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MANUEL
DES
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PLANTES USUELLES INDIGENES,
SUIVI
DE RECHERCHES ET OBSER VATIONS SUR L EMPLOI DE PLUSIEURS
ESPÈCES , QUI, DANS LA PRATIQUE DE LA MÉDECINE, PEUVENT
REMPLACER UN CERTAIN NOMBRE DE PLANTES EXOTIQUES.
PREMIÈRE PARTIE,
Ouvrages du même Auteur qui se trouvent chez le
meme Libraire.
Nouveau Voyage dans l’Empire de Flore, ou Principes élémen-
taires de Botanique , contenant la Physiologie végétale, la Ter-
minologie , l'exposition des Méthodes en général , et celle des
familles et des genres de plantes cultivées dans les jardins de
botanique de Paris, suivant la méthode du Jardin du Roi;
2 parties formant un fort vol. in-8.............. mfr.boc.
Flora Gallica, seu Enumeratio Plantarum in Galliàä sponte nas-
centium ; 2 parties formant 1 vol. in-12 de 742 pages , avec
21 planches; broché: MP RE CPP Nr nr
Notice sur les Plantes à ajouter à la Flore de France; 1 vol. in-5.
de 172 pages, avec planches ; broché..." 0... 2fr.
Recherches historiques, botaniques et médicales sur les Narcisses
indigènes , pour servir à l'Histoire des Plantes de France ; in-4.
broché}... 14.420. ue CREER 25 c:
L'Art de faire les Eaux-de-vie, d’après la doctrine de Chaptal;
où l’on trouve les procédés de Rozier, pour économiser la
dépense de leur distillation , et augmenter la spirituosité des
Eanx-de-vie de vin, de lie, de marc, de cidre, de grains, etc.
suivi de l’Art de faire les Vinaigres simples et composés ; avec
la méthode en usage à Orléans pour leur fabrication ; les re-
cettes des Vinaigres aromatiques , et les procédés par lesquels
on obtient le Vinaïigre de bière , de cidre , de lait, de malt, etc.
Par M. Parmentier , de l’Institut de France : ouvrage orné de
5 planches, représentant les diverses machines et instrumens
servant à la fabrication des Faux-de-vie. In-8. broché... 4 fr.
De l'Hygiène des Gens de lettres, ou Essai médico-philosophique
sur les moyens les plus propres à développer ses talens et
son aptitude naturelle pour les sciences, sans nuire à sa santé
et sans contracter de maladies ; ouvrage utile à tous les hommes
de cabinet et à ceux qui mènent une vie sédentaire ; par
M. Brunaud, docteur en médecine. In-8. broché...... 7fr.
Traité complet de la Maladie Scrophuleuse , et les différentes
variétés qu’elle peut offrir ; ouvrage renfermant ses causes,
ses symptômes et ses complications ; les principes généraux
de l'éducation la plus propre à garantir les enfans de cette
cruelle maladie , et enfin les moyens à employer pour son trai-
tement curatif ; par M. Lepelletier , docteur en médecine. In-8,
DrBCRESE ER re 00) AE RE a à je ele nie PMR Te
DE L’'IMPRIMERIE DE CRAPELET:
MANUEL
DES
PLANTES USUELLES INDIGÈNES,
OU
HISTOIRE ABRÉGÉE
DES PLANTES DE FRANCE,
DISTRIBUÉES D'APRÈS UNE NOUVELLE MÉTHODE ;
CONTENANT LEURS PROPRIÉTÉS ET LEURS USAGES EN MÉDECINE , DANS
LA PHARMACIE ET DANS L'ÉCONOMIE DOMESTIQUE ;
SUIVI
De RecugrcHes et d'OsservarioNs sur l'emploi de plusieurs
espèces, qui, dans la pratique de la Médecine, peuvent
remplacer un certain nombre de substances exotiques.
Par J. L. A. LOISELEUR-DESLONGCHAMEPS,
Docteur en médecine de la Faculté de Paris , membre de la Société de Médecine
de la même ville; Associé ou Correspondant des Académies des Sciences, Ins-
criptions et Belles-Lettres de Toulouse, de Rouen , de Toulon ; de la Société
d'Emulation de Rouen ; de la Société des Sciences physiques et médicales
d'Orléans; de la Société phytographique de Gorenki en Russie, etc.
Nos nec Indicarum Arabicarumque mercium , aut externi orbis
attngimus medicinas. Non placent Here tam longè nas-
centia : non nobis gignuntur.... salutem quidem sine his
posse constare probabimus. Pzun. Lib. IF, cap. 24.
; -IBRARY
‘EW YORK
BOTANICAE,
À PARES: GARDEN,
Chez MÉQUIGNON aîné, père, Lübraire de la Faculté de
Médecine et des Hospices , rue del’ École de Médecine , n° 9.
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EXTRAIT DU RAPPORT
FAIT A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DE L'INSTITUT DE FRANCE,
DANS SA SÉANCE DU LUNDI 18 JANVIER 1819,
Par MM. LABILLARDIERE, DESFONTAINES Tr DE JUSSIEU.
CLARA RAR RAR ARS RS
NS avons examiné, par ordre de l’Académie, deux Ouvrages
présentés par M. Loisezeur-Desconccmamps, docteur en mé-
decine.
Le premier est intitulé : Manuel des Plantes usuelles indi-
gènes, distribuées d’après une nouvelle modification de la méthode
naturelle, ou Histoire abrégée des Plantes de France, contenant
leurs propriétés et leurs usages en médecine, dans la pharmacie
et dans l’économie domestique.
L’Auteur se propose, dans ce travail , de présenter toutes les
plantes usuelles de France réunies en genres et familles , d’indi-
quer leurs caractères spécifiques , génériques et ordinaux, ainsi
que les propriétés remarquables dans chacune. À la suite du
caractère général de chaque famille, il énonce sa propriété géné-
rale qui est le résultat des propriétés particulières... ...
Le travail de M. Deslongchamps a le mérite de joindre, dans
le même ouvrage, les caractères qui intéressent le botaniste,
et les propriétés que le médecin recherche plus particulièrement,
Sous ce double point de vue, ce travail peut étre utile aux élèves
qui cherchent à s'instruire dans les deux parties. L’Auteur a dis-
tribué les familles suivant une méthode qui ne diffère de celle
adoptée au Jardin du Roi, que par quelques inversions, et parla
substitution du caractère tiré de l’ovaire supère ou infère em-
ployé dans les dernières subdivisions, au lieu de celui que don-
nent les insertions des étamines.
A la suite de cet Ouvrage, M. Deslongchamps en a joint un
autre qui doit être de quelque intérêt dans la pratique de la mé-
decine , surtout de celle des pauvres ; il a cherché les moyens de
remplacer quelques médicamens étrangers , tels que l’Ipéca-
EXTRAIT DU RAPPORT DE L'INSTETUT.
cuanha, le Séné, le Jalap et l'Opium, par d’autres médicamens
tirés des végétaux indigènes. Chacune de ces substances étran-
gères est l’objet d’un Mémoire particulier dans lequel l’Auteur,
après avoir donné l’historique de cette substance, traite, dans
des articles subséquens , de chacun des végétaux indigènes qu'il
croit propres à la remplacer. Il décrit ces végétaux , ensuite ül
indique celles de leurs parties qui participent plus des propriétés
de l’objet étranger , et la manière de les préparer et de les admi-
nistrer. Il cite à l’appui des épreuves faites sur divers malades de
l'un et de l’autre sexe affectés de diverses maladies. Ces expé-
riences sont présentées dans des Tableaux séparés en plusieurs
colonnes, qui indiquent le sexe, l’âge, la nature de la maladie,
l'effet produit sur le malade, et quelques autres observations par-
ticulières… . .. : |
À la fin de chacun des Mémoires précédens , on trouve un
Résumé court dans lequel sont tirées des conséquences justes et
abrégées pour assigner , à chaque objet substitué , le rang qu'il
doit occuper dans la matière médicale pour remplacer le médi-
cament étranger.
Nous pensons que ce travail de M. Loiseleur-Deslongchamps
mérite d’être approuvé par l’Académie, et que l’Auteur doit être
encouragé et invité à continuer ses recherches sur les médicamens
indigènes , qui tendront à procurer aux pauvres habitans de la
campagne des remèdes moins coûteux et également salutaires.
L'Académie a approuvé le rapport, et en a adopté les con-
clusions.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
Ns doit-on pas s’étonner que lorsque les diverses bran-
ches de la médecine, la Nosologie, P Anatomie, la Chi-
mie, la Botanique, ont fait de nos jours des progrès si
rapides qu'elles ont été portées à à un degré très-voisin
de la perfection, la matière médicale, qui paraît temir
de si prés à la dernière de ces sciences, soit restée tel-
lement en arrière, qu'on peut dire qu'elle est encore
dans l’enfance ? IL est singulier que cette _partie qui,
chez les anciens, fut cultivée une des premières, et qui
paraît même avoir existé avant toutes les autres, soit
ensuite restée stationnaire pendant près de dix-huit
siècles ; car il n’y a pas cinquante ans que notre ma-
tière médicale ne valait pas mieux qu'au temps de Dios-
coride ; et encore aujourd'hui à peine peut-on se flatter
qu er | soit un peu plus avancée; nous nous sommes
seulement enrichis de plusieurs HA datés que nous
devons aux découvertes des voyageurs, et qui souvent
ont été empruntés à des peuples sauvages. Comment
est-1l arrivé que cette branche de l’art de guérir, qui
cependant est une des plus essentielles , ait fait si peu
de progrès réels pendant un si LIoe temps, et quelles
peuvent en avoir été les causes ? Je CrOES que les princi-
pales peuvent se réduire à deux, 1°. la Polypharmacie
ou l’abus des médicamens composés; 2°. la préférence
accordée aux médicamens exotiques sur les indigènes.
1°. La matière médicale des premiers médecins paraît
avoir été très-simple. Hippocrate nous apprend que les
médecins cnidiens, qui avaient écrit sur la médecine
avant lui, n’employaient qu’un petit nombre de remé-
des (1), et ce grand médecin était lui-même trés-réservé
ci) Qui cnidias appellatas sententias scriptis tradiderunt... paucis
(Er numero remediis us sunt. Hipp. De ratione victés in acutis.
a
ni
rt
”
d…
ij DISCOURS
sur l'emploi des médicamens. Il paraît qu'il s’attachait
principalement à observer les mouvemens et les efforts
de la nature dans les maladies, faisant consister presque
tout le mode de les traiter et l’art de les guérir, dans
la diète ou le régime; et lorsqu'il jugeant les remèdes
nécessaires, 1l les prescrivait tres-simples ou peu com-
osés.
Hérophile, qui vivait environ deux cents ans après
Hippocrate, passe pour avoir fait un plus grand usage
des médicamens, tant simples que composés, qu'on ne
faisait avant lui, de sorte qu'il ne traitait aucune ma-
ladie sans en employer (1) ; il estimait d’une manière
parüculiére l’Hellébore blanc (2). Érasistrate, qui était
à peu près son contemporain , se déclara pour les mé-
dicamens les plus simples ; 1l bläma fortement l'usage
de ceux qui étaient composés, et dans lesquels on mélait
ensemble les minéraux, les plantes, les animaux, les
choses tirées de la mer et celles que la terre produit (3); :
il ordonnait à ses malades de se nourrir de citrouilles,
de melons, de concombres et d’herbages; il faisait,
d’ailleurs, grand cas de la Chicorée, et 1l a décrit avec
soin la manière de l’apprêter (4).
Asclépiade, qui rétablit et pratiqua la médecine à
Rome vers le temps de Pompée (5}, et qui se fit une
grande réputation dans cette ville, paraît avoir banni
de sa pratique la plus grande partie ‘des médicamens (6)
dont les autres médecins se servaient. Un de ses prin-
cipes était qu'un médecin doit guérir ses malades sûre-
ment, promptement et agréablement. Il employait assez
fréquemment les hear rarement les vomitifs (7),
et jamais les purgatifs, si ce n’est dans la paralysie et la
(1) Cels. 4b. 5, Præfat.
(2) Le Clerc. Hist. de la Médec. part. 2, p. 34.
3) Le Clerc. Z. c. p. 22.
(4) Le Clerc. L. c. p. 22.
(5) Plin. Zib. 26, cap. 3.
(6) Cels. Lib. 5, Præfar. — Plin. L, c.
(7) Plin. Z.c.
PRÉTIMINAIRE, ii
catalepsie. On peut lui reprocher sans doute d’avoir
poussé au-delà des bornes l’éloignement qu'il avait pour
les médicamens proprement dits, en réduisant le trai-
tement, dans la plupart des maladies, à l’abstinence des
alimens et quelquefois à celle du vin, aux frictions, à
l'exercice soit à pied , soit en voiture (1). Mais la mé-
thode d’Asclépiade ne fut pas de tongue durée, et les
médecins qui vécurent sous les premiers empereurs,
reprirent bientôt l'usage des médicamens simples et
composés; c'est même à cette époque qu'on doit placer
l'origine de la Polypharmacie. Avant ce temps, on n’a-
vait guère d'exemple de médicamens composés de plus
de six à huit substances. Dioscoride , qui vivait sous
Nérom, nous a laissé, dans son Traité de Matière mé-
dicale, le seul complet en ce genre qui nous soit resté
des anciens, les noms des diverses substances employées
de son temps; et quoique le nombre en soit assez consi-
dérable , 1l paraît que ce médecin employait peu de
médicamens composés, au moins si l’on s’en rapporte
à son ouvrage, dans lequel les prescriptions sont tou-
Jours assez simples. Damocrate et Andromachus, qui
furentses contemporains, commencèrent, au contraire,
à mettre en usage les longues recettes, et l’on vit alors,
ou peu de temps après, se former ces compositions mon-
strueuses connues sous les noms de Mithridate, de Thé-
riaque , d'Orviétan, et tant d’autres électuaires, confec-
tions, élixirs, trochisques , baumes, onguens, etc. etc.
dont il serait inutile de rappeler les noms. Plusieurs de
ces compositions admettaient trente à quarante et jus-
qu'à soixante ou quatre-vingts drogues différentes, ras-
semblées de toutes les parties du monde connu; et
comme si le règne végétal eût été insuffisant, on alla
chercher dans le règne animal les choses les plus viles (2)
et les plus dégoûtantes (3).
(1) Plin. Zib. 26, cap. 3.
(2) Les crapauds.
(3) Stercus canis, vulgd album græcum.
a 1j
1Y DISCOURS
Si toutes les compositions pharmaceutiques ne furent
pas aussi chargées, toutes cependant le furent plus ou
moins, et très-rarement se borna-t-on au mélange de
trois à quatre substances ; on ne crut pas qu'une pré-
paration pût être bonne, si elle n’en renfermait pas au
moins dix à quinze. Si encore en formant ces compo-
sitions, clles ne l’eussent été’que d’élémens homogènes;
mais le peu de connaissance qu'on avait alors sur la
vraie manière d'agir des substances médicamenteuses,
ne permettait pas qu'on distinguät ce qu'il était à pro-
pos de réunir et ce qu'il convenait de séparer. Les mé-
decins d’alors paraissaient d’ailleurs croire que plus ils
combinaient de substances ayant des propriétés diffé-
rentes et opposées, plus ils se trouvaient dansdle cas
de combattre sûrement et facilement toutes les mala-
dies, puisqu’en employant ces compositions même au
hasard , il eüt été bien extraordinaire qu'il ne s’y trouvät
pas quelque chose qui convint à la maladie qu’on avait
à traiter. On regarda, par exemple, pendant très-long-
temps, la Thériaque comme une panacée propre dans
la plupart des maladies ; et sans citer toutes celles
contre lesquelles on la croyait très-eflicace , 1l suffira
de dire qu’on l’estimait capable de préserver de toute
espèce de poison, et de guérir de la peste.
Pline n’avait pas si bonne opinion des médicamens
composés ; 1l les blâme fortement dans plusieurs endroits
de ses ouvrages (1); et en parlant du Mithridate, dans
lequel il dit qu'on faisait entrer cinquante-quatre dro-
gues différentes, il accuse les médecins de n’avoir in-
venté de telles compositions que par ostentation , et
pour donner de l'importance à leur art ; 1l va même
jusqu’à taxer de perfidie les inventeurs (2).
Cependant, quoiqu'en eût dit l'historien de la na-
ture, les médecins ses contemporains, et ceux qui vin-
oo
(x) Plin. Lib. 22, Cap. 24 ; = 10 24, cap. 1, — et Uib., 29 ;
cap. I,
(2) Plin. Lib. 29, cap. 1.
PRÉLIMINAIRE. v
rent aprés, ne changèrent pas leur pratique ; au con-
traire, le nombre des compositions pharmaceutiques
s’accrut chaque jour. On jugera combien elles étaient
extraordinairement muluphées du temps de Galien qui
ne vivait que cent ans après Pline. Ce médecin célèbre
nous a laissé parmi ses ouvrages plusieurs livres sur les
substances médicinales simples, et un plus grand nom-
bre sur la composition des médicamens. Dans ces der
mers, qui sont au nombre de dix-huit, et dans ses deux
hvres sur les Anudotes, il est fait mention de plus de
quinze cents préparations pharmaceutiques de toute es-
pèce, dont beaucoup sont composées de vingt à soixante
drogues et davantage. On ne peut pas précisément re-
procher à à Galien d’être l'auteur de toute cette Poly-
oo mais on pourra toujours s lui reprocher de
avoir adoptée et de lavoir consacrée dans ses ouvrages.
Du temps où vivait Galien à l’époque des Arabes, la
matière médicale ne paraît pas avoir éprouvé de chan-
gemens notables, et ceux-c1 n’y changérent rien non
plus ; mais 1ls l'aügmentérent beaucoup par de nou-
velles compositions, et particulièrement par l introduc-
tion des remèdes chimiques. Ils furent les premiers qui
employérent en médecine l'or, l'argent et les pierres
précieuses. On leur doit surtout l'usage de plusieurs
purgatifs, qui n'avaient pas été connus des Grecs et des
Romains, et plus doux que ceux dont on était servi
jusque-là. Ils furent aussi les premiers qui introdui-
sirent différens aromates également inconnus avant eux.
Depuis les Arabes, la matière médicale, loin de se
simphfier, s’est au contraire com pliquée de plus en plus,
et cet abus fut toujours en croissant jusqu’au dix-sep-
ième siècle. Ce fut en vain que, vers cette époque,
Ludovicus, médecin allemand, s’éleva avec force contre
Ja prodigieuse quantité de drogues (1) qu'on employait
alors; ses sages remontrances ne furent point écoutées ;
(1) Traité du bon choix des Médicamens , par Daniel Ludovi-
eus , commenté par Ettmuller.
a 1]
v) DISCOURS
et la réforme qu'il proposait ne put s’exécuter. Ludo-
vicus parle de trois à quatre mille substances simples;
ce qui paraîtra encore peu de chose, si l’on veut faire
attention au nombre de compositions de toute espèce.
qu'on préparait alors dans les pharmacies. Lémery,
dans sa Pharmacopée imprimée en 1697, en décrit eu-
viron deux mulle; et l’ancienne Faculté de Paris, dans
la dernière édi ie de son Codex, publiée il y a soixante
ans, en comprend encore plus de douze cents.
Il paraît cependant que les médecins avaient senti
dés lors la nécessité d’une réforme ; mais elle fut bien
imparfaite, puisqu'on laissa subsister une foule de com-
positions, dont le plus grand nombre aurait dü être
tout-à-fait supprimé , tandis qu'il eùt fallu réduire celles
qui sont à conserver (1). Pour qu’on puisse juger jus-
qu'à quel point l'abus des médicamens composés était
porté , il suffira de dire que de simples boissons ou
tisanes ne se préparaient pas sans qu'on y fit entrer
douze, quinze ou vingt plantes; et les ouvrages des mé-
decins 1 plus célèbres peuvent en fournir des preuves.
Boerhaave , dans le Formulaire qui est à la suite de ses
Aphorismes, présente plusieurs exemples de ces pres-
criptions compliquées.
2°. J'ai dit que l'emploi trop fréquent des médica-
mens exotiques , préférablement aux indigènes , était
une des causes qui avaient retardé les progrès de la ma-
uere médicale ; et je crois que celte cause procéda en
grande partie dela séparation de la médecine et de la
pharmacie ; ce qui eut lieu vers le temps d Hérophile
et d'Érasistrate. En effet, les médecins ayant cessé de
s'occuper de la préparation des remèdes, ceux qui fu-
rent chargés de cette parue, les pharmaciens, se COM-
posérent des boutiques dans lesquelles ils introduisirent
tout ce que le commerce put leur fournir de plus rare
et de plus cher, afin d'augmenter d’autant plus leur bé-
néfice. Cet us des hate exotiques était déjà porté
(1) Ainsi que la Faculté actuelle de Médecine vient de le faire
dans le nouveau Codex, publié dernièrement.
PRÉLIMINAIRE. vi
très-loin du temps de Pline, puisqu'il s'en plaint amé-
rement (1). Il avait d'ailleurs pris naissance chez les
Romains, lorsqu' ils eurent soumis à leur domination
tant de contrées diverses, et 1l s'était accru en raison de
leur luxe. On sait holieh était grand celui de ces
conquérans du monde, et surtout celui qu'ils mettaient
dans leurs repas ; maîtres d’une partie de l'Afrique et
de l'Asie, en même temps que de la plus grande partie
de l'Europe, ils aimaient à réunir sur leurs tables les
producuons de cent provinces différentes. Peut-on être
surpris, d'aprés cela, que les médecins de cette époque
aient augmenté à l'infini le nombre des substances mé-
dicamenteuses , en préférant les plus rares et les plus
chères, et qu ils aient imaginé en même temps toutes
les compositions compliquées dont il a déjà été ques-
üon ? N'était-ce pas alors un moyen sûr d’accréditer la
médecme, et de l’accommoder au goût corrompu des
riches et de grands ?
Les voyages et les découvertes des peuples modernes
ont encore beaucoup augmenté cette quantité de dro-
gues déjà si considérable ; combien de substances nou-
velles nous ont été apportées des Indes, et surtout de
l'Amérique ? Mais l'indifférence , pour parvenir à leur
connaissance réelle, était si grande , que naguëre on
ignorait encore l'origine de plusieurs (2), c'est-à-dire,
qu'on ne savait à quelle espèce de plante on devait r'ap-
porter un grand nombre d’entre elles; et il est arrivé
de là, que “less ; trois, quatre substances différentes,
et même davantage, passaient dans le commercg sous
le même nom.
Il est bien plus facile de suivre la routine ordinaire,
et de prescrire des choses qu’on trouve dans toutes les
(1) Plin. Zib. 22, cap. 24, et Lib. 24, cap. 1.
(2) Le Contrayerva , le Simarouba , l'Ipécacuanha, le Jalap,
le Quinquina et autres, ont été dans ce cas; les Hermodates ont
été abandonnées avant qu’on ait su bien positivement de quelle
plante elles étaient la racine.
vil DISCOURS
boutiques , que de se livrer aux recherches, aux obser-
vations et aux travaux pénibles qui sont inséparables
de l'étude de la Botanique. Parcourir les prairies et les
campagnes , s'enfoncer dans d’épaisses forêts, gravir
des montagnes escarpées, essuyer enfin des fatigues de
toute espece, tels sont les premiers travaux du médecin
qui veut parvenir à la connaissance des plantes. Mais
doit-1l craindre ces peines et ces fatigues, lorsque la
Botanique fournit à la Médecine la majeure parte des
remèdes que celle-ci met en usage, et lorsqu'elle pour-
rait les fournir tous ? car je suis persuadé de la possi-
bilité de remplacer tous les remèdes chimiques et mi-
néraux par des végétaux ou leurs produits. Cependant
certains médecins affectent beaucoup d’indifférence
pour la Botanique, et croient pouvoir se passer du se-
cours des plantes ; mais ceux qui manifestent une telle
opinion ont“bien tort; car, outre que la classe des mé-
dicamens chimiques est beaucoup plus circonscrite , 1l
s'en faut bien qu’elle fournisse des moyens aussi efli-
caces et aussi certains que ceux qui nous sont offerts
par le règne végétal. Que peut-on comparer, par exem-
ple,àl Opiume et au Quinquina ? et comment la Chimie
pourrait-elle remplacer ces substances ?
Les rapports entre la Botanique et la Médecine me
paraissent si intimes, que le médecin qui n’est pas bo-
taniste se trouve privé, dans l'exercice de son art, d’une
connaissance dont il eût souvent üré le plus grand avan-
tage, et que l'administration des médicamens que les
végétaux nous fournissent , n'est plus pour lui qu'un
empirisme aveugle qui l expose : à commettre les erreurs
les plus graves et les plus grossières. Comment se fait-1l
donc que la Botanique soit si peu cultivée par la plupart
des médecins? J’en ai déjà dit la raison plus haut; c’est
que cette science ne peut s’acquérir dans le repos, et
que la fatigue épouvante beaucoup de gens. Pourquoi
d’ailleurs UE celte science ? à quoi peut-il servir de
connaître les plantes de la France ? L'usage ne permet
pas qu'on les emploie ; il veut qu’on leur préfere celles
PRÉLIMINAIRE, 1x
de l’Inde, de l'Afrique et de l'Amérique ; ce n’est pas
alorsdans la campagne qu’il faut aller étudier, c’est dans
les boutiques du droguiste et du pharmacien.
L’habitude des drogues étrangères a jeté de si pro-
fondes racines, que les circonstances les plus défavo-
rables à leur emploi n’ont pu en faire perdre le goût.
Naguère le commerce de la France et celui de l’Europe
presque entière, s’est trouvé pendant plus de dix ans
dans un tel état de gêne, que les médicamens exotiques
n’arrivaient plus qu'avec une très-grande difhculté, et
que le prix de presque tous avait doublé, triplé, qua-
druplé, quelques-uns même avaient décuplé de valeur.
Malgré cela, pendant cette période assez longue, à peine
si l'on peut citer les recherches et les observations d'un
peut nombre de médecins qui ont tenté de substituer
les plantes de leur pays à celles que les chances défavo-
rables de la guerre maritime nous faisaient payer si cher.
Si quelque chose pouvait amener un changement,
c'était assurément, comme je viens de le dire, les
événemens de ces derniers temps; mais ce qui prouve
. qu'il est peut-être impossible, c’est qu’en général, au
heu de chercher des succédanées aux médicamens exo-
tiques , les médecins ont toujours continué , malgré la
difficulté des circonstances , à introduire de nouvelles
drogues étrangéres; car si, depuis vingt-cinq ans, trente
substances nouvelles ont été admises dans les différentes
Pharmacopées de l'Europe, il y en a les deux tiers qui
n'appartiennent pas à cette partie du monde.
Notre sol est-1l donc si pauvre en végétaux, ou ces
végétaux sont-1ls done dépourvus de toute propriété,
pour que nous soyons forcés d'aller chercher dans d’au-
tres climats des remèdes plus efficaces? Non, sans doute;
le sol de la France est assez vaste et en même temps
assez varié pour que le nombre des plantes qui crois-
sent sur sa surface soit tres-considérable. Les Pyrénées
et les Alpes nourrissent celles de la froide Lapomie,
tandis que la Provence, le Languedoc et l’île de Corse
voient éclore les fleurs et mürir les fruits de la Grèce,
>< DISCOURS
de l'Espagne, du Portugal, et même de plusieurs con-
trées de l'Afrique et des Indes. La France est peat-
être le pays de l Europe le plus riche en végélaux ; au
moins jusqu ici aucune Flore des royaumes voisins n’est
égale à à la sienne qui compte près de quatre mille es-
pêces, sans parler de cette nombreuse classe, seulement
connue de quelques botanistes, et jusqu'a présent à peu
prés nulle sous le rapport de ses propriétés; je veux par-
ler de la Cryptogamie. Si la nature a fait naître avec pro-
fusion , dans nos climats, tant de plantes diverses , nous
devons croire que cette mère bienfaisante ne les a pas
seulement destinées à être le stérile ornement de la
terre, mais qu'elle leur a donné à toutes des propriétés
qui soient dans le cas de suffire à nos besoins. Cette
foule de végétaux , que partout nous voyons éclore au-
tour de nous, forme des famulles, des genres, tous
doués de vertus plus ou moins recommandables. Cepen-
dant ces plantes sont foulées aux pieds avec mépris;
elles sont négligées comme si elles n’avaient aucune
vertu, et l’on préfère payer bien cher celles qui viennent
des pays éloignés. Mais n’est-1l pas ridicule de croire
que pour guérir une maladie, 1l soit nécessaire de par-
courir toutes les parties de la terre, et de mettre les
deux mondes à contribution ?
Cessons d'aller chercher la Rhubarbe à la Chine et
en Sibérie, le Séné en Égypte el jusque dans l’Inde,
l’Aloes en Ce le Quinquina au Pérou, l'Ipéca-
cuanha au Brésil, l'Opium en Perse ; affranchissons-
nous de ce tribut, que nous payons aux étrangers, en
employant nos plantes indigènes, dans lesquelles nous
trouverons des médicamens aussi bons, souvent meil-
leurs, toujours préférables, parce qu DE seront plus ré-
cens, qu'ils pourront être recueillis avec plus de soin,
et chEn parce qu on sera plus sûr de leur identité. Les
drogues exotiques sont souvent gâtées par le voyage ou
le séjour dans les magasins; le ‘plus souvent elles sont
falsifiées par la eupidité dés marchands, et, dans ce
cas, les préparations qu'on en reure manquent l'effet
PRÉLIMINAIRE. xj
qu’elles doivent produire, et ne remplissent pas l'attente
du médecan.
Ces inconvéniens disparaîtront lorsque ceux qui
exercent l’art de guérir voudront se livrer à l'étude des
plantes de leur patrie, et les substituer dans leur pra-
tique à toutes les substances étrangères , qui sont au-
jourd’hui presque les seules qui composent notre ma-
tiére médicale.
Dans l’état actuel des choses, une bonne matière mé-
dicale indigène est donc presque toute entière à faire.
En publiant, il y a deux ans, le Nouveau Foyage dans
l’Empire de Flore, où Principes élémentaires de Bota-
nique , J'ai cru que Je pourrais être utile à tous ceux qui
se livrent, par goût on par nécessité, à cette science
aimable, et j'ai eu la satisfaction de voir mes efforts
couronnés par le succes que cet ouvrage a obtenu.
Maïs il manquait à ce premier ouvrage la partie la plus
essentielle et la plus utile ; je veux dire l’exposition des
propriétés et des usages des plantes. C’est cette lacune
que j'ai essayé de remplir en entreprenant, sur les
plantes indigènes , le nouveau travail que je livre au-
jourd'hui au public ; travail dont j'ai cherché à étendre
l'uuhité le plas qu'il était possible, en joignant à l’indi-
cation des vertus et de l'emploi des plantes dans la mé-
decine et la pharmacie, les différens usages dont elles
peuvent être dans l’économie domestique et dans les
arts, de maniere à ce que ce livre püt devenir, pour
toutes les classes de la société, un Manuel commode de
toutes les plantes usuelles de notre territoire.
Quoique , dans ce nouvel ouvrage, j'aie eu moins
en vue la partie botanique que celle des propriétés des
plantes, je ñ’ai cependant rien négligé pour donner à
la première tout le degré de précision et de perfection
dont elle. était suscepuble, en faisant toujours précé-
der ce qui a rapport aux usages et aux propriétés par
une description concise, mais exacle, de tous les genres
et de toutes les espèces ; ce qui ne peut manquer d’être
trés-utile et tres-essentiel pour éviter les erreurs qui
Xi) DISCOURS
n’ont que trop souvent lieu dans l'emploi et l’admi-
mistration des plantes, et qui peuvent quelquefois avoir
les inconvéniens les plus graves (1)
Mon principal but a d’ailleurs été de rappeler l’at-
tention sur les plantes de notre patrie, et de faire con-
naître aux jeunes gens qui se destinent à l’exercice de
l'art de guérir, celles qu'il leur est utile d'étudier. J'ai
voulu aussi que cet ouvrage püt servir aux médecins qui
exercent dans les campagnes, et qu'il füt pour eux d'un
usage commode , pour leur apprendre les caractères
disuncufs des plantes qu'ils ont tous les jours sous les
yeux, en même temps quil leur indiquerait les pro-
priétés principales, d’après lesquelles 1ls pourraient sou-
vent les employer dans leur pratique sans avoir besoin
d'envoyer chercher d’autres médicamens dans les villes.
En entreprenant cette Histoire abrégée des Plantes
indigènes ; jai d’abord été embarrassé sur le nombre
des espèces qui devaient y trouver place. Devais-je me
borner seulement à celles dont les propriétés sont bien
constatées ? Alors le défaut d'observations et d'expé-
riences positives en eût exclu le plus grand nombre, et
l'ouvrage eût été réduit à trop peu de chose, J'ai pré-
féré rapporter la plus grande partie des plantes aux-
quelles on avait attribué des propriétés quelconques ; ,
mais en ne traitant que briévement de celles qui pa-
raissaient peu mériter d'être employées, ou dont l'usage
était tombé en désuétude.
L’oubli dans lequel certaines plantes sont tombées
n’est pas d’ailleurs toujours fondé, et plusieurs de ces
plantes, peut-être, n’atténdent pour reparaître avec
avantage dans notre matière médicale, que des obser-
vations exactes qui mettent leurs propriétés dans un
nouveau jour ; tandis que quelques espèces nouvelle -
(1) J'ai vu substituer le Trèfle des prés au Trèfle aquatique
(Menianthes trifoliata, Lin.) , la Fumeterre au Serpolet, le Cer-
feuil sanvage à la Ciguë , l'Hysope à la Saponaire, la Gratiole à
la Mercuriale , etc.
PRÉLIMINAIRE. Xi}
ment vantées ne tarderont pas sans doute à être aban-
données.
Souvent l'emploi d’une plante est une sorte de mode,
la vogue que telle espéce obtient n'a quelquefois d'autre
FE que Ja renommée du médecin qui la recom-
mande, et tous les succès qu'on lui attribue ne sont dus
qu'à à la ‘grande réputation de celui-c1. Il faut regarder,
je crois , comme une chose positive, qu'une mulutude
de plantes à inertes n’ont été tant préconisées que pré-
cisément à cause de leur inerüe, qui a permis de les
employer sans nuire; et des médecins peu observateurs
ont'æmieux aimé léur attribue la guérison de leurs ma-
lades, que de croire qu’elle était due aux seules forces
de la nature.
Dans lincertitude de savoir comment faire un bon
choix, voulant d’ailleurs ajouter, aux plantes usitées
en ESF EEE celles qui appellent notre attention par
d’autres propriétés, j'ai dù comprendre dans ce Manuel
toutes les plantes qui, soit par leurs vertus positives,
soit par celles qu'on leur a attribuées, soit par l'usage
qu'on en fait dans l’économie domestique et dans les
arts, méritent d’être connues.
-Je suis loin d’avoir la prétention de donner un livre
entiérement neuf; J'ai dù, pour cet ouvrage, emprun-
ter beaucoup aux auteurs qui ont écrit avant moi sur
le même sujet; mais Jai purgé le mien de toutes les
erreurs qui avaient été trop long-temps consacrées , et
qui doivent être écartées d’après les progres SAR IE, de
la médecine et de la physiologie. Je l'ai enrichi aussi
des découvertes faites dans ces derniers temps, et Je
crois surtout que la méthode facile et commode, que j'ai
suivie pour la classification des espèces, doit ie donner
un aspect entièrement différent des autres ouvrages avec
lesquels 1l pourrait avoir quelques rapports.
En effet, pour rendre plus facile et plus commode
l'Histoire abrégée des Plantes de France, j'ai dû les clas-
ser d'après une méthode. Bien peu de plantes, ou peut-
_ être aucune espèce médicamenteuse, parmi celles qui
XIV DISCOURS
sont véritablement actives, n’ont une vertu essentielle
_et positive. La manière de les préparer, le temps de les
donner, la nature de la maladie, le tempérament du
malade, les doses surtout auxquelles on les administre ,
peuvent changer et modifier à l'infini lenrs propriétés les
mieux déterminées ; de sortie qu’on n’a d'autre ressource,
lorsque l’on veut classer les médicamens par leurs vertus,
que de les considérer sous un seul rapport, et en suppo-
sant leur manière d’agir bornée aux effets qu'ils produi-
sent le plus-ordinairement étant donnés à une certaine
dose ; car autrement la même espèce pourrait souvent
être rangée dans plusieurs classes différentes. Ainsi lO-
pium, qu’on place le plus souvent à la tête des anuspas-
modiques, pourrait aussi être rangé avec les substances
vénéneuses, puisque son abus donne la mort; la Digi-
tale, qui, à petites doses, ralentit les mouvemens du
cœur et paraît diminuer lirritabihité, l’excite forte-
ment, et devient violemment émétique et purgative si
on la donne à des doses plus élevées ; telle plante pro-
voque, selon les cas et selon la manière dont elle est
administrée , tantôt la sueur, tantôt les urines, tantôt la
purgation ; telle autre produira des vomissemens ou
facilitera seulement l’expectoration pulmonaire, etc.
Ces considérations m'ont engagé à préférer aux clas-
sifications médicales, une classificauon botanique, espé-
rant d’ailleurs, par ce rapprochement de la matière
médicale et de la botanique, pouvoir inspirer aux jeunes
médecins le goût de cette dernière science que la plu-
part d’entre eux ne cultivent point assez, quoiqu’elle
soit pourtant, dans la pratique, d’un usage journalier
et de la plus grande importance ; car qu'un médeain,
aussi savant que possible, mais qui aura négligé étude
de la Botanique, soit à la campagne auprès d’un ma-
Jade qui ait besoin de prompts secours, 1l se trouvera
fort embarrassé, s’il est privé en même temps de ceux
de la Botanique et de la Pharmacie ; tandis que celui
qui aura étudié les plantes trouvera sans peine autour
de lui de quoi suppléer aux drogues qui lui manquent,
PRÉLIMINAIRE. XV
et la connaissance des affinités botaniques lui procurera
bientôt des succédanées mulupliés. Croit-il avoir
besoin, par exemple, de la Menthe poivrée, plusieurs
autres Menthes sont là, ou, à leur défaut, toutes les
Labiées se présenteront en foule; ne peut-il trouver la
Guimauve, 1l la suppléera par la première Malvacée; il
est loin des eaux et des fontaines, le Cresson lui man-
que, trente autres Cruciféres s'offrent à ses regards; il
ne peut se procurer d'Opium, toutes les moissons sont
remplies de Coquelicots, etc.
La considération des affinités botaniques m’a égale-
ment engagé à préférer au système de Lanné la classifi-
cation des plantes en fannlles naturelles ; cette méthode
ayant le grand avantage de réunir le plus souvent dans
le même ordre les végétanx qui se conviennent par
leurs propriétés intrinsèques, comme ils sont rappro-
chés par leurs formes extérieures (1), et aussi parce que
cette méthode fournit le plus sûrement au médecin le
moyen de trouver des succédanées, soit pour les espèces
exotiques, soit pour les indigènes mêmes, lorsqu'il n’a
pas sous la main celles qui sont le plus ordinairement
en usage, et qu'il faut leur en substituer d’autres, ainsi
ue je viens de le dire. Mais en adoptant en principe
Jes familles naturelles comme base de ma classification,
j'ai cru devoir faire un changement dans l’ordre de leur
exposition adoptée par la plupart des botanistes.
Les motifs qui m'ont engagé à proposer cette nou-
velle modification de la méthode de M. de Jussieu, sont
ceux que Jai déjà exposés dans un Mémoire qui m'est
(1) Plantæ quæ genere conveniunt, etiam virtute conveniunt ;
quæ ordine naturali continentur, ettam virtute propiüs accedunt ;
quæque classe naturali congruunt, ettam viribus quodammodo
congruunt. Lin. Phil. Bot. . 337.
Non tantüm integram caracterum et affinitatum cognitionem
tradit methodus naturalis, sed et plantarum smul virtutes indicat
magno rei medicæ et alimentariæ, artiumque emolumento. Juss.
Introd. ad Hist. Plant. apud. GEN. PLANT, £vir.
by
XY) DISCOURS
commun avec mon intime ami M. le docteur Marquis,
professeur de botanique à Rouen, auquel la première
idée en est due, et au développement de laquelle nous
avions déja commencé à travailler, 1l y a douze ans,
pour un ouvrage qui n'a point encore vu le jour. Je'ne
crois pouvoir mieux faire que de reproduire ici ces
motifs.
« Rai, appliquant mal à propos à l’histoire naturelle
la méthode usitée dans les sciences mathématiques,
commença le premier le tableau du règne végétal par
les plantes les moins parfaites, ou plutôt les plus sim-
ples, les Acotylédones. Magnol, Boerhaave, Haller,
Bernard de Jussieu, Adanson, et enfin le célébre A. L,
de Jussieu, qui a publié et perfecionné la méthode de
son oncle, crurent devoir suivre le même ordre.
L'exemple de ce dernier a servi de règle à tous ceux
qui ont adopté ou modifié cette méthode, en excep-
tant M. le chevalier de Lamarck (1), qui a publié, en
1786, dans l'Encyclopédie méthodique, un Tableau
des Plantes divisées en six grandes classes. Dans cette
classification, M. de Lamarck commence son Tableau
par les ordres à fleurs polypétales, et le termine par les
Cryptogames.
» Linné ne pensa jamaïs.qu'on dût suivre, dans les
plantes , la marche usitée dans les sciences mathéma-
tiques. L'instinct naturel, dit-l, nous porte d’abord à
étudier les êtres qui sont plus rapprochés de nous, et
en dernier lieu, ceux qui, par leur petitesse, échappent
(1) M. Decandolle, après avoir suivi d’abord , à peu de chose
près , l’ordre de M. de Jussieu dans la 3° édition de la Flore
francaise , a aussi, en 1813, dans sa Théorie élémentaire de Bo-
tanique , publié une nouvelle liste des familles naturelles, en
commencant par les Renonculacées, et en finissant par les Algues.
Le même auteur, dans la 2° édition de son Essai sur les pro-
priétés des Plantes , imprimée en 1816 , a suivi le même ordre;
et c’est aussi, à ce qu'il parait , d’après cette nouvelle classifica-
tion, qu'il se propose de ranger toutes les familles dans le grand
ouvrage dont il vient de commencer la publication.
PRÉLIMINAIRE. Xvi}
presque à nos sens (1). Il termine, en effet, par les
Algues et les Champignons, ses fragmens de Méthode
naturelle.
» S'il est à propos, dans les sciences abstraites, d’aller
du simple an composé, doit-il en être de même en
histoire naturelle ? La nature ne nous offre presque
jamais que des êtres plus ou moins composés, et c’est
avec ceux qui le sont davantage qu’elle nous a mis le
plus en rapport. Ce sont ceux-là par conséquent dont la
connaissance nous est le plus facile, ce sont ceux-là
qui, nous servant de terme de comparaison, nous ap-
prennent en quelque sorte à connaître les autres.
» L'arbre qui fournit à l’homme un abri, des fruits
savoureux et nourrissans, fut sans doute pour lui le pre-
mier modèle de l'idée du végétal. Les plantes dont les
fleurs charment les sens, comme le Lis, la Rose, furent
bientôt comprises sous la même idée archétype. Les
autres végétaux , moins remarquables, vinrent s’y ran-
ger successivement, à mesure qu'ils fixérent l'attention
par quelque rapport plus ou moins intéressant avec
l'espèce humaine. Mais un temps considérable dut cer-
tainement s’écouler avant que l'esprit de l’homme pût
considérer, comme appartenant au même règne, le
Chêne ou le Palmier, qui élancent leur tête dans la nue,
et le Byssus pulvérulent, qui ne semblent qu'une tache
sur le rocher.
Si l'on veut commencer par.ce dernier l'histoire des
végétaux , 1] faudra donc commencer également celle
du règne animal, non par l’homme, dont le géme ob-
serve et classe les autres êtres, mais par la monade invi-
sible, découverte, après tant de siécles, par l’homme
lui-même, à l’aide des instrumens qu'il a su créer pour
étendre à un point si étonnant ses facultés, mais aux-
quels peut-être il doit aussi plus d’une erreur.
(1) Naturalis instinctus docet noscere primüm proxima et ul-
timd minutissima ; cx. gr. homines , quadrupedia , aves , pisces,
insecta , acaros, vel primüm majores plantas, uliimo minimos
muscos. Phil. Bot. Ç. 153.
b cry
XVI) DISCOURS
» Nous ne pensons donc point comme M. Decan-
dolle (r), qu'il soit absolument indifférent de commen-
cer le tableau du règne végétal par une extrémité ou
par l’autre. La nature des choses, la convenance non
moins que Ja commodité nous semblent exiger que ces
plantes, sur lesquelles Ja curiosité toujours croissante
de l’homme ne s’est arrêtée d’une manière suivie que
dans les temps modernes ; ces plantes, dont plusieurs
n'existent pour ainsi dire pas pour tout autre que l’ob-
servateur exercé, soient rejetées vers les dernières limi-
tes du règne, pliëe que la nature elle-même paraît leur
avoir assignée. »
Par suite de ces mêmes considérations, de ces mêmes
convenances , jai cru qu'il fallait commencer l'exposi-
ion des familles par celles dont l’organisation était en
quelque sorte plus parfaite, parce que les plantes qui
les composaient étaient pourvues d’un plus grand nom-
bre d’organes, et que ceux de leur reproduction sur-
tout, di sont les plus essentiels, étaient les plus nom-
breux. Cela posé , 1l me reste à faire connaître sur quels
pr incipes reposent les divisions principales pour la clas-
sification des familles.
Tous les botanistes admettent aujourd'hui la division
du régne végétal en trois grandes classes, Dicotylédones,
Monocotylédones, Acotylédones. Avec tous les bota-
nistes , je reconnais le nombre des Cotylédons, et leur
Pen Ée comme une des bases principales de toute bonne
classification des végétaux ; mais je crois que la pr ésence
ou l’absence des Cotylédons a été mal à propos consi-
dérée comme caractère e primaire quand il n’est réelle-
ment que secondaire. La première division à admettre
dans les plantes doit d’abord, selon moi, être prise dés
deux grandes cons suivantes :
1°. Les plantes se muluplient, par dés graines pro-
Fe par une fécondation préliminaire, dans des indi-
(1) Théorie élémentaire de Botanique , pag. 205.
PRÉLIMINAIRE. xix
vidus pourvus de fleurs constituant essentiellement deux
sexes différens.
2°, Les plantes se reproduisent par des corpuscules
propagateurs se formant spontanément dans un appa-
reil reproducteur quelconque , mais sans le concours
de la fécondauon qui ne peut avoir lieu dans des indi-
vidus dépourvus de fleurs proprement dites, et par con-
séquent de sexes (1).
La première de ces divisions comprendra les Dico
tylédones et les Monocotylédones ; la seconde, les Aco-
tylédones. En effet, ne peut-on pas croire que les Cotÿ-
lédons n'existent dde graines, que parce que celles-ci
sont le produit de la fécondation , et si les corps repro-
ducteurs des végétaux de la Rue division en sont
dépourvus, ce n’est probablement que parce qu'ils ne
sont pas le résultat d’une fétondauon préliminaire.
C’est dans la présence ou l'absence des organes nour-
riciers et protecteurs de l'Embryon, qu'on a surtout
cherché les fondemens de la principale division du
règne végétal; c’est dans les enveloppes protectrices de
la fleur proprement dite, c'est-à-dire des organes
sexuels ; c’est dans le périanthe is paraît qu’on peut
chercher avec le plus d'avantage les moyens de subdi-
viser les grandes tribus.
Les différences du périanthe d’après lesquelles ilnous
a paru que les Dicotylédones pouvaient être partagées,
son! les: suivantes : dans les unes, le périanthe est dou-
ble, ou:formé de deux enveloppes ; il est simple dans
le5 autres. Nous nommons les premières Dipérianthées,
ct les secondes Monopérianthées. .
La plupart des botanistes avant nous ont employé,
(1) Les parties que beaucoup de botanistes encore regardent
comme formant, dans les végétaux de cette grande division, les
organes sexuels , diffèrent tellement de ces mêmes parties dans les
plantes de la premiére division , désignées communément sous le
nom de Phanérogames , que rien n’est moins prouvé jusqu'ici
que leur analogie avec les étamines et les pistils.
b iv
XX DISCOURS
comme considération principale, dans l'établissement
des classes de leurs méthodes, la division des corolles
en poly pétales et en iionopétales. Cette division est.
trop naturelle et trop généralement établie, pour que
nous ayons pensé à en chercher une autre; soie l'avons
donc admise comme de second ordre.
La situation de l'ovaire relativement au périanthe 3
ordinairement négligée dans la classification des fa-
milles, nous à paru, après la considération du nombre
des parues de la corolle, le caractère le plus propre à
fournir un moyen d'établir des coupes bien tranchées,
et en même temps bien naturelles; car, à la réserve des
Pomacées, des Vaccimiées et des Root qui, par la
DCE de de ce caractère, se sont MbeE exclues,
les prenneres, des Ronerrels les secondes, des Éri-
coides, et les troisièmes, deS Asparaginées (réumies par
moi aux Asphodélées), cela n’a exigé aucune autre sé-
paration. Quant aux séparations que J'ai faites, doivent-
elles être regardées comme des affinités rompues, ou
n'est-il pas plutôt permis de croire que les plantes de
ces nouvellés familles se trouvent maintenant plus na-
turellement classées qu'autrefois ? Les Pomacées, par
exemple, ne sont-elles pas mieux placées à côté des
Myriées , que lorsqu’ elles étaient confondues dans la
même famile avee les Poténulles, les Pruniers, etc. ?
et les Vaccimées ne peuvent-elles pas aussi être regar-
dées comme ayant de plus grands rapports avec les
Caprifohacées, qu elles n’en avaient avec les Éricoïdes
ou les Bruyères ?
Toutes les autres familles que j'ai établies l'ont été
par d’autres considérations qu'on tronvera expliquées
dans l'ouvrage lui-même, et toujours d’ aprés des carac-
tères bien tranchés, Er distincts et d’une facile ex-
pression. C’est ainsi que j'ai formé les Helléboracées,
les Linées, les Oxalidées, les Corydalées , les Hyppo-
castanées, les Limoniacées, les Amygdalées , etc. Jai
cru aussi devoir en adopter die autres établies
derniérement par d’autres auteurs, telles que des Résé-
PRÉLIMINAIRE. Xx}
dacées, les Tamariseinées, les Balaniferes {appelées par
d’autres Quercinées), les Sahieinées, etc. J'ai d’ailleurs
supprimé les familles qui m'ont paru établies sur de
trop faibles caractères ; ainsi je n'ai pas mentionné les
Rhinanthées et les Asparaginées , réunissant les pre-
mières aux Personées, et les secondes aux Aspho-
délées.
. Pour revenir à la préférence que je donne à la situa-
uon de l'ovaire relativement au périanthe, sur limser-
uon des étamines, cette considération m'a le plus sou-
vent servi à conserver dans toute leur intégrité les afli-
mités reconnues par tous les botanistes, mais elle m'a
encore conduit à établir d’autres rapports, que l’on
trouvera , je l'espère, tout aussi positifs, d’après les
rapprochemens que j'ai faits. Aimsi j'ai rapproché les
Linées des Malvacées, les Fumeterres des Légumineu-
ses, celles-ci des Crucifères , les Saxifragées des Caryo-
phyllées, les Dipsacées des Composces , les Cucur-
tacées des Campanulacées , les Labiées des Borraginées,
les Globulaires des Plumbaginées , etc.
La considération de la position supérieure ou infe-
rieure d’un organe, par rapport à un äutre, est certai-
nement une des plus simples et des moins susceptibles
d'ambiguité. C’est cé qui m'a fait préférer les expres-
sons d’ovaire supérieur et d’ovaire inférieur, à celles
d'ovaire libre ou adhérent, adoptées aujourd'huï par
plusieurs auteurs, pour désigner le même état respectif
de ces parties. :
La situation relative de l'ovaire et du périanthe m'a
paru d'ailleurs avoir cet avantage et cette importance
sur lx considération de l’attache des étamines, que
l'ovaire, par la desunation que la nature lui a donnée
de contenir les germes des graines, est, sous ce rapport,
Fa partie principale du végétal, souvent la seule qui
persiste après la floraison accomplie. Mais dans beau-
coup de cas, lorsqu’à la persistance nécessaire et absolue
de l'ovaire, se joint la persistance du périanthe, ou au
XXi) DISCOURS
moins d'une de ses parties, le calice (1), on voit com-
bien est réellement important le caractère fondé sur
la situation respective de l'ovaire et du calice, et de
quel avantage il est dans une méthode pour faciliter la
détermination des classes et des familles, lors même
que la floraison est passée depuis long-temps; tandis
qu’au contraire , les étamines, organes passagers, des-
unées seulement à opérer la fécondation, se flétrissent,
tombent ou sont détruites, si ce n'est dans un peut
nombre de cas, sans qu'il en reste de trace, lorsque le
but auquel elles devaient concourir est rempli.
L’ovaire placé au-dessus ou au-dessous du périanthe
m'a donc fourni, pour la première grande division de
ma premiére tribu, un caractère de troisième ordre,
et des caractères de second ordre pour la deuxième
grande division de la même tribu. Ainsi j'ai formé
quatre classes dans les Dicotylédones dipérianthées,
Savoir :
1°. Les Polypétales superovariées, c’est-à-dire, à
ovaire supérieur ;
2°. Les Polypétales inferovariées , c’est-à-dire, à
ovaire inférieur ;
5°. Les Monopétales inferovariées ;
4°. Les Monopétales superovariées.
Dans les Dicotylédones monopérianthées, je n’ai fait
que deux classes, savoir :
10. Les Monopérianthées superovariées ;
2°. Les Monopérianthées inferovariées.
La division des plantes en polypétales et en mono-
pétales, adnuse pour les Dicotylédones, ne m'ayant
pas paru pouvoir être appliquée aux Monocotylédones
(1) Le calice est persistant dans les Légumineuses, les Géra-
niées , les Malvacées, les Caryophyllées , les Rosacées, les Myr-
tées, les Ericoïdes , les Apocynées , les Personées , les Labiées, les
Borraginées , les Radiées , les Flosculeuses, les semi-Flosculeuses,
et un grand nombre d’autres familles.
PRÉLIMINAIRE.
lédones :
1°. Dipérianthées superovariées ;
2°. Dipérianthées inferovariées ;
3°. Monopérianthées inferovariées ;
4°. Monopérianthées superovariées.
xxii
sans rompre beaucoup d'aflinités bien reconnues, Je
n'ai partagé ces dermiéres qu'en quatre classes , d’après
la double considération du périanthe simple ou ‘double ;
et celle de l'ovaire supérieur où inférieur. Ainsi j'ai
établi les quatre classes suivantes dans les Monocoty-
La présence ou l'absence des feuilles offre la division
la plus simple et la plus naturelle de la troisième tribu,
les Acotylédones.
Il ne me reste plus, pour donner une idée plus pré-
cise de cette modification de la méthode naturelle,
qu'à rassembler, dans un Tableau qu'on puisse em-
brasser d’un coup d'œil, l’ordre qui vient d’être exposé.
TABLEAU d'une nouvelle classification botanique.
classes,
f superovariées.….. 1
Polypétales,. 4 ©
sl ( inferovariées ... 2
1 TRIBU. DISÉRIANTHÉES... ,
f inferoyariées,,.. 35
Dicotylédones....« Monopétales.. ? ,
| superovariées. ., 4
superovariées... 5
MONOPÉRIANTHÉES, «uso sous eee
inferovariées.... 6
2° TRIBU, | superovariées, .. 7
DrPRRTENBHEES). 1.0 le oilee sie |
inferovariées .., 8
Monocotylédones,
{ inferovariées. .. q
MONO2ÉRIANTHÉES. , ....... gosse |
superovariées, .,10
5° TRIBU.
; FOLIÉES. 22.21. MA SP PR et Na à NP, 11
Acotylédones..
ADHRLERS, 0 0e NON RERA EIRE TN de 12
XXIY
DISCOURS
TABLEAU de la série des Familles des Plantes indi-
gènes, distribuées selon la nouvelle modification de
1
O (O O1 Où OT CU D bi
17
18
19
39
40
41
42
A6
47
48
4
5
5
57
la méthode naturelle.
Fe CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, POLYPÉTALES SUPEROVARIÉES.
Helléboracées.
Renonculacées.
Malvacées.
Linées.
Oxalidées.
Géraniées.
Méliacées.
Aurantiacées ou Hespéridées.
Hypéricées.
Rutacées.
Cistées.
Violées.
Polygalées.
Corydalées.
Légumineuses.
Crucifères.
Capparidées.
Papavéracées.
Résédacées.
Vinifères.
Berbéridées.
Tiliacées.
À céridées.
Hippocastanées,
Limoniacées.
Paronychices.
Caryophyllées.
Saxifragées.
Crassulées.
Portulacées.
Tamariscinées.
Lythrées.
Rhamnées.
Euphorbiées.
Térébinthacées.
Amygdalées.
Spiréacées.
Rosacées.
IIS CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, POLYPÉTALES INFEROVARIÉES,
Pomacées.
Myrtées.
Loranthées.
Grossulariées.
43
44
45
Ficoïdées,
Onagrées.
Ombellifères.
III: CLASSE.
DYCOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES , MONOPÉTALES INFEROVARIÉES.
Dipsacées.
Radiées.
Flosculeuses.
Semi-Flosculeuses,
Valérianées.
Rubiacées.
52
53
54
55
56
Lobéliacées.
Campanulacées.
Cucurbitacées.
Caprifoliacées.
Vacciniées.
IVe CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES, MONOPÉTALES SUPEROVARIÉES.
58 Rhododendrées.
Éricoïdes,.
PRÉLIMINAIRE.
59 Diospyrées. 68 Acanthées.
o Apocynées. 69 Orobanchées.
Gr Gentianées. 70 Jasminées.
62 Polémoniacées. 71 Verbénacées.
63 Convolvulacées. 72 Labiées.
64 Solanées.
65 Primulacées.
66 Utriculariées.
73 Borraginées.
74 Globulariées.
75 Plumbaginées.
: XXY
67 Personées. 76 Plantaginées.
Ve CLASSE.
DICOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES, SUPEROVARIÉES.
77 Sanguisorbées. 83 Ulmacées.
78 Amaranthées. 84 Buxacées.
79 Atriplicées. 85 Urticées.
80 Polygonées,. 86 Salicinées.
81 Thymélées. 87 Bétulacées.
82 Laurinées. 83 Conifères.
VI CLASSE.
DICOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES ,; INFEROVARIÉES.
89 Balaniferes. 91 Aristolochiées.
90 Eléagnées,
VII: CLASSE.
MONOCOTYLEDONES DIPÉRIANTHÉES , SUPEROVARIÉES.
92 Palmiers. 94 Nymphéacées.
93 Alismacées.
VIII CLASSE.
MONOCOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ;, INFEROVARIÉES.
96 Orchidées.
IXe CLASSE.
MONOCOTYLÉDONES MONOPÉRIANTHÉES ;, INFEROVARIÉES-
Hydrocharidées.
97 Aroïdées. : 09 Tridées.
96 Tamnées. 100 Narcissées.
X, CLASSE.
MONOCOTYILÉDONES MONOPÉRIANTHÉES , SUPEROVARIÉES,
101 Liliacées.
102 Asphodélées,
103 Colchicacées.
104 Potamophyles.
105 Joncées.
106 Typhacées.
107 Cypéracées.
108 Graminées.
XXV) DISCOURS PRÉLIMINAIRE,
XI° CLASSE.
ACOTYLÉDONES FOLIÉES.
109 Fougères. 113 Lycopodiacées.
110 Salviniées. 114 Mousses.
111 Equisétacées. 115 Hépatiques.
112 Characées.
XII CLASSE.
ACOTYLÉDONES APHYLLES.
116 Lichénées. 118 Champignons.
117 Hypoxylées. 119 Algues.
Il s’en faut de beaucoup que les plantes soient dis-
tribuées d’une manière égale dans ces douze classes. La
nature ne se prête point à des coupes mathématiques ;
tout ce que nous pouvons désirer dans nos distributions
méthodiques, c'est de nous rapprocher le plus pos-
sible d’un ordre dans lequel les affinités naturellés soient
le mieux conservées. Mais les affinités d'un grand nom-
bre de végétaux n'étant pas encore bien connues, il
s'ensuit que, dans une méthode vraiment naturelle,
l’ordre des familles ne peut pas, jusqu’à présent, être
regardé comme entièrement fixé ; car l'observation d’un
nonveau caractere, d’un nouveau RE qui n'avaient
point encore été aperçus, peut tout à coup changer la
place d’un genre, d une famille.
uoique nous n’ayons jusqu'à présent appliqué notre
méthode qu'aux seules plantes de France, et par con-
séquent à un peut nombre d'espèces, nous osons croire
cependant qu elle est suscepuble de recevoir un plus
grand développement, et qu elle pourra être applicable
à tout le régne végétal ; mais si,*contre notre attente,
il en était autrement , 1] nous sue qu'elle fût com-
mode et facile pour la détermination de nos espèces
indigènes, pour que nous croyions ayoir fait une chose
utile en l’établissant.
MANUEL
DES
PLANTES USUELLES INDIGÈNES.
Ie CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; POLYPÉTALES
SUPEROVARIÉES.
Famille I.
IHELLÉBORACÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractère d’avoir un
calice de 5 folioles, quelquefois de 4 seulement , plus rare-
ment nul; une corolle de plusieurs pétales (r à 12 et même
plus) attachés au réceptacle, conformés dans plusieurs
genres d’une manière particulière, comme en cornet, en
éperon, en crosse, etc. ; des étamines en nombre indéfini,
insérées sur le réceptacle; plusieurs ovaires supérieurs, atta-
chés à un réceptacle commun et central; plusieurs cap-
sules s’ouvrant par leur côté intérieur et contenant plusieurs
graines.
Toutes les Helléboracées de France sont des plantes her«
bacées , à feuilles alternes, rarement simples ; à fleurs ordi-
nairement terminales, rarement solitaires, souvent disposées
en grappe.
Les Helléboracées forment, dans la Méthode de M. de
Jussieu , les 3 dernières sections de ses Renonculacées; mais,
d’après la différence essentielle qu’elles présentent dans leur
fruit, qui est une capsule déhiscente et à plusieurs grammes,
j'ai cru devoir en former une famille particulière, famille
très-naturelle, si l’on en excepte la Parnassie et l’Actée qui
A
2 HELLÉBORACÉES
ne doivent pas, à la rigueur, être considérées comme lui
appartenant, mais seulement comme ayant de l’affinité avec
elle, et que, dans l'insuffisance de nos méthodes, nous ne
pouvons pas mieux placer.
Les Helléboracées sont toutes plus ou moins amères,
âcres et caustiques. Plusieurs d’entre elles sont émétiques et
purgatives à petite dose : à plus grande dose, elles agissent
comme de véritables poisons ; ce qui doit rendre les mé-
decins extraordinairement circonspects sur la manière de
les administrer intérieurement.
1°" Genre. — HELLÉBORE. ÂELLEBORUS. Lan.
Calice de 5 folicles coriaces, persistantes. Corolle de 5
à 12 pétales en cornet, plus courts que le calice. 50 à 60
étamines. 5 à 6 ovaires. 5 à 6 capsules comprimées,
HELLÉBORE NOIR, vulsairement Rose de Noel.
Helleborus niger. Lan. Spec. 763. — Bull, Herb. tab.
55. — Helleborus niger, flore roseo. Pharm.
=: LA
Sa racine est vivace , composée de grosses fibres noirä-
tres; elle donne naissance à plusieurs feuilles et à plusieurs
tiges. Les premières sont grandes, luisantes, un peu coria-
ces , d’un vert foncé, portées sur des pétioles longs d’en-
viron 6 pouces, partagées en 7 à 11 folioles lancéolées,
disposées en manière de digitations , dentées en leurs bords.
Les tiges sont cylindriques, hautes de 6 à 8 pouces, paï-
faitement glabres, ainsi que toute la plante, nues dans toule
Jeur partie inférieure, garnies dans la supérieure de 2 à
5 petites feuilles ovales-lancéolées, blanchätres, et termi-
nées par 1 ou 2 grandes fleurs blanches, avec une légére
teinte rose. {1 leur succède 5 capsules qui contiennent plu-
sieurs graines. Cette plante croît dans les montagnes de
la Provence, du Languedoc, du Dauphiné, etc. On la cul-
tive dans les jardins pour jouir de ses belles fleurs, qui pa-
raissent en janvier et février, quelquefois même dès la fin
de décembre. 4
On a cru pendant long-temps que notre Hellébore noir
était la plante tant vantée par les médecins de l'antiquité,
dont ils faisaient usage dans une foule de cas, et principa-
Jement dans la folie; mais 'l'ournefort, dans son voyage au
Levant, a retrouvé le véritable Hellébore des anciens, que
les hotanisles nomment maintenant //ellébore oriental.
\
HELLÉBORACÉES. 5
Cette erreur à d’ailleurs été sans conséquence, notre plante
indigène ne différant que très-peu de celle de l’orient, et
ses propriétés étant les mêmes, si ce n'est qu’elle a un peu
moins d'énergie. Quoi qu’il en soit, cette espèce est encore
très-active et même dangereuse, si elle n'est employée avec
circonspection ; elle excile le vomissement et purge avec
violence à la dose de 20 à 50 grains en nature et en poudre,
et en décoction à la dose de 1 à 2 gros ; dans de plus faibles
proportions , elle est vermifuge, fondante , emménagogue.
On en fait usage dans la manie, l’hydropisie, les affections
vermineuses , les engorgemens des viscères.
Les racines d'Hellébore noir entrent dans la composition
de plusieurs préparations pharmaceutiques, telles que le
sirop de pomme helléboré, les pilules de Starkey, ete. Leur
extrait fait la base des pilules toniques de Bacher, qui sont
souvent très-efficaces dans certaines hydropisies, et dont la
dose est depuis 10 jusqu’à 56 grains, ou même plus.
HELLÉBORE VERD.
Helleborus viridis. Lin. Spec. 784. — Jacq. FI. Aust.
t. 106. — Æelleborus niger vulgaris, flore viridi. Pharm.
Cette espèce diffère d'avec la précédente par ses fleurs
moitié plus petites, verdätres, ordinairement au nombre
de 2 à 5, et parce que ses tiges sont chargées, à la base de
chaque rameau, d’une feuillégigitée. L’Hellébore verd croît
dans les montagnes des départemens du midi, en Picardie, etc.
Il fleurit en avril et mai.
Ses propriétés sont les mêmes, et il peut être employé
dans des circonstances semblables et à de pareilles doses que
l'Hellébore noir. Bergeret dit en avoir fait préparer des pi-
lules à la manière de celles de Bacher, qu'il a employées
plusieurs fois avec succès. Ses racines, de même que celles
de l’Hellébore noir et du Pied-de-Griffon, sont propres à
ouvrir et à entretenir des sétons et des cautères. Les vété-
rinaires s'en servent avec avantage pour sétonner les bêtes
à cornes et les chevaux.
HELLÉBORE FÉTIDE, vulgairement Pied-de-Griffon.
Helleborus fœtidus. Lin. Spec. 784.—Bull. Herb. t. 71.
— Helleborus niger fœtidus. Pharm.
Sa racine est vivace, composée de fibres longues, épaisses ;
elle donne naissance à une tige cylindrique, assez grosse,
9
4. HELLÉBORACÉES.
droite, haute d’un pied et demi ou environ, rameuse in-
férieurement, rameuse et comme paniculée en sa partie
supérieure , garnie de feuilles, dont les inférieures sont pé-
tiolées, coriaces , luisantes, d’un vert sombre, partagées
jusqu’à leur base en 6.à 10 digitations allongées, aiguës,
dentées en scie; les feuilles supérieures sont ovales-lancéo-
lées, entières, d’un vert blanchâtre. Les fleurs sont verdä-
tres, inclinées sur leur pédoncule, disposées plusieurs en-
semble, à l'extrémité de la tige et des rameaux, en une sorte
de panicule : les folioles de leur calice sont arrondies, re-
dressées, presque conniventes , verdätres et un peu bordées
de rouge, beaucoup plus petites que dans l’Hellébore noir.
Cette plante croît dans les lieux incultes, pierreux, et sur
les bords des bois ; elle fleurit en février et mars.
Le Pied-de-Griffon peut être assimilé aux deux espèces
précédentes pour les propriétés générales; mais depuis quel-
ques années, on l’a plus particulièrement préconisé comme
vermifuge. Bisset conseille 1 gros de.ses feuilles fraîches en
décoction, ou 15 grains de leur poudre lorsqu'elles sont
sèches, en en continuant l'emploi plusieurs jours de suite.
M. Decerfs accuse la poudre de causer souvent des vomis-
semens fatigans, etil donne la préférence à la première pré-
paration ; il assure d’ailleurs avoir constamment administré
avec succès l'Hellébore fétide, comme vermifuge, soit en
décoction, soit en sirop, soit en dissolulion vineuse ou
alcoolique.
2° Genre. — NIGELLE. NIGELLA. Lin.
Calice de 5 grandes folioles colorées, pétaliformes. Co-
rolle de 5 à 6 pétales en forme de cornet, et plus courts que
les folioles calicinales. Etamines nombreuses. 5 à 10 ovaires.
Autant de capsules polyspermes, comprimées et soudées
ensemble, de manière à paraîlre n’en former qu'une seule
à plusieurs loges.
NIGELLE DES CHAMPS, vulgairement Nelle des champs,
Nielle sauvage ou bétarde, Barbue où Poivrette
cominune, Toute-Epice.
Nigella arvensis. Lin. Spec. 955.— Bull. Herb. t. 126.
Sa racine est grêle, pivotante, annuelle; elle donne naïs-
sance à une tige droite, glabre comme toute la plante,
simple ou divisée en quelques rameaux étalés et très-ouverts,
haute de 8 à 15 pouces, garnie de feuilles alternes, deux
HELLÉBORACÉES. J
fois pinnatifides, à divisions linéaires. Ses fleurs sont bleues,
solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux ; elles ont
8 pétales, 5 ovaires réunis par le bas et surmontés cha-
cun d’un style. Ces ovaires deviennent autant de capsules
comprimées sur les côtés, soudées ensemble par leur base
de manière à paraître n’en former qu’une, et renfermant
chacune plusieurs graines noïrätres. Cette plante croît dans
les moissons; elle fleurit en juillet et août.
La graine de Nigelle des champs passe pour incisive,
apéritive et emménagogue ; elle est la seule partie de la
plante qui soit en usage en médecine , et éncore l’emploie-
t-on très-peu aujourd’hui. Elle a les mêmes propriétés que
la Nielle proprement dite {Nigella cretica. Pharm.), et
on pourrait la substituer à celle-ci dans le sirop d’Armoise.
Cette dernière entre encore dans l'électuaire des baies de
Laurier et dans l'huile de scorpion , préparations pharma-
ceuliques reléguées maimtenant dans les anciens formu-
laires, et pour lesquelles la Nielle des champs, comme celle
de Crète, sont parfaitement inutiles.
5e Genre. — DAUPHINELLE. DELPHINIUM. Lan.
Calice de 5 folioles inégales, pétaliformes, dont la supé-
rieure terminée en éperon. Corolle de 1 à 4 pétales irnrégu-
liers, dont 1 ou 2 également terminés en éperon. 15 à 50
étamines. 1 à 3 ovaires. 1 à 5 capsules oblongues, conte-
nant plusieurs graines anguleuses.
DAUPHINELLE STAPHISAIGRE, vulgairement /7erbe aux
poux , Staphisaigre, Herbe à la pituite.
Delphinium Staphisagria. Lin. Spec. 750. — Staphis
agria. Parm. et Blackw. Herb. t. 265.
Sa racine est pivotante, simple ou peu divisée, annuelle ;
elle donne naissance à une tige cylindrique, droite, peu
rameuse, plus ou moins velue, ainsi que toute la plante,
haute de 1 à 2 pieds, garnie de feuilles pétiolées, palmées,
partagées en 5 ou 7 lobes. Ses fleurs sont d'un bleu plus ou
moins foncé, disposées en grappes au sommet de la tige et
des rameaux : leur corolle est à 4 pétales irréguliers; les
élamnines sont au-delà de 15, et les ovaires au nombre de 5.
Cette plante croît en Provence et en Languedoc; elle fleurit
en juin el juillet.
Les graines de Staphisaigre ont une saveur amère, âcre
A 5
6 HELLÉBORACÉES.
et brûlante ; prises à l'intérieur à la dose de 12 à 24 grains,
elles ren avec violence comme émétiques et purgatives,
et à de plus fortes doses, elles peuvent causer les accidens les
plus graves; aussi op n’en fait plus usage qu’à l'extérieur en
s’en servant, réduites en poudre, sur les cheveux, pour faire
périr la vermine; ce qui a valu à la plante le nom d’Æerbe
aux poux. Celui a Herbe à lapituite lui vient de ce qu’on a
aussi employé ses graines concassées et enfermées dans un
nouet, comme masticatoire dans les maux de dents, que
l’on croy ait causés par une humeur fixée sur les gencives ,
afin de déterminer par là un crachement abondant: On s’en
est encore servi pour détruire les chairs baveuses des vieux
ulcères. Elles entrent dans l’onguent épispastique.
DAUPHINELLE CONSOUDE, vulgairement Faute
des champs.
Delphiniunm Consolida. Lin. Spec. Da — Consolida
ie Pharm. — Consolida regalis arvensis. FI. Dan.
t. 685.
Sa racine est fibreuse , pivotante, brunâtre, annuelle; elle
donne naissance à une tige droite, le plus souvent Mince
en rameaux étalés, légèrement pubescente, ainsi que toute
Ja plante, haute de1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles
partagées en 5 folioles principales, elles-mêmes imcisées
irès- profondément en plusieurs découpures linéaires: Ses
fleurs, ordinairement d’un beau bleu, plus rarement blan-
.ches ou rougeñtres, sont portées sur d’assez longs pédon-
cules, et disposées en grappes peu garnies à l’extrémité de la
tige et des rameaux : leur corolle est d’une seule pièce, à
limbe partagé en 5 lobes, et il n’y a qu’un ovaire qui de-
vient 1 capsule à 1 loge renfermant plusieurs graines. Cette
plante est commune dans les moissons; elle fleurit en juin
et juillet.
Les fleurs du Pied-d’Alouette des champs ont passé pour
astringentes, eton a quelquefoisemployé leurinfusion contre
lo phthalmie inflammatoire; mais c’est un mauvais moyen,
leur âcreté paraissant plus propre à augmenter qu’à apaiser
Pinflammation. On trouve aussi qu’elles ont élé données à
l’intérieur comme vermifuges. Les graines pulvérisées peu-
vent servir comme celles de la Staphisaigre à détruire la ver-
mine. L’affinité que les Dauphinelles ont avec les Aconits
doit nous les rendre suspects, Les chèvres et les moutons sont
HELLÉBORACÉES. Fr
N /
les seuls bestiaux qui mangent le Pied-d’Alonette sans répu-
gnance. Le suc des fleurs de cette plante, préparé avec de
l'Alun, donne une couleur bleue.
4e Genre. — ANCOLIE. AQUILEGIA. Lan.
Calice de 5 folioles pétaliformes. 5 pétales en cornet où
en capuchon. 50 à 40 étamiues. 5 ovaires. 5 capsules droi-
tes, réunies par leur base et contenant plusieurs graines.
ANCOLIE COMMUNE, Vulgairement Gants de Notre-
Dame. :
Aquilegia vulgaris. Lin. Spec. 752.— Aquilegia syl-
vestris. Pharm. — ÆAquilegia. Blackw. Herb. t. 409.
Sa racine est un peu ligneuse, vivace; elle forme une
sorte de souche noirâlre, et elle donne naissance à une
üige cylindrique, droite, simple dans sa partie inférieure ,
un peu rameuse supérieurement, haute de 2 à 3 pieds. Ses
feuilles sont pour la plupart radicales, longuement pétio-
lées, deux fois ternées, partagées en folioles presque cu-
néiformes, lobées, d’un vert foncé en dessus et glauques
en dessous; les feuilles de la tige sont simplement ternées,
et les supérieures sont seulement découpées en 2 à 3 lobes
et tout-à-fait sessiles. Ses fleurs sont d’un bleu foncé, assez
grandes, terminales, pendantes, au nombre de 5 à 6
ou davantage , disposées en une sorte de panicule lâche.
1” Ancolie commune se trouve fréquemment dans les bois ;
elle fleurit au mois de mai.
Cette plante a une saveur amère el un peu nauséeuse ;
elle a été regardée comme apéritive, diurétique, sudori-
fique et emménagogue. Simon Pauli vante sa graine en
poudre, dans la petite-vérole et la rougeole: et Hoffinan la
recommande dans l'accouchement difficile. La dose , dans
ces cas, est d’un demi-gros à 1 gros. La racine en-poudre
a été donnée, dit-on , aux mêffles doses, et l'on a conseillé
sa décoction en gargarisme pour déterger les ulcérations
scorbutiques de la bouche, pour raffermir les dents et for-
tiBier les gencives. Les fleurs donnent une belle temture
bleue qu'Ettmuller a beaucoup précouiséé dans la rougeole.
Aujourd’hui les médecins ont laissé tomber en désuétude
l'emploi des diflérentes parties de l’Ancolie, et l'on a entiè-
rement oublié les pilules auxquelles cette plante donnait
son nom, et dont ses graines faisaient la base. Les chèvres
sont les seules, parmi les bestiaux, qui broutent cette plante,
À #
(l
Ô HELLÉBORACÉES.
qui d’ailleurs doit nous être suspecte sous le rapport de la
famille à laquelle elle appartient, dont tous les végétaux
en général ne doivent être employés à l’intérieur qu'avec
beaucoup de circonspection.
5e Genre. — ACONIT. ACONITUM. Lan.
Calice de 5 folioles inégales, pétaliformesz; la supérieure
conformée en casque ou en capuchon. Corolle de 2 pétales
portés sur un long onglet, se terminant par une sorte de
crosse, et cachés dans la foliole supérieure du calice. 50 éta-
mines et plus. 3 à 5 ovaires. 5 à 5 capsules droites.
AconiT NAPEL , vulgairement Napel, Capuce ou Ca-
puchon de moine, Coqueluchon, Madriettes, Thore,
Tue- Loup bleu.
Aconitum Napellus, Lin. Spec. 751.—Jacq. F1. Aust.
4. p. 42. t. 501. — Aconitum cœruleum sive Napellus.
Pharm.
La racine de cette espèce est un tubercule brunâtre,
allongé, napiforme, vivace; elle donne naissance à une tige
cylindrique, droite, simple, le plus souvent glabre , haute
de 1 pied et demi à 2 pieds ou un peu plus, garnie de
feuilles alternes, pétiolées, luisantes, d’un vert foncé en
dessus, partagées jusqu’à leur base en 5 découpures divisées
en 2 ou plusieurs segmens entiers, bifides ou trifides, à la-
niaires linéaires. Ses fleurs sont d’un bleu en général assez
foncé, pédonculées, disposées en grappe serrée et le plus
souvent simple : la foliole supérieure de leur calice a la
forme d’un casque; les 2 pétales sont terminées en cornet
dont le sommet a la forme d’un sac arrondi dans son fond.
(Linné donne le nom de Mectaires à ces pétales si singu-
lièrement conformés. ) Les ovaires sont au nombre de 3, et
après la floraison , ils deviénnent autant de capsules polyÿ-
spermes. Cette espèce croît dans les lieux ombragés des mon-
tagnes du Dauphiné, de la Provence, du Languedoc, de
l'Auvergne, dais les Pyrénées, les Vosges, etc.; elle fleurit
en juin et juillet."
Toutes les parties du Napel sont éminemment vénéneuses.
La racine fraîche paraît surtout recéler des propriétés délé-
tères encore plus prononcées que le reste de la plante. Cette
racine, si on la met en contact avec la bouche par la masti-
cation, paraît n’avoir d’abord qu’une saveur douceâtre, mais
HELLÉBORACÉES. 9
elle occasionne bientôt une sensation âcre, brülante et très-
douloureuse, accompagnée d’une salivalion abondante, Prise
à l’intérieur, à petite dose, elle ne paraît pas produire d’effet
sensible; mais en plus grande quantité elle détermine divers
accidens, suite ordinaire des empoisonnemens , comme une
soif ardente, des vomissemens, la cardialgie, la prostration
des forces, des vertiges, du délire, un état comateux ou
couvulsif, des sueurs froides, etenfin la mort. Les émétiques,
quand les premiers symplômes d’empoisonnement se mani-
feslent , ensuite des boissons mucilagineuses, ou un peu aci-
dulées, données abondamment, sont les moyens les plus ef-
ficaces pour remédier aux accidens causés par ce poison. Les
auteurs rapportent plusieurs exemples d'événemens funestes
arrivés à des personnes qui avaient mangé des racines de
Napel. On employait autrefois cette racine en en formant
avec des viandes, des appâts pour attirer les loups, les ours,
les loups cerviers et autres animaux féroces, ou nuisibles,
et pour les faire périr. On dit aussi que les anciens em-
poisonnaient leurs flèches avec le suc de Napel.
Cependant Stæœrck ayant observé que le Napel pris à
pelite dose paraissait être un excitant énergique de la trans-
piration cutanée, crut pouvoir l’employer dans plusieurs
maladies, et principalement dansles affections chroniques qui
résistent le plus à l’effet des remèdes ordinaires. Cet auteur et
plusieurs autres après lui ont assuré avoir employé le Napel
avec succès dans la goutte , dans la sciatique, dans les rhu-
matismes chroniques, dans les engorgemens des glandes
lymphatiques, dans le squirrhe, dans la syphilis et même
dans les fièvres quartes rebelles. La préparation dont Stœrck
se servait particulièrement, et dont on fait en général
usage, est l'extrait préparé avec le suc exprimé des feuilles
fraiches. On donne cet extrait une ou deux'fois par jour,
en commençant d’abord par un demi-grain et en augmen-
tant progressivément jusqu’à 6 à 10 grains, et même plus.
ACONIT ANTHORE, vulgairement Anthore, Maclou.
Aconitum Anthora. Lin. Spec. 751. — Jacq. FI. Aust.
1. 342.— Aconitum salutiferum sive Anthora. Pharm.
Sa racine tuberculeuse, allongée, napiforme , anguleuse,
vivace , donne naissance à une tige cylindrique, droite,
baute de 10 à 15 pouces, presque glabre, simple ou peu
rameuse , garnie de feuilles divisées jusqu’au pétiole en 5 ou
10 HELELÉBORACÉES.
7 divisions-elles mêmes profondément découpées eu lanières
linéaires, et pour la plupart bifides ou trifides. Ses fleurs
sont jaunes, pédonculées, disposées en grappe terminale,
simple ou un peu rameuse à sa base : la foliole supérieure
de leur calice a la forme d’un casque; les 2 pétales se ter-
minent en cornet dont la pointe est roulée en crosse; il y à
5 ovaires, qui deviennent à capsules droites, contenant
plusieurs graines. Celte plante croît dans les Alpes de la
Provence, du Dauphiné, dans le Jura, dans les Pyré-
nées, etc. elle fleurit en juillet et août.
Celte espèce , quoique les anciens l’aient regardée comme
l’antidote de la Renoncule Thora et des Aconits vénéneux,
ce qui lui a fait donner le nom d’Aconit salutaire, n'en doit
pas moius être aussi suspecte que les autres espèces, et 1l ne
faut de mème l’employer qu'avec circonspection. Geoffroy
dit avoir souvent donné sa racine sèche et en poudre à la
dose de 24 grains à 1 gros comme vermifuge. 11 dit aussi
l'avoir employée dans les fièvres malignes, en avouant
d’ailleurs qu’elle est très -amère ou plutôt âcre, ce qui ne
permet guère de la donner que sous la forme de bol. Au
reste lä forme sous laquelle on a prescrit la racine d’Anthore
diminue beaucoup de ses propriétés nuisibles; les Aconits
perdant par une dessiccation complète une grande partie de
leur énergie.
6° Genre. — PIVOINE. PÆONTZA. Lan.
Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales plus
grands que le calice. Etamines très-nombreuses. 2 à 5
ovaires à stigmates épais et colorés. 2 à 5 capsules ovales,
ventrues, cotonneuses, contenant plusieurs graines globu-
Jeuses el luisantes.
PIVOINE OFFICINALE, vulgairement Pivoine mâle et
Pivoine femelle , anciennement Pione ou Péone.
Pœonia officinalis. Lin. Spec.747. — Pæonia mas.
Blackw. Herb. t. 245; et Pæonia fœmina. Blackw. Herb.
t. 65. — Pharm.
Ses racines sont composées de gros tubercules ovales-
oblongs, brunâtres extérieurement, blanchâtres intérieure-
ment ; elles donnent naissance à plusieurs tiges hautes de 1
à 2 pieds, très-peu rameuses, striées, légèrement rougeñtres,
HELLÉBORACÉES. 11
garmies de feuilles dont les inférieures sont deux fois , et les
supérieures une fois ternées, composées de folioles ovales-
oblongues ou lancéolées, entières ou partagées en 2 à 5
lobes, lisses et d’un verd gai en dessus, plus pâles en dessous
et pubescentes dans une variété. Les fleurs sont terminales
et solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux, très-
grandes , d’un beau rouge cramoisi. Les graines sont globu-
leuses, luisantes , d’un beau rouge dans la Pivoine mâle , et
d’un bleu noirâtre dans la Pivoine femelle. Cette plante
fleurit en mai; elle croît naturellement dans les bois des
montagnes, en Languedoc ,en Provence, en Dauphiné; on
en cultive des variétés à fleurs doubles dans les jardins.
La racine de Pivoine a une saveur qui paraît d’abord
douceâtre, mais qui laisse ensuite sur la larigue une impres-
sion amère {rès-prononcée; quand elle est fraiche, son odeur
est assez forte et désagréable. L'usage de cette racine en
“médecine remonte aux temps les plus reculés: Hippocrate
et Théophraste en font mention. Les anciens lui avaient at-
tribué des vertus extraordinaires. Galien l’a préconisée
comme spécifique dans l’épilepsie, et comme agissant même
par le simple contact, et depuis lui, la plupart des niédecims
lent employée sans examen et avec confiance, jusqu’à ce
que des praliciens très-recommandables , comme Fernel,
Sylvius de la Boë, et Hoffman, aient révoqué en doute ses
propriétés sous ce rapport, même quand elle est employée
mtérieurement. Les médecins de nosjours paraissent presque
généralement avoir embrassé l'opinion de ces derniers, car
la Pivoine est à peu de chose près tombée en désuétude main-
tenant, soit comme antispasmodique et antiépileptique, soit
comme fondante et emménagogue, propriélés qu'on lui
avait aussi attribuées. Les fleurs et les graines passaient
aussi pour avoir les mêmes facultés que les racines. La dose
des unes ou des autres, sèches et réduites en poudre, était de
24 grains à 1 gros, et en décoction de 1 gros à demi-once.
La péparation la plus convenable serait, selon Murray, le
suc de la racine fraîche. Les racines et les graines de Pi-
voine, dont on préférait la variété dite mâle, entrent dans
presque toutes les compositions officinales antispasmodiques
et antiépileptiques des anciennes pharmacopées, et princi-
palement dans la poudre antispasmodique et la poudre de
Guttette du Codex de Paris. On en préparait aussi autrefois
un sirop, et avec les fleurs une conserve et une eau distillée:
12 HELLÉBORACÉES.
presque toutes ces préparalions sont maintenant tombées
en discrédit et ont à peu près cessé d’être usitées.
* Genre ayant de l'affinité avec les Helléboracées.
7° Genre. ACTÉE. ACTÆ1A. lan.
Calice de 4 folioles caduques. Corolle de # pétales. 30 éta-
mines ou environ. 1 seul ovaire surmonté d’un stigmale
sessile. 1 baie contenant plusieurs graines.
ACTÉE en épi, vulgairement Æerbe de Saint-Chris-
tophe.
Aciæa Spicata. Lin. Spec. 722.— Aconitum racemo-
sum Bacciferum. FI. Dan. t. 496.
Sa racine brunâtre, vivace, un peu ligneuse, donne
naissance à une lige glabre, droite, à peine rameuse, haute
de 1 pied ou un peu plus, garnie d’un petit nombre de
feuilles grandes, 2 ou 3 fois ailées, à folioles ovales-lancéo-
lées, grossièrement dentées ou même incisées un peu pro-
fondément. Ses fleurs sont blanches, petites, pédonculées,
disposées en une grappe terminale peu allongéeet peu garnie.
Les fruits qui leur succèdent sont des baies noirâtres lors de
leur maturité. Cette plante croît dans les bois à l’ombre ;
elle fleuriten mai et juin.
Ses feuilles sont très-amères ; froissées entre les doigts, elles
exhalent une odeur désagréable. Ses racines ont une âcreté
très-prononcée; et ses baies ont une saveur nauseuse. La
racine, à très - petite dose, a été regardée comme sudori-
fique et purgative; à une dose plus forte, surlout quand
elle est fraîche, elle agit comme poison , cause des yomisse-
mens, du délire et autres accidens graves. La décoction des
feuilles a été employée contre les scrophules; son usage a
aussi élé vanté, tant extérieurement qu'inlérieurement ,
contre la gale. L/Actée paraît être un médicament éner-
gique, mais redoutable, et peu éprouvé, qui ne doit être
employé qu'à l'extérieur ou avec la plus grande circon-
spection à l’intérieur , jusqu’à ce qu’on connaisse plus posi-
üvement sa manière d'agir.
Les chèvres et les moutons sont les seuls animaux qui
broutent quelquefois ses feuilles. Ses fruits sont un poison
pour les chiens et les volailles. Ses baies bouillies avec une
certaine quantité d’alun donnent une teinture noire. Les
paysans du Mont-d’Or vendent les racines pour celles de
«
La |
RENONCULACÉES. j
l’Hfellébore noir, et elles servent, dit - on, en Auvergne, à
guérir les bœufs d’une maladie à laquelle ils sont sujets,
Famille II.
RENONCULACÉES.
Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans :
Calice de # à 5 folioles, quelquefois entièrement nul; co-
rolle de 4 à 5 pétales, et assez souvent d’une plus grande
quantité, insérés sur le réceptacle ; étamines nombreuses
attachées au réceptacle ; plusieurs ovaires supérieurs ra-
massés en têle ; autant de petiles capsules ne s’ouvrant pas
naturellement , et chacune d’elles ne contenant qu’une
graine.
Les Renonculacées sont pour la plupart des plantes her-
bacées , à feuilles alternes$ tantôt simples, tantôt découpées
ou composées ; quelquefois des arbrisseaux sarmenteux à
feuilles opposées; leurs fleurs sont terminales, plus rarement
axillaires. Les genres qui les composent forment une fa-
mille assez naturelle. Leur capsule, qui ne s'ouvre point
naturellement, les distingue bien des Helléboracées:
Les plantes de cette famille sont presque toutes pourvues
d’une âcreté plus ou moins marquée, et, dans quelques-
unes, cette qualité est portée à un tel degré qu'elles sont
caustiques et vénéneuses. Appliquées sur D" plusieurs
Renonculacées la rubéfient, et ÿ produisétit des vésicules à
la manière des vésicatoires. Mais, quelle que soit l’énergie
de ce principe caustique, la dessiccation à l'air libre ou l’é-
bullition dans l’eau le font évaporer en totalité, ou au moins
en partie , dans plusieurs espèces.
0° Genre. — RENONCULE. RANUNCULUS.
Calice de 5 folioles caduques. Corolle de 5 pétales, ou
quelquefois plus, munis d’une petite écaille à la base de leur
onglet. Etamines ordinairement tès-nombreuses. Plusieurs
ovaires portés sur un réceptacle commun. Autant de petites
capsules ramassées en tête, ne s’ouvraut pas naturellement,
et contenant chacune 1 graine.
Presque toutes les plantes de ce genre sont âcres, caus-
tiques, vénéneuses, et leur usage intérieur, s’il n’est pas en-
liérement proscrit, doit au moins n'être admis qu'avec la
14 RENONCULACÉES.
plus grande circonspection. Plusieurs de ces plantes, ap-
pliquées sur la peau pendant qu’elles sont fraîches, y cau-
senti d’abord du prurit et de la rougeur ; bientôt après elles
y font naître de l’inflammation, du gonflement, soulèvent
l’épiderme en vésicules qui ne tardent pas à suppurer, et
finissent -par faire des ulcérations profondes, qui tendent
promptement à être attaquées de gangrène. Mises en contact
avec la bouche et soumises à la mastication , elles produisent
la phlogose et l’excoriation de la langue, avec la pefte du
goût , et si l’on va jusqu'à en manger, elles ne tardent pas
à causer l'inflammation et de violentes douleurs de l’es-
tomac, accompagnées de défaillances, d’anxiftés, de con-
vulsions, et enfin ces accidens se terminent par la mort
mème. Les espèces qui recèlent le plus d’äcreté sont la Re-
noncule bulbeuse, la Renoncule scélérate, la Renoncule
âcre , la Renoncule des champs, celle des Alpes, celle
d’Illyrie, la Flammule , la Thoya. Quoique inodore , ce
principe àcre et caustique est assez volatil pour se dissiper
par la coction ou la dessiccation parfaite; de sorte que , lors-
que par une de ces opérations on les a dépouillées de toute
leur acrimonie, on pourrait alors en manger sans incon-
vénient. Le vinaigre, le miel, Le sucre, le vin, l'alcool ne
s'opposent point à leur pernicieuse manière d'agir, et parmi
un grand nombre de plantes essayées pour mitigèr et éner-
ver leur causticité, les feuilles d’Oseille ont le mieux réussi,
et ensuite les Groseilles non encore müres ; mais de tous
les moyens de #émédier aux empoisonnemens arrivés par
lusage interne des Renoncules, le meilleur remède est l’eau
prise en grande abondance.
Cependant il existe dans ce genre quelques espèces qui ne
participent point aux propriétés malfaisantes de leurs con-
génères , telles sont la Renoncule dorée et la Renoncule
lanugineuse, qu’on peut, selon Krapf, manger comme les
herbes potagéres.
RENONCULE ACRE, vulgairement Grenouillette, Boutor-
d'Or.
Ranonculus acris. Lin. Spec. 779. — Ranunculus
hortensis secundus. Dod. Pempt. 426.
Sa racine est horizontale, rampante, vivace, garnie eu
dessous de beaucoup de fibres; elle donne naissance à 1 tige
cylindrique, plus ou moins velue, ainsi que les feuilles, un
RENONCULACÉES. 15
peu rameuse dans sa partie supérieure, haute de 2 pieds ou
environ. Ses feuilles radicales et celles du bas de la tige sont
pétiolées, découpées presque jusqu'au pédoncule en 3 di-
visions dont les 2 latérales sont elles-mêmes bifides, et toutes
ces divisions sont encore incisées en lobes anguleux et den-
tés; les feuilles supérieures sont simplement partagées en
découpures linéaires. Ses fleurs sont assez grandes, d’un
jaune luisant , portées sur de longs pédoncules à l'extrémité
des tiges el des rameaux. Cette plante est commune dans les
prés , les paturages et sur les bords des champs; elle fleurit
en mai, juin et juillet.
Toutes les parties de celte espèce ont à peu près autant
d'âcreté les unes que les autres ; cependant ses graines vertes
et récentes en ont encore plus que tout le reste. On peut
donc se servir indistinctement , pour remplacer les vésica-
toires, de la racine, des feuilles, des tiges, etc., dans les cas
urgens, lorsqu'a la campagne on a cetle plante sous la
main, et lorsque, au contraire, on ne peut que difficilement
se procurer des vésicatoires. La préparation à faire dans ce cas,
consiste à piler la partie dont on veut se servir, et à en faire
l'application à la place convenable, On peut aussi s’en servir
au lieu des cantharides, quand on craint l'effet de celles-ci
sur les voies urinaires. Mais la suppuration produite par
cette plante et les Renoncules en général, est de plus longue
durée , et les plaies plus difficiles à cicatriser que lorsqu'elles
sont produites par les cantharides. L'application de la Re-
noncule âcre a eu quelquefois d’heureux résultats, et a guéri
des rhumatismes chroniques et anciens , ainsi que des dou-
leurs de tête intenses et invétérées.
RENONCULE SCÉLÉRATE, vulgairement Renoncule des
marais, Grenouillette d’eau ou aquatique , Herbe
Sardonique.
Ranunculus Sceleratus. Lin. Spec. 776. — Ranoncu-
lus palustris. Blackw. Herb. t. 25q.
Sa racine est annuelle et composée de fibres menues,
nombreuses ; elle donne naissance à une tige cylindrique ,
épaisse, rameuse dans sa partie supérieure , glabre comme
presque toute la plante, droite, haute de 1 pied à 18 pouces.
Ses feuilles inférieures sont pétiolées, partagées jusqu'aux
deux tiers en 5 à à détoupures divisées en lobes arrondis ;
les supérieures sont sessiles, incisées jusqu’à leur base en
16 RENONCULACÉES.
lanières linéaires , en manière de digitations. Ses fleurs sont
petites, Jaunes, pédonculées, trèsnombreuses, disposées en
bouquet à l'extrémité de la tige el desrameaux. Cette plante
se trouve communément dans les lieux marécageux et au
bord des eaux ; elle fleurit depuis le mois dé mai jusqu’à la
fin de l’été.
La racine de la Renoncule scélérate a moins d’âcreté que
tout le reste de la plante, dont les parties les plus caustiques
sont les ovaires et les jeunes graines. Un des symptômes de
lempoisonnement par cette espèce est, dit-on, une sorte de
rire causé par la contraction spasmodique des muscles de
la face, et surtout de la bouche. Les anciens ont donné à
ce rire apparent le nom de sardonique.
Gilibert assure avoir administré comme apéritif, et avec
succès, le suc de la Renoncule scélérate étendu dans beau-
coup d’eau. On a quelquefois appliqué sur le poignet, les
feuilles pilées de celte plante, ou des autres espèces caus-
tiques, comme moyen propre à guérir des fièvres intermit-
ientes rebelles. Cette application doit être faite assez de
temps avant le paroxysme pour que l’action vésicante pro-
duise un mouvement perturbateur qui empèche l’accès
d’avoir lieu. Cette manière d'employer les Renoncules est
plutôt d’ailleurs un remède populaire, qu'un moyen mis en
pratique par les médecins.
RENONCULE FLAMMULE, vulgairement Petite- Douve.
Ranunculus Flammula. Lin. Spec.772.— Bull. Herb.
4. 15.
Sa racine est vivace, composée de longues fibres, simples,
menues, réunies en faisceau ; elle donnenaissance à une tige
cylindrique, longue de 1 pied ou environ , un peu rameuse,
redressée ou couchée, quelquefois même radicante à ses
articulations, garnie de feuilles alternes, distantes, dont les
inférieures sont ovales ou ovales-lancéolées, longuement pé-
tiolées, et les supérieures lancéolées ou lancéolées-linéaires.
Ses fleurs sont petites, d’un jaune d’or brillant, portées à
l'extrémité des tiges ou des rameaux sur des pédoncules
souvent géminés. Cette plante croît dans les prés -maré-
cageux , et fleurit dépuis le mois de mai jusqu’à la fin de
l'été.
Cette espèce est une des plus âcres, et c’est ce’qui lui a
valu son nom, parce que son application sur la peau, la
RENONCULACÉES, ir
rougit de même que le feu ou la flamme. On peut l’employer
ainsi que la précédente comme épispastique, mais il faut
que ce soit avec précaution et ne pas la laisser trop long-
temps en contact avec la peau; car une femme qui en avait
appliqué sur son poignet dans l'espoir de se guérir d’une
fièvre rebelle, l’ayant laissée pendant une nuit entière et la
moilié du jour suivant, la partie sur laquelle elle avait été
fut attaquée d’une escharre gangreneuse, à la suite de laquelle
les tendons des muscles restèrent à découvert, et dont la
malade eut beaucoup de peine à guérir.
RENONCULE BULBEUSE, vulgairement Bassinet, Pied-
de-Coq, Pied-de-Corbin, Rave de Saint- Antoine.
Ranunculus bulbosus. Lin. Spec. 776. — Bull. Herb.
t. 27. — Ranunculus tuberosus major. Pharm,
Le collet de sa racine qui est fibreuse, forme un renfle-
ment arrondi, solide, en manière de bulbe, lequel donne
naissance à une ou plusieurs tiges droites, cylindriques, ra-
meuses, hautes de 8 pouces à 1 pied. Ses feuilles intérieures
sont péliolées, un peu velues, ainsi que le reste de la plante,
souvent marquées de quelques taches blanchâtres, parta-
gées jusqu’au pétiole en 3 tolioles, la plupart à 3 divisions
et à lobes incisés; les supérieures sont sessiles et découpées
en lanières linéaires. Ses fleurs sont d’un jaune brillant ,
larges d'environ 1 pouce, portées sur de longs pédoncules
solitaires, ou 2 à 2 à l’extrémité de la tige et des rameaux.
La Renoncule bulbeuse croit dans les pâturages, les haies,
et sur les bords des bois; elle fleurit en avril, mai et juin.
La partie de cette plante qui a le plus d’âcreté est sa
bulbe , dont l’énergie est surtout extrême pendant la florai-
son , tandis que les parties herbacées sont au contraire moins
actives pendant ce temps. C’est principalement de cette
bulbe dont on fait usage. Pilée et appliquée à la plante des
pieds , elle a quelquefois été utile pour rappeler aux extré-
mités inférieures la goutte portée sur la poitrine. Son appli-
cation sur le poignet, comme fébrifuge, a plus d’une fois
causé des inflammations érysipélateuses, el même des ulcé-
rations plus douloureuses que la fièvre qu'on voulait guérir.
Cette racine entre dans l'emplâtre Diabotanum.
L.{
D v* RENONCULACÉES.
RENONCULE RAMPANTE, vulgairement Bassinet rani-
pant, Pied-Pou , Pied-de- Poule.
Ranunculus repens. Lin. Spec. 779. — Ranunculus
hortensis primus. Dod. Pempt. 425. 6
Cette espèce ne diffère guère de la précédente par ses
feuilles et par ses fleurs; mais elle s’en distingue toujours par
sa racine non renflée en bulbe; par ses tiges moins élevées,
de la base desquelles naissent des rejets couchés sur la terre,
et prenant racine à chaque nœud formé par l’insgrtion des
feuilles. Elle croît dans les pâturages, les lieux cultivés, et
fleurit depuis le mois de mai jusqu’à la fin de l’été.
Cette Renoncule est douce ou a très-peu d’äâcrelé. Tragus
assure qu’en Âllemague le peuple mange ses jeunes feuilles
mêlées avec d’autres herbes potagères: ét Chomel dit qu'on
s’en sert utilement en fomentation sur les hémorrhoïdes.
9° Genre. — FicaiRE. FICA4RIA4. Dillen.
Calice de 3 folioles caduques. Corolle de 8 à 10 pétales,
munis d’une petite écaille à leur base interne. Etamines
nombreuses. Ovaires nombreux. Capsules nombreuses, ar-
rondies, réunies en tête. :
FicaAiRE RENONCULE , vulgairement Peiite-Scrophu-
laire, Petite-Chélidoine , Herbe aux hémorrhoides ,
Eclairette.
Ficaria Ranunculoïdes. Roth. FI. Germ. 1. p. 241.—
Ranunculus Ficaria. Lin. Spec. 774. — Bull. Herb. t. 46.
— Scrophularia minor, sive Chelidonium minus. Pharm.
Sa racine est composée de pelits tubercules longs de 6 à
12 lignes, rassemblés en faisceau ; elle donne naissance à
une ou plusieurs tiges à peine rameuses, longues de 2 à 5
pouces, presque toujours couchées. Ses feuilles sont lon-
‘guement pétivlées, cordiformes, anguleuses, glabres et lui-
santes comme toute la plante, pour la plupart radicales et
disposées en rosette, quelques-unes aliernes sur les tiges. £es
fleurs sont d’un jaune d’or, luisantes, portées sur des pé-
doncules solitaires dans les aisselles des feuilles, ou placés
à l'extrémité des tiges. Cette plante est commune dans les
prés, au pied des haies et sur le bord des bois; elle fleurit
en mars el avril.
La Ficaire ou Petite-Chélidoine passe pour antiscorbu-
RENONCULACÉES. 15
tique ; ses feuilles et ses fleurs n’ont presque pas d'âcreté,
et dans plusieurs pays du nord on les mange en salade où
cuites comme les herbes potagères. Ses racines ont une
saveur d'abord légèrement acide, mais ensuite sensiblement
âcre , amère et un peu nauséeuse. Ecrasées et appliquées
sur la peau, elles ÿ produisent de l'irritation, et pourraient
à la longue devenir vésicantes, mais elles agissent beaucoup
lus lentement que les Renoncules en général, Fraîches et
préparées de différentes manières, on les a appliquées au-
trefois sur les tumeurs scrophuleuses, et surtout sur les
hémorrhoïdes. Séchées , réduites en poudre et incorpurées
avec du miel, on les a aussi fait prendre à l'intérieur dans
les mêmes maladies; mais aucune observation positive ne
les rend recommandables sous ces rapports , et il parait
mème certain que leur prétendue propriété, particulière
ment dans le dernier.cas , n’est fondée que sur une certaine
ressemblance qu’on a cru voir entre la forme des racines de
la Ficaire et celle des hémorrhoïdes. L'eau distillée de Pe-
tite-Chélidoine est au nombre des préparations. pharma-
ceutiques entièrement négligées aujourd’hui; cependant sa.
saveur brûlante, assez analogue à celle de la Moutarde, doit
faire croiresqu’elle n’est pas dénuée de vertu comme anti-
scorbulique. Ses racines entrent dans l’eau générale ; ses
feuilles et ses racines dans l’emplâtre Diabotanum.
10° Genre. — HÉPATIQUE. HEPATICA. Haller.
é
Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 6 pétales dé-
pourvus d’écaille à leur base. Etamines et ovaires nom-
breux. Capsules nombreuses, oblongues, réunies en tête.
HÉPATIQUE À TKOIS LOBES , vulgairement Æépatique
des jardins, Herbe de la Trinité.
ÆHepatica triloba. Vill: Dauph. 1. p. 556. — Hepatica
nobilis, sive Hepatica trifolia. Pharm.—Ænemone He-
patica. Lin. Spec. 758.
Sa racine est oblique, presque horizontale, garnie de
beaucoup de fibres; elle donne naissance à plusieurs feuilles
longuement pétiolées, un peu coriaces, glabres el luisautes
en dessus , légèrement pubescentes en dessous, échancrées
en cœur à leur base, et à demi -partagées en 5 lobes entiers.
De la racine partent aussi immédiatement plusieurs hampes,
légèrement velues , longues de 5 à 4 pouces, comme les
B 2
20 RÉNOGNCULACÉES.
pétioles des feuilles, et portant à leur sommetsune fieur
large d’environ 1 pouce, de couleur gris de lin dans la
lante sauvage, et blanche, bleue ou rouge dans les va-
riélés cultivées. Cette plante croît dans les bois des mon-
tagnes ; elle fleurit en mars et avril, et souvent, surtout
dans les jardins, une seconde fois en automne.
L’'Hépatique est dépourvue de cette âcreté qui se ren-
contre si communément dans les autres végétaux de celte
famille. Elle passe pour être tonique, apéritive, astrin-
gente et vulnéraire. On l’a conseillée autrefois dans le cra-
chement de sang, dans la blennorrhagie atonique, dans
les obstructions, et principalement dans celle du foie. Une
certaine ressemblance, qu'on avait cru trouver entre la
forme de ses feuilles et celle de ce viscère, avait singulière-
ment contribué à sa répulation, comme spécifique des
maladies du foie. Extérieurement on l’appliquait en cata-
plasme sur les hernies. L'eau distillée d'Hépatique et coho-
bée a joui d’une grande réputation comme cosmétique ;
elle est maintenant entièrement oubliée, ainsi que la plante
elle-même, dont les médecins ne font plus du tout d'usage
dans leur pratique.
Î
F # e
11% Genre. — ANÉMONE. ÂANEMONE. lan.
Calice nul, remplacé par une collerette de 3 feuilles.
Corolle de 5 à 20 pétales. Etamimes en grand nombre.
Ovaires nombreux, devenant autant de capsules terminées
par une simple pointe. ”
ANÉMONE DES BOIS, vulgairrement Sylvie, Bassinet
blanc ou purpurin, fausse Anémone es forêts,
Renoncule des bois.
Anemone nemorosa. Lan. Spec. 762. — Ranunculus
sylvarum. Clus. Hist. 247.— Ranunculus albus. Pharm.
Sa racine est un peu tubéreuse, vivace, horizontale,
traçante, brunâtre ; elle donne naissance à 1 seule feuille,
ou qui manque quelquefois , laquelle est portée sur un pé-
tiole de 3 à 4 pouces de long, et partagée en 8 folioles,
dont les 2 latérales, souvent fendues jusqu'à leur base, font
araîlre la feuille comme composée de à découpures; cha-
cune de celles ci est d’ailleurs lancéolée, légèrement pubes-
cente , fortement incisée, et comme pinnatifide. De l’ex-
témité de la racine naît, en outre, une hampe redressée,
RENONCULACÉES. o1
haute de 5 à 6 pouces, nue dans ses deux tiers inférieurs ,
chargée à cette hauteur d’une collerette de 3 feuilles à peu
près de la même forme que la feuille radicale, mais beau-
coup plus courtement pédonculées. La fleur est solitaire,
terminale au sommet de la hampe, un peu inclinée, large
de 15 à 16 lignes, composée de 6 pétales, plus rarement
de 7 à 6, ordinairement blancs en dedans, d’une teinte
purpurine en dehors, quelquefois entièrement de cette cou-
leur. Cette plante est commune dans les bois et les buis-
sons ; elle fleurit en mars et avril.
Les feuilles et les fleurs de l Anémone des bois ne s’em-
ploient qu’à l’extérieur. Chomel dit avoir vu de bons effets
de leur usage contre la teigne. On les pile pour en faire un
cataplasme, qu’on applique sur Ja partie malade qu’elle
guérit en peu de temps, en ayant soin de renoûveler l’ap-
plication deux fois par jour. Cependant il faut employer
ce remède avec circonspection ; car on trouve dans les
Ephémérides d'Allemagne une observation, de laquelle 1l
parait résulter que l'application d’un onguent fait avec cetle
plante , sur la “tête d’une jeune fille, a causé une violente
douleur de tête, des convulsions et une syncope dont la ma-
lade fut long-temps à revenir.
12° Genre. — PULSATILLE. PULSATILLA. Tournef.
Calice nul, remplacé par une colerette de 3 feuilles. Co-
rolle de 5 à 10 pétales. Etamines en grand nombre. Ovaires
nombreux, se changeant en autant de capsules chargées
d’une longue queue soyeuse.
PULSATILLE COMMUNE , vulgairement Pulsatille, Co-
quelourde , Herbe au vent, Fleur de Päques.
Pulsatilla vulgaris. Lob. Icon. 281. — Pulsatilla.
Pharm: — Anemone Pulsatilla. Li Spec. 759.
Sa racine forme une souche ligneuse, noirâtre , rameuse
à son sommet, et donnant naissance à plusieurs tiges cylin-
driques, hautes de 4 à 8 pouces, portant 1 seule fleur à
leur sommet. Ses feuilles sont toutes radicales, deux foi
ailées, à divisions presque linéaires, plus ou moins velues
Ses fleurs sont dépourvues de calice; elles ont , à la place,
une collerette de 3 feuilles multüfides, découpées presque
comme les feuilles radicales; cette collerette, lorsque la
floraison commence, est très-rapprochée de la corolle;
B3
22 RENONCULACÉES.
mais par l'accroissement du pédoncule propre de la fleur,
elle se trouve, par la suite, éloignée des fruits à la distance
de 5 à + pouces et plus. La corolle estt6 pétales lancéolées,
d’un beau bleu-violet, Cette plante croît sur le bord des
bois et dans les pâturages secs ; elle fleurit en avril el mai.
Toutes les parties de la Pulsatille commune ont beaucoup
d’äâcreté, mais les feuilles en ont encore. plus que les racines.
Le peuple applique quelquefois les premières pilées aux
poignels, ou à la plante des pieds, pour y pr oduire leffet
d’un vésicatoire, et, par ce moyen, guérir la fièvre. Quel-
ques médecins de prétendu avoir employé leur infusion
avec avantage dans les engorgemens des viscères abdomi-
naux, dans l’hydropisie; mais en général on s’en sert peu ou
point dans la pratique. LÉ: vétérinaires en font plus d'usage ;
ils les appliquent comme propres à déterger les vieux ulcères
des chevaux. On faisait autrefois entrer les feuilles ou les
fleurs de la Pulsatille dans les poudres sternutatoires et dans
Veau hystérique de l’ancienne pharmacopée de Paris.
Stœrck a fait plusieurs expériences sur l'emploi de la
Pulsatille des prés ou Pulsatille noirâtre, espèce très-
voisine , ou peut- être simple variété de notre Pulsatille
commune, d'après lesquelles 1l a vanté son usage à l'inté-
rieur , dans la goutte- sereine, les cataractes des yeux, les
anciennes maladies vénériennés , et la paralysie. Quoi qu'il
en soit, ces deux plantes données à à l’intérieur , soit en na-
ture 4 en poudre, soit en extrait, ne ser être prises
qu’à Lrès-petiles doses , en commençant par celle de x à 2
se , et en augmentant tous les jours progressivement.
En infusion , 20 à 50 grains ne doivent pas aussi être outre-
passés pour commencer,
15° Genre. Fee CLEMATIS. Lin.
Calice nul. Corolle de 4 pétales, rarement de 5. Éta-
mines nombreuses, à filamens plus courts que la corolle.
Ovaires plus ou moins nombreux. Autant de capsules ter-
minées par une longue queue plumeuse.
CLEMATITE DES HAIES, vulgairement //erbe aux Bueux,
V’iorne, Barbe à Dieu
Clematis Vitalba. Lin. Spec. 766. — Jacq. FI. Aust.
t, 506. — Clematis sylvestris latifolia. Pharm. N
Ses tiges sont anguleuses, un peu ligneuses, souples, ra-
RENONCULACÉES. 23
meuses, sarmenlteuses, grimpantes , s’élevant à 10 où 15
pieds en s’attâchant sur les corps qui sont dans leur voisi-
age, au moyen des pétioles de leurs feuilles qui s’accrochent
et s’entortillent, à la manière des vrilles, aux objets qu’elles
rencontrent. Ses feuilles sont onposées, ailées , composées le
plus souvent de 5 folioles pétiolées, un peu en cœur. Ses
fleurs sont d'un blanc sale, petites, un peu odorantes, dis-
posées en panicule, dans les aisselles des feuilles : leur corolle
est à 4 pétales, et les ovaires sont au nombre de 10 à 20.
Cet arbuste croît dans les bois et les buissons; il fleurit en
juillet.
Toutes les parties de la Clémalite des haies ont une saveur
àcre et brûlante. Ses feuilles fraîches écrasées et appliquées
sur la peau, rougissent d’abord la partie avec laquelle elles
sont en contact , y font naître de l'inflammation , ÿ produi-
sent des vessies, et par suite des ulcères superficiels. C’est de
là que cetie plante a reçu le nom d'ÆZerbe aux gueux,
parce que certains mendians s’en servent pour se faire venir
des ulcérations aux bras ou aux jambes, et par là exciter la
commisération. Ces ulcères ont peu de profondeur, sont
larges à volonté, et se guérissent facilement ; il suffit de les
couvrir avec des feuilles de Poirée, et de les garantir du
contact de l'air. On a employé les feuillés de la Clématite
extérieurement pour déterger les vieux ulcères. ‘Tragus dit
que la décoction de la racine dans le vin est un purgatif qu
convient dans l'hydropisie. Selon Matthiole et Camérarius,
on retire par la distillation de cette plante, une eau dont la
saveur est presque aussi brûlante que celle de l'eau-de-vie.
La Clématite des haies n’est point employée mtérieurement
par les médecins, et l’on a trop peu de données sur la manière
positive dont elle pourrait agir , pour s'en servir, sans au-
paravant l'essayer avec la plus grande circonspection.
La cuisson dans l’eau fait perdre à ses jeunes pousses leur
âcreté, et dans quelques parties de l'Italie, principalement
dans l’état de Gênes et dans la Toscane, les gens de la cam-
pagne les mangent après les avoir ainsi préparées. En Pro-
vence les paysans se servent de la Clématite quand elle est
sèche, pour guérir la morve des chevaux, des mulets et des
ânes, en forçant ces animaux à l’aspirer par les narmes.'On
a trouvé le moyen de fabriquer du papier avec les aigrettes
de ses fruits,
B 4
RENONCULACÉES.
[Se
[SS
14° Genre. — PiGamMoN. T'HALICTRUM. Lin.
. Ca'ice nul. Corolle de 4 pétales, plus rarement de 5.
Etamines nombreuses. Ovaires de 1 à 12, terminés par des
stigmates sessiles. Autant de capsules sillonnées ou angu-
leuses-ailées. ù
PIGAMON JAUNATRE , vulgairement T'halitron ou T'ha-
liétron commun , Rue des prés, Rhubarbe des pau-
vres, Fausse Rhubarbe.
Thalictrum Flavum. Lan. Spec. 770. — Rula praten-
sis herbariorum. F1. Dan. t. 959. .
Sa racine est jaunâlre , rampante, formant de distance
en distance, des faisceaux de longues fibres, qui donnent
naissance à des tiges droites, sillonnées, glabres, hautes de
2 à 3 pieds, garnies de feuilles trois fois ailées, à folioles
glabres, d’un vert luisant en dessus, les unes à 2 ou 5 lobes,
les autres entières. Ses fleurs sont redressées, jaunâtres, dis-
posées, au sommet de la tige et des rameaux, en une panicule
droite, un peu resserrée et bien garnie: elles ont 1 corolle
de 4 pétales, 15 à 16 étamines et 4 à 6 ovaires qui devien-
nent autant de petites capsules ovoïdes, canuelées, très-
glabres. Cette plante croît dans les prés humides, et fleurit
en juillet et août.
Les racines de la Rue des prés sont remplies d'un suc
jaune, d’une saveur douceâtre, mêlée d’un peu d’amertume ;
elles ne partagent pas les propriétés dangereusement éner-
giques des autres plantes de la même famille. Murray dit
qu'elles étaient autrefois connues en Allemagne sous le nom
de Rhubarbe des pauvres , et qu’elles peuvent remplacer
la vraie Rhubarbe, pourvu qu’on les donne à une dose trois
fois plus forte, Dodonœus avant Murray avait déjà parlé de
cette plante en disant que ses feuilles, mêlées aux herbes
potagères, lächaient le ventre, et que la décoction de ses
racines agissait de la même manière, mais avec plus de force.
Ces racines ont encore été regardées comme diurétiques,
apéritives, toniques et fébrifuges; on en a recommandé
l’usage dans la jaunisse, dans les engorgemens du foie,
dans la leucorrhée, dans la fièvre quarte , etc. Aujourd’hui
les feuilles et les racines du Pigamon jaunâtre sont enlière-
ment inusitées.
MALVACÉES. 20
Famille IT.
MALVACÉES.
Les caractères des espèces indigènes qui appartiennent à
cette famille sont les suivans : calice double, l'intérieur à
5 divisions ou à 5 folioles ; 5 pétales réguliers, réunis par
leur partie inférieure, et adnés à la base du tube stamini-
fère ; étamines nombreuses, à filamens soudés dans leur
partie inférieure, en un tube qui environne le style; 1 ovaire
supérieur ,surmonté d’un style divisé en plusieurs stigmates ;
plusieurs capsules ramassées en rond autour de Ja base du
style, nes’ouvrant pas naturellement, et ne contenant qu'une
seule graine ; quelquefois 1 capsule à plusieurs valves, à
plusieurs loges contenant plusieurs graines.
Les Malvacées indigènes sont toutes des plantes herbacées,
ou des sous-arbrisseaux à feuilles alternes , et à fleurs axil-
laires.
Les proprietés générales de ces plantes sont d’être adou-
cissantes et émollientes, ce qu’elles doivent à un mucilage
très-abondant qu’elles contiennent.
15° Genre. — MAUVE. MAL A4. Lan.
Calice extérieur de 2 à 3 folioles; l’intérieur monophylle
et à divisions. Corolle de 5 pétalesen cœur. 8 stigmaltes,
ou davantage. 8 capsules, ou plus.
MAUVE SAUVAGE, vulgairement la J/auve.
Malva sylvestris. Lin. Spec. 969. — Malva vulgaris.
Blackw. Herb. t. 22. — Pharm.
Sa racine est pivotante, vivace , blanchätre, d’une sa-
veur douce et visqueuse: elle donne naissance à plusieurs
tiges cylindriques, pubescentes, rameuses, hautes de 2
pieds, ou davantage, garnies de feuilles alternes, longue-
ment pétiolées , arrondies, échancrées à leur base, incisées
en 5 à 7 lobes peu profonds, crénelées en leurs bords, et
très-légèrement pubescentes. Ses fleurs sont assez grandes ,
de couleur rose , rayées de rouge plus foncé, pédonculées
et disposées plusieurs ensemble dans les aisselles des feuilles.
Le fruit est formé de 12 capsules ou environ, glabres,
réunies orbiculairement, ne s’ouvrant pas naturellement
et contenant chacune 1 seule graine. Cette plante croît
26 MALVACÉES.
spontanément dans les haies et les lieux inculies; elle fleurit
pendant tout l'été.
MAUVE À FEUILLES RONDES , vulgairement peti!e
Mauve.
Malva rotundifolia. Lin. Spec. 969.— Malva sylvstris
Jolio rotundo. FI. Dan. t. 721. -
Cette espèce diffère de la précédente parce que sa racine
est annuelle; parce que ses tiges sont plus basses, plus
étalées el presque couchées sur la terre; parce que ses fleurs
sont beaucoup plus petites, d’une couleur très - claire,
presque blanche; et enfin parce que ses capsules sont recou-
vertes d’un duvet court et serré. Celte plante se trouve fré-
quemment dans les décombres et sur le bord des chemins;
elle fleurit pendant tout l'été.
La Mauve sauvage et celle à feuilles rondes sont mucila-
gineuses, émollientes, adoucissantes, laxatives, et on les
emploie indifféremment l’une pour l’autre. Excepté les fruits
dont on ne se sert pas, toutes leurs autres parties sont fré-
quemment usitées. Leurs fleurs sont au nombre de celles dites
pectorales ; on fait prendre leur infusion aqueuse dans les
rhumes , dans les maladies inflammatoires de la poitrine et
du bas-ventre, dans la dysurie, dans la strangurie , etc. Les
feuilles et les racines s’emploient en décoction dans presque
tous les lavemens émolliens; convenablement cuites, on les
applique aussi très-souvent en cataplasme, ou en fomenta-
tion, sur les parties douloureuses ou enflammées, comme
moyen adoucissant et relächant. On prépare dans les phar-
macies une conserve de fleurs de Mauve.
Les anciens mangeaient les feuilles de Mauve, comme
nous faisons de celles de plusieurs herbes potagères; prises
de cette manière, elles ont la faculté de tenir le ventre libre;
mais on n’en fait plus d’usage maintenant sous ce rapport.
16 Genre. — GUIMAUVE. ALTHZA. Lin.
Calice extérieur à 6 ou 9 divisions ; l'intérieur à 5 décou-
pures. Corolle de 5 pétales en cœur. 10 à 20 stigmates. 16
à 20 capsules.
GUIMAUVE OFFICINALE , vulgairement la Guimauve.
Althæa officinalis. Lin. Spec. 966. — Althæa. Fuchs.
Hist. 15, — Pharm.
Sa racine est blanche, vivace, pivotante, de la grosseur
MALVACÉES. 27
du doigt , d’une saveur douce et mucilagmeuse; elle donne
naissance à 1 ou plusieurs tiges simples, cylindriques,
hautes de 3 à 4 pieds, Reel. comme toute la plante,
ap duvet cotonneux trèscourt, très-serré et blauchätre.
Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales-aiguës , angu-
leuses, inégalement dentées, blanchäires, douces au toucher,
comme veloutées. Ses fleurs sont d’un rouge pâle, assez
grandes, portées les unes près des autres, sur 1 pédoncule
axillaire, quelquefois fort court, d’autres fois s'allongeant
et formant une sorte de grappe : leur calice extérieur. est à
9 divisious. Le fruit est formé d’un grand nombre de cap-
sules réunies en rond, ne s’ouvrant pas et contenant
chacune 1 graine. Cette plante croit dans les terrains hu-
mides et sur jes bords des ruisseaux ; elle fleurit en juillet
et août. ‘
La Guimauve a les mêmes propriétés que les Mauves,
et l’on emploie en médecine, ses racines, ses feuilles et ses
fleurs absolument aux mêmes usages. Les racines cependant
sont particuliérement et préférablement employées à celles
des autres plantes de la même famille, ou de celles qui ont
des facultés analogues, parce qu’elles sont encore plus mu-
cilagineuses , et l’on doit même éviter d’en mettre une trop
grande quantité ou de les faire bouillir trop long-temps,
dans les décoctions destinées à être données en boisson , parce
que celles-ci deviennent alors trop gluantes et trop pâteuses,
Quant à leur usage extérieur, c’est tout le contraire ; on
peut rendre la décoction trés-visqueuse, elle n’en vaut que
mieux ; celle-ci sert avec la farine de graine de lin à faire la
plus grande partie des cataplasmes émolliens usités mainte-
nant. Le sirop de Guimauve qu’on prépare dans les phar-
macies, se fait avec la décoction des racines, l’infusion des
fleurs, et du sucre. Ce sirop est très employé à a cause de ses
propriétés adoucissantes. On fait aussi des tablettes qui por-
tentle nom de cette plante, et quisont principalement usitées
dans les affections catarrhales. Enfin la racine de Guimauve
entre dans beaucoup d’autres compositions offcinales ,
comme la poudre pectorale, les tablettes béchiques, lem-
plâtre de Mélilot, etc.
20 MALVACÉES.
GUIMAUVE Pass£-RosE, vulgairement Passe - Rose.
Mauve-Rose, Rose trémière, Rose d'outre-mer ,
T'rémier.
Alithæa rosea. Cavan. Diss., 2, n. 156. t, 28. f 1. —
Alcea rosea. Lin. Spec. 966.
Cette espèce diffère de la précédente parce que sa racine
est bisannuelle et que sa tige s’élève une fois davantage;
parce que ses feuilles sont plus arrondies, plus grandes,
velues, de même que toute la plante, et non pas veloutées;
parce que ses fleurs sont très-grandes, disposées sur de courts
pédoncules , dans la partie supérieure des liges, où elles for-
ment, par leur rapprochement, un long épi d’un très-bel
aspect ; enfin parce que leur calice extérieur n’a ordmaire-
ment que 6 divisions , el que les capsules sont entourées d’un
rebord membraneux et sillonné. Elle croît dansles montagnes
de la Provence, et on la cultive pour l’ornement des jardins.
Ses fleurs, qui se développent en juillet et août, sont souvent
doubles, blanches, jaunes, d’un rouge plus ou moins clair
et plus ou moins foncé, ou panachées de différentes cou-
leurs.
Les fleurs de la Passe-Rose, surtout celles qui sont rouges,
ont été considérées comme vulnéraires, astringentes et an-
üscorbutiques; mais on n’en fait que peu ou point d'usage ,
et l’on doit platôt croire que toute la plante diffère peu, pour
ses propriétés, de la Guimauve officinale et des Mauves en
général. '
Famille EV.
LINÉES.
Cette famille n’étant composée que-d’un seul genre indi-
gène, sês caractères sont, par conséquent, les mêmes que
dans celui-ci.
Les linées sont des plantes herbacées à feuilles alternes,
enbères , plus rarement opposées, et à fleurs terminales, ou
axillaires.
La graine de ces plantes est très-mucilagineuse , adou-
cissante et émolliente. Les feuilles sont purgatives dans une
espèce. <
19° Genre. — Lan. Linum. Lin.
‘alice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales. 10
LINÉES. 29
filamens soudés inférieurement en anneau, 5 d'entre eux
stériles, les 5 autres portant des anthères sagittées. 1 Ovaire
surmonté de 5 styles. 10 capsules conniventes, paraissant
n’en former qu'une seule , s’écartant à l’époque fe la matu-
rité, s’ouyrant longitudinalement par leur partie interne,
et chacune d’elles contenant 1 seule graine.
LiN PURGATIF.
Linum calharticum. Lin. Spec. 401. — Fi. Dan.
t. 651. — Pharm.
Sa racine est menue, annuelle; elle donne naissance à 1
ou plusieurs tiges très-grêles, un peu couchées à leur base,
ensuite redressées, hautes de 6 à 8 pouces, dichotomes dans
leur partie supérieure, garnies de feuilles opposées, ovales-
oblongues , glabres comme toute la plante, et d'un vert
assez foncé. Ses fleurs sont petites, blanches, pédonculées
. et disposées au sommet des tiges et des rameaux. Cette
lante se trouve assez brettancrusat dans les prés et dans
les bois ; elle fleurit depuis le mois de mai, jusqu’à la fin de
lété.
Le Lin purgatif a une saveur amère, désagréable et nau-
séabonde. La plupart des auteurs qui ont écrit, il ÿ a 150 à
200 aus, sur l'Histoire des plantes , ont parlé avantageuse-
ment des propriétés purgatives de cette espèce. Linné se
plaint dans ses A ménités de ce qu’elle est négligée, et il la
recommande comme un doux purgalif, La dose des tiges et
et des feuilles sèches est de 2 gros en infusion ; une plus
grande quantité provoquerait le vomissement. EAnfasion
vineuse est plus energique que l’infusion aqueuse. En sub-
stance, 1 gros en poudre agit comme linfusion, mais plus
promptement. Quoique le Lin purgatif paraisse mériter
d’être employé, et qu'il;puisse être un des succédanées du
Séné, il n’est point en usage.
LIN CULTIVÉ, vulgairement Lin usuel, Lin ordi-
naire.
Linum usitatissimum. Lan. Spec#597.— Linum sati-
sum. Blackw. Herb, 1. 160. — Pharm.
Sa racine menue, presque simple , annuelle, donne naïs-
sance à une tige cylindrique, grêle, glabre, simple dans
sa partie infériure, haute de 1 pied et demi à 2 pieds,
garme de feuilles éparses, élroites, lancéolées-Jinéaires ,
50 LINÉES.
aiguës , d’un vert un peu glauque. Ses fleurs sont bleues,
pédonculées, disposées au sommet des tiges et des rameaux.
Ceite plante croîl dans les champs, el on la cullive dans
beaucoup de départemens, à cause de ses propriétés écono-
miques ; elle fleurit en juin et juillet.
On emploie beaucoup en médecine la graine de Lin,
comine émolliente, relâchante et résolutive. Préparée en
infusion dans l’eau bouillante, elle donne une grande quan-
tité de mucilage. Quand on prescrit l'infusion de graine de
Lin en boisson, il faut avonsoin de la-faire preudre légère
aux malades, parce que, lorsqu'elle est trop épaisse et
gluante, elle charge souvent l’estomac, et cause des nau-
sées. On en fait principalement usage dans les maladies in-
flammatoires du bas-ventre, des voies urinaires, dans la
dysurie, le calcul. On l'emploie aussi beaucoupen lavemens,
dans les mêmes cas et dans la dyssenterie, les coliques, la
constipalion , les hémorrhoïdes. La farine de graine de Lin
préparée en cataplasme avec la décoction aqueuse de la
racine de Guimauve , est un moyen très-employé comme
émollient , calmant et résolutif; on en fait ainsi maintenant
un grand usage , et elle a presque généralement remplacé,
dans la pratique ordinaire, toutes les autres farines dites
résolutives, qui étaient au contraire beaucoup plus usitées
autrefois. La farine de graine de Lin, contenant beaucoup
d'huile, rancit facilement. Quand elle est dans cet état , elle
ne vaut plus rien; car devenant âcre et irritante , elle cause
souvent des éruptions à la peat, au lieu d’agir comme
adoucissante. En pilant la graine de Lan , on en retire, par
expression , une huile douce dont on fait usage dans les
pharmacies, et qui a des propriétés analogues à la graine ;
elle devient de même âcre et irritante, lorsque le-temps ou
la chaleur la font rancir. Cette huile , lorsqu'elle est ré-
cente , a la propriété de lâcher le ventre, de purger même
dans des circonstances où lés diastiques ne l'ont pas fait.
On l’emploie dans les arts, et particulièrement dans la
peinture. La graine de Lin et l’huile qu'on en retire entrent
dans plusieurs préparalions pharmaceutiques.
Dans des temps de disette, on a fait en Allemagne, et
dans quelques autres contrées, du pain avec la farine de ja
graine de Lin; mais ce pain était très-malsain, et il occa-
sionpa des maladies graves dont plusieurs personnes mou-
rurent.,
OXALIDÉES. 31
Tout le monde connaît l’usage du Lin pour faire du fil et
de la toile,
Famille V.
OXALIDÉES.
Uu seul genre indigène se trouvant composer cette fa-
mille , les caractères de celle-ci sont les mêmes que ceux de
ce genre. .
Les Oxalidées de France sont des herbes à feuilles alter-
nes, composées de 3 folioles articulées sur leur pétiole, et
à fleurs terminales ou axillaires,
Ces plantes ont en général une saveur acidule qui les
rend rafraîchissantes, antiscorbutiques , etc.
18e Genre. — OXALIDE. OxX4215. Lin.
Calice persistant, à 5 folioles. 5 pétales égaux, insérés
au réceptacle, et un peu adhérens par leurs onglets. 10
étamines ayant la mème insertion que les pétales; leurs
filamens étant alternativement plus courts et réums par leur
base. 1 ovaire supérieur, sarmonté de 5 styles. x capsule à
5 valves, à 5 loges polyspermes.
OXALIDE OSEILLE, vulgairement 4{//éluia , Surelle,
Pain-de-Coucous Herbe-du-bæuf, Trèfle aigre. .
‘Oxalis acetosella. Lin. Spec. 620.— Jacq. Oxal. n° 91.
p. 114. t. 80. f 1. — Alleluia, sive Oxytriphillum.
Pharm.
Sa racine est écailleuse, comme articulée, rampante,
blanchâtre ; elie donne naissance à des feuilles longuement
pétiolées , composées de 3 folioles en cœur renversé , d’un
vert pâle ; elle produit aussi 1 on plusieurs hampes longues
de 3 à 4 pouces, garnies à leur partie moyenue de 2 petites
bractées opposées, et portant à leur sommet 1 seule fleur
blanche , veinée de violet. Cette plante croit dans les bois à
lombre , et dans les haïes : elle fleurit en mars et avril.
Les feuilles d’Alléluia ont une saveur acide et agréable ;
elles sont rafraïchissantes, antiscorbutiques, apéritives,
diurétiques. On peut faire usage soit de leur suc , à la dose
de 1 à 2 onces, soit de leur décoction, à la dose d’une
poignée pour 1 ou 2 livres d’eau, dans les fièvres bilieuses
et putrides, dans les maladies inflammatoires, dans le scor-
52 OXALIDÉES.
but. On en préparait autrefois dans les pharmacies, un
sirop, une conserve, un extrait, une eau distillées; mais
ces diverses préparations ne sont plus guère employées
aujourd’hui.
En Suisse et en Allemagne, on retire en grande quantité
de cette plante , un sel particulier connu dans le commerce
sous le nom de se/ d'Oseille, et que les chimistes ont appelé
Oxalate de potasse, sa base étant la potasse et un acide au-
quel ils ont donné le nom d'acide Oxalique , parce qu'ils
avaient d’abord cru qu’il était propre aux plantes du genre
Oxalis. On peut composer une sorte de limonade agréable
avec l'acide Oxalique, ou avec lOxalate de potasse, en en
faisant dissoudre 1 demi-gros à 2 gros dans une pinte d’eau,
avec suffisante quantité de sucre. Le sel d’Oseille sert habi-
tuellement à enlever les taches d’encre de dessus le finge,
les étoffes blanches, le bois, l’ivoire, etc.
Famille VI.
GÉRANIÉES. TS
Les caractères des genres de cette famille sont d’avoir.
1 calice persistant à 5 folioles , ou à 5 divisions profondes ;
1 corolle de 5 pétales; 5 à 10 étamines ayant leurs filamens
réunis par leur base; 1 ovaire supérieur surmonté d’un
style terminé par 5 stigmates ; 5 cap$ules 1-spermes prolon-
gées en arêtes qui se roulent en spirale, ou en cercle, lors
de la maturité du fruit.
Les Géraniées indigènes sont des herbes à feuilles oppo-
sées, ou alternes, le plus souvent découpées, et à fleurs
axillaires, quand les feuilles sont opposées, et opposées à
celles ci, quand elles sont alternes,
Elles contienuent un principe légèrement astringent ;
quelques-unes sont un peu aromatiques.
19° Genre. — GÉRANIER. GERANIUM. lan.
Calice de 5 folioles égales. 5 pétales réguliers. 10 éta-
mines toutes fertiles, et à filamens alternativement plus
lougs et plus courts. 5 capsules monospermes, prolongées
en une arête non barbue, se roulañt en cercle à la matu-
rité du fruit. Celui-ci entier a la forme d’un long bec,
comme de grue ou de cigogne, ce qui a fait donner aux
plantes le rom qu’elles portent.
GÉRANIÉES. 3%
GÉRANIER A FEUILLES RONDES , vulgairement. PBec-de-
Grue, Pied-de-Pigeon. * ?
Geranium rotundifolium. Täin.*Spec. 957. — Gera-
nium secundum. Matth. Valgr. 855. — Geranium colum-
binum. Pharm.
Sa racine est fibreuse, blanchâtre, annuelle ; elle donne
naissance à plusieurs tiges légèrement velues, faibles, sou-
vent un peu couchées , rameuses, longues de 6 à ro pouces,
garnies de feuilles longuement pétiolées , arrondies, décou-
pées plus ou moins profondément en 5 à 7 lobes, couvertes
surtout en dessous d’un duvet court et visqueux. Ses fleurs
sont d’une couleur pourpre, assez petites, deux ensemble
sur le même pédicule, placées à l'opposition des feuilles
et à l'extrémité des tiges et des rameaux. Le fruit est formé
de 5 petites capsules contenant chacune 1 seule graine, et
surmontées d’une sorte de queue menue, longue d’un demi-
pouce, étroitement appliquée côntre le style persistant ,
s'en détachant lors de la maturité de la base du fruit à la
pointe, et se repliant en arc. Cette plante croît dans les
lieux cultivés et les décombres; elle fleurit en juin, juillet
et août,
GÉRANIER ROBERTIN, vulgairement Æerbe à Robert,
Herbe à l’esquinancie, Bec-de- Grue, Bec-de-
Cigogne.
Geranium Robertianum. Lin. Spec. 955.— Pharm. —
Geranium tertium. Fuchs. Hist., 206.
Cette espèce diffère de la précédente, parce que ses tiges
sont toujours redressées , le plus souvent rougeälres, sensi-
blement noueuses à l'insertion des feuilles qui sont oppo-
sées, partagées en 3 à b lobes, eux-mêmes découpés en
divisions plus petites ; parce que ses fleurs sont d’un rouge
incarnat , à pétales beaucoup plus grands que le calice.
Toute la plante a une odeur forte et désagréable; elle croît
dans les bois, dans les buissons, et fleurit depuis le mois de
mai jusqu’à la fin de l’été. Sa racine est bisannuelle,
GÉRANIER SANGUIN, vulgairement Bee-de-Grue san-
LULIL.
Geranium sanguineum. Lin. Spec. 958. — Pharm. —
Geranium septimum hœmatodes. Clus. Hist, CET.
Cette plante diffère beaucoup des deux espèces précé-
C
54 GÉRANIÉES,
dentes. Sa racine est épaisse, vivace, brunätre; elle donuc
naissance à plusieurs tiges rougeätres', velues , noueuses,
étalées, rameuses, longues de 10 à 15 pouces, garnies de
feuilles opposées, pétiolées, velues, profondément décou-
ées en 5 à 7 lobes, eux-mêmes divisés en 5 autres plus
petits. Les fleurs sont grandes, d’un pourpre violet, soli-
taires sur de longs pédoncules axillaires. Le Bec-de-Gree-
sanguin croît sur le bord des bois et dans les lieux sablon-
neux ; il fleurit en mai et juin.
Les 3 espèces qui viennent d'étre décrites passent pour
vulnéraires, résolutives et astringentes, et on les emploie,
en général, indifféremment les unes pour les autres; mais
cependant on a plus particuliërement conseillé la décoction
des tiges et des feuilles de la première dans la diarrhée et
la dyssenterie; la décoction de la seconde en gargarisme,
dans les maux de gorge, ou sou applicalion extérieurement,
après l'avoir pilée avec du vinaigre: et enfin le suc ex-
rimé de la dernière dans les hémorragies. Au reste , ces
plantes sont peu usitées par les médecinss elles le sont da-
vantage comme remèdes populaires, surtout l’Herbe à
Robert.
20° Genre. — ErODIER. ErRODIUM. L'héritier,
Calice de 5 folioles égales. 5 pétales réguliers. 10 fila-
mens réunis par leur base, dont 5 fertiles et 5 stériles. 5
capsules monospermes, prolongées en une arêle barbue,
se roulant en spirale à la maturité du fruit.
ERODIER MUSQUÉ, vulgairement Bec-de-Grue musqué.
Erodium moschatum. W illd. Spec, 3. p.631. — Gera-
nium moschatum. Lin. Spec. 931. — Pharm,
Sa raçine est fibreuse , pivotaule, annuelle; elle donne
naissance à une lige rameuse, chargée, ainsi que loute la
plante, de poils glanduleux, haute de 8 à 12 pouces,
garnie de feuilles opposées, ailées, composées de folioles
dentées ou incisées, inégales à leur base, portées sur 1
étiole commun , muni à sa base de 2 larges stipules mem-
LEE et blaffches. Les fleurs sont purpurines , réunies
6 à 12 ensemble en ombelles portées sur des pédoneules
axillaires, plus longs que les feuilles. Cette plante croît dans
les Heux sablonneux du midi de la France; elle fleurit en
mai et juin.
GÉRANIÉES. A 55
Quelques auteurs disent que son infusion est bonne dans
la dyssenterie , et dans les maladies-éruptives ; mais on n’en
fait aucun usage. L’odeur du musc très -prononcée qué
répandent toutes les parties de celte plante, annoncerait
assez qu’elle doit avoir certaines vertus; mais celles-ci ne
sont pas suffisamment déterminées, faute d'observations
positives,
Famille VII.
MÉLIACÉES.
Cette famille ne comprenant qu’un seul geure indigène,
son caractère se trouve naturellement étabh à l’article de ce
dernier. Il en est de mème de ses propriétés.
21° Genre. — AZÉDARAC. MELIA. Lin. É
Calice d’une seule pièce , à ,5 dents. Corolle de 5 pétales
oblongs. Filamens des étamines soudés en tube cylindrique,
à 10 dents; 10 anthères attachées à la base interne de
chacuue de ces dents. 1 ovaire supérieur. 1 drupe globn-
leux, contenant un noyau à 5 loges monospermes.
AZÉDARAC BIPINNÉ, vulgairement Ærbre-Saint, Arbre
a chapelet , Faux-S$ycomore, Lilas des Indes.
Melia Azedarach. Lin. Spec. 550. — Nouv. Duham.
6.p. 65,t. 21. — AÆzedarach. Pharm.
Arbre qui, dans son pays natal et dans les contrées mé-
ridionales de PEurope, s'élève à 4o ou 50 pieds , mais qui,
dans les jardins du nord de la France, ne forme qu’un ar-
brisseau de 8 à 10 pieds de hauteur. Ses feuillessonbalternes,
deux fois ailées, à folioles ovales-oblongues, dentées, aiguës,
luisantes et d’un vert assez foncé. Ses fleurs, d’un rouge
clair, mêlées de violet, sont disposées en petites grappes
-dans les aisselles des feuilles et plus courtes qu’elles. Le fruit
est un pelit drupe globuleux, jaunâtre , contenant un noyau
creusé de 5 sillons et partagé en 5 loges monospermes, dont
2 avortent lrès-souvent, Cette espècè passe pour être origi-
naire de la Perse et de la Syrie; mais elle est presque natu-
ralisée en Provence; elle fleurit à Paris en juin et juillet, +
Dans les Etats-Unis, plusieurs médecins, entre autres
les docteurs Barton , Grafton, Duvall et Valentin, ont re-
connu, par une suite d'observations, que les différentes
C 2
56 MÉLIACÉES.
parties de l'Azédarac étaient vermifuges, et ils ont surtout
employé avec succés l'écorce des racines , à la dose de 2 gros
en décoction dans 7 à 8 onces d’eau , ou le suc retiré des ra-
cines fraîches, à la dose de 1 gros. Ce suc doit être édulcoré
avec du miel ou du sirop pour qu’il soit plus agréable aux
enfans auxquels on le fait prendre, et il doit d’ailleurs être
donné avec circonspection, car son administration n'est,
dit-on, pas exempte de danger. Il paraît démontré, d’après
plusieurs observations , que les fruits sont un poison pour les
chiens. En Perse, on emploie leur pulpe pour guérir la gale
et la teigne , en la mêlant à de la graisse pour en faire des
frictions. Au Japon, on retire de l’huile des graines con-
tenues dans $es noyaux. Les fleurs, préparées en infusion
ou en décoclion, ont passé pour apéritives el propres pour
les obstruclions; mais elles sont aujourd’hui entièrement
oubliées.
Le bois d’Azédarac, d’une couleur rougeätre un peu
claire, est dur, susceptible de recevoir un beau poli, et
propre à différens ouvrages de menuiserie. Dans les différens
pays où cet arbre a été transporté, il est le plus souvent cul-
tivé dans les jardins comme objet d'ornement; ses fleurs
joignent à une forme élégante, une jolie couleur et une
odeur agréable. 18
Famille VMHI.
AURANTIACÉES ou HESPÉRIDÉES.
Les Aurantiacées ne renfermant qu’un seul genre indi-
gène, il n’est pas besoin d’en établir les caractères généraux ;
ceux du Citronnier seront en même temps ceux de la fa-
mille. Celle-ci renferme des arbres ou des arbrisseaux à feuilles
alternes, simples , ponctuées de glandes transparentes, et à
fleurs axillaires ou terminales. ;
Les fruits des Aurantiacées, connus sous les noms d’Oran-
ges , de Citrons, de Limons, etc., sont formés, intérieure
ment d’une pulpe trés-aqueuse, plus ou moins acide, qui les
rend rafraîchissans et anliscorbutiques. L’écorce de leur
bois, les feuilles et surtout les fleurs et la peau des fruits,
jouissent d’une propriété stimulante, tonique, fébrifuge et
antispasmodique qu'ils doivent à une huile volatile, amère
et très-aromatique, contenue dans une multitude de peliles
glandes répandues dans le tissu de ces divers organes.
AURANTIACÉES. 37
22° Genre. — CiTRONNIER. CITRUS. Lin.
Calice à 5 divisions beaucoup plus courtes que la corolle.
5 pétales elliptiques, concaves. 20 étamiues et plus, à fila-
mens réunis en plusieurs faisceaux et disposés en cylindre,
1 ovaire supérieur, à style cylindrique, terminé par 3
stigmate globuleux. 1'grosse baie à plusieurs loges contenant
1 ou plusieurs graines.
CriRONNIER LIMONIER, vulgairement Zimonier, Ci-
tron , Limon.
Citrus Limonium. Nouv. Duham. 7. p. 77.t. 25.—
Citreum malum. Pharm. |
Arbre de 12 à 18 pieds de haut, divisé en branches for-
mant ordinairement une tête plus ou moins arrondie. Ses
nouvelles pousses sont anguleusés, souvent teintes de violet
däns leur jeunesse, garnies de feuilles éparses, ovales-oblon-
gues, pointues, d’un vert clair, très-glabres, persistantes,
portées sur 1 pétiole nu ou presque nu, articulés au point de
leur attache. Ses fleurs sont assez grandes, blanches en de-
dans , violettes en dehors, légèrement odorantes, portées
sur des pédicules courts, et plusieurs ensemble dans les ais-
selles des feuilles ou au sommet des rameaux : leurs étamines
sont au nombre de 50 à 40. Ses fruits sont de grosses baies
ovoïdes, terminées par un mamelon, recouverles exlérieu-
rement d’une peau épaisse , coriace, d’un Jaune pâle, par-
semée de nombreuses glandes remplies d’une huile volatile
très odorante ; l'intérieur des fruits contient plusieurs graines
divisées en 8 à 10 loges et placées au milieu d'une pulpe
formée d’un grand nombre de vésicules oblongues, jaunes-
blanchâtres, contenant un suc acide et agréable. Le Limonier
paraît être origmaire des Indes, d'où les Arabes Font d’abord
transporté en Arabie , en Egypte, en Syrie, et c’est de ces
dernières contrées que* les Croisées l'ont transplanté dans
Y Europe méridionale, à la fin du X[' siècle ou au commen-
cement du XII°. I] fleurit depuis le mois de février jusqu’en
octobre.
Les parties usitées du Limonier sont les fruits, connus
sous le nom de Limons. Leur”Suc est rafraichissant, anti-
putride et antiscorbutique. On compose avec ce suc, de
l'eau et du sucre, une boisson très-agréable et très-rafrai-
chissante, appelée limonade , dont il se fait une grande con-
sommation en Europe pendant les chaleurs de l'été, et qu'on
emploie très fréquemment dans tous les temps, dans plu-
K
35 AURANTIACÉES.
sieurs cas de maladies, principalement dans les affections
inflammatoires, dans les fièvres bilieuses et dans les fièvres
putrides. On prépare dans les pharmacies avec du sucre et
le suc des Limons, un sirop qui porte le nom de ces fruits
et qui est aussi très-usilé en médecine dans les mêmes cix-
constances. L’écorce des Limons, gonfite avec du sucre,
fait d'excellentes confitures. Celte écorce ainsi confile est
cordiale et stomachique. On retire de cette même écorce
une huile essentielle connue sous le nom de Néroli et qui
entre dans la composition dite Eau des Carmes. Desséchée
et réduite en poudre, elle fait aussi partie de plusieurs pré-
parations officinales. Les graines des Limons sont améères
et vermifuges. Les fleurs, les fruits, l'écorce de ceux-ci,
et les huiles aromatiques qu’on retire de cette dernière,
entrent dans une foule de compositions et de préparations
pharmaceutiques. £
Sur les honnes tables le suc des Limons sert d’assaisonne-
ment, surlout pour les viandes rôties, le gibier et certains
poissons.
CITRONNIER DE MÉDIE, ou CITRONNIER proprement
dit, vulgairement Cédratier.
Citrus medica « Lin. Spec. 1100. — Cüitria malus.
Blackw. Herb. t. 361.
Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec la précé-
dente, et Linné ne les avait regardées toutes les deux que
comme des variétés de la même espèce. Quoi qu’il en soit,
le Cédratier diffère du Läimonier, parce qu'il est en gé-
néral moins élevé ; parce que ses feuilles sont plus allon-
gées ; parce que ses fleurs sont plus grandes ; el parce que
ses fruits sont recouverts d’une écorce raboteuse , tuber-
culeuse , très-épaisse, charnue intérieurement, et formant
la majeure partie du fruit qui est souvent très-gros. Cet
arbre est originaire de l’ancienne Médie, d’où il s’est ré-
pandu de proche en proche, jusque dans l’Europe méridio-
nale ; il est en fleur pendant toute l’année.
Les Cédrats ont à peu près les mêmes propriétés que les
Limons; cependant ces fruits, ayant peu de suc; sont moins
propres à faire de la limonade; mais leur écorce étant au
contraire beaucoup plus épaisse, c’est principalement celte
partie qui est employée, On en fait des confitures sèches qui
sont excellentes. ,
/
AVRANTIACÉES. 59
CITRONNIER ORANGER , vulgairement Oranger à : fruit
doux , Oranger commun. Orange.
Citrus aurantium. Lan. Spec. 1100. — Aurantia sive
Arantia malus. Pharm.
Arbre de 15 à 20 pieds, dont les branches forment
communément une tête arrondie, et dont les jeunes pousses
sont anguleuses, d'un vert tendre , garnies de feuilles
ovales-oblongues, aiguës, d’un vert gai, luisantes, persis-
tantes, légèrement crénelées en leurs bords, et por te sûr
1 pétiole al. Ses fleurs sont entièrement blänchés, courte-
ment pédonculées , réunies 2 à 6 ensemble dans les aisselles
des feuilles: elles ont an parfum très-agréable ‘et très péné-
trant , et ne différent point, quant aux formes, PE celles du
Limonmier , ice n’est qu’elles n'ont que 20 à 24 étamines,.
Ses fruits sont de grosses baies globuleuses, revêtues d’une
peau ou écorce lisse , d'un beau jaune-safrané ; ils renfer-
ment intérieurement , et divisée en plusièurs loges, une
pulpe formée par l'assemblage de nombreuses vésieules oblon-
gues , jaunes, pleines d’un jus doux, sucré et rafraïichissant ;
chaque loge contient plusieurs g: aines placées au milieu de
la pulpe. L'Oranger est originaire de la Chine, et le der-
nier de ses congénérés qui ait été apporté en Europe ; 3 1
fleurit au printemps.
Les feuilles, les fleurs et les fruits de l'Oranger sont usités
en médecine. Les feuilles sont amères et aromatiques; on
emploie comme toniques , anti-spasmodiques et vérmi-
es, en infusion aqueuse et théiforme, ou en substance
en poudre , à la dose de 1 gros jusqu'à 1 once. Lies fleurs
rnissent , par la distillation dans l’eau, une liqueur très-
connue qui porte le nom d’eau de fleur d Orange, et dont
on fait un grand usage, comme amti-spasmodiqué , cordiale
et céphalique. Cette même eau est d'un usage très-fréquent
pour aromatiser beaucoup dé préparations médicamen-
teuses, et son par fum , qui plait presque à tout le monde ,
fait que les cuisiniers, les pälissiers , les confiseurs s’en ser-
vent jour nellement pour donner un goût agréable à cer-
tains mèêts, à plusieurs pâtisseries, ou à diverses répara-
tions de sucre. Les fleurs d'Oranger sont encore employées
pour faire des ratafiats, des liqueurs de table, et les phar-
maciens en préparent une conserve particulière.
L’écorce des oranges est amère et très-aromatique ; sèche
C 4
40 AURANTIACÉES.
et réduite en poudre, elle fait partie de plusieurs prépara-
tions pharmaceutiques. C’est un très-bon* tonique qu’on
peut donner seul, comme stomachique, fébrifuge et vermi-
fuge. On peut faire avec le suc de ces fruits, de l’eau et du
sucre, une boisson aussi agréable que la limonade, mais
plus douce. On la nomme Orangeade, et on l’emploie
dans les mêmes cas.
CITRONNIER BIGARADIER, vulgairement Bigaradier.
. Citrus Bisgaradia. Nouv. Duham. 7. p. 99. — Auran-
äum vulgare, acre, primum. Fer. Hesp. p. 374.
Le Bigaradier, que Linné a confondu avec l’Oranger
commun, en diffère d’une manière positive, selon MM. Gal-
lesio et Risso , parce que la pulpe de ses fruits est toujours
amère, Jamais douce, et que ses graines semées reprodui-
sent constamment cet arbre sans aucune altération. M. Gal-
lesio pense que le Bigaradier est comme le Limonnier
originaire des Indes, et qu'il a été transporté en Europe en
même temps que celui-ci il fleurit au printemps.
Toutes les parties du Bigaradier ont les mêmes propriétés
que l’Oranger , si ce n’est que la pulpe amère de ses fruits
ne permet pas de manger les Bigarades crues, comme on
fait tous les jours des Oranges; mais on en prépare des con-
fitures agréables, et leur suc sert d’assaisonnement comme
celui des Limons. Leur écorce est aromatique comme celle
des Oranges, mais elle est plus amère, et on l'estime très-
astringente ; elle est employée aux mêmes usages en méde-
cine. À raison de son aslringence particulière, on doit
préférer comme fébrifuge; elle vaut mieux aussi à itr
vermifuge, à cause de son amertume plus développée.
la fait entrer dans plusieurs ratafñats et liqueurs, prin-
cipalement dans celle appelée Curaçao. Les fleurs du Bi-
garadier , autant et même plus parfumées que celles de
lOranger, se distillent d’une semblable manière; et leur
eau s’emploie indifféremment , soit dans la pharmacie , soit
dans l’économie domestique, sous le même nom que celle
qui provient des fleurs de l’Oranger.
‘ Famille IX.
HYPÉRICÉES.
Les plantes qui composent celte famille ont pour carac- ,
». , HYPÉRICÉES. 41
tères 1 calice de 5 folioles; 1 corolle de 5 pétales ; des éta-
mines nombreuses, à filamens réunis par leur base en plu-
sieurs faisceaux ; 1 ovaire supérieur , surmonté de plusieurs
styles; 1 baie à 1 loge, ou 1 capsule à 5 loges. Ces plantes
sont des arbustes ou des herbes à feuilles opposées, simples,
et à fleurs terminales. ”
Les Hypéricées contiennent un suc propre , gommo-
résineux , souvent coloré, légèrement amer, auquel elles
doivent Ja propriété un peu tonique et astringente dont elles
jouissent.
25° Genre. — ANDROSÈME. AÂANDROSÆMUM. Tournef,
Calices de 5 folioles inégales. Corolle de 5 pétales. Eta-
mines réunies en 5 faisceaux. Ovaire surmonté de 3 styles,
1 baie à 1 loge contenant plusieurs graines.
ANDROSÈME OFFICINAL, vulgairement T'oute-saine.
Androsæmum officinale. AIl. FI. Ped. n. 1440. — 4n-
drosæmum. Pharm. — Blackw. Herb. t. 94.
Ses tiges sont un peu ligneuses, rougeûtres, hautes de 2
à 5 pieds , cylindriques, chargées de 2 lignes saïllantes qui
les rendent un peu anguleuses; elles sont garnies de feuilles
opposées , sessiles, ovales, glabres , d’un vert brun en été,
et d’un rouge obscur vers l’automne , toules parsemées
d’un grand nombre de glandes demi-transparentes qui les
font paraître comme percées d’une mullitmde de petits
trous, lorsqu'on les regarde au jour; elles répandent une
odeur forte et fétide, surtout lorsqu'on les froisse entre les
doigts. Ses fleurs sont jaunes, petites, pédonculées , et dis-
posées plusieurs ensemble , en une sorte de corymbe termi-
nal. Les baies sont petites et noirâtres à leur maturité.
Cette plante croît dans les bois et les buissons du midi de la
France; elle fleurit en juin.
La "Toute-Saine jouissait autrefois d’une grande réputa-
ton ; on la croyait propre pour toutes les maladies, et c’est
ce qui lui avait valu son nom. Elle était surtout regardée
comme apéritive, résolutive, antiputride, vermifuge,
vulnéraire; mais aujourd’hui elle est entièrement tombée
dans l’oubli.
24° Genre. — MiILLEPERTUIS. Â/ŸPERICUM. Lin.
Calice de 5 folioles égales. Corolle de 5 pétales. Elamines
L
4 | HYPÉRICÉES. , })
ayant leurs filamens réunis en 3 à 5 Haisceaux. 1 ovaire
surmonté de 5 styles. 1 capsule à 5 loges, contenant cha-
cune plusieurs graines menues.
MILLEPERTUIS OFFICINAL, vulgairement Wyillepertuis,
Herbe à Mille pertuis.
Hypericum perforatum. Lin. Spec. 1105. — Hyperi-
cum. Blackw. Herb. t. 15. — Pharm. x
Sa racine est vivace, fibreuse , un peu ligneuse, jaunâtre;
elle donne naissance à plusieurs tiges cylindriques, droites,
dures, rougeñtres, un peu rameuses en leur partie supé-
rieure, hautes de t pied et demi, ou environ, garnies de
feuilles opposées, sessiles, ovales-oblongues, parsemées
de glandes transparentes et pleines d’une huile volatile
qui les font paraître, en les regardant au jour, comme cri-
blées d’un grand nombre de trous. Ses fleurs sont jaunes,
disposées en corymbe au sommet des tiges et des rameaux.
Le fruit est une capsule à 3 loges, contenant des graines
nombreuses, menues, luisantes, d’un brun noirâtre, d’une
saveur amère el résineuse. Cette plante est commune dans
les bois élevés et montagneux ; elle fleurit en juin et
juillet, ” Hi
Le Millepertuis est vermifuge, astringent , emménagogue,
résolutif; il a passé pour être diurétique, et surtout pour val-
néraire, lorsqu'on croyait pouvoir hâter la guérison des plaies
par des applications quisouvent, au contraire, en retardaient
la cicatrisation. On l’a recommandé intérieurement daus les
maladies atoniques de la vessie , lorsque les malades rendent
des urines glaireuses ou sanguinolentes, dans la gravelle,
dans les affections hystériques, dans la manie, etle crache-
ment de sang , suite de l’ulcération du poumon. Les parties
qu'on emploie le plus souvent sont les sommités fleuries, à
Ja dose d’une poignée en infusion aqueuse, ou vineuse, :
pour 2 livres de liquide. Les feuilles et les graines peuvent
aussi être employées d’une manière analogue et même en
nature. Le suc exprimé des feuilles fraîches, des sommités
fleuries, ou des fruits, a été vanté comme un très-bon an-
thelminthique. Ce sue, surtout celui des fleurs et des graines,
est rougeâtre, et répand une odeur résineuse. Le Milleper-
tuis s'emploie aussi à l'extérieur , frais et pilé, ou sec et
bouilli dans le vin ; on l’applique comme résolutif sur les
contusions , dans la goutte et les rhumatismes, On prépare,
HYPÉRICÉES. 49
dans les pharmacies, une huile de Millepertuis par infu-
sion , qui avait jadis la réputation d'être un baume excél-
lent, propre à guérir toutes sortes de blessures et de contu-
sions. Le Millepertuis, à tftre de puissant vulnéraire ,,entrait
aussi autrefois dans beaucoup de compositions oflicinales de
cette nature, ou autres, qui ne sont plus que fort peu ou
même point du tout employées maintenant.
Famille X.
RUTACÉES.
Les genres qui composent cette famille ont pour carac-
ières x calice à 4 ou 5 divisions, ou à 5 folioles; 1 ccrolle
de 5 pétales alternes avec les divisions calicinales; 8-10
élamines insérées au réceptacle ; 1 ovaire supérieur, à style
simple ; 1 capsule à 4rou 5 loges, ou 5 capsules.
Les Rutacées sont des plantes herbacées à feuilles alternes,
composées , et à fleurs terminales. Comme dans les deux
familles précédentes , le tissu de leur écorce, celui de leurs
feuilles et de leurs fleurs est parsemé de beaucoup de petites
glandes remplies d’une huile volatile, âcre et fortement odo-
rante , à laquelle elles doivent les propriétés stimulantes
qu'elles possèdent.
2b° Genre: — RuE. RUTA. Lan.
Calice à 4 ou 5 divisions persistantes. Corolle de 4 à 5
pétales concaves. 8 à 10 étamines. 1 ovaire à style et stig-
mates simples. Capsule à 4 ou 5 loges polyspermes.
RuE FÉTIDE, vulgairement Rue domestique , Rue des
jardins, Rue commune.
Ruia graveolens. Lin. Spec. 548. — Ruta. Pharm. —
Blackw. Herb. t. 7.
Sa racine est vivace, ligneuse, jaunâtre , garnie de fibres
un peu grosses; elle donne naissance à une tige rameuse
presque dès sa base, divisée en rameaux cylindriques, durs,
ligneux inférieurement:, hauts de 2 pieds ou environ, garnis
de feuilles aliernes, pétiolées, d’un vert glauque, deux fois ai-
lées, composées de folioles ovales, un peu charnues. Ses fleurs
sont d’un jaune sale, de po, médiocre, disposées en
çorymbe au sommet des rameaux. Cetle plante croît dans
4% BUTACÉES
les lieux stériles du midi de la France; on la cultive dans
beaucoup de jardins. Elle fleurit en juin et juillet.
La Rue a une odeur forte , assez désagréable, et sa saveur
es! âcre et amère. Elle est vermifuge, emménagogue, an-
ühystérique , antiscorbutique , et on l’estimait autrefois
comme un excellent alexitère. On l’emploie dans la chlo-
rose , dans la suppression des menstrues, dans les affec-
lions vermineuses, et on l’a aussi vantée dans ’épilepsie
et les maladies convulsives. Ce sont les feuilles préférable-
ment à toute autre partie dont on fait usage; on a aussi
conseillé les graines. Les unes et les autres s’emploient en
infusion, plutôt qu’en décoction, à la dose d’une pincée
dans 2 ou 3 tasses d'eau. On prépare dans les pharmacies
une conserve el uu vinaigre de Rue; ce dernier a été préco-
uisé comme préservatif dans les maladies contagieuses et la
peste. On préparait autrefois, plus généralement qu’aujour-
d’hui, une huile de Rue, en faisant'infuser à plusieurs re-
prises 4 onces de ses feuilles ou de ses sommités dans une
livre d’huile d'olives, et on l’employait contre les vers, en
embrocations sur le bas-ventre des enfans. La Rue entre
encore dans le vinaigre des quatre voleurs, el elle faisait ja-
dis partie de plusieurs compositions officinales maintenant
tombées dans l’oubli.
Malgré l’odeur et la saveur désagréables de la Rue, les
Romains en mettaient comme assaisonnement dans beau-
coup de leurs alimens, et en Italie on en mange encore dans
les salades.
RUE DE MONTAGNE ou Rue sauvage.
Ruta montana. Clus. Hist. CXXX VI.
Cette espèce diffère de la précédente parce qu’elle s’élève
moins, et que ses feuilles sont découpées en folioles très-
menues; ses fleurs sont petites et d’un jaune verdätre. Elle
croît dans les lieux secs, pierreux et exposés au soleil, dans
les départemens du midi, et fleurit en juillet et août.
Elle a les mêmes vertus que la précédente et peut Jui êlre.
substituée.
26° Genre. — DictrAmME. DICTAMNUS. Lan.
Calice de 5 folioles caduques. Corolle de 5 pétales lan-
céolés , inégaux. 10 étamines à filamens inégaux. 1 ovaire
à style incliné. 5 capsules réunies par leur bord interne ,
écartées en étoile, et contenant chacune 2 graines.
Ca
RUTACÉES. 4
DicrAME BLANC, vulgairement Fraxinelle, Diptam.
Diciamnus albus. Lin. Spec. 548. — Jacq. FL Aust.
t. 428. — Dictamnus albus, sive Fraxinella , vel Dip-
tamnum. Pharm. \
Sa racine est vivace, composée de grosses fibres; elle
donne naissance à plusieurs tiges droites, le plus souvent
simples, velues, glanduleuses, hautes de 2 pieds ou
environ, garnies de feuilles alternes, ailées avec impaire,
composées de 7 à 11 folioles ovales, luisantes, crénelées.
Ses fleurs sont grandes, purpurines, panachées de lignes
d’une couleur plus foncée, quelquefois entièrement blan-
ches, disposées au sommet des rameaux en une grappe
droite et d’un bel aspect : les folioles de leur calice sont
chargées de poils glanduleux, et les pétales sont beaucoup
plus grands que celles-ci. Cette plante croit naturellement
dans les bois des départemens du midi et en Alsace; elle
fleurit en mai et juin.
La Fraxinelle a une odeur forle qui approche un peu de
celle du Citron , mais qui est moins agréable. Cette odeur
est due à une huile essentielle contenue dans des glandes
nombreuses, répandues sur la partie supérieure des tiges et
sur les fleurs. Dans les temps lrès-chauds cette huile vola-
tile s’exhale en vapeurs, et en si grande abondance qu'elle
forme une atmosphère inflammable autour de la plante, et
si l’on en approche alors une bougie allumée, surtout le
soir , lorsque l’air un peu plus frais concentre les vapeurs,
celles-ci s’allument instantanément, et il se répand sur toute
la plante une bouffée de flamme qui ne l’endommage point.
La partie usitée de cette plante est la racine; elle est
amère, aromatique, el passe pour sudorifique, tonique,
vermifuge, emménagogue et antiputride. Sa dose en sub-
* stance et en poudre est d’un demi-gros à 2 gros; en infusion
on peut en donner jusqu’à une once; mais en général elle
esl tres-peu employée aujourd’hui, Elle entre dans plusieurs
compositions officinales dont la plus grande partie est aussi
tombée en désuétude. Dans les pays chauds du midi de
l'Europe, on prépare, avec les fleurs de la Fraxinelle, une
eau distillée très-odorante, que les femmes emploient comme
cosmétique.
46 é 4 CISTÉES.
Famille XI.
CISTÉES.
Les plantes qui se APPEL à cette famille offrent les
caractères suivans : Calice de 5 folioles persistantes; corolle
de 5 pétales régubers ; ; étamines nombreuses , insérées au
réceptacle ; 1 ovaire supérieur, à style et stigmate simples ; ;
1 capsule à 1 ou plusieurs loges, contenant des graines
menues et nombreuses.
Les Cislées sont le plus souvent des arbustes, ou quel-
quefois des herbes, à feuilles simples, presque toujours op-
posées , et à fleurs ‘disposées en grappe simple à l'extr émité
de la tige et des rameaux.
Dans les trois familles précédentes, les diverses parties des
végétaux qui les composent contiennent, dans des glandes
particulières, une huile volatile aromatique; dans les Cistées,
la nature a modifié ce principe en une liqueur gommo-
résineuse qui transsude à travers les pores de l'écorce des
jeunes rameaux et de la surface des feuilles ; mais les pro-
priétés générales de cette substance ré neue sont de même
stimulantes et toniques.
Genre. — CistTE. CISTUS. lan.
Calice de 5 folioles égales. 5 pétales. Etamines en grand
nombre. Capsule à 5 loges, quelquefois à 10.
CISTE LADENIFÈRE, vulgairement Ladanum.
Cistus Ladanum. Lan. Spec. 737. — Cistus Ledon
primum angustifolium. Clus. Hist, 797. — Labdanum ,
seu Ladanum. Pharm.
Arbrisseau de 4 à 5 pieds de haut, dont la tige se divise
en rameaux nombreux, opposés, gar ns de feuilles lancéo-
Jées-linéaires, presque sessiles, opposées, glabres en dessus,
cotonneuses et blanchätres en dessous. Ses fleurs sont larges
de 2 ou 5 pouces, pédonculées, axillaires ou terminales, en-
tiérement blanches ou marquées à la base des pétales, d une
tache d’un rouge foneé. Cette plante croît en Provence; elle
fleurit au mois de mai.
Pendantles mois de mai, juin et juillet, les jeunes rameaux
et la surface supérieure de ses jeunes feuilles laissent suinter,
pendant la chaleur du jour, une substance visqueuse, très-
odorauie , à laquelle on a donné le nom de Ladanum, En
| CISTÉES. 47
Provence, où cet arbrisseau est rare , on néglige de recueillir
cette substance ; mais en Espagne, où 1l est beaucoup plus
commun , on la récolie en faisant bouillir les sommités de
la plante dans l’eau, à la surface de laquelle la résine vient
surnager et dont il est facile de la retirer.
L'espèce dont il a été parlé ci dessus n’est pas la seule qui
donne le Zadanum ; plusieurs autres plantes du même
genre en fournissent aussi en plus ou moins grande quaulilé,
et particulièrement celle qui est connue sous le nom de Ciste
de Crète (Cistus Creticus. Lin.), parce qu’elle croît dans
cette île. Les habitans du pays recueillent le Ladanum sur
celte dernière espèce, pendant les grandes chaleurs, en fai-
sant passer à plusieurs reprises, sur les buissons for més par
cet arbrisseau, un instrument assez semblable à un rateau,
mais garni de Jongues lanières de cuir en place de dents.
La matière gluante qui enduit alors les sommités et les
jeunes feuilles s'attache aux cuirs, dont on la retire en la
raclant avec un couteau.
Le Ladanum qu'on trouve dans le commerce est une
substance gommo-resineuse, qu’on nous apporte du levant,
en masse ou pains de diverses formes, dont la couleur est
roussätre, un peu noirätre, et l'odeur assez agréable. On
l’emploie extériewrement comme résolatif, et on le donne
intérieurement comme tonique et astringent. La dose, de
celte derniére manière , est depuis 1 gros jusqu'à 4 dans
quelque véhicule convenable ou mêlé à quelque’ autre sub-
stance médicamenteuse. Il est conseillé dans la diarrhée, les
aflectious calarrhales; mais on en fait en général peu d’usage.
Il entre dans la composition de plusieurs préparalions phar-
maceutiques.
20° Genre.—HÉLIANTHÈME. ELIANTHLMUM.Tourn.
Calice de 5 folioles, dont les 2 extérieures plus petites.
5 pétales. Etamines en grand nombre. Capsule à 1 loge,
s'ouvrant en 5 valves et contenant plusieurs petites graines.
HÉLIANTHÈME COMMUN, vulgairement //erbe d'or,
Hysope des gariques, Fleur du soleil.
Helianthemum vulgare. Desf. Hort. Par.—Cistus He-
lianthemum. Lin. Spec. 744. — Chamæcistus primus.
FI. Dan. t. 107.
Ses tiges sont nombreuses, grèles, demi-ligneuses, étalées,
48 CISTÉES.
velues, longues de 8 à 12 pouces, garnies de feuilles op-
posées, courtement pédonculées, ovales-oblongues, vertes en
dessus, blanchätres en dessous. Ses fleurs sont jaunes, pé-
donculées, disposées en grappe lâche dans la partie supérieure
des tiges, Cette plante est vivace: elle fleurit en mai et juin;
on la trouvé fréquemment dans les pâturages secs , sur les
coteaux et sur les bords des bois.
Ses racines el ses feuilles ont passé pour vulnéraires et
astringentes: on les prescrivait autrefois en décoction dans
le crachement de sang et les hémorragies ; mais elles ne
sont plus en usage maintenant.
Famille XII.
VIOL É ES,
Les Violées indigènes ne comprenant qu'un seul genre,
jes caractères de celui-ci sont ceux de la famille qui se com-
pose d'espèces herbacées, à feuilles alternes et à fleurs axil-
laires. £
Leurs qualités générales, plus prononcées dans les racines
que dans les autres parlies de ces plantes , sont d’être émé-
tiques et purgatives : mais elles sont en général trés-faibles,
. surtout sous le premier rapport, ne contenant, d’après l’a-
nalyse faite dernièrement par M. Pelletier, que quelques
traces d’émétine ,substance particulière, éminemment émé-
tique, que les chimistes ont trouvée dans l’fpécacuanha,
et à laquelle celui-ci doit toutes ses vertus,
29° Genre. — VIOLETTE. V’10L4. Lan.
Calice de 5 folioles persistantes. Corolle de 5 pétales iné-
gaux , dont le supérieur plus grand et prolongé à sa base
en éperon. à Elamines à anthères rapprochées ou soudées.
1 ovaire supérieur , à style simples Capsule à 1 loge, con-
tenant plusieurs graines.
VIOLETTE ODORANTE, vulgairement Violette de mars,
Violier commun.
Viola odorata. Lin. Spec. 1524. — Bull. herb. t. 169.
V’iola. Pharm.
Sa racine est vivace , formée de fibres nombreuses , blar-
châtres; elle donne naissance à un grand nombre de feuilles
VIOLÉES. | 49
longuement pétiolées, cordiformes, arrondies, dentelées ,
en leurs bords, d’un vert assez foncé, el à des rejets
couchés sur la terre, s'étendant à 3 ou 4 pouces et pre-
nant racine de distance en distance. Ses fleurs sont d’un
violet bleu, quelquefois blanches, d’une odeur douce et très-
agréable, portés sur des pédoncules gréles , longs de 2 à 3
pouces, et qui partent immédiatement du collet de la racine.
Cette plante croît nalurellement dans les bois et les buissons ,
on la culüive dans les jardins à cause du parfum agréable de
ses fleurs qui paraissent en mars et avril.
Les feuilles de la Violette odorante sont émollientes et
laxatives; on les fait entrer dans les lavemens et on les em-
loie en fomentations. Les fleurs sont purgatives en poudre
et à la dose d’un gros selon Potérius. On ne sait pourquoi
on les a mises au nombre des fleurs dites cordiales, Le plus
souvent on en fait usage en infusion théiforme, comme
adoucissantes et rafraîchissantes , en ne les prescrivant qu’à
petite dose, comme à celle d’une pincée pour 2 livres d’eau.
Elles servent à faire un sirop simple, qui porte leur nom, et
auquel elles communiquent uue belle couleur bleue-violette,
Ce sirop est adoucissant et irès-légèrement laxatif. Les
graines de violettes sont pen en usage, on les dit diurétiques
et purgatives à la dose d’ine once à une once et demie,
pilées et préparées en manière d’émulsion, avec 4 ou 6
ouces d’eau. Ces fleurs et ces graines eutraient autrefois dans
plusieurs compositions officinales tombées aujourd’hui en
désuétude. Celles dont elles font partie et dont on fait encore
usage , sont l’onguent Populeum et le sirop d’Erysimrum.
Lorsqu'on croyait que l’Ipécacuanha était uniquement
fourni par les racines d’une Violette exotique, on fut con-
duit par l’analogie à chercher dans nos Violettes indigènes
si leurs racines n'auraient pas la mème propriété que celles
de la Jiola Ipécacuanha. Lin.; mais les expériences qui
furent faites à ce sujet par MM. Coste et Willemet n'eurent
qu’un succès médiocre, car les résultats de leurs observa-
tions ont élé que les racines de la Violette odorante , admi-
nistrées en poudre à la dose de 56 à 72 et même 96 grains,
ou leur décoction à celle de 2 à 5 gros dans 6 onces d’eau
réduite à 4, ne provoquaient que 2 à 4 vomissemens, et
qu’elles produisaient le plus souvent 4 à 6 évacuations
alvines,
D
50 VIOLÉES.
VIOLETTE HÉRISSÉE. | .
Viola hirta. Lin. Spec. 152%, — Viola Trachelii folio.
F1. Dan. t. 616.
Cette espèce ne diffère de la précédente que parce que ses
feuilles et ses pétioles sont très-hérissés de poils, parce que
le collet de sa racine ne produit point de rejets rampans, et
parce que ses fleurs sont inodores. Elle croît dans les bois,
et fleurit en avril et maï.
Le peu de différence que cette plante présente avec la
Violette odorante, doit faire croire qu’elle a les mêmes pro-
priétés, et qu’on peut la lui substituer sans aucun incon-
vénient , surtout quand il s’agit seulement de l'emploi des
feuilles; car ses fleurs donneut un sirop qui üre plus sur le
rouge que sur le bleu.
VIiOLETTE DE CHIEN.
V'iola canina. Lin. Spec. 1524.
Cette plante, comme ses deux autres congénères, ne doit
être mise qu’au nombre des évacuans les plus doux. D’après
plusieurs observations de Niemeyer, qui est auteur d'une
Dissertation sur l’usage en médecine de la 7zola canina,
24 à 36 grains de ses racines réduites en poudre, et réitérés
dans un court espace de temps, n’ont jamais produit qu’un
vomissement , et quelquefois pas du tout , mais toujours plu-
sieurs évacuations alvines ; et leur décoclion, préparée avec
2 gros à demi-once, et prise en plusieurs fois, n’a produit
aucun effet ni par haut ni par bas.
VioLETTE DES CHAMPS, vulgairement Pensée sauvage.
Viola arvensis. Murr. Prod. 73. — Viola tricolor «.
Lin. Spec. 1326. .
Sa racine est fibreuse, blanchâtre , annuelle; elle donne
naissance à plusieurs tiges anguleuses , glabres, longues de
6 à 8 pouces, étalées à leur base , ensuite redressées, garnies
de feuilles alternes, ovales, crénelées, pétiolées, munies à
leur base de stipules pinnatifides. Ses fleurs sont axillaires,
portées sur des pédoncules plus longs que les feuilles , mé-
langées de blanc et de jaune avec quelques raies violettes,
et elles n’ont point d’odeur : leur corolle est à peine plus
longue que les folioles du calice, au reste d’une forme ana-
logue à celle des autres Violettes ; mais le stigmate, ainsi
que dans l’espèce suivante, est droit et en forme d’enton-
VIOLÉES. 53
noir, au lieu d'être courbé et aigu. Cette plante croît dans
les champs cultivés; elle fleurit pendant tout l’été.
VIOLEITE TRICOLORE, vulgairement Pensée des Jar-
dins.
V’iola tricolor. FI. Dan. t. 625. — 7ola tricolor 8&.
Lin. Spec. 1526.
Cette plante ressemble beaucoup à la précédente , et Linné
ne les regardait toutes les deux que comme deux variétés
de la même espèce. Aujourd’hui les botanistes les séparent
l’une de l’autre, et ils distinguent la Pensée tricolore à ce
que ses pétales sont une ou deux fois plus grands que les
foliolesdu calice, et à ce que leur couleur est d’un beau
pourpre-violet, comme velouté, un peu mélangé de blanc
et de jaune. Elle croît spontanément dans les prairies des
Alpes, et on la trouve très-fréquemment dans les jardins,
où elle fleurit pendant presque toute l’année; il n’y a que
les gelées un peu fortes qui arrêtent sa végétation.
La Pensée avait déja été conseillée contre les maladies de
la peau par Matthiole, Fuchsius et J. Bauhin ; mais elle
était tombée dans l'oubli , lorsque depuis trente à quarante
ans Starck, Metzger, Haase et Eccard s’en sont occupés, et
l'ont de nouveau recommandée , en la préconisant contre la
croûte laiteuse, la teigne, les dartres et d’autres maladies de
la peau. Elle a aussi été employée dans le rhumatisme chfo-
nique et dans différentes maladies lymphatiques. D'un autre
côté, d’autres médecins, Mursinna , Ackermann, Henning
et Alibert, disent que le plus souvent ils n’ont retiré aucun
avantage de son emploi.
Cette plante a une saveur amère et un peu âcre; elle
produit souvent des nausées, et elle provoque quelquefois
le vomissement; mais le plus souvent elle agit comme pur-
gative. On se sert de la plante entière, et, dans les maladies
dont il a été parlé ci-dessus , on la fait prendre de manière
à ce qu'elle ne provoque ni le vomissement ni la purga-
tion , comme en poudre à la dose de 12 à 56 grains, ou en
extrait à celle de demi-gros à 1 gros, et le plus sonvent
en décoclion ou en infusion à 2 gros pour.6 onces d’eau.
Les médecins allemands ont particulièrement employé
la Pensée tricolore; on fait beaucoup plus d’usageen France
de la Pensée sauvage.
D 2 ,
52 POLYGALÉES.
Famille XIII.
à POLYGALÉES.
Câte famille ne renfermant qu’un seul genre qui soit in-
digène, ses caractères se lrouvent ne pas différer de ceux
que celui-ci présente.
Les espèces du genre Polygala venant naturellèment en
France, sont des herbes : à feuilles simples, alternes, et à
fleurs disposées en grappe terminale. Les propriétés qu’ on
leur a reconnues jusqu'ici sont d'être un peu amères , sudo-
rifiques et légèrement purgatives. $
50° Genre. POLYGALA. POLYGALA. Lan.
Calice à 5 divisions, dont 2 plus grandes que les autres.
Corolle tubulée à sa base, fendue supérieurement en 2 lé-
vres , dont la supérieure à 2 lobes, et l’inférieure concave,
des souvent barbue. 8 étamines à filamens réunis en 2
faisceaux. 1 ovaire supérieur. 1 capsule en cœur renversé ,
à 2 loges, contenant chacune 1 graine.
PoLYGALA COMMUN, vulgairement Æ/erbe à lait, Poly-
galon.
Polygala vulgaris. Lan. Spec. 986.—Bull. Herb. t, 177.
Sa racine est dure, menue, vivace, d’une couleur blau-
châtre et d’une saveur amère; elle donne naissance à plu-
sieurs tiges, assez simples, gréles, étalées à leur base, un
peu redressées supérieurement , longues de 6 à ro pouces,
garnies de feuilles alternes, lancéolées-linéaires. Ses fleurs
sont petites, bleues, rougeätres ou blanches, selon les va-
riétés , disposées en grappe serrée au sommiet des tiges. Le
fruit est une capsule en cœur renversé, à 2 loges, conte-
frant chacune une graine. Cette plante croit dans les bois
et dans les pâturages secs; elle fleurit en mai, juin et juillet.
Le Polygala commun est sudorifique, béchique, expec-
torant , légèrement émétique et purgatif. On en a conseillé
l'usage dans la pleurésie , la péripneumonie , les rhumatis-
mes , les fièvres intermittentes. On donne la plante entière,
à la dose d’une demi-once à une once, en décoclion dans
1 à 2 livres d’eau. On assure que le nom vulgaire d’'#erbe
4 lait donné à cette plante, lui vient de ce qu’elle augmente
le lait des vaches qui en mangent.
POLYGALÉES. 53
POLYGALA AMER.
Polygala amara. Lin. Spec. 987. — Jacq. Hort. Vind.
1. 262.
Cette espèce diffère seulement de la précédente, parce
qu’elle est plus petite dans toutes ses parties, parce que ses
rameaux sont plus couchés, et parce que ses feuilles radi-
cales sont ovales-obtuses, beaucoup plus grandes que celles
des tiges. On la trouve sur les coteaux découverts et sur les
pelouses exposées au soleil ; elle fleurit en avril, mai et juin.
Ses propriétés sont les mêmes que celles du Polygala
commun. Gesner , qui appelle cette plante Amarella,
assure qu’un verre de vin dans lequel on en a fait infuser
uue poignée, purge fort bien et sans aucun accident.
Famille XIV.
CORYDALÉES.
Les caractères de cette famille sont les suivans : Calice de
2 folioles opposées, caduques; corolle de 4 pétales irregu-
liers, imitant par leur conformation une fleur papilionacée ;
& à 6 étamines ; 1 ovaire supérieur ; 1 capsule monosperme
ne s’ouvrant pas naturellement, ou 1 silique à 2 valves et à
1 loge, contenant plusieurs graines,
Les Corydalées sont des herbes à feuilles alternes , com-
posées, el à fleurs réunies en grappes latérales ou termi-
nales. Ces plantes ont une saveur amère très-prononcée, et
on les emploie en médecine comme apéritives, dépuratives
et antiscorbutiques.
. 51° Genre. — CORYDALE. CORFYDALIS. Ventenat,
Calice de 2 fois: 4 pétales irréguliers, dont le supé-
rieur terminé en éperon. Filamens des élamines réunis en
2 faisceaux, portant chacun 5 anthères. 1 ovaire surmonté
d’un style, terminé par 1 stigmate en tête. 1 silique à 2
valves, à 1 loge contenant plusieurs graines.
CORYDALE A RACINE SOLIDE, vulgairement F'umeterre
bulbeuse. \
Corydalis solida. — Fumaria bulbosa y Ein. Spec.
993. — Pistolochia. Fuchs. Hist. 91.— Æristolochia Fa-
bacea. Pharm.
Sa racine est un tubercüle solide, ovale-arrondi, qui
D 5
54 CORYDALÉES.
donne naissance à 1 ou 2 tiges droites, simples, hautes de
6 à 8 pouces. Ses feuilles sont glauques, pétiolées, divisées
et sous-divisées en folioles cunéiformes , le plus souvent in-
cisées à leur sommet. Ses fleurs sont purpurines ou quel-
quefois blanches, pédonculées, munies à leur base d’une
bractée découpée en 5 lobes, et disposées en grappe termi-
nale.
CORYDALE A RACINE CREUSE, vulgairement Fumelerre
bulbeuse.
Corydalis cava. — Fumaria bulbosa «. Lin. Spec.
983. — Radix cava minor. Dod. Pempt. 327.
Cette plante diffère de la précédente par sa racine plus
grosse , irrégulièrement arrondie , creuse intérieurement,
et surtout par ses bractées parfaitement entières. On la
trouve plus souvent à fleurs blanches qu’à fleurs purpu-
rines. Les deux espèces croissent dans les haïes, les hois et
les lieux couverts; elles fleurissent en mars et avril.
Les Fameterres bulbeuses ont passé pour être apéritives,
vermifuges et emménagogues; mais elles sont aujourd’hui
entièrement négligées, quoique leur amertume, jointe à un
peu d’âcreté, annonce qu’elles ne sont pas dépourvues de
toute espèce de propriété. La forme assez semblable, que
la racine de la première espèce présente avec celle de FAris-
toloche ronde, l’a fait plus d’une fois substituer, dans les
boutiques, à cette dernière.
52° Genre. — FUMETERRE. FUMARIA. Lan.
Calice de 2 folioles. 4 pétales irréguliers, dont le supé-
rieur terminé en éperon. Filamens des étamines réunis en
2 faisceaux portant chacun 3 anthères®1 ovaire surmonté
d’un style ayant le stigmate en tête. t petite capsule glo-
buleuse, ne s’ouvrant pas naturellement et ne contenant
qu'une graine, |
FUMETERRE OFFICINALE, vulgairement Fumeterre, Fiel
de terre.
Fumaria officinalis. Lan. Spec. 984. — Fumaria. Ph.
— Blackw. Herb. t. 237.
Sa racine est menué, pivotante, annuelle; elle donne
naissance à une tige anguleuse, redressée, rameuse, glauque
comme toute la plante, haute” de 6 à 10 pouces, garnie
GORYDALÉES. 55
de feuilles deux fois ailées , à folioles incisées, Ses fleurs sont
petites, purpurines, rarement blanches, rapprochées les
unes des autres, et disposées en petites grappes pédonculées
et opposées aux feuilles. Cette plante est très-commune
dans les lieux cultivés et les jardins. Elle fleurit depuis le
mois de mai jusqu’à la fin de l'été,
Toutes les parties de la Fumeterre officmale ont une
saveur trèssamère. Leurs propriétés sont d'être apéritives,
toniques, antiscorbutiques, antisporiques et laxatives. On
en fait usage dans le scoibut, dans les engorgemens glandu-
leux , dansles obstructions du foie et des viscèresabdominaux,
et principalement dans les maladies cutanées. On emploie
la plante entière verte et sèche. Dans le premier état, son
suc se donne à la dose d’une à 4 onces, ét quand elle est
sèche, on la fait entrer dans les tisanes à la dose d’une
demi-poignée à une poignée, en décoclion dans 1 ou 2 livres
d’eau. On en prépare, dans les pharmacies, un extrait , une
conserve, un sirop, et elle entre dans quelques autres com-
positions officinales.
On peut substituer à l'espèce dont il vient d'être question,
trois autres plantes qui ont les plus grands rapports avec
elle, soit par leurs formes extérieures, soit par leurs pro-
priétés : ces plantes sont les Fumaria media, Parviflora
et J’aillantir des botamistes , qui croissent aussi abondam-
ment dans les campagnes et dans les jardins. Les pharma-
ciens et les herboristes font souvent cette substitution sans
le savoir, confondant tontes ces espèces en une seule, ou la
plupart d’entre eux prenant pour la Fumeierre oflicinale ,
celle qui se trouve dans le canton qu’ils habitent. On peut
également , sans aucun inconvénient, remplacer, dans le
midi de la France, toutes ces espèces par la Fumeterre à épis
(Fumaria spicata. Lin.) , qui est particulière aux dépar-
temens du midi.
Famille XV.
LÉGUMINEUSES.
Les caractères généraux qui appartiennent à cette famille
sont les suivans : calice de 1 seule pièce, ordinairement à 5
divisions ou à 5 dents: corolle de 4 à 5 pétales irréguliers ,
imitant en quelque sorte par leur disposition la forme d’un
papillon, et dont le pétale supérieur a reçu:le nom d'éten-
D 4
56 LÉGUMINEUSES.
dard , les 2 latéraux celui d'ailes, et les 2 inférieurs, quel-
quefois soudés en 1 seul, celui de carène; 10 étamines in-
sérées autour de la base de l'ovaire. ayant leurs filamens
réunis, dans une plus ou moins grande partie de leur éten-
due, en un seul corps, ou soudées g ensemble en 1 tube fendu
longitudinalement dans la parte qui regarde l’étendard,
le 10° étant libre et placé dans cette fente : dans un petit
nombre de genres tous les filamens sont libres et distincts ;
1 ovaire supérieur , surmonté d’un style à stigmate simple;
1 légume ou 1 gousse à 2 valves, à 1 loge longitudinale,
contenant 1 ou plusieurs graines : le légume au lieu de s’ou-
vrir longitudinalement est quelquefois divisé par plusieurs
cloisons transversales, formant autant d’articulations et au-
tant de loges contenant chacune 1 graine.
Les Légumineuses sont des arbres, des arbustes ou des
herbes à feuilles alternes, munies de stipules, rarement sim-
ples , le plus souvent composées, soit ternées, soil digilées,
soit ailées ; leurs fleurs varient beaucoup dans leur disposi-
tion, selon les genres et même selon les espèces.
Cette famille, quoique très-naturelle et composée de plan-
tes qui, par leurs caractères botaniques, ont la plus grande
atinité les unes avec les autres, est cependant loin d'offrir de
l'uniformité dans ses propriétés, comme on pourrait le croire;
aucontraire, les mêmes parties, dans des genres différens, sont
douées de facultés entièrement opposées, ainsi que l’aperçu
suivant pourra en faire juger. Les tiges de l’Astragale gom-
mier fournissent une gomme très-émolliente et très-adoucis-
sante , qui, jusqu’à un certain point , se retrouve, quoique
diversement modifiée, dans le suc doux et sucré qu’on retire
des racines de la réglisse; mais dans les genres Emérus,
Baguecnaudier , Robinier', Cytise, dans les Genêts et dans
PAnagyre, le suc propre est plus ou moins émétique et pur-
galif, ce quicommunique ces mêmes facultés à l’écorce, aux
feuilles et aux fruits de la plupart des espèces appartenant à
ces genres. Ensuite, par opposition à ces derniers, nous trou-
vons dans les Pois, les Haricots, les Fèves, les Lentilles,
les Pois-Chiches , les Lupins, des graines formées d’une fé-
cule abondante, qui sont précieuses par leurs qualités nu-
irilives. En général, quoique les Légumineuses fournissent
à la médecine quelques médicamens utiles , c’est principale-
ment sous Îe rapport de leurs propriétés économiques
qu’elles forment une des familles les plus importantes du
-
LÉGUMINEUSES. b7
règne végélal, car non-seulementelles produisent pour
l'homme beaucoup de graines alimentaires ; mais encore
toutes ces mêmes graines peuvent aussi servir à nourrir les
animaux domestiques qui font la richesse de l’agriculture,
comme bœufs, vaches, chevaux, moutons, etc. ; et bles feuilles
de la. plupart des espèces sont , après les graminées, le
meilleur fourrage qu’on puisse leur donner.
33° Genre. — RÉGLISSE. GLYCYRRHIZA. Lan.
Calice tubuleux, à 2 lèvres, dont la supérieure à 4 dents
inégales. Carène de 2 pétales. Légume oblong , comprimé,
contenant 5 à 6 graines.
RÉGLISSE GLABRE, vulgairement /a Réolisse ou Rég lis se
des boutiques.
Glycyrrhiza glabra. Lin. Spec. 1046. — Glycyrrhiza
vulgaris. Dod. Pempt.3#1.— Glycyrrhisa seu Liquiritia.
Pharm.
Ses racines sont cylindriques, de la grosseur du petit doigt
ou davantage, traçantes, ligneuses, roussälres exlérieure-
ment, jaunes intérieurement, un peu succulentes et d’une sa-
veur douce; elles donnent çà el là naissance à des tiges droites,
un peu rameuses, hautes de 3 à 4 pieds, garnies de feuilles
ailées avec impair, et composées de 13 à 15 folioles ovales,
glabres, un peu visqueuses. Ses fleurs sont petites, rougeätres,
disposées eu épis portées sur des pédoncules axillaires. La
Réglisse croît naturellement en Languedoc , en Provence,
en Bourgogne, etc. Elle fleurit en juillet et août.
La racine de cette plante, seule parlie qui soit usitée,
est adoucissante et pectorale. Elle est d'un usage presque ge-
néral dans la plupart des tisanes, non pas précisément à
cause de ses propriétés, mais parce que sa sayeur sucrée la
rend propre à édulcorer toutes les infusions et décoctions
dans lesquelles on ne veut pas se servir de miel ou de sucre.
Le suc ou jus de Réglisse, sorte d'extrait noir et solide qu’on
trouve dans le commerce , et qui nous vient d'Espagne ; est
d’un usage journalier et populaire dans les rhumes et dans
les affections catarrhales. La racine de Réglisse entre d’ail-
leurs dans plusieurs préparations pharmaceutiques. Réduite
en poudre on s’en sert pour rouler les pilules et pour leur
donner de la consistance.
58 LÉGUMINEUSES.
54° Genre. — ASTRAGALE. ASTRAGALUS. Lin.
Calice tubuleux à 5 dents. Etendard plus long que les
ailes et la carène. Légume à 2 loges contenant plusieurs
petites graines.
ASTRAGALE GOMMIER ADRAGANT.
ÆAstragalus Tragacantha. Lin. Spec. 1075.— Traga-
cantha. Matth. Valgr. 678. — Pharm.
Cette plante est un sous-arbrisseau dont la tige se divise
en rameaux nombreux, étalés, couverts d’un duvet court,
blanchätre, et hérissés par les anciens pétioles des feuilles
qui, en durcissant et en persistant après la chute des fo-
lioles, paraissent être devenus des épines. Ses feuilles sont
ailéès, toujours avec impair, composées de 19 folioles ou
davantage, ovales-allongées , cotonneuses, blanchâtres. Les
fleurs sont blanches, disposées au nombre de 5 à 8 en épi
court, et portées sur un pédoncule à peine plus long que les
feuilles. Cet arbuste croît en Provence sur les rivages sablon-
neux de la Méditerranée , aux environs de Marseille et de
Loulon; il fleurit en mai et juin.
C’est beaucoup moins la plante qui vient d’être décrite,
qui fournit la substance connue et employée en médecine
sous le nom de gomme adragant où adragante , que les
Æstragalus Creticus et Gumrmifer qui croissent l'an dans
l'ile de Candie, et l’autre dans le Levant. En France, l’4s-
tragalus tragacantha ne donne mème pas du tout de
gomme, mais dans l'Orient , ce suc est si abondant dans les
vaisseaux des deux espèces ci-dessus indiquées, que, dans les
mois de juin et de juillet, il exsude de tous côtés à travers
l'écorce.
La gomme adragante qu’on trouve dans les pharmacies
est en pelils filamens repliés et tortillés, ou en grameaux,
d’un blanc grisâtre , sans odeur et d'une saveur fade et vis-
queuse. Elle est adoucissante, émolliente , rafraîchissante,
ñourrissante , béchique. Elle fournit, délayée dans l’eau , une
bien plus grande quantité de mucilage que toute autre
substance gommeuse. On en fait usage dans la diarrhée, la
dyssenterie, la strangurie, les affections. catarrhales, les hé-
morragies, les maladies inflammatoires ; elle est aussi très-
propre à modérer les accidens causés par les poisons corro-
ifs minéraux, On l’employe rarement seule; elle est souvent,
LÉGUMINEUSES. 5g
à cause de ses propriétés, l'intermédiaire par lequel, dans les
loochs , on rend l’huile miscible à l’eau: c’est avec elle que
les pharmaciens font les mucilages dont ils se servent pour
réduire le sucre en pastilles et tablettes, ou pour amalgamner
les poudres qu'ils veulent convertir en pilules, en troschiques.
La gomme adragante éntre encore dans plusieurs composi-
tions officinales. |
35° Genre. — GALÉGA. GALEGA. Lan.
Calice tubuleux , à 5 dents presque égales. Etendard ovale
ou en cœur. Ailes oblongues, couchées sur la carène. Lé-
gume linéaire , comprimé, un peu noueux aux endroits
des graines. |
GALÉGA OFFICINAL, vulgairement Rue de Chévre, ou
Lavanèse.
Galega officinalis. Lin. Spec. 1060. — Galega Ruta
capraria. Blackw. Herb. t. 92. — Galega. Pharm.
Ses racines sont fibreuses, menues, vivaces, un peu lig-
neuses: elles donnent naissance à plusieurs tiges rameuses ,
hautes d'environ 2 pieds , garnies de feuilles alternes, ailées
avec impair. Ses fleurs sont blanches ou d'un blanc tirant
sur le violet, disposées plusieurs ensemble en un long épi
porté sur un pédoncule axillaire. Cette plante croit dans les
prés et les bois, en Auvergne, en Bretagne, en Lorraine,
aux environs de Paris: elle est en général peu commune, et
fleürit en juin et juillet.
Le Galéga passe pour sudorifique et vermifuge; on l’a
aussi vanté contre l’épilepsie, et particulièrement comme un
excellent antidote dans les fièvres pestilentielles et conta-
gieuses; mais lés bons effets qu’on lui à attribués dans la
peste qui ravagea là Lombardie en 1576, ne sont point ap-
puyés sur des observations assez exactes et assez authen-
tiques, et l’on peut raisonnablement révoquer en doute
qu’une plante dont les Italiens mangent assez souvent les
feuilles cuites ou en salade, soit douée de verlus aussi recom-
mandables que celles qu’on lui a sapposées. On prescrivait
autrefois la plante entière à la dose d’une poigrrée en décoc-
tion, pour faire des tisanes on des apozèmes alexilères ; au-
jourd’hui on n’en fait plus guère d’usage , et on a également
à peu prés oublié une préparation pharmaceutique qu’on
faisait en distillant dans du vin ses sommités fleuries.
6o LÉGUMINIU SEINS.
56° Genre. — EMÉRUS. ÊMER US. we ournef.
Calice à 5 dents. Pétales munis d’ onglets plus longs que
le calice. 9 des étaminesréunies en 1 seul corps, la 10° libre.
Légume gréle, allongé, cylindrique, partagé par des cloi-
sons transversales contenant chacune 1 graine.
EmMÉRUS DE CÆsALPIN, vulgairemient Sene: bâtard,
L'aux- -Baguenaudier, Securidaca des jardiniers.
Emerus Cæsalpini. ‘Fournef, Inst. 650. — Coronilla
Emrcrus. Lin. SRE 1046. — Coronilla major. no
FL. irreg. tetrap. t. 95.
Cette plante est un arbrisseau à tiges hautes de 4 à 5 pieds,
divisées en rameaux nombreux, anguleux, garnis de feuilles
ailées avec impair , composées de 7 folioles ovales, rélré-
cies à leur base, d’un beau verd. Ses fleurs sont jaunes,
mélées d'un peu de rouge, disposées deux à trois ensemble
au sommet d’un long pédoncule placé dans les aisselles des
feuilles. Cet ar bass croît dans les haies et dans les bois
du midi de la France. On le cultive pour l’ornement des
jardins, où il fleurit en mai et juin. Ses feuilles sont légé-
rement purgatives ; mais on n’a pas d'observations positives
sur la manière de les employer.
Genre. — BAGUENAUDIER. COLUTEA. Lin.
Calice campanulé, à 5 divisions. Etendard relevé. 9 éta-
mines réunies en 1 seul corps, la 10° distincte. Légume
grand , renflé, vésiculeux, contenant plusieurs graines. ,
BAGUENAUDIER ARBORESCENT, vulgairement Faux-Séné,
Séné d'Europe.
Colutea arborescens. Lan. Spec. 1045. — Nouv. Duh.
5. p. 90, t. 22. — Colutea vesicaria. Pharm.
Arbrisseau de 10 à 12 pieds de haut, dont la tige se di-
vise en rameaux revêlus d’une écorce cendrée, garnis de
feuilles aïlées , composées de 9 à 12 folioles ovales d’un
vert glauque. Ses fleurs sont jaunes, disposées en grappes
au sommet d’un pédoncule axillaire. Ce Baguenaudier croît
dans les boistet les buissons des départemens : du midi. Onle
cultive dans les jardins. Il fieurit en mai, juin et juillet.
Ses feuilles et ses fruits sont purgatifs, et d’après Géiner;
Bartholin, Garidel, Boerhaave, Linné, elc. ; les unes et les
autres on très- propres à remplacer le Séné et ses foli-
LÉGUMINEUSES. Gi
cules. MM. Coste et Willemet ont employé plusieurs fois
les feuilles à la dose de 1 once et demie à 5 onces, en
infusion dans 1 pinte d’eau ,*et les malades qui ont fait
usage de cette tisane purgative ont eu assez constamment
sept à huit évacuations alvines.
58° Genre: = ROBINIER. RORINIA. Lin.
Calice campanulé , à 4 dents. Etendard ovale-arrondi :
carène obtuse de la grandeur des aïles. 9 étamines réunies
en 1 seul corps, la 10° distincte. Style barbu. Légume ob-
long, comprimé, contenant plusieurs graines. .
RoBiNiIER, Faux - AcacrA, vulgairement Faux - Aca-
cia , Acacia des jardiniers.
Robinia pseudo - acacia. Lin. Spec. 1045. — Duham.
Nouv. Ed. vol. 2. p. 6o. t. 16.
+
Arbre de 40 à 5o pieds, dont les rameaux sont munis
d’épines et garnis de feuilles ailées avec impair , d’un vert
gai, dont les fleurs sont blanches, d’une odeur très-agréable
et disposées en longues grappes pendantes. Le Faux-Acaeia
est originaire de l Amérique septentrionale: mais il est main-
tenant si abondammeut cultivé en France et tellement ac-
climaté qu’on peut le considérer comme indigène. Ii fleurit
en juin et juillet.
Une circonstance fortuite rapportée par M. Gendron,
médecin à Vendôme, et insérée dans les Annales cliniques
de la Société: de médecine de Montpellier, janvier 1811, a
fait découvrir les propriétés du Faux-Acacia. Des écoliers
étant en recréation après leur diner, s’avisèrent d’arracher
écorce des branches d’un vieux Acacia , que le vent ve-
nait de renverser. Ayant trouvé que cetle écorce élait
douce, ils se mirent à la mächer comme de la Réglisse,
Environ trois heures après, sept à huit de ceux qui en
avaient maché le plus, éprouvègent des maux de cœur, vo-
mirent leur diner , et eurent , par le bas, des évacuations
assez considérables. On leur fit prendre du Thé abondam-
ment, et, au bout de quelques heures, tous les accidens
étaient dissipés.
D’après cet événement, il serait facile de faire de nou-
velles obervations pour s'assurer à quelle dose l'écorce de
Faux- Acacia est émétique et purgaüve, el pour savoir si
les feuilles n'auraient pas des propriétés analogues.
L
62 LÉGUMINEUSES,
Le bois de Faux-Acacia es! jaune avec des veines plus
foncées : 1l a le grain fin et susceptible de prendre un beau
poli, ce qui le rend très-propre aux ouvrages de tour et
de menuiserie ; il dure long-temps exposé aux injures de
Pair.
39° Genre. — CicéRoLE. CICER. Lin.
Calice à 5 divisions presque aussi longues que la corolle;
4 de ces divisions supérieures , 1 seule inférieure. Etendard
plus grand que les autres pétales. 9 des étamines réunies en
1 seul corps, la 10° distincte. Légume ovoïde, renflé, vé-
siculeux , contenant 2 graines arrondies , ayec un angle
sallant.
CicéROLE TÈrE-DE-BÉLIER, vulgairement Ciche, Chr
che, Pois-Chiche, Pésette, Garvance.
Cicer Arietinum. Lin. Spec. 1040.—Cicer domesticum.
Matth. Valgr. 417. — Cicer. Pharm.
Sa tige est herbacée , annuelle, rameuse, haute d'environ
un pied , garnie de feuilles alternes, ailées avec impair, ve-
lues. Ses fleurs sont petites, pédonculées, axillaires, blan-
chätres, ou purpurines. Les graines sont blanchätres dans
une variété, rougeàtres dans l’autre. Cette plante est indi-
gène du levant, de l'Espagne et de ltalies elle fleurit en
mai et juin. On la cultive depuis très-long-Lemps en France,
principalement dans les départemens du midi, où le peuple
surtout fait usage de ses graines comme alimentaires.
Les Pois-Chiches sont nourrissans, mais élant durs et
coriaces ils se digèrent difficilement et neconviennent point
aux estomacs délicats. Ils deviennent meilleurs et plus
sains quand ils sont réduits en purée. On peut aussi les
manger verds, et ils sont plus agréables de celte manière.
Réduits en farine et appliqués extérieurément en cata-
plasme, ils sont émolliens et résolutifs. On employait au-
trefois leur décoction comme un puissant diurétique qu’on
croyait en même temps propre à briser les calculs de la
vessie ; on la regardait aussi comme vermifuge et emména-
gogue ; aujourd’hui les Pois-Chiches sont peu ou point du
tout employés par les médecins français; ils le sont davan-
tage en Fspagne et en Jialie. Ces graines torréfiées ont été
du nombre de celles qu’on a tenté de substituer au café.
LÉGUMINEUSES. 65
4o° Genre. — ERrs. ERVUM. lan.
Calice à 5 divisions profondes , presque égales, de la
longueur de la corolle. Etendard plus grand que les ailes
et la carène. Stigmate glabre. Légume ovale ou oblong,
contenant 2 à 4 graines.
Ers LENTILLE, vulgairement Lentille où Nentille.
Ervum Lens. Lin. Spec. 1059.—Lens. Pharm,— Dod.
Pempt. 526.
Sa racine est menue, fibreuse, annuelle , elle donne nais-
sance à une tige rameuse dès sa base, anguleuse, faible, à
demi couchée, longue de 8 à 10 pouces, garnie de feuilles
alternes, composées de 5 à 6 paires de folioles oblongues,
velues et terminées par une vrille. Ses fleurs sont bleuâtres,
disposées 2 ou 5 ensemble sur 1 pédoncule placé dans
les aisselles des feuilles supérieures. Le fruit est une gousse
courte, large, comprimée, contenant 2 à 5 graines orbi-
laires , aplaties, un peu convexes de chaque côté, et
’une couleur jaunâtre ou roussâtre. La Lentille croît na-
turellement dans plusieurs de nos départemens du midi,
et on la cultive généralement dans les champs du reste de
la France; elle fleurit en mai et juin.
Cette plante offre deux variétés ; l’une plus grande dans
ses proportions et à fruits plus gros; l'autre plus petite dans
toutes ses parties, Les graines de ces 2 variétés sont indiflé-
remment employées. On a beaucoup vanté la décoction de
Lentilles, comme sudorifique, dans la rougeole, la petite-
vérole et les rhumatismes; mais peu de médecins en font
maintenant usage dans ces maladies, ce qui n'empêche pas
le peuple d’y avoir grande confiance. Anciennement on se
seryait encore , dans beaucoup de cas, des lentilles extérieu-
rement en cataplasmes ; mais leur emploi de cette manière
est aussi tombé en désuétude, et en général les lentilles
peuvent être bannies de la matière médicale, et ne doivent
être considérées que comme alimentaires. Sous ce rapport,
‘plusieurs médecins les regardent comme une nourriture
grossière, difficile à digérer , qui cause beaucoup de vents,
et qui ne convient guëre qu'aux gens forts et robustes,
comme ceux de la campagne. Beaucoup d’autres, au con-
traire, ne sont pas de cet avis, et les Lentilles sont pour eux
un bon manger que les estomacs délicats digèrent mieux
6+ LÉGUMINEU SES.
que la plupart des autres légumes farineux. Celte dernière
opinion est la plus répandue et la plus exacte. Quoi qu'il
en soit, bien des personnes sont encore imbues du Page
que les Lentilles peuvent augmenter le lait des nourrices,
et elles conseillent d’en manger, aux femmes qui allaitent
des enfans.
Les Romainsetles Grecs par Si ne faisaient beau-
coup de cas des Lentilles. Aujourd hui on en mange moins,
surtout en nature, si ce n’est chez le peuple. ee eri
purée, on les estime mieux, parce qu’elles sont d’une diges-
tion beaucoup plus facile. Les fanes des Lentilles sont un
bon fourrage pour les bestiaux.
Ers ERVILIE, vulgairement Er, Eres, Orobe des bou-
tiques, À lies, Pois de pigeon.
Ervum Ervilia. ere Spec. 1040.—Mochus sive Cicer
sativumn. Dod. Pempt. 524.—ÆErpum sive Orobus. Pharm.
Sa racine est menue, annuelle ; elle donne naissance à
une où plusieurs tiges faibles, rameuses, hautes d’ enviro
1 pied, garuies de feuilles ailées, composées de 6 à 8 paires
de folioles étroites, terminées à leur sommet par un filet
simple et court. Sen blanchätres, légèrement rayées
de violet, portées 1 ou 2‘ensemble sur un pédoncule placé
dans les aisselles des feuilles supérieures. Il succède aux fleurs
des gousses longues d’un pouce, pendantes, noueuses à la
place des gieises qui sont arrondies, un peu anguleuses et
au nombre de 3 à 4. Cette plante croît url daus
les moissons du midi de la France, et on la cultive dans quel-
ques cantons; elle fleurit en mai dt juin.
La graine d’Ers, plus ordinairement connue sous le nom
d’Orobe, est la seule partie de la plante qui soit employée en
médecine, comme résolutive. Ce n’est en général que ré-
duite en poudre et appliquée en cataplasme qu’on en fait
usage. Elle est au nombre des 4 farines résolutives. On don-
nait anciennement la poudre d’Ers ou d’Orobe incorporée
avec du miel pour faciliter l’expectoration dans l'asthme .
humide, mais il y a déjà assez long-temps que cela ne se pra-
üqne plus. L’Orobe entrait aussi dans plusieurs préparations
pharmaceutiques tombées, de nos jours, en désuélude.
On assure qu'il n'est pas sans inconvénient de laisser
les graines de l’Orobe dans le Blé, parce que lorsqu'elles
y sont abondantes , elles rendent le pain malsain, et causent
LÉGUMINEUSES. 65
à ceux qui en mangent une débilité musculaire très-mar-
quée.
Rilterius, médecin de Nuremberg, assure avoir employé
avec avantage dans le rhnn.atisme goutteux , les feuilles de
lOrvbe sauvage à la dose d’une pincée en mfusion théiforme;
mais son Orobe sauvage est-1l la plante dont il est ici ques-
lion, ou une espèce du genre Orobus de Linné ?
Les montagnards écossais font sécher les racines. d’une
plante de ce dernier genre (Orobus tuberosus. Lin.), qui
vient en grande abondance dans leurs montagnes, pour
leur servir d’aliment dans leurs voyages. En y ajoutant de
l’eau et un peu de levain, ils les font fermenter et en com-
posent une boisson qui est douce, rafraichissante et très
saine.
41° Genre. — Pois. Pirsum. Lin.
Calice campanulé , à 5 dents, dont les 2 supérieures plus
courtes. Etendard plus grand que les ailes et la carène. Style
triangulaire, à stigmale velu. Légume oblong, presque cy-
lindrique, contenant plusieurs graines globuleuses,
Pois CULTIVÉ ou Pois COMMUN.
Pisum sativum. Lin. Spec. 1026. — Pisum. Blackw.
Herb. t. 83.
Sa racine est annuelle, grêle , fibreuse ; elle donne nais-
sance à des tiges cylindriques, faibles, d’un vert glauque,
ainsi que toute la plante, plus ou moins longues selon les
variétés, garnies de feuilles pétiolées, ailées, terminées
par une vrille rameuse , composées de 2 paires de folioles
ovales , et munies à leur base de 2 grandes stipules arrons
dies. Ses fleurs sont blanches , portées 2 ou 5 ensemble
sur un pédoncule axillaire. Le Pois commun passe pour
être indigène du midi de l’Europe , et on le cultive partout
dans les champs et les jardins. Îl fleurit en mai et juin.
Les Pois, comme les Haricots, méritent moins de nous
occuper comme médicament que comme aliment; car,
quoiqu'on les ait regardés comme apériifs, diurétiques ,
laxatifs et emménagogues, aucun praticien, peut-être, ne
les emploie sous ce rapport.
Les Pois, comme substance alimentaire, sont nourris-
sans, moins lourds que les haricots, et ils causent moins de
flatnosités. [ls sont un excellent manger, lorsqu'ils sont
E
66 LÉGUMINEUSES.
verts; presque tout le monde les aime aimsi; il s’en fait à
Paris, dans les mois de mai, juin, juillet et août , une con-
sommation considérable ; el par les soins qu’on a donnés à
leur culture, les riches peuvent en manger dans presque
toutes les saisons de l’année. Secs, ils font une bonne partie
de la nourriture des habitans des campagnes. Leurs tiges,
leurs feuilles et leurs cosses sèches font un bon fourrage
pour les bestiaux. Les vaches sont friandes de leurs gousses
vertes, et l’on prétend que cela augmente leur lait.
49° Genre. — FÈvE. F4B14.
Calice à 5 divisions. Etendard échancré en cœur, beau-
coup plus long que les ailes et la carène. Légume oblong,
épais, un peu renflé, contenant 2 à 4 graines oblongues,
larges, aplaties, ayant l’ombilic terminal.
FÈvVE DE MARAIS.
Faba vulgaris. Mœnch. Meth. 150. — Faba major.
Blackw. Herb. t. 19. — Faba. Pharm.
Sa racine est annuelle, fibreuse, garnie de quelques
tubercules ; elle donne naissance à une ou plusieurs
tiges simples, droites, quadrangulaires, hautes de 2 à 3
pieds, garnies de feuilles ailées , composées de 4 à 6 folioles
ovales-ohlongues, un peu épaisses , lisses, glauques. Ses
fleurs sont blanches, tachées de noir, portées 2 ou 3 en-
semble, dans les aisselles des feuilles, sur un pédoncule fort
court. La Fève de marais est originaire des environs de la
mer Caspienne, mais elle est maintenant généralement cul-
tivée en France et en Europe; elle fleurit en mai et juin.
La farine de fèves est au nombre des 4 farines réso-
lutives , dont les 5 autres sont celles de Lupin, d’Orge
et d'Orobe ; on l’emploie sous forme de cataplasme, pour
amollir et résoudre les tumeurs. On retirait autrefois par
l’incinération et la lixivation des tiges et des gousses de Fèves,
un sel que l’on regardait comme un puissant diurétique.
On préparait aussi par la distillation deux eaux de Fèves;
l’une , faite avec les fleurs, passait pour un excellent cos-
métique, et on l’employait pour effacer les taches et les
rousseurs de la peau; la seconde se faisait avec les coques ou
les peaux , et on fa regardaitcomme apéritive et diurétique.
Toutes ces préparations ne sont plus en usage maintenant,
Cependant ‘l'homas Bartholin assure, d’après l’exprérience
LÉGUMINEUSES. 67
faite sur lui-même, que l’eau d’écorce de Fèves est un très-
bon remède contre la gravelle.
Les Fèves sont nourrissantes, mais un peu venteuses et
indigestes. Encore vertes, petites et à demi formées, elles
sont délicates, très-bonnes à manger, el on les sert sur les
meilleures tables. Lorsqu’elles ont acquis toute leur gros-
seur , elles deviennent plus difficiles à digérer , à cause de
leur peau qui est très coriace ; aussi on est alors assez géné-
ralement dans l’usage de la leur enlever avant de les faire
cuire. Sèches , elles sont dures, coriaces, et il n’y a plus
guère que les gens de la campagne et le peuple qui en man-
gent. On les donne aussi pour nourriture aux bestiaux.
43° Genre. — ARACHIDE. ARACHIS. Lan.
Calice à 2 lèvres, dont la supérieure a 4 dents inégales,
et l’inférieure entière. Corolle renversée. Etamines mona-
delphes à leur base, 4 des filamens sont constamment sté-
riles. Légume ovale-oblong, coriace, réticulé, contenant 1
ou 2 graines.#
ARACHIDE SOUTERRAINE , vulgairement Pistache de
terre, Manobi des Brésiliens.
Arachis hypogæa. Lin. Spec. 1040.
Les tiges de cette plante sont herbacées, velues , ordinai-
rement couchées, longues de 8 à 12 pouces, garnies de quel-
ques feuilles alternes , ailées, composées de 2 paires de fo-
holes ovales, d'un vert gai. Ses fleurs sont jaunes, pédon-
culées, et naissent 5 à 7 ensemble dans l’aisselle de chaque
feuille : leur style est filforme et très-long. Après la fécon-
dation , l'ovaire se plonge en terre et y devient un légume
ovale oblong , coriace, contenant communément 2 graines,
Cette plante est originaire du Brésil et du Pérou ; mais de-
puis quelques années on a essayé de la cultiver dans plu-
sieurs de nos départemens méridionaux , et ces essais ont eu
assez de succès pour qu'il devienne utile de recommander
la culture de l'Arachide, à cause de ses propriétés écono-
miques. ,
Ses graines sont très-oléagineuses: elles fournissent par
expression la moitié de leur poids d’une huile qui rancit
difficilement, et qu’on peut employer dans la pharmacie
et la cuisine, aux mêmes usages que l’huile d’ohive et celle
E »
68 LÉGUMINEUSES.
d’amandes douces. Cette huile est excellente pour éclairer.
Ces mêmes graines torréfiées peuvent être mêlées par moi-
tié, ou même davantage, avec du Cacao, et faire, dit-on,
un très-bon chocolat, qui exige moins de sucre que celui
aui n’a été composé qu'avec du Cacao. Enfin les fanes de
l’Arachide fournissent un très-bon fourrage.
44° Genre. — Lupin. LUPINUS. Lin.
Calice à 2 lèvres entières ou dentées. Carène de 2 pétales
distincts à leur base. Etamines monadelphes; 5 des filamens
ortant des anthères arrondies, et les 5 auires en portant
d’oblongues. Gousse oblongue, coriace , contenant plusieurs
graines.
LupPIN BLANC, vulgairement Lupin.
Lupinus albus. Lin. Spec. 1015.— Lupinus. Blackw.
Herb. t. 282. — Pharm.
Sa racine est annuelle, pivotante, garnie de quelques
fibres menues ; elle donne naissance à une tige cylindrique,
droite , un peu velue, médiocrement rameuse, haute d’un
ied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles éparses , pétiolées,
digitées, à 5 ou 7 folioles oblongues, d’un vert peu foncé
en dessus, couvertes de poils soyeux, et molles au toucher.
Ses fleurs sont blanches, alternes, disposées en grappe au
sommet de la tige et des rameaux. Les graines sont orbicu-
laires, médiocrement grosses, un peu aplaties, blanchäâtres
extérieurement, jaunâtres intérieurement, et elles ont une
saveur assez fortement amère. Le Lupin blanc passe pour
être indigène dans quelques départemens du midi, et on le
cultive dans plusieurs autres ; il fleurit en mai et juin.
On a vanité les Lupins comme apéritifs, diurétiques,
vermifuges et emménanogues, mais ils sont aujourd’hui
bien rarement employés sous ces rapports. On s’est servi
aussi de leur décoction pour faire des fomentations dans les
maladies cutanées, comme la gale, les dartres, etc.; c’est
encore un moyen abandonné. On ne fait plus guère usage
que de leur farine qui est au nombre des 4 farines réso-
lutiwes , et c’est seulement comme moyen résolutif qu’on
s’en sert encore quelquefois en l’appliquant en cataplasme
sur les tumeurs.
Les Lupins étaient chez les Grecs et les Romains un mets
dont ils faisaient assez fréquemment usage, A vant de les pré.
LÉGUMINEUSES. 69
parer pour la table, ils les privaient de leur saveur amère et
désagréable en les faisant macérer pendant quelque temps
dans l’eau chaude. Aujourd’hui nous sommes plus délicats;
nous avons abandonné les Lupins comme aliment trop gros-
sierettrop indigeste. In”y a plus qu'un petit nombre de pays
en Europe où les paysans et le peuple en mangent encore.
Dans les autres contrées où ils sont cultivés c’est pour servir
de nourriture aux bestiaux.
45° Genre, — HARICOT. PHASEOLUS. Lin.
Calice à 2 lèvres, la supérieure échancrée, l’inférieure à
5 dents. Etendard réfléchi; carène roulée en spirale avec les
étamines et le style. Gousse allongée, contenant plusieurs
graines réniformes, ayant 1 ombilic latéral.
HARICOT COMMUN, vulgairement Féverole, Fève
peinte, Fève à visage, Fève de mer, Phaséole,
Plhasiole, Pois de mer.
Phaseolus vulgaris. Lin. Spec. 1010. — Lob. Icon. 2.
p. 59.
Sa racine est grèle, fibreuse, annuelle ; elle donne nais-
sance à une tige cylindrique, rameuse, grimpante, volu-
bile , s’élevant à plusieurs pieds. Ses feuilles sont alternes,
pétiolées , composées de 3 folioles ovales, entières, pubes-
centes. Ses fleurs sont blanches, ou un peu jaunâtres avant
leur parfait développement , disposées en grappes peu four-
nies , solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures et
plus courtes que celles-ci. Les graines , selon les variétés,
sont plus grosses ou plus petites, blanches , jaunâtres,
rouges, violettes, noires, ou eufin variées de ces différentes
couleurs. Le Haricot est, dit-on, originaire de l’Inde, mais
il est depuis long-temps cultivé dans toute l’Europe tem-
pérée; il fleurit en juin et juillet.
Les Haricots passent pour apéritifs, diurétiques et em-
ménagogues, mais on les employe en général fort peu en
médecine. Réduits en purée ou en bouillie on peut en faire
des cataplasmes émolliens et maturatifs qui ne le cèdent
point à ceux de Fèves de marais, d'Orobes ou de Lupins
qu'on leur préfère ordinairement.
C’est principalement par leurs propriétés alimentaires
que les Haricots sont recommandables ; ils forment dans la
plupart des provinces de France une des principales nourri-
- dE
70 LÉGUMINEUSES,
tures des habitans des campagnes, et ils sont admis sur les
meilleures tables, surtout quand ils sont frais. Les Haricots
sont nourrissans, mais ils ne se digèrent pas facilement et
ils donnent beaucoup de vents, particulièrement quand ils»
sont secs ; 1l faut alors avoir un bon estomac, ou être jeune,
robuste et faire beaucoup d’exercice pour en manger habi-
tuellement. Les personnes délicates et sédentaires doivent
s'en abstenir. Réduits en purée, ils sont un peu moins lourds
et passent mieux. Les blancs sont les meilleurs de tous,
quoique les plus fades. On mange aussi leurs cosses encore
verteset tendres, lorsque les graines commencent à peine à
s’y former. C’est un manger beaucoup plus délicat, plus
agréable et qui n’a aucun des inconvéniens des Haricots en
grain. |
46° Genre. — ONoN1DE. ONONIS. Lan.
Calice campanulé, à 5 dents linéaires. Etendard plus
grand que les ailes et la carène. Filamens des étamines ré-
unis en 1 seul corps à leur base. Légume renflé, à peine
Ps long que le calice, contenant quelques graines réni-
ormes.
ONONIDE ÉPINEUSE, vulgairement Busrane, Bugrande,
Arréte-bœuf.
Ononis spinosa. Lin. Spec. 1006.— Ænonis. Pharm.
— Fuchs. Hist. 60.
Sa racine est ligneuse, vivace, brunâtre, rampante,
très-longue ; elle donne naissance à plusieurs liges rameu-
ses, annuelles, couchées ou un peu redressées, rougeûtres,
velues, souvent épineuses, surtout dans les terrains stériles,
garnies de feuilles alternes, pétiolées, pôur la plupart com-
posées de 3 folioles ovales-oblongues, pubescentes, un peu
visqueuses , et munies à leur base de grandes stipules am-
plexicaules. Ses fleurs sont axillaires, solitaires, pédoncu-
lées et de couleur rose. fette plante est commune sur le
bord des champs et dans les pâlurages secs; elle fleurit en
jun et juillet.
La Bugrane est apéritive, diurétique et emménagogue.
On en fait usage dans les obstructions, l’ictère, l’hydropi-
sie, l’aménorrhée. On peut employer toutes les parties de
la plante; mais c’est principalement de ses racines dont
on fait usage; celles-ci étaient autrefois comptées parmi ce
LÉGUMINEUSES. 71
qu’on appelait les cinq racines apérilives mineures, dont
les quatre autres sont celles du Caprier, du Chardon-
Roland, du Chiendent et de la Garance. La racine de Bu-
grane se donne en tisanne et en décoction, à la dose de 4
gros à 1 once pour 1 ou 2 livres d’eau. On a aussi quel-
quefois employé la décoction des feuilles , comme détersive
et astringente, pour gargarisme dans les affections scor-
butiques de la bouche, mais c'est un moyen qu'on peut
regarder comme assez inerte , et qui est abandonné main-
tenant,
47° Genre. — MÉLILOT. MÉLILOTUS. T'ournef,
Calice tubuleux, à 5 dents. Etendard plus long que les
ailes et la carène. 9 étamines ayant leurs filamens réunis en
1 seul corps, la 10° distincte. Légume plus long que le ca-
lice , ne s’ouvrant qu’imparfaitement.
MÉLILOT OFFICINAL , vulgairement Hélilot ou Mirlirot.
Melilotus officinalis. Lam. Dict, Enc. 4. p. 62. —Tri-
Jolium Melilotus officinalis. Täu. Spec. 1078. — Bull.
Herb. t. 255. — Melilotus. Pharm.
Sa racine est blanche, pivotante, bisannuelle; elle donne
naissance à une ou plusieurs tiges hautes de 1 pied et demi
à 2 pieds, cylindriques, siriées, faibles, rameuses, gar-
nies de feuilles alternes, pétiolées, composées de 3 folioles
ovales-oblongues, dentelées en leurs bords. Ses fleurs sont
petites, jaunes, nombreuses, pendantes, disposées en épis
grèles, allongés et portés sur 1 pédoncule placé dans les
aisselles des feuilles. Le fruit est une gousse courte, ridée,
saillante hors du calice, et renfermant 1 ou 2 graines. Le
Mélilot est assez fréquent dans les champs culüvés ; il fleurit
en juin et juillet. Il n'a que peu ou point d’odeur à l’état
frais, mais il acquiert par la dessiccation une odeur assez
agréable.
Les parties de cette plante dont on fait usage sont les
sommités fleuries ; on les employe comme émollientes,
adoucissantes et résolutives. C’est principalement à Pextérieur
qu’on en fait usage, pour fomentations et lotions. Bouillies
pendant quelqué temps dans l’eau , et réduites en une sorte
de pulpe, on en faisait autrefois des cataplasmes qu’on appli-
quait sur les tumeurs inflammatoires, sur l’abdomen dans
les coliques et l’inflammation da bas ventre: mais on leur
E 4
72 LÉGUMINEUSES,
préfère généralement aujourd’hui les feuilles des Malvacées.
On fait plus d'usage de leur infusion aqueuse ; on s’en sert
avec avantage dans les ophthalmies inflammatoires. Quel-
ques médecins les prescrivent en décoction dans les lavemens
émolliens. Leur décoction a aussi été conseillée intérieure-
ment contre la leucorrhée. La dose est d’une pincée à
une poignée pour 1 à 2 livres d’eau. Le Mélilot a donné
son nom à un emplâtre qui n’est plus guère employé main-
tenant.
Le Mélilot élevé (Mélilotus altissima ) et ie Mélilot
blanc (Mélilotus alba) qui croissent aussi naturellement en
France, ont les mêmes propriétés et peuvent être employés
à la place du Mélilot officinal. Ces trois plantes, que quelques
agronomes ont préconisées comme fourrage, fournissent
aux abeilles, par leurs fleurs nombreuses et qui, durent
Jong-temps, une pâture abondante et qu’elles recherchent
avidement.
On cultive dans les jardins une quatrième espèce de Mé-
Jilot qui est annuelle et qui passe pour être originaire de la
Bohème et de la Libye. Cette espèce nommée par les bota-
nistes Mélilot bleu ( Aelilotus cærulea. Lin. ) à cause de la
couleur de ses fleurs , est connue vulgairement sous les noms
de Baumier , Faux-Baume du Pérou , Lotier odorant, Trèfle
musqué. Elle a une odeur balsamique que la dessiccation dé-
veloppe encore davantage. Ses fleurs ont les mêmes pro-
priétés et on les emploie de la même manière que le Mélilot
ordinaire. On les a de plus vantées comme alexipharmaques
et vulnéraires, et leur usage a, dit-on , été utile dans les ul-
cères des poumons. En Silésie, les habitans en prennent en
infusion en guise de thé; et dans quelques cantons de la
Suisse on en met dans les fromages pour leur communiquer
une odeur et une saveur agréables.
48° Genre. — TRIGONELLE. T'RIGONELLA. Lin.
Calice campanulé, à 5 divisions presque égales. L’étendard
et les ailes ouvertes, représentant une corolle à 3 pétales
égaux, et beaucoup plus grands que la carène. Légume
oblong, comprimé, acuminé, polysperme.
TRIGONELLE FÉNUGREC, vulgairement Fénugrec, Sé-
neégre. F ï +
Trigonella Fœænum græcum. Vin. Spec. 1095. — Fæ-
LÉGUMINEUSES. 75
nogræcum. Fuchs. Hist. 798. — Fœnum grœcum seu
Fœnu græcuin. Vharm.
Sa racine, menue et pivotante, donne naissance à une tige
droite, plus ou moins rameuse, légèrement velue, haute
de 8 à 10 pouces, garnie de feuilles courtement pétiolées ,
composées de 3 folioles ovales-oblongues, crénelées en leurs
bords, vertes en dessus, cendrées en dessous. Ses fleurs sont
d’un jaune pâle , presque sessiles , solaires ou géminées dans
les aisselles des feuilles. Le fruit est une gousse allongée, un
“peu aplatie, courbée, terminée par une longue pointe, et
contenant plusieurs graines à peu prèsrhomboïdales, échan-
crées, jaunätres , ayant unie odeur un peu forte. Cette plante
croît naturellement dans le midi, et on la cultive dans quel-
ques autres parlies de la France; elle fleurit en jumet juillet.
Les graines de Fénugrec sont les seules parties de la
plante dont on fasse usage en médecine; elles sont très-
mucilagineuses. On les employait beaucoup autrefois
comme émollientes, adoucissantes et résolntives, soit en
décoction pour tisanes, lotions , fomentations et lavemens ;
"soit réduites en farine et sous forme de cataplasme. On con-
seillait alors la décoction de Fénugrec pour tisane dans la
diarrhée, la dyssenterie, les coliques, et extérieurement
pour lotions, dans l’ophthalmie inflammatoire, etc. Au-
jourd’hui le Fénugrec est tombé en désuélude chez la plu-
part des praticiens; la racine de Guimauve et surtout la
graine de Lin lui sont presque généralement substituées.
49° Genre. — CyrisEe. CYTIsus. Lin.
Calice court et campanulé, ou allongé et cylindrique ,
presque à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 dents, et linfé-
rieure à 3. Etendard réfléchi, ailes et carène conniventes
autour des étamines. Légume oblong, comprimé, contenant
plusieurs graines.
Cvrise Augours, vulgairement Cyéise à grappes,
Faux-Ebénier, Aubours, Arbois.
Cytisus Laburnum. Lin. Spec. 1041. — Nouv. Duh.
ba'po145; t.. #4,
Arbre moyen de la hauteur de 15 à 20 pieds, dont le
tronc est recouvert d’une écorce unie, verdätre , et dont les
jeunes rameaux sont garnis de feuilles alternes, longuement
74 LÉGUMINEUSES.
péliolées , composées de 5 folioles ovales-oblongues, gla-
bres et d’un vert assez foncé en dessus, un pen soyeuses et
blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont jaunes, réunies 40
à bo ensemble en grappes pendantes, longues de 6 à 10
pouces, et qui paraissent terminer les rameaux ; leur calice
est court et campanulé, Le fruit est une gousse allongée,
comprimée , légèrement velue, contenant 5 à 8 graines. Le
Cytise Aubours croît naturellement dans les bois des mon-
tagnes de la Bourgogne, du Lyonnais, du Dauphiné, de la
Provence, etc. On le cultive pour l’ornement des jardins.
T1 fleurit en mai et juin.
Dans tout le Dauphiné, cet arbre est généralement re-
gardé comme vénéneux par les gens de la campagne. Un
événement , rapporté dans le Bulletin de Pharmacie de
janvier 1809, a jeté un peu de lumière sur ses véritables
propriétés. Quelques personnes, croyant que ses légumes
pouvaient se manger comme des haricots verts, en firent
préparer un plat et en mangèrent: peu de temps après elles
eurent des vomissemens ou plusieurs évacuations alvines ,
mais sans éprouver, à ce qu'il paraît, rien de plus fâcheux.
Les légumes du Faux-Ebénier doivent donc être regardés
comme émétiques et purgatifs, et il est probable que ses
feuilles et ses fleurs ont aussi les mêmes propriétés. Quoi
qu'il en soit, les moutons et les chèvres les aiment assez;
mais les vaches, et surtout les chevaux, répugnent à les
prendre pour nourriture: Le bois est brun, noirâtre dans
le cœur , dur et susceptible de se polir facilement ; il sert à
divers ouvrages de tour et d’ébénisterie.
5o° Genre. — SPARTIER. SPARTIUM. Lin.
Calice court, campanulé , à 2 lobes opposés. Étendard
en cœur renversé, tout-à-fait réfléchi. Ailes ovales, plus
courtes que l’étendard. Carène de 2 pétales lancéolés. Lé-
gume oblong , contenant 1 ou plusieurs graines.
SPARTIER A BALAIS, vulgairement Genét à balais,
Genét commun.
Spartium scoparium. Lin. Spec. 513. — Genisla.
Pharm. — Blackw. Herb. t. 244.
Arxbrisseau de 5 à ñ pieds de hauteur, et quelquefois
plus, dont la tige se divise en rameaux nombreux, verds,
.
LÉGUMINEUSES. FÈ
anguleux,, effilés, très-flexibles, garnis de petites feuilles
alternes, légèrement velues; les inférieures pétiolées et ter-
nées ; les supérieures simples, presque sessiles et ovales-lan-
céolées. Les fleurs sont grandes, d’un beau jaune, pédon-
culées, axillaires, formant, par leur rapprochement dans
la partie supérieure des rameaux , une sorte de grappe. Le
fruit est une gousse oblongue, comprimée, velue en ses
bords , devenant noirâtre lors de sa maturité, et contenant
8 à 12 graines. Cet arbrisseau est commun dans les bois
et dans les lieux incultes. Il fleurit en mai et juin.
Les sommités, les feuilles et les graines du Genèêt commun
sont apérilives , diurétiques et purgalives. Simon Pauli
reconnaît aux fleurs la propriété émétique; mais il observe
que le vinaigre la détruit, paisque, confites dans ce liquide,
on peut en manger une assez grande quantité sans qu'elles
provoquent le vomissement. Pena et Lobel avaient fait la
même remarque ; ils disent à ce sujet qu'en Auvergne et
en Guienne, le peuple mange les fleurs du Genêt en salade ,
et que les Brabançons en font confire les boutons dans le
sel et le vinaigre pour les servir sur les tables, comme on
fait des câpres. Cullen a employé plusieurs fois avec succés,
dans l’hydropisie , une décoction de demi-once des sommi-
tés de Genêt dans une livre d'eau réduite à moitié par lé-
bullition. IL en faisait prendre deux cuillerées d’heure en
heure , ce qui agissait ordinairement en mème temps par les
selles et par les urines. Quant aux cendres de Genèêt dont
Sydenham et plusieurs autres ont varié l'usage dans les
hydropisies , elles n’ont aucun avantage sur les autres alca-
lis. Tournefort recommandait l'extrait des fleurs comme
stomachique: mais on n’en a jamais fait beaucoup d'usage,
et aujourd’hui moins que jamais; om ne manque pas de
moyens beaucoup meilleurs.
En faisant rouir les rameaux du Genêt à balais, on en
retire une sorte de filasse dont on peut fabriquer du fil, des
cordes et de la toile grossière. Les vaches, les brebis et les
chèvres broutent volontiers les jeunes tiges de cette plante,
et on la cultive même dans quelques cantons pour leur servir
de fourrage. On a essayé de faire torréfer les graines pour
les substituer au café.
us
A LÉGUMINEUSES.
SPARTIER JONCIER, vulgairement Genét d'Espagne.
Spartium junceum. Lin. Spec. 995. — Genista jun-
cea. Duham. nouv. édit. vol. IT, Pr 22. — Genista
hispanica. Pharm.
Arbrisseau de 12 à 15 pieds, dont Le rameaux ressem-
blent aux tiges de plusieurs espèces de jonc, et sont garnies
de feuilles peu nombreuses, lancéolées, sessiles. Ses fleurs
sont grandes, jaunes, disposées en épis au sommet des ra-
meaux ; elles ont une odeur agréable et paraissent en mai
et juin. Celte espèce croît sur les collines et dans les lieux
incultes du midi de la France.
Elle a les mêmes propriétés que la précédente ; mais elle
passe pour être plus énergique. La filasse qu’on peut retirer
de ses rameaux est beaucoup plus belle que celle fournie
par ceux du Spartier à balais.
SPARTIER PURGATIF, vulgairement Genét griot.
Spartium purgans. nu Syst. nat. edit. 13, p. 474.
Ses tiges ne s'élèvent qu’à 1 ou 2 pieds; elles se divisent en
rameaux nombreux, dont les inférieurs sont nus, durs et
un peu piquans ; les autres sont effilés, cannelés, pubescens
dans leur jeunesse, garnis de petites feuilles alternes, pres-
que sessiles, ovales-lancéolées , un peu soyeuses en dessous.
Ses fleurs sont d’un jaune pâle, pédonculées, disposées en
grand nombre le long des rameaux. Les légumes sont com-
primés et velus. Cet arbuste croît dans les lieux montueux,
stériles et découverts d’une grande partie du midi de la
France. Il fleurit en juin et juillet. :
J. Bauhin paraît être le premier qui ait donné à cette
espèce l’épithète de purgans ; et quoiqu'il ne dise pas un
mot de ses propr iétés, on doit cependant croire que ce nom
n’a été imposé à ce Gent que parce qu 1l est effectivement
purgatif,
bic Genre. — GENÈT. GENITSA. Lan.
Calice tubulé, à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 dents
profondes, linaiebte e à 5. Etendard cblèng, réfléchit sailes
oblongues , plus courtes que les autres parties ; carène
échancrée, plus longue que l’étendard , ne cachant pas les
élamines. Légume ovale ou oblong, souvent renflé , con-
tenant des graines ordinairement réniformes.
LÉGUMINEUSES. mes
GENÈT DES TEINIURIERS, vulgairement Genestrole,
Herbe à jaunir.
Genista tinctoria. Lin. Spec. 998.— Tinctorius flos.
Fuchs. Hist. 608.
Ses tiges sont ligneuses , étalées ou même couchées, lon-
gues de 1 à 2 pieds, divisées en rameaux nombreux, pres-
que herbacés, un peu anguleux en leur partie supérieure,
garnis de feuilles éparses , presque sessiles, lancéolées, d’un
vert assez foncé, légèrement velues en leurs bords. Ses
fleurs sont de couleur jaune, et disposées au sommet de
chaque rameau en uu épi long de 2 à 3 pouces. Cet arbuste
croîl sur les collines, dans les pâturages secs et sur le bord
des bois. 11 fleurit en juin et juillet.
Les fleurs de ce genêt purgent par bas, selon Ettmuller,
lorsqu'elles sont données en décoction ; elles provoquent ,
au contraire , le vomissement si on les prend en substance.
Peyrilhe indique les graines comme émétiques, à la dose
d’un gros à une demi-once, et le suc des fleurs corme pur-
gatif, de demi-once à une once; et il attribue les mêmes
facultés aux racines et aux feuilles. Les sommités fleuries
servent à leindre en jaune.
Les Genèêts sont en général négligés, quoique les proprié-
tés dont ils sont pourvus ne paraissent pas douteuses, au
moins si nous nous en rapportons au témoignage des an-
ciens ; et quand il est question d’un émétique ou d’un pur-
gatif, les effets en sont si évidens, qu’on ne peut guère leur
reprocher un défaut d’exactitude dont très-souvent ils ne
sont pas exempis, quand il est question de juger de l’action
des autres médicamens. Les Genèêts me paraîtraient donc
mériter l’attention des observateurs et des praticiens. Comme
ils offrent l'avantage d’être communs dans Tous les pays,
il faudrait essayer les différentes espèces, s'assurer de leur
véritable manière d’agir, pour voir celles qui pourraient
mériter d’être employées.
52° Genre. — ANAGYRE. AÂNAGYRIS. Lin.
Calice à 5 dents. Corolle de 5 petales, à étendard très-
court, et à carène très-allongée. 10 étamines à filamens dis-
üncts.
70 LÉGUMINEUSES.
ANAGYRE FÉTIDE, vulgairement Bors-puant.
Anagyris fœtida. Lin. Spec. 554. — Nouv. Duham.
bp rit #2.
Arbrisseau de 6 à 8 pieds de haut, dont la tige, recou-
verle d’une écorce cendrée, se divise en rameaux garnis
de feuilles alternes, composées de 3 folioles ovales-oblon-
gues, un peu glauques. Ses fleurs sont jaunes, marquées
d’une tache violette , disposées en petites grappes droiles qui
naissent le long des rameaux. Les fruits sont des gousses
de 5 à 6 pouces de longueur, contenant 3 à 8 graines ré-
niformes et bleuâtres. L’Anagyre fétide croît en Languedoc
et en Provence, sur les collines et dans les lieux pierreux.
IL fleurit dans son pays natal en février, et quelquefois dès
la fin de janvier.
Les feuilles de cet arbrisseau n'étaient point employées
lorsque je pensai à en essayer l’usage. Je me suis assuré, par
les observations dout elles ont été le sujet, qu’elles avaient
la propriété de faire vomir et de purger; mais comme le
plus souvent elles m’ont paru agir d’une manière assez in-
certaine, ne provoquant quelquefois que des vomissemens,
d’autres fois que des évacuations alvines, je ne les recom-
mande pas comme un moÿen assuré. Au resle, on peut les
donner à la dose de 2 à 6 gros en légère décoction, dans
une à trois tasses d’eau. (Voyez à ce sujet mes observations
sur P'Anagyre, dans la 2° partie de cet ouvrage.)
* Genre ayant de l'affinité avec les Légumineuses,
53° Genre. — CAROUBIER. CERATONIA. Lin.
Fleurs diviques, plus rarement polygames. Dans les mäles,
calice petit, à 5 découpures inégales ; corolle nulle ;5 éta-
mines à filamens étalés. Dans les fleurs femelles, 1 ovaire
entouré d’un disque charnu, à 5 lobes, terminé par un stig-
mate orbiculaire et échancré. 1 légume allongé, comprimé.
CAROUBIER A SILIQUES.
Ceratonia Siliqua. Lin, Spec. 1513. — Carobe Siliqua.
Blackw. Herb. t. 209.
Arbre de 25% à 50 pieds, dont les rameaux torlueux ef
étalés, sont garnis de feuilles alternes , ailées sans impair,
persistantes, composées de 6 à 10 folioles ovales, coriaces,
glabres , toujours vertes. Les fleurs sont disposées en épis
droits, nombreux, presque sessiles, solitaires ou plusieurs
:
LÉGUMINEUSES. 79
ensemble, longs de 2 à 3 pouces. Le fruit est une gousse
épaisse, pulpeu-e, comprimée , un peu arquée , ne s’ouvrant
point naiurellement , divisée transversalement en plusieurs
loges qui contiennent chacune une graine. :
Le Caroubier croît dans les contrées méridionales de
l’Europe et dans quelques cantons de la Provence; il se plaît
dans les lieux pierreux et les fentes des rochers.
Les gousses de cet arbre, connues sous le nom de Ca-
roubes ou de Carouges, sont pulpeuses; elles ont une saveur
douce et assez agréable lorsqu'elles sont bien mûres. En cet
état elles sont légèrement laxatives. Dans le Levant et en
Barbarie , les gens de la classe indigente et les enfans en
mangent comime aliment. En Egypte, on en relire une
sorte de sirop qu’on emploie pour confire d’autres fruits,
En ‘Turquie, en Syrie et en Egypte, on s’en sert en les
mêlant avec des raisins secs et d’autres fruits, pour faire
des sorbets, qui, pour les musulmans, remplacent le vin.
Le bois de Caroubier est dur, veiné de rouge foncé; on
en fait, dans les pays où il est commun, des ouvrages de
menuiserie et de marquetterie. Les tanneurs emploient son
écorce et ses feuilles pour le tannage des cuirs.
Famille XVI.
CRUCIFÈRES.
Les plantes de cette famille sont caractérisées par 1 calice
formé de 4 folioles , souvent caduques; 1 corolle composée
de 4 pétales opposés en croix, et munis d’un onglet égal en
longueur aux folioles calicinales; 6 étamines dont 2 plus
courtes que les autres; 1 ovaire supérieur , surmonté d’un
style unique ou nul, terminé par 1 stigmate simple, plus
rarement à 2 ou 3 lobes; 1 fruit allongé et siliqueux (silique),
ou court, et siliculeux (silicule), ordinairement à 2 valves,
et divisé en 2 loges polyspermes par une cloison longitudi-
nale; quelquefois les valves ne s’ouvrant pas, le fruit est à
1 seule loge qui ne contient qu’une graine ; d’autres fois les
loges sont articulées les unes au-dessus des autres, et se sépa-
rent à leurs articulations sans s'ouvrir.
Les Crucifères sont des herbes à feuilles alternes, entières,
ou découpées, et à fleurs disposées en grappes souvent termi-
nales, rarement axillaires.
Bo CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
Ces plantes sont recommandables tant par leurs pro-
priélés médicinales , que par leurs propriétés économiques.
Sous le premier rapport, elles contiennent toutes, à un
degré plus ou mois fort, un principe âcre, volatil, stimu-
lant, qui leur doune une vert apérilive, diurétique sudo-
rifique et principalement tonique , qui rend leur usage
très-utile dans différentes maladies, et surtout dans le scor-
but , d’où on leur a donné, en général, le nom de plantes
antiscob butiques.
Sous leurs rapports économiques, les racines, les feuilles,
les fleurs, les graines de plusieurs espèces nous “servent tous
les jours d’aliment ou d’assaisonnement , et les racines , et
surtout les feuilles d’un plus grand nombre d’ espèces, for-
ment, pour les bestiaux, une très-bonne nourrilure. Leurs
graines sont oléagineuses, et les produits qu’on retire de
Fall qui contiennent de l’huile en plus grande abondance,
sont, dans certains cantons de la France , une branche in-
téressante d’ agriculture.
* Cruciferes siliqueuses.
54°. Genre. — CHou. BRrASSICA. lan. -
Folioles du calice conniventes, bossues à leur base. Ovaire
cylindrique, entouré de 4 glandes à à sa hase. Silique cylin-
drique- comprimée , Où tétragone , à 2 loges contenant
plusieurs graines globuleuses,
CHOU POTAGER, vulgairement Chou pomme.
Brassica oleracea. Lan. Spec. 952. — Brassica. Pharm.
Cette espèce, qui est le chou proprement dit, est cultivée
depuis un temps immémorial , et elle a produit une mul-
titude de variétés, dont plusieurs présentent des formes si
éloignées du 1y} De primitif, qu'il paraît diflicile de les y
rapporter. La race, ou variété, dont il sera principalement
question dans cet article, est celle connue vulgairement
sous le nom de (Chou pommé, ou Chou cabus, dont on
distingue encore plusieur s sous-variétés.
Le Chou pommé est une plante dont la racine bisannuelle
se prolonge en un collet qui s’élève hors de terre, en ma-
niére de tige, et forme une souche droite, charnue et cylin-
drique, haute de # à 8 pouces, laquelle donne naissance à
une grande quantité de feuilles presque arrondies, con-
caves, el tellement rapprochées, qu’elles Patient les
CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. ‘8t
unes les autres, se recouvrent comme les écailles d’une
bulbe, se compriment fortement en s’embrassant , et for-
ment une grosse tête massive, arrondie , renfermant pen-
dant un certain temps la tige et ses ramifications , qui ne se
développent qu'après avoir rompu cette sorte de pomme
ou tête monstrueuse. Cette tige et ses ramifications, qui
s'élèvent à la hauteur de 3 à 4 pieds, sont garnies de feuilles
alternes, glabres , d’un vert plus on moins glauque, quel-
quefois Leimtes de rouge ou de violet, et dont les inférieures
sont pétiolées, roncinées à leur base, plus ou moins smueuses,
et les supérieures simples, plus petites et ordinairement
amplexicaules, Les fleurs sont assez grandes, jaunätres, ou
presque blanches, disposées en grappes droites, läches et
terminales. Les fruits sont des siliques presque cylindriques,
à 2 valves, à 2 loges contenant plusieurs graines globu-
leuses, Le Chou pommé est cultivé dans les jardins pota-
gers et dans les champs; il fléurit à la fin du printemps.
Les anciens attribuaient une foule de propriétés au Chou,
et cette plante fut pendant long-temps, pour les Romains
de la république, une panacée universelle. Caton l’ancien
avait composé un livre sur ses vertus, dans lequel il disait
qu’elle pouvait tenir lieu de tous les remèdes. Les modernes
ont considérablement rabattu de la haute opinion que les
anciens avaient du Chou, et cette plante est. plutôt regardée
maintenant comme alimentaire que comme médicamen-
teuse, quoîque cependant on ne puisse se refuser à croire
qu’elle soit légèrement stimulante , incisive et antiscorbu-
tique. Quelques médecins avaient voulu préconiser le Chou
rouge dans le traitement de la phthisie pulmonaire; mais
l'insuffisance de ce moyen est bien démontrée aujourd'hui
dans cette cruelle maladie. On préparait autrefois dans les
pharmacies un sirop de Chou rouge ; il est peu employé
aujourd’hui.
Comme aliment , il se fait une consommation énorme de
Choux en France. Ces plantes fraîches font, pendant plus de
la moitié de l’année, l’assaisonnement ou le principal m-
grédient de la soupe des habitans des campagnes. En Alle-
magne et dans le nord de l'Europe, la consommation des
Choux est encore plus considérable. En les mettant dans
un tonneau avec du sel marin et quelques graines aroma-
tiques, on leur fait subir un certain degré de fermentation
acide qui donne le moyen de les conserver tout l’hiver.
F
82 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
Cette préparalion connue en France sous le nom de Chou-
croûte, par altération du mot allemand Sauer - kraut,
Chou aigre, est un aliment salubre, plus facile à digérer
que le Chou dans son état naturel. La Chou-croûte ést un
excellent antiscorbutique, et celie propriété la rend pré-
cieuse pour les voyages sur mer.
Les graines de tous les Choux sont oléagineuses , et l’on
peut en retirer de lhuile; mais une variété particulière ,
connue sous le nom de Clear: ou Colza, est prmcipalement
cultivée à cet effet , comme en produisant davantage. Cette
huile sert dans le Nord aux mêmes usages que l’huile
d'olive dans le Midi. Les feuilles de tous les Choux font un
irès-bon fourrage pour les bestianx.
Cou NAvET, vulgairement Napes.
Brassica Napus. Lin. Spec. 951. — Napus. Pharm.
Sa racine est charnue, d’une saveur douce et agréable,
quoique un peu piquante, différant de forme, de grosseur
et de couleur, selon les variétés produites par la culture.
Ses feuilles sûnt de deux sortes: les unes radicales, eblon-
gues, en lyre, d’un vert foncé, chargées de poils courts et
rudes au toucher; celles de la tige, au. contraire, sont
oblongues, en cœur à leur base, semi- amplexicaules, très-
glabres. Ses tiges sont rameuses, ‘hautes de 2.à 5 pieds, ter-
minées par des grappes de fleurs peu différentes de celles du
Chou potager. Les siliques longues d'environ 1: pouce,
contiennent, dans chacune de leurs 2 loges, plusieurs graines
arrondies , d’un rouge brun, ayant une saveur äâcre et pi-
quante On cultive celte plante dans les champs et dans les
jardins; elle croît naturellement aussi dans les campagnes,
et fleurit en avril et mai.
Les Navets passent pour pectoraux, incisifs et diurétiques.
Préparés par décoction, ils servent à faire une tisane esti-
mée dans les rhumes ; mais en général on les emploie bien
moins en médecine que dans la cuisine. Quoique un peu
venteux, le Navet est un aliment saim Ses variétés à grosses
racines sont d’une grande ressource pour la nourriture des
bestiaux pendant l’hiver. Ses graines oléagineuses comme
celles du Chou , fournissent , surtout dans une variété connue
sous le nom de Navette, une huile qui a les mêmes pro-
priétés que celles de Colzat. Les pharmaciens préparaient
CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. 685
autrefois un sirop de Navet; mais je ne crois pas qu'ils le
fassent encore, ce sirop étant tombé en désuétude,
CHoux RoQUETTE, vulgairement La Roquette, Ro-
quete des jardins.
Brassica Eruca. Lin. Spec. 952. — Æruca. Pharm.
Blackw. Herb. t. 242.
La racine de cette plante est menue, pivotante , annuelle ;
elle donne naissance à une tige rameuse, un peu velue,
haute de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles oblon-
gues, pétiolées, ailées ou en lyre, d’un vert peu foncé, lisses
et presque glabres. Ses fleurs sont blanches ou d’un jaune
pâle, veinées de lignes d’un violet foncé, et disposées en
grappes au sommet de la tige et des rameaux. Les fruits
sont des siliques droites, un peu aplaties, longues à peine
de 1 pouce, terminées par un prolongement particulier en
forme de fer de lance. La Roquette cultivée croît naturelle-
ment dans les champs des départemens du midi; elle fleurit
en juin.
Toutes les parties de cette plante ont une odeur forte et
assez désagréable , au moins pour beaucoup de personnes,
car elle ne déplaît pas à d’autres, et en Lialie surtout, on en
met souvent les feuilles dâhs les salades pour servir d’assai-
sonnement. Ses feuilles ont une saveur âcre, piquante, et elles
sont diurétiques, antiscorbutiques, fortement stimulantes et
aphrodisiaques. Les graines ont les mêmes propriétés, et
encore plus énergiques. Mâchées, elles excitent fortement la
salivation par leur âcreté: pilées ou réduites en une sorte de
farine et délayées avec de l’eau ou du vinaigre , on peut les
émployer pour rubéfier la peau et produire une vive exci-
tation extérieure, dans l’apoplexie, la paralysie , la goutte;
mais en général on fait fort peu d'usage soit des graines soit
des feuilles de la Roquette. Les premières entrent dans l'eau
antiscorbutique; préparation beaucoup moins usitée aujour-
d’hui que le vin du mème nom.
55° Genre. — MOUTARDE. SINAPIS. Lan.
Folioles du calice très-onvertes. Ovaire surmonté de 1
style terminé par 1 stigmate arrondi, et entouré de 4 glandes
à sa base, Silique à 2 loges, contenant plusieurs graines,
et terminée par une sorte de bec formé par le prolongement
saillant de la cloison.
F 2
Gt CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
MOUTARDE NOIRE, vulgairement Woutarde,Sénévénoir.
Sinapis nigra. Lin Spec. 053. — Sinapi. Pharm.—
Blackw. Herb. t. 416.
Sa racine est fibreuse, blanchôtre, annuelle; elle produit
ane tige cylindrique , haute de 3 à 5 pieds, rameuse , char-
gée, surtout inférieurement, de quelques poils roïdes qui
la rendent rude au toucher. Ses feuilles radicales et celles
de la partie inférieure de la tige sont grandes, pétiolées,
lyrées, légèrement hérissées , divisées en lobes irréguliers,
dentés : le terminal toujours plus grand que les autres. Ses
fleurs sont jaunes, assez petites, disposés, à l’extrémité de
la tige et des raineaux, en grappes effilées. Les fruits sont
des siliques longues de 6 à 8 lignes, un peu quadrangulaires,
divisées intérieurement en 2 loges contenant plusieurs pe-
tites graines arrondies, d’un rouge brunätre. Cette plante
est assez commune dans les lieux pierreux et les décombres;
on la cullive parce qu'elle est fréquemment en usage ; elle
fleurit en juin, juillet et août.
Les graines de la Moutarde noire ont une saveur âcre et
piquante , qui paraît plus développée dans cette espèce que :
dans aueune autre de la même famille, aussi sont-elles gé-
néralement préférées aujourd’huïdans la pratique de la mé-
decine , à toutes celles qui ont des propriétés analogues. Ces
graines sont stomachiques, antiscorbutiques, fortement sti-
mulantes , rubéfiantes et même vésieantes. On les a données
avec succès à l’intérieur, à la dose de 1 à 2 gros, contre la
fièvre tierce; mais en général on les emploie peu en nature
et de cette manière comme moyen médicamenteux ; mais
comme assaisonnement on en fait un grand usage dans la
cuisine, puisque moulues et réduites en farine elles font la
base de cette préparation, ou sorte de bouillie un peu li-
quide, qui porte le nom de moutarde et qu’on sert sur
toutes les tables. La Moutardeest toniqueet antiscorbutique:
son usage convient surtout aux personnes qui ont les organes
de la digestion faibles et languissans. Elle ranime les forces
de l'estomac; elle excite et provoque l’appétit : sous ce der-
nier rapport les gens robustes, d’une forte constitution,
chez lesquels les premières voies font bien leurs fonctions,
devraient s’en abslenir; mais trop souvent la gourmandise
cherche un stimulant qui donne les moyens de manger
davantage, et elle le trouve dans la Moutarde. |
CRUCIFÈRES SILIQUEUSES. . 85
Broyées comme il a été dit ci-dessus, délayées avec de
eau ou mieux encore avec du vinaigre et mises en contact
avec la peau , les graines de Moutarde noire la rougissent
d’abord, et ensuite y font mème venir des ampoules si leur
application est plus long-temps prolongée.
On donne le nom de Sinapisme à l'espèce de cataplasme
ainsi préparé, et dont on fait, surtout maintenant, un grand
usage en médecine, soit comme moyen de ranimer l’action
des forces vitales, dans la létargie, l'apoplexie, la para-
lysie, les fièvres adynamiques, elc., soit comme moyen
dérivatif lorsqu'on cherche à déplacer une affection gout-
teuse, rhumatisante ou autre, fixée sur un organe intérieur.
La farine de Moutarde délayée dans la quantité convenable
d’eau chaude, s’'administre aussi en bains de pieds dans les
mêmes maladies. La dose, pour ces applications extérieures ,
est de 2 onces à 1 livre. Les graines de Moutarde noire en-
trent dans le vin antiscorbutique, et dans l'onguent et l’em-
plâtre épispastiques.
Les graines de la Moutarde blanche { Sënapis alba. Lin.
Spec. 935.)et de la Moutarde des champs ( Szrapis arven-
sis , Lin. Spec. 953 ) ont des propriétés analogues à celles
de la Moutarde noire ; mais comme elles sont moins actives,
on ne les emploie que fort rarement et au défaut de celles
de la dernière,
56° Genre. — JULIENNE. /ÆJESPERIS, Lin.
Folioles du calice droites, un peu serrées ; 2 d’entre elles
bossues à leur base. Ovaire surmonté d’un style terminé par
1 stigmate à 2 lames rapprochées. Silique allongée, com-
primée, à 2 loges contenant plusieurs graines.
JULIENNE ALLIAIRE , vulgairement #/liaire.
Hesperis Alliaria. Lam. F1. Fr. 2. p. 505. — Erysi-
mum Alliaria. Lin. Spec. 922. — Alliaria. Fuchs. Hist,
104. — Pharm,
La racine de cette plante est pivotante, bisannuelle,
garnie de quelques fibres latérales; elle donne naissance à
une lige simple ou peu rameuse', haute de 1 pied et demi à
2 pieds , garuie de feuilles cordiformes, grossièrement den-
iées, glabres, dont les inférieures sont longuement pétiolées
et obtuses , et dont les supérieures sont plus courtement pé-
F3
06 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
tiolées et sensiblement aiguës. Les fleurs sont petites, blan-
ches;: disposées en grappesterminales, médiocrement garnies.
Le fruit est une silique allongée, presque cylindrique, re-
dressée. Cette espèce fleurit en mai et juin; elle croît dans les
bois , les buissons et les lieux ombragés.
Toute la plante a une saveur amère, et elle répand une
odeur d’ail, surtout lorsqu'on la froisse entre les doigts. Le
lait des vaches qui en mangent prend un goût analogue. Ses
feuilles sont diurétiques, expectoranies et antiputrides. Leur
décoction est, dit-on, utile dans l’asthme humide, et leur
suc, quand elles sont fraîches, ou leur poudre, quand elles
sont sèches, a été vanté comme un excellent remède pour
guérir les ulcères gangréneux et carcinomateux. Les graines
sont âcres, irrilantes à peu près comme celles de la Mou-
tarde, mais un peu moins piquantes; pilées, délayées avec
du viraigre, et préparées en cataplasme, on les a employées
comme rubéfiant et stimulant extérieur. L’Alliaire paraît
mériter d’être plus usitée qu’elle ne l’est mamtenant.
57° Genre. — GIROFLÉE. CHEIRANTHUS. lan.
Folioles du calice droites, 2 d’entre elles un peu prolon-
gées ou bossues à leur base. Ovaire linéaire , terminée par 1
stigmate à.2 ou 5 lobes. Silique allongée, tétragone, ou cy-
Jlindrique et un peu comprimée , à 2 loges contenant des
graines entourées d’un rebord particulier.
GIROFLÉE DE MURAILLE, vulgairement Giroflée jaune,
… Wiolier jaune, Ravenelle.
Cheiranthus Cheiri. Lin. Spec. 924. — Keirt vel Cheiri.
Pharm. — ZLeuconium aureum. Matth. Valg. 877.
Sa racine ligneuse, vivace, donne naissance à une tige
dure, presque ligneuse dans sa partie inférieure, et ordinai-
rement nue et simple, ensuite divisée en rameaux plus ou
moins nombreux , hauts de 6 pouces à 1 pied, garnis de
feuilles lancéolées, aiguës, d’un vert gai, glabres. Ses fleurs
sont d’un beau jaune d’or, assez grandes, d’une odeur agréa-
ble, disposées en grappes terminales. L’ovaire est terminé
par 1 sligmate à 2 lobes. Le fruit est une silique allongée,
un peu comprimée , el à 2 loges contenant des graines ovales,
comprimées et entourées d’un rebord membraneux. Cette
espèce croit dans les fentes des murs et des rochers; elle
fleurit depuis le commencement du printemps jusqu’en été.
CRUCIFÈRES SILIQUEUSES, 87
Les feuilles et Les fleurs de la Giroflée de muraille sont ,
dit-on, céphaliques , antispasmodiques , anodynes; elles ont
aussi passé pour apérilives, diurétiques el emménagogues.
Leur dose est de 2 gros à demi-oyce en infusion ou légère
décoction acqueuse, et en infusion vineuse, pour 1 à 2 livres
de liquide. On en a conseillé l’usage dans la chlorose, les
affections hystériques, les accouchemens laborieux , la para-
lysie, les obstructions des viscères, etc.; mais pen de prati-
ciens emploient aujourd'hui cette plante. Les préparations
qu'on eu faisait jadis dans les pharmacies, comme la conserve
des fleurs, leur eau distillée et leur huile par infusion , sont
encore bien plus tombées en désuétude.
56° Genre. — VELAR. ERYSIMUM. Lan.
Folioles du calice serrées. Stigmate très-petit, simple et
en tête. Silique allongée, linéaire, tétragone , à 2 valves,
à 2 loges contenant des graines très-petites et arrondies.
VELAR DE SAINTE-BARBE, vulgairement Æ/erbe de
Sainte-Barbe, Herbe aux charpentiers , Julienne
jaune, Barbarée, Rondotte.
Erysimum Barbarea. Lin. Spec. 922. — Barbarea
Pharm.— Santæ Barbareæ herba. Fuchs. Hist. 746.
Sa racine est fusiforme, presque ligneuse, vivace; elle
donne naissance à 1 tige striée , droite , haute de 1 à 2 pieds,
rameuse dans sa partie supérieure, accompagnée à sa base de
feuilles en lyre, pétiolées , glabres, et garnie, dans le reste
de son étendue, de feuilles sessiles , simples, irrégulièrement
ovales, dentées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un beau
jaune, rapprochées, et disposées en grappes terminales. Les
fruits sont des siliques courtes, redressées , à 4 angles très-
peu saillans. Cette plante fleurit depuis le mois de mai Jus-
qu’en août ; elle se trouve dans les prairies humides et sur les
bords des ruisseaux.
La racine et les feuilles du Velar de Sainte-Barbe ont
une saveur âcre, moins prononcée que dans plusieurs autres
espèces de cette famille ; elles passent pour détersives, vul-
néraires et antiscorbutiques. On dit leur infusion aqueuse
utile dans les hydropisies commençantes. Dans quelques
cantons , les gens de Ja campagne et du peuple appliquent
les feuilles pilées sur leurs ulcères ou sur leurs plaies. Quel-
ques-uns les font macérer plus ou moins long-temps dans
86 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES,
l'huile, et regardent. ensuite celle-ci comme un excellent
baume pour guérir toutes leurs blessures. Les graines sont
apéritives et diurétiques selon Lobel ; mais très-peu de mé-
decins font aujourd’hui usage d'aucune partie de Herbe
de Sainte-Barbe.
59° Genre. — SISYMBRE. SISYMBRIUM. Lin.
Folioles du calice fermées ou demi-ouvertes. Style très-
court ou presque nul, terminé par 1 stygmate obtus. Si-
lique allongée, à 2 loges, à 2 valves droites, s’ouvrant sans
élasticité. :
SISYMBRE CRESSON , vulgairement Cresson de Fon-
laine, Cresson d’eau, Cresson aquatique.
Sisymbrium Nasturtium. Lin. Spec. 916. — Sisym-
brium Cardamine. Fuchs. Hist. 723. — Nasturtium
aquaticum. Pharm.
Sa racine fibreuse, vivace, produit une tige cylindrique,
légèrement striée, glabre comme toute la plante, couchée
à sa base sur la terre, ou nageant dans l’eau, et y prenant
racine, ensuite redressée, simple ou peu rameuse, longue
de 1 pied ou un peu plus, garnie de feuilles un peu succu-
lentes, d’un vert assez foncé, luisantes, composées de 5'à
g folioles ovales. Ses fleurs sont blanches, médiocrement
grandes, disposées en grappe terminale. Il leur succède des
siliques courtes , un peu recourbées , à 2 valves droites, et à
2 loges contenant plusieurs graines très-petites. Cette plante
croît dans les eaux des ruisseaux et des fontaines, ou dans
les prairies très-humides; elle fleurit depuis le mois de mai
jusqu'en automne.
Quoique le Cresson de fontaine ne soit pas le plus éner-
gique des antiscorbutiques, cependant il est un des plus
employés, probablement à cause de la facilité où l’on est de
pouvoir s’en procurer de fraispendant toute l’année. Non-
seulement on s’en sert beaucoup en médecine , mais encore
à Paris et dans beaucoup d’autres endroits on en fait une
grande consommation pour manger en salade, parce qu’il
a moins d'âcreté et que sa saveur est moins forte et plus
agréable que dans plusieurs autres espèces de la même fa-
mille. En médecine on regarde cette plante non-seulement
comme antiscorbutique, mais encore comme apéritive, dé-
purative, diurétique, et on l’emploie dans le scorbut, les
CRUCIFERES SILIQUEUSES. 0ÿ
scrophules, les maladies de la peau, les engorgemens des
viscères, l’hydropisie, etc. Le vulgaire l'appelle Za Santé
du corps. La meilleure préparation qu’on en puisse faire est
d’en retirer le suc, qu'on prescrit à la dose de 2 à 6 onces
par jour. On peut aussi faire entrer le Cresson dans les
bouillons et les tisanes, mais il faut que ce soit par simple
infusion, car il perd ses propriétés par l’ébullition.
On préparait autrefois, dans les pharmacies, une eau
distillée, un sirop particulier, un extrait et ce qu'on appelait
l'Extrait urineux de Cresson ; mais toutes ces préparations
ont vieilli et ne sont plus en usage. Les compositions les plus
usitées aujourd'hui, dont les feuilles de Cresson fassent
partie, sont le vin et le sirop antiscorbutiques.
SISYMBRE OFFICINAL, vulgairement Y’elar, Tortelle,
Herbe au chantre.
Sisymbrium officinale. Scop. Flor. Carn. 2 p. 26. —
Erysimum officinale. Lin. Spec, 922. — Erysimum.
Pharm. — Blackw. Herb. t. 26.
La racine de cette plante est annuelle, pivotante, avec
quelques fibres latérales, longues et menues; elle donne
naissance à une tige cylindrique, légèrement velue, ou pu-
bescente ainsi que toute la plante , droite , roide , haute de 2
pieds ou environ , divisée supérieurement en rameaux axil-
laires, effilés, presque ouverts à angle droit, et garnie de
feuilles roncinées ou en lyre, avec un lobe terminal plus grand
que les autres. Ses fleurs sont petites, d’un jaune pâle, dis-
posées en épis grèles le long des rameaux. Il leur succède
des siliques subulées, courtement pédonculées, appliquées
contre l’axe commun , et contenant plusieurs graines. Cette
espèce est commune dans les lieux incultes, les décombres
et sur le bord des chemins: elle fleurit en mai, juin et
juillet.
Le Sisymbre officinal est incisif, pectoral et légèrement
antiscorbutique. On lemploie en infusion théiforme , dans
l’asthme humide, dans les affections catarrhales chroniques,
et quand il est besoin de faciliter l’espectoration de l’hu-
meur muqueuse des bronches, devenue trop abondante. Cette
plante passe aussi pour être très-bonne dans l’enrouement,
d’où lui est venu le nom vulgaire d'herbe au chantre. Elle
fait la base d’un sirop connu dans les pharmacies sous le
nom de sirop d’érysimum, et que l'on prescrit assez fré-
40 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
quemment dans les mêmes cas où la plante pourrait con
venir. La plupart des chanteurs ÿy ont une grande con-
fiance, et en font un usage considérable, ;
SISYMBRE [R10. |
Sisymbrium rio. Lin. Spec. 921. — Jacq. FI. Aust.
15922.
Sa racine est fusiforme, aliongée, annuelle; elle produit
une tige cylindrique , droite , simple inférieurement , légè-
rement rameuse dans sa partie inférieure, haute de 1 à 2
pieds, garnie de feuilles roncinées ou presque pinnatfides,
glabres comme toute la plante: les supérieures sont entières
et linéaires. Ses fleurs sont d’un jaune pâle, petites , courte-
ment pédonculées , disposées en longues grappes. Il leur
succède des siliques grèles, très-allongées , à 2 loges con-
tenant des graines menues , nombreuses, roussätres. Ce Si-
symbre fleurit depuis le mois d'avril jusqu’à la fin de l'été,
et croît sur les bords des chemins, sur les vieux murs, dans
les lieux incultes'et les décombres, .
Cette plante a les mêmes propriétés que la précédente,
mais on l’emploie beaucoup plus rarement, et seulement à
son défaut.
SISYMBRE A PETITES FLEURS, vulgairement 7'halitron,
Sagesse des Chirurgiens.
Sisymbrium Sophia. Lin. Spec. 920. — Sophia Chi-
rursorum. Pharm.— Blackw. Herb. t. 440.
La racine de cette espèce est annuelle, pivotante, divisée
en quelques fibres ; elle donne naissance à une tige cylin-
drique, simple inférieurement , ordinairement divisée dans
sa partie supérieure en rameaux ouverts, haute de 1 à 2
pieds, garnie de feuilles deux fois ailées, à folioles menues,
d’un vert foncé, et plus ou moins pubescentes, ainsi que
toute la plante. Ses fleurs sont petites, jaunâtres, à pétales
pius courts que le calice, et disposées en grappes simples et
droites. Les fruits sont des siliques grêles , redressées, por-
iées sur des pédoncules ouverts, et contenant des graines
nombreuses dans chaque loge. Cette plante croît sur le bord
des champs, sur les murs de chaume et dans les lieux in-
cultes ; elle fleurit en mai et juin.
Foutesles parties de ce Sisymbre passent pour astringentes
et légèrement antiscorbutiques. Ses graines, prises à la dose
de 1 gros dans du vin, peuyent arrêter la diarrhée, et c’est,
CRUCIFÈRES SILIQUEUSES: gL
dit-on, un remède populaire dans divers cantons, Quel-
ques médecins les ont conseillées comme vermifuges, sudo-
rifiques et diurétiques. Le suc ou l'extrait des feuilles ou des
fleurs a été recommandé dans le crachement de sang, dans
les hémorragies utérines et dans les flueurs-blanches.
Go° Genre. — CRESSON. CARDAMINE. Lan.
Folioles du calice entr’ouvertes. Anthères en fer de flèche
à leur base. Silique à 2 loges, à 2 valves qui s’ouvrent avec
élasticité, et se roulent sur elles-mêmes de bas en haut.
Graines souvent aplaties et entourées d’un petit rebord
membraneux.
CRESSON DES PRÉS, ou CARDAMINE DES PRÉS.
Cardamine pratensis. Lin. Spec. 915. — Cardamine.
Pharm. — Nasturtium agreste. Fuchs. Hist. 525.
Sa racine est horizontale, fibreuse, vivace , blanchätre;
elle produit une tige droite, le plus souvent simple, un
peu glauque , haute de 1 pied, ou un peu plus, garnie de
feuilles ailées , glabres ; les inférieures ayant leurs folioles
arrondies, anguleuses, et les supérieures les ayant étroites ,
presque linéaires. Les fleurs sont assez grandes , d’un violet
clair, disposées en une grappe courte et terminale. Les
fruits sont des siliques longues et grèles. Cette plante croît
dans les prés humides et sur les bords des eaux ; elle fleurit
en avril et mai. ,
Le Cresson des prés approche beaucoup, par ses formes
extérieures, du Cresson de fontaine, et il a aussi la plus
grande analogie avec lui, quant aux propriétéss à dire
vrai, on ne peut guère, mème sous ce dernier rapport, éla-
blir de différence entre ces deux plantes, Le Cresson des prés
peut être employé dans tous les cas où l’on se sert de celui
de fontaine, et on peut aussi le manger en salade. En
France, nous préférons le dernier ; dans le nord de FEu-
=
?
rope, au contraire, on fait plus souvent usage du premier.
61° Genre. — RaDis. R4PHANUS. Lin.
Folioles du calice conniventes. Ovaire entouré de 4
glandes à sa base. Silique à plusieurs loges articulées l’une
au-dessus de l’autre, ne s’ouvrant pas, mais se séparant à
leurs articulations, et contenant chacune 1 graine.
92 CRUCIFÈRES SILIQUEUSES.
RaADIS CULTIVÉ, vulgairement Radis noir, Raïfort
cultivé, Raïfort des Parisiens. |
Raphanus sativus. Vin. Spec. 935. — Raphanus niger.
Lobel. Icon. 202. — Raphanus.Pharm.
La racine de cette plante est tubéreuse, turbinée-fusi-
forme, bisannuelle , noirätre extérieurement, blanche inté-
rieurement ; elle donne naissance à une tige très rameuse ,
haute de 2 ou 5 pieds, hérissée de poils courts qui la ren-
dent rude au toucher, garnie de feuilles dont les radicales
et les inférieures sont grandes, pétiolées , ailées ou lyrées,
divisées en lobes ovales ou arrondis, dentées en leurs bords,
rudes au toucher, le lobe terminal étaut beaucoup plus
grand que les autres: les feuilles supérieures sont simples et
sessiles. Les fleurs sont blanches, ou purpurines, pédon-
culées, disposées en grappes terminales et axillaires. Les
fruits sont des siliques articulées , renflées vers leur base,
terminées en pointe, etdivisées intérieurement en 2 loges
contenant des graines arrondies. Cetle plante passe pour
originaire de Ja Chine, mais on la cultive généralement
dans lous les jardins potagers; elle fleurit en juin et juillet.
La racine de Radis noir a une saveur âcre et piquante,
trés-prononcée ; c’est un bon antiscorbutique , dont cepen-
dant 6n se sert peu comme médicament, mais que l’on
« \ à
emploie davantage pour l’usage de la table , surtout à Paris.
Cette racine, fortement stimulante, aide el facilite la diges-
ion des personnes chez lesquelles cette fonction se fait len-
iement et difficilement. Rapée,ou écrasée, et appliquée
extérieurement , elle agit comme rubéfiant. Son suc édul-
coré avec du sirop, ou du miel, est utile dans l’asthme
humide et dans les maladies de reins et de la vessie, causées
par l'affection des membranes muqueuses, ou par la gravelle.
La Rave et le Radis blanc, variétés du Radis noir, selon
la plupart des botanistes , et formant les 2 principales variétés
d’une espèce distincte, selon quelques autres, ont des pro-
priélés analoguess; mais leurs racines élant plus tendres, et
ayant une saveur moins âcre et moins piquante , elles sont
beaucoup plas agréables au goût; et sous ce rapport, on en
fait, comme aliment, une consommation beaucoup plus
grande que du Radis noir. Les Raves et les Radis blancs
offrent d’ailleurs une quantité considérable de variétés en-
fantées par la culture, et dont on peut manger dans tous
LS DE
L 4
CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 93
les temps de l’année, par les soins que prennent les jardi-
niers de les semer à différentes époques, et de les mettre,
selon les saisons, sous chassis, sur couche , ou en pleine
terre.
#* Crucifères siliculeuses.
62° Genre. — CRANSON. COCHLEARIA. Lin.
Folioles du calice efffr’ouvertes. Anthères obtuses et com-
primées. Silicule en cœur, ou ovale, à 2 valves ayant leur
plus grand diamètre opposé à la cloison, à 2 loges conte-
nant 1 à 6 graines ovoides , dépourvues de rebord.
CRANSON OFFICINAL, ou COCHLÉARIA OFFICINAL, vul-
gairement Â/erbe aux cuiliers.
Cochlearia officinalis. Lin. Spec. 905. — Cochlearia
Jolio subrotundo. F1. Dan. t. 135, — Cochlearia. Pharm.
Sa racine , formée d’une souche demi-ligneuse , bisan-
nuelle, divisée en plusieurs fibres menues, donue naissance
à une tige légèrement anguleuse, très-glabre , comme toute
la plante, rameuse surtout dans la plante cultivée, haute
de 6 pouces à 1 pied. Ses feuilles sont un peu charnues,
d’un vert foncé; les radicales arrondies ou réniformes,échan-
crées en cœur à leur base , longuement pétiolées, creusées
en cuiller; celles de la tige, surtout les supérieures , sont
ovales , sessiles, anguleuses en leurs bords. Ses fleurs sont
blanches, disposées en grappe terminale. Le fruit est une
silicule terminée par une petite pointe formée par le style
persistant. Cette plante croit naturellement sur les bords
des ruisseaux , dans les Pyrénées, et dans les lieux humides
et maritimes de la Bretagne et de la Normandie. On la
cultive dans les jardins, où elle fleurit en mai, juin et
juallet.
Le Cochléaria a une saveur un peu âcre et amère ; il est
incisif, diurétique et surtout antiscorbutique. Il doit être
employé frais, car ses propriétés résident dans un principe
très-volatil qui se dissipe par la dessicgation. La même raison
fait qu'on ne doit pas le faire bouillir ; il faut le préparer
par infusion, et mieux encore en extraire le suc, qu’on
donne à la dose de 1 demi-once à 1 once. Les jeunes tiges,
et particulièrement les feuilles, sont les parties qu'on em-
ploie. On prépare, dans les pharmacies, ün esprit ardent
9* CRAUCIFÈRES SILICULEUSES.
de Cochléaria, dont la dose est de 20 gouttes à 1 gros dans
4 onces d’un véhicule aqueux ou vineux. On s’en sert avec
succès pour guérir les ulcères scorbutiques de la bouche et
des gencives, en en faisant laver ces parties. Les feuilles
de Cochléaria entrent dans le vin et le sirop antiscorbu-
tiques; leur conserve et leur eau distillée sont tombées en
désuétude.
Quelques personnes mangent en salade les feuilles de Co-
chléaria , soit seules, soit mêlées avec celles du Cresson de
fontaine. ;
CRANSON DE BRETAGNE , ou CRAXSON RUSTIQUE, vul-
gairement Cran-de-Bretagne, Cram-des- Anglais,
Moutarde-des- Allemands, Moutarde des-Capucins,
Moutardelle, Raifort sauvage, grand Raifort.
Cochlearia armoracia. Lin. Spec. 004. — ARaphanus
sylvestris. Blackw. Herb. t. 415. — Raphanus ruslica-
nus. Pharm.
Sa racine est cylindrique, très - longue, blanchâtre,
vivace ; elle donne naissance à une tige striée, rameuse,
haute de 2 pieds et plus. Ses feuillés sont, les unes radicales,
longuement péliolées, très grandes, ovales - oblongues,
souvent entières , simplement crénelées , quelquefois pinna-
üfides; les autres, placées sur la tige, sont sessiles , linéaires-
lancéolées , dentées ou incisées. Ses fleurs sont blanches,
d’une grandeur médiocre, disposées en plusieurs grappes,
dont l’ensemble forme une longue panicule. Les fruits sont
des silicules ovales, terminées par le style. Cette plante
croît naturellement sur les bords des ruisseaux et dans les
prés ; on la cultive dans les jardins, et elle fleurit en mai
et juin.
La racine de Raïfort sauvage, nom sous lequel cette
espèce est le plus généralement connue, surtout à Paris, ,
lorsqu'elle est fraiche, une odeur très-pénétrante, et une
saveur âcre, brülante et piquante, extraordinairement
forte. Cette racine, la seule partie de Ja plante qui soit en
usage, est incisive, diurétique, vermifuge , mais surtoul
fortement stimulante et lrès-anliscorbutique. On ne l’em-
ploie point en nature, mais seulement en infusion aqueuse,
ou vineuse , à la dose de 1 à 2 onces pour 2 livres deliquide.
On l’a conéeillée contre la toux, qui a pour cause une
pituite âcre el visqueuse, dans les rhumatismes , dans lhy-
CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 9
dropisie ; mais c'est particulièrement dans le scorbut que
soù usage est le plus efficace. Elle entre dans le vin et le
sirop antiscorbutiques; on en préparait autrefois une eau
distillée que l’on donnait comme diurétique et comme pou-
vant être utile dans la gravelle; mais cetle eau est aujour-
d’hui très-peu usitée.
Dans quelques cantons on rape la racine de Raïfort sau-
vage pour faire une sorte de moutarde dont on se sert pour
assaisonner les viandes , et pour exciter l'appétit. C’est à
cette préparation qu’on donne plus particuliérement le
nom de Moutarde-des- Allemands, où de Moutarde-des-
Capucins.
63° Genre. — TaBourEr. Z'4HLASpI. Lan.
Æ pétales égaux: Silicule arrondie ou ovale, rarement
triangulaire, échancrée au sommet, le plus souvent entou-
rée d’un rebord particulier + cette silicule est à 2 valves
ayant leur grand diamètre opposé à la cloison, et elle
est partagée en 2 loges contenant 1 ou plusieurs graines.
TABOURET CULTIVÉ, vulgairement Cresson alenois,
Cresson-des-jardins , Nasitort.
Thlaspi sativum. Crantz, Surp. Aust. 21. — Nastur-
tium hortense. Fuchs. Hist. 562. — Nasturtium. Pharm.
— Lepidium sativum. Lin. Spec. 899.
Sa racine pivotante, ou peu divisée, garnie latéralement
de beaucoup de fibres très-courtes et très-menues, donne
naissance à une tige cylindrique, glabre, ainsi que toute
la plante, haute de 1 pied, ou un peu plus, rameuse dans
sa partie supérieure. Ses feuilles sont d’un vert glauque;
les radicales, et celles du bas de la tige, une ou deux fois
ailées, à folioles diversement imcisées; les supérieures
linéaires , très-entières, ou chargées de quelques grandes
dents écarlées. Ses fleurs sont blanches, petites, disposées
en grappe à l’extrémité de la tige et des rameaux. L'ovaire
devient une silicule ovale, comprimée, chargée d’un rebord
particulier , échancrée à son sommet, et divisée en 2 loges
ne contenant que 1 seule graine. La patrie de celte plante
west pas connue; mais, cultivée depuis long-temps dans les
jardins , elle se propage d’elle-même jusque dans les cam-
pagnes. Ses fleurs paraissent en mai, juin et juillet.
Les feuilles de Cresson alenois ont une saveur un peu
Le
96 CRUCIFÈRES SILICULEUSES.
âcre, mais qui n'est point désagréable; elles sont diurétiques
et antiscorbutiques. On les emploie dans l’hydropisie, les
maladies de la peau, le scorbut, l’asthme pe On ne
doit s'en servir que lorsqu'elles sont fraîches; c’est pour-
quoi c’est ordinairement leur suc dont on fait usage, à la
dose de 2 à # onces. Autrefois on préparait, dans les phar-
macies, une eau distillée de Cresson alenois; aujourd’hui
elle est inusitée. Simon Pauli rapporte, d’après Ambroise
Paré, qu’un excellent remède pour guérir la gale et la
ieigne, est une pommade faite avec du saindoux et les
feuilles et les graines de celte plante. Ces mêmes graines
sont , dit-on, sudorifiques, et on en faisait jadis des émul-
sions qu'on donnait pour faciliter l’éruption de la petite-
vérole. Au reste, plusieurs personnes mettent, comme
assaisonnement dans les salades, des feuilles de ce Cresson,
qui, par leur goût piquant, relèvent la fadeur des autres
herbes, et les rendent plus faciles à digérer.
TABOURET DES cHAmPs, vulgairement Thlaspc des
Champs, Monnoyere. 4
Thlaspi arvense. Lin. Spec. 901. — Thlaspi. Blackw.
Herb. t. 66.
Sa racine est pivotante, annuelle; elle donne naissance
à une tige cylindrique, glabre, droite, un peu rameuse,
haute de 8 pouces à 1 pied, garnie de feuilles oblongues ,
seuni-amplexicaules, dentées en leurs bords, et même un
peu sinuées, d’un vert pâle. Ses fleurs sont blanches, petites,
pédonculées, disposées en grappes terminales au sommet
de la tige et des rameaux. Il leur succède des silicules apla-
ties, arrondies, entourées d’un large rebord , échancrées
à leur sommet, et contenant, dans chacune de leurs 2
loges, 4 à 6 graines noirâtres. Celte plante fleurit en avril,
mai el juin ; elle se trouve assez communément dans les
champs, les vignes et les lieux cultivés.
TABOURET BOURSETTE, vulgairement Boursette,
Bourse à berger, Bourse à pasteur, Mallette à
berger, Tabouret.
Thlaspi, Bursa pastoris. Lin. Spec. 903. — Bursa
pastoris. Pharm. et Blackw. Herb. t. 5.
Sa racine est pivotante, fibreuse, annuelle ; elle donne
naissance à une tige rameuse, haute de 1 pied, ou un peu
CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 9 7
plus, et garnie à sa base de feuilles légèrement pubes-
centes , pétiolées, oblongues, quelquefois très-entières, le
plus souvent roncinées, ou pinnatifides, toujours étalées en
rosette sur la terre. Les feuilles de la tige sont lancéolées,
plus ou moins dentelées en leurs bords, demi-embras-
santes et prolongées, de chaque côté, en forme de fer de
flèche. Les fleurs sont blanches, petites, disposées en grappes
simples qui s'allongent à mesure que la floraison avance,
de manière à occuper souvent plus de la moitié de la lon-
gueur de la tige. Les fruits sont des silicules triangulaires,
aplaties sur leurs deux faces, et sans rebord particulier :
chacune de leurs 2 loges contient 12 à 15 graines, Cette
espèce est extraordinairement commune dans les champs,
les lieux cultivés, et sur les bords des chemins; elle fleurit
depuis le commencement de l'hiver jusqu'aux gelées, qui
seules arrêtent sa végétation.
Le Tabouret des champs et la Boursette ont les mêmes
propriétés que le Tabouret cultivé; et comme ces deux es-
pèces sont plus faibles, et en général peu où point usitées,
nous n’entrerons pas dans de plus longs détails à leur sujet.
On trouve encore, dans les anciens ouvrages de matière
médicale, le Tabouret champêtre ( T'Alaspi campestre.
Lin. ), et le Tabouret alliacé, où à odeur d’ail ( 7 Alaspi
alliaceum. Lin.), indiqués comme apéritifs el antiscor-
butiques ; mais comme aucune vertu particulière ne les
rend plus recommandables que les autres espèces de leur
genre , dont nous avons déjà fait mention , nous nous con-
teulerons de les avoir cités. -
64° Genre. — PASSERAGE. LEPIDIUM. Lan.
4 pétales égaux. 2 à 4 des étamines avortant dans quel-
ques espèces. Silicule ovale, entière au sommet, à 2 valves
es leur grand diamèlre opposé à la cloison , à 2 loges
ne contenant ordinairement que 1 ou 2 graines, en renfer-
mant quelquefois plusieurs,
PASSERAGE A LARGES FEUILLES, Vulgairement grande
Passerage.
Lepidium latifolium. Lin. Spec. 899. — FI. Dan.
-t 557. — Lepidium sive Tberis. Pharm.
Sa racine est allongée , rampante, vivace; elle donne
uaissance à une tige cylindrique, glabre, de que toute
G6 CRUCIFÈRES SILICULEUSES.
la plante, droite, rameuse, haute de 1 à 2 pieds, ou da-
vantage, garnie de feuilles ovales-lancéolées, d’un vert
pâle ou glauque; les inférieures retrécies en pétiole à leur
base, et les supérieures sessiles, plus étroites. Ses fleurs
sont blanches, très-nombreuses et très-petiles, pédonculées,
disposées , à l'extrémité des rameaux, en grappes courtes,
rameuses , formant dans leur ensemble une large panicule.
L’ovaire devient une silicule ovale, presque arrendie, ob-
tuse, terminée par le stigmate sessile, et divisée en 2 loges
qui ñne contiennent que 1 graine. La grande Passerage fleu-
rit en mai, juin et juillet. On la trouve dans les lieux
humides, ombragés, et sur les bords des rivières.
Les racines et les feuilles de cette plante ont une saveur
âcre et aromatique qui approche de celle de la moutarde et
du poivre. On les a préconisées autrefois comme incisives ,
fondantes, diurétiques, toniques et antiscorbutiques. On
distillait aussi jadis, dans les pharmacies, les feuilles de la
grande Passerage avec de l’esprit-de-vin, et on en retirait
une essence qu’on employait dans le scorbut et dans Îles _
affections hystériques et hypochondriaques; mais cette pré-
paration est tombée en désuétude, et la plante elle-même
est irès-peu usitée maintenant, quoiqu’elle soït une des
espèces de sa famille dont les propriétés paraissent le plus
prononcées. |
En Danemarck, on mêle avec du vinaigre le suc exprimé
de ses feuilles , et on s’en sert dans la cuisine pour mettre
dans les sausses, ou pour assäisonner les viandes.
PASSERAGE IBÉRIDE, vulgairement petite Passerage,
Chasserage, Nasitort sauvage.
Lepidium Iberis. Lin. Spec. 900. — Iberis. Blackw.
Herb. t. 512.
Sa racine pivotante, demi-ligneuse, donne naissance à
une tige cylindrique, droite, roide , haute de 1 à 2 pieds,
divisée, dans sa partie supérieure , en rameaux nombreux,
menus, divergens. Ses feuilles radicales sont lancéolées ,
pétiolées, dentées ou incisées à leur sommet, quelquefois
pinnatifides , ou lyrées; celles de la tige sont linéaires,
glabres ainsi que les premières. Ses fleurs sont blanches,
très-petites , disposées en longues grappes à l'extrémité des
rameaux. Il leur succède des silicules ovales, retrécies vers
leur sommet, La petite Passerage croît dans les décombres
CRUCIFÈRES SILICULEUSES. 99
et sur les bords des chemins; elle fleurit en juillet, août et
septembre.
Toute cette plante a une forte odeur de Cresson, et ses
propriétés sont les mêmes que celles de la précédente. On
employait autrefois sa racine fraîche et pilée, en applica-
tion, pour calmer les doyleurs de sciatique , ou pour rap-
peler lasgoutte aux pieds; mais ce moyen n'est plus guère
en usage, surtout dans les villes. Toutes les fois qu’on veut
irriter et rubéfier la peau, on préfère généralement aujour-
d’hui, à toute autre substance, la farine de moutarde dé-
layée avec de l’eau ou du vinaigre, comme élant d’une
: préparation plus prompte et plus facile dans tous les temps.
En Espagne, selon Peyrilhe, on joint fréquemment l’infu-
sion de la petite Passerage au Quinquina, et l’on donne l’un
et l’autre avant l’accès en froid des fièvres intermittentes.
PASSERAGE DES DÉCOMBRES, vulgairement Cresson des
ruines.
Lepidium ruderale. Lin. Spec. 900. — Jberis sive Lepi-
dium. Matth. Valor. 606.
F
Sa racine pivotante, annuelle, garnie latéralement de
quelques fibres, donne naissance à une tige haute de 5 à 10
pouces, souvent divisée, dès sa base, en rameaux nom-
breux et divergens. Ses feuilles radicales sont ailées, à
folioles dentées ou pinnatifides ; celles du bas de la tige sont
pinnatifides , et les supérieures sont linéaires, très-entières.
Ses fleurs très-petites, le plus souvent dépourvues de pétales,
et n'ayant que 2 étamines, sont blanches, nombreuses et
disposées en grappes terminales. Les silicules sont ovales,
légèrement échancrées, chargées d’un petit rebord à peine
visible : le style, très-court et persistant, est placé au fond
de l’échancrure , et chaque loge ne contient que 1 seule
graine. Cette plante croît dans les décombres, au pied des
murs des villages , et sur le bord des champs; elle fleurit en
mai, juin et juillet.
D'après le témoignage du docteur Rubl, conseiller d'état
et médecin de l’empereur de Russie, le bas peuple, en Rus-
sie, se sert d'une infusion théiforme de cette Passerage,
appelée Ditoi-Kress, qu’on administre pendant le froid
des fièvres intermiltentes. En 1812, 1} régna beaucoup de
fièvres intermiltentes , et la cherté du Quinquina fit em-
ployer cette plante, Les docteurs Ruhl, Rittmeister , Tri-
9
4
100 CRUCIFÈRES SILICULEUSES.
nius, et Blum, s’en servirent ; l'herbe entière avait été re-
cueillie au mois de juin et juillet de l’année précédente, et
Von en faisait bouillir 1 demi-once dans 1 livre d’eau que
lon réduisait à 8 onces. Les malades attaqués de fièvres
tierces on quotidiennes en prenaient, pendant l’intermission,
deux cuillerées à bouche, de derx heures en deux heures.
De 40 qui prirent ce médicament , il n’y en eat que 2
qui ne furent pas guéris, quoiqu’on eût employé ce remède
sans la moindre préparation. Son usage pendant une seule
intermission suffisait déjà pour empêcher les accès. M. Hah-
nemann croit que cette plante est l’{beris des anciens, qui
en connaissaient déjà l'utilité ( Zxtr. du Bull. de la Soc.
med. d'émul. dans le Journ. de méd. d’octobre 1815,
vol. 34. p. 280 ).
65e Genre. — CORONOPE. CORONOPUS.
Folioles du calice entr'ouvertes. 4 des étamines avortant
quelquefois. Stigmate sessile, ou presque sessile. Silicule ré-
miforme , un peu convexe, ridée , nullement échancrée au
sommet, mais prolongée sur le style; ses 2 valves ne s’ou-
vrent pas naturellement, et ont leur grand diamètre opposé
à la cloison ; chaque loge ne contient que 1 graine. |
: CoroNOPE DE RUELLE, vulgairement Æmbrosie-des-
anciens, Ambrosie sauvage-rampante, Corne-de-
Cerf-d’eau , Cresson sauvage, Pied-de-Corneille-de-
Ruelle.
Coronopus Ruellii. Dalech. Hist. 1. p. 670. — Black.
Herb. t. 120. — Cochlearia Coronopus. Lin. Spec. 904.
— Coronopus sylvestris, sive Nasturtium verrucarium.
Pharm.
Sa racine pivotante, annuelle, donne naissance à une
tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, étalés et
couchés sur la ierre, glabres comme toute la plante, lougs
de 6 à 8 pouces. Ses feuilles sont pinnatifides , un peu glau-
ques , à découpures souvent profondément dentées ; les
radicales forment, avant le développement des rameaux,
une large rosetle étalée sur la terre. Les fleurs sont petites,
blanchätres, disposées le long des rameaux, ou à l’opposi-
tion des feuilles , en petites grappes-courtes, à peine pédon-
culées et presque sessiles. Les étamines sont au nombre de 6.
-
CRUCIFÈRES SILICULEUSES, Jot
Cette plante croît dans les lieux cultivés el sur les bords
des champs ; elle fleurit en juin , juillet et août.
Les feuilles du Coronope de Ruelle ont une saveur ana-
logue à celle du Cresson ; mais elles ont moins d'âcreté ;
elles sont antiscorbutiques, apéritives et diurétiques, mais
en général très-peu usilées en médecine, Dans quelques en-
droits, on les mange en salade, ou cuites, assaisonnées avec
du vinaigre; on les fait encore confire avec du sel.
66° Genre. — PAsTEL. {SA4TIS. Lin.
Anthères oblongues, latérales. Silicule oblongue , ob-
tuse, à x seule loge ne contenant que 1 graine, à 2 valves
creusées en carène, ne s'ouvrant pas naturellement.
PASTEL DES TEINTURIERS , vulgairement Guede, ou
Guesde.
Isatis tinctoria. Vin. Spec. 936. — Jsatis saliva.
Fachs. Hist. 531. — Zsatis sive Glastum. Pharm.
Sa racine demi-ligneuse , vivace, donne näissance à une
tige droile, cylindrique, ou peu anguleuse, lisse, haute
de 2 à 3 pieds, simple inférieurement, rameuse dans sa
partie supérieure. Ses feuilles sont le plus souvent glabres,
d’une couleur un peu glauque, les unes radicales, lan-
céolées, rétrécies eñ pétiole à leur base, les autres portées
sur la tige, sessiles, semi-amplexicaules, prolongées de
chaque côté de leur base, ce qui leur donne la forme d’un
fer de flèche. Ses fleurs sont petites, jaunes, nombreuses,
disposées, à l'extrémité des rameaux , en plusieurs grappes
formant dans leur ensemble une panicule très-garnies leur
calice est formé de 4 folioles caduques; leur corolle est com-
posée de 4 pétales obtus ; les étamines sont au nombre de 6,
dont 2 plus courtes; et l'ovaire est comprimé ,. terminé
par 1 stigmate sessile et en tèle. Cette plante fleurit en avril,
mai et juin; on la trouve sur les collines, dans les terrains
caleaires et pierreux. |
Le Pastel est fort pen et même point du tout employé
en médecine maintenant, quoiqu'on ait vanté ses feuilles
pilées et appliquées sur les tumeurs, comme étant puissam-
ment résolutives, et quoique Lemery dise qu'enles mettant
sur les poignets elles guérissent les fièvres intermittentes. Les
paysans provençaux s’en servent, dit-on, pour guérir la
jaunisse, Ces feuilles ont une sæveur âcre et piquanle, qui
G3
102 CRUCIFÈRES SILICULEUSES.
approche de celle du Cresson et de la Roquette, ce qui doit
faire croire qu'elles sont antiscorbutiques comme cesplantes..
On retire des feuilles de Pastel, par la macération dans
l'eau, et à l’aide de procédés particuliers, une fécule ana-
logue à lindigo, et qu’on peut substituer à celte substance
dans la teinture en bleu ; mais la couleur qu’elle fouruit
u’est pas toujours aussi belle ni aussi solide.
Les vaches et les moutons broutent volontiers les feuilles
de cette. plante; les chèvres et les chevaux n’en veulent
point.
Famille XVIL
CAPPARIDÉES.
Les Capparidées indigènes ne comprenant qu’un seul
genre, leur caractère botanique et leurs propriétés géné-
rales se trouvent réduits à ceux de ce dernier.
67° Genre. — Caprier. C4PARIS. Lin.
Calice de 4 folioles caduques. Corolle de 4 grands pétales.
Etamines nombreuses, insérées au réceptacle, à filamens au
moins aussi longs que les pétales. 1 ovaire supérieur pédi-
eulé, surmonté d’un stigmate sessile et en tête. Silique ovoïde
ou cylindrique, charnue, bacciforme, contenant des grai-
nes nombreuses, nichées dans la pülpe.
CAPRIER ÉPINEUX, vulgairement le Céprier.
Capparis spinosa. Lin. Spec. 720.—Capparis. Blackw.
Herb. t. 417. — Pharm.
Ses racines sont ligneuses, vivacès, longues, nombreuses,
revêtues d’une écorce épaisse ; elles donnent naissance à
plusieurs tiges cylindriques, glabres, un peu ligneuses, sar-
menteuses, longues de 2 à 5 pieds, garmies de feuilles alter-
nes, pétiolées, ovales-arrondies, un peu charnues, lisses,
munies à leur base de 2 petites stipules courtes, crochues
et épineuses. Ses fleurs sont grandes, belles, blanches ou
légèrement purpurines, portées sur des pédoncules solitaires,
axillaires et un peu plus courts que les feuilles. Le fruit est
une silique charnue de la forme d’une poire et de la gros-
seur d’un gland. Cette plante croît naturellement er Pro-
vence dans les lieux pierreux, et dans les fentes des ro-
chers et des vieilles murailles ; elle fleurit en mai et juin :
CAPPARIDÉES. "105
on la cultive pour récolter les boutons de ses fleurs et ses
jeunes fruits. -
Toutes les parties du Câprier , et surtout l’écorce des ra-
cines, ont une saveur âcre, amère, et un peu acerbe; c’est
de cette écorce qu’on fait usage en médecine, comme apé-
ritive, résolutive et diurétique : on la compte au nombre
des 5 racines dites apéritives mineures: mais elle est main-
tenant beaucoup moins employée qu’autrefois , où on la
_ conseillait dans les obstructions des viscères du bas-ventre ,
dans les ‘affections hypocondriaques , dans la paralysie, et
pour exciter les menstrues, Sa dose en substance et en pou-
dre est de 1 demi-gros à 1 gros, et de # gros à 1 once en
décoction dans 1 à 2 livres d’eau.
Comme assaisonnement les boutons de Cäprier, c’est-à-
dire les fleurs avant leur épanouissement, confits dans le
vinaigre, et connus sous le nom de Cépres , ou les jeunes
fruits préparés de la même manière, sous le nom de Cor-
nichons de Câprier , sont d’un usage plus général, et sont
servis sur les meilleures tables. Les uns et les autres ont une
saveur piquante et assez agréable, qu'ils doivent princi-
palement au vinaigre; ils sont propres à exciter l'appétit,
et conviennent aux personnes d’un tempérament froid et
lymphatique, dont ils peuvent faciliter la digestion ; mais ils
sont trop irritans, et ne seraient pas propres pour celles
d’une constitution opposée.
Les racines du Câprier et les Câpres entrent dans plusieurs
compositions pharmaceutiques, et particulièrement dans
l'huile de Câpres, dont l'usage est aujourd’hui tombé en
désuétude.
Famille XVI.
PAPAVÉRACÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractéresgénéraux
1 calice de 2 folioles caduques; 1 corolle de 4 grands
pétales; des étamines en nombre indéfini$-1 ovaire supé-
rieur, surmonté d’un stigmate sessile ; 1 capsule ou 1 silique,
June et l’autre polyspermes.
Les Papavéracées sont des plantes herbacées, à feuilles
-alternes , contenant un suc propre, lactescent ou coloré; à
fleurs souvent terminales.
Cette famille, quoique peu nombreuse en espèces, est
G 4
Ù
104 PAPAVÉRACÉES.
une des plus importantes du règne végétal, sous le rapport
de ses propriétés médicinales. Le suc propre, Jactescent et
très-amer du Pavot somnifère donne cette substance que
nous appelons opzum , narcotique par excellence , mais dont
la propriété essentielle, susceptible de se modifier selon les
doses, possède plusieurs autres vertus très-recommandables
dont la médecine retire de grands avantages. Les autres
Pavots recèlent aussi le même principe et les mêmes pro-
priétés, mais dans un degré beaucoup plus faible. Le suc
propre de la Chélidoine et du Glaucier est jaune 'âcre, un
peu caustique , apéritif et purgatif. |
68° Genre. — PAVOT. PA4PAVER. Lin.
Calice de 2 folioles. 4 pétales plus grands que le calice,
Etamines très-nombreuses. Stigmate plane, en écusson,
marqué de lignes disposées comme des rayons. Capsule glo-
buleuse, ovale ou oblongue, s’ouvrant sous le stigmate en
autant de trous qu'il y a de rayons à celui-ci, et contenant
un grand nombre de graines.
PAVOT SOMNIFÈRE, vulgairement Pavot blanc, Pavot
noir, Pavot des jardins.
. Papaver somniferum. Lin. Spec. 726. — Bull. Herb.
t. 57. — Papaver album et Papaver nigrum. Pharm.
Sa racine fusiforme , blanchâtre , annuelle, donne nais-
sance à une tige cylindrique, glabre, glauque comme toute
la plante, simple, ou rameuse à $a partie supérieure, haute
de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles oblongues, semi-amplexi-
caules, à moitié partagées en lobes opposés, et inégalement
dentés en leurs bords. Ses fleurs sont terminales, très-
grandes, el porlées sur d’assez longs pédoncules; elles va-
rient par mille nuances différentes, depuis le blanc jusqu’au
rouge et au violet le plus foncé, toujours marquées à leur
base d’une couleur pourpre ou noiïrâtre, plus intense que
le reste de la fleur. Le frait est une capsule s’ouvrant sous
le stigmate par 10 trous ou davantage, selon le nombre des
rayons du stigmate, et contenant une grande quantité de
graines blanches, srisâtres ou noirâtres ; ce qui a donné lieu
de distinguer dans l'espèce deux variétés principales, l’ane
désignée sous le nom de Pavot blanc, et autre sous celui de
Pavot noir. Cette plante est indigène de l'Orient; mais elle
PAPAVÉRACÉES. 102
est aujourd’hui naturalisée-dans presque loule l'Europe, et
elle est très commune dans les jardins où plusieurs de $es
variétés sont cultivées à cause de la beauté de leurs fleurs
qui paraissent en mai, juin et juillet.
Toutes les parties du Pavot somnifére rendent, à la moin-
dre déchirure qu'on leur fait, un suc laiteux , peu sensible
dans les fleurs, excepté dans les folioles du calice, un peu
plus développé dans les feuilles et dans les tiges, mais très-
abondant dans les ovaires, les capsules encore jeunes et
tendres, et dans les pédoncules qui les soutiennent. Ce suc,
recueilli dans l'Orient par des incisions faites aux capsules,
ensuite desséché à l'air libre et ramassé en masse solide,
forme une substance gommo-résineuse , d’un rouge-brun,
ayant une odeur forte et fétide, dite vireuse, et une saveur
âcre, arnère, chaude et nauséabonde. Ce suc concret, tel
qu’on le trouve dans le commerce, et connu en médecine
sous le nom d'Opium thébaïque, contient une matière âcre
et résineuse, désignée plus particulièrement sous le nom
de vireuse, laquelle est unie à la partie extractive. Cette
dernière étant principalement celle dans laquelle résident
les vertus utiles de l'Opium, tandis que ses propriétés dan-
gereuses paraissént tenir à la portion vireuse , les pharma-
ciens ont cherché et sont parvenus à isoler ces deux parties
l’une de l’autre, et la préparation qu'on fait dans les phar-
macies, de la malière extraclive dépouillée de la partie
vireuse, est connue sous le nom d'extrait gommeux d'O-
pium. C’est celle dont on fait, surtout intérieurement , le
plus d’usage en médecine.
L’Opium est le plus précieux des médicaruens connus, et
c'est en même temps celui dont l'usage est approprié à un
plus grand nombre de cas. 11 n'a pas, comme certaines per-
sonnés le croient , que la propriété de suspendre momen-
tanément les douleurs, et de procurer un sommeil forcé , il
agit souvent d'une manière héroïque : il guérit des maladies
qui résisteraient à tous les autres médicamens, et il arrache
quelquefois des malades des portes du trépas. Mais n'eût-il
que la propriété de calmer les souffrances que certains ma-
lades endurent , ou de procurer un sommeil paisible à ces
malheureux en proie à des douleurs déchirantes, et qui
n'ont pour perspective à leurs maux qu'une mort souvent
bien longue à venir, surtout dans ces maladies contre les-
quelles la médecine n'est que trop fréquemment impuis-
100 PAPAVÉRACÉES. j
sante ; l'opium , disje, n'eût-il que cette propriété, serait
encore un médicament infiniment précieux. do: ::
Les principaux cas dans lesquels on a employé l’opium
avec le plus de succès, sont les insommies habituelles ou
celles qui arrivent après les longues maladies ; les flux im-
modérés de toute nature, comme la diarrhée, la dyssen-
terie, le choléra, lorsqu'ils ne reconnaissent pas pour cause
la sabure des premières voies; les hémorragies; les affec-
tions spasmodiques , convulsives , tétaniques , et toutes les
névralgies dont la classe est si nombreuse et si variées les
fièvres intermittentes rebelles, en le donnant quelque temps
avant le paroxysme ; les fièvres malignes et les fièvres ner-
veuses accompagnées d’insomnie opnâtre ; les fièvres per-
nicieuses ; les affections vénériennes anciennes; les douleurs
de toute espèce; les cancers du sein, de l’utérus, etc.
La dose de l'extrait aqueux d’opium, dit vulgairement
extrait gommeux, est de 1 demi-grain à 2 graimss; mais,
dans les cas extraordinaires , il faut des doses beaucoup
plus élevées pour obtenir des résultats avantageux ; j’ai donné
deux fois avec succès à une malade qui avait une crampe
d'estomac d’une violence extrême, 24 grains de cet extrait
en une heure de temps, et une troisième fois jusqu’à #2
grains en 6 heures.
Je crois avoir prouvé dans mon Mémoire sur le Pavot
somnifère (1), que cette plante pouvait fournir en France
de véritable opium , et surtout qu'il était facile d’en retirer
des extraits qui, à raison de leurs vertus similaires avec
l'extrait gommeux d’opium, pouvaient être substitués avec
d'autant plus d'avantage à ce médicament exotique, qu'ils
étaient tout-à-fait exempts de l’odeur et du prmcipe vireux
dont il n’est pas possible de débarrasser entièrement le der-
nier; il faut seulement donner ces extraits à des doses plus
fortes. (Voyez à ce sujet le Mémoire cité.)
L’Opium s’administre non-seulement sous forme solide ,
ou d'extrait, mais on en fait, dans les pharmacies , en le
dissolvant dans du vin de liqueur, ou dans l’alcocl, plu-
(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouyrage, le Mémoire ayant
pour titre : Observations sur la possibilité de retirer du Pavot
somnifère , cultivé en France, soit de véritable opium en larmes ,
soit différens extraits, etc.
PAPAVÉRACÉES. 107
sieurs préparalions liquides, ou teintures , dont les plus
usitées sont le Laudanum liquide de Sydenham, ou gouttes
anodynes, et la teinture de Rousseau, dont les doses ordi-
naires sont de 10 à 40 gouttes L’Upium entre dans une
foule d’autres compositions pharmaceutiques, comme la
Thériaque, le Diascordium, l’'Orviétan ,l'emplâtre calmant ,
les pilules de Cynoglosse, le sirop d'Opium, le sirop de
Karabé, etc. Plusieurs de ces médicamens doivent presque
toutes leurs vertus à l’Opium. Le sirop diacode, ou de
Pavot blanc, qui est d’un usage très-fréquent , doit se pré-
parer avec les têles sèches du Pavot; quelques pharmaciens
cependant le font avec l'Opium. Ce sirop se donne à la dose
de 1 gros jusqu à 1 once.
L’Opium administré en lavement agit de la même ma-
nière que lorsqu'il est pris par les voies supérieures; mais il
faut , en général, le donner à une dose un peu plus forte, et
on s’en sert d’ailleurs beaucoup moins souvent de celte ma-
nière, qu’on ne fait usage de la décoction des têtes sèches
du Pavot. Celles-ci sont en possession d’entrer de préfé-
rence dans presque tous les lavemens calmans.
Appliquées à l'extérieur en liniment, ou en fomentation,
les dissolutions d’'Opium agissent comte sédatives, et l’on
en retire souvent de l’avantage dans les névralgies qui pa-
raissent avoir leur siége dans les muscles. La dose de cette
manière ne peut être exactement précisée ; elle dépend de la
facullé absorbante de la peau plus ou moins développée
dans les différens individus. J’ai employé POpium de cette
manière depuis 10 grains jusqu’à 1 once.
Si l'Opium est souvent un excellent remède, il ne faut
pas dissimuler que son administration a besoin d'être dirigée
avec beaucoup de circonspection ; et que s'il peut étre un
moyen efficace de salut entre les mains d’un sage médecin ,
il peut devenir un poison dangereux dans des mains inha-
biles. L/Opium à haute dose est une substance fortement
délétère, et qui souvent a donné la mort; mais le vulgaire
doit être désabusé sur le genre de mort qu’il cause. On croit
assez généralement qu’il ne faut qu’en prendre une dose
un peu forte pour s'endormir d’un paisible et élernel som-
meil; mais le plus souvent la fin de l’existence n'arrive
qu’après des douleurs et des angoisses violentes. Les accidens
qui accompagnent l’empoisonnement par l'Opium sont
quelquefois, il est vrai, un assoupissement profond, avec
108 . PAPAVÉRACÉES.
respiralion slerloreuse, yeux immobiles , el élat apoplec-
tique qui ne paraît pas être douloureux; mais le plus sou-
vent il y a céphalalgie, anxiété, hoquets, vomissemens ,
cardialgie, fortes douleurs abdominales, convulsions vio-
lentes, défaillances, sueurs froides, et dans tous les cas la
mort, lorsqu'on n'a pu remédier à ces accidens;, ce qui est
le plus souvent impossible quand ils sont portés à un haut
degré.
Les premiers moyens à employer pour remédier aux
empoisonnemens par l'Opium sont les émétiques ; ensuite,
lorsque les malades ont rejeté tout ou partie du poison,
par les vomissemens, on donne des boissons assez fortement
acidulées avec les acides végétaux , et des lavemens de
même nature; enfin on a recours aux excitans et irritans
extérieurs, comme les synapismes et les vésicatoires.
D'après l'analyse de l’Opium , faite dernièrement par
M. Sertuerner, ce chimiste allemand a trouvé dans l'Opiam
deux substances particulières. L'une, qu'il dit être une
base alcaline de nature végétale, est nommée par lui Mor-
phine ; il la regarde comme contenant la partie efficace
de l’'Opium. L'autre, qu’il a reconnue pour être un nouvel
acide végétal cristallisable, a reçu de lui le nom d’Æcide
mnéconique. Peu avant M. Sertuerner, ou presque en même
temps que lui, M. Dervsne, pharmacien à Paris, avait fait
un travail sur l’'Opium, d’après lequel il avait trouvé dans
cette substance deux stls différens, dont celui qu'il avait
nommé sel essentiel d’'Opium est la mème chose que la
Morphine, et dont le second est le même que l’acide rmé-
conique de M. Sertuerner. D’après les essais de M. le doc-
teur Orfila, pour connaître l’action de la Morphine sur l’é-
conomie animale, les effets produits par cette substance pure
.sont moindres que ceux causés par l'extrait d'Opium, ce
qui paraît dépendre du peu de solubilité de cette dernière
substance ; mais les sels solubles de Morphine agissent avec
la même intensité, et produisent les mêmes effets que l’ex-
irait pur ; d’où M. Orfila conclut que les effets de lOpium
doivent être attribués à un sel de Morphine; car lextrait
aqueux d’Opium, exactemeut dépouillé de Morphine, peut
être donné impanément à trés-haute dose. Enfin, selon le
même , 6 grains de Morphine , dissous dans huile d'olive ,
sont aussi actifs que 12 grains d'extrait aqueux. Au reste ,
quelque curieuses que soient ces recherches sur l'analyse de
PAPAVÉRACÉES. 109
l'Opium , il ne paraît pas qu’elles soient susceptibles d’avoir,
dans la pratique de la médecine , aucune influence sur l’ad-
ministralion de ce médicament.
Les graines de Pavot sont douces et oléagineuses, et ne
participent nullement aux propriétés de la plante. On en
retire, par expression, une huile qu’on substitue, dans plu-
sieurs pays du Nord , à l'huile d'Olive, et qui sert de même
à tous les usages économiques de la vie domestique. Elle
ne se fige pas au froid, comme celle d'Olive, et elle est
moins grasse. On la connaît dans le commerce sous le nom
d'Auile d Œillet.
Pavor CoQUELICOT, vulgairement Pavot rouge , Co-
quelicot, Coq, ou Ponceau.
Papaver Rhæas. Lin. Spec. 726. — Papaver errati-
cum vel Rhæas. Blackw. Herb. t. 2. — Papaver rubrum,
erraticum. Pharm.
Sa racine pivotante et annuelle donne naissance à une
tige droite, cylindrique, plus ou moins rameuse dès sa
base, haute de 1 à 2 pieds, chargée, ainsi que les feuilles
et les pédoncules, de poils droits, plus ou moins nombreux,
et garnies de feuilles d’un vert gai, pinnatifides, à décou-
pures quelquefois simplement dentées, le plus souvent pro-
fondément partagées en divisions élroiles. Ses fleurs sont
d’un beau rouge ponceau, tachées de rouge noirâtre à leur
base , et larges de 3 pouces et plus. Cette plante est très-
commune dans les moissons et les champs cultivés; elle
fleurit en juin et juillet.
PAVOT DOUTEUX.
Papaver dubium. Lin. Spec. 726. — F1. Dan. t. 902.
Sa racine , comme dans les deux espèces précédentes,
est pivotante, annuelle, et donne naissance à une tige droite,
haute de 1 à 2 pieds, plus on moins rameuse, chargée,
ainsi que les feuilles , de poils droits, épars, et garnie de
feuilles pinnatifides, à découpures assez larges, dentées
profondément , ou même laciniées, et d'une couleur un peu
glauque. Ses fleurs sont d’un rouge-ponceau un peu pâle,
marquées , à la base des pétales, d’une tache purpurine-
noirâtre, solitaires , à l'extrémité de la tige el des rameaux,
sur des pédoncules ordinairement plus longs que les tiges
elles-mêmes, Les capsules sont ovales-allongées, glabres,
/
110 PAPAVÉRACÉES.
couronnées par 1 stigmate à 6 ou & rayons. Cette espèce
fleurit en mai, juinet juillet ; elle se trouve dans les moissons,
et surtout dans les champs sablonneux.
Le Pavot rouge, ou Coquelicot , et le Pavot douteux ont
les mêmes propriétés que le Pavot somnifére, mais elles
sont beaucoup moins développées et bien moins énergiques.
On peut en retirer des extraits propres à être substitués
à l’'Opium, dans les mêmes maladies où il ÿ a indication
d'employer ce médicament exotique. L’extrait retiré des
tiges des feuilles et des capsules du Pavot douteux (1) mé-
lées ensemble, peut se donner à la dose de 12 à 15 grains,
au lieu de 1 grain d'Opium ; et celui préparé avec les cap-
sules seules du Coquelicot, à la dose de 4 à 6 grains; mais
dans la pratique ordinaire , ôn se sert moins de l’extrait de
ces deux plantes que des pétales de leurs fleurs. Ces pétales
sont adoucissans , calmans, et on les prescrit dans les affec-
tions catarrhales, dans la coqueluche, dans les maladies
inflammatoires de la poitrine, et principalement dans la
pleurésie. Ou les prépare en infusion théiforme, à la dose
de 1 gros à demi-once pour 1 pinte d’eau. On faits dans
les pharmacies, surtout avec ceux du Coquelicot commun,
un sirop qui porte le nom de sirop de Pavot rouge, du de
Coquelicot, el qui se prescrit dans les mêmes cas que l’in-
fusion des fleurs, ou pour édulcorer les boissons des malades,
ou pour mettre dans Jes potions calmantes. |
69° Genre. — CHÉLIDOINE. CHELIDONIUM. Lin.
Calice de 2 folioles ovales. Corolle de 4 pétales. Etamines
nombreuses. Ovaire cylindrique, surmonté de 1 stigmate
sessile. Silique à : loge. |
CHÉLIDOINE GRANDE , vulgairement grande Chéli-
doine, Eclaire, Felougue.
Chelidonium majus. Län. Spec, 725. — Pharm. —
Blackw. Herb. t. 91. ,
Sa racine est fusiforme , d’un jaune foncé, vivace, di-
visée en plusieurs fibres; elle donne naissance à une tige
cylindrique, droite, -:rameusc, haute de 1 à 2 pieds, ren-
(1) Voyez dans la 2° partie de cet ouvrage mes Observations
sur les espèces de Pavot, autres que le Pavot somuifère, ctc.
FAPAVÉRACÉES. 111
dant, à la moindre déchirure, ainsi que toute la plante,
un suc d'un jaune safrané; Ses feuilles sont alternes ,
ailées, à folioles écarlées, un peu glauques, plus ou moins
découpées en lobes arrondis et crénelés. Ses fleurs sont
d’une couleur jaune d’or, pédonculées et disposées 4 à 8
ensemble, en ombelles portées sur un long pédoncule op-
osé aux feuilles. Le fruit est une silique grêle, longue
de 15 lignes à 2 pouces, à 1 loge contenant plusieurs graines
noires et luisantes. Cette plante croît dans les haies, les
buissons et au pied des murs; elle fleurit en mai, juin
et juillet.
Le suc propre dont toutes les parties de la grande Chéli-
doine sont remplies, surtout celui de la racine , est amer,
âcre et brülant ; appliqué extérieurement , et à plusieurs
reprises, sur les porreaux et les verrues, 1l les détruit, Ce
suc a été très-vanté par les anciens, en l’introduisant par
gouttes dans l’œii, pour guérir les ulcères et les taies de la
cornée transparente; mais son âcrelé peut causer des in-
flammations pires que le mal qu’on cherche à guérir ,'ce
qui fait qu’on ne doit employer ce moyen qu’avec la plus
grande circonspection. La grande Chélidoine, en général,
passe pour apéritive, fondante, diurétique, purgative, su-
dorifique et fébrifuge. On en a conseillé l’usage intérieure-
ment dans l’hydropisie, la jaunisse, obstruction des vis-
cères, les scrophlues, la chlorose, les fièvres intermittentes,
la syphilis. La dose du suc de la plante entière , ou des ra-
cines , est de demi-gros à 1 gros dans 4 à 6 onces d'un
véhicule aqueux : celle de la racine sèche en poudre est de
12 à 56 grains, et celle de cette même racine fraîche, dé 1
gros à 1 once en décoction dans 1 pinte d’eau ; mais en
général toutes ces préparalions ne sont que peu ou poim du
toul usitées. L’eau distillée de grande Chélidoine, regardée
autrefois comme un merveilleux remède ophtalmique, a
perdu maintenant tout son crédit, et est tombée en désué-
tude.
70° Genre. — GLAucier. GLAUCIUM. Tournef.
Ce genre diffère du précédent, parce que sou fruit est
une capsule à 2 loges. .
GLAUCIER JAUNE, vulgairement Pavoé cornu, Chéli-
doine cornue.
112 PAPAVÉRACÉES.
Glaucium luteum. Smith. FL Brit. 563. — Glaucium. _
Pharm.— Chelidonium Glaucium. Lin. Spec. 924.—FI.
Dan. t. 585.
Sa racine est fusiforme, brunâlre , yivace; elle donne
naissance à une tige cylindrique, Hsse, Auot: simple infé-
rieurement, rameuse dans sa parlie supérieure, haute de
1 pied à 1 pied et demi, d’une couleur glauque ainsi que
toute la plante. Les feuilles qui partent immédiatement de
la racine sont pubescentes sur leurs deux faces, rétrécies en
pétiole à leur base, découpées en lyre ou pinnatifides, à
lobes bordés de grandes dents aiguës. Les feuilles supé-
rieures sont à peine pubescentes, en cœur à leur base et semi-
amplexicaules, sinuées en leurs bords; ses fleurs sont d’un
beau jaune d’or , larges de 2 pouces, solitaires , portées sur
de courts pédoncules opposés aux feuilles. On trouve cette
plante dans les terrains sablonneux et graveleux, dans les
décombres; elle fleurit en juin, juillet et août.
Le suc de Glaucier est âcre et caustique comme celui de
la grande Chélidoine, et ses propriétés essentielles paraïssent
être les mêmes; mais, de mème que celui-ci, 1l n’est point
en usage aujourd’hui. Cependant W endt dit avoir employé
cette plante avec avantage dans les maladies vénériennes.
En Provence, les paysans se servent des feuilles pilées pour
les appliquer sur les ulcères des bêtes de somme.
Famille XIX.
RÉSÉDACEES.
Les plantes comprises sous ce nom ne renferment jusqu’à
présent qu’un seul genre ; ce qui fait que les caractères et
les propriétés de la famille se réduisent à ceux que celui-ci
présente.
71° Genre. — RÉSÉDA. RESEDA. Lin.
Calice d’une seule pièce, à 4 ou 6 découpures persistantes.
4 à 6 pétales inégaux, irréguliers, les uns frangés ou divi-
sés, les autres entiers. 12 à 20 éiamines. 1 ovaire supérieur,
pédiculé, surmonté de 5 à 5 styles. Capsule anguleuse, à
1 loge, ouverte par le sommet, et contenant plusieurs grai-
nes attachées à ses parois,
RÉSÉDACÉES. 113
. RÉSÉDA DES TEINTURIERS, vulgairement Gaude, Herbe
a jaunir, Herbe jaune.
Reseda Luteola. Lin. Spec. 645. — Luteola. Blackw.
Herb. ts 203.
Sa racine est pivotante; elle a une odeur forte , une saveur
âcre, et elle donne naissance à une tige cylindrique, droite,
roide, ordinairement simple, haute de 1 pied et demi à 3
pieds, garnie de feuilles linéaires-lancéolées, un peu ob-
tuses, alternes , glabres comme toute la plante et d’un vert
clair. Ses fleurs sont petites, d’un jaune verdâtre , très-
nombreuses, portées sur de courts pédoncules, et disposées
en épi terminal : leur calice est à 4 divisions; leur corolle
est composée de 4 pétales, dont le supérieur plus grand que
les autres et découpé en plusieurs divisions ; les étamines
sont au nombre de 12 ou environ; l’ovaire est surmonté de
5 styles. Cette plante croît dans les lieux stériles, et sur les
bords des champs et des chemins; elle fleurit en juin et juillet.
La Gaude passe pour apéritive; mais elle est aujourd’hui
peu ou point employée en médecine. Les teinturiers s’en
servent pour leindre en jaune.
Famille XX.
VINIFÉÈRES.
La Vigne cullivée élant la seule espèce comprise dans
cette fanulle, il devient inutile de donner ici les caractères
de cette dernière, et de rapporter sommairement ses pro-
priétés; celles-ci, comme les caractères, étant les mêmes que
ceux qui vontêtre présentés à l’article de la Vigne.
© ‘72° Genre. — ViGnE. ’1718. Lan.
Calice très-petit, à 5 dents. à pétales adhérens par leur
sommet, restant réunis en forme de coifle, et se détachant
par le bas. 5 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté de :
stigmate sessile. 1 baie à 1 loge contenant 1 à 5 graines.
VIGNL CULTIVÉE. A be
Vitis viniféra. Lin. Spec. 295. — Pharm. — Black w.
Herb. t. 153, ; x |
Grand arbrisseau sarmenteux, divisé en rameaux fort
longs, souples, noueux, s'attachant anx corps! qui sont
dans leur voisinage , par des vrilles ramifiées, opposées aux
feuilles, centourntes en spirale, et s'élevant, par ce moyen,
114 VINIFÈRES. |
jusqu’au sommet des plus grands arbres qu'ils surpassent
encore. Ses feuilles sont altérnes, pétiolées, d’un vert
agréable en dessus, plus päles en dessous, échancrées en
cœur à leur base, et partagées plus où moins profondément
en 5 à 5 lobes dentés en leurs bords. Les fleurs sont petites ,
d’un blanc verdätre, nombreuses, disposées en grappes
latérales, opposées aux feuilles. Les fruits sont des baies ar-
rondies, à 1 seule loge, contenant 1 à 5 graines ,osseuses.
La réunion de ces baies sur des pédoncules ramifés forme
ce qu'on nomme communément une grappe de raisin. La
vigne est originaire de l’Asie; mais une longue culture l’a
acclimatée d’abord dans l’Europe méridionale, et aujour-
d’hui elle y est plantée jusque vers le 50° degré de latitude.
En France, la Vigne croît maintenant sauvage dans les
haies et les buissons des départemens du midi; elle fleurit
en juin et juillet. CRE à
Le raisin. frais et bien mûr est adoucissant, relâchant,
fondant. Son nsage, comme seule nourriture, a été plu-
sieurs fois très-salutaire dans les engorgemens des viscères
abdominaux, et a guéri des malades dont l’état paraissait
être désespéré. Les raisins secs sont nourrissans, très-adou-
cissans ; ils sont au nombre des fruits pectoraux. On les
emploie dans les affections catarrhales, en les faisant entrer
avec les figues, les dattes et les jujubes, dans les tisanes qu’on
prescrit dans ces maladies. Leur dose est de 1 demironce à 1
once pour 1 pinte d’eau. Ils font partie de plusieurs sirops
et autres préparations pharmaceutiques. Le verjus, ou le
raisin encore vert, est rafraîchissant et astringent ; son suc
exprimé passe pour vulnéraire chez le peuple.
Les feuilles de Vigne sont astringentes; les anciens en
faisaient prendre le suc pour guérir la diarrhée et la dys-
senterie. On les a aussi employées en nature et en poudre
dans les mêmes maladies, et pour arrêter les pertes utérines,
La séve qui découle de la Vigne , lorsqu'on la taille au
printemps, et qui est un liquide aqueux, à passé pour être
propre à guérir les da»tres, les démangeaisons de Ja peau et
les rougeurs des paupières. On l’a donnée intérieurement
comme diurétique ; mais loutes ces propriétés ne sont rien
moins que prouvées, aussi les médecins w’en font que peu
ou point du tout usage maintenant.
Le marc des raisins, encore chaud, a été employé plu-
sieurs fois avec succès pour gérir les rhumalismes chro-
VINIFÈRES. 115
niques , la paralysie. On y plonge les parties douloureuses ou
malades, comme dans un bain, pendant une heure ou deux.
Le suc des raisins devient, par la fermentation, la liqueur
nommée wir, liqueur qui est la boisson la plus salutaire
qu'on connaisse, comme elle est en même témps la plus
agréable, car elle est du goût de,tous les peuples de la terre.
Le vin vieux et riche en principes alcooliques est un excel-
lent tonique; le rouge est particulièrement cordial, stoma-
chique , sudorifique , antiscorbulique et vermifuge; le blanc
est apéritif et diurétique. On fait un grand usage du vin en
médecine; on le prescrit dans toutes les maladies produites par
l'atonie, soit naturel, soit comme servant d’excipient à dif-
férentes substances médicamenteuses. Le vinaigre , l’eau-de-
vie, l’esprit-de-vin , les éthers sont des produits du vin, et
les usages de ceux-ci sont infiniment variés dans la méde-
cine, l’économie domestique et les arts. Le vinaigre est ra-
fraichissant, antiseptique, sudoñifique. On l'avait toujours
regardé, jusqu’à ces derniers temps, comme l’antidote des
poisons narcotiques en général, mais, d'après les expé-
riences de M. Ortila, il aggrave les accidens de l’empoisonne-
ment par les substances de ce genre, tant qu’elles sont encore
dans l'estomac, et il ne peut commencer à être utile que
lorsqu'elles ont été rejelées par le vomissement. Le vinaigre
est aussi employé dans les pharmacies pour beaucoup de pré-
paralions médicamenteuses. L’eau-de-vie, l'esprit-de-vin et
les éthers jouissent des mêmes propriétés que le vin, mais
portés à un bien plus haut degré, selon celui de leur force.
L’eau-de vie et l'esprit-de-vin servent aux pharmaciens pour
faire des teintures, des élixirs ; ils sont les dissolvans des sub-
stances résmeuses. L’esprit-de-vin est la base de l’éther, liqueur
trés-volatile dontil y a plusieurs sortes,selon l’acide avec lequel
l'alcool est combiné , et dont on fait principalement usage
comme stimulant du système nerveux. Le tartre, sel qui se
forme et se dépose sur les parois des tonneaux dans lesquels
on met le vin, fait la base de plusieurs médicamens, tels
que le tartre stibié ; vulgaivemerit émétique, la terre foliée
de tartre, la crème de tartre , etc. etc.
Famille XXI. or :
BERPBÉRIDÉES: :
# Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans:
H 2
116 BÉRBÉRIDÉES.
Calice de plusieurs folioles ou partagé en plusieurs décou-
pures; pétales en nombre égal à celui des divisions calicinaless
autant d’étamines que de pétales , et insérées devant ceux-ci,
ayant leurs anthères adnées aux filamens; r ovairesupérieur ;
1 baie ou 1 capsule à 1 loge contenant plusieurs graines.
Les Berbéridées sont des arbrisseaux ou des herbes à
feuilles alternes , simples ou composées, à fleurs en grappe
ou en panicule.
Le genre Berbéride est le seul dont les propriétés géné-
rales soient connues. Ses fruits sont acides, et l’écorce des
tiges est amère et astringente.
75° Genre. — BERBÉRIDE. BERBERIS. Lin.
Calice de 6 foholes. 6 pélales chargés de 2 glandes en
leur onglet. 6 élamines. 1 stigmate large, orbiculaire et
sessile. 1 baie à 1 seule loge contenant 2 à 5 graines.
BERBÉRIDE COMMUNE, vulgairement Æpine-Winelie,
Vinellier.
Berberis vulgaris. Lin. Spec. 471.— Nouv. Duham. 4,
peii.t 4 ë
* Arbrisseau dont les racines sont jaunâtres, rampantes,
ét dont la tige s'élève de 6 à 8 pieds de haut, en se divisant
en branches rameuses, armées d’épines très-acérées. Ses
feuilles sont ovales, rétrécies en pétiole à leur base, alternes,
dentelées, et presque épineuses en leurs bords, d’un verd
gai en dessus, et d’une saveur acide. Les fleurs sont jaunes,
disposées en grappes dans les aisselles des feuilles : elles ont
une odeur forte et désagréable. Les fruits sont de petites baies
ovales-allongées , de couleur rouge, contenant un suc très-
acide, et 2 à 3 graines. Cet arbrisseau croît naturellement
dans les bois et les buissons ; on le plante dans les haies ; il
fleurit au mois de mai. !
Les fruits de l’Epine- Vinette sont rafraîchissans , astrin-
gens , antiscorbutiques , alexitères. On emploie leur suc
étendu dans de l’eau et édulcoré avec du sucre, ou leur dé-
coction, lorsqu'ils sont secs, dans les maladies inflamma-
toires, dans les maux de gorge, les fièvres bilieuses , les
fièvres putrides, la diarrhée, la dyssenterie, les hémorra-
gies , la dysurie. Les pharmaciens fout avec lesuc de ces
fruits un sirop agréable qui porte leur nom; il s'emploie
dans les mêmes cas que les fruits eux-mêmes, et il est très
BERBÉRIDÉES. 117
propre , dans les fièvres ardentes, à tempérer la soif des
malades. Ces mêmes fruits se font confire au sucre, au
vinaigre; on en obtient par la fermentation un vin acide.
Dans quelques contrées du nord, leur suc est substitué,
dans beaucoup de cas, à celui du citron. Les fruils d'Epine-
Vinette entraient autrefois dans plusieurs préparations
pharmaceutiques maintenant tombées en désuétude. On
employait aussi leurs pepins , desséchés et réduits en pou-
dre, à la dose de 1 demi-gros à 1 gros, dans les flux de
ventre et dans la leucorrhée; ils sont aujourd’hui totalement
oubliés.
L’écorce de la racine de l’'Epine-V'inette est amère et stip-
tique. Clusius dit que son infusion dans le vin blanc purge
irès-bien , mais il ne parle pas de la dose. Les temturiers se
servent de celle écorce pour teindre les étofles en jaune. En.
Pologne, on en fait usage pour donner cette couleur aux
cuirs,
: Famille XXI. .
TILIACÉES.
Les caractères et les propriétés de cette famille pour les
| d . CE . ll 4
espèces indigènes se réduisent à ceux que présente le genre
T'illeul, le seul de cet ordre qui soit naturel en France.
74 Genre. — TizLEuLz. T'ILIA4. Lan.
Calice caduc, à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nom-
breuses. 1 ovaire supérieur surmonté d’un style terminé
par 1 stigmate à 3 lobes. Capsule coriace , à 5 loges, devant
contenir chacune 1 graine; mais 4 de ces loges avortant le
plus souvent, le fruit devient monosperme.
TiLLEULzL D'EUROPE, vulgairement 7'lleul de Hollande.
T'ilia Europæa. Lin. Spec. 733, var. «. — T'ilia pla-
typhytllos. Duham. Nouv. edit. vol. 1. p. 226. t. 50. —
Tilia. Pharm.
Grand arbre de 50 à 60 pieds d’élévation, dont le tronc
est recouvert d’une écorce épaisse, crevassée. Ses feuilles
sont alternes , pétiolées , cordiformes, accuminées$ dentées
en leurs bords, pubescentes en dessus et en dessous. Ses fleurs
sont d'un blanc jaunâtre, odorantes, portées au nombre
de 5 à 6 au sommet d’un pédoncule dilaté en aile, et placé
H 5
118 TILIACÉES.
dans les aisselles des feuilles. Le fruit est ane petite noïx où
capsule coriace , ne s’ouvrant point, el ne contenant ordi-
uairement qu'une seule graine. Cet arbre croît naturelle-
ment dans les bois, et on le cultive dans les parcs et les
grands jardins ; il fleurit en juin.
TILLEUL SAUVAGE, vulgairement Tilleul des Vois,
Tillet, Tillot, et
Tilia slpcsirs 1S. DE Hort. ‘Par. —— T'ilia microphy Ua.
Vent. Til. Monogr. 4. t. 1. f 1.
Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles plus
peutes, presque glabres ; par son fruit mince et fragile,
pointu à ses deux extrémités. On la trouve plus fréquem-
ment dans les bois; elle fleurit également au mois de j juin.
On peut sans inconvénient cbstitues cette seconde espèce à
la première; mais c’est de celle-ci qu’on fait principalement
usage en médecine.
Les fleurs de Tilleul ont la réputation d'être un bon anti-
spasmodique, aussi s’en sert-on beaucoup dans toutes les affec-
tions nerveuses, vaporeuses , hystériques, etc. ; et‘comme
ces sortes de maladies sont extraordinairement communes
à Paris, où elles naissent , et sont entretenues par toutes les
habitudes qui sont la suite du luxe, et par les passions tou-
jours trop développées et trop sonvent mises en mouve-
ment dans les grandes villes, l’emploi des fleurs de Tilleul
y est très-éonsidéräble, C’est en infusion aqueuse et théi-
forme qu’on les prépare; elles font, en y ajoutant dusucre,
quelquefois un peu d’eau distillée de fleur d'Orange, une
boisson légèrement tonique, d’une saveur agréable, qui
pe assez à la plupart des malades. L'eau distillée des fleurs
de Tilleul est aussi d’un très- “grand usage ; les médecins en
font l’excipient de presque toutes les potions dites antispas-
modiques, cordiales, etc. Ces mêmes fleurs entrent dans la
poudre de Guitète, et quelques autres compositions cffici-
nales. L/écorce ou le jeune bois de Tilleul passait autrefois
et élait employé comme diurétique; les fruits élaient re-
gardés comme astrin gens, et propres à arrêter toutes sortes
d? ’hémorragies,
_ Le bois de Tilleul est bon pour plusieurs ouvrages de
menuiserie et de sculpture. L’écorce “oyenne est employé
à faire des cordes.
ACÉRIDÉES. 11g
‘ Famille XXI.
ACÉRIDÉES.
Les caractères des plantes de cette famille sont les sui-
vans : calice monophylle à plusieurs découpures ; corelle
de 4 pétales où davantage, manquant quelquefois tout-à-
fait, ainsi que le calice; étamines au nombre de 2 à 6, rare-
ment plus: 1 ovaire supérieur, surmonté de 1 slyle ter-
miné par 2 stigmates, ou par 1 süigmate bifide ; capsule
comprimée , terminée par une languette membraneuse, et
contenant 1 ou 2 graines : dans un genre, il y a 2 capsules
semblables réunies par leur base; dans les autres, la capsule
est unique et à 1 seule loge, par l'avortement constant de la
seconde.
Les Acéridées sont des arbres à feuilles opposées, pal-
mées ou ailées, et à fleurs disposées en corymbe, en grappe
ou en panicule, dans les aisselles des feuilles, ou à l'extré-
mité des rameaux.
M. de Jussieu , en plaçant les Frènes dans la fämille des
jasminées, les avait présentés d’ailleurs comme ayant beau-
coup d’affinité avec les Erables. Ayant examiné ces genres,
sous le double rapport de leurs caractères botaniques ct de
leurs propriétés, jai eru devoir les réunir dans la même
famille. Effectivement on peut voir , soit par le caractère
général de la famille, soit par le caractère particulier de
chaque genre, combien les Orniers et les Hrènes ont de
rapports avec les Erables, et#l en est de mème en considé-
rant leurs propriélés essentielles. Les Erables contiennent
presque lous uneséve douce el sisucrée, que dans l Amérique
septentrionale on convertit en sucre celle des espèces dans
lesquelles la matière sucrée est la plus abondante. Cette
mème séve existe dans les Frènes; elle n’y est que légère-
ment modifiées c’est elle qui produit ce suc qui transsude à
travers les fentes de l'écorce de plusieurs espèces, et qui, en
.5e concrélant, donne la substance douceätre et sucrée qu’on
appelle anne.
75° Genre. — HRABLE. ACER. Lin.
Calice ordinairement partagé en à découpures. Autant
de pétales que de divisions calicinales; ils manquent quel-
H 4
320 ACÉRILDÉES
quefois entièrement. Etamines souvent au nombre de 8.
1 ovaire supérieur, à 2 lobes, surmonté de 1 style terminé
par 2 sligmales. 2 capsules comprimées, réunies à leur
base, surmontéés de 1 aile membraneuse, et contenant 1
ou 2 graines. VAR à
ERABLE FAUx-PLATANE, vulgairement Sicomore.
Acer Pseudo-Platanus. Lin. Spec. 1495. — Duham.
Aÿb'atS 6%
Grand arbre dont le tronc est droit, l’écorce lisse, brure-
roussâtre, et le bois blanc. Ses feuilles sont opposées, pélio.:
lées / grandes, à 5 lobes aigus, dentées en leurs bords,
glabres et d’un vert foncé en dessus, d’un vert blanchâtre
ou glauque en dessous. Ses fleurs sont petites, verdâtres, les
unes hermaphrodites , les autres mâles, disposées en grappes
longues, pendantes. Cet arbre croît dans les bois des mon-
tagnes; 1! fleurit en avril et mai.
Plusieurs Erables fournissent, par des incisions faites à
leur écorce, une liqueur qu’on peut convertir en sucre
par l’évaporation. Les espèces dont on en retire une plus
grande quantité sont l’Erable à sucre, l’Erable rouge et
TErable blanc, qui sont indigènes de l Amérique septer-
trionale, mais qui sont maintenant naturalisés en France.
On est aussi parvenu , dans ces derniers temps, à retirer de
irès-bon sucre de l’Erable Faux-Platane que nous avons
décrit ci-dessus, et de l’Erable Plane, qui croissent natu-
rellement eÿ France. D’après les expériences faites par
M. Dufour dé Montreux, dans le canton de Vaud eu Suisse,
on pourrait retirer 2000 liv. le sucre d’un millier d'arbres
de l’âge de 25 ans. .
Rozier rapporte que les médecins de la Louisiane pres-
crivent comme stomaehique, la liqueur sucrée que fournit
PErable blanc.
76° Genre. — ORNIER. ORNUS. Persoon.
Calice monophylle, très-court, à 4 découpures. # pétales,
linéaires, 2 Etamines. 1 ovaire supérieur, oblong, surmonté
d'un style droit, à stigmate bifide. Capsule oblongue,
comprimée, terminée par une aile, ne contenant qu’une
graine dans 1 seule loge, par l'avortement constant de la
2? loge.
ACÉRIDÉES. 121
OnRx1IER D'EUROPE, vulgairement Fréne à la Manne.
Ornus Europæa. Pers. Synop. 1. p. 9. — F'raxinus
Ornus. Lin. Spec. 1510. ;
Arbre de 20 à 30 pieds de haut, dont les rameaux sont
garnis de feuilles opposées , ailées avec impair , composées
de 7 à 9 folioles opposées, ovales-lancéolées, glabres en
dessus, légèrement pubescentes en dessous. Ses fleurs sont
blanches; très-nombreuses, disposées au sommet des ra-
meaux en une belle panicule ; elles ont une odeur douce;
leurs pétales sont linéaires, très-allongés, et les filamens des
étarmnines sont presque de la même longueur. L'Ornier croit
naturellement dans les bois, en Alsace, en Provence, en
Languedoc ; il fleurit en avril et mai. L
C’est principalement du Frêne à feailies rondes, Fraxt-
nus rotundifolia. Lam. , qu’on retire la Manne ; mais lOr-
nier d'Europe en fournissant aussi, quoiqu'èn plus petite
quantité, cela me permet de parler dezcetle substance dont
on fait un si grand usage en médecine. Dans les pays chauds,
‘et pendant les mois de juin et de juillet, la Manne découle
d’elle-mème des arbres, ou par des incisions faites à leur
tronc et à leurs branches. C’est surtout en Calabre et en
Sicile qu’on la recueille. Peñidant la chaleur du jour, il
suinte à travers les fentes de l'écorce des Frènes une liqueur
très-claire, qui s'épaissit en grameaux blanchâtres et rous-
sâtres. Au bout de vingt-quatre heures, s’il n’est pas tombé
d’eau, car il suffit d’un brouillard humide ou d’une petite
pluie pour fondre ces grumeaux, on les ramasse en les dé-
lachant avec des couteaux de bois, et on les étend au soleil
pour achever de les sécher. C’est ce qu’on nomme la
Manne, qu'on envoie dans toute l'Europe par la voie du
commerce. On distingue dans les pharmacies trois sortes
de cette substance. La première, nommée Janne en lar-
mes, est la plus belle, mais elle est plus faible que celle de
la seconde espèce, Celle-ci est d’un blanc-jaunätre ou un
peu roussâlre ; on la nomme Manne en sorte, et c’est celle
dont l’usage est le plus multiplié. La troisième, dont la
couleur est d’un roux-brunâtre, et qui est souvent chargée
d'ordures, est la moyns estimée : on l’appelle #anne grasse.
On ne se sert de cette dernière que pour les lavemens.
La Manne a une saveur fade, douceâtre et nauséeuse. C’est
un très-bon purgalif qui convient principalement pour
222 ACÉRIDÉES.
purger les enfans, les femmes enceintes et les vieillards. On
en fait usage dans un grand nombre de cas, mais princi- .
palement dans les maladies aiguës quand il y a le besoin de
purger, et lorsqu'en même temps il faut prendre garde
d'augmenter l'irritation ou l'inflammation. Elle a cepen-
dant l'inconvénient d’occasionner fréquemment des rau-
sées , des vomissemens, de produire des pesanleurs d'estomac
et des coliques; mais ce dernier cas est le plus rare. La dose
de la Manne est depuis 1 demi-once jusqu’à 3 onces, qu’on
fait dissoudre dans un véhicule aqueux. La Manne, jointe
avec un sel neutre et avec le séné ou ses follicules, forme
uné’grende partie des polions purgatives que les médecins
prescrivent journellement. Elle entre dans la marmelade
de Tronchin #préparation qui a eu beaucoup ‘de vogue
pendant et même après l’existence de son inventeur, et dans
l'électuaire Diacarthami , composition reléguée mainte-
uant dans les ‘ancieus formulaires. |
Nous verrons dans l’article suivant que les feuilles du
Fréne sont purgatives; j'ai également constaté la prepriété
purgative de celles de FOrnier, en faisant faire, il ya dix
ans, un sirop avec le miel et les feuilles de cet arbre, et en
m'en servant plusieurs fois pour remplacer la Manne dans
des potions purgatives, qui oht toutes agi selon l'intention
qui me les faisait prescrire. Une fois même j'en ai donné
3 onces seules dans une infusion de petite centaurée , et le
malade , qui était un jeune homme de 15 ans, a eu 4 éva-
cuations alyines qui n’ont été accompagnées d’aucunes co-
liques. Ce sirop m'a paru avoir les mêmes propriétés que
la Manne; mais il n’en a pas la saveur douceâtre et sucrée,
il est au contraire un peu amer.
77° Genre. — VRÈNE. FRAXINUS. Lin.
Fleurs hermaphrodites ou plus souvent unisexuelles. Dans
les mâles et dans les femelles, calice et corolle nuls; dans
les individus mâles , 2 anthères sessiles ; dans les fleurs fe-
melles, 1 ovaire surmonté d’un style droit, à stigmate bi-
fide. Capsule comme dans le Genre précédent.
FRÈNE ÉLEVÉ, vulgäirement le Fréne ou Frénecommun.
Fraxinus excelsior. Lin. Spec. 1509. — Fraxinus.
Pbarm. — Blackw. Herb. t. 520.
Cet arbre s'élève à 50 et 60 pieds de hauteur; ses jeunes
- ACÉRIDÉES. PA 2 ES
rameaux sont lisses, cendrés ou verdâires, garnis de feuilles
opposées , ailées avec impair, composées de 9 à 13 folioles
ovales-lancéolées, dentelées en leurs bords, gläbres, d'un
vert un peu foncé. Ses fleurs sont verdälres, dispostes en
grappes latérales, un peu paniculées et presque sessiles : sur
certains individus, elles sont toutes mâles et stériles; dans
les autres , elles sont hermaphrodites , et , dans ce dernier
cas, elles consistent en 1 ovaire pyramidal, nu, accompa-
gné à sa base de 2 petites étamines opposées l’une à l’autre.
Les fruits sont des capsules ovales-oblongues, comprimées,
terminées par une languette membraneuse : ces capsules
n'ont qu’une loge par l'avortement constant de la seconde ;
et cette loge ne renferme que 1 graine. Cet arbre croît na-
turellement dans les forêts ; on le plante assez communé-
ruent dans les haies autour des habitations rurales, et dans
les prairies. 1] fleurit an mois d'avril.
On peut, dit-on , retirer, par la térébration du Frène
commun , faite au printemps, une Manrie analogue à celle
que fournit ,en lialie, le Frène à feuilles rondes. Ce fäit
mériterait d'être vérifié ; mais en attendant qu'il le soit, ce
qu’on peut regarder comme çonstant, c'est que les feuilles du
Frêne commun sont un assez bon purgatif, selon MM. Coste
et Willemet, quiles ont essayées pour remplacer le Séné.
Ils observent ément que leur action est plus faible que
celle de ce FN qu’elles doivent, par conséquent,
être données à une plus forte dose : celles qu'ils fixent est
de 5 à 6 gros.
. Ayant la découverte du Quinquina, les médecins em-
ployaient assez fréquemment l'écorce du Frêne commun
comme fébrifuge ; mais l'excellence de l'écorce du Pérou a
fait oublier celle de notre arbre indigène. Dans ces derniers
temps, on a tenté de rappeler l’écorce du Frêne dans la
pratique 3 mais le résultat des observations faites à ce
sujet 1’à pas présenté des faits assez positifs pour donner
de la confiance dans ce moyen. On a encore présenté cette
écorce comme antivénérienne ; mais cette prétendue pro-
priété est bien loin d'être constatée. En Angleterre ; selon
Peyrilhe, le petit peuple confit, dans le vinaigre et le sel,
les fruits du. Frêne avant leur maturité, pour s’en servir
comme assaisonnement dans la cuisine. La décoction de
l'écorce verte de cet arbre donne à la laine une jolie teinte
vert-pomme, Le bois dé Frène est un des meilleurs de
124 ACÉRIDÉES.
France; on l'emploie beaucoup pour les ouvrages de char-
ronnage, et on s’en sert aussi pour ceux de tour, de menui-.
serie , detabletterie, etc. Les bestiaux et les chevaux broutent
ses feuilles avec assez d’avidité; mais plusieurs agronomes
assurent que cette nourriture nuit à la bonté du lait des
vaches. C’est principalement sur les feuilles du Frêne qu'on
trouve les Cantharides dont l’usage, comme vésicant, est si
fréquent en médecine.
Fanulle XXIV.
HIPPOCASTANÉES.
Trop de différences bien caractérisées paraissaient devoir
séparer le Marronier des Erables ; cela m’a engagé à for-
mer avec le premier une famille particulière dont les carac-
tères se trouvent être bornés à ceux que présente le Marro-
nier lui même, ce genre étant le seul de sa famille qu’on
puisse regarder comme naturel à la France, et le but comme
les bornes de cet ouvrage.ne me permettant pas d’etablir
longuement les caractères généraux des familles, surtout
en y faisant entrer ce qui aurait rapport aux espèces exo-
Uuques. a: *
70° Genre.—MARRONIER. AIPPOCASTANUM. Tourn.
Calice de 1 seule pièce, à 5 dents. Corolle de 5 pétales
inégaux. 7 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté de 1
style simple. Capsule globuleuse à 5 loges, dont 1 ou 2
avortent souvent ; la loge restant ne contient le plus souvent
que 1 seule graine.
MARRONIER D'INDE.
Hippocastanum vulgare. Tourn. Inst. 612.—Duham.
nouv. ed. vol. 2, p. 54. & 15 et 14. — Æsculus Hippo-
_castanum. Lin. Spec. 458.
Très-grand arbre, s’élevant à 60 pieds et plus, dont le
tronc est revêtu d’une écorce brunâtre, crevassée , et dont
le bois est blanc. Ses feuilles sont opposées, très-grandes,
longuement pétiolées, composées de 5 à 7 folioles ovales-
oblongues, dentées, inégales, disposées comme les rayons
d’un parasol. Ses fleurs sont blanches, panachées de rouge,
assez grandes , nombreuses , disposées sur des pédicules ra-
HIPPOCASTANÉES. 125
meux, en une grappe pyramidale, redressée, et d’un su-
perbe aspect. Le fruit est une capsule globuleuse à 1 ou 2
loges contenant chacune 1 grosse graine connue sous le
nom de marron. Cet arbre est originaire de l’Asie septen-
trionale, d’où il a été transporté en Europe.vers 1550. I] a
été apporté à Parisen 1 615, et il est maintenant naturalisé
dans toute la France ; il fleurit en avril et mai.
L’écorce du Marronier d'Inde a été préconisée, par
quelques médecins, comme pouvant remplacer le Quin-
quina, qui, il y a quelques années, était devenu fort rare
et fort cher; mais des expériences suivies, faites par d’autres
praticiens instruits, ont démontré que l'écorce du Marro-
nier était loi de pouvoir être substituée au Quinquina,
avec les mêmes chances de succès, et qu’elle ne devait être
regardée que comme un fébrifuge propre seulement dans
les fièvres intermittentes, bénignes, que beaucoup d’autres
amers indigènes peuvent également guérir, Cette écorce
peut d’ailleurs se donner en décoction, depuis 4 gros jusqu’à
2 onces, dans 1 à 2 livres d’eau ; et en nature, en poudre,
depuis 2 gros jusqu’à 1 once.
Les bêtes fauves, les vaches , les chèvres et les moutons
mangent les Marrons d'Inde, et paraissent les rechercher. Par
le moyen de préparations convenables, on enlève à ces fruits
la grande amertume qui leur est naturelle, et on en fetire
une fécule douce et bonne à faire du pain; mais les frais excé-
dent le produit. On a essayé de faire avec les Marrons une
sorte de savon, mais la mauvaise qualité du savon qu’on en
a obtenue, y a bientôt fait renoncer. Le bois de Marronier
est tendre, mou, de mauvaise qualité et de peu de durée.
Les propriétés , soit médicinales, soit économiques de cet
arbre, sont, comme on voit, peu recommandables; ce n’est
que pour orner les grands jardins et les parcs , qu’il mérite
d’être cultivé. Les avenues qui en sont plantées font un effet
magnifique pendant le temps de la floraison.
Famille XXV.
LIMONIACÉES.
Cette famille, que je forme d'un démembrement des
plumbaginées de M. de Jussieu, n’est composée que de deux
genres Statice et Limonium, de Tournefort, que Linné
avait réunis en un seul, sous le nom de Séatice, Ses carac-
LE
126 LIMONTACÉES.
tères sont les suivans : calice monophylle, tubuleux, à 5
dents; corolle de 5 pétales onguiculés ; le plus souvent
distincts, plus rarement adhérens et formant # corvlle mo-
nopétales; 5 étamines à filamens ordinairement insérés sur
les onglets des pétales; 1 ovaire supérieur surmonté de 5
styles; 1 petite capsule à une seule loge qui ne s'ouvre pas,
et contient 1 seule graine : cette capsule est enveloppée par
le calice et la corolle persistans.
Les Limoniacées sont des plantes herbacées , ou suffru-
tescentes , à feuilles toutes radicales, ou rarement garnies
de véritables feuilles sur leurs tiges, et à fleurs réunies en
une lêle terminale , ou disposées en épis le* long des ra-
meaux,
Les Limoniacées sont astringentes et toniques.
79° Genre. — STATICE. STATICE. Tournef.
Calice scarieux, plissé en son bord et à 5 dents. 5 pétales
distincts. 5 élamines. 1 ovaire surmonté de 5 styles fili-
formes. Fleurs réunies en tête dans 1 involucre commun,
composé d'écailles imbriquées, scarteuses.
STATICE ARMERIE, vulgaivement Gazon d'Olympe,
Gazon de montagne, Œlillet de Paris, Herbe à sept
stives.
Siatice Armeria. Tan. Spec. 394.
Sa racine est assez grosse, rougeâtre, allongée, pivo-
tante , vivace; elle se divise dans sa partie supérieure pour
donner naissance à plusieurs tiges droites, très-simples ,
garnies de feuilles seulement à jeur base, nues dans tout le
reste de leur étendue, longues de 8 à 12 pouces , portant
à leur sommet une tête de fleurs d’une couleur purpurine
claire, quelquefois presque blanche. Les feuilies sont nom-
breuses, toutes radicales, linéaires. glabres où légèrement
pubescentes, étalées en rosette. Les fleurs, réunies plusieurs
eusemble dans 1 mvolucre formé de plusieurs rangs d’écailles,
sont d’un rose clair. Cette plante croît dans les montagnes
et dans les lieux voisins de la mer, dans le midi de la France ;
elle fleurit en mai et juin. |
Le Gazon d'Olympe était fréquemment cullivé autrefois
dans les jardins, lorsqu'il servait à faire des bordures autour
des platles-bandes ; mais depuis la mode des jardins dits
anglais, on en plante beaucoup moins. On Femployait
LIMONIACÉES. 197
aussi en médecine, et on le prescrivait comme vulnéraire et
astringent , dans le crachement de sang , les pertes utérmes,
les flux hémor roïdaux trop abondant, is dyssenterie; mais
on n’en fait plus d'usage aujourd'hui.
80° Genre. — LAMONION. LIMONIUM. Tournef.
Ce genre différe du précédent , parce que ses’fleurs sont
sessiles le leng de la partie supérieure des rameaux , dispo-
sées en une sorte d’épi uni-latéral, chacune d'elles étant ,
munie , à sa base, de 2 bractées scarieuses.
LIMONION COMMUN , vulgairement Behen rouge.
Limonium vulgare: Mill. Dict. n. 1. — Statice Limo-
nium. Lin. Spec. 564.
Sa racine est pivotante, d'un brun rougeätre, vivace;
elle donne naissance à 1 ou plusieurs üges cylindriques,
glabres, simples dans leur partie inférieure , rameuses et
paniculées dans la supérieure , et hautes de 1 pied, ou en-
virou. Ces tiges, dépourvues de véritables feuilles , sont
seulement chargées de quelques écailles scarieuses ,. fort
courtes et munies à leur base d’un faisceau de feuilles toutes
radicales, ovales-oblongues, quelquefois lancéolées, rélré-
cies en pétiole à à leur base, un DE coriaces , parfaitement
glabres, entières, ou légèrement ondulées en leurs boras,
d'un vert pe foncé ou presque glauque. Ses fleurs sont
bleuâtres, ou d’un rouge très-clair , quelquefois blanchâtres ,
disposées rès- près les unes des autres , en épis courts et umila-
téraux, placés à l'extrémité des rameaux, formant dans leur
ensemble une panicule très-garmie, Cette plante croît natu-
rellement dansles prairies humides et maritimes, voisines de
l'Océan et de la Méditerranée. Elle fleurit en juin et juillet.
On l’employait autrefois en médecine comme tonique et
astringente. On la CI ait surtout propre à arrêter les
hémorragies ; elle est maintenant entièrement tombée en
décuétides :
»
Famille XX VIH.
PARONYCHIÉES.
Les caractères des plantes de cette famille sont les sui-
vans : calice de 5 folioles, ou divisé profondément en 5
déconpures ; corolle de 5 petites pétales squamiformes et
129 PARONYCHIÉES.
linéaires ; 5 étamines ; 1 ovaire supérieur, surmonté de 2
‘styles, ou de 1 style bifide; 1 capsule monospérme ; enve-
loppée par le calice persistant.
Les Paronychiées sont de petites plantes “herbacées À
feuilles simples, à fleurs réunies en petits paquets actes,
ou terminaux. Leurs propriétés médicmales ne sont pas
bien prononcées ; ; quelques médecins ont pensé qu’elles
étaient astringentes; d’autres les regar dent comme ayant la
_ propriété d’exciter la pores des urines.
61° Genre, — HreNiAIREe HERNIARIA. Lin.
Calice divisé profondément en 5 découpures. 5 pétales
linéaires, très-étroits. 5 élamines. 1 ovaire surmonté de 2
styles courts. 1 petite capsule , monosperme, ne s'ouvrant
pas naturellement.
HERNIAIRE GLABRE, vulgairement T'urquette, Her-
niole, Herbe du Turc.
Herniaria glabra. Lin. Spec. 3 17. — Herniaria. —
Pharm.— Blackw. Herb. t. 320. .
Sa racine longue , menue , annuelle, donne naissance à
une tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, grèles,
glabres comme toute la plante, longs de # à 6 pouces, en-
tiérement couchés et étalés sur la terre, garnis de très-pelites
feuilles ovales-chlongues, d’un vert gai, opposées dans la
partie inférieure des rameaux , et alternes dans le reste
de leur étendue. Les fleürs sont petites, d’une couleur her-
bacée, presque sessiles , et ramassées d’abord par paquets
axillaires , et par la site ’allongeant un peu en épi. Cette
plante est commune dans les champs et les lièux sablen-
neux; elle fleurit pendant tout l’été,
HERNIAIRE VELUE. "A
Herniaria hirsuta. Lin. Spec. #17. gl
Cette espèce a tout le port et les princrpaux garactères de
la précédente; mais elle en diffère constamment, parce que
ses tiges, ses feuilles et ses calices sont très-velus , et parce
que ses paques de fleurs sont moins garnis. Elle croit dans
les mêmes lieux, et fleurit en même Temps.
Ces deux plantes ont les mêmes propriétés, et peuvent
indifféremment ‘être employées l’une pour l’autre; tontes
les deux ont une saveur un peu âcre et salée. Les vieux
PARONYCHIÉES. 199.
auteurs de matière médicale en racontent des choses mer-
veilleuses , touchant la vertu qu’ils leur supposent de guérir
les hernies, ce qui leur a valu leur nom d'Æerniaire, et ils
recommandent , dans ces eas, de les faire prendre intérieu-
rement , et de les appliquer extérieurement. Aujourd’hui
les médecins n’ont pas la moindre confiance dans de sem-
blables moyens. Quelques-uns ont conservé l'habitude de
les ordonner comme diurétiques, soit dans les rétentions
d'urine, soit dans d’autres affections des voies urinaires,
principalement dans la gravelle et le catarrhe de la vessie.
Leur suc , lorsque ces plantes sont fraîches, peut se donner
à la dose de 2 à 4 onces; en décoction on les prescrit par
poignées , el on les administre aussi en nature et en poudre;
mais en général, les Herniaires ont perdu la plus grande
partie du crédit dont elles ont joui autrefois : effectivement
tout ce que l’on peut raisonnablement leur accorder de
propriété, c’est d’être légèrement diurétiques. L'eau distil-
lée de Turquette , que l'ouwrnefort a beaucoup préconisée ,
est aujourd'hui entièrement tombée en désuétude.
Famille XX VII.
CARYOPHYLLÉES.
Les caractères propres aux plantes de cette famille sont
les suivans : Calice persistant, monophylle, denté à son
sommet, ou plus rarement partagé en 4 ou 5 folioles ; co-
rolle de 5 pétales rétrécis en onglet ; élamines en même
nombre que les pétales, le plus souvent en nombre double ;
1 ovaire supérieur, ordinairement surmonté de plusieurs
styles; 1 capsule polysperme, à une ou plusieurs loges, s’ou-
Yrant à son sommet en plusieurs valves.
Les Caryophyllées sont des plantes herbacées, à feuilles
simples , opposées, connées à leur base , à fleurs axillaires,
ou plus souvent terminales. ‘ *
Quoique assez nombreuses, les plantes de cette famille
ne sont recommandables par aucune propriété importante;
la plus grande partie d’entre elles n’a point de saveur mar-
quée, 1l faut seulement en excepter la Saponaire et les Gil-
lets; la première est légèrement amère, savonneuse , et on
l’emploie, pour cette raison, comme apéritive et fondante ;
quant aux seconds , l'arome très-prononcé de leurs fleurs
I
130 _CARYOPHYLLÉES.
.donne à ces parties une propriété légèrement tonique et
stimulante.
F
82° Genre. — ŒILLET. DIANTHUS. Lin.
Calice tubuleux , à 5 dents, muni à sa base de 2 ou
- plusieurs écailles opposées ou imbriquées en croix. 5 pétales
à limbe souvent dentelé. 10 étamines. 1 ovaire surmonté
de 2 styles. 1 capsule cylindrique à 1 loge, contenant plu-
sieurs graines.
ŒILLET DES JARDINS, vulgairement @llei commun ,
Œillet grenadin, Gillet giroflée, Œ@illet des fleu-
ristes.
Dianthus Caryophyllus. Tin. Spec. 587. — Caryo-
phyllus ruber. Blackw. Herb. t. 85.—ÆCaryophyllus hor-
tensis. Pharm.
Sa racine simple, fibreuse, vivace, donne naissance à
une ou plusieurs Liges étalées à leur base, ensuite redressées,
lisses, cylindriques, d’un vert glauque , ainsi que toute la
plante, noueuses, plus ou moins rameuses à leur partie
supérieure , garnies à chaque nœud de 2 feuilles opposées,
sessiles, linéaires, étroites, canaliculées, très-aigués. Ses
fleurs , solitaires à l’extrémité de chaque rameau , sont d’un
pourpre foncé dans la variété dont on fait usage en méde-
cine, mais variées de cent manières différentes entre le blanc
et le rouge dans les nombreuses sortes cultivées par les fleu-
ristes. L’Œillet commun croît naturellement dans les lieux
pierreux et dans les fentes des rochers des départemens du
midi ; on en cultive dans les jardins un grand nombre de
variélés à fleurs doubles, recherchées autant pour Pagré-
ment de leurs belles couleurs, que pour Fexcellence de
leur parfum, qui a le plus grand rapport avec celui du Gé-
rofle. La variété qu’on emploie en médecine est à fleurs
simples. Cette plante fleurit en juin et juillet.
Les pétales de l'Œüillet sont les seules parties dont on fasse
usage ; ils sont sudorifiques, touiques, alexitères. C’est en
infusion théiforme qu'il faut les faire préparer, car la dé-
coction leur ferait perdre une partie de leurs propriétés qui
résident dans un principe trés-volalil. La dose est de 1 à
2 gros pour 1 à 2 livres d’eau. On en recommande princi-
palement l'emploi dans les fièvres malignes et les maladies
contagieuses ; mais les médecins préfèrent généralement
CARYOPHYLLEÉES. 13%
daus la pratique, à toute autre préparation de ces fleurs,
un sirop qui porte leur nom , lequel se fait dans les phar-
macies , et qu'on donne à la dose de 1 à 2 onces dans une
potion , selon la nature de la maladie. On prépare aussi une
eau distillée et une conserve de fleurs d'Œüillets , et les con-
fiseurs en font un ratafia qui passe pour être stomachique,
Au reste, les Œillets ne paraissent véritablement fournir
que leur partie colorante à toutes les préparalions dans les-
quelles on les fait entrer.
_ 83° Genre. — SAPONAIRE. SAPONARIA. Lin.
Calice tubuleux , à 5 dents, nu à sa base. 5 pétales ongui-
culés. 10 étamimes. 1 ovaire surmonté de 2 styles. 1 cap-
sule à r loge contenant plusieurs graines
SAPONAIRE OFFICINALE, vulgairement Saponière, Sa-
vonaire, Savonniere, Herbe à foulon.
Saponaria officinalis. Lin. Spec. 584. — Saponaria
vulsaris. Blackw. Herb. t. 115. — Saponaria. Pharm.
Ses racines sont allongées , blanchâtres, noueuses, ram-
pantes , vivaces ; elles donnent naissance à plusieurs tiges
cylindriques , noueuses, glabres, droites, hautes de 2 pieds
ou environ , garnies de feuilles opposées, sessiles ou très-
courtement pétiolées, ovales lancéolées, glabres, marquées
de nervures longitudinales. Les fleurs sont blanches ou d’une
couleur purpurine trés-claire, disposées en corymbe à
l'extrémité des tiges : elles ont une odeur agréable. Cette
plante croît dans les haies, les buissons, el. sur les bords
des champs.
La Saponaire a une saveur amère, et toules ses parties
sont apéritives, résolutives ; dépuralives et sudorifiques. On
emploie indifféremment les racines, les tiges, les feuilles
ou les sommités fleuries, à la dose de 2 à 4 gros pour une
pinte de décoction. On en fait usage dans les affections vé-
nériennes anciennes, et qui ont résisté au mercure, dans les
rhumatismes , la goutte , les maladies cutanées , les engor-
gemens des viscères. On a encore conseillé la Saponaire
dans l’asthme, dans l’épilepsie. On emploie aussi le suc ex-
primé de la plante entière lorsqu'elle est fraiche , ou son
extrait qu'on prépare dans les pharmacies. Sa décoction on
son infusion dans Peau enlèvent les taches du linge et des
étofles, comme fait le savon; ce qui lui a fait donner le nom
qu’elle porte.
Bis
CARYVOPHYLLÉES.
84° Genre. — MORGELINE. ÆALSINE.
ba,
Qi
kb
Calice de 5 folioles. 5 pétales. 5 étamines. 1 ovaire sur-
monté de 5 styles. Capsule à 3 valves et à 1 loge contenant.
plusieurs graines.
MORGELINE INTERMÉDIAIRE, vulgairement Mouron:
des oiseaux, Mouron blanc.
Alsine media. Lin. Spec. 583. — FI. Dan. t. 525.
Ses racines sont annuelles, composées de fibres menues;
elles donnent naissance à plusieurs tiges cylindriques,
grèles, tendres, rameuses , étalées et diffuses , longues de
8 pouces à 1 pied, garnies de feuilles opposées, ovales,
pointues, portées sur de courts pétioles dans la partie infé-
rieure des tiges, et sessiles dans leur partie supérieure. Ses
fleurs sont blanches, portées sur de longs pédoncules solitaires
dans la bifurcation de la tige ou des rameaux, et qui se ré-
fléchissent après la fécondation. Cette plante est très-com-
mune dans les jardins, les vignes et les lieux cultivés; elle
fleurit depuis le commencement du printemps jusqu’à
Phiver.
La Morgeline passe pour émolliente, rafraïchissante, dé:
tersive et résolutive. Sa décoction est bonne, dit-on, pour
apaiser l'inflammation des yeux. Elle a été conseillée dans
le crachement de sang. Pilée et appliquée en catapläsme,
elle procure du soulagement aux personnes attaquées d’hé-
morroides douloureuses. Elle a aussi été recommandée dans
Fépilepsie. On peut en prescrire le suc à la dose de 1 à
2 onces, ou la décoction de 1 à 2 poignées dans une pinte
d’eau. Dans quelques cantons, on la mange comme herbe
potagère; mais les médecins en fent en général peu ou point
d'usage. Les petits oiseaux, et surtout les serins, aiment
beaucoup ses graines. ;
Famille XX VIEIL.
SAXIFRAGÉES.
Les caractères des espèces indigènes comprises dans cette
famille sont les suivans : Calice monophylle, partagé plus
ou moins profondément en #4 ou 5 découpures; corolle de
4 à 5 pétales insérés dans le haut du calice, alternes avec
ses divisions , et quelquefois manquant entièrement ; éta-
mines insérées sur le calice en nombre égal, ou plus souvent
SAXIFRAGÉES. 515000
double de celui des pétales ; 1 ovaire supérieur , très-rare-
ment inférieur, surmonté de 2 styles ou de 2 stigmaies ;
1 eapsule à 1 ou 2 loges, s’ouvrant au sommet en 2 valves,
et contenant plusieurs graines.
Les Saxifragées sont des plantes herbacées, à feuilles
allernes, rarement opposées, souvent charnues ; à fleurs le
plus ordinairement terminales, et fréquemment disposées
en grappe ou en panicule. Ces plantes sont peu recomman-
dables sous le rapport de leurs propriétés ; quelques espèces
sont apéritives et diurétiques, et les Drosères, que j’ai cru
devoir rapprocher de cette famille, sont âcres et causliques.
85e Genre. — SAXIFRAGE. SAXIFRAGA. Lin.
Calice à 5 découpures persistantes. 5 pétales. 10 éta-
mines. 1 capsule terminée par 2 pointes recourbées, et
partagée en 2 loges.
SAXIFRAGE GRANULÉE, vulgairement Saxifrage blan-
che, Perce-pierre, Casse-pierre, Rompt-pierre.
Saxifraga granulata. Lin. Spec. 576. — Saxr/raga
alba. Blackw. Herb. 1.56. — Pharm.
‘Sa racine est composée de plusieurs petits tubercules
arrondis, gros tout au plus comme des noyaux de Ce-
rise, rougeâtres extériéurement, blancs iniérieurement,
et d'une saveur un peu amère. Cette racine donne naissance
à r ou plusieurs tiges droites, cylindriques, simples ou à
peine rameuses, légèrement velues , comme loute la plante,
hautes de 6 pouces à 1 pied, garnies de quelques feuilles
écartées et éparses. Les feuilles qui poussent immédiate-
ment des racines, sont longuement pétolées , arrondies , ou
réniformes , incisées en plusieurs lobes; celles des tiges, sur-
tout les supérieures, sont presque sessiles, incisées profon.-
dément en plusieurs découpures. Ses fleurs sont blanches,
disposées au sommet des tiges, en ure panicule lâche et mé-
diocrement rameuse; leur calice est couvert de poils courts,
glanduleux et visqueux. Cette plante est commune dans
les pâturages et sur les bords des bois.
Les petits tubercules de la racine de cette espèce, nom-
mésgrains ou semences de Saxifrage, passent pour apéritifs,
diurétiques et emménagogues; on les a conseillés autrefois
dans l’asthme humide, dans la gravelle, etc. La dose est
de 1 demi-once en décoction dans x livre d’eau.
13
134 SAXIFRAGÉES.
86° Genre. — DROSERE. DROSERA. Lin.
Calice à 5 divisions persistantes. 5 pétales. 5 étamines à
anthères adnées aux filamens. 1 ovaire surmonté de 5 à g
styles. 1 capsule à 1 loge s’ouvrant, du sommet jusqu’à sa
partie moyenne , en 5 à 5 valves, et contenant PIHAENRS:
graines très-menues.
DROSÈRE A FEUILLES RONDES, vulgairement Rosée du
soleil, Rossoli, Herbe à la rosée, Herbe de la
goutte.
Drosera rotundifolia. Lin. Spec. 402. — Bull. Herb.
t. 101. — Rossolis. Pharm.
Ses racines sont fibreuses, menues, noirâtres, annuelles;
elles donnent naissance à plusieurs feuilles arrondies , wis-
queuses.,, longuement pétiolées, étalées en rosette, garnies,
en leur surface supérieure et particulièrement en leurs
bords, de cils rougeâtres et glanduleux. Du milieu de ces
feuilles s ’élèvent 1 ou plusieurs tiges grêles, simples, hautes
de 4 à 6 pouces, portant à leur sommet plusieurs petites
fleurs blanches, disposées en épi lourné d’un seul côté. Cette
plante croît dans les lieux humides et marécageux ; elle
fleurit en juin, juillet et août.
Le Rossoli est amère, légèrement acide , un peu âcre et
même caustique. La plante entière pilée et mise en contact
avec la peau, agit comme rubéfiant, ce qui fail que, dans
quelques cantons, les gens ge la campagne se l’appliquent
aux poignets pour se guérir des fièvres intermittentes. En
en frotlant les cors et les verrues, elle peut servir à les dé-
truire. Malgré la causticité bien prouvée du Rossoli, cer-
tains auteurs l’ont regardé comme pectoral , et ils ont vanté
son usage dans l'asthme, dans les affections catarrhales,
dans l’ulcère du poumon, en le conseillant en infusion et
même en nature à la dose de 1 gros. Boerrhaave lui suppose
encore d’autres vertus, et il en recommande l’infusion dans
Ja migraine, dans l’épilepsie, et pour les maladies des yeux.
Aujourd’hui cette plante est avec raison proscrite comme
remède interne, dans tous les cas où elle avait été préco-
nisée ; et les médecins n’en font plus aucun usage; il en est
même un grand nombre parmi eux qui ignorent qu'on à
composé autrefois un sirop de Rossolis. Ce qui prouve évi-
demment que la médecine ne peut espérer d’emploÿ er utile-
ment cette espèce de Drosère et les autres du même genre,
SAXIFRAGÉES. 155
c’est que ces plantes excitent, chez les moutons qui en man-
gent, une toux qui finit ordinairement par les faire périr.
87° Genre. — DoRineE. CHRYSOSPLENIUM. Lin.
Calice à 4 ou 5 découpures inégales, persistantes, colorées
intérieurement. Corolle nulle, 8 ou 10 étamines. 1 ovaire
inférieur , surmonté de 2 styles. 1 capsule terminée par
2 pointes , à 2 valves, à 1 loge contenant plusieurs graines.
DORINE A FEUILLES OPPOSÉES, vulgairement Saxifrage
dorée, Hépatique dorée. |
Chrysosplenium oppositifolium. Lin. Spec. 569. —
Saxifraga aurea. Dod. Pempt. 516.
Sa racine est noueuse, rampante, blanchäâtre , vivace ;
elle donne naissance à plusieurs tiges menues, tendres,
faibles, légèrement velues, hautes de 4 à 6 pouces, garnies de
feuilles opposées, pétiolées, arrondies, un peu crénelées en
leurs bords. Ses fleurs sont jaunes, petites, portées sur des
pédoncules très-courts, accompagnées de bractées et dispo-
sées en un petit corymbe au sommet des tiges. Cette plante
croîl dans les lieux humides et couverts; elle fleurit en avril
et mai,
La Saxifrage dorée passe pour vulnéraire , apéritive et
diurétique ; elle a été employée dans les obstructions du
foie et des viscères du bas-ventre, dans la gravelle, les ré-
tentions d'urine; mais elle est très-peu usitée maintenant.
La dose est de 1 poignée en décoction dans 1 pinte d’eau.
Famille XXIX.
CRASSULÉES.
Les espèces quiappartiennent à cette famille se distinguent
aux caractères suivans : calice partagé plus où moins pro-
fondément en plusieurs divisions ; corolle insérée à Ja base
du calice, formée d’autant de pétales qu'il y a de divisions
à celui-ci, quelquefois de 1 seule pièce, découpée en lobes
qui, pour le nombre, correspoydent aux divisions calici-
nales, mais qui sont alternes avec elles, ce qui‘est aussi de
même pour les pétales; étamines en nombre égal on double
des pétales ou des lobes de la corolle: autant d’ovaires supé-
rieurs que de divisions à la corolle, réunis par leur base
interne : chacun d’eux devenant 1 capsule s’ouvrant à sa
L 4
156 CRASSULÉES.
partie interne, par une fente longitudinale, et contenant
plusieurs graines.
Nos Crassulées sont des plantes herbacées, à feuilles
alternes ou opposées, succulentes ; à fleurs disposées le plus
souvent en cime terminale. Elles ont en général une saveur
aqueuse, devenant stiptique dans quelques - unes , et même
äâcre et brûlante dans une espèce de Sédon. L'usage qu’on
en fait en médecine est très-restreint ; il se borne à employer,
comme rafraîchissantes et légèrement astringentes, celles
de ces plantes qui sont dépourvues de l’âcreté propre au
Sédon brülant, que l’on doit cependant, d’après le témoi-
gnage de plusieurs praticiens, regarder comme un excitant
qui peut être utile dans les affections scorbutiques.
88° Genre. — CoTyYLET. COTYLEDON. Lin.
Calice à 5 divisions. Corolle monopétale, tubuleuse, à 5
lobes. 10 étaminesinsérées sur la corolle. 5 ovaires. à capsules.
COTYLET OMBILIQUÉ, vülgairement Nombril de Vénus,
grand Cotylédon, Ecuelles communes, Escudes.
. Cotyledon Umbilicus. Lan. Spec. 615, var. & Coty-
ledon Umnbilicus Veneris. Clus. Hist, LXIIL — Umbi-
licus VWeneris. Pharm.
Sa racine est tubéreuse, charnue, vivace, garnie de
beaucoup de fibres capillaires ; elle donne naissance à une
üge cylindrique , parfaitement glabre, comme toute la
plante, droite, haute de 4 à 10 pouces, presque toujours
simple , munie à sa base de plusieurs feuilles pétiolées ,
arrondies , concaves, crénelées, succulentes et un peu char-
nues, d’un vert gai; la moitié inférieure de la tige est garnie
de quelques feuilles alternes , allant toujours en diminuant
de grandeur. Ses fleurs sont assez petites, d’un jaune ver-
dätre, pédiculées, pendantes, accompagnées à leur base
d’une bractée Jancéolée-linéaire , très-entière, et disposées,
en grand nombre, en an épi terminal qui occupe souvent
plus de la moitié supérieure de la tige. Cette plante croît
dans les fentes des rochers et des vieux murs, dans le midi
et l’ouest de la France; elle fleuriten mai et juin.
COTYLET JAUNE, vulgairement Nombril de Vénus à
{leur jaune.
Cotyledon lutea. Wild. Spec. 2. p. 757.
Cette espèce diffère de la précédente par sa racine ra-
CRASSULÉES. 157
meuse, rampante, par ses feuilles un peu en capuchon, par
ses fleurs jaunes, droites, jamais pendantes, accompagnées
de bractées beaucoup plus grandes, ovales, profondément
dentées et presaue pinnatifides. Elle est indiquée comme
croissant aux environs de Lyon, el fleurit en mai et juin.
Les feuilles de ces deux plantes ont.une saveur visqueuse ;
elles passent pour rafraîchissantes, légèrement astringentes
et détersives. Ecrasées et réduites en pulpe, on les ap-
plique avec avantage sur les hémorroïdes douloureuses.
Dans quelques provinces, elles servent, pilées avec de
l'huile , pour faire une sorte d’onguent qui est bon pour
guérir les brûlures; mais, en général, comme elles n’ont
de propriété qu'étant employées fraîches , on en fait peu
d'usage, si ce n’est dans les pays où elles croissent naturel-
lement, parce qu’on peut alors s’en servir lorsque les plantes
sont en végétation. Elles sont au nombre des espèces qui
doivent entrer dans l’onguent Populeum.
89° Genre. — SÉDON. SEDUM. Lan.
Calice à 5 divisions. 5 pétales. 10 étamines. 5 ovaires.
5 capsules.
SÉDON REPRISE ou ORPIN REPRISE, vulgairement Féve
épaisse, Grassette, Joubarbe des vignes, Orpin,
Reprise, Herbe aux charpentiers, Herbe à la cou-
pure.
Sedum Telephium. Lin. Spec. 616. — Decand. PI.
grass. t. 92. — T'elephium, sive F'abaria, vel Anacamp-
seros. Pharm.
Sa racine, formée de plusieurs tubercules charnus, blan-
châtres, donne naissance à plusieurs tiges cylindriques ,
glabres comme toute la plante, très-simples dans la plus
grande partie de leur étendue, seulement rameuses vers
leur sommet, hautes de 1 pied ou un peu plus, garnies
dans toute leur longueur de feuilles sessiles , éparses où op-
posées, ovales, d'un vert pâle, ou quelquefois légèrement
rougeätres, lisses, un peu charnues et succulentes, dentées
en leurs bords. Ses fleurs sont purpurines ou blanchâtres,
nombreuses , disposées en corymbe au sommet de la tige et
des rameaux. Cette plänte croît naturellement dans les vignes
et dans les bois taillis; elle fleurit en juillet et août.
Les racines et les feuilles d’Orpin passent pour être astrin-
138 CRASSULÉES.
gentes, rafraîchissantes et vulnéraires; elles sont conseillées .
à l’extérieur et à l'intérieur. De la première manière, on
les a appliquées, après les avoir écrasées et broyées dans ur
mortier , sur les plaies récentes, pour arrêter le sang; sur
les ulcères, pour les déterger et les faire cicatriser ; sur leg
hémorroïdes , pour calmer les douleurs qu’elles causent; sur
les panaris et sur les hernies, ete. ; 5 mais il y a long-lemps que
les bons chirurgiens ont renoncé à ces moyens d’une nullité
presque absolue dans la plupart des cas, et pouvant même
devenir dangereux, par leur prétendue astringence, lorsqu'il
s’agit d'arrêter des hémorragies. À l’intérieur, on les a em-
ployées dans le crachement de sang, la dyssenterie , soit en
décoction, soit en nature, en en faisant exprimer le suc qu’on
étendait dans une suffisante quantité d’un liquide aqueux.
L’Orpin entre dans l’eau vulnéraire, dans l’'onguent Po-
puleum , et on en distillait autrefois une ‘eau qu’on employait
dans les maladies dont il vient d’être parlé; mais cette eau,
et mème la plante en général, ne sont aujourd’hui que fort
peu ou même point du tout en usage. .
SÉDON BLANC, ou ORPIN A FLEURS BLANCHES , Vulgai-
rement Petite-Joubarbe, Trique-Madame, Tripe-
Madame, Vermiculaire.
Sedum album. Lin. Spec. 619. — Decand. PI. grass.
t. 22. — Sedum minus. Pharm.
Sa racine menue, fibreuse, vivace, donne naissance à
plusieurs tiges cylindriques, légèrement rougeälres, par-
faitement glabres, ainsi que toute la plante, étalées et sou-
vent couchées à leur base, ensuite redressées, longues en
tout de 6 à 8 pouces, un peu rameuses à leur sommet, gar-
nies de feuilles éparses, sessiles, cylindriques , succulentes ,
obtuses, d’un vert souvent un peu rougeûtre. Ses fleurs sont
blanches, disposées au sommel des tiges en un corymbe
étalé; les divisions de leur calice sont très-courtes ; les pétales
sont aigus, et les étamines ont leurs anthères noirâtres. Cette
plante croît dans les lieux secs, arides, pierreux et exposés
au soleil ; elle fleurit en juin et juillet.
Les tiges et les feuilles du Sédon blanc ont une saveur
styptique ; elles sont astringentes et rafraîchissantes. Dans
quelques cantons, on les mange en salade. Les pharmaciens
les font entrer dans quelques compositions oMcinales , entre
autres dans Ponguent Populeum etlemplätre Diabotanum.
CRASSULÉES. 139
SÉDON BRULANT, ou ORPIN BEULANT, vuloairement
* Vermiculaire brülante, Pain d'oiseau , Poivre de
muraille.
Sedum acre. Lin. Spec. 619. — Bull. Herb. t. 30.
Sa racine est vivace, menue , fibreuse; elle donne nais-
sance à des tiges nombreuses, glabres, ramassées en gazon,
hautes de 2 à 3 pouces, garnies de feuilles éparses, ovales,
un peu triangulaires , courtes, succulentes, d’un vert-clair,
très-rapprochées les unes des autres. Les fleurs sont jaunes,
disposées en bouquet au sommet des tiges. Cette plante se
trouve dans les lieux arides et pierreux, sur les vieux murs,
les chaumières ; elle fleurit en juin et juillet. ;
Toutes les parties du Sédon brûlant ont une saveur äcre,
très-piquante et presque caustique, qui laisse pendant quel-
que temps, sur la langue et dans la bouche, quand on en
a mâché, une impression brûlante très-désagréable. Le suc
des tiges et des feuilles, à la dose de 1 demi-once à 1 once,
est fortement émélique et purgalif, mais il produit sur
l’estomac et les intestins une irritation telle, qu’il peut cau-
ser par suite une inflammation dangereuse qui doit faire
proscrire son usage comme émélique et comme purgatif.
Etmuller vante d’ailleurs cette plante comme un très-bon
antiscorbutique; et Bernard Below rapporte un grand nom-
bre d'observations de malades guéris du scorbut par l’usage
continué pendant quelque temps de 5 à 4 onces de bière
dans laquelle on avait fait bouillir 2 gros de Sédon brülant.
Le suc retiré’ des tiges et des feuilles et étendu dans six à
huit fois son poids d’eau, ou la décoction de ces parties,
dans les mêmes proportions, peuvent servir à faire des gar-
garismes qui sont utiles pour guérir les gencives ulcérées,
et pour raffermir les dents ébranlées. Il y a quelques années
que le docteur Peters, médecin à Anclam, a présenté le
Sédon brülant , desséché et réduit en poudre, comme un
remède efficace dans l’épilepsie, en le donnant à la dose de 8
à 20 grains, selon l’âge, avec autant de sucre, deux fois par
jeur ;. mais l'expérience n’a pas confirmé cette prétendue
propriété.
90° Genre. — JourÂrse. SEMPERFITUM. Lan.
Calice de 6 à 15 divisions, Autant de pétales, d'étamines
d’ovaires et de capsules.
140 CRASSULÉES.
JOUBARBE DES ToiTs, vulgairement Grande Joubarbe.
Sempervioum PePtor um. Lin. Spec. 664. — Decand. PI.
Grass. t. 104. — Seduim majus. Pharm.
Sa racine est allôngée, fibreuse, vivace ; elle donne nais--
sance à plusieurs paquets de feuilles ovales-oblongues, suc-
culentes, d’un vert pâle et un peu glauque, glabres en leur
surface, ciliées sur leurs bords, sessiles, serrées les unes
contre les autres, et disposées en rosette. Du milieu de ces
feuilles s'élève une tige cylindrique, simple, excepté vers
son sommet où elle se divise en plusieurs rameaux très-
ouverts et même réfléchis, haute d'environ": pied, velue,
rougeûtre, garnie de feuilles semblables aux radicales , Mais
plus étroites, plus pointues. Ses fleurs sont purpurines ,
courlement pédonculées, la plupart tournées du même côté
et disposées presque en forme d’épi le long des rameaux qui
terminent les tiges. Ces fleurs sont Une d’un calice
à 12 ou 15 divisions, d’une corolle de 12 à 15 pétales, et
d’un même nombre d’étamines ei d’ovaires. Ces derniers
deviennent autant de capsules qui contiennent chacune
plusieurs graines. Cette plante croît dans les lieux pierreux,
dans les fentes des rochers, sur les toits rustiques et sur les
vieux murs; elle fleurit en juin et juillet.
La Joubarbe est rafraïîchissante et astringente. On em-
ployait jadis le suc exprimé de ses feuilles, à la dose de
plusieurs onces, dans les fièvres imflammatoires, bilieuses,
dans la dyssenterie , elc., et l’on se servait de ce suc pour
faire des gargarismes dans l’esquinancie. Extérieurement
on emploie encore les feuilles de Joubarbe sur les hémor-
roïdes enflammées ; en les écrasant et les mêlant avec du
beurre frais, on en fait une sorte de pommade qui apaise
quelquefois les douleurs que les malades éprouvent. On fait
aussi, en battant leur suc avec une huile douce végétale,
telle que celle d’olive ou de noix, un mélange qui est bon
pour guérir les brülures. On s’est quelquefois servi avec
succès des feuilles de Joubarbe desséchées et réduites en
‘poudre pour déterger et cicatriser de vieux ulcères. Cette
lante'entre dans l’onguent Populeum et dans l’onguent
mondificatif d’Ache. Anciennement on retirait de ses feuilles
une eau distillée qui n’est plus en usage aujourd’hui.
PORTULACÉES. 141
Famille XXX.
PORTULACÉES.
Les caractères propres aux plantes de cette famille sont
ceux qui suivent : Calice divisé au sommet; corolle formée
le plus souvent de 5 pétales attaghés sur le calice; 5 à 12 éta-
mines insérées sur le calice; 1 ovaire supérieur, surmonté
de 1 ou plusieurs styles; capsule à 1 ou plusieurs loges mo-
nospermes où polyspermes,
Les Portulacées sont des herbes à feuilles alternes ou op-
posées, souvent succulentes, à fleurs ordinairement réunies
par petits paquels au sommet des rameaux.
La saveur de ces plantes est peu prononcée et leur odeur
est nulle; ce qui fait qu'elles n’ont pas de propriété bien
marquée. On ñe peut guère les regarder que comme ra-
fraïchissantes, et il y a tout lieu de douter des autres facultés
qui leur ont été attribuées.
g1° Genre. — POURPIER. PORTULACA. Lin.
Calice persistant, comprimé , partagé en 2 découpures à
son sommet. 5 pétales plus grands que le calice. 6 à 12 éta-
mines ; 1 ovaire adhérent par sa base avec le calice, sur-
monté de 1 style court, et terminé par 4 à 5 stigmates.
Capsule s’ouvrant en travers et contenant plusieurs graines.
POURPIER CULTIVÉ, vulgairement Pourcellane, Pour-
cellaine.
Portulaca oleracea. Lin. Spec. 658. — Decand. PI.
grass. t. 125. — Portulaca. Pharm.
Sa racine est ordinairement simple, fibreuse , annuelle ;
elle donne naissance à une tige charnue, tendre, partagée
dés sa base en rameaux étalés, couchés ou un peu redressés,
très-lisses , longs de 6 à 8 pouces, munis de feuilles, sessiles,
alternes, oblongues, en forme de coin, obtuses, charnues,
glabres , d’un vert jaunâtre. Ses fleurs sont jaunes, sessiles,
axillaires, réunies plusieurs ensemble dans la partie supé-
rieure des rameaux. Le fruit est une capsule qui s'ouvre
en travers comme une boîté à savonnette, et qüi contient
plusieurs graines petites et noires. Le Pourpier croît spon-
tanément dans les lieux cultivés et dans les terrains sablon-
neux ; 1l a donné par la culture plusieurs variétés dont on
142 s FORTULACÉES.
prend soin dans les jardins potagers, et qui sont particulié-
rement connues sous les noms de Pourpier domestique ou.
des jardins , et encore sous celui de Pourcellane à feuilles
larges. La plante qui croît naturellement a reçu les noms
de Petit-Pourpier, Pourpier sauvage, Pourcellane à
Jeuilles étroites. Toutes ces plantes fleurissent en juillet et
août. E
Le Pourpier, soit sauvage, soit domestique, est rafrai-
chissant, antiscorbutique , vermifuge et fondant. On em-
ploie la plante entière. Son eau distillée a passé pour être
très-bonne contre les vers, en la donnant à la dose de 3 à
# onces dans une potion vermifuge; mais celle-ci emprun-
tait toutes ses propriétés de la mousse de Corse ou du Semen
contra qu'on y ajoutait ordinairement; aussi l’eau de Pour-
pier n’est plus employée aujourd’hui, ou elle l’est seule-
ment comme excipient simple. Le sirop de Pourpier qu’on
préparait autrefois chez les apothicaires, n’est plus en
usage maintenant, de même que l’extrait qu'on donnait à
Ja dose de 1 gros comme diurétique, et propre à expulser
les graviers des reins et de la vessie, Les graines de Pour-
pier étaient comptées jadis au nombre des quatre semences
froides mineures, maintenant reléguées dans les anciennes
pharmacopées ; ces graines entrent, ou, pour mieux dire,
entraient dans plusieurs compositions pharmaceutiques ,
pour la plupart oubliées de nos jours. Maintenant on ne fait
plus guère usage du Pourpier en médecine, si ce n’est pour le
faire entrer dans les bouillons rafraïchissans. La meilleure
manière de l’employer serait de donner son suc à la dose
de 1 à 4 onces. Comme herbe potagère, le Pourpier se
mange cuit ou crud; on le prépare en salade, et on le fait
confire dans du vinaigre avec du sel, afin de le conserver
pour l’hiver.
Famille XXXI.
TAMARISCINÉES.
2
Le seul genre ‘Tamarise composant jusqu’à présent cette
famille , celle-ci ne se trouve pas avoir Œautres caractères
et d’autres propriétés que le Tamarisc lui-même.
92° Genre. — Tamarisc. T'4maAr1x. Lin.
Calice partagé en 5 découpures persistantes. 5 pétales
TAMARISCINÉES. 145
altérnes avec les divisions calicinales. 5 à 10 étamines dont
les filamens sont réunis à leur base. 1 ovaire supérieur,
surmonté de 3 stigmates oblongs et plumeux. 1 capsule
triangulaire, à 5 valves, à 1 loge contenant plusieurs grai-
ues vêlues de duvet.
TAMARISC DE FRANCE, vulgairement le Tamarisc , on
T'amaris commun,etencore T'amarix de Narbonne.
Tamarix gallica. Lin. Spec. 566. — T'amariscus.
Blackw. Herb. t. 531. — Pharm.
Arbrisseau dont la tige s'élève à 15 ou 20 pieds, en se divi-
sant presque dès sa base, en plusieurs branches, sous-divisées
elles-mêmes en rameaux nombreux, grêles, revèlus d’une
écorce rougeûtre, et garnis de feuilles courtes, lancéolées,
très-menues , aiguës , glabres, d’un vert gai ou quelquefois
un peu cendré, très-rapprechées les unes des autres et pa-
raissant presque imbriquées sur les jeunes pousses. Ses fleurs
sout blanches ou légèrement purpurines, disposées dans la
partie supérieure et latérale des rameaux, en épis nom-
breux , allongés et serrés : elles sont à à étamines saillantes
hors de la corolle. Le "Famarise croîl naturellement le long
des rivières , dans le nridi de la France, et principalement
sur les bords de la Méditerranée et de l'Océan; il fleurit
depuis le mois de juin jusqu’à la fin de l'été,
Les racines, l'écorce, le bois et les feuilles du Tamarise
commun passent pour être apéritifs et diurétiques ;-on en a
conseillé l'usage dans l’obstruction des viscères abdominaux.
On faisait autrefois un extrait de l'écorce , dont on don-
nait depuis 1 jusqu'à 2 gros, Quelques anciens auteurs de
matière médicale ont vanté la décoction de cette écorce ou
du bois, comme un excellent moyen pour guérir toutes
les maladies de la peau , comme la galle, les dartres et même
la lèpre; d’autres l’ont préconisée pour les maladies véné-
riennes. Dans les pays où le Tamarisc prend assez d’ac-
croissement pour qu'on puisse travailler son bois, on en
fait des tasses, des barrils qui communiquent, dit-on, une
propriélé apéritive et diurétique au vin ou à l’eau que l’on
met dedans. Quoi qu'il en soit, les médecins ne sont plus
dans l’usage d'employer aucune de ses parties, et d’ailleurs
leur saveur, un peu amère et légèrement styptique, prou-
verait bien plutôt qu’elles seraient toniques et astringentes,
qu’elles n'auraient les propriétés qu’on leur prêtait jadis.
248: TAMARISCINÉES,
Les fruits donnent une teinture noire dont les teinturiers
se servent, dans les pays où cet arbrisseau est abondant,
pour remplacer fes noix de Galle. Les cendres des tiges et
des rameaux contiennent une assez grande quantité de
sulfate de soude , qu'on peut en retirer facilèment et avec
profit.
TAMARISC D’ALLEMAGKE.
Tamarix germanica. Lin. Spec. 587. — Tamarix.
Fuchs. Hist. 215.
Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles plus
allongées, plus éloignées les unes des autres, simplement
sessiles et non demi-embrassantes: par ses fleurs disposées
SJ +
eu longs épis'terminaux, ayant dix étamines dont les fila-
mens sont réunis à leur base; et enfin parce qu’elle s'élève
moitié moins. Cet arbrisseau croît en France sur les bords
du Rhin et du Rhône; il fleurit en mai et juin. Il a les
mèmes propriélés que le Tamarisc commun, mais il est
ainsi que lui tombé en désuétude.
Famille XXXII.
LYTHRÉES*
Les caractères suivans sont ceux de cette famille : Calice
d’une seule pièce, en tube ou en godet, partagé en son
limbe; pétales en mémenombre que les divisions calicinales ,
et attachés au bas de celles-ci jou quelquefois entièrement
nuls; étamines insérées sur le calice en nombre égal ou
double des pétales; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un style
à stigmate souvert en têle; capsule cachée dans let calice
persistant, et à 1, ou plusieurs loges polyspermes.
Les Lythrées sont des plantes herbacées à feuilles sim-
ples , opposées ou alternes; à fleurs terminales ou axillaires.
On sait peu de choses sur leurs propriétés; celles qu’on leur
attribue, comme plus positives, sont d’être astringentes.
93° Genre. — SALICAIRE. LYTHRUM. Lan.
Calice cylindrique, strié, à 6 ou 12 dents. 12 étamines à
filamens filiformes, Style subulé. Capsule oblongue, à 2 lo-
yes, contepant plusieurs graines.
LYTHRÉES. 145
SALICAIRE COMMUNE, vulgairement Lysimachie rouge.
Lythrum Salicaria. Lin. Spec. 640. — Lysimachia
spicata purpurea. FI. Dan. t. 671.
Sa racine est allongée, de la grosseur du petit doigt,
blanchätre , vivace, garnie de beaucoup de fibres menues ;
elle donne naissance à r tige droite, quadrangulaire,
rougeâtre, plus ou moins rameuse dans sa parlie supé-
rieure , haute de 2 à 3 pieds ou plus, munie de feuilles lan-
céolées, glabres, d’un vert un peu foncé, sessiles, opposées
2 à 2, quelquefois 5 à 5 et plus rarement 4# à 4. Ses fleurs,
d’une couleur purpurine , forment de beaux et longs épis à
l’extremité de la tige et des rameaux. Cette plante est com-
mune dans les lieux humides, marécageux, et au bord
des rivières et des ruisseaux ; elle fleurit en juin et juillet.
La Salicaire passe pour être détersive, rafraîchissante et
astringente. Quelques auteurs l’ont conseillée dans la dys-
senterie et les hémorragies ulérines; mais elle est aujourd’hui
de fort peu d’usage en médecme. Son eau distillée, que
Parkinson estimait beaucoup contre l’inflammation et les
contusions des yeux , est encore plus tombée en désuétude.
Famille XXXIII.
RHAMNÉES.
Les caractères des genres qui composent cette famille
sont les suivans : Calice d’une seule pièce, à 4 ou 5 décou-
pures ; corolle de # à 5 pétales ( quelquefois nuls ) insrés
dans le haut du calice, ou sur 1 disque, et atlernes avec
les divisions calicinales; étamines en même nombre que les
pétales et ayant la même insertion; 1 ovaire supérieur,
surmonté par 1 ou plusieurs styles, et entouré à sa base
de 1 disque qui naît du fond du calice ; 1 baie où 1 capsule
à plusieurs loges contenant chacune 1 ou 2 graines.
Les Rhamnées sont des arbrisseaux à feuilles alternes cu
opposées, et à fleurs axillaires, ordinairement plusieurs
ensemble. Les fruits de la plupart des espèces de cetie fa-
mille sont fortement purgatifs et même émétiques: tels sont
ceux des Nerpruns en général, du Fusain et du Houx. Les
Jujubes font exception par leur vertu adoucissante et bé-
chique. L’écorce des Nerpruns a les mêmes propriétés que
146 RHAMNÉES,.
les fruits de ce genre, et sans doute que celle du Fusain a des
facultés analogues. Quant à l’écorce du Houxelle passe pour
amère et mucilagineuse, et.ses feuilles ont été préconisées
comme fébrifuges et sudorifiques.
94° Genre. — NERPRUN. RHAMNUS. Lin.
Calice à 4 ou 5 divisions. 4 à 5 pétales très-petits. 4 ou
5 étamines. 1 ovaire surmonté de 1 style terminé par 1 stig-
mate bifide ou quadrifide. 1 baie contenant 2 à 4 graines.
NERPRUN PURGATIF, vulgairement Nosrprun, Bours-
épine.
Rhamnus catharticus. Lin. Sp. 279. — Blackw. Herb.
tab. 155. — Pharm. “
Cette espèce est un arbrisseau dont la tige, divisée en ra-
meaux piquans el irréguliers, s'élève à la hauteur de 8 à
10 pieds. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales ou
arrondies , finement dentées en leurs bords, glabres et d’an
vert assez foncé. Ses fleurs sont jaunâtres, pelites, ramassées
par bouquets dans les aisselles des feuilles : elles sont com-
posées de 1 calice à 4 divisions, de # pétales, d’un pareil
nombre d’éltamines, et de 1 ovaire arrondi; souvent les
mâles étant séparés des femelles sur des individus diffé-
rens. Les fruits sont de petiles baies arrondies, noirâires,
contenant 4 graines. Cet arbrisseau croît naturellement
dans les bois, les haies, et les buissons: il fleurit en mai, et
ses fruits sont mürs en automne.
Le Nerprun est un purgatif énergique, très-usité en mé-
decine. On emploie ses baies desséchées et en substance, à la
dose de 1 gros; on les prépare en décoction à la quantité
de 1 à 5 gros pour 6 à 6 onces d’eau; on donne demi-
once à 1 once du suc qu’on en exprime lorsqu'elles sont ré-
centes, et on en fait un extrait qu'on administre à la dose de
demi-gros à 1 gros; mais, à loules ces préparations ,-on
préfère le plus souvent le sirop qu’on fait dans les pharma-
cies avec le jus de ces fruits au moment de leur maturité.
Ce sirop s'emploie avec succès, comme purgatif bydra-
gogue , dans la leucophlegmatie et les différentes hydropi-
“sies : on s’en sert aussi âvec avantage dans l’apoplexie ,
comme pouvant ranimer les forces vitales par la forte exci-
tation qu’il produit sur le canal intestinal, Il se donne depuis
F4
RHAMNÉES. 147
F , s» f , «
i once jusqu'a 5, ou seul délayé dans une certaine quan
tité de liquide, ou associé à d’autres purgatifs dans des po-
tions évacuantes. Ce sirop ou les différentes préparations
de Nerprun conviennent aux gens robustes, aux habitans
des campagnes chez lesquels les doux purgatifs ne pro-
duisent que peu ou point d’effet.
On a reproché aux préparations de Nerprun d’occasion-
ner souvent une sécheresse brûlante de la bouche, du go-
sier, et de causer des coliques; le meilleur moyen de pré-
venir:ces eflets est de faire boire aux malades qui en ont
pris, une certaine quantité de liquide doux et mucilagineux.
L’écorce moyenne du Nerprun purge fortement, selon
Allioni, et elle provoque en même temps le vomissement ;
mais on n'est point dans l’usage de l’employÿer. Garidel
attribue encore à cet arbrisseau une propriété dont on pour-
rait, ce me semble, tirer un parti avantageux, si elle était
bien positive, et par laquelle on pourrait se procurer des
fruits qui fussent purgatifs, et en même temps d’une saveur
agréable. Selon cet auteur, le Nerprun communiquerait
sa vertu purgative aux fruils de certains arbres à noyau
qu'on aurait entés sur ses tiges ; et il cite à ce sujet un
particulier des environs ‘d'Aix qui avait un prunier ainsi
greffé, et qui fut obligé de le faire couper à cause des acci-
dens auxquels il donna lieu. Je pense qu’avec la précau-
tion d’avoir un tel arbre dans un jardin enclos, il eùt été
très-utile een mème temps très-curieux de le conserver.
On prépare avec le suc épaissi des baies de ce Nerprun
et une certaine quantité d’Alun dissoute dans de l’eau , une
couleur verte dont on fait usage dans la peinture, et qu’on
connaît vulgairement sons le nom de vert de vessie , parce
que cette matière verte se met dans des vessies que l'on sus-
pend dans un lieu chaud pour l’y laisser durcir.
NERPRUN BOURGÈNE , vulgairement Bourgéne, Bour-
daine ; Aulne noir.
Rhémnus Frangula. Lan, Spec. 260. — Duham. Arh,
Nouv.éd. vol. 5. p.44. t. 15.
La,tige de cette espèce est ligneuse , droite, rameuse ,
haute de 10 à 12 pieds et plus. Ses feuilles sont alternes ;
pétiolées, ovales, un peu pointues, glabres. Ses fleurs sont
petites, d’un vert blanchâtre, pédonculées, axillaires, ra-
massées plusieurs ensemble : elles sont Pr de 1 cabce
2
148 RHAMNÉES. :
à 5 divisions, de 1 corolle à 5 pétales, de 5 étamines, et
de : ovaire arrondi. Ses fruits sont de petites baies globu-
leuses, noirâtres, contenant 2 à 4 graines. Cet arbrisseau
est commun dans les bois; il fleurit en mai et juin, et ses
fruits sont mürs en septembre.
La Bourgêne a les mêmes propriétés que le Nerprun; ses
baies, ses racines et son écorce moyenne sont aussi forte-
ment purgatives. Les médecins ne sont pas dans l'usage de
les employer; mais il arrive souvent, soit par fraude, soit
par erreur, que les gens de la campagne qui fournissent
les pharmaciens de baies de Nerprun pour faire leur sirop ;
mêlent, ou mème substituent tout-à-fait à ces dernières ,
celles de la Bourgëne, qui, dans beaucoup de cantons, est
bien plus commune que le Nerpran proprement dit. Cette
substitution, à cause des propriétés semblables des deux
espèces, est sans inconvénient. Au reste, les paysans se
purgent avec les fruits de la Bourgêne ou avec la décoc-
tion de son écorce ; ce moyen leur plait parce qu'il les fait
souvent aller par haut et par bas, et que ces bonnes gens
sont pour la plupart persuadés que les fortes évacuations
sont dans presque toutes les maladies le plus puissant moyen
pour guérir. L
_ L'écorce de Bourgène teint en jaune ; ses baies donnent
une couleur verte dont on fait du,vert de vessie, comme
avec celles du Nerprun purgatif; enfin son bois sert à faire
un charbon léger, qui est estimé préférable à tout autre
pour la fabrication de la poudre à canon.
95° Genre. — JusuBIER. Z1ZYPHUS. Tournef.
Calice à 5 divisions. h pétales. 5 étamines. 1 ovaire sur-
monté de 2 styles. 1 drupe contenant 1 noyau à 1 ou
2 graines.
JUJUBIER COMMUN.
Zizyphus vulgaris. Lam. Ilust. t. 185. £ 1.— Rham-
nus Zizyphus. Lin. Spec. 282. — Jujubæ. Pharm.
Le Jujubier commun est un arbre dont la tige cylindri-
que, un peu tortueuse, haute de 20 à 50 pieds, sesdivise
en rameaux nombreux chargés d’aiguillons et garnis de
feuilles ovales-oblongues, courtement péliolées, alternes ,
légèrement dentées, très-glabres. Ses fleurs sonL petites,
d'un jaune pâle, portées sur de courts pédoncules ; axil-
RHAMNÉES. 149
Jaires, solitaires ou 2 à,3 ensemble. Les fruits nommés /z-
Jubes sont des drupes ovoïdes, rouges, dont la chair re-
couvre un noyau lrès-pointu, à 2 loges qui contiennent
chacune 1 seule graine. Cet arbre, apporté de Syrie en Italie
sous le règne de l’empereur Auguste, s’est naturalisé depuis
dans plusieurs parties de l'Europe méridionale , et on le
trouve maintenant en Languedoc et en Provence; il fleurit
en juin et juillet.
Les Jujubes fraîches sont un peù fermes , et n’ont pas
la chair très-succulente; mais elles ont une saveur aigrelette
et vineuse assez-agréable, aussi elles sont au nombre des
fruits qu’on mange crus dans le midi de la France , en
Italie, etc. En médecine , on n'en fait usage que lorsqu'elles
sont sèches ; elles sont alors adoucissantes et béchiques. On
les emploie dans les rhumes , dans les maladies de poi-
trine , dans les affections douloureuses des voies urinaires.
On les prépare par décoction à la dose de 2 gros à 1 once
pour uhe pinte d'eau, et le plus souvent on les associe anx
autres fruits dits pectoraux , qui sont les Dattes, les Figues,
les Raisins secs et les Jujubes. Les pharmaciens composent
des tablettes de Jujubes qui,sont regardées comme trés-
propres à calmer la toux et les irrilations de poitrine ; ils
en fout aussi un sirop qui a les mêmes propriétés. Ces fruits
font partie des drogues qui entrent dans l’électuaire lénitif
et dans le sirop de tortues, médicamens à peu près relégués
aujourd'hui dans les anciens formulaires.
96° Genre. — FusaiN. Eronrmus. Lin.
Calice à 4 ou 5 divisions. Corolle de 4 à 5 pétales insérés
sur un disque charnu. 4 à 5 étamines. 1 ovaire supérieur,
enfoncé et caché dans le disque avec lequel il fait corps,
surmonté d’un style court. 1 capsule tétragone ou penta-
gone , un peu succulente , à 4 ou 5 loges, contenant cha-
cune 1 grame entourée d’une tunique propre colorée et
pulpeuse.
FusaiN D'EUROPE, vulgairement Fusin, Fusaire,
Bonnet de prêtre, Bois à lardoires.
Evonymus Europœus. Lin. Spec. 286. — Bull. Herb.
1. 139. — T'etragonia. Pharm.
Arbrisseau qui s'élève à 12 ou 15 pieds de hauteur, en
se divisant en branches et en rameaux quadrangulaires ,
K 5
350 RHAMNÉES,
dont les plus jeunes sont verdätres, garnis de feuilles Jan-
céolées , dentelées en leurs bords, glabres, courtement pé-
tiolées, opposées. Ses fleurs sont petites, blanchätres, pres-
que toutes quadrifides , disposées plusieurs ensemble sur des
pédoncules rameux et axillaires. Le Fusain croît dans les
bois et les buissons ; on le plante assez communément dans
les haies, mais celles qui en sont formées ne sont que d’une
irès-médiocre défense. Il fleurit en mai et juin.
Ses fruits ont une saveur nauséabonde; ils sont, dit-on,
émétiques et purgatifs, mais aucune observation positive
ne paraît encore avoir été faite pour en déterminer la dose;
aussi ne les emploie-t-on pas du tout en médecine. Dans
‘certains cantons, on retire des graines une huile bonne à
brüler ; dans d’autres, on se sert des capsulès pour la tein-
ture; quelques personnes enfin les font sécher au four, afin
de pouvoir les réduire en poudre, et, dans cet état , ilsen font
usage pour détruire la vermine des enfans. Le bois de Fusain
a le grain fin, serré ct d’une couleur jaunâtre; ce qui le rend
propre à étre employé pour quelques ouvrages de tour et de
marquetterie : on en fait aussi des bobines de fuseaux et des
lardoires ; mais on assure qu’il a l’inconvénient de causer
des nausées aux ouvriers qui le travaillent. Les rameaux
réduits en charbon sont employés à la fabrication de la
poudre à canon, et les dessinateurs en font des espèces de
crayons qui leur servent à tracer leurs esquisses. Les auteurs
ne sont pas d'accord touchant ies propriétés malfaisantes
de cet arbrisseau pour les animaux herbivores. Clusius dit
avoir observé que les chèvres broutaient ses feuilles avec
plaisir; Linné et Willich disent en général que les bestiaux
mangent volontiers ses feuilles et ses jeunes pousses; Landis
qu’au contraire Gmelin assure qu’elles donnent la mort
aux brebis, et que Duhamel en parle comme étant nuisibles
aux bestiaux. l .
97° Genre. — Houx. 1/1Ex. Lin.
Calice court , à 4 dents. Corolle de #4 pétales contigus à
leur base, mais non adhérens. 4 étamines presque de la
longueur des pétales ; la base de leurs filamens servant d’in-
termédiaire à la connexité apparente des parties de la co-
roile. 1 ovaire surmonté de # stigmates sessiles. # baïe ar-
rondie, à 4 graines osseuses.
RHAMNÉES. 152
Houx ÉPINEUX, vulgairement /e Houx.
Îlex Aquifolium. Lin. Spec. 181. — Aquifollum.
Blackw. Herb. t. 205. — Æquifolium sive Agrifolium.
Pharm. :
Grand arbrisseau ou petit arbre qui s'élève quelquefois
à 20 ou 25 pieds de hauteur, mais qui le plus souvent
reste au-dessous de ces proportions. Son tronc se divise
en rameaux nombreux, souples , recouverts d’une écorce
lisse et verte, garnis de feuilles alternes, pétiolées, ovales,
coriaces , persistantes, luisantes, d’un beau vert, ordinai-
rement ondulées en leurs bords, ayant leurs angles ter-
minés par des pointes très-épineuses ; planes an contraire,
dépourvues d’épines sur les très-vieux pieds. Ses fleurs sont
blanches , petites, nombreuses , disposées dans les aisselles
des feuilles par petits bouquets serrés. Les fruits sont des
baies rouges à l'époque de leur maturité, et à peu près de
la grosseur d’un grain de groseille. Le Houx croît dans les
buissons et les bois montagneux ; il fleurit en avril el mat.
Les baies du Houx, prises au nombre de 10 à 12, sont
purgatives, s’il faut en croire Dodonæus ; mais c’est une
chose à vérifier, car cet auteur ne parle pas d'après sa pro-
pre expérience. Les autres propriétés , attribuées par les-
auteurs aux différentes parlies de cet arbre, sont assez nome
breuses. Les uns disent que ses racines cuites dañs l’eau sont
émollientes ét résolntives, et l'écorce paraît avoir des fa-
cultés analogues. On prépare avec le liber une glu pour
prendre les oiseaux. Geoffroy et Duhamel ont donné le
moyen de faire cette préparation que Chomel recommande,
mise sur des étoupes et appliquée en cataplasme, pour
apaiser les douleurs causées parka goutte. Quelques auteurs
ont vanté la décoction des feuilles et leur poudre prise avec
de l’eau de tussilage , pour la toux, la pleurésie, les coliques
et les maladies des voies urinaires, etc. Haller recommande
le suc des feuilles dans Ja jaunisse. Enfin Reil assure avoir
employé fréquemment la décoction ou l'extrait de Houx,
et avoir observé que ces préparations provoquaient lap-
pétit, facilitaient toutes les sécrétions el excrétions, et que
l’un de leurs effets constans était d'augmenter la transpi-
ration jusqu’à Ja sueur. Selon le mème auteur, il a employé
le Houx avec beaucoup de succès dans des fièvres Inter-
millentes qui régnaient épidémiquement , et plusieurs de
K &
152 Ë RHAMNÉES,.
ces maladies qui avaient résisté au Quinquina ont cédé 1
l'administration dû remède indigène. Au reste, il convient
d’ailleurs que celui-ci agit plus lentement que. le Quin-
quina, car il lui a été nécessaired’en faire continuer l’usage
pendant huit à quatorze jours pour guérir les fièvres; et il
avoue encore que leur guérison, dans d’autres circonstan-
ces, n’a pas loujours élé aussi certaine, Selon Werlhof, les
habitans de la Frise orientale font un usage fréquent , dans”
la goutte, des feuilles de Houx en décoction dans la bière,
et c’est pour eux un remède domestique. Reil ayant aussi
employé ce remède pour un certain nombre d’arthritiques,
il dit que plusieurs de ceux qui le prirent éprouvèrent en
général une sueur abondante qui dissipait, insensiblement
les douleurs; mais que d’autres en ont fait usage sans aucun
succés. La dose des feuilles de Houx est de demi-once à
1 once dans 1 à 2 livres d’eau, et les malades doivent boire
cette décoction chaude quand ils la prennent comme sudo-
rifique. Dans les fièvres intermittentes, Reiïl faisait prendr e
l'extrait des feuilles à la dose de 1 à 2 gros dans la j journée,
et il y joignait la décoction froide.
Quelques personnes ont cru que.les graines du Houx,
desséchées , torréfiées et préparées comme celles du café,
pouvaient remplacer jusqu’à uu certain point cette denrée
exotique.
Le bois du Houx-est compact, très-dur, plus pesant que
l'eau , blanc jusqu'à un certain âge, mais brun et noirâtre
vers le centre dans l'arbre un peu avancé en âge. Sa con-
.sistance très-dur le rend propre pour les ouvrages de tour,
ceux de marquetterie, elc. Les bêtes fauves et les mou
tons mangent les feuilles du Houx. Les petits oiseaux se
nourrissent de ses baies , surtout les grives , lorsque pendant
l'hiver la terre est couverte de neige.
“HA | XX LAINE
EUPHORBIÉES.
Les plantes de cette famille se distinguent aux caractères
suivans : Calice monophylle, à 5, 4 ou à divisions; corolle
de 5, #4 ou 5 pétales insérés TÈ le calice; étamines en
nombre variable, de 5 à 15; 1 ovaire à 5 styles ou à stig-
mate trifide ; 1 capsule à à 3 coques monospermes.
Les Euphorbiées sont des plantes herbacées ou des ar-
EUPHORBIÉES. 153
bustes, à feuilles entières alternes, et à fleurs axillaires où
terminales. Les espèces du genre Euphorbe sont très-nom-
breuses et contiennent toutes un suc laiteux , d’une grande
Âcreté et très-caustique , qui rendrait ces plantes vénéneuses
si elles étaient employées fraîches et surtout en nature;
mais elles perdent , par une parfaite dessication, leurs mau-
vaises propriétés , et à des doses modérées elles sont seule-
ment émétiques et purgatives. La Camelée, autre genre,
qui ne contient qu’une espèce et que j'ai cru devoir rap-
porter à cette famille, n’est point lactescente, mais elle est
un peu résineuse et légèrement purgative.
98° Genre. — EUPHORBE. EUPHORBIA. Lin.
Calice d’une seule pièce à 4 ou 5 divisions. Corolle de
4 à 5 pétales, un peu charnus, arrondis, ou en crois-
sant, insérés dans le haut du calice et alternes avec ses
. divisions. 12 à 15 étamines, rarement moins, attachées au
réceptacle, et ayant interposées entre elles, des écailles
velues , lacinées ou frangées. 1 ovaire arrondi, trigone , pé-
diculé , surmonté de 5 styles bifides. 1 capsule saillante
hors du calice, à 3 coques monospermes.
EUPHORBE DES BO1s.
Euphorbia sylvatica. Lin. Spec. 665. — Bull. Herb.
t. 95. — Esula vel Tithymalus. Pharm.
Sa racine est presque simple, pivotante, vivace, recou-
verte d’une écorce brunâtre: elle donne naissance à 3 ou
4 üges cylindriques, plus ou moins velues, hautes de 2 pieds
ou environ, garnies de feuilles lancéolées, presque glabres ;
les inférieures plus rapprochées les unes des autres el ré-
trécies en pétioles à leur base, les supérieures plus éloignées
entre elles, plus petites et sessiles. Les fleurs sont jaunâtres
ou um peu rougeâtres, à pétales échancrés en croissant, et
disposées, à l'extrémité des tiges, en 1 ombelle formée de
6 à 5 rayons; quelques autres sont placées au-dessous de cette
ombelle termimale sur plusieurs pelits rameaux axillaires,
une fois bifurqués. Les capsules sont glabres et lisses. Cette
plante est assez commune dans les bois, où elle fleurit en
avril et mai.
EUPHORBE DE GÉRARD.
Euphorbia gerardiana. Jacq. FI. Aust. t. 456.
Sa racine esl vivace, grosse comme le petit doigt, cou-
154 EUPHORBIÉES.
verie d'une écorce brunâtre; elle donne naissance à plu-
sieurs tiges simples, hautes d'environ 1 pied, parfaitement
glabres, comme toute la plante, garnies de feuilles linéaires-
Jancéolées, glauques, sessiles , éparses, assez rapprochées les
unes des aatres. Ses fleurs sont jaunâtres, portées sur des ra-
Meaux disposés, au nombre de 10 à 20 , en 1 ombelle termi-
nale. Les pétales sont arrondis, et les capsules glabres et
lisses. Cette plante est commune dans les lieux secs et sa-
blonneux, aux environs de Paris et dans plusieurs parties
de la France. Elle fleurit en mai et juin.
EUPHORBE CYPRÉS.
Euphorbia cyparissias. Lin. Spec. 661. — Jacq. F1.
Aust. t, 455. — Tithymalus cyparissias. Matth. Valgr.
1254.
Sa racine se divise en plusieurs grosses fibres un pe
couchées, traçantes, recouvertes d’une écorce brune-jau-
nâtre; elle est vivace, et donne naissance à 1 ou plusieurs
tiges, hautes de 6 à 10 pouces, simples dans leur partie
mférieure, chargées, dans la supérieure, de plusieurs ra-
meaux stériles, fort longs pour la grandeur de la plante.
Ses feuilles sont éparses, Enéaires , étroites, très-rapprechées
lés unes des autres. Ses fleurs jaunâtres, à pétales échancrés
en croissant, sont portées au sommet de la tige sur 8 à
15 longs pédoncules, une fois bifurqués et disposés en 6m-
belle. Cette plante est commune dans les lieux secs et sa-
blonneux; on la trouve fréquemment aux environs de Paris.
Elle fleurit en avril, mai et juin.
EUPHORBE PITHYUSE.
Euphorbia pithyusa. Lin. Spec. 656. — Pithyusa.
Matth. Valgr. 1258.
Sa racine est assez grosse, vivace; elle donne naissance à
1 souche presque ligneuse , qui produit 1 ou plusieurs
tiges longues de 6 à 10 pouces, garnies de feuilles nom-
breuses, lancéolées-linéaires, d’un vert glauque, dont les
inférieures sont imbriquées en sens contraire de la direction
des supérieures, “qui sont plus larges et plus écartées les
unes des autres. Les fleurs jaunâtres, à pétales entiers,
presque arrondis, sont porlées au sommet des tiges sur des
pédoncules bifurqués et disposés en 1 ombelle mume à
sa base d’une collerette de folioles ovales , aiguës. Les cap-
EUPHORBIÉES. 155
sules sont glabres. Cet Euphorbe croît dans les sables des
bords de la Méditerranée, aux environs de 'Foulon et
d’Hières. 4
Outre les quatre espèces d’Euphorbe que je viens de dé-
crire , il en existe encore un grand nombre en France, puis-
qu’on en compte environ quarante espèces. Les plus com-
munes sont l'Esule, Euphorbia Esula. Lin, l'Epurge ou
Catapuce, Euphorbia Lathyris. Lin., le Réveil-matin,
Euphorbia Helioscopa. Lin., le Péplus, Euphorbia Pe-
plus. Lin. , etl'Euphorbe des moissons, Euphorbia Segeta-
lis. Lin. Toutes ces plantes ont des propriétés analogues, et
chacune d’elles est plus ou moins émélique ou purgative, ce
qu’elles doivent à un suclaitenx, âcre et caustique, répandu
en si grande abondance dans toutes leurs parties, qu’il s’é-
chappe en gouttes nombreuses à la moindre déchirure faite
à leûrs raeines, à leurs tiges , à leurs feuilles; etc. L'âcreté et
la causticité de ce suc sont telles, qu’une seule goutte sur Ha
langue y laisse pour long-temps une ardeur brülante insup-
portable. Aussi cela ne permet pas d'employer ces plantes
fraîches; mais lorsqu'elles sont parfairement desséchées , elles
peuvent l’être sans aucun inconvénient. C’est ainsi que , dans
les recherches que j’ai faites, pour trouver dans les plantes
de France des succédanées à l’Ipécacuanha (1), je me suis
assuré, par ma propre expérience, que les racines de
l’'Euphorbe Cyprès et celles de FEuphorbe Gérard, par-
faitement desséchées , et réduites en poudre, pouvaient être
données en nature, et que, comme vomitif simple, elles
agissaient absolument comme l’Ipécacuanha , et qu’elles ne
causaient jamais aucun des accidens que quelques auteurs
les croyaient susceptibles de produire. Les doses auxquelles
Je les ai administrées ont été , pour l'Euphorbe Cyprès , 12 à
15 grains où 18 au plus, délayés dans 3 tasses d’eau
üèdes et données de demi-heure en demi-heure, et, pour
l'Euphorbe de Gérard, 15 à 24 grains préparés de la même
manière; j'en ai moi-même fait usage avec succès à cette
dermière dose.
N’ayant point employé un grand nombre de fois l'Eu-
(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouvrage, mes Observations
sur les Plantes indigènes qui peuvent être les succédanées de
l'Ipécacuanha,
156 EUPHORBIÉES.
phorbe des hoïs, je ne puis le recommander avec autant Je
certitude; cependant il m'a paru agir à peu près comme
l’Euphorbe de Gérard. Les observations que j’ai commen-
cées sur l’Epurge, n'étant point encore assez multipliées,
Je ne puis dire, d’une manière positive, si cette espèce est
plus décidément émétique que purgative. Ses graines, plus
grosses que dans aucune autre espèce, sont d'un usage fa-
milier dans quelques départemens pour les gens de la cam-
pagne, qui se purgent fortement en en prenant 10 à 12.
N'ayant fait qu’une seule observation sur l’Enphorbe
Péplus, je m’abstiendrai de parler de son mode d’action :
mais je dois dire: quelque chose de l'Éuphorbe Pithyuse,
sur laquelle, au contraire, j'ai fait 36 observations. Il ré-
sulte de celles-ci que les racines de cette espèce, administrées
à la dose de 15 à 24 grains en poudre, et de la même ma-
ère que l'Euphorbe Cyprès ou celle de Gérard, ont presque
uniquement agi comme purgatives. En effet, sur 56 ma-
lades auxquels j'en ai fait prendre, 8 seulement ont eu
quelques vomissemens, tandis que tous les autres n’ont eu
que des évacuations alvines plus ou moins abondantes.
D’après tout ce qui vient d’être dit, et qu’on pourra voir
beaucoup plus amplement détaillé dans la 2° partie de cet
ouvrage, Je Crois pouvoir recommander, comme un très-
bon émétique, les racines de l’Euphorbe de Gérard et de
. l'Euphorbe Cyprès, aux doses déjà indiquées ci-dessus.
Je crois aussi que si on pouvait enlever à celles de l’Eu-
phorbe Pithyuse le peu d’éméticité dont elles sont douées,
elles seraient parfaitement propres à remplacer le Jalap.
Chomel recommande de faire macérer les racines des
Euphorbes dans le vinaigre, avant de les employer, et
c’est ainsi que’ MM. Coste et Willemet en ont fait usage
dans quelques-uns de leurs essais ; mais je puis assurer que
celte préparation préliminaire est absolument inutile, et
qu’elle ne tend qu’à rendre incertaine l’action du médica-
ment. Au reste, Je dois avertir ici que je n’ai fait usage que
de la partie corticale des racines d’Euphorbe, et que J'ai
rejeté leur âxe ligneux , qui ne se réduit qu'imparfaitement
en poudre.
100*° Genre. — CAMELÉE. CNEORUM. Laün.
Calicetrés-court, à 3 dents. 3 pétales oblongs. 3 étamines
plus courtes que la corolle. 1 seul style terminée par
EUPHORBIÉES. 157
35 tigmate trifide. 1 capsule à 5 coques, contenant cha-
cune 1 seule graine.
CAMELÉE A TROIS COQUES.
Cneorum tricoccon. Lin. Spec. 49. — Chamelæa tri-
coccos. Clus. Hist. 87.
Cette plante est un petit arbrisseau qui se divise dès sa
base en-rameaux nombreux, et qui s'élève à la hauteur
de r pied ou 2. Ses feuilles sont oblongues, persistantes,
sessiles, d’un vert assez foncé, glabres et luisantes. Ses fleurs
sont jaunes, solitaires, portées sur de courts pédoncules dans
les aisselles des feuilles. Cet arbrisseau se trouve dans les
lieux secs, arides et pierreux , en Languedoc et en Pro-
vence ; il fleurit en avril et maï.
* Il régnait beaucoup d'incertitude sur l’action positive
de cette espèce, doni J. Bauhin parle comme d’un bon
purgatif hydragogue, et que Dodonæus représente comme
un purgatif trés-violent, lorsque je me décidai à l’essayer
de nouveau, pour voir s'il pouvait mériter d’être employé
ou s’il devail continuer à rester dans l’oubli où il est tombé.
Les observations que j'ai faites à ce sujet m'ont appris que
cette plante ne méritait ni les louanges de J. Bauhin , ni les
reproches de Dodonæus, car ; sur huit fois que je m’en suis
servi (1), elle a trois fois manqué complélement son effet
comme purgative, et, dans deux des autres obseryations, elle
a pu ne devoir l'effet qu’elle paraît avoir produit, qu’à
l'addition de quelques autres cathartiques. Au reste, j'avais
employé ses feuilles en décoction, à assez haute dose, depuis
2 jusqu’à 6 gros. Je crois donc qu'elle ne mérite pas d’être
rappelée dans la pratique, son action purgalive étant trop
incertaine.
Famille XX XV:
TÉRÉBINTHACÉES.
Les caractères propres aux plantes de cette famille sont
les suivans : Calice monophylle, à 5 ou 5 divisions; pétales
égaux en nombre aux divisions calicinales, alternes avec
(1) Voyez l’article Camelée , à la suite de mes Recherches sur
les succédanées du Séné , dans la 2° partie de cet ouvrage,
à DR TÉRÉBINTHACÉES,
elles, et insérés à la partie inférieure du calice, quelquefois
ils sont nuls; étamines en même nombre que les, divisions
calicinales et ayant la même insertion que les pélales;
1 ovaire supérieur et 5 styles ou 3 stigmates; 1 drupe mo-
nosperme.
Les Térébinthacées sont des arbres ou des arbrisseaux à
feuilles alternes, composées, rarement simples; à fleurs
disposées en grappe. Leur suc propre est résineux. Dans
les Pistachiers ce suc a une saveur amère et une odeur aro-
matique agréable; ses propriétés générales sont d’être to-
niques et stimulantes. Dans le Sumac des corroyeurs ce suc
est très-astringent, et dans quelques espèces exotiquesil a
une si grande âcrelé que son application extérieure rubéfe
Ja peau et y produit des effets analogues aux vésicatoires ;
tel est surtout le Rhus toxicodendron. Les drüpes secs dés
Pistachiers renferment une amande oléagineuse, d’une sa-
veur douce. La pulpe du fruit charnu du Sumac a un goût
acide , et elle est propre à suppléer le vinaigre.
101° Genre. — PISTACHIER. PISTACIA.1an.
1
Divique. Fleurs mâles, disposées en grappe serrée, cha-
cune d’elles ayant 2 calice court, à 5 divisions: point de
corolle; 5 étamines, à anthères télragones, presque sessiles,
Fleurs femelles en grappe lâche, chacune d'elles ayant
1 calice à 5 divisions; point de corolle; 1 ovaire chargé de
5 styles, devenant 1 drupe sec, ovale, contenant 1 noyau
osseux el monosperme.
PisTACHIER COMMUN , vulgairement, le Pistachuer.
Pistacia vera. Lin Spec. 1454. — Duham. Arb. Nouv,
ed, vol. 4. p. 70. t. 17. — Pislacia. Pharm.
Le tronc de cet arbre est assez gros; 1] s'élève à la hau-
ieur de 20 à 50 pieds, en se divisant en branches étalées,
dont les ramifications sont garnies de feuilles alternes,
longuement pétiolées ; composées de 5 à 5 folioles ovales ou
un peu lancéolées, glabres. Les fleurs sont les unes mâles,
les autres femelles, portées sur des individus différens. Les
fruits sont des drupes secs, d’une forme ovale, dela gros-
seur d’une olive, ridés et roussätres extérieurement, con-
tenant dans leur intérieur une amande oléagineuse et d’une
saveur douce, connue sous le nom de Pistache. Cet: arbre
est originaire de l'Asie; ce fut Vitellius, alors gouverneur
TÉRÉBINTHACÉES. 159
de Syrie, qui, sur la fin du règne de Tibère , apporta le
premier des Pistaches à Rome. Depuis ce temps le Pista-
chier s’est naturalisé dans les pays chauds de Europe mé-
ridionale. On le cultive, en général, en Provence et en
Languedoc, et quelquefois on l’y trouve venu sans culture,
Les Pistaches ont un goût agréable; elles passent pour
être bonnes pour l’estomac, et on-les regarde comme ana-
leptiques. On peut les prescrire seules ou avec les pignons
doux aux phthisiques et aux personnes attaquées d’affec-
tions catarrhales , et, dans ces cas, on en prépare des émul.
sions dans lesquelles élles entrent à la quantité de 12 à
20 pour 1 livre d’eau; elles servent aussi à faire le looch
vert; mais, en général, elles sont peu usitées aujourd’hui
en médecine, et les compositions pharmaceutiques dans
lesquelles elles entraient, sont encore plus tombées en dé-
suélude, ce qui fait que je n'en parlerai pas davantage.
Au resle, les Pistaches se mangent crues comme les
Amandes douces; on les sert sur les tables avec les fruits
secs, et les confiseurs en emploient beaücoup pour faire
diverses sortes de dragées, en les recouvrant de sucre ou de
chocolat. On les fait aussi entrer dans les crèmes et dans les
glaces; mais leur couleur verte étant insuffisante pour colorer
ces substances, on y mêle du jus d'épinard.
PiSTACHIER TÉRÉBINTHE, yulgairement T'erébinthe,
. Pudis.
Pistacia Ferebinthus. Lin. Spec. 1455. — Terebinthus
vulgaris. Duham. Arb. vol. 2. p. 506. t. 87. — T'ereben-
thus vulgaris. Terebinthia Chia. Pharm.
Dans le midi de la France, cetteespèce ne s'élève qu’à une
hauteur médiocre et ne forme guère qu’un arbrisseau ; mais
dans le levant , elle atteint à la grandeur d’un Orme. Ses
feuilles sont alternes, composées de 7 à g folioles ovales-oblon-
gues, luisantes, portées sur 1 pétiole commun légérement
ailé. Ses fleurs sont trés-petites, dioiques comme dans Ja
première espèce, disposées en 1 panicule axillaire et re-
dressée : dans les mâles les étamines sont purpurines : dans
les individus femelles, il succède aux fleurs de petits drupes
secs , globuleux, et au plus de la grosseur d'un pois com-
mun. Cet arbrisseau croit naturellement dans le midi de ia
France , en Italie, dans les îles de la Méditerranée et dans
le levant ; il fleurit en avril et mai.
160. TÉRÉBINTHACÉES..
Dans les pays chauds il découle naturellement pendant
les chaleurs de l'été, par les fentes de l’écorce du Térébinthe,
un suc résineux , d’abord liquide, d’un blanc jaunâtre , ti-
rant souvent sur le verdâtre ou sur le bleu , qui s’épaissit
ensuite à l’aiv, se dessèche plus ou moins, et est connu sous
le nom de'lérébenthine de Chio, parce qu’une bonne partie
de celle qu’on trouve dansle commerce nousvientdecetteîle.
Pour augmenter ce produit naturel, on fait, à la fin du prin-
temps, da incisions au tronc et aux branches de arbre,
et on recueille, pour différens usages, la résine qui en dé-
coule, Celle-ci a une saveur un peü àcre et amère, et une
odeur aromatique, analogue à celle de la résine du Méleze,
plus connue sous le nom de ‘Férébenthine de Venise.
La résine du Térébinthe était très-estimée autrefois des
médecins et des chirurgiens; appliquée extérieurement, ils
la regardaient comme tirés-résolutive, et comme très-propre
à nelloyer les plaieset à en faciliter la cicatrisation. Donnée à
l’intérieur , n la regardait de même comme étant puissam-
ment balsamique et rire, ainsi qu’on disait alors, eten
luisupposant la vertu de cicatriser les ulcères internes comme
les externes, on la donnait dans toutes les maladies où l’on
pensait que quelque viscère était attaqué d'une ulcérätion
quelconque, principalement dans la phthisie pulmonaire,
pour remédier au crachement purulent; mais aujourd'hui
que les prétendus balsamiques et vulnéraires sout estimés à
leur juste valeur, on ne croit plus à l'efficacité de la Téré-
benthine dans la plupart des cas pour lesquelles on l’em-
ployait autrefois; mais son application extérieure est encore
considérée comme un des meilleurs moyens résolutifs que
l’on connaisse. Quant à l’action de la Térébenthine à lin-
térieur, elle produit un effel tonique et stimulant, et parait
surtont agir d’une manière particulière sur les voies uri-
naires, car elle communique à l’urine des personnes qui en
prennent intérieurement , une odeur de violette ; aussi l’ad-
ministre-t-on encore ne le catarrhe de la vessie, et comme
un bon moyen d'arrêter les éconlemens gonorréiques trop
prolongés. On la prescrit depuis 1 demi-gros Jusqu'à 2 gros,
sous forme de pilules, ou dissoute anse 4 à 6 onces d’eau,
ar l’intermédiaire du jaune d'œuf, qu’on fait prendre aux
site en plusieurs fois dans l’espace de 24 heures ; mais
comime on se procure DÉSRCONE plus facilement la Téré-
benthine du Méleze, on lui substitue le plus souvent célie
TÉRÉBINTHACÉES. 161
dernière, surtout dans les compositions pharmaceutiques où
elle entre, telles que dans la Thériaque et le Mithridate.
Elle fait aussi partie d’une foule d’autres préparations, telles
que baumes, onguens, emplâätres, etc. Depuis quelque temps
plusieurs médecins ont souveut employé avec succès l'es-
sence de ‘Férébenthine contre le ‘Tænia. La dose de cette
dernière substance est de 1 demi-gros à 1 gros que l’on fait
triturer avec dix à douze fois leur poids de sucre, et que
l’on administre après l’avoir délayée dans & à,5 onces d’un
véhicule aqueux ; on s’en sert aussi en lavement, à une dose
double. Au reste, ceci regarde plus particulièrement l'es -
sence de la Térébenthine du Mélèze, la seule qu'on trouve
maintenant dans le commerce, et si j'en ai parlé ici, c’est
que la résine du Térébinthe et celie du Mélèze paraissent
être identiques dans leurs propriétés, quoique ces arbres
soient de familles différentes.
En Turquie, en Perse et dans l'Orient en général, on
mâche habituellement de la Térébenthine cuite: les femmes,
surtout, en ont presque toujours dans leur bouche. Les
habitans de ces pays regardent cet usage comme un bon
moyen de consolider les dents, de les entretenir blanches,
de rendre l’haleine agréable et d’exciter l'appétit.
PISTACHIER LENTISQUE , vulgairement Zentisque ,
Méstic, Restencle.
Pistacia Lentiscus. Lin. Spec. 1455. — ZLentiscus.
Blackw. Herb. t. 195. — Pharm.
Cette espèce est un arbrisseau qui s'élève à la hauteur de
12 à 15 pieds. Ses feuilles sont alternes, ailées, sans iru-
pair, composées de 8 à 10 folioles lancéolées, glabres, co-
riaces , persistantes, portées sur un péliole commun ailé
et presque articulé. Ses fleurs, comme dans les deux autres
espèces , sont dioiques et disposées en panicules axillaires,
tres-serrées dans les mâles, plus lâches dans les femelles.
Les fruits sont de petits drupes arrondis, rouges, devenant
noirâtres où brunâtres en mürissant. Le Lentisque croit
naturellement en Provence , en Languedoc, en Italie, dans
le Levant, etc. Il fleurit en mai.
Le Lentisque fournit de même que le Térébinthe, soit
naturellement , soit par des incisions praliquées à son
écorce, un suc résineux connu sous le nom de Âfastic ,
qu'on trouve dans le commerce sous la forme de larmes
L
\
162 TÉRÉBINTHACÉES.
sèches , fragiles, de la grosseur d’un pois ou un peu moins,
transparentes , d’une couleur blanchâtre ou citrme, ayant
une odeur ‘aromatique agréable, et une saveur un peu
astrmgente. L'ile de Chio est en réputation de fournir le
meilleur mastic , comme elle donne la meilleure Térében-
thine. En Italie, en Provence, le climat n’est pas assez
chaud pour que les Lentisques en puissent produire beau-
coup, et 1l n’est pas d’une aussi bonne’ qualité. Le Mastic
est recommandé par les anciens auteurs de matière médi-
cale, comme stomachique et astringent ; ils le conseillent
pour remédier à l’atonie et à la langueur des organes de la
digestion. On le prescrivait aussi autrefois dans les crache-
mens de sang , les catarrhes , les diarrhées. Appliqué ex-
térieurement sur l’épigastre ou sur l’abdomen , on le disait
bon pour calmer les nausées , les vomissemens, les coli-
ques, et pour arrêter les superpurgations et les flux de
ventre. Aujourd’hui le Mastic est à peine employé. Au
temps où la polypharmacie était en vogue, il entrait dans
une foule de compositions officinales maintenant surannées,
telles que l’électuaire Hiéra picra, les trochisques de Karabé,
les pilules Polychrestes, les pilules Sine quibus, Vonguent
Marthatum , Vemplâtre Manus-Dei, etc.
Les habilans de l’île de Chio et de toutes les îles de l'Ar-
chipel, hommes, femmes, enfans, les Turcs en général , et
surtout les femmes du sérail, mâchent presque continuelle-
ment du Mastic pour se fortifier les gencives et les dents, et
pour avoir l’haleme plus suave. À Chio, ils sont encore dans
l'usage d’en mêler dans la pâte en faisant leur pain, afin de lui
donner une saveur plus agréable. Dans le Levant , au rap-
port de Tournefort, on retire par expression des fruits du
Lentisque, une huile que les Turcs préfèrent à celle d'olive
pour brüler , et qu’ils forft entrer dans leurs médicamens,
On a aussi attribué aux différentes parties du Lentisque ,
à ses bourgeons, à ses feuilles, à ses fruits, à son écorce
et à ses racines, toutes les propriétés qu'a le Mastic Îui-
même ; on a particulièrement vanté la décoction du bois,
sous le titre d’or potable, comme une panacée merveilleuse
pour guérir la goutte, les catarrhes, pour arrêter les vo-
missemens opimâtres, pour expulser les calculs de la ves-
sie, etc.; mais cette prétendue panacée, beancoup trop
merveilleuse sans doute, est tombée aujourd’hui dans l’ou-
bli le plus profond,
TÉRÉBINTHACÉES. 163
s 102° Genre. — Sumac. RHUS. Lin.
Calice à 5 divisions. 5 pétales. 5 étamines , à filamens
courts, portant de peiites anthères. 3 styles très-courts, on
seulement 5 stigmates. r petit drupe contenant uu noyau
monosperme.
Sumae DES CORROYEURS , vulgairement Roux ou Roure
des Corroyeurs , Vinaigrier.
Rhus Coriaria. Lan. Spec. 579. — Duham. Arb. Nouv.
ed. vol. 2. p. 162. t. 46.
Cette espèce est un arbrisseau de 10 à 12 pieds de haut,
dont les branches et les rameaux sont étalés, revétus d'une
écorce velue. Ses feuilles sont grandes, ailées avec impair,
composées de beaucoup de folioles ovales, dentées, velues.
Ses fleurs sont petites, verdälres ou d’un blanc sale, dispo-
sées en grappes droites et serrées à l'extrémité des rameaux ;
leur ovaire est surmonté de 5 stigmates sessiles. Cet arbris-
seau croît naturellement dans le midi de la France, en
Espagne, en Italie, en Syrie, etc., dans les lieux secs et
pierreux. Il fleurit en juillet et août.
Les fruits du Sumac ont une saveur acide et astringente ;
on les employait autrefois en substance à la dose de 24 grains
à 1 gros, et en décoction dans 1 pinte d’eau , à celle de 2
à 4 gros, dans la diarrhée, la dyssenterie et le scorbut: mais
ils ne sont plus en usage aujourd'hui. Dans le midi de la
France, ces fruits servaient aussi jadis dans les cuisines pour
assaisonner les viandes, en place de verjus ou de vinaigre,
ainsi que cela se pratique encore chez les Tures.
Les anciens employaient , pour tanner leurs cuis, les
jeunes rameaux du Sumac, desséchés et réduits en poudre,
et dans certaines parties de l'Espagne et du midi de l'Eu-
rope , on s’en sert encore pour le mème usage. L'écorce
des tiges tent en jaune, et celle des racines en brun.
SUMAC RADICANT.
Rhus radicans. Län. Spec. 581.
SUMAC VÉNÉNEUX.
Rhus toxicodendron. Lin. Spec. 381. — Duham. Nour.
éd. vol. 2. p. 267. t. 40. Ce
Ces deux plantes, que Linné avait distinguées comme
étant deux espèces différentes, se ressemblent tellement dans
L2
164 TÉRÉBINTHACÉES,
toutes leurs parties, à part quelques légères modifications
dans leurs feuilles, qu’aujourd’hui les botanistes ne les re-
. gardent plus que comme deux variélés de la même espèce,
et leurs propriétés identiques confirment encore cette ma-
nière de voir. Cette espèce donc est un arbrisseau dont les
racines sont ligneuses , rougeâtres, traçantes. Ses tiges se
divisent en rameaux nombreux, flexueux, faibles et cou-
chés dans leur jeunesse , s’élevant ensuite sur les arbres qui .
sont dans leur voisinage, et s’ÿ altachant par le moyen de
suçoirs, presque en forme de racine, qu’ils enfoncent dans
leur écorce. Ses feuilles sont alternes, longuement pétiolées,
composées de 3 folioles ovales, un peu pointues, longues
d'environ 5 pouces sur 2 de large, vertes, glabres et très-
entières dans la première variété, plus ou moins pubescentes
et quelquefois sinuées dans la seconde. Les fleurs sont toutes
mâles sur certains individus, toutes femelles sur d’autres ;
les unes et les autres disposées en petites grappes courtes ,
d’un vert blanchâtre, et situées dans les aisselles des feuilles. |
Aux femelles succèdent de pelits drupes secs , d’un blanc
jaunâtre. Cet arbrisseau croît naturellement dans le nord
de l'Amérique septentrionale, depuis la Virginie jusqu’en
Canada ; transporté depuis assez long-temps en France, il
est aujourd’hui parfaitement acclimaté dans nos jardins où
il se multiplie avec la plus grande facilité. On le cultive
mème maintenant plus particulièrement à cause de l’usage
qu'on en fait depuis quelque temps en médecine, et comme
il n’exige aucun soin particulier, et que, confié à la pleine
terre , il s’y conserve dans nos hivers les plus rigoureux ,
cela m'a engagé à en parler comme sil était indigène.
L’flu des noms donnés à ce Sumac annonce quelles sont
ses propriétés ; effectivement plusieurs observations qu’on
trouve dans les auteurs à son sujet prouvent assez qu’il
doit être mis au rang des plantes dangereuses; mais beau-
coup d’autres végétaux le sont incomparablement plus que
lui, et ses émanations ne paraissent d’ailleurs être plus véri-
tablement nuisibles el plus à craindre que lorsqu'il est pris
à l’intérieur ; car, de cette derniére manière, ce n’est qu’à
une forte dose qu'il agit comme poison. Fontana, Gouan et
Amoureux ont constaté par des expériences les effets dan-
gereux que peut produire le seul toucher de cette plante,
el ces effets, selon M. Van-Mons, pharmacien à Bruxelles,
qui a aussi fait des expériences sur le même sujet, tiennent
TÉRÉBINTHACÉES. 165
moins au suc laiteux gommo-résineux contenu dans ses
feuilles et dans la partie corticale de ses tiges, qu'à un miasme
particulier qui est exhalé par la plante lorsqu'elle n'est pas
directement frappée par les rayons du soleil, et que le même
M. Van-Mons a reconnu êlre un gaz hydrogène carboné.
Les effets de ce gaz sur l’économie animale sont quelquefois
assez intenses ; ainsi le toucher du Sumac radicant pent
déterminer une tuméfaction et une inflammation plus ou
moins considérable des paupières et même de tout le visage,
une cuisson brûlante des mains, suivie de l’inflammation
de ces dernières parties, avec éruption de petites vésicules
leines de sérosité. Tous les individus ne sont pas d’ailleurs
affectés de la même mamière : 1l en est qui peuvent toucher
impunément à ce Sumac, tandis que d’autres ne pourraient
rester auprès sans en être plus ou moins désagréablement
aflectés; cela dépend de la susceptibilité particulière à chaque
personne. Mais il doit suffire que j’aie fait connaître ce que
les émanations du Sumac radicant peuvent présenter de
danger ; je vais m'occuper maintenant de cette plante sous
le rapport de ses propriétés uliles.
Le docteur Dufresnoy, professeur de botanique à Valen-
ciennes, est le premier qui ait fait usage du Sumac radicant
en médecine ; 1l assure l’avoir employé avec le plus grand
succés à l’intérieur pour la guérison de dartres, qui jusque-
là avaient paru rebelles, et s’en être également servi pour
la cure de beaucoup de paralysies, soit récentes , soit déjà
plus ou moins anciennes. Depuis ces premières expériences
du docteur Dufrésnoy , sur le Rhus radicans , plusieurs
médecins recommandables ont aussi publié un grand nom-
bre d'observations qui attestent également les propriétés
utiles de cette plante dans les mêmes maladies. La manière
la plus ordinaire de l’administrer est de donner l'exträit
préparé par contusion et expression de ses feuilles fraîches ,
ou simplement par leur décoction dans l’eau. Le premier
de ces extraits est le plus actif; mais plus communément on
ne se sert que du second. On commence par le donner à la
dose de 15 à 20 grains, qu’on répète 3 1 fois par jour, et
chaque jour qu’on en fait continuer l'usage, on augmente
progressivement les doses de manière à porter celles-ci,
dans l’espace de six semaines à deux mois, à 1 ou 2 gros
pour chaque fois; ce qui fait que les malades prennent alors
@ gros à 1 once de l'extrait en question par jour ; el quand:
.
166 TÉRÉBINTHACÉES.
ils en sont arrivés là , ils sont ordinairement guéris, selon
le témoignage de ceux qui ont employé ce remède. Les
feuilles de Rhus radicans peuvent aussi se donner en dé-
coction; alors on commence par 1 gros pour chaque dose,
et on peut aller jusqu'à 1 once, que l’on fait également ré-
péler 5 à # fois par jour. Quant à ce qui est de les adminis-
irer en-substanee, elles l’ont été très-peu jusqu’à présent.
, Famille XXXVL
AMYGDALÉES.
MT. de Jussieu ne considère que comme une section de sa
grande famille des Rosacées, les genres Amandier, Pêcher,
Prunier, Cerisier, elc., dont nous croyons devoir former une
famille particulière fondée sur les caractères suiyans : Calice
monophylle, caduc, à 5 découpures; corolle de 5 pétales
insérés dans le haut du calice ,.et alternes ayec ses divisions ;
étamines au nombre de 20 à 50, insérées sur le calice au-
dessous des pétales; 1 seul ovaire supérieur, surmonté de
1 style un peu latéral, et terminé par 1 stigmate simple;
1 drupe charnu , contenant 1 noyau qui renferme : ou 2
graines oléaginenses,
Les Amygdalées sont des arbres ou des arbrisseaux à
feuilles simples, alternes, et à fleurs axillaires, solitaires,
ou plusieurs ensemble. |
La famille des Amygdalées nous intéresse d’une manière
parüculière par ses propriétés économiques , et quoique
peu nombreuse en espèces premières, laculture a tellement
diversifié leurs fruits qu'elles occupent une très-grande
place dans nos jardins. Effectivement la Pèche, l'Abrico-
tier , le Prunier domestique, le Cerisier commun , elc., y
sont lellement modifiés, que leurs variétés sont aussi nom-
breuses que les espèces sont multipliées dans d’autres genres;
la pulpe de tous ces fruits abonde en principe sucré qui les
rend très-agréabies au goût, el salutaires en même temps.
Leur amande, êt surtout celle de l Amandier , fournit
une huile douce que cette qualité rend utile en médecine,
Les noyaux de ces mêmes fruits et leurs amandes, quand
elles sont amères, renferment un arome particulier, essen-
tiellement amer, très-volatil, qui, lorsqu'il est concentré
dans des liqueurs alcooliques, ou seulement dans l’eau par
AMYGDALÉES. 167
la distillation, devient, même à des quantités assez faibles ,
uu violent poison pour l’homme et pour plusieurs animaux.
Ce principe destructeur ne paraît exister qu’à peine dans
les feuilles de la plupart des espèces; mais 1l semble, au
contraire, être comme concentré dans celles du Laurier-
Cerise, qui, sous ce rapport, sont douées de plus d'énergie
que les noyaux mêmes des autres espèces. Les chimistes
ayant trouvé beaucoup d’analogie entre l'acide prussique
-et ce principe délétère, ont pensé que celui-ci n’était en
effet autre chose que cet acide naturellement formé dans les
Amygdalées.
103° Genre. — AMANDIER. AMYGDALUS. Jan.
Calice campanulé, à 5 lobes. à pétales. 20 à 50 étamines.
1 drupe revêtu d’une enveloppe pubescente , sèche, co-
riace , contenant un noyau crevassé.
AMANDIER COMMUN.
Amygdalus communis. Lin. Spec. 677. — Duham.
Nouv. ed. vol. 4. p. 111.t. 29. — Æmygdalus ‘dulcis et
Amygdalus amara. Pharm.
Cet arbre s'élève à 25 ou 30 pieds; ses branches se divisent
en rameaux grêles, flexibles, d’un vert clair dans leur jeu-
nesse, garnis de feuilles alternes, pétiolées , lancéolées ,
dentées en leurs bords, glabres des deux côtés. Les fleurs,
qui naissent avant les feuilles sur les rameaux de l’année
précédente, sont blanches ou légèrement purpurines, soli-
taires ou géminées , éparses, presque sessiles. Les fruits sont
des drupes ovales, un peu comprimés, secs, coriaces , pu-
bescens, contenant un noyau ovale, ligneux , crevassé en sa
superficie, dans lequel est renfermée 1 graine ou amande
à 2 lobes et oléagimeuse, d’une saveur douce et agréable
dans une variété, d’un goût trèsamer dans l’autre. L/ Aman-
dier croît spontanément dans le Levant et dans les parties
seplentrionales de l'Afrique ; ik est aujourd’hui naturalisé
dans les contrées méridionales et tempérées de l'Europe; il
fleurit dans les premiers jours du printemps.
Les Amandes douces sont très-employées en médecine ;
les amères le sont beaucoup moins; on n’en met souvent
qu'une sur 15 à 20 des premières dans toutes les prépara-
tions dont celles-ci font la base, et seulement pour leur com-
muniquer un parfum plus agréable, Aujourd’hui qu’on
L 4
NL
168 AMYGDALÉES.
apprécie à leur jusle valeur toutes ces disünctions futiles
qu'on faisait autrefois de semences froides majeures et de
semences froides mineures, les médecins ont presque géné-
ralement renoncé aux émulsions pour lesquelles il fallait
toujours se servir des graines de Citrouille, de Courge, de
Concombre, de Melon , de Chicorée, d’° Endives de Laitue
et de Pourpier, qu'on avait alors F habitude d'associer & à
4, et dont les premièr es constituaient ee qu'on appelait les
#& Semences froides majeures, tandis que les 4 dernières for-
maient les semences froides mineures; et les À mandes douces
sont maintenant à peu près lesseules en possession de servir de
base à toutes les émulsions adoucissantes et rafraîchissantes =
que l'on compose en y en faisant entrer 1 à 2 onces pour
1 à 2 livres d'eau , et qui s’emploient dans tous les cas où il
est besoin de Calme) une irritation générale ou cerlaines
irrilations locales, comme dans les fièvres aiguës et inflam-
matoires, et dans les maladies de l’organe pulmonaire ou
des voies urinaires. Les Amandes douces servent encore à
faire le looch blanc qu’on emploiesi souvent dans les rhumes
el les phlegmasies de la poitrine.
Dans ces derniers temps M. Hufeland et quelques autres
médecins allemands ont préconisé les Amandes amères
comme un des succédanées les plus infaillibles du Quin-
quina , dans le traitement des fièvres intermittentes, et selon
eux, 1 ou 2 de ces amandes, mangées avant le paroxysme ;
ou une émulsion qu’on en prépare, avec 1 gros et denu à
2 gros et 5 onces d’eau, sont un sûr moyen d' arrêter la
fièvre au premier ou au second accès. [ls attribuent avec
raison, dans ce cas, la propriété des Amandes amères, au
principe volatil amer, qu’elles contiennent à an plus haut
degré qu'aucune espèce de la même famille, si ce n'est le
Laurier-Cerise qui le recèle aussi avec une grande éner-
gie, mais plus particulièrement dans ses feuilles. Le doc:
teur Hufeland, un de ceux qui a constaté la pr opriété
fébrifuge des Amandes amères par plusieurs expériences,
pense d’ailleurs que l’on pourrait en tirer un plus grand
pari qu'on ne l’a fuit jusqu'ici dans les maladies nerveuses
Le morales , aussi-bien que pour l expulsion du 'Fœuia, et il
dit qu’il connait déjà plusieurs essais heureux de leur usage
dans ces affections.
Les Amandes amères sont d’ailleurs un violent poison
pour la plupart des oiseaux, pour les animaux carnassiers
AMYGDALÉES. 169
en général, et même-pour l’homme, étant prises en trop
grande quantité. Elles donnent la mort en causant de vio-
lentes convulsions. C’est un préjugé vulgaire de croire que
5 à 6 Amandes, avalées avant le repas, empêchent l'ivresse;
maisce préservatifn'est rien moinsquecerlainselons.Bauhin.
On retire par expression à froid, des À mandes douces et
des amères, une huile dont la saveur est douce , agréable et
dont on fait aujourd’hui lrès-fréquemment usage. On la
fait entrer de préférence à toute autre huile dans les prépa-
rations oléagineuses qui doivent être prises par la bouche,
mais on ne la donne plus à si haute dose qu'autrefois. On
l’emploie en général comme laxative, adoncissante et ver-
mifuge , à la dose de 2 gros à 1 once dans une potion
appropriée, et dans & à 6 onces de véhicule aqueux. Pour
en composer une polion pectorale fort adoucissante, il faut
lui associer la gomme arabique, par partie égale; on prend,
par exemple, 2 gros de chacune de ces deux substances, on
les triture ensemble dans un mortier, et, quand elles sont
parfaitement mêlées, on leur ajoute, en continuant la ti-
turation , 1 once de sirop de Guimauve ou de Capillaire,
eusuile 1: demi-once d'eau de fleur d'Orange, enfin 4 onces
d’eau distillée, et l’on fait ainsi une sorte de looch fort
agréable à prendre pour les malades. Les cas dans lesquels
on donne encore l'huile d’Amandes douces à grande dose,
sont les empoisonnemens par des matières äâcres, corrosives,
par les cantharides,
Par la combinaison de l'huile d’Amandes douces avec la
soude , on forme le savon médicinal qu'on administre à lin-
térieur, depuis 10 grains jusqu’à 1 gros en 24 heures, prin-
cipalement dans les obstructions des viscères de l'abdomen,
Dans les lavemens, l'huile d’Amandes douces se donne
à la quantité de 1 à 4 onces, comme laxative, adoucis-
sante et vermifuge. Extérieurement on la fait servir d’exci-
pient pour faire des linimens, principalement celui qu'on
appelle liniment volatil, et dans lequel on en met r à
2, onces pour 1 demi-gros à 1 gros d’ammoniaque liquide.
n employant seule on en fait aussi des imbrocations et des
frictions sur le bas-ventre et sur les membres. Son appli-
cation sur les parties blessées a été regardée comme propre
à arrêter l'effet du venin de la vipère et des scorpions ; mais
c’est un moyen tout-à-fait impuissant dans ce cas, auquel
c 1 a renoncé pour la cautérisation , la seule qui soit vérita-
170 AMYGDALÉES.
blement efficace. En onctions superhñcieiles, elle remédie à
l2 sécheresse de la peau , calme les démangeaisons et fait dis-
araître les dartres farimeuses légères, , ù
Les A mandes douces contractent en vieillissant une odeur
rance, et elles prennent un äcreté insupportable. On doit
avoir attention, dans toutes les préparations pharmaceu-
tiques et autres, de n’en point employer qui soient dans ce
cas, parce qu'alors, étant devenues irritantes, elles produi-
raient des effets opposés à ceux qu’on est dans l'intention
d'obtenir. Leur huile se rancit encore plus facilement et ne
peut se conserver bonne que pendant quelques mois; aussi
les pharmaciens sont-ils dans Pusage d’en fabriquer ou de
s'en procurer de nouvelle de temps en temps.
Les Amandes douces font la base du sirop d’orgeat, pré-
paration trés-usitée, soit en médecine parce qu'elle a les
rnèmes propriétés que les émulsions ou laits d'Amandes, soit
dans Je monde pendant les chaleurs de l'été, comme for-
mant avec de l’eau une boisson très-rafraîchissante. Elles font
partie dessubstances dont se compose l’éléctuaire Diaphénix,
qui est presque oublié aujourd’hui. Leur huile entre dans
la composition d’une crème ou pommade pour le teint, dont
les dames font usage comme cosmétique, dans celle du cérat
de Galien , en la substituant avec avantage à l'huile d'olive.
La chirurgie fait maintenant un grand usage de cette der-
mère préparation, avec laquelle elle remplace avantageu-
sement la plupart des onguens qu’on employait jadis.
Dans la saison où les Amandes douces commencent à
inürir, on les sert sur les tables et on les mange fraîches;
elles sont agréables au goût, mais elles ne conviennent qu’à
ceux qui ont un bon estomac, ét il faut avoir le soin.de les
bien broyer entre les dents. Lies personnes chez lesquelles les
premières voies sont faibles et languissantes ne peuvent les
digérer. Lorsqu’elles sont sèches, elles sont encore en pos-
session d’orner les desserts, pour lesquels on préfère les va-
r'iétés à coque tendre, se brisant facilement entre les doigts,
el connues sous les noms d’Amandes princesses où des
Dames, d’Amandes sultanes , d’Amandes pistaches.
On fait dans les offices, chez les pâtissiers et les confi-
seurs, une foule de mets et de friandises dont les Amandes
douces font la base, ou dans lesquelles elles entrent pour
beaucoup, comme macarons, biscuits, massepains, gäteaux,
aongals, etc, C’est avec elles, en les recouvrant de sucre de
AMYGDALÉES. 171
diverses manières, que les confiseurs font la plus grande
partie de leurs dragées.
Le mare des Amandes qui reste après qu'on en a exprimé
l'huile, sert à faire une sorte de pâte sèche, ou quelquefois
un peu liquide, qui est employée comme cosmétique. Les
dames en font beaucoup d'usage, parce qu'elle blanchit la
peau mieux que le plus excellent savon, et qu'elle la rend
plus souple, plus polie et plus douce , au lieu de la gercer
comme fait celui-ci.
La gomme d’'Amandier a les mêmes propriétés que celles
du Prunier (voyez cel article), et peut être employée aux
mêmes usages que la gomme arabique. Le bois est dur, bon
our les ouvrages de imarquetterie et de menuiserie; 1l brûle
très-bien et donne beaucoup de chaleur.
104° Genre. — PÈCHER. PERSICA. Tournef,
Calice, corolle, étamines et pistil comme dans l'Aman-
dier. 1 drupe charnu, succulent, contenant 1 noyau ovale,
crevassé, qui renferme 1 graine, rarement 2. *
PÈCHER cOMMUN.
Persica vulgaris. Mill. Dict, n. 1. — Lois. in nov.
Dubam. 6. Pitt à 6. — Persica Malus. Pharm. —
Amygdalus Persica. Lin. Spec. 676.
Cet arbre s’elève à 12 ou 13 pieds de hauteur, et ses jeunes
rameaux sont lisses, verls ou souvent rougeàtres. Ses feuilles
sont alternes, lancéolées , élroites, pétiolées, glabres, d’un
vert gai, dentées en scie, Ses fleurs, qui se développent
avant les feuilles, sur les rameaux de l’année précédente ,
sont d’un rose plus ou moins vif, sessiles, solitaires où gémi-
nées le long des rameaux : les pétales sont égaux an calice,
ou très-souvent plus grands que lui, selon les variétés. Le
fruit est 1 drupe globuleux, charnu, succulent, glabre
ou cotonneux, connu sous le nom de Peche, contenant
1 noyau ovale, crevassé, dans lequel est renfermée 1 graine
où amande oléagineuse. Le Pécher est originaire de Perse ;
transporté en Îtalie il y a 1900 ans, il est aujourd’hui-ng-
turalisé dans toute l'Europe méridionale et dans une grande
portion de la partie tempérée; il fleurit au commencement
du printemps.
Les Pèches sont humectantes, rafraîchissantes, relà -
172 AMYGDALÉES.
chantes, et saines en général; mäis elles ne conviennent pas
cependant à tous les estomacs; certaines personnes ne peu-
vent les digérer. La meilleure manière de corriger ce
qu’elles ont de trop froid et de trop débilitant, c’est de les
saupoudrer de beaucoup de sucre, ou de les manger trem-
pées dans un vin généreux. On mange beaucoup de Pêches
crues dans la saison. Pour les manger cuites, on les pré-
pare en compote, en marmelade; mais cette dernière n’est
pas aussi parfaite qu’on pourrait le croire étant préparée
avec un si excellent fruit. Pour les conserver, on les fait
sécher au four, au soleil, surtout les variétés à chair dure
que l’on nomme Pavies. On les confit à l’eau-de-vie avec
du sucre. On peut aussi faire avec les Pêches une sorte de
vin qui, par la distillation, fournit beaucoup d’eau-de‘vie.
La gomme de Pêcher doit être assimilée, pour les pro-
priétés, à celle que fournissent tous les autres arbres de la
même famille. Sa graine donne aussi par expression une
huile analogue à celle de l Amande commune, et qui était
autrefois employée en médecine ; mais comme elle n'avait
point de vertus particulières, on l’a abandonnée.
La propriété purgative des fleurs de Pêcher est connue
depuis long-temps, et le sirop auquel celles-ci donnent leur
nom est souvent employé; on s’en sert principalement pour
purger les enfans, auxquels on le donne à la dose de demi-
unce à : once, On le regarde aussi comme vermifuge. Les
feuilles sont plus négligées, quoique Boulduc leur ait re-
connu les mêmes vertus, et que MM. Coste et Willemet
l'aient confirmé par de nombreuses observations. Ces der-
niers disent que les jeunes feuilles recueillies an printemps
sont préférables à celles ramassées en automne, et ils les
conseillent à la dose de 1 once à 1 once et demie en infusion
ou en légère décoction. Je n’en ai point fait usage de cette
manière ; mais j'ai très-souvent employé un sirop fait avec
une suffisante quanlité de miel et une décoction saturée des
icuilles recueillies en automne , au moment où elles vont se
détacher de l'arbre. Ce sirop me'servait chez les indigens à
remplacer la Manne, lorsque cette substance exotique à La
l'rauce était montée à un prix très-élevé, et j'ai toujours
observé qu'il agissait aux mêmes doses aussi doucement
qu'elle, et qu'il était trés-rare qu’il donnât des coliques. Ce
sirop , avant que le miel fût monté au prix où il a été de-
puis, ne reyenail pas à plus de 12 à 15 sous la livre; et
AMYGDALÉES. 175
aujourd’hui encore, je crois qu'il serait beaucoup moins cher
que la Manne, et qu'il y aurait de l’économie à en composer
, MI AIS S
pour l’usage des hôpitaux.
Le bois de Pêcher est d’un beau rouge-brun, avec des
veines plus claires; son grain fin et serré le rend susceptible
de prendre un beau poli, et parmi les bois indigènes, c’est
un des plus beaux qu’on puisse employer pour les ouvrages
d’ébénisterie. :
105° Genre. — CERISIER. CERASUS. Tournef.
Calice campanulé, caduc, à 5 lobes. 5 pétales. 20 à 50
élamines. 1 drupe chammu, arrondi, glabre, légèrement
sillonné d’un côté, contenant 1 noyau lisse, arrondi, angu-
leux latéralement, dans lequel est renfermée 1 graine, ra-
rement 2.
CERISIER VULGAIRE, Ou CERISIER COMMUN.
Cerasus vulgaris. Mill. Dict. n. 1. — Cerasus rubra.
Blackw. Herb. t. 449.—Cerasa sativa. Pharm. — Prunus
Cerasus. Lin. Spec. 679.
Arbre de 20 à 25 pieds de haut, dont les branches et les
rameaux sont étalés et forment une têle arrondie. Ses feuilles
sont ovales, dentées, glabres, d’un verd un peu foncé,
alternes , pétiolées. Ses fleurs sont blanches, larges d'un
pouce ou environ, portées sur d’assez longs pédoncules, dis-
posées plusieurs ensemble en petites ombelles presque ses-
siles le long des rameaux : leurs pétales sont arrondis. Le
fruit , le plus souvent de couleur rouge, est connu sous le
nom de Cerise. Le Cerisier n'existait pas en Italie avant la
victoire de,Lucullus sur Mithridate ; ce fut ce général qui
Vy transportaMdu royaume du Pont, l’an de Rome 660.
Depuis ce temps, cel arbre s’est naturalisé dans la plus
grande partie de l'Europe; il fleurit à la fin d'avril et au
commencement de mai dans le climat de Paris; ses fruits,
connus sous les noms de Cerises et de Griotles , mürissent
depuis la mi-juin jusqu'en août, selon les variétés plus ou
moins hâtives.
Les Cerises ont en général une saveur légèrement acide
et un peu sucrée; elles doivent. être mises au rang des fruits
les plus sains; aussi en fait-on dans la saison où elles pa-
raissent une grande consommation. Considérées sous le rap-
4
174 AMYGDALÉES.
port de leurs propriétés médicinales, elles sont adoucissantes,
laxatives et rafraichissantes. Leur suc étendu dans de l’eau
avec un peu de sucre forme une ‘boisson très-agréable que
les malades prennent avec plaisir, et qui convient en gé-
néral dans les maladies inflammatoires, dans les fièvres bi-
Jieuses et dans les putrides. Mangées AT on peut les
permeltre dans beaucoup de maladies; comme moyen dié-
tétique , elles conviennent aux personnes qui ont habituel-
lement le ventre resserré, et dans les maladies où il y a en-
gorgement des viscères abdominaux.
Outre la grande consommation des Cerises qui se fait
dans le moment de leur maturité, on en conserve par diffé-
rens procédés pour les temps pendant lesquels on en est
privé. On les fait sécher au soleil ou au four, on les confit
dans de l’eau-de-vie, on en fait des confitures, etc. : on en
compose une sorte de vin, on les fait entrer dans plusieurs
ratafias de table. Une variété particulière, nommée Cerise
marasque , fournit par la distillation , après avoir subi la
fermentation vineuse , une sorte d’ ne que l'on convertit,
en le mêlant avec une certaine quantité de sucre, en une
excellente liqueur connue sous le nom de marasquin, dont
le meilleur nous vient de Zara en Dalmatie.
Les amandes contenues dans les noyaux pourraient ser-
vir à faire des émulsions ; mais on ne les emploie pas à cet
usage. L'huile qu’elles fournissent a été recommandée contre
la néphrétique ; c'est un moyen inusité aujourd’hui. I en
est de même de la gomme qui découle des fentes de Pécorce
des Cerisiers, et que l’on a regardée, ainsi que les amandes,
comme pouvant être utiles dans les rétentions d'urine, dans
Ja graveile et même dans le calcul. On ne s'en sert pas du
tout maintenant. Si cette gomme était rappelée dans la
pratique , ses véritables propriétés sont les is que celles
de la gomme arabique ; elle est adoucissante et mucilagi-
neuse. (Voyez à ce sujet l'article du Prunier domestique.)
L'infusion aqueuse des pédoncules des fruits, appelés
plus vulgairement queues de Cerises, passe dans le peuple
pour étre très-diurétique, et certaines gens m’ont assuré
avoir vu guérir des hydropiques rien que par ce seul moyen;
nais qua nd j je lai mis en usage, je n’en ai jamais . un
grand avantage.
AMYGDALÉES. 155
CERISIER DES OISEAUX, vulgairement Merisier.
Cerasus avium. Moœnch. Method. 672. — Lois. in nov.
Duham. 5. p. 10. t. 3.— Cerasa nigra. Pharm.—Prunus
avium. Lin, Spec. 680.
Cet arbre diffère du Cerisier commun, parce que sa tige
s'élève à 5o et 4o pieds; parce que ses branches sont moins
élalées , peu touffues , assez redressées ; el enfin parce que ses
feuilles sont plus étroites, pubescentes en dessous et sur
leur pétiole, et munies de 2 glandes à leur base. Les
fleurs, portées sur des pédoncules grêles, sont blanches,
assez semblables à celles de l’espèce précédente, disposées
2 à 4 ensemble, rarement davantage, en ombelles sessiles
le long des rameaux : leur calice est à 5 divisions réfié-
chies; leur corolle est blanche , à 5 pétales ovales, échan-
crés en cœur à leur sommet. Les fruits qui succèdent aux
fleurs sont des drupes dont la grosseur varie dans les
différentes variétés qui sont trés-nombreuses ; leur forme
est tantôt ovoïide, tantôt en cœur; leur peau est d’un rouge
clair, d’un rouge foncé ou noirätre, et leur chair subit
les mêmes modifications ; dans larbre sauvage, cette chair
est peu abondante , et elle a une saveur âcre et amère. Ces
fruits sont connus sous les différentes dénominations de Ze.
rises, de Guignes, de Bivarreaux et de Æleaumes. Le
Merisier croît naturellement dans les bois ; ses variétés sont
cultivées dans les jardins et dans les champs. 11 fleurit en
avril, et ses fruits mürissent pendant trois mois de l'été,
selon les variétés.
Les fräits du Merisier sont moins eslimés que ceux du
Cerisier, et l’on en mange beaucoup moins: les variétés con-
nues sous les noms de Guignes et de Bivarreaux sont
cependant celles dont on fait le plus d'usage. Les Merises et
les Guüignes approchent plus des Cerises par leur chair un
peu fondante, mais presque toujours moins relevée et plus
fade ; leur saveur, quoique quelquefois très-sucrée, ést bien
moins agréable. Les bonnés varittés de Bigarreaux ont
la chair relevée et de bon goût; mais comme celle-ci est
en même temps ferme et cassante, cela la rend difficile à
digérer pour les estomacs délicats. Les Bigarreaux ont
d’ailleurs Pinconvénient d’être souvent piqués par des vers,
On prépare dans les pharmacies une eau de Merises noires
qui n'a rien de spiritueux , parce qu’on la distille avant que
176 AMYGDALÉES.
les fruits aient passé à la fermentation vineuse, Cette eau
cohobée acquiert une odeur et une saveur qui approchent
de l’eau distillée de Laurier-Cerise, et si elle est très-chargée
d’arome, elle ne doit être donnée qu'avec précaution. Elle
s'emploie principalement comme antispasmodique dans les
affections nerveuses, convulsives et épileptiques; quelques
médecins la prescrivent aussi dans l’apoplexie, la paralysie
et dans les fièvres malignes accompagnées de soubresauts
dans les tendons.
Les Merises noires entrent dans la composition de plu-
sieurs liqueurs, principalement dans celle connue sous le
nom de ARalafia de Grenoble, dont il se fait une grande
consommation dans le midi de la France. Le Kirschenwas-
ser est une espèce d’eau-de-vie ou d’alcool que l’on retire
par la distillation des Merises sauvages après les avoir fait
passer à la fermentation vineuse. Cette liqueur se fabrique
en grande quantité dans les montagnes de l'Alsace et de
la Franche Comté en France, dans les cantons de Bâle et
de Berne en Suisse, et dans la Souabe en Allemagne. Le
Kirschenwasser est tonique et stomachique, mais son excès
peut èlre plus nuisible que celui des autres liqueurs alcoo-
liques, et l'ivresse qui en est la suite est beaucoup plus dan-
sereuse que celle causée par l’eau-de-vie de vins; ce qui
tient au principe aromatique qu'il recèle, et qui est le même,
quoique plus faible, que celui du Laurier-Cerise.
Le bois de Merisier est un de nos plus beaux bois indi-
gènes: on l’emploie à faire des meubles de diverses sortes;
les ouvriers l’estiment plus que celui du Cerisier vulgaire.
1! brüle aussi très-bien et donne beaucoup de chaleur.
CERISIER MAHABEL, vulgairement Arbre ou bois de
Sainte-Lucie, Malagué, Quénot.
Cerasus Mahaleb. Mill. Dict. n. 4. Lois. in Nov.
Duham. 5. p.6.t.2.—Mahaleb. Pharm. Prunus Mahaleb.
Lin. Spec. 676.
Ce Cerisier est un arbre qui s'élève à 15 ou 20 pieds et
même davantage ; son tronc est recouvert, ainsi que ses
rameaux , d’une écorce d’un brun rougeûtre. Ses feuilles
soul alternes, pétiolées, ovalesarrondies, glabres, d’uri vert
gai, bordées de dents serrées et glanduleuses. Ses fleurs, qui
se développent en même temps que les feuilles, sont assez
pelites, pédonculées et disposées au nombre de 6 à 6 en-
AMYGDALÉES. 1797
semble en grappes lâches et corymbiformes, éparses sur les
rameaux : leur calice est à 5 divisions obtuses, réfléchies en
dehors ; les pétales sont ovales el blancs. Les fruits, moitié
plus petits qu’une Cerise ordinaire, sont noirâtres, d’une
saveur acerbe et désagréable avant d’être mûrs, fades et
douceâtres dans leur parfaite maturité. Cet arbre croît
naturellement dans les pays de montagnes; il est très: com-
mun aux environs de Sainte-Lucie dans les Vosges, ce qui
lui a valu un des noms vulgaires sous lequel il est le plus
connu ; il fleuril à la fin d'avril ou au commencement de
mai,
Les fruits du Bois de Sainte-Lucie ne peuvent pas être
considérés comme bons à manger, quoique les enfans s’en
accommodent quelquefois ; mais les oiseaux les recherchent
pour leur nourriture. J, Bauhin dit que les grives et les
merles en sont très-avides.
Les médecins arabes avaient anciennement introduit l’u-
sage desnoyaux dans la pratique; entre autres vertus ilsJeur
supposaient celle de dissoudre les calculs de la vessie. On
trouvait autrefois de ces noyaux dans les pharmacies: on
les apportait alors d’orient, et on ignora long-temps par
quel arbre ils étaient produits; enfin ils.ont élé reconnus
pour appartenir à l'espèce de Cerisier dont il est ici question ,
et bientôt ils sont tombés en désuétude. Le bois de ce même
arbre passe pour sudorifique, mais on n’en fait aucun usage
en médecine. Dans les pays où il est commun, il est em-
ployé par les tourneurs et par les menuisiers,
CERISIER «A GRAPPES, vulgairem. Merisier à grappes,
Laurier- Putiet, Putiet, Faux-Bois de Sainte-Lucie.
Cerasus Padus. Decand, FI. Fr. n. 5781.—Lois. Nouv.
Dub. 5. p. 2.t. 1. — Prunus Padus. Lin. Spec. 677.
Cette espèce est un grand arbrisseau dont la tige s'élève
bien droite, à la hauteur de 12 à 15 pieds et plus, en donnant
naissance à des branches disposées assez régulièrement par
étages. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales-lancéolées,
glabres, d’un vert gai, dentées en scie, munies de 2 glandes
à leur base. Ses fleurs sont blanches, assez petites, pédon-
culées, disposées, un grand nombre ensemble, par grappes
un peu pendantes et plus longues que les feuilles; leurs pé-
tales sont ovales-oblongs, légèrement denticulés à leur som-
met. Les fruits sont arrondis, à peu près de la grosseur d’un
M
270 - AMYGDALÉES.
pois, noirs lors de leur parfaite maturité dans l'espèce sau-
‘vage, rouges dans une variété cultivée dans les jardins. Le
Cerisier à grappes croît naturellement dans les bois en
Alsace, en Auvergne, en Dauphiné, etc. Il fleurit en avril
et mal.
L’écorce des rameaux du Merisier à grappes a une odeur
forte qui lui a fait donner , dans les Vosges, le nom de Bous-
puanl ; sa saveur est amère et un peu astringente.
Il y a environ 60 ans qu’un médecin de ces pays, Gé-
rard , de Remberviller, essaya d'employer. cette écorce, à
la place du Quinquina, dans le traitement des fièvres inter-
mittentes; mais ses observations n’ont pas été assez nom-
breuses pour faire valoir ce nouveau fébrifage. On trouve
aussi dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de
Stockholm, quelques observations sur ses propriétés anti-
vénérienness; mais, soit que les premiers observateurs se
soient trop flaités, soit indifférence de la part des médecins,
ceux-ci n’emploient aujourd’hui, dans aucun cas, l'écorce
du Merisier à grappes, et cet arbre ne se trouve pas même
désigné dans les matières médicales. En Allemagne, Les
geus du peuple attribuent à ses fruits la propriété de guérir
ou de préserver de l’épilepsie , ce qui n’est fondé que sur des
idées superstitteuses, puisqu'ils bornent leur usage à en faire
des amulettes,
CEristER LAURIER-CERISE, vulgairement Laurier-
Amandier , Laurier-Cerise.
Cerasus Lauro-Cerasus. Lois. Nouv. Duham. 5. p 6.
— Lauro-Cerasus. Blackw. Herb. t, b12. = Pharm. —
Prunus Lauro-Cerasus. Lin. Spec. 678.
Grand arbrisseau qui s’élève à 12 ou 15 pieds dansle climat
de Paris, et beaucoup plus dans les pays du midi. Ses feuilles
sont ovales-oblongues, luisantes, toujours vertes, dentées en
leurs bords, pointues à leur sommet, portées sur de courts
pétioles. Ses fleurs sont blanches, petiles, disposées en
grappes axillaires et de la longueur des feuilles; elles ont une
odeur d'amande amère assez agréable; leurs pétales sont
ovales, très-ouverts, et leur style est saillant, de la longueur
des étamines. Les fruits qui leur succèdent sont pelits,
ovales, pointus, très-peu charnus, noirâtres lors de leur
maturité. Le Laurier-Cerise est originaire de T'rébisonde,
sur les bords de la mer Noire, d’où il a été transporté eu
AMYGDALÉES. 17)
Europe dans l’année 1576, et il est aujourd'hui parfaitement
naturalisé dans les parties méridionales, où il croit comme
dans son pays natal sans exiger aucun soin; c’est ainsi que
je l’ai vu dansla Provence , le Languedoc, la Guienne, ete.
Dans le climat de Paris, il souffre quelquefois lorsque les
hivers sont très-rigoureux. Îl fleurit en mars et avril.
Les feuilles du Laurier-Cerise recèlent un arome qui
n'existe pas dans les feuilles des autres Cerisiers, où qui ny
est que trés-peu développé, et qu'on ne retrouve que dans
les noyaux et les amandes des fruits des autres espèces du
même genre, ou de plusieurs genres de la mème famille. On
obtient facilement cet arome par l'infusion et la distillation
des feuilles dans l’eau ou dans lalcool : mais il ne faut pas
que ces liquides en soient trop chargés, ear si l'on distille
plusieurs fois la même eau sur des feuilles de Laurier-Cerise
renouvelées chaque fois, ce que les pharmaciens appellent
Cohober, on en retire une liqueur qui, à une certaine doge,
est un violent poison pour les hommes et les animaux.
Les chimistes out recounu , dans ces derniers temps, que le
principe odorant et délétère du Laurier-Cerise était de la
mème nature que celui de Pacide prussique, qui est un vio-
lent poison, pris à l'intérieur, et dont les efiets, à l’état de
gaz, ne sont pas moins pernicieux sur les organes de Ja respi-
ration, lorsque l’air en est chargé d’une trop grande quantité.
Plusieurs personnes ayant été empoisonnées en Angle-
terre pour avoir fait un usage inconsidéré de liqueurs pré-
parées avec les feuilles du Laurier-Cerise , le docteur Mor-
timer fit, en 1751, en présence de la Société royale de Lon-
dres , des expériences sur des animaux, lesquelles sont rap-
portées dans le 57° volume des'Transactions philosophiques,
et desquelles il résulte qu'une cuilierée de cette liqueur
suit pour tuer un gros chien. Duhamel, en France, a re-
nouvelé ces expériences, et a obtenu des résultats analogues.
Postérieurement aux expériences du docteur Mortimer, il
est arrivé, au rapport de John Rutty, qu'un apothicaire
d'une ville de province, croyant qu'il n’y avait pas d’in-
convénient de substituer, à l’eau de Cerises noires, celle
des feuilles de Laurier-Cerise, donna de celle-ci à une fille
de 18 ans, qui, en ayant pris tout au plus deux cuillerées,
tomba sans connaissance en moins d’une minute, eut de
viclentes convulsions, et mourut trés-peu de temps après,
sans qu'il füt possible de lui porter aucun secours,
M 2
180 AMYGDALÉES.
L'huile essentielle de ces mêmes feuilles est encore plus
dangereuse ; on en fabriquait autrefois en Italie sous le nom
d'essence d'Amande amère, dont on se servait dans les
Cuisines, comme assaisonnement , et que les marchands de
liqueurs et les parfumeurs employaient aussi dans plusieurs
préparations; mais divers accidens funestes ayant été la suite
de son usage inconsidéré, ont porté l’autorité à en défendre
la fabrication et la vente. Fontana, dans des expériences
sur cette substance, a donné la mort à un chien, en en
appliquant une seule goutte sur une plaie, et l’animal a
péri après avoir éprouvé les accidens qui sont la suite de
l'insertion du venin de la vipére.
Les émanations du Laurier-Cerise ne sont pas même sans
inconvénient, car on assure qu'il suffit de se reposer sous
son ombrage, par un lemps chaud > pour éprouver des
maux de tête et des nausées, et il serait sans doute plus dan-
gereux de s’y endormir. : Hi M:
Quoi qu’il en soit, on a essayé d'introduire l’eau distillée
de Laurier-Cerise dans la pratique de la médecine, mais
c’est encore un remède peu usité, et qui 3 d’après ce qui a élé
dit plus haut, demande à être administré avec beaucoup de
rudence. Un médecin anglais, qui le premier ena tenté
l'usage, la donnée à la dose de 50 à 6o gouttes, 3 à 4 fois
ar jour, et 1l assure qu'elle a agi comme puissant fondant.
D’après le mème, l'infusion des feuilles aurait la même por
priété, et il l'aurait employée avec avantage dans les ob-
structions du foie. D'un autre côté, M. Cevasco , Chirurgien
à l'hôpital de Gênes , a publié, il y a dix ans > une observa-
tion de laquelle il résulte que cette eau distillée a éLé admi-
nistrée avec le plus grand succès dans une hémopt ysie
compliquée d’œdématie et ayant pour cause de très-fortes
palpitations de cœur. ca
Enfin, l’eau distillée de Laurier-Cerise ne devant émi-
nemment toutes ces propriétés qu’à l’acide prussique, il me
semble que cette eau, moins énergique sans doute, mais
aussi par cela mème mois dangereuse , pourrait étre em-
ployée avec avantage dans les cas où Il on à proposé | admi-
histration de l'acide prussique à l'intérieur, C est ainsi que
M. Magendie ayant remarqué que l'acide prussique, donné
à la dose de quelques gouttes dans de l’eau , paraissait avoir la
faculté de ranimer Paction yitale du poumon, et de prévenir
ou de retarder au moins l’asphyxie des animaux soumis à
ANYGDALÉES. 8
des expériences qui les faisaient périr par ce genre de mort ;
M. Magendie, dis-je, a cru d’après cela pouvoir adminis-
trer avec succès l’acide prussique à l’intérieur, dans cer-
taines maladies chroniques de l’organe pulmonaire , et il a
effectivement retiré un avantage marqué de celte substance
donnée à la dose de 6 à 10 gouttes dans 3 onces d’un véhi-
cule aqueux , que les malades prenaient en plusieurs fois en
24 heures , dans les toux nerveuses et chroniques; et ses
observations l’ont conduit à croire que ce même acide
pourrait être utile dans le traitement palliatif de la phthisie
ulmonaire, en diminuant l'intensité de la toux, en mo-
dérant l’expectoralion et en favorisant le sommeil.
Au reste, on emploie tous les jours, dans la cuisine, les
feuilles de Laurier-Cerise, en infusion ou en décoction , dans
diverses préparations de laitage , pour leur communiquer un
gout d’amande amère qui est fort agréable; maisil faut être
très-réservé sur la quantité; 1 ou 2 de ces feuilles doivent
suflire, car pour avoir usé de cet assaisonnement avec trop
peu de discrétion, M. Gouan a connu (d’après une note
particulière qu’il m'a communiquée) des personnes qui en
ont éprouvé de violentes tranchées. La gomme qui découle
des fentes de l’écorce du Laurier-Cerise, ne paraît parti-
ciper en aucune manière aux propriétés des feuilles.
106" Genre. — PRUNIER. PRUNUS. Lan.
Calice, corolle, étamines et pislil comme dans le Ceri-
sier. 1 drupe charnu, arrondi ou ovoïde, glabre , contenant
1 uoyau légèrement comprimé, un peu raboleux, sillunné
d'un côté, anguleux de l’autre, renfermant 1 graine, ra-
rement 2.
PRUNIER DOMESTIQUE.
Prunus domestica, Lin. Spec. 680. — Prunus Da-
mascena. Blackw. Herb. t. 305. — Prunus. Pharm.
t
La tige de cet arbre, revêtue d’une écorce grisâtre, tirant
un peu sur le brun, s'élève à la hauteur de 135 à 20 pieds
en se divisant en branches et en rameaux qui forment une
tête irrégulièrement arrondie. Ses feuilles sont ovales oblon-
gues , péliolées , alternes, dentées-en leurs bords, glabres et
d'un vert gai en-dessus, très-légèrement pubescentes en-
dessous. Ses fleurs sont.blanches, médiocrement grandes,
pédonculées, rarement solitaires, le plus souvent groupées
M5
162 AMVGDALÉES.
3, 4 ou 5 ensemble le long des rameaux, à la placedes feuilles
de l’année précédente , et paraissant avant la pousse des nou-
velles. Le Prunier domestique passe pouf être originaire de
Syrie; cultivé depuis 19 à 20 siècles, il est aujourd’hui na-
turalisé dans une grande partie de l’Europe, et il a fourni
par une longue culture xne quantité considérable de variétés,
qui se distinguent principalement par la couleur, la saveur,
la grosseur et la forme de leurs fruits, connus sous le nom
de Prunes. Ceux-ci sont blancs, jaunes, verts, rouges,
pourpres, violets, bleus , noirätres: leur saveur est acerbe,
acide, fade, douce, sucrée, parfumée; leur chair est dure,
ferme, sèche, molle, fondante aqueuse; il y en a quine
sont pas plus gros que des Cerises, d’autres qui ont le vo-
lume des plus gros abricots; enfin les uns sont parfaitement
globuleux, tandis que les autres sont ovoïdes et même deux
fois plus longs que larges. Le Prunier fleurit en avril et mai;
on mange de ses fruits pendant tout l'été, parce que ses dif-
férentes variétés mürissent à diverses époques.
Les Prunes sont humectantes, rafraîchissantes et laxa-
üves; elles conviennent aux gens robustes, sanguins et
bilieux ; elles sont contraires aux personnes d’une faible
constitution , dont les organes de la digestion ont plus
besoin de toniques que de relâchans. Comme alimentaires,
on en consomme une grande quantité dans les mois de l’été
où elles paraissent; et dans les années où elles sont très-
abondantes, leur excès, surlout quand elles ne sont pas
encore bien müres, produit souvent, chez le peuple et chez
les gens de la campagne, des diarrhées et des dyssenteries.
Les Prunes sont d’ailleurs d’une graude ressource, parce
qu'on fait sécher au soleil ou au four celles qu’on ne peut
manger dans la saison, et on les convertit en ce qu’on
appelle Pruneaux. On les confit en outre à l’eau-de-vie on
avec du sucre; on en fait des pâtes, des marmelades, pour
lesquelles on choisit les meilleures variétés, comme la Reine-
Claude , la Sainte-Catherine, la Royale, le Gros-Damas de
Tours, la Mirabelle, ete. Les pruneaux cuits sont sains et
conviennent aux malades et aux convalescens. Les petits
Pruneaux noirs, qui se font avec la Prune de Petit- Damas
noir , sont plus laxatifs que tous les autres; leur décoction
sert souvent d’excipient pour faire les potions purgatiyes,
dont elle masque en partie la saveur désagréable ; leur
pulpe entre dans l'électuaire Diaprun, dans la confection
AMYGDALÉES. 183
Hamech et dans le Lénitif, compositions pharmaceutiques
bien peu usitées de nos jours.
En Pologne, en Hongrie, en Bavière, dans plusieurs
provinces d'Allemagne, en Suisse, et en France, dans les
Vosges, on retire des Prunes , après qu’elles ont subi la fer-
mentation vineuse, et principalement d'une variété nommée
Zweischken en allemand, une liqueur alcoolique dont il
se fait dans ces pays une grande consommation en boisson,
dans les arts, et à laquelle on donne, en Allemagne, le nom
de Zwetschken-wasser.
11 y a sept à huit ans, lorsque le sucre des colonies était à
un prixsi élevé sur le continent européen, plusieurs chimistes
et pharmaciens firent des recherches et des expériences
pour retirer du sucre des Prunes. Leurs tentatives furent en
général couronnées de succès ; le sucre qu'ils obtinrent avait
toutes les qualités de celui de la Canne , mais l'incertitude
de la récolte des Prunes et le prix de cette fabrication
seront toujours un obstacle à ce qu'on s'eccupe avec fruit
d’avoir par ce moyen un sucre indigène.
Il découle des Pruniers, comme des Cerisiers et autres
arbres de la même famille, une gomme analogue à celle
d'Arabie, et connue dans les pharmacies sous le nom de
gomme du pays ( gumni nostras ). Elle se dissout plus fa-
cilement dans l’eau que la gomme arabique qui est pro-
duite par plusieurs espèces du genre Mimosa; ses pro-
priétés médicales sont d’être nourrissante, quand elle est
prise en certaine quantité , et d’être très-émolliente et très-
adoucissante quand elle est réduite en mucilage ou dissoute
dans une certaine quantité d’eau. On peut la substituer à la
gomme arabique, dans la plupart des cas où l’on emploie
celle-ci, comme dans les affections catarrhales , les maladies
de poitrine, les phlegmasies, les crachemens de sang, les
hémorragies actives, les diarrhées, les dyssenteries, les affec-
tions inflammatoires et douloureuses des voies urinaires;
au reste, comme le principe gommeux paraît y étre moins
rapproché, il en faut une plus grande quantité.
Le bois de Prunier est dur, veiné d’une belle couleur
rougeätre ; les tourneurs et les ébénistes en font usage.
M &
104 AMYGDALÉES.
PRUNIER ÉPINEUX, vulgairement Prunelier, Eine
noire.
Prunus spinosa , Lin. Spec. 681. — Prunus sylvestris.
Blackw. Herb. t. 494. — Prunella. Pharm.
Celre espèce est un arbrisseau très-rameux qui s'élève à
10 ou 12 pieds, rarement davantage, ou qui très-souvent
ne forme qu’un buisson de quelques pieds de hauteur. Ses
rameaux, revêtus d’une écorce d’un brun rougeâtre, sont
épineux et garnis de feuilles alternes, ovales-lancéolées,
retrécies à leur base en un court pétiole, finement dentelées
en leurs bords, glabres en dessus, très-légèrement pu-
bescentes en dessous. Ses fleurs sont blanches, assez pe-
tites , courtement pédonculées, solitaires ou 2 ensemble le
long des rameaux : elles paraissent assez long-temps avant
le développement des feuilles, et n’ont que 16 élamines
ou environ. Les fruits sont pelits, presque globuleux ,
d’abord verdälres, ensuite d’un violet noirâtre dans leur
parfaite maturité; ils paraissent bleuâtres à cause d’une pous-
sière lrès-fine dont ils sont recouverts, et que l’on nomme
fleur dans les fruits de ce genre. Le Prunelier croît dans
toute la France et dans toute l'Europe, dans les lieux arides,
sur les bords des bois et dans les haies; il fleurit au com-
mencement d'avril, et ses fruits sont mûrs eñ automne.
On faisait autrefois dans les pharmacies , avec les fruits
encore verds du Prunelier, un extrait qui portait le nom
d’Acacia nostras, ou Acacia d'Allemagne, et qu'on em-
ployait comme astringent dans les hémorragies, les flux de
ventre, elc.; mais il est presque entièrement abandonné
aujourd’hui. Les Prunelles parvenues à leur parfaite matu-
rité, et surtout lorsqu'elles ont été légèrement frappées de
la gelée, perdent leur saveur acerbe, cessent d’êlre astrin-
gentes, et deviennent au contraire laxatives. Dans cet état,
elles paraïîtraient très-propres.à remplacer les ‘lamarins:.
mais on n’est pas dans l’usage de les employer en médecine.
En Russie, on retire une espèce d’eau-de-vie des fruits
du Prunelier , en les écrasant , les faisant fermenter , et en
les distillant ensuite. Dans plusieurs provinces de France,
les pauvres des campagnes recueillent les Prunelles pour
eu faire une boisson qu’ils composent en les écrasant et en
les mettant fermenter avec une certaine quantité d’eau.
Cette boisson est aigrelette et astringente, son usage habi-
AMYGDALÉES. 105
tuel a l'inconvénient de causer assez souvent des obstruc -
tions dans les viscères abdominaux ; elle serait plus saine s1
l’on attendait, pour ramasser les fruits, qu’ils eussent perdu
leur saveur acerbe par une maturité parfaite, et surtout
par l'effet des gelées qui y développe un principe sucré.
C’est ainsi que lorsqu'ils sont dans cet état, on s’en sert en
Dauphiné pour donner de la couleur aux mauvais vins.
L’écorce du Prunelier est astringente et fébrifuge: elle a
été employée plusieurs fois avec succès contre les fièvres
intermittentes , el, dans ces dermiers temps, le docteur
Juch, de Munich, l’a préconisée comme très-supérieure à
tous les autres succédanées indiqués pour suppléer le Quin-
quina. On doit la récolter au printemps sur des tiges de
4 à 5 ans, et la faire sécher lentement pour l'usage. La
décoction de cette écorce, dans une lessive alcaline , donne
une teinture rouge. On peut faire avec le suc qu'on en
extrait dans son état de végétation, et ane cerlaine quan-
tité de sulfate de fer, une encre aussi noire que celle que
l’on compose avec de la Noix-de-$alle. Cette écorce con-
tenant beaucoup de tanin peut être employée pour tanner
les cuirs.
Linné, dans ses aménités académiques , dit qu'on pré-
pare une sorte de thé par l’infusion, dans l’eau bouillante,
des feuilles sèches du Prunelier. Les bestiaux, et surtout les
chèvres et les moutons, les broutent avec plaisir lorsqu'elles
sont fraîches, ainsi que les jeunes bourgeons. On plante cet
arbrisseau pour faire des haies, et son bois sert dans les cam-
pagnes pour chauffer les fours.
PRUNIER DE BRIANÇON, vulgairement Prunier des
Alpes.
Prunus Brigantiaca. Vill: Dauph. 5. p. 555. — Loi.
Nouv. Duham. 5. p. 187. t. 59.
Ce Prunier ne s'élève guère au-delà de 8 ou 10 pieds. Ses
feuilles sont alternes, pétiolées, ovales, terminées par une
pointe aiguë, bordées de dents inégales, glabres en dessus
et en dessous, excepié sur leurs nervures postérieures. Ses
fleurs sont blanches, presque sessiles, disposées 35 à 4 en-
semble le long des rameaux de l’année précédente , à la
place des anciennes feuilles, et elles naissent avant les nou-
velles : leurs pétales sont une fois plus longs que le calice,
et les étamines, au nombre de 16 à 20, sont moitié plus lon-
106 AMYGDALÉES.
gues que les pélales. Ses fruits sont ovales-arrondis, très-
lisses, d’un jaune clair ; leur chair est fade, peu agréable,
adhérente au noyau qui est assez lisse, et contient une
amande amère. Cet arbre croît naturellement dans les mon-
tagnes du Dauphiné, et surtout aux environs de Briançon;
il fleurit au mois d'avril, et ses fruits mürissent en août.
Dans le Briançonnais, on retire depuis long-temps, des
amandes des fruits de ce Prunier, une huile fine connue
sous le nom d’huile de marmotte, et plus estimée que celle
d'olive. Elle est douce comme celle que fournissent les se-
mences de l’Amandier, mais plus inflammable, et elle con-
serve un goût de noyau qui la rend un peu amère, et lui
communique un parfum agréable. Dans les pays où cette
huile se fabrique, les gens de la campagne attribuent au
résidu de son extraction ou gâteau d'amandes, la propriété
d’engraisser très-promptement les bestiaux ; mais 1l faut ne
leur en donner qu’en petite quantité, car si on leur en donne
trop, cela peut les faire périr empoisonnés. Le Journal de
Pharmacie de juin 1817 rapporte un événement de cette
nature. Deux vaches, après avoir mangé une poignée de ce
résidu , éprouvèrent aussitôt d’affreuses convulsions ; leur
ventre devint très-tendu , volumineux, la respiration cessa,
et l’une d’elles périt en peu de temps. L'autre était prête
à succomber lorsque M. Chancel, pharmacien à Briançon,
s’avisa de lui faire avaler une légère dissolution de sulfate
de fer, comme pouvant absorber l’acide prussique contenu
en grande quantité dans les amandes amères. Ce moyen
employé à deux reprises, à 7 ou 6 minutes d'intervalle,
réussit complétement à calmer tous les accidens, et l'animal
fut sauvé. Ce que cette observation a d’intéressant, c’est
qu’elle nous apprend que le sulfate de fer peut être admi-
nistré avec succès comme contre-poison du principe délé-
ière des Amandes amères et du Laurier-Cerise.
107° Genre. — ABRICOTIER. ARMENIACA. Tournef.
Calice, corolle, étamines et pistil comme dans le Ceri-
sier. 1 drupe charnu , succulent, arrondi, couvert de duvet,
contenant 1 noyau légèrement comprimé, à 2 sutures sait-
Jantes, l’une aiguë , l’autre obtuse, et renfermant 1 graine,
rarement 2,
AMYGDALÉES. 187
ABRICOTIER COMMUN.
Armeniaca vulgaris. Lam. Dict. Enc. 1. p. 2. — Lois.
Nouv. Duham. 5. p. 167. t. 49. — Ærmeniacum. Vharm.
— Prunus Armeniaca. Lin. Spec. 679.
L’Abricotier paraît être plutôt un arbrisseau qu'un arbre;
la nature l’a destiné à former une espèce de buisson, mais
la culture’, et surtout la greffe, en ont fait un arbre plus
robuste et plus fort; enté sur le Prunier , il parvient à 15
ou 20 pieds de hauteur, et forme communément une large
têle arrondie. Ses feuilles sont alternes , un peu arrondies,
presque échancrées en cœur à leur base, rétrécies en pointe
À leur sommet , dentées en leur bord, glabres et d’un vert
gai. Les fleurs sont sessiles sur les rameaux de l’année pré-
cédente, groupées plusieurs ensemble à la place des an-
ciennes feuilles , et se développant avant les nouvelles : leur
calice est rougeâtre et leurs pétales sont blancs, arrondis,
concavyes , moitié plus longs que les divisions du calice. Les
fruits, connus sous le nom d’Æbricots , sont recouverts
d’une peau jaunâtre, veloutée; leur noyau renferme 1 graine
(plus rarement 2) oléagineuse, nommée Æmande , légère-
ment amère, quelquefois douce. L/Abricotier est originaire
de l'Arménie, d’où lui est venu son nom latin Armeniaca ;
transporté d’abord à Rome, il s’est de là répandu dans
toute l’Europe méridionale et tempérée. Lui et l'Amandier
sont les deux arbres fruitiers qui les premiers nous annon-
cent par leurs fleurs hâtives le retour du printemps; ce
qui fait que les gelées tardives auxquelles on est si exposé ,
surtout dans le clunat de Paris, nous privent souvent de
leurs fruits.
Il y a plusieurs variétés d’Abricots ; mais celles-ci ne
sont pas si nombreuses, à beaucoup près, que dans le Pru-
nier et même dans le Cerisier ; la plus estimée est lAbricot-
Pêche ou Abricot de Nancy. Les Abricots bien mürs sont
un excellent fruit; ils sont adoucissans et même nourris-
saus , à cause de la quautité de sucre qu’ils contiennent. Le
préjugé vulgaire est qu’ils sont sujets à donner la fièvre
quand on en mange beaucoup; mais rien n’est peut-être
moins prouvé. Outre les Abricots qu’on mange crus dans
la saison, on les conserve pour toute l'année, en les faisant
sécher au four ou an soleil; on en fait des confitures, des
pâtes, des marmelades; on les confit dans de l'eau-de-vie, ete,
188 AMYGDALÉES.
Les amandes des Abricots, surtout celles dont la saveur est
douce, peuvent être employées à faire des émulsions , de
l’orgeat; on peut en relirer une huile qui a les mêmes pro-
priétés que celle fournie par les Amandes douces propre-
ment dites. On fait encore, avec les noyaux et les amandes
d’Abricots distillés avec de l’eau-de-vie, ou préparés par
longue infusion, une liqueur très-estimée et connue sous le
nom de Ratafia où Eau de noyau. Cette liqueur est un bon
stomachique, mais elle ne doit pas être trop chargée du prin-
cipe aromatique qui la rend agréable, car'elle pourrait alors
devenir nuisible. |
Dans les cuisines et ailleurs, l’amande des Abricots s’em-
ploie quelquefois dans les crèmes, dans les pâtisseries, à la
place de celles de lAmandier. On en fait de mème une sorte _
de farine ou de pâte demi-liquide que les dames emploient
pour leur toilette, parce qu'elle blanchit la peau et la rend
plus douce. La gomme d’Abricotier ne diffère pas, quant
aux propriétés, de celle du Prunier. Enfin le bois de cet
arbre est d’un gris cendré agréablement veimé de rouge et
. jaune: on l’emploie pour les ouvrages de tour et de ta-
lelterie.
Famille XX XVII.
SPIRÉACÉES.
Les plantes de cette famille étaient, de même que celles
de la précédente, comprises par M. de Jussieu , dans sa
grande famille des Rosacées: mais des différences trop posi-
tives existaient dans le fruit de ces divers groupes distingués
jusqu’à présent seulement comme sections d'une même fa-
mille, pour ne pas les séparer comme formant des ordres
réellement distincts. En effet, les Spiréacées diffèrent essen-
tiellement des Amygdalées, qui les ont précédées, par leur
ovaire multiple et par leurs fruits qui sont des capsules sèches
s'ouvrant en 2 valves, au lieu d’être un drupe charnu. Il
est également facile de les distinguer des vraies Rosactes
par leurs capsales s’ouvrant en 2 valves, et contenant or-
dinairement plusieurs: graines, tandis que ; dans les Rosa-
cées, les graines sont nues ou quelquefois renfermées dans
des baies.
Les Spiréacées sont des plantes herbacées on frutescentes,
à feuilles aliernes, simples ou composées, à fleurs terminales
SPIRÉACÉES. 18)
ou axillaires, souvent disposées en panicule. Elles sont en
général astringentes, et, sous le rapport de leurs proprié-
tés, elles ont plus de rapport avec les Rosacées qu'avec les
Amygdalées.
108° Genre. — SPIRÉE. SPIRÆA. lan.
Calice monophylle, à 5 divisions. Corolle de 5 pétales
insérés dans le haut du calice. Etamines nombreuses, alta-
chées sur le calice au-dessous des pétales. Plusieurs ovaires
supérieurs ; autant de capsules s’ouvrant en 2 valves par leur
partie interne , el contenant 1 à 3 graines. k
SPIRÉE ULMAIRE , vulgairement Reine des prés, Herbe
aux abeilles, petite Barbe de chevre, Vignette.
Spiræa Ulmaria. Lin. Spec. 502.— Ulmaria. Pharm.
— Barba capræ floribus compactis. FI. Dan. L. 547.
Sa racine est assez grosse, longue commie le doigt, odo-
rante , noiratre en dehors, d’un rouge-brun en dedans, gar-
mie de beaucoup de fibres ; elle donne naissance à une tige
uu peu anguleuse , rougeûtre , haute de 3 à 4 pieds, munie
de feuilles alternes , ailées avec impair, composées de 7
grandes folioles ovales, inégalement dentées, d’un vert
foncé en dessus , blanchâtres en dessous; la terminale plus
grande que les auires, et ordinairement partagée en 3 lobes :
entre les grandes folioles, on en observe d'autres beaucoup
plus petites. Ses fleurs sont blanches, nombreuses, dispo-
sées au sommet des tiges et des rameaux en une large pani-
cule corymbiforme : elles ont une odeur agréable. .Cette
plante est commune dans les prés humides; elle fleurit en
mai et Juin. ?
La Reine des prés est tonique, astringente et sudorifique ;
elle a aussi été mise au nombre des vulnéraires lorsqu'on
croyail à la vertu des plantes sous ce rapport. Sa racine était
aulrefois beaucoup plus employée qu'a présent, comme
astringente, dans les hémorragies, la diarrhée, la dyssen-
terie. On estimait aussi son usage utile dans les fièvres ma-
ligues, et on la donnait en poudre ou en décoction. Les
fleurs sont regardées comme cordiales, sudorifiques et cal-
mantes , et on les emploie en infusion théiforme. On assure
qu'infusées dans le vin, lhydromel et même dans la bière,
elles communiquent à ces liqueurs une saveur et une odeur
qui les fait ressembler à du vin de Malvoisie, L'eau distillée
190 SPIRÉACÉES.
des fleurs et l'extrait des racines qu’on préparait autrefois
dans les pharmacies , sont à peu près tombés en désuétude
maintenant. à
La plante entière est propre à être employée pour le tan-
nage des cuirs. Les feuilles font un bon fourrage; les chèvres
surtout les aiment beaucoup.
SPIRÉE FILIPENDULE, vulgairement Filipendule.
Spiræa Filipendula. Lin. Spec. 702. — Filipendula.
Blackw. Herb. t. 467. — Pharm.
Les racines de cette espèce sont composées de plusieurs
tubercules ovales, de la grosseur d’une noisette ou environ ,
d’un brun noirâtre en dehors, blanchätres intérieurement,
suspendues à des fibres dont la réunion forme une souche
un peu charnue, qui donne naissance à une tige glabre,
simple ou peu rameuse, haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles
sont pétiolées, alternes , ailées, composées d’un grand nom-
bre de folioles oblongues, profondément dentées ou inci-
sées, glabres et vertes des deux côtés; elles sont munies à
leur base de grandes stipules ovales et amplexicaules. Ses
fleurs sont blanches, légèrement odorantes , disposées ax
sommet de la tige en une panicule bien garnie et corymbi-
forme. Cette plante est commune dans les bois, surtout dans
les terrains sablonneux ; elle fleurit en juim et juillet,
Les tubercules de la Filipendule sont astringens, et ils
contiennent une fécule nourrissante dont on s’est, dit-on,
servi comme aliment dans des temps de disette. Outre ces
propriétés de la Filipendule , qu’on peut regarder comme
positives, on lui en a encore altribué beaucoup d’autres qu'il
ne faut pas regarder comme.aussi certaines, el pour les-
quelles cependant on en a plus ou moins fait usage en mé-
decine. C’est ainsi que certains auteurs ont regardé la plante:
entière comme incisive et diurétique , et qu'outre la faculté
d’être utile dans les affections catarrhales des voies urinaires,
ils lui ont encore supposé la vertu de favoriser l'expulsion
des graviers hors des reins et de la vessie. D’autres, à cause
de lastringence des racines, assurent avoir, par leur
moyen, guéri des leucorrhées qui avaient résisté à beau-
coup d’autres moyens, des dyssenteries et même des hernies.
Leur efficacité, dans les deux premiers cas, n’est pas 1m-
probable ; mais on doit la regarder comme entièrement illu-
soire dans le dernier, Quelques-uns enfin ont recommandé
SPIRÉACÉES. - 191
ses mêmes racines en poudre, ou leur suc quand elles sont
fraîches , contre l'épilepsie , les écrouelles, la difficulté de
respirer.
Les fleurs de Filipendule infusées dans du lait, lui don-
nent une saveur agréable. "Foute la plante est propre à être
employée pour le tannage. Les cochons sont très-friands
des tubercules de ses racines, et ils bouleversent, pour s’en
nourrir , les terrains dans lesquels ils en trouvent.
Famille XXX VIII.
ROSACÉES.
Les plantes de cette famille ont les caractères suivans :
Calice monophylle, persistant , à 5 ou 10 divisions, quel-
quefois à 4 seulement; corolle de 5 pétales {rarement de #4)
étalés en rose, attachés dans le haut du calice, et alternes
avec les divisions calicinales ; 12 à 20 étamines et plus, in-
sérées sur le calice au-dessous des pétales; ovaires multiples,
surmontés chacun de 1 seul style, et se changeant en autant
de petites capsules ou baies monospermes et indéhiscentes.
Les Rosacées sont des herbes ou des arbrisseaux à feuilles
alternes, rarement simples , le plus souvent composées,
munies de stipules à leur base, et à fleurs axillaires, ou plus
ordinairement terminales , disposées diversement.
Toutes ces plantes ont une astringence très-marquée ;
plusieurs d’entre elles sont employées comme fébrifuges, et
quelques espèces du genre Rosier seraient purgatives selon
le témoignage de certains auteurs ; mais des expériences
bien positives n’ont pas encore déterminé cetle propriété.
Les fruits succulens de plusieurs espèces sont rafraîchissans.
_109° Genre. — RoNcE. RuBUS. Lin.
- Calice à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nombreuses.
Graines également nombreuses, contenues 1 à 1 dans de
petites baies réunies sur 1 réceptacle commun, et formant,
par leur aggrégation , une baie composée.
RONCE FRAMBOISIER , ou RONCE DU MONT 1DA , vulgai-
rement le Framboisier.
Rubus Idæus. Lin. Spec. 706. — Lois. Nouv. Duham.
6. p. 70. 1. 25. — Pharm.
La racine du Framboisier est une souche ligneuse, de
i92 ROSACÉES.
laquelle poussent plusieurs tiges droites, hautes de 3 à 4
pieds, hérissées d’aiguillons menus, droits, assez courts,
peu piquans. Ces tiges sont garnies, dans leur partie infé-
rieure, de feuilles ailées, composées de 5 folioles ovales,
aiguës, dentées, vertes en dessus, cotonneuses et blanchâtres
en dessous; les feuilles supérieures n’ont que 3 folioles. Ses
fleurs sont blanches , disposées au nombre de 3 à 6 sur des
pédoncules grèles, rameux, et placés dans les aisselles des
feuilles supérieures ou à l'extrémité des rameaux. Les fruits
qui leur succèdent, connus sous le nom de framboises ,
sont composés de grains nombreux, succulens, d’un rouge
clair, blancs dans une variété, légèrement pubescens. Les
Uges du Framboisier ne sont qu’annuelles; elles périssent
tous les ans à l'automne, et la racine en produit de nouvelles
à chaque printemps. Cette plante croît naturellement dans
les lieux pierreux , ombragés et montagneux ; elle fleurit
eu mai et juin; ses fruits sont mürs en juillet et août.
Les Framboises ont une odeur et une saveur agréables,
mais qui ne plaisent pas aussi généralement à tout le monde
que celles des Fraises; cependant elles partagent souvent
avec ces dernières l’honneur de faire l’ornement des meil-
leures tables, et on les mange de mème saupoudrées de sucre
el arrosées de vin, ou seules, ou mêlées avec les Groseilles
et les Fraises. On en prépare, en n’employant qu’elles, ou
en les écrasant dans de l’eau avec les deux fruits dont il vient
d'être parlé, une boisson très-rafraîchissante pour les grandes
chaleurs de l'été, et qu'on rend très-agréable en y ajoutant
une certaine quantité de sucre. Elles entrent dans la com-
position de différentes gelées, confitures, sirops et ratafias :
on peut les confire seules ; mais le plus souvent on les em-
ploie avec les Groseilles. Quelques Framboises mfusées dans
le vin lui communiquent un goût et un parfum délicieux.
On obtient aussi, par leur seule fermentation, un vin qui
est très-fort, assez agréable, et dont ou peut retirer, par la
distillation , une eau-de-vie très-spiritueuse. Dans plusieurs
parties de la Pologne, ce vin remplace, pour le peuple, le
vin ordinaire. Les Russes font avec les Framboises, du miel
et de l’eau , un bydromel délicieux. En France et ailleurs,
on prépare, par leur infusion dans le vinaigre, ce qu’on
appelle le vinaigre de Framboise, que les confiseurs et les
pharmaciens convertissent , par l'addition du sucre, en un
sirop très-employé en médecine, dans les fièvres bilieuses,
ROSACÉES. 197
putrides et autres, dans les maux de gorge , etc. Ce sir op,
qui est trés- agréable et très-rafraichissant ; est aussi fout
en usage dans le monde, comme moyen de calmer l’ardeur
de la soif pendant les chaleurs.
Les feuilles et les somnntés du Framboisier sont déter-
sives et astringentes ; on peut s ’en servir en décoction comme
de celles de Ronce, pour en faire des gargarismes qu'on em-
ploie dans les maux de gorge et ceux ‘des s gencives. Les fleurs
passent pour anodynes et sudoriliques ; leur AE est très -
borné et presque nul.
é
RoncE FRUTESCENTE, vulgairement {4 Ronce ou, Ronce
des haies.
Rubus fruticosus. Lin. Spec. : 707. — Lois, Nous. Dub.
6. p. ga. t. 22. £ 1, — Rubus. Pharm.
Ses tiges sont ligneuses, anguleuses , rameuses, Joôngues
de 4 à 6 pieds et même plus, armées d’aiguillons forts et
recourbés ; elles sont garnies en outre de féuilies pétiokées ,
composées en général de 5 folioles ovales , dénites aiguës,
glabres ou presque glabres en dessus, cotuñriéiéés et blane
ches en dessous : les feuilles de la partie supérieure des ra-
meaux et celles qui sont dans le voisinage des fleurs, n'ont
que 3 folioles, quelquefois même une seule. Ses fleurs sont
blanches owrougeâtres, poriées sur des pédenculesraimeux ,
et disposées au sommet des raïhéaux en une panicule plus
ou moins garnie. Les fruits soul composés de grains nom-
breux , noirâtrés, luisans,-aigrélets, et un peu suerés lors
de leur parfaite maturité." La Ronce frutescente est très-
commune dans les bois ; les haies et les buissons. EHe com-
mence à fleurir à là fin dé mai, et continue à! donner des
fleurs pendant plus de deux mois. Sés fruits se succèdent de
même les uns aux autres A le” mois de juillet j Ed ‘aux
gélées: "29
RONCE HYBRIDE.
Rubus y bridus. Vill. Dauph. 5 5, p. 259.
Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente ; mais
on l'en distingue cependant assez facilement, parce que ses
feuilles sont constamment vertes des deux côtés ; dépourvues
en dessous, dé ce duvet qui rend blanches les Hills de la
Ronce frutescente. Ses fruits sont composés de grains un
peu plus gros que dans cette dernière, mais moins nom-
N
104 ROSACÉES.
breux. Au reste, elle se trouve dans les mêmes lieux, fleurit
et fructifie en même temps.
RONCE BLEUE.
Rubus cæsius. Lin. Spec. 706. — Lois. Nouv. Duham.
6. p. 69. t. 22. fig. 2.
Cette espèce se distingue bien des deux précédentes, parce
que ses tiges n’acquièrent que & pied à à 1 pied et demi de
haut; parce qu’elle produit des jets très-longs qui rampent
sur la terre, et y prennent racine de distance en distance;
parce que ses feuilles ne sont jamais formées que de 3 fo-
lioles ; enfin parce que ses fruits sont composés de grains
plus gros, moins nombreux , recouverts d'une poussière
blanchâtre qui change leur fond noir en une couleur bleuà-
tre : leur saveur est fade et douceâtre. Cetie Ronce croît
dans les champs, les buissons et les taillis. Elle fleurit en
juin et juillet ; ses fruits mürissent dans le courant de l’été
et'au commencement de l’automne.
Les rois espèces de Rouce qui viennent d’être décrites
out les mêmes propriétés, et peuvent indifféremment être
employées les unes pour les autres. Leurs fruits sont nommés
vulgairement framboises sauvages, Müres sauvages ,
Müres des buissons, Müres de renard, Müres & poux.
Ceux des deux premières espèces surtout, ‘sont agréables au
goût et rafraichissans. Beaucoup de personnes les regardent
comme malsains; des médecims même les ont accusés de
causer des coliques , de donner des fièvres intermittentes ,
de produire des maux de tête. Ray dit qu’en Angleterre on
empêche les enfans d’en manger, parce qu'on croit qu'ils
engendrent la gale et la Leigne; mais je crois qu'aucune des
mauvaises qualités qu'on leur attribue ne sont fondées sur
l'observation, Ce qu’il y a de certain, c’est que, dans les cam-
pagnes, les enfans les recherchent , et ils en consomment
beaucoup sans que cela leur fasse du mal, et je puis assurer,
ainsi que M. Mérat, mon ami, l’a déjà fait dans sa Noûvelle
Flore des environs de Paris, en avoir souvent mangé une
grande quantité en herborisant, sans en avoir jamais éprouvé
la plus légère incommodité ; je leur trouye même, à mon
goût, une sayeur égale ou "préférable à celle des Fram-
boises. Dans quelques cantons, on fait avec ces fruits un
vin qui, dit-on, est peu inferieur à celui dela vigne ; dans
d’autres, on s’en sert pour donner de la couleur aux vins
ROSACÉES. # 195
ordinaires qui sont trop pâles. On peut aussi en faire des
confitures et un sirop agréables. Quelques médecins ont
mème préconisé ce sirop comme très-propre à calmer les’
ardeurs d'urine ; d’autres l’ont employé avec avantage dans
les maux de gorge inflammatoires. On préparait autrefois
dans les pharmacies, en faisant épaissir le suc dés Mûres sau-
vages, une sorte de rob auquel on donnait le nom de Dia-
morum >; cette préparation est maintenant tombée dans
l'oubli.
Les feuilles et les sommités de Ronce sont encore em-
ployées en médecine; on lés regarde comme détersives et
astringentes , et on les fait préparer en décoction pour en
composer des tisanes ou des gargarismes dont on conseille
l'emploi dans les maux de gorge, et en général dans ceux
de la bouche ou des gencives. Les feuilles de Ronce ont aussi
été employées intérieurement dans la diarrhée, le crache-
ment de sang , la leucorrhée, les maladies des voies uri-
naires ,etextérieurement contre les hémorroïdes, les dartres ;
mais leur usage aujourd’hui est borné aux cas rapportés un
peu plus haut. ”
Les chevaux n'aiment pas les feuilles de Ronce ; mais les
vaches, les chèvres et les moutons s’en accommodent assez
bien, et les deux derniers surtout, les mangent avec une
certaine avidité lorsqu'elles sont jeunes ; on péut aussi alors
en nourrir pendant quelque temps les vers-à-soie.
110° Genre. — FRAISIER. FRAGARIA. Lin.
_ Calice à 10 divisions alternativement grandeset petites.
5 pétales. Etamines nombreuses. Graines portées sur un ré-
ceplacle succulent, bacciforme, coloré et caduc.
L
FRAISIER COMMUN.
Fragaria vesca. Lin. Spec. 708. — Fraguria. Blackw.
Herb. t. 77: — Pharm.
Sa racine formé uné petite souche demi-ligneuse, vivacé,
d’un brun-rougeâtre , divisée inférieurement en fibres me-
nues et nombreuses ; elle donne naïssance à 5 à 8 feuilles
longuement pétiolées ycomposées de 3 folioles ovales, for-
tement dentées, d’un vert gai en dessus, soyeuses et blan-
chälres en dessous, ainsi que leur pétiole. Du collet de lu
racine partent encore plusiéèurs jets grêles, fort longs, ram-
pans. prenant racine et poussant des feuilles de distance eu
N 2
196 ROSACÉES.
distance; ce qui, par la suite, forme autant de nouveaux
pieds qu multiplient la plante. Au milieu des feuilles nais-
sent 1, 2 ou 5 Liges simples, grèles, Rose hautes de 4
à 6 pouces portant à leur sommet 4 à 6 fleurs ou davan-
tage, blanches, pédonculées , et disposées en une sorte de
pelit cor ymbe.” Après la floraison, le réceptacle prend de
l'accroissement, acquiert une consistance pulpeuse, suc-
culente, et devient une sorte de fruit ordinairement d’un
rouge V ermeil , connu sous le nom de Fraise. Cette plante
croît naturellement dans les bois et les buissons ; elle fleurit
en avril et mai; ses fruits sont mürs en juin et juillet.
* C’est bien moins comme médicament que comme fruit,
ayant une saveur exquise el un parfum délicieux , qu’on fait
usage de la Fraise. Les Fraises mangées une à une, en les
cueillänt sux leur lige, sont excellentes , et c’est peut- ‘être de
cette manière que l’on goûte mieux la finesse de leur par-
fum. Celles surtout qu’on trouve sauvages au milieu des
bois, quoique plus petites que celles cultivées dans les jar-
dins. , lemportent incontestablement sur ces dernières par
l'excellence de leur goût et de leur odeur. Le plus souvent,
dans les villes, les Fraises se servent au dessert chez les gens
aisés; on les mange sau poudrées de sucre et arrosées d’un
peu vin. Pour être prises en certaine quantité à la fois,
elles se digèrent mieux ainsi assaisonnées; car, naturelle-
ment froides, elles donnent quelquefois de coliques aux
personnes qui en mangent en {trop grande abondance. Les
limonadiers préparent des glaces trés agréables avec le suc
qu'on en exprime. Ce suc, “dans lequel on ajoute de l'eau et
du sucre, fait une boisson très-rafraîchissante qui plaît au
goût, qui apaisé la soif dans les chaleurs de l'été, et qu’on
peut donner avec avantage aux malades atiaqués de fièvres
bilieuses, ou dans plusieurs phlegmasies. On fait entrer les
Fraises dans diverses liqueurs de table, principalement dans
celle nommée Ratafia des # Fruits. Leur suc, soumis à
uu certain degré de fermentation , acquiert une saveur
vineuse , mais il ne se conserve pas; on peut en tirer de
J’alcool en le soumettant à la distillation avant qu'il soit
devenu acide, état auquel 1l passe facilement; il est alors
PoRee de le convertir en une sorte de vinaigre.
J'ai déjà dit que ce suc récent pouvait servir avanta-
geusement comme tisane rafraîchissante dans les fièvres
inflammatoires: mais on attribue encore à ces fruits d’autres
ROSACÉES. 197
propriétés médicamenteuses. Ainsi le célèbre Linné assure
être parvenu, par l’usage des Fraises, à se guérir d’une
goulte qui lui avait fait éprouver de violentes douleurs pen-
dant plusieurs années. Les auteurs citent des malades chez
lesquels elles ont dissout et dissipé des concrétions arthri-
tiques anciennes, et leur usage habituel passe pour empê-
cher la formation du tartre ou pour dissoudre celui dont se
couvrent souvent les dents de certaines personnes. Gesner
el Bocrhaave leur attribuent la même propriété pour sou-
lager les calculeux ; mais le premier fait plus particulière-
ment résider leur vertu dans le suc des fruits, et le second
dans leurs graines.
Les racines et les feuilles de Fraisier ont une saveur légè-
rement amère et un peu astringente. Elles sont diurétiques
et apéritives; on les emploie en décoction à la dose de 2 gros
à 1 demi-once pour 1 pinte d’eau , dans les engorgemens
des viscères de l'abdomen, dans la jaunisse et dans les ma-
ladies des voies urinaires. On préparait autrefois, dans les
pharmacies, une eau dislillée de Fraises, que les dames em-
ployaient comme cosmétique, pour effacer les taches de
rousseur; mais celte préparation est tombée en désuétude ,
sans doute à cause de son inefficacité,
Les moutons et les chèvres broutent volontiers les feuilles
de Fraisier; les vaches s’en soucient peu, et les chevaux
refusent absolument d’en manger.
111° Genre. — POTENTILLE. POTENTILLA. Lan.
Calice à 10 divisions alternativement plus grandes et plus
petites. 5 pétales. Etamines nombreuses. Graines nom-
breuses portées sur un réceptacle sec et non charuu.
POTENTILLE ANSERINE, vulgairement Argentine.
Potentilla Anserina. Lin. Spec. 710. — Bull. Herb.
t.157. — Argentina Potentilla et Anserina. Pharm.
Sa racine est brunâtre, fibreuse , vivace ; elle produit
plusieurs feuilles assez grandes, ailées, étalées en roselte sur
la terre, composées de 15 à 21 folioles ovales-oblongues,
dentées en scie en leurs bords, d'un vert clair el un peu pu-
bescentes en dessus, très-soyeuses et d’an blanc argenté en
dessous. Ses Liges sont grèles, longues de 1 pied et plus,
rampantes, garnies de quelques feuilles écartées beaucoup
plus petiles que celles qui partent immédiatement des ra :
N 35
\
168 ROSACÉES.
cines , allant d’ailleurs toujours en diminuant de grandeur,
de manière que l'extrémité des liges paraît presque nue.
Ses fleurs sont jaunes, larges de 10 à 12 lignes, solitaires ,
portées sur de longs pédoncules qui naissent dans les ais-
selles des feuilles sur la partie des tiges la plus rapprochée
des racines. Cette plante croît dans les pâturages et sur les
bords des champs, dans les lieux un peu humides ; elle fleu.
rit en mai, juin et Juillet.
L’Argentine a une saveur légèrement stiptique. Elle est
un peu astringente et a passé pour vulnéraire. Son usage a
été conseillé par les uns dans le crachement de sang, les
pertes utérines, la leucorrhée, la diarrhée, la dyssenterie;
les autres l'ont recommandée comme fébrifuge et comme
trés-ulile dans la jaunisse et dans les maladies des voies uri-
naires causées par la présence de calculs. Dans ce dernier
cas surtout , l'Argentine n’esl plus d’aucun usage, aujour-
d’hui que les médecins connaissent si bien l'insuffisance ab-
solue de tousles prétendus fithontriptiques ; mais, sous les
autres rapports même, celte plante n’est que bien peu em-
ployée maintenant. Quoi qu'il en soit, ou peut donner le
suc qu’on en exprime, quand elle est fraîche, à la dose de
2 à 4 onces, et, quand elle est sèche, on la fait prendre en
décoction on en poudre. On préparait autrefois, dans les
pharmacies , une eau distillée d'Argentine qui passait pour
propre à effacer les rousseurs de la peau et à remédier aux
effets du hâle ; cette eau n’est plus du tout employée.
En Ecosse, on mange les feuilles de l’ Argentine apprètées
de diverses manières, comme herbe potagère. En Angle-
terre, quelques personnes préparent de même ses racines
comme aliment; elles ont un goût assez analogue à celles
du Panais. Ray a'observé que les cochons la recherchent
avidement, et que, pour s’en nourrir, ils fouillent avec leur
groin la terre où il s’en trouve.
POTENTILLE RAMPANTE, Vulgairement Quintefeuille.
Potentilla replans. Lin. Spec. 714, — Pentaphyllum.
Blackw. Herb. t. 454. — Pentaphyllon , sive Quinque-
Jolium. Pharnm.
Sa racine.est allongée, de la grosseur du petit doigt ,
vivace, noirâtre en dehors, rougeûtre intérieurement, divi-
sée en quelques fibres plus menues; elle donne naissance à
plusieurs tiges grèles, samples ou peu rameuses, longues
ROSACÉES. 199
de 1 à 2 pieds, couchées et rampantes sur la terre, prenant
racine à leurs articulations, garnies de feuilles pétiolées,
composées de 5 folioles ovales-oblongues, obtuses, cunéi-
formes à leur basé, dentées en leurs bords, presque glabres
et vertes des deux côtés. Ses fleurs sont jaunes, larges de
10 lignes ou environ, solitaires, portées sur de longs pédon-
cules qui naissent dans les aisselles des feuilles. Cette plante
n’est pas rare dans les champs et sur les bords des chemins;
elle fleurit en juix et juillet.
Sa racine est ordinairement la seule partie dont on fasse
usage, et plusieurs auteurs même prescrivent de n’employer
que sa partie corticale. Elle a les mêmes propriétés que
l'Argentine ; cependant quelques médecins Font regardée
comme plus décidément fébrifuge ; Chomel a beaucoup
préconisé son emploi dans la diarrhée et la dyssenterie ;
enfin d’autres l’ont vantée pour guérir les maux de gorge
et les ulcères de la bouche. On la donne en décoction à la
dose de 1 demi-once à 1 once pour 1 pinte d’eau. Cette ra-
cine entre dans l’eau générale et Ia thériaque de l’ancienne
pharmacopée de Paris; la plante était au nombre des herbes
qui devaient faire partie du baume vulnéraire.
Pour les usages économiques, la Quintefeuille peut servir
au tannage des cuirs.
112° Genre. — 'TORMENTILLE. T'ORMENTILLA. Lin.
Calice à 8 divisions alternativement grandes et petites.
& pétales. Etamines et graines nombreuses ; ces dernières
portées sur un réceptacle sec et non charnu:
TORMENTILLE DROITE , vulgairement Tormentille ou
T'ourmentille.
Tormentilla erecta. Lin. Spec. 716. — T'ormentilla
sylvestris. F1. Dan. t. 589. — Tormentilla. Pharm.
Sa racine est épaisse , grosse comme le doigt, vivace,
presque ligneuse, d’un rouge brunâtre, divisée en fibres
menues ; elle donne naissance à plusieurs tiges redressées
ou quelquefois étalées, assez gréles, rameuses, plusieurs
lois bifurquées, pubescentes , longues de 8 à 15 pouces,
garnies de feuilles sessiles, partagées jusqu’à leur base en 5
à 5 folioles oblongues , dentées profondément, chargées de
poils couchés en dessus et en dessous. Ses fleurs sont jaunes,
larges de 5 à 6 lignes, portées sur de longs pédoncules fili-
N #
200 ROSACÉES.
FPrRRES , solitaires, disposés dans les aisselles des feuilles ou
dans la bifurcalion des rameaux. Cette plante n’est pas rare
dans les bois.et dans les pâturages secs ; elle fleurit en mai
et Juin. .
La racine de Tormentille a une saveur amère et astrin-
gente; elle s'emploie en décoction à la dose de 1 demi-once
à 1 ouce pour 1 pinte d’eau, et en poudre depuis 1 demi-
gros jusqu'à 1 gros. On en prépare un extrait qui se donne
ë 1 Ou 2 gros. ji emploi le plus ordinaire qu’on fait de la
AN le est dans les diarrhées et les dyssenteries atoni-
ques, dans les hémorragies passives et la leucorrhée. Exté-
rieurement sa ie est dessiccative ; on peut l’appliquer
en PORTE sur les ulcères anciens pour les dessécher et en
faciliter la cicatrisation. La racine de Tormentille entre dans
la composition du frascordium , et dans plusieurs autres
préparations pharmaceutiques moins connues aujourd’hui.
Son exlrait est au nombre des drogues qui font partie de la
thériaque. .
La plante entière est He propre au tannage des cuirs ;
sa racine surtout est riche en principe lanin , et elle donne
d'ailleurs une couleur rouge. Les Lapons lemploient sous
ce double rapport pour teindre leurs cuirs en celte couleur.
Les moutons, les chèvres et les vaches broutent ses feuilles ,
mais les chevaux n’en veulent point.
115° Genre. — BENOITE. GEUM. Lan.
Calice à 10 divisions alternativement plus grandes et plus
petites. 5 pétales. Etamines nombreuses. Graines nom-
breuses , portées sur un réceptacle oblong, velu , et ter-
minées par des barbes longues, géniculées, crochues ou
plumeuses à leur sommet.
BENOITE OFFICINALE, vulgairement Æ/erbe de Saint-
Benoit, Galiot, Gariot, Récise.
Geum urbanum. Lin. Spec. 716. — Caryophyllata
vulgaris. FI. Dan. t. 672. — Caryophyllata. Pharm.
Sa racine esl grosse tout au plus comme une plume à
écrire, vivace, d'un brun rougedlre ; horizontale, munie
de fibres plus petites; elle donne naïssance à 1 où plusieurs
üges redressées, légèrement velues, hautes de 1 à 2 pieds à
nn peu rameuses dans leur partie supérieure, accompagnées
à leur base de quelques feuilles longuement pétiolées, alées,
ROSACÉES, 201
le plus souvent composées de 5 foliolesinégales, dentées, pu-
bescentes, surtout en dessous; ces tiges sont d’ailleurs garnies
dans leur longueur, de feuilles écartées, également à 5 fo-
lioles, mais presque toutes sessiles. Les fleurs sont jaunes ,
larges de 5 à 6 lignes, disposées au sommet de la tige et des
rameaux sur 1 long pédoncule. Cette plante est assez com-
mune dans les bois, les buissons et les lieux un peu ombra-
gés; elle fleurit en juin et juillet.
La racine de Benoîle a une odeur aromatique analogue
à celle du Gérofle, mais cette odeur n’est pas la même dans
tous les temps; elle est plus prononcée au printemps, et
lorsque la plante est venue dans un terrain sec et chaud. Cette
odeur se perd d'ailleurs par ladessiccation, et, dans ce dernier
élat, elle n’a plus qu'une saveur un peu amère et astrin-
gente ; mais ses propriétés sont cependant d'autant plus
prononcées, qu’elle a été recueillie dans un meilleur terrain
et dans la saison la plus convenable. C’est principalement
cette racine qui est en usage 3 les feuilles étant moins éner-
giques, ont plus rarement été employées. On se servait au-
irefois de la racine de Benoîte, en la préparant par décoc-
tion, dans les affections catarrhales atoniques, dans les
diarrhées, les dyssenteries, les hémorragies de même na-
ture ; on la regardait aussi comme propre à faciliter lérup-
tion de la petite-vérole et de la rougeole; et quelques méde-
cins avaient attribué au suc exprimé de ses feuilles fraîches,
dont ils faisaient prendre le suc jusqu’à la dose de 5 onces,
la propriété de résoudre le sang coagulé à la suite des chutes
et des contusions. Je ne sache pas qu'aujourd'hui beaucoup
de médecins emploient la Benoîle dans aucun de ces cas;
mais il y a trente et quelques années que des médecins alle-
mands ont présenté la racine de cetie plante comme un
fébrifuge susceptible de pouvoir suppléer le Quinquina; et .
dans ces derniers temps, lorsque l'écorce du Pérou était à
un prix si élevé, plusieurs médecins français publièrent que
celte racine indigène s’élait souvent montrée eflicace dans
les fièvres intermittentes, en l’adiministrant en poudre, dans
l'intervalle des accès, à la dose de 1 demi-once à 1 once
dans les fièvres quotidiennes et tierces, et à celle de à à
2 onces dans les quartes ; de sorte que, parmi les diverses
plantes de notre pays, qui ont été présentées comme pou-
vant remplacer le Quinquina, la Benoîte paraît être jusqu'à
présent celle qui mérite le plus de confiance; il faut seu-
202 ROSACÉES.
lement la donner à une dose double que le fbrifuge exo-
tique. La racine de Benoîte entre dans l'eau générale « et dans
l'eau épileptique ; deux préparations de l’ancienne phar-
macopée de Paris, bien peu employées maintenant.
Les Mémoires de l’Académie des Sciences de Stockholm
rapportent plusieurs observations de la racine de la Benoîte
des rivages, Geum rivale, Lin., employée avec succès
dans des fièvres ee rebelles , dans des diarrhées
chroniques et des hémorragies.
114° Genre, — AIGREMOINE. AGRIMONTA: Lin.
Calice campanulé, à 5 divisions. 5 pétales. 12 à 20 éta-
mines à filamens pou 2 ovaires surmontés chacun
de 1 style divergent, 2 graines enveloppées dans le calice
qui, à mesure que la maturité avance, devient entièrement
hérissé par le développement de plusieurs rangs de poils
recourbés en crochet à a leur extrémité.
AIGREMOINE EUPATOIRE, vulgairement Æigremoine.
ÆAgrimonia eupatortia. Liu Spec. 643. — Agrimonia.
Docs Herb. t. 21. — Pharim.
x
Sa racine est grosse au plus comme une plame à à écrire,
vivace, d’un rouge brunâtre ; elle donne naissance à une :
tige ordinairement simple, vel haute de 1 à 2 pieds,
garnie, dans sa moitié inférieure , de feuilles alternes, ailées
avec impair composées de 7 à 9 folioles ovales- oblongues,
fortement dentées, velues , surtout en dessous, et entremè-
lées de folioles beatcoup plus petites. La partie supérieure
des tiges est terminée par un long épi de fleurs jaunes,
petites et presque sessiles. Cette plante est commune sur les
bords des bois, des chemins, des champs, et dans les pätu-
rages secs; elle fleurit en juin et juillet.
Les PTE d’Aigremoine ont une saveur légèrement
amère et un peu astringente. On les prépare par infusion
ou légère décoction, à la \ dose-d’une demi-poignée à une poi-
gnée pour une pinle d’eau. On trouve dans les auteurs, qu'on
en a fait usage, comme loniques et aslringentes, dans les
hémorragies passives, dans les diarrhées atoniques; on les a
aussi conseillées comme apéritives, dans les obstructions dés
viscères abdominaux, la } jaunisse, lhy dropisie; on s’en est
encore servi dans la suppression desrègles, la maladie véné-+
rieure; enfin on lesa mises au nombre des vulnéraires É qui
ROSACÉES. 203
formaient autrefois uite classe si nombreuse. Aujourd'hui on
n’emploie plus guère les feuilles d’Aigremoine que dans les
maux de gorge, soit pour faire des tisanes, soït pour faire
des gargarismes. Elles entrent au reste daus plusieurs
préparations pharmaceutiques, telles que l'eau vulnéraire,
l'électuaire Catholicon, l’onguent mondificatif d’Ache, etc.
115e Genre. — RoSIER. ROSA. Lin.
Calice monophylle, persistant, ventru inférieurement ,
resserré à son orifice, et ayant son bord partagé en 5 dé-
coupures. 5 pétales en cœur renversé. Etamines nom-
breuses, plus courtes que les pétales. Ovatres nombreux
cachés dans la partie venlrue du calice, surmontés chacun
de 1 style. Graines nombreuses, hispides, renfermées dans
la partie inférieure du calice, devenue succulente, et ayant
pris la forme de 1 baie globuleuse on ovoïde.
ROSIER MUSQUÉ , vulgairement Rose muscale on mus-
cade , Rose musquée ou de Damas, Rose musatelle
ou mnuscadelle.
Rosa Moschata. Willd. Spec. 2. p. 1074.— Rosa Da-
mascena. Pharm.
Sa tige s’élève à la hauteur de 6 à 8 pieds, en se divi-
sant en rameaux glabres, chargés de quelques aiguillons
épars, courts et à peine recourbés. Ses feuilles sont compo-
sées de 5 à 7 folioles ovales-lancéolées, dentées eu scie,
glabres sur leurs deux faces, d’un vert gai, portées sur des
pétioles pubescens , et munis à leur base de 2 stipules étroi-
tes. Ses fleurs sont blanches, larges de 20 à 24 lignes, dis-
posées à l’extrémilé des rameaux sur des pédoncules assez
grêles, rameux, puhescens , formant dans leur ensemble
une panicule composée de 20 à 30 fleurs, et quelquefois
beaucoup plus. Elles ont une odeur de muse très-agréable ;
leur calice est pubescent, à divisions élroites, lancéolées ,
plus courtes que les pétales, et leurs styles sont velus, réunis
au centre de la fleur en colonne saillante. Les fruits ont
une forme ovoïde. Ce Rosier paraît être originaire de la Bar-
barie et de l'Orient; mais il est depuis long-temps natura-
lisé en France, où l’on en cultive dans les jardins une variété
à fleurs doubles, Il fleurit en juin, juillet et:août.
Les fleurs de. cette Rose sont fortement-purgatives, s'il
faut s'en rapporter au témoignage de certains auleurs de
20% ROSACÉES. 42
matière médicale, Dans les pays chauds, surtout, où elles
ont plus d’odeur, elles sont aussi plus énergiques; et Lemery
dit que 15 à 20 de leurs pétales en infusion, et surtout en
nature, suffisent pour produire d’abondantes évacuations
alviues, et même pour provoquer le vomissement. IL est
bien étonnant qu’un moyen, qu’il nous serait si facile de
mettre en usage, soit aussi négligé qu'il l’est, car les fleurs
de la Rose muscate sont entièrement imusitées dans la pra-
tique. On trouve de plus que leur eau distillée est également
assez purgative à la dose de 8 onces. Comment se fait-il
eucore que cet autre moyen, qui paraîtrait devoir présenter
un médicament agréable, soit tombé dans un oubli aussi
absolu, tandis que tous les jours les médecins presecrivent,
pour purger , des préparations aussi dégoûtantes par leur
couleur , ieur odeur et leur saveur ?
Sur les côtes de Barbarie, les Tunisiens cultivent ce Ro-
sier pour retirer de ses fleurs ce parfum si précieux et si
recherché , connu sous le nom d’essence de Rose , et c’est
par la distillation des pétales qu’ils obtiennent cette huile
essentielle. Ailleurs on la retire par d’autres procédés, des
fleurs du Rosier bifère et du Rosier à cent feuilles,
ROSIER BLANC. A
Rosa alba. Lin. Spec. 705. — Lois. Nouv. Duham. 7.
p50, 116. Pn;
Les tiges de celte espèce sont vigoureuses; elles peuvent
s'élever jusqu'à 10 ou 12 pieds, en se divisant en rameaux
nombreux, d’un vert tendre dans leur jeunesse, armés d’ai-
guillons recourbés et assez forts. Ses feuilles sont composées
de 5 à 7 folioles ovales, glabres, et d’un vert assez foncé
en dessus, légèrement pubescentes et plus päles en dessous,
bordées de dents très-aiguës, et portées sur des pétioles
chargés de poils courts et de quelques petits aiguillons en
dessous. Ses fieurs sont blanches, larges de 2 pouces ou un
peu plus, portées sur des pédoncules hispides, 2 ou 3 en-
semble à l'extrémité de petits rameaux qui sortent de la
place qu’occupaient les feuilles de l’année précédente. Elles
ont une odeur agréable; leur calice est glabre, ayant ses
divisions alternativement entières et pinnatifides; leurs styles
sont saillans, réunis en faisceau par leur partie inférieure,
et un peu divergens vers leur extrémité. Les fruits ont une
forme ovoïde, Ce-Rosier croît naturellement dans les haies
| ROSACÉES, ù 205
et sur les bords des bois de quelques-uns de nos départemens.
On en cultive dans les jardins plusieurs variétés à fleurs
doubles ; il fleurit à la fin de mai et dans le courant de
juin.
Les fleurs de ce Rosier, comme celles du précédent, pa-
raissent avoir toujours été très-peu employées, surtout à
l'intérieur ; leur parfum, presque le mème que celui de la
Rose bifère, quoiqu’un peu plus faible, doit faire croire
qu’elles ont les mêmes propriétés que cette dernière. On les
dit en général astringentes, et, sous ce rapport, Ettmuller
les regarde comme propres à guérir la leucorrhée. Lemer
assure, au contraire, qu'elles sont purgatives. En Alle-
magne , les pharmaciens s'en servent pour faire l’onguent
Rosat , et il en est aussi qui en préparent une-eau distillée
qui s'emploie en collyre, dans les ophthalmies inflamma-
toires. e
RosIER BIFÈRE, vulgairement Rosier de tous les mois,
Rosier des quatre saisons , Rose pâle ou incarnate.
Rosa bifera. Lois. Nouv. Duham. 7. p. 52. t. 9. — Rosa
Damascena. Blackw. Herb. t. 82.—/Aosa pallida. Pharm.
Cette espèce forme un buisson touffu qui s'élève à 4 ou
6 pieds, et dont les tiges et les rameaux sont armés d’aiguil-
lons nombreux , un peu recourbés. Ses feuilles sont aïlées,
composées de 5 à 7. folioles ovales, simplement dentées,
d’un vert gai en dessus, plus pâles et légèrement pubescentes
en dessous, portées sur des pétioles couverts de poils très-
courts, la plupart glanduleux et rougeûlres. Ses fleurs sont
de cette couleur charmante, et ont cette odeur suave aux-
quelles elles ont attaché leur nom particulier; elles ont 2
pouces et demi de large ou environ, et sont communément
réunies 2 à 4 ensemble ; sur des pédoncules courts, assez
serrés les uns contre les autres, hérissés, ainsi que le calice,
de petits poils nombreux, rougeûtres et glanduleux. La
partie renflée de ce dernier est allongée , et ses divisions sont
alternativement pinnatifides , à peu près de la longueur des
pétales. Les styles sont velus, réunis en un faisceau saillant
de 1 ligne et demie à 2 lignes. La patrie de cet arbrisseau
n'est pas exactement connue ; on croit,que, c'est le midi de
l'Europe; mais il est. cultivé depuis long-temps dans tous:
les jardins, à cau$e de l'élégance de ses fleurs et de leur par-
206 ROSACÉES.
fum délicieux. 1] y fleurit à la fin du printemps, et une
seconde fois dans le commencement de l’automne.
Les fleurs de cette Rose, et sous ce nom, il ne faut guère
comprendre que les pétales, car, daus la plupart des
préparations, on rejette les calices: les fleurs, dis-je,
sont la seule partie de la plante qui soit en usage, et
encore en fait-on très-peu d’usage à leur état naturel; mais
elles donnent leur nom, font la base ou entrent dans plu-
sieurs préparations pharmaceutiques, telles qu'une eau dis-
üllée, une huile par infusion , un esprit ardent, un sirop
simple et un sirop composé, un onguent, enfin un élec-
tuaire, et quelques autres compositions moins conmues. :
L'eau distillée, appelée vulgairement eau de Rose, est
regardée comme astringente ; on la fait entrer dans les col-
lyres pour l’inflammalion des yeux, et on la donne inté-
rieurement dans la diarrhée et les hémorragies. Le plus sou-
vent on la mêle dans les potions ou autres médicamens dont
on veut masquer la saveur el l’odeur désagréables. Sa dose
est depuis 1 jusqu’à 6 onces. Les pharmaciens la font aussi
entrer , à la place d'eau simple, dans la préparation du Cérat
de Galien, afin de lui donner une odeur agréable.
L'esprit ardent qu’on retire par la distillation des pétales
dans l’alcool, est peu usité aujourd’hui; on le donnait autre-
fois comme cordial à la dose de 1 demi-gros à 1 gros dans
les potions. Aujourd’hui ce sont principalement les disuilla-
teurs qui le préparent pour en faire, en ÿ mêlant suffisante
quantité de.sirop de sucre, cette liqueur agréable connue
dans le commerce sous le nom d’huile de Rose, et qu'ils
colorent avec la racine d'Orcanette:
Le sirop simple, qui se préparé avec le suc épuré des pé-
tales et parties égales dé sucre} passe pour laxatif, mais il
a peu de propriété; il est connu sous le nom de sirop de
Roses pâles. Le sirop cofnposé doit éminemment ses vertus
purgatives au Séné et à PA garic; il se prescrit depuis 1 jus-
qu’à 2 onces. Il en est de mème de l’électuaire, qui serait
à peine laxatif; s'il n’entrait pas de la Scammonée dans sa
composition. , 21e
Quant à l'hué:et à l’onguent Rosat, on s’en sert exté-
rieurement conmé adoucissans et résolutifs. 171
Sous le rapport des usages domestiques, les confiséurs ,
les distillateurs, et sürtout les parfameéurs, tirent encore un
plus geand parti que les pharmaciens, de l'odeur délicieuse
ROSACÉES. 207.
de la Rose bifére, en fixant ce parfum dans des pastilles,
des dragées, des crèmes, des glaces, des ratafias, des huiles,
des pommades, des essences. Les pétales de Roses conser-
vent leur parfum en les séchant à l’air et à l'ombre: on en
fait, ainsi préparés, des sachets propres à communiquer
leur odeur au linge, aux habits, etc.
L’huile essentielle de Roses, qu'on appelle aussi beurre
de Roses, se relire principalement de l'espèce qui fait je
sujet de cet article et de la Rose à cent feuilles. C’est le par-
fum le plus estimé, et peut-être le plus cher qui existe, Les
parfumeurs de Grasse et de Paris fixent l’odeur de ces Roses
dans de la graisse de porc, en faisant bouillir les pétales
avec celle graisse, dans de grandes chaudières pleines d'eau,
et ils en retirent ensuite l’huile essentielle au moyen de
lesprit-de-vin. Dans les Indes, on emploie un autre pro-
cédé pour obtenir cette essence dans un plus grand degré de
pureté. On effeuille les Roses dans un vase de bois rempli
d'eau bien pure, et on l’expose pendant quelques jours à la
chaleur du soleil, La partie huileuse des pétales se sépare
el nage sur l'eau ; on la ramasse soigneusement avec du
coton fin qu’on exprime dans de petites bouteilles qu’on
bouche hermétiquement. Le beurre de Roses ainsi préparé
est d’une teinte citronnée , demi-transparent , et ressemble
à un cristal nébuleux ou à de la glace. IL est toujours figé
à une Llempérature ordinaire; il se liquéfie en chauffant entre
les mains le flacon dans lequel il est contenu. 11 a la pro-
priété de se conserver très-long-temps sans rancir, et l'arome
qu'il répand est si fort, qu'il suffit de ce qui peut se fixer à
la pointe d’une épingle qu'on enfonce dans un flacon qui
eu. est rempli, pour embaumer un appartement el pafumer
plusieurs personnes pendant toule une journée, Ce beurre
de Roses est très-cher dans l'Orient, et plus encore en
France, où 1l est-difficile ds s’en procurer de pur: IL faut
une grande quantité de Roses pour en produire très-peu :
à peine en relire-l-on 1 demi-gros avec 100 livres de fleurs.
_ROSIER DE FRANCE, vulgairement Rose de Provins, .
Rose rouge. î taf
Rosa Gallica. Tin. Spec. 704.— Rosa rubra. Blackw.
Herb. t. 78. — Pharm. | Du
Ce Rosier ne s'élève grière à plas de 2 ou 5 pieds, et ses
tiges sont en général peu robustes ; divisées en rameaux
208 ROSACÉES.
nombreux , armés de faibles aiguillons, et garnis de feuilles
composées pour l'ordinaire de 5 ou plus rarement de 7 fo-
lioles ovales, dentées, d’un vert assez foncé et glabrés en
dessus, plus ou moins pubescentes et un peu blanchätres en
dessous. Ses'fleurs solitaires, ou au plus 2 à 5 ensemble à
l'extrémité des rameaux, sout d’un rouge plus ou moins
foncé dans les individus sauvages; ellés ont 2 pouces et'demi
à 5 pouces de largeur, et leur odeur est très-faible : leur
calice est tautôt globuleux , tantôt ovoïde , à divisions sen.
siblement plus courtes que la corolle, et les styles sont ordi-
nairement très-velus. Cet: arbrisseau croît naturellement:
dans les pays montueux de quelques provinces de France:
il a produit, par la culture, de nombreuses variétés que les
jardiniers fleuristes distinguent principalement par’ lès-dif-
férentes couleurs de leurs corolles, dont les nuances vàarient
à l'infini depuis le rouge le plus clair jusqu’au pourpre et’
Là
au violet les plus foncés. Il fleurit en juin. :
Les fleurs de ce Rosier entrent dansun plus grand nombre
encore de préparations pharmaceutiques que celles dé l’es-
pèce précédente. On fait une eau distillée avec ses pétales 3”
on en prépare une autre avec ses calices. Les pétales seuls
servent pour le sucre Rosat, le vinaigre de Roses, le miel
Rosat, la teinture de Roses, pour une conserve solide et
une conserve liquide, pour le sirop de Roses sèches: on en
prépare aussi, par infusion et par décoction, une huile par-
ticulière ; enfin elles entrent en nature, et réduites en pou-
dre, dans divers électuaires, dont les plus usités main-
tenant sont la Thériaque et le Diascordium. Plusieurs des
différentes préparations que je viens de nommer font d’ail-
leurs partie d’une foule d’autres compositions pharmaceu-
tiques qu'il serait trop long de rapporter ici, et auxquellés :
il est trop incertain qu’elles communiquent véritablement
aucune propriété qui puisse mériter qu’on en parle.
Les différentes préparations faites avec les Roses rouges
sont toutes plus ou moins astringentes, et, sous ce rapport,
elles sont conseillées, principalement le suere , le sirop:
les conserves, dans les hémorragies, les flux de ventre, qui
ont pour cause l’atorrie des solides, dans la leucorrhée, etc.
Quelques médecins assurent avoir guéri .des phthisiques |
désespérés par l'usage de la conserve continuée pendant
long-temps, et à si haute dose qu'un malade en emplova
plus de 50 livres en deux mois, et un autre plus de 2e,
ROSACÉES. 209
C’est ici l’occasion de faire observer que, pour préparer
cette conserve, les pétales doivent êtremondés de cette par-
tie blanche qu’on appelle l'onglet, non-seulement afin que
la conserve soit d’une plus belle couleur , mais encore parce
que cette partie recèle, dit-on, une vertu purgative qui
changerait totalement les propriétés de la préparation, et
qui empêcherait surtout de pouvoir la donner à haute dose.
Celle à laquelle on la prescrit le plus souvent comme astrin-
gente et stomachique , est de 2 gros à 1 once. Un phar-
macien de Provins, M. Opois, dans une dissertation sur les
Roses nommées vulgairement de Provins , prétend que
. les Roses de cette ville sont préférables à toutes celles qu’on
trouve ailleurs, soit à cause de la nature du sol, soit parce
qu’on donne plus de soin à leur culture. Il ajoute qu’on
y prépare la conserve de Roses par un procédé particulier,
qui consiste à broyer à froid les fleurs et le sucre ; ce qui
fait que le suc des Roses ne perd rien de sa qualité.
Le miel et le vinaigre rosat s'emploient dans les garga-
rismes pour les maux de gorge accompagnés d’aphites, et
pour remédier aux ulcérations des gencives ou de la bouche,
et à l’ébranlement des dents. L’infusion simple des Roses
rouges peut suppKer à ces deux dernières préparations ofi-
cinales, dans les mèmes cas. Ces fleurs, cuites dans l’eau ou
dans le vin, s'appliquent comme résolutives sur les tumeurs
indolentes , ou comme répercussives dans le commence-
ment de celles qui menacent d’inflammation.
Les Roses rouges étaient autrefois un objet de commerce
pour la France; on en portait jusqu'aux Indes, et Pomet
dit qu'elles y étaient si estimées, qu'on les payait presque
au poids de l'or.
ROSIER DE CHIEN, vulgairement Eglantier sauvage ,
Chinorrhodon où Cynorrhodon.
Rosa canina. Lin. Spec. 504. — Rosa canina seu
sylvestris. Blackw. Herb. t. 8. — Pharm.
Cet arbrisseau, presque toujours divisé dès sa base en tiges
nombreuses, forme un buisson touffu , qui s'élève commu
nément à 8 ou 10 pieds, et quelquefois au-delà. Ses feuilles
sont composées de 5 à 7 folioles ovales ou ovales-lancéolées,
d’un vert gai, glabres, plus ou moins luisantes, dentelées
en leurs bords. Ses fleurs sont d’un rose clair, quelquefois
blanches, ordinairement disposées 2 à 4 ensemble à l'extré-
0
210 ROSACÈES: |
milté du rameau qui les porte, rarement en plus grand
nombre. Les fruits sont ovoides où globuleux , comme la
partie renflée des calices auxquels ils succèdent. Ce Rosier
est commun dans les haies, les buissons et sur les bords des
bois; il fleurit en juin et juillet.
Ce Rosier doit son nom à la prétendue propriété que les
anciens attribuaient à sa racine. Pline dit qu’elle est un spé-
cifique contre la rage, et que cette vertu miraculeuse fut
révélée en songe à une mère dont le fils avait été mordu par
un. chien, et qui fut guéri par l’emploi de ce remède.
Les fleurs du Rosier sauvage sont astrimgentes selon les
uns, purgatives selon les autres; mais on n’a pas d'obser-
vations positives d'où l’on puisse conclure sous quel rapport
on pourrait les employer. J’ai commencé à les expérimen-
ter comme purgatives ; mais n'ayant pas eu le temps de
pousser mes observations assez loin, je m’abstiendrai de
rononcer encore. On pourra voir à l’article Roscer, dans
è 2° partie de cet ouvrage, à la suite des recherches faites
pour trouver des succédanées an Jalap, ce que les trois
observations, qui me sont particulières, paraissent indiquer
à cet égard. ‘
On prépare dans les pharmacies, avec les fruits de ce
Rosier, connus vulgairement sous le nom de Grate-culs,
et en général avec ceux de tous les Rosiers qui croïssent
naturellement dans les campagnes, une sorte de confiture
À laquelle on donne le nom de Conserve de Cynorrhodon
ou de Chinorrhodon, laquelle est très-astringente, et que
lon prescrit dans la diarrhée atonique et dans les débilités
de l'estomac.
Quelques auteurs regardent comme apéritives et diuréti-
ques, les graines séparées de la pulpe des fruits qu’on em-
ploie pour faire la conserve. On trouve qu’elles ont été don-
nées en nature et en poudre à la dose de 1 gros, délayées
dans un verre de liquide; mais je crois que, bien loin d’être
un remède utile, elles pourraient le plus souvent devenir
dangereuses , si elles métaient pas bien mondées du petit
duvet dont elles sont environnées, lequel, appliqué shr la
peau , y cause bientôt un prurit insupportable et même de
l'inflammation , non par une âcreté particulière qui lui
soit propre, mais seulement en agissant comme irritant mé-
canique , et en s’insinuant avec facilité dans les pores de la
peau. Je n’en conseille pas davantage la décoction ; ces petits
ROSACÉES. 211
poils pouvant également se trouver suspendus dans l’eau ,
si on ne mettait pas beaucoup de soin dans leur prépara-
tion, e ‘ce moyen n’est pas assez recommandable pour pas-
ser outre aux inconvéniens de son administration.
On trouve assez souvent, sur les rameaux de ce Rosier
et sur ceux des autres espèces sauvages, une excroissance
ordinairement arrondie, de la grosseur d’un œuf de poule,
ou un peu moins, composée de filamens velus, entrelacés,
rougeâtres , ayant la forme d’une petite pelotte de mousse.
Cette singulière excroissance est causée par la piqûre qu’y
fait une espèce d’insecte du genre Cinips, afin d'y déposer
ses œufs, et elle est connue sous le nom de Bédésuar. On
attribue au Bédéguar les mèmes vertus qu'aux fruits du
Rosier, et on les donnait autrefois à la dose de 2 gros à 1
demi-once en décoction dans 1 pinte d’eau. On les em-
ployait principalement en gargarisme pour les ulcères de la
bouche et du gosier. On regardait aussi leur cendre comme
propre à résoudre les tumeurs scrophuleuses. Aujourd’hui
le Bédéguar est tombé en désuétude.
+
T° CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; POLYPÉTALES
INFEROV ARIÉES.
Famille XXXIX.
POMACÉES.
Les caractères qui constituent cette famille sont les sui-
vans : Calice monophylle, à 5 divisions profondes ; corolle
de à pétales égaux, ouverts en rose, insérés dans le haut
du calice; 20 étamines ou environ, atiachées sur le calice
au-dessous des pétales; 1 ovaire inférieur ou adhérent avec
le calice, et surmonté de 1 à 5 styles; 1 pomme partagée en
2 à 5 loges contenant chacune r ou plusieurs graines.
Les Pomacées sont des arbres on des arbrisseaux à feuilles
alternes , simples ou composées, et à fleurs rarement soli-
taires, souvent disposées en corymbe, et le plus souvent ter-
minales.
O 2
212 POMACÉES.
Sous le rapport de leurs propriétés médicamenteuses, les
Pomacées n’attirent pas beaucoup nos regards; leurs feuilles
et leurs écorces sont en général astringentes, et les fruits
des espèces que Ja culture a le moins modifiées ont aussi
cette propriété; mais les Pommes et les Poires, dont Part
des cultivateurs a diversifié les saveurs à l'infini, méritent,
plus que toutes les autres espèces de cette famille, notre at-
tention, sous le rapport de leurs propriétés économiques;
les unes et les autres nous offrent des alimens sains et agréa-
bles, et un principe sucré, plus développé dans ces espèces,
leur permet de passer facilement à la fermentation vineuse,
ce qui nous donne le moyen d’en retirer des boissons qui,
jusqu’à un cerlain point, remplacent le vin, et qu’on peut
de même convertir en alcool par la distillation, ou en vinai- :
gre , en les faisant passer à la fermentation acéteuse.
116° Genre. — Pommier. MA1LUSs. Tourref.
Calice à 5 divisions. à pétales. Environ 20 étamines, à
filamens redressés en faisceau. 5 styles réunis à leur base.
1 pomme arrondie, creusée d’un ombilic à sa base et à son
sommet, divisée intérieurement en 5 loges cartilagineuses,
contenant chacune 2 graines. |
POMMIER COMMUN.
Maluscommunis. Lois. Nouv. Duham. 6. p. 142. t. 45-
55. — Poma sive Malus. Pharm.
Le Pommier commun est un arbre qui ne s'élève guëre
au-delà de 20 à 25 pieds, parce que, le plus souvent, ses
branches, rombreuses et étalées, forment ane tête arrondie
ayant plus de largeur que dé hauteur. Ses feuillessont éparses,
assez écarlées les unes des autres, ovales, dentées en leurs
bords, légèrement pubescentes en dessus, cotonneuses en
dessous, portées sur un pétiole plus court que leur limbe.
Les fleurs naissent 6 à 12 ensemble à l'extrémité de petits
rameaux particuliers; elles sont grandes, blanches, avec
une légère teinte de rouge, surlout en dehors, et portées
sur des pédoncules le plus souvent assez courts. Les fruits,
connus sous le nom de Pommes, varient à l'infini sous le
rapport de la grosseur, de la couleur et de la saveur; les
plus petits n’ont pas plus de 15 lignes de diamètre, les plus
gros ont 5 à 4 pouces; ils sont blanchâtres, verdâtres, jau-
nes, gris, d’un rouge plus ou moins foncé; leur saveur est
POMACÉES. 15
acide, amère , fade, douce, sucrée, parfumée. Ce qui pro-
duit le bon goût de la chair de certaines variétés, est la
combinaison intime du principe acide et du principe sucré,
relevés d’uu parfum agréable, comme dans les Calvilles ,
les Reinettes. Le Pommier croît naturellement dans les fo-
rêts de l’Europe; cultivé depuis des siècles , il a produit de
nombreuses variétés, 11 fleurit au mois de mai, et ses fruits,
selon les variétés, mürissent depuis le mois de juillet jusqu’à
la fin de l'automne.
Les Pommes sont des fruits sains et agréables que l'on
mange crus ou cuits, et qui, au moyen de leurs différentes
variétés qui ne mürissent que successivement, et dont quel-
quesunes, par la faculté qu’elles ont de se conserver plusieurs
mois de suite, peuvent se servir sur les tables pendant toute
l'année, Les prapriétés médicamenteuses des Pommes sont
d'être légèrement rafraïîchissantes et laxatives. Sous ces rap-
ports, on les prescrit quelquefois dans les tisanes, et , lors-
qu’elles sont cuites, on en permet l’usage aux malades et aux
convalescens. Dans ce cas , on préfère généralement la Reï-
nette à toute autre variété. C’est aussi le plus souvent celle-ci
qu'on emploie pour faire des compotes, des marmelades et
des confitures. C’est avec elle qu’on fait, à Rouen, une gelée
fort renommée. Les confiseurs la préparent aussi en pâte
sèche. Les chimistes ont trouvé dans les Pommes un acide
particulier qu’ils ont appelé Malique , du nom latin de ces
fruits. Cet acide, dans l'extrême maturité et par la cuisson,
passe , dans beaucoup de variétés, à la saveur sucrée. Aussi,
dans ces derniers temps, a-t-on cherché à trouver de vrai
sucre dans ceux de ces fruits où le principe sucré paraissait
le plus développé ; mais jusqu'à présent on n’est parvenu
qu'à en extraire du sirop.
On retire, par la contusion et l'expression des Pommes,
une liqueur à laquelle on laisse subir un certain degré de
fermentation , et qui est connue sous le nom de Cidre. Cette
liqueur , qui remplace le vin dans plusieurs parties de la
” France, et particulièrement dans la Normandie, est une
boisson moins tonique sans doute que celle que nous fournit
la vigne, mais qui est cependant fort saine. Il suffit de voir
l'état de santé et de vigneur des hommes, et la fraicheur
et l'embonpoint des femmes de tous les pays où l’on en fait
usage pour être convaincu de sa salubrité. On assure que la
pierre et la gravelle sont rares dans les pays où le cidre est.
03
214 POMACÉES.
la boisson commune. Les cidres moyens, pas trop forts,
conviennent aux individus faibles, maigres et d’un tempé-
rament bilieux. Ils sont utiles dans les affections chroniques
des voies urinaires, dans les obstructions des viscères du
bas-ventre et dans les maladies cutanées. Le cidre soumis à
la distillation fournit une eau-de-vie peu estimée.
On prépare dans les pharmacies deux sirops de Pommes,
dont l’un appelé Szrop composé, parce qu’il entre plusieurs
substances dans sa composition, est légèrement purgatif à
cause des feuilles de Séné qui en font partie, et dont l’autre
est nommé Sirop de Pommes helléboré, parce qu’on yÿ
ajoute la racine d’Hellébore noir. Ce dernier est plus pur-
gatif; on le donne depuis 2 gros jusqu'à 1 once. Le premier
peut se prescrire à des doses doubles. La pulpe de Pommes
et le sirop helléboré entrent dans quelques compositions
pharmaceutiques peu usitées aujourd’hui.
Le bois de Pommier a le grain fin, et il est bien vemé dans
les vieux arbres. 1l est employé par les menuisiers, les ébé-
nisles et les tourneurs. Il brûle bien, fait un feu qui donne
de la chaleur , et a de la durée.
117° Genre. — Poirier. PYruUSs. Lin.
Calice à 5 divisions. Corolle de 5 pétales. 20 étamines
divergentes. 5 styles distincts à leur base. 1 pomme turbi-
née , rétrécie à sa base, ombiliquée à son sommet, partagée
intérieurement en 5 loges cartilagineuses , contenant cha-
cune 2 graines.
POIRIER COMMUN.
Pyrus communis. Lin. Spec. 686. — Lois. Nouv. Dubh.
6. p. 192. t. b9-74. — Pyrus. Pharm.
Le Poirier est un arbre qui s’élève à 50 ou 40 pieds, sur
un tronc qui avec l’âge peut en acquérir 6 à 8 de circon-
férence , et quoique la tige, arrivée à la hauteur de 10 à 12
pieds, continuerarement à avoir une direction verticale sans
se diviser en branches, cependant la tête, qu’elle forme
daus sa partie supérieure, a presque toujours plus de hau-
teur que de largeur, en quoi le port de cet arbre est fort
différent de celui du Pommier. Ses feuilles sont éparses le
long des rameaux , assez longuement pétiolées, ovales,
finement dentées en scie , pubescentes en dessous dans leur
jeunesse, ensuite parfaitement glabres en dessus et en
{
POMACÉES. 0x5
dessous, lisses et d'un vert gai en dessus. Ses fleurs sont
blanches » ASSEZ grandes, plus ou moins longuement pédon-
culées , réunies au nombre de 8 à 12 en bouquets corymbi-
formes et disposés au sommet de petits rameaux latéraux.
Les fruits connus de tout le monde et portant le nom de
Poires, sont arrondis, turbinés, variant à l'infini pour la
grosseur, la saveur et les différentes nuances de couleur
enire le verd, le brun , le jaune, le rougeûtre, Le Poirier
commun esl indigène des forêts de l’Europe ; on le trouve
assez communément dans celles de France. I fleurit au
mois d'avril , et, selon que les variétés sont plus hâtives ou
plus tardives, les fruits mürissent depuis le mois de juillet
jusqu’en décembre.
La culture a encore plus multiplié les variétés de Poires
que celles des Pommes; le nombre de celles auxquels les
agronomes, les cullivateurs et les jardiniers ont donné des
noms particuliers , s'élève beaucoup au-dessus de 200. Les
plus petites ne pèsent que quelques gros et n’ont guère que
1 pouce de diamètre, tandis que les plus grosses ont plus
de 1 pied de tour, et que leur poids est de 2 livres et au-
delà, La chair de ces fruits n’est pas moinssujette à éprouver
des modifications extraordinairement opposées; dans les
Poires sauvages et dans la plupart des variétés employées
pour faire du cidre, Ja chair est sèche, acerbe, amère, ex-
traordinairement désagréable; tandis que celle d’un grand
nombre de Poires réservées pour nos tables, a en même
temps un goût doux, sucré, excellent , relevé d’un parfum
délicieux, et cette chair se fond dans la bouche en une eau
rafraichissante, d'une saveur exquise.
Les Poires se mangent crues, cuiles ou en compotes , ét
Von conserve certaines variétés en les faisant sécher. Celles
dont la chair est fondante , douce et sucrée, sont rafraichis-
santes et légèrement laxatives ; elles conviennent aux per-
sonnes qui ont le ventre paresseux ; celles dont Ja chair est
dure et plus ou moins acerbe, sontau contraire astringentles ;
Ja plupart de ces dernières ne sont bonnes à manger que
cuiles. Les personnes sujettes aux coliques doivent s'en ab-
stenir. C’est avec les Poires et le vin doux qu’on fait le rai-
siné, sorte de confilure économique, dats laquelle il n'entre
point de sucre, et que l’on prépare en général avec les espèces
qui ont la Chr cassan£e.
Le suc retiré des Poires par les mêmes procédés qu'on
O 4
216 POMACÉES.
emploie pour faire le cidre de Pommes, forme une liqueur
connue sous le nom de Cidre-poiré. Les fruits les plus à âpres
sont ceux qui fournissent le meilleur; mais, quoiqu'il ait
souvent un goût plus agréable que le cidre de Pommes,
il est en général moinsestimé et toujours d’un prix inférieur
à celui-ci. Moins salutaire et moins nourrissant, il est plus
capiteux et passe pour attaquer les nerfs des personnes dé-
licates. On assure cependant qu'il est très-apéritif, qu’il
convient aux gens qui ont trop d’embonpoint et à ceux
menacés d’ hydropisie. Il donne, par la distillation, de l’eau-
de-vie en plus grande quantité et de meilleure qualité. On
en fabrique aussi du vinaigre qui, pour les propriétés, ap-
proche beaucoup de celui qui se fait avec le vin.
Après le Buis et le Cormier, le bois de Poirier, et surtout
celui de l’arbre sauvage, est le plus dur de nos bois indi-
gènes, et, sous ce rapport, on l’emploie beaucoup pour la
gravure et la sculpture. Îl est pesant, d’une couleur rou-
geàtre; il a le grain fin , serré et suscevtible de pre endre un
beau poli , ce quile fait rechercher par les menuisiers, les
ébénistes, les tourneurs et les luthiers. Employé comme
combustible, il est un de ceux qui donnent le plus de cha-
leur, qui Lan en même temps plus lentement et fassent
de meilleur charbon.
110° Genre. — COIGNASSIER. CYDONIA. Tournef.
Calice à 5 divisions. 5 pétales. 20 étamines ou plus. 5 styles.
1 pomme à 5 loges cartilagineuses, contenant chacune plu-
sieurs graines.
COIGNASSIER COMMUN.
Cydonia communis. Nouv. Duham. 4. p. 156. 1. 56.
— Cydonium sive Malum cotoneum. Pharm.
Arbre de 12 à 15 pieds de haut, dont les jeunes rameaux
sont revêtus d’un duvet cotonneux , garnis de feuilles
ovales, molles au toucher et couvertes de duvet, surtout en
dessous; dont les fleurs sont grandes, blanches, ou un peu
couleur de rose, solitaires à l'extrémité de petits rameaux
particuliers; et dont le fruit, connu sous le nom de Coërg,
est une espèce defomme turbinée, jaunâtre, cotonneuse ,
divisée intérieurement en 5 loges cartilagmeuses, contenant
plusieurs graines. Le Coignassier commun est originaire
de l’île de Crète, mais il est depuis très-long-temps natu-
POMACÉES. 217
ralisé en France et dans une grande partie de l’Europe.
On ne fait usage en médecine que de ses fruits. is ont une
odeur forte, mais qui n’est pas désagréable. Leur chair est
un peu coriace , acide, légèrement acerbe. Ils sont toniques
et astringens; désagréables à manger erus, on les emploie
cuits ou préparés de diverses manières , comme en imarme-
lade, en pâte, en gelée. On fait dans les pharmacies, avec
leur suc, un sirop qui porte leur nom, et qui convient,
ainsi que leurs autres préparations, dans les diarrhées qui
reconnaissent pour cause la faiblesse des organes de la di-
gestion. Les graines fournissent par décoction un mucilage
dont on se sert quelquefois extérieurement dans les ophthal-
mies inflammatoires. Le sirop de Coings entre dans celui
d’Absinthe composé et dans l’électuaire Diaprun. La con-
serve de Coings, préparation qu'on faisait autrefois dans
les pharmacies, plus fréquemment que de nos jours, entrait
dans l’électuaire Diacarthami. *
119° Genre. — SORBIER. SOrRBUS. Lin.
Calice à 5 découpures. 5 pétales. 20 étamines ou environ.
3 styles. 1 petite pomme contenant 5 à 5 graines carlila-
Le]
©
Ineuses.
SORBIER DOMESTIQUE , vulgairement Cormier.
Sorbus domestica. Lin. Spec. 684. — Jacq. FI aust.
t. 447. — Sorbus. Pharm.
Arbre élevé dont le tronc est droit, recouvert d’une
écorce grise-brunätre, el divisé en branches formant une
tête pyramidale assez régulière. Ses feuilles sont alternes ,
pétiolées, ailées avec impair, composées de 13 folioles ou
environ , ovales-oblongues , dentées en leurs bords, vertes
en dessus, velues et blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont
blanches, petites, disposées un grand nombre ensemble sur
des pédoncules rameux et formant un corymbe à l’extré-
mité des rameaux ; leurs étamines sont aussi longues que les
pétales. Les fruits sont d’un rouge-jaunâtre, de la forme et
de la grosseur d’une très-petite poire ; ils contiennent 5
graines , et quelquefois 5 seulement, par l'avortement des
2 autres; on les connaît sous les noms de Sorbes et de
Cormes. Cet arbre croît naturellement dans les forêts; on
le cultive dans les campagnes, mais en général peu fréquem-
ment. Îl fleurit en mai, et ses fruits mürissent en automne.
218 POMACÉES.
Les Sorbes sont lrès-acerbes et fortement astringentes
avant leur parfaite maturité, qu’on ne peut obtenir qu’err
les laissant, quelque temps après les avoir cueillies, sur de
la paille, où elles deviennent molles et bonnes à manger,
car tant qu’elles sont dures, elles ont une saveur äpre et
insupportable. Ces fruits sont peu estimés, et passent pour
être difficiles à digérer ; on ne les connaît guère que dans les
campagnes , où les enfans les aiment beaucoup. Le suc qu’on
en exprime produit par la fermentation une sorte de cidre
qui ressemble assez à celui qu’on retire des Poires. On pré-
parait autrefois, dans les pharmacies, une confiture de
Sorbes que l’on donnait pour arrêter le flux de ventre et
les vomissemens. On en faisait aussi une eau distillée que
l’en employait, à la dose de 4 à 6 onces, dans les potions
astringentes ; mais ces deux préparations sont entièrement
tombées en désuétude.
Le bois dé Sorbier, que les ouvriers connaissent plus par-
üculièrement sous le nom de Cormier, est très-dur , très-
compact et d’une grande solidité. Il est employé par les ébé-
nistes, les armuriers , les menuisiers; on s’en sert surtout
pour les parties de machines qui sont exposées à de grands
irottemens.
Calice à 5 découpures. 5 pétales. 20 étamines ou environ.
5 styles. 1 petite pomme globuleuse, contenant 2 4
raines cartilagineuses.
ATISIER TORMINAL , vulgairement Alisier, Alignier,
Alier, Anier, Aigretier, Sorbier torminal, Tor-
migne.
Cratægus torminalis. Lin. Spec. 681.—Jacq. F1. Aust.
t. 4435. — Sorbus torminalis. Pharm.
Arbre de 25 à 30 pieds, dont le tronc s'élève bien droit,
et se partage, dans sa partiesupérieure, en plusieurs branches
rameuses, dont l’ensemble forme uue tête assez régulière-
ment arrondie. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales
ou arrondies, souvent échancrées en cœur à leur base, an-
guleuses et dentées en leurs bords, vertes et glabres en des-
sus, plus päles en dessous. Ses fleurs sont blanches, peules,
disposées en corymbe au sommet des rameaux , sur des
pédoncules divisés et cotonneux. Ses fruits, connus sous le
2
5
JQ
POMACÉES. 21%
nom d’Ælises, sont d’un jaune rougeûtre un peu avant leur
maturité ; ils deviennent brunâtres en mollissant , et con-
tiennent ordinairement 4 graines. L’Alisier croit naturelle-
ment dans les forêts ; il fleurit en mai, et ses fruits müris-
sent en automne.
Le nom latin Z'orminalis donné à cet arbre, lui vient
de ce que ses fruits étaient autrefois vantés contre les tran-
chées et les épreintes qui accompagnent souvent les diar-
rhées et les dyssenteries. D’autres ont prétendu, cependant,
que les Alises causaient, au contraire, des coliques et des
flux de ventre ; mais cela n’a lieu que lorsqu'on les mange
vertes, sans attendre qu'elles soient molles et bien müres.
Dans ce dernier état, elles sont certainement astringentes,
et elles ont une saveur acerbe et stiptique très-prononcee.
On mange bien peu de ces fruits dans les villes; mais les en-
fans des campagnes vont à leur recherche dans les forêts,
et 1ls les mangent avec plaisir. Dans quelques cantons, les
paysans les mettent fermenter dans un tonneau avec de l'eau, .
et ils en font une boisson. On préparait autrefois, dans les
pharmacies, un rob avec le suc exprimé des Alises, et les
médecins employaient cette préparation dans les diarrhées
et les dyssenteries ; aujourd’hui ils ne s'en servent plus.
Le bois d’Alisier, blanchâtre , dur et de bonne qualité,
est recherché pour beaucoup d'ouvrages, principalement
pour ceux de tour. Il forme un très-bon combustible.
121° Genre. — NÉFLIER. ÂMESPILUS. Lin.
Calice à 5 découpures. 5 pétales. Environ 20 étamines.
5 styles. 1 petite pomme contenant 2 à 5 graines osseuses.
NÉFLIER D'ALLEMAGNE, ou NÉFLIER COMMUN, vulgai-
rement Wesplier, Meslier, ou Nesplier.
Mespilus Germanica. Lin. Spec. 684. — Mespilus.
Elackw. Herb. t. 154. — Mespilus vulgaris. Pharm.
Arbre médiocre ou grand arbrisseau , dont le tronc est
difforme , rarement droit, divisé en rameaux toriueux,;
garnis d'épines dans la plante sauvage, en étant dépourvus
dans celle qui est cultivée. Ses feuilles sont oblongues-lan-
céolées, courtement pétiolées, très-entières, vertes et glabres
en dessus, pubescenties et un peu blanchätres en dessous,
Ses fleurs sont blanches, assez grandes, solitaires, à lextré-
milé de très-pelits rameaux qui naissent le long des rameanx
220 POMACÉES.
principaux ; leur calice et leur pédoncule, qui est fort court,
sont cotonneux. Le fruit est arrondi, globuleux ou com-
primé en dessus, plus gros dans les variétés cultivées, plus petit
dans le type sauvage qui croît spontanément dans les bois,
revêtu d’un duvet court dans ce dernier comme dans. les
autres. Ce fruit, connu sous le nom de Vefle, est verdâtre
avant sa maturité ; il devient d’un rouge-brun lorsqu'il est
parvenu à cet état. Le Néflier fleurit en mai, et ses fruits
mürissent en automne.
Les Nèfles acquièrent une saveur douce, vineuse et assez
agréable en devenant molles, car, avant cela, elles ont un
goût très-acerbe et insupportable. Elles sont astringentes,
On les recommandait autrefois dans les dyssenteries: et les
diarrhées atoniques, et quelques praticiens assurent avoir
vu de ces flux invétérés, qui avaient résisté à toutes sortes
de remèdes, être guéris par leur usage. Les jeunes pousses.
les feuilles et l’écorce sont également astringentes, et comme
telles, on les employait jadis en décoction pour faire des:
gargarismes qu’on conseillait dans les maux de gorge. Quel-
ques-uns ont prétendu que les graines du Néflier étaient
diurétiques et utiles contre la gravelle; mais rien n’est moins
prouvé. Au reste, les médecins ne font aucun usage main-
tenant des fruits du Néflier, ni d'aucune autre partie de
cet arbre comme remède.
Les Nèfles ne mürissent point naturellement sur l'arbre ;
on les cueille à automne, et on les étend sur de la paille où
elles complètent leur maturité. On en sert quelquefois sur
les tables ; mais en général elles ne sont pas du goût de bien
des personnes, et on en mange assez peu dans le monde.
- Famille XL.
MYRTÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice
monophylle, persistant, à 4, 5 ou 6 divisions; des pétales
égaux en nombre aux divisions calicinales , alternes avec
elles et altachées au-dessous des sinus qu’elles forment; des
étamines nombreuses, insérées sur le calice, au-dessous des
pétales; 1 ovaire inférieur , surmonté de r style simple;
1 baie où 1 capsule à plusieurs loges. |
Les Myrtées sont des arbrisseaux à feuilles simples et
MYRTÉES, 221
opposées , à fleurs axillaires ou terminales. Ces plantes ont
de l’affinité avec celles de la famille précédente, par la forme
de leurs fleurs, et en même temps par leurs propriétés in-
trinsèques. Les Myrtes contiennent , comme les Pomacées,
un principe astringent. Ce principe existe seul dans le Gre-
nadier , et il est combiné, dans le Myrte, avec une huile
essentielle aromatique, qui donne à ce dernier une pro-
priété tonique et stimulaute.
129° Genre. — MYRTE. MYRTUS.
Calice à 5 divisions. 5 pétales. Etamines nombreuses.
1 seul style. 1 baie à 2 ou 5 loges. 1 à 5 graines dans chaque
loge. :
LA
MYRTE COMMUN.
Myrtus communis. Lin. Spec. 675. — Myrtus bœtica
sylvestris. Blackw. Herb. t. 114. — Myrtus. Pharm.
Le Myrte commun est un arbrisseau qui, dans son état
de nature, se divise dès sa base en rameaux nombreux,
flexibles, touffus, formant un buisson haut de quelques
pieds. Les jeunes rameaux sont chargés de feuilles nom-
breuses, opposées, lancéolées, courtement pétiolées, vertes
des deux côtés, luisantes en dessus, persistantes, plus grandes
ou plus petites, selon les variétés. Ses fleurs sont blanches,
médiocres ou même petites, portées sur des pédoncules assez
longs, et solitaires dans les aisselles des feuilles. 11 leur suc-
cède de petites baies ovales, d’un pourpre noirâtre, cou-
ronnées par le calice persistant. Cet arbrisseau croit natu-
rellement dans les bois et les lieux pierreux de la Provence;
il fleurit en juin et juilleL.
Toutes les. parties du Myrte, écorce, feuilles , fleurs,
fruits, contiennent un principe astringent , uni à une huile
volatile et aromatique. On en faisait autrefois un beaucoup
plus grand usage qu'aujourd'hui; on employait principa-
lement les feuilles et les fruits en infusion, comme toniques
et astringens, dans les diarrhées, les débilités de l’estomac,
la leucorrhée , les hémorragies passives. On employait aussi
jadis , dans les mêmes cas, sous le nom de Wyrtille, un ex-
trait des baies de cet arbrisseau, et l’on se servait comme
cosmétique de l’eau distillée des feuilles et des fleurs. L'huile
des baies de Myrte, qui a été tant vantéé comme un pré-
229 MYRTÉES,
cieux moyen de rendre-la virginité physique, est tombée
depuis assez long-temps daus un profond oubli.
Les Romains, au rapport de Pline, employaient les baies
de Myrte comme assaisonnement dans les ragoûts, pour en
relever la saveur : on a remarqué que les oiseaux, tels que
les merles, quirecherchent ces baies avec avidité, y HE ENE
üne nourriture qui les engraisse en peu de temps.
123° Genre. — GRENADIER. PUNICA. Lan.
Calice turbiné, coriace, à 5 ou 6 divisions. à ou 6 pétales
attachés sur le ne Etamines nombreuses. 1 grosse baie
globuleuse, coriace, couronnée par les découpuresdu calice,
partagée nlénenrement , par 1 diaphragme transversal, en
2 cellules inégales, divisées chacune en plusieurs loges con-
ienant des graines nombreuses entourées d’ane pulpe.
GRENADIER COMMUN , vulgairement Balaustier.
Punica Granatum. Lan. Spec. 676. — Granata Punica
mala. Blackw. Herb. 1. 97. — Pharm.
Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de 10 à 15 pieds, sur
une tige qui se divisé en beaucoup de rameaux plusou moins
épineux, et le plus souvent il se partage, dès sa base, en plu-
sieurs tiges ramifiées, formant un épais buisson qui n’a pas
plus de 6 à 10 pieds de hauteur. Ses feuilles sont assez pe-
tiles, opposées, lancéolées, entières, lisses, vertes des deux
côtés, rougeâtres dans leur jeunesse , et portées sur de courts
pétioles. Ses fleurs sont d’un rouge éclatant, presque sessiles,
grandes, souvent solitaires, quelquefois 3 à 4 ensemble et
disposées au sommet des rameaux; leur calice est épais,
coriace, coloré, et les pétales sont comme chifflonnés. Le
fruit est arrondi, de la grosseur d’uné noix ordmaive dans la
plante sauvage, du volume d’une grosse pomme dans la
variélé domestique; il est rempli de petits grains serrés,
brillans, d’un rouge vif, formés d’une pulpe quelquefois
douce, quelquefois acide, plus abondante dans l’arbre’cul-
Uvé que dans celui qui boit spontanément, et enveloppänt
les grames. On trouve le Grenadier à Pétat sauvage èn
Espagne, en Italie, en Barbarie, dans le levant et dés le
midi dé la France, en Languedoc et en Provence. Outre la
variélé à gros fr ait que l’on cultive dans les jardins du mdr,
on en cultive encore assez généralement dans le nord, une
variété à fleurs doubles, 11 fleurit en-juin , juillet et août.
sr ; æ
MYRTÉES. 223
Les fruits, que l’on nomme Grenades, sont rafraichis-
sans et légèrement aslringens. Leur écorce, Malicorium
des officines, nom qui vient, selon Pline, de ce qu’elle peut
servir à Lanner les cuirs, et, plus vraisemblablement suivant
d’autres, parce qu'elle ressemble à du cuir par son épaisseur
et sa consistance, leur écorce, dis-je, est Lonique el astrin-
ente. On l’employait autrefois plus souvent qu'aujour-
d’hui , à la dose de 1 demi-gros à 1 gros en poudre, ou à 1
demi-once en décoction, dans les flux de ventre, les hémor-
ragies, les fleurs blanches. On s’en sert encore en décoction
et en gargarisme pour remédier au relâchement de la luette
et des amygdales après les angines catarrhales,
Dans les pays où les Grenades sont communes, le suc
que leur pulpe renferme, étendu d’eau et suffisamment
édulcoré, forme une boisson agréable dont on fait usage
dans les fièvres bilieuses, putrides, et dans les phlezmasies
en général. On prépare aussi dans les pharmacies, avec ce
suc, un sirop dit de Grenades, qu’on emploie dans les mêmes
cas, Les fleurs du Grenadier , connues sous le nom de Ba-
laustes, sont un peu moins astringentes que l'écorce des
fraits; on en faisait autrefois plus d'usage que maintenant.
… Famille XLI.
LORANTHÉES.
Cette famille doit son nom au genre Loranthus, dont
toutes les espèces sont exotiques à la France, et pour la plu-
part naturelles aux climats chauds de l'Amérique. La seule
plante indigène qu’on y rapporte est le Gui, ce qui fait que
les propriétés comme les caractères de la famille se réduisent
à ceux qui sont propres à ce genre.
124° Genre. — Gur. Viscum. Lin.
Fleurs divïques. Calice à bord entier, à peine saillant. 4
pétales caliciformes, réunis par leur base. Dans les fleurs
mâles, chaque pétale porte dans son milieu une anthère
sessile. Dans les femelles, l'ovaire est couronné par le calice,
etsurmonté de 1 style court, terminé par 1 stigmate arrondi.
Le fruit est 1 baie globuleuse, ne coftenant que 1 graine.
22% | LORANTHÉES.
Gui BLANC, vulgairement Gus de chêne, Gui commun.
Viscum album. Tin. Spec. 1451. — #iscum. Pharm.
V'iscum, Viscus quercinus. Blackw. Herb, t. 184,
La tige de cette plante est ligneuse, cylindrique, divisée,
presque dès sa base, en rameaux dichotomes, articulés, très-
nombreux, étalés, d’un vert assez clair ou presque jaunätre,
formant une touffe arrondie, haute de 1 pied à 1 pied et
demi. Ses feuilles sont opposées, sessiles, oblongues, très-
entières, un peu épaisses, glabres, et du même vert que les
rameaux. Ses fleurs sont petites, d’un jaune verdâtre, ra-
massées 5 à 6 ensemble dans les bifurcations supérieures
des rameaux, toutes màles sur certains imdividus, toutes
femelles sur d’autres. 11 succède, à ces dernières, de petites
baies blanches, demi-transparentes , de la grosseur d’un grain
de groseille, pleines d’un suc visqueux. Le Gui ne croît
point dans la terre, mais il vit parasite sur les branches des
arbres, où ses racines s’implantent entre l'écorce et le bois.
Les arbres sur lesquels on le trouve le plus fréquemment
sont les Pommiers, les Poiriers, les Tilleuls, les Peupliers,
les Frênes ; 1l est en général très-rare sur le Chène. Il fleurit
en février et mars. <
On sait que les Gaulois avaient une grande vénération
pour le Gui de Chêne; leurs prêtres, les druides, le cou-
paient au commencement de chaque année avec des céré-
monies particulières; ils distribuaient ensuite au peuple
l’eau dans laquelle cette plante avait trempé, et ils lui per-
suadaient qu'elle donnait la fécondité, détruisait l'effet des
sortiléges et des poisons, et guérissait de plusieurs maladies.
Le nom qu’ils donnaient au Gui signifiait omnia sanans.
C’est sans doute dans un reste de ces idées superstitieuses
qu’il faut chercher la cause de la grande réputation dont le
Gui a joui pendant long-temps en médecine. On lui attri-
buait autrefois une vertu spécifique contre l’épilepsie. Ou
l’employait ausei dans toutes les affections nerveuses et con-
vulsives, dans l’apoplexie, etc. Quelques auteurs l’ont re-
commandé dans les fièvres intermittentes. Dans les temps
où le Gui était en usage, on se servait de ses rameaux qu’on
faisoit prendre en poudre à la dose de 1 à 2 gros, quand on
les préparait en. infusion, c'était à double dose. Ses baies
sont âcres etamères, et leur suc est, dit-on, fortement pur-
galif. Ecrasées et appliquées à l'extérieur. elles passent pour
LORANTHÉES, 296
être résolutives et maturatives. Aujourd’hui toutes les par-
ües du Gui sont tombées en désuétude pour la plupart des
médecins. Au reste, cette plante paraîl être légèrement to-
nique et sudorifique. Elle entre dans l’eau générale, Ja
poudre antispasmodique et la poudre de Guttète de l’ancien
Codex de Paris.
Les anciens se servaient du suc visqueux dont ses fruits
sont remplis, pour faire de la glu. Les merles et les grives
recherchent ces fruits pour sen nourrir. La graine qu'ils
contiennent passe dans l'estomac et les intestins de ces ciseanx
sans perdre sa faculié germinative, et ceux-ci la répandent
avec leurs excrémens, sur les arbres, où elle germe et prend
racine.
Famille XLIH.
GROSSULARIÉES,
Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans :
calice monophylle, à 4 ou 5 divisions: corolle de 4 à 5 pé-
tales ; # à 5 étamines; 1 ovaire inférieur, surmonté de
1 siyle simple ou bifurqué ; 1 baie où 1 drupe polysperme.
Les Grossularites sont des arbrisseaux ou de petits arbres
à feuilles altérnes ou opposées, entières ou lobées ; à fleurs
rarement solitaires, le plus souvent disposées en grappe où
en corymbe. La propriété la plus marquée dans ces plantes
est l’astringence Les fruits de la plupart des espèces ont
une acidité agréable, et on les emploie comme rafraichis-
sans. Îl faut excepter ceux du Cassis qui, à raison d’une
huile essentielle arcmatique contenue dans leur enveloppe,
prennent une qualité Lonique et stimulante, fl faut hien plus
encore excepter ceux du Lierre, qui différent davantage par
leur vertu émétique et purgalive. Cependant le Lierie m'a
parü bien plus se rapprocher, par ses caractères botaniques,
des Grossulariées que de loute autre famille.
125° Genre, — GROSEILLER. R1IBES. Lin.
Calice coloré, à 5 divisions. 5 pétales alternes avec les
divisions du calice. 5 étamines. 1 ovaire surmonté de r style
bifurqué, 1 baie globuleuse, ombiliquée, contenant plusieurs
graines,
É
296 GROSSULARIÉES.
GROSEILLER ROUGE. x
Ribes rubrun. Lin. Spec. 290. — Ailes. Blackw, Herb.
t, 285, — ARibesia rubra, Pharm.
Arbrisseau de # à à pieds dé hauteur, dont la tige est'
droite, divisée dès sa base en plusieurs rameaux d’une cou-
leur brune-cendrée. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, à
5 lobes, vertes, glabres ou légèrement ‘pubescentes, Ses
fleurs sont d’une couleur herbacée, disposées en grappes
simples, latérales. Ses fruits sont de petites baies globuleuses,
lisses, glabres, succulentes, rouges où blanches, d’ane sa-
veur acide et agréable. Ce Groseiller croît naturellement
dans les bois et les buissons, aux lieux un peu frais et hu-
mides; on le cultive d’ailleurs abondamment dans les jar
dins et dans les champs. Il fleurit en avril, et ses fruits sont
muürs en juillet.
Les fruits du Grostiller rouge sont également réchierchés
pour l'usage de nos tables et pour celui de fa médecine. Leur
sue est rafraichissaut el un peu nourrissant, Etendu dans
de l'eau avec du sucre, il forme une boisson acidule,
que l’on emploie avec avantage dans les fièvres bilieuses,
ulrides ou inflammatoires, dans les maux de gorge et dans
pe ucoup de cas où les boissons délayanies et rafraicnissautes
sont indiquées. Celle ci, qui dans les pays du nord remplace
parfaitement la limonade, est non seulémentL trés-usitée en
médecine, mais on en fail encore beaucouÿ d'usage dans le
monde pour calmer Fardeur de la soif pendant les grandes
chaleurs de l’été. Le sivop qui se prépare, également dans
les pharmacies et chez les confiseurs, avec le suc des Gro-
seilles, a les mêmes propriétés que ce suc [ui-mème, et on
l'emploie dans les temps de l’année où lon est privé des
fruits frais. On fait aussi avec parties égales de ceux-c1 et du
sucre, une confiture fort saine, fort agréable au goût, eb
d’une belle couleur, que l’on nomme Gelée de Groselles.
Ces fruits fournissent encore, en leur faisant subir un certain
degré de ferinentation , une sorte de vin que l’on prépare,
et que l’on eslime assez.dans quelques pays du nord où Fon
ne peut cultiver la vigne. On en retire également de Feau-
de-vie par la distillation.
Les Groseilles. blanches ne sont qu'une simple variété de
la mème espéces elles sont plus agréables à manger entières,
parce qu’elles sont inoins acides. Au reste, elles ont les
mêmes propriétés, mais on ne les emploie guère seules.
GROSSULARIÉES. 227
Groseizrer Cassis, vulgairement Cassis.
Ribes nigrum. Lin. Spec. 291. — Grossularia non
spinoso, frulu nigro. FI Dan. t 556. — Ribesia nigra.
Pharm.
La tige de cet arbrisseau s'élève à # ou 5 pieds en se divi-
sant des sa base en nombreux ranieaux. Ses feuilles sont
pétiolées, alterues, échancrées à leur base , anguleuses,
dentées en leurs bords, vertes, g'abres en débshis® pubes=
centes en dessous. Ses fleurs sont disposées en grappes très-
Jäches, latérales: leur caïfce est pubescent, à disisions rou-
geâtres ou vioieltes, et leur F est d’un vert blanchâtre.
Les fruits sont de petites baïéS globuleuses, noïâtres, plus
Ki qu'acides. On trouve le Groseiller noir à l'état
sauvage dans les hoïs, et on le cultive dans les Jardins ef
dans les champs. Il fleurit en avril, et la maturité de ses
fruits arrive en Juillet et août.
Le Cassis est peu empl loyé en médecine. On a nef
préconi-é ses feui les et ses jeunes pousses en infusion, comme
stomachiques, aperifives et diurétiques: maiselles sont bien-
10t tombées dans l'oubli. Le suc contenu dans les baies est
légèrement acide, et ses propriétés soul à peu près les mêmes
que dans les Groseilles rouges: mais il faut qu'il soit extrait
par la simple imcision des fruits et sans les comprimer, Car
leur écorce contient une huile essentielle aromatique, qui,
par la compression, se mêlerail facilement à ce sue’, et qui,
en loi communiquant ses principes, lui ferait prendre une
saveur légèrement amère, et lui donnerait une propriété un
peu excitante, C’est ainsi qu'on prépare, avec les fruits du
Cassis égrainés et infusés dans de l'eau de-vie, un ratafia qui
est tomique et stomachique. On peut, ainsi que des Groseilles
ordinaires, retirer, des baies du Cassi$ qire Fon a lait termen-
ter, du vin et de l’aleuol ; le premier est très-coloré. Eu far-
sant concentrer leur suc sur le feu , on le convertit en une
sorte de rob.
GROSEILLER ÉPINEUX , vulgairement Groseiller a ma-
quereaux.
Ribes uva crispa, Lin. Spec. 202. — Grossnliria sim-
plici acino, vel spinosa sylvestris: FL Dan. & 546.— Uva
crispa sive Grossularia. Pharm.
Ce Groseiller est un petit arbrisseau haut de 3 à 4 pieds,
divisé dès sa base en: rameaux nombreux, élalés, très-
P 2
226 GROSSULARIÉES.
iouffus, armés de beaucoup d’aiguillons et formant un
buisson épais. Ses feuilles sont pelites , arrondies, à 3 ou
5 lubes, vertes, un peu molles, pubescentes en dessous, por-
tées sur un pétiole velu. Les fleurs sont latérales, géminées
ou solitaires, pendantes, pédonculées , accompagnées de
2 bractées opposées ; leur calice est pubescent, blanchätre
en dehors, rougeätre en dedans, el la corolle est d’un blanc
verdâtre. Les fruits sont des baies globuleuses ou un peu
ovoïdes, de la grosseur d'une noisetie ou environ, le plus
communément d’un verl-jaunâtre, rougeâtres dans une
variété, etchargées de poils courts et caducs. Cet arbrisseau
est commun dans les haies etes buissons de toute la France;
il fleurit en avril, et ses fruits sont müûrs en juillet.
* La médecine ne fait maintenant aucun usage des fruiis
du Groseiller épineux. Acides et astringens avant leur ma-
iurité, on les a quelquefois employés jadis sous ces rap-
ports. Aujourd’hui on ne s’en sert plus dans cet état que
pour la cuisine, et on en extrait le suc qu’on emploie dans
les sauces en place de verjus. Autrefoison s'en servait beau-
coup pour former un assaisonnement avec lequel on man-
geait les maquereaux , d’où leur est venu le surnom sous
lequel 1ls sont généralement connus. ‘
_+ À leur état parfait de maturité, les Grosei!les à maque-
reaux contiennent une matière sucrée et gélatineuse très-
abondante. Elles sont alors relächantes, surtout mangées en
grande quantité, Leur saveur sucrée, mais un peu fade,
fait qu'elles ne sont pas estimées ; et, en France, il n'y a
guère que le peuple et les enfans qui s’en accommodent. Eu
Angleterre , où l'on est privé de plusieurs de nos bons fruits,
on a soigué bien plus que chez nous la culture de ce Gro-
seiller, et on en a obtenu beaucoup de variétés qui sont
inconnues à nos jardiniers. Dans ce même pays, on em-
pluie les fruits à faire une sorte de vin.
126° Genre. — LAaERRE. AEDERA. Lin.
eur base. 5 élamines.
Calice à 5 dents. 5 pétales élargis à |
t 5 à 5 graines,
1 style. 1 baie globuleuse contenan
LAERRE GRIMPANT, vulgairement le Lierre.
Hedera Helix. Lin. Spec. 292. — Lois Nouv. Duham.
5, p. 527. t. 64, Hedera. Pharm.
Axbrisseau sarmenteux , divisé presque dès sa base en
*
_GROSSULARIÉES. 27
rameaux rampans , mais qui le plus souvent grimpent en
s'appuyant sur les corps qui sont dans leur voisinage, et
s’y attachent par de pelits crampons radiciformes, de ma-
nière à alteindre aiusi jusqu'au sommet des arbres, Ses’
feuilles sont alternes , pétiolées, persistantes, coriaces, d’un
vert foncé et luisant , trés-sujettes à varier de forme: le plus
souvent elles ont celle d'un cœur , et sont entières en leurs
bords ou plus ou moins profondément découpées en 3 à 5
lobes; quelquefois elles sont ovales-aiguës ou ovales-lancéo-
lées, et toutes ces variations de forme se trouvent sur le
mème pied. Les fleurs sont petites, verdätres, disposées à
extrémité des rameaux en plusieurs ombelles globuleuses.
Les fruits sont des baies d’un vert nonâtre , de la grosseur
d’un pois ordinaire; ils mürissent au printemps; les fleurs
qui les précèdent paraissent en septembre et octobre. Le
Lierre croit naturellement dans les bois, les haies, aux lieux
frais et ombragés.
Dans les pays chauds, on retire par incision, des troncs
des gros Läerres, une résine en larmes, appelée impropre-
ment gomme de Lierre, et qui passe poùr astringenle et
résolutive , mais qui n'est plus aujourd’hui d'aucun usage
en médecine. On l’emploie dans la peinture pour la fabrique
des vernis.
Les baies du Läierre sont du nombre des substances dont
les médecins ont cessé depuis long-temps de se servir. Les
anciens les comptaïent au nombre des émétiques et des pur-
galifs. Gn leur reproche d'agir avec trop de violence; mais
cela n'empèche pas les paysans d'en prendre quelquefois
10 à 12 pour se procurer une abondante purgation. Quel-
ques espèces d'oiseaux en font leur nourriture.
Aujourd'hui on se sert beaucoup des feuilles de Lierre
pour appliquer sur les cautères et les vésicatoires, afin de
les entretenir fraîchement :employées de cette manière, elles
ne paraissent pas avoir d’autres propriétés. En décoction,
elles peuvent être utiles pour déterger les vieux ulcères et
faire mourir la vermine.
127° Genre. — CORNOUILLER. CORNUS. Ein.
Calice à 4 dents, 4 pétales élargis à leur base, et se tou-
chant en cette partie. #4 étamines alternes avee les pétales.
style terminé par 1 stigmate simple. 1 petit drupe conte-
nant ; noyau à 2 loges monospermes.
P 3
&
250. GROSSULARIÉES,
CORNOUILLER MALE, vulgairement. Cornowiller ou
Cor: ier. NES
… Cornus mascula. Lin. Syst. veget. 171. == Cornus
mas. Blackw. Herb. t. 121. — Cornus mas seu sativa. :
Pharm.
Grand arbrisseau de 1h à 20 pieds de hauteur, divisé en
rameaux nombreux, opposés. Ses feuilles sont, également
opposées, ovales, pointues, glabres et d'un vert foncé en
dessus, légèrement velues en dessous, portées sur de courts
pélioles. Les fleurs, qui naissent assez long-temps avant les
feuilles, sont jaunâtres, pédonculées, disposées 10 à 19
en-emble en peiites ombelles, munies à leur base d’une col-
leretie de # lolivles ovales, cuncaves, et à peu près de la
longueur des pédoncules. Les fruits, connus sous les noms
de Cornouilles ou de Corrioles, sont ovoides, de la gros-
seur d'une pelite olive, ordinairement d’un beau rouge dans
la plante sauvage, blancs ou jaunes dans deux variétés cul-
tivées. Le Cornouiller mâle croît alurellement dansles bois
et dans les buissons: 1] fleurit en février et mars; ses fruits
mürissent eu $epiembre. /
Les Cornouiiles sont trés-acerbes avant leur parfaite ma-
turité ; mais quand elles ont aequis ce dernier élat, elles
deviennent molles, donces et un pen acides. Elles son! alors
astringentes et rafraichissanies. Les médecins en conseil-
laient autrefois l'usage pour modérer les flux de ventre et
les mensirues trop abondantes. Pour les employer, on les
faisait ordinairement cuire avec du sucre, où lon en prépa-
rait une sorte de rob: on les mettait aussi infuseg dans le
vin, pour se servir ensuite de celurci. L'écorceet les feuilles
sont également astringentes, et de plus amères et fébrifnges.
Elles ont, surlout la première, été quelquefois employées
avec succès dans les fièvres intermittentes, Aujourd'hui la
médecine ne fait aucun usage des différentes parties du Cor-
mouiller.
Ses fruits sont peu connus dans les villes: 11 n’y.a guère
que les gens des campagnes et les enfans qui en mangent.
Son boïs esf trés-dur, et 1l prend un beau poli. On lemploie
pour les ouvrages de iour et pour les pièces des machines
qui doivent souffrir un grand frottement, comme vis, dents
d’engrainase, étc. Les chèvres et les moutons broutent ses
feuilies.
TICOIDÉE sie | 231.
Fanülle LXIH.
FICOÏDÉES. k
Cette famille doit son nom à un genre de plantes dont les
espèces sont infiniment multipliées en Afrique, et particu-
Lièrement au cap de Ponne-Fspérance, mais dont une seule
se trouve daus les parties méridionales de FEurope et en
Corse. ;
Les Ficoïdées en. général.sont des plantes herbacces on
plus communément sous-ligneuses , à feuilles erdinairement
opposées x charnues, plus ou moins succulentes; à fleurs
s
terminales ou axillaires,
1 20e, Genre.— Ficoine. MESEMBRY ANTHEMUM. lan,
Caiice à 3 divisions, Pétales nombreux, Hnéaires, légére-
mentréumis à leur base, dispcsts sur plusieurs rangs. Fta-
mines nombreuses. 1 ovaire inférieur , surmonté de 5 sy les.
1 capsule charnue à à loges.
FICOiDE NODIFLORE.
Mesembryanthemum nodiflorum. Lin. Spec. 687.
Sa Uige est herbacée, annuelle , rameuse, étalée, longue
de #à 6 pouces, chargée , ainsi que toute la plante, de petits
tubereules cristallins, et garnie de feuilles cyliudriques,
charnues , succulentes, obiuses, opposées dans sa partie in-
férieure et alternes dans le haut. Ses fleurs sont blanchâtres,
solilaires et presque sessiles dans les aisselles des feuilles,
Cette plante croît dans les sables des bords de la mer en
Corse ; elle fleurit ‘énjuim et juillet.
On n'en fait pas d'autre usage dans les pays où elle est
commune, que de la brûler, après Favoir fait secher, pour
en retirer de la soude.
Famille XLIV.
ONACGRÉES. o
Les caractères des plantes de cette famille sont les suivans :
calice de 2 ou 4 folioles, on le plus souvent partagé en 4 di-
visions profondes; corolle de 2, et plus ordinairement de
4 pétales; 2, 4 ou & étamines ; 1 ovaire inférieur , surmonté
P 4
Là
|
252 ONAGRÉES.
d’un style à stigmate échancré ou quadrifide ; capsule à
1 on 2 loges monospermes, plus communément à 4 loges,
contenant chacune plusieurs graines.
On ne sail rien de bien positif sur les propriétés médici-
nales des Onagrées, et l’on peut jusqu à présent les ME
comme nulles. Quant aux propriétés économiques, |
feuilles d’une espèce d’Onagre , genre qui donne son nom à
la famille, se mangent en salade dans quelques cantons, et
l'intérieur du fruit de la Macre es alimentaire.
129° Genre. — Cincée. Circzæ4A. Lin.
D . L)
Calice de 2 folioles caduques. 2 pétales en cœur. 2 éta-
mines. 1 ovaire turbiné, à style surmonté d'un stigmate
échancré. Capsule pyriforme, à 2 loges, contenant chacune
1 gr aine. "
CirCÉE DE PARIS, vulgairement Herbe deSaint-Etienne,
Herbe aux Sorciers, Herbe aux Magiciennes.
Circæa Luictiana. Lin. Spec. 12.
Sa racine est horizontale, fibreuse, vivace: elle donne
naissance à une tige droite, veiue. haute de 1 pied à 1 pied
et demi, garnie de fenilles opposées, pétiolées , ovales,
aiguës, pubescentes, légèrement en cœur à leur base , et un
peu Lie en leurs bords. $es fleurs sont blanches ou rou-
gcàtr es, disposées en longues grappes à l'extrémité de la tige
et de quelques rameaux qui naissent quelquelois de la partie
supérieure de cette tige. Uetle plante croît dans les bois, aux
lieix humides et ombragés; elle fleurit en juin, juillet et
août.
ans les temps d’ignorance et de superstition , la Circée
éloit employée dans les enchantemens. Quelquefois aussi les
médecins en ont fait usage eu l’appliquant extérieurement
comme résolutive. Aujourd’hui elle est tombée dans Poubh
le plus profond.
150° Genre. — MAcrRE. T'rA4P4A. Lin.
Calice à # divisions. 4 pétales. 4 étamines. 1 ovaire sur-
monté de r style à stigmate en têle. 1 noix irrégulière ,
armée de grosses pointes, contenant 1 seule graine.
MACRE FLOTTANTE, vulgairement Micle, Chataigne
d’eau , Cliâtaigne cornue, Corniche, Cornouelle,
MSA
ONAGRÉES. 233:
Cornuelle, Corniole, Echarbot , Noix d'eau, Ga-
larin , Saligot, Truffe d'eau, Tribule aquatique.
Trapa natans. Lin. Spec. 175. — Tribulis aquatilis.
Dod. Perupt. 551. — Pharm.
Sa racine est très-longue. divisée en beaucoup de fibres
menues ; elle produit une tige gréèle, ramense, qui s'élève
lus ou moins haut, selon la profondeur de l'eau dans la-
quelle elle est plongée. Les feuilles, qui naissent dans la ‘on-
gueur de cette tige. sont opposées, presque sessiles, pectinées ,
à foliolestrés-étroiles ; les feuilles supérieures, flottantes sur
l’eau ,ontune forme entièrement différente elles sont alternes,
pétiolées, rhomboïdales, grossièrement dentées en leurs
bords, d’un vert un peu foncé, luisantes en dessus, étalées
et disposées en rosette à la surface de l’eau. Les fleurs sont
blanches, petites, portées dans les aisselles des feuilles sur
des pédoncules qui s'allongent beaucoup après la floraison.
11 leur succède des fruits durs, turbinés, presque rhomboï-
daux , de la grosseur d’une châtaigrie ordinaire ou environ,
munis de 4 grosses pointes où cornes dures. opposés les unes
aux autres, et égèrement courbées. Ce fruit contient une
amande dure , blanche, presque en cœur. Cette plante croît
dans les mares, les étangs et les eaux dormantes; elle fleurit
en juin el juiilet, et ses fruits sont mûrs au mois de sep-
tembre.
On a attribué une propriété astringente aux fruits de la.
Macre ; on s’est servi de ses feuilles appliquées en cataplasme,
comme résolutives: en décoction, on en à fait des garga-
rismes pour déterger les gencives ulcérées: et enfin on a
recommandé leur sue pour les maladies des yeux ; mais sous
aucun de ces rapports les feuilles ni les fruits de cette plante
ne méritent d'être employés; ils sont depuis long-temps
tombés en désuétude.
Comme aliment, les fruits de la Macre sont en nsage dans
les pays où il y a beaucoup d’étangs, dans lesquels cette
plante est abondante, Leur amande a une saveur qui ap-
proche un peu de celle de la € häfleigne ordinaire, mais qui
est plus fadé et mois agréable. Quelques personnes, ei sur-
tout les enfans, mangent cetie amande crue; mais le plus
souvent on en opère la cuisson en la faisant rôtir sous la
cendre , ou en la faisant bouillir dans de l’eau ; on en pré-
pare aussi une sorte de bouillie, et on en mêle dans le pain.
294 OMBELLIFERES.
Famille XEV.
OMBELLIFÉRES.
Foutes les plantes de cette famille forment an groupe si
naturel, qu'ilest le plus souvent tvès-difficite de tronver des
différences bien caractérisées entre les genres qui la com-
posent. Par cela même que la circonseription des genres
Ofre ici tant de difficultés , il devient trés -aisé dereconnaitre
toutes les espèces comme appartenant à la famille ; À cause
du grand nombre des caractères cominuns qu'elles présen-
tent, el qui se réduisent à ceux qui suivent : Fleurs portées
sur des pédoncules insérés sur on point commun et diver-
gens ensuile comme les rayons d’un parasol : dans quelques
genres, les fleurs sont sessiles, réunies en têle sur un récep-
tacle commun: calice entier on à 5 dents, h'ès-rarement
à 5 folioles; 5 pétales: 5 étaminess + ovaire inféyieur, sur-
monté de 2 styles à stigmate simple: très-rarement à 1 seul
style; fruit composé de 2 graines adosstes lune à l'autre,
attachées par lenr partie supérieure à un axe central, se
séparant lors de la maturité; très rarement 1 seule graine
simple. -
Nos Ombellifères indigènes sont des plantes herbacées, à
feuilles alternes, quelquefois entières, le plus souvent dvi
sées, et à fleurs ordinairement bläuches, rarement jaunes
ou rougeâtres. (+ ee
Malgré da grande ressemblance qu'ont les Ombelliféres
entre elfes, 1] n'est pas facile de généraliser leurs propriétés;
ces plantes présentent, sous ce rapport, des dissemblances
irès-frappantes. Les unes, prises-dans leur ensemble, sont
aromatiques, el'peuvent, ainsi quel Ache ou Céleri,le Persil,
le Cerfeuil et l’ Angélique, servir d’assaisonnement agréable ;
les autres ont une odeur et une saveur nauséeuses. stelles sont
narcotiques , vénéneuses ; Lelles sont la Cixué ! la Cicutaire,
l'Ethuse, l'Œnanthe safranée , la Phellandrie. Si l’ôn con-
sidère isolément Décldas ee de leurs parties, on tronve
encore de sémblablés anomalies ; ainsi les racines de la Ca-
rotte, du Panais, du Chervi, des Ginanihes pimpinelloïde et
peucétane, sont agréables à manger, et contiennent plus ou
Moins de matière sucrée ; tandis que les racines de T'hapsie ,
d’Asirance majeuré , de Laser à feuilleslarges, de Pencédan,
À OMBFLLIFÈRES. 235
de Ciguë, d'Œnante safranée, sont âcres, amères et purga-
tives, ou nauséeuses et vénéneé uses. LA
Les graines sont les parties des Ombellifères dans les-
quelles 1e propriétés différent moins d’une espèce à l’autre.
Dans une bonne partie de ces plantes, les graines sont aro-
maliques . et contiennent une plus où moins grande quan-
té d'huile essentielle qui leur donne des vertus toniques et
stüimulantes ; mais plusieurs d” entre elles sont iusipides A 4
celles des e espèc ces vénéneuses nonimées plus haut, pérlicipent
aux propr iélés malfaisantes des autres parties de ces plantes ;
le'‘principe délétère paraît seulement y être moins déve-
veloppé , surtout à l'état de dessiccation parfaite. On à
avancé que les espèces des lieux humides et aquatiques
étaient seules n mais ce principe ne peut être
admis sans exception /Fthuse et la giande Ciguë sont
aussi communes dans ds lieux aérés, et un peu secs que dans
les endroits humides, et elles ne viennen! pas, en général,
dans les terrains aquatiques, L’Ache croît dans les marais
et au bord des eaux : cesendant elle n'est point malfaisante.
130° Genre. — PANICAUT. ERYNGIUM. Lan.
Fleurs sessiles, réunies plusieurs ensemble en 1 ombelle
disposée en tête, et placées entre des paillettes sur un récep-
tacle conique, entouré à sa base par une collerette de plu-
sieurs folivles roides et piquarites. Calice de à fohioles. Pétales
oblongs, courbés en dedans. Fruit ovale-oblong, coureuné
par le calice.
ras AUT DES CHAMPS , vulgairement Chardon- Roland,
: Chardon à cent- étés,
Bryngium campestre. Lan. Spec. 557. — Jacq. Flor.
aust. & 155. — Eryngium. Pharm.
Sa racine est vivace , longue, simple, de la grosseur du
petit doigt, brunätre en dehors A plénene en dedans, assez
tendre et d’une saveur douceätr É Sa tige est haute de 1 pied
ou environ, droite, cylindrique, striée, feuillée, d'un blarre
verdâtre, divisée dans'sa partie supérieure en beauconp de
rameaux très-ouverts, dont les derniers naissent en om-
selles. Les feuilles sont amplexicaules, ailées, à folioles dé-
currentes , laciniées, épineuses sur les bords. € Ces feuilles sont
dures, d'un vert glauque ; les inférieures pétiolées. Les fleurs
sont pelites , terminales et fort nombreuses, disposées en Lêle
236 : OMBFLLIFÈRES.
arrondie. La collerelie de chacune d'elles est formée de
6 ou 7 folioles, linéaires, lancéolées, étroites, roides, épi-
neuses, plus longues que les têtes mêmes. Les paillettes du
réceptacle sont simples. Cette plante est commune le long
des chemins et sur le bord des champs; elle fleurit en août
et septembre.
La racine de Panicaut était autrefois employée dans la
cuisine, en Allemagne, en France; c'était un aliment exci-
tant et très-convenable dans les cas d’atonie de l’estomac
et du canal intestinal. On s’en servait aussi et on se sert
eucoôre du Panicaut en médecine, comme apéritif et diuré-
tique. C'était une des cinq racines apéritives mineures. La
propriété aphrodisiaque lui a élé également accordée, el sa
nalure excitante, analogue à celle du Raïfort, explique
sans difficulté cel effet secondaire. Si l’on ajoutait foi aux.
auteurs anciens, elle aurait également dissout, brisé même
les pierres de la vessie; mais de telles propriétés ne sont pius.
regardées maintenant que comme des fables. Gn préparait
autrefois, dans les pharmacies, une conserve de racines de
Pauicaut; elle est aujourd'hui entièrement tombée dans
l'oubli.
151:1° Genre. — SANICLE. SANICULA. Van.
Collerette universelle tournée d'un seul côté; collerette
partielle formée de plusieurs folioles et enveloppant l’om-
bellule en entier. Calice presque entier. Pétales réfléchis en
dedans. Fruit ovoïde, hérissé en tout sens de pomtes dnres
et crochues. à
SANICLE D'EUROPE, vulgairement Saniole commune ,
Sanicle mâle.
Sanicula Europæa. Tan. Spec. 559. — Sanicula.Pharm.
— Sanicula Diapensia. Blackw. Herbs t. 65.
Sa racine est fibreuse, brunâtre, vivace ; elle donné nais-
sance à une ou plusieurs tiges simples ou chargées d’un
petit rameau dans leur partie supérieure, haute de 10 à 19
pouces, nues dans toute leur longueur, garmes seulement à
leur base de plusieurs feuilles radicales, longnement pélio-
liées, glabres, luisantes, et d’un vert assez foncé en leur face
supérieure, plus pâles en leur inférieure , découpées profon-
dément en 5 lobes dentés, incisés, élargis et uifides à leur
sommet, Ses fleurs sont blanches, fort petites, disposées en
OMBELLIFÈRES. 257
ombellules plobuleuses ; les rayons de lombelle générale
étant au nombre de 4 à 3. Cette plante croît dans les bois à
l'ombre; elle fleurit en mai et juin.
La Sanicle a uné saveur amère et un peu acerbe. Elle a
joui autrefois d’une grande réputation. Regardée comme la
pierre philosophale de la médecine, et comme un remède
à tous les maux , elle a été appelée Saricula , du verbe latin
sanare , guérir, parce qu’on la croyait propre à guérir un
grand nombre de maladies, et c’est par allusion à ces mer-
veilleuses propriétés qu’on fit jadis ces deux vers:
Qui a la Bugjle et la Sanicle,
Fait aux chirurgiens la nique.
On employait autrefois les feuilles de Sanicle dans les
tisanes , les apozèmes ; on en faisait prendre le suc à la dose
de 2 à 5 onces pour les dyssenteries, les flueurs blanches,
les crachemens de sang, les hémorragies de toute nature,
les maux de gorge, les ulcérations et les chancres de la
bouche , etc. ; imais le plus grand usage qu’on en faisait était
à titre de vulnéraire, Les médecins modernes, qui ont révo-
qué en doute toutes ces grandes verlus, ont entièrement
abandonné la Sanicle, et elle ne figure plus aujourd’hui
que dans les luinéraires suisses , que l'on appelle encore
L'hé suisse où F'altranc , mélange de plantes sèches. dans
lequel le peuple et même les gens du monde ont encore
beaucoup de confiance, et que quelques praticiens pres-
crivent par habitude, ou pour salisfane l’imagination des
malades; la composition de ces vulnéraires varie d’ailleurs
autant qu'il y a d'individus employés à les recueillir. On
y voil en général figurer des Veroniques, beaucoup de
Labiées et quelques Composées. Les feuilles de Sanicle
entrent dans l’eau et le baume vulnéraires, et dans quelques
compositions moins connues. Son eau dislillée est entière-
ment tombée en désuétude.
1352° Genre. — ASTRANCE. ASTRANTIA. Lan.
Collerette universelle de 2 à 3 folioles divisées ; collerette
partielle composée de 10 à 20 folioles égales, colorées.
Calice à 5 dents. Pétales bifides, courbés. Fruit ovoide,
couronné par le calice, et relevé sur chacune de ses faces
par 5 côtes ridées transyersalement.
238 OMBELLIFÈRES. ;
ASTRANCE MAJEURE, vulgairement Sanicle femelle, ou
Sanicle de montagne.
Astrantia major. Lin. Spec. 5359. — po nigra
Blackw. Herb. t. 470.—/'eratrum nigrum. Dod. Pempt.
507. — Sanicula fæmina. Pharm.
Sa racine est horizontale, grosse comme une plume à .
écrire, noirâtre, vivace, garnie de beaucoup de fibres: elle
donne naissance à 1 tige droite , simple, haute de 1 pied ou
environ. Ses feuilles sont larges, longuement pétiolées,
glabres , d’un vert assez foncé en dessus, plus pâles en des-
sous, palmées ou partagées eu 5 grands lobes dentés et ciliés
en leurs bords. Ses fleurs sont petites, blanches ou rou-
geätres, disposées 30 à £o ensemble en 4 à 6 ombellules
porté es sur des pédoncules Iméganx. Ces otnbelles partielles
paraissent former chacune une belle fleur radiée, et leur
collerette est formée de 15 à 20 folioles lancéolées : blan-
châtres. On trouve cette plante dans les pälurages Fe Pyré-
nées, des Alpes, des Cévennes, des Vosges; elle fleurit en
juin a. juillet. k
Cette espèce n’est plus connue des praticiens modernes;
mais HDodonæus nous apprend que, de son temps, plusieurs
-médecins employaient en Allemagne ses racines comme
purg gatives, et il cite Conrade Gesner, qui leur +{tribue les
mêmes propriétés qu'à l'hellébore Des quoiqu'an peu
pius faibles. Elles ne sont d'aucun usage MA si ce
n'est que quelquefois il s’en trouve. de mêlées à celles de
l’Hellébore noit.
135° Genre. — BUPLÈVRE. BUPLEVRUM. Lin,
Collerette universelle composée de plusieurs folioles sim-
ples ; collerette partielle semblable. Calice entier. Pétales
entiers, courts, roulés en dedans, Fruit arrondi, com-
primé, strié.
BUPLÈVRE A FEUILLES RONDES, vulgairement Perce-
Jeurlle.
Bupl-vrum rotundifolium. Lin. Spec. 540. — Perfo-
liata vulgari is. Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle: elle RQ une lige
cylindrique, lisse, rameuse, haute de 1 pied à 1 pred ‘et
demi, garnie de fouilles ovales-arrondies, un peu pomtues
au sommet, glabres, glauques, perfoliées dans da partie
OMBELLIFÈRES.N 259 #
supérieure de la üige, tandis qu'inférieurement elles sont
- seulement an: plexic calo: Les fleurs sont jaunâires, en om
belle à l'extrémité de la tige on des rameaux, Les collerettes
paitielles sont composées de 5 folioles ovales, plus grandes
que les ombelles, Où trouve ce Buplèvre daus les moissons
el les champs cultivés, principalement dans les départe-
mens du midi; il fleurit en juin el juillet.
Cette plante était autrefois au nombre de celles auxquelles
ou attribuait la propriété de guérir les hermies, et on la a
sail prendre iuiérieurement en même lemps qu ‘on l’appli-
quait en calaplisme. On sait à quoi s'en tenir aujourd hui
sur ces sorles de remèces dont aucun fait avéré ne prouve
l'efficacité, Len est de même de ses prétendues vertus vul-
néraires, qui faisaient qu'on donnait la décoction de toute
la plante, ou ses feuilles sèches réduites en poudre, à ceux
qui avaient fail des chutes, où qui avaient reçu des con-
tusious violentes. Sous tous ces rapports, la Percefeuille
est aujourd’hui bannie de la pratique.
‘Le Buplèvre à feuilles longues, vulgairement Oreille de
“AA Buplevrum longifolise , Lin. mn ayant que des
prof priétés semblables à celles qu ‘on supposail au Buplèvre
à feuilles rondes, a élé de mêe totalement abandonné,
quand l'autre a cessé d'être usité,
154° Genre. — CAROTTE. D4UcUs. Lin.
Coïlerette universelle composée de plusieurs folioles pins.
naliñdes ; la collerette partielle semblable, Calice entier.
Pétales courbés en cœur, les extérieurs plus grands. Fruit
ovale, hérissé de toutes parts d’aiguillons et de poils roides,
CAROTTE COMMUNE , vulgairen eut Curotie, Chyrouf.
Daucus Carota. Lin. Sypec, 540. — Dancus vulyaris.
Pharm: — Pastinaca tenuifolia sylvestris. Klor. Dan
t. 758
Sa racine est fusiforme , pivotante, bisannuelle, grosse
comme le doigt dans ja plante sauvage, deux à dut lois
plus dans cEne sue est culuvée: elle done naissance à une
uge haute de z à 5 pieds, rameuse, légèrenrent 6 anne
“ss argée de poils courts un peu rudes au DE bes feuilles
sont grandes, lé igéreinemt velues, molles, deux on trois fois
Ales: à FAT partagées en découpures étroites et aiguës,
$es fleurs, blanches, petites, forment des vsubelles , larges
240 "OMBELLIFÈRES.
bien garnies , dont le centre est remarquable par une fleur
rouge et stérile. A mesure que les fruits se développent,
l’ombelle se resserre et devient concave en dessus, à peu près
comme le nid d’un oiseau: les semences sont hérissées de
beaucoup de poils roides , assez courts, grisätres. On trouve
fréquemment cette plante dans les prés, sur le bord des
champs et des chemins; on la cultive dans les jardins et dans
les champs; elle fleurit en é é.
La Carotte cultivée ne diffère de la sauvage qu’en ce que
sa racine, jaune, blanche ou rougeätre, est plus épaisse,
lus charnue et moins dure. On faisait autrefois plus d'usage
qu'à présent de la décoction de la racine de Carotte, comine
apéritive et désobstruante, dans la jaunisse et dans l’engor-
gement des viscères abdominaux. Aujourd’hui la Carotte
cultivée est bien plus employée comme alimentaire qu’au-
trement ; elle est agréable à manger et très-saine. On en fait
d'assez bonnes confitures. Ses graines sont carminatives et
diurétiques ; elles faisaient autrefois parties des quatre se-
mences chaudes mineures. Le sucre que Margraff a le pre-
mier retiré des racines de Carottes, a fixé pendant quelque
temps l’attention sur cette racine, lorsque les denrées colo-
niales étaient devenues lrès-chères; mais de sucre indigène
qu’on peut retirer de la Carotte ne s'y trouve pas en assez
grande quantité pour que sa fabrication devienne utile et
ayantageuse.
Les feuilles de Carotte fournissent un bon fourrage pour
les bestiaux ; ses racines sont encore plus de leur goût.
155° Genre. — AmmMr AMMI. Lan.
# Collerette universelle , composée de plusreurs folioles
Enéaires , pinnatifides ; collerette partielle formée de folioles
linéaires, simples. Calice entier. Pétales courbés en cœur,
égaux dans les fleurs du centre de l’ombelle, inégaux dans
celles du bord. Fruit arrondi, petit, lisse, strié.
AMMI OFFICINAL, vulgairement Æ{mmi.
Arnmi majus. Lin. Spec. 549. — ÆAmmi vulgare.
Blackw. Herb. t. 447. — Ami. Pharm.
Sa racine est pivotante, fibreuse, annuelle; elle donne
naissance à une tige cylindrique , striée, glabre, droite, un
peu rameuse , hante de 2 pieds ou un peu plus. Ses feuilles
sont d'un vert gai, glabres et luisantes; les inférieures simz
OMBELLIFERES. o4x
plement ailées , à folioles lancévlées, dentées ;les supérieures
deux fois ailes, à découpures plus étroites. Les fleurs sont
blanches, petites, disposées en ombelles terminales, assez
lâches ; les folioles de leur collerette universelle ne sont le
plus souvent découpées qu'en trois divisions. Cette plaute
croil dans les champs et les lieux cultivés du inidi de la
France; on la trouve quelquefois aux environs de Paris.
Elle fleurit en juillet.
Les graines d’Ammi sont âcres et un peu, piquantes ; 6n
les regarde comme stomachiques , carminatives , emména-
gogues et diurétiques. On peut les faire prendre à la dose
de 1 à 2 gros en infusion dans 1 pinte d’eau, ou en poudre
à la dose de 1 demi-ggos à 1 gros. Simon Paulli les conseille
pourdla leucorrhée Mauhiote et Freitagius les ont recom-
mandées pour remédier à la stérilité des femmes. Aujour-
d’'hui non-seulement on ne croit nullement à cette dernière
propriété, mais, en général, les graines d’Ammi sont tom-
bées en désuétude. Elles étaient jadis au nombre des quatre
semences chaudesmineures. On les comptait encore dernière-
ment parmi les soixante et quelques substances qui entraient
dans la Thériaque. Elles faisaient aussi partie de quelques
autres compositions pharmaceutiques oubliées de nos jours.
AmmMi VISNAGE, vulgairement Cure-dent d'Espagne,
Herbe aux Cure-dents, F'enouil annuel.
Ammi Visnaga. Lam. Diction. 1. p.
152. — Daucus
V'isnaga. Lin. Spec. 546. s
Sa tige est droite, cannelée, glabre, haute de 2 pieds,
garnie de feuilles alternes, découpées très-menu en divi-
sions étroites et linéaires. Ses fleurs sont blanches, disposées,
au sommet de la tige et des rameaux ,en ombelles composées
de rayons nombreux, munis à leur base d’une collerette
générale , dont les folioles sont pinnatifides : lors de la ma-
turation des fruits qui sont petits, arrondis, comprimés,
lisses , marqués de nervures un peu saillantes , les rayons de
J'ombelle se resserrent. Cette plante est annuelle, croît dans
le midi de la France, et fleurit en juillet et août.
Ses propriétés sont , à proprement parler, nulles en mé-
decine , puisque son usage se réduit à l'emploi que l’on fait
des rayons de ses ombelles, dans quelques pays, et particu-
lièrement en Espagne, pour en fabriquer , lorsqu'ils sont
devenus ligneux après la fructification, des Cure-dents qui
Q -
242 OMBELLIFÈRES.
sont lisses, de couleur jaunätre, et qui ont un goût et une
odeur agréables.
” 136° Genre. — Cicurs. CICUTA. Tournef.
Collerette universelle composée de plusieurs folioles très-
courtes ; collerette partielle de 3 folioles disposées d’un seul
côté. € alice entier. Pétales mégaux , courbés en cœur. Fruit
resque slobuleux, relevé sur chacune de ses graïnes par 5
côtes crénelées.
CIGUE COMMUNE, Den non Cigue , grande Ciguë.
Cicu'a major , ous Ne inst. 506. _ Cote Pharm.
— Conium maculatum. Lin. Spec.,549. — Jacq. Flor.
Aust. t. 156.
Sa racine est pivotante, bisannuelle, de la grosseur du
doigt, par tagée en plusieurs fibres moins grosses ; elle donne
naïssance à une tige cylindrique, lisse, fistuleuse, marquée,
surtout dans sa partie inférieure, de petites EE d’un
pourpre foncé, Cette tige est rameuse dans sa partie supé-
rieure, et s'élève à la hauteur de 5 à 5 pieds. Ses feuilles
sont trois fois ailées, composées de folioles d’un vert sombre,
fortement dentées ou mème pinnatifides, et leur pétiole est
parsemé de taches semblables à celles de la tige. Ses fleurs
sont blanches, et elles forment au sommet de la tige et des
rameaux des ombelles très-ouvertes et assez nombreuses. On
trouve fréquemment cette plante le long des haies, sur le
bord des champs, dans les terrams nie. et ue dans
ceux qui sont un peu humides et ombragés ; elle fleurit en
juin et juillet.
La Ciguë exhale une odeur fétide et nauséeuse, surtout
quand on la froisse entre les doigts. Elle est plus ou moins vé-
néneuse pour la plupart des animaux, particulièrement lors-
qu’elle est fraîche. Les bestiaux ne la br outent point, excepté
les chèvreset lesmoutons, qui peuvent le faire impunément.
Matthiole rapporte que des ânes en ayant mangé, ils tom-
bérent dans un état léthar gique, tel qu’on les crut morts,
et ils n’en sortirent que lors squ ’on voulut les écorcher. Chez
les hommes, les accidens qui suivent l’empoisonnement par
la Ciguë, sont en-général des vomissemens, la cardialgie,
des de Plan ces: de la somnolence, et quelquefois du délire,
La mort arrive ra ement, à DADiBE. qu on n’ait pris une trop
grande quantité de la plante, ou qu’on n'ait pu avoir des
‘ LA
OMBELLIFÈRES. 243
secoûrs assez promplement. Le traitement le plus conve-
nabl: pour combattre les effets délétères de ce poison, con-
siste à provoquer des vomissemens abondans au moyen de l’é-
métique, ou en lessollicitant d’une manière mécanique avec la
barbe d’une plume dont on chatouille le pharynx ; et lorsque
l'estomac est débarrassé en totalilé ou en partie de la sub-
stance vénéneuse, on fait prendre abondamment des acides
végélaux, tels que le vinaigre, le suc'de citron, étendus
dans des boissons aqueuses. Le vin est aussi un très-bon
moyen, surtout lorsque les accidens n'ont pas une grande
intensité ; ainsi j'ai connu deux personnes qui, après avoir
mangé une omelette dans laquelle on avait mis de la Ciguë
au lieu de Cerfeuil, éprouvèrent plusieurs symptômes signes
d’un empoisonnement, entre autres des défaillances et une
somnolence considérable, et qui furent guéries très-promp-
tement, rien qu’en buvant successivement plusieurs verres
de vin. Les anciens connaissaient cette propriété du vin pour
remédier aux effets vénéneux de la Ciguë, et certaines gens
en faisaient un singulier usage. Pline, en parlant de l’ivro-
gnerie et des excès auxquels se livraient les buveurs, dit
qu'il y en avait qui allaient jusqu’à prendre de la Ciguë,
afin de se trouver ensuite forcés à boire du vin comme
remède.
Il y a soixante ans on faisait peu d’usage de la Ciguë in-
térieurement , on ne l’employait qu’extérieurement, piléeou
cuite, pour faire des cataplasmes calmans dans les douleurs
rhumatismales et arthritiques. Mais les modernes ont consi-
dérablement multiplié son usage, et malgré ses propriétés
dangereuses, ils ont souvent donné cette plante à l'intérieur.
Depuis surtout que Storck a publié ses observations sur cette
plante dans les affections squirreuses et cancéreuses, une
multitude de médecins en Europe se sont plu, à lenvi les
uns des autres, à en essayer l’usage dans les mêmes mala-
dies et dans beaucoup d’autres affections chroniques et re-
belles qui font souvent le désespoir des médecins. C’est ainsi
que l'extrait de Ciguë, la préparation de la plante qui est la
plus généralement usitée, a été tour à tour préconisé dans
les squirres et les cancers, dans les engorgemens des viscères
abdominaux, les scrophules, les rhumatismes chroniques,
la goutte, les névralgies, la coqueluche , les maladies cuta-
nées, la syphilis ancienne, etc. Un assez grand nombre
de praticiens ont révoqué en doute, au contraire, l’effi-
Q 2
244 OMBELLIFÈRES.
cacilé de l’extrait de Cigué dans la plupart des cas où il a été
recommandé , et il s’en faut en effet qu'il ait toutes les pro-
priétés qu'on lui a attribuées. Encore quelques années peut-
être, et la vogue de la Ciguë, déjà beaucoup diminuée au-
jourd’hui, sera entièrement passée. Au reste, son extrait,
que l’on prépare avec le suc exprimé des tiges et des feuilles
fraîches, s’administre à l’intérieur en commençant par une
petite dose, commé 1 à 2 grains en 24 heures, et en le conti-
nuant tous les jours, on en augmente graduellement la
quantité jusqu’à ce qu’on arrive à 1 gros ou 2. Les feuilles
que l’on donne aussi en nature, après les avoir fait sécher
et réduire en poudre, mais que lon emploie bien moins
souvent, se prescrivent dans des proportions analogues.
On prépare dans les pharmacies un emplâtre de Ciguë,
et une huile qui se fait par l’infusion et la coction des feuilles.
Le suc de la racine ou des feuilles entre dans quelques autres
compositions peu connues et peu employées aujourd’hui.
157° Genre. — ATHAMANTE. AÂTHAMANTA. Jan.
Collerette universelle composée de plusieurs folioles li-
néaires ; la collerette partielle semblable. Calice entier.
Pétales très-peu inégaux , courbés et échancrés au sommet.
Fruit ovale-oblons , strié. :
ATHAMANTE DE CRÈTE, vulgairement Daucus de Crete,
Daucus de Candie.
Athamanta Cretensis. Lin. Spec. 552. — Jacq. Flor.
Aust. t. 62. — Daucus Creticus. Pharm.
Sa racine est vivace, blanchâtre, peu rameuse. Sa tige
est droite, striée, pubescente, haute d’un pied. Ses,feuilles
sont peu nombreuses, légèrement velues, deux à trois fois
pinnatifides, à folioles divisées en découpures étroites,
linéaires el pointues; leur pétiole est muni à sa base d’une
gaine membraneuse sur les bords, qui-embyasse la tige. Les
fleurs sont blanches, disposées en ombelles de 10 à 15 rayons.
Les graines sont oblongues et velues. Cette plante habite les
montagnes des Alpes, des Vosges et des Cévennes; elle
fleurit au printemps.
La graine est la seule partie dont on fasse usage. Elle jouit
à peu près des mêmes propriétés que celle des autres Ombelli-
fères. On la donne à la dose d’un demi-gros en substance,
os
et de 1 à 2 gros en infusion dans 1 pinte de liquide. Elle
OMBELLIFÈRES. 245
n’est employée aujourd’hui que fort rarement, On la con-
seillait autrefois dans la toux chronique; le hoquet, la colique
venteuse et la gravelle. Cette graine entre dans la thériaque,
dans le mithridate, et dans piusieurs autres préparations
pharmaceutiques qu’il est inutile de rappeler ici, vu le peu
d'usage qu’on en fait maintenant.
s nd
ATHANANTE MEUM, vulgairement Méum.
Athamanta Meur. Lan. Spec. 355. — Meum Atha-
mantioum. Jacq. FI, Aust, t, 505. — Meum. Pharm.
Sa racine est vivace, oblongue, rameuse, brune en de-
hors, blanche en dedans, d’une odeur aromatique extrè-
mement prononcée, et d’une saveur agréable quoiqu'un peu
âcre et amère; elle donne naissancé à une tige cannelée,
haute de 6 à 12 pouces, munie de feuilles glabres, deux à
trois fois ailées, composées de folioles à divisions étroites ,
courtes, capillaires; les gaïnes des pétioles sont renflées. Les
fleurs sont blanches, en ombelles terminales dont la colle-
rette manque quelquefois, on se compose de 1 à à folioles
lancéolées ; la collerette partielle est constante et formée de
plusieurs folioles longues et linéaires. Les graines sont allon-
gées , odorantes, amères et un peu àäcres. Celte plante croît
dans les prairies des Pyrénées, des Alpes, des Cévennes,
des Vosges, des montagnes d'Auvergne; elle fleurit en juin
et juillet,
Le Méum n’était pas inconnu aux anciens Grecs, ils l’ap-
pelaient Athamantique, ou parce qu’il avait été trouvé et
employé par Athamas, fils d’Eole, et roi de Thèbes, ou
parce qu’on regardait comme le meilleur celui qui croissait
sur une montagne de ‘Thessalie appelée Athamante. La
racine de cette plante est aromatique, ce qui tient à l'huile
essentielle du’elle renferme, ainsi que les graines. On les
employait autrefois l’une et l’autre comme expectorantes,
carminatives , diurétiques. Les racmes entrent dans la thé-
riaque et dans quelques autres compositions pharmaceu-
tiques, maintenant tombées en dégmétude.
130° Genre. — Prucénan. PEUCEDANUM. Lin.
Colleretie universelle composée de folioles linéaires, ré-
fléchies: Calice à 5 dents. Pétales oblongs, éganx, courbés.
Fruit ovale, comprimé, strié, bordé d’une aile.
Q 3
246 OMBELLIFÈRES.
PEUCÉDAN OFFICINAL, vulgairement Peucédane, Fe-
nouil de porc, Queue de pourceau.
Peucedanum officinale: Lin. Spec. 553. — Peuce-
danum. Pharm.
Sa racine est vivace, longue, grosse, chevelue, noire
en dehors et blanchâtre en dedans; elle laisse écouler , quand
on y fait des imcisions, une liqueur jaune, d’une odeur vi-
reuse. Sa tige est haute de 2 à 5 pieds, cylindrique , rameuse,
garnie de feuilles, dont les iuférieures sont grandes, munies
d’un pétiole trois à quatre fois trichotome ; les dernières divi-
sions portant chacune 5 folioles linéaires. La tige et les ra
meaux se terminent par des ombelles lâches, ouvertes, dont
lesfleurs sont jaunes, Les graines sontovales, oblonguesetsans
rebord marqué. Ceite plante croît dans les prés, en Alsace,
en Bourgogne, en Provence, en Languedoc, etc. Elle fleurit
en été. Il en existe une variété qui a Les feuilles plus longues
et plus étroites. : .
La racine de Peucédan est la seule partie dont on fasse
usage en médecine. Son suc, épaissi au feu ou au soleil, est
utile, suivant'Fragus, pour faciliter l’expectoration, et pour
calmer les difficultés d’uriner. On l’estimait aussi autrefois
bon pour les maladies nerveuses, pour l’épilepsie, pour Ja pa-
ralysie. On 4 encore vanté son usage dans les affections hypo-
chondriaques. On donnait la racine elle-mème en poudre à
la dose de 1 gros, incorporée avec 1 once de miel blanc. Le
suc de Peucédan, rarement employé de nos jours, entrait
jadis dans plusieurs préparations pharmaceutiques, relésuces
depuis assez long temps dans les anciens formulaires.
PEucéDAN SiLaUs, vulgairement Saxz/rage des An-
glais où des prés.
Peucedanum Silatis. Lin. Spec. 554.—Jacq. FL Aust.
t, 15. — Seseli pratense. Pharm.
Sa racine est cylindrique, peu rameuse, noirâtre en
dehors, vivace ; elle donue naissance à une Lige longue de
> à 3 pieds, strice, ramegse du haut, munie de feuilles trois
fois ailées, à folicles linéaires-lancéolées, trifides vers le bas,
et entières vers le sommet de la tige. Les fleurs sont d’un
blanc jaunâtre, disposées en ombelles terminales et à 6 ou 10
rayons, Les fruits sont oblongs et cannelés. On trouve cette
plante dans les prés humides; elle fleurit en juin et juillet.
Ou a souvent obleuu de bons eflets de sa racine comme
2
LM OMBELLIFÈRES. 247
diurétique. On peut aussi employer toute IA plante en dé-
coction, ou bien en exprimer le suc qu'on donne à la dose
de 2 à 3 onces. C’est un moyen bien peu usilé de nos jours.
159° Genre. — CRITHME. CRITHMUM. Lin.
Collerette universelle, composée de plusieurs folioles ré-
fléchies. Calice entier. Pélales ovales, presque égaux, cour-
bés au sommet. Fruit ovale, comprimé, strié.
CRITHME MARITIME, vulgairement Bacille, Criste-marine,
Chryste-marine, Fenouil de mer, Fenoutl marin,
Herbe de Saint Pierre, Passe-pierre., Perce-pierres
Crithmum maritimum. Lan, Spec. 554. — jacq. Hort.
: Naiad:5ct102. £
Sa racine est vivace; elle donne naissance à une lige cy-
lindrique, dure, verte, très-glabre, ainsi que toute la plante,
peu rameuse, haute de 12 à 15 pouces. Ses feuilles sont
deux fois ailées, composées de folioles partagées en 3 divi-
sions étroites , lancéolées-linéaires, un peu charnues, d’un
vert assez foncé. Ses fleurs sont blanches, et forment une
ombelle plane , de grandeur médiocre à l’extrémité de la
tige ou des rameaux. Celte plante croît naturellement entre
les fentes des rochers voisins des bords de la Méditerranée
et de l'Océan ; on la cultive dans quelques jardins. Elle
feurit en août et septembre.
Les feuilles de la Criste-marine ont une saveur piquante
et aromatiquesassez agréable ; elles passent pour apérilives,
diurétiques et antiscorbutiques ; mais on n’en fait que peu
ou même point du tout d'usage en médecine. On lés emploie
plus communément comme assaisonnement, en les faisant
confire dans une saumure composée de vinaigre et de sel ;
ainsi préparées, on les garde pour l’hiver et pour les mettre
dans les sauces , dans les salades. On en fait, sous ce rapport,
une assez grande consommation dans les pays maritimes,
140° Genre. — LASER. LASERPITIUM. *
Collerette universelle composée de plusieurs petites fo-
lioles; collerette partielle semblable. Calice à 5 dents très-
courtes. Pélales presque égaux, ouverts, échancrés. Fruit
oblong ; relevé de 0 ailes membraneuses.
Q 4
248 OMBELLIFÈRES.
LASER A FEUILLES LARGES, vulganwrement Faux-Tur-
buh, Turbith bätard, Turbith des montagnes.
Laserpitium latifolium. Vin. Spec. 356. — Jacq. F1.
Aust. t. 146. — Gentiana alba. Pharm.
Sa racine est cylindrique, rameuse, vivace, blanchâtre,
odorante; elle donne naissance à une tige glabre, striée, un
peu rameuse, haute de 2 pieds, munie de feuilles grandes,
deux fois ailées, composées de folioles ovales, obliquement
en cœur, dentées, d’un vert clair où glauque, glabres ou
très -légèrement velues sur leur face inférieure. Les fleurs
sont blanches, en ombelles larges et ouvertes. Cette plante
fleurit en juin et juillet: elle croît sur les montagnes de l’Au-
vergue, dans les Alpes, et dans une grande partie de la
France.
La racine de Laser à feuilles larges a une odeur forte; elle
contient un suc laiteux, âcre, amer et un peu caustique.
lle passe pour être fortement purgative. Of lui a aussi
attribué la vertu de rappeler les règles supprimées et de pro-
voquer la sécrétion des urines. De nos jours, elle est tout-
a-fail tombée en désuélude parmi les médecins. Les paysans
des montagnes Pemploient extérieurement pour se guérir
de la gale, el intérieurement pour se purger. Elle agit,
selon Peyrilhe, avec beaucoup de violence, el la dose ne
doit guère être que de 5 à 10 grains. Dans certains pays,
on s’en sert communément pour les maladies de bestiaux.
LASER OFFICINAL.
Laserpitium Siler. Lan. Spec. 557.—Jacg. Flor. Aust.
t 149. — Wiler montanum. Pharm.
Sa racîne est assez grosse, cylindrique, vivace, blanche
à l’intérieur, grise à l’extérieur: elle donne naissance à une
tige de 2 à 5 pieds, rameuse, cylindrique, striée. Les feuilles
sont farges, deux à trois fois ailées, à folioles lancéolées,
glabres, entières et d’un vert fäle. Les ombelles sons ter-
sminales , étalées, composées de fleurs nombreuses et blan-
ches. Cette plante habite les montagnes des provinces méri-
diouales, et fleurit en été.
La racine du Laser oflicinal est peu employée; on la re-
commandait jadis comme vulnéraire. Les grammes sont aussi
très-peu usitées de nos jours; on les regardait autrefois comme
stomachiques, carminalives, diurétiques et emménagogues.
On à tenté leur usage dans les scrophules et dans le scorbut,
OMBELLIFÈRES. 249
Le peu de succès qu’on en a obtenu les a bientôt fait aban-
donner dans ces maladies. On les prescrivait, soit en infusion,
à la dose d’un gros, soit en substance, à celle de 20 à 56
grains. L'huile essentielle qu’on peut en retirer a été em-
ployée dans les mêmes cas que les graines elles-mêmes, à la
dose de 4 à 6 gouttes dans une potion convenable ; mais
cette huile est également tombée en désuétude.
141° Genre. — BERCE. HERACLEUM. Lan.
Collerette universelle composée de plusieurs folioles ca-
duques. Collerette partielle formée de 5 à 7 folioles tour-
nées d’un seul côté. Calice presque entier. Pétales échancrés,
courbés à leur sommet, égaux dans les’ fleurs du centre de
l'ombelle, inégaux et bifides dans ceux du bord, Fruit ellip-
tique comprimé, échancré au sommet, membraneux en
ses bords, marqué de 4 strigs sur chaque face.
BErce BRANC-URSINE, vulgairement Berce, Fausse
: Branc-ursine, Branc-ursine bätarde, Acanthe
d'Allemagne.
Heracleim Sphondylium. Lin. Spec. 558. — Sphon-
dylium. Pharm.— Spondylium. Dod. Pempt. 507.
Sa racine est simple, grosse, blanche, ridée, charnue ,
vivace, d’une saveur âcre et'un peu amère ; elle pousse une
tige de 5 à 4 pieds, grosse, cannelée, velue, rameuse, mu-
ie de feuilles grandes , ailées, à folioles lobées , deritées ,
pubescentes, surtout en dessous. Ses fleurs sont blanches,
en ombelles terminales, composées de 10 à 12 rayons pu-
bescens, Les graines sont aplaties, ovales, échancrées au
sommet, marquées de 2 lignes noires à l'endroit où elles se
touchent ; leur saveur est âcre et désagréable. Cette plante
vient communément dans les prés; elle fleurit en été.
L'écorce et la racine de Berce sont tellement âcres, qu'elles
enflamment , ulcèrent même la peau sur laquelle on les
applique. L'intérieur de la tige, au contraire, a une saveur
douce, et il est,*pour les habitans du Kamtschatka , un
aliment très-recherché. Ces peuples mangent la Berce fraiche
après l'avoir écorcée; elle leur fournit en outre, par la des-
siccalion, une farine sucrée. Les Russes retirent de cette
farine, en la délayant dans l'eau et la faisant fermenter,
une eau-de-vie qu'ils préfèrent à celle de grains. Au rapport
de Sennert et de plusieurs autres écrivains, les Polonais
p—
290 CGMBELLIFE ERES.
emploient beaucoup la Branc-ursine dans la préparation
du barsez et pour le traitement de la plique; mais d’autres
prétendent que c’est une erreur, eu égard au barsez, alnnent
chéri des Polonais, et semblable pour eut au sauer-kbraut
des Aliemands., Berniz et d’autres médecins désavouent
également la Fausse Branc-urshie, comme faisant partie de
leur remède contre la plique. Au reste , la Berce est peu
connue sous le rapport médical, et Imusitée.
140° Genre. — Livèce. LicusTiCcUuM. Lan.
Collerette universelle membraneuse, composée de 7 fo-
ee inégales ; collerette partielle for ne seulement de 3
4 folioles. Calice à 5 dents très-courtes. Pétales entiers ,
do mb en dedans. Fruit ovale-ablong, relevé, sur le dos
de chaque graine, par 5 côtes saillantes.
LAVÈCHE COMMUNE, vulgawement ÆZche de montagne.
Ligusticum Levisticum: D Spec. 559. RE PR PRES
Elackw. Herb. t, 275. — Pharm.
Sa racine est épaisse, vivace, charnue, noirâtre en
dehors, blanche en dedans, d’une odeur forte et d’une sa-
veur âcre el'aromalique. Sa tige est haute de 4 à 5 pieds,
épaisse, cannelée, munie de feuilles très grandes, deux à lois
fois ailées, d’une odeur forte, eomposées de folioles planes,
lisses, luisantes, cunéiformes, entières dans leur moitié in-
férieure , et dentées à leur sommet. Les fleurs sont jaunâ-
ires , disposées en ombelles terminales, d’une grandeur mé-
done Cette plante croît arr HA les prairies
des montagnes, en Languedoc, en Provence, en Dauphiné ;
elle dr en été.
La Laivêche est carminatuve, stomachique et emména-
gogue, Oirla recommande dans les cas où.les digestions sont
de où l'estomac a besoin d’être fortifié, dans la con-
valescence, elc. On a cru pendant quelque temps qu’elle
élait un LL spécifique dans la jaunisse ; imais-on n'en
fait plus aucun usage maintenant dans celle maladie. La
racine et la graine peuvent s s'employ er assez indiflérem-
ment etse donner la première , à la dose d’un demi-gros à
1 gros: la seconde, à à celle de 24 à 56 grains en sa bete à
on double la dose si l’on en-prescrit l'intusion. Une observa
tion rapportée par Gabelchover tend à faire croire qu'un
moyeneflicace derap peler les évacuations menstruelles arré-
OMBELLIFÈRES. RE Te à
tées, est de faire manger aux femmes des feuilles de Lyivèche.
Cette plante entre dans plusieurs préparations pharmaceu-
tiques, dont la plus usitée aujourd'hui est le sirop d’Armoise,
On prétend que ses feuilles, mêlées avec d'autres four-
rages, guérissent k toux des bestiaux.
f
143° Genre. — ANGÉLIQUE. ÆÂNGELICA. Lin.
al
Collerette universelle de 5 à 5 folioles. Collerette par-
tielle formée de 8 folioles. Calice à 5 dents très-courtes.
Pétales lancéolés, courbés. Fruit arrondi ou ovale, angu-
leux, solide, chargé des styles persistans et réfléchis en
dehors.
ANGÉLIQUE OFFICINALE, vulgairement Angélique où
Archangélique. .
Angelica Archangelic@. Lin. Spec. 360.— Archange-
lica. Flor. Dan. t. 2068— Ængelica. Pharm.
Sa racine est allongée, grosse, vivace, brunä're extérieu-
rement, blanche intérieurement, garnie de beaucoup de
fibres; elle a une+saveur âcre, amère él une odeur aronia-
tique très-agréable. Sa tige est cylindrique, épaisse; fistu-
leuse, un peu rameuse, haute de 3 à 4 pieds, garnie-de
grandes feuilles deux fois aïlées, à folioles ovales lancéolées,
dentées et quelquefois lobées. Ses fleurs sont verdâtres, dis-
posées en ombelles terminales, grandes et bien garnies. Les
fruits sont cannelés et bordés d’une aile très mince. Cetle
plante croît dans les montagnes du midi de la France; elle
feurit en été,
La racine, les tiges , les feuilles et les graines d’Angélique
sout Loniques, slomachiques, cagminalives, sudorifiques ;
on les dit aussi emménagogues, et on a, surtout autrefois,
préconisé les racines comme alexipharmaques, el comme
telles, on en faisait alors usage dans les fièvres malignes et
contagieuses; on croyaitmême que c'étaitunechose utile pour
se préserver de la contagion, que de mâcher ces racines à
jeun, ou de les faire macérer dans le vinaigre pour se frotter
ensuile avec ce liquide, ou même d'en répandre sur les
habits une poudre qu’on en faisait lorsqu'elles étaient dessé-
chées. L’Angelique n’est plus employée maintenant sous
ce rapport; mais on en donne encore dans le scorbut, les
_scrophules, les cachexies, l’hydropisie. La racine, qui est
la partie la plus usilée comme médicament, se prescrit à la
{
e \
252
, OMBELLIFÈRES.
dose deg demi-gros à 1 gros en poudre, et à celle de 2 gros
à demi-once en infusion. Les différentes parties de l’Angé-
lique, et surtout les racines, entrent dans beaucoup de com-
positions oflicinales. On en fait une conserve, un extrait.
On assure que la racine d’Angélique denne, par la fer-
mentation et la disüllation, une eau-de-vie qui a la même
odeur que la plante. Les Islandais et les Lapons la mangent
diversement apprètée; ils l’'emploient aussi pour les mala-
dhes de leurs bestiaux. Les confiseurs préparent les tiges de
PAngélique pour en faire une confiture sèche qui est excel-
lente; ils la font aussi entrer dans plusieurs sortes de dra-
gées. Les distillateurs en préparent une très-bonne liqueur
de table.
144e Genre. — BErLx. Srvum. Län.
<
Collerette universelle composée de plusieurs folioles; col-
lerette partielle semblable. Calice entier. Pétales courbés en
cœur. Fruit ovoide ou oblong , strié.
BERLE CHERVI, vulgairement Chervi commun ou
Gyrole.
.
Sium Sisarum. Lin. Spec. 561. — Sisärum. Dod.
Pempt. 681. — Srser. Pharm,
Sa racine est composée de 5 à 6 tubercules allongés, de
la grosseur du doigt, ridés, tendres, couverts d’une pelli-
cule mince et blanche , d’une saveur douce et agréable. Sa
tige est grosse, droite, haute de 2 à 3 pieds, garnie de
feuilles ailées, composées de 7 à 9 folioles lancéolées , dentées
en scie. Ses fleurs sont blanches, en ombelles de 10 à 12
rayons, dont la collerette est à 4 ou 5 folioles linéaires et
inégales. Les fruits sout oblongs, d’une couleur ebseure.
Cette plante, originaire de la Chine, est actuellement cul-
tivée comme potagère dans presque toute l’Europe; elle
fleurit en juin.
Il n’y a point de racines plus douces qüe celles du Chervi.
Pline nous apprend que l’empereur Tibère les aimait beau-
coup, et qu'il en exigeait des Allemands une certaine quan-
lité en forme de tribut annuel. Elles sont sucrées, et Mar-
graff en a retiré un sucre lrès-blanc comparable à celui de
‘a Canne. Boëérhaave assure que la racine de Chervi a obtenu
beaucoup de succès dans l’hémoptysie, l’hématurie ; il la
recommande également dans quelques"affections des voies
O1
OMBELLIFÈRES, 25
urimuires , accompagnées de douleur et d’irrilation. Malgré
un témoignage si respectable, les racines de Chervi n'en’
sont pas moins abandonnées comme médicament. On n’en
fait usage que pour la table; on les mange cuites dans le lait,
rites, ou assaisonnées de différentes manières.
BERLE A'FEUILLES LARGES , vulgairement Ache d'eau.
Sium latifolium. Tin. Spec. 561. — Jacq. FI, Aust.
t. 66. — Berula sive Sium. Pharm.
Sa racine est vivace, grosse, cylindrique, noueuse, ram-
pante, blanche, creuse; elle pousse une tige de 2 à 3 pieds,
rameuse , grosse, sillonnée, glabre, munie de feuilles ailées,
composées de 9 à 11 folioles, grandes, ovales-lancéolées,
dentées, surtout la terminale qui offre 5 divisions profondes,
Ses fleurs sont blanches, en ombelles terminales, de 12 à
15 rayons; leur involucelle est formée de 5 à 6 folioles lan-
céolées et pointues. Ceite plante fleurit en été, et se trouve
dans les mares, les fossés aquatiques et sur le bord des étangs.
Les feuilles de cette Berle ont une saveur un peu âcre;
elles passent, ainsi que toute la plante, pour apéritives et
antiscorbutiques ; mais elles ne possèdent ces propriétés
qu'à un degré très faible, et c’est pour cela qu’on en fait peu
d'usage aujourd’hui. On les prescrivait plus souvent autre-
lois, en décoction à la dose de 1 à 2 poignées par pinte
d’eau, ou bien on en faisait prendre le suc à la dose de 2 à
4 onces, seul ou dans du lait, du petit-lait, etc. Lorsque les
médecins employaient cette plante, c'était principalement
dans les obstructions, le scorbut, les pâles couleurs, l’hy-
dropisie , la gravelle, les fièvres intermittentes,
On prétend que, pendant les grandes chaleurs de l'été,
elle est nuisible aux besliaux qui en mangent, et qu'elle
cause chez les bdufs et les vaches une sorte de délire qui les
porte à se battre à coups de cornes. Si cela est exact, il serait
assez extraordinaire qu’on eût pu l’employer en médecine
aux doses qui sont indiquées, et qu’il fût sans inconvénient
de la manger en salade , comme on dit que cela peut se faire,
145° Genre. — SisoN. SISON. Lin.
Collerette universelle composée de 5 folioles inégales ;
collerette partielle semblable. Calice entier. Pétales lancéa-
lés, courbés. Fruit ovoïde, strié,
JDE. \à OMBELLIFÈRES.
SISON AMOME, vulgairement Sison ou Amome.
Sison A un: A Spec. 362, — Sison. Pharm.
Sa racine est ordinairement simple, blanche, annuelle,
peu enfoncée en terre, d’une saveur douce et aromatique;
* en nait une ou plusieurs üges, hautes de 1 pied et demi
2 pieds, gréles, glabres , rameuses, dont les Fuilles radi-
ie sont ailées, composées de 7 à 9 folioles ovales-lancéo-
lées, dentées ; de feuilles supér ieures , Les folioles sont
plus élroiles et incisées. Les fleurs sont he » disposées
en petites ombelles terminales, à 4 ou 6 rayons seulement.
Les graines sont menues, arrondies, striées. Cette plante
se trouve dans les terrains humides et argileux ; elie fleurit
en juillet et août.
Les semences d’Amome sont très-abondantes en huile aro-
matique : ellesétaientau nombre des quatre semenceschaudes
mineuresdesanciens formulaires. ARE NL ue
carminatives. On peut les donner en poudre , à la dose de 1 2
36 grains,'et en mfusion à celle de 1 à 2 gros pour une pinte
de liquide. On faisait entrer autrefois leur eau distillée à la
dose de 4 à 6 onces, dans les potions carminatives, auxquelles
on ajoutait ordinaireiuent quelques gouttes de leur huile
essentielle pour en augmenter l’efficacité; mais aujourd’hui
‘rien de tout cela n’est presque plus en usage.
146° Genre. — BuBoN. BwBoN. Lin.
Collerette universelle composée de 5 folioles ou plus; col-
lerette partielle formée de plusieurs folioles. Calice à:5 dents
trés-courtes. Pétales lancéolés, presque égaux, courbés à
leur sommet. Fruit ovoïde, strié, velu.
BuBon DE MACÉDOINE , vulgairement Persil de Macé-
doine, Ache où Persil des rochers @
Bubon Macedonicum. Lin. Spec. 364.—Petroselinum
Macedonicum. Blackw. Herb. t. 562. — ÆApium seu
Petroselinum Macedonicum. Pharm.
Sa racine est assez grosse , longue, bisannuelle, blanche,
d’une saveur âcre; elle produit une lige herbacée, haute de
2 pieds, droite , pubescente, très-rameuse, garnie ‘de feuilles
ue à trois fon ailées, à pétioles cylindriques, pubescens ,
et à folioles ovale rhomiirdales, dentées ou incisées. Ses
fleurs sont blanches, disposées en ombelles nombreuses, pe-
tiles, et leurs Colette, sont chargées de duvet, Les graines
OMBELLIFÈRES. 255
sont oblongues , menues, velues; elles ont nne odeur aro-
matique et une saveur un peu âcre. Cette plante croît
dans le département du Var, et on la cultive dans plusieurs
jardins : elle fleurit en juillet et août.
Le Bubon de Macédoine passe pour être incisif, stoma-
chique et vülnéraire. Sa racine et ses feuilles ne sont aujour-
d’hui d'aucun usage. On les employait autrefois à l'extérieur
sur les contusions des mamelles. Ses graines, que l’on pres-
crivait aussi comme carminatives, diurétiques et emména-
gogues, à la dose de 12 à 56 grains en substance, et à celle
de 1 à 2 gros en infusion, ne sont plus du tout usitées main-
tenant. L'huile essentielle qu’on en retirait est également
tombée en désuétude. Les graines de Persil de Macédoine
sont au nombre des drogues qui entrent dans la thériaque
de l'ancien Codex.
147° Genre. — CUMIN. CUMINUM.
Collerette universelle composée de 2 à 4 folioles capil-
laires, souvent trifides; collerette partielle semblable. Calice
entier. Pétales presque égaux, échaucrés, courbés, Fruit
ovale, oblong , strié.
CUMIN OFFICINAL , vulgairement Curnin.
Cuminum cyminum. Lin. Spec. 565. — Pharm.
Cette plante est annuelle ; de sa racine, qui est menue,
blanche, fibreuse, s'élève une tige rameuse, haute d’un pied,
garnie de feuilles peu nombreusesÿ deux,ou trois fois pinna-
tifides, à folioles dont les déconpures capillaires ressem-
blent assez à celles du Fenouil, mais sont plus courtes et
moins fines. Les fleurs sont petites, blanches on purpurmes,
disposées en ombelles à 4 ou 5 rayons, portées, dans la
partie supérieure des tiges, sur des pédoncules opposés aux
feuilles. IL leur succède des fruits petits, ovales-oblongs,
verdâtres, légèrement convexes et siriés ; leur saveur est
âcre, aromatique et amère. Cette plante est indigène des
contrées équatoriales ; elle est cultivée dans le midi de la
France.
Les graines de Cumin sont excilantes, carminatives et
apéritives, Leur emploi convient spécialement aux per-
sonnes qui ont l’estomac faible, et dont les digestions s’exé-
cutent avec peine. On les recommande dans les coliques
flatulentes, pour calmer les douleurs et pour chasser les
256 OMBÉLLIFÈRES. £
vents. On les regardait encore autrefois comme diurétiques
et emménagogues ; mais elles ne possèdent pas ces pro-
priélés à un degré assez marqué pour qu’elles méritent :
qu'on en fasse beaucoup d'usage sous ce rapport. Elles se
donnent en poudre à à la dose d’un demi-gros, ou en infusion
à celle de 1 à .2 gros par pinte d’eau, On les emploie à
l'extérieur sous la forme de cataplasme, que l’on applique sur
le ventre, dans la tympanite, pour faire cesser les tranchées,
L'huile volatile possède au plus haut degré les mêmes
propriétés que les graines. La dose à laquelle il convient de
la donner est de 4 à 6 gouttes. Elle a été quelquefois ulile :
dans les maladies nerveuses , telles que Fhystérie et lhy-
pochondrie; mais, en général, celle préparation , de même
que les graines elles- mêmes , sont peu usitées maintenant,
Elles entraient jadis dans plusieurs composilions pharma-
ceuliques qui sont également tombées en désuétude.
Les Hollandais mettent, dit on, des graines de Cumin
dans leurs fromages, et les Allemands en mélent dans la pâte
en faisant le pain. Les pigeons en sont très-friands.
148° Genre. — ŒNANTHE. ÂNANTHE. lan.
Collerette universelle composée de plusieurs folioles ; col-
lerette partielle semblable. Calice à 5 dents. Pétales des fébire
du centre de l’ombellule, presque égaux , courbés en cœur;
ceux de la civconférence plus grands et irréguliers. Fruit
sessile, oblong , couronné par les dents du calice.
ŒN ANTHE, SAFRANÉEWou ŒNANTHE A SUC JAUNE, vul-
gairement, en Bre etagne, Pensacre.
Œnanthe crocata. Lin. Spec. 365.—Jacq. Hort. Vind.
00 ”
Sa racine est vivace, composée de plusieurs tubercules
oblongs sessiles, réunis en faisceau; elle donne naissance à
une tige cylindrique , cannelée, fistuleuse, d’un vert rous-
sâtre, rameuse, haute de 3 pieds ou environ, garnie de
feuilles grandes 1 deux fois aïlées , à folioles sessiles, cunéi-
formes , incisées à leur sommet, d’un vert foncé. Les fleurs
sont blanchâtres , disposées en ombelles terminales, com-
posées de 10 à 15 rayons el davantage; celles de la circon-
férence avortent souvent. Cette planté croît dans les lieux
marécageux , les fossés aquatiques et au bord des élangs ;
elle fleurit en juillet.
-
OMBELLIFÈRES. 257
Les tiges et les feuilles de cette ®nanthe sont pleines d’un
suc lactescent qui devient jaunâtre ou de couleur safranée
à l'air; ce suc, pris à l’intérieur , est un poison très-violent.
Les racines sont aussi fortement vénéneuses, d'autant plus
dangereuses qu’elles ont un goût douceàtre qui n’est pes
désagréable; que ni leur odeur'nileur saveur ne peuvent
prémunir contre leur venin, et qu'elles ont beaucoup de
ressemblance avec celles de deux espèces du même genre,
qui n’ont aucune propriété malfaisante. Les auteurs rap-
portent un graud nombre d'empoisonnemens par ces ra-
cines. Les accidens qui se manifestent après qu'on en a
mangé, sont une chaleur brülante dans le gosier , des nau-
sées , des vomissements , de la cardialgie, des vertiges, du
délire , des convulsions violentes, et, dans un grand nombre”
de cas, la mort, surtout lorsque les malades n’ont pas été
secourus à temps, où qu'ils ont pris une trop. grande dose
du poison. Les moyens pour remédier à ces terribles acci-
dens sont d’abord de faire vomir abondamment, afin de
procurer l'évacuation de la substance délétère ; ensuite on
fait prendre des boissons acidulées; enfin on agit absolument
de la mème manière que dans l’empoisonnement par la
ciguë ; mais celui par l'Œnanthe safranée est beaucoup plus
dangereux et bien plus souvent mortel.
On trouve, dans les Mémoires de la Société royale de Lon-
dres, une observation , d’après laquelle un malade fut guéri
de la lèpre en prenant le suc de cette plante ; mais si celle-ci
‘a pu une seule fois être utile, c’est bien peu de chose com-
parativement aux terribles et funestes événemens qu'elle a
le plus souvent causés; c’est donc comme poison éminem-
ment délétère qu'elle doit être considérée, et non autrement.
L’Œnanthe peucédane, Œnanthe peucedanifolia, Pol-
lich. Palat. vol. 1. p. 289. t. 5, et l'Œnanthe pimpinelloïde,
Œnanthe pimpinelloides , Läu. Spec. 566. Jacq. Flor.
Aust. L 594, différent beaucoup de l’espèce précédente par
leur tige au moins moitié plus courte, dont la plupart des
feuilles ne sont qu’une fois ailées, à folioles linéaires. Les
tubercules , qui forment les racines de ces deux ®nanthes,
peuvent se manger impunément ; cependant, comme elles
n'ont aucune propriété particulière, «et que des personnes
peu exercées pourraient confondre ceux de l'Œnanthe sa-
frané avec eux , il est plus prudent de ne jamais manger
aucune des racines de ces plantes.
R
250 OMBELLIFÈRES,.
149° Genre. — PHELLANDRE. PHELLANDRIUM. Lin.
Collerette DOCREIES nulle; collerette partielle composée
de 7 folioles. Calice à 5 dents. Pétales courbés en cœur,
égaux dans les fleurs ä centre de Fombellule, et inégaux
et plus grands dans ceux des bords. Fruit ox voïde , lisse ,
couronné par les dents du calice et par les styles. . :
PHELLANDRE AQUATIQUE, vulgairement Ciguë aqua-
tique, Millefeulle aquatique, Fenouil d’eau.
Phellandrium aquaticum. Lin. Spec. 566. — Bull.
Herb. t. 147.
Sa racine est grosse, pivotante, creuse, bisannuelle,
munie d’un grand ombre de fibres menues, très-longues,
verticillées ; elle ne croit que dans l’eau et dans la vase, Sa
üge est droite, cylindrique, de la grosseur du doigt, fistu-
leuse, striée, rameuse , haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont
grandes , trois fois ailées, glabres, d’un vert gai, à folioles
profondément incisées en découpures étroites , ‘linéaires,
el quelquefois mème capillaires dans les toniles CT
qui sont souvent inondées. Les fleurs sont blanches, très-
petites , disposées en ombelles à 10 ou 12 rayons. ! Cette
plante croît dans les mares, les étangs et les fossés aquati-
ques ; elle fleurit en juin et juillet.
Le Phellandre n’est point aussi dangereux que l'Œnanthe
safranée ; mais il doit être compté parmi les Ombellifères
suspectes. Il y a qualre - vingis ans qu'Ernstingius , en:
Allemagne , a commencé à préconiser cette plante contre
les contusions, les plaies récentes, les ulcères anciens et sor-
dides, les cancers, les fièvres intermittentes; et plus one
lement des médecins du même pays l’ont vantée pour |
cure de la phthisie pulmonaire et pour les hydropisies. Ce
sont les graines qu’on emploie; elles sont äâcres et aroma-
tiques. Mais les essais qui en ont été faits par des médecins
français n’ont pas été suivis des succès annoncés par nos Voi-
sins. Il paraît que, quant à la phthisie pulmonaire, ceux
ui disent avoir guéri celle maladie avec les graines du
Phellandre , n’ont réellement réussi que sur des malades
allaqués de catarrhes atoniques , de toux chroniques ; et
d’ailieurs on peut aussi bien attribuer les heureux résultats
qu'ils ont obtenus à l'effet des autres médicamens béchiques,
balsamiques, amères et toniques qu’ils ont presque toujours
OMBELLIFÈRES. 259
employés simaltanément, comme l'Hyÿsope, les fleurs
d'Arnica, le Lichen d'Islande, le Quinquina, plutôt que
de les rapporter tout entiers aux graines de Phellandre.
Quant à ceux qui les ont employée$ dans l’hydrepisie, ils
ne les ont pas non plus administrées seules, mais ils faisaient
en mème temps prendre à leurs malades des préparations
de Scille, que l’on sait être si souvent utiles dans cette espèce
de maladie; de sorte que, dans cette association de, deux
médicamens dont les effets de l’un sont déjà bien connus,
il me paraîtrait plus naturel d'attribuer les succès obtenus
à la Scille qu’au Phellandre. Quoi qu'il en soit, on con-
s alle les graines de ce dernier en poudre, à la dose d’un
demi-scrupule à 1.gros. Ernstingius ne craint pas d'élever
cette dose jusqu’à 2 gros et même nne demi-once ; avant le
paroxysme des fièvres intermittentes. Elles sont d’ailleurs
sujettes, surtout à haute dose, à occasiouner des étourdis-
semens, des vertiges, l’hémoptÿsie et d’autres accidens.
Les bœufs broutent un peu les feuilles de Phellandre :
mais, en général, tous les animaux le rebutent. Elles occa-
sionnent aux chevaux quien mangent, une paraplégie mor-
telle, que Linné attribuait à un charanson qui habite la tige
de cette plante.
10° Genre. — CICUTAIRE. CICUTARIA. Lam.
Collerette universelle nulle ; collerette partielle composée
de 5 à 5 folioles. Calice entier. Pétales ovales, courbés,
presque égaux. Fruit globuleux , sillonné.
CIÉUTAIRE AQUATIQUE, vulgairement Cigue aquatique.
Cicutaria äquatica. Lam. Dict. Enc. 2. p. 2.— Cicuta
pirosa. Lin. Spec. 566. — Bull. Herb. t. 151.
Sa racine est allongée, napiforme ou presque cylindri-
que, assez épaisse, vivace ; elle donne naissance à une tige
cylindrique, fistulense, glabre, striée, haute de 2 à 5 pieds,
rameuse, garnie de feuilles trois fois ailées, glabres, d’uu
vert foncé, composées de folioles étroites, lancéolées , den-
tes en scie ; les feuilles supérieures ue sont que deux fois
ailées. Ses fleurs sont blanches, très-petites, disposées au
sommet de Ja tige et des yameanx , en ombelles composées
de 15 à 25 rayons. Cette plante croît dans les eaux sta-
gnanies , les fossés aquatiques et les mares, en Alsace, en
Bretagne, en Dauphiné; elle fleurit en juillet-
KR 2
260 OMBELLIFÈRES.
Toutes les parties de la Cicutaire aquatique, et principa-
Iement les racines et les tiges, contiennent un suc jaunûtre
qui est un violent poison pour l’homme et pour la plupart
des animaux. C’est suftout dans la racine et au printemps
que ce suc est le plus actif et le plus délétère. Cette racine
ayant été prise plusieurs fois pour celle de Panais ou
d’autres plantes potagères, a été la cause d’empoisonnemens
dont plusieurs ont été mortels. Dans ces empoisonnemens,
les principaux accidens observés ont été les suivans : Éblouis-
semens , Vertiges, céphalalgie, soif ardente , cardialgie,
vomissemens, respiration difficile, serrement tétanique des
mächoires, défaillances, sueurs froides des extrémités; quel-
quefois délire furieux , convulsions, et la mort enfin quand.
les accidens, portés à un haut degré, n’ont pu être arrêtés
dans leur marche. Dans les individus qui ont succombé à
cet empoisonnement, on a trouvé l'estomac et plusieurs
portions du canal intestinal rouges, enflammés, quelquefois
même gangrenés dans les endroits qui étaient en contact
avec des morceaux de racines.
Les moyens de remédier aux effets délétères de la Cicu-
taire aquatique, sont, dès les premiers momens et ayant que
linflammation ait pu faire beaucoup de progrès, de pro-
voquer des vomissemens abondans par des moyens méca-
niques , et même par des émétiques énergiques ; ensuite ,
lorsque les matières vénéneuses ont été rejetées , on donne
des boissons adoucissantes, mucilagineuses , légèrement
acidulées, et l’on termine le traitement par quelques opiacés
unis aux toniques.
Dans le nord de l’Europe, on emploie extérieurement
la Cicutaire aquatique dans plusieurs maladies. En West-
phalie, on fait, avec sesracines, des cataplasmes pour couvrir
des abcès qui se forment dans une espèce de goutte vague.
En Sibérie, on fait avec cette racine, réduite en bouillie,
des applications et des frictions pour guérir des dartres vé-
nériennes, et on se sert aussi de ce moyen contre les rhu-
matismes et les névralgies sciatiques ; ailleurs c’est contre
les douleurs arthritiques et le lumbago qu’on en fait usage.
Jusqu’à présent on n’a point encore employé en médecine
la racine de Cicutaire intérieurement. Bergius a donné le suc
épaissi de la plante, réduit en pilules par le mélange des
feuilles sèches et pulvérisées, à une femme attaquée d’un
cancer au sen, en commençant par une petite dose et en
OMBELLIFÈRES. s 261
montant progressivement jusqu’à 1 drachme trois fois par
jour; et cela n’a paru avoir n1 bons ni mauvais effets sur la
“malade. Bergius rapporte encore qu’un homme , auquel il
avait prescrit 4 livres d’une forte décoction de la plante
sèche, pour en faire usage extérieurement , la but toute
entière dans l’espace de deux heures, sans qu’il lui soit ar-
rivé le moindre accident.
151° Genre. — ÉTHUSE. ÆTHUSA. Lan.
Collerette universelle nulle ; collerette pañtielle de 3 à 5
foliolés linéaires , disposées d’un seul côté. Calice entier. Pé-
tales inégaux, courbés en cœur. Fruit ovoide ou oblong ,
strié ou sillonné. d
Érause Faux-PERsIL, vulgairement petite Ciguë ,
Ciguë des jardins.
Æithusa Cynapium. Lin. Spee. 567. — Bull. Herb.
t. 91. — Æthusa. Pharm.
Sa racine est menue, pivotante, blanchätre, annuelle ;
Île produit üne tige droite, cylindrique, glabre, haute de
1 pied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles deux ou trois fois
ailées , d’un vert foncé, ressemblant beaucoup à celles du
Persil, composées de folioles incisées ou pinnatifides. Ses
fleurs sont blanches, très-petites , en ombelles terminales,
formées de 10 à 15 rayons. Ses fruits sont ovoïdes, arrondis,
sillonnés. Cette plante se trouve communément dans les jar-
dins et les lieux cultivés ; elle fleurit en juillet et août.
Comme la petite Ciguë croît souvent dams les jardins,
mêlée avec le Persil, et qu’elle lui ressemble beaucoup, cela
la rend, comme plante vénéneuse , plus dangereuse que
toutes les autres Ombellifères qui ont, ainsi qu’elle, des pro-
priétés malfaisantes ; et l’on doit même croire que beaucoup
d’empoisonnemens, qui ont été attribués à la grande Ciguë,
avaient le plus souvent été causés par elle , soit parce qu’il
est plus facile de la confondre avec le Persil, soit parce
qu'elle se trouve plus ordinairement mêlée avec lui que la
grande Ciguë. C’est lorsque l’Ethuse n’est pas en fleur que
cette méprise peut avoir lieu, car autrement les câractères
de sa fructification la font aisément reconnaître. On évi-
tera de confondre ces plantes ensemble, lorsque leur tige,
fort courte, n’a encore poussé que des feuilles, en faisant
attention que dans l’Ethusecelles-ci sont d’un vert plus foncé,
R 5
. .
262 OMBELLIFÈRES,
et que, froissées entre les doigts, elles exhalent une odeur
nauséeuse et désagréable, tandis qu’elle est aromatique dans
le Persil; enfin sa tige est ordurairement violette ou rou-
geätre à sa base.
Les auteurs rapportent d’ailleurs les observations de plu-
sieurs empoisonnemens manifestement causés par l'emploi
inconsidéré de la petite Ciguë. Les accidens qui en sont la
suite, sont analogues à ceux causés par la grande. Les
moyens d'y remédier sont aussi les mêmes; c’esl pourquoi
je ne répéterai pas ce qui a été déjà dit à l'article Ciguë
majeure. Jusqu'à présent on ne trouve pas que les médecins
aient employé la petite Ciguë. Certains herboristes la sub-
stituent quelquefois à la grande. Cette substitution est cou-
pable : des plantes aussi dangereuses ne doivent jamais être
employées mdifféremment l’une pour l’autre, tant que lob-
servation n'aura pas démontré que leurs propriétés sont
parfaitement identiques | et que l’action de l’une n’est pas
plus énergique que celle de l’autre. .
152° Genre. — CORIANDRE. CORIANDRUM. Lan.
Collerette générale nulle ou d’une seule foliole ; collerette
partielle de 3 folioles linéaires, disposées d’un seul côté,
Calice à 5 dents. Pétales courbés en cœur , égaux dans le
centre de l’ombellule, inégaux sur les bords, les extérieurs
beaucoup'plus grands. Fruits globüleux.
CORIANDRE CULTIVÉE.
Coriandrum sativum. Lin. Spec. 367.— Coriandrum.
Blackw. Herbet. 176. :
Sa racine menue, pivoiante , annuelle, donne naissance
à une tige droite, souvent rameuse , haute de 1 pied et demi
à 2 pieds, garnie, dans sa partie inférieure, de feuilles deux
fois ailées, à folioles ovales ou arrondies, incisées plus ou
moins profondément, el ayant ses feuilles supérieures dé-
coupées en folioles étroites et linéaires. Ses fleurs sont blan-
ches ou très-légèrement teintes de rouge, disposées, à l’ex-
trémité de la tige et des rameaux , en ombelles composées
de 5 à 8 rayons. Le fruit est formé de 2 graimes presque
globuleuses, appliquées l’une contre l’autre. Cette plante est:
originaire de PItalie ; on la cultive en France dans plusieurs
cantons, et elle est naturalisée dans plusieurs autres, où elle
croît comme spontanément dans les champs cultivés et
parmi les blés; elle fleurit en juin et juillet.
4
OMBELLIFÈRES. » 265
La Coriandre exhale, quand elle est fraîche , une odeur
forte, fétide et un peu vireuse, qui approche beaucoup de
celle de la punaise des lits, surtout lorsqu'on froisse entre
les doigts quelques-unes de ses parties, comme les feuilles,
les tiges, ete. Dans les temps pluvieux et orageux, les éma-
nations de cette plante en végétation sont en-ore plus fortes;
elles ont plusieurs fois causé des maux de tête et des nau-
sées à des personnes qui avaient passé dans des champs où
elle était cultivée. Cette odeur fétidetet repoussante se perd
par la dessiccatiou ; elle se change mème, dans les grames,
en une odeur aromatique assez agréable. Celles-ci, dans
cet état, sont carminalives, stomachiques et anti-hysté-
riques. On en fait usage, soit en nature et en poudre, à la
dose de 24 grains à 1 gros, soit en infusion théiforme, à
la dose de 1 à 2 gros pour une pinte d’eau; mais, en gé-
néral, elles sont assez peu usitées. Elles entrent dans l’eau
de Mélisse composée , et dans d’autres préparations phar-
maceutiques dont nous ne parlerons pas, parce qu'elles sont
aujourd’hui entièrement tombées en désuétude.
* Dans plusieurs éntrées, on emploie les graines de Co-
riandre dans la cuisine comme un aromate agréable; en
Hollande surtout, on les aime beaucoup, et on en met dans
presque toutes les sauces. Quelques peuples du nord en
- mêlent une certaine quantité dans la pâte avant de faire le
pain ; et dans le midi, on en tient dans la bouche et on les
mäche pour rendre l’haleine plus agréable. Les confiseurs
recouvrent ces graines de sucre pour .en fairé de petites
dragées.
155° Genre. — CERFEUIL. CHÆROPHYLLUM. Lamarck.
Collerette universelle nulle; collerette partielle composée
d'environ 5 folioles élargies, membraneuses. Calice entier.
Pétales inégaux, échancrés. Fruit allongé ou cylindrique,
lisse ou strié.
CERFEUIL CULTIVÉ, vulgairement le Cerfeuil.
Chærophyllum sativum. Lam. Dict. Enc. 1. p. 684. —
Scandix Cercefolium. Lin. Spec, 568. — Jacq. FI. Aust.
t. 590. — Cerefolium sive Chærophyllum. Pharm.
Sa racine est assez menue, pivotante , annuelle, blanche;
elle donne naissance à une tige droite, ordinairement gla-
KR 4
»
26€; OMBELLIFÈRES.
bre, striée, rameuse, hauie de 1 pied et demi à 2 pieds,
garnie defeuilles deux à trois fois ailées, molles, le plus sou-
veut glabres, composées de folioles un peu élargies, incisées
ou piunalfides, ayant leurs découpures obtuses. Ses fleurs
sont blanches, peliles, disposées, dans la partie supérieure
de la tige et des rameaux , en ombelles presque sessiles et
latérales, composées de 4 à 5 rayons. Ses fruits sont oblongs,
menus, lisses, noirätres dans leur maturité, Cette plante
croît naturellement dans les champs des contrées méridio-
nales de Europe; on la cultive en France dans tous les
jardins, où elle fleurit en juillet et août.
Le Cerfeuil a une odeur et une saveur légèrement aro-
matiques. On l’emploie en médecine comme apéritif, inci-
sif, dépuratif, résolutif, diurétique. On en fait primcipa-
lement usage dans les obsiruchions des viscères abdomi-
naux, les hydropisies, les rétentions d’urine, la gravelle,
les maladies de la peau. L'application du Cerfeuil, cuit dans
du lait ou pilé, soulage et apaise quelquefois les douleurs des
hémorroïdes. On lui a aussi attribué la propriété de faciliter
la résorption du sang épanché dans le# échymoses, et son
application extérieure dans les cas de chutes et de contu-
sions , est un remède populaire. La meilleure manière de
Vadministrer intérieurement est d’en faire prendre le suc à
la dose de 2 à 4 onces. On l’emploie aussi dans les bouillons
de viande que l’on donne aux malades et dans les apozèmes.
* On fait un usage fréquent du Cerfeuil dans la cuisine. Il
sert comme assaisonnement dans les salades: il est mis dans
les sauces et les bouillons pour leur donner un goût agréa-
ble, Comme son parfum est irès-volatil , il ne faut pas le
faire bouillir long-temps. En Allemagne, on fait entrer ses
graines dans le pain.
CERFEUIL ODORANT , vulgairement Cer/feuil anisé on
musqué, Cerfeuil d’Espagne , Fougère musqueée ,
Cicutaire odorante.
Chæœrophyllum odoratum. Lam. Dict. Enc. 1. p. 665.
S:andix odorata. Tan. Spec. 568. — Jacq. Flor. Aust.
App. L 37.
Sa racine est longue, grosse, blanche, molle, comme
fongueuse , vivace, d'une saveur un peu âcre , aromatique,
agréable , semblable à celle de la graine d’Anis; elle produit
une Lige droite , épaisse, fistuleuse , cannelée, un peu velue,
OMBÉLLIFÉERES: 265
haute de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles grandes , trois fois
ailées, légèrement velues, composées de folioles ovales-
aiguës , incisées et dentées. Ses fleurs sont blanches, dispo-
sées en ombelles médiocres et terminales. Ses fruits sont
Jongs de 4 à 6 lignes, remarquables par leurs profondes can-
nelures. Cette plante croît dans les prés des montagnes en
Languedoc, en Provence, en Dauphiné, en Alsace; on la
cultive dans les jardins, où elle fleurit en mai et juin.
Les tiges et les feuilles de Cerfeuil musqué ont une odeur
agréable, qui, comme les racines , approche de celle de
VAnis. Elles ont à peu près les mèmes propriétés que le Cer-
feuil ordinaire, mais elles ne sont que peu ou point em-
ployées en médecine. On s’en est servi autrefois dans l'épi-
lepsie , les fièvres malignes, la jaunisse , la suppression des
menstrues, l'asthme. Quelques personnes lés préfèrent pour
l'assaisonnement des salades.
CERFEUIL SAUVAGE, vulgairement Persil d'âne.
Chærophyllum sylvestre. Lin. Spec. 569. — Jacq. FI.
Aust. t. 1409.
Sa racime est vivace ; elle produit une tige droite, fistu-
leuse, striée, velue dans sa partie iuférieure , renflée à cha-
cun de ses nœuds, haute de 2 à 3 pieds. Ses feuilles sont
grandes , 2 à 5 fois ailées , glabres ou légèrement velues, à
tolioles allongées, incisées profondément. Ses fleurs sont
blanches, disposées en ombelles composées de 8 à 12 rayons.
Ses fruits sont luisans, d’un brun noirâtre lors de leur ma-
turité. Cette plante est commune dans les lieux ombragés
et dans les haies : elle fleurit en avril et mai.
Le Cerfeuil sauvage a une odeur forte , presque fétide ,
et une saveur âcre et un peu amère. Il ne paraît pas jusqu’à
présent avoir été employé en médecine. On dit que sa
racine, cueillie en hiver, a produit du délire, de l’assoupis-
sement, de l’engourdissement , de l’étranglement, mais que
_ces accidéns n’ont pas été suivis de la mort. Comme cette
plante pousse de bonne heure, quelques agronomes ont
proposé de la cultiver comme fourrage. Les ânes surtout
l'aiment beaucoup; ce qui lui a valu le nom vulgaire qu’elle
porte. Dans quelques pays du nord, on se sert de ses tiges
pour teindre les laines en vert , et de ses fleurs pour donner
à ces mêmes laines une couleur jaune.
Le Cerfeuil bulbeux, CAaærophyllum bulbosum, Lin. ,
65 OMBELLIFÈRES.
et lé Cerfeuil enivrant, Chærophyllum temulum , Lin.,
doivent, comme le précédent , être nus au rang des plantes
dangereuses et suspectes ; ils passent pour causer des ver-
tiges, des douleurs de tête et l'ivresse. M. de Lamarck a
réuni les Scandix et les Chærophyllum de Linné en un
seul genre, re trouvant pas leurs caractères botaniques assez
prononcés pour en faire deux genres distincts ; mais il est
digne de remarque que les espèces qui sont des Scandix
de Linné ,.sont aromatiques et salubres ; tandis que plu-
sieurs de celles dont cet auteur avait fait des Caærophyllum
sont vénéneuses, où au moins suspectes.
154° Genre. — IMPÉRATOIRE. {MPERATORIA. Lin.
Collerette générale nulle; collerette partielle formée de 1
2 folioles menues. Calice entier. Pétales presque égaux,
échancrés en cœur, courbés. Fruit arrondi, comprimé ,
bossu dans son milieu, garni d’un bord membraneux.
IMPÉRATOIRE OSTRUTHIER, vulgairement {utrucke ,
Benjoin francais, Impératoire.
Tmperatoria Ostruthium. Lin. Spec. 571. — Impera-
toria major. Garid. Aix. t. 55. — Jmperatoria. Pharm.
Sa racine est assez grosse, vivace, un peu noueuse, char--
nue, rameuse, brune en dehors et Dbehe en dedans, d'une
Er forte et aromatique , d’une saveur amère et un peu
acre. Elle donne naissance à une tige cylindrique , haute
de1à2 2 pieds , munie de feuilles pétiolées , ordmairement
divisées en 5 folioles larges, trilobées et dentées. Les fleurs
sont blanches » disposées en une ombelle grande, terminale,
composée de 20 à 50 rayons. Cette plante croit dans les
prés secs et sur les montagnes; elle fleurit en juillet et août.
La racine est la seule partie usitée comme médicament,
Elle est douée d’une propriété tonique très-marquée , et
s'emploie dans les cas où il convient de relever les forces.
Elle est très-propre à exciter l'appétit et à favoriser la di-
gestion. On la regarde comme fort ulile aux jeunes filles
Atlectées de chlorose , chez lesquelles elle produit une exXCi-
tation générale Sort avantageuse. Elle est recommandée
aussi dans les coliques occasionnées par les flatuosités; et
on assure en avoir obtenu de bons effets dans la fièyre quarte.
On la prescrit en poudre depuis 12 grains jusqu'à 1 demi-
gros , soit délayée dans un peu de ou d’eau sucrée, sait
OMBELLIFÈRES. 267
sous la forme de pilules, de bols ou d’opiat. L’infusion aqueuse
est aussi employée , et se prépare avec 1 à 2 gros de la ra-
cine par pinte de liquide. On fait encore entrer sa décoction
dans la préparation de gargarismes anliscorbuliques. Enfin
quelques personnes.mettent dans leur bouche un petit mor-
ceau de racine d'Impératoire pour provoquer la sécrétion
de la salive. Cette racine fait partie de plusieurs préparations
pharmaceutiques , qui sont aujourd’hui fort peu ou même
point du tout usitées par les médecins modernes, telles sont
l'eau impériale, l’eau générale, l'orviélan, elc.
156° Genre"— SÉSELI. SESELI. Lan.
Collerette générale et partielle formées d’une à 2 folioles.
Calice entier. Pétales égaux , courbés en cœur. Fruit petit,
ovoïde, strié. Ombellules courtes et globuleuses. |
SÉSELI TORTUEUX, vulgairement Séseli de Marseille.
Seseli tortuosum Lin. Spec. 3795. — Reguault, Bot.
1. 515. — Seseli Massiliense. Pharm.
Sa racine est vivace; elle produit une tige haute de 8
à 15 pouces, dure , presque ligneuse inférieurement , tor-
tueuse , divisée en beaucoup de rameaux étalés. Ses feuilles
iuférieures sont grandes, deux fois ailées, d’un vert glauque
ainsi que toute la plante, à folioles divisées en découpüres
linéaires; les supérieures ne sont formées que de leur pétiole
élargie en gaîne demi-embrassante et terminée par 5 à
5 tolioles linéaires. Ses fleurs sont blanches, petites, dispo-
sées en ombelles terminales et axillaires , formées de 4 à 5
rayons. Cette plante fleurit en août et septembre ; elle croît
dans les fentes des rochers et dans les lieux pierreux du Lan-
guedoc et de la Provence, etc.
Le Séseli tortueux était anciennement employé comme
carminalif et anthelmentique. Les graines étaient plus en
usage que les autres parties de la plante. On les donnait en
infusion à cause de l'huile volatile qu’elles contiennent. De
nos jours on leur a substitué d’autres substances. Les femmes
de la campagne, en Provence, font infuser les graines de
ce Séseli dans du vin, et elles prennent ensuite celui-ci pour
rétablir l'écoulement menstruel. Les graines de Séseli sont
indiquées comme devant entrer dans la composition de l’eau
générale, de la thériaque, du mithridate et de la poudre
de Chalybe de l'ancien Codex de Paris.
268 OMBELLIFÈRES.
156, Genre. — THaApsie. T'HA4PSIA4. Lin.
Collerettes nulles. Calice entier. Pétales lancéolés, cour-
bés en dedans. Fruit oblong, comprimé, échancré aux deux
extrémités, et muni sur ses deux côtés de 2 ailes membra-
neuses.
THAPSIE VELUE, vulgairement Malherbe, Faux-
T'urbith.
T'hapsia villosa. Lin. Spec. 375.—Regnault, Bot. t. 383.
Sa racine est épaisse, cylindriques un peu goueuse, pi-
votante, vivace, jaunâtre extérieurement, divisée inférieu-
rement en quelques fibres ; elle donne naissance à une tige
cylindrique, droite, glabre, assez épaisse, haute de 1 pied
et demi à 2 pieds, peu rameuse, garnie, dans sa partie in-
iérieure , de feuilles grandes, plus ou moins velues, deux
ou trois fois ailées, composées de folioles oblongues, pinna-
tiüdes. La partie supérieure des tiges est dépourvue de véri-
tables feuilles ; il ne reste à chaque nœud, et à la place de
celles-ci, qu’une gaîne large et embrassante , formée par
la base du pétiole des feuilles avortées. Les fleurs sont jau-
nätres, disposées en ombelles amples, terminales, compo-
sées de 8 à 12 rayons. Cette plante croît dans les lieux secs
de Ta Provence et du Languedoc; elle fleurit en juin et
juillet,
Ayanttrouvé dans les auteurs anciens, la racine de cette
plante indiquée comme étant fortement purgative, j'ai fait
quelques expériences pour m’assurer jusqu’à quel point elle
jouissait de celte propriété. Après l'avoir donnée d’abord à
de faibles doses, j'ai fini par l’employer à 60 grains en
poudre , sans en obtenir aucune évacuation alvine, d’où je
crois pouvoir conclure que si elle est purgative, ce ne peut
être qu’à une beaucoup plus forte dose (1). M. Poiret dit
qu’elle est âcre et corrosive lorsqu'elle est fraîche, et que,
pendant qu’il était en Barbarie, il vit un Arabe qui s’en
était frotté le visage pour faire passer quelques dartres qu’il
avait en cette partie, parce que, dans le pays, cette racine
passe pour être propre à guérir cette sorte de maladie de la
(1) Voyez, dans la 2° partie de cet ouvrage , mon Mémoire sur
les Succédanées du Jalap, $. VI. n° 1.
OMBELLIFÈRES. 269
peau ; quelques heures après sa joue était devenue enflée et
très-enflammée.
” 157° Genre. — PANAISs. PASTINACA. Lan.
Collerettes nulles. Calice entier. Pétales entierss presque
égaux , courbés en dedans. Fruit comprimé presque plan ,
elliptique , un peu membraneux sur ses bords,
PANAIS CULTIVÉ, vulgairement Pastenade ou Pi.
naille blanche, grand Chervi.
Pastinaca sativa. Lin. Spec. 5376.—Pastinaca. Blackw.
Herb. t. 379. Pharm.
Sa racine est bisannuelle, grosse comme le pouce ou da-
vantage, charnue, pivotante, blanchâtre, jaunätre ou rou-
geâtre, d’une odeur et d’une saveur qui ne sont point désa-
gréables ; elle donne naissance à une tige droite, ferme ,
uelée, fistuleuse , haute de 3 à 4 pieds, rameuse, munie
dé feuilles pübescentes , ailées, composées de folioles ovales,
assez grandes , dentées , un peu lobées et incisées. Les fleurs
sont petites, régulières, de couleur jaune, et disposées en
ombelles de 20 à 50 rayons. Cette plante fleurit en juin et
juillet; elle croît naturellement sur le bord des champs
dans les prés et les haies. On la cultive dans presque toute
la France; par la culture, les feuilles deviennent glabres ;
et la racine plus grosse et plus tendre.
Le Panais est un aliment sain , très-nourrissant , facile à
digérer, et convenant parfaitement aux personnes conva-
lescentes et à celles qui ont l'estomac faible, On doit prendre
garde de les confondre avec les racines de Ciguë, qui leur
ressemblent un peu par leur forme ét par leur saveur. Jean
Bauhin rapporte qu il a vu deux familles qui failirent périr
empoisonnées pour avoir commis cette méprise. Cependant
ces sortes d’accidens ne peuvent avoir lieu que l'hiver, où
les raciues sont dépourvues de leurs tiges et de leurs feuilles
qui les feraient aisément reconnaître. On a prétendu que les
Panais trop vieux occasionnaient le délire et la folie; mais
dans les cas où de tels accidens sont arrivés, a-t-il été bien
démontré qu’on n'avait pas pris d’autres racines au lieu de
celles du Panais ? Quoi qu'il en soit, celles-ci ne sont plus
d'aucun usage comme médicament. Leur décoction était
employée dans les fièvres intermittentes, contre lesquelles
elles n’ont que très-peu ou point du tout d'efficacité,
{
270 OMBELLIFÈRES:
Les graines onl passé pour diurétiques , vulnéraires et
fébrifages. Il y a environ quatre-vingis ans que Garnier,
médecin de Lyon, fit beaucoup d'expériences pour con-
slater cette dernière propriété , et il assure en avoir obienw
des succés très-prononcés. Leur dose est de 1 demi-gros ou
1 gros en substance, et de 2 à 5 gros en infusion pour une
pinte d'eau; mais elles sont, de même que les racines, tom-
bées, en médecine, dans l'oubli le plus profond. On n'en
fait absolument usage que pour la cuisme.
158° Genre. — MACERON. SHMYRNIUM. Lin.
L
Collerettes nulles. Calice entier. Pétales aigus, presque
égaux, relevés en carène , un peu fléchis à leur sommet.
Fruit presque ovale, marqué de 5 nervures saillantes sur la
face externe de chacune de ses graines.
MACERON COMMUN, vulgairement gros Persil de Ma-
cédoine.
Smyrrium Olusatrum. Lin. Spec. 736. — Sinyrnium
sive Olusatrum. Pharm.
Sa racine est grosse, blanche , bisannuelle, et contient
un suc d’une saveur âcre el amére. Sa tige est un péu rou-
geâtre , cylindrique , rameuse, haute dé 2 à 5 pieds, garnie
de feuilles dont les inférieures sont trois fois ternées, com-
posées de folioles ovales-arrondies , dentées, lobées, glabres
et luisantes ; et les supérieures simplement ternées , à fo-
lioles lancéolées ; les unes et les autres ont à peu près Je goût
du Persil. Les fleurs sont d’un blanc jaunätre , disposées en
ombelles médiocrement garnies. Les graines sont grosses ,
presque rondes , cannelées, noires, en | forme de croissant ,
et d’une saveur amère. Cette pla inte se trouve dans les lieux
humides et couverts de la Guyenne, de la Provence : on la
cultive dans quelques cantons ; elle fleurit en mai et juin.
La médecine fait usage du gros Persil de Macédoine
comme d’un léger antiscorbutique, et elle le substitue quel-
quefois à la racine d’Ache. On le recommande à la dose de
1 à 2 onces par pinte de liquide, soit dans des bouillons, soit
simplement en décoction dans l’eau. Les graines sont ré-
gardées comme cordiales et carminalives; elles conviennent
dans les mêmes cas que celles du Persil de: Macédoine. Leur
dose est d'un demi-gros en substance, et de 1 à 2 gros en
} OMBELLIFÈRES. 291
infusion dans une pinte d’eau. Aujourd’hui l’on n’emploie
le Maceron que très-rarement.
Toutes ses parties ont une odeur forte et aromatique.
Quelques personnes mangent encore ses racines, après les
avoir laissées à la cave pendant quelque temps pour leur
faire perdre leur amertume et les rendre plus tendres. Le
Maceron était autrefois une plante potagère dont on faisait
plus d'usage qu'aujourd'hui. On mangeait en salade les
jeunes pousses, après les avoir fait blanchir par une culture
particulière , comme on fait aujourd’hui de celles du Céleri
qu'on leur a généralement substituées.
159° Genre. — ANETH. ANETIUM. Lin.
Collerettes nulles. Calice entier. Pétales entiers, roulés
en dedans. Fruit un peu ovale, comprimé, marqué de 5
côtes sur la face externe de chaque graine.
ANETH F'ENOUIL, vulgairement fenouil, Fenouil doux,
Aneth doux.
Anethum fœniculum. Van. Spec. 575. — Fœniculum
vulgare et Fæniculum dulce. Pharm. ‘4
Sa racine est de la grosseur du doigt, longue , blanche,
vivace, d’une saveur aromatique assez douce ; elle donne
naissance à une ou plusieurs tiges droites, hautes de #4 à
5 pieds, lisses, rameuses. Les feuilles sont grandes, deux ou
trois fois ailées , à folioles capillairés. Les fleurs sont odo-
rantes, jaunes, disposées en ombelles terminales, grandes,
étalées et médiocrement garnies. Îl leur succède des fruits
petits, noirâtres et d’une saveur âcre un peu forte. Cette
plante croît naturellement dans les lieux pierreux, et sur-
tout dans les départemens du midi; elle fleurit en juillet et
août. En Italie, on la cultive pour en recueillir les graines ;
mais alors elle acquiert un moindre développement , et ses
graines sont blanchâtres et plus petites.
Toutes les parties da Fenouil sont douées de propriétés
médicinales très-marquées. Les graines, que l’on comptait
autrefois au nombre des quatre semences chaudes majeures,
sont apéritives, diurétiques, sudorifiques , stomachiques ,
pectorales et fébrifuges. On les a précouisées anciennement
contre la petite-vérole et la rougeole; mais des expériences
nombreuses n’ont pas été couronnées des succès annoncés
par ceux qui les avaient vantées. Néanmoins elles sont très-
Le
272 OMBELLIFÈRES,
convenables quand ces maladies se compliquent de putridité
et de malignité. Leur action sur l'économie est prompte,
et en conséquence on peut en retirer de grands avantages
dans les fiévres de mauvais caractère, accompagnées de la
prostration des forces. Elles sont utiles, en général, tontes les
fois qu'il convient de donner du 1on à l'estomac affaibli, et
de rendre l’énergie aux solides dont l’aclion est devenue
Janguissante. On les emploie de différentes manières ; quel-
quefois on les fait confire dans lesucre cuit à la plume; d’autres
fois on les donneen poudre, dans du vin, à ladose d’un demi-
gros, ou bien on les fait infuser dans l’eau , et, dans ce cas,
on double la dose pour une pinte de liquide. On les em-
ploie aussi à l'extérieur de même que les feuilles qu’on mêle
dans les cataplasmes que l’on veut rendre résolutifs.
La racine tient le premier rang parmi les cinq grandes
racines apéritives. On a vanté son emploi dans les coliques
néphrétiques et dans les fièvres intermittentes. Elle se donne
en infusion à la dose d’une demi-once par pinte d’eau.
L'huile essentielle que l’on retire des semences a les mêmes
propriétés que les graines elles-mêmes; on la fait prendre à
ja dose de 5 à 6 gouttes, dans du sirop, dans du vin ou daus
une potion.
On préparait autrefois dans les pharmacies une eau dis-
tillée de feuilles de Fenouil, que l’on employait dans Îles
collyres et dans les potions ; celte eau est bien peu usitée
aujourd'hui, et en général on ne fait plus guère usage des
racines et des graines du Fenouil aui entraient jadis dans
beaucoup de préparations et de compositions officinales,
dont le sirop des cinq racines apéritives, celui d’Armoise,
celui de Pomme composé, l'Eau vulnéraire et la Thériaque
sont les principales qui soient restées dans la pratique.
ANETH ODORANT, vulgairement Æneth ou Anet,
Fenouil puant.
Anethum graveolens. Tin. Spec. 577. — Anethum.
Blackw. Herb. t. 545. — Pharm.
Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa racine
qui est annuelle , ses fruits qui sont visiblement comprimés,
sa tige qui est un peu moins haute, et son odeur qui est
plus forte. Elle croît dans les champs et les lieux cultivés,
surtout dans les départemens du midi; elle fleurit en juillet
et août.
OMBÉLLIFÈRES. 295
La ressemblance de cette espèce avec la précédente, qui
est beaucoup plus commune, lait qu’elle se trouve quelque-
fois confondue et mêlée avec elle dans les boutiques des
herboristes , et que souvent ceux-ci la lui substituent, Il n°
a aucun inconvénient à cela, car ces deux plantes ont les
mêmes vertus, et peuvent indifféremment être employées
l’une pour l’autre. L'huile essentielle d’Aneth odorant passe
cependant pour être plus antispasmodique; on peut fa pres-
crire aux personnes douées d’une grande susceptibilité ner-
veuse, à la dose de6 à 10 gouttes dans une potion, ou dans
quelque autre préparation, mais elle est très-peu employée
maintenant. En général, les médecins ne prescrivent plus que
bien rarement les huiles volatiles des Ombellifères, depuis
qu'ils se servent des éthers dans le plus grand nombre des
cas où celles ci étaient autrefois en nsage. Toutes les pré-
parations ou compositions pharmaceutiques pour lesquelles
on se servait de l’Aneth, ou dans lesquelles il entrait sont
reléguéès aujourd’hui dans les anciens formulaires.
160° Genre. — CArvi. C4RUM. Lin.
Colleretle d’une seule foliole linéaire. Pétales inégaux,
confôrmés en carène, fléchis et échancrés à leur sommet.
Fruit ovale-oblong , strié.
CaRvI CULTIVÉ, vulgairement Carvi.
Carum Carvi. Lin. Spec. 378.—Jacq. FL Aust. t. 395.
— Carvi. Pharm.
Sa racine, qui est unique, bisannuelle, longue, de la
grosseur du pouce, âcre et aromatique, donne naissance à
une tige haute de 2 pieds, ramense, lisse, striée, dont les
feuilles sont deux fois ailées, à folioles linéaires, incisées,
disposées en croix el comme verticillées autour du pétiole
qui est écharicré dans les feuilles supérieures. Les fleurs sont
blanches, petites, en ombelles lâches. Les graines sont pe-
tites, convexes d’un côté et aplaties de l’autre, un peu
noirâtres , d’une saveur âcre et aromatique. Cette plante
croit dans les prairies des montagnes; elle fleurit en mai et
juin.
Les graines de Carvi conviennent pour fortifier le système
digestif, comme tous les autres aromatiques , à la manière
desquels elles agissent. Elles sont aussi douées d’une vertu
carminative très-marquée, et peuvent être utiles, sous ce
5
s74 | OMBELLIFÈRES.
rapport, aux personnes sujettes aux coliques flatulentes, ou
attaquées de tympanite. L’infusion à la dose d’un gros par
inte de vin ou d’eau , et la poudre à la dose d’un scrupule,
sont les formes sous lesquelles on les prescrit ordinaire-
ment. On les fait cependant quelquefois confire dans du
sucre.
La racine possède à un degré plus faible les propriétés
des graines; elle peut s’employer dans la préparation d’apo-
zèmes et de lavemens carminatifs. On en faisait autrefois
un usage fréquent pour résoudre les engorgemens des ma-
melles, et alors on l’apphiquait sur la partie malade après
lavoir réduite en pulpe.
L'huile volatile, retirée des graines, est conseillée pour
faire des fomentalions sur l’abdomen, dans les cas de coli-
ques; et pour s'en servir, on la mêle avec l'huile d'amandes
douces. On peut aussi la donner à l’intérieur, à la dose de
quelques gouttes sur du sucre ou dans un véhicule conve-
nable. Les fomentations faites avec la décoction de la ra-
cine et des semences ont les mêmes propriétés; mais, en
général, lés différentes parties du Carvi ne sont pas aujour-
d’hui fréquemment employées , non plus que diverses pré-
parations pharmaceutiques dans lesquelles elles entrent.
En Allemagne, en Hollande , en Angleterre, on pétrit
la poudre des graines avec de la farine pour en faire une
espèce de biscuit. On s’en sert aussi, à cause de son odeur
agréable, pour aromatiser des bouillons, des gâteaux et
d’autres alimens. Elle convient pour assaïsonner les alimens
venteux. Certaines hordes tartares s’en nourrissent dans le
besoin , en la mangeant seule ow bouillie dans du lait, Les
Circassiens en font une sorte de pain. Les distillateurs d’eau-
de-vie de grain ÿ ajoutent les grames de Carvi pour la
rendre plus piquante.
161° Genre. — BOUCAGE. PIMPINELLA. Lin.
Collerettes nulles. Calice entier. Pétales presque égaux ,
un peu en cœur, légèrement courbés à leur sommet, Stig-
males presque globuleux. Fruit ovale-oblong, strié,
BOUCAGE $AXIFRAGE, vulgairement petit Persilde bouc,
petit Boucage, petite Bouquetine, petite Pimpinelle.
Pimpinella Saxifarga. Lin. Spec. 578. — Jac. Flor.
Aust. Le 39). — Saxifraga paiva. Pharm.
Sa racine , qui est simple, ridée, blanche, vface', pousse
A
OMBELLIFÈRES. 97
une tige haute de 1 pied et demi ou environ, grêle , ra-
meuse, peu garnie de feuilles, qui sont presque toutes radi-
cales, ailées, composées de 5 à 7 folioles ovales-arrondies:
incisées ou lobées , la terminale étant trifide. Les feuilles
caulinaires sont très-petites et à divisions linéaires, quel-
quefvis simples dans le haut de la tige. Les fleurs sont
blanches , penchées avant la floraison , disposées en ombelle
de 10 à 12 rayons. Cette plante fleurit en été et habite les.
pelouses, les montagnes et les prés secs.
Les racines, les feuilles et les semences de Boucage sont em-
ployées en infusion, en décoction et en poudre, comme diu-
rétiques et sudorifiques. On faisait autrefois des cataplasmes
avec les feuilles pour déterger les vieux ulcères. La graine
passe pour posséder les mèmes propriétés que celle du Per-
sil, et peut la remplacer dans beaucoup de circonstances.
La poudre de la racine à été conseillée à l’intérieur , sous
la forme de pastilles, pour relever le ton de l'estomac, et
prévenir les coliques qu'occasionnent les mauvaises diges-
tions. Cette racine était aussi employée autrefois comme
masticatoire pour faire cesser les douleurs de dents. L'eau
distillée de Bousage a été vantée, comme cosmétique, pour
blanchir la peau du visage, et pour en enlever les taches ;
elle est maintenant lombée dans l'oubli, et la plante elle-
même n'est que fort peu usitée.
BoucAGEe Anis , vulgairement Anis.
Pimpinella Anisum. Lin. Sp. 599.—Anisum. Blackw:
Herb. t. 574. — Pharm.
Sa racine est annuelle, petite, blanche, garnie de fibres
menues ; elle donne naissance à une tige striée, pubescente,
un peu rameuse, dont les feuilles radicales sont composées
de 2 folioles, cunéiformes à leur base, arrondies et dentées
vers leur sommet. Les feuilles supérieures sont ailées, à
folioles, plus étroiles et incisées profondément. Les fleurs
sont petites, blanches, disposées en ombelles, souvent mu-
nies d’une collerette à 1 seule foliole. Les fruits sont con-
vexes, cannelés, pubescens, d'un vert foncé, d’une odeur
et d’une saveur aromalique , un peu piquante, mais douce
et agréable. Cette plante croît naiurellement en Italie, en
Egypte et dans le Levant ; on la cultive dans la Tourraine
et dams plusieurs autres parties de la France.
La graine d'Anis, seule partie que l’on emploie, est re-
Ga
17
276 OMBELLIFÈRES.
gardée comme un excellent stonachique et un carminalif
des plus puissans. 11 paraît que c’est dans l'huile volatile que
résident ses propriétés essentielles, et on croit qu’elle exerce
une action antispasmodique particulière sur le canal intes-
tina] dont elle fait cesser la dilatation atonique, de sorte que
souvent elle enlève, comme par enchantement , les douleurs
produites par le développement et le séjour des gaz dans
les intestins. Elle serait au contraire déplacée toutes les fois
‘qu'il y aurait des symptômes inflammatoires. L’Anis passe
en outre pour jouir de propriétés apéritives et diurétiques
marquées, et pour procurer le rétablissement des évacuations
menstruelles supprimées. La dose est de 12 à 56 grains en
poudre dans du vin ou dans tout autre liquide; en infusion ,
on le donne à 1 gros par pinte d’eau. On fait quelquefois
mâcher les graines nues ou couvertes de sucre pour masquer
la fétidité de l’haleine. On croit avoir observé quel’ Amis agit
d’une manière spéciale sur les mamelles, qu’il favorise leur
travail sécrétoire, et qu'il communique son odeur au lait
des femmes qui en font usage.
Son huile essentielle est usitée pour aromatiser une grande
quantité dé préparations médicinales : on en ajoute quel-
quefois aux cathartiques très-énergiques, pour les empêcher
d’occasionner des coliques. Elle entre aussi, de même que
les semences, dans la confection de ratafias très-agréables,
qui ont une partie des propriétés de l’Anis, et agissent de
la même manière que lui. Les graines d’Anis font partie de
beaucoup de compositions pharmaceutiques , dont les plus
usitées de nos jours sont la thériaque et les sirops d’Armoise,
d'Erysimum et de Roses pâles.
16° Genre. — ACHE. APIUM. lan.
Collerettes nulles ou composées de 1 à 3 folioles. Calice
“entier. Pétales arrondis, égaux, fléchis au sommet. Fruit
ovoïde ou globuleux , marqué de nervures saillantes.
ÂCHE DES MARAIS, vulgairement Ache, Céleri.
Apium graveolens. Lin. Spec. 579.— Æpium. Blackw.
Herb. 1. 445. — Apium et Apium dulce. Pharm.
Sa racine est bisannuelle , blanchâtre, de la grosseur du
doigt, divisée en fibres plus menues; elle a une saveur désa-
gréable, âcre, un peu amère, et une odeur fortelet aroma-
tique. Sa tige est haute de 2 pieds, rameuse, sillonnée,
OMBELLIFÈRES. 297
* glabre, garnie de feuilles longuement pétiolées, une ou deux
fois ailées, composées de 5 à 7 folioles, lisses, larges et lobées
inférfeurement , cunéiformes et incisées supérieurement. Ses
fleurs sont d'un blane jaunâtre , disposées en ombelles termi-
nales ou latérales, presque sessiles, composées de rayons assez
nombreux. Cette plante croît au bord des ruisseaux et dans
les marais: elle fleurit en juin et juillet.
La plante qui vient d’être décrite est connue sous le nom
spécial d’Ache. Il en existe deux variétés qui sont cul-
tivées, et qui en diflèrent par leur saveur agréablement
piquante et aromatique. L'une porte le nom de Céleri, et
se fait remarquer par la grandeur et la force de toutes ses.
parties ; l’autre se distingue à la grosseur de sa racine qui
égale presque celle d’un Navet:; ce qui la fait appeler
Céleri-rave.
La racine d’Ache est une des racines apéritives majeures
des anciens formulaires. Elle passe pour avoir la propriété
d’exciter la sécrétion des urines, et elle est recommandée
dans l’hydropisie, surtout dans l’ascite, On la conseille ausst
dans l’asthme et dans le scorbut. Anciennement elle était
regardée comme vulnéraire, résolutive et diaphorétique ,
facultés presque nulles dans celte plante, et pour lesquelles
ou ne l’emploie plus aujourd’hui. On a prétendu que son
usage pouvait être dangereux pour les épileptiques et pour
les femmes enceintes. On la donne à la dose d’une demi-
once ou d’une once en infusion dans une pinte d’eau.
Les feuilles ne sont d’aucun usage ; on en donnait autre-
fois le suc à la dose de 4 onces au commencement de l’ac-
cès, dans les fièvres imtermittentes,
Les graines étaient comptées anciennement parmi les
quatre petites semences chaudes. Elles sont légèrement diu-
réliques et carminalives , mais ne s’emploient que fort rare-
ment, parce qu’on possède un grand nombre de substances
qui sont douées de ces propriétés d’une manière bien plus
posiuve.
Le Céleri et le Céleri-rave sont d’un usage très-fréquent
comme aliment. Les pétioles étiolés et la racine se mangent
en salade où accommodés de diflérentes manières ; on en
met aussi dans les potages. On rejelte les feuilles qui sont
vertes , à cause de leur dureté et de leur saveur peu agréa-
ble. Le Céleri est tonique , stimulant, échauffant. On pré-
parait autrefois dans les pharmacies uñ sirop et une con-
ÈME
.
276 OMBELLIFÈRES.
serve d’Ache , el sa racine, ses feuilles ou ses graines en-
traient dans plusieurs compositions officinales : toutes ces
préparations sont tombées en désuétude, ou bien peft em-
ployées par les médecins modernes.
ACHE PERSIL, vulgairement Persil.
ÆApium Petroselinum. Lin. Spec. 579. — Æpium hor-
tense Petroselinum. Blackw. Herb. t. 172. — Petrose-
linum. Pharm.
Sa racine est allongée, blanchâtre, bisannuelle; elle pro-
duit une tige droite, striée, rameuse, haute de 3 à 4 pieds,
munie de feuilles deux fois ailées, à folioles ovales, cunéi-
formes , incisées inférieurement, et linéaires dans la partie
supérieure. Les fleurs sont d’un blanc sale, disposées en
ombelles terminales, composées de 7 à 8 rayons, munies à
leur base d’üne collerette formée par une seule foliole ; les
ombellules ont un involucelle de 3 à 4 folioles étroites. On
en trouve une variété dont les feuilles sont d’un vert foncé,
divisées en lobes larges, et dont les racines sont plus grosses
et d’une saveur douceâtre. Le Persil fleurit en été, et croît
dans les lieux ombragés de la Provence; on le cultive dans
tous les Jardins du reste de la France.
La racine de Persil est apéritive et diurétique. On la con-
seille, de même que celle d’Ache, dans l’hydropisie. On
l'employait fréquemment autrefois, ainsi que les feuilles,
pilées et sous la forme de cataplasme, dans les contusions
des mamelles et dans toutes sortes de contusions en général ;
mais celte plante est aujourd’hui négligée sous ce rapport,
de même que la plupart de celles qu’on faisait servir au
même usage, à titre de vulnéraires. C’est cependant encore
un remède populaire. Lorsqu'on prescrit la racine de Persil
à l’intérieur, la dose est d’une once par livre de décoction,
quand elle est récente, et de 2 gros à une demi-once lors-
qu'elle est sèche. On en a aussi conseillé le suc à la dose
d’une à 2 onces.
Les semences sont carminatives, et se donnent à la dose
de 12 à 56 grains en substance, ou à 1 gros en infusion pour
2 livres d’eau.
Les feuilles de Persil sont un assaisonnement très-usité,
el utile pour exciter l’appélit et pour favoriser la digestion.
DIPSACÉES,
HI: CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; MONOPÉTALES
INFEROV ARIÉES.
Ÿ.
us,
Le]
Famille XLVI.
DIPSACÉES.
Les plantes de eette famille se distinguent aux caractères
suivans : Plusieurs fleurs rassemblées sur un réceptacle com-
mun; chacune d’elles étant composée d’un calice mono-
phylle double ; d’une corolle monopétale , tubuleuse, divisée
en son limbe ; de 4 étamines ; d’un ovaire inférieur , à style
terminé par 1 stigmate simple ou divisé. Le fruit est 1 cap-
sule monosperme, ne s'ouvrant pas el ayant l'apparence
d’une simple graine.
Les Dipsacées sont des herbes à feuilles opposées et à fleurs
terminales. Elles sont peu recommandables sous le rapport
de leurs propriétés médicinales; elles ne sont que légère-
ment amères et toniques, et leur usage est assez borné, On
les emploie comme sudorifiques et dépuratives,
165° Genre. — CARDÈRE. DiIPrsACUSs. Lin.
Fleurs réunies en tête conique ou hémisphérique sur un
réceptacle hérissé de paillettes, et muni à sa base d’un invo-
lucre composé de plusieurs folioles. Calice double, persis-
tant, entier en ses bords. Corolle à tube court, ayant son
limbe à 4 lobes. # étamines saillantes. 1 stigmate simple.
Graine oblongue, anguleuse, couronnée par les 2 calices.
CARDÈRE A FOULON, vulgairement Chardon a bonne-
{er ou à foulon.
Dipsacus fullonum. Lin. Spec. 140.— Regnault, Bot.
t. 10, — Dipsacus. Pharm. 4
Sa racine est assez grosse, blanche, bisannuelle , d’une
saveur légèrement amère et presque inodore ; elle donne
naissance à une tige droite, ferme, cannelée, garnie de forts
aiguillons; les feuilles sont étalées à la base, sessiles, connées,
S 4
280 DIPSACÉES.
_et forment autour des tiges des espèces d’entonnoirs dans
lesquels s’imasse l’eau des pluies. Les fleurs sont d’un pour-
pre clair, en tête oblongue , grosse ; leurs paillettes sont
recourbées en crochet au sommet, et légèrement ciliées sur
les bords. Cetle plante croît sur le bord des chemins; elle
fleurit en juin et juillet.
La racine du Chardon à foulon était regardée autrefois
_comme un bon apérilif et comme un diurétique puissant ;
mais des expériences faites avec soin et sans imparlialité,
ont prouvé que ses propriétés étaient presque nulles, et ne
méritaient pas de la faire employer ; c’est pourquoi, de nos
jours , elle est tombée en désuétude. On la donnait spécia-
lement en décoction à la dose d’une once par pinte d’eau.
Certains auteurs n’ont pas craint d’assurer autrefois que l’eau
qui se trouvait dans la cavité formée par l’union des feuilles
qui embrassent la tige, était excellente pour apaiser lin-
flammation et la rougeur des yeux , et pour blanchir la
peau.
L'usage de cette plante, dans les arts, est beaucoup plus
étendu qu’en médecine, Ses têtes servent aux bonnetiers et
aux drapiers à tirer les laines de leurs ouvrages. C’est pour
ce but qu’on Ja cultive dans plusieurs cantons.
164° Genre. — SCABIEUSE. SCABIOSA. Lin.
Fleurs portées sur un réceptacle commun, garni de pail-
lettes ou de poils roïdes , ou quelquefois nu. Calice persis-
tant ; l’extériéur membraneux ou scarieux en ses bords;
l'intérieur terminé par 5 arètes. Corolle à tube oblong,
ayant son limbe partagé en 4 ou 5 lobes souvent inégaux.
# étamines saillantes, Stigmate échancré. Graine couronnée
par les 2 calices.
SCABIEUSE DES CHAMPS, ou SCAPRIEUSE DES PRÉS.
Scabiosa arvensis. Lin. Spec. 145. — Scabiosa pra-
tensis hirsuta. FL Dan. t. 447. — Scabiosa. Pharm.
Sa racine esl fibreuse , grisätre, vivace ; elle pousse une
tige haute de 2 à 5 pieds, rameuse, velue, garnie de feuilles
opposées , pétiolées; les inférieures à peine pinnatifides; les
supérieures presque ailées ou profondément pinnalifides, à
découpures oblongues ou linéaires. Les fléurs forment des
iêtes hémisphériques , portées sur de longs pédoneules à
lextrémilé de la Uge et des rameaux, Ces fleurs'sont d’un
DIPSACÉES. 281
bleu-cendré, et les corolles extérieures sont plus grandes
que celles du centre. Cette plante se trouve fréquemment
dans les prés et dans les champs; elle fleurit pendant tout
Pété.
Le nom de Scabieuse vient de Scabies gale ; il fut donné
à cette plante à cause des propriétés anti-psoriques qui lui
ont été attribuées. On l’a regardée aussi comme apéritive,
sudorifique , dépurative , et même comme alexitére. On en,
faisait autrefois usage dans la rougeole, la petite-vérole, les
fièvres malignes, lescatarrheschroniques, les toux opiniätres.
Aujourd’hui son usage est borné aux maladies de la peau,
et même, dans ce dernier cas, il paraîtrait , d’après les ex-
périences que M. Alibert a faites sur celte plante, qu'on
pourrait révoquer en doute l'efficacité des propriétés qui lui
ont été attribuées par les anciens médecins. Quoi qu'il en
soit, on la prescrit encore souvent dans la gale et les ma-
ladies darireuses. On fait prendre la décoction de ses feuilles
dans l’eau , à La dose d’une demi-poignée à une poignée par
pinte. On peut aussi en faire prendre le suc exprimé, lors-
qu’elles sont fraîches, depuis 2 jusqu'à 4 onces. L'eau dis-
üllée n’est plus en usage.
SCABIEUSE SUCCISE, vulgairement Mors-du- Diable,
Remors-du-Diable, Scabieuse des bois, Succise.
Scabiosa Succisa. Lin. Spec. 142.— Morsus Diaboli
vel Succisa. Blackw. Herb. t. 142. — Pharm.
Sa racine est vivace, comme tronquée et rongée à son
extrémité; elle donne naissance à une tige haute de 1 à
2 pieds , cylindrique, feuillée, presque simple. Ses feuilles
inférieures sont péliolées, ovales-oblongues, entières, souvent
chargées de quelques poils assez longs ; celles de la tigesont
lancéolées , rétrécies à leur base, un peu soudées ensemble ,
ordmairement très-entières , quelquefois dentées ou mème
incisées, et disposées par paires , un peu écartées. Ses fleurs
sont terminales, loñguement pédonculées, souvent au
nombre de trois; elles forment des têtes légèrement con-
vexes; les fleureties dont elles sont composées ne sont
point inégales entre elles, et leur involucre est fort court. On
trouve celte plante dans les bois, sur les collines et dans les
pâturages; elle fleurit depuis le mois de juillet jusqu’en
septembre.
Toutes les parties de ceite plante ont une saveur astrin-
262 DIPSACÉES.
gente et amère qui les font employer depuis les temps les
plus reculés comme un excellent remède contreles maladies
de la peau, et on préfère même généralement celte espèce,
sous cé rapport, à la Scabieuse des champs. Autrefois on s’en
servait en gargarisme dans les maux de gorge. Césalpin
regardait sa racine comme un excellent antidote; d’autres
l'ont recommandée comme un très-bon remède contre
l'hydropisie. Aujourd’hui on n’en fait plus d'usage que dans
les maladies de la peau , et c’est la décoction des feuilles
sèches ou fraîches, ou le suc qu’on en exprime dans ce der-
nier état, que l’on prescrit aux malades.
Famille XL VII.
RADIÉES.
Dans les plantes de cetie famille, les fleurs sont toujours
portées plusieurs ensemble sur un même réceptable, et
réunies dans un calice commun , composé d’un ou plusieurs
raugs de folioles. Ces fleurs sont en général très-petites, de
deux sortes ; elles forment , par leur réunion, une fleur
composée. De ces petites fleurs, les unes sont entièrement
tubuleuses (on les nomme Æ/eurons), presque toujours
hermaphrodites; elles forment le centre ou le disque de la
fleur composée : les autres, seulement tubuleuses à leur
base , en languette dans le reste de leur étendue (ce sont les
demi-fleurons ), souvent femelles, disposées à la circonfé-
rence, forment la couronne ou les rayons. Chaque fleuron
hermaphrodite a 5 étamines, dont les filamens distincts
portent des anthèressoudées ensemble, formantun cylindre,
traversé par lestyle, qui est terminé par un stigmate bifide.
Dans les demi-fleurons femelles, il n’y a qu’un style pareil à
celui des fleurons hermaphrodites. Chacun des fleurons ou
demi-fleurons a son ovaire particulier, sur lequel il est
porté, et quidevient après la fécondation une graine simple, .
nue ou chargée d’une aigrette.
Les Radiées indigènes sont'des plantes herbacées à feuilles
alternes, rarement opposées, souvent divisées ; à fleurs le
plus souvent terminales, solitaires, en corymbe ou en
grappe. Leur disque’est toujours jaune, et les rayons sont
de la même couleur ou blancs, rarement colorées autre-
ment.
RADIÉES. . 265
Beaucoup de Radiées sont douces de propriétés lrés-pro-
noncées, qu’elles doivent à un principe aromatique et
volatil qu’on en retire sous la forme d’une huile essentielle;
elle sont en mème temps plus ou moins amères, ce qui
ajoute à leur qualité stimulante une vertu tonique. On les
emploie en médecine sous ces deux poinis de vue; et de ces
deux qualités principales dérivent d’autres propriétés secon-
daires, qui permettent d’en faire l'application dans des cas
différens. Les unes, ainsi queles Camomilles, sontemployées
comme fébrifuges, vermifuges, antispasmodiques; les
autres, telles que la Matricaire , la Maroute , le Souci, pa-
raissent agir plus particulièrement sur l'utérus, et on s'en
sert dans les maladies atoniques de cet organe, La racine
d’aunée, utiledans les mêmes cas, est en outre stomachique,
fondante et diurétique. Dans les achillées, les unes sont as-
tringentes , Les autressudorifiques ; la racine de l’une d'elles,
et celles de plusieurs plantes de la famille, sont äcres et
sialagogues. Les fleurs d’Arnica, plus fortement excitantes
peut-être que celles d'aucune autre espèce de la même fa-
mille, deviennent émétiques à haule dose; autrement on
s’en sert avec avantage dans les fièvres intermittentes et la
paralysie. Beaucoup moins actives au contraire , les fleurs
du Tussilage sont employées comme béchiques, légèrement
sudorifiques ; et en cela elles s’écartent des facultés générales
de Ja famille, ainsi que lesracines de l'Héliante tubéreux ,
qui, par leur qualité douce et mucilagineuse, sont ali-
mentaires,
165° Genre. — ACHILLÉE. ACHILLEA. Lin.
Calice commun ovoïde ou hémisphérique , composé
d’écailles foliacées, imbriquées, serrées. Fleurons du disque
hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence femelles
et en petit nombre. Réceptacle plan, garni de paillettes.
Graines entièrement nues.
ACHILLÉE MILLEFEUILLE , vulgairement Méllefeuille,
Herbe au charpentier , Herbe à la coupure.
Achillea Millefolium. Lin. Spec. 1267.— Millefolium.
Blackw. Herb. (18,
Sa racine est horizontale, noivâtre, fibreuse, vivace ;
elle produit une ou plusieurs tiges droites, simples dans leur
parte inférieure, plus ou moins rameuses dans la supé-
20E RADIÉES. È
rieure, hautes de 1 à 2 pieds, velues 2 garnies de feuilles
oblongues, ailées , pubescentes, découpées en denombreuses
folioles incisées três-profondément en divisions menues, où
mème prinnatifides. Ses fleurs sont pêtites, ordinairement
blanches, quelquefois rougeâlres, nombreuses, disposées
en corymbe terminal. Les Toholes de leur calice commun
sont bordées d’une ligne rougeûtre , et les demi-fleurons de
la circonférence sont au nombre de cinq. On trouve cette
plante dans les pâturages, le long des chemins, et sur les :
bords des champs ; elle fleurit en juin , Juillet et août.
La Milefeuille est un peu amère et aromatique. On
l'employait autrefois comme astringente, et surtout comme
vulnéraire , et c’est de la propriété qu’on lui supposait pour
la guérison l'es plaies et des blessures que lui sont venus ses
noms d'Herbe à la coupure et d’Herbe au charpentier. Outre
l'usage externe qu'on en faisait en l’applicant sur les plaies
récentes ou anciennes, on la donnait à l’intérieur dans les
pertes utérines, le crachement de sang; on la croyait
propre, après la vomique, à cicatriser les ulcères du poumon
et de la plèvre; on l’employait aussi pour les flux de ventre, la
leucorrhée. 1 décoction des feuilles à la dose de 1 à 2 poi-
gnées dans 1 pinte d’eau ; leur suc exprimé lorsqu elles
étent fraiches , à la dose de 2 à 6 onces, ou 1 à 2 gros de
leur poudre quand elles élaient sèches , étaient les prépara-
tions ordinaires qu'on faisait prendre aux malades. Ses
racines ont, dit-on, une odeur de camphre; ce qui les a
fait proposer pour remplacer la serpentaire de Virginie,
qui à une odeur semblable. Mais aujourd’hui, sous tous ces
rapports, la Millefeuille est presque entièrement tombée
dans l'oubli. Aïnsi que le shop particulier qu'on en prépa-
rail dans les pharmacies , quelques compositions officinales
dans lesquelles elle entrait, sont, excepté l’eau vulnéraire,
qui est un remède populaire, bien peu usitées par la plupart
des médecins.
ACHILLÉE STERNUTATOIRE, vulgairement Æerbe à
cternuer , Bouton AAA Ptarmique.
Aclhillea Piarmica. Lin. Sp. 1266. 5 F1. Dan. t. 645.
Sa racine est cylindrique , de la grosseur d’une plume à à
écrire, rampante, garnie de fibres menus; elle donne nais-
sance à plusieurs tiges cylindriques, glabres, simples
inférieurement , droîtes, hautes de 1 pied ‘et demi à 2 pieds.
RADIÉES. 205
Ses feuilles sont éparses, sessiles, linéaires-lancéolées, bordées
* de dents très-aiguës et nombreuses, La tige se divise dans sa
partie supérieure en quelques rameaux portant à leur som-
met plusieurs fleurs blanches, disposées en corymbe. Cette
lante se trouve assez fréquemment dans les prés humides ;
elle fleurit en juillet et août.
Les feuilles fraîches de l’Achillée sternutatoire ont une
saveur âcre el brûlante; séchées, réduites en poudre et
prises par le nez, elles font éternuer ; mais il est fort rare
qu'on en fasse usage de celte maniêre. Si l’on mâchesa racine,
elle excite la salivation et peut être ulile pour apaiser les
douleurs de dents. Certaines personnes se servent de ses
feuilles vertes comme assaisonnement ; elles en mettent dans
les salades pour leur donner une saveur relevée et piquante.
ACHILLÉE NAINE, vulgairement dans les Alpes, Génipi
blanc.
Achillea nana. Lin. Spec. 1267. — AL Flor. Ped.
n. 663. t. 9. £ 2. — Millefolium alpinum. Pharm.
Sa racine est traçante, brunälre, vivace ; elle produit
une ou plusieurs tiges hautes de 5 à 4 pouces, simples,
chargées d’un duvet cotonneux et blanchâtre. Ses feuilles
sont allongé ailées , très-cotonneuses, composées de
folioles très-pétttes , aiguës, simples ou incisées-pinnatifides ;
les inférieures pétiolées , les supérieures sessiles. Ses fleurs
sont disposées en un corvmbe serré , terminal et ombelli-
forme ; leur disque est jaune , et les demi-fleurons de la
circonférence sont blancs. Cetteespèce croîtsur les sommets
des montagnes de la Provence, du Dauphiné et de FAu-
vergne.
ÂCHILLÉE NOIRE, vulgairement dans les Alpes, Genépi
ou Génipi.
Achillea atrata. Lin. Spec. 1267.— Jacq. Flor. Aust.
t. 77. — Matricaria Alpina. Génipi Sabaudorum.
Pharm.
Sa racine est horizontale, brunâtre , vivace; elle donne
naissance à une tige droite, simple, pubescente, haute de
6 à 10 pouces, garnie de feuilles ailées, presque sessiles,
glabres, composées de folioles linéaires, acuminées, simples
ou divisées. Ses fleurs sont portées sur des pédoncules
pubescens et disposées en un corymbe terminal; elles ont
206 RADIÉES.
leur disque jaune , les rayons de la circonférence blancs,
et les écailles de leur calice commun entourées d’une large
bande noire. Cette plante croît sur les sommets des Alpes du
Dauphiné ; elle fleurit en juillet et août.
L”Achillée naine et l’Achillée noire ont une odeur et une
saveur aromalique , fort agréables. Les habitans des Alpes
de la Suisse et de la Savoie les emploient dans beaucoup
de maladies; ils les regardent presque comme une panacée
universelle, et ils en font surtout usage dans les affections
inflammatoires de la poïfrine, en les prenant en infusion
aqueuse et théiforme, afin de se procurer des sueurs abon-
dantes ; mais la saine raison réprouve l'usage de ce médica-
ment, dont l’action stimulanteetl échauffante estéminemment
contraire dans des cas où l'emploi d'un traiternent anliphlo-
gistique paraît le seul convenable. Si ces bons montagnards
ne succombent pas plus souventen se servantde tels moyens,
il faut sans doute l’attribuer à la force de leur constitution.
Les Génipis sont peu connus et nullement employés ailleurs
qu'en Suisse et en Savoie.
Accés HERBA-ROrA , vulgairement dans les A] pes,
Herba-rota.
Achillea Herba-rota. Ail. FI. Ped. nc. t9.f. 3:
Sa racine est horizontale, brunätre ; elle produit plusieurs
tiges redressées, simples , hautes de Sa à 6 pouces, garnies,
surtout dans leur partie inférieure , de feuilles oblongues,
glabres, ainsi que toute la plante , ou légèrement pubes-
centes, rétrécies en coin à leur base, obtuses et dentées à
leur sommet. Ses fleurs sont blanches, pédonculées, dispo-
sées, au nombre de 5 à 6 ensemble, en un corymbe terminal.
Cetle plante croît dans les Hautes-Alpes du Dauphiné; elle
fleurit en juillet et août.
L’Æerba-rota a une saveur amére, âcre , aromatique,
et une odeur forte, balsamique, qui se conserve pendant
plusieurs années. Elle est en grande réputation chez les ha-
bitans des Alpes du Piémont ; ils l’emploient dans-presque
toutes leurs maladies. Allioni, qui la compare pour les pro-
priétés à Ja Camomille, à la Matricaire et à la Tanaisie , la
croit plus active que ces plantes, et il l'estime particulière-
ment comme sudorifique, vermifuge , carmiuative ; emmé-
nagogue el fébrifuge,
RADIÉES. 207
166° Genre, = CAMOMILLE. AÂNTHEMIS.
4
Calice commun hémisphérique, composé d’écailles
linéaires , presque égales , serrées , imbriquées, Fleurons du
disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence
femelles. Réceplacle convexe ou conique , garmi de pail-
lettes. Graines oblongues, couronnées par une membrane
entière ou dentelée. \
CAMOMILLE NOBLE, vulgairement Camomille romaine,
Camomille odorante. +
Anthemis Nobilis. Lin. Spec. 1260. — Chamæmelum
romanum. Blackw. Herb. t. 526. — Pharm.
Sa racine est petite, horizontale, vivace, d’une odeur
agréable, et d’une saveur amère , ainsi que toute la plante ;
elle donne naissance à une tige couchée à sa base, et divisée
en quelques rameaux redressés, uniflores, hauts de 8 à
10 pouces, garnis de feuilles deux fois ailes, à folioles
linéaires , pubescentes, souvent trifides. Ses fleurs sont
terminales, portées sur de longs pédoncules; leurs rayons
sont blancs, leur disque est jaune , et leur calice commun
est velu, composé de folioles blanchätres. Cette plante croît
sur les pelouses sèches et sur les bords des bois; elle fleurit
en juin et juillet. On en cultive dans les jardins une variété
à fleurs doubles.
La Camomille romaine est amère, tonique, stomachique,
carminative , fébrifuge antiseptique, vermifuge , anodine,
antispamodique, anti-hystérique. Les parties qu'on emploie
en médecine sont les fleurs, et l’on préfère en général, pour
l'usage, celles qui sont doubles, quoique les simplesparaissent
cependant être ausst actives. On s’en sert fréqueniment dans
les fiëvres d'accès, où elles produisent souvent de très-bons
effets. L'action très-marquée qu’elles paraissent avoir sur les
parties génitales de la femme , fait qu’on les donne aussi dans
la suppréssion des règles et dans les maladies hystériques.
On s’en sert aussi dans les coliques causées par les flatuosités ,
et souvent alors ün les administre en lavement. Où les à
dorinées avec succès comme vermifage. On a remarqué que
leur infusion, prise inimédiatement après l’émétique , dé-
terminait la purgation par bas, et qu'elle empêchait le
vomissement ; tandis qu’elle le provoquait quand on la pre-
nail au moment où les nausées ccmmençaient à se déclarer.
268 RADIÉES.
Les fleurs de Camomille romaine se prescrivent en nalure
et en poudre depuis un demi-gros jusqu'à un gros: le plus
souvent on les fait prendre en infusion théiforme à la quan-
tité de 6 à 12 fleurs pour une pinte d’eau ; elles communi-
quent à celles-ci une couleur verdâtre. Quand la plante
est fraîche, on peut en donner le suc à la dosede 1 à 2 onces.
On en prépare, dans les pharmacies, une eau distitlée ,
qu’on fait entrer dans les potions antispasmodiques ; une
huile par infusion et par coction, que l’on emploie extérieu-
rement comme résolutive. On en retire aussi par la distil-
lation uneçhuile essentielle, qui est d’un bleu-verdâtre, qui
jouit de toutes les propriétés des fleurs elles-mêmes, et
que l’on donne par gouttes dans les potions. Au reste, ces
fleurs entrent dans beaucoup de compositions officinales
qui, pour la plupart, ont vielli et ne sont plus en usage
maintenant.
CaAmMomILLE PUANTE, vulgairement Maroute.
Anthemis cotula. Lim. Spec. 1261. — Cotula fœtida,
Blackw. Herb. t 67. — Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle produit une tige
haute de 1 à 2 pieds, rameuse , étalée, garnie de feuilles
deux fois ailées, d’un vert assez foncé, glabres, à décou-
pures menues el pointues, entières ou incisées. Ses fleurs
sont terminales; elles ont leur disque jaune et les rayons
blancs ; les écailles de leur calice sont étroites et un peu
blanchâtres en leurs bords. Cette plante n’est pas rare dans
les champs, les décombres et sur le bord des chemins; elle
fleurit en juin et juillet.
La Maroute a une odeur forte et fétide qui fait qu’on
J'emploie beaucoup moins en médecine que la Camomille
romaine dont elle a d’ailleurs toutes les vertus. Ses usages
sont bornés aux maladies hyslériques, et comme on.crait
qu'elle agit particulièrement sur l'utérus, on la conseille
aussi pour déterminer la menstruation diflicile, ou, pour
rappeler les règles supprimées , on la donne en poudre ou
en infusion comme la Camomille romaine; elle est surtout
utile en lavement. Peyrilhe dit lavoir employée ayec suc-
cès, à forte dose, contre des fièvres intermittentes rebelles
au Quinquina,
RADIÉES. 289
CAMONILLE DES TEINTURIERS, Vulgairement Œ@i/ de-
bœuf, fausse Camomille jaune.
Anthemis tincloria. Lin. Spec. 1265.—Buphihalmum
vulgare. Pharm.
Sa racine est dure , presque ligneuse, vivace ; elle produit
une ou plusieurs tiges droites, rameuses, hautes de 1 pied
à 18 pouces, dures, slriées, rougeätres dans leur partie
inférieure, un peu cotonneuses et blanchâtres dans la su-
périeure, garnies de feuilles deux fois pinnalifides, à folioles
dentées, pubescentes et blanchätres en dessous. Ses fleurs
sont enlièrement jaunes, assez grandes, lerminales et soli-
taires sur de longs pédoncules nus et blanchätres. On trouve
cette plante dans les päturages secs et sur les bords des
champs en Languedoc: elle fleurit en juin et juillet.
La Camomille des teinturiers n'a jamais été beaucoup
employée en médecine : elle ne possède qu'à un degré infé-
rieur Ës propriétés de ses deux autres congénères dont il
vient d'être question. On l’a conseillée comme apéritive dans
les maladies du foie, et extérieurement comme détersive,
émolliente et résolutive. Ses fleurs donnent une belle con-
leur jaune dont on se sert dans plusieurs pays pour la tein-
ture des laines. Cetie couleur est aussi très-propre pour la
peinture en détrempe.
167° Genre. — MATRICAIRE. M4TRICARIA4. Lin.
Calice commun hémisphérique, imbriqué d'écailles ai-
guës. Fleurons du centre nombreux, hermapbhrodites. Demi.
fleurons de la circonférence femelles. Réceptacle nu, con-
vexe. Graines dépourvues d’aigrette. *
MATRICAIRE CAMOMILLE , vulgairement Camomille
ordinaire , Camomille commune.
Matricaria Camomilla. Lin. Spec. 1256. — Chamoæ-
melum. Blackw. Herb. t. 296. — Chamæmelum vulgare.
Pharm. ;
Sa racine est fibrense, menue , annuelle; elle donne nais-
sance à une ge rameuse dès sa base, redressée, glabre,
striée', haute de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles
deux fois ailées, à folioles linéaires, glabres, d'un vert gai,
entières , bifides ou trifides. Ses fleurs sont terminales, assez
grandes, solitaires sur leur pédoncule; leur calice est glabre,
T
290 RADIÉES.
composé de folioles scarieuses en leurs bords, presque ob-
tuses ; leur couronne est blanche et leur disque jaune. Les
graines sont anguleuses , faiblement creasées à leur sommet,
et marquées, un peu au-dessous, d’un ou deux points ren-
foncés. Cette plante est commune dans les champs et les
lieux cultivés ; elle fleurit en juin, juillet et août.
Les fleurs de la Camomille commune ont une odeur for-
tement aromatique, qui est encore plus grande dans celles
que la culture à fait doubler, La réputation dont jouit cette
plante en médecine est très-ancienne. Les Grecs avaient
pour elle une grande estime, et avant les Grecs, les Egyp-
tiens, dit-on, s’en servaient pour composer des épithèmes
antifébriles. L'usage de la Matricaire Camomille a passé
jusqu’à nous à travers les siècles. Aujourd'hui les modernes
la regardent comme tonique, stomachique, anti-émétique,
vermifuge , 'emménagogune, antispasmodique, anti-hysté-
rique; et les nombreuses observations qui ont été faites sur
elle dans les fièvres, notamment par Pringle, ne laissent
aucun doute sur son efficacité comme fébrifuge. Les parties
usitées sont les sommités fleuries ; on les donne en poudre
depuis ! demi-gros jusqu’à 1 gros. Plus souvent elles s’ad-
ministrent en infusion théiforme , à la dose de 1 à 4 gros
pour 1 pinte d’eau. On peut aussi prescrire 1 à 2 onces du suc
de la plante fraîche. Les fleurs donnent, par la distillation,
une huile essentielle, d’un bleu verdätre , qu'on fait prendre
par gouttes dansles polions. Au reste, celte espèce est, depuis
quelque temps, moins employée qu’autrefois ; les médecins
ont pris insensiblement l’habitude de la remplacer, dans la
plupart des cas, par la Camomille romaine, qui a une odeur
plus agréable, et qui jouit d’ailleurs des mêmes vertus.
MATRICAIRE -OFFICINALE, vulgairement MWatricaire,
Espargoulle.
Matricaria Parthenium. Van. Spec. 1255. — Bull.
Herb. t. 205. — Matricaria seu Parthenium. Pharm.
Sa racine est fibreuse , bisannuelle ; elle produit ordimai-
rement plusieurs Liges droiles , rameuses dans leur partie
supérieure, et un peu paniculées, hautes de 1 à 2 pieds.
Ses feuilles sont ailées , d’un vert clair, légèrement pubes-
centes, composées de folioles ovales-oblongues, profondé-
ment pinnatifides. Ses fleurs sont de grandeur médiocre,
blanches en leur circonférence , jaunes dans leur disque,
| RADIÉES. * 291
solitaires sur leur pédoncule à l'extrémité de la tige et des
rameaux. Les folioles de leur calice sont velues, scarieuses
etun peu déchirées au sommet ; les rayons de la couronne
sont ovales-oblongs. Les graines sont anguleuses, striées,
Cette plante fleurit en juin et juillet; elle se trouve dans les
champs et dans les décombres; on en cultive dans lesjardins
une variété à fleurs doubles , et c’est élle en général que
l'on préfère pour les usages de la médecine.
La Matricaire joint à une odeur aromatique , très-forte
et très-pénétrante, une saveur amère bien prononcée, ce
qui annonce en elle des propriétés marquées. Celles qu'on
lui a reconnues depuis très-long-temps, et celles qu'on lui
reconnait encore, c'est d'agir principalement comme sti-
mulant de la matrice, et de là lui est venir le nom qu'elle
porte. Sous ce rapport, on l’emploie dans laghlorose, dans
la suppression des menstrues, des lochies, dans les affec-
tions hystériques. On s’est servi plusieurs fois, avec succès,
de son infusion ou de sa décoction données en lavement dans
le météorisme du ventre, chez des vaporeux et des hypo-
condriaques. La Matricaire est aussi un bon fébrifuge et
un bon anthelmintique. On l'emploie en poudre depuis
1 demi-gros jusqu'à 1 gros; en infusion, préférablement à
la décoction, surtoul si c’est pour être donnée en boisson, à
la dose d’un gros à 1 demi-ouce pour 1 pinte d'eau. On pres-
crit aussi le suc purifié dé la plante fraîche, à 1 once ou
2; enfiu on lapplique en fomentation sur l'abdomen, après
l'avoir pilée et fait infuser quelques minutes dans l’eau
bouillante. Pour donner en boisson , on ne se sert ordinai-
rement que des fleurs. Dans les pharmacies, on prépare
avec celles-ci une eau distillée que l’on prescrit, dans les
potions emménagogues, à la dose d’une à 4 onces. On en
retire une huile essentielle que l'on donne de là même ma-
nière, Mais par goulte seulement. Les fleurs, les sommités
ou l’herbe entière font partie de plusieurs compositions offi-
cinales, dont la plus usitée maintenant est le sirop d’Ar-
moise.
166° Genre.—-CHRYSANTHÈME. CHRYSANTHEMUM. L.
Calice coramun hémisphérique, composé d'écailles folia-
cées , imbriquées, dilatées et menibraneusés en leurs bords.
Fleurons du centre nombreux , hermaphrodites. Demi-
UP. 9
292 RADIÉES.
_fleurons de la circonférence femelles. Réceptacle nu. Grai-
nes nues OU couronnées par une membrane saillante.
CHRYSANTHÈME LEUCANTHÈME , vulgairement Grande
Marguerite, Marcuerile des prés, grand @il-de-
bœuf, grande Paquerette.
Chrysanthemum Leucanthemum. Lin. Spec. 1251.—
Bellis major. Blackw. Herb. t. #2. — Pharm.
Sa racine est horizontale, vivace, fibreuse ; elle produit
une ou plusieurs tiges anguleuses, presque simples, un peu
rameuses dans leur partie supérieure, haates de 1 à 2 pieds.
Ses feuilles inférieures sont en spatule, rétrécies en pétiole
à leur base, crénelées ou dentées en leurs bords, gläbres ;
les supérieures amplexicaules, profondément incisées, Ses
fleuts sont grafides , terminales, blanches en leur couronne,
jaunes en leur disque; leurs folioles calicinales sont noi-
râtres à leur sommet , et les rayons de la couronne entiers.
Les graines sont “glabres, cannelées, oblongues, un peu
pointues à leur extrémilé supérieure, Cette plante est très-
commune dans les prairies et dans les champs ; elle fleurit
en mai, juin et juillet.
La grande Marguerite n'est plus en usage de nos jours.
Sa saveur, légèrement âcre et amère, la faisait employer
autrefois comme apéritive, diurétique et dépurative. On la
donnait en infusion et en décoclion, Fille est au nombre des
plantes qui entrent dans l’eau vulnéraire et dans l’eau gé-
LA
nérale.
169° Genre. — PAQUERETTE. BELLIS. Lan.
Calice commun composé de deux rangs de folioles égales,
Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la
circonfrence femelles. Réceptacle nu, conique. Graines
ovales, comprimées, entièrement nues. |
PAQUERETTE VIVACE, vulgairement petite Maroue-
rite, peiile Paquerelle. ;
Bellis perennis. Lin. Spec. 248. — Bellis sylvestris
minor. Blackw. Herb. t. 200. — Bellis minor. Pharm.
Ses racines sont menues, fibreuses, vivaces ; elles pro-
duisent un grand nombre de feuilles ovales-oblongues, r'é-
trécies en pétiole à leur base, très-entières ou chargées de
quelques deuts à leur sommet, presque glabres, étalées en
RADIÉES. 293
roselte. Du milieu de ces feuilles s'élèvent une ou plusieurs
hampes nues, hautes de 5 à 4 pouces, portant chacune à
leur sommet une fleur de grandeur médiocre, dont le disque
est jaune , et la couronne blanche ou rougeâtre, composée
de rayons nombreux, très-étroits. On trouve fréquemment
cette plante sur les pelouses, dans les pâturages et sur les
bords des champs ; on en cultive dans les jardins plusieurs
variétés à fleurs doubles. Elle fleurit presque toute l’année,
excepté pendant l'hiver.
Après avoir élé recommandée comme précieuse dans
beaucoup de maladies, la petite Paquerette a cessé de jouir
de la faveur des médecins, et aujourd'hui la plupart d'entre
eux ne la connaissent plus, ou ne voient en elle qu'une
fleur assez jolie, et ne se doutent pas qu'il fut un Lenips où
on la regardait comme un moyen eflicace de résoudre les
écrouelles , d’apaiser les douleurs de la goutte, les coliques
intestinales , de guérir la pleurésie, l’inflammation du foie,
lhydropisie, l’obstruction des viscères, la phthisie pulmo-
naire. Avec de si merveilleuses vertus, elle tail encore un
des meilleurs vulnéraires connus. {1 faut bien croire que Îes
anciens médecins s’abusaient sur ces prétendues propriétés ,
car si, de toutes celles qu'on lui a attribuées, elle en eût
seulement possédé une ou deux d’une manière positive,
comment eûl-elle été exclue de la malière médicale ainsi
qu’elle l’est aujourd’hui ? L’ancien Codex de Paris l'avait
encore conservée dans l'eau générale et dans l’eau vulné-
raire; mais déjà on ne trouve plus, dans ce formulaire , son
eau dislillée qui se préparait plus anciennement encore.
170° Genre. — INULE. ZNULA. Lan.
Calice commun , composé de folioles imbriquées, étalées,
dont les extérieures plus grandes. Fleurons du centre her-
iaphrodites, ayant souvent leurs anthères prolongtes à
leur base. Demi-fleurons de la circonférence femelles. Ré-
ceptacfe nu. Graines couronnées par une aigrelte.
INULE AULNÉE, vulgairement Aulnée, Aunéez Enula-
campand.
_Inula Helenium. Lin.Sp.1256.— Helenium. Blackw.
Herb.t. 473. — Enula-campana. Pharm. |
Sa racine est épaisse, charnue, vivace, ui peu rameuse,
brune extéricurement, blanche à l'intérieur; elle donne
Fes
29 c RADIÉE
naissance à une tige droite, un peu rameuse dans sa parlie
supérieure , häute de trois À uatre pieds. Ses feuilles sont :
ovales-lancéolées, fort grandes, dentées en leurs bords,
ridées en dessus A Caen en dessous; les radicales
pétiolées , et celles de la tige sessiles. Ses floues sont jaunes,
très-grandes, terminales, et elles ont les écailles extérieures
de leur calice comman élar gies et ovales. Cette plante croît
dans les prés et dans les bois humides des montagnes; elle
fleurit en juillet et août.
La racine d’Aulnée à une saveur un peu âcre, légère-
ment amère, el son odeur aromatique est assez agréable : 2
c’est la seule partie de la plante dont on fasse usage, Elle est
tonique, vermfage, emménagogue, apéritive, résolative,
expectorante, dinrétique et sudorifique. On la prescrit prin-
cipalement dans les cachexies, la chlorose , lhypocondrie,
les engorgemens et l Obstictian des viscères abdominaux,
les hydropisies ; les catarrhes chroniques, l’asthme humide,
les maladies vermineuses des enfans. Les anciens l’ont pré-
conisée comme alexipharmaque, d'où on l’emploie aussi
dans les fièvres putrides et malignes. C’est principalement
a létat de desication et eduitet en poudre qu'on en fait
usage. Sa dose en nature est d’un demi-gros à 2 gros, et en
infusion de 2 à # gros. On prépare dans les pharmacies un
vin d’Aulnée qui est assez employé, et qui est un bon stoma-
chique. On fait avec de la graisse de porc et cette racine en
poudre, une pommade dont quelques praticiens se servent
dans le traitement dela gale. Cette même poudre seule sert
pour déterger les ulcères scorbutiques et de mauvaise nature.
On prépare encore un extrait, une conserve de racine
d’Aunée, et cette racine elle-même ou lés feuilles de la plante
eutrent dans plusieurs compositions officinales, dont les plus
connues aujourd’hm sont la ‘Thériaque et les sirops d’Ar-
moise et d'Erysirum.
INULE DISENTÉRIQUE , vulgairement Æerbe dé Saint-
Roch.
Inula dysenterica. Lin. Sp. 1257. — Conyza aqua-
ica , Asteris flore aureo. Flor. Dan. t. 413.
Sa tige, haute de 2 pieds ou environ, est droite, très-
velue, garnie de feuilles ovales oblongues, amplexicaules ,
mule en leurs bords, d’un vert pâle et légèrement velues
en dessus, cotonnenses et blanchâtres en dessous, Ses fleurs
RADIÉES, 295
sont jaunes, larges d’un pouce, pédonculées et disposées en
corymbe au sommet de la tige et des rameaux. Cette espèce
croît sur les bords des eaux et dans les prairies humides et
marécageuses, Elle fleurit en juillet et août.
La plante entière est un peu âcre et légèrement aroma=
tique. Elle est généralement fort peu employée par les mé
decins, quoique ses propriétés toniques et astringentes pa-
raissent bien eonstatées. Les Russes s’en sont servis avec
beaucoup de suecès dans une dysenterie qui avait attaqué
leur armée pendant une de leurs guerres contre les "Furcs.
171° Genre. — HÉLIANTHE. HELIANTHUS. Lin.
Calice commun, composé d’écailles foliacées, imbriquées,
ouvertes. Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons
de la circonférence stériles. Réceptacle plan, garni de pail-
letles concaves, caduques. Graines couronnées par 2 pail-
lelles aiguës, eaduques.
HÉLIANTHE TUBÉREUX, vulgairement T'opinambour,
Poire de terre.
Helianthus tuberosus. Lin. Spec. 1277.— Jacq. Hort.
Vind. t..161. — Æeliinthemum tuberosum esculentum.
Fharm.
Sa racine est un tubercule irrégulièrement arrondi ,
ovale ou oblong, bosselé, rougeâtre en dehors, très-blanc
en dedans, lequel s’épuise el périt après avoir nourri la üge
qu'il produit , maïs qui, en même temps et avant de se dé-
truire , donne naissance à des fibres rampantes qui s'étendent
çà et là, à la distance de quelques pouces, où elles forment de
nouveaux et de nombreux tubereules semblables à ce qu'était
la racine mère, et par lesquels la plante se multiplie à Finfini.
Sa tige est droite, cylindrique, simple dans sa partie infé-
rieure, grosse comme le pouce ou davantage, haute ce
6 à 10 pieds, rude au toncher, à cause des petits poils qui la
recouvrent. Ses feuilles le plus souvent opposées, quelquefois
ternées, rarement allernes, si ce n'est dans la partie su pé-
rieure des tiges où celte disposition est constante, sont péuo-
Ices, ovales , aiguës, rudes au toucher. Ses fleurs sont jäunes,
larges d’un pouce el demi à deux pouces au plus, disposées
à l'extrémité de la tige et des petits rameaux qui naissent
dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante est
origimaire, les uns disent du Brésil, les autres des mon-
IL 4
296 RADIÉES.
tagnes du Chili; mais elle est aujourd’hui si bien acclimatée
en France et dans une grande partie de l’Europe, qu'on
peut la regarder comme si elle était indigène; elle fleurit
eu septembre et octobre.
. Les Topinambours ne sont d’aucun usage en médecine,
mais ils méritent quelque considération à cause de leurs
propriétés économiques. Leurs tubercules ont une saveur
douce, qui approche beaucoup de celle du cul d’artichaut.
On les mange cuits et assaisonnés de différentes manières.
Plus relevés que la Pomme de terre, ils sont d’ailleurs beau-
Coup moins nourrissans, parce qu'ils ne contiennent pas du
tout de fécule. L’analyse chimique n’y a pas non plus
trouvé de matière sucrée , el la privation de ces deux prin-
cipes qui existent dans la Pomme de terre, fut qu'ils ne
soul pas susceptibles de passer à la fermentation vineuse, ni
à la fermentation panaire. Sous ces deux rapports, ils seront
toujours beaucoup au-dessous de la précieuse racine avec
laquelle l’Europe peut désormais être à l’abri de la disette.
Cependant les Topinambours méritent l’attention des cul-
livateurs; leurs racines peuvent fournir aux bestiaux , pen--
dant six mois de la mauvaise saison, une nourriture qu’ils
aiment beaucoup, et très-propre à les engraisser. Leurs
jeunes liges et leurs feuilles peuvent faire un bon fourrage
au commencement du printemps, et les moutons s’en accoim-
modent, même lorsqu'on les coupe à la fin de l'été pour les
faire sécher et les leur donner en hiver. Les tiges sèches
donnent par incinération une grande quantité de potasse.
192° Genre. — Souci. C4LENDULA. Lin.
Calice commun, composé d’un seul rang de folholes
égales. Fleurons da disque de deux sortes ; ceux du centre
males, ceux qui les entourent hermaphrodites. Demi-fleu-
rous de la circonférence tous femelles. Réceptacle nu.
Graines nues; ceiles de la circonférence comprimées, mem-
braneuses; les intérieures arquées, presque triangulares.
SOUCI CFFICINAL, vulsairement Soucc des jardins.
Calendula officinalis. Lin. Spec. 1304. — Calendula
Blackw. Herb. L 106. — Calendula sive Caltha. Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle; elle produit une tige
anguieuse, velue, un peu visqueuse, ainsi que toute la
RADIÉES. 207
plante, haute de 8 à 12 pouces, divisée en plusieurs rameaux
garnis de feuilles oblongues, entières, sessiles, embrassantes,
d'un vert gai; les inférieures en forme de spatule. Ses fleurs
sont d’un jaune foncé , grandes , terminales. Les graines
de la circonférence sont élargies, courbes et creusées en
forme de nacelle, obtuses et rudes sur leur dos; celles du
centre RRTLON courbées en arc et également rudes sur
leur dos. Cette plante croit naturellement dans les départe-
mens du midi; on la cultive dans les jardins du nord , où elle
se multiplie presque spontanément. Elle fleuri depuis le
mois de juin jusqu ’à la fin d'octobre.
J'outes les parties du Souci official ont une odeur aro-
matique forte, peu agréable, et leur saveur est amère. On
atlribue à he plante la propriété d’être apérilive, sudori-
fique, antispasmodique el surtout emménagogue. C’est
principalement dans ces deux dermères indications qu'on
en fait usage dans la chlorose, la suppression du flux men-
struel, des lochies, et dans les aflec tions hystériques. Peyrilhe
dit que le Souci est un peu narcotique ; d’autres l’ont recom-
inandé contre les ser ophules et dans la pelite- -vérole. Pnën,
on la regardé comme antiseptique, et c'est pour cela qu’on
en préparait autrefois un vinaigre qu on trouve indiqué
comme préservalif des fièvres contagieuses et de la peste. Les
fleurs ou les sommités fleuries ut. les parties de la plante
dont on fait maintenant usage ; on les prescrit en Imfuston à
Ja dose d’un LÉPOSÉ à demi-once pour une pinie d’eau. L'eau
distillée de Souci à un peu vieilli, La conserve des fleurs
n'est plus du tout en usage, et les autres préparations phar-
maceuliques dans lesquelles elles entrent le sont si peu
aujourd’hui, qu'il devient inutile d'en parler.
SOUCI DES CHAMPS, vulgairement Soucz sauvage, Souci
des vignes.
Calendula arvensis. Lin, Spec. 1505.
Cette espèce diffère de la précédente parce qu'elle est plus
petite dans toutes ses par Hes, Pan AE graines du centre
sont forlement arquées, creustes en nacelle d’un côté, hé-
rissées d’aspérités sur leur dos, et parce que celles de la
circonférence sont plus allongées, souvent prolongées en
pointe bifide. Elle croît dans les champs, les lieux cultivés,
les vignes, et fleurit en juir, juillet et août.
Le Souci des champs a les mêmes propriétés que le Souci
298 RADIÉES.
Officinal; il peut être employé à sa place, dans les cas ou ce
dernier est indiqué.
179° Genre. — ARNIQUE. ARNICA. Lin.
Calice commun composé de deux rangs de folioles égales.
Fleurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la
circonférence munis de 5 filamens stériles. Toutes les graines
également munies d’aigrettes. Réceptacle nu.
ARNIQUE DE MONTAGNE, vulgairement Ærnica, Do-
ronic d'Allemagne, Tabac des Vosges, T'abac des
montagnes, Béloine des montagnes, Plantain des
Alpes.
Arnica montana. Lin. Spec. 1245.—Doronicum Aus-
friacum quartum. Flor. Dan. t. 65. — Doronicum sive
Alisma, et Arnica Germanorum. Pharm.
Sa racine est brunâtre, horizontale, vivace, grosse comme
une petite plame à écrire, garnie de quelques fibres plus
menues ; elle produit une tige cylindrique, velue, haute
de 12 à 20 pouces, presque simple, nue dans la plus grande
partie de son étendue, munie à sa base de plusieurs feuilles
vvales-lancéolées, rétrécies en pétiole par le bas, légèrement
pubescentes où presque glabres : cette tige est elle-même
chargée de deux ou {rois paires de feuilles qui vout toujours
en diminuant de grandeur, et les supérieures , qui devien-
nent très petites, sont le plus souvent alternes. Ses fleurs
sont d'un beau jaune, larges de 2 pouces à 2 pouces et
demi, solitaires à l'extrémité de la tige ou de quelques ra-
meaux nés dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette
plante croît dans les prairies des Alpes, des Cévennes, des
Pyrénées, des Vosges, des montagnes d'Auvergne; elle
fleurit en mai, juin et juillet.
L”Arnica a une odeur faible, mais un peu nauséeuse ; sa
saveur est äcre, légèrement amère. Celles de ses parties usi-
iées en médecine sont principalement les fleurs, que l’on
prépare en infusion à la dose d’un gros à 1 once pour une
pinte d’eau , que l’on administre aux malades dans l’espace
de vingt-quatre heures. On fait aussi, mais plus rarement,
usage de la racine ; elle est plus active et doit être donnée à
plus faible dose. ‘
L’Arnica jouit d’une propriété tonique et excitante fort
prononcée, qui le rend très-utile dans les maladies cau-
RADIÉES. 299
sées ou entrelenues par la débilité. Cette plante était peu
employée en France il y a trente à quaranie ans; ce sont
les médecins allemands qui les premiers l'ont préconisée,
Collin assure s'en êlre servi avec beaucoup de succès dans
de nombreux cas de par alysie, dans les engorgemens des
viscères abdominaux. Le même auteur et Stoll en ont Éga»
lement fait usage avec le plus grand avantage dans des dy-
senteries biliéuses, putrides, dans des fièvres quartes rebelles.
D'autres prétendent aussi l'avoir employée avec succès dans
des affeclions spasmodiques et convulsives, dans la goulte
sereine, Paménorrhée, la suppression des lochies, l'asthme
humide, la goutte , la néphrite calculeuse ; mais il s’en faut
bien que son efficacité soit prouvée dans ces derniers cas.
Enfin on a encore attribué à l’Arnica la propriété de ré-
soudre puissa ee le sang coagulé et épanché à la suite
des chutes et des contusions ; quelques médecins l’ont même
vanlé, dans ces cas, comme un spécifique infaillible, et dans
les Vosges de même que dans plusieurs pays de l’Alle-
magne , cette plante jouit ençore, sous ce rapport, d'une
grande réputation parmi le peuple.
La racine d’Arnica provoque plus facilement le vomis-
sement que les fleurs, mais l'infusion de celles-ci, lorsqu’elle
est trop chargée ou ‘donnée à trop haute dose, peut elle-
même causer des vomissemens, des vertiges et des convul-
SIOUS.
174° Genre. — Doronic. DoronNICUM. Lin.
Calice commun composé de deux rangs de folioles égales.
T'leurons du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la
circonférenice femelles , fertiles. Graines du disque couron-
nées par ane aigrette simple; celles de la cir rconfére ence nues.
Réceptacle nu.
Doronic MoRT-AUX-PANTHÈRES, vulgairement Do-
rorLic.
Doronicum pardalianches. Lin. Spec. 1247. — Jacq.
ET. Aust. t. 550. — Doronicum. Pharm.
Sa racine est un peu tuberculeuse, oblongue, noueuse,
{raçante, vivace, garnie de fibres latérales qui lui donnent
en quelque sorte la forme d’un scorpion ; elle produit une
tige cylindrique, striée, chargée de poils, simple; ou le
plus souvent un peu rameuse dans sa partie supérieure ,
/
300 RADIÉES.
haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles radicales sont pétiolées,
cerdiformes, obluses, molles, un peu velues, crénelées en
leurs bords ; celles de la tige ovales, alternes, peu nom-
-breuses, rétrécies à leur base en une oreillette amplexicaule
irès-remarquable. Ses fleurs sont assez grandes, jaunes, por-
tées chacune sur un pédoncule simple , long, solitaire à
l'extrémité de la tige on des rameaux. On trouve cette plante
dans les Alpes, les Pyrénées, les Cévennes et les montagnes
d'Auvergne. Elle fleurit en mai.
La racine de Doronic, regardée comme un alexiphar-
maque par les uns, comme un poison par les autres, a été
prise à la dose de 2 gros par Gesner, qui soutenait la pre-
mière opinion, el qui voulait prouver à Matthiole qu’elle
n'était pas vénéneuse pour l’homme: mais cette expérience
ne fut pas heureuse, car huit heures après il avait le bas-
ventre enflé, et il éprouva pendant deux jours une débilité
générale très-marquée. Au bout de deux jours un bain chaud
fit disparaître ces accidens. Cortuse et Matthiole l’ont éprou-
vée sur des chiens; elle fait mourir ces animaux. Cependant,
quelques auteurs, croyant toujours à sa prétendue vertu
alexipharmaque, ont continué à soutenir qu’elle n’était nui-
sible que lorsqu'elle était prise fraîche, ainsi que Cortuse,
Matthiole et Gesner l'avaient essayée, mais qu’elle m'avait
aucune propriété dangereuse lorsqu'elle était sèche. C'était
sous cette forme qu’on l’employait autrefois dans le Diam-
bra de Mesué, le Diamargaritum d’Avicenne, le Dia-
moschus, lElectuaire de Perles, et autres compositions offi-
cinales de l’ancienne polypharmacie, et qui sont aujour-
d’hui oubliées depuis long-temps, ainsi que le Doronic lui-
même.
Le Doronic Scorpioide, Doronicum Scorpioides, Lin.,
autre espèce du même genre, doit aussi être regardée comme
une plante suspecte et dangereuse. On lui attribuait jadis la
propriété de guérir les morsures des scorpions; elle est
inaintenant tombée dans l’oubli le plus profond.
175° Genre. — SENECON. SENECIO. Lan:
Calice commun compost d'un seul rang de folioles égales,
droites, et entouré à sa base par quelques écailles courtes,
membraneuses et souvent noirätres à leur sommet. Fleurons
du disque hermaphrodites. Demi-fleurons de la eirconfé-
rence femelles et fertiles ; ils manquent toujours dans plu-
RADIÉES. 501
sieurs espèces. Graines surmontées d’une aigrette de poils
simples. Réceptacie nu.
SENEÇON JACOBÉE, vulgairem. ÆZerbe de Saint-Jacques,
Fleurs de Saint-Jacques.
Senecio Jacobæa. Lin. Spec. 1219. — ÆZerba Sancti-
Jacobi. Fuchs. Hist. 72. — Jacobæa. Pharm.
La racine de celle plante est vivace, divisée en beancoup
de fibres blanchâtres: elle donne naissance à une tige cylin-
drique, striée, légèrement pubescente, le plus souvent rou-
geälre et simple dans sa partie inférieure , haute de 2 à
5 “pieds, garnie de feuilles alternes, pétiolées , allongées,
glabres, pinnatifides , découpées en lobes profonds, inégaux,
iversement laciniés et dentées, ordinairement obtus. Le
diversement laciniés et dentées, ord ent obtus. Les
fleurs sont jaunes , assez grandes, radiées, disposées en un
arge corymbe au sommet de la tige et des rameaux : leur
large b t de la tige et de l
calice commun est composé de folioles étroites, égales et
subulées. Les graines sont petites, sarmontées d’une aigrette
de poils très-blanes, sessiles. La Jacobée fleurit en juin et
juillet, et croît communément dans les bois et les pâturages.
Ses feuilles et ses fleurs ont une saveur amère , légére-
ment astringente , et une odeur un peu aromatique. Selon
les anciennes Pharmacopées , elles sont émollientes, déter-
sives , résolutives, apérilives et vulnéraires. On a conseillé
leur décoction pour servir de gargarisme dans l’angine et
l'inflammation des amygdales, et intérieurement dans la
dysenterie. Exlérieurement on les employait autrefois pour
déterger les uleères anciens el sordides ; mais on n’en fait
plus aujourd’hui aucun usage dans la pralique.
SENEÇON COMMUN.
Senecio vulgaris. Lin. Spec. 1216. — Senecio Fuchs.
Hist. 288. — Senecio vel Erigeron. Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle donne naissance à
une tige droite, tendre, presque glabre, rameuse, haute de
6 à 10 pouces, garnie de feuilles alternes , sessiles , amplexi-
caules, pinnatifides ou sinuées, à divisions dentées, glabres
des deux côtés, ou quelquefois un peu blanchätres et coton-
neuses en dessous. Ses fleurs sont jaunes, disposées, à l'ex-
trémité des tiges et des rameaux, de manière à former un
corymbe lâche et paniculé : elles sont entièrement compo-
sées de fleurons hermaphrodites ; leur calice commun est
502 _ RADIÉES:
cylindriqué, formé de folioles aiguës et noirâtres à leur somt-
met. Celte plante est très-commune dans les lieux cultivés;
on la trouve en fleur depuis le printemps jusque très-avant
dans l’automne.
Le Senecon commun n’a jamais joui de beaucoup de
vogue, et en effet, presque sans saveur , sans odeur , il ne
peut être doué d’une grande activité: il passe pour émol-
lient , adoucissant et résolutif. Les cataplasmes que l’on en
a conseillés pour appliquer sur les mamelles gonflées par le
lait, sur les tumeurs hémorroïdales douloureuses, n’ont pas
plus de vertus que les autres applications émollientes. Les
Anglais, selon le témoignage de Rai, s’én servaient autre-
fois dans la médecine véiérinaire ; ils en donnaient le suc
aux chevaux quiétaient tour:entés par des vers. C’esl peut-
être d'après cela que ce suc a été également recommandé à
la dose de 2 onces, par quelques auteurs, pour les vers
intestinaux de l'homme. Ou trouve encore que d’autres l'ont
prescrit dans la jaunisse, les maladies du foie. Boerhaave
veut que, mêlé avec l'oxycrat, on en fasse des gargarismes
pour les maux de gorge inflammatoires. Aujourd’hui les
médgcins emploient irés-peu le Seneçon commun à l’'inté-
rieur ; quelques-uns font seulement entrer sa décoclion dans
les layemens émolliens.
176- Genre. — SoripAce. SoziDp4co. Lin.
Calice commun, composé d’écailles oblongues, inégales,
imbriquées, redressées, conniventes. Fleurons du disque
hermaphrodites. Demi-fleurons de la circonférence femelles,
écartés et environ au nombre de ä. Graïnes couronnées par
une aigrette de poils simples. Réceptacle nu.
SOLIDAGE VERGE D'OR, vulgairement Ÿerge d'or,
rande Verge dorée.
Solidago Virga-aurea. Tin. Spec. 1255. — VWirga
aurea latifolia serrata. Flor. Dan. t. 665. — f'irga aurea.
Pharm.
Sa racine est horizontale, vivace, munie de plusieurs
fibres; elle produit une tige simple, droite, glabre infé-
rieurement , pubescente dans sa partie supérieure, haute
de 2 à 3 pieds, garnie de feuilles ovales lancéolées , dentées,
glabres, rétrécies en pétiole à leur base. Ses fleurs sont
jaunes , assez pelites, disposées en une longue grappe ter-
RADIÉES. 509
minule, composée de plusieurs peliles grappes qui naissent
dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante est
commune dans les bois; elle fleurit en juillet, août et sep-
tembre.
La Verge d’or était autrefois regardée corime détersive,
diurétique , astringente, vulnéraire, et l’on en faisait assez
fréquemment usage dans les obstructions des viscères abdo-
minaux, les hydropisies, la gravelle, la colique néphrétique,
la dysenterie, les hémorragies. On la donnait en infusion
el en décoction ; on en faisait prendre la poudre à la dose d’un
à 2 gros. Aujourd'hui cette plarite est à peu près bannie de
la pratique ; maison la voit encore entrer dans la composition
des vulnéraires suisses dont j'ai déjà eu occasion de parler.
Les pharmaciens ont cessé depuis assez long temps d’en pré-
parer une eau distillée et un extrait. Dans le dernier Codex
de l’ancienne faculté de Paris, elle était restée au nombre des
espèces dont les feuiiles entraient dans l'eau vulnéraire et
l'eau générale.
179° Genre. — 'TUSSILAGE. 7 USs1L4Go. Lin.
Calice commun, composé de folioles linéaires, disposées
sur un seul rang. Ficurons du disque hermaphredites,
Demi-fleurons de la circonférence femelles et terininés par
une languette linéaire, entière, trés-étroite. Graines oblon-
gues, surmontées d'une aigrette de poils simples. Réceptacle
glabre, ponctué.
TUSSILAGE COmuUX, vulgairement Tussilage, Pas-
d'äne.
T'ussilago vulsaris. Bauh. Pin. 197. — T'ussilago.
Pharin.—Wussi/ago furfara. Lin. Spec. 1214.— Blackw.
Heb. t, 204.
Ses racines sont grosses comme une plume à écrire,
tendres, blanches, fort longues, traçantes, vivaces; elles
produisent de distance à autre, plusieurs tiges droites, hautes
de 6 à 10 pouces, simples, fistuleuses, un peu rougeätres,
revêtues d’un duvetcotonneux, munies, dans toute leur lon-
gueur, de petites feuilles lancéolées, membraneuses, sessiles,
Les feuilles radicales, qui ne paraissent qu'après la floraison ,
sont pétiolées, assez grandes, échancrées en cœur à leur
base, anguleuses et denticulées en leurs bords, d’un vert
gai en dessus, blanchâtres et colonneuses en dessous. Les
504 : RADIBES.
fleurs sont jaunes, lerminales, Jarges d'un pouce. Cette
plante se trouve lr'ès-communément dans les champs argi-
leux et humides: elle fleurit eu mars et avril.
Presque toute la plante jouit des mêmes propriétés, ce-
pendant les fleurs sout plus usitées que les autres parties.
Elles sont un peu amères et mucilagineuses. Le Tussilage a
de tout temps oblenu une place distinguée parmi les pec-
toraux. C'est en infusion théiforme qu'on doit l’administrer.
Certains auieurs ont préconisé ses succès dans un grand
nombre d’affections de poitrine , qui font toujours le déses-
poir des médecins; mais dire que le Tussilage en est le
remède, c'est ce qu'un praticien observateur ne se permettra
point.
Dans les pharmacies, les fleurs de Tussilage servent à
composer un sirop connu sous leur nom. On en préparait
aussi une conserve el une eau distillée qui sont à peu de chose
près Lombées en désuélude. Ces fleurs sont encore au nombre
des substarices indiquées comnie devant entrer dans le sirop
de grande Consoude, et la racine doit ausséfaire partie du
sirop d'Erysimum. On emploie rarement les feuilles de
Tussilage en topique. Linné dit qu'en Suède il y a des gens
qui s'eu servent pour fumer.
Famille XL VIII.
FLOSCULEUSES.
La disposition des fleurs est la même dans cette famille
que dans la précédente ; mais la fleur composée, que forment
les fleurettes réunies, diffère en ce qu'elle ne contient que
des fleurons et qu'elle est dépourvue, à la circofférence, de
ces demi-fleuross qui consutuent la couronne des Radiées.
Les fleurons sonfftantôt tous hermaphrodiles, tantôt neutres
ou femelles à la circonférence, et seulement hermaphrodites
dans le centre; les neutres sont souvent irréguliers, tandis
que les hermaphrodiles sout toujours réguliers, quinqné-
fides , ayant leurs étamines et leur pistil conformés comme
ceux des Radices. Les graines qui succèdent à chaque fleur
sont de même, nues ou chargées d’une aïgrette de poils.
Les Fiosculeuses sont des plantes herbacées, rarement
frutescentes ; à feuilles ordinairement allérnes, entières ou
découpées ; à fleurs terminales, en corymbe, en grappe ou
sobtaires.
FLOSCULEUSES. 5uû
Une partie des plantes de cette famille se rapproche beau-
coup par ses propriétés de celle des Radiées; telles sont les
Armoises, les Balsamites, les Santolines, les Tanaisies, qui
soñt amères et aromatiques , et qu’on emploie comme fébri-
fuges, vermifuges, stomachiques, antispasmodiques et em-
ménagogues.
Une autre partie des Floseuleuses est dépourvue de prin-
cipe aromatique et volatil, mais les plantes qui lui appar-
tiennent renferment un principe extractif amer, qui les rend
plus ou moins toniques, stomachiques, fébrifuges et sudo-
rifiques. T'els sont les Artichauts 7 les Centaurées, la Bar-
dane , les Chardons. Lorsque l’amertume n’est encore que
peu développée dans les espèces de ce dernier groupe, qu’on
peut désigner sous le nom de Carduacées , à cause des rap
orts de conformation qu’elles ont toutes ‘avec le genre
Chardon, les pétioles des feuilles ou les réceptacles des fleurs
sont bons à manger. Ainsi on fait usage comme aliment, des
réceptacies de l'Artichaut, de ceux de plusieurs Carlines et
Onopordes, avant le développement des fleurs ; et l’on mange
aussi les pétioles des jeunes feuilles du Cardon d’Espagne, et
même les feuilles entières de la Bardane, des Carthames,
du Chardon-Marie et de quelques Centaurées.
Les graines des Flosculeuses sont oléagineuses et amères ;
celles des Carduacées sont en général peu employées, quoique
celles du Carthame et de la Bardane passent pour purgatives. t
178° Genre. — PÉTASITE. PETASITES. ‘Tournef.
Calice commun composé de folioles linéaires, disposées
sur un seul rang. Fleurons du disque hermaphrodites; ceux
de la circonférence quelquefois femelles. Graines oblongues
surmontées d’une aigrette de poils simples. Réceptacle glabre.
PÉTASITE COMMUN, vulgairement {Zerbe aux teigneux,
Herbe à la teigne, Chapelière, grand Pas-d’âne.
Petasites vulgaris. Desfont. FI. atlant. 2. p. 270. —
Petasiles. Pharm.— T'ussilago Petasites. Lin, Spec. 1215.
Bull. Herb. t. 391.
Ses racines sont épaisses , longues, charnues ;'traçantes,
blanchâtres en dedans, nomâtres au dehors, vivaces; elles
donnent naissance à une ou plusieurs tiges droites, simples,
épaisses , hautes de 6 à 10 pouces, lanugineuses , chargées,
dans toute leur longueur, de petites feuilles sessiles, et à leur
V
PANTIN
306 FLOSCULEUSES.
sommet d’une grappe de fleurs purpurines. Les feuilles
radicales sont pétiolées , grandes, cordiformes, denticulées,
cotonneuses en dessous, glabres en dessus. On trouve cetie
plante sur les bords des fossés et dans les lieux humides. Elle
fleurit en mars et avril.
" La racine de Pétasite a, lorsqu'elle est récente, une
odeur forte , une saveur arnère, âcre et un peu aromatique ;
la dessiccation ne lui ôte rien de ces qualités. On la re-
garde comme sudorifique , apéritive, diurétique et béchi-
que. Autrefois on la croyait aussi alexitère, ce qui la faisait
employer dans les fièvres malignes. On s’en sert encore
quelquefois maintenant dans les affections catarrhales, dans
l’asthine. Sa dose en décoction est d’une demi-once à r once
pour 2 livres d’eau. La racine de Pétasite, appliquée exté-
rieurement, est résolutive. Elle entrait autrefois dans quel-
ques préparations pharmaceutiques qui sont peu ou point
usitées de nos jours. Le noi vulgaire d'Æerbe aux teigneux
donné à cette plante, lui vient de ce que dans les cam-
pagnes on emploie souvent ses feuilles, de mème que celles
de la Bardane, pour mettre sur la tête des enfans qui ont la
teigne.
LL L1 - s
179° Genre. — EUPATOIRE. EUPATORIUM. Lin.
Calice commun oblong, cylindrique, imbriqué. Fieurons
peu nombreux, tous hermaphrodites. Graines cowonnées
par une aigretle*composée de poils capillaires, simples ou
dentées. Réceptacle nu.
EUPATOIRE D’AVICENNE, où EUPATOIRE A FEUILLES
DE CHANVRE.
. Eupalorium cannabinum. Lan. Spec. 1175.—F1. Dan.
t. 945. — Eupatorium Arabum. Pharm. .
Sa racine est horizontale, vivace, garnie de plusieurs
grosses fibres blanchâtres; elle donne naissance à une tige
cylindrique, velue, d’un vert rougeätre, droite, haute de
3 à 4 pieds, rameuse dans sa partie supérieure, garnie de
feuilles opposées, sessiles , composées de 3 folioles lancéo-
lées, dentées. Ses fleurs sont rougeâtres , disposées, à l’ex-
irémité de la tige et des rameaux, en corymbe serré; leurs
styles sont très-longs. Cette plante croît sur les bords des
ruisseaux et dans les lieux humides et marécageux; elle
fleurit en juillet et août.
FLOS@ULEUSES. 307
L’Eupatoire a une saveur amère, aromatique et piquante,
qui est plus développée dans ses racines que dans ses autres
parties. Ces racines ont été conseillées dans la chlorose, la
suppression des règles , les catarrhes atoniques , les maladies
de la peau ,-les engorgemens des viscères qui surviennent
‘après les fièvres intermittentes, les hydropisies , et surtout
“dans l’ascite essentielle. Leur propriété réelle est d’être
purgatives, selon plusieurs auteurs, dont les uns assurent
en avoir expérimenté l’infusien vineuse, d’autres un ex-
trait alcoolique; je les ai essayées en poudre à la dose de
60 grains, et elles n’ont produit aucun effet purgatif,
(Voyez 2° partie’, Succédanées du Jalap, $. VI.) La dose
qu’on indique comme purgative, est 1 once de Ja racine
fraîche, infusée dans 4 onces de vin ; la décoction aqueuse
est moins active. On a aussi conseillé la décoction et le suc
exprimé des tiges et des feuilles contre la gale et la jaunisse ,
et leur application en cataplasme , comme moyen propre
à guérir les ulcères scorbutiques. On a encore prétendu que
de telles applications pouvaient dissiper les tumeurs œdé-
mateuses, et même l’hydrocèle, sans faire la ponction.
Aujourd’hui l'Eupatoire n’est presque plus d'usage dans la
pratique. ’
180° Genre. — BALSAMITE. BA4LSAMITA. Desfont.
Calice commun imbriqué, orbiculaire. Fleurons tous
hermaphrodites etf 5 lobes. Graines couronnées par une
membrane incomplète. Réceptacle nu.
BALSAMITEMAJEURE, vulgairement grande Tanaisie,
Menthe-Coq, Menthe Notre-Dame, Herbe au Coq ,
Cog des jardins, Grand-Baume, Paste.
Balsamita major. Dod. Pempt. 295. — Tanacetum
Balsamita. Lin. Spec. 1148.— Costus hortorum. Pharm.
Sa racine est horizontale, vivace, garnie de plusieurs
fibres ; elle produit une tige cannelée, velue, rameuse.
haute de 2 pieds ou environ, garnie de feuilles ovales-
oblongues, dentées en leurs bords, d’un vert blanchâtre ;
les inférieures pétiolées , et les supérieures sessiles, auricu-
lées à leur base, Ses fleurs sont jaunes, disposées en corymbe
au sommet de la tige et des rameaux. Cette plante croit
naturellement dans les départemens du midi, et on la trouve
V 2
308 À FLOSCUIMÆUSES.
dans beaucoup de jardins, où elle se multiplie facilement.
Elle fleurit en juillet et août.
Les feuilles et les fleurs de la Balsamite majeure joignent
à une saveur amère et aromatique , une odeur forte et
agréable. On les regarde comme céphaliques, antispasmo-
diques, stomachiques et emménagogues. On en préparait
autrefois un extrait, une conserve, une eau distillée et uné
huile par infusion, que l’on nommait huile de baume. Cette
dernière était estimée comme un puissant vulnéraire , et
l’on en faisait usage pour toutes sortes de plaies et de con-
tusions; mais maintenant que les médecins n’ont plus la
même foi dans les vulnéraires, la Balsamite a perdu la plus
grande partie de son crédit , et elle est très-peu employée,
surtout à Paris ; elle paraïtrait cependant mériter de l’être
davantage , sous le rapport de ses autres propriétés qui ne
sont pas 1llusoires. ;
Les sommités fleuries de la Menthe-Coq entrent dans le
Baume tranquille. Ses autres préparations, dont j'ai déjà
parlé, sont tombées en désuétude dans le nord de la France;
mais, dans plusieurs villes d'Italie, on fait encore un usage
fréquent de son eau distillée , que l’on emploie aussi com-
munément et à peu près dans les mêmes circonstances que
l’eau de fleur d'Orange à Paris. Les feuilles de cette plante
servaient autrefois comme assaisonnement dans la cuisine,
surtout pour meltre dans les pâlés, et c'était de là que
lui était venu un de ses noms vulgaires; mais le goût des
épices étrangères les a fait oublier. EfMialie, elles entrent
encore dans les salades, pour en relever le goût.
181° Genre. — TANAISIE. T'ANACETUM. Lin.
Calice commun hémisphérique, imbriqué de petites fo-
lioles aiguës et serrées. Fleurons du centre hermaphrodites,
à 5 lobes, ceux de la circonférence fémelles, fertiles et à
5 lobes. Réceptagle nu. Graines couronnées par un rebord
membraneux et entier.
TANAISIE COMMUNE, vulgaement T'anaisie, T'anésie,
Herbe aux vers, Barbotine.
T'anacetum vulgare. Lin. Spec. 1148. — T'anacelum.
Blackw. Hérb. t. 464. — T'anacetum sive Athanasia.
Pharm.
Sa racine est ligueuse, allongée, horizontale, vivace ;
#
FLOSCULEUSES. 50g
divisée en plusieurs fibres; elle produit une ou plusieurs
tiges droites, striées , hautes de 2 pieds ou un peu plus, gar-
nies de feuilles grandes, alternes, pétiolées, deux fois ailées,
d’un vert foncé, à folioles allongées, étroites, incisées. Ses
fleurs sont d’un jaune foncé et brillant, nombreuses, dis-
posées en corymbe à l’extrémité de la tige et des ramicaux.
* Cette plante se trouve dans les lieux montueux et sur les
bords des champs; elle fleurit en juillet et août.
Les feuilles et les fleurs de la Tanaisie sont âcres, améres
et aromatiques. On les regarde comme toniques, stoma-
chiques , fébrifuges , sudorifiques , vermifuges , emména-
gogues, anti-hystériques. On les peut prendre en infusion,
ou mieux encore leur suc, lorsqu'elles sont fraîches, à la
dose de 2 à 4 onces ; mais leur saveur forte, amère et assez
désagréable fait qu'on les emploie moins souvent en boisson
qu’en lavement. On les conseille dans les fièvres intermit-
tentes , les affections vermineuses, les cachexies, les ob-
structions des viscères, l’hydropisie , la chlorose, la sup-
pression des règles, l'hystérie, les convulsions et l’épilepsie
même. Extérieurement on a recommandé le suc des feuilles
de cette plante contre la teigne , les dartres, et autres mala-
dies de lä peau. Ces feuilles entières, cuites dans l’eau, et
mieux encore dans le vin, ont, dit-on, été utiles en fomen-
tations dans les rhumatismes chroniques, l'œdème des ex-
trémités inférieures, et principalement en les appliquant
sur le nombril des enfans attaqués de vers. Dans certains
pays du nord, on en prépare un bain dans lequel on met les
femmes avant l’accouchement, dans l'in(ention de rendre
le travail plus facile.
On faisait autrefois, dans les pharmacies , une eau dis-
tillée et une conserve de T'anaisie ; mais ces préparations
ont un peu vieilli. On peut en retirer une huile essentielle ,
qui n'est également que très-peu usilée maintenant. Au
reste, les feuilles ou les fleurs de cette plante sont au nombre
des substances qui, sélon l’ancien Codex , doivent entrer
dans la composition de l'Eau vulnéraire, de l'Orviétan, ete.
Ses graines sont quelquefois substituées , dans les boutiques,
au Semen contra , qui est la graine d’une espèce d’Armoise
du Levant.
Dans quelques pays du nord, on fait, dans le temps de
Pâques, des gâteaux dans lesquels on met un peu du suc
ou des feuilles de la Tanaisie ; ces gâteaux ne sont pas désa-
V5
510 FLOSCULEUSES.
gréables au goût, et ils fortifient l’estomac. Les Finlandois
en retirent une couleur verte. Ces feuilles déplaisent en gé-
néral aux besliaux ; cependant les vaches et les brebis en
broutent quelquefois, ce qui communique de l’'amertume à
leur lait.
182° Genre. — SANTOLINE. SANTOLINA. Lün.
Calice commun hémisphérique, imbriqué d’écailles iné-
gales , oblongues, serrées. Tous les fleurons hermäphro-
dites. Réceptacle garni de paillettes. Graines nues. *
SANTOLINE FAUX-CYPRÈS, vulgairement Aurone fe-
nelle, Cilronelle, Garderobe, Petit-Cyprès , San-
toline.
Santolina Chamæ-Cyparissus. Lin. Spec. 1179. —
Æbrotanum fœmina. Blackw. Herb. t. 3546.— Santolina
sive Abrotanum fœmina. Pharm.
Ses tiges sont ligneuses, hautes de 2 pieds ou environ,
divisées dès leur base en un grand nombre de rameaux for-
mant un épais buisson, et dont les plus jeunes sont coton-
neux, redressés , garnis de feuilles nombreuses, alternes,
sessiles, étroites, allongées, chargées de dents très-rappro-
chées, obtuses, alternes ou disposées sur quatre rangs, res-
semblant quelquefois à de petites folioles qui font paraître
les feuilles pinnatifides. Ses fleurs sont jaunes, disposées au
sommet de chaque rameau en une tête hémisphérique, soli-
taire sur un pédoncule allongé et un peu strié. Cette plante
croit dans les lieux secs, pierreux , et sur les collines en
Provence, en Languedoc ; elle fleurit en juillet et août.
L’odeur fortement aromatique, et la saveur très-amère
de la Santoline , annoncent en elle des propriétés bien pro-
noncées ; cependant elle n’est généralement pas en usage.
On peut croire qu’on pourrait l’'employer dans les mêmes
cas que la ‘F'anaisie. Matthiole l’a recommandée contre les
Îueurs blanches, et elle peut effectivement être utile dans
cette maladie; mais c’est bien à tort que Garidel dit qu’elle a
été employée avec succès en poudre dans la pleurésie et la
péripneumonie ; elle ne peut évidemment qu'être nuisible
dans toutes les phlegmasies.
L'odeur forte de cette plante fait qu’on en met les feuilles
parmi les étoffes de laine, afin d’en écarter les insectes ron-
geurs.
FLOSCULEUSES. 51
105° Genre, — ARMOISE. ARTEMISIA. Lin.
Calice commun ovoïde ou arrondi, imbriqué d’écailles
serrées. Fleurons du centre hermaphrodites, à 5 dents;
ceux de la circonférence femelles, fertiles, entiers, peu
nombreux. Réceptacle nu ou hérissé de poils. Graines dé-
pourvues d’aigrette.
ARMOISE COMMUNE, vulgairement l’Ærmoise, Herbe
de la Saint-Jean. |
Artemnisia vulgaris. Lin. Spec. 1188. — Artemisia.
Blackw. Herb. t. 451, Pharm.
Sa racine est longue, ligneuse } fidreuse, rampante,
vivace ; elle pousse plusieurs tiges droites, cylindriques ,
cannelées, souvent purpurines, rameuses dans leur partie
supérieure, et hautes de 2 à 3 pieds. Ses feuilles sont alternes,
glabres et d’un vert foncé en dessus, cotonneuses et blan-
châtres en dessous, découpées très-profondément en divi-
sions allongées, dentées et inéisées ; les supérieures sont
simples , entières et linéaires. Ses fleurs sont roussätres,
ovoïdes, presque cylindriques, sessiles, disposées, dans la
partiésupérieure de la tige et des rameaux, én épis allongés
et interrompus : leur calice est cotonneux , et leur récep-
tacle est nu. Les endroits incultes, les bords des champs et
des chemins, sont les lieux où l’on trouve plus communé-
ment cette plante, qui fleurit en juillet et août.
L’Armoise est amère, bien moins cependant que l'Ab-
sinthe et plusieurs autres de ses congénères. Dès la plus
haute antiquité, elle a été recommandée dans les maladies .
atoniques de l'utérus. Hippocrate lui attribue la propriété
de faciliter la sortie de l’arrière-faix ; Dioscorides celle de
provoquer les menstrues et d’accélérer l’accouchement dif-
ficile. Depuis ces temps éloignés , elle a toujours conservé
de la réputation, et les modernes ont continué à l’employer
dans différentes maladies des femmes , comme la chlorose,
lhystérie, la suppression des règles, des lochies, etc. Quel-
ques auteurs l’ont aussi conseillée contre les rhumatismes
chroniques, la sciatique : d’autré lui ont attribué la vertu
de dissiper promptement la lassitude causée par une longue
marche, en l’employant en bains ou en fomentations; on a
même été jusqu’à dire qu’il suffisait d’en porter sur soi, en
voyage, pour prévenir Ja lassitude.
V4
{ %
342 FLOSCULEUSES.
Les parlies dont on fait usage en médecine sont les feuilles
el les sommités fleuries ; on les emploie our boisson, en
iufusion dans l’eau ou dans le vin, à la dose ii. ou 2 pincées
sur 1 pinte de liquide ; pour lavemens, on en fait la décoc-
tion ; on peut aussi les appliquer extérieurement.
Selon le rapport de certains voyageurs, les femmes chi-
noises font cuire les jeunes feuilles"de cette plante avec du
riz et du sucre, et mangent celte espèce de potage comme
une friandise. En Allemagne, les cuisiniers, pour rendre
tendre la chair dure des oies, les fareissent avec les feuilles,
avant de les faire cuire. et
L'Armoise entre dans la composition de plusieurs prépa-
FT pharmaceutiques; elle donne , entre autres, son nom
à un sirop simple el à un sirop composé.
_ ARMOISE ABSINTHE, vulgairement Absinthe, grande
Absinthe, Alvine ou Âluyne.
Arthemisia HE Lin. Spec. 1196. — Thon
thium vulyare. Blackw. Herb. t. 179. — ÆAbsinthium
latifélium, Absinthium vulgare, et Absinthium majus.
Pharm.
Sa racme est un peu épaisse, fibreuse, vivace; elledonne
‘naissance à plusieurs tiges hautes de 2 à 3 pieds , canuelées,
blanchätlres, dures, rameuses, garnies de feuilles alternes,
péliolées, larges, molles au Here d’un vert argenté,
surtout en dessous, deux ou trois fois ailées. Ses feuilles
sont jaunâtres, globuleuses , disposées, dans la partie supé-
rieure de la tige el des rameaux, en grappes tournées, d’un
seul côté, et garnies de feuilles pour la plupart simples et
linéaires : leur réceptacle est velu. On trouve cette plante
dans les lieux avides, inculles, pierreux et découverts;
elle fleurit en juillet et août.
L’amertume extrême de l’Absinthe est, comme tout le
monde sait, passée en proverbe; elle est tellement intense
qu’elle se communique au lait des vaches et à la chair des
moutons qui en mangent. Cette amerlume se communique
de même au Jait d’une nourrice qui fait usage de son infu-
sion ou de son extrait, et cela doit empêcher les femmes qui
allaitent de prendre de cette plante à l’intérieur, à moins.
que cela ne puisse devenir un médicament utile pour l’en-
fant malade. La dessiccation lui enlève un peu de son odeur ;
la décoction l'en prive entièrement,
FLOSCULEUSES. 315
L’Absinthe est tonique, stomachique, fébrifuge , anthel-
mintique,, emménagogue. On l’emploie en général avec
succès toutes les fois qu’il est nécessaire de rétablir les or-
ganes de la digestion tombés dans l’atonie à la suite des
longues maladies ou autrement, dans les fièvres intermit-
tentes, les cachexies, Fhydropisie, le rachitis, les scro-
phules, le scorbut , les affections goutteuses compliquées de
la débilité du canal alimentaire, enfin dans la chlorose, la
leucorrhée , et contre les vers.
Les par ties usitées de l’Absinthesont les feuilles et les som-
mités fleuries. On les fait prendre en nature ou préparées de
diverses manières. En nature, on les donne à la dose d’un
demi-gros à 1 gros en poudre. En infusion aqueuse ou vi-
ueuse faites à froid, on en met 1 demi-once à 2 onces pour
une pinte de liquide. En les faisant macérer dans l’eau ; et
en évapor ant ensuite sur le feu , on obtient un extrait très-
amère qui se prescrit à la dose de demi-gros à 1 gros. Dans
les pharmacies, on prépare encore avec l’Absinthe une
eau distillée , une huile par infusion, une huile essentielle,
une conserve, une teinture , un sirop simple et composé,
sans compter une multitude d’autres compositions offci-
nales dans lesquelles entrent ses feuilles ou ses fleurs. Par
l'incinération de ses tiges et de ses feuilles, on préparait
autrefois un sel alors très-employé; mais aujourd hui on lui
substitue en général le carbonate de potasse.
Outre les usages de l’Absinthe en médecine, les distilla-
teurs en font une liqueur de table qui est très-estimée ; les
fabricans de bière en mettent quelquefois dans celte liqueur L
en guise de houblon, et on prétend que cela la rend plas
enivrante. Les marchands de vin en font infuser dans les
vins faibles, pour leur donner plus de force et pour qu'ils se
conservent mieux.
ARMOISE AURONE, vulgairement Aurone , Aurone
mâle , Citronellé , Gar MrdBe
Artemisia Abrotanum. Vin. Spec. 1185. — Abrota-
num mas. Pharm, — Blackw. Herb. t. 555,
Sa racine est ligneuse , vivace ; elle produit une tige. éga-
lement Jigneuse, de la grosseur du pouce , haute de 2 à 53
pieds, divisée en rameaux garnis de feuilles pétiolées , per-
sistantes, deux fois ailées, à découpures linéaires el multi-
fides, chargées d’un duvet court et serré qui les rend blan-
514 FLOSCULRUSES.
châtres. Ses fleurs jaunâtres, ovoïdes ou presque globuleuses,
naissent le long des rameaux supérieurs, en grappes menues
et terminales : leur calice est pubescent et leur réceptacle
velu. Cette plante croît naturellement dans plusieurs dépar-
temens du midi; on la cultive dans les jardins, où elle fleurit
en juillet et août.
L’Aurone a une odeur forte et une saveur amère et aro-
matique très-prononcée. Ses propriétés sont à peu près
les mêmes que celles de l’Absimthe ; mais elles passent pour
étre moins développées que dans celte espèce; ce qui
fait qu'elle est, en général, beaucoup moins employée.
L’Aurone entre dans quelques préparations pharmaceu-
tiques peu usitées maintenant, et dans lesquelles elle peut
facilement être remplacée par quelques-unes de ses con-
génères.
ARMOISE PONTIQUE, vulgairement Æbsinthe pontique,
Petite Alsinihe. S
Artemisia pontica. Lin. Spec. 1187. = Jacq. FI. Aust,
t. 09. — Æbsynthium tenuifolium, seu minus, seu pon-
ticum. Pharm.
Sa racine est ligneuse, fibreuse, rampante, vivace; elle
donne naissance à plusieurs tiges droites , rameuses , hautes
de 1 pied à r pied et demi, couvertes, ainsi que toute la
plante, d’un duvet fin et blanchâtre. Ses feuilles sont éparses ,
nombreuses, pétiolées; les inférieures deux fois pinnatifides,
à divisions linéaires, et elles-mêmes découpées; les supé-
rieures simples et linéaires. Ses fleurs sont jaunâtres, pe-
ttes, globuleuses, disposées au sommet des rameaux en plu-
sieurs petites grappes, dont l’ensemble forme une panicule
droite et terminale ; leur réceptacle est nu. €ette plante:
croît naturellement en Italie, en Autriche, en Hongrie , en
Romanie, et on la cultive dans beaucoup de jardins ; elle
fleurit en août et septembre.
L’Absinthe pontique a les mêmes propriétés que l'Ab-
sinthe ordinaire. Elle ést d’ailleurs moins amère, mais plus
aromalique; ce qui la rend moins désagréable au goût. Elle
est très-peu usitée dans la pratique, quoiqu'on l'ait autre-
fois recommandée d’une manière particulière dans l’ana-
sarque,
FLOSCULEUSES. 932
ARMOISE DES GLACIERS , vulgairement dans les Alpes,
Génipi.
“Artemisia glacialis. Lin. Sféc. 1187. — All. FI. Ped.
nM617.t. 8. f. 3.
Sa racine est grosse, ligneuse , vivace ; elle produit plu-
sieurs tiges droites, longues de 3 à 4 pouces, simples, gar-
nies de feuilles pétiolées, soyeuses et blanchätres, découpées
en plusieurs lobes linéaires et comme palmées. Ses fleurs
sont assez grandes comparativement à celles des autres
espèces, jaunes, arrondies , el disposées au nombre de 5 à 5
en un petit corymbe terminal : leur réceptacle est garni
de poils. Cette plante croît sur les sommets des Alpes du .
Dauphiné et de la Provence, dans le voisinage des neiges et
des glaciers ; elle fleurit en juillet et août.
L’Armoise des glaciers esl aromatique, amère, tonique,
stomachique , sudorifique. Les montagnards des Alpes Jui
donnent le nom de Génipi, de mème qu'à quelques espèces
. d'Achillées , et ils l'emploient en infusion théiforme , ainsi
que l’Armoise des rochers ( Artemisia rupestris, Lin.),
qu’ils appellent Génipi blanc , et lArmoise en épi ( Arte-
misia spicata, Lin.), qu'ils désignent sous le nom de Génipi
noir. Ils font usage de ces plantes indifféremment l’une
pour l’autre dans beaucoup de maladies, toutes les fois sur-
tout qu'ils croient pouvoir se guérir en provoquant des
sueurs abondantes ; ainsi ils en prennent principalement au
commencement des pleurésies fausses ou rhumatismales ,
plus communes chez eux que les pleurésies vraies ou in-
flammatoires ; mais comme ces bonnes gens sont aussi peu
dans le cas d’apprécier les effets des médicamens , que de
reconnaître la nature des maladies, l’usage trop général
qu’ils font des Génipis leur devient quelquefois funeste ,
quand ils-en font usage dans les vraies phlegmasies de la
poitrine,
ARMOISE ESTRAGON , vulgairement Estragon.
Artemisia Dracunculus. Lin. Spec. 1189. — Draco
herba. Dod. Pempt. 709.— Dracunculus hortensis. Ph.
Sa racine fibreuse, vivace, produit plusieurs tiges grèles,
hautes de 2 à 5 pieds, vertes, glabres, rameuses , garnies
de feuilles éparses , sessiles , simples, étroites , lancéolées ,
lisses, d’un vert foncé, Ses fleurs sont fort petites, nom-
516 FLOSCULEUSES.
breuses, demi-globuleuses, jaunâtres; elles naissent dans la
partie supérieure de la tige et des rameaux, disposées en
grappes axillaires ; leur régeptacle est nu. Cette plante est
originaire de la Sibérie, et on la cultive dans tous les jar-
dins , où elle fleurit en juillet et août.
L’Estragon a une saveur aromatique, piquante et en
mème temps assez agréable. 11 passe pour être incisif, apé-
ritif, stomachique et antiscorbutique ; maïs on n’en fait que
peu ou même point du tout d'usage en médecine. Ses feuilles
jeunes et tendres, servent d’assaisonnement dans les salades,
dont elles corrigent la fadeur, et qu'elles rendent plus fa-
ciles à digérer. On prépare, par mfusionu, un vinaigre d’Es-
iragon qui est fort employé dans les euisines.
104° Genre. — GNAPHALIER. GNAPHALIUM. Lin.
Calice commun imbriqué d’écailles, dont celles du bord
arrondies, scarieuses el luisantes. Fleurons ordinairement
tous hermaphrodites, quelquefois mâles et femelles sur des
individus différens. Réceptacle nu. Graines couronnées d’une
aigrette de poils simples ou plumeux.
GNAPHALIER DIOÏQUE , vulgairement Pied-de-chat.
Gnaphalium dioicum. Lin. Spec. 1199. — Gnapha-
lium seu Hispidula, seu Pes cati. Pharm.
Ses racines sont fibreuses, rampantes, vivaces; elles pro-
duisent des tiges de deux sortes : les unes étalées et cou-
chées sur la terre, chargées de feuilles oblongues, spatulées,
glabres en dessus , soyeuses et argentées en dessous: les
autres redressées, hautes de 5 à 8 pouces, garmies de feuilles
linéaires-lancéolées. Ses fleurs sont blanches ou purpurines,
disposées en nombre de 6 à 12 en un corymbe terminal;
les fleurons sont tous mâles sur certains pieds, et tous fe-
melles sur d’autres. Cette plante croît dans les pâturages et
dans les lieux secs et montueux ; elle fleurit en mai et juin...
On recommandait autrefois l'usage de l’infusion des fleurs
de Pied-de-chat dans les affections catarrhales, les maladies
du poumon, le crachement de sang , la dysenterie. On en
préparait aussi une conserve et un shop qui sont tombés en
désuétude , comme la plante elle-même, que bien peu de
médecins prescrivent aujourd’hui. Cependant on la trouve
encore presque toujours mêlée aux autres espèces que les
herboristes vendent sous le nom de fleurs pectorales.
FLOSCULEUSES. 517
GNAPHALIER D'ALLEMAGNE, vulgairement /7erbe à
coton, Herbe impie.
Gnaphaliun Germanicum. Lam. Dict. 2. p. 750.
Ses tiges sont droites, cotonneuses , divisées en bifurca-
tions très-ouvertes , et garnies de feuilles éparses , sessiles ,
lancéolées, blanchâtres et molles au toucher. Ses fleurs sont
jaunâtres, petites, composées de fleurons trés-menus, et ra.
massées dans les bifurcations de la tige et des rameaux, Cette
plante se trouve dans les champs et fleurit en été.
L’Herbe à coton passait aulrefois pour vulnéraire et
astringente. D’après le témoignage de Lobel, les gens du
peuple l’employaient de son temps en Angleterre, pour les
échymoses, les contusions et les coupures, après lavoir fait
macérer et bouillir dans l’huile. Aujourd’hui cette plante
est inusitée en France.
Le Gnaphalier de France (Gnaphalium Gallicum. Lam.
Dict. Enc. 2. p. 759), porte aussi, comme l'espèce précé-
dente , le nom d’//erbe a coton. Il ne mérite pas davantage
de nous occuper, à cause de la nullité de ses propriétés.
.105° Genre. — BARDANE. ARCTIUM. Lan.
Calice commun globuleux , imbriqué d’écailles subulées,
épineuses et crochues à leur sommet. Fleurons tous herma-
phrodites. Réceptacle garni de paillettes. Graines chargées
d’une aigrelte composée de poils simples, roides etfinégaux.
BARDANE OFFICINALE, vulgairement //erbe aux tei-
gneux , Glouteron.
Arclium Lappa. Lin. Spec. 1143. — Personata sive
Lappa major. Matth. Valgr. 1154. — Bardana. Pharm.
Sa racine est pivotante, grosse comme le doigt ou plus,
fort longue, brunäâtre, bisannuelle ; elle donne naissance à
une tige droite »striée, rameuse , haute de 2 à 3 pieds. Ses
feuilles inférieures sont très-grandes, pétiolées, cordiformes,
vertes en dessus, un peu cotonneuses en dessous; celles de
la tige sont plus petites, et les supérieures sont ovales, non
échancrées à leur base. Ses fleurs sont purpurines, en têtes
arrondies , disposées , dans la partie supérieure de la tige et
des rameaux, en des espèces de grappes interrompues. Les
écailles de leur calice sont subulées, glabres ou presque gla-
bres, terminées par une pointe recourbée en crochet, la-
518 FLOSCULEUSES.
quelle s’accroche très-facilement, surtout lorsque les graines
sont mûr es, aux choses auxquelles elles touchent ; de sorte
que, lorsqu'on passe près de la plante, ses têtes qui à cette
époque Liennent peu sur leur pédoncule, s s'attachent facile-
ment aux habits, et y restent très-adhérens. La Bardane
est commune sur les bords des chemins et dans les décom-
bres ; elle fleurit en Juillet et août.
Les praticiens sont assez d'accord aujourd’hui pour re-
garder la racine de Bardane comme un bon dépuratif et un
bon sudorifique. Autrefois elle passait aussi pour fébri-
fuge, diurétique, pectorale, vulnéraire, et, sous ces rap-
ports, elle a été employée dans les fièvres intermiltentes,
la gravelle, la pleurésie et les crachemens de sang. Au-
jourd'hui les médecins se bornent à en faire usage dans les
maladies de la peau, la goutte et les rhumatismes chroni-
ques. Quelques auteurs l’ont vantée dans les maladies véné-
riennes anciennes, et l’ont proposée comme succédanée de
la Salsepareille. La seule manière dont on la prépare est
d’en faire la décoction, à la dose d’une demi-once à 2 onces
pour 1 pinte d’eau. Elle entre dans la composition du vin |
antiscorbutique.
Les feuilles de Bardane sont employées extérieurement
comme propres à délerger les anciens ulcères. Cuïtes sous
la cendre ou dans l'eau et réduites en pulpe , on s’en est
quelquefois servi sur les gonflemens articulaires causés par
la goutte, et elles ont soulagé les malades. Appliquées de
la même manière, on leur attribue aussi la propriété de
faciliter la résorption du sang épanché dans les contusions.
M. Percy recommande, d’après sa propre expérience, leur
suc réduit en consistance d’onguent par son mélange avec
de la graisse et de l'huile, contre la croûte laiteuse, la teigne
squameuse , les ulcères atoniques et variqueux des jambes,
les tumeurs scrophuleuses ouvertes. Cet onguent même a
plusieurs fois ralenti la marche et calmé les douleurs des
cancers. On faisait autrefois plus fréquemment usage qu’au-
jourd’hui de l'extrait r'etiré des feuilles. Dans les campagnes,
É pauvres substituent ces feuilles entières au linge pour
panser leurs plaies, et surtout les enfans qui ont la teigne.
Les graines de Bardane sont âcres et amères ; Linné les dit
purgatives. Ou les regardait anciennement comme un excel-
lent diurétique, et on les donnait sous ce rapport à la dose
d’un gros en infusion dans du vin blanc ; on les faisait aussi
FLOSCULEUSES, 519
préparer en émulsion avec la décoction ou l’eau distillée de
la plante. Elles sont maintenant entièrement tombées en
désuétude.
Peyrilhe dit que ses racines et ses jeunes pousses peuvent
se manger après les avoir fait cuire. Les moutons en brou-
tent les feuilles.
La Bardâne majeure (Æretium majus , Flor. Gall. 554),
et la Bardane cotonneuse (_#rctium Bardana , Willd d,
que les botanistes ont distinguées comme espèces particu-
lières, et que Liané regardait comme n'étant que des
variétés, ont les mêmes propriétés que la Bardane officinale,
et peuvent la remplacer dans les cantens où elles sont plus
communes que celle-ci.
186° Genre. — CNiciEer. Cwicus. Lin.
Calice commun cylindrique ou ventru à sa base, com-
posé d’écailles imbriquées , terminées en pointe épineuse.
Tous les fleurons hermaphrodites. Réceptacle garni de pail-
lettes. Aigrettes des graines composées de poils plumeux.
CNICIER DES CHAMPS , vulgairement Chardon hémor-
roidal.
Cnicus arvensis. Hoffm. Flor. Germ. 4. p. 180. — Ser-
ratula arvensis. Lin. Spec. 1149. — Carduus hemorroi-
dalis. Pharm.
Sa racine traçante, vivace, donne naissance à une tige
cannelée , glabre , droite, rameuse , haute de 2 à 3 pieds,
garnie de feuilles oblongues, sessiles, ondulées et semi-
pinñatifides , glabres des deux côtés, ou quelquefois blan-
châtres et cotonneuses en dessous, hérissées d’épines nom-
breuses , assez fortes et inégales. Ses fleurs sont purpurines
ou blanchätres, disposées , à l'extrémité de la tige et des
rameaux , en une sorte de corymbe paniculé : leur calice
est arrondi avant la floraison, et il devient ensuite presque
cylindrique. Cette plante est commune dans les champs
cultivés et les moissons; elle fleurit en juin et juillet.
On rencontre quelquefois sa tige interrompue par des
tubercules formés par les piqûres de certains insectes. On a
prétendu autrefois qu'il suffisait de porter de ces tubercules
dans Ja poche, ou noués dans un coin de la chemise, pour
être guéri des hémorroïdes. Les médecins, appréciant au-
jourd’hui un tel moyen comme il doit l’être, le regardent
520 : FLOSCULEUSES.
comme étant d'une nullité absolue ; mais on trouve encore
beaucoup de gens, même hors de là classe du peuple, qui
croient à son efficacité. IL ne peut d’ailleurs avoir aucun
effet nuisible.
CNICIER LAINEUX, vulgairement Chardon aux ânes,
Chardon a grosse ne Pet-d'äâne.
Cricus Eriophorus. Roth. Flor. Germ. 1. p. AE
Carduus Eriophorus. Lan. Spec. 1153. — Jacq. FI. Aust.
t. 171. — Carduus Ériocephalus. Pharm.
Sa racine est pivotante., bisannuelle ; elle produit une
tige épaisse, cylindrique , cannelée, chargée, dans toute sa
longueur , d'un duvet ondes dis dans sa partie su-
périeure, en quelques rameaux, et haute de 5 5 à 4 pieds. Ses
feuilles sont pinnatifides, dre en dessus, cotonneuses et
blanchâtres en dessous , profondément divisées en pinnules
linéaires, terminées par une poinie épineuse , et munies
chacune vers leur base d’une épine très-acérée : les feuilles
radicales sont très-grandes , étalées sur la terre autour de la
base de la tige ; et celles qui garnissent celle-ci sont sessiles.
Ses fleurs purpurines forment de grosses têles arrondies ,
dont les écailles calicinales sont abondamment chargées
d’une sorte de duvet cotonneux , ressemblant à de la toile
d’araignée. Cette plante est commune sur les bords des
champs, des chemins et dans les décombres ; elle fleurit en
juillet et août.
Borel a prétendu que le suc de cette plante ou ses feuilles
pilées et appliquées long-temps, en réitérant souvent l’ap-
plication , guérissaient le cancer du nez. Tournefort lui a
attribué la même propriété pour le cancer des mamelles.
On doit croire que ces deux auteurs se sont fait illusion sur
les propriétés de ce chardon, car ce remède, qui serait pré-
cieux sil était efficace, et qui serait en même temps facile à
se procurer, est enlièr chien inusité aujourd” hui.
Dans quelques cantons, on mange , après les avoir fait
cuire, les réceptacles des fleurs de cette plante avant que
celles-ci soient parfaitement développées.
107° Genre. — CHARDON. C4rDUUS. Lin.
Ce genre diffère seulement du précédent , parce que les
poils qui forment les aigrettes de ses graines sont simples.
FLOSCULEUSES. 321
CHARDON-MaR1E, vulgairement Chardon Notre-Dame,
srlichaut sauvage, Chardon argenté, Chardon
tache.
Carduus Marianus. Lin. Spec. 1155.— Carduus Ma-
riæ. Blackw. Herb. t. 79. — Pharm.
Sa racine est longue, épaisse, succulente , annuelle ; elle
produit une tige cannelée, rameuse, grosse comme le doigt,
haute de 2 pieds ou un peu plus. Ses feuilles sont longues,
larges , sinuées, anguleuses, glabres, d'un vert clair, par-
semées de taches blanches, bordées de pointes dures et épi-
neuses. Ses fleurs naissent en têtes assez grosses, solitaires
au sommel de la tige ou de chaque rameau : elles ont leurs
fleurons de couleur purpurine, et les folioles de leur calice
sont ovales, bordées, dans leur partie supérieure, de plu-
sieurs dents épineuses, et prolongées à leur sommet en une
très-longue épine. Cette plante croît sur les bords des
champs et des chemins, dans les lieux incultes; elle fleurit
en mai et juin.
Le Chardon-Marie passe pour être sudorifique , apéritif,
diurétique et fébrifuge. Les parties usitées sont les racines,
les feuilles er les graines. On prescrit les deux premières
en décoction, ou le suc exprimé des feuilles fraiches, dans
les engorgemens des viscères, la jaunisse, l'hydropisie, les
rhumatismes chroniques, les fièvres intermiltentes. On con-
seillait autrefois, dans la pleurésie, Fémulsion faite avec les
graines. On trouve encore que celles-ci ont été proposées
comme spécifiques contre la rage. Extérieurement , on a
aussi fait usage du Chardon-Marie sur les ulcères de mau-
vaise nature et sur les cancers. Aujourd'hui cette plante,
soit intérieurement, soit extérieurement, est très-peu em-
ployée par les médecins.
Dans quelques provinces, on mange, comme herbe po-
tagère, les pétioles tendres des jeunes feuilles , et ces feuilles
elles-mêmes, après en avoir retranché les bords épineux.
188° Genre. — ONOPORDE. ONOPORDUM. Lin.
Calice commun ventru , composé d’écailles imbriquées,
terminées en pointe épineuse, Tous les fleurons hermaphro-
dites. Réceptacle creusé d’alvéoles formées par des mem-
branes ironquées. Graines tétragones, couronnées par une
aigrelle de poils simples,
X
5292 FLOSCULEUSES.
ONOPORDE ACANTHIN, vulgairement grand Chardon
aux änes, Artichaut sauvage, Epine blanche sau-
vage, Epine blanche des champs, Pédane.
Onopordum Acanthium. Lin. Spec. 1158. — A4can-
thium. Matth. Valgr. 671. — ÆAcanthium Spina alba.
Phiarm.
Sa racine est blanchâtre, pivotante, bisannuelle ; elle
produit une tige droite, rameuse, revêtue d’un duvet blanc,
cotonneux, et haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont grandes,
ovales-allongées, sinuées et anguleuses, très-épineuses, d’un
vert pâle etun peu chargées de duvet en dessus, blanchâtres
et très-cotonneuses en dessous ; les radicales sont rétrécies à
leur base; celles de la tige sont semi-amplexicaules et dé-
currentes de chaque côlé en une aile très-épineuse. Ses fleurs
forment des têtes arrondies , terminales, dont les fleurons
sont d’une couleur purpurine ou plus rarement blanche.
Cette plante est commune sur les bords des chemins ; elle
fleurit en juin et juillet.
L'Onoporde n'est presque point usité en médecine ; on
Jui a attribué une propriélé apéritive, diurétique , sto-
machique, et l’on a recommandé ses graines comme bonnes
pour les convulsions des enfans, Ses fleurs ont, selon J. Bau-
hin, la faculté de faire cailler le lait. Leurs réceptacles,
avant l'épanouissement du calice et des coroiles, sont bons
à manger, de mème que ceux des Artchauts, © !
180° Genre. — CARTHAME. CARTHAMUS. Lin.
Caïice commun ovoïde, imbriqué d’écailles souvent mu-
nies d’une appendice à leur sommet, ou terminées par une
très-petite épine. Fleurons tous hermaphrodites. Réceptacle
garni de paillettes. Graines dépourvues d’aigretie, ou cou-
ronnéés par des poils ou des paillettes.
CARTHAME DES TEINTURIERS, vulgairement Car/hame,
Graine de perroquet, Safran d'Allemagne, Safran
bâtard, Safranum.
Carthamus tinctorius. Lin. Spec. 1162.— Carthamus.
Pharm.— Cnicus seu Carthamus. Dod, Pempt. 562.
Sa raciue est annuelle; elle produit une tige droite, cy-
19
lindrique , glabre, simple inférieurement, rameuse dans sa
FLOSCULEUSES. 325
partie supérieure, haute de 1 pied’'el.demi à 2 pieds; garnie
de feuilles ovales ou ovales-lancéolées, sessiles , glabres,
d’un vert gai, entières ou bordées de quelques petites dents
épineuses. Ses fleurs, d’un rouge de safran, forment, à
l'extrémité de la tige et des rameaux, des têtes assez grosses ;
les écailles extérieures de leur calice sont munies d’une ap-
pendice foliacée et épineuse. Les graines sont dépourvues
de toute espèce d’aigrette. Cette plante cst originaire du
Levant et de l'Égypte; on la cultive dans plusieurs cantons
du midi de la France ; elle fleurit en juillet.
La graine de Carthame est un purgalif trèsancien , puis-
que Hippocrate en parle comme d’un médicament qui lâche
le ventre. Quelques auteurs l’ont principalement préconi-
sée dans les hydropisies 3: mais depuis assez longtemps on
a cessé de l’employer. Lorsqu'elle était en usage, on
en faisait des émulsions dans lesquelles elle entrait à la
dose de 2 à 6 gros. Ces graines ont donné’leur nom à l’élec-
tuaire Diacarthami , dont elles faisaient la base, mais qui
devait bien plus ses propriétés purgälives à la Scammonce
el au Turbith, qu’à ces graines elles-mêmes. Elles eutraient
aussi dans la poudre arthritique purgative du Codex de
l’ancienne faculté, autre préparation pharmaceutique ou-
bliée de nos jours, ainsi que le Diacarthami.
Le Carthame mérite bien plus d'attention à cause de scs
propriélés économiques, que sous le rapport de ses usages en
médecine ; el sa culture en France, si elle était plas considé-
rable, nousaflranchirait d'être les tributaires du Levant, $es
fleurs fournissent deux couleurs, l’une jaune, extractive et
soluble dans l’eau , l’autre rouge, résineuse et soluble dans
les alcalis. Cette dernière est employée par les teinturiers ,
pour donner à la soie toutes les nuances depuis le rose
tendre jusqu'à la couleur cerise. Les plumassiers s'en ser-
vent aussi pour teindre les plumes, et enfin c’est encore
avec ie même principe colorant qu’on fait celle préparation
4
connue sous Je nom de rouge végétal, dont les dames en-
pruntent souvent celte couleur rose dont elles aiment à
animer leur figure. Les perroquets sont friands des graines
de Carthame, et elles engraissent ces oiseaux quand on leur
en donne souvent.
L4
Po4 FLOSCULEUSES.
190° Genre. — CARLINE. CARLINA. Lin.
_ Calicecommun ventru, imbriqué d'écailles de deux sortes s
les extérieures sinuées-épineuses, läches; les intérieures fort
longues, lancéolées-linéaires , colorées , scarieuses, ouvertes,
imitant la couronne d’une Radiée. Tous les fleurons her-
maphrodites. Réceplacle garni de paillettes. Graines ey Lin-
driques, couronnées d’une aigrelte plumeuse.
CARLINE A FEUILLES D’ACANTHE, vulgairement Caméæ
léon blanc, Chardonnerelte; dans les Alpes du Dau-
hiné, Chardousse.
Carlina Acanthifolia. AU. FL Ped. n. 57x. t. 51. —
Carlina sive Cham:leon. Pharm.
Sa racine est grosse, longue , pivotante, couverte d’une
écorce roussâlre, souvent interrompue par des gerçures
longitudinales et irrégulières ; elle ne vit que deux ans et
donne naissance à plusieurs feuilles ovales-oblongues, pé-
tivlées, toutes étalées sur la terre, découpées profondément
de chaque côte en 5 à 6 lobes endulés et bordés de dents
épineuses. Ces feuilles sont d’un vert pâle, ayant leur sur-
face abondamment recouverte d'un duvet semblable à de la
toile d'araignée. Da milieu d'elles naît une seule fleur ses-
sie, blanchâtre, très-grande , large de 3 à 4 pouces. Cette
plante fleurit en juillet; elle croît dans les lieux secs et pier-
reux des montagnes de la Provence, du Dauphiné et dans
les Pyrénées,
Oa atiribuait autrefois une vertu alexipharmaque à la
racine de Caméléon blanc: et des auteurs anciens, amateurs
du merveilleux, ont même prétendu que cette vertu fat
miraculeusement révélée par un ange à l’empereur Char-
lemagne, pendant une maladie pestilentielle qui ravageait
son armée. Cetle racine a-encore passé pour lonique, sto-
machique, sudorifique et emménagogue ; mais elle n'est
lus d'aucun usage aujourd’hui dans la pratique. Quelques
préparations officinales dans lesquelles elle entrait, sont
également tombées en désuétude.
Dans les Mpes et les Pyrénées, les montagnards mangent
le réceptacle des fleurs après lavoir mondé. de ses écailles
et de ses lames intérieures. Plusieurs personnes, dans ces
contrées, le font aussi confire au miel ou au sucre, pour
le servir ensuite sur les tables. Les fleurs sèches font cailler
le lait.
FLOSCULEUSES. 325.
191° Genre. — ARTICHAUT. CYNARA. Lin.
/
Calice commun très-grand, ventru, imbriqué d'écailles
charnues à la base , terminées en pointe très-aiguê.'Tous les
fleurons hermaphrodites. Réceptacle charnu , garni de soie.
Graines couronnées d’une longue aigrettesplumeuse.
ARTICHAUT COMMUN.
Cynara Scolymus. Lin. Spec. 1159. — Cynara hor-
tensis. Pharm. — Scolymus Dioscoridis. Clus. Hist. CLHT,
* Sa racine est grosse , longue, vivace: eile produit une
tige épaisse, cannelée, cotonneuse, divisée en quelques ra-
meaux , et haute de 2 à 5 pieds. Ses feuilles sont alternes,
fort grandes, pinnatifides , découpées en lamiéres larges et
lobées, d'un vert cendré en dessus, couvertes en dessous
d’un duvet blanchätre. Ses fleurs, d'un bleu violet , for-
ment une tête fort grosse, située à l'extrémité de la tige et
des rameaux : les écailles de leur calice commun sont larges
à leur base, et se terminent en pointe non épineuse. Cette
plante est originaire du midi de l'Europe, et on la cultive
abondamment dans les jardins; elie fleurit eu été.
Les racines d’Artichaut sont diurétiques et apérilives 3
mais on en fuit très-peu d'usage en médecine, et ce n'est
guère que comme alimentaire que l’on voit cette plante cul-
tivée partout. Ce sont les têtes des fleurs non épanouies que
l’on sert sur les tables, pour manger la substance charnue,
qui forme la base des écailles calicinales, et le réceptacle des
fleurs que l’on nomme cul d’Artichaut. Les Artichauts
sont un aliment sain qui se digère facilement, et qu’une
légère astringence rend un peu tonique. Gn les mange cuils
assaisonnés de différentes manières, quand ils ont acquis
toule la grosseur possible, sans que cependant les fleurs
soient ouvertes, et cruds quand ils sont encore fort jeunes.
ARTICHAUT CARDON, vulgairement Carde, Cardon ,
Cardon d'Espagne, Cardonnette, Artichaut épincux.
Cynara Cardunculus. Lin. Spec. 1159.
Cette espèce diffère de la précédente, parce que les bords
des feuilles, le pétiole et les écailles des calices sont hérissés
de fortes épines. Quelques auteurs pensent qu’elle n'est
qu'une variété de la précédente. On la cultive de même
dans les jardins; mais ce n’est point ses têles de fleurs qui
X 5
526 FLOSCULEUSES.
se mangent, ce sont les pélioles des feuilles et leurs côtes
longitudinales. Pour faire perdre l’amertume naturelle à cés
parties, les jardiniers les font élioler, ce qu'ils appellent
blanchir, en liant les feuilles en faisceau et en les envelop-
pant de paille, de fumier , ou en les recouvrant de terre.
, sea
192° Genre. — CENTAURÉE. CENTAUREA. Lin.
Calice commun ovale ou arrondi, imbriqué d’écailles,
dont les bords sont'ou scarieux, ou ciliés on épineux. Fleu-
rons du centre hermaphrodites ; fleurons de la circonfé-
rence stériles. Réceptacle garni de paillettes divisées jusqu’à
la base en lanières fines et soyeuses. Graines munies d’un
ombilic latéral, et couronnées d'une aigrette de poils sim-
ples et roides.
CENTAURÉE COMMUNE, vulgairement grande Centaurée.
Centaurea Centaurium. Lin. Spec. 1207. — Centau-
rium majus vel magnum. Blackw. Herb. t. 95.—Pharm.
Sa racine est grosse , longue, vivace, rougeälre en de-
hors, d’une odeur légèrement aromatique, et d’une saveur
amère; elle pousse une tige de 5 à 5 pieds, droite, cylin-
drique, glabre, garnie, dans le bas, de feuilles grandes,
glabres, d’un beau vert, ailées, composées de beaucoup de
folioles lancéolées, dentelées en leurs bords, décurrentes
sur leur péliole commun. Ses. fleurs sont purpurines, dispo-
sces sur de longs pédoncules à l'extrémité de la tige; leur
calice est formé d'écailles lisses, glabres, ovales, obtuses,
enlères, convexes sur le dos; les graines sont lisses et ailon-
gées. Cette plante croît dans les Alpes ; elle fleurit en juillet
et août. E
La grande Centaurée passe pour tonique et sudorifique ;
mais elle ne possède ces vertus qu’à un degré assez faible.
Autrefois on l’employait assez fréquemment, et de la même
manière que la petite Centaurée. Elle est actuellement
presque tout-à-fait abandonnée , et remplacée par d’autres
substances plus actives. Néanmoins on peut la recomman-
der aux personnes qui ont besoin de faire un usage presque
contnuel des toniques, et chez lesquelles on est obligé de
varier de temps en temps les prescriptions pour en obtenir
des effets sensibles. On la donne en décoction à la dose d’une
demi-once ou d’une once pour une pinte d'eau, et en
FLOSCULEUSES. 527
poudre à celle de 1 à 2 gros. L'extrait peut aussi être admi-
nistré à Ja quantité d’un demi-gros à 1 gros.
CENTAURÉE JACÉE, vulgairement Jacée.
Céntaurea Jacea. Lin. Spec. 1295. — J'acea nigra. FI,
Dan. t. 519.
Sa racine est épaisse, à demi ligneuse, vivace ; elle pro-
duit une ou plusieurs tiges cylindriques, velues, redressées,
hautes de 12 à 20 pouces, munies à leur base de feuilles ra-
dicales, pétiolées, lancéolées, le plus souvent entières, quel-
quefois découpées vers leur base en quelques lobes aigus,
chargées d’un duvet court; les feuilles caulinaires sont plus
courtes, sessiles , entières ou ineisces par une ou deux grandes
dents du côté de leur base. Ses fleurs sont disposées à l'ex-
irémité de la tige et des rameaux , composées de fleurons
d’une couleur purpurine, ayant leur limbe découpé en cinq
divisions, et réunies plusieurs ensemble dans un calice com-
mun, formé d'écailles imbriquées, scarieuses, eiliées, rous-
sätres ou brunâtres. Les graines sont oblongues , placées
sur un réceptacle hérissé de paillettes suyeuses, et couron-
nées d’un rang de cils très-courts. La Jacée est commune
dans les prés, les pâturages et au bord des bois; elle fleurit
en juin et juillet.
La racine de cette plante a une saveur astringente et assez
amère. Elle passait autrefois pour détersive, astringente et
vulnéraire. On a conseillé sa décoction en gargarisme pour
les aphtes et les ulcères de la bouche, de la gorge, el pour
les gonflemens des amygdales et de la luette ; mais 1l ne
paraît pas qu'elle ait jamais été beaucoup employée, et elle
est maintenant tout-à-fait tombée en désuétude.
CENTAURÉE BLEUET, vulgairement Æubrfoin, Bar-
beau, Blavéole, Bleuet, Casse-lunetle , Péroole.
Centaurea Cyanus. Lan. Spec 1289. — Cyanus major.
Blackw. Herb. t. 66. — Cyanus. Pharm.
Sa-racine est fibreuse, annuelle; elle donne naissance à
une tige haute de 1 pied et demi à 2 pieds, slriée, un peu
cotonneuse, ainsi que les feuilles, plus ou moins rameuse.
Ses feuilles sont longues, étroites, linéaires, d’un vert blan-
chätre, simples sur la tige, pinnatifides à sa base, Ses fleurs,
terminales, portées sur de longs pédoncules , sont con-
stamment d'un beau bleu d'azur dans l'élal sauvage: elles
X 4
520 FLOSCULEUSES.
deviennent, par la culture, blanches } roses, purpurines ;
violettes, panachées. Cette plante est très-commune dans
les moissons, où elle fleurit en mai, juin et juillet.
Le Bleuet à passé pour fébrifuge, apéritif, diurétique,
anti épileptique et vulnéraire ; mais aucune de ces propriétés
n'élant suffisamment conslalée , il y a long-temps que
son usage a été abandonné sous tous ces rapports. L/eau
distillée de ses fleurs, qu’on appelait Eau de Casse-lunette,
a joui pendant plus long-temps d'une certaine réputation
pour les maladies des yeux : on lui croyait la vertu de for-
üfier la vue, et de la rendre plus claire. Cette eau, comme
la plante elle-même, est maintenant tombée en désuétude.
On retire des fleurons extérieurs du Bleuet une couleur
violette qui devient bleue par l’alun et rouge par les acides;
les peintres s’en servent pour la miniature.*Les vaches, les
brebis et les chèvres mangent cette plante; les chevaux n’en
veulent point.
CENTAURÉE CHARDON-BÉNI, vulgairement Chardon-
béni.
Centaurea benedicta. Lin. Spec. 1296. — Carduus
beneiictus. Matth. Valgr. 812. — Pharm.
Sa racine est jaunâtre, annuelle, presque modore, mais
d’une saveur fortement amère, ainsi que toute la plante. Sa
tige est rougeûtre, très-velue, lanugineuse, branchue, haute
de 1 pied à 1 pied et demi, garnie de feuilles allongées, den-
tées, velues, traversées par une nervure; celles du bas sont
sinuées et à lobes profonds. Les fleurs sont jaunes, entourées
d’uu calice double; l'extérieur formé de bractées scarieuses,
l'intérieur à folioles dont les épines sont rameuses et jau-
nâtres. Les graines sont cannelées longitudimalement , mar-
quées à leur base et latéralement d’un large ombilic, sur-
montées d’une double aigrette. Cette plante croît dans les
provinces méridionales, et fleurit en juin et juillet.
Le Chardon-béni est connu et employé depuis fort long-
temps dans la matière médicale. C’est un bon amer ; il
jouit de propriétés toniques et fébrifuges remarquables.
C’est surtout dans les fièvres intermittentes printannières
qu'on l’a administré avec le plus de succès. 1} convient
aussi dans les autres fièvres, et dans toutes lesimaladies où il
existe une faiblesse des organes digestifs. On en fait encore
usage comme sudorifique, One préconisé le Chardon-béni
FLOSCULEUSES. 529
tomme étant d’une grande utilité dans les inflämmations
de poitrine , la pleurésie et la péripneumonie, par exemple.
Mais on doit non-seulement regarder comme de nulle va-
leur les éloges qu’il a reçus à cet égard , mais encore son
action tonique et stimulante est éminemment nuisible dans
les vraies phlegmasies de la poitrine. Avec plus de raison,
sans doute, on a conseillé son application sur les ulcères re-
belles et de mauvais caractere; mais aujourd'hui cette plante
est beaucoup moins usitée qu'auttefois . parce qu'on ne
manque pas d'autres substances dont l’action est encore plus
assurée,
Les diverses formes sous lesquelles on emploie cette plante
sont : l’infusion et la décoction aqueuse ou vineuse, à la dose
de demi-once pour 2 livres de liquide; l'extrait, à la quan-
lité de 1 demi-gros à 1 gros. On peut également se servir de
la poudre, et en faire prendre 1 demi-gros dans un verre
de vin. Les feuilles , les sommités fleuries ou les graines de
Chardon-béni entraient jadis dans plusieurs préparations
pharmaceutiques, qui sont presque toutes reléguées main-
tenant dans les anciens formulaires. L'eau distillée qu'on
prépare avec la plante fraîche, se donnait autrefois beau-
coup plus fréquemment que de nos jours dans les potions
cordiales et les potions sudorifiques.
CENTAURÉE CHAUSSE-TRAPE, vulgairement Chardon
étoilé, Chausse-trape.
Centaurea Calcitrapa. Lin. Spec. 1297. — Carduus
stellatus. Dod. Pempt. 555. — Pharm.
Sa racine est longue, pivolante, blanchätre, bisannuelle ;
elle produit une tige velue, très rameuse, haute de 1 pied ,
garnie de feuilles pinuatifides, à à découpures plus ou moins
dentées ; les radicales sont en lyre. Ses fleurs sont rougeâtres
ou quelquefois blanches, axillaires ou terminales, presque
sessiles ; leurs épines calicinales sont grandes, ouvertes et
disposées en étoile avant l'épanouissement de la fleur. Cette
plante est très-commune sur les bords des chemins; elle
fleurit en juillet et août.
La Chausse-trape passe pour diurétique , apéritive et
fébrifuge. On employait autrefois, en décoction, en poudre
ou en extrait, l'herbe entière, Lé l'on préparait avec ses
graines une sorte d'émulsion. L’écorce de la racine a été
550 SEMI-FLOSCULEUSES.
vantée comme spécifique contre les douleurs néphrétiques.
Aujourd’hui cette plante n’est plus du tout en usage,
Famille XLIX.
SEMI-FLOSCULEUSES.
Les Semi-flosculenses, comme les deux familles précé-
dentes, sont des plantes dont les fleurs sont composées de la
réunion de plusieurs fleureltes monopétales. Les Radiées
réunissent en même temps les deux formes de fleurettes, les
demi-fleurons et les fleurons, les Flosculeuses n’ont que ces
derniers, et les Semi-flosculeuses sont au contraire entière-
ment formées de demi-fleurons, mais toujours hermaphro-
dites, et non pas simplement femelles, comme cela arrive
souvent dans les Radiées. Au reste, le calice commun, le
réceptacle et les graines ont une conformation analogue
à celle des Radiées et des Flosculeuses. Les feuilles sont
alternes, ou qnelquefois toutes rädicales, allongées, entières -
ou pinnatifides; les tiges sont toujours herbacées.
Les racines, les tiges, les feuilles, et mème quelquefois
les fleurs d’une grande partie des Semi-flosculeuses con-
üennent un suc propre, lactescent et amer, qui, selon qu'il
est plus ou moins développé, ou combiné avec une certaine
quantité de mucilage, donne à ces plantes des qualités dif-
férentes. Ainsi, ce suc trés-abondant, et principalement
composé d’un principe très-amer dans la Laitue vireuse et
la Laitue sauvage, rend ces plantes narcotiques et même
vénéneuses. Dans la Laïitue cultivée , au contraire, dans les
Chicorces, le Pissenlit , les racines des Salsifix et des Scor-
zontres, le mucilage étant plus abondant, ces-plantes sont
employées en médecine comme apéritives, fondantes et
laxatives. Ces dernières Semi-flosculeuses n’ont mème dans
leur jeunesse, avant que leur suc propre soit complétement
formé, qu’une amertuine très-supportable et qui permet de
les mangér. Par le moyen d’une culture soignée, l’art du
jardinier a su les améliorer et en faire des alimens sains et
agréables au goût.
Les Semi-flosculeuses qui ne sont point lactescentes pas-
sent pour aslringentes; mais celie propriété. est peu déve-
Joppée chez elles.
QA
Lan)
SEMI-FLOSCULEUSES.: 5
395° Genre. — SALSIFIX. T'RAGOFOGON. Lin.
Calice commun, composé d'un seul rang de & à 10 folioles
égales. Réceptacle nu, ponctué. Graines striées longitudi-
nalement , rudes, prolongées en un pédicelle long et grêle,
portant une aigrelte plumeuse.
SALSIFIX DES PRÉS, vulogairement Barbe de bouc,
Cercifi, Sersifi ou Sarsrfic. |
Tragopogon pratense. Lin. Spec. 1109.— Bull. Herb.
t. 209. — Pharm. | :
Sa racine est grosse comme le doigt, longue, pivotante,
blanchâtre, bisannuelle ; elle produit une tige cylindrique,
en général peu rameuse, haute de 1 pied et demi à 2 pieds,
garnie de feuilles alternes, étroites, longues, lisses, creusées
en goutlière, amplexicaules à leur base. Ses fleurs sont
jaunes, solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux.
Celte plante est commune dans les prés, et on la cultive
comme alimentaire; elle fleurit depuis le mois de mai jus-
qu'en septembre.
Les racines du Salsifix des prés sont apéritives, sudori-
fiques, dépuratives et pectorales. On les a recommandées
autrefois dans les maladies des reins et de la vessie, dans celles
de Ja peau, dans la pleurésie, l'asthme ; mais elles ne sont
plus usilées maintenant. On en fait au contraire un usage
assez fréquent dans les cuisines, où elles sont préparées de
diverses manières pour êlre servies sur les tables. Les Sal-
sifix sont un aliment sain et agréable.
Tous les bestiaux, exceplé les chèvres, en mangent les
feuilles.
Le Salsifix à feuilles de Poireau (4ragopogon porrifo-
lium , Lan. Spec. 1110.), qui croît aussi dans les prés, sur-
toul dans nos départemens du midi, est également cultivé
pour les mêmes usages culinaires que le Salsilix des prés.
194° Genre, — SCORZONÈRE. SCORZONERA. Lin.
Calice commun, oblong , composé de plusieurs folioles,
environné d'écailles inégales, pointues, membraneuses en
leur bord. Réceptacle nu, garni de papilles. Graines lon-
gues, sessiles , rétrécies au sommet en un pédicelle qui porte
une aigretle plumceuse, entremêlte de poils écailleux et
soyeux.
5352 SÉMI-FLOSCULEUSES.
SCORZONERE D'ESPAGNE, vulgairement Scorzonère
notre, Salsifix d’Espagne, Salsifix noir.
Scorconera Hispanica. Lan. Spec. 11 12.—Scorzonera.
Blackw. Herb. 1. 406. — Pharm.
Sa racine est pivotante, de la grosseur du doigt, noirâtre
en dehors, bisannuelle ; elle produit une tige glabre, can-
nelée, rameuse, haute de 2 à 3 pieds, garnie de feuilles
alternes! amplexicaules, oblongues-lancéolées, glabres,
chargées de nervures, un peu ondulées en leurs bords.
Ses fleurs sont jaunes, Dane terminales, portées sur de
longs pédoncules fistuleux. Cette plante croît naturellement
dans les prés et les pâturages du midi; on la cultive dans
les champs et les jardins du nord, pour les usages de la cuï-
sine. Elle fleurit en mai et juin.
Les racines de la Scorzonère d’Espagne ont les mêmes
propriétés que celles du Salsifix des prés. On les a de plus
vaulées comme stomachiques, emménagogues et alexiphar-
maques, et on les a recommandées contre la peste, les fièvres
malignes, les morsures des animaux venimeux; leur insuf-
fsance dans tous ces cas les a fait depuis long-temps aban-
donner. On a particulièrement préconisé leur décoction
comme un excellent moyen de faciliter l’éruption de la
petite-vérole: mais depuis que, par le bienfait de la vaccine,
on peut se préserver de cette cruelle maladie, qui fut pen—
dant trop long-temps un des fléaux les plus destructeurs de
l'espèce humaine, on n’a plus besoin d'avoir recours à un
moyen qui, d’ailleurs, était loin d’être curatif de la maladie.
Les Scorzonères sont, comme les Saisifix, un aliment
salulaire, qui convient généralement à tous les tempéra-
mens ; on les mange de même après les avoir fait cuire, en
les assaisonnant de différentes manières.
19° Genre. — LAITRON. SonNcHus. Lin.
Involucre oblong, ventru à sa base, resserré au sommet,
composé de folioles inégales, imbriquées. Graines hide.
surmontées d'une aigrelte courte et sessile, et portées sur 1
réceptacle nu.
LAITRON OLÉRACÉ, vulgairement Laceron, ou Palais
de- lièvre.
Sonchus oleraceus. Lin. Spec. 1116. — Sonchus asper
SEMI-FLOSCULEUSES. 553
et Sonchus lævis. Pharm. — Sonchus asper. Blackw.
Herb. t. 50, et Sonchus lœvis. Blackw. Herb. t. 130.
Sa racine est assez épaisse, pivotante, blanchâtre, an-
nuelle ; elle donne naissance à une ge lisse, tendre, fistu-
Jleuse, haute de 1 pied et demi à 2 pieds, garnie de feuilles
alternes, amplexicaules, allongées, auriculées à leur base,
glabres, d'un vert un peu glauque, sujettes à présenter des
différences assez remarquables pour faire croire que cette
plante forme deux ou même quatre espèces distincles; mais
ce ne sont que de simples variétés, qu'on peut caractériser
ainsi qu'il suil. Dans certains satin les feuilles sont
roncinées ou en lyre, découpées en lobes profonds, ou
presque pinnalifides, ce qui constitue une première variété
qui se subdivise en deux autres, dont l’une a les lobes de
ses feuilles bordés de dents très-nombreuses et très-aiguës,
roides, piquantles, comme épineuses, et dont l’autre, au
contraire , a ses lobes garnis de dents rares et nullement épi-
neuses. Dans d'autres individus, les feuilles sont entières,
simplement dentelées, épineuses ou non : ce qui forme encore
deux autres variétés. Dans toutes ces plantes, les tiges et les
feuilles sont remplies d’un suc laiteux abondant, et les fleurs
sont jaunes, terminales, disposées en une sorte de corymbe.
Le Laitron oléracé est commun dans les jardins, les lieux
cultivés et fertiles. H fleurit depuis le mois de mai jusqu’à la
fin de l'été.
Toutes les parties de cette plante ont une saveur amère,
Ses feuilles étaient employées autrefois plus fréquemment
que de nos jours ; cependant on en prescril encore quelque
fois le suc. Elles sont apéritives et rafraîchissantes; elles
conviennent dans lesengorgemens des viscères du bas-ventre.
Les gens de la campagne, dans quelques cantons, mangent
en salade les jeunes feuilles des variétés non épineuses avant
que la tige soit poussée ; on en mange aussi les racines pen
dant l'hiver, temps pendant lequel elles ont moins d’amer-
tume. Les lapins et les lièvres sont très-friands des feuilles et
des jeunes Uiges: les vaches et les bestiaux les broutent aussi
avec avidité, et indifféremment les variétés épineuses comme
celles qui ne le sünt pas.
196° Genre, — LaAiTUE. LACTUCA. Lin.
Demi-fleurons contenus dansun calice commun, presque
cylindrique, formé de folioles inégales, imbriquées ; Merm-
854 SEMI-FLOSCULEUSES.
braneuses sur leur bord. Graines munies d’une a aigrette
pédiculée, et portées sur un réceptacle glabre et ponctué.
LAITUE CULTIVÉE.
Lactuca sativa. Lin. Spec. 1 LOUE Lactuca. Blackw.
Herb. t. 88. — Fharm.
Sa racine est épais sse, pivotante, blanche, annuelle ; elle
donne naissance à une tige cylindrique, droite, glabre,
feuillée dans tonte sa longueur , Simple dans sa partie sus
rieure à ramifiée dans la supérieure, haute de 2 pieds ou à
peu près. Ses feuilles sont allernes , amplexicaules , ovales-
arrondies ou ovales-oblongues, très glabres, d'un vert
"pâle, ondulées en leurs bords. Dans la plus g grande partie
des variétés qui sont cultivées dans les jar din, les feuilles
radicales prennent beaicoup de développement sont très-
mulüpliées , imbriquées et serrées les unes sur les autres,
et elles enveloppent entièrement la jeune tige dont elles
ralentissent l’accroissement, et avec laquelle elles forment
une sorte de tête, arrondie dans certaines variétés, ovale ou
ovale-oblongue dans d’autres, à laquelle on donne le nom
de pomme. Dans ces Laitues pommées, comme dans celles
qui ne le sont pas, lorsque la tige prend son essor pour ar-
river à la hauteur où elle dait atteindre, les fecilles qui la
garnissen! sont cordiformes, embrassantes, à peine pointues
à leur sommet. Les fleurs sont jauuâtres , assez petiles ,
nombreuses, portées à l'extrémité des tiges et des rameaux
sur des pédoncules rameux, et disposées en panicule. On
ne sait pas d’une manière positive quelle est la patrie de
cette plante; mais elle est cultivée depuis si long-temps dans
nos jardins , qu'on peut la regarder aujourd’hui comme si
elle était indigène. Elle flenrit.en juillet et août.
La Laitue cultivée est bien plus employée comme ali-
ment que comme remède. Elle n'offre en réalité qu’une
nourriture peu substantielle, et que beaucoup d’estomacs ne
digèrent pas facilement crue, comine on la mange le plus
souvent. Les assaisonnemens divers, comme les feuilles
d'Estragon, celles de Cerfeuil, ete., qu’on lui ajoute ordi-
ni pour la manger en salade; servent en même
CRE à en masquér l'insipidité , et à en rendre Ja digestion
ji lus facile. La coction produit encore mieux ce dernier
efet. F
À l’amertume, à Ja propriété apéritive de toutes les
SEMI-FLOSCULEUSES. 553
Semi-Flosculeuses , les Laitues joignent celle d’être plus
ou moins narcoliques 3 mais celle qualité , qui réside dans
leur suc laiteux , est bien moins marquée dans la Laitue
cultivée que dans les espèces sauvages. Le bon eflet que son
usage produit quelquefois contre l’insomnie était bien connu
de l’antiquité. Galien, vieux el fatigué de ses longs tra-
vaux, se procurait des nuits plus tranquilles en mangeant
de la Laitue Je son. C’est sans doute de la propriété légère-
ment narcotique de la Laitue, que dérive tout ce que les
anciens ont débité de sa vertu anti-aphrodisiaque. Aujour-
d’hui on emploie utilement la Laitue comme aliment dans
les obstructions et dans les affections nerveuses des viscères de
l'abdomen , telles que l’hypocondrie, les coliques nerveuses,
L'eau distillée de Laitue, surlout celle qui est cohobée,
est légèrement calmante; on en a quelquefois fait usage
avec avantage contre des mouvemens spasmodiques. qui
avaient résislé aux aulres moyens, On la donne à la dose
de 1 à 4 onces; elle est très-propre à servir d’excipient pour
les potions calmantes. Le suc de la plantese prescrit assez frée
quemment à la dose de 2 à 4 onces. Les graines , qui étaient
autrefois fort en usage, sont inusitées aujourd’hui ; elles
étaient du nombre de celles qu’on désignait spécialement sous
le nom de semences froides. Elles entraient dans quelques
préparations pharmaceutiques, qui ont vieilli et ne sont
plus employées. Les feuilles de Laitue cuites servent quel-
quelois à faire des cataplasmes adoucissans; elles font partie
des substances qui entrent dans la composition de l’onguent
Populeum. ;
LAITUE VIREUSE,
Lactuca virosa. Lin, Spec. 1119, — Pharm,
Sa racine est pivotante, annuelle, divisée en quelques
fibres; elle produit une tige droite, cylindrique, haute de
3 à 5 pieds, hérissée de petites épines, simple inftrieure-
ment, rameuse dans sa partie supérieure, garnie danstoute
sa longueur de feuilles oblongues , un peu spatulées, am
plexicaults à leur base, inégalement dentées:en leurs bords,
glabres , d’un vert glauque, épineuses en leur nervure pos-
térieure. Ses fleurs sont d’un jaune-elair, assez petites, vis-
queuses, disposées en plusieurs grappes menues et peu gar-
mies, à l'extrémité de la tige et des rameaux, formant, dans
leur ensemble, une grande panicule, Celte plante n'est pas
556 SEMI-FLOSCULEUSES.
rare sur le bord des champs , le long des haies et dans les
décombres; elle fleurit en juin et juillet.
De tous les temps la Laitue vireuse paraït avoir été re-
gardée comme vénéneuse. Son suc laileux est la partie la
plus active de la plante; l'extrait qu’ ‘on en prépare est en-
core plus énergique, Dans les expériences de M. Orfila,
2 gros de cet extrait ont toujours fait mourir les chiens aux-
quels il le fit prendre.
Collin est le premier qui ait fait des expériences suivies
sur la propriété de la Laitue vireuse ; c’est surtout dans
l'hydropisie qu'il assure s'être servi avec avantage de l’ex-
trait de cette plante. Suivant lui, cet extraitexcite les urines,
quelquefois la sueur, et Helte les déjections alvines. Il Fa
vu produire également de bons effets dans les obstructions
abdominales, l’ictère , et les affections catarrhales chroni-
ques du poumon. Les essais de Collin sont loin d’être con-
cluans sur les avantages de l'emploi de la Laitue vireuse
dans ces diverses maladies. Quarin se plaint de lavoir vai-
nement administrée dans les hydrepisies. Il y a quelques
années que le docteur Schlesinger a présenté son extrait
comme un moyen curatif de l’angine pectorale ou asthme
convulsif, en le donnant aux malades par 2 grains à la
fois, de deux heures:en deux heures. Mais le demi-grain de
digitale qu'il mêlait dans sa prescription, ne peut- -1l pas
revendiquer une grande partie du succès que, dans ce cas,
il &ctribue au seul extrait de Laitue vireuse ? C’est surtout
comme antispasmodique que cet extrait, la seule prépa-
ration de ce végétal qui soit usitée , peut être utile ; quoi-
qu'il s’en faille bien qu’on puisse le regarder comme aussi
actif que l’Opium ; car il résulte de quelques observations
qui me sont particulières, qu'il faut au moins 10 à 12 grains
d'extrait de Laitue vireuse pour remplacer 1 grain d’'ex-
trait d'Opium.Si d’ailleurs, comme quelques praticiens l’as-
surent, l'extrait de Laitue, en produisant les heureux effets
del Opium, ne cause presque jamais les accidens que celui-ci,
même à pelite dose, détermine chez certains individus, son
peu d'action , restreint d’ailleurs son emploi aux*seuls :cas
où toute l’énergie de ce dernier n’est pas nécessaire. Quand
on commence à prescrire l'extrait de Laitue vireuse, on
le donne d’abord à la dose de 6 à 10 grains; mais, par une
augmentation progressive , on peut ar river jusqu’ ’à en faire
preudre, sans inconvénient, 1 à 2 gros, et même 5 par jour.
SEMI-FLOSCULEUSES. 357
LAITUE SCARIOLE , vulgairement Laïlue sauva TE.
Lasiuca Séariold, Lin. Spec. 1119. — Lactuca syl=
vestris. Fuchs. Hist. 501. — Pharm.
Cette plante est très-voisine de la précédente par ses ca-
ractères extérieurs, car elle n'en diffère que parce que ses
feuilles sont roncinées ou pinnatifides. Elle habite dans les
mêmes lieux et fleurit en même lemps. ( Quant à ses pro-
priétés , elles sont aussi à peu près les mêmes que celles de
la Laitue vireuse ; on la dit seulement un peu moins nar-
cotique. Le nom ‘de Laitue Scariole ne doit pas faire con-
fondre cette plante avec la Scariole des jardiniers, qui est
une des variétés de la Chicorée cultivée.
197° Genre. — PissENLiTr. T'4RAXACUM. Haller.
Calice commun composé d’un rang de folioles, envi-
ronné à sa base par une seconde rangée de folioles très-
courtes, souvent étalées. Réceptacle ponctué. Graines char-
gées d’une aigrette pédicellée et composée de poils simples.
PISSENLIT OFFICINAL, vulgairement Pissenlit, Dent
de lion.
Taraxacum officinale. Vill. Dauph. 5. p. 72. — Ta-
raxacum vel Dens leonis. Pharm.— Leo: ceuie Tara
cum. Lin. Spec. 1122. — Bull. Herb. t. 217.
Sa racine est grosse comme le petit doigt, pivotante,
blanchâtre, vivace; elle produit plusieurs feuilles allongées,
pinuatifides, glabres, toutes radicales, étalées en rosette
sur la terre; leurs divisions sont dentées , et leur bord supé-
rieur est recourbé en arc. Du milieu de ces feuilles s'élève
une hampe cylindrique, fistuleuse , haute de 6 à 10 pouces,
terminée par une assez grande fleur j jaune. Cette plante est
commune dans les prés, les pâturages et les lieux cultivés;
elle fleurit en avril, mai et juin.
Les racines et les feuilles de Pissenlit contiennent un sue
laiteux , d’une saveur amère. Elles sont apéritives, dépura-
tives, diurétiques, antiscorbutiques, fébrifuges. On en fait
usage dans les obstructions des viscères de l'abdomen dans
la jaunisse , les cachexies , le scorbut , les maladies ‘de la
peau, les fièvres bilieuses et les intermiltentes. On emploie
- la racine en décoction, à la dose d’une demi-once à 1 once
pour à pinte d’eau. On fait prendre le suc des feuilles ré-
+!
358 SEMI-FLOSCULEUSES.
cemment exprimé et dépuré, à la dose de 2 à 4 onces. On
prépare, dans les pharmacies, un extrait du suc clarifié de
toute la plante, dont on se sert dans les cas ci-dessus indi-
qués, depuis demi-gros jusqu'à 1 gros. L'eau distillée n’est
_plus en usage. Les racines et les feuilles entrent dans le sirop
de Chicorée composé. |
On mange les jeunes feuilles de Pissenlit en salade ; elles
excitent l'appétit et se digèrent facilement. Les vaches, les
brebis et les chèvres les broutent ; les chevaux n’en veulent
point. |
198° Genre. — ÉPERVIÈRE. HIERACIUM. Lin.
Calice commun composé de folioles imbriquées. Récep-
tacle creusé d’alvéoles. Graines couronnées d’une aigrette
sessile, formée de poils simples ou dentelés.
ÉPERVIÈRE DES MURS, vulgairement Æerbe à l'épervier,
Pulmonaire des Français.
Hieracium murorum. Lin. Spec: 1126. — Æieracium
sylvaticum. FI. Dan. t. 115. :
Sa racine est vivace, et elle donne naissance à une tige
cylindrique, velue, rameuse, haute de 1 pied et demi,
contenant , ainsi que toute la plante, un suc laiteux et amer.
Ses feuilles sont de deux sortes; les unes, partant immédia-
tement de la racine, sont pétiolées, ovales, un peu angu-
leuses à leur base, souvent marquées en dessus de taches
rougeâtres , et très-velues en dessous : les autres, placées en
petit nombre sur la tige, sont sessiles et ovales-lancéolées.
Ses fleurs sont jaunes, peu nombreuses, disposées au sommet
de la tige et des rameaux. Cette plante croît dans les bois
secs, pierreux et sur les murs; elle fleurit en mai et juin.
On croyait autrefois que la Pulmonaire avait de grandes
vertus dans les maladies du poumon, et particulièrement
dans les crachemens de sang. Les médecins la faisaient alors
entrer dans toutes les tisanes et tous les bouillons qu’ils pres-
crivaient pour les maladies de poitrine ; aujourd’hui cette
plante est presque entièrement tombée en désuétude.
ÉPERVIÈRE PILOSELLE, vulgairement Piloselle, Oreille
de souris, Oreille de rat.
Hieracium Pilosella. Lin. Spec. 1125. — Bull. Herb.
t. 279. — Pilosella. Pharm.
Sa racine est fibreuse, vivace ; elle produit plusieurs
_SEMI-FLOSCULEUSES: 339:
feuilles oblongues , entières, vertes et revêtues de longs poils
en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, étalces
en roselte sur la terre. Outre ces feuilles, il part encore du
collet de la racine plusieurs rejets grèles, rampans sur la
terre et y preuant racine. Les fleurs sont assez petites, d’un
jaune de soufre, solitaires sur une hampe velue, grêle, haute
de 4 à 6 pouces. Cette plante se trouve lrès-communément
sur les bords des bois, des chemins, dans les lieux incultes;
elle fleurit en mai, juin et juillet.
Chez d'anciens auteurs de maliëre médicale , la Piloselle
est indiquée comme astringente, détersive, vulnéraire,
anti-calculeuse; chez d’autres, elle est vantée comme fébri-
fuge, anti-herniaire , etc. Aujourd’hui non-seulement l'on
né croit plus qu'aucune plante puisse posséder plusieurs des
verlus qu'on attribuait à celle-ci; mais, sous tous les rap-
ports, elle est regardée comme à peu près inerte ,-et elle est
entièrement hors d'usage. Dans le Codex de l’ancienne fa-
culté, ses feuilles entraïent dans les baumes Vulnéraire et
Oppodeldoc.
199° Genre. — LAMPSANE. LA4PSANA. Lin.
Calice commun composé d’une rangée de folioles droites,
resserrées, garni à sa base d’un rang de petites écailles, et
ne contenant que peu de fleurs. Graines nues, portées sur
un réceplacle également nu.
LAMPSANE COMMUNE, vulgairement Lampsane, Herbe
_ aux mamelles.
Lapsana communis. Lin. Spec. 1141. — Zampsana
vulgaris. Pharm. — Zampsana. Flor. Dan. t. 500.
Sa racine est fibreuse, annuelle; elle pousse une tige droite,
striée , légèrement velue , rameuse dans sa partie supérieure ,
haute de 1 pied ou davantage, garnie de feuilles alternes,
vertes, un peu molles, presque glabres, dontiles inférieures
sont pétiolées , découpées en lyre ou comme ailées, avec un
lobe terminal fort grand , et dont les supérieures, allant
toujours en diminuant de grandeur , finissent par êlre ses-
siles, simples , seulement sinuées, et enfin très «entières ct
lancéolées. Les fleurs sont petites, jaunes, portées sur des
pédoncules divisés , au sommet de la tige et des rameaux,
et disposées en corymbe terminal, Cette plante est commune
RE
LT) SEMI-FLOSCULEUSES.
dans les } jar dins et les lieux cullivés. Elle fleurit depuis le
mois de juin jusqu’à la fin de l'été.
La Lampsane a joui autrefois de beaucoup de réputa-
tion pour la guérison des ulcérations qui surviennent au
sein des nourrices, d’où lui est venu le nom d’Æerbe aux
anarnelles. Les femmes du peuple s’en servent encore, en
appliquant ses feuilles après les avoir pilées, ou elles font,
par le mélange de leur suc et du sain-doux, une sorte de
pommade pour oindre la partie malade. Quant aux méde-
cins, cette plante est tombée pour eux en désuétude sous ce
rapport, et la plupart d’entre eux ont également oublié
qu’elle a été autrefois en usage contre les darlres et les autres
maladies de la peau. Sa saveur , légèrement amère, justifie
l'usage qu'on en faisait dans ces deux derniers cas.
200, Genre. — CHICORÉE. CICHORIUM. Lan.
Cälice commun double ; l’intérieur formé de 8 folioles
étroites ; l'extérieur de 5 folioles courtes, ouvertes à leur
sommet. Réceptacle garni de poils. Graines couronnées
d’une aigrette sessile, écaiileuse, à 5 dents.
CHICORÉE SAUVAGE.
Cichorium [ntybus. Lin. Spec. 1142.—Cichorium sy
vestre. Blackw. Herb. t. 165. Pharm.
Sa racine est longue, pivotante, assez épaisse, vivace ;
elle donne naissance à une tige droite , haute de 1 pied et
demi à 2 pieds, divisée en plusieurs rameaux un peu fléchis
en zig-zag. Ses feuilles radicales sont oblongues, légèrement
ses. Ts er foncé, découpées en lobes profonds, den-
tés; celles de la tige diminuent de grandeur à mesure .qu elles
sont placées dans une partie plus élevée, de manière que
les supérieures sont très-petites , sessiles et très-entières. Ses
fleurs sont bleues ou quelquelvis blanches, assez grandes,
sessiles et ordinairement deux ensemble dans les aisselles des
feuilles. Cettesplante est commune sur le bord des champs
et des chemins ; elle fleurit en juillet et août.
Les racines et les feuilles de la Chicorée sauvage ont une
saveur amère assez forte; les unes et les autres sont fré-
quemment employées en médecine , comme apérilives,
fondantes , diurétiques, dépuratives, stomachiques et fébri-
fuges. On en fait principalement usage dans les engorge-
mens des viscères de l'abdomen , dans la jaunisse, les debi-
SEMI-FLOSCULÉÈUSES: 541
hités de l'estomac, les fièvres intermittentes , les bilieuses,
les maladies de la peau La dose de là Facine est d’uné derni.
once à 1 once en décoction pour 1 Pinte d’eau. Les feuilles
se donnent de même à 1 ou 2 poignées. On fait aussi pe
leur suc à Ja dose d’une à 4 ONCCSe
Les graines de Chicorée sauvage étaient autrefois comptées
au nombre des quatre semences 4 oides muneures, dont les
trois autres étaient celles de V'Endive, de la Laitue et du
Pourpier; mais l’usage de ces semences est aujourd’hui
tombé en désuélude, de même que l’eau disüllée des fleurs
bleues, et non pas des blanches, que l'on croyait propre à
guérir l'inflammalion des yeux, en roème temps qu'on la
regardait comme cordiale , ce qui n’était pas trop d'accord.
De plusieurs préparations pharmaceutiques dans les-
quelles les anciens formulaires faisaient entrer les feuilles et
les racines de Chicorée sauvage, on n’a guère conservé,
dans la pratique , que l'extrait fait par décoction, qui se
donne depuis 1 demi-gros jusqu’à 1 gros, et le sirop ‘de Chi-
corée composce , qui est employé comme purgalif, princi-
palement chez les très-jeunes enfans, mais qui doit émi-
nemment sa propriété, sous ce rapport, à [a Rhubarbe qui
en fait partie.
Quelques personnes mangent en salade les feuilles de Chi-
corée sauvage quand celle est encore jeune ;'et par les soins
qu'en prennent les jardiniers, elles perdent uue partie de
leur amertume, On cultive aussi cette plante assez en grand
dans quelques cantons pour faire sécher, torréfier ses ra-
cines , el les moudre pour les employer en infusion à la
manière du café; c’est ce que certaines gens ont nommé café
indigène, et qu’on appelle plus communément café chi-
corée, Lorsque la denrée exotique était montée à un si haut
prix, par suile de la guerre maritime, le peuple fit, pen-
dant ‘plusieurs années , une grande consommation de la ra:
cine de Chicorée ainsi préparée ; mais comme ce prétendu
succédanée de la Féve arabique était loin d’avoir les mêmes
propriétés , et qu'il était surtout privé de cet arome qui en
rend l'usage agréable ; il n’a jamais remplacé le café pour les
gens du monde, el lorsque celui-ci est revenu à un prix
modéré , l'emploi de la Chicorée a considérablement dimi-
nué parmi le peuple. Cependant il y a des gens qui en con-
tinuent l'usage, prétendant que celle racine mêlée au Calé,
rend celui-ci moins irritant et moins échauflant.
3
SEMI-FLOSCULEUSES,
OY
SN
CHICORÉE ENDIVE, vulgairement Chicorée cullivée,
Endive, Scariole.
Cichorium Endivia. Lin. Spec. 1142.—Regnault, Bot.
236. — Endivia. Pharm. i
Cette espèce différe de la précédente, parce qu’elle est
annueile et non vivace: parce que ses fleurs sont, les unes
sessiles dans les aisselles des rameaux, les autres pédonculées
et solitair es; parce que ses feuilles inférieures sont entière-
ment glabres. Ces feuilles différent d’ailleurs beaucoup,
selon les variétés : dans les unes, elles ne sont que dentées
et point découpées: dans les autres, eiles sont divisées pro-
fondément en grandes lanières, et frisées ou crépues plus
ou moins finement. La patrie de celte plante n’est pas exac-
tement connue; mais on la cultive partout dans les jardins
depuis des siècles ; elle fleurit en élé.
Cette espéce est moins amère et plus agréable au goût
que la Chicorée sauvage. On l'emploie bien plus commu-
nément pour la cuisine que dans la médecine, parce que,
sous le rapport des propriétés, elle est beaucoup plus faible.
On mange ses feuilles en salade, on cuites et assaisonnées
de diverses manières. Les jardiniers les font étioler, ce qu'ils
appellent blanchir , afin qu'elles soient plus tendres, Elles
font un aliment sain, mais peu nourrissant , qui convient
principalement aux personnes qui ont le ventre paresseux ,
et aux Le pléthoriques qui doivent éviter les nourritures
trop succulentes.
Famille L.
VALÉRIANÉES.
- Le caractère des plantes de cetle famille est d’avoir un
calice d’une seule pièce , bordé de dents, quelquefois roulées
en dedans pendant la floraison: 1 corolle monopétale, tu-
buleuse, à 5 lobes un peu inégaux; 1 à 5 élamines; 1 ovaire
inférieur, surmonté d’un style terminé par 1 à 5 stigmates;
1 petite capsule indéhiscente , monosperme , couronnée
par le calice.
Les Valérianées sont des plantes herbacées, à feuilles
opposées, entiéres ou divisées, à fleurs disposées en bou-
queis terminaux,
VALÉRIANÉES. 543
Les propriétés de plusieurs espèces de cette famille sont
très-développées dans les racines d’un des genres qui la com-
posent, celui des Valérianes. Celles-ci, âcres, un peu amères,
très-odorantes, sont fortement toniques et stimulantes, ce qui
les a fait employer en médecine sous ces rapports. Leurs
feuilles et leurs fleurs ne participent point à ces vertus, elles
sont même quelquefois assez douces pour que les premières
puissent servir comme alimentaires; telles sont celles des
Màches.
201° Genre. — VALÉRIANE. V’ALERIANA. Lan.
Calice très-petit. Corolle monopétale , tubulée, bossue
ou prolongée en éperon à sa base, et ayant son limbe par-
tagé en D lobes inégaux. 1 à 4 étamines, le plus ordinai-
rement 3. 1 à 5 stigmates. 1 graïne couronnée par une
aigrelte plameuse, formée par les dents du calice persistant,
se déroulant et prenant de l'accroissement après la floraison.
VALÉRIANE GFFICINALE, vulgairement /’aleriane sau-
vage ou des bois.
V'aleriana officinalis. Lin. Spec. 45. — Faleriana
sylvestris. FI, Dan. 1 570. — f’aleriana minor seu syl-
vestris. Pharm.
Sa racine est vivace, composée d’un faisceau de fibres
jaunâtres: elle donne naissance à tine tige droite, cylin-
drique , cannelée, un peu velue, simple dans sa partie in-
férieure, chargée ou mon dans sa partie supérieure de quel-
ques rameaux opposés. Ses feuilles sont toutes ailées, légè-
rement velues, composées de folioles oblongues dentées en
leurs bords. Ses fleurs sont d’un blanc teint de rougeâtre,
disposées au sommet de la tige et des rameaux en une pani-
cule peu étalée. Cette plante est assez commune dans les
prairies et les bois, aux lieux un peu humides; elle fleurit
en mai et juin.
La racine de Valériane sauvage a une saveur âcre et un
peu amère; son odeur est forte, {étide et nauséabonde; elle
est la seule partie de la plante qui soit d'usage en méde-
cine. On la regarde comme antispasmodique, anti-épilep-
lique, anti-hystérique , emménagogue, sudorifique, anti-
septique, vermifuge et fébrifuge. On l'emploie principale-
ment dans l’épilepsie , dans les affections hystériques , ner
NX 4
\ L
544 VALÉRIANÉES.
veuses et convulsives ; contre les vers, et dans les fièvres
intermittentes, putrides, malignes.
Depuis que Fabius Columna , dans son PAytobasanos ,
a préconisé celle racine réduite en poudre comme un ex-
cellent spécifique contre l’épilepsie, en assurant que non-
seulement il avait vu plusieurs épileptiques guéris par son
usage, mais que lui-même s’élait guéri de cette maladie par
ce remède; la Valériane a toujours conservé, pour la plu-
part des médecins, la réputation d’être l’un des meilleurs
moyens qu’on püt employer contre ce mal, et l’on trouve
dans les auteurs beaucoup d'observations qui paraissent
confirmer celles de Columna. Cependant il s’en faut bien
que la racine de Valériane ait été constamment efficace dans
tous les cas, et qu’elle soit réellement un spécifique, comme
on Ja prétendu, car d’autres praticiens, qui ont soumis les
ellets de la Valériane à une observation rigoureuse, assu-
rent ne lavoir jamais employée qu’infractneusement dans
les cas d'épilepsie; tel est, par exemple, M. Alibert. Je
pourrais aussi me ciler, et dire que je n’ai point encore vu
un épileptique guérir radicalement par l'usage de celte
plante ; tout ce que j’en ai pu obtenir quelquefois, a été
d'éloigner l’époque des accès.
La racine de Valériane n’a paru de même être loin de
faire un remède positif dans les affections hystériques , ner-
veuses el convulsives, contre lesquelles on l’a aussi beaucoup
préconisée. Mais la cause de ces maladies est elle-mème si
peu ou si rarement connue, que l'application des médiea-
mens se fait bien plus souvent empyriquement que ration-
nellement, et quand les médecins observateurs cherchent à
se rendre compile des guérisons qu'ils ont obtenues, ils re-
connaissent qu'ils les doivent bien plus aux efforts de la
nature qu'aux remèdes qu'ils ont administrés.
Je ne dirai rien de la Valériane employée comme vermi-
fuge, emménagogue, sudorifique, in’en étanl très-peu
servi sous ces rapports. Mais lorsque le Quinquina etait, il
y a quelques années. & un prix très-élevé, je l'ai employée
plusieurs fois avec beaucoup de succès dans des fèvres
putrides, malignes, intermittentes, Dans le dernier eas,
J'ai, il y a neuf et dix ans, guéri beaucoup de fièvres
uerces ou doubles tierces, par une poudre composée de
parties égales de racines de grande Gentiane el de Va-
lériane sauvage , donnée à la dose de 5 à 6 gros en deux ou
VALÉRIANÉES, 545
trois fois, quelques heures avant les paroxysmes. Sur douze
malades, dont j'ai particulièrement recueilli les observa-
tions . il y en eut deux qui furent guéris dès la première
fois, cinq autres le furent à la seconde, deux à la troisième,
et les trois derniers à la quatrième. . le mème temps,
M. le docteur Vaidy publiait seize observations desquelles il
résulte que la racine de Valériane sauvage, employée seule
à des doses assez fortes, a guéri en peu de jours des fièvres
intermitltentes de tous les types, dont la plupart étaient
anciennes , chez des sujets affaiblis, cachectiques , et nième
infiltrés. De ces faits et de plusieurs autres qu il serait encore
facile de citer, on peut donc assurer qu’un des meilleurs
moyens de remplacer le Quinquina dans les fièvres inter-
miltentes, est la racine de Valériane sauvage.
Il en est de mème dans les fièvres putrides et dans les
fièvres malignes, où je l’ai également employée avec succès,
principalement eu lawement et en applications extérieures,
les malades répugnant souvent beaucoup à prendre la Va-
lériane par la bouche, à cause de son odeur fétide et nau-
séabonde, et parce que, pour qu'elle puisse être efficace, 1l
faut la donner à des doses assez fortes, comme depuis 2 jus-
qu'à 6 gros et même 1 once, dans l'espace de vingt-quatre
heures. Pour qu'elle soit un peu moins désagréable, on la
donne dans le vin. En lavement, on la fait prendre depuis
1 gros jusqu’à demi-once chaque fois. En application exté-
rieure sur |” abdomen , j'en ai fait meltre depuis 2 jusqu'à
4 onces à la fois, qu’on renouvelait de douze heures en douze
heures. Je conseille à peine la Valériane en infusion, quoi-
qu’on puisse la donner ainsi, à la dose d’une demi-once à
2 onces, car j'ai lrouvé peu de malades qui aient voulu con-
tinuer celte Lisane plusieurs jours de suite, ou ils la faisaient
faire si légère qu ‘alors elle ne pouvait avoir aucuné eflica-
cité. C’est peut-êlre ici le cas de dire que la répugnance que
bien des personnes ont à prendre la Valériane x pu souvent
induire les médecins en erreur sur ses eflets négalifs, parce
qu'il y a lieu de soupçonner que beaucoup de malades aux
quels celle racine élait prescrite, ne l'on pas prise ou n'en
ont pris que de trop faibles doses : ceci a dû surtout arriver
dans les cas où il fallait en continuer l'usage pendant long-
temps.
L’extrait de racine de Valériane que l’on prescrit depuis
deimj-gros jusqu ‘à 2 gros, est une mauvaise préparalion ;
546 VALÉRIANÉES.
une grande partie des propriétés de la plante tenant à son
principe odorant, celui-ci se perd par la décoction prolon-
gée , nécessaire à la préparation de l’extrait. Cette racine
entrait autrefois dans plusieurs compositions pharmaceu-
tiques qui sont presque toutes aujourd'hui reléguées dans
les anciens formulaires. Pour qu’elle possède toutes les pro-
priétés qui la rendent recommandable , il faut qu’elle soit
recueillie au printemps avant le développement de Ja tige.
Les chats aimant avec fureur lPodeur de cette racine; 1l
est difficile à cause de cela de conserver la plante dans les -
jardins qui sont au milieu des villes, parce qu’ils sont sans
cesse à gratter autour ou à se rouler dessus.
VALÉRIANE DES JARDINS, vulgairement Z’alériane
franche, grande Walériane.
V'aleriana Phu. Lin. Spec. 45. — Faleriana seu Phu.
Blackw. Herb, t, 250. — f’aleriana hortensis. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente, parce que ses feuilles
radicales sont , les unes entières, les autres à 5 lobes. Elle
est indiquée dans les montagnes de Alsace, du Dauphiné
et du Languedoc.
Ses propriétés sont analogues à celles de la Valériane
sauvage ; mais comme elles sont beaucoup plus faibles, on
l’emploie rarement en médecine.
VALÉRIANE CELTIQUE, vulgairement Nard celtique.
V'aleriana celtica. Lin. Spec. 46.— Nardum cellicur.
Matth. Valgr. 55. — Nardus celtica vel Spica celtica.
Pharm.
Sa racine est vivace, horizontale, traçante, garnie de
fibres roussâtres; elle produit une tige simple, glabre,
haute de 5 à 6 pouces, garnie à sa base de plusieurs feuilles
oblongues , entières, rétrécies en pélioles. Cette tige est mu-
nie dans sa longueur de 2 à 5 paires de feuilles semblables,
mais plus étroites el plus courtes, et elle est terminée par de
petites fleurs rougeâtres ou blanchätres, disposées en un épi
interrompu, formé de 5 à 4 verticilles un peu distans, ses-
siles ; quelquefois le verticille inférieur est porté sur deux
pédoncules opposés. Cette plante croît dans les pâturages
les plus élevés des Alpes; elle fleurit en juillet et août.
C’est la racine de cette plante qui est particulièrement
connue sous le nom de Ward celtique. Dioscorides en parle,
VALÉRIANÉES. 517
mais le Nard de cet auteur est-il le même que le nôtre?
: Quoi qu’il en soit, les modernes ont attribué plusieurs pro-
priélés à celte racine ; elle a passé pour être propre à guérir
les obstructions, l’ictère; elle a été dite bonne pour faciliter
le retour des menstrues supprimées; on l’a crue utile dans
la paralysie, hystérie, et contre les vers. Sa saveur un peu
âcre, légèrement amère, et son odeur forte assez analogue
à celle de la Valériane sauvage, portent à croire que plu-
sieurs des vertus qu'on lui a attribuées ne sont point illu-
soires, mais aujourd'hui elle est entièrement tombée en
désuétude, et dans les cas où l’on pourrait en faire usage,
on lui préfére la Valériane sauvage ou d’autres toniques.
Elle est dans le Codex de l’ancienne faculté, au nombre des
drogues qui entrent dans la Thériaque, le Mithridate et
l'Orviétan.
202° Genre. — MACHnE ou VALÉRIANELLE. Ÿ/ALERIA-
NELLA. Vaillant.
Calice petit , persistant, denté; le nombre des dents va-
riaut depuis 1 jusqu’à 12. Corolle tubulée, à limbe partagé
en à découpures inégales. 2 à 5 étamines. 1 graine cou-
ronnée par le calice.
MACHE CULTIVÉE, vulgairement Blanchette, Clarrette,
Doucette, Herbe de Sainte-Claire, Poule grasse,
Salade de chanoine.
V'alerianella olitoria. Decand. FI, Fr. 4. n° 5550. —
Valeriana locusta , «. Lin. Spec. 47.
Sa racine est menue, fibreuse, annuelle ; elle produit une
tige haute de 4 à 8 pouces, ordinairement rameuse dès sa
base, dichotome, dont les bifurcations sont divergentes,
étalées, garnie de feuilles oblongues, sessiles, entières ou à
peine deutées; les feuilles radicales sont ovales-oblongues,
rétrécies vers leur base, comme spatuléés, et étalées en
rosette sur la terre. Ses fleurs, blanchâtres ou d’une teinte
bleuâtre très-claire, sont ramassées en pelits bouquets au
sommet des rameaux. Ses graines sont arrondies et com-
primées. Cette plante est commune dans les champs, les
lieux caltivés et les jardins; elle fleurit en mars et avril. On
la cultive comme herbe potagère , et on la confond souvent
avec plusieurs autres espèces, telles que la Mâche dentée, la
518 | VALÉRIANÉES.
Mâche à fruits velus, qui n'en différent que fort peu, si ce
n’est par la forme de leurs graines.
La Mâche est adoucissante et rafraîchissante , on n’en fait
plus d'usage en médecine. Ou l'a conseillée autrefois dans
les bouillons de veau ou de poulet, contre la néphrétique,
le scorbut, les rhumatismes, la goutte, l'hypocondrie;
elle était assez insignifiante dans tous ces cas. On mange,
pendant tout l'hiver , ses jeunes feuilles en salade.
Famille LI.
RUBIACÉES.
Les caractères propres aux plantes de cette famille sont
les suivans : calice monophylle, partagé en son bord en 2
et plus souvent en # divisions; corolle monopétale, régu-
lière, tubuleuse, à limbe découpé en 4 ou 5 lobes; 4 à 5
élamines insérées sur le tube, et alternes avec les divisions
du limbe; r ovaire inférieur, surmonté d’un style terminé
par 2 stigmales ; 2 coques monospermes., quelquefois bacei-
formes, ne s’ouvrant pas, el ressemblant à de simples
graines.
Les Rubiacées sont des herbes à tiges quadrangulaires,
noueuses ; à feuilles simples, verticillées ; à fleurs disposées
le plus souvent en épi, en corymbe ou en panicule dans la
parlie supérieure des tiges.
Autant les plantes exotiques de cette famille, parmi les-
quelles on compte le Quinquina et l’Ipécacuanha, présentent
un grand intérêt à la malière médicale, autant les indigènes
sont peu recommandables ; effectivement tout ce qu’elles
paraissent avoir de propriélés, c’est que leurs racines sont
légèrement astringentes. Ces mêmes racines méritent plus
d'attention sous leurs rapports économiques ; elles donnent
presque toules une couleur rouge, et l'on se sert principale-
ment, pour la teinture, de celle de la Garance, qui est plus
riche en principe colorant. :
203° Genre, — ASPÉRULE. ASPERULA. Lin.
Calice à 4 dents. Corolle infondibuliforme, quadrifide,
quelquefois seulement trifidé, et alors triandrique. 2 baies
sèches, globuleuses, réunies ensemble,
%
RUBIACÉES. 549
ASPÉRULE A L’ESQUINANCIES vulgairement Rubéole,
Petite- Garance, Herbe à l'esquinancie, Herbe
de vie.
Asperula Cynanchica. Lin. Spec. 151. — Regnault,
Bot. t. 22. — Rubia Cynanchica. Pharm.
Sa racine est fibreuse, rougeâtre, vivace; elle donne
naissauce à plusieurs tiges grèles, rameuses , souvent cou-
chées à leur base, ensuite redressées, hautes de 8 à 12 pouces,
garnies de feuilles linéaires, un pèu glauques comme toute
Ja plante, verticillées par quatre. Ses fleurs sont petites,
couleur de chair, disposées plusieurs ensemble au sommet
de la tige el dés rameaux; leur corolle est monopétale et
uadrifide. Cette espèce se trouve communément sur les
collines exposées au soleil, et dans les pâturages secs; elle
fleurit pendant tout l'été. «
L’herbe à l’'Esquinancie a été regardée autrefois comme
ayant une propriété particulière dans les maux de gorge
inflammatoires , d’où lui est venu un de ses noms vulgaires; ;
on l’employait alors en tisane, en gargarisme , et appliquée
extérieurement. Elle n’a pas conservé de nos jours son an-
cienne réputalion , et les médecins n’en font plus que peu
ou point du tout d'usage.
Linné nous apprend que dans le nord on emploie ses
racines en place de celles de Ja Garance, pour teindre les
laines en rouge.
ASPÉRULE ODORANTE, vulgairement Rene des bois,
Hépatique des bois, Petit Muguet.
ÆAsperula odorata. Lin. Spec. 150. — Æsperula odo-
rata Aspergula. Blackw. Herb, t. 6o.
Sa racine est menue, traçante ; elle produit plusieurs
tiges simples un peu anguleuses, hautes de 6 à 8 pouces,
garnies de feuilles ovales-lancéolées, légèrement cilicées en
leurs bords, verticillées 8 ensemble, Ses fleurs sont blanches,
édonculées, disposées en corymbe terminal. Cette plante
croit dans les bois , à l’ombre: elle fleurit en mai.
La Reine des bois a une odeur agréable, qui se développe
surtout par la dessiccation. On la dit diurétique et sudori-
fique : elle n’est que peu on pomtemployée. On l’a conseillée
dans la jaunisse et dans les maladies éruptives. On la pré-
pare par infusion à la dose de 2 à 4 gros pour une pinte d’eau.
O1
[Sa
[e)
RUBIACÉES.
rs # =
204° Genre. — CAILLE-LAIT. GALIUM. Lin.
Calice à 4 dents. Corolle en roue ou eu cloche, à 4 divi-
sions, plus rarement à 3 ou à 5. 2 coques arrondies, accolées
l’une à l’autre.
CAILLE-LAIT JAUNE, vulgairement vrai Caille-lait,
petit Muguet.
Galium verum. Lin: Spec. 155. — Gallium luteum.
Pharm. — Gallium. Dod. Pempt. 355.
Sa racine est grêle, longue, rampaule, brunälre, vivace;
elle donne naissance à des tiges carrées, simples dans leur
partie inférieure, légèrement velues, hautes de 10 à 15
pouces, garnies de feuilles linéaires, glabres, d’un vert
foncé , verticillées 6 à 8 et même 9 ensemble. Les fleurs sont
irès-petites , jaunes , agréablement odorantes, pédonculées,
portées par petils bouquets sur des rameaux courts formant,
au sommet des tiges, une panicule longue, étroite et inler-
rompue. Cette plante croît dans les prés secs et sur les bords
des bois; elle fleurit en élé.
Les parties du Caille-lait dont on fait usage, sont les som-
mités fleuries. On les dit diurétiques, diaphorétiques, astrin-
gentes et antispasmodiques. On les a couseillées autrefois
dans la jaunisse, les exanthèmes, les affections convulsives,
l'épilepsie ; on les a employées pour arrêter les hémorragies
nazales; mais elles ne sont plus guère en usage aujourd’hui
Pb ce Cependant, il n’y a pas plus d'une quaran-
laine d’anuées, que des médecins, sans les préconiser tout-à-
fait comme un spécifique, les ont cependant de nouveau
recommandées comme un remède par le moyen duquel ils
avaient guéri plusieurs épileptiques. La dose des fleurs de
Caille-lait est de 2 gros à demi-once en infusion dans une
pinte d’eau. Le suc exprimé des sommités fraîches a été
donné à la dose de 4 onces.
On croyait autrefois que les fleurs de cette plante avaient
la propriété de faire cailler le lait; mais les expériences de
Bergius, de Parmentier et de M. Déyeux ont démontré le
contraire. Ces fleurs teignent la laine en jaune, et les racines
en rouge. Ces dernières, comme celles de la plupart des
Rubiacées, et surtout celles de la Garance, colorent en rose
les os des animaux qui en mangent.
RUBIACÉES. 551
CAILLE-LAIT CROISETTE, vulgairement Crorselte.
Galium Cruciata. Scop. Flor. Carn. 1. p. 100. — Ta
lantia Cruciata. Lin. Spec. 1491. — Cruciata. Dod.
Pempt. 557. — Pharm.
Sa racine est rampante, vivace; elle produit plusieurs
tiges grêles, simples, hautes de 8 pouces à 1 pied, garnies
de feuilles ovales, velues, molles au toucher, verlicillées
par 4. Ses fleurs sont jaunes, les unes mâles, les autres her-
maphrodites, disposées , dans la partie supérieure des tiges,
en plusieurs petits bouquets axillaires. Les fruits sont glabres,
cachés par les feuilles réfléchies en bas après la floraison,
Cette plante croit dans Les bois et les buissons ; elle fleurit
en mai.
On regardait autrefois la Croisette comme astringente et
vulnéraire ; on croyait que sa décoction, prise intérieure-
ment pendant plusieurs jours, et que l'herbe appliquée en
cataplasmes sur les hernies, était un moyen de les guérir,
Aujourd’hui, que l'insuffisance de tels moyens est justement
appréciée, les médecins ne fort plus aucun usage de cette
plante.
CAILLE-LAIT GRATERON, vulgairement Grateron ,
Rièble, Capel à teigneux.
Galium Aparine. Lin. Spec. 157.— Bull. Herb. t. 315,
— Aparine. Pharm. ”
Sa racine, menue, fibreuse, annuelle, produit une tige
grèle, quadrangulaire, longue de 2 à 4 pieds, garnie, sur-
tout sur ses angles, d’aspérités crochues, au moyen des-
quelles elle s'attache à tous les corps qui sont dans son voi-
sinage. Ses feuilles sont linéaires, rudes en leurs bords,
verticillées 6 à 8 ensemble. Ses fleurs sont blauches, petites,
solitaires, ou 2 à 3 ensemble sur des pédoncules axillaires ;
1l leur succède des fruits hérissés de nombreux poils crochus.
Cette plante est commune dans les haies, les buissons et les
lieux cultivés; elle fleurit en juin et juillet. ;
Le Grateron a passé pour incisif, apéritif, résolutif,
diurétique et sudorifique. Dioscorides canseillait d'appliquer
sur les tumeurs scrophuleuses ses tiges et ses feuilles pilées et
mêlées avec de l’'Axonge. Dans le dernier siècle, des mé-
decins ont de nouveau vanté ce moyen, et ont prétendu en
avoir obtenu de très-bons effets ; mais les observations faites
352 RUBIACÉES.
par des praticiens non prévenus, ont bientôt prouvé l'inef- .
ficacité dû Grateron dans ces cas, où il est d’ailleurs géné-
ralement reconnu qu’un traitement intérieur est beaucoup
plus essentiel que des applications extérieures.
Où trouve aussi que le Grateron a été conseillé dans les
obstructions, les hydropisies, contre les calculs de la vessie,
le scorbut; mais les propriétés qu’on lui a attribuées dans
ces maladies sont aussi gratuites que celles qu’on lui a sup-
posées contre les scrophules. Aujourd’hui le Grateron est
banni de la matière médicale.
On a dit que ses graines torréfiées avaient une saveur et
même une odeur analogue au Café; mais ces principes n’y
sont pas assez développés pour qu'on puisse jamais les em-
ploÿer à la place de cette graine exotique.
205° Genre. — GARANCE. Rubia. Lin.
NA à 4 dents. Corolle campanulée, à 4, et quelquefois
5 divisions , et alors à & étamines. 2 baies See
ne DES TEINTURIERS , vulgairement Gurance.
Rubia tinctorum. Lin. Spec. 150. — Blackw. Herb.
326. — Pharm.
£a racine est longue, rampanie, de la grosseur d’une
plume à écrire, rouge en dedans et en dehors, vivace; elle
pousse plusieurs tiges carrées, rameuses, rudes au toucher,
hautes de 2 à % pieds, garnies de feuilles ovales-oblongues,
ointues, verticillées 4 à 6 ensemble, hérissées en leurs
bords et sur leur nervure postérieure de dents crochnes. Ses
fleurs sont petites, jaunâtres, disposées sur des pédoncules
divisés, formant, dans les aisselles des feuilles supérieures
et à l'extrémité des rameaux, de petites panicules. Les fruits
sont des baies noirätres. Cette plante croît dans les haies et
les buissons , principalement dans le midi; on la cultive dans
plusieurs cantons pour ses usages économiques; elle fleurit
en juin et juillet.
La seule partie usitée de la Garance est la racine; elie passe
pour astringente, apéritive, fondante, diurétique. Les an-
ciens formulaires la metlent au nombre des cinq racines
apéritives mineures, dont les quatre autres sont celles d’Ar-
rête-bœuf, de Caprier, de Chardon-roland et de Chiendent.
Elle a été conseillée et plus ou moins vantée comme pou-
vant êlre uüle dans les obswuctions du foie et de la rate,
RUBIACÉES. 355
dans la jaunisse, l’hydropisie, les flueurs blanches, la gra-
velle, le rachitis, la goutte. Mais il paraît que ses vertus,
dans tous ces cas, avaient été très-exagérées, et aujourd'hui
qu'on a reconnu son Pr elle est peu ou même
oint du tout employée par les rnédesins: Elle a la pro-
priété de colorer en rouge les os des animaux auxquels on
la donne pour nourriture ; ce qui a été constaté par beau-
coup d'expériences.
Dans les arts, ou se sert de la racine de Garance a en
retirer une Poule rouge que lon emploie pour la pein-
ture, et dont,on fait princip: alement usage pour la teinture
des laines. Le rouge qu elle leur donne est à la vérité peu
éclatant, mais il est très-solide, et résiste long-temps sans
s’altérer à l'action de l'eau, de l'air et du soleil.
Famille LIT.
LOBÉLIACÉES.
Un seul genre indigène composant à lui seul cette famitle,
les caractères de celle-ci se réduisent à ceux de ce genre.
Les Lobéliacées contiennent en général un suc laileux
trés-âcre, souvent caustique , et elles doivent toutes être
segardéés comme plus ou moins dangereuses.
206° Genre. — LOBÉLIE. LOBELIA. Lin.
Calice monophylle, à 5 dents. Corolle monopéltale, (ui -
bulée inférieurement , partagée a son limbe en 2 lèvrés
imégales; la san ieure à 2 divisions, Pinférieure plus grande
et à 3 lobes. 5 étamines à anthères réunies en tube. à ovaire
inférieur, à style terminé par 1 stigmatle à 2 lobes. Capsute
à 2 ou 5 loges s'ouvrant par le somrnet, et contenant plu -
sieurs graines,
LOBÉLIE BRULANTE,
Lobelia urens. Lin. Spec. 15214— Ball. Herb. t. 9.
Sa racine est vivace, composée ni un faisceau de fibres
blanchätres ;ælle produit une tige grêle, droite, glabre ,
simple ou peu rameuse , haute de 1 pied à à I pied 26 Ms.
Ses feuilles radicales a en ‘spatule, crénelées en leur:
bords , étalées en rosette sur la terre ; sels de la tige soit
dancéolées , sessiles, dentées, glabres et d’un vert sai, de
mème que les premières. Ses de eurs sont l’un bleu clair, dis.
17
‘fi
5h+ LOBÉLIACÉÉS. -
posées en grappe terminale. Cette plante croît dans les lieux
humides et marécageux ; elle flenrit en juin, juillet et août.
Cette Lobélie a une saveur âcre et brülante qui lut a valu
le nom qu'elle porte. Elle n'est point employée en méde-
cine ; mais les accidens arrivés à plusieurs paysans qui en
avaient fait usage, la prenant sans doute pour la petite Cen-
taurée, à laquelle elle ressemble un peu, quand elle n’est
pas en fleur, nous ont appris le danger qu'il pourrai y
avoir à user de cette plante sans une circonspection extrème.
Plusieurs: de ces paysans ayant pris infusion de’ses tiges
et de ses feuilles dans du cidre, pour se guérir de fièvres in-
termitientes, celte infusion procura à tous des vomissemiens
et beaucoup d'évacuations par les selles, qui emportèrent la
fièvre: mais un grand nombre d'entre eux paya cher l’usage
téméraire de ce médicament, en éprouvant de crue dilés
tranchées, Ges superpurgalions, des anxiélés et même des
convulsions. Le lait, les huileux, les lavemens mucilagi-
aeux, la thériaque calmérent ces accidens.
Famille LI.
CAMPANULACÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caracteres, un calice
à 5 divisions, quelquefois plus , adhérent avec l'ovaire une
corolle monopétale , allachée sur le calice, communément.
divisée en 5 lobes réculierss; 5 élamines pour l'ordinaire ,
insérées au -dessous ns la ‘corolle ; 1 ovaire inférieur où
adhérent avec l'ovaire, sur monté d’ nn seul style, terminé
par 1 stigmate.le plus souvent à 5 ou 5 divisions.
Les Cumpanulacées sont des herbes’ à feuilles simples,
alternes ; à fleurs rarement solitaires, plus souvent disposées
en épi, en faisceau , en panicule.
Elles cohliennent en général un suc propre laiteux, qui
n'est ni âcre ni causlique , comine dans les Lobéliacées ,
muis seulement Jégèrement amer ét mêime presque TSi=
pide. La médecine n’en fait que peu ou point d’usagé. On
inange les racines et les jeunes feuilles de quelques espèces.
207° Genre. — CAMPANULE. CanPin usa. Lin.
Calice à 5 divisions. Corolle campanulée , à à 5 lobes. 5 éta-
mines à filamens He à ee base. Stiumile tifide ou
guiuquéfide. Capsule à 5 où 5 loges: polysper mes,
CAMPANULACÉES. 555
« CANPANULE RairoNcE, vulgairement Raïponce:
Campanula Rapunculus. Lin. Sp. 252.—Rapunculus
ésculentus. Pharm.— Rapunculum. Dod. Pempt. 165.
L L
Sa racine est simple, pivotanie, blanche, tendre, bisan-
nuelle# elle produit une tige, anguleuse, presque glabre,
simple dans sa partie inférieure, un peu rameuse dans ja
supérieure, haute de 1 à 2 pieds. Ses feuilles sont de deux
sortes ; les unes radicales, ovales-oblongues, ondulées , ré
trécies en pétiole, gèrement velues, étalées en roselte; les
autres, placées sur la tige, assez distan'es entre elles, sont
lancéolées et sessiles. Ses fleurs sont bleues, plus rarement
blanches, disposées au sommet de la lige et des rameaux
en panicule re-serrce. Cette plante croit dans les champs,
les prés el sur les bords des fossés ; on la cultive dans les jax-
dins; elle fleurit en mai, juin-et juillet. i
Les racines et les jeunes feuilles de Raiponce passent pour
apérilives et rafraichissantes ; on les mange en salade, pen-
dant l'hiver et au commencement du printemps,
Famille LAIV.
é CUCURBITACÉES.
Les plantes dont se compose cette famille ont pour ca-
ractères communs des fleurs monoïques ou dioïqués coin-
posées ainsi qu'il suit : Dans lès mâles, calice d’une seule
pièce, évasé, à 5 divisions ; corolle monopétale, campa-
nulée, adhérente au calice, ayant son Jlimbe partagé en
5 lobes; 5 élamines à anthères oblongues, adnées à laspartie
supérieure et latérale de leurs flamens ; dans les femelles,
calice et corolle comme dans les mâles: 1 ovaire inférieur:
surmonté d'un style à 3 divisons , terminées chacune par
1 stigmale ; 1 baie chaïrnue à 1 ou plusieurs loges, conte-
nant plusieurs graines carlilagineuses , attachées horizonta-
lement à des réceplacles latéraux.
Les Cucurbilacées sont des herbes à tiges sarmenteuses ,
rampäanles où grimpantes ; à feuilles aiternés, pétiolées ,
accompagnées de vrilles; à fleurs axillaires , solitaires’, ou
disposées en grappe.
Les propriétés des plantes de ceïte famille sont fort difé-
rentes, selou les espèces; le Melon, le Concombre, la Courge,
le Potiron donnent dès fruits en grande partie formés d'une
| L 2
556 CUCURBITACÉES.
pulpe plus ou moms consistante, en général très-aqueuse,
ayant un goût doux et sucré. On fait usage de cetle pulpe
comme alimentaire: elle est rafraîchissante et légèrement
laxative. Les fruits de la Bryoné et de rElatérium , au cou-
traire, ont une saveur àcre, trés-amère , el ceux de ce der-
nier sont fortement purgatifs. Les racines vivaces et char-
nues de ces deux ‘espèces partagent les qualités de leurs.
fruits, qualités qui paraissent leuir à un suc propre,
extracto-résineux, qui est un des principes des racines vi-
vaces des Cucurbitacées , et qui est charrié avec la séve daus
toutes les parties de ces végétaux, tandis que les racimes
fibrenses des plantes annuelles de la mème famille en étant
dépourvues, sont paræcela mème presque insipides , et leur
séve élaborée dans tes fruits n’y forme qu'an suc aqueux et
mucilagineux.
Quelle que soit la qualité de la pulpe qui les entoure, les.
graines des Cucurbilacées contiennent une huile douce qui
les rend propres à former des émulsions tempérantes et
anodines ,
208° Genre. — Concomgre. Uucuzis. Lin.
Fleurs monoiques. Dans les mâles, calice à 5 dents, su-
bulées ; coroile campanulée, plissée, à 5 découpures; 5 fila-
mens, dont 2 -bifurqués à leur sommet, portent chacun
2 aunthères ; dans les femelles, 1 style court, terminé par
5 stigmates épais et fourchus ; 1 grosse baie succulente, à
5 loges renfermant des graines ovales, comprimées, nom-
breuses.
CoNcomgre CULTIVÉE, vulgairement Concombre.
Cucumis satious. Lin. Spec. 1457. — Blackw. Herb.
t. 4. — Cucumer. Pharm,
Sa racine est fibreuse, annuelle; elle donne naïssance à
une tige assez épaisse , sarmenteuse , divisée en beaucoup de
rameaux velus, rudes au toucher comme toute la plante,
longs de plusieurs pieds et couchés sur la terre. Ses feuilles
sont alternes, pétiolées, grandes, échancrées profondément
à leur base, découpées dans leur contour en 5 angles argus,
dont celui du milieu plus grand que les autres. Ses fleurs
sont Jaunes, portées sur de courts pédoncules, deux ou plu-
sieurs ensemble dans les aisselles des feuilles; elles sont ac-
compagnées de longues vrilles simples, au moyen desquelles
CUCURBITACÉES. 357
Ja plante s'attache quelquefois sur les corps qui sont dans
son voisinage, et qui peuvent lui former un appui. Aux
fleurs femelles succèdent des fruits assez gros, allongés,
presque cylindriques, un peu recourbés en are > erruqueux
en leur surface, d'abord verts, ensuite d’un jaune pâle à
l'époque de leur maturité. Cette plante passe pour étre ori-
ginaire des Indes ; mais elle est généralement cultivée dans
tous les jardins depuis plusieurs siècles ; elle fieurit en été.
Les Concombres sont des fruils qui ne contiennent qu’une
pulpe aqueuse, qu'on doit plutôt regarder comme rafraî-
chissante que comme alimentaire. On mange les Concom-
bres apprèlés de différentes manières: mais ils ont en général
besoin de certains assaisonnemiens pour relever leur ladeur
naturelle. Ils conviennent aux tempéramens. sanguins ct
bilieux ; ils ne valent rien, au contraire, pour les lyÿmpha-
tiques et pour les personnes qui ont estomaé fuble el'froid,
On en a recommandé l'usage aux gens attaqués de maladies
des reinsrel de la vessie, aux calculeux. Les jeunes Concom-
bres encore verts se font confire dans le vinaigre ; en cet état,
ils portent le nom de Cornichons , et ils servent ensuite
d’assaisonnement dans les sauces el les salades. |
Les pharmaciens et les parfumeurs préparent, avec de
VA xonge et les Concombres mûres, une pommade GI porte
Je nom de ces fruits, et qui, parmi les femmes, a de la
réputation comme cosmétique; elle passe pour avoir 4 pro-
priélé de rendre la peau plus douce; et lon sait combien
les dames-sont curieuses de ee genre de beauté. Cette pom-
made, qu'on ne peut faire que dans la saison dés Concom-
bres, a le défaut de contracter, pendant le reste de l’année,
comme toutes les préparalions graisseuses, de la rancidité
qui la prive des propriétés qu'on eslime en elle, et quiia
rend , au contraire , susceptible de produire des effets entiè-
rement cpposts à ceux qu'on en espére.
Les grames de Concombre sont une des quatre semences
froides majeures, dont les trois autres sont celles de Melon,
de Courge et de Citrouille; on en préparait autr Faux
des émulsions pour les fièvres inflammatoires, la colique
néphrétique, les ardeurs d'urine: mais on leur préfère géné-
ralement aujourd’hui les Amandes douces. On peut , de
même que de celles-ci, en retirer par expression une huile
adoucissante,
VAE
556 CUCURBITACÉES.,
CoNcoMBRE MELON, vulgairement Melon,
Cucumis. Melo. Lin. Spec. 1456. —— Melo. Blackw.
Herb. t. 529. — Melones. Pharm.
Sa racine esl fibreuse , annuelle elle produit, comme
dans l'espèce précédente, une lige rameuse , sarmenteuse ,
trés. longue, rude au toucher comme toute É plante, con-
chée sur [a terre, garnie de vrilles simples et de feuilles
pétiolées , 20e M un peu anguleuses. Ses fleurs sont
jaunes, pédonculées, réunies plusieurs ensemble dans les
Pclles les uilless il succède aux femelles, des fruits ovoi-
des ou globuleux , recouverts d’une écorce grisätre ou ver-
dûtre, selon les variélés qui sont très-nombreuses. Cette
plante est originaire des climats chauds de l’Asie; mais elle
est cullivée ; ; depuis un temps immémorial, dans les jardins,
de l'Eu rope, à cause de l excellence de son fe uit. Elle fleurit
à Ja fin du printemps et au commencement de l'été.
La chair de Melon est rafraichissante , relâchante , très-
agréable au goût, mais peu nourrissante. [lle se digère en
général facilement ; cependant les personnes qui ont l esto-
mac faible et délicat ne doiveut en manger qu'avec beau-
coup de modération , car l'excès en di aisément nui-
sible; elle peut, dant prise en trop grande quantité, donner
des coliques . relâcher le ventre, produire la diarrhée, la
dysenterie.
On retirait aulrefois des graines de Melon , une huile
douce qui, à raison de ses propriélés ie , élail'assez
fréquemment usitée ; mais elle est aujourd’hm tombée en
désuétude, ainsi que les émulsions qu'on préparail avec les
graines elles-mêmes, lesquelles, comme je l'ai dit plus haut,
élaient une des quatre semences froides majeures.
Li
209° Genre. — BRYoNr. BRroNIA, Lin.
Fleurs monoïques ou diviques. Dans les mâles , calice.
campanulé, à à dents aiguës. Corolle campanulée ou pres-
que en roselle, à 5 lobes. à anthères, dont #4 portées 2 à
2 sur 2 filamens, et la 5° solitaire. Dans les femelles, style
à 5 divisions, eee chacune par 1 stigmate ee
cré. 1 baje globuleuse, , petite, lisse, COntordut plusieurs
graines.
CUCURBITACÉES. 359
BRYONE DIOÏIQUE , vulgairement Bryone, Couleuvrée,
Vigne blanche, Navet du diabie, Navet galant.
Bryonia dioica. Jacaq: FE. Aust. tab. 1977 Br) oniée
Pharm.
Sa racine est charnue, allongée , souvent grosse comme le
bras d’an homme et mème plus, blanchâtre extérieurement
et intérieurement , vivace ; elle donne naissance à des Uiges
gréles, un peu D rie qui s'étendent et s'élèvent dans une
longueur de 6 à 10 pieds ou plus, en s'accrochaul sur les ar-
brisseaux qui sont dans leur voisinage, au moÿen de vrille
placées à la base des feuilles. Celles-ei sent allernes ss mel
anguleuses , échancrées en cœur à leur base, el rudes au
toucher. Ses fleurs sont petites, blanehätres marquées de
lignes verdâtres, et disposées en grappes axillaires, toutes
males sur certains-individus , toutes femelles sur d’autres.
Ilsuccède aux dernières de pelites baies d'un rouge vif Cette
plante est commune dans les haies3 elle fleurit depuis le
mois de mai jusqu’à la fin de l'été.
La racine est Ja seule partie de la Bryone qui soit usilée 3 ;
elle passe pour emménagogue, vermiluge, résolutive, et
elle est surtout éssenticllément purgalive, propriété qu ‘elle
doil au suc extracto-résineux qu'elle “enfer me,
On a dit que cette racine perdait Peuoun de sa vertu
par la dessiccalion ; mais en supposant que cela soil exact,
il lui en reste encore assez pour êlre un purgatif énergique,
puisque, d’après mes cbservations (voyez 2° Partie, les
Succédanées du Jalap ; RE ILE), elle a constamment déter-
miné la purgalion à la dose de 50 à 56 grains.
La racine de Bryone convient principalement dans les
hydropisies, les obstructions des viscères du bas-ventre,
V'apoplexie, la paralysie, les-affections vermineuses, On la
conseillée aussi dans lépilepsie , la manie, Fhy pocondrie ,
l'hystérie, la goutte, les rhumalismes , l'asthme humide,
= maladies de la peart , lorsque, dans ces cas ; on juge l 5
on des purgalifs nécessaire. La dose de la Bryone sèche et
sn en poudre , est de 20 à 56 grains et mème plus,
Jorsque l’on veut obtenir des évacuations abondantes, et
déterminer par là, sur le canal intestinal, une forte irrita-
tion qui puisse agir comme dérivalive. Le suc exprimé de
la racine fraîche peut ètre donné à la dose de 1 à 4 gros dans
quelques ouces d’un véhicule mucilagineux, afin de s "op-
7 4
360 CÜCURBITACÉES.
poser à l’âcrelé particulière de ce suc, qui, sans cette pré-
caution , pourrail causer un sentiment d’ardeur dans la
gorge, et ensuite des coliques plus ou moins violentes. Demi-
once à 1 once de celle même racine fraiche peuvent aussi
êlre données en infusion dans 4 à 6 onces de vin.
L'application extérieure de la Bryone fraîche et réduite
cn pulpe, irrite la peau, et la rubéfe presque comme les
sinapismes. Quelques praticiens disent en avoir vu de bons
effets , employée en calaplasme sur les tumeurs indolentes
el lymphatiqués, sur d'anciens ulcëres qui avaient besoin
« d'être animés. Appliquée sur la région des reins, on dit
qu'elle excite la sécrétion des urines.
La Bryonce rest que très-peu employée aujourd'hui par
Ja plus 8 grande partie des médecins; les gens de la campagne
en font un usage plus fréquent ; mais comme ils s’en servent
souvent mal à propos et à trop haute dose, elle leur cause
quelquefois des suüperpurgations violentes.
Par des lavages réttérés, on enlève à eelte raeine, réduite
en pulpe par le moyen dela râpe, toule son amertume et
toute son àcrelé, et l’on en obtient une féeule parfaitement
bonne et très nourrissante. Celle qu’on préparait autrefois
dans les pharmacies par le seul dépôt du suc de la racine,
quoique conservant quelques-unes de ses propriétés, n ’agis-
sait cependant que d’une manière assez faible; elle est au-
jour d’hui inusitée. L’extrait est de même rarement employé,
quoiqu il vaille mieux : on peut le donner depuis demi-gros
jusqu’à 1 gros. ù
210° Genre. — MomorDiquEe. Momorprcs. lan.
Fleurs monoïques. Dans les mâles, calice à 5 divisions
ovales ou lancéolées; ; corolle à 5 découpures et à 5 plis lon-
situdinaux. 5 En dont 4 portées 2 2 à 2 sur 2 filamens,
Dans les femelles, style cylindrique à 5 divisions terminées
chacune par 1 stigmate. Baie ovale. nent , médiocrement
charnue, à 5 loges, dont les valves s'ouvrent avec élasticité,
et contiennent des graines nombreuses.
MOMORDIQUE ÉLASTIQUE , vulgairement Concombre
sauvage, Concombre d'âne, crane
Momordica Elaterium. Lan. Spec. 1454. — Bull. Herb.
tab. 81. — Cucumer sylvestris sive Elaterium. Pharm.
G -
Sa racine est épaisse de 2.ou 5 pouces, longue d’un pied,
CUCUREBITACÉES. 56:
blanchâtre , vivace ; elle donne naissance à des tiges assez
grosses, rudes au toucher, couchées sur la terre, garnies
de feüilles alternes, pétiolées, arrondies , échancrées en
cœur à leur base, et quelquefois bordées de quelques lobes
peu profonds. ae fleurs sont axillaires, campanulées, d’un
jaune blanchâtre, parsemées de veines verdätres, les unes
toutes mäles et disposées en grappe, les autres, femelles et
solitaires. 11 succède à ces dernières des baies longues d'un
pouce et demi à 2 pouces, rudes au toucher, plei ines d’un
suc amer, lesquelles, lors de leur maturité, s'ouvrent avec
élasticité, et jettent avec force des graines larges, luisantes
el nolrâtres. Cette plante est commune dans les départe-
mens du midi, sur les bords des champs et des chemins ; elle
fleurit en juillet et août.
Foutes les parties du Concombre sauvage sont purg gatives;
les racines le sont plus que les tiges et les feuilles ; Is fruits
le sont plus que tout le reste C’ était principalement au sUC
tpaissi de ces derniers qu ’on donnait le nom d’Ælaterion, ou
Elatérium. Cètte préparalon élait fort employée autr Core
mais de nos jours elle est presque entièrement tombée enr
désuétude. La racine est également inusitée maintenant. Une
grande partie de ce que j’ai dit un peu plus haut sur celle de
la Bryone lui est applicable; elle est seulement moins éner-
gique que cetle dernière, et elle a besoin, pour ägir de la
mème maniere, d’ ëre donnée à à une dose plus forte, comme à
celie de 40 à 60 grains. Voyez à ce sujet (2° Partie, Mémoire
sur les Succédancées du Jalap, Ç. IV.) les Observations par-
üculères que J'ai failes sur cetle racine , et où 1] ‘en parle
d’ailleurs plus au long.
211° Genre. — COURGE. CUCURBITA. Lan.
Fleurs monoïques. Dans le mâles , calice à 5 Sdaite subu=
pes corolle campanulée , à 5 découpures veinées , ridées.
5 anthères sur 3 filamens, 2 de ces filamens élant bifurqués,
el’ portant chacun 2 nes. Dans les femelles, 1 style
court, trifide, à 5 stigmates; une grosse baie, charnue,
par tagce eu 5 à 5 loges, par des cloisons molles et membra-
neuses, contenant un grand nombre de graines aplaties,
“entourées d’un rebord particulier,
562 CUCURBITACÉES:
CourcE CALEBASssE, vulgairement Course longue,
Courge trompette, Courge. ;
Cucurbita Lagenaria. Lan. Spec. 1454 — Cucurbila
longior. Dod. Pempl. 669. — Cucurbita. Pharm.
Sa racine est blanche, tendre, fibreuse, annuelle; elle .
produit des liges angulenses , grosses comme le doigt, ram
panies sur la ren ou grimpantes, par le moyen de vrilles,
sur {es treillages ou appuis qu'on leur donne, et s’élendant |
ainsi dans la longueur de 12 à 15 pieds ou davantage. Ses
feuilles sont pétiolées, alternes, arrondies, d’un vert pâle,
molles au toucher, et un peu gluantes. Ses fleurs sont
blanches, tlrès- ouvertes en bail, toujours plusieurs en=
semble dans les éfssèlles des feuilles, Ses fruils sont jaunâtres,
presque cylidriques, souvent COUT en forme de crois-
saut, quelquefois longs de 4 à 5 pieds; ils contiennent une
pulpe blanche, bonue à manger, et une grande quantité de,
graines entourées d’un bourrelet qui, formant sur les côtés
des espèces d'appendices, leur donne une figure carrée. Cete
plante est originaire de l’inde; on la cultive dans les jardins,
-surtout dans le midi de la Frances elle fleurit en juin et
juillet. : L
Cource PÉPON, vulgairement Potiron, Citrouille.
Cucurbila Pepo. Lin. Spec. 1455. Citrullus. Pharm,
Celle plante se distingue de la précédente par ses feuilles
irès-amples, qui sont arrondies, échancrées en:cœur à leur
base, peu découpées en leurs bords; par ses fruits très-gros,
ayant en général une forme sphérique aplatie, et par ses
graines elliptiques. Ces fruits sont jaunes ou verdätres exté-
T de et leur chair est toujours de la première cou-
leur, plus al moins foncée, d’une consistance un peu
fer me, d’une saveur agréable et bonne à manger quand
elle est cuite. La Courge pépon passe pour être originaire
des Judes; on la nie généralement dans les jardins el
dans les champs, comme plante alimentaire; elle fleurit en
juin, nAJUs et août.
La Courge Calebasse, on tout simplement la Cour: ge Ct
la Courge Pépon, plus vulgairement la Citrouille ou Île
Poliroun, ont les mêmes propriétés. La pulpe de leurs frutis
est en aa ige dans la cuisine, préparée de diverses manières;
mais on ue l'emploie généralement point en médecine, Ce:
| CUCURBITACÉES. 363
pendant, comme elle est rafraîchistante, laxative et peu
nourrissante, on peul la faire entrer dans le régime des per-
sonnes d'un lempérament sanguin, dans celui des gens
replets, qui doivent éviter les nonrrilures échauflantes et
trop substantielles. On peut encore faire avec cette pulpe,
crue ou cuile, des cataplasmes rafraichissans, émolliens,
résoluuifs.
_ Les graines de Courge et celles de Citrouille réunies à
celles de Concombre et de Melog , formiient autrefois les
quatre semences froides majeures, dont j'ai léjà parlé à Par=
Ucle Concombre cultivé.
Les fruits d’une variété de la Courge, que l’on connaît
sous les noms de Gourde ou de Cougourde , ne sont point
alimentaires ; mais 1ls s'emploient pour des usages écono-
miques. On les laisse sécher, on les vide, et on en fait des
bouteilles et autres ustensiles ui servent aux gens de la
- “campagne, aux voyageurs et aux pêlerins. :
CouRGE LACINIÉE, vulgairem. Pastèque, Melon d'ear
Cucurbita Angurie. Duch. in Lam. Dict. enc. 2 p. 1 CA
— Cucurbita Citr ullus. Lin. Spec. 1455. — Anguria,
Cucumis Citrulus. Dod. Pempl. 640. — Anguria. Pharm.
Celte espèce diffère des deux pr écédentes par ses feuilles
profondément découpées et d’une consistance ferme, presque
cassante ; par son fruit constamment orbiculaire, à peau
mince, lisse et mouchelée de taches éloilées: par ses graines
assez renflées, dont le bourrelet est fort petit, et qui sont
d'ailleurs rouges ou noires. On la cultive principalement en
Provence, en Languedoc.
Cette Diane présente plusieurs variétés, qui diffèrent sur-
tout par la consistance et la-couleur de leur chair. On donne
particulièrement en Provence le nom de Pasteque à celles
dont le fruit est moins fondant, et qu'on ne mange que
confit ou cuil avec le moût de raisin, comme on prépare le
raisiné dans d’autres pays, avec des poires el du vin doux.
On appelle au contraire Aelon d'eau celles dont la chair est
fondante et se mange crue comme on le fait parlout des
Melons ordinaires.
364 CAPRIFOLIACÉES.
Famille LV.
CAPRIFOLIACÉES.
Les genres qui composent cette famille se distinguent aux
caractères suivans : calice monophylle, à 5 dents ou à 5 di-
visions ; corolle monopétale à 5 lobes réguliers ou irrégu-
liers ; 5 étaminess 1 ovaire inférieur, surmonté d’un seul
style ou de 3 stigmates sessiles ; 1 baie à : ou plusieurs loges
polyspermes.
Les Caprifoliacées sont des arbrisseaux à feuilles oppo-
sées, entiéres ou divisées ; à fleurs axillaires , ou le plus sou-
vent lerminales, disposées en têle ou en corymbe. ,
La propriété purgative paraîl plus développée que toute
aulre dans un des genres de celle famille, car toutes les
parlies des Sureaux sonl susceptibles de provoquer la pur=" :
galion et même le vomissement à l’état frais. Les fleurs
cessent d'être purgatives par la dessiccation, et elles de-
viennent seulement propres à augmenter Ja transpiration
cutanée. Les fruits des Chèvrefeuilles jouissent de la prin-
cipale vertu des Sureaux; on a attribué à leurs feuilles et à
Jeurs fleurs une faculté astringente. La Moscatelline, que
j'ai cru devoir rapprocher de cette famille, à cause de son
ovaire inférieur el de sa corolle monopétale qui l’éloignent
des Saxifragées, n'a pas de qualités bien prononcées.
212° Genre: — CHEVREFEUILLE. LONICERA1. Lin.
Calice à 5 denis, muni de bractées à sa base. Corolle tu-
buleuse , infondibuliforme ou campanulée, à limbe partagé
en 5 découpures souvent inégales. 5 étamines, 1 baie à 1,2
où 5 loges polyspermes.
CHÈVREFGUILLE DES BOIS.
Lonicera Periclymenum. Van. Spec. 245. — Caprifo-
lium Germanicum. Dod. Pempt. 411. — Caprifolium.
Pharm. (
Sa tige est ligneuse , divisée en rameaux grèles, sarmen-
teux , flexibles, s’élevant à la hauteur de 10, 15 et 20 pieds,
en s’entortillant autour des arbres ou autres corps qu'ils
trouvent à leur proximité. Ses feuilles sont opposces , ovales,
glabres, les iuféricures portées sur de courts pétioles, les
Te
-CAPRIFOLIACÉES, .565
supérieures sessiles. Ses fleurs sont d’un blanc jaunâtre,
quelquelois un peu rougeätres en dehors, réunies plusieurs
ensemble en têtes terwimales: elles répandent une odeur
très agréable. Cet arbrisseau croît dans les bois et Les buis:
sons ; il fleurit en juin.
Les feuilles et les fleurs du Chèvrefeuille passent pour
aslringentes , détersives, el les fruits pour dinrétiques. La
décoction des feuilles s'emploie quelquefois en gargarisme
pour les gonflemens lymphatiques des amygdales, les ulcé-
rations el les aphtes des mêmes parties. L/eau distillée des
fleurs, dont on se servait autrefois dans les ophthalmies, est
aujourd’ hui tombée en désuétude ; on'fait aussi peu ou point
d’asage du sirop qu'on préparait également avec les fleurs.
Lesfruits d’une autre espèce de ce genre, le Chèvrefeuille
des Alpes ( Lonicera Alpigena. Lin), pris au nombre de
5 à 8, provoquent le vomissement et la purgalion, selon
Tragus et J. Prévost : la médecine n’en fait aucun usage.
215° Genre. — SUREAU. SAMBUCUS Lin.
Caïice à 5 divisions. Corolle en roue, à 5 lobes. & éta-
mines alternes avec les divisions de la corolle, 3 sligimateÿ
sessiles. 1 baie à lrois graines,
SUREAU NOIR, vulgairement Sureau, Sureau com-
mun, grand COPA
ngra. Lin. da 385. — Samb bucus. Blackw.
Herb. t: 151: — Pharm
Sa tige est ligneuse, haute de 10 à 12 piedset plus, divisée
en rameaux droits, cylindriques , revêtus d’une écorce
grisätre. Ses feuilles sou PPPORÉER péliolées, ailées avec
impaire, composées de à à 7 folioles ovales-lancéoles,
glabres , d’un beau vert, dentées en leurs bords. Ses fleurs
sont blanches, petites, He nombreuses, disposées à l’ex-
irémité des rameaux en un large corymbe ombelliforme ;
elles ont une odeur forte, un peu nauséuse. Il leur succède
de petites baies noirâtres à l'époque de leur maturité, Cet
arbrisseau croit dans les haies, les buissons ; il fleurit en juin
et juillet. Ja
Le Sureau est purgatif dans toutes ses parties ; il a été
employé sous ce rapport dès la plus haute antiquité, et il
parait avoir été bien plus en usage qu’il ne l’est de nos jours,
&
566 CAPRIFOLIACÉES.
Dans quelques provinces d'Allemagne, les gens de la cam-
pague mangent ses jeunes feuilles et ses Aer fraiches en
salade, el cela leur sert de doux purgatif. Les baies ont été
vantées, dans les rt° eb 15° siècles, pour produire le même
effet, et les graines qu’elles renferment ont aussi la:même
facullé. Mais à toutes ces parties on préfère généralément
l'écorce moyenne, que de célèbres mmédecins, Boerhaâve,
Sydenham , etc., ont conseillée comme un remède très:
efficace dans l’'hydropisie. Sa dose est de 2 gros à 1 oncé en
décoction dans une pinte d'eau. Le suc de celte même écorce
fraiche peut se donner de 1 gros à demi-once.
Comme sudorifiques et céolhtives : où fait un très- grand
usage des fleurs de Sureau. Leur fusion , à la dose d’une où
deux pincées pour une pinte d’eau, se donne dans beancoup
de cas où l’on croit utile de porter à la peau, dans les exan-
thèmes, lorsque l'éruption en est difBcile, comme dans la
rougeole , la variole ; on s'en sert également dans les rhuma-
tismes chroniques, dans les atfections catarrhales atoniques,
dans les maladies cutanées: Extérieuréement, on emploie,
comme résolutive et anodine , l’infusion de ee mêmes Aôurs
en lotions et fomentalions ane les inflammations , Férysi-
pêle, etc.
Le r0b de Sureau, sorte d’exirait qu'on prépare dans les
pharmacies avec les baies de cet arbrisseau , se prescrit,
comme sudorifique, à a la dose d’un à 2 gros dans les mala-
dies cutanées, la syphilis ancienne, la goutte , les rhuma-
lismes ; à plus baute dose, il est purgalif, S'il a pu être utile
à La dose d’uneonce, dans l diarrhée et la dyseuterie, comime
on le trouve indiqué dans les auteurs, ce n'a été que lorsque
ces maladies avaient pour cause un embarras gastrique qui
exigeail l'usage des évaeuans. Les autres préparations phar.
maceutiques dans lesquelles entraient tes fleurs ou les baies
de Sureau, sont presque toutes tombées aujourd? ii enr dé-
suétude.
Les marchands de vin emploient les fleurs de Sureau
our communiquer au vin blanc ordinaire uni faux goût dé
vin muscat. Quelques personnesen font de même infuser dans
Je vinaigre, pour lui donner plus de force et lui faire prendre
un parluméagréable. Les baies, cuites dans le vinaigre,
teignent le fil et les peaux en violet, Le bois de Sureau,
quaud il est vieux , devient assez dur et propre à être ee
ployé pour de menus ouvrages de tour. IL à la couleur du
U
CAPRIFOLIACÉES, 367
buis, mais il n’est pas aussi solide. Les enfans font des sar-
bacanes avec ss jeunes branches , qui sont remplies d’une
moëlle abondante. Les bestianx et les bêtes fauves ne broutent
point son feuillage. Plusieurs oiseaux recherchent ses fruits,
SuREAU HIÈBLE, vulgairement Æieéble, Yeble, petit
Sureau.
Sambucus Ebulus. Lan. Sp. 555. — Ebulus. Blackw.
Herb, t. 468. — Pharm,
Sa racine est blanchätre, charnue, grossé comme le
doigt, vivace, rampante; elle donne naissance à des tiges
her Phéés , clé es, anguelles, simples, hautes de 3 à 4
pieds, garnies de feuilles opposées , pétiolées, composées de
7 à 9 fuholes lancéolées, d'un vert foncé, dentées en leurs
bords. Ses fleurs sont blanches, nombreuses, disposées au
sommet de la tige en un large corymbe imitant une ombelle,
Ses fruits sont de petiles baies noires. Cette plante n’est pas
rare sur les bords des chemins et des champs; dans les terres
fvrles et un peu humides; elle fleurit en juin et juillet,
Les propriétés générales de l’Hièble sont les mêmes que
celles du Sureau noir, et ses racines, comme bydragogues,
peuvent êlre assiruilées à l écorcemoyenme de celui-ci; mais
elles sont hors d'usage. Les feuilles appliquées en cata-
plasmes ont été recommandées comme utiles pour apaiser
les douleurs de goutte. On à aussi altribué la même pro-
priélé à une huile qu'il est possible d'extraire des graines,
On fait avec ses baies uu rob dont on peul se servir comme
de celui de Sureau. Selon le Codex de l’ancienne faculté, Les
graines sont au nombre des substances qui entrent dans la
poudre hydragogue , préparation pharmaceutique qu'oir
employait bien plus souvent autrefois que maintenant , dans
les hydropisies.
* Genre ayant de l’affinité avec les Caprifoliacées.
214 Genre. — MoscATELLINE. ÂDOX4. Lin.
Calice à 2 ou 3 divisions. Corolle monopétale à 4 ou 5
lobes, 8 à 10 étamines. Ovaire inférieur, surmonté de 4 à
Sstyles. 1 baie à 4 on 5 loges monospermes.
560 CAPRIFOLIACÉES.
Mosc ATELLINE PRINTANNIÈRE, vulgairement Hosca/el.
line, Herbe du musc, Herbemusquée,petite Musquée.
Adoxa Mosrhatellina. Liu. Spec. 527. — Moschatella.
F1. Dan. t. 94. LAN
Sa racine est un peu tubéreuse, longue d’un pouce,
allongée , blanchâtre, munie de petites écailles écarlées et
de plusieurs fibres menues ; elle donne naissance à une ou
plusieurs tiges minces, simples, hautes de 5 à 6 pouces,
garnies, aux deux liers de leur hauteur, de 2 feuilles oppo-
sées, pétiolées, glabres, d’un vert un peu glauque, parta-
gées en 3 folioles incisées où lobées. Immédiatement de la
racine naissent une ou deux autres feuilles de mème forme
que les précédentes, mais plns grandes, plus divisées, et
portées sur des pétioles longs de 2 à 4 pouces. Ses fleurs sont :
d’une couleur herbacée, réunies au nombre de 4 à 5 en
une pelile têle placée au sommet des tiges. Cette plante croît
dans les bois, aux lieux ombragés ; elle fleurit en avril.
La Moscatelline répand, quand elle est en fleur, une
odeur de musc très-prononcée. Ses tiges, ses feuilles et ses
racines n’ont pas de saveur bien distincte. On a attribué
à ces dernières une propriété détersive et vulnéraire, étant
appliquées extérieurement ; mais elles sont maintenant très-
peu ou même point du lout employées en médecine,
* Famille LVL
VACCINIÉES.
La situation de l’ovaire, qui est inférieur dans les plantes
de celte famille , les distingue d’une manière positive des
Ericoïdes avec lesquelles elles ont d’ailleurs de grands rap-
porls. Leurs autres caractères sont d’avoir 1 calice mono-
phylle entier ou à 4 divisions; 1 corolle ordinairement mo-
nopétale à 4 divisions, plus rarement à 4 pétales distincts ;
8 étamines à filamens insérés sur le calice, à anthères sou-
vrant à leur sommet par deux trous, et Lerminées par deux
pointes; 1 ovaire surmonté d'un style simple; 1 baîe 6mbi-
liquée à son sommet, divisée en 4 loges polyspermes.
Les Vacciniées sont des arbustes à feuilles alternes, sim-
ples, et à fleurs axillaires. Leurs fruits, douceâtres ou lége-
rement acidulés, sont bons à manger ; on les emploie en
médecine comme rafraïîchissans et légèrement astringens,
LA
VACCINIÉES, 569
215° Genre. — AIRELLE. ŸA4CCINIUM. Lin.
Calice entier ou à 4 dents. Corolle monopétale, globu-
leuse ou campanulée , à 4 divisions. 8 étamines. 1 baie
globuleuse , à 4 loges contenant plusieurs graines.
AIRELLE MYRTILLE, vulgairement ÆAirelle, Bluet,
Moret, Myrtilie, Raisin des bois.
Vaccinium Myrtillus. Lin. Spec. 408. — Myrtillus,
Matth. Valgr. 251. — Pharm.
Sa tige est divisée dès sa base en rameaux glabres, angu-
leux , flexibles, hauts d’un pied à 1.pied et demi, garnis de
feuilles ovales, alternes, glabres, d’un vert gai, crénelées
ou légérement dentelées en ieurs bords, portées sur de
très-courts pétioles. Ses fleurs sont axillaires, en grelot,
d’un blanc rougeñtre. 11 leur succède des baïes globuleuses
molles, grosses comme des grains de groseille, d’un bleu
foncé ou noirâtre, pleines d’un suc ayant une saveur astrin-
gente et aigrelette. Ce petit arbuste se trouve dans les bois
montagneux, parmi les bruyères; 1! fleurit en avril et mar.
Les fruits du Myrülle sont astringens et rafraîchissans.
On en a conseillé l'usage dans les fièvres bilieuses, putrides,
inflammaloires , dans la diarrhée, le scorbut. On peut les
donner en décoction, à la dose d’une omplusieurs onces pour
une pinte d’eau. On préparait autrefois une sorte de rob
avec leur suc épaissi. Les bergers et les habitans des mon-
tagnes, dans les pays où ces fruits sont communs, les man-
gent comme on fait ailleurs les groseilles. En les faisant fer-
menter, ils en retirent aussi une sorte de vin, mais qui &
peu de force, et ne se garde pas long-temps.
L’Aüirelle rouge, F’accinium Vitis idæa, Lan., dont
jes fleurs sont disposées en petites grappes ter minales a les
mêmes propriétés que le Myrtille, et peut lui être cuis t
tuée; mais aucune de ces deux plantes n'est usitée dans la
pratique.
216° Genre. — CANNEBERGE. OxYcoCcCUs. Tournef.
Calice court à 4 divisions. Corolle de 4 pétales oblongs,
réfléchis. 8 étamines à anthères bifides, s'ouvrant par leur
sommet. 1 baie turbinée, à 4 loges po! permes,
À a
570 . VACCINIÉES.
CANNEBERGE DE MARAIS, Où COUSSINET DE MARAIS.
Oxycoccus palustris. — Oxycoccus. Pharm. — Oxy-
coccum. Flor. Dan. t. 80. — Faccinium Oxycoccos.
Lin. Spec. 500. :
Ses racines sont fibreuses, vivaces:-elles donnent nais-
sance à plusieurs tiges grêles, filiformes, un peu ligneuses,
couchées et rampantes au milieu des mousses, longues de
6 pouces à 1 pied, garnies de feuilles alternes, ovales-
oblongues , trés-petites, glabres et luisantes en dessus, blan.
châtres en dessous, porlées sur de courts pétioles. Ses fleurs
sont d'un rouge clair ou roses, attachées sur de longs pédon- ”
cules filiformes, solitaires dans les aisselles des feuilles su-
périeures et peu nombreuses. Ses fruits sont de petites baies
rouges, d’une saveur acide et bonnes à manger.
Cette plante croîl dans les marais au milieu des mousses,
et particuhèrement de celles du genre Sphagnum; elle
flearit pendaut tout lété, et ses fruits sont mûrs en sep-
tembre et octobre.
Ces fruits sont rafraîchissans et légèrement astringens. On
les a employés en médecine dans les fièvres inflammatoires,
bilieuses, pulrides; dans les hémorragies, la dysenterie, etc.
Ils ne sont que peu ou point en usage maintenant. Dans
le nord de l’Europe, on les mange crus, ou après les avoir
fait cuire avec du sucre.
IV: CLASSE.
DICOTYLÉDONES DIPÉRIANTHÉES ; MONOPÉTALES
SUPÉROVARIÉES.
Famille LVIT.
ÉRICOÏDES.
Les caractères des plantes de cette famille sont ceux qui
suivent : Calice monophylle, persistant, divisé en son bord ;
corolle monopétale , à limbe partagé en 4 ou 5 lobes, quel-
quefois composée de plusieurs pétales distincts: étamines
en nombre défini, imsérées à la base du calice, plus rare-
ÉRICOÏDES. 571
ment à celle de la corolle, ayant leurs anthères bifides infé-
rieureiuent, s'ouvrant au sommet par deux trous ; 1 ovaire
supérieur, surmonté d’un style simple ou à plusieurs lobes;
1 capsule à plusieurs loges, s’ouvrant par autant de valves
qui portent dans leur milieu une cloison longitudinale ;
quelquefois, au lieu d’une capsule, c’est une baie à 5 loges
qui ne s’ouvrent point.
Les Éricoïdes sont des herbes, ou le plus souvent des ar-
bustes ou des arbrisseaux à feuilles entières, alternes, où
opposées, ou même verticillées, et à fleurs aussi diversement
disposées.
L’astringence est jusqu'à présent la propriété qui paraît
la mieux démontrée dans ces plantes , et les usages aux-
quels on les emploie en médecine sont très-bornés.
217° Genre. — ARBOUSIER. ARBUTUS. Lin.
.
Calice très-petit, à 5 divisions. Corolle ovoïde, à limbe
court et à à dents roulées en dehors, 10 étamines non sail-
lantes. 1 baie à 5 loges contenant 1 ou plusieurs graines.
ARBOUSIER BUSSEROLE , vulgairement Ærbousier trai-
nant, Bousserole, Busserole, Buxerolle, Raisin
d'ours.
Arbutus Uva-ursi. Lin. Spec. 566. — Uva-ursi. Clus.
Hist. 65. — Pharm.
Ses liges sont ligneuses , faibles, longues d'un pied à 1
pied et demi, divisées en plusieurs rameaux étalés et même
couchés, garnis de feuilles éparses, ovales-oblongues, gla-
bres, luisantes, coriaces, persistantes, retrécies en un court
pélioie à leur base. Ses fleurs sont blanches ou légèrement
purpurines, disposées en peliles grappes à l'extrémité des
rameaux. Les fruits sont des baies globuleuses et d’une cou-
leur rouge. Ce petit arbrisseau croit dans les Alpes, les
Pyrénées, les Vosges ; il fleurit en juillet.
Les feuilles de cette plante sont les seules parties usitées ;
elles ont une saçeur légèrement amère et un peu stip-
tique. On les regarde en général comme astringentes et
diurétiques. Quelques médecims les ont non- seulement préco-
nisées sous ce dernier rapport; ils ont même voulu les faire
passer pour lithontriptiques. Qu'elles exercent une action
süimulante sur les reins ; et qu’elles puissent provoquer la
sécrétion des urines, c’est ce que l’on peut croire; mais leur
Aa 2
372 ÉRICOÏDES.
impuissance absojue contre les calculs, de mème que celle
de tous les prélendus lithontriptiques, n'est plus douteuse
aujourd’hui pour un praticien éclairé. Leur usage est borné
maintenant aux affecüons atoniques des voies urinaires et à
la gravelle. À raison de leur astringence, on les a cependant
aussi conseilléescontre les flueurs blanches et la diarrhée, On
les donne en substance et en poudre à la dose de 24 grains
à 1 gros, ou en décoction à celle de 2 gros à 1 once pour
une pinte d’eau. | on Y
Il est bon d’observer que les feuilles que l'on trouve dans
les pharmacies et chez les herboristes de Paris, sous le nom
d'Uva-ursi, ne sont, en très-grande partie, que des feuilles
de l’Airelle rouge ( V’accinium Vitis idæa , Lin. ), et les
véritables feuilles de Busserole n’y sont pas dans la propor-
ton d’un huilième ou d’un sixième tout au plus.
Dans plusieurs provinces de Russie, et surtout dans le
gouvernement de Kazan, on se sert de Ja Busserole pour la
préparation des maroquins et pour le tannage des autres
peaux fines.
ArBOUsSIER UNÉDO, vulgairement Ærbousier, Fraisier
en arbre , Frole.
Arbutus Ünedo. Lan. Spec. 566. — Duham. Nouv. ed:
vol. 1. p. 55. t. 21. — Unedo sive Arbutus. Pharm.
2.
Dans les pays chauds, lArbousier s'élève à la hauteur des
arbres: dans le midi de ia France, il ne forme qu’un grand
arbrisseau , dont la taille est de 12 à 35 pieds. Ses feuilles
sont lancéolées, glabres, luisantes, coriaces, persistantes ,
dentelées en leurs bords, rétrécies en pétiole à leur base. Ses
fleurs sont d’un blanc jaunâtre ou rougeûtre, disposées, au
sommet des rameaux, en grappes rameuses et un peu pen-
dantes. Les fruits sont des baies pulpeuses, d’un rouge pour-
pre, de la grosseur d’une cerise, et ressemblant en quelque
sorte à des fraises, à cause des aspérités dont elles sont char-
stes. Ces baies sont divisées en 5 loges, contenant chacune
plusieurs graines. Cet arbrisseau croît naturellement dans
les bois en Languedoc et en Provence: il fleurit en août,
septembre, et ses fruils sont un an à mürir.
Ces fruits, que l'on nomme Ærbouses, ont une saveur
austère; on les mange dans les pays du midi, mais ils ne
sont pas recherchés. Ils-sont astringens, ainsi que l'écorce
et les feuilles, On en a conseillé l'usage dans les diarrhées
ÉRICOÏDES. 553
et les flux atoniques ; mais ils ne sont point employés.
Dans ces derniers temps, on a cherché, en Espagne et em
Jtalie, à retirer du sucre des Arbouses , el on assure qu'elles
en four nissent en assez grande quantité. En les faisant fer-
meniter et en les dut on en retire aussi une sortie d’eau-
de-vie. Le bois est assez dur, d’un rouge clair, et propre
à de menus ouvrages.
210° Genre. — PYROLE. PYROLA. Lin.
Calice à 5 divisions profondes. core de 5 pétales. 10
étamines non saillantes. Stigmate à » lobes. Capsule à! 5
valves et à 5 loges.
PYROLE À FEUILLES RONDES , Vulgairement Pyrole,
l’erdure d'hiver.
Pyrola rotundifolia. Lin. Spec. 567. — Pyrola rotun-
difolia major. Flor. Dan. t. 110.— Py rolæ. Pharm.
Ses racines sont grêles , rougeûtres, rampantes, vivaces 3
elles donnent naissance à une ou plusieurs tiges simples,
presque nues, hautes de 8 pouces à 1 pied, munies à leur
base de plusieurs feuilles arrondies ou ovales-arrondies, un
peu coriaces, glabres, luisantes, portées sur d’assez longs
pétioles. Ses fleurs sont He heal disposées au nombre dés
12 à 15 en une grappe simple et terminale. Cette plante
croît dans les bois à l'ombre; elle fleurit en mai et juin.
Les anciens auteurs de matière médicale vantent la Pyrole
comme vulnéraire et astringente , et ils la conseillent en
infusion et en nature contre les hémorragies, les flueurs
blanches, la diarrhée, ete. Aujourd’hui elle n’est plus ou
presque plus en usage.
Au Canada, on emploie, dans les hydropisies, la Pyrole
à fleurs en ombelle (Pyrola umbellata, Lin.), qui croît
aussi dans plusieurs contrées de l'Europe, et particufière-
ment en Allemagne. L’infusion de cette même plante, selon
le Medical repository de New-Yorck, avril 1816, a élé
employée avec beaucoup de succès dans ‘deux cas de cancer
à la face. D’après ce journal, les deux malades ont été guéris
après avoir fait usage de la Pyrole, l’un pendant un mois,
el l’autre pendant trois semaines seulement.
Aa 3
374 :‘RHODODENDRÉES.
Famille LVHT.
RHODODENDREES.
Les carac!ères des plantes de cette famille sont les suivans:
Calice monophylle à 5 divisions; corolle monopélale, ï in-
fondibuliforme ou campanulée, à 5 lobes; ‘5 ou 10 étamines
insérées sur la corolle ; 1 ovaire supérieur surmonté d’un
style simple ; 1 capsule à plusieurs valves à bords repliés
en dedans, el formant autant de loges contenant chacune
plusieurs graines menues, attachées à un réceptacle central.
Les Rhododendrées sont des arbrisseaux à feuilles alternes,
‘enlières, souvent persistantes , et à fleurs disposées en co-
rymbe à l'extrémité des rameaux ou dans les aisselles des
feuilles.
.. Les propriétés de ces plantes sont encore assez mal con-
nues. Plusieurs espéces exoliques passent pour être plus ou
moins vénéneuses, et l’odeur de leurs fleurs a catisé des maux
de tête et des vertiges. Quelques -unes ont été essayées à
pelite dose, comme sudorifiques.
219° Genre. — ROSAGE. RHODODENDRON. Liv.
… Calice à 5 divisions. Corolle infondibuliforme , à limbe
ouvert, partagé en 5 lobes. 10 étamines inclinées. à capsule
à 5 loges.
ROSsAGE FERRUGINEUX , vulgairement Laurier- Rose
des Alpes.
Rhododendr ron ferr Ugineurn. Lin. Spec. 562. — Jacq.
PT. Aust, 1255,
Sa tige est ligneuse , haute de 2 à 3 pieds, divisée en ra-
meaux un peu lortus, garuis, dans leur partie supérieure ,
de feuilles ovales-lancéolées, persistantes, glabres et lui-
santes en dessus, d’une couleur de rouille en dessous, et
portées sur de courts pétioles. Ses fleurs sont purpurines,
disposées par PO bouquets à l'extrémité des rameaux ;
elles ont une odeur désagréable. Cet arbrisseau croît sur les
Alpes et les Pyrénées, à la hauteur de 6 à g00 tosses d’élé-
valion au-dessus du niveau de la mer; il fleurit en juin et
juillet.
Villars a essayé l'usage des feuilles et des fleurs de cette
RHODODENDRÉES. 555
lante dans la gale et les dartres, pour remplacer celles du
ÆRliododendron chrysanthum , espèce exotique , que Îles
Russes emploient avec succès contre les douleurs rebelles,
arthritiques, rhumalismales, syphilitiques, et dans les ma-
Jadies de la peau en général. D’âprès ce que dit Villars, ses
tentatives ont été heureuses, et les feuilles ou les floue au
Rosage ferrugineux peuvent être données à petite dose,
c'est-à-dire à 1 ou 2 gros en infusion ou en décoction dans
1 à 2 livres d’eau. L/effet immédiat du Rhododendron
chrysanthum est de causer des sueurs abondantes et féüides;
Villars ne dit pas si notre espèce indigène produit les mèmes
effets.
Le bois de ce Rosage est souvent la seule ressource des
bergers pour se procurer du feu dans les régions glacées
des hautes montagnes. Les bestiaux ne mangent ses feuilles
que lorsqu'ils sont pressés par la faim.
Famille LIX.
DIOSPYREÉES.
Les caractères des espèces indigènes qui appartiennent à
cette famille sont les suivans : Calice d’une seule pièce , €H-
tier ou divisé en son bord ; corolle monopélale ,à #, 5 ou
6 lobes; 8 à 16 étamines; 1 ovaire supérieur, s srrbuie d'un
ou de plusieurs styles ; 1 drupe contenant 1 ou 2 noyaux,
ou 1 baie à plusieurs loges monospermes.
Les Diospyrées que M. de Jussieu avait d’abord nommées
les Plaqueminiers, que Ventenat a désignées depuis sous
le nom d'Æbénacées , parce que l'arbre qui fournit PEbène
est de cette famille, sont des arbres ou des arbrisseaux à
feuilles alternes, entières, et à fleurs axillaires ou terminales.
Cette famille ne compr rend que deux genres indigènes, le
Plaqueminier, Diospy ros, qui lui donne son nom, etV'Al-
boufier. Le premier n'est d'aucun usage en HHenes c’est
un arbre dont le bois est très-dur et qui produit des fruits
acerbes et astringens. L'Aliboufer, qui s'éloigne d'ailleurs
assez par ses Caractères botaniques, en diffère aussi beaucoup
par ses pr opriétés. La résine qu'il produit n'a d'analogie
qu'avec celle d'espèces de familles éloignées, comme avec
celle du Lentisque et du Térébinthe, et elle est de nième
employée en médecine comme tonique et stimulante,
A à #
O1
“1
D
DIOSPYRÉES.
220° Genre, — ALIBOUFIER. $STYRAX. Lin.
Calice en godet. Corolle à tube court et à limbe partagé
en 5 divisions profondes. 10 étamines. 1 seul style. 1 drupe
coriace contenant 1 ou 2 noyaux.
ALIBOUFIER OFFICINAL, vulgairement Ælisoufier, Sto-
rax ou Séyrax.
Séyrax officinalis. Lin. Spec. 655. — Duham. nov. ed.
vol. 7. p. 7. t. 4. — Siyrax calamita. Pharm.
Sa tige, dans les pays chauds, s'élève à la hauteur de
20 pieds , et forme un grand arbrisseau , dont les plus jeunes
rameaux sont revêtus d’un duvet court, cendré, et garnis de
fetulles alternes, pétiolées, ovales, glabres et vertes en
dessus, cotonneuses et blanchâtres en dessous. Ses fleurs
sont blanches, pédonculées, assez grandes, disposées au
nombre de 3 à 6 ensemble, rarement plus, en petites grappes
à l'extrémité des rameaux. Ce petit arbre est originaire de
Syrie, d’où il fut, dit-on, transplanté en Italie par l’empe-
reur Adrien. Il est aujourd’hui naturalisé en Provence, où
il croit dans les bois et fleurit en mai.
Il découle naturellement des fentes de l'écorce de l’Ali-
boulier, et surlout lorsqu'on y pratique des incisions, une
résine liquide d’une odeur agréable, qui devient solide par
l'action de l'air et de la chaleur. On récolte cette résine en
Orient, et on la trouve dans le commerce dans deux états
différens. La plus belle, qui est en larmes, est connue sous
le nom de Sfyrax calamite , nom qui lui vient de ce qu'au-
trefois on la mettait dans des roseaux. La seconde est le
Styrax liquide. Ces deux sortes de Styrax ont une odeur
balsamique, qui tient de celle du Baume du Pérou; elles
brülent en faisant une flamme trèsclaire, et en répandant
une odeur très-pénétrante. Le Styrax pris intérieurement
est diurétique; 1l agit aussi comme inoisif et expectorant .
dans les affections catarrhales chroniques. Extérieurement,
réduit en vapeurs ou employé sous forme de teinture, il
est propre à exciter la transpiration cutanée. Il entre dans
beaucoup de préparations pharmaceutiques, comme la Thé-
riaque , le Diascordium , le Baume du Commandeur, celui
de Fioraventi, etc. Il fait la base d’un onguent qui porte son
uom ,; et qui est très-employé comme excitant et anti-sep-
DYOSPYRÉES. | 577
tique, pour les ulcères de mauvaise nature et les plaies gan-
gréneuses.
En Provence l Adele ne fournit pas autant de résine
que dans le Levant; cependant, selon le témoignage de
Gaxidel, les Chartreux de Montrieux en recueillaient autre«
fois pour leur usage et celui de leurs amis.
Famille LX.
APOCYNÉES.
Cette famille doit son nom à un genre dont toutes les
espèces sont exotiques; .les plantes qui la composent ont
pour caractères : 1 calice monophylle à 5 divisions: 1 corolle
monopétale à 5 découpures, munie en outre de 5 écailles,
ou de lames ou de cornets d’une forme particulière à chaque
genre ; 5 étamines; 2 ovaires supérieurs, n'ayant souvent
qu'un seul stigmate ; 2 capsules folliculeuses, à une seule loge
s’ouvrant longitudinalement d’un seul côté, et contenant des
graines nombreuses. imbriquées, souvent couronnées par
une aigrette de poils soyeux.
Les Apocynées indigènes sont des plantes herbacées ou
des arbrisseaux à feuilles entières, oppostes, et à fleurs axil-
laires ou terminales, solitaires ou en corymbe.
Ces plantes fournissent peu de remèdes à la médecine,
quoique quelques- unes d'entre elles soient douées de pro-
priétés très-actives. Le Cynanque de Montpellier a une fa-
culté purgative qui n'est pas assez constatée; le Laurier-
rose est vénéneux , et les vertus qu’on a attribuées à l’Asclé-
piade et à la Pervenche sont très-douteuses.
291° Genre, — PERVENCHE. Z’INCA. Lin.
Calice à 5 divisions étroites. Corolle infondibuliforme, à
tube allongé, à à limbe partagé en 5 divisions obliques. 5 béta
mines à anthères membraneuses. 2 follicules allongées, con-
tenaht des graines oblongues, dépourvues d’aigrette.
PERVENCHE MINEURE, vülgairement petite Pervenche,
Pervenche Lommure, petit Pucelage, Violette des
Sorciers.
Vinca minor. Lin. Spec. 504. — Vinca Pervinca
Daphnoides. Blackw. Herb. t. 59. — Pharm.
Sa racine est fibreuse, blanchâtre, vivace, elle produit
378 APOCYNÉES.
plusieurs tiges grêles, sarmenteuses , rampanles, longues de
2 à 5 pieds, prenant racine de distance en distance, garnies
de feuilles ovales-oblongues, glabres, luisantes, persistantes,
pôrtées sur de très-courts pétioles. Ces tiges donnent mais-
‘sance à quelques rameaux axillaires, redressés, hauts de
4 à 6 pouces, feuillés, portant un pelit nombre de fleurs
axillaires, solitaires, longuement pédonculées, et d’un beau
bleu d’azur, ou quelquefois blanches. Cette plante croît
assez communément dans les bois et dans les haies; elle
fleurit en avril-et mai.
, PERVENCHE MAJEURE, vulgairement grande Pervenche,
\ -
Pervenche a larges feuilles, grand Pucelage.
Tinca major. Lan, Spec. 304. — Pervinca vulgaris
latifolia. Garid. Aix. t. 81.—Pervinca latifola. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente parce que ses tiges
fleuries s’élévent beaucoup davantage; parce que ses feuilles
sont plus grandes, beaucoup plus larges, légèrement ciliées
en leurs bords et échancrées en cœur à leur base; enfin parce
que ses fleurs sont une fois plus grandes. Elle se trouve dans
les haies et les buissons des départemens du midi; elle fleurit
en avril, mai el juin.
La grande et la petite Pervenche ont les mêmes pro-
priéiés. Elles passent toutes les deux pour astringentes, fé-
brifuges et vulnéraires. On les employoit autrefois dans l'in-
tention de modérer les menstrues trop abondantes, les flux
hémorroïdaux, la leucorrhée, la dysenterie. Les parties
usitées étaient les tiges et les feuilles, que l’on doumait en
décoction à la dose d’une ou 2 pincées pour une pinte d’eau ;
cetle décoction a aussi té conseillée en gargarisme contre
les maux de gorge; mais sous aucun de ces rapports on n’en
fait plus d'usage mainteuant. Quelques auteurs ont prétendu
que leurs feuilles, écrasées et appliquées sur les mamelles,
pouvaient faire revenir le lait aux nourrices ; mais le vul-
gaire leur attribue en général une propriété toute contraire,
et les femmes, surtout dans le peuple, lorsqu'elles ne nour-
rissent pas leurs enfans, ou lorsqu'elles cessent de le faire’,
prennent souvent la décoction des feuilles de petite Per-
veuche pour faire passer leur lait, On a donné comme un
bon moyen de résoudre les tumeurs scrophuleuses, un ca-
taplasme fait avec ces mêmes feuilles.
APOCYNÉES. 579
# EL]
292° Genre. — ASCLÉPIADE. ASCLEPIAS. Lin.
Calice persistant, quinquéfide. Corolle en roue, à 5 dé-
coupures ouvertes ou réfléchies. 5 cornets particuliers. 5 éta-
mines à filamens membraneux, élar gs, portant aduée à leur
face interne, chacun une anthère à 2 loges. 2 ovaires sur-
montés d’un seul sligmate penlagone. 2 follicules oblongues,
contenant des graines aigrettées.
ASCLÉPIADE DOMPTE-VENIN, vulgairement Pirée
venin.
Asolepias V'incetoxicum. Lin. Spec. 314.— Bull. Herb.
t. 51. — F’incetoxicum. Pharm.
Sa racine est noueuse , horizontale, blanchâtre, vivaee,
munie de beaucoup de fibres à chaque nœud; elle donne nais-
sance à une tige simple ou peu rameuse, haute de 1 pied où
un peu plus, garnie de feuilles ovales en cœur, ou ovales-
lancéolées -pétiolées, glabres ou presque glabres, d'un vert
chair. Ses Heure sont d’un blanc sale, petite $, disposées plu-
sieurs ensemble en ombelles, por tées sur des pédoncules lé-
gèrement pubescens , et qui naissent allernalivement dans la
pärtie supérieure des liges, à côté de l'aisselle des feuilles.
Cette plante croît dans les bois secs et sablonneux ; elle fleu-
rit en Juin et juillet.
Lesracines de Dompte-venin sont amères et un peu âcres.
On dit qu’elles sont émetiques à la duse de 1 gros en pondre,
et que de 1 demi-once à 1 once en infusion ou en décoction
elles provoquent aussi des nausées et des vomissemens. On
n’en fait aucun usage sous ce rapport. Quelques auteurs les
ont vautées comme ’alexipharmaques sudoriliques, diuré-
tiques, emménagogues; et on les a conseilles dans les
fièvres malignes, l’hy dropisie, pour guérir les écrouelles et
rappeler les règles supprimées. Aujourd’ hui elles sont en
général i inusitées. Elles entraient autrefois dans la composi-
üon de quelques préparations pharmaceutiques. L’extrait
qu’on en faisait est tombé en désuétude.
225° Genre. — CYNANQUE. CYNANCHUM. Lan.
Calice très-petit, à 5 dents. Corolle à tube très court, à
limbe, à 5 découpures ouvertes en étoile. 1 eourônue presque
cylindrique, à 5 dents. 5 étamines à anthères adnées à la
[)
380 APOCYNÉES.
face interne des filamens. 1 style bifide à 2 stigmates. 2 fol-
_ Ticules oblongues , contenant des graines aigrettées.
CYNANQUE D# MoNTPELLIER, vulgairement Scamn-
_ monée de Montpellier, Apocyn à large feuille.
Cynanchum Monspeliacum. Lan. Spec. 511. — Apo-
cynum quartum, elc. Clus. Hist. 126. — Scammonium
Monspeliacum. Pharm.
Sa racine est grosse comme une plume à écrire, blan-
chälre, rampante, vivace, lactescente ainsi que toute la
plante; elle produit des tiges grèles, faibles, simples ou peu
rameuses, longues de 2 à 5 pieds, s’élevant sur les plantes
qui sont dans leur voisinage, en s’entortillant autour d'elles.
Ses feuilles sont cordiformes , pétiolées, glabres, d'un vert
clair. Ses fleurs sont blanchâtres, disposées en corymbe sur
des pédoncules rameux et axfllaires ; elles ont les divisions de
leur corolle très-allongées. Cette plante croît dans les sables
des bords de la Méditerranée en Provence et en Languedoc;
elle fleurit en juin et juillet.
Le Cynanque de Montpellier n’est en usage que pour
salisfaire la cupidité de certains marchands de drogues.
Dans les pays où il est commun, ils en font retirer le suc
pour en préparer un extrait avec lequel ils falsifient Ja
Scammonée d'Alep, qui est un suc concret, extracto-rési-
neux, reliré d’une espèce de Liseron. Cet extrait de Cy-
nanque est purgalif ainsi que la Scammonée, mais 1l est plus
faible, et il en faut davantage pour produire les mêmes
elets. Au lieu de faire servir leCynanque à une sophisticalion
blämable, il vaudrait mieux l’employer seul pour ce qu'il
est, et s’assurer par des expériences exactes à quelle dose il
faudrait le donner, et dans quels eas il serait convenable
d'en faire usage.
224 Genre, — NérioN. NERIUM. Lan.
Calice court, à D divisions. Corolle en entonnoir , ayant
son limbe à 5 divisions obliques, et l’entrée de son tube cou-
ronuée par à appendices. Anthères conniventes et terminées
par un long filet. Ovaire double, surmonté d’un seul style,
terminé par 1 stigmale tronqué. 2 follicules allongées,
droites, contenant un grand nombre de graines aigrettées.
APOCYNÉES. 381
-NÉRION, LAURIER-ROSE, vulgairement ZLaurier-rose ,
Laurose, Laurelle, Rosage , Rosagine.
Nerium Cabo Lin. S Spec. 505. — Lois. Nour.
Duham. 8. p. 59. t. 25. — Nerion. Pharm.
Arbrisseau qui, dans son pays natal, s'élève en buisson
à la hauteur de 12 à 15 pieds, et qui peut atteindre à celle
de 2 quand on le force à croître sur une seule tige. Ses
feuilles sont opposées 2 à 2, quelquelois 5 à 5, et même
4à4, lancéolées, coriaces, glabres, persistantes , d’un vert
fohel rétrécies à leur base cn un cout pétiole. Ses fleurs
sont grandes et belles, ordinairement de couleur rose , quel-
quefois blanches, disposées à l'extrémité des rameaux en
une sorte de corymbe. Le Laurier-rose croit naturellement
dans les lieux humides et sut les bords des ruisseaux, aux
environs d’Hières en Provence; ii est généralement cultivé
dans les jardins du nord , dont il est un des plus beaux orne-
mens pendant tout le temps que durent ses fleurs, et celles-ci
se succèdent les nnes aux autres depuis le mois de juillet jus-
qu'à la fin de septembre.
Autant le Laurier-rose charme les yeux par ses belles
fleurs, autant les effets qu'il peut produire , pris incon-
-sidérément à l’intérieur, et mème par ses simples émana-
tons ,.sont dangereux. Libantius rapporte qu'un individu
mourut pour avoir passé la nuit dans une chambre dans
laquelle il ÿ avait des fleurs de cet arbre. Une autre per-
sonne mourut également pour avoir mangé d’un rôti pour
Jequel on s'était servi d’une broche faite avec son bois.
Lorsque les Français prirent, pour la premiére fois > pOsses
sion de l’île de Corse, des soldats ayant enfilé des volailles
avec des baguettes ou broches faites de branches de Laurier-
rose, plusieurs de ceux qui mangèrent de ces volailles furent
empoisonnés. Un malade, auquel on avait conseillé 3 grains
d’écorce de Laurier-rose en poudre et en trois fois, en ayant
pris imprudemment 12 grains à la fois, eut des vomisse-
mens abondans et douloureux , accompagnés d’eblouisse-
fens, de défaillances et de sueurs froides. Une grande quan-
tilé d’eau sucrée et une potion éthérée calmèrent lous ces
accidens qui n’eurent aucune suite fâächeuse.
Ayant voulu essayer sur moi-même quels effets pouvait
produire le Laurier-rose, je commençai par prendre
graius de l'extrait de ses feuilles en plusieurs fois, el au bout
582 APOCYNÉES.
de douze jours j'en prenais 10 grains. À cetle époque j'avais
perdu appétit, j'éprouvais des douleurs de courbature dans
les bras et les jambes, enfin une débilité musculaire très-
prononcée, et un malaise universel qui me fit juger qu'il
élait prudent d’arrèter là mon expérience; mais l'ayant re-
prise un MOIS après et ayant encore résseuli absolument les
mêmes effets, j'ai cru pouvoir en conclure que le Laurier-
rose contenait un principe véuéneux destructif de lirri-
tabilité.
Les expériences que M. Orfila a faites sur des animaux
avec différentes prépar ations de Laurier-rose ; confirment
bien les propriétés vénéneuses de celte plante; mais il paraît,
d’après les doses qu'il a employées, que le principe délétère
est beaucoup moins actif dans le Laurier-rose cultivé daus
les jardins sous le climat de Paris, que lorsque cet arbresest
venu dans les pays beaucoup plus chauds du midi; car
c’est de là que j'avais tiré celui que j'ai employé dans mes
observations, et M. Orfila ne s’est très-probablement servi
ue de Hatier rose recueilli à Paris.
Les meilleurs moyens pour remédier aux accidens causés
par le Laurier-rose pris à l’intérieur, sont de faciliter d’a-
bord , par des moyens mécaniques et par une grande quan-
tilé d' eau tiède, les vomissemens qui souvent se manifestent
d'eux-mêmes par leffer de la présence de la substance vé-
néneuse dans l'estomac, de donner même |’ émétique à une
dose assez forte , si les vomissemens ne se prononçaient pas
naturellement. A prè ès que-le poison aura été rejelé , on fera
succéder des boissons adoucissantes et légèrement mucila-
gineuses, Où un peu toniques el cordiales, selon qüe le ma-
lade paraîlra avoir conservé de l’irritation, ou être tombé
dans une débilité plus où moins CoHsaéha bee
Malgré les propriétés dangereuses du Laumer-rose, les
gens dm peuple, dans les pays du midi, et même plusieurs
praticiens, se servent de ses feuilles extérieurement et même
intégieurement dans les maladies de la peau: On à vu, par
ce qui précède, combien, de la dernière manière, lai dose
doit être faible. On les emploie surtout, en Îles mettant
bouillir dans de huile ou dans de la graisse, dont on fait
ensuite des friclions, pour g guérir la teigne et la gale. Jai
employé une fois l'extrait dé feuilles Lonvenabienet dis-
soul et sous forme de liniment, avec une apparence de snc-
cès, pour une dartre vive dont était affectée une jeune file
APOCYNÉES,. 363
de 25 ans, et qui lui durait depuis près de vingt. La dartre
a d abord disparu au bout de quelque temps detr ailement ;
mais quand la malade eut cessé depuis deux mois de faire des
frictions , la dartre reparut. M. le docteur Mérat , auquel
j'avais communiqué ce fait dans le moment où je croyais à,
la guérison absolue de la dartre , a employé ce même extrait
sur des galeux, et il l’a fait avec un succès un peu plus sou-
tenu. Autrefois les moines mendians des provinces méridio-
nales se servaient des feuilles de Laurier-rose pour faire périr
tous les insectes qui s’attachent à la peau. Les paysans du
pays de Nice räpent le bois pour servir de mort-aux-rats,
L’écorce en poudre peut être employée au même usage.
Famille LXI.
GENTIANÉES.
Un calice monophylle, persistant , partagé en plusieurs
divisions ; une corolle monopétale à limbe découpé en plu-
sieurs lobes égaux , et ordinairement an nombre de 5; au-
tant d’étamines que de lobes à la corolle, insérées sur celle-ci,
et alternes avec ses divisions; 1 ovaire supérieur, surmonté
de 1 siÿle terminé par 1 stigmate simple ou à 2 lobes; 1 cap-
sule à 2 valves, à 1 loge ou à 2 loges formées par le bord
reutrantdes valves, et contenant des graines menues et nom
breuses: tels sont lé caractères des plantes de cette famille.
Les Gentianées sont des herbes à feuilles le plus souvent
simples, opposées et sessiles, plus rarement alternes et coin-
posées ; à fleurs terminales ou axillaires.
Toutes ces plantes sont douées d’une amertume très-
développée, el elles jouissent d’une propriété éminemment
tonique et fébrifage, qu'elles doivent à ce principe amer, .
qui est le même dans les différerites espèces, mais qui varie
seulement d'intensité de l’une à l’autre, et qui se trouve plus
ou moins développé chez les unes dans les racines, chez
les autres dans les tiges et les feuilles. Ainsi, pour les espèces
à racines épaisses et vivaces, les propriétés résident plus par-
ticulièrement dans les racines, tandis que pour les espèces
annuelles, à racines fibreuses et menues, les vertus sont plus
développées dans la partie herbacée de la tige et des feuilles.
504 GENTIANÉES.
225° Genre. — GENTIANE. GENTIANA. Lin.
Calice à 5 lobes ou à 5 dents, ou membraneux, fendu
latéralement. Corolle campanulée ou en roue, à 5 lobes,
rarement plus ou moins. 5 étamines. Style divisé en 2. Cap-
sule oblongue, bifide à son sommet, n’ayant qu’une seule
loge.
GENTIANE JAUNE , vulgairement grande Gentiane,
Gentiane.
Gentiana lubea. Lin. Spec. 529. — Gentiana. Clus.
Hist. 511. — Pharm.
Sa racine est épaisse, allongée, jaunâtre, vivace; elle
produit 1 lige cylindrique, simple, droite, haute d5à
4 pieds, garnie de feuilles ovales , nerveuses, glabres,
sessiles, opposées et connées à leur base. Ses fleurs sont
jaunes, nombreuses, disposées par faisceaux opposés dans
les aisselles des feuilles supérieures, et paraissant comme si
elles étaient verticillées ; leur corolle est profondément dé-
coupée et étalée en roue. Cette plante croît dans les bois et:
les pâturages secs des montagnes des Alpes, des Pyrénées,
des Vosges, de la Bourgogne, des Cévennes et de l'Auvergne;
elle fleurit en juin et juillet.
Dans la grande Gentiane, c’est la racine qu’on emploie en
médecine, et c’est ordinairement à l’état de dessiccalion qu’on
en faitusage. Cette racine a une saveur extrêmement amère,
et ses propriétés incontestables sont d’être tonique, stoma-
chique, fébrifuge , vermifuge et anti-septique dans un degré
très-recommandable. C’est un des meilleurs moyens dont
on puisse se servir toutes les fois qu’il est nécessaire d’agir sur
l’estomac et les intestins pour remédier à l'élat de faiblesse
de ces organes, et aux différentes maladies qui en sont la
suite. On fait avec succès usage de la Gentiane dans l’ina-
pétence, les flux atoniques, les engorgemens des viscères de
l’abdomen , l’hydropisie, le scorbut, les scrophules, les
affections vermineuses; elle a quelquefois été utile dans la
‘goutte ; mais les maladies dans lesquelles on l’emploie avec
le plus d'avantage sont les fièvres intermittentes, putrides,
malignes. Avant la découverte du Quinquina, la Gentiane
était bien plus usilée que maintenant; aujourd’hui son em-
ploi est beaucoup plus restreint. Quoi qu’il en soit, on l'ad-
GENTIANÉES. 385
ministre en poudre, en décoction aqueuse, en infusion vi-
neuse , en extrait,
Dans les maladies chroniques, où l’action des toniques
doit être employée avec modération, on donne la Gentiane
par petites doses pour en continuer long-temps l’usage. Ainsi
sa poudre se prescrit alors depuis 6 jusqu’à 24 grains; on la
fait prendre en décoction depuis 1 scrupule jusqu’à 1 gros,
et son extrait se donne en proportion. Mais dans les fièvres
intermittentes et celles de mauvais caractère, où il faut agir
pius fortement et plus promptement, il convient d'admi-
nistrer la Gentiane depuis demi-gros jusqu’à 2 gros, qu'on
répétera deux à trois fois par jour, et ses autres préparations
doivent être données d’une manière analogue. A ces doses,
j'ai plusieurs fois guéri des fièvres intermittentes aussi-bien
qu'avec le Quinquina , et surtout en associant la Gentiane
avec la Valériane, ainsi que je l'ai dit à l’article de cette
dernière. M. le docteur Gasc a également obtenu des ré-
sultats très-avantageux de l'emploi de la Gentiane dans les
fièvres inmtermittentes, en la combinant avec la racine de
Bistorte.
Appliquée à l'extérieur , la racine de Gentiane en poudre
ou sa décoction sont encore un des meilleurs moyens avec
lequel on puisse remplacer le Quinquina sur les plaies gan-
greneuses et de mauvaise nature.
Quelques auteurs anglais ont parlé d’accidens fâcheux
causés par certaines racines mêlées dans le commerce avec
celles de la Gentiane, et l’on a dit que ces racines étaient
celles du Ranunculus T'hora ; mais celles-ci étant beau-
coup plus pelites el entièrement différentes, il n’y a aucune
apparence qu'on ait jamais pu les mêler avec. celles de la
Gentiane. 11 y a bien plus lieu de croire que ces racines
dangereuses étaient celles du ’eratrum album , vulgaire-
ment appelé ÆZellébore blanc, dont les feuilles ressemblent
beaucoup à celles de la Gentiane, et peuvent causer des
méprises funestes ; c’est ainsi que Lobel, botaniste célèbre
du 16° siècle, manqua d’être la victime d’une semblable er-
reur. Cependant il est assez facile de distinguer ces deux
plantes, soit par leurs racines, soit par leurs feuilles. La
racine de l’Hellébore blanc est une sorte de bulbe enveloppée
d’un réseau filamenteux, et ses feuilles sont alternes au lieu
d'être opposées.
La racine de Gentiane entre dans la composition de plu
Bb
556 GENTIANÉES,
sieurs préparations pharmaceutiques , comme le Diascor-
dium , la Thériaque, la poudre Arthritique amère, le sirop
de Longue-vie, etc. Fraiche, coupée par morceaux et ma-
cérée dans l’eau , elle fermente bientôt, et fournit, par la
distillation , une sorte d’eau-de-vie très-forte , très-péné-
trante, mais qui conserve la saveur amère de la plante.
La Gentiane pourprée, Gentiana purpurea, Lan., est
douée des mêmes propriétés que la Gentiane jaune; c’est le
lus souvent sa racine dont on fait usage dans les pharma-
cies d'Allemagne et dans celles du nord.
uatre autres espèces du même genre sont encore indi-
quées dans les auteurs comme ayant des propriétés ana-
logues à la grande Gentiane; ces plantes sont la Gentiane
Croisette, Gentiana cruciata, Lan.; la Gentiane des ma-
rais, Gentiana pneumonanthe, Lin. ; la Gentiane germa-
nique, Geniiana germanica, Wild. ; et la Gentiane cham-
pêtre, Gentiana campestris , Lin. ; mais elles sont en gé-
néral peu ou point usitées. Cependant chacune d'elles, dans
le pays où elle est commune, pourrait sans doute être
employée avec avantage dans les mêmes cas que la Gen-
tiane jaune. Il est seulement bon d'observer qu’il faut dans
ces espèces, surtout dans les trois dernières, se servir des
tiges et des feuilles, parce que leurs racines, étant fibreuses
et menues, offriraient trop peu de substance médicamen-
teuse.
296: Genre. — CHIRONIE. CHIRONIA.
Calice à 5 divisions. Corolle en entonnoir , à 5 décou-
ures. 5 élamines à anthères roulées en spirale après la fé-
condation. Style terminé par 1 stigmale épais et comme
tronqué. 1 capsule à 2 loges formées par les bords rentrans
des valves.
CHiRoNIE CENTAURELLE, vVulgairem. petite Centaurée.
Chironia Centaurium. Smith. Flor. Brit. 1. p. 257. —
Gentiana Centaurium. Lin. Spec. 352. — Centaurium
minus. Blackw. Herb. t. 452. — Pharm.
Sa racine est menue, fibreuse , annuelle, blanchätre ; elle
donne naissance à une tige droite, légèrement anguleuse,
glabre comme toute la plante, un peu rameuse, surtout dans
sa partie supérieure , haute d’un pied ou environ, garnie de
feuilles ovales ou ovales-oblongues, opposées, sessiles, d’un
GENTIANÉES. 387
vert clair. Ses fleurs sont d’uh pourpre peu foncé ou roses,
très-rarement blanches, assez pelites, disposées, au sommet
de la tige et des rameaux, en bouquet d’un aspect agréable.
Cette plante est commune dans les prés secs et dans les
bois ; elle fleurit en juin, juillet et août.
La petite Centaurée a une saveur très-amère; les parties
dont on fait ordinairenient usage sont les sommilés fleuries,
Cullen et Murray blâment cette pratique, prétendant que
es fleurs sont insipides ; mais ayant voulu vérifier ce fait,
j'ai préparé séparément linfusion des seules fleurs, et de
mème celle des tiges et des feuilles , et j’ai trouvé, au con-
traire de ce qu'avaient avancé Cullen et Murray, que les
premières avaient sensiblement plus d’amertume. Cette
plante est d’ailleurs assez fréquemment employée à titre de
tonique, de stomachique , de vermifuge el surtout de fébri.
fuge ; on la fait communément prendre en infusion , à la
dose de demi-gros à 2 gros pour 1 pinte d'eau. Mais, en
général, on ne retire point de ce remëde indigène tout le
parti possible. On peut croire qu’en l’adminislrant en sub-
stance, aux mêmes doses ou même à des duses plus fortes
que le Quinquina , on en obtiendrait un effet peu différent,
et qu'on parviendrait souvent, par ce seul moyen, à guérir
beaucoup plus de fièvres intermittentes qu’on ne peut Je
faire en le donnant à de trop faibles doses.
On prépare dans les pharmacies un extrait de petite Cen-
taurée, et cette plante fait d’ailleurs partie de plusieurs autres
compositions officinales. Sou eau distillée n’est plus usitée.
227° Genre. — MÉNYANTHE. MENY ANTHES, Lin.
Calice à 5 divisions profondes. Corolle infundibuliforme,
à limbe partagé en 5 lobes chargés de cils nombreux. 5 éta-
mines à anthères bifides à leur base. Stüigmate à 2 lobes,
1 capsule globuleuse, à 1 loge à 2 valves, contenant des
graines nombreuses, attachées le long de 2 réceptacles pa-
rallèles aux valves.
MÉNYANTHE TRIFOLIÉ, vulgairement 7'rèfle d’eau.
Menyanthes trifoliata. Lin. Spec. 208. — Bull. Herb,
t. 151. T'rifolium fibrinum vel Menyanthes. Pharm.
Sa racine est cylindrique, grosse comme une plume à
écrire , noueuse , jaunâtre , horizontale, vivace, garnie de
fibres menues; elle produit une tige nue, cylindrique,
Bb 2
{
588 GENTIANÉES,.
hauté de 8 à 12 pouces, terminée par une grappe de 20
à 25 fleurs. Ses feuilies sont toutes radicales, longuement
étiolées , en petit nombre à côlé des tiges , et composées de
5 folioles ovales-oblongues, glabres, d’un vert foncé. Ses
fleurs sont blanches, d’un joli aspect , portées chacune sur
un pédoncule muni d'une bractée à sa base. Cette plante
croit dans les prés humides et marécageux; elle fleurit en
mai el juin.
Les feuilles et la racine de Trèfle d’eau ont une amer-
tume très-prononcée, et leurs vertus sont d’être toniques,
apéritives, fondantes, diurétiques et fébrifuges. Leur usage
a été reconnu utile dans le scorbut, les scrophules, lhy-
dropisie, la goutte, les rhumatismes chroniques , les fièvres
intermittentes. Leur dose en nature et en poudre est de
24 grains à 1 gros; en décoction, de 2 à # gros et plus pour
1 pinte d'eau. Le suc exprimé de la plante fraiche peut
être administré à la quantité d’une once ou 2, et l'extrait
qu’on en prépare à celle de 1 à 2 gros.
En Angleterre, on cultive cette plante pour l'employer
dans la bière, à la place de Houblon. Les bestiaux la man-
gent sans répugnance, soit verte, soit sèche.
Famille LXIKE.
POLÉEMONIACÉES.
Cette famille doit son nom au genre Polemonium, dent
une seule espèce est indigène, et qui jusqu’à présent n'a
1 2 4
aucune propriélé connue.
Famulle LXIII.
CONVOLVULACÉES.
Calice à 5 divisions, rarement à 4; corolle monopétale,
campanulée, à limbe entier ou à 5 lobes, quelquefois à #
seulement ; à étamines; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un
ou 2 styles; souvent 2 stigmates quand il n’y à qu'un seul
style; capsule à 2 loges contenant chacune 2 graines : tels
sont les caractères des plantes de cette famille,
Les Convolvulacées sont des herbes à feuilles alternes et
à fleurs axillaires, solitaires ou plusieurs ensemble, Presque
toules ces plantes contiennent dans leurs diflérentes parties,
CONVOLVULACÉES. 5egq
et surtout dans leurs racines, un suc laiteux plas ou moins
âcre, résineux , qui leur donne une propriété purgative
très-décidée.
228° Genre. — LisERON. CONFOLPULUS. Lin.
Calice à 5 divisions. Corolle campanulée, à limbe plissé,
entier ou à à angles. 1 style filiforme, terminé par 2 stig-
mates. Capsule arrondie, entourée par le calice persistant.
LASERON DES HAIES, vulgairement Zuset, grand Li-
seront.
Convolvulus sepium. Lin. Spec. 218. — Convolpulus
major albus , Smilax lœvis. Blackw. Herb. t. 56. — Con-
volvulus major. Pharm.
Ses racines sont longues, menues , blanchätres, vivaces;
elles produisent des tiges grèles, grimpantes, s'élevant à la
hauteur de plusieurs pieds, en s’entortillant autour des autres
plantes qui sont dans leur voisinage, Ses feuilles sont alter-
nes, péliolées, glabres, d’un vert assez foncé, cordiformes,
avec les deux lobes latéraux tronqués. Sesfleurs sont grandes,
d’un blanc éclatant, axillaires , solitaires, portées sur des
étioles assez longs, et munies, à peu de distance de leur
calice, de deux bractées en cœur, plus grandes que le calice
lui-même, Cette plante est commune dans les haies et les
buissons ; elle fleurit en juillet et août. !
Beaucoup d’auteurs ont recommandé le grand Tiseror
comme purgalif. J. Prévost, dans sa Médecine des pauvres,
et Constantin, dans sa Pharmacopée provençale, conseil-
lent, l’un ses feuilles en décoction , l’autre ses fleurs en in-
fusion , comme un moyen facile d’exciter la purgation.
Haller, MM. Coste et Willemet, et d’autres encore depuis,
ont proposé son suc épaissi en consistance d'extrait pour
remplacer la Scammonée ; mais quoique les propriétés de
cette plante soient prouvées d’une manière incontestable,
elle n’est point du tout employée en médecine. Son extrait
peut être donné à la dose de 20 à 50 grains. Ceux qui l'ont
recommandé le regardent comme devant surtout être utile
dans les hydropisies. Autrefois on a fait usage du grand
Liseron à titre de résolutif, en l’appliquant en cataplasme,
après une légère coction, sur les tumeurs menaçant d’in-
flammation.
Bb 5
390 CONVOLVULACÉESe
LisERON DES CHAMPS, vulgairement petit Liseron,
petit Liset, Liseron des vignes, Campanette, Clo-
chette, Vrillée commune.
Convolvulus arvensis. Lin. Spec. 218. — Bull. Herb,
t. 269. — Convolvulus minor. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente, parce du elle est
plus petite dans toutes ses parlies, et surtout parce que les
lobes latéraux de la base de ses feuilles sont aigus, et encore
parce que les calices ne sont point environnés par de grandes
braclées ; mais il s’en trouve deux très-petites sur le pédon-
cule, à quelque distance des fleurs. Celles-ci sont couleur
de rose, ou blanches intérieurement et d’un rouge clair en
dehors. Le petit Liseron croît dans les lieux cultivés, dans
les moissons et dans les vignes; il fleurit pendant tout l'été.
Tournefort regardait cette plante comme un des meil-
leurs vulnéraires qu’on eût en médecine. D’autres, avec
aussi peu de fondement, l’ont préconisé contre le calcul, la
goutte et les maladies de la peau. IE est beaucoup plus ra-
tionnel de croire qu’il est purgatif comme ses congénères;
mais jusqu’ ‘à présent, je ne sache pas que, sous ce rapport,
il ait été l’objet d’aucune expérience positive.
LAsERON SOLDANELLE, vulgairement So{danelle, Chou-
marin.
Convolvulus Soldanella. Tan. Spec. 226. — ni
Bot. tab. 402. — Soldanella. Pharm.
Ses racines sont grêles, allongées, blanchätres, vivaces:
elles produisent une tige étalée et couchée sur la terre, divi-
sée en plusieurs rameaux longs de 4 à 6 pouces, ou quel-
quefois plus, garnis de feuilles arrondies ou réniformes
échancrées en cœur à leur base, un peu succulentes, gla-
bres, assez longuement pétiolées. Ses fleurs sont grandes,
roses, rayées de blanc, axillaires, portées sur des pédoncules
au moins aussi longs que les feuilles. Leur calice est muni
de deux grandes braclées à sa base. Celte plante se troure
abondamment dans les sables de l'Océan et de la Méditer-
ranée ; elle fleurit en mai et juin.
Les anciens livres de Matière médicale qui ont parlé de
la Soldanelle, s'accordent à dire qu’elle est purgative; mais
les doses auxquelles il convient de la donner et la maniére
de la préparer, sont en général fort vaguement indiquées;
CONVOLVULACÉES. 594
de sorte que, dans l'état actuel des ehoses, elle n’est nulle-
ment employée par les médecins. D’après es expériences et
les observations que j'ai faites à son sujel (voyez dans la 2e
Partie de cet ouvrage, le Mémoire sur les Succédanées du
Jalap, $. IL, n° 1), je me suis ässuré que la partie qui mé-
rilait le plus d’être mise en usage était la racme. Celle-ci,
réduite en poudre et à la dose de 40 à 60 grains, est un
bon purgalif que je crois très-propre à remplacer le Jalap.
Comme cette racine exotique, elle n’a aucune saveur bien
prononcée, ce qui la rend facile à prendre , et il est fort räre
que la purgation qu'elle détermine soit accompagnée de
coliques. Par les procédés convenables, on peut, de mème
que du Jalap, en relirer une résine qui purge à la dose de
15 à 24 grains.
LAISERON A FEUILLES DE GUIMAUVE.
Convolvulus Althæoïdes. Lin. Spec. 222. — Convolru-
lus Althææ folio. Clus. Hist. XLIX.
Sa racine, menue et vivace comme dans les espèces pré-
cédentes, donne naissance à des tiges hautes de 1 à 2 pieds,
grimpant en s'entortillant sur les plantes voisines. Ses feuilles
sont toutes plus ou moins velues, pétiolées, triangulaires,
échancrées à leur base; les inférieures seulement crénelées
en leurs bords ; les supérieures palmées-ou découpées plus
ou moius profondément en lobes linéaires. Ses fleurs, gran-
des, couleur de rose, rayées de blanc, sont portées deux à
trois ensemble sur des pédoncules plus longs que les feuilles.
Cette plante croît dans les lieux secs, stériles, et dans les
terrains incultes du midi de la France; elle fleurit depuis Ja
fin d'avril jusqu’en juin.
Le Liseron à feuilles de Guimauve n’est point usité en
médecine; mais je me suis assuré, par des expériences posi-
lives, qu'il avait les mêmes propriétés que la Soldanelle ,
et que ses racines pouvaient êlre employées comme purga-
tives pour remplacer le Jalap. (’oyez les Succédanées du
Jdaiap, $. IL, n° 2, dans la 2° Partie de cet onvrage.)
229° Genre. — CuscuTE. CUsCUTA. Lan.
Calice à 4 ou 5 divisions. Corolle presque globuleuse où
campanulée, à 4 ou 5 lobes. 4 ou 5 étamines. 2 styles.
Bb 4
392 CONVOLVULACÉES.
CuscurTe D'Eurors , vulgairement Goutle ou Angure
du Lin, Cheveux de Vénus, Teigne. «
Cuscuta Europæa. Lin. Spec. 180. — Cassuta seu
Cuscuta. FI. Dan. t. 199. — Cuscuta. Pharm.
Sa racine est annuelle; elle se développe dans la terre et
produit plusieurs tiges filiformes , jaunes ou rougeûtres,
dépourvues de feuilles , lesquelles grimpent et s’attachent,
par de pelits suçoirs, sur les plantes qui sont à leur proxi-
mité , et se nourrissent à leurs dépens, car la racine ne.
tarde pas à se dessécher. Ses fleurs sont petites, blanches ou
légèrement teintes de rose, disposées le long des tiges en
plusieurs paquets légèrement pédiculés; elles sont le plus
souvent à b divisions.
La Cuscute Epithym, vulgairement Epithym , Barbe-
de-Moine ( Cuscuta Epithymum), ne diffère de l'espèce
ci-dessus, que parce que ses fleurs sont plus petites, entiè-
rement sessiles, et ordinairement à 4 divisions.
Ces deux plantes croissent dans les bois-taillis, les champs
et les prairies. On les trouve particulièrement sur la Bruyère,
le Chanvre, le Lan, la Luzerne, les Thyms, etc. Elles ont
passé pour être incisives, apéritives et légèrement purga-
Uves; mais leur usage est maintenant entièrement tombé
en désuétude. Quelques auteurs avaient avancé que les
Cuscutes participaient aux vertus des plantes sur lesquelles
elles vivaient ; mais il s’en faut bien que cela soit prouvé,
et si cela était vrai, ce serait un motif de plus pour les exclure
de la matière médicale; car alors elles n’auraient aucune
propriété certaine, étant susceptibles de croître sur beau-
coup de végétaux différens.
Famille LXIV.
SOLANÉES.
Les caractères des plantes de cette famille sont les sui-
vans : Calice monophylle, à 5 divisions, ou quelquefois à
5 folioles distinctes ; corolle monopétale, le pius souvent
régulière; 5 élamines insérées sur la corolle; 1 ovanre supé-
rieur, surmonté d’un style à stigmate simple ou à 2 lobes;
fruit ordinairement à 2 loges polyspermes , tantôt formé
d’une capsule à 2 valves, tantôt d’une baie à 1 ou plusieurs
loges. -
SOLANÉES. ‘0099
Les Solanées sont des plantes herbacées, ou quelquefois
frutescentes, à feuilles alternes, entières ou divisées, et à
fleurs souvent placées en dehors de Vaisselle des feuilles, où
solitaires ou plusieurs ensemble,
Les plantes de cette famille, prises en général, doivent
être considérées comme narcotiques et vénéneuses, parce
que ce sont ces propriétés qui dominent dans la plus grande
partie des espèces , telles sont la Mandragore, la Eelladone,
les Jusquiames, la Pomme épineuse, le Tabac: mais il en est
quelques-unes qui font exception à cette règle. Les Molènes,
par exemple, sont mucilagineuses et émollientes, certaines
espèces même sont alimentaires au moins en partie; ainsi
les feuilles de la Morelle noire peuvent se manger sans in-
convénient , ses fruits seuls sont dangereux ; la Pomme de
terre est une nourriture aussi saine qu'agréable.
250° Genre. — ATROPA. ATROPAM#]in.
Calice campanulé , à 5 divisions. Corolle campanulée, à
5 lobes égaux. Filamens des étamines filiformes. Capsare
globuleuse, succulente, bacciforme, à 2 loges. Graines nom-
breuses attachées aux parois des loges.
ATROPA BELLADONE, vulgairement Belladone.
Atropa Belladona. Lin. Spec. 260.— Bull. Herb. t. 29.
Belladona. Pharm.
Sa racine est épaisse, longue, blanchâtre, vivace, divisée;
elle donne naissance à une ou plusieurs tiges herbacées ,
pubescentes , rameuses, hautes de 2 à 3 pieds, garnies de
feuilles ovales, pétiolées , alternes, d’un vert sombre, sou-
vent deux ensemble , l’une beaucoup plus grande que l'au-
tre. Ses fleurs sont d’un pourpre brunâtre, disposées plu-
sieurs li par petites grappes axillaires. I leur succède
des fruits bacciformes de la grosseur d’une Cerise, et noi-
râtres à l’époque de leur maturité. Cette plante se trouve sur
les bords des bois, le long des haies et dans les lieux incultes ;
elle fleurit en juin et juillet.
Toutes les parties de la Belladone ont une odeur désa-
gréable et nauséabonde ; leur saveur , d’abord fade, laisse
ensuite un sentiment d’âcreté assez marqué dans la bouche
et dans la gorge. Elles sont éminemment vénéueuses , ainsi
que les fruits, dont la saveur douceâtre et nullement désa-
gréable est d’autant plus dangereuse; parce qu'il n'arrive
504 SOLANÉES.
que trop souvent que des enfans et mème de grandes per=
sonnes, trompés par leur apparence, ou poussés par la
soif, s'empoisonnent en en mangeant. On trouve dans les
auteurs une multitude de faits dans lesquels la mort a été la
suite de pareilles erreurs ou de semblables imprudences.
Un événement de ce genre, qui est encore assez récent, est
celui rapporté par M. E. Gaultier Claubry. Pendant la
dernière campagne d'Allemagne, en septembre 1815, cent
quatre-vingts soldats, altérés par une marche pénible, se
précipitèrent, pour étancher leur soif, sur plusieurs pieds
de Belladone qui se trouvèrent près d’un bois où ils faisaient
halte, et ils les dépouillèrent en peu d’instans de leurs fruits.
Ceux qui en mangèrent en plus grande quantité ne tar-
dèrent pas à expirer dans le lieu même; les autres, en
plus grand nombre, qui n'en avaient pris que quelques-uus,
éprouvèrentspendant plusieurs jours des accidens plus ou
moins graves, mais finirent par guérir.
Les symptômes qui suivent ordinairement l’empoison-
rement par la Belladone, sont en général les suivans : aber-
rauon de la vue, yeux hagards et saïllans, dilatation ex-
irème de la pupille, vertiges, visions fantastiques, délire
souvent sourd et tranquille, carphologie, agitation conli-
nuelle, tremblement des membres, nausées, sécheresse de
la bouche ayec un sentiment de constriction à la gorge, soif
ardente , anxiété, cardialgie, défaillances, sueurs froides,
pouls petit et très fréquent, respiration suspendue par mo-
mens ou entrecoupée, convulsions, rire sardonique, météo-
risme du ventre, taches gangréneuses à la peau, enfin la
prostration Lolale des forces, et la mort lorsque les secours
n'ot pu être prodigués à temps, ou que la quantité de
poison prise a élé trop considérable.
Les premiers moyens à employer pour remédieg à l’em-
poisonnement par Îa.Belladone, si on est appelé peu de
temps après que le poison est dans l’estomac, consistent à
provoquer d’abondans vomissemens par le moyen d'une
forte dose d’'émélique , et à donner ensuite des boissons aci-
dulées avec les acides végétaux. Si plusieurs jours se sont
passés depuis l’empoisonuement , et qu'il y ait des signes qui
annoncent un état imflammatoire, on insistera sur les décoc-
tions adoucissantes et mucilagineuses.
Quelque terribles que soient les effets de la Belladone,
ccia n'a pas empêché différens médecins de chercher dans
SOLANÉES. 595
cette plante des remèdes à plusieurs maladies. Déjà les an-
ciens, Galien et Paul Eginette, avaient recommandé l’ap-
lication de ses feuilles sur le cancer; les modernes ont été
plus loin, ils l'ont donné intérieurement. Ainsi les uns
ont présenté l’infusion des feuilles de Belladone, ou leur
poudre prise à l’intérieur, comme un moyen très-eflicace
pour la guérison des affections cancéreuses des mamelles
et de la matrice ; d’autres ont proposé l'emploi de ces
mêmes préparations comme avantageux dans la paralysie,
la manie, les affections convulsives, la syphilis ancienne,
et même dans l’épilepsie et l'hydrophobie:; mais c'est
surtout dans la coqueluche que depuis quelques années ja
Belladone a été préconisée. Les médecins allemands, qui
l’ont beaucoup employée, s'accordent à la regarder presque
comme aussi spécifique dans cette maladie que le Quinquina
dans les fièvres intermittentes. |
La manière de donner Ja Belladone dans ce cas, est de
faire prendre la racine en poudre, mêlée avec du sucre, à la
dose d’un quart de grain, matin et soir, pour les enfans âgés
de moins d’un an, ce qui fait un demi-grain par jour; les
enfans de 6 à 8 ans peuvent en prendre deux fois, un grain
par jour, et pour ceux d’un âge intermédiaire, on propor-
tionne les doses en conséquence. Au bout de deux à irois
jours on augmente les doses d'un tiers ou de moilié. Dans
tous les autres cas où la Belladone est conseillée, on com-
mence, pour les adultes, à donner 1 grain des feuilles en
poudre, deux à trois fois par jour , et l’on augmente progres-
sivement, avec le temps, jusqu’à 56 grains et même au-delà.
La racine est, dit-on, plus active que les feuilles, et doit
être donnée avec plus de circonspection que ces dernières ;
l'extrait est au contraire plus faible. Le docteur Schæfler ,
qui a le premier préconisé la Belladone contre la coque-
Juche , et qui a publié un grand nombre d'observations qui
prouvent l'efficacité de ce remède, a proposé un sirop de
cette plante, que les petits enfans prennent volontiers; 1l
le compose en faisant bouillir 2 gros de l'herbe, et 1 gros
de la racine dans suffisante quantité d’eau pour une colature
d’une livre, à laquelle il fait ajouter une proportion conve-
nable de sucre. La dose de ce sirop est de 1 gros à 1 demi-
once deux ou trois fois par jour.
D'après la propriété qu'a la Belladone de produire la
dilatation de la pupille, les oculistes se servent avec avan-
590 SOLANÉES.
tage d'applications faites sur les yeux, avec son extrait
élendu dans de l’ eau, ou avec la décoction dela plante, pour
préparer à l'opération de la cataracte.
Les fruits, non moins énergiques que toutes les autres
parties de la plante, pourraient sans doute être employés;
ils seraient surtout susceptibles d’être convertis en sirop ou
en rob. Conrad Gesner rapporte avoir employé avec avan-
tage, dans une dysenterie contagieuse, le suc qu'ils ren-
Rue et qu Al avait fait préparer en sirop.
Les feuilles de Belladone entrent dans l’onguent Popu-
léum et le Baume tranquille. .
Le nom de Belladone, donné à cette plante, lui vient de
ce qu'autrefois, en Italie, on préparait avec ses fruits une
sorte de fard ; d’ autres disent que c’est parce qu ‘en ce pays
son eau distillée élait employée comme cosmétique par les
dames. Son fruit donne , par la macération, une belle cou-
leur verte dont les peintres se servent pour 1 miniature
231° Genre. — MANDRAGORE. MANDRAGORA. Tournef.
Calice turbiné, à 5 divisions. Corolle campauulée, à 5
lobes. Filamens des étamines rapprochés et élargis à leur
base. Ovaire muni de 2 glandes à sa base. 1 baie globuleuse.
Graines portées sur des placentas saillans intérieurement.
MANDRAGORE OFFICINALE, Vulgairement Wandragore
mûle et Mandragore femelle.
Mandragora officinalis. Mill. Dict. n°. 1. — Atropa
Mandragora. Lin. Spec. 259.— Bull. Herb. t. 145 et 146.
— Mandrag cora. Pharm.
Sa racine est épaisse, vivace, longue, quelquefois simple,
souvent partagée en deux Dicens. qui ressemblent aux
cuisses d’un homme, comme le peuple se le persuade : elle
produit plusieurs feuilles ovales, rétrécies à leur base,
grandes , élalées, ondulées en leurs bords. Ses fleurs, blan-
chätres , légèrement teintes de pourpre, sont solitaires sur
des hampes beaucoup plus courtes que les feuilles, et elles
naissent immédiatement de la racine. Cette plante croît
naturellement dans les bois, à l’ombre, et sur les bords
des rivières en Italie ét en Espagne ; ; on 1 cultive dans les
jardins.
'outes les parties de la Mandragore ont une odeur fétide.
Les anciens et quelques modernes ont regardé sa racine
SOLANÉES. 597
comme émétique et purgalive ; mais il y a tout lieu de croire
que si elle a quelquefois produit des vomissemens et la put-
gation, ce n’a été qu'avec des accidens qui étaient ceux de
l'empoisonnement ; car il n’y a pas de doute qu’elle ne soit
vénéneuse de mème que la Belladone. On Fa conseillée inté-
rieurement dans l'hystérie, l’épilepsie, et extérieurement en
application sur les écrouelles , les engorgemens glanduleux,
le cancer, la goutte. La dose intérieurement doit être très=
faible, comme de 1 à 6 grains en nature ; mais en général on
n’en fait point d'usage. Extérieurement, on emploie encore
quelquefois la racine réduite en pulpe, ou les feuilles cuites
dans de l’eau ou du lait. On les applique comme résolutives
et calmantes dans les cas indiqués ci-dessus.
L'huile de Mandragore, qu’on préparait anciennement
dans les pharmacies, est tombée en désuétude. Ses feuilles
sont au nombre des substances employées à la composition
du Baume tranquille et de l’onguent Populeum.
La Mandragore a joui d’une grande réputation dans les
temps d'i iguor ance et de superstition lorsque nos bons aïeux
croyaient à la magie; elle était en possession d'entrer dans
la plupart des charmes faits par les prétendus sorciers,
232° Genre. — COQUERET. PrYSAzLIS. Lin.
Calice persistant, à 5 divisions. Corolle en roue, à tube
court, à limbe quinquéfide. Anthères oblongues, conni-
ventes. 1 baie slobuleuse , à 2 loges polyspermes, renfermée
dans le calice renflé et devenu vésiculeux.
COQUERET ALKEKENGE, vulgairement 4/kekenge, Co-
querelle.
Physalis Alkekengi. Lin. Spec. 262.— Alkekengi Ha-
Fur. Blackw. Herb. t. 161. — Alkekenoi. Pharm.
Ses racines sont grèles, rampantes , vivaces, d’un blanc
jaunâtre; elles donnent naissance à 1 ou plusieurs tiges her
bacées , simples ou peu rameuses, hautes de r pied ou envi-
ron, garnies de feuilles alternes, géminées, ovales, légère-
ment “pubescentes, pétiolées. Ses fleurs sont jaunâtres ou
blanchâtres, pédonculées, solilaires dans les aisselles des
feuilles supérieures. Les calices, qui se renflent considéra-
blement après la floraison, prennent en même temps une
belle couleur rouge, pareille à celle des baies qu'ils ren-
598 SOLANÉES.
ferment. Cette plante croit dans les vignes et dans Les bois ;
elle fleurit en mai et juin.
Les baies d’Alkekenge ont une saveur aigrelettes mais il
faut avoir bien soin de les séparer avec précaution du calice
qui les enveloppe, parce que celui-ci étant très-amer, leur
communique facilement son amertume. Ces baies sont diu-
rétiques, rafraîchissantes et un peu laxatives. On les a con-
seillésdans l hydropisie , la dysurie, La colique néphrélique,
la gravelle, la goutte. Leur dose est de 6 à 12 en décoction
dans une piute d’eau. On peut aussi administrer leur suc
depuis 1 demi-once jusqu’à 1 once. Les trochisques que l'on
faisait autrefois avec la pulpe et les graines ne sont plus en
usage.
Dans plusieurs pays, comme en Espagne, en Allemagne,
en Suisse, on mange les baies d’ Alkekenge comme on fait
ailleurs des fruits acides.
2353° Genre. — MORELLE. SOLANUM. Lin.
Calice à 5 dents. Corolle en roue. Anthères conniventes,
s’ouvrant au sommet par 2 trous. 1 baie à 2 loges, renfer-
mant plusieurs graines. Ê
MorEeLzLe Douce-AMÈRE, vulgairement Douce-amère,
Vigne-V'ierge, Vigne de Judée.
Solanum Dulcamara. Län. Spec. 264. — Bull. Herb.
t. 25. — Solanum scandens vel Dulcamara. Pharm.
Sa tige se divise dès sa base en rameaux ligneux, nom-
breux , grèl es, sarmenteux , légèrement pubescens, s’éle-
want à 1 hauteur de 5 à 6 pieds , et souvent davantage, en
s’a ppuyant sur les autres plantes qui sont à leur proximité.
Ses feuilles, alternes, pétiolées, légèrement pubescentes,
d’un vert assez foncé, sont de forme variable : les unes
entières, ovales-lancéolées, plus ou moins échancrées à leur
base ; les autres, profondément divisées dans leur partie in-
férieure en 2 lobes, Les fleurs sont de grandeur mnyepne ,
d’une belle couleur violette , et disposées, au nombre de 15
à 20 ou au-delà, en cimes qui naissent le long des rameaux
ou à l’opposé des feuilles. Les fruits sont de peites baies
ovoïdes, d'un rouge éclatant. Cet arbrisseau croît dans les
haies, les buissons et sur les bords des bois ; il fleurit depuis
le mois de mai jusqu’au commencement de l'automne.
Les tiges et les feuilles fraîches de la Douce-amère ré-
SOLANÉES. 599
ndent une odeur un peu nauséabonde lorsqu'on les froisse
entre les doigts, mais qui se perd en grande partie par la
dessiccation. Les parties ligneuses ont, lorsqu'on les mâche,
une'saveur d’abord douce, et ensuite amére. Les parties
dont on fait usage sont de préférence les rameaux d'un an,
qui sont employés comme dépuratifs , sudorifiques, diaré-
tiques. On les a conseillés dans les rhumatismes, la scia-
tique , la goutte, l'asthme humide, la syphilis ancienne, et
surtout dans les affections dartreuses. Pour retirer de bons
effets de la Dounce-amère, il faut l’administrer à des doses
élevées, auxquelles cependant 1l est bon d’accoutumer les
malades par une augmentation progressive. La meilleure
préparalion est la décoction , dans laquelle on commence par
en faire mettre 1 demi-once pour une pinte d’eau, et l’on
peut, en continuant, porter la dose jusqu’à 4 onceset même
plus. Pour se servir de l'extrait, on l'emploie depuis 1 demi-
gros jusqu'à demi-once. On a cru pendant long-temps que
les baies de la Douce-amère étaient vénéneuses ; mais les
expériences de M. Dunal, médecin de Montpellier , ont
prouvé qu'elles ne l’étaient pas. Ce médecin a fait avaler une
grande quantité de ces baies à plusieurs chiens sans qu'il
leur soit arrivé aucun accident, et entre autres il en a fait
prendre 150 au mème animal. Un coq ne fut de même nul-
lement affecté après en avoir avalé cinquante.
MORELLE NOIRE, vulgairement Morelle commune 4
Mourelle, Créve-Clhien.
Solanum nigrum. Lin. Spec. 266. — Bull. Herb. t. 67.
— Solanum. Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle; elle produit une tige
divisée en rameaux nombreux, étalés, hauts de 8 à 12
- pouces, garnis de feuilles ovales-lancéolées, pétiolées,
molles au toucher, plus ou moins anguleuses en leurs bords,
d'un vert assez foncé. Ses fleurs sont pelites , blanches, dis-
posées 5 et 6 ensemble en manière de petites ombelles pla-
cées çà et là sur les tigés et les rameaux. Il leur succède des
baies de la grosseur d’un grain de groseille, ordinairement
noires, mais jaunes ou rouges dans quelques variétés. Cette
plante est commune dans les lieux cultivés; elle fleurit en
juillet et août.
On a cru pendant long-temps que toutes les parties de la
Morelle commune participaient aux propriétés narcotiques
400 SOLANÉES.
des plantes de sa famille, et on les regardait comme sus-
pectes. La vertu calmante et anodine qu'on leur a attribuée
endant long-temps, tenait à cette croyance ; mais aujour-
d’hui on est désabusé sur le compte de cette plante. Appré-
ciée à sa juste valeur, tout ce qu’on peut en dire, c'est que
ses feuilles sont émollientes et adoucissantes. Comme telles,
leur décoction est quelquefois utile en lotions pour apaiser
de légères inflammations cutanées, des démangeaisons, des
hémorroïdes douloureuses ; l’herbe cuite, appliquée en fo-
mentalions, peut aussi produire le mème effet. Mais ni ces
lotions , ni ces fomentations n’ont absolument aucune pro-
priété particulière dans les affections cancéreuses, comme
on l’a trop souvent répété. Si quelquefois elles ont procuré
quelque soulagement dans ce cas, c'était en agissant seule-
ment à la manière de tous les émolliens.
Quant aux fruits de la Morelle, ils se rapprochent, par
leurs mauvaises qualités , de ceux de la Belladone et de la
Mandragore ; ils sont peut-être un peu moins dangereux, et
ils ne causent pas en général des accidens aussi graves quand
ils sont pris à l’intérieur ; cependant on trouve dans les au-
teurs plusieurs observations de personnes qui, après en
avoir mangé, sont tombées dans des convulsions mortelles,
C’est à eux seuls qu'il faut rapporter loutes les propriétés
suspectes qui ont élé attribuées à la plante elle-même.
Celle-ci, cueillie au printemps avec des fleurs seulement,
est inerte ou simplement émolliente, comme je l’ai dit plus
haut ; récoltée à l’automne, avec des fruits, elle est légère-
ment narcotique et calmante.
Les différentes préparations de Morelle qu’on faisait autre-
fois dans les pharmacies, comme une huile par infusion et
décoction , une eau distillée, sont entièrement abandonnées
aujourd’hui. Les feuilles ou les sommilés entrent encore
dans le Baume tranquille et dans l’onguent Populeum.
Les anciens, dit-on, mangeaient les feuilles de la Morelle
comme herbes potagères , el cette pratique est encore usitée
dans quelques paÿs, principalement"dans les îles de France
et de Bourbon, où on leur donne le nom de Brèdes-Morelle,
et où cette plante fait une bonne partie de la nourriture du
plus grand nombre des créoles, depuis le dernier noir jus-
qu’au plus somptueux habitant. Il en est de même à la Gua-
deloupe et dans plusieurs des Antilles,
SOLANÉES. 4o1
MORELLE TUBÉREUSE, vulgairement Pomme de terre,
Batate commune de jardins, Parmentière, T1 uffe,
T'ruf}elle.
Solanum tuberosum. Lin. Spee. 265, — Solanum tube-
rosum esculentum. Bauh. Prod. 69.
Ses racines sont vivaces, composées de gros tubercules
oblongs ou arrondis , quelquefois gros comme le poing, de
différentes couleurs en dehors, brunâtres, violets, rougeä-
tres ou jaunâtres , toujours blancs en dedans; elles donnerit
naissance à des tiges herbacées, cylindriques, cannelées, un
peu velues, habtes de 1 pied et demi à 2 pieds. Ses feuilles
sont ailées avec impair, composées de à à 7 folioles ovales-
lancéolées , avec de petites pinnules interposées entre elles.
Ses fleurs sont assez grandes, violettes, bleues, rougeätres,
ou blanches, nombreuses, disposées en corymbes longuement
pédonculés et opposés aux feuilles de la partie supérieure
des tiges. Les fruits sont des baies de grosseur médiocre et
d’un rouge brunätre à l’époque de la maturité. Cette plante
fleurit en juin, juillet et août.
C’est à l'Amérique méridionale que l'Europe est redevable
de la Pomme de terre, et l'époque de l'importation de celte
précieuse plante date de 1586 selon les uns, de 1590 selon
Jes autres. Pendant assez long-temps sa culture fut très-
bornée ; mais lorsqu'on eut connu combien élle élait avan-
tageuse dans les temps de diselte, elle fut beaucoup plus
soignée , et depuis ces trente dernières années surtout , elle
s’est tellement répandue dans toutes les parties de l'Europe,
qu'il n’est pas aujourd'hui un seul canton où elle ne soit
cultivée. Les tubercules charnus qui forment ses racines
offrent en eflet une nourriture beaucoup plus substantielle
que toutes les autres racines connues jusqu’ à présent, ou au
moins que celles qui sont en usage parmi nous. Dans ces
dernierstemps, pendant lesquels nous avons vu , à peu d’inter-
valle, deux années où la récolte des céréales fut très-mauvaise,
la Pomme de terre, dans beaucoup de départemens, et durant
lusieurs mois, a remplacé le pain pour une grande partie
des habitans des campagnes el de la classe indigente. On peut
d’ailleurs, par certaines préparations, fire une sorte de
pain avec les Pommes de terre, et mieux encore en les
mêlant, dans de certaines proportions, avec de Ja pâte de
farime de frorment ou d'orge. Si d'ailleurs les tubereules de
Ce
402 SOLANÉES.
celte plante peuvent être, daus des temps malheureux, la
seule nourrilure du pauvre, les riches ne les dédaignent pas,
et apprêtés de diverses manières, on les sert tous les jours
sur les meilleures tables. PE.
Par une préparation fort simple, qui consiste à les räper
dans de l'eau , et à les passer ensuite sur un tamis de crin, en
les lavant avec une grande quantité de nouvelle eau, ils
donnent une fécule d’une blancheur éblouissante, dont on
fait des bouillies, des crêmes, des pâtisseries délicieuses. Par
d’autres procédés et par la fermentation, on en obtient de
l'eau-de-vie,
Non-seulement les Pommes de terre présentent à l’homme
une ressource assurée avec laquelle Europe est désormais
à l’abri de ces famines qui, dans les temps passés, l’ont plu-
sieurs fois désolée, mais encore tous nos animaux domes-
tiques s'en aceommodent pour leur nourriture. Les cochons
en sont friands, ils les mangent crues ou cuites , et elles les
engraissent promptement ; on peut aussi en donner aux
moulons et aux vaches.”
Les usages de la Pomme de terre en médecine sont très-
bornés. Quand elle est cuite et réduite en une sorte de
âte molle, on peut l’employer pour faire des cataplasmes
émolliens. J’ai vu de bons cffets de sa pulpe räpée et appli-
quée sur des brülures au moinent où elles venaient d'être
faites.
254° Genre. — JUSQUIAME. AYOSCYA4MUS. Lin.
Calice d’une seule pièce, à 5 dents. Corolle infondibuli-
forme, à limbe inégal, partagé en 5 lobes. 5 étamines. 1 cap-
sule ovale, ventrue à sa, base, s’ouvrant horizontalement
à son sominel, partagée intérieurement en 2 loges conte-
nant chacune des graines nombreuses.
JUSQUIAME NoIRE, vulgairemeht Æannebane, Potelée.
Hyosciainus niger. Lin. Spec. 257. — Bull. Herb. t. 96,
— Pharm.
Sarecine est épaisse, pivotante, annuelle, blanchätre, divi-
sée en plusieurs fibres; elle produit une tige cylindrique, ra-
meuse, feuillée, haute de 1 pied ei demi à 2 pieds, chargée,
ainsi que les feuilles, d’un duvet abondant, présque lanugi-
neux, doux au toucher. Ses feuilles sont ovales-lancéolées,
siuuces on découpées profondément en leurs bords, d'un vert
SOLANÉES. 403
päle ; les radicales rétrécies en pétiole à leur base, beaucoup
plus grandes que les autres et étalées sur la terre ; “celles de Ja
tige alternes , sessiles et amplexicaules. Les fleurs > ASSEZ
grandes, d’un jaune pâle, veinées de lignes d'un pourpre
foncé ou violettes, sont sessiles dans les aisselles des feuilles
supérieures , disposées , vers l'extrémité de la tige et des ra-
meaux, en épis terminaux et tournés d’un seul côté. Ceite
plante est commune dans toute l’Europe, dans les lieux
incultes, sur les bords des chemins et des champs ; elle flearit
en juin et juillet.
Les feuilles et toutes les parties de la Jusquiame noire ont,
quand elles sont fraîches, une odeur fortement vireuse,
très-désagréable, qui annonce assez les propriétés dange-
reuses de cette plante éminemment narcotique. Ellective e-
ment, quoique plusieurs médecins recommandables laient
quelquefois employée utilement, soit à l'intérieur , soit à
l'extérieur, cependant un grand nombre d'accidens ne cons-
tatent que trop les funestes effets qui peuvent être la suite
de son usage mconsidéré. Les principaux symptômes ob-
servés sur les’individus empoisonnés par cette plante ont
été les suivans : Ardeur extrème de la bouche, aphonie,
trismus, ris sardonique , diflicullé de respirer, altération
de la vue, dilatation de la pupile "yeux hagards, visions
fantastiques sorte d'ivresse, verliges, somnolence , délire
souvent bizarre, quelquefois furieux ou stupide, ref oidis-
sement des extrémités, lipothymie et la mort même, si les
secours ne sont pas portés à temps ou sont impuissans. Non-
seulement les racines, les feuilles et les graines de la Jus-
quiame noire, prises à l'intérieur, déterminent souvent une
grande partie de ces phénomènes morbifiques, mais encore
les émanalions de ces mèmes parties provenant de vapeurs
volatilisées par la chaleur, peuvent aussi produire des acci-
dens analogues et non moins dangereux.
Les premiers moyens à employ er pour remédier aux
effets pernicieux de la Jusquiame noire , comme toutes les
fois qu’il s’agit de combattre les äccidens causés par les nar-
cotiques , sont d'employer des émétiques puissans, et de
les porter à une dose beaucoup plus forte que celle que l’on
prescrit ordinairement ; ainsi on peut donner le tartrate de
potasse antimonié , vulgairement tartre stibié, jusqu’ à 5 où
6 grains et nétne plus, afin de provoquer d’ bre vo-
missemens pour faire d'abord rejeter les parties de Ja plante
Ce 2
404 SOLANÉES.
qui ont élé prises à l'intérieur. Des boissons acidulées avec
le vinaigre, le citron, conviennent ensuite. La saignée, sur-
tout celle de la jugulaire , après que la substance véné-
neuse a été rejelée, peut être quelquefois utile, particu-
lièrement lorsqu'il s’agit d’un individu d’une constitution
éminemment pléthorique. Il est avantageux de tenir le
malade chaudement , et de lui faire des frictions sèches sur
les bras et les rs Des lavemens camphrés pourront
quelquefois être employés avec avantage, el si l’on soup-
conne que les matières vénéneuses se tr ouvent dans les gros
intestins, on aura recours à des lavemens purgalifs.
Qu elque funestes que puissent être les accidens qui sont
la suite de l'usage inconsidéré de la Jusquiame, plusieurs
médecins ont cherché , en l’employant avec précaution,
à tirer parti de l’action bien marquée que cette plante
exerce sur notre organisation. Clauderus a été le pre-
mier qui en ait tenté l'usage conlre la dysenterie; ensuite
Storck l’employa avec succès dans les affections spasmodi-
ques et convulsives; il assure avoir, par le moyen de l’ex-
trait des feuilles, adouci des toux violentes, arrêté deshé-
moptysies. D’autres médecins ont encore depuis tenté l'usage
de l'extrait de Jusquiame dans diverses maladies. Le célèbre
Stoll dit en avoir oblemu des effets avantageux dans la co-
lique de plomb ; Franck dans l'hypocondrie ; Gilibert dans
la paralysie, l’épilepsie, la manie, le squirre ; et enfin le
docteur Breinting , il y a quelques années, a publié l’his-
toire d’un tic douloureux de la face, guéri par l'usage de
cet extrait, après avoir résisté pendant cinq mois à Iqus les
moyens possibles. A l’intérieur, l’extrait de Jusquiame doit,
comme toutes les substances qui peuvent nuire, n’êlre pres-
crit d’abord qu'à très- “petite dose, comme 1 demi-grain ,
1 grain à la fois; mais à mesure que le malade s’y habitue,
on peut laugmenter et la porter jusqf’à 20 et mème jusqu’à
24 grains dans l’espace d’un jour. On a quelquefois fait
usage des feuilles réduites en poudre à peu près aux mêmes
doses que l’extrait. Les graines doivent être employées au
moins avec aulant de prudence.
A l'extérieur, les feuilles de la Jusquiame noire, cuites
et réduites en cataplasme , ont été appliquées sur des tu-
meurs squirreuses dans l'espoir de les résoudre. On assure
avoir adouci, par le même moyen, des douleurs arthri-
tiques et rhumatismales, La fumée des graines de Jusquiame
SOLANÉES. 405
qu’on fait brûler sur des charbons, et qu’on reçoit dans la
bouche , est, dans plusieurs pays, un remède populaire con-
tre les maux de dents. Le vulgaire croit que cela fait sortir,
des dents cariées, de petils vers qui soni la cause du mal ;
mais cela n’est fondé que sur la fausse observation de ces
prétendus vers qui ne sont autre chose que les graines même
de la Jusquiame, dont la chaleur a fendu l'enveloppe, et
qui paraissent comme de petits corps blancs, que les yeux
des personnes crédules et prévenues prennent pour des vers.
11 s'en faut bien, d’ailleurs, que ces fuMmigatrons soient sans
danger ; on les à vu causer le délire, la stupeur , l'ivresse,
des vomissemens et autres accidens graves.
On peut voir, par ce qui vient d’être dit des usages aux-
quels on a essayé d'employer la Jusquiame, que la plupart
des ca$ où elle a paru être de quelque utilité, sont du nombre
de ceux où l’Opium, dont les effets et le mode d’adminis-
tration sont bien mieux connus, et probablement pro-
curé le même soulagement. On ne voit résulter des essais
faits jusqu'ici, aucun avantage qu’on puisse considérer
comme particulier à cette plante, et qui puisse balancer les
inconvéniens et les dangers de son administration.
Les feuilles de Jusquiame entrent dans le Baume tran-
quille et dans l’onguent Populeum.
Les moutons broutent ces feuilles sans répugnance : on
en a remarqué qui en mangérent durant plusieurs jours
une grande quantité sans qu’il en résultât le moindre acci-
dent. Les maquignons font prendre pendant quelque temps
une certaine dose de la graine mêlée avec de l’avoine, aux
chevaux qu’ils veulent engraisser ; ces animaux , par ce
moyen-là, mangent, dit-on, avec plus d'appétt, sont plus
tranquilles , plus endormis, dissipent moins , et engraissent
très-vite,
JUSQUIAME BLANCHE.
Hyoscyamus albus. Lin. Spec. 257. — Ball. Herb.
t. 99. — Pharm.
Sa tige est haute de 1 pied ou davantage, peu rameuse ,
feuillée dans toute sa longueur, abondamment velue, ainsi
que les feuilles et les calices. Ses feuilles sont ovales , alternes,
toutes péliolées ; les inférieures sinuées et anguleuses ; les
supérieures très-entières. Ses fleurs sont blanchâtres, ses-
siles, solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures, et
Ce 35
406 SOLANÉES.
disposées en un long épi tourné d’un seul coté. ,, Cette plante
croit sur les bords des chemins et des champs dans les dé-
partemeus du midi; elle fleurit en juin et juillet.
Par ses pr opriélés médicales, comme par ses propriétés
Er ia Jusquiame blanche paraît tout-à-fait ana-
lugue à la noire; on croit seulement qu’elle est un peu
moins énergique. C'était elle qu ‘employaient particulière- .
ment les anciens; les modernes, au contraire, s’en sont beau-
coup moins servis. Sauvages cite cependant plusieurs ob-
servations de cataractes dissipées par l’extrail de cette plante.
D’autres médecins l’ont jugée avoir été utile dans VA mau-
rose.
Ses graines entrent dans deux compositions pharmaceu-
üques de l’ancien Codex de Paris, bien peu usitées aujour-
d'hui, le Philonium romanum et le Requies Nicola.
D'après le même formulaire, ce sont elles aussi qui doivent
faire parie des pilules de Cynoglosse et non celles de la
J unie noire.
255° Genre. — NICOTIANE. NICOTIANA. Lan.
Calice urcéolé, à 5 divisions. Corolle infondibuliforme,
à tube plus long que le calice, à limbe plane et quinquéfide.
Sligmate échancré. Capsule à 2 loges, à 2 valves, s’ouvrant
par le sommet.
NICOTIANE TABAC, vulgairement Tabac, Herbe à la
Reine , Pélun, Her be a D Herbe à
tous maux , Herbe du Grand-Prieur, Herbe de
Sainte-Croix, Herbe sacrée, Tornabonne.
Nicotiana bar Lin. Spec. 258. — Bull. Herb.
t. 205. — Nicotiana:Pharm.
Sa racine est fibreuse, annuelle ; elle donne naissance à
une lige cylindrique, velue, Paule de 5 à 6 pieds, garnie
de Ile ovales-lancéolées, très-grandes , sessiles, semi-
embrassantes , un peu visqueuses. Ses fleurs sont assez
grandes, pur purines ou d’un rouge clair, disposées au som-
net de la tige et des rameaux eu une grande panicule; le
tube de eur corolle est lrès-allongé, ét les divisions du
limbe sont aiguës. Cette plante est originaire de Amérique,
où elle fut one erte par les Espagnols dans le Yucatan,
vers 1520; transportée en Portugal, en 1559 ou 1560, elle
se répandit bientôt en France et dans le reste de l'Europe.
SOLANÉES. 407
Elle est maintenant parfaitement naturalisée dans celle par-
tie du monde; on l’y cullive en grand dans plusieurs pays,
et il n'esl pas rare de la trouver spontanée dans quelques
cantons. Elle fleurit en août et septembre.
Aucune plante peut-être n’a fourni matière à tant de dis-
cussions que le Tabac. Une foule d'auteurs ont écrit en sa
faveur , beaucoup d’autres se sont élevés contre lui; des
rois, des papes l’ont défendu ; les uns sous peine de mort,
les autres sous peine d° excommunication, et cependant son
usage s'est répandu chez presque tous les peuples du monde.
Sans examiner ici ce qu'il peut y avoir de singulier dans
une vogue aussi grande pour un objet qui parait si peu la
mériter AIEXIME bornerai à parler des usages du ‘Tabac en
médecine. Sous ce rapport, le Tabac est stimulant, siala-
gogue , sternutaloire , émétique, purgatif, narcotique, fan-
tastique , vénéneux. T out le monde sait que ses feuilles mâ-
chées ou fumées excitent puissamment les glandes sali-
vaires, et provoquent une sécrélion abondante de salive,
Pris en poudre par le nez, il produit un eflet analogue sur
la membrane piluitaire. Les marins font un grand usage
de la pipe, persuadés que c’est un bon moyen pour se ga-
ranlr du scorbut. Le préjugé de bien des gens est que le
Tabac pris par le nez à la propriété d'échaircir la vue, de
fortifier le cerveau et de préserver des maux de tête; Ha
on peut raisonnablement en douter, lorsque l'on voit, a
contraire , que l’usage du ‘Tabac enivre et cause des So E
à ceux qui n’y sont pas accoutumés,.
Quelque temps après que le Tabac se fut répandu en
Europe, certains médecins, amoureux de la nouveauté, en
voulurent faire une panacée universelle , et c’est ce qui fit
qu'alors on le nomma Æerbe à tous maux. En effet, on le
préconisa contre une foule de maladies, et par ticulièrement
contre l’épilepsié, la léthargie, Fapoplexie, la paralysie,
l'asthme, les fièvres intermiltentes , les maladies de la peau ,
et on en faisait alors diverses préparations, comme un sirop,
une huile par infusion et coction , un onguenl, qui sont au-
jourd’hui tombées en désuétude. Géné ralement, on ne fait
plus prendre le'Tabac par les voies supérieures ; on regarde
son emploi comme pouvant être beaucoup plus dangereux
qu'utile ; en effet, on a beaucoup d'exemples d'empoisonne-
mens qu'il a causés, et les symptômes de ces empoisonne-
mens sont très-analogues à ceux dont il a été question en
Cc #
408 SOLANÉES.
parlant de la Belladone et de la Jusquiame. Les moyens d’y
remédier sont les mêmes.
Le seul usage qu’on fasse aujourd’hui des feuilles de Tabac
est de les Eire prendre en décoction à la dose de 2 gros à
demi-once en lavemens, dans lapoplexie, l’asphyxie, les
fièvres soporeuses, et encore plusieurs médecins blâment
leur emploi dans ces cas, et les accusent de pouvoir causer
des accidens non moins gr aves que ceux auxquels on cherche
à remédier. Cependant la fumée du tabac administrée aux
noyés, par le moyen d’un appareil convenable, est géné-
ralement usitée et recommandée comme un puissant stimu-
lant capable de les rappeler à la vie.
256° Genre. — DATURA. DATURA. lün.
Calice tubuleux , à 5 angles, quinquéfide. Corolle infon-
dibuliforme, à limbe campanulé, à 5 angles, à 5 lobes peu
prononcés, mais terminés eu pointe. Stigmate à 2 lames.
Capsule à 4 loges, dont 2 ont leur cloison incomplète,
DATURA STRAMOINE, vulgairement Pomme-cpineuse,
e \ 0
ÆEndormie, Herbe à la taupe, Herbe aux sorciers,
Herbe aux magiciens, Herbe du diable.
Datura Stramonium. Lin. Spec. 254. — Bull. Herb.
£. 15. — Stramonium sive Datura. Pharm.
Sa racine est assez grosse, blanchâtre, fibreuse , annuelle;
elle produit une tige herbacée, épaisse, haute de 2 à 5 pieds,
divisée en rameaux dicholomes, étalés, garnis de feuilles
grandes , pétiolées , ovales, très-anguleuses, glabres et d’un
vert un peu foncé. Sés fleurs sont blanches, assez grandes,
portées sur des pédoncules solitaires dans les bifurcations
des rameaux, ou latéralement prés de l’aisselle des feuilles.
Cette plante passe pour être originaire de l'Amérique ; mais
elle est aujourd'hui nat: ae dans toule l'Europe; elle
fleurit pendant tout lété.
Loutes les parties de la Pomme-épineuse ont une odeur
forte, nauséabonde et vireuse. Prises à l’intérieur , elles sont
un dé poisons narcoliques les plus dangereux, dont les
effets les plus or dinaires sont de produire des vertiges, la
perte de la mémoire, un délire souvent furieux , une ie
ardente, de la cardialgie, des convulsions, ou d’autres fois
une sorte d'ivresse, un état comateux, la paralysie des
membres el la mort, toutes les fois que la quantité du poison
SOLANÉES. 409 .
prise a été forte, et que le malade n’a pu être secouru à
temps. L’infusion des graines dans du vin, de la bière, ou
dans une liqueur quelconque, fait tomber ceux qui en
boivent dans un état d’ivresse et dans un profond sommeil.
On sait que des malfaiteurs et des voleurs de grands chemins
avaient reçours à ce moyen, il y a quelques années, pour
endormir les voyageurs, et les dépouiller ensuite avec plus
de facilité. On dit aussi qu’à Paris, une bande de filous
se servait de ces graines réduites en poudre et mêlées avec
du Tabac pour consommer plus facilement ses vols. Acosta
et Garet rapportent que dans l’Inde, les courtisanes font sou-
vent prendre de la poudre des graines de Pomme-épineuse
dans quelque liqueur agréable à ceux qui s’aventurent entre
leurs mains, afin de les plonger pendant quelque temps
daus une stupeur léthaïgique, dont elles profitent pour les
voler sans obstacle.
- La première chose que Von ait à faire pour remédier aux
empoisonnemens causés par la Pomme -épineuse, est de
provoquer d’abondans vomissemens par le moyen de l’'émé:
tique, afin de faire rejeter la substance délétère. On fera
prendre ensuite des boissons acidulées avec le vinaigre, le
suc de Limons ou autres acides végétaux.
Les dangereux effets produits par la Pomme-épineuse
n’ont pas empêché Slorck d'essayer de convertir ce poison
en médicament utile; ce hardi et célèbre expérimentateur
a employé l'extrait de la plante dans la manie, l'épilepsie,
les convulsions, et il assure l'avoir fait avec beaucoup de
succès dans les ue premiers Cas; mais, dans le der nier ,
l'état de la maladie en fut exaspéré. S il faut en croir e
quelques autres médecins, qui ont fait de nouvelles expé-
riences sur celle plante, son extrait serait en effet un remède
précieux dans certaines maladies convulsives; mais, d’un
autre côté, plusieurs autres praticiens ont vu cet extrait pro-
duire des accidens, et je lai vu moi- -mèême occasionnel ui
léger délire et un peu d'ivresse, élant pr is à la dose de 5 grains
en cinq fois dans |’ espace d’une journée, sans agir d° ailleurs
en aucune manière comme calmant et somnifère intention
dans laquelle je le donnais. On trouve dans les auteurs
que cet extrait a élé prescrit depuis 1 grain jusqu’à 123 mais
quand il est bien préparé, cette dose me paraît um peu
forte, ou il faut que le malade s’y soit accoutumé graduel-
lement, en en prenant pendant long temps de moimdres
410 SOLANÉES.
quantités. Extérieurement j'ai employé ce même extrait
avec beaucoup d'avantage comme calmant. (
Dans quelques provinces, les gens de la campagne don-
nent tous les jours, plein un dé à coudre, de graines de
Pomme-épineuse à leurs cochons, afin de les faire engraisser
plus promptement. Les maquignons emploient .aussi le
méme moyen pour les chevaux amaigris, auxquels ils
veulent faire reprendre de l’embonpoint.
257° Genre. — MoLèNE. FErB4scUM. Lin.
Calice de 5 folioles. Corolle en roue, à 5 lobes inégaux.
Filamens des étamines inégaux et velus. Sbügmate oblus.
Capsule ovale, à 2 valves, à 2 loges polyspermes.
MorÈNE BouILLON BLANC, vulgairement Bouillon
blanc, Bon-Homme, Molène.
V’erbascum T'hapsus. Lin. Spec. 252. — Ferbascum
T'apsus barbatus. Blackw. Herb. t. 5. — Yerbascum.
Pharm.
Sa racine est pivolante, assez grosse, blanchätre, an-
nuelle, garnie de fibres; elle donne naissance à une tige
cylindrique; droile, cotonneuse , haute de 2 à 3 pieds ou
plus. Ses feuilles sont 6blongues-lancéolées, très-velues,
molles au toucher, sessiles, prolongées et décurrentes sur
la Uge. Ses fleurs sont jaunes, nombreuses, assez grandes,
presque sessiles, rapprochées el serrées les unes près des
autres dans la partie supérieure de la tige, où elles forment
un long épi. Cette plante se trouve assez communément sur
les bords des champs et des chemins; elle fleurit en juillet
et août.
Les parties du Bouillon blanc dont on fait usage en méde-
cine sont les feuilles et les fleurs. Les premières s’emploient
fréquemment comme émollientes, adoucissantes, calmantes
et résolutives. Cuites dans l’eau , on les applique en fomen-
talons sur l’abdomen, dans les maladies inflammatoires de
celle partie, dans les coliques violentes; on s'en sert aussi
ulilement sur les hémorroïdes douloureuses. Leur décoction
se donne avec avantage en lavement dans les mêmes cas.
Les fleurs, dont les propriétés sont semblables, se prescrivent
plus parüiculièrement en infusion, comme béchiques, dans
les rhumes et les phlegmasies de la poitrine. Leur eau dis-
üilée est depuis long-temps tombée en désuétude.
SOLANÉES. 4r1
On peut employer à la place du Bouillon-blanc , el l'on
substitue effectivement assez souvent, dans les pharmacies
et chez les herboristes, trois autres espèces du genre Molène,
dont les vertus sont les mêmes. Ces trois plantes sont la
Molène phlomide ‘(Ferbascum phlomoïdes. Lin.), la
Molène à feuilles épaisses ( 7’erbascum crassifolium. De-
cand.), et la Molène poudreuse ( 7’erbascum pulverulen-
tum. Vill.).
Une cinquième espèce de Melène, vulgairement appelée
Herbe aux Miles ('erbascum Blattaria. Lin.), parce
qu'on lui attribuait la propriété de détruire l’espèce d’insecte
connue sous le nom de Aite, était regardée autrefois comme
vermifuge ; mais son usage est abandonné depuis long temps.
s Famille LXV.
PRIMULACÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractères ceux qui
suivent : calice monophylle, ordinairement à 5 divisions ;
corolle monopétale , le plus souvent régulière et à 5 lobes;
étamines en même nombre que les lobes de la corolle, et
insérés devant eux ; 1 ovaire supérieur, à style simple, ter
miné par 1 stigmale également simple, rarement bifide;
1 capsule à 1 loge, contenant plusieurs graines attachées
autour d’un placenta central.
Les Primulacées sont des herbes à à feuilles opposées où
alternes, le plus souvent entières; à fleurs axillaires ou por-
tées sur des hampes radicales.
Les propriétés de ces plantes, à la réserve d'un petit
nombre, sont peu prononcées ou encore mal connues. Le
Cy clame, celui de toute la famille chez lequel les qualités
sont le plus développées, a beaucoup d'âcreté; il est émé-
tique et purgatif. Les Lysimachies sont un peu astringentes,
et les fleurs des Primevères sont légèrement odorantes.
23° Genre. — PRIMEVÈRE. PRIMULA. Lin.
Calice tubuleux, à 5 dents. Corolle infondibuliforme,
à tube allongé, dé pourvu de glandes, et à limbe par tagé en
5 lobes. r capsule s'euvrant en à à 10 valves.
412 PRIMULACÉEÉS.
PRIMEVÈRE OPFICINALE, vulgairement Primerolle ;
Brayes de Coucou, Brayette, Fleurs de Coucou,
Herbe à la paralysie.
Primula veris. Willd. Spec. 1. p. 801. — Pharm. —
Primula veris officinalis. Lin. Spec. 204. — Bull. Herb.
t 171.
Sa racine est vivace, composée d’un faisceau de fibres
presque simples ; elle donne naissance à plusieurs feuilles
ovales-oblongues, d’un vert pâle, ridées, pubescentes ,
bordées de crénelures inégales, rétrécies en pétiole à leur
base. Du milieu de ces feuilles et du collet de la racine
s'élèvent 1 à 3 hampes cylindriques, striées, pubescentes,
hautes de 4 à 8 pouces, terminées par 10 à 12 fleurs ou da-
vantage , pédiculées, pendantes, d’une couleur jaune pâle,
avec des taches plus foncées, ayant une odeur agréable, et
étant disposées en ombelle : le limbe de leur corolle est con-
cave et de peu de chose plus long que le calice. Cette plante
est commune dans les prairies el dans les bois humides ; elle
fleurit en mars et avril.
Les fleurs de la Primevère officinale passent pour cor-
diales et céphaliques. On leur, supposait autrefois la pro-
priété de pouvoir guérir la par alysie, et surtout celle de la
langue, ce qui a valu à la plante un de ses noms vulgaires.
Ona également préconisé leur usage dans l’apoplexie, les
vertiges , les maux de têle. La manière de les administrer
est de les faire prendre en infusion théiforme; mais leur
emploi est trés-borné aujourd’hui. L'eau distillée et la con-
serve qu’on en pr épar ait dans les pharmacies, et auxquelles
on altribuait les mêmes vertus qu'aux fleurs elles- -mêmes,
ont encore plus vieilli et sont bien rarement prescriles main-
tenant. Je ne crois pas non plus que les médecins se servent
davantage des fleurs de Primevère appliquées en cata-
plasmes ; on les a dites propres à calmer les douleurs'de la
goutle et des articulations. Les racines ont élé employées
comme slernulaloires, mais elles sont tombées en désuétude,
Dans quelques cantons on mange les feuilles en salade.
259° Genre. — LiysimAcnie. LYsimACHIA. Lin.
Calice quinquéfide. Corolle en roue, à 5 divisions. 5 éta-
mines, 1 ovaire à style filiforme, terminé par 1 stigmate
PRIMULACÉES. 415
obtus. Capsule globuleuse s’ouvrant par son sommet en 5 à
10 valves.
LYSIMACHIE VULGAIRE, vVulgairement Zysimachie,
Corneille, Chassebosse, Percebosse , Souci d’eau.
Lysimachia vulgaris. Lin. Spec. 209. — Bull. Herb.
t. 3479. — Lysimachion lueur. Pharm.
Sa racine est rougeâtre, rampante, vivace; elle produit
une lige droite, pubescente, simple dans sa partie inférieure,
un peu rameuse supérieurement, haute de 2 à 5 pieds, gar-
nie de feuilles lancéolées, presque sessiles, tantôt opposées,
tantôl ternées ou quaternées. Ses fleurs, d’un jaune doré,
sont disposées en une belle panicule terminale. Cette plante
est assez commune dans les prés humides et au bord des
ruisseaux, des étangs ; elle fleurit en juin et juillet,
La Lysimachie passait autrefois pour vulnéraire et astrin-
gente; on trouve qu’elle a été conseillée contre les hémor-
ragies, la leucorrhée, la dysenterie. On l’employait en dé-
coction ou en poudre; de cette dernière manière on la don-
nait jusqu’à 1 gros. Sa décoclion servait aussi à faire des
gargarismes détersifs pour les ulcères de la bouche. Exté-
rieurement, on l’appliquait en cataplasme après lavoir
pilée, pour netloyer et consolider les plaies. Aujourd’hui
elle est entièrement tombée en désuétude,
On dit que sa fleur peut servir à rendre les cheveux blonds.
LYSIMACHIE NUMMULAIRE, vulgairement Æ/erbe aux
êcus, Monnoyere, Nummulaire, Herbe & cent
maux, Herbe à cent maladies, Herbe qui tue les
moutons.
Lysimachia Nummularia. Lin. Spec: 111. — Num-
mularia major lutea. Flor. Dan. t. 495. — Nummulartia.
Pharm.
Sa racine fibreuse, vivace, donne naissance à plusieurs
tiges, légèrement quadrangulaires, ordinairement simples,
Jongues de 1 pied ou environ , couchées et rampantes sur la
terre, garnies de feuilles opposées, arrondies, ou le plus
souvent ovales, à peine échancrées à leur base, portées sur
de très-courts pétioles. Ses fleurs sont jaunes, assez grandes,
solitaires, axillaires, portées sur des pédoncules plus longs
que les feuilles. Cette plante croît dans Îes prés et dans les
bois humides ; elle fleurit en juin et juillet,
414 PRIMULACÉES.
On ne voit pas trop pourquoi la Nummulaire a reçu le
nom pompeux d’Æerbe à cent maux, car elle ne paraît pas
avoir Jamais été très-employée. On trouve seulement qu’ ’on
Ja mettait anciennement au nombre des Vulnéraires qu’on
regardait comme propres à cicatriser P ulcère du poumon,
et que, comine astringente, on la conseillait dans toutes
sortes de flux atoniques el dans le scorbut. De nos jours elle
est bannie de la matière médicale. Par opposition à la vertu
que les médecins lui avaient prêtée d’être bonne pour guérir
les ulcères du poumon chez l’homme, les gens de la cam-
pagne, peut-être sans plus de fondement, lui ont attribué
une propriété toute contraire, celle d'ulcérer les poumons
des brebis qui en mangeaient. Le suc de cette plante entre
dans l’emplätie Opodeltoch de l’ancien Codex.
240° Genre. — MOURON. ANAGALLIS. Lan.
Calice quinquéfide. Corolle en roue, à 5 lobes ovales,
égaux. Filamens des étamines velus en leur partie infé-
rieure. Style filiforme, terminé par 1 stigmate en tête. 1
capsule globuleuse , s’ouvrant en travers et contenant plu-
sieurs graines.
-
MouroN ROUGE, vulgairement Mouron des champs,
Mouron mâle.
Anagallis Phœnicea. Lam. FI. Fr. 2. p. 285. — Ana-
gallis terrestris mas. Blackw. Herb. t. 43. — Ænagallis,
Pharm.
.
Sa racince-est fibreuse,. annuelle ; elle produit une tige
divisée dès sa base en rameaux nombreux’, étalés, longs de
5 à 6 pouces, garnis de feuilles ovales ou ovales: lancéolées ,
sessiles, opposées, glabres. Ses fleurs sont rouges, axillaires,
portées sur des pédone -ules plus longs que les feuilles. Celte
lante croît dans les champs et dans les lieux cultivés ; elle
fleurit pendant tout l’élé.
MouroN BLEU, vulgairement Mouron femelle.
Anagallis cœrulea. Lam. FI. Fr. 2. p. 265. — Ana-
gallis. Pharm.
Cette plante ne diffère de la précédente que par la cou-
leur de ses fleurs qni sont bleues au lieu d’être rouges. Elle
se trouve dans.les mêmes lieux, et fleurit également pen-
dant tout l’été,
PRIMULACÉES. 415
Ces deux espèces de Mouron ont les mêmes propriétés,
et peuvent indifféremment servir l’ane pour l'autre. Elles
passaient autrefois pour céphaliques, sudorifiques , alexi-
tères, elc. On en a conseillé l’usage, et surtout de celle à
fleurs rouges, dans la manie, l'hypocondrie, l'épilepsie , la
phrénésie , les fièvres ardentes, On l’a aussi vantée, tant
intérieurement qu’extérieurement , contre la morsure des
animaux venimeux et enragés. On en faisait prendre le suc
ou la décoction ; mais aujourd’hui les Monrons ne sont plus
du tout ou au moins ils ne sont que fort peu employés en
médecine, Leurs graines passent pour être un poison pour
les serins.
Le Mouron d'eau qui appartient à un autre genre ( Sz-
molus, Jin.) n'est plus en usage maintenant; il a passé
jadis pour apéritif et anliscorbutique.
241° Genre. — CYCLAME. CYCLAMEN. Lin.
Calice semi-quinquéfide, persistant. Corolle en roue à
5 découpures réfléchies. Anthères conniventes. Siyle fili-
P ARE J
forme plus long que les étamines. 1 capsule charnue, glo-
buleuse, s'ouvrant au sommet en 3 valves, et contenant
Ë 2 à 2
plusieurs graines.
CycLaAME D'EUROPE, vulgairement Pain-de-pourceau.
Cyclamen Europæœum. Lin. Spec. 207. — Bull. Herb.
t. 6. — Cyclamen. Pharm.
Sa racine est un tubercule arrondi, comprimé, vivace,
brunäâtre en dehors, blanc intérieurement ; elle donne nais-
sance à plusieurs feuilles pétiolées, cordiformes , dentées ou
anguleuses en leurs bords, glabres , d’un vert foncé et pa-
nachées de blanc en dessus, rougeätres en dessous. Ses fleurs
sont blanches ou légèrement purpurines, solitaires au som-
met de hampes longues de 3 à 4 pouces, et qui, comme les
feuilles, parlent immédiatement de la racine. Après la flo-
raison et pendant la maturation des fruits, les hampes se
contournent en spirale. Cette plante croît naturellement
dans les bois des montagnes; elle fleurit en septembre et
octobre.
La racine de Cyÿcelame n’a point d'odeur, mais sa saveur
est amère el très-âcre. Employée fraiche , elle est émétique
et fortement purgalive ; la dessiccation diminue l'intensité
de ses propriétés. On l'a conseillée dans l'engorgement des
416 | PRIMULACLES,
viscères du bas-ventre, dans le carreau des enfans et contre
les vers. Cette racine fait la base de l’onguent d’Arthamita,
dans lequel entrent aussi plusieurs autres purgatifs, et qui
était assez fréquemment employé autrefois, à la dose de 2
à 4 gros, en frictions sur l'abdomen, à titre de purgaif
et de vermifuge. On a prétendu que cet onguent avait aussi
la faculté de provoquer le vomissement quand il était appli-
qué sur l’épigastre , et d'augmenter la sécrétion des urines
quand il élait mis sur la région des reins ; mais aujourd’hui
il est tombé en désuétude , ainsi que la racine de Cyclame
elle-même, à laquelle le nom vulgaire de Pain de pour-
ceau à élé donné, parce que les cochons en sont friands et
la recherchent pour s'en nourrir.
2492° Genre. — CoR1DE. CORIS. Lin.
Calice à 5 dents et couronné par de pelites pointes épi-
neuses. Corolle tubuleuse , à 5 divisions mégales. 1 capsule
globuleuse , cachée dans le calice persistant ; à 1 seule loge
s’ouvrant en 5 valves, et renfermant plusieurs graines.
Corip£ DE MONTPELLIER.
Coris Monspeliensis. Lin. Spec, 252. — Coris quorun-
dam. Clus. Hist. CLXXIV.
Sa racine est pivotante, rougeâtre, ligneuse, vivace; elle
donne naissance à une tige souvent divisée dès sa base en
rameaux redressés, hauts de # à 6 pouces, garnis de feuilles
linéaires, nombreuses, un peu ciliées. Ses fleurs sont rou-
geâtres ou purpurines, presque sessiles et disposées, au
sommet des rameaux, en épis serrés longs de 1 à 2 pouces.
Cette plante croît dans les lieux sablonneux et maritimes
du Languedoc et de la Provence; elle fleurit en mai et juim.
La Coride est entièrement inusitée en France et en Eu-
rope; cependant Linné la dit excellente contre la syphilis,
et Peyrilhe rapporte que les Arabes en font grand usage,
et la considèrent comme spécifique de la maladie véné-
xienne. |
Famille LXVI.
UTRICULARIÉES.
Les plantes qui composent cette famille ont pour carac-
tères : 1 calice persistant, à 2 folioles, ou monophylle et
partagé en 2 lèvres ; à corolle monopétale, prolongée posté-
__ UTRICULARIÉES. 417
rieurement en éperon, et ayant son limbe à 2 lèvres irré-
gulières; 2 étamines; 1 ovaire supérieur, surmonté d’un
style court, terminé par 1 sligmate simple ou bilide ; 1 cap-
sule à 1 seule loge contenant plusieurs graines.
Les Utriculariées, qui doivent leur nom au genre Utri-
cularia , sont des herbes qui croissent dans l’eau ou dans les
lieux marécageux ; leurs feuilles sont entières et toutes radi-
cales, ou multifides et alternes ; leurs fleurs sont terminales,
solitaires , ou disposées en grappes.
Les propriétés de ces plantes sont encore mal connues. La
Grasselle commune est âcre, et on la dit émétique et pur-
galive. ù
245° Genre. — GRASSETTE. PINGUICULA. Lan.
Calice à 2 lèvres, dont l’inférieure bifide , et la supérieure
trifide. Corolle à 2 lèvres, dont la supérieure plus courte,
partagée en 2 divisions arrondies, et l'inférieure plus grande,
plane, à 5 lobes. Stigmate bifide. Capsule s’ouvrant par le
sommet en deux valves.
GRASSETTE COMMUNE, vulgairement Æ/erbe grasse,
Herbe huileuse.
Pinguicula vulgaris. Lin. Spec. 25. — Poit. et Turp.
POPAr 9.11 20.
Sa racine fibreuse, annuelle, donne naissance à 6 ou 8
feuilles ovales-oblongues, d’un vert pale, visqueuses, lui-
sanles , comme enduites d’une matière huileuse, étalées et
disposées en rosette sur la terre. Du milieu de ces feuilles
s'élèvent successivement depuis 1 jusqu'à 6 hampes bautes
de 5 à 6 pouces, portant chacune à leur sommet une fleur:
un peu inclinée, d’un bleu violet, et d’un joli aspect. Cette
plante croît dans les prés humides et marécageux; elle
fleurit en mai et juin.
La Grassette commune n’est point employée en méde-
cine. Ses feuilles fraîches sont , dit-on, émétiques el purga-
tives, mais elles doivent plutôt être regardées comme sus-
pectes et dangereuses, puisque, selon Clusius, cette plante
est appelée dans les parties méridionales de l'Angleterre
FWhytroot, c'est-à-dire, 'Fue-brebis, parce qu'elle fait
mourir les moutons qui en mangent. Les paysans, dans
certains cantons, font avec le suc onctueux exprimé de ces
mêmes feuilles, une sorte de liniment qu’ils emploient pour
D à
418 UTRICULARIÉES,
appliquer sur leursblessures, et les femmes sur les gerçures
du sein. En Danemarck, les paysans se $ervent de ce suc en
guise de pommade pour graisser leurs cheveux.
Linné attribue aux feuilles de Grassette une propriété
assez singulière, il dit qu’elles font cailler le lait, en lui don-
nant une consistance particulière ,*sans que la sérosité s’en
sépare, et qu'en Laponie on prépare habituellement de ce
lait en versant celui des rennes, récemment tiré, sur des
feuilles de cette plante. Ce lait ainsi une fois préparé peut
servir, pendant toute l’année, à en faire d’autre semblable
sans avoir besoin de nouvelles feuilles, mais en en mêlant
seulement une cuillerée avec le lait qu’on vient de traire.
Famille LX VII.
: PERSONÉES. ,
Les Personées doivent leur nom à la forme particulière
des fleurs de plusieurs espèces, qu’on a comparée à celle
d'un masque, Persona en latin. Elles ont pour caractères :
‘1 calice à 5 divisions, ou le plus souvent à 5 folioless à co-
rolle monopétale, à limbe partagé en plusieurs lobes irré-
guliers, formant ordinairement: 2 lèvres; 4 étamines dont
2 plus longues et 2 plus courtes, rarement 2 étamines séu-
lement; 1 ovaire supérieur, surmonté d'un style terminé
par 1 stigmale simple ou à 2 lobes; 1 capsule à 2 valves,
à 2 loges contenant des graines nombreuses attachées sur
les deux côtés d’un réceptacle central parallèle aux valves,
et servant de cloison entre elles. PA
Les Personées sont des plantes herbacées, à feuilles al-
ternes ou opposées; à fleurs axillairés, souvent disposées en
épi ou en panicule à l'extrémité des tiges.
Ces plantes doivent en général être regardées comme sus-
pectes; les unes, émétiques et purgalives, sont douées, sous
ce rapport, d’une énergie de propriété qui ne permet guère
de les employer sans danger , si ce n’est à petites doses ;
telles sont les Digitales et la Gratiole. Les autres, comme les
Linaires, les Mufliers, les Scrophulaires, les Pédiculaires, etc.
paraissent moins actives ; mais elles sont encore mal connues
quant à leur véritable manière d'agir, et l’on ne sait point
au juste comment les apprécier. Les Véroniques, un peu
toniques et légèrement aromatiques , s'éloignent assez sen-
siblement des facultés des autres genres de la famille.
PERSONÈES. 419
o44e Genre. — GRATIOLE. GRÂTIOLA. Lin.
Calice de 5 folioles. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres, dont
Ja supérieure à 2 lobes, et l’inférieure à 3 divisions égales.
2 étamines fertiles et 2 filamens stériles. Stigmate à 2 lobes.
Capsule ovale.
GRATIOLE OFFICINALE, vulgairement Gratiole, Herbe
a pauvre homme.
Gratiola officinalis. Lin. Spec. 24.—Bull. Hexb. t. 150.
— Gratiola. Pharm.
Sa racine est noueuse, rampante, blanchätre, vivace ;
elle produit une ou plusieurs tiges droites, cylindriques,
glabres comme toute la plante, simples, hautes de 1 pied ou
environ, garnies de feuilies sessiles , opposées, d'un vert
clair, deniées en leurs bords. Ses Huns d'un DEN jauvâtre,
mêlé de pourpre clair en leur limbe, sont pédonculées,
solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette
lante croit dans les prairies humides , marécageuses, et sur
les bords des étangs ; elle fleurit en juin et juillet.
La Gratiole est inodore, mais elle a une saveur nau-
séeuse et amère. Elle est: émétique, purgative, drastique,
vermifuge. Les parties dont on fait usage sont les tiges gar-
nies de leurs feuilles et de leurs fleurs, parce qu’on recueille
ordinairement la plante pendant la floraison. On a em-
ployé la Gratiole dans la goutte, les maladies cutanées,
contre les vers, dans les hydropisies. C’est dans ce dernier
cas surtout, lorsque la maladie est essentielle, qu'on peut
se servir de la Gratiole avec beaucoup d° avantage. C’est à
tort que Boulduc a préconisé sa racine pour la dysenterie ; 5
son emploi, dans tous les temps de celte maladie, paraît à
peine pouvoir être quelquefois utile dans des cas de compli-
cation, d’embarras gastrique ; mais le plus couvent il serait
évidemment contraire. Si d’ailleurs cette racine provoque le
vomissement à la manière de l’Ipécacuarha, comme l’assure
Boulduc, elle pourra lui être substituée dans les cas qui
nécessitent l'emploi des émétiques. Sa dose, selon cet auteur,
peut être de 36 grains à 1 gros. Plusieurs médecins alle-
mands, qui indiquent aussi celte racine comme émétique,
veulent qu’on ne l’administre que de 12 à 48.grains.
C’est principalement comme purgatives que les parties
herbacées de la Gratiole sont employées, non point à la
9
“
420 PERSONÉES. .
. vérité, ou au moins fort peu, par les médecins, mais bien par
le peuple, et c’est probablement à cause de cela que cette
plante a reçu le nom d’Æerbe a pauvre homme. On l'a
accusee, en général, d'agir avec trop de violence, et ce re-
roche n’est pas sans fondement, quoique MM. Coste et
Willemet aient dit qu’elle était très-propre à remplacer le
Séné, à la dose de 1 à 5 gros en infusion ou en légère dé-
coction. Quant à moi, ayant fait prendre une très-légère
décoction de 5 gros des tiges et des feuilles recueillies depuis
plus de six semaines et parfaitement sèches, la malade,
qui était une femme de #1 ans et d’une constitution assez
robuste, eut sept à huit vomissemens et dix à douze selles
qui furent accompagnées de fortes coliques. Ces abondantes
évacualions n'euren£ heureusement aucune suite fâcheuse.
La Gratiole, administrée en lavemens, est susceptible de
produire, particuliérement chez les femmes, des accidens
très-graves. M. le docteur Bouvier rapporte, dans le 54°
volume du Recueil de la Société de Médecine de Paris, les
observations de quatre femmes, qui furent attaquées de
nymphomauie après avoir fait usage de lavemens composés
avec la décoction des feuilles fraîches de cette plante. L’ex-
trait aqueux qu’on en préparait autrefois dans les pharma-
cies n’est plus usité aujourd’hui.
45° Cenre.. — DiciTALE. DIGITALIS. Lin.
Calice de 5 folioles inégales. Corolle tubulée à sa base,
ensuile ventrue , beaucoup plus grande que le calice, à
limbe oblique, partagé en 4 lobes inégaux, dont l’inférieur
plus grand. # étamines. Capsüle ovale, pointue.
DiciTALE POURPRÉE, vulgairement Doistier, Gant de
Notre-Dame.
Digitalis purpurea. Lin. Spec. 866. — Bull. Herb.
4. 21. — Digitalis. Pharm. »« |
Sa racine fibreuse, bisannuelle, donne naissance à une
tige cylindrique , glabre ou pubescente, droite, simple,
haute de 2 à 5 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéolées ,
un peu ridées, molles au toucher , presque cotonneuses en
dessous, dentées en leurs bords; les inférieures plus, ou
moins longuement péliolées, les supérieures sessiles. Ses
fleurs sont grandes , d’une belle couleur purpurine , agréa-
blement tachetées intérieurement, pendantes, nombreuses,
PERSONÉES. 42x
tournées d’un mème côté, et disposées en une longue grappe
simple et terminale. On en trouve quelquefois une variété
à fleurs toutes blanches. Cette plante croît dans les bois et
sur les collines ; elle fleurit en juin et juillet.
Les parties de la Digitale dont on fait ordinairement
usage sont les feuilles: on regarde Jes racines et les fleurs
comme moins actives. C’est au printemps, quand la tige
commence à monter pour produire les fleurs, que doit se
faire la récolte des feuilles. Celles-ci ont une saveur très-
amère, jointe à un peu d’äcreté.
La Digitale est une plante très-active qui agit comme
émétique et purgative, toutes les fois qu'elle est donnée à
des doses un peu élevées; elle peut même produire des ac-
cidens plus ou moins graves, comme la cardialgie, de vio-.
lentes coliques et des superpurgations dangereuses. Admi-
nistrée, au contraire, par pelites doses long-temps conti-
nuées, elle n’agit plus sur les premières voies: mais sa
principale influence se porte sur le système de la circulation
et sur le système lymphatique , en ralentissant sensiblement
l’action du premier, tandis qu’au contraire, elle donne plus
d’énergie au second. Ainsi, par l'usage habituel de la Digi-
tale, les battemens du cœur et des artères dimmuent en
proportion de son emploi long-lemps continué. On trouve
dans les auteurs des exemples des pulsations du pouls, ré-
duites à cinquante, à quaranle, à trente et même à vingl par
minute. Le docteur Graffenaver a rapporté un exemple de
ce dernier cas, et il n’y a que quelques mois quelle même
fait s’est présenté dans ma pratique chez une femme de
55 ans, qui, pendant vingt-deux mois, avait fait presque
continuellement usage d’une infusion vineuse de Digitale ;
les pulsations du pouls étaient, chez elle, réduites à vingt
par minute. D'un autre côté, une foule d'observations prou-
vent que cette même plante augmente la sécrétion de l’u-”
rine, celle de la sueur , ainsi que l’expectoration.
De ces propriétés qui paraissent bien positives, on a cher-
ché à déterminer les cas dans lesquels la Digitale pourrait
être utile , et on a successivement proposé et vanté son em-
ploi dans les scrophules, les hydropisies, les anévrismes
du cœur et des gros vaisseaux, l’hémoptysie, la phthisie
pulmonaire, le croup, les fièvres intermittentes. De toutes
ces affections, célles dans lesquelles la Digitale paraïîl avoir
eu les succès les plus soutenus, ont été les Bydropisies essens
Dd 5
——
492 PERSONÉES.
tielles, On a dit aussi qu’elle avait été souvent éfficace dans
les scrophules ; mais la nature doit peut-être revendiquer
une bonne partie des guérisons qu'on lui a attribuées. Dans la
phthisie et dans les lésions organiques des gros vaisseaux ,
elle a bien pu soulager les malades pendant quelques jours,
qnelques semaines, ou quelques mois tout au plus, en ra-
lentissant pour un temps les progrès de leurs maux ; mais,
dans le dernier cas surtout, la guérison est impossible. Dans
toutes les autres maladies, comme le croup, lhémoptysie
et les fièvres intermittentes , quoiqu’on ait obtenu des suc-
cès, on ne doit point en conclure que la Digitale était le
meilleur remède à employer. Il en est de mème de son usage
dans la goutte, le rachitis et l’épilepsie.
La Digitale s’administre en nature et en poudre, à la dose
d’un demi-grain à 1 grain pour commencer, et on la con-
tinue en l’augmentant successivement tous les trois à quatre
jours, d’un quart ou d’un tiers de grain, jusqu'à ce qu’on
soit parvenu à 6 ou 8 grains. En infusion aqueuse ou vi-
neuse , les feuilles de Digitale se donnent de même depuis
12 grains jusqu à 2 et 3 gros pour une pinte de liquide, On
en prépare dans les pharmacies une teinture alcoolique et
une teinture éthérée qui se prescrivent de 1 à 4 goulics, en
augmentant graduellement avec le temps. J’ai porté une
fois la temture alcoolique jusqu'à 5o gouttes quatre fois par
jour , à la fin d'un traitement d’une affection scrophuleuse,
lequel avait duré six mois. À cette dose, qui ne fut pas
poussée plus loin à cause de la guérison ;: le pouls tomba
pendant plusieurs jours de suite à quarante pulsations par
minute.
Dans les campagnes, et particulièrement dans certains
cantons de l’Angleterre, les gens du peuple se servent, pour
se purger , de la décoction des feuilles de cette plante , et
comme ils en prennent souvent des doses trop fortes, il n’est
pas rare qu’ils se causent par là des superpurgations fà-
cheuses avec de violens vomissemens.
246° Genre. — SCROPHULAIRE. $SCROPHULARIA. Lin.
Calice monophylle, à 5 lobes. Corolle presque globu-
leuse, à limbe à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 lobes arron-
dis, et l'inférieure à 3 divisions. 4 élamines. Stigmate sim-
ple. Capsule arrondie, à 2 valves ayant leurs bords rentrans,
PERSONÉES. 423%
SCROPHULAIRE NOUEUSE, vulgairement Scropluluire
des bois, grande Scrophulaire.
Scrophularia nodosa. Lin. Spec. 865.— Scrophularia.
Dod. Pempt. 50. — Scrophularia major. Pharm.
Sa racine est noueuse, horizontale, vivace, blanchâtre,
grosse comme le doigt; elle donne naissance à une tige qua-
drangulaire , d’un rouge brun, droite, ordinairement sim-
ple, haule de 2 à 4 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéo-
lées , à peme échancrées en cœur à leur base, péliolées,
opposées, glabres, d'un vert sombre, bordées de nombreuses
dents inégales et aiguës, Ses fleurs sont d’un pourpre noiï-
râtre, portées sur des pédoncules rameux , opposés, et dis-
posées en une grappe paniculée , droite et terminale. Cette
plante croit dans les bois des montagnes, aux lieux om-
bragés; elle fleurit en juin et juillet.
La grande Scrophulaire a une saveur amère, avec une
odeur fétide et nauséabonde. Elle passe pour être résolutive,
tonique , sudorique et vermifuge. Ses racines, ses feuilles et
ses graines ont élé recommandées pour différentes maladies.
Les racines en poudue , à la dose d’un gros, ont été con-
seillées, fort inutilement sans doute, contre les hémorroïdes.
Les graines à la même dose sont utiles contre les vers, selon
Tragus. Mais c’était des feuilles appliquées en cataplasme
sur les tumeurs scrophuleuses et sur les hémorroïdes, qu’on
faisait le plus d'usage autrefois. On composait aussi, avec
le suc exprimé de la plante fraîche et avec de l'Axonge,
un onguent dont on se servail contre les maladies de la
peau, la gale, les dartres. On en préparait encore une eau
distillée. Ces deux préparations sont tombées en désuétude,
ainsi que la plante elle-même.
SCROPHULAIRE AQUATIQUE, vulgairement Bétoine
d'eau, Béloine aquatique, Herbe du siége.
Serophularia aquatica. Lin. Spec. 864. — Scrophula-
ria aquatica major. Flor. Dan. t. 507. — Betonica aqua-
tica. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente par sa racine fibreuse,
par ses feuiiles plus allongées, crénelées et non dentées en
scie, ordinairement termimées en pointe obtuse. Elle croît
dans les fossés aquatiques, sur les bords des ruisseaux, et
fleurit en juin et juillet.
D d 4
424 PERSONÉES,
Les prétendues vertus vulnéraires attribuées à cette plante
et l'utilité dont elle fut, dit-on, pour guérir toutes sortes de
blessures pendant le long siége de La Rochelle, lui ont valu
uu de ses noms vulgaires. Boulduc lui prête PU propriété de
corriger le goût désagréable du Séné, en mêlant ses feuilles
par parties égales dans les infasions de ce purgalif; mais on
peut raisonnablement douter qu’une plante qui a elle-même
une odeur nauséeuse puisse avoir celte influence. Aujour-
d’hui la Scrophulaire aquatique n’est pas plus usitée que
celle des bois; on doit croire qu’elle a des vertus analogues ; à
mais celles que peut posséder cette dernière elle-même, ne
paraissent encore que trés-vaguement connues.
247e Genre. —VaNAIRE. LINARIA4. Tournef.
Calice à 5 folioles persistantes. Corolle à tube renflé,
munie d’un éperon à sa base ; à limbe partagé en 2 lèvres,
dont la supérieure bifide, et l’inférieure trifide, ayec une
éminence convexe fermant l’entrée de la corolle. 4 éta-
mines. Capsule ovale s’ouvrant au sommet en 5 à 5 décou-
pures.
LiNAIRE COMMUNE, vulgairement Zuinaire, Lin sau-
vage
Linaria vulgaris. Moœnch. Meth. 524. — Zinaria
Phar m.— Anlirrhinum Linaria. Lin. Spec. 856.— Bull.
Herb. t. 261.
Sa racine est rampante, dure, blanche, vivace; elle pro-
duit une ou plusieurs tiges ordinairement simples, hautes
de 1 pied à 1 pied et demi, glabres ainsi que toute la plante,
garnies de feuilles linéaires-lancéolées, sessiles, d’un vert
glauque, nombreuses. Ses fleurs jaunes, assez grandes, sont
rapprochées les unes des autres en un bel épi terminal. Cette
plante croît communément sur les bords des champs et
dans les terrains incultes; elle fleurit pendant tout l'été.
La Linaire a une odeur légèrement vireuse, nauséabonde,
et sa saveur est un peu amère et désagréable. Elle a passé
autrefois pour purgative, et surlout pour diurélique ; on
l'employait dans l’hydropisie, dans la jaunisse. Mais c’est
principalement à l’exlérieur, comme émolliente et cal-
mante, qu’on en faisait usage. Ses feuilles et ses fleurs, cuites
dans le lait ou dans Peau, s’appliquaient en cataplasmes sur
les hémorrvïides gonflées et douloureuses, On faisait même
PERSONÉES. | 425
par leur coction avec de l’Axonge, un onguent qui a joui
‘d’une grande réputation pour la guérison des hémorroïdes.
Aujourd'hui cet onguent est entièrement oublié, et la plante
elle-même n’est plus que très-rarement employée.
La Linaire bâtarde, vulgairement 7’e/vote où Féro-
nique femelle, dont les tiges sont couchées et les feuilles
ovales et velues, est douée, dit-on, des mêmes propriétés
que la Linaire; mais elle est de mème tombée en désuétude.
La Linaire Cymbalaire, vulgairement Cymbalaire, est
astringente et vulnéraire selon les uns, vénéneuse selon
d’autres. On n’en fait jamais usage maintenant.
248° Genre. — FUPHRAISE. EUPHRASIA. Lan.
Calice tubuleux, quadrifide. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres,
dont la supérieure concave et échancrée, l’inférieure à 3
lobes égaux. 4 étamines à anthères ayant un de leurs deux
lobes acuminé à sa base. .
EUPHRAISE OFFICINALE , vulgairement Eufraise.
ÆEuphrasia officinalis. Lin. Spec. 841. — Bull. Herb.
t. 255. — Euphrasia. Pharm.
Sa racine est fibreuse , presque simple , menue, annuelle;
elle donne naissance à 1 tige d’un vert rougeàtre, velue,
haute de 3 à 8 pouces, ordinairement lrès-ramieuse , garnie
de feuilles ovales, sessiles, opposées dans sa partie inférieure,
alternes dans la supérieure, et bordées de dents grandes,
comparativement à l'étendue de leur limbe. Ses fleurs sont
petites, d’une couleur blanche, mêlée de jaune et de violet
clair, axillaires, presque sessiles, rapprochées dans la partie
supérieure des tiges et des rameaux en une sorte d'épi. Cette
plante croît dans les prés secs et sur les bords des bois ; elle
fleurit depuis le mois de mai jusqu’en septembre.
L’Euphraise a une saveur un peu amère ; elle passe pour
astringente et céphalique, et elle a surtout joui autrefois
d’une grande réputation pour les maladies des yeux. On lui
attribuait la propriété de fortifier la vue, de la rétablir lors-
qu'elle était faible et prête à s’éteindre; on a été jusqu'à dire
qu’elle l'avait rendue à des vieillards qui l'avaient perdue.
Aujourd’hui les médecins ne croient plus que l’'Euphraise
puisse opérer de pareilles merveilles, et l'usage qu'ils en font
est infiniment borné.
426 PERSONÉES#
240° Genre. — VÉRONIQUE. V'ERONICA. Lin.
Calice à # et plus rarement à 5 divisions. Corolle ordi-
nairement en roue , à 4 lobes inégaux. 2 étamines. Stigmate
simple. Capsule en cœur , ou quelquefois ovale, à 2 loges,
ayant sa cloison opposée au grand diamètre des valves.
VÉRONIQUE BÉCABUNGA, vulgairement Becabunga ,
Véronique cressonnée.
Veronica Becabunga. Vin. Spec. 16. — ÆAnagallis
aquatica Becabunga. Blackw. Herb. t, 48.— Becabunga,
Pharm.
Sa racine fibreuse, blanchâlre , rampante, vivace , donne
naissance à une tige couchée à sa base, glabre comme toute
la plante, prenant racine à ses nœuds, longue de 8 à 15
pouces, garnie de feuilles opposées, courtement pétiolées,
ovales, obtuses, dentées en scie. Ses fleurs sont d’un bleu
clair, petites, disposées en grappes plus longues que les
entre-nœuds, et placées dans les aisselles des feuilles supé-
rieures. Cette plante croît dans les ruisseaux et les fontaines;
elle fleurit en mai, juin, et une grande partie de l'été.
Le Bécabunga a une saveur un peu amère, âcre et pi-
quante. Îl est légèrement excitant, tonique et diurétique.
On l’emploie dans les maladies cutanées, le scorbut , les en-
gorgemens des viscères du bas-ventre. On le prescrit en in-
fusion théiforme , et l’on fait surtout prendre le suc exprimé
de la plante fraîche à la dose de 1 à 4 onces, soit seul, soit
mêlé au suc des Crucifères. Extérieurement, on a souvent
fait avec succès usage de ses feuilles et de l’herbe fraîche en
application sur les ulcères atoniques et scorbutiques. Cette
plante entre dans toutes les préparations antiscorbutiques ;
on faisait autrefois, dans les pharmacies, un sirop avec son
. suc. Dans quelques pays on la mange en salade.
La Véronique mouronnée ( f’eronica Anagallis. Lan.),
qui se distingue de la précédente par ses feuilles sessiles, lan
céolées, el par ses fleurs d’un rouge tendre ou blanches,
disposées en grappes plus allongées, n’en diffère guère,
quant aux propriétés, si ce n’est qu’elle passe pour être plus
faible.
PERSONÉES. 427
VÉRONIQUE OFFICINALE, vulgairement 7”éromique mâle,
Thé de l’Europe. t
V’eronica officinalis. Lin. Spec. 14. — Veronica mas.
Fuchs. Hist. 166. — Pharm.
Sa racine fibreuse, vivace, produit une tige rameuse et
couchée à sa base, poussant des racines de ses nœuds, re-
dressée dans sa partie supérieure, longue en tout de 4 à 6
pouces, un peu velue comme toute la plante, et garnie de
feuilles ovales , opposées, dentées, rétrécies à leur base en
un court pélioie. Ses fleurs sont très-pelites, d’un bleu tendre,
quelquefois blanches, avec des veines purpurines plus fon-
cées, disposées en grappes serrées el axillaires. Cette plante
est commune dans les bois, sur les collines, et dans les prés
secs; elle fleurit pendant tout l'été.
La Véronique officinale est un peu amère et aromatique ;
elle est légèrement excilante, et passe pour béchique, sudo-
rifique , apéritive, céphalique et vulnéraire. On fait usage
de ses feuilles et de ses sommités en infusion théiforme, à la
dose de 1 à 2 pincées pour une pinte d’eau, dans les catarrhes
atoniques, l'asthme humide. On a aussi conseillé Ja Véro-
nique dans la jaunisse, les obstructions des viscères du bas-
ventre, la gravelle, la colique néphrétique, la migraine,
les étourdissemens. Son eau distillée et son sirop ne sont plus
en usage. Dans le Codex de l’ancienne faculté, cette plante
est au nombre des substances qui entrent dans la composi-
üon du baume et de l’onguent Vulnéraires.
La Véronique Teucriette, vulgairement Véronique des
prés, Germandrée bâtarde (’eronica Teucrium. Lin. ), la
Véronique petit Chêne’, ou Véronique des bois ( F’eronica
Chamædrys. Lin.) , et la Véronique à épi (Y’eronica spi-
cata. Lin.) ont des propriétés analogues à la Véronique
oflicinale et s'emploient quelquefois à sa place.
Famille LXVIIT.
ACANTHÉES.
Cette famille ne se composant, en plantes indigènes, que
d’un seul genre, il est inutile d’indiquer d’une manitre
générale ses caractères et ses propriétés, qui se trouvent
nécessairement être ceux de ce genre.
428 ACANTHÉES,
250° Genre. — ACANTHE. ACANTHUS. Lin.
Calice de 4 folioles, dont les 2 extérieures beaucoup plus
longues. Corolle monopétale, tubulée, labiée:; la lèvre su-
périeure nulle, l’inférieure très-grande, à 3 lobes. 4 éta-
mines didynames. 1 ovaire supérieur, à style simple, ter-
miné par 1 stigmate bifide. 1 capsule ovale, s’ouvrant élas-
tiquement en 2 valves, divisée en 2 loges par une cloison
opposée et adnée au milieu des valves : 1 ou 2 graines dans
chaque loge. :
ACANTHE MOLLE, vulgairement ÆAcanthe, Branc-
Ursine. -
Æcanthus mollis. Tan. Spec. 891.— {canthus Branca-
Ursina. Blackw. Herb. t. 69. — Acanthus. Pharm.
Sa racine est épaisse, vivace, brunâtre en dehors, blan-
chätre en dedans, horizontale, munie de fbres menues; elle
donne naissance à une tige simple, droite, ferme, haute de
1 pied et demi à 2 pieds, portant dans sa moitié supérieure
des fleurs grandes, blanchâtres, nombreuses, disposées en
un bel épi terminal. Ses feuilles sont très-grandes, sinuées,
piunatifides, glabres, molles au toucher, d’un vert foncé,
étalées autour de la partie inférieure de la tige. Cette plante
croit dans les lieux humides et ombragés de la Provence et
du Languedoc ; elle fleurit en juillet et août.
Les feuilles et les racines d’Acanthe sont émollientes. On
a conseillé leur décoction en lavemens, en fomentations.
Celle des racines a particulièrement élé recommandée pour
le crachement de sang ; mais l’Acanthe a toujours été rare-
ment employée, et on ne s’en sert plus du tout maintenant,
parce qu'on ne manque pas d’autres plantes qui ont les
mêmes propriétés et qui sont plus communes.
Famille LXIX.
OROBANCHÉES.
Les plantes de cette famille doivent leur nom au genre
Orobanche ; elles offrent les caractères suivans : Calice à 4
ou 5 divisions inégales ; corolle monopétale à 2 lèvres; 4 éla-
mines didynames; 1 ovaire supérieur, simple , surmonté
d'un style à stigmate bilobé ou tronqué; 1 capsule unilocu-
OROBANCHÉES. 429
laire, bivalve, contenant plusieurs graines dont les placentas
sont adhérens au milieu des valves.
Les Orvbanchées sont des herbes souvent parasites, à tige
presque succulente ou charnue, garnie d'écailles au lieu de
feuilles; à fleurs rarement solitaires, plus ordinairement
disposées en épi.
Jusqu'à présent leurs propriétés ne sont pas déterminées
d'une manière posilive.
251° Genre. — CLANDESTINE. LATHRÆA. Lin.
Calice campanulé, 4-fide. Corolle tubuleuse, à 2 lèvres,
dont la supérieure concave, et l’inférieure réfléchie à 5 lobes,
Stigmate tronqué.
CLANDESTINE ORDINAIRE, vulgairement //erbe cachée,
Clandestine.
Lathræa Clandestina. Lin. Spec. 845. — Lam. Illust.
* LUE SE dE
Sa racine est horizontale, vivace; elle donne naissance à
une tige rameuse, cachée dans l’herbe ou dans la mousse,
garnie d’écailles charnues, blanchäâtres, opposées, serrées et
comme imbriquées, tenant lieu de feuilles. Ses fleurs sont
d’un pourpre violet, assez grandes, portées sur des pédon-
cules solitaires dans les aisselles des écailles supérieures.
Cette plante se trouve dans le lieux humides et ombragés ;
elle fleurit en avril et mai.
La Clandestine est aujourd’hui bannie de la matière mé-
dicale. Le trop crédule Daléchamps lui attribue la propriété
de rendre fécondes les femmes qui sont stériles. On regarde
maintenant comme un conte, la prétendue observation qu'il
rapporte pour preuve de son opinion, et qu'il faut lire,
si l’on veut s’en amuser, dans la vieille traduction de Jean
Desmoulins, vol. 1. p. 959 et 960.
Famille LXX.
»
JASMINEES.
Calice monophylle, à 4 on 5 dents; corolle monopétale,
infondibuliforme, à 4 ou 5 découpures régulières: 2 éta-
mines; 1 oVaire supérieur, surmonté d’un style à sligmate
le plus souvent à 2 lobes; 1 capsule, ou un drupe à 1 ou 2
1450 JASMINÉES.
loges, ou enfin une baie contenant 1 à 4 graines ; tels sont
les caractères des plautes de cette famille.
Les Jasminées sont des arbrisseaux à feuilles simples « ou
composées, souvent opposées, quelquefois allernes ; et à
fleurs en corymbe ou en grappe.
Leurs fleurs sont douées en général d’un parfum agréable,
Leurs feuilles sont un peu amères et astringentes. Leurs
fruits méritent peu de considération, si ce n’est celui de
lOlivier qui offre cette particularité, que c’est la pulpe de
son drupe qui contient une huile fixe, tandis que dans tous
les autres fruits, cette substance n’exisle que dans leurs
graines. Sous ce rapport, l'Olivier est d'un grand intérêt à
cause de ses propriétés économiques.
252° Genre. — JASMIN. JASMINUM. Lan.
Calice à 5 dents. Corolle infondibuliforme , à 5 divisions.
Style filiforme, à stigmate bifide. 1 baie ovoïde à 2 loges,
contenant PRE 1 graine.
JASMIN OFFICINAL, ou JASMIN COMMUN.
Jasminum officinale. Lin. Sper 9+ — Bull. Herb.
t. 231.
Cette plante est un arbrisseau- dont les tiges se divisent
dès leur base en rameaux nombreux, sarmenteux, pouvant
s'élever à 10 ou 12 pieds et plus quand ils rencontrent de
quoi s'appuyer. Ses feuilles sont opposées, péliolées , com-
posées communément de 7 folioles ovales-oblongues, poin-
iues, d’un vert assez foncé et glabres. Ses fleurs sont blan-
ET , disposées en petit corymbe à l’extrémité des rameaux :
élles Ralen un parfum très- agréable. Le Jasmin est ori-
ginaire des pays chauds de Asie, mais apporté depuis plu-
sieurs siècles en Europe, il y est Pigier naturalisé de
telle manière, que dans le climat de Paris il supporte le
froid de nos Die ers en pleine terre. Il fleurit en été.
Les fleurs de Jasmin passaient autrefois pour émollientes,
résolutives etemménagogues ; mais leur emploi en médecine
est aujourd’hui entièrement tombé en désuétude. Leur forme
élégante, leur douce couleur, et plus encore leur odeur
suave, les font estimer pour l’ornement des jardins. Elles
COTÉNERE une huile essentielle. très-odorante, et s1 vola-
tile qu’on ne peut la retirer par les moyens dinars mais
dont l'huile fixe des Amandes douces est susceptible dé se
JASMINÉES. 4521
charger, et que, par un uen particulier , on obtient
combinée avec cette dernière. Les parfumeurs, surtout , en
font beaucoup d’usage ; car, quoique quelques Hier
l’aient recommandée en CERRRE A sur les membres, dans la
paralysie et dans les maladies nerveuses el convalsives, elle
est fort peu usitée sous ces rapports.
255° Genre. — OLIVIER. OLEA. Lin.
Calice petit, à 4 dents. Corolle à tube court. à limbe
partagé en 4 découpures ovales. 2 étamines. Stüigmate à
2 lobes. 1 drupe contenant un noyau qui renferme 1 où 2
graines.
OziviEer D'EUROPE, vulgairement l'Olivier.
Olea Europæa. Lin. Spec. 11.— Olea sativa. Blackw.
Herb. t. 199. — Olea. Pharm.
L'Olrier est un argre qui s'élève à 20 ou 50 pieds, en se
divisant en branches souvent tortueuses, subdivisées en ra-
meaux qui forment rarement une tête arrondie el régulière.
Ses feuilles sont opposées , coriaces, persistantes, lancéolées,
d'un vert plus ou moins foncé en dessus, blanchâtres en
dessous. Ses fleurs sont blanches , pelites, disposées en grap-
pes dans les aisselles des feuilles, et de la longueur de celles-ei.
Les fruits, connus sous le nom d Olives, sont de petits drupes
ovoïdes, res dont la pulpe est oléagineuse lors de la
parfaite maturité. Cet arbre est originaire de l'Asie, mais
cultivé en Europe depuis très-long-temps, et transplanté dans
la Gaule par les Phocéens, qui fondèrent Marseille 600 ans
avant J. C. Il est aujourd’hui naturalisé en Provence ainsi
qu'en Languedoc; il fleurit en juin.
L'huile d'Olive est d’un usage beaucoup plus général
comme assaisonnement dans la cuisine, que comme sub-
stance médicamenteuse ; Cependant, Eire les pays du midi
surtout, on la Satis: souvent à celle d’Amandes douces,
Elle est, comme cette dernière, émolliente, adoucissante,
Jaxative, vermifuge. On la donne à la dose de 2 gros à
1 once Fees les potions pectorales , pour les phlegmasies de
la poitrine, les affections catarrhales aiguës. Dans les em-
poisonnemens par les cantharides , par des matières miné-
rales corrosives, ou par des végétaux äcres et caustiques, il
est très bon d’en faire prendre de grandes doses. Dans les
maladies inflammatoires de l'abdomen, on en ajoute avec
452 JASMINÉES.
avantage depuis 1 jusqu’à plusieurs onces dans les lavemens
émolliens. Extérieurement, en frictions , elle a été reconnue
être utile contre les morsures des replies venimeux el contre
les piqüres des insectes de même nature. On l’a aussi essayée
de la même manière, comme prophylactique, contre la
peste ; mais les résultats obtenus jusqu’à présent n’ont en-
core rien d’assez positif. C’est principalement dans certaines
compositions pharmaceutiques que cette huile est employée;
elle fait partie essentielle de toutes celles connues sous les
noms d’emplâtres, d’onguens, de cérats, de pommades, de
linimens, d’huiles; dont le nombre est beaucoup plus res-
treint maintenant qu'autrefois.
L'huile d'Olive, exactement considérée, n’est point ali-
mentaire; mais on en fait une très-grande consommation
pour la préparation et l’assaisonnement d’une multitude
d’alimens. Elle est, sous ce rapport, la plus estimée et la
meilleure de toutes les espèces connues , et dans les pays du
midi particulièrement, on n’en conffait guère d'autre. Ses
différens usages économiques sont encore très-variés; elle sert
à mettre dans les lampes pour éclairer ; c'est avec elle et de
la soude qu'on fait le savon, dont l'usage est si répandu pour
le blanchissage du linge ; les manufactures d’étoffes de laine
en emploient beaucoup, etc.
Les Olives ne sont pas dans le cas d’être mangées nalu-
rellement comme les autres fruits en les cueillant sur les
arbres ; mais on les fait confire de différentes manières, et,
quand elles ont subi certaines préparations, elles peuvent
se conserver toute l’année. Elles font ainsi, dans le midi,
une partie assez considérable de la nourriture du peuple.
Ce n’est pas un aliment succulent, mais il passe pour sain,
À Paris et dans le nord, les Olives sont en possession d’être
servies sur les bonnes tables, comme mets recherché.
Les feuilles d'Olivier ont été proposées par quelques pra-
ticiens méridionaux comme fébrifuges; mais on manque
d'observations suffisantes pour les apprécier sous ce rapport,
Le bois a le grain fin, dur, compact, et il se. polit bien.
Il est jaunûtre , agréablement nuancé de veines plus foncées.
Dans les pays où il est commun, on l'emploie pour fure
des meubles, et l’on s’en sert aussi pour le chauffage ; 1l
fait, en brûlant, un excellent feu, qui donne beaucoup de
chaleur.
JASMINÉES. 455
254° Genre. — TROËÈNE. LIGUSTRUM. Lin.
Calice très-court, à 4 dents. Corolle infondibuliforme,
quadrifide. 2 étamines. Stigmate épais et bifide. 1 baie à
x loge contenant 4 graines.
TROËNE COMMUN , vulgairement T'roéne, ou T'roesne.
Ligustrum vulgare. Lin. Spec. 10.— Bull. Herb. t. 295.
— Ligustrum. Pharm.
Le Troëne est un arbrisseau qui forme ordinairement un
buisson haut de 6 à 8 pieds. Ses feuilles sont opposées, ovales-
lancéolées, très-glabres. Ses fleurs sont blanches, petites,
un peu odorantes, disposées, au sommet des rameaux, en
grappes paniculées. Cet arbrisseau croit dans les haies et
dans les bois; il fleurit en mai et juin.
Les feuilles de Troëne ont une saveur amère et stiptique.
Elles passent pour astringentes et détersives. Leur décoc-
tion a été conseillée en gargarisme contre les ulcères de la
bouche, les aphtes, les affections scorbutiques des gencives;
mais aujourd'hui on n’en fait plus guère ou même point
du tout d'usage.
Les baies fournissent une ceuleur bleuâtre dont les enlu-
mineurs se servent pour les estampes et images communes,
et que les marchands de vin emploient pour donner plus
de couleur à leurs vins pâles et faibles.
Famille LXXI.
VERBEÉNACÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice
monophylle, tubuleux , à 5 dents; 1 corolle monopétale,
tubuleuse, à 5 lobes inégaux ; # étamines didynames ; 1
ovaire supérieur , surmonté d’un style à stigmate bifide ou
obtus; 1 capsule à 4 loges et à 4 graines, ou 4 graines en-
tourées par le calice persistant,
Les Verbénacées sont des arbrisseaux ou des herbes à
feuilles opposées, découpées ou composées ; à fleurs dispo-
sées en épi terminal. : |
Ces plantes ont des propriétés stimulantes dont on a fait
rarement l’applicaton en médecine, et dont la valeur par
Ee
45% / VERBÉNACÉES.
conséquent n’est pas jusqu'à présent appréciée d’une ma-
nière exucte, ui
255° Genre. — GATILIER. Z'1T7Ex. Lin.
Calice court, à 5 dents. Corolle tubuiée, à 2 lèvres, dont
la supérieure à 2 lobes égaux, et l’inférieure à 3 divisions
inégales. Sligmate bifide. Capsule un peu succulente , à
4 loges monvspermes. :
GATILIER COMMUN, vulgairement Æonus-castus,
Auneau chaste, Arbre au poivre.
Vitex Agnus-castus. Lin. Spec. 890. — Duham. nouy.
ed. v. 6. p. 115. t. 55. — Ægnus-castus seu Vitex. Pharm.
Cet arbrisseau s'élève à 10 ou 12 pieds, en se divisant
en plusieurs branches et en un grand nombre de rameaux
opposés, eflilés, pubescens et légèrement quadrangulaires.
Ses feuilles sont pétiolées, digilées, composées de 5 à 7 fo-
lioles lancéolées-linéaires, glabres, d’un vert assez foncé
en dessus, molles au toucher, couvertes en dessous d’un
duvet cendré. Ses fleurs sont bleuâtres, ou rougeûtres,
quelquefois toui-à-fait blanches, presque sessiles, réunies
plusieurs ensemble par pelits groupes opposés, paraissant
verticillées , et formant, au.somimet des rameaux, des épis
interrompus. Les fruits qui leur succèdent sont de petites
capsules globuleuses, bacciformes, à peine grosses comme
des grains de poivre, ayant une saveur âcre et aromatique :
on leur donne , dans les pays où celte espèce est commune,
les noms de Poivre sauvage, Petit- Poivre. Cet arbrisseau
croît naturellement dans les lieux humides et sur les bords
des rivières en Languedoc, en Provence ; il y fleurit en
juillet et août, et dans les jardins du nord, en septembre et
octobre.
Les anciens croyaient que l’Agnus-castus avait la vertu
d’éteindre les désirs amoureux ; mais ils élatent grandement
dans l'erreur, car la saveur âcre et aromatique de toules ses
parles et l'huile volatile qu'elles contiennent, anmoncent
positivement une propriélé excilante, et, sous ce rapport,
elles pourraient bien plutôt allumer les passions qu’elles ne
seraient propres à les apaiser. C’est donc à tort que l'on a
conseillé leur infusion aux célibataires pour réprimer les
feux de la Inxure et conserver la chasteté. Elles ne corvien-
nent pas davantage dans la fureur utérine.
VERBÉNACÉES 435
256° Genre. — VERVEINE. VERBENA. Lin.
Calice quinquéfide. Corolle presque à 2 lèvres, à 5 lobes
inégaux. Stigmate obtus. 4 graines enveloppées par Le calice
persistant.
VERVEINE OFFICINALE, Vulgairement ’erveine, Ver.’
veine commune , Flerbe sacrée.
V’erbena officinalis. Lin. Spec. 29. — Bull. Herb,
t. 215. — ’erbena. Pharm.
Sa racine est fibreuse, bisannuelle, ou peut-être vivace;
elle donne naissance à une ou plusieurs tiges effilées, tétra-
gones, rudes en leurs angles, hautes de 1 pied à 1 pied et
demi, simples inférieurement , souvent rameuses dans leur
partie supérieure. Ses feuilles sont ovales-oblongues, rétré-
cies en péliole à leur base; les inférieures simplement den-
tées, les moyennes et les supérieures profondément incisées
et même pinnatifides. Ses fleurs sont petites, d’un blanc
tirant sur le violet, presque sessiles, alternes , disposées,
dans la partie supérieure des tiges, en longs épis filiformes,
Cette plante crüît sur les bords des champs et des chemins ;
elle fleurit depuis le mois de juin jusqu’à la fin de l'été.
La Verveine est regardée par les auteurs comme déter-
sive, astringente, fébrifuge et vulnéraire. On l’a conseillée
dans la jaunisse, la chlorose, Phydropisie, les fièvres inter-
mitteutes. Son infusion, son extrait et le suc de la plante
fraiche ont été en usage ; l'extrait à la dose de 1 à 2 gros, le
suc à celle de 1 à 4 onces; aujourd’hui ils sônt inusités.
Les feuilles de Verveine, pilées et mêlées avec de la farine
de seigle, ont souvent servi à faire des cataplasmes résolutifs;
fricassées avec du vinaigre , ou seulement écrasées, et appli-
quées sur le côté pour les douleurs pleurétiques, elles sont
uu remède auquel le vulgaire a beaucoup de confiance, et il
est rare que les gens du peuple ne s'en servent pas ainsi,
aussitôt qu'ils ont un point de côté: el comme le suc de la
plante teint les linges et la peau d’une couleur rougeàtre,
ils s'imaginent que c'est du sang qui est attiré au dehors par
la vertu de cette application, et lorsqu'ils guérissent , ils ne
manquent pas de rapporter leur guérison à ce moyen, assez
peu efficace d’ailleurs,
L'eau distillée de Verveine, qu’on regardait jadis comme
ulile dans les maladies des yeux, est maintenant tombée en
Eez2
456 VERBÉNACÉES.
désuétude, ainsi que quelques compositions officinales dans
lesquelles entrait cette plante.
Famille LXXIT.
LABIÉES.
Les caractères auxquels on distingue les plantes de cette
famille sont les suivans : 1 calice monophylle ; 1 corolle
monopétale, tubuleuse, irrégulière, le plus souvent à 2
lèvres; 4 étamines, dont 2 plus longues et 2 plus courtes,
quelquefois rien que 2 étamines, par l’avorlement des au-
tres; 1 ovaire supérieur à 4 lobes, surmonté d’un style ter-
miné par 1 stigmate bifide ; 4 graines cachées au fond du
calice persistant.
Les Labiées indigènes sont des herbes, rarement des ar-
brisseaux , à tiges plus ou moins quadrangulaires, à feuilles
opposées, et à fleurs également opposées , solitaires ou ver-
ücillées, axillaires ou en épi terminal.
Autant les formes extérieures des plantes de cette famille
présentent de conformité, autant leurs propriétés intrin-
sèques sont en harmonie ; de sorte que, sous le rapport de
leurs vertus, elles ne diffèrent guère les unes des autres que
du plus au moins. Foutes les Labiées sont toniques, exci-
tantes, et, d’après ces considérations, on les emploie en
médecine comme stomachiques , cordiales, céphaliques,
fébrifuges , antispasmediques, etc. C’est à la proportion
variable et diversement combinée de deux principes, dont
l'un est amer, gommo-résineux, et l’autre aromatique,
formé d’une huile volatile, qu’elles doivent toutes leurs pro-
priétés, qui sont d'autant plus développées que ceux-ci
s'y trouvent plus abondans. Le Camphre, stimulant végé-
tal, énergique, qui est le produit d’un arbre exotique,
le Laurier-Camphrier (Zaurus Camphora, Lin.), se re-
trouve en plus ou moins grande proportion dans l’huile
volatile de plusieurs Labiées. Les chimistes en ont trouvé
dans celles de Thym, de Serpolet, de Romarin, de Sauge,
de Lavande, etc. Il est surtout en assez grande quantité
dans les deux dernières, pour qu’on puisse l’en retirer avee
facilité et avantage.
257° Genre. — SAUGE. SA4LV 14. Lin. ,
Calice presque campanulé, à 2 lèvres, dont la supé-
LABIÉES. 457
rieure à 3 dents; l’inférieure bifide. Corolle tubulée , élargie
à son orifice en un limbe à 2 lèvres ; la supérieure concave,
! pe = > : d ] :
échancrée, et l’inférieure à 5 lobes, dont le moyen plus
grand. 2 filamens courts , portant transversalement 1 filet
terminé à son extrémité supérieure par une anthère fertile
et inférieurement par une anthère stérile.
SAUGE OFFICINALE, vulgairement Sauve franche.
Salvia officinalis. Lin. Spec. 54. — Salvia hortensis
major. Blackw. Herb. t. 10, et Salvia minor, Salvia vur-
tutis. Blackw. Herb. t. 71. — Salvia. Pharm.
La Sauge officinale est un sous-arbrisseau dont la tige
est une souche ligneuse, divisée en un grand nombre de
rameaux redressés, velus, garnis de feuilles pétiolées, ovales-
lancéolées, ridées, finement crénelées, d’un vert pâle ou
d’une couleur cendrée en dessus, pubescentes et blanchâtres
en dessous. Ses fleurs sont bleuâtres, disposées six à huit
ensemble en verticilles assez rapprochés et formant . au
sommet des rameaux, une sorte d'épi interrompu. Cette
espèce croît dans les départemens du midi; elle fleurit en
juin et juillet. On en distingue deux principales variétés ;
Pune plus élevée et à plus grandes feuilles, dite grande
Sauge ; l'autre moindre dans toutes ses parties, et appelée
petite Sauge. Ces deux plantes s’emploient indifféremment
l’une pour l’autre; elles ont une odeur aromatique, forte et
agréable ; leur saveur est amère, tirant un peu sur celle du
Camphre.
On faisait autrefois beaucoup plus de cas de la Sauge que
maintenant. Les anciens lui avaient attribué de grandes
vertus, comme le prouve le nom qu'ils lui ont donné, qui
dérive de salvere, sauver. Il n’est point douteux d’ailleurs
qu'elle ne soit tonique, stomachique , stimulante, cépha-
lique , sudorifique, et qu’elle ne possède ces propriétés dans
un degré assez élevé, ce qui lui mériterait d'être plus usitée
qu’elle ne l’est maintenant. On l’a conseillée dans l'apoplexie,
les affections comateuses , la paralysie, l’épilepsie, les ma-
ladies hystériques, les menstrues difficiles, les indigestions ,
les débilités du système gastrique, les flatuosités , les affec-
tions catarrhales atoniques , etc. Les parties dont on fait
ordinairement usage sont les feuilles en infusion théiforme.
Leur eau distillée, la conserve des fleurs qu’on préparait
autrefois dans les pharmacies, sont maintenant tombées en
Ee 5
458 LABIÉES.
désuélude, et des antres préparations ou compositions ofi-
cinales dans lesquelles la plante entrait ou dont elle faisait
la base , il en est très- -peu de restées dans la pratique.
Les Provençaux aiment beaucoup la Sauge, et ils en
mettent comme assaisonnement dans la plupart de leurs
alimens. Quelques personnes en fament les feuilles comme
d’autres font celles du Tabac. Les Chimois les estiment beau-
coup, et les recherchent tellement que l’on assure que, dans
l'échange qu'ils font pour s’en procurer, ils donnent vo-
lontiers deux à trois caisses de leur Thé pour une de Sauge.
La Sauge des prés, Salvia pratensis, Lin., a des pro-
priétés analogues : à la précédente, et peut, jusqu’à un cer-
tain point, fa remplacer dans les pays du nord, où eïle est
très-commune dans les prés.
La Sauge Sclarée, vulgairement Orvale, Sulnee , Toute-
bonne, Saleia Sclarea, Lin., peut encore être assimilée
aux deux précédentes. Elle a une odeur très-forte et très-
pénétr ante qui, en se combinant aux vins dans lesquels on
la fait infuser, leur donne un faux goût des vins muscats, et
les rends très-emivrans.
256€ Genre. — ROMARIN. RÀOSMARINUS. Lan.
Calice à 2 lèvres, dont la supérieure entière, et linfé-
rieure à 2 dents. Lèvre supérieure de la corolle bifide, l'in-
férieure à 3 lobes, dont le moyen très-grand. 2 étamines à
filamens saillans hors de la corolle.
ROMARIN OFFICINAL, vulgairement le Romarin.
Rosmarinus offcinalis. Lin. Spec. 55.— Rosmarinus.
Blackw. Herb. t. 159. — Pharm.
Sa tige est frutescente, divisée en rameaux nombreux,
pouvant s'élever à la hauteur de 5 à 4 pieds, rarement da-
vantage. Ses feuilles sont linéaires, persistantes, glabres et
luisantes en dessus, blanches et cotonneuses en dessous. Ses
fleurs sont d’un bleu pâle et presque cendré, opposées deux
à deux, por tées sur de éourts pédicelles, et ‘disposé es dix à
vingt et même plus sur un pédonculè commun, pour former
des épis feuillés à leur base, opposés, placés Lans la partie
supérieure des rameaux, Cet arbrisseau croît sur les collines
et les basses montagnes du Languedoc et de la Provence;
il fleurit-enavril et maï.
Ce qui a été dit de la Sauge est en grande partie appli-
j LABIÉES. 459
cable au Romarin. Celui ci est de même éminemment tc-
nique et excitant. On l’emploie en infusion dans l'eau ou
dans le vin, tant intérieurement qu'exlérieurement, Ïl faisait
autrefois la base, ou entrait dans plusieurs préparations phar-
maceutiques, dont beaucoup sont reléguées aujourd'hui dans
lés anciens formulaires. On en retire encore une hui e volatile
dont on fait usage dans la paralysie et autres affections atoni-
ques , à la dose de quelques gouttes sur du sucre où dans un
peu d’eau sucrée. Parmi toutes les eaux spirilueuses dans les-
quelles il entrait, l'Eau de la reine d Hongrie mérite d’é re
distinguée, parce que c'est le Romarin qui en fait la base.
Cette liqueur se prépare par la distillation de ses fleurs et
de ses calices dans l’esprit-de-vin. La reine, qui lui a donné
son nom, la faisait elle-même ; elle assurait en avoir reçu
Ja formule d’un ange, et s'être guérie de la gouite par son
moyen. Cetle eau était beaucoup plus usitée autreluis que
maintenant ; on la donnait à la dose de 1 à 4 gros dans un
verre d’eau sucrée, pour les défaillances, les vertiges, les
vapeurs hystériques et hypocondriaques, etc.
Les Italiens se servent du Romarin pour aroma:iser le
riz. La chair des moutons qui le broutent prend un excel-
lent goût.
259° Genre. — BUGLE. AJUG4A. Lin.
Calice à 5 dents presque égales. Lièvre supérieure de la
corolle très-pelite et à 2 dents fort courtes; Finférieure à
3 lobes, dont le moyen plus grand et échancré en cœur.
BUGLE RAMPANTE , vulgairem. Bugle, petite Consoude.
Ajuga reptans. Lin. Spec. 785. — Bull. Herb. & 315.
— Consolida media. Fuchs, Hist. 391. — Bugula vel
Consolida media. Pharm.
Sa racine esi fibreuse, vivace; elle produit une tige sim-
ple, glabre ou presque glabre, haute de 4 à 8 pouces, garnie
de feuilles ovales oblongues , à peine dentées; les supérieures
sessiles ; les inférieures rétrécies en pétiole el spalulées.
Outre cette Lige, le collet de la racine donne naissance à
plusieurs rejets tout à-fait couchés et rampans, prenant
racine à leurs nœuds, où ils sont garnis de deux feuilles
en général plus allongées que celles de la Uge. Les fleurs
sont bleues où rougeâtres, quelquefois blanches, presque
sssiles , verticillées plusieurs ensemble, et dispostes en un
: Ee 4
440 LABIÉES: ù
épi qui occupe souvent plus de la moitié de la partie supé-.
rieure de la tige. Cette plante croît dans les prés et dans
les bois ; elle fleurit en mai, juin et une partie de l'été.
La biais a joui autrefois d’une grande réputalion en
médecine; elle passait pour astringente, diurétique, apéri-
üve, vulnéraire surtout. On la recommandait dans tous les
flux atoniques, les hémorragies , le crachement de sang,
la dysenterie , Ja leucorrhée , les obsiructions du foie, la
jaunisse, la phthisie, etc. On 1: faisait prendre en arrete
à la dose d'une poignée pour 1 pinte d’eau, ou l’on retirait
le suc de la plante fraîche que l’on prescrivait depuis 1 jus-
qu'à 4 onces. On en préparait aussi des gargarismes pour
les aphtes et les ulcérations de la bouche et des gencives;
enfin on en faisait des applications extérieures sur les Die
sures, les plaies. Aujourd’hui le crédit de la Bugle est beau-
coup diminué; on ne la regarde que comme une des plus
faibles de sa famille. Son eau distillée et son extrait sont tout-
à-fait oubliés.
260° Genre. — GERMANDRÉE, Z'EUCRIUM. Lan.
Calice quinquéfide. Lèvre supérieure de la corolle pro:
fondément échancrée , à 2 divisions courtes et réfléchies 5
l’inférieure à 5 lobes, dont le moyen plus gr and. abus
des élargies arqués, très-saillans , placés dans l’échancrure
de la lèvre supérieure.
GERMANDRÉE MARITIME, Vulgairement Marum.
T'eucrium Marum. Lan. Spec. 788. — Duham. nov. ed,
vol. 6. p. 155. t. 41. — Marum. Pharm,
Sa tige forme un petit arbuste haut de 1 pied ou un peu
plus, divisé en rameaux nombreux, grèles, cotonneux,
blanchâtres, garnis de feuilles petites , ovales-lancéolées,
péliolées, d’un vert grisâlre en dessus, tout-à-fait blanches
et cotonneuses en dessous. Ses fleurs sont d’une couleur
purpur ine , opposées, solilaires dans les aisselles des feuilles
supérieures , portées sur de courts pédoncules, ordinaire-
ment tournées du même côté, et formant de longues grappes
peu garnies. Cette plante cr oft dans les parties marilimes
de la Provence ; elle fleurit en juillet et août.
Toutes les parbes du Marum ont une odeur aromatique
trè: -pénétrante , ce qui annonce en lui des propriétés fort
prononcées, Celles que lui ont attribuées Mindererus et
LABIRES. 4%
Wedelius, qui en ont écrit des dissertations particulières,
sont d'être céphalique , stomachique, carminatif, antiscor-
butique, incisif, sudorifique, aphrodisiaque, emménagogue,
anthelmintique, ete. Cependant on n'en fait en général point
d’usage dans la pratique, surtout dans les pays du nord.
Les chats aiment beaucoup son odeur; elle paraît être
our eux un stimulant qui les anime et excite en eux une
ardeur qui les porte à se rouler sur la plante elle-même, à
la mordre et à la déchirer.
Ces animaux ont encore une singulière prédilection pour
une autre plante de cette famille, mais d’un genre différent,
et 1ls la recherchent autant et plus encore peut-être que le
Marum. Cette autre plante, à raison de celte sympathie, a
été nommée Cataire, Chataire , ou Herbe au Chat: c’est
le Nepeta Cataria. Lin. On l’'employait autrefois pour pro-
voquer les règles, et dans les affections hystériques; aujour-
d’hui elle est hors d'usage.
GERMANDRÉE CHÈNETTE, vulgairement petit Chéne,
Chénette, Germanürée.
Teucrium Chamædrys. Lin. Spec. 590.— Chamædrys
Trissago. Blackw. Herb. t. 180. — Chamædrys. Pharin.
Sa racine estrampante, fibreuse, vivace; elle produit une
tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, étalés, pu-
bescens , longs de 4 à 6 pouces, garuis dans toute leur lon-
gueur defeuilles ovales ou ovales-vblongues, d’un vert gai en
dessus , à peine velues ; les inférieures obtuses à leur sommet,
bordées de crénelures profondes, entières et rétrécies en pé-
tiole à leur base; les supérieures sessiles, aiguës. Ses fleurs
sont purpurines, rarement blanches, disposées : à 3 en-
semble dans les aisselles des feuilles supérieures. Celle plante
croît dans les bois montagneux et sur les coliines ; elle fleurit
en juillet et août.
Le petit Chène est tonique , stomachique, fébrifuge , apé-
ritif, antiscorbutique; le principe amer esi beaucoup plus
développé en lui que la partie aromatique. On l’a recom-
mandé pour les fièvres intermittentes, l’atonie des premières
voies, l’obstruction des viscères, la jaunisse, Phydropisie,
le scorbut, la goutte, la suppression des règles, la chlorose.
On le prescrit en poudre à la dose de 1 demi-gros à 1 gros,
et en infusion théiforme à celle d’une ou plusieurs pincées
pour une pinte d'eau. Son extrait n’est plus guère usité. Cette
#2 LABIÉES.
plante entre dans plusieurs préparations pharmaceutiques ;
parmi lesquelles je ne citerai que la Thériaque et le sirop
d’Armoise composé ; elle est aussi une des substances de la
poudre du duc de Portland, si vantée en Angleterre, il y
a soixante et quelques années, contre la goutte, les rhu-
malismes, et qui est composée de parties égales de racines
. d’Aristoloche ronde, de Gentiane, de grande Centaurée et
de feuilles de petite Centaurée, de petit Chène et d’Avette.
GERMANDRÉE AQUATIQUE, ou GERMANDRÉE D'EAU,
vulgairement Scordiurm , Chamarras.
Teucrium Scordium. Lin. Spec. 790. — Bull. Herb.
t. 205. — Scordium. Pharm.
Sa racine est fibreuse, rampante, vivace; elle produit une
ou plusieurs tiges, velues comme toute la plante, rameuses,
couchées à leur base, ensuile redressées, hautes de 4 à 8
pouces, garnies de feuilles ovales-oblongues, ssssiles, molles
au toucher, crénelées ou dentées en leurs bords. Ses fleurs
sont rougeûtres, portées sur de courts pédoncules, solitaires
ou deux ensemble dans l’aisselle des feuilles supérieures.
Celte plante croît dans les prés humides et marécageux;
elle fleurit en juillet et août.
Le Scordiam joint, à une saveur très-amère , une odeur
forte, pénétrante, et qui a beaucoup de rapport avec celle
de PAil. Ses propriétés sont d’être tonique, dépuratif, anti-
scorbutique, fébrifuge, antiseptique, anthelmintique , et 11
a aussi élé compté parmi les Vulnéraires, dont la classe
était si nombreuse dans l’ancienne matière médicale. Les
maladies dans lesquelles on en fait usage sont les affections
culanées, les fièvres intermitientes, les putrides, les ma-
lignes, les pestilentielles, la goutte, le scorbut, les vers.
Extérieurement, il a quelquefois été employé avec avan-
tage sur les ulcères sordides et sur les plaies gangréneuses.
Intérienrement, on en prescrit l’infusion d’une demi-poignée
à une poignée pour 1 à 2 livres d’eau. Autrefois on en fai-
sait, dans les pharmacies, une conserve, une eau distillée,
un extrait, un sirop, une teinture, un vinaigre : presque
toules ces préparations sont aujourd’hui oubliées. Le Scor-
dium paraît cependant êlre une plante qui mériterait d'être
plus usitée; mais sans doute que pour en retirer de l’avan-
tage, il faudrait s’en servir en nature, comme en poudre,
quand elle est sèche, ou en faire prendre le suc lorsqu’elle
LABIÉES. - 443
est fraîche, Elle entre dans plusieurs électuaires, et donne
son nom à celui qu'on appelle Diascordium.
: La Germandrée sauvage, vulgairement Sauge des bois,
Sauge sauvage, Faux Scordium (Teucrium Scorodonia.
Lin. ), a des propriétés analogues au vrai Scordium , mais
elle est beaucoup plus rarement employée. Quelques auteurs
. l'ont recommandée comme anti-vénérienne.
CERMANDRÉE IVETTE, vulgairement Zvetteou Yvette.
Teucrium Chhamæpytis. Lin. Spec 787.— Chamæpytis
prima. Dod. Pempt. 46. — Chamæpytis. Pharm.
Sa racine est annuelle , menue , fibreuse : elle donne naïis-
sance à 1 tige rameuse dés sa base, partagée en rameaux
élalés, velus comme toute la plante, longs de 6 à 8 pouces,
garuis de feuilles opposées, partagées pour la plupart jusqu'à
plus de moitié en 5 découpures linéaires. Ses fleurs sont
jaunes, marquées de quelques taches rougeâlres , sessiles et
solilaires dans les aisselles des feuilles supérieures. La plante
entière a une odeur de résine analogue à celle qui découle
des Pins et des Sapins. On la trouve dans les champs arides
el sablonneux ; elle fleurit en mai, juin et juillet.
La Germandrée Ivette est aromatique, céphalique , apé-
ritive, tonique, anti-spasmodique et emménagogue. On l’a
beaucoup préconisée autrefois contre la goulte; son usage
habituel était, disait-on , un moyen de prévenir les accès de
celte maladie. On l’a aussi employée dans la sciatique, la
paralysie, les rhumatismes, les affections catarrhales, les
obstructions, la jaunisse, l’hydropisie, ele. En nature et en
poudre on la donne à la dose de 1 gros; en imfusion théi-
forme, on peut la prescrire de 1 demi-once à 1 once dans 1
à 2 livres d’eau. L/[vette commune entre dans le sirop d’Ar-
moise et dans plusieurs autres préparations pharmaceu-
tiques , peu ou point du tout employées aujourd'hui, comme
sont entre autres les pilules d’ivette. Son extrait est égale-
ment tombé en désuétude.
GERMANDRÉE MUSQUÉE, vulgairement Jvelte musquée.
Teucrium Toa. Lin. Spec. 787. — Anthyllis altera.
. PAR ”
Clus. Hist. CLXXXVI. — Chamæpytis moschata. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente, parce qu'elle est
plus velue dans toutes ses parties, parce que ses tiges sont
plus dures, et surtout parce que ses feuilles sont entières ,
LE LABIÉES.
munies seulement de 1 à 2 dents à leur sommet. Ses fleurg
sont ordinairement rougeâtres, quelquefois cependant elles
sont d’un jaune clair. ‘l'oute la plante a une saveur amère
et une forte odeur résineuse, ayant quelquefois beaucoup
d’analogie avec celle du Musc, surtout pendant les grandes
chaleurs. Elle croît dans les champs du midi de la France,
et fleurit en mai et juin.
Les propriétés de l’Ivette masquée sont les mêmes que
celles de l’Iveite commune, et ces deux plantes peuvent in-
différemment être employées l’une pour l'autre.
261° Genre. — Hvsofr. AYssoPrus. Lin.
Calice cylindrique , strié, à 5 dents. Tube de la corolle
égal au calice ; lèvre supérieure courte et échancrée; l’in-
férieure à 5 lobes, dont le moyen en cœur et crénelé. Ela-
mines saillantes hors de la corolle.
HYSOPE OFFICINALE, vulgairement l’Æ/ysope.
Hyssopus officinalis. Lin. Spec. 796. — Bull. Herb.
t. 522. — AHyssopus. Pharm.
Sa racine est dure, fibreuse, vivace; elle produit 1 ou
plusieurs tiges droites, presque ligneuses inférieurement,
hautes de 1 pied ou environ, garnies de feuilles linéaires-
lancéolées, glabres, d’un vert foncé. Ses fleurs sont bleues,
rarement rouges ou blanches, presque sessiles, plusieurs
ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures, et dis-
posées en épis tournés du même côté. Cette plante croît dans
les montagnes et sur les collines des départemens du midi;
on la cultive dans les jardins ; elle fleurit en juin et juillet,
L’H ysope a une odeur forte, assez agréable, et un goût
âcre et aromatique. Elle est tonique, stomachique, inci-
sive et béchique. On en fait particulièrement usage dans
les catarrhes atoniques, à la fin des rhumes qui se sont
prolongés, lorsque Ja période inflammatoire ést passée,
dans l'asthme humide, enfin toutes les fois que l’action
du système pulmonaire paraît ralentie par l’effet d’une fai-
blesse quelconque, et lorsqu'elle paraît avoir besoin d’être
rauhnpée. Dans ces cas, lHysope, en fortifiant le poumon,
facilite l'expectoration de ces matières glaireuses et vis-
queuses dont la présence, en irritant les bronches, donnait
lieu à une toux plus ou moins fréquente. Les parties de celte
plante dont on fait usage sont les feuilles et les somimilés
LABIÉES. 445
fleuries ; elles se prescrivent en infusion théiforme et par
pincées. On prépare, dans les pharmacies , un sirop d’H y-
sope qui s'emploie dans les mêmes cas que la plante, Son eau
distillée sert aussi pour mettre dans les polions pectorales un
peu excitantes. La conserve des fleurs n’est plus guère en
usage aujourd'hui. L’Hysope entre encore dans quelques
compositions pharmaceutiques, comme Île Baume tran-
quille, PEau vulnérarre, ete.
262° Genre, — LAVANDE. LAVANDULA. Lin.
Calice cylindrique, strié, à 5 dents. Corolle à tube plus
long que le calice, à limbe partagé en 5 lobes inégaux, for-
mant 2 lèvres imparfaites. Etamines non sallantes.
LAVANDE Aspic, vulgairement Spic, Aspic, Lavande,
Lavande müle, Faux-Nard.
Lavandula Spica. Liv. Spec. 800.— Bull. Herb. t, 537.
— Lavandula major seu Spica. — Pharwm.
Cette plante est un petit arbuste formant une touffe qui
s'élève à la hauteur de 2 pieds ou environ. Sa souche lizneuse
et divisée en quelques branches persistantes, donne naissance
à beauconp de rameaux annueis, simples, droits, eflilés,
garnis , dans leur partie inferieure, de jeuilles linéaires, ses-
siles, verdâtres, un peu rudes au toucher. Ses fleurs sont
bleues , disposées, 6 à 12 ensemble, par verticilles formant
un épi terminal : les verticilles inférieurs sont un peu distans
les uns des autres, et chacun d'eux est muni de 2 bractées
presque cordilormes. Les calices sont revêtus d’un duvet
cotonneux, bleuâtre. Cette Lavande croît sur les collines
exposées au soleil, et au pied des montagnes en Provence,
en Languedoc, en Dauphiné; on la cultive dans les jar-
dins du nord ; elle fleurit en juin et juillet.
Toutes les parties de la Lavande ont une saveur chaude,
légèrement amère, et une odeur agréable très-pénélrante et
très-durable, C’est une des Labiées dans lesquelles le principe
aromatique prédomine le plus sur le principe amer, Elle
possède daus un degré éminent la propriété tonique et exci-
tante, qui se retrouve plus ou moins dans les diverses plantes
de cette famille. C’est surtout sur le système nerveux qu’elle
exerce une action fortifiante très-énergique. Cette considé-
ration la fait employer avec ayantage daus toutes les mala-
dies où ce système paraît attaqué d’une débilité marquée.
446 LABIÉES.
Ainsi elle convient aux individus faibles, sujets aux syn-
copes, aux vertiges, aux tremblemens, aux mouvemens
spasmodiqués. On s'en est servi utilement dans les fièvres
malignes, les affections soporeuses, Paménorrhée, laphonie.
Les parties de la plante dont on fait usage sont les fleurs, et
c’est le plus souvent en infusion théiforme qu’on les emploie
à la dose de r à 2 gros pour une pinie d’eau.
Ces mêmes fleurs font la base de plusieurs préparations
pharmaceutiques, et elles entrent dans la composition de
plusieurs autres. Les préparations essentiellement faites avec
elles sont l’eau distillée de Lavande, sa teinture spiritueuse ,
sa conserve, son vinaigre, son huile volatile. Les composi-
tions officinales dout elles font partie sont nombreuses ; entre
les principales, on pent citer l'Eau générale, l'Eau vulné-
raire, le Vinaigre antiseptique, le Baume tranquille, etc.
L'eau distillée se prescrit dans les potions anti-spasmo-
diques, cordiales, à la dose de 1 à 4 onces. La teinture spi-
ritueuse s'emploie à l’intérieur depuis 1 demi-gros jusqu’à
1 gros; on s’en sert dans la paralysie, et elle est trés-propre,
_ comme l’eau de Cologne, l’eau de Mélisse, à rappeler au
sentiment les personnes évanouies. Le vinaigre de Lavande
convient pour le même usage. Ce dernier sert principale-
ment pour la toilette des femmes, dans les ablutions; c’est
un cosmétique très-propre à entretenir le ton de la peau , et
à en prévenir le relâchement. L'huile volatile qu’on pré-
pare, surtout en Provence, est âcre, jaunâtre: on la connaît
sous le nom d’Auile d’ Aspic. Elle contient du Camphre en
plus grande quantité que celle d’aucune autre Labiée; dans
ies pays chauds, celui-ci fait, selon M. Proust, environ le
quart de son poids. Cette huile s'emploie avec avantage en
ouctions sur les membres paralysés. Rarement on la prescrit
à l’intérieur , et seulement à la dose de quelques gouttes.
Pour les bains et les fumigations aromatiques, la Lavande
est une des meilleures plantes dont on puisse se servir.
La Lavande à feuilles larges, vulgairement Lavande fe-
melle (Lavardula latifolia. Bauh.), ressemble beaucoup
à la précédente, mais elle en diffère par ses feuilles plus
larges, blanchâtres; par ses rameaux divisés dans leur
partie supérieure ; par ses calices moins cotonneux, mais
creusés de stries plus profondes; et enfin, parce queses brac-
tées sont étroites et linéaires. Elle croît dans les mêmes lieux
que la précédente, el fleurit en même temps.
; LAPBIÉES. 447
Ses propriélés sont celles de Ja Lavande Aspic; elles sont
seulement un peu moins actives, ce qui tient à ce que leur
principe aromatique est moins déveluppé. On en fat en
général beaucoup moins d'usage.
LAVANDE STÉCADE, vulgairement Sféchas arabique,
Stéchas.
Lavandula Stæœchas. Vin. Spec. 800. — S/œchas ara-
bica vel purpurea. Blackw. Herb, L. 241. — Stœchas ara-
bica. Pharm.
Cette espèce est un arbuste très-rameux, de la hauteur
de 1 à 2 pieds, dont la tige forme inférieurement une souche
ligneuse, partagée en plusieurs branches persistantes, les-
quelles se divisent en un plus grand nombre de rameaux
droits, garnis dans Loute leur longueur de feuilles linéaires,
sessiles, veloutées , blanchätres , repliées en leurs bords. Ses
fleurs sont petites , d'un pourpre foncé, disposées an som-
met de chaque rameau en verlicillés serrés et formant un
épi ovale-oblong ou cylindrique, surmonté d’une touffe de
feuilles assez grandes el bleuâtres. Cette plante croît dans
les lieux secs et pierreux du Languedoc, de la Provence et
des îles d’'Hières; elle fleurit en mai et juin. .
L'’odeur forte de cette espèce, qui approche beanconp de
celle du Camphre, paraît indiquer que cette substance ÿ
est contenue dans une proportion au moins égale, peuts
être, à celle qui en existe dans l’Aspic : aussi toutes les pro-
priélés de cette dernière se retrouvent-elles dans le Stéchas.
Celui-ci s’employait autrefois, avec avantage, dans les
maladies nerveuses, dans les affections atoniques fe la poi-
trine , telles que HA catarrhes et l’asthme, dans les fièvres
muqueuses, dans la chlorose , la suppression des règles.
Aujourd’hui il est très-peu st Les parties de la plante
auxquelles on donne la préférence pour l'usage, sont les
épis de fleurs que l’on prescrit en infusion tHaferiee à
Ja dose de 1 à 2 gros pour une pinte d’eau. On prépare
dans les pharmacies un sirop auquel ie Stéchas donne son
nom, mais dans lequel entrent encore plusieurs autres aro-
mates. Cette plante fait partie de la Thériaque et d’autres
composiliuns officinales moins employées.
265° Genre. — MENTHE. MENTHA. Lin,
Calice à 5 dents presque égales. Corolle un peu plus
446 LABIÉES.
grande que le calice, à 4 lobes presque égaux, dont le su-
périeur un peu plus large que les autres et échancré. Eta-
mines dislantes.
MENTHE POIVRÉE.
Mentha piperita. Smith. FI. Brit. 2. p: 615. — Pharm.
Sa racine est rampante, fibreuse, vivace; elle produit
des tiges droites, rameuses, hérissées de quelques poils,
hautes de 1 pied et demi à 2 pieds, garnies de feuilles pétio-
lées, ovales-lancéolées, dentées en leurs bords, d’un vert
foncé et presque glabres en dessus, plus pâles et pubescentes
en dessous. Ses fleurs sont purpurines, petites, disposées .
plus de vingi ensemble par verticilles formant un épi termi-
nal, obtus à son sommet, un peu interrompu à sa base. Les
bractées et les dents des calices sont ciliées , et les étamines
non saillantes hors de la corolle. Cette plante passe pour
êlre originaire de l’Angleterre ; mais on la cultive abondam-
ment dans les jardins, où elle fleurit en août et septembre.
La Menthe poivrée est tonique, stomachique, carmina-
tive, anti-émétique , antispasmodique. ‘Foutes ses parties
ont une odeur pénétrante , agréable, comme de Camphre;
leur saveur, qui est très-aromatique, laisse dans la bouche
un sentiment de froid , quoique la nature en soit éminem-
ment chaude. On fait usage de ses feuilles et de ses sommités
fleuries, et ou les emploie en infusion théiforme , à la dose
d’une pincée à une poignée pour 1 pinte d’eau; plus rare-
ment on les fait prendre en nature et en poudre, depuis
24 grains jusqu’à 1 gros à la fois. On prescrit la Menthe
poivrée dans les débilités de l'estomac, contre les vomisse-
inens spasmodiques. les flatuosités, les affections soporeuses,
la céphalalgie, les fièvres nerveuses, et encore dans l'asthme
humide, les catarrhes atoniques des vieillards, la leucor-
rhée, le défaut de menstruation.
Il n’y a que quelques années que M. Astier, pharmacien,
a proposé, comme moyen propre à guérir la gale, des lo-
tions sur les boutons psoriques avec une forte infusion
de Menthe poivrée, et les expériences faites à ce sujet dans
les hôpitaux ont confirmé l'efficacité de ce remède qu'il
faut employer pendant quinze jours de suite pour obtenir
une guérison complète. |
Dans les pharmacies, cette plante sert à plusieurs pré-
paralions ; on en fait une eau distillée, une teinture alcoo-
LABIÉES. 449
lique , et l'on en retire une huile essentielle. L'eau distillée
s’emploie dans les potions antispasmodiques , stomachiques,
à la dose d’une à 4 onces; elle fait la base d’une potion très-
estimée et très efficace contre Le vomissement, dans laquelle
elle entre à la dose de 4 onces, et dont les autres ingrédiens
sont 1 once de sirop de Limon et demi-gros de sel d’Ab-
sinthe, le plus souvent remplacé aujourd’hui par le Carbo-
nale de polasse. La teinture alcoolique et l’huile essentielle
se donnent dans les potions cordiales : la première à la dose
d’un à 2 gros sur 4 à 5 onces de liquide, et la seconde à
celle de 2 à 4 gouttes.
MENTHE CRÉPUE, ou MENTHE FRISÉE,
Mentha crispa. Lin. Spec. 605. — Mentha. Pharm.
Ses tiges sont velues, hautes de 2 pieds ou environ, gar-
nies de feuilles sessiles, arrondies, velues et ridées en dessus,
cotonneuses en dessous, molles au toucher, dentées et cré-
pues en leurs bords. Ses fleurs sont Lrès-petites, d’un pourpre
clair, disposées, au sommet des tiges et des rameaux, en épis
serrés, cylindriques, longs de 2 à 3 pouces, et rétrécies en
pointe à leur extrémité. Leur calice est très-velu, et les
étamines ne sont pas saillantes, Cette plante croît dans le
midi de l’Europe, et on la cultive dans les jardins à cause de
ses usages ; elle fleurit en août et septembre.
De toutes les espèces de ce genre, celle-ci était autrefois
la plus usitée, c'est elle qui, dans le Codex de l'ancienne
Faculté, est citée comme devant faire partie d’un assez
grand nombre de compositions pharmaceutiques qui ont
presque toutes vieilli, et ne sont plus , ou au moins fort rare-
ment, employées de nos jours. Ses propriétés sont analogues
à celles de la Menthe poivrée, mais comme on la croit plus
faible dans sa manière d'agir, on lui préfère généralement
aujourd'hui cette dernière.
Il y a encore la Menthe à feuilles rondes, vulgairement
Menthe sauvage, Baume d’eau à feuilles ridées ( Mentha
rotundifolia. Län.), la Menthe élégante, vulgairement
Menthe commune, Baume des jardins, Herbe du cœur
(Mentha gentilis. Lin.), la Menthe verte, ou Menthe à
feuilles étroites, Ménthe à épi, Menthe de Notre - Dame,
Menthe romaine (Wentha viridis. Lin.),la Menthe aqua-
tique, communément Menthe rouge, Baume d'eau à feuilles
rondes (Mentha aquatica. Lin.), et enfin la Menthe Pou-
FE
450 LABIÉES. |
: liot, ou tout simplement le Pouliot (Wentha Pulevium. Lin.)
"Toutes ces espèces peuvent, au défaut des deux premières,
être employées à leur place. su
Quelques personnes mangent, comme assaisonnement À
les feuilles des Menthes dans les saïades, et particulièrement
celles de la Menthe élégante et de la Menthe verte,
264° Genre. — GLÉCOME. GLECOMA. Lin.
Calice cylindrique , strié, à 5 dents inégales. Corolle une
fois plus grande que le calice, à limbe partagé en 2 lèvres,
dont la supérieure bifide, et l'inférieure à 3 lobes, le moyen
étant plus grand et échancré. Anthères rapprochées 2 à 2 en
forme de croix.
GLÉCOME HÉDÉRACÉ, vulgairement Zierre terrestre,
Terrette, Rondotte, Herbe de Saint-Jean.
Glecoma hederacea. Lin. Spec. 807. — Bull. Herb,
t. 241. — Hedera terrestris. Pharm.
Sa racine est fibreuse, vivace ; elle produit plusieurs tiges
grèles, quadrangulaires, presque glabres, rampantes , lon-
gues de 8 pouces à 1 pied, donnant naissance à chacun de
leurs nœuds à des rameaux redressés, hauts de 4 à 6 pouces,
garnis de feuilles opposées, pétiolées, réniformes ou en cœur,
crénelées en leurs bords. Ses fleurs sont purpurines ou bleuà-
tres, disposées, dans la partie supérieure des rameaux, et
une à trois ensemble dans les aisselles des feuilles. Cette
plante se trouve dans les bois; elle fleurit en mai et juin.
Le Lierre terrestre a une odeur aromatique assez forte,
et üne saveur amère, un peu àcre. Îl est une des plantes qui
ont eu le plus de réputation comme pectorales. Les auteurs
citent une foule d'exemples de guérisons de phthisiques opé-
rées par son moyen, même lorsque les malades étaient déjà
dans l’état le plus fâcheux, et lorsque des crachats purulens
indiquaient l’ulcération du poumon. Mais il est Lrés-probable
que les maladies de poitrine qui ont cédé à l'emploi du
Lierre terrestre n'étaient que des affections catarrhales qui
offraient les apparences de la véritable phthisie, dans la-
quelle il n’est que trop malheureusement démontré que,
jusqu’à présent , toutes les ressources de la matière médicale
ont toujours été impuissantes. C’est donc seulement dans les
calarrhes chroniques que le Lierre terrestre peut être réel-
lement utile ; par ses propriélés légèrement excitantes et
LABIÈES. 453
toniques , il stimule doucement le poumon, facilite lex pec-
toralion des mucosilés dont cel organe et les bronches sont
embarrassés, soulage ainsi les malades, et peut beaucoup
contribuer à leur guérison. Son usage est également très-
utile à la fin des maladies aiguës de la poitrine, lorsque
la période inflammatoire est passée et qu'il est besoin de
redonner du ton au poumon affaibli.
On a aussi vanté le Lierre terrestre comme stomachique,
fébrifuge, diurétique, céphalique , vulnéraire, anti-calcu-
leux mème; mais son action n’est que faible sous plusieurs
de ces rapports, et, sous quelques-uus même, elle est pure-
ment imaginaire. Son usage doit être borné aux affections
de poitrine accompagnées de débilité, ou causées par l’ato-
nie, La manière la plus ordinaire de employer est en in-
fusion théiforme ; on le donne à la dose d’une ou de plu-
sieurs pincées pour une pinte d’eau. On prescrit aussi, quel-
quefois au printemps, son suc dépuré, depuis 2 jusqu'à 4
onces. Dans les pharmacies, on en prépare un sirop qu’on
emploie dans iles mêmes cas que la plante elle-même. La
conserve qu’on en faisait autrefois est tombée en désuétude.
Il entre dans l'Eau et le Baume Vulnéraires.
265° Genre. — LamiEer. LA4MIUM. Lin.
Calice à 5 dents aiguës et ouvertes. Corolle à tube court,
renflé à son orifice, et muni de chaque côté d’une petite
dent réfléchie; à limbe partagé en 2 lèvres, dont la supé-
rieure en voûle et souvent entière, l’inférieure échancrée en
cœur, réfléchie.
LAMIER BLANC, vulgairement Ortie blanche, Ortie
morte.
Lamium album. Lin. Spec. 809. — Bull. Herb. t. 215.
— Lamium album sive Urtica alba. Pharm.
Ses racines sont rampantes, vivaces, fibreuses,; elles pro-
duisent plusieurs tiges redressées, simples, chargées, ainsi
que les feuilles, de quelques poils rares, hautes de 8 à 12
pouces, garnies de feuilles pétiolées, cordiformes, d’un vert
gai, aiguës, bordées de grandes dents. Ses fleurs, disposées
5 à & ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures,
sont sessiles , blanches, assez grandes : leur lèvre supérieure
et les anthères sont velues, Cette plante est commune dans
les bois, Les haies et les buissons; elle fleurit en avril et mai,
Ff2
452 LABIÉES.
L'Orle blanche passe pour astringente, et comme telle
est employée dans les hémorragies et la lencorrhée; on l'a
aussi recommandée dans les scrophules. Quelques médecins
l'ont vantée comme un remède lrès-efficace, beaucoup
d’autres la regardent comme n'ayant que des vertus assez
faibles. Pour l’usage, on préfère généralement les fleurs aux
autres parties de la plante, et on les administre en infusion
théiforme, à la dose d’une ou plusieurs pincées pour une
pinte d’eau bouillante.
266° Genre. — BÉTOINE. BETONICA. lan.
Calice tubulé, à 5 dents très-aiguës. Corolle à tube plus
long que le calice ; à limbe partagé en 2 lèvres, dont la
supérieure droite, presque plane, entière, et l'inférieure
divisée en 5 lobes, dont le moyen plus large et échancré.
BÉTOINE OFFICINALE, vulgairement {a Bétoine.
Betonica officinalis. Lin. Spec. 810. — Bull. Herb.
t. 41. — Betonica. Pharm.
Sa racine, fibreuse, vivace, donne naissance à une tige
redressée , velue, haute de 10 à 15 pouces, garnie, dans sa
partie inférieure, de 3 à 4 paires de feuilles ovales-oblon-
gues , pétiolées, crénelées en leurs bords, échancrées en
cœur à leur base; les feuilles supérieures sont très-écartées
les unes des autres, plus allongées et sessiles. Les fleurs sont
purpurines, disposées en Léle au sommet des tiges, ou un
peu allongées en un épi interrompu à sa base. Cette plante
est commune dans les bois ; elle fleurit en juillet et août.
Les feuilles de Bétoine ont une odeur aromatique, qui,
d’après l'observation de plusieurs auteurs, paraît ètre très-
enivrante lorsqu'elles sont fraîches ; ses fleurs sont presque
inodores. Les propriétés qu’on a attribuées aux premières
sont d'être toniques, céphaliques, expectorantes, apéritives,
sternutatoires, ete. Elles étaient beaucoup plus fréquemment
employées autrefois que maintenant; on.en faisail principale-
ment usage dans les maux de tête, les vertiges, la paralysie,
le tremblement des membres, les catarrhes atoniques, les
maladies du foie, la goutte. Ces feuilles sèches, réduites en
poudre et introduites dans les narines, déterminent une irri-
tation particulière de la membrane pituitaire et produisent
l'éternuement. Les racines passent pour éméliques ; mais
on ne les emploie pas, et leur actiontest d’ailleurs très-faible
LABIÉES. 453
sous ce rapport, car les ayant essayées deux fois à la dose
de 24 grains, elles n’ont pas déterminé un seul vomisse-
ment. ( Z’oyez dans la 2° partie de cet ouvrage, mon Mé-
moire sur les Succédanées de l’Ipécacuanha, (. V.)
On préparait autrefois dans les pharmacies un sirop, Une
conserve de Bétoine, et aussi un emplätre composé qu'on
employait pour les plaies de la tête. Tout cela n’est plus en
usage. Des autres compositions officinales dans lesquelles
cette plante entre encore, les plus connues sont l'eau Vul-
néraire et le sirop de Stéchas.
267° Genre. — MARRUSE. MARRUBIUM. Lin.
Calice à 10 stries et à 5 ou 10 dents. Lèvre supérieure de
la corolle droite, étroite, souvent bifide ; l'inférieure à 3
lobes , dont le moyen plus large et échancré. Orifice du
calice presque caché par des poils pendant la maturauon
des graines.
MAaRRUBE COMMUN , vulgairement Marrube blanc.
Marrubium vulgare. Lin. Spec. 816. — Bull, Herb.
t. 105. — Marrubium. Pharm.
Sa racine est presque ligneuse, un peu épaisse, vivace,
divisée en fibres plus menues ; elle donne naissance à une
ou plusieurs tiges droites, colonneuses , rameuses , hautes
de 1 pied à 18 pouces, garnies de feuilles pétiolées, ovales-
arrondies, crénelées en leurs bords, ridées en dessus, molles
au toucher, cotonneuses et blanchâlres en dessous. Ses fleurs
sont blanches, petites, sessiles , ramassées en grand nombre
par verticilles disposés dans les aisselles des feuilles supé-
rieures. Cette plante est commune sur les bords des champs
et dans les lieux incultes ; elle fleurit en juillet et août.
Le Marrube blanc a une saveur amère, un peu âcre,
el une odeur assez forte, comme légèrement musquée. Les
médecins de l'antiquité l’estimaient beaucoup, et les mo-
dernes le regardent encore comme ayant des propriétés
très recommandables. Celles qu’on lui reconnait sont d'être
tonique, expeclorant, apéritif, emménagogue, et les ma-
ladies dans lesquelles on en fait principalement usage sont
les catarrhes atoniques, l'asthme humide, la chlorose, la
suppression des menstrues, les affections hystériques, les
engorgemens du foie, la jaunisse. On l’a aussi conseillé con-
tre les vers, les scrophules, les fièvres intermittentes. Linné
Fr3
45% LABIÉES. \
assure avoir guéri par son moyen une salivation , suite d’uu
traitement vénérien qui durait depuis plus d’un an. Les
parties du Marrube dont on fait usage sont les feuilles et les
sommilés fleuries, qu'on prescrit en infusion théiforme, à
la dose d’une ,ou plusieurs pincées pour 1 pinte d’eau. Plus
rarement on les administre , quand elles sont sèches, en
poudre depuis 1 gros jusqu'à 2. Le suc clarifié de la plante
fraiche peut se donner depuis 1 once jusqu’à 4. La conserve,
lextrait et le sirop de Marrube sont des préparations qu'on
ne fait plus dans les pharmacies, parce que les médecins en
ont abandonné l’usage, et, excepté le sirop d’Armoise et
la Thériaque dent cette plante doit faire partie, toules les
autres composilions dans lesquelles elle enlrait sont relé-
guées aujourd'hui dans les anciens formulaires.
La plante nommée vulgairement Marrube noir, Mar-
rube puant , appartient à un autre genre, c’est le Ballota
higra. Lin. Trés-rapprochée du Marrube blanc par ses
caractéres botaniques, on doit croire qu’elle en diffère peu
par les propriétés. Ray a fait l'éloge de son infusion contre
l’hystérie et l'hypocondrie; Tournefort contre la goutte;
aujourd’hui elle est tout-à-fait inusitée.
Il en est de même du Marrube aquatique, aussi appelé
Pied - de- Loup, et plus exactement, Lycope d'Europe
(Lycopus Europœus. Lin.). Cette plante est beaucoup
moins aromatique que la plupart des autres Labiées, mais
elle est 4ssez fortement astringente, Anciennement elle à été
employée comme telle et comme détersive. Son principe
asiringent la rend propre à servir pour les teintures noires.
266° Genre. — Or1GAN. ORIGANUM. Lan.
Calice à 5 dents égales, ou à 2 lèvres inégales, dont lin-
férieure à 2 lobes. Corolle à tube comprimé, ayant son limbe
$ us ?
partagé en 2 lèvres , dont la supérieure droite et échancrée,
et l’inférieure à 3 divisions presque égales. Fleurs imbri-
: : Fe pre SAR pd
quées , ramassées en épis serrés, chacune d’elles munie à sa
base d’une bractée colorée.
ORIGAN COMMUN , vulgairement orand Origan, Mar-
. - 2 4 (eo) L2 4
jolaine sauvageou bätarde, Marjolaine d'Angleterre.
Origanum vulgare. VAn. Spec. 824. — Bull. Herb.
15 PS Le
t. 195. — Origanum. Pharm.
L2
Ses racines sont presque ligneuses, brunâtres, vivaces,
LABIÉES. 455
horizontales, munies de fibres menues : elles produisent plu-
sieurs tiges droites, dures, rougeàtres, velues, un peu ra-
meuses dans leur partie supérieure, hautes de 1 pied ou un
peu plus, garnies de feuilles pétivlées, ovales, assez petites,
un peu rétrécies en pointe à leur sommet, légèrement velues
en leurs bords et en leur surface inférieure. Les fleurs sont
purpurines, pelites, accompagnées de bractées d'un rouge
violet, disposées, à l’exirémité de la tige et des rameaux, en
épis serrés, formant une panicule dans leur ensemble. Cette
plante croît dans les bois secs et montueux ; elle fleurit en
Juillet et août.
L'Origan a une saveur âcre et aromatique très-prononcée,
Il est stumachique , céphalique, expectorant , sudorifique ,
emiménagogue. On l'emploie principalement contre les fla-
tuosités, les digestions languissantes, les maux de tête, les
élourdissemens, les affections catarrhales de.la poitrine, la
suppression des règles. Les parties usitées sont les feuilles et
les sommités fleuries que l’on prépare par infusion théiforme
à la dose de 1 ou plusieurs pincées pour une pinte d’eau. On
emploie aussi l'Origan à l'extérieur pour faire des bains aro-
matiques et des fumigations de même nature, qui sont utiles
daus la paralysie et les rhumatismes. L’Origan entre dans
plusieurs compositions pharmaceutiques, dont les plus usi-
tées aujourd'hui sont l’eau Vulnéraire et le sirop d’Armoise,
La Marjolaine, Origanum Majoranoides. Wild. , autre
espèce de ce genre, possède les mêmes propriétés que l'Ori-
gan; mais étant moins commune, on l'emploie beaucoup
plus rarement que celui-ci.
269° Genre. — Tavm. THrmus. Lin.
Calice tubulé, à 2 lévres, dont la supérieure à 3 dents,
et l’inférieure à >. Corolle à tube de la longueur du calice,
à limbe partagé en 2 lèvres, dont la supérieure plus courte,
droite, échancrée , et l’inférieure plus longue, à 3 lobes.
Calice resserré à son orifice et fermé par des poils pendant
la maturation des gra. es.
THYM SERPOLET, vu kairement &erpolet, Pilloler,
Thym sauvage.
Thymus Serpyllum. Lin. Spec. 825. — Serpyllun: vul-
gare. Vaill. ol. Par. t. 52. f, 7 et 9. — Serpyllum. Pharm.
Sa racine est menue, fibreuse, rampaute, vivace, elle
Ff4
456 LABIÉES.
produit des tiges grêles, ligueuses dans leur partie infé-
rieure , couchées et étalées sur la terre, divisées en rameaux
nombreux, ordinairement redressés, hauts de 2 à 4 pouces,
et s’élevant quelquefois jusqu'à 1 pied dans certaines va
riétés. Ses feuilles sont petites, rélrécies en un court pétiole,
glabres en dessus et en dessous, souvent ciliées en leurs bords
ou au moins vers leur base. Ses fleurs sont d’une couleur
purpurine , disposées an sommet des rameaux en une pelite
tête arrondie, ou quelquefois en épi. Le Serpolet est com
mun sur Jes collines exposées au soleil, sur les pelouses et
aux bords des bois; il fleurit en juin, juillet et août
Cette plante a une saveur un peu âcre et amère, avec une
odeur agréablement aromatique. On la regarde comme
céphalique, stomachique, antispasmodique, expectorante,
apérilive, emménagogue. Elle est employée avec avantage
dans la migraine, les vertiges, les déhilités gastriques et 1n-
testinales, les affections spasmodiques, les rhumes anciens,
les catarrhes chroniques l'asthme, la coqueluche, la men-
struation difficile, lengorgement des viscères du bas-ventre.
Les parties en usage sont les sommités fleuries, dont la pré-
paration se fait par infusion théiforme, à la dose de 1 à 4
pincées pour une pinte d'eau.
Le Serpolet communique un très-bon goût à la chair des
moutons qui le broutent.
Le Thym commun, Thymus vuloaris. Lin., qui croît
dans le midi de la France, et qu'on cultive fréquemmer
dans les jardins, a une odeur plus forte, plus pénétrante que
le Serpolet, et il est probable que ses propriétés sont encore
plus prononcées que dans ce dernier; il est cependant fort
rare qu'on en fasse usage en médecine, si ce n’est pour le
laire entrer dans plusieurs préparations pharmaceutiques.
Son huile essentielle s'emploie quelquefois par gouttes sur
du coton, pour meltre dans les dents cariées et douloureuses.
Dans les cuisines, la plante est d’un emploi journalier,
comme condiment dans les sauces, les ragoüûts, etc.
270° Genre. — MéLisse. MELISSA. Lin.
Calice presque campanulé, à 2 lèvres; la supérieure plane,
a 5 dents ; l’inférieure bifide. Lèvre supérieure de la corolle
bifide , un peu en voûte; l'inférieure à 5 lobes, dont le moyen
échancré en cœur,
LABIÉES. 457
MÉLIsSE OFFICINALE, vulgairement Citronelle, Mé-
lisse citronnée, Herbe de Citron, Citronade, Pon-
cirade, Piment des ruches où des mouches a miel.
Melissa officinalis. Lin. Spec. 82. — Mélissa. Blackw.
Herb. t. 27. — Pharm.
Sa racine est horizontale, vivace, de la grosseur d’une
plume à écrire; elle produit une tige droile, rameuse,
presque glabre, haute de 1 pied et demi ou un peu plus,
garnie de feuilles ovales, pétiolées, légèrement échancrées
en cœur à leur base, crénelées en leurs bords, chargées de
poils rares et courts. Ses fleurs sont blanches, portées sur
des pédoncules rameux et disposées plusieurs ensemble par
pelits paquets axillaires, occupant une grande partie de la
longueur de la tige et des rameaux. Celte plante croit at
long des haies dans le midi de la France; on la cultive dons
les jardins, où elle fleurit en juin et juillet.
La Mélisse est cordiale, stomachique, céphalique , anti-
spasmodique, sudorifique, eniménagogue. On la prescrit
pour les étourdissemiens , les vertiges, l'apoplexie, les affec-
tions spasmodiques et hystériques, la syphilis, la suppres-
sion des règles, ete. Les parties de la plante dont on fait
usage sont les feuilles recueillies avant la floraison, parce
qu’elles ont alors une odeur beaucoup plus agréable. Elles
se préparent en infusion théiforme, à la dose de 1 à 4 pincées.
Elles servent dans les pharmacies à faire une Eau de Mélisse
simple et une Eau de Mélisse spiritueuse. La premiére se
donne à la dose de 2 à 6 onces dans les potions cordiales et
antispasmodiques. La seconde, qui est beaucoup plus éner-
gique, à cause de l’esprit-de-vin et de plusieurs aromates qui
entrent dans sa composition , se fait prendre depuis 1 gros
jusqu’à demi-once, pure ou mêlée avec un peu d'eau sucrée,
dans les défaillances, les syncopes, les affections spasmo--
diques, l’asphyxie. L’extrait, la conserve et le sirop de
Mélisse sont , surtout les deux premiers, peu ou point em-
ployés aujourd’hui, et quelques autres compositions offici-
nales dont cette plante faisait partie , sont de même tombées
en désuétude, excepté le sirop d’Armoise.
La Mélisse Calament , vulgairement Calament de mon-
tagne, Melissa Calamintha, Lin., approche de la Mélisse
pour ses propriétés, mais comme elle est plus faible et moins
agréable au goût, on n’en fait presque pas d'usage.
458 LABIÉES:
- Il en. est de même de la Mélisse sauvage ou bâtarde, Mé-
lisse de bois où de montagne, Mélisse puante ( Melitis
Welissoph\llum, Lin.). Cette plante a une odeur forte qui
Ja fait ordinairement rebuter ; mais il est probable que dans
plusieurs cas elle pourrait remplacer la Mélisse officinale.
Famille LXXEET.
BORRAGINÉES.
Un calice monaphy Île, persistant, à 5 divisions; 1 co-
rolle monopétale, à 5 lôbes ordmairement réguliers ; 5 éta-
mines: 1 Ovaire supérieur à # lobes, surmonté d’un siyle
simple , à sligmate entier ou bifide; 4 graines ou plutôt 4
petites noix monospermes, atlachées au fond du calice : tels
sont les caractères des plantes de cette famille.
Les Bcrraginées sont des herbes à feuilles simples et al-
ternes ; à fleurs ordinairement disposées en grappes termi-
yales et tournées d’un même côlé.
Les propr iétés les plus positives des plantes de cette fa-
mille sont d'être émollientes et mucilagineuses. Un principe
légèrement excitant fait que quelques - unes sont un peu
sudorifiques et astringentes. Dans plusi: urs espèces, l'écorce
des racines contient une matière colorante d’un rouge plus
ou moins foncé , qui ne se dissout bien que dans alcool,
l'huile ou les graisses.
271° Genre. — BOURRACHE. BORRAGO. Lin.
Calice à 5 divisions. Corolle en étoile ou en cloche très-
évasée, à 5 lobes égaux. 5 écailles échancrées. Anthères
oblorigues , presque sessiles, insérées à la base des écailles,
Graines ridées. “Ne
BOURRACHE OFFICINALE, vulgairement /a Bourrache
ou Bourache.
Borrago offivinalis. Lin. Spec. 109. .—Borag vo. Blackw.
Herb. t. 56. — Pharm.
Sa racine est de la grosseur du doigt, annuelle, blanche,
partagée en plusieurs fibres: elle produit une tige droite,
creuse, rameuse, haute de 1 à 2 pieds, garnie de feuilles
hérissées, ainsi que les tiges et les calices, ‘de poils piquans.
De ces feuilles, les inférieures sont ovales, pétiolées; et les
BORRAGINÉES. 459
supérieures ovales-lancéolées, sessiles. Ses fleurs, ordinaire-
ment bleues et variant du blakc au rose , sont portées sur
de longs pédoncules , disposées à l'extrémité de la tige et des
rameaux en grappes bifurquées; leur corolle est en étoile,
et les anthères forment une colonne conique et:saillante,
Cette plante croît sur le bord des champs et daus les lieux
cultivés; elle fleurit pendant une grande partie de l'été.
La Bourrache passe pour apéritive, diurétique , diapho-
rétique , expectoranle , dépurative, On l'emploie dans les
rhumes, la pleurésie, la péripneumonie , les fièvres bilieuses,
les engorgemens des viscères , les maladies de la peau. Les
parties de la plante dont on fait usage sont les feuilles et Les
fleurs. Les feuilles se prescrivent en légère décoclion , à la
dose d'une pincée à une demi-poignée pour une pinte d'eau.
On fait aussi prendre leur suc , lorsqu'elles sont fraiches,
depuis 1 once jusqu'à 4. Elles sont trés-usilées aujourd hui
dans Ja pralique ordimaire , quoique leurs propriétés soient
réellement assez faibles.
Les anciens médecins mettaient les fleurs de Bourrache
au nombre des-quatre fleurs cordiales, dont les trois autres
élaieut celles de Buglose, de Violette et de Rüse; mais les
unes et les autres sont inusitées aujourd'hui sous ce rapport,
parce qu’elles ne paraissent douées d'aucune qualité tonique
et excitante. Lorsqu'on fait usage maintenant des fleurs
de Bourrache, c'est comme adoucissantes et pectorales ;
fraiches, on les mange dans les salades.
Le sirop de Bourrache, la conserve de ses fleurs, qu'on
préparait autrefois dans les pharmacies, sont musilés main-
tenant , et l'on pourrait très-bien se dispenser de metre la
plante dang plusieurs compositions dont elle doit faire per-
tie, mais auxquelles elle ne communique aucune vertu.
Son eau distillée est assez souvent prescrite comme exci-
pient dans les potions pectorales: on peut sans inconvénient
lui substituer de l’eau distillée simple ; c’est ce que font beau
coup d’apothicaires. |
272° Genre. — BUGLOSE. ANCHUSA. Lin.
Calice à 5 divisions plus ou moins profondes. Corolle en
entonnoitr , à 5 lobes arrondis, ayant l'entrée du tube fer-
mée par à 'écaill es oblongues, proéminentes et conniventes.
Graines obtuses.
46o BORRAGINÉES.
BuGLose D'ITALIE, vulgairement /a Buglose.
Anchusa Ttalica. Willd. Spec. 1. p. 756. — Anchusa
officinalis. Lam. Dict. 1. p. 502. — Buglossum seu Bu-
glossa. Pharm.
Sa racine est oblongue, cylindrique, vivace, de la gros-
seur du doigt, brunatre en dehors, blanche en dedans ;
elle donne naissance à une Uige dr oile , haute de 1 à 2 2 pieds,
hérissée, ainsi que les feuilles et les Cali , de poils nom-
breux , Pr el blanchâtres. Ses feuilles radicales et celles
de la partie inférieure de la tige sont étroites-lancéolées,
rélrécies en péliole à lear base; les supérieures sont lan-
céolées , sessiles, semi-amplexicaules. Ses fleurs, bleues cu
violettes, quelquefois blanches, sont disposées au sommet
des liges sur des rameaux bifides, en grappes unilatérales ,
dout l’ensemble forme une sorte de panicule : les écailles de
Ja corolle étant fortement velues ont la forme de petits pin-
ceaux. Ceite plante se trouve assez communément sur les
bords des champs; elle fleurit en mai, jum et juillet.
Les propriétés de la Buglose sont les mêmes que celles de
la Bourrache, et l'on peut employer ces deux plantes in-
différemment l’une pour l’autre. La conserve de fleurs de
Buglose qu'on prépar ait dans les pharmacies est tombée en
dé Re GER ainsi que la plupart des compositions officinales
dans lesquelles entrait la plante.
La partie corticale de la racine de Buglose des teinturiers,
vulgairement Orcanette ( Anchusa tinctoria, Lin.) , que
beaucoup de botanistes placent maintenant dans le genre
Grémil (Zithospermum , Vän.), contient un principe
colorant très-développé, et elle est en usage pour les tein-
tures rouges. Les pharmaciens l’emploient pour commu
uiquer à l’onguent Rosat une belle couleur rose ; les disul-
lateurs et les confiseurs s’en servent aussi pour Ant celte
méme couleur à certaines liqueurs de table et à des dragées
ou autres sucreries.
Les graines du Grémil officinal , vulgairement Herbe aux
perles (Lithospermum officinale, Lan.), espèce d'un genre
voisin des Bugloses, ont passé autrefois pour être puis-,
samment diurétiques et lithontriptiques ; elles pouvaient,
disait-on, briser et réduire en poudre les calculs urmaires ;
aujourd’ Hu elles sont, avec raison, entièrement totnbées
en désuétude. On ne croit plus à ces vertus merveilleuses
BORRAGINÉES. 461
de cerlaines plantes, qui ne RSUNEnE supporlier un examen
raisounable , et qui, en général, étaient d'autant plus van-
tées, que leurs propriétés réelles se réduisaient à une inertie
et à une nullité absolues.
273° Genre. — PULMONAIRE. PULMONARIA. Lin.
Calice campanulé, à 5 dents. Corolle en be de nue
à l'entrée du tube, ayant son limbe parlagé en 5 Robes r'é-
guliers. Graines lisses.
PULMONAIRE OFFICINALE, Vulgairement grande Pul-
monaire, Herbe au tait de Notre-Dume, Herbe
aux poumons , Herbe de cœur.
Pulmonaria officinalis. Lin. Spec. 194. — Pulmonaria
maculosa et non maculosa. Flor. Dan. t, 482. — Pulmo-
naria. Pharm.
Sa racine est blanchätre, vivace, composée de plusieurs
fibres assez grosses; elle produit une ou plusieurs tiges sini-
ples, redressées , hautes de 6 pouces à 1 pied, garnies de
feuilles dont les radicales sont ovales, aiguës, un peu en
cœur à leur base, portées sur d’assez longs pélioles, tandis
que les caulinaires sont ovales-lancéolées ; .les unes et les
autres sont d'un vert foncé, hérissées de poils, ordinairement
parsemées de taches blanchâtres, quelquelois d’un vert uni-
forme. Ses fleurs sont bleues ou rougeâtres, pédonculées,
disposées à l’extrémité des tiges en grappe bifurquée ou
même un peu rameuse. Cette plante est assez rare en France;
on ne la trouve que dans les bois de quelques départemens
du nord ; elle fleurit en avril et mai.
PULMONAIRE A FEUILLES ÉTROITES, vulgairement petite
Pulmonaire.
Pulmonaria angustifolia. Liu. Spec. 194. — Flor. Dan,
t. 403. — Pulmonaria. Pharm.
Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles radi-
cales, lancéolées, jamais ovales-cordiformes; celles de la tige
sont aussi plus étroites. Elle est très-commune dans les bois à
l'ombre, où elle fleurit en avril et mai, quelquefois même
dès la fin de mars.
Les feuilles de Pulmonaire passaient autrefois pour adou-
cissanies et béchiques. On les employait dans le erachement
de sang, dans diverses affections de poitrine, et surtout dans
LA
4G2 BORRAGINÉES.
la phthisie. On les donnait en décoction dans les tisanes et
dans les bouillons dits pectoraux. Aujourd'hui elles ne sont
plus que tr ès-peu en usage, et sont regardées comme n'ayant
aucune propriété bien positive. Ray dit qu'en Angleterre
on les mange comme herbe potagère.
2r4° Genre. — CYNOGLOSSE. CYNOGLOSSU M. Lin.
Calice à 5 découpures. Corolle en entonnoir , à Himbe par-
tagé en 5 lobes obtus, ayant l’orifice de son tube presque
ei mé par 5 petites écailles convexes et proéminentes. 4
graines comprimées et bordées da dents.
CYNOGLOSSE OFFICINALE, vulgairement Langue de
chien.
Cynorlossum officinale. Lan. Spec. 192. — Cynoglos-
sum. ilackw. Herb. t. 249. — Pharm.
Sa racine est pivotante, brunäâtre , bisannuelle; elle donne
naissance à uue tige droite, simple dans sa parle inférieure,
rameuse dans la supérieure, kaute de 1 pied et demi à
2 pieds, garnie de feuilles ovales-lancéolées, ou lancéolées,
d'un vert blanchätre en dessus, toutes couvertes en dessous
de poils blanchätres, doux au toucher: les radicales beau-
coup plus grandes que les autres, et longuement pétiolées.
Ses fleurs sont rougeäires ou bleuätres, avec des veines d’un
rouge plus foncé , pédonculées et disposées ; à l'extrémité de
la tige et des rameaux, en grappes lâches et tournées du
méme côté. Les graines sont hérissées de dents nombreuses,
ee le sommet se divise en plusieurs petites pomtes dispo-
sées comme les rayons d’une étoile. Cette plante croît dans
Le Te incultes et sur les bords des bois et des champs; elle
fleurit en mai et juin.
La Cynoglosse exhale une odeur un peu fétide. Elle passe
pour être anodine, Har colique et un peu astringente. On a
conseillé l'usage dé la décoction de sa racine à la dose de
1 once, ou de ses feuilles à celle d’une poignée dans une
pinte d’eau , comme un moyen ulile dans les affections
calarrhales , la diarrhée, la dysenterie, la gonorrhée et les
hémorragies. Ces inêmes racines et ces mêmes feuilles cuites
dans l'eau et appliquées exlérieurement sont, dit-on, émol-
lentes et résolutives. Mais la Cynoglosse est en général très-
peu usilée sous tous ces rapports, ce n'est guère que comme
entrant dans les pilules qui portent son nom, et qui sont
BORRAGINÉES. 463
d'un usage lrès-familier, comme calmantes et somnifères,
que les racines de celle plante sont maintenant connues et
employées en médecine. Ces pilules doivent évidemment
toute leur propriété à l'Opium qui y entre en assez grande
quantité, et l’on pourrait mème leur substituer toujours avec
avantage de simples pilules d'extrait gommeux d'Opium.
Les chèvres sont les seuls animaux qui broutent les feuilles
de la Cynoglosse.
27° Genre. — CONSOUDE. SFMPHYTUM. Lin.
‘Calice à 5 divisions. Corolle tubuleuse , un peu évasée en
cloche, ayant l'entrée du tube fermée par 5 rayons subulés
et connivens en forme de cône. Anthères oblongues.
CoNSOUDE OFFICINALE, vulgairement Grande-Con-
soude , Oreille d’äne, Herbe aux Charpentiers.
Symphytum. officinale. Lin. Spec. 195. — Symphytum
Consolida major. Flor. Dan. t. 664. — Consolida major
vel Symphytum. — Pharm.
Sa racine est charnue, cylindrique , noirâtre en dehors,
blanche en dedans, vivace; elle produit une tige droite,
haute de 2 pieds et plus, hérissée de poils ainsi que les feuilles
et les calices. Ses feuilles sont lancéolées ; rudes au toucher,
rétrécies en péliole et un peu décurrentes. Ses fleurs, blan-
châtres, jaunâtres ou rougeâtres, sont disposées, à l’extré-
mité de la tige et des rameaux, en grappes courtes, bifides,
un peu roulées avant leur parfait développement. Cette
plante croît dans les prés et sur les bords des ruisseaux ; elle
fleurit en mai et juin.
La racine de Grande-Consoude est la seule partie dont on
fasse usage ; elle est émolliente, adoucissante, légèrement
astringente, On l'emploie en décoction à la dose de 1 demi-
once à 1 once pour une pinte d'eau, dans la dysenterie , la
diarrhée, la blénorragie, le crachement de sang, les affec-
üous catarrhales du poumon et des voies urinaires. Autrefois
on se servait de la racine de Grande-Consoude appliquée
extérieurememt , comme moyen de procurer la réunion des
plaies, de consolider les fractures des os, de s'opposer à la
sorlie des heruies réduites, etc. Aujourd'hui la chirurgie a
banni de la pratique ce moyen, comme absolument insi-
gifiant,
46# BORPRAGINÉES.
De toutes les préparations pharmaceutiques dans les-
quelles entrait jadis la racine de Grande-Consoude, il ne
reste guère aujourd’hui que le sirop , auquel la plante donne
son non , qui soitencore usité. On le prescrit pour les mêmes
cas que la racine elle-même, soit dans des potions appro-
priées, soit pour édulcorer les tisanes.
Famille LXXIV. .:
GLOBULARIÉES.
Un seul genre indigène composant cette famille, les ca-
ractères comme les propriétés de celle-ci se u'ouvent être les
mèmes que dans celui-là.
276° Genre.— GLOBULAIRE. GLOBULARIA. Lin.
Calice monophylle, tubulé, à 5 divisions. Corolle mono-
pétale, à 2 lèvres, dont la supérieure à 2 découpures, l’infé-
rieure à 5. 4 étamines. 1 ovaire supérieur, surmonté d’un
style simple. 1 graine ovale, recouverte par le calice per-
_sistant. Fleurs réunies en tête dans un involucre polyphylle,
sur un réceptacle garni de paillettes.
GLOBULAIRE TURBITH.
Globularia Alvpum. Lin. Spec. 139. — Lois. in nov.
Duham. 5. p. 158. 1. 41. f. 1.
Celle plante est un arhbrisseau qui s'élève à la hauteur de
2 à 5 pieds, en se divisant en rameaux grêles, redressés,
brunätres ou cendrés, garnis de feuilles alternes, lancéolées,
réirécies en pétiole à leur base, très aiguës à leur sommet,
glabres, coriaces, persistantes et d'un vert gai. Ses fleurs
sont bleuätres, réunies au sommet des rameaux en pelites
têtes, qui ont l’aspect d’une Composée , et qui sont le plus
souvent solitaires. Cette plante croît spontanément dans
jes lieux arides, pierreux, et sur les collines exposées au
soleil, en Provence et en Languedoc: elle fleurit au mois
de mars, el assez souveut une seconde fois en septembre.
La Globulaire turbith est un peu âcre, mais surtout très-
amère; ses propriétés ont élé long-temps méconnues. Les
botanistes du 16° siècle lui attribuëèrent, sans aucun fonde-
ment, les plus malfaisantes, comme de causer des superpur-
galions accompagnées de coliques atroces. Jusqu'à ces der-
GLOBULARIÉES. 465
niers temps, presque tous les auteurs avaient répété ces
_assertions sans examen, et elle plante se trouvait bannie
de la matière médicale, comme étant un drastique dange-
reux. Clusius et Garidel cependant , en ayant parlé commé
d’un purgatif dont les Maures d'Espagne et les paysans pro-
vençaux faisaient souvent usage , sans qu'il leur en arrivât
aucun accident ,'je l’ai soumise à des observations positives et
multipliées (voyez, dans la 2° Partie de cet Ouvrage, mon
Mémoire sur les Succédanées du Séné, (. Il), et il m’a
bientôt été démontré que les feuilles de Globulaire turbith,
loin d’être un drastique terrible et dangereux, étaient au
contraire un purgatif très-doux , qu'il convient principale-
ment d'employer dans les cas où il est besoin de redonner
du ton à l'estomac et aux intestins , parce qu’il provoque les
évacuations alvines par une excitation tonique imprimée au
systèm® intestinal. La dose de ces feuilles est de 4 gros à
1 once en légère décoction. Nulle aufre plante indigène ne
m'a paru plus propre à remplacer le Séné. x
La Globulaire vulgaire, Globularia vulgaris, Lin., qui
croît aux environs de Paris et dans une grande partie de la
France, paraît avoir les mêmes propriétés que la Globulaire
turbith.
Famille LXXV.
PLUMBAGINÉES.
Les caractères et les propriétés du genre Dentelaire com-
posent ceux de la famille elle-même, parce que celle-ci ne
comprend que ce seul genre.
277° Genre. — DENTELAIRE. PLUMBAGO. Lin.
Calice monophylile, tubuleux, à 5 dents. Corolle mono-
pétale, infondibuliforme, à tube long , à limbe quinquéfide,
égal. 5 étamines à filamens élargis par leur base, 1 ovaire
supérieur , surmonté d’un style à 5 stigmates. 1 capsule
monosperme , à b valves, renfermée dans le calice persistant.
DENTELAIRE D'EUROPE, vulgairement Dentelaire,
Malherbe, Herbe au cancer. |
Plumbago Europæa. Lin. Spec. 215. — Plumbago
quorundam. Clus. Hist. CXXHI.
Sa racine est longue, pivotante, blauchâätre, vivace; elle
Gg
466 PLUMBAGINÉES.
produit une ou plusieurs tiges striées, glabres comme toute
la plante, droites, rameuses, hautes de 2 pieds ôu environ,
garnies de PUES oblongues alternes, amplexicaules. Ses
leurs sont bleuâtres ou pur purines, presque sessiles et ras-
semblées plusieurs ensemble en un petit bouquet, au som-
met de la tige et des rameaux. Leur calice est abondamment
hérissé de poils glanduleux. Cette plante croît dans les lieux
secs et sur les bords des chemins dans le midi de la France;
elle fleurit en août et septembre.
Toutes les par ües de la Dentelaire ont beaucoup d° âcreté;
elles sont même caustiques à l’état frais, mais la defsicea=
tion diminue beaucoup leurs propriétés. Depuis long-temps,
en Provence, on se servaitextérieurement de sa racine pour
le traitement de la gale ; mais les médecins du reste de la
France ne connaissaient pas ce moyen, lorsque la Société
royale de Médecine ayant proposé pour sujet de prix d’in-
diquer Ja meilleure méthode pour guérir promptement et
sûrement la gale, le prix fut décerné à M. Sumaire, qui fit
connaître le moyen de guérir cette maladie par la racine de
Dentelaire. La manière de s’en servir est d’en faire bouillir
2 à 3 onces dans 1 livre d'huile d'Olive, qu’on emploie
ensuite en frictions sur les parties qui sont le siége des bou-
tons galeux.
Wedelius ayant proposé la racine de Dentelaire pour
remplacer l’Ipécacuanha, je l’ai essayée dans cette inten-
tion , en la donnant à l'intérieur et réduite en poudre; mais
si elle est réellement émétique, ce n’est qu’à une dose assez
forte; car, à celle de 50 grains, elle n’a pas produit le
moindre effet. ( ’oyez dans la 2° Partie les Succédanées de
Pipécacuanha, (. V.)
La racine de Dentelaire, employée comme masticatoire,
a quelquefois soulagé des douleurs de dents, en produisant
une sécrétion plus abondante de salive. Appliquée sur des
cancers ou des ulcères de mauvaise nature, elle peut servir
à consumer les chairs baveuses.
Famille BRXVI 04
PLANTAGINÉES.
Les plantes de cette famille ont pour caractères : 1 calice
à 4 divisions, plus rarement à 5 ; 1 corolle tubuleuse, per-
FLANTAGINÉES. 467
sistante, ordinairement quadrifide ; #4 étamines à filamens
saillans insérés sous lé pistil ; 1 ovaire supérieur, à style et
stigmate simples; 1 capsule s’ouvrant horizontalement en
travers, partagée par une cloison à 2 ou 4 faces, qui la
divisent en 2 à 4 loges monospérmes ou polÿspermes ; quel-
quefois une capsule monosperme indébiscente.
Les Plantagintes sont des plantes ordinairement herba-
cées, à feuilles toutes radicales ou opposées: à fleurs le plus
souvent disposées en têtes ou en épis portés sur des hampes
radicales, ou sur des pédoncules axillaires.
Les racines et les feuilles de ces plantes sont un peu amères
et astringentes ; keurs graines mucilagineuses et émollientes.
278° Genre. — PLANTAIN. PLANTAGO. Lin.
Calice à 4 divisions. Corolle quadrifide. 4 étamines à fila-
mens capillaires. Style filiforme , plus court que les éta-
mines. Capsule divisée par une cloison à 2 ou 4 faces, et
formant 2 à 4 loges monospermes ou polyspermes.
PLANTAIN MAJEUR, vulgairement Plantain large,
grand Plantain.
Plantago major. Lin. Spec. 165. — Plantago septi-
nervial Blackw. Herb. t, 55. — Plantago. Pharm.
Sa racine, formée d’une souche épaisse, vivace, divisée
en beaucoup de fibres menues, produit plusieurs feuilles
ovales, presque glabres, d’un vert assez foncé, portées sur
des pétioles élargis à leur base, et étalées en roseite. Du
milieu de ces feuilles s'élèvent une ou plusieurs hampes
cylindriques , striées, légèrement pubescentes, plus longues
que les feuilles , hautes de 8 pouces à 1 pied, nues dans leur
partie inférieure, portant dans la supérieure un épi droit,
cylindrique , composé d’un grand nombre de fleurs blan-
châtres, très-petites, et très-serrées les unes contre les autres.
Cette plante croît dans les pâturages secs et sur les bords des
chemins; elle fleurit pendant une grande partie de l’été.
Les feuilles du grand Plantain ont une saveur amère et
légèrement stiptique, Regardées comme astringentes et fébri-
fuges , on en conseillait autrefois l’usage dans le crachement
de sang, la dysenterie, et dans toutes sortes de flux ato-
niques ; aujourd'hui elles ne sont plus que fort peu ‘usitées.
En décoction , elles peuvent se donner à la dose de 1 demi-
poignée à 1 poignée pour une pinte d’eau ; leur suc, quand
Gg 2
& ; spa * gr 5
Sn: É Z£ : 4%
468 NpLANTAGINÉE UE
e!les sont Eaichene se prescril se 1 jusqu’à ns
Extérieurement , où fait quelquelois servir leur décoction
de gargarisme astr ingent contre les maux de Buse et les
aphtes.
Le Plantain entrait anciennement dans une assez grande
quantilé de préparations pharmaceutiques, dont bien peu
sont restées dans la pratique. Son eau distillée est celle dont
en se sert encore le plus souvent maintenant, en la mettant
soit dans les potions astringentes, soit ie plus souvent dans
les Gollyres de même nalure.
Le Plantain moyen (Plantage media, Lin.), et le Plan-
tain lancéolé { Plantago lanceolatx, Lin.), ont les mêmes
propriétés que l'espèce précédente, et lui sont quelquefois
substilués. en"
On n’emploie plus aujourd’hui une autre espèce de Plan-
tain, connue sous le nom vulgaire d'Aerbe aux puces,
c'est le Plantago arenaria des bolanislessmodernes, dont
les graines, en décoctiôn dans l’eau, fournissent une grande
quantité de mucilage. On faisait jadis usage de cette décoc-
tion , comme émolliente et adoucissante, dans Îles ophthal-
mies inflammatoires, le crachement des sang , la dyssen-
terie, etc.
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