés de la préparation, et 
qui empêcherait surtout de pouvoir la donner à haute dose. 
Celle à laquelle on la prescrit le plus souvent comme astrin- 
gente et stomachique , est de 2 gros à 1 once. Un phar- 
macien de Provins, M. Opois, dans une dissertation sur les 
Roses nommées vulgairement de Provins , prétend que 
. les Roses de cette ville sont préférables à toutes celles qu’on 
trouve ailleurs, soit à cause de la nature du sol, soit parce 
qu’on donne plus de soin à leur culture. Il ajoute qu’on 
y prépare la conserve de Roses par un procédé particulier, 
qui consiste à broyer à froid les fleurs et le sucre ; ce qui 
fait que le suc des Roses ne perd rien de sa qualité. 

Le miel et le vinaigre rosat s'emploient dans les garga- 
rismes pour les maux de gorge accompagnés d’aphites, et 
pour remédier aux ulcérations des gencives ou de la bouche, 
et à l’ébranlement des dents. L’infusion simple des Roses 
rouges peut suppKer à ces deux dernières préparations ofi- 
cinales, dans les mèmes cas. Ces fleurs, cuites dans l’eau ou 
dans le vin, s'appliquent comme résolutives sur les tumeurs 
indolentes , ou comme répercussives dans le commence- 
ment de celles qui menacent d’inflammation. 

Les Roses rouges étaient autrefois un objet de commerce 
pour la France; on en portait jusqu'aux Indes, et Pomet 
dit qu'elles y étaient si estimées, qu'on les payait presque 
au poids de l'or. 


ROSIER DE CHIEN, vulgairement Eglantier sauvage , 
Chinorrhodon où Cynorrhodon. 

Rosa canina. Lin. Spec. 504. — Rosa canina seu 

sylvestris. Blackw. Herb. t. 8. — Pharm. 


Cet arbrisseau, presque toujours divisé dès sa base en tiges 
nombreuses, forme un buisson touffu , qui s'élève commu 
nément à 8 ou 10 pieds, et quelquefois au-delà. Ses feuilles 
sont composées de 5 à 7 folioles ovales ou ovales-lancéolées, 
d’un vert gai, glabres, plus ou moins luisantes, dentelées 
en leurs bords. Ses fleurs sont d’un rose clair, quelquefois 
blanches, ordinairement disposées 2 à 4 ensemble à l'extré- 


0 


210 ROSACÈES: | 


milté du rameau qui les porte, rarement en plus grand 
nombre. Les fruits sont ovoides où globuleux , comme la 
partie renflée des calices auxquels ils succèdent. Ce Rosier 
est commun dans les haies, les buissons et sur les bords des 
bois; il fleurit en juin et juillet. 

Ce Rosier doit son nom à la prétendue propriété que les 
anciens attribuaient à sa racine. Pline dit qu’elle est un spé- 
cifique contre la rage, et que cette vertu miraculeuse fut 
révélée en songe à une mère dont le fils avait été mordu par 
un. chien, et qui fut guéri par l’emploi de ce remède. 

Les fleurs du Rosier sauvage sont astrimgentes selon les 
uns, purgatives selon les autres; mais on n’a pas d'obser- 
vations positives d'où l’on puisse conclure sous quel rapport 
on pourrait les employer. J’ai commencé à les expérimen- 
ter comme purgatives ; mais n'ayant pas eu le temps de 
pousser mes observations assez loin, je m’abstiendrai de 

rononcer encore. On pourra voir à l’article Roscer, dans 
è 2° partie de cet ouvrage, à la suite des recherches faites 
pour trouver des succédanées an Jalap, ce que les trois 
observations, qui me sont particulières, paraissent indiquer 
à cet égard. ‘ 

On prépare dans les pharmacies, avec les fruits de ce 
Rosier, connus vulgairement sous le nom de Grate-culs, 
et en général avec ceux de tous les Rosiers qui croïssent 
naturellement dans les campagnes, une sorte de confiture 
À laquelle on donne le nom de Conserve de Cynorrhodon 
ou de Chinorrhodon, laquelle est très-astringente, et que 
lon prescrit dans la diarrhée atonique et dans les débilités 
de l'estomac. 

Quelques auteurs regardent comme apéritives et diuréti- 
ques, les graines séparées de la pulpe des fruits qu’on em- 
ploie pour faire la conserve. On trouve qu’elles ont été don- 
nées en nature et en poudre à la dose de 1 gros, délayées 
dans un verre de liquide; mais je crois que, bien loin d’être 
un remède utile, elles pourraient le plus souvent devenir 
dangereuses , si elles métaient pas bien mondées du petit 
duvet dont elles sont environnées, lequel, appliqué shr la 
peau , y cause bientôt un prurit insupportable et même de 
l'inflammation , non par une âcreté particulière qui lui 
soit propre, mais seulement en agissant comme irritant mé- 
canique , et en s’insinuant avec facilité dans les pores de la 
peau. Je n’en conseille pas davantage la décoction ; ces petits 


ROSACÉES. 211 
poils pouvant également se trouver suspendus dans l’eau , 
si on ne mettait pas beaucoup de soin dans leur prépara- 
tion, e ‘ce moyen n’est pas assez recommandable pour pas- 
ser outre aux inconvéniens de son administration. 

On trouve assez souvent, sur les rameaux de ce Rosier 
et sur ceux des autres espèces sauvages, une excroissance 
ordinairement arrondie, de la grosseur d’un œuf de poule, 
ou un peu moins, composée de filamens velus, entrelacés, 
rougeâtres , ayant la forme d’une petite pelotte de mousse. 
Cette singulière excroissance est causée par la piqûre qu’y 
fait une espèce d’insecte du genre Cinips, afin d'y déposer 
ses œufs, et elle est connue sous le nom de Bédésuar. On 
attribue au Bédéguar les mèmes vertus qu'aux fruits du 
Rosier, et on les donnait autrefois à la dose de 2 gros à 1 
demi-once en décoction dans 1 pinte d’eau. On les em- 
ployait principalement en gargarisme pour les ulcères de la 
bouche et du gosier. On regardait aussi leur cendre comme 
propre à résoudre les tumeurs scrophuleuses. Aujourd’hui 
le Bédéguar est tombé en désuétude. 


+ 


T° CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; POLYPÉTALES 
INFEROV ARIÉES. 


Famille XXXIX. 
POMACÉES. 


Les caractères qui constituent cette famille sont les sui- 
vans : Calice monophylle, à 5 divisions profondes ; corolle 
de à pétales égaux, ouverts en rose, insérés dans le haut 
du calice; 20 étamines ou environ, atiachées sur le calice 
au-dessous des pétales; 1 ovaire inférieur ou adhérent avec 
le calice, et surmonté de 1 à 5 styles; 1 pomme partagée en 
2 à 5 loges contenant chacune r ou plusieurs graines. 

Les Pomacées sont des arbres on des arbrisseaux à feuilles 
alternes , simples ou composées, et à fleurs rarement soli- 
taires, souvent disposées en corymbe, et le plus souvent ter- 
minales. 


O 2 


212 POMACÉES. 


Sous le rapport de leurs propriétés médicamenteuses, les 
Pomacées n’attirent pas beaucoup nos regards; leurs feuilles 
et leurs écorces sont en général astringentes, et les fruits 
des espèces que Ja culture a le moins modifiées ont aussi 
cette propriété; mais les Pommes et les Poires, dont Part 
des cultivateurs a diversifié les saveurs à l'infini, méritent, 
plus que toutes les autres espèces de cette famille, notre at- 
tention, sous le rapport de leurs propriétés économiques; 
les unes et les autres nous offrent des alimens sains et agréa- 
bles, et un principe sucré, plus développé dans ces espèces, 
leur permet de passer facilement à la fermentation vineuse, 
ce qui nous donne le moyen d’en retirer des boissons qui, 
jusqu’à un cerlain point, remplacent le vin, et qu’on peut 
de même convertir en alcool par la distillation, ou en vinai- : 
gre , en les faisant passer à la fermentation acéteuse. 


116° Genre. — Pommier. MA1LUSs. Tourref. 


Calice à 5 divisions. à pétales. Environ 20 étamines, à 
filamens redressés en faisceau. 5 styles réunis à leur base. 
1 pomme arrondie, creusée d’un ombilic à sa base et à son 
sommet, divisée intérieurement en 5 loges cartilagineuses, 
contenant chacune 2 graines. | 


POMMIER COMMUN. 
Maluscommunis. Lois. Nouv. Duham. 6. p. 142. t. 45- 


55. — Poma sive Malus. Pharm. 


Le Pommier commun est un arbre qui ne s'élève guëre 
au-delà de 20 à 25 pieds, parce que, le plus souvent, ses 
branches, rombreuses et étalées, forment ane tête arrondie 
ayant plus de largeur que dé hauteur. Ses feuillessont éparses, 
assez écarlées les unes des autres, ovales, dentées en leurs 
bords, légèrement pubescentes en dessus, cotonneuses en 
dessous, portées sur un pétiole plus court que leur limbe. 
Les fleurs naissent 6 à 12 ensemble à l'extrémité de petits 
rameaux particuliers; elles sont grandes, blanches, avec 
une légère teinte de rouge, surlout en dehors, et portées 
sur des pédoncules le plus souvent assez courts. Les fruits, 
connus sous le nom de Pommes, varient à l'infini sous le 
rapport de la grosseur, de la couleur et de la saveur; les 
plus petits n’ont pas plus de 15 lignes de diamètre, les plus 
gros ont 5 à 4 pouces; ils sont blanchâtres, verdâtres, jau- 
nes, gris, d’un rouge plus ou moins foncé; leur saveur est 


POMACÉES. 15 


acide, amère , fade, douce, sucrée, parfumée. Ce qui pro- 
duit le bon goût de la chair de certaines variétés, est la 
combinaison intime du principe acide et du principe sucré, 
relevés d’uu parfum agréable, comme dans les Calvilles , 
les Reinettes. Le Pommier croît naturellement dans les fo- 
rêts de l’Europe; cultivé depuis des siècles , il a produit de 
nombreuses variétés, 11 fleurit au mois de mai, et ses fruits, 
selon les variétés, mürissent depuis le mois de juillet jusqu’à 
la fin de l'automne. 

Les Pommes sont des fruits sains et agréables que l'on 
mange crus ou cuits, et qui, au moyen de leurs différentes 
variétés qui ne mürissent que successivement, et dont quel- 
quesunes, par la faculté qu’elles ont de se conserver plusieurs 
mois de suite, peuvent se servir sur les tables pendant toute 
l'année, Les prapriétés médicamenteuses des Pommes sont 
d'être légèrement rafraïîchissantes et laxatives. Sous ces rap- 
ports, on les prescrit quelquefois dans les tisanes, et , lors- 
qu’elles sont cuites, on en permet l’usage aux malades et aux 
convalescens. Dans ce cas , on préfère généralement la Reï- 
nette à toute autre variété. C’est aussi le plus souvent celle-ci 
qu'on emploie pour faire des compotes, des marmelades et 
des confitures. C’est avec elle qu’on fait, à Rouen, une gelée 
fort renommée. Les confiseurs la préparent aussi en pâte 
sèche. Les chimistes ont trouvé dans les Pommes un acide 
particulier qu’ils ont appelé Malique , du nom latin de ces 
fruits. Cet acide, dans l'extrême maturité et par la cuisson, 
passe , dans beaucoup de variétés, à la saveur sucrée. Aussi, 
dans ces derniers temps, a-t-on cherché à trouver de vrai 
sucre dans ceux de ces fruits où le principe sucré paraissait 
le plus développé ; mais jusqu'à présent on n’est parvenu 
qu'à en extraire du sirop. 

On retire, par la contusion et l'expression des Pommes, 
une liqueur à laquelle on laisse subir un certain degré de 
fermentation , et qui est connue sous le nom de Cidre. Cette 
liqueur , qui remplace le vin dans plusieurs parties de la 
” France, et particulièrement dans la Normandie, est une 
boisson moins tonique sans doute que celle que nous fournit 
la vigne, mais qui est cependant fort saine. Il suffit de voir 
l'état de santé et de vigneur des hommes, et la fraicheur 
et l'embonpoint des femmes de tous les pays où l’on en fait 
usage pour être convaincu de sa salubrité. On assure que la 
pierre et la gravelle sont rares dans les pays où le cidre est. 


03 


214 POMACÉES. 


la boisson commune. Les cidres moyens, pas trop forts, 
conviennent aux individus faibles, maigres et d’un tempé- 
rament bilieux. Ils sont utiles dans les affections chroniques 
des voies urinaires, dans les obstructions des viscères du 
bas-ventre et dans les maladies cutanées. Le cidre soumis à 
la distillation fournit une eau-de-vie peu estimée. 

On prépare dans les pharmacies deux sirops de Pommes, 
dont l’un appelé Szrop composé, parce qu’il entre plusieurs 
substances dans sa composition, est légèrement purgatif à 
cause des feuilles de Séné qui en font partie, et dont l’autre 
est nommé Sirop de Pommes helléboré, parce qu’on yÿ 
ajoute la racine d’Hellébore noir. Ce dernier est plus pur- 
gatif; on le donne depuis 2 gros jusqu'à 1 once. Le premier 
peut se prescrire à des doses doubles. La pulpe de Pommes 
et le sirop helléboré entrent dans quelques compositions 
pharmaceutiques peu usitées aujourd’hui. 

Le bois de Pommier a le grain fin, et il est bien vemé dans 
les vieux arbres. 1l est employé par les menuisiers, les ébé- 
nisles et les tourneurs. Il brûle bien, fait un feu qui donne 
de la chaleur , et a de la durée. 


117° Genre. — Poirier. PYruUSs. Lin. 


Calice à 5 divisions. Corolle de 5 pétales. 20 étamines 
divergentes. 5 styles distincts à leur base. 1 pomme turbi- 
née , rétrécie à sa base, ombiliquée à son sommet, partagée 
intérieurement en 5 loges cartilagineuses , contenant cha- 
cune 2 graines. 


POIRIER COMMUN. 

Pyrus communis. Lin. Spec. 686. — Lois. Nouv. Dubh. 
6. p. 192. t. b9-74. — Pyrus. Pharm. 

Le Poirier est un arbre qui s’élève à 50 ou 40 pieds, sur 
un tronc qui avec l’âge peut en acquérir 6 à 8 de circon- 
férence , et quoique la tige, arrivée à la hauteur de 10 à 12 
pieds, continuerarement à avoir une direction verticale sans 
se diviser en branches, cependant la tête, qu’elle forme 
daus sa partie supérieure, a presque toujours plus de hau- 
teur que de largeur, en quoi le port de cet arbre est fort 
différent de celui du Pommier. Ses feuilles sont éparses le 
long des rameaux , assez longuement pétiolées, ovales, 
finement dentées en scie , pubescentes en dessous dans leur 
jeunesse, ensuite parfaitement glabres en dessus et en 


{ 


POMACÉES. 0x5 


dessous, lisses et d'un vert gai en dessus. Ses fleurs sont 
blanches » ASSEZ grandes, plus ou moins longuement pédon- 
culées , réunies au nombre de 8 à 12 en bouquets corymbi- 
formes et disposés au sommet de petits rameaux latéraux. 
Les fruits connus de tout le monde et portant le nom de 
Poires, sont arrondis, turbinés, variant à l'infini pour la 
grosseur, la saveur et les différentes nuances de couleur 
enire le verd, le brun , le jaune, le rougeûtre, Le Poirier 
commun esl indigène des forêts de l’Europe ; on le trouve 
assez communément dans celles de France. I fleurit au 
mois d'avril , et, selon que les variétés sont plus hâtives ou 
plus tardives, les fruits mürissent depuis le mois de juillet 
jusqu’en décembre. 

La culture a encore plus multiplié les variétés de Poires 
que celles des Pommes; le nombre de celles auxquels les 
agronomes, les cullivateurs et les jardiniers ont donné des 
noms particuliers , s'élève beaucoup au-dessus de 200. Les 
plus petites ne pèsent que quelques gros et n’ont guère que 
1 pouce de diamètre, tandis que les plus grosses ont plus 
de 1 pied de tour, et que leur poids est de 2 livres et au- 
delà, La chair de ces fruits n’est pas moinssujette à éprouver 
des modifications extraordinairement opposées; dans les 
Poires sauvages et dans la plupart des variétés employées 
pour faire du cidre, Ja chair est sèche, acerbe, amère, ex- 
traordinairement désagréable; tandis que celle d’un grand 
nombre de Poires réservées pour nos tables, a en même 
temps un goût doux, sucré, excellent , relevé d’un parfum 
délicieux, et cette chair se fond dans la bouche en une eau 
rafraichissante, d'une saveur exquise. 

Les Poires se mangent crues, cuiles ou en compotes , ét 
Von conserve certaines variétés en les faisant sécher. Celles 
dont la chair est fondante , douce et sucrée, sont rafraichis- 
santes et légèrement laxatives ; elles conviennent aux per- 
sonnes qui ont le ventre paresseux ; celles dont Ja chair est 
dure et plus ou moins acerbe, sontau contraire astringentles ; 
Ja plupart de ces dernières ne sont bonnes à manger que 
cuiles. Les personnes sujettes aux coliques doivent s'en ab- 
stenir. C’est avec les Poires et le vin doux qu’on fait le rai- 
siné, sorte de confilure économique, dats laquelle il n'entre 
point de sucre, et que l’on prépare en général avec les espèces 
qui ont la Chr cassan£e. 

Le suc retiré des Poires par les mêmes procédés qu'on 


O 4 


216 POMACÉES. 


emploie pour faire le cidre de Pommes, forme une liqueur 
connue sous le nom de Cidre-poiré. Les fruits les plus à âpres 
sont ceux qui fournissent le meilleur; mais, quoiqu'il ait 
souvent un goût plus agréable que le cidre de Pommes, 
il est en général moinsestimé et toujours d’un prix inférieur 
à celui-ci. Moins salutaire et moins nourrissant, il est plus 
capiteux et passe pour attaquer les nerfs des personnes dé- 
licates. On assure cependant qu'il est très-apéritif, qu’il 
convient aux gens qui ont trop d’embonpoint et à ceux 
menacés d’ hydropisie. Il donne, par la distillation, de l’eau- 
de-vie en plus grande quantité et de meilleure qualité. On 
en fabrique aussi du vinaigre qui, pour les propriétés, ap- 
proche beaucoup de celui qui se fait avec le vin. 

Après le Buis et le Cormier, le bois de Poirier, et surtout 
celui de l’arbre sauvage, est le plus dur de nos bois indi- 
gènes, et, sous ce rapport, on l’emploie beaucoup pour la 
gravure et la sculpture. Îl est pesant, d’une couleur rou- 
geàtre; il a le grain fin , serré et suscevtible de pre endre un 
beau poli , ce quile fait rechercher par les menuisiers, les 
ébénistes, les tourneurs et les luthiers. Employé comme 
combustible, il est un de ceux qui donnent le plus de cha- 
leur, qui Lan en même temps plus lentement et fassent 
de meilleur charbon. 


110° Genre. — COIGNASSIER. CYDONIA. Tournef. 


Calice à 5 divisions. 5 pétales. 20 étamines ou plus. 5 styles. 
1 pomme à 5 loges cartilagineuses, contenant chacune plu- 
sieurs graines. 


COIGNASSIER COMMUN. 
Cydonia communis. Nouv. Duham. 4. p. 156. 1. 56. 
— Cydonium sive Malum cotoneum. Pharm. 


Arbre de 12 à 15 pieds de haut, dont les jeunes rameaux 
sont revêtus d’un duvet cotonneux , garnis de feuilles 
ovales, molles au toucher et couvertes de duvet, surtout en 
dessous; dont les fleurs sont grandes, blanches, ou un peu 
couleur de rose, solitaires à l'extrémité de petits rameaux 
particuliers; et dont le fruit, connu sous le nom de Coërg, 
est une espèce defomme turbinée, jaunâtre, cotonneuse , 
divisée intérieurement en 5 loges cartilagmeuses, contenant 
plusieurs graines. Le Coignassier commun est originaire 
de l’île de Crète, mais il est depuis très-long-temps natu- 


POMACÉES. 217 


ralisé en France et dans une grande partie de l’Europe. 

On ne fait usage en médecine que de ses fruits. is ont une 
odeur forte, mais qui n’est pas désagréable. Leur chair est 
un peu coriace , acide, légèrement acerbe. Ils sont toniques 
et astringens; désagréables à manger erus, on les emploie 
cuits ou préparés de diverses manières , comme en imarme- 
lade, en pâte, en gelée. On fait dans les pharmacies, avec 
leur suc, un sirop qui porte leur nom, et qui convient, 
ainsi que leurs autres préparations, dans les diarrhées qui 
reconnaissent pour cause la faiblesse des organes de la di- 
gestion. Les graines fournissent par décoction un mucilage 
dont on se sert quelquefois extérieurement dans les ophthal- 
mies inflammatoires. Le sirop de Coings entre dans celui 
d’Absinthe composé et dans l’électuaire Diaprun. La con- 
serve de Coings, préparation qu'on faisait autrefois dans 
les pharmacies, plus fréquemment que de nos jours, entrait 
dans l’électuaire Diacarthami. * 


119° Genre. — SORBIER. SOrRBUS. Lin. 


Calice à 5 découpures. 5 pétales. 20 étamines ou environ. 
3 styles. 1 petite pomme contenant 5 à 5 graines carlila- 
Le] 
© 


Ineuses. 


SORBIER DOMESTIQUE , vulgairement Cormier. 
Sorbus domestica. Lin. Spec. 684. — Jacq. FI aust. 
t. 447. — Sorbus. Pharm. 


Arbre élevé dont le tronc est droit, recouvert d’une 
écorce grise-brunätre, el divisé en branches formant une 
tête pyramidale assez régulière. Ses feuilles sont alternes , 
pétiolées, ailées avec impair, composées de 13 folioles ou 
environ , ovales-oblongues , dentées en leurs bords, vertes 
en dessus, velues et blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont 
blanches, petites, disposées un grand nombre ensemble sur 
des pédoncules rameux et formant un corymbe à l’extré- 
mité des rameaux ; leurs étamines sont aussi longues que les 
pétales. Les fruits sont d’un rouge-jaunâtre, de la forme et 
de la grosseur d’une très-petite poire ; ils contiennent 5 
graines , et quelquefois 5 seulement, par l'avortement des 
2 autres; on les connaît sous les noms de Sorbes et de 
Cormes. Cet arbre croît naturellement dans les forêts; on 
le cultive dans les campagnes, mais en général peu fréquem- 
ment. Îl fleurit en mai, et ses fruits mürissent en automne. 


218 POMACÉES. 


Les Sorbes sont lrès-acerbes et fortement astringentes 
avant leur parfaite maturité, qu’on ne peut obtenir qu’err 
les laissant, quelque temps après les avoir cueillies, sur de 
la paille, où elles deviennent molles et bonnes à manger, 
car tant qu’elles sont dures, elles ont une saveur äpre et 
insupportable. Ces fruits sont peu estimés, et passent pour 
être difficiles à digérer ; on ne les connaît guère que dans les 
campagnes , où les enfans les aiment beaucoup. Le suc qu’on 
en exprime produit par la fermentation une sorte de cidre 
qui ressemble assez à celui qu’on retire des Poires. On pré- 
parait autrefois, dans les pharmacies, une confiture de 
Sorbes que l’on donnait pour arrêter le flux de ventre et 
les vomissemens. On en faisait aussi une eau distillée que 
l’en employait, à la dose de 4 à 6 onces, dans les potions 
astringentes ; mais ces deux préparations sont entièrement 
tombées en désuétude. 

Le bois dé Sorbier, que les ouvriers connaissent plus par- 
üculièrement sous le nom de Cormier, est très-dur , très- 
compact et d’une grande solidité. Il est employé par les ébé- 
nistes, les armuriers , les menuisiers; on s’en sert surtout 
pour les parties de machines qui sont exposées à de grands 
irottemens. 


Calice à 5 découpures. 5 pétales. 20 étamines ou environ. 
5 styles. 1 petite pomme globuleuse, contenant 2 4 


raines cartilagineuses. 


ATISIER TORMINAL , vulgairement Alisier, Alignier, 
Alier, Anier, Aigretier, Sorbier torminal, Tor- 
migne. 

Cratægus torminalis. Lin. Spec. 681.—Jacq. F1. Aust. 

t. 4435. — Sorbus torminalis. Pharm. 


Arbre de 25 à 30 pieds, dont le tronc s'élève bien droit, 
et se partage, dans sa partiesupérieure, en plusieurs branches 
rameuses, dont l’ensemble forme uue tête assez régulière- 
ment arrondie. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales 
ou arrondies, souvent échancrées en cœur à leur base, an- 
guleuses et dentées en leurs bords, vertes et glabres en des- 
sus, plus päles en dessous. Ses fleurs sont blanches, peules, 
disposées en corymbe au sommet des rameaux , sur des 
pédoncules divisés et cotonneux. Ses fruits, connus sous le 


2 
5 


JQ 


POMACÉES. 21% 


nom d’Ælises, sont d’un jaune rougeûtre un peu avant leur 
maturité ; ils deviennent brunâtres en mollissant , et con- 
tiennent ordinairement 4 graines. L’Alisier croit naturelle- 
ment dans les forêts ; il fleurit en mai, et ses fruits müris- 
sent en automne. 

Le nom latin Z'orminalis donné à cet arbre, lui vient 
de ce que ses fruits étaient autrefois vantés contre les tran- 
chées et les épreintes qui accompagnent souvent les diar- 
rhées et les dyssenteries. D’autres ont prétendu, cependant, 
que les Alises causaient, au contraire, des coliques et des 
flux de ventre ; mais cela n’a lieu que lorsqu'on les mange 
vertes, sans attendre qu'elles soient molles et bien müres. 
Dans ce dernier état, elles sont certainement astringentes, 
et elles ont une saveur acerbe et stiptique très-prononcee. 
On mange bien peu de ces fruits dans les villes; mais les en- 
fans des campagnes vont à leur recherche dans les forêts, 
et 1ls les mangent avec plaisir. Dans quelques cantons, les 


paysans les mettent fermenter dans un tonneau avec de l'eau, . 


et ils en font une boisson. On préparait autrefois, dans les 
pharmacies, un rob avec le suc exprimé des Alises, et les 
médecins employaient cette préparation dans les diarrhées 
et les dyssenteries ; aujourd’hui ils ne s'en servent plus. 

Le bois d’Alisier, blanchâtre , dur et de bonne qualité, 
est recherché pour beaucoup d'ouvrages, principalement 
pour ceux de tour. Il forme un très-bon combustible. 


121° Genre. — NÉFLIER. ÂMESPILUS. Lin. 


Calice à 5 découpures. 5 pétales. Environ 20 étamines. 
5 styles. 1 petite pomme contenant 2 à 5 graines osseuses. 


NÉFLIER D'ALLEMAGNE, ou NÉFLIER COMMUN, vulgai- 
rement Wesplier, Meslier, ou Nesplier. 
Mespilus Germanica. Lin. Spec. 684. — Mespilus. 
Elackw. Herb. t. 154. — Mespilus vulgaris. Pharm. 


Arbre médiocre ou grand arbrisseau , dont le tronc est 
difforme , rarement droit, divisé en rameaux toriueux,; 
garnis d'épines dans la plante sauvage, en étant dépourvus 
dans celle qui est cultivée. Ses feuilles sont oblongues-lan- 
céolées, courtement pétiolées, très-entières, vertes et glabres 
en dessus, pubescenties et un peu blanchätres en dessous, 
Ses fleurs sont blanches, assez grandes, solitaires, à lextré- 
milé de très-pelits rameaux qui naissent le long des rameanx 


220 POMACÉES. 

principaux ; leur calice et leur pédoncule, qui est fort court, 
sont cotonneux. Le fruit est arrondi, globuleux ou com- 
primé en dessus, plus gros dans les variétés cultivées, plus petit 
dans le type sauvage qui croît spontanément dans les bois, 
revêtu d’un duvet court dans ce dernier comme dans. les 
autres. Ce fruit, connu sous le nom de Vefle, est verdâtre 
avant sa maturité ; il devient d’un rouge-brun lorsqu'il est 
parvenu à cet état. Le Néflier fleurit en mai, et ses fruits 
mürissent en automne. 

Les Nèfles acquièrent une saveur douce, vineuse et assez 
agréable en devenant molles, car, avant cela, elles ont un 
goût très-acerbe et insupportable. Elles sont astringentes, 
On les recommandait autrefois dans les dyssenteries: et les 
diarrhées atoniques, et quelques praticiens assurent avoir 
vu de ces flux invétérés, qui avaient résisté à toutes sortes 
de remèdes, être guéris par leur usage. Les jeunes pousses. 
les feuilles et l’écorce sont également astringentes, et comme 
telles, on les employait jadis en décoction pour faire des: 
gargarismes qu’on conseillait dans les maux de gorge. Quel- 
ques-uns ont prétendu que les graines du Néflier étaient 
diurétiques et utiles contre la gravelle; mais rien n’est moins 
prouvé. Au reste, les médecins ne font aucun usage main- 
tenant des fruits du Néflier, ni d'aucune autre partie de 
cet arbre comme remède. 

Les Nèfles ne mürissent point naturellement sur l'arbre ; 
on les cueille à automne, et on les étend sur de la paille où 
elles complètent leur maturité. On en sert quelquefois sur 
les tables ; mais en général elles ne sont pas du goût de bien 
des personnes, et on en mange assez peu dans le monde. 


- Famille XL. 
MYRTÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice 
monophylle, persistant, à 4, 5 ou 6 divisions; des pétales 
égaux en nombre aux divisions calicinales , alternes avec 
elles et altachées au-dessous des sinus qu’elles forment; des 
étamines nombreuses, insérées sur le calice, au-dessous des 
pétales; 1 ovaire inférieur , surmonté de r style simple; 
1 baie où 1 capsule à plusieurs loges. | 

Les Myrtées sont des arbrisseaux à feuilles simples et 


MYRTÉES, 221 


opposées , à fleurs axillaires ou terminales. Ces plantes ont 
de l’affinité avec celles de la famille précédente, par la forme 
de leurs fleurs, et en même temps par leurs propriétés in- 
trinsèques. Les Myrtes contiennent , comme les Pomacées, 
un principe astringent. Ce principe existe seul dans le Gre- 
nadier , et il est combiné, dans le Myrte, avec une huile 
essentielle aromatique, qui donne à ce dernier une pro- 
priété tonique et stimulaute. 


129° Genre. — MYRTE. MYRTUS. 


Calice à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nombreuses. 
1 seul style. 1 baie à 2 ou 5 loges. 1 à 5 graines dans chaque 
loge. : 


LA 


MYRTE COMMUN. 
Myrtus communis. Lin. Spec. 675. — Myrtus bœtica 
sylvestris. Blackw. Herb. t. 114. — Myrtus. Pharm. 


Le Myrte commun est un arbrisseau qui, dans son état 
de nature, se divise dès sa base en rameaux nombreux, 
flexibles, touffus, formant un buisson haut de quelques 
pieds. Les jeunes rameaux sont chargés de feuilles nom- 
breuses, opposées, lancéolées, courtement pétiolées, vertes 
des deux côtés, luisantes en dessus, persistantes, plus grandes 
ou plus petites, selon les variétés. Ses fleurs sont blanches, 
médiocres ou même petites, portées sur des pédoncules assez 
longs, et solitaires dans les aisselles des feuilles. 11 leur suc- 
cède de petites baies ovales, d’un pourpre noirâtre, cou- 
ronnées par le calice persistant. Cet arbrisseau croit natu- 
rellement dans les bois et les lieux pierreux de la Provence; 
il fleurit en juin et juilleL. 

Toutes les. parties du Myrte, écorce, feuilles , fleurs, 
fruits, contiennent un principe astringent , uni à une huile 
volatile et aromatique. On en faisait autrefois un beaucoup 
plus grand usage qu'aujourd'hui; on employait principa- 
lement les feuilles et les fruits en infusion, comme toniques 
et astringens, dans les diarrhées, les débilités de l’estomac, 
la leucorrhée , les hémorragies passives. On employait aussi 
jadis , dans les mêmes cas, sous le nom de Wyrtille, un ex- 
trait des baies de cet arbrisseau, et l’on se servait comme 
cosmétique de l’eau distillée des feuilles et des fleurs. L'huile 
des baies de Myrte, qui a été tant vantéé comme un pré- 


229 MYRTÉES, 


cieux moyen de rendre-la virginité physique, est tombée 
depuis assez long-temps daus un profond oubli. 

Les Romains, au rapport de Pline, employaient les baies 
de Myrte comme assaisonnement dans les ragoûts, pour en 
relever la saveur : on a remarqué que les oiseaux, tels que 
les merles, quirecherchent ces baies avec avidité, y HE ENE 
üne nourriture qui les engraisse en peu de temps. 


123° Genre. — GRENADIER. PUNICA. Lan. 


Calice turbiné, coriace, à 5 ou 6 divisions. à ou 6 pétales 
attachés sur le ne Etamines nombreuses. 1 grosse baie 
globuleuse, coriace, couronnée par les découpuresdu calice, 
partagée nlénenrement , par 1 diaphragme transversal, en 
2 cellules inégales, divisées chacune en plusieurs loges con- 
ienant des graines nombreuses entourées d’ane pulpe. 

GRENADIER COMMUN , vulgairement Balaustier. 

Punica Granatum. Lan. Spec. 676. — Granata Punica 
mala. Blackw. Herb. 1. 97. — Pharm. 


Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de 10 à 15 pieds, sur 
une tige qui se divisé en beaucoup de rameaux plusou moins 
épineux, et le plus souvent il se partage, dès sa base, en plu- 
sieurs tiges ramifiées, formant un épais buisson qui n’a pas 
plus de 6 à 10 pieds de hauteur. Ses feuilles sont assez pe- 
tiles, opposées, lancéolées, entières, lisses, vertes des deux 
côtés, rougeâtres dans leur jeunesse , et portées sur de courts 
pétioles. Ses fleurs sont d’un rouge éclatant, presque sessiles, 
grandes, souvent solitaires, quelquefois 3 à 4 ensemble et 
disposées au sommet des rameaux; leur calice est épais, 
coriace, coloré, et les pétales sont comme chifflonnés. Le 
fruit est arrondi, de la grosseur d’uné noix ordmaive dans la 
plante sauvage, du volume d’une grosse pomme dans la 
variélé domestique; il est rempli de petits grains serrés, 
brillans, d’un rouge vif, formés d’une pulpe quelquefois 
douce, quelquefois acide, plus abondante dans l’arbre’cul- 

Uvé que dans celui qui boit spontanément, et enveloppänt 
les grames. On trouve le Grenadier à Pétat sauvage èn 
Espagne, en Italie, en Barbarie, dans le levant et dés le 

midi dé la France, en Languedoc et en Provence. Outre la 
variélé à gros fr ait que l’on cultive dans les jardins du mdr, 
on en cultive encore assez généralement dans le nord, une 
variété à fleurs doubles, 11 fleurit en-juin , juillet et août. 


sr ; æ 
MYRTÉES. 223 

Les fruits, que l’on nomme Grenades, sont rafraichis- 
sans et légèrement aslringens. Leur écorce, Malicorium 
des officines, nom qui vient, selon Pline, de ce qu’elle peut 
servir à Lanner les cuirs, et, plus vraisemblablement suivant 
d’autres, parce qu'elle ressemble à du cuir par son épaisseur 
et sa consistance, leur écorce, dis-je, est Lonique el astrin- 

ente. On l’employait autrefois plus souvent qu'aujour- 
d’hui , à la dose de 1 demi-gros à 1 gros en poudre, ou à 1 
demi-once en décoction, dans les flux de ventre, les hémor- 
ragies, les fleurs blanches. On s’en sert encore en décoction 
et en gargarisme pour remédier au relâchement de la luette 
et des amygdales après les angines catarrhales, 

Dans les pays où les Grenades sont communes, le suc 
que leur pulpe renferme, étendu d’eau et suffisamment 
édulcoré, forme une boisson agréable dont on fait usage 
dans les fièvres bilieuses, putrides, et dans les phlezmasies 
en général. On prépare aussi dans les pharmacies, avec ce 
suc, un sirop dit de Grenades, qu’on emploie dans les mêmes 
cas, Les fleurs du Grenadier , connues sous le nom de Ba- 
laustes, sont un peu moins astringentes que l'écorce des 
fraits; on en faisait autrefois plus d'usage que maintenant. 


… Famille XLI. 


LORANTHÉES. 


Cette famille doit son nom au genre Loranthus, dont 
toutes les espèces sont exotiques à la France, et pour la plu- 
part naturelles aux climats chauds de l'Amérique. La seule 
plante indigène qu’on y rapporte est le Gui, ce qui fait que 
les propriétés comme les caractères de la famille se réduisent 
à ceux qui sont propres à ce genre. 


124° Genre. — Gur. Viscum. Lin. 


Fleurs divïques. Calice à bord entier, à peine saillant. 4 
pétales caliciformes, réunis par leur base. Dans les fleurs 
mâles, chaque pétale porte dans son milieu une anthère 
sessile. Dans les femelles, l'ovaire est couronné par le calice, 
etsurmonté de 1 style court, terminé par 1 stigmate arrondi. 
Le fruit est 1 baie globuleuse, ne coftenant que 1 graine. 


22% | LORANTHÉES. 
Gui BLANC, vulgairement Gus de chêne, Gui commun. 


Viscum album. Tin. Spec. 1451. — #iscum. Pharm. 
V'iscum, Viscus quercinus. Blackw. Herb, t. 184, 


La tige de cette plante est ligneuse, cylindrique, divisée, 
presque dès sa base, en rameaux dichotomes, articulés, très- 
nombreux, étalés, d’un vert assez clair ou presque jaunätre, 
formant une touffe arrondie, haute de 1 pied à 1 pied et 
demi. Ses feuilles sont opposées, sessiles, oblongues, très- 
entières, un peu épaisses, glabres, et du même vert que les 
rameaux. Ses fleurs sont petites, d’un jaune verdâtre, ra- 
massées 5 à 6 ensemble dans les bifurcations supérieures 
des rameaux, toutes màles sur certains imdividus, toutes 
femelles sur d’autres. 11 succède, à ces dernières, de petites 
baies blanches, demi-transparentes , de la grosseur d’un grain 
de groseille, pleines d’un suc visqueux. Le Gui ne croît 
point dans la terre, mais il vit parasite sur les branches des 
arbres, où ses racines s’implantent entre l'écorce et le bois. 
Les arbres sur lesquels on le trouve le plus fréquemment 
sont les Pommiers, les Poiriers, les Tilleuls, les Peupliers, 
les Frênes ; 1l est en général très-rare sur le Chène. Il fleurit 
en février et mars. < 

On sait que les Gaulois avaient une grande vénération 
pour le Gui de Chêne; leurs prêtres, les druides, le cou- 
paient au commencement de chaque année avec des céré- 
monies particulières; ils distribuaient ensuite au peuple 
l’eau dans laquelle cette plante avait trempé, et ils lui per- 
suadaient qu'elle donnait la fécondité, détruisait l'effet des 
sortiléges et des poisons, et guérissait de plusieurs maladies. 
Le nom qu’ils donnaient au Gui signifiait omnia sanans. 
C’est sans doute dans un reste de ces idées superstitieuses 
qu’il faut chercher la cause de la grande réputation dont le 
Gui a joui pendant long-temps en médecine. On lui attri- 
buait autrefois une vertu spécifique contre l’épilepsie. Ou 
l’employait ausei dans toutes les affections nerveuses et con- 
vulsives, dans l’apoplexie, etc. Quelques auteurs l’ont re- 
commandé dans les fièvres intermittentes. Dans les temps 
où le Gui était en usage, on se servait de ses rameaux qu’on 
faisoit prendre en poudre à la dose de 1 à 2 gros, quand on 
les préparait en. infusion, c'était à double dose. Ses baies 
sont âcres etamères, et leur suc est, dit-on, fortement pur- 
galif. Ecrasées et appliquées à l'extérieur. elles passent pour 


LORANTHÉES, 296 


être résolutives et maturatives. Aujourd’hui toutes les par- 
ües du Gui sont tombées en désuétude pour la plupart des 
médecins. Au reste, cette plante paraîl être légèrement to- 
nique et sudorifique. Elle entre dans l’eau générale, Ja 
poudre antispasmodique et la poudre de Guttète de l’ancien 
Codex de Paris. 

Les anciens se servaient du suc visqueux dont ses fruits 
sont remplis, pour faire de la glu. Les merles et les grives 
recherchent ces fruits pour sen nourrir. La graine qu'ils 
contiennent passe dans l'estomac et les intestins de ces ciseanx 
sans perdre sa faculié germinative, et ceux-ci la répandent 
avec leurs excrémens, sur les arbres, où elle germe et prend 
racine. 


Famille XLIH. 
GROSSULARIÉES, 


Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans : 
calice monophylle, à 4 ou 5 divisions: corolle de 4 à 5 pé- 
tales ; # à 5 étamines; 1 ovaire inférieur, surmonté de 
1 siyle simple ou bifurqué ; 1 baie où 1 drupe polysperme. 

Les Grossularites sont des arbrisseaux ou de petits arbres 
à feuilles altérnes ou opposées, entières ou lobées ; à fleurs 
rarement solitaires, le plus souvent disposées en grappe où 
en corymbe. La propriété la plus marquée dans ces plantes 
est l’astringence Les fruits de la plupart des espèces ont 
une acidité agréable, et on les emploie comme rafraichis- 
sans. Îl faut excepter ceux du Cassis qui, à raison d’une 
huile essentielle arcmatique contenue dans leur enveloppe, 
prennent une qualité Lonique et stimulante, fl faut hien plus 
encore excepter ceux du Lierre, qui différent davantage par 
leur vertu émétique et purgalive. Cependant le Lierie m'a 
parü bien plus se rapprocher, par ses caractères botaniques, 
des Grossulariées que de loute autre famille. 


125° Genre, — GROSEILLER. R1IBES. Lin. 


Calice coloré, à 5 divisions. 5 pétales alternes avec les 
divisions du calice. 5 étamines. 1 ovaire surmonté de r style 
bifurqué, 1 baie globuleuse, ombiliquée, contenant plusieurs 
graines, 


É 


296 GROSSULARIÉES. 

GROSEILLER ROUGE. x 

Ribes rubrun. Lin. Spec. 290. — Ailes. Blackw, Herb. 
t, 285, — ARibesia rubra, Pharm. 

Arbrisseau de # à à pieds dé hauteur, dont la tige est' 
droite, divisée dès sa base en plusieurs rameaux d’une cou- 
leur brune-cendrée. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, à 
5 lobes, vertes, glabres ou légèrement ‘pubescentes, Ses 
fleurs sont d’une couleur herbacée, disposées en grappes 
simples, latérales. Ses fruits sont de petites baies globuleuses, 
lisses, glabres, succulentes, rouges où blanches, d’ane sa- 
veur acide et agréable. Ce Groseiller croît naturellement 
dans les bois et les buissons, aux lieux un peu frais et hu- 
mides; on le cultive d’ailleurs abondamment dans les jar 
dins et dans les champs. Il fleurit en avril, et ses fruits sont 
muürs en juillet. 

Les fruits du Grostiller rouge sont également réchierchés 
pour l'usage de nos tables et pour celui de fa médecine. Leur 
sue est rafraichissaut el un peu nourrissant, Etendu dans 
de l'eau avec du sucre, il forme une boisson acidule, 
que l’on emploie avec avantage dans les fièvres bilieuses, 

ulrides ou inflammatoires, dans les maux de gorge et dans 
pe ucoup de cas où les boissons délayanies et rafraicnissautes 
sont indiquées. Celle ci, qui dans les pays du nord remplace 
parfaitement la limonade, est non seulémentL trés-usitée en 
médecine, mais on en fail encore beaucouÿ d'usage dans le 
monde pour calmer Fardeur de la soif pendant les grandes 
chaleurs de l’été. Le sivop qui se prépare, également dans 
les pharmacies et chez les confiseurs, avec le suc des Gro- 
seilles, a les mêmes propriétés que ce suc [ui-mème, et on 
l'emploie dans les temps de l’année où lon est privé des 
fruits frais. On fait aussi avec parties égales de ceux-c1 et du 
sucre, une confiture fort saine, fort agréable au goût, eb 
d’une belle couleur, que l’on nomme Gelée de Groselles. 
Ces fruits fournissent encore, en leur faisant subir un certain 
degré de ferinentation , une sorte de vin que l’on prépare, 
et que l’on eslime assez.dans quelques pays du nord où Fon 
ne peut cultiver la vigne. On en retire également de Feau- 
de-vie par la distillation. 

Les Groseilles. blanches ne sont qu'une simple variété de 
la mème espéces elles sont plus agréables à manger entières, 
parce qu’elles sont inoins acides. Au reste, elles ont les 
mêmes propriétés, mais on ne les emploie guère seules. 


GROSSULARIÉES. 227 


Groseizrer Cassis, vulgairement Cassis. 

Ribes nigrum. Lin. Spec. 291. — Grossularia non 
spinoso, frulu nigro. FI Dan. t 556. — Ribesia nigra. 
Pharm. 


La tige de cet arbrisseau s'élève à # ou 5 pieds en se divi- 
sant des sa base en nombreux ranieaux. Ses feuilles sont 
pétiolées, alterues, échancrées à leur base , anguleuses, 
dentées en leurs bords, vertes, g'abres en débshis® pubes= 
centes en dessous. Ses fleurs sont disposées en grappes très- 
Jäches, latérales: leur caïfce est pubescent, à disisions rou- 
geâtres ou vioieltes, et leur F est d’un vert blanchâtre. 
Les fruits sont de petites baïéS globuleuses, noïâtres, plus 
Ki qu'acides. On trouve le Groseiller noir à l'état 
sauvage dans les hoïs, et on le cultive dans les Jardins ef 
dans les champs. Il fleurit en avril, et la maturité de ses 
fruits arrive en Juillet et août. 

Le Cassis est peu empl loyé en médecine. On a nef 
préconi-é ses feui les et ses jeunes pousses en infusion, comme 
stomachiques, aperifives et diurétiques: maiselles sont bien- 
10t tombées dans l'oubli. Le suc contenu dans les baies est 
légèrement acide, et ses propriétés soul à peu près les mêmes 
que dans les Groseilles rouges: mais il faut qu'il soit extrait 
par la simple imcision des fruits et sans les comprimer, Car 
leur écorce contient une huile essentielle aromatique, qui, 
par la compression, se mêlerail facilement à ce sue’, et qui, 
en loi communiquant ses principes, lui ferait prendre une 
saveur légèrement amère, et lui donnerait une propriété un 
peu excitante, C’est ainsi qu'on prépare, avec les fruits du 
Cassis égrainés et infusés dans de l'eau de-vie, un ratafia qui 
est tomique et stomachique. On peut, ainsi que des Groseilles 
ordinaires, retirer, des baies du Cassi$ qire Fon a lait termen- 
ter, du vin et de l’aleuol ; le premier est très-coloré. Eu far- 
sant concentrer leur suc sur le feu , on le convertit en une 
sorte de rob. 


GROSEILLER ÉPINEUX , vulgairement Groseiller a ma- 
quereaux. 
Ribes uva crispa, Lin. Spec. 202. — Grossnliria sim- 
plici acino, vel spinosa sylvestris: FL Dan. & 546.— Uva 
crispa sive Grossularia. Pharm. 


Ce Groseiller est un petit arbrisseau haut de 3 à 4 pieds, 
divisé dès sa base en: rameaux nombreux, élalés, très- 


P 2 


226 GROSSULARIÉES. 


iouffus, armés de beaucoup d’aiguillons et formant un 
buisson épais. Ses feuilles sont pelites , arrondies, à 3 ou 
5 lubes, vertes, un peu molles, pubescentes en dessous, por- 
tées sur un pétiole velu. Les fleurs sont latérales, géminées 
ou solitaires, pendantes, pédonculées , accompagnées de 
2 bractées opposées ; leur calice est pubescent, blanchätre 
en dehors, rougeätre en dedans, el la corolle est d’un blanc 
verdâtre. Les fruits sont des baies globuleuses ou un peu 
ovoïdes, de la grosseur d'une noisetie ou environ, le plus 
communément d’un verl-jaunâtre, rougeâtres dans une 
variété, etchargées de poils courts et caducs. Cet arbrisseau 
est commun dans les haies etes buissons de toute la France; 
il fleurit en avril, et ses fruits sont müûrs en juillet. 

* La médecine ne fait maintenant aucun usage des fruiis 
du Groseiller épineux. Acides et astringens avant leur ma- 
iurité, on les a quelquefois employés jadis sous ces rap- 
ports. Aujourd’hui on ne s’en sert plus dans cet état que 
pour la cuisine, et on en extrait le suc qu’on emploie dans 
les sauces en place de verjus. Autrefoison s'en servait beau- 
coup pour former un assaisonnement avec lequel on man- 
geait les maquereaux , d’où leur est venu le surnom sous 
lequel 1ls sont généralement connus. ‘ 

_+ À leur état parfait de maturité, les Grosei!les à maque- 
reaux contiennent une matière sucrée et gélatineuse très- 
abondante. Elles sont alors relächantes, surtout mangées en 
grande quantité, Leur saveur sucrée, mais un peu fade, 
fait qu'elles ne sont pas estimées ; et, en France, il n'y a 
guère que le peuple et les enfans qui s’en accommodent. Eu 
Angleterre , où l'on est privé de plusieurs de nos bons fruits, 
on a soigué bien plus que chez nous la culture de ce Gro- 
seiller, et on en a obtenu beaucoup de variétés qui sont 
inconnues à nos jardiniers. Dans ce même pays, on em- 
pluie les fruits à faire une sorte de vin. 


126° Genre. — LAaERRE. AEDERA. Lin. 


eur base. 5 élamines. 


Calice à 5 dents. 5 pétales élargis à | 
t 5 à 5 graines, 


1 style. 1 baie globuleuse contenan 
LAERRE GRIMPANT, vulgairement le Lierre. 
Hedera Helix. Lin. Spec. 292. — Lois Nouv. Duham. 
5, p. 527. t. 64, Hedera. Pharm. 
Axbrisseau sarmenteux , divisé presque dès sa base en 


* 


_GROSSULARIÉES. 27 


rameaux rampans , mais qui le plus souvent grimpent en 
s'appuyant sur les corps qui sont dans leur voisinage, et 
s’y attachent par de pelits crampons radiciformes, de ma- 
nière à alteindre aiusi jusqu'au sommet des arbres, Ses’ 
feuilles sont alternes , pétiolées, persistantes, coriaces, d’un 
vert foncé et luisant , trés-sujettes à varier de forme: le plus 
souvent elles ont celle d'un cœur , et sont entières en leurs 
bords ou plus ou moins profondément découpées en 3 à 5 
lobes; quelquefois elles sont ovales-aiguës ou ovales-lancéo- 
lées, et toutes ces variations de forme se trouvent sur le 
mème pied. Les fleurs sont petites, verdätres, disposées à 
extrémité des rameaux en plusieurs ombelles globuleuses. 
Les fruits sont des baies d’un vert nonâtre , de la grosseur 


d’un pois ordinaire; ils mürissent au printemps; les fleurs 


qui les précèdent paraissent en septembre et octobre. Le 
Lierre croit naturellement dans les bois, les haies, aux lieux 
frais et ombragés. 

Dans les pays chauds, on retire par incision, des troncs 
des gros Läerres, une résine en larmes, appelée impropre- 
ment gomme de Lierre, et qui passe poùr astringenle et 
résolutive , mais qui n'est plus aujourd’hui d'aucun usage 
en médecine. On l’emploie dans la peinture pour la fabrique 
des vernis. 

Les baies du Läierre sont du nombre des substances dont 
les médecins ont cessé depuis long-temps de se servir. Les 
anciens les comptaïent au nombre des émétiques et des pur- 
galifs. Gn leur reproche d'agir avec trop de violence; mais 
cela n'empèche pas les paysans d'en prendre quelquefois 
10 à 12 pour se procurer une abondante purgation. Quel- 
ques espèces d'oiseaux en font leur nourriture. 

Aujourd'hui on se sert beaucoup des feuilles de Lierre 
pour appliquer sur les cautères et les vésicatoires, afin de 
les entretenir fraîchement :employées de cette manière, elles 
ne paraissent pas avoir d’autres propriétés. En décoction, 
elles peuvent être utiles pour déterger les vieux ulcères et 
faire mourir la vermine. 


127° Genre. — CORNOUILLER. CORNUS. Ein. 


Calice à 4 dents, 4 pétales élargis à leur base, et se tou- 
chant en cette partie. #4 étamines alternes avee les pétales. 
style terminé par 1 stigmate simple. 1 petit drupe conte- 
nant ; noyau à 2 loges monospermes. 


P 3 


& 
250. GROSSULARIÉES, 
CORNOUILLER MALE, vulgairement. Cornowiller ou 
Cor: ier. NES 

… Cornus mascula. Lin. Syst. veget. 171. == Cornus 
mas. Blackw. Herb. t. 121. — Cornus mas seu sativa. : 
Pharm. 


Grand arbrisseau de 1h à 20 pieds de hauteur, divisé en 
rameaux nombreux, opposés. Ses feuilles sont, également 
opposées, ovales, pointues, glabres et d'un vert foncé en 
dessus, légèrement velues en dessous, portées sur de courts 
pélioles. Les fleurs, qui naissent assez long-temps avant les 
feuilles, sont jaunâtres, pédonculées, disposées 10 à 19 
en-emble en peiites ombelles, munies à leur base d’une col- 
leretie de # lolivles ovales, cuncaves, et à peu près de la 
longueur des pédoncules. Les fruits, connus sous les noms 
de Cornouilles ou de Corrioles, sont ovoides, de la gros- 
seur d'une pelite olive, ordinairement d’un beau rouge dans 
la plante sauvage, blancs ou jaunes dans deux variétés cul- 
tivées. Le Cornouiller mâle croît alurellement dansles bois 
et dans les buissons: 1] fleurit en février et mars; ses fruits 
mürissent eu $epiembre. / 

Les Cornouiiles sont trés-acerbes avant leur parfaite ma- 
turité ; mais quand elles ont aequis ce dernier élat, elles 
deviennent molles, donces et un pen acides. Elles son! alors 
astringentes et rafraichissanies. Les médecins en conseil- 
laient autrefois l'usage pour modérer les flux de ventre et 
les mensirues trop abondantes. Pour les employer, on les 
faisait ordinairement cuire avec du sucre, où lon en prépa- 
rait une sorte de rob: on les mettait aussi infuseg dans le 
vin, pour se servir ensuite de celurci. L'écorceet les feuilles 
sont également astringentes, et de plus amères et fébrifnges. 
Elles ont, surlout la première, été quelquefois employées 
avec succès dans les fièvres intermittentes, Aujourd'hui la 
médecine ne fait aucun usage des différentes parties du Cor- 
mouiller. 

Ses fruits sont peu connus dans les villes: 11 n’y.a guère 
que les gens des campagnes et les enfans qui en mangent. 
Son boïs esf trés-dur, et 1l prend un beau poli. On lemploie 
pour les ouvrages de iour et pour les pièces des machines 
qui doivent souffrir un grand frottement, comme vis, dents 
d’engrainase, étc. Les chèvres et les moutons broutent ses 
feuilies. 


TICOIDÉE sie | 231. 
Fanülle LXIH. 
FICOÏDÉES. k 


Cette famille doit son nom à un genre de plantes dont les 
espèces sont infiniment multipliées en Afrique, et particu- 
Lièrement au cap de Ponne-Fspérance, mais dont une seule 
se trouve daus les parties méridionales de FEurope et en 
Corse. ; 

Les Ficoïdées en. général.sont des plantes herbacces on 
plus communément sous-ligneuses , à feuilles erdinairement 
opposées x charnues, plus ou moins succulentes; à fleurs 


s 


terminales ou axillaires, 
1 20e, Genre.— Ficoine. MESEMBRY ANTHEMUM. lan, 


Caiice à 3 divisions, Pétales nombreux, Hnéaires, légére- 
mentréumis à leur base, dispcsts sur plusieurs rangs. Fta- 
mines nombreuses. 1 ovaire inférieur , surmonté de 5 sy les. 
1 capsule charnue à à loges. 

FICOiDE NODIFLORE. 

Mesembryanthemum nodiflorum. Lin. Spec. 687. 


Sa Uige est herbacée, annuelle , rameuse, étalée, longue 
de #à 6 pouces, chargée , ainsi que toute la plante, de petits 
tubereules cristallins, et garnie de feuilles cyliudriques, 
charnues , succulentes, obiuses, opposées dans sa partie in- 
férieure et alternes dans le haut. Ses fleurs sont blanchâtres, 
solilaires et presque sessiles dans les aisselles des feuilles, 
Cette plante croît dans les sables des bords de la mer en 
Corse ; elle fleurit ‘énjuim et juillet. 

On n'en fait pas d'autre usage dans les pays où elle est 
commune, que de la brûler, après Favoir fait secher, pour 
en retirer de la soude. 


Famille XLIV. 
ONACGRÉES. o 


Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans : 
calice de 2 ou 4 folioles, on le plus souvent partagé en 4 di- 
visions profondes; corolle de 2, et plus ordinairement de 
4 pétales; 2, 4 ou & étamines ; 1 ovaire inférieur , surmonté 


P 4 


Là 
| 
252 ONAGRÉES. 
d’un style à stigmate échancré ou quadrifide ; capsule à 
1 on 2 loges monospermes, plus communément à 4 loges, 
contenant chacune plusieurs graines. 


On ne sail rien de bien positif sur les propriétés médici- 


nales des Onagrées, et l’on peut jusqu à présent les ME 
comme nulles. Quant aux propriétés économiques, | 
feuilles d’une espèce d’Onagre , genre qui donne son nom à 
la famille, se mangent en salade dans quelques cantons, et 
l'intérieur du fruit de la Macre es alimentaire. 


129° Genre. — Cincée. Circzæ4A. Lin. 


D . L) 

Calice de 2 folioles caduques. 2 pétales en cœur. 2 éta- 
mines. 1 ovaire turbiné, à style surmonté d'un stigmate 
échancré. Capsule pyriforme, à 2 loges, contenant chacune 


1 gr aine. " 


CirCÉE DE PARIS, vulgairement Herbe deSaint-Etienne, 
Herbe aux Sorciers, Herbe aux Magiciennes. 
Circæa Luictiana. Lin. Spec. 12. 


Sa racine est horizontale, fibreuse, vivace: elle donne 
naissance à une tige droite, veiue. haute de 1 pied à 1 pied 


et demi, garnie de fenilles opposées, pétiolées , ovales, 


aiguës, pubescentes, légèrement en cœur à leur base , et un 
peu Lie en leurs bords. $es fleurs sont blanches ou rou- 
gcàtr es, disposées en longues grappes à l'extrémité de la tige 
et de quelques rameaux qui naissent quelquelois de la partie 
supérieure de cette tige. Uetle plante croît dans les bois, aux 
lieix humides et ombragés; elle fleurit en juin, juillet et 
août. 

ans les temps d’ignorance et de superstition , la Circée 
éloit employée dans les enchantemens. Quelquefois aussi les 
médecins en ont fait usage eu l’appliquant extérieurement 
comme résolutive. Aujourd’hui elle est tombée dans Poubh 


le plus profond. 
150° Genre. — MAcrRE. T'rA4P4A. Lin. 


Calice à # divisions. 4 pétales. 4 étamines. 1 ovaire sur- 
monté de r style à stigmate en têle. 1 noix irrégulière , 
armée de grosses pointes, contenant 1 seule graine. 


MACRE FLOTTANTE, vulgairement Micle, Chataigne 
d’eau , Cliâtaigne cornue, Corniche, Cornouelle, 


MSA 


ONAGRÉES. 233: 


Cornuelle, Corniole, Echarbot , Noix d'eau, Ga- 
larin , Saligot, Truffe d'eau, Tribule aquatique. 
Trapa natans. Lin. Spec. 175. — Tribulis aquatilis. 


Dod. Perupt. 551. — Pharm. 


Sa racine est très-longue. divisée en beaucoup de fibres 
menues ; elle produit une tige gréèle, ramense, qui s'élève 
lus ou moins haut, selon la profondeur de l'eau dans la- 
quelle elle est plongée. Les feuilles, qui naissent dans la ‘on- 
gueur de cette tige. sont opposées, presque sessiles, pectinées , 
à foliolestrés-étroiles ; les feuilles supérieures, flottantes sur 
l’eau ,ontune forme entièrement différente elles sont alternes, 
pétiolées, rhomboïdales, grossièrement dentées en leurs 
bords, d’un vert un peu foncé, luisantes en dessus, étalées 
et disposées en rosette à la surface de l’eau. Les fleurs sont 
blanches, petites, portées dans les aisselles des feuilles sur 
des pédoncules qui s'allongent beaucoup après la floraison. 
11 leur succède des fruits durs, turbinés, presque rhomboï- 
daux , de la grosseur d’une châtaigrie ordinaire ou environ, 
munis de 4 grosses pointes où cornes dures. opposés les unes 
aux autres, et égèrement courbées. Ce fruit contient une 
amande dure , blanche, presque en cœur. Cette plante croît 
dans les mares, les étangs et les eaux dormantes; elle fleurit 
en juin el juiilet, et ses fruits sont mûrs au mois de sep- 
tembre. 

On a attribué une propriété astringente aux fruits de la. 
Macre ; on s’est servi de ses feuilles appliquées en cataplasme, 
comme résolutives: en décoction, on en à fait des garga- 
rismes pour déterger les gencives ulcérées: et enfin on a 
recommandé leur sue pour les maladies des yeux ; mais sous 
aucun de ces rapports les feuilles ni les fruits de cette plante 
ne méritent d'être employés; ils sont depuis long-temps 
tombés en désuétude. 

Comme aliment, les fruits de la Macre sont en nsage dans 
les pays où il y a beaucoup d’étangs, dans lesquels cette 
plante est abondante, Leur amande a une saveur qui ap- 
proche un peu de celle de la € häfleigne ordinaire, mais qui 
est plus fadé et mois agréable. Quelques personnes, ei sur- 
tout les enfans, mangent cetie amande crue; mais le plus 
souvent on en opère la cuisson en la faisant rôtir sous la 
cendre , ou en la faisant bouillir dans de l’eau ; on en pré- 
pare aussi une sorte de bouillie, et on en mêle dans le pain. 


294 OMBELLIFERES. 
Famille XEV. 
OMBELLIFÉRES. 


Foutes les plantes de cette famille forment an groupe si 
naturel, qu'ilest le plus souvent tvès-difficite de tronver des 
différences bien caractérisées entre les genres qui la com- 
posent. Par cela même que la circonseription des genres 
Ofre ici tant de difficultés , il devient trés -aisé dereconnaitre 
toutes les espèces comme appartenant à la famille ; À cause 
du grand nombre des caractères cominuns qu'elles présen- 
tent, el qui se réduisent à ceux qui suivent : Fleurs portées 
sur des pédoncules insérés sur on point commun et diver- 
gens ensuile comme les rayons d’un parasol : dans quelques 
genres, les fleurs sont sessiles, réunies en têle sur un récep- 
tacle commun: calice entier on à 5 dents, h'ès-rarement 
à 5 folioles; 5 pétales: 5 étaminess + ovaire inféyieur, sur- 
monté de 2 styles à stigmate simple: très-rarement à 1 seul 
style; fruit composé de 2 graines adosstes lune à l'autre, 
attachées par lenr partie supérieure à un axe central, se 
séparant lors de la maturité; très rarement 1 seule graine 
simple. - 

Nos Ombellifères indigènes sont des plantes herbacées, à 
feuilles alternes, quelquefois entières, le plus souvent dvi 
sées, et à fleurs ordinairement bläuches, rarement jaunes 
ou rougeâtres. (+ ee 

Malgré da grande ressemblance qu'ont les Ombelliféres 
entre elfes, 1] n'est pas facile de généraliser leurs propriétés; 
ces plantes présentent, sous ce rapport, des dissemblances 
irès-frappantes. Les unes, prises-dans leur ensemble, sont 
aromatiques, el'peuvent, ainsi quel Ache ou Céleri,le Persil, 
le Cerfeuil et l’ Angélique, servir d’assaisonnement agréable ; 
les autres ont une odeur et une saveur nauséeuses. stelles sont 
narcotiques , vénéneuses ; Lelles sont la Cixué ! la Cicutaire, 
l'Ethuse, l'Œnanthe safranée , la Phellandrie. Si l’ôn con- 
sidère isolément Décldas ee de leurs parties, on tronve 
encore de sémblablés anomalies ; ainsi les racines de la Ca- 
rotte, du Panais, du Chervi, des Ginanihes pimpinelloïde et 
peucétane, sont agréables à manger, et contiennent plus ou 
Moins de matière sucrée ; tandis que les racines de T'hapsie , 
d’Asirance majeuré , de Laser à feuilleslarges, de Pencédan, 


À OMBFLLIFÈRES. 235 
de Ciguë, d'Œnante safranée, sont âcres, amères et purga- 
tives, ou nauséeuses et vénéneé uses. LA 


Les graines sont les parties des Ombellifères dans les- 
quelles 1e propriétés différent moins d’une espèce à l’autre. 
Dans une bonne partie de ces plantes, les graines sont aro- 
maliques . et contiennent une plus où moins grande quan- 
té d'huile essentielle qui leur donne des vertus toniques et 
stüimulantes ; mais plusieurs d” entre elles sont iusipides A 4 
celles des e espèc ces vénéneuses nonimées plus haut, pérlicipent 
aux propr iélés malfaisantes des autres parties de ces plantes ; 
le'‘principe délétère paraît seulement y être moins déve- 
veloppé , surtout à l'état de dessiccation parfaite. On à 
avancé que les espèces des lieux humides et aquatiques 
étaient seules  n mais ce principe ne peut être 
admis sans exception /Fthuse et la giande Ciguë sont 
aussi communes dans ds lieux aérés, et un peu secs que dans 
les endroits humides, et elles ne viennen! pas, en général, 
dans les terrains aquatiques, L’Ache croît dans les marais 
et au bord des eaux : cesendant elle n'est point malfaisante. 


130° Genre. — PANICAUT. ERYNGIUM. Lan. 


Fleurs sessiles, réunies plusieurs ensemble en 1 ombelle 
disposée en tête, et placées entre des paillettes sur un récep- 
tacle conique, entouré à sa base par une collerette de plu- 
sieurs folivles roides et piquarites. Calice de à fohioles. Pétales 
oblongs, courbés en dedans. Fruit ovale-oblong, coureuné 
par le calice. 

ras AUT DES CHAMPS , vulgairement Chardon- Roland, 

: Chardon à cent- étés, 

Bryngium campestre. Lan. Spec. 557. — Jacq. Flor. 

aust. & 155. — Eryngium. Pharm. 


Sa racine est vivace , longue, simple, de la grosseur du 
petit doigt, brunätre en dehors A plénene en dedans, assez 
tendre et d’une saveur douceätr É Sa tige est haute de 1 pied 
ou environ, droite, cylindrique, striée, feuillée, d'un blarre 
verdâtre, divisée dans'sa partie supérieure en beauconp de 
rameaux très-ouverts, dont les derniers naissent en om- 
selles. Les feuilles sont amplexicaules, ailées, à folioles dé- 
currentes , laciniées, épineuses sur les bords. € Ces feuilles sont 
dures, d'un vert glauque ; les inférieures pétiolées. Les fleurs 
sont pelites , terminales et fort nombreuses, disposées en Lêle 


236 : OMBFLLIFÈRES. 


arrondie. La collerelie de chacune d'elles est formée de 
6 ou 7 folioles, linéaires, lancéolées, étroites, roides, épi- 
neuses, plus longues que les têtes mêmes. Les paillettes du 
réceptacle sont simples. Cette plante est commune le long 
des chemins et sur le bord des champs; elle fleurit en août 
et septembre. 

La racine de Panicaut était autrefois employée dans la 
cuisine, en Allemagne, en France; c'était un aliment exci- 
tant et très-convenable dans les cas d’atonie de l’estomac 
et du canal intestinal. On s’en servait aussi et on se sert 
eucoôre du Panicaut en médecine, comme apéritif et diuré- 
tique. C'était une des cinq racines apéritives mineures. La 
propriété aphrodisiaque lui a élé également accordée, el sa 
nalure excitante, analogue à celle du Raïfort, explique 
sans difficulté cel effet secondaire. Si l’on ajoutait foi aux. 
auteurs anciens, elle aurait également dissout, brisé même 
les pierres de la vessie; mais de telles propriétés ne sont pius. 
regardées maintenant que comme des fables. Gn préparait 
autrefois, dans les pharmacies, une conserve de racines de 
Pauicaut; elle est aujourd'hui entièrement tombée dans 
l'oubli. 


151:1° Genre. — SANICLE. SANICULA. Van. 


Collerette universelle tournée d'un seul côté; collerette 
partielle formée de plusieurs folioles et enveloppant l’om- 
bellule en entier. Calice presque entier. Pétales réfléchis en 
dedans. Fruit ovoïde, hérissé en tout sens de pomtes dnres 
et crochues. à 

SANICLE D'EUROPE, vulgairement Saniole commune , 

Sanicle mâle. 

Sanicula Europæa. Tan. Spec. 559. — Sanicula.Pharm. 

— Sanicula Diapensia. Blackw. Herbs t. 65. 


Sa racine est fibreuse, brunâtre, vivace ; elle donné nais- 
sance à une ou plusieurs tiges simples ou chargées d’un 
petit rameau dans leur partie supérieure, haute de 10 à 19 
pouces, nues dans toute leur longueur, garmes seulement à 
leur base de plusieurs feuilles radicales, longnement pélio- 
liées, glabres, luisantes, et d’un vert assez foncé en leur face 
supérieure, plus pâles en leur inférieure , découpées profon- 
dément en 5 lobes dentés, incisés, élargis et uifides à leur 


sommet, Ses fleurs sont blanches, fort petites, disposées en 


OMBELLIFÈRES. 257 


ombellules plobuleuses ; les rayons de lombelle générale 
étant au nombre de 4 à 3. Cette plante croît dans les bois à 
l'ombre; elle fleurit en mai et juin. 

La Sanicle a uné saveur amère et un peu acerbe. Elle a 
joui autrefois d’une grande réputation. Regardée comme la 
pierre philosophale de la médecine, et comme un remède 
à tous les maux , elle a été appelée Saricula , du verbe latin 
sanare , guérir, parce qu’on la croyait propre à guérir un 
grand nombre de maladies, et c’est par allusion à ces mer- 
veilleuses propriétés qu’on fit jadis ces deux vers: 


Qui a la Bugjle et la Sanicle, 
Fait aux chirurgiens la nique. 


On employait autrefois les feuilles de Sanicle dans les 
tisanes , les apozèmes ; on en faisait prendre le suc à la dose 
de 2 à 5 onces pour les dyssenteries, les flueurs blanches, 
les crachemens de sang, les hémorragies de toute nature, 
les maux de gorge, les ulcérations et les chancres de la 
bouche , etc. ; imais le plus grand usage qu’on en faisait était 
à titre de vulnéraire, Les médecins modernes, qui ont révo- 
qué en doute toutes ces grandes verlus, ont entièrement 
abandonné la Sanicle, et elle ne figure plus aujourd’hui 
que dans les luinéraires suisses , que l'on appelle encore 
L'hé suisse où F'altranc , mélange de plantes sèches. dans 
lequel le peuple et même les gens du monde ont encore 
beaucoup de confiance, et que quelques praticiens pres- 
crivent par habitude, ou pour salisfane l’imagination des 
malades; la composition de ces vulnéraires varie d’ailleurs 
autant qu'il y a d'individus employés à les recueillir. On 
y voil en général figurer des Veroniques, beaucoup de 
Labiées et quelques Composées. Les feuilles de Sanicle 
entrent dans l’eau et le baume vulnéraires, et dans quelques 
compositions moins connues. Son eau dislillée est entière- 
ment tombée en désuétude. 


1352° Genre. — ASTRANCE. ASTRANTIA. Lan. 


Collerette universelle de 2 à 3 folioles divisées ; collerette 
partielle composée de 10 à 20 folioles égales, colorées. 
Calice à 5 dents. Pétales bifides, courbés. Fruit ovoide, 
couronné par le calice, et relevé sur chacune de ses faces 
par 5 côtes ridées transyersalement. 


238 OMBELLIFÈRES. ; 


ASTRANCE MAJEURE, vulgairement Sanicle femelle, ou 
Sanicle de montagne. 
Astrantia major. Lin. Spec. 5359. — po nigra 
Blackw. Herb. t. 470.—/'eratrum nigrum. Dod. Pempt. 
507. — Sanicula fæmina. Pharm. 


Sa racine est horizontale, grosse comme une plume à . 
écrire, noirâtre, vivace, garnie de beaucoup de fibres: elle 
donne naissance à 1 tige droite , simple, haute de 1 pied ou 
environ. Ses feuilles sont larges, longuement pétiolées, 
glabres , d’un vert assez foncé en dessus, plus pâles en des- 
sous, palmées ou partagées eu 5 grands lobes dentés et ciliés 
en leurs bords. Ses fleurs sont petites, blanches ou rou- 
geätres, disposées 30 à £o ensemble en 4 à 6 ombellules 
porté es sur des pédoncules Iméganx. Ces otnbelles partielles 
paraissent former chacune une belle fleur radiée, et leur 
collerette est formée de 15 à 20 folioles lancéolées : blan- 
châtres. On trouve cette plante dans les pälurages Fe Pyré- 
nées, des Alpes, des Cévennes, des Vosges; elle fleurit en 
juin a. juillet. k 

Cette espèce n’est plus connue des praticiens modernes; 
mais HDodonæus nous apprend que, de son temps, plusieurs 
-médecins employaient en Allemagne ses racines comme 
purg gatives, et il cite Conrade Gesner, qui leur +{tribue les 
mêmes propriétés qu'à l'hellébore Des quoiqu'an peu 
pius faibles. Elles ne sont d'aucun usage MA si ce 
n'est que quelquefois il s’en trouve. de mêlées à celles de 
l’Hellébore noit. 


135° Genre. — BUPLÈVRE. BUPLEVRUM. Lin, 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles sim- 
ples ; collerette partielle semblable. Calice entier. Pétales 
entiers, courts, roulés en dedans, Fruit arrondi, com- 
primé, strié. 

BUPLÈVRE A FEUILLES RONDES, vulgairement Perce- 

Jeurlle. 
Bupl-vrum rotundifolium. Lin. Spec. 540. — Perfo- 


liata vulgari is. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle: elle RQ une lige 
cylindrique, lisse, rameuse, haute de 1 pied à 1 pred ‘et 
demi, garnie de fouilles ovales-arrondies, un peu pomtues 
au sommet, glabres, glauques, perfoliées dans da partie 


OMBELLIFÈRES.N 259 # 


supérieure de la üige, tandis qu'inférieurement elles sont 

- seulement an: plexic calo: Les fleurs sont jaunâires, en om 
belle à l'extrémité de la tige on des rameaux, Les collerettes 
paitielles sont composées de 5 folioles ovales, plus grandes 
que les ombelles, Où trouve ce Buplèvre daus les moissons 
el les champs cultivés, principalement dans les départe- 
mens du midi; il fleurit en juin el juillet. 

Cette plante était autrefois au nombre de celles auxquelles 
ou attribuait la propriété de guérir les hermies, et on la a 
sail prendre iuiérieurement en même lemps qu ‘on l’appli- 
quait en calaplisme. On sait à quoi s'en tenir aujourd hui 
sur ces sorles de remèces dont aucun fait avéré ne prouve 
l'efficacité, Len est de même de ses prétendues vertus vul- 
néraires, qui faisaient qu'on donnait la décoction de toute 
la plante, ou ses feuilles sèches réduites en poudre, à ceux 
qui avaient fail des chutes, où qui avaient reçu des con- 
tusious violentes. Sous tous ces rapports, la Percefeuille 
est aujourd’hui bannie de la pratique. 

‘Le Buplèvre à feuilles longues, vulgairement Oreille de 
“AA Buplevrum longifolise , Lin. mn ayant que des 
prof priétés semblables à celles qu ‘on supposail au Buplèvre 
à feuilles rondes, a élé de mêe totalement abandonné, 
quand l'autre a cessé d'être usité, 


154° Genre. — CAROTTE. D4UcUs. Lin. 


Coïlerette universelle composée de plusieurs folioles pins. 
naliñdes ; la collerette partielle semblable, Calice entier. 
Pétales courbés en cœur, les extérieurs plus grands. Fruit 
ovale, hérissé de toutes parts d’aiguillons et de poils roides, 


CAROTTE COMMUNE , vulgairen eut Curotie, Chyrouf. 

Daucus Carota. Lin. Sypec, 540. — Dancus vulyaris. 
Pharm: — Pastinaca tenuifolia sylvestris. Klor. Dan 
t. 758 

Sa racine est fusiforme , pivotante, bisannuelle, grosse 
comme le doigt dans ja plante sauvage, deux à dut lois 
plus dans cEne sue est culuvée: elle done naissance à une 
uge haute de z à 5 pieds, rameuse, légèrenrent 6 anne 
“ss argée de poils courts un peu rudes au DE bes feuilles 
sont grandes, lé igéreinemt velues, molles, deux on trois fois 
Ales: à FAT partagées en découpures étroites et aiguës, 
$es fleurs, blanches, petites, forment des vsubelles , larges 


240 "OMBELLIFÈRES. 


bien garnies , dont le centre est remarquable par une fleur 
rouge et stérile. A mesure que les fruits se développent, 
l’ombelle se resserre et devient concave en dessus, à peu près 
comme le nid d’un oiseau: les semences sont hérissées de 
beaucoup de poils roides , assez courts, grisätres. On trouve 
fréquemment cette plante dans les prés, sur le bord des 
champs et des chemins; on la cultive dans les jardins et dans 
les champs; elle fleurit en é é. 

La Carotte cultivée ne diffère de la sauvage qu’en ce que 
sa racine, jaune, blanche ou rougeätre, est plus épaisse, 

lus charnue et moins dure. On faisait autrefois plus d'usage 

qu'à présent de la décoction de la racine de Carotte, comine 
apéritive et désobstruante, dans la jaunisse et dans l’engor- 
gement des viscères abdominaux. Aujourd’hui la Carotte 
cultivée est bien plus employée comme alimentaire qu’au- 
trement ; elle est agréable à manger et très-saine. On en fait 
d'assez bonnes confitures. Ses graines sont carminatives et 
diurétiques ; elles faisaient autrefois parties des quatre se- 
mences chaudes mineures. Le sucre que Margraff a le pre- 
mier retiré des racines de Carottes, a fixé pendant quelque 
temps l’attention sur cette racine, lorsque les denrées colo- 
niales étaient devenues lrès-chères; mais de sucre indigène 
qu’on peut retirer de la Carotte ne s'y trouve pas en assez 
grande quantité pour que sa fabrication devienne utile et 
ayantageuse. 

Les feuilles de Carotte fournissent un bon fourrage pour 
les bestiaux ; ses racines sont encore plus de leur goût. 


155° Genre. — AmmMr AMMI. Lan. 


# Collerette universelle , composée de plusreurs folioles 
Enéaires , pinnatifides ; collerette partielle formée de folioles 
linéaires, simples. Calice entier. Pétales courbés en cœur, 
égaux dans les fleurs du centre de l’ombelle, inégaux dans 
celles du bord. Fruit arrondi, petit, lisse, strié. 


AMMI OFFICINAL, vulgairement Æ{mmi. 
Arnmi majus. Lin. Spec. 549. — ÆAmmi vulgare. 
Blackw. Herb. t. 447. — Ami. Pharm. 


Sa racine est pivotante, fibreuse, annuelle; elle donne 
naissance à une tige cylindrique , striée, glabre, droite, un 
peu rameuse , hante de 2 pieds ou un peu plus. Ses feuilles 
sont d'un vert gai, glabres et luisantes; les inférieures simz 


OMBELLIFERES. o4x 
plement ailées , à folioles lancévlées, dentées ;les supérieures 
deux fois ailes, à découpures plus étroites. Les fleurs sont 
blanches, petites, disposées en ombelles terminales, assez 
lâches ; les folioles de leur collerette universelle ne sont le 
plus souvent découpées qu'en trois divisions. Cette plaute 
croil dans les champs et les lieux cultivés du inidi de la 
France; on la trouve quelquefois aux environs de Paris. 
Elle fleurit en juillet. 

Les graines d’Ammi sont âcres et un peu, piquantes ; 6n 
les regarde comme stomachiques , carminatives , emména- 
gogues et diurétiques. On peut les faire prendre à la dose 
de 1 à 2 gros en infusion dans 1 pinte d’eau, ou en poudre 
à la dose de 1 demi-ggos à 1 gros. Simon Paulli les conseille 
pourdla leucorrhée Mauhiote et Freitagius les ont recom- 
mandées pour remédier à la stérilité des femmes. Aujour- 
d’'hui non-seulement on ne croit nullement à cette dernière 
propriété, mais, en général, les graines d’Ammi sont tom- 
bées en désuétude. Elles étaient jadis au nombre des quatre 
semences chaudesmineures. On les comptait encore dernière- 
ment parmi les soixante et quelques substances qui entraient 
dans la Thériaque. Elles faisaient aussi partie de quelques 
autres compositions pharmaceutiques oubliées de nos jours. 


AmmMi VISNAGE, vulgairement Cure-dent d'Espagne, 
Herbe aux Cure-dents, F'enouil annuel. 
Ammi Visnaga. Lam. Diction. 1. p. 


152. — Daucus 
V'isnaga. Lin. Spec. 546. s 


Sa tige est droite, cannelée, glabre, haute de 2 pieds, 
garnie de feuilles alternes, découpées très-menu en divi- 
sions étroites et linéaires. Ses fleurs sont blanches, disposées, 
au sommet de la tige et des rameaux ,en ombelles composées 
de rayons nombreux, munis à leur base d’une collerette 
générale , dont les folioles sont pinnatifides : lors de la ma- 
turation des fruits qui sont petits, arrondis, comprimés, 
lisses , marqués de nervures un peu saillantes , les rayons de 
J'ombelle se resserrent. Cette plante est annuelle, croît dans 
le midi de la France, et fleurit en juillet et août. 

Ses propriétés sont , à proprement parler, nulles en mé- 
decine , puisque son usage se réduit à l'emploi que l’on fait 
des rayons de ses ombelles, dans quelques pays, et particu- 
lièrement en Espagne, pour en fabriquer , lorsqu'ils sont 
devenus ligneux après la fructification, des Cure-dents qui 


Q - 


242 OMBELLIFÈRES. 
sont lisses, de couleur jaunätre, et qui ont un goût et une 
odeur agréables. 

” 136° Genre. — Cicurs. CICUTA. Tournef. 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles très- 
courtes ; collerette partielle de 3 folioles disposées d’un seul 
côté. € alice entier. Pétales mégaux , courbés en cœur. Fruit 

resque slobuleux, relevé sur chacune de ses graïnes par 5 
côtes crénelées. 


CIGUE COMMUNE, Den non Cigue , grande Ciguë. 

Cicu'a major , ous Ne inst. 506. _ Cote Pharm. 
— Conium maculatum. Lin. Spec.,549. — Jacq. Flor. 
Aust. t. 156. 

Sa racine est pivotante, bisannuelle, de la grosseur du 
doigt, par tagée en plusieurs fibres moins grosses ; elle donne 
naïssance à une tige cylindrique, lisse, fistuleuse, marquée, 
surtout dans sa partie inférieure, de petites EE d’un 
pourpre foncé, Cette tige est rameuse dans sa partie supé- 
rieure, et s'élève à la hauteur de 5 à 5 pieds. Ses feuilles 
sont trois fois ailées, composées de folioles d’un vert sombre, 
fortement dentées ou mème pinnatifides, et leur pétiole est 
parsemé de taches semblables à celles de la tige. Ses fleurs 
sont blanches, et elles forment au sommet de la tige et des 
rameaux des ombelles très-ouvertes et assez nombreuses. On 
trouve fréquemment cette plante le long des haies, sur le 
bord des champs, dans les terrams nie. et ue dans 
ceux qui sont un peu humides et ombragés ; elle fleurit en 
juin et juillet. 

La Ciguë exhale une odeur fétide et nauséeuse, surtout 
quand on la froisse entre les doigts. Elle est plus ou moins vé- 
néneuse pour la plupart des animaux, particulièrement lors- 
qu’elle est fraîche. Les bestiaux ne la br outent point, excepté 
les chèvreset lesmoutons, qui peuvent le faire impunément. 
Matthiole rapporte que des ânes en ayant mangé, ils tom- 
bérent dans un état léthar gique, tel qu’on les crut morts, 
et ils n’en sortirent que lors squ ’on voulut les écorcher. Chez 
les hommes, les accidens qui suivent l’empoisonnement par 
la Ciguë, sont en-général des vomissemens, la cardialgie, 
des de Plan ces: de la somnolence, et quelquefois du délire, 
La mort arrive ra ement, à DADiBE. qu on n’ait pris une trop 
grande quantité de la plante, ou qu’on n'ait pu avoir des 


‘ LA 


OMBELLIFÈRES. 243 


secoûrs assez promplement. Le traitement le plus conve- 
nabl: pour combattre les effets délétères de ce poison, con- 
siste à provoquer des vomissemens abondans au moyen de l’é- 
métique, ou en lessollicitant d’une manière mécanique avec la 
barbe d’une plume dont on chatouille le pharynx ; et lorsque 
l'estomac est débarrassé en totalilé ou en partie de la sub- 
stance vénéneuse, on fait prendre abondamment des acides 
végélaux, tels que le vinaigre, le suc'de citron, étendus 
dans des boissons aqueuses. Le vin est aussi un très-bon 
moyen, surtout lorsque les accidens n'ont pas une grande 
intensité ; ainsi j'ai connu deux personnes qui, après avoir 
mangé une omelette dans laquelle on avait mis de la Ciguë 
au lieu de Cerfeuil, éprouvèrent plusieurs symptômes signes 
d’un empoisonnement, entre autres des défaillances et une 
somnolence considérable, et qui furent guéries très-promp- 
tement, rien qu’en buvant successivement plusieurs verres 
de vin. Les anciens connaissaient cette propriété du vin pour 
remédier aux effets vénéneux de la Ciguë, et certaines gens 
en faisaient un singulier usage. Pline, en parlant de l’ivro- 
gnerie et des excès auxquels se livraient les buveurs, dit 
qu'il y en avait qui allaient jusqu’à prendre de la Ciguë, 
afin de se trouver ensuite forcés à boire du vin comme 
remède. 

Il y a soixante ans on faisait peu d’usage de la Ciguë in- 
térieurement , on ne l’employait qu’extérieurement, piléeou 
cuite, pour faire des cataplasmes calmans dans les douleurs 
rhumatismales et arthritiques. Mais les modernes ont consi- 
dérablement multiplié son usage, et malgré ses propriétés 
dangereuses, ils ont souvent donné cette plante à l'intérieur. 
Depuis surtout que Storck a publié ses observations sur cette 
plante dans les affections squirreuses et cancéreuses, une 
multitude de médecins en Europe se sont plu, à lenvi les 
uns des autres, à en essayer l’usage dans les mêmes mala- 
dies et dans beaucoup d’autres affections chroniques et re- 
belles qui font souvent le désespoir des médecins. C’est ainsi 
que l'extrait de Ciguë, la préparation de la plante qui est la 
plus généralement usitée, a été tour à tour préconisé dans 
les squirres et les cancers, dans les engorgemens des viscères 
abdominaux, les scrophules, les rhumatismes chroniques, 
la goutte, les névralgies, la coqueluche , les maladies cuta- 
nées, la syphilis ancienne, etc. Un assez grand nombre 
de praticiens ont révoqué en doute, au contraire, l’effi- 


Q 2 


244 OMBELLIFÈRES. 
cacilé de l’extrait de Cigué dans la plupart des cas où il a été 
recommandé , et il s’en faut en effet qu'il ait toutes les pro- 
priétés qu'on lui a attribuées. Encore quelques années peut- 
être, et la vogue de la Ciguë, déjà beaucoup diminuée au- 
jourd’hui, sera entièrement passée. Au reste, son extrait, 
que l’on prépare avec le suc exprimé des tiges et des feuilles 
fraîches, s’administre à l’intérieur en commençant par une 
petite dose, commé 1 à 2 grains en 24 heures, et en le conti- 
nuant tous les jours, on en augmente graduellement la 
quantité jusqu’à ce qu’on arrive à 1 gros ou 2. Les feuilles 
que l’on donne aussi en nature, après les avoir fait sécher 
et réduire en poudre, mais que lon emploie bien moins 
souvent, se prescrivent dans des proportions analogues. 
On prépare dans les pharmacies un emplâtre de Ciguë, 
et une huile qui se fait par l’infusion et la coction des feuilles. 
Le suc de la racine ou des feuilles entre dans quelques autres 
compositions peu connues et peu employées aujourd’hui. 


157° Genre. — ATHAMANTE. AÂTHAMANTA. Jan. 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles li- 
néaires ; la collerette partielle semblable. Calice entier. 
Pétales très-peu inégaux , courbés et échancrés au sommet. 
Fruit ovale-oblons , strié. : 


ATHAMANTE DE CRÈTE, vulgairement Daucus de Crete, 
Daucus de Candie. 
Athamanta Cretensis. Lin. Spec. 552. — Jacq. Flor. 
Aust. t. 62. — Daucus Creticus. Pharm. 


Sa racine est vivace, blanchâtre, peu rameuse. Sa tige 
est droite, striée, pubescente, haute d’un pied. Ses,feuilles 
sont peu nombreuses, légèrement velues, deux à trois fois 
pinnatifides, à folioles divisées en découpures étroites, 
linéaires el pointues; leur pétiole est muni à sa base d’une 
gaine membraneuse sur les bords, qui-embyasse la tige. Les 
fleurs sont blanches, disposées en ombelles de 10 à 15 rayons. 
Les graines sont oblongues et velues. Cette plante habite les 
montagnes des Alpes, des Vosges et des Cévennes; elle 
fleurit au printemps. 

La graine est la seule partie dont on fasse usage. Elle jouit 
à peu près des mêmes propriétés que celle des autres Ombelli- 
fères. On la donne à la dose d’un demi-gros en substance, 


os 
et de 1 à 2 gros en infusion dans 1 pinte de liquide. Elle 


OMBELLIFÈRES. 245 


n’est employée aujourd’hui que fort rarement, On la con- 
seillait autrefois dans la toux chronique; le hoquet, la colique 
venteuse et la gravelle. Cette graine entre dans la thériaque, 
dans le mithridate, et dans piusieurs autres préparations 
pharmaceutiques qu’il est inutile de rappeler ici, vu le peu 
d'usage qu’on en fait maintenant. 


s nd 
ATHANANTE MEUM, vulgairement Méum. 
Athamanta Meur. Lan. Spec. 355. — Meum Atha- 
mantioum. Jacq. FI, Aust, t, 505. — Meum. Pharm. 


Sa racine est vivace, oblongue, rameuse, brune en de- 
hors, blanche en dedans, d’une odeur aromatique extrè- 
mement prononcée, et d’une saveur agréable quoiqu'un peu 
âcre et amère; elle donne naissancé à une tige cannelée, 
haute de 6 à 12 pouces, munie de feuilles glabres, deux à 
trois fois ailées, composées de folioles à divisions étroites , 
courtes, capillaires; les gaïnes des pétioles sont renflées. Les 
fleurs sont blanches, en ombelles terminales dont la colle- 
rette manque quelquefois, on se compose de 1 à à folioles 
lancéolées ; la collerette partielle est constante et formée de 
plusieurs folioles longues et linéaires. Les graines sont allon- 
gées , odorantes, amères et un peu àäcres. Celte plante croît 
dans les prairies des Pyrénées, des Alpes, des Cévennes, 
des Vosges, des montagnes d'Auvergne; elle fleurit en juin 
et juillet, 

Le Méum n’était pas inconnu aux anciens Grecs, ils l’ap- 
pelaient Athamantique, ou parce qu’il avait été trouvé et 
employé par Athamas, fils d’Eole, et roi de Thèbes, ou 
parce qu’on regardait comme le meilleur celui qui croissait 
sur une montagne de ‘Thessalie appelée Athamante. La 
racine de cette plante est aromatique, ce qui tient à l'huile 
essentielle du’elle renferme, ainsi que les graines. On les 
employait autrefois l’une et l’autre comme expectorantes, 
carminatives , diurétiques. Les racmes entrent dans la thé- 
riaque et dans quelques autres compositions pharmaceu- 
tiques, maintenant tombées en dégmétude. 


130° Genre. — Prucénan. PEUCEDANUM. Lin. 
Colleretie universelle composée de folioles linéaires, ré- 
fléchies: Calice à 5 dents. Pétales oblongs, éganx, courbés. 
Fruit ovale, comprimé, strié, bordé d’une aile. 
Q 3 


246 OMBELLIFÈRES. 
PEUCÉDAN OFFICINAL, vulgairement Peucédane, Fe- 
nouil de porc, Queue de pourceau. 
Peucedanum officinale: Lin. Spec. 553. — Peuce- 
danum. Pharm. 


Sa racine est vivace, longue, grosse, chevelue, noire 
en dehors et blanchâtre en dedans; elle laisse écouler , quand 
on y fait des imcisions, une liqueur jaune, d’une odeur vi- 
reuse. Sa tige est haute de 2 à 5 pieds, cylindrique , rameuse, 
garnie de feuilles, dont les iuférieures sont grandes, munies 
d’un pétiole trois à quatre fois trichotome ; les dernières divi- 
sions portant chacune 5 folioles linéaires. La tige et les ra 
meaux se terminent par des ombelles lâches, ouvertes, dont 
lesfleurs sont jaunes, Les graines sontovales, oblonguesetsans 
rebord marqué. Ceite plante croît dans les prés, en Alsace, 
en Bourgogne, en Provence, en Languedoc, etc. Elle fleurit 
en été. Il en existe une variété qui a Les feuilles plus longues 
et plus étroites. : . 

La racine de Peucédan est la seule partie dont on fasse 
usage en médecine. Son suc, épaissi au feu ou au soleil, est 
utile, suivant'Fragus, pour faciliter l’expectoration, et pour 
calmer les difficultés d’uriner. On l’estimait aussi autrefois 
bon pour les maladies nerveuses, pour l’épilepsie, pour Ja pa- 
ralysie. On 4 encore vanté son usage dans les affections hypo- 
chondriaques. On donnait la racine elle-mème en poudre à 
la dose de 1 gros, incorporée avec 1 once de miel blanc. Le 
suc de Peucédan, rarement employé de nos jours, entrait 
jadis dans plusieurs préparations pharmaceutiques, relésuces 
depuis assez long temps dans les anciens formulaires. 

PEucéDAN SiLaUs, vulgairement Saxz/rage des An- 

glais où des prés. 

Peucedanum Silatis. Lin. Spec. 554.—Jacq. FL Aust. 
t, 15. — Seseli pratense. Pharm. 

Sa racine est cylindrique, peu rameuse, noirâtre en 
dehors, vivace ; elle donue naissance à une Lige longue de 
> à 3 pieds, strice, ramegse du haut, munie de feuilles trois 
fois ailées, à folicles linéaires-lancéolées, trifides vers le bas, 
et entières vers le sommet de la tige. Les fleurs sont d’un 
blanc jaunâtre, disposées en ombelles terminales et à 6 ou 10 
rayons, Les fruits sont oblongs et cannelés. On trouve cette 
plante dans les prés humides; elle fleurit en juin et juillet. 

Ou a souvent obleuu de bons eflets de sa racine comme 


2 


LM OMBELLIFÈRES. 247 
diurétique. On peut aussi employer toute IA plante en dé- 
coction, ou bien en exprimer le suc qu'on donne à la dose 
de 2 à 3 onces. C’est un moyen bien peu usilé de nos jours. 


159° Genre. — CRITHME. CRITHMUM. Lin. 


Collerette universelle, composée de plusieurs folioles ré- 
fléchies. Calice entier. Pélales ovales, presque égaux, cour- 
bés au sommet. Fruit ovale, comprimé, strié. 


CRITHME MARITIME, vulgairement Bacille, Criste-marine, 
Chryste-marine, Fenouil de mer, Fenoutl marin, 
Herbe de Saint Pierre, Passe-pierre., Perce-pierres 

Crithmum maritimum. Lan, Spec. 554. — jacq. Hort. 


: Naiad:5ct102. £ 


Sa racine est vivace; elle donne naissance à une lige cy- 
lindrique, dure, verte, très-glabre, ainsi que toute la plante, 
peu rameuse, haute de 12 à 15 pouces. Ses feuilles sont 
deux fois ailées, composées de folioles partagées en 3 divi- 
sions étroites , lancéolées-linéaires, un peu charnues, d’un 
vert assez foncé. Ses fleurs sont blanches, et forment une 
ombelle plane , de grandeur médiocre à l’extrémité de la 
tige ou des rameaux. Celte plante croît naturellement entre 
les fentes des rochers voisins des bords de la Méditerranée 
et de l'Océan ; on la cultive dans quelques jardins. Elle 
feurit en août et septembre. 

Les feuilles de la Criste-marine ont une saveur piquante 
et aromatiquesassez agréable ; elles passent pour apérilives, 
diurétiques et antiscorbutiques ; mais on n’en fait que peu 
ou même point du tout d'usage en médecine. On lés emploie 
plus communément comme assaisonnement, en les faisant 
confire dans une saumure composée de vinaigre et de sel ; 
ainsi préparées, on les garde pour l’hiver et pour les mettre 
dans les sauces , dans les salades. On en fait, sous ce rapport, 
une assez grande consommation dans les pays maritimes, 


140° Genre. — LASER. LASERPITIUM.  * 


Collerette universelle composée de plusieurs petites fo- 
lioles; collerette partielle semblable. Calice à 5 dents très- 
courtes. Pélales presque égaux, ouverts, échancrés. Fruit 
oblong ; relevé de 0 ailes membraneuses. 

Q 4 


248 OMBELLIFÈRES. 


LASER A FEUILLES LARGES, vulganwrement Faux-Tur- 
buh, Turbith bätard, Turbith des montagnes. 


Laserpitium latifolium. Vin. Spec. 356. — Jacq. F1. 


Aust. t. 146. — Gentiana alba. Pharm. 


Sa racine est cylindrique, rameuse, vivace, blanchâtre, 
odorante; elle donne naissance à une tige glabre, striée, un 
peu rameuse, haute de 2 pieds, munie de feuilles grandes, 
deux fois ailées, composées de folioles ovales, obliquement 
en cœur, dentées, d’un vert clair où glauque, glabres ou 
très -légèrement velues sur leur face inférieure. Les fleurs 
sont blanches, en ombelles larges et ouvertes. Cette plante 
fleurit en juin et juillet: elle croît sur les montagnes de l’Au- 
vergue, dans les Alpes, et dans une grande partie de la 
France. 

La racine de Laser à feuilles larges a une odeur forte; elle 
contient un suc laiteux, âcre, amer et un peu caustique. 
lle passe pour être fortement purgative. Of lui a aussi 
attribué la vertu de rappeler les règles supprimées et de pro- 
voquer la sécrétion des urines. De nos jours, elle est tout- 
a-fail tombée en désuélude parmi les médecins. Les paysans 
des montagnes Pemploient extérieurement pour se guérir 


de la gale, el intérieurement pour se purger. Elle agit, 


selon Peyrilhe, avec beaucoup de violence, el la dose ne 
doit guère être que de 5 à 10 grains. Dans certains pays, 
on s’en sert communément pour les maladies de bestiaux. 
LASER OFFICINAL. 
Laserpitium Siler. Lan. Spec. 557.—Jacg. Flor. Aust. 
t 149. — Wiler montanum. Pharm. 


Sa racîne est assez grosse, cylindrique, vivace, blanche 


à l’intérieur, grise à l’extérieur: elle donne naissance à une 
tige de 2 à 5 pieds, rameuse, cylindrique, striée. Les feuilles 
sont farges, deux à trois fois ailées, à folioles lancéolées, 
glabres, entières et d’un vert fäle. Les ombelles sons ter- 
sminales , étalées, composées de fleurs nombreuses et blan- 
ches. Cette plante habite les montagnes des provinces méri- 
diouales, et fleurit en été. 

La racine du Laser oflicinal est peu employée; on la re- 
commandait jadis comme vulnéraire. Les grammes sont aussi 
très-peu usitées de nos jours; on les regardait autrefois comme 
stomachiques, carminalives, diurétiques et emménagogues. 
On à tenté leur usage dans les scrophules et dans le scorbut, 


OMBELLIFÈRES. 249 
Le peu de succès qu’on en a obtenu les a bientôt fait aban- 
donner dans ces maladies. On les prescrivait, soit en infusion, 
à la dose d’un gros, soit en substance, à celle de 20 à 56 
grains. L'huile essentielle qu’on peut en retirer a été em- 
ployée dans les mêmes cas que les graines elles-mêmes, à la 
dose de 4 à 6 gouttes dans une potion convenable ; mais 
cette huile est également tombée en désuétude. 


141° Genre. — BERCE. HERACLEUM. Lan. 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles ca- 
duques. Collerette partielle formée de 5 à 7 folioles tour- 
nées d’un seul côté. Calice presque entier. Pétales échancrés, 
courbés à leur sommet, égaux dans les’ fleurs du centre de 
l'ombelle, inégaux et bifides dans ceux du bord, Fruit ellip- 
tique comprimé, échancré au sommet, membraneux en 
ses bords, marqué de 4 strigs sur chaque face. 

BErce BRANC-URSINE, vulgairement Berce, Fausse 

: Branc-ursine, Branc-ursine bätarde, Acanthe 
d'Allemagne. 

Heracleim Sphondylium. Lin. Spec. 558. — Sphon- 
dylium. Pharm.— Spondylium. Dod. Pempt. 507. 


Sa racine est simple, grosse, blanche, ridée, charnue , 
vivace, d’une saveur âcre et'un peu amère ; elle pousse une 
tige de 5 à 4 pieds, grosse, cannelée, velue, rameuse, mu- 
ie de feuilles grandes , ailées, à folioles lobées , deritées , 
pubescentes, surtout en dessous. Ses fleurs sont blanches, 
en ombelles terminales, composées de 10 à 12 rayons pu- 
bescens, Les graines sont aplaties, ovales, échancrées au 
sommet, marquées de 2 lignes noires à l'endroit où elles se 
touchent ; leur saveur est âcre et désagréable. Cette plante 
vient communément dans les prés; elle fleurit en été. 

L'écorce et la racine de Berce sont tellement âcres, qu'elles 
enflamment , ulcèrent même la peau sur laquelle on les 
applique. L'intérieur de la tige, au contraire, a une saveur 
douce, et il est,*pour les habitans du Kamtschatka , un 
aliment très-recherché. Ces peuples mangent la Berce fraiche 
après l'avoir écorcée; elle leur fournit en outre, par la des- 
siccalion, une farine sucrée. Les Russes retirent de cette 
farine, en la délayant dans l'eau et la faisant fermenter, 
une eau-de-vie qu'ils préfèrent à celle de grains. Au rapport 
de Sennert et de plusieurs autres écrivains, les Polonais 


p— 


290 CGMBELLIFE ERES. 


emploient beaucoup la Branc-ursine dans la préparation 
du barsez et pour le traitement de la plique; mais d’autres 

prétendent que c’est une erreur, eu égard au barsez, alnnent 
chéri des Polonais, et semblable pour eut au sauer-kbraut 
des Aliemands., Berniz et d’autres médecins désavouent 
également la Fausse Branc-urshie, comme faisant partie de 
leur remède contre la plique. Au reste , la Berce est peu 
connue sous le rapport médical, et Imusitée. 


140° Genre. — Livèce. LicusTiCcUuM. Lan. 


Collerette universelle membraneuse, composée de 7 fo- 
ee inégales ; collerette partielle for ne seulement de 3 
4 folioles. Calice à 5 dents très-courtes. Pétales entiers , 
do mb en dedans. Fruit ovale-ablong, relevé, sur le dos 
de chaque graine, par 5 côtes saillantes. 


LAVÈCHE COMMUNE, vulgawement ÆZche de montagne. 

Ligusticum Levisticum: D Spec. 559. RE PR PRES 
Elackw. Herb. t, 275. — Pharm. 

Sa racine est épaisse, vivace, charnue, noirâtre en 
dehors, blanche en dedans, d’une odeur forte et d’une sa- 
veur âcre el'aromalique. Sa tige est haute de 4 à 5 pieds, 
épaisse, cannelée, munie de feuilles très grandes, deux à lois 
fois ailées, d’une odeur forte, eomposées de folioles planes, 
lisses, luisantes, cunéiformes, entières dans leur moitié in- 
férieure , et dentées à leur sommet. Les fleurs sont jaunâ- 
ires , disposées en ombelles terminales, d’une grandeur mé- 
done Cette plante croît arr HA les prairies 
des montagnes, en Languedoc, en Provence, en Dauphiné ; 
elle dr en été. 

La Laivêche est carminatuve, stomachique et emména- 
gogue, Oirla recommande dans les cas où.les digestions sont 
de où l'estomac a besoin d’être fortifié, dans la con- 
valescence, elc. On a cru pendant quelque temps qu’elle 
élait un LL spécifique dans la jaunisse ; imais-on n'en 
fait plus aucun usage maintenant dans celle maladie. La 
racine et la graine peuvent s s'employ er assez indiflérem- 
ment etse donner la première , à la dose d’un demi-gros à 
1 gros: la seconde, à à celle de 24 à 56 grains en sa bete à 
on double la dose si l’on en-prescrit l'intusion. Une observa 
tion rapportée par Gabelchover tend à faire croire qu'un 
moyeneflicace derap peler les évacuations menstruelles arré- 


OMBELLIFÈRES. RE Te à 
tées, est de faire manger aux femmes des feuilles de Lyivèche. 
Cette plante entre dans plusieurs préparations pharmaceu- 
tiques, dont la plus usitée aujourd'hui est le sirop d’Armoise, 

On prétend que ses feuilles, mêlées avec d'autres four- 
rages, guérissent k toux des bestiaux. 


f 


143° Genre. — ANGÉLIQUE. ÆÂNGELICA. Lin. 


al 


Collerette universelle de 5 à 5 folioles. Collerette par- 
tielle formée de 8 folioles. Calice à 5 dents très-courtes. 
Pétales lancéolés, courbés. Fruit arrondi ou ovale, angu- 
leux, solide, chargé des styles persistans et réfléchis en 
dehors. 

ANGÉLIQUE OFFICINALE, vulgairement Angélique où 

Archangélique. . 

Angelica Archangelic@. Lin. Spec. 360.— Archange- 

lica. Flor. Dan. t. 2068— Ængelica. Pharm. 


Sa racine est allongée, grosse, vivace, brunä're extérieu- 
rement, blanche intérieurement, garnie de beaucoup de 
fibres; elle a une+saveur âcre, amère él une odeur aronia- 
tique très-agréable. Sa tige est cylindrique, épaisse; fistu- 
leuse, un peu rameuse, haute de 3 à 4 pieds, garnie-de 
grandes feuilles deux fois aïlées, à folioles ovales lancéolées, 
dentées et quelquefois lobées. Ses fleurs sont verdâtres, dis- 
posées en ombelles terminales, grandes et bien garnies. Les 
fruits sont cannelés et bordés d’une aile très mince. Cetle 
plante croît dans les montagnes du midi de la France; elle 
feurit en été, 

La racine, les tiges , les feuilles et les graines d’Angélique 
sout Loniques, slomachiques, cagminalives, sudorifiques ; 
on les dit aussi emménagogues, et on a, surtout autrefois, 
préconisé les racines comme alexipharmaques, el comme 
telles, on en faisait alors usage dans les fièvres malignes et 
contagieuses; on croyaitmême que c'étaitunechose utile pour 
se préserver de la contagion, que de mâcher ces racines à 
jeun, ou de les faire macérer dans le vinaigre pour se frotter 
ensuile avec ce liquide, ou même d'en répandre sur les 
habits une poudre qu’on en faisait lorsqu'elles étaient dessé- 
chées. L’Angelique n’est plus employée maintenant sous 
ce rapport; mais on en donne encore dans le scorbut, les 
_scrophules, les cachexies, l’hydropisie. La racine, qui est 
la partie la plus usilée comme médicament, se prescrit à la 


{ 


e \ 
252 


, OMBELLIFÈRES. 
dose deg demi-gros à 1 gros en poudre, et à celle de 2 gros 
à demi-once en infusion. Les différentes parties de l’Angé- 
lique, et surtout les racines, entrent dans beaucoup de com- 
positions oflicinales. On en fait une conserve, un extrait. 

On assure que la racine d’Angélique denne, par la fer- 
mentation et la disüllation, une eau-de-vie qui a la même 
odeur que la plante. Les Islandais et les Lapons la mangent 
diversement apprètée; ils l’'emploient aussi pour les mala- 
dhes de leurs bestiaux. Les confiseurs préparent les tiges de 
PAngélique pour en faire une confiture sèche qui est excel- 
lente; ils la font aussi entrer dans plusieurs sortes de dra- 
gées. Les distillateurs en préparent une très-bonne liqueur 
de table. 


144e Genre. — BErLx. Srvum. Län. 
< 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles; col- 
lerette partielle semblable. Calice entier. Pétales courbés en 
cœur. Fruit ovoide ou oblong , strié. 

BERLE CHERVI, vulgairement Chervi commun ou 

Gyrole. 


. 


Sium Sisarum. Lin. Spec. 561. — Sisärum. Dod. 
Pempt. 681. — Srser. Pharm, 


Sa racine est composée de 5 à 6 tubercules allongés, de 
la grosseur du doigt, ridés, tendres, couverts d’une pelli- 
cule mince et blanche , d’une saveur douce et agréable. Sa 
tige est grosse, droite, haute de 2 à 3 pieds, garnie de 
feuilles ailées, composées de 7 à 9 folioles lancéolées , dentées 
en scie. Ses fleurs sont blanches, en ombelles de 10 à 12 
rayons, dont la collerette est à 4 ou 5 folioles linéaires et 
inégales. Les fruits sout oblongs, d’une couleur ebseure. 
Cette plante, originaire de la Chine, est actuellement cul- 
tivée comme potagère dans presque toute l’Europe; elle 
fleurit en juin. 

Il n’y a point de racines plus douces qüe celles du Chervi. 
Pline nous apprend que l’empereur Tibère les aimait beau- 
coup, et qu'il en exigeait des Allemands une certaine quan- 
lité en forme de tribut annuel. Elles sont sucrées, et Mar- 
graff en a retiré un sucre lrès-blanc comparable à celui de 
‘a Canne. Boëérhaave assure que la racine de Chervi a obtenu 
beaucoup de succès dans l’hémoptysie, l’hématurie ; il la 
recommande également dans quelques"affections des voies 


O1 


OMBELLIFÈRES, 25 
urimuires , accompagnées de douleur et d’irrilation. Malgré 
un témoignage si respectable, les racines de Chervi n'en’ 
sont pas moins abandonnées comme médicament. On n’en 
fait usage que pour la table; on les mange cuites dans le lait, 
rites, ou assaisonnées de différentes manières. 

BERLE A'FEUILLES LARGES , vulgairement Ache d'eau. 
Sium latifolium. Tin. Spec. 561. — Jacq. FI, Aust. 
t. 66. — Berula sive Sium. Pharm. 


Sa racine est vivace, grosse, cylindrique, noueuse, ram- 
pante, blanche, creuse; elle pousse une tige de 2 à 3 pieds, 
rameuse , grosse, sillonnée, glabre, munie de feuilles ailées, 
composées de 9 à 11 folioles, grandes, ovales-lancéolées, 
dentées, surtout la terminale qui offre 5 divisions profondes, 
Ses fleurs sont blanches, en ombelles terminales, de 12 à 
15 rayons; leur involucelle est formée de 5 à 6 folioles lan- 
céolées et pointues. Ceite plante fleurit en été, et se trouve 
dans les mares, les fossés aquatiques et sur le bord des étangs. 

Les feuilles de cette Berle ont une saveur un peu âcre; 
elles passent, ainsi que toute la plante, pour apéritives et 
antiscorbutiques ; mais elles ne possèdent ces propriétés 
qu'à un degré très faible, et c’est pour cela qu’on en fait peu 
d'usage aujourd’hui. On les prescrivait plus souvent autre- 
lois, en décoction à la dose de 1 à 2 poignées par pinte 
d’eau, ou bien on en faisait prendre le suc à la dose de 2 à 
4 onces, seul ou dans du lait, du petit-lait, etc. Lorsque les 
médecins employaient cette plante, c'était principalement 
dans les obstructions, le scorbut, les pâles couleurs, l’hy- 
dropisie , la gravelle, les fièvres intermittentes, 

On prétend que, pendant les grandes chaleurs de l'été, 
elle est nuisible aux besliaux qui en mangent, et qu'elle 
cause chez les bdufs et les vaches une sorte de délire qui les 
porte à se battre à coups de cornes. Si cela est exact, il serait 
assez extraordinaire qu’on eût pu l’employer en médecine 
aux doses qui sont indiquées, et qu’il fût sans inconvénient 
de la manger en salade , comme on dit que cela peut se faire, 


145° Genre. — SisoN. SISON. Lin. 
Collerette universelle composée de 5 folioles inégales ; 


collerette partielle semblable. Calice entier. Pétales lancéa- 
lés, courbés. Fruit ovoïde, strié, 


JDE. \à OMBELLIFÈRES. 


SISON AMOME, vulgairement Sison ou Amome. 
Sison A un: A Spec. 362, — Sison. Pharm. 


Sa racine est ordinairement simple, blanche, annuelle, 
peu enfoncée en terre, d’une saveur douce et aromatique; 
* en nait une ou plusieurs üges, hautes de 1 pied et demi 

2 pieds, gréles, glabres , rameuses, dont les Fuilles radi- 
ie sont ailées, composées de 7 à 9 folioles ovales-lancéo- 
lées, dentées ; de feuilles supér ieures , Les folioles sont 
plus élroiles et incisées. Les fleurs sont he » disposées 
en petites ombelles terminales, à 4 ou 6 rayons seulement. 
Les graines sont menues, arrondies, striées. Cette plante 
se trouve dans les terrains humides et argileux ; elie fleurit 
en juillet et août. 

Les semences d’Amome sont très-abondantes en huile aro- 
matique : ellesétaientau nombre des quatre semenceschaudes 
mineuresdesanciens formulaires. ARE NL ue 
carminatives. On peut les donner en poudre , à la dose de 1 2 
36 grains,'et en mfusion à celle de 1 à 2 gros pour une pinte 
de liquide. On faisait entrer autrefois leur eau distillée à la 
dose de 4 à 6 onces, dans les potions carminatives, auxquelles 
on ajoutait ordinaireiuent quelques gouttes de leur huile 
essentielle pour en augmenter l’efficacité; mais aujourd’hui 
‘rien de tout cela n’est presque plus en usage. 


146° Genre. — BuBoN. BwBoN. Lin. 


Collerette universelle composée de 5 folioles ou plus; col- 
lerette partielle formée de plusieurs folioles. Calice à:5 dents 
trés-courtes. Pétales lancéolés, presque égaux, courbés à 
leur sommet. Fruit ovoïde, strié, velu. 


BuBon DE MACÉDOINE , vulgairement Persil de Macé- 
doine, Ache où Persil des rochers @ 
Bubon Macedonicum. Lin. Spec. 364.—Petroselinum 
Macedonicum. Blackw. Herb. t. 562. — ÆApium seu 
Petroselinum Macedonicum. Pharm. 


Sa racine est assez grosse , longue, bisannuelle, blanche, 
d’une saveur âcre; elle produit une lige herbacée, haute de 

2 pieds, droite , pubescente, très-rameuse, garnie ‘de feuilles 
ue à trois fon ailées, à pétioles cylindriques, pubescens , 
et à folioles ovale rhomiirdales, dentées ou incisées. Ses 
fleurs sont blanches, disposées en ombelles nombreuses, pe- 
tiles, et leurs Colette, sont chargées de duvet, Les graines 


OMBELLIFÈRES. 255 


sont oblongues , menues, velues; elles ont nne odeur aro- 
matique et une saveur un peu âcre. Cette plante croît 
dans le département du Var, et on la cultive dans plusieurs 
jardins : elle fleurit en juillet et août. 

Le Bubon de Macédoine passe pour être incisif, stoma- 
chique et vülnéraire. Sa racine et ses feuilles ne sont aujour- 
d’hui d'aucun usage. On les employait autrefois à l'extérieur 
sur les contusions des mamelles. Ses graines, que l’on pres- 
crivait aussi comme carminatives, diurétiques et emména- 
gogues, à la dose de 12 à 56 grains en substance, et à celle 
de 1 à 2 gros en infusion, ne sont plus du tout usitées main- 
tenant. L'huile essentielle qu’on en retirait est également 
tombée en désuétude. Les graines de Persil de Macédoine 
sont au nombre des drogues qui entrent dans la thériaque 
de l'ancien Codex. 


147° Genre. — CUMIN. CUMINUM. 


Collerette universelle composée de 2 à 4 folioles capil- 
laires, souvent trifides; collerette partielle semblable. Calice 
entier. Pétales presque égaux, échaucrés, courbés, Fruit 
ovale, oblong , strié. 

CUMIN OFFICINAL , vulgairement Curnin. 

Cuminum cyminum. Lin. Spec. 565. — Pharm. 


Cette plante est annuelle ; de sa racine, qui est menue, 
blanche, fibreuse, s'élève une tige rameuse, haute d’un pied, 


garnie de feuilles peu nombreusesÿ deux,ou trois fois pinna- 


tifides, à folioles dont les déconpures capillaires ressem- 
blent assez à celles du Fenouil, mais sont plus courtes et 
moins fines. Les fleurs sont petites, blanches on purpurmes, 
disposées en ombelles à 4 ou 5 rayons, portées, dans la 
partie supérieure des tiges, sur des pédoncules opposés aux 
feuilles. IL leur succède des fruits petits, ovales-oblongs, 
verdâtres, légèrement convexes et siriés ; leur saveur est 
âcre, aromatique et amère. Cette plante est indigène des 
contrées équatoriales ; elle est cultivée dans le midi de la 
France. 

Les graines de Cumin sont excilantes, carminatives et 
apéritives, Leur emploi convient spécialement aux per- 
sonnes qui ont l’estomac faible, et dont les digestions s’exé- 
cutent avec peine. On les recommande dans les coliques 
flatulentes, pour calmer les douleurs et pour chasser les 


256 OMBÉLLIFÈRES. £ 
vents. On les regardait encore autrefois comme diurétiques 
et emménagogues ; mais elles ne possèdent pas ces pro- 
priélés à un degré assez marqué pour qu’elles méritent : 
qu'on en fasse beaucoup d'usage sous ce rapport. Elles se 
donnent en poudre à à la dose d’un demi-gros, ou en infusion 
à celle de 1 à .2 gros par pinte d’eau, On les emploie à 
l'extérieur sous la forme de cataplasme, que l’on applique sur 
le ventre, dans la tympanite, pour faire cesser les tranchées, 

L'huile volatile possède au plus haut degré les mêmes 
propriétés que les graines. La dose à laquelle il convient de 
la donner est de 4 à 6 gouttes. Elle a été quelquefois ulile : 
dans les maladies nerveuses , telles que Fhystérie et lhy- 
pochondrie; mais, en général, celle préparation , de même 
que les graines elles- mêmes , sont peu usitées maintenant, 
Elles entraient jadis dans plusieurs composilions pharma- 
ceuliques qui sont également tombées en désuétude. 

Les Hollandais mettent, dit on, des graines de Cumin 
dans leurs fromages, et les Allemands en mélent dans la pâte 
en faisant le pain. Les pigeons en sont très-friands. 


148° Genre. — ŒNANTHE. ÂNANTHE. lan. 


Collerette universelle composée de plusieurs folioles ; col- 
lerette partielle semblable. Calice à 5 dents. Pétales des fébire 
du centre de l’ombellule, presque égaux , courbés en cœur; 
ceux de la civconférence plus grands et irréguliers. Fruit 
sessile, oblong , couronné par les dents du calice. 

ŒN ANTHE, SAFRANÉEWou ŒNANTHE A SUC JAUNE, vul- 

gairement, en Bre etagne, Pensacre. 


Œnanthe crocata. Lin. Spec. 365.—Jacq. Hort. Vind. 
00 ” 


Sa racine est vivace, composée de plusieurs tubercules 
oblongs sessiles, réunis en faisceau; elle donne naissance à 
une tige cylindrique , cannelée, fistuleuse, d’un vert rous- 
sâtre, rameuse, haute de 3 pieds ou environ, garnie de 
feuilles grandes 1 deux fois aïlées , à folioles sessiles, cunéi- 
formes , incisées à leur sommet, d’un vert foncé. Les fleurs 
sont blanchâtres , disposées en ombelles terminales, com- 
posées de 10 à 15 rayons el davantage; celles de la circon- 
férence avortent souvent. Cette planté croît dans les lieux 
marécageux , les fossés aquatiques et au bord des élangs ; 
elle fleurit en juillet. 


- 


OMBELLIFÈRES. 257 


Les tiges et les feuilles de cette ®nanthe sont pleines d’un 
suc lactescent qui devient jaunâtre ou de couleur safranée 
à l'air; ce suc, pris à l’intérieur , est un poison très-violent. 
Les racines sont aussi fortement vénéneuses, d'autant plus 
dangereuses qu’elles ont un goût douceàtre qui n’est pes 
désagréable; que ni leur odeur'nileur saveur ne peuvent 
prémunir contre leur venin, et qu'elles ont beaucoup de 
ressemblance avec celles de deux espèces du même genre, 
qui n’ont aucune propriété malfaisante. Les auteurs rap- 
portent un graud nombre d'empoisonnemens par ces ra- 
cines. Les accidens qui se manifestent après qu'on en a 
mangé, sont une chaleur brülante dans le gosier , des nau- 
sées , des vomissements , de la cardialgie, des vertiges, du 
délire , des convulsions violentes, et, dans un grand nombre” 
de cas, la mort, surtout lorsque les malades n’ont pas été 
secourus à temps, où qu'ils ont pris une trop. grande dose 
du poison. Les moyens pour remédier à ces terribles acci- 
dens sont d’abord de faire vomir abondamment, afin de 
procurer l'évacuation de la substance délétère ; ensuite on 
fait prendre des boissons acidulées; enfin on agit absolument 
de la mème manière que dans l’empoisonnement par la 
ciguë ; mais celui par l'Œnanthe safranée est beaucoup plus 
dangereux et bien plus souvent mortel. 

On trouve, dans les Mémoires de la Société royale de Lon- 
dres, une observation , d’après laquelle un malade fut guéri 
de la lèpre en prenant le suc de cette plante ; mais si celle-ci 
‘a pu une seule fois être utile, c’est bien peu de chose com- 
parativement aux terribles et funestes événemens qu'elle a 
le plus souvent causés; c’est donc comme poison éminem- 
ment délétère qu'elle doit être considérée, et non autrement. 

L’Œnanthe peucédane, Œnanthe peucedanifolia, Pol- 
lich. Palat. vol. 1. p. 289. t. 5, et l'Œnanthe pimpinelloïde, 
Œnanthe pimpinelloides , Läu. Spec. 566. Jacq. Flor. 
Aust. L 594, différent beaucoup de l’espèce précédente par 
leur tige au moins moitié plus courte, dont la plupart des 
feuilles ne sont qu’une fois ailées, à folioles linéaires. Les 
tubercules , qui forment les racines de ces deux ®nanthes, 
peuvent se manger impunément ; cependant, comme elles 
n'ont aucune propriété particulière, «et que des personnes 
peu exercées pourraient confondre ceux de l'Œnanthe sa- 
frané avec eux , il est plus prudent de ne jamais manger 
aucune des racines de ces plantes. 


R 


250 OMBELLIFÈRES,. 
149° Genre. — PHELLANDRE. PHELLANDRIUM. Lin. 


Collerette DOCREIES nulle; collerette partielle composée 
de 7 folioles. Calice à 5 dents. Pétales courbés en cœur, 
égaux dans les fleurs ä centre de Fombellule, et inégaux 
et plus grands dans ceux des bords. Fruit ox voïde , lisse , 


couronné par les dents du calice et par les styles. . : 


PHELLANDRE AQUATIQUE, vulgairement Ciguë aqua- 

tique, Millefeulle aquatique, Fenouil d’eau. 

Phellandrium aquaticum. Lin. Spec. 566. — Bull. 
Herb. t. 147. 

Sa racine est grosse, pivotante, creuse, bisannuelle, 
munie d’un grand ombre de fibres menues, très-longues, 
verticillées ; elle ne croit que dans l’eau et dans la vase, Sa 
üge est droite, cylindrique, de la grosseur du doigt, fistu- 
leuse, striée, rameuse , haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont 
grandes , trois fois ailées, glabres, d’un vert gai, à folioles 
profondément incisées en découpures étroites , ‘linéaires, 
el quelquefois mème capillaires dans les toniles CT 
qui sont souvent inondées. Les fleurs sont blanches, très- 
petites , disposées en ombelles à 10 ou 12 rayons. ! Cette 
plante croît dans les mares, les étangs et les fossés aquati- 
ques ; elle fleurit en juin et juillet. 

Le Phellandre n’est point aussi dangereux que l'Œnanthe 
safranée ; mais il doit être compté parmi les Ombellifères 
suspectes. Il y a qualre - vingis ans qu'Ernstingius , en: 
Allemagne , a commencé à préconiser cette plante contre 
les contusions, les plaies récentes, les ulcères anciens et sor- 
dides, les cancers, les fièvres intermittentes; et plus one 
lement des médecins du même pays l’ont vantée pour | 
cure de la phthisie pulmonaire et pour les hydropisies. Ce 
sont les graines qu’on emploie; elles sont äâcres et aroma- 
tiques. Mais les essais qui en ont été faits par des médecins 
français n’ont pas été suivis des succès annoncés par nos Voi- 
sins. Il paraît que, quant à la phthisie pulmonaire, ceux 

ui disent avoir guéri celle maladie avec les graines du 
Phellandre , n’ont réellement réussi que sur des malades 
allaqués de catarrhes atoniques , de toux chroniques ; et 
d’ailieurs on peut aussi bien attribuer les heureux résultats 
qu'ils ont obtenus à l'effet des autres médicamens béchiques, 
balsamiques, amères et toniques qu’ils ont presque toujours 


OMBELLIFÈRES. 259 
employés simaltanément, comme l'Hyÿsope, les fleurs 
d'Arnica, le Lichen d'Islande, le Quinquina, plutôt que 
de les rapporter tout entiers aux graines de Phellandre. 
Quant à ceux qui les ont employée$ dans l’hydrepisie, ils 
ne les ont pas non plus administrées seules, mais ils faisaient 
en mème temps prendre à leurs malades des préparations 
de Scille, que l’on sait être si souvent utiles dans cette espèce 
de maladie; de sorte que, dans cette association de, deux 
médicamens dont les effets de l’un sont déjà bien connus, 
il me paraîtrait plus naturel d'attribuer les succès obtenus 
à la Scille qu’au Phellandre. Quoi qu'il en soit, on con- 
s alle les graines de ce dernier en poudre, à la dose d’un 
demi-scrupule à 1.gros. Ernstingius ne craint pas d'élever 
cette dose jusqu’à 2 gros et même nne demi-once ; avant le 
paroxysme des fièvres intermittentes. Elles sont d’ailleurs 
sujettes, surtout à haute dose, à occasiouner des étourdis- 
semens, des vertiges, l’hémoptÿsie et d’autres accidens. 

Les bœufs broutent un peu les feuilles de Phellandre : 
mais, en général, tous les animaux le rebutent. Elles occa- 
sionnent aux chevaux quien mangent, une paraplégie mor- 
telle, que Linné attribuait à un charanson qui habite la tige 
de cette plante. 


10° Genre. — CICUTAIRE. CICUTARIA. Lam. 


Collerette universelle nulle ; collerette partielle composée 
de 5 à 5 folioles. Calice entier. Pétales ovales, courbés, 
presque égaux. Fruit globuleux , sillonné. 


CIÉUTAIRE AQUATIQUE, vulgairement Cigue aquatique. 
Cicutaria äquatica. Lam. Dict. Enc. 2. p. 2.— Cicuta 
pirosa. Lin. Spec. 566. — Bull. Herb. t. 151. 


Sa racine est allongée, napiforme ou presque cylindri- 
que, assez épaisse, vivace ; elle donne naissance à une tige 
cylindrique, fistulense, glabre, striée, haute de 2 à 5 pieds, 
rameuse, garnie de feuilles trois fois ailées, glabres, d’uu 
vert foncé, composées de folioles étroites, lancéolées , den- 
tes en scie ; les feuilles supérieures ue sont que deux fois 
ailées. Ses fleurs sont blanches, très-petites, disposées au 
sommet de Ja tige et des yameanx , en ombelles composées 
de 15 à 25 rayons. Cette plante croît dans les eaux sta- 
gnanies , les fossés aquatiques et les mares, en Alsace, en 
Bretagne, en Dauphiné; elle fleurit en juillet- 

KR 2 


260 OMBELLIFÈRES. 

Toutes les parties de la Cicutaire aquatique, et principa- 
Iement les racines et les tiges, contiennent un suc jaunûtre 
qui est un violent poison pour l’homme et pour la plupart 
des animaux. C’est suftout dans la racine et au printemps 
que ce suc est le plus actif et le plus délétère. Cette racine 
ayant été prise plusieurs fois pour celle de Panais ou 
d’autres plantes potagères, a été la cause d’empoisonnemens 
dont plusieurs ont été mortels. Dans ces empoisonnemens, 
les principaux accidens observés ont été les suivans : Éblouis- 
semens , Vertiges, céphalalgie, soif ardente , cardialgie, 
vomissemens, respiration difficile, serrement tétanique des 
mächoires, défaillances, sueurs froides des extrémités; quel- 
quefois délire furieux , convulsions, et la mort enfin quand. 
les accidens, portés à un haut degré, n’ont pu être arrêtés 
dans leur marche. Dans les individus qui ont succombé à 
cet empoisonnement, on a trouvé l'estomac et plusieurs 
portions du canal intestinal rouges, enflammés, quelquefois 
même gangrenés dans les endroits qui étaient en contact 
avec des morceaux de racines. 

Les moyens de remédier aux effets délétères de la Cicu- 
taire aquatique, sont, dès les premiers momens et ayant que 
linflammation ait pu faire beaucoup de progrès, de pro- 
voquer des vomissemens abondans par des moyens méca- 
niques , et même par des émétiques énergiques ; ensuite , 
lorsque les matières vénéneuses ont été rejetées , on donne 
des boissons adoucissantes, mucilagineuses , légèrement 
acidulées, et l’on termine le traitement par quelques opiacés 
unis aux toniques. 

Dans le nord de l’Europe, on emploie extérieurement 
la Cicutaire aquatique dans plusieurs maladies. En West- 
phalie, on fait, avec sesracines, des cataplasmes pour couvrir 
des abcès qui se forment dans une espèce de goutte vague. 
En Sibérie, on fait avec cette racine, réduite en bouillie, 
des applications et des frictions pour guérir des dartres vé- 
nériennes, et on se sert aussi de ce moyen contre les rhu- 
matismes et les névralgies sciatiques ; ailleurs c’est contre 
les douleurs arthritiques et le lumbago qu’on en fait usage. 
Jusqu’à présent on n’a point encore employé en médecine 
la racine de Cicutaire intérieurement. Bergius a donné le suc 
épaissi de la plante, réduit en pilules par le mélange des 
feuilles sèches et pulvérisées, à une femme attaquée d’un 
cancer au sen, en commençant par une petite dose et en 


OMBELLIFÈRES. s 261 


montant progressivement jusqu’à 1 drachme trois fois par 
jour; et cela n’a paru avoir n1 bons ni mauvais effets sur la 
“malade. Bergius rapporte encore qu’un homme , auquel il 
avait prescrit 4 livres d’une forte décoction de la plante 
sèche, pour en faire usage extérieurement , la but toute 
entière dans l’espace de deux heures, sans qu’il lui soit ar- 
rivé le moindre accident. 


151° Genre. — ÉTHUSE. ÆTHUSA. Lan. 


Collerette universelle nulle ; collerette pañtielle de 3 à 5 
foliolés linéaires , disposées d’un seul côté. Calice entier. Pé- 
tales inégaux, courbés en cœur. Fruit ovoide ou oblong , 
strié ou sillonné. d 


Érause Faux-PERsIL, vulgairement petite Ciguë , 
Ciguë des jardins. 
Æithusa Cynapium. Lin. Spee. 567. — Bull. Herb. 
t. 91. — Æthusa. Pharm. 


Sa racine est menue, pivotante, blanchätre, annuelle ; 
Île produit üne tige droite, cylindrique, glabre, haute de 
1 pied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles deux ou trois fois 
ailées , d’un vert foncé, ressemblant beaucoup à celles du 
Persil, composées de folioles incisées ou pinnatifides. Ses 
fleurs sont blanches, très-petites , en ombelles terminales, 
formées de 10 à 15 rayons. Ses fruits sont ovoïdes, arrondis, 
sillonnés. Cette plante se trouve communément dans les jar- 
dins et les lieux cultivés ; elle fleurit en juillet et août. 

Comme la petite Ciguë croît souvent dams les jardins, 
mêlée avec le Persil, et qu’elle lui ressemble beaucoup, cela 
la rend, comme plante vénéneuse , plus dangereuse que 
toutes les autres Ombellifères qui ont, ainsi qu’elle, des pro- 
priétés malfaisantes ; et l’on doit même croire que beaucoup 
d’empoisonnemens, qui ont été attribués à la grande Ciguë, 
avaient le plus souvent été causés par elle , soit parce qu’il 
est plus facile de la confondre avec le Persil, soit parce 
qu'elle se trouve plus ordinairement mêlée avec lui que la 
grande Ciguë. C’est lorsque l’Ethuse n’est pas en fleur que 
cette méprise peut avoir lieu, car autrement les câractères 
de sa fructification la font aisément reconnaître. On évi- 
tera de confondre ces plantes ensemble, lorsque leur tige, 
fort courte, n’a encore poussé que des feuilles, en faisant 
attention que dans l’Ethusecelles-ci sont d’un vert plus foncé, 


R 5 


. . 


262 OMBELLIFÈRES, 


et que, froissées entre les doigts, elles exhalent une odeur 
nauséeuse et désagréable, tandis qu’elle est aromatique dans 
le Persil; enfin sa tige est ordurairement violette ou rou- 
geätre à sa base. 

Les auteurs rapportent d’ailleurs les observations de plu- 
sieurs empoisonnemens manifestement causés par l'emploi 
inconsidéré de la petite Ciguë. Les accidens qui en sont la 
suite, sont analogues à ceux causés par la grande. Les 
moyens d'y remédier sont aussi les mêmes; c’esl pourquoi 
je ne répéterai pas ce qui a été déjà dit à l'article Ciguë 
majeure. Jusqu'à présent on ne trouve pas que les médecins 
aient employé la petite Ciguë. Certains herboristes la sub- 
stituent quelquefois à la grande. Cette substitution est cou- 
pable : des plantes aussi dangereuses ne doivent jamais être 
employées mdifféremment l’une pour l’autre, tant que lob- 
servation n'aura pas démontré que leurs propriétés sont 
parfaitement identiques | et que l’action de l’une n’est pas 
plus énergique que celle de l’autre. . 


152° Genre. — CORIANDRE. CORIANDRUM. Lan. 


Collerette générale nulle ou d’une seule foliole ; collerette 
partielle de 3 folioles linéaires, disposées d’un seul côté, 
Calice à 5 dents. Pétales courbés en cœur , égaux dans le 
centre de l’ombellule, inégaux sur les bords, les extérieurs 
beaucoup'plus grands. Fruits globüleux. 

CORIANDRE CULTIVÉE. 

Coriandrum sativum. Lin. Spec. 367.— Coriandrum. 
Blackw. Herbet. 176. : 

Sa racine menue, pivoiante , annuelle, donne naissance 
à une tige droite, souvent rameuse , haute de 1 pied et demi 
à 2 pieds, garnie, dans sa partie inférieure, de feuilles deux 
fois ailées, à folioles ovales ou arrondies, incisées plus ou 
moins profondément, el ayant ses feuilles supérieures dé- 
coupées en folioles étroites et linéaires. Ses fleurs sont blan- 
ches ou très-légèrement teintes de rouge, disposées, à l’ex- 
trémité de la tige et des rameaux , en ombelles composées 
de 5 à 8 rayons. Le fruit est formé de 2 graimes presque 
globuleuses, appliquées l’une contre l’autre. Cette plante est: 
originaire de PItalie ; on la cultive en France dans plusieurs 
cantons, et elle est naturalisée dans plusieurs autres, où elle 
croît comme spontanément dans les champs cultivés et 
parmi les blés; elle fleurit en juin et juillet. 


4 


OMBELLIFÈRES. » 265 


La Coriandre exhale, quand elle est fraîche , une odeur 
forte, fétide et un peu vireuse, qui approche beaucoup de 
celle de la punaise des lits, surtout lorsqu'on froisse entre 
les doigts quelques-unes de ses parties, comme les feuilles, 
les tiges, ete. Dans les temps pluvieux et orageux, les éma- 
nations de cette plante en végétation sont en-ore plus fortes; 
elles ont plusieurs fois causé des maux de tête et des nau- 
sées à des personnes qui avaient passé dans des champs où 
elle était cultivée. Cette odeur fétidetet repoussante se perd 
par la dessiccatiou ; elle se change mème, dans les grames, 
en une odeur aromatique assez agréable. Celles-ci, dans 
cet état, sont carminalives, stomachiques et anti-hysté- 
riques. On en fait usage, soit en nature et en poudre, à la 
dose de 24 grains à 1 gros, soit en infusion théiforme, à 
la dose de 1 à 2 gros pour une pinte d’eau; mais, en gé- 
néral, elles sont assez peu usitées. Elles entrent dans l’eau 
de Mélisse composée , et dans d’autres préparations phar- 
maceutiques dont nous ne parlerons pas, parce qu'elles sont 
aujourd’hui entièrement tombées en désuétude. 

* Dans plusieurs éntrées, on emploie les graines de Co- 
riandre dans la cuisine comme un aromate agréable; en 
Hollande surtout, on les aime beaucoup, et on en met dans 
presque toutes les sauces. Quelques peuples du nord en 

- mêlent une certaine quantité dans la pâte avant de faire le 
pain ; et dans le midi, on en tient dans la bouche et on les 
mäche pour rendre l’haleine plus agréable. Les confiseurs 
recouvrent ces graines de sucre pour .en fairé de petites 
dragées. 


155° Genre. — CERFEUIL. CHÆROPHYLLUM. Lamarck. 


Collerette universelle nulle; collerette partielle composée 
d'environ 5 folioles élargies, membraneuses. Calice entier. 
Pétales inégaux, échancrés. Fruit allongé ou cylindrique, 
lisse ou strié. 

CERFEUIL CULTIVÉ, vulgairement le Cerfeuil. 

Chærophyllum sativum. Lam. Dict. Enc. 1. p. 684. — 
Scandix Cercefolium. Lin. Spec, 568. — Jacq. FI. Aust. 
t. 590. — Cerefolium sive Chærophyllum. Pharm. 


Sa racine est assez menue, pivotante , annuelle, blanche; 
elle donne naissance à une tige droite, ordinairement gla- 


KR 4 


» 


26€; OMBELLIFÈRES. 

bre, striée, rameuse, hauie de 1 pied et demi à 2 pieds, 
garnie defeuilles deux à trois fois ailées, molles, le plus sou- 
veut glabres, composées de folioles un peu élargies, incisées 
ou piunalfides, ayant leurs découpures obtuses. Ses fleurs 
sont blanches, peliles, disposées, dans la partie supérieure 
de la tige et des rameaux , en ombelles presque sessiles et 
latérales, composées de 4 à 5 rayons. Ses fruits sont oblongs, 
menus, lisses, noirätres dans leur maturité, Cette plante 
croît naturellement dans les champs des contrées méridio- 
nales de Europe; on la cultive en France dans tous les 
jardins, où elle fleurit en juillet et août. 

Le Cerfeuil a une odeur et une saveur légèrement aro- 
matiques. On l’emploie en médecine comme apéritif, inci- 
sif, dépuratif, résolutif, diurétique. On en fait primcipa- 
lement usage dans les obsiruchions des viscères abdomi- 
naux, les hydropisies, les rétentions d’urine, la gravelle, 
les maladies de la peau. L'application du Cerfeuil, cuit dans 
du lait ou pilé, soulage et apaise quelquefois les douleurs des 
hémorroïdes. On lui a aussi attribué la propriété de faciliter 
la résorption du sang épanché dans le# échymoses, et son 
application extérieure dans les cas de chutes et de contu- 
sions , est un remède populaire. La meilleure manière de 
Vadministrer intérieurement est d’en faire prendre le suc à 
la dose de 2 à 4 onces. On l’emploie aussi dans les bouillons 
de viande que l’on donne aux malades et dans les apozèmes. 

* On fait un usage fréquent du Cerfeuil dans la cuisine. Il 
sert comme assaisonnement dans les salades: il est mis dans 
les sauces et les bouillons pour leur donner un goût agréa- 
ble, Comme son parfum est irès-volatil , il ne faut pas le 
faire bouillir long-temps. En Allemagne, on fait entrer ses 
graines dans le pain. 

CERFEUIL ODORANT , vulgairement Cer/feuil anisé on 
musqué, Cerfeuil d’Espagne , Fougère musqueée , 
Cicutaire odorante. 

Chæœrophyllum odoratum. Lam. Dict. Enc. 1. p. 665. 

S:andix odorata. Tan. Spec. 568. — Jacq. Flor. Aust. 
App. L 37. 


Sa racine est longue, grosse, blanche, molle, comme 
fongueuse , vivace, d'une saveur un peu âcre , aromatique, 
agréable , semblable à celle de la graine d’Anis; elle produit 
une Lige droite , épaisse, fistuleuse , cannelée, un peu velue, 


OMBÉLLIFÉERES: 265 


haute de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles grandes , trois fois 
ailées, légèrement velues, composées de folioles ovales- 
aiguës , incisées et dentées. Ses fleurs sont blanches, dispo- 
sées en ombelles médiocres et terminales. Ses fruits sont 
Jongs de 4 à 6 lignes, remarquables par leurs profondes can- 
nelures. Cette plante croît dans les prés des montagnes en 
Languedoc, en Provence, en Dauphiné, en Alsace; on la 
cultive dans les jardins, où elle fleurit en mai et juin. 

Les tiges et les feuilles de Cerfeuil musqué ont une odeur 
agréable, qui, comme les racines , approche de celle de 
VAnis. Elles ont à peu près les mèmes propriétés que le Cer- 
feuil ordinaire, mais elles ne sont que peu ou point em- 
ployées en médecine. On s’en est servi autrefois dans l'épi- 
lepsie , les fièvres malignes, la jaunisse , la suppression des 
menstrues, l'asthme. Quelques personnes lés préfèrent pour 
l'assaisonnement des salades. 


CERFEUIL SAUVAGE, vulgairement Persil d'âne. 
Chærophyllum sylvestre. Lin. Spec. 569. — Jacq. FI. 
Aust. t. 1409. 


Sa racime est vivace ; elle produit une tige droite, fistu- 
leuse, striée, velue dans sa partie iuférieure , renflée à cha- 
cun de ses nœuds, haute de 2 à 3 pieds. Ses feuilles sont 
grandes , 2 à 5 fois ailées , glabres ou légèrement velues, à 
tolioles allongées, incisées profondément. Ses fleurs sont 
blanches, disposées en ombelles composées de 8 à 12 rayons. 
Ses fruits sont luisans, d’un brun noirâtre lors de leur ma- 
turité. Cette plante est commune dans les lieux ombragés 
et dans les haies : elle fleurit en avril et mai. 

Le Cerfeuil sauvage a une odeur forte , presque fétide , 
et une saveur âcre et un peu amère. Il ne paraît pas jusqu’à 
présent avoir été employé en médecine. On dit que sa 
racine, cueillie en hiver, a produit du délire, de l’assoupis- 
sement, de l’engourdissement , de l’étranglement, mais que 

_ces accidéns n’ont pas été suivis de la mort. Comme cette 
plante pousse de bonne heure, quelques agronomes ont 
proposé de la cultiver comme fourrage. Les ânes surtout 
l'aiment beaucoup; ce qui lui a valu le nom vulgaire qu’elle 
porte. Dans quelques pays du nord, on se sert de ses tiges 
pour teindre les laines en vert , et de ses fleurs pour donner 
à ces mêmes laines une couleur jaune. 

Le Cerfeuil bulbeux, CAaærophyllum bulbosum, Lin. , 


65 OMBELLIFÈRES. 


et lé Cerfeuil enivrant, Chærophyllum temulum , Lin., 
doivent, comme le précédent , être nus au rang des plantes 
dangereuses et suspectes ; ils passent pour causer des ver- 
tiges, des douleurs de tête et l'ivresse. M. de Lamarck a 
réuni les Scandix et les Chærophyllum de Linné en un 
seul genre, re trouvant pas leurs caractères botaniques assez 
prononcés pour en faire deux genres distincts ; mais il est 
digne de remarque que les espèces qui sont des Scandix 
de Linné ,.sont aromatiques et salubres ; tandis que plu- 
sieurs de celles dont cet auteur avait fait des Caærophyllum 
sont vénéneuses, où au moins suspectes. 


154° Genre. — IMPÉRATOIRE. {MPERATORIA. Lin. 


Collerette générale nulle; collerette partielle formée de 1 

2 folioles menues. Calice entier. Pétales presque égaux, 

échancrés en cœur, courbés. Fruit arrondi, comprimé , 
bossu dans son milieu, garni d’un bord membraneux. 

IMPÉRATOIRE OSTRUTHIER, vulgairement {utrucke , 

Benjoin francais, Impératoire. 
Tmperatoria Ostruthium. Lin. Spec. 571. — Impera- 
toria major. Garid. Aix. t. 55. — Jmperatoria. Pharm. 


Sa racine est assez grosse, vivace, un peu noueuse, char-- 
nue, rameuse, brune en dehors et Dbehe en dedans, d'une 
Er forte et aromatique , d’une saveur amère et un peu 
acre. Elle donne naissance à une tige cylindrique , haute 
de1à2 2 pieds , munie de feuilles pétiolées , ordmairement 
divisées en 5 folioles larges, trilobées et dentées. Les fleurs 
sont blanches » disposées en une ombelle grande, terminale, 
composée de 20 à 50 rayons. Cette plante croit dans les 
prés secs et sur les montagnes; elle fleurit en juillet et août. 

La racine est la seule partie usitée comme médicament, 
Elle est douée d’une propriété tonique très-marquée , et 
s'emploie dans les cas où il convient de relever les forces. 
Elle est très-propre à exciter l'appétit et à favoriser la di- 
gestion. On la regarde comme fort ulile aux jeunes filles 
Atlectées de chlorose , chez lesquelles elle produit une exXCi- 
tation générale Sort avantageuse. Elle est recommandée 
aussi dans les coliques occasionnées par les flatuosités; et 
on assure en avoir obtenu de bons effets dans la fièyre quarte. 
On la prescrit en poudre depuis 12 grains jusqu'à 1 demi- 

gros , soit délayée dans un peu de ou d’eau sucrée, sait 


OMBELLIFÈRES. 267 
sous la forme de pilules, de bols ou d’opiat. L’infusion aqueuse 
est aussi employée , et se prépare avec 1 à 2 gros de la ra- 
cine par pinte de liquide. On fait encore entrer sa décoction 
dans la préparation de gargarismes anliscorbuliques. Enfin 
quelques personnes.mettent dans leur bouche un petit mor- 
ceau de racine d'Impératoire pour provoquer la sécrétion 
de la salive. Cette racine fait partie de plusieurs préparations 
pharmaceutiques , qui sont aujourd’hui fort peu ou même 
point du tout usitées par les médecins modernes, telles sont 
l'eau impériale, l’eau générale, l'orviélan, elc. 


156° Genre"— SÉSELI. SESELI. Lan. 


Collerette générale et partielle formées d’une à 2 folioles. 
Calice entier. Pétales égaux , courbés en cœur. Fruit petit, 
ovoïde, strié. Ombellules courtes et globuleuses. | 


SÉSELI TORTUEUX, vulgairement Séseli de Marseille. 
Seseli tortuosum Lin. Spec. 3795. — Reguault, Bot. 
1. 515. — Seseli Massiliense. Pharm. 


Sa racine est vivace; elle produit une tige haute de 8 
à 15 pouces, dure , presque ligneuse inférieurement , tor- 
tueuse , divisée en beaucoup de rameaux étalés. Ses feuilles 
iuférieures sont grandes, deux fois ailées, d’un vert glauque 
ainsi que toute la plante, à folioles divisées en découpüres 
linéaires; les supérieures ne sont formées que de leur pétiole 
élargie en gaîne demi-embrassante et terminée par 5 à 
5 tolioles linéaires. Ses fleurs sont blanches, petites, dispo- 
sées en ombelles terminales et axillaires , formées de 4 à 5 
rayons. Cette plante fleurit en août et septembre ; elle croît 
dans les fentes des rochers et dans les lieux pierreux du Lan- 
guedoc et de la Provence, etc. 

Le Séseli tortueux était anciennement employé comme 
carminalif et anthelmentique. Les graines étaient plus en 
usage que les autres parties de la plante. On les donnait en 
infusion à cause de l'huile volatile qu’elles contiennent. De 
nos jours on leur a substitué d’autres substances. Les femmes 
de la campagne, en Provence, font infuser les graines de 
ce Séseli dans du vin, et elles prennent ensuite celui-ci pour 
rétablir l'écoulement menstruel. Les graines de Séseli sont 
indiquées comme devant entrer dans la composition de l’eau 
générale, de la thériaque, du mithridate et de la poudre 
de Chalybe de l'ancien Codex de Paris. 


268 OMBELLIFÈRES. 
156, Genre. — THaApsie. T'HA4PSIA4. Lin. 


Collerettes nulles. Calice entier. Pétales lancéolés, cour- 
bés en dedans. Fruit oblong, comprimé, échancré aux deux 
extrémités, et muni sur ses deux côtés de 2 ailes membra- 
neuses. 


THAPSIE VELUE, vulgairement Malherbe, Faux- 
T'urbith. 


T'hapsia villosa. Lin. Spec. 375.—Regnault, Bot. t. 383. 


Sa racine est épaisse, cylindriques un peu goueuse, pi- 
votante, vivace, jaunâtre extérieurement, divisée inférieu- 
rement en quelques fibres ; elle donne naissance à une tige 
cylindrique, droite, glabre, assez épaisse, haute de 1 pied 
et demi à 2 pieds, peu rameuse, garnie, dans sa partie in- 
iérieure , de feuilles grandes, plus ou moins velues, deux 
ou trois fois ailées, composées de folioles oblongues, pinna- 
tiüdes. La partie supérieure des tiges est dépourvue de véri- 
tables feuilles ; il ne reste à chaque nœud, et à la place de 
celles-ci, qu’une gaîne large et embrassante , formée par 
la base du pétiole des feuilles avortées. Les fleurs sont jau- 
nätres, disposées en ombelles amples, terminales, compo- 
sées de 8 à 12 rayons. Cette plante croît dans les lieux secs 
de Ta Provence et du Languedoc; elle fleurit en juin et 
juillet, 

Ayanttrouvé dans les auteurs anciens, la racine de cette 
plante indiquée comme étant fortement purgative, j'ai fait 
quelques expériences pour m’assurer jusqu’à quel point elle 
jouissait de celte propriété. Après l'avoir donnée d’abord à 
de faibles doses, j'ai fini par l’employer à 60 grains en 
poudre , sans en obtenir aucune évacuation alvine, d’où je 
crois pouvoir conclure que si elle est purgative, ce ne peut 
être qu’à une beaucoup plus forte dose (1). M. Poiret dit 
qu’elle est âcre et corrosive lorsqu'elle est fraîche, et que, 
pendant qu’il était en Barbarie, il vit un Arabe qui s’en 
était frotté le visage pour faire passer quelques dartres qu’il 
avait en cette partie, parce que, dans le pays, cette racine 
passe pour être propre à guérir cette sorte de maladie de la 


(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouvrage , mon Mémoire sur 
les Succédanées du Jalap, $. VI. n° 1. 


OMBELLIFÈRES. 269 


peau ; quelques heures après sa joue était devenue enflée et 
très-enflammée. 


” 157° Genre. — PANAISs. PASTINACA. Lan. 


Collerettes nulles. Calice entier. Pétales entierss presque 
égaux , courbés en dedans. Fruit comprimé presque plan , 
elliptique , un peu membraneux sur ses bords, 


PANAIS CULTIVÉ, vulgairement Pastenade ou Pi. 

naille blanche, grand Chervi. 

Pastinaca sativa. Lin. Spec. 5376.—Pastinaca. Blackw. 
Herb. t. 379. Pharm. 

Sa racine est bisannuelle, grosse comme le pouce ou da- 
vantage, charnue, pivotante, blanchâtre, jaunätre ou rou- 
geâtre, d’une odeur et d’une saveur qui ne sont point désa- 
gréables ; elle donne naissance à une tige droite, ferme , 
uelée, fistuleuse , haute de 3 à 4 pieds, rameuse, munie 
dé feuilles pübescentes , ailées, composées de folioles ovales, 
assez grandes , dentées , un peu lobées et incisées. Les fleurs 
sont petites, régulières, de couleur jaune, et disposées en 
ombelles de 20 à 50 rayons. Cette plante fleurit en juin et 
juillet; elle croît naturellement sur le bord des champs 
dans les prés et les haies. On la cultive dans presque toute 
la France; par la culture, les feuilles deviennent glabres ; 
et la racine plus grosse et plus tendre. 

Le Panais est un aliment sain , très-nourrissant , facile à 
digérer, et convenant parfaitement aux personnes conva- 
lescentes et à celles qui ont l'estomac faible, On doit prendre 
garde de les confondre avec les racines de Ciguë, qui leur 
ressemblent un peu par leur forme ét par leur saveur. Jean 
Bauhin rapporte qu il a vu deux familles qui failirent périr 
empoisonnées pour avoir commis cette méprise. Cependant 
ces sortes d’accidens ne peuvent avoir lieu que l'hiver, où 
les raciues sont dépourvues de leurs tiges et de leurs feuilles 
qui les feraient aisément reconnaître. On a prétendu que les 
Panais trop vieux occasionnaient le délire et la folie; mais 
dans les cas où de tels accidens sont arrivés, a-t-il été bien 
démontré qu’on n'avait pas pris d’autres racines au lieu de 

celles du Panais ? Quoi qu'il en soit, celles-ci ne sont plus 
d'aucun usage comme médicament. Leur décoction était 
employée dans les fièvres intermittentes, contre lesquelles 
elles n’ont que très-peu ou point du tout d'efficacité, 


{ 
270 OMBELLIFÈRES: 


Les graines onl passé pour diurétiques , vulnéraires et 
fébrifages. Il y a environ quatre-vingis ans que Garnier, 
médecin de Lyon, fit beaucoup d'expériences pour con- 
slater cette dernière propriété , et il assure en avoir obienw 
des succés très-prononcés. Leur dose est de 1 demi-gros ou 
1 gros en substance, et de 2 à 5 gros en infusion pour une 
pinte d'eau; mais elles sont, de même que les racines, tom- 
bées, en médecine, dans l'oubli le plus profond. On n'en 
fait absolument usage que pour la cuisme. 


158° Genre. — MACERON. SHMYRNIUM. Lin. 
L 


Collerettes nulles. Calice entier. Pétales aigus, presque 
égaux, relevés en carène , un peu fléchis à leur sommet. 
Fruit presque ovale, marqué de 5 nervures saillantes sur la 
face externe de chacune de ses graines. 


MACERON COMMUN, vulgairement gros Persil de Ma- 
cédoine. 
Smyrrium Olusatrum. Lin. Spec. 736. — Sinyrnium 
sive Olusatrum. Pharm. 


Sa racine est grosse, blanche , bisannuelle, et contient 
un suc d’une saveur âcre el amére. Sa tige est un péu rou- 
geâtre , cylindrique , rameuse, haute dé 2 à 5 pieds, garnie 
de feuilles dont les inférieures sont trois fois ternées, com- 
posées de folioles ovales-arrondies , dentées, lobées, glabres 
et luisantes ; et les supérieures simplement ternées , à fo- 
lioles lancéolées ; les unes et les autres ont à peu près Je goût 
du Persil. Les fleurs sont d’un blanc jaunätre , disposées en 
ombelles médiocrement garnies. Les graines sont grosses , 
presque rondes , cannelées, noires, en | forme de croissant , 
et d’une saveur amère. Cette pla inte se trouve dans les lieux 
humides et couverts de la Guyenne, de la Provence : on la 
cultive dans quelques cantons ; elle fleurit en mai et juin. 

La médecine fait usage du gros Persil de Macédoine 
comme d’un léger antiscorbutique, et elle le substitue quel- 
quefois à la racine d’Ache. On le recommande à la dose de 
1 à 2 onces par pinte de liquide, soit dans des bouillons, soit 
simplement en décoction dans l’eau. Les graines sont ré- 
gardées comme cordiales et carminalives; elles conviennent 
dans les mêmes cas que celles du Persil de: Macédoine. Leur 
dose est d'un demi-gros en substance, et de 1 à 2 gros en 


} OMBELLIFÈRES. 291 
infusion dans une pinte d’eau. Aujourd’hui l’on n’emploie 
le Maceron que très-rarement. 

Toutes ses parties ont une odeur forte et aromatique. 
Quelques personnes mangent encore ses racines, après les 
avoir laissées à la cave pendant quelque temps pour leur 
faire perdre leur amertume et les rendre plus tendres. Le 
Maceron était autrefois une plante potagère dont on faisait 
plus d'usage qu'aujourd'hui. On mangeait en salade les 
jeunes pousses, après les avoir fait blanchir par une culture 
particulière , comme on fait aujourd’hui de celles du Céleri 
qu'on leur a généralement substituées. 


159° Genre. — ANETH. ANETIUM. Lin. 


Collerettes nulles. Calice entier. Pétales entiers, roulés 
en dedans. Fruit un peu ovale, comprimé, marqué de 5 
côtes sur la face externe de chaque graine. 


ANETH F'ENOUIL, vulgairement fenouil, Fenouil doux, 
Aneth doux. 
Anethum fœniculum. Van. Spec. 575. — Fœniculum 
vulgare et Fæniculum dulce. Pharm. ‘4 


Sa racine est de la grosseur du doigt, longue , blanche, 
vivace, d’une saveur aromatique assez douce ; elle donne 
naissance à une ou plusieurs tiges droites, hautes de #4 à 
5 pieds, lisses, rameuses. Les feuilles sont grandes, deux ou 
trois fois ailées , à folioles capillairés. Les fleurs sont odo- 
rantes, jaunes, disposées en ombelles terminales, grandes, 
étalées et médiocrement garnies. Îl leur succède des fruits 
petits, noirâtres et d’une saveur âcre un peu forte. Cette 
plante croît naturellement dans les lieux pierreux, et sur- 
tout dans les départemens du midi; elle fleurit en juillet et 
août. En Italie, on la cultive pour en recueillir les graines ; 
mais alors elle acquiert un moindre développement , et ses 
graines sont blanchâtres et plus petites. 

Toutes les parties da Fenouil sont douées de propriétés 
médicinales très-marquées. Les graines, que l’on comptait 
autrefois au nombre des quatre semences chaudes majeures, 
sont apéritives, diurétiques, sudorifiques , stomachiques , 
pectorales et fébrifuges. On les a précouisées anciennement 
contre la petite-vérole et la rougeole; mais des expériences 
nombreuses n’ont pas été couronnées des succès annoncés 
par ceux qui les avaient vantées. Néanmoins elles sont très- 


Le 


272 OMBELLIFÈRES, 


convenables quand ces maladies se compliquent de putridité 

et de malignité. Leur action sur l'économie est prompte, 
et en conséquence on peut en retirer de grands avantages 

dans les fiévres de mauvais caractère, accompagnées de la 

prostration des forces. Elles sont utiles, en général, tontes les 

fois qu'il convient de donner du 1on à l'estomac affaibli, et 

de rendre l’énergie aux solides dont l’aclion est devenue 

Janguissante. On les emploie de différentes manières ; quel- 

quefois on les fait confire dans lesucre cuit à la plume; d’autres 

fois on les donneen poudre, dans du vin, à ladose d’un demi- 

gros, ou bien on les fait infuser dans l’eau , et, dans ce cas, 

on double la dose pour une pinte de liquide. On les em- 

ploie aussi à l'extérieur de même que les feuilles qu’on mêle 
dans les cataplasmes que l’on veut rendre résolutifs. 

La racine tient le premier rang parmi les cinq grandes 
racines apéritives. On a vanté son emploi dans les coliques 
néphrétiques et dans les fièvres intermittentes. Elle se donne 
en infusion à la dose d’une demi-once par pinte d’eau. 

L'huile essentielle que l’on retire des semences a les mêmes 
propriétés que les graines elles-mêmes; on la fait prendre à 
ja dose de 5 à 6 gouttes, dans du sirop, dans du vin ou daus 
une potion. 

On préparait autrefois dans les pharmacies une eau dis- 
tillée de feuilles de Fenouil, que l’on employait dans Îles 
collyres et dans les potions ; celte eau est bien peu usitée 
aujourd'hui, et en général on ne fait plus guère usage des 
racines et des graines du Fenouil aui entraient jadis dans 
beaucoup de préparations et de compositions officinales, 
dont le sirop des cinq racines apéritives, celui d’Armoise, 
celui de Pomme composé, l'Eau vulnéraire et la Thériaque 
sont les principales qui soient restées dans la pratique. 


ANETH ODORANT, vulgairement Æneth ou Anet, 
Fenouil puant. 
Anethum graveolens. Tin. Spec. 577. — Anethum. 


Blackw. Herb. t. 545. — Pharm. 


Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa racine 
qui est annuelle , ses fruits qui sont visiblement comprimés, 
sa tige qui est un peu moins haute, et son odeur qui est 
plus forte. Elle croît dans les champs et les lieux cultivés, 
surtout dans les départemens du midi; elle fleurit en juillet 
et août. 


OMBÉLLIFÈRES. 295 
La ressemblance de cette espèce avec la précédente, qui 
est beaucoup plus commune, lait qu’elle se trouve quelque- 
fois confondue et mêlée avec elle dans les boutiques des 
herboristes , et que souvent ceux-ci la lui substituent, Il n° 
a aucun inconvénient à cela, car ces deux plantes ont les 
mêmes vertus, et peuvent indifféremment être employées 
l’une pour l’autre. L'huile essentielle d’Aneth odorant passe 
cependant pour être plus antispasmodique; on peut fa pres- 
crire aux personnes douées d’une grande susceptibilité ner- 
veuse, à la dose de6 à 10 gouttes dans une potion, ou dans 
quelque autre préparation, mais elle est très-peu employée 
maintenant. En général, les médecins ne prescrivent plus que 
bien rarement les huiles volatiles des Ombellifères, depuis 
qu'ils se servent des éthers dans le plus grand nombre des 
cas où celles ci étaient autrefois en nsage. Toutes les pré- 
parations ou compositions pharmaceutiques pour lesquelles 
on se servait de l’Aneth, ou dans lesquelles il entrait sont 
reléguéès aujourd’hui dans les anciens formulaires. 


160° Genre. — CArvi. C4RUM. Lin. 


Colleretle d’une seule foliole linéaire. Pétales inégaux, 
confôrmés en carène, fléchis et échancrés à leur sommet. 
Fruit ovale-oblong , strié. 


CaRvI CULTIVÉ, vulgairement Carvi. 


Carum Carvi. Lin. Spec. 378.—Jacq. FL Aust. t. 395. 
— Carvi. Pharm. 


Sa racine, qui est unique, bisannuelle, longue, de la 
grosseur du pouce, âcre et aromatique, donne naissance à 
une tige haute de 2 pieds, ramense, lisse, striée, dont les 
feuilles sont deux fois ailées, à folioles linéaires, incisées, 
disposées en croix el comme verticillées autour du pétiole 
qui est écharicré dans les feuilles supérieures. Les fleurs sont 
blanches, petites, en ombelles lâches. Les graines sont pe- 
tites, convexes d’un côté et aplaties de l’autre, un peu 
noirâtres , d’une saveur âcre et aromatique. Cette plante 
croit dans les prairies des montagnes; elle fleurit en mai et 
juin. 

Les graines de Carvi conviennent pour fortifier le système 
digestif, comme tous les autres aromatiques , à la manière 
desquels elles agissent. Elles sont aussi douées d’une vertu 
carminative très-marquée, et peuvent être utiles, sous ce 

5 


s74 | OMBELLIFÈRES. 


rapport, aux personnes sujettes aux coliques flatulentes, ou 
attaquées de tympanite. L’infusion à la dose d’un gros par 

inte de vin ou d’eau , et la poudre à la dose d’un scrupule, 
sont les formes sous lesquelles on les prescrit ordinaire- 
ment. On les fait cependant quelquefois confire dans du 
sucre. 

La racine possède à un degré plus faible les propriétés 
des graines; elle peut s’employer dans la préparation d’apo- 
zèmes et de lavemens carminatifs. On en faisait autrefois 
un usage fréquent pour résoudre les engorgemens des ma- 
melles, et alors on l’apphiquait sur la partie malade après 
lavoir réduite en pulpe. 

L'huile volatile, retirée des graines, est conseillée pour 
faire des fomentalions sur l’abdomen, dans les cas de coli- 
ques; et pour s'en servir, on la mêle avec l'huile d'amandes 
douces. On peut aussi la donner à l’intérieur, à la dose de 
quelques gouttes sur du sucre ou dans un véhicule conve- 
nable. Les fomentations faites avec la décoction de la ra- 
cine et des semences ont les mêmes propriétés; mais, en 
général, lés différentes parties du Carvi ne sont pas aujour- 
d’hui fréquemment employées , non plus que diverses pré- 
parations pharmaceutiques dans lesquelles elles entrent. 

En Allemagne, en Hollande , en Angleterre, on pétrit 
la poudre des graines avec de la farine pour en faire une 
espèce de biscuit. On s’en sert aussi, à cause de son odeur 
agréable, pour aromatiser des bouillons, des gâteaux et 
d’autres alimens. Elle convient pour assaïsonner les alimens 
venteux. Certaines hordes tartares s’en nourrissent dans le 
besoin , en la mangeant seule ow bouillie dans du lait, Les 
Circassiens en font une sorte de pain. Les distillateurs d’eau- 
de-vie de grain ÿ ajoutent les grames de Carvi pour la 
rendre plus piquante. 

161° Genre. — BOUCAGE. PIMPINELLA. Lin. 


Collerettes nulles. Calice entier. Pétales presque égaux , 
un peu en cœur, légèrement courbés à leur sommet, Stig- 
males presque globuleux. Fruit ovale-oblong, strié, 

BOUCAGE $AXIFRAGE, vulgairement petit Persilde bouc, 

petit Boucage, petite Bouquetine, petite Pimpinelle. 

Pimpinella Saxifarga. Lin. Spec. 578. — Jac. Flor. 
Aust. Le 39). — Saxifraga paiva. Pharm. 

Sa racine , qui est simple, ridée, blanche, vface', pousse 


A 


OMBELLIFÈRES. 97 


une tige haute de 1 pied et demi ou environ, grêle , ra- 
meuse, peu garnie de feuilles, qui sont presque toutes radi- 
cales, ailées, composées de 5 à 7 folioles ovales-arrondies: 
incisées ou lobées , la terminale étant trifide. Les feuilles 
caulinaires sont très-petites et à divisions linéaires, quel- 
quefvis simples dans le haut de la tige. Les fleurs sont 
blanches , penchées avant la floraison , disposées en ombelle 
de 10 à 12 rayons. Cette plante fleurit en été et habite les. 
pelouses, les montagnes et les prés secs. 

Les racines, les feuilles et les semences de Boucage sont em- 
ployées en infusion, en décoction et en poudre, comme diu- 
rétiques et sudorifiques. On faisait autrefois des cataplasmes 
avec les feuilles pour déterger les vieux ulcères. La graine 
passe pour posséder les mèmes propriétés que celle du Per- 
sil, et peut la remplacer dans beaucoup de circonstances. 
La poudre de la racine à été conseillée à l’intérieur , sous 
la forme de pastilles, pour relever le ton de l'estomac, et 
prévenir les coliques qu'occasionnent les mauvaises diges- 
tions. Cette racine était aussi employée autrefois comme 
masticatoire pour faire cesser les douleurs de dents. L'eau 
distillée de Bousage a été vantée, comme cosmétique, pour 
blanchir la peau du visage, et pour en enlever les taches ; 
elle est maintenant lombée dans l'oubli, et la plante elle- 
même n'est que fort peu usitée. 


BoucAGEe Anis , vulgairement Anis. 


Pimpinella Anisum. Lin. Sp. 599.—Anisum. Blackw: 
Herb. t. 574. — Pharm. 


Sa racine est annuelle, petite, blanche, garnie de fibres 
menues ; elle donne naissance à une tige striée, pubescente, 
un peu rameuse, dont les feuilles radicales sont composées 
de 2 folioles, cunéiformes à leur base, arrondies et dentées 
vers leur sommet. Les feuilles supérieures sont ailées, à 
folioles, plus étroiles et incisées profondément. Les fleurs 
sont petites, blanches, disposées en ombelles, souvent mu- 
nies d’une collerette à 1 seule foliole. Les fruits sont con- 
vexes, cannelés, pubescens, d'un vert foncé, d’une odeur 
et d’une saveur aromalique , un peu piquante, mais douce 
et agréable. Cette plante croît naiurellement en Italie, en 
Egypte et dans le Levant ; on la cultive dans la Tourraine 
et dams plusieurs autres parties de la France. 

La graine d'Anis, seule partie que l’on emploie, est re- 

Ga 


17 


276 OMBELLIFÈRES. 


gardée comme un excellent stonachique et un carminalif 
des plus puissans. 11 paraît que c’est dans l'huile volatile que 
résident ses propriétés essentielles, et on croit qu’elle exerce 
une action antispasmodique particulière sur le canal intes- 
tina] dont elle fait cesser la dilatation atonique, de sorte que 
souvent elle enlève, comme par enchantement , les douleurs 
produites par le développement et le séjour des gaz dans 
les intestins. Elle serait au contraire déplacée toutes les fois 
‘qu'il y aurait des symptômes inflammatoires. L’Anis passe 
en outre pour jouir de propriétés apéritives et diurétiques 
marquées, et pour procurer le rétablissement des évacuations 
menstruelles supprimées. La dose est de 12 à 56 grains en 
poudre dans du vin ou dans tout autre liquide; en infusion , 
on le donne à 1 gros par pinte d’eau. On fait quelquefois 
mâcher les graines nues ou couvertes de sucre pour masquer 
la fétidité de l’haleine. On croit avoir observé quel’ Amis agit 
d’une manière spéciale sur les mamelles, qu’il favorise leur 
travail sécrétoire, et qu'il communique son odeur au lait 
des femmes qui en font usage. 

Son huile essentielle est usitée pour aromatiser une grande 
quantité dé préparations médicinales : on en ajoute quel- 
quefois aux cathartiques très-énergiques, pour les empêcher 
d’occasionner des coliques. Elle entre aussi, de même que 
les semences, dans la confection de ratafias très-agréables, 
qui ont une partie des propriétés de l’Anis, et agissent de 
la même manière que lui. Les graines d’Anis font partie de 
beaucoup de compositions pharmaceutiques , dont les plus 
usitées de nos jours sont la thériaque et les sirops d’Armoise, 
d'Erysimum et de Roses pâles. 


16° Genre. — ACHE. APIUM. lan. 


Collerettes nulles ou composées de 1 à 3 folioles. Calice 
“entier. Pétales arrondis, égaux, fléchis au sommet. Fruit 
ovoïde ou globuleux , marqué de nervures saillantes. 


ÂCHE DES MARAIS, vulgairement Ache, Céleri. 
Apium graveolens. Lin. Spec. 579.— Æpium. Blackw. 
Herb. 1. 445. — Apium et Apium dulce. Pharm. 


Sa racine est bisannuelle , blanchâtre, de la grosseur du 
doigt, divisée en fibres plus menues; elle a une saveur désa- 
gréable, âcre, un peu amère, et une odeur fortelet aroma- 
tique. Sa tige est haute de 2 pieds, rameuse, sillonnée, 


OMBELLIFÈRES. 297 
* glabre, garnie de feuilles longuement pétiolées, une ou deux 
fois ailées, composées de 5 à 7 folioles, lisses, larges et lobées 
inférfeurement , cunéiformes et incisées supérieurement. Ses 
fleurs sont d'un blane jaunâtre , disposées en ombelles termi- 
nales ou latérales, presque sessiles, composées de rayons assez 
nombreux. Cette plante croît au bord des ruisseaux et dans 
les marais: elle fleurit en juin et juillet. 

La plante qui vient d’être décrite est connue sous le nom 
spécial d’Ache. Il en existe deux variétés qui sont cul- 
tivées, et qui en diflèrent par leur saveur agréablement 
piquante et aromatique. L'une porte le nom de Céleri, et 
se fait remarquer par la grandeur et la force de toutes ses. 
parties ; l’autre se distingue à la grosseur de sa racine qui 
égale presque celle d’un Navet:; ce qui la fait appeler 
Céleri-rave. 

La racine d’Ache est une des racines apéritives majeures 
des anciens formulaires. Elle passe pour avoir la propriété 
d’exciter la sécrétion des urines, et elle est recommandée 
dans l’hydropisie, surtout dans l’ascite, On la conseille ausst 
dans l’asthme et dans le scorbut. Anciennement elle était 
regardée comme vulnéraire, résolutive et diaphorétique , 
facultés presque nulles dans celte plante, et pour lesquelles 
ou ne l’emploie plus aujourd’hui. On a prétendu que son 
usage pouvait être dangereux pour les épileptiques et pour 
les femmes enceintes. On la donne à la dose d’une demi- 
once ou d’une once en infusion dans une pinte d’eau. 

Les feuilles ne sont d’aucun usage ; on en donnait autre- 
fois le suc à la dose de 4 onces au commencement de l’ac- 
cès, dans les fièvres imtermittentes, 

Les graines étaient comptées anciennement parmi les 
quatre petites semences chaudes. Elles sont légèrement diu- 
réliques et carminalives , mais ne s’emploient que fort rare- 
ment, parce qu’on possède un grand nombre de substances 
qui sont douées de ces propriétés d’une manière bien plus 
posiuve. 

Le Céleri et le Céleri-rave sont d’un usage très-fréquent 
comme aliment. Les pétioles étiolés et la racine se mangent 
en salade où accommodés de diflérentes manières ; on en 
met aussi dans les potages. On rejelte les feuilles qui sont 
vertes , à cause de leur dureté et de leur saveur peu agréa- 
ble. Le Céleri est tonique , stimulant, échauffant. On pré- 
parait autrefois dans les pharmacies uñ sirop et une con- 


ÈME 
. 


276 OMBELLIFÈRES. 

serve d’Ache , el sa racine, ses feuilles ou ses graines en- 
traient dans plusieurs compositions officinales : toutes ces 
préparations sont tombées en désuétude, ou bien peft em- 
ployées par les médecins modernes. 


ACHE PERSIL, vulgairement Persil. 

ÆApium Petroselinum. Lin. Spec. 579. — Æpium hor- 
tense Petroselinum. Blackw. Herb. t. 172. — Petrose- 
linum. Pharm. 


Sa racine est allongée, blanchâtre, bisannuelle; elle pro- 


duit une tige droite, striée, rameuse, haute de 3 à 4 pieds, 
munie de feuilles deux fois ailées, à folioles ovales, cunéi- 
formes , incisées inférieurement, et linéaires dans la partie 
supérieure. Les fleurs sont d’un blanc sale, disposées en 
ombelles terminales, composées de 7 à 8 rayons, munies à 
leur base d’üne collerette formée par une seule foliole ; les 
ombellules ont un involucelle de 3 à 4 folioles étroites. On 
en trouve une variété dont les feuilles sont d’un vert foncé, 
divisées en lobes larges, et dont les racines sont plus grosses 
et d’une saveur douceâtre. Le Persil fleurit en été, et croît 
dans les lieux ombragés de la Provence; on le cultive dans 
tous les Jardins du reste de la France. 

La racine de Persil est apéritive et diurétique. On la con- 
seille, de même que celle d’Ache, dans l’hydropisie. On 
l'employait fréquemment autrefois, ainsi que les feuilles, 
pilées et sous la forme de cataplasme, dans les contusions 
des mamelles et dans toutes sortes de contusions en général ; 
mais celte plante est aujourd’hui négligée sous ce rapport, 
de même que la plupart de celles qu’on faisait servir au 
même usage, à titre de vulnéraires. C’est cependant encore 
un remède populaire. Lorsqu'on prescrit la racine de Persil 
à l’intérieur, la dose est d’une once par livre de décoction, 
quand elle est récente, et de 2 gros à une demi-once lors- 
qu'elle est sèche. On en a aussi conseillé le suc à la dose 
d’une à 2 onces. 

Les semences sont carminatives, et se donnent à la dose 
de 12 à 56 grains en substance, ou à 1 gros en infusion pour 
2 livres d’eau. 

Les feuilles de Persil sont un assaisonnement très-usité, 
el utile pour exciter l’appélit et pour favoriser la digestion. 


DIPSACÉES, 
HI: CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; MONOPÉTALES 
INFEROV ARIÉES. 


Ÿ. 
us, 
Le] 


Famille XLVI. 
DIPSACÉES. 


Les plantes de eette famille se distinguent aux caractères 
suivans : Plusieurs fleurs rassemblées sur un réceptacle com- 
mun; chacune d’elles étant composée d’un calice mono- 
phylle double ; d’une corolle monopétale , tubuleuse, divisée 
en son limbe ; de 4 étamines ; d’un ovaire inférieur , à style 
terminé par 1 stigmate simple ou divisé. Le fruit est 1 cap- 
sule monosperme, ne s'ouvrant pas el ayant l'apparence 
d’une simple graine. 

Les Dipsacées sont des herbes à feuilles opposées et à fleurs 
terminales. Elles sont peu recommandables sous le rapport 
de leurs propriétés médicinales; elles ne sont que légère- 
ment amères et toniques, et leur usage est assez borné, On 
les emploie comme sudorifiques et dépuratives, 


165° Genre. — CARDÈRE. DiIPrsACUSs. Lin. 


Fleurs réunies en tête conique ou hémisphérique sur un 
réceptacle hérissé de paillettes, et muni à sa base d’un invo- 
lucre composé de plusieurs folioles. Calice double, persis- 
tant, entier en ses bords. Corolle à tube court, ayant son 
limbe à 4 lobes. # étamines saillantes. 1 stigmate simple. 
Graine oblongue, anguleuse, couronnée par les 2 calices. 


CARDÈRE A FOULON, vulgairement Chardon a bonne- 
{er ou à foulon. 
Dipsacus fullonum. Lin. Spec. 140.— Regnault, Bot. 
t. 10, — Dipsacus. Pharm. 4 


Sa racine est assez grosse, blanche, bisannuelle , d’une 
saveur légèrement amère et presque inodore ; elle donne 
naissance à une tige droite, ferme, cannelée, garnie de forts 
aiguillons; les feuilles sont étalées à la base, sessiles, connées, 

S 4 


280 DIPSACÉES. 


_et forment autour des tiges des espèces d’entonnoirs dans 
lesquels s’imasse l’eau des pluies. Les fleurs sont d’un pour- 
pre clair, en tête oblongue , grosse ; leurs paillettes sont 
recourbées en crochet au sommet, et légèrement ciliées sur 
les bords. Cetle plante croît sur le bord des chemins; elle 
fleurit en juin et juillet. 

La racine du Chardon à foulon était regardée autrefois 

_comme un bon apérilif et comme un diurétique puissant ; 
mais des expériences faites avec soin et sans imparlialité, 
ont prouvé que ses propriétés étaient presque nulles, et ne 
méritaient pas de la faire employer ; c’est pourquoi, de nos 
jours , elle est tombée en désuétude. On la donnait spécia- 
lement en décoction à la dose d’une once par pinte d’eau. 
Certains auteurs n’ont pas craint d’assurer autrefois que l’eau 
qui se trouvait dans la cavité formée par l’union des feuilles 
qui embrassent la tige, était excellente pour apaiser lin- 
flammation et la rougeur des yeux , et pour blanchir la 
peau. 

L'usage de cette plante, dans les arts, est beaucoup plus 
étendu qu’en médecine, Ses têtes servent aux bonnetiers et 
aux drapiers à tirer les laines de leurs ouvrages. C’est pour 
ce but qu’on Ja cultive dans plusieurs cantons. 


164° Genre. — SCABIEUSE. SCABIOSA. Lin. 


Fleurs portées sur un réceptacle commun, garni de pail- 
lettes ou de poils roïdes , ou quelquefois nu. Calice persis- 
tant ; l’extériéur membraneux ou scarieux en ses bords; 
l'intérieur terminé par 5 arètes. Corolle à tube oblong, 
ayant son limbe partagé en 4 ou 5 lobes souvent inégaux. 
# étamines saillantes, Stigmate échancré. Graine couronnée 
par les 2 calices. 


SCABIEUSE DES CHAMPS, ou SCAPRIEUSE DES PRÉS. 
Scabiosa arvensis. Lin. Spec. 145. — Scabiosa pra- 
tensis hirsuta. FL Dan. t. 447. — Scabiosa. Pharm. 


Sa racine esl fibreuse , grisätre, vivace ; elle pousse une 
tige haute de 2 à 5 pieds, rameuse, velue, garnie de feuilles 
opposées , pétiolées; les inférieures à peine pinnatifides; les 
supérieures presque ailées ou profondément pinnalifides, à 
découpures oblongues ou linéaires. Les fléurs forment des 
iêtes hémisphériques , portées sur de longs pédoneules à 
lextrémilé de la Uge et des rameaux, Ces fleurs'sont d’un 


DIPSACÉES. 281 


bleu-cendré, et les corolles extérieures sont plus grandes 
que celles du centre. Cette plante se trouve fréquemment 
dans les prés et dans les champs; elle fleurit pendant tout 
Pété. 

Le nom de Scabieuse vient de Scabies gale ; il fut donné 
à cette plante à cause des propriétés anti-psoriques qui lui 
ont été attribuées. On l’a regardée aussi comme apéritive, 
sudorifique , dépurative , et même comme alexitére. On en, 
faisait autrefois usage dans la rougeole, la petite-vérole, les 
fièvres malignes, lescatarrheschroniques, les toux opiniätres. 
Aujourd’hui son usage est borné aux maladies de la peau, 
et même, dans ce dernier cas, il paraîtrait , d’après les ex- 
périences que M. Alibert a faites sur celte plante, qu'on 
pourrait révoquer en doute l'efficacité des propriétés qui lui 
ont été attribuées par les anciens médecins. Quoi qu'il en 
soit, on la prescrit encore souvent dans la gale et les ma- 
ladies darireuses. On fait prendre la décoction de ses feuilles 
dans l’eau , à La dose d’une demi-poignée à une poignée par 
pinte. On peut aussi en faire prendre le suc exprimé, lors- 
qu’elles sont fraîches, depuis 2 jusqu'à 4 onces. L'eau dis- 
üllée n’est plus en usage. 


SCABIEUSE SUCCISE, vulgairement Mors-du- Diable, 

Remors-du-Diable, Scabieuse des bois, Succise. 

Scabiosa Succisa. Lin. Spec. 142.— Morsus Diaboli 
vel Succisa. Blackw. Herb. t. 142. — Pharm. 


Sa racine est vivace, comme tronquée et rongée à son 
extrémité; elle donne naissance à une tige haute de 1 à 
2 pieds , cylindrique, feuillée, presque simple. Ses feuilles 
inférieures sont péliolées, ovales-oblongues, entières, souvent 
chargées de quelques poils assez longs ; celles de la tigesont 
lancéolées , rétrécies à leur base, un peu soudées ensemble , 
ordmairement très-entières , quelquefois dentées ou mème 
incisées, et disposées par paires , un peu écartées. Ses fleurs 
sont terminales, loñguement pédonculées, souvent au 
nombre de trois; elles forment des têtes légèrement con- 
vexes; les fleureties dont elles sont composées ne sont 
point inégales entre elles, et leur involucre est fort court. On 
trouve celte plante dans les bois, sur les collines et dans les 
pâturages; elle fleurit depuis le mois de juillet jusqu’en 
septembre. 

Toutes les parties de ceite plante ont une saveur astrin- 


262 DIPSACÉES. 

gente et amère qui les font employer depuis les temps les 
plus reculés comme un excellent remède contreles maladies 
de la peau, et on préfère même généralement celte espèce, 
sous cé rapport, à la Scabieuse des champs. Autrefois on s’en 
servait en gargarisme dans les maux de gorge. Césalpin 
regardait sa racine comme un excellent antidote; d’autres 
l'ont recommandée comme un très-bon remède contre 
l'hydropisie. Aujourd’hui on n’en fait plus d'usage que dans 
les maladies de la peau , et c’est la décoction des feuilles 
sèches ou fraîches, ou le suc qu’on en exprime dans ce der- 
nier état, que l’on prescrit aux malades. 


Famille XL VII. 
RADIÉES. 


Dans les plantes de cetie famille, les fleurs sont toujours 
portées plusieurs ensemble sur un même réceptable, et 
réunies dans un calice commun , composé d’un ou plusieurs 
raugs de folioles. Ces fleurs sont en général très-petites, de 
deux sortes ; elles forment , par leur réunion, une fleur 
composée. De ces petites fleurs, les unes sont entièrement 
tubuleuses (on les nomme Æ/eurons), presque toujours 
hermaphrodites; elles forment le centre ou le disque de la 
fleur composée : les autres, seulement tubuleuses à leur 
base , en languette dans le reste de leur étendue (ce sont les 
demi-fleurons ), souvent femelles, disposées à la circonfé- 
rence, forment la couronne ou les rayons. Chaque fleuron 
hermaphrodite a 5 étamines, dont les filamens distincts 
portent des anthèressoudées ensemble, formantun cylindre, 
traversé par lestyle, qui est terminé par un stigmate bifide. 
Dans les demi-fleurons femelles, il n’y a qu’un style pareil à 
celui des fleurons hermaphrodites. Chacun des fleurons ou 
demi-fleurons a son ovaire particulier, sur lequel il est 
porté, et quidevient après la fécondation une graine simple, . 
nue ou chargée d’une aigrette. 

Les Radiées indigènes sont'des plantes herbacées à feuilles 
alternes, rarement opposées, souvent divisées ; à fleurs le 
plus souvent terminales, solitaires, en corymbe ou en 
grappe. Leur disque’est toujours jaune, et les rayons sont 
de la même couleur ou blancs, rarement colorées autre- 
ment. 


RADIÉES. . 265 
Beaucoup de Radiées sont douces de propriétés lrés-pro- 
noncées, qu’elles doivent à un principe aromatique et 
volatil qu’on en retire sous la forme d’une huile essentielle; 
elle sont en mème temps plus ou moins amères, ce qui 
ajoute à leur qualité stimulante une vertu tonique. On les 
emploie en médecine sous ces deux poinis de vue; et de ces 
deux qualités principales dérivent d’autres propriétés secon- 
daires, qui permettent d’en faire l'application dans des cas 
différens. Les unes, ainsi queles Camomilles, sontemployées 
comme fébrifuges, vermifuges, antispasmodiques; les 
autres, telles que la Matricaire , la Maroute , le Souci, pa- 
raissent agir plus particulièrement sur l'utérus, et on s'en 
sert dans les maladies atoniques de cet organe, La racine 
d’aunée, utiledans les mêmes cas, est en outre stomachique, 
fondante et diurétique. Dans les achillées, les unes sont as- 
tringentes , Les autressudorifiques ; la racine de l’une d'elles, 
et celles de plusieurs plantes de la famille, sont äcres et 
sialagogues. Les fleurs d’Arnica, plus fortement excitantes 
peut-être que celles d'aucune autre espèce de la même fa- 
mille, deviennent émétiques à haule dose; autrement on 
s’en sert avec avantage dans les fièvres intermittentes et la 
paralysie. Beaucoup moins actives au contraire , les fleurs 
du Tussilage sont employées comme béchiques, légèrement 
sudorifiques ; et en cela elles s’écartent des facultés générales 
de Ja famille, ainsi que lesracines de l'Héliante tubéreux , 
qui, par leur qualité douce et mucilagineuse, sont ali- 
mentaires, 


165° Genre. — ACHILLÉE. ACHILLEA. Lin. 


Calice commun ovoïde ou hémisphérique , composé 
d’écailles foliacées, imbriquées, serrées. Fleurons du disque 
hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence femelles 
et en petit nombre. Réceptacle plan, garni de paillettes. 
Graines entièrement nues. 


ACHILLÉE MILLEFEUILLE , vulgairement Méllefeuille, 
Herbe au charpentier , Herbe à la coupure. 
Achillea Millefolium. Lin. Spec. 1267.— Millefolium. 
Blackw. Herb. (18, 


Sa racine est horizontale, noivâtre, fibreuse, vivace ; 
elle produit une ou plusieurs tiges droites, simples dans leur 
parte inférieure, plus ou moins rameuses dans la supé- 


20E RADIÉES. È 
rieure, hautes de 1 à 2 pieds, velues 2 garnies de feuilles 
oblongues, ailées , pubescentes, découpées en denombreuses 
folioles incisées três-profondément en divisions menues, où 
mème prinnatifides. Ses fleurs sont pêtites, ordinairement 
blanches, quelquefois rougeâlres, nombreuses, disposées 
en corymbe terminal. Les Toholes de leur calice commun 
sont bordées d’une ligne rougeûtre , et les demi-fleurons de 
la circonférence sont au nombre de cinq. On trouve cette 
plante dans les pâturages, le long des chemins, et sur les : 
bords des champs ; elle fleurit en juin , Juillet et août. 

La Milefeuille est un peu amère et aromatique. On 
l'employait autrefois comme astringente, et surtout comme 
vulnéraire , et c’est de la propriété qu’on lui supposait pour 
la guérison l'es plaies et des blessures que lui sont venus ses 
noms d'Herbe à la coupure et d’Herbe au charpentier. Outre 
l'usage externe qu'on en faisait en l’applicant sur les plaies 
récentes ou anciennes, on la donnait à l’intérieur dans les 
pertes utérines, le crachement de sang; on la croyait 
propre, après la vomique, à cicatriser les ulcères du poumon 
et de la plèvre; on l’employait aussi pour les flux de ventre, la 
leucorrhée. 1 décoction des feuilles à la dose de 1 à 2 poi- 
gnées dans 1 pinte d’eau ; leur suc exprimé lorsqu elles 
étent fraiches , à la dose de 2 à 6 onces, ou 1 à 2 gros de 
leur poudre quand elles élaient sèches , étaient les prépara- 
tions ordinaires qu'on faisait prendre aux malades. Ses 
racines ont, dit-on, une odeur de camphre; ce qui les a 
fait proposer pour remplacer la serpentaire de Virginie, 
qui à une odeur semblable. Mais aujourd’hui, sous tous ces 
rapports, la Millefeuille est presque entièrement tombée 
dans l'oubli. Aïnsi que le shop particulier qu'on en prépa- 
rail dans les pharmacies , quelques compositions officinales 
dans lesquelles elle entrait, sont, excepté l’eau vulnéraire, 
qui est un remède populaire, bien peu usitées par la plupart 
des médecins. 


ACHILLÉE STERNUTATOIRE, vulgairement Æerbe à 
cternuer , Bouton AAA Ptarmique. 


Aclhillea Piarmica. Lin. Sp. 1266. 5 F1. Dan. t. 645. 


Sa racine est cylindrique , de la grosseur d’une plume à à 
écrire, rampante, garnie de fibres menus; elle donne nais- 
sance à plusieurs tiges cylindriques, glabres, simples 
inférieurement , droîtes, hautes de 1 pied ‘et demi à 2 pieds. 


RADIÉES. 205 

Ses feuilles sont éparses, sessiles, linéaires-lancéolées, bordées 

* de dents très-aiguës et nombreuses, La tige se divise dans sa 

partie supérieure en quelques rameaux portant à leur som- 

met plusieurs fleurs blanches, disposées en corymbe. Cette 

lante se trouve assez fréquemment dans les prés humides ; 
elle fleurit en juillet et août. 

Les feuilles fraîches de l’Achillée sternutatoire ont une 
saveur âcre el brûlante; séchées, réduites en poudre et 
prises par le nez, elles font éternuer ; mais il est fort rare 
qu'on en fasse usage de celte maniêre. Si l’on mâchesa racine, 
elle excite la salivation et peut être ulile pour apaiser les 
douleurs de dents. Certaines personnes se servent de ses 
feuilles vertes comme assaisonnement ; elles en mettent dans 
les salades pour leur donner une saveur relevée et piquante. 


ACHILLÉE NAINE, vulgairement dans les Alpes, Génipi 
blanc. 
Achillea nana. Lin. Spec. 1267. — AL Flor. Ped. 
n. 663. t. 9. £ 2. — Millefolium alpinum. Pharm. 


Sa racine est traçante, brunälre, vivace ; elle produit 
une ou plusieurs tiges hautes de 5 à 4 pouces, simples, 
chargées d’un duvet cotonneux et blanchâtre. Ses feuilles 
sont allongé ailées , très-cotonneuses, composées de 
folioles très-pétttes , aiguës, simples ou incisées-pinnatifides ; 
les inférieures pétiolées , les supérieures sessiles. Ses fleurs 
sont disposées en un corvmbe serré , terminal et ombelli- 
forme ; leur disque est jaune , et les demi-fleurons de la 
circonférence sont blancs. Cetteespèce croîtsur les sommets 
des montagnes de la Provence, du Dauphiné et de FAu- 
vergne. 


ÂCHILLÉE NOIRE, vulgairement dans les Alpes, Genépi 
ou Génipi. 
Achillea atrata. Lin. Spec. 1267.— Jacq. Flor. Aust. 
t. 77. — Matricaria Alpina. Génipi Sabaudorum. 
Pharm. 


Sa racine est horizontale, brunâtre , vivace; elle donne 
naissance à une tige droite, simple, pubescente, haute de 
6 à 10 pouces, garnie de feuilles ailées, presque sessiles, 
glabres, composées de folioles linéaires, acuminées, simples 
ou divisées. Ses fleurs sont portées sur des pédoncules 
pubescens et disposées en un corymbe terminal; elles ont 


206 RADIÉES. 

leur disque jaune , les rayons de la circonférence blancs, 
et les écailles de leur calice commun entourées d’une large 
bande noire. Cette plante croît sur les sommets des Alpes du 
Dauphiné ; elle fleurit en juillet et août. 

L”Achillée naine et l’Achillée noire ont une odeur et une 
saveur aromalique , fort agréables. Les habitans des Alpes 
de la Suisse et de la Savoie les emploient dans beaucoup 
de maladies; ils les regardent presque comme une panacée 
universelle, et ils en font surtout usage dans les affections 
inflammatoires de la poïfrine, en les prenant en infusion 
aqueuse et théiforme, afin de se procurer des sueurs abon- 
dantes ; mais la saine raison réprouve l'usage de ce médica- 
ment, dont l’action stimulanteetl échauffante estéminemment 
contraire dans des cas où l'emploi d'un traiternent anliphlo- 
gistique paraît le seul convenable. Si ces bons montagnards 
ne succombent pas plus souventen se servantde tels moyens, 
il faut sans doute l’attribuer à la force de leur constitution. 
Les Génipis sont peu connus et nullement employés ailleurs 
qu'en Suisse et en Savoie. 


Accés HERBA-ROrA , vulgairement dans les A] pes, 
Herba-rota. 
Achillea Herba-rota. Ail. FI. Ped. nc. t9.f. 3: 


Sa racine est horizontale, brunätre ; elle produit plusieurs 
tiges redressées, simples , hautes de Sa à 6 pouces, garnies, 
surtout dans leur partie inférieure , de feuilles oblongues, 
glabres, ainsi que toute la plante , ou légèrement pubes- 
centes, rétrécies en coin à leur base, obtuses et dentées à 
leur sommet. Ses fleurs sont blanches, pédonculées, dispo- 
sées, au nombre de 5 à 6 ensemble, en un corymbe terminal. 
Cetle plante croît dans les Hautes-Alpes du Dauphiné; elle 
fleurit en juillet et août. 

L’Æerba-rota a une saveur amére, âcre , aromatique, 
et une odeur forte, balsamique, qui se conserve pendant 
plusieurs années. Elle est en grande réputation chez les ha- 
bitans des Alpes du Piémont ; ils l’emploient dans-presque 
toutes leurs maladies. Allioni, qui la compare pour les pro- 
priétés à Ja Camomille, à la Matricaire et à la Tanaisie , la 
croit plus active que ces plantes, et il l'estime particulière- 
ment comme sudorifique, vermifuge , carmiuative ; emmé- 
nagogue el fébrifuge, 


RADIÉES. 207 
166° Genre, = CAMOMILLE. AÂNTHEMIS. 


4 

Calice commun hémisphérique, composé d’écailles 
linéaires , presque égales , serrées , imbriquées, Fleurons du 
disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence 
femelles. Réceplacle convexe ou conique , garmi de pail- 
lettes. Graines oblongues, couronnées par une membrane 
entière ou dentelée. \ 


CAMOMILLE NOBLE, vulgairement Camomille romaine, 
Camomille odorante. + 
Anthemis Nobilis. Lin. Spec. 1260. — Chamæmelum 
romanum. Blackw. Herb. t. 526. — Pharm. 


Sa racine est petite, horizontale, vivace, d’une odeur 
agréable, et d’une saveur amère , ainsi que toute la plante ; 
elle donne naissance à une tige couchée à sa base, et divisée 
en quelques rameaux redressés, uniflores, hauts de 8 à 
10 pouces, garnis de feuilles deux fois ailes, à folioles 
linéaires , pubescentes, souvent trifides. Ses fleurs sont 
terminales, portées sur de longs pédoncules; leurs rayons 
sont blancs, leur disque est jaune , et leur calice commun 
est velu, composé de folioles blanchätres. Cette plante croît 
sur les pelouses sèches et sur les bords des bois; elle fleurit 
en juin et juillet. On en cultive dans les jardins une variété 
à fleurs doubles. 

La Camomille romaine est amère, tonique, stomachique, 
carminative , fébrifuge antiseptique, vermifuge , anodine, 
antispamodique, anti-hystérique. Les parties qu'on emploie 
en médecine sont les fleurs, et l’on préfère en général, pour 
l'usage, celles qui sont doubles, quoique les simplesparaissent 
cependant être ausst actives. On s’en sert fréqueniment dans 
les fiëvres d'accès, où elles produisent souvent de très-bons 
effets. L'action très-marquée qu’elles paraissent avoir sur les 
parties génitales de la femme , fait qu’on les donne aussi dans 
la suppréssion des règles et dans les maladies hystériques. 
On s’en sert aussi dans les coliques causées par les flatuosités , 
et souvent alors ün les administre en lavement. Où les à 
dorinées avec succès comme vermifage. On a remarqué que 
leur infusion, prise inimédiatement après l’émétique , dé- 
terminait la purgation par bas, et qu'elle empêchait le 
vomissement ; tandis qu’elle le provoquait quand on la pre- 
nail au moment où les nausées ccmmençaient à se déclarer. 


268 RADIÉES. 

Les fleurs de Camomille romaine se prescrivent en nalure 
et en poudre depuis un demi-gros jusqu'à un gros: le plus 
souvent on les fait prendre en infusion théiforme à la quan- 
tité de 6 à 12 fleurs pour une pinte d’eau ; elles communi- 
quent à celles-ci une couleur verdâtre. Quand la plante 
est fraîche, on peut en donner le suc à la dosede 1 à 2 onces. 
On en prépare, dans les pharmacies, une eau distitlée , 
qu’on fait entrer dans les potions antispasmodiques ; une 
huile par infusion et par coction, que l’on emploie extérieu- 
rement comme résolutive. On en retire aussi par la distil- 
lation uneçhuile essentielle, qui est d’un bleu-verdâtre, qui 
jouit de toutes les propriétés des fleurs elles-mêmes, et 
que l’on donne par gouttes dans les potions. Au reste, ces 
fleurs entrent dans beaucoup de compositions officinales 
qui, pour la plupart, ont vielli et ne sont plus en usage 
maintenant. 


CaAmMomILLE PUANTE, vulgairement Maroute. 
Anthemis cotula. Lim. Spec. 1261. — Cotula fœtida, 
Blackw. Herb. t 67. — Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle produit une tige 
haute de 1 à 2 pieds, rameuse , étalée, garnie de feuilles 
deux fois ailées, d’un vert assez foncé, glabres, à décou- 
pures menues el pointues, entières ou incisées. Ses fleurs 
sont terminales; elles ont leur disque jaune et les rayons 
blancs ; les écailles de leur calice sont étroites et un peu 
blanchâtres en leurs bords. Cette plante n’est pas rare dans 
les champs, les décombres et sur le bord des chemins; elle 
fleurit en juin et juillet. 

La Maroute a une odeur forte et fétide qui fait qu’on 
J'emploie beaucoup moins en médecine que la Camomille 
romaine dont elle a d’ailleurs toutes les vertus. Ses usages 
sont bornés aux maladies hyslériques, et comme on.crait 
qu'elle agit particulièrement sur l'utérus, on la conseille 
aussi pour déterminer la menstruation diflicile, ou, pour 
rappeler les règles supprimées , on la donne en poudre ou 
en infusion comme la Camomille romaine; elle est surtout 
utile en lavement. Peyrilhe dit lavoir employée ayec suc- 
cès, à forte dose, contre des fièvres intermittentes rebelles 
au Quinquina, 


RADIÉES. 289 
CAMONILLE DES TEINTURIERS, Vulgairement Œ@i/ de- 
bœuf, fausse Camomille jaune. 
Anthemis tincloria. Lin. Spec. 1265.—Buphihalmum 
vulgare. Pharm. 


Sa racine est dure , presque ligneuse, vivace ; elle produit 
une ou plusieurs tiges droites, rameuses, hautes de 1 pied 
à 18 pouces, dures, slriées, rougeätres dans leur partie 
inférieure, un peu cotonneuses et blanchâtres dans la su- 
périeure, garnies de feuilles deux fois pinnalifides, à folioles 
dentées, pubescentes et blanchätres en dessous. Ses fleurs 
sont enlièrement jaunes, assez grandes, lerminales et soli- 
taires sur de longs pédoncules nus et blanchätres. On trouve 
cette plante dans les päturages secs et sur les bords des 
champs en Languedoc: elle fleurit en juin et juillet. 

La Camomille des teinturiers n'a jamais été beaucoup 
employée en médecine : elle ne possède qu'à un degré infé- 
rieur Ës propriétés de ses deux autres congénères dont il 
vient d'être question. On l’a conseillée comme apéritive dans 
les maladies du foie, et extérieurement comme détersive, 
émolliente et résolutive. Ses fleurs donnent une belle con- 
leur jaune dont on se sert dans plusieurs pays pour la tein- 
ture des laines. Cetie couleur est aussi très-propre pour la 
peinture en détrempe. 


167° Genre. — MATRICAIRE. M4TRICARIA4. Lin. 


Calice commun hémisphérique, imbriqué d'écailles ai- 
guës. Fleurons du centre nombreux, hermapbhrodites. Demi. 
fleurons de la circonférence femelles. Réceptacle nu, con- 
vexe. Graines dépourvues d’aigrette.  * 


MATRICAIRE CAMOMILLE , vulgairement Camomille 
ordinaire , Camomille commune. 
Matricaria Camomilla. Lin. Spec. 1256. — Chamoæ- 


melum. Blackw. Herb. t. 296. — Chamæmelum vulgare. 
Pharm. ; 


Sa racine est fibrense, menue , annuelle; elle donne nais- 
sance à une ge rameuse dès sa base, redressée, glabre, 
striée', haute de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles 
deux fois ailées, à folioles linéaires, glabres, d'un vert gai, 
entières , bifides ou trifides. Ses fleurs sont terminales, assez 
grandes, solitaires sur leur pédoncule; leur calice est glabre, 


T 


290 RADIÉES. 

composé de folioles scarieuses en leurs bords, presque ob- 
tuses ; leur couronne est blanche et leur disque jaune. Les 
graines sont anguleuses , faiblement creasées à leur sommet, 
et marquées, un peu au-dessous, d’un ou deux points ren- 
foncés. Cette plante est commune dans les champs et les 
lieux cultivés ; elle fleurit en juin, juillet et août. 

Les fleurs de la Camomille commune ont une odeur for- 
tement aromatique, qui est encore plus grande dans celles 
que la culture à fait doubler, La réputation dont jouit cette 
plante en médecine est très-ancienne. Les Grecs avaient 
pour elle une grande estime, et avant les Grecs, les Egyp- 
tiens, dit-on, s’en servaient pour composer des épithèmes 
antifébriles. L'usage de la Matricaire Camomille a passé 
jusqu’à nous à travers les siècles. Aujourd'hui les modernes 
la regardent comme tonique, stomachique, anti-émétique, 
vermifuge , 'emménagogune, antispasmodique, anti-hysté- 
rique; et les nombreuses observations qui ont été faites sur 
elle dans les fièvres, notamment par Pringle, ne laissent 
aucun doute sur son efficacité comme fébrifuge. Les parties 
usitées sont les sommités fleuries ; on les donne en poudre 
depuis ! demi-gros jusqu’à 1 gros. Plus souvent elles s’ad- 
ministrent en infusion théiforme , à la dose de 1 à 4 gros 
pour 1 pinte d’eau. On peut aussi prescrire 1 à 2 onces du suc 
de la plante fraîche. Les fleurs donnent, par la distillation, 
une huile essentielle, d’un bleu verdätre , qu'on fait prendre 
par gouttes dansles polions. Au reste, celte espèce est, depuis 
quelque temps, moins employée qu’autrefois ; les médecins 
ont pris insensiblement l’habitude de la remplacer, dans la 
plupart des cas, par la Camomille romaine, qui a une odeur 
plus agréable, et qui jouit d’ailleurs des mêmes vertus. 


MATRICAIRE -OFFICINALE, vulgairement MWatricaire, 
Espargoulle. 
Matricaria Parthenium. Van. Spec. 1255. — Bull. 
Herb. t. 205. — Matricaria seu Parthenium. Pharm. 


Sa racine est fibreuse , bisannuelle ; elle produit ordimai- 
rement plusieurs Liges droiles , rameuses dans leur partie 
supérieure, et un peu paniculées, hautes de 1 à 2 pieds. 
Ses feuilles sont ailées , d’un vert clair, légèrement pubes- 
centes, composées de folioles ovales-oblongues, profondé- 
ment pinnatifides. Ses fleurs sont de grandeur médiocre, 
blanches en leur circonférence , jaunes dans leur disque, 


| RADIÉES. * 291 
solitaires sur leur pédoncule à l'extrémité de la tige et des 
rameaux. Les folioles de leur calice sont velues, scarieuses 
etun peu déchirées au sommet ; les rayons de la couronne 
sont ovales-oblongs. Les graines sont anguleuses, striées, 
Cette plante fleurit en juin et juillet; elle se trouve dans les 
champs et dans les décombres; on en cultive dans lesjardins 
une variété à fleurs doubles , et c’est élle en général que 
l'on préfère pour les usages de la médecine. 

La Matricaire joint à une odeur aromatique , très-forte 
et très-pénétrante, une saveur amère bien prononcée, ce 
qui annonce en elle des propriétés marquées. Celles qu'on 
lui a reconnues depuis très-long-temps, et celles qu'on lui 
reconnait encore, c'est d'agir principalement comme sti- 
mulant de la matrice, et de là lui est venir le nom qu'elle 
porte. Sous ce rapport, on l’emploie dans laghlorose, dans 
la suppression des menstrues, des lochies, dans les affec- 
tions hystériques. On s’est servi plusieurs fois, avec succès, 
de son infusion ou de sa décoction données en lavement dans 
le météorisme du ventre, chez des vaporeux et des hypo- 
condriaques. La Matricaire est aussi un bon fébrifuge et 
un bon anthelmintique. On l'emploie en poudre depuis 
1 demi-gros jusqu'à 1 gros; en infusion, préférablement à 
la décoction, surtoul si c’est pour être donnée en boisson, à 
la dose d’un gros à 1 demi-ouce pour 1 pinte d'eau. On pres- 
crit aussi le suc purifié dé la plante fraîche, à 1 once ou 
2; enfiu on lapplique en fomentation sur l'abdomen, après 
l'avoir pilée et fait infuser quelques minutes dans l’eau 
bouillante. Pour donner en boisson , on ne se sert ordinai- 
rement que des fleurs. Dans les pharmacies, on prépare 
avec celles-ci une eau distillée que l’on prescrit, dans les 
potions emménagogues, à la dose d’une à 4 onces. On en 
retire une huile essentielle que l'on donne de là même ma- 
nière, Mais par goulte seulement. Les fleurs, les sommités 
ou l’herbe entière font partie de plusieurs compositions offi- 
cinales, dont la plus usitée maintenant est le sirop d’Ar- 
moise. 


166° Genre.—-CHRYSANTHÈME. CHRYSANTHEMUM. L. 


Calice coramun hémisphérique, composé d'écailles folia- 
cées , imbriquées, dilatées et menibraneusés en leurs bords. 
Fleurons du centre nombreux , hermaphrodites. Demi- 

UP. 9 


292 RADIÉES. 
_fleurons de la circonférence femelles. Réceptacle nu. Grai- 
nes nues OU couronnées par une membrane saillante. 


CHRYSANTHÈME LEUCANTHÈME , vulgairement Grande 
Marguerite, Marcuerile des prés, grand @il-de- 
bœuf, grande Paquerette. 

Chrysanthemum Leucanthemum. Lin. Spec. 1251.— 

Bellis major. Blackw. Herb. t. #2. — Pharm. 


Sa racine est horizontale, vivace, fibreuse ; elle produit 
une ou plusieurs tiges anguleuses, presque simples, un peu 
rameuses dans leur partie supérieure, haates de 1 à 2 pieds. 
Ses feuilles inférieures sont en spatule, rétrécies en pétiole 
à leur base, crénelées ou dentées en leurs bords, gläbres ; 
les supérieures amplexicaules, profondément incisées, Ses 
fleuts sont grafides , terminales, blanches en leur couronne, 
jaunes en leur disque; leurs folioles calicinales sont noi- 
râtres à leur sommet , et les rayons de la couronne entiers. 
Les graines sont “glabres, cannelées, oblongues, un peu 
pointues à leur extrémilé supérieure, Cette plante est très- 
commune dans les prairies et dans les champs ; elle fleurit 
en mai, juin et juillet. 

La grande Marguerite n'est plus en usage de nos jours. 
Sa saveur, légèrement âcre et amère, la faisait employer 
autrefois comme apéritive, diurétique et dépurative. On la 
donnait en infusion et en décoclion, Fille est au nombre des 
plantes qui entrent dans l’eau vulnéraire et dans l’eau gé- 


LA 
nérale. 


169° Genre. — PAQUERETTE. BELLIS. Lan. 


Calice commun composé de deux rangs de folioles égales, 
Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la 
circonfrence femelles. Réceptacle nu, conique. Graines 
ovales, comprimées, entièrement nues. | 

PAQUERETTE VIVACE, vulgairement petite Maroue- 

rite, peiile Paquerelle. ; 

Bellis perennis. Lin. Spec. 248. — Bellis sylvestris 
minor. Blackw. Herb. t. 200. — Bellis minor. Pharm. 

Ses racines sont menues, fibreuses, vivaces ; elles pro- 
duisent un grand nombre de feuilles ovales-oblongues, r'é- 
trécies en pétiole à leur base, très-entières ou chargées de 
quelques deuts à leur sommet, presque glabres, étalées en 


RADIÉES. 293 


roselte. Du milieu de ces feuilles s'élèvent une ou plusieurs 
hampes nues, hautes de 5 à 4 pouces, portant chacune à 
leur sommet une fleur de grandeur médiocre, dont le disque 
est jaune , et la couronne blanche ou rougeâtre, composée 
de rayons nombreux, très-étroits. On trouve fréquemment 
cette plante sur les pelouses, dans les pâturages et sur les 
bords des champs ; on en cultive dans les jardins plusieurs 
variétés à fleurs doubles. Elle fleurit presque toute l’année, 
excepté pendant l'hiver. 

Après avoir élé recommandée comme précieuse dans 
beaucoup de maladies, la petite Paquerette a cessé de jouir 
de la faveur des médecins, et aujourd'hui la plupart d'entre 
eux ne la connaissent plus, ou ne voient en elle qu'une 
fleur assez jolie, et ne se doutent pas qu'il fut un Lenips où 
on la regardait comme un moyen eflicace de résoudre les 
écrouelles , d’apaiser les douleurs de la goutte, les coliques 
intestinales , de guérir la pleurésie, l’inflammation du foie, 
lhydropisie, l’obstruction des viscères, la phthisie pulmo- 
naire. Avec de si merveilleuses vertus, elle tail encore un 
des meilleurs vulnéraires connus. {1 faut bien croire que Îes 
anciens médecins s’abusaient sur ces prétendues propriétés , 
car si, de toutes celles qu'on lui a attribuées, elle en eût 
seulement possédé une ou deux d’une manière positive, 
comment eûl-elle été exclue de la malière médicale ainsi 
qu’elle l’est aujourd’hui ? L’ancien Codex de Paris l'avait 
encore conservée dans l'eau générale et dans l’eau vulné- 
raire; mais déjà on ne trouve plus, dans ce formulaire , son 
eau dislillée qui se préparait plus anciennement encore. 


170° Genre. — INULE. ZNULA. Lan. 


Calice commun , composé de folioles imbriquées, étalées, 
dont les extérieures plus grandes. Fleurons du centre her- 
iaphrodites, ayant souvent leurs anthères prolongtes à 
leur base. Demi-fleurons de la circonférence femelles. Ré- 
ceptacfe nu. Graines couronnées par une aigrelte. 

INULE AULNÉE, vulgairement Aulnée, Aunéez Enula- 

campand. 
_Inula Helenium. Lin.Sp.1256.— Helenium. Blackw. 
Herb.t. 473. — Enula-campana. Pharm. | 

Sa racine est épaisse, charnue, vivace, ui peu rameuse, 

brune extéricurement, blanche à l'intérieur; elle donne 
Fes 


29 c RADIÉE 

naissance à une tige droite, un peu rameuse dans sa parlie 
supérieure , häute de trois À uatre pieds. Ses feuilles sont : 
ovales-lancéolées, fort grandes, dentées en leurs bords, 
ridées en dessus A Caen en dessous; les radicales 
pétiolées , et celles de la tige sessiles. Ses floues sont jaunes, 
très-grandes, terminales, et elles ont les écailles extérieures 
de leur calice comman élar gies et ovales. Cette plante croît 
dans les prés et dans les bois humides des montagnes; elle 
fleurit en juillet et août. 

La racine d’Aulnée à une saveur un peu âcre, légère- 
ment amère, el son odeur aromatique est assez agréable : 2 
c’est la seule partie de la plante dont on fasse usage, Elle est 
tonique, vermfage, emménagogue, apéritive, résolative, 
expectorante, dinrétique et sudorifique. On la prescrit prin- 
cipalement dans les cachexies, la chlorose , lhypocondrie, 
les engorgemens et l Obstictian des viscères abdominaux, 
les hydropisies ; les catarrhes chroniques, l’asthme humide, 
les maladies vermineuses des enfans. Les anciens l’ont pré- 
conisée comme alexipharmaque, d'où on l’emploie aussi 
dans les fièvres putrides et malignes. C’est principalement 
a létat de desication et eduitet en poudre qu'on en fait 
usage. Sa dose en nature est d’un demi-gros à 2 gros, et en 
infusion de 2 à # gros. On prépare dans les pharmacies un 
vin d’Aulnée qui est assez employé, et qui est un bon stoma- 
chique. On fait avec de la graisse de porc et cette racine en 
poudre, une pommade dont quelques praticiens se servent 
dans le traitement dela gale. Cette même poudre seule sert 
pour déterger les ulcères scorbutiques et de mauvaise nature. 
On prépare encore un extrait, une conserve de racine 
d’Aunée, et cette racine elle-même ou lés feuilles de la plante 
eutrent dans plusieurs compositions officinales, dont les plus 
connues aujourd’hm sont la ‘Thériaque et les sirops d’Ar- 
moise et d'Erysirum. 


INULE DISENTÉRIQUE , vulgairement Æerbe dé Saint- 
Roch. 
Inula dysenterica. Lin. Sp. 1257. — Conyza aqua- 
ica , Asteris flore aureo. Flor. Dan. t. 413. 


Sa tige, haute de 2 pieds ou environ, est droite, très- 
velue, garnie de feuilles ovales oblongues, amplexicaules , 
mule en leurs bords, d’un vert pâle et légèrement velues 
en dessus, cotonnenses et blanchâtres en dessous, Ses fleurs 


RADIÉES, 295 


sont jaunes, larges d’un pouce, pédonculées et disposées en 
corymbe au sommet de la tige et des rameaux. Cette espèce 
croît sur les bords des eaux et dans les prairies humides et 
marécageuses, Elle fleurit en juillet et août. 

La plante entière est un peu âcre et légèrement aroma= 
tique. Elle est généralement fort peu employée par les mé 
decins, quoique ses propriétés toniques et astringentes pa- 
raissent bien eonstatées. Les Russes s’en sont servis avec 
beaucoup de suecès dans une dysenterie qui avait attaqué 
leur armée pendant une de leurs guerres contre les "Furcs. 


171° Genre. — HÉLIANTHE. HELIANTHUS. Lin. 


Calice commun, composé d’écailles foliacées, imbriquées, 
ouvertes. Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons 
de la circonférence stériles. Réceptacle plan, garni de pail- 
letles concaves, caduques. Graines couronnées par 2 pail- 
lelles aiguës, eaduques. 


HÉLIANTHE TUBÉREUX, vulgairement T'opinambour, 
Poire de terre. 
Helianthus tuberosus. Lin. Spec. 1277.— Jacq. Hort. 
Vind. t..161. — Æeliinthemum tuberosum esculentum. 
Fharm. 


Sa racine est un tubercule irrégulièrement arrondi , 
ovale ou oblong, bosselé, rougeâtre en dehors, très-blanc 
en dedans, lequel s’épuise el périt après avoir nourri la üge 
qu'il produit , maïs qui, en même temps et avant de se dé- 
truire , donne naissance à des fibres rampantes qui s'étendent 
çà et là, à la distance de quelques pouces, où elles forment de 
nouveaux et de nombreux tubereules semblables à ce qu'était 
la racine mère, et par lesquels la plante se multiplie à Finfini. 
Sa tige est droite, cylindrique, simple dans sa partie infé- 
rieure, grosse comme le pouce ou davantage, haute ce 
6 à 10 pieds, rude au toncher, à cause des petits poils qui la 
recouvrent. Ses feuilles le plus souvent opposées, quelquefois 
ternées, rarement allernes, si ce n'est dans la partie su pé- 
rieure des tiges où celte disposition est constante, sont péuo- 
Ices, ovales , aiguës, rudes au toucher. Ses fleurs sont jäunes, 
larges d’un pouce el demi à deux pouces au plus, disposées 
à l'extrémité de la tige et des petits rameaux qui naissent 
dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante est 
origimaire, les uns disent du Brésil, les autres des mon- 

IL 4 


296 RADIÉES. 

tagnes du Chili; mais elle est aujourd’hui si bien acclimatée 
en France et dans une grande partie de l’Europe, qu'on 
peut la regarder comme si elle était indigène; elle fleurit 
eu septembre et octobre. 

. Les Topinambours ne sont d’aucun usage en médecine, 
mais ils méritent quelque considération à cause de leurs 
propriétés économiques. Leurs tubercules ont une saveur 
douce, qui approche beaucoup de celle du cul d’artichaut. 
On les mange cuits et assaisonnés de différentes manières. 
Plus relevés que la Pomme de terre, ils sont d’ailleurs beau- 
Coup moins nourrissans, parce qu'ils ne contiennent pas du 
tout de fécule. L’analyse chimique n’y a pas non plus 
trouvé de matière sucrée , el la privation de ces deux prin- 
cipes qui existent dans la Pomme de terre, fut qu'ils ne 
soul pas susceptibles de passer à la fermentation vineuse, ni 
à la fermentation panaire. Sous ces deux rapports, ils seront 
toujours beaucoup au-dessous de la précieuse racine avec 
laquelle l’Europe peut désormais être à l’abri de la disette. 
Cependant les Topinambours méritent l’attention des cul- 
livateurs; leurs racines peuvent fournir aux bestiaux , pen-- 
dant six mois de la mauvaise saison, une nourriture qu’ils 
aiment beaucoup, et très-propre à les engraisser. Leurs 
jeunes liges et leurs feuilles peuvent faire un bon fourrage 
au commencement du printemps, et les moutons s’en accoim- 
modent, même lorsqu'on les coupe à la fin de l'été pour les 
faire sécher et les leur donner en hiver. Les tiges sèches 
donnent par incinération une grande quantité de potasse. 


192° Genre. — Souci. C4LENDULA. Lin. 


Calice commun, composé d’un seul rang de folholes 
égales. Fleurons da disque de deux sortes ; ceux du centre 
males, ceux qui les entourent hermaphrodites. Demi-fleu- 
rous de la circonférence tous femelles. Réceptacle nu. 
Graines nues; ceiles de la circonférence comprimées, mem- 
braneuses; les intérieures arquées, presque triangulares. 

SOUCI CFFICINAL, vulsairement Soucc des jardins. 

Calendula officinalis. Lin. Spec. 1304. — Calendula 
Blackw. Herb. L 106. — Calendula sive Caltha. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle; elle produit une tige 
anguieuse, velue, un peu visqueuse, ainsi que toute la 


RADIÉES. 207 


plante, haute de 8 à 12 pouces, divisée en plusieurs rameaux 
garnis de feuilles oblongues, entières, sessiles, embrassantes, 
d'un vert gai; les inférieures en forme de spatule. Ses fleurs 
sont d’un jaune foncé , grandes , terminales. Les graines 
de la circonférence sont élargies, courbes et creusées en 
forme de nacelle, obtuses et rudes sur leur dos; celles du 
centre RRTLON courbées en arc et également rudes sur 
leur dos. Cette plante croit naturellement dans les départe- 
mens du midi; on la cultive dans les jardins du nord , où elle 
se multiplie presque spontanément. Elle fleuri depuis le 
mois de juin jusqu ’à la fin d'octobre. 

J'outes les parties du Souci official ont une odeur aro- 
matique forte, peu agréable, et leur saveur est amère. On 
atlribue à he plante la propriété d’être apérilive, sudori- 
 fique, antispasmodique el surtout emménagogue. C’est 
principalement dans ces deux dermères indications qu'on 

en fait usage dans la chlorose, la suppression du flux men- 
struel, des lochies, et dans les aflec tions hystériques. Peyrilhe 
dit que le Souci est un peu narcotique ; d’autres l’ont recom- 
inandé contre les ser ophules et dans la pelite- -vérole. Pnën, 
on la regardé comme antiseptique, et c'est pour cela qu’on 
en préparait autrefois un vinaigre qu on trouve indiqué 
comme préservalif des fièvres contagieuses et de la peste. Les 
fleurs ou les sommités fleuries ut. les parties de la plante 
dont on fait maintenant usage ; on les prescrit en Imfuston à 
Ja dose d’un LÉPOSÉ à demi-once pour une pinie d’eau. L'eau 
distillée de Souci à un peu vieilli, La conserve des fleurs 
n'est plus du tout en usage, et les autres préparations phar- 
maceuliques dans lesquelles elles entrent le sont si peu 
aujourd’hui, qu'il devient inutile d'en parler. 


SOUCI DES CHAMPS, vulgairement Soucz sauvage, Souci 
des vignes. 
Calendula arvensis. Lin, Spec. 1505. 


Cette espèce diffère de la précédente parce qu'elle est plus 
petite dans toutes ses par Hes, Pan AE graines du centre 
sont forlement arquées, creustes en nacelle d’un côté, hé- 

rissées d’aspérités sur leur dos, et parce que celles de la 
circonférence sont plus allongées, souvent prolongées en 
pointe bifide. Elle croît dans les champs, les lieux cultivés, 
les vignes, et fleurit en juir, juillet et août. 

Le Souci des champs a les mêmes propriétés que le Souci 


298 RADIÉES. 


Officinal; il peut être employé à sa place, dans les cas ou ce 
dernier est indiqué. 


179° Genre. — ARNIQUE. ARNICA. Lin. 


Calice commun composé de deux rangs de folioles égales. 
Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la 
circonférence munis de 5 filamens stériles. Toutes les graines 
également munies d’aigrettes. Réceptacle nu. 

ARNIQUE DE MONTAGNE, vulgairement Ærnica, Do- 

ronic d'Allemagne, Tabac des Vosges, T'abac des 


montagnes, Béloine des montagnes, Plantain des 


Alpes. 
Arnica montana. Lin. Spec. 1245.—Doronicum Aus- 
friacum quartum. Flor. Dan. t. 65. — Doronicum sive 


Alisma, et Arnica Germanorum. Pharm. 


Sa racine est brunâtre, horizontale, vivace, grosse comme 
une petite plame à écrire, garnie de quelques fibres plus 
menues ; elle produit une tige cylindrique, velue, haute 
de 12 à 20 pouces, presque simple, nue dans la plus grande 
partie de son étendue, munie à sa base de plusieurs feuilles 
vvales-lancéolées, rétrécies en pétiole par le bas, légèrement 
pubescentes où presque glabres : cette tige est elle-même 
chargée de deux ou {rois paires de feuilles qui vout toujours 
en diminuant de grandeur, et les supérieures , qui devien- 
nent très petites, sont le plus souvent alternes. Ses fleurs 
sont d'un beau jaune, larges de 2 pouces à 2 pouces et 
demi, solitaires à l'extrémité de la tige ou de quelques ra- 
meaux nés dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette 
plante croît dans les prairies des Alpes, des Cévennes, des 
Pyrénées, des Vosges, des montagnes d'Auvergne; elle 
fleurit en mai, juin et juillet. 

L”Arnica a une odeur faible, mais un peu nauséeuse ; sa 
saveur est äcre, légèrement amère. Celles de ses parties usi- 
iées en médecine sont principalement les fleurs, que l’on 
prépare en infusion à la dose d’un gros à 1 once pour une 
pinte d’eau , que l’on administre aux malades dans l’espace 
de vingt-quatre heures. On fait aussi, mais plus rarement, 
usage de la racine ; elle est plus active et doit être donnée à 
plus faible dose. ‘ 

L’Arnica jouit d’une propriété tonique et excitante fort 
prononcée, qui le rend très-utile dans les maladies cau- 


RADIÉES. 299 


sées ou entrelenues par la débilité. Cette plante était peu 
employée en France il y a trente à quaranie ans; ce sont 
les médecins allemands qui les premiers l'ont préconisée, 
Collin assure s'en êlre servi avec beaucoup de succès dans 
de nombreux cas de par alysie, dans les engorgemens des 
viscères abdominaux. Le même auteur et Stoll en ont Éga» 
lement fait usage avec le plus grand avantage dans des dy- 
senteries biliéuses, putrides, dans des fièvres quartes rebelles. 
D'autres prétendent aussi l'avoir employée avec succès dans 
des affeclions spasmodiques et convulsives, dans la goulte 
sereine, Paménorrhée, la suppression des lochies, l'asthme 
humide, la goutte , la néphrite calculeuse ; mais il s’en faut 
bien que son efficacité soit prouvée dans ces derniers cas. 
Enfin on a encore attribué à l’Arnica la propriété de ré- 
soudre puissa ee le sang coagulé et épanché à la suite 
des chutes et des contusions ; quelques médecins l’ont même 
vanlé, dans ces cas, comme un spécifique infaillible, et dans 
les Vosges de même que dans plusieurs pays de l’Alle- 
magne , cette plante jouit ençore, sous ce rapport, d'une 
grande réputation parmi le peuple. 

La racine d’Arnica provoque plus facilement le vomis- 
sement que les fleurs, mais l'infusion de celles-ci, lorsqu’elle 
est trop chargée ou ‘donnée à trop haute dose, peut elle- 
même causer des vomissemens, des vertiges et des convul- 
SIOUS. 


174° Genre. — Doronic. DoronNICUM. Lin. 


Calice commun composé de deux rangs de folioles égales. 
T'leurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la 
circonférenice femelles , fertiles. Graines du disque couron- 
nées par ane aigrette simple; celles de la cir rconfére ence nues. 
Réceptacle nu. 


Doronic MoRT-AUX-PANTHÈRES, vulgairement Do- 
rorLic. 
Doronicum pardalianches. Lin. Spec. 1247. — Jacq. 
ET. Aust. t. 550. — Doronicum. Pharm. 


Sa racine est un peu tuberculeuse, oblongue, noueuse, 
{raçante, vivace, garnie de fibres latérales qui lui donnent 
en quelque sorte la forme d’un scorpion ; elle produit une 
tige cylindrique, striée, chargée de poils, simple; ou le 
plus souvent un peu rameuse dans sa partie supérieure , 

/ 


300 RADIÉES. 


haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles radicales sont pétiolées, 
cerdiformes, obluses, molles, un peu velues, crénelées en 
leurs bords ; celles de la tige ovales, alternes, peu nom- 
-breuses, rétrécies à leur base en une oreillette amplexicaule 
irès-remarquable. Ses fleurs sont assez grandes, jaunes, por- 
tées chacune sur un pédoncule simple , long, solitaire à 
l'extrémité de la tige on des rameaux. On trouve cette plante 
dans les Alpes, les Pyrénées, les Cévennes et les montagnes 
d'Auvergne. Elle fleurit en mai. 
La racine de Doronic, regardée comme un alexiphar- 
maque par les uns, comme un poison par les autres, a été 
prise à la dose de 2 gros par Gesner, qui soutenait la pre- 
mière opinion, el qui voulait prouver à Matthiole qu’elle 
n'était pas vénéneuse pour l’homme: mais cette expérience 
ne fut pas heureuse, car huit heures après il avait le bas- 
ventre enflé, et il éprouva pendant deux jours une débilité 
générale très-marquée. Au bout de deux jours un bain chaud 
fit disparaître ces accidens. Cortuse et Matthiole l’ont éprou- 
vée sur des chiens; elle fait mourir ces animaux. Cependant, 
quelques auteurs, croyant toujours à sa prétendue vertu 
alexipharmaque, ont continué à soutenir qu’elle n’était nui- 
sible que lorsqu'elle était prise fraîche, ainsi que Cortuse, 
Matthiole et Gesner l'avaient essayée, mais qu’elle m'avait 
aucune propriété dangereuse lorsqu'elle était sèche. C'était 
sous cette forme qu’on l’employait autrefois dans le Diam- 
bra de Mesué, le Diamargaritum d’Avicenne, le Dia- 
moschus, lElectuaire de Perles, et autres compositions offi- 
cinales de l’ancienne polypharmacie, et qui sont aujour- 
d’hui oubliées depuis long-temps, ainsi que le Doronic lui- 
même. 
Le Doronic Scorpioide, Doronicum Scorpioides, Lin., 
autre espèce du même genre, doit aussi être regardée comme 
une plante suspecte et dangereuse. On lui attribuait jadis la 
propriété de guérir les morsures des scorpions; elle est 
inaintenant tombée dans l’oubli le plus profond. 


175° Genre. — SENECON. SENECIO. Lan: 


Calice commun compost d'un seul rang de folioles égales, 
droites, et entouré à sa base par quelques écailles courtes, 
membraneuses et souvent noirätres à leur sommet. Fleurons 
du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la eirconfé- 
rence femelles et fertiles ; ils manquent toujours dans plu- 


RADIÉES. 501 


sieurs espèces. Graines surmontées d’une aigrette de poils 
simples. Réceptacie nu. 


SENEÇON JACOBÉE, vulgairem. ÆZerbe de Saint-Jacques, 
Fleurs de Saint-Jacques. 
Senecio Jacobæa. Lin. Spec. 1219. — ÆZerba Sancti- 
Jacobi. Fuchs. Hist. 72. — Jacobæa. Pharm. 


La racine de celle plante est vivace, divisée en beancoup 
de fibres blanchâtres: elle donne naissance à une tige cylin- 
drique, striée, légèrement pubescente, le plus souvent rou- 
geälre et simple dans sa partie inférieure , haute de 2 à 
5 “pieds, garnie de feuilles alternes, pétiolées , allongées, 
glabres, pinnatifides , découpées en lobes profonds, inégaux, 

iversement laciniés et dentées, ordinairement obtus. Le 
diversement laciniés et dentées, ord ent obtus. Les 
fleurs sont jaunes , assez grandes, radiées, disposées en un 
arge corymbe au sommet de la tige et des rameaux : leur 
large b t de la tige et de l 
calice commun est composé de folioles étroites, égales et 
subulées. Les graines sont petites, sarmontées d’une aigrette 
de poils très-blanes, sessiles. La Jacobée fleurit en juin et 
juillet, et croît communément dans les bois et les pâturages. 

Ses feuilles et ses fleurs ont une saveur amère , légére- 
ment astringente , et une odeur un peu aromatique. Selon 
les anciennes Pharmacopées , elles sont émollientes, déter- 
sives , résolutives, apérilives et vulnéraires. On a conseillé 
leur décoction pour servir de gargarisme dans l’angine et 
l'inflammation des amygdales, et intérieurement dans la 
dysenterie. Exlérieurement on les employait autrefois pour 
déterger les uleères anciens el sordides ; mais on n’en fait 
plus aujourd’hui aucun usage dans la pralique. 


SENEÇON COMMUN. 
Senecio vulgaris. Lin. Spec. 1216. — Senecio Fuchs. 
Hist. 288. — Senecio vel Erigeron. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle donne naissance à 
une tige droite, tendre, presque glabre, rameuse, haute de 
6 à 10 pouces, garnie de feuilles alternes , sessiles , amplexi- 
caules, pinnatifides ou sinuées, à divisions dentées, glabres 
des deux côtés, ou quelquefois un peu blanchätres et coton- 
neuses en dessous. Ses fleurs sont jaunes, disposées, à l'ex- 
trémité des tiges et des rameaux, de manière à former un 
corymbe lâche et paniculé : elles sont entièrement compo- 
sées de fleurons hermaphrodites ; leur calice commun est 


502 _ RADIÉES: 

cylindriqué, formé de folioles aiguës et noirâtres à leur somt- 
met. Celte plante est très-commune dans les lieux cultivés; 
on la trouve en fleur depuis le printemps jusque très-avant 
dans l’automne. 

Le Senecon commun n’a jamais joui de beaucoup de 
vogue, et en effet, presque sans saveur , sans odeur , il ne 
peut être doué d’une grande activité: il passe pour émol- 
lient , adoucissant et résolutif. Les cataplasmes que l’on en 
a conseillés pour appliquer sur les mamelles gonflées par le 
lait, sur les tumeurs hémorroïdales douloureuses, n’ont pas 
plus de vertus que les autres applications émollientes. Les 
Anglais, selon le témoignage de Rai, s’én servaient autre- 
fois dans la médecine véiérinaire ; ils en donnaient le suc 
aux chevaux quiétaient tour:entés par des vers. C’esl peut- 
être d'après cela que ce suc a été également recommandé à 
la dose de 2 onces, par quelques auteurs, pour les vers 
intestinaux de l'homme. Ou trouve encore que d’autres l'ont 
prescrit dans la jaunisse, les maladies du foie. Boerhaave 
veut que, mêlé avec l'oxycrat, on en fasse des gargarismes 
pour les maux de gorge inflammatoires. Aujourd’hui les 
médgcins emploient irés-peu le Seneçon commun à l’'inté- 
rieur ; quelques-uns font seulement entrer sa décoclion dans 
les layemens émolliens. 


176- Genre. — SoripAce. SoziDp4co. Lin. 


Calice commun, composé d’écailles oblongues, inégales, 
imbriquées, redressées, conniventes. Fleurons du disque 
hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence femelles, 
écartés et environ au nombre de ä. Graïnes couronnées par 
une aigrette de poils simples. Réceptacle nu. 


SOLIDAGE VERGE D'OR, vulgairement Ÿerge d'or, 
rande Verge dorée. 

Solidago Virga-aurea. Tin. Spec. 1255. — VWirga 

aurea latifolia serrata. Flor. Dan. t. 665. — f'irga aurea. 


Pharm. 


Sa racine est horizontale, vivace, munie de plusieurs 
fibres; elle produit une tige simple, droite, glabre infé- 
rieurement , pubescente dans sa partie supérieure, haute 
de 2 à 3 pieds, garnie de feuilles ovales lancéolées , dentées, 
glabres, rétrécies en pétiole à leur base. Ses fleurs sont 
jaunes , assez pelites, disposées en une longue grappe ter- 


RADIÉES. 509 
minule, composée de plusieurs peliles grappes qui naissent 
dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante est 
commune dans les bois; elle fleurit en juillet, août et sep- 
tembre. 

La Verge d’or était autrefois regardée corime détersive, 
diurétique , astringente, vulnéraire, et l’on en faisait assez 
fréquemment usage dans les obstructions des viscères abdo- 
minaux, les hydropisies, la gravelle, la colique néphrétique, 
la dysenterie, les hémorragies. On la donnait en infusion 
el en décoction ; on en faisait prendre la poudre à la dose d’un 
à 2 gros. Aujourd'hui cette plarite est à peu près bannie de 
la pratique ; maison la voit encore entrer dans la composition 
des vulnéraires suisses dont j'ai déjà eu occasion de parler. 
Les pharmaciens ont cessé depuis assez long temps d’en pré- 
parer une eau distillée et un extrait. Dans le dernier Codex 
de l’ancienne faculté de Paris, elle était restée au nombre des 
espèces dont les feuiiles entraient dans l'eau vulnéraire et 
l'eau générale. 


179° Genre. — 'TUSSILAGE. 7 USs1L4Go. Lin. 


Calice commun, composé de folioles linéaires, disposées 
sur un seul rang. Ficurons du disque hermaphredites, 
Demi-fleurons de la circonférence femelles et terininés par 
une languette linéaire, entière, trés-étroite. Graines oblon- 
gues, surmontées d'une aigrette de poils simples. Réceptacle 
glabre, ponctué. 

TUSSILAGE COmuUX, vulgairement Tussilage, Pas- 

d'äne. 

T'ussilago vulsaris. Bauh. Pin. 197. — T'ussilago. 
Pharin.—Wussi/ago furfara. Lin. Spec. 1214.— Blackw. 
Heb. t, 204. 


Ses racines sont grosses comme une plume à écrire, 
tendres, blanches, fort longues, traçantes, vivaces; elles 
produisent de distance à autre, plusieurs tiges droites, hautes 
de 6 à 10 pouces, simples, fistuleuses, un peu rougeätres, 
revêtues d’un duvetcotonneux, munies, dans toute leur lon- 
gueur, de petites feuilles lancéolées, membraneuses, sessiles, 
Les feuilles radicales, qui ne paraissent qu'après la floraison , 
sont pétiolées, assez grandes, échancrées en cœur à leur 
base, anguleuses et denticulées en leurs bords, d’un vert 
gai en dessus, blanchâtres et colonneuses en dessous. Les 


504 :  RADIBES. 
fleurs sont jaunes, lerminales, Jarges d'un pouce. Cette 
plante se trouve lr'ès-communément dans les champs argi- 
leux et humides: elle fleurit eu mars et avril. 

Presque toute la plante jouit des mêmes propriétés, ce- 
pendant les fleurs sout plus usitées que les autres parties. 
Elles sont un peu amères et mucilagineuses. Le Tussilage a 
de tout temps oblenu une place distinguée parmi les pec- 
toraux. C'est en infusion théiforme qu'on doit l’administrer. 
Certains auieurs ont préconisé ses succès dans un grand 
nombre d’affections de poitrine , qui font toujours le déses- 
poir des médecins; mais dire que le Tussilage en est le 
remède, c'est ce qu'un praticien observateur ne se permettra 
point. 

Dans les pharmacies, les fleurs de Tussilage servent à 
composer un sirop connu sous leur nom. On en préparait 
aussi une conserve el une eau distillée qui sont à peu de chose 
près Lombées en désuélude. Ces fleurs sont encore au nombre 
des substarices indiquées comnie devant entrer dans le sirop 
de grande Consoude, et la racine doit ausséfaire partie du 
sirop d'Erysimum. On emploie rarement les feuilles de 
Tussilage en topique. Linné dit qu'en Suède il y a des gens 
qui s'eu servent pour fumer. 


Famille XL VIII. 
FLOSCULEUSES. 


La disposition des fleurs est la même dans cette famille 
que dans la précédente ; mais la fleur composée, que forment 
les fleurettes réunies, diffère en ce qu'elle ne contient que 
des fleurons et qu'elle est dépourvue, à la circofférence, de 
ces demi-fleuross qui consutuent la couronne des Radiées. 
Les fleurons sonfftantôt tous hermaphrodiles, tantôt neutres 
ou femelles à la circonférence, et seulement hermaphrodites 
dans le centre; les neutres sont souvent irréguliers, tandis 
que les hermaphrodiles sout toujours réguliers, quinqné- 
fides , ayant leurs étamines et leur pistil conformés comme 
ceux des Radices. Les graines qui succèdent à chaque fleur 
sont de même, nues ou chargées d’une aïgrette de poils. 

Les Fiosculeuses sont des plantes herbacées, rarement 
frutescentes ; à feuilles ordinairement allérnes, entières ou 
découpées ; à fleurs terminales, en corymbe, en grappe ou 
sobtaires. 


FLOSCULEUSES. 5uû 


Une partie des plantes de cette famille se rapproche beau- 
coup par ses propriétés de celle des Radiées; telles sont les 
Armoises, les Balsamites, les Santolines, les Tanaisies, qui 
soñt amères et aromatiques , et qu’on emploie comme fébri- 
fuges, vermifuges, stomachiques, antispasmodiques et em- 
ménagogues. 

Une autre partie des Floseuleuses est dépourvue de prin- 
cipe aromatique et volatil, mais les plantes qui lui appar- 
tiennent renferment un principe extractif amer, qui les rend 
plus ou moins toniques, stomachiques, fébrifuges et sudo- 
rifiques. T'els sont les Artichauts 7 les Centaurées, la Bar- 
dane , les Chardons. Lorsque l’amertume n’est encore que 
peu développée dans les espèces de ce dernier groupe, qu’on 
peut désigner sous le nom de Carduacées , à cause des rap 

orts de conformation qu’elles ont toutes ‘avec le genre 
Chardon, les pétioles des feuilles ou les réceptacles des fleurs 
sont bons à manger. Ainsi on fait usage comme aliment, des 
réceptacies de l'Artichaut, de ceux de plusieurs Carlines et 
Onopordes, avant le développement des fleurs ; et l’on mange 
aussi les pétioles des jeunes feuilles du Cardon d’Espagne, et 
même les feuilles entières de la Bardane, des Carthames, 
du Chardon-Marie et de quelques Centaurées. 

Les graines des Flosculeuses sont oléagineuses et amères ; 
celles des Carduacées sont en général peu employées, quoique 


celles du Carthame et de la Bardane passent pour purgatives. t 


178° Genre. — PÉTASITE. PETASITES. ‘Tournef. 


Calice commun composé de folioles linéaires, disposées 
sur un seul rang. Fleurons du disque hermaphrodites; ceux 
de la circonférence quelquefois femelles. Graines oblongues 
surmontées d’une aigrette de poils simples. Réceptacle glabre. 

PÉTASITE COMMUN, vulgairement {Zerbe aux teigneux, 

Herbe à la teigne, Chapelière, grand Pas-d’âne. 

Petasites vulgaris. Desfont. FI. atlant. 2. p. 270. — 


Petasiles. Pharm.— T'ussilago Petasites. Lin, Spec. 1215. 
Bull. Herb. t. 391. 


Ses racines sont épaisses , longues, charnues ;'traçantes, 
blanchâtres en dedans, nomâtres au dehors, vivaces; elles 
donnent naissance à une ou plusieurs tiges droites, simples, 
épaisses , hautes de 6 à 10 pouces, lanugineuses , chargées, 
dans toute leur longueur, de petites feuilles sessiles, et à leur 


V 


PANTIN 


306 FLOSCULEUSES. 


sommet d’une grappe de fleurs purpurines. Les feuilles 
radicales sont pétiolées , grandes, cordiformes, denticulées, 
cotonneuses en dessous, glabres en dessus. On trouve cetie 
plante sur les bords des fossés et dans les lieux humides. Elle 
fleurit en mars et avril. 

" La racine de Pétasite a, lorsqu'elle est récente, une 
odeur forte , une saveur arnère, âcre et un peu aromatique ; 
la dessiccation ne lui ôte rien de ces qualités. On la re- 
garde comme sudorifique , apéritive, diurétique et béchi- 
que. Autrefois on la croyait aussi alexitère, ce qui la faisait 
employer dans les fièvres malignes. On s’en sert encore 
quelquefois maintenant dans les affections catarrhales, dans 
l’asthine. Sa dose en décoction est d’une demi-once à r once 
pour 2 livres d’eau. La racine de Pétasite, appliquée exté- 
rieurement, est résolutive. Elle entrait autrefois dans quel- 
ques préparations pharmaceutiques qui sont peu ou point 
usitées de nos jours. Le noi vulgaire d'Æerbe aux teigneux 
donné à cette plante, lui vient de ce que dans les cam- 
pagnes on emploie souvent ses feuilles, de mème que celles 
de la Bardane, pour mettre sur la tête des enfans qui ont la 
teigne. 


LL L1 - s 
179° Genre. — EUPATOIRE. EUPATORIUM. Lin. 


Calice commun oblong, cylindrique, imbriqué. Fieurons 
peu nombreux, tous hermaphrodites. Graines cowonnées 
par une aigretle*composée de poils capillaires, simples ou 
dentées. Réceptacle nu. 

EUPATOIRE D’AVICENNE, où EUPATOIRE A FEUILLES 

DE CHANVRE. 

. Eupalorium cannabinum. Lan. Spec. 1175.—F1. Dan. 

t. 945. — Eupatorium Arabum. Pharm. . 


Sa racine est horizontale, vivace, garnie de plusieurs 
grosses fibres blanchâtres; elle donne naissance à une tige 
cylindrique, velue, d’un vert rougeätre, droite, haute de 
3 à 4 pieds, rameuse dans sa partie supérieure, garnie de 
feuilles opposées, sessiles , composées de 3 folioles lancéo- 
lées, dentées. Ses fleurs sont rougeâtres , disposées, à l’ex- 
irémité de la tige et des rameaux, en corymbe serré; leurs 
styles sont très-longs. Cette plante croît sur les bords des 
ruisseaux et dans les lieux humides et marécageux; elle 
fleurit en juillet et août. 


FLOS@ULEUSES. 307 


L’Eupatoire a une saveur amère, aromatique et piquante, 
qui est plus développée dans ses racines que dans ses autres 
parties. Ces racines ont été conseillées dans la chlorose, la 
suppression des règles , les catarrhes atoniques , les maladies 
de la peau ,-les engorgemens des viscères qui surviennent 
‘après les fièvres intermittentes, les hydropisies , et surtout 
“dans l’ascite essentielle. Leur propriété réelle est d’être 
purgatives, selon plusieurs auteurs, dont les uns assurent 
en avoir expérimenté l’infusien vineuse, d’autres un ex- 
trait alcoolique; je les ai essayées en poudre à la dose de 
60 grains, et elles n’ont produit aucun effet purgatif, 
(Voyez 2° partie’, Succédanées du Jalap, $. VI.) La dose 
qu’on indique comme purgative, est 1 once de Ja racine 
fraîche, infusée dans 4 onces de vin ; la décoction aqueuse 
est moins active. On a aussi conseillé la décoction et le suc 
exprimé des tiges et des feuilles contre la gale et la jaunisse , 
et leur application en cataplasme , comme moyen propre 
à guérir les ulcères scorbutiques. On a encore prétendu que 
de telles applications pouvaient dissiper les tumeurs œdé- 
mateuses, et même l’hydrocèle, sans faire la ponction. 
Aujourd’hui l'Eupatoire n’est presque plus d'usage dans la 
pratique. ’ 


180° Genre. — BALSAMITE. BA4LSAMITA. Desfont. 


Calice commun imbriqué, orbiculaire. Fleurons tous 
hermaphrodites etf 5 lobes. Graines couronnées par une 
membrane incomplète. Réceptacle nu. 


BALSAMITEMAJEURE, vulgairement grande Tanaisie, 
Menthe-Coq, Menthe Notre-Dame, Herbe au Coq , 

Cog des jardins, Grand-Baume, Paste. 
Balsamita major. Dod. Pempt. 295. — Tanacetum 
Balsamita. Lin. Spec. 1148.— Costus hortorum. Pharm. 


Sa racine est horizontale, vivace, garnie de plusieurs 
fibres ; elle produit une tige cannelée, velue, rameuse. 
haute de 2 pieds ou environ, garnie de feuilles ovales- 
oblongues, dentées en leurs bords, d’un vert blanchâtre ; 
les inférieures pétiolées , et les supérieures sessiles, auricu- 
lées à leur base, Ses fleurs sont jaunes, disposées en corymbe 
au sommet de la tige et des rameaux. Cette plante croit 
naturellement dans les départemens du midi, et on la trouve 


V 2 


308 À FLOSCUIMÆUSES. 


dans beaucoup de jardins, où elle se multiplie facilement. 
Elle fleurit en juillet et août. 

Les feuilles et les fleurs de la Balsamite majeure joignent 
à une saveur amère et aromatique , une odeur forte et 
agréable. On les regarde comme céphaliques, antispasmo- 
diques, stomachiques et emménagogues. On en préparait 
autrefois un extrait, une conserve, une eau distillée et uné 
huile par infusion, que l’on nommait huile de baume. Cette 
dernière était estimée comme un puissant vulnéraire , et 
l’on en faisait usage pour toutes sortes de plaies et de con- 
tusions; mais maintenant que les médecins n’ont plus la 
même foi dans les vulnéraires, la Balsamite a perdu la plus 
grande partie de son crédit , et elle est très-peu employée, 
surtout à Paris ; elle paraïtrait cependant mériter de l’être 
davantage , sous le rapport de ses autres propriétés qui ne 
sont pas 1llusoires. ; 

Les sommités fleuries de la Menthe-Coq entrent dans le 
Baume tranquille. Ses autres préparations, dont j'ai déjà 
parlé, sont tombées en désuétude dans le nord de la France; 
mais, dans plusieurs villes d'Italie, on fait encore un usage 
fréquent de son eau distillée , que l’on emploie aussi com- 
munément et à peu près dans les mêmes circonstances que 
l’eau de fleur d'Orange à Paris. Les feuilles de cette plante 
servaient autrefois comme assaisonnement dans la cuisine, 
surtout pour meltre dans les pâlés, et c'était de là que 
lui était venu un de ses noms vulgaires; mais le goût des 
épices étrangères les a fait oublier. EfMialie, elles entrent 
encore dans les salades, pour en relever le goût. 


181° Genre. — TANAISIE. T'ANACETUM. Lin. 


Calice commun hémisphérique, imbriqué de petites fo- 
lioles aiguës et serrées. Fleurons du centre hermaphrodites, 
à 5 lobes, ceux de la circonférence fémelles, fertiles et à 
5 lobes. Réceptagle nu. Graines couronnées par un rebord 
membraneux et entier. 


TANAISIE COMMUNE, vulgaement T'anaisie, T'anésie, 
Herbe aux vers, Barbotine. 


T'anacetum vulgare. Lin. Spec. 1148. — T'anacelum. 
Blackw. Hérb. t. 464. — T'anacetum sive Athanasia. 
Pharm. 


Sa racine est ligueuse, allongée, horizontale, vivace ; 


# 


FLOSCULEUSES. 50g 


divisée en plusieurs fibres; elle produit une ou plusieurs 
tiges droites, striées , hautes de 2 pieds ou un peu plus, gar- 
nies de feuilles grandes, alternes, pétiolées, deux fois ailées, 
d’un vert foncé, à folioles allongées, étroites, incisées. Ses 
fleurs sont d’un jaune foncé et brillant, nombreuses, dis- 
posées en corymbe à l’extrémité de la tige et des ramicaux. 
* Cette plante se trouve dans les lieux montueux et sur les 
bords des champs; elle fleurit en juillet et août. 

Les feuilles et les fleurs de la Tanaisie sont âcres, améres 
et aromatiques. On les regarde comme toniques, stoma- 
chiques , fébrifuges , sudorifiques , vermifuges , emména- 
gogues, anti-hystériques. On les peut prendre en infusion, 
ou mieux encore leur suc, lorsqu'elles sont fraîches, à la 
dose de 2 à 4 onces ; mais leur saveur forte, amère et assez 
désagréable fait qu'on les emploie moins souvent en boisson 
qu’en lavement. On les conseille dans les fièvres intermit- 
tentes , les affections vermineuses, les cachexies, les ob- 
structions des viscères, l’hydropisie , la chlorose, la sup- 
pression des règles, l'hystérie, les convulsions et l’épilepsie 
même. Extérieurement on a recommandé le suc des feuilles 
de cette plante contre la teigne , les dartres, et autres mala- 
dies de lä peau. Ces feuilles entières, cuites dans l’eau, et 
mieux encore dans le vin, ont, dit-on, été utiles en fomen- 
tations dans les rhumatismes chroniques, l'œdème des ex- 
trémités inférieures, et principalement en les appliquant 
sur le nombril des enfans attaqués de vers. Dans certains 
pays du nord, on en prépare un bain dans lequel on met les 
femmes avant l’accouchement, dans l'in(ention de rendre 
le travail plus facile. 

On faisait autrefois, dans les pharmacies , une eau dis- 
tillée et une conserve de T'anaisie ; mais ces préparations 
ont un peu vieilli. On peut en retirer une huile essentielle , 
qui n'est également que très-peu usilée maintenant. Au 
reste, les feuilles ou les fleurs de cette plante sont au nombre 
des substances qui, sélon l’ancien Codex , doivent entrer 
dans la composition de l'Eau vulnéraire, de l'Orviétan, ete. 
Ses graines sont quelquefois substituées , dans les boutiques, 
au Semen contra , qui est la graine d’une espèce d’Armoise 
du Levant. 

Dans quelques pays du nord, on fait, dans le temps de 
Pâques, des gâteaux dans lesquels on met un peu du suc 
ou des feuilles de la Tanaisie ; ces gâteaux ne sont pas désa- 

V5 


510 FLOSCULEUSES. 


gréables au goût, et ils fortifient l’estomac. Les Finlandois 
en retirent une couleur verte. Ces feuilles déplaisent en gé- 
néral aux besliaux ; cependant les vaches et les brebis en 
broutent quelquefois, ce qui communique de l’'amertume à 
leur lait. 


182° Genre. — SANTOLINE. SANTOLINA. Lün. 


Calice commun hémisphérique, imbriqué d’écailles iné- 
gales , oblongues, serrées. Tous les fleurons hermäphro- 
dites. Réceptacle garni de paillettes. Graines nues. * 


SANTOLINE FAUX-CYPRÈS, vulgairement Aurone fe- 
nelle, Cilronelle, Garderobe, Petit-Cyprès , San- 
toline. 

Santolina Chamæ-Cyparissus. Lin. Spec. 1179. — 

Æbrotanum fœmina. Blackw. Herb. t. 3546.— Santolina 
sive Abrotanum fœmina. Pharm. 


Ses tiges sont ligneuses, hautes de 2 pieds ou environ, 
divisées dès leur base en un grand nombre de rameaux for- 
mant un épais buisson, et dont les plus jeunes sont coton- 
neux, redressés , garnis de feuilles nombreuses, alternes, 

sessiles, étroites, allongées, chargées de dents très-rappro- 
chées, obtuses, alternes ou disposées sur quatre rangs, res- 
semblant quelquefois à de petites folioles qui font paraître 
les feuilles pinnatifides. Ses fleurs sont jaunes, disposées au 
sommet de chaque rameau en une tête hémisphérique, soli- 
taire sur un pédoncule allongé et un peu strié. Cette plante 
croit dans les lieux secs, pierreux , et sur les collines en 
Provence, en Languedoc ; elle fleurit en juillet et août. 

L’odeur fortement aromatique, et la saveur très-amère 
de la Santoline , annoncent en elle des propriétés bien pro- 
noncées ; cependant elle n’est généralement pas en usage. 
On peut croire qu’on pourrait l’'employer dans les mêmes 
cas que la ‘F'anaisie. Matthiole l’a recommandée contre les 
Îueurs blanches, et elle peut effectivement être utile dans 
cette maladie; mais c’est bien à tort que Garidel dit qu’elle a 
été employée avec succès en poudre dans la pleurésie et la 
péripneumonie ; elle ne peut évidemment qu'être nuisible 
dans toutes les phlegmasies. 

L'odeur forte de cette plante fait qu’on en met les feuilles 
parmi les étoffes de laine, afin d’en écarter les insectes ron- 
geurs. 


FLOSCULEUSES. 51 
105° Genre, — ARMOISE. ARTEMISIA. Lin. 


Calice commun ovoïde ou arrondi, imbriqué d’écailles 
serrées. Fleurons du centre hermaphrodites, à 5 dents; 
ceux de la circonférence femelles, fertiles, entiers, peu 
nombreux. Réceptacle nu ou hérissé de poils. Graines dé- 
pourvues d’aigrette. 


ARMOISE COMMUNE, vulgairement l’Ærmoise, Herbe 

de la Saint-Jean. | 

Artemnisia vulgaris. Lin. Spec. 1188. — Artemisia. 
Blackw. Herb. t. 451, Pharm. 


Sa racine est longue, ligneuse } fidreuse, rampante, 
vivace ; elle pousse plusieurs tiges droites, cylindriques , 
cannelées, souvent purpurines, rameuses dans leur partie 
supérieure, et hautes de 2 à 3 pieds. Ses feuilles sont alternes, 
glabres et d’un vert foncé en dessus, cotonneuses et blan- 
châtres en dessous, découpées très-profondément en divi- 
sions allongées, dentées et inéisées ; les supérieures sont 
simples , entières et linéaires. Ses fleurs sont roussätres, 
ovoïdes, presque cylindriques, sessiles, disposées, dans la 
partiésupérieure de la tige et des rameaux, én épis allongés 
et interrompus : leur calice est cotonneux , et leur récep- 
tacle est nu. Les endroits incultes, les bords des champs et 
des chemins, sont les lieux où l’on trouve plus communé- 
ment cette plante, qui fleurit en juillet et août. 

L’Armoise est amère, bien moins cependant que l'Ab- 
sinthe et plusieurs autres de ses congénères. Dès la plus 
haute antiquité, elle a été recommandée dans les maladies . 
atoniques de l'utérus. Hippocrate lui attribue la propriété 
de faciliter la sortie de l’arrière-faix ; Dioscorides celle de 
provoquer les menstrues et d’accélérer l’accouchement dif- 
ficile. Depuis ces temps éloignés , elle a toujours conservé 
de la réputation, et les modernes ont continué à l’employer 
dans différentes maladies des femmes , comme la chlorose, 
lhystérie, la suppression des règles, des lochies, etc. Quel- 
ques auteurs l’ont aussi conseillée contre les rhumatismes 
chroniques, la sciatique : d’autré lui ont attribué la vertu 
de dissiper promptement la lassitude causée par une longue 
marche, en l’employant en bains ou en fomentations; on a 
même été jusqu’à dire qu’il suffisait d’en porter sur soi, en 
voyage, pour prévenir Ja lassitude. 


V4 


{ % 
342 FLOSCULEUSES. 


Les parlies dont on fait usage en médecine sont les feuilles 
el les sommités fleuries ; on les emploie our boisson, en 
iufusion dans l’eau ou dans le vin, à la dose ii. ou 2 pincées 
sur 1 pinte de liquide ; pour lavemens, on en fait la décoc- 
tion ; on peut aussi les appliquer extérieurement. 

Selon le rapport de certains voyageurs, les femmes chi- 
noises font cuire les jeunes feuilles"de cette plante avec du 
riz et du sucre, et mangent celte espèce de potage comme 
une friandise. En Allemagne, les cuisiniers, pour rendre 
tendre la chair dure des oies, les fareissent avec les feuilles, 
avant de les faire cuire. et 

L'Armoise entre dans la composition de plusieurs prépa- 
FT pharmaceutiques; elle donne , entre autres, son nom 

à un sirop simple el à un sirop composé. 


_ ARMOISE ABSINTHE, vulgairement Absinthe, grande 
Absinthe, Alvine ou Âluyne. 

Arthemisia HE Lin. Spec. 1196. — Thon 
thium vulyare. Blackw. Herb. t. 179. — ÆAbsinthium 
latifélium, Absinthium vulgare, et Absinthium majus. 
Pharm. 


Sa racme est un peu épaisse, fibreuse, vivace; elledonne 
‘naissance à plusieurs tiges hautes de 2 à 3 pieds , canuelées, 
blanchätlres, dures, rameuses, garnies de feuilles alternes, 
péliolées, larges, molles au Here d’un vert argenté, 
surtout en dessous, deux ou trois fois ailées. Ses feuilles 
sont jaunâtres, globuleuses , disposées, dans la partie supé- 

rieure de la tige el des rameaux, en grappes tournées, d’un 
seul côté, et garnies de feuilles pour la plupart simples et 
linéaires : leur réceptacle est velu. On trouve cette plante 
dans les lieux avides, inculles, pierreux et découverts; 
elle fleurit en juillet et août. 

L’amertume extrême de l’Absinthe est, comme tout le 
monde sait, passée en proverbe; elle est tellement intense 
qu’elle se communique au lait des vaches et à la chair des 
moutons qui en mangent. Cette amerlume se communique 
de même au Jait d’une nourrice qui fait usage de son infu- 
sion ou de son extrait, et cela doit empêcher les femmes qui 
allaitent de prendre de cette plante à l’intérieur, à moins. 
que cela ne puisse devenir un médicament utile pour l’en- 
fant malade. La dessiccation lui enlève un peu de son odeur ; 
la décoction l'en prive entièrement, 


FLOSCULEUSES. 315 


L’Absinthe est tonique, stomachique, fébrifuge , anthel- 
mintique,, emménagogue. On l’emploie en général avec 
succès toutes les fois qu’il est nécessaire de rétablir les or- 
ganes de la digestion tombés dans l’atonie à la suite des 
longues maladies ou autrement, dans les fièvres intermit- 
tentes, les cachexies, Fhydropisie, le rachitis, les scro- 
phules, le scorbut , les affections goutteuses compliquées de 
la débilité du canal alimentaire, enfin dans la chlorose, la 
leucorrhée , et contre les vers. 

Les par ties usitées de l’Absinthesont les feuilles et les som- 
mités fleuries. On les fait prendre en nature ou préparées de 
diverses manières. En nature, on les donne à la dose d’un 
demi-gros à 1 gros en poudre. En infusion aqueuse ou vi- 
ueuse faites à froid, on en met 1 demi-once à 2 onces pour 
une pinte de liquide. En les faisant macérer dans l’eau ; et 
en évapor ant ensuite sur le feu , on obtient un extrait très- 
amère qui se prescrit à la dose de demi-gros à 1 gros. Dans 
les pharmacies, on prépare encore avec l’Absinthe une 
eau distillée , une huile par infusion, une huile essentielle, 
une conserve, une teinture , un sirop simple et composé, 
sans compter une multitude d’autres compositions offci- 
nales dans lesquelles entrent ses feuilles ou ses fleurs. Par 
l'incinération de ses tiges et de ses feuilles, on préparait 
autrefois un sel alors très-employé; mais aujourd hui on lui 
substitue en général le carbonate de potasse. 

Outre les usages de l’Absinthe en médecine, les distilla- 
teurs en font une liqueur de table qui est très-estimée ; les 
fabricans de bière en mettent quelquefois dans celte liqueur L 
en guise de houblon, et on prétend que cela la rend plas 
enivrante. Les marchands de vin en font infuser dans les 
vins faibles, pour leur donner plus de force et pour qu'ils se 
conservent mieux. 


ARMOISE AURONE, vulgairement Aurone , Aurone 
mâle , Citronellé , Gar MrdBe 
Artemisia Abrotanum. Vin. Spec. 1185. — Abrota- 
num mas. Pharm, — Blackw. Herb. t. 555, 


Sa racine est ligneuse , vivace ; elle produit une tige. éga- 
lement Jigneuse, de la grosseur du pouce , haute de 2 à 53 
pieds, divisée en rameaux garnis de feuilles pétiolées , per- 
sistantes, deux fois ailées, à découpures linéaires el multi- 
fides, chargées d’un duvet court et serré qui les rend blan- 


514 FLOSCULRUSES. 


châtres. Ses fleurs jaunâtres, ovoïdes ou presque globuleuses, 
naissent le long des rameaux supérieurs, en grappes menues 
et terminales : leur calice est pubescent et leur réceptacle 
velu. Cette plante croît naturellement dans plusieurs dépar- 
temens du midi; on la cultive dans les jardins, où elle fleurit 
en juillet et août. 

L’Aurone a une odeur forte et une saveur amère et aro- 
matique très-prononcée. Ses propriétés sont à peu près 
les mêmes que celles de l’Absimthe ; mais elles passent pour 
étre moins développées que dans celte espèce; ce qui 
fait qu'elle est, en général, beaucoup moins employée. 
L’Aurone entre dans quelques préparations pharmaceu- 
tiques peu usitées maintenant, et dans lesquelles elle peut 
facilement être remplacée par quelques-unes de ses con- 
génères. 


ARMOISE PONTIQUE, vulgairement Æbsinthe pontique, 
Petite Alsinihe. S 
Artemisia pontica. Lin. Spec. 1187. = Jacq. FI. Aust, 
t. 09. — Æbsynthium tenuifolium, seu minus, seu pon- 
ticum. Pharm. 


Sa racine est ligneuse, fibreuse, rampante, vivace; elle 
donne naissance à plusieurs tiges droites , rameuses , hautes 
de 1 pied à r pied et demi, couvertes, ainsi que toute la 
plante, d’un duvet fin et blanchâtre. Ses feuilles sont éparses , 
nombreuses, pétiolées; les inférieures deux fois pinnatifides, 
à divisions linéaires, et elles-mêmes découpées; les supé- 
rieures simples et linéaires. Ses fleurs sont jaunâtres, pe- 
ttes, globuleuses, disposées au sommet des rameaux en plu- 
sieurs petites grappes, dont l’ensemble forme une panicule 
droite et terminale ; leur réceptacle est nu. €ette plante: 
croît naturellement en Italie, en Autriche, en Hongrie , en 
Romanie, et on la cultive dans beaucoup de jardins ; elle 
fleurit en août et septembre. 

L’Absinthe pontique a les mêmes propriétés que l'Ab- 
sinthe ordinaire. Elle ést d’ailleurs moins amère, mais plus 
aromalique; ce qui la rend moins désagréable au goût. Elle 
est très-peu usitée dans la pratique, quoiqu'on l'ait autre- 
fois recommandée d’une manière particulière dans l’ana- 
sarque, 


FLOSCULEUSES. 932 


ARMOISE DES GLACIERS , vulgairement dans les Alpes, 
Génipi. 
“Artemisia glacialis. Lin. Sféc. 1187. — All. FI. Ped. 
nM617.t. 8. f. 3. 


Sa racine est grosse, ligneuse , vivace ; elle produit plu- 
sieurs tiges droites, longues de 3 à 4 pouces, simples, gar- 
nies de feuilles pétiolées, soyeuses et blanchätres, découpées 
en plusieurs lobes linéaires et comme palmées. Ses fleurs 
sont assez grandes comparativement à celles des autres 
espèces, jaunes, arrondies , el disposées au nombre de 5 à 5 
en un petit corymbe terminal : leur réceptacle est garni 
de poils. Cette plante croît sur les sommets des Alpes du . 
Dauphiné et de la Provence, dans le voisinage des neiges et 
des glaciers ; elle fleurit en juillet et août. 

L’Armoise des glaciers esl aromatique, amère, tonique, 
stomachique , sudorifique. Les montagnards des Alpes Jui 
donnent le nom de Génipi, de mème qu'à quelques espèces 
. d'Achillées , et ils l'emploient en infusion théiforme , ainsi 
que l’Armoise des rochers ( Artemisia rupestris, Lin.), 
qu’ils appellent Génipi blanc , et lArmoise en épi ( Arte- 
misia spicata, Lin.), qu'ils désignent sous le nom de Génipi 
noir. Ils font usage de ces plantes indifféremment l’une 
pour l’autre dans beaucoup de maladies, toutes les fois sur- 
tout qu'ils croient pouvoir se guérir en provoquant des 
sueurs abondantes ; ainsi ils en prennent principalement au 
commencement des pleurésies fausses ou rhumatismales , 
plus communes chez eux que les pleurésies vraies ou in- 
flammatoires ; mais comme ces bonnes gens sont aussi peu 
dans le cas d’apprécier les effets des médicamens , que de 
reconnaître la nature des maladies, l’usage trop général 
qu’ils font des Génipis leur devient quelquefois funeste , 
quand ils-en font usage dans les vraies phlegmasies de la 
poitrine, 


ARMOISE ESTRAGON , vulgairement Estragon. 
Artemisia Dracunculus. Lin. Spec. 1189. — Draco 
herba. Dod. Pempt. 709.— Dracunculus hortensis. Ph. 


Sa racine fibreuse, vivace, produit plusieurs tiges grèles, 
hautes de 2 à 5 pieds, vertes, glabres, rameuses , garnies 
de feuilles éparses , sessiles , simples, étroites , lancéolées , 
lisses, d’un vert foncé, Ses fleurs sont fort petites, nom- 


516 FLOSCULEUSES. 


breuses, demi-globuleuses, jaunâtres; elles naissent dans la 
partie supérieure de la tige et des rameaux, disposées en 
grappes axillaires ; leur régeptacle est nu. Cette plante est 
originaire de la Sibérie, et on la cultive dans tous les jar- 
dins , où elle fleurit en juillet et août. 

L’Estragon a une saveur aromatique, piquante et en 
mème temps assez agréable. 11 passe pour être incisif, apé- 
ritif, stomachique et antiscorbutique ; maïs on n’en fait que 
peu ou même point du tout d'usage en médecine. Ses feuilles 
jeunes et tendres, servent d’assaisonnement dans les salades, 
dont elles corrigent la fadeur, et qu'elles rendent plus fa- 
ciles à digérer. On prépare, par mfusionu, un vinaigre d’Es- 
iragon qui est fort employé dans les euisines. 


104° Genre. — GNAPHALIER. GNAPHALIUM. Lin. 


Calice commun imbriqué d’écailles, dont celles du bord 
arrondies, scarieuses el luisantes. Fleurons ordinairement 
tous hermaphrodites, quelquefois mâles et femelles sur des 
individus différens. Réceptacle nu. Graines couronnées d’une 
aigrette de poils simples ou plumeux. 


GNAPHALIER DIOÏQUE , vulgairement Pied-de-chat. 
Gnaphalium dioicum. Lin. Spec. 1199. — Gnapha- 
 lium seu Hispidula, seu Pes cati. Pharm. 


Ses racines sont fibreuses, rampantes, vivaces; elles pro- 
duisent des tiges de deux sortes : les unes étalées et cou- 
chées sur la terre, chargées de feuilles oblongues, spatulées, 
glabres en dessus , soyeuses et argentées en dessous: les 
autres redressées, hautes de 5 à 8 pouces, garmies de feuilles 
linéaires-lancéolées. Ses fleurs sont blanches ou purpurines, 
disposées en nombre de 6 à 12 en un corymbe terminal; 
les fleurons sont tous mâles sur certains pieds, et tous fe- 
melles sur d’autres. Cette plante croît dans les pâturages et 
dans les lieux secs et montueux ; elle fleurit en mai et juin... 

On recommandait autrefois l'usage de l’infusion des fleurs 
de Pied-de-chat dans les affections catarrhales, les maladies 
du poumon, le crachement de sang , la dysenterie. On en 
préparait aussi une conserve et un shop qui sont tombés en 
désuétude , comme la plante elle-même, que bien peu de 
médecins prescrivent aujourd’hui. Cependant on la trouve 
encore presque toujours mêlée aux autres espèces que les 
herboristes vendent sous le nom de fleurs pectorales. 


FLOSCULEUSES. 517 


GNAPHALIER D'ALLEMAGNE, vulgairement /7erbe à 
coton, Herbe impie. 
Gnaphaliun Germanicum. Lam. Dict. 2. p. 750. 


Ses tiges sont droites, cotonneuses , divisées en bifurca- 
tions très-ouvertes , et garnies de feuilles éparses , sessiles , 
lancéolées, blanchâtres et molles au toucher. Ses fleurs sont 
jaunâtres, petites, composées de fleurons trés-menus, et ra. 
massées dans les bifurcations de la tige et des rameaux, Cette 
plante se trouve dans les champs et fleurit en été. 

L’Herbe à coton passait aulrefois pour vulnéraire et 
astringente. D’après le témoignage de Lobel, les gens du 
peuple l’employaient de son temps en Angleterre, pour les 
échymoses, les contusions et les coupures, après lavoir fait 
macérer et bouillir dans l’huile. Aujourd’hui cette plante 
est inusitée en France. 

Le Gnaphalier de France (Gnaphalium Gallicum. Lam. 
Dict. Enc. 2. p. 759), porte aussi, comme l'espèce précé- 
dente , le nom d’//erbe a coton. Il ne mérite pas davantage 
de nous occuper, à cause de la nullité de ses propriétés. 


.105° Genre. — BARDANE. ARCTIUM. Lan. 


Calice commun globuleux , imbriqué d’écailles subulées, 
épineuses et crochues à leur sommet. Fleurons tous herma- 
phrodites. Réceptacle garni de paillettes. Graines chargées 
d’une aigrelte composée de poils simples, roides etfinégaux. 


BARDANE OFFICINALE, vulgairement //erbe aux tei- 
gneux , Glouteron. 
Arclium Lappa. Lin. Spec. 1143. — Personata sive 


Lappa major. Matth. Valgr. 1154. — Bardana. Pharm. 


Sa racine est pivotante, grosse comme le doigt ou plus, 
fort longue, brunäâtre, bisannuelle ; elle donne naissance à 
une tige droite »striée, rameuse , haute de 2 à 3 pieds. Ses 
feuilles inférieures sont très-grandes, pétiolées, cordiformes, 
vertes en dessus, un peu cotonneuses en dessous; celles de 
la tige sont plus petites, et les supérieures sont ovales, non 
échancrées à leur base. Ses fleurs sont purpurines, en têtes 
arrondies , disposées , dans la partie supérieure de la tige et 
des rameaux, en des espèces de grappes interrompues. Les 
écailles de leur calice sont subulées, glabres ou presque gla- 
bres, terminées par une pointe recourbée en crochet, la- 


518 FLOSCULEUSES. 


quelle s’accroche très-facilement, surtout lorsque les graines 
sont mûr es, aux choses auxquelles elles touchent ; de sorte 
que, lorsqu'on passe près de la plante, ses têtes qui à cette 
époque Liennent peu sur leur pédoncule, s s'attachent facile- 
ment aux habits, et y restent très-adhérens. La Bardane 
est commune sur les bords des chemins et dans les décom- 
bres ; elle fleurit en Juillet et août. 

Les praticiens sont assez d'accord aujourd’hui pour re- 
garder la racine de Bardane comme un bon dépuratif et un 
bon sudorifique. Autrefois elle passait aussi pour fébri- 
fuge, diurétique, pectorale, vulnéraire, et, sous ces rap- 
ports, elle a été employée dans les fièvres intermiltentes, 
la gravelle, la pleurésie et les crachemens de sang. Au- 
jourd'hui les médecins se bornent à en faire usage dans les 
maladies de la peau, la goutte et les rhumatismes chroni- 
ques. Quelques auteurs l’ont vantée dans les maladies véné- 
riennes anciennes, et l’ont proposée comme succédanée de 
la Salsepareille. La seule manière dont on la prépare est 
d’en faire la décoction, à la dose d’une demi-once à 2 onces 
pour 1 pinte d’eau. Elle entre dans la composition du vin | 
antiscorbutique. 

Les feuilles de Bardane sont employées extérieurement 
comme propres à délerger les anciens ulcères. Cuïtes sous 
la cendre ou dans l'eau et réduites en pulpe , on s’en est 
quelquefois servi sur les gonflemens articulaires causés par 
la goutte, et elles ont soulagé les malades. Appliquées de 
la même manière, on leur attribue aussi la propriété de 
faciliter la résorption du sang épanché dans les contusions. 
M. Percy recommande, d’après sa propre expérience, leur 
suc réduit en consistance d’onguent par son mélange avec 
de la graisse et de l'huile, contre la croûte laiteuse, la teigne 
squameuse , les ulcères atoniques et variqueux des jambes, 
les tumeurs scrophuleuses ouvertes. Cet onguent même a 
plusieurs fois ralenti la marche et calmé les douleurs des 
cancers. On faisait autrefois plus fréquemment usage qu’au- 

jourd’hui de l'extrait r'etiré des feuilles. Dans les campagnes, 
É pauvres substituent ces feuilles entières au linge pour 
panser leurs plaies, et surtout les enfans qui ont la teigne. 

Les graines de Bardane sont âcres et amères ; Linné les dit 
purgatives. Ou les regardait anciennement comme un excel- 
lent diurétique, et on les donnait sous ce rapport à la dose 
d’un gros en infusion dans du vin blanc ; on les faisait aussi 


FLOSCULEUSES, 519 


préparer en émulsion avec la décoction ou l’eau distillée de 
la plante. Elles sont maintenant entièrement tombées en 
désuétude. 

Peyrilhe dit que ses racines et ses jeunes pousses peuvent 
se manger après les avoir fait cuire. Les moutons en brou- 
tent les feuilles. 

La Bardâne majeure (Æretium majus , Flor. Gall. 554), 
et la Bardane cotonneuse (_#rctium Bardana , Willd d, 
que les botanistes ont distinguées comme espèces particu- 
lières, et que Liané regardait comme n'étant que des 
variétés, ont les mêmes propriétés que la Bardane officinale, 
et peuvent la remplacer dans les cantens où elles sont plus 
communes que celle-ci. 


186° Genre. — CNiciEer. Cwicus. Lin. 


Calice commun cylindrique ou ventru à sa base, com- 
posé d’écailles imbriquées , terminées en pointe épineuse. 
Tous les fleurons hermaphrodites. Réceptacle garni de pail- 
lettes. Aigrettes des graines composées de poils plumeux. 


CNICIER DES CHAMPS , vulgairement Chardon hémor- 
roidal. 
Cnicus arvensis. Hoffm. Flor. Germ. 4. p. 180. — Ser- 
ratula arvensis. Lin. Spec. 1149. — Carduus hemorroi- 
dalis. Pharm. 


Sa racine traçante, vivace, donne naissance à une tige 
cannelée , glabre , droite, rameuse , haute de 2 à 3 pieds, 
garnie de feuilles oblongues, sessiles, ondulées et semi- 
pinñatifides , glabres des deux côtés, ou quelquefois blan- 
châtres et cotonneuses en dessous, hérissées d’épines nom- 
breuses , assez fortes et inégales. Ses fleurs sont purpurines 
ou blanchätres, disposées , à l'extrémité de la tige et des 
rameaux , en une sorte de corymbe paniculé : leur calice 
est arrondi avant la floraison, et il devient ensuite presque 
cylindrique. Cette plante est commune dans les champs 
cultivés et les moissons; elle fleurit en juin et juillet. 

On rencontre quelquefois sa tige interrompue par des 
tubercules formés par les piqûres de certains insectes. On a 
prétendu autrefois qu'il suffisait de porter de ces tubercules 
dans Ja poche, ou noués dans un coin de la chemise, pour 
être guéri des hémorroïdes. Les médecins, appréciant au- 
jourd’hui un tel moyen comme il doit l’être, le regardent 


520 : FLOSCULEUSES. 

comme étant d'une nullité absolue ; mais on trouve encore 
beaucoup de gens, même hors de là classe du peuple, qui 
croient à son efficacité. IL ne peut d’ailleurs avoir aucun 
effet nuisible. 


CNICIER LAINEUX, vulgairement Chardon aux ânes, 
Chardon a grosse ne Pet-d'äâne. 
Cricus Eriophorus. Roth. Flor. Germ. 1. p. AE 
Carduus Eriophorus. Lan. Spec. 1153. — Jacq. FI. Aust. 
t. 171. — Carduus Ériocephalus. Pharm. 


Sa racine est pivotante., bisannuelle ; elle produit une 
tige épaisse, cylindrique , cannelée, chargée, dans toute sa 
longueur , d'un duvet ondes dis dans sa partie su- 
périeure, en quelques rameaux, et haute de 5 5 à 4 pieds. Ses 
feuilles sont pinnatifides, dre en dessus, cotonneuses et 
blanchâtres en dessous , profondément divisées en pinnules 
linéaires, terminées par une poinie épineuse , et munies 
chacune vers leur base d’une épine très-acérée : les feuilles 
radicales sont très-grandes , étalées sur la terre autour de la 
base de la tige ; et celles qui garnissent celle-ci sont sessiles. 
Ses fleurs purpurines forment de grosses têles arrondies , 
dont les écailles calicinales sont abondamment chargées 
d’une sorte de duvet cotonneux , ressemblant à de la toile 
d’araignée. Cette plante est commune sur les bords des 
champs, des chemins et dans les décombres ; elle fleurit en 
juillet et août. 

Borel a prétendu que le suc de cette plante ou ses feuilles 
pilées et appliquées long-temps, en réitérant souvent l’ap- 
plication , guérissaient le cancer du nez. Tournefort lui a 
attribué la même propriété pour le cancer des mamelles. 
On doit croire que ces deux auteurs se sont fait illusion sur 
les propriétés de ce chardon, car ce remède, qui serait pré- 
cieux sil était efficace, et qui serait en même temps facile à 
se procurer, est enlièr chien inusité aujourd” hui. 

Dans quelques cantons, on mange , après les avoir fait 
cuire, les réceptacles des fleurs de cette plante avant que 
celles-ci soient parfaitement développées. 


107° Genre. — CHARDON. C4rDUUS. Lin. 


Ce genre diffère seulement du précédent , parce que les 
poils qui forment les aigrettes de ses graines sont simples. 


FLOSCULEUSES. 321 


CHARDON-MaR1E, vulgairement Chardon Notre-Dame, 
 srlichaut sauvage, Chardon argenté, Chardon 
tache. 
Carduus Marianus. Lin. Spec. 1155.— Carduus Ma- 
riæ. Blackw. Herb. t. 79. — Pharm. 


Sa racine est longue, épaisse, succulente , annuelle ; elle 
produit une tige cannelée, rameuse, grosse comme le doigt, 
haute de 2 pieds ou un peu plus. Ses feuilles sont longues, 
larges , sinuées, anguleuses, glabres, d'un vert clair, par- 
semées de taches blanches, bordées de pointes dures et épi- 
neuses. Ses fleurs naissent en têtes assez grosses, solitaires 
au sommel de la tige ou de chaque rameau : elles ont leurs 
fleurons de couleur purpurine, et les folioles de leur calice 
sont ovales, bordées, dans leur partie supérieure, de plu- 
sieurs dents épineuses, et prolongées à leur sommet en une 
très-longue épine. Cette plante croît sur les bords des 
champs et des chemins, dans les lieux incultes; elle fleurit 
en mai et juin. 

Le Chardon-Marie passe pour être sudorifique , apéritif, 
diurétique et fébrifuge. Les parties usitées sont les racines, 
les feuilles er les graines. On prescrit les deux premières 
en décoction, ou le suc exprimé des feuilles fraiches, dans 
les engorgemens des viscères, la jaunisse, l'hydropisie, les 
rhumatismes chroniques, les fièvres intermiltentes. On con- 
seillait autrefois, dans la pleurésie, Fémulsion faite avec les 
graines. On trouve encore que celles-ci ont été proposées 
comme spécifiques contre la rage. Extérieurement , on a 
aussi fait usage du Chardon-Marie sur les ulcères de mau- 
vaise nature et sur les cancers. Aujourd'hui cette plante, 
soit intérieurement, soit extérieurement, est très-peu em- 
ployée par les médecins. 

Dans quelques provinces, on mange, comme herbe po- 
tagère, les pétioles tendres des jeunes feuilles , et ces feuilles 
elles-mêmes, après en avoir retranché les bords épineux. 


188° Genre. — ONOPORDE. ONOPORDUM. Lin. 


Calice commun ventru , composé d’écailles imbriquées, 
terminées en pointe épineuse, Tous les fleurons hermaphro- 
dites. Réceptacle creusé d’alvéoles formées par des mem- 
branes ironquées. Graines tétragones, couronnées par une 
aigrelle de poils simples, 


X 


5292 FLOSCULEUSES. 


ONOPORDE ACANTHIN, vulgairement grand Chardon 
aux änes, Artichaut sauvage, Epine blanche sau- 
vage, Epine blanche des champs, Pédane. 

Onopordum Acanthium. Lin. Spec. 1158. — A4can- 

thium. Matth. Valgr. 671. — ÆAcanthium Spina alba. 
Phiarm. 


Sa racine est blanchâtre, pivotante, bisannuelle ; elle 
produit une tige droite, rameuse, revêtue d’un duvet blanc, 
cotonneux, et haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont grandes, 
ovales-allongées, sinuées et anguleuses, très-épineuses, d’un 
vert pâle etun peu chargées de duvet en dessus, blanchâtres 
et très-cotonneuses en dessous ; les radicales sont rétrécies à 
leur base; celles de la tige sont semi-amplexicaules et dé- 
currentes de chaque côlé en une aile très-épineuse. Ses fleurs 
forment des têtes arrondies , terminales, dont les fleurons 
sont d’une couleur purpurine ou plus rarement blanche. 
Cette plante est commune sur les bords des chemins ; elle 
fleurit en juin et juillet. 

L'Onoporde n'est presque point usité en médecine ; on 
Jui a attribué une propriélé apéritive, diurétique , sto- 
machique, et l’on a recommandé ses graines comme bonnes 
pour les convulsions des enfans, Ses fleurs ont, selon J. Bau- 
hin, la faculté de faire cailler le lait. Leurs réceptacles, 
avant l'épanouissement du calice et des coroiles, sont bons 
à manger, de mème que ceux des Artchauts, © ! 


180° Genre. — CARTHAME. CARTHAMUS. Lin. 


Caïice commun ovoïde, imbriqué d’écailles souvent mu- 
nies d’une appendice à leur sommet, ou terminées par une 
très-petite épine. Fleurons tous hermaphrodites. Réceptacle 
garni de paillettes. Graines dépourvues d’aigretie, ou cou- 
ronnéés par des poils ou des paillettes. 


CARTHAME DES TEINTURIERS, vulgairement Car/hame, 
Graine de perroquet, Safran d'Allemagne, Safran 
bâtard, Safranum. 

Carthamus tinctorius. Lin. Spec. 1162.— Carthamus. 
Pharm.— Cnicus seu Carthamus. Dod, Pempt. 562. 


Sa raciue est annuelle; elle produit une tige droite, cy- 


19 


lindrique , glabre, simple inférieurement, rameuse dans sa 


FLOSCULEUSES. 325 
partie supérieure, haute de 1 pied’'el.demi à 2 pieds; garnie 
de feuilles ovales ou ovales-lancéolées, sessiles , glabres, 
d’un vert gai, entières ou bordées de quelques petites dents 
épineuses. Ses fleurs, d’un rouge de safran, forment, à 
l'extrémité de la tige et des rameaux, des têtes assez grosses ; 
les écailles extérieures de leur calice sont munies d’une ap- 
pendice foliacée et épineuse. Les graines sont dépourvues 
de toute espèce d’aigrette. Cette plante cst originaire du 
Levant et de l'Égypte; on la cultive dans plusieurs cantons 
du midi de la France ; elle fleurit en juillet. 

La graine de Carthame est un purgalif trèsancien , puis- 
que Hippocrate en parle comme d’un médicament qui lâche 
le ventre. Quelques auteurs l’ont principalement préconi- 
sée dans les hydropisies 3: mais depuis assez longtemps on 
a cessé de l’employer. Lorsqu'elle était en usage, on 
en faisait des émulsions dans lesquelles elle entrait à la 
dose de 2 à 6 gros. Ces graines ont donné’leur nom à l’élec- 
tuaire Diacarthami , dont elles faisaient la base, mais qui 
devait bien plus ses propriétés purgälives à la Scammonce 
el au Turbith, qu’à ces graines elles-mêmes. Elles eutraient 
aussi dans la poudre arthritique purgative du Codex de 
l’ancienne faculté, autre préparation pharmaceutique ou- 
bliée de nos jours, ainsi que le Diacarthami. 

Le Carthame mérite bien plus d'attention à cause de scs 
propriélés économiques, que sous le rapport de ses usages en 
médecine ; el sa culture en France, si elle était plas considé- 
rable, nousaflranchirait d'être les tributaires du Levant, $es 
fleurs fournissent deux couleurs, l’une jaune, extractive et 
soluble dans l’eau , l’autre rouge, résineuse et soluble dans 
les alcalis. Cette dernière est employée par les teinturiers , 
pour donner à la soie toutes les nuances depuis le rose 
tendre jusqu'à la couleur cerise. Les plumassiers s'en ser- 
vent aussi pour teindre les plumes, et enfin c’est encore 
avec ie même principe colorant qu’on fait celle préparation 


4 


connue sous Je nom de rouge végétal, dont les dames en- 
pruntent souvent celte couleur rose dont elles aiment à 
animer leur figure. Les perroquets sont friands des graines 
de Carthame, et elles engraissent ces oiseaux quand on leur 
en donne souvent. 


L4 


Po4 FLOSCULEUSES. 
190° Genre. — CARLINE. CARLINA. Lin. 


_ Calicecommun ventru, imbriqué d'écailles de deux sortes s 

les extérieures sinuées-épineuses, läches; les intérieures fort 
longues, lancéolées-linéaires , colorées , scarieuses, ouvertes, 
imitant la couronne d’une Radiée. Tous les fleurons her- 
maphrodites. Réceplacle garni de paillettes. Graines ey Lin- 
driques, couronnées d’une aigrelte plumeuse. 

CARLINE A FEUILLES D’ACANTHE, vulgairement Caméæ 

léon blanc, Chardonnerelte; dans les Alpes du Dau- 
hiné, Chardousse. 

Carlina Acanthifolia. AU. FL Ped. n. 57x. t. 51. — 
Carlina sive Cham:leon. Pharm. 

Sa racine est grosse, longue , pivotante, couverte d’une 
écorce roussâlre, souvent interrompue par des gerçures 
longitudinales et irrégulières ; elle ne vit que deux ans et 
donne naissance à plusieurs feuilles ovales-oblongues, pé- 
tivlées, toutes étalées sur la terre, découpées profondément 
de chaque côte en 5 à 6 lobes endulés et bordés de dents 
épineuses. Ces feuilles sont d’un vert pâle, ayant leur sur- 
face abondamment recouverte d'un duvet semblable à de la 
toile d'araignée. Da milieu d'elles naît une seule fleur ses- 
sie, blanchâtre, très-grande , large de 3 à 4 pouces. Cette 
plante fleurit en juillet; elle croît dans les lieux secs et pier- 
reux des montagnes de la Provence, du Dauphiné et dans 
les Pyrénées, 

Oa atiribuait autrefois une vertu alexipharmaque à la 
racine de Caméléon blanc: et des auteurs anciens, amateurs 
du merveilleux, ont même prétendu que cette vertu fat 
miraculeusement révélée par un ange à l’empereur Char- 
lemagne, pendant une maladie pestilentielle qui ravageait 
son armée. Cetle racine a-encore passé pour lonique, sto- 
machique, sudorifique et emménagogue ; mais elle n'est 

lus d'aucun usage aujourd’hui dans la pratique. Quelques 
préparations officinales dans lesquelles elle entrait, sont 
également tombées en désuétude. 

Dans les Mpes et les Pyrénées, les montagnards mangent 
le réceptacle des fleurs après lavoir mondé. de ses écailles 
et de ses lames intérieures. Plusieurs personnes, dans ces 
contrées, le font aussi confire au miel ou au sucre, pour 
le servir ensuite sur les tables. Les fleurs sèches font cailler 


le lait. 


FLOSCULEUSES. 325. 


191° Genre. — ARTICHAUT. CYNARA. Lin. 


/ 


Calice commun très-grand, ventru, imbriqué d'écailles 
charnues à la base , terminées en pointe très-aiguê.'Tous les 
fleurons hermaphrodites. Réceptacle charnu , garni de soie. 
Graines couronnées d’une longue aigrettesplumeuse. 


ARTICHAUT COMMUN. 
Cynara Scolymus. Lin. Spec. 1159. — Cynara hor- 
tensis. Pharm. — Scolymus Dioscoridis. Clus. Hist. CLHT, 


* Sa racine est grosse , longue, vivace: eile produit une 
tige épaisse, cannelée, cotonneuse, divisée en quelques ra- 
meaux , et haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont alternes, 
fort grandes, pinnatifides , découpées en lamiéres larges et 
lobées, d'un vert cendré en dessus, couvertes en dessous 
d’un duvet blanchätre. Ses fleurs, d'un bleu violet , for- 
ment une tête fort grosse, située à l'extrémité de la tige et 
des rameaux : les écailles de leur calice commun sont larges 
à leur base, et se terminent en pointe non épineuse. Cette 
plante est originaire du midi de l'Europe, et on la cultive 
abondamment dans les jardins; elie fleurit eu été. 

Les racines d’Artichaut sont diurétiques et apérilives 3 
mais on en fuit très-peu d'usage en médecine, et ce n'est 
guère que comme alimentaire que l’on voit cette plante cul- 
tivée partout. Ce sont les têtes des fleurs non épanouies que 
l’on sert sur les tables, pour manger la substance charnue, 
qui forme la base des écailles calicinales, et le réceptacle des 
fleurs que l’on nomme cul d’Artichaut. Les Artichauts 
sont un aliment sain qui se digère facilement, et qu’une 
légère astringence rend un peu tonique. Gn les mange cuils 
assaisonnés de différentes manières, quand ils ont acquis 
toule la grosseur possible, sans que cependant les fleurs 
soient ouvertes, et cruds quand ils sont encore fort jeunes. 


ARTICHAUT CARDON, vulgairement Carde, Cardon , 
Cardon d'Espagne, Cardonnette, Artichaut épincux. 
Cynara Cardunculus. Lin. Spec. 1159. 


Cette espèce diffère de la précédente, parce que les bords 
des feuilles, le pétiole et les écailles des calices sont hérissés 
de fortes épines. Quelques auteurs pensent qu’elle n'est 
qu'une variété de la précédente. On la cultive de même 
dans les jardins; mais ce n’est point ses têles de fleurs qui 


X 5 


526 FLOSCULEUSES. 


se mangent, ce sont les pélioles des feuilles et leurs côtes 
longitudinales. Pour faire perdre l’amertume naturelle à cés 
parties, les jardiniers les font élioler, ce qu'ils appellent 
blanchir, en liant les feuilles en faisceau et en les envelop- 
pant de paille, de fumier , ou en les recouvrant de terre. 


, sea 
192° Genre. — CENTAURÉE. CENTAUREA. Lin. 


Calice commun ovale ou arrondi, imbriqué d’écailles, 
dont les bords sont'ou scarieux, ou ciliés on épineux. Fleu- 
rons du centre hermaphrodites ; fleurons de la circonfé- 
rence stériles. Réceptacle garni de paillettes divisées jusqu’à 
la base en lanières fines et soyeuses. Graines munies d’un 
ombilic latéral, et couronnées d'une aigrette de poils sim- 
ples et roides. 


CENTAURÉE COMMUNE, vulgairement grande Centaurée. 
Centaurea Centaurium. Lin. Spec. 1207. — Centau- 
rium majus vel magnum. Blackw. Herb. t. 95.—Pharm. 


Sa racine est grosse , longue, vivace, rougeälre en de- 
hors, d’une odeur légèrement aromatique, et d’une saveur 
amère; elle pousse une tige de 5 à 5 pieds, droite, cylin- 
drique, glabre, garnie, dans le bas, de feuilles grandes, 
glabres, d’un beau vert, ailées, composées de beaucoup de 
folioles lancéolées, dentelées en leurs bords, décurrentes 
sur leur péliole commun. Ses. fleurs sont purpurines, dispo- 
sces sur de longs pédoncules à l'extrémité de la tige; leur 
calice est formé d'écailles lisses, glabres, ovales, obtuses, 
enlères, convexes sur le dos; les graines sont lisses et ailon- 
gées. Cette plante croît dans les Alpes ; elle fleurit en juillet 
et août. E 

La grande Centaurée passe pour tonique et sudorifique ; 
mais elle ne possède ces vertus qu’à un degré assez faible. 
Autrefois on l’employait assez fréquemment, et de la même 
manière que la petite Centaurée. Elle est actuellement 
presque tout-à-fait abandonnée , et remplacée par d’autres 
substances plus actives. Néanmoins on peut la recomman- 
der aux personnes qui ont besoin de faire un usage presque 
contnuel des toniques, et chez lesquelles on est obligé de 
varier de temps en temps les prescriptions pour en obtenir 
des effets sensibles. On la donne en décoction à la dose d’une 
demi-once ou d’une once pour une pinte d'eau, et en 


FLOSCULEUSES. 527 


poudre à celle de 1 à 2 gros. L'extrait peut aussi être admi- 
nistré à Ja quantité d’un demi-gros à 1 gros. 


CENTAURÉE JACÉE, vulgairement Jacée. 
Céntaurea Jacea. Lin. Spec. 1295. — J'acea nigra. FI, 


Dan. t. 519. 


Sa racine est épaisse, à demi ligneuse, vivace ; elle pro- 
duit une ou plusieurs tiges cylindriques, velues, redressées, 
hautes de 12 à 20 pouces, munies à leur base de feuilles ra- 
dicales, pétiolées, lancéolées, le plus souvent entières, quel- 
quefois découpées vers leur base en quelques lobes aigus, 
chargées d’un duvet court; les feuilles caulinaires sont plus 
courtes, sessiles , entières ou ineisces par une ou deux grandes 
dents du côté de leur base. Ses fleurs sont disposées à l'ex- 
irémité de la tige et des rameaux , composées de fleurons 
d’une couleur purpurine, ayant leur limbe découpé en cinq 
divisions, et réunies plusieurs ensemble dans un calice com- 
mun, formé d'écailles imbriquées, scarieuses, eiliées, rous- 
sätres ou brunâtres. Les graines sont oblongues , placées 
sur un réceptacle hérissé de paillettes suyeuses, et couron- 
nées d’un rang de cils très-courts. La Jacée est commune 
dans les prés, les pâturages et au bord des bois; elle fleurit 
en juin et juillet. 

La racine de cette plante a une saveur astringente et assez 
amère. Elle passait autrefois pour détersive, astringente et 
vulnéraire. On a conseillé sa décoction en gargarisme pour 
les aphtes et les ulcères de la bouche, de la gorge, el pour 
les gonflemens des amygdales et de la luette ; mais 1l ne 
paraît pas qu'elle ait jamais été beaucoup employée, et elle 
est maintenant tout-à-fait tombée en désuétude. 


CENTAURÉE BLEUET, vulgairement Æubrfoin, Bar- 

beau, Blavéole, Bleuet, Casse-lunetle , Péroole. 

Centaurea Cyanus. Lan. Spec 1289. — Cyanus major. 
Blackw. Herb. t. 66. — Cyanus. Pharm. 


Sa-racine est fibreuse, annuelle; elle donne naissance à 
une tige haute de 1 pied et demi à 2 pieds, slriée, un peu 
cotonneuse, ainsi que les feuilles, plus ou moins rameuse. 
Ses feuilles sont longues, étroites, linéaires, d’un vert blan- 
chätre, simples sur la tige, pinnatifides à sa base, Ses fleurs, 
terminales, portées sur de longs pédoncules , sont con- 
stamment d'un beau bleu d'azur dans l'élal sauvage: elles 


X 4 


520 FLOSCULEUSES. 


deviennent, par la culture, blanches } roses, purpurines ; 
violettes, panachées. Cette plante est très-commune dans 
les moissons, où elle fleurit en mai, juin et juillet. 

Le Bleuet à passé pour fébrifuge, apéritif, diurétique, 
anti épileptique et vulnéraire ; mais aucune de ces propriétés 
n'élant suffisamment conslalée , il y a long-temps que 
son usage a été abandonné sous tous ces rapports. L/eau 
distillée de ses fleurs, qu’on appelait Eau de Casse-lunette, 
a joui pendant plus long-temps d'une certaine réputation 
pour les maladies des yeux : on lui croyait la vertu de for- 
üfier la vue, et de la rendre plus claire. Cette eau, comme 
la plante elle-même, est maintenant tombée en désuétude. 

On retire des fleurons extérieurs du Bleuet une couleur 
violette qui devient bleue par l’alun et rouge par les acides; 
les peintres s’en servent pour la miniature.*Les vaches, les 
brebis et les chèvres mangent cette plante; les chevaux n’en 
veulent point. 


CENTAURÉE CHARDON-BÉNI, vulgairement Chardon- 
béni. 
Centaurea benedicta. Lin. Spec. 1296. — Carduus 
beneiictus. Matth. Valgr. 812. — Pharm. 


Sa racine est jaunâtre, annuelle, presque modore, mais 
d’une saveur fortement amère, ainsi que toute la plante. Sa 
tige est rougeûtre, très-velue, lanugineuse, branchue, haute 
de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles allongées, den- 
tées, velues, traversées par une nervure; celles du bas sont 
sinuées et à lobes profonds. Les fleurs sont jaunes, entourées 
d’uu calice double; l'extérieur formé de bractées scarieuses, 
l'intérieur à folioles dont les épines sont rameuses et jau- 
nâtres. Les graines sont cannelées longitudimalement , mar- 
quées à leur base et latéralement d’un large ombilic, sur- 
montées d’une double aigrette. Cette plante croît dans les 
provinces méridionales, et fleurit en juin et juillet. 

Le Chardon-béni est connu et employé depuis fort long- 
temps dans la matière médicale. C’est un bon amer ; il 
jouit de propriétés toniques et fébrifuges remarquables. 
C’est surtout dans les fièvres intermittentes printannières 
qu'on l’a administré avec le plus de succès. 1} convient 
aussi dans les autres fièvres, et dans toutes lesimaladies où il 
existe une faiblesse des organes digestifs. On en fait encore 
usage comme sudorifique, One préconisé le Chardon-béni 


FLOSCULEUSES. 529 


tomme étant d’une grande utilité dans les inflämmations 
de poitrine , la pleurésie et la péripneumonie, par exemple. 
Mais on doit non-seulement regarder comme de nulle va- 
leur les éloges qu’il a reçus à cet égard , mais encore son 
action tonique et stimulante est éminemment nuisible dans 
les vraies phlegmasies de la poitrine. Avec plus de raison, 
sans doute, on a conseillé son application sur les ulcères re- 
belles et de mauvais caractere; mais aujourd'hui cette plante 
est beaucoup moins usitée qu'auttefois . parce qu'on ne 
manque pas d'autres substances dont l’action est encore plus 
assurée, 
Les diverses formes sous lesquelles on emploie cette plante 
sont : l’infusion et la décoction aqueuse ou vineuse, à la dose 
de demi-once pour 2 livres de liquide; l'extrait, à la quan- 
lité de 1 demi-gros à 1 gros. On peut également se servir de 
la poudre, et en faire prendre 1 demi-gros dans un verre 
de vin. Les feuilles , les sommités fleuries ou les graines de 
Chardon-béni entraient jadis dans plusieurs préparations 
pharmaceutiques, qui sont presque toutes reléguées main- 
tenant dans les anciens formulaires. L'eau distillée qu'on 
prépare avec la plante fraîche, se donnait autrefois beau- 
coup plus fréquemment que de nos jours dans les potions 
cordiales et les potions sudorifiques. 


CENTAURÉE CHAUSSE-TRAPE, vulgairement Chardon 
étoilé, Chausse-trape. 
Centaurea Calcitrapa. Lin. Spec. 1297. — Carduus 
stellatus. Dod. Pempt. 555. — Pharm. 


Sa racine est longue, pivolante, blanchätre, bisannuelle ; 
elle produit une tige velue, très rameuse, haute de 1 pied , 
garnie de feuilles pinuatifides, à à découpures plus ou moins 
dentées ; les radicales sont en lyre. Ses fleurs sont rougeâtres 
ou quelquefois blanches, axillaires ou terminales, presque 
sessiles ; leurs épines calicinales sont grandes, ouvertes et 
disposées en étoile avant l'épanouissement de la fleur. Cette 
plante est très-commune sur les bords des chemins; elle 
fleurit en juillet et août. 

La Chausse-trape passe pour diurétique , apéritive et 
fébrifuge. On employait autrefois, en décoction, en poudre 
ou en extrait, l'herbe entière, Lé l'on préparait avec ses 
graines une sorte d'émulsion. L’écorce de la racine a été 


550 SEMI-FLOSCULEUSES. 


vantée comme spécifique contre les douleurs néphrétiques. 
Aujourd’hui cette plante n’est plus du tout en usage, 


Famille XLIX. 
SEMI-FLOSCULEUSES. 


Les Semi-flosculenses, comme les deux familles précé- 
dentes, sont des plantes dont les fleurs sont composées de la 
réunion de plusieurs fleureltes monopétales. Les Radiées 
réunissent en même temps les deux formes de fleurettes, les 
demi-fleurons et les fleurons, les Flosculeuses n’ont que ces 
derniers, et les Semi-flosculeuses sont au contraire entière- 
ment formées de demi-fleurons, mais toujours hermaphro- 
dites, et non pas simplement femelles, comme cela arrive 
souvent dans les Radiées. Au reste, le calice commun, le 
réceptacle et les graines ont une conformation analogue 
à celle des Radiées et des Flosculeuses. Les feuilles sont 
alternes, ou qnelquefois toutes rädicales, allongées, entières - 
ou pinnatifides; les tiges sont toujours herbacées. 

Les racines, les tiges, les feuilles, et mème quelquefois 
les fleurs d’une grande partie des Semi-flosculeuses con- 
üennent un suc propre, lactescent et amer, qui, selon qu'il 
est plus ou moins développé, ou combiné avec une certaine 
quantité de mucilage, donne à ces plantes des qualités dif- 
férentes. Ainsi, ce suc trés-abondant, et principalement 
composé d’un principe très-amer dans la Laitue vireuse et 
la Laitue sauvage, rend ces plantes narcotiques et même 
vénéneuses. Dans la Laïitue cultivée , au contraire, dans les 
Chicorces, le Pissenlit , les racines des Salsifix et des Scor- 
zontres, le mucilage étant plus abondant, ces-plantes sont 
employées en médecine comme apéritives, fondantes et 
laxatives. Ces dernières Semi-flosculeuses n’ont mème dans 
leur jeunesse, avant que leur suc propre soit complétement 
formé, qu’une amertuine très-supportable et qui permet de 
les mangér. Par le moyen d’une culture soignée, l’art du 
jardinier a su les améliorer et en faire des alimens sains et 
agréables au goût. 

Les Semi-flosculeuses qui ne sont point lactescentes pas- 
sent pour aslringentes; mais celie propriété. est peu déve- 
Joppée chez elles. 


QA 
Lan) 


SEMI-FLOSCULEUSES.: 5 
395° Genre. — SALSIFIX. T'RAGOFOGON. Lin. 


Calice commun, composé d'un seul rang de & à 10 folioles 
égales. Réceptacle nu, ponctué. Graines striées longitudi- 
nalement , rudes, prolongées en un pédicelle long et grêle, 
portant une aigrelte plumeuse. 


SALSIFIX DES PRÉS, vulogairement Barbe de bouc, 
Cercifi, Sersifi ou Sarsrfic. | 

Tragopogon pratense. Lin. Spec. 1109.— Bull. Herb. 
t. 209. — Pharm. | : 

Sa racine est grosse comme le doigt, longue, pivotante, 
blanchâtre, bisannuelle ; elle produit une tige cylindrique, 
en général peu rameuse, haute de 1 pied et demi à 2 pieds, 
garnie de feuilles alternes, étroites, longues, lisses, creusées 
en goutlière, amplexicaules à leur base. Ses fleurs sont 
jaunes, solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux. 
Celte plante est commune dans les prés, et on la cultive 
comme alimentaire; elle fleurit depuis le mois de mai jus- 
qu'en septembre. 

Les racines du Salsifix des prés sont apéritives, sudori- 
fiques, dépuratives et pectorales. On les a recommandées 
autrefois dans les maladies des reins et de la vessie, dans celles 
de Ja peau, dans la pleurésie, l'asthme ; mais elles ne sont 
plus usilées maintenant. On en fait au contraire un usage 
assez fréquent dans les cuisines, où elles sont préparées de 
diverses manières pour êlre servies sur les tables. Les Sal- 
sifix sont un aliment sain et agréable. 

Tous les bestiaux, exceplé les chèvres, en mangent les 
feuilles. 

Le Salsifix à feuilles de Poireau (4ragopogon porrifo- 
lium , Lan. Spec. 1110.), qui croît aussi dans les prés, sur- 
toul dans nos départemens du midi, est également cultivé 
pour les mêmes usages culinaires que le Salsilix des prés. 


194° Genre, — SCORZONÈRE. SCORZONERA. Lin. 


Calice commun, oblong , composé de plusieurs folioles, 
environné d'écailles inégales, pointues, membraneuses en 
leur bord. Réceptacle nu, garni de papilles. Graines lon- 
gues, sessiles , rétrécies au sommet en un pédicelle qui porte 
une aigretle plumceuse, entremêlte de poils écailleux et 
soyeux. 


5352 SÉMI-FLOSCULEUSES. 


SCORZONERE D'ESPAGNE, vulgairement Scorzonère 
notre, Salsifix d’Espagne, Salsifix noir. 
Scorconera Hispanica. Lan. Spec. 11 12.—Scorzonera. 


Blackw. Herb. 1. 406. — Pharm. 


Sa racine est pivotante, de la grosseur du doigt, noirâtre 
en dehors, bisannuelle ; elle produit une tige glabre, can- 
nelée, rameuse, haute de 2 à 3 pieds, garnie de feuilles 
alternes! amplexicaules, oblongues-lancéolées, glabres, 
chargées de nervures, un peu ondulées en leurs bords. 
Ses fleurs sont jaunes, Dane terminales, portées sur de 
longs pédoncules fistuleux. Cette plante croît naturellement 
dans les prés et les pâturages du midi; on la cultive dans 
les champs et les jardins du nord, pour les usages de la cuï- 
sine. Elle fleurit en mai et juin. 

Les racines de la Scorzonère d’Espagne ont les mêmes 
propriétés que celles du Salsifix des prés. On les a de plus 
vaulées comme stomachiques, emménagogues et alexiphar- 
maques, et on les a recommandées contre la peste, les fièvres 
malignes, les morsures des animaux venimeux; leur insuf- 
fsance dans tous ces cas les a fait depuis long-temps aban- 
donner. On a particulièrement préconisé leur décoction 
comme un excellent moyen de faciliter l’éruption de la 
petite-vérole: mais depuis que, par le bienfait de la vaccine, 
on peut se préserver de cette cruelle maladie, qui fut pen— 
dant trop long-temps un des fléaux les plus destructeurs de 
l'espèce humaine, on n’a plus besoin d'avoir recours à un 
moyen qui, d’ailleurs, était loin d’être curatif de la maladie. 

Les Scorzonères sont, comme les Saisifix, un aliment 
salulaire, qui convient généralement à tous les tempéra- 
mens ; on les mange de même après les avoir fait cuire, en 
les assaisonnant de différentes manières. 


19° Genre. — LAITRON. SonNcHus. Lin. 


Involucre oblong, ventru à sa base, resserré au sommet, 
composé de folioles inégales, imbriquées. Graines hide. 
surmontées d'une aigrelte courte et sessile, et portées sur 1 
réceptacle nu. 

LAITRON OLÉRACÉ, vulgairement Laceron, ou Palais 

de- lièvre. 

Sonchus oleraceus. Lin. Spec. 1116. — Sonchus asper 


SEMI-FLOSCULEUSES. 553 


et Sonchus lævis. Pharm. — Sonchus asper. Blackw. 
Herb. t. 50, et Sonchus lœvis. Blackw. Herb. t. 130. 


Sa racine est assez épaisse, pivotante, blanchâtre, an- 
nuelle ; elle donne naissance à une ge lisse, tendre, fistu- 
Jleuse, haute de 1 pied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles 
alternes, amplexicaules, allongées, auriculées à leur base, 
glabres, d'un vert un peu glauque, sujettes à présenter des 
différences assez remarquables pour faire croire que cette 
plante forme deux ou même quatre espèces distincles; mais 
ce ne sont que de simples variétés, qu'on peut caractériser 
ainsi qu'il suil. Dans certains satin les feuilles sont 
roncinées ou en lyre, découpées en lobes profonds, ou 
presque pinnalifides, ce qui constitue une première variété 
qui se subdivise en deux autres, dont l’une a les lobes de 
ses feuilles bordés de dents très-nombreuses et très-aiguës, 
roides, piquantles, comme épineuses, et dont l’autre, au 
contraire , a ses lobes garnis de dents rares et nullement épi- 
neuses. Dans d'autres individus, les feuilles sont entières, 
simplement dentelées, épineuses ou non : ce qui forme encore 
deux autres variétés. Dans toutes ces plantes, les tiges et les 
feuilles sont remplies d’un suc laiteux abondant, et les fleurs 
sont jaunes, terminales, disposées en une sorte de corymbe. 
Le Laitron oléracé est commun dans les jardins, les lieux 
cultivés et fertiles. H fleurit depuis le mois de mai jusqu’à la 
fin de l'été. 

Toutes les parties de cette plante ont une saveur amère, 
Ses feuilles étaient employées autrefois plus fréquemment 
que de nos jours ; cependant on en prescril encore quelque 
fois le suc. Elles sont apéritives et rafraîchissantes; elles 
conviennent dans lesengorgemens des viscères du bas-ventre. 

Les gens de la campagne, dans quelques cantons, mangent 
en salade les jeunes feuilles des variétés non épineuses avant 
que la tige soit poussée ; on en mange aussi les racines pen 
dant l'hiver, temps pendant lequel elles ont moins d’amer- 
tume. Les lapins et les lièvres sont très-friands des feuilles et 
des jeunes Uiges: les vaches et les bestiaux les broutent aussi 
avec avidité, et indifféremment les variétés épineuses comme 
celles qui ne le sünt pas. 


196° Genre, — LaAiTUE. LACTUCA. Lin. 


Demi-fleurons contenus dansun calice commun, presque 
cylindrique, formé de folioles inégales, imbriquées ; Merm- 


854 SEMI-FLOSCULEUSES. 


braneuses sur leur bord. Graines munies d’une a aigrette 
pédiculée, et portées sur un réceptacle glabre et ponctué. 


LAITUE CULTIVÉE. 
Lactuca sativa. Lin. Spec. 1 LOUE Lactuca. Blackw. 


Herb. t. 88. — Fharm. 


Sa racine est épais sse, pivotante, blanche, annuelle ; elle 
donne naissance à une tige cylindrique, droite, glabre, 
feuillée dans tonte sa longueur , Simple dans sa partie sus 
rieure à ramifiée dans la supérieure, haute de 2 pieds ou à 
peu près. Ses feuilles sont allernes , amplexicaules , ovales- 
arrondies ou ovales-oblongues, très glabres, d'un vert 
"pâle, ondulées en leurs bords. Dans la plus g grande partie 
des variétés qui sont cultivées dans les jar din, les feuilles 
radicales prennent beaicoup de développement sont très- 
mulüpliées , imbriquées et serrées les unes sur les autres, 
et elles enveloppent entièrement la jeune tige dont elles 
ralentissent l’accroissement, et avec laquelle elles forment 
une sorte de tête, arrondie dans certaines variétés, ovale ou 
ovale-oblongue dans d’autres, à laquelle on donne le nom 
de pomme. Dans ces Laitues pommées, comme dans celles 
qui ne le sont pas, lorsque la tige prend son essor pour ar- 
river à la hauteur où elle dait atteindre, les fecilles qui la 
garnissen! sont cordiformes, embrassantes, à peine pointues 
à leur sommet. Les fleurs sont jauuâtres , assez petiles , 
nombreuses, portées à l'extrémité des tiges et des rameaux 
sur des pédoncules rameux, et disposées en panicule. On 
ne sait pas d’une manière positive quelle est la patrie de 
cette plante; mais elle est cultivée depuis si long-temps dans 
nos jardins , qu'on peut la regarder aujourd’hui comme si 
elle était indigène. Elle flenrit.en juillet et août. 

La Laitue cultivée est bien plus employée comme ali- 
ment que comme remède. Elle n'offre en réalité qu’une 
nourriture peu substantielle, et que beaucoup d’estomacs ne 
digèrent pas facilement crue, comine on la mange le plus 
souvent. Les assaisonnemens divers, comme les feuilles 
d'Estragon, celles de Cerfeuil, ete., qu’on lui ajoute ordi- 
ni pour la manger en salade; servent en même 

CRE à en masquér l'insipidité , et à en rendre Ja digestion 
ji lus facile. La coction produit encore mieux ce dernier 
efet. F 

À l’amertume, à Ja propriété apéritive de toutes les 


SEMI-FLOSCULEUSES. 553 
Semi-Flosculeuses , les Laitues joignent celle d’être plus 
ou moins narcoliques 3 mais celle qualité , qui réside dans 
leur suc laiteux , est bien moins marquée dans la Laitue 
cultivée que dans les espèces sauvages. Le bon eflet que son 
usage produit quelquefois contre l’insomnie était bien connu 
de l’antiquité. Galien, vieux el fatigué de ses longs tra- 
vaux, se procurait des nuits plus tranquilles en mangeant 
de la Laitue Je son. C’est sans doute de la propriété légère- 
ment narcotique de la Laitue, que dérive tout ce que les 
anciens ont débité de sa vertu anti-aphrodisiaque. Aujour- 
d’hui on emploie utilement la Laitue comme aliment dans 
les obstructions et dans les affections nerveuses des viscères de 
l'abdomen , telles que l’hypocondrie, les coliques nerveuses, 
L'eau distillée de Laitue, surlout celle qui est cohobée, 
est légèrement calmante; on en a quelquefois fait usage 
avec avantage contre des mouvemens spasmodiques. qui 
avaient résislé aux aulres moyens, On la donne à la dose 
de 1 à 4 onces; elle est très-propre à servir d’excipient pour 
les potions calmantes. Le suc de la plantese prescrit assez frée 
quemment à la dose de 2 à 4 onces. Les graines , qui étaient 
autrefois fort en usage, sont inusitées aujourd’hui ; elles 
étaient du nombre de celles qu’on désignait spécialement sous 
le nom de semences froides. Elles entraient dans quelques 
préparations pharmaceutiques, qui ont vieilli et ne sont 
plus employées. Les feuilles de Laitue cuites servent quel- 
quelois à faire des cataplasmes adoucissans; elles font partie 
des substances qui entrent dans la composition de l’onguent 
Populeum. ; 


LAITUE VIREUSE, 
Lactuca virosa. Lin, Spec. 1119, — Pharm, 


Sa racine est pivotante, annuelle, divisée en quelques 
fibres; elle produit une tige droite, cylindrique, haute de 
3 à 5 pieds, hérissée de petites épines, simple inftrieure- 
ment, rameuse dans sa partie supérieure, garnie danstoute 
sa longueur de feuilles oblongues , un peu spatulées, am 
plexicaults à leur base, inégalement dentées:en leurs bords, 
glabres , d’un vert glauque, épineuses en leur nervure pos- 
térieure. Ses fleurs sont d’un jaune-elair, assez petites, vis- 
queuses, disposées en plusieurs grappes menues et peu gar- 
mies, à l'extrémité de la tige et des rameaux, formant, dans 
leur ensemble, une grande panicule, Celte plante n'est pas 


556 SEMI-FLOSCULEUSES. 


rare sur le bord des champs , le long des haies et dans les 
décombres; elle fleurit en juin et juillet. 

De tous les temps la Laitue vireuse paraït avoir été re- 
gardée comme vénéneuse. Son suc laileux est la partie la 
plus active de la plante; l'extrait qu’ ‘on en prépare est en- 
core plus énergique, Dans les expériences de M. Orfila, 
2 gros de cet extrait ont toujours fait mourir les chiens aux- 
quels il le fit prendre. 

Collin est le premier qui ait fait des expériences suivies 
sur la propriété de la Laitue vireuse ; c’est surtout dans 
l'hydropisie qu'il assure s'être servi avec avantage de l’ex- 
trait de cette plante. Suivant lui, cet extraitexcite les urines, 
quelquefois la sueur, et Helte les déjections alvines. Il Fa 
vu produire également de bons effets dans les obstructions 
abdominales, l’ictère , et les affections catarrhales chroni- 
ques du poumon. Les essais de Collin sont loin d’être con- 
cluans sur les avantages de l'emploi de la Laitue vireuse 
dans ces diverses maladies. Quarin se plaint de lavoir vai- 
nement administrée dans les hydrepisies. Il y a quelques 
années que le docteur Schlesinger a présenté son extrait 
comme un moyen curatif de l’angine pectorale ou asthme 
convulsif, en le donnant aux malades par 2 grains à la 
fois, de deux heures:en deux heures. Mais le demi-grain de 
digitale qu'il mêlait dans sa prescription, ne peut- -1l pas 
revendiquer une grande partie du succès que, dans ce cas, 
il &ctribue au seul extrait de Laitue vireuse ? C’est surtout 
comme antispasmodique que cet extrait, la seule prépa- 
ration de ce végétal qui soit usitée , peut être utile ; quoi- 
qu'il s’en faille bien qu’on puisse le regarder comme aussi 
actif que l’Opium ; car il résulte de quelques observations 
qui me sont particulières, qu'il faut au moins 10 à 12 grains 
d'extrait de Laitue vireuse pour remplacer 1 grain d’'ex- 
trait d'Opium.Si d’ailleurs, comme quelques praticiens l’as- 
surent, l'extrait de Laitue, en produisant les heureux effets 
del Opium, ne cause presque jamais les accidens que celui-ci, 
même à pelite dose, détermine chez certains individus, son 
peu d'action , restreint d’ailleurs son emploi aux*seuls :cas 
où toute l’énergie de ce dernier n’est pas nécessaire. Quand 
on commence à prescrire l'extrait de Laitue vireuse, on 
le donne d’abord à la dose de 6 à 10 grains; mais, par une 
augmentation progressive , on peut ar river jusqu’ ’à en faire 
preudre, sans inconvénient, 1 à 2 gros, et même 5 par jour. 


SEMI-FLOSCULEUSES. 357 


LAITUE SCARIOLE , vulgairement Laïlue sauva TE. 
Lasiuca Séariold, Lin. Spec. 1119. — Lactuca syl= 
vestris. Fuchs. Hist. 501. — Pharm. 


Cette plante est très-voisine de la précédente par ses ca- 
ractères extérieurs, car elle n'en diffère que parce que ses 
feuilles sont roncinées ou pinnatifides. Elle habite dans les 
mêmes lieux et fleurit en même lemps. ( Quant à ses pro- 
priétés , elles sont aussi à peu près les mêmes que celles de 
la Laitue vireuse ; on la dit seulement un peu moins nar- 
cotique. Le nom ‘de Laitue Scariole ne doit pas faire con- 
fondre cette plante avec la Scariole des jardiniers, qui est 
une des variétés de la Chicorée cultivée. 


197° Genre. — PissENLiTr. T'4RAXACUM. Haller. 


Calice commun composé d’un rang de folioles, envi- 
ronné à sa base par une seconde rangée de folioles très- 
courtes, souvent étalées. Réceptacle ponctué. Graines char- 
gées d’une aigrette pédicellée et composée de poils simples. 


PISSENLIT OFFICINAL, vulgairement Pissenlit, Dent 
de lion. 
Taraxacum officinale. Vill. Dauph. 5. p. 72. — Ta- 
raxacum vel Dens leonis. Pharm.— Leo: ceuie Tara 
cum. Lin. Spec. 1122. — Bull. Herb. t. 217. 


Sa racine est grosse comme le petit doigt, pivotante, 
blanchâtre, vivace; elle produit plusieurs feuilles allongées, 
pinuatifides, glabres, toutes radicales, étalées en rosette 
sur la terre; leurs divisions sont dentées , et leur bord supé- 
rieur est recourbé en arc. Du milieu de ces feuilles s'élève 
une hampe cylindrique, fistuleuse , haute de 6 à 10 pouces, 
terminée par une assez grande fleur j jaune. Cette plante est 
commune dans les prés, les pâturages et les lieux cultivés; 
elle fleurit en avril, mai et juin. 

Les racines et les feuilles de Pissenlit contiennent un sue 
laiteux , d’une saveur amère. Elles sont apéritives, dépura- 
tives, diurétiques, antiscorbutiques, fébrifuges. On en fait 
usage dans les obstructions des viscères de l'abdomen dans 
la jaunisse , les cachexies , le scorbut , les maladies ‘de la 
peau, les fièvres bilieuses et les intermiltentes. On emploie 
- la racine en décoction, à la dose d’une demi-once à 1 once 
pour à pinte d’eau. On fait prendre le suc des feuilles ré- 


+! 


358 SEMI-FLOSCULEUSES. 


cemment exprimé et dépuré, à la dose de 2 à 4 onces. On 
prépare, dans les pharmacies, un extrait du suc clarifié de 
toute la plante, dont on se sert dans les cas ci-dessus indi- 
qués, depuis demi-gros jusqu'à 1 gros. L'eau distillée n’est 
_plus en usage. Les racines et les feuilles entrent dans le sirop 
de Chicorée composé. | 

On mange les jeunes feuilles de Pissenlit en salade ; elles 
excitent l'appétit et se digèrent facilement. Les vaches, les 
brebis et les chèvres les broutent ; les chevaux n’en veulent 
point. | 


198° Genre. — ÉPERVIÈRE. HIERACIUM. Lin. 


Calice commun composé de folioles imbriquées. Récep- 
tacle creusé d’alvéoles. Graines couronnées d’une aigrette 
sessile, formée de poils simples ou dentelés. 

ÉPERVIÈRE DES MURS, vulgairement Æerbe à l'épervier, 

Pulmonaire des Français. 

Hieracium murorum. Lin. Spec: 1126. — Æieracium 
sylvaticum. FI. Dan. t. 115. : 

Sa racine est vivace, et elle donne naissance à une tige 
cylindrique, velue, rameuse, haute de 1 pied et demi, 
contenant , ainsi que toute la plante, un suc laiteux et amer. 
Ses feuilles sont de deux sortes; les unes, partant immédia- 
tement de la racine, sont pétiolées, ovales, un peu angu- 
leuses à leur base, souvent marquées en dessus de taches 
rougeâtres , et très-velues en dessous : les autres, placées en 
petit nombre sur la tige, sont sessiles et ovales-lancéolées. 
Ses fleurs sont jaunes, peu nombreuses, disposées au sommet 
de la tige et des rameaux. Cette plante croît dans les bois 
secs, pierreux et sur les murs; elle fleurit en mai et juin. 

On croyait autrefois que la Pulmonaire avait de grandes 
vertus dans les maladies du poumon, et particulièrement 
dans les crachemens de sang. Les médecins la faisaient alors 
entrer dans toutes les tisanes et tous les bouillons qu’ils pres- 
crivaient pour les maladies de poitrine ; aujourd’hui cette 
plante est presque entièrement tombée en désuétude. 

ÉPERVIÈRE PILOSELLE, vulgairement Piloselle, Oreille 

de souris, Oreille de rat. 

Hieracium Pilosella. Lin. Spec. 1125. — Bull. Herb. 
t. 279. — Pilosella. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, vivace ; elle produit plusieurs 


_SEMI-FLOSCULEUSES: 339: 


feuilles oblongues , entières, vertes et revêtues de longs poils 
en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, étalces 
en roselte sur la terre. Outre ces feuilles, il part encore du 
collet de la racine plusieurs rejets grèles, rampans sur la 
terre et y preuant racine. Les fleurs sont assez petites, d’un 
jaune de soufre, solitaires sur une hampe velue, grêle, haute 
de 4 à 6 pouces. Cette plante se trouve lrès-communément 
sur les bords des bois, des chemins, dans les lieux incultes; 
elle fleurit en mai, juin et juillet. 

Chez d'anciens auteurs de maliëre médicale , la Piloselle 
est indiquée comme astringente, détersive, vulnéraire, 
anti-calculeuse; chez d’autres, elle est vantée comme fébri- 
fuge, anti-herniaire , etc. Aujourd’hui non-seulement l'on 
né croit plus qu'aucune plante puisse posséder plusieurs des 
verlus qu'on attribuait à celle-ci; mais, sous tous les rap- 
ports, elle est regardée comme à peu près inerte ,-et elle est 
entièrement hors d'usage. Dans le Codex de l’ancienne fa- 
culté, ses feuilles entraïent dans les baumes Vulnéraire et 


Oppodeldoc. 
199° Genre. — LAMPSANE. LA4PSANA. Lin. 


Calice commun composé d’une rangée de folioles droites, 
resserrées, garni à sa base d’un rang de petites écailles, et 
ne contenant que peu de fleurs. Graines nues, portées sur 
un réceplacle également nu. 


LAMPSANE COMMUNE, vulgairement Lampsane, Herbe 

_ aux mamelles. 

Lapsana communis. Lin. Spec. 1141. — Zampsana 
vulgaris. Pharm. — Zampsana. Flor. Dan. t. 500. 


Sa racine est fibreuse, annuelle; elle pousse une tige droite, 
striée , légèrement velue , rameuse dans sa partie supérieure , 
haute de 1 pied ou davantage, garnie de feuilles alternes, 
vertes, un peu molles, presque glabres, dontiles inférieures 
sont pétiolées , découpées en lyre ou comme ailées, avec un 
lobe terminal fort grand , et dont les supérieures, allant 
toujours en diminuant de grandeur , finissent par êlre ses- 
siles, simples , seulement sinuées, et enfin très «entières ct 
lancéolées. Les fleurs sont petites, jaunes, portées sur des 
pédoncules divisés , au sommet de la tige et des rameaux, 
et disposées en corymbe terminal, Cette plante est commune 

RE 


LT) SEMI-FLOSCULEUSES. 


dans les } jar dins et les lieux cullivés. Elle fleurit depuis le 
mois de juin jusqu’à la fin de l'été. 

La Lampsane a joui autrefois de beaucoup de réputa- 
tion pour la guérison des ulcérations qui surviennent au 
sein des nourrices, d’où lui est venu le nom d’Æerbe aux 
anarnelles. Les femmes du peuple s’en servent encore, en 
appliquant ses feuilles après les avoir pilées, ou elles font, 
par le mélange de leur suc et du sain-doux, une sorte de 
pommade pour oindre la partie malade. Quant aux méde- 
cins, cette plante est tombée pour eux en désuétude sous ce 
rapport, et la plupart d’entre eux ont également oublié 
qu’elle a été autrefois en usage contre les darlres et les autres 
maladies de la peau. Sa saveur , légèrement amère, justifie 
l'usage qu'on en faisait dans ces deux derniers cas. 


200, Genre. — CHICORÉE. CICHORIUM. Lan. 


Cälice commun double ; l’intérieur formé de 8 folioles 
étroites ; l'extérieur de 5 folioles courtes, ouvertes à leur 
sommet. Réceptacle garni de poils. Graines couronnées 
d’une aigrette sessile, écaiileuse, à 5 dents. 


CHICORÉE SAUVAGE. 
Cichorium [ntybus. Lin. Spec. 1142.—Cichorium sy 
vestre. Blackw. Herb. t. 165. Pharm. 


Sa racine est longue, pivotante, assez épaisse, vivace ; 
elle donne naissance à une tige droite , haute de 1 pied et 
demi à 2 pieds, divisée en plusieurs rameaux un peu fléchis 
en zig-zag. Ses feuilles radicales sont oblongues, légèrement 
ses. Ts er foncé, découpées en lobes profonds, den- 
tés; celles de la tige diminuent de grandeur à mesure .qu elles 
sont placées dans une partie plus élevée, de manière que 
les supérieures sont très-petites , sessiles et très-entières. Ses 
fleurs sont bleues ou quelquelvis blanches, assez grandes, 
sessiles et ordinairement deux ensemble dans les aisselles des 
feuilles. Cettesplante est commune sur le bord des champs 
et des chemins ; elle fleurit en juillet et août. 

Les racines et les feuilles de la Chicorée sauvage ont une 
saveur amère assez forte; les unes et les autres sont fré- 
quemment employées en médecine , comme apérilives, 
fondantes , diurétiques, dépuratives, stomachiques et fébri- 
fuges. On en fait principalement usage dans les engorge- 
mens des viscères de l'abdomen , dans la jaunisse, les debi- 


SEMI-FLOSCULÉÈUSES: 541 
hités de l'estomac, les fièvres intermittentes , les bilieuses, 
les maladies de la peau La dose de là Facine est d’uné derni. 
once à 1 once en décoction pour 1 Pinte d’eau. Les feuilles 
se donnent de même à 1 ou 2 poignées. On fait aussi pe 
leur suc à Ja dose d’une à 4 ONCCSe 

Les graines de Chicorée sauvage étaient autrefois comptées 
au nombre des quatre semences 4 oides muneures, dont les 
trois autres étaient celles de V'Endive, de la Laitue et du 
Pourpier; mais l’usage de ces semences est aujourd’hui 
tombé en désuélude, de même que l’eau disüllée des fleurs 
bleues, et non pas des blanches, que l'on croyait propre à 
guérir l'inflammalion des yeux, en roème temps qu'on la 
regardait comme cordiale , ce qui n’était pas trop d'accord. 

De plusieurs préparations pharmaceutiques dans les- 
quelles les anciens formulaires faisaient entrer les feuilles et 
les racines de Chicorée sauvage, on n’a guère conservé, 
dans la pratique , que l'extrait fait par décoction, qui se 
donne depuis 1 demi-gros jusqu’à 1 gros, et le sirop ‘de Chi- 
corée composce , qui est employé comme purgalif, princi- 
palement chez les très-jeunes enfans, mais qui doit émi- 
nemment sa propriété, sous ce rapport, à [a Rhubarbe qui 
en fait partie. 

Quelques personnes mangent en salade les feuilles de Chi- 
corée sauvage quand celle est encore jeune ;'et par les soins 
qu'en prennent les jardiniers, elles perdent uue partie de 
leur amertume, On cultive aussi cette plante assez en grand 
dans quelques cantons pour faire sécher, torréfier ses ra- 
cines , el les moudre pour les employer en infusion à la 
manière du café; c’est ce que certaines gens ont nommé café 
indigène, et qu’on appelle plus communément café chi- 
corée, Lorsque la denrée exotique était montée à un si haut 
prix, par suile de la guerre maritime, le peuple fit, pen- 
dant ‘plusieurs années , une grande consommation de la ra: 
cine de Chicorée ainsi préparée ; mais comme ce prétendu 
succédanée de la Féve arabique était loin d’avoir les mêmes 
propriétés , et qu'il était surtout privé de cet arome qui en 
rend l'usage agréable ; il n’a jamais remplacé le café pour les 
gens du monde, el lorsque celui-ci est revenu à un prix 
modéré , l'emploi de la Chicorée a considérablement dimi- 
nué parmi le peuple. Cependant il y a des gens qui en con- 
tinuent l'usage, prétendant que celle racine mêlée au Calé, 
rend celui-ci moins irritant et moins échauflant. 


3 


SEMI-FLOSCULEUSES, 


OY 
SN 


CHICORÉE ENDIVE, vulgairement Chicorée cullivée, 
Endive, Scariole. 

Cichorium Endivia. Lin. Spec. 1142.—Regnault, Bot. 

236. — Endivia. Pharm. i 


Cette espèce différe de la précédente, parce qu’elle est 
annueile et non vivace: parce que ses fleurs sont, les unes 
sessiles dans les aisselles des rameaux, les autres pédonculées 
et solitair es; parce que ses feuilles inférieures sont entière- 
ment glabres. Ces feuilles différent d’ailleurs beaucoup, 
selon les variétés : dans les unes, elles ne sont que dentées 
et point découpées: dans les autres, eiles sont divisées pro- 
fondément en grandes lanières, et frisées ou crépues plus 
ou moins finement. La patrie de celte plante n’est pas exac- 
tement connue; mais on la cultive partout dans les jardins 
depuis des siècles ; elle fleurit en élé. 

Cette espéce est moins amère et plus agréable au goût 
que la Chicorée sauvage. On l'emploie bien plus commu- 
nément pour la cuisine que dans la médecine, parce que, 
sous le rapport des propriétés, elle est beaucoup plus faible. 
On mange ses feuilles en salade, on cuites et assaisonnées 
de diverses manières. Les jardiniers les font étioler, ce qu'ils 
appellent blanchir , afin qu'elles soient plus tendres, Elles 
font un aliment sain, mais peu nourrissant , qui convient 
principalement aux personnes qui ont le ventre paresseux , 
et aux Le pléthoriques qui doivent éviter les nourritures 
trop succulentes. 


Famille L. 
VALÉRIANÉES. 


- Le caractère des plantes de cetle famille est d’avoir un 
calice d’une seule pièce , bordé de dents, quelquefois roulées 
en dedans pendant la floraison: 1 corolle monopétale, tu- 
buleuse, à 5 lobes un peu inégaux; 1 à 5 élamines; 1 ovaire 
inférieur, surmonté d’un style terminé par 1 à 5 stigmates; 
1 petite capsule indéhiscente , monosperme , couronnée 
par le calice. 

Les Valérianées sont des plantes herbacées, à feuilles 
opposées, entiéres ou divisées, à fleurs disposées en bou- 
queis terminaux, 


VALÉRIANÉES. 543 


Les propriétés de plusieurs espèces de cette famille sont 
très-développées dans les racines d’un des genres qui la com- 
posent, celui des Valérianes. Celles-ci, âcres, un peu amères, 
très-odorantes, sont fortement toniques et stimulantes, ce qui 
les a fait employer en médecine sous ces rapports. Leurs 
feuilles et leurs fleurs ne participent point à ces vertus, elles 
sont même quelquefois assez douces pour que les premières 
puissent servir comme alimentaires; telles sont celles des 


Màches. 
201° Genre. — VALÉRIANE. V’ALERIANA. Lan. 


Calice très-petit. Corolle monopétale , tubulée, bossue 
ou prolongée en éperon à sa base, et ayant son limbe par- 
tagé en D lobes inégaux. 1 à 4 étamines, le plus ordinai- 
rement 3. 1 à 5 stigmates. 1 graïne couronnée par une 
aigrelte plameuse, formée par les dents du calice persistant, 
se déroulant et prenant de l'accroissement après la floraison. 


VALÉRIANE GFFICINALE, vulgairement /’aleriane sau- 
vage ou des bois. 
V'aleriana officinalis. Lin. Spec. 45. — Faleriana 
sylvestris. FI, Dan. 1 570. — f’aleriana minor seu syl- 
vestris. Pharm. 


Sa racine est vivace, composée d’un faisceau de fibres 
jaunâtres: elle donne naissance à tine tige droite, cylin- 
drique , cannelée, un peu velue, simple dans sa partie in- 
férieure, chargée ou mon dans sa partie supérieure de quel- 
ques rameaux opposés. Ses feuilles sont toutes ailées, légè- 
rement velues, composées de folioles oblongues dentées en 
leurs bords. Ses fleurs sont d’un blanc teint de rougeâtre, 
disposées au sommet de la tige et des rameaux en une pani- 
cule peu étalée. Cette plante est assez commune dans les 
prairies et les bois, aux lieux un peu humides; elle fleurit 
en mai et juin. 

La racine de Valériane sauvage a une saveur âcre et un 
peu amère; son odeur est forte, {étide et nauséabonde; elle 
est la seule partie de la plante qui soit d'usage en méde- 
cine. On la regarde comme antispasmodique, anti-épilep- 
lique, anti-hystérique , emménagogue, sudorifique, anti- 
septique, vermifuge et fébrifuge. On l'emploie principale- 
ment dans l’épilepsie , dans les affections hystériques , ner 

NX 4 


\ L 
544 VALÉRIANÉES. 
veuses et convulsives ; contre les vers, et dans les fièvres 
intermittentes, putrides, malignes. 

Depuis que Fabius Columna , dans son PAytobasanos , 
a préconisé celle racine réduite en poudre comme un ex- 
cellent spécifique contre l’épilepsie, en assurant que non- 
seulement il avait vu plusieurs épileptiques guéris par son 
usage, mais que lui-même s’élait guéri de cette maladie par 
ce remède; la Valériane a toujours conservé, pour la plu- 
part des médecins, la réputation d’être l’un des meilleurs 
moyens qu’on püt employer contre ce mal, et l’on trouve 
dans les auteurs beaucoup d'observations qui paraissent 
confirmer celles de Columna. Cependant il s’en faut bien 
que la racine de Valériane ait été constamment efficace dans 
tous les cas, et qu’elle soit réellement un spécifique, comme 
on Ja prétendu, car d’autres praticiens, qui ont soumis les 
ellets de la Valériane à une observation rigoureuse, assu- 
rent ne lavoir jamais employée qu’infractneusement dans 
les cas d'épilepsie; tel est, par exemple, M. Alibert. Je 
pourrais aussi me ciler, et dire que je n’ai point encore vu 
un épileptique guérir radicalement par l'usage de celte 
plante ; tout ce que j’en ai pu obtenir quelquefois, a été 
d'éloigner l’époque des accès. 

La racine de Valériane n’a paru de même être loin de 
faire un remède positif dans les affections hystériques , ner- 
veuses el convulsives, contre lesquelles on l’a aussi beaucoup 
préconisée. Mais la cause de ces maladies est elle-mème si 
peu ou si rarement connue, que l'application des médiea- 
mens se fait bien plus souvent empyriquement que ration- 
nellement, et quand les médecins observateurs cherchent à 
se rendre compile des guérisons qu'ils ont obtenues, ils re- 
connaissent qu'ils les doivent bien plus aux efforts de la 
nature qu'aux remèdes qu'ils ont administrés. 

Je ne dirai rien de la Valériane employée comme vermi- 
fuge, emménagogue, sudorifique, in’en étanl très-peu 
servi sous ces rapports. Mais lorsque le Quinquina etait, il 
y a quelques années. & un prix très-élevé, je l'ai employée 
plusieurs fois avec beaucoup de succès dans des fèvres 
putrides, malignes, intermittentes, Dans le dernier eas, 
J'ai, il y a neuf et dix ans, guéri beaucoup de fièvres 
uerces ou doubles tierces, par une poudre composée de 
parties égales de racines de grande Gentiane el de Va- 
lériane sauvage , donnée à la dose de 5 à 6 gros en deux ou 


VALÉRIANÉES, 545 
trois fois, quelques heures avant les paroxysmes. Sur douze 
malades, dont j'ai particulièrement recueilli les observa- 
tions . il y en eut deux qui furent guéris dès la première 
fois, cinq autres le furent à la seconde, deux à la troisième, 
et les trois derniers à la quatrième. . le mème temps, 
M. le docteur Vaidy publiait seize observations desquelles il 
résulte que la racine de Valériane sauvage, employée seule 
à des doses assez fortes, a guéri en peu de jours des fièvres 
intermitltentes de tous les types, dont la plupart étaient 
anciennes , chez des sujets affaiblis, cachectiques , et nième 
infiltrés. De ces faits et de plusieurs autres qu il serait encore 
facile de citer, on peut donc assurer qu’un des meilleurs 
moyens de remplacer le Quinquina dans les fièvres inter- 
miltentes, est la racine de Valériane sauvage. 

Il en est de mème dans les fièvres putrides et dans les 
fièvres malignes, où je l’ai également employée avec succès, 
principalement eu lawement et en applications extérieures, 
les malades répugnant souvent beaucoup à prendre la Va- 
lériane par la bouche, à cause de son odeur fétide et nau- 
séabonde, et parce que, pour qu'elle puisse être efficace, 1l 
faut la donner à des doses assez fortes, comme depuis 2 jus- 
qu'à 6 gros et même 1 once, dans l'espace de vingt-quatre 
heures. Pour qu'elle soit un peu moins désagréable, on la 
donne dans le vin. En lavement, on la fait prendre depuis 
1 gros jusqu’à demi-once chaque fois. En application exté- 
rieure sur |” abdomen , j'en ai fait meltre depuis 2 jusqu'à 
4 onces à la fois, qu’on renouvelait de douze heures en douze 
heures. Je conseille à peine la Valériane en infusion, quoi- 
qu’on puisse la donner ainsi, à la dose d’une demi-once à 
2 onces, car j'ai lrouvé peu de malades qui aient voulu con- 
tinuer celte Lisane plusieurs jours de suite, ou ils la faisaient 
faire si légère qu ‘alors elle ne pouvait avoir aucuné eflica- 
cité. C’est peut-êlre ici le cas de dire que la répugnance que 
bien des personnes ont à prendre la Valériane x pu souvent 
induire les médecins en erreur sur ses eflets négalifs, parce 
qu'il y a lieu de soupçonner que beaucoup de malades aux 
quels celle racine élait prescrite, ne l'on pas prise ou n'en 
ont pris que de trop faibles doses : ceci a dû surtout arriver 
dans les cas où il fallait en continuer l'usage pendant long- 
temps. 

L’extrait de racine de Valériane que l’on prescrit depuis 
deimj-gros jusqu ‘à 2 gros, est une mauvaise préparalion ; 


546 VALÉRIANÉES. 
une grande partie des propriétés de la plante tenant à son 
principe odorant, celui-ci se perd par la décoction prolon- 
gée , nécessaire à la préparation de l’extrait. Cette racine 
entrait autrefois dans plusieurs compositions pharmaceu- 
tiques qui sont presque toutes aujourd'hui reléguées dans 
les anciens formulaires. Pour qu’elle possède toutes les pro- 
priétés qui la rendent recommandable , il faut qu’elle soit 
recueillie au printemps avant le développement de Ja tige. 
Les chats aimant avec fureur lPodeur de cette racine; 1l 

est difficile à cause de cela de conserver la plante dans les - 
jardins qui sont au milieu des villes, parce qu’ils sont sans 
cesse à gratter autour ou à se rouler dessus. 


VALÉRIANE DES JARDINS, vulgairement Z’alériane 
franche, grande Walériane. 
V'aleriana Phu. Lin. Spec. 45. — Faleriana seu Phu. 
Blackw. Herb, t, 250. — f’aleriana hortensis. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente, parce que ses feuilles 
radicales sont , les unes entières, les autres à 5 lobes. Elle 
est indiquée dans les montagnes de Alsace, du Dauphiné 
et du Languedoc. 

Ses propriétés sont analogues à celles de la Valériane 
sauvage ; mais comme elles sont beaucoup plus faibles, on 
l’emploie rarement en médecine. 


VALÉRIANE CELTIQUE, vulgairement Nard celtique. 

V'aleriana celtica. Lin. Spec. 46.— Nardum cellicur. 
Matth. Valgr. 55. — Nardus celtica vel Spica celtica. 
Pharm. 


Sa racine est vivace, horizontale, traçante, garnie de 
fibres roussâtres; elle produit une tige simple, glabre, 
haute de 5 à 6 pouces, garnie à sa base de plusieurs feuilles 
oblongues , entières, rétrécies en pélioles. Cette tige est mu- 
nie dans sa longueur de 2 à 5 paires de feuilles semblables, 
mais plus étroites el plus courtes, et elle est terminée par de 
petites fleurs rougeâtres ou blanchätres, disposées en un épi 
interrompu, formé de 5 à 4 verticilles un peu distans, ses- 
siles ; quelquefois le verticille inférieur est porté sur deux 
pédoncules opposés. Cette plante croît dans les pâturages 
les plus élevés des Alpes; elle fleurit en juillet et août. 

C’est la racine de cette plante qui est particulièrement 
connue sous le nom de Ward celtique. Dioscorides en parle, 


VALÉRIANÉES. 517 
mais le Nard de cet auteur est-il le même que le nôtre? 
: Quoi qu’il en soit, les modernes ont attribué plusieurs pro- 
priélés à celte racine ; elle a passé pour être propre à guérir 
les obstructions, l’ictère; elle a été dite bonne pour faciliter 
le retour des menstrues supprimées; on l’a crue utile dans 
la paralysie, hystérie, et contre les vers. Sa saveur un peu 
âcre, légèrement amère, et son odeur forte assez analogue 
à celle de la Valériane sauvage, portent à croire que plu- 
sieurs des vertus qu'on lui a attribuées ne sont point illu- 
soires, mais aujourd'hui elle est entièrement tombée en 
désuétude, et dans les cas où l’on pourrait en faire usage, 
on lui préfére la Valériane sauvage ou d’autres toniques. 
Elle est dans le Codex de l’ancienne faculté, au nombre des 
drogues qui entrent dans la Thériaque, le Mithridate et 
l'Orviétan. 


202° Genre. — MACHnE ou VALÉRIANELLE. Ÿ/ALERIA- 
NELLA. Vaillant. 


Calice petit , persistant, denté; le nombre des dents va- 
riaut depuis 1 jusqu’à 12. Corolle tubulée, à limbe partagé 
en à découpures inégales. 2 à 5 étamines. 1 graine cou- 
ronnée par le calice. 


MACHE CULTIVÉE, vulgairement Blanchette, Clarrette, 
Doucette, Herbe de Sainte-Claire, Poule grasse, 
Salade de chanoine. 

V'alerianella olitoria. Decand. FI, Fr. 4. n° 5550. — 

Valeriana locusta , «. Lin. Spec. 47. 


Sa racine est menue, fibreuse, annuelle ; elle produit une 
tige haute de 4 à 8 pouces, ordinairement rameuse dès sa 
base, dichotome, dont les bifurcations sont divergentes, 
étalées, garnie de feuilles oblongues, sessiles, entières ou à 
peine deutées; les feuilles radicales sont ovales-oblongues, 
rétrécies vers leur base, comme spatuléés, et étalées en 
rosette sur la terre. Ses fleurs, blanchâtres ou d’une teinte 
bleuâtre très-claire, sont ramassées en pelits bouquets au 
sommet des rameaux. Ses graines sont arrondies et com- 
primées. Cette plante est commune dans les champs, les 
lieux caltivés et les jardins; elle fleurit en mars et avril. On 
la cultive comme herbe potagère , et on la confond souvent 


avec plusieurs autres espèces, telles que la Mâche dentée, la 


518 | VALÉRIANÉES. 
Mâche à fruits velus, qui n'en différent que fort peu, si ce 
n’est par la forme de leurs graines. 

La Mâche est adoucissante et rafraîchissante , on n’en fait 
plus d'usage en médecine. Ou l'a conseillée autrefois dans 
les bouillons de veau ou de poulet, contre la néphrétique, 
le scorbut, les rhumatismes, la goutte, l'hypocondrie; 
elle était assez insignifiante dans tous ces cas. On mange, 
pendant tout l'hiver , ses jeunes feuilles en salade. 


Famille LI. 


RUBIACÉES. 


Les caractères propres aux plantes de cette famille sont 
les suivans : calice monophylle, partagé en son bord en 2 
et plus souvent en # divisions; corolle monopétale, régu- 
lière, tubuleuse, à limbe découpé en 4 ou 5 lobes; 4 à 5 
élamines insérées sur le tube, et alternes avec les divisions 
du limbe; r ovaire inférieur, surmonté d’un style terminé 
par 2 stigmales ; 2 coques monospermes., quelquefois bacei- 
formes, ne s’ouvrant pas, el ressemblant à de simples 
graines. 

Les Rubiacées sont des herbes à tiges quadrangulaires, 
noueuses ; à feuilles simples, verticillées ; à fleurs disposées 
le plus souvent en épi, en corymbe ou en panicule dans la 
parlie supérieure des tiges. 

Autant les plantes exotiques de cette famille, parmi les- 
quelles on compte le Quinquina et l’Ipécacuanha, présentent 
un grand intérêt à la malière médicale, autant les indigènes 
sont peu recommandables ; effectivement tout ce qu’elles 
paraissent avoir de propriélés, c’est que leurs racines sont 
légèrement astringentes. Ces mêmes racines méritent plus 
d'attention sous leurs rapports économiques ; elles donnent 
presque toules une couleur rouge, et l'on se sert principale- 
ment, pour la teinture, de celle de la Garance, qui est plus 
riche en principe colorant. : 


203° Genre, — ASPÉRULE. ASPERULA. Lin. 
Calice à 4 dents. Corolle infondibuliforme, quadrifide, 
quelquefois seulement trifidé, et alors triandrique. 2 baies 


sèches, globuleuses, réunies ensemble, 


% 


RUBIACÉES. 549 


ASPÉRULE A L’ESQUINANCIES vulgairement Rubéole, 
Petite- Garance, Herbe à l'esquinancie, Herbe 
de vie. 

Asperula Cynanchica. Lin. Spec. 151. — Regnault, 

Bot. t. 22. — Rubia Cynanchica. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, rougeâtre, vivace; elle donne 
naissauce à plusieurs tiges grèles, rameuses , souvent cou- 
chées à leur base, ensuite redressées, hautes de 8 à 12 pouces, 
garnies de feuilles linéaires, un pèu glauques comme toute 
Ja plante, verticillées par quatre. Ses fleurs sont petites, 
couleur de chair, disposées plusieurs ensemble au sommet 
de la tige el dés rameaux; leur corolle est monopétale et 

uadrifide. Cette espèce se trouve communément sur les 
collines exposées au soleil, et dans les pâturages secs; elle 
fleurit pendant tout l'été. « 

L’herbe à l’'Esquinancie a été regardée autrefois comme 
ayant une propriété particulière dans les maux de gorge 
inflammatoires , d’où lui est venu un de ses noms vulgaires; ; 
on l’employait alors en tisane, en gargarisme , et appliquée 
extérieurement. Elle n’a pas conservé de nos jours son an- 
cienne réputalion , et les médecins n’en font plus que peu 
ou point du tout d'usage. 

Linné nous apprend que dans le nord on emploie ses 
racines en place de celles de Ja Garance, pour teindre les 
laines en rouge. 


ASPÉRULE ODORANTE, vulgairement Rene des bois, 
Hépatique des bois, Petit Muguet. 
ÆAsperula odorata. Lin. Spec. 150. — Æsperula odo- 
rata Aspergula. Blackw. Herb, t. 6o. 


Sa racine est menue, traçante ; elle produit plusieurs 
tiges simples un peu anguleuses, hautes de 6 à 8 pouces, 
garnies de feuilles ovales-lancéolées, légèrement cilicées en 
leurs bords, verticillées 8 ensemble, Ses fleurs sont blanches, 

édonculées, disposées en corymbe terminal. Cette plante 
croit dans les bois , à l’ombre: elle fleurit en mai. 

La Reine des bois a une odeur agréable, qui se développe 
surtout par la dessiccation. On la dit diurétique et sudori- 
fique : elle n’est que peu on pomtemployée. On l’a conseillée 
dans la jaunisse et dans les maladies éruptives. On la pré- 
pare par infusion à la dose de 2 à 4 gros pour une pinte d’eau. 


O1 
[Sa 
[e) 


RUBIACÉES. 
rs # = 
204° Genre. — CAILLE-LAIT. GALIUM. Lin. 


Calice à 4 dents. Corolle en roue ou eu cloche, à 4 divi- 
sions, plus rarement à 3 ou à 5. 2 coques arrondies, accolées 
l’une à l’autre. 


CAILLE-LAIT JAUNE, vulgairement vrai Caille-lait, 
petit Muguet. 
Galium verum. Lin: Spec. 155. — Gallium luteum. 


Pharm. — Gallium. Dod. Pempt. 355. 


Sa racine est grêle, longue, rampaule, brunälre, vivace; 
elle donne naissance à des tiges carrées, simples dans leur 
partie inférieure, légèrement velues, hautes de 10 à 15 
pouces, garnies de feuilles linéaires, glabres, d’un vert 
foncé , verticillées 6 à 8 et même 9 ensemble. Les fleurs sont 
irès-petites , jaunes , agréablement odorantes, pédonculées, 
portées par petils bouquets sur des rameaux courts formant, 
au sommet des tiges, une panicule longue, étroite et inler- 
rompue. Cette plante croît dans les prés secs et sur les bords 
des bois; elle fleurit en élé. 

Les parties du Caille-lait dont on fait usage, sont les som- 
mités fleuries. On les dit diurétiques, diaphorétiques, astrin- 
gentes et antispasmodiques. On les a couseillées autrefois 
dans la jaunisse, les exanthèmes, les affections convulsives, 
l'épilepsie ; on les a employées pour arrêter les hémorragies 
nazales; mais elles ne sont plus guère en usage aujourd’hui 
Pb ce Cependant, il n’y a pas plus d'une quaran- 
laine d’anuées, que des médecins, sans les préconiser tout-à- 
fait comme un spécifique, les ont cependant de nouveau 
recommandées comme un remède par le moyen duquel ils 
avaient guéri plusieurs épileptiques. La dose des fleurs de 
Caille-lait est de 2 gros à demi-once en infusion dans une 
pinte d’eau. Le suc exprimé des sommités fraîches a été 
donné à la dose de 4 onces. 

On croyait autrefois que les fleurs de cette plante avaient 
la propriété de faire cailler le lait; mais les expériences de 
Bergius, de Parmentier et de M. Déyeux ont démontré le 
contraire. Ces fleurs teignent la laine en jaune, et les racines 
en rouge. Ces dernières, comme celles de la plupart des 
Rubiacées, et surtout celles de la Garance, colorent en rose 
les os des animaux qui en mangent. 


RUBIACÉES. 551 


CAILLE-LAIT CROISETTE, vulgairement Crorselte. 

Galium Cruciata. Scop. Flor. Carn. 1. p. 100. — Ta 
lantia Cruciata. Lin. Spec. 1491. — Cruciata. Dod. 
Pempt. 557. — Pharm. 


Sa racine est rampante, vivace; elle produit plusieurs 
tiges grêles, simples, hautes de 8 pouces à 1 pied, garnies 
de feuilles ovales, velues, molles au toucher, verlicillées 
par 4. Ses fleurs sont jaunes, les unes mâles, les autres her- 
maphrodites, disposées , dans la partie supérieure des tiges, 
en plusieurs petits bouquets axillaires. Les fruits sont glabres, 
cachés par les feuilles réfléchies en bas après la floraison, 
Cette plante croit dans Les bois et les buissons ; elle fleurit 
en mai. 

On regardait autrefois la Croisette comme astringente et 
vulnéraire ; on croyait que sa décoction, prise intérieure- 
ment pendant plusieurs jours, et que l'herbe appliquée en 
cataplasmes sur les hernies, était un moyen de les guérir, 
Aujourd’hui, que l'insuffisance de tels moyens est justement 
appréciée, les médecins ne fort plus aucun usage de cette 
plante. 


CAILLE-LAIT GRATERON, vulgairement Grateron , 
Rièble, Capel à teigneux. 
Galium Aparine. Lin. Spec. 157.— Bull. Herb. t. 315, 


— Aparine. Pharm. ” 


Sa racine, menue, fibreuse, annuelle, produit une tige 
grèle, quadrangulaire, longue de 2 à 4 pieds, garnie, sur- 
tout sur ses angles, d’aspérités crochues, au moyen des- 
quelles elle s'attache à tous les corps qui sont dans son voi- 
sinage. Ses feuilles sont linéaires, rudes en leurs bords, 
verticillées 6 à 8 ensemble. Ses fleurs sont blauches, petites, 
solitaires, ou 2 à 3 ensemble sur des pédoncules axillaires ; 
1l leur succède des fruits hérissés de nombreux poils crochus. 
Cette plante est commune dans les haies, les buissons et les 
lieux cultivés; elle fleurit en juin et juillet. ; 

Le Grateron a passé pour incisif, apéritif, résolutif, 
diurétique et sudorifique. Dioscorides canseillait d'appliquer 
sur les tumeurs scrophuleuses ses tiges et ses feuilles pilées et 
mêlées avec de l’'Axonge. Dans le dernier siècle, des mé- 
decins ont de nouveau vanté ce moyen, et ont prétendu en 
avoir obtenu de très-bons effets ; mais les observations faites 


352 RUBIACÉES. 
par des praticiens non prévenus, ont bientôt prouvé l'inef- . 
ficacité dû Grateron dans ces cas, où il est d’ailleurs géné- 
ralement reconnu qu’un traitement intérieur est beaucoup 
plus essentiel que des applications extérieures. 

Où trouve aussi que le Grateron a été conseillé dans les 
obstructions, les hydropisies, contre les calculs de la vessie, 
le scorbut; mais les propriétés qu’on lui a attribuées dans 
ces maladies sont aussi gratuites que celles qu’on lui a sup- 
posées contre les scrophules. Aujourd’hui le Grateron est 
banni de la matière médicale. 

On a dit que ses graines torréfiées avaient une saveur et 
même une odeur analogue au Café; mais ces principes n’y 
sont pas assez développés pour qu'on puisse jamais les em- 
ploÿer à la place de cette graine exotique. 


205° Genre. — GARANCE. Rubia. Lin. 


NA à 4 dents. Corolle campanulée, à 4, et quelquefois 
5 divisions , et alors à & étamines. 2 baies See 


ne DES TEINTURIERS , vulgairement Gurance. 
Rubia tinctorum. Lin. Spec. 150. — Blackw. Herb. 
326. — Pharm. 


£a racine est longue, rampanie, de la grosseur d’une 
plume à écrire, rouge en dedans et en dehors, vivace; elle 
pousse plusieurs tiges carrées, rameuses, rudes au toucher, 
hautes de 2 à % pieds, garnies de feuilles ovales-oblongues, 

ointues, verticillées 4 à 6 ensemble, hérissées en leurs 
bords et sur leur nervure postérieure de dents crochnes. Ses 
fleurs sont petites, jaunâtres, disposées sur des pédoncules 
divisés, formant, dans les aisselles des feuilles supérieures 
et à l'extrémité des rameaux, de petites panicules. Les fruits 
sont des baies noirätres. Cette plante croît dans les haies et 
les buissons , principalement dans le midi; on la cultive dans 
plusieurs cantons pour ses usages économiques; elle fleurit 
en juin et juillet. 

La seule partie usitée de la Garance est la racine; elie passe 
pour astringente, apéritive, fondante, diurétique. Les an- 
ciens formulaires la metlent au nombre des cinq racines 
apéritives mineures, dont les quatre autres sont celles d’Ar- 
rête-bœuf, de Caprier, de Chardon-roland et de Chiendent. 
Elle a été conseillée et plus ou moins vantée comme pou- 
vant êlre uüle dans les obswuctions du foie et de la rate, 


RUBIACÉES. 355 
dans la jaunisse, l’hydropisie, les flueurs blanches, la gra- 
velle, le rachitis, la goutte. Mais il paraît que ses vertus, 
dans tous ces cas, avaient été très-exagérées, et aujourd'hui 
qu'on a reconnu son Pr elle est peu ou même 

oint du tout employée par les rnédesins: Elle a la pro- 
priété de colorer en rouge les os des animaux auxquels on 
la donne pour nourriture ; ce qui a été constaté par beau- 
coup d'expériences. 

Dans les arts, ou se sert de la racine de Garance a en 
retirer une Poule rouge que lon emploie pour la pein- 
ture, et dont,on fait princip: alement usage pour la teinture 
des laines. Le rouge qu elle leur donne est à la vérité peu 
éclatant, mais il est très-solide, et résiste long-temps sans 
s’altérer à l'action de l'eau, de l'air et du soleil. 


Famille LIT. 
LOBÉLIACÉES. 


Un seul genre indigène composant à lui seul cette famitle, 
les caractères de celle-ci se réduisent à ceux de ce genre. 

Les Lobéliacées contiennent en général un suc laileux 
trés-âcre, souvent caustique , et elles doivent toutes être 
segardéés comme plus ou moins dangereuses. 


206° Genre. — LOBÉLIE. LOBELIA. Lin. 


Calice monophylle, à 5 dents. Corolle monopéltale, (ui - 
bulée inférieurement , partagée a son limbe en 2 lèvrés 
imégales; la san ieure à 2 divisions, Pinférieure plus grande 
et à 3 lobes. 5 étamines à anthères réunies en tube. à ovaire 
inférieur, à style terminé par 1 stigmatle à 2 lobes. Capsute 
à 2 ou 5 loges s'ouvrant par le somrnet, et contenant plu - 
sieurs graines, 


LOBÉLIE BRULANTE, 
Lobelia urens. Lin. Spec. 15214— Ball. Herb. t. 9. 


Sa racine est vivace, composée ni un faisceau de fibres 
blanchätres ;ælle produit une tige grêle, droite, glabre , 
simple ou peu rameuse , haute de 1 pied à à I pied 26 Ms. 
Ses feuilles radicales a en ‘spatule, crénelées en leur: 
bords , étalées en rosette sur la terre ; sels de la tige soit 
dancéolées , sessiles, dentées, glabres et d’un vert sai, de 
mème que les premières. Ses de eurs sont l’un bleu clair, dis. 


17 
‘fi 


5h+ LOBÉLIACÉÉS. - 
posées en grappe terminale. Cette plante croît dans les lieux 
humides et marécageux ; elle flenrit en juin, juillet et août. 

Cette Lobélie a une saveur âcre et brülante qui lut a valu 
le nom qu'elle porte. Elle n'est point employée en méde- 
cine ; mais les accidens arrivés à plusieurs paysans qui en 
avaient fait usage, la prenant sans doute pour la petite Cen- 
taurée, à laquelle elle ressemble un peu, quand elle n’est 
pas en fleur, nous ont appris le danger qu'il pourrai y 
avoir à user de cette plante sans une circonspection extrème. 
Plusieurs: de ces paysans ayant pris infusion de’ses tiges 
et de ses feuilles dans du cidre, pour se guérir de fièvres in- 
termitientes, celte infusion procura à tous des vomissemiens 
et beaucoup d'évacuations par les selles, qui emportèrent la 
fièvre: mais un grand nombre d'entre eux paya cher l’usage 
téméraire de ce médicament, en éprouvant de crue dilés 
tranchées, Ges superpurgalions, des anxiélés et même des 
convulsions. Le lait, les huileux, les lavemens mucilagi- 
aeux, la thériaque calmérent ces accidens. 


Famille LI. 
CAMPANULACÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caracteres, un calice 
à 5 divisions, quelquefois plus , adhérent avec l'ovaire une 
corolle monopétale , allachée sur le calice, communément. 
divisée en 5 lobes réculierss; 5 élamines pour l'ordinaire , 
insérées au -dessous ns la ‘corolle ; 1 ovaire inférieur où 
adhérent avec l'ovaire, sur monté d’ nn seul style, terminé 
par 1 stigmate.le plus souvent à 5 ou 5 divisions. 

Les Cumpanulacées sont des herbes’ à feuilles simples, 
alternes ; à fleurs rarement solitaires, plus souvent disposées 
en épi, en faisceau , en panicule. 

Elles cohliennent en général un suc propre laiteux, qui 
n'est ni âcre ni causlique , comine dans les Lobéliacées , 
muis seulement Jégèrement amer ét mêime presque TSi= 
pide. La médecine n’en fait que peu ou point d’usagé. On 
inange les racines et les jeunes feuilles de quelques espèces. 


207° Genre. — CAMPANULE. CanPin usa. Lin. 


Calice à 5 divisions. Corolle campanulée , à à 5 lobes. 5 éta- 
mines à filamens He à ee base. Stiumile tifide ou 
guiuquéfide. Capsule à 5 où 5 loges: polysper mes, 


CAMPANULACÉES. 555 
« CANPANULE RairoNcE, vulgairement Raïponce: 
Campanula Rapunculus. Lin. Sp. 252.—Rapunculus 
ésculentus. Pharm.— Rapunculum. Dod. Pempt. 165. 
L L 


Sa racine est simple, pivotanie, blanche, tendre, bisan- 
nuelle# elle produit une tige, anguleuse, presque glabre, 
simple dans sa partie inférieure, un peu rameuse dans ja 
supérieure, haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles sont de deux 
sortes ; les unes radicales, ovales-oblongues, ondulées , ré 
trécies en pétiole, gèrement velues, étalées en roselte; les 
autres, placées sur la tige, assez distan'es entre elles, sont 
lancéolées et sessiles. Ses fleurs sont bleues, plus rarement 
blanches, disposées au sommet de la lige et des rameaux 
en panicule re-serrce. Cette plante croit dans les champs, 
les prés el sur les bords des fossés ; on la cultive dans les jax- 
dins; elle fleurit en mai, juin-et juillet. i 

Les racines et les jeunes feuilles de Raiponce passent pour 
apérilives et rafraichissantes ; on les mange en salade, pen- 
dant l'hiver et au commencement du printemps, 


Famille LAIV. 
é CUCURBITACÉES. 


Les plantes dont se compose cette famille ont pour ca- 
ractères communs des fleurs monoïques ou dioïqués coin- 
posées ainsi qu'il suit : Dans lès mâles, calice d’une seule 
pièce, évasé, à 5 divisions ; corolle monopétale, campa- 
nulée, adhérente au calice, ayant son Jlimbe partagé en 
5 lobes; 5 élamines à anthères oblongues, adnées à laspartie 
supérieure et latérale de leurs flamens ; dans les femelles, 
calice et corolle comme dans les mâles: 1 ovaire inférieur: 
surmonté d'un style à 3 divisons , terminées chacune par 
1 stigmale ; 1 baie chaïrnue à 1 ou plusieurs loges, conte- 
nant plusieurs graines carlilagineuses , attachées horizonta- 
lement à des réceplacles latéraux. 

Les Cucurbilacées sont des herbes à tiges sarmenteuses , 
rampäanles où grimpantes ; à feuilles aiternés, pétiolées , 
accompagnées de vrilles; à fleurs axillaires , solitaires’, ou 
disposées en grappe. 

Les propriétés des plantes de ceïte famille sont fort difé- 
rentes, selou les espèces; le Melon, le Concombre, la Courge, 
le Potiron donnent dès fruits en grande partie formés d'une 

| L 2 


556 CUCURBITACÉES. 

pulpe plus ou moms consistante, en général très-aqueuse, 
ayant un goût doux et sucré. On fait usage de cetle pulpe 
comme alimentaire: elle est rafraîchissante et légèrement 
laxative. Les fruits de la Bryoné et de rElatérium , au cou- 
traire, ont une saveur àcre, trés-amère , el ceux de ce der- 
nier sont fortement purgatifs. Les racines vivaces et char- 
nues de ces deux ‘espèces partagent les qualités de leurs. 
fruits, qualités qui paraissent leuir à un suc propre, 
extracto-résineux, qui est un des principes des racines vi- 
vaces des Cucurbitacées , et qui est charrié avec la séve daus 
toutes les parties de ces végétaux, tandis que les racimes 
fibrenses des plantes annuelles de la mème famille en étant 
dépourvues, sont paræcela mème presque insipides , et leur 
séve élaborée dans tes fruits n’y forme qu'an suc aqueux et 
mucilagineux. 

Quelle que soit la qualité de la pulpe qui les entoure, les. 
graines des Cucurbilacées contiennent une huile douce qui 
les rend propres à former des émulsions tempérantes et 
anodines , 


208° Genre. — Concomgre. Uucuzis. Lin. 


Fleurs monoiques. Dans les mâles, calice à 5 dents, su- 
bulées ; coroile campanulée, plissée, à 5 découpures; 5 fila- 
mens, dont 2 -bifurqués à leur sommet, portent chacun 
2 aunthères ; dans les femelles, 1 style court, terminé par 
5 stigmates épais et fourchus ; 1 grosse baie succulente, à 
5 loges renfermant des graines ovales, comprimées, nom- 
breuses. 

CoNcomgre CULTIVÉE, vulgairement Concombre. 

Cucumis satious. Lin. Spec. 1457. — Blackw. Herb. 
t. 4. — Cucumer. Pharm, 


Sa racine est fibreuse, annuelle; elle donne naïssance à 
une tige assez épaisse , sarmenteuse , divisée en beaucoup de 
rameaux velus, rudes au toucher comme toute la plante, 
longs de plusieurs pieds et couchés sur la terre. Ses feuilles 
sont alternes, pétiolées, grandes, échancrées profondément 
à leur base, découpées dans leur contour en 5 angles argus, 
dont celui du milieu plus grand que les autres. Ses fleurs 
sont Jaunes, portées sur de courts pédoncules, deux ou plu- 
sieurs ensemble dans les aisselles des feuilles; elles sont ac- 
compagnées de longues vrilles simples, au moyen desquelles 


CUCURBITACÉES. 357 
Ja plante s'attache quelquefois sur les corps qui sont dans 
son voisinage, et qui peuvent lui former un appui. Aux 
fleurs femelles succèdent des fruits assez gros, allongés, 
presque cylindriques, un peu recourbés en are > erruqueux 
en leur surface, d'abord verts, ensuite d’un jaune pâle à 
l'époque de leur maturité. Cette plante passe pour étre ori- 
ginaire des Indes ; mais elle est généralement cultivée dans 
tous les jardins depuis plusieurs siècles ; elle fieurit en été. 

Les Concombres sont des fruils qui ne contiennent qu’une 
pulpe aqueuse, qu'on doit plutôt regarder comme rafraî- 
chissante que comme alimentaire. On mange les Concom- 
bres apprèlés de différentes manières: mais ils ont en général 
besoin de certains assaisonnemiens pour relever leur ladeur 
naturelle. Ils conviennent aux tempéramens. sanguins ct 
bilieux ; ils ne valent rien, au contraire, pour les lyÿmpha- 
tiques et pour les personnes qui ont estomaé fuble el'froid, 
On en a recommandé l'usage aux gens attaqués de maladies 
des reinsrel de la vessie, aux calculeux. Les jeunes Concom- 
bres encore verts se font confire dans le vinaigre ; en cet état, 
ils portent le nom de Cornichons , et ils servent ensuite 
d’assaisonnement dans les sauces el les salades. | 

Les pharmaciens et les parfumeurs préparent, avec de 
VA xonge et les Concombres mûres, une pommade GI porte 
Je nom de ces fruits, et qui, parmi les femmes, a de la 
réputation comme cosmétique; elle passe pour avoir 4 pro- 
priélé de rendre la peau plus douce; et lon sait combien 
les dames-sont curieuses de ee genre de beauté. Cette pom- 
made, qu'on ne peut faire que dans la saison dés Concom- 
bres, a le défaut de contracter, pendant le reste de l’année, 
comme toutes les préparalions graisseuses, de la rancidité 
qui la prive des propriétés qu'on eslime en elle, et quiia 
rend , au contraire , susceptible de produire des effets entiè- 
rement cpposts à ceux qu'on en espére. 

Les grames de Concombre sont une des quatre semences 
froides majeures, dont les trois autres sont celles de Melon, 
de Courge et de Citrouille; on en préparait autr Faux 
des émulsions pour les fièvres inflammatoires, la colique 
néphrétique, les ardeurs d'urine: mais on leur préfère géné- 
ralement aujourd’hui les Amandes douces. On peut , de 
même que de celles-ci, en retirer par expression une huile 
adoucissante, 


VAE 


556 CUCURBITACÉES., 


CoNcoMBRE MELON, vulgairement Melon, 
Cucumis. Melo. Lin. Spec. 1456. —— Melo. Blackw. 
Herb. t. 529. — Melones. Pharm. 


Sa racine esl fibreuse , annuelle elle produit, comme 
dans l'espèce précédente, une lige rameuse , sarmenteuse , 
trés. longue, rude au toucher comme toute É plante, con- 
chée sur [a terre, garnie de vrilles simples et de feuilles 
pétiolées , 20e M un peu anguleuses. Ses fleurs sont 
jaunes, pédonculées, réunies plusieurs ensemble dans les 
Pclles les uilless il succède aux femelles, des fruits ovoi- 
des ou globuleux , recouverts d’une écorce grisätre ou ver- 
dûtre, selon les variélés qui sont très-nombreuses. Cette 
plante est originaire des climats chauds de l’Asie; mais elle 
est cullivée ; ; depuis un temps immémorial, dans les jardins, 
de l'Eu rope, à cause de l excellence de son fe uit. Elle fleurit 
à Ja fin du printemps et au commencement de l'été. 

La chair de Melon est rafraichissante , relâchante , très- 
agréable au goût, mais peu nourrissante. [lle se digère en 
général facilement ; cependant les personnes qui ont l esto- 
mac faible et délicat ne doiveut en manger qu'avec beau- 
coup de modération , car l'excès en di aisément nui- 
sible; elle peut, dant prise en trop grande quantité, donner 
des coliques . relâcher le ventre, produire la diarrhée, la 
dysenterie. 

On retirait aulrefois des graines de Melon , une huile 
douce qui, à raison de ses propriélés ie , élail'assez 
fréquemment usitée ; mais elle est aujourd’hm tombée en 
désuétude, ainsi que les émulsions qu'on préparail avec les 
graines elles-mêmes, lesquelles, comme je l'ai dit plus haut, 
élaient une des quatre semences froides majeures. 


Li 


209° Genre. — BRYoNr. BRroNIA, Lin. 


Fleurs monoïques ou diviques. Dans les mâles , calice. 
campanulé, à à dents aiguës. Corolle campanulée ou pres- 
que en roselle, à 5 lobes. à anthères, dont #4 portées 2 à 
2 sur 2 filamens, et la 5° solitaire. Dans les femelles, style 
à 5 divisions, eee chacune par 1 stigmate ee 
cré. 1 baje globuleuse, , petite, lisse, COntordut plusieurs 
graines. 


CUCURBITACÉES. 359 


BRYONE DIOÏIQUE , vulgairement Bryone, Couleuvrée, 
Vigne blanche, Navet du diabie, Navet galant. 


Bryonia dioica. Jacaq: FE. Aust. tab. 1977 Br) oniée 
Pharm. 


Sa racine est charnue, allongée , souvent grosse comme le 
bras d’an homme et mème plus, blanchâtre extérieurement 
et intérieurement , vivace ; elle donne naissance à des Uiges 
gréles, un peu D rie qui s'étendent et s'élèvent dans une 
longueur de 6 à 10 pieds ou plus, en s'accrochaul sur les ar- 
brisseaux qui sont dans leur voisinage, au moÿen de vrille 
placées à la base des feuilles. Celles-ei sent allernes ss mel 
anguleuses , échancrées en cœur à leur base, el rudes au 
toucher. Ses fleurs sont petites, blanehätres marquées de 
lignes verdâtres, et disposées en grappes axillaires, toutes 
males sur certains-individus , toutes femelles sur d’autres. 
Ilsuccède aux dernières de pelites baies d'un rouge vif Cette 
plante est commune dans les haies3 elle fleurit depuis le 
mois de mai jusqu’à la fin de l'été. 

La racine est Ja seule partie de la Bryone qui soit usilée 3 ; 
elle passe pour emménagogue, vermiluge, résolutive, et 
elle est surtout éssenticllément purgalive, propriété qu ‘elle 
doil au suc extracto-résineux qu'elle “enfer me, 

On a dit que cette racine perdait Peuoun de sa vertu 
par la dessiccalion ; mais en supposant que cela soil exact, 
il lui en reste encore assez pour êlre un purgatif énergique, 
puisque, d’après mes cbservations (voyez 2° Partie, les 
Succédanées du Jalap ; RE ILE), elle a constamment déter- 
miné la purgalion à la dose de 50 à 56 grains. 

La racine de Bryone convient principalement dans les 
hydropisies, les obstructions des viscères du bas-ventre, 
V'apoplexie, la paralysie, les-affections vermineuses, On la 
conseillée aussi dans lépilepsie , la manie, Fhy pocondrie , 
l'hystérie, la goutte, les rhumalismes , l'asthme humide, 
= maladies de la peart , lorsque, dans ces cas ; on juge l 5 

on des purgalifs nécessaire. La dose de la Bryone sèche et 
sn en poudre , est de 20 à 56 grains et mème plus, 
Jorsque l’on veut obtenir des évacuations abondantes, et 
déterminer par là, sur le canal intestinal, une forte irrita- 
tion qui puisse agir comme dérivalive. Le suc exprimé de 
la racine fraîche peut ètre donné à la dose de 1 à 4 gros dans 
quelques ouces d’un véhicule mucilagineux, afin de s "op- 

7 4 


360 CÜCURBITACÉES. 

poser à l’âcrelé particulière de ce suc, qui, sans cette pré- 
caution , pourrail causer un sentiment d’ardeur dans la 
gorge, et ensuite des coliques plus ou moins violentes. Demi- 
once à 1 once de celle même racine fraiche peuvent aussi 
êlre données en infusion dans 4 à 6 onces de vin. 

L'application extérieure de la Bryone fraîche et réduite 
cn pulpe, irrite la peau, et la rubéfe presque comme les 
sinapismes. Quelques praticiens disent en avoir vu de bons 
effets , employée en calaplasme sur les tumeurs indolentes 
el lymphatiqués, sur d'anciens ulcëres qui avaient besoin 
« d'être animés. Appliquée sur la région des reins, on dit 
qu'elle excite la sécrétion des urines. 

La Bryonce rest que très-peu employée aujourd'hui par 
Ja plus 8 grande partie des médecins; les gens de la campagne 
en font un usage plus fréquent ; mais comme ils s’en servent 
souvent mal à propos et à trop haute dose, elle leur cause 
quelquefois des suüperpurgations violentes. 

Par des lavages réttérés, on enlève à eelte raeine, réduite 
en pulpe par le moyen dela râpe, toule son amertume et 
toute son àcrelé, et l’on en obtient une féeule parfaitement 
bonne et très nourrissante. Celle qu’on préparait autrefois 
dans les pharmacies par le seul dépôt du suc de la racine, 
quoique conservant quelques-unes de ses propriétés, n ’agis- 
sait cependant que d’une manière assez faible; elle est au- 
jour d’hui inusitée. L’extrait est de même rarement employé, 
quoiqu il vaille mieux : on peut le donner depuis demi-gros 
jusqu’à 1 gros. ù 


210° Genre. — MomorDiquEe. Momorprcs. lan. 


Fleurs monoïques. Dans les mâles, calice à 5 divisions 
ovales ou lancéolées; ; corolle à 5 découpures et à 5 plis lon- 
situdinaux. 5 En dont 4 portées 2 2 à 2 sur 2 filamens, 
Dans les femelles, style cylindrique à 5 divisions terminées 
chacune par 1 stigmate. Baie ovale. nent , médiocrement 
charnue, à 5 loges, dont les valves s'ouvrent avec élasticité, 
et contiennent des graines nombreuses. 


MOMORDIQUE ÉLASTIQUE , vulgairement Concombre 
sauvage, Concombre d'âne, crane 
Momordica Elaterium. Lan. Spec. 1454. — Bull. Herb. 
tab. 81. — Cucumer sylvestris sive Elaterium. Pharm. 


G - 
Sa racine est épaisse de 2.ou 5 pouces, longue d’un pied, 


CUCUREBITACÉES. 56: 
blanchâtre , vivace ; elle donne naissance à des tiges assez 
grosses, rudes au toucher, couchées sur la terre, garnies 
de feüilles alternes, pétiolées, arrondies , échancrées en 
cœur à leur base, et quelquefois bordées de quelques lobes 
peu profonds. ae fleurs sont axillaires, campanulées, d’un 
jaune blanchâtre, parsemées de veines verdätres, les unes 
toutes mäles et disposées en grappe, les autres, femelles et 
solitaires. 11 succède à ces dernières des baies longues d'un 
pouce et demi à 2 pouces, rudes au toucher, plei ines d’un 
suc amer, lesquelles, lors de leur maturité, s'ouvrent avec 
élasticité, et jettent avec force des graines larges, luisantes 
el nolrâtres. Cette plante est commune dans les départe- 
mens du midi, sur les bords des champs et des chemins ; elle 
fleurit en juillet et août. 

Foutes les parties du Concombre sauvage sont purg gatives; 
les racines le sont plus que les tiges et les feuilles ; Is fruits 
le sont plus que tout le reste C’ était principalement au sUC 
tpaissi de ces derniers qu ’on donnait le nom d’Ælaterion, ou 
Elatérium. Cètte préparalon élait fort employée autr Core 
mais de nos jours elle est presque entièrement tombée enr 
désuétude. La racine est également inusitée maintenant. Une 
grande partie de ce que j’ai dit un peu plus haut sur celle de 
la Bryone lui est applicable; elle est seulement moins éner- 
gique que cetle dernière, et elle a besoin, pour ägir de la 
mème maniere, d’ ëre donnée à à une dose plus forte, comme à 
celie de 40 à 60 grains. Voyez à ce sujet (2° Partie, Mémoire 
sur les Succédancées du Jalap, Ç. IV.) les Observations par- 
üculères que J'ai failes sur cetle racine , et où 1] ‘en parle 
d’ailleurs plus au long. 


211° Genre. — COURGE. CUCURBITA. Lan. 


Fleurs monoïques. Dans le mâles , calice à 5 Sdaite subu= 
pes corolle campanulée , à 5 découpures veinées , ridées. 
5 anthères sur 3 filamens, 2 de ces filamens élant bifurqués, 
el’ portant chacun 2 nes. Dans les femelles, 1 style 
court, trifide, à 5 stigmates; une grosse baie, charnue, 
par tagce eu 5 à 5 loges, par des cloisons molles et membra- 
neuses, contenant un grand nombre de graines aplaties, 

“entourées d’un rebord particulier, 


562 CUCURBITACÉES: 


CourcE CALEBASssE, vulgairement Course longue, 
Courge trompette, Courge. ; 
Cucurbita Lagenaria. Lan. Spec. 1454 — Cucurbila 


longior. Dod. Pempl. 669. — Cucurbita. Pharm. 


Sa racine est blanche, tendre, fibreuse, annuelle; elle . 
produit des liges angulenses , grosses comme le doigt, ram 
panies sur la ren ou grimpantes, par le moyen de vrilles, 
sur {es treillages ou appuis qu'on leur donne, et s’élendant | 
ainsi dans la longueur de 12 à 15 pieds ou davantage. Ses 
feuilles sont pétiolées, alternes, arrondies, d’un vert pâle, 
molles au toucher, et un peu gluantes. Ses fleurs sont 
blanches, tlrès- ouvertes en bail, toujours plusieurs en= 
semble dans les éfssèlles des feuilles, Ses fruils sont jaunâtres, 
presque cylidriques, souvent COUT en forme de crois- 
saut, quelquefois longs de 4 à 5 pieds; ils contiennent une 
pulpe blanche, bonue à manger, et une grande quantité de, 
graines entourées d’un bourrelet qui, formant sur les côtés 
des espèces d'appendices, leur donne une figure carrée. Cete 
plante est originaire de l’inde; on la cultive dans les jardins, 

-surtout dans le midi de la Frances elle fleurit en juin et 
juillet. : L 


Cource PÉPON, vulgairement Potiron, Citrouille. 
Cucurbila Pepo. Lin. Spec. 1455. Citrullus. Pharm, 


Celle plante se distingue de la précédente par ses feuilles 
irès-amples, qui sont arrondies, échancrées en:cœur à leur 
base, peu découpées en leurs bords; par ses fruits très-gros, 
ayant en général une forme sphérique aplatie, et par ses 
graines elliptiques. Ces fruits sont jaunes ou verdätres exté- 
T de et leur chair est toujours de la première cou- 
leur, plus al moins foncée, d’une consistance un peu 
fer me, d’une saveur agréable et bonne à manger quand 
elle est cuite. La Courge pépon passe pour être originaire 
des Judes; on la nie généralement dans les jardins el 
dans les champs, comme plante alimentaire; elle fleurit en 
juin, nAJUs et août. 

La Courge Calebasse, on tout simplement la Cour: ge Ct 
la Courge Pépon, plus vulgairement la Citrouille ou Île 
Poliroun, ont les mêmes propriétés. La pulpe de leurs frutis 
est en aa ige dans la cuisine, préparée de diverses manières; 
mais on ue l'emploie généralement point en médecine, Ce: 


| CUCURBITACÉES. 363 

pendant, comme elle est rafraîchistante, laxative et peu 
nourrissante, on peul la faire entrer dans le régime des per- 
sonnes d'un lempérament sanguin, dans celui des gens 
replets, qui doivent éviter les nonrrilures échauflantes et 
trop substantielles. On peut encore faire avec cette pulpe, 
crue ou cuile, des cataplasmes rafraichissans, émolliens, 
résoluuifs. 
_ Les graines de Courge et celles de Citrouille réunies à 
celles de Concombre et de Melog , formiient autrefois les 
quatre semences froides majeures, dont j'ai léjà parlé à Par= 
Ucle Concombre cultivé. 

Les fruits d’une variété de la Courge, que l’on connaît 
sous les noms de Gourde ou de Cougourde , ne sont point 
alimentaires ; mais 1ls s'emploient pour des usages écono- 
miques. On les laisse sécher, on les vide, et on en fait des 
bouteilles et autres ustensiles ui servent aux gens de la 
- “campagne, aux voyageurs et aux pêlerins. : 


CouRGE LACINIÉE, vulgairem. Pastèque, Melon d'ear 
Cucurbita Angurie. Duch. in Lam. Dict. enc. 2 p. 1 CA 

— Cucurbita Citr ullus. Lin. Spec. 1455. — Anguria, 

Cucumis Citrulus. Dod. Pempl. 640. — Anguria. Pharm. 


Celte espèce diffère des deux pr écédentes par ses feuilles 
profondément découpées et d’une consistance ferme, presque 
cassante ; par son fruit constamment orbiculaire, à peau 
mince, lisse et mouchelée de taches éloilées: par ses graines 
assez renflées, dont le bourrelet est fort petit, et qui sont 
d'ailleurs rouges ou noires. On la cultive principalement en 
Provence, en Languedoc. 

Cette Diane présente plusieurs variétés, qui diffèrent sur- 
tout par la consistance et la-couleur de leur chair. On donne 
particulièrement en Provence le nom de Pasteque à celles 
dont le fruit est moins fondant, et qu'on ne mange que 
confit ou cuil avec le moût de raisin, comme on prépare le 
raisiné dans d’autres pays, avec des poires el du vin doux. 
On appelle au contraire Aelon d'eau celles dont la chair est 
fondante et se mange crue comme on le fait parlout des 
Melons ordinaires. 


364 CAPRIFOLIACÉES. 
Famille LV. 
CAPRIFOLIACÉES. 


Les genres qui composent cette famille se distinguent aux 
caractères suivans : calice monophylle, à 5 dents ou à 5 di- 
visions ; corolle monopétale à 5 lobes réguliers ou irrégu- 
liers ; 5 étaminess 1 ovaire inférieur, surmonté d’un seul 
style ou de 3 stigmates sessiles ; 1 baie à : ou plusieurs loges 
polyspermes. 

Les Caprifoliacées sont des arbrisseaux à feuilles oppo- 
sées, entiéres ou divisées ; à fleurs axillaires , ou le plus sou- 
vent lerminales, disposées en têle ou en corymbe. , 

La propriété purgative paraîl plus développée que toute 
aulre dans un des genres de celle famille, car toutes les 
parlies des Sureaux sonl susceptibles de provoquer la pur=" : 
galion et même le vomissement à l’état frais. Les fleurs 
cessent d'être purgatives par la dessiccation, et elles de- 
viennent seulement propres à augmenter Ja transpiration 
cutanée. Les fruits des Chèvrefeuilles jouissent de la prin- 
cipale vertu des Sureaux; on a attribué à leurs feuilles et à 
Jeurs fleurs une faculté astringente. La Moscatelline, que 
j'ai cru devoir rapprocher de cette famille, à cause de son 
ovaire inférieur el de sa corolle monopétale qui l’éloignent 
des Saxifragées, n'a pas de qualités bien prononcées. 


212° Genre: — CHEVREFEUILLE. LONICERA1. Lin. 


Calice à 5 denis, muni de bractées à sa base. Corolle tu- 
buleuse , infondibuliforme ou campanulée, à limbe partagé 
en 5 découpures souvent inégales. 5 étamines, 1 baie à 1,2 
où 5 loges polyspermes. 


CHÈVREFGUILLE DES BOIS. 

Lonicera Periclymenum. Van. Spec. 245. — Caprifo- 
lium Germanicum. Dod. Pempt. 411. — Caprifolium. 
Pharm. ( 

Sa tige est ligneuse , divisée en rameaux grèles, sarmen- 
teux , flexibles, s’élevant à la hauteur de 10, 15 et 20 pieds, 
en s’entortillant autour des arbres ou autres corps qu'ils 
trouvent à leur proximité. Ses feuilles sont opposces , ovales, 
glabres, les iuféricures portées sur de courts pétioles, les 


Te 
-CAPRIFOLIACÉES, .565 


supérieures sessiles. Ses fleurs sont d’un blanc jaunâtre, 
quelquelois un peu rougeätres en dehors, réunies plusieurs 
ensemble en têtes terwimales: elles répandent une odeur 
très agréable. Cet arbrisseau croît dans les bois et Les buis: 
sons ; il fleurit en juin. 

Les feuilles et les fleurs du Chèvrefeuille passent pour 
aslringentes , détersives, el les fruits pour dinrétiques. La 
décoction des feuilles s'emploie quelquefois en gargarisme 
pour les gonflemens lymphatiques des amygdales, les ulcé- 
rations el les aphtes des mêmes parties. L/eau distillée des 
fleurs, dont on se servait autrefois dans les ophthalmies, est 
aujourd’ hui tombée en désuétude ; on'fait aussi peu ou point 
d’asage du sirop qu'on préparait également avec les fleurs. 

Lesfruits d’une autre espèce de ce genre, le Chèvrefeuille 
des Alpes ( Lonicera Alpigena. Lin), pris au nombre de 
5 à 8, provoquent le vomissement et la purgalion, selon 
Tragus et J. Prévost : la médecine n’en fait aucun usage. 


215° Genre. — SUREAU. SAMBUCUS Lin. 


Caïice à 5 divisions. Corolle en roue, à 5 lobes. & éta- 
mines alternes avec les divisions de la corolle, 3 sligimateÿ 
sessiles. 1 baie à lrois graines, 


SUREAU NOIR, vulgairement Sureau, Sureau com- 
mun, grand COPA 
ngra. Lin. da 385. — Samb bucus. Blackw. 


Herb. t: 151: — Pharm 


Sa tige est ligneuse, haute de 10 à 12 piedset plus, divisée 
en rameaux droits, cylindriques , revêtus d’une écorce 
grisätre. Ses feuilles sou PPPORÉER péliolées, ailées avec 
impaire, composées de à à 7 folioles ovales-lancéoles, 
glabres , d’un beau vert, dentées en leurs bords. Ses fleurs 
sont blanches, petites, He nombreuses, disposées à l’ex- 
irémité des rameaux en un large corymbe ombelliforme ; 
elles ont une odeur forte, un peu nauséuse. Il leur succède 
de petites baies noirâtres à l'époque de leur maturité, Cet 
arbrisseau croit dans les haies, les buissons ; il fleurit en juin 
et juillet. Ja 

Le Sureau est purgatif dans toutes ses parties ; il a été 
employé sous ce rapport dès la plus haute antiquité, et il 
parait avoir été bien plus en usage qu’il ne l’est de nos jours, 


& 
566 CAPRIFOLIACÉES. 

Dans quelques provinces d'Allemagne, les gens de la cam- 
pague mangent ses jeunes feuilles et ses Aer fraiches en 
salade, el cela leur sert de doux purgatif. Les baies ont été 
vantées, dans les rt° eb 15° siècles, pour produire le même 
effet, et les graines qu’elles renferment ont aussi la:même 
facullé. Mais à toutes ces parties on préfère généralément 
l'écorce moyenne, que de célèbres mmédecins, Boerhaâve, 
Sydenham , etc., ont conseillée comme un remède très: 
efficace dans l’'hydropisie. Sa dose est de 2 gros à 1 oncé en 
décoction dans une pinte d'eau. Le suc de celte même écorce 
fraiche peut se donner de 1 gros à demi-once. 

Comme sudorifiques et céolhtives : où fait un très- grand 
usage des fleurs de Sureau. Leur fusion , à la dose d’une où 
deux pincées pour une pinte d’eau, se donne dans beancoup 
de cas où l’on croit utile de porter à la peau, dans les exan- 
thèmes, lorsque l'éruption en est difBcile, comme dans la 
rougeole , la variole ; on s'en sert également dans les rhuma- 
tismes chroniques, dans les atfections catarrhales atoniques, 
dans les maladies cutanées: Extérieuréement, on emploie, 
comme résolutive et anodine , l’infusion de ee mêmes Aôurs 
en lotions et fomentalions ane les inflammations , Férysi- 
pêle, etc. 

Le r0b de Sureau, sorte d’exirait qu'on prépare dans les 
pharmacies avec les baies de cet arbrisseau , se prescrit, 
comme sudorifique, à a la dose d’un à 2 gros dans les mala- 
dies cutanées, la syphilis ancienne, la goutte , les rhuma- 
lismes ; à plus baute dose, il est purgalif, S'il a pu être utile 
à La dose d’uneonce, dans l diarrhée et la dyseuterie, comime 
on le trouve indiqué dans les auteurs, ce n'a été que lorsque 
ces maladies avaient pour cause un embarras gastrique qui 
exigeail l'usage des évaeuans. Les autres préparations phar. 
maceutiques dans lesquelles entraient tes fleurs ou les baies 
de Sureau, sont presque toutes tombées aujourd? ii enr dé- 
suétude. 

Les marchands de vin emploient les fleurs de Sureau 

our communiquer au vin blanc ordinaire uni faux goût dé 
vin muscat. Quelques personnesen font de même infuser dans 
Je vinaigre, pour lui donner plus de force et lui faire prendre 
un parluméagréable. Les baies, cuites dans le vinaigre, 
teignent le fil et les peaux en violet, Le bois de Sureau, 
quaud il est vieux , devient assez dur et propre à être ee 
ployé pour de menus ouvrages de tour. IL à la couleur du 


U 


CAPRIFOLIACÉES, 367 


buis, mais il n’est pas aussi solide. Les enfans font des sar- 
bacanes avec ss jeunes branches , qui sont remplies d’une 
moëlle abondante. Les bestianx et les bêtes fauves ne broutent 
point son feuillage. Plusieurs oiseaux recherchent ses fruits, 


SuREAU HIÈBLE, vulgairement Æieéble, Yeble, petit 
Sureau. 
Sambucus Ebulus. Lan. Sp. 555. — Ebulus. Blackw. 
Herb, t. 468. — Pharm, 


Sa racine est blanchätre, charnue, grossé comme le 
doigt, vivace, rampante; elle donne naissance à des tiges 
her Phéés , clé es, anguelles, simples, hautes de 3 à 4 
pieds, garnies de feuilles opposées , pétiolées, composées de 
7 à 9 fuholes lancéolées, d'un vert foncé, dentées en leurs 
bords. Ses fleurs sont blanches, nombreuses, disposées au 
sommet de la tige en un large corymbe imitant une ombelle, 
Ses fruits sont de petiles baies noires. Cette plante n’est pas 
rare sur les bords des chemins et des champs; dans les terres 
fvrles et un peu humides; elle fleurit en juin et juillet, 

Les propriétés générales de l’Hièble sont les mêmes que 
celles du Sureau noir, et ses racines, comme bydragogues, 
peuvent êlre assiruilées à l écorcemoyenme de celui-ci; mais 
elles sont hors d'usage. Les feuilles appliquées en cata- 
plasmes ont été recommandées comme utiles pour apaiser 
les douleurs de goutte. On à aussi altribué la même pro- 
priélé à une huile qu'il est possible d'extraire des graines, 
On fait avec ses baies uu rob dont on peul se servir comme 
de celui de Sureau. Selon le Codex de l’ancienne faculté, Les 
graines sont au nombre des substances qui entrent dans la 
poudre hydragogue , préparation pharmaceutique qu'oir 
employait bien plus souvent autrefois que maintenant , dans 
les hydropisies. 


* Genre ayant de l’affinité avec les Caprifoliacées. 
214 Genre. — MoscATELLINE. ÂDOX4. Lin. 


Calice à 2 ou 3 divisions. Corolle monopétale à 4 ou 5 
lobes, 8 à 10 étamines. Ovaire inférieur, surmonté de 4 à 
Sstyles. 1 baie à 4 on 5 loges monospermes. 


560 CAPRIFOLIACÉES. 


Mosc ATELLINE PRINTANNIÈRE, vulgairement Hosca/el. 

line, Herbe du musc, Herbemusquée,petite Musquée. 

Adoxa Mosrhatellina. Liu. Spec. 527. — Moschatella. 
F1. Dan. t. 94. LAN 


Sa racine est un peu tubéreuse, longue d’un pouce, 
allongée , blanchâtre, munie de petites écailles écarlées et 
de plusieurs fibres menues ; elle donne naissance à une ou 
plusieurs tiges minces, simples, hautes de 5 à 6 pouces, 
garnies, aux deux liers de leur hauteur, de 2 feuilles oppo- 
sées, pétiolées, glabres, d’un vert un peu glauque, parta- 
gées en 3 folioles incisées où lobées. Immédiatement de la 
racine naissent une ou deux autres feuilles de mème forme 
que les précédentes, mais plns grandes, plus divisées, et 
portées sur des pétioles longs de 2 à 4 pouces. Ses fleurs sont : 
d’une couleur herbacée, réunies au nombre de 4 à 5 en 
une pelile têle placée au sommet des tiges. Cette plante croît 
dans les bois, aux lieux ombragés ; elle fleurit en avril. 

La Moscatelline répand, quand elle est en fleur, une 
odeur de musc très-prononcée. Ses tiges, ses feuilles et ses 
racines n’ont pas de saveur bien distincte. On a attribué 
à ces dernières une propriété détersive et vulnéraire, étant 
appliquées extérieurement ; mais elles sont maintenant très- 
peu ou même point du lout employées en médecine, 


* Famille LVL 
VACCINIÉES. 


La situation de l’ovaire, qui est inférieur dans les plantes 
de celte famille , les distingue d’une manière positive des 
Ericoïdes avec lesquelles elles ont d’ailleurs de grands rap- 
porls. Leurs autres caractères sont d’avoir 1 calice mono- 
phylle entier ou à 4 divisions; 1 corolle ordinairement mo- 
nopétale à 4 divisions, plus rarement à 4 pétales distincts ; 
8 étamines à filamens insérés sur le calice, à anthères sou- 
vrant à leur sommet par deux trous, et Lerminées par deux 
pointes; 1 ovaire surmonté d'un style simple; 1 baîe 6mbi- 
liquée à son sommet, divisée en 4 loges polyspermes. 

Les Vacciniées sont des arbustes à feuilles alternes, sim- 
ples, et à fleurs axillaires. Leurs fruits, douceâtres ou lége- 
rement acidulés, sont bons à manger ; on les emploie en 
médecine comme rafraïîchissans et légèrement astringens, 


LA 


VACCINIÉES, 569 


215° Genre. — AIRELLE. ŸA4CCINIUM. Lin. 
Calice entier ou à 4 dents. Corolle monopétale, globu- 
leuse ou campanulée , à 4 divisions. 8 étamines. 1 baie 


globuleuse , à 4 loges contenant plusieurs graines. 


AIRELLE MYRTILLE, vulgairement ÆAirelle, Bluet, 
Moret, Myrtilie, Raisin des bois. 
Vaccinium Myrtillus. Lin. Spec. 408. — Myrtillus, 
Matth. Valgr. 251. — Pharm. 


Sa tige est divisée dès sa base en rameaux glabres, angu- 
leux , flexibles, hauts d’un pied à 1.pied et demi, garnis de 
feuilles ovales, alternes, glabres, d’un vert gai, crénelées 
ou légérement dentelées en ieurs bords, portées sur de 
très-courts pétioles. Ses fleurs sont axillaires, en grelot, 
d’un blanc rougeñtre. 11 leur succède des baïes globuleuses 
molles, grosses comme des grains de groseille, d’un bleu 
foncé ou noirâtre, pleines d’un suc ayant une saveur astrin- 
gente et aigrelette. Ce petit arbuste se trouve dans les bois 
montagneux, parmi les bruyères; 1! fleurit en avril et mar. 

Les fruits du Myrülle sont astringens et rafraîchissans. 
On en a conseillé l'usage dans les fièvres bilieuses, putrides, 
inflammaloires , dans la diarrhée, le scorbut. On peut les 
donner en décoction, à la dose d’une omplusieurs onces pour 
une pinte d’eau. On préparait autrefois une sorte de rob 
avec leur suc épaissi. Les bergers et les habitans des mon- 
tagnes, dans les pays où ces fruits sont communs, les man- 
gent comme on fait ailleurs les groseilles. En les faisant fer- 
menter, ils en retirent aussi une sorte de vin, mais qui & 
peu de force, et ne se garde pas long-temps. 

L’Aüirelle rouge, F’accinium Vitis idæa, Lan., dont 
jes fleurs sont disposées en petites grappes ter minales a les 
mêmes propriétés que le Myrtille, et peut lui être cuis t 
tuée; mais aucune de ces deux plantes n'est usitée dans la 
pratique. 


216° Genre. — CANNEBERGE. OxYcoCcCUs. Tournef. 


Calice court à 4 divisions. Corolle de 4 pétales oblongs, 
réfléchis. 8 étamines à anthères bifides, s'ouvrant par leur 
sommet. 1 baie turbinée, à 4 loges po! permes, 

À a 


570 . VACCINIÉES. 

CANNEBERGE DE MARAIS, Où COUSSINET DE MARAIS. 

Oxycoccus palustris. — Oxycoccus. Pharm. — Oxy- 
coccum. Flor. Dan. t. 80. — Faccinium Oxycoccos. 
Lin. Spec. 500. : 


Ses racines sont fibreuses, vivaces:-elles donnent nais- 
sance à plusieurs tiges grêles, filiformes, un peu ligneuses, 
couchées et rampantes au milieu des mousses, longues de 
6 pouces à 1 pied, garnies de feuilles alternes, ovales- 
oblongues , trés-petites, glabres et luisantes en dessus, blan. 
châtres en dessous, porlées sur de courts pétioles. Ses fleurs 
sont d'un rouge clair ou roses, attachées sur de longs pédon- ” 
cules filiformes, solitaires dans les aisselles des feuilles su- 
périeures et peu nombreuses. Ses fruits sont de petites baies 
rouges, d’une saveur acide et bonnes à manger. 

Cette plante croîl dans les marais au milieu des mousses, 
et particuhèrement de celles du genre Sphagnum; elle 
flearit pendaut tout lété, et ses fruits sont mûrs en sep- 
tembre et octobre. 

Ces fruits sont rafraîchissans et légèrement astringens. On 
les a employés en médecine dans les fièvres inflammatoires, 
bilieuses, pulrides; dans les hémorragies, la dysenterie, etc. 
Ils ne sont que peu ou point en usage maintenant. Dans 
le nord de l’Europe, on les mange crus, ou après les avoir 
fait cuire avec du sucre. 


IV: CLASSE. 


DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; MONOPÉTALES 
SUPÉROVARIÉES. 


Famille LVIT. 
ÉRICOÏDES. 


Les caractères des plantes de cette famille sont ceux qui 
suivent : Calice monophylle, persistant, divisé en son bord ; 
corolle monopétale , à limbe partagé en 4 ou 5 lobes, quel- 
quefois composée de plusieurs pétales distincts: étamines 
en nombre défini, imsérées à la base du calice, plus rare- 


ÉRICOÏDES. 571 
ment à celle de la corolle, ayant leurs anthères bifides infé- 
rieureiuent, s'ouvrant au sommet par deux trous ; 1 ovaire 
supérieur, surmonté d’un style simple ou à plusieurs lobes; 
1 capsule à plusieurs loges, s’ouvrant par autant de valves 
qui portent dans leur milieu une cloison longitudinale ; 
quelquefois, au lieu d’une capsule, c’est une baie à 5 loges 
qui ne s’ouvrent point. 

Les Éricoïdes sont des herbes, ou le plus souvent des ar- 
bustes ou des arbrisseaux à feuilles entières, alternes, où 
opposées, ou même verticillées, et à fleurs aussi diversement 
disposées. 

L’astringence est jusqu'à présent la propriété qui paraît 
la mieux démontrée dans ces plantes , et les usages aux- 
quels on les emploie en médecine sont très-bornés. 


217° Genre. — ARBOUSIER. ARBUTUS. Lin. 


. 

Calice très-petit, à 5 divisions. Corolle ovoïde, à limbe 
court et à à dents roulées en dehors, 10 étamines non sail- 
lantes. 1 baie à 5 loges contenant 1 ou plusieurs graines. 

ARBOUSIER BUSSEROLE , vulgairement Ærbousier trai- 

nant, Bousserole, Busserole, Buxerolle, Raisin 
d'ours. 

Arbutus Uva-ursi. Lin. Spec. 566. — Uva-ursi. Clus. 
Hist. 65. — Pharm. 


Ses liges sont ligneuses , faibles, longues d'un pied à 1 
pied et demi, divisées en plusieurs rameaux étalés et même 
couchés, garnis de feuilles éparses, ovales-oblongues, gla- 
bres, luisantes, coriaces, persistantes, retrécies en un court 
pélioie à leur base. Ses fleurs sont blanches ou légèrement 
purpurines, disposées en peliles grappes à l'extrémité des 
rameaux. Les fruits sont des baies globuleuses et d’une cou- 
leur rouge. Ce petit arbrisseau croit dans les Alpes, les 
Pyrénées, les Vosges ; il fleurit en juillet. 

Les feuilles de cette plante sont les seules parties usitées ; 
elles ont une saçeur légèrement amère et un peu stip- 
tique. On les regarde en général comme astringentes et 
diurétiques. Quelques médecims les ont non- seulement préco- 
nisées sous ce dernier rapport; ils ont même voulu les faire 
passer pour lithontriptiques. Qu'elles exercent une action 
süimulante sur les reins ; et qu’elles puissent provoquer la 
sécrétion des urines, c’est ce que l’on peut croire; mais leur 

Aa 2 


372 ÉRICOÏDES. 

impuissance absojue contre les calculs, de mème que celle 
de tous les prélendus lithontriptiques, n'est plus douteuse 
aujourd’hui pour un praticien éclairé. Leur usage est borné 
maintenant aux affecüons atoniques des voies urinaires et à 
la gravelle. À raison de leur astringence, on les a cependant 
aussi conseilléescontre les flueurs blanches et la diarrhée, On 
les donne en substance et en poudre à la dose de 24 grains 
à 1 gros, ou en décoction à celle de 2 gros à 1 once pour 
une pinte d’eau. | on Y 

Il est bon d’observer que les feuilles que l'on trouve dans 
les pharmacies et chez les herboristes de Paris, sous le nom 
d'Uva-ursi, ne sont, en très-grande partie, que des feuilles 
de l’Airelle rouge ( V’accinium Vitis idæa , Lin. ), et les 
véritables feuilles de Busserole n’y sont pas dans la propor- 
ton d’un huilième ou d’un sixième tout au plus. 

Dans plusieurs provinces de Russie, et surtout dans le 
gouvernement de Kazan, on se sert de Ja Busserole pour la 
préparation des maroquins et pour le tannage des autres 
peaux fines. 


ArBOUsSIER UNÉDO, vulgairement Ærbousier, Fraisier 
en arbre , Frole. 
Arbutus Ünedo. Lan. Spec. 566. — Duham. Nouv. ed: 
vol. 1. p. 55. t. 21. — Unedo sive Arbutus. Pharm. 


2. 


Dans les pays chauds, lArbousier s'élève à la hauteur des 
arbres: dans le midi de ia France, il ne forme qu’un grand 
arbrisseau , dont la taille est de 12 à 35 pieds. Ses feuilles 
sont lancéolées, glabres, luisantes, coriaces, persistantes , 
dentelées en leurs bords, rétrécies en pétiole à leur base. Ses 
fleurs sont d’un blanc jaunâtre ou rougeûtre, disposées, au 
sommet des rameaux, en grappes rameuses et un peu pen- 
dantes. Les fruits sont des baies pulpeuses, d’un rouge pour- 
pre, de la grosseur d’une cerise, et ressemblant en quelque 
sorte à des fraises, à cause des aspérités dont elles sont char- 
stes. Ces baies sont divisées en 5 loges, contenant chacune 
plusieurs graines. Cet arbrisseau croît naturellement dans 
les bois en Languedoc et en Provence: il fleurit en août, 
septembre, et ses fruils sont un an à mürir. 

Ces fruits, que l'on nomme Ærbouses, ont une saveur 
austère; on les mange dans les pays du midi, mais ils ne 
sont pas recherchés. Ils-sont astringens, ainsi que l'écorce 
et les feuilles, On en a conseillé l'usage dans les diarrhées 


ÉRICOÏDES. 553 
et les flux atoniques ; mais ils ne sont point employés. 
Dans ces derniers temps, on a cherché, en Espagne et em 
Jtalie, à retirer du sucre des Arbouses , el on assure qu'elles 
en four nissent en assez grande quantité. En les faisant fer- 
meniter et en les dut on en retire aussi une sortie d’eau- 
de-vie. Le bois est assez dur, d’un rouge clair, et propre 
à de menus ouvrages. 


210° Genre. — PYROLE. PYROLA. Lin. 


Calice à 5 divisions profondes. core de 5 pétales. 10 
étamines non saillantes. Stigmate à » lobes. Capsule à! 5 
valves et à 5 loges. 


PYROLE À FEUILLES RONDES , Vulgairement Pyrole, 
l’erdure d'hiver. 
Pyrola rotundifolia. Lin. Spec. 567. — Pyrola rotun- 
difolia major. Flor. Dan. t. 110.— Py rolæ. Pharm. 


Ses racines sont grêles , rougeûtres, rampantes, vivaces 3 
elles donnent naissance à une ou plusieurs tiges simples, 
presque nues, hautes de 8 pouces à 1 pied, munies à leur 
base de plusieurs feuilles arrondies ou ovales-arrondies, un 
peu coriaces, glabres, luisantes, portées sur d’assez longs 
pétioles. Ses fleurs sont He heal disposées au nombre dés 
12 à 15 en une grappe simple et terminale. Cette plante 
croît dans les bois à l'ombre; elle fleurit en mai et juin. 

Les anciens auteurs de matière médicale vantent la Pyrole 
comme vulnéraire et astringente , et ils la conseillent en 
infusion et en nature contre les hémorragies, les flueurs 
blanches, la diarrhée, ete. Aujourd’hui elle n’est plus ou 
presque plus en usage. 

Au Canada, on emploie, dans les hydropisies, la Pyrole 
à fleurs en ombelle (Pyrola umbellata, Lin.), qui croît 
aussi dans plusieurs contrées de l'Europe, et particufière- 
ment en Allemagne. L’infusion de cette même plante, selon 
le Medical repository de New-Yorck, avril 1816, a élé 
employée avec beaucoup de succès dans ‘deux cas de cancer 
à la face. D’après ce journal, les deux malades ont été guéris 
après avoir fait usage de la Pyrole, l’un pendant un mois, 
el l’autre pendant trois semaines seulement. 


Aa 3 


374 :‘RHODODENDRÉES. 
Famille LVHT. 
RHODODENDREES. 


Les carac!ères des plantes de cette famille sont les suivans: 
Calice monophylle à 5 divisions; corolle monopélale, ï in- 
fondibuliforme ou campanulée, à 5 lobes; ‘5 ou 10 étamines 
insérées sur la corolle ; 1 ovaire supérieur surmonté d’un 
style simple ; 1 capsule à plusieurs valves à bords repliés 
en dedans, el formant autant de loges contenant chacune 
plusieurs graines menues, attachées à un réceptacle central. 

Les Rhododendrées sont des arbrisseaux à feuilles alternes, 
‘enlières, souvent persistantes , et à fleurs disposées en co- 
rymbe à l'extrémité des rameaux ou dans les aisselles des 
feuilles. 

.. Les propriétés de ces plantes sont encore assez mal con- 
nues. Plusieurs espéces exoliques passent pour être plus ou 
moins vénéneuses, et l’odeur de leurs fleurs a catisé des maux 
de tête et des vertiges. Quelques -unes ont été essayées à 
pelite dose, comme sudorifiques. 


219° Genre. — ROSAGE. RHODODENDRON. Liv. 


… Calice à 5 divisions. Corolle infondibuliforme , à limbe 
ouvert, partagé en 5 lobes. 10 étamines inclinées. à capsule 
à 5 loges. 

ROSsAGE FERRUGINEUX , vulgairement Laurier- Rose 

des Alpes. 

Rhododendr ron ferr Ugineurn. Lin. Spec. 562. — Jacq. 
PT. Aust, 1255, 

Sa tige est ligneuse , haute de 2 à 3 pieds, divisée en ra- 
meaux un peu lortus, garuis, dans leur partie supérieure , 
de feuilles ovales-lancéolées, persistantes, glabres et lui- 
santes en dessus, d’une couleur de rouille en dessous, et 
portées sur de courts pétioles. Ses fleurs sont purpurines, 
disposées par PO bouquets à l'extrémité des rameaux ; 
elles ont une odeur désagréable. Cet arbrisseau croît sur les 
Alpes et les Pyrénées, à la hauteur de 6 à g00 tosses d’élé- 
valion au-dessus du niveau de la mer; il fleurit en juin et 
juillet. 

Villars a essayé l'usage des feuilles et des fleurs de cette 


RHODODENDRÉES. 555 


lante dans la gale et les dartres, pour remplacer celles du 
ÆRliododendron chrysanthum , espèce exotique , que Îles 
Russes emploient avec succès contre les douleurs rebelles, 
arthritiques, rhumalismales, syphilitiques, et dans les ma- 
Jadies de la peau en général. D’âprès ce que dit Villars, ses 
tentatives ont été heureuses, et les feuilles ou les floue au 
Rosage ferrugineux peuvent être données à petite dose, 
c'est-à-dire à 1 ou 2 gros en infusion ou en décoction dans 
1 à 2 livres d’eau. L/effet immédiat du Rhododendron 
chrysanthum est de causer des sueurs abondantes et féüides; 
Villars ne dit pas si notre espèce indigène produit les mèmes 
effets. 

Le bois de ce Rosage est souvent la seule ressource des 
bergers pour se procurer du feu dans les régions glacées 
des hautes montagnes. Les bestiaux ne mangent ses feuilles 
que lorsqu'ils sont pressés par la faim. 


Famille LIX. 
DIOSPYREÉES. 


Les caractères des espèces indigènes qui appartiennent à 
cette famille sont les suivans : Calice d’une seule pièce , €H- 
tier ou divisé en son bord ; corolle monopélale ,à #, 5 ou 
6 lobes; 8 à 16 étamines; 1 ovaire supérieur, s srrbuie d'un 
ou de plusieurs styles ; 1 drupe contenant 1 ou 2 noyaux, 
ou 1 baie à plusieurs loges monospermes. 

Les Diospyrées que M. de Jussieu avait d’abord nommées 
les Plaqueminiers, que Ventenat a désignées depuis sous 
le nom d'Æbénacées , parce que l'arbre qui fournit PEbène 
est de cette famille, sont des arbres ou des arbrisseaux à 
feuilles alternes, entières, et à fleurs axillaires ou terminales. 

Cette famille ne compr rend que deux genres indigènes, le 
Plaqueminier, Diospy ros, qui lui donne son nom, etV'Al- 
boufier. Le premier n'est d'aucun usage en HHenes c’est 
un arbre dont le bois est très-dur et qui produit des fruits 
acerbes et astringens. L'Aliboufer, qui s'éloigne d'ailleurs 
assez par ses Caractères botaniques, en diffère aussi beaucoup 
par ses pr opriétés. La résine qu'il produit n'a d'analogie 
qu'avec celle d'espèces de familles éloignées, comme avec 
celle du Lentisque et du Térébinthe, et elle est de nième 
employée en médecine comme tonique et stimulante, 

A à # 


O1 
“1 
D 


DIOSPYRÉES. 
220° Genre, — ALIBOUFIER. $STYRAX. Lin. 


Calice en godet. Corolle à tube court et à limbe partagé 
en 5 divisions profondes. 10 étamines. 1 seul style. 1 drupe 
coriace contenant 1 ou 2 noyaux. 


ALIBOUFIER OFFICINAL, vulgairement Ælisoufier, Sto- 
rax ou Séyrax. 
 Séyrax officinalis. Lin. Spec. 655. — Duham. nov. ed. 
vol. 7. p. 7. t. 4. — Siyrax calamita. Pharm. 


Sa tige, dans les pays chauds, s'élève à la hauteur de 
20 pieds , et forme un grand arbrisseau , dont les plus jeunes 
rameaux sont revêtus d’un duvet court, cendré, et garnis de 
fetulles alternes, pétiolées, ovales, glabres et vertes en 
dessus, cotonneuses et blanchâtres en dessous. Ses fleurs 
sont blanches, pédonculées, assez grandes, disposées au 
nombre de 3 à 6 ensemble, rarement plus, en petites grappes 
à l'extrémité des rameaux. Ce petit arbre est originaire de 
Syrie, d’où il fut, dit-on, transplanté en Italie par l’empe- 
reur Adrien. Il est aujourd’hui naturalisé en Provence, où 
il croit dans les bois et fleurit en mai. 

Il découle naturellement des fentes de l'écorce de l’Ali- 
boulier, et surlout lorsqu'on y pratique des incisions, une 
résine liquide d’une odeur agréable, qui devient solide par 
l'action de l'air et de la chaleur. On récolte cette résine en 
Orient, et on la trouve dans le commerce dans deux états 
différens. La plus belle, qui est en larmes, est connue sous 
le nom de Sfyrax calamite , nom qui lui vient de ce qu'au- 
trefois on la mettait dans des roseaux. La seconde est le 
Styrax liquide. Ces deux sortes de Styrax ont une odeur 
balsamique, qui tient de celle du Baume du Pérou; elles 
brülent en faisant une flamme trèsclaire, et en répandant 
une odeur très-pénétrante. Le Styrax pris intérieurement 
est diurétique; 1l agit aussi comme inoisif et expectorant . 
dans les affections catarrhales chroniques. Extérieurement, 
réduit en vapeurs ou employé sous forme de teinture, il 
est propre à exciter la transpiration cutanée. Il entre dans 
beaucoup de préparations pharmaceutiques, comme la Thé- 
riaque , le Diascordium , le Baume du Commandeur, celui 
de Fioraventi, etc. Il fait la base d’un onguent qui porte son 
uom ,; et qui est très-employé comme excitant et anti-sep- 


DYOSPYRÉES. | 577 
tique, pour les ulcères de mauvaise nature et les plaies gan- 
gréneuses. 

En Provence l Adele ne fournit pas autant de résine 
que dans le Levant; cependant, selon le témoignage de 
Gaxidel, les Chartreux de Montrieux en recueillaient autre« 
fois pour leur usage et celui de leurs amis. 


Famille LX. 
APOCYNÉES. 


Cette famille doit son nom à un genre dont toutes les 
espèces sont exotiques; .les plantes qui la composent ont 
pour caractères : 1 calice monophylle à 5 divisions: 1 corolle 
monopétale à 5 découpures, munie en outre de 5 écailles, 
ou de lames ou de cornets d’une forme particulière à chaque 
genre ; 5 étamines; 2 ovaires supérieurs, n'ayant souvent 
qu'un seul stigmate ; 2 capsules folliculeuses, à une seule loge 
s’ouvrant longitudinalement d’un seul côté, et contenant des 
graines nombreuses. imbriquées, souvent couronnées par 
une aigrette de poils soyeux. 

Les Apocynées indigènes sont des plantes herbacées ou 
des arbrisseaux à feuilles entières, oppostes, et à fleurs axil- 
laires ou terminales, solitaires ou en corymbe. 

Ces plantes fournissent peu de remèdes à la médecine, 
quoique quelques- unes d'entre elles soient douées de pro- 
priétés très-actives. Le Cynanque de Montpellier a une fa- 
culté purgative qui n'est pas assez constatée; le Laurier- 
rose est vénéneux , et les vertus qu’on a attribuées à l’Asclé- 
piade et à la Pervenche sont très-douteuses. 


291° Genre, — PERVENCHE. Z’INCA. Lin. 


Calice à 5 divisions étroites. Corolle infondibuliforme, à 
tube allongé, à à limbe partagé en 5 divisions obliques. 5 béta 
mines à anthères membraneuses. 2 follicules allongées, con- 
tenaht des graines oblongues, dépourvues d’aigrette. 


PERVENCHE MINEURE, vülgairement petite Pervenche, 
Pervenche Lommure, petit Pucelage, Violette des 
Sorciers. 

Vinca minor. Lin. Spec. 504. — Vinca Pervinca 

Daphnoides. Blackw. Herb. t. 59. — Pharm. 


Sa racine est fibreuse, blanchâtre, vivace, elle produit 


378 APOCYNÉES. 

plusieurs tiges grêles, sarmenteuses , rampanles, longues de 
2 à 5 pieds, prenant racine de distance en distance, garnies 
de feuilles ovales-oblongues, glabres, luisantes, persistantes, 
pôrtées sur de très-courts pétioles. Ces tiges donnent mais- 
‘sance à quelques rameaux axillaires, redressés, hauts de 
4 à 6 pouces, feuillés, portant un pelit nombre de fleurs 
axillaires, solitaires, longuement pédonculées, et d’un beau 
bleu d’azur, ou quelquefois blanches. Cette plante croît 
assez communément dans les bois et dans les haies; elle 
fleurit en avril-et mai. 


, PERVENCHE MAJEURE, vulgairement grande Pervenche, 
\ - 
Pervenche a larges feuilles, grand Pucelage. 
Tinca major. Lan, Spec. 304. — Pervinca vulgaris 
latifolia. Garid. Aix. t. 81.—Pervinca latifola. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente parce que ses tiges 
fleuries s’élévent beaucoup davantage; parce que ses feuilles 
sont plus grandes, beaucoup plus larges, légèrement ciliées 
en leurs bords et échancrées en cœur à leur base; enfin parce 
que ses fleurs sont une fois plus grandes. Elle se trouve dans 
les haies et les buissons des départemens du midi; elle fleurit 
en avril, mai el juin. 

La grande et la petite Pervenche ont les mêmes pro- 
priéiés. Elles passent toutes les deux pour astringentes, fé- 
brifuges et vulnéraires. On les employoit autrefois dans l'in- 
tention de modérer les menstrues trop abondantes, les flux 
hémorroïdaux, la leucorrhée, la dysenterie. Les parties 
usitées étaient les tiges et les feuilles, que l’on doumait en 
décoction à la dose d’une ou 2 pincées pour une pinte d’eau ; 
cetle décoction a aussi té conseillée en gargarisme contre 
les maux de gorge; mais sous aucun de ces rapports on n’en 
fait plus d'usage mainteuant. Quelques auteurs ont prétendu 
que leurs feuilles, écrasées et appliquées sur les mamelles, 
pouvaient faire revenir le lait aux nourrices ; mais le vul- 
gaire leur attribue en général une propriété toute contraire, 

et les femmes, surtout dans le peuple, lorsqu'elles ne nour- 

rissent pas leurs enfans, ou lorsqu'elles cessent de le faire’, 
prennent souvent la décoction des feuilles de petite Per- 
veuche pour faire passer leur lait, On a donné comme un 
bon moyen de résoudre les tumeurs scrophuleuses, un ca- 
taplasme fait avec ces mêmes feuilles. 


APOCYNÉES. 579 


# EL] 
292° Genre. — ASCLÉPIADE. ASCLEPIAS. Lin. 


Calice persistant, quinquéfide. Corolle en roue, à 5 dé- 
coupures ouvertes ou réfléchies. 5 cornets particuliers. 5 éta- 
mines à filamens membraneux, élar gs, portant aduée à leur 
face interne, chacun une anthère à 2 loges. 2 ovaires sur- 
montés d’un seul sligmate penlagone. 2 follicules oblongues, 
contenant des graines aigrettées. 


ASCLÉPIADE DOMPTE-VENIN, vulgairement Pirée 
venin. 
Asolepias V'incetoxicum. Lin. Spec. 314.— Bull. Herb. 


t. 51. — F’incetoxicum. Pharm. 


Sa racine est noueuse , horizontale, blanchâtre, vivaee, 
munie de beaucoup de fibres à chaque nœud; elle donne nais- 
sance à une tige simple ou peu rameuse, haute de 1 pied où 
un peu plus, garnie de feuilles ovales en cœur, ou ovales- 
lancéolées -pétiolées, glabres ou presque glabres, d'un vert 
chair. Ses Heure sont d’un blanc sale, petite $, disposées plu- 
sieurs ensemble en ombelles, por tées sur des pédoncules lé- 
gèrement pubescens , et qui naissent allernalivement dans la 
pärtie supérieure des liges, à côté de l'aisselle des feuilles. 
Cette plante croît dans les bois secs et sablonneux ; elle fleu- 
rit en Juin et juillet. 

Lesracines de Dompte-venin sont amères et un peu âcres. 
On dit qu’elles sont émetiques à la duse de 1 gros en pondre, 
et que de 1 demi-once à 1 once en infusion ou en décoction 
elles provoquent aussi des nausées et des vomissemens. On 
n’en fait aucun usage sous ce rapport. Quelques auteurs les 
ont vautées comme ’alexipharmaques sudoriliques, diuré- 
tiques, emménagogues; et on les a conseilles dans les 
fièvres malignes, l’hy dropisie, pour guérir les écrouelles et 
rappeler les règles supprimées. Aujourd’ hui elles sont en 
général i inusitées. Elles entraient autrefois dans la composi- 
üon de quelques préparations pharmaceutiques. L’extrait 
qu’on en faisait est tombé en désuétude. 


225° Genre. — CYNANQUE. CYNANCHUM. Lan. 


Calice très-petit, à 5 dents. Corolle à tube très court, à 
limbe, à 5 découpures ouvertes en étoile. 1 eourônue presque 
cylindrique, à 5 dents. 5 étamines à anthères adnées à la 


[) 


380 APOCYNÉES. 


face interne des filamens. 1 style bifide à 2 stigmates. 2 fol- 
_ Ticules oblongues , contenant des graines aigrettées. 


CYNANQUE D# MoNTPELLIER, vulgairement Scamn- 
_ monée de Montpellier, Apocyn à large feuille. 
Cynanchum Monspeliacum. Lan. Spec. 511. — Apo- 
cynum quartum, elc. Clus. Hist. 126. — Scammonium 
Monspeliacum. Pharm. 


Sa racine est grosse comme une plume à écrire, blan- 
chälre, rampante, vivace, lactescente ainsi que toute la 
plante; elle produit des tiges grèles, faibles, simples ou peu 
rameuses, longues de 2 à 5 pieds, s’élevant sur les plantes 
qui sont dans leur voisinage, en s’entortillant autour d'elles. 
Ses feuilles sont cordiformes , pétiolées, glabres, d'un vert 
clair. Ses fleurs sont blanchâtres, disposées en corymbe sur 
des pédoncules rameux et axfllaires ; elles ont les divisions de 
leur corolle très-allongées. Cette plante croît dans les sables 
des bords de la Méditerranée en Provence et en Languedoc; 
elle fleurit en juin et juillet. 

Le Cynanque de Montpellier n’est en usage que pour 
salisfaire la cupidité de certains marchands de drogues. 
Dans les pays où il est commun, ils en font retirer le suc 
pour en préparer un extrait avec lequel ils falsifient Ja 
Scammonée d'Alep, qui est un suc concret, extracto-rési- 
neux, reliré d’une espèce de Liseron. Cet extrait de Cy- 
nanque est purgalif ainsi que la Scammonée, mais 1l est plus 
faible, et il en faut davantage pour produire les mêmes 
elets. Au lieu de faire servir leCynanque à une sophisticalion 
blämable, il vaudrait mieux l’employer seul pour ce qu'il 
est, et s’assurer par des expériences exactes à quelle dose il 
faudrait le donner, et dans quels eas il serait convenable 
d'en faire usage. 


224 Genre, — NérioN. NERIUM. Lan. 


Calice court, à D divisions. Corolle en entonnoir , ayant 
son limbe à 5 divisions obliques, et l’entrée de son tube cou- 
ronuée par à appendices. Anthères conniventes et terminées 
par un long filet. Ovaire double, surmonté d’un seul style, 
terminé par 1 stigmale tronqué. 2 follicules allongées, 
droites, contenant un grand nombre de graines aigrettées. 


APOCYNÉES. 381 


-NÉRION, LAURIER-ROSE, vulgairement ZLaurier-rose , 
Laurose, Laurelle, Rosage , Rosagine. 
Nerium Cabo Lin. S Spec. 505. — Lois. Nour. 
Duham. 8. p. 59. t. 25. — Nerion. Pharm. 


Arbrisseau qui, dans son pays natal, s'élève en buisson 
à la hauteur de 12 à 15 pieds, et qui peut atteindre à celle 
de 2 quand on le force à croître sur une seule tige. Ses 
feuilles sont opposées 2 à 2, quelquelois 5 à 5, et même 
4à4, lancéolées, coriaces, glabres, persistantes , d’un vert 
fohel rétrécies à leur base cn un cout pétiole. Ses fleurs 
sont grandes et belles, ordinairement de couleur rose , quel- 
quefois blanches, disposées à l'extrémité des rameaux en 
une sorte de corymbe. Le Laurier-rose croit naturellement 
dans les lieux humides et sut les bords des ruisseaux, aux 
environs d’Hières en Provence; ii est généralement cultivé 
dans les jardins du nord , dont il est un des plus beaux orne- 
mens pendant tout le temps que durent ses fleurs, et celles-ci 
se succèdent les nnes aux autres depuis le mois de juillet jus- 
qu'à la fin de septembre. 

Autant le Laurier-rose charme les yeux par ses belles 
fleurs, autant les effets qu'il peut produire , pris incon- 
-sidérément à l’intérieur, et mème par ses simples émana- 
tons ,.sont dangereux. Libantius rapporte qu'un individu 
mourut pour avoir passé la nuit dans une chambre dans 
laquelle il ÿ avait des fleurs de cet arbre. Une autre per- 
sonne mourut également pour avoir mangé d’un rôti pour 
Jequel on s'était servi d’une broche faite avec son bois. 
Lorsque les Français prirent, pour la premiére fois > pOsses 
sion de l’île de Corse, des soldats ayant enfilé des volailles 
avec des baguettes ou broches faites de branches de Laurier- 
rose, plusieurs de ceux qui mangèrent de ces volailles furent 
empoisonnés. Un malade, auquel on avait conseillé 3 grains 
d’écorce de Laurier-rose en poudre et en trois fois, en ayant 
pris imprudemment 12 grains à la fois, eut des vomisse- 
mens abondans et douloureux , accompagnés d’eblouisse- 
fens, de défaillances et de sueurs froides. Une grande quan- 
tilé d’eau sucrée et une potion éthérée calmèrent lous ces 
accidens qui n’eurent aucune suite fâächeuse. 

Ayant voulu essayer sur moi-même quels effets pouvait 
produire le Laurier-rose, je commençai par prendre 
graius de l'extrait de ses feuilles en plusieurs fois, el au bout 


582 APOCYNÉES. 
de douze jours j'en prenais 10 grains. À cetle époque j'avais 
perdu appétit, j'éprouvais des douleurs de courbature dans 
les bras et les jambes, enfin une débilité musculaire très- 
prononcée, et un malaise universel qui me fit juger qu'il 
élait prudent d’arrèter là mon expérience; mais l'ayant re- 
prise un MOIS après et ayant encore résseuli absolument les 
mêmes effets, j'ai cru pouvoir en conclure que le Laurier- 
rose contenait un principe véuéneux destructif de lirri- 
tabilité. 

Les expériences que M. Orfila a faites sur des animaux 
avec différentes prépar ations de Laurier-rose ; confirment 
bien les propriétés vénéneuses de celte plante; mais il paraît, 
d’après les doses qu'il a employées, que le principe délétère 
est beaucoup moins actif dans le Laurier-rose cultivé daus 
les jardins sous le climat de Paris, que lorsque cet arbresest 
venu dans les pays beaucoup plus chauds du midi; car 
c’est de là que j'avais tiré celui que j'ai employé dans mes 
observations, et M. Orfila ne s’est très-probablement servi 

ue de Hatier rose recueilli à Paris. 

Les meilleurs moyens pour remédier aux accidens causés 
par le Laurier-rose pris à l’intérieur, sont de faciliter d’a- 
bord , par des moyens mécaniques et par une grande quan- 
tilé d' eau tiède, les vomissemens qui souvent se manifestent 
d'eux-mêmes par leffer de la présence de la substance vé- 
néneuse dans l'estomac, de donner même |’ émétique à une 
dose assez forte , si les vomissemens ne se prononçaient pas 
naturellement. A prè ès que-le poison aura été rejelé , on fera 
succéder des boissons adoucissantes et légèrement mucila- 
gineuses, Où un peu toniques el cordiales, selon qüe le ma- 
lade paraîlra avoir conservé de l’irritation, ou être tombé 
dans une débilité plus où moins CoHsaéha bee 

Malgré les propriétés dangereuses du Laumer-rose, les 
gens dm peuple, dans les pays du midi, et même plusieurs 
praticiens, se servent de ses feuilles extérieurement et même 
intégieurement dans les maladies de la peau: On à vu, par 
ce qui précède, combien, de la dernière manière, lai dose 
doit être faible. On les emploie surtout, en Îles mettant 
bouillir dans de huile ou dans de la graisse, dont on fait 
ensuite des friclions, pour g guérir la teigne et la gale. Jai 
employé une fois l'extrait dé feuilles Lonvenabienet dis- 
soul et sous forme de liniment, avec une apparence de snc- 
cès, pour une dartre vive dont était affectée une jeune file 


APOCYNÉES,. 363 
de 25 ans, et qui lui durait depuis près de vingt. La dartre 
a d abord disparu au bout de quelque temps detr ailement ; 

mais quand la malade eut cessé depuis deux mois de faire des 
frictions , la dartre reparut. M. le docteur Mérat , auquel 
j'avais communiqué ce fait dans le moment où je croyais à, 
la guérison absolue de la dartre , a employé ce même extrait 
sur des galeux, et il l’a fait avec un succès un peu plus sou- 
tenu. Autrefois les moines mendians des provinces méridio- 
nales se servaient des feuilles de Laurier-rose pour faire périr 
tous les insectes qui s’attachent à la peau. Les paysans du 
pays de Nice räpent le bois pour servir de mort-aux-rats, 
L’écorce en poudre peut être employée au même usage. 


Famille LXI. 
GENTIANÉES. 


Un calice monophylle, persistant , partagé en plusieurs 
divisions ; une corolle monopétale à limbe découpé en plu- 
sieurs lobes égaux , et ordinairement an nombre de 5; au- 
tant d’étamines que de lobes à la corolle, insérées sur celle-ci, 
et alternes avec ses divisions; 1 ovaire supérieur, surmonté 
de 1 siÿle terminé par 1 stigmate simple ou à 2 lobes; 1 cap- 
sule à 2 valves, à 1 loge ou à 2 loges formées par le bord 
reutrantdes valves, et contenant des graines menues et nom 
breuses: tels sont lé caractères des plantes de cette famille. 

Les Gentianées sont des herbes à feuilles le plus souvent 
simples, opposées et sessiles, plus rarement alternes et coin- 
posées ; à fleurs terminales ou axillaires. 

Toutes ces plantes sont douées d’une amertume très- 
développée, el elles jouissent d’une propriété éminemment 
tonique et fébrifage, qu'elles doivent à ce principe amer, . 
qui est le même dans les différerites espèces, mais qui varie 
seulement d'intensité de l’une à l’autre, et qui se trouve plus 
ou moins développé chez les unes dans les racines, chez 
les autres dans les tiges et les feuilles. Ainsi, pour les espèces 
à racines épaisses et vivaces, les propriétés résident plus par- 
ticulièrement dans les racines, tandis que pour les espèces 
annuelles, à racines fibreuses et menues, les vertus sont plus 
développées dans la partie herbacée de la tige et des feuilles. 


504 GENTIANÉES. 
225° Genre. — GENTIANE. GENTIANA. Lin. 


Calice à 5 lobes ou à 5 dents, ou membraneux, fendu 
latéralement. Corolle campanulée ou en roue, à 5 lobes, 
rarement plus ou moins. 5 étamines. Style divisé en 2. Cap- 
sule oblongue, bifide à son sommet, n’ayant qu’une seule 
loge. 


GENTIANE JAUNE , vulgairement grande Gentiane, 
Gentiane. 
Gentiana lubea. Lin. Spec. 529. — Gentiana. Clus. 
Hist. 511. — Pharm. 


Sa racine est épaisse, allongée, jaunâtre, vivace; elle 
produit 1 lige cylindrique, simple, droite, haute d5à 
4 pieds, garnie de feuilles ovales , nerveuses, glabres, 
sessiles, opposées et connées à leur base. Ses fleurs sont 
jaunes, nombreuses, disposées par faisceaux opposés dans 
les aisselles des feuilles supérieures, et paraissant comme si 
elles étaient verticillées ; leur corolle est profondément dé- 
coupée et étalée en roue. Cette plante croît dans les bois et: 
les pâturages secs des montagnes des Alpes, des Pyrénées, 
des Vosges, de la Bourgogne, des Cévennes et de l'Auvergne; 
elle fleurit en juin et juillet. 

Dans la grande Gentiane, c’est la racine qu’on emploie en 
médecine, et c’est ordinairement à l’état de dessiccalion qu’on 
en faitusage. Cette racine a une saveur extrêmement amère, 
et ses propriétés incontestables sont d’être tonique, stoma- 
chique, fébrifuge , vermifuge et anti-septique dans un degré 
très-recommandable. C’est un des meilleurs moyens dont 
on puisse se servir toutes les fois qu’il est nécessaire d’agir sur 
l’estomac et les intestins pour remédier à l'élat de faiblesse 
de ces organes, et aux différentes maladies qui en sont la 
suite. On fait avec succès usage de la Gentiane dans l’ina- 
pétence, les flux atoniques, les engorgemens des viscères de 
l’abdomen , l’hydropisie, le scorbut, les scrophules, les 
affections vermineuses; elle a quelquefois été utile dans la 

‘goutte ; mais les maladies dans lesquelles on l’emploie avec 
le plus d'avantage sont les fièvres intermittentes, putrides, 
malignes. Avant la découverte du Quinquina, la Gentiane 
était bien plus usilée que maintenant; aujourd’hui son em- 
ploi est beaucoup plus restreint. Quoi qu’il en soit, on l'ad- 


GENTIANÉES. 385 


ministre en poudre, en décoction aqueuse, en infusion vi- 
neuse , en extrait, 
Dans les maladies chroniques, où l’action des toniques 
doit être employée avec modération, on donne la Gentiane 
par petites doses pour en continuer long-temps l’usage. Ainsi 
sa poudre se prescrit alors depuis 6 jusqu’à 24 grains; on la 
fait prendre en décoction depuis 1 scrupule jusqu’à 1 gros, 
et son extrait se donne en proportion. Mais dans les fièvres 
intermittentes et celles de mauvais caractère, où il faut agir 
pius fortement et plus promptement, il convient d'admi- 
nistrer la Gentiane depuis demi-gros jusqu’à 2 gros, qu'on 
répétera deux à trois fois par jour, et ses autres préparations 
doivent être données d’une manière analogue. A ces doses, 
j'ai plusieurs fois guéri des fièvres intermittentes aussi-bien 
qu'avec le Quinquina , et surtout en associant la Gentiane 
avec la Valériane, ainsi que je l'ai dit à l’article de cette 
dernière. M. le docteur Gasc a également obtenu des ré- 
sultats très-avantageux de l'emploi de la Gentiane dans les 
fièvres inmtermittentes, en la combinant avec la racine de 
Bistorte. 

Appliquée à l'extérieur , la racine de Gentiane en poudre 
ou sa décoction sont encore un des meilleurs moyens avec 
lequel on puisse remplacer le Quinquina sur les plaies gan- 
greneuses et de mauvaise nature. 

Quelques auteurs anglais ont parlé d’accidens fâcheux 
causés par certaines racines mêlées dans le commerce avec 
celles de la Gentiane, et l’on a dit que ces racines étaient 
celles du Ranunculus T'hora ; mais celles-ci étant beau- 
coup plus pelites el entièrement différentes, il n’y a aucune 
apparence qu'on ait jamais pu les mêler avec. celles de la 
Gentiane. 11 y a bien plus lieu de croire que ces racines 
dangereuses étaient celles du ’eratrum album , vulgaire- 
ment appelé ÆZellébore blanc, dont les feuilles ressemblent 
beaucoup à celles de la Gentiane, et peuvent causer des 
méprises funestes ; c’est ainsi que Lobel, botaniste célèbre 
du 16° siècle, manqua d’être la victime d’une semblable er- 
reur. Cependant il est assez facile de distinguer ces deux 
plantes, soit par leurs racines, soit par leurs feuilles. La 
racine de l’Hellébore blanc est une sorte de bulbe enveloppée 
d’un réseau filamenteux, et ses feuilles sont alternes au lieu 
d'être opposées. 

La racine de Gentiane entre dans la composition de plu 


Bb 


556 GENTIANÉES, 
sieurs préparations pharmaceutiques , comme le Diascor- 
dium , la Thériaque, la poudre Arthritique amère, le sirop 
de Longue-vie, etc. Fraiche, coupée par morceaux et ma- 
cérée dans l’eau , elle fermente bientôt, et fournit, par la 
distillation , une sorte d’eau-de-vie très-forte , très-péné- 
trante, mais qui conserve la saveur amère de la plante. 
La Gentiane pourprée, Gentiana purpurea, Lan., est 
douée des mêmes propriétés que la Gentiane jaune; c’est le 
lus souvent sa racine dont on fait usage dans les pharma- 
cies d'Allemagne et dans celles du nord. 
uatre autres espèces du même genre sont encore indi- 
quées dans les auteurs comme ayant des propriétés ana- 
logues à la grande Gentiane; ces plantes sont la Gentiane 
Croisette, Gentiana cruciata, Lan.; la Gentiane des ma- 
rais, Gentiana pneumonanthe, Lin. ; la Gentiane germa- 
nique, Geniiana germanica, Wild. ; et la Gentiane cham- 
pêtre, Gentiana campestris , Lin. ; mais elles sont en gé- 
néral peu ou point usitées. Cependant chacune d'elles, dans 
le pays où elle est commune, pourrait sans doute être 
employée avec avantage dans les mêmes cas que la Gen- 
tiane jaune. Il est seulement bon d'observer qu’il faut dans 
ces espèces, surtout dans les trois dernières, se servir des 
tiges et des feuilles, parce que leurs racines, étant fibreuses 
et menues, offriraient trop peu de substance médicamen- 


teuse. 


296: Genre. — CHIRONIE. CHIRONIA. 


Calice à 5 divisions. Corolle en entonnoir , à 5 décou- 
ures. 5 élamines à anthères roulées en spirale après la fé- 
condation. Style terminé par 1 stigmale épais et comme 
tronqué. 1 capsule à 2 loges formées par les bords rentrans 
des valves. 
CHiRoNIE CENTAURELLE, vVulgairem. petite Centaurée. 
Chironia Centaurium. Smith. Flor. Brit. 1. p. 257. — 
Gentiana Centaurium. Lin. Spec. 352. — Centaurium 
minus. Blackw. Herb. t. 452. — Pharm. 


Sa racine est menue, fibreuse , annuelle, blanchätre ; elle 
donne naissance à une tige droite, légèrement anguleuse, 
glabre comme toute la plante, un peu rameuse, surtout dans 
sa partie supérieure , haute d’un pied ou environ, garnie de 
feuilles ovales ou ovales-oblongues, opposées, sessiles, d’un 


GENTIANÉES. 387 
vert clair. Ses fleurs sont d’uh pourpre peu foncé ou roses, 
très-rarement blanches, assez pelites, disposées, au sommet 
de la tige et des rameaux, en bouquet d’un aspect agréable. 
Cette plante est commune dans les prés secs et dans les 
bois ; elle fleurit en juin, juillet et août. 

La petite Centaurée a une saveur très-amère; les parties 
dont on fait ordinairenient usage sont les sommilés fleuries, 
Cullen et Murray blâment cette pratique, prétendant que 
es fleurs sont insipides ; mais ayant voulu vérifier ce fait, 
j'ai préparé séparément linfusion des seules fleurs, et de 
mème celle des tiges et des feuilles , et j’ai trouvé, au con- 
traire de ce qu'avaient avancé Cullen et Murray, que les 
premières avaient sensiblement plus d’amertume. Cette 
plante est d’ailleurs assez fréquemment employée à titre de 
tonique, de stomachique , de vermifuge el surtout de fébri. 
fuge ; on la fait communément prendre en infusion , à la 
dose de demi-gros à 2 gros pour 1 pinte d'eau. Mais, en 
général, on ne retire point de ce remëde indigène tout le 
parti possible. On peut croire qu’en l’adminislrant en sub- 
stance, aux mêmes doses ou même à des duses plus fortes 
que le Quinquina , on en obtiendrait un effet peu différent, 
et qu'on parviendrait souvent, par ce seul moyen, à guérir 
beaucoup plus de fièvres intermittentes qu’on ne peut Je 
faire en le donnant à de trop faibles doses. 

On prépare dans les pharmacies un extrait de petite Cen- 
taurée, et cette plante fait d’ailleurs partie de plusieurs autres 
compositions officinales. Sou eau distillée n’est plus usitée. 


227° Genre. — MÉNYANTHE. MENY ANTHES, Lin. 


Calice à 5 divisions profondes. Corolle infundibuliforme, 
à limbe partagé en 5 lobes chargés de cils nombreux. 5 éta- 
mines à anthères bifides à leur base. Stüigmate à 2 lobes, 
1 capsule globuleuse, à 1 loge à 2 valves, contenant des 
graines nombreuses, attachées le long de 2 réceptacles pa- 
rallèles aux valves. 


MÉNYANTHE TRIFOLIÉ, vulgairement 7'rèfle d’eau. 

Menyanthes trifoliata. Lin. Spec. 208. — Bull. Herb, 
t. 151. T'rifolium fibrinum vel Menyanthes. Pharm. 

Sa racine est cylindrique, grosse comme une plume à 
écrire , noueuse , jaunâtre , horizontale, vivace, garnie de 
fibres menues; elle produit une tige nue, cylindrique, 


Bb 2 


{ 


588 GENTIANÉES,. 
hauté de 8 à 12 pouces, terminée par une grappe de 20 
à 25 fleurs. Ses feuilies sont toutes radicales, longuement 
étiolées , en petit nombre à côlé des tiges , et composées de 
5 folioles ovales-oblongues, glabres, d’un vert foncé. Ses 
fleurs sont blanches, d’un joli aspect , portées chacune sur 
un pédoncule muni d'une bractée à sa base. Cette plante 
croit dans les prés humides et marécageux; elle fleurit en 
mai el juin. 

Les feuilles et la racine de Trèfle d’eau ont une amer- 
tume très-prononcée, et leurs vertus sont d’être toniques, 
apéritives, fondantes, diurétiques et fébrifuges. Leur usage 
a été reconnu utile dans le scorbut, les scrophules, lhy- 
dropisie, la goutte, les rhumatismes chroniques , les fièvres 
intermittentes. Leur dose en nature et en poudre est de 
24 grains à 1 gros; en décoction, de 2 à # gros et plus pour 
1 pinte d'eau. Le suc exprimé de la plante fraiche peut 
être administré à la quantité d’une once ou 2, et l'extrait 
qu’on en prépare à celle de 1 à 2 gros. 

En Angleterre, on cultive cette plante pour l'employer 
dans la bière, à la place de Houblon. Les bestiaux la man- 
gent sans répugnance, soit verte, soit sèche. 


Famille LXIKE. 
POLÉEMONIACÉES. 


Cette famille doit son nom au genre Polemonium, dent 
une seule espèce est indigène, et qui jusqu’à présent n'a 
1 2 4 
aucune propriélé connue. 


Famulle LXIII. 
CONVOLVULACÉES. 


Calice à 5 divisions, rarement à 4; corolle monopétale, 
campanulée, à limbe entier ou à 5 lobes, quelquefois à # 
seulement ; à étamines; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un 
ou 2 styles; souvent 2 stigmates quand il n’y à qu'un seul 
style; capsule à 2 loges contenant chacune 2 graines : tels 
sont les caractères des plantes de cette famille, 

Les Convolvulacées sont des herbes à feuilles alternes et 
à fleurs axillaires, solitaires ou plusieurs ensemble, Presque 
toules ces plantes contiennent dans leurs diflérentes parties, 


CONVOLVULACÉES. 5egq 


et surtout dans leurs racines, un suc laiteux plas ou moins 
âcre, résineux , qui leur donne une propriété purgative 
très-décidée. 


228° Genre. — LisERON. CONFOLPULUS. Lin. 


Calice à 5 divisions. Corolle campanulée, à limbe plissé, 
entier ou à à angles. 1 style filiforme, terminé par 2 stig- 
mates. Capsule arrondie, entourée par le calice persistant. 


LASERON DES HAIES, vulgairement Zuset, grand Li- 
seront. 
Convolvulus sepium. Lin. Spec. 218. — Convolpulus 
major albus , Smilax lœvis. Blackw. Herb. t. 56. — Con- 
volvulus major. Pharm. 


Ses racines sont longues, menues , blanchätres, vivaces; 
elles produisent des tiges grèles, grimpantes, s'élevant à la 
hauteur de plusieurs pieds, en s’entortillant autour des autres 
plantes qui sont dans leur voisinage, Ses feuilles sont alter- 
nes, péliolées, glabres, d’un vert assez foncé, cordiformes, 
avec les deux lobes latéraux tronqués. Sesfleurs sont grandes, 
d’un blanc éclatant, axillaires , solitaires, portées sur des 

étioles assez longs, et munies, à peu de distance de leur 
calice, de deux bractées en cœur, plus grandes que le calice 
lui-même, Cette plante est commune dans les haies et les 
buissons ; elle fleurit en juillet et août. ! 

Beaucoup d’auteurs ont recommandé le grand Tiseror 
comme purgalif. J. Prévost, dans sa Médecine des pauvres, 
et Constantin, dans sa Pharmacopée provençale, conseil- 
lent, l’un ses feuilles en décoction , l’autre ses fleurs en in- 
fusion , comme un moyen facile d’exciter la purgation. 
Haller, MM. Coste et Willemet, et d’autres encore depuis, 
ont proposé son suc épaissi en consistance d'extrait pour 
remplacer la Scammonée ; mais quoique les propriétés de 
cette plante soient prouvées d’une manière incontestable, 
elle n’est point du tout employée en médecine. Son extrait 
peut être donné à la dose de 20 à 50 grains. Ceux qui l'ont 
recommandé le regardent comme devant surtout être utile 
dans les hydropisies. Autrefois on a fait usage du grand 
Liseron à titre de résolutif, en l’appliquant en cataplasme, 
après une légère coction, sur les tumeurs menaçant d’in- 
flammation. 

Bb 5 


390 CONVOLVULACÉESe 


LisERON DES CHAMPS, vulgairement petit Liseron, 
petit Liset, Liseron des vignes, Campanette, Clo- 
chette, Vrillée commune. 

Convolvulus arvensis. Lin. Spec. 218. — Bull. Herb, 

t. 269. — Convolvulus minor. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente, parce du elle est 
plus petite dans toutes ses parlies, et surtout parce que les 
lobes latéraux de la base de ses feuilles sont aigus, et encore 
parce que les calices ne sont point environnés par de grandes 
braclées ; mais il s’en trouve deux très-petites sur le pédon- 
cule, à quelque distance des fleurs. Celles-ci sont couleur 
de rose, ou blanches intérieurement et d’un rouge clair en 
dehors. Le petit Liseron croît dans les lieux cultivés, dans 
les moissons et dans les vignes; il fleurit pendant tout l'été. 

Tournefort regardait cette plante comme un des meil- 
leurs vulnéraires qu’on eût en médecine. D’autres, avec 
aussi peu de fondement, l’ont préconisé contre le calcul, la 
goutte et les maladies de la peau. IE est beaucoup plus ra- 
tionnel de croire qu’il est purgatif comme ses congénères; 
mais jusqu’ ‘à présent, je ne sache pas que, sous ce rapport, 
il ait été l’objet d’aucune expérience positive. 


LAsERON SOLDANELLE, vulgairement So{danelle, Chou- 
marin. 
Convolvulus Soldanella. Tan. Spec. 226. — ni 
Bot. tab. 402. — Soldanella. Pharm. 


Ses racines sont grêles, allongées, blanchätres, vivaces: 
elles produisent une tige étalée et couchée sur la terre, divi- 
sée en plusieurs rameaux longs de 4 à 6 pouces, ou quel- 
quefois plus, garnis de feuilles arrondies ou réniformes 
échancrées en cœur à leur base, un peu succulentes, gla- 
bres, assez longuement pétiolées. Ses fleurs sont grandes, 
roses, rayées de blanc, axillaires, portées sur des pédoncules 
au moins aussi longs que les feuilles. Leur calice est muni 
de deux grandes braclées à sa base. Celte plante se troure 
abondamment dans les sables de l'Océan et de la Méditer- 
ranée ; elle fleurit en mai et juin. 

Les anciens livres de Matière médicale qui ont parlé de 
la Soldanelle, s'accordent à dire qu’elle est purgative; mais 
les doses auxquelles il convient de la donner et la maniére 
de la préparer, sont en général fort vaguement indiquées; 


CONVOLVULACÉES. 594 


de sorte que, dans l'état actuel des ehoses, elle n’est nulle- 
ment employée par les médecins. D’après es expériences et 
les observations que j'ai faites à son sujel (voyez dans la 2e 
Partie de cet ouvrage, le Mémoire sur les Succédanées du 
Jalap, $. IL, n° 1), je me suis ässuré que la partie qui mé- 
rilait le plus d’être mise en usage était la racme. Celle-ci, 
réduite en poudre et à la dose de 40 à 60 grains, est un 
bon purgalif que je crois très-propre à remplacer le Jalap. 
Comme cette racine exotique, elle n’a aucune saveur bien 
prononcée, ce qui la rend facile à prendre , et il est fort räre 
que la purgation qu'elle détermine soit accompagnée de 
coliques. Par les procédés convenables, on peut, de mème 
que du Jalap, en relirer une résine qui purge à la dose de 
15 à 24 grains. 


LAISERON A FEUILLES DE GUIMAUVE. 
Convolvulus Althæoïdes. Lin. Spec. 222. — Convolru- 
lus Althææ folio. Clus. Hist. XLIX. 


Sa racine, menue et vivace comme dans les espèces pré- 
cédentes, donne naissance à des tiges hautes de 1 à 2 pieds, 
grimpant en s'entortillant sur les plantes voisines. Ses feuilles 
sont toutes plus ou moins velues, pétiolées, triangulaires, 
échancrées à leur base; les inférieures seulement crénelées 
en leurs bords ; les supérieures palmées-ou découpées plus 
ou moius profondément en lobes linéaires. Ses fleurs, gran- 
des, couleur de rose, rayées de blanc, sont portées deux à 
trois ensemble sur des pédoncules plus longs que les feuilles. 
Cette plante croît dans les lieux secs, stériles, et dans les 
terrains incultes du midi de la France; elle fleurit depuis Ja 
fin d'avril jusqu’en juin. 

Le Liseron à feuilles de Guimauve n’est point usité en 
médecine; mais je me suis assuré, par des expériences posi- 
lives, qu'il avait les mêmes propriétés que la Soldanelle , 
et que ses racines pouvaient êlre employées comme purga- 
tives pour remplacer le Jalap. (’oyez les Succédanées du 
Jdaiap, $. IL, n° 2, dans la 2° Partie de cet onvrage.) 


229° Genre. — CuscuTE. CUsCUTA. Lan. 


Calice à 4 ou 5 divisions. Corolle presque globuleuse où 


campanulée, à 4 ou 5 lobes. 4 ou 5 étamines. 2 styles. 


Bb 4 


392 CONVOLVULACÉES. 


CuscurTe D'Eurors , vulgairement Goutle ou Angure 
du Lin, Cheveux de Vénus, Teigne.  « 
Cuscuta Europæa. Lin. Spec. 180. — Cassuta seu 
Cuscuta. FI. Dan. t. 199. — Cuscuta. Pharm. 


Sa racine est annuelle; elle se développe dans la terre et 
produit plusieurs tiges filiformes , jaunes ou rougeûtres, 
dépourvues de feuilles , lesquelles grimpent et s’attachent, 
par de pelits suçoirs, sur les plantes qui sont à leur proxi- 
mité , et se nourrissent à leurs dépens, car la racine ne. 
tarde pas à se dessécher. Ses fleurs sont petites, blanches ou 
légèrement teintes de rose, disposées le long des tiges en 
plusieurs paquets légèrement pédiculés; elles sont le plus 
souvent à b divisions. 

La Cuscute Epithym, vulgairement Epithym , Barbe- 
de-Moine ( Cuscuta Epithymum), ne diffère de l'espèce 
ci-dessus, que parce que ses fleurs sont plus petites, entiè- 
rement sessiles, et ordinairement à 4 divisions. 

Ces deux plantes croissent dans les bois-taillis, les champs 
et les prairies. On les trouve particulièrement sur la Bruyère, 
le Chanvre, le Lan, la Luzerne, les Thyms, etc. Elles ont 
passé pour être incisives, apéritives et légèrement purga- 
Uves; mais leur usage est maintenant entièrement tombé 
en désuétude. Quelques auteurs avaient avancé que les 
Cuscutes participaient aux vertus des plantes sur lesquelles 
elles vivaient ; mais il s’en faut bien que cela soit prouvé, 
et si cela était vrai, ce serait un motif de plus pour les exclure 
de la matière médicale; car alors elles n’auraient aucune 
propriété certaine, étant susceptibles de croître sur beau- 
coup de végétaux différens. 


Famille LXIV. 
SOLANÉES. 


Les caractères des plantes de cette famille sont les sui- 
vans : Calice monophylle, à 5 divisions, ou quelquefois à 
5 folioles distinctes ; corolle monopétale, le pius souvent 
régulière; 5 élamines insérées sur la corolle; 1 ovanre supé- 
rieur, surmonté d’un style à stigmate simple ou à 2 lobes; 
fruit ordinairement à 2 loges polyspermes , tantôt formé 
d’une capsule à 2 valves, tantôt d’une baie à 1 ou plusieurs 
loges. - 


SOLANÉES. ‘0099 


Les Solanées sont des plantes herbacées, ou quelquefois 
frutescentes, à feuilles alternes, entières ou divisées, et à 
fleurs souvent placées en dehors de Vaisselle des feuilles, où 
solitaires ou plusieurs ensemble, 

Les plantes de cette famille, prises en général, doivent 
être considérées comme narcotiques et vénéneuses, parce 
que ce sont ces propriétés qui dominent dans la plus grande 
partie des espèces , telles sont la Mandragore, la Eelladone, 
les Jusquiames, la Pomme épineuse, le Tabac: mais il en est 
quelques-unes qui font exception à cette règle. Les Molènes, 
par exemple, sont mucilagineuses et émollientes, certaines 
espèces même sont alimentaires au moins en partie; ainsi 
les feuilles de la Morelle noire peuvent se manger sans in- 
convénient , ses fruits seuls sont dangereux ; la Pomme de 
terre est une nourriture aussi saine qu'agréable. 


250° Genre. — ATROPA. ATROPAM#]in. 


Calice campanulé , à 5 divisions. Corolle campanulée, à 
5 lobes égaux. Filamens des étamines filiformes. Capsare 
globuleuse, succulente, bacciforme, à 2 loges. Graines nom- 
breuses attachées aux parois des loges. 


ATROPA BELLADONE, vulgairement Belladone. 
Atropa Belladona. Lin. Spec. 260.— Bull. Herb. t. 29. 
Belladona. Pharm. 


Sa racine est épaisse, longue, blanchâtre, vivace, divisée; 
elle donne naissance à une ou plusieurs tiges herbacées , 
pubescentes , rameuses, hautes de 2 à 3 pieds, garnies de 
feuilles ovales, pétiolées , alternes, d’un vert sombre, sou- 
vent deux ensemble , l’une beaucoup plus grande que l'au- 
tre. Ses fleurs sont d’un pourpre brunâtre, disposées plu- 
sieurs li par petites grappes axillaires. I leur succède 
des fruits bacciformes de la grosseur d’une Cerise, et noi- 
râtres à l’époque de leur maturité. Cette plante se trouve sur 
les bords des bois, le long des haies et dans les lieux incultes ; 
elle fleurit en juin et juillet. 

Toutes les parties de la Belladone ont une odeur désa- 
gréable et nauséabonde ; leur saveur , d’abord fade, laisse 
ensuite un sentiment d’âcreté assez marqué dans la bouche 
et dans la gorge. Elles sont éminemment vénéueuses , ainsi 
que les fruits, dont la saveur douceâtre et nullement désa- 
gréable est d’autant plus dangereuse; parce qu'il n'arrive 


504 SOLANÉES. 


que trop souvent que des enfans et mème de grandes per= 
sonnes, trompés par leur apparence, ou poussés par la 
soif, s'empoisonnent en en mangeant. On trouve dans les 
auteurs une multitude de faits dans lesquels la mort a été la 
suite de pareilles erreurs ou de semblables imprudences. 
Un événement de ce genre, qui est encore assez récent, est 
celui rapporté par M. E. Gaultier Claubry. Pendant la 
dernière campagne d'Allemagne, en septembre 1815, cent 
quatre-vingts soldats, altérés par une marche pénible, se 
précipitèrent, pour étancher leur soif, sur plusieurs pieds 
de Belladone qui se trouvèrent près d’un bois où ils faisaient 
halte, et ils les dépouillèrent en peu d’instans de leurs fruits. 
Ceux qui en mangèrent en plus grande quantité ne tar- 
dèrent pas à expirer dans le lieu même; les autres, en 
plus grand nombre, qui n'en avaient pris que quelques-uus, 
éprouvèrentspendant plusieurs jours des accidens plus ou 
moins graves, mais finirent par guérir. 

Les symptômes qui suivent ordinairement l’empoison- 
rement par la Belladone, sont en général les suivans : aber- 
rauon de la vue, yeux hagards et saïllans, dilatation ex- 
irème de la pupille, vertiges, visions fantastiques, délire 
souvent sourd et tranquille, carphologie, agitation conli- 
nuelle, tremblement des membres, nausées, sécheresse de 
la bouche ayec un sentiment de constriction à la gorge, soif 
ardente , anxiété, cardialgie, défaillances, sueurs froides, 
pouls petit et très fréquent, respiration suspendue par mo- 
mens ou entrecoupée, convulsions, rire sardonique, météo- 
risme du ventre, taches gangréneuses à la peau, enfin la 
prostration Lolale des forces, et la mort lorsque les secours 
n'ot pu être prodigués à temps, ou que la quantité de 
poison prise a élé trop considérable. 

Les premiers moyens à employer pour remédieg à l’em- 
poisonnement par Îa.Belladone, si on est appelé peu de 
temps après que le poison est dans l’estomac, consistent à 
provoquer d’abondans vomissemens par le moyen d'une 
forte dose d’'émélique , et à donner ensuite des boissons aci- 
dulées avec les acides végétaux. Si plusieurs jours se sont 
passés depuis l’empoisonuement , et qu'il y ait des signes qui 
annoncent un état imflammatoire, on insistera sur les décoc- 
tions adoucissantes et mucilagineuses. 

Quelque terribles que soient les effets de la Belladone, 
ccia n'a pas empêché différens médecins de chercher dans 


SOLANÉES. 595 
cette plante des remèdes à plusieurs maladies. Déjà les an- 
ciens, Galien et Paul Eginette, avaient recommandé l’ap- 

lication de ses feuilles sur le cancer; les modernes ont été 
plus loin, ils l'ont donné intérieurement. Ainsi les uns 
ont présenté l’infusion des feuilles de Belladone, ou leur 
poudre prise à l’intérieur, comme un moyen très-eflicace 
pour la guérison des affections cancéreuses des mamelles 
et de la matrice ; d’autres ont proposé l'emploi de ces 
mêmes préparations comme avantageux dans la paralysie, 
la manie, les affections convulsives, la syphilis ancienne, 
et même dans l’épilepsie et l'hydrophobie:; mais c'est 
surtout dans la coqueluche que depuis quelques années ja 
Belladone a été préconisée. Les médecins allemands, qui 
l’ont beaucoup employée, s'accordent à la regarder presque 
comme aussi spécifique dans cette maladie que le Quinquina 
dans les fièvres intermittentes. | 
La manière de donner Ja Belladone dans ce cas, est de 
faire prendre la racine en poudre, mêlée avec du sucre, à la 
dose d’un quart de grain, matin et soir, pour les enfans âgés 
de moins d’un an, ce qui fait un demi-grain par jour; les 
enfans de 6 à 8 ans peuvent en prendre deux fois, un grain 
par jour, et pour ceux d’un âge intermédiaire, on propor- 
tionne les doses en conséquence. Au bout de deux à irois 
jours on augmente les doses d'un tiers ou de moilié. Dans 
tous les autres cas où la Belladone est conseillée, on com- 
mence, pour les adultes, à donner 1 grain des feuilles en 
poudre, deux à trois fois par jour , et l’on augmente progres- 
sivement, avec le temps, jusqu’à 56 grains et même au-delà. 
La racine est, dit-on, plus active que les feuilles, et doit 
être donnée avec plus de circonspection que ces dernières ; 
l'extrait est au contraire plus faible. Le docteur Schæfler , 
qui a le premier préconisé la Belladone contre la coque- 
Juche , et qui a publié un grand nombre d'observations qui 
prouvent l'efficacité de ce remède, a proposé un sirop de 
cette plante, que les petits enfans prennent volontiers; 1l 
le compose en faisant bouillir 2 gros de l'herbe, et 1 gros 
de la racine dans suffisante quantité d’eau pour une colature 
d’une livre, à laquelle il fait ajouter une proportion conve- 
nable de sucre. La dose de ce sirop est de 1 gros à 1 demi- 
once deux ou trois fois par jour. 
D'après la propriété qu'a la Belladone de produire la 
dilatation de la pupille, les oculistes se servent avec avan- 


590 SOLANÉES. 


tage d'applications faites sur les yeux, avec son extrait 
élendu dans de l’ eau, ou avec la décoction dela plante, pour 
préparer à l'opération de la cataracte. 

Les fruits, non moins énergiques que toutes les autres 
parties de la plante, pourraient sans doute être employés; 
ils seraient surtout susceptibles d’être convertis en sirop ou 
en rob. Conrad Gesner rapporte avoir employé avec avan- 
tage, dans une dysenterie contagieuse, le suc qu'ils ren- 
Rue et qu Al avait fait préparer en sirop. 

Les feuilles de Belladone entrent dans l’onguent Popu- 
léum et le Baume tranquille. . 

Le nom de Belladone, donné à cette plante, lui vient de 
ce qu'autrefois, en Italie, on préparait avec ses fruits une 
sorte de fard ; d’ autres disent que c’est parce qu ‘en ce pays 
son eau distillée élait employée comme cosmétique par les 
dames. Son fruit donne , par la macération, une belle cou- 
leur verte dont les peintres se servent pour 1 miniature 


231° Genre. — MANDRAGORE. MANDRAGORA. Tournef. 


Calice turbiné, à 5 divisions. Corolle campauulée, à 5 
lobes. Filamens des étamines rapprochés et élargis à leur 
base. Ovaire muni de 2 glandes à sa base. 1 baie globuleuse. 
Graines portées sur des placentas saillans intérieurement. 


MANDRAGORE OFFICINALE, Vulgairement Wandragore 
mûle et Mandragore femelle. 

Mandragora officinalis. Mill. Dict. n°. 1. — Atropa 

Mandragora. Lin. Spec. 259.— Bull. Herb. t. 145 et 146. 


— Mandrag cora. Pharm. 


Sa racine est épaisse, vivace, longue, quelquefois simple, 
souvent partagée en deux Dicens. qui ressemblent aux 
cuisses d’un homme, comme le peuple se le persuade : elle 
produit plusieurs feuilles ovales, rétrécies à leur base, 
grandes , élalées, ondulées en leurs bords. Ses fleurs, blan- 
chätres , légèrement teintes de pourpre, sont solitaires sur 
des hampes beaucoup plus courtes que les feuilles, et elles 
naissent immédiatement de la racine. Cette plante croît 
naturellement dans les bois, à l’ombre, et sur les bords 
des rivières en Italie ét en Espagne ; ; on 1 cultive dans les 
jardins. 

'outes les parties de la Mandragore ont une odeur fétide. 
Les anciens et quelques modernes ont regardé sa racine 


SOLANÉES. 597 


comme émétique et purgalive ; mais il y a tout lieu de croire 
que si elle a quelquefois produit des vomissemens et la put- 
gation, ce n’a été qu'avec des accidens qui étaient ceux de 
l'empoisonnement ; car il n’y a pas de doute qu’elle ne soit 
vénéneuse de mème que la Belladone. On Fa conseillée inté- 
rieurement dans l'hystérie, l’épilepsie, et extérieurement en 
application sur les écrouelles , les engorgemens glanduleux, 
le cancer, la goutte. La dose intérieurement doit être très= 
faible, comme de 1 à 6 grains en nature ; mais en général on 
n’en fait point d'usage. Extérieurement, on emploie encore 
quelquefois la racine réduite en pulpe, ou les feuilles cuites 
dans de l’eau ou du lait. On les applique comme résolutives 
et calmantes dans les cas indiqués ci-dessus. 

L'huile de Mandragore, qu’on préparait anciennement 
dans les pharmacies, est tombée en désuétude. Ses feuilles 
sont au nombre des substances employées à la composition 
du Baume tranquille et de l’onguent Populeum. 

La Mandragore a joui d’une grande réputation dans les 
temps d'i iguor ance et de superstition lorsque nos bons aïeux 
croyaient à la magie; elle était en possession d'entrer dans 
la plupart des charmes faits par les prétendus sorciers, 


232° Genre. — COQUERET. PrYSAzLIS. Lin. 


Calice persistant, à 5 divisions. Corolle en roue, à tube 
court, à limbe quinquéfide. Anthères oblongues, conni- 
ventes. 1 baie slobuleuse , à 2 loges polyspermes, renfermée 
dans le calice renflé et devenu vésiculeux. 


COQUERET ALKEKENGE, vulgairement 4/kekenge, Co- 
querelle. 

Physalis Alkekengi. Lin. Spec. 262.— Alkekengi Ha- 

Fur. Blackw. Herb. t. 161. — Alkekenoi. Pharm. 


Ses racines sont grèles, rampantes , vivaces, d’un blanc 
jaunâtre; elles donnent naissance à 1 ou plusieurs tiges her 
bacées , simples ou peu rameuses, hautes de r pied ou envi- 
ron, garnies de feuilles alternes, géminées, ovales, légère- 
ment “pubescentes, pétiolées. Ses fleurs sont jaunâtres ou 
blanchâtres, pédonculées, solilaires dans les aisselles des 
feuilles supérieures. Les calices, qui se renflent considéra- 
blement après la floraison, prennent en même temps une 
belle couleur rouge, pareille à celle des baies qu'ils ren- 


598 SOLANÉES. 
ferment. Cette plante croit dans les vignes et dans Les bois ; 
elle fleurit en mai et juin. 

Les baies d’Alkekenge ont une saveur aigrelettes mais il 
faut avoir bien soin de les séparer avec précaution du calice 
qui les enveloppe, parce que celui-ci étant très-amer, leur 
communique facilement son amertume. Ces baies sont diu- 
rétiques, rafraîchissantes et un peu laxatives. On les a con- 
seillésdans l hydropisie , la dysurie, La colique néphrélique, 
la gravelle, la goutte. Leur dose est de 6 à 12 en décoction 
dans une piute d’eau. On peut aussi administrer leur suc 
depuis 1 demi-once jusqu’à 1 once. Les trochisques que l'on 
faisait autrefois avec la pulpe et les graines ne sont plus en 
usage. 

Dans plusieurs pays, comme en Espagne, en Allemagne, 
en Suisse, on mange les baies d’ Alkekenge comme on fait 
ailleurs des fruits acides. 


2353° Genre. — MORELLE. SOLANUM. Lin. 


Calice à 5 dents. Corolle en roue. Anthères conniventes, 
s’ouvrant au sommet par 2 trous. 1 baie à 2 loges, renfer- 
mant plusieurs graines. Ê 


MorEeLzLe Douce-AMÈRE, vulgairement Douce-amère, 
Vigne-V'ierge, Vigne de Judée. 
Solanum Dulcamara. Län. Spec. 264. — Bull. Herb. 
t. 25. — Solanum scandens vel Dulcamara. Pharm. 


Sa tige se divise dès sa base en rameaux ligneux, nom- 
breux , grèl es, sarmenteux , légèrement pubescens, s’éle- 
want à 1 hauteur de 5 à 6 pieds , et souvent davantage, en 
s’a ppuyant sur les autres plantes qui sont à leur proximité. 
Ses feuilles, alternes, pétiolées, légèrement pubescentes, 
d’un vert assez foncé, sont de forme variable : les unes 
entières, ovales-lancéolées, plus ou moins échancrées à leur 
base ; les autres, profondément divisées dans leur partie in- 
férieure en 2 lobes, Les fleurs sont de grandeur mnyepne , 
d’une belle couleur violette , et disposées, au nombre de 15 
à 20 ou au-delà, en cimes qui naissent le long des rameaux 
ou à l’opposé des feuilles. Les fruits sont de peites baies 
ovoïdes, d'un rouge éclatant. Cet arbrisseau croît dans les 
haies, les buissons et sur les bords des bois ; il fleurit depuis 
le mois de mai jusqu’au commencement de l'automne. 

Les tiges et les feuilles fraîches de la Douce-amère ré- 


SOLANÉES. 599 
ndent une odeur un peu nauséabonde lorsqu'on les froisse 
entre les doigts, mais qui se perd en grande partie par la 
dessiccation. Les parties ligneuses ont, lorsqu'on les mâche, 
une'saveur d’abord douce, et ensuite amére. Les parties 
dont on fait usage sont de préférence les rameaux d'un an, 
qui sont employés comme dépuratifs , sudorifiques, diaré- 
tiques. On les a conseillés dans les rhumatismes, la scia- 
tique , la goutte, l'asthme humide, la syphilis ancienne, et 
surtout dans les affections dartreuses. Pour retirer de bons 
effets de la Dounce-amère, il faut l’administrer à des doses 
élevées, auxquelles cependant 1l est bon d’accoutumer les 
malades par une augmentation progressive. La meilleure 
préparalion est la décoction , dans laquelle on commence par 
en faire mettre 1 demi-once pour une pinte d’eau, et l’on 
peut, en continuant, porter la dose jusqu’à 4 onceset même 
plus. Pour se servir de l'extrait, on l'emploie depuis 1 demi- 
gros jusqu'à demi-once. On a cru pendant long-temps que 
les baies de la Douce-amère étaient vénéneuses ; mais les 
expériences de M. Dunal, médecin de Montpellier , ont 
prouvé qu'elles ne l’étaient pas. Ce médecin a fait avaler une 
grande quantité de ces baies à plusieurs chiens sans qu'il 
leur soit arrivé aucun accident, et entre autres il en a fait 
prendre 150 au mème animal. Un coq ne fut de même nul- 
lement affecté après en avoir avalé cinquante. 


MORELLE NOIRE, vulgairement Morelle commune 4 
Mourelle, Créve-Clhien. 
Solanum nigrum. Lin. Spec. 266. — Bull. Herb. t. 67. 


— Solanum. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle; elle produit une tige 
divisée en rameaux nombreux, étalés, hauts de 8 à 12 
- pouces, garnis de feuilles ovales-lancéolées, pétiolées, 
molles au toucher, plus ou moins anguleuses en leurs bords, 
d'un vert assez foncé. Ses fleurs sont pelites , blanches, dis- 
posées 5 et 6 ensemble en manière de petites ombelles pla- 
cées çà et là sur les tigés et les rameaux. Il leur succède des 
baies de la grosseur d’un grain de groseille, ordinairement 
noires, mais jaunes ou rouges dans quelques variétés. Cette 
plante est commune dans les lieux cultivés; elle fleurit en 
juillet et août. 

On a cru pendant long-temps que toutes les parties de la 
Morelle commune participaient aux propriétés narcotiques 


400 SOLANÉES. 


des plantes de sa famille, et on les regardait comme sus- 
pectes. La vertu calmante et anodine qu'on leur a attribuée 

endant long-temps, tenait à cette croyance ; mais aujour- 
d’hui on est désabusé sur le compte de cette plante. Appré- 
ciée à sa juste valeur, tout ce qu’on peut en dire, c'est que 
ses feuilles sont émollientes et adoucissantes. Comme telles, 
leur décoction est quelquefois utile en lotions pour apaiser 
de légères inflammations cutanées, des démangeaisons, des 
hémorroïdes douloureuses ; l’herbe cuite, appliquée en fo- 
mentalions, peut aussi produire le mème effet. Mais ni ces 
lotions , ni ces fomentations n’ont absolument aucune pro- 
priété particulière dans les affections cancéreuses, comme 
on l’a trop souvent répété. Si quelquefois elles ont procuré 
quelque soulagement dans ce cas, c'était en agissant seule- 
ment à la manière de tous les émolliens. 

Quant aux fruits de la Morelle, ils se rapprochent, par 
leurs mauvaises qualités , de ceux de la Belladone et de la 
Mandragore ; ils sont peut-être un peu moins dangereux, et 
ils ne causent pas en général des accidens aussi graves quand 
ils sont pris à l’intérieur ; cependant on trouve dans les au- 
teurs plusieurs observations de personnes qui, après en 
avoir mangé, sont tombées dans des convulsions mortelles, 
C’est à eux seuls qu'il faut rapporter loutes les propriétés 
suspectes qui ont élé attribuées à la plante elle-même. 
Celle-ci, cueillie au printemps avec des fleurs seulement, 
est inerte ou simplement émolliente, comme je l’ai dit plus 
haut ; récoltée à l’automne, avec des fruits, elle est légère- 
ment narcotique et calmante. 

Les différentes préparations de Morelle qu’on faisait autre- 
fois dans les pharmacies, comme une huile par infusion et 
décoction , une eau distillée, sont entièrement abandonnées 
aujourd’hui. Les feuilles ou les sommilés entrent encore 
dans le Baume tranquille et dans l’onguent Populeum. 

Les anciens, dit-on, mangeaient les feuilles de la Morelle 
comme herbes potagères , el cette pratique est encore usitée 
dans quelques paÿs, principalement"dans les îles de France 
et de Bourbon, où on leur donne le nom de Brèdes-Morelle, 
et où cette plante fait une bonne partie de la nourriture du 
plus grand nombre des créoles, depuis le dernier noir jus- 
qu’au plus somptueux habitant. Il en est de même à la Gua- 
deloupe et dans plusieurs des Antilles, 


SOLANÉES. 4o1 


MORELLE TUBÉREUSE, vulgairement Pomme de terre, 
Batate commune de jardins, Parmentière, T1 uffe, 
T'ruf}elle. 

Solanum tuberosum. Lin. Spee. 265, — Solanum tube- 

rosum esculentum. Bauh. Prod. 69. 


Ses racines sont vivaces, composées de gros tubercules 
oblongs ou arrondis , quelquefois gros comme le poing, de 
différentes couleurs en dehors, brunâtres, violets, rougeä- 
tres ou jaunâtres , toujours blancs en dedans; elles donnerit 
naissance à des tiges herbacées, cylindriques, cannelées, un 
peu velues, habtes de 1 pied et demi à 2 pieds. Ses feuilles 
sont ailées avec impair, composées de à à 7 folioles ovales- 
lancéolées , avec de petites pinnules interposées entre elles. 
Ses fleurs sont assez grandes, violettes, bleues, rougeätres, 
ou blanches, nombreuses, disposées en corymbes longuement 
pédonculés et opposés aux feuilles de la partie supérieure 
des tiges. Les fruits sont des baies de grosseur médiocre et 
d’un rouge brunätre à l’époque de la maturité. Cette plante 
fleurit en juin, juillet et août. 

C’est à l'Amérique méridionale que l'Europe est redevable 
de la Pomme de terre, et l'époque de l'importation de celte 
précieuse plante date de 1586 selon les uns, de 1590 selon 
Jes autres. Pendant assez long-temps sa culture fut très- 
bornée ; mais lorsqu'on eut connu combien élle élait avan- 
tageuse dans les temps de diselte, elle fut beaucoup plus 
soignée , et depuis ces trente dernières années surtout , elle 
s’est tellement répandue dans toutes les parties de l'Europe, 
qu'il n’est pas aujourd'hui un seul canton où elle ne soit 
cultivée. Les tubercules charnus qui forment ses racines 
offrent en eflet une nourriture beaucoup plus substantielle 
que toutes les autres racines connues jusqu’ à présent, ou au 
moins que celles qui sont en usage parmi nous. Dans ces 
dernierstemps, pendant lesquels nous avons vu , à peu d’inter- 
valle, deux années où la récolte des céréales fut très-mauvaise, 
la Pomme de terre, dans beaucoup de départemens, et durant 

lusieurs mois, a remplacé le pain pour une grande partie 

des habitans des campagnes el de la classe indigente. On peut 

d’ailleurs, par certaines préparations, fire une sorte de 

pain avec les Pommes de terre, et mieux encore en les 

mêlant, dans de certaines proportions, avec de Ja pâte de 

farime de frorment ou d'orge. Si d'ailleurs les tubereules de 
Ce 


402 SOLANÉES. 


celte plante peuvent être, daus des temps malheureux, la 
seule nourrilure du pauvre, les riches ne les dédaignent pas, 
et apprêtés de diverses manières, on les sert tous les jours 
sur les meilleures tables. PE. 

Par une préparation fort simple, qui consiste à les räper 
dans de l'eau , et à les passer ensuite sur un tamis de crin, en 
les lavant avec une grande quantité de nouvelle eau, ils 
donnent une fécule d’une blancheur éblouissante, dont on 
fait des bouillies, des crêmes, des pâtisseries délicieuses. Par 
d’autres procédés et par la fermentation, on en obtient de 
l'eau-de-vie, 

Non-seulement les Pommes de terre présentent à l’homme 
une ressource assurée avec laquelle Europe est désormais 
à l’abri de ces famines qui, dans les temps passés, l’ont plu- 
sieurs fois désolée, mais encore tous nos animaux domes- 
tiques s'en aceommodent pour leur nourriture. Les cochons 
en sont friands, ils les mangent crues ou cuites , et elles les 
engraissent promptement ; on peut aussi en donner aux 
moulons et aux vaches.” 

Les usages de la Pomme de terre en médecine sont très- 
bornés. Quand elle est cuite et réduite en une sorte de 

âte molle, on peut l’employer pour faire des cataplasmes 
émolliens. J’ai vu de bons cffets de sa pulpe räpée et appli- 
quée sur des brülures au moinent où elles venaient d'être 
faites. 


254° Genre. — JUSQUIAME. AYOSCYA4MUS. Lin. 


Calice d’une seule pièce, à 5 dents. Corolle infondibuli- 
forme, à limbe inégal, partagé en 5 lobes. 5 étamines. 1 cap- 
sule ovale, ventrue à sa, base, s’ouvrant horizontalement 
à son sominel, partagée intérieurement en 2 loges conte- 
nant chacune des graines nombreuses. 


JUSQUIAME NoIRE, vulgairemeht Æannebane, Potelée. 
Hyosciainus niger. Lin. Spec. 257. — Bull. Herb. t. 96, 
— Pharm. 


Sarecine est épaisse, pivotante, annuelle, blanchätre, divi- 
sée en plusieurs fibres; elle produit une tige cylindrique, ra- 
meuse, feuillée, haute de 1 pied ei demi à 2 pieds, chargée, 
ainsi que les feuilles, d’un duvet abondant, présque lanugi- 
neux, doux au toucher. Ses feuilles sont ovales-lancéolées, 
siuuces on découpées profondément en leurs bords, d'un vert 


SOLANÉES. 403 


päle ; les radicales rétrécies en pétiole à leur base, beaucoup 
plus grandes que les autres et étalées sur la terre ; “celles de Ja 
tige alternes , sessiles et amplexicaules. Les fleurs > ASSEZ 
grandes, d’un jaune pâle, veinées de lignes d'un pourpre 
foncé ou violettes, sont sessiles dans les aisselles des feuilles 
supérieures , disposées , vers l'extrémité de la tige et des ra- 
meaux, en épis terminaux et tournés d’un seul côté. Ceite 
plante est commune dans toute l’Europe, dans les lieux 
incultes, sur les bords des chemins et des champs ; elle flearit 
en juin et juillet. 

Les feuilles et toutes les parties de la Jusquiame noire ont, 
quand elles sont fraîches, une odeur fortement vireuse, 
très-désagréable, qui annonce assez les propriétés dange- 
reuses de cette plante éminemment narcotique. Ellective e- 
ment, quoique plusieurs médecins recommandables laient 
quelquefois employée utilement, soit à l'intérieur , soit à 
l'extérieur, cependant un grand nombre d'accidens ne cons- 
tatent que trop les funestes effets qui peuvent être la suite 
de son usage mconsidéré. Les principaux symptômes ob- 
servés sur les’individus empoisonnés par cette plante ont 
été les suivans : Ardeur extrème de la bouche, aphonie, 
trismus, ris sardonique , diflicullé de respirer, altération 
de la vue, dilatation de la pupile "yeux hagards, visions 
fantastiques sorte d'ivresse, verliges, somnolence , délire 
souvent bizarre, quelquefois furieux ou stupide, ref oidis- 
sement des extrémités, lipothymie et la mort même, si les 
secours ne sont pas portés à temps ou sont impuissans. Non- 
seulement les racines, les feuilles et les graines de la Jus- 
quiame noire, prises à l'intérieur, déterminent souvent une 
grande partie de ces phénomènes morbifiques, mais encore 
les émanalions de ces mèmes parties provenant de vapeurs 
volatilisées par la chaleur, peuvent aussi produire des acci- 
dens analogues et non moins dangereux. 

Les premiers moyens à employ er pour remédier aux 
effets pernicieux de la Jusquiame noire , comme toutes les 
fois qu’il s’agit de combattre les äccidens causés par les nar- 
cotiques , sont d'employer des émétiques puissans, et de 
les porter à une dose beaucoup plus forte que celle que l’on 
prescrit ordinairement ; ainsi on peut donner le tartrate de 
potasse antimonié , vulgairement tartre stibié, jusqu’ à 5 où 
6 grains et nétne plus, afin de provoquer d’ bre vo- 
missemens pour faire d'abord rejeter les parties de Ja plante 


Ce 2 


404 SOLANÉES. 
qui ont élé prises à l'intérieur. Des boissons acidulées avec 
le vinaigre, le citron, conviennent ensuite. La saignée, sur- 
tout celle de la jugulaire , après que la substance véné- 
neuse a été rejelée, peut être quelquefois utile, particu- 
lièrement lorsqu'il s’agit d’un individu d’une constitution 
éminemment pléthorique. Il est avantageux de tenir le 
malade chaudement , et de lui faire des frictions sèches sur 
les bras et les rs Des lavemens camphrés pourront 
quelquefois être employés avec avantage, el si l’on soup- 
conne que les matières vénéneuses se tr ouvent dans les gros 
intestins, on aura recours à des lavemens purgalifs. 

Qu elque funestes que puissent être les accidens qui sont 
la suite de l'usage inconsidéré de la Jusquiame, plusieurs 
médecins ont cherché , en l’employant avec précaution, 
à tirer parti de l’action bien marquée que cette plante 
exerce sur notre organisation. Clauderus a été le pre- 
mier qui en ait tenté l'usage conlre la dysenterie; ensuite 
Storck l’employa avec succès dans les affections spasmodi- 
ques et convulsives; il assure avoir, par le moyen de l’ex- 
trait des feuilles, adouci des toux violentes, arrêté deshé- 
moptysies. D’autres médecins ont encore depuis tenté l'usage 
de l'extrait de Jusquiame dans diverses maladies. Le célèbre 
Stoll dit en avoir oblemu des effets avantageux dans la co- 
lique de plomb ; Franck dans l'hypocondrie ; Gilibert dans 
la paralysie, l’épilepsie, la manie, le squirre ; et enfin le 
docteur Breinting , il y a quelques années, a publié l’his- 
toire d’un tic douloureux de la face, guéri par l'usage de 
cet extrait, après avoir résisté pendant cinq mois à Iqus les 
moyens possibles. A l’intérieur, l’extrait de Jusquiame doit, 
comme toutes les substances qui peuvent nuire, n’êlre pres- 
crit d’abord qu'à très- “petite dose, comme 1 demi-grain , 
1 grain à la fois; mais à mesure que le malade s’y habitue, 
on peut laugmenter et la porter jusqf’à 20 et mème jusqu’à 
24 grains dans l’espace d’un jour. On a quelquefois fait 
usage des feuilles réduites en poudre à peu près aux mêmes 
doses que l’extrait. Les graines doivent être employées au 
moins avec aulant de prudence. 

A l'extérieur, les feuilles de la Jusquiame noire, cuites 
et réduites en cataplasme , ont été appliquées sur des tu- 
meurs squirreuses dans l'espoir de les résoudre. On assure 
avoir adouci, par le même moyen, des douleurs arthri- 
tiques et rhumatismales, La fumée des graines de Jusquiame 


SOLANÉES. 405 


qu’on fait brûler sur des charbons, et qu’on reçoit dans la 
bouche , est, dans plusieurs pays, un remède populaire con- 
tre les maux de dents. Le vulgaire croit que cela fait sortir, 
des dents cariées, de petils vers qui soni la cause du mal ; 
mais cela n’est fondé que sur la fausse observation de ces 
prétendus vers qui ne sont autre chose que les graines même 
de la Jusquiame, dont la chaleur a fendu l'enveloppe, et 
qui paraissent comme de petits corps blancs, que les yeux 
des personnes crédules et prévenues prennent pour des vers. 
11 s'en faut bien, d’ailleurs, que ces fuMmigatrons soient sans 
danger ; on les à vu causer le délire, la stupeur , l'ivresse, 
des vomissemens et autres accidens graves. 

On peut voir, par ce qui vient d’être dit des usages aux- 
quels on a essayé d'employer la Jusquiame, que la plupart 
des ca$ où elle a paru être de quelque utilité, sont du nombre 
de ceux où l’Opium, dont les effets et le mode d’adminis- 
tration sont bien mieux connus, et probablement pro- 
curé le même soulagement. On ne voit résulter des essais 
faits jusqu'ici, aucun avantage qu’on puisse considérer 
comme particulier à cette plante, et qui puisse balancer les 
inconvéniens et les dangers de son administration. 

Les feuilles de Jusquiame entrent dans le Baume tran- 
quille et dans l’onguent Populeum. 

Les moutons broutent ces feuilles sans répugnance : on 
en a remarqué qui en mangérent durant plusieurs jours 
une grande quantité sans qu’il en résultât le moindre acci- 
dent. Les maquignons font prendre pendant quelque temps 
une certaine dose de la graine mêlée avec de l’avoine, aux 
chevaux qu’ils veulent engraisser ; ces animaux , par ce 
moyen-là, mangent, dit-on, avec plus d'appétt, sont plus 
tranquilles , plus endormis, dissipent moins , et engraissent 
très-vite, 


JUSQUIAME BLANCHE. 
Hyoscyamus albus. Lin. Spec. 257. — Ball. Herb. 
t. 99. — Pharm. 


Sa tige est haute de 1 pied ou davantage, peu rameuse , 
feuillée dans toute sa longueur, abondamment velue, ainsi 
que les feuilles et les calices. Ses feuilles sont ovales , alternes, 
toutes péliolées ; les inférieures sinuées et anguleuses ; les 
supérieures très-entières. Ses fleurs sont blanchâtres, ses- 
siles, solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures, et 


Ce 35 


406 SOLANÉES. 


disposées en un long épi tourné d’un seul coté. ,, Cette plante 
croit sur les bords des chemins et des champs dans les dé- 
partemeus du midi; elle fleurit en juin et juillet. 

Par ses pr opriélés médicales, comme par ses propriétés 
Er ia Jusquiame blanche paraît tout-à-fait ana- 
lugue à la noire; on croit seulement qu’elle est un peu 
moins énergique. C'était elle qu ‘employaient particulière- . 
ment les anciens; les modernes, au contraire, s’en sont beau- 
coup moins servis. Sauvages cite cependant plusieurs ob- 
servations de cataractes dissipées par l’extrail de cette plante. 
D’autres médecins l’ont jugée avoir été utile dans VA mau- 
rose. 

Ses graines entrent dans deux compositions pharmaceu- 
üques de l’ancien Codex de Paris, bien peu usitées aujour- 
d'hui, le Philonium romanum et le Requies Nicola. 
D'après le même formulaire, ce sont elles aussi qui doivent 
faire parie des pilules de Cynoglosse et non celles de la 
J unie noire. 


255° Genre. — NICOTIANE. NICOTIANA. Lan. 


Calice urcéolé, à 5 divisions. Corolle infondibuliforme, 
à tube plus long que le calice, à limbe plane et quinquéfide. 
Sligmate échancré. Capsule à 2 loges, à 2 valves, s’ouvrant 
par le sommet. 


NICOTIANE TABAC, vulgairement Tabac, Herbe à la 
Reine , Pélun, Her be a D Herbe à 
tous maux , Herbe du Grand-Prieur, Herbe de 
Sainte-Croix, Herbe sacrée, Tornabonne. 

Nicotiana bar Lin. Spec. 258. — Bull. Herb. 

t. 205. — Nicotiana:Pharm. 


Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle donne naissance à 
une lige cylindrique, velue, Paule de 5 à 6 pieds, garnie 
de Ile ovales-lancéolées, très-grandes , sessiles, semi- 
embrassantes , un peu visqueuses. Ses fleurs sont assez 
grandes, pur purines ou d’un rouge clair, disposées au som- 
net de la tige et des rameaux eu une grande panicule; le 
tube de eur corolle est lrès-allongé, ét les divisions du 
limbe sont aiguës. Cette plante est originaire de Amérique, 
où elle fut one erte par les Espagnols dans le Yucatan, 
vers 1520; transportée en Portugal, en 1559 ou 1560, elle 
se répandit bientôt en France et dans le reste de l'Europe. 


SOLANÉES. 407 


Elle est maintenant parfaitement naturalisée dans celle par- 
tie du monde; on l’y cullive en grand dans plusieurs pays, 
et il n'esl pas rare de la trouver spontanée dans quelques 
cantons. Elle fleurit en août et septembre. 

Aucune plante peut-être n’a fourni matière à tant de dis- 
cussions que le Tabac. Une foule d'auteurs ont écrit en sa 
faveur , beaucoup d’autres se sont élevés contre lui; des 
rois, des papes l’ont défendu ; les uns sous peine de mort, 
les autres sous peine d° excommunication, et cependant son 
usage s'est répandu chez presque tous les peuples du monde. 
Sans examiner ici ce qu'il peut y avoir de singulier dans 
une vogue aussi grande pour un objet qui parait si peu la 
mériter AIEXIME bornerai à parler des usages du ‘Tabac en 
médecine. Sous ce rapport, le Tabac est stimulant, siala- 
gogue , sternutaloire , émétique, purgatif, narcotique, fan- 
tastique , vénéneux. T out le monde sait que ses feuilles mâ- 
chées ou fumées excitent puissamment les glandes sali- 
vaires, et provoquent une sécrélion abondante de salive, 
Pris en poudre par le nez, il produit un eflet analogue sur 
la membrane piluitaire. Les marins font un grand usage 
de la pipe, persuadés que c’est un bon moyen pour se ga- 
ranlr du scorbut. Le préjugé de bien des gens est que le 
Tabac pris par le nez à la propriété d'échaircir la vue, de 
fortifier le cerveau et de préserver des maux de tête; Ha 
on peut raisonnablement en douter, lorsque l'on voit, a 
contraire , que l’usage du ‘Tabac enivre et cause des So E 
à ceux qui n’y sont pas accoutumés,. 

Quelque temps après que le Tabac se fut répandu en 
Europe, certains médecins, amoureux de la nouveauté, en 
voulurent faire une panacée universelle , et c’est ce qui fit 
qu'alors on le nomma Æerbe à tous maux. En effet, on le 
préconisa contre une foule de maladies, et par ticulièrement 
contre l’épilepsié, la léthargie, Fapoplexie, la paralysie, 
l'asthme, les fièvres intermiltentes , les maladies de la peau , 
et on en faisait alors diverses préparations, comme un sirop, 
une huile par infusion et coction , un onguenl, qui sont au- 
jourd’hui tombées en désuétude. Géné ralement, on ne fait 
plus prendre le'Tabac par les voies supérieures ; on regarde 
son emploi comme pouvant être beaucoup plus dangereux 
qu'utile ; en effet, on a beaucoup d'exemples d'empoisonne- 
mens qu'il a causés, et les symptômes de ces empoisonne- 
mens sont très-analogues à ceux dont il a été question en 


Cc # 


408 SOLANÉES. 


parlant de la Belladone et de la Jusquiame. Les moyens d’y 
remédier sont les mêmes. 

Le seul usage qu’on fasse aujourd’hui des feuilles de Tabac 
est de les Eire prendre en décoction à la dose de 2 gros à 
demi-once en lavemens, dans lapoplexie, l’asphyxie, les 
fièvres soporeuses, et encore plusieurs médecins blâment 
leur emploi dans ces cas, et les accusent de pouvoir causer 
des accidens non moins gr aves que ceux auxquels on cherche 
à remédier. Cependant la fumée du tabac administrée aux 
noyés, par le moyen d’un appareil convenable, est géné- 
ralement usitée et recommandée comme un puissant stimu- 
lant capable de les rappeler à la vie. 


256° Genre. — DATURA. DATURA. lün. 


Calice tubuleux , à 5 angles, quinquéfide. Corolle infon- 
dibuliforme, à limbe campanulé, à 5 angles, à 5 lobes peu 
prononcés, mais terminés eu pointe. Stigmate à 2 lames. 
Capsule à 4 loges, dont 2 ont leur cloison incomplète, 


DATURA STRAMOINE, vulgairement Pomme-cpineuse, 
e \ 0 
ÆEndormie, Herbe à la taupe, Herbe aux sorciers, 
Herbe aux magiciens, Herbe du diable. 
Datura Stramonium. Lin. Spec. 254. — Bull. Herb. 
£. 15. — Stramonium sive Datura. Pharm. 


Sa racine est assez grosse, blanchâtre, fibreuse , annuelle; 
elle produit une tige herbacée, épaisse, haute de 2 à 5 pieds, 
divisée en rameaux dicholomes, étalés, garnis de feuilles 
grandes , pétiolées , ovales, très-anguleuses, glabres et d’un 
vert un peu foncé. Sés fleurs sont blanches, assez grandes, 
portées sur des pédoncules solitaires dans les bifurcations 
des rameaux, ou latéralement prés de l’aisselle des feuilles. 
Cette plante passe pour être originaire de l'Amérique ; mais 
elle est aujourd'hui nat: ae dans toule l'Europe; elle 
fleurit pendant tout lété. 

Loutes les parties de la Pomme-épineuse ont une odeur 
forte, nauséabonde et vireuse. Prises à l’intérieur , elles sont 
un dé poisons narcoliques les plus dangereux, dont les 
effets les plus or dinaires sont de produire des vertiges, la 
perte de la mémoire, un délire souvent furieux , une ie 
ardente, de la cardialgie, des convulsions, ou d’autres fois 
une sorte d'ivresse, un état comateux, la paralysie des 
membres el la mort, toutes les fois que la quantité du poison 


SOLANÉES. 409 . 


prise a été forte, et que le malade n’a pu être secouru à 
temps. L’infusion des graines dans du vin, de la bière, ou 
dans une liqueur quelconque, fait tomber ceux qui en 
boivent dans un état d’ivresse et dans un profond sommeil. 
On sait que des malfaiteurs et des voleurs de grands chemins 
avaient reçours à ce moyen, il y a quelques années, pour 
endormir les voyageurs, et les dépouiller ensuite avec plus 
de facilité. On dit aussi qu’à Paris, une bande de filous 
se servait de ces graines réduites en poudre et mêlées avec 
du Tabac pour consommer plus facilement ses vols. Acosta 
et Garet rapportent que dans l’Inde, les courtisanes font sou- 
vent prendre de la poudre des graines de Pomme-épineuse 
dans quelque liqueur agréable à ceux qui s’aventurent entre 
leurs mains, afin de les plonger pendant quelque temps 
daus une stupeur léthaïgique, dont elles profitent pour les 
voler sans obstacle. 

- La première chose que Von ait à faire pour remédier aux 
empoisonnemens causés par la Pomme -épineuse, est de 
provoquer d’abondans vomissemens par le moyen de l’'émé: 
tique, afin de faire rejeter la substance délétère. On fera 
prendre ensuite des boissons acidulées avec le vinaigre, le 
suc de Limons ou autres acides végétaux. 

Les dangereux effets produits par la Pomme-épineuse 
n’ont pas empêché Slorck d'essayer de convertir ce poison 
en médicament utile; ce hardi et célèbre expérimentateur 
a employé l'extrait de la plante dans la manie, l'épilepsie, 
les convulsions, et il assure l'avoir fait avec beaucoup de 
succès dans les ue premiers Cas; mais, dans le der nier , 
l'état de la maladie en fut exaspéré. S il faut en croir e 
quelques autres médecins, qui ont fait de nouvelles expé- 
riences sur celle plante, son extrait serait en effet un remède 
précieux dans certaines maladies convulsives; mais, d’un 
autre côté, plusieurs autres praticiens ont vu cet extrait pro- 
duire des accidens, et je lai vu moi- -mèême occasionnel ui 
léger délire et un peu d'ivresse, élant pr is à la dose de 5 grains 
en cinq fois dans |’ espace d’une journée, sans agir d° ailleurs 
en aucune manière comme calmant et somnifère intention 
dans laquelle je le donnais. On trouve dans les auteurs 
que cet extrait a élé prescrit depuis 1 grain jusqu’à 123 mais 
quand il est bien préparé, cette dose me paraît um peu 
forte, ou il faut que le malade s’y soit accoutumé graduel- 
lement, en en prenant pendant long temps de moimdres 


410 SOLANÉES. 
quantités. Extérieurement j'ai employé ce même extrait 
avec beaucoup d'avantage comme calmant. ( 
Dans quelques provinces, les gens de la campagne don- 
nent tous les jours, plein un dé à coudre, de graines de 
Pomme-épineuse à leurs cochons, afin de les faire engraisser 
plus promptement. Les maquignons emploient .aussi le 
méme moyen pour les chevaux amaigris, auxquels ils 
veulent faire reprendre de l’embonpoint. 


257° Genre. — MoLèNE. FErB4scUM. Lin. 


Calice de 5 folioles. Corolle en roue, à 5 lobes inégaux. 
Filamens des étamines inégaux et velus. Sbügmate oblus. 
Capsule ovale, à 2 valves, à 2 loges polyspermes. 

MorÈNE BouILLON BLANC, vulgairement Bouillon 

blanc, Bon-Homme, Molène. 

V’erbascum T'hapsus. Lin. Spec. 252. — Ferbascum 


T'apsus barbatus. Blackw. Herb. t. 5. — Yerbascum. 
Pharm. 


Sa racine est pivolante, assez grosse, blanchätre, an- 
nuelle, garnie de fibres; elle donne naissance à une tige 
cylindrique; droile, cotonneuse , haute de 2 à 3 pieds ou 
plus. Ses feuilles sont 6blongues-lancéolées, très-velues, 
molles au toucher, sessiles, prolongées et décurrentes sur 
la Uge. Ses fleurs sont jaunes, nombreuses, assez grandes, 
presque sessiles, rapprochées el serrées les unes près des 
autres dans la partie supérieure de la tige, où elles forment 
un long épi. Cette plante se trouve assez communément sur 
les bords des champs et des chemins; elle fleurit en juillet 
et août. 

Les parties du Bouillon blanc dont on fait usage en méde- 
cine sont les feuilles et les fleurs. Les premières s’emploient 
fréquemment comme émollientes, adoucissantes, calmantes 
et résolutives. Cuites dans l’eau , on les applique en fomen- 
talons sur l’abdomen, dans les maladies inflammatoires de 
celle partie, dans les coliques violentes; on s'en sert aussi 
ulilement sur les hémorroïdes douloureuses. Leur décoction 
se donne avec avantage en lavement dans les mêmes cas. 
Les fleurs, dont les propriétés sont semblables, se prescrivent 
plus parüiculièrement en infusion, comme béchiques, dans 
les rhumes et les phlegmasies de la poitrine. Leur eau dis- 
üilée est depuis long-temps tombée en désuétude. 


SOLANÉES. 4r1 


On peut employer à la place du Bouillon-blanc , el l'on 
substitue effectivement assez souvent, dans les pharmacies 
et chez les herboristes, trois autres espèces du genre Molène, 
dont les vertus sont les mêmes. Ces trois plantes sont la 
Molène phlomide ‘(Ferbascum phlomoïdes. Lin.), la 
Molène à feuilles épaisses ( 7’erbascum crassifolium. De- 
cand.), et la Molène poudreuse ( 7’erbascum pulverulen- 
tum. Vill.). 

Une cinquième espèce de Melène, vulgairement appelée 
Herbe aux Miles ('erbascum Blattaria. Lin.), parce 
qu'on lui attribuait la propriété de détruire l’espèce d’insecte 
connue sous le nom de Aite, était regardée autrefois comme 
vermifuge ; mais son usage est abandonné depuis long temps. 


s Famille LXV. 
PRIMULACÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractères ceux qui 
suivent : calice monophylle, ordinairement à 5 divisions ; 
corolle monopétale , le plus souvent régulière et à 5 lobes; 
étamines en même nombre que les lobes de la corolle, et 
insérés devant eux ; 1 ovaire supérieur, à style simple, ter 
miné par 1 stigmale également simple, rarement bifide; 
1 capsule à 1 loge, contenant plusieurs graines attachées 
autour d’un placenta central. 

Les Primulacées sont des herbes à à feuilles opposées où 
alternes, le plus souvent entières; à fleurs axillaires ou por- 
tées sur des hampes radicales. 

Les propriétés de ces plantes, à la réserve d'un petit 
nombre, sont peu prononcées ou encore mal connues. Le 
Cy clame, celui de toute la famille chez lequel les qualités 
sont le plus développées, a beaucoup d'âcreté; il est émé- 
tique et purgatif. Les Lysimachies sont un peu astringentes, 
et les fleurs des Primevères sont légèrement odorantes. 


23° Genre. — PRIMEVÈRE. PRIMULA. Lin. 
Calice tubuleux, à 5 dents. Corolle infondibuliforme, 


à tube allongé, dé pourvu de glandes, et à limbe par tagé en 
5 lobes. r capsule s'euvrant en à à 10 valves. 


412 PRIMULACÉEÉS. 


PRIMEVÈRE OPFICINALE, vulgairement Primerolle ; 
Brayes de Coucou, Brayette, Fleurs de Coucou, 
Herbe à la paralysie. 

Primula veris. Willd. Spec. 1. p. 801. — Pharm. — 

Primula veris officinalis. Lin. Spec. 204. — Bull. Herb. 
t 171. 


Sa racine est vivace, composée d’un faisceau de fibres 
presque simples ; elle donne naissance à plusieurs feuilles 
ovales-oblongues, d’un vert pâle, ridées, pubescentes , 
bordées de crénelures inégales, rétrécies en pétiole à leur 
base. Du milieu de ces feuilles et du collet de la racine 
s'élèvent 1 à 3 hampes cylindriques, striées, pubescentes, 
hautes de 4 à 8 pouces, terminées par 10 à 12 fleurs ou da- 
vantage , pédiculées, pendantes, d’une couleur jaune pâle, 
avec des taches plus foncées, ayant une odeur agréable, et 
étant disposées en ombelle : le limbe de leur corolle est con- 
cave et de peu de chose plus long que le calice. Cette plante 
est commune dans les prairies el dans les bois humides ; elle 
fleurit en mars et avril. 

Les fleurs de la Primevère officinale passent pour cor- 
diales et céphaliques. On leur, supposait autrefois la pro- 
priété de pouvoir guérir la par alysie, et surtout celle de la 
langue, ce qui a valu à la plante un de ses noms vulgaires. 
Ona également préconisé leur usage dans l’apoplexie, les 
vertiges , les maux de têle. La manière de les administrer 
est de les faire prendre en infusion théiforme; mais leur 
emploi est trés-borné aujourd’hui. L'eau distillée et la con- 
serve qu’on en pr épar ait dans les pharmacies, et auxquelles 
on altribuait les mêmes vertus qu'aux fleurs elles- -mêmes, 
ont encore plus vieilli et sont bien rarement prescriles main- 
tenant. Je ne crois pas non plus que les médecins se servent 
davantage des fleurs de Primevère appliquées en cata- 
plasmes ; on les a dites propres à calmer les douleurs'de la 
goutle et des articulations. Les racines ont élé employées 
comme slernulaloires, mais elles sont tombées en désuétude, 
Dans quelques cantons on mange les feuilles en salade. 


259° Genre. — LiysimAcnie. LYsimACHIA. Lin. 


Calice quinquéfide. Corolle en roue, à 5 divisions. 5 éta- 
mines, 1 ovaire à style filiforme, terminé par 1 stigmate 


PRIMULACÉES. 415 


obtus. Capsule globuleuse s’ouvrant par son sommet en 5 à 
10 valves. 


LYSIMACHIE VULGAIRE, vVulgairement Zysimachie, 
Corneille, Chassebosse, Percebosse , Souci d’eau. 
Lysimachia vulgaris. Lin. Spec. 209. — Bull. Herb. 
t. 3479. — Lysimachion lueur. Pharm. 


Sa racine est rougeâtre, rampante, vivace; elle produit 
une lige droite, pubescente, simple dans sa partie inférieure, 
un peu rameuse supérieurement, haute de 2 à 5 pieds, gar- 
nie de feuilles lancéolées, presque sessiles, tantôt opposées, 
tantôl ternées ou quaternées. Ses fleurs, d’un jaune doré, 
sont disposées en une belle panicule terminale. Cette plante 
est assez commune dans les prés humides et au bord des 
ruisseaux, des étangs ; elle fleurit en juin et juillet, 

La Lysimachie passait autrefois pour vulnéraire et astrin- 
gente; on trouve qu’elle a été conseillée contre les hémor- 
ragies, la leucorrhée, la dysenterie. On l’employait en dé- 
coction ou en poudre; de cette dernière manière on la don- 
nait jusqu’à 1 gros. Sa décoclion servait aussi à faire des 
gargarismes détersifs pour les ulcères de la bouche. Exté- 
rieurement, on l’appliquait en cataplasme après lavoir 
pilée, pour netloyer et consolider les plaies. Aujourd’hui 
elle est entièrement tombée en désuétude, 

On dit que sa fleur peut servir à rendre les cheveux blonds. 


LYSIMACHIE NUMMULAIRE, vulgairement Æ/erbe aux 
êcus, Monnoyere, Nummulaire, Herbe & cent 
maux, Herbe à cent maladies, Herbe qui tue les 
moutons. 

Lysimachia Nummularia. Lin. Spec: 111. — Num- 

mularia major lutea. Flor. Dan. t. 495. — Nummulartia. 
Pharm. 


Sa racine fibreuse, vivace, donne naissance à plusieurs 
tiges, légèrement quadrangulaires, ordinairement simples, 
Jongues de 1 pied ou environ , couchées et rampantes sur la 
terre, garnies de feuilles opposées, arrondies, ou le plus 
souvent ovales, à peine échancrées à leur base, portées sur 
de très-courts pétioles. Ses fleurs sont jaunes, assez grandes, 
solitaires, axillaires, portées sur des pédoncules plus longs 
que les feuilles. Cette plante croît dans Îes prés et dans les 
bois humides ; elle fleurit en juin et juillet, 


414 PRIMULACÉES. 

On ne voit pas trop pourquoi la Nummulaire a reçu le 
nom pompeux d’Æerbe à cent maux, car elle ne paraît pas 
avoir Jamais été très-employée. On trouve seulement qu’ ’on 
Ja mettait anciennement au nombre des Vulnéraires qu’on 
regardait comme propres à cicatriser P ulcère du poumon, 
et que, comine astringente, on la conseillait dans toutes 
sortes de flux atoniques el dans le scorbut. De nos jours elle 
est bannie de la matière médicale. Par opposition à la vertu 
que les médecins lui avaient prêtée d’être bonne pour guérir 
les ulcères du poumon chez l’homme, les gens de la cam- 
pagne, peut-être sans plus de fondement, lui ont attribué 
une propriété toute contraire, celle d'ulcérer les poumons 
des brebis qui en mangeaient. Le suc de cette plante entre 
dans l’emplätie Opodeltoch de l’ancien Codex. 


240° Genre. — MOURON. ANAGALLIS. Lan. 


Calice quinquéfide. Corolle en roue, à 5 lobes ovales, 
égaux. Filamens des étamines velus en leur partie infé- 
rieure. Style filiforme, terminé par 1 stigmate en tête. 1 
capsule globuleuse , s’ouvrant en travers et contenant plu- 
sieurs graines. 


- 


MouroN ROUGE, vulgairement Mouron des champs, 
Mouron mâle. 
Anagallis Phœnicea. Lam. FI. Fr. 2. p. 285. — Ana- 
gallis terrestris mas. Blackw. Herb. t. 43. — Ænagallis, 
Pharm. 


. 
Sa racince-est fibreuse,. annuelle ; elle produit une tige 
divisée dès sa base en rameaux nombreux’, étalés, longs de 
5 à 6 pouces, garnis de feuilles ovales ou ovales: lancéolées , 
sessiles, opposées, glabres. Ses fleurs sont rouges, axillaires, 
portées sur des pédone -ules plus longs que les feuilles. Celte 
lante croît dans les champs et dans les lieux cultivés ; elle 
fleurit pendant tout l’élé. 


MouroN BLEU, vulgairement Mouron femelle. 
Anagallis cœrulea. Lam. FI. Fr. 2. p. 265. — Ana- 
gallis. Pharm. 


Cette plante ne diffère de la précédente que par la cou- 
leur de ses fleurs qni sont bleues au lieu d’être rouges. Elle 
se trouve dans.les mêmes lieux, et fleurit également pen- 
dant tout l’été, 


PRIMULACÉES. 415 


Ces deux espèces de Mouron ont les mêmes propriétés, 
et peuvent indifféremment servir l’ane pour l'autre. Elles 
passaient autrefois pour céphaliques, sudorifiques , alexi- 
tères, elc. On en a conseillé l’usage, et surtout de celle à 
fleurs rouges, dans la manie, l'hypocondrie, l'épilepsie , la 
phrénésie , les fièvres ardentes, On l’a aussi vantée, tant 
intérieurement qu’extérieurement , contre la morsure des 
animaux venimeux et enragés. On en faisait prendre le suc 
ou la décoction ; mais aujourd’hui les Monrons ne sont plus 
du tout ou au moins ils ne sont que fort peu employés en 
médecine, Leurs graines passent pour être un poison pour 
les serins. 

Le Mouron d'eau qui appartient à un autre genre ( Sz- 
molus, Jin.) n'est plus en usage maintenant; il a passé 
jadis pour apéritif et anliscorbutique. 


241° Genre. — CYCLAME. CYCLAMEN. Lin. 


Calice semi-quinquéfide, persistant. Corolle en roue à 
5 découpures réfléchies. Anthères conniventes. Siyle fili- 
P ARE J 
forme plus long que les étamines. 1 capsule charnue, glo- 
buleuse, s'ouvrant au sommet en 3 valves, et contenant 
Ë 2 à 2 
plusieurs graines. 
CycLaAME D'EUROPE, vulgairement Pain-de-pourceau. 
Cyclamen Europæœum. Lin. Spec. 207. — Bull. Herb. 
t. 6. — Cyclamen. Pharm. 


Sa racine est un tubercule arrondi, comprimé, vivace, 
brunäâtre en dehors, blanc intérieurement ; elle donne nais- 
sance à plusieurs feuilles pétiolées, cordiformes , dentées ou 
anguleuses en leurs bords, glabres , d’un vert foncé et pa- 
nachées de blanc en dessus, rougeätres en dessous. Ses fleurs 
sont blanches ou légèrement purpurines, solitaires au som- 
met de hampes longues de 3 à 4 pouces, et qui, comme les 
feuilles, parlent immédiatement de la racine. Après la flo- 
raison et pendant la maturation des fruits, les hampes se 
contournent en spirale. Cette plante croît naturellement 
dans les bois des montagnes; elle fleurit en septembre et 
octobre. 

La racine de Cyÿcelame n’a point d'odeur, mais sa saveur 
est amère el très-âcre. Employée fraiche , elle est émétique 
et fortement purgalive ; la dessiccation diminue l'intensité 
de ses propriétés. On l'a conseillée dans l'engorgement des 


416 | PRIMULACLES, 


viscères du bas-ventre, dans le carreau des enfans et contre 
les vers. Cette racine fait la base de l’onguent d’Arthamita, 
dans lequel entrent aussi plusieurs autres purgatifs, et qui 
était assez fréquemment employé autrefois, à la dose de 2 
à 4 gros, en frictions sur l'abdomen, à titre de purgaif 
et de vermifuge. On a prétendu que cet onguent avait aussi 
la faculté de provoquer le vomissement quand il était appli- 
qué sur l’épigastre , et d'augmenter la sécrétion des urines 
quand il élait mis sur la région des reins ; mais aujourd’hui 
il est tombé en désuétude , ainsi que la racine de Cyclame 
elle-même, à laquelle le nom vulgaire de Pain de pour- 
ceau à élé donné, parce que les cochons en sont friands et 
la recherchent pour s'en nourrir. 


2492° Genre. — CoR1DE. CORIS. Lin. 


Calice à 5 dents et couronné par de pelites pointes épi- 
neuses. Corolle tubuleuse , à 5 divisions mégales. 1 capsule 
globuleuse , cachée dans le calice persistant ; à 1 seule loge 
s’ouvrant en 5 valves, et renfermant plusieurs graines. 

Corip£ DE MONTPELLIER. 

Coris Monspeliensis. Lin. Spec, 252. — Coris quorun- 
dam. Clus. Hist. CLXXIV. 


Sa racine est pivotante, rougeâtre, ligneuse, vivace; elle 
donne naissance à une tige souvent divisée dès sa base en 
rameaux redressés, hauts de # à 6 pouces, garnis de feuilles 
linéaires, nombreuses, un peu ciliées. Ses fleurs sont rou- 
geâtres ou purpurines, presque sessiles et disposées, au 
sommet des rameaux, en épis serrés longs de 1 à 2 pouces. 
Cette plante croît dans les lieux sablonneux et maritimes 
du Languedoc et de la Provence; elle fleurit en mai et juim. 

La Coride est entièrement inusitée en France et en Eu- 
rope; cependant Linné la dit excellente contre la syphilis, 
et Peyrilhe rapporte que les Arabes en font grand usage, 
et la considèrent comme spécifique de la maladie véné- 
xienne. | 


Famille LXVI. 
UTRICULARIÉES. 


Les plantes qui composent cette famille ont pour carac- 
tères : 1 calice persistant, à 2 folioles, ou monophylle et 
partagé en 2 lèvres ; à corolle monopétale, prolongée posté- 


__ UTRICULARIÉES. 417 
rieurement en éperon, et ayant son limbe à 2 lèvres irré- 
gulières; 2 étamines; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un 
style court, terminé par 1 sligmate simple ou bilide ; 1 cap- 
sule à 1 seule loge contenant plusieurs graines. 

Les Utriculariées, qui doivent leur nom au genre Utri- 
cularia , sont des herbes qui croissent dans l’eau ou dans les 
lieux marécageux ; leurs feuilles sont entières et toutes radi- 
cales, ou multifides et alternes ; leurs fleurs sont terminales, 
solitaires , ou disposées en grappes. 

Les propriétés de ces plantes sont encore mal connues. La 
Grasselle commune est âcre, et on la dit émétique et pur- 
galive. ù 


245° Genre. — GRASSETTE. PINGUICULA. Lan. 


Calice à 2 lèvres, dont l’inférieure bifide , et la supérieure 
trifide. Corolle à 2 lèvres, dont la supérieure plus courte, 
partagée en 2 divisions arrondies, et l'inférieure plus grande, 

plane, à 5 lobes. Stigmate bifide. Capsule s’ouvrant par le 
sommet en deux valves. 


GRASSETTE COMMUNE, vulgairement Æ/erbe grasse, 
Herbe huileuse. 

Pinguicula vulgaris. Lin. Spec. 25. — Poit. et Turp. 
POPAr 9.11 20. 

Sa racine fibreuse, annuelle, donne naissance à 6 ou 8 
feuilles ovales-oblongues, d’un vert pale, visqueuses, lui- 
sanles , comme enduites d’une matière huileuse, étalées et 
disposées en rosette sur la terre. Du milieu de ces feuilles 
s'élèvent successivement depuis 1 jusqu'à 6 hampes bautes 
de 5 à 6 pouces, portant chacune à leur sommet une fleur: 
un peu inclinée, d’un bleu violet, et d’un joli aspect. Cette 
plante croît dans les prés humides et marécageux; elle 
fleurit en mai et juin. 

La Grassette commune n’est point employée en méde- 
cine. Ses feuilles fraîches sont , dit-on, émétiques el purga- 
tives, mais elles doivent plutôt être regardées comme sus- 
pectes et dangereuses, puisque, selon Clusius, cette plante 
est appelée dans les parties méridionales de l'Angleterre 
FWhytroot, c'est-à-dire, 'Fue-brebis, parce qu'elle fait 
mourir les moutons qui en mangent. Les paysans, dans 
certains cantons, font avec le suc onctueux exprimé de ces 
mêmes feuilles, une sorte de liniment qu’ils emploient pour 


D à 


418 UTRICULARIÉES, 


appliquer sur leursblessures, et les femmes sur les gerçures 
du sein. En Danemarck, les paysans se $ervent de ce suc en 
guise de pommade pour graisser leurs cheveux. 

Linné attribue aux feuilles de Grassette une propriété 
assez singulière, il dit qu’elles font cailler le lait, en lui don- 
nant une consistance particulière ,*sans que la sérosité s’en 
sépare, et qu'en Laponie on prépare habituellement de ce 
lait en versant celui des rennes, récemment tiré, sur des 
feuilles de cette plante. Ce lait ainsi une fois préparé peut 
servir, pendant toute l’année, à en faire d’autre semblable 
sans avoir besoin de nouvelles feuilles, mais en en mêlant 
seulement une cuillerée avec le lait qu’on vient de traire. 


Famille LX VII. 
: PERSONÉES. , 


Les Personées doivent leur nom à la forme particulière 
des fleurs de plusieurs espèces, qu’on a comparée à celle 
d'un masque, Persona en latin. Elles ont pour caractères : 
‘1 calice à 5 divisions, ou le plus souvent à 5 folioless à co- 
rolle monopétale, à limbe partagé en plusieurs lobes irré- 
guliers, formant ordinairement: 2 lèvres; 4 étamines dont 
2 plus longues et 2 plus courtes, rarement 2 étamines séu- 
lement; 1 ovaire supérieur, surmonté d'un style terminé 
par 1 stigmale simple ou à 2 lobes; 1 capsule à 2 valves, 
à 2 loges contenant des graines nombreuses attachées sur 
les deux côtés d’un réceptacle central parallèle aux valves, 
et servant de cloison entre elles. PA 

Les Personées sont des plantes herbacées, à feuilles al- 
ternes ou opposées; à fleurs axillairés, souvent disposées en 
épi ou en panicule à l'extrémité des tiges. 

Ces plantes doivent en général être regardées comme sus- 
pectes; les unes, émétiques et purgalives, sont douées, sous 
ce rapport, d’une énergie de propriété qui ne permet guère 
de les employer sans danger , si ce n’est à petites doses ; 
telles sont les Digitales et la Gratiole. Les autres, comme les 
Linaires, les Mufliers, les Scrophulaires, les Pédiculaires, etc. 
paraissent moins actives ; mais elles sont encore mal connues 
quant à leur véritable manière d'agir, et l’on ne sait point 
au juste comment les apprécier. Les Véroniques, un peu 
toniques et légèrement aromatiques , s'éloignent assez sen- 
siblement des facultés des autres genres de la famille. 


PERSONÈES. 419 
o44e Genre. — GRATIOLE. GRÂTIOLA. Lin. 


Calice de 5 folioles. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres, dont 
Ja supérieure à 2 lobes, et l’inférieure à 3 divisions égales. 
2 étamines fertiles et 2 filamens stériles. Stigmate à 2 lobes. 
Capsule ovale. 


GRATIOLE OFFICINALE, vulgairement Gratiole, Herbe 
a pauvre homme. 
Gratiola officinalis. Lin. Spec. 24.—Bull. Hexb. t. 150. 


— Gratiola. Pharm. 


Sa racine est noueuse, rampante, blanchätre, vivace ; 
elle produit une ou plusieurs tiges droites, cylindriques, 
glabres comme toute la plante, simples, hautes de 1 pied ou 
environ, garnies de feuilies sessiles , opposées, d'un vert 
clair, deniées en leurs bords. Ses Huns d'un DEN jauvâtre, 
mêlé de pourpre clair en leur limbe, sont pédonculées, 
solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette 

lante croit dans les prairies humides , marécageuses, et sur 
les bords des étangs ; elle fleurit en juin et juillet. 

La Gratiole est inodore, mais elle a une saveur nau- 
séeuse et amère. Elle est: émétique, purgative, drastique, 
vermifuge. Les parties dont on fait usage sont les tiges gar- 
nies de leurs feuilles et de leurs fleurs, parce qu’on recueille 
ordinairement la plante pendant la floraison. On a em- 
ployé la Gratiole dans la goutte, les maladies cutanées, 
contre les vers, dans les hydropisies. C’est dans ce dernier 
cas surtout, lorsque la maladie est essentielle, qu'on peut 
se servir de la Gratiole avec beaucoup d° avantage. C’est à 
tort que Boulduc a préconisé sa racine pour la dysenterie ; 5 
son emploi, dans tous les temps de celte maladie, paraît à 
peine pouvoir être quelquefois utile dans des cas de compli- 
cation, d’embarras gastrique ; mais le plus couvent il serait 

évidemment contraire. Si d’ailleurs cette racine provoque le 
vomissement à la manière de l’Ipécacuarha, comme l’assure 
Boulduc, elle pourra lui être substituée dans les cas qui 
nécessitent l'emploi des émétiques. Sa dose, selon cet auteur, 
peut être de 36 grains à 1 gros. Plusieurs médecins alle- 
mands, qui indiquent aussi celte racine comme émétique, 
veulent qu’on ne l’administre que de 12 à 48.grains. 

C’est principalement comme purgatives que les parties 
herbacées de la Gratiole sont employées, non point à la 


9 
“ 


420 PERSONÉES. . 

. vérité, ou au moins fort peu, par les médecins, mais bien par 
le peuple, et c’est probablement à cause de cela que cette 
plante a reçu le nom d’Æerbe a pauvre homme. On l'a 
accusee, en général, d'agir avec trop de violence, et ce re- 

roche n’est pas sans fondement, quoique MM. Coste et 
Willemet aient dit qu’elle était très-propre à remplacer le 
Séné, à la dose de 1 à 5 gros en infusion ou en légère dé- 
coction. Quant à moi, ayant fait prendre une très-légère 
décoction de 5 gros des tiges et des feuilles recueillies depuis 
plus de six semaines et parfaitement sèches, la malade, 
qui était une femme de #1 ans et d’une constitution assez 
robuste, eut sept à huit vomissemens et dix à douze selles 
qui furent accompagnées de fortes coliques. Ces abondantes 
évacualions n'euren£ heureusement aucune suite fâcheuse. 

La Gratiole, administrée en lavemens, est susceptible de 
produire, particuliérement chez les femmes, des accidens 
très-graves. M. le docteur Bouvier rapporte, dans le 54° 
volume du Recueil de la Société de Médecine de Paris, les 
observations de quatre femmes, qui furent attaquées de 
nymphomauie après avoir fait usage de lavemens composés 
avec la décoction des feuilles fraîches de cette plante. L’ex- 
trait aqueux qu’on en préparait autrefois dans les pharma- 
cies n’est plus usité aujourd’hui. 


45° Cenre.. — DiciTALE. DIGITALIS. Lin. 


Calice de 5 folioles inégales. Corolle tubulée à sa base, 
ensuile ventrue , beaucoup plus grande que le calice, à 
limbe oblique, partagé en 4 lobes inégaux, dont l’inférieur 
plus grand. # étamines. Capsüle ovale, pointue. 


DiciTALE POURPRÉE, vulgairement Doistier, Gant de 
Notre-Dame. 
Digitalis purpurea. Lin. Spec. 866. — Bull. Herb. 


4. 21. — Digitalis. Pharm. »« | 


Sa racine fibreuse, bisannuelle, donne naissance à une 
tige cylindrique , glabre ou pubescente, droite, simple, 
haute de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéolées , 
un peu ridées, molles au toucher , presque cotonneuses en 
dessous, dentées en leurs bords; les inférieures plus, ou 
moins longuement péliolées, les supérieures sessiles. Ses 
fleurs sont grandes , d’une belle couleur purpurine , agréa- 
blement tachetées intérieurement, pendantes, nombreuses, 


PERSONÉES. 42x 
tournées d’un mème côté, et disposées en une longue grappe 
simple et terminale. On en trouve quelquefois une variété 
à fleurs toutes blanches. Cette plante croît dans les bois et 
sur les collines ; elle fleurit en juin et juillet. 

Les parties de la Digitale dont on fait ordinairement 
usage sont les feuilles: on regarde Jes racines et les fleurs 
comme moins actives. C’est au printemps, quand la tige 
commence à monter pour produire les fleurs, que doit se 
faire la récolte des feuilles. Celles-ci ont une saveur très- 
amère, jointe à un peu d’äcreté. 

La Digitale est une plante très-active qui agit comme 
émétique et purgative, toutes les fois qu'elle est donnée à 
des doses un peu élevées; elle peut même produire des ac- 
cidens plus ou moins graves, comme la cardialgie, de vio-. 
lentes coliques et des superpurgations dangereuses. Admi- 
nistrée, au contraire, par pelites doses long-temps conti- 
nuées, elle n’agit plus sur les premières voies: mais sa 
principale influence se porte sur le système de la circulation 
et sur le système lymphatique , en ralentissant sensiblement 
l’action du premier, tandis qu’au contraire, elle donne plus 
d’énergie au second. Ainsi, par l'usage habituel de la Digi- 
tale, les battemens du cœur et des artères dimmuent en 
proportion de son emploi long-lemps continué. On trouve 
dans les auteurs des exemples des pulsations du pouls, ré- 
duites à cinquante, à quaranle, à trente et même à vingl par 
minute. Le docteur Graffenaver a rapporté un exemple de 
ce dernier cas, et il n’y a que quelques mois quelle même 
fait s’est présenté dans ma pratique chez une femme de 
55 ans, qui, pendant vingt-deux mois, avait fait presque 
continuellement usage d’une infusion vineuse de Digitale ; 
les pulsations du pouls étaient, chez elle, réduites à vingt 
par minute. D'un autre côté, une foule d'observations prou- 


vent que cette même plante augmente la sécrétion de l’u-” 


rine, celle de la sueur , ainsi que l’expectoration. 

De ces propriétés qui paraissent bien positives, on a cher- 
ché à déterminer les cas dans lesquels la Digitale pourrait 
être utile , et on a successivement proposé et vanté son em- 
ploi dans les scrophules, les hydropisies, les anévrismes 
du cœur et des gros vaisseaux, l’hémoptysie, la phthisie 
pulmonaire, le croup, les fièvres intermittentes. De toutes 
ces affections, célles dans lesquelles la Digitale paraïîl avoir 
eu les succès les plus soutenus, ont été les Bydropisies essens 


Dd 5 


—— 


492 PERSONÉES. 


tielles, On a dit aussi qu’elle avait été souvent éfficace dans 
les scrophules ; mais la nature doit peut-être revendiquer 
une bonne partie des guérisons qu'on lui a attribuées. Dans la 
phthisie et dans les lésions organiques des gros vaisseaux , 
elle a bien pu soulager les malades pendant quelques jours, 
qnelques semaines, ou quelques mois tout au plus, en ra- 
lentissant pour un temps les progrès de leurs maux ; mais, 
dans le dernier cas surtout, la guérison est impossible. Dans 
toutes les autres maladies, comme le croup, lhémoptysie 
et les fièvres intermittentes , quoiqu’on ait obtenu des suc- 
cès, on ne doit point en conclure que la Digitale était le 
meilleur remède à employer. Il en est de mème de son usage 
dans la goutte, le rachitis et l’épilepsie. 

La Digitale s’administre en nature et en poudre, à la dose 
d’un demi-grain à 1 grain pour commencer, et on la con- 
tinue en l’augmentant successivement tous les trois à quatre 
jours, d’un quart ou d’un tiers de grain, jusqu'à ce qu’on 
soit parvenu à 6 ou 8 grains. En infusion aqueuse ou vi- 
neuse , les feuilles de Digitale se donnent de même depuis 
12 grains jusqu à 2 et 3 gros pour une pinte de liquide, On 
en prépare dans les pharmacies une teinture alcoolique et 
une teinture éthérée qui se prescrivent de 1 à 4 goulics, en 
augmentant graduellement avec le temps. J’ai porté une 
fois la temture alcoolique jusqu'à 5o gouttes quatre fois par 
jour , à la fin d'un traitement d’une affection scrophuleuse, 
lequel avait duré six mois. À cette dose, qui ne fut pas 
poussée plus loin à cause de la guérison ;: le pouls tomba 
pendant plusieurs jours de suite à quarante pulsations par 
minute. 

Dans les campagnes, et particulièrement dans certains 
cantons de l’Angleterre, les gens du peuple se servent, pour 
se purger , de la décoction des feuilles de cette plante , et 
comme ils en prennent souvent des doses trop fortes, il n’est 
pas rare qu’ils se causent par là des superpurgations fà- 
cheuses avec de violens vomissemens. 


246° Genre. — SCROPHULAIRE. $SCROPHULARIA. Lin. 


Calice monophylle, à 5 lobes. Corolle presque globu- 
leuse, à limbe à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 lobes arron- 
dis, et l'inférieure à 3 divisions. 4 élamines. Stigmate sim- 
ple. Capsule arrondie, à 2 valves ayant leurs bords rentrans, 


PERSONÉES. 423% 


SCROPHULAIRE NOUEUSE, vulgairement Scropluluire 
des bois, grande Scrophulaire. 
Scrophularia nodosa. Lin. Spec. 865.— Scrophularia. 
Dod. Pempt. 50. — Scrophularia major. Pharm. 


Sa racine est noueuse, horizontale, vivace, blanchâtre, 
grosse comme le doigt; elle donne naissance à une tige qua- 
drangulaire , d’un rouge brun, droite, ordinairement sim- 
ple, haule de 2 à 4 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéo- 
lées , à peme échancrées en cœur à leur base, péliolées, 
opposées, glabres, d'un vert sombre, bordées de nombreuses 
dents inégales et aiguës, Ses fleurs sont d’un pourpre noiï- 
râtre, portées sur des pédoncules rameux , opposés, et dis- 
posées en une grappe paniculée , droite et terminale. Cette 
plante croit dans les bois des montagnes, aux lieux om- 
bragés; elle fleurit en juin et juillet. 

La grande Scrophulaire a une saveur amère, avec une 
odeur fétide et nauséabonde. Elle passe pour être résolutive, 
tonique , sudorique et vermifuge. Ses racines, ses feuilles et 
ses graines ont élé recommandées pour différentes maladies. 
Les racines en poudue , à la dose d’un gros, ont été con- 
seillées, fort inutilement sans doute, contre les hémorroïdes. 
Les graines à la même dose sont utiles contre les vers, selon 
Tragus. Mais c’était des feuilles appliquées en cataplasme 
sur les tumeurs scrophuleuses et sur les hémorroïdes, qu’on 
faisait le plus d'usage autrefois. On composait aussi, avec 
le suc exprimé de la plante fraîche et avec de l'Axonge, 
un onguent dont on se servail contre les maladies de la 
peau, la gale, les dartres. On en préparait encore une eau 
distillée. Ces deux préparations sont tombées en désuétude, 
ainsi que la plante elle-même. 


SCROPHULAIRE AQUATIQUE, vulgairement Bétoine 
d'eau, Béloine aquatique, Herbe du siége. 
Serophularia aquatica. Lin. Spec. 864. — Scrophula- 
ria aquatica major. Flor. Dan. t. 507. — Betonica aqua- 
tica. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente par sa racine fibreuse, 
par ses feuiiles plus allongées, crénelées et non dentées en 
scie, ordinairement termimées en pointe obtuse. Elle croît 
dans les fossés aquatiques, sur les bords des ruisseaux, et 
fleurit en juin et juillet. 

D d 4 


424 PERSONÉES, 


Les prétendues vertus vulnéraires attribuées à cette plante 
et l'utilité dont elle fut, dit-on, pour guérir toutes sortes de 
blessures pendant le long siége de La Rochelle, lui ont valu 
uu de ses noms vulgaires. Boulduc lui prête PU propriété de 
corriger le goût désagréable du Séné, en mêlant ses feuilles 
par parties égales dans les infasions de ce purgalif; mais on 
peut raisonnablement douter qu’une plante qui a elle-même 
une odeur nauséeuse puisse avoir celte influence. Aujour- 
d’hui la Scrophulaire aquatique n’est pas plus usitée que 
celle des bois; on doit croire qu’elle a des vertus analogues ; à 
mais celles que peut posséder cette dernière elle-même, ne 
paraissent encore que trés-vaguement connues. 


247e Genre. —VaNAIRE. LINARIA4. Tournef. 


Calice à 5 folioles persistantes. Corolle à tube renflé, 
munie d’un éperon à sa base ; à limbe partagé en 2 lèvres, 
dont la supérieure bifide, et l’inférieure trifide, ayec une 
éminence convexe fermant l’entrée de la corolle. 4 éta- 
mines. Capsule ovale s’ouvrant au sommet en 5 à 5 décou- 
pures. 


LiNAIRE COMMUNE, vulgairement Zuinaire, Lin sau- 
vage 
Linaria vulgaris. Moœnch. Meth. 524. — Zinaria 
Phar m.— Anlirrhinum Linaria. Lin. Spec. 856.— Bull. 
Herb. t. 261. 


Sa racine est rampante, dure, blanche, vivace; elle pro- 
duit une ou plusieurs tiges ordinairement simples, hautes 
de 1 pied à 1 pied et demi, glabres ainsi que toute la plante, 
garnies de feuilles linéaires-lancéolées, sessiles, d’un vert 
glauque, nombreuses. Ses fleurs jaunes, assez grandes, sont 
rapprochées les unes des autres en un bel épi terminal. Cette 
plante croît communément sur les bords des champs et 
dans les terrains incultes; elle fleurit pendant tout l'été. 

La Linaire a une odeur légèrement vireuse, nauséabonde, 
et sa saveur est un peu amère et désagréable. Elle a passé 
autrefois pour purgative, et surlout pour diurélique ; on 
l'employait dans l’hydropisie, dans la jaunisse. Mais c’est 
principalement à l’exlérieur, comme émolliente et cal- 
mante, qu’on en faisait usage. Ses feuilles et ses fleurs, cuites 
dans le lait ou dans Peau, s’appliquaient en cataplasmes sur 
les hémorrvïides gonflées et douloureuses, On faisait même 


PERSONÉES. | 425 
par leur coction avec de l’Axonge, un onguent qui a joui 
‘d’une grande réputation pour la guérison des hémorroïdes. 
Aujourd'hui cet onguent est entièrement oublié, et la plante 
elle-même n’est plus que très-rarement employée. 

La Linaire bâtarde, vulgairement 7’e/vote où Féro- 
nique femelle, dont les tiges sont couchées et les feuilles 
ovales et velues, est douée, dit-on, des mêmes propriétés 
que la Linaire; mais elle est de mème tombée en désuétude. 

La Linaire Cymbalaire, vulgairement Cymbalaire, est 
astringente et vulnéraire selon les uns, vénéneuse selon 
d’autres. On n’en fait jamais usage maintenant. 


248° Genre. — FUPHRAISE. EUPHRASIA. Lan. 


Calice tubuleux, quadrifide. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres, 
dont la supérieure concave et échancrée, l’inférieure à 3 
lobes égaux. 4 étamines à anthères ayant un de leurs deux 
lobes acuminé à sa base. . 


EUPHRAISE OFFICINALE , vulgairement Eufraise. 
ÆEuphrasia officinalis. Lin. Spec. 841. — Bull. Herb. 
t. 255. — Euphrasia. Pharm. 


Sa racine est fibreuse , presque simple , menue, annuelle; 
elle donne naissance à 1 tige d’un vert rougeàtre, velue, 
haute de 3 à 8 pouces, ordinairement lrès-ramieuse , garnie 
de feuilles ovales, sessiles, opposées dans sa partie inférieure, 
alternes dans la supérieure, et bordées de dents grandes, 
comparativement à l'étendue de leur limbe. Ses fleurs sont 
petites, d’une couleur blanche, mêlée de jaune et de violet 
clair, axillaires, presque sessiles, rapprochées dans la partie 
supérieure des tiges et des rameaux en une sorte d'épi. Cette 
plante croît dans les prés secs et sur les bords des bois ; elle 
fleurit depuis le mois de mai jusqu’en septembre. 

L’Euphraise a une saveur un peu amère ; elle passe pour 
astringente et céphalique, et elle a surtout joui autrefois 
d’une grande réputation pour les maladies des yeux. On lui 
attribuait la propriété de fortifier la vue, de la rétablir lors- 
qu'elle était faible et prête à s’éteindre; on a été jusqu'à dire 
qu’elle l'avait rendue à des vieillards qui l'avaient perdue. 
Aujourd’hui les médecins ne croient plus que l’'Euphraise 
puisse opérer de pareilles merveilles, et l'usage qu'ils en font 
est infiniment borné. 


426 PERSONÉES# 
240° Genre. — VÉRONIQUE. V'ERONICA. Lin. 


Calice à # et plus rarement à 5 divisions. Corolle ordi- 
nairement en roue , à 4 lobes inégaux. 2 étamines. Stigmate 
simple. Capsule en cœur , ou quelquefois ovale, à 2 loges, 
ayant sa cloison opposée au grand diamètre des valves. 


VÉRONIQUE BÉCABUNGA, vulgairement Becabunga , 
Véronique cressonnée. 
Veronica Becabunga. Vin. Spec. 16. — ÆAnagallis 


aquatica Becabunga. Blackw. Herb. t, 48.— Becabunga, 
Pharm. 


Sa racine fibreuse, blanchâlre , rampante, vivace , donne 
naissance à une tige couchée à sa base, glabre comme toute 
la plante, prenant racine à ses nœuds, longue de 8 à 15 
pouces, garnie de feuilles opposées, courtement pétiolées, 
ovales, obtuses, dentées en scie. Ses fleurs sont d’un bleu 
clair, petites, disposées en grappes plus longues que les 
entre-nœuds, et placées dans les aisselles des feuilles supé- 
rieures. Cette plante croît dans les ruisseaux et les fontaines; 
elle fleurit en mai, juin, et une grande partie de l'été. 

Le Bécabunga a une saveur un peu amère, âcre et pi- 
quante. Îl est légèrement excitant, tonique et diurétique. 
On l’emploie dans les maladies cutanées, le scorbut , les en- 
gorgemens des viscères du bas-ventre. On le prescrit en in- 
fusion théiforme , et l’on fait surtout prendre le suc exprimé 
de la plante fraîche à la dose de 1 à 4 onces, soit seul, soit 
mêlé au suc des Crucifères. Extérieurement, on a souvent 
fait avec succès usage de ses feuilles et de l’herbe fraîche en 
application sur les ulcères atoniques et scorbutiques. Cette 
plante entre dans toutes les préparations antiscorbutiques ; 
on faisait autrefois, dans les pharmacies, un sirop avec son 
. suc. Dans quelques pays on la mange en salade. 

La Véronique mouronnée ( f’eronica Anagallis. Lan.), 
qui se distingue de la précédente par ses feuilles sessiles, lan 
céolées, el par ses fleurs d’un rouge tendre ou blanches, 
disposées en grappes plus allongées, n’en diffère guère, 
quant aux propriétés, si ce n’est qu’elle passe pour être plus 


faible. 


PERSONÉES. 427 


VÉRONIQUE OFFICINALE, vulgairement 7”éromique mâle, 
Thé de l’Europe. t 
V’eronica officinalis. Lin. Spec. 14. — Veronica mas. 


Fuchs. Hist. 166. — Pharm. 


Sa racine fibreuse, vivace, produit une tige rameuse et 
couchée à sa base, poussant des racines de ses nœuds, re- 
dressée dans sa partie supérieure, longue en tout de 4 à 6 
pouces, un peu velue comme toute la plante, et garnie de 
feuilles ovales , opposées, dentées, rétrécies à leur base en 
un court pélioie. Ses fleurs sont très-pelites, d’un bleu tendre, 
quelquefois blanches, avec des veines purpurines plus fon- 
cées, disposées en grappes serrées el axillaires. Cette plante 
est commune dans les bois, sur les collines, et dans les prés 
secs; elle fleurit pendant tout l'été. 

La Véronique officinale est un peu amère et aromatique ; 
elle est légèrement excilante, et passe pour béchique, sudo- 
rifique , apéritive, céphalique et vulnéraire. On fait usage 
de ses feuilles et de ses sommités en infusion théiforme, à la 
dose de 1 à 2 pincées pour une pinte d’eau, dans les catarrhes 
atoniques, l'asthme humide. On a aussi conseillé Ja Véro- 
nique dans la jaunisse, les obstructions des viscères du bas- 
ventre, la gravelle, la colique néphrétique, la migraine, 
les étourdissemens. Son eau distillée et son sirop ne sont plus 
en usage. Dans le Codex de l’ancienne faculté, cette plante 
est au nombre des substances qui entrent dans la composi- 
üon du baume et de l’onguent Vulnéraires. 

La Véronique Teucriette, vulgairement Véronique des 
prés, Germandrée bâtarde (’eronica Teucrium. Lin. ), la 
Véronique petit Chêne’, ou Véronique des bois ( F’eronica 
Chamædrys. Lin.) , et la Véronique à épi (Y’eronica spi- 
cata. Lin.) ont des propriétés analogues à la Véronique 
oflicinale et s'emploient quelquefois à sa place. 


Famille LXVIIT. 


ACANTHÉES. 


Cette famille ne se composant, en plantes indigènes, que 
d’un seul genre, il est inutile d’indiquer d’une manitre 
générale ses caractères et ses propriétés, qui se trouvent 
nécessairement être ceux de ce genre. 


428 ACANTHÉES, 
250° Genre. — ACANTHE. ACANTHUS. Lin. 


Calice de 4 folioles, dont les 2 extérieures beaucoup plus 
longues. Corolle monopétale, tubulée, labiée:; la lèvre su- 
périeure nulle, l’inférieure très-grande, à 3 lobes. 4 éta- 
mines didynames. 1 ovaire supérieur, à style simple, ter- 
miné par 1 stigmate bifide. 1 capsule ovale, s’ouvrant élas- 
tiquement en 2 valves, divisée en 2 loges par une cloison 
opposée et adnée au milieu des valves : 1 ou 2 graines dans 
chaque loge. : 


ACANTHE MOLLE, vulgairement ÆAcanthe, Branc- 
Ursine. - 
Æcanthus mollis. Tan. Spec. 891.— {canthus Branca- 
Ursina. Blackw. Herb. t. 69. — Acanthus. Pharm. 


Sa racine est épaisse, vivace, brunâtre en dehors, blan- 
chätre en dedans, horizontale, munie de fbres menues; elle 
donne naissance à une tige simple, droite, ferme, haute de 
1 pied et demi à 2 pieds, portant dans sa moitié supérieure 
des fleurs grandes, blanchâtres, nombreuses, disposées en 
un bel épi terminal. Ses feuilles sont très-grandes, sinuées, 
piunatifides, glabres, molles au toucher, d’un vert foncé, 
étalées autour de la partie inférieure de la tige. Cette plante 
croit dans les lieux humides et ombragés de la Provence et 
du Languedoc ; elle fleurit en juillet et août. 

Les feuilles et les racines d’Acanthe sont émollientes. On 
a conseillé leur décoction en lavemens, en fomentations. 
Celle des racines a particulièrement élé recommandée pour 
le crachement de sang ; mais l’Acanthe a toujours été rare- 
ment employée, et on ne s’en sert plus du tout maintenant, 
parce qu'on ne manque pas d’autres plantes qui ont les 
mêmes propriétés et qui sont plus communes. 


Famille LXIX. 
OROBANCHÉES. 


Les plantes de cette famille doivent leur nom au genre 
Orobanche ; elles offrent les caractères suivans : Calice à 4 
ou 5 divisions inégales ; corolle monopétale à 2 lèvres; 4 éla- 
mines didynames; 1 ovaire supérieur, simple , surmonté 
d'un style à stigmate bilobé ou tronqué; 1 capsule unilocu- 


OROBANCHÉES. 429 


laire, bivalve, contenant plusieurs graines dont les placentas 
sont adhérens au milieu des valves. 

Les Orvbanchées sont des herbes souvent parasites, à tige 
presque succulente ou charnue, garnie d'écailles au lieu de 
feuilles; à fleurs rarement solitaires, plus ordinairement 
disposées en épi. 

Jusqu'à présent leurs propriétés ne sont pas déterminées 


d'une manière posilive. 
251° Genre. — CLANDESTINE. LATHRÆA. Lin. 


Calice campanulé, 4-fide. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres, 
dont la supérieure concave, et l’inférieure réfléchie à 5 lobes, 
Stigmate tronqué. 

CLANDESTINE ORDINAIRE, vulgairement //erbe cachée, 

Clandestine. 


Lathræa Clandestina. Lin. Spec. 845. — Lam. Illust. 
* LUE SE dE 


Sa racine est horizontale, vivace; elle donne naissance à 
une tige rameuse, cachée dans l’herbe ou dans la mousse, 
garnie d’écailles charnues, blanchäâtres, opposées, serrées et 
comme imbriquées, tenant lieu de feuilles. Ses fleurs sont 
d’un pourpre violet, assez grandes, portées sur des pédon- 
cules solitaires dans les aisselles des écailles supérieures. 
Cette plante se trouve dans le lieux humides et ombragés ; 
elle fleurit en avril et mai. 

La Clandestine est aujourd’hui bannie de la matière mé- 
dicale. Le trop crédule Daléchamps lui attribue la propriété 
de rendre fécondes les femmes qui sont stériles. On regarde 
maintenant comme un conte, la prétendue observation qu'il 
rapporte pour preuve de son opinion, et qu'il faut lire, 
si l’on veut s’en amuser, dans la vieille traduction de Jean 
Desmoulins, vol. 1. p. 959 et 960. 


Famille LXX. 


» 


JASMINEES. 


Calice monophylle, à 4 on 5 dents; corolle monopétale, 
infondibuliforme, à 4 ou 5 découpures régulières: 2 éta- 
mines; 1 oVaire supérieur, surmonté d’un style à sligmate 
le plus souvent à 2 lobes; 1 capsule, ou un drupe à 1 ou 2 


1450 JASMINÉES. 
loges, ou enfin une baie contenant 1 à 4 graines ; tels sont 
les caractères des plautes de cette famille. 

Les Jasminées sont des arbrisseaux à feuilles simples « ou 
composées, souvent opposées, quelquefois allernes ; et à 
fleurs en corymbe ou en grappe. 

Leurs fleurs sont douées en général d’un parfum agréable, 
Leurs feuilles sont un peu amères et astringentes. Leurs 
fruits méritent peu de considération, si ce n’est celui de 
lOlivier qui offre cette particularité, que c’est la pulpe de 
son drupe qui contient une huile fixe, tandis que dans tous 
les autres fruits, cette substance n’exisle que dans leurs 
graines. Sous ce rapport, l'Olivier est d'un grand intérêt à 
cause de ses propriétés économiques. 


252° Genre. — JASMIN. JASMINUM. Lan. 


Calice à 5 dents. Corolle infondibuliforme , à 5 divisions. 
Style filiforme, à stigmate bifide. 1 baie ovoïde à 2 loges, 
contenant PRE 1 graine. 


JASMIN OFFICINAL, ou JASMIN COMMUN. 
Jasminum officinale. Lin. Sper 9+ — Bull. Herb. 
t. 231. 


Cette plante est un arbrisseau- dont les tiges se divisent 
dès leur base en rameaux nombreux, sarmenteux, pouvant 
s'élever à 10 ou 12 pieds et plus quand ils rencontrent de 
quoi s'appuyer. Ses feuilles sont opposées, péliolées , com- 
posées communément de 7 folioles ovales-oblongues, poin- 
iues, d’un vert assez foncé et glabres. Ses fleurs sont blan- 
ET , disposées en petit corymbe à l’extrémité des rameaux : 
élles Ralen un parfum très- agréable. Le Jasmin est ori- 
ginaire des pays chauds de Asie, mais apporté depuis plu- 
sieurs siècles en Europe, il y est Pigier naturalisé de 
telle manière, que dans le climat de Paris il supporte le 
froid de nos Die ers en pleine terre. Il fleurit en été. 

Les fleurs de Jasmin passaient autrefois pour émollientes, 
résolutives etemménagogues ; mais leur emploi en médecine 
est aujourd’hui entièrement tombé en désuétude. Leur forme 
élégante, leur douce couleur, et plus encore leur odeur 
suave, les font estimer pour l’ornement des jardins. Elles 
COTÉNERE une huile essentielle. très-odorante, et s1 vola- 

tile qu’on ne peut la retirer par les moyens dinars mais 
dont l'huile fixe des Amandes douces est susceptible dé se 


JASMINÉES. 4521 


charger, et que, par un uen particulier , on obtient 
combinée avec cette dernière. Les parfumeurs, surtout , en 
font beaucoup d’usage ; car, quoique quelques Hier 
l’aient recommandée en CERRRE A sur les membres, dans la 
paralysie et dans les maladies nerveuses el convalsives, elle 
est fort peu usitée sous ces rapports. 


255° Genre. — OLIVIER. OLEA. Lin. 


Calice petit, à 4 dents. Corolle à tube court. à limbe 
partagé en 4 découpures ovales. 2 étamines. Stüigmate à 
2 lobes. 1 drupe contenant un noyau qui renferme 1 où 2 
graines. 


OziviEer D'EUROPE, vulgairement l'Olivier. 

Olea Europæa. Lin. Spec. 11.— Olea sativa. Blackw. 
Herb. t. 199. — Olea. Pharm. 

L'Olrier est un argre qui s'élève à 20 ou 50 pieds, en se 
divisant en branches souvent tortueuses, subdivisées en ra- 
meaux qui forment rarement une tête arrondie el régulière. 
Ses feuilles sont opposées , coriaces, persistantes, lancéolées, 
d'un vert plus ou moins foncé en dessus, blanchâtres en 
dessous. Ses fleurs sont blanches , pelites, disposées en grap- 
pes dans les aisselles des feuilles, et de la longueur de celles-ei. 
Les fruits, connus sous le nom d Olives, sont de petits drupes 
ovoïdes, res dont la pulpe est oléagineuse lors de la 
parfaite maturité. Cet arbre est originaire de l'Asie, mais 
cultivé en Europe depuis très-long-temps, et transplanté dans 
la Gaule par les Phocéens, qui fondèrent Marseille 600 ans 
avant J. C. Il est aujourd’hui naturalisé en Provence ainsi 
qu'en Languedoc; il fleurit en juin. 

L'huile d'Olive est d’un usage beaucoup plus général 
comme assaisonnement dans la cuisine, que comme sub- 
stance médicamenteuse ; Cependant, Eire les pays du midi 
surtout, on la Satis: souvent à celle d’Amandes douces, 
Elle est, comme cette dernière, émolliente, adoucissante, 
Jaxative, vermifuge. On la donne à la dose de 2 gros à 
1 once Fees les potions pectorales , pour les phlegmasies de 
la poitrine, les affections catarrhales aiguës. Dans les em- 
poisonnemens par les cantharides , par des matières miné- 
rales corrosives, ou par des végétaux äcres et caustiques, il 
est très bon d’en faire prendre de grandes doses. Dans les 
maladies inflammatoires de l'abdomen, on en ajoute avec 


452 JASMINÉES. 


avantage depuis 1 jusqu’à plusieurs onces dans les lavemens 
émolliens. Extérieurement, en frictions , elle a été reconnue 
être utile contre les morsures des replies venimeux el contre 
les piqüres des insectes de même nature. On l’a aussi essayée 
de la même manière, comme prophylactique, contre la 
peste ; mais les résultats obtenus jusqu’à présent n’ont en- 
core rien d’assez positif. C’est principalement dans certaines 
compositions pharmaceutiques que cette huile est employée; 
elle fait partie essentielle de toutes celles connues sous les 
noms d’emplâtres, d’onguens, de cérats, de pommades, de 
linimens, d’huiles; dont le nombre est beaucoup plus res- 
treint maintenant qu'autrefois. 

L'huile d'Olive, exactement considérée, n’est point ali- 
mentaire; mais on en fait une très-grande consommation 
pour la préparation et l’assaisonnement d’une multitude 
d’alimens. Elle est, sous ce rapport, la plus estimée et la 
meilleure de toutes les espèces connues , et dans les pays du 
midi particulièrement, on n’en conffait guère d'autre. Ses 
différens usages économiques sont encore très-variés; elle sert 
à mettre dans les lampes pour éclairer ; c'est avec elle et de 
la soude qu'on fait le savon, dont l'usage est si répandu pour 
le blanchissage du linge ; les manufactures d’étoffes de laine 
en emploient beaucoup, etc. 

Les Olives ne sont pas dans le cas d’être mangées nalu- 
rellement comme les autres fruits en les cueillant sur les 
arbres ; mais on les fait confire de différentes manières, et, 
quand elles ont subi certaines préparations, elles peuvent 
se conserver toute l’année. Elles font ainsi, dans le midi, 
une partie assez considérable de la nourriture du peuple. 
Ce n’est pas un aliment succulent, mais il passe pour sain, 
À Paris et dans le nord, les Olives sont en possession d’être 
servies sur les bonnes tables, comme mets recherché. 

Les feuilles d'Olivier ont été proposées par quelques pra- 
ticiens méridionaux comme fébrifuges; mais on manque 
d'observations suffisantes pour les apprécier sous ce rapport, 

Le bois a le grain fin, dur, compact, et il se. polit bien. 
Il est jaunûtre , agréablement nuancé de veines plus foncées. 
Dans les pays où il est commun, on l'emploie pour fure 
des meubles, et l’on s’en sert aussi pour le chauffage ; 1l 
fait, en brûlant, un excellent feu, qui donne beaucoup de 
chaleur. 


JASMINÉES. 455 
254° Genre. — TROËÈNE. LIGUSTRUM. Lin. 


Calice très-court, à 4 dents. Corolle infondibuliforme, 
quadrifide. 2 étamines. Stigmate épais et bifide. 1 baie à 
x loge contenant 4 graines. 


TROËNE COMMUN , vulgairement T'roéne, ou T'roesne. 
Ligustrum vulgare. Lin. Spec. 10.— Bull. Herb. t. 295. 
— Ligustrum. Pharm. 


Le Troëne est un arbrisseau qui forme ordinairement un 
buisson haut de 6 à 8 pieds. Ses feuilles sont opposées, ovales- 
lancéolées, très-glabres. Ses fleurs sont blanches, petites, 
un peu odorantes, disposées, au sommet des rameaux, en 
grappes paniculées. Cet arbrisseau croit dans les haies et 
dans les bois; il fleurit en mai et juin. 

Les feuilles de Troëne ont une saveur amère et stiptique. 
Elles passent pour astringentes et détersives. Leur décoc- 
tion a été conseillée en gargarisme contre les ulcères de la 
bouche, les aphtes, les affections scorbutiques des gencives; 
mais aujourd'hui on n’en fait plus guère ou même point 
du tout d'usage. 

Les baies fournissent une ceuleur bleuâtre dont les enlu- 
mineurs se servent pour les estampes et images communes, 
et que les marchands de vin emploient pour donner plus 
de couleur à leurs vins pâles et faibles. 


Famille LXXI. 


VERBEÉNACÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice 
monophylle, tubuleux , à 5 dents; 1 corolle monopétale, 
tubuleuse, à 5 lobes inégaux ; # étamines didynames ; 1 
ovaire supérieur , surmonté d’un style à stigmate bifide ou 
obtus; 1 capsule à 4 loges et à 4 graines, ou 4 graines en- 
tourées par le calice persistant, 

Les Verbénacées sont des arbrisseaux ou des herbes à 
feuilles opposées, découpées ou composées ; à fleurs dispo- 
sées en épi terminal. : | 

Ces plantes ont des propriétés stimulantes dont on a fait 
rarement l’applicaton en médecine, et dont la valeur par 


Ee 


45% /  VERBÉNACÉES. 
conséquent n’est pas jusqu'à présent appréciée d’une ma- 
nière exucte, ui 


255° Genre. — GATILIER. Z'1T7Ex. Lin. 


Calice court, à 5 dents. Corolle tubuiée, à 2 lèvres, dont 
la supérieure à 2 lobes égaux, et l’inférieure à 3 divisions 
inégales. Sligmate bifide. Capsule un peu succulente , à 
4 loges monvspermes. : 


GATILIER COMMUN, vulgairement Æonus-castus, 
Auneau chaste, Arbre au poivre. 

Vitex Agnus-castus. Lin. Spec. 890. — Duham. nouy. 

ed. v. 6. p. 115. t. 55. — Ægnus-castus seu Vitex. Pharm. 


Cet arbrisseau s'élève à 10 ou 12 pieds, en se divisant 
en plusieurs branches et en un grand nombre de rameaux 
opposés, eflilés, pubescens et légèrement quadrangulaires. 
Ses feuilles sont pétiolées, digilées, composées de 5 à 7 fo- 
lioles lancéolées-linéaires, glabres, d’un vert assez foncé 
en dessus, molles au toucher, couvertes en dessous d’un 
duvet cendré. Ses fleurs sont bleuâtres, ou rougeûtres, 
quelquefois toui-à-fait blanches, presque sessiles, réunies 
plusieurs ensemble par pelits groupes opposés, paraissant 
verticillées , et formant, au.somimet des rameaux, des épis 
interrompus. Les fruits qui leur succèdent sont de petites 
capsules globuleuses, bacciformes, à peine grosses comme 
des grains de poivre, ayant une saveur âcre et aromatique : 
on leur donne , dans les pays où celte espèce est commune, 
les noms de Poivre sauvage, Petit- Poivre. Cet arbrisseau 
croît naturellement dans les lieux humides et sur les bords 
des rivières en Languedoc, en Provence ; il y fleurit en 
juillet et août, et dans les jardins du nord, en septembre et 
octobre. 

Les anciens croyaient que l’Agnus-castus avait la vertu 
d’éteindre les désirs amoureux ; mais ils élatent grandement 
dans l'erreur, car la saveur âcre et aromatique de toules ses 
parles et l'huile volatile qu'elles contiennent, anmoncent 
positivement une propriélé excilante, et, sous ce rapport, 
elles pourraient bien plutôt allumer les passions qu’elles ne 
seraient propres à les apaiser. C’est donc à tort que l'on a 
conseillé leur infusion aux célibataires pour réprimer les 
feux de la Inxure et conserver la chasteté. Elles ne corvien- 
nent pas davantage dans la fureur utérine. 


VERBÉNACÉES 435 
256° Genre. — VERVEINE. VERBENA. Lin. 


Calice quinquéfide. Corolle presque à 2 lèvres, à 5 lobes 
inégaux. Stigmate obtus. 4 graines enveloppées par Le calice 
persistant. 

VERVEINE OFFICINALE, Vulgairement ’erveine, Ver.’ 

veine commune , Flerbe sacrée. 

V’erbena officinalis. Lin. Spec. 29. — Bull. Herb, 
t. 215. — ’erbena. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, bisannuelle, ou peut-être vivace; 
elle donne naissance à une ou plusieurs tiges effilées, tétra- 
gones, rudes en leurs angles, hautes de 1 pied à 1 pied et 
demi, simples inférieurement , souvent rameuses dans leur 
partie supérieure. Ses feuilles sont ovales-oblongues, rétré- 
cies en péliole à leur base; les inférieures simplement den- 
tées, les moyennes et les supérieures profondément incisées 
et même pinnatifides. Ses fleurs sont petites, d’un blanc 
tirant sur le violet, presque sessiles, alternes , disposées, 
dans la partie supérieure des tiges, en longs épis filiformes, 
Cette plante crüît sur les bords des champs et des chemins ; 
elle fleurit depuis le mois de juin jusqu’à la fin de l'été. 

La Verveine est regardée par les auteurs comme déter- 
sive, astringente, fébrifuge et vulnéraire. On l’a conseillée 
dans la jaunisse, la chlorose, Phydropisie, les fièvres inter- 
mitteutes. Son infusion, son extrait et le suc de la plante 
fraiche ont été en usage ; l'extrait à la dose de 1 à 2 gros, le 
suc à celle de 1 à 4 onces; aujourd’hui ils sônt inusités. 

Les feuilles de Verveine, pilées et mêlées avec de la farine 
de seigle, ont souvent servi à faire des cataplasmes résolutifs; 
fricassées avec du vinaigre , ou seulement écrasées, et appli- 
quées sur le côté pour les douleurs pleurétiques, elles sont 
uu remède auquel le vulgaire a beaucoup de confiance, et il 
est rare que les gens du peuple ne s'en servent pas ainsi, 
aussitôt qu'ils ont un point de côté: el comme le suc de la 
plante teint les linges et la peau d’une couleur rougeàtre, 
ils s'imaginent que c'est du sang qui est attiré au dehors par 
la vertu de cette application, et lorsqu'ils guérissent , ils ne 
manquent pas de rapporter leur guérison à ce moyen, assez 
peu efficace d’ailleurs, 

L'eau distillée de Verveine, qu’on regardait jadis comme 
ulile dans les maladies des yeux, est maintenant tombée en 

Eez2 


456  VERBÉNACÉES. 


désuétude, ainsi que quelques compositions officinales dans 
lesquelles entrait cette plante. 


Famille LXXIT. 
LABIÉES. 


Les caractères auxquels on distingue les plantes de cette 
famille sont les suivans : 1 calice monophylle ; 1 corolle 
monopétale, tubuleuse, irrégulière, le plus souvent à 2 
lèvres; 4 étamines, dont 2 plus longues et 2 plus courtes, 
quelquefois rien que 2 étamines, par l’avorlement des au- 
tres; 1 ovaire supérieur à 4 lobes, surmonté d’un style ter- 
miné par 1 stigmate bifide ; 4 graines cachées au fond du 
calice persistant. 

Les Labiées indigènes sont des herbes, rarement des ar- 
brisseaux , à tiges plus ou moins quadrangulaires, à feuilles 
opposées, et à fleurs également opposées , solitaires ou ver- 
ücillées, axillaires ou en épi terminal. 

Autant les formes extérieures des plantes de cette famille 
présentent de conformité, autant leurs propriétés intrin- 
sèques sont en harmonie ; de sorte que, sous le rapport de 
leurs vertus, elles ne diffèrent guère les unes des autres que 
du plus au moins. Foutes les Labiées sont toniques, exci- 
tantes, et, d’après ces considérations, on les emploie en 
médecine comme stomachiques , cordiales, céphaliques, 
fébrifuges , antispasmediques, etc. C’est à la proportion 
variable et diversement combinée de deux principes, dont 
l'un est amer, gommo-résineux, et l’autre aromatique, 
formé d’une huile volatile, qu’elles doivent toutes leurs pro- 
priétés, qui sont d'autant plus développées que ceux-ci 
s'y trouvent plus abondans. Le Camphre, stimulant végé- 
tal, énergique, qui est le produit d’un arbre exotique, 
le Laurier-Camphrier (Zaurus Camphora, Lin.), se re- 
trouve en plus ou moins grande proportion dans l’huile 
volatile de plusieurs Labiées. Les chimistes en ont trouvé 
dans celles de Thym, de Serpolet, de Romarin, de Sauge, 
de Lavande, etc. Il est surtout en assez grande quantité 
dans les deux dernières, pour qu’on puisse l’en retirer avee 
facilité et avantage. 

257° Genre. — SAUGE. SA4LV 14. Lin. , 


Calice presque campanulé, à 2 lèvres, dont la supé- 


LABIÉES. 457 
rieure à 3 dents; l’inférieure bifide. Corolle tubulée , élargie 
à son orifice en un limbe à 2 lèvres ; la supérieure concave, 
! pe = > : d ] : 
échancrée, et l’inférieure à 5 lobes, dont le moyen plus 
grand. 2 filamens courts , portant transversalement 1 filet 
terminé à son extrémité supérieure par une anthère fertile 

et inférieurement par une anthère stérile. 


SAUGE OFFICINALE, vulgairement Sauve franche. 

Salvia officinalis. Lin. Spec. 54. — Salvia hortensis 
major. Blackw. Herb. t. 10, et Salvia minor, Salvia vur- 
tutis. Blackw. Herb. t. 71. — Salvia. Pharm. 


La Sauge officinale est un sous-arbrisseau dont la tige 
est une souche ligneuse, divisée en un grand nombre de 
rameaux redressés, velus, garnis de feuilles pétiolées, ovales- 
lancéolées, ridées, finement crénelées, d’un vert pâle ou 
d’une couleur cendrée en dessus, pubescentes et blanchâtres 
en dessous. Ses fleurs sont bleuâtres, disposées six à huit 
ensemble en verticilles assez rapprochés et formant . au 
sommet des rameaux, une sorte d'épi interrompu. Cette 
espèce croît dans les départemens du midi; elle fleurit en 
juin et juillet. On en distingue deux principales variétés ; 
Pune plus élevée et à plus grandes feuilles, dite grande 
Sauge ; l'autre moindre dans toutes ses parties, et appelée 
petite Sauge. Ces deux plantes s’emploient indifféremment 
l’une pour l’autre; elles ont une odeur aromatique, forte et 
agréable ; leur saveur est amère, tirant un peu sur celle du 
Camphre. 

On faisait autrefois beaucoup plus de cas de la Sauge que 
maintenant. Les anciens lui avaient attribué de grandes 
vertus, comme le prouve le nom qu'ils lui ont donné, qui 
dérive de salvere, sauver. Il n’est point douteux d’ailleurs 
qu'elle ne soit tonique, stomachique , stimulante, cépha- 
lique , sudorifique, et qu’elle ne possède ces propriétés dans 
un degré assez élevé, ce qui lui mériterait d'être plus usitée 
qu’elle ne l’est maintenant. On l’a conseillée dans l'apoplexie, 
les affections comateuses , la paralysie, l’épilepsie, les ma- 
ladies hystériques, les menstrues difficiles, les indigestions , 
les débilités du système gastrique, les flatuosités , les affec- 
tions catarrhales atoniques , etc. Les parties dont on fait 
ordinairement usage sont les feuilles en infusion théiforme. 
Leur eau distillée, la conserve des fleurs qu’on préparait 
autrefois dans les pharmacies, sont maintenant tombées en 


Ee 5 


458 LABIÉES. 


désuélude, et des antres préparations ou compositions ofi- 
cinales dans lesquelles la plante entrait ou dont elle faisait 
la base , il en est très- -peu de restées dans la pratique. 

Les Provençaux aiment beaucoup la Sauge, et ils en 
mettent comme assaisonnement dans la plupart de leurs 
alimens. Quelques personnes en fament les feuilles comme 
d’autres font celles du Tabac. Les Chimois les estiment beau- 
coup, et les recherchent tellement que l’on assure que, dans 
l'échange qu'ils font pour s’en procurer, ils donnent vo- 
lontiers deux à trois caisses de leur Thé pour une de Sauge. 

La Sauge des prés, Salvia pratensis, Lin., a des pro- 
priétés analogues : à la précédente, et peut, jusqu’à un cer- 
tain point, fa remplacer dans les pays du nord, où eïle est 
très-commune dans les prés. 

La Sauge Sclarée, vulgairement Orvale, Sulnee , Toute- 
bonne, Saleia Sclarea, Lin., peut encore être assimilée 
aux deux précédentes. Elle a une odeur très-forte et très- 
pénétr ante qui, en se combinant aux vins dans lesquels on 
la fait infuser, leur donne un faux goût des vins muscats, et 
les rends très-emivrans. 


256€ Genre. — ROMARIN. RÀOSMARINUS. Lan. 


Calice à 2 lèvres, dont la supérieure entière, et linfé- 
rieure à 2 dents. Lèvre supérieure de la corolle bifide, l'in- 
férieure à 3 lobes, dont le moyen très-grand. 2 étamines à 
filamens saillans hors de la corolle. 


ROMARIN OFFICINAL, vulgairement le Romarin. 
Rosmarinus offcinalis. Lin. Spec. 55.— Rosmarinus. 


Blackw. Herb. t. 159. — Pharm. 


Sa tige est frutescente, divisée en rameaux nombreux, 
pouvant s'élever à la hauteur de 5 à 4 pieds, rarement da- 
vantage. Ses feuilles sont linéaires, persistantes, glabres et 
luisantes en dessus, blanches et cotonneuses en dessous. Ses 
fleurs sont d’un bleu pâle et presque cendré, opposées deux 
à deux, por tées sur de éourts pédicelles, et ‘disposé es dix à 
vingt et même plus sur un pédonculè commun, pour former 
des épis feuillés à leur base, opposés, placés Lans la partie 
supérieure des rameaux, Cet arbrisseau croît sur les collines 
et les basses montagnes du Languedoc et de la Provence; 
il fleurit-enavril et maï. 

Ce qui a été dit de la Sauge est en grande partie appli- 


j LABIÉES. 459 
cable au Romarin. Celui ci est de même éminemment tc- 
nique et excitant. On l’emploie en infusion dans l'eau ou 
dans le vin, tant intérieurement qu'exlérieurement, Ïl faisait 
autrefois la base, ou entrait dans plusieurs préparations phar- 
maceutiques, dont beaucoup sont reléguées aujourd'hui dans 
lés anciens formulaires. On en retire encore une hui e volatile 
dont on fait usage dans la paralysie et autres affections atoni- 
ques , à la dose de quelques gouttes sur du sucre où dans un 
peu d’eau sucrée. Parmi toutes les eaux spirilueuses dans les- 
quelles il entrait, l'Eau de la reine d Hongrie mérite d’é re 
distinguée, parce que c'est le Romarin qui en fait la base. 
Cette liqueur se prépare par la distillation de ses fleurs et 
de ses calices dans l’esprit-de-vin. La reine, qui lui a donné 
son nom, la faisait elle-même ; elle assurait en avoir reçu 
Ja formule d’un ange, et s'être guérie de la gouite par son 
moyen. Cetle eau était beaucoup plus usitée autreluis que 
maintenant ; on la donnait à la dose de 1 à 4 gros dans un 
verre d’eau sucrée, pour les défaillances, les vertiges, les 
vapeurs hystériques et hypocondriaques, etc. 

Les Italiens se servent du Romarin pour aroma:iser le 
riz. La chair des moutons qui le broutent prend un excel- 
lent goût. 


259° Genre. — BUGLE. AJUG4A. Lin. 


Calice à 5 dents presque égales. Lièvre supérieure de la 
corolle très-pelite et à 2 dents fort courtes; Finférieure à 
3 lobes, dont le moyen plus grand et échancré en cœur. 


BUGLE RAMPANTE , vulgairem. Bugle, petite Consoude. 

Ajuga reptans. Lin. Spec. 785. — Bull. Herb. & 315. 
— Consolida media. Fuchs, Hist. 391. — Bugula vel 
Consolida media. Pharm. 


Sa racine esi fibreuse, vivace; elle produit une tige sim- 
ple, glabre ou presque glabre, haute de 4 à 8 pouces, garnie 
de feuilles ovales oblongues , à peine dentées; les supérieures 
sessiles ; les inférieures rétrécies en pétiole el spalulées. 
Outre cette Lige, le collet de la racine donne naissance à 
plusieurs rejets tout à-fait couchés et rampans, prenant 
racine à leurs nœuds, où ils sont garnis de deux feuilles 
en général plus allongées que celles de la Uge. Les fleurs 
sont bleues où rougeâtres, quelquefois blanches, presque 
sssiles , verticillées plusieurs ensemble, et dispostes en un 


: Ee 4 


440 LABIÉES: ù 
épi qui occupe souvent plus de la moitié de la partie supé-. 
rieure de la tige. Cette plante croît dans les prés et dans 
les bois ; elle fleurit en mai, juin et une partie de l'été. 

La biais a joui autrefois d’une grande réputalion en 
médecine; elle passait pour astringente, diurétique, apéri- 
üve, vulnéraire surtout. On la recommandait dans tous les 
flux atoniques, les hémorragies , le crachement de sang, 
la dysenterie , Ja leucorrhée , les obsiructions du foie, la 
jaunisse, la phthisie, etc. On 1: faisait prendre en arrete 
à la dose d'une poignée pour 1 pinte d’eau, ou l’on retirait 
le suc de la plante fraîche que l’on prescrivait depuis 1 jus- 
qu'à 4 onces. On en préparait aussi des gargarismes pour 
les aphtes et les ulcérations de la bouche et des gencives; 
enfin on en faisait des applications extérieures sur les Die 
sures, les plaies. Aujourd’hui le crédit de la Bugle est beau- 
coup diminué; on ne la regarde que comme une des plus 
faibles de sa famille. Son eau distillée et son extrait sont tout- 
à-fait oubliés. 


260° Genre. — GERMANDRÉE, Z'EUCRIUM. Lan. 


Calice quinquéfide. Lèvre supérieure de la corolle pro: 
fondément échancrée , à 2 divisions courtes et réfléchies 5 
l’inférieure à 5 lobes, dont le moyen plus gr and. abus 
des élargies arqués, très-saillans , placés dans l’échancrure 
de la lèvre supérieure. 


GERMANDRÉE MARITIME, Vulgairement Marum. 
T'eucrium Marum. Lan. Spec. 788. — Duham. nov. ed, 
vol. 6. p. 155. t. 41. — Marum. Pharm, 


Sa tige forme un petit arbuste haut de 1 pied ou un peu 
plus, divisé en rameaux nombreux, grèles, cotonneux, 
blanchâtres, garnis de feuilles petites , ovales-lancéolées, 
péliolées, d’un vert grisâlre en dessus, tout-à-fait blanches 
et cotonneuses en dessous. Ses fleurs sont d’une couleur 
purpur ine , opposées, solilaires dans les aisselles des feuilles 
supérieures , portées sur de courts pédoncules, ordinaire- 
ment tournées du même côté, et formant de longues grappes 
peu garnies. Cette plante cr oft dans les parties marilimes 
de la Provence ; elle fleurit en juillet et août. 

Toutes les parbes du Marum ont une odeur aromatique 
trè: -pénétrante , ce qui annonce en lui des propriétés fort 
prononcées, Celles que lui ont attribuées Mindererus et 


LABIRES. 4% 


Wedelius, qui en ont écrit des dissertations particulières, 
sont d'être céphalique , stomachique, carminatif, antiscor- 
butique, incisif, sudorifique, aphrodisiaque, emménagogue, 
anthelmintique, ete. Cependant on n'en fait en général point 
d’usage dans la pratique, surtout dans les pays du nord. 

Les chats aiment beaucoup son odeur; elle paraît être 

our eux un stimulant qui les anime et excite en eux une 
ardeur qui les porte à se rouler sur la plante elle-même, à 
la mordre et à la déchirer. 

Ces animaux ont encore une singulière prédilection pour 
une autre plante de cette famille, mais d’un genre différent, 
et 1ls la recherchent autant et plus encore peut-être que le 
Marum. Cette autre plante, à raison de celte sympathie, a 
été nommée Cataire, Chataire , ou Herbe au Chat: c’est 
le Nepeta Cataria. Lin. On l’'employait autrefois pour pro- 
voquer les règles, et dans les affections hystériques; aujour- 
d’hui elle est hors d'usage. 


GERMANDRÉE CHÈNETTE, vulgairement petit Chéne, 
Chénette, Germanürée. 

Teucrium Chamædrys. Lin. Spec. 590.— Chamædrys 

Trissago. Blackw. Herb. t. 180. — Chamædrys. Pharin. 


Sa racine estrampante, fibreuse, vivace; elle produit une 
tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, étalés, pu- 
bescens , longs de 4 à 6 pouces, garuis dans toute leur lon- 
gueur defeuilles ovales ou ovales-vblongues, d’un vert gai en 
dessus , à peine velues ; les inférieures obtuses à leur sommet, 
bordées de crénelures profondes, entières et rétrécies en pé- 
tiole à leur base; les supérieures sessiles, aiguës. Ses fleurs 
sont purpurines, rarement blanches, disposées : à 3 en- 
semble dans les aisselles des feuilles supérieures. Celle plante 
croît dans les bois montagneux et sur les coliines ; elle fleurit 
en juillet et août. 

Le petit Chène est tonique , stomachique, fébrifuge , apé- 
ritif, antiscorbutique; le principe amer esi beaucoup plus 
développé en lui que la partie aromatique. On l’a recom- 
mandé pour les fièvres intermittentes, l’atonie des premières 
voies, l’obstruction des viscères, la jaunisse, Phydropisie, 
le scorbut, la goutte, la suppression des règles, la chlorose. 
On le prescrit en poudre à la dose de 1 demi-gros à 1 gros, 
et en infusion théiforme à celle d’une ou plusieurs pincées 
pour une pinte d'eau. Son extrait n’est plus guère usité. Cette 


#2 LABIÉES. 
plante entre dans plusieurs préparations pharmaceutiques ; 
parmi lesquelles je ne citerai que la Thériaque et le sirop 
d’Armoise composé ; elle est aussi une des substances de la 
poudre du duc de Portland, si vantée en Angleterre, il y 
a soixante et quelques années, contre la goutte, les rhu- 
malismes, et qui est composée de parties égales de racines 
. d’Aristoloche ronde, de Gentiane, de grande Centaurée et 
de feuilles de petite Centaurée, de petit Chène et d’Avette. 


GERMANDRÉE AQUATIQUE, ou GERMANDRÉE D'EAU, 
vulgairement Scordiurm , Chamarras. 
Teucrium Scordium. Lin. Spec. 790. — Bull. Herb. 
t. 205. — Scordium. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, rampante, vivace; elle produit une 
ou plusieurs tiges, velues comme toute la plante, rameuses, 
couchées à leur base, ensuile redressées, hautes de 4 à 8 
pouces, garnies de feuilles ovales-oblongues, ssssiles, molles 
au toucher, crénelées ou dentées en leurs bords. Ses fleurs 
sont rougeûtres, portées sur de courts pédoncules, solitaires 
ou deux ensemble dans l’aisselle des feuilles supérieures. 
Celte plante croît dans les prés humides et marécageux; 
elle fleurit en juillet et août. 

Le Scordiam joint, à une saveur très-amère , une odeur 
forte, pénétrante, et qui a beaucoup de rapport avec celle 
de PAil. Ses propriétés sont d’être tonique, dépuratif, anti- 
scorbutique, fébrifuge, antiseptique, anthelmintique , et 11 
a aussi élé compté parmi les Vulnéraires, dont la classe 
était si nombreuse dans l’ancienne matière médicale. Les 
maladies dans lesquelles on en fait usage sont les affections 
culanées, les fièvres intermitientes, les putrides, les ma- 
lignes, les pestilentielles, la goutte, le scorbut, les vers. 
Extérieurement, il a quelquefois été employé avec avan- 
tage sur les ulcères sordides et sur les plaies gangréneuses. 
Intérienrement, on en prescrit l’infusion d’une demi-poignée 
à une poignée pour 1 à 2 livres d’eau. Autrefois on en fai- 
sait, dans les pharmacies, une conserve, une eau distillée, 
un extrait, un sirop, une teinture, un vinaigre : presque 
toules ces préparations sont aujourd’hui oubliées. Le Scor- 
dium paraît cependant êlre une plante qui mériterait d'être 
plus usitée; mais sans doute que pour en retirer de l’avan- 
tage, il faudrait s’en servir en nature, comme en poudre, 
quand elle est sèche, ou en faire prendre le suc lorsqu’elle 


LABIÉES. - 443 


est fraîche, Elle entre dans plusieurs électuaires, et donne 
son nom à celui qu'on appelle Diascordium. 

: La Germandrée sauvage, vulgairement Sauge des bois, 
Sauge sauvage, Faux Scordium (Teucrium Scorodonia. 
Lin. ), a des propriétés analogues au vrai Scordium , mais 
elle est beaucoup plus rarement employée. Quelques auteurs 
. l'ont recommandée comme anti-vénérienne. 


CERMANDRÉE IVETTE, vulgairement Zvetteou Yvette. 
Teucrium Chhamæpytis. Lin. Spec 787.— Chamæpytis 
prima. Dod. Pempt. 46. — Chamæpytis. Pharm. 


Sa racine est annuelle , menue , fibreuse : elle donne naïis- 
sance à 1 tige rameuse dés sa base, partagée en rameaux 
élalés, velus comme toute la plante, longs de 6 à 8 pouces, 
garuis de feuilles opposées, partagées pour la plupart jusqu'à 
plus de moitié en 5 découpures linéaires. Ses fleurs sont 
jaunes, marquées de quelques taches rougeâlres , sessiles et 
solilaires dans les aisselles des feuilles supérieures. La plante 
entière a une odeur de résine analogue à celle qui découle 
des Pins et des Sapins. On la trouve dans les champs arides 
el sablonneux ; elle fleurit en mai, juin et juillet. 

La Germandrée Ivette est aromatique, céphalique , apé- 
ritive, tonique, anti-spasmodique et emménagogue. On l’a 
beaucoup préconisée autrefois contre la goulte; son usage 
habituel était, disait-on , un moyen de prévenir les accès de 
celte maladie. On l’a aussi employée dans la sciatique, la 
paralysie, les rhumatismes, les affections catarrhales, les 
obstructions, la jaunisse, l’hydropisie, ele. En nature et en 
poudre on la donne à la dose de 1 gros; en imfusion théi- 
forme, on peut la prescrire de 1 demi-once à 1 once dans 1 
à 2 livres d’eau. L/[vette commune entre dans le sirop d’Ar- 
moise et dans plusieurs autres préparations pharmaceu- 
tiques , peu ou point du tout employées aujourd'hui, comme 
sont entre autres les pilules d’ivette. Son extrait est égale- 
ment tombé en désuétude. 


GERMANDRÉE MUSQUÉE, vulgairement Jvelte musquée. 
Teucrium Toa. Lin. Spec. 787. — Anthyllis altera. 
. PAR ” 
Clus. Hist. CLXXXVI. — Chamæpytis moschata. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente, parce qu'elle est 
plus velue dans toutes ses parties, parce que ses tiges sont 
plus dures, et surtout parce que ses feuilles sont entières , 


LE LABIÉES. 
munies seulement de 1 à 2 dents à leur sommet. Ses fleurg 
sont ordinairement rougeâtres, quelquefois cependant elles 
sont d’un jaune clair. ‘l'oute la plante a une saveur amère 
et une forte odeur résineuse, ayant quelquefois beaucoup 
d’analogie avec celle du Musc, surtout pendant les grandes 
chaleurs. Elle croît dans les champs du midi de la France, 
et fleurit en mai et juin. 
Les propriétés de l’Ivette masquée sont les mêmes que 
celles de l’Iveite commune, et ces deux plantes peuvent in- 
différemment être employées l’une pour l'autre. 


261° Genre. — Hvsofr. AYssoPrus. Lin. 


Calice cylindrique , strié, à 5 dents. Tube de la corolle 
égal au calice ; lèvre supérieure courte et échancrée; l’in- 
férieure à 5 lobes, dont le moyen en cœur et crénelé. Ela- 
mines saillantes hors de la corolle. 


HYSOPE OFFICINALE, vulgairement l’Æ/ysope. 
Hyssopus officinalis. Lin. Spec. 796. — Bull. Herb. 
t. 522. — AHyssopus. Pharm. 


Sa racine est dure, fibreuse, vivace; elle produit 1 ou 
plusieurs tiges droites, presque ligneuses inférieurement, 
hautes de 1 pied ou environ, garnies de feuilles linéaires- 
lancéolées, glabres, d’un vert foncé. Ses fleurs sont bleues, 
rarement rouges ou blanches, presque sessiles, plusieurs 
ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures, et dis- 
posées en épis tournés du même côté. Cette plante croît dans 
les montagnes et sur les collines des départemens du midi; 
on la cultive dans les jardins ; elle fleurit en juin et juillet, 

L’H ysope a une odeur forte, assez agréable, et un goût 
âcre et aromatique. Elle est tonique, stomachique, inci- 
sive et béchique. On en fait particulièrement usage dans 
les catarrhes atoniques, à la fin des rhumes qui se sont 
prolongés, lorsque Ja période inflammatoire ést passée, 
dans l'asthme humide, enfin toutes les fois que l’action 
du système pulmonaire paraît ralentie par l’effet d’une fai- 
blesse quelconque, et lorsqu'elle paraît avoir besoin d’être 
rauhnpée. Dans ces cas, lHysope, en fortifiant le poumon, 
facilite l'expectoration de ces matières glaireuses et vis- 
queuses dont la présence, en irritant les bronches, donnait 
lieu à une toux plus ou moins fréquente. Les parties de celte 
plante dont on fait usage sont les feuilles et les somimilés 


LABIÉES. 445 


fleuries ; elles se prescrivent en infusion théiforme et par 
pincées. On prépare, dans les pharmacies , un sirop d’H y- 
sope qui s'emploie dans les mêmes cas que la plante, Son eau 
distillée sert aussi pour mettre dans les polions pectorales un 
peu excitantes. La conserve des fleurs n’est plus guère en 
usage aujourd'hui. L’Hysope entre encore dans quelques 
compositions pharmaceutiques, comme Île Baume tran- 
quille, PEau vulnérarre, ete. 


262° Genre, — LAVANDE. LAVANDULA. Lin. 


Calice cylindrique, strié, à 5 dents. Corolle à tube plus 
long que le calice, à limbe partagé en 5 lobes inégaux, for- 
mant 2 lèvres imparfaites. Etamines non sallantes. 


LAVANDE Aspic, vulgairement Spic, Aspic, Lavande, 
Lavande müle, Faux-Nard. 
Lavandula Spica. Liv. Spec. 800.— Bull. Herb. t, 537. 
— Lavandula major seu Spica. — Pharwm. 


Cette plante est un petit arbuste formant une touffe qui 
s'élève à la hauteur de 2 pieds ou environ. Sa souche lizneuse 
et divisée en quelques branches persistantes, donne naissance 
à beauconp de rameaux annueis, simples, droits, eflilés, 
garnis , dans leur partie inferieure, de jeuilles linéaires, ses- 
siles, verdâtres, un peu rudes au toucher. Ses fleurs sont 
bleues , disposées, 6 à 12 ensemble, par verticilles formant 
un épi terminal : les verticilles inférieurs sont un peu distans 
les uns des autres, et chacun d'eux est muni de 2 bractées 
presque cordilormes. Les calices sont revêtus d’un duvet 
cotonneux, bleuâtre. Cette Lavande croît sur les collines 
exposées au soleil, et au pied des montagnes en Provence, 
en Languedoc, en Dauphiné; on la cultive dans les jar- 
dins du nord ; elle fleurit en juin et juillet. 

Toutes les parties de la Lavande ont une saveur chaude, 
légèrement amère, et une odeur agréable très-pénélrante et 
très-durable, C’est une des Labiées dans lesquelles le principe 
aromatique prédomine le plus sur le principe amer, Elle 
possède daus un degré éminent la propriété tonique et exci- 
tante, qui se retrouve plus ou moins dans les diverses plantes 
de cette famille. C’est surtout sur le système nerveux qu’elle 
exerce une action fortifiante très-énergique. Cette considé- 
ration la fait employer avec ayantage daus toutes les mala- 
dies où ce système paraît attaqué d’une débilité marquée. 


446 LABIÉES. 


Ainsi elle convient aux individus faibles, sujets aux syn- 
copes, aux vertiges, aux tremblemens, aux mouvemens 
spasmodiqués. On s'en est servi utilement dans les fièvres 
malignes, les affections soporeuses, Paménorrhée, laphonie. 
Les parties de la plante dont on fait usage sont les fleurs, et 
c’est le plus souvent en infusion théiforme qu’on les emploie 
à la dose de r à 2 gros pour une pinie d’eau. 

Ces mêmes fleurs font la base de plusieurs préparations 
pharmaceutiques, et elles entrent dans la composition de 
plusieurs autres. Les préparations essentiellement faites avec 
elles sont l’eau distillée de Lavande, sa teinture spiritueuse , 
sa conserve, son vinaigre, son huile volatile. Les composi- 
tions officinales dout elles font partie sont nombreuses ; entre 
les principales, on pent citer l'Eau générale, l'Eau vulné- 
raire, le Vinaigre antiseptique, le Baume tranquille, etc. 

L'eau distillée se prescrit dans les potions anti-spasmo- 
diques, cordiales, à la dose de 1 à 4 onces. La teinture spi- 
ritueuse s'emploie à l’intérieur depuis 1 demi-gros jusqu’à 
1 gros; on s’en sert dans la paralysie, et elle est trés-propre, 
_ comme l’eau de Cologne, l’eau de Mélisse, à rappeler au 
sentiment les personnes évanouies. Le vinaigre de Lavande 
convient pour le même usage. Ce dernier sert principale- 
ment pour la toilette des femmes, dans les ablutions; c’est 
un cosmétique très-propre à entretenir le ton de la peau , et 
à en prévenir le relâchement. L'huile volatile qu’on pré- 
pare, surtout en Provence, est âcre, jaunâtre: on la connaît 
sous le nom d’Auile d’ Aspic. Elle contient du Camphre en 
plus grande quantité que celle d’aucune autre Labiée; dans 
ies pays chauds, celui-ci fait, selon M. Proust, environ le 
quart de son poids. Cette huile s'emploie avec avantage en 
ouctions sur les membres paralysés. Rarement on la prescrit 
à l’intérieur , et seulement à la dose de quelques gouttes. 

Pour les bains et les fumigations aromatiques, la Lavande 
est une des meilleures plantes dont on puisse se servir. 

La Lavande à feuilles larges, vulgairement Lavande fe- 
melle (Lavardula latifolia. Bauh.), ressemble beaucoup 
à la précédente, mais elle en diffère par ses feuilles plus 
larges, blanchâtres; par ses rameaux divisés dans leur 
partie supérieure ; par ses calices moins cotonneux, mais 
creusés de stries plus profondes; et enfin, parce queses brac- 
tées sont étroites et linéaires. Elle croît dans les mêmes lieux 
que la précédente, el fleurit en même temps. 


; LAPBIÉES. 447 


Ses propriélés sont celles de Ja Lavande Aspic; elles sont 
seulement un peu moins actives, ce qui tient à ce que leur 
principe aromatique est moins déveluppé. On en fat en 
général beaucoup moins d'usage. 


LAVANDE STÉCADE, vulgairement Sféchas arabique, 
Stéchas. 

Lavandula Stæœchas. Vin. Spec. 800. — S/œchas ara- 

bica vel purpurea. Blackw. Herb, L. 241. — Stœchas ara- 
bica. Pharm. 


Cette espèce est un arbuste très-rameux, de la hauteur 
de 1 à 2 pieds, dont la tige forme inférieurement une souche 
ligneuse, partagée en plusieurs branches persistantes, les- 
quelles se divisent en un plus grand nombre de rameaux 
droits, garnis dans Loute leur longueur de feuilles linéaires, 
sessiles, veloutées , blanchätres , repliées en leurs bords. Ses 
fleurs sont petites , d'un pourpre foncé, disposées an som- 
met de chaque rameau en verlicillés serrés et formant un 
épi ovale-oblong ou cylindrique, surmonté d’une touffe de 
feuilles assez grandes el bleuâtres. Cette plante croît dans 
les lieux secs et pierreux du Languedoc, de la Provence et 
des îles d’'Hières; elle fleurit en mai et juin. . 

L'’odeur forte de cette espèce, qui approche beanconp de 
celle du Camphre, paraît indiquer que cette substance ÿ 
est contenue dans une proportion au moins égale, peuts 
être, à celle qui en existe dans l’Aspic : aussi toutes les pro- 
priélés de cette dernière se retrouvent-elles dans le Stéchas. 
Celui-ci s’employait autrefois, avec avantage, dans les 
maladies nerveuses, dans les affections atoniques fe la poi- 
trine , telles que HA catarrhes et l’asthme, dans les fièvres 
muqueuses, dans la chlorose , la suppression des règles. 
Aujourd’hui il est très-peu st Les parties de la plante 
auxquelles on donne la préférence pour l'usage, sont les 
épis de fleurs que l’on prescrit en infusion tHaferiee à 
Ja dose de 1 à 2 gros pour une pinte d’eau. On prépare 
dans les pharmacies un sirop auquel ie Stéchas donne son 
nom, mais dans lequel entrent encore plusieurs autres aro- 
mates. Cette plante fait partie de la Thériaque et d’autres 
composiliuns officinales moins employées. 


265° Genre. — MENTHE. MENTHA. Lin, 


Calice à 5 dents presque égales. Corolle un peu plus 


446 LABIÉES. 

grande que le calice, à 4 lobes presque égaux, dont le su- 
périeur un peu plus large que les autres et échancré. Eta- 
mines dislantes. 


MENTHE POIVRÉE. 
Mentha piperita. Smith. FI. Brit. 2. p: 615. — Pharm. 


Sa racine est rampante, fibreuse, vivace; elle produit 
des tiges droites, rameuses, hérissées de quelques poils, 
hautes de 1 pied et demi à 2 pieds, garnies de feuilles pétio- 
lées, ovales-lancéolées, dentées en leurs bords, d’un vert 
foncé et presque glabres en dessus, plus pâles et pubescentes 
en dessous. Ses fleurs sont purpurines, petites, disposées . 
plus de vingi ensemble par verticilles formant un épi termi- 
nal, obtus à son sommet, un peu interrompu à sa base. Les 
bractées et les dents des calices sont ciliées , et les étamines 
non saillantes hors de la corolle. Cette plante passe pour 
êlre originaire de l’Angleterre ; mais on la cultive abondam- 
ment dans les jardins, où elle fleurit en août et septembre. 

La Menthe poivrée est tonique, stomachique, carmina- 
tive, anti-émétique , antispasmodique. ‘Foutes ses parties 
ont une odeur pénétrante , agréable, comme de Camphre; 
leur saveur, qui est très-aromatique, laisse dans la bouche 
un sentiment de froid , quoique la nature en soit éminem- 
ment chaude. On fait usage de ses feuilles et de ses sommités 
fleuries, et ou les emploie en infusion théiforme , à la dose 
d’une pincée à une poignée pour 1 pinte d’eau; plus rare- 
ment on les fait prendre en nature et en poudre, depuis 
24 grains jusqu’à 1 gros à la fois. On prescrit la Menthe 
poivrée dans les débilités de l'estomac, contre les vomisse- 
inens spasmodiques. les flatuosités, les affections soporeuses, 
la céphalalgie, les fièvres nerveuses, et encore dans l'asthme 
humide, les catarrhes atoniques des vieillards, la leucor- 
rhée, le défaut de menstruation. 

Il n’y a que quelques années que M. Astier, pharmacien, 
a proposé, comme moyen propre à guérir la gale, des lo- 
tions sur les boutons psoriques avec une forte infusion 
de Menthe poivrée, et les expériences faites à ce sujet dans 
les hôpitaux ont confirmé l'efficacité de ce remède qu'il 
faut employer pendant quinze jours de suite pour obtenir 
une guérison complète. | 

Dans les pharmacies, cette plante sert à plusieurs pré- 
paralions ; on en fait une eau distillée, une teinture alcoo- 


LABIÉES. 449 
lique , et l'on en retire une huile essentielle. L'eau distillée 
s’emploie dans les potions antispasmodiques , stomachiques, 
à la dose d’une à 4 onces; elle fait la base d’une potion très- 
estimée et très efficace contre Le vomissement, dans laquelle 
elle entre à la dose de 4 onces, et dont les autres ingrédiens 
sont 1 once de sirop de Limon et demi-gros de sel d’Ab- 
sinthe, le plus souvent remplacé aujourd’hui par le Carbo- 
nale de polasse. La teinture alcoolique et l’huile essentielle 
se donnent dans les potions cordiales : la première à la dose 
d’un à 2 gros sur 4 à 5 onces de liquide, et la seconde à 
celle de 2 à 4 gouttes. 


MENTHE CRÉPUE, ou MENTHE FRISÉE, 
Mentha crispa. Lin. Spec. 605. — Mentha. Pharm. 


Ses tiges sont velues, hautes de 2 pieds ou environ, gar- 
nies de feuilles sessiles, arrondies, velues et ridées en dessus, 
cotonneuses en dessous, molles au toucher, dentées et cré- 
pues en leurs bords. Ses fleurs sont Lrès-petites, d’un pourpre 
clair, disposées, au sommet des tiges et des rameaux, en épis 
serrés, cylindriques, longs de 2 à 3 pouces, et rétrécies en 
pointe à leur extrémité. Leur calice est très-velu, et les 
étamines ne sont pas saillantes, Cette plante croît dans le 
midi de l’Europe, et on la cultive dans les jardins à cause de 
ses usages ; elle fleurit en août et septembre. 

De toutes les espèces de ce genre, celle-ci était autrefois 
la plus usitée, c'est elle qui, dans le Codex de l'ancienne 
Faculté, est citée comme devant faire partie d’un assez 
grand nombre de compositions pharmaceutiques qui ont 
presque toutes vieilli, et ne sont plus , ou au moins fort rare- 
ment, employées de nos jours. Ses propriétés sont analogues 
à celles de la Menthe poivrée, mais comme on la croit plus 
faible dans sa manière d'agir, on lui préfère généralement 
aujourd'hui cette dernière. 

Il y a encore la Menthe à feuilles rondes, vulgairement 
Menthe sauvage, Baume d’eau à feuilles ridées ( Mentha 
rotundifolia. Län.), la Menthe élégante, vulgairement 
Menthe commune, Baume des jardins, Herbe du cœur 
(Mentha gentilis. Lin.), la Menthe verte, ou Menthe à 
feuilles étroites, Ménthe à épi, Menthe de Notre - Dame, 
Menthe romaine (Wentha viridis. Lin.),la Menthe aqua- 
tique, communément Menthe rouge, Baume d'eau à feuilles 
rondes (Mentha aquatica. Lin.), et enfin la Menthe Pou- 

FE 


450 LABIÉES. | 
: liot, ou tout simplement le Pouliot (Wentha Pulevium. Lin.) 
"Toutes ces espèces peuvent, au défaut des deux premières, 

être employées à leur place. su 

Quelques personnes mangent, comme assaisonnement À 
les feuilles des Menthes dans les saïades, et particulièrement 
celles de la Menthe élégante et de la Menthe verte, 


264° Genre. — GLÉCOME. GLECOMA. Lin. 


Calice cylindrique , strié, à 5 dents inégales. Corolle une 
fois plus grande que le calice, à limbe partagé en 2 lèvres, 
dont la supérieure bifide, et l'inférieure à 3 lobes, le moyen 
étant plus grand et échancré. Anthères rapprochées 2 à 2 en 
forme de croix. 


GLÉCOME HÉDÉRACÉ, vulgairement Zierre terrestre, 
Terrette, Rondotte, Herbe de Saint-Jean. 
Glecoma hederacea. Lin. Spec. 807. — Bull. Herb, 


t. 241. — Hedera terrestris. Pharm. 


Sa racine est fibreuse, vivace ; elle produit plusieurs tiges 
grèles, quadrangulaires, presque glabres, rampantes , lon- 
gues de 8 pouces à 1 pied, donnant naissance à chacun de 
leurs nœuds à des rameaux redressés, hauts de 4 à 6 pouces, 
garnis de feuilles opposées, pétiolées, réniformes ou en cœur, 
crénelées en leurs bords. Ses fleurs sont purpurines ou bleuà- 
tres, disposées, dans la partie supérieure des rameaux, et 
une à trois ensemble dans les aisselles des feuilles. Cette 
plante se trouve dans les bois; elle fleurit en mai et juin. 

Le Lierre terrestre a une odeur aromatique assez forte, 
et üne saveur amère, un peu àcre. Îl est une des plantes qui 
ont eu le plus de réputation comme pectorales. Les auteurs 
citent une foule d'exemples de guérisons de phthisiques opé- 
rées par son moyen, même lorsque les malades étaient déjà 
dans l’état le plus fâcheux, et lorsque des crachats purulens 
indiquaient l’ulcération du poumon. Mais il est Lrés-probable 
que les maladies de poitrine qui ont cédé à l'emploi du 
Lierre terrestre n'étaient que des affections catarrhales qui 
offraient les apparences de la véritable phthisie, dans la- 
quelle il n’est que trop malheureusement démontré que, 
jusqu’à présent , toutes les ressources de la matière médicale 
ont toujours été impuissantes. C’est donc seulement dans les 
calarrhes chroniques que le Lierre terrestre peut être réel- 
lement utile ; par ses propriélés légèrement excitantes et 


LABIÈES. 453 


toniques , il stimule doucement le poumon, facilite lex pec- 
toralion des mucosilés dont cel organe et les bronches sont 
embarrassés, soulage ainsi les malades, et peut beaucoup 
contribuer à leur guérison. Son usage est également très- 
utile à la fin des maladies aiguës de la poitrine, lorsque 
la période inflammatoire est passée et qu'il est besoin de 
redonner du ton au poumon affaibli. 

On a aussi vanté le Lierre terrestre comme stomachique, 
fébrifuge, diurétique, céphalique , vulnéraire, anti-calcu- 
leux mème; mais son action n’est que faible sous plusieurs 
de ces rapports, et, sous quelques-uus même, elle est pure- 
ment imaginaire. Son usage doit être borné aux affections 
de poitrine accompagnées de débilité, ou causées par l’ato- 
nie, La manière la plus ordinaire de employer est en in- 
fusion théiforme ; on le donne à la dose d’une ou de plu- 
sieurs pincées pour une pinte d’eau. On prescrit aussi, quel- 
quefois au printemps, son suc dépuré, depuis 2 jusqu'à 4 
onces. Dans les pharmacies, on en prépare un sirop qu’on 
emploie dans iles mêmes cas que la plante elle-même. La 
conserve qu’on en faisait autrefois est tombée en désuétude. 
Il entre dans l'Eau et le Baume Vulnéraires. 


265° Genre. — LamiEer. LA4MIUM. Lin. 


Calice à 5 dents aiguës et ouvertes. Corolle à tube court, 
renflé à son orifice, et muni de chaque côté d’une petite 
dent réfléchie; à limbe partagé en 2 lèvres, dont la supé- 
rieure en voûle et souvent entière, l’inférieure échancrée en 
cœur, réfléchie. 

LAMIER BLANC, vulgairement Ortie blanche, Ortie 

morte. 

Lamium album. Lin. Spec. 809. — Bull. Herb. t. 215. 
— Lamium album sive Urtica alba. Pharm. 


Ses racines sont rampantes, vivaces, fibreuses,; elles pro- 
duisent plusieurs tiges redressées, simples, chargées, ainsi 
que les feuilles, de quelques poils rares, hautes de 8 à 12 
pouces, garnies de feuilles pétiolées, cordiformes, d’un vert 
gai, aiguës, bordées de grandes dents. Ses fleurs, disposées 
5 à & ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures, 
sont sessiles , blanches, assez grandes : leur lèvre supérieure 
et les anthères sont velues, Cette plante est commune dans 
les bois, Les haies et les buissons; elle fleurit en avril et mai, 


Ff2 


452 LABIÉES. 

L'Orle blanche passe pour astringente, et comme telle 
est employée dans les hémorragies et la lencorrhée; on l'a 
aussi recommandée dans les scrophules. Quelques médecins 
l'ont vantée comme un remède lrès-efficace, beaucoup 
d’autres la regardent comme n'ayant que des vertus assez 
faibles. Pour l’usage, on préfère généralement les fleurs aux 
autres parties de la plante, et on les administre en infusion 
théiforme, à la dose d’une ou plusieurs pincées pour une 
pinte d’eau bouillante. 


266° Genre. — BÉTOINE. BETONICA. lan. 


Calice tubulé, à 5 dents très-aiguës. Corolle à tube plus 
long que le calice ; à limbe partagé en 2 lèvres, dont la 
supérieure droite, presque plane, entière, et l'inférieure 
divisée en 5 lobes, dont le moyen plus large et échancré. 

BÉTOINE OFFICINALE, vulgairement {a Bétoine. 

Betonica officinalis. Lin. Spec. 810. — Bull. Herb. 
t. 41. — Betonica. Pharm. 


Sa racine, fibreuse, vivace, donne naissance à une tige 
redressée , velue, haute de 10 à 15 pouces, garnie, dans sa 
partie inférieure, de 3 à 4 paires de feuilles ovales-oblon- 
gues , pétiolées, crénelées en leurs bords, échancrées en 
cœur à leur base; les feuilles supérieures sont très-écartées 
les unes des autres, plus allongées et sessiles. Les fleurs sont 
purpurines, disposées en Léle au sommet des tiges, ou un 
peu allongées en un épi interrompu à sa base. Cette plante 
est commune dans les bois ; elle fleurit en juillet et août. 

Les feuilles de Bétoine ont une odeur aromatique, qui, 
d’après l'observation de plusieurs auteurs, paraît ètre très- 
enivrante lorsqu'elles sont fraîches ; ses fleurs sont presque 
inodores. Les propriétés qu’on a attribuées aux premières 
sont d'être toniques, céphaliques, expectorantes, apéritives, 
sternutatoires, ete. Elles étaient beaucoup plus fréquemment 
employées autrefois que maintenant; on.en faisail principale- 
ment usage dans les maux de tête, les vertiges, la paralysie, 
le tremblement des membres, les catarrhes atoniques, les 
maladies du foie, la goutte. Ces feuilles sèches, réduites en 
poudre et introduites dans les narines, déterminent une irri- 
tation particulière de la membrane pituitaire et produisent 
l'éternuement. Les racines passent pour éméliques ; mais 
on ne les emploie pas, et leur actiontest d’ailleurs très-faible 


LABIÉES. 453 


sous ce rapport, car les ayant essayées deux fois à la dose 
de 24 grains, elles n’ont pas déterminé un seul vomisse- 
ment. ( Z’oyez dans la 2° partie de cet ouvrage, mon Mé- 
moire sur les Succédanées de l’Ipécacuanha, (. V.) 

On préparait autrefois dans les pharmacies un sirop, Une 
conserve de Bétoine, et aussi un emplätre composé qu'on 
employait pour les plaies de la tête. Tout cela n’est plus en 
usage. Des autres compositions officinales dans lesquelles 
cette plante entre encore, les plus connues sont l'eau Vul- 
néraire et le sirop de Stéchas. 


267° Genre. — MARRUSE. MARRUBIUM. Lin. 


Calice à 10 stries et à 5 ou 10 dents. Lèvre supérieure de 
la corolle droite, étroite, souvent bifide ; l'inférieure à 3 
lobes , dont le moyen plus large et échancré. Orifice du 
calice presque caché par des poils pendant la maturauon 
des graines. 

MAaRRUBE COMMUN , vulgairement Marrube blanc. 

Marrubium vulgare. Lin. Spec. 816. — Bull, Herb. 
t. 105. — Marrubium. Pharm. 


Sa racine est presque ligneuse, un peu épaisse, vivace, 
divisée en fibres plus menues ; elle donne naissance à une 
ou plusieurs tiges droites, colonneuses , rameuses , hautes 
de 1 pied à 18 pouces, garnies de feuilles pétiolées, ovales- 
arrondies, crénelées en leurs bords, ridées en dessus, molles 
au toucher, cotonneuses et blanchâlres en dessous. Ses fleurs 
sont blanches, petites, sessiles , ramassées en grand nombre 
par verticilles disposés dans les aisselles des feuilles supé- 
rieures. Cette plante est commune sur les bords des champs 
et dans les lieux incultes ; elle fleurit en juillet et août. 

Le Marrube blanc a une saveur amère, un peu âcre, 
el une odeur assez forte, comme légèrement musquée. Les 
médecins de l'antiquité l’estimaient beaucoup, et les mo- 
dernes le regardent encore comme ayant des propriétés 
très recommandables. Celles qu’on lui reconnait sont d'être 
tonique, expeclorant, apéritif, emménagogue, et les ma- 
ladies dans lesquelles on en fait principalement usage sont 
les catarrhes atoniques, l'asthme humide, la chlorose, la 
suppression des menstrues, les affections hystériques, les 
engorgemens du foie, la jaunisse. On l’a aussi conseillé con- 
tre les vers, les scrophules, les fièvres intermittentes. Linné 

Fr3 


45% LABIÉES. \ 


assure avoir guéri par son moyen une salivation , suite d’uu 
traitement vénérien qui durait depuis plus d’un an. Les 
parties du Marrube dont on fait usage sont les feuilles et les 
sommilés fleuries, qu'on prescrit en infusion théiforme, à 
la dose d’une ,ou plusieurs pincées pour 1 pinte d’eau. Plus 
rarement on les administre , quand elles sont sèches, en 
poudre depuis 1 gros jusqu'à 2. Le suc clarifié de la plante 
fraiche peut se donner depuis 1 once jusqu’à 4. La conserve, 
lextrait et le sirop de Marrube sont des préparations qu'on 
ne fait plus dans les pharmacies, parce que les médecins en 
ont abandonné l’usage, et, excepté le sirop d’Armoise et 
la Thériaque dent cette plante doit faire partie, toules les 
autres composilions dans lesquelles elle enlrait sont relé- 
guées aujourd'hui dans les anciens formulaires. 

La plante nommée vulgairement Marrube noir, Mar- 
rube puant , appartient à un autre genre, c’est le Ballota 
higra. Lin. Trés-rapprochée du Marrube blanc par ses 
caractéres botaniques, on doit croire qu’elle en diffère peu 
par les propriétés. Ray a fait l'éloge de son infusion contre 
l’hystérie et l'hypocondrie; Tournefort contre la goutte; 
aujourd’hui elle est tout-à-fait inusitée. 

Il en est de même du Marrube aquatique, aussi appelé 
Pied - de- Loup, et plus exactement, Lycope d'Europe 
(Lycopus Europœus. Lin.). Cette plante est beaucoup 
moins aromatique que la plupart des autres Labiées, mais 
elle est 4ssez fortement astringente, Anciennement elle à été 
employée comme telle et comme détersive. Son principe 
asiringent la rend propre à servir pour les teintures noires. 


266° Genre. — Or1GAN. ORIGANUM. Lan. 


Calice à 5 dents égales, ou à 2 lèvres inégales, dont lin- 
férieure à 2 lobes. Corolle à tube comprimé, ayant son limbe 
$ us ? 
partagé en 2 lèvres , dont la supérieure droite et échancrée, 
et l’inférieure à 3 divisions presque égales. Fleurs imbri- 
: : Fe pre SAR pd 
quées , ramassées en épis serrés, chacune d’elles munie à sa 
base d’une bractée colorée. 
ORIGAN COMMUN , vulgairement orand Origan, Mar- 
. - 2 4 (eo) L2 4 
jolaine sauvageou bätarde, Marjolaine d'Angleterre. 
Origanum vulgare. VAn. Spec. 824. — Bull. Herb. 
15 PS Le 
t. 195. — Origanum. Pharm. 
L2 


Ses racines sont presque ligneuses, brunâtres, vivaces, 


LABIÉES. 455 


horizontales, munies de fibres menues : elles produisent plu- 
sieurs tiges droites, dures, rougeàtres, velues, un peu ra- 
meuses dans leur partie supérieure, hautes de 1 pied ou un 
peu plus, garnies de feuilles pétivlées, ovales, assez petites, 
un peu rétrécies en pointe à leur sommet, légèrement velues 
en leurs bords et en leur surface inférieure. Les fleurs sont 
purpurines, pelites, accompagnées de bractées d'un rouge 
violet, disposées, à l’exirémité de la tige et des rameaux, en 
épis serrés, formant une panicule dans leur ensemble. Cette 
plante croît dans les bois secs et montueux ; elle fleurit en 
Juillet et août. 

L'Origan a une saveur âcre et aromatique très-prononcée, 
Il est stumachique , céphalique, expectorant , sudorifique , 
emiménagogue. On l'emploie principalement contre les fla- 
tuosités, les digestions languissantes, les maux de tête, les 
élourdissemens, les affections catarrhales de.la poitrine, la 
suppression des règles. Les parties usitées sont les feuilles et 
les sommités fleuries que l’on prépare par infusion théiforme 
à la dose de 1 ou plusieurs pincées pour une pinte d’eau. On 
emploie aussi l'Origan à l'extérieur pour faire des bains aro- 
matiques et des fumigations de même nature, qui sont utiles 
daus la paralysie et les rhumatismes. L’Origan entre dans 
plusieurs compositions pharmaceutiques, dont les plus usi- 
tées aujourd'hui sont l’eau Vulnéraire et le sirop d’Armoise, 

La Marjolaine, Origanum Majoranoides. Wild. , autre 
espèce de ce genre, possède les mêmes propriétés que l'Ori- 
gan; mais étant moins commune, on l'emploie beaucoup 
plus rarement que celui-ci. 


269° Genre. — Tavm. THrmus. Lin. 


Calice tubulé, à 2 lévres, dont la supérieure à 3 dents, 
et l’inférieure à >. Corolle à tube de la longueur du calice, 
à limbe partagé en 2 lèvres, dont la supérieure plus courte, 
droite, échancrée , et l’inférieure plus longue, à 3 lobes. 
Calice resserré à son orifice et fermé par des poils pendant 
la maturation des gra. es. 

THYM SERPOLET, vu kairement &erpolet, Pilloler, 

Thym sauvage. 

Thymus Serpyllum. Lin. Spec. 825. — Serpyllun: vul- 

gare. Vaill. ol. Par. t. 52. f, 7 et 9. — Serpyllum. Pharm. 


Sa racine est menue, fibreuse, rampaute, vivace, elle 


Ff4 


456 LABIÉES. 


produit des tiges grêles, ligueuses dans leur partie infé- 
rieure , couchées et étalées sur la terre, divisées en rameaux 
nombreux, ordinairement redressés, hauts de 2 à 4 pouces, 
et s’élevant quelquefois jusqu'à 1 pied dans certaines va 
riétés. Ses feuilles sont petites, rélrécies en un court pétiole, 

glabres en dessus et en dessous, souvent ciliées en leurs bords 

ou au moins vers leur base. Ses fleurs sont d’une couleur 

purpurine , disposées an sommet des rameaux en une pelite 

tête arrondie, ou quelquefois en épi. Le Serpolet est com 

mun sur Jes collines exposées au soleil, sur les pelouses et 

aux bords des bois; il fleurit en juin, juillet et août 

Cette plante a une saveur un peu âcre et amère, avec une 
odeur agréablement aromatique. On la regarde comme 
céphalique, stomachique, antispasmodique, expectorante, 
apérilive, emménagogue. Elle est employée avec avantage 
dans la migraine, les vertiges, les déhilités gastriques et 1n- 
testinales, les affections spasmodiques, les rhumes anciens, 
les catarrhes chroniques l'asthme, la coqueluche, la men- 
struation difficile, lengorgement des viscères du bas-ventre. 
Les parties en usage sont les sommités fleuries, dont la pré- 
paration se fait par infusion théiforme, à la dose de 1 à 4 
pincées pour une pinte d'eau. 

Le Serpolet communique un très-bon goût à la chair des 
moutons qui le broutent. 

Le Thym commun, Thymus vuloaris. Lin., qui croît 
dans le midi de la France, et qu'on cultive fréquemmer 
dans les jardins, a une odeur plus forte, plus pénétrante que 
le Serpolet, et il est probable que ses propriétés sont encore 
plus prononcées que dans ce dernier; il est cependant fort 
rare qu'on en fasse usage en médecine, si ce n’est pour le 
laire entrer dans plusieurs préparations pharmaceutiques. 
Son huile essentielle s'emploie quelquefois par gouttes sur 
du coton, pour meltre dans les dents cariées et douloureuses. 
Dans les cuisines, la plante est d’un emploi journalier, 
comme condiment dans les sauces, les ragoüûts, etc. 


270° Genre. — MéLisse. MELISSA. Lin. 


Calice presque campanulé, à 2 lèvres; la supérieure plane, 
a 5 dents ; l’inférieure bifide. Lèvre supérieure de la corolle 
bifide , un peu en voûte; l'inférieure à 5 lobes, dont le moyen 
échancré en cœur, 


LABIÉES. 457 


MÉLIsSE OFFICINALE, vulgairement Citronelle, Mé- 
lisse citronnée, Herbe de Citron, Citronade, Pon- 
cirade, Piment des ruches où des mouches a miel. 

Melissa officinalis. Lin. Spec. 82. — Mélissa. Blackw. 

Herb. t. 27. — Pharm. 


Sa racine est horizontale, vivace, de la grosseur d’une 
plume à écrire; elle produit une tige droile, rameuse, 
presque glabre, haute de 1 pied et demi ou un peu plus, 
garnie de feuilles ovales, pétiolées, légèrement échancrées 
en cœur à leur base, crénelées en leurs bords, chargées de 
poils rares et courts. Ses fleurs sont blanches, portées sur 
des pédoncules rameux et disposées plusieurs ensemble par 
pelits paquets axillaires, occupant une grande partie de la 
longueur de la tige et des rameaux. Celte plante croit at 
long des haies dans le midi de la France; on la cultive dons 
les jardins, où elle fleurit en juin et juillet. 

La Mélisse est cordiale, stomachique, céphalique , anti- 
spasmodique, sudorifique, eniménagogue. On la prescrit 
pour les étourdissemiens , les vertiges, l'apoplexie, les affec- 
tions spasmodiques et hystériques, la syphilis, la suppres- 
sion des règles, ete. Les parties de la plante dont on fait 
usage sont les feuilles recueillies avant la floraison, parce 
qu’elles ont alors une odeur beaucoup plus agréable. Elles 
se préparent en infusion théiforme, à la dose de 1 à 4 pincées. 
Elles servent dans les pharmacies à faire une Eau de Mélisse 
simple et une Eau de Mélisse spiritueuse. La premiére se 
donne à la dose de 2 à 6 onces dans les potions cordiales et 
antispasmodiques. La seconde, qui est beaucoup plus éner- 
gique, à cause de l’esprit-de-vin et de plusieurs aromates qui 
entrent dans sa composition , se fait prendre depuis 1 gros 
jusqu’à demi-once, pure ou mêlée avec un peu d'eau sucrée, 
dans les défaillances, les syncopes, les affections spasmo-- 
diques, l’asphyxie. L’extrait, la conserve et le sirop de 
Mélisse sont , surtout les deux premiers, peu ou point em- 
ployés aujourd’hui, et quelques autres compositions offici- 
nales dont cette plante faisait partie , sont de même tombées 
en désuétude, excepté le sirop d’Armoise. 

La Mélisse Calament , vulgairement Calament de mon- 
tagne, Melissa Calamintha, Lin., approche de la Mélisse 
pour ses propriétés, mais comme elle est plus faible et moins 
agréable au goût, on n’en fait presque pas d'usage. 


458 LABIÉES: 

- Il en. est de même de la Mélisse sauvage ou bâtarde, Mé- 
lisse de bois où de montagne, Mélisse puante ( Melitis 
Welissoph\llum, Lin.). Cette plante a une odeur forte qui 
Ja fait ordinairement rebuter ; mais il est probable que dans 
plusieurs cas elle pourrait remplacer la Mélisse officinale. 


Famille LXXEET. 
BORRAGINÉES. 


Un calice monaphy Île, persistant, à 5 divisions; 1 co- 
rolle monopétale, à 5 lôbes ordmairement réguliers ; 5 éta- 
mines: 1 Ovaire supérieur à # lobes, surmonté d’un siyle 
simple , à sligmate entier ou bifide; 4 graines ou plutôt 4 
petites noix monospermes, atlachées au fond du calice : tels 
sont les caractères des plantes de cette famille. 

Les Bcrraginées sont des herbes à feuilles simples et al- 
ternes ; à fleurs ordinairement disposées en grappes termi- 
yales et tournées d’un même côlé. 

Les propr iétés les plus positives des plantes de cette fa- 
mille sont d'être émollientes et mucilagineuses. Un principe 
légèrement excitant fait que quelques - unes sont un peu 
sudorifiques et astringentes. Dans plusi: urs espèces, l'écorce 
des racines contient une matière colorante d’un rouge plus 
ou moins foncé , qui ne se dissout bien que dans alcool, 
l'huile ou les graisses. 


271° Genre. — BOURRACHE. BORRAGO. Lin. 


Calice à 5 divisions. Corolle en étoile ou en cloche très- 
évasée, à 5 lobes égaux. 5 écailles échancrées. Anthères 
oblorigues , presque sessiles, insérées à la base des écailles, 
Graines ridées. “Ne 

BOURRACHE OFFICINALE, vulgairement /a Bourrache 

ou Bourache. 


Borrago offivinalis. Lin. Spec. 109. .—Borag vo. Blackw. 
Herb. t. 56. — Pharm. 


Sa racine est de la grosseur du doigt, annuelle, blanche, 
partagée en plusieurs fibres: elle produit une tige droite, 
creuse, rameuse, haute de 1 à 2 pieds, garnie de feuilles 
hérissées, ainsi que les tiges et les calices, ‘de poils piquans. 
De ces feuilles, les inférieures sont ovales, pétiolées; et les 


BORRAGINÉES. 459 


supérieures ovales-lancéolées, sessiles. Ses fleurs, ordinaire- 
ment bleues et variant du blakc au rose , sont portées sur 
de longs pédoncules , disposées à l'extrémité de la tige et des 
rameaux en grappes bifurquées; leur corolle est en étoile, 
et les anthères forment une colonne conique et:saillante, 
Cette plante croît sur le bord des champs et daus les lieux 
cultivés; elle fleurit pendant une grande partie de l'été. 

La Bourrache passe pour apéritive, diurétique , diapho- 
rétique , expectoranle , dépurative, On l'emploie dans les 
rhumes, la pleurésie, la péripneumonie , les fièvres bilieuses, 

les engorgemens des viscères , les maladies de la peau. Les 
parties de la plante dont on fait usage sont les feuilles et Les 
fleurs. Les feuilles se prescrivent en légère décoclion , à la 
dose d'une pincée à une demi-poignée pour une pinte d'eau. 
On fait aussi prendre leur suc , lorsqu'elles sont fraiches, 
depuis 1 once jusqu'à 4. Elles sont trés-usilées aujourd hui 
dans Ja pralique ordimaire , quoique leurs propriétés soient 
réellement assez faibles. 

Les anciens médecins mettaient les fleurs de Bourrache 
au nombre des-quatre fleurs cordiales, dont les trois autres 
élaieut celles de Buglose, de Violette et de Rüse; mais les 
unes et les autres sont inusitées aujourd'hui sous ce rapport, 
parce qu’elles ne paraissent douées d'aucune qualité tonique 
et excitante. Lorsqu'on fait usage maintenant des fleurs 
de Bourrache, c'est comme adoucissantes et pectorales ; 
fraiches, on les mange dans les salades. 

Le sirop de Bourrache, la conserve de ses fleurs, qu'on 
préparait autrefois dans les pharmacies, sont musilés main- 
tenant , et l'on pourrait très-bien se dispenser de metre la 
plante dang plusieurs compositions dont elle doit faire per- 
tie, mais auxquelles elle ne communique aucune vertu. 
Son eau distillée est assez souvent prescrite comme exci- 
pient dans les potions pectorales: on peut sans inconvénient 
lui substituer de l’eau distillée simple ; c’est ce que font beau 
coup d’apothicaires. | 


272° Genre. — BUGLOSE. ANCHUSA. Lin. 


Calice à 5 divisions plus ou moins profondes. Corolle en 
entonnoitr , à 5 lobes arrondis, ayant l'entrée du tube fer- 
mée par à 'écaill es oblongues, proéminentes et conniventes. 
Graines obtuses. 


46o BORRAGINÉES. 


BuGLose D'ITALIE, vulgairement /a Buglose. 

Anchusa Ttalica. Willd. Spec. 1. p. 756. — Anchusa 
officinalis. Lam. Dict. 1. p. 502. — Buglossum seu Bu- 
glossa. Pharm. 


Sa racine est oblongue, cylindrique, vivace, de la gros- 
seur du doigt, brunatre en dehors, blanche en dedans ; 
elle donne naissance à une Uige dr oile , haute de 1 à 2 2 pieds, 
hérissée, ainsi que les feuilles et les Cali , de poils nom- 
breux , Pr el blanchâtres. Ses feuilles radicales et celles 
de la partie inférieure de la tige sont étroites-lancéolées, 
rélrécies en péliole à lear base; les supérieures sont lan- 
céolées , sessiles, semi-amplexicaules. Ses fleurs, bleues cu 
violettes, quelquefois blanches, sont disposées au sommet 
des liges sur des rameaux bifides, en grappes unilatérales , 
dout l’ensemble forme une sorte de panicule : les écailles de 
Ja corolle étant fortement velues ont la forme de petits pin- 
ceaux. Ceite plante se trouve assez communément sur les 
bords des champs; elle fleurit en mai, jum et juillet. 

Les propriétés de la Buglose sont les mêmes que celles de 
la Bourrache, et l'on peut employer ces deux plantes in- 
différemment l’une pour l’autre. La conserve de fleurs de 
Buglose qu'on prépar ait dans les pharmacies est tombée en 
dé Re GER ainsi que la plupart des compositions officinales 
dans lesquelles entrait la plante. 

La partie corticale de la racine de Buglose des teinturiers, 
vulgairement Orcanette ( Anchusa tinctoria, Lin.) , que 
beaucoup de botanistes placent maintenant dans le genre 
Grémil (Zithospermum , Vän.), contient un principe 
colorant très-développé, et elle est en usage pour les tein- 
tures rouges. Les pharmaciens l’emploient pour commu 

uiquer à l’onguent Rosat une belle couleur rose ; les disul- 
lateurs et les confiseurs s’en servent aussi pour Ant celte 
méme couleur à certaines liqueurs de table et à des dragées 
ou autres sucreries. 

Les graines du Grémil officinal , vulgairement Herbe aux 
perles (Lithospermum officinale, Lan.), espèce d'un genre 
voisin des Bugloses, ont passé autrefois pour être puis-, 
samment diurétiques et lithontriptiques ; elles pouvaient, 
disait-on, briser et réduire en poudre les calculs urmaires ; 
aujourd’ Hu elles sont, avec raison, entièrement totnbées 
en désuétude. On ne croit plus à ces vertus merveilleuses 


BORRAGINÉES. 461 


de cerlaines plantes, qui ne RSUNEnE supporlier un examen 
raisounable , et qui, en général, étaient d'autant plus van- 
tées, que leurs propriétés réelles se réduisaient à une inertie 
et à une nullité absolues. 


273° Genre. — PULMONAIRE. PULMONARIA. Lin. 


Calice campanulé, à 5 dents. Corolle en be de nue 
à l'entrée du tube, ayant son limbe parlagé en 5 Robes r'é- 
guliers. Graines lisses. 

PULMONAIRE OFFICINALE, Vulgairement grande Pul- 
monaire, Herbe au tait de Notre-Dume, Herbe 
aux poumons , Herbe de cœur. 

Pulmonaria officinalis. Lin. Spec. 194. — Pulmonaria 

maculosa et non maculosa. Flor. Dan. t, 482. — Pulmo- 
naria. Pharm. 


Sa racine est blanchätre, vivace, composée de plusieurs 
fibres assez grosses; elle produit une ou plusieurs tiges sini- 
ples, redressées , hautes de 6 pouces à 1 pied, garnies de 
feuilles dont les radicales sont ovales, aiguës, un peu en 
cœur à leur base, portées sur d’assez longs pélioles, tandis 
que les caulinaires sont ovales-lancéolées ; .les unes et les 
autres sont d'un vert foncé, hérissées de poils, ordinairement 
parsemées de taches blanchâtres, quelquelois d’un vert uni- 
forme. Ses fleurs sont bleues ou rougeâtres, pédonculées, 
disposées à l’extrémité des tiges en grappe bifurquée ou 
même un peu rameuse. Cette plante est assez rare en France; 
on ne la trouve que dans les bois de quelques départemens 
du nord ; elle fleurit en avril et mai. 


PULMONAIRE A FEUILLES ÉTROITES, vulgairement petite 
Pulmonaire. 

Pulmonaria angustifolia. Liu. Spec. 194. — Flor. Dan, 

t. 403. — Pulmonaria. Pharm. 


Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles radi- 
cales, lancéolées, jamais ovales-cordiformes; celles de la tige 
sont aussi plus étroites. Elle est très-commune dans les bois à 
l'ombre, où elle fleurit en avril et mai, quelquefois même 
dès la fin de mars. 

Les feuilles de Pulmonaire passaient autrefois pour adou- 
cissanies et béchiques. On les employait dans le erachement 
de sang, dans diverses affections de poitrine, et surtout dans 


LA 


4G2 BORRAGINÉES. 


la phthisie. On les donnait en décoction dans les tisanes et 
dans les bouillons dits pectoraux. Aujourd'hui elles ne sont 
plus que tr ès-peu en usage, et sont regardées comme n'ayant 
aucune propriété bien positive. Ray dit qu'en Angleterre 
on les mange comme herbe potagère. 


2r4° Genre. — CYNOGLOSSE. CYNOGLOSSU M. Lin. 


Calice à 5 découpures. Corolle en entonnoir , à Himbe par- 
tagé en 5 lobes obtus, ayant l’orifice de son tube presque 
ei mé par 5 petites écailles convexes et proéminentes. 4 
graines comprimées et bordées da dents. 


CYNOGLOSSE OFFICINALE, vulgairement Langue de 
chien. 
Cynorlossum officinale. Lan. Spec. 192. — Cynoglos- 
sum. ilackw. Herb. t. 249. — Pharm. 


Sa racine est pivotante, brunäâtre , bisannuelle; elle donne 
naissance à uue tige droite, simple dans sa parle inférieure, 
rameuse dans la supérieure, kaute de 1 pied et demi à 

2 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéolées, ou lancéolées, 
d'un vert blanchätre en dessus, toutes couvertes en dessous 
de poils blanchätres, doux au toucher: les radicales beau- 
coup plus grandes que les autres, et longuement pétiolées. 
Ses fleurs sont rougeäires ou bleuätres, avec des veines d’un 
rouge plus foncé , pédonculées et disposées ; à l'extrémité de 
la tige et des rameaux, en grappes lâches et tournées du 

méme côté. Les graines sont hérissées de dents nombreuses, 
ee le sommet se divise en plusieurs petites pomtes dispo- 
sées comme les rayons d’une étoile. Cette plante croît dans 
Le Te incultes et sur les bords des bois et des champs; elle 
fleurit en mai et juin. 

La Cynoglosse exhale une odeur un peu fétide. Elle passe 
pour être anodine, Har colique et un peu astringente. On a 
conseillé l'usage dé la décoction de sa racine à la dose de 
1 once, ou de ses feuilles à celle d’une poignée dans une 
pinte d’eau , comme un moyen ulile dans les affections 
calarrhales , la diarrhée, la dysenterie, la gonorrhée et les 
hémorragies. Ces inêmes racines et ces mêmes feuilles cuites 
dans l'eau et appliquées exlérieurement sont, dit-on, émol- 
lentes et résolutives. Mais la Cynoglosse est en général très- 
peu usilée sous tous ces rapports, ce n'est guère que comme 
entrant dans les pilules qui portent son nom, et qui sont 


BORRAGINÉES. 463 


d'un usage lrès-familier, comme calmantes et somnifères, 
que les racines de celle plante sont maintenant connues et 
employées en médecine. Ces pilules doivent évidemment 
toute leur propriété à l'Opium qui y entre en assez grande 
quantité, et l’on pourrait mème leur substituer toujours avec 
avantage de simples pilules d'extrait gommeux d'Opium. 

Les chèvres sont les seuls animaux qui broutent les feuilles 


de la Cynoglosse. 
27° Genre. — CONSOUDE. SFMPHYTUM. Lin. 


‘Calice à 5 divisions. Corolle tubuleuse , un peu évasée en 
cloche, ayant l'entrée du tube fermée par 5 rayons subulés 
et connivens en forme de cône. Anthères oblongues. 


CoNSOUDE OFFICINALE, vulgairement Grande-Con- 
soude , Oreille d’äne, Herbe aux Charpentiers. 
Symphytum. officinale. Lin. Spec. 195. — Symphytum 
Consolida major. Flor. Dan. t. 664. — Consolida major 
vel Symphytum. — Pharm. 


Sa racine est charnue, cylindrique , noirâtre en dehors, 
blanche en dedans, vivace; elle produit une tige droite, 
haute de 2 pieds et plus, hérissée de poils ainsi que les feuilles 
et les calices. Ses feuilles sont lancéolées ; rudes au toucher, 
rétrécies en péliole et un peu décurrentes. Ses fleurs, blan- 
châtres, jaunâtres ou rougeâtres, sont disposées, à l’extré- 
mité de la tige et des rameaux, en grappes courtes, bifides, 
un peu roulées avant leur parfait développement. Cette 
plante croît dans les prés et sur les bords des ruisseaux ; elle 
fleurit en mai et juin. 

La racine de Grande-Consoude est la seule partie dont on 
fasse usage ; elle est émolliente, adoucissante, légèrement 
astringente, On l'emploie en décoction à la dose de 1 demi- 
once à 1 once pour une pinte d'eau, dans la dysenterie , la 
diarrhée, la blénorragie, le crachement de sang, les affec- 
üous catarrhales du poumon et des voies urinaires. Autrefois 
on se servait de la racine de Grande-Consoude appliquée 
extérieurememt , comme moyen de procurer la réunion des 
plaies, de consolider les fractures des os, de s'opposer à la 
sorlie des heruies réduites, etc. Aujourd'hui la chirurgie a 
banni de la pratique ce moyen, comme absolument insi- 
gifiant, 


46# BORPRAGINÉES. 


De toutes les préparations pharmaceutiques dans les- 
quelles entrait jadis la racine de Grande-Consoude, il ne 
reste guère aujourd’hui que le sirop , auquel la plante donne 
son non , qui soitencore usité. On le prescrit pour les mêmes 
cas que la racine elle-même, soit dans des potions appro- 
priées, soit pour édulcorer les tisanes. 


Famille LXXIV. .: 
GLOBULARIÉES. 


Un seul genre indigène composant cette famille, les ca- 
ractères comme les propriétés de celle-ci se u'ouvent être les 
mèmes que dans celui-là. 


276° Genre.— GLOBULAIRE. GLOBULARIA. Lin. 


Calice monophylle, tubulé, à 5 divisions. Corolle mono- 
pétale, à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 découpures, l’infé- 
rieure à 5. 4 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté d’un 
style simple. 1 graine ovale, recouverte par le calice per- 
_sistant. Fleurs réunies en tête dans un involucre polyphylle, 
sur un réceptacle garni de paillettes. 

GLOBULAIRE TURBITH. 

Globularia Alvpum. Lin. Spec. 139. — Lois. in nov. 


Duham. 5. p. 158. 1. 41. f. 1. 


Celle plante est un arhbrisseau qui s'élève à la hauteur de 
2 à 5 pieds, en se divisant en rameaux grêles, redressés, 
brunätres ou cendrés, garnis de feuilles alternes, lancéolées, 
réirécies en pétiole à leur base, très aiguës à leur sommet, 
glabres, coriaces, persistantes et d'un vert gai. Ses fleurs 
sont bleuätres, réunies au sommet des rameaux en pelites 
têtes, qui ont l’aspect d’une Composée , et qui sont le plus 
souvent solitaires. Cette plante croît spontanément dans 
jes lieux arides, pierreux, et sur les collines exposées au 
soleil, en Provence et en Languedoc: elle fleurit au mois 
de mars, el assez souveut une seconde fois en septembre. 
La Globulaire turbith est un peu âcre, mais surtout très- 
amère; ses propriétés ont élé long-temps méconnues. Les 
botanistes du 16° siècle lui attribuëèrent, sans aucun fonde- 
ment, les plus malfaisantes, comme de causer des superpur- 
galions accompagnées de coliques atroces. Jusqu'à ces der- 


GLOBULARIÉES. 465 


niers temps, presque tous les auteurs avaient répété ces 
_assertions sans examen, et elle plante se trouvait bannie 
de la matière médicale, comme étant un drastique dange- 
reux. Clusius et Garidel cependant , en ayant parlé commé 
d’un purgatif dont les Maures d'Espagne et les paysans pro- 
vençaux faisaient souvent usage , sans qu'il leur en arrivât 
aucun accident ,'je l’ai soumise à des observations positives et 
multipliées (voyez, dans la 2° Partie de cet Ouvrage, mon 
Mémoire sur les Succédanées du Séné, (. Il), et il m’a 
bientôt été démontré que les feuilles de Globulaire turbith, 
loin d’être un drastique terrible et dangereux, étaient au 
contraire un purgatif très-doux , qu'il convient principale- 
ment d'employer dans les cas où il est besoin de redonner 
du ton à l'estomac et aux intestins , parce qu’il provoque les 
évacuations alvines par une excitation tonique imprimée au 
systèm® intestinal. La dose de ces feuilles est de 4 gros à 
1 once en légère décoction. Nulle aufre plante indigène ne 
m'a paru plus propre à remplacer le Séné. x 

La Globulaire vulgaire, Globularia vulgaris, Lin., qui 
croît aux environs de Paris et dans une grande partie de la 
France, paraît avoir les mêmes propriétés que la Globulaire 
turbith. 

Famille LXXV. 


PLUMBAGINÉES. 


Les caractères et les propriétés du genre Dentelaire com- 
posent ceux de la famille elle-même, parce que celle-ci ne 
comprend que ce seul genre. 


277° Genre. — DENTELAIRE. PLUMBAGO. Lin. 


Calice monophylile, tubuleux, à 5 dents. Corolle mono- 
pétale, infondibuliforme, à tube long , à limbe quinquéfide, 
égal. 5 étamines à filamens élargis par leur base, 1 ovaire 
supérieur , surmonté d’un style à 5 stigmates. 1 capsule 
monosperme , à b valves, renfermée dans le calice persistant. 

DENTELAIRE D'EUROPE, vulgairement Dentelaire, 

Malherbe, Herbe au cancer. | 

Plumbago Europæa. Lin. Spec. 215. — Plumbago 
quorundam. Clus. Hist. CXXHI. 

Sa racine est longue, pivotante, blauchâätre, vivace; elle 


Gg 


466 PLUMBAGINÉES. 


produit une ou plusieurs tiges striées, glabres comme toute 
la plante, droites, rameuses, hautes de 2 pieds ôu environ, 
garnies de PUES oblongues alternes, amplexicaules. Ses 
leurs sont bleuâtres ou pur purines, presque sessiles et ras- 
semblées plusieurs ensemble en un petit bouquet, au som- 
met de la tige et des rameaux. Leur calice est abondamment 
hérissé de poils glanduleux. Cette plante croît dans les lieux 
secs et sur les bords des chemins dans le midi de la France; 
elle fleurit en août et septembre. 

Toutes les par ües de la Dentelaire ont beaucoup d° âcreté; 
elles sont même caustiques à l’état frais, mais la defsicea= 
tion diminue beaucoup leurs propriétés. Depuis long-temps, 
en Provence, on se servaitextérieurement de sa racine pour 
le traitement de la gale ; mais les médecins du reste de la 
France ne connaissaient pas ce moyen, lorsque la Société 
royale de Médecine ayant proposé pour sujet de prix d’in- 
diquer Ja meilleure méthode pour guérir promptement et 
sûrement la gale, le prix fut décerné à M. Sumaire, qui fit 
connaître le moyen de guérir cette maladie par la racine de 
Dentelaire. La manière de s’en servir est d’en faire bouillir 
2 à 3 onces dans 1 livre d'huile d'Olive, qu’on emploie 
ensuite en frictions sur les parties qui sont le siége des bou- 
tons galeux. 

Wedelius ayant proposé la racine de Dentelaire pour 
remplacer l’Ipécacuanha, je l’ai essayée dans cette inten- 
tion , en la donnant à l'intérieur et réduite en poudre; mais 
si elle est réellement émétique, ce n’est qu’à une dose assez 
forte; car, à celle de 50 grains, elle n’a pas produit le 
moindre effet. ( ’oyez dans la 2° Partie les Succédanées de 
Pipécacuanha, (. V.) 

La racine de Dentelaire, employée comme masticatoire, 
a quelquefois soulagé des douleurs de dents, en produisant 
une sécrétion plus abondante de salive. Appliquée sur des 
cancers ou des ulcères de mauvaise nature, elle peut servir 
à consumer les chairs baveuses. 


Famille BRXVI 04 
PLANTAGINÉES. 


Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice 
à 4 divisions, plus rarement à 5 ; 1 corolle tubuleuse, per- 


FLANTAGINÉES. 467 


sistante, ordinairement quadrifide ; #4 étamines à filamens 
saillans insérés sous lé pistil ; 1 ovaire supérieur, à style et 
stigmate simples; 1 capsule s’ouvrant horizontalement en 
travers, partagée par une cloison à 2 ou 4 faces, qui la 
divisent en 2 à 4 loges monospérmes ou polÿspermes ; quel- 
quefois une capsule monosperme indébiscente. 

Les Plantagintes sont des plantes ordinairement herba- 
cées, à feuilles toutes radicales ou opposées: à fleurs le plus 
souvent disposées en têtes ou en épis portés sur des hampes 
radicales, ou sur des pédoncules axillaires. 

Les racines et les feuilles de ces plantes sont un peu amères 
et astringentes ; keurs graines mucilagineuses et émollientes. 


278° Genre. — PLANTAIN. PLANTAGO. Lin. 


Calice à 4 divisions. Corolle quadrifide. 4 étamines à fila- 
mens capillaires. Style filiforme , plus court que les éta- 
mines. Capsule divisée par une cloison à 2 ou 4 faces, et 
formant 2 à 4 loges monospermes ou polyspermes. 


PLANTAIN MAJEUR, vulgairement Plantain large, 
grand Plantain. 
Plantago major. Lin. Spec. 165. — Plantago septi- 
nervial Blackw. Herb. t, 55. — Plantago. Pharm. 


Sa racine, formée d’une souche épaisse, vivace, divisée 
en beaucoup de fibres menues, produit plusieurs feuilles 
ovales, presque glabres, d’un vert assez foncé, portées sur 
des pétioles élargis à leur base, et étalées en roseite. Du 
milieu de ces feuilles s'élèvent une ou plusieurs hampes 
cylindriques , striées, légèrement pubescentes, plus longues 
que les feuilles , hautes de 8 pouces à 1 pied, nues dans leur 
partie inférieure, portant dans la supérieure un épi droit, 
cylindrique , composé d’un grand nombre de fleurs blan- 
châtres, très-petites, et très-serrées les unes contre les autres. 
Cette plante croît dans les pâturages secs et sur les bords des 
chemins; elle fleurit pendant une grande partie de l’été. 

Les feuilles du grand Plantain ont une saveur amère et 
légèrement stiptique, Regardées comme astringentes et fébri- 
fuges , on en conseillait autrefois l’usage dans le crachement 
de sang, la dysenterie, et dans toutes sortes de flux ato- 
niques ; aujourd'hui elles ne sont plus que fort peu ‘usitées. 
En décoction , elles peuvent se donner à la dose de 1 demi- 
poignée à 1 poignée pour une pinte d’eau ; leur suc, quand 

Gg 2 


& ; spa * gr 5 
Sn: É Z£ : 4% 


468 NpLANTAGINÉE UE 


e!les sont Eaichene se prescril se 1 jusqu’à ns 

Extérieurement , où fait quelquelois servir leur décoction 
de gargarisme astr ingent contre les maux de Buse et les 
aphtes. 

Le Plantain entrait anciennement dans une assez grande 
quantilé de préparations pharmaceutiques, dont bien peu 
sont restées dans la pratique. Son eau distillée est celle dont 
en se sert encore le plus souvent maintenant, en la mettant 
soit dans les potions astringentes, soit ie plus souvent dans 
les Gollyres de même nalure. 

Le Plantain moyen (Plantage media, Lin.), et le Plan- 
tain lancéolé { Plantago lanceolatx, Lin.), ont les mêmes 
propriétés que l'espèce précédente, et lui sont quelquefois 
substilués. en" 

On n’emploie plus aujourd’hui une autre espèce de Plan- 
tain, connue sous le nom vulgaire d'Aerbe aux puces, 
c'est le Plantago arenaria des bolanislessmodernes, dont 
les graines, en décoctiôn dans l’eau, fournissent une grande 
quantité de mucilage. On faisait jadis usage de cette décoc- 
tion , comme émolliente et adoucissante, dans Îles ophthal- 
mies inflammatoires, le crachement des sang , la dyssen- 
terie, etc. 


PR 4 


a M: LarTe 7< did SLA Ah £ 
A AL 'NTENM Tree à *: ) + 
re ML ee ARE PAU v A 

TE. 74 Jet Er UT : 


4 
LL 
, 

« 

' CAL 
: LA 
Vs 
4,74, 


New York Botanical Garden Library 


y od rh de 4) Ca 4 
uel des _— 


ol Hi 


3 5105 0