MÉMOIRES
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
Tome Taie.
aarvux :
GENÈVE
IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUCHARDT
1864
MÉMOIRES
SOCIETE DE à PITSIUUE
D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
— SO —
ToME XVII. — PREMIÈRE PARTIE
ss Ge——
GENÈVE
IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUCHARDT
1865
AUG 7- 1923
LERARY
MEN YURKK
HUTANICAL
TABLEAU DES MEMBRES dAxDUX
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
Au 22 Janvier 1864.
MEMBRES ORDINAIRES RÉSIDANT A GENÈVE
RANGES PAR ORDRE D'ADMISSION.
Dates de leur
réception.
1817 MM. André-Louis Gosse, docteur en médecine.
1818 Jean- Alfred GaurTiER, professeur d’astronomie.
— Frédéric Sort, minéralogiste.
1819 Guillaume Henri Durour, général au service fédéral.
1520 Isaac Macaie-Prinser, professeur de chimie médicale.
1822 Auguste ne LA Rive, professeur de physique.
1823 François Marcer, professeur de physique.
1825 Daniel Corranon, professeur de mécanique.
1827 Antoine Mori, pharmacien.
1828 Alphonse DE Cannozce, professeur de botanique.
= Jean-Étienne Dusy, pasteur, botaniste,
1830 Henri- Clermont Lousanp, docteur-médecin.
— Charles- Etienne-Jacques Cuossar, docteur-médecin.
VI
Dates de leur
réception.
1832 MM.
1836
1838
1840
1841
1842
LISTE DES MEMBRES
François-Jules Picrer, professeur de zoologie.
Louis-François WARTMANN, astronome.
Jean-François Bizot, docteur-chirurgien.
Paul Cuarx, géographe.
Pierre-Edmond Bossier, botaniste.
Émile PLanrAmoUR, professeur d'astronomie.
Pyrame-Louis Morin, pharmacien.
Charles Ceirérier, mathématicien.
Alphonse Favre, professeur de géologie
Jean-Charles MariGnac, professeur de chimie.
Philippe PLanramour, chimiste.
Georges-François Reurer, botaniste.
Alexandre-Pierre Prévost, docteur ès sciences physiques et naturelles.
Élie Wanrmanx, professeur de physique.
Henri pe Saussure, entomologiste.
Émile Gaurier, astronome.
Louis Sorer, physicien.
Marc Tauryx, professeur de botanique.
Édouard Craparëne, professeur de zoologie.
Casimir pe CaNDoLLe, botaniste.
Perceval ne Lorior, paléontologiste.
Aloïs Huwserr, zoologiste.
Jean Murrer, botaniste.
Henri Dor, docteur-médecin.
Charles GALOoPIN, mathématicien.
Adolphe Perrot, physicien.
Lucien pe La Rive, physicien.
Victor Fario, zoologiste.
Marc DELAFONTAINE, chimiste.
2 MEMBRES ÉMÉRITES.
Louis PErroT, à Genève.
Jean-André Dumas, chimiste, membre de l'Institut à Paris.
Dates de leur
réception
1817
1818
1821
1822
MM.
S. À.
MM.
Me
MM.
DE LA SOCIÉTÉ.
3° MEMBRES HONORAIRES.
Ami Bové, à Vienne.
Deccros, à Paris.
De Marrivs, à Munich.
GRanviLe, D", à Londres.
R. Léororn Il, grand-duc de Toscane.
Adolphe BronGniarrT, à Paris.
Nicari, fils, Dr, à Aubonne.
Charles BaBsaGe, à Londres.
Ramon pe LA SaGra, en Espagne.
Finow, à Panis.
Clarles Daugeny, à Oxford,
Auguste QuereLer, à Bruxelles.
BecquereL, père, à Paris.
Charles Desmouuws, à Bordeaux.
Linpzey, à Londres.
Emmanuel Rousseau, à Paris.
James-D. Forges, à Édimbourg.
Marreucer, à Pise.
SOMMERVILLE, à Londres.
Isaac Lee, à Philadelphie.
Soyer-WiLcemer, à Nancy.
Louis AGassiz, aux États-Unis d'Amérique.
L.-F. ve MENABREA, général, à Turin.
J. Prareau, à Gand.
Monra@ne, D', à Paris.
Michel Farapay, à Londres.
Charles Marnws, à Montpellier.
Benjamin Varz, à Marseille.
Angelo SisuoxpA, à Turin.
Bernard Sruper, à Berne.
Sir John HERSCHELL.
Charles Brunner, à Berne.
Sir Rod.-Impey Murcmsson, à Londres.
VIE LISTE DES MEMBRES
Dates de leur
réception.
1849 MM. Scnoexsex, professeur, à Bâle.
1850 Lioyp, à Dublin.
— Asa Gray, à Philadelphie.
1852 Ducuenxe, D’, à Boulogne.
13554 Émile Verper, à Paris.
1856 François DELESssERT, à Paris.
— Henri Sainre-CLaire DEVILLE, à Paris.
1859 Jules Marcov, à Salins.
— Biddel Airy, astronome, à Londres.
— John Tynpazz, à Londres.
— Léon Foucauzr, à Paris.
— Alfred DescLoizeaux, à Paris.
— Giov. PLanA, à Turin.
— Le père Seccur, à Rome.
— Paolo Vorricezzr, à Rome.
— Gustav Maenus, à Berlin.
— Peter Riess, à Berlin.
— H.-W. Dove, à Berlin.
— Dusois-Revymonp, à Berlin
— Arnold Escaer DE LA Linrx, à Zurich.
— Oswald H£er, à Zurich.
— Albert Moussow, à Zurich.
—— Peter MErraN, à Bâle.
— W.-Ph. Scmimper, à Strasbourg.
1861 Rodolph Wozrr, professeur d'astronomie, à Zurich.
49 ASSOCIÉS LIBRES.
1860 MM. Alfred Le Fonr.
= Gustave RocHETTE.
— Gabriel NAviLLe
— Théodore DE SAUSSURE.
— Charles Eyxarr.
— Auguste TURRETTINI.
— Adolphe Gaurier.
Dates de leur
réceplion
1860 MM.
DE LA SOCIÉTÉ.
Victor GAUTIER.
Amédée Lucux.
Gustave Farro.
Dr Baor.
Alexandre Rocnar.
Louis RoGer.
D: Cavra.
Jacques Morican».
Prévosr-MarrTix.
Franck ve Morsier.
Edmond FAvRE.
Louis LuzuN.
Maurice SARASIN.
Duxanr-DE GALLATIN.
Eugène ve Monster.
SUSKIND.
Georges SARASIN.
PÉRIER-Apor.
Prévosr-CayrA.
Charles SarAsiN.
Théodore Maunor, D".
Alexandre Morican», D'.
Eugène RisLer..
François Gas.
Théodore VEeRNES.
Victor Dunaxr.
Dainese, général.
Emile NAvizLe.
J.-N. TiEDEMAN.
TIR 77-57
TOME xvu, 17° PARTIE.
If
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Titres.
Comptes rendus hebdomadaires, etc. T. LIV et LV.... 4° Paris. 1862
Archives du Museum d'hist. nat. T. X, livr. 3 et 4... 4° Paris. 1861
Bulletin de la Soc. géolog. de France, T. XVIII, Îles 44 à 52.
89 Paris. 1861
» » » DNTNIX Ie ADS:
8° Paris. 1862
Annales des Mines, 1861, livr. 6; 1862, livr. 1 à 3. 80 Paris. 1862
Soc philom. de Paris. Extraits des procès-verbaux, 1861. 80 Paris. 1861
Mémoires de la Soc. acad. de Maine-et-Loire, T. IX et X. 8° Angers. 1861
Bulletin de la Soc. industrielle d'Angers, 32m année. 8° Angers. 1861
Mémoires de la Soc. des sciences phys. et nat. de Bordeaux, T. If,
1 CAMERA ee tree rec ce etre 8° Paris-Bordeaux. 1861
Mémoires de la Soc. imp. d’émulation d'Abbeville, 1857-1860.
8° Abbeville. 1861
Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1860, T. I et II, 1861.
80 Nancy. 1861-1862
Mémoires de l'Acad. imp. des sciences, arts et belles-lettres de
Dijon BORNE PAR Et rs encens 8° Dijon. 1862
t
|
|
|
Ponateurs.
Acad. des Se. de Paris.
Muséum de Paris.
Société géolog. de France.
École impér. des Mines.
Société philomathique.
Société académique de
Maine et Loire.
Soc. industr. d'Angers.
Soc. des Sciences phys. et
natur. de Bordeaux.
Société d’émulation d'Ab-
beville.
Académie de Stanislas.
Académie de Dijon.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Mémoires de la Soc. imp. des sciences, de l'agriculture et des arts
delle 186114: 8° Lille. 1862
Bulletin de la Soc. industrielle de Mulhouse, 1861, décembre.
So Mulhouse. 1861
» » » 1862, janv. à nov. 8° Mulhouse. 1862
Mémoires de la Société des sciences nat. de Strasbourg. T. V,
MAS tounanceeSabono ao dre one 4° Strasbourg. 1862
Mémoires de la Société impér. des sciences natur. de Cherbourg,
JR NI eco pas ut PAT DCE 8° Paris-Cherbourg. 1861
Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences natur.
RTE NE RE Er LE ENRERE T e se 4° Zurich 1850-1862
Feuilles 23 et 25 de la carte de la Suisse... ...... fol° Berne. 1862
Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, 1re livr. et atlas.
4° Neuchâtel. 1863
Bulletin de la Soc. vaudoise des se. nat. n° 49.... 80 Lausanne. 1862
Witterungsbeobachtungen in Aarau, 1859-1861, 40 Aarau. 1860-1862
Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, Bd IT,
HÉSITER MERE Terme 8° Basel. 1860-1861
mn Euleri opera posthuma mathematica et physica, T. I
CR EE M nn et ee 4° Petropoli. 1862
Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, n°5 440
AB MR Paso a Re het 8° Bern. 1860-1861
Bericht über die Thätigkeit der St-Gallischen naturwissenschaftl
Gesellschaft, 1861-1862.................. 8 St-Gallen. 1862
Notices of the Proceedings of the R! Institution of Great Britain.
PATRES a ae mme = aie ee em ae ee 8° London. 4861
List of the members, ete., 1860........ 2046000 8° London, 1861
Proceedings of the R! geographical Society of London. Vol. V,
RSS NVO ANT ENCEMEAM Se Mn 0 Adoe 80 London. 1862
The journal of the R' geogr. Soc. Vol. XXXI...... So London. 1864
Transactions of the R! Society of Edinburgh, Vol. XXIT, part. 3.
4° Edinburgh. 1861
Proceedings ofthe RI Soc. of Edinburgh, 1860-61. 8° Edinburgh. 1861
Monaisberichte der K. Preuss. Akad. 1861....,... 80 Berlin. 1861
Abhandlungen der K. Preuss. Akad. 1861......... 4° Berlin. 1862
Zeitschriftder deutschen geologischen Gesellschaft, B4 XIII, 2, 3, 4;
PAPX NANTERRE LAURE 8° Berlin. 1861-1862
Verhandlungen der Kais. Leop. Carol. Deutschen Akad. der Na-
TUTONSCNE LAB RNIN ES NE rene 4° Jena. 1862
XI
ne imp. des Sciences,
, de Lille.
Mulhouse.
De industrielle de
Société des Sciences nat.
de Strasboure.
: Société des Sciences nat.
de Cherbourg.
Sciences naturelles.
Soc. vaudoise des Sciences
naturelles.
Société d'Argovie.
)
Le helvétique des
Société de Bâle.
Gouvernement de Bâle.
* Société de Berne.
Société de Saint-Gall.
Institution royale de la
Grande-Bretagne.
Société de géographie de
Londres.
Soc. royale d Edimbourg.
Acad. royale des Sciences
de Berlin.
Société géologique alle-
mande.
Soc. imp. allemande des
curieux de la nature.
Ne Er he gr ES ae ie DETTE us 2 Os
XII BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Denkschriften der Kais. Akad. der Wissénschaften, Math. natur-
ISS CLASSE AB ARS RER ce 40 Wien.
Sitzungsberichte, 15e Abths Bd XLIV, 1-5; XLV, 1-3.
» 2te Abths. Bd XLIV, 3-5; XLV, 1-4. | 8° Wien.
» Register zu den Bden XXXI bis XLIT.
Jahrhücher der K. Central-Anstalt fur Meteorologie u. Erdma-
gnetismus von Karl Kreil, Bd VII. ............ 40 Wien.
Jahrbuch der Kais. Kôn. geologischen Reichsanstalt, Bd XIT, 1, 2.
8e Wien
Dr Moritz Hürnes : Die fossilen Mollusken des Tertiär-Beckens
Von Wien BAL: 4 DRE PR ERRER 4° Wien.
The imp. and roy. geological Institute of the Austrian Empire
8° Vienna.
Verhandlungen der Kais Kôn. z0ologisch-botanischen Gesellschaft
in Wien BXL Rens ere 8° Wien.
August Neilreich : Nachträge zu Maly's Enumeratio plantarum
phaneroramitaumeee-e-ererre rer 8° Wien.
Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, Bd XVIII
Monte cocon oasoosvoccon 8° Berlin. 1861
Würzburger naturwissenschaftliche Zeitschrift, Band HI, 4.
8° Würzburg.
Abhandlungen der Kôn. Gesellschaft der Wissenschaften zu Güt-
HIDE og ooboacooocooonce 4° Güttingen.
Abhandlungen der math. phys. Classe der K. Bayer. Akad. der
Missenschaiten, BD 4P 2 PER." 4° München.
Verzeichniss der Mitglieder der K. B. Akad. 1861 -1862.
4° München.
Sitzungsberichte der K. B. Akad. 1861, I, 5; Il, 1, 2, 3.
8° München.
>» » 1862 ARS MP ATTUE
8° München.
Dr Andreas Wagner : Denkrede auf G. H. v. Schubert. 4° München.
Dr C. Th. E. von Siebold : Ueber Partheno-
BÉNESIS = eee re Rec Ce
C. Fr. Ph. von Martius : Zum Gedächtnisse
1862
1562
Académie impériale des
Sciences de Vienne.
Institut impérial géologi-
que de Vienne,
1861 | Société impér. de zoologie
1861
1862
1861
1862
1861
1862
1861
1862
1861
ANJAIBMBIObR remercie ce-hecnene ) 40 München. 1861-1862
D: Th. L. W. Bischoff : Gedächtnissrede a
FrTiedemannes eme eeect- see
Je IEDIeCARede ee ----c-re--rc-re-
|
|
et de botan. de Vienne.
Société des Sciences na-
turelles de Saxe et de
Thuringe.
Société physico-médicale
de Wurzbourg.
Société royale des Sciences
de Geættingue.
Acad. royale des Sciences
de Bavière.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Annalen der Konigl. Sternwarte bei München, Bd XT, 8° München. 1862
Bericht über die Verhandlungen der K. sächsischen Gesellschaft der
Wiss. zu Leipzig. Philol hist Classe, 1861, 1-4. 8° Leipzig. 1862
Mathem. phys. Classe, 1861, 1-2. 8° Leipzig. 1862
W. G. Hankel : Messungen über die Absorption der chemischen
Strahlen des Sonnenlichtes.................. 8° Leipzig. 1862
P. A Hansen : Darlegung der theoret. Berechnung der in den
Mondtafeln angewandten Stürungen............ 8° Leipzig. 1862
Preisschriften gekrünt u. herausg. von der fürstl. Jablonowski-
schen Gesellschaft zu Leipzig, n° IX........... 8° Leipzig. 1862
nu der naturforsch. Gesellschaft zu Halle, Bd VI, 2,
NME ec eee Cas LCL M 0e 4° Halle. 1862
für vaterländische Cultur :
Philos. histor. Abth. 1861, 1; 1869, 1, 2. 8° Breslau. 1861-1862
Naturwiss.u. Medicin, 1861, 1.2,3; 4862, 1.8° Breslau, 1861-1862
38ster nu, 39ster Jahresbericht der Schl. Ges. 8° Breslau. 1861-1862
Dr Ferd. Rümer : Die fossile Fauna der silur. Diluvial-Geschiebe
NN ES ES CS ER PC 4° Breslau. 1861
Abhandlungen herausgeg. v. der Senckenbergischen natur-
forsch. Gesellschaft, Bd XIV, Lief. 1.... 40 Frankfurta. M. 1862
Verhandlungen des naturhistor. Vereines der preussischen Rhein-
lande u. Westphalens, Jabhrg. XVIII, 1, 2........ 8° Bonn. 1861
Abhandlungen der K. bühmischen Gesellsch. der Wiss. XL. 4° Prag. 1861
Sitzungsberichte der K. bühm. Gesellsch. 1861... ... 80 Prag. 1861
Utasitas meteorologiai eszleletekre. . ............... 40 Pest. 1861
Gyory Sandor : À Felsübb analysis Elemei, 1, 2. 4° Budan. 1836-1840
Gyôry Sandor : A hangrendszler Kiszmitasorol..... ... 40 Pest, 1858
Dr Margo Tivadartol : À puhanyok Izomrestjairol. . . 40 Pest. 1861
Termeszettudomanyi Palyamunkak, 1, 2, 3.... 8° Budan. 1837-1844
Pest=Buda KœærnyeKenek 47... ......... 8° Pesten. 1858
Mathematikais Termeszettudomanyi Kæzlemenyiek, 1. 8° Pesten. 1861
Vallas Antal : Felsübb Egyenletek, 1.............. 8° Budan. 1842
Mocsy Mihaly : Elmelkedesek a physiologia es psychologia.
8° Budan, 1839
Hunfalvy Pal : Chrestomathia Fennica. ............. 80 Pest. 1861
Mathematicai Palyamunkak, 1.................. 8° Budan. 1844
Magyar Akademiai Ertesilô, 1-4.................. 8° Pest. 1860
Schrifien der K. physik. ‘conomischen Gesellschaft zu Künigsberg,
AE CRIER ARR PRES äc Künigsberg. 1861
XIII
Observatoire royal de Mu-
nich.
Soc. royale des Sciences
de Saxe
Soc. royale Jablonowski
à Leipzig.
Société des naturalistes
de Halle.
Société silésienne pour la
culture nationale.
Francfort.
Société d'hist. natur. de la
Prusse rhénane.
Soc. royale des Sciences
de Bohême.
JR Senkenbergienne de
Académie magyare de
Hongrie,
Société phys. et économi-
que de Kænigsberg.
XIV BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Neueste Schriften der naturf. Ges. in Danzig, BA VI, 4. 4° Danzig. 1862
Jabresbericht der Wetterauer Gesellschaft zu Hanau, 1860-61.
8° Hanau. 1862
48ier u. 19ter Jahresbericht der Pollichia......... 8° Neustadt. 1861
Carte géologique de la Hollande, Îles 19 et 20 ... fole Harlem. 1861
Verhandelingen der Kon. Akad. van Wetenschappen, D1 IX.
4° Amsterdam. 1861
Jaarboek van de K. Akad. voor 1860......... 8° Amsterdam. 1861
Verslagen en Mededeelingen der K. Akad. D'XI,XIL. 8° Amsterdam. 1861
Bijdragen tot de Dierkunde. Aflev£, 4, 5,6, 8. 40 Amsterdam. 1852-1859
Mémoires de l’Acad. R. de Belgique, T. XXXIIL. 4° Bruxelles. 1861
Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, T. XXX.
4 Bruxelles. 1858-1861
Mémoires couronnés et autres Mémoires, T. XI et XIL
8° Bruxelles. 1861-1862
Bulletins de l'Acad. R. de Belgique, 2we série, T. XI et XII.
8° Bruxelles. 1861
Annuaire de l'Acad. R. de Belgique, 28-année, 1862. 1 2° Bruxelles. 1861
Annales de l'Observatoire R. de Belgique, T. XIE. 4° Bruxelles. 1861
Annuaire de l'Observatoire, 29e année, 1862.... 120 Bruxelles. 1861
Kongl. svenska vetenskaps. Akademiens Handlingar, BE ILE, 1, 2.
4° Stockholm. 1861-1862
Olversigt af K. svenska vetensk. Akad. Færhandlingar. Arg. X, XI
(HBGOMBGA) SPORT CE PRE CEE 80 Stockholm. 1861-1862
Kongl. svenska Fregatten Eugenies resa. Häft 8-11. 4° Stockholm. 1861
Er. Edlund : Meteorologiska Jaktagelser i Sverige, B! I.
4° Stockholm. 1862
Nova acta regiæ societatis scientiarum Upsaliensis, Seriei tertiæ,
IV AR SSSR EEE EN Re RE 4° Upsaliæ. 1862
Upsala universitets Arskrift, 1861............... 8° Upsala. 1861
Oversigt over det Kong. danske Videnskabernes Selskabs For-
Dandineer, AATMSGUEN SRE ee 8° Copenhague. 1861
Mémoires de l'Acad. imp. des sciences de St-Pétersbourg, 7m°
SéDIE TUNER TE 4° St-Pétersbourg. 1861-1862
Bulletin de l'Acad. imp. T. IV, n°s 3-6 .... 4° St-Pétersbourg. 1861
Annales de l'Observ. phys. central de Russie, par A. T. Kupfler,
1858, n°5 1 et 2; 1859, nos 4 et 2. 4 St-Pétersbourg. 1861-1862
Compterendu annuel de l'Observ. 1859 et 4860. 4° St-Pétersbourg. 1864
Société d'hist. natur. de
Danzig.
Société d'hist. natur, de
Hanau.
Société Pollichia.
Gouvernem. hollandais.
Acad. royale des Sciences
des Pays-Bas.
Société zoologique d'Am—
sterdam.
Académie royale de Bel-
gique.
Observatoire royal de
Bruxelles.
Le royale des Sciences
| de Stockholm.
Soc. royale des Sciences
d'Upsal.
Acad. royale des Sciences
de Danemark.
Acad. impér. des Sciences
de Saint-Pétershourg.
Observat. physique central
de Russie.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. XV
Bulletin de la Soc. imp. des naturalistes de Moscou, 1861, nos Société impér. des natura-
EIRE RÉ A CHE RCD DORE en ne 80 Moscou. 1861 | listes de Moscou.
Atti dell FE. R. Istituto Veneto, T. VI, 2-10; T. VII, 1-3. 80 Venezia. 1861 ,
Memorie dell’ [. R. Istituto Veneto, Vol. IX, 2 et 3; Vol. X, 1. l Institut impér. de Venise.
4° Venezia. 1861 )
Memorie del reale Istituto Lombardo, Vol. VII, se IX, Let 2.
0 Milano 1861-1862 Ê
Atti del reale Istituto Lombardo, Vol. Il, 15-20; 7" 1-8.4° Milano. 1862
Atti della Societa Italiana di scienze naturali, Vol. ILE, 4 et 5; IV, Soc. italienne des Sciences
a ES LEE SPAS LIT 2e ELA 8° Milano. 1861-1862 à naturelles.
Mémoires de l'Acad. imp. de Savoie, T. V, 1 et 2. 8°. Chambéry. 4862 Académie de Savoie.
Memorias de la Real Acad. de ciencias de Madrid, T, EEE, IV, V. |
19 Madrid. 1859-1861
Resumen de las Actas de la R. Ac. de ciencias, 1854-1859. |
8° Madrid. 1857-1860
Portugaliæ monumenta historica-Leges et consuetudines, I, 2.
Institut royal Lombard.
| Académie des Sciences de
Madrid.
fol. Olisipone. 1858
» » Scriptores, |, 2 et 3. fol° Olisipone 1860-1861
Memorias da Acad. real das sciencias de Lisboa. Sc. math. phys.
etinat.INova serie A et 2-2..." 40 Lisboa. 1857-1861
Annaes das sciencias e lettras. Sc. math. phys. e nat. Let II. —
SO PA ANOIMEEMNIENTÉEEEEReECE 8° Lisboa. 1857-1858
Results of meteorological observations, 1854-1859, Vol. I.
4° Washington. 1861
Report upon the physics and hydraulics of the Mississipi River. Gouvernement des États-
4° Philadelphia. 1861 Unis.
J. C. Ives : Colorado exploring Expedition, 1857-1858.
4° Washington. 1861
Annual report of the Smithsonian Institution, 1860, 8° Wa- |
|
Académie des Sciences de
Lisbonne.
shington. 1861
Smithsonian miscellaneous, Vol. I à [V........ 8° Washington. 1862
Catalogue of publications of the Smiths. Instit. June 1862.
8° Washington. 1862
Smithsonian Museum miscellanea. . . . ........ 80 Washington. 1862
W. J. Rhees : Manual of public libraries, institutions, etc.
8° Philadelphia. 1859
1 5th annual report of the Ohio State Board of Agriculture, 1860.
8° Columbus. 1861
Journal of the Acad of natural Sciences of Philadelphia, V, 1.
4° Philadelphia. 1862
Institut. Smithsonienne.
Société d'agriculture de
l'État d'Ohio.
Acad. des Sciences natur.
de Philadelphie.
XVI BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Proceedings of the Acad. of nat Sciences, 1861, flles 7-36;
HOTEL RASE PSE URRQUE 8° Philadelphia. 1861-1862
Contributions to American history, 1858. ..... 8° Philadelphia. 1858
Proceedings of the Boston Society of nat. hist. VIT, files 5-20 ;
DONUESN ES Re RE babe 89 Boston. 1861-1862
Proceedings of the commissioners of Indian Affairs. .. 4° Albany. 1861
Annals of the lyceum of nat. hist. of New-Yorck, VII, n°s 10-12.
80 New-Yorck, 1861
Memoirs of the american Acad. of arts and sciences, VIE, 1.
4° Cambridge and Boston. 1861
Proceedings of the amer. Acad. Vol. V, files 31-48. 8° Cambridge
and Boston. 1861
Report on the geology of Vermont, Vol. Let Il... 4° Claremont. 4861
Annals ofthe astronomical observatoryof Harward College, Vol. HE.
4° Cambridge. 1862
The American journal of sciences and arts, n° (4-99.
80 New-Haven. 1861-1862
Madras journal of literature and science, n° 51..... 80 Madras. 1862
Natuur kundig tijdschrift voor Nederlandsch Indie, D! XVIIF, XIX,
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Acta societatis scientiarum {ndo-Neerlandicæ, Vol. V et VI.
49 Batavia. 1859
Tijdsebrift voor Indische Taal-Land-en Volkenkunde, DE VIE, VIT,
Dar d IRAETINE RES Cr eee 80 Batavia. 1857-1860
Verhandelingen van het Bataviaasch Genootschap van Kunsten an
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Fac-simile de trois cartes d'Afrique datant de 1558, existant au
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Institut d'Albany.
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{ New-York.
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Soc. littéraire de Madras.
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M. de la Rive, professeur.
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P. A. Favre : Notice sur ses travaux scientifiques .... 4° Paris
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général de l'Agriculture de Paris, 1860.......... 8° Dijon.
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Le même : Brochure comprenant diverses notices. 8° Philadelphia.
Rev. H. Lloyd : On Earth-currents, ete........... 4° Dublin.
W. Marcet : On the Chemistry of Digestion. . .. . 8° London.
Hardouin Michelin : Echinides et Stellerides de la Réunion. 8° Paris.
David Dale Owen : Fourth report of the geological survey in
MEME Sao debaoneb oct ooovroose 80 Frankfort Ky.
D. G. Andrea Pirona : Cenni geognostici sul Friuli... 8° Udine.
Al. P. Prevost: De la théorie mathématique de la musique.
8° Genève.
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8° London.
TOME XVI, 17e PARTIE.
161
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1861
\ Dons des auteurs.
Il
XVIT
XVII BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
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Ad. Quetelet et E. Secchi : Sur le magnétisme et sur l'électricité
pendant les orages..." "Fe" """ tee 8° Bruxelles. 1861
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So Boston. 1K61
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Vilmorin, Andrieux et Cie : Revue des nouveautés horticoles et
AETICOIES: HBOLRSUENNT EC EEE ETC ECC .. 8o Paris. 1862
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So Philadelphia. 1862
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8° Stockholm. 1861
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30 Zurich. 1862
\ Dons des auteurs.
[
ec CNE ADS
ÉTUDES
SUR
LA CIRCULATION DU SANG
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE
PAR
M. Énouarp CLAPARÈDE
Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, en Juin 1863.
LS RNERTS >
Les mouvements de l'organe central de la cireulation ont été étudiés
chez beaucoup d’articulés avec la plus grande attention, et il n’est point
difficile de les ramener au même type. Dans tous les cas en particulier
où le cœur s’allonge pour constituer un vaisseau dorsal, on le voit se
contracter de manière à chasser le sang en avant. La contraction des
différentes parties du vaisseau a lieu en effet d’une manière successive
d’arrière en avant. Cette loi est vraie, non-seulement pour les Arthro-
podes, dont la circulation est toujours plus ou moins lacunaire , mais
encore pour les vers (Annélides, Géphyriens, Némertiens) à système vas-
culaire entièrement clos.
La généralité de cette loi, relative à la direction de la circulation san-
guine dans le vaisseau dorsal, était pour moi si bien établie que je ne
TOME xvir, 17e PARTIE. l
2 SUR LA CIRCULATION DU SANG
fus pas peu surpris de trouver que les Aranées y font exception. Ce fait
me frappa il y a déjà plusieurs années lorsque je poursuivais l’évolution
des Arachnides dans l'œuf. Je compris que l'importance de cette obser-
vation serait minime aussi longtemps que je n'aurais pas reconnu la
direction des courants sanguins dans les principaux organes du corps.
Toutefois cette étude ne me réussit à cette époque que d’une manière
fort incomplète, et je préférai passer cet objet sous silence dans le mé-
moire que j'adressai en 1860 à la Société des Arts et des Sciences
d'Utrecht ".
Je m'aperçus d’ailleurs depuis lors que je n'avais pas été seul à faire
cette observation. M. Leydig * mentionne, en effet, en passant, dans un
mémoire traitant un sujet différent, qu'il a vu le sang se mouvoir d'avant
en arrière dans le cœur d’une jeune Lycose. Cette confirmation m'en-
couragea dans mes recherches, et peu à peu j'arrivai à poursuivre le
trajet à peu près complet du liquide nourricier chez de jeunes araignées.
Jusqu'ici je me suis contenté de rappeler l'observation trop oubliée de
M. Leydig en insistant sur son exactitude *. Aujourd’hui je me propose
de faire davantage et d'exposer la circulation du sang chez les araignées
dans sa totalité.
La circulation du sang chez les Arachnides a déjà fait le sujet de re-
cherches approfondies. Celles de M. Newport *, sur les organes circula-
toires du scorpion, jouissent en particulier d’un crédit qu’elles méritent
au plus haut degré. Elles ont été complétées en même temps que corri-
gées sur quelques points de détail par M. Blanchard. Ce dernier a doté
en outre la science de magnifiques recherches sur les organes cireula-
* Imprimé sous le titre : Recherches sur l'évolution des araignées. Utrecht, 1862.
> Zum feineren Bau der Arthropoden, von D" Franz Leydig. — Müller's Archiv für Anatomne
und Physiologie, 1855, p. 454.
* Beobachtungen über Anatomie und Entwicklungsgeschichte wirbelloser Thiere an der Küste von
Normandie angestellt, von D' Ed. Claparède. Leipzig, 1863, p. 102.
* On the structure. relations and developement of the nervous and cireulatory systems, and on
the existence of a complete circulation of the blood in vessels in Myriapoda and Macrourous Arach-
nida, by George Newport. — Philos. Transact., 1843, part. Il, p. 213.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 5
toires d’autres types d’Arachnides. Il a consacré, en particulier, une
bonne partie de ses mémoires à une Aranée du genre Mygale. Il publie
en ce moment de superbes planches sur l'anatomie des Arachnides ', et
bien que le texte relatif aux Aranées n'ait point encore paru, il est facile
de reconnaitre, par les planches déjà publiées, les résultats auxquels il
est arrivé en dernier lieu.
On verra que sur plus d’un point je ne puis être d'accord avec M. Blan-
chard. Je n’en accorde pas moins mon tribut d’admiration aux travaux
de ce savant anatomiste et cela sans aucune réserve. M. Blanchard a eu
recours à la méthode d'injection déjà suivie par Dugès, Newport et
d’autres. Je crois qu'il en a tiré tout ce qu’on pouvait lui faire rendre.
Grâce à elle, il a reconnu avec une parfaite exactitude tous les princi-
paux troncs vasculaires. Toutefois cette méthode n’a pas toujours pu le
renseigner avec une parfaite certitude sur la direction de la cireulation
du sang dans les vaisseaux. En outre, elle lui a souvent tendu un piége
auquel se sont laissé prendre tant d’anatomistes dans d’autres circon-
stances. M. Blanchard a trop souvent cru trouver des réseaux sanguins
là où il n'avait sous les yeux que les mailles d'un réseau artificiel creusé
par la matière injectée dans des tissus délicats. Une fois de plus il à
montré combien il est nécessaire que la méthode des injections soit con-
trôlée d’une manière sévère sous peine de faire reparaître le discrédit
exagéré dans lequel elle était tombée aux yeux de plus d’un anatomiste.
J'ai suivi une marche tout autre que M. Blanchard. J'ai cherché à me
procurer des araignées Jeunes et assez transparentes pour permettre
l'étude du cours du sang dans sa pleine activité. L'objet le plus favorable
que j'aie rencontré jusqu'ici est la Lycosa saccata Hahn. On sait que
les femelles de cette espèce portent leur sac ovigère appliqué à la partie
postérieure de leur abdomen. C’est aux jeunes individus déjà éclos,
mais encore contenus dans ce sac, que je me suis adressé pour mes re-
cherches. Il ne sera peut-être pas inutile, pour ceux qui voudraient ré-
* L'organisation du règne animal, par Emile Blanchard. Grand in-4°. Arachnides, livr. 1-16.
n SUR LA CIRCULATION DU SANG
péter mes observations, de rappeler que les jeunes Lycoses subissent
une mue dans l'intérieur du sac ovigère comme la plupart des autres
araignées. Les individus qui ont déjà subi cette mue, ou qui sont près
de la subir, sont défavorables à l'observation. Les premiers sont, en effet,
hérissés de poils opaques, et les seconds présentent déjà, sous le tégu-
ment qu'ils sont près de rejeter, les poils qui signalent la phase suivante.
C’est donc immédiatement après l'éclosion et avant les préparatifs de la
mue qu'il faut étudier les Lycoses pour reconnaître avec clarté leur ap-
pareil circulatoire. Les jeunes individus ont déjà à cette époque une
grande ressemblance avec l'adulte. Tous les organes sont formés, à l'ex-
ception de la partie abdominale du tube digestif avec ses annexes et des
organes reproducteurs. L'intestin et les glandes qui en dépendent (foie,
glandes urinaires) sont représentés par une masse d’un jaune brun for-
tement réfringente, reste non encore assimilé de émulsion vitelline qui
remplissait naguère la membrane de l'œuf. Dans le céphalothorax on
trouve aussi un reste de vitellus renfermé dans lestomac annulaire et
dans ses diverticulums aveugles.
Le cœur ou vaisseau dorsal (». d., fig. 1 et 5) est placé sur la ligne mé-
diane, suivant exactement la courbe de la surface tergale. Vu de profil
(fig. 5), il paraît décrire presque la moitié d’une circonférence de cercle.
Il offre son maximum de largeur dans le voisinage immédiat du pédon-
cule abdominal (fig. 3 et 4), et à partir de ce point il diminue graduelle-
ment de calibre jusqu’à son extrémité postérieure. Sa section transver-
sale n’est du reste point circulaire, mais elliptique ou plutôt réniforme,
la grande convexité de cette section étant tournée du côté supérieur.
De distance en distance le cœur présente des dilatations ou plutôt des
diverticulums latéraux disposés par paires (fig. Let #, pr, pr', pr"). Ces
diverticulums ont la forme de larges cônes dont la base se continue dans
la paroi du cœur. Ils sont au nombre de trois paires, dont la dernière est
beaucoup moins développée que les précédentes. Quelquefois j'ai cru en
apercevoir une quatrième plus en arrière, cependant je n'ai pu acquérir
aucune conviction à cet égard. Au niveau de chaque paire de diverticulum
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. B)
se trouve une paire de ces ouvertures en forme de boutonmière (fig. 1,
5 et 4,0,0',0") que M. Straus a été le premier à découvrir chez les in-
sectes et que tant d’anatomistes ont retrouvés depuis lors chez les ar-
thropodes les plus divers. Je leur conserverai le nom de boutonnières ou
d'orifices veineux plutôt que celui d'ouvertures atrioventriculaires qui
leur à souvent été donné. Ces ouvertures ne sont point exactement lrans-
versales, mais obliques, leur angle dorsal ou interne étant dirigé un peu
en avant et leur angle externe un peu en arrière. Ce dernier s’avance
légèrement au delà des limites du cœur proprement dit, et se trouve par
conséquent découpé dans le dos de la base des diverticulums coniques
que Je viens de décrire. La paire de boutonnières la plus antérieure est
la plus grande; la suivante est un peu plus petite, la troisième est encore
moindre. Toutes trois servent à l'afflux du sang dans le cœur au moment
de la diastole. On voit sous le microscope les globules sanguins s'y en-
gouflrer à chaque dilatation.
A cette époque de la vie, le cœur n’est point divisé en plusieurs cham-
bres par des replis intérieurs ou des valvules. En est-il de même chez
l'adulte ? C’est ce que je ne saurais dire. Je sais que MM. Newport et
Blanchard ont trouvé des valvules dans le cœur du scorpion, et je ne
doute pas que leurs observations ne soient parfaitement justes. I n'existe
dans tous les cas rien de semblable chez les jeunes Lycoses. Les bou-
tonnières, largement béantes pendant la diastole, se ferment pendant la
systole, et empêchent ainsi le sang auquel elles ont livré passage de re-
venir sur ses pas. Celle fermeture paraît être effectuée par l'action des
fibres musculaires qui forment les bords de la boutonnière. Ces fibres
présentent un gros nucléus où une agglomération de nucléus (fig. #,
n,n',n) vers le milieu des bords de chaque boutonnière. Au moment
de la fermeture de la boutonnière, fermeture qui précède immédiate-
ment la systole du cœur, on voit les nucléus des deux bords opposés de
chaque boutonnière s'appliquer énergiquement les uns contre les autres
(n°). Du reste, la paroi entière du cœur (fig. 4) est semée de nucléus,
il est vrai, un peu moins apparents que les premiers. Ce sont sans doute
6 SUR LA CIRCULATION DU SANG
les noyaux de cellules musculaires dont la présence est indiquée par les
stries transversales de la paroi cardiaque.
Le cœur ne reçoit de sang que par les six orifices que je viens de dé-
crire, à moins qu'il n'existe encore une quatrième paire de boutonnières.
En effet, M. Blanchard, qui représente le cœur des Mygales comme sim-
plement cylindrique, lui attribue quatre paires d’orifices atrioventricu-
laires. Mais la place où cette quatrième paire d'ouvertures devrait se
trouver chez les Lycoses est généralement si bien masquée par les gra-
nules vitellins que je n’ai jamais réussi à la voir.
Considérons maintenant les issues par lesquelles s'échappe le sang
qui, du cœur, se rend aux organes. D’abord nous trouvons l'aorte tho-
racique naissant de l'extrémité antérieure du cœur (fig. 4, «) comme
tous les anatomistes qui ont étudié ce sujet l'ont reconnu. Mais ce n’est
que d’une petite partie du cœur que le sang est chassé dans ce vaisseau.
Lorsque la jeune araignée est placée de profil, on reconnait, en effet,
que le seul cul-de-sac compris entre la première paire de boutonnières
(fig. 4, o) et la naissance de Paorte (+) envoie son sang dans ce vaisseau.
Le courant pneumo-cardiaque, qui pénètre dans le cœur par cette bouton-
nière, se divise immédiatement en deux branches, dont l’une se courbe en
avant pour gagner l'aorte, et l’autre se courbe en arrière pour continuer
son chemin jusqu’à l'extrémité postérieure du cœur, recevant sur sa route
des affluents par les boutonnières suivantes. Ce n’est donc, comme on le
voit, que la plus courte partie du cœur qui chasse le sang dans le même
sens que le cœur des autres arthropodes. Il est vrai que si cette partie est
courte elle est en même temps la plus large du vaisseau dorsal.
La partie postérieure du vaisseau dorsal est simplement tubulaire et
pourrait porter le nom d’aorte postérieure ou caudale. Elle pénètre
jusque dans lapex de l'abdomen qu’on peut appeler le pygidium, où on
la trouve largement béante dans une lacune qui occupe ce pygidium
et la base des filières. La forme de cet orifice est ovale (fig. 3, w). On
la voit sous le microscope donner continuellement passage à un large
courant sanguin qui se déverse dans la lacune du pygidium.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. A [
Ce ne sont point là sans doute les seules ouvertures par lesquelles le
sang quitte le cœur. Jai décrit plus haut les processus coniques ou di-
verticulums latéraux que ce viscère présente au niveau de chaque paire
de boutonnières. Ces processus se prolongent en bandes blanchâtres qui
contournent les côtés du corps et descendent vers la région ventrale de
l'abdomen. Je considère ces bandes comme des artères. Je dois cepen-
dant dire que ces organes n'étant que d’un faible diamètre, et reposant
sur une masse vitelline peu transparente, je n’ai jamais réussi à voir
des globules sanguins se mouvoir dans leur intérieur. Je ne puis donc
avoir une certitude complète sur ce point. Je n’ignore point que d’après
M. Pappenheim ! le cœur des araignées ne présenterait aucune trace de
vaisseaux latéraux et ne donnerait naissance à des troncs vasculaires
qu’à ses deux extrémités. Toutefois je ne saurais attacher trop d’impor-
tance aux assertions de cet anatomiste. Il représente, en effet, le cœur
des Aranées comme enfermé dans un péricarde ne présentant aucune
ouverture. Il paraît donc admettre implicitement que l'une des extré-
mités du cœur est veineuse et l’autre artérielle, et semble n’avoir eu au-
cune connaissance des boutonnières. Cette manière de voir est radicale-
ment erronnée, et M. Pappenheim pourrait tout aussi bien s’être trompé
à l'égard des artères latérales. J'aime mieux m'en tenir aux résultats des
anciennes mais habiles dissections de Treviranus, qui a trouvé des ar-
tères latérales au cœur de la Tégénaire domestique. Ce serait, du reste,
une disposition tout à fait conforme à celle que M. Newport à fait con-
naître chez les scorpions.
Îlest vrai que M. Blanchard, reprenant une thèse que Dugès * n'avait
émise qu'avec doute, considère ces organes comme des vaisseaux pneu-
mocardiaques ramenant le sang des organes respiratoires au péricarde et
par conséquent médiatement aux boutonnières du cœur. Toutefois cette
! Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, 1848, tome XXVI!, p. 159.
* Additions au mémoire de M. Dugès sur les Araignées. Annales des Sciences naturelles, 1836,
tome VI, p. 353. — Voyez aussi le Règne animal distribué d’après son organisation, par Georges
Cuvier. Édition illustrée. Arachnides, pl. IL.
8 SUR LA CIRCULATION DU SANG
opinion est décidément fautive en ce sens que ces vaisseaux arrivent di-
rectement au cœur. Leurs origines cardiaques que nous avons décrites
comme formant des diverticulums latéraux du cœur, appartiennent si peu
au péricarde que les boutonnières sont en partie découpées dans la base
de ces diverticulums. Si donc ces organes sont des vaisseaux et non des
ligaments, ce sont des artères et point des veines. J'hésite d'autant moins
à me prononcer en faveur de l’ancienne opinion de Treviranus‘ que
l'existence d’artères latérales du cœur est un désideratum, la quantité de
sang sortant par l’orifice postérieur du cœur étant évidemment très-infé-
rieure à celle qui traverse les régions antérieures de cet organe.
Le cœur et ses artères latérales sont les seuls vaisseaux artériels de
l'abdomen. Le sang est déversé par eux dans les lacunes interorganiques
et baigne tous les organes. Le cœur lui-même est baigné par une masse
de liquide sanguin qui chemine en sens inverse du sang contenu dans le
cœur, c’est-à-dire d'arrière en avant. Ge liquide est aspiré par les bouton-
nières 0',0° à chaque diastole du cœur. Cette lacune péricardiaque est-
elle la cavité d’un péricarde ? C’est ce que je ne saurais affirmer. Je n'ai
jamais rien aperçu qui parut révéler la présence d’un semblable organe.
Je dirai même que j'ai été plutôt conduit à douter de son existence. L’en-
veloppe tégumentaire de la jeune araignée présente plusieurs arceaux
tergaux, vagues indices d’une segmentation dorsale. Leur nombre paraît
être de six ou peut-être même de sept. À chacun d’eux vient s'attacher
un ligament musculaire du cœur (fig. 4, m. a.) correspondant sans doute
aux muscles dits ailes du cœur chez les insectes. Ces muscles paraissent
s'attacher d’une part aux téguments et d'autre part à la paroi méme du
cœur. Rien n'indique là l'existence d’un péricarde. Du reste c’est une
question d'ordre secondaire que de savoir si le sang est ici renfermé dans
une lacune interorganique ou dans un péricarde. Le fait important, et
au-dessus de toute attaque, c’est que le cœur est baigné de toutes parts
dans une masse de sang contenue dans un espace que je nomme provi-
‘ Ueber den inneren Bau der Arachniden, von G.-R. Treviranus. Nürnberg, 1812, p. 28.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 9
soirement et sans attacher aucune importance à cette dénomination la-
cune péricardiaque. Un fait également important à noter c’est que les
origines des artères latérales auxquelles j'ai donné le nom de diverti-
culum latéraux du cœur sont baignées à l'extérieur par le sang de cette
lacune. Or c’est ce qui ne devrait pas avoir lieu si les vues de M. Blan-
chard, relativement à ses vaisseaux prétendus pneumocardiaques et au
péricarde , étaient fondées.
Il y a bien, il est vrai, en quelque sorte des vaisseaux pneumocardia-
ques et même des espèces de veines pulmonaires. Toutefois ces vaisseaux
ont ceci de particulier qu’ils sont fort larges, qu’ils ne s’abouchent jamais
avec des artères, ni avec le cœur, et que leurs deux extrémités s'ouvrent
dans des lacunes interorganiques. Je les appellerai des sinus, voulant
indiquer par là qu’ils ont des parois propres incontestables.
Je vais décrire ces sinus en commençant par ceux qui ont pour fonc-
tion de conduire le sang aux organes respiratoires, et en finissant par
ceux qui ramènent le sang oxygéné au cœur. Nous avons vu que la région
postérieure du corps présente une vaste lacune occupant en particulier
le pygidium et les filières. Le sang qui remplit cette lacune s'engage à la
partie ventrale de l'abdomen dans deux sinus, les sinus longitudinaux de
l'abdomen (fig. 2, s. a.), qui le portent en avant. Ces deux sinus sont à
peu près parallèles l'un à l’autre, et leur paroi est d’un blanc soyeux lors-
qu'on les considère à la lumière incidente. Le sang y circule constam-
ment d’arrière en avant. Ces deux sinus occupent toute la longueur de
l'abdomen et se réunissent l'un à l’autre en un sinus médian (fig. 2, s.m.)
à sa base. Toutefois, dans leur partie antérieure, ces sinus présentent
une circulation précisément inverse de celle que je viens de décrire. Le
sang y chemine toujours d'avant en arrière. C’est qu’en effet ils ramènent
dans cette partie le sang des lacunes intrathoraciques. En réalité, ces sinus
longitudinaux de l'abdomen sont formés de deux parties qui, anatomi-
quement, sont la suite immédiate l'une de l’autre, mais qui n’en condui-
sent pas moins le sang en sens contraire. Le point de jonction de ces
deux parties est l'angle interne et postérieur du poumon. Là chacun des
TOME xvIx, 17e PARTIE. 2
10 SUR LA CIRCULATION DU SANG
sinus longitudinaux donne naissance à un prolongement (ransversal,
qu'on pourrail appeler sinus pulmonaire postérieur (fig. 2, s. p.), car il
longe le bord postérieur du poumon. Les deux courants du sinus longi-
tudinal se jettent dans ce sinus transversal où ils se fondent l'un avec
l'autre. Arrivé à l'angle externe et postérieur du poumon, le courant san-
guin change de direction presque à angle droit pour former ce qu'on
pourrait appeler le sinus pulmonaire latéral (fig. 2, s. L.) qui suit le bord
externe du poumon. Ce sinus s’infléchit alors vers le haut de l'abdomen
pour s'ouvrir dans la lacune péricardiaque à peu près au niveau de la
première paire de boutonnières. La plupart des globules sanguins passent
du sinus pulmonaire postérieur au sinus pulmonaire latéral en décrivant
l'angle que je viens d'indiquer. Quelques-uns cependant coupent cet
angle en glissant obliquement sur le poumon. Cela prouve que les sinus
pulmonaires postérieur et latéral ne sont que les bords d'un large sinus
dans lequel plonge le poumon tout entier. Jamais les globules sanguins
ne pénètrent entre les feuillets de l’organe respiratoire, et c’est sans doute
au plasma du sang qu'appartient la fonction d’absorber l'oxygène et d’é-
mettre l'acide carbonique.
Grâce à la disposition des sinus que Je viens de décrire, la plus grande
partie du sang passe par le poumon avant de revenir au cœur. C’est le
cas pour tout le sang veineux du céphalothorax, arrivant par la partie
antérieure des sinus longitudinaux médians ; C’est aussi le cas pour une
grande partie du sang de l'abdomen revenant de la lacune pygidienne
par la partie postérieure de ces mêmes sinus. Il est possible que la quan-
tité de sang abdominal arrivant au poumon soit plus grande encore. En
effet, chaque sinus longitudinal de l'abdomen reçoit vers le milieu de sa
longueur un sinus transverse (fig. 2, s.) qui lui amène peut-être un nou-
vel affluent. Cependant il ne m'a jamais été possible de reconnaitre la
direction de la circulation dans ce sinus, et il se pourrait aussi qu'il ra-
menàt du sang non oxygéné puisé dans le sinus longitudinal jusqu'à la
lacune péricardiaque. Quoi qu'il en soit, il semble vraisembable qu'une
grande partie ou même la presque totalité du sang de la lacune péri-
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 11
cardiaque en arrière de la première paire de boutonnières n’a point passé
par le poumon. Il ne faut, en effet, pas oublier que le sang se meut dans
cette lacune d’arrière en avant. Tout le sang qui revient des poumons
pénètre dans le cœur par la première paire de boutonnières.
Les sinus longitudinaux de l'abdomen, dans lesquels on voit le sang
se mouvoir avec rapidité, paraissent avoir échappé jusqu'ici à presque
tous les observateurs. Il est cependant probable qu'on parviendra à les
démontrer même avec l’aide du scalpel chez les grosses espèces. Leur
position est en effet facile à déterminer. Ils reposent exactement sur les
bandes musculaires longitudinales que Treviranus ‘ a été le premier à
signaler, que M. Brandt * à décrites plus tard sous le nom de tendons,
et que les anatomistes récents, M. Blanchard entre autres, ont revues
comme leurs devanciers. Le seul Dugès paraît avoir eu connaissance de
ces sinus : « Chez l'Epéire commune de Walkenaer, dit-il 5, la peau de
l'abdomen est fort transparente, peu colorée après une mue récente, et
alors on voit tout l’abdomen transversalement et obliquement vergeté de
ramifications vasculaires très-superficielles partant de toute la longueur
des bords latéraux et supérieurs du cœur et de son extrémité postérieure.
On les voit moins distinctement chez l'Epéire diadème. Ces innombrables
vaisseaux, trop minces, trop pellucides pour pouvoir être disséqués, se
recourbent en dessous et en avant vers les poumons. Ils s’élargissent et
semblent se confondre à mesure qu'ils S'en rapprochent pour constituer
une lacune parallèle aux grands muscles longitudinaux qui occupent la
région inférieure du ventre. Cet espace est transparent et rempli de fluide
chez le Pholcus *.» Cette description concorde tout à fait avec ce que
nous avons dit des Lycoses, sauf en ce qui concerne « les innombrables
vaisseaux. Dugès ne paraît du reste pas avoir vu le sang en circulation.
‘ Loc. cit., p. 45.
* Recherches sur l'anatomie des Araignées, par M. Brandt. — Annales des Sciences naturelles,
2me série, 1840, tome XIII, p. 180.
* Loc. cit., p. 359.
+ Cette remarque relative aux Pholques est parfaitement juste.
12 SUR LA CIRCULATION DU SANG
{ y eut un temps où M. Blanchard n'allait pas aussi loin que Dugès
dans la multiplication des vaisseaux sanguins chez les Araignées. « Ce
qui paraît remarquable dans le système vasculaire de l'Epéire, disait-il
à cette époque ‘, c’est le petit nombre de ramifications que présentent
les artères, car mes recherches et mes expériences ont été répétées sur
un très-grand nombre d'individus souvent avec succès; je pense done
qu'il a dû m'échapper peu de détails. » La manière de voir du savant
anatomiste s’est bien modifiée depuis ce temps-là. Quoi qu'il en soit, M.
Blanchard dessinait alors chez l'Epéire diadème deux vaisseaux à peu
près dans la position des sinus longitudinaux que nous avons décrits.
Seulement il les considérait comme des vaisseaux pneumo-cardiaques
chargés de ramener le sang oxygéné à la partie postérieure du cœur. fl
admettait donc que le mouvement du sang se faisait dans ces vaisseaux
dans un sens précisément inverse de la direction réelle de ce mouve-
ment. Loin de moi la pensée de lui reprocher de s'être mépris sur ce
point, car la méthode des injections seules ne pouvait trancher la ques-
tion de la direction du mouvement.
Jusqu'ici je n’ai considéré que la circulation abdominale. Parlons
maintenant de la circulation céphalothoracique. La partie artérielle de
cette circulation est aujourd’hui bien connue, grâce aux recherches de
Dugés et surtout de M. Blanchard. Les ramifications de l'aorte chez la
Lycose à sac sont à peu près identiques à celles que M. Blanchard figure
chez la Mygale aviculaire. Ce gros vaisseau (fig. 1 et 3, +) traverse le
pédoncule abdominal au-dessus du canal digestif, suit une direction
ascendante sous la région dorsale postérieure du céphalothorax et pé-
nètre dans l’anneau stomacal. A ce point il se divise en deux aortes se-
condaires (2°) qui ne tardent pas à se recourber vers le bas en formant
une crosse. Immédiatement après la crosse, chaque aorte secondaire
s'étale en patte d’oie donnant naissance à plusieurs rameaux. Ceux-ci
sont d'abord l'artère ophthalmique (6), puis les quatre artères pédieuses
‘ De l'appareil cireulatoire et des organes de la respiration dans les Arachnides, par M. Émile
Blanchard. — Annales des Sciences naturelles, 3% série, 4849, tome XII, p. 324.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 15
(> ,7", 7"), l'artère du deutognathe (;'"") et l'artère du protognathe.
Chacune de ces six dernières ou au moins cinq d’entre elles (Vartère du
protognathe exceptée) donnent naissance sur leur trajet à un rameau
(lig. 2, €, €’) qui se dirige vers la région ventrale et va se jeter dans une
des lacunes que nous désignerons tout à Fheure sous le nom de lacunes
sternales transverses (fig. 2, L. L.). Enfin l'artère du protognathe donne
naissance à une branche qui se dirige vers le haut et l'intérieur (fig. 4, à),
et qui va se jeter dans un réservoir sanguin que nous désignons sous le
nom de lacune tergale médiane (fig. 4, £. m.).
Ce sont là tous les vaisseaux du céphalothorax. M. Blanchard décrit
en outre, sous le nom d’aorte postérieure, une mince artère médiane
naissant par une racine de chaque aorte secondaire et retournant en ar-
rière dans l'abdomen. Je n’ai pas réussi à l’apercevoir, sans que je veuille
pour cela contester son existence. Les Lycoses sont certainement très-
défavorables à la recherche d’un vaisseau ainsi placé. En revanche,
M. Blanchard ne décrit ni les artères sternales ni la branche tergale de
l'artère du protognathe que j'ai signalés. Je dois dire d’ailleurs que leur
recherche n’est pas exempte de difficultés, et que pendant longtemps je
ne me suis point douté de leur existence.
Tous ces vaisseaux artériels sont fort bien délimités par des parois
évidentes, et tous offrent le phénomène de pulsations rhythmiques syn-
chroniques avec celles du cœur. Ces pulsations, dont l'observation est
encore plus facile que celle du passage rapide des corpuscules du sang
dans le calibre des vaisseaux, facilite beaucoup l'étude du système arté-
riel. Le premier fait qui frappe les yeux de l'observateur, soit qu'il ob-
serve l'animal par sa surface inférieure, soit qu’il considère sa surface
dorsale, c’est l'existence de deux taches claires parfaitement circulaires
(fig. 1 et 2, x”) l’une à droite l’autre à gauche de la ligne médiane. Ces ta-
ches offrent un mouvement alternatif de diastole et de systole très-évident.
Elles représentent la section transversale des crosses aortiques (fig. 5, &')
par le plan focal du microscope. On peut, en effet, facilement s'assurer
par un mouvement alternativement ascendant et descendant du tube du
14 SUR LA CIRCULATION DU SANG
microscope que ces cercles sont l'expression de tubes verticaux dans les-
quels le sang se meut de haut en bas.
Réservant pour plus tard la circulation du sang dans les extrémités,
examinons le trajet du sang veineux dans le céphalothorax. Les veines
sont ici de simples lacunes interorganiques, sans paroi appréciable, dans
lesquelles les artères débouchent. En considérant le céphalothorax par sa
surface ventrale (fig. 2), on ne tarde pas à reconnaître un système très-
régulier et très-élégant de courants veineux placés immédiatement sous
la couche chitinogène. Ces courants sternaux sont à peu près exacte-
ment rectilignes , et cheminent dans des rigoles qui subsistent entre les
muscles du sternum. On distingue une rigole ou lacune médiane (fig. 2,
L.s.) donnant naissance à dix rigoles latérales ou transverses (L. /.) dis-
posées par paire et s’écartant de la rigole médiane sous des angles de
plus en plus ouverts à mesure qu’on s'approche du bord antérieur de
l'animal. Au point de jonction, avec chaque rigole latérale, la rigole
médiane subit un élargissement (£. s.) du fond duquel on voit émerger
des corpuscules sanguins arrivant de la profondeur. Ces corpusecules
continuent leur chemin à droite ou à gauche dans les rigoles latérales,
ou bien en avant dans la rigole médiane jusqu’à la lèvre inférieure où
ils se jettent aussi dans des rigoles latérales. Seuls les corpuscules, émer-
geant de l'élargissement de la rigole médiane qui correspond à l’origine
de la paire de rigoles latérales la plus postérieure, continuent en grande
partie leur chemin d'avant en arrière dans la partie postérieure de la ri-
sole médiane. [ls traversent ensuite le pédoncule abdominal, et viennent
se jeter dans le sinus de la base de l'abdomen.
Le sang qui, de la rigole médiane passe dans les rigoles latérales
atteint les côtés du céphalothorax, où il se réunit aux courants revenant
des pattes dans une lacune sous-cutanée, occupant tout le bord latéral
de ce céphalothorax. Le sang, dans cette lacune, se meut d'avant en ar-
rière ; il arrive au pédicule abdominal où il se jette avec le sang de la
rigole médiane dans le sinus de la base de l'abdomen.
Les rigoles latérales du sternum ne reçoivent, du reste, pas seulement
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 15
le sang de la rigole médiane. Elles présentent elles-mêmes de distance
en distance (L. L., fig. 2) des places élargies du fond desquelles on voit
émerger des corpuscules sanguins venant de régions plus profondes.
Ces corpuscules continuent leur chemin avec le sang provenant de la
rigole médiane.
Les places élargies que je viens de signaler dans les rigoles médianes
et latérales établissent une communication entre ces rigoles et des la-
cunes plus profondes. Ces lacunes existent entre les masses musculaires
qui, à la surface, sont délimitées par les rigoles elles-mêmes. Cela est si
vrai, que les interstices de communication sont en partie temporaires.
On les voit parfois se fermer, tandis que d’autres se forment à côté. Dans
tous les cas, leur diamètre varie continuellement suivant les mouve-
ments de l'animal. Ces lacunes reçoivent leur sang des artères sternales
(fig. 2, ©) qui y débouchent sans s'être ramifiées.
Le céphalothorax, considéré par sa surface tergale, présente un sys-
tème veineux moins complexe. Les yeux sont baignés en arrière par une
lacune qui reçoit son sang des artères ophthalmiques, et qui le conduit
dans les lacunes des côtés du thorax dont nous avons déjà parlé. En
outre, une rigole sous-cutanée, la rigole tergale médiane (fig. 4, { m.)
ramène le sang en ligne directe au pédoncule abdominal. Cette rigole
reçoil son sang en partie de la lacune ophthalmique, mais principale-
ment de lacunes médianes profondes. Elle S’élargit momentanément à
une place ou à l’autre, et c’est à ces points que les corpuscules sanguins
émergent de la profondeur. Le sang est déversé dans ces lacunes mé-
dianes par la branche interne et ascendante (fig. 1,2) de l'artère du pro-
tognathe.
Il ne me reste plus maintenant, pour compléter ce tableau de la cir-
culation chez les Lycoses, qu'à décrire la marche du sang dans les pattes.
On voit facilement les artères pédieuses et l'artère du deutognathe, dont
nous avons parlé plus haut, pénétrer dans les extrémités. Chaque artère
à ses parois distinctes et ses pulsations régulières. On la poursuit aisé-
ment à travers le coxopodite et le basipodite jusqu'au milieu du méro-
16 SUR LA CIRCULATION DU SANG
podite. À partir de ce point, je n'ai jamais réussi à reconnaitre ni ses
parois ni ses pulsations. Le sang artériel semble, au premier abord,
dans les articles suivants se mouvoir seulement dans les lacunes inter-
musculaires. I parait immédiatement juxtaposé au sang veineux qui se
meut en sens inverse, sans que les deux courants semblent jamais se
contrarier lun lautre. L'artère, aussi longtemps qu’elle a des parois
propres, occupe le centre de la patte et se trouve baignée de tous côtés
par le courant veineux. Mais à partir du milieu du méropodite, le cou-
rant artériel occupe le côté de flexion et le courant veineux le côté d’ex-
tension.
On ne tarde pas à reconnaître qu’une petite partie seulement du sang
amené dans la patte par l'artère pénètre jusqu'à l'extrémité du membre.
La plus grande partie des corpuscules du sang à déjà passé dans le cou-
rant veineux sans pénétrer aussi avant dans la patte. Une étude atten-
tive enseigne d'ailleurs bientôt que le passage des globules sanguins du
courant artériel dans le courant veineux a lieu à des places parfaitement
déterminées. Celles-ci sont au nombre de cinq, et se présentent sous la
forme de taches circulaires ou plutôt ovalaires lorsqu'on examine le
membre par le côté de flexion ou par celui d'extension. La première
(fig. 8, r) est située tout auprès du bord périphérique du méropodite (47);
la seconde (r') occupe une position toute semblable dans le carpopodite
(C”); la troisième (r°) est placée dans le propodite (P), mais à une dis-
tance un peu plus grande de son extrémité périphérique ; la quatrième
(r”) appartient au premier dactylopodite (D), mais se trouve relative-
ment encore plus éloignée du bord périphérique de cet article; enfin la
cinquième (r'’/!) est placée à peu près au milieu de la longueur du se-
cond dactylopodite. Ces taches claires, à contour parfaitement net et
franc, sont des ouvertures dans une membrane qui sépare le courant
veineux du courant artériel. Si l’on fixe l’une de ces ouvertures, par
exemple l’orifice r” du propodite (fig. 8), tout en faisant attention à la
manière dont se comporte à ce point le courant artériel, on remarque
qu'une partie des corpuscules sanguins continue son chemin directement
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 17
pour passer dans le dactylopodite, mais que quelques-uns cependant,
arrivés au niveau de lorifice, s'y engagent, passent dans le courant vei-
neux et reviennent avec lui dans une direction opposée à celle qu’ils sui-
vaient d’abord. La même chose se passe pour chacun des autres orifices.
Ces orifices artério-veineux des pattes ont exactement le diamètre des
corpuscules du sang. Quelques-uns de ceux-ci ont même de la peine à
les traverser. On les voit s'arrêter subitement au passage dans l’ouver-
ture qu'ils oblitèrent en entier; ils paraissent osciller quelque temps
dans le cadre membraneux qui les enserre, puis tout d’un coup l'obstacle
étant surmonté, ils passent vivement dans le courant veineux.
Il est naturel de se demander quelle est la nature de cette membrane
dans laquelle les orifices artério-veineux sont pratiqués. Je n’ai jamais
pu y reconnaître qu’une simple membrane amorphe, cloison délicate qui
divise le calibre de la patte en deux cavités parallèles. Il y aurait donc ici
une disposition parfaitement semblable à celle que j'ai décrite ailleurs
pour les extrémités des Læmodipodes ‘. Dans ce cas l'artère pédieuse
viendrait déboucher dans la cavité artérielle vers le milieu du méropo-
dite. Il peut se présenter cependant une autre interprétation. L'artère
pourrait pénétrer jusqu'à l'extrémité du membre comme on l’admet
d'ordinaire, et dans ce cas les orifices que j'ai décrits seraient pratiqués
dans la paroi de ce vaisseau. Si je ne me range pas à cette hypothèse,
c'est parce que je n’ai jamais aperçu ni les parois ni les pulsations de
l'artère au delà du milieu du méropodite. Le carpopodite (€) et le basi-
podite (B) dans lesquels l'artère est distincte paraissent ne présenter au-
cun orifice artério-veineux.
J'ai examiné comparativement la circulation des pattes du Pholcus pha-
langioides chez des individus presque adultes. Les rapports du courant
artériel et du courant veineux sont les mêmes que chez les Lycoses. Mal-
heureusement la transparence de ces extrémités, quelque grande qu'elle
soit, n’est pas suffisante pour qu’on puisse reconnaître les orifices artério-
1 Beobachtungen. etc., p. 101.
TOME XVII, 1° PARTIE. 5
18 SUR LA CIRCULATION DU SANG
veineux. Je puis seulement dire que chez ces arachnides l'artère pédieuse
m'a paru se prolonger au moins jusqu’à l'extrémité du mésopodite, c’est-
à-dire plus loin que chez les Lycoses.
Telle est la circulation du sang chez les araignées du genre Lycose.
Elle est essentiellement lacunaire, comme Dugès et M. Blanchard l'ont
justement reconnu. À une époque récente, ce dernier a, il est vrai, re-
vendiqué en faveur des Arachnides un système circulatoire beaucoup plus
complexe qu'il ne l'avait fait dans le principe. Il figure en particulier
dans son Organisation du règne animal une richesse de réseaux vascu-
laires inattendue dans tous les tissus des araignées. Des rameaux veineux
sont censés reprendre le sang de ces réseaux capillaires et le déverser
dans les lacunes interorganiques. Jose affirmer que ces réseaux n’exis-
tent ni comme vaisseaux ni comme lacunes. Rien de plus inexact, par
exemple, que les réseaux figurés par M. Blanchard dans l’intérieur des
muscles, en particulier dans les muscles des pattes. Ces muscles sont, il
est vrai, baignés par le sang des lacunes, mais Jamais un seul globule
sanguin ne pénètre entre les fibres d’un muscle. Il est possible, j'en con-
viens volontiers, que chez les araignées adultes le système sanguin soit
un peu plus complexe que chez les jeunes individus qui n’ont pas encore
subi leur première mue. Toutefois cette augmentation de complication
ne va certainement pas jusqu'à faire apparaître des réseaux dans les or-
ganes. On peut s’en convaincre par l'étude de la circulation dans les
pattes de Pholcus à peu près adultes. Il est en effet facile de reconnaître
dans ces pattes qu’il n'existe qu’un seul courant artériel et un seul courant
veineux sans ramification aucune. Il est étonnant que M. Blanchard n'ait
pas songé à étudier le liquide sanguin en mouvement dans les pattes
d'une araignée vivante. Ce phénomène était en effet déjà familier à
Dugès. Il avait même été remarqué dès 1707 par un philosophe ami de
M. Carré’.
M. Blanchard n’a du reste pas réfléchi que, si ses réseaux existaient
réellement, ce ne seraient jamais que des vasa serosa beaucoup trop
* Histoire de l'Académie royale des sciences, 1707 (1730), p. 9.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE. 19
étroits pour admettre des corpuscules sanguins dans leur intérieur. Cet
auteur a en particulier figuré des réseaux capillaires dans les feuillets
du poumon et, si j'ai osé concevoir quelques doutes sur leur existence,
c’est surtout parce que M. Leuckart ‘, auquel nous devons une excel-
lente étude de ces organes, n’en fait aucune mention. Quoi qu'il en soit,
j'ai repris l'étude des poumons chez les jeunes Lycoses. Vu à travers les
téguments de araignée chacun de ces organes se présente sous la forme
de dix feuillets parallèles (fig. à) dont l'extrémité postérieure repose sur
une lame transverse arquée (z:). Celle-ci se prolonge du côté externe au
delà des feuillets. Ceux-ci n’ont pas encore la même forme que chez
l'adulte. Ils sont moins larges à leur base et présentent par conséquent
à peu près partout la même largeur. On peut les comparer pour leur
forme aux doigts encore aplatis de gants neufs. Pour étudier leur struc-
ture intime, il est nécessaire d'isoler le poumon avec des aiguilles et de
l'examiner à un fort grossissement. On reconnait alors (fig. 6) que l'organe
est réellement composé d’un grand nombre de doubles feuillets mous (/f)
dont la membrane est semée de nucléus. Les feuillets les plus internes
sont les plus longs, les plus externes sont les plus courts, et même à l’ex-
trémité de la lame basiliaire (2) du poumon les feuillets sont remplacés
par une agglomération de nucléus représentant sans doute des feuillets
en voie de formation. Les dix premiers feuillets mous, à partir du bord
interne du poumon, renferment chacun , emboîté dans leur intérieur, un
feuillet chitineux dur qui en occupe à peine les deux tiers postérieurs.
C’est un double feuillet dur, sécrété par la surface interne du feuillet mou.
La sécrétion commence à la base, c’est-à-dire au bord postérieur de lor-
gane et chemine graduellement vers le sommet qui, dans la phase re-
présentée par la figure , est encore libre de toute sécrétion chitineuse. Les
feuillets externes qui sont relativement moins développés que les autres,
et qui ont apparu après eux, ont sécrété la chitine sur une moins grande
étendue, et les plus externes sont même encore dépourvus de tout revé-
tement chitineux.
! Zeitschrift für wissensch. Zoologie, Band 1.
20 SUR LA CIRCULATION DU SANG
Considérée à un fort grossissement, la partie chitineuse de l'appareil
respiratoire présente une apparence un peu réticulaire (fig. 6) qui paraît
coïncider avec ce qu'a figuré M. Blanchard. Une apparence assez sem-
blable est présentée par les feuillets respiratoires de l'adulte considérés
à un grossissement un peu moindre. Toutefois cette apparence se réduit
chez ces derniers à un grossissement suffisant à une simple ponctuation
(fig. 7) due à des pores de la chitine (Porenkanäle des Allemands). Cette
ponctuation, déjà fort bien reconnue par M. Menge et M. Pappenheim ?,
est très-distincte aussi longtemps que le feuillet est rempli de sa mince
couche d'air ; mais dès que l’eau pénètre dans Pintérieur elle disparaît
presque complétement, l'indice de réfraction de l’eau qui remplit les
pores étant sans doute peu différent de celui de la membrane. On voit
donc qu'il ne s’agit point là d’un réseau vasculaire.
Il est d’ailleurs facile de montrer par un simple calcul que les réseaux
capillaires du poumon ne sauraient exister. L’épaisseur d’un double
feuillet membraneux, renfermant son revêtement chitineux et la couche
médiane d'air atmosphérique, ne dépasse pas même chez l'adulte 0,004,
et il devrait cependant, aux yeux de M. Blanchard, renfermer un réseau
capillaire de chaque côté. Or le diamètre d’un seul globule sanguin de
la Lycose est de Om 01. Ce seul globule serait donc à lui seul plus épais
que tout le feuillet, et serait bien embarrassé de circuler dans les pré-
tendus capillaires des deux parois molles de ce feuillet. Il s’agit d’ailleurs
d’une question de fait. Or, je l'ai déjà dit, chez les jeunes araignées les
corpuscules du sang glissent bien à la surface des poumons, mais ne pé-
nètrent jamais entre les feuillets de ces organes et à plus forte raison pas
dans la paroi de ces feuillets bien plus minces qu’eux-mêmes.
En résumé, il est encore plus difficile de souscrire à la circulation ca-
pillaire dans le poumon et les autres organes chez les araignées qu'à la
cireulation péritrachéenne chez les insectes. Le liquide du sang baigne
! Ueber die Lebensweise der Arachniden. — Neueste Schriften der naturforschenden Gesellschaft
in Danzig, 1843, Band IV, p. 1.
3
? Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, 1848, tome XXVII, p. 293.
CHEZ LES ARANÉES DU GENRE LYCOSE, 21
de toutes parts les feuillets pulmonaires remplis d'air à l’état d'extrême
division, et c’est à travers les parois fort minces de ces feuillets que
s’opèrent les phénomènes diosmotiques de la respiration.
Nous ne saurions terminer ce mémoire sans émettre le vœu que de
nouvelles observations viennent jeter quelque jour sur le sens de la cir-
culation sanguine dans le cœur des scorpions. Ce cœur donne naissance
à une artère (artère caudale des auteurs, artère uroïdale de M. Blan-
chard) à son extrémité postérieure. Il chasse donc le sang, non-seule-
ment en avant dans l'aorte, mais encore en arrière dans l'artère caudale.
L'analogie permet done de supposer que dans la plus grande partie de
sa longueur l'organe est parcouru par le sang comme chez les araignées
d'avant en arrière.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Dans les quatre premières figures les lettres ont la même signification.
v. d. Cœur ou vaisseau dorsal.
m. a. Ligaments musculaires du cœur.
0,0 ,0”. Boutonnières du cœur ou orifices dits aventriculaires.
n,n',n". Nucléus des fibres musculaires des boutonnières.
pr, pr', pr”. Diverticulums latéraux du cœur (naissance des artères).
p. Poumon.
s. a. Sinus longitudinaux de l'abdomen.
s. m. Sinus médian de la base de l'abdomen.
s.p. Sinus pulmonaire postérieur.
. L. Sinus pulmonaire latéral.
s. Lacune sternale médiane.
L. Lacunes sternales transverses ou latérales.
. m. Lacune tergale médiane.
4. Aorte; « crosses aortiques ; «” coupe des aortes secondaires par le plan focal du microscope.
8. Artère ophthalmique.
Y» y; Y Y”. Artères pédieuses.
ÿ'" et y”. Artères du deutognathe et du protognathe.
mn
22
ÉCE
SUR LA CIRCULATION DU SANG CHEZ LES ARANÉES, ETC.
Branches des artères pédieuses se déversant dans les lacunes sternales.
à. Branche de l'artère du protognathe se déversant dans la lacune tergale médiane.
. Lycosa saccata éclose depuis peu et vue de dos, faiblement grossie.
. La même, vue par la face ventrale.
La même, vue de profil.
. Le cœur isolé vu de profil
. Poumon tel qu'il apparaît à travers les téguments; 2, lame basilaire.
. Poumon préparé isolément et grossi 300 fois environ ; f, feuillets membraneux ; ch, lames
de chitine sécrétées par les feuillets membraneux ; z, lame basilaire.
x & © © —
[=r]
. 7. Partie d'un feuillet chitineux d’un poumon chez l'adulte, grossie 400 fois.
. 8. Patte d'un individu fraîchement éclos, vue par le côté de flexion. €, coxopodite ; B, ba-
sipodite ; D, méropodite ; C’, carpopodite; P, propodite ; D, dactylopodite 1; D, dacty-
lopodite IL; m, muscles ; r», »°,r°°, »”, r°*, ouvertures mettant en communication le
courant artériel avec le courant veineux ; ?, d’, tendons qui vont se fixer au tégument près
d'être rejeté par la mue.
Fi .4
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MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES
Pak
F.-}, PICTET
PROFESSEUR À L'ACADEMIE DE GENEVE
Les travaux que je poursuis depuis quelques années sur la paléonto-
logie de la Suisse ‘ m'obligent à comparer et à étudier une quantité
considérable de fossiles provenant de pays et de gisements divers. Il ar-
rive souvent que cette comparaison me fournit des faits nouveaux inté-
ressants que cependant je ne puis pas faire rentrer dans mon ouvrag:
principal. J'ai donc cru utile de réunir ces documents en une série de
monographies partielles et indépendantes dont Joffre aujourd'hui un
premier essai.
Sans doute, en limitant à la Suisse cette publication, je n'ai pas cru
devoir m’astreindre à me renfermer avec pédanterie dans les frontières
politiques exactes; mais je n'ai admis d'extension que pour les gisements
voisins qui continuent les nôtres, et qui sont avec eux dans des rapports
straligraphiques prochains et bien connus. En dépassant ces limites, jau-
rais été en désaccord avec le but et avec le titre du livre. I m'a paru plus
convenable de réunir en un ouvrage spécial tous les matériaux étrangers.
Ces monographies seront publiées irrégulièrement, au fur et à mesure
des besoins, sans ordre logique et sans lien entre elles.
‘ Matériaux pour la paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur les fossiles du Jura et
des Alpes, publié par F.-J. Pictet (avec plusieurs collaborateurs).
24 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
PREMIÈRE NOTICE
Sur les limites du genre TOXOCERAS et sur le
T. OBLIQUATUM, d'Orb.
(PI. I.)
Le genre Toxoceras a été établi par d'Orbigny pour des coquilles de
la famille des Ammonitides, en forme de cône oblique, plus ou moins
arquées, et conservant pendant toute leur croissance une courbure régu-
lière et uniforme.
Si les paléontologistes avaient toujours à leur disposition des échantil-
lons complets des coquilles fossiles, cette définition serait suffisante pour
fixer les limites du genre et pour distinguer dans tous les cas les espèces
qui lui appartiennent; mais quand il s’agit de formes aussi allongées
que celles-ci et de coquilles minces et fragiles, on n’a souvent que des
fragments et dès lors on peut commettre de graves erreurs. Il suffit, par
exemple, de jeter les yeux sur une collection un peu nombreuse d’An-
cyloceras, pour voir combien il y a d'espèces qui ont une partie de leur
coquille exactement en forme de Toxoceras, c’est-à-dire que leur cour-
bure est uniforme pendant une grande partie de la croissance et change
subitement en formant une crosse. Les fragments qui précèdent ou qui
suivent cette crosse ne pourraient pas être distingués des Toxoceras si
elle était elle-même inconnue.
Je crois done, et je l'ai dit ailleurs, que parmi les espèces enregis-
trées dans les catalogues sous le nom de Toxoceras il y en a quelques-
unes qui ne sont que des fragments incomplets d’autres Ammonitides.
Par une hypothèse naturelle, on a déduit, de l’uniformité de courbure
des fragments recueillis, l’'uniformité des deux extrémités inconnues qui
sont constamment plus fragiles que le centre. Il arrivera de temps en
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 25
temps que les faits démentiront ces hypothèses et que la découverte
d'échantillons complets forcera à attribuer ces espèces à d’autres genres.
Je puis en donner ici un exemple remarquable.
Il est tiré d’une des plus grandes espèces du terrain néocomien des
Basses-Alpes (facies provençal ou barrémien), qui à été décrite par
d'Orbigny (Paléont. franc., Terr. crét., tome IF, p. 486, pl. 120, fig. 1-4)
sous le nom de Toxoceras obliquatum. Cette espèce est très-voisine de
quelques autres du même gisement (7. Moutomanum , ete.), et il n’est
pas impossible que ce que je vais dire du 7. obliquatum ne S'applique
à plusieurs. Je n’en ai cependant pas encore de preuves directes.
Je dois aux soins éclairés de M. Astier des échantillons intéressants
qui m'ont prouvé d’une manière évidente que le T. obliquatum S'écarte
notablement, à ses deux extrémités, des formes caractéristiques du genre.
Dans sa partie antérieure ou partie large, il S'infléchit en une crosse
comme les Ancyloceras. Dans son origine ou dans sa partie la plus mince,
il est sinueux, comme tordu et presque obliquement enroulé.
ai fait figurer ces pièces dans la pl. T. La fig. 4, a est celle d’un bel
échantillon avec la crosse; elle est réduite aux trois cimquièmes de la
srandeur naturelle. La fig. 1, b est celle d’un autre échantillon qui est
évidemment identique à la continuation du premier. Il est dessiné à la
même réduction. Cet échantillon était plus long ; le dessinateur en à re-
tranché, à droite, une partie qui était la reproduction exacte de la région
correspondante dans le grand. Les fig. 1 c, ! d'et Le sont celles de l'ex-
trémité du même fragment vue sous divers aspects. Elles sont repré-
sentées de grandeur naturelle.
‘Il y aura donc à modifier gravement les caractères de cette espèce, et
on devra incontestablement la sortir du genre des Toxoceras. Jai eu
quelques hésitations sur celui dans lequel on doit la transporter.
La forme de la partie mince ou de la jeune coquille exclut compléte-
ment le genre des Ancyloceras, auquel la crosse paraîtrait devoir s'asso-
cier. Cette région jeune, tordue et légèrement enroulée, rappelle un peu
TOME xvH, 17° PARTIE. k
26 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
les Heteroceras; mais elle montre un commencement de flexion et non
une spire qu'on puisse comparer à une turrilite, comme cela existe chez
la belle et curieuse espèce connue sous le nom d’Het. Emericianus. W
faut d’ailleurs remarquer que la partie enroulée est bien petite par rap-
port à l’ensemble.
La flexion imparfaite, qui rend cette région plutôt tordue qu'enroulée,
est au contraire un caractère qui rappelle très-bien le genre que j'ai
décrit sous le nom de Anisoceras (Traité de paléontologie, 2e édit. t. IE,
p. 705, et Pal. suisse, Descr. des foss. Sainte-Croix, 2% partie, p. 57).
La forme générale est en outre tout à fait celle des grands Anisoceras
du gault, chez lesquels une courte région tordue et sinueuse est suivie
par une longue branche de courbure uniforme‘, terminée elle-même
par une crosse.
Il est possible que de nombreux échantillons puissent une fois fournir
des documents plus précis sur cette région, qui correspond à l’origine
de la coquille, et que, mieux conservés que les nôtres, ils montrent l'exis-
tence d’un enroulement plus complet. Dans l’état actuel des choses, je
crois faire le rapprochement le plus probable en mettant cette espèce
dans le genre Anisoceras où elle devient l'Anisoceras obliquatum.
DESCRIPTION.
Coquille très-allongée, atteignant presque un mètre de longueur (notre échantillon
dépasse 90 centimètres). Coupe comprimée, le petit diamètre représentant 0,64 du
grand. Elle est composée d’une longue branche, faiblement mais uniformément ar-
quée, sauf à ses deux extrémités. Cette branche est ornée de côtes élevées, égales,
arrondies, non interrompues sur la région siphonale où elles s’élargissent un peu, at-
ténuées et disparaissant sur la région opposée. Ces côtes sont très-obliques antérieu-
rement, moins dans le milieu et très-peu vers le petit bout.
Celui-ci présente, comme nous l’avons dit, une forme différente ; la courbure aug-
mente beaucoup et la coquille sort de son plan général. Nos échantillons ne sont pas
1 Si on n'avait connu de l'Anisoceras Saussureanus que ses régions arquées, qui sont précisément
les plus communes, il est bien probable qu'on l'aurait placé dans le genre Toxoceras.
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 27
assez complets pour faire voir son commencement, de sorte que nous ne savons pas
si elle était simplement sinueuse et tordue comme ce que nous en possédons, ou si
elle formait un enroulement semblable en petit à celui des Heteroceras. Sur ce petit
bout les côtes deviennent très-obliques.
Le grand bout se termine par une crosse assez serrée et continue à s’élargir. Les
côtes y sont disposées de même ; elles rayonnent à peu près depuis le centre de cour-
bure et deviennent un peu irrégulières ; quelques-unes sont plus courtes que les
autres et n’atteignent pas le bord interne.
Les cloisons sont inconnues.
La comparaison de plusieurs fragments m'a pleinement convaincu de l'identité de
la parte droite de notre échantillon avec ceux qui portent dans les collections le nom
de Toxoceras obliquatum. L'égalité et l’obliquité des côtes sufliraïent à elles seules
pour caractériser ces fragments.
Il est toutefois une espèce avec laquelle elle a des rapports assez curieux. C’est
l’Ancyloceras simplex, d'Orb., Pal. franç., Terr. crét., tome IT, pl. 125, fig. 5-8, de
l’étage aptien de la Bédoule. La crosse en particulier est presque identique dans les
deux espèces, et si on n’avait eu que la crosse du nôtre et la Paléontologie française,
on n’aurait probablement pas hésité à l’attribuer à VA. simplex. Mais le reste de la
coquille [est fort différent ; cet A. simplex a une région droite bieu plus courte, où
les côtes sont très-inégales, souvent bifurquées , perpendiculaires à l’axe ou même
obliques en sens inverse de celles de l'A. obliquatum. La spire, quoique petite, y paraît
bien plus grande et enroulée dans un même plan.
L’Anisoceras obliquatum provient, comme nous l'avons dit, du facies
provençal du terrain néocomien ou étage barrémien. Nos échantillons
ont été trouvés à Barrême.
28 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
DEUXIÈME NOTICE
Sur la limite des genres ANCYLOCERAS et CRIOCE-
RAS, au sujet de l'existence d’une bouche dans le
CRIOCERAS DUVALII.
(PL. 1, fig. 2.)
On sait que les paléontologistes ne sont pas d'accord sur l'existence
du genre Crioceras. M. Astier en particulier a cherché à établir qué les
espèces désignées sous ce nom seraient loutes munies d’une crosse si
on les connaissait complètes, et qu'en conséquence elles doivent toutes
être transportées dans le genre Ancyloceras.
Je reconnais avec lui que dans beaucoup de cas la découverte de
meilleurs échantillons a montré l'existence d’une crosse et que plusieurs
espèces décrites el classées d'abord comme des Crioceras sont mainte-
nant, de l’aveu de tout le monde, associées à celui des Ancyloceras. Je
suis moins convaincu que lui qu’il en soit toujours ainsi, et je renvoie
à ce que j'en ai déjà dit dans la Paléontologie suisse, Terrain crétacé de
Sainte-Croix, 22e partie, p. 26.
Aujourd'hui se présente un fait nouveau dont je dois encore la con-
naissance à l’obligeance de M. Astier. C’est la formation d’une bouche
d’adulte dans le Crioceras Duvalii à l'état de Criocère, c’est-à-dire sans
crosse.
On sait qu’en général les coquilles, tant qu’elles n'ont pas atteint leur
forme définitive, ont les bords de l'ouverture incomplétement caractéri-
sés. Quand ces bords se caractérisent, on peut dire en général que l'ani-
mal est adulte et apte à la reproduction, tout en reconnaissant que dans
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 29
beaucoup de cas la croissance peut durer encore longtemps, et qu'à
une bouche caractérisée en peuvent souvent succéder plusieurs autres.
I paraît probable que, si le Crioceras Duvalii était destiné à devenir un
Ancyloceras, il ne prendrait pas ces caractères avant d’avoir formé sa
crosse.
Je n'infère toutefois de là qu’une probabilité, car ces coquilles n'ayant
pas de représentant dans le monde actuel, il serait téméraire de pré-
ciser les phases de leur croissance. Mais ce qui est certain et important
dans le cas qui nous occupe, c’est que le Crioceras Duval que nous
avons figuré n’est pas un fragment accidentel d’un Ancyloceras. Il a bien
vécu sous cette forme de Crioceras et probablement pendant assez long-
temps. Nous n'avons donc, pour le moment, aucun motif pour ne pas
lui conserver la place que lui a donnée d’Orbigny.
Jusqu'à présent on n'avait jamais décrit, au moins à ma connais-
sance, de bouche de Crioceras. Celle-ci est assez simple. Plus avancée
sur la région siphonale, ses bords forment sur les côtés une sorte ŒdS,
c’est-à-dire une échancrure du côté siphonal et un lobe avancé plus près
du bord interne. Sur la face interne, elle s’échancre en un sinus assez
prononcé. Elle n’est ornée que de lignes d’accroissement inégales et
sinueuses. É
30 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
TROISIÈME NOTICE
Sur l’enroulement varié de l'AMMONITES ANGULICOS-
TATUS et sur la limite des genres AMMONITES et
CRIOCERAS.
(PI. I bis.)
Les exemples de variabilité dans l’enroulement sont fréquents dans
les Ammonites; mais, sauf de très-rares exceptions, ces variétés ne vont
pas jusqu’à dépasser la limite des caractères génériques, et les individus
qui les présentent sont toujours des Ammonites incontestables.
Une de ces exceptions se trouve réalisée chez l'Ammonites angulicos-
tatus, d'Orb., qui est tantôt sous la forme d’une Ammonite, tantôt sous
celle d’un Crioceras. Ce fait n’est pas tout à fait nouveau; nous avons
déjà signalé quelque chose de pareil dans un travail fait en collabora-
tion avec M. de Loriol (Paléont. suisse, Terr. néoc. des Voirons, 2% partie,
p. 25). Mais à cette époque nous n’avons pu parler que d’un commen-
cement de déroulement, rare et peu marqué, ayant plutôt l'air d’un ac-
cident. Aujourd’hui j'en ai des exemples bien plus frappants, et j'ai pu
observer des différences d’enroulement plus prononcées, que je crois
utile de faire connaître.
Ces faits montrent en effet combien est peu important le caractère
par lequel on sépare les Ammonites des Crioceras, puisque la même
espèce peut présenter tantôt les formes de lun de ces genres, tantôt
celles de l’autre. I l’est d'autant moins, que, si on mesure mathémati-
quement ces divers enroulements, on trouvera les différences qui exis-
tent entre la forme d’Ammonite et la forme de Criocère de A. anguli-
costatus moindres que celles qui peuvent être observées entre les va-
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 51
riétés de plusieurs espèces jurassiques bien connues, telles que l'A. Hum-
phriesianus, Sow., et qui ne sortent cependant pas de l’enroulement des
Ammonites proprement dites.
On peut en même temps faire un rapprochement assez curieux. Si
on dispose les échantillons des divers degrés d’enroulement en une série
depuis la spire plus ou moins embrassante jusqu'aux tours disjoints, on
verra que les ornements se modifient graduellement et que plus les
échantillons avancent vers les formes de Crioceras, plus les côtes ten-
dent à se rapprocher des espèces caractéristiques de ce genre. Ainsi,
dans le cas qui nous occupe, les formes déroulées de l'A. angulicostatus,
tout en conservant au fond, ainsi que je le démontrerai plus loin, leurs
caractères spécifiques, tendent à former une série graduelle de modifica-
tions tendant vers les Crioceras Duvalii où Villiersianus. Get exemple
n'est pas le seul, et je récolte des matériaux qui me permettront, je
l'espère, d’en faire connaître d’autres dans d’autres groupes.
Les échantillons qui ont servi à cette analyse proviennent du facies
provençal de l'étage néocomien (barrémien, Coquand). Ils ont été prin-
cipalement recueillis à Anglès (Basses-Alpes).
Dimensions.
FORME D’AMMONITE|FORME D'AMMONITE FORME
à à de
tours emboités. | tours en contact. CRIOCERAS,
75 mill.
Largeur du dernier tour, par rapport à l'ensemble. É 0,35
IDiamètre de l'ombilie, id
Epaisseur, par rapport au diamètre
DESCRIPTION,
Caracrères communs. Coquille discoïdale, ‘ornée’ en travers de côtes saillantes,
infléchies en avant, onduleuses, inégales. Les unes sont longues et partent de la su-
ture, les autres sont plus ou moins réduites à leur tiers extérieur. Ces dernières sont
32 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
+)
à peu près deux fois aussi nombreuses que les longues. Toutes les côtes passent sans
s'interrompre sur la région siphonale, qui est presque aplatie, et y forment dans l’âge
adulte un léger tubereule ; l'angle, sur les deux côtés de l’aplatissement, est peu pro-
noncé. Cloisons inconnues.
Forme À rours EmBoités (pl. I bis, fig. 1, a, b). Cette forme correspond au type
de d'Orbigny ; chaque tour est recouvert par le suivant, de manière à ce que deux
tiers seulement de la surface soient visibles dans l'ombilic. Îl est à remarquer que
d'Orbigny n’a connu que le jeune âge, c’est-à-dire des coquilles du diamètre d’en-
viron cinquante millimètres. Il est facile de s’assurer qu’elles sont tout à fait iden-
tiques à nos échantillons si on détache de ceux-ci tout ce qui dépasse cette dimen-
sion. Plus lard, les formes se modifient légèrement. Les tubercules du pourtour
externe, qui sont nuls dans le jeune àâge, deviennent plus apparents. En même
temps, les grandes côtes tendent à s’épaissir; elles prennent souvent un petit tuber-
cule aigu au pourtour de l’ombilie, et on voit même les traces d’un renflement ana-
logue vers le milieu des tours ou un peu en dehors.
Forme À Tours EN conTACT (fig. 2, a, b). Les caractères sont ici parfaitement
identiques, sauf que les tours ne se recouvrent pas du tout et restent complétement
visibles dans l’ombilic, comme dans le groupe des Ammonites fimbriati. J'ai fait
figurer un grand échantillon où le dernier tour tend même à se disjoindre un peu.
Les ornements sont les mêmes que ceux que j'ai indiqués ci-dessus comme caracté-
ristiques de l’âge adulte.
Forme DE Crioceras (fig. 3, a, b). Dans cette variété, la séparation complète
entre les tours est bien marquée dès l’origine. J'ai fait figurer un exemplaire très-
bien couservé, où il n’y a aucune trace de compression ni de déviation ; il est dessiné
sans restauration. Îl est un peu plus jeune que les deux précédents ; en conséquence,
les grosses côtes sont moins épâtées. C’est celui qui ressemble le plus, par ses orne-
ments, à la figure de la Paléontologie française.
FaPPORTS ET DIFFÉRENCES. Sous la forme d’Ammonite, cette espèce est quelquefois
confondue avec l'A. Feraudianus, d'Orb., Pal. franç. p. 32%, pl. 76. La compa-
raison de la description et de la figure de ces deux espèces, ainsi que d'échantillons
nombreux de l’une et de l'autre, m'a paru fournir les caractères différentiels suivants :
1° Les côtes comptées au pourtour externe sont au nombre d’environ quarante
dans l'A. Feraudianus, et d'au moins soixante-quinze dans la figure de |A. anguli-
costatus ainsi que dans nos échantillons.
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 53
2° Ces côtes présentent en majorité, chez VA. Feraudianus, de vraies bifurcations
situées au tiers interne du tour ; tandis que dans l’A. angulicostatus et dans nos échan-
tillons les petites côtes ne s’embranchent que très-rarement sur les grandes, et ne
dépassent guère le tiers externe du tour.
30 La région siphonale de nos coquilles n’est pas complétement aplatie et reste
même légèrement bombée, ses angles latéraux sont peu aigus, caractères spéciaux
à l'A. angulicostatus. Je n'ai pas su mettre d'importance à la présence des tubercules,
puisque d’Orbigny n’a décrit que le jeune âge et que nous constatons qu'ils n’exis-
tent pas à celte époque.
Sous la forme de Crioceras, cette espèce se rapproche des C. Villiersianus et Du-
valii. Lorsque les petites côtes augmentent de nombre et les grandes d'importance,
et lorsque ces dernières prennent des traces de tubercules au milieu des flancs, il y
a des transitions d'autant plus embarrassantes qu'il s’en faut de beaucoup que les
Crioceras sus-indiqués aient eux-mêmes des caractères très-constants. Ils vont sou-
vent, en quelque sorte, à la rencontre des A. angulicostatus déroulés, et celui que
nous avons figuré dans la pl. 1, comme ayant une bouche, en est un exemple. Le
caractère différentiel le plus constant et celui qui me paraît n'être franchi par au-
cune des variétés de l’un ou de l’autre type, est le suivant. Dans l'A. angulicostatus,
les côtes passent toujours directement sur la région siphonale, perpendiculaires à sa
ligne médiane, et toutes sont égales (quelle que soit leur inégalité sur les flancs) ;
elles ont toutes des tubercules si la coquille est très-adulte. Dans les Crioceras pré-
cités, les côtes ordinaires forment sur la région siphonale un sinus dirigé en avant ;
les grosses y restent très-diflérentes des autres; elles sont seules tuberculeuses, et
les petites, toujours minces et peu élevées, arrivent sur celte région sans présenter
ni angles ni tubercules.
TOME xvVu, 17e PARTIE. 5
(S] |
=
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
QUATRIÈME NOTICE
Discussion sur les variations et les limites de quelques
espèces d'Ammonites du groupe des A. ROTOMA-
GENSIS et MANTELLI.
Les Ammoniles rotomagensis et Mantelli existent dans toutes les col-
lections; elles sont communes dans plusieurs gisements et ont été ci-
tées par une foule d'auteurs. Il S'en faut cependant de beaucoup que
leurs limites soient clairement fixées, et plusieurs autres espèces voi-
sines sont tantôt confondues avec elles, tantôt inscrites sous des noms
variables dans les catalogues. Il est devenu indispensable de reprendre
ce sujet dans son ensemble et de rétablir une synonymie aussi exacte
que possible.
La cause principale des confusions qui se sont peu à peu introduites
se trouve dans la variabilité de toutes ces espèces qui se présentent sous
des aspects divers et trompeurs. Je crois toutefois pouvoir aujourd’hui
démontrer que cette variabilité a ses règles fixes et se borne en grande
partie aux modifications qu'apportent l’âge et la croissance. L'examen
d’une très-grande quantité d'échantillons de grande taille, dont j'ai eu
soin de détacher successivement tous les tours, m'a convaincu que chaque
espèce parcourt d’une manière normale une série de modifications bien
plus constante qu’on ne pourrait le penser. Si on compare sans précau-
tion des échantillons d’âges différents, on sera entrainé à croire à des
variations sans limites, car deux espèces se ressemblent souvent à une
époque et non à l'autre. Quelquefois la jeune de l'une rappelle l'adulte
de l'autre, et tel caractère pourra être réputé insuffisant, tandis qu'il a
au contraire une signification très-précise si la comparaison est faite
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 55
comme elle doit l'être. Plusieurs de ces espèces ont déjà été figurées,
mais jamais avec la série des modifications qu'elles éprouvent. Elles
sont en particulier mal connues dans leur âge très-adulte. Jai cru utile
de mettre en présence ces formes successives, et j'espère, à la suite de
cet examen, que l'histoire du développement de chacune paraîtra plus
claire.
L'étude de ce développement justifierait à elle seule le travail que j'ai
entrepris; mais si quelqu'un doutait encore de son opportunité, j'ajou-
terais que j'ai vu bien des collections dans ces dernières années, et que je
n'en connais aucune où les déterminations de ces espèces ne soient pas
entachées d'erreurs nombreuses. Quelques types sont toujours bien nom-
més; une foule d'échantillons portent des noms inexacts et singulière-
ment variables d’une collection à l’autre. Il y a là, ce me semble, une
sorte de désordre dont il faut sortir.
J'ai commencé cette analyse dans les conditions suivantes. Les riches
gisements cénomaniens du Mans renferment plusieurs grosses Ammo-
nites douteuses. Une d'elles a reçu en 1846, de M. d’Archiac, le nom
d'A. cenomanensis, qui n’a été malheureusement accompagné d'aucune
description. L'importance et la fréquence de ces beaux échantillons à
forcé les géologues à employer ce nom, et, comme on pouvait #v at-
tendre, il a été d’une manière variable, d'autant plus que d’Orbigny,
dans son Prodrome, a établi aussi une A. cenomanensis accompagnée
d'une phrase descriptive insuffisante, mais sans se référer en aucune
manière à celle de M. d’Archiac, qui est une autre espèce. En bonne
règle, on aurait le droit de considérer ces noms comme nuls et ron
avenus, mais ils ont été tellement consacrés par l'usage, qu'ils ont ac-
quis en quelque sorte le droit d'exister, et, en fait, il n’y aurait aucun
avantage à les supprimer. Si on admet avec nous ce droit, il est clair que
la priorité appartient au type qui a été nommé par M. d'Archiac. Or, la
solution de cette question est devenue possible, grâce aux soins éclairés
de M. Triger. Témoin depuis longtemps des incertitudes qui entouraient
celle question et des inconvénients d’une synonymie flottante, ce savant
36 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
véologue a cherché et retrouvé dans le musée du Mans léchantillon
original étiqueté par le conservateur au moment de la visite de M. d’Ar-
chiac, et il a bien voulu me le confier. Cet échantillon est figuré dans
la planche IV du présent mémoire, réduit d’un tiers. Le nom est écrit à
l'encre sur le fossile lui-même; aucune transposition n’a été possible,
et nous avons ainsi le type certain de l'espèce. Il n’y a aucun motif lé-
gitime pour ne pas lui attribuer exclusivement le nom qu’elle partage
aujourd'hui avec quelques autres.
L'étude de ce type, celle de ces autres espèces et leur comparaison
avec celles qui sont mieux connues, sont donc le sujet de cette note. Je
ferai précéder la description détaillée des phases successives par les-
quelles elles passent, d’une courte analyse des travaux successifs qui les
ont fait connaître. Je me bornerai aux auteurs qui ont ajouté quelque
chose de nouveau, et négligerai les descriptions ou les citations qui ne
sont qu'une répétition de ce qui était connu.
J'ai üré peu de parti des cloisons, quoique j'aie l'habitude d’attacher
de l'importance à ce caractère. Après en avoir dessiné beaucoup, j'ai été
frappé de leur uniformité. Les différences entre les espèces sont très-
faibles et moindres que celles qui existent entre les divers âges. Je ne
veux toutefois pas aller jusqu’à dire que, si on pouvait figurer les cloi-
sons de toutes les espèces du groupe à la même période de croissance,
on n'obtint pas quelques documents, mais dans ma collection, les échan-
tillons où on peut les observer d’une manière suffisante, sont de taille
variée et ne m'ont donné aucun résultat pratique.
On peut appliquer à toutes la description tirée de l'A. Mantelh : Lobe
dorsal un peu plus long et un peu plus large que le latéral supérieur,
sa dernière branche très-longue. Selle dorsale large, divisée en deux
parties, elles-mêmes subdivisées. Lobe latéral supérieur divisé en bran-
ches inégales et étant plutôt pair qu'impair. Lobe latéral inférieur beau-
coup plus petit, terminé par deux branches inégales. Un lobe auxiliaire
très-petit.
Je ne suis pas d'accord avec d'Orbigny quand il donne comme carac-
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 57
tère de VA. rotomagensis, d’avoir un lobe latéral inférieur divisé en par-
ties impaires. Chez tous les échantillons que j'ai vus, ce lobe est identique
à celui de l'A. Mantelli: seulement les deux branches étant inégales, la
moindre déviation peut faire considérer la plus grande comme médiane.
J'ai cherché vainement des différences qu’on püt exprimer entre les A. ro-
tomagensis, Mantelli, cenomanensis, elc.
Cette grande analogie des cloisons rapproche singulièrement toutes
ces espèces et montre qu’elles appartiennent à un groupe naturel très-
compact. Doit-on aller plus loin et les réunir toutes en une seule? Je
ne le pense pas, el ce serait probablement dépasser la vérité. On pourrait
citer bien des cas analogues où les cloisons sont impuissantes à motiver
à elles seules des distinctions spécifiques et où cependant les ornements
les annoncent d’une manière évidente. Ainsi les Ammoniles cristatus, va-
ricosus, Bouchardianus sont dans ce cas. Il en est presque de même
des À. Carteroni et bidichotomus, ete. Dans des espèces très-voisines, il
arrive souvent que les cloisons, tout en n'étant pas mathématiquement
identiques, sont si ressemblantes, que les différences individuelles attei-
ypent en apparence les différences spécifiques et ne fournissent plus de
caractères dont l'emploi puisse guider avec quelque sécurité. Je suis loin
de prétendre que les cloisons des espèces dont je traite dans ce mémoire
aient une identité réelle, je dis seulement qu’en pratique je n’ai pas su
y trouver un guide que je puisse recommander. Il y a dans chacune
d'elles des variations qui tiennent à diverses circonstances appréciables
et qui empêchent des expressions assez précises de leurs caractères pour
qu'on puisse les rendre comparatives.
Ces circonstances sont, outre l’âge:
1° L’enroulement plus ou moins serré. Si Pombilic est relativement
étroit et les tours larges, les lobes auxiliaires ont plus de place pour se
développer et varient de nombre.
2° L’épaisseur et l'arrondissement des tours qui refoulent en dedans
les derniers de ces auxiliaires.
3° La rapidité individuelle de la croissance. Dans une même espèce,
58 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
il y à des cloisons plus ou moins écartées. Plus elles le sont, plus les
lobes et les selles sont à proportion longs et peu larges.
4 Des variations imprévues et individuelles dans la forme des bran-
ches latérales.
SL. DES AUTEURS PRINCIPAUX QUI ONT DÉCRIT DES ESPÈCES DE CE GROUPE.
Il est inutile de discuter ici les indications ou les figures plus où moins
imparfaites qui peuvent se trouver dans les anciens auteurs avant l'adop-
üon de la nomenclature scientifique. Je ne trouve également rien à citer
dans Bruguière, non plus que dans les ouvrages du siècle dernier.
Le premier auteur que nous devions mentionner est Sowerby (Min.
Conch.). En 1814, il a donné la figure de l'A. Mantelli qui doit servir de
type. En 1817, il a publié une figure médiocre de VA. rusticus.
Lamarck, comme on le sait, n’a donné pour les Ammonites que des
descriptions singulièrement insuflisantes. Nous ne le citerions même
pas si, dans ces dernières années, on n'avait pas donné une certaine
importance à son Ammoniles laxicosta (Anim. sans vert. L VIT, 1822).
En 1822, Mantell (The fossils of the South Downs, or Geol. of Sussex)
a fait connaître plusieurs espèces. Son ouvrage est un des principaux
points de départ et doit être consulté avec soin. Il n’a pas toujours été
interprété aussi rigoureusement qu'on aurait pu le désirer. L'auteur
figure de nouveau l'A. Mantelli, mais non pas le type de Sowerby. I
transporte ce nom à la variété comprimée dont nous parlerons plus
loin sous le nom d'A. Couloni. A décrit trois espèces nouvelles : VA.
Sussexiensis qui est la même que VA. rotomagensis, YA. Woolgari de la
division inférieure de la craie supérieure, et VA. navicularis de la craie
supérieure à silex.
Dans la même année, Alex. Brongniart a publié sa description des
environs de Paris. La priorité entre lui et Mantell est douteuse. Il paraît
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 59
avoir eu connaissance des planches de ce dernier auteur avant la publi-
cation du texte et avant la fin de son propre travail. C’est lui qui à fait
connaître le premier l'Ammonites rolomagensis, qui, comme nous venons
de le dire, est identique à VA. Sussexiensis. Le nom de Brongniart a pré-
valu, et il y a toute convenance à le conserver. Il à décrit en outre
l'A. Gentoni, de Rouen, espèce méconnue, mais que l’on doit réinscrire.
J. de C. Sowerby fils, dans les années 1826 à 1828, continuant l'œuvre
de son père (Min. Conch.), a décrit sous le nom de A. hippocastanum
une variété de VA. rotomagensis: il à figuré de nouveau cette dernière en
lui conservant son nom et l’associant à l'A. Sussexiensis. I a donné une
nouvelle figure de l'A. Woolgari de Mantell et représenté, sous le nom
de À. navicularis, une espèce que nous montrerons plus loin être l’âge
adulte de VA. Gentoni, et qui paraît différente de celle à laquelle Mantell
avait donné ce nom.
En 1856, le même auteur a décrit une À. triserialis (dans le mémoire
de Fitton, Geol. Trans., t. IV) de Blackdown, qui paraît très-voisine de
VA. rotomagensis.
Les auteurs allemands, savoir : Geinitz (1840 et 1849), Rœmer (1841),
Reuss (1845), Quenstedt (1847), ont jeté peu de jour sur ces ammonites.
Ils ont une grande tendance à les réunir et n’admettent en général que
deux espèces, l'A. rotomagensis et VA. Mantelli. Nous reviendrons sur
ces opinions en discutant les espèces. Ajoutons toutefois que Geinitz,
en 1849 (Quadersandsteingeb.), à établi une A. Neptuni que nous ne
connaissons pas.
Dans cette question, comme toutes les autres de même nature, d'Or-
bigny à joué un rôle important; mais il est évident qu'il à eu des in-
certitudes et des hésitations. Dans la Paléontologie française (1841), il
figure bien la véritable À. rotomagensis (sauf une des figures dont nous
parlerons plus bas), mais 1l réunit sous le nom de 4. Mantelli des formes
qui ne peuvent pas rester associées. IT figure sous le nom de Woolgari
une espèce différente de celle des Anglais; il interprète, par une nou-
velle planche, VA. rusticus, Sow., et fait connaître quatre espèces nou-
40 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
velles : les À. Vernewilianus, Deverianus, Fleuriausianus et Carolinus.
Dans l'intervalle qui s’est écoulé entre la Paléontologie française et le
Prodrome, M. d’Archiac (1846) a nommé, comme nous l'avons dit plus
haut, l'A. cenomanensis.
Dans le Prodrome, d’Orbigny (1850) corrige l'histoire de VA. Mantelli
et admet, outre le type de l'espèce, VA. navicularis et VA. Coulon figu-
rées dans la Paléontologie sous ce nom de Mantelli. À y ajoute, comme
je l'ai dit, une À. cenomanensis, el ces espèces, jointes à VA. rotoma-
gensis et à VA. triserialis, constituent la totalité des espèces cénoma-
niennes de ce groupe. Dans l'étage turonien, il désigne sous le nom de
Vielblanci VA. Woolgari de la Paléontologie française, et sous le nom
d'A. Woolgari VA. Carolinus du même ouvrage. Il conserve les autres
espèces de la Paléontologie en y ajoutant une À. furoniensis non figurée.
Il attribue PA. Verneuilianus à l'étage sénonien.
En 1852, Giebel (Fauna der Vorwelt) admet la plupart de ces espèces
nouvelles et continue, avec ses compatriotes, à associer plusieurs des
anciennes avec les À. rotomagensis et Mantelli.
En 1854 a paru à Londres (Palæont. Society, Descr. of the foss. remains
found in the Chalk, Cephalopoda) un travail important de Sharpe, où la
plupart des espèces sont discutées et figurées de nouveau et où sont dé-
crites quelques formes nouvelles. J'ai le regret de me trouver en désac-
cord sur quelques points avec le savant auteur, tout en admettant une
bonne partie de ses conclusions. Il à figuré de nouveau les vrais types
des À. Woolgari, rotomagensis, Mantelli, rusticus, etc. I nomme A.
navicularis la même espèce qui a reçu ce nom de Sowerby (non de
Mantell). I interprète mal, suivant moi, les À. Sussexiensis et Deveria-
nus, etil fait connaître deux espèces nouvelles, les À. laticlavius et Cun-
ningtoni. Pour lui, l'A. ippocastanum reste distinct du rotomagensis.
Nous avons nous-mêmes (Pictet et Campiche, Paléontologie suisse,
Descr. des foss. crétacés de Sainte-Croix) cherché à débrouiller la syno-
nymie d’une partie de ces espèces. Nous avons aujourd'hui à modifier
nos opinons sur un point, l'Ammonites cenomanensis. Ne connaissant pas
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. AA
alors le type original retrouvé par M. Triger, nous avions attribué ce
nom à une autre espèce qui le porte dans plusieurs collections et qui doit
reprendre celui d'A. Cunninglonr.
$ 2. ANALYSE HISTORIQUE ET CRITIQUE DEN ESPECEN.
1. AMMONITES MANTELLI, Sow.
1° Type de l'espèce.
Le point de départ incontestable pour cette espèce est la pl. 55 du
Mineral Conchology. Elle représente une Ammonite médiocrement com-
primée, à région siphonale aplatie et bordée par deux surfaces obli-
ques, tant par rapport à elle que par rapport au plan des flancs. On
compte quatre rangs de tubercules, soit deux de chaque côté, savoir : un
sur l'angle qui sépare la région siphonale de la face oblique, et un sur
l'angle qui existe entre cette dernière et le plan des flancs. On n’en voit
aucune trace sur la ligne siphonale. Les côtes, au nombre d'une tren-
laine par lour, sont assez épaisses, inégales du côté ombilical; elles
traversent loules, sans s’abaisser, la région siphonale. Les tubercules
font des saillies peu marquées. L’ombilie est médiocre (0,28 du diamètre).
Ce type, bien déterminé, existe dans la plupart des collections. Les
échantillons originaux de Sowerby provenaient de la craie grise céno-
manienne de Ringmer, près de Lewes (Sussex). Il est fréquent dans la
formation cénomanienne de France.
Des échantillons identiques à ce type ont été rarement figurés de
nouveau, et dans les simples citations il est impossible de distinguer ce
qui se rapporte au type de l'espèce de ce qui appartient à la variété dont
nous parlerons plus bas.
TOME XVII, 17e PARTIE. 6
42 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Je considère comme correspondant au type les figures suivantes :
Quensrenr, 1847, Petref. Deutschl., Cephal., planche XVIL, fig. 8. Echantillon
à flancs légèrement plus ondulés que le type.
Suarpe, 1854, Palæont. Society, Cephal., p. 40, pl. XVII, fig. 5 et 6. La
figure 7 est une très-légère variété provenant de l’augmentation des tubercules la-
téraux.
Picrer et Campicne, 1859, Paléont. suisse, Terr. crét. de Sainte-Croix, tome I,
pl. XXVL, fig. 2, 3, # et 5; les figures 3 à 5 représentent la même variété un peu
plus tubereulée dont nous venons de parler.
Par contre, comme je le montrerai plus loin, les figures de Mantell se rapportent
à la variété comprimée (A. Couloni), et les planches 103 et 10% de la Paléontologie
française de d’Orbigny ne représentent non plus ni l’une ni l’autre le type spécifique,
sauf peut-être le fragment correspondant à la figure 3 de la planche 10%
2° Variété comprimée.
(AMMONITES CouLoNI, d'Orb.)
L'A. Mantelh, telle que nous venons de la définir, se lie par des de-
grés insensibles avec une forme plus comprimée dans laquelle les petites
faces obliques se confondent avec les flancs, et où disparaissent souvent
les tubercules qui occupaient l'angle placé entre ces deux régions. Il ne
reste plus alors que le rang de tubercules qui borde de chaque côté la
face siphonale. Les côtes sont disposées de même et lombilic augmente
un peu, comme cela a toujours lieu dans les formes comprimées.
Si l’on n'avait jamais sous les yeux que les échantillons très-compri-
més, tels que ceux du cénomanien vaudois ou neuchätelois, on n'hési-
terait pas à en faire une espèce distincte, d'autant plus que le mode de
dégénérescence augmente encore les différences. À un certain âge, la
région siphonale s’arrondit, les tubercules disparaissent complétement,
et les côtes épâtées au pourtour deviennent presque aussi larges que les
intervalles qui les séparent. Dans le véritable type, l'arrondissement de
la région siphonale et l'élargissement des côtes s’observent également,
mais d’une manière moins frappante.
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 15
Mais, comme je l'ai dit, de nombreuses formes intermédiaires lient
l'A. Mantelli à VA. Coulom et forcent à les réunir. On trouvera dans
toutes les collections des séries d'échantillons présentant tous les degrés
de compression et les diminutions les plus graduelles dans Papparence
des tubercules.
Cette variété nous paraît très-bien représentée dans les figures suivantes :
Mawrecz, 1822, Geol. of Sussex, pl. XXL, fig. 9, et pl. XXI, fig. 1, sous le
nom de À. Mantelh.
D'Orsiexv, 1841, Pal. franc. Terr. crét. t. IL, pl. 10%, fig. 1, 2 et #, sous le
nom de 4. Mantelli, corrigé dans le Prodrome en À. Couloni. (La fig. 4 se rapporte
à l’état très-adulte.)
On trouvera des figures des échantillons de transition dans :
Snarpe, 1854, Pal. Soc., Moll. of the Chalk, Cephalop. pl. XVIIL fig. 4, sous le
nom de Mantelli.
Picrer er Campicue, 1859, Paléont. suisse, Terr. crét. de Sainte-Croix, pl. XXVE
fig. 1, pour la dégénérescence adulte, et fig. 2 pour l'état normal. La comparaison
des fig. 3, # ei 5 nous paraît montrer d’une manière suflisante la série des degrés de
compression.
Elle se trouve dans les mêmes gisements que le type et appartient
aussi à l'étage cénomanien.
Je crois inutile d’insister davantage sur les caractères évidents de cette espèce que
je w’ai pas fait figurer de nouveau, n’ayant rien à ajouter aux documents précités et
n'ayant pas élé encore assez heureux pour avoir eu entre les mains la dégénérescence
sénile de la forme typique.
L'absence complète et constante de tubereules sur la ligne médiane , la région si-
phonale toujours traversée par les côtes et toujours bordée de chaque côté d’un rang
de tubercules réguliers, nous paraissent suffisants pour ne laisser aucun doute. Ces
caractères s’observent tant sur le type que sur la variété. Les différences qui existent
entre ces dernières se bornent à la forme des flancs et aux tubercules intérieurs.
Il faut toutefois remarquer que dans l’âge très-adulte les caractères se perdent plus
ou moins et que l'espèce devient facile à confondre avec les À. Gentoni, cenomanensis,
44 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Deverianus, ete., avec lesquelles nous la comparerons plus loin. Nous ne connaissons
du reste pas d’autre moyen certain de les distinguer que de détacher les derniers tours
pour retrouver les caractères de l’âge moyen.
Quelques mots encore sur la synonymie. Les auteurs anglais et français sont presque
complétement d’accord à ce sujet, mais la plupart des auteurs allemands ont admis
des associations qui me paraissent tout à fait erronées.
Geiirz, 1840, Characteristik, et Roemer, 1841, Norddeutsch. Kreïd., p-. 88,
lui réunissent les À. navicularis et Gentoni que je décrirai plus bas sous ce dernier nom
et qui constituent une espèce très-différente.
Reuss, 1845, Bæhm. Kreïd., p. 22, adopte la même association et y ajoute l'A.
Nutfieldensis, qui n’est qu'une dégénérescence sénile de l'A. mamallaris, et l'A. Ca-
tinus qui apparent à un tout autre groupe.
Quensrenr, 1847, Petref. Deutsch., Cephal., parait trouver insuffisants tous les
caractères qui distinguent les espèces du groupe des Rotomagenses.
Enfin Gresez, 1852, Fauna der Vorwelt, en admettant toutes les associations de
Reuss, y ajoute l'A. Gossianus, Pictet, qui en diffère trop pour que je puisse com-
prendre les motifs qui ont dirigé l’auteur.
2. AMMONITES ROTOMAGENSIS, AL. Brongniart.
(Planche 2.)
L'Ammonites rotomagensis à été figurée pour la première fois, sous ce
nom, par Al. Brongniart (1822), dans la Description du bassin de Paris.
Le point de départ est donc la fig. 2 de la pl. IV de cet ouvrage, repro-
duite dans Cuvier : Ossem. foss. 4e édition, p. 150, pl. N, fig. 2. Le
texte indique Defrance comme ayant donné le nom, mais cet auteur
ne parait pas lavoir publié; il s’est probablement borné à le trans-
mettre à Brongniart comme nom de collection.
Cette même espèce a été figurée dans la même année par Mantell,
Geol. of Sussex, pl. XXI, fig. 10, sous le nom d’Ammoniles sussexiensis.
x
La question de priorité serait difficile à résoudre, car si l'ouvrage de
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 45
Brongniart a paru quelque temps avant celui de Mantell, le géologue
français paraît avoir eu connaissance des planches de louvrage anglais
pendant qu'il rédigeait son propre travail (voyez la note insérée dans
Cuvier, Oss. foss. 4e édit. & IV, p. 151). Heureusement il n’y à pas de
motifs sérieux pour discuter cette question, car tous les naturalistes sont
d'accord pour conserver le nom‘ donné par Brongniart.
L'A. rotomagensis est une espèce très-clairement caractérisée par la disposition de
ses tubercules. Dans le jeune âge et l’âge moyen (fig. 2 et 3), ils forment cinq ran-
gées presque égales (une médiane et deux latérales de chaque côté). Les tubereules
de la ligne siphonale sont en même nombre que ceux des rangées latérales, Les côtes
inégales du côté ombilical, où les plus longues portent en outre un tubereule basi-
laire, passent toutes sur la région siphonale en formant un bourrelet largement arronti
qui porte les cinq tubercules et constitue ainsi, avec eux, un anneau bien marqué.
Ces anneaux, par leur égalité et leur régularité, constituent un des caractères prin-
cipaux de l'espèce. Ceux de la rangée externe sont les plus grands et les plus co-
niques, ceux des autres rangées sont plus petits et comprimés. L’ombilie est médiocre
(0,25 du diamètre).
J'ai étudié sur un grand nombre d'échantillons les modifications qu'apporte l’âge
dans cette espèce. Elles sont peu profondes, assez constantes et bien différentes
de celles de quelques autres, telles que l’A. cenomanensis. Les tubereules de la
rangée siphonale diminuent un peu de volume et de saillie, comme on peut le
voir sur les fig. {, b. et 1, c. réduites de moitié et correspondant par conséquent
à des échantillons assez grands. Les tubereules de la rangée voisine se modifient
moins, mais tendent cependant aussi à devenir plus arrondis, plus épâtés, moins sail-
lants, et à perdre leur forme comprimée. Les tubereules de la rangée placée au bord
de la région siphonale et des flancs tendent, au contraire, à augmenter un peu; ils
conservent leurs formes coniques. Tantôt leur saillie n'augmente pas; c’est ce qui
est surtout fréquent dans les échantillons de Rouen et du Jura (Pal. suisse, Sainte-
Croix, pl. XXV). Tantôt ils deviennent un peu plus longs; c'est l'ordinaire des échan-
ullons du Mans, comme je l'ai fait figurer dans la pl. FE. Les bourrelets restent tou-
jours égaux, bien reconnaissables, et portent régulièrement leurs cinq tubercules.
Cette espèce a des rapports mcontestables avec l’A. Mantelli, mais je ne connais
‘ Le nom d’A. sussexiensis a été transporté par Sharpe à une autre espèce dont je parlerai plus
loin et que je réunis à l'A. Cunningtom.
16 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
aucun cas où l'existence de la ligne siphonale de tubereules ne sufhise à l'en disun-
guer. Sous ce point de vue, je suis en désaccord avec d'Orbigny, qui lui donne pour
caractère : « Dos large, un peu convexe, pourvu de cinq rangées de tubercules, ou
de quatre lorsque celle du milieu manque, ce qui a lieu souvent. » L'oblitération de
la ligne médiane n’a jamais lieu que dans la dégénérescence sénile et encore est-elle
bien rarement complète. Dans le jeune âge et dans l’âge moyen ces tubercules exis-
tent toujours. D'Orbigny, pour justifier son opinion, a figuré (pl. 106) une Ammonite
qu'il rapporte à celte espèce, mais qui ne lui appartient certainement pas. Je n’en ai
jamais vu de tout à fait identique; mais je n'hésite pas à l’attribuer plutôt à l'A.
Mantelli.
L’A. rotomagensis a aussi des rapports nombreux avec les À. Cunningtoni , Gen-
tom, etc. Je les discuterai successivement en traitant de ces espèces.
Elle est sujette à quelques variations dans la proportion des tubercules, en outre
des modifications dues à la croissance. Quelques échantillons ont les tubereules du
bord de la région siphonale un peu plus grands que d’autres, plus pointus et plus
coniques. L’exagération de ces différences produit la forme qui a été décrite par
J. de C. Sowerby, 1826, Min. Conch. pl. 51%, sous le nom de Amunonites hip-
pocastanum. Je suis porté à la considérer comme une simple variété; toutelois je
n’oserais rien aflirmer, ne l'ayant pas vue en nature. Je ferai seulement remarquer
qu'entre l’A. hippocastanum et la forme aplatie, à tubercules très-peu saillants, il y a
de très-nombreux intermédiaires qui semblent relier ces deux extrêmes.
Les figures suivantes nous paraissent représenter clairement |A. rotomagensis et
suffire pour en bien faire comprendre les caractères.
BroxGxiarT, 1822, loc. cit. pl. N, fig. 10. Type de l'espèce.
Manrezz, 1822, Geol. of Sussex, pl. XXI, fig. 10. Type fréquent, médiocre-
ment renflé, à tubereules peu saillants, sous le nom de Ammonites sussexiensis. La
fig. 2 de la pl. XX, également rapportée à cette espèce, m'embarrasse un peu plus,
et je ne me rends pas très-bien compte de la disposition des tubercules.
J. de C. Sowerey, 1826, Min. Conchol. pl. 515, sous le nom de A. rotoma-
gensis (en y réunissant l’A. sussexiensis).
Quensrenr, 1847, Petref. Deutsch., Cephal. pl. XVIE, fig. 5.
D'Orsiexy, 1841, Pal. franc. Terr. crét. t. I, pl. 105. Quant à la pl. 106, qui
est également attribuée à l’A. rotomagensis, je crois, comme je Pai dit plus haut, qu'il
y à erreur, et qu'elle se rapporte plutôt à l'A. Mantelh.
SuarPe, 1854, Paleontographical Society, Moll. of the Chalk, Cephalop. pl. XVI,
=
MÉLANGES PALEONTOLOGIQUES. # 1
fig. 1 à #. Excellentes figures représentant très-bien le type à tubereules peu pro-
noncés. PI. XVIL, fig. 2, 3 et 4. A. hippocastanum , ou, suivant moi, variété à tu-
bereules plus allongés.
Picrer er Camricue, 1859, Paléont. suisse, Descr. loss. Sainte-Croix, pl. XXV.,
fig. 1 et 2, type à tubercules peu prononcés; fig. 3, transition à PA. triserialis que
je discuterai plus loin.
L’A. rolomagensis est une espèce abondante; elle caractérise très-bien
l'étage cénomanien, et en particulier la division connue sous le nom
de Rotomagien.
Au Mans, d’après les observations de M. Triger, elle se trouve ordi-
nairement à un niveau un peu supérieur à ceux des À. cenomanensis el
Cunningloni, el inférieur à ceux des À. Gentoni et obliqua.
Je renvoie, pour la synonymie détaillée, à la Paléontologie suisse. Je rappelle
seulement qu'il est impossible d'admettre les associations proposées par la plupart
des auteurs allemands qui li réunissent :
19 L’4. Woolgari, qui est bien distincte et qui caractérise un étage bien plus
récent.
2° Les A. catinus et rusticus, qui appartiennent à des types tout à fait différents.
3. AMMONITES CENOMANENSIS, d'Archiac.
(PL 3et4)
Jai déjà fait en grande partie l'histoire de VA. cenomanensis. Ce nom
a élé donné pour la première fois par M. d’Archiac à une grosse Am-
monite du musée du Mans. L'importance de cette espèce, par sa fré-
quence et par la taille qu'elle acquiert, engagea le savant professeur à
lui donner une dénomination qui permit de la citer parmi les fossiles
caractéristiques de l'étage cénomanien de la Sarthe. On en trouve les
premières traces dans le travail publié en 1846, dans le tome IT des
Mémoires de la Société géologique, 2e série, p. 62 et 78.
18 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Or, les grosses Ammonites du groupe des rolomagenses sont fré-
quentes dans cet étage, et d'autant plus faciles à confondre que la dégé-
nérescence sénile y efface ou atténue une partie des caractères. Le nom
d'A. cenomanensis n'ayant point été accompagné d’une description ni
d'une figure, a été dans les collections et les catalogues appliqué tantôt
aux unes, tantôt aux autres.
Il est évident, dans un pareil état de choses, que l'on aurait le droit,
ainsi que je Pai déjà fait remarquer, d'abandonner ce nom de cenoma-
nensis el de le considérer comme nul et non avenu; mais il a été si
souvent employé et est tellement entré dans la pratique qu'il y à
plutôt avantage à régulariser sa signification. J'ai expliqué plus haut
comment M. Triger à retrouvé le type original. Par un hasard curieux,
l'espèce à laquelle il correspond n’a encore reçu aucun autre nom. Il
n'y a donc aucun motif pour ne pas sanctionner celui-ci par une des-
cription plus détaillée et pour ne pas le lier d’une manière définitive à
ce type.
Ce point de départ une fois admis, on doit considérer comme nuls
les noms de À. cenomanensis donnés à d’autres espèces. De ce nombre
est celui que d’Orbigny a donné, dans le Prodrome, à une « grosse es-
pèce, voisine de VA. rotomagensis, mais à tours larges, à dos carré, dont
les tours ont de larges côtes simples, pourvues de chaque côté de deux
gros tubercules saillants au pourtour. » Ce nom parait avoir été donné
par d’Orbigny sans qu’il connût le fait que M. d’Archiac avait employé
le même. Plusieurs naturalistes, continuant la même confusion, l'ont ap-
pliqué à l'espèce que nous désignons plus loin sous le nom d’4. Cun-
ningtoni, el nous-mêmes, avant la découverte de l'échantillon original,
entrainés par les habitudes prises, nous avons suivi cet exemple dans
la description des fossiles de Sainte-Croix. II faut cependant remarquer
que la phrase de d'Orbigny s’y applique au fond très-mal, car A. Cun-
ningtoni n'a pas deux tubercules saillants au pourtour, mais bien un
seul. Je connais des fragments d’une grosse Ammonite du Mans, qui
ont par contre ce caractère très-prononcé; mais c’est une espèce rare
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 19
qui à passé inaperçue, el dont, n'ayant pas le jeune âge, je ne puis pas
rétablir la série des formes. La collection de d’Orbigny jette peu de jour
sur cette question, il y a beaucoup d'échantillons sans nom, et parmi
les autres, ceux qui correspondent à l'A. Cunnington sont en partie nom-
nés À. Woolgari, en partie À. cenomanensis, el en partie associés à FA.
rotomagensts.
Sharpe (pl. XVIT, fig. 1), par contre, a nommé A. cenomanensis une
Ammonite qui paraît appartenir en effet à cette espèce et ne pas dépasser
les limites probables de ses variations. Elle lui est identique dans le
Jeune àge et perd comme elle, plus tard, la série des tubercules sipho-
naux. Dans l’âge très-adulte, ses côtes conservent seulement un peu plus
les traces des gros tubercules latéraux et deviennent moins uniformes.
Cette détermination de Sharpe montre toujours plus, suivant nous, 4
convenance de restituer ce nom au type original.
L'A. cenomanensis, telle que nous devons l’admettre aujourd’hui, est parfaitement
caractérisée si on la suit dans tout son développement, mais elle a successivement
des ressemblances assez grandes avec d’autres espèces, qui rendent nécessaire une
comparaison très-attentive.
Jeune et jusqu’au diamètre de 40 millimètres, elle ressemble d’une manière frap-
pante à l’A. rotomagensis (pl. HE, fig. 2). Elle a une région siphonale large et aplatie,
avec cinq rangs de tubercules dont un médian ; ses côtes sont inégales, un peu plus
rapprochées peut-être que dans la majorité des A. rotomagensis; elles passent sur la
région siphonale sans s’interrompre et en formant des bourrelets presque identiques.
Je ne puis signaler que deux différences :
1° Les deux rangées de tubereules qui sont situées immédiatement à droite et à
gauche de la ligne médiane sont plus distantes l’une de l’autre, en sorte que la parte
plate de la région siphonale est plus large.
2° Les régions comprises à droite et à gauche, entre les lignes de tubereules ex-
ternes et les moyennes, sont plus obliques que dans l'A. rotomagensis et rappellent
plutôt ce qui existe dans l'A. Mantelli.
Dans l’âge moyen, la ligne siphonale de tubereules tend à disparaître et les carac-
tères se rapprochent ainsi beaucoup de l'A. Mantelli. La largeur de la région sipho-
nale reste cependant en général un indice suffisant pour reconnaitre |A. cenomanensis.
TOME XVI, 17° PARTIE. T
50 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Dans l’âge très-adulte, les tubercules disparaissent tous et les côtes deviennent
simples (fig. { c). L'ouverture est alors presque uniformément arrondie: toutefois
la région siphonale conserve toujours une certaine dépression médiane.
Dans la dégénérescence sénile, ces côtes tendent à s’espacer de plus en plus et à
devenir minces et fort élevées. C’est le cas précisément de l'échantillon original (pl. IV).
Si on examine sur lui impression du tour précédent, on y verra très-bien la marque
des deux tubercules latéraux.
En résumé, cette espèce a dans le jeune âge une ressemblance marquée avec
VA. rotomagensis et, dans l’âge moyen, avec l'A. Mantelli, Plus tard, elle prend des
caractères spéciaux. Si on ne l’admettait pas comme une espèce distincte, je serais
très-embarrassé pour savoir si on doit la réunir à l’une ou à l’autre. Je crois qu'on
devrait alors logiquement les associer toutes les trois sous le nom commun de 4.
Mantelh.
Suivant M. Triger, l'A. cenomanensis est de toutes les Ammonites de
ce groupe celle qui, au Mans, occupe la place la plus inférieure. Elle se
trouve dans une zone plus ancienne que celle qui renferme l'A. Cun-
ringlon, qui elle-même paraît avoir précédé l'A. rotomagensis.
Elle est sujette à quelques variations. Quelquefois la ligne des tuber-
cules siphonaux persiste plus longtemps et ces tubereules, ainsi que les
latéraux, sont plus saillants. Elle offre aussi, comme presque toutes les
Ammonites, quelques différences dans l'épaisseur.
Nous ne connaissons aucune figure de cette espèce, sauf celle de
Sharpe, à moins qu'on ne puisse lui rapporter la pl. 106 de la Paléon-
tologie française (A. rotomagensis), que j'ai déjà discutée ci-dessus. Je
crois ce rapprochement peu probable.
Par contre, je ne serais pas étonné qu'elle ne fût la véritable À. laxi-
costa, Lamarek. Cependant ce n’est ordinairement pas à elle qu'on at-
tribue ce nom dans les collections. Il me paraïtrait du reste inutile et
dangereux de rétablir une dénomination qui est basée sur une diagnose
tout à fait insuffisante.
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 51
4. AMMONITES CUNNINGTONI, Sharpe.
(Planche 5.)
Cette Ammonite est une de celles qui ont été confondues sous le nom
d'A. cenomanensis. C’est peut-être même celle à laquelle ce nom est
resté le plus souvent attribué dans les collections. Elle ressemble du
reste peu à la véritable A. cenomanensis de M. d’Archiac; mais il est
assez probable, comme je lai dit plus haut, que c’est à elle que d'Orbi-
gny à donné ce nom.
Elle à été décrite et figurée pour la première fois par Sharpe en 1854
(Palæont. Soc., Moll. of the Chalk, Cephalopoda, p. 55, pl. XV, fig. 2), sous
le nom d'A. Cunningtoni qu’elle doit conserver. Le savant auteur anglais
n'a connu qu'un seul échantillon de six pouces de diamètre, qui a les
tubercules latéraux un peu plus forts et un peu plus divergents que les
nôtres, mais qui appartient évidemment à la même espèce.
Je lui réunis encore l'A. sussexiensis, Sharpe (non Mantell), qui pré-
sente par contre la variété inverse, où les tubercules sont à peine sail-
lants et très-obtus (id. p. 54, pl. XV, fig. 1). C’est encore évidemment la
même espèce. Les échantillons du Mans sont en général intermédiaires
entre les deux types de Sharpe.
J'ai dit plus haut que le nom de À. sussexrensis, Mantell, ne pouvait
pas être attribué à cette espèce. En effet, des deux types qui sont figu-
rés sous ce nom dans le Geology of Sussex : Yun, pl. XXE, fig. 10, est une
véritable À. rotomagensis; l’autre, pl. XXIT, fig. 2, ressemble encore
moins, ce nous semble, à l'espèce dont il s’agit ici.
Dans la Paléontologie suisse, Terr. crét. de Sainte-Croix, p. 195,
pl. XXV, fig. 4, c'est elle que nous avons décrite et figurée sous le nom
d'A. cenomanensis. J'ai déjà expliqué que la tradition lui avait donné
ce nom avant que M. Triger eût retrouvé le type original.
L'A. Cunnington ressemble beaucoup, dans sa jeunesse, à la variété hippocastanum
de l’4. rotomugensis Elle en diffère surtout par la disposition des tubercules de la
52 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
ligne siphonale, qui sont plus petits et plus nombreux que ceux des autres séries.
Dans l’A. rotomagensis, is sont toujours en même nombre, placés sur la même ligne
et portés par le même bourrelet.
Avec la croissance, les tubereules de la ligne siphonale tendent à s’atténuer chez
l'une et chez l’autre des espèces; mais dans l’A. rotomagensis ils restent loujours in-
dépendants et liés à leur bourrelet. Dans l'A. Cunningtoni, ils tendent à se confondre
en une carène continue. On en jugera surtout en comparant les figures b e des pl. IH
eu V, qui représentent des échantillons réduits de moitié.
On peut ajouter que dans l'A. rotomagensis les pointes latérales restent moins fortes,
ainsi que celles qui entourent l’ombilie. Dans VA. Cunningtoni, les unes et les autres
sont bien saillantes, coniques et séparées par un abaissement marqué. Par contre,
toute la région siphonale y est remarquablement plate dans l’âge adulte.
Ces deux espèces sont du reste très-voisines et quelquefois difficiles à distinguer.
Je crois cependant que tous ceux qui posséderont des séries suffisantes de lune et
de l’autre n’hésiteront pas à les considérer comme distinetes.
Je ne connais pas d’autres figures à citer que celles que j’ai indiquées ci-dessus.
Celle que nous en donnons aujourd'hui a été dessinée d’après d'excellents échanul-
lons du Mans.
Suivant M. Triger, l'A. Cunmingtoni ne se trouve au Mans qu'au-des-
sous du véritable À. rotomagensis dans la zone à Codiopsis doma et Lima
Reichenbachii. Elle est, par contre, au-dessus de PA. cenomanensis. En
Angleterre, elle caractérise la craie inférieure.
5. AMMONITES GENTONI, Brong.
(A. NAviICuLARIS, J. Sow., d'Orb., non Mantell.)
(Planche 6.)
L'Ammoniles Gentoni à été décrite pour la première fois par Alexandre
Brongniart dans la Descr. des environs de Paris (Ossements foss. de
Cuvier, 4° édition, tome IV, p. 150, pl. N, fig. 6). L'auteur attribue ce
nom à Defrance, mais il ne paraît pas avoir été publié.
A
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 29
C'est une petite Ammonite de Rouen, assez épaisse, à région siphonale arrondie,
ornée de côtes inégales, saillantes, passant sans interruption ni inflexion sur cette ré-
gion siphonale, chacune d’elles portant cinq petits tubercules dont un médian. Ces
tubercules forment ainsi une rangée siphonale et deux latérales de chaque côté. Ils
sont assez petits pour ne pas influencer ni interrompre la côte. Dans cet état, elle
ressemble beaucoup à lAmmonites rolomagensis jeune ; elle s’en distingue cependant
assez bien par son arrondissement uniforme et par la proportion sus-indiquée des
tubercules.
La figure donnée par Brongniart la représente très-bien. J'ai du reste pu vérifier
son identité dans la collection de cet illustre géologue, conservée actuellement à la
Sorbonne.
Mais si cette espèce ressemble à VA. rotomagensis dans sa jeunesse , elle s’en écarte
singulièrement en vieillissant. Les petits tubercules que j’ai signalés ont une durée
très-éphémère, et ils ne (ardent pas à disparaître pour laisser la côte parfaitement lisse
et uniforme. L'époque de cette disparition présente du reste quelques différences. Jai
vu quelquefois (pl. VE, fig. #) les tubercules disparaitre au diamètre de 15 milli-
mètres. Quelquefois ils sont bien plus marqués (fig. 3), ressemblent un peu plus à
ceux de l’A. rotomagensis et durent plus longtemps. La fig. 2 présente l'exemple d’un
cas où on les distingue encore au diamètre de 30 millimètres. Mais, après cette époque,
on n’en voit plus de traces et la coquille ne présente, comme je l’ai dit, que des côtes
uniformes, un peu moins larges que les intervalles qui les séparent, égales sur la
région siphonale , inégales sur les flancs où les unes n’atteignent pas le bord ombi-
lical, et les autres s’y terminent par un faible tubercule.
Cet état adulte de l'ammonite n’a pas, en général, été associé avec le
jeune àge, quoiqu'il soit facile de reconnaître les faits que je viens d'in-
diquer en décomposant des échantillons. Voyons donc quelles sont les
diverses interprétations qui en ont été données.
Quelques paléontologistes pensent que l'état adulte est l'A. laxicosta
Lamarck. J'ai déjà dit que la phrase insuffisante, qui est l'unique des-
cription de cette espèce, s'applique au moins aussi bien à VA. cenoma-
nensis, d'Arch., adulte, et qu'il y a tout avantage à ne pas le tirer de l'oubli
où il est resté depuis son origine.
D’autres pensent que ce même état adulte est VA. navicularis Man-
tell, Geol. of Sussex, 1822, p. 198, pl. XXHE, fig. 5. Il m'est impossible
54 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
de partager cette opinion. La figure donnée par Mantell montre une
ammonite à très-grosses côtes, arrondies, plus larges que les intervalles
qui les séparent, el le texte l’attribue à la craie supérieure. Je ne vois
point de raison pour admettre la possibilité que Mantell se soit trompé
sur le gisement, ou que sa figure soit inexacte.
L'A. navicularis, J. Sow., 1827, Min. Conch., pl. 555, de la craie
inférieure de Guildford, est par contre l’A. Gentoni, adulte. La figure est
bonne et ne peut laisser aucun doute; elle représente le type un peu
comprimé.
D'Orbigny, en 1841, dans la Paléontologie française, pl. 105, a repré-
senté sous le nom de A. Mantelhi le type le plus épais. Plus tard, dans le
Prodrome (1850), il lui a donné le nom de À. navicularis, qu'il mérite
mieux. Le nom de À. Gentoni, élant plus ancien, doit toutefois être pré-
féré. La figure donnée par d'Orbigny est très-bonne. Je possède plusieurs
échantillons renflés de la même manière, plusieurs autres plus compri-
mées, comme le type de Sowerby, et de nombreux intermédiaires.
Les auteurs allemands ont presque tous réuni l'A. navicularis à VA.
Mantelli, et par conséquent l’A. Gentoni. I y a cependant là deux types
bien distincts.
Sharpe, en 1854 (Palæont. Soc., Moll. of the chalk, Cephalop., p. 59,
pl. 18), a parfaitement compris le développement de l'espèce. Sa fig. 5
représente très-exactement l'A. Gentoni, et les fig. 1-5, l'A. navicularis ;
il considère avec raison la première comme le Jeune âge de lautre. Le
seul point sur lequel nous ne soyons pas d'accord est le nom. Sharpe
attribue la priorité à celui de Mantell; mais, comme je lai dit plus haut,
l'espèce figurée par cet auteur n’est probablement pas la même.
J'ai exposé plus haut les rapports qui lient cette espèce à l'A. rotomagensis et les
différences qui les distinguent. Je dois ajouter ici qu'elle se distingue constamment
de l'A. Mantelli par l'existence, dans le jeune âge, d’une ligne siphonale de tuber-
cules. Elle a également des rapports incontestables avec |A. cenomanensis, d’Archiac,
non d'Orb. Elle en diffère, dans le jeune âge, par ses tubercules plus petits et plus
51
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. DD
rapprochés , ainsi que par ses formes plus arrondies, les flancs ne formant pas des
surfaces plates inclinées. À l’âge moyen, elle s’en distingue par la disparition des
tubereules singulièrement plus prompte. Dans la dégénérescence sénile, le seul carac-
tère différentiel qui reste est l'arrondissement uniforme de la région siphonale dans
l'A. Gentoni, tandis que cette région reste un peu déprimée au milieu et légèrement
anguleuse dans l'A. cenomanensis.
L'A. Gentoni accompagne ordinairement l'A. rotomagensis ; on la trouve
avec elle à Rouen, à Fécamp, etc. Au Mans, elle caractérise principale-
ment la couche immédiatement supérieure (Triger).
6. AMMONITES DEVERIANUS, d'Orbigny.
(Planche 7.)
L’A. Deverianus d'Orbigny, 1841, Paléont. francç., Terr. crét. tome If,
p. 556, pl. 110, n’est point une de celles qui ont été confondues avec les
À.rotomagensis et Mantelli. Son gisement dans l'étage turonien et les rangs
nombreux de ses tubercules ont empêché toute confusion. Mon seul but
en la figurant de nouveau dans ce mémoire est uniquement de faire con-
naître sa dégénérescence sénile, qui la rapproche singulièrement d'une
partie des précédentes.
Dans son état jeune et dans son âge moyen, l'A. Deverianus est une coquille
épaisse, ornée en travers de côtes égales sur la région siphonale qu'elles traver-
sent sans s’interrompre, mais inégales sur les flancs. les unes en dépassant à pee
le milieu et les autres arrivant jusqu’au pourtour de l’ombilic. Toutes ces côtes sont
ornées de tubereules aigus formant une série sur la ligne siphonale et quatre de chaque
côté, soit neuf en tout.
A l’état très-adulte, ces tubereules disparaissent graduellement et les dernières
côtes sont uniformes, simples, ressemblant beaucoup à celles des À. Gentoni, Man-
telli, ete., adultes.
56 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Je crois que l’A. Deverianus, Sharpe, Pal. Soc., Ceph. pl. XIX, fig. 5. est une
autre espèce. Elle est plus comprimée, a les flancs plus plats et les côtes beaucoup
plus nombreuses. Elle provient de la craie grise du Sussex,'et j'en possède une par-
faitement semblable de l’étage cénomanien de Provence.
L'A. Deverianus d'Orb. à été trouvée dans l'étage turonien d'Uchaux,
de Tourtenay, de Montrichard, ete. Dans le département de Loire-et-
Cher elle caractérise, d'après l'abbé Bourgeois, l'étage turonien moyen,
et plus spécialement la zone de FAmmonites peramplus.
$ 3. RÉSUMÉ PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DONNÉS AUX AMMONITES. DES CRAIES
MOYENNES ET SUPÉRIEURE APPARTENANT AU GROUPE DES ROTOMAGENSES.
Bunburianus, Sharpe, 14854, Pal. Soc., Moll. of the Chalk, Cephal. p. 25, pl. IX, fig. 3. Petite
espèce de la eraie à grains siliceux de Chardstock. Elle ressemble un peu à l'A. Ca-
rolinus et à l'A. trisemialis, mais elle a des sillons et non des côtes.
Carolinus, d'Orbigny, 1847, Pal. franc. t. 1, p. 310, pl. 91, fig. 5 et 6. Espèce décrite et figurée
à l'état jeune et provenant de l'étage turonien des départements de la Charente-
inférieure et d'Indre-et-Loire. Dans le Prodrome, d'Orbigny l’associe à l'A. Wool-
gari, Manteli, ce qui paraît douteux
Catinus, Mantell, 1822, Geol. of Sussex, p. 198, pl. XXII, fig. 10. Espèce du lower Chalk, qui
n'appartient pas à ce groupe et que je ne devrais pas citer si MM. Geinitz, Rœmer,
Reuss, ete., ne la réunissaient pas à 1 A. rotomagensis. C'est une erreur évidente.
Voyez Sharpe, Pal. Soc., Cephal. pl. XIT, fig. 1.
Cenomanensis, d'Archiac, 1846, indiquée dans Mém. Soc. géol. t. Il, p. 62 et 78. Décrite ci-
dessus, p. 47.
Cenomanensis, Sharpe, 1856, Pal. Soc. Moll. ofthe Chalk,, Cephalop. p. 37, pl. XVII, fig. 4. Elle
nous paraît rentrer dans les limites de la véritable À. cenomanensis, d'Archiac, ayant
de même des tubereules sur la ligne siphonale, dans le jeune âge, et les perdant plus
tard. Elle reste seulement plus carrée dans la dégénérescence et les tubercules laté-
raux y demeurent plus visibles. Voyez ci-dessus, p. 49.
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES. 57
Cenomanensis, d'Orbigny, 1850, Prodrome, t. Il, p. 146. Espèce à réunir probablement à l'4. Cun-
ningloni, Sharpe. Voyez ci-dessus, p. 51.
Couloni, d'Orbigny, 1850, Prodr. t. Il, p. 147, nom donné par d'Orbigny à la variété comprimée
de FA. Mantelli (Pal. franc. pl. 104). Décrite ci-dessus, p. 42.
Cunningtoni, Sharpe, 1854, Palæont, Soc., Moll. ofthe Chalk, Cephalopoda, p. 35, pl. XV, fig. 2.
Décrite ci-dessus, p. 51.
Deverianus, d'Orbigny, 1847, Pal. franc. Terr. crét. t. Il, p. 356, pl. 110, de l'étage turonien
d'Uchaux, de Montrichard, ete. Décrite ci-dessus, p. 55.
Deverianus, Sharpe, 1856, Pal. Soc., Ceph. p. 43, pl. XIX, fig. 5. Espèce différente de celle de
d'Orbigny, à côtes beaucoup plus serrées. Etage cénomanien d'Angleterre et de
Provence.
Fleuriausianus, d'Orb., 1847, Pal. franc. p. 30, pl. 107, de l'étage turonien. Espèce bien distincte.
Gentoni, Al. Brongniart, 1822, Environs de Paris, reproduite dans Cuvier : Oss. foss. 4me édition,
p. 150, pl. N, fig. 6. Étage cénomanien. Décrite ci-dessus, p. 52. Réunie à tort,
par plusieurs auteurs, à l'A. rotomagensis.
Hippocastanum, J. de CG. Sowerby, 1826, Min. Conch. pl. 184, a. Étage cénomanien. Probable-
ment une simple variété de l'A. rotomagensis. Voyez ci-dessus, p. 46.
Laticlavius, Sharpe, 1854, Pal. Soc. Cephal. p. 31, pl. XIV, fig. 1. Craie inférieure de l’île de
Wight. Ressemblant beaucoup à l'A. Deverianus, Sharpe, non d'Orb., mais man-
quant de la série des tubereules siphonaux.
Laxicosta, Lamarck, 1820, Anim. sans vert. (2 édition, t. XI, p. 334). Espèce signalée seulement
par une phrase insuffisante. Quelques collecteurs nomment ainsi aujourd’hui l'A. Gen-
toni, adulte. Peut-être Lamarck a-t-il plutôt eu en vue l'A. cenomanensis, d'Archiac.
Il y a, suivant moi, toute convenance d'abandonner ce nom.
Mantelli, Sow., 1814, Min. Conch. pl. 55. Grey Chalk. Décrite ci-dessus, p. 41.
Mantelli, d'Orb., 1847, Pal. franc. D’Orbigny à figuré sous ce nom deux espèces. L'une, pl. 103,
a été plus tard rapportée par lui à l’A. navicularis; et est probablement l'A. Gentoni,
adulte. Voyez ci-dessus, p. 52. L'autre, pl. 104, est la variété comprimée de l'A.
Mantelli connue sous le nom de A. Couloni. Voyez ci-dessus, p. 42. Le véritable
type n’est pas figuré, sauf peut-être dans le fragment, fig. 3 de la pl. 104.
Navicularis, Mantell, 1822, Geol. of Sussex, p. 198, pl. XXII, fig. 5. Espèce de la craie supé-
rieure caractérisée par de très-grosses côtes au moins aussi larges que leurs inter-
valles. Je ne la connais pas.
TOME xvir, 17e PARTIE. 8
58 MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
Navieularis, J. de C. Sowerby, 1827, Min. Conch. pl. 555, de la craie inférieure de Guildford.
Age adulte de l'A. Gentoni. Voyez ci-dessus, p. 52. L’A. navicularis du Prodrome
(Pal. franc. pl. 403) parait appartenir à la même espèce. Les auteurs allemands la
réunissent à l'A. Mantelli.
Neptuni, Geinitz, 1849, Quadersandsteingebirge, pl. III, fig. 3. Petite espèce à côtes simples, in-
égales et à trois rangs de tubereules, dont un sur la ligne siphonale. Plænerkalk
de Strehlen.
Rotomagensis, Al. Brongniart, 1822, Environs de Paris (reprod. dans Cuvier : Oss. foss, 4me édit.
pl. N, fig. 2). Étage cénomanien. Décrite ci-dessus, p. 44.
Rusticus, Sowerby, 1817, Min. Conch. pl. 177. Lower Chalk. Figure très-médiocre. L'espèce, du
reste, est bien distincte. Elle est représentée dans la pl. III de la Paléontologie fran-
caise (étage turonien), et dans la pl. XX, fig. 1 du mémoire de Sharpe (craie inférieure).
Saxbii, Sharpe, 1856, Pal. Soc., Cephal. p. 45, pl. XX, fig. 3. Craie inférieure de Ventnor. Petite
espèce ressemblant à une À. varians sans quille, et qui pourrait bien être le jeune âge
de quelque autre.
Sussexiensis, Mantell, 1822, Geol. of Sussex, p. 114, pl. XXI, fig. 10. Grey Chalk. Identique à
l'A. rotomagensis. Voyez ci-dessus, p. 44. La fig. 2 de la pl. XX est attribuée par
Mantell à la même espèce. Ce rapprochement est contesté par quelques auteurs.
Sussexiensis, Sharpe, 4854, Pal. Soc., Cephal. p. 34, pl. XV, fig. 1. Variété de l'A. Cunningtoni,
à tubereules peu prononcés. Voyez ci-dessus, p. 51.
Triserialis, J. de G. Sowerby, 1836, in Fitton, Geol. Trans. t. IV, p. 239, pl. XVIII, fig. 27.
Espèce de Blackdown, qui ressemble beaucoup à une rotomagensis comprimée, mais
que je ne connais pas en nature.
Turoniensis, d'Orbigny, 1850, Prodr. t. Il, p. 190. Étage turonien. Espèce indiquée seulement
par une courte phrase descriptive.
CS CCE RDS >
MELANGES PALEONTOLOGIQUES PI 1.bis
AMMONITES anéulicostalus, d'Orbignv
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES P} 2
Impr Pile &Cougrard, Genève
AMMONITES rotomagensis. Brongniart
(Etage cénomaruer du Mans)
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES PI
Lunel, lith Impr, Pilet & Cougnard, àGenève
MONITES cenomanensis, d'Archiac.
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MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES PL5
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AMMONITES Cunningtoni Sharpe
(Elage cénomanien du Mans )
MELANGES PALEONTOLOGIQUES PI.6
AMMONITES CGentoni,(Pefr) Al Bronén!
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MELANGES PALEONTOLOCGIQUES Pr
AMMONITES Deverianus, d'Orbiénv
-
RECHERCHES SUR LES PHÉNOMÈNES
QUI CARACTÉRISENT ET ACCOMPAGNENT
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ
DANS
LES FLUIDES ÉLASTIQUES TRÈS-RARÉFIÉS
M. LE ProresseuR A. DE LA RIVE
(Communiquées à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 5 et le 49 février 1863.)
J'avais été conduit en 1849, dans mon premier Mémoire sur l'aurore
boréale ‘, à montrer que la lumière électrique qui est produite dans un
vide de 4 à à millimètres est soumise à l’action de laimant. Je trouvai
plus tard que cette expérience, dans laquelle j’employai d’abord pour
produire l'électricité une machine électrique ordinaire, puis, plus tard,
avec avantage, une machine hydro-électrique d’Armstrong, réussissait
encore mieux avec l'appareil à induction de Ruhmkorff. L'emploi de cet
appareil a permis dès lors d'étudier d’une manière plus commode et plus
sûre la propagation de l’électricité dans les gaz raréfiés; c’est ainsi qu'on
‘ Annales de Chimie et de Physique, tome XXV, page 310, et Comptes rendus de l'Acad. des sciences,
tome XXIX, page 412.
60 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
s’est assuré qu'il suffit de la présence dans un espace de la plus petite
quantité de matière pondérable à l'état de fluide élastique, pour que cette
propagation puisse y avoir lieu, tandis que le vide absolu ne transmet
en aucune façon électricité; c’est essentiellement aux expériences con-
cluantes de M. Gassiot qu’on doit la démonstration de ce principe im-
portant. On à observé que la transmission de l'électricité à travers les
fluides élastiques s'opère plus ou moins facilement suivant la nature et la
densité du fluide, et qu’elle est accompagnée, quand le gaz est très-raréfié,
d'une apparence qu’on a nommée stratification de la lumière électrique,
qui consiste en ce que le jet électrique lumineux présente une succession
de couches alternativement lumineuses et obscures. L'action de l’aimant
sur cette lumière a été également étudiée; M. Plucker, à la suite d’ex-
périences nombreuses et importantes, en a trouvé la loi en la rattachant
à la formation des courbes magnétiques. Enfin, différentes explications
de la stratification de la lumière électrique ont été données, les unes
basées sur le mode particulier de production de Pélectricité par lappa-
reil Ruhimkorff, les autres lattribuant non à la nature de l'appareil pro-
ducteur de l'électricité, mais bien à celle du milieu qui la propage.
Les phénomènes que je viens de rappeler avaient vivement excité
mon intérêt, et depuis quelques années je me suis plus particulièrement
attaché à les étudier. J'ai rencontré de grandes difficultés dans cette
étude, vu que, lorsqu'on opère sur des fluides élastiques très-raréfiés, il
est indispensable d’avoir des appareils qui tiennent bien le vide, et des
instruments très-délicats pour apprécier le degré de raréfaction avec une
grande exactitude. L'établissement à Genève d’un atelier dirigé par un
constructeur aussi habile que M. Schwerd m'a permis de surmonter en
grande partie ces difficultés. Aussi, ai-je pu obtenir des résultats que
j'ose présenter avec confiance à la Société.
Mes recherches dans ce premier travail, qui avait surtout pour objet
l'étude des phénomènes généraux, n’ont porté que sur l'hydrogène et
l'azote, deux gaz bien différents quant à leurs propriétés physiques et
chimiques, et présentant cependant l'avantage d’être des gaz simples,
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 61
inaltérables, sans action sur les métaux servant délectrodes. L'air atmos-
phérique sur lequel j'ai aussi souvent opéré se comporte très-approxi-
mativement comme l'azote, soit parce que la proportion d'oxygène qu'il
renferme est faible par rapport à celle de l'azote, soit parce que cet oxy-
gène disparait assez vite, du moins en grande partie, par le passage de
l'électricité qui l’ozonant, facilite sa combinaison avec le métal des élec-
trodes. J'ai aussi, dans quelques cas, mélangé avec les gaz soumis à
l'expérience, un peu de vapeur d’eau ou d'alcool.
L’électricité, dans mes expériences, a été produite par un appareil d’in-
duction de Ruhmkorff, de force moyenne, mis en activité par un ou deux
couples de Grove à bocal", et marchant au moyen de l'interrupteur ordi-
naire. L'électricité ainsi produite est conduite au moyen de fils de cuivre
1 La pile dont il s’agit n’est qu’une forme particulière que j'ai donnée à la pile de Grove pour en
rendre le maniement plus commode et plus prompt. Voici en quoi elle consiste :
Un flacon en verre ayant une large ouverture de dix centimètres environ, fermée par un bouchon en
verre usé à l’émeri, contient un litre environ d’acide nitrique. Quand on veut monter le couple, on en-
lève le bouchon et on le remplace par un tube poreux d’un diamètre tel qu'il puisse entrer librement
dans le flacon par l'ouverture. Ce tube, assez long pour plonger à peu près jusqu'au fond du flacon,
présente dans la partie supérieure un renflement annulaire au moyen duquel il repose sur le bord de
l'ouverture. Il renferme de l'acide sulfurique étendu d’eau, et un tube ou une lame de zinc immergé
dans la solution acide. Il est de plus entouré extérieurement d’une lame mince de platine à laquelle est
soudé à l'or un fil également de platine qui vient aboutir extérieurement en traversant le renflement
anpulaire du tube poreux. Le zine et le fil de platine portent chacun des pinces d’où partent les con-
ducteurs. On peut avoir plusieurs couples semblables, et rien n’est plus facile que de les placer en série
de manière à obtenir ainsi une pile plus ou moins puissante. Mais un seul couple est assez fort, s’il est
bien monté, pour presque toutes les expériences d’électro-dynamique, et en particulier pour la dé-
monstration des lois d'Ampère, comme pour la production des phénomènes que présente la décharge de
l'appareil Ruhmkor{f dans les gaz raréfiés.
Il n’est pas nécessaire de changer souvent l'acide nitrique, vu que le flacon en renferme une grande
quantité. Le même acide peut servir pendant plusieurs jours pour un grand nombre d'expériences. Par
contre, il est avantageux de changer fréquemment l’eau acidulée qui remplit le tube poreux , opération
très-facile et très-peu dispendieuse. Enfin, une précaution importante à prendre, c'est, quand on cesse
de se servir du couple, de sortir le tube poreux du flacon d'acide nitrique en ayant soin de le remplacer
immédiatement par le bouchon usé à l’émeri, et de le plonger dans un bocal rempli d’eau pure. — On
évite ainsi les émanations des vapeurs nitreuses, et la pénétration de l'acide nitrique à travers le tube
poreux.
I faut se garder de plonger les zincs amalgamés dans la même eau où l'on a plongé les tubes po-
reux, car il suffit de la plus légère trace d’acide nitrique dans l’eau pour altérer les zincs.
62 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
recouverts de gutta-percha à travers les milieux gazeux plus ou moins
raréfiés, contenus dans des vases en verre de différentes formes, tubes,
manchons, bocaux, globes bien sphériques ou ovoïdes, fermés avec soin
par de bons robinets et munis d’électrodes métalliques de formes et de
natures diverses, qui servent à y amener les courants électriques . Dans le
cireuit que ces courants sontappelés à traverser, on place de l’eau distillée
contenue dans une petite auge en verre, de 20 centimètres de longueur
environ sur à de largeur et 5 de profondeur; deux lames de platine fixées
respectivement aux extrémités de lauge, et d’une surface exactement
égale à la section transversale de la couche d’eau, servent à mettre cette
eau dans le circuit. L’interposition de l’eau a pour but de déterminer
l'intensité du jet électrique au moyen dun artifice qui permet d'employer
pour cette mesure un galvanomètre très-délicat. Deux fils de platine,
insérés chacun dans un tube de verre, sont fixés verticalement à des
supports solides, de manière à plonger dans l'eau distillée par leurs
extrémités inférieures, qui ne ressortent elles-mêmes du verre que d’un
millimètre à la manière de Wollaston, tandis que leurs extrémités supé-
rieures communiquent respectivement avec les deux bouts du fil d'un
galvanomètre, dont les tours sont bien isolés au moyen de la résine. Les
supports qui portent les fils de platine sont mobiles le long d’une divi-
sion, de telle façon que les deux extrémités des fils immergées dans l'eau
peuvent être rapprochées aussi près que possible, et éloignées d'à peu
près toute la longueur de la couche d’eau. Au moyen d’une vis micro-
métrique, on fait varier la distance des deux pointes de platine de ma-
nière à pouvoir apprécier leur distance à un dixième de millimètre près.
Ces deux pointes dérivent une proportion presque insensible du courant
électrique qui traverse l’auge remplie d’eau, proportion qui suffit pour
agir d’une manière prononcée sur l'aiguille du galvanomètre. La propor-
tion dérivée pour un courant d’une intensité constante dépend de la
distance des deux pointes, de sorte que, si l'intensité est variable, c’est
1 J'ai fait surtout usage pour électrodes de boules de platine de { centimètre de diamètre,
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 65
la distance variable à laquelle il faut amener les deux pointes, l’une par
rapport à l’autre, pour que lindication du galvanomètre demeure con-
slante, qui mesure la proportion dérivée dans chaque cas, et de là, par
un rapport qu'il est facile d'établir, l'intensité absolue du courant.
Enfin, une bonne pompe pneumatique, à laquelle on peut en joindre
une seconde qui la complète, permet d’amener le gaz à un degré avancé
de raréfaciion. Quant à la force élastique du gaz, elle est mesurée par
un manomètre à mercure construit avec beaucoup de soin, avec lequel
on peut apprécier,au moyen d’un cathétomètre, jusqu’à un cinquantième
de millimètre de différence de pression.
$ 1. Phénomènes généraux que présente la transmission de l'électricité
dans les gaz raréfiés.
L'appareil Rubmkorff, dont je me suis servi, donne bien dans le fil
induit deux décharges successives alternativement contraires. Aussi, si
ces décharges ne rencontrent dans le circuit qu'elles ont à parcourir
que de bons conducteurs, tels que des fils métalliques et même de l'eau
distillée, on n'obtient aucune déviation dans le galvanomètre, parce que
ces décharges élaat alternativement de sens contraire et se succédant
très-rapidement, leur double action opposée se neutralise. Mais si le
cireuit renferme . à fluide élastique même très-raréfié, la résistance qu'il
oppose au passage des deux décharges successives fait dominer lune
d'elles, de sorte que les phénomènes se passent comme S'il ny avait
qu'une série de Cecharges dirigées toutes dans le même sens. Cette dif-
férence tient à ce que les deux décharges, soit courants induits, quoique
égaux en quantité, n’ont pas la même tension, les directs qui ont une
moindre durée ayant une plus forte tension. Il en résulte que, lorsque
le circuit est interrompu par un corps mauvais conducteur, tel qu'un
fluide élastique plus ou moins raréfié, les courants directs peuvent seuls
être transmis, de sorte que la direction du courant induit qui traverse
64 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
le fluide élastique est la même que celle du courant inducteur, et celle-
ci changeant, l’autre change en même temps.
La pression à laquelle une décharge d’une intensité donnée commence
à passer dans un gaz, varie avec la nature de ce gaz, avec son degré de
raréfaction et avec les dimensions et la forme du vase qui le renferme. Il
y a plus : la décharge ne passe pas immédiatement après qu’on a mis
les électrodes en communication avec les pôles de l'appareil Ruhmkorff.
Il lui faut un certain temps, temps d'autant plus long que la résistance
est plus grande, soit par l'effet de la nature ou de la densité du fluide
élastique, soit par l'effet de la forme et des dimensions du vase. Ainsi, dans
un long tube de 2 à 5 centimètres de diamètre et de 30 à 50 centimètres
de longueur, il faut plusieurs minutes avant que la décharge puisse être
transmise, quelque raréfié que soit le gaz. Mais une fois que la première
décharge a passé, les suivantes passent facilement et se succèdent assez
rapidement pour produire sur le galvanomètre l’effet d’un courant con-
tinu. On peut même interrompre le passage des décharges pendant bien
des minutes sans que le gaz ait perdu cette faculté qu'il avait acquise
de les transmettre immédiatement. Pour qu’il la perde complétement, il
faut ou attendre un temps très-long, ou renouveler le gaz et, par consé-
quent, le raréfier de nouveau. Un fait également important à signaler, c’est
que les décharges une fois transmises, on peut introduire graduellement
pendant qu’elles passent, une nouvelle quantité du même gaz, ce qui re-
vient à en augmenter la densité, sans qu'elles cessent de passer; la pres-
sion peut être ainsi portée presque au double de ce qu’elle était au début.
Le sens des décharges n’a aucune influence sur cet ordre de phénomènes,
c’est-à-dire qu’une fois la décharge ayant pu passer, on peut changer sa
direction sans qu’elle cesse d’être immédiatement transmise. Ce résultat,
que J'ai eu l’occasion de constater dans plusieurs cas très-divers, sem-
blerait montrer que la matière gazeuse oppose une certaine inertie à
affecter la disposition particulière qu’exige la transmission de lélectri-
cité et que détermine la tension qui précède cette transmission; mais
une fois cette disposition établie, elle persiste longtemps après que le
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 65
passage de l'électricité a cessé, pourvu que lon n'apporte pas de pertur-
bation dans l’état du gaz. On avait supposé depuis longtemps, notam-
ment dans la théorie de Grotthus, sur les décompositions électrolytiques,
qu'il se passait quelque chose d’analogue dans la transmission des cou-
rants voltaïques à travers les liquides; on avait donc admis que la ten-
sion des pôles de la pile déterminait dans le liquide où plongeaient ces
pôles, une polarisation qui précédait le passage du courant. Seulement
ces deux effets se succédaient dans un temps infiniment court et par con-
séquent inappréciable, tandis qu'avec les gaz ils se trouveraient séparés
par un intervalle de temps plus ou moins long, mais toujours appré-
ciable.
Je me bornerai à donner ici quelques résultats numériques; ils ont
peu d'importance, parce qu'il est impossible d'en déduire une loi, vu les
causes trop nombreuses qui les font varier. Ils ne servent qu'à montrer
l'exactitude du principe général que je viens de signaler. On peut égale-
ment en conclure la grande supériorité de hydrogène sur Pazote et l'air
atmosphérique quant à son pouvoir conducteur, fait déjà signalé par
plusieurs expérimentateurs.
Dans un tube de 5 centimètres de diamètre et de 16 de longueur, la
décharge n’a commencé à passer, quand le tube a été rempli d'air atmos-
phérique, que lorsque la pression a été réduite à 20 millimètres; avec
Vazote, elle a passé sous la pression de 24 millimètres, et avec l’Aydro-
gène, sous celle de 56 millimètres. Il est vrai que plus tard elle a pu
passer dans les mêmes conditions d'intensité, toujours avec l'hydrogène,
à des pressions de 42 et même de 48 millimètres; rendue plus forte,
elle à été transmise même sous la pression de 72 millimètres. Avec un
tube de 5 centimètres de diamètre également, mais d’un mètre de lon-
gueur, la même décharge ne commençait à passer à travers l'azote que
sous la pression de 4 à à millimètres; avec l'hydrogène, elle ne passait
que sous la pression de 12 à 15 millimètres. Plus tard, étant plus forte,
elle a passé, toujours avec l'hydrogène, sous la pression de 18 et même
de 20 millimètres. Quand la décharge commence à être transmise, c’est
Tous xvH, 1 PARTIE. 9
66 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
par jets ou filets très-minces, plus ou moins discontinus, qu'elle se mani-
feste d'abord; puis ces jets s'unissent pour en former un plus large et
plus continu. Dans un bocal rempli d'hydrogène, la décharge passait
d'une boule centrale isolée à un anneau de 12 centimètres de diamètre,
ce qui ne faisait qu'un trajet de 6 centimètres de longueur, dans un
espace d'hydrogène pour ainsi dire illimité; dans ce cas, elle était trans-
mise déjà à 128 millimètres de pression, sous forme de jets plus ou moins
discontinus et agités, s'élançant indifféremment de la boule centrale à
tous les points de l'anneau; à 90 millimètres, la décharge donnait nais-
sance à un jet continu et susceptible d’être influencé par le magnétisme.
Comme on le voit par les exemples que nous venons d'indiquer, la
pression sous laquelle pour un gaz donné, la décharge peut passer,
varie avec tant de circonstances que sa détermination à peu d'impor-
tance. Mais il n’en est pas de même, une fois la décharge transmise, de
l'influence qu’exerce sur son intensité la pression du gaz qu'elle traverse.
Voici deux expériences comparatives faites avec l'azote et Fhydrogène.
Ces deux gaz ont été successivement introduits dans un tube de à centi-
mètres de diamètre et de 50 de longueur; la décharge passait entre deux
boules de platine d’un centimètre de diamètre, placées respectivement
près de chaque extrémité du tube, de sorte que le trajet à travers le mi-
lieu gazeux était bien de 50 centimètres de longueur.
Azote. L'intensité de la décharge était mesurée au moyen de celle du
courant dérivé perçu par les deux pointes de platine plongées à une
distance fixe de 120 millimètres dans l'eau distillée qu'on avait placée
dans le circuit:
Pression intensité du courant derivé.
D 6 0 alonr baston és Mouvement presque insensible du galvanomètre,
TOR TRE ET ere 40
GR SE Qt none 13° à 16°
RE RL PÉTER em © 260 à 30°
TR over eat 0 910 fso à 300
Ce M de a Ro S orcec 380 à 400
TT PAS nc TN ONCI don 420 à 450
LA PROPAGATION DE L'ELECTRICITÉ. 67
Hydrogène. On à d'abord opéré comme pour l'azote, en laissant les
deux pointes de platine qui percevaient le courant dérivé à une distance
fixe l’une de l'autre :
Pression Intensité du courant dérive.
COMPAQ NA can 10à 40
PAT SE PARUS SALE Me UE LATTES 5°
RE A ES PA RPM TER ITA ES 6e
NE RO NS PT RE CE ASE 7°
OR EE ni ee A EEE 13°
ORDRES RAS AL ce à le 40°
ee En RE ME cn 50°
A partir de 9 millimètres, et pour des pressions moindres, on a rap-
proché les pointes de platine dans chaque cas, de manière à avoir un
courant constant. En les rapprochant de 55 millimètres, on a réduit le
courant dérivé, qui était de 50° sous 9 millimètres de pression, à 40°.
On a obtenu alors la série suivante, dans laquelle, pour ramener le
courant dérivé à 40, il a fallu, à mesure que la pression diminuait.
rapprocher les pointes de manière à rendre l'intervalle de dérivation
plus petit:
Pression. Distance des pointes.
CR Te 65mm
CR ES 45
nue 30
GR fran ut MERE 25
CT SES EL R ES Le PONT 2 20
TRE à à De ere PTE 17
COS SO ED ECS ous 14
Re. 2 CCM QE MEET SENS 12
Ainsi, jusqu’à 2 millimètres de pression, l'intensité du courant dérivé,
el par conséquent la conductibilité du gaz, va en augmentant aussi bien
pour l'hydrogène que pour l'azote; mais on voit combien le pouvoir
conducteur de l'hydrogène est plus considérable que celui de l'azote,
puisque sous la pression de 9 millimètres, toutes les autres circonstances
68 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
restant les mêmes, le courant dérivé avec l'azote est à peine sensible,
tandis qu'il est de 50° avec l'hydrogène.
Dans deux autres expériences comparalives, on a fait varier à la fois
pour l'azote et l'hydrogène, la pression et la distance des électrodes. Les
deux gaz avaient été successivement introduits dans le même ballon
ovoide. Le tableau suivant donne l'intensité du courant dérivé pour trois
distances différentes des électrodes sous des pressions différentes, quand
c’est l'azote qui est dans le ballon.
Pression. Distance des électrodes.
4 4acent qcent qcent
DOTE NN NE 100 230 »5°
TER de HOUSE 40° 47° 55°
SO ET PE A NO E) Re 50°: 550 57°
EE I 550 SHOT
Quand on remplace l'azote par l'hydrogène, les résultats diffèrent peu,
surtout dans les pressions inférieures et quand les électrodes sont très-
rapprochées, ce qui tient probablement à ce que le milieu gazeux, vu la
forme du vase, peut être considéré comme ayant une largeur presque
indéfinie. En effet, dans une grande cloche où le jet passe entre une boule
centrale et un anneau concentrique de 12 centimètres de diamètre, on
augmente très-peu l'intensité du courant dérivé en diminuant la pression
au delà de 10 millimètres. Cette intensité, mesurée par le courant dé-
rivé, est, en effet, de 55° sous la pression de 15 millimètres; elle de-
vient de 45° sous la pression de 10 millimètres, puis augmente encore
graduellement jusqu'à à millimètres, où elle atteint son maximum de
50°, qu'elle ne dépasse plus, manifestant plutôt une légère tendance à
devenir moindre au-dessous de 2 millimètres. En soulevant la boule
centrale de manière à donner à la nappe électrique la forme d’un cône
au lieu de la forme arculaire, on ne diminue pas sensiblement la con-
ductibilité. Dans les mêmes circonstances l'air atmosphérique ne pré-
sente pas une résistance beaucoup plus grande que l'hydrogène; ainsi
l'intensité du courant dérivé est de 55° à 5mm au lieu de 50° et à 2mm
LA PROPAGATION DE L' ÉLECTRICITÉ. 69
elle est de 45°. Toutefois, avec le tube d’un mètre de longueur, lhydro-
gène doit être amené à une pression bien plus faible pour pouvoir
transmettre la décharge; mais sa conductibilité augmente très-rapide-
ment avec la diminution de cette pression. Ainsi l'appareil de dérivation
étant mis dans le circuit, on à :
Pression. Intensité du courant dérive.
D ee ele ee era nr ste O0
ROUE ATX d'amalniae 129
DRE So fe eee à 22:
Jante le D res 30°
D nelle aie ee eat 529
Enfin, avec le même tube d’un mètre de longueur et de 5 centimètres
de diamètre, on a obtenu pour une même pression, avec les deux gaz
également, une augmentalion sensible et régulière dans l'intensité du
courant dérivé par une diminution correspondante de distance entre les
électrodes. La comparaison des nombres indique que, lorsque le gaz est
assez raréfié pour être bon conducteur, c’est-à-dire pour permettre à la
décharge de devenir pour ainsi dire continue, il suit dans sa conductibilité,
comme les liquides et les solides, la loi de l'inverse de la longueur. On
a déjà vu que l'influence de la section et du volume est très-considérable;
mais je n'ai pu en déterminer la loi d’une manière précise.
Jusqu'ici, je n'ai envisagé la propagation de l'électricité dans les sub-
slances gazeuses que sous le rapport de la résistance variable avec leur
nature, leur densité et leurs dimensions, qu’elles opposent à cette pro-
pagalion ; Je n'ai fait qu'effleurer cette partie de mon sujet, sur laquelle
Je reviendrai dans un prochain travail en étendant mes recherches à un
plus grand nombre de substances gazeuses. Je passe maintenant à des
phénomènes d'un tout autre ordre; ils sont relatifs au mode même
suivant lequel se fait dans les gaz la propagation de l'électricité, mode
qui se manifeste sous la forme de stratification de la lumière élec
trique.
70 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
K 2. Étude de la stratification de la lumière électrique.
On sait qu'à un certain degré de diminution de la force élastique d'un
gaz qui transmet le jet électrique, ce jet se stratifie, c’est-à-dire se dé-
compose en tranches alternativement obscures et lumineuses. La strati-
fication commence par l'apparition de quelques légères stries du côté de
l'électrode positive, puis, graduellement à mesure que la force élastique
diminue, le jet d’abord très-étroit se dilate, et les stries deviennent plus
larges. Puis paraît un espace obscur qui sépare l'extrémité de la colonne
lumineuse de l’électrode négative, laquelle se trouve elle-même entourée
d’une atmosphère bleuâtre. Cette atmosphère va en se dilatant, et l'espace
obscur en s’allongeant, à mesure que la raréfaction du gaz augmente.
Il faut d'autant plus diminuer la pression d’un gaz pour obtenir la
stratification de la lumière électrique, que le gaz offre plus de résistance
à la transmission de l'électricité. Ainsi, dans l'hydrogène, on voit déjà
sous la pression de 18 millimètres le jet électrique, qui ne consiste
encore que dans un petit filet rosé de 5 à 4 millimètres de diamètre, se
partager en tranches circulaires très-nettes, alternativement obscures et
lumineuses, de '/, de millimètre d'épaisseur. Ces stries, plus prononcées
d’abord à l’électrode positive, deviennent générales dans tout le filet,
quelle que soit sa longueur; et à mesure que la pression diminue, le
jet s’élargit jusqu'à occuper tout l'intérieur d’un tube de à centimètres
de diamètre; en même temps, l'épaisseur des tranches alternativement
obscures et lumineuses augmente tellement que, sous la pression de
2 millimètres, elle est de 5 millimètres environ. Ces tranches elles-
mêmes sont annulaires, comme je m'en suis assuré en fermant le tube
qui contient le gaz raréfié, à l'une de ses extrémités, par un disque en
verre qui permet de voir tout l'intérieur du tube dans le sens de sa lon-
gueur.
Dès que les stries commencent à se montrer, on voit se former,
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 71
comme nous l'avons dit, en avant de lélectrode négative, un espace
obscur qui grandit à mesure que la pression diminue, jusqu’à occuper
une longueur de 10 centimètres, longueur qui est indépendante de celle
de la colonne gazeuse. Toutefois, en regardant avec attention cet espace
obscur, on y découvre au delà d'une tranche parfaitement noire et nette-
ment limitée de 2 à 5 millimètres d'épaisseur, une lueur blafarde d’un
rose pâle, qui n’est visible que dans une complète obseurité. Cette lueur,
qui à la forme d’un cône dont la base est la dernière tranche de la
colonne lumineuse, n'apparait que lorsque la pression est devenue très-
faible et bien inférieure à celle sous laquelle l’espace obscur se manifeste;
elle est accompagnée de l'apparition, dans le même espace obscur, de
quelques anneaux plus lumineux, inégalement espacés (j'en ai compté
jusqu'à quatre), qui font contraste par leur immobilité et leurs contours
bien déterminés avec les stries agitées du reste du jet. Ajoutons que la
partie lumineuse et stratifiée du jet, qui est de beaucoup la plus longue,
est séparée de la partie obscure ou blafarde d’une manière d'autant plus
nelle et tranchée, que la décharge électrique est plus forte.
L'atmosphère bleuâtre qui entoure l’électrode négative s’élargit aussi
considérablement à mesure que la pression diminue, et cela à peu près
dans le même rapport que les stries. En même temps, son éclat devient
moins vif, et son contour extérieur est moins nettement terminé. Cette
atmosphère bleuâtre qui n'enveloppait d’abord que la boule négative,
finit, à mesure que la pression diminue, par envelopper également,
dans toute sa longueur, la tige métallique qui porte la boule, si du moins
elle n'est pas recouverte d’une couche isolante; ce qui indique chez
l'électricité négative une grande facilité à s’écouler dans le milieu am-
biant dès que ce milieu est raréfié.
L'agitation des stries dans la partie lumineuse du jet devient très-
considérable sous une faible pression de 2 millimètres. Elle se manifeste
d'abord très-vivement aux environs de l'électrode positive, d’où sort le
Jet lumineux sous la forme d’un cône très-évasé qui, à mesure que la
pression diminue, devient de plus en plus cylindrique jusqu’à prendre
72 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
tout à fait la forme d’un cylindre dont la base circulaire a pour centre
l'électrode, en même temps que lagitation des stries est générale dans
toute l'étendue du jet.
Quand on opère la décharge dans un bocal cylindrique, entre une
boule servant d’électrode négative et un anneau métallique dont cette
boule est le centre, et qui sert d’électrode positive, atmosphère bleuâtre
qui entoure la boule s’élargit de plusieurs centimètres à une pression
de 2 millimètres, et son contour extérieur est hérissé de petits filaments
très-allongés formant comme une houppe. Ces filaments sont probable-
ment formés par les séries des molécules qui transmettent la décharge.
Is sont beaucoup plus prononcés avec l'hydrogène, plus conducteur,
qu'avec les autres gaz. Si la boule sert d’électrode positive, elle est en-
tourée d’une auréole d’un rose vif d’un centimètre de diamètre environ,
présentant des stratifications très-nettes; puis vient un espace annul-
laire obscur qui se termine à l'anneau, lequel est lui-même compléte-
ment revêtu d’une enveloppe, soit gaine d’un violet clair d’une nuance
opaline.
L’azote présente tous les mêmes phénomènes que l'hydrogène. Seule-
ment la stratification de la lumière électrique n’y commence que sous
une pression beaucoup plus faible. Dans le long tube (de un mètre de
longueur), l'agitation des stries sous une pression de 2 millimètres est
même plus considérable qu'avec l'hydrogène; ces stries semblent former
une hélice animée d’un mouvement de rotation autour de son axe; la
lumière est aussi plus vive, la teinte est d’un rose pêche au lieu d'un
rose pâle; le phénomène est des plus brillants. Du reste, même espace
obscur dans le voisinage de l’électrode négative, même lueur d’un rose
blafard à une faible pression de 1 à 2 millimètres dans cet espace obscur,
et même apparition dans cette espèce de brouillard, d’anneaux plus
lumineux que l’espace ambiant, immobiles et d’un contour bien net.
L'air atmosphérique se comporte comme l'azote; J'ai trouvé seulement
que l'agitation des stries y est moins prononcée, et que la lumière y est
d’un rose moins foncé que dans l'azote.
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 15
Les apparences que je viens de décrire sont donc, à quelques nuances
près, exactement les mêmes dans l'hydrogène, dans Pazote et dans l'air
atmosphérique; elles sont également les mêmes, que ces gaz soient secs
ou qu'ils renferment de la vapeur d’eau ou de la vapeur d'alcool en plus
ou moins grande quantité; il n’y a d’autres différences, sinon que les
pressions auxquelles on obtient les divers phénomènes et les teintes de
la lumière qui les accompagnent, varient avec la nature du fluide élas-
tique raréfié. On ne peut donc attribuer les effets dont il vient d’être
question à une décomposition électro-chimique qui ne peut avoir lieu
dans un gaz simple et bien desséché, ni à aucune action tenant à la
nature chimique du fluide élastique. Ils sont évidemment le résultat
d’une action mécanique qui accompagne la transmission de électricité,
ainsi que M. Riess l’a avancé le premier en montrant qu’un phénomène
analogue se présente sous une forme un peu différente, il est vrai, dans
les liquides et dans les solides.
Le phénomène dans les fluides élastiques raréfiés consisterait dans des
contractions et dilatations alternatives du milieu gazeux, produites par la
série des décharges toujours plus ou moins discontinues dont le jet élec-
trique est formé. En effet, que ce soit par l'appareil Ruhmkorff ou bien
par une machine électrique ordinaire, ou une machine hydro-électrique
d'Armstrong, et même par une pile voltaique à haule tension, qu'on
produise les stratifications, on n’a jamais une décharge continue, mais
bien une série de décharges qui peuvent se succéder assez rapidement
pour que la discontinuité ne soit pas accusée même par un galvano-
mètre ; mais cette discontinuité n’en existe pas moins, comme M. Gassiot
l'a montré en opérant avec une pile de Grove à haute tension qui, avec
les mêmes électrodes et dans le même milieu, peut donner naissance,
d’abord à des stratifications, puis plus tard à un arc voltaïque, quand le
courant est devenu continu.
Au reste, l'action mécanique de la série des décharges sur le fluide
élastique raréfié peut être constatée directement par les oscillations très-
prononcées de la colonne de mercure du manomètre mis en commu-
TOME xvI1, 17e PARTIE. 10
14 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
nication avec le fluide élastique, qui accompagnent la propagation de
l'électricité dans ce fluide. Ces oscillations s'élèvent jusqu’à deux ou trois
dixièmes de millimètre dans l'hydrogène sous la pression de 16 milli-
mètres; elles commencent à être sensibles dès que le jet passe, c’est-à-
dire à 56 millimètres de pression; elles atteignent leur maximum, qui
est de trois dixièmes de millimètre, entre 20 et 12 millimètres de
pression; elles diminuent rapidement à partir de 12 jusqu'à 5 milli-
mètres, pression sous laquelle elles n’ont pas lieu. Avec l’azote et avec
l'air atmosphérique, et en se servant du même tube de 16 centimètres
de longueur et de 5 de diamètre, les oscillations commencent à se
montrer, en même temps que le jet passe, sous la pression de 20 milli-
mètres environ; elles atteignent leur maximum de # à 5 dixièmes de
millimètre entre 12 et 8 millimètres de pression; puis elles vont en di-
minuant jusqu'à 2 ou 5 millimètres, pression sous laquelle elles ne sont
plus sensibles.
Avec le tube d’un mètre de longueur, et même avec celui de 50 cen-
timètres, Je n'ai pu observer aucune apparence d'oscillation accompa-
gnant la transmission du jet électrique, quel que fût le gaz renfermé dans
ces tubes et quelle que fût la pression à laquelle il fut soumis. Par contre,
j'en ai obtenu de très-prononcées, de 1 à 2 dixièmes de millimètre, sous
des pressions variant de 50 à 15 millimètres, dans un bocal de 20 cen-
ümètres de hauteur sur 16 de diamètre rempli d'hydrogène raréfié,
et dans lequel le jet électrique passait d’une boule centrale à un anneau
concentrique à cette boule, de 12 centimètres de diamètre. Ce dernier
résultat montre que l'absence d’oscillations dans les longs tubes tient
moins au volume de la couche gazeuse, qui est plus faible qu'il ne l'est
dans le bocal de la dernière expérience, qu'à l'influence des parois des
tubes qui gênent le mouvement du gaz. C’est aussi une preuve que les
oscillations proviennent bien d'une action mécanique, et non d’une éléva-
tion de température. Quant à l'intensité des oscillations, elles dépendent
évidemment de la résistance plus ou moins grande que le milieu gazeux
oppose à la transmission du jet électrique, puisque les oscillations sont
_
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 1
plus considérables avec l'azote qu'avec l'hydrogène, et qu’elles diminuent
en même lemps que la pression à partir d’une certaine pression, qui est
celle où la décharge peut s’opérer d’une manière complète, et à laquelle
l'intensité des oscillations atteint son maximum.
La stratification de la lumière électrique serait donc un phénomène
analogue à la production des ondes sonores, c’est-à-dire un phéno-
mène mécanique provenant d’une succession d’impulsions isochrones
exercées sur la colonne gazeuse raréfiée, par la série des décharges élec-
triques se succédant très-rapidement les unes aux autres. Nous trouvons
une nouvelle preuve en faveur de cette manière d'envisager le phéno-
mène dans la perturbation qu'apporte aux stratifications un déplace-
ment de la matière gazeuse, et par conséquent dans la disposition
du fluide élastique qui permet leur apparition. Il suffit, pour produire
cette perturbation, d'introduire dans le tube où l'on à un fluide élastique
raréfié, pendant que l’électricité S'y propage, une quantité additionnelle
du même gaz qui s’y trouve déjà renfermé, de manière à augmenter la
pression de ‘/, ou de ‘/, millimètre au plus. Voici ce qui se passe avec
l'hydrogène; les effets sont les mêmes avec les trois tubes de 15, de 50
et 100 centimètres de longueur.
On commence par raréfier le gaz jusqu’à 2 millimètres, de manière à
avoir le phénomène des stralifications aussi prononcé que possible. On
fait alors rentrer une petite quantité d'hydrogène; si l'introduction a lieu
du côté de l'électrode négative, on voit aussitôt se former dans l'espace
obscur des tranches striées d’une belle couleur rosée, dont le diamètre
est celui de la colonne stratifiée, c’est-à-dire du tube, mais qui sont très-
étroites et très-nettes. Elles se propagent graduellement dans le tube en
s'enchevêtrant avec les anciennes stries, beaucoup plus larges et moins
bien limitées; puis, dès qu'on a arrêté l'entrée du gaz, on voit la colonne
lumineuse s'éloigner lentement de l'électrode négative et reprendre peu à
peu son apparence primitive. Lorsque l'introduction du gaz a lieu du
côté de l’électrode positive, au lieu de stries occupant toute la largeur du
tube, on voit un jet brillant d’un très-petit diamètre (de 2 à 5 millimé-
76 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
tres), strié nettement et tout à fait semblable à un petit ressort à boudin,
S'avancer le long de l'axe du tube dans l’intérieur relativement obscur
de la colonne lumineuse, qui elle-même, dès que le gaz commence à
entrer par l’électrode positive aussi bien que par la négative, s’avance
immédiatement, de manière à occuper presque en entier l’espace obscur
jusqu’à l'électrode négative, dont elle n’est plus séparée que par la couche
de 2 millimètres d'épaisseur qu'elle ne peut franchir. Puis, lintroduc-
tion du gaz une fois arrêtée, tout revient bientôt à l’état normal. Quelle
que soit celle des deux extrémités du tube par laquelle on fait pénétrer
le gaz, on voit apparaitre avec la rentrée du gaz un brouillard très-subtil
d’un blanc rosé qui se propage dans le tube, mais qui, dès que Fintro-
duction de la quantité additionnelle de gaz a cessé, chemine en laissant
se reformer l’espace obscur, de l’électrode négative à la positive, cachant
dans <a route momentanément, en tes enveloppant comme le ferait un
léver nuage, les stralifications successives des différentes parties de la
colonne; puis ce brouillard disparaît, et la colonne lumineuse reprend
son apparence primitive, qu'elle conserve tant que rien n’est changé ni
dans le jet électrique, ni dans l’état du gaz traversé par ce jet.
L'apparition de ce brouillard, qui ressemble parfaitement à celui que
J'ai signalé comme existant dans l'espace obscur de la colonne à l'état
de repos, dénote bien l'agitation dans laquelle l'introduction d’une petite
quantité additionnelle de gaz met toute la colonne, agitation rendue aussi
visible par la marche et l'empiétement des stries les unes sur les autres.
Le phénomène a encore ceci de particulier : c’est que la netteté et l'éclat
des stries de la partie gazeuse introduite qui les font distinguer si nette-
ment du gaz qui était déjà dans le tube, permettent de suivre son mou-
vement progressif d’un bout du tube à l'autre. On peut répéter plusieurs
fois de suite l'expérience par des introductions successives de quantités
additionnelles de gaz, pourvu que chaque fois on n’augmente pas la
pression de plus de ‘/, millimètre, et que la pression totale ne dépasse
pas en tout à à 6 millimètres.
Avec l'azote et avec Fair atmosphérique, les choses se passent de
=
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 11
même; seulement on ne peut pas pousser l'expérience aussi loin, la
pression pour laquelle le phénomène cesse d’avoir lieu avec ces gaz élant
bien moindre qu’elle ne l'est avec l'hydrogène. Les stries étroites qui se
montrent au moment de la rentrée du gaz du côté où cette entrée à
lieu, sont aussi moins nettes et moins brillantes; mais il y a également
disparition momentanée de l’espace obscur, production du brouillard
rosé, marche de ce brouillard quand l'introduction du gaz a cessé de
l'électrode négative à la positive. Avec les trois gaz également, on voit,
quand la rentrée se fait du côté de Pélectrode négative, le brouillard
marcher d’abord comme le filet strié étroit qui suit Paxe du tube, de
l'électrode positive à la négative; puis, arrivé à celte extrémité du tube,
il revient en arrière, cheminant, comme nous l'avons dit, de l'électrode
négalive à la positive.
Ce brouillard provient évidemment d’une partie du gaz qui, en entrant
dans le tube, se dilate excessivement et devient visible par Pélectricité
qui le traverse. On peut juger par la lenteur avec laquelle ce brouillard
se propage du faible degré de force élastique du gaz. C’est probablement
à la même cause qu'est due la lenteur avec laquelle se fait le mélange
du gaz qui entre dans le tube avec celui qui s'y trouvait déjà, lenteur
qui est accusée par le fait des stries nettes et étroites qui apparaissent
dans la nouvelle portion de gaz, tandis que dans lancienne les stries
sont bien plus larges et bien moins limitées, ce qui ne peut tenir qu'à ce
que la première n’est pas, au moment où elle entre dans le tube, encore
aussi dilatée que l'ancienne qui s'y trouvait déjà. Enfin, le fait que la
colonne gazeuse à stries étroites est beaucoup plus large quand le gaz
qui la produit rentre du côté de l'électrode négative que lorsqu'elle rentre
du côté de la positive, est une preuve que, avant la nouvelle introduc-
tion du gaz, la colonne gazeuse qui était déjà dans le tube était beaucoup
plus dilatée dans le voisinage de l'électrode négative que du côté de la
positive. Ainsi done, le passage des décharges électriques se succédant
très-rapidement à travers une colonne gazeuse raréfiée, y produirait,
quand la raréfaction serait parvenue à un certain degré variable avec la
78 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
nature, par conséquent avec la conductibilité du gaz, d’abord une dila-
tation considérable de la matière gazeuse autour de l’électrode négative,
puis, à partir de cette portion de la colonne très-dilatée, une succession
de contractions et de dilatations alternatives jusqu’à l'électrode positive.
Il est très-probable que le même effet a lieu quand le gaz n'est pas assez
raréfié pour qu'il y ait stralification de la lumière électrique. Mais alors
la force élastique plus grande du gaz, jointe à la succession nécessaire-
ment moins rapide des décharges, permet le retour immédiat des cou-
ches contractées et dilatées à leur état de densité normal, et empêche
ainsi ce double état de se manifester; tandis que lorsque le gaz est moins
élastique et que les décharges se succèdent plus rapidement, l'état de
dilatation et de contraction des couches successives produit par une
première décharge dure encore quand une seconde arrive, d'où résulte
qu'il devient sensible. 3
La transmission de l'électricité à travers une colonne gazeuse déter-
mine donc un mouvement dans les particules des gaz, et ce mouvement
semble être une impulsion émanant de l'électrode négative. Ne pourrait-
on point attribuer cet effet à l'électricité statique dont se chargent les
molécules, et qui augmenterait leur répulsion constitutive? On sait, et
on le voit par les auréoles lumineuses qui entourent la boule et la tige
négalives, que, à tension égale, l'électricité négative sort plus facilement
que la positive de ses électrodes métalliques pour pénétrer dans le milieu
ambiant raréfié. Dès lors, la portion de ce milieu la plus voisine de
l'électrode négative doit être plus chargée d'électricité statique (négative)
que ne l’est (de positive) la partie du gaz raréfié voisine de l'électrode
positive; il n’est donc pas étonnant que la répulsion des molécules ga-
zeuses, et par conséquent la raréfaction du gaz, soit plus grande dans la
première de ces deux parties que dans la seconde". Maintenant pour-
1 Le fait que l'électricité de tension se propage plus facilement autour de l’électrode nègative qu'au-
tour de la positive, peut être facilement constaté par l'expérience, ainsi que l’état permanent de tension
électrique de la colonne gazeuse pendant le passage du jet électrique, quel que soit la raréfaction du
gaz.
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 79
quoi l'électricité négative se diffuse-t-elle plus facilement que la positive
dans les mêmes conditions d'intensité, ainsi que de grandeur et de po-
sition des électrodes, de nature et de raréfaction du milieu ambiant ?
C’est là le mystère, ou tout au moins un point très-intéressant à étu-
dier pour la théorie de l'électricité.
S 9. Phénomènes particuliers que présentent les différentes parties du jet
électrique stratifié.
La colonne gazeuse traversée par le jet électrique se compose, avons-
nous dit, quand elle a été amenée à un certain degré de raréfaction, de
couches alternativement dilatées et contractées, avec un espace obscur
très-dilaté dans le voisinage de lélectrode négative. Les parties de Ja
colonne plus dilatées offrant moins de résistance à la transmission de
l'électricité doivent rester obscures, landis que les plus contractées,
moins conductrices, doivent se réchauffer et devenir lumineuses, lors
même que c’est la même décharge qui les traverse. Il doit se passer ici
un phénomène absolument analogue à celui qu’on détermine quand on
met dans le circuit d’une pile voltaique une chaîne formée de fils de
même longueur et de même diamètre alternativement de platine et d’ar-
gent; quoique transmettant les uns et les autres le même courant, les fils
de platine, plus résistants, s’échauffent et deviennent même incandes-
cents, tandis que ceux d'argent, plus conducteurs, restent froids et opa-
ques.
Pour démontrer qu’effectivement l’espace demeuré opaque offre moins
de résistance à la transmission de l'électricité dans la colonne stratifiée
que la partie lumineuse de cette colonne, j'ai disposé deux petits disques
de platine de 7 millimètres de diamètre, fixés chacun par un point de
leur circonférence à l'extrémité dun fil de platine renfermé dans un tube
de verre, de façon à être maintenus parallèles Fun à Pautre à une dis-
s0 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
tance de 3 centimètres. Les deux disques sont liés ensemble d’une ma-
mère solide, tout en étant isolés avec beaucoup de soin et ne pouvant
avoir chacun de communication électrique que par le moyen du fil de
platine soudé à leur circonférence et renfermé dans un tube de verre. Les
extrémités libres des deux fils de platine peuvent être mises respective-
ment en communication avec celles du fil d’un galvanomètre. L'appareil
est disposé de façon que les deux disques de platine peuvent être intro-
duits dans le jet électrique stratifié, de manière à le couper transversa-
lement et à avoir leurs centres situés sur l'axe même du jet. Ils servent
ainsi comme de sondes destinées à dériver une partie du courant, et l'in-
tensité de cette portion dérivée, qui est d'autant moindre que la conduc-
übilité de l'intervalle de dérivation est plus grand, est mesurée par la
déviation de laiguille du galvanomètre mis en communication avec les
extrémités libres des fils de platine qui portent les disques; ceux-ci,
comme nous lavons-nous dit, sont eux-mêmes entourés des tubes de
verre dans la partie de leur trajet à travers le récipient qui contient le
gaz raréfié, afin de demeurer bien isolés et que les disques seuls soient
en contact avec la substance gazeuse qui transmet les décharges. Main-
tenant il suffit de changer la direction de ces décharges pour que les
sondes, sans être déplacées, se trouvent plongées ou dans l’espace obscur
voisin de l’électrode négative, ou dans l’espace lumineux voisin de la
positive. L'appareil est, du reste, combiné de façon qu’on peut placer les
sondes dans d’autres portions du jet. Ajoutons que les électrodes entre
lesquelles le jet électrique s'échappe sont deux disques de platine de 5
centimètres de diamètre chacun, qu'ils sont placés parallèlement lun à
l'autre à une distance qui peut varier de 40 à 30 centimètres, et qu'ils
sont par conséquent, comme les petits disques servant de sondes, per-
pendiculaires à l’axe du jet.
Voici les résultats de quelques expériences faites successivement avec
l'azote et l'hydrogène :
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ.
AZOTE OU AIR ATMOSPHÉRIQUE.
Pression du gaz. Intensité du courant dérive.
Sondes près Sondes près
de l'électrode positive. de l'électrode négative.
GONE Re eet TL soccosconresce 18°
ADR Te De eloiote AO EEE 8°
UPS So odrour ME Losanasecacodé 3°
HYDROGÈNE.
LEE 42e ne CN Seacor more 90°
(EEE Poovaoce BAT ee 65°
MS Rep occenee EP ssocaccebecore 20
CET esocospene LEP péserecctoouen 0°
On voit, d’après ces tableaux, que l'intensité du courant dérivé diminue
avec la pression, quoique le courant transmis soit bien plus fort, ce qui
montre avec quelle rapidité la résistance du gaz diminue à mesure que
sa raréfaction augmente. Mais en même temps la diminution du courant
dérivé, et par conséquent celle de la résistance, est bien plus grande
quand les sondes sont plongées dans l’espace obscur voisin de l’électrode
négative que dans la partie lumineuse du jet voisine de la positive.
Ainsi, sous la pression de 2 millimètres, il est impossible dans lhydro-
gène de percevoir le moindre courant dérivé dans l’espace noir, tandis
que ce courant dérivé est encore de 35° dans l’espace lumineux; à 15
millimètres de pression, il était de 90° au voisinage des deux électrodes
également, mais il n’y avait pas encore formation de l’espace obscur, et
par conséquent l’état de densité du gaz était le même aux deux extré-
mités du tube. La résistance de l’espace obscur est aussi très-faible dans
l'azote sous la pression de 2 millimètres, puisque le courant dérivé n’est
plus que de 5, tandis qu’il est de 18° dans l’espace lumineux; mais la
différence entre les deux courants dérivés est moindre que dans l’hydro-
gène. Cette différence tient à ce que l'hydrogène ayant une conductibilité
très-supérieure à celle de l'azote, d’une part, l'intensité absolue du jet
est plus grande, ce qui explique pourquoi on a 55° au lieu de 18° dans
l'espace lumineux, d'autre part, la portion dérivée doit être moindre là
TOME Xvir, 17e PARTIE. 11
82 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
où la raréfaction augmente encore la conductibilité du gaz, ce qui fait
que l’on a 0° au lieu de 5° dans l’espace obscur.
Remarquons que tous les résultats qui montrent l’inégale résistance
que présentent à la propagation de l’électricité les différentes narties
d’une même colonne gazeuse sont bien comparables entre eux, puisque
c’est le même jet électrique qui parcourt successivement ces différentes
parties inégalement conductrices.
Si on place les sondes dans une portion du jet qui soit à ‘/, de dis-
tance de l’une des électrodes, et à */, par conséquent de l'autre, on a sous
la pression de 2 millimètres dans l'air ou dans l'azote pour l'intensité du
courant dérivé, 8° quand l’électrode négative est la plus rapprochée des
sondes, 12° quand c’est la positive. Dans l'hydrogène, on à 20° et 36e.
Ainsi, la conductibilité de la colonne gazeuse va en diminuant graduelle-
ment de l’espace obscur, où elle est à son maximum, à l'espace voisin
de l’électrode positive, où elle a son minimum.
En plaçant les sondes toujours dans la même portion du jet, on pourra
trouver dans l'intensité du courant dérivé l'expression assez exacte du
degré de résistance des différents gaz à différents degrés de pression,
pourvu qu’on ait soin, au moyen d’un rhéostat, de donner dans chaque
cas au courant principal le même degré de force absolue. C’est une
recherche dont je m'occupe, et qui n’est pas encore achevée.
Nous voyons donc que l’espace obscur voisin de l’électrode négative
offre bien moins de résistance au passage du courant que n’en offre la
partie lumineuse voisine de électrode positive. Il en résulte que, par la
même raison que la portion de la colonne gazeuse la moins conductrice
est plus lumineuse que la plus conductrice qui reste à peu près obscure,
la température de la première doit être plus élevée que la température
de la seconde. C’est ce que l'expérience a pleinement confirmé.
Deux thermomètres de mercure à réservoir cylindrique ont été placés
dans l’intérieur du tube de 16 centimètres de longueur et de 4 de dia-
mètre, à une distance respective d’un centimètre de chacune des élec-
trodes; distance suffisante, comme on s’en est assuré, pour que lin-
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 835
fluence refroidissante ou réchauffante de ces électrodes fût nulle. Elle
aurait été plutôt refroidissante, comme on a pu le constater en les rap-
prochant davantage du réservoir des thermomètres; ce qui n’est pas
étonnant vu leurs dimensions (boules métalliques pleines d’un centi-
mètre de diamètre).
On n’a pas tardé, en faisant passer le jet électrique à travers l’azote
ou l'hydrogène raréfiés, à apercevoir une grande différence entre la tem-
pérature acquise par le thermomètre placé dans l’espace obscur, près
de l'électrode négative, et la température acquise par le thermomètre
placé dans l’espace lumineux près de l’électrode positive. Ces différences
conservent à peu près le même rapport entre les pressions de 1 à 10 mil-
limètres, lors même que les températures absolues avec lesquelles il ne
faut pas les confondre, varient avec la pression et avec la nature des
gaz. Ainsi, lors même qu'il n’y a plus d'espace obscur sensible à l’élec-
trode négative, le thermomètre s’y élève moins que dans le voisinage de
la positive, ce qui prouve que le gaz y est encore plus dilaté et plus
conducteur. La différence de température serait donc un critère encore
plus sensible que la différence d'éclat, de la résistance électrique plus
ou moins grande des différentes parties de la colonne gazeuse. La tem-
pérature absolue est en général moindre dans l'hydrogène à tous les
degrés de raréfaction que dans l’azote ou l'air atmosphérique, qui of-
frent plus de résistance au passage de l'électricité. La différence entre
les deux thermomètres n’a jamais été non plus aussi grande dans l’hy-
drogène que dans l'azote ou l’air atmosphérique. Ainsi elle a été au
maximum de 4° ‘/,' dans l'hydrogène, sous la pression de 9 à 12 mil-
limètres le thermomètre s'étant élevé, dans deux minutes, de 21° à 26° y,
à l’électrode négative, et de 21° à 51° à la positive. Dans l'azote, la dif-
férence maximum a été de 5° sous la pression de 5 millimètres (de 20°
à 24° au thermomètre négatif et de 20° à 29° au positif). Dans l'air
atmosphérique, la différence maximum a été, à 6 millimètres de pression,
de 6° (de 18° à 26° au thermomètre négatif et de 18° à 32° au positif).
‘ Les indications thermométriques sont en degrés Réaumur.
84 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
À 20 millimètres de pression la différence n'était plus, dans l’hydrogène,
que de 2° ‘/, (de 21° à 28° ‘/, et de 210 à 26°); dans l'azote, que d’un
demi-degré (de 20° à 25° et de 20° à 25° ‘/,), et dans l'air atmosphérique
elle était nulle (de 19° à 28° aux deux thermomètres également). Quand
il n'y à plus de différence entre les indications des deux thermomètres,
ou que cette différence est très-faible, on remarque que l'apparence du
Jet lumineux est parfaitement uniforme dans toute son étendue.
Voici, du reste, le tableau de quelques expériences :
AIR ATMOSPHÉRIQUE (DURÉE DE L'EXPÉRIENCE , DEUX MINUTES).
Pression. Thermomètre positif. Thermomètre négatif. Différence.
DT posous AA OONET EE" 160MaN2100.07227 40
ADDOPE ER NEO 443508 180 42002... 007
GEL so octo 9 AS ANODOBEN TEE AE EE oo 6°
CES ES à ASCII LEONE NOT DE ESS 301
ES to se ao HSM ASIE ETES ASOMANDEON Er" Er 30
ADINANP PUR HELENE ET ASP ARTE. 29
2AODDEPEPCE AN CNCEDS Sicoue COL AR coco 0°
AZOTE (DURÉE DE L'EXPÉRIENCE , DEUX MINUTES).
anne 199 à 9240 ...,., 4ge à 220 ..,... 20
gum ,..... 2001à 28 ...... 20014 9250 ..... 30
Ben ,..... 200 à 290 ...... 200 à 240 ...... 5o
Gun ,..... 20 A1 res DO NT ee 41
gmm ,..... 2000 ice ere DNA CHE Eee 4°
gmm ,.,... 240 A 18080 xtEE PRE ne Cia ge
20mm ...... 200 à 2501 ...... 20° à 25 ...... Lo
HYDROGÈNE (DURÉE DE L'EXPÉRIENCE, DEUX MINUTES).
DUR ARTS 210-4070 1... 240 à 95 ...... 2
om ,,,... 200 à 2804 ...... 20° à 2501 ...... 3°
6m ,..... 20 à 29 ...... 200 à 2801 ...... 31
gmm ,..... 230 H13100-. 265 20° à 2601 ...... 41
15nm CHE MS ee NPC TR ne 4
20mm ...... PAR SDERE PRE CHR EN ooose HE
30mm ,..... 2i0 à 280 240 à 2301 ...... 101
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 85
Voici le résultat d’une expérience dans laquelle on a prolongé la durée
du passage du jet au delà de 2 minutes à travers de l'air atmosphérique
dont la pression était de 3 millimètres:
Durée du passage Thermomètre positif. Thermomètre négatif. Différence.
DAS LRIN PES PIRE) CRETE ÉD ONE SES 5°
ARPEEPEETES = ANT 10 ester — à 3001...:... 60E
(SMETEE SE MA iAO0 0,0 NE AE CMD EE 8°
sem dooÉ nn LAON NAN TS es 100
(MER SES EUR ES EE LE L'ORRCROE go
À mesure que la durée de l'expérience augmente et que la tempéra-
ture absolue s'élève, les différences entre les températures indiquées par
chacun des deux thermomètres deviennent proportionnellement moin-
dres; les indications des deux thermomètres finissent par se rapprocher
et même par devenir les mêmes au bout d’un certain temps.
L'hydrogène et l'azote donnent les mêmes résultats.
Les nombres qui expriment les températures dans les tableaux qui
précèdent ne peuvent pas être donnés comme étant d’une exactitude par-
faite; ils varient en effet, dans leurs valeurs absolues, avec l'intensité du
Jet électrique; mais ils sont suffisamment constants et exacts pour dé-
montrer : 1° qu'il y a une élévation sensible de température qui accom-
pagne la propagation du jet électrique dans les gaz raréfiés; 2° que cette
élévation est sensiblement moindre dans le voisinage de l’électrode né-
gative que près de la positive dès que les gaz sont assez raréfiés pour
que le jet passe facilement et que la lumière électrique soit stratifiée;
5° que les élévations absolues de température aux deux électrodes, et
leurs différences, varient avec la densité et la nature du gaz.
Un fait qui montre bien toute la puissance lumineuse et calorifique
de l'électricité, c’est que l'hydrogène réduit à 1 '/, millimètre de pres-
sion puisse devenir lumineux et se réchauffer d’une manière bien sen-
sible ‘ par le passage de l'électricité, quoique à cette pression il ait une
‘ Le réchauffement du gaz doit en effet être bien considérable pour qu'il puisse, dans deux minutes,
élever de près de 3 la température d'un thermomètre dont le réservoir est un cylindre de mercure de
86 PHÉNOMÈNES ACÇOMPAGNANT
densité si faible qu'un centimètre cube du gaz ne pèse plus que 5% de
milligramme à peine.
En voyant une matière aussi subtile que de l'hydrogène réduit à un
ou deux millimètres de pression, pouvoir devenir lumineux sous l’in-
fluence de l'électricité, il est impossible de ne pas être tenté de faire un
rapprochement avec la matière si subtile également, et cependant si lu-
mineuse aussi, qui constitue les corps cométaires. Cette analogie devient
encore plus frappante quand on examine de près l'apparence que pré-
sentent, dans le tube qui renferme l'hydrogène raréfié traversé par le jet
électrique, ces espèces de brouillards lumineux qui se manifestent au
moment où l’on fait rentrer un peu de gaz dans le tube, et qu’on voit
également dans l’espace obscur lorsqu'on a atteint un certain degré de
raréfaction. Certainement la matière gazeuse est encore là plus raréfiée
qu’elle ne l’est dans le reste de la masse où elle l’est déjà extrêmement,
et elle a en même temps une ressemblance remarquable avec la matière
lumineuse qui constitue les comètes.
$ 4. Influence du magnétisme sur les jets électriques qui se propagent
dans les nulieux gazeux très-raréfiés.
Celte influence dont j'avais montré l'existence sous la forme d’une
rotation exercée par le pôle d’un aimant sur les jets électriques qui s’en
échappent en rayonnant, est, comme on devait s’y attendre, générale,
ainsi que M. Plucker l’a fait voir par plusieurs expériences remarqua-
bles. Les filets lumineux qui se manifestent dans les gaz raréfiés tra-
versés par les décharges de l'appareil Ruhmkorff, sont attirés ou repoussés
par les aimants comme le seraient des courants électriques circulant
dans des fils métalliques. En un mot, cette action est soumise à toutes
2‘}, millimètres de diamètre sur 3 centimètres de longueur. D'ailleurs le seul fait que le gaz soit lu-
mineux montre bien sa haute température, car la lumière n'est évidemment que l'effet de son incan-
descence.
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 87
les lois de l’électro-dynamique, avec cette différence que toutes les parties
du conducteur mobile étant indépendantes les unes des autres, au lieu
d’être liées entre elles comme elles le sont dans un fil rigide, elles obéis-
sent alors complétement aux forces qui les sollicitent et prennent des
positions d'équilibre qui en sont la conséquence, Il en résulte que le filet
lumineux prend la forme d’une courbe magnétique; condition nécessaire
pour que l'équilibre ait lieu, puisqu’alors l'action de Paimant sur l’élé-
ment de courant est nulle, la direction de l'action étant perpendiculaire
à cet élément lorsqu'il est tangent à la courbe magnétique.
J'ai vérifié dans plusieurs cas la loi que je viens de rappeler, et j'ai
même réussi à montrer que, conformément à la loi d'Ampère, deux jets
électriques dirigés dans le même sens dans un gaz raréfé s’altirent
comme le feraient deux courants voltaïques transmis à travers des fils
métalliques mobiles. Je n’ai pas obtenu la répulsion de deux jets élec-
triques cheminant en sens contraire, par la dificulté pratique que j'ai
rencontrée jusqu'ici de construire un appareil qui réalise ce cas. Je ne
désespère pourtant pas d'y parvenir. J’y reviendrai dans un travail où je
m'occuperai de l’action mutuelle des jets électriques les uns sur les au-
tres. Pour le moment, je me borne à étudier les effets de l’action magné-
tique sur ces jets.
Mes recherches sur ce sujet comprennent deux séries d'expériences:
les premières, dans lesquelles l’électro-aimant d’où émane l’action ma-
gnétique est placé extérieurement au gaz raréfié, à travers lequel se pro-
page le jet électrique; les secondes, dans lesquelles le fer doux aimanté
est situé dans ce gaz lui-même.
L'un des cas les plus simples est celui dans lequel l’un des tubes dont
J'ai parlé dans les expériences précédentes, est placé soit axialement,
soit équatorialement par rapport aux pôles d’un fort électro-aimant. Voici
ce qu’on observe quand on a eu soin de bien raréfier le gaz qui trans-
met le jet électrique. La portion de ce jet soumise à l’action magnétique
se condense vers les parois du tube dans la partie la plus rapprochée
ou la plus éloignée des pôles magnétiques, suivant la direction du jet
88 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
et le sens de l’aimantation; les stries deviennent beaucoup plus étroites
et plus brillantes. Si la portion du tube placée dans le voisinage de
l'électro-aimant est celle où se trouve l'électrode négative, on voit
immédiatement l'espace obscur devenir lumineux et présenter des stries
étroites et brillantes comme le ferait la portion constamment lumi-
neuse du jet qui semble s'avancer. En même temps, la photosphère
bleuâtre qui entoure la boule négative se rétrécit de la moitié au moins
de son épaisseur en devenant plus brillante, et l'espèce de gaine bleuâtre
qui entourait la tige métallique à l'extrémité de laquelle est l’électrode
négative, disparaît complétement. Toute cette atmosphère bleuâtre se
concentre sur la boule. Il semble que tous les filets gazeux, qu'on peut
considérer comme autant de conducteurs de la décharge, au lieu de
rayonner de tous les points de la boule et de la tige négative en se dis-
séminant dans toute la masse gazeuse jusqu’à l’électrode positive, ne
rayonnent plus, quand l'action magnétique s'exerce sur eux, que de la
boule négative en se condensant vers les parois du tube d’un côté ou de
l'autre, jusqu’à la portion de leur trajet, où, l’action n’étant plus sensi-
ble, ils reprennent leur position normale. Cette condensation explique
pourquoi la partie du jet qui était obscure parce que le gaz y était trop
dilaté, devient lumineuse, et pourquoi celle qui était déjà lumineuse
devient plus étroite, plus brillante, avec des stratifications plus serrées.
L'action de l’aimant produit le même effet que produirait une augmen-
tation locale de densité dans la matière gazeuse raréfiée. Au reste, il
n’est pas nécessaire que l’action de l’aimant ait lieu exactement sur la
partie obscure pour qu’elle devienne lumineuse; elle le devient égale-
ment, lors même que le magnétisme agit sur une autre portion du jet,
pourvu qu’elle ne soit pas trop éloignée de l’électrode négative.
La conséquence de l'explication que nous venons de donner, facile à
vérifier par l'expérience, est que la portion du gaz qui transmet la dé-
charge, doit, lorsqu'elle est soumise à l’action de l’aimant, devenir moins
conductrice, et que, par conséquent, le jet électrique doit éprouver une
résistance totale plus grande dans son trajet à travers l’intérieur du tube
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 89
quand on approche de l'électro-aimant une partie de ce tube, que celle
qu'il éprouvait auparavant.
Ainsi le tube d’un mètre étant rempli d'hydrogène raréfé, on obtient,
en mettant l'appareil de dérivation dans le circuit’, les résultats suivants:
Pression. Intensité du courant dérive,
Sans Aimantation Aimantation
aimantation. à l'électrode positive. à l'électrode négative.
AU Te ae ÉD RE E AUE SO center 200
BU a Eros « DOM Eee a erater te D00%. eme 10°
Avec le tube de 50 centimètres de longueur rempli d’azote, on a:
Pression. Intensité du courant dérive,
Sans Aimantation Aimantation
aimantation. à l'électrode positive. à l'électrode négative.
DORE en etes HD Robes HP 60000 420
IE Te once FILMS DNOER QC ES DONS ee 17°
GES ADP ec aie 200 ere sac 120
Les effets sont plus marqués quand on place les tubes équatorialement
entre deux armures de fer doux de l’électro-aimant, qui sont immédia-
tement en contact avec les parois du tube, que lorsqu'on les place axia-
lement sur les pôles mêmes. On voit qu'il y a une augmentation de ré-
sistance bien plus grande quand le magnétisme agit sur la partie du jet
voisine de l’électrode négative que lorsqu'il agit sur la partie voisine de
l'électrode positive. Cette différence tient à ce que la première partie
qui, comme nous l'avons vu dans le paragraphe précédent, est beaucoup
plus conductrice, doit éprouver naturellement une diminution de sa
conductibilité beaucoup plus grande par la condensation de la matière
gazeuse qu'opère l’action de l’aimant, que ne peut en éprouver la se-
conde où le gaz est moins raréfié. Le sens de l’aimantation n’a aucune
influence sur les résultats; il n’a d'autre effet que de soulever ou de dé-
primer le jet qui, quand l'aimant n’agit pas, est simplement horizontal.
! Il ne faut pas oublier qu'ici le courant dérivé est proportionnel au courant principal, de sorte que
son intensité peut être regardée comme étant très-approximativement la mesure de celle de la décharge
qui traverse le tube.
ToME xvn, 17e PARTIE. 12
90 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
Parmi les expériences que J'ai faites sur l'influence qu'exerce action
extérieure du magnétisme sur des gaz raréfiés renfermés dans des tubes,
je citerai encore celles dans lesquelles le tube est contourné en une spi-
rale plate terminée par deux prolongements perpendiculaires au plan de
la spirale et qui servent à introduire et à raréfier le gaz, ainsi qu’à y faire
passer les décharges; le tube de la spirale et de ses prolongements à un
peu moins d’un centimètre de diamètre et son développement total en a
près de 80. IT faut que le gaz soit raréfié jusqu'à 2 millimètres au moins
pour que les décharges passent quand c’est de l'azote ou de l'air atmos-
phérique. Avec l'hydrogène, il suffit que la pression soit de 5 à 6 milli-
mètres pour que la décharge soit transmise. Du reste, quel que soit le
gaz et son degré de raréfaction, ce n’est qu'au bout de plusieurs minutes
depuis qu’il est mis dans le circuit, que la décharge commence à passer.
Il faut évidemment qu'il se charge longtemps d'électricité statique pour
que la résistance à l'établissement du jet continu soit surmontée. Mais
une fois qu'elle a été surmontée, on peut interrompre impunément le
passage de la décharge sans qu'il soit nécessaire d'attendre plus d’un
instant pour qu'elle recommence à être transmise dès qu'on ferme de
nouveau le circuit, pourvu que l'interruption ne dépasse pas une heure
ou deux. Le jet lumineux présente avec l'hydrogène sous la pression de
> à 6 millimètres, des stries très-fines et très-nettes d’une couleur rosée;
à la pression de 2 millimètres elles deviennent beaucoup plus larges et
moins nettes; la couleur est aussi plus pâle. Il en est de même avec l'air
et l'azote, mais les effets sont plus prononcés avec l'hydrogène. Une ap-
parence remarquable que présente le jet dans l’intérieur de la spirale,
c'est qu'il semble éprouver un mouvement de rotation très-prononcé,
dans un sens qui parait varier avec la direction de la décharge ; mais ce
dernier résultat n’est point très-constant, ce qui m'a conduit à croire que
la rotation n’est qu'apparente et qu’elle est l'effet de la discontinuité
des décharges qui constituent le jet, discontinuité qui produit l'illusion
d’un déplacement. Ce point toutefois mérite d’être étudié de nouveau.
Pour observer l'action du magnétisme sur le jet en spirale, je place la
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 91
spirale de verre entre les deux pôles de l’électro-aimant, de manière que
son plan soit le même que celui des deux surfaces polaires, les deux
prolongements se trouvant ainsi verticaux, lun au-dessus, l’autre au-
dessous de ce plan. L’aimantation, suivant son sens, ou condense le jet
vers les parois intérieures du tube en spirale, ou au contraire le repousse
vers les parois extérieures en le rendant très-diffus; dans le premier cas
il devient très-brillant et les stratifications y sont très-prononcées; dans
le second cas elles sont peu visibles et le jet lui-même est beaucoup plus
large et très-terne. Il semble éprouver, d’une manière plus sensible en-
core, le mouvement de rotation dont nous avons parlé. Un fait assez
curieux, c’est que dans la branche verticale du tube qui est au-dessous
de la spirale et qui se trouve par conséquent entre les deux branches de
l'électro-aimant, le jet se partage, sous l’influence du magnétisme, en
deux filets, dont l'un se porte d’un côté du tube, l'autre de Pautre côté.
De ces deux filets, l'un est très-mince et très-peu brillant comparativement
à l'autre. Cette séparation provient très-probablement de ce que le cou-
rant induit de l'appareil de Ruhmkorff se compose réellement, comme
nous l'avons déjà dit, de deux courants induits successifs dirigés en sens
contraire, lun ayant beaucoup plus de tension et passant presque exclu-
sivement à travers le gaz, tandis que lautre est transmis très-difficile-
ment, mais cependant passe (en très-petite proportion, il est vrai), puis-
que l’action de laimant le sépare du jet principal qui est le seul en
général qu'on soit appelé à considérer dans ce genre de phénomènes,
parce qu'il est de beaucoup le plus fort.
Jai cherché à déterminer, dans le cas du tube à spirale, comme je
Pavais fait avec le grand tube rectiligne, l'influence de laimantation sur
la résistance du gaz à la transmission de la décharge, et j'ai obtenu un
résultat assez curieux. Les deux pointes de platine de l'appareil de déri-
vation étant à dix millimètres de distance lune de l'autre dans l'eau dis-
tillée, jai obtenu un courant dérivé de 20°, le tube à spirale étant rempli
d'hydrogène sous la pression de 2 millimètres. La spirale a été placée
verticalement entre les deux armures horizontales de l’électro-aimant qui
92 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
étaient exactement en contact avec ses deux faces. Aussitôt que l’aiman-
tation à eu lieu, le courant dérivé a été réduit à 15° lorsque le jet a été
repoussé et porté vers les parois extérieures de la spirale avec un mou-
vement de rotation apparent, et il s’est élevé au contraire à 25°, lorsque
le jet a été condensé vers les parois intérieures de la spirale. Cette in-
fluence du sens du courant ou de laimantation liendrait-elle à la forme
particulière donnée au jet ou au petit diamètre du tube comparative-
ment à son développement en longueur ? C’est un point à éclaircir.
Je passe maintenant au cas où le pôle magnétique est au milieu du
gaz qui transmet la décharge. J'ai d’abord opéré avec un ballon sphérique
de 15 centimètres de diamètre environ, muni de quatre tubulures si-
tuées aux extrémités respectives de deux diamètres du ballon qui se
coupent à angles droits. Deux tiges de fer doux cylindriques sont fixées
au moyen de deux de ces tubulures dans l’intérieur du ballon, dans la
direction du même diamètre, de manière que leurs extrémités intérieures
soient à 8 ou 10 centimètres environ de distance l’une de l’autre, pendant
que leurs extrémités extérieures ressortent de la tubulure d’à peu près 2
centimètres; ce sont ces extrémités extérieures qu’on met en contact avec
les pôles d’un fort électro-aimant, pour que les extrémités intérieures
deviennent ainsi deux pôles magnétiques. Les deux autres tubulures ser-
vent à introduire dans l’intérieur du ballon deux tiges métalliques iso-
lées terminées par des boules qui sont à une distance de 10 centimètres
environ lune de l’autre, et qui servent d'électrodes au jet électrique dont
la direction est ainsi équatoriale, c’est-à-dire perpendiculaire à la ligne
droite qui joint les deux pôles magnétiques. Tant que les tiges de fer
doux ne sont pas aimantées, le jet électrique reste parfaitement recti-
ligne; mais aussitôt que l’aimantation a lieu, le jet, que nous suppose-
rons avoir une direction horizontale, prend la forme d’une demi-circon-
férence de cercle située ou au-dessus ou au-dessous de la ligne qui joint
les pôles magnétiques, suivant le sens de l’aimantation ou celui de la
décharge. La forme de l'arc lumineux est celle d’un demi-anneau très-
aplati en même temps qu'élargi, les stries y sont très-marquées, plus
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 95
qu'elles ne l’étaient dans le jet rectiligne, et sa partie extérieure est très-
dentelée, surtout lorsque le gaz renferme un peu de vapeur d'alcool ou
d'éther. Si le jet électrique, au lieu d'être équatorial, est axial, c’est-à-
dire dirigé de l'un des pèles magnétiques à l'autre, ces deux pôles lui
servant d'électrodes, il n'éprouve pas de modification sensible sous lin-
fluence de l’aimantation.
Toutefois, si l'on fait passer la décharge entre une boule de laiton et
une boule de fer placée à l'extrémité d’une tige de fer, de manière à pou-
voir être aimantée, on observe, au moment de l’aimantation, un mouve-
ment de dépression ou d’élévation dans l'atmosphère lumineuse qui en-
toure la boule de fer; ce mouvement tient évidemment au changement
de direction qu'éprouvent les filets électriques qui rayonnent de la boule.
Mais la meilleure manière d'étudier l’action du magnétisme dans les
cas où le barreau aimanté est dans l’intérieur du gaz, consiste à se servir
d’une cloche ou bocal cylindrique de 16 centimètres de diamètre, sur
20 centimètres de hauteur, dans l'axe duquel est placée une tige de fer
doux de 5 centimètres de diamètre environ, dont le sommet arrondi est
situé au milieu même de l'axe du cylindre. Cette tige est implantée dans
un disque circulaire qui sert à fermer le bocal. Un anneau métallique
de 12 centimètres de diamètre environ formé d'un fil de 5 à 4 milli-
mètres de diamètre et ayant pour centre le sommet de la tige de fer, est
situé dans un plan perpendiculaire à l'axe du bocal; cet anneau com-
munique au moyen d'une tige recouverte d’une couche isolante, qui lu
est soudée, avec l’un des pôles de l'appareil Ruhmkorff, tandis que lautre
pôle est mis en communication, extérieurement au bocal, avec lextré-
mitlé de la tige de fer doux qui, dans l'intérieur du bocal, est aussi re-
couverte d’une couche isolante, sauf à son sommet. C’est entre ce som-
met et l'anneau dont il est le centre que s'échappe la décharge. Il sufiit
maintenant, pour aimanter la tige de fer doux, de la mettre en contact
par son extrémité extérieure avec le pôle d’un électro-aimant, en ayant
soin de placer entre deux une lame mince de caoutchouc pour servir de
couche isolante, de façon que tout l'appareil soit bien isolé.
94 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
Le bocal cylindrique est fermé également à celle de ses deux extré-
mités où ne se trouve pas la tige de fer doux, etil y est muni de deux
robinets, dont l’un sert à faire le vide et à faire entrer un gaz qui est
raréfié plus ou moins, et dont l’autre, construit suivant le mode de Gay-
Lussac, permet d'introduire dans le ballon une quantité plus ou moins
grande d’une vapeur quelconque.
Jai fait un très-grand nombre d'expériences avec ce bocal en le rem-
plissant successivement d'air atmosphérique, d’azote et d'hydrogène à
divers degrés de raréfaction, ces gaz tantôt parfaitement secs, tantôt
renfermant une proportion plus ou moins grande de vapeur, soit d’eau,
soit d'alcool.
L'air atmosphérique et l'azote secs donnent des résultats presque iden-
tiques, avec cette différence que la lumière est plus vive et plus nette
avec l'azote. Si l'on prend le fer doux pour électrode positive et l'anneau
pour électrode négative, on voit le jet lumineux former à un certain de-
gré de raréfaction une espèce d’enveloppe rouge pêche autour du sommet
du fer doux, et une gaine d’un violet pàle sur un arc d’un plus ou moins
grand nombre de degrés autour de l'anneau. A une pression très-faible,
cette gaîne entoure l'anneau entier, tandis que le sommet du fer doux est
enveloppé complétement d’une auréole rose d’où s'échappe un jet très-
court de la même nuance et ayant la forme d’une grosse virgule. On voit
parfaitement, quand on aimante le fer doux, cette virgule tourner dans un
sens ou dans l’autre, suivant celui de l’aimantation, avec l’auréole rose
d’où elle émane. On voit également tourner la gaine violette qui entoure
l'anneau, dans le même sens que l’auréole rose, quoiqu'’elles soient sépa-
rées par un espace complétement obscur. En changeant la direction des
décharges, on aperçoit à l’électrode négative une enveloppe violette qui ne
recouvre toute la surface du sommet de la tige de fer doux que lorsque
le gaz est très-raréfié, et à l'électrode positive des points brillants sépa-
rés les uns des autres par une lueur rosée qui entoure l'anneau tout
entier et d’où émanent quelques stratifications régulières concentriques
intérieurement à l'anneau. Quand le gaz n’est pas très-raréfié, on voit
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 95
partir de l'anneau un jet lumineux qui aboutit au sommet de la tige
centrale de fer doux, dont il n'est séparé que par un petit espace noir,
el qui éprouve un mouvement de rotation dans un sens ou dans l’au-
tre, comme une aiguille de montre, suivant le sens de l’aimantation.
Dans ce cas, il n'y a qu'une portion du sommet de la tige de fer doux
qui soit recouverte de la couche violette et ce segment lumineux tourne
avec le Jet brillant.
Jai fait un très-grand nombre d'expériences, dans les conditions que
Je viens d'indiquer, avec l'air atmosphérique, avec l'azote et avec l'hy-
drogène, soit secs, soit plus ou moins chargés de vapeurs; je vais en
donner sommairement la description, en faisant ici remarquer d’abord
que, quel que soit le gaz et son degré d'élasticité, qu’il soit sec ou imprégné
de vapeur, la vitesse de rotation est toujours beaucoup plus grande quand
c'est l'anneau qui sert d'électrode positive que lorsqu'il est la négative,
et que cette rotation, qui augmente de vitesse à mesure que la tension
diminue, cesse d’être appréciable à une tension beaucoup moindre dans
le second cas que dans le premier.
Dans les premières expériences que j'avais faites, j'avais fait usage
d'un grand ballon de 25 centimètres de diamètre, dans lequel l'anneau
avait 20 centimètres de diamètre et la tige de fer doux centrale 3. Ce
ballon était muni de deux tubulures : l'une servait à introduire la tige
de fer doux, dont le sommet atteignait le centre du ballon et dont l’ex-
trémité inférieure resortait de la tubulure, de manière à pouvoir reposer
sur la surface polaire d’un électro-aimant; l'autre tubulure était fermée
par un robinet qui servait à introduire le gaz et la vapeur, et d’où par-
tait un conducteur isolé qui portait l'anneau et permettait de le mettre
dans le circuit. La décharge passait ainsi entre le sommet de la tige de
fer doux et l'anneau métallique.
Ce ballon était rempli d'air raréfié à 4 millimètres; la décharge se
faisait sous forme d’un jet qui tournait avec une vitesse de 60 tours par
minule quand l’anneau était positif, et de 20 tours quand il était néga-
üf. La pression étant de 6 millimètres, la vitesse n’a plus été que de 40
96 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
tours par seconde dans le premier cas, et de 20 tours dans le second.
Enfin, avec de la vapeur d’alcool la pression étant de 5 millimètres, la
vitesse a été respectivement de 22 et de 11 tours par minute.
Après ces premières expériences qui m’avaient mis sur la voie de ce
genre de recherches, j'ai repris cette étude en me servant du bocal de
20 centimètres sur 16 que j'ai décrit plus haut. Voici d’abord les résul-
tats que j'ai obtenus avec l'air atmosphérique sec:
Pression. Nombre de tuurs dans une minute.
Anneau positif. Anneau négatif.
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A 9 millimètres l'anneau servant d’électrode positive, il n’y a déjà plus
de jet, mais bien un épanouissement du jet formant un secteur de 30°
à 45°; c’est ce secteur qui obéit au mouvement de rotalion comme le
jet y obéissait auparavant; mais il s'agrandit à mesure que la pression
diminue, et à 6 millimètres il forme une nappe circulaire complète; c’est
alors que la rotation, qui avait jusque-là augmenté de rapidité, n’est plus
sensible. Quand l'anneau sert d'électrode négative, il se couvre d’une
gaine violette dont l'amplitude augmente également à mesure que la
pression diminue, mais qui n’occupe encore que la moitié de la circon-
férence de l'anneau sous la pression de 4 millimètres. On la voit tour-
ner très-rapidement; mais à la pression de 2 millimètres, elle occupe
toute la circonférence de l'anneau et il n’y a plus de rotation sensible.
Au sommet de la tige de fer doux aimantée, il y a une auréole rosée d’où,
comme nous lavons dit, s'échappe en un point un jet très-court en
forme de virgule, qui tourne avec la gaîne violette dont il est séparé par
un intervalle obscur très-considérable.
Il faut remarquer qu’à la pression de 6, de 4 et même quelquefois de 3
millimètres, il arrive le plus souvent, quand l'anneau sert d’électrode po-
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 97
sitive, que, au premier moment où le circuit est formé, il part un jet qui
tourne trop rapidement pour qu'on puisse mesurer sa vitesse de rota-
tion, mais qui bien vite s’épanouit pour former d’abord, pendant quel-
ques instants, un secteur qui continue à tourner, et bientôt une nappe
circulaire complète qui ne manifeste plus aucun mouvement.
Il ne faut pas croire que l’action du magnétisme soit nulle quand le
gaz est trop raréfié pour qu'il y at encore une rotation sensible. Cette
action se manifeste sous une autre forme, comme cela résulte d’expé-
riences faites sous la pression de 5 à 2 millimètres. Ainsi, si l'anneau
sert d’électrode négative, on voit, au moment où l’on aimante le fer
doux, la gaine violette qui l'entoure s’abaisser sensiblement, et être sou-
levée à l'instant où l’on désaimante. Si au contraire l'anneau sert d’élec-
trode positive, la nappe rosée qui remplit l'intervalle entre l'anneau et
le sommet de la tige de fer centrale, est soulevée ainsi que la nappe
violette qui s'échappe de ce sommet, au moment de l’aimantation et
abaissée à l'instant de la désaimantation.
Voici une expérience plus complète avec l'azote sec, qui montre que
la rotation commence à se manifester à de plus fortes pressions quand
l'anneau est positif que lorsqu'il est négatif.
Pression. Nombre de tours dans une minute.
Anneau positif. Anneau négatif.
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A 4 millimètres la rotation est trop rapide pour qu'on puisse observer
sa vitesse; à 5 millimètres, elle parait cesser complétement. L’auréole
rosée est très-vive quand le sommet de la tige de fer doux est positif.
Du reste, quand il »’y a plus de rotation, on observe, comme avec l'air
TOME XVI, 17e PARTIE. 15
98 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
atmosphérique, un mouvement de dépression et d’ascension sous l’in-
fluence de l’aimantation.
La présence de la vapeur modifie en quelques points importants les
résultats qu’on obtient avec les gaz secs. Voici une expérience faite avec
de l'air ordinaire amené à la pression de 2 millimètres, et dans lequel
on a introduit de la vapeur d’eau en quantités successives, de manière
à augmenter cette pression uniquement par l'effet de la présence de la
vapeur :
Pression. Nombre de tours dans une minute.
Anneau positif. Anneau négatif.
2mm .
4mm
6m
gmm
4 Qmm
4 2mm
{ jrnm
On voit qu’à pression égale la vitesse de rotation est plus rapide avec
la vapeur d’eau qu'avec l'air sec, ce qui tient probablement à ce que la
décharge électrique est transmise plus facilement. Avec de l'air exté-
rieur d’une humidité moyenne, on a, avec la pression de 14 millimètres,
72 tours au lieu de 80, l'anneau étant positif, et 44 au lieu de 48, l'an-
neau étant négatif.
Mais le fait le plus caractéristique qu'a produit la présence de la va-
peur d’eau est la division, sous l'influence du magnétisme, du jet unique
en plusieurs petits jets distincts, équidistants, qui tournent comme les
rayons d'une roue. Cette division ne s’observe que lorsque l'anneau sert
d’électrode positive. A la pression de 6 millimètres, le jet unique com-
mence par tourner, puis s’épanouit, et la rotation n'est plus sensible;
mais à la pression de 8, de 10 et de 12 millimètres, ce jet, dès que sa
rotation commence sous l’action du magnétisme, se divise en cinq ou
six petits jets qui tournent, ainsi que je l'ai dit, comme les rayons d’une
roue; tandis que, lorsque l'air est sec, le jet ne se divise jamais ; mais
seulement, sous une pression faible, il s'épanouit en un secteur ou en
un cercle dont toutes les parties sont continues.
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 99
Quand l’anneau est négatif, on remarque bien, lorsqu'il y a de la va-
peur, que le jet qui part du sommet de la tige de fer doux, présente dans
sa portion de contact avec le fer, au moment où ce fer est aimanté, au
lieu d’une surface continue, une série de petits points brillants qui sem-
blent les points de départ d'autant de petits jets trop peu distants les uns
des autres pour devenir distincts. C’est donc simplement une dilatation
ou épanouissement qu'éprouve, dans la partie où il est en contact avec
le fer, ce jet qui ne se subdivise pas en plusieurs filets.
La vapeur d'alcool produit exactement le même effet que la vapeur
d’eau. Le jet unique est, dans ce cas, beaucoup plus brillant qu'avec l'air
sec ou avec la vapeur d’eau; il présente de belles stratifications qui lui
donnent tout à fait l'apparence d’une chenille. L'aimantation lépanouit
et le divise en plusieurs jets bien plus larges que ceux qu’on observe
avec la vapeur d’eau. Toutefois, si le diamètre de Panneau est trop con-
sidérable, supérieur à 15 centimètres par exemple, la subdivision du jet
ne s'opère que difficilement, à moins que l'intensité de la décharge et
celle de l’aimantation ne soient très-considérables.
Voici une expérience dans laquelle le gaz raréfié étant de l’hydrogène,
on y à introduit différentes doses successives de vapeur d'alcool. La
pression du gaz sec et pur était en commençant de à millimètres; à cette
pression, comme nous le verrons dans l'instant, l'hydrogène transmet la
décharge uniquement sous forme d’une nappe lumineuse. On à dès lors
augmenté la pression uniquement au moyen de la vapeur d'alcool, et
on a obtenu les résultats suivants :
Pression. Nombre de tours dans une minute
Anneau positif. Anneau négatif.
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100 PHÉNOMÈNES ACCOMPAGNANT
La division en jets distincts plus ou moins nombreux s’est manifestée
lorsque l'anneau était l'électrode positive.
Quand on prend l'hydrogène pur et sec pour le milieu dans lequel
s’opèrent les décharges, on obtient très-difficilement les phénomènes de
rotation. À des pressions un peu fortes, comme celle de 128 milli-
mètres, on a bien des jets, mais ces jets sont trop discontinus pour que
l'aimant puisse agir sur eux. À 90 millimètres, j'ai obtenu un petit jet
sous forme d’un filet blanc bleuâtre qui, l'anneau étant positif, a tourné
à raison de 55 tours par minute; mais, au bout de quelques instants,
il s’est subdivisé en une multitude de petits jets irréguliers, et la rota-
tion n’a plus été sensible. Jusqu'à 40 millimètres, l'action de l'aimant a
été peu prononcée; à 50 millimètres, l'anneau négatif s’est recouvert de
petites gaînes violeltes, espacées également et qui semblaient éprouver,
au moment où l’on aimantait, une tendance à se mouvoir dans un sens
ou dans l’autre, suivant le sens de l’aimantation. Il en est de même des
peuts points brillants également espacés et très-rapprochés dont se couvre
l'anneau quand il est positif. À à millimètres, et encore mieux à 5 et à
2, l'anneau se recouvre en entier, quand il est négatif, d’une belle gaine
violette qui se rétrécit sous l'influence de l'aimant; le sommet de la tige
de fer, qui est alors positif, présente autour de lui une belle auréole
d’un blanc légèrement rosé, de trois centimètres de largeur et stratifiée
d’une manière très-prononcée. L’aimantation rétrécit notablement l’au-
réole et en resserre les stries sans en diminuer le nombre; elle la relève
en même temps qu’elle lui donne une forme de poire reposant par sa
base sur le pôle magnétique. Quand c’est ce pôle qui est l’électrode né-
gative, il s’en échappe, comme nous l'avons vu, une houppe magnifique
de couleur violette, qui se redresse sous l’action de l’aimant.
Tous les phénomènes que nous venons de décrire montrent d’une
manière frappante les différences moléculaires que présentent entre eux,
même à un degré avancé de raréfaction, les divers fluides élastiques.
Ainsi dans l'hydrogène, quoique ce gaz soit très-bon conducteur de
l'électricité, les jets électriques ne peuvent obéir que difficilement et à
LA PROPAGATION DE L'ÉLECTRICITÉ. 101
peine à l’action de l’aimant, probablement à cause du peu de densité du
gaz. Dans l'air et dans l'azote il en est tout autrement, et mieux encore
quand ces gaz sont humides. La propriété singulière que possède le jet
électrique de se diviser en plusieurs petits jets distincts, au lieu de
s'épanouir, sous linfluence de laimantation, quand le milieu qui le
transmet renferme une plus ou moins grande quantité de vapeur, sem-
blerait indiquer dans la vapeur une plus grande cohésion que dans les
gaz proprement dits, si tant est que l’on puisse employer le mot de co-
hésion quand il s’agit de fluides élastiques aussi raréfiés. Il serait égale-
ment possible que cette division en jets fut le résultat d’une illusion d'op-
tique due à une succession très-rapide de jets émanés de différents points,
et qui en réalité ne seraient pas simultanés. C’est un point à examiner.
Quoi qu'il en soit, il est évident que l'étude de la stratification de la lu-
mière électrique et de l’action de l'aimant sur les décharges dans les diffé-
rents milieux gazeux, montre entre ces milieux des différences qui ne
peuvent tenir qu'à leur différence de constitution moléculaire. La den-
sité paraîtrait, en particulier, avoir une grande influence sur cet ordre
de phénomènes, puisque nous voyons l'hydrogène les manifester à un si
faible degré, tandis que les vapeurs d’eau, et surtout celles d'alcool et
d’éther, les présentent d'une manière si prononcée. La nature propre des
fluides élastiques, plus ou moins résistante à la transmission de l'éleciri-
cité, doit sans doute jouer aussi un rôle. Il ne serait donc pas impossible
qu'on pût trouver dans l’étude plus détaillée et plus approfondie des
phénomènes qui viennent de nous occuper, et plus particulièrement de
ceux qui sont relatifs à l’action de l'aimant sur les courants électriques
qui se propagent dans les fluides élastiques très-raréfiés, un moyen d'ob-
tenir quelques notions nouvelles sur la constitution physique des corps
el sur la manière dont s’y opère la propagation de l'électricité.
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DESCRIPTION
DE
DEUX ÉCHINIDES NOUVEAUX
DE L'ÉTAGE NUMMULITIQUE D'ÉGYPTE
PAR
P. de LORIOL
ET Et—————
L'étage suessonien où nummulitique est de tous les étages géologi-
ques celui dont la faune comprend le plus grand nombre d'Échinides;
M. Desor, dans le Synopsis, en énumère cent soixante-trois espèces, aux-
quelles il faut en joindre plusieurs, décrites récemment par M. Cotteau
dans l'ouvrage qu'il vient de publier sur les Échinides fossiles des Py-
rénées. Dans toutes les régions où cet étage s’est développé, on a trouvé
réunies de nombreuses espèces d’oursins, ainsi, on en compte quarante-
deux dans la faune nummulitique de l'Inde, quarante-trois dans celle
des Pyrénées, vingt-cinq dans celle du canton de Schwytz, etc. En
Égypte, les roches renfermant des nummulites paraissent se rencontrer
sur un grand nombre de points, et cependant le nombre des Échinides
cités de cette provenance est encore très-peu considérable, M. Desor
n'en mentionne que huit espèces dans le Synopsis. Il est bien probable
que les nombreux voyageurs qui ont parcouru l'Égypte en ont rapporté
des collections de fossiles qui n’ont pas encore été livrés à la publicité
el parmi lesquels se trouvent sûrement de nombreux oursins qu'il serait
très-intéressant de faire connaître.
104 DEUX ÉCHINIDES NOUVEAUX
I m'a paru qu'il pourrait être de quelque utilité d'attirer l'attention
des paléontologistes sur cette lacune dans l'état actuel de nos connais-
sances sur la faune nummulitique, et c’est dans ce but que je décris ici
les deux espèces suivantes. Elles font partie de ma collection et ont été
rapportées par M. Husson, de Nancy, qui m'a dit les avoir trouvées aux
environs du Caire. On voit dans leur intérieur de nombreuses nummu-
lites, dont la présence ne laisse aucun doute sur l’âge des roches qui
les renfermaient.
EuPATAGus roRMosus, de Loriol.
Fig. 1.
Dimensions.
MÉTENEE do ds oc as coco oo 7m
Largeur, par rapport à la longueur. . . . . .. 0,88
Hauteur id. In pme ste cuers 0,35
Espèce de grande taille, cordiforme, plus longue que large, rétrécie
en arrière, généralement déprimée, surtout en avant, relevée du côté
postérieur. Face supérieure régulièrement bombée,; l'aire interambula-
craire porte un renflement assez prononcé. Face inférieure convexe et
renflée en arrière, profondément évidée autour du péristome. Sommet
ambulacraire excentrique en avant, situé aux 65 centièmes de la lon-
gueur totale. Ambulacres très-développés. Pétales larges, fermés, allon-
gés, les antérieurs pairs plus courts que les postérieurs. Zones porifères
larges, pores reliés par un profond sillon, les externes sont plus allongés
que les internes, les cloisons portent une rangée de granules très-petits
el très-serrés. Espace interporifère légèrement renflé, couvert de petits
tubercules peu nombreux, disposés à peu près en six rangées, et de gra-
nules très-fins et très-serrés. Ambulacre impair logé dans un sillon à
peine sensible à la face supérieure, s’approfondissant vers le bord anté-
rieur qu'il échancre largement; deux carènes prononcées limitent ce
sillon, elles sont suivies d’un replat très-marqué à l’ambitus. Les pores
forment deux lignes simples; ils sont petits, écartés, mais cependant bien
DE L'ÉTAGE NUMMULITIQUE D'ÉGYPTE. 105
visibles. Péristome assez éloigné du bord antérieur, logé dans une dé-
pression profonde de la face inférieure, dans laquelle viennent aboutir
quelques pores simples correspondant aux ambulacres; lèvre saillante.
Périprocte allongé, situé à la face postérieure, laquelle est tronquée obli-
quement, de sorte qu'il est visible d’en bas et pas du tout d'en haut.
Les aires interambulacraires paires sont ornées à la face supérieure
de gros tubercules très-enfoncés dans leur scrobicule, nettement créne-
lés et perforés, disposés régulièrement en lignes onduleuses. Entre ces
gros tubercules, on en remarque de plus petits et des granules nom-
breux et très-serrés. Les tubercules de l'aire interambulacraire impaire
sont très-pelits, irréguliers, non scrobiculés; entre eux sont épars de
nombreux granules. A la face inférieure ces tubercules sont assez égaux
entre eux, scrobiculés et entourés d'un cercle de très-petits granules. Le
fasciole péripétale est étroit, mais bien visible et très-rapproché du
bord. Le fasciole sous-anal n’est pas conservé.
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Par sa grande taille et tout l’ensemble de
ses caractères, cette espèce se distingue très-facilement des autres Eu-
patagus, et en particulier de ceux qui proviennent de l'étage nummu-
litique.
SCHIZASTER AFRICANUS, de Loriol.
Fig. 2.
Dimensions.
NET Pe otevie co ne NOR EN EE jam
Largeur, par rapport à la longueur. . . . . . . 0,98
Hauteur id, LS RENE 0,85
Oursin très-renflé, presque aussi large que long, déprimé et arrondi
en avant, fortement relevé et tronqué en arrière. Face inférieure très-
convexe, un peu creusée et déprimée en avant, renflée en arrière à parür
du péristome. Sommet ambulacraire excentrique en arrière, situé aux
42 centièmes de la longueur totale. Sillons ambulacraires très-profonds;
lantérieur impair, étroit et très-creusé (il ne paraît pas assez profond
TOME xvui, 17e PARTIE. 14
106 DEUX ÉCHINIDES NOUVEAUX
dans le dessin), échancre l’ambitus; les antérieurs pairs sont allongés,
très-flexueux, divergents et élargis; les postérieurs ont les 65 centièmes
de la longueur des antérieurs pairs, ils sont profonds et acuminés. Zones
porifères larges, les rangées externes de pores sont redressées contre
les parois des fosses ambulacraires. Deux pores génitaux à l’origine des
ambulacres postérieurs. Aires interambulacraires antérieures étroites,
fortement relevées et carénées. L'aire interambulacraire impaire est
renflée et carénée. Fasciole péripétale très-sinueux, bordant exactement
l'extrémité des ambulacres. Fasciole latéral se détachant vers le mi-
lieu des ambulacres antérieurs pairs et se dirigeant vers le milieu de
la face postérieure. Péristome excentrique en avant, situé aux 76 cen-
tièmes de la longueur totale; la lèvre externe est très-saillante. L'état
de conservation de la face postérieure ne permet pas de discerner exac-
tement la position du périprocte. Tubercules très-petits, égaux et serrés
à la face supérieure; ils deviennent plus gros en approchant du bord
antérieur; ceux de la face inférieure sont gros, espacés et entourés de
nombreux granules, sur le plastron ils sont plus serrés et excentriques
dans leur scrobicule.
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Par sa forme renflée et la convexité remar-
quable de sa face inférieure, cette espèce se fait remarquer à première
vue au milieu de ses congénères. Quelques Schizaster, toutefois, sont
voisins de celui que je viens de décrire, et il importe de signaler les dif-
férences qui les séparent. Le Sch. Newboldi, Haime, est beaucoup plus
déprimé, sa hauteur n’atteignant que les 56 centièmes de sa longueur;
sa face inférieure est moins convexe, il a le péristome plus rapproché
du bord antérieur, le sillon ambulacraire impair plus large, les ambu-
lacres postérieurs moins divergents. Dans le Sch. Bellardi, Agassiz, du
tertiaire moyen de la Superga, les ambulacres sont bien moins diver-
gents et la forme moins renflée. Le Schizaster amplus, Desor (lacuno-
sus, Goldf.), renflé aussi et de même taille, est tout à fait différent par
la structure de ses ambulacres, dont l’antérieur impair est à peine creusé
à son extrémité, et dont les postérieurs sont plus courts et élargis; la
DE L'ÉTAGE NUMMULITIQUE D'ÉGYPTE. 107
face inférieure est beaucoup moins convexe, le péristome plus rapproché
du bord antérieur. Le Sch. rimosus, Ag., est beaucoup moins renflé, sa
face postérieure n’est pas coupée carrément, sa face inférieure est moins
convexe, ses ambulacres postérieurs plus courts. Le Sch. Archiaci, Cott.
(vicinalis, d'Arch. non Ag.), est moins renflé, ses ambulacres antérieurs
ne sont point flexueux, son sommet et son péristome sont moins excen-
triques. Ces mêmes caractères séparent également le Sch. Africanus du
Sch. vicinalis, Ag., dont le côté postérieur est en outre beaucoup moins
tronqué.
Il est bien possible que le Schizaster que je viens de décrire soit le
même que celui que M. d'Archiac (Hist. des progrès de la géologie) cite,
sans nom d'espèce, comme ayant été trouvé par M. Russeoger dans
l'étage nummulitique, aux environs du Caire.
LE LS NE AT TS
ÉCHINIDES D'EGYPTE
Fié,1. EUPATAGUS formosus de Loriol
Fig.2. SCHIZASTER africanus de Loriol
ÉTUDES
SUR
QUELQUES MOLLUSQUES TERRESTRES
NOUVEAUX OU PEU CONNUS
(ParmarioN, Fischer. Trisontopnorus, nov. gen. VAGINTLA, Fér.)
PAR
A. HUMBERT
Les Pulmonés terrestres, nus ou à coquille rudimentaire, sont peut-
être de tous les mollusques ceux chez lesquels les coupes génériques
sont établies de la manière la moins précise, et cela est surtout frap-
pant lorsque l’on considère le petit nombre des espèces de ce groupe
connues aujourd'hui. Ne présentant ni l'éclat, ni la facilité de conser-
vation des coquilles, n’attirant les regards ni par l'élégance de leurs
formes, ni par la vivacité de leurs couleurs, comme les Nudibranches,
ils ont été généralement négligés par les collecteurs et par les natura-
listes de cabinet; on remarque même qu'ils sont complétement laissés
de côté dans les nombreux ouvrages iconographiques généraux publiés
depuis celui de Férussac.
Toutefois, les difficultés qu'offre aujourd’hui l'étude de ces animaux
ne tiennent pas tant à ce silence de certains auteurs qu’à la manière
insuffisante dont un grand nombre d'espèces et de genres ont été carac-
térisés par Rafinesque, Van Hasselt, Férussac, Blainville et même Cuvier.
110 MOLLUSQUES TERRESTRES
Ce n’est pas par des travaux d'ensemble, mais par des études de dé-
tail que l’on peut espérer de ramener de la précision et de la clarté dans
la classification d’un groupe de la nature de celui-ci; aussi j'ose espérer
que ce petit travail sera accueilli avec bienveillance par les malacolo-
gistes, malgré les lacunes qu'il peut présenter. J'ai cherché à décrire et
à figurer quelques espèces avec soin, et à éclaircir les questions de sy-
nonymie que leur étude soulevait.
Les trois genres dans lesquels rentrent les espèces dont je m'occupe
ici formeront l’objet de trois paragraphes.
$ 1. Description du Parmarion pupillaris, nov. sp.
Parmi les espèces qui ont été caractérisées de la manière la plus in-
complète par Férussac, on peut compter ses Limax infumatus", extra-
neus ?, problematicus® et Arion Rangianus *. Aussi ont-ils été ballottés de
genre en genre par les naturalistes qui sont venus après lui. Nous les
trouvons cités sous les noms génériques de Rangia, Limax où Arion,
Parmacella où Parmacellus, Cryptella, Girasia, Rigasia et Parmarion.
Le nom de Rangia sous lequel Férussac avait catalogué une de ces
espèces dans sa collection, ne peut pas être admis. En effet, le genre n’a
pas élé décrit, et en outre, comme le fait remarquer M. Fischer, ce
nom avait déjà été appliqué auparavant, par M. Ch. Desmôulins, à une
coquille de la famille des Mactracés.
L'existence d’une glande caudale exclut ces quatre espèces du genre
Limax, tandis que la disposition du manteau et de la coquille qu'il re-
couvre ne permettent pas de les réunir aux Arion.
Quant au genre Cryptella, je pense avec Moquin-Tandon, qu'il n'est
qu'un synonyme de Parmacella, Cuv. (Parmacellus, auct.), et ce n'est
‘ Férussac, Histoire naturelle des Mollusques. PL, 8, F., fig. 1-3
TRACE Id. PI. 8, F,, fig. 5-7
à Id, Id. PIS, F., fig. 13-17.
+ Férussac, Bulletin des Sciences naturelles, 1827, tome X, p. 300.
NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 111
certainement pas dans ce groupe que doivent se placer les espèces dont
nous parlons, ne fûüt-ce qu'à cause de leur glande caudale.
Le genre Drusia à été établi en 1855 par le Dr Gray’ qui y faisait
rentrer huit espèces, parmi lesquelles on trouve les Limax infumatus et
Arion Rangianus. Mais il a renoncé plus tard”? à ce genre dont il a réuni
les espèces aux Cryptella.
Les Limax extraneus et problematicus que cet auteur avait d’abord rap-
portés avec doute (Catal. Brit. Mus.) à son genre Girasia, furent ensuite
séparés par lui pour former un genre distinct voisin des Limaces, qu'il
proposa d'appeler Rigasia.
Dans la même année où le D' Gray établissait le genre Girasia, M.
Paul Fischer proposait le genre Parmarion*, qu'il formait avec les quatre
espèces que j'ai nommées plus haut.
« Nous proposons, dit-il, une nouvelle coupe qui, sous le nom de
Parmarion, renfermerait les Parmacelles à crypte muqueux caudal, et à
coquille homogène, mince, corrée, sans apparence de spire, légèrement
convexe en dessus. Les Parmarion offrent, du reste, les caractères géné-
raux et extérieurs des Parmacelles : un bouclier développé, pouvant
abriter l'animal, une masse viscérale séparée du pied par un espace
sensible et terminée en mamelon; une carène à la partie supérieure du
pied. La partie du manteau qui recouvre le test n’est pas toujours close
et laisse subsister un trou plus ou moins grand qui doit, nous le croyons,
disparaître avec l'âge. Nous avons signalé cette particularité chez la Par-
macella Deshayesii, Moq.-Tand. Le pied parait tronqué à cause du pore
muqueux terminal et de l'action de l'alcool. »
C’est très-probablement dans le voisinage de ces espèces, et, en lout
cas, des Limax problematicus et extraneus que doivent se placer trois
‘ Catalogue of Pulmonata in the Collection of the British Museum. Part. I.
? Vide : H. et A. Adams. Genera of Shells, vol. IT, p. 640. — Ce volume porte la date de 1858 ; ce-
pendant le I Gray cite encore ses genres Drusia et Girasia (écrit : Gerasia ?) dans le numéro d'octobre
160 des Annals and Magazine of Natural History, et ne mentionne pas le genre Rigasia.
# Mélanges Conchyhologiques, m: Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, tome XX; 2e série
tome 40, 1855 (juin) p. 389
112 MOLLUSQUES TERRESTRES
mollusques de Java indiqués par Van Hasselt”, qui en parle dans les
termes suivants :
« En Limaçons, nous n'avons encore trouvé que trois espèces du genre
Parmacella, Cuvier, qui paraissent habiter exclusivement les hautes
régions de l'ile. Nous leur avons donné les noms de punctata, tæniata,
et reticulata. Toutes ont une fente dans l’enveloppe qui couvre leur
petite coquille, et cette fente, ordinairement fermée, peut s'ouvrir large-
ment à la volonté de l'animal, en sorte que la coquille est entièrement
visible. »
Ces mollusques paraissent malheureusement n'avoir jamais été dé-
crits autrement que par ces quelques mots. Mais une espèce dont je vais
donner la description, et qui provient de Java, a des caractères qui con-
cordent parfaitement avec ceux qu'indique Van Hasselt. Elle ressemble
aussi étonnamment au Limax problematicus de Férussac, et, à en juger
par la figure que donne cet auteur, elle pourrait bien lui être identique.
Ses rapports avec le Limax extraneus sont moins grands, et ceux qu’elle
peut avoir avec les L. infumatus et Arion Rangianus sont encore plus
éloignés.
Je crois devoir admettre le genre Parmarion de M. Fischer, en en
prenant pour type le Limax problematicus, et en en donnant de nouveau
la caractéristique d’après mon espèce.
Genre ParmariON, Fischer. — Manteau n’adhérant au corps que par
une partie de son étendue; étalé en avant en un grand lobe libre; capa-
ble d’envelopper en arrière et sur les côtés presque toute (toute”?) la
coquille. |
Une limacelle mince, ovalaire, protégeant les viscères en dessus, re-
couverte à son tour par un épiderme qui se continue sur les côtés et en
arrière, et enveloppe les parties postérieures de la masse viscérale.
Deux pédoncules oculaires et deux tentacules. Ouverture génitale en
dessous du tentacule droit.
4 Lettre sur les Mollusques de l’île de Java, Bulletin de Férussac. Sciences naturelles, 1824, voi. II,
p. 82
NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS. 115
Pied déprimé au-dessous du manteau, mais ne présentant pas de ca-
vité pour loger cet organe; caréné en arrière. Sole distincte. Une glande
muqueuse caudale.
Parmarion pupillaris, nov. sp. — Manteau formant un repli considé-
rable qui enveloppe la coquille en ne laissant qu'une ouverture supé-
rieure ovalaire par laquelle on voit une grande partie de la région où se
trouve la limacelle (fig. 1, 1 a). Cette partie sacciforme du manteau
semble être très-contractile, car elle peut se retirer en arrière et sur les
côtés, au point de découvrir toute la coquille et le sac viscéral que lépi-
derme de celle-ci enveloppe (fig. 2, 2 a). Une carène horizontale par-
court les régions latérale et postérieure de ce repli, à peu près à moitié
de sa hauteur; elle commence à droite, immédiatement en arrière de
l’orifice respiratoire, et se termine à gauche, plus haut et plus en avant,
au niveau de la partie antérieure de la limacelle. Le manteau envoie en
avant un grand lobe ample, complétement libre. Un petit lobe se re-
marque au-dessous de l'ouverture respiratoire.
Limacelle calcaire, mince, ovalaire, plus large et moins arrondie en
avant qu'en arrière, légèrement bombée, marquée de faibles stries d’ac-
croissement, à convexité antérieure. Elle est recouverte d’un épiderme
lisse, couleur d’ambre, qui la dépasse sur les côtés et en arrière, et en-
veloppe la masse viscérale ‘. Dans les individus bien conservés, la por-
tion de cet épiderme qui recouvre la limacelle lui est fortement adhé-
rente et ne peut en être séparée, même par la dessication; dans ceux,
au contraire, qui ont souffert du séjour dans la liqueur, elle s’en détache
aisément.
Pied marqué d’aréoles fines et peu saillantes, présentant un aplatisse-
ment au-dessous de la saillie postérieure du manteau, puis devenant
caréné en arrière et se terminant par une petite saillie recourbée (chez
l'animal dans l'alcool) au-dessus de la glande caudale dont l'orifice est
entaillé verticalement dans le pied et la sole.
‘ Malgré sa minceur et son peu de consistance, cet épiderme doit être interprété, ce me semble,
comme une coquille à l’intérieur de laquelle il ne s’est déposé que partiellement du calcaire.
TOME xvur, dre PARTIE. 45
114 MOLLUSQUES TERRESTRES
Sole distincte, marquée de sillons verticaux.
Bouche munie d’une mâchoire semblable à celle du Limax variegatus,
Drap. (in Moquin-Tandon).
Un sillon partant du bord inférieur de l'ouverture génitale, se diri-
geant en arrière et en haut, et se terminant près de lorifice respiratoire.
Un sillon semblable à celui-ci placé symétriquement sur le côté gauche.
Couleur générale (dans l'alcool), grise; dessus de la région céphalique
plus foncé; région qui entoure la base du manteau, pâle.
Longueur des plus grands individus : 55m,
Largeur du manteau : 12m,
Habitat : Java (Litjin).— Coll. Mousson '. Récolté par M. Zollhinger.
L'on peut considérer ce mollusque comme se reliant aux Arion par
la présence d'un pore muqueux, aux Vitrines par sa coquille mince, en-
veloppée en partie par le manteau, et aux Limaces par sa limacelle.
Le Limax problematicus et le Parmarion pupillaris se ressemblent
tellement, comme je l'ai déjà dit plus haut, que ces deux espèces doi-
vent évidemment appartenir au même genre. Peut-être sont-elles iden-
tiques spécifiquement? Dans ce cas, la figure de Férussac aurait été
faite d’après un petit échantillon ?. M. Deshayes décrit, il est vrai, la co-
quille du Limax problematicus comme « jaune, convexe extérieurement,
concave intérieurement, semblable à une demi-coquille d'œuf: » mais cette
description n'aurait été faite, à ce qu'il paraît, que d’après la figure de
Férussac.
Le Limax extraneus, avec des caractères qui le rapprochent beaucoup
du L. problematicus, en présente d’autres qui l'en distinguent nettement.
* Les échantillons de M. Mousson portaient les noms de « Limacella Zollingeri Gräffe, » écrit de la
main de M. Gräffe Je n'ai pas tenu compte de ce nom, parce que M. Gräffe ne paraît pas l'avoir publié.
L'appellation générique de Limacella a déjà été employée au moins deux fois pour des Mollusques diffé-
rents de ceux-ci.
* Le « Supplément» de M. Deshayes manquant aux exemplaires de « l'Histoire naturelle des Mollus-
ques » de Férussac, que je pouvais consulter à Genève, j'ai eu recours à mon ami, M. l'abbé Stabile, de
Milan, qui a eu l'extrême obligeance de m'envoyer des copies des figures du Limax problematicus et du
L. extraneus.
NOUVEAUX OU PEU CONNS. 115
Le principal consiste dans le fait que le corps (manteau) est enfoncé
dans une cavité du dos.
S'il m'était permis de porter un jugement sur les aflinités du Limax
infumatus d'après le peu de renseignements que l’on possède sur cette
espèce, je la regarderais comme assez éloignée des deux précédentes.
Quant à l’Arion Rangianus, qui n’est connu que par une courte des-
eription d'un échantillon en mauvais état, il y a peu d'intérêt à recher-
cher le genre auquel il doit appartenir.
Les pages qui précèdent étaient écrites et allaient être envoyées à
l'impression, lorsque à paru le fascicule HT du 5° volume du Journal
de Conchyliologie (5° série, 1863). M. P. Fischer a eu l’obligeance d'y
rendre comple d’un petit travail que j'ai publié l’année passée sur un
nouveau genre de mollusque terrestre de Ceylan ‘. Après avoir dit que
le genre que Je décris sous le nom de Tennentia est pourvu d’un rudi-
ment testacé complétement interne, ete., auteur ajoute plus loin qu'il doit
incontestablement être considéré comme un double emploi du genre
Parmarion. W rappelle, d'autre part, avoir établi le genre Parmarion
pour des Limaciens pourvus d’un pore muqueux caudal, d’un rudiment
testacé concave, et d’une ouverture du manteau correspondant à la co-
quille. Pourquoi M. Fischer rapproche-t-il des animaux qui présentent
des caractères aussi opposés? D’après son article, il est impossible de
s’en rendre compte. Il faut, pour comprendre ses motifs, relire le mé-
moire que j'ai cité plus haut, dans lequel il a établi son genre Parma-
rion. On y trouve le passage suivant:
« La partie du manteau qui recouvre le test n’est pas toujours close
et laisse subsister un trou plus ou moins grand qui doit, nous le croyons,
disparaitre avec l’âge. Nous avons signalé cette particularité chez la
Parmacella Deshayesti. »
‘ Description d’un nouveau genre de Mollusque pulmoné terrestre de Ceylan (Tennentia). Revue et
Magasin de Zoologie, novembre 1862.
116 MOLLUSQUES TERRESTRES
L'identité des genres Parmarion et Tennentia ne peut être basée que
sur cette seule hypothèse que les Tennentia auraient dans le jeune âge
une fente au manteau, et que chez les Parmarion adultes les bords de
de la fente se souderaient. Or, je ferai remarquer que j'ai trouvé des
Tennentia Thvaitesh de très-petite taille et par conséquent très-jeunes,
dont le manteau ne présentait pas la moindre trace de fente. D'un autre
côté, parmi les nombreux échantillons du Parmarion pupillaris que
M. Mousson m'a communiqués, il y en avait plusieurs de la taille de
ceux que j'ai figurés et que J'ai tout lieu de regarder comme adultes;
chez aucun d'eux, cependant, l'ouverture du manteau ne semblait pré-
senter de tendance à s'oblitérer. Aussi ne puis-je me rendre aux vues
théoriques de M. Fischer, et tant que je n'aurai pas des preuves de fait
de cette transformation du manteau dans les espèces dont il s’agit, je ne
saurais admettre l'identité des Parmarion et des Tennentia.
$ 2. Description d'un nouveau genre de Pulmoné terrestre bitentaculé
(Triboniophorus).
L'on ne connait qu'un petit nombre de genres de Pulmonés terrestres
bitentaculés. À part les Onchidium qui paraissent être plus ou moins
terrestres , il n’a été décrit, à ma connaissance, que deux genres man-
quant de tentacules inférieurs, ce sont les Janella et Aneitea.
Le genre Janella a été établi pour un mollusque de la Nouvelle-Zélande,
par le Df Gray, qui caractérise comme suit la famille (Janellidæ) dont
il constitue le type et peut-être l'unique représentant :
« Manteau très-pelit, convexe, enfoncé dans le sillon dorsal, conte-
nant quatre petites concrétions. Région dorsale postérieure ayant un seul
sillon central. Cou ayant deux sillons parallèles et rapprochés lun de
l’autre en arrière, se séparant ensuite et aboutissant en dehors des pé-
doncules oculaires. Peau épineuse. Langue très-large. Dents obliques,
fortement dentées. »
NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 117
Cette description est celle que le Dr Gray a donnée en 1860 dans son
mémoire sur la classification des Pulmonés terrestres ‘. Elle diffère pas-
sablement de la caractéristique qu'il avait donnée précédemment ?, mais
doit être considérée comme la seule authentique, non-seulement parce
qu'elle est postérieure, mais aussi parce qu'elle a été faite après un
nouvel examen de Fanimal et en mettant à profit les renseignements
anatomiques fournis par M. Knight. Dans la description originale du
D° Gray, ainsi que dans celle de MM. Adams *, le pied avait été pris
pour le manteau.
Le Dr Gray à décrit une espèce qu'il appelle Janella antipodarum,
dont il sépare avec doute le Limax bitentaculatus de Quoy et Gaimard *
sous le nom de J. bitentaculata. Ces deux espèces qui, d’après M. Knight,
n'en formeraient qu'une, présentent ce caractère remarquable d’avoir un
sillon qui s'étend sur toute la longueur de lanimal, et envoie à droite
et à gauche des branches dirigées obliquement, d'avant en arrière, vers
les bords latéraux du corps.
M. Aug. Gould à proposé aussi de former, pour l'espèce de Quoy et
Gaimard, un genre qu'il nomme Acanthoracophorus, et qu'il caractérise
ainsi : «Corpus limaciforme, supra convexum, retrorsum attenualtum,
requiescens spirale, pallio à solea discreto ubique tectum, elypeo carens;
foramine pulmonali submediano inoperto; tentaculis binis brevibus,
conicis, oculiferis, ad apicem bulbosis, haud omnino retractilibus; dorso
sulco mediano ramoso impresso. Lamina calcarea nulla. »
Les différences que l’on remarque entre cette description et celle que
‘ On the Arrangement of the Land Pulmoniferous Mollusea into families. Annals and Magaz. of Natural
History ; 3m série, 1860; vol. VI, p. 267.
3 J.-E. Gray in M.-E. Gray, Fig. Moll. IV, 112 (1850). Annals and Magaz. 1853, et « Catalogue of Pul-
monata in the Collection of the British Museum, 1855.
# Charles Knight, Observations on the « Bitentaculate Slug » of New Zealand (Limax bitentaculatus,
Q. et G.— Janella antipodarum, Gray. « Aneiteum Slug ? » Macdonald). — Transact. of the Linnean Soc.
of London, vol, XXIF, part. IV, 1859
+ Genera of Shells.
# Voyage de l’Astrolabe ; tome Il, p. 148, pl. 15, fig. 1-3.
5 In: U.S, Exploring Expedition under Comm. Wilkes, 12% vol. Philadelphia, 1852.
118 MOLLUSQUES TERRESTRES
le Dr Gray a donnée en 1860 liennent peut-être surtout à une manière
différente d'interpréter les organes.
Le professeur Troschel, d’après lequel je cite la description de M.
Gould, fait remarquer que le nom de Janella a pour lui la priorité.
MM. Adams ‘ écrivent Afhoracophorus.
Un autre genre de Pulmonés bitentaculés a été nommé par le D' Gray?
Aneitea, par allusion à la localité dans laquelle il a été découvert, l’île
d’Aneiteum (Nouvelles-Hébrides). Il a appelé l’espèce unique de ce genre
A. Macdonaldi, en l'honneur du D' Macdonald qui l'avait décrite le pre-
mier * sans lui imposer de nom. Voici la caractéristique que donne
le D' Gray de sa famille des Aneiteadæ, qui comprend ce seul genre
Aneitea :
«Manteau très-petit, inéquilatéral, plat, situé au fond d’une dépres-
sion, renfermant une plaque calcaire. Dos portant un sillon central d’où
partent des branches opposées se dirigeant sur les côtés. Cou ayant
deux sillons distincts divergeant vers les lèvres. Mächoire cornée, dents
carrées. »
Le Dr Macdonald fait ressortir trois points par lesquels le genre Ja-
nella différerait de sa Limace d’Aneiteum. Mais nous devons faire re-
marquer que ces caractères différentiels qu'il établit d’après la descrip-
tion originale du D' Gray, n’ont aucune portée et ne reposent que sur
ce que cette description avait d’incomplet et d’erroné. En effet, ce sont:
1° L'absence de coquille interne chez la Janella.
20 Le point d'insertion des tentacules qui, au lieu de naître sur la
tête, seraient placés sur la partie antérieure du manteau.
5° La dimension du manteau; cet organe recouvrant toute la partie
dorsale.
‘ Genera of Shells; vol. II, p. 230.
* On the Bitentaculate Slug from Aneiteum. — Annals and Magaz. of Nat. Hist., vol. VI, 32e série,
1860, p. 195.
5 Macdonald (J.-D.), Observations on the External Characters and Internal Anatomy of a Bitentaculate
Slug found at the Island Aneiteum, New Hebrides. — Annals and Magaz. of Nat. Hist., 2me série, 1856,
vol. XVII, p. 58.
NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS. 119
Maintenant que la valeur de ces prétendus caractères des Janella à
été réduite à néant par le mémoire anatomique de M. Knight et la nou-
velle description du D' Gray, les rapports entre les genres Aneitea et
Janella me semblent très-grands. Aussi ai-je de la peine à m'expliquer
les motifs qui ont pu déterminer le D' Gray à former de ces deux genres
les types de deux familles distinctes. Peut-être a-t-il pris pour base de
sa séparation les différences qu'ils paraissent présenter dans les dents de
la langue et dans la nature de la peau? Quant au manteau, il est seule-
ment encore plus réduit dans les Janella que dans les Aneïtea.
M. le professeur Mousson, de Zurich, a reçu de Woollongong (Nou-
velle-Galles du Sud) un mollusque qui présente de très-grands rapports
avec les deux genres dont je viens de parler; 1l doit prendre place dans
leur voisinage immédiat, tout en méritant d'en être distingué et de
former une nouvelle coupe générique.
Les caractères principaux qu'il a en commun avec les Janella et les
Aneitea sont : l'absence de tentacules (la tête ne portant que les deux
pédoncules oculaires); un manteau très-petit contenant des concrétions
calcaires, pas de pore muqueux.
Je propose pour cette nouvelle forme générique le nom de Tribonio-
phorus.
Genre TRiIBONIOPHORUS". Manteau petit, subtriangulaire, situé en avant
du milieu du corps; sans lobe libre; limité par un sillon peu profond;
orifice respiratoire s’ouvrant dans son bord droit.
Pas de coquille externe; des granules calcaires dans l’intérieur du
manteau.
Deux faibles sillons partant du bord antérieur du manteau et se ter-
minant en dessous des pédoncules oculaires.
Deux pédoncules oculaires.
Pas de tentacules.
Bouche armée d’une mâchoire cornée, à bord inférieur presque droit.
Pied lisse, marqué seulement de quelques sillons peu profonds et dis-
? Tafwve, petit manteau.
120 MOLLUSQUES TERRESTRES
posés sans régularité; bordé sur les côtés d’un petit bourrelet arrondi,
mais sans sillon qui sépare une sole distincte; arrondi à son extrémité
postérieure et non caréné en dessus.
Pas de pore muqueux.
Rapports et différences. Ce genre se rapproche beaucoup des Janella
et des Aneitea, principalement par l'absence des tentacules et la petitesse
du manteau contenant des granulations calcaires. I s’en distingue net-
lement par l’absence de ce sillon médian si caractéristique, qui, dans
ces deux autres genres, parcourt la région dorsale et envoie de chaque
côté des branches régulières.
Triboniophorus Græffei. Manteau n'occupant environ qu'un quart de
la longueur totale de l'animal, subtriangulaire, portant les ouvertures
respiratoire et anale à son angle de droite; terminé en avant par un bord
arrondi, très-étroit, en arrière par un angle aigu; contenant deux ou
trois granules calcaires principaux et un certain nombre d’autres beau-
coup plus petits.
Des deux individus observés (dans l'alcool), l'un est d’un jaunâtre sale,
l'autre d’un brun foncé en dessus et d’un jaune-brun en dessous.
Dimensions. Longueur : 35m,
Largeur: 11mm.
Habitat : NWoollongong (Nouvelle-Galles du Sud). M. Gräffe. — Col-
lection Mousson.
$ 3. Description de deux espèces de Vaginules de C eylan.
De Blainville a établi en 1817" le genre Veromcella pour un Gasté-
ropode pulmoné qu'il plaçait près des Testacelles et des Parmacelles. I
le caractérisait ainsi :
« Corps allongé, limaciforme, plane en dessous et pourvu d’un pied
propre à ramper, plus étroit que le manteau, qui le déborde de toutes
* Journal de Physique, tome LXXXV, p. 437, pl. IL, fig. 4
NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 121
parts, un peu gibbeux et contenant vers le tiers postérieur un rudiment
de coquille sans aucune trace de disque ou de bouclier; tête peu ou point
distincte; quatre tentacules contractiles; orifice de l'anus au quart pos-
térieur du côté droit; orifice de l'organe mâle de la génération à la base
du tentacule droit; organe de la respiration Souvrant à l'extérieur par
un orifice arrondi situé à droite de l'extrémité du rebord inférieur du
manteau. »
De Blainville considérait ce genre comme bien différent de l'Onchi-
dium de Buchanan; il lui trouvait, par contre, beaucoup d’affinité avec
un mollusque que Brown et Sloane ont décrit dans leur Histoire natu-
relle de la Jamaïque, sous le nom de Limax cinereus terrestris.
L'animal d’après lequel le genre de Blainville avait été établi se trou-
vait dans la collection du British Museum et ne portait aucune indica-
tion de provenance.
Férussac adopta le genre Veronicella; mais il créa en outre le genre
Vaginulus qu'il caractérisa de la manière suivante:
« Cavité pulmonaire intermédiaire et latérale, communiquant avec
l'air extérieur, du côté droit, par un canal latéral qui débouche à la partie
postérieure du pied, dans une sorte de poche, où le canal de l'anus,
conligu et inférieur à celui de la respiration, vient aussi se rendre.
« Pore muqueux terminal nul.
« Organes de la génération séparés et distants. Orifice de l'organe mâle
près et en dessous du petit tubereule droit; orifice de l'organe femelle
vers le milieu du corps, sur le flanc droit, à côté du pied.
« Rudiment testacé interne nul.
« Pas de lèvres ou tentacules buccaux.
« Des papilles mamelonnées entourant la bouche.
« Des mächoires. »
D'après les descriptions, ces deux genres paraissent différer profon-
dément, les Véronicelles ayant une coquille interne et l’orifice anal sé-
paré de l'orifice respiratoire. Mais de Blainville reconnut plus tard qu'il
s'était probablement trompé en décrivant sa V. lœvis comme pourvue
TOME xvI1, 17e PARTIE. 16
1
d'une coquille, et proposa ‘ de réunir les deux genres en question aux
Onchidium de Buchanan. Bientôt après *, cependant, il revint à l'idée
que le genre Onchidium était peut-être distinct, et que les Véronicelles
et les Vaginules devaient être réunies en un seul genre.
Certains auteurs ont adopté le nom de Veromicella et donné celui de
Vaginula comme synonyme. 11 me semble que l'on doit suivre la marche
opposée, et je me range à l'opinion des naturalistes qui ont conservé le
nom de Férussac et fait passer celui de Blainville au rang de synonyme.
En effet, si les lois de la nomenclature exigent que l'on ait égard à la
priorité, il ne faut cependant pas pousser ce principe à l'excès. Un nom
de genre ou un nom d'espèce ne sont rien par eux-mêmes; ils n'ont que
la valeur qu'on leur attribue comme représentant une description, et
adopter un nom c’est adopter la description en tête de laquelle il se
trouve. Accepter le nom de Veronicella serait par conséquent donner
aux espèces que l’on y ferait rentrer les caractères génériques de la VF.
lœvis, qui, selon de Blainville lui-même, sont probablement faux. C'est
sans doute pour avoir emprunté à la description originale de Blainville
une partie de leur caractéristique des Veronicellidæ que MM. Adams
disent qu’elles ont l'orifice respiratoire à droite, sous le bord du manteau,
et l'anus postérieur distinct. Xs citent comme espèce type le Vaginulus Tau-
naysù que de Blainville a décrit dans l'ouvrage de Férussac * comme
ayant ces deux orifices réunis.
Cuvier pensait“ que le genre Meghimatium de Van Hasselt devait être
réuni aux Vaginules. Mais dans la figure du #. striatum que donne
Férussac, on voit sur le côté antérieur droit du manteau un trait arqué
indiquant évidemment une fente qui est probablement l'ouverture pul-
monaire. Cetle interprétation concorde avec la caractéristique que le D"
Gray donne de ce genre, auquel il réunit les Zncilaria de Benson.
19
2 MOLLUSQUES TERRESTRES
* Dictionnaire des Sciences naturelles ; article Mollusques.
* Dictionnaire des Sciences naturelles; article Véromcelle.
* Supplément à l'histoire naturelle des Limaces. Juillet 1823, On y trouve une anatomie détaillée du
V. Taunaysii, du Brésil
* Règne animal.
NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 125
Il a été décrit environ vingt-cinq espèces de Vaginules qui proviennent
toutes des régions tropicales de l’ancien et du nouveau monde. Je don-
nerai ici quelques détails sur deux espèces que J'ai observées à l'état
vivant dans l’île de Ceylan.
La première a été déjà décrite avec assez de soin par le D' Temple-
ton ‘ sous le nom de V. maculata. Si j'en parle de nouveau, c’est que j'ai
quelques observations à ajouter à celles de ce naturaliste. Les figures
que je donne sont aussi un peu plus soignées et plus complètes que
celles qui accompagnent sa description.
Genre VAGINULA *, Féruss. ( Veronmicella, Blainv.) — Manteau occu-
pant toutes les parties supérieures et se réfléchissant en dessous; ses
extrémités antérieure el postérieure arrondies.
Coquille nulle.
Pied étroit, en forme de ruban, n'occupant qu'une partie de la face
inférieure du corps.
Tête pouvant se retirer entièrement entre le manteau et le pied. Deux
pédoncules oculaires; deux tentacules légèrement bifides en dessous, à
leur extrémité. Ces deux paires d'organes sont contractiles, mais non
rétractiles.
Une mâchoire cornée.
Langue armée de dents uniformes, coniques.
Un cloaque commun pour le canal intestinal et le poumon, s’ouvrant
sur la ligne médiane, immédiatement en arrière du pied.
Orifice génital commun, situé à droite, vers le milieu de la longueur
du corps, à la face inférieure du manteau.
Orifice copulateur s’ouvrant près du tentacule droit, entre le pied et
les organes buccaux.
1. Vaginula maculata, Templeton.
Manteau régulièrement arrondi
! On a new species of Vaginula from Ceylon — Annals and Magaz. of Nat History, 3e série; vol. I,
1858.
* Férussac a écrit « Vaginulus. » C'est une simple faute d'orthographe qui doit être corrigée.
124 MOLLUSQUES TERRESTRES
en avant et en arrière, portant sur la plus grande partie de sa longueur
une carène médiane tuberculeuse qui s’efface quand l'animal est en ex-
tension. Parties supérieures d’un brun clair, marquées de nombreuses
taches grises irrégulières, complétement couvertes de fines granulations
entremêlées d’autres un peu plus grosses, blanchâtres. Dans l’état de
contraction, lon voit des enfoncements noirs qui disparaissent quand
animal marche, et ne se montrent alors que sous forme de taches.
Carène dorsale d’un jaune sale.
Parties inférieures du manteau de couleur plus claire que les supé-
rieures, marquées de mouchetures grises serrées, et ne présentant que
les granulations fines.
Pied blanchâtre.
Pédoncules oculaires d’un bleuâtre sombre. Tentacules de couleur
pâle.
Dimensions. Un grand individu avait:
Au repos : Longueur, 55".
— Larseur, 18nn.
En marche : Longueur, 60m,
— Laroeur, from,
Habitat : En grande abondance à Peradenia, sous les écorces, les
gaines des feuilles de bananiers, et les débris de végétaux reposant sur
le sol. L'on en rencontre sept ou huit individus, et même davantage, à
la même place, se touchant tous, et quelquefois appliqués les uns sur
les autres. J'ai observé cette espèce dans quelques autres localités de la
région montagneuse, et en particulier à Ballacadua Pass. Le D' Tem-
pleton la dit très-commune aux environs de Colombo, pendant la mous-
son du S.-0.
Observations. Lorsque la Vaginule est au repos, le pied est de niveau
avec la face inférieure du manteau, ou même un peu relevé (fig. 5 c),
tandis que lorsque l'animal est en marche c’est le manteau qui est lé-
gèrement soulevé (fig. 5 d).
NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS. 125
Le pied se présente comme formé de bandes transversales, séparées
les unes des autres par des cloisons alternativement minces et épaisses,
ce qui les fait paraître groupées deux à deux (fig. 5 k); ces bandes sont
elles-mêmes composées de fibres longitudinales. Il se termine en arrière
par un pelit lobe qui cache lorifice commun du poumon et du canal
intestinal.
La cavité générale du corps est fermée antérieurement par une mem-
brane qui n’est autre chose que l'enveloppe cutanée des organes cépha-
liques détachée en arrière et adhérant à la face interne du manteau et
du pied.
Les pédoncules oculaires portent leur tache pigmentaire noire à la
partie antéro-supérieure de leur bouton terminal. Les tentacules ont à
peine la moitié de la longueur des pédoncules oculaires; on remarque
à leur partie inférieure un épaississement qui ne va pas jusqu'à leur
extrémité el les fait paraître légèrement bifurqués. Ces deux paires d'or-
ganes sont contractiles à un assez haut degré, mais point rétractiles en
doigt du gant.
La lèvre supérieure est armée d’une mâchoire portant à sa face an-
térieure une trentaine de bâtonnets aplatis (fig. 5 g et 5 h).
La langue est couverte d’épines coniques (fig. 5 2).
Le canal intestinal (fig. 5 f) entre dans le manteau, à côté et au-dessus
de l'endroit où pénètre le canal des organes génitaux; mais, au lieu de
traverser celle enveloppe pour s'ouvrir en dehors, il se recourbe et con-
ünue son trajet, d'avant en arrière, dans la substance même du manteau.
Le poumon à la forme d’un canal cylindrique, allongé, s'étendant en
ligne droite de l'angle postérieur du péricarde à l'extrémité postérieure
du pied. Dans sa partie antérieure, il est parallèle au rein; il pénètre en-
suite dans le manteau au même niveau que le canal intestinal, et con-
tinue son trajet à côté de cet organe. À une petite distance en avant de
l'extrémité postérieure du pied, il s’anastomose avec le rectum pour
former un seul canal qui s'ouvre sur la ligne médiane, immédiatement
en arrière du pied (fig. 5 e).
126 MOLLUSQUES TERRESTRES
Le cloaque génital commun débouche à la face inférieure droite du
manteau par une très-pelite ouverture que lon remarque entre le bord
externe du manteau et le pied, un peu en arrière du milieu de la lon-
gueur du corps (fig. 5 a).
L'orifice des organes copulateurs est situé en dessous du tentacule
droit, dans l’espace qui se trouve entre les organes buccaux et le pied.
Vaginula Templetoni, nov. sp.— Arrondie en dessus, sans carène dor-
sale bien marquée; une ligne tuberculeuse médiane de couleur claire,
s'étendant sur les deux tiers environ de la longueur du manteau (dans
l'état de contraction). Parties supérieures d’un brun chocolat, très-fine-
ment granuleuses. Des tubercules un peu plus gros, arrondis, noirs,
semés assez régulièrement sur toutes les parties supérieures du man-
teau; d’autres, de même forme et à peu près de même grosseur, mais
blancs, sur les régions latérales. Parties inférieures du manteau et du
pied d’un jaunâtre uniforme. Dessous du manteau très-finement gra-
nuleux.
Pédoncules oculaires d’un chocolat clair; tentacules de la même cou-
leur avec leur appendice inférieur blanchtre.
Dimensions. En extension : Longueur, 65mm.
Largeur, 16m.
En se contractant le corps peut se raccourcir, s’élargir et s'élever jus-
qu'à prendre une forme presque hémisphérique.
Les caractères par lesquels cette espèce se distingue de la V. maculata,
sont:
1° La couleur des tentacules, des parties supérieures, et surtout de
la face inférieure du manteau.
2° L'absence d’une carène dorsale proprement dite.
5° La dimension des granulations du manteau, dont les plus grosses
sont presque invisibles à l'œil nu.
4° Les bords du manteau moins amincis et le corps s’aplatissant moins
contre le sol.
1
NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
5° L'ouverture génitale un peu plus rapprochée du pied (?).
Habitat : Peradenia; sous des feuilles mortes.
Cette Vaginule, que je me fais un plaisir de nommer d’après le Dr
Templeton, est sans doute celle que ce naturaliste à indiquée dans son
mémoire ‘ sans la décrire suffisamment et sans lui donner de nom.
‘ There is another species (fig. 6) somewhat larger and ferrugineous in colour, with less obvious
markings, in the district about Ratnapoora ; but I have not had an opportunity of carefully examining it.
— Templeton, loc. cit.
o
Fig. 3
Fig. 32
MOLLUSQUES TERRESTRES NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fig. 1. Parmarion pupilaris, Humb.
l'animal vu par-dessus.
id. vu de profil.
un autre individu , dont le manteau s’est contracté et laisse voir la limacelle, ainsi que
l’épiderme qui la recouvre et qui enveloppe la masse viscérale; vu par-dessus.
le même vu de profil.
limacelle vue par-dessus.
la même vue de profil.
mâchoire vue par-devant.
Fig. 2. Triboniophorus Greæffer, Humb.
l'animal vu par-dessus.
id. vu de profil.
un autre individu vu de profil.
une des concrétions calcaires contenues dans le manteau.
Fig. 5. Vaginula maculata, Templeton.
l'animal vu par-dessus. — Les mouchetures noires devraient être un peu plus distinctes.
id. vu par-dessous.
id. vu de profil.
coupe de l'animal au repos.
id. rampant.
région postérieure du corps, vue par-dessous. — Le lobe du pied a été relevé pour laisser
voir l’orifice commun du poumon et du rectum.
l'animal ouvert par le dos. On voit les organes céphaliques contractés, la cloison qui ferme
en avant la cavité générale du corps, le foie, le canal intestinal, le poumon, le rein, le
péricarde et le cœur.
mâchoire vue par-devant (fortement grossie).
bouche d'un individu mort dans l’eau et gonflé, montrant la fente buccale et la mâchoire
(grossie).
une des dents de la langue (fortement grossie).
portion du pied (fortement grossie).
Toutes les figures de cette planche sont de grandeur naturelle, à l'exception des figures 1 f, 3 9,
3h, 31et3%k.
LE CAMES
HUMBERT. Mollusques terrestres.
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MÉLANGES
ORTHOPTÉROLOGIQUES
PAR
M. Henri DE SAUSSURE
(Communiqués à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 1* mai 1862.)
——— RL EE — ——
l
BLATTIUIDIES
Le but de ce mémoire est de faire connaitre un certain nombre
d'Orthoptères de la famille des Blattides, dans lesquels j'ai cru re-
connaître des espèces nouvelles, en classant les collections des Musées
de Genève et de Neuchâtel. Parmi ces espèces, les unes proviennent
des anciennes collections de notre Musée, d’autres ont été tirées de la
collection de M. Guérin-Méneville que notre Musée à acquise; enfin un
certain nombre de types intéressants de la Nouvelle-Hollande m'ont été
communiqués avec la plus grande obligeance par M. Louis Coulon, di-
recteur du Musée de Neuchâtel.
TOME xvu, fre PARTIE. 17
150 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
Genre POLYZOSTEREIA. Burm.
I. POLYZOSTERIA, sensu strictiore.
Premier article des torses plus long que les deux suivants pris en-
semble. Forme du corps ovoïde ou elliptique-allongée. Filets anaux
petits, styliformes." Plaque sous-anale des © simple. (Bord de l'abdomen
serratiforme après le milieu. Plaque suranale des © subhilobée; celle
des c' variable.)
1. Anscete offrant des rudiments d'élytres.
1. POLYZOSTERIA INDICA.
Fusco-nigra, testaceo limbata; pronoto fornicato, angusto ; elytris cornes, truncatis,
venosis et tantum ad abdominis basim productis ; pedibus et antennis testaceis.
Taille moindre que chez la P. limbata. Corps plus étroit en avant. Tête dépassant
un peu le prothorax; celui-ci petit par rapport à la largeur de l’abdomen, vouté et
un peu ponctué, formant plus qu'un demi-cercle; le bord postérieur offrant au
milieu une saillie obtuse, et un peu arqué, très-finement bordé; les bords latéraux
l’étant plus fortement. Méso- et métathorax recouverts par des élytres courts et carrés,
tronqués postérienrement et se croisant par leur bord interne Ces élytres, couverts de
nervures distinctes entre lesquelles sont des ponetuations; le champ anal se termi-
nant à extrémité de l'élytre; la nervure humérale distinete et portant des nervures
pennées. Plaques anales arrondies. Couleur d’un brun noirâtre, avec les bords la-
téraux du corps et des élytres jaunes-testacés ; la bordure presque nulle au bord
antérieur du prothorax. Antennes, bouche, taches ocellaires et paites, testacées où
couleur de poix.
Longueur du corps, 0,007.
Habite : Les fndes orientales; Pondichéry.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 151
2, Insectes entièrement aptères.
9. PoLyzoStERIA HUMBERTIANA.
Parvula, fusco-nigra, antennis piceis, corpore longioribus ; pronoto trapezoïidali, sat
elongato ; corporis margine et vilta dorsali longitudinali, postice duplica, testaceis ; pe-
dibus testaceo-piceis.
Petite espèce, moins grande que la P. syloatica. Prothorax trapézoïdal, son bord
antérieur tronqué, les latéraux très-pen arqués, le postérieur offrant au milieu une
petite saillie (légèrement arquée). les angles latéraux peu arrondis. Méso- et méta-
thorax entièrement aptères; leurs angles postérieurs légèrement prolongés. Plaque
suranale carénée, terminée par nue petite protubérance ; la sous-anale simple. Corps
partout lisse et luisant, dun brun noirâtre en dessus, un peu couleur de poix en
dessous ; orné sur tout son pourtour d’une bande jaune-testacée , large en avant et
devenant toujours plus étroite vers l'extrémité postérieure, fort étroite aussi au bord
antérieur du prothorax; la ligne médiane du corps étant en outre ornée d'une étroite
bande de la même couleur, qui se hifurque à partir du mésothorax et se prolonge
jusqu’à l'extrémité postérieure sous la forme d’une double ligne. Antennes plus lon-
gues que le corps. couleur de poix ou testacécs. Pattes fortement épineuses ; le der-
nier article des tarses postérieurs aussi long que les autres réunis. Palpes et taches
ocellaires, testacés ; filets anaux longs, d’un brun de poix.
Longueur du corps, 0%,0055. — Td. des antennes, 0",007.
Habite : L'Tle de Ceylan, où elle a été trouvée par M. Aloys Humbert. Cette es-
pèce est surtout remarquable par la forme de son prothorax et par l'allongement de
cette pièce, ainsi que par la longueur de ses antennes.
9. POLYZOSTERIA PICTETIANA (fig. L ©).
Magna, depressa, fusco-nigra ; corporis margine flavo- vel fuleo-limbato ; capite pro-
notum haud superante; pronoto semicirculari, antice supra caput vix fornicato, pos-
tice recte truncato ; meso- et metanoto utrinque tegula alari oblique truncata, acuminata
et valde punctata, instructis ; lamina supra-anali subbiloba.
Q Grande. Corps assez aplati, assez large. Tête entièrement cachée sous le bord
du prothorax, mais presque aussi avancée que lui. Prothorax en forme de demi-cercle,
ou un peu alténué en avant, très-peu voûté, lisse, à bord tranchant légèrement
réfléchi; le milieu du bord antérieur, faiblement élevé en forme de voûte au-dessus
152 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
de la tête, et, de chaque côté de cette voûte, une dépression vague. Le bord posté-
rieur tronqué droit. De chaque côté du méso- et du métathorax est une grande écaille
alaire soudée, tronquée obliquement et terminée en pointe. La surface de ces rudi-
ments, subconcave, fortement ponctuée et comme réticulée en relief, presque veinée.
Bord postérieur du mésothorax et du métathorax, légèrement angulaire au milieu.
Abdomen un peu plus large que le prothorax, parfois un peu granulé; les segments
terminés de chaque côté par une dent aiguë et offrant au bord postérieur de petites
lignes élevées, longitudinales. Plaque sous-anale grande, lisse, aplatie, offrant parfois
une sorte de carène large, peu prononcée ; le bord postérieur arqué , souvent un peu
saïllant au milieu. Plaque suranale à peine débordante , large et subbilobée. Filets
anaux pelits et aigus. Cuisses fortement épineuses. Premier article des tarses posté-
rieurs un peu moins long que tous les autres pris ensemble.
Couleur, brune ou uoirâtre ; toute la courbe du prothorax bordée d’une bande
jaune, rétrécie au milieu ; le reste du corps bordé sur tout le pourtour d’une bande
orangée ou ferrugineuse. Pattes d'un brun ferrugineux. Abdomen offrant en dessous,
au milieu, une sorte de bande brune ou ferrugineuse, plus on moins continue, ou
seulement des taches médianes. Bouche ferrugincuse. Les segments thoraciques très-
finement bordés postérieurement de ferrugineux coupé par des points bruns.
Longueur du corps, 0,035. — Largeur du prothorax, 0®,017.—[d. de l'ab-
domen, 0M,019. — Longueur du premier article des tarses, 0%,0035.
Habite : Les Indes orientales. # ©. (Donnée au Musée de Genève par M. le pro-
fesseur F.-J. Pictet.)
Fig. 1. Polyzosteria Pictetiana, Sss. ©, de grandeur naturelle.
II. CHALCOLAMPRA ..
Formes larges et courtes. Tarses trapus; le premier article plus court
que les deux suivants pris ensemble, ou de même longueur. Bords de
l'abdomen entiers, mais les angles du septième segment longuement
prolongés en pointe spiniforme. Filets anaux aplatis, lancéolés, encadrés
entre les épines du septième segment et la plaque suranale (celle-ci bi-
lobée chez les ©, terminée par un bord concave chez les ). Plaque
sous-anale des © carénée et fendue (comme chez les Periplaneta). Celle
des ‘transversale. Stylets assez gros.
‘ Xa2zos, bronze; xaurpos, éclatant
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 155
4. POLYZOSTERIA CUPREA (fig. 2 O).
Elliptica, supra cuprea, ruguloso-granosa; pronoti punctis 2 impressis fere nullis ;
margine supra caput fornicato et fulvo marginato ; meso- et metanoti lobis lateralibus
subreflexis, antice fulvo- marginatis ; corpore subtus testaceo, lateribus maculis castaneis
viridi-ridescentibus varis; pedibus annulatis.
Q Grande, de forme elliptique allongée. Palpes grêles; le dernier article à peine
renflé. Tête cachée sous le prothorax ; la face convexe et luisante, mais le front un
peu enfoncé et fortement ponetné. Prothorax en demi-cercle, son bord antérieur sub-
sinué au milieu et élevé en forme de voûte au-dessus de la tête. Le corps très-plat,
mais partagé par une arête obtuse qui s’arrondit en dos d’äne sur le prothorax et finit
par former la voûte antérieure. Mésothorax et métathorax convexes au milieu, à lobes
latéraux horizontaux, comme s'ils avaient été brisés pour être légèrement relevés.
Abdomen pas plus large que le thorax, à peine plus que le prothorax. Plaque sur-
anale large à la base, fortement rétrécie, carénée dans sa seconde moitié et bilobée.
Toute la surface dorsale rugueuse, chagrinée, les segments abdominaux raboteux,
parcourus par de petites lignes élevées, sinucuses. Dessous du corps lisse et luisant.
Couleur, en dessus, d’un brun euivré, avec le milieu du bord antérieur du pro-
thorax et l’antérieur des lobes latéraux du mésothorax et du métathorax, orangés. En
dessous, d’un testacé orangé, avec les côtés ou les bords latéraux largement ornés de
brun à beaux reflets métalliques verts. Tête, pattes, dernier segment ventral, mar-
quetés de brun et d’orangé. Pattes annelées de brun, à épines brunes.
Longueur du corps, 0,039. — Largeur du prothorax, 0®,021.— 14 de l’abdo-
men, 0m.022.
Habite : La Nouvelle-Hollande.
Chez cette espèce, les points enfoncés du proilorax et de la surface dorsale sont
très-vagues; mais les lobes latéraux du mésothorax et du métathorax sont indiqués
par une forte impression basilaire qui forme presque un sillon, et qui n'existe pas
chez la P. limbata.
Fig. 2. Extrémité de l'abdomen et plaque suranale de la Polyzosteria cuprea, Sss. ©.
>. PoLYzoSTERIA LIMBATA, Burm. (fig. 5 © œ).
Late elliptica, ovata; supra levis, dense punctata, nigro-ænea vel cuprea; vertice pro-
minulo ; lamina supraanali lata ; thoracis lateribus haud horizontaliter reflexis, segmen-
154 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
tis omnibus cum punctis 2 impressis; margine corporis litura angusta flava, supra
caput interrupta, ornato; corpore subtus castaneo, viridi iridescente, segmentis flavo
limbatis; pedibus castaneis , spinis basi flavis.
P. limbata, Burm. Handbuch d. Ent. Il, 483, 5.
Q De forme aplatie et très-large ; à surface dorsale densément et finement ponc-
tuée. Tête dépassant un peu le prothorax: front densément ponctué. Dernier article
des palpes renflé. Prothorax plus large que chez la P. cuprea, portant en arrière du
milieu deux points enfoncés, ayant ses lobes latéraux moins horizontaux et le milieu
en dos d'âne moins prononcé. Mésothorax et métathorax n'ayant pas ses lobes laté-
raux séparés par un sillon. Abdomen fortement élargi, dénué de carène médiane,
mais ghaque segment offrant deux points enfoncés ; dents terminales du septième seg-
ment, très-longues. Plaque suranale large, peu rétrécie en arrière, bilobée; le bord
des lobes, finement crénelé. Plaque sous-anale striée en avant de la carène.
Couleur en dessus, noire, où d’un brun d’airain à reflet métallique on euvré: le
corps finement bordé de jaune sur tout son pourtour; la bordure, étroite, inter-
rompue au-dessus de la tête. En dessous, l’insecte est brun-marron à reflets irisés
verts. Segments ventraux et bouche bordés de jaune. Filets anaux jaunes en dessous,
bordés de jaune en dessus; plaque suranale parfois dénuée de bordure. Pattes brunes,
à épines jaunes à la base.
Longueur du corps, 0,038. — Largeur du prothorax, 0,023. — Id. de l'abdo-
men, 0,026.
cg De forme plus régulièrement elliptique, peu élargi à l'abdomen. Plaque suranale
large, terminée par un bord un peu concave et à angles très-aigus; plaque sous-
anale plus où moms échancrée, ou à bord presque droit.
Habite : La Nouvelle-Hollande.
Cette espèce diffère de la cuprea © par son corps plus élargi, en toit obtus régu-
lier au thorax, quoique n’offrant pas une carène aussi marquée; par sa plaque suranale
plus large, peu rétrécie vers l'extrémité ; par son front moins fortement ponctué et le
milieu du bord antérieur du prothorax, un peu plus tronqué; par ses épines plus lon-
gues au septième segment abdominal, etc. Le çj° se rapproche, par ses formes, de
la P. cuprea ©.
La P. œænea, Burm., est probablement distinete des deux espèces iei décrites.
Fig. 3 ©. Extrémité de l'abdomen et plaque suranale de la femelle. (Les filets anaux sont un peu
Wop courts ; ils dépassent légèrement la plaque suranale ; les crénelures de cette dernière sont un peu
trop aigues.) — 3 cg, mêmes parties chez le mâle.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 155
Genre PERISPH/ÆRIA. Burm.
Division PERISPHÆRIA, Burra.
lei les sepments abdominaux semblent être soudés les uns aux autres.
Ils sont composés chacun : d’une ceinture basilaire plus lisse et plus
étroite, et d’une autre plus large, plus enfoncée el grossièrement ponc-
tuée, qui fait suite à la première. — Les insectes de ce groupe offrent une
grande ressemblance avec les myriapodes de la famille des Glomérides
et des Gloméridesmides.
6. PERISPHÆRIA GLOMERIS (fig. 4 O).
Q Valida, nigra, grosse punctatissima, glabra, maxime fornicata ; pronoto valde con-
vero, margine declinato; antennis, tarsis cercisque flavis ; palpis testaceis.
@. Grande espèce. Front un peu enfoncé, yeux subcontigus. Corps glabre, trés-
voülé; sa section formant presque un demi-cercle. Prothorax très-bombé, un peu ré-
tréci en avant, offrant vers le milieu du bord postérieur une petite dépression; toute
sa parlie marginale comme cannelée, à bord parabolique, largement retroussé hori-
zontalement, partagé au milieu par une carène; la portion supérieure, bombée en
forme de casque. Les trois segments thoraciques ayant leurs angles postérieurs pro-
longés en forme de lobe très-aigu. Segments abdominaux très-voûtés, soudés, formés
d’une bande antérieure étroite, peu ponctuée au milieu, et d’une large ceinture qui y
fait suite, un peu plus enfoncée et partont densément criblée, surtout à la face dor-
sale. Tout le corps densément criblé de grosses ponetuations ; la bosse prothoracique
labourée de quelques impressions lisses. Cuisses intermédiaires armées en dessous
d'une très-grosse épine au bord postérieur.
Couleur noire. Antennes, tarses et filets anaux orangés. Palpes testacés.
Longueur du corps, 0,025. — Largeur, 0M,013.
Habite : L'ile de Ceylan. Découverte par M. Aloys Humbert.
Fig. 4. Perisphæria glomeris, Sss. ©, de grandeur naturelle. — # a. Derniers segments abdominaux
vus en dessus, grossis.
156 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
7. PERISPHÆRIA HUMBERTIANA.
Q Nigra, mediocriter convexæa; pronoto convexo, margine vix subdeclinato, tenuiter
punctato ; meso- et metanoto validius, abdominis cingula grosse, punctatis; antennis
ferrugineis, palpis testaceis ; pedibus fusco-ferrugineis ; tarsis et cercis flavis.
©. Corps glabre, assez grêle, médiocrement bombé. Front plat, subconvexe, fine-
ment ponctué. Prothorax formant à peine un demi-cercle ; régulièrement bombé; ses
bords latéro-postérieurs seuls à peine un peu déviés; ses angles latéraux peu pro-
longés ; toute sa surface finement ponctuée, ses bords l’étant plus fortement ; le mé-
sothorax et le métathorax plus fortement ponctués. Segments abdominaux grossiè--
rement criblés, sur les larges ceintures, de ponctuations moins denses que chez
l’espèce précédente; n’offrant sur les ceintures étroites que des ponctuations fines.
Ponctuations de la face inférieure de l'abdomen, grossières, mais à demi effacées.
Couleur noire; antennes ferrugineuses, palpes testacés, pattes d’un brun roux,
tarses et filets anaux orangés.
Longueur du corps, 0,014. — Largeur, 0",0073.
Habite : L'ile de Ceylan. Rapportée par M. Aloys Humbert.
Serait-ce peut-être la larve de la P. Glomeris?
Division DEROPELTIS, Burm.
8. PERISPHÆRIA FLAVIPES (fig. à Œ).
d. Linearis, fusco-nigra; capite, pronoto et elytris grosse cribratis ; pronoto postice et
in discum, elevato, supra caput fornicato-cucullato, marginibus late reflexis, angulis la-
teralibus lobiformibus; campo elytrorum anali cribrato, elongato-quadrato ; palpis.
ocellis, antennis, tarsis et cercis, aurantus.
cg. Tête entièrement cachée sous le prothorax ; face grossièrement ponctuée; entre
les antennes, une espèce de cercle bordé, également ponctué. Yeux contigus au vertex.
Prothorax bombé | très-grossièrement et densément ponctué; presque en forme de
triangle large ; son disque élevé, triangulaire ; les côtés fortement rabattus, et les bords
latéro-postérieurs un peu déviés en avant; au-dessus de la tête une forte voûte longi-
tudinale qui se continue avec le disque élevé; cette voûte presque comprimée et ou-
verte en avant (ne formant par conséquent pas de capuchon proprement dit); le bord
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 157
postérieur tronqué presque droit, d’une épaule à l’autre, tombant ensuite à 45 degrés;
le bord antérieur arqué, les angles postérieurs ou latéraux formant deux petits lobes
arrondis et relevés. Élytres dépassant notablement l'abdomen, arrondis au bout; leur
marge étroite, tombante, à bords un peu relevés, paraissant cannelés; leur base gros-
sièrement ponctuée, le reste offrant des nervures costales ; nervures humérales si-
nuées, élevées en forme d’arête et se terminant par de nombreuses ramifications. Sillon
dorsal en forme*de bande, d'abord parallèle au bord interne, puis brisé à angle
droit, mais son coude, arrondi. Champ anal, à cause de cela, en forme de carré
long; réticuleusement criblé. Champ postérieur densément réticulé, ponetné à sa
base. Cuisses comprimées; celles de la seconde et de la troisième paire offrant cha-
cune deux épines.
Couleur, d’un brun noirätre. Taches ocellaires, palpes, antennes. tarses et filets
anaux, orangés. Élytres devenant demi-transparents à leur extrémité. Ailes transpa-
rentes, à nervures longitudinales ; leur champ antérieur un pen bruni, surtout le long
de la côte.
Longueur du corps, 0,016. Id. avec les élytres, 0,020. — Id. de l'élytre,
0,017.
Le prothorax de cette espèce rappelle un peu celui des Zetobora (Phortiwca) par
sa forte bosselure et par son bord postérieur très-élevé, par ses bords latéraux et
antérieur qui tombent beaucoup plus bas. Toutelois il n’existe pas ici de capuchon
complet.
Habite : L'ile de Java. (Musée de Neuchâtel.)
Fig. 5. Perisphæria flavipes, G grossi. (Les bosselures du prothorax sont un peu trop fortement pro-
noncées. Les nervures des élytres sont aussi trop saillantes.)
9. PERISPHÆRIA ORIENTALIS.
a. Nigra, nitida, lata et glabra; fronte sulco arcuato transversim notato ; pro-
noto brevi, marginato margine, postico paulum arcuato, angulis vix productis ; abdo-
minis segmentis ultimis supra cingulo augusto instructis ; laminae supra-analis margine
paulum subreflexo ; palpis et antennis basi ferrugineis ; pedibus fuscis, anticis palli-
dioribus ; cercis flavis.
Go. Corps glabre, large et médiocrement voûté. Front marqué d’une impression
brisée transversale. Prothorax très-court et large, formant moins qu’un demi-cercle,
bordé; son bord, mince, subdivisé ; le bord postérieur arqué, et les angles postérieurs
à peine prolongés. Thorax finement, abdomen grossièrement, ponctués. Les seg-
TOME XVI, 17e PARTIE. 18
158 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
ments offrant à leur base une ceinture très-étroite, visible seulement aux derniers
anneaux. Plaque suranale ayant son bord un peu retroussé. Épines fémorales très-
courtes.
Couleur noire. Pattes brunâtres ; palpes et base des antennes, ferrugineux ; filets
apaux Jaupâtres.
Longueur du corps, 0,0112. — Largeur, 0,0072.
Habite : Les Indes orientales ; monts Neelgheries.
Division BLEPHARODERA, Burm.
10. PERISPHÆRIA SERICEA.
. Nigra, griseo-sericea, thorace tenuissime, abdomine grosse, punctatis ; pronoto te-
nuiter marginato; in medio, capite et pedibus, rufescentibus ; antennis basi ferruginers.
dein fuscescentibus ; cercis flavis.
cf. Assez petite et passablement large. Corps peu voüté, lisse et luisant; très-
finement ponctué au prothorax, plus grossièrement à l’abdomen. Prothorax en demi-
cercle obtus, à peine bordé, à bord nullement réfléchi, point épaissi. Segments
abdominaux simples, c’est-à-dire dénués de ceintures saillantes.
Couleur noire. Tout le corps revêtu d’un duvet de poils soyeux grisâtres ; le mi-
lieu du prothorax d'un brun roux. Tête et pattes d’un roux ferrugineux. Palpes tes-
tacés. Antennes ferrugineuses, devenant brunes dès le premier tiers. Filets anaux
jaunes.
Longueur du corps, 0,0095. — Largeur, 0,0058.
Habite : Les Indes orientales. Pondichéry.
Je range cette espèce parmi les Blepharodera, quoique son corps tout entier soit
soyeux et que le prothorax ne soit pas fortement velu, car je ne saurais pas où la
placer ailleurs.
11. PERISPHÆRIA EMORTUALIS (fig. 6 G).
d. Linearis, fusco-ferruginea, sublursuta ; pronoto transverso, tenuissime pumetato, lo-
bis lateralibus angulatis, margine postico arcuato; elytris reticulatis, campo anali an-
gusto, apice rotundato, valde venoso ; palpis, ocellis, cercis et tarsis, testaceis ; antennis
basi testaceis, dehince piceis.
. Petit et grêle. Vertex à peine recouvert par le prothorax ; face luisante,
s F P F
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 159
quoique un peu ponctuée, son impression circulaire peu nettement accusée. Protho-
rax court et large, peu bombé, à bord postérieur peu arqué, à lobes latéraux angu-
laires ; sa surface très-finement ponctuée et soyeuse ; la voûte au-dessus de la tête
relativement faible. Elytres très-fortement réticulés, couverts de nervures longitu-
dinales élevées, poilues; la marge rabattue à la base et fortement ponctuée, à bords
un peu réfléchis ; champ anal allongé, rempli de fortes nervures longitudinales, ter-
miné d'une manière arrondie ; réticulation du champ postérieur irrégulière. Cuisses
armées de deux épines.
Couleur d'un brun ferrugineux. Pattes ferrugineuses. Tête et prothorax brun-
foncés, à bords plus pâles. Taches ocellaires, palpes, filets anaux et tarses, testacés.
Antennes testacées à la base, ensuite brunâtres.
Longueur du corps, 0,011. — Jd. avec les élytres, 0,013. — /d. de l'é-
lytre, 0,011.
Habite : Les Indes orientales. Pondichéry.
C'est peut-être le mâle de la P. sericea ?
Fig. 6. Perisphæria emortualis, Sss. G' grossi. (Les nervures transversales des ailes ne sont pas assez
indiquées.)
Genre CORYDIA, Guér.
Sous-genre CORYDIA (sensu strictiore).
Prothorax elliptique, transversal, fortement velouté; les lobes latéraux
point rabattus. Tête cachée sous le prothorax. Antennes moniliformes.
Élytres veloutés, dépassant le corps, larges et plats, à bord latéral très-
arqué. Aïles étroites parcourues par des nervures rameuses, même dans
le champ postérieur.
1. Élytres opaques dénués de sillon dorsal. Ailes raccourcies.
C. Petiveriana, Sery.
2. Élytres moins opaques un peu réhiculés, à sillon dorsal distinct; ailes
atteignant au repos le bout des élytres. Antennes fortement moniliformes.
C. Gucriniana, Sauss.
140 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
12. CoRyDIA GUERINIANA (fig. 7 Gj).
G
Nigra, velutina ; antennis valde moniliformibus, subulatis; apice fulvis ; pronoto ellip-
co, lateribus rotundatis ; abdomine lato, deplanato, flavo-marginato ; elytris fuscis, ab-
domen valde superantibus, paulum reticulatis, sulco dorsali distincto; macula humeralh.
elytri fascis 2 (secunda interrupta), margine apicali, et campo suturali dextro, auran-
tiacis ; alis aurantiis, margine fusco.
cj. Tête cachée sous le prothorax ; ponctuée et un peu rugueuse. Antennes, de la
longueur du corps, dilatées dans toute leur portion moyenne, trés-fortement monili-
formes, subulées; leurs articles fortement séparés en chapelet, ayant une forme
ovée-transversale. Prothorax poilu et velouté, en ellipse transversal, large, franche-
ment tronqué postérieurement ; ses lobes latéraux arrondis. Abdomen très-plat, s’é-
largissant en arrière. Plaque sous-anale arrondie, transversale; la sur-anale la dé-
bordant, Filets anaux assez longs ; stylets très-courts. Élytres dépassant notablement
l'abdomen ; veloutés, mais néanmoins réticulés en relief dans le champ postérieur; la
nervure humérale très-saillante ; le sillon dorsal très-distinet, enfoncé, dessinant un
champ très-court, subpentagonal lorsque les deux élytres sont au repos. Ailes étroites,
atteignant au repos le bout des élytres, parcourues par des nervures rameuses.
Couleur noire; la pointe des antennes orangée; élytres bruns avec une tache
maroino-humérale, une bande transversale avant le milieu, une grande tache margi-
nale après le milieu et une autre petite, correspondant à la grande, mais dans le champ
postérieur (ou une seconde bande transversale), et le bord de l’extrémité, jaunes ou
orangés, ainsi que toute la base du champ de l’élytre droit que recouvre l’élytre gau-
che. Ailes orangées, bordées de brun, ayant souvent un peu de jaune au bout ; bor-
dure de l’abdomen en dessus, jaune.
Longueur du corps, 0,019. — Largeur du prothorax, 0,010. — Longueur
* de l’élytre, 0,023.
Habite : Les Indes orientales. Prise à Sangor, dans l’intérieur des Indes.
Cette Corydie ressemble beaucoup à la C. Petiveriana, mais elle s’en distingue
facilement par ses antennes dilatées et rés-moniliformes, par son prothorax, dont les
bords latéraux sont arrondis, non aigus; par ses élytres plus longs, moins opaques,
à sillon et nervures distinctes, enfin par ses ailes bien développées.
Fig. 7. Corydia Gueriniana, Sss. ', de grandeur naturelle. (Le bord antérieur des élytres est un peu
trop arqué.)
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 141
Genre PHORASPIS, Burm.
Arrangemeut des espèces.
Are section. Bord postérieur du prothorax tronqué droit; formes
ovoides, peu bombées, corps S'élargissant vers la partie postérieure, ayant
sa plus grande largeur en arrière du milieu. Facies d’une Blatta, ou
d'une Anomala déprimée. (Phlebonotus ".)
Ph. anomala.
2me section. Bord postérieur du prothorax très-arqué. Corps très-
bombé. Forme elliptique allongée; la plus grande largeur située au mi-
lieu de la longueur; les deux extrémités du corps à peu près également
obtuses. Élytres très-lisses et luisants. (Thorar*.)
Ph. porcellana.
me section. Bord postérieur du prothorax plus arqué que Panté-
rieur ; forme large et obluse en avant, atténuée en arrière. (Phoraspis.)
Espèces américaines.
Première section : PHLEBONOTUS.
15. PHoRASPIS ANOMALA (fig. 8).
Ovata, depressa, parum convexa ; faciei Blattæ ; flavo-grisea; facie fusco-fasciata ;
pronoto parabolico, postice omnino recte truncato, supra lineolis 4 longitudinalibus
fuscis ornato ; elytris corneis, elevato-venosis et punctato-striatis, sulco amali nullo, vena
humerali pallida, et juxta illam fascia nigro-lineata ornatis ; abdomine subtus macula
trigona nigra ornato, late flavo-marginato vel tessellato ; femoribus tantum 2-3 spinosis.
Forme allongée, ovoide ; faciès d’un Melolontha un peu aplati, ou d’une Blatta
(BL. bivittata, Serv.). Tête dépassant à peine le prothorax. Celui-ci vouté, densément
ponctué, de forme parabolique ; son bord postérieur tronqué, droit dans toute sa lar-
!prég, veine; vwzcs, dos
? Wwzz£, Cuirasse.
142 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
geur, même subconcave, car les angles latéraux s’avancent un peu en arrière. Au mi-
lieu, près du bord postérieur, souvent une petite dépression, et au milieu du disque
parfois deux points enfoncés ; bords latéraux fortement bordés. Elytres coriacés, attei-
gnant le bout de l'abdomen, peu bombés, parcourus par des nervures rameuses en re-
lief, séparées par des doubles lignes de ponctuations. Pas trace de sillon dorsal. La
nervure humérale très-prononcée, très-rameuse ; en dedans de celle-ci, vers le milieu
de la longueur de l’élytre on voit deux nervures qui se croisent. Ailes nulles (chez
les © dn moins). Cuisses n’offrant guère que deux ou trois épines vers l'extrémité
de leur bord postérieur. Abdomen convexe en dessous, s’élargissant en arrière.
Plaque sous-anale peu chiffonnée. Filets anaux très-courts, triangulaires. Plaque sur-
anale, arrondie, presque bilobée, débordant à peine. Couleur d'un gris-jaune testacé.
Antennes un peu brunâtres. Face antérieure de la tête couverte d’un triangle allongé
(ou d'une bande verticale) pointillé de noir ; une ligne jaune au vertex. Prothorax orné
de quatre lignes noires longitudinales; les deux médianes les plus longues, et entre
celles-ci, une bande jaunâtre où roussâtre. Nervure humérale blanchätre ; au-dessous
de cette nervure une ligne noirâtre (ou une bande formée par deux ou plusieurs traits
successifs et mipennés); la portion recouverte de l’élytre droit, noirâtre, souvent
bordée de blanchâtre sur la suture. Abdomen en dessus noirâtre, bordé de testacé ;
offrant en dessons une ogive noire (parfois marquetée de testacé et entourée d’une
bande jaunâtre où marquetée).
Subimago. Cuisses portant d'assez nombreuses épines. Face brune ; tout le corps
semé de points enfoncés noirs ; ventre ayant l'ogive noire indiquée.
Longueur du corps, 0,015.
Habite : Les Indes orientales. Neelgheries. Pondicher:.
Cette espèce trouverait sa place parmi les Blaita, si ses élytres n’élaient dépourvus
de sillon dorsal.
Fig. 8. Phoraspis anomalu, de grandeur naturelle. (Les nervures des élytres sont un peu trop pro-
noncées.)
Deuxième section : THORAX.
14. PHoraspis PORCELLANA (fig. 9, ©, 9.
Flavo-grisea, elongato-elliptica, convexa, nitidissima, elytris ubique punctis nigris
rorata, venis nullis, sed puncto humerali albido instructo; pronoto densissime nigro-
punctato, margine postico et antico æqualiter arcuatis; alis grises, campo marginali
coriaceo, nigrescente, margine testaceo (facie et amtennis nigrescentibus, his articulo
1° ct vertice testaceis).
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 145
©. Forme ovale, allongée, lenticulaire ; corps d’un gris-jaune testacé, très-
bombé, régulièrement convexe, le prothorax continuant la convexité du corps. Toute
la surface du prothorax et des élytres très-lisse et laisante, rappelant un peu les
coquilles-porcelaines par sa forme et son lustre. Tête à peine saillante, à face noi-
râtre ; à vertex testacé, ponctué. Prothorax vonté, ayant le bord postérieur aussi
arqué que l’antérieur, très-densément et finement ponctué ou pointillé de noir.
Élytres très-bombés, terminés en pointes, tous semés de points noirs, luisants et
n‘ofrant guère de nervures ; leur marge souvent de couleur pâle, rabattue à la base:
à l’épaule un point jaune bordé de noir; la partie recouverte de l'élytre droit. lisse.
luisante quoique ponctuée. Ailes atteignant presque au repos le bout des élytres.
grises; la marge coriacée, noirâtre avec le bord seul testacé. Abdomen convexe,
uoirâtre en dessus, obscur et marbré de testacé en dessous. Plaque sous-anale
presque plane, triangulaire, en ogive ; la sur-anale un peu débordante, bilobée. Fi-
lets anaux très-courts. Antennes noirâtres ; le premier article testacé.
d. Plus petit, plus grêle et pen bombé. Plaque sur-anale ne débordant pas,
subéchancrée ; filets anaux moins courts. Le pénultième segment ventral si fortement
échancré en forme de V que son milieu disparait sous le précédent. Stylets très-
petits. Bord postérieur du prothorax un peu plus fortement arqué.
© Longueur de l’insecte, 0,019 ; — largeur, 0,010.
ei » » » 0,017; — largeur, 0,008.
Habite : Les Indes orientales. Les montagnes des Neelgheries.
Cette espèce forme la transition entre les Thorax et les Phoraspis proprement
dits. Elle ressemble à s'y méprendre à l’Epilampra lucida, quoique en différant par
sa taille un peu moins grande ; par ses formes un peu moins larges et un peu moins
bombées ; par l’absence de toute trace de sillon dorsal, même sur la suture des
élytres; par son prothorax, qui n’est pas partagé par une ligne noire ni bordé de
points noirs; par sa plaque sous-anale qui n’est pas tronquée, par le pénultième
segment ventral Cj° qui est beaucoup plus échancré, ete.
Fig. 9 ©. Phoraspis porcellana, Sss., femelle de grandeur naturelle ; — fig. 9 &, le mâle; —fig. 9 a
c', extrémité de l'abdomen du mâle vu en dessous, grossi.
144 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
Genre EPILAMPRA, Burm.
15. EPILAMPRA CRIBRATA (fig. 10).
Fusco-testacea; capite, pronoto et elytris dense nigro-cribratis ; pronoto convezo, for-
nicato, margine ambico et postico valde areuatis ; hoc viæ angulato; elytris longitudi-
naliter valde venosis, inter venas cribratis; tantum in campo postico reticulatis. apice
attenuatis.
Tête dépassant un peu le prothorax, partout criblée de ponctuations, même au
vertex, et ayant le front, entre les yeux, un peu aplati. Prothorax fortement voüté ;
ses côtés rabattus, bordés d’un gros cordon marginal un peu relevé, mais le milieu
du bord antérieur, au-dessus de la tête, n'étant pas bordé; le bord postérieur fine-
ment bordé et presque trois fois brisé : formant au milieu un angle arrondi, très-
obtus, dont les bords sont à peine sinués, et ayant les épaules prononcées, parce que
la partie qui les dépasse est fortement rabattue en bas. Le bord antérieur fortement
arqué en demi-cercle, un peu tronqué au-dessus de la tête; la surface tout entière
densément criblée de ponetuations semblables à des trous d’épingle, quelquefois un
peu ruguleuse et offrant de très-faibles impressions sur le disque (souvent deux points
enfoncés en avant du milieu). Abdomen aplati, s’atténuant vers l'extrémité; le pénul-
ième segment ventral excisé jusqu’à sa base en forme de V, on n’apparaissant même
que sous la forme de deux lobes latéraux ; la plaque sous-anale assez allongée et arron-
die, logée dans ce V; la plaque suranale débordant un peu, subbilobée ; filets médio-
cres ; stylets très-petits. Pattes grêles, cuisses armées d’épines assez fortes. Élytres
dépassant l’abdomen de 3 ou # millimètres, atténués et arrondis au bout, formant
par leur réunion un ovale terminé en pointe; leur bord externe arqué jusqu'au delà
du milieu, puis subsinué. La marge axilaire large et tombante, criblée de ponctua-
tions et à bords un peu relevés; nervures humérales très-fortes, formant une grosse
branche très-distincte ; les nervures longitudinales partout très-fortes, séparées par
des lignes de fortes ponctuations; nervures costales distinctes, champ postérieur
rétienlé à grosses mailles; sillon dorsal profond, régulièrement arqué ; le champ anal
sans aucune nervure transversale. L’élytre, ponctué partout, même dans les mailles
du champ postérieur, quoique plus finement. Aïles transparentes, subgrisâtres; la
marge légèrement coriacée.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 145
Couleur d’un brun testacé. Abdomen testacé en dessous et poinullé de gris ou de
brun; souvent la tête couverte d’une large bande noïrâtre du vertex à la bouche,
mais le vertex plus pâle; toutes les ponctuations de la tête, du prothorax (et souvent
des élytres) remplies de noir.
Longueur du corps, 0®,0165.— Id. avec les élytres, 0M,020. — Hd. de l’élytre,
0,016.
Habite : Le royaume d’Assam.
Cette espèce est remarquable par son prothorax voûté et presque dénué de prolon-
gement prothoracique postérieur, le bord postérieur du prothorax étant presque ar-
qué comme l'antérieur. Les élytres offrent des nervures longitudinales de beaucoup
plus élevées et une réticulation beaucoup moins fine que chez l'E. Burmeistert.
Fig. 10. Epilampra cribrata, Sss. un peu grossie — 10 a, l'extrémité de l'abdomen vue en dessous.
16. EPILAMPRA BLATTOÏIDES.
Minuta, testaceo-ferruginea; pronoto nitido postice obtusangulo, lateribus paulum
deflexis, marginatis; elytris elongatis, campo anali acuminato, venis longitudinalibus
elevatis campo postico reticulato.
Vertex dépassant le prothorax. Celui-ci petit pour la taille de l’insecte, lisse et
luisant, garni de quelques poils, voûté, ses côtés latéraux fortement rabattus el assez
fortement bordés; le bord postérieur formant un angle obtus distinet; mais cette
sailhe, arrondie. Élytres dépassant notablement l'extrémité de l'abdomen, à nervures
longitudinales, partout fortement marquées ; le sillon dorsal sinué; le champ aval étroit
et allougé en forme de mitre, parcouru par six nervures longitudinales élevées, mais
non réticulé, sauf dans la partie recouverte; la nervure humérale sinuée; le champ
marginal médiocrement large, occupé par 12 à 14 nervures costales; le champ pos-
térieur réticulé, à mailles carrées, ses nervures longitudinales dirigées dans un sens
parfaitement longitudinal. Filets anaux très-longs.
Couleur d’un ferrugineux transparent ou testacé-päle en dessous; le prothorax
d’un jaune ferrugineux, tout entier opaque. Ailes grisâtres, à nervures brunes.
Longueur du corps, 0M,010.— Id. avec les élytres, 0®,01%. — Id. de l’élytre,
0m,011.
Habite : Les Indes orientales; Bombay.
Cette espèce a presque la même taille que la Blatta Humbertiana et elle lui res-
semble, quoique son prothorax soit plus petit, notablement moins large, et que
TOME XVI, 1e PARTIE. 19
146 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
ses bords soient rabattus et (surtout le postérieur) distinctement angulaires. Le
champ anal est beaucoup plus allongé, le champ marginal beauconp moins large et
les nervures de l’élytre sont beanconp plus grosses, plus élevées et moins nombreuses
que chez l'espèce citée. La forme, distinctement prolongée, du bord postérieur du pro-
thorax fait placer cette espèce parmi les Epilampra, quoiqu'à première vue on la prenne
pour une Blatta.
\
Genre THYRSOCERA, Burm.
Le type qui suit vient décaractériser le genre par ses formes tra-
pues, et son prothorax transversal.
Il ne reste donc plus pour caractère à ce groupe que le fait d’avoir les
antennes renflées au milieu et garnies d’une brosse de poils roides; la
longueur des filets anaux, et l'absence ou l'extrême petitesse des stylets
des mâles. On doit diviser le genre comme suil :
1. Formes grêles, prothorax suborbiculaire, à bord postérieur arqué,
prolongé sur l'écusson. Filets anaux très-longs. Élytres ayant leur bord
externe un peu sinué. — THYRSOCERA.
2. Formes larges el dilatées; prothorax elliptique ; transversal , à bord
postérieur tronqué ou à peine arqué. Filets anaux médiocres. Élytres ayant
leur bord externe arqué. Plaque sous-anale © relevée dans un plan vertical,
formant au milieu une petite saillie comprimée et fendue {comme bivalve).
— ELLIPSIDION *.
Ce groupe est représenté par l'espèce suivante :
17. THYRSOCERA AUSTRALIS (fig. 11 ©).
Nigra, ritida, crassa, perlata ; linea verticis et pronoti marginibus, late flavis ; ely-
tris aureis, latis, apice et alis fusco-maculatis ; ubique valde reticulatis, et in campo
anali et in marginal ; hoc latissimo, io piriforme acwminato ; abdomine latissimo, seg-
ments albo-limbatis ; ano apice reflexo compresso, valviformi.
1 Exumouduy, petit ellipse.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 147
©. Formes larges et trapues. Corps noir, luisant. Antennes entièrement noires;
épaisses dès la base, plus épaisses au milieu , et garnies d’une brosse de poils; atte-
nuées au delà du milieu. Le sommet du front offrant une espèce de facette tronquée ;
yeux écartés, vertex orné d'une ligne jaune d'un œil à l’autre. Prothorax en forme
d’ellipse transversale ; ses lobes latéraux très-arqués, en forme d'hyperbole; le bord
postérieur à peine arqué, laissant l’écusson à nu; les bords latéro-antérieurs sub-
réfléchis, point rabattus ; la surface unie et luisante, d’un beau jaune, avec, au milieu,
un ovale noir. Abdomen très-large, suborbiculaire, plat; le bord latéral des segments
un peu arrondi; le dernier segment ventral, ayant son bord retroussé en haut, offrant
au milieu une saillie comprimée et comme fendue, formant comme deux très-petites
valves. Les bords latéraux de l'abdomen et les bords postérieurs des segments ven-
traux, ainsi que des hanches, ornés d’un liséré blanc. Filets anaux médiocres, oran-
gés. Élytres dépassant assez notablement l’abdomen, larges, à bord latéral arqué,
un peu réfléchi; d’un jaune-orangé doré, ornés, ainsi que les ailes, d’une tache brune
terminale et offrant une tache noire à leur base, dans la partie recouverte par le pro-
thorax Nervures élevées ; les transversales partout distinctes, formant une réticula-
tion serrée, même dans le champ anal et dans le champ marginal; cette réticulaton
comme enduite d’un vernis qui aurait un peu encroüté les nervures. Champ anal
large, piriforme, terminé en pointe aiguë ; champ marginal très-large, occupant presque
la moitié de la largeur de l’élytre. Ailes transparentes, à nervures très-grosses et oran-
gées, bordées à l'extrémité de brun-foncé ; le champ postérieur subenfumé, à ner-
vures longitudinales fines et brunes. Pattes grêles, noires, les épines brunes-päles,
les semelles des tarses grises.
Longueur du corps, 0M,010.—Id avec les élytres, 0m,01%4.— Id. du pro-
thorax, 0,0035. — Largeur du prothorax, 0,006.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Neuchâtel.)
Cette charmante espèce se rapproche évidemment beaucoup de la Blatta variegata,
Fabr., qui a le prothorax entièrement jaune.
Fig. 14. Thyrsocera australis. Sss. ©, grossie. — 11 a, prothorax du même.
148 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
Genre BLATTA, Linn., Burm.
Arrangement des espèces qui suivent.
[. Elytres n'offrant pas de sillon dorsal.
Il. Elytres portant d'un sillon dorsal distinet.
1. Élytres raccourcis dans les deux sexes. — Truncata ; abbreviata; Couloniana ; badia.
2, Élytres de la longueur de l'abdomen chez les ©, souvent plus longs chez les . —
Cubensis. Sss.
3. Élytres plus longs que l'abdomen dans les deux sexes. — Phalerata ; diluta ; Humber-
tiana ; germanica
ÉLYTRES PORTANT UN SILLON DORSAL.
4. Élytres raccourcis dans les deux sexes.
18. BLATTA TRUNCATA (fig. 12O).
Crassa, badio-ferruginea, pronoti margine sinuato ; elytris truncatis, tertium abd. seg-
mentum haud superantibus ; ubique venosis; campo anali acuminato, piriformi, extremi-
tatem elytri fere attingente.
Q. Formes larges et trapues. Tête dépassant un peu le prothorax, lisse et lui-
sante ; fossettes antennaires peu excavées. Prothorax lisse, un peu convexe, formant
à peu près un demi-cercle, mais tronqué au-dessus de la tête; les bords latéraux peu
arqués, rabattus et rebordés; le postérieur un peu sinné, formant une légère saillie
au milieu eu offrant ici une petite dépression en dessus. Les angles postérieurs assez
prononcés quoique arrondis. Abdomen sans distinction, convexe et un peu en forme
de toit en dessous; plaque sous-anale convexe, ponctuée, finement subéchancrée au
milieu ; plaque suranale petite, en triangle arrondi, dépassée et entourée par la plaque
sous-anale. Élytres assez rudimentaires, coriacés, ne dépassant pas le deuxième
segment abdominal, larges, tronqués et un peu arrondis à l'extrémité, couverts de
nervures longitudinales prononcées; sillon dorsal très-fort; champ anal piriforme,
atteignant presque le bout de l'aile. Cuisses longuement épineuses.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 149
Couleur d'un roux ferrugineux. Pattes testacées. Antennes lestacées, grises en
dessus. Prothorax entièrement opaque.
Longueur du corps, 0%,0115.— Largeur, 0®,0056. — Longueur des élytres,
0%,00%5.
Habite : Les Indes orientales; Pondichéry.
Fig. 12. Blatta truncata, Sss. ©, grossie. (La plaque sur-anale est un peu petite.)
19. BLaTrA ABBREVIATA (fig. 15 ).
Crassa et brevis; fusco-nigra ; cercis maximis ; pedibus testuceis ; anternis piceis ; pro-
noto et elytris ferrugineis, illo in marginibus fuscescente; his abbreviatis margine tes-
taceo, apice rotundatis, campo anali rotundato, parum ultra medium elytrum producto,
campo marginali solo venis distinctis instructo.
cf: Formes très-courtes, larges et trapues, ressemblant assez à celles de la BI.
truncata, mais le prothorax ayant ses bords latéraux un peu moins fortement rabattus
et le bord postérieur un peu moins sinué. Les élytres atteignant jusqu’au bout du
quatrième ou du cinquième segment de l'abdomen, à bord externe arqué ; la cour-
bure de ce bord se terminant à l'extrémité de l’élytre, à la rencontre du bord in-
terne ; les élytres n'étant donc pas tronqués, mais formant au contraire, par leur
réunion, uu ovale tronqué à la base; leur surface n’offrant de nervures distinctes que
sur le champ marginal; le sillon dorsal n'attcignant pas près du bout de l’élytre,
mais ne faisant que dépasser un peu son milieu; le champ anal n'étant pas piriforme
ni terminé en pointe, mais arrondi, formant un peu plus d’un demi-cercle par la ré-
union des deux élytres. Filets anaux très-grands. Plaque sous-anale largement tron-
quée, à bord subconcave et offrant aux deux angles de sa troncature une saillie
dentiforme ‘. Plaque sur-anale très-petite et triangulaire.
Couleur brune ou noire ; pattes, bouche et antennes testacées, cuisses longuement
épineuses ; prothorax et élytres d’un roux ferrugineux ; le premier un peu varié de
brun le long de ses bords, les seconds ornés de jaune ou de testacé le long de la
marge; filets anaux testacés en dessus.
Longueur du corps, 0®,006-7. — Largeur, 0%,00%5. — Longueur des élytres,
0 ,0045.
Habite : L'ile Bourbon.
Fig. 13. Blatta abbreviata, Sss. ' grossie. (La plaque sur-anale n’est guère visible sur le dessin; elle
était cachée dans l’insecte.)
‘ Un peu comme fig. 3 G', quoique cette figure représente tout autre chose.
150 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
20. BLATTA CouLONIANA (fig. 14 G).
Fusco-nigra; corpore sat elongato; pronoto lato, semiorbiculari, levi; elytris valde
abbreviatis, sulco distineto et venis costalibus elevatis; abdomine S carinato ; cercis ma-
ϟimis, acutis; lamina supraanali trigona, S' apice tenuissime truncato-emarginata; stylis
brevissimis.
Tête débordant un peu le prothorax. Celui-ci large, en forme de demi-cercele,
lisse, faiblement et régulièrement convexe, finement bordé tout à l’entour; le bord
postérieur subavancé au milieu. Abdomen assez allongé. Élytres courts, laissant à
nu les cinq derniers segments, arrondis, assez étroits, se croisant fort peu; à sillon
fortement prononcé, à bord arqué et un peu relevé; le champ anal en forme de mitre,
faiblement strié; le champ marginal assez étroit, offrant dix à douze côtes élevées.
Couleur d’un brun noirâtre ; pattes et ventre, testacés ; élytres bruns.
Q. Abdomen un peu voûté vers le bout; plaque sur-anale triangulaire, à pointe
arrondie ; filets très-grands, aplatis, pointus.
cf. Abdomen plus étroit, un peu caréné; avant-dernier segment ventral excisé,
à bord convexe; le dernier offrant à son bord trois saillies très-faibles. Plaque sur-
anale assez étroite, arrondie au bout, à bords un peu relevés, avec deux impres-
sions latérales vers la base; l’extrémité conpée par un très-petit bord concave placé
entre deux petites saillies, ou un peu bilobée. Filets très-longs. Siylets très-courts.
®
Longueur du corps, . . . eo 0,016.
» de l’élytre, . . 0,008. 0,075.
» du prothorax, . 0,006.
Largeur » 0,064.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Neuchâtel.)
Distincte de la BL. badia par son prothorax dénné de sillons; par ses élytres plus
petits, avec des côtes marginales plus élevées, un champ anai plus court, ete. — Le C,
par sa plaque sur-anale prolongée et arrondie.
Fig. 14. Blatta Couloniana, Sss. G', grossi. (La légère saillie du bord postérieur du prothorax n’est
pas indiquée ; la plaque sur-anale est trop courte. — Fig. 14 a. Plaque sur-anale grossie.
21. BLarra BADIA (fig. 15 G).
Rufo-badia, vel obscure ferruginea ; lata, subtus pallidior ; pronoto lato trigono-rotun-
dato, deplanato, depressionibus 2 obliquis in disco perspicuis, margine postico subarcuato ;
elytra abdomine et alue elytris paulo breviora, his sat tenuiter striahs, sulco dorsali tenui.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 151
jt. Espèce large et trapue. Tête bombée, ne dépassant guère le prothorax. Ce-
lui-ei très-aplati, n'ayant que ses bords latéraux un peu inclinés, rétréci en avant ;
son bord postérieur subarqué; le disque bossué, offrant deux impressions obliques
larges. Par sa forme et sa surface il rappelle celui des Kakerlacs. Élytres courts, lais-
sant à nu les trois derniers segments; assez finement striés et réticulés, comme
ponetués entre les nervures. Le sillon dorsal très-faible, Champ anal des deux élytres
réunis, ayant la forme d'une fenêtre en ogive dont la pointe serait formée par deux li-
gnes obliques presque droites (non sinuées) ; ce champ, finement strié et un peu réti-
culé, occupant plus de la moitié de la longueur le l’élytre; champ marginal assez
étroit, réticulé au bout. Aïles un peu moins longues que les élytres. Plaque sur-
anale (cÿ) offrant deux enfoncements . tronquée et échancrée à angle très-obtus,
cihée. Stylets longs. Cuisses armées d’épines fort nombreuses ; à l'extrémité du bord
antérieur de la première paire, deux très-longues épines, notablement plus longues
que les autres.
Couleur de tout l’insecte, rousse, plus pâle en dessous; antennes ferrugineuses,
tête un peu obscure au sommet.
Longueur du corps, 0%,021.— Id. de l’élytre, 0M,012. — Id. du prothorax,
0®,0056.— Largeur du prothorax, 0m,0072.
Habite : Java. (Musée de Neuchâtel.)
Cette Blatte est peut-être la Concinna, Haan (Verhandi. Naturgesch. der Niederl.
Bezitt. Orth. p. 50); mais il est impossible de déterminer avec certitude des insectes
sur des phrases aussi peu caractéristiques que celles qui se trouvent dans le texte
de cet ouvrage.
Fig. 15. Blatta badia, Sss. G', de grandeur naturelle, — Fig, 15 a. La plaque sur-anale cf, grossie.
2. Élytres de la longueur de l'abdomen chez les ©, souvent plus
longs chez les ©.
BLATTA CUBENSIS, Sauss. (Revue Zool., 1862, p. 165.)
3. Élytres plus longs que l'abdomen dans les deux sexes.
22. BLATTA PHALERATA (lis. 16 ©).
Minuta, subtus testacea; abdomine fuscescente, subtus ultimo segmento rufo, carinato,
152 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
apice compresso; pronoto fusco, in lateribus testaceo- marginato ; elytris ovatis, abdo-
men paulhum superantibus, testaceis, fascia subbasali fusca ornatis, et postice macula
(extus marginata) fusca.
Q. Petite espèce de la grandeur de la BL. germanica, mais moins grêle. Protho-
rax ayant la même forme que chez cette espèce; mais son bord postérieur tronqué
plus droit, sans trace de saillie médiane. Élytres plus larges et moins longs, plus ova-
laires; leur bord externe arqué, à peine sinué vers le bout; la marge axillaire plus for-
tement relevée, l'extrémité ne dépassant que peu le bout de l'abdomen. Le champ
marginal plus large, offrant huit à neuf lignes costales fort élevées (ce qui suit. un peu
réticulé) ; le champ postérieur réticulé; le champ anal terminé d’une manière moins
aiguë. Premier segment ventral caréné, surtout vers le bout.
Couleur testacée en dessous; abdomen brunâtre avec le dernier segment ventral
roux. Tête brune, avec la bouche et deux taches ocellaires, testacées ; antennes tes-
tacées, un peu brunes en dessus. Prothorax brun-foncé ou un peu marron; ses bords
latéraux bordés par une étroite ligne arquée testacée, subtransparente, qui n'atteint
pas l’angle postérieur. Élytres testacés, ornés de quatre grandes taches brun-marron
(deux par élytre). Les deux premières, carrées, formant ensemble une bande trans-
versale subbasilaire, qui n’atteint pas les bords latéraux (ne s'étendant pas sur la
marge relevée); les secondes, plus grandes, séparées des premières par uue bande
testacée assez étroite; ces taches, foncées à la base, m’atteignant pas Lout à fait la
marge de l’élytre et échancrées de testacé à leur bord externe; mais leur couleur se
fondant vers l'extrémité des élytres.
Longueur du corps, 0m,010.—Id. avec les élytres, 0m,0112.—Id. de lélytre,
0,009.
Habite : Les Indes orientales, Pondichéry. ”
Ceue petite Blaue semble se rapprocher beancoup de la BL. supellectilium, Serv.,
mais je la crois cependant différente, vu la moins grande longueur des élytres (qui
ne dépassent pas très-longuement l'abdomen). — Elie offre de grands rapports aussi
avec la BL. diluta ; toutefois ses filets anaux et ses élytres sont moins longs. Mais c’est
avec la BI. cubensis qu'elle offre le plus d'analogie. Elle s’en distingue cependant par
son front arrondi, sans trace de carène; par son prothorax, qui est plus petit et qui
n'offre pas de bords transparents largement dilatés, ni de sillons pour dessiner un
disque élevé; par sa plaque sur-anale © comprimée; par ses élytres plus longs, etc.
Fig. 16, Blatta phalerata, Sss. ©, grossie,
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 155
23. BLATTA DILUTA.
Minuta, subtus testacea; abdomine subtus fusco-marginato; pronoto testaceo, fasciis
2 longitudinalibus fuscis (vel fusco, marginibus et macula media, testaceis) ; elytris valde
venosis, peilucentibus, maculà subbasali et alter& dilutä pone dimiduun, castaneis.
©. Un peu plus grande que la Bl. phalerata, mais lui ressemblant beaucoup.
Prothorax ayant la même forme, tronqué droit à son’ bord postérieur. Plaque sous-
anale plus petite, fortement comprimée à l'extrémité et comme fendue, parce que les
deux lames sont presque juxtaposées par la compression. Élytres larges et très-longs,
dépassant notablement l'abdomen. Les nervures disposées de la même façon, mais
le champ anal plus lisse ; le champ marginal très-large, à nervures très-fortes, au
nombre de neuf ou dix, simples ; les suivantes devenant rameuses ou séparées par des
demi-côtes. Vertex offrant une facette aplatie ; la face, subcarénée. Les yeux très-
rapprochés, écartés seulement d’un millimètre.
Couleur brune-testacée en dessous; ventre roux, bordé de brun ; vertex brun; la
face brunâtre ; antennes testacées, un peu obscures en dessus. Prothorax bordé de
chaque côté d’une bande transparente; le reste d’un brun noirâtre, partagé par une
tache ou bande longitudinale incomplète, testacée. Élytres demi-transparents, avec
ute tache carrée ou allongée, brune en dessus vers la base, et une autre plus en
arrière, commençant un peu avant le milieu et de forme vague. Ces taches, fondues
sur leurs bords. Aïles grisâtres.
Longueur du corps, 0",0125.— Il. avec les élytres, 0M,015.— Id. de l’élytre,
om,011.
Habite : Les Indes orientales, Ceylan. (Musée de Genève.)
Il est probable que chez les individus à grande livrée les élytres sont peints comme
chez la BL. phalerata, c’est-à-dire que les taches sont mieux formées et mieux limitées.
24. BLATTA HUMBERTIANA.
Parva, pallida, BI. pallidæ affinissima; pronoto elliptico, hyalino, disco medio opaco,
flavescente; elytris pallide dense reticulatis ; campo anali brevi, cordiformi ; campo mar-
ginali latissimo ; postico elevato-reticulato.
Q. Grandeur de la B1. pallida. Face parcourue par une carène au-dessous du
front. Fossettes antennaires très-grandes, séparées par cette carène. Vertex assez
saillant, large. Prothorax large, elliptique, un peu rétréei en avant, un peu voüté,
faiblement bordé ; son bord postérieur trouqué, très-légèrement arqué. Élytres dépas-
TOME xvur, dre Paris. 20
15 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
sant notablement l'abdomen, assez larges, à bords externes arqués, non sinués; atté-
nués à l’extrémité; le champ anal court et terminé en pointe; le champ marginal
extrêmement large, garni de fortes nervures costales et en outre finement réticulé; la
nervure humérale très-fortement sinuée à son premier liers; champ postérieur for-
tement réticulé; champ anal garni de nervures longitudinales sinueuses et réticulé. Les
réticulations du champ postérieur sont formées de nervures élevées; celles de sa hase
et des autres champs forment de peutes cellules très-rapprochées, plus foncées, en-
tourées par des lignes plus päles qui indiquent la réticulation.
Couleur testacée ou un peu ferrugineuse; une bande plus obscure au vertex.
Prothorax transparent, offrant au milieu un disque opaque d'un jaune testacé avec
ou sans strioles päles et brunes. Élytres subferrugineux avec le bord transparent.
Ailes jaunâtres au bord.
cf. Un peu moins grand. Le prothorax est un peu plus aplati et un peu sillonné
sur le disque; ses angles postérieurs sont mieux marqués. les côtés sont aplatis ou
subrelevés. La face de la tête un peu moins sillonnée.
Longueur du corps, 0%,008-9. — Id. avec les élytres, 0,012. — Id. de l'élytre,
0®,0105.
Habite : L'ile de Ceylan. Rapportée par M. Aloys Humbert. (Musée de Genève.)
Chez les individus de couleur pâle , tout le corps est d’un testacé transparent; alors
la réticulation du champ anal et du champ marginal disparait.
Ceue Blatte rappelle beaucoup la Bl. pallida, Oliv., mais elle en diffère par ses
élytres autrement veinés et un peu plus longs. Le champ anal est plus long, quoique
moins allongé que chez le Bl. germanica; la nervure humérale est plus simuée; Île
champ postérieur est régulièrement réticulé et offre des stries longitudinales très-
denses, non des veines obliques pennées comme celles de la marge.
Un individu pris dans les monts de Neelgheries ne me parait pas différer de cette
espèce.
Un autre, qui ne me parait pas différer par l'innervation des élytres, a le disque
du prothorax marqueté de brun; les stries entre les nervures des élytres sont noires
et les ailes noirâtres (Indes?).
25. BLATTA GERMANICA, Fabr.
M. A. Humbert a rapporté de Ceylan des individus qui ne diffèrent de la B!. ger-
manica d'Europe que par des élytres peut-être un peu plus longs.
Le même voyageur a aussi rapporté de Ceylan quelques individus qui me font l’eflet
d’appartenir à la BL. bivittata, Serv.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 155
Genre ISCHNOPTERA. Burm.
On peut partager les espèces suivant les deux types, du reste peu dé-
finis, que voici :
1. Prothorax en triangle arrondi, atténué en avant. — Australis ; fulva ; flavicollis.
2. Prothorax plutôt elliptique. — Termitina.
26. ISCHNOPTERA AUSTRALIS (fig. 17 ).
Pallide ferruginea, antennis basi supra fuscescentibus ; pronoto discoïdali, antice atte-
nuato, margime postico truncato, marginibus lateralibus pellucidis, deflexis; disco opaco
sulcis vix perspicuis 2 'instructo ; ebytris perlongis, angustis, margine reflexo, venis longi-
tudinalibus valde elevatis, transversis perspicuis.
cf. Prothorax discoïdal, diminuant de largeur en avant; son bord postérieur coupé
presque droit d’une épaule à l’autre; les latéraux arrondis ou formant presque uu
angle obtus, rabattus. La surface, lisse, presque sans trace de sillons. Élytres très-
larges, dépassant l'abdomen de plus du tiers de leur longueur, assez étroits, à ner-
vures longitudinales très-saillantes, même dans le champ anal ; à nervures transversales
distinctes; le bord, arqné et un peu réfléchi. Segment préanal arrondi, convexe et
sans impression. Cuisses longuement épineuses.
Couleur d’un ferrugineux transparent ; le corps d’un ferrugineux testacé, avec une
teinte brune à l'abdomen. Bords latéraux du prothorax testacés. Antennes nn peu
obscures en dessus à la base.
Longueur du corps, 0,020. — Id. avec les élytres, 0,0265.— Id. de l’élytre,
02,023. — Largeur, 0®,006.— Longueur du prothorax, 0,005. — Largeur,
0®,0064.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Neuchâtel.)
Cette espèce rappelle, par sa taille et sa couleur, l'E. Coulomana, Sauss., mais elle
s’en écarte par la forme de son prothorax, par le disque de cette pièce, presque dé-
nué de sillons, par ses bords latéraux rabattus. et par ses élytres plus étroits, ete.
Fig. 17. Ischnoptera australis, Sss. G', de grandeur naturelle.
156 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
27. ISCHNOPTERA FULVA (fig. 18 ').
Flavo-fulva, I. australi affinissima, at pronoto bisulcato, marginibus subopacis, elytris
et abdomine latioribus ; his campo anali apice truncato.
cf‘. Même grandeur et mêmes formes que l’J. australis, mais plus trapue. Le pro-
thorax et les élytres plus larges. Le premier ayant ses bords latéraux un peu moins
rabattus et sa surface un peu bossuée, montrant ses deux sillons sous la forme de deux
enfoncements vagues, mais prononcés. Élytres moins longs à proportion, à chanip anal
un peu plus tronqué à l'extrémité. Abdomen plus large.
Couleur d’un jaune brûlé, ou d’un ferrugineux orangé ; l’abdomen obseur au bout ;
les bords du prothorax, subopaques, à peine translucides.
Longueur du corps, 0%,019.— Id. avec les élytres, 07,027. — Id. de Pélytre,
0m,023. — Largeur de l’élytre, 0,007. — Longueur du prothorax, 0",0053. —
Largeur du prothorax, 0,0073.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Neuchâtel.
Fig. 48. Ischnoptera fulua, Sss. G', de grandeur naturelle.
98. ISCHNOPTERA FLAVICOLLIS, Serv.
Flavo-ferruginea, pronoto minuto lato, antice attenuato et trumcato, postice late truncato,
lateribus subopacis, haud deflexis ; elytris maximis, sulco arcuato, campo anali subpolito,
marginali angusto ; lamina infra-anali obtuse exeisa; stylis sinuatis, acutis.
Kakerlac flavicollis, Serv. Orthop. 64, 4.
+ Prothorax petit, large et aplati; atténué en avant et tronqué à l'endroit de la
tête ; ses bords latéraux très-arqués, point rabattus; le bord postérieur tronqué aussi
(presque subangulaire) , dessinant des angles huméraux arrondis. La surface un peu
bosselée ; les deux sillons se confondant et ne formant presque qu'un enfoncement
vague, arqué et transversal. On voit aussi une légère dépression en arrière du bord
antérieur. Élytres très-amples et très-longs, déjiassant l'abdomen des deux cinquièmes
de leur longueur; à nervures toutes bien dessinées ; le champ marginal étroit; le
champ axillaire rabattu , bordé en dessus par un fort sillon axillaire , le champ anal
assez lisse, à nervures un peu effacées ; le sillon dorsal assez arqué, donnant aux deux
champs réunis une forme presque ovoïde plutôt que piriforme. Derniers segments de
l'abdomen terminés de chaque côté par une dent aiguë. Plaque sous-anale échancrée
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 157
à angle très-obtus. Stylets longs et sinués en forme de cornes, atténués et pointus.
Couleur d’un jaune ferrugineux transparent. Base des antennes en dessus, et ex-
trémité de l'abdomen un peu brunâtres. Bords du prothorax n'étant pas hyalins, mais
demi-opaques.
Longueur du corps, 0M,016.— Id. avec les élytres, 0®,024.— Id. de l’élytre,
0m,021.— Largeur de l’élytre, 0,007. — Longueur du prothorax, 0,004. —
Largeur du prothorax, 0,0055.
Habite : Java. (Musée de Neuchâtel.)
Cette espèce offre la plus grande analogie avec beaucoup d’autres. Elle diffère de
V1. Uhleriana par son prothorax moins elliptique, tronqué postérieurement et à sillons
moins pets, par ses segments abdominaux à angles aigus; par sa plaque sous-anale
large et échancrée.
Ce dernier caractère la disuingue aussi des Z. australis et fulva, ainsi que son pro-
thorax beaucoup plus petit par rapport au reste du corps et aux élytres ; par la bos-
selure du prothorax, par le champ anal des élytres plus lisse et le champ marginal
étroit, etc. Enfin elle diffère de la termitina par sa taille double et surtout par sa lar-
geur, et par les mêmes caractères.
29. ISCHNOPTERA TERMITINA (fig. 19 x).
Parvula, angusta, valde elongata; ferrugineo-hyalina; capite abscondito, vertice et
fronte fuscis, maculis 2 ocellaribus albidis ; pronoto minimo, elliptico, postice subarcuato,
disco piceo, bisulcato, lateribus pellucidis; elytris angustis perlongis, sed apicem versus
haud attenuatis ; margine vix arcuato.
Petite, mais très-allongée et étroite. Tête à peine apparente au delà du prothorax.
Prothorax transparent, large et transversal, elliptique, ou plutôt en trapèze dont les
angles seraient arrondis, bordé surtout fortement sur les côtés; le bord postérieur
légèrement arqué, l’antérieur aussi, n’offrant pas de troncature franche. Sa surface
ruguleuse, ponctuée. Les sillons du disque très-prononcés. Elytres très-longs, à bord
peu arqué, à extrémité large et arrondie ; leur marge, tombante à la base, et le bord
un peu réfléchi en haut; nervures loutes très-prononcées; celles de la marge très-
rameuses dans le dernier tiers. Nervures transversales disunctes, se voyant même dans
le champ anal. Celui-ci long et étroit. Le sillon anal à peine sinué. Pattes grèles.
Cuisses fortement épineuses.
Couleur transparente, gris-ferrugineus pâle; milieu du prothorax brun-testacé ;
158 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
vertex, front et souvent une bande sur la face, bruns. Deux taches ocellaires blan-
ches juxtaposées aux yeux. Hanches finement bordées de brun.
Longueur du corps, 0%,011.—Id. avec les élytres, 0M,015. —Id. de l’élytre,
0,013. — Largeur de l’élytre, 0",00%.— Longueur du prothorax, 0®,0027. —
Largeur du prothorax, 0,003.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Neuchâtel.)
Cette espèce est surtout remarquable par ses formes allongées, ses élytres qui, au-
repos, paraissent peu élargis au milieu et point atténués vers le bout; par un protho-
rax très-pelit, comparé à la longueur des élytres.
Fig. 19. Ischnoptera termilina, Sss. Œ', grossie.
Genre PANCHLOR A.
L'espèce qui suit forme dans le genre une section caractérisée par
des formes toutes spéciales.
Le prothorax , au lieu d’être simplement voûté, est façonné d'une ma-
nière particulière. Il est incliné; ses bords latéraux sont rabattus, ce qui
le fait paraître épais; le bord postérieur aussi est longuement prolongé
en forme de lobe. La tête est très-petite et rugueuse, saillante en avant
du prothorax. Enfin les formes sont très-larges et trapues, et l'abdomen
est aplati, ce qui n'empêche pas les élyres de déborder fortement ses
côtés, et d'en dépasser notablement l'extrémité.
Il se rapproche par plusieurs de ses caractères du groupe de la Pan-
chlora Surinamensis (tête saillante, prothorax élevé, etc.), par d’autres
du groupe des espèces à couleur vert-pàle (abdomen aplati, ailes allon-
gées, etc.), et il a même une couleur presque intermédiaire entre celle
qui caractérise ces deux groupes.
La forme du prothorax rappelle un peu certains Perisphæria (sauf au
bord postérieur) et aussi un peu les Homeogamia.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 159
30. PANCHLORA ÆSTUANS (fig. 20 ').
Fusca, vel subuirescens, crassa; capite minuto, antice planato, striato, vertice promi-
nente; pronoto striato, declivi, lateribus valde deflexis, pallidioribus, margine postico
medio in processum valde producto, disco ruguloso, nigro, testaceo signato ; elytris reticu-
latis, latis ; campo anali striato, apice acuto; margine pallido, arcuato; cercis elongatis.
cf. Corps très-large et trapu. Prothorax large et très-incliné; son extrémité pos-
térieure longuement prolongée en arrière en forme de lobe arrondi à l'extrémité; le
disque incliné en avant et les côtés fortement rabattus, tombants; le milieu du bord
antérieur formant une petite voûte plaquée sur la tête; la surface, striolée, finement
siriée eu travers à l’extrémité antérieure, et offrant sur le replat postérieur de plus
grandes stries transversales ; le disque un peu ciselé et ruguleux. Tête très-petite,
dépassant le prothorax; yeux rapprochés au vertex, celui-ci rugueux en dessus; toute
la face antérieure aplatie, fortement striée en travers, offrant au milieu une double
impression ou une espèce de sillon transversal ; le front aplati, portant de chaque côté
une sorte de carène arquée bordant la fossette antennaire. Corps très-large , très-
aplati, l’abdomen cependant rétréci en arrière ; ses segments terminés par des angles
mousses ; la plaque sous-anale petite et arrondie, luisante et striée; le segment qui
précède, si fortement échancré qu'il disparait sous le précédent, en sorte qu'on n’a-
perçoit plus que ses angles latéraux. Le bord postérieur des deux segments qui pré-
cèdent, lui-même concave. Filets anaux grêles, assez lougs, stylets assez longs aussi.
Élytres et ailes dépassant notablement l'abdomen, débordant beaucoup le corps laté-
ralement, presque demi-membraneuses , ortement réticulées; le champ anal très-
large, mais terminé en pointe, opaque, assez finement ponctué, offrant de nombreuses
nervures longitudinales; le champ marginal médiocrement large, égal; le bord très-
arqué, bordé, sinué, seulement à l'extrémité. Ailes réticulées et grisätres. Pattes grêles,
assez courtes, très-comprimées; Quisses inermes, mais garnies de poils spiniformes.
Couleur d’un brun un peu verdâtre ; antennes noires avec les deux premiers arti-
cles roux. Tête roussâtre avec le front noirâtre. Abdomen roussâtre en dessous; la
plaque sous-anale bordée de jaune. Bords latéraux du prothorax un peu testacés; le
disque offrant un écusson noirâtre à deux pointes, avec quelques marques testacées;
presque toute la marge des élytres pâle.
Longueur du corps, 0M,0165.— Id. avec les élytres, 0,022. — Id. de l'élytre,
02,020.
Habite : Le Sénégal. (Musée de Genève.)
Fig. 20 Panchlara æstuans, Sss. cf, un peu grossie
£ peu g
160 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
51. PANCHLORA SURINAMENSIS, Lin.
Sous cette espèce viennent se ranger la BJ. indica, Fabr., Serv., et la BI. cor-
ticum, Serv. Nous possédons de fort petits individus de l’île Bourbon qui pourraient
former une autre espèce, quoiqu'ils me semblent offrir tous les caractères de la P. Su-
rinamensis, si ce n’est que les élytres sont un peu moins longs que l'abdomen. —
Longueur du corps, 0m,014.
Un çj* de Chine a les bords latéraux du prothorax un peu plus réfléchis que les
individus de France et des Indes, et les yeux presque deux fois moins écartés. Le
corps et les élytres sont assez pâles. — Serait-ce une espèce distincte?
Genre PROSCRATEA, Burm.
52. PROSCRATEA DIMIDIATA.
Fusca, deplanata ; vertice prominente; pronoto elliptico, deplanato, supra corrugato,
pellucido, macula disci fusca ad marginem posticum producta; elytris corpore longiori-
bus, venoso-reticulatis, margine lato et in dorso macula basali, albidis.
Assez petite, aplatie. Tête large et saillante au vertex. Face aplatie, lisse. Pro-
thorax parfaitement aplati, à surface chiffonnée; de forme elliptique; son bord pos-
térieur subarqué, dessinant presque un angle à chaque épaule; le bord antérieur
arqué, les latéraux formant presque un angle arrondi. Plaque suranale très-grande,
tronquée au bout ou subéchancrée. Filets anaux longs. Élytres étroits, dépassant
notablement l'abdomen, à nervures élevées, réticulées et fortement striées longitudi-
palement; leur champ anal étroit et piriforme, strié; nervures longitudinales de ce
champ à peine obliques, rapprochées et nombreuses, offrant toujours une veine plus
faible entre deux plus fortes; champ marginal point creusé, à nervures costales dis-
unetes.
Couleur brune. La bouche et parfois les pattes, testacées. Prothorax incolore,
orné au milieu d’une tache brune qui atteint le bord postérieur en s’attéouant. Ély-
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 161
tres bruns avec une large bande marginale un peu élargie au milieu, qui occupe tout
le champ marginal et s'étend jusqu'à l'extrémité de l’élytre, blanche ou incolore, ainsi
qu’une tache humérale dans le champ anal. Ailes blanchâtres ou incolores.
Longueur du corps, 0",0125. — Id. avec les élytres, 0M,015.— Id. de l’élytre,
0m,0125.
Habite : Madagascar, selon l’éiquette.
La Nauphoeta lyrata, Burm. (ornata, Serv.), a les bords du prothorax si peu ra-
battus qu’elle doit plutôt figurer dans le genre Proscratea que dans le genre Nau-
phoela.
Genre ZETOBORA, Burm.
Division ZETOBORA, Burm.
(Sauss., Revue Zool., 1862, 232. II.)
Prothorax un peu incliné, un peu bossué, mais à bord antérieur di-
laté, lamelleux et réfléchi; le bord postérieur arqué, formant au milieu
un angle très-obtus; ses extrémités en dehors des épaules fortement
brisées, dirigées très-obliquement en avant, et formant à la rencontre
du bord antérieur des angles presque droits. (Le bord postérieur, à cause
de cela, aussi arqué que lantérieur.)
(Élytres très-longs, à marge peu excisée après le milieu, dépassant
notablement le corps. Filets anaux assez longs. Formes assez grêèles.)
53. ZETOBORA GRANICOLLIS (fig. 21).
Fusea; pronoto eucullato, sparse granulato, margine amtico areuato, subpellueido, fusco
sparse granulato; postico arcuato, subtriangulato; angulis lateralibus subobtusis ; elytris
ubique reticulatis, apice latis, margine antico subexciso; alis subfuscescentibus, campo pos-
tico pellueido, longitudinaliter venoso, vix perspicue reticulato.
Moyenne. Antennes fines, moniliformes. Face lisse, un peu concave entre les yeux,
TOME xvu, 17e PARTIE. 21
162 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
offrant un sillon arqué transversal entre les fossettes antennaires ; l'espace placé au-
dessous finement strié et un peu enfoncé. Prothorax elliptique, assez plat, dépassant
notablement la tête; sa surface semée de granulations espacées, un pen bossuée, of-
frant un capuchon céphalique distinet placé entre des sillons ; les deux bords presque
également arqués, mais le postérieur offrant trois angles très-obtus, lun au milieu,
et deux aux épaules ; le bord antérieur réfléchi et finement bordé; les angles latéraux
neltement marqués. Abdomen aplati. Plaque sons-anale arrondie. Elytres longs et
amples; le champ marginal assez large. rabattu, coriacé, réticulé à la base, puis par-
couru par des nervures très-obliques et rameuses; le bord arqué dans sa première
moitié, légèrement excisé après le milieu. Champ postérieur large, largement arrondi
à l'extrémité, partout fortement réticulé ; champ anal également réticulé, assez large ;
le sillon dorsal très-arqué, presque brisé au milieu.
Couleur brune; fossettes antennaires et bouche testacées; prothorax brun-foncé,
avec le bord antérieur assez largement diaphane, moucheté par les granulations de la
surface qui sont brunes. Ailes brunâtres dans le champ antérieur, transparentes dans
le champ postérieur, lequel est parcouru par des nervures rayonnantes brunes, par-
fois interrompues et séparées par des vestiges de réticulation.
Longueur du corps, 0,02%. —Id. avec les élytres, 0,030. — Id. de l’élytre,
0,025.— Id. du prothorax 0®,0067. — Largeur du prothorax, 0,010.
Habite : La Nouvelle-Hollande. (Musée de Genève.)
Fig. 21. Zetobora granicollis, Sss. de grandeur naturelle. (Le bord antérieur du prothorax est un peu
trop arqué au milieu; le bord postérieur ne l’est pas tout à fait assez, et il est trop régulièrement, ses
trois vestiges d’angles n'étant pas indiqués.)
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 165
Genre HORMETICA,. Burm.
Sous-genre BRACHYCOLA, Serv.
(Sauss., Revue Zool., 1862, 255. I.)
Prothorax enfoncé au milieu et offrant de chaque côté une bosse.
54. HorMETICA (Br.) COQUERELIANA (fig. 22 ©).
Testacea, capite, pronoto et segmentis omnibus fusco-marginatis; pronoto ubique gra-
nulato, in medio maxime excavato, utrinque tuberculo compresso maximo instructo, mar-
gine postico haud marginato, antico reflexo, canaliculato ; elytris nullis; abdominis seg-
mento ultimo supra emarginato, penultimo valde exciso.
@. Grande. Antennes épaisses, à articles fortement séparés vers le bout, garnies
au milieu d'une brosse de poils rudes et serrés. Front large. Prothorax partout for-
tement granulé, offrant au milieu un très-grand et très-profond enfoncement qui se
prolonge presque jusqu’au bord antérieur en formant une espèce de gonttière ru-
gueuse ; de chaque côté une très-forte bosse, un peu comprimée, offrant presque ane
arête au sommet; le bord postérieur droit, point rebordé; l’antérieur, au contraire,
fortement bordé et canalieulé tout le long de sa courbure ; le milieu de ce bord forte-
ment relevé et épaissi de manière à offrir par-devant une surface en forme de bande.
Méso- et métathorax fortement ponctués ; abdomen ponctué. Plaque suranale arrondie
et échancrée au milieu. Segment pénultième de la face ventrale ayant son bord posté-
rieur sinué en forme de V. Élytres et ailes nulles. Tibias armés de très-fortes épines.
Couleur brun-chocolat. Méso- et métathorax, ainsi que les segments de l'abdomen,
testacés à la base, bruns au bord, mais la couleur brune paraissant seule à l’extré-
mité. Pattes testacées.
Longueur du corps, 0°,038. — Id. du prothorax, 0",013.
Habite : Madagascar. Recueillie par le D' Coquerel. (Musée de Genève.)
Ce type forme un petit groupe caractérisé par ses antennes munies d’une brosse
de poils serrés et par l'absence totale des organes du vol.
Fig. 22. Hormetica Coquereliana, Sss. ©, de grandeur naturelle.
164 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
Genre PLANETICA', nov. gen.
Prothorax trapezoidalis, elongatus: postice latus, planus, truncatus:
antice angustior, subselliformis. Elytra et alæ elongata. Pedes qracillimr,
perlongi, femoribus muticis.
Tête globuleuse, dépassant un peu le prothorax, offrant deux gros
ocelles. Palpes longs; le dernier article un peu plus long que le précé-
dent, un peu aplati et poilu. Antennes...? (probablement longues et
épaisses, à en juger d'après le premier article et les formes générales).
Prothorax en forme de trapèze allongé, offrant quatre bords distincts:
un postérieur, large et tronqué; un antérieur plus étroit, et deux laté-
raux droits et convergents d'arrière en avant. La surface, rugueuse et
faconnée en forme de selle; l'extrémité postérieure plate, l'antérieure
relevée et Les bords latéraux rabattus à l'extrémité antérieure; le bord
antérieur formant une voûte demi-circulaire qui enchàsse exactement
la tête.
Mésothorax et métathorax étroits.
Abdomen assez convexe en dessous, s’élargissant jusqu’au quatrième
segment; les suivants formant un triangle terminal. Filets anaux assez
longs, grêles et obtus; leurs articles assez distincts, quoique soudés
entre eux.
Élytres très-longs, fortement veinés, augmentant un peu de largeur
jusqu'aux deux tiers de leur longueur. La nervure humérale droite.
Ailes longues, garnies de nervures rameuses. Le champ postérieur pe-
tit, quoique presque aussi long que lantérieur.
Pattes très-longues et très-grêles, à peine comprimées; cuisses inermes,
libias armés d'épines fines. Tarses garnis en dessous de semelles dis-
linctes; la pelotte, entre les crochets, large et courte.
\ Iazvezteis, vagabond.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 165
Ce type est très-caractéristique dans toutes ses parties, mais surtout
par la forme tout exceptionnelle de son prothorax, par la longueur
extraordinaire des pattes, qui sont aussi singulièrement grêles, et qui
n'offrent d’analogues que dans le genre Archiblatta.
Un examen attentif révèle cependant des affinités évidentes entre les
Planetica el plusieurs autres genres :
1° Quoique beaucoup plus svelltes, ils rappellent un peu les Panesthia,
surtout dans la tête et la forme du prothorax, bien qu'ici cette pièce soit
beaucoup plus allongée ; (mais les longs élytres sont fortement siriés, et
les ailes offrent des nervures longitudinales beaucoup plus fortes, plus
rameuses.)— Le lobule raccourci des crochets tarsiens est aussi un ache-
iniement vers le genre Panesthia.
2° La petitesse des pelottes chez les Planetica rappelle les Hormetica,
et le prothorax ne manque pas d’une certaine analogie dans les deux
genres, élant tronqué postérieurement (mais chez les Planetica il Vest
aussi antérieurement), quoique tous les autres caractères diffèrent.
5° Notre genre à aussi un certain facies de Periplaneta, à cause de
ses longues paltes; mais ces organes sont encore plus longs, grêles et
cylindriques. Les filets anaux soudés en une pièce distinguent aussi ce
genre des Periplanela.
4° Mais les Planetica sont très-proches parents des Archiblatta'. En
effet, ceux-ci ont les pattes taillées sur le même modèle, et ils ne diffè-
rent guère des premiers que par l'absence des organes du vol et par la
présence d'épines assez fortes aux tibias. On peut ajouter que chez les
Archiblatta le prothorax est aussi plus allongé, plus carré, et que la tête
est plus saillante que chez les Planetica.
Ces deux genres sont les seuls connus chez lesquels on observe celte
forme de pattes frès-allongées, lrès-grêles et cylindriques.
! C'est seulement très-récemment que j'ai eu connaissance de ce genre de Java, grâce à la com-
munication du travail de M. Snellen de Vollenhoven (Beschrijving eencr nieueve soort van kakkerlak uit
Sumatra, Archiblatta Hævenii, br. in-80, 1 pl.1. Les genres Planetica et Archiblatta devront peut-être
n'en former qu'un, si l'on vient à trouver des types intermédiaires qui leur servent de liaison.
166 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
39. PLANETICA ARANEA (fig. 25 9.
G. Magna fusca; pronoto elongato-trapezo-selliformi, corrugato et grosse cribrato,
elytris corpore toto longioribus ; pedibus fere filiformibus, femoribus posticis rufescenti-
bus duplo longioribus quam tarsi.
cf. Tête lisse, luisante : au bas de la face une impression transversale striée , et,
entre les ocelles, une autre impression moins forte, terminée en pointe; de chaque
côté de cette pointe, au-dessus de chaque ocelle, des rides transversales. Prothorax
aussi long que large (mais paraissant plus long, en forme de selle trapézoïdale) ; les
angles du trapèze émoussés, arrondis; le bord postérieur transversal subéchancré au
milieu. La surface, cabossée, rugueuse, très-grossièrement criblée, surtout sur les
côtés ; sur le disque, les bosselures sinueuses et compliquées, assez exemptes de pone-
tuations, partagées par un vestige de carène. Mésothorax et métathorax lisses; le
corps comme un peu étranglé à la base de l'abdomen. Celui-ci ayant une forme pen-
tagonale allongée. Plaque sous-anale débordant un peu la suranale ; toutes les deux
à bord arrondi. Filets anaux assez longs, obtus au bout. Stylets très-distinets. Élytres
plus longs que le corps tout entier, étroits, coriacés, surtout à la base, s’élargissant
vers le bout; le bord antérieur très-arqué à l'extrémité; la marge cornée, fortement
ponctuée, fortement rabattue; son bord, arqué dans sa première moitié. La nervure
humérale formant une forte arête droite; le champ anal allongé, à pointe arrondie,
coriacé, veiné longitudinalement et couvert de ponetuations réticuleuses ; sa surface
remplie de fortes nervures rameuses, entre lesquelles sont de petites réticulations
irrégulières, entourant de larges ponctuations ; l'extrémité, demi-membraneuse, presque
plissée, réticulée de nervures transversales assez fortes et nombreuses, mais parais-
sant peu distinctes à cause des fortes stries longitudinales. Ailes grandes: toute leur
marge coriacée jusqu'à l'extrémité, rabattue à la base; le reste du champ antérieur
strié et réticulé comme l’élytre; champ postérieur transparent, offrant de fortes ner-
vures longitudinales : la première divisée en deux, puis en cinq branches; les nervures
transversales seules faibles. Pattes très-fines, longues et linéaires; cuisses posté-
rieures comprimées ; tibias cylindriques ; leurs épines fines et espacées ; larses posté-
rieurs à peine à moitié aussi longs que les tibias.
Couleur d’un brun foncé; pattes moins foncées, tibias postérieurs ferrugineux ou
rougeûtres, noirs à la base; ailes brunâtres dans le champ antérieur, comme les ély-
tres, avec la marge brun-foncé.
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 167
Longueur du corps, 0%,038.—Id. du prothorax, 0m,011.—I4 de l'élytre,
0m0%3 —Id. du tibia postérieur, 0,019.
Habite : Pulo-Penang. (Musée de Genève.)
Fig. 23. Planetica aranea, Sss. G' de grandeur naturelle.
Genre PANESTHIA, Serv.
Arrangement des espèces.
1. Bord antérieur du prothorax tronqué; son échancrure petite et
aiguë ; les bords de l'extrémité de l'abdomen plus ou moins dentelés.
P. morio, Burm. — regina, Sauss.
2. Échancrure du bord antérieur du prothorax large et obtuse.
a. L'échancrure offrant trois tubercules :
P. Javanica, Serv. (afinis, Burm.) — transversa, Burm.
b. L'échancrure n'offrant que deux tubercules formés par ses angles :
P. angustipennis, Burm. — mandarinea, Sauss.
36. PANESTHIA REGINA (fig. 24).
Valida, fusca, subtus castanea; pronoto gibberoso, punctato, antice rugoso ; margine
antico late truncato, reflexo, incisura minima utrinque cornigera ; disco utrinque bitu-
berculato ; abdomine supra grosse punctato, margine segmentorum 2 ultimorum denti-
culato ; elytris corpore longioribus, basi fascia rufescente; margine basi reflexo, grosse
punctato.
Grande. Face un peu enfoncée au milieu et garnie de ponetuations un peu dis-
tantes. Antennes poilues, fortement moniliformes. Prothorax fortement bosselé, ses
bords latéraux arrondis; l’antérieur largement tronqué, fortement relevé, terminé de
chaque côté par une petite saillie, n’offrant au milieu qu'une très-petite échancrure
angulaire, de chaque côté de laquelle est un peut tubereule pyramidal. Le sillon eu
163 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
forme de V remontant jusqu’en arrière du milieu du prothorax ; de chaque côté de
celui-ci deux tubercules, et vers le milieu du bord postérieur un très-petit enfonce-
ment. La surface postérieure lisse, portant des points enfoncés; ceux-ci toujours plus
abondants et plus forts en avant; la portion antérieure rugueuse; le V très-rugneu-
sement chagriné. Plaque sous-anale rugueusement ponctuée, à bords réfléchis, offrant
à l'extrémité comme une échancrure remplie par une lame surjacente; les segments
dorsaux très-grossièrement criblés, surtout les deux derniers, qui sont excessivement
ruguenx ; le dernier segment, à bord arqué, denticulé, ainsi que les bords latéraux
de l'avant-dernier, lequel se termine de chaque côté par une épine. Filets anaux tu-
bereuliformes. Elytres dépassant notablement l’abdomen; leur marge grossièrement
ponctuée à la base, à bord réfléchi; le champ postérieur à nervures prononcées et
fortement arquées. Une dépression allongée en dessus, au milieu de la longueur, le
long de la nervure principale. Sillon presque droit ; champ anal aigu, lancéolé, lisse.
Ailes atteignant l'extrémité des élytres au repos.
Couleur d’un brun-marron foncé, un peu plus clair en dessous; bouche presque
testacée ; antennes subferrugineuses. Élytres bruns; leur base couverte d’une bande
transversale d’un brun roux.
Longueur du corps, 0",043.— Id. avec les élytres, 02,056.
Habite : Java. (Musée de Neuchâtel.)
Cette espèce semble se rapprocher, par la forme du prothorax et les dentelures
du bord de l'abdomen, de la P. morio, Burm., mais elle en est bien distincte par
ses longs élytres.
Fig. 24. Panesthia regina, Sss., de grandeur naturelle.
57. PANESTHIA MANDARINEA (fig. 25).
Nigra, nitida, capite prominulo ; pronoto brevi et lato, grosse punctato, incisura lata
instrücto, utrinque tantum subcornigero, sulco profundo, late arcuato; elytris sat an-
gushs, basi nigris, fascia media albida, dein fuscescentibus, apice incoloribus.
Formes très-larges. Tête irrégulièrement ponctuée en devant. Vertex dépassant
le prothorax. Celui-ci large et court, presque en forme d’ellipse transversale, eriblé de
grossières ponetuations enfoncées; son bord antérieur assez largement échancré au
milieu et relevé ; l’échancrure à angles un peu saillants, mais sans trace de tubercule
médian; le sillon en V très-profond, très-court, large et obtus; en arrière de ce sillon,
on voit une espèce de bourrelet coupé carrément à ses bords postérieurs et latéraux,
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES. 169
et en avant une petite saillie en forme de V {ou deux saillies obliques). Écusson partagé
par une petite carène. Élytres assez étroits, laissant l'écusson largement à découvert,
très-plats et Inisants en dessus: leur marge fortement rabattue, grossièrement pone-
tuée, à bord relevé, fortement excisé; la marge très-étroite et chiffonnée dans sa se-
conde moitié (depuis le point où elle est excisée); sillon dorsal un peu arqué. Cuisses
très-larges. (L'abdomen manque.)
Couleur noire; le corps en dessous un peu brunâtre. Ecusson et base des élytres
noirs, formant une bande transversale de cette couleur, à bords déconpés. Cette bande
suivie d’une large bande blanchätre qui traverse les élytres ; le reste, c’est-à-dire la
seconde moitié des élytres, d’abord brun à la suite de la bande blanche, devenant
ensuite transparent, incolore. Ailes brunes à la base, blanches au bout.
Longueur, 0%,032. — Id. de l’élytre, 0,026. — Largeur du prothorax, 0m,011.
— Longueur du prothorax, 0M,0065.
Habite : La Chine. (Musée de Neuchâtel.)
C'est avec la P. transversa, B., que cette espèce a le plus d’analogie. Elle s’en
distingue par léchanerure du prothorax, qui n'offre pas de tubercule médian.
Fig. 25. Panesthia mandarinea, Sss., de grandeur naturelle. — 24 a. Le prothorax, pour la forme de
ses dessins en relief.
TC LCAMOSRATS =
ToME xvu, 17e PARTIE. 29
170
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE MÉMOIRE.
Pages Pages
BATMAN ent ee 148 ÉDÉTESIDION A re rc eee oe 146
BlFabDrevial ec ccm ere 149 EPIPAMPRA TERRE Ce Tee 144
BI ADaAG IA ce AN RES te 150 ÉSblattoides tree nee ere 145
BlACOUOnIANA RE re ee ee 150 HACrIbrata ee er net eee 144
BI CUDENRIS Ne 2 ec reneu 151 HORMENICARER TRE 163
PMU E ere 153 HNGoquerelanase-" "Ferre 163
br DIN ESSe cotooononbono es 154 ISCHNOPTERANEEERAER ER RCE 155
BIMHUMDETIANAES- LE TC 153 JFaustralis er Re ER eee 155
BIMTAlEr AA MERE ER E EC PE TE EEE CET 151 RENE Sc seodacartércoux 156
PÉRUNOA AE eme de crient 148 DUAL Re E ee Te 156
BÉEPHARODERA 2 Crete 138 Lternnitinaner 2er mue Ence 157
BRACHYCOBAT 2-2. creer 163 PANCHDORAM ee 158
CHALCOBAMPRA ER ee ec cere 132 P'HBSUANS EM ME enr etat 159
CORVDIARER ER RREE EPE e 139 P. Surinamensis ...,............ 160
CORVDTA RE A eee eru 139 PANESTETA MER nee demie etae 167
CAGRETNIANA AE AMEN 140 PMmandarineas se ee. 168
DEROPEBTIS EEE AE CEE 136 li tbaobeaespococonacoccs 167
PERISPHÆRIA . ......
PERISPHÆRIA..….
P. emortualis. .. ...
PANNES EEE
PAGIOmenS-.--. 6
P. Humbertiana . . .
Piasericeds 2e en
PLANETICA
Pliarenea 2...
PHLEBONOTUS . . . ....
PHORASPIS
Ph anomalase.
Ph. Porcellana .......
POLYZ0STERIA.. ......
MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
Pages
Arr ne On PORYZOSDERTANE ee
LD RP ACUDreR 2 Re ci ee
A Re © 138 PÉRHUNIDETHANA ruse
RER RE 136 PINCE ESS PERRET
rer 135 P'Slimbata PE creator
Se DETE 126 PAPiCte anale EE MEL ET.
ROUE 137 PROSFRATEAR "FRE Re
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28 MÉLANGES ORTHOPTÉROLOGIQUES.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fig. 1 ©. Polyzosteria Pictetiana (n° 3). Femelle de grandeur naturelle.
Fig. 2 ©. Polyzosteria cuprea (n° 4). Extrémité de l'abdomen et plaque sur-anale de la femelle.
Fig. 3 ©. Polyzosteria limbata (n° 5). Extrémité de l'abdomen et plaque sur-anale de la femelle.
Fig. 3 d'. Les mêmes parties chez le œ.
Fig. 4 ©. Perisphæria Glomeris (n° 6). Femelle de grandeur naturelle.
4 a. Les derniers segments abdominaux vus en dessus, grossis.
Fig. 5 ©. Perisphæria fliwvipes (n° 8). Mâle grossi.
Fig. 6 ©. Perisphæria emortualis (n° 11). Mâle grossi.
Fig. 7 @. Corydia Guerimiana (n° 12). Mâle de grandeur naturelle.
Fig. 8. Phoraspis (Phlebonotus) anomala (n° 13), de grandeur naturelle.
Fig. 9 ©. Phoraspis (Thorax) Porcellana (n° 14). Femelle de grandeur naturelle.
Fig. 9 œ. Le mâle du même.
9 a. L’extrémité de l'abdomen du mâle vue en dessous, grossie.
Fig. 10 Epilampra cribrata (n° 15), un peu grossie.
10 a. L'extrémité de l'abdomen vue en dessous, grossie.
Fig. 41 ©. Thyrsocera australis (n° 17) Femelle grossie.
41 a. Le contour du prothorax du même.
Fig. 12 ©. Blalta truncata (n° 18). Femelle grossie.
. Blatta abbreviata (n° 19). Mâle grossi.
c'
Fig. 14 ©. Blatta Couloniana (n° 20). Mâle grossi.
14 a. La plaque sur-anale du même, grossie,
Fig. 15 ©. Blatta badia (n° 21). Mäle de grandeur naturelle.
15 a. La plaque sur-anale du mâle, grossie.
Fig. 16 ©. Blatta phalerata (n° 22). Femelle grossie.
Fig. 17 œ. Ischnoptera australis (n° 26). Mâle de grandeur naturelle.
Fig. 18 œ. Ischnoptera fulva (n° 27). Màle de grandeur naturelle.
Fig. 19 ©. Ischnoptera termilina (n° 29). Mâle grossi.
Fig. 20 ©. Panchlora æstuans (n° 30). Mäle un peu grossi.
Fig. 21 Zetobora granicollis (n° 33), de grandeur naturelle.
Fig. 22 ©. Hormetica (Brachycola) Coquereliana. Femelle de grandeur naturelle.
Fig. 23 ©. Planetica aranea. Mâle de grandeur naturelle.
Fig. 24. Panesthia regina (n° 36), de grandeur naturelle.
Fig. 25. Panesthia mandarinea (n° 37), de grandeur naturelle
25 a. Le prothorax du même.
Wélanges Orthoptéro logiques
MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES
PAR
Henr: pe SAUSSURE
(Communiqués à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 3 décembre 1863.)
RS ES Sn — =
Il
MESPIDES
J'ai publié un premier fascicule de Mélanges hyménoptérologiques dans
le tome XIV des Mémoires de cette Société. Depuis cette époque le
cours imprévu des événements m'a continuellement entrainé vers des
recherches d’un autre ordre qui ont changé la direction de mes études
et qui ont amené une longue interruption dans la publication de ces
Mélanges.
Aujourd'hui je profite de quelques nouveaux documents sur les Gué-
piaires pour en former un second fascicule et reprendre ainsi le fil in-
terrompu de ce travail.
La plus grande partie des matériaux qui suivent a été puisée dans le
Musée de Senkenberg, où se trouve déposé le riche butin que le célèbre
voyageur Rüppell a rapporté d’Abyssinie, ainsi que d’autres collections
précieuses, dont M. L. de Heyden a bien voulu me confier la détermi-
nalion. J'ai recueilli des notes non moins utiles, quoique moins nom-
TOME xvI1, 17° PARTIE. 22%
172 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
breuses, dans la belle collection du Dr Sichel et dans celle du Musée de
Paris, dont quelques types ont dû être soumis à un nouvel examen.
Comme ce fascicule ne traite que des guêpes, il forme une sorte de
supplément à mes Études sur la famille des Vespides ".
1. RÉVISION DU GENRE SYVAGRIS.
4° Ce genre paraît être assez nombreux en espèces et, comme presque
tous ses représentants se ressemblent intimement entre eux, ils sont fort
difficiles à distinguer. Lorsque je publiai mes Études sur la famille des
Vespides, le nombre des Synagris connus était encore fort limité; main-
tenant il s’est beaucoup accru, en sorte que les caractères sur lesquels
j'avais d’abord cru pouvoir établir la diagnose des espèces ne sont plus
suffisamment spéciaux pour les faire distinguer.
2 Si l’on excepte quelques espèces très-saillantes par leurs formes et
leur livrée, les autres se ressemblent toutes au point de se confondre.
Elles sont toutes d’un noir velouté, avec l'extrémité de l'abdomen orangé
et les ailes d’un brun violet. Le chaperon et les antennes sont, ou d’un
ferrugineux obscur, ou d’une couleur plus vive qui va jusqu’au jaune-
orangé. Presque toutes ont le postécusson et le métathorax construits sur
le même plan : le postécusson bidenté, le métathorax biépineux, (presque
toutes ont aussi le métathorax fortement strié ou plissé). Il n’y a qu’une
seule espèce connue qui fasse exception à ces caractères, dont nous sous-
entendons par conséquent l'existence, lorsque nous n’en faisons pas men-
tion dans les diagnoses.
! Voyez aussi les Mémoires suivants qui forment autant de suppléments à cet ouvrage :
Description de quelques nouvelles espèces de Vespides du Musée de Londres. (Revue Zool., 1855.)
Note sur la famille des Vespides. (1bid., 1858.)
Description de quelques Vespides nouveaux. (Annales de la Soc. Entom. de France, 1851.)
Bemerkungen über die Gattung Vespa. (Entom. Zeitung v. Stetlin, 1851.)
Sur divers Vespides asiatiques et africains du Musée de Leyden. (Ibid., 4862.)
Synopsis of American Wasps.
1IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 175
5° Les seuls caractères appréciables qui nous ont paru séparer les
espèces sont : a) la composition des palpes maxillaires ; b) la forme du
chaperon; c) la forme des mandibules; d) la couleur du troisième seg-
ment abdominal, tantôt jaune, tantôt noire. Ce dernier caractère est
probablement assez variable, et il ne demande aucune explication; mais
les trois qui précèdent réclament quelques développements.
a) Palpes maxillaires. est certainement fort curieux que la compo-
sition des palpes maxillaires puisse offrir de si grandes divergences chez
des insectes qui se ressemblent à tel point qu’on n'arrive à les distinguer
qu’au moyen de l'examen le plus minutieux. Ces organes possèdent en
effet tantôt trois, tantôt quatre, tantôt cinq articles distincts. Il résulte
de ces différences trois catégories d'espèces que l’on ne peut reconnaître
que par la dissection de la bouche, car rien ne trahit, dans l'aspect ex-
térieur des Synagris, à quelle catégorie elles appartiennent. Cette opéra-
tion est du reste d’autant plus indispensable que les caractères extérieurs
quelque peu appréciables, tels que la forme du chaperon et des man-
dibules, se répètent avec des formes plus ou moins similaires chez les
espèces des trois catégories, en sorte qu'il est impossible de se fixer
exactement sur l'identité de l'espèce tant qu’on ne s’est pas livré à l’exa-
men consciencieux des organes buccaux. Toutefois, il n’est pas de rigueur
de disséquer toutes les parties de la bouche; il suffit, le plus souvent,
d’en extraire une mâchoire; mais il faut avoir soin de la coller sur un
petit morceau de carton afin de pouvoir lexaminer à son aise au micros-
cope, car la loupe donne toujours à ces petits organes des apparences
trompeuses. Quand on croit pouvoir se passer de disséquer la bouche,
et qu’on se contente d’en examiner les parties en place à la loupe, on
commet presque toujours des erreurs sans s’en douter‘.
Je me suis servi du caractère tiré du nombre des articles des palpes
maxillaires pour l'établissement des subdivisions du genre, comme étant
‘ Il est très-utile de piquer à l'épingle de l’insecte la petite carte qui porte la mâchoire bien étalée,
afin de pouvoir à loisir comparer la bouche des diverses espèces, lorsqu'on les étudie comparativement
entre elles.
174 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
le plus naturel qu’on puisse choisir chez ces insectes dont la physiono-
mie extérieure n'offre presque aucune diversité; mais cette méthode n’est
pas sans inconvénients. En effet, lorsque les palpes ne possèdent que trois
articles, ceux-ci sont aplatis, assez uniformes, et ils ont exactement la
même apparence que les trois premiers articles chez plusieurs espèces
qui en possèdent quatre. Le troisième, en particulier, est tronqué obli-
quement à l'extrémité, ou effilé, comme le sont les articles non terma-
naux, et nullement parabolique ou arrondi au bout comme les articles
terminaux. Il résulte de cette observation que, lorsqu'on ne découvre
que trois articles à un palpe, il faut toujours craindre que le quatrième
ne soit tombé. On ne saurait donc user de trop de précautions dans la
dissection de la bouche des Synagris, ni examiner leurs palpes avec trop
de soin. Lorsqu'on ne trouve que trois articles à la première mâchoire,
il est bon d'extraire la seconde mâchoire, afin de s'assurer que ces or-
ganes ne possèdent bien que trois articles, et non un quatrième qui se
serait détaché. La petitesse du quatrième article chez les espèces qui en
possèdent plus de trois, et l'extrême ressemblance des trois premiers avec
les trois articles des espèces qui n’en possèdent que trois, fait que l’on se
demande si le quatrième article n’est pas sujet à tomber durant la vie de
l'insecte, et si la division Antagris ne serait pas seulement basée sur
des individus mutilés, ayant perdu leur quatrième article maxillaire.
Maloré ce que cette supposition semble avoir de probable, il ne m'est
cependant pas possible de l’adopter. En effet, chez certaines espèces bien
fixées spécifiquement par le seul secours de la forme des mandibules,
du chaperon, etc. (comme la S. cornuta, par exemple), je n’ai Jamais
trouvé aux palpes que trois articles, et j'en dois conclure que c’est bien
là l’état normal de ces espèces, et point un état résultant de la chute
nalurelle ou accidentelle d’un quatrième article.
Chez les espèces dont les palpes sont composés de cinq articles, les ar-
ticles tendent à s’allonger, à devenir cylindriques et à prendre une forme
bien définie ‘. On marche vers le type des genres Odynerus et Rhynchium.
! Vide Sauss. Vespides 1, pl. V, fig 2e, d; 3 b, etc,
1IMe FASCICULE. — SYNAGRIS. 175
Enfin, on rencontre des insectes chez qui le sixième article palpaire est
développé, mais qui conservent encore le facies et la livrée des Synagnis:
ce sont là déjà des Rhynchium. (Rhynchiums synagriformes : Rh. abys-
sinicum, æsluans, fallax, Sichelii, ete.)
b) Le chaperon offre le caractère distinctif le plus facile à apprécier.
Il a en général la forme d’une poire tronquée, mais il varie beaucoup;
il est souvent très-allongé, comme les mandibules, et il se termine
en pointe tronquée ou arrondie. Chez les G il est d'autant plus long
que les mandibules sont plus droites; chez les espèces à mandibules
très-difformes, il est très-court et plus largement tronqué (S. calida,
Sichelii). Cette pièce n’a pas la même forme dans les deux sexes : elle
est plus allongée, moins tronquée chez les ©, mais elle n’est Jamais
cordiforme, courte, rugueuse et terminée en pointe, comme chez les
Rlynchium.
c) Mandibules. Ces organes sont très-allongés chez les Synagris. Dans
presque loutes les espèces (S. cornuta excepté) ils sont un peu arqués,
à convexité antérieure; par leur réunion, ils forment un long bee, et leur
bord interne est en général marqué de trois coches ou fissures. Telle est
la forme constante chez les femelles, et cette forme se rencontre aussi
accidentellement chez les mâles. Mais chez ces derniers, les mandibules
affectent en général une configuration plus variée; le bord peut être lo-
bulé, un peu denté, sans que la forme générale soit beaucoup altérée
(fig. 5); d’autres fois, elles deviennent arquées en dehors et armées au
bord interne de fortes dents (fig. 2, 6, 12). Enfin elles sont parfois dif-
formes, comme tordues; les deux opposantes se réunissent comme deux
arcs de cercle, et elles ne peuvent plus se rencontrer que par leur ex-
trémité (fig. 1, 9).
On peut distinguer dans chaque mandibule de cette catégorie trois
portions distinctes (vide fig. 1, b, m, 0) : 1° le tiers basilaire, qui est di-
laté; 2° le tiers moyen, qui est arqué, parfois cylindrique lorsqu'il de-
vient très-arqué (fig. 2), parfois armé de dents (fig. 12); 5° le tiers ter-
minal, par lequel se joignent les deux mandibules. Ces trois portions,
TOME xXvIt, 17e PARTIE. 23
176 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
surtout distinctes dans les mandibules très-arquées, sont toujours ap-
préciables, même lorsque la mandibule est presque droite (fig. 10).
Le bord interne offre : Au premier liers, une sorte de lobule basilaire,
lisse et tordu, plus ou moins développé (fig. 1, 9, 10, /), et qui passe
derrière le chaperon en emboitant ses bords latéro-inférieurs.
Au second tiers, tantôl une concavité, Lantôl une ou deux dents (fig.
5, d, d') dont la principale émane d’un bourrelet antérieur.
Au troisième, un bord droit marqué de une ou deux coches (fig. 1, 2,
5, 6, 10, 12), et rarement lobulé (fig. 9).
Le bord externe ou postérieur est en général entier, mais quelquefois
sa portion basilaire est un peu excisée (un peu moins saillante que le
reste), ce qui donne lieu à une sorte de dent située avant le milieu de la
longueur (fig. 5, c).
Tant chez les males que chez les femelles, on remarque dans la base
de la face externe des mandibules une fossette articulaire; ces organes
sont de plus parcourus dans toute leur longueur par un fort sillon qui
part de l'angle basilaire antérieur et qui s'étend jusqu'à l'extrémité.
Lorsque la forme de la mandibule est la normale (comme chez les Q),
le bord interne est lamelleux, et la marge lamelleuse est bordée par
une carène arquée, submarginale, qui forme un angle arrondi au point
de séparation de la première et de la deuxième portion, la première por-
tion étant échancrée pour emboîter le chaperon.
4° Importance relative des sexes. Nous avons vu que les mâles offrent,
dans leurs mandibules, un caractère de plus que les femelles, chez qui
ces organes sont toujours simples. Aussi, contrairement à ce qui s'ob-
serve chez les autres Vespides, le sexe cf est ici le sexe typique de les-
pèce, el non le sexe © comme chez les Hyménoptères en général.
5° D’après ce qui précède, la majorité des espèces ne se distinguant
pas par la livrée, il n’est pas possible de rapporter, par la couleur, les
femelles à leurs mâles respectifs. D'autre part, les deux sexes d’une même
espèce diffèrent par la forme du chaperon, et, les formes caractéristiques
que présentent les mandibules des mâles ne se représentant pas chez
IIME FASCICULE. — SYNAGRIS. 177
les femelles, il n'existe aucun moyen positif de reconnaitre quelles sont
les femelles et les mâles qui rentrent dans les mêmes espèces.
On ne peut donc rapporter les © à leurs jf‘ respectifs qu'au moyen
‘le tätonnements incertains, en cherchant, autant que possible, à rappro-
cher les formes analogues. Ainsi, par exemple, on pourrait envisager la
S. combusta (Q) comme la femelle de la $. calida (), parce que le
chaperon de lune et de l’autre se terminent par une fossette. Mais on
ne pourra arriver à des résultats quelque peu certains, dans ces rap-
prochements, que lorsqu'on possédera de grandes séries d'individus re-
présentant les espèces propres à chaque contrée, et, pour le moment,
je suis obligé d'envisager les femelles et les mâles comme des espèces
différentes, de peur de procéder à des rapprochements erronés.
6° La difficulté de distinguer les Synagris est augmentée par le fait
que les mêmes espèces semblent être répandues sur tout le continent
africain el se rencontrer simultanément au Sénégal, en Abyssinie, au
Cap de Bonne-Espérance. Mais, bien que les individus tirés de ces ré-
gions si éloignées les unes des autres ne semblent pas pouvoir se dis-
linguer, on conserve toujours un certain doute sur leur identité spé-
cifique en voyant la faiblesse des différences qui règnent entre certaines
espèces bien établies.
7° Distribution géographique. Les Synagris paraissent être des Im-
sectes purement africains. Si nous exceptons la $. Spinolæ, qui n'est pas
une vraie Synagre, nous trouverons que ce genre est même exclusive-
ment africain. I ne paraît cependant pas se rencontrer sur la côte nord
de l'Afrique, ni en Égypte, mais, en dehors de cette zone, il est répandu
sur tout le continent, et il s’étend du Cap de Bonne-Espérance jusqu’au
Sénégal et en Abyssinie.
8° Rapports et différences. Nous avons vu que la S. cornuta constitue
le type spécial du genre; que toutes les autres espèces ont leurs man-
dibules construites sur le même modèle que les Rhynchium, mais plus
allongées. Nous avons observé une suite de transitions dans les palpes
maxillaires, conduisant par degrés de la $. cornula aux Rlynchium, ces
178 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
organes offrant d’abord trois, puis quatre, puis cinq articles. Enfin, la
eradation se continuant, le type des Synagris prend un sixième article
maxillaire et forme ainsi des Rhynchium. Les Rhynchium de cette caté-
gorie ont encore toutes les formes, le facies, même la livrée des Syna-
gris, mais leurs mandibules sont plus courtes, plus cannelées, et le
chaperon est plus cordiforme. La transition des Synagris aux Rhynchium
est rendue encore plus douce par le fait que la Synagris carinala prend
déjà des mandibules courtes et un chaperon bombé, et sert de type
transitoire parfait. Enfin la languette de la lèvre suit une gradation ana-
logue aux mandibules; elle se raccourcit dans une mesure plus grande
encore que ces dernières.
Les Rhynchium à forme synagroïde constituent notre division Ante-
rhynchium ‘. Hs ont encore l’abdomen ovoïde, non conique, le méta-
thorax arrondi, et des couleurs de Synagris. Ils forment un groupe in-
lermédiaire entre les Synagris et les vrais Rhynchium. I y a donc une
chaîne non interrompue de la Synagris cornuta (vrais Synagris) au Rhyn-
chium oculatum (vrais Rhynchium), dans laquelle on ne peut tailler que
des genres artificiels.
Les Synagris ont aussi des rapports avec les Monobia et les Monte-
zumia, vu le nombre réduit de leurs articles palpaires, mais ils sont
bien distincts de ces genres américains par l'extrême allongement des
organes buccaux.
9 Espèces correspondantes. Le parallélisme qui règne entre les Sy-
nagris et les Anterhynchium est très-frappant. Chez ces derniers, on re-
trouve absolument le même facies, le même aspect velouté, la même li-
vrée noire avec l'extrémité de l’abdomen orangée. Mais ce qui est surtout
frappant, c’est de voir le type de livrée si rare de la Synagris æstuans
(roux avec taches blanches) se reproduire parmi les Anterhynchium dans
le Rh. æstuans. Nous avons indiqué ailleurs les conclusions qu'on peut
urer de ces fypes correspondants *.
! Saussure, Études, Vespides F, Jre division, p. 103; ILE, Ire subdivision, p. 175.— Voyez plus bas les
Elynchium.
? Voyez: Sauss. et Sichel, Catalogue des espèces du genre Scolia, page 57.
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 179
Tableau synoptique des espèces
1. Métathorax biépineux ; postécusson non bidenté; mandibules droites; styliformes, livrée va-
riée : — cornula.
2. Métathorax biépineux ; postécusson bidenté ; mandibules un peu arquées, striées.
A. Livrée variée de roux, noir, avec taches blanches, ailes peu foncées : —wæstuans, Huberti.
B. Livrée d'un noir velouté avec l'extrémité de l'abdomen jaune ou blanc ; ailes foncées.
a. Extrémité de l'abdomen blanc : — mirabilis.
b. Extrémité de l'abdomen orangé.
a. Segments 1-3 noirs ; les suivants orangés : — calida ; — Sicheliana ; — capitata ; —
spinosuseula ; — bellicosa; -— Abyssinia ; — minula ; — tetramaria ; — pentameria ;
— dentata; — æquatorialis ; — fervida; — æœthiopica; — Rüppelliana ; — ferox.
3. Segments 1-2 seuls noirs, les suivants orangés en tout ou en partie : — xanthura ;
—- Heydeniana ; — emarginata ; — analis ; — maxillosa ; — dubia ; — abdomänalis.
3. Métathorax inerme; postécusson n'étant pas bidenté ; mandibules un peu arquées, plus
courtes : — carinata.
I. Division SYNAGRIS.
{Sauss. Vespides 1, 79. [re division ex parte.)
Palpes maæillaires composés à l'état normal de trois articles seulement.
Métathorax biépineux. Postécusson arrondi, bimamelonné, mais non bi-
denté. Mandibules droites, styliformes, leur bord interne dénué de coches.
Ici la forme des mandibules est tout exceptionnelle. Ces organes ne
sont pas arqués, mais parfaitement droits, et comprimés transversale-
ment, en forme de couteau triangulaire ou de baïonnette; leur surface
n’est pas carénée ni sillonnée comme dans les autres groupes; leur bord
interne n’est pas lamellaire, lobulé ou marqué de trois coches du mi-
lieu à l'extrémité, mais droit et finement serratiforme dans toute sa lon-
gueur, leur base seule porte quelques coches.
! Les Wicragris ne sont pas comprises dans ce tableau. Voyez à la fin du genre.
180 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
1. S. cornuta, Lin. — Sauss. Vespides I, 82, 6, pl. XIn, fig. 1. c.
Magna, velutina, capite et thorace rufis; abdomine nigro; vertice et mesonoti disco
nigro-varüs ; poslseutello bigibboso; clypeo apice acwminato, integro, @ cordiform.
S'brevi, trilobo ; c vertice inflato, mandibulis styliformibus et basi cornibus 2 arcuatis
plus minusve elongatis armatis; alis fusco-flavis, violaceo iridescentibus.
© Variat cornibus mandibularum nullis obliteratis.
Africa occidentalis (et meridionalis ?) — (Musea omnia.)
Les cornes mandibulaires du Çj° sont souvent très-longues, très-arquées, mu-
nies à leur base d’un tubereule au bord externe, et vers le milieu, en dessus, d’une
espèce de dent. Parfois on ne voit aucune trace de ces saillies. Ces cornes sont
quelquefois courtes ou même entièrement atrophiées ; dans ce cas, il subsiste en
général un tubercule à leur lieu d'insertion; cependant, chez les petits individus,
il arrive souvent que les mandibules du mâle n’offrent pas trace d’appendices. Les
mandibules sont droites et styliformes, longnes et très-aiguës, comprimées et apla-
ues; le bord interne est parfaitement droit, un peu serratiforme ; sa base offre 2-3
coches; le bord externe est un peu concave parce que la mandibule se dilate à la
base par son bord externe.
Chez les femelles les mandibules ont la même forme, mais sont légèrement arquées
par le profil. Le chaperon , est en forme de cœur, arrondi au bout, sillonné, un
peu ragueux. Chez le mâle il est plus largement arrondi, presque tronqué. Lorsque
les cornes mandibulaires existent, il devient large et presque trilobé. La tête ext
souvent très-renflée en arrière des yeux, chez le mâle. Le postécusson ©, «3, est un
peu bimamelonné, nou bidenté. Le métathorax offre une concavité bien dessinée,
nettement limitée, striée et ayant ses arêtes latéro-supérieures nettes et tranchantes:
ses bords inférieurs portent de chaque côté une épine.
La couleur varie beaucoup. La tête et le thorax sont roux-bais, le vertex a du
noir plus ou moins étendu; le métathorax est noir avec deux lignes ferrugineuses,
ou orné de dessins roux et noirs L'abdomen est noir. Les ailes sont jaunâtres,
grises, à reflets violets; la deuxième cellule cubitale est en général moins rétrécie
chez le que chez la ©.
La taille varie aussi beaucoup : Longieur, 0,050-21 ; aile, 02,024-18.
Var. a. Abdomen roux à sa base, GG, ©. —b. Thorax entièrement roux, ©.
Afrique occidentale. — Grand Bassam , Gabon (5 (ÿ', collect. Sichel); Congo
(2 Q,2 jf, ma collection). — Afrique méridionale ?
Ie FASCICULE. — SYNAGRIS. 181
II. Division ANTAGRIS.
(Sauss. Vespides [, 79, 1'e division ex parte.)
Palpes maxillaires composés de trois articles à l'état normal". Méta-
thorax biépineux : postécusson bidenté. Mandibules un peu arquées, caré-
nées el sillonnées ; simples chez les femelles, ayant le bord interne lamelleux
el marqué de trois coches; souvent très-arquées ou à bord interne découpé
chez les mâles; offrant toujours un sillon qui part du sommet et qui par-
court la mandibule dans toute sa longueur, aboutissant vers l'extrémité au
bord antérieur.
1. Les derniers segments de l'abdomen de couleur blanche.
2. S. mirabilis, Guér. — Sauss. loc. cit. [, 82, 5.
d'. Valida, atra, capite antice fusco-ferruginescente ; clypeo valde bidentato ; man-
dibulis styliformibus, basi cornibus 2 compressis instructis ; secundo abdonrinis seg-
mento subtus bispinoso; segmentis 4—7 albido-argenteis ; ano nigro. — Abyssinia
(Mus. Dom. Guérin).
2. Les derniers segments de l'abdomen jaunes-orangés.
* Les trois premiers segments de l'abdomen noirs; les derniers orangés.
À. ESPÈCES DONT LES MALES SONT CONNUS.
8. S. calida, Lion. ; Fabr. S. P. 259, 25. — Sauss. Vespides L 79°, 1, &'; pl. XII,
fig. 2, 2 a, 2 b, 2 c, c'; pl. v, fig. 2 a, 2 b, ibid. II, 155.
cf. Tête extrêmement renflée au vertex. Front densément ponctué au-dessus des
! Comme je l'ai dit plus haut, p. 174, il n’est pas possible de savoir si les palpes de ces insectes n’oflrent
jamais plus de trois articles. Il est probable que quelques-unes des espèces qui suivent possèdent en réa-
lité quatre ou cinq articles, mais que les derniers articles sont très-sujets à tomber et qu'ils manquent
fréquemment. Bon nombre d'individus appartenant à des espèces des divisions troisième et suivantes nous
ont montré trois articles seulement; tandis que d’autres en possédaient un plus grand nombre. Ainsi le
seul fait qu'un individu offre seulement trois articles à ses palpes ne prouve pas qu'il rentre nécessaire-
ment dans la première division, car il est toujours possible de supposer que les derniers articles sont
tombés.
2 J'ai été obligé de faire rentrer dans cette espèce toutes les Synagres que les auteurs ont décrites sous
182 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
ocelles, borné inférieurement par une carène angulaire qui surplombe les fossettes
antennaires el qui se prolonge de chaque côté dans le sinus oculaire, au fond du-
quel elle se joint à une autre ligne saillante qui borde le bord inférieur du siaus.
Ces deux lignes saillantes se rencontrant à angle aigu en pointe de flèche". Cha-
peron presque aussi large que long, presque polygonal, ponctué; ses bords latéro-
inférieurs concaves ; son extrémité, tronquée, offrant un bord droit assez large,
mais creusé d’une fossette plus large que longue, lisse, qui se dessine comme une
grande échancrure arquée, en sorte que le chaperon a l'air de se terminer par
deux fortes dents entre lesquelles on aurait tendu une lame lisse qui remplirait
leur intervalle. Mandibules très-fortement arquées, ne pouvant se joindre que par
la portion terminale; leur base fortement dilatée, formant au bord interne une
large palmette saillante et comprimée; la portion qui suit (portion moyenne) for-
mant une branche arquée dont la partie supérieure qui fait suite à la palmette, est
encore lamelleuse et comprimée, tandis que l’autre extrémité est moins large et
épaisse; le bord interne de la portion moyenne très-concave, mais complétement
dénué de dent; la troisième portion (ou portion terminale) assez courte, terminée
en pointe aiguë, formant à sa base une dent angulaire, et le bord interne droit
offrant avant son milieu une simple coche. Écusson partagé par un fort sillon.
Deuxième segment en dessous armé de deux énormes épines arquées en forme de
cornes. Segments 1-3 de l’abdomen et la base du quatrième, noirs ; bord du qua-
trième et les suivants orangés. Pattes, bouche, antennes, face, d’un brun ferrugi-
neux. — Longueur, 0m,035; aile, 0M,025.
Côte d’Abyssinie (1 ', musée de Senkenberg). — Sénégal (musée de Paris).
La © n’est pas connue avec certitude ; il faut probablement envisager comme
telle la S. combusta, qui offre un chaperon tronqué et cannelé à l'extrémité.
Nota. Je ne trouve aucune différence entre la $. calida et la S. cupitata, et il
est probable que la S. calida n’est représentée que par des individus de la S. ca-
pitata, dont le quatrième article des palpes maxillaires est tombé. Cependant je
n'oserais l’affirmer avec certitude.
le nom de Calida, et dont les diagnoses incomplètes ne permettaient pas de reconnaître s’il s'agissait de
cette espèce ou d’une autre.
Loc. cit. p. 79; errata divers :
Ligne 1 de la synonymie, au lieu de : Linn. Vaspa nigra, lisez : Vespa calida.
Ligne 3 » » au lieu de : Syst. Piez. 289, lisez : S. P. 259.
Ligne 4 » » au lieu de: Mém. Ins. 607, lisez : 609,
Ligne 12 > » au lieu de: Voy. en Abyss. lisez : Reiche, in Voy. en Abyss.
‘ Ce caractère se voit chez presque toutes les espèces.
4.
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 185
S. Sicheliana (/g. 1), n. Sp.
d'- Tête renflée au vertex et en arrière des yeux. Mandibules (1 m) aussi fortement
arquées qne chez la S. calida, mais autrement taillées; leur base dilatée n’offrant
au bord interne qu’un lobe obtus peu saillant. Ce même bord émettant au-dessous
du lobe basilaire, à la base de la portion arquée, une forte dent triangulaire diri-
gée un peu obliquement en bas; cette dent, placée un peu en devant ; le bord tran-
chant du lobe basilaire allant aboutir derrière elle, mais en restant séparé par un
sillon en gouttière étroite; la troisième partie terminée en pointe longue et grêle,
offrant une coche avant son milieu, formant à sa base un angle subdentiforme,
parfois un peu échancrée (ou fendue). Chaperon (1 c) aussi large que long, lar-
gement tronqué, mais ayant assez la même forme que chez la S. cahida, quoique
plus court, plus largement tronqué; toutefois son bord antérieur n’offrant pas de
dépression en forme de dé à coudre, mais seulement une petite lame marginale
droite et transversale; au-dessus de cette lame, les angles sont en général un peu
saillants, subearéniformes ; la surface, couverte de ponctuations fines et éparses ;
vers le milieu de la hauteur, souvent une légère dépression transversale; et plus
rarement, vers le bas, une autre dépression. Écusson partagé par un fort sillon;
deuxième segment ponctué en dessous, n’offrant pas de saillies distinctives. Bord
du quatrième segment et segments suivants orangés; antennes ferrugineuses en
dessous; chaperon, antennes, mandibules, d’un brun-lie-de-vin obscur. — Lon-
gueur, 0,024; aile, 0m,021.
Guinée (4 Cÿ, collection du D" Sichel et la mienne).
Cette espèce est plus petite que la $. calida; elle s’en distingue nettement par
la dent des mandibules et par l’absence d’épines au deuxième segment abdominal,
caractère qui la différencie aussi de la S. dentata. Par la forme de ses mandibules,
elle rappelle la $. spinosuseula, quoique le chaperon soit bien différent.
Je n'ai pu découvrir que trois articles aux palpes maxillaires de quatre individus.
Îlest cependant possible qu’à l’état normal ces organes en possèdent quatre ou cinq.
Fig. 1 ce. Chaperon ©, grossi. — 1 m. Mandibule Œ, id.
S. æquatorialis (fig. 2), Sauss. Vespides I, 81, 4 &'; pl. XI, fig. 4 &°.
g'- Chaperon (2 c) conformé comme chez la S. dentata (n° 25, fig. 12 c), très-
bombé, un pen rabattu en arrière (brisé) dans son tiers inférieur; subitement
rétréci au milieu ; extrémité conrte, largement tronquée et marquée d’une fosseite
en demi-cercle. Mandibules (2 m) lisses, comprimées, larges, lamelleuses et de forme
ordinaire, c’est-à-dire non arquées en dehors ; leur bord interne mince, offrant jus-
TOME XVI, 17e PARTIE. 24
184 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
qu'au milieu deux faibles lobes, le premier arrondi, le second à angle obus; puis,
après le milieu, devenant faiblement concave jusqu'au bord terminal avec lequel il
forme un second angle obtus (a). Le bord terminal droit est marqué d’une coche
vers son milieu. Le bord postérieur de la mandibule porte au-dessus du milieu une
légère échancrure, point en forme de coche, mais seulement en forme de sinus
peu profond. Deuxième segment offrant en dessous à sa base une forte ride. Pattes,
mandibules, chaperon, antennes, bordure interne des orbites, d’un ferrugineux
obscur. — Longueur, 0,023 ; aile, 02,021.
Sénégal (Musé: de Paris).
Cette espèce ressemble par ses mandibules et son chaperon à la S. dentata
(fig. 12). Elle n’en est peut-être qu'une variété à mandibules mal développées. Le
nombre des arücles palpaires n’est pas connu avec certitude ; il était de trois sur
la mâchoire du seul individu typique.
Obs. Le type de la collection du docteur Sichel, que j'avais d’abord rangé
sous cette espèce (Vespides E, 1. c.), appartient à la S. mandibularis (fig. 3) et non
à cette espèce.
Fig. 2 e. Chaperon &', grossi. — 2 m. Mandibule &, id. (Cette mandibule est un peu trop large.)
S. mandibularis (/i9. 5), n. Sp.
cg. Tête peu ou pas renflée au vertex. Chaperon (3 c) exactement comme chez
la S. Sicheliana; mais à surface à peine un peu bosselée; un peu plus long que
large, largement tronqué ; son bord inférieur un peu coneave et ses angles arron-
dis; au-dessus de ces angles on voit souvent deux saillies en forme de tubercules
dentiformes dirigés en bas. Mandibules longues, droites et simples, presque comme
chez les femelles (fig. 3 m). Leur bord interne découpé à peu près comme chez la
S. dentata (n° 25); le lobe basilaire très-peu prononcé; le pli qui suit ne formant
pas une seule saillie (comme fig 2 m), mais deux dents séparées par un petit bord
concave (4, d'); la dent inférieure an peu plus forte que la supérieure et diri-
gée un pen en bas; celte dent, placée immédiatement au-dessus du milieu de la
hauteur de la mandibule: au-dessous de cette dent vient un bord subconcave,
court, surplombé par la dent inférieure; la portion terminale de la mandibule,
longue, grêle et aiguë, marquée d’une coche au milieu et d’une autre à son angle
basilaire , lequel est à peine indiqué. Le bord externe ou postérieur de la man-
dibule, échancré dans ses */, supérieurs, d’où il résulte une sorte de dent (c).
Deuxième segment abdominal offrant en dessous une ride à sa base. Segments
5-7 orangés; nn peu d’orangé sur les côtés du quatrième segment. Antennes
LE
11ME FASCICULE. — SYNAGRIS. 185
ferrugineuses en dessous ; pattes et bouche, brunâtres. — Longueur, 0,024 ;
aile, 0m,020.
Les palpes maxillaires ne nous ont offert que trois articles; le premier gros, le
deuxième et le troisième grêles. 3
Var. Chez certains individus les dents des mandibules ne sont pas nettement
dessinées, et la mandibule a une forme simple, son bord offrant seulement au-
dessus du milieu deux saillies dentaires tuberculiformes. Cette variété se rapproche
beaucoup de la S. bellicosa (n° 1%). Les pseudo-dents du chaperon sont souvent
peu prononcées.
Sénégal, Guinée (2 Gj, colleet. Sichel). — Whydah (1 Gf ma collection).
Cette espèce rappelle par la forme de ses mandibules la S. dentata (n° 23), mais
elle ne possède pas les mêmes appendices à l’abdomen ; cependant, les deux es-
pèces pourraient n’en former qu'une si les appendices sont sujets à s’atrophier.
Voyez aussi la S. bellicosa (n° 14).
Fig. 3 ce. Chaperon Gg, grossi. — 3 m. Mandibule &, id.
B. FEMELLES QU'ON N’A PAS RÉUSSI À RAPPORTER À LEURS MALES,
S. combusta (fig. 4), n. Sp.
©. De la taille de la S. calida, où un peu moindre. Chaperon (4 c) allongé et
piriforme, convexe, ponctué, un peu rétréci depuis l’origine des mandibules, mais
les bords latéraux offrant un extrême bord lamelleux, qui rend le chaperon moins
rétréci qu'il ne parait à première vue; l'extrémité prolongée, tronquée, mais à
bord subconvexe, point échancrée, mais offrant une fossette lisse en forme de can-
uelure, en sorte que les bords latéraux figurent comme deux longues dents en
ronde-bosse. Face inférieure du deuxième segment offrant comme un aplatisse-
ment ou une depression ovale. Chaperon et antennes orangés ou ferrugineux; ces
dernières obscures vers le bout en dessus. Segments 3-6 orangés. Tarses antérieurs
garnis de poils dorés; le dernier article roux. — Longueur, 0®,022-26; aile,
0,020-22.
Var. a. En tout pareille au type, mais la fossette de l'extrémité du chaperon peu
accusée, où n'étant pas limitée au sommet. — Abyssinie.
Var. b. Chaperon n’offrant pas de fossette à 1 extrémité ; assez largement tron-
qué; les angles de son bord terminal un peu saillants et recevant deux rudiments
très-courts de carènes. Chaperon, antennes, segments 3-6, orangés. — Abyssinie
(Colleet. du docteur Sichel). — Est-ce une espèce distincte?
186 MÉLANGES HYMÉËNOPTÉROLOGIQUES.
Var. c. Segiment 4° noir, ou bordé d’orangé, ou ayant seulement de l’orangé sur
les côtés. Chaperon obscur. Taille souvent moindre. Serait-ce la © de la S. æqua-
torialis ou de la mandibularis?
Abyssinie. Route d'Agama à Simen (2 ©, musée de Senkenberg); — Guinée
(# @, ma collection ; collection du docteur Sichel).
La fossette du chaperon rapproche cette espèce de la S. calidu (n° 3), et elle
eu est probablement la femelle. Elle ressemble aussi beaucoup à la S. tetrameria
n° 17), et j'avais d’abord pensé que ce devait être la même espèce ayant perdu le
quatrième article de ses palpes mañillaires ; mais après avoir disséqué la bouche de
huit individus et n'avoir jamais trouvé que trois articles aux palpes maxillaires, j'ai
conclu de cette conformité que la S. combusta est bien une espèce distincte de la
S. tetrameria.
1 n'y aurait rien d'impossible à ce que les femelles rangées sous cette espèce,
quoique presque identiques, n’appartinssent aux quatre espèces dont les mâles ont
été décrits sous les noms de S. calida, Sicheli, æquatorialis et mandibularis *.
ñ
Fig. 4. Tête de la S. combusta ©, grossie. — 4 c. Chaperon ©, grossi.
S. S. affinis (fig. 5), n. Sp.
®. Grande. Chaperon (5 c) fort allongé, assez ponctué, subitement rétréei à
l'insertion des mandibules, à partir d’un point situé plus haut que son milieu. Sa
portion inférieure prolongée et se rétrécissant en forme de triangle allongé. Son
extrémité finement tronquée, un peu arrondie, étroite; ses bords latéraux offrant
un sillon et un petit rebord où s’insèrent les poils ciliaires. La earène frontale bri-
sée qui pénètre dans les sinus oculaires, assez élevée. Chaperon, carène frontale et
aulenues en dessous. ferrugineux ou orangés; segments quatrième et suivants,
orangés. — Aile, 0M,022.
Côte d’Abyssinie (2 ©, musée de Senkenberg).
Var.? Chaperon offrant de chaque côté au-dessous du milieu une sorte de carène
sinueuse qui forme deux saillies latérales non marginales (fig. 5 v). Taille grande :
aile, 0M,02%. — Île de Bissao, archipel de Bisagos, près la côte du Sénégal
(1 ©, collection Sichel).
La 5. affinis diffère de la S. œthiopica (n° 26) par son chaperon plus allongé, forte-
ment rétréci au-dessus de son milieu, bien plus étroit dans sa moitié inférieure et
! Dans les Scolies, par exemple, on trouve de nombreuses espèces d'Elis chez lesquelles les femelles
sont très-dislinctes, Landis que les mâles paraissent identiques. (Elis plumipes, limosa, dorsata, ete. etc.)
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 187
presque terminé en pointe; — de la S. combusta (u° 17) par son chaperon plus forte-
ment rétréci, plus étroit, plus triangulaire et plus allongé dans sa moitié inférieure,
moins tronqué et plus pointu au bout, et dont l'extrémité n’est pas creusée d’une
fossette.
Voyez aussi la S. Heydeniana © (n° 18).
Oss. 1. Cette grande espèce se rapproche de la S. calida (n° 3) par sa taille,
par sa lête et son thorax très-fortement et très-densément criblés ; mais elle s'en
éloigne par son chaperon allongé. Cependant, elle pourrait être la © d'une des
espèces dont les Gf seuls ont été décrits.
Os. 2. Je suis disposé à prendre cette espèce pour la $. /erox (n° 26) ayant
perdu les derniers articles des palpes maxillaires.
Fig. 5 c ChaperonO, grossi. — 5 v. Idem., variété ?
** Le troisième segment de l'abdomen et les suivants, orangés.
9. S. xanthura ‘, Sauss. Vespides IT, 155, 44, ©. — Gerst. Peters. Mosambiq. 464. Q.
Q. Chaperon lisse ou finement ponctué, fort allongé, un peu rétréci au niveau
des mandibules, puis prolongé en forme de hee; son extrémité tronquée, mais
étroite. (Sa forme est intermédiaire entre celles de la S. Heydeniana et de la
S. affinis, fig. 9 et 5.) Segments abdominaux troisième et suivants, orangés. An-
tennes noirâtres en dessus, ferrugineuses en dessous. Chaperon et une tache au
front, orangés. — Aile, 0M,020.
Var. Un triangle au front et antennes, orangés (Coll. Jurine).
Sénégal (Musée de Paris). — Port-Natal (Ma collection).
! Il est quelques espèces dont je n'ai plus les types sous les yeux et dont je ne puis, par conséquent,
ni donner des descriptions détaillées et comparatives, ni figurer les pièces caractéristiques. La valeur
spécifique de ces espèces, trop imparfaitement décrites pour être reconnues avec précision, ne pourra
être bien établie qu'avec le secours des types. Ce sont les S. Aubert (æstuans GS?) — S. abyssinica ,
emargimata, pentameria et abdominalis. Cette dernière ressemble beaucoup à la S. xanthura.
188 MÉLANGES HYMÉNOPTEROLOGIQUES.
III. Division PARAGRIS.
(Sauss. Vespides IE, 156.)
Palpes maxillaires composts de quatre articles distincts; le quatrième
parabolique, articulé au troisième. Le reste comme dans la division pré-
cédente.
1. Espèces ayant le corps orné de roux et de taches blanches ou jaunes :
ailes jaunâtres.
10. S. æstuans, Fabr. — Sauss. Vespides I, 81, 3 ; IL, 155.
Valida, nigra; pedibus, antennis, pronoto metanoto et abdominis basi, ferrugineis ;
pronoto maculis 2, scutellis 4, tegulis 2, metanoto 2, abdom. segmento primo 2, se-
cundo 2, albidis; alis ferrugineis ; scutello postice bituberculato. — Variat abdomine
plus minusve ferrugineo. — Africa.
Un individu ©, que j'ai sous les yeux, offre les caractères suivants : Chaperon
piriforme-allongé, un peu strié ; son bord terminal assez large et subarrondi; l’ex-
trémité offrant deux légers sillons longitudinaux qui dessinent comme deux faibles
carènes latérales et un lobe médian, arrondi, lisse. Postécusson bitubereulé. Mé-
tathorax fortement biépineux, fortement strié ou plutôt couvert de rides élevées
qui vont se perdre dans la concavité, laquelle est lisse, mais non limitée ".
Tête noire, avec mandibules, chaperon, antennes, espace derrière les yeux,
roux-ferrugineux; antennes obscures en dessus; une tache au front, et bordure
interne des sinus oculaires ferrugineux ou pâle. Thorax ferrugineux, plus où moins
obscurs en dessus; souvent le mésothorax, l’écusson et les bords postérieurs du
prothorax, noirâtres; deux taches au prothorax, deux à l’écusson, deux au post-
écusson et une sur chaque écaille, blanchâtres. Abdomen noir; segments 1, 2,
ornés de deux taches blanches submarginales ; le premier roux à sa base, et le
deuxième offrant de chaque côté, vers sa base, un peu de roux. Ailes jaunâtres,
enfumées, offrant quelques reflets violets. — Ailes, 0®,023.
Afrique (1 ©, collection Sichel).
Cette espèce a une livrée très-variable, le roux et le noir devenant plus ou
moins étendus.
! Ces caractères distinguent cette espèce du Rhynchiun æstuans.
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 189
Obs. C'est par simple présomption que j'avais d’abord rangé cette espèce dans
la division Synagris. L'individu ci-dessus décrit montre que ma présomption était
erronée, car ses palpes maxillaires offrent quatre arucles distincts et nettement
formés ; à moins toutefois qu'il n'existe plusieurs espèces voisines à livrée simi-
lire, mais à bouche diversement composée, ce qui ne serait pas impossible, puis-
qu'il existe déjà la S. Huberti etle Rhynchium æstuans, qui imitent par leur livrée
la S. œstuans.
11. S. Huberti, Sauss. Vespides UT, 156, 45; pl. VI, fig. 8, 8 a
a. Media; clypei apice sejuncto ; abdomine basi attenuato ; capite, thorace, abdom.
primo segmento, ferrugineis ; reliquis nigris ; segmentis 1-4 albido bimaculatis ; pedi-
bus ferrugineis ; alis subferrugineis. — Africa vel Arabia (Mus. Parisiense). Anne S.
æstuantis S ?
2. Espèces ayant le corps noir. velouté, avec le bout de l'abdomen orangé et
les ailes d'un noir violet.
* Les trois premiers segments de l'abdomen noirs: les autres en tout
ou en partie, orangés.
A. ESPÈCES DONT LES MALES SONT CONNUS.
12. S. capitata., D. Sp.
cf. Très-grande. Taille, formes et couleurs, identiques à celles de la S. calida ;
mais les palpes maxillaires offrant un quatrième article, aplati, parabolique, plus
gros vers le bout qu’à la base, et à extrémité arrondie. (La pseudo-échancrare du
chaperon un peu plus profonde, plus en forme de dé à coudre.) Aile, 0®,025.
Sénégal (1 CJ', collection du D' Sichel).
Il est probable que cette espèce n’est autre que la S. calida, ayant ses palpes
maxillaires complets, c'est-à-dire n'ayant pas perdu le quatrième article (très-sujet
à tomber) de ces organes. Le fait est que le troisième article est allongé, ter-
miné en pointe, un peu aplati, et qu'il a exactement la même forme que le troi-
sième (ou dernier article) chez la S. cahida (n° 3).
13. S. spinosuseula (9. 6), Sauss. Vespides I, 85, 10; pl. XI, fig. 6, Ga ©.
c. Chaperon (6 ce) bombé, ponctué, fortement rétréci depuis l’insertion des
mandibules; ses bords latéro-inférieurs excisés, concaves; son extrémité large-
190 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
ment tronquée, le bord terminal un peu concave, l'extrémité bicarénée latéra-
lement, portant un enfoncement en forme de quart de lune qui simule une échan-
crure et donne aux carènes apparence de deux dents ou épines. Mandibules (6 m)
arquées, ne pouvant se joindre que par leur extrémité; leur moitié supérieure,
très-forte et large ; la surface latéro-antérieure très-large, lisse, offrant un enfon-
cement vague, angulaire ; le bord interne découpé, le lobe basilaire à peu près nul,
offrant une rainure longitudinale ; la partie supérieure du bord étant au contraire
concave jusqu’à la dent médiane (d). Celle-ci très-grande, triangulaire, très-aigué,
dirigée en dedans; cette dent, double, c’est-à-dire qu'il s’en trouve une se-
conde (d') placée un peu plus haut et située derrière la première, comme une se-
conde lame soudée à la dent. La moitié terminale de la mandibule très-grêle ; au-
dessous de la dent, un long bord fortement concave, un peu plus long que le bord
droit terminal; celui-ei formant presque une dent à sa base (a), et marqué d’une
forte coche avant son milieu. Deuxième segment offrant en dessous deux épines
grèêles submarginales, un peu arquées et couchées en arrière.
Segments 4-7 orangés. Mandibules brunes. Chaperon et antennes orangés ; ces
dernières en dessus toujours plus obseures jusque vers le bout.—Longueur, 0m,024 ;
aile, 0m 021.
Abyssinie ({ jf, musée de Paris).
Cette espèce a les palpes maxillaires composées de quatre articles. (Le premier
gros el allongé, le deuxième et le troisième gréles et longs, le quatrième un pen
aplati, n'étant pas à moitié aussi long que le troisième, atténué vers la base, plus
large et arrondi vers le bout.)
Cette Synagre se distingue à ses mandibules très-larges à la base, très-grêles
dans leur seconde moitié et armées au milieu d’une forte dent double, C’est l’es-
pèce chez qui la dent médiane des mandibules est la plus forte.
Par la forme de ses mandibules, elle rappelle un peu les S. Heydeniana , Si-
cheliana et dentala (n° 18, 4, 23).
Elle se rapproche aussi de la Heydeniana par la forme du chaperon, quoique
chez la spinosuscula celui-ci soit beaucoup plus largement tronqué, moins échancré
et non bidenté; mais elle diffère de la Heydeniana par la présence de la forte dent
médiane des mandibules et par les épines sous-abdominales.
Elle diffère de la S. Sicheliana par son chaperon allongé et tout autrement ter-
miné, el par ses mandibules moins arquées, à [branche inférieure plus grêle, à dent
médiane plus grande, à face latéro-antérieure aplatie, lisse, même un peu concave,
non convexe; enfin par les épines sous-abdominales.
11Me FASCICULE. — SYNAGRIS. 191
Elle se distingue de la S. dentata par son chaperon moins convexe, bicaréné
au bas, par ses mandibules beaucoup moins aplaties, non dilatées dans leur se-
conde moitié, où elles sont au contraire très-étroites, et par leur bord médian qui
est beaucoup plus concave au-dessous de la dent, par l'absence de lobe basilaire, etc.
Elle diffère encore de la S. analis (n° 20) par son chaperon plus court, par la
grosse dent mandibulaire située plus haut que le milieu de la mandibule; de la S.
mandibularis (n° 6) par des mandibules épaisses au sommet, beaucoup plus arquées
et découpées, ete.
Fig. 6 c. Chaperon Gf, grossi. — 6 m. Mandibule G, id. vue un peu de profil.
44. S. hellicosa (/ig. 7), Sauss. Vespides I, 84, 7, of.
cf. De taille médiocre. Chaperon assez court, un peu plus long que large, briè-
vement et très-largement tronqué en ligne droite, brièvement bicaréné latéralement
au bout, et presque dénué de fossette. Son bord antérieur droit, bordé d'une
ligne lamelleuse, à angles arrondis. Mandibules droites, simples presque comme
chez les femelles, quoique leur bord interne soit un peu découpé; ce bord pou-
vant se jomdre à son opposant dans loute sa longueur, quoique marqué de trois
coches; le lobe basilaire fort petit, suivi d'une dent très-obtuse, peu sensible (ou
plutôt d’un angle obtus), suivie d’un petit bord un peu concave, très-court, le-
quel se termine à la première coche située à peu près au milieu de la mandibule.
Le bord postérieur excisé à sa base dans son premier liers, de manière à produire
au-dessus du milieu un petit angle saillant (comme chez la S. mandibularis,
fig. 3 m, c) et œquatorialis.
Mandibules, chaperon, antennes, pattes, brunâtres. Segments abdominaux 5-6
orangés. — Longueur, 0,021 ; aile, Om,018.
Ressemble beauconp à la S. mandibularis (n° 6), mais son chaperon est plus long,
et les mandibules n’offrent pas, au bord interne, de dent positive au milieu de leur
longueur. Elle se rapproche beaucoup aussi des espèces à mandibules simples comme
la S. minuta (n° 16), mais ses mandibules sont positivement un peu découpées, à
la base surtout.
©. Chaperon piriforme, allongé, à bords latéraux un peu concaves; la surface
ponctuée, et convexe, sauf dans le prolongement inférieur, qui est au contraire
excavé et entouré de bords saillants, de manière à former une dépression carrée
ou une fossette placée entre deux carènes (ut in fig. ce); cette partie étant aussi
ponctnée ; le bord antérieur tronqué, subconvexe. — Aile, 0m,020.
Probablement du Sénégal ou du Cap?
TOME xXvIr, 17e PARTIE. 25
192 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Ressemble exactement, par son chaperon, à la S. combusta; sa taille est un
peu plus petite, mais on à peine à l’en distinguer.
Afrique tropicale. (cf, ©, ma collection, le type.)
A cette espèce, il faudra peut-être joindre la S. tetrameria.
Fig. 7 Tête du g', grossie.
15. S. Abyssinica ‘, Guér. — Sauss. Vespides L, 84, 8, &.
Mandibules simples, chaperon bidenté. (Métathorax non strié ?) — Voir Guérin,
Voyage Lefèbvre, I. e.
Je n’ai pas ce type à ma disposition.
16. S. minuta (/9. 8), Sauss. Vespides I, 85, 9, pl. XI, fig. 7, 7 a, 7 b; pl. vi,
fig. 2 c.
- Chaperon (8 c) piriforme, convexe, ponctué et striolé, se rétrécissant à parur
du milieu par des bords latéro-inférieurs droits, point excisés, un peu convergents ;
peu prolongé et se terminant par deux dents spiniformes séparées par un bord
concave subangulaire.
Mandibules (ut in fig. 15 m), simples, comme chez les femelles; leur bord in-
terne convexe, marqué de deux coches au-dessous du milieu; offrant vers leur
base une pette dent, mais nulle part aucun sinus rentrant; le lobe basilaire nul.
Le deuxième segment offrant en dessous deux carènes tranchantes en forme de C,
surtout saillantes vers le bord postérieur. Chaperon, antennes en dessous et seg-
ments 4-7, orangés. Antennes obscures en dessus. — Longueur, 02,022; aile,
0®,019.
Les palpes maxillaires sont composés de quatre articles : le premier très-gros,
le deuxième et le troisième moins longs que le premier, le quatrième allongé, pa-
rabolique, et paraissant formé de deux articles soudés ensemble, séparés par un
sillon oblique.
Cette espèce semble varier de diverses manières :
a. Type. Dents du chaperon assez rapprochées, séparées par une échancrure
à bord arqué; labre linéaire. Labre, chaperon et antennes orangés; l'extrémité
de celles-ci un peu noire en dessus. — Longueur, 0,018; aile, 0",016.
— Cap de Bonne-Espérance. (Musée de Paris.)
b. Dents du chaperon longues, un peu plus espacées, séparées par un bord
presque droit. Même livrée. Taille un peu plus grande. —Caffrerie. (Coll. Sichel.)
Comp. la note de la page 187.
11ME FASCICULE. — SYNAGRIS. 193
ce. Chaperon un peu plus large. Antennes obscures en dessus. — Abyssinie.
(Musée de Senkenberg.)
d. Carènes en C du deuxième segment peu prononcées; chaperon peu bi-
denté; le troisième article des palpes moins allongé que chez les individus d’A-
byssinie. Taille assez grande. — Cap.
Îlest probable que cette espèce est assez sujette à varier ; que les carènes en
C de l'abdomen et les dents du chaperon s’atrophient plus où moins, suivant
les individus. Elle semble répandue sur toute l'Afrique ; cependant 1l est pos-
sible qu’on doive y distinguer des espèces très-voisines les unes des autres sui-
vant les diverses régions du continent.
Cette Synagre a presque les mêmes formes que la S. fervida (n° 25), qui
offre un article de plus aux palpes maxillaires.
Os. Le nom de minuta est mal choisi, car nous avons sous les yeux des in-
dividus d’assez grande taille.
Fig. 8. c. Chaperon ', grossi.
B. FEMELLES QU'ON N’A PU RAPPORTER À LEURS MALES.
19. S8. tetrameria, 1. Sp.
©. Chaperon piriforme ‘, assez long, bombé, ponctué, rétréei depuis l'insertion
des mandibules; ses bords latéraux un peu concaves; l'extrémité tronquée assez
largement, quoique allongée, et creusée d’une fossette lisse assez allongée, en
sorte que les bords latéraux figurent comme deux longues dents terminales eu
ronde-bosse ; le bord inférieur subconvexe. Chaperon et antennes orangés ; celles-
ci obscures en dessus; segments abdominaux quatrième et suivants orangés: le
quatrième souvent noir en dessous. Dernier article des tarses antérieurs bruns ou
roux. — Longueur, 0,025; aile, 0®,021.
Premier article des palpes maxillaires gros, le deuxième long et assez grêle,
troisième plus court, le quatrième fusiforme et comme appendiculé. Lorsque le
quatrième article des palpes se perd, ces organes ressemblent exactement à ceux
de la S. combusta.
Abyssinie, route d’Agama à Simen. (Musée de Senkenberg.)
Cette espèce ressemble beaucoup à la S. combusta (n° T7), mais la fossette ter-
minale du chaperon est plus allongée et plus prononcée.
‘ Pour la forme du chaperon, voyez fig. 4 c.
194 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Une Synagre d’Abyssinie qui se rapporte probablement à ce type est un peu plus
grande, et le chaperon a sa fossette terminale plus vague. Les palpes maxillaires
ont le premier article gros et aplati, le deuxième grêle et long, le troisième grêle
et plus court, le quatrième fusiforme et, à l’une des mâchoires seulement, comme
appendiculé. — Aile, 0,023. — Schoa en Abyssinie.
La S. tetrameria est peut-être identique à la S. combusta ou à la S. bellicosa
(n° 14). Elle pourrait aussi être la © de la S. spinosuscula (n° 13).
** Les deux premiers segments de l'abdomen seuls noirs, les suivants
orangés en lout ou en partie.
A. ESPÈCES DONT LES MALES SONT CONNUS.
18. 8. Heydeniann (fig. 9), n. sp.
g‘- Taille presque comme chez la S. calida. Chaperon (9 c (j), très-allongé,
large au sommet, puis subitement rétréci à l’origine des mandibules et prolongé
étroitement sur la forte moitié de sa longueur; l'extrémité terminée par deux dents
spiniformes entre lesquelles est une échancrure en forme de demi-cercle. Les bords
latéraux de la partie étroite comme carénés et épais; le bord terminal, l’échancrure
et les dents, assez épais aussi. Mandibules (9 m) fortement courbées ; la partie ba-
silaire très-forte et épaisse; le lobe interne ({) grand, lisse, la fossette basilaire de la
face externe très-forte ; la partie médiane forte, épaisse, mais non dilatée, formant
une branche très-arquée, convexe en dehors; la troisième partie, élargie et taillée
de manière à ce que le bout des deux mandibules se juxtapose bien, tandis que le
milieu enferme un grand espace vide; l’extrémité prolongée en pointe aiguë; le
bord droit de la troisième partie un peu convexe, offrant deux coches et, en outre,
une large échancrure qui en détache une forte dent (a), dans laquelle se termine la
partie arquée. Près du bord du deuxième segment abdominal, en dessous, deux
vestiges de tubereules mousses. Labre, chaperon, un trèfle au front, bordure in-
terne du sinus des yeux, orangés; antennes orangées en dessous, obscures en
dessus. Mandibules et dernier article des tarses, brun-roux. Le troisième segment
orangé , à base noire. — Longueur, 02,025; aile, 0m,021.
Palpes maxillaires composés de quatre articles; les trois premiers lamelleux,
les deux premiers très-larges, le quatrième parabolique, moins aplati.
Abyssinie, Massana. Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 195
Cette espèce rappelle, par ses mandibules, les $. calida et capitata, qui n’offrent
également aucune dent sur leur bord médian ; elle en diffère par l’absence d’é-
pines au deuxième segment abdominal et par son chaperon étroit et allongé. Elle
diffère : de la S. Sicheliana (n° 4) par l'absence de dent près de la base de la
mandibule et par la forme dn chaperon ; — de toutes les espèces de la division
Paragris par la forme très-arquée de ses mandibules. Elle se rapproche, par sa
livrée, des S. æanthura (n° 9) et analis; par son chaperon, des S. emarginata, du-
bia et analis (n°5 9, 27, 20).
Q ?. Même livrée à l'abdomen : le troisième segment orangé, à base noire.
Palpes composés de trois articles; le deuxième cependaut moins large que chez
le +. Chaperon (9 ec, ©) piriforme , allongé, plus allongé que chez le GG, et
moins rétréei avant le milieu de sa hauteur. Son extrémité trés-prolongée, presque
en forme de bec, point échancrée ni bidentée, un peu tronquée et sub-arrondie.
Chaperon et la carène entre les antennes, orangés. Antennes brunes en dessus,
ferrugineuses en dessous. — Aile, 0m,055.
Abyssinie : route d'Agama à Simen. Récoltée par Rüppell. (Musée de Senken-
berg.)
Par la forme de son chaperon, cette © rappelle la S. affinis (n° 8), mais la por-
üon inférieure est plus allongée encore; elle se rapproche aussi beaucoup de la
S. xanthura (n° 9); toutefois le chaperon est un peu moins ponctué vers le bas
que chez cette espèce.
Fig. 9 c &', 9 cQ. Chaperon dans les deux sexes, grossi. — 9 m. Mandibule G', id.
19. S. emarginata ‘, Sauss. Vespides II, 157, 46.
‘+ Mandibules droites , armées près de leur base d’une dent spiniforme. Cha-
peron piriforme, terminé par deux dents spiniformes; antennes et segments 3 et
suivants de l’abdomen, orangés. Diffère de la S. Heydeniana (fig. 9) par ses man-
dibules droites.
Afrique. (Musée de Londres.)
20. S. analis (fig. 10), Sauss. Vespides I, 86, 11, &'; pl. XI, fig. 5, 5 a.
ç'- Chaperon allongé (10 c), taillé à peu près exactement comme chez la S. Hey-
deniana (fig. 9 c cj), mais ses dents un peu moins longues ; ses bords latéro-infé-
rieurs paraissant épais parce qu’ils sont comme carénés. Mandibules (10 m) lon-
! Comp. la note de la page 187, et la S. zanthura ©, ibid.
196 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
gues, droites ou peu arquées, étroites et gréles, point dilatées; le bord interne
offrant à sa base un lobe un peu tordu, puis un sinus très-concave, puis, vers le
milieu de la longueur, une dent (d), puis un sinus concave très-court, et eufin le
bord terminal droit, portant deux coches, dont l’une au milieu de sa longueur,
l’autre tout à fait à sa base. Chaperon, scape antennaire et flagellum en dessous,
bordure interne des orbites, triangle du front, et segment 3 et suivants, orangés.
Mandibules roussâtres. — Longueur, 0,022 ; aile, 0m,019.
Abyssinie. (Musée de Paris.)
Cette espèce ressemble beaucoup à la $. Heydeniuna (n° 48). mais elle a ses man-
dibules beaucoup moins arquées et armées d’une dent médiane qui partage le bord
concave en deux, de manière à former deux sinus. En revanche le bord terminal
droit n'offre pas de dent à sa base. La forme de ses mandibules la rapproche
plutôt des S. æquatorialis, mandibularis, bellicosa. Ruppelliana (n°5 3, 6, 14, 27);
elle se distingue de toutes ces espèces par le long espace qui, sur le bord interne
de la mandibule, sépare la dent mandibulaire du lobe basilaire (le sinus de ce bord
situé au-dessous de la dent étant plus court que le sinus situé au-dessus de la
dent). Elle se distingue aussi par son chaperon.
Fig. 10 c. Chaperon &, grossi. — 10 m0. Mandibule , id.
B. FEMELLES QU'ON NA PU RAPPORTER A LEURS MALES.
21. S. maxillosa (fig. 11), n. Sp.
O. Chaperon allongé, élargi au sommet, aplati au bas: ses bords latéraux for-
tement concaves; l’extrémité prolongée en forme de lame et assez fortement tron-
quée, le bord terminal droit ou subconvexe. Palpes maxillaires fort curiensement
construits : le premier article gros, le deuxième grêle. le troisième normal, élargi
vers le bout, le quatrième très-petit, mais allongé, figurant comme une apophyse
implantée dans le troisième. Chaperon, un triangle au front, antennes et segments
3-6 de l'abdomen, orangés. — Aile, 0",020.
Sénégal. (2 ©, ma collection.)
Le chaperon de cette espèce appartient an type des S. affinis, Heydeniana et
æanthura (fig. 5, 9 © ; n° 8, 18, 9), mais il est plus tronqué à l’extrémité et
plus bombé au sommet.
Fig. 11. Chaperon ©, grossi.
JIM FASCICULE. — SYNAGRIS. 197
IV. Division HYPAGRIS.
{Sauss. Vespides [II, 157.)
Palpes maxillaires composés de cinq articles, Postécusson bidenté,
mélathorax biépineux. (Insectes noirs, à ailes violettes, avec le bout de
l'abdomen orangé.)
* Les trois premiers segments de l'abdomen noirs; les suivants orangés.
A. ESPÈCES DONT LES MALES SONT CONNUS.
®2. S. pentameria !, Sauss. Vespides I, 87, 12; pl. XI, fig. 8, 8 a, 8 b, ©.
c. Chaperon terminé par deux petites dents, orangé, ainsi que les segments
quatrième et suivants. Antennes ferrugineuses. Métathorax ponctué plutôt que
strié.
Afrique méridionale. (Collection de M. Guérin-Méneville.)
23. 8. dentatn (fig. 12), Sauss. Vespides I, 80, 2, &.
cf. Chaperon (12 c) trés-bombé, en longueur autant qu’en largeur, ponctué,
subitement rétréei au niveau de l'insertion des mandibules: ses bords latéro-
inférieurs un peu sinués; la portion rétrécie courte, le bord terminal large, droit.
à angles subsaillants et offrant au milieu une petite fossette. La portion inférieure
un peu déprimée, parfois concave de haut en bas, quoique convexe transversa-
lement. Mandibules (12 m) longues, larges dans toute leur longueur, lamel-
leuses, comprimées, un peu arquées, à surface lisse, n'offrant qu’un seul sillon,
ne se joignant que par le dernier quart, qui est droit; laissant dans le reste de
leur étendue un espace libre, étroit ; le bord interne découpé, offrant à sa base le
lobe habituel, lisse, allongé et médiocrement saillant; puis une échancrure suivie
d’une très-forte dent aiguë, dirigée en dedans et en bas, située à peu près au
milieu de la longueur de la mandibule; puis un bord un peu concave qui forme
presque un angle droit avec la dent; ce bord, aussi long que le bord droit termi-
nal et formant avec ce dernier un angle obtus nettement prononcé; le bord droit
terminal offrant une coche avant son milieu. Bord postérieur du deuxième segment
‘ Comp. la note de la page 187, et la S. abyssinica (n° 15).
198 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
offrant en dessous deux petits tubercules spiniformes dirigés en arrière. Mandi-
bules, chaperon, antennes, carènes frontales, basjoues, pattes et quelques nuances
au thorax, un peu ferrugineux. Écailles et bord postérieur du prothorax bruns ou
ferrugineux. Tête et thorax très-densément ponctués.
Afrique occidentale. (1 G;', musée de Paris; le type.)
Var. À. Mandibules plus ponctuées. Chaperon parfois comme brisé au milieu,
sa portion inférieure formant, à la rencontre de la portion supérieure, comme un
dos d'âne arrondi. La portion inférieure plus ou moins creusée, le bord inférieur
parfois lamelleux, dénué de fossette. — Bissao, ile des Bissagos, près la côte du
Sénégal. (2 7, coll. Sichel.)
Var. B. — a. Tubercules submarginaux de la face inférieure du deuxième seg-
ment très-petits et faibles, non épineux.—b. Ces tubercules presque nuls.
Cetie espèce est remarquable par ses mandibules dilatées, larges et lamelleuses
jusqu'en bas; à bord interne fortement découpé et à surface presque dénnée de
carènes. Elle ressemble beaucoup, par ses mandibules, à la #andibularis (n° 6),
mais ces organes sont moins grêles que chez cette dernière, et n’offrent pas à la
base une dent antérieure (fig. 3 m, d'), mais seulement un large lobe marginal lisse;
le chaperon n'offre pas deux tubercules prémarginaux, il est plus allongé et moins
plat, etc. Elle ressemble aussi, par ses mondibules, aux $. maxillosa et analis
(n9s 21, 20; comp. fig. 10 m) dont elle diffère par le chaperon court. Enfo elle
se rapproche surtout de la S. æquatorialis (n° 5) par la forme du chaperon et aussi
par celle des mandibules, mais elle en diffère par la présence des deux petites dents
spiniformes sousabdominales. Néanmoins il se pourrait que la S. æquatoriahs ne
fût qu’une variété de la S. dentata, à mandibules moins fortement dentées et à
abdomen inerme.
Ons. Les individus pris à Bissao offrent cinq articles aux palpes maxillaires.
L'individu typique du musée de Paris n'en offrait que trois, mais il est probable
que les autres étaient tombés.
Fig. 12 c. Chaperon &', grossi. — 12 m. Mandibule 6, id.
24. S. acquatorialis ? (Vide n° 5.)
Nous avons sous les yeux un individu fort embarrassant qui ressemble parfar-
tement à la S. æqualorialis, mais qui se distingue par les différences suivantes :
Le chaperon n’est pas brisé au milieu ; son bord inférieur est concave, creusé
d’une fossette en quart de lune; ses bords latéraux sont carénés. Les mandibules
ont le dernier tiers du bord interne un peu dentelé. Les palpes sont composés
11Me FASCICULE. — SYNAGRIS. 199
de cinq articles assez courts, aplatis; le dernier ayant presque une forme appen-
diculaire.
Cet individu offre des mandibules à peu près identiques à celles de la S. æqua-
torialis (type), mais son chaperon est un peu différent. Il se rapproche aussi de la
S. dentata , quoique ses mandibules soient moins larges, moins lisses.
Ile de Bissao. (1 Çÿ', collection du Dr Sichel.)
La S. œquatorialis aurait-elle des palpes composées de cinq articles à l’état nor-
mal et cet individu appartiendrait-il à cette espèce?
25. S. fervida (fig. 15), n. Sp.
cf. Grand. Tête renflée au vertex et surtout derrière les yeux. Chaperon
un peu polygonal, plus long que large, ponctué et un peu strié vers le bas; ses
bords latéro-inférieurs convergents, mais non concaves; l’extrémité longuement
bidentée, ou plutôt terminée par deux épines. Mandibules (13 m) simples,
leur bord interne arqué, très-convexe partout, n’offrant aucun sinus concave ;
marqué de deux coches au-dessous du milieu, et offrant à la base, immédiate-
ment au-dessous du chaperon, une petite dent marginale. Le lobe basilaire nul.
Métathorax fortement strié dans sa concavité, mais plutôt ponctué que ridé
dans le reste de son étendue. Palpes composés de cinq articles : le premier très-
renflé, les suivants très-grêles ; le troisième le plus long, le cinquième long, grêle,
aminei dès le milieu. Chaperon , antennes et segments 4-7 orangés; extrémité des
antennes obscure, mandibules noires. Premier article des tarses antérieurs roux.
Deuxième segment offrant en dessous deux fortes saillies en forme de C. — Lon-
gueur, 0,025; aile, 0®,021.
Caffrerie. (1 çj', coll. Sichel.)
Var. ? Un individu de petite taille est très-fortement ponctué au métathorax. Le
chaperon est un peu plus allongé et ses dents sont un peu plus longues et un peu
plus rapprochées. Les derniers articles palpaires sont aussi moins grêles et le cin-
quième plus court.
Cap de Bonne-Espérance. (Coll. Sichel.)
Cette Synagre se rapproche beaucoup de la S. minuta (fig. 8 c), quoique son
chaperon soit un peu plus large que celui de cette dernière. Les mandibules se
ressemblent beaucoup dans les deux espèces, mais les palpes sont tout autrement
composés.
Oss. Cette espèce est peut-être la.même que la S. pentameria (n° 22) dont je
n'ai pas le type sous les yeux, et probablement la même que la S. œthiopica
(n° 26), qui a aussi le chaperon strié et le métathorax ponctué.
ToME xXvir, 170 PARTIE. 26
200 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
B. FEMELLES QU'ON N’A PU RAPPORTER A LEURS MALES.
26. S. æthiopica (/g. 14), n.sp.
©. Chaperon (14 c) allongé, assez aplati, ovoide-tronqué, ponctué et strié,
n'étant pas subitement rétréci au milieu, mais se rétrécissant graduellement , et
assez large jusqu’au bout; son extrémité largement tronquée et subbidentée , les
angles étant un peu saillants en dehors: les bords latéraux bordés vers le bas par
une lame mince, n’étant guère échancrés ou excisés à la hauteur de l'insertion des
mandibules; l’extrémité offrant deux vestiges de carènes aboutissant aux deux
mamelons saillants qui la terminent. Métathorax fortement strié dans la concavité,
ponctué et chagriné dans le reste de son étendue, comme chez la S. fervida (n° 25).
Segments 4-6, chaperon et articles 1, 2 des antennes, orangés, ainsi que le des-
sous du flagellum. — Longueur, 0,026; aile, 0m,020.
Afrique méridionale. —Cap de Bonne-Espérance. (2 © , ma collection.) —Natal.
(2 ©, coll. du D' Sichel.)
Var. a. Le chaperon plus ou moins subbidenté , un peu caréné au milieu de ses
bords latéraux (fig. 15 c). Cap. — b. Le deuxième segment offrant en dessous
seulement des carènes peu prononcées. — c. Le dessous du deuxième segment
n’offrant plus que deux vestiges de lignes saillantes le long du bord postérieur,
représentant l'extrémité des C saillants; le reste des C effacé. — d. Chaperon n'of-
frant aucune pseudo-échancrure à l’extrémité.
Pour la livrée, l'espèce varie : Mandibules noires, la base souvent un peu orangée,
— entièrement noires. — Chaperon offrant souvent au milieu de son bord terminal
un peu de noirâtre, figurant comme une échancrure. — Antennes orangées.
Abyssinie. Collectée par Rüppel. (5 © , musée de Senkenberg.)— Cap de Bonne-
Espérance, Natal. (3 ©, coll. du Dr Sichel.) — Cap Natal. (2 ©, ma colleeuon;
1 ©, musée de Paris.)
Chez cette espèce, les palpes maxillaires sont composés de cinq articles à l'état
normal : le premier est très-gros, renflé; le deuxième et le troisième, presque éga-
lement longs; le quatrième long et grêle; le cinquième parabolique, appomnti. —
Les deux derniers articles paraissent être très-caduques, car dans la plupart des
individus je n’ai trouvé que trois articles. Le troisième article paraît très-grêle st
on l'examine de profil; mais vu par son côté large, il se termine presque par un
moignon, laissant ainsi supposer que cet article doit être suivi d’autres articles.
La S. aethiopica est facile à reconnaitre à son chaperon aplati, strié, à bords la-
téraux droits et convergents.
IIMe FASCICULE. — SYNAGRIS. 201
Une © du Cap offre des palpes plus grêles que des individus d’Abyssinie, sur-
tout le deuxième article. Il me semble que la forme des palpes est en général assez
variable chez les individus d’une même espèce dans les Synagris.
La $. œthivpica pourrait être la © de la S. fervida (n° 25). Elle a le métathorax
sculpté de la même manière. La forme de son chaperon permettrait aussi de la
rapprocher de la minuta (n° 16).
22. S. Ruppelliana (fig. 16), n. sp.
©. De forme assez svelte; moins trapue que les précédentes. Chaperon piri-
forme, allongé, assez étroit, lisse, non strié, peu ou pas excisé sur les côtés; son
extrémité tronquée franchement, offrant un petit bord droit dont les angles sont
légèrement élevés en mamelons. Insecte noir; chaperon et segments abdominaux
4° et suivants, orangés; antennes orangées ou ferrugineuses à la base et en des-
sous. Palpes maxillaires composés de cinq articles : le premier gros, le deuxième
et le troisième allongés, le quatrième gros et court, emboitant le cinquième qui
est tout à fait appendiculaire, très-petit, et qui s’insère presqu’en dessous du qua-
trième. — Longueur, 0M,020 ; aile, 0,018.
Abyssinie, route d’Agama à Simen. Rüppel. (Musée de Senkenberg.)
Cette espèce diffère des affinis et Heydeniana (fig. 5, 9) par la forme du cha-
peron qui est moins rétréci au milieu, moins aigu à l'extrémité, et par ses palpes
maxillaires. (Voyez aussi la S. ferox.)
Fig. 16. ChaperonQ , grossi.
28. S. ferox, 1. Sp.
©. Grande Mandibules très-fortes , fortement triéchancrées, offrant même à
leur base un rudiment de quatre échancrures. Chaperon allongé, ponctué, forte-
went rétréci avant le milieu, et prolongé en forme de bec triangulaire; son extré-
mité tronquée, subarrondie, étroite, à angles subrelevés. Tête très-densément
ponctuée. Segments 4-6 orangés. Mandibules, chaperon, antennes, d’un brun-
lerrugineux obseur; antennes ferrugineuses en dessous; tarses antérieurs garnis
de poils ferrugineux. Palpes maxillaires composés de cinq articles, tous assez gros,
courts; le cinquième très-peuit. — Longueur, 0,031 ; aile, 0°,024.
Sénégal. (1 © coll. Sichel.)
Cette grande espèce a son chaperon à peu près de même forme que la S. affinis
(fig. 5), mais la taille est plus grande et les mandibules me semblent plus fortes.
Cependant les deux espèces pourraient bien n’en former qu’une.
202 MËLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
** Les deux premiers segments de l'abdomen noirs, les suivants orangés.
29. S. dubia (fig. 17), n. sp.
cf. Chaperon fort allongé, très-fortement rétréei à partir de la base des mandi-
bules ; sa moitié inférieure presque en forme de bande; les bords latéraux fortement
excisés et concaves à l'endroit de l'insertion des mandibules; la partie inférieure
subcarénée latéralement, l'extrémité échancrée en arc de cercle, ce qui forme deux
dents lamelleuses anguliformes, non spiniformes. Les bords latéro-inférieurs ca-
rénés. Mandibules styliformes comme chez les ©, gréles, constituées à peu près
exactement comme chez la S. analis (fig. 10); offrant au milieu de leur bord une
dent à angle obtus, placée entre deux découpures peu profondes, mais longues,
dont la supérieure est la plus longue; le bord droit terminal marqué de deux co-
ches, l’une située à sa base, l’autre au milieu. Métathorax fortement strié. Dessous
du deuxième segment aplau; la fronce tuberculiforme de sa base, forte. Insecte
noir; segments 3 et suivants orangés; le troisième souvent noirâtre en dessous.
Chaperon, front, bordure interne des orbites, scape antennaire en dessous, oran-
gés; antennes ferrugineuses ou orangées en dessous, obscures en dessus. — Lon-
gueur, 0,024 ; aile, 0",020.
Abyssinie. Massana. Collectée par Rüppel. (Musée de Senkenberg.)
Cette espèce est probablement très-voisme de la S. abdominalis (n° 30), mais je
l'en crois distincte, vu la forme de ses mandibules. — Elle ressemble si intime-
ment à la S. analis (n° 20), que je serais tenté de réunir ces deux espèces en une
seule. Les mandibules sont identiquement les mêmes, mais le chaperon est un
peu plus étroit dans sa moitié inférieure chez la S. dubia, plus fortement caréné
sur les côtés et plus nettement denté.
Le chaperon ressemble aussi beaucoup à celui de la S. Heydeniana (fig. 9),
mais les mandibules sont tout autrement conformées.
Fig. 17. Chaperon ', grossi.
30. S. abdominalis', Sauss. Vespides I, 657, 42, pl. XI, fig. 7, C'.
og‘. Chaperon allongé, élargi et bombé au sommet, rétréci à l’origine des man-
dibules; ses angles inférieurs, saillants, formant deux petites dents. Deuxième seg-
1 Comp. la note de la page 187.
IMC FASCICULE. — SYNAGRIS. 205
ment offrant en dessous, à sa base, une ride, et, plus en arrière, un enfoncement
ovale vague. Chaperon, un triangle sur le front, bordure interne des yeux, antennes,
et segments 3-7 de l'abdomen, orangés. Scape des antennes jaune en dessous; le
flagellum obscur en dessus, vers le bout.
Afrique. (Musée de Stockholm.)
Je ne possède pas ce type et ne puis le décrire avec plus de détails. (Il se con-
fond peut-être avec la S. dubia, n° 31 )
IV. Division PSEUDAGRIS.
Postécusson n'étant pas bidenté. (Palpes maxillaires composés de
cinq arhcles.)
31. S. carinata (9. 18), n. Sp.
cj: Palpes composés de cinq articles très-nets, fortement articulés ; les deuxième
et troisième longs et grêles ; les quatrième et cinquième assez grands, bien formés
et nettement séparés, comme chez les Odynerus. Chaperon (18 c) régulièrement piri-
forme ; ses bords latéraux convergents, subconvexes. L’extrémité tronquée, offrant
un petit bord droit; la surface convexe au sommet, ponctuée et parcourue par deux
fortes carènes convergentes vers le bas, et prolongées vers le haut jusqu'assez près
du bord supérieur. Mandibules (18 m) courtes pour une Synagris, un peu cro-
chues à l’extrémité, droites comme chez les RAynchium, fortement carénées; le
bord interne offrant deux petites coches vers le haut, et, près de l'extrémité, une
petite saillie dentaire.
Postécusson n'étant pas bituberculé, Métathorax ponctué, granuleux, sa conca-
vité bien dessinée, lisse, finement ponctuée au sommet et sur ses bords, finement
striée vers le bas; ses arêtes supérieures nulles, effacées par les ponctuations ; ses
angles latéraux peu accusés, sans trace d’épines; les arêtes latérales un peu cré-
nelées.
Tête et thorax très-densément ponctués, l’étant également au postécusson et au
métathorax. Abdomen densément ponctué, velouté. Le deuxième segment abdo-
minal offrant en dessous, à sa base, une large cannelure ou fossette vague qui
aboutit vers le premier segment; pas de ride saillante à la base du deuxième.
Bouche et antennes ferrugineux-obscurs; antennes brunes en dessus; segments
204 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
abdominaux 4-6 orangés ; le troisième ayant un peu de jaune au milieu de son
bord. — Aile, 0,016.
Port-Natal, (Ma collection.)
Cette espèce est très-distincte par le caractère tiré du chaperon, par l’absence
de tubercules au postécusson, et par le métathorax ponctué, non strié, à conca-
vité lisse, et dénué d'épines latérales. Par tous ses caractères et par la forme de
ses palpes, à articles nettement dessinés, elle forme transition aux Odynerus.
V. Division MICRAGRIS.
(Sauss. Vespides III, 158.)
Palpes maxillaires composés de cinq ou six articles; antennes des
mâles enroulées en spirale à l'extrémité. [Taille petite; facies des Ody-
nerus du sous-genre Epipona. Corps noir, orné de taches et de bandes
Jaunes.)
Ces insectes, encore peu connus, ne me paraissent pas être de vrais
Synagris.
32. S. Spinolæ, Sauss. Vespides II, 158, 48; pl. VII, fig. 9, 9 a.
©. Parvula, nigra; clypeo transverso, bidentato, luteo ; metanoto biangulato ; punc-
tis 2 frontalibus, scapo subtus, fascia pronoti interrupta, macula subalari, et post-
scutello, luteis ; abdominis segmentis, luteo marginatis; pedibus sulfureis, basi ni-
gris ; alis subhyalinis.
Hispania. (1 GG, mus. Dom. Spinola, in Museo Tauriniano.)
Species dubia.
33. S. sericen, Spin. Ins. Lig. IT, 188 (note). — Sauss. Vespides I, 159.
[Im FASCICULE. — RHYNCHIUM. 205
3. DESCRIPTION DE DIVERS EUMÉNEIENS
NOUVEAUX QU INCOMPLÉTENENT CONNUS.
(Guépes solitaires.)
GENRE RHYNCHIUM, Spin.
Division ANTERHYNCHIUM.
(Rhynchium à formes synagroïdes.)
(Sauss. Vespides [, 403, [re division, — Ibid. IT, 175, Ie division.)
Les insectes de cette catégorie conservent le facies, les formes, le mode
de coloration, l'aspect velouté des Synagris. Ce sont littéralement des
Synagres qui ont pris un sixième article palpaire, chez qui le chaperon
s’est raccourci et atténué à l'extrémité, et dont les mandibules se sont
aussi raccourcies, tandis que le métathorax a pris la forme qu'il affecte
chez les Odynerus. (Comp. p. 177, paragr. 8.) La ressemblance de ces
insectes avec les Synagris fait qu'on les prend souvent pour des espèces
de ce genre, et on ne peut réellement les en distinguer qu'à laide de la
dissection de la bouche. Les Anterhynchium diffèrent des vrais Rhynchium
par un abdomen plus ovalaire, moins conique, non tronqué à sa base,
par un thorax moins déprimé et par un métathorax moins ouvert, mois
carrément tronqué. Ils s’en distinguent facilement à læil, soit par les
formes, soit par le type de coloration; toutefois, ce dernier se continue
même chez les vrais Rhynchium par le Rh. xanthurum.
206 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
1. Corps orné de ferrugineux et portant des taches blanchâtres.
54. RHYNCHIUM ÆSTUANS, n. Sp.
Validum, velutinum, nigrum; ore, antennis, pronoto, metanoto, thoracis lateribus, te-
gulis, maculis 2 seutelli et postscutello, pedibus, abdominisque basi, rufis ; abdominis
segmentis 1, 2, marginem versus bimaculutis; clypeo crasse cribrato ; postscutello ut
metanoto inermi, hoc foveola nitida instructo ; alis fulvo-violaceis.
Synagris æstuans, var.? Sauss. Vespides III, 155.
Long. totale, 23 millim. ; aile, 20 millim.
©. De grande taille. Faciès d’une Synagris. Chaperon convexe, très-grossiè-
rement ponetué, piriforme, terminé par une pointe tronquée où aboutissent deux
petites carènes. Une fossette à la partie postérieure du vertex. Tête et thorax fine-
ment et densément ponetués. Postécusson tronqué, arrondi, offrant une sorte d’arête
transversale, mais n'étant pas bituberculé. Métathorax nullement bidenté, ponctué
et velouté en dessus, nullement plissé, offrant une grande concavité lisse, luisante
el finement striée, mais non bordée par des arêtes vives. Abdomen déprimé; le
premier segment arrondi en avant, le deuxième en dessous lisse, grossièrement
ponetué et un peu cannelé, n’offrant pas de ride à sa base.
Insecte fortement velouté; mandibules, chaperon, une tache derrière chaque
œil et antennes, ferrugineux. Thorax d’un roux ferrugineux, varié de noir; méta-
thorax noir, éeusson noir avec deux taches ferrugineuses, écailles et postécusson
ferrugineux ; ce dernier orné d’une bande plus pâle à son bord antérieur. Abdo-
men noir ; le premier segment ferrugineux à sa base, sur les côtés et en dessous;
segments {, 2, ornés chacun de deux taches blanches ; les taches du deuxième, mar-
ginales ; celles du premier assez éloignées du bord. Pattes ferrugineuses. Ailes d'un
jaune-ferrugineux obseur, avec des reflets violacés.
Ce bel insecte ressemble d’une manière étonnante à la Synagris aestuans, mais
il en est très-distinet par son postécusson qui n’est pas bitubereulé ; par son méta-
thorax qui ne porte pas les deux épines aiguës des Synagris, mais qui offre une
fossette lisse, distincte; par son chaperon très-grossièrement ponctué, plus bombé,
plus atténué à l'extrémité, par son deuxième segment plus fortement ponetué en
dessous.
LME FASCICULE. — RHYNCHIUM. 207
Les mêmes caractères distinguent le Rh. aestuans de la Synagris Huberti.
Il est possible qu'il existe des variétés avec le thorax taché de blanchâtre.
Sénégal. (1 ©, musée de Paris.)
Jai classé cet insecte dans le genre Rhynchium par simple présomption, car ses
palpes maxillaires, aussi bien que les labiaux, ont perdu leurs derniers articles.
Toutefois l’analogie de la forme du chaperon, très-atténué à l'extrémité, très-bombé,
et la forme allongée du deuxième article des palpes maxillaires, me semblent prouver
que cet insecte est un Rhynchium et point une Synagris.
La Synagris æstuans a le deuxième article des palpes maxillaires sensiblement
plus court que le premier; le Rhynchium œstuans a ce même article très-grêle et
notablement plus long que le premier. (Comp. Syn. aestuans, n° 10.)
2. Corps noir velouté, avec l'extrémité de l'abdomen orangé.
55.7 RHYNCHIUM SYNAGROIDES, Sauss. (Q).
Nigrum, velutinum, abdominis apice aureo ; clypeo © piriformi, convexo, erasse cri-
brato, apice acuto, dentulis 2 invicem propinquis armato ; metanoto utrinque trispinoso.
Sauss. Vespides 1, 103, 1, pl. xIv, fig. 2, 2 a, 7.
Long. totale, 18-22 millim. ; aile, 15-19 millim.
Q (inédite). Formes et livrée des Synagris. Chaperon piriforme (ou cordiforme),
bosselé, grossièrement ponctué, terminé en pointe; son extrémité formant deux
petites dents aiguës, très rapprochées et un peu divergentes. Tête et corselet très-
densément ponctués; postécusson tronqué, grossièrement criblé, comme le méta-
thorax en dessus, rugueux. Métathorax oblique, largement excavé, à concavité
striée, mal limitée, n’étant pas bordée d’arêtes latéro-supérieures; arêtes latérales
un peu crénelées, se continuant avec les arêtes latéro-inférieures; on ne remarque
pas d’angles dentiformes de chaque côté, mais à l'endroit qu’ils devraient occuper
se trouvent trois épines (parfois seulement une).
Insecte d’un noir profond, velouté; mandibules, chaperon et antennes d’un brun-
ferrugineux obscur; le flagellum orangé en dessous; segments 3-6 de l'abdomen
d’un orangé doré. Pattes souvent brunâtres, ailes d’un noir violet.
Var. Les épines des angles du métathorax atrophiées.
TOME xvu, 17e PARTIE. 21
208 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
L'Afrique occidentale. (1 © du Gabon; 2 © du Vieux-Bassam; collection du Dr
Sichel.)
Cette espèce ressemble aux Synagris, quoique la forme de son chaperon, qui
rappelle celui des Rhynchium, soit un indice du genre auquel elle appartient.
Elle diffère du Rh. abyssinicum par son chaperon grossièrement ponctué, par le
postécusson rugueux et arrondi, dénué d’arête vive, par son métathorax dénné
d’angles vifs; — du Ah. Sichehà par sou chaperon piriforme, tout à fait atténué au
bout et grossièrement ponctué.
Cet insecte est très-probablement la © du Rh. synagroides.
56. RHYNCHIUM ABYSSINICUM, Sauss.
Sauss. Vespides 1, 103, 2, Q.
@. La tête est assez petite. Les mandibules sont médiocrement longues, un peu
crochues, fortement striées ; leur bord triturant offre quatre fissures qui forment cinq
lobes dentaires lamelleux. Tout linsecte est fortement et densément criblé de ponc-
tuations. Le chaperon est piriforme, un peu aplati, striolé, terminé par deux très-petites
saillies rapprochées. Les écussons sont assez saillants; le postécusson est franchement
tronqué verticalement, offrant une arête saillante , subcrénelée. Le métathorax est
très-rugueux, velouté; sa concavité est assez grande, fortement striée, ce qui efface
les arêtes latéro-supérieures plus que chez la R° synagroïdes; celles-ci sont cependant
un peu prononcées, mais émoussées. Les arêtes latérales sont très-saillantes et tran-
chantes. De chaque côté le métathorax est armé d’une épine au-dessous du milieu.
Les pattes et la tête, sauf le front, sont d’un brun-rougeätre obseur; le quatrième
segment abdominal est souvent seulement bordé d’orangé. — Aile, 16mm,
Var. Prothorax brun-roux
Dans les palpes maxillaires, le premier article est gros et court; les deuxième et
troisième sont grêles et aussi longs que le premier (le troisième est peut-être plus
long); les trois derniers sont petits.
Côte d’Abyssinie. Rüppell. (Musée de Seukenberg.)
1IME FASCICULE. — RHYNCHIUM. 209
Division RHYNCHIUM proprement dits.
(Rhynchiums vrais.)
(Sauss. Vespides [, 105, Ime division. — Ibid. 11, 177, [me subdivision.)
57. RHYNCHIUM XANTHURUM, Sauss.
Nigrum, fusco hirtum, supra nitidum, sparse punctulatum; clypeo piriformi apice bi-
dentato ; postscutello transverso, truncato, et metanoto supra, velutinis, cribratis, nigro-
tomentosis ; foveola metanoti lata, maxima, valde striata, utrinque angulo dentiformi
instructo; cantho laterali et infero, denticulatis; mandibulis et macula postoculari fuscis ;
clypeo, antennis, macula frontali, orbitarum margine interno, segmentis abdom. Q 3-6,
3-7, aurantiacis ; tertio auwrantio-marginato ; tarsis fuscescentibus, S'anticis fulvis ; alis
fusco-violaceis.
Sauss. Vespides III, 182. 77, Q ®.
Q@ Long. totale, 19 millim. ; aile, 17 millim; o' Long. totale, 13 millim. ; aile, 12 millim.
Cette espèce esl encore peu connue. Le postécusson est tronqué, transversal,
court ; il offre une arête transversale interrompue; il est criblé et velouté comme le
métathorax en dessus, tandis que le reste du thorax est lisse et luisant en dessous.
La concavité du métathorax est large, fortement striée ; l’arête latérale est crénelée ;
l’arête latéro-inférieure est denticulée. La bordure du troisième segment est souvent
étroite. Le chaperon © se termine par deux angles dentiformes un peu divergents.
Les tarses sont brunâtres.
cf‘ (inédit). Chaperon piriforme, terminé par deux dents ou saillies dirigées en bas.
Livrée, comme chez la ©. Crochet des antennes orangé. Tarses passant au jaune,
ainsi que les tibias antérieurs.
Var. Le troisième segment abdominal sans bordure jaune.
Afrique méridionale. Caflrerie, (1 ©, 2 çÿ', collection du D' Sichel.)
Cet insecte a les formes des vrais Rhynchium (Rh. carnathicum, hæmorrhoidale, ete.).
Il ne ressemble à l’'Odynerus synagroïdes et aux Rhynchium ardens et voisins que par
ses couleurs, nullement par ses formes. L’abdomen est tronqué à sa base, conique,
non ovoide.
* Loc. cit. page 183, ligne 13, au lieu de : premier seyment, lisez : troisième segment.
210 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
GENRE ODYNERUS, Latr.
Sous-GENRE ANCISTROCERUS, Wesm.
Dans le genre Odynerus les formes et les transitions deviennent si
nombreuses qu'on finit par ne plus trop savoir comment y coordonner
les espèces. Les deux Ancistrocères qui suivent ne font qu’ajouter à cet
embarras. Pour ne pas former encore une nouvelle division, nous cher-
cherons à les faire rentrer dans la division Æypancistrocerus (Vespides
II, 222), en modifiant la définition de cette coupe comme suit :
Division HYPANCISTROCERUS.
Formes allongées; premier segment abdominal rétréci en entonnotr, plus
ou moins allongé (souvent subpétiolaire), partagé par une forte crête su-
turale. Antennes insérées assez bas.
#- Mélathorax prolongé un peu en arrière du postécusson, puis tron-
qué. Premier segment abdominal étroit et allongé.
A. Mélathorax excavé ; sa fosselte bordée par des arêtes tranchantes. — O. advena, Sauss. |. e.
222, 147 ; pl. xx, fig. 8.
B. Métathorax arrondi ; sa fossette peu ou pas bordée.
58. ODYNERUS /ÆGYPTIACUS, n. sp. (fig. 19).
Description de l'Égypte. Hymén. (par Savigny), pl. vx, fig. 159, AQ.
Cette espèce est tout à fait voisine de la suivante. À en juger par la fig. 15 (1. 1,)
on la croirait identique; mais la fig. À montre que les deux espèces diffèrent par la
forme et la distribution des couleurs de la tête.
©. Chaperon piriforme, plus long que large, fortement bicaréné dans presque toute
sa longueur, grossièrement ponctué entre les carènes. terminé par un bord tronqué, à
angles saillants. Au-dessus du chaperon, une petite ligne jaune. — Égypte.
Fig. 19. Tête de l'O, (Ancistrocerus) Ægyptiacus, ©, grossie.
IMC FASCICULE. — ANCISTROCERUS. 211
59. Opyxerus HEYDENIANUS, 0. sp. (fig. 20).
Parvulus, gracihs, elongatus ; niger, thorace dense, metanoto et abdominis segmentis
1-3 crasse, punctatis ; clypeo piriformi, biangulato ; postscutello transverso, rotundato,
sulco partito ; metanoti foveola obsoleta; abdominis 1° segmento infundibuliformi subpe-
tiolari, basi crista suturali elevata instructo ; mandibutis, clypeo et antennis subtus ferru-
gineis ; clypei maculis vel clypeo ommino, seapo subtus, puncto frontali, postoculari et
in oculorum sinu, pronoti margine, postscutello, tegulis abdominisque fascüs 2, et pedi-
bus, sulfureis; femoribus fusco-varis ; alis hyalinis.
Long. totale, 8 millim. ; aile, 5 ‘/, millim.
Q. Petite et grêle. Antennes assez renflées. Chaperon piriforme, plus long que
large, bicaréné, terminé par un bord subéchaneré, à angles saillants; son extrémité
inférieure partagée par un sillon. Thorax allongé, un peu rétréei au prothorax, bordé,
à angles faiblement marqués; postéeusson formant un petit bourrelet transversal bi-
mamelonné, parce qu’il est partagé par un sillon. Ecailles grandes, suivies d’un petit
appendice styliforme. Métathorax beaucoup plus étroit que le prothorax, prolongé un
peu en arrière du postéeusson, puis tronqué, partout arrondi et convexe, mais offrant
postérieurement une fossette vague, ponctuée, bordée au sommet par de faibles
rugosités ; les angles qui emboitent lPabdomen formant deux longues épines dini-
gées en dessous. Abdomen allongé; le premier segment en forme d’entonnoir allongé,
offrant tout près de sa base une très-forte suture, très-élevée ; devenant ensuite un peu
convexe en dessus, et bordé par un vestige de cordon; son bord postérieur deux fois
moins large que le deuxième segment; le deuxième segment en cloche régolière, un
peu plus long que large, graduellement renflé, offrant le long de son bord une ligne
de points qui forme comme un faible sillon submarginal.
Tête densément et finement ponctuée; thorax plus fortement eriblé; le métathorax
le devenant grossièrement ; segments 1-3 de l'abdomen régulièrement et un peu plus
grossièrement ponctués que le thorax; les suivants très-finement ponctués.
Insecte noir, revêtu d’un duvet soyeux grisâtre. Mandibules et chaperon d’un brun
roux : les premières avec leur base jaune, le second avec une bande arquée au som-
met et deux traits, vers le bas, jaunes-pâle; antennes noires en dessus, ferrugineuses
en dessous, avec le scape jaune en devant. Un point au front, un autre dans le sinus
des yeux, un troisième derrière le sommet de l'œil, jaunes; deux taches (ou une bor-
dure bilobée) au prothorax, écailles et leur appendice, postécusson, valves articu-
212 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
laires du métathorax, et une bordure régulière aux deux premiers segments de l’ab-
domen, jaunes. Anus un peu aplati en dessus, offrant une tache pâle; souvent le
cinquième segment bordé de pâle. Pattes jaunes, avec les cuisses et les hanches brunes
ou variées de brun. Ailes hyalines, nervures brunes.
Var. Chaperon entièrement jaune pâle, n'ayant que son sillon vertical ferrugi-
neux.
Abyssinie. Pris à Massana par Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
Cette charmante espèce se rapporte exactement à la fig. 15, pl. vur, des Hymé-
nopières de l'Égypte, mais sa tête, comparée à la fig. À, n'offre pas les mêmes taches,
et son chaperon semble être moins fortement bicaréné que chez l'espèce égyptienne.
Quoique n'ayant qu'une suture abdominale simple, cet insecte se rapproche de
VO. bisuturalis; il rappelle aussi un peu les formes de l'O. difformis. — Comparez
l'O. Massanensis (n° 41).
Fig. 20. Tête de l'O. (Ancistrocerus) Heydenianus, Q, grossie.
2. Métathorax et postécusson tronqués: celui-ci tranchant ou crénelé,
offrant une tranche postérieure.
40. OpyNERUS PHARAO, n. sp. (fig. A1 ©, ct).
Description de l'Égypte Hymén. (par Savigny), pl. vin, fig 14 &', A o', À ©.
Cette espèce est presque identique à la suivante. Elle parait en différer par l’ab-
sence de taches au métathorax (Cÿ°); par le chaperon © moins large et moins rétréci
vers le bas; par le premier, et surtout le denxième segment abdominal sensiblement
plus longs que chez l'O. Massanensis. (Comp. avec la figure qui représente cette es-
pèce, fig. 22, 22 t.)
©. Chaperon un peu plus large que long, arrondi au sommet, peu rétréer vers
le bas, terminé par un large bord, un peu concave, placé entre deux petites
dents.
Chaperon jaune, polygonal, s’élargissant de haut en bas, jusqu’au-dessous du mi-
lieu de sa hauteur, un peu échancré au milieu de son bord antérieur. Bordure in-
terne des orbites jusque dans le sinus des yeux, jaune. — Égypte.
Fig. 21. ®, Tête de l'O. Phardo, femelle, grossie. — Fig. 21, O, idem du mâle.
I1ME FASCICULE. — ANCISTROCERUS. DA ES
A1. Opyxerus MassaxExsis, n. sp. (fig. 22).
Minutus, niger, punctatus ; metanoto foveolato, minus punctato; abdominis primo seg-
mento trigono, in medio valde cristato-suturato ; secundo crasse cribrato, basi supra tu-
berculiforme elevato; tertio percrasse cribrato ; clypeo latissimo et brevissimo, flavo ;
macula frontali, oculari et postoculari, antennarum scapo subtus, pronoti maculis 2,
tegulis, scutelli fascia, metanoti maculis 2, abdominis segmentorum I, 2 margine, et 3-6
margine utrinque abbreviato, pedibusque, sulfureis.
Long. totale, 8 millim. ; aile, 5 ‘/, millim.
Q. Tête un peu plus large que haute, densément ponctuée. Chaperon notablement
plus large que long, grossièrement ponctué, terminé par deux dents écartées , sépa-
rées par un bord presque droit. Thorax densément et assez grossièrement ponctué ;
le prothorax fortement bordé; postécusson tronqué, en dessus rugueux et ne formant
presque qu'une arêle transversale ; sa face postérieure élevée; métathorax un peu obli-
que, offrant une fossette grossièrement striée, mais non bordée; ses arêtes latérales dis-
linetes et assez tranchantes ; de chaque côté de l'articulation de l'abdomen une peute
épine. Écailles grandes, leur appendice styliforme peut. Premier segment abdominal
en entonnoir, aussi large ou un peu plus large que long, triangulaire, ponctué, par-
tagé par une arête suturale élevée, et bordé d’une espèce de cordon lisse; deuxième
segment criblé de gros points enfoncés, assez subitement rétréci à sa base, renflé en
dessus près de sa base en forme de tubereule; son bord postérieur moins fortement
ponctué, un peu rentré et offrant un vestige de ligne ou sillon submarginal. Troi-
sième segment grossièrement criblé.
Insecte noir, revêtu d’un duvet grisâtre ; antennes noires, ferrugineuses en dessous,
avec le scape jaune au devant; mandibules rousses; chaperon, une tache ronde ou
carrée au front, un point dans le sinus des yeux et une ligne derrière leur sommet,
jaunes. Deux taches ou une bordure bilobée au prothorax, écailles, une bande sur
le bord postérieur de l’écusson, et deux taches sur les angles du métathorax, jaunes.
Premier segment orné d’une large bordure jaune, échancrée (en arc de cercle) au
milieu; le deuxième d’une bordure régulière, biéchancrée; les suivants d’une bor-
dure raccourcie sur les côtés. Anus jaune. Pattes jaunes; cuisses variées de lerrugi-
neux ou de brun. Ailes hyalines, nervures brunes.
Abyssinie. Pris à Massana par Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
214 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Cet Odynère est assez bien caractérisé par son métathorax taché de jaune et par
l'absence de tache sous l'aile. Son premier segment abdominal est notablement moins
allongé et plus trapu que chez l'O. Heydenianus; la suture occupe le milieu de sa
longueur, non son extrémité antérieure.
Fig. 22 0. (Ancistrocerus) Massanensis, ® grossie. — 22 a. Sa grandeur naturelle. — 22 t. La tête
grossie.
Division ANCISTROCERUS proprement dits.
Formes assez ramassées ; chaperon © piriforme-large ; mélathorax ré-
tréci, offrant une plaque pentagonale, bidentée, terminée au sommet par
une double arcade; premier segment abdominal carrément et franchement
tronqué à sa base, sessile, ou du moins n'étant pas rétréci en entonnoir, ni
arrondi en cloche. Entre sa face supérieure et l'antérieure, une arète qui
porte la suture. (Cp. Vespides FE, 127, ne division, 1bid. LIT, 209.)
(Groupe des Odynerus, parietum, Antilope, etc.)
42. ODYNERUS IMPUNCTATUS, Spin.
Niger, pronoto bidentato, abdomine valde depresso ; macula frontali, puncto posto-
culari, scapo subtus, pronoti margine, macula subalari, tegulis, fascia scutelli (et post-
seutelli) , fasciis 2 abdominis pedibusque, flavis ; alis hyalinis in costa apice fuscis.
Sauss. Études II[, 213, 103, SG.
Un çj° d’Abyssinie offre tous les caractères de cette espèce, sauf que l’écusson
porte une large bordure jaune à son bord postérieur, et le postéeusson une étroite
bordure raccourcie. Le chaperon est hexagonal, un peu bidenté, jaune, ainsi que les
mandibules ; les antennes sont ferrugineuses en dessous et l’extrémité est entièrement
ferrugineuse ou orangée. Les hanches et les pattes sont entièrement jaunes. Les an-
gles du prothorax sont nettement dentiformes, aigus. Le premier segment abdominal
est épâté, large, un peu creusé en dessous, le deuxième est aussi déprimé et légère-
ment renflé en tubercule à sa base.
Ce type correspoud bien à la fig. 5 de la pl. 1x de la Deser. de l'Égypte. Il ne se-
rait pas impossible que ce ne fût le <j' de l'O. biphaleratus, Sauss. (Vespides, [, 134,
IIM® FASCICULE. — ANCISTROCERUS. 215
1%; IN, 20%.) Ce dernier est peut-être figuré par Savigny, l. e. fig. 6? Toutefois,
sur cette figure, les angles du métathorax semblent être jaunes. Quand se trouvera-t-il
enfin un voyageur qui se dévoue à rassembler en Égypte les collections néces-
saires pour permettre d'établir un texte digne des planches de l’entomologie de la
Description de l'Égypte, et qui complète l'admirable ouvrage de Savigny ?
45. ODYNERUS ZEBRA, n. Sp. (fig. 25).
Gracilis, niger, cinereo-hirtus, dense punctatus; abdomine nitido, sparse punctato, pro-
noto biangulato ; metanoto bidentato; pronoti margine anguste, abdominis segmentis 1-4
latius, flavo-marginatis ; alis pellucidis, in costa et margine, fusco-collinatis ; clypeo Q
supra flavo-binotato, & bidentato, sulfureo, mandibulis flavo-maculatis.
Q Long. totale, 13 millim., aile, 11 millim.; c'long. totale, 11 millim., aile, 9 millim.
Q. Corps grêle et élancé, rappelant les formes de l'O. Antilope, mais plus allongé
encore. Tête courte, large, échancrée postérieurement; chaperon piriforme, aussi
large que long, ponctué, terminé par un petit bord droit, mais paraissant un peu
échancré à cause d’une fossette lisse. Thorax assez étroit, un peu rétréci en avant et
passablement en arrière; prothorax bordé, ses angles angulaires, dentiformes; méta-
thorax un peu prolongé ; sa fossette placée plus en arrière que le postécusson, petite,
mais très-nettement dessinée, pentagonale comme chez les insectes de ce groupe,
formant de chaqne côté une dent latérale située en dessous du milieu de la hauteur;
arêtes latéro-supérieures sinuées; les supérieures assez prononcées. Abdomen peu
sessile, moins que chez l’O. Antilope ; le premier segment un peu évasé, assez long;
sa suture très-distinete ; deuxième segment un peu renflé tubereuleusement à sa base.
Tête et thorax densément ponctnés, le métathorax l’étant moins; abdomen luisant,
aussi fortement ponctué que le thorax, mais ses ponetuations espacées ; le bord des
segments à peine plus fortement ponctué que le reste.
Insecte noir, revêtu d’un duvet gris; antennes noires; au sommet du chaperon
deux taches ou lignes jaunes; un petit point derrière le sommet de chaque œil et une
très-fine bordure au prothorax, jaunes ; segments 1-% ou 5 de l'abdomen offrant tous
une bordure jaune régulière. Ailes transparentes, à nervures brunes; la côte et le hord
externe salis de brun à reflets violets.
St Chaperon piriforme, jaune-pâle, bidenté ; ses dents aiguës, séparées par une
échancrure en forme de dé à coudre; une ligne jaune aux mandibules, antennes fer-
rugineuses en dessous vers le bout.
Var. Taille assez petite. Prothorax à peine bordé de jaune. Chaperon noir.
TOME XVII, 1'° PARTIE, 28
216 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Cet Odynère diffère essentiellement des O. Antilope et voisins, de l’ancien monde.
par ses formes grêles et par son métathorax moins large, à arêtes moins saillantes, etc.
Il se rapproche plutôt des Ancistrocerus américains par sa livrée sombre et par ses
formes élancées (O. Capra, Tigris, ete.).
Habite : L’Abyssinie ; collecté par Rüppell. (2 © de Simen, 1 Gf de Schoa, musée
de Senkenberg.) -
Fig. 23. 0. (Ancistrocerus) Zebra Q, grossi. — 23 a, Sa grandeur naturelle.
Division STENANCISTROCERUS .
Insectes gréles ou ramassés; mélathorax souvent arrondi et convexe,
n'offrant plus la plaque pentagonale nettement bordée comme chez les An-
cistrocerus vrais, mais ayant souvent ses arêtes latérales très-saillantes *
Abdomen, cylindrique ou ovoïde ; le premier segment en cloche ou en cupule:
son extrémité antérieure plus ou moins arrondie, n'étant plus aussi fran-
chement tronquée que dans la division Ancistrocerus; la suture n'occupant
pas une arêle transversale, mais placée plus près de la base sur la face
antérieure du segment. Abdomen souvent fortement ponctué. (Vide : Ves-
pides I, 134, sect. c, et 140, sect. c; I, 219, sect. 2.)
(Groupe de PO. Atropos.)
Les espèces qui suivent appartiennent à la catégorie de celles qui,
dans cette division, ont les formes trapues, l'abdomen ovoïde, le méta-
thorax arrondi, rappelant les formes de l'O. parvulus. Ces espèces for-
ment parmi les Ancistrocerus un groupe correspondant à celui que l'O.
parvulus forme parmi les vrais Odynerus.
‘ Cette division forme une nouvelle coupe qui n'existe pas dans mes Études sur la Famille des Ves-
pides. Elle est surtout riche en insectes américains et on la trouvera définie plus en détail dans mon
Synopsis of American Wasps. Je dois dire cependant que les différents types d'Odynerus se rattachent
les uns aux autres par des transitions si nombreuses qu'il est impossible de les définir avec précision,
en sorte que ces divisions du genre ne sauraient toujours être pour le lecteur d’une grande utilité dans
la détermination des espèces.
2 Les aréles latérales sont celles qui s'étendent de l'aile à l'angle latéral du métathorax, et non les
arêtes latéro-supérieures qui bordent supérieurement la plaque postérieure. Voyez Sauss. Vespides IN,
184-186.
IN FASCICULE. — ANCISTROUERUS, 4
A. Arëles latérales du métathorax très-saillantes.
44. ODYNERUS INCONSTANS, n. Sp. (fig. 24).
Ferrugineus, vel rufo-fuscus, ubique grosse punctatus ; clypeo latiore quam longiore,
subemarginato ; metanoto fovcolato, canthis lateralibus tantum acutis, et marginibus infe-
ris utrinque spina armatis; postscutello lamelliformi, crenulato ; abdomine subovato, basi
sulurato ; corpore ubique flavo-multipicto ; abdominis segmentis late flavo-marginatis ;
secundi segmenti fascia marginali utrinque latiore.
Long. totale, 8 millim.; aile, 6 millim.
Q©. Assez petite. Chaperon plus large que long, presque triangulaire, grossière-
ment ponctué, faiblement entamé par une échancrure large et obtusément angu-
laire. Tête échancrée postérieurement. Prothorax finement rebordé et offrant de
chaque côté une très-petite dent spiniforme. Écusson partagé par un sillon; posté-
eusson transversal, en forme de lame verticale et crénelée. Métathorax offrant une
concavité en forme de large gouitière, mais qui n’est guère marginée; les arétes la-
térales très=saillantes et tranchantes. Les bords latéro-inférieurs offrant de chaque côté
une épine arquée dirigée obliquement en dehors et en haut. (Ces épines seulement visi-
bles quand l'abdomen est abaissé.) Abdomen ovoïde ; le premier segment en cupule
tronquée, portant une suture assez distincte; le deuxième un peu étranglé à son in-
sertion et ayant son bord précédé d’une espèce de sillon submarginal. Tout le corps
grossièrement ponetué; l’abdomen étant aussi grossièrement ponetué que le thorax,
velouté.
Insecte d’un roux ferrugineux (ou brunâtre); antennes ferrugineuses, avec le bout
obseur en dessus; le seape jaune en devant. Bouche, chaperon, tête, jaunes, avec le
vertex roux, parfois teinté de brun. Prothorax, une tache sous l’aile, éeussons, écailles,
angles du métathorax et pattes, jaunes. Mésothorax , en dessus, souvent brun. Seg-
ments abdominaux largement bordés de jaune; le premier segment souvent jaune
échaneré de roux; la bordure du deuxième excisée en arc de cercle, parfois remon-
tant de chaque côté jusqu'à la base; le roux ayant alors la forme d’un dé à coudre.
Anus jaune, souvent brun au bout. Aïles transparentes.
Var. Couleur foncière brune, ou variée de roux.
Abyssinie. Rüppell. (4 ©, musée de Senkenberg.)
218 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Cet Odynère se rapproche du groupe de l'O. Atropos; son métathorax étant arrondi,
mais l'abdomen n’a point la même forme que chez cette espèce. L'ensemble de l'in-
secte rappelle beaucoup les formes de l'O. purvulus, Lep., mais son abdomen et son
corps en général sont bien plus fortement ponetnés. La suture abdominale l'en dis-
tingue d’ailleurs amplement.
Fig. 24. Odynerus inconstans ©, grossi. — 24 t La tête du même grossie.
B. Arétes latérales du métathorax peu saillantes.
45. ODYNERUS TURCA, D. Sp.
Minutus, valde punctatus ; elypeo fere longiore quam latiore, trigono, truncato, bi-
dentato ; metanoto foveolato, rotundato, canthis lateralibus obsoletis, rotundatis ; abdo-
mine valde cribrato-punctato, sed angusto, basi sutura tenui instructo. Corpus nigrum,
sed signaturis flavis Lam mumerosis notatun ut videatur omnino flavum, vertice, meta-
noti sulco, et mesonoti disco, nigris ; hoc basi macula flava ; abdomen flavum ; primi seg-
menti basi nigra ; secundo nigro, margine lato et fascia in medio interrupta, flavis.
Long. totale, 8 millim. ; aile, 5 millim.
©. Grandeur et formes de VO. inconstans. Le thorax un peu plus court; l’abdo-
men un peu plus grêle. Chaperon un peu plus large que long, en trapèze ou sub-
triangulaire, aplau, fortement ponctué, échancré et bidenté. Tête et thorax fortement
et densément ponctués; métathorax fortement concave, sa concavité non bordée, dé-
nuée d’arêtes; ses arêtes latérales n'étant pas non plus développées comme chez
FO. inconstans, ce qui rend le métathorax sensiblement plus étroit et plus arrondi.
Abdomen fortement poneiué; le premier segment taillé à pen près comme chez
l'O. inconstans, mais moins distinetement bordé, et sa suture un peu moins dis-
üncte; le deuxième segment plus allongé, plus fortement ponctué que chez l'espèce
citée.
Insecte noir, mais si fortement bariolé de jaune, que cette couleur envahit presque
tout le corps. Tête entièrement jaune, avec le vertex noir; antennes jaunes, avec le
scape ferrugineux , un peu obscur en dessus; thorax jaune, ayant un peu de noir
en dessous sur les flancs et au milieu du métathorax; disque du mésothorax noir
avec une lache jaune adossée à l’écusson ; écusson et postécusson jaunes; abdomen
jaune; le premier segment noir à sa base ; le deuxième portant en dessus un dessin
IIM€ FASCICULE. — ODYNERUS. 219
noir en forme de sablier, en dessous un peu de noir à sa base (ou plutôt : ce seg-,
ment noir en dessus, avec une large bordure jaune, et en outre une large bande jaune
étranglée sur le milieu du segment; cette bande souvent interrompue, formée par
deux grandes taches triangulaires qui se joignent presque au milieu et qui se fondent
avec la bordure). Pattes jaunes. Ailes transparentes, nervures brunes.
La Turquie d'Asie, Bagdad (Ma collection }
Pour la livrée, cette espèce se rapproche beaucoup de l'O. ovalis et de l'O. bella-
tulus. Elle s’en distingue à la suture du premier segment ahdominal, ete. Cet Odinère
appartient tout à fait au type de l'O. parvulus, eu il est certain que ce type est repré-
senté, dans une grande étendue de notre globe, par des espèces extrêmement voisines
les unes des autres (O. parvulus. bipustulatus, Doursii, ovalis, diffinis, ete.). Chez
quelques-unes on voit se développer la suture du premier segment (0. inconstans,
Turca, Amadanensis, ete.), qui les fait placer dans le sous-genre Ancistrocerus.
Sous-GENRE ODYNERUS proprement dits.
Division ODYNERUS VRAIS.
(Vespides [, 169, rreme division; III, 252, division EpsiLon.)
A. Groupe des O. Dantici, crenatus, Megæra, Bosci, etc.
(Vespides [, 177, 1. — IH, 254, 11.)
Antennes des CG terminées par un crochet. Formes trapues. Abdomen co-
nique; postécusson tronqué, crénelé; métathorax excavé; sa plaque bordée
par des arêtes latéro-supérieures tranchantes qui s'élèvent en forme de dent
derrière le postécusson. Chaperon des © en général piriforme, plus long
que large, finement tronqué, bianquleux.
46. ODYNERUS STIGMA, n. Sp.
Ferrugineus, sat gracilis; ubique dense punctatus. Thorax quadratus, punctis maximis
reticulatis rugatus, postice verticaliter truncatus. Postscutellum valde crenulatum. Me-
tanotum late excisum, utrinque dente armatwm, foveola punctata latissima, acutissime
elevato-marginata, instructum ; marginibus supernis pone postscutellun dentes 2 effi-
220 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
cientibus ; marginibus inferis infra angulun, bispinosis. Capitis facies et abdominis seg-
menta 1, 2, flava, hæc basi fusca, vel apicem versus fusco binotata.
Savigny, Description de l'Égypte, Hymén. pl. 9, fig. 12, Q.
Long. totale, 13 millim. ; aile, 10 millim.
cf: Grandeur et formes de l’O. truncatus et de l'O. punctum. Corps assez grêle.
Tête sans caractère saillant, densément ponctuée. Thorax rectangulaire, un peu dé-
primé et tout criblé d'énormes ponetuations réticuleuses. Prothorax très-fortement
rebordé; postécusson très-court, transversal, tronqué verticalement et offrant une
crête crénelée. Métathorax tronqué verticalement, excavé dans toute sa largeur, of-
frant de chaque côté une dent spiniforme ; sa plaque postérieure ruguleuse, ponctuée;
les bords très-tranchants; les latéro-supérieurs formant une crête tranchante très-
élevée, qui se termine supérieurement de chaque côté par une dent pyramidale aussi
élevée que le postécusson et séparée de ce dernier par une large et profonde fissure ;
bords latéro-inférieurs armés de chaque côté, au devant de l’épine latérale, d’une
seconde épine, ou plutôt apophyse obtuse et crénelée ou bifide, ou de deux épines
aiguës, ou seulement de dentelures. Abdomen parfaitement conique, franchement
tronqué à sa base, comme chez l'O. truncatus et chez les vrais Rhynchium. Toute sa
surface densément poinüllée; le bord du deuxième segment légèrement enfoncé et
plus fortement ponctué , ainsi que les segments suivants.
Insecte d’un roux ou d’un brun ferrugineux ; antennes ferrugineuses. Face de la
tête jaunâtre; vertex occupé par une bande noire (ou seulement obseur) ; deuxième
segment de l'abdomen jaune, avec sa base brune; le troisième, jaune, avec deux
points bruns; le reste ferrugineux. Ea dessous, segments 2, 3 n'étant jaunes que sur
les côtés. Ailes pâles, lavées de jaunâtre le long de la côte, de gris-brun dans le reste
de leur étendue, avec une tache brune dans la radiale.
+ Chaperon polygonal, un peu plus long que large, terminé par un petit bord
subéchancré. Scape des antennes jaune au devant.
Var. a. Le deuxième segment offrant près de soa bord deux points bruns, le troi-
sième offrant à sa base un dessin brun festonné; —b. sutures thoraciques noirâtres ;
mésothorax obseur; — c. bord du prothorax jaune.
Cette espèce à presque exactement la même livrée que l'O. punctum, mais elle
s’en distingue aisément par ses formes moins grêles, son postécusson fortement cré-
nelé, et par son métathorax vertical à angles très-vifs, épineux et supérieurement bi-
denté, ainsi que par ses grossières ponetuations.
Abyssinie. (4 ÿ', musée de Senkenberg.) — Egypte. (Coll. de M. de Heyden.)
IMC FASCICULE. — ODYNERUS. 2921
Le type de coloration de l'O. punctum auquel se rapporte cette espèce, est un type
asiatique qui se retrouve aussi chez les guêpes sociales (Polistes stigma, Icaria, ete.).
L'O. stigma montre que ce type se commence déjà en Abyssinie; il se continue ensuite
par l'Arabie jusqu'aux Indes.
47. ODYNERUS INTERRUPTUS, D. Sp.
Ferrugineus, ubique dense punctatus; clypeo piriformi, sat lato; postscutello trun-
cato, crenulato ; metanoto late excavato, utrinque angulato, canthis superioribus pera-
cutis, supra dentes 2 pone postscutellum efficientibus ; abdomine maxime conico; clypeo,
facie et orbitis, pronoto antice, tegulis, scutello, maculis 2 metanoti, tibiisque flavis ;
abdominis segmentis ommibus fascia interrupta flava ; alis hyalinis apice macula fusca.
Savigny. Description de l'Égypte, Hymén. pl. 9, fig. 17, Q.
Long. totale, 12 millim. ; aile, 8 ‘/, millim.
©. Chaperon piriforme, mais aussi large que long; terminé par deux petites
dents très-rapprochées. Vertex point renflé. Thorax en carré long. Postécusson trans-
versal. fortement tronqué, crénelé. Métathorax tronqué verticalement, fortement ex-
cavé dans toute sa largeur; sa concavité finement striée, offrant de chaque côté un
angle dentiforme distinet; ses arêtes supérieures trés-saillantes, très-tranchantes, se
terminant supérieurement par deux dents, séparées du postécusson par une fissure
eu goutlière. Abdomen parfaitement conique. Tout l’insecte densément ponctué, assez
fortement poinullé; le bord du deuxième segment légèrement enfoncé.
Insecte d’un roux ferrugineux. Chaperon, scape en devant, front et sinus des yeux,
joues derrière les yeux, une large bordure au prothorax, des taches sous les ailes,
écailles. écusson, deux taches sur le métathorax et tibias, jaunes. Tous les segments
de l’abdomen portant une large bordure jaune interrompue au milieu ; le premier of-
frant une échancrure ferrugineuse triangulaire, les derniers entièrement jaunes, par-
tagés par une bande ferrugineuse. Aïles transparentes, nervures de la côte ferrugi-
neuses ; dans la radiale, une tache grise ou brune.
Var. a. Une bande brune au vertex ; mésothorax un peu obscur; — b. écusson
seulement bordé de jaune; —c. écusson et postécusson jaunes, pattes variées de
jaune.
Abyssinie; collecté par Rüppel, (3 ©, musée de Senkenberg.) — Égypte, suivant
la figure donnée par Savigny.
299 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
B. Groupe de l'O. carinulatus, synagroides, etc.
Abdomen souvent ovoïde. Angles du métathoraæ plus ou moins émoussés ;
ses arêtes latéro-supérieures ne s'élevant pas en forme de tranchant derrière
le postécusson. Le postécusson souvent trituberculé. Chaperon des © moins
piriforme, plus largement tronqué, souvent bidenté.
48. ODYNERUS ÆSTUANS, n. Sp. (fig. 25, ©, 9.
Niger, dense cribrato-punctatus ; abdomine rufo, basi nigro ; clypeo bidentato, fusco,
' sulfureo; antennis subtus ferrugineis; postscutello truncato, crenato ; metanoto trun-
cato, inermi, supra valde punctato, foveola nitida haud marginata instructo ; alis ful-
vescentibus fusco-inquinatis.
Q Long. totale, 13 millim. , aile, 11 millim.; © long. totale, 11 millim. , aile, 9 millim.
Q. Tête grosse, circulaire, densément ponctuée, renflée au vertex. Chaperon
fortement et densément ponetué, un peu plus large que long, rétréci vers le bas,
fortement bidenté; les dents séparées par une échancrure arquée. Thorax presque
cubique, un peu plus long que large, un peu déprimé, bordé au prothorax, vertica-
lement tronqué en arrière; toute sa surface densément criblée de points enfoncés;
postécusson tronqué et surplombant le métathorax, offrant postérieurement une tranche
lisse et une arête subcrénelée, avec une légère petite saillie médiane (ou en tout trois
saillies insensibles). Métathorax criblé; sa concavité postérieure fortement excavée et
lisse, mais point bordée; ses bords effacés par les denses ponctuations qui viennent
mourir dans la cavité; l’arête latérale suberénelée par les ponctuations. Pas d’angle
ni d’épine latérale. Ecusson traversé par un petit sillon linéaire, mais n'étant pas
fortement partagé. Abdomen déprimé, conique, entièrement sessile, assez lisse et
velouté; le premier segment à peu près aussi large que le deuxième, rès-court,
tronqué franchement, mais sans offrir d’arête transversale; le deuxième segment
ayant le long de son bord ane bande fortement enfoncée, ponctuée, mais non re-
tronssée.
Insecte garni d’un fin duvet grisâtre. Tête et thorax noirs; chaperon un peu bru-
nâtre, ses dents passant au brun-ferrugineux, ainsi que souvent un peu le prothorax.
Antennes ferragineuses, obscures en dessus. Bordure des orbites ferruginense. Ab-
IMC FASCICULE. — ODYNERUS. 9293
domen rouge-brique, avec la face antérieure du premier segment noirâtre. Pattes
ferrugineuses; ailes transparentes, un peu couleur d’ambre, avec du brun dans la
radiale et le long de leur marge externe (cette couleur la salissant irrégulièrement),
parfois aussi un peu à la base.
cf‘. Chaperon polygonal, un peu plus long que large, terminé par deux dents ; sa
couleur, jaune-pâle.
Abyssinie, Massana. Voyage de Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
Cet Odynère a la plus grande ressemblance avec l'O. Guerini, mais il s’en distingue
par ses écussons, qui ne sont pas partagés en quatre cubes élevés, et par son méta-
thorax dénué d'angles spiniformes.
Fig. 25 ©. Tête de l'O. æstuans femelle, grossie. — 25 of. Id. du mâle.
49. ODYNERUS SYNAGROIDES, Sauss.
Vespides 1, 198, 99; pl. xvin, fig. 2.
Cette espèce s'étend jusqu’en Abyssinie. Un individu pris par Rüppell sur la côte
de cette contrée ne me semble pas différer notablement des individus du Sénégal.
Cet insecte pourrait aussi bien rentrer dans le genre Rhynchüun que dans le genre
Odynerus, car les trois derniers articles de ses palpes maxillaires sont petits, pas plus
longs que le troisième, mais les articles des palpes ne sont pas grêles comme chez
les Rhynchinm ; ils sont assez épais et ont un autre facies. Les mandibules aussi ont
une forme particulière; elles sont assez courtes, obtuses, armées de quatre dents
mousses. La tête est grosse, plus arrondie que chez les Synagres. Tous ces caractères
éloignent cet insecte des Synagris et des Anterhynchium (Rhynchium à facies de Sy-
nagris, Rh. abyssinicum, ardens, ete., p.205). Le chaperon est un peu plus long que
large, ponctué, surtout vers le bas, bicaréné au bas et terminé par un bord un peu con-
cave. La tête et le thorax sont régulièrement et densément ponctués, comme chagrinés.
La saillie médiane du postécusson est comprimée et forme presque une lame ; les laté-
rales sont assez obtnses, crénelées transversalement, et, en dehors d’elles, on voit de
chaque côté comme une gouttière. La concavité du métathorax est assez nette, fine-
ment striée ; ses arêtes marginales, ainsi que l’arête latérale, sont un peu crénelées,
et de chaque côté, à leur rencontre, est un angle plus ou moins prononcé. L'abdo-
men est ovoïde, densément ponctué; le premier segment est partagé par un faible
sillon ; le bord du deuxième est légèrement enfoncé. Le corps n’est pas velouté comme
chez les Synagres, mais nu ou finement lainenx ; les poils sont fauves ou grisätres.
TOME xvI1, 17 PARTIE. 29
224 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
La couleur foncière est d’un brun noiïrâtre plutôt que noire, avec bouche, antennes,
front, prothorax, une tache sous l’aile, écussons, milieu du métathorax et pattes,
d'un brun ferrugineux ou noirâtres. Ces teintes sont plus on moins étendues. Seg-
ments 3-6 de l'abdomen veloutés, orangés. — Aile, 0®,019.
Côte d’Abyssinie. (1 ©. musée de Senkenberg.)
C. Groupe de l'O. fastidiosissimus.
Formes du groupe À, mas plus gréles. Le postécusson plutôt aplati que
tronqué. Fossette du métathorax vaque, n'étant pas bordée d'arêtes vives ;
les arêtes latérales du métathorax devenant au contraire saillantes, et for-
mant vers le bas un tranchant arqué. Abdomen grêle, rétréci et tronqué à
sa base. Chaperon © piriforme, mais large.
50. ODYNERUS FASTIDIOSISSIMUS ? Sauss.
œ. Niger, punctatus; clypeo, mandibuls. scapo subtus, macula frontali, lineola intra-
orbitali et postoculari, pronoti margine, tegulis, postscutello, maculis 2 metanoti, pedi-
bus, abdominisque segmentorum limbo, flavis ; fasciis ultimis abbreviatis, antennarum
flagello subtus basi ferrugineo. — Ægyptus. .
Sauss. Vespides LIL, 265, 145; pl. x, fig. 7, Q.
Nous possédons un Gj' d'Égypte qui se rapproche extrêmement de l'O. fastidio-
sbstmus tel que nous l’avons décrit |. 1., mais qui a le chaperon plus long et plus
longuement bidenté. Chez cet individa, le scape des antennes est noir en dessus:
le troisième article du flagellum est ferrugineux ; il n’a pas de tache sous laile; le
postéeusson n’est pas entièrement jaune ; il n’y a au métathorax que deux petites
lignes jaunes ; les bordures abdominales sont moins larges; la première est échancrée
en are de cercle, celle des segments 3-6 sont raccourcies sur les côtés.
Cette espèce n’est pas représentée sur les planches de l'Égypte.
Chez l'O. fastidiosissimus les formes sont un peu plus allongées que chez l'O. par-
vulus et l'abdomen est moins ovale; le deuxième segment est aussi plus étranglé à
sa base; le postécusson est aplati, non bidenté; le métathorax a ses arêtes latérales
bien développées; sa concavité rugueuse, étendue jusqu'au postécusson et non li-
mitée supérieurement par un arc saillant. Le chaperon © est piriforme, mais presque
11Me FASCICULE. — ODYNERUS. 295
plus large que long et un peu bidenté, jaune. Chez le Gj', il est un peu plus large
que long, polygonal et bidenté, mais ses dents sont très-courtes, quoique aiguës et
placées de chaque côté d'une échancrure arquée.
D. Groupe de l'O. parvulus.
Formes analoques à celles qui caractérisent le groupe C, mais plus tra-
pues, et le thorax plus ramassé. Postécusson aplati plutôt que tronqué, en
général bidenté ; métathorax rétréci; sa fossette petite, bordée supérieure-
ment; ses arêles latérales plus ou moins développées. Abdomen ovale ou
ovoide; le premier segment assez arrondi, souvent cupuliforme. Chaperon
© piriforme, plus long que large.
51. ODYNERUS PARVULUS, var.
Sat minutus, niger ubique valde punctatus, flavo multipictus; clypeo apice subemar-
ginato ; pronoto vix angulato ; postscutello subbidentato ; metanoto postice planato, can-
this lateralibus acutis, foveola haud acute marginata instructo ; abdomine ovato-conico,
primo segmento cupuliformi, at basi paulum truncato, supra flavo, sed macula nigra
emarginato; antennis nigris, subtus frequenter ferrugineis, scapo flavo. — Variat se-
cundo segmento utrinque macula flava.
©. parvulus, Lep. — Sauss. Vespides 1, 193, 91 ; III, 237
Long. totale, 9 millim.; aile, 7 millim.
. Tête circulaire, un peu plus large que longue, un peu échancrée postérieu-
remeut. Chaperon un peu plus large que long, ponctué et striolé, paraissant bidenté ;
mais l’espace placé entre les dents, occupé par un bord presque droit. Thorax assez
court; angles du prothorax à peine marqués. Écailles grandes, suivies d’un appen-
dice styliforme arqué. Postécusson en forme de lame verticale, aplati par derrière,
suberénelé ; ses angles subdentiformes. Métathorax vertical, aplati, à arêtes latérales
tranchantes et saillantes, à concavité subcireulaire, vague, non marginée. Abdomen
ovoïde, un peu trouqué à sa base; le premier segment en forme de grande cupule,
offrant un cordon marginal insensible. Tête et thorax densément ponetués; abdomen
fortement ponctué partout, surtout le long des bords des segments deuxième et
suivants.
Insecte noir, revêtu d’un duvet grisâtre; mandibules, chaperon, un triangle au
226 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
front, sinus des yeux, une grande tache derrière ces organes, une large bordure au
prothorax, une tache sous l’aile, écailles, écussons, angles du métathorax, une large
bordure à tous les segments abdominaux, anus et pattes, jaunes; le premier segment
jaune en dessus, un peu échancré de noir. Antennes noires, orangées en dessous ;
seape jaune avec un pen de noir vers le bout en dessus. Ailes subenfumées, offrant
un peu de brun le long de la côte.
Abyssinie. Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
Cet Odinère me paraît ne différer de l'O. parvulus d'Algérie que par l'absence de
taches latérales au deuxième segment abdominal, et par ses antennes ferrugineuses
en dessous. Par compensation, le jaune des bordures abdominales est plus étendu.
Je prends donc cet insecte pour une simple variété de l’espèce citée.
L’O. parvulus serait done répandu sur tout le nord de l'Afrique et remonterait
la vallée du Nil jusqu’en Abyssinie. Toutefois nous ne l’avons pas trouvé sur les plan-
ches de la Deser. de l'Égypte. La fig. 15 (pl. 1x) de cet ouvrage pourrait s’y rap-
porter, mais l’espèce que cette figure doit représenter semble avoir le métathorax
anguleux sur les bords de sa fossette.
52. ODYNERUS BIPUSTULATUS, Sauss.
Vespides [I, 277, 159 ; pl. x11, fig. 10, Q.
Cette espèce diffère de l'O. ovalis par son thorax plus court; la concavité du mé-
tathorax offre au sommet des saillies plus prononcées et les arêtes latérales sont un
peu plus marquées. Le deuxième segment abdominal a son bord un peu cannelé et un
peu plus fortement ponctué. Le chaperon © est souvent jaune avec une tache noire.
L’écusson et le postécusson ont chacun deux taches jaunes; le troisième segment a sa
bordure atténuée et interrompue au milieu ; le quatrième l’a raccourcie sur les côtés;
le cinquième est souvent noir; l'anus est taché de jaune. — Cochinchine.
Le cj a le chaperon jaune, bidenté, fortement ponctué; le bord du deuxième seg-
ment est fortement enfoncé et grossièrement criblé, souvent dénué de bordure; les
quatrième et cinquième ont une bordure très-étroite ou interrompue, plus large sur
les côtés, — Indes.
Oss. Dans sa description de la Vespa 2-guttata, Fabricius ne parle pas de l'absence
de bordure au deuxième segment abdominal ni des lignes jaunes du métathorax; pour
le reste, sa diagnose correspondrait bien à l'O. bipustulatus. La V. biguttata est
probablement une espèce chinoise très-voisine des ©. ovalis et bipustulatus.
19
:
IMC FASCICULE. — ODYNERUS.
535. ODYNERUS OVALIS, Sauss.
Parvulus, dense punctatus, tertio segmento crassius punctato; clypeo subtrigono, trun-
cato, subemarginato ; metanoto rotumdato, foveolato; foveola supra acute marginata ;
abdomine ovali, basi attenuato, rotundato. Corpus nigrum, flavo multipictum ; abdominis
segmentis 1, 2 utrinque macula flava, in fasciam flavam marginalem confluente.
Sauss. Vespides 1, 215, 122, o', pl. xx, fig. 4 ; III, 245.
Q©. Chaperon en trapèze, ou presque triangulaire, tronqué, suhéchaneré, jaune.
Mandibules jaunes; flagellum des antennes noir en dessus, ferrugineux en dessous.
Segments 5, 6, ornés en dessus d’une tache jaune. Métathorax arrondi; ses arêtes
latérales peu distinctes; sa fossette assez profonde, ponctuée, partagée par une ca-
rène et bordée au sommet par une arête tranchante.
‘ar. ©. Chaperon marqué d’une tache noire au milieu ; scape des antennes noir
en dessus; ornements jaunes moins étendus; borlure du troisième segment très-
étroite au milieu. — Bengale.
Cette espèce ressemble parfaitement à l'O. parvulus, si ce n’est que le postécusson
n’est pas crénelé, mais un peu aplat et subbidenté, et que l'abdomen est plus rétréci
en avant; le troisième segment aussi est très-grossièrement ponctué. Le thorax est
plus allongé; la concavité du métathorax n'est pas striée, mais ponctuée.
En tout cas, ces deux espèces sont bien voisines.
D4. ODYNERUS GUINEENSIS, n. Sp.
©. Minutus ; O. parvuli séatura et formis simüllimus ; ubique valde punctatus ; post-
scutello bidentato; metanoto minus punctato, rotundato, foveolato; foveola supra elevato-
marginata; abdomine ovato, segmentorum 2, 3 margine punctatiore. Corpus nigrum ;
clypeo subemarginato, rufo, flavo-maculato et puncto nigro ; mandibulis, fascia trans-
versa frontali, antennis, macula postoculari, rufis ; thorace fere omnino rufo, pronoti
margine, tegulis, scutello, puncto subalari, flavis ; abdominis apice et lateribus, rufis ;
segmentis 1-3 flavo limbatis ; pedibus flaris.
Long. totale, 8 ‘, millim. ; aile, G ‘/, millim.
©. Grandeur et formes de l’O. parvulus. Chaperon piriforme, fortement ponctué,
tronqué et subéchancré; son extrémité offrant un vestige de sillon, Tête et thorax
densément eriblé. Postécusson bidenté sur ses angles; métathorax velouté, arrondi,
à fossette assez lisse, supérieurement bordée par une assez forte arête en saillie. Ab-
228 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
domen ovoïde, même assez globuleux, densément ponctué, un peu velouté; le bord
des segments deuxième et troisième plus fortement ponctué que le reste. Premier
segment en eupule large, et un peu aplati au devant, offrant à sa face antérieure un
léger vestige de ligne saillante, effacée au milieu, qui rappellerait une suture , mais
qui est trop faible pour être envisagée comme telle : certe ligne surtout dessinée par
les ponetuations, souvent nulle.
Insecte noir: mandibules, chaperon, une bande transversale sur le front qui rem-
plit les sinus des yeux, et deux taches derrière les yeux, orangés ou roussâtres ;
mandibules et chaperon tachés de jaune; souvent un point noir au milieu de ce
dernier. Antennes orangées en dessous, rousses et un peu obscures en dessus; pro-
thorax, postécusson, métathorax, des taches sur les flancs et deux taches an méso-
thorax, roux ; bordure du prothorax, écailles, écusson, une tache sous l’aile, jaunes.
Abdomen brun ou noir; segments 4-3 bordés de jaune, 1 et 2 ornés de roux sur
les côtés, 4-6 roux. Pattes jaunes, ou avec la base rousse. Ailes transparentes; ner-
vures brunes; un peu de brun dans la radiale.
Côte de Guinée. (Ma collection.)
Cette espèce est sans doute fort sujette à varier, les trois couleurs passant de l’une
à l’autre. Certains individus auront le chaperon marqué de quatre taches jaunes, ou
jaune avec une tache noire ; sur le front une tache rousse libre, et deux autres dans
les sinus des yeux, etc.
Cet Odynère paraît être voisin de l°O. instabilis, Smith, Catal. Vesp., 73, 172.
Division STENODYNERUS :.
(Vespides 1, 208, vwe division ex parte. — III, 290, B, etc.)
Formes du corps gréles, allongées. Thorax allongé. Abdomen souvent
cylindrique; écusson aplati, métathorax convexe, creusé d'une fossette va-
riable; à bords en général arrondis.
A. Formes plutôt déprimées ; torax assez court.
95. ODYNERUS ANGUSTUS, n. Sp.
Niger, gracillimus ; valde punctatus ; metunoto foveolato sed ubique rotundato ; primo
1 On pourrait répéter, à propos de cette division, ce qui a été dit p. 216, note re.
110 FASCICULE. — ODYNERUS. 299
abdominis segmento fere infundibuliformi, crasse cribrato; 2 sparse punctato, 2-4 mar-
gine grossius punctato ; mandibulis, antennis subtus, frontis puncto, macula oculari et
postoculari, tegulis, segmentis 5-7 et pedibus, rufis ; pronoti et abdominis segmentorum
1-4 margine, flavis ; macula subalari rufa vel flava; alis pellucidis, costa infuscata.
d. Long. totale, 9 ‘/, millim. ; aile, 7 ‘/, millim.
cf. Assez petit; de forme allongée et étroite, comme l'O. Rossi, mais plus grèle
encore. Tête un peu plus large que haute, densément ponctuée, chagrinée. Thorax
peu allongé, densément criblé, assez large en avant, mais point anguleux; post-
écusson dénué de crête, ponctué; métathorax rétréci, convexe et arrondi, ponctué
comme le reste du thorax, offrant une fossette nullement bordée ni limitée; l’arron-
dissement du métathorax faisant disparaître même les arêtes latérales. Abdomen grêle,
allongé ; le premier segment peu sessile, en forme de cloche évasée, ou presque en
forme d’entonnoir court, notablement moins large que le deuxième, aussi fortement
mais moins densément criblé que le thorax. et offrant en dessus, à l'extrémité, un
point enfoncé; deuxième segment lisse, aplati en dessous, couvert de ponctualions
espacées ; le bord des segments 2-4 plus fortement criblé.
Insecte noir, revêtu d’un fin duvet grisâtre, au moins au mélathorax et à l'abdomen.
Mandibules, antennes en dessous, sinus des ÿeux, un point au front, une tache der-
rière les yeux, un point sous l’aile, écailles et pattes, ferrugineux ; un liséré au hord
antérieur du prothorax, et bordure régulière des segments 1-4, jaunes; segments
suivants ferrugineux ou bruns. Ailes transparentes; la côte et la radiale un peu
brunâtres.
: Chaperon ponctué, un peu plus large que long, presque en trapèze, rétréci
vers le bas et tronqué, paraissant échancré et un peu bidenté, mais l’espace entre les
dents rempli par une petite lame. Sa couleur, jaune; un peu bordée de roussâtre ; of-
frant au milieu une tache noire et, de chaque côté, au milieu des bords, une marque
de cette couleur. Crochet des antennes très-petit, grêle.
Var. Les taches de la tête passant au jaune; chaperon Cf varié de jaune et de
noir.
Abyssinie. Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
Cette espèce pourrait être rangée dans le groupe del’. multicolor, mais ses formes
grêles, son abdomen rétréci à sa base, son métathorax partout arrondi, le rapprochent
plutôt des O. exilis et autres petites espèces, quoique sa taille soit plus grande et son
corps moins grêle; toutefois il faudra le placer près de l’O, tarsatus, la tête étant
plus large que haute.
250 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
B. Formes cylindriques ; thorax voté, allongé en avant des ailes, point
rétréci au prothoraæ; métathorax un peu prolongé; base de l'abdomen en
cloche arrondie, sessile. Abdomen fortement ponctué. (Facies des Stenancis-
trocerus américains ; O. fulvipes, ele.)
26. ODYNERUS CHINENSIS, n. Sp.
Niger, gracilis, cylindricus; ubique dense foraminato-cribratus ; metanoto et primo
segmento antice reticulato-perrugosis ; metanoti foveola subcirculari haud acute margi-
nata ; capite altiore quam latiore; clypeo @ piriformi, carinato-bidentato; punctis 2 in
clypeo, puncto frontali et postoculari, scapo subtus, maculis 2 pronoti et 1 subalari, post-
scutello, fasciis 2 abdominis et tibiüis 1, 2 extus, flavis vel aurantiüs ; alis nebulosis.,
Long. totale, 9 millim. ; aile, 7 millim.
Q. Assez petite; formes grêles et cylindriques comme chez l'O. fulvipes et voi-
sins. Tête un peu plus haute que large, densément ponctuée; antennes insérées fort
bas; chaperon piriforme, convexe, ponetué, bicaréné en bas et terminé par deux pe-
tites dents séparées par une très-faible échancrure. Thorax allongé, convexe en dessus
et voûlé transversalement; sa portion située en avant des ailes, allongée; prothorax
à peine rétréci, à angles plus ou moins marqués; postéeusson un peu noyé dans le
métathorax, qui se prolonge horizontalement en arrière de cette pièce et qui est en-
suite tronqué. Le métathorax moins large que le reste du thorax; sa face postérieure
occupée par une fossette circulaire, un peu ponctuée on rugulense. Toute la surface
du thorax densément criblée de gros points en forme de trous; le métathorax seule-
ment plus grossièrement sculpté, réticulensement rugueux ; les rugosités effaçant les
arêtes qui pourraient border la fossette. Abdomen grêle ; le premier segment en cloche
allongée, arrondie; le deuxième aussi grossièrement criblé que le thorax; sa partie
antérieure même chargée de rugosités analogues à celles du métathorax et qui sem-
blent dessiner deux lignes suturales. Deuxième segment un peu étranglé à sa base,
très-densément criblé de points presque aussi gros que ceux du thorax; son bord
offrant en dessus et en dessous une ligne submarginale enfoncée, portant de gros
points; le troisième segment aussi densément mais moins grossièrement ponctué; le
quatrième l’étant plus finement.
Inseete noir: mandibules brunâtres; deux points roux au sommet du chaperon ;
une ligne au scape antennaire, un point au front, un autre derrière chaque œil, deux
LME FASCICULE. — ODYNERUS. 251
taches au prothorax, une tache vers l'aile, une ligne (ou deux taches) au postécusson,
bord de l’écaille et son appendice, et bordure régulière des segments 1, 2, jaunes-
orangés. Pattes noires, épines rousses ; libias 4, 2, jaunes en dehors. Aïles un peu
enfumées, à reflets irisés, nervures brunes.
Chine septentrionale. (Ma collection.)
Cette espèce rentre dans le même groupe que les Stenodynerus américains. Elle
offre les mêmes formes, les mêmes caractères, et on la prendrait volontiers pour une
espèce américaine. Il parait done que ce type existe dans l'Asie orientale aussi bien
que dans l'Amérique du nord.
L'O. Chinensis se rapproche surtout de l'O. perennis, quoique la ponetuation dif-
fère sensiblement entre ces deux espèces. Les rugosités du premier segment , qui
figurent comme une double suture, pourraient faire placer cet Odynère parmi les
Stenancistrocerus, près de l'O. fulvipes, mais ces vestiges sont trop vagues pour lui
assigner une place dans ce sous-genre, et d’ailleurs la forme de son métathorax l'en
éloigne.
Au même groupe appartient probablement l'O. xigrifrons, Smith Catal. 62, 68.
Division ANTODYNERUS.
(Sauss. Vespides [, 208, Vme division. [. A. «. — III, 242.)
Postécusson tronqué, saillant, offrant une arêle arquée, mais & peine
crénelée. Métathorax excavé, mais partout arrondi.
(Groupe de FO. punctum.)
27. ODYNERUS MUTABILIS, n. Sp. (fig. 26.)
Ferrugineus, pronoti et abdominis segmentorum 1-2 margine flavo-ornato; secundi
segmenti basi nigrescente ; postscutello flavo, transversim subcarinato ; frontis lines 2
nigris ; thorace nigro-vario ; alarm hyalinarun venis costalibus ferrugineis, et cellula
radiali macula fusca. — & clypeo piriformi, truncato, flavo; frontis macula, scapo subtus
oculorumque sinu, flavis.
d. Long. totale, 10 millim. ; aile, 8 millim.
Tête et thorax densément ponctués, veloutés. Postécusson offrant une petite ca-
iène transversale; métathorax arrondi, offraut une concavité circulaire à contours
TOME xvH, Îr€ PARTIE. 20
9252 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
vagues et entièrement arrondis, à peine bornée par des vestiges obscurs d’arêtes ;
de chaque côté un vestige d’angle arrondi, émoussé. Abdomen ponetué, lisse et
soyeux, ovoide; le premier segment nn peu rétréei et arrondi, comme chez les Epi-
pona (Hoplopus), quoique plus allongé, et partagé en dessus par un faible sillon.
fnsecte ferrugineux ou roux; sur le front deux lignes noires partant de l’ocelle an-
térieur; sutures du thorax noirâtres; du noir au bord antérieur du mésothorax ; bor-
dure des segments 1, 2 de l'abdomen, jaunes; celle du premier rétrécie vers les côtés ;
celle du second festonnée ; du brun noirâtre à la base du deuxième segment; bord
des segments suivants un peu festonné de jaune et varié de noirâtre, ou ferrugineux.
Pattes ferrugineuses; tibias, cuisses et hanches en devant, jaunes. Ailes transparentes ;
nervures de la côte ferrugineuses; une tache brune dans la radiale. (Les deux nervures
récurrentes partagent le bord postérieur de la deuxième cubitale en trois parties à peu
près égales.)
c'- Chaperon piriforme, mais presque aussi large que long; tronqué, mais parais-
sant subéchancré. Chaperon, mandibules, une marque au front, bordure interne des
orbites et le scape en dessus, jaunes.
Il est probable que souvent les antennes sont obscures en dessus vers le bout.
Abyssinie. Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
Cet Odynère est très-voisin de lO. multicolor et on pourrait le prendre pour son
mâle. Mais, outre qu’il est peu probable que cette petite espèce se trouve simulta-
nément au Sénégal et en Abyssinie, le thorax est ici beaucoup moins allongé que chez
VO. multicolor.
Les fig. 13 et 15 de la pl. 1x de la Description de l'Égypte, représentent des
espèces voisines de celle-ci, mais moins ornées de jaune et chez lesquelles la bordure
du deuxième segment est élargie au milieu, ce qui n’est pas ici.
Cet Odinère offre à la base de l’abdomen un vestige de suture, en sorte qu’on
pourrait être tenté de le classer dans le groupe des Ancistrocerus qui n'ont pas l’ab-
domen franchement tronqué à la base et chez qui le métathorax n'offre pas de plaque
pentagonale bien dessinée (Stenancistrocerus , sect. 3Me, groupe de l'O. occidentalis ;
quoique le premier segmênt n’offre qu'une seule suture). — La concavité métatho-
racique est mal limitée, souvent en fossette vague ou en gouttière.
Fig. 26. O. mutabilis Œ'. grossi. — 26 a. Sa grandeur naturelle.
Je FASCICULE. — ODYNERUS. 253
Division ANTEPIPONA.
(Sauss. Vespides 1, 213, C. — [IL, 244 et 298.)
Thorax court, ramassé, postécusson tronqué, saillant, souvent bidenté ;
mélathorax à fossette vague, à arétes latérales" seules dishinctes. Abdomen
ovale; le premier segment en cupule. (Facies des Epipona où Hoplopus.)
58. ODYNERUS SILAENSIS, Sauss.
Vespides 1, 213, 119; pl. xix, fig. 6, 6 a, 6 b. — III, 244.
c'- Le chaperon offre deux dents triangulaires.— Ocelles en triangle. Postécusson
bidenté ; ses dents dirigées un peu en haut et placées à ses deux extrémités. Thorax
très-densément criblé. Chaperon, scape des antennes en devant, et tibias à leur face
externe, jaunes.
Abyssinie, route d'Agama à Simen; récolté par Rüppell.
Cette espèce parait être répandue sur toute la côte orientale de l'Afrique jusqu’à
l’Abyssinie, aussi bien que dans les îles situées à l’orient de cette côte.
1 Voyez la note 2 de la page 216.
254 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
8. DESCRIPTION DE DIVERS VESPIENS.
{Guépes sociales.)
GENRE ICARIA, Sauss.
Groupe de VZ. cincta.
{ Sauss. Vespides IT, 36, 39.
D9. IcariA ciNcrA, Lepel.
(Sauss. Vespides II, 39, 18 ; pl. v, fig. 9, ©.)
Fusca, fulvo-sericea; capite et thorace nigrescentibus, pronoto et abdominis secundo
segmento flavo-marginatis ; scutello ferrugineo ; metanoto striato, pone postscutellum bi-
carinato, in medio sulco sejuncto.
+ Corps distinctement ponctué. Vertex noirâtre, thorax noir ou noirâtre, ab-
domen d'un brun marron ou chocolat, revêtu de poils soyeux. Chaperon presque
carré, un peu angulaire, jaune, revêtu de poils argentés. Mandibules, front, orbites,
prothorax en dessus, une bordure festonnée au deuxième segment, hanches en de-
vant et des taches à la face inférieure du thorax , jaunes. Pattes ferrugineuses, cuisses
brunes et jaunes en dessous; tibias antérieurs jaunes au devant ; écussons et écailles
ferrugineux. Pétiole ferrugineux-obscur, bordé de pâle ou de jaunâtre. Extrémité de
l'abdomen et bordure des segments 3 et 4, ferrugineux. Antennes ferrugineuses,
scape jaune en dessous, brun en dessus, ainsi que l'extrémité des antennes. Aïles
transparentes, nervures d’un brun ferrugineux, avec du brun dans la radiale.
Cet insecte ne diffère guère de lZ. cincta typique que par son métathorax un peu
plus étroit. Je crois donc qu'il faut l’envisager comme étant bien le mâle inédit de
l'Icarie de ce nom. Il se rapproche beaucoup de l’Z. distigma, Gerst. (Peter’s Mo-
sambique, #71), qui pourrait bien être une variété de la même espèce.
Abyssinie. Rüppell. (Musée de Senkenberg.)
11M€ FASCICULE. — ICARIA. 235
60. ICARIA PLEBEJA, n. Sp.
Fusca, argenteo-sericea, tenuissime punctata; thorace frequenter subtus nigro, supra
obscure rufo vario ; alis hyalinis ; thorace angusto, metanoto haud pone postscutellum
bicarinato ; petiolo lineari, apice globoso-clavato.
Long. totale, 12 millim.; aile, 9 millim.
©. Grandeur et formes de VZ. cincta. Thorax comprimé, étroit. Prothorax point
rétréci, fortement bordé. Métathorax partagé par un sillon linéaire profond ; ses arêtes
latérales assez distinctes ; au-dessous du postécusson, pas de carènes, où seulement
un vestige vague. Pétiole linéaire ; son renflement court, globuleux, paraissant trian-
gulaire quand on le regarde en dessus et par-devant; précédé de deux petites dents
latérales rudimentaires ; son sillon submarginal faible. Deuxième segment allongé,
tronqué à peu près perpendiculairement à l’axe du segment; le bord ne paraissant
pas double, mais plutôt bordé par un sillon linéaire. Tout l’insecte finement ponctué,
mais l’étant très-faiblement et pen profondément; abdomen soyeux, non velouté.
Couleur d’un brun obseur lie-de-vin, ou presque chocolat, revêtu partout d’un
duvet argenté; antennes ferrugineuses-obseures. Thorax en dessous, souvent le méta-
thorax et les carènes, noirs; prothorax eu taches sur les flancs, ferrugineux-obseurs.
Ailes transparentes, nervures brunätres, stigma jaunâtre.
Var. Thorax noirâtre, mésothorax avec deux taches brunes-rousses; écussons roux
obseur; un léger filet fauve le long du bord antérieur du prothorax.
Nouvelle-Hollande. (Collection de M. de Heyden et la mienne.)
Cette fcaria doit être bien distinguée de VI. revolutionalis qui suit.
Elle construit un nid entièrement latéral, pédicellé, mais composé de quatre à cinq
rangées d’alvéoles obliquement juxtaposées. Les alvéoles sont longues, grandes pour
l'espèce, et obliques par rapport au plancher, comme dans tons les latérinides. La
longueur de l’échantillon que nous avons sous les yeux est de 3 centimètres; celle
des alvéoles de 12 à 13 millimètres. Le nombre des alvéoles est d’environ 30.
GA. ICARIA REVOLUTINALIS, Sauss.
(Vespides IT, 29, 7; pl. v, fig. 7.)
Cette espèce a le prothorax un peu plus court que l’Z. plebeja; elle est plus dis-
tüinctement ponctuée, plus veloutée. Le postécusson est échancré ou tronqué, et offre
256 MÉLANGES HYMENOPTÉROLOGIQUES.
une petite tranche lisse. Le métathorax est largement cannelé, concave ; sa concavité
est bordée par des carènes prononcées qui partent des angles du postécusson. L'ab-
domen est fortement velouté. Le prothorax est aussi un peu moins fortement bordé.
Taille un peu moindre. — Tasmanie.
GENRE POLISTES, Fabr.
62. PoListTEs TASMANIENSIS, Sauss.
Construit un nid arrondi, analogue à celui de tous les Polistes, à pédoncule ex-
centrique, à alvéoles très-allongées. Un gnépier de cette espèce qui a le diamètre
d’un pouce et demi, contenait une cinquantaine d’alvéoles.
65. P OLISTES OBSCURUS, n. Sp.
Niger, sericeus ; mandibulis et antennis subtus rufis ; pedibus fuscis; alis ferruginers ;
abdominis primo segmento brevi.
Long. totale, 14 millim. ; aile, 11 millim.
©. Assez petite espèce, ayant presque les formes du P. metricus. Prothorax assez
large et bordé; métathorax court; son sillon large ; lisse, finement strié; le reste du
métathorax strié. Abdomen lisse, soyeux; subdéprimé, n’ayant pas la forme compri-
mée ; le premier segment court, pas plus long que large.
Insecte noir ou brunâtre, à poils et à reflets gris et dorés. Mandibules et flagellum
des antennes en dessous, roux. Tibias et tarses bruns ou roussâtres; écailles brunes.
Ailes ferrugineuses, un peu grises vers le bout.
Brésil. (Musée de Senkenberg.)
Ce Poliste a la livrée du P. rufidens, mais il a le prothorax bien moins large, moins
anguleux, et le premier segment abdominal n’est pas en forme d’entonnoir grêle plus
long que large. La forme de l'abdomen est différente.
Il diffère du P. melanosoma par le même caractère tiré de la forme de l’abdomen.
et de plus par son métathorax plus court, à sillon large et lisse; par ses ailes, qui ne
sont pas uniformément ambrées, à troisième cubitale plus longue que large.
19
Ll
1
[1M6 FASCICULE. — POLYBIA.
GENRE POLYBIA, Lepel.
Division PSEUDOPOLYBIA :.
Mandibules très-courtes , fortement quadridentées; chaperon court, lais-
sant la bouche à découvert. Abdomen sessile ; le premier segment cupuli-
forme.
Les insectes qui rentrent dans celte coupe pourraient être confondus
avec le genre Polistes si on ne connaissait pas bien l’insecte sur lequel
je l'ai basée. En effet, ici aussi l'abdomen est subsessile; néanmoins cet
insecte appartient évidemment au type des Polybia, soit à cause de son
abdomen large et déprimé, soit à cause de son thorax de forme large et
raccourcie en avant.
Les Pseudopolybia sont des Polybies à formes raccourcies qui imitent
les Polistes, mais dont le corps n'offre pas la forme si bien définie qu’on
observe chez les Polistes.
64. POLYBIA VESPICEPS, n. sp. (fig. 27).
Olivaceo-fusca ; testaceo multipicta ; antennis subtus ferrugineis ; clypeo testaceo, brevi,
margine infero tricuspide ; fronte sulco partito ; ocellis in trigono elongato dispositis ;
thorace piriformi, postice attenuato, antice brevi, lato, arcuato ; abdomine depresso.
sessili, primo segmento cupuliformi.
Long. totale, 14 millim. ; aile, 13 millim.
Q@. Tôte triangulaire. Mandibules très-grosses, très-courtes et fortement quadri-
dentées, comme chez les Polistes. Chaperon notablement plus large que long; laissant
la bouche à découvert, vu sa brièveté; son bord inférieur tricuspide; la saillie mé-
diane formant l’angle du chaperon, et les saillies latérales formant des pointes qui
! Cette division est entièrement nouvelle. Le type qui lui sert de base n’est point représenté dans le
tome Ilme de mes Etudes sur la Famille des Vespides.
238 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
aboutissent à l'insertion des mandibules. Yeux étroits, fortement échancrés, n’attei-
gnant pas à beaucoup près la base des mandibules. Le front formant une saillie entre
les antennes, et étant, au-dessus de cette saillie, partagé par un sillon qui s'étend
jusqu’à l’ocelle antérieur. Ocelles disposés en triangle allongé, c'est-à-dire : les deux
postérieurs plus rapprochés lun de l'autre que de l'antérieur. Vertex bossué.
Thorax piriforme, point comprimé, atténué en arrière, large et arqué en avant ;
ne se prolongeant que peu en avant des ailes (ou du moins, sa partie antérieure courte).
Prothorax, vu en dessus, en forme d'are de cercle; mésothorax circulaire ou penta-
gonal, arrondi en avant, aussi large que long; écussons convexes; métathorax oblique,
sa face postérieure un peu aplatie, partagée par un sillon. Abdomen déprimé, large,
plus large que le thorax, sessile; le premier segment cupuliforme, de moitié moins
large que le deuxième; celui-ci presque en carré large (vu en dessus).
Tout l’insecte lisse et velouté. Couleur brun-olive ; mandibules, chaperon, bor-
dure des yeux, une double tache au front, une ligne interrompue au vertex, jaunes-
testacés. Souvent le haut du chaperon brun. Bordure postérieure du prothorax,
écailles, deux lignes sur le mésothorax; angles antérieurs de l’écusson, deux bandes
au métathorax, lignes et taches sur les flancs, ainsi qu'un étroit liséré à tous les
segments abdominaux, jaune-testacés; hanches et pattes jaunes-testacées ; hanches
postérieures, cuisses et üibias, variés de brunâtre. Antennes brunes en dessus, ferrugi-
neuses en dessous; le scape testacé en dessous. Ailes transparentes, lavées de jau-
nâtre; nervures brunes-ferrugineuses; deuxième cubitale étroite, la troisième un peu
plus longue que large, à bord sinué.
Brésil. Voyage de Freireiss. (Musée de Senkenberg.)
Cette remarquable espèce est très-facile à reconnaître à son abdomen sessile, qui
a presque la forme de l'abdomen des Odynères du sous-genre Epipona {Hoplopus)
ou de l’Odynerus lutvo'us. Le thorax à aussi une forme très-caractéristique , étant
large et arrondi en avant, atténué en arrière , en sorte que l’aile antérieure est in-
sérée bien en avant du milieu. Cette forme rappelle le thorax de la Polybia nana,
quoique ici cette partie du corps soit plus atténuée en arrière et plus prolongée. La
tête rappelle celle des Vespa par sa forme triangulaire, par la brièveté des mandi-
bules, et du chaperon qui laisse ces organes à nu, par l’espace libre qui règne entre
les yeux et les mandibules, et par la forme étroite des yeux qui sont fortement
échancrés et dont le sommet revient fortement sur le vertex.
Fig. 27. Polybia vespiceps, femelle ou ouvrière, grossie. — 24. Sa grandeur naturelle.
ID FASCICULE. — POLYBIA. 259
Division ALPHA.
{Sauss. Vespides IL, 167.)
Petites espèces, à deuxième cellule cubitale très-étroite, à pétiole lintané
où campanule.
Mélathorax convexe, (Sauss. |. c. 169, B.)
65. POLYBIA PUMILA, n. Sp.
Fusca, sat crassa; pronoto sat lato, elevato-marginato ; mesonoti disco circulari; me-
tanoto subcanaliculato ; petiolo brevi valde campanulato ; antennis subtus ferrugineis ;
corpore lineis testaceis multipicto ; abdominis segmentis 1-3 testaceo limbatis ; secundi
utrinque basi puncto testaceo ; alis hyalinis, venis et stigmate fuscis.
Long. totale, 6 ‘, millim. ; aile, 5 ‘/, millim.
Q. De la taille de la P. sedula, mais plus trapue. Tête large. Thorax ramassé,
n'étant pas grêle et comprimé comme chez la P. sedula; prothorax large, mais moins
que chez la P. nana; le thorax se rétrécissant un peu depuis les ailes, et le prothorax
étant fortement bordé. Disque du mésothorax cireulaire où un peu plus large que
long; métathorax court, assez large; sa face postérieure subconcave. Abdomen large
el assez court; le pétiole très-court, fortement campanulé en forme de cupule à l'ex-
trémilé, mais ayant à peine la moitié de la longueur du deuxième segment.
Insecte brun ou noir; antennes lerrugineuses en dessous; mandibules, bordures
des orbites, bords antérieurs et latéraux du chaperon, deux points entre les antennes
et à la partie postérieure du vertex, deux lignes obliques partant du sommet des yeux,
testacés ; bord postérieur du prothorax, deux lignes au mésothorax, deux points à
l’écusson, deux au postéeusson, deux lignes au métathorax, d’autres sur les flancs,
d’un jaune testacé ; bord postérieur des segments 2-3 où 4 de l'abdomen étroitement
lisérés de jaune ; le deuxième ayant à sa base deux taches jaunes parfois reliées avec
la bordure par un liséré jaune. Pattes brunes ; tarses, tibias, genoux, souvent ferru-
gineux ; hanches antérieures tachées de jaune. Aïles transparentes; nervures et sligma
bruns. Vénulation alaire à peu près comme chez la P. sedula; la troisième cubitale
plus large que longue ; sa nervure externe encore plus oblique, ou sinuée.
Brésil. Voyage de Freireiss. (Musée de Senkenberg.)
TOME XVII, 17° PARTIE. sl
240 MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Cette petite espèce diffère essentiellement de la P. nana par son prothorax plus
allongé en avant des ailes, et rebordé; par son pétiole campanulé, et par son inner
vation alaire analogue à celle de la P. sedu a, et à veines brunes. Elle diffère de la
P. exigua par son pétiole campanulé et par son prothorax qui n’est pas étroit,
allongé, etc.
66. POLYBIA NANA, n. sp. (fig. 28).
Minuta, testacea ; supra ferrugineo-fusca et testaceo multipicta; clypeo et pronoto la-
tissimis ; mesonoti disco circulari; petiolo infundibuliformi ; alis hyalinis, venis et stig-
mate testaceis ; cellula radiali magna, elongata, apice acuminata ; tertia cubitali perfecte
quadrata.
Long. totale, 7 millim. ; aile, 6 millim.
Q. Espèce très-voisine de la P. sedula, ayant la même livrée, mais des formes
un peu différentes. Corps trapu. Tête large et transversale. Chaperon plus large que
long, lisse, terminé par un angle obtus. Thorax point comprimé; prothorax très-large,
mais arrondi en avant; disque du métathorax circulaire, ou plus large que long; écus-
son convexe, luisant; métathorax court et rétréci. Pétiole en entonnoir allongé;
s’évasant régulièrement, sans saut brusque.
Couleur d’un testacé pâle ; en dessus, d’un brun ferrugineux pâle, avec les dessins
suivants : bordures des segments abdominaux et base du deuxième, écusson en tout
ou en partie, deux lignes au métathorax et bords du prothorax, écailles, etc., de
la couleur pâle du dessous du corps. Tête testacée avec deux lignes brunes longitu-
dinales au vertex; flagellum des antennes obscur en dessus, à la base. Ailes transpa-
rentes; nervures jaunâtres; radiale grande, allongée, arquée et pointue; deuxième
cubitale très-petite, la troisième carrée, la quatrième très-large; sigma jaunâtre.
Brésil. Voyage de Freireiss. (Musée de Senkenberg.)
Cette espèce varie sans doute beaucoup dans ses couleurs, mais elle est bien dis-
uncte de la P. sedula par ses formes larges et trapues, par le chaperon et le prothorax
larges, et par le pétiole non campanulé; la vénulation alaire aussi a une toute autre
forme : la troisième cellule eubitale est régulièrement carrée, ou même subélargie vers
la radiale (la nervure externe étant un peu arquée), tandis que dans la P. sedula, cette
cellule est en trapèze, plus large que longue, rétrécie vers la deuxième cubitale et
vers la radiale. La cellule radiale est beaucoup plus grande chez la nana, le stigma
n’est pas opaque et la deuxième eubitale est plus rétrécie vers la radiale.
Fig. 28. Polybia nana, femelle ou ouvrière, grossie. — 28 a. Sa grandeur naturelle.
JIMe FASCICULE. — POLYBIA. 241
Division IOTA.
(Sauss. Vespides Il, 174.)
67. POLYBIA HEYDENIANA, n. sp.
Nigra vel fuscescens; antennis subtus testaceis; corpore lævi; subsericeo ; alis hya-
linis, apice fusco-marginatis ; petiolo dilatato.— Variat pronoti et petioli margine postico,
postscutelli margine antico et tarsis, testaceis.
Long. totale, 10 millim. ; aile, 8 millim.
©. Formes à peu près comme chez la P. Jurinei; le pétiole étant élargi à l’ex-
trémité de la même manière, mais la taille moins grande. Métathorax court, large ,
aplau, presque creusé en fossette, revêtu de poils argeutés.
Tout le corps noir, parfaitement lisse, ni ponctué ni velouté, mais d’un lisse mat,
très-finement gris soyeux. Pétiole élargi dans sa seconde moitié ; deuxième segment
déprimé. Antennes brunes, testacées en dessous; mandibules, écailles, tibias et tarses
brunâtres ; ailes transparentes, nervures brunes; le bout de l'aile bordé de brun le
loug de la côte.
Var. a. Tibias et tarses presque testacés; bord postérieur du prothorax, un point
sur l’écaille, bord antérieur du postécusson et un fin liséré au bord postérieur du pé-
tiole, testacés. Extrémité de l’aile à peine ornée de brun. —b. Couleur foncière
souvent brunätre.
Brésil. (Musée de Senkenberg.)
Elle ressemble à la P. lugubris, mais elle est moins grande, plus trapue; le pé-
üole est moins allongé, et le métathorax plus court, plus large.
Cette espèce viendrait se placer à côté de la P. Jurinei, (Sauss. |. |. 176, 12).
ee CS MNCE RATS »s
242
ICARIA.....
cincta ....
plebeja .
MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE FASCICULE.
MeVOIUHONANS Se Ca CPE CEE
ODYNERUS.
ANCISTROCERUS (sous-genre)......
Ægyptiacus
RACE ee LS 000000 +
IMPUNELANS- PR ete-ee
inconstans.
ANCISTROCERUS (division
HYPANCISTROCERUS.........
STENANCISTROCERUS. ...........s..e
ODYNERUS
æstuans. ..
angustus . .
(SOUS-LENTE) ee...
PIPUSUUANSP PE REP EE Ce.
Chinensis .
interruptus
mutabilis.
ovalis . . ..
parvulus .
Silaensis . .
Stigma . . ...
and FPE Lecce
DU CE
\VEDE bosser
PoLyBra (division &)....
PozyBia (division «)....
PSEUDOPOLYBIA. .. .....
RHYNCHUIUM.. . ..
Abyssinicum ........
æstuans....
SYNAGRIS
Abyssinica. . ........
æquatorialis.. .......
Synagroïdes ........
ANTEPIPONA ..........
ANTODYNERUS.........
OpyNerus (division) ...
STENODYNERUS. .......
POLISRES RER
HioTiasoasssades
Tasmaniensis. .......
Synagroïdes. . .......
xanthurum. .........
ANTERHYNCHIUM. ......
RayNcurum (division)...
Pages
219
. 223
233
231
219
228
236
236
236
237
241
240
239
237
239
241
237
. 205
208
206
207
209
205
209
172, 179
202
MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
Pages
ESUANS en -suietfNtE Rs Re 188 | MANdiDLANS A eee ere.
æstuans (Rhynchium) ............. 206 | DARIOS Se eee cn Le
AILOPIGA Eee eee cute 200 MINUTE OR TT ee
ATEN ETES Eee +186 MTADIIS Res ES RENE
EEE SSSR TRES RE TRE are ce 195 DENAMENAS RAM RE ae
DalicOSa LS PMR RUE 191 RUPpelHaAnt RME Eee
Cala sé ERP ME RCE 181 RÉPACRILN RER TE nd arc Sp M En
capitata: mob ARE 189 SICRENAN ES eee ME cR dl. de
CAPINAA Eve eee csdene: Mon: 203 | SPINOlE RE al tt ee
COMDUS EAST. MR Ar ice 185 | SDINOSUSCU AS a cree
CON E e ee eetie 180 tetrAMETIA 7... 00 AADUre
TOR ee nes 197 SANTA ee he MAT
HU DAT tee Chr ane 202 ANTAGRIS ee O0 nt ef
ÉMaATOTNAtANS CS. ee ee 195 ÉÉPAGRIS NE ee mere dde
TOOL re den due des Re 201 MIGRAGRIS ES En ere 2
ENVIES ar sde eee 199 PARAGRIS me ee ne ere
HEVURMANAE M er ce ee ae 194 PSÉUDAGRIS A Le ee
HUDETIE NE ruine eo 189 SXNAGRIS (UIVISION) - 1e ee...
ERRATA.
Page 198, n° 24, au lieu de: S acquatoriahs, lisez : S, æquatorialis.
= —
19
MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES.
—
en
EXPLICATION DE LA PLANCHE DU DEUXIEME FASCICULE (PI. 2).
Fig. 1 —18. Genre SYNAGRIS ‘.
Fig. 4e. Chaperon de la Synagris Sicheliana d', grossi. — 1 m. Mandibule du même, grossie.
Fig. 2c. Chaperon de la Synagris æquatorialis S', grossi. — 1 m. Mandibule du même, grossie.
is. 3c. Chaperon de la Synagris mandibularis S', grossi. — 3 m. Mandibule du même, gross.
Fig. 4 Tête de la Synagris combusta ®, grossie. — 4 c. Chaperon de la même.
Fig 5e. Chaperon de la Synagris affinis ®, grossi —5 v. Id var.?
Fig. 6e. Chaperon de la Synagris spinosuscula G', grossi. — 6 m. Mandibule du même, grossie.
Fig. 7. Tête de la Synagris bellivosa Œ.
Fig. 8 c. Chaperon de la Synagris minuta of, grossi.
Fig. 9e. Chaperons de la Synagris Heydeniana Set ®, grossis. — 9 m Mandibule du &, grossie.
is. 10 c. Chaperon de la Synagris analis S', grossi — 10 m. Mandibule du même, grossie.
iy 41e. Chaperon de la Synagris mazillosa ®, grossi.
Fig. 12 c. Chaperon de la Synagris dentata œ', grossi. —12 m. Mandibule du même, grossie.
Fig. 13 m. Mandibule de la Synagris fervida ©, grosse.
Fig. 14e. Chaperon de la Synagris Æthiopica ®, grossi.
Fig. 15 c. Chaperon de la Synagris capensis ®, grossi.
Fig. 16 c. Chaperon de la Synagris Rüppelliana ®, grossi.
Fig. 17 c. Chaperon de la Synagris dubia ©, grossi.
Fig. 18 e. Chaperon de la Synagris carinata S', grossi. —18 m. Mandibule du même, grossie.
Fig 19—926. Genre ODYNERUS ?.
Fig. 19. Tête de l’Ancistrocerus Ægyptiacus Q®, grossie.
Fig. 20. Tête de l'Ancistrocerus Heydenianus Q®, grossie
Fig. 21. Tôtes de l’Ancistrocerus Pharao ®, ', grossies.
Fig. 22. Ancistrocerus Massanensis ®, grossi. — 22 t. Tête de la même, grosse.
Fig
. 23. Ancistrocerus Zebra ©, grossi.
9
Fig. 24. Ancistrocerus inconstans ®, grossi. — 24t Tête de la même, grossie.
Fig. 25. Têtes de l'Odynerus æstuans Q, G', grossies.
Fig. 26. Odynerus mutabilis O', grossi.
Fig. 27 et 28. Genre PoLyBla.
Fig. 27. P. (Pseudopolybia) vespiceps ®, grossie.
Fig. 28. Polybia nana ©, grossie.
! La lettre e s'applique au chaperon, la lettre ma aux mandibules, la lettre a aux grandeurs naturelles
des insectes. — Les petites lettres italiques, qui indiquent divers points des mandibules, ont pour
toutes les figures la signification suivante :
b partie basilaire de la mandibule (premier tiers), — m partie médiane (second tiers), —{ partie ter-
minale (troisième tiers), — / lobe basilaire du bord interne, —d dent principale du bord interne, — d’ dent
secondaire développée chez quelques espèces, —a angle formé à la rencontre de la portion moyenne et
de la portion terminale du bord interne.
? Les fig. 19 et 24 ont été copiées sur les planches de la Description de l'Égypte, pour faciliter la
comparaison avec les espèces voisines.
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RAPPORT
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
DEPUIS JUILLET 14862 A JUIN 1863
M. LE PROFESSEUR MARCET
PRESIDENT
Lu à la séance de cette Société du 11 juin 1863.
LE RE ————
MESSIEURS,
En venant, à l'exemple de mes prédécesseurs, vous présenter un compte
rendu des travaux de la Société pendant l'année qui vient de s’écouler,
Je dois d’abord reconnaître que ma tâche est singulièrement facilitée par
l'exactitude scrupuleuse que présentent les procès-verbaux de nos séances,
rédigés par notre secrétaire, M. Ed. Claparède. Parmi les travaux aux-
quels j'aurai à faire allusion, un grand nombre ayant déjà été publiés
dans des recueils scientifiques, ou devant l'être incessamment, je me
bornerai à en indiquer les titres, ou à présenter une analyse très-som-
maire des conclusions auxquelles ils ont conduit. Dans l'exposé de ce
compte rendu, je ne peux mieux faire que d'adopter la division des ma-
uüères en deux sections, celle des sciences physiques et celle des sciences
naturelles; cette division, proposée d'abord par M. de la Rive, a été
216 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
adoptée par la plupart des présidents qui lui ont succédé. Je suivrai
d'ailleurs l'exemple de mon prédécesseur immédiat, en n’appuyant que
très-légérement sur les discussions auxquelles ont pu donner lieu, soit
des mémoires originaux lus à la Société, soit des rapports verbaux sur
des découvertes récentes faites dans d’autres pays; non que ces discus-
sions n'aient pas souvent présenté un véritable intérêt, mais parce qu'il
est essentiel, pour que cette habitude précieuse se conserve parmi nous,
que les appréciations des travaux d'autrui, les communications verbales
où l’on se laisse parfois entrainer à énoncer des idées qui surgissent au
moment même, et sur lesquelles on n’a peut-être pas toujours suffisam-
ment réfléchi, ne reçoivent pas une publicité plus grande que celle qui
résulte de la lecture des procès-verbaux de nos séances.
Sciences Physiques.
Notre infatigable collègue, M. le professeur Gautier à continué à tenir
la Société au courant des découvertes qui se font en astronomie. Ses
communications ont été nombreuses et variées; nous devons nous borner
ici à rappeler les plus importantes. M. Gaultier a présenté à la Société,
en premier lieu, un rapport sur les observations de M. d’Arrest, de Co-
penhague, relatives au nombre et à la variabilité de l'éclat des nébu-
leuses, ainsi qu'à certains faits, encore douteux, qui tendraient à imdi-
quer un mouvement propre chez quelques-unes d’entre elles. 2° Le
compte rendu d’un mémoire de M. Lamon sur les périodes des variations
de la déclinaison magnétique, et l'analyse d’un travail de M. Maine sur
l'aplatissement de Mars, qu'il évalue à -5. 5° Un rapport sur des obser-
vations récentes de M. Donati sur les comètes, et sur un mémoire du
même auteur relatif aux spectres stellaires. M. Gautier nous à annoncé,
à celle occasion, que le Père Secchi s'occupait aussi de l'étude des spec-
tres stellaires comparés au spectre solaire. 4° Enfin, M. Gautier à pré-
senté à la Société une planche du Père Secchi, représentant les diffé-
rentes apparences du noyau de la comète de 1862, différences qui, ainsi
DE LA SOCIÉTÉ. 247
que la fait remarquer M. Wartmann père, peuvent tenir, au moins en
partie, à ce que les observations ont eu lieu à des heures différentes.
M. le professeur Plantamour annonce qu'il a compulsé la série des
observations faites depuis vingt ans sur la latitude de Pobservatoire de
Genève. Cette latitude serait de 46°, 11’, 58,75, avec une erreur
moyenne de quelques centièmes de seconde.
La météorologie et la physique terrestre établissant un lien tout na-
turelentre lastronomie et la physique proprement dite, nous Signalerons
d’abord plusieurs communications dues à M. le professeur Plantamour.
Outre le résumé annuel météorologique pour Genève et le Saint-Bernard
publié, comme d'ordinaire, dans les Archives des sciences physiques et
naturelles de la Bibliothèque Universelle, M. Plantamour à communiqué
à la Société un travail intéressant relatif aux observations faites à Ge-
nève, depuis trente-cinq ans, sur la force et la direction des vents. Il a
trouvé qu’en hiver le nombre des vents nord-est et sud-ouest se balan-
cent; le nord-est domine au printemps et en automne; en été, c’est le
sud-ouest. La résultante générale est un peu à l'ouest du nord, ce qui
provient de ce que la direction moyenne des vents de nord-est se rap-
prochent plus du nord que la direction moyenne des vents de sud-ouest
ne se rapprochent du sud. Les résultats ci-dessus sont un peu modifiés
si l’on tient compte de l'origine des vents, et si lon distingue les vents
locaux des vents généraux. Les premiers dépendent principalement du
voisinage du lac et de la variation de la température dans les vingt-
quatre heures, donnant lieu à des brises régulières le matin et le soir,
analogues aux brises de terre et aux brises de mer. Le mémoire de
M. Plantamour à été publié dernièrement dans son grand ouvrage sur
le climat de Genève (voyez page 15 et suivantes).
Le même collègue à lu à la Société un mémoire sur les variations
diurnes de la pression atmosphérique ". Après avoir passé en revue et
combattu comme insuffisantes les théories proposées par MM. Krail et
1 Ce mémoire a été aussi publié dans l'ouvrage de M. Plantamour sur le Climat de Genève. — Voyez
page 69 et suivantes.
TOME XviIr, 17e PARTIE. 32
248 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
Dove, M. Plantamour conclut en faveur de celle proposée par M. Lamon,
d’après laquelle le phénomène de la variation diurne dépendrait de deux
influences distinctes ; lune résultant de la température proprement dite,
l'autre, d’une espèce d'attraction électrique dont la nature est encore
complétement inconnue, mais qui serait due à l’action du soleil. M. Plan-
tamour fait ressortir la supériorité de cette théorie sur les précédentes,
en ce qu'elle fournit le moyen d'expliquer la double oscillation diurne
qu’on observe dans le baromètre, tandis que l'influence de la tempéra-
ture semblerait devoir n’en produire qu'une seule. L'auteur fournit, à
l'appui de son opinion, un tableau comparatif de la variation diurne de
la température et du baromètre pour Genève et le Saint-Bernard.
Pour compléter notre analyse en ce qui se rapporte à la physique
terrestre et à la météorologie, je citerai encore deux communications :
l'une de M. le professeur de la Rive, relative à une aurore boréale ob-
servée dans le mois de décembre, dans laquelle la rotation de l'arc de
l’est à l’ouest était parfaitement évidente; et une autre de M. Louis Soret,
qui a présenté à la Société un appareil construit, d’après ses indica-
tions, dans l'atelier de M. Schwerdt, appareil destiné à la mesure des
hauteurs par la détermination de la température de l’ébullition de Peau.
Dans la construction de cet instrument, M. Soret à eu surtout en vue
d'obtenir une exactitude complète dans les indications thermométriques,
condition qui manquait jusqu'à présent. Il y est parvenu, d’une part, en
entourant la boule du thermomètre de deux enveloppes de vapeur au
lieu d'une seule, ce qui a l'avantage de ralentir les variations de tem-
pérature provenant du dehors; et d'autre part, il prévient l'effet d’une
ébullition souvent trop précipitée, en faisant plonger le fond de la lampe
à alcool, dont la flamme est destinée à faire bouillir l’eau, dans un bain
d’eau froide. La seule objection un peu grave qui ait été signalée contre
cet appareil, c’est que, plus encore peut-être que le baromètre, il demande
à être observé avec un soin scrupuleux, et exige des précautions aux-
quelles on ne peut guère s’attendre de la part d’observateurs qui ne sont
pas physiciens.
DE LA SOCIÉTÉ. 249
Si nous passons maintenant à la physique proprement dite, nous
verrons que, de même que par le passé, c’est l'électricité qui a Joué le
rôle principal dans les communications faites cette année à la Société.
Notre collègue, M. le professeur de la Rive nous a communiqué dans
deux séances consécutives, les résultats de ses recherches sur les phé-
nomènes qui caractérisent et accompagnent la propagation de lélectri-
cité dans les fluides élastiques très-raréfiés. Dans la classification de ses
appareils, M. de la Rive insiste plus particulièrement sur le moyen qu’il
a employé pour mesurer l'intensité des décharges ou des courants trans-
mis, en se servant d’un courant dérivé pris, au moyen de deux petites
sondes de platine, dans de l’eau distillée placée dans le circuit du cou-
rant principal. Il décrit également un manomètre qui lui permet d'ap-
précier, jusqu’à un cinquantième de millimètre près, et même pour des
yeux exercés, jusqu’à un centième, la tension du fluide élastique soumis
à l'expérience. Les recherches de M. de la Rive ont porté sur Pair at-
mosphérique, l'azote et l'hydrogène. Il a étudié, pour chacun de ces gaz,
l'influence des dimensions et de la forme de la masse gazeuse, ainsi que
celle de la pression sur sa faculté de transmettre l'électricité. Il à décrit
les apparences successives que revêt la lumière électrique au fur et à
mesure que la pression du gaz diminue; et en particulier, la forme et
la grandeur variable des stratifications de cette lumière, ainsi que la
formation d’une photosphère violette autour de la boule servant d’élec-
trode négatif, et d’un espace noir de cinq à dix centimètres de longueur,
qui sépare cette photosphère de la colonne lumineuse stratifiée. Il s’est
assuré, à la suite d’un grand nombre d'expériences, que ces apparences
de la lumière électrique dans les gaz raréfiés, sont dues à un effet mé-
canique produit par la transmission de l'électricité, idée qui a déjà été
mise en avant par M. Riess. M. de la Rive a réussi à démontrer, par des
expériences directes, que l'effet mécanique dont il s’agit consiste dans
une dilatation considérable de la matière gazeuse près de l’électrode né-
gatif, suivie de contractions et de dilatations alternatives dans la colonne
jusqu’à l’électrode positif. D'abord, il a pu facilement constater, au moyen
250 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
du manomètre, existence du mouvement oscillatoire dans la colonne
gazeuse, et les variations dans son intensité, qu'il a montré dépendre de
la nature, du degré de tension, et des dimensions de la masse gazeuse
en question. 2° Il a montré expérimentalement qu'en prenant, au
moyen de petites sondes de platine convenablement disposées, des
courants dérivés dans diverses parties de la colonne lumineuse tra-
versées toutes par la même décharge, on trouve de très-grandes diffé-
rences dans l'intensité de ces courants, différences qui prouvent que
les parties obscures sont les plus conductrices et par conséquent les
plus dilatées. Avec l'hydrogène, le plus conducteur des gaz, on n'ob-
tient pas même de courant dérivé dans la partie obscure de la colonne.
3° M. de la Rive a fait remarquer que les indications de thermomè-
très placés dans les diverses parties de la colonne stratifiée conduisent
aux mêmes résultats, en montrant de grandes différences entre les tem-
pératures de ces diverses parties; les plus obscures étant sensiblement
moins chaudes que les lumineuses, ce qui prouve qu’elles sont plus
conductrices. L'auteur a obtenu un grand nombre de résultats numé-
riques indiquant les différences de température, à différentes pressions,
des portions diverses de la colonne gazeuse traversée par les dé-
charges.
M. de la Rive a achevé sa communication dans une séance subsé-
quente, en exposant à la Société les modifications qu'apporte, dans les
phénomènes relatifs à la propagation de l'électricité à travers les mi-
lieux très-raréfiés, l'action d’une forte puissance magnétique. Cette
action tend à augmenter la résistance de la substance gazeuse à la trans-
mission de l'électricité, en condensant les filets gazeux, et a pour effet,
en particulier, de rendre lumineuse la partie obscure de la colonne, en
contractant le gaz trop dilaté qui s'y trouve.
Enfin, c’est surtout l’action rotatoire et expansive du magnétisme sur
le jet électrique qui a attiré l'attention de M. de la Rive. Il a réussi à
obtenir, sous ce rapport, des faits très-constants, tels que ceux relatifs à
la durée de la rotation du jet, qui varie avec la direction du courant, la
*
DE LA SOCIÉTÉ. 251
nature du gaz et son degré de densité. Il a également remarqué la diffé-
rence très-grande que présente le phénomène, suivant que le gaz raréfié
est sec, ou qu'il renferme de la vapeur d’eau ou d'alcool. Dans le premier
cas, le jet lumineux s’épanouit sous l'influence du magnétisme en une
nappe qui forme la surface d’un secteur, ou même celle de tout un cercle
quand le gaz est très-raréfié. Dans le cas où 1l existe de la vapeur dans
le gaz raréfié, le jet, au lieu de s'épanouir, se divise en un plus ou moins
grand nombre de petits jets partiels également espacés, et formant comme
une étoile animée d’un mouvement de rotation autour de son centre.
Ces phénomènes et d’autres du même genre ont conduit M. de la Rive
à établir une différence entre les gaz permanents et les vapeurs, au point
de vue de la cohésion, ou plutôt de leur constitution moléculaire. M. de
la Rive a terminé la lecture de son mémoire par quelques considérations
générales sur ce vaste sujet; annonçant, du reste, que des conclusions
trop absolues seraient prématurées, et qu'il se réserve de les présenter
lorsqu'il aura complété ses recherches, en les étendant à un plns grand
nombre de substances gazeuses.
Si nous nous sommes un peu plus étendus que d'habitude sur Pana-
lyse du mémoire présenté par M. de la Rive, nous en trouvons un motif
suffisant, d’abord dans l'importance du sujet, et ensuite en ce que les
résultats qu’il a obtenus n’ont été publiés jusqu'ici que par fragments.
Le mémoire entier est destiné à paraître incessamment dans le 17m vo-
lume des Mémoires de la Société, actuellement sous presse.
Enfin, M. de la Rive à présenté à la Société le modèle d’un système
nouveau d'un couple de Grove. La modification qu'il a apportée à la pile
de ce physicien à eu essentiellement pour objet d'en rendre le manie-
ment plus commode et plus prompt. Son appareil, extrêmement portatif
et muni de conducteurs d'aluminium, a l'avantage de nécessiter fort peu
de manipulation, et surtout de rendre superflu le déplacement de l'acide
nitrique; le même acide pouvant servir pendant plusieurs jours et pour
un grand nombre d'expériences. A l’aide d’un seul couple de cette pile,
M. de la Rive a pu répéter toutes les expériences principales d’électro-
252 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
dynamie d'Ampère, expériences qui nécessitent d'ordinaire cinq ou six
couples de Grove ou de Bunsen.
M. le professeur Wartmann, outre quelques communications verbales
relatives à des phénomènes d'électricité, en particulier, à la limite de
pression qui permet à une étincelle de passer à travers un milieu ga-
zeux, ainsi qu'à l'influence que l’état de tension d’un milieu gazeux
peut exercer sur le passage d’un courant, à entretenu la Société de quel-
ques-uns des sujets principaux traités dans la dernière réunion de l'As-
sociation Britannique à Cambridge, à laquelle il à assisté. Parmi les
communications qu'il a entendues, M. Wartmann cite plus particulière-
ment les observations de M. Nasmith relatives à la structure du soleil.
Pour éviter l'inconvénient de la trop grande lumière, M. Nasmith, au
lieu d'introduire directement dans l'œil les rayons solaires, place près
de l'objectif un verre qui est plan du côté de celui-ci, mais concave du
côté opposé, de manière à disperser les rayons lumineux et à permettre
de n’étudier que la quantité de lumière réfléchie par le côté plan. L’au-
teur à pu ainsi constater que vers l'heure de midi, l'enveloppe lumi-
neuse du soleil présente un grand nombre de fuseaux, comparables à
des feuilles de saule semées confusément sur sa surface, dont M. Wart-
mann a présenté à la Société une photographie faite d’après les dessins
originaux de M. Nasmith. Ces fuseaux paraissent se déplacer les uns
par rapport aux autres, tantôt parallèlement à leur axe, tantôt parun
mouvement angulaire. Les observations ci-dessus ont été confirmées
par M. Pritchard, qui annonce qu’on peut les répéter avec un bon té-
lescope de trois à quatre pouces. M. Wartmann a aussi rendu compte
d'essais de télégraphie électrique par M. Wheatstone, auxquels il a as-
sisté, et qui permettent d'obtenir des dépêches écrites avec une rapidité
extraordinaire. £
Le même physicien a communiqué à la Société une note relative à
un phénomène électrique observé par M. Alizier, instituteur à Genève,
le 24 juillet 1856, sur le sommet de l'Oldenhorn. Tout à coup les piques
que portaient M. Alizier et les personnes qui l’accompagnaient, se mi-
DE LA SOCIÉTÉ. 255
rent à chanter à la façon des poteaux télégraphiques. Peu de moments
après un fort orage de grêle éclata.
M. le professeur de la Rive, à son retour en mai 1865 d’un séjour à
Paris, a rapporté à la Société plusieurs faits scientifiques nouveaux qu'il
y a recueillis. I nous à entretenus, en particulier, d’un travail de M.
Helmholtz dans lequel ce savant est arrivé, en même temps que M. W.
Thompson, à la conclusion que la terre ne peut être liquide à l'intérieur.
Il croit aussi pouvoir affirmer qu'il n’est point nécessaire de recourir à
l'hypothèse d’aérolithes, tombant continuellement dans le soleil, pour
expliquer la persistance de la haute température de cet astre. IT sufli
d'admettre que le soleil, devenu très-chaud par des circonstances indé-
terminées, se refroidit maintenant avec une extrême lenteur. Or, d’après
M. Helmholtz, les calculs faits jusqu'ici exagéraient beaucoup la vitesse
de refroidissement de cet astre, parce qu'ils négligeaient de tenir compte
d’un élément important, savoir : que le soleil diminue de volume en se re-
froidissant, et que cette contraction doit développer une chaleur nouvelle.
Enfin, M. de la Rive a présenté à la Société, au nom de son fils, M.
Lucien de la Rive, un mémoire sur le nombre d'équations indépendantes
dans la solution d’un système de courants linéaires. Ce mémoire tout
mathématique ne comporte pas d'analyse.
M. le professeur Marcet a continué d'entretenir la Société de plusieurs
faits relatifs au rayonnement nocturne, entre autres, à un refroidisse-
ment tout à fait anormal de la surface du sol et de la couche d'air en
contact immédiat avec elle, qu'il a remarquée pendant les premiers jours
de mars dans des localités tournées du côté du nord, non-seulement à
l'époque du coucher du soleil, mais même pendant les heures les plus
chaudes de la journée. L'auteur attribue ce refroidissement extraordi-
naire de la surface du sol au concours de plusieurs circonstances at-
mosphériques, mais plus spécialement à l'extrême sécheresse qui régnait
depuis quelque temps, et qui, ainsi que la prouvé Tyndall, facilite sin-
gulièrement le rayonnement de la chaleur terrestre".
‘ Voyez Archives des Sciences physiques et naturelles, avril 1863.
254 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
M. Marcet a profité du séjour de son fils en Australie pour l'inviter à
répéter dans le Queensland, au 22% degré de latitude sud, les expé-
riences sur le rayonnement nocturne qui ont été faites récemment dans
nos climats tempérés. Il paraîtrait résulter de ces expériences, que le
phénomène d'augmentation de température à certaines époques de la
journée, lorsqu'on s'élève de quelques pieds au-dessus du sol, phéno-
mène si bien constaté dans nos climats tempérés, ne se fait remarquer
dans les régions de la zone torride ni au lever, ni au coucher du soleil;
ou, s'il a lieu, c’est à un degré à peine sensible, ne dépassant presque
jamais 0°,4 cent. M. Lucien de la Rive a fait récemment quelques obser-
vations en Égypte, sur les bords du Nil, qui paraîtraient conduire à un
résultat analogue. M. Marcet explique cette anomalie apparente en Pat-
tribuant à plusieurs causes, mais plus spécialement à la grande quantité
d’eau, sous la forme de vapeur élastique, que renferme l'atmosphère dans
les régions tropicales, surtout dans les contrées peu éloignées de la mer;
vapeur qui, comme on le sait, jouit de la propriété d'intercepter à un
haut degré la chaleur obscure émise par le sol, et doit ainsi contribuer
à rendre d'autant moins apparents les effets produits par le rayonne-
ment nocturne.
Les communications sur la chimie proprement dite ont été cette an-
née moins nombreuses que de coutume. Nous n'avons guère à citer
qu'un travail remarquable de M. le professeur Marignac sur les tung-
states, les fluo-tungstates et les fluo-borates. Le sujet, traité de main de
maître, tout important qu'il est, est trop spécial pour que j'ose en pré-
senter ici une analyse, même sommaire. Nous pouvons d'ailleurs ren-
voyer le lecteur, pour un extrait détaillé de ce travail, aux comptes ren-
dus de l’Académie des Sciences, en attendant que le mémoire paraisse
in extenso dans l’un des prochains numéros des Annales de chimie et de
physique.
M. le Dr W. Marcet a entretenu la Société d'observations qu'il a faites
sur la digestion des graisses, et plus spécialement sur le mode d’émul-
sion de ces substances au moyen de la bile, et probablement aussi des
DE LA SOCIÉTÉ. 255
phosphates qui se trouvent abondamment dans la nourriture animale.
Le même chimiste fait aussi part à la Société d'expériences qu'il a entre-
prises récemment sur la composition du suc gastrique, et sur les change-
ments qu'il subit, quant au degré d’acidité, pendant Pacte de la digestion.
Sciences Naturelles.
Les sciences naturelles, et plus spécialement la géologie et la paléon-
tologie, ont eu cette année une grande part dans les travaux de la So-
ciété. Nous devons mentionner, en premier lieu, plusieurs communi-
cations importantes de M. le professeur A. Favre ; et d’abord, sa carte
géologique des portions de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisines
du Mont-Blanc, carte dressée à l'échelle de 5555, et qui est le résultat
de travaux persévérants et consciencieux poursuivis depuis 1840. M.
Favre nous à aussi présenté la carte géologique du Jura bälois, la pre-
mière publiée aux frais de la Confédération, sous les soins et la direc-
tion de M. Muller. Elle est dressée à l'échelle de 54; toutefois il est à
craindre que l’on ne puisse continuer le travail sur une aussi vaste
échelle, et qu’on soit forcé de revenir aux 55665. La carte est accompa-
gnée d’une publication en deux séries, lune pour le Jura, l'autre pour
les Alpes.
M. Favre à aussi lu à la Société un mémoire renfermant une des-
cription détaillée de la'montagne des Voirons, dont il a déterminé la
succession des différentes couches. Ce mémoire paraîtra bientôt dans le
texte qui accompagnera la carte de Savoie.
Le même géologue à lu à la Société une analyse critique de MM.
Kæchlin-Schlumberger et Schimper, sur le terrain de transition des Vos-
ges, lerrain qu'on rapporte aujourd'hui au carbonifère ancien. Il à aussi
présenté, au nom de M. Studer, un mémoire géologique sur le Ballig-
stock et le Béatenberg, situés sur les bords du lac de Thoune, mémoire
qui a été publié dans les Archives des sciences physiques et naturelles.
M. le professeur Pictet à lu à la Société une note contenant des obser-
Tome xvir, 1'e PARTIE. 93
256: RAPPORT SUR LES TRAVAUX
vations critiques au sujet d’un nouvel étage que M. Coquand propose
d'introduire dans la série des formations crétacées, étage déjà connu
sous le nom de «néocomien alpin, » et auquel il propose de donner celui
de Charémien, » le considérant comme l'équivalent de la pierre jaune de
Neuchâtel. M. Pictet, sans contester la convenance d’un nouveau nom,
n’admet pas entre le barémien et la pierre jaune de Neuchâtel un paral-
lélisme aussi précis et aussi restreint ‘.
Le même savant a entretenu la Société d’un prétendu reptüle à plumes
trouvé dans le jurassique de Solenhofer, et décrit par M. Wagner comme
possédant à la fois la queue d’un reptile et les plumes et pattes d’un oi-
seau. Ce fossile a été acquis pour le British Museum par M. Owen, qui
en publiera bientôt une description détaillée.
La Société a continué à se tenir au courant des faits relatifs à
«l'homme fossile ». Son intérêt a été particulièrement excité par la dé-
couverte de la mâchoire humaine de Moulin-Quignon, près d'Abbeville.
M. Pictet, qui a eu l’occasion d'étudier tout récemment à Paris cette
mâchoire et les haches qui l’accompagnaient, a exposé à la Société les
motifs qui lui paraissaient rendre incontestable l'authenticité de ces
objets, malgré les doutes émis d’abord à ce sujet par des paléontologistes
éminents. Plus tard, elle a appris avec intérêt qu’une sorte de congrès
scientifique avait été convoqué à Paris, et authenticité admise à luna-
nimité. Il reste à résoudre la question d’antiquité, c’est-à-dire à décider
quelle place devra occuper le dépôt de Moulin-Quignon dans la série
des formations quaternaires el modernes.
M. Renevier nous a communiqué une vue photographique des Dia-
blerets, colorée géologiquement, et a en même temps rendu compte à
la Société de quelques excursions géologiques récentes dans les Alpes
vaudoises. M. Renevier a pu compléter la série des terrains jurassiques
de ce district par la découverte, aux Diablerets, d’un gisement de bago-
cien (oolithe inférieure) et d’un gisement de bathonien (grande oolithe);
le premier étant caractérisé par un fucoïde gigantesque. Enfin M. Re-
1 Voyez Archives des Sciences physiques et naturelles, avril 1863.
DE LA SOCIÉTÉ. 257
nevier signale des graines de «chara » dans le nummulitique des Dia-
blerets.
Nous arrivons maintenant à l'histoire naturelle organique, et il nous
reste à parler de botanique et de zoologie.
Botanique.
M. le professeur de Candolle à fait à la Société plusieurs communi-
cations intéressantes relatives à la physiologie végétale et à la botanique
proprement dite. En particulier, une note sur un nouveau caractère
observé dans le fruit des chênes, et sur la meilleure division à adopter
pour le genre « Quercus: » un mémoire intitulé: Études sur l'espèce,
faites à l'occasion d'une révision de la famille des Cupulifères, dans lequel
l'auteur discute le système de Darwin et la théorie, appliquée au règne
végétal, d’une succession de formes provenant des déviations d’une
forme antérieure. L'un et l'autre de ces mémoires ayant été publiés dans
les Archives des sciences physiques et naturelles de la Bibliothèque Uni-
verselle, nous nous contentons de les signaler ici aux savants qui s’in-
téressent à ce genre de question.
Outre les mémoires originaux que nous venons de citer, M. de Candolle
a entretenu la Société d’un travail riche en observations intéressantes
de M. Schubler, « sur les plantes cultivées en Norwége. » L'auteur fait
ressortir jusqu'à quel point le défaut de chaleur, dans les régions septen-
trionales, paraît être compensé par l’action prolongée de la lumière due
à la longueur des jours; au point que, à mesure qu’on avance vers le
nord, la coloration et la saveur des plantes paraissent augmenter plutôt
que diminuer d'intensité.
M. de Candolle nous à aussi entretenus de deux mémoires du Dr
Hooker. Le premier est relatif à une plante découverte sur le continent
africain, vis-à-vis de Fernando-Po, à laquelle il a donné le nom de
Welhvitschea. Cette plante, dont le tronc est un cône peu élevé sur-
monté d’une table bosselée atteignant jusqu'à six pieds de diamètre,
258 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
présente le caractère singulier de n'avoir que deux feuilles, qui sont les
cotylédons persistants : c’est le seul végétal connu dont les cotylédons
ne soient pas caduques. Le second mémoire de M. Hooker est relatif
au célèbre groupe de cèdres du Liban, qui se trouve placé sur la mo-
raine d’un ancien glacier, et que ce botaniste a visité en 1860. M. Hooker
penche à croire que, dans les circonstances actuelles de climat, cet arbre
pourrait difficilement s'établir dans le Liban, et émet l'opinion que les
vieux cèdres qui y existent actuellement, ne sont que les débris d’une
ancienne forêt datant d’une époque plus favorable au développement de
l'espèce. Ce qui est certain, c’est que le cèdre du Liban, celui de l'Hi-
malaya et celui de l'Atlas présentent tous trois des variétés qui permet-
tent difficilement de les distinguer les uns des autres. Aussi M. Hooker
est-il disposé à admettre qu'ils descendent tous les trois d'une même
forme primitive qui se serait étendue sur un pays très-vaste, lorsque le
climat était plus tempéré qu'il ne l'est maintenant.
M. le pasteur Duby a lu à la Société une note relative à des observa-
tions faites à Bombay, sur un champignon qui attaque le pied des indi-
gènes, et y produit une maladie connue dans le pays sous le nom de
«podelcoma myceltoma. » Les os du pied et du bas de la jambe se per-
forent graduellement de part en part, et le champignon, qui porte des
spores très-semblables à celles de l’oidium, se loge dans les cavités ainsi
formées sous la forme d’une masse spongieuse. M. Duby a aussi entre-
tenu la Société d'observations très-ingénieuses de M. Darwin « sur le
mode de fécondation du lin rouge. » Enfin, le même botaniste annonce
avoir observé chez le Callistachys linearis un mouvement assez remar-
quable dans les feuilles inférieures, lesquelles, dès que le jour baisse,
embrassent la tige, tandis que les feuilles supérieures embrassent lépi.
Zoologie et Physiologie.
M. le Dr Dor a entretenu la Société d’une nouvelle théorie du dalto-
nisme, ou plutôt d’une théorie déjà ancienne de Young, à laquelle on
DE LA SOCIÉTÉ. 259
paraît revenir aujourd'hui. D'après cette théorie, il existerait dans la
rétine trois sortes de fibres nerveuses; les premières sensibles au rouge,
les secondes au vert, et les troisièmes au violet. Les daltonistes seraient
alors ceux chez lesquels lun de ces ordres de fibres serait complétement
paralysé. M. Dor a aussi entretenu la Société d’une nouvelle échelle de
caractères pour mesurer la netteté de la vision.
M. Victor Fatio a présenté à la Société un échantillon d’un lézard des
Alpes appelé « lacerta nigra, » el regardé par quelques auteurs comme
constituant une espèce particulière. M. Fatio est plutôt disposé à le con-
sidérer comme n'étant qu'une simple variété du « lacerta vivipara, » et
il signale les motifs à l'appui de cette opinion.
Le même physiologiste a lu à la Société une note sur les mœurs du
« pléobate cultripède, » des côtes de la Bretagne. Il a constaté que ce
batracien est un animal nocturne qui s'enfonce pendant le jour dans le
sable, et y reste jusqu’à la nuit dans un état d'immobilité complète. Enfin,
M. Fatio nous à communiqué un plan de distribution géographique,
destiné à former les bases d’un grand travail qu'il à entrepris dans le but
de faire un catalogue complet des vertébrés de la Suisse.
Pour compléter ce que nous avons à dire sur l'histoire naturelle or-
ganique, nous devons mentionner une notice intéressante de M. Muller,
relative aux modifications récentes qu'a subies la théorie de l'organisation
cellulaire sous l'influence des travaux de MM. Brücke et Max. Schultze;
et une communication de M. Claparède, dans laquelle ce physiologiste
rend compte de quelques épidémies de « trichine spirale » constatées
dernièrement en Allemagne, et plus spécialement dans la Saxe. Il est
reconnu aujourd'hui que la larve de ce parasite continue à vivre dans
la chair du porc insuffisamment fumée. Or, un seul couple de ces ani-
maux arrivant à maturité dans l'intestin humain, suffit pour infecter de
larves tous les muscles du corps, et déterminer les accidents les plus
graves, quelquefois même la mort. Le danger d’une semblable infection
est aujourd'hui si bien constaté, que les habitants de Plauen, en Saxe,
ont établi à leur abattoir un employé muni d’un microscope, et ont dé-
260 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
fendu le débit des porcs dont la chair n’avait pas été préalablement
examinée à l’aide de cet instrument.
M. le D' Gosse à communiqué à la Société une note de M. Campbell,
relative à la fréquence du goiître dans les districts voisins du pied de
l'Himalaya, maladie dont sont aussi fréquemment atteints les chèvres
et les moutons lorsqu'ils descendent de la montagne. — Enfin M. le Dr
Lombard nous a lu un extrait détaillé des observations publiées par M.
Jordannet, médecin français, sur le climat du Mexique envisagé sous le
point de vue médical.
Je viens de vous présenter, Messieurs, le résumé des travaux qui ont
rempli les dix-neuf séances que vous avez eues depuis juillet 1862 jus-
qu’en juin 1865. Malheureusement ma tâche ne peut se borner là, car,
malgré le nombre restreint de nos membres, il ne se passe guère d'année
que le président, dans son rapport annuel, n'ait à déplorer la perte de
lun au moins d’entre eux. Cette année, la mort a enlevé deux des mem-
bres de cette Société : l'un, M. Le Royer, membre émérite, d’un àge déjà
avancé, et qui, depuis longtemps, ne prenait plus une part active à nos
'avaux; l'autre, M. Étienne Melly, membre ordinaire de la Société, mort
à un âge où nous pouvions espérer de le conserver encore longtemps.
Vous ne me permettriez pas, Messieurs, de terminer ce rapport sans
rappeler brièvement les titres qu'avaient ces deux hommes à l'estime
du monde savant et à l'affection de leurs collègues.
Étienne Melly, né à Genève en 1807, montra de bonne heure et pen-
dant qu'il était encore étudiant, un goût prononcé pour les sciences
physiques. Après avoir suivi avec succès les cours de notre Académie,
il alla à Paris compléter ses études scientifiques. De retour dans son
pays, il fut attaché à l'École industrielle de notre ville, institution à cette
époque d’origine récente, pour y enseigner la physique et la chimie,
enseignement qu'il a pour ainsi dire créé dans cet établissement, et qu’il
n'a abandonné que lorsque le mauvais état de sa santé lui rendit im-
DE LA SOCIÉTÉ. 261
possible de le donner avec tout le soin et la régularité que sa conscience
délicate lui imposait. C'est à l’époque où Melly enseignait à l'École in-
dustrielle qu'il entreprit plusieurs recherches physico-chimiques d’un
véritable intérêt, et dont il n’a jamais voulu, par excès de modestie,
publier qu’une partie. Ses deux principales publications parurent, la
première en 18359, dans la Bibliothèque Universelle, et la seconde en
1841, dans les Archives de Électricité. La première est relative à des
essais assez heureux qu'il avait faits pour appliquer, au moyen de la
pression, le platine sur d’autres métaux, de manière à obtenir un plaqué
très-solide, et à pouvoir ainsi remplacer dans certains travaux chimiques
des ustensiles de platine par des ustensiles de cuivre platiné. Ce mode
de platiner présente plus de garantie que le platinage par l'électricité,
en ce qu'il résiste mieux à l’action des agents chimiques.
La seconde publication de M. Melly, et de beaucoup la plus impor-
tante, publiée en 1841 dans le tome Er des Archives de l'Électricité,
renferme deux parties distinctes : la première est relative à une con-
struction plus économique de la pile de Grove (c'était à l’époque où
cette pile venait d’être inventée), et à l'étude des effets chimiques de
l'électricité, au moyen de cet appareil. La seconde partie a pour objet
l'étude des effets chimiques de l’étincelle électrique produite soit par la
pile de Grove, soit par les courants d’induction. M. Melly expose dans
son mémoire les nombreuses expériences par lesquelles il est parvenu
à décomposer, au moyen de cette étincelle, non-seulement l'eau distil-
lée, mais les substances les plus isolantes, telles que les huiles, les éthers,
l'alcool, ete. Il établit, par une analyse très-bien faite des résultats qu'il à
obtenus, la différence qui existe entre ce mode de décomposition et la
décomposition électro-chimique proprement dite, et il montre qu'il est
un effet, non de l'électricité même, mais de la chaleur très-intense qui
est développée par l’étincelle électrique.
On sait que cette puissance décomposante de la chaleur, poussée à un
haut degré, a été démontrée plus tard d’une manière directe sur l’eau,
sans l'intervention de l'électricité, par M. Grove, et étendue sur une grande
262 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
échelle à une foule de substances par M. Deville, qui la nommée: « Dis-
sociation des corps par la chaleur. » Il restera toutefois à Melly l’hon-
neur d'avoir le premier, par ses ingénieuses expériences, attiré l’attention
du monde savant sur ce sujet important.
Indépendamment de ce qu'il a fait connaître par ses publications,
Melly, qui travaillait toujours, obtenait souvent des résultats intéres-
sants qu'il gardait pour lui, ou qu'il ne communiquait qu'à quelques
amis. Le triste état de sa santé l'ayant obligé, il y a déjà bien des années,
à abandonner complétement son laboratoire, Melly ne se découragea
pas, mais continua à se livrer avec la même ardeur à des travaux mi-
croscopiques qui ont constitué l'intérêt scientifique de ses derniers jours.
De ces travaux il a laissé peu de notes écrites; leur résultat est contenu
tout entier dans ses collections, surtout dans celle des Diatomées, dont
il a laissé plus de cinquante boîtes, renfermant soit les Diatomées des
environs de Genève, soit les Diatomées étrangères, soit des types déter-
minés par des auteurs connus. Quant aux microscopes dont il se servait,
on peut affirmer que jamais les Algues de notre pays ne furent étudiés
avec le secours d'instruments aussi parfaits. Melly apportait d’ailleurs
un soin extrême à la préparation des objets microscopiques; on peut en
juger par le fait suivant rapporté par M. le professeur Thury dans l'in-
téressante notice qu'il nous a lue sur son ami, savoir : que deux fois la
collection des Diatomées a élé reprise en entier par Melly, parce que
l'eau distillée et l'alcool qu’il avait employés se sont trouvés ne pas être
absolument purs.
D'un commerce aussi sûr qu’aimable, Melly avait en outre ce dévoue-
ment pour les autres, dont le caractère est l'abnégation la plus complète.
Heureux des succès et du bonheur de ses amis, jamais il ne faisait un
retour sur lui-même; toute idée d'envie ou de jalousie était si éloignée
de son caractère, qu'il ne pouvait pas même admettre que ces mauvais
sentiments pussent exister chez autrui. Ayant souffert dans ses affec-
tions les plus chères par la perte d’une compagne bien-aimée, il était
resté dès lors complétement isolé. Mais cet isolement, loin de le rendre
DE LA SOCIÉTÉ. 262
égoïste, avait encore élargi son cœur. Sa reconnaissance pour les soins
et les attentions dont il était l’objet de la part de ses amis, était aussi
touchante qu'aimable. Les sentiments religieux qui le soutenaient, au
milieu d'épreuves si variées et si douloureuses, se conciliaient toujours
chez lui avec une parfaite tolérance à l'égard de ceux qui ne partageaient
pas ses opinions. C’est que c'était une nature élevée et désintéressée
comme on en trouve rarement! I succomba le 4 février 1865, à la suite
de longues et pénibles souffrances.
Auguste Le Royer, appartenant à une famille honorable, et dont les
ascendants avaient été pharmaciens de père en fils, naquit à Genève en
1795. Après avoir fait ses premières études dans sa ville natale, 11 alla
en 1811 à Strasbourg, où il passa dix-huit mois à se préparer aux études
de pharmacie, sa vocation future. En 1815, il revint à Genève, prit une
part active aux événements politiques de l’époque, et en 1817 fut reçu
pharmacien à la suite d'examens honorables. Dès lors, Le Royer Soc-
cupa avec zèle de travaux scientifiques en rapport avec sa vocation. Ce
fut en 1818 que l'illustre Dumas, alors âgé de dix-sept ans, entra chez
lui en qualité de commis et devint plus tard son proviseur. De même
que Dumas, avec qui il se lia bientôt d'amitié, Le Royer devint le col-
laborateur du Dr Prevost dans plusieurs de ses recherches physiologi-
ques pour la partie chimique. C’est en 1821 qu'il fut reçu membre de
cette Société et de la Société helvétique des sciences naturelles. Le dé-
part de M. Dumas pour Paris, en 1825, força Le Royer de s'occuper
presque exclusivement de sa pharmacie, et paraît avoir coupé court
à ses recherches, car je ne sache pas qu’il ait rien publié depuis 1824.
Néanmoins il conserva le goût de l'étude, et favorisa toujours les travaux
scientifiques de ceux qui l'approchaient. De même que chez Étienne
Melly, avec qui il avait plus d’un rapport, une extrême modestie qu'il
poussait jusqu’à la timidité, jointe à une santé délicate, empéchèrent
Le Royer de marquer dans la science autant qu'il l'aurait dû. Voici la
liste des travaux qu’il publia conjointement avec le D' Prevost:
TOME xvI1, 17 PARTIE. 54
264 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ.
lo Note sur l'acide libre contenu dans lestomac des herbivores (Me-
moires de la Société de physique et d'histoire naturelle, tome HE, 2%e partie).
20 Un mémoire sur la digestion chez les ruminants (Bibliothèque
Universelle pour 1824, tome XXVIH).
5° Observations sur le contenu du canal digestif chez le fœtus des
vertébrés (Bibliothèque Universelle, tome XXIX).
Enfin, il publia seul, dans la Bibliothèque Universelle, tome XXVI, un
mémoire sur le principe actif contenu dans la «digitale pourprée. »
Devenu valétudinaire dès 1850, à la suite de douleurs rhumatismales,
Le Royer fut frappé, en 1860, d’une apoplexie cérébrale qui le tint cloué
sur un fauteuil jusqu’au moment de sa mort, arrivée il y a quelques
semaines seulement, sans que ses facultés intellectuelles aient paru
avoir souffert d’une façon notable.
MEMOIRES
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENEVE
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MÉMOIRES
SOCIÈTE DE PHYSIQUE
D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
TOME XVII. — SECONDE PARTIE
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GENÈVE
IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUCHARDT
1564
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DE LA CONDUCTIBILITÉ
DE
LA GLACE POUR LA CHALEUR
PAR
M. LucIEN DE LA RIVE
J'ai cherché à déterminer la conductibilité calorifique de la glace en
la comparant à celle du verre; ces deux substances présentent en effet
des analogies, qui permettaient de penser que toutes deux offrent à la
propagation de la chaleur, une résistance du même ordre.
Appareils.
La méthode employée consiste à produire un flux de chaleur au tra-
vers de deux lames ; l’une de glace et l’autre de verre, séparées seule-
ment par une substance beaucoup plus conductrice, du mercure, et à
observer les températures des surfaces des deux lames. L'appareil dont
je me suis servi est une auge rectangulaire en bois soutenue par la
prolongation au-dessous du fond de lauge, des deux petites faces du
prisme, de facon à n'être en communication avec la table que par les
sections de ses bases. L'auge a 0®,40c de longueur, 0%,06° de largeur
et 0®,08° de profondeur; l'épaisseur des parois est de 0m,01°. Aux trois
quarts de sa longueur, lauge est séparée en deux compartiments par
le système des deux lames. Pour abréger je désignerai le plus grand
TOME XVII, 2€ PARTIE 3ù
266 DE LA CONDUCTIBILITÉ
compartiment par C et l'autre par C’. J'ai fait faire trois auges sem-
blables, qui ne diffèrent entre elles que par le système des lames.
Dans l’auge n° 1, il y a en allant de C vers C’, en premier lieu une
lame de fer, puis à un centimètre plus loin, une lame de verre de
Om,005®®m d'épaisseur et enfin à un centimètre plus loin, une seconde
lame de verre semblable à la première.
Dans lauge n° 2, il y à en premier lieu une lame de fer, puis à un
centimètre plus loin, deux lames de fer, laissant entre elles un espace de
0®,005%® d'épaisseur destiné à former une lame de glace et enfin, à un
centimètre plus loin, une lame de verre semblable à celle de lauge n° 1.
L’auge n° 5 ne diffère du n° 2, que par l'épaisseur de la lame de glace
qui est de Om,010mm,
Pour obtenir les lames de glace, il a suffi de laisser exposer à l'air les
auges 2 el 5, après avoir rempli d’eau distillée l'espace compris entre
les deux lames de fer.
La dilatation qui accompagne la formation de la glace, établit un
contact forcé entre les surfaces de la lame de glace et les deux parois
métalliques.
Manière d'exptrimenter.
Dans ce qui suit, je désigne par L la première lame du côté de Cet
par L' la seconde. Pour expérimenter on verse du mercure, soit entre
la lame de fer terminant C et L, soit entre L et L’ et on plonge deux
thermomètres, A et B, dans ces deux lames de mercure séparées comme
on le voit par L. Cela fait, on remplit C’ d’eau à 0° et une ou deux mi-
nutes après on verse dans G de l'essence de térébenthine refroidie au-
dessous de 0°. À partir de cet instant on observe alternativement les
thermomètres À et B toutes les minutes et l’on agite continuellement les
liquides contenus dans C et C’; il faut en particulier agiter vivement
l’eau à 0° dans le voisinage de L', pour empêcher la formation sur la
surface de cette lame d’une petite couche de glace. L'expérience dure
environ 20 minutes.
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 267
Théorie de cette expérience.
Dans l'expérience qui vient d'être décrite, il s'établit un flux de cha-
leur allant au travers des lames L et L’, de l'eau à 0° à l'essence re-
froidie ‘. Si la température du liquide contenu dans C restait cons-
tante, le flux deviendrait au bout de quelques instants constant dans
toute la longueur du conducteur et par conséquent égal dans L et L':;
mais la température de C s'élève à mesure que la chaleur de C” y pénè-
tre et l’on doit se demander de quelle manière varient, par rapport Fun
à l’autre, le flux dans L et le flux dans L’.
Considérons les courbes de température données par les thermomè-
tres À et B (fig. 1). On voit par leur inspection que A descend d’abord
rapidement, atteint un minimum, puis remonte ensuite lentement. De
même pour B; mais le minimum de B n’a lieu qu'après celui de A. Ob-
servons que B donne à chaque instant la température de la lame de
mercure comprise entre L et L'; tandis que B baisse, le mercure se
refroidit et par conséquent la chaleur perdue Femporte sur la chaleur
gagnée, c’est-à-dire que le flux dans L est plus grand que le flux dans
L'. Au contraire, pendant que B monte c’est l'inverse qui a lieu et le flux
dans L est plus petit que dans L’. Il résulte de 1à qu'au moment du
minimum de B, ces deux flux sont égaux.
Reste maintenant à trouver l'expression du flux de chaleur dans une
lame en fonction du coeflicient de conductibilité et des températures
des deux surfaces de la lame. Si les températures étaient stationnaires,
cette expression serait, comme on sail:
(u,—us)
‘ 1] est possible qu'une certame quantité de chaleur traverse la lame de verre et la lame de glace par
rayonnement, raais cette quantité serait beaucoup plus petite que le flux par conducubilité ; il suffit,
pour s’en convaincre, d'observer les vitesses de refroidissement d'un thermomètre, suivant qu'on le place
dans une enceinte refroidie on qu’on le plonge dans un liquide, On verra d’ailleurs plus loin que le flux
est en raison inverse de l'épaisseur de la lame, ce qui montre que le rayonnement n'est pas sensible,
268 DE LA CONDUCTIBILITÉ
K étant le coefficient de conductibilité, S la section de la lame, e l'é-
paisseur, , et «,, les températures des deux surfaces.
Mais les températures varient et il en résulte que le flux n’est pas
constant dans toute l'épaisseur de la lame, puisque ces diverses tranches
se réchauffent ou se refroidissent inégalement.
Toutefois, on peut montrer que l'expression du flux, dans le cas des
températures stalionnaires, convient aussi au cas où la température va-
rie, pourvu que la quantité de chaleur absorbée ou dégagée par toute la
lame soit très-petite, par rapport à celle qui la traverse dans le même
temps.
En effet, en désignant par x la distance d’une tranche de la lame à
l'origine; u la température de cette tranche est une fonction de x et du
temps {, et le flux de chaleur a pour expression —KsS a. Or, d’après l'hy-
pothèse admise, la quantité de chaleur qui traverse complétement la
lame à un instant déterminé, ne diffère que très-peu du flux pour ce
même instant en chaque tranche, et ne diffère que très-peu aussi par
conséquent de la moyenne des valeurs de ce flux pour toutes les tran-
ches de la lame '. Or cette moyenne sera donnée par l'intégrale:
#3 du
fee
a, dx
dont la valeur est l'expression:
y Us —Ù )
SK (— TE
Ainsi, au moment du minimum de B, en désignant par u, et u, les
températures de A et de B, par u, celle de l’eau à 0°, et enfin par K et
K' eteete’ les conductibilités et les épaisseurs de L et de L’, on a:
sk CU ) = SK (= )
! Pour s'assurer que dans le cas actuel la chaleur absorbée par les lames est petite par rapport à la
chaleur qui la traverse, il suffit d'observer que la variation de la température est déterminée par le re-
froidissement de la masse liquide contenue dans C.
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 269
d'où :
(l K’' e Up —Uo
RE EN VERTE
Expériences.
Les expériences 1, 2, 5, # et à ont été faites le 17 janvier, par une
température de — 3°. Dans les tableaux suivants, les deux colonnes ver-
ticales renferment les températures observées sur chaque thermomètre
de deux en deux minutes, chaque observation de B étant intercallée
entre deux observations successives de A. Les nombres expriment des
degrés au-dessous de 0.
N° 1. N° 2, N° 3. N4
Auge n° 1. Auge n° 2. Auge n° 3. Auge n° 4.
Ua Up Ua Up Uy Ua Up Ua
EN DENON T 5,5 2,5 5,5 2,8
MST CICRRRSLE HAN TE 6,2 3,5
S,6 3,7 6,8 4,1 7,2 2,8 6,3 3,7
8.5 38 6,8 4,2 6,8 3,0 6,3 3,8
8,2 3,8 6,7 4,1 6,3 2,8 6,0 3,1
1,8 3,1 6,4 4,0 6,0 2,1 5,1 3,6
Ta SG 6,1 3,8 5,7 55 35
6,9 | 3,5 5,8 5,3
6,6 3,2
6,3
Dans l'expérience n° 5 on s’est servi de l’auge n° 1 et on n'a mis du
mercure qu'entre Let L’ en laissant vide l'intervalle entre L’ et la lame
de fer, et en plaçant le thermomètre A dans l'essence, on à pu s'assurer
ainsi que la quantité de chaleur enlevée au mercure, par les parois de
l'auge, est insensible.
Ne 5.
Ps Up
6,7 0,2
6,2 0,2
5,8
Deux autres expériences ont été faites le 18 janvier avec l'appareil
270 DE LA CONDUCTIBILITÉ
n° À, en remplaçant l'essence refroidie par de l'eau chaude et l'eau à ©,
par de la glace pilée pour s'assurer que la résistance du mercure est
très-petite, par rapport à celle du verre. Elles ont donné les résultats
suivants :
N° 6.
Eau chaude dans G; glace pilée dans C’; les boules des thermomè-
tres A et B sont placées le plus loin possible des deux surfaces de L.
Ua Up
24,6 0,0
25,8 11,0
. 24,6 11
26,1 10,8
23,4
No 7.
Les boules des thermomètres A et B sont le plus près possible des
deux surfaces de L.
Ua Up
19 9,2
19,6 9,5
19,2 9,2
18,8 9,1
18,5
Résultats des expériences.
Les expériences 6 et 7, font voir que l'épaisseur de la lame de mer-
cure influe un peu sur les températures de A et de B. En effet, en pre-
nant la moyenne des deux observations de À correspondant au maxi-
mum de B, on à pour:
Ua —Uÿ et Uy—Uo
(Expérience n° 6) 13,2 » 11,1
(Expérience n° 7) 9,9° » 9.5
13,2 9,9
Le rapport —" gal 114,9 et = égal à 1,
pp! TR est égal à 1,2 et 9.5 est égal à 1,0,
Cette différence serail done sensible, si l’on se proposait de faire des
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 4
2
mesures dont l'exactitude dépassät un 10€; mais il faut observer que
dans la manière ordinaire d’expérimenter, les deux thermomôtres occu-
pent à peu près le milieu des deux lames de mercure, de sorte que la
différence est beaucoup plus petite que dans les expériences 6 et 7.
Les résultats des expériences 1, 2, 5, el 4, se déduisent immédiate-
ment des tableaux ci-dessus; on prend pour la valeur de uw, correspon-
dant au minimum de «,, la moyenne des deux observations de w, qui
précèdent et suivent observation du minimum.
Dans l'expérience n° 1, K étant égal à K’ on doit avoir:
Eu Us Uÿ
eu"
L'épaisseur de L est mm — e.
» Lest ann 6 —"e),
On trouve
Ua — Up = 82 — 38 — 44
5 =}
Ce qui donne
e Ua — u
— = 1,i0et — 1,15
e Up -— Uo
Cette expérience fait done voir que dans les circonstances où l'on se
rouvait, la chaleur perdue ou gagnée par rayonnement à la surface du
conducteur est négligeable, ce qui provient, soit de la faible longueur du
conducteur par rapport à sa section, soit de ce que la température
moyenne du conducteur était sensiblement celle de l'air.
Les courbes n° 2 donnent:
Ua — Up = 25,5
Uy — Us = 42.
En faisant dans l'équation (1)
e — 5,5 épaisseur de la lame de glace.
e" = 5,1 épaisseur de la lame de verre.
on à :
K 5 42,0
RRQ M LL Ne
K 5,1 25,5
272 DE LA CONDUCTIBILITÉ
Les courbes n° 3 donnent :
K 10,5 30
— = — —— = 1,76
K ANRT: à
Les courbes n° 4 donnent:
K 5,3 38
F = ="
KA 255 ;
a
LAS K AU
Ainsi, le rapport —7- reste constant quelle que soit l'épaisseur de la
lame de glace, ce qui fait voir que les résistances au passage de la cha-
leur entre les surfaces en contact, ne sont pas notables.
à L K
La moyenne de ces trois valeurs trouvées pour le rapport — est 1,76.
K'
Conductibihité absolue du verre.
Dans les questions où la conductibilité de la glace entre comme élé-
ment, 1l serait presque toujours important de connaître sa valeur ab-
solue. ai cherché à déterminer cet élément pour le verre, ce qui pré-
sente naturellement plus de facilité que si l'on voulait faire directement
cette détermination sur la glace elle-même.
On s’est servi pour cela de l’auge (n° 4); on remplit le comparti-
ment C’ de glace pilée, puis on verse entre Let L’ de l'eau dont la
température initiale est un peu supérieure à celle de l'air et dont on
observe le refroidissement en ayant soin de l’agiter continuellement,
en même lemps qu'on pousse continuellement la glace pilée contre la
face de L’.
Théorie de cette expérience.
On peut d’abord montrer, comme plus haut, qu’à un instant donné,
le flux de chaleur au travers de la lame a sensiblement pour expression :
KS : : et
(&—u) où & est la température de la face en contact avec l’eau à
Pinstant { On à vu que la condition nécessaire est que la chaleur dé-
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 275
gagée à chaque instant par la lame, soit très-petite par rapport à celle
qui passe au travers. Or ceci sera vrai à chaque instant s’il en est ainsi
pour un laps de temps quelconque. Lorsque la lame d'eau passe de la
température #, à la température «,, la chaleur perdue est P (u,—u,), P
élant le poids de l'eau; durant le même temps la lame passe de Fétat où
sa face antérieure est à la température ,, à l'état où cette température
est devenue ,. Puisque la face postérieure est à 0,, la quantité de cha-
leur perdue par la plaque est la même, à très-peu près, que si toutes les
Us
"à
tranches avaient passé de la température “4 à la température “ cette
l 5
U, — Le
(= =)
où p est le poids de la lame de verre réduit en eau; la lame de verre a
la même section que celle d’eau; les épaisseurs sont: 5,1 et 10,0.
quantité est donc:
Le poids spécifique du verre est 2,4
sa chaleur spécifique 0,17.
On à ainsi, pour le rapport des quantités de chaleur perdue dans le
même temps :
P
== æt
2P
c'est-à-dire qu'il passe au travers de la lame dix fois plus de chaleur
qu'il ne s'en dégage.
Cela étant, si l’on veut reconnaître la quantité de chaleur qui a tra-
versé la plaque entre l'instant 4, et l'instant £,, il faut intégrer l'expres-
SIOn :
_ (uyÿ— 0) dt
el comme w, — 0, cette intégrale se réduit à :
- la
KS ut dt
CE 7
TOME xvr1, 20e PARTIE. 56
274 DE LA CONDUCTIBILITÉ
D'un autre côté siu, et u,, sontles températures de la lame d’eau cor -
respondants aux instants {, et £,, cette même quantité de chaleur est
égale à :
P (u, —u)
et l’on à ainsi, en désignant l'intégrale ci-dessus par A :
Pe y — Us
(IT K=—
) S A
Expériences.
; N° 8.
Température
de la Valeur de t.
lame d’eau.
u l
m
PERRET 0,25
DDR Er ARE 1,17
BAD are des rem mecs 2,0
bind oncy dd 3,9
Dis eos EIRE Ne cie 5,08
Rs Re ina 7,08
RES RCE ee 9,75
Température de Fair au commencement. 7,5.
Id. Id RAA TON ANNE MERS:
Ne 9.
Temperature
de la Valeur de t.
lame d'eau.
ut l
m
IRÉDA TELE ot cond 0,75
PSS TRE en 1,66
MB eretrespiecent 2,60
D eme ie cer ne
Dodo See AO 5,16
nr somanorodbane 6,5
eo nperenomaae 8,66
A refais te lie 11,33
Température de l'air au commencement. 8.
id. IGERMEUIETIMNSS LC
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 275
Les courbes ontété tracées (fig. 2) et l'intégrale est, comme on le voit,
l'aire comprise entre l'axe des t et la courbe.
Dans ce qui précède, on a supposé que la lame d'eau, #', est refroidie
par la glace; cette hypothèse doit se vérilier si l'on a soin de prendre
une portion de la courbe qui passe par la température de l'air ambiant,
de façon que la chaleur enlevée pendant la première partie du temps
soit restituée pendant la seconde. Si l'on prend une portion de l'air entre
les ordonnées à égale distance de l'ordonnée qui correspond à la tem-
pérature de Fair, la quantité de chaleur enlevée par rayonnement sera
plus grande que la chaleur reçue, ce qui résulte évidemment de la forme
de la courbe. Si, au contraire, on limite l'aire par des ordonnées corres-
pondantes à des accroissements égaux de température de part et d'autre,
de la température moyenne, ce sera l'inverse qui aura lieu; la moyenne
des deux valeurs ainsi trouvées, sera donc le plus près possible du ré-
sultat vrai.
= que
, . P e , Cr
Dans l'équation (I) _ reste constant, c’est la quantité
l'expérience doit déterminer.
L'aire a été calculée en la divisant en un certain nombre de tra-
pèzes. Sur les courbes tracées, unité de température est le de degré
et l’unité de temps ;5 de minute.
Exptrience n° 8.
a) Ordonnées équidistantes.
A == 3145 Uty — Uts = DD
Uts — Us
—10;017
À :
b) Températures équidistantes.
A —"9195 Ut, — Ua —= 40
Un — Un —
——— — 0,014.
A
276 DE LA CONDUCTIBILITÉ
Expérience n° 9.
a) Ordonnées équidistantes.
A — 3272 Un — Un = M,5
— = 0,012.
b) Températures équidistantes.
— 2640 Un — Up = 40
Ur — Ua
A
La moyenne de ces quatre valeurs est 0,014.
Dans les deux expériences, les hauteurs de la lame d’eau et de la glace
élaient égales à 65".
Il faut observer que P=V=SE.
V, S,E étant le volume, la section, l'épaisseur de la lame d’eau. On
a donc:
= 0,014.
K = Ee x 0,014.
La valeur de E est la somme de l'épaisseur de la lame d’eau égale à
10 et de celle de la plaque de verre L réduite en eau, égale à 2.
E — J12mm
e —= 4,6nm
KO re
IL est aisé de voir que les unités employées sont telles, que l'unité de
chaleur est la calorie et que le coefficient K est la quantité de chaleur
qui passe pendant & de minute au travers d’une lame de 1": de sur-
face et de 0®,001®® d'épaisseur, dont les deux surfaces sont à des tem-
pératures différentes de 1°. Pour réduire le temps en secondes, il suffit
de diviser la valeur ci-dessus par 6 et on trouve ainsi :
K 1015
d'où résulte pour la glace la valeur:
0,23.
Pour la porcelaine, d’après les expériences de M. Péclet sur le plomb,
et celles de Desprez sur les substances peu conductrices, on trouve :
0,24.
1S
—
+
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR.
Application à la formation de la glace.
Après qu'il s’est formé une première couche de glace sur une surface
d'eau, si la température de l'air se maintient au-dessous de 0°, l'épais-
seur de la couche gelée augmente d’une manière continue. On peut se
proposer de chercher quelles sont les conditions de cette augmentation.
Au moment où la superficie commence à se solidifier, la couche infé-
rieure de la nappe d’eau ‘dont il s'agit, est en général à la température
de 4° et la température va en diminuant dans les couches successives,
jusqu’à celle qui est en contact avec la glace et dont la température est
0. Je suppose que la surface de la nappe considérée, est assez grande
par rapport à sa profondeur, pour qu'il n'y ait pas lieu d’avoir égard à
l'influence des parois verticales qui la limitent. Dans ces conditions le
flux de chaleur est normal à la surface de la glace, et la quantité de cha-
leur qui traverse la surface de séparation de la glace et de Peau, est la
somme : 1° de la chaleur dégagée par la solidification de l'eau; 2 de la
chaleur qui provient du refroidissement des couches inférieures de la
nappe; 5° de la chaleur provenant du sol. Pour traiter la question d’une
manière complète, il faudrait, il est vrai, connaître la valeur de la con-
ductibilité de l'eau, et tenir compte de la température et du flux de cha-
leur dans le sol, au-dessous de la nappe d’eau; toutefois les considéra-
tions suivantes permeltent de se rendre compte des conditions du phé-
nomène.
Lorsque la nappe d'eau se refroidit avant de se geler, l'eau parvenue
à son maximum de densité descend et vient en contact avec le sol. Mais
le sol lui-même cède de la chaleur en se refroidissant et il s’y établit un
flux de chaleur qui va en diminuant à mesure que la température s'a-
baisse dans les couches successives. Après que la masse entière de leau
a passé par la température de #, le refroidissement ne provoque plus
de mouvements, et un flux de chaleur régulier s'y établit. Or dans ces
conditions, non-seulement la température de la courbe inférieure ne re-
monte pas au-dessus de 4, mais s’abaisse si la nappe d’eau n’est pas
278 DE LA CONDUCTIBILITÉ
très-profonde. Il résulte de là que le flux de chaleur dans le sol est plus
faible que celui qui s'établit dans la masse d’eau et dont l'intensité dé-
pend des températures du haut et du bas, et de la conductibilité de
l'eau. Ainsi, la surface de séparation de la glace et de l’eau, reçoit une
quantité de chaleur déterminée par le flux au travers de l’eau et perd une
quantité de chaleur déterminée par le flux au travers de la glace; soit
parce que la hauteur de la courbe d’eau, dont les deux bases sont à 0° et
au plus à 4°, peut être supposée considérable, soit parce que la conducti-
bilité de l’eau est très-pelite par rapport à celle de la glace ; J'admettrai
que la première de ces quantités de chaleur est négligeable par rapport
à la seconde, ce qui revient à admettre l'égalité entre la chaleur qui tra-
verse la glace et celle qui est dégagée par la solidification de l’eau. Enfin,
à mesure que la couche de glace s'épaissit, les températures des cou-
ches successives doivent varier un peu, mais la quantité de chaleur dé-
gagée par cette variation, pour une augmentation d'épaisseur donnée,
est très-petite par rapport à celle qui est dégagée par la solidification de
la masse d’eau, dont résulte cette augmentation.
Le flux de chaleur à travers la glace est à chaque instant déterminé
par l'épaisseur de la couche déjà formée, et par la température de la sur-
face supérieure, la température de la surface inférieure étant constam-
ment 0°. La température de la surface supérieure que je désigne par u,
dépend elle-même de la température de l'air et des circonstances atmos-
phériques, qui provoquent une déperdition plus ou moins rapide de la
chaleur. Pour évaluer ces divers éléments, je désigne par u la tempéra-
Lure que marquerait un thermomètre dont le réservoir serait entouré de
glace; la quantité de chaleur enlevée dans l’unité de temps à l'unité de
surface de la couche supérieure, aura pour expression À (u,—u)", h étant
un coefficient dont la valeur pourra varier entre de certaines limites,
suivant les circonstances atmosphériques.
! La chaleur perdue par la surface de glace est une fonction de la température de cette surface, et
cette fonction est nulle pour #—=u, ; en développant cette fonction suivant les puissances de u,—u, on à.
donc pour premier terme 4 (u,—u)
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 279
Cela posé, pour exprimer x, remarquons que cette température doit
être telle que la quantité ci-dessus soit égale au flux de chaleur à tra-
,1 , , x : GLS
vers la couche de glace d'épaisseur æ, c’est-à-dire à 27; on à donc:
Tr
hu —u) = ——
T
d'où
hu,x
K+ix
Etablissons maintenant l'équation de condition entre la chaleur déga-
gée par la solidification de l'eau et la chaleur qui sort. La chaleur qui
traverse une tranche de la couche pendant l'élément de temps dt est:
Kudt
T
u
D'ailleurs, si dx est la quantité dont x augmente dans l'élément de
temps, la chaleur dégagée par la solidification de cette couche d'eau est :
Ldx
où l'est la chaleur latente de la fusion de la glace, on à donc:
Kudt
æ
0%
eten remplaçant « par sa valeur, on trouve l'équation différentielle
l j dx æd x
IE —— ————
! ü ( h K
dont l'intégrale est :
l é FH
Pr EC R a QI)
avec la condition que pour {— 0, x — 0.
Quelle que soit la valeur de k, cette expression fait voir qu'on peut
distinguer dans la formation de la glace trois périodes différentes. Du-
rant la première période, æ& étant très-petit, le terme du premier degré
détermine la variation, et l'équation est:
hu, t
NE EE }
ur
C'est-à-dire que l'épaisseur croît proportionnellement au temps.
280 DE LA CONDUCTIBILITÉ
Durant la deuxième période, lorsque x à pris une certaine valeur, les
termes du premier et du deuxième degré sont du même ordre, et la va-
riation est donnée par l'équation entière.
Durant la troisième et dernière période, x a pris une valeur assez
grande pour que le terme du premier degré disparaisse, par rapport à celui
du deuxième, et l'équation peut se mettre sous la forme.
ÈS LT (3)
dans laquelle À n'entre plus et qui est l'équation d'une parabole.
Ce que l'on sait en général de la formation de la glace dans notre cli-
mat permellait déjà de conclure que, au bout d’un ou deux jours de gelée,
l'augmentation de l'épaisseur de la couche entre dans la seconde des pé-
riodes que j'ai distinguées. En effet, on sait vaguement qu'au bout de
quelques jours, l'épaisseur ne s’'accroit plus beaucoup. Les données peu
nombreuses, il est vrai, que j'ai pu recueillir jusqu’à présent confirment,
comme on va le voir, les considérations qui précèdent.
Ces données sont, d’une part, des observations déjà anciennes, et de
"
l’autre des mesures que Jai faites moi-même.
Observations de Flaugerques". M. Flaugergues avait eu l'idée d'évaluer
le froid des époques de gelée, en mesurant la quantité de glace qui se for-
mail dans un instrument spécial auquel il avait donné le nom de Æruo-
mètre ; (la quantité d’eau glacée, dit-il, est l'intégrale des congélations
infiniment pelites qui se sont faites à chaque instant dans le vase, et qui
sont proportionnelles (autant que nous pouvons en juger), au degré de
froid qui avait lieu à l'instant de chaque congélation particulière. » On
voit que Flaugergues ne tenait pas compte de l'épaisseur de la couche
déjà formée à l'instant de chaque congélation particulière. En outre le
vase qu'il avait adopté, et qui était un cône droit en métal, n’était pas
propre à fournir des indications simples, soit parce que les surfaces d’é-
‘ Sur un moyen très-simple pour déterminer l'intensité de la gelée et du froid, par H Flaugergues.
(lournal de Physique, 1820, tome XC, page 1:0.)
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 281
gale température y ont une forme compliquée, soit parce que le pouvoir
émissif de surface métallique et celui de la surface circulaire libre de
olace entrent tous deux comme éléments, dans l'évaluation de la quan-
lité de la glace formée. Le meilleur Æruomètre serait un bocal en verre
cylindrique placé dans une seille en bois remplie de sciure de bois, de
façon à ce que le refroidissement n’eût lieu que par la surface supérieure
de l’eau.
indépendamment de ses expériences kruométriques, Flaugergues rap-
porte dans ce même mémoire, des observations qu'il a failes sur le de-
gré de profondeur où la gelée est parvenue dans le sol à Viviers, pendant
certains hivers rigoureux. € La terre, ditAl, à toujours été creusée dans
le même endroit, c’est-à-dire, dans une planche du jardin, à côté de
l'observatoire, laquelle a été régulièrement bêchée et hersée au com-
mencement de l'automne. » Voici le tableau de ses observations:
Nombre de jours Epaisseur de la couche
Années. de yelée. de la terre gelée.
pieds lignes
1766 32 16 6
1767 43 9 6
1765 8 9 0
1776 fl 8 10
1778 11 9 (0
1719 21 14 6
1782 14 10 6.
1784 21 11 0
1789 39 21 3
Le tableau contient en outre une colonne, donnant le maximum de
froid dans chaque époque, mais cette indication ne suflit pas pour qu'on
puisse évaluer la moyenne de la température. Toutefois, comme le la-
bleau renferme plusieurs époques de durées analogues, on peut prendre
des moyennes.
J'ai pris la moyenne des observations de
66 et 89
19 et 84
82, 67 et 78
68 et 76
TOME XVII, 27 PARTIE. 51
282 DE LA CONDUCTIBILITÉ
et j'ai obtenu ainsi le tableau suivant. Dans la colonne des épaisseurs
calculées, sont les résultats que l’on obtient par l'équation de la parabole
T = 9,24
Nombre de jours Épaisseur
de gelée de la couche gelee
Valeur de t, observée. — calculée.
p. lig. p. lig
32,5 180 TAN
21,0 12007 1829
12,6 Or 1078
7,5 8 09 8 3
Le tableau fait voir que les épaisseurs varient bien proportionnelle-
ment à la racine carrée du témps, ce qui doit avoir lieu aussi bien pour
de la terre humide gelée que pour de la glace".
Mesures d'épaisseur d'une couche de glace.
La première moitié du mois de janvier 1864, aurait été très-propre à
des observations régulières, dans le but de vérifier l'équation (4). Il a
gelé à Genève d’une manière continue, du 2 au 20 janvier, et il a ré-
gné, presque constamment, un brouillard assez épais pour rendre né-
gligeable l’action calorifique des rayons solaires. Il faut remarquer, en
effet, que la température w de l'équation (1) est celle que marquerait un
thermomètre en glace exposé au soleil, et qu’en outre on devrait tenir
compte, pendant les jours découverts, de la profondeur à laquelle pé-
nètre dans la glace l'absorption calorifique.
Les recherches qui sont exposées dans ce mémoire, ont été termi-
nées trop tard pour qu'il m’ait été possible d'obtenir des vérifications
suffisamment nombreuses et précises. En premier lieu, aucune obser-
‘ L'épaisseur d’une couche de glace varie avec la durée de la période de froid de la même manière
que la profondeur à laquelle une variation cesse d’être perceptible varie avec la période qui provoque
celte variation ; cette profondeur varie en effet, comme Fourier l'a montré, proportionnellement à la ra-
cine carrée de la durée. Il est possible que l'épaisseur de la couche de terre gelée soit en partie un effet
de cet ordre de phénomènes.
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 285
vation n’a pu être faite sur la température marquée par un thermo-
mètre à l'air libre et recouvert de glace. En second lieu, les mesures
d’épaisseurs se réduisent aux suivantes : j'ai mesuré, le 20 janvier,
les épaisseurs de trois couches différentes de glace, formées successive-
ment et simultanément sur un petit étang situé près de Presinge, au
milieu des champs et dans lequel la profondeur de l'eau est de 70°"
environ.
a. Glace enlevée dans la journée du 6, épaisseur 100.
b. Glace formée à partir du 7 et mesurée le 20, épaisseur 145"m.
c. Glace formée depuis le commencement de la gelée et mesurée le 20,
épaisseur 170mm.
Calcul de ces données.
Les observations enregistrées à l'observatoire de Genève font voir
que la période de froid a commencé dans la nuit du 1% au 2 Janvier
par un abaissement rapide de la température à plusieurs degrés au-des-
sous de 0°. Comme l'étang dont il s’agit est peu profond, on peut admet-
tre que la glace à commencé à se former dans cette même nuit, et pour
fixer les idées je suppose que c’est à minuit. D'un autre côté l'heure à
laquelle la glace a été prise le 6 n’est pas déterminée et je suppose que
c’est à midi, heure à laquelle les observations du 20 ont été faites. C'est
sur la même partie de la surface de l'étang, où l'on a pris de la glace le
6 et le 7, que s’est reformée une des couches mesurée le 20; l'autre s'é-
tait formée depuis le commencement de la gelée sur une parte de l'étang
que l'on n'avait pas touchée. Ainsi ces durées de formation sont:
pour la couche a:
12h 4 x 24h — 108
pour la couche b:
19h + 12 X 24 — 300"
pour la couche c:
12h + 18 x 24h — 443"
281 DE LA CONDUCTIBILITÉ
Températures. Faute d'observations sur la température d'un thermo-
mètre découvert et glacé, j'ai pris pour u, la température donnée par les
tableaux de l'observatoire et comme température moyenne des 24 heu-
res, la moyenne du maximum et du minimum. On trouve ainsi que la
température moyenne durant la période du 2 au 6 est notablement plus
basse que la température moyenne du 6 au 20; la première est — 7,2
et la seconde, —5,2. On peut donc établir deux périodes correspondantes
pour la formation de la glace.
Calcul de x par l'équation (5).
J'ai d'abord cherché jusqu'à quel point les résultats fournis par l'équa-
tion (3), concordaient avec les données ci-dessus. Dans cette équation
qui est:
Fe 2Kut
I
il faut faire K = 0,23 et { — 79; puis, pour réduire l'unité de temps en
heures, il faut multiplier l'expression sous le radical par 3600; on ob-
tient ainsi les résultats suivants :
Valeur de la Valeur Épaisseur
température du temps —
u, É observée. calculée.
1,2 108h 100mm 1250m
5,2 300 14m 1707
Pour calculer l'épaisseur de la couche c, il faut déterminer la cons-
tante d'intégration par la condition que pour {—0, x =, afin de tenir
compte des deux périodes successives, et l’on a ainsi:
as LÆ Ku,t—+ x?
l
en fait to—100, u, —5,2, (—300, on trouve x pour la couche c.
Epaisseur
obserrée. calculée.
170 200
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 285
Ces premiers résultats sont une vérification générale du principe sur
lequel j'ai établi la formation de la glace.
Calcul de x par l'équation (1).
Cette équation est :
TAUPE t+ |
= — ——+—
Us IR T3 {
elle renferme linconnue k. En résolvant par rapport à À on trouve :
2K/x
D
2K u;t—la*
En introduisant dans cette équation les données relatives à la couche
a, on trouve :
h = 0,0079
et pour la couche b:
h = 0,0058
Ceci fait voir que, durant la première période, À était plus grand que
durant la seconde, ce qui est conforme à ce qu’on pouvait penser, parce
que, pendant les premiers jours de gelée, il a régné un vent du nord très-
fort.
Pour qu'on juge de la valeur relative des termes en À et des termes
en K dans l'expression de x pour les durées a et b, voici les valeurs de
ces termes. L'équation (1) résolue par rapport à x est :
K PORTO ENT
- “à EE __
On a ainsi pour la couche a :
= — 27,0 + / 716 18390 = — 27,0 +- 127,0 = 100
pour la couche b :
2 — 37,0 |/ 14101-31900 — — 37,0 —- 184,0 — 144
Enfin, étant donnée la valeur x, au 6 janvier, et la valeur de À pour
la seconde période, on peut calculer Fépaisseur de ec par l'équation
286 DE LA CONDEUCTIBILITÉ
; k (7 9K L 9K
Re on AE 2Ku,t : 2Kt
h h° on l + h
obtenue en déterminant la constante d'intégration, par la condition que
pour {=o el =, On trouve 3—187, au lieu de 170.
Ces divers résultats sont de nature à montrer que l’équation (1) per-
mettra de calculer avec certitude l’épaisseur d’une couche de glace,
lorsqu'on aura pu observer d’une manière régulière, les éléments qui y
entrent. On doit remarquer, en outre, que les observations d'épaisseur
devront se faire sur un étang de profondeur assez constante et détendue
assez grande pour qu'on soit certain que les divers points où lon me-
sure la couche, sont exactement dans les mêmes conditions, ce qui n’é-
tait pas suffisamment le cas pour les mesures que j'ai faites le 20 jan-
vier.
Sur les glaces polaires. — Il pourrait y avoir de l'intérêt, dans certains
cas, à se servir de l'équation (5) pour déterminer {en fonction de x qui
serait connu. Ainsi, on peut se proposer de calculer combien il a fallu
de temps pour déterminer la formation des bancs de glace polaire dont
on connait l'épaisseur. Seulement, tous les éléments du problème ne
sont pas suffisamment déterminés, savoir : la valeur moyenne de u, et
ausgi la quantité de chaleur solaire absorbée par la glace pendant l’é-
poque où le soleil est au-dessus de l'horizon. Cette action solaire déter-
mine sans doute la limite que l'épaisseur de la couche de glace ne peut
pas dépasser, parce que, à partir de cette épaisseur, l'augmentation an-
nuelle est compensée par la diminution. On ne peut donc chercher à
évaluer qu'une durée minimum, et pour cela on donnera à u, une valeur
considérable et on ne tiendra pas compte de l’action solaire.
L'équalion (3) se met sous la forme :
l L
Lt = ZT;
2Ku,
en faisant u, — 40, et en prenant pour unité de temps l’année, et pour
unité d'épaisseur le mètre, on trouve
NPA
DE LA GLACE POUR LA CHALEUR. 281
On trouve ainsi:
Épaisseur Durée
de gluce de la formation
TI. L.
dun 1an,42
10m 142ans
100 14,2008ns
200m 56,800
Il résulte des observations des explorateurs dans les régions polaires,
qu'on trouve des bancs de glace d’une grande étendue dont l'épaisseur
dépasse 100%. Scoresby ‘ en a observés dans le détroit de Davis qui
avaient 10 à 12 kilomètres carrés, et dont la surface plane s'élevait de
15 à 50 au-dessus de l'eau, ce qui implique une épaisseur totale de
200%. Ces considérations supposent que le banc de glace dont il s’agit,
ne s’est accru que par sa partie inférieure, et il est probable que l’accu-
mulation de neige sur leur surface supérieure des glaces contribue dans
une proportion notable à leur formation. Peut-être serait-il possible de
déterminer, par la différence de structure, la limite entre ces deux
modes de formation.
! Traité de physique de Daguin, tome Il, page 586.
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DÉTERMINATION TÉLÉGRAPHIQUE
DE
LA DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
ENTRE LES
OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL
PAR
E. PLANTAMOUR £T A. HIRSCH
INTRODUCTION
C'est au commencement de l’année 1861, que le projet d'appliquer la
méthode télégraphique à la détermination de la différence de longitude
entre nos deux observaloires fut arrêté entre nous, et que nous con-
vinmes des moyens d'exécution. Le but immédiat, que nous avions d’a-
bord en vue, était de fixer aussi exactement que possible la longitude du
nouvel observatoire de Neuchâtel, construit en 1858-1860. Mais cette
recherche devait être en outre un premier pas, pour ainsi dire une étude
préparatoire, en vue d’une entreprise plus vaste, par laquelle nous espé-
rions de relier télégraphiquement les observatoires suisses aux obser-
valoires de Paris ou de Greenwich. Nous nous proposions de fournir
ainsi un élément important à la vaste étude géodésique de l'Europe,
dont l'exécution est maintenant assurée par l'association d'un grand
TOME xvn, 2m PARTIE. 58
290 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
nombre de géomètres et d’astronomes, et par l'appui de presque tous les
gouvernements intéressés. Notre travail à pris, pendant son exécution,
des proportions plus étendues que nous ne l’avions prévu au commence-
ment; les observations se sont prolongées jusqu’au mois d'avril 1862,
el les derniers calculs n’ont été terminés qu'au mois de mai de cette
année. Ensuite, la publication à subi de nouveaux retards, en grande
parlie indépendants de notre volonté.
Nous présentons aujourd'hui aux astronomes et aux géomètres le
résultat détaillé de notre travail commun, dans l'espoir que cette mono-
graphie, tout en contribuant à répandre l'usage si précieux, sous bien des
rapports, des chronographes et de la méthode télégraphique pour les
déterminations de longitude, montrera cependant les erreurs auxquelles
l'enregistrement électrique est soumis, et les écueils que l’on rencontre
dans l'emploi des lignes télégraphiques pour des recherches scientifiques
de celte nature; nous espérons, enfin, que notre étude contribuera à fixer
les idées sur le degré de précision que ces méthodes comportent. Non pas
que nous croyions être parvenus jusqu'aux dernières limites de cette pré-
cision; tout au contraire, nous sommes persuadés que la construction des
appareils chronographiques, aussi bien que leur usage dans l'astronomie
et la géodésie, peut être encore perfectionné sous quelques rapports, et
nous indiquerons même plusieurs de ces perfectionnements que lexpé-
rience nous à suggérés. Les astronomes trouveront dans notre travail
des données sur les mérites et sur les défauts des chronographes, soit
pour leur usage à l’intérieur des observatoires, soit pour l'enregistrement
à distance; et sous ce dernier rapport nous serions surtout heureux si
nos expériences pouvaient être de quelque utilité aux savants qui se
proposent d'employer l’année prochaine la méthode télégraphique pour
déterminer la longitude sur Parc du parallèle compris entre les monts
Ourals et Valentia en Irlande.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 291
CHAPITRE Er.
Avant d'entrer dans les détails des observations et des calculs, nous
croyons utile de les faire précéder par un réeit succinet de la marche de
notre entreprise.
Au mois de février 1861, nous demandämes et obtinmes sans diffi-
culté de l'Administration fédérale des télégraphes suisses, qui, dans
toute cette affaire, s’est montrée d’une grande obligeance", lautorisa-
tion d'utiliser les lignes télégraphiques pour nos recherches. La ligne
entre Neuchâtel et Genève fut mise à notre disposition exclusive depuis
neuf heures du soir, et on nous accorda l'exclusion complète de tous les
appareils des bureaux intermédiaires, de sorte que la communication
directe était assurée entre les deux observatoires. L'observatoire de Neu-
châtel se trouvant déjà compris dans le réseau télégraphique?, il a suffi
de relier l'observatoire de Genève au bureau télégraphique de cette ville,
ce qui fut exécuté au mois de mars 1861. Le chronographe pour lob-
servatoire de Genève fut livré à la fin d'avril par M. Hipp, fabricant
d'appareils électriques à Neuchâtel. Ce constructeur habile et électricien
distingué, qui avait aussi construit le chronographe de l’observatoire de
Neuchâtel, nous à non-seulement fourni tous les instruments et appa-
reils dont nous nous sommes servis, mais il nous a aussi aidé de ses
conseils et de sa coopération à plusieurs occasions.
Après nous être assurés une première fois, le 14 mai, du libre pas-
sage des courants et de la manière satisfaisante dont tous les appareils
fonctionnaient, nous comparämes d’abord, le 17 mai, nos pendules si-
dérales, en télégraphiant, chacun à la main, les secondes de plusieurs
minutes, qui s'enregistraient sur les deux chronographes. En tenant
1 C'est surtout à M. le directeur Curchod, à Berne, et à M. l'inspecteur Lendi, à Lausanne, que nous
sommes redevables d’un appui précieux et d’une grande complaisance, pour lesquels nous sommes heu-
reux de leur exprimer ici toute notre reconnaissance.
? La ligne Neuchâtel-Berne passe par l'observatoire même, afin qu'il puisse télégraphier journelle-
ment l'heure à Berne et à plusieurs endroits du canton de Neuchâtel, centres de la fabrication horlogère.
292 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
compte des corrections des deux pendules, nous obtinmes ainsi une pre-
mière approximation pour la différence des deux heures locales, qui fut
trouvée égale à 3"4/95,78.
Mais nous étions convenus que nous déterminerions la différence de
longitude par l'enregistrement direct sur les deux chronographes des
observations de passage d'étoiles à chaque fil, et après avoir arrêté une
liste de seize étoiles, leur passage au cercle méridien de chaque observa-
toire fut observé par nous dans les nuits du 19, du 20 et du 21 mai. Le
22 mai, d'après notre programme, la série des observations devait être
répétée, mais chaque observateur changeant de station, afin d'éliminer
ainsi notre équation personnelle. M. Hirsch se rendit dans ce but à
Genève, et M. Plantamour à Neuchâtel; cependant, quoique le temps ne
fût pas défavorable, il nous fut impossible d'obtenir le résultat désiré,
par suite dune défectuosité dans la communication électrique entre
les deux observatoires. Sans qu'il nous ait été possible de trouver la
cause qui ce soir-là a entravé la marche des courants, nous n'avons
pas réussi à obtenir de signaux sur les chronographes. Le 25 mai,
étant réunis à Genève, nons fimes la première détermination de notre
équation personnelle, mais dans des circonstances atmosphériques très-
défavorables qui nous permirent d'observer neuf étoiles seulement.
La comparaison des relevés sur les deux chronographes nous ayant
montré des variations assez sensibles dans la différence que présentaient
les deux appareils, d’une étoile à l’autre, nous avons supposé que ces va-
riations étaient dues en grande partie aux changements qui peuvent sur-
venir dans l'intensité des courants et dans la résistance de la ligne. Pour
obvier à ces inconvénients, et partant de l'idée que les courants d’induc-
tion seraient moins sujets à ces variations, nous décidàmes de répéter
toute lopéralion, en employant des courants induits. M. Hipp se chargea
encore de nous fournir deux bobines d’induction de construction iden-
tique, et, le 19 septembre, les deux appareils étant terminés et livrés,
nous recommençèmes nos observations de passages d'étoiles. Mais, ce
jour-là, quelque désordre dans la ligne et l’état peu favorable de latmos-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 295
phère réduisirent le nombre des étoiles utiles à 5; le 20 septembre, où
les nuages gênaient quelque peu, nous observämes de la même manière
14, et le 29 septembre, 19 étoiles. Comme ces deux derniers soirs les
images des étoiles avaient été passablement ondulantes, nous répétâmes
ces observations encore deux fois, le 5 et le 5 octobre, sous des condi-
tions atmosphériques plus favorables; le nombre lotal des observations
d'étoiles, entre le printemps et l'automne, est de 117. Enfin, le 16 oc-
tobre, nous fimes à Neuchâtel une seconde détermination de notre
équation personnelle, en observant dans le cours de la soirée 23 étoiles,
de telle façon que le passage était observé par lun de nous aux dix pre-
miers fils du micromètre, et aux dix derniers par l'autre, en alternant
chaque fois l’ordre de observateur.
Nous avions ainsi obtenu une masse considérable d'observations, et
nous nous mimes à les relever sur les deux chronographes et à les cal-
culer. L'enregistrement double de toutes les observations d'étoiles sur
les deux chronographes permet non-seulement d'obtenir, en prenant la
moyenne des deux résultats, la différence de longitude indépendamment
du temps de transmission des courants, mais la différence d’enregistre-
ment entre les deux chronographes peut précisément fournir ce temps
de transmission; celte comparaison offre en même lemps les moyens
d'apprécier l'exactitude du procédé. Nous comparàmes donc les deux
chronographes, non-seulement pour les moyennes, mais pour chaque fil
observé, et nous fimes le calcul des écarts moyens, aussi bien pour les
écarts qui existaient entre l'enregistrement des différents fils d’une même
éloile, qu'entre les résultats fournis par les différentes étoiles. Ces calculs
mirent en évidence des variations assez fortes qui ont lieu, même pour les
cour*nts induits, dans la valeur du temps de transmission. De pareilles
variations se présentent non-seulement dans la valeur du résultat moyen
pour les différents Jours, mais aussi dans le courant de la même nuit;
et comme elles dépassaient considérablement les erreurs moyennes, dé-
duites de l'accord entre eux des fils d’une même étoile, nous en con-
clümes que la vitesse des courants, ou bien le temps de transmission,
294 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
n’est pas une quantité constante, mais qu’elle varie aussi bien dans le
courant d’une série d'observations faites le même soir, que d’un jour à
l'autre, suivant l’état électrique de la ligne, des piles et des appareils.
Ce résultat nous parut assez intéressant pour mériter une étude plus
approfondie, afin de déterminer, si possible, la part d'influence sur la
variation dans l'enregistrement électrique, qu'il faut attribuer à chacun
de ces éléments différents, savoir : la longueur de la distance parcourue,
l'état d'isolation de la ligne, la force et la nature des courants employés
(courants de pile ou d’induction), enfin, l'individualité des électro-ai-
mants des chronographes. Dans nos observations d'étoiles nous nous
étions servis de courants induits seulement pour marquer les moments
du passage des étoiles devant les fils, seul élément qui fut enregistré à
distance sur les deux chronographes, tandis que les secondes des pen-
dules avaient été marquées sur chaque chronographe au moyen de cou-
rants ordinaires; comme, en outre, nous n'avions fait varier ni la longueur
de la ligne parcourue, ni la force des courants employés, ni les électro-
aimants des chronographes, nous résolûmes d'entreprendre toute une
nouvelle série d'expériences, destinées à étudier plus spécialement toute
la partie électrique et la question d'enregistrement chronographique.
Dans cette recherche, il était naturellement indifférent de donner aux
signaux électriques, qu'il s'agissait d'échanger entre les deux stations et
d'enregistrer sur les deux chronographes, une signification quelconque;
d'un autre côté, il était désirable, pour la facilité et l'exactitude de lo-
péralion, que ces signaux fussent donnés à des intervalles égaux et régu-
liers, et il importait surtout d'en éloigner autant que possible tout élé-
ment physiologique. Nous décidämes, par conséquent, de comparer direc-
tement et automatiquement nos deux pendules, de telle sorte que chacune
d'elles enregisträt elle-même ses secondes sur les deux chronographes.
Après que Administration des télégraphes nous eut accordé, avec la
même complaisance que la première fois, l'usage des lignes télégraphi-
ques pour celte nouvelle recherche, et après avoir élaboré un programme
détaillé pour cette comparaison de pendules, nous avons exécuté ces
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ÊT DE NEUCHATEL. 299
expériences dans une série de nuits au printemps de l'année 1862. Nous
avons souvent été contrariés et même empêchés par le mauvais état
d'isolation des lignes, et nous avons même dû abandonner une partie
du programme, ne pouvant pas réussir à échanger nos signaux, soil par
des courants plus faibles, soit sur un parcours de ligne indirect et plus
long. Cependant nous réussimes, dans les nuits du 11 février, du 9 mars
et du 19 avril, à obtenir un certain nombre de séries complètes de com-
paraisons de pendules, soit par des courants ordinaires, soit par des
courants induits, et en faisant varier dans chaque station les électro-
aimants par lesquels chacune des pendules enregistrait sa marche. Nous
avons eu soin aussi de déterminer chaque fois intensité des courants,
ainsi que la résistance de la ligne et la dérivation que les courants su-
bissaient en route par le fait de l'isolation imparfaite.
Pour obtenir un autre élément important de notre étude avec toute la
rigueur possible, nous répétâmes encore une fois, le 26 avril 1862, la
détermination de l'équation personnelle, en observant ensemble à Neu-
châtel 42 étoiles. Ayant reconnu aussi dans cet élément une certaine
variabilité, nous en avons complété l'étude plus tard, le 4 et le 5 no-
vembre 1862, par la détermination de la correction personnelle absolue
de chacun de nous, au moyen d'une méthode dont on trouvera les
détails dans le chapitre IV.
Après avoir terminé le relevé assez pénible des signaux, la comparai-
son du double enregistrement des pendules a donné lieu à des recher-
ches et des calculs nombreux sur la durée des courants, sur la parallaxe
des plumes, sur l’inertie différente des quatre électro-aimants employés,
sur les résultats différents qu’on obtient pour les intervalles des secondes
des deux pendules, en les déterminant soit par les moments de ferme-
ture, soit par les moments d'ouverture des courants, sur les erreurs
moyennes du relevé et de l'enregistrement, sur la variation du temps de
transmission pour les courants des deux espèces, soit d’un soir à l'autre,
soit d’une série d'observations à l'autre pendant le même soir, soit enfin
dans les limites d’une seule combinaison qui ne durait que deux mi-
296 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
nules. Nous avons pu constater ainsi que l’état électrique de la ligne et
des appareils varie d’une manière sensible, même dans un si court es-
pace de temps. Tous ces calculs, dont on trouvera les détails dans les
chapitres V et VI, nous ont occupés, avec plusieurs interruptions ,
pendant l'hiver dernier, et n’ont été terminés qu’au mois de mai.
CHAPITRE IT.
Description des instruments et appareils.
Pour faciliter l'intelligence de nos opérations et l'appréciation des ré-
sultats obtenus, nous commencerons par une description sommaire
des appareils dont nous nous sommes servis dans la détermination de
longitude, aussi bien des instruments astronomiques, lunettes méri-
diennes et pendules, que des appareils électriques, chronographes et
instruments de relevé. Pour ceux de ces appareils qui sont de construc-
tion nouvelle, et offrent pour cette raison un intérêt spécial, nous accom-
pagnons la description de dessins linéaires, qui contribueront à la rendre
plus claire. 11 aurait été désirable, dans l'intérêt de l'entreprise, que
tous les instruments employés dans les deux observatoires eussent été
aussi semblables que possible; en fait, les chronographes, construits par
le même artiste, sont identiques dans leurs parties essentielles. La force
motrice, ainsi que le régulateur du mouvement qui fait avancer la bande
ou la feuille de papier, les plumes servant à marquer les signaux, les
électro-aimants, ainsi que les piles qui les faisaient marcher, sont à
peu près identiques. On à obtenu de cette manière la même exactitude
dans l'enregistrement des signaux par les deux appareils, malgré la
différence dans plusieurs parties de la construction. Quant aux instru-
ments astronomiques, qu'il ne pouvait pas être question de faire con-
struire ad hoc, ceux de l’observatoire de Neuchâtel, d’une construction
récente, étaient calculés d'avance pour l'emploi de la méthode chrono-
graphique, ce qui n’est pas le cas pour les instruments de Genève. Cela
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 297
explique le nombre beaucoup plus considérable des fils de la lunette
méridienne de Neuchâtel et l'emploi dans cet observatoire d’une seule
pendule sidérale, munie elle-même d'un appareil électrique qui lui per-
met d'enregistrer les secondes; tandis qu'à Genève, il a fallu se servir
d'une horloge auxiliaire pour remplir cette fonction, horloge qu'on à
comparée soigneusement après chaque passage déloile à la pendule si-
dérale.
1) Lunelte méridienne de Genève.
La description du cercle méridien, construit par Gambey, se trouve
dans la première série des publications de l'observatoire de Genève: il
est done inutile d'entrer dans les détails de construction d'un instru-
ment déjà ancien et aussi connu que le sont les cercles méridiens de
Gambey.Il suffira de rappeler que l'objectif a 0",100% d'ouverture nette,
en retranchant la partie voisine des bords cachée par les diaphragmes:
la distance focale est de 1®,587; le grossissement constamment employé
pour les observations d'étoiles est de 105 fois. Dans lobservation du
nadir, on se sert d’un oculaire différent, grossissant environ 70 fois.
Le réticule porte cinq fils horaires; c’est toujours au troisième fil (fil du
milieu) que la moyenne des passages est réduite, ainsi que l'erreur de
collimation. L'intervalle de chaque fil au fil du milieu, le cercle étant à
l’ouest, est de:
I fil Il fil I fil IV fil Vfl
595,485 195,866 0 205,012 595,949
Pour les observations par la méthode américaine, l'observateur se
sert d’un manipulateur tenu à la main, ou d'un levier-clef placé sur un
support près de l'oculaire et relié par des fils au chronographe et à la pile.
2) Lunette méridienne de Neuchâtel.
Le cercle méridien de Neuchâtel, construit par M. G. Ertel fils, à Mu-
nich, & une lunette de forme biconique, dont l'objectif (de Merz) a 51
lignes d'ouverture nette, et 72 pouces de distance focale. Le réticule
TOME XVI, 20€ PARTIE. 59
298 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
contient un système de 21 fils horaires distribués autour du fil du milieu
en quatre groupes de cinq fils chacun, dont la distance équatoriale est
environ de trois secondes, tandis que les intervalles entre les groupes
sont de six secondes. Le fil mobile est conduit par une vis micromé-
trique, dont le tambour est divisé en cinquante parties, chacune corres-
pondant en temps à 0°,0574. L’oculaire employé dans ces observations
grossit 210 fois. L'éclairage est obtenu par un bec de gaz qui se trouve
à un mètre de distance de l'extrémité de l'axe. Près de l'oculaire et à la
portée de la main qui manie les vis, se trouve une clef électrique qui sert
à fermer le courant enregistreur; deux cercles en laiton sont placés
d'une manière isolée sur le tube de la lunette, et sont reliés par des fils
conducteurs, fixés dans l'intérieur du tube, à deux autres cercles placés
sur laxe de rotation, contre lesquels frottent deux ressorts, qui sont
eux-mêmes en communication avec le chronographe.
L'axe de rotalion repose sur des galets de friction, supportés à l'aide
de forts leviers par des contre-poids; les tourillons tournent dans des cous-
sinets à forme ordinaire de Y. Le tout est monté sur des piliers monoli-
thes en marbre d'Arvel, cimentés sur des blocs de granit de deux mètres
cubes, reposant eux-mêmes sur le roc calcaire de la colline, qui forme
le premier contre-fort de la chaîne du Jura vers le lac de Neuchâtel;
l'observatoire se trouve à 54 mètres au-dessus du lac et à une distance
du Jura telle, que la crête du Chaumont est vue vers le nord sous un
angle de 12° environ.
5) Pendules de Genève.
La pendule sidérale de Genève, de Dent, a l'échappement Graham,
avec la compensation à mercure et la suspension à ressort; sa marche
est très-salisfaisante, ainsi qu'on peut le voir dans les tableaux publiés
dans les différentes séries des observations faites à Genève.
Comme nous l'avons déjà dit, on s’est servi à Genève, pour l'enregis-
tement électrique, d'une pendule auxiliaire, bonne horloge ordinaire,
suspension à ressortel à verge en bois, qui porte une lentille pesante. Pour
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 9299
lui faire enregistrer les secondes, on lui a appliqué un interrupteur, dont
la construction est facile à comprendre par les figures 1 et 2, planche F, la
première représentant en moilié de grandeur naturelle la section verti-
cale, et l’autre, la section horizontale de l'appareil. Il consiste en une
tige mince en laiton T (fig. 1), mobile dans le plan vertical, et qui repose
sur deux pointes fines enSetS”, et en C sur l'extrémité de la vis V. L’ex-
trémilé supérieure de la tige est recourbée en forme de crochet, qui ap-
puie contre le pendule, à une distance de 144% du point de suspension,
lorsque le pendule est dans la verticale. Lorsque le pendule dans son
oscillation dépasse la verticale du côté du crochet, il entraine avec lui la
tige. De cette façon, le point de contact en C se trouve interrompu pen-
dant la demi-oscillation, pendant laquelle la tige de l'interrupteur est
soulevée par le pendule, et il est rétabli pendant l'autre demi-oscillation,
où le pendule ne touche plus le crochet. On règle la position de la tige
au moyen de la vis V. La plaque métallique G est reliée par un fil au
bouton B., et les plaques S et S’, sur lesquelles les pointes qui portent
la tige mobile reposent toujours, au bouton B,. En introduisant dans
ces boutons les fils venant, d’un côté de la pile et de l'autre du chrono-
graphe, on comprend facilement que le courant se trouve établi pendant
que V repose sur C, c’est-à-dire pendant l’oscillation gauche du pendule,
et qu'il est interrompu lorsque la tige est soulevée, c’est-à-dire durant
loscillation droite du pendule. Le courant se trouve ainsi fermé pendant
les secondes paires et ouvert pendant les secondes impaires, ce qui pro-
duit sur le chronographe, par suite du léger déplacement latéral de l'ancre
pendant le passage du courant, un dessin de la forme qu’on voit sur le
fac-simile de la bande d'observation du passage à Neuchâtel de l'étoile
4715 (du 21 mai) qui accompagne le dessin de la machine à relever.
Le même interrupteur a servi aussi plus tard dans les deux observa-
toires pour les expériences des pendules; lorsqu'il s'agissait de faire en-
registrer à distance les secondes des pendules par des courants induits,
on à ajouté un troisième contact J, relié métalliquement au bouton B.;
avec celte disposition, le courant restait fermé aussi longtemps que la
500 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
bascule était soulevée: et au moment, où le pendule quittant la tige T
laissait descendre la bascule, cette dernière, pesant sur le ressort R, in-
terrompait le contact en J, et faisait naître ainsi le courant d’induction.
Comme la tige de l'interrupteur reposait contre le pendule à une assez
petite distance du point de suspension, et que la lentille du pendule était
très-pesante, la marche de l'horloge, tout en étant naturellement un peu
modifiée, n'a cependant pas été trop altérée. On à pu, par conséquent,
à l'aide de comparaisons fréquentes, réduire avec une exactitude sufli-
sante les instants de la pendule chronographique en temps de la pen-
dule normale de Dent. Dans ce but, on a toujours comparé les deux
pendules entre le passage de chaque étoile à Neuchâtel et à Genève, el
cela au moyen de onze signaux électriques que l'observateur donnait en
suivant les battements de la pendule Dent; on avait de cette façon sur le
chronographe une double série de onze secondes des deux horloges, les
unes enregistrées par la pendule chronographique elle-même, les autres
par l'observateur au moyen du manipulateur. D’après l'ensemble des ob-
servations, l'erreur moyenne d'un signal donné ainsi, d’après les batte-
ments de la pendule Dent, est de + 05,057, et l'erreur moyenne de chaque
comparaison, qui se composait ordinairement de 11, quelquefois de 21,
et une fois de 61 signaux, est de + O°,011. En supposant pour chaque
jour une marche uniforme de la pendule chronographique pendant la
darée des observations (tout au plus deux heures), on à calculé par la
méthode des moindres carrés, et à l'aide de toutes les comparaisons de
la soirée, cette marche moyenne, ainsi que léquation pour lépoque
moyenne de toutes les observations. Avec ces données on à pu calculer
l'équation pour l'instant de chacune des comparaisons, ainsi que pour
celui de chaque passage d'étoile à Neuchâtel et à Genève, C’est à l'aide
de ces équations que les instants des passages, exprimés dans les ta-
bleaux des observations originales en temps de la pendule chronogra-
phique, ont été transformés plus tard en temps de la pendule normale
Dent. L'écart entre les équations calculées ainsi et les équations formées
par les comparaisons directes est, en moyenne, + 0,018. Le tableau
suivant contient tous les délails de ce calcul.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 501
Comparaisons de la pendule chronographique avec la pendule
normale Dent.
=
| Correction | Nombre Erreur moyenne ter
| Heure. de la pendule | de | Écart
chrouographique. | signanx. | d'un signal. ji la moyenne! aleulée.
| 20 mai 1961.
h. | S. s | s. | $. | S.
13,44 | 0,126 11 | +0,057 | 0,017 | 0,185 | -L0,059
13,55 | 10,162 | 41 0,024 | 0,010 | 0,173 | 40:013
13,65 | 0,130 11 0,061 | 0,018 | 0,165 | 0,035 |
13,81 0,182 11 0,06 | 0,014 | 0,150 | —0,032 |
13,88 —L0,147 11 0,047 0.014 | 0,143 | —0,004
3,97 | 10.140 11 0,050 | 0,015 | 20,135 | —0,005 |
14 06 |! !0,11à 1 | 0,025 4,008 | —-0,125 | 0,010 |
14,18 | 10,109 11 | 0,037 | o,u14 | 0,114 | 0,005
14,27 | 0,091 11 0,045 0,014 | —-0,106 | —L0,015
14,36 0,115 11 0,032 0,010 | 0,097 | —0,018 |
14,46 | —-0,091 11 0,035 0,010 | —-0,088 : —0,003
14,55 | 0,088 11 0,055 | 0,016 | 0,078 | —0,010 |
14,65 | 0,079 il 0,042 0,013 | 0,068 | —0,011
14,80 | 0,087 11 0,045 | 0,013 | --0,054 | —0,033
14,89 | 0,015 11 0,068 0,020 | —-0,046 | 0,031
15,13 | —-0,011 11 0,039 | 0,012 | —+-0,022 | 0,011
Moyennes 14,28 | 0,104 | | 0,045 | +0.014 | 20.093
Variation horaire . —0,097 E |
21 mai 1861.
h. 8. | EA s. 4 s.
13,95 —-0,475 RATIO 0,030 | 0,009 0,481 | 0,006
13,65 | 0,472 | 11 0,017 | 0,003 | -L0,475 | -L0,003
13,77 | —-0,467 | 11 0,032 0,010 | 0,466 | —0,001
13,88 —-0,478 11 0,040 0,013 : 0,458 | —0,020
43,97 | 0,440 | 11 0,030 0,009 | 0,453 | 0,013
14,06 0,441 | 11 0,058 0,017 | 0,446 | 0,005
14,18 | 10,437 11 0,028 0,008 | 0,438 | 0,001
44,26 | 0402 | 11 0,065 | 0,020 | —-0,432 | —-0,030
14,35 0,400 11 0,037 0,011 | 0,426 | —-0.026
14,46 | —-0,425 11 0,046 0,014 | 0,419 | —0,006
14,55 | 0,440 | 11 0,030 | 0,009 | --0,413 | —0,027,
11,65 +-0,414 11 | 0,053 0,016 | 0,406 | —0,008 |
14,80 | —-0,416 11 0,032 0,010 | —-0,396 | —0,020
14,88 0,340 11 0,070 0,021 | —+-0,390 0,050
| 51200180 rt 0,034 | 0,010 | +0,373 | 0.045 |
| Die ln Re A) eng 2
Moyennes 14,28 ! 0,431 | 0,040 | +0,012 0,024
Variation horaire .
—0,068
502 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
| Correction | Nombre
| de la pendule de ne
RCE signaux. | d'un signal. |de la moyenne calculée.
Erreur moyenne Correction
a
19 septembre 1561.
LA s. s. s. (à
—0,142 21 | 0,028 | 0,006 | —0,144 | —0,002
— 0,188 29 0,044 0,009 | —0,138 | 0,017
—0,111 21 0,045 0,010 | —0,127 | —0,046
— 0,136 11 0,045 0,013 | —0,122 | 0,014
0,089 jt 0,047 0,014 | —0,114 | —0,02à
—0,134 mn 0,024 0,007 | —0,110 | 0,024
—0,094 1 0,031 0,013 | —0,107 | —0,013
—0,118 14 | 0,031 0,009 | —0,105 | 0,013
| 23,12 | —0,096 it 0,030 | 0,009 | —0,102 | —0,006
Moyennes 22,66 —0,119 0,038 | 0,010 +0,07
Variation horaire. 0,038 | | | |
nn ——— — = es
| 20 septembre 1861.
h. s. s. s. s. s
21,37 | —-0,010 11 | 0,038 | 0,011 | —0,001 | —0,011
21,47 0,000 | 11 0,025 | 0,007 | 0,609 | -L0,009
21,64 0.013 | 41 0,049 | 0,015 | 0,026 | 0,013
21,72 0,037 | 41 0,019 | 0,006 | 0,034 | —0,003
21,82 | 0,050 | 11 0,033 | 0,010 | 0,044 | —0,006
21,94 | 0,083 | 21 0,039 | 0,009 | -L0,058 |. —0,025
2902 0,070 | 41 0,023 | 0,007 | 0,064 | —0.006
2219 | 0,036 | 11 0,055 | 0,017 | -L0,072 | 0,036
29,27 | 0,075 | 11 0,023 | 6,007 | 0,083 | -L0,008
2935 | 10087 | 11 0.030 | 0,009 | Lo:089 | 0,002
2244 | 0,096 | 21 0,026 | 0,006 | --0,096 | 0,000
9984 | +0,12 | 11 0,024 | 0,007 | 0,104 | —0,017
| 2269: 0,024 | 11 0,046 | 0,044 | Lo,052 | -L0,028
99,77 | —-0,061 11 0,026 | 0,011 | 0,058 | —0,003
| 29.88 | -!0,096 11 0,031 0,015 | 0,088 | —0,098 |
| 22,97 —-0,091 11 0,022 0,007 0,075 | —0,016
| 93.14 | 0,079 | 61 0,031 | 0,004 | 0,089 | 0,010
| 23.24 | —o,090 | 11 0,062 | 0,019 | 0,098 | -L0,008
| 22,00 | 0,062 | 0,035 | 0,010 +0,016
Moyennes EE 0,073
Variation horaire. 10,087 | |
== ==
‘ Entre cette comparaison et la précédente, c’est-à-dire avant l'observation de l'étoile 7959, les
plumes ont été changées, ce qui a amené un changement dans leur position relative, et par suite une
différence de 05,07 environ dans l'équation des deux pendules La variation horaire est restée la même,
savoir, 405,087; mais pour la première série, avant le changement des plumes, on a à 22h,00 la cor-
rection moyenne H0,06?, et pour la seconde série, après le changement, à 22h,95 40,073.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE
— —— ——
| Heure.
Correction
de la pendule |
chronographique. | signaux. |
pue Erreur moyenne
e te
EE
d'un signal. |de la moyenne!
29% septembre 1961.
Correction
calculée,
h.
21,95
29,03
22,13
22,27
22,35
22,44
99,55
292,70
Pr AE
22,88
22,97
23,05
23,14
23,24
23,30
23,42
23,52
23,65
23,14
23,84
s.
— 0,209
—0,200
--0,162
—0,192
—0,165
—0,187
—0,143
—0,168
—0,165
—0,151
— 0,127
—0,163
—0,155
— 0,144
—(0,140
—0,135
—0,126
—0,137
— 0,128
—0,133
s. s.
0,036 | 0,011
0,030 0,009
0,028 0,008
0,026 0.01!
0,042 0,013
0,034 0,010
0,061 0,018 |
0,032 | 0,010
0,040 0,012 |
0,03 0,010
0,047 | 0,014
0,035 0,010
0,032 |! 0,010
0,028 0,008
0,058 0,017
0,008
0,010
0,006
0,009
0,007
Moyeunes 22,88 |
Variation horaire.
—0,187
0.035
+0,011
|
| h.
29,12
22,27
29,35
29,45
29,55
29,70
29,78
22,89
99,98
23,05
23,14
23,48
23,52
23,65
23,74 |
23,84
&
0,206
—0,217
—0,194
—0,178
—0,188
—0,180
—0,173
—0,126
—0,127
—0,143
—0,138
—0,092
—0,090
—0,063
3 octobre 1861.
S.
#0,05
0,007
0,007
0,076 0,023
6,034 0,010
40,013 |
7 | 0,003
—0,011
—-0,008 |
-0,012
0,043
— 0,025
—0,016
0,006
0,008 |
—0,011 |
| —0,007
— 0,022
—0,005
-|-0,039
Moyennes 22,97
Variation horaire .
| +0,038 | #0,012 |
<+0,016
204 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Nombre | Erreur moyenne Correction
Correction |
à de la pendule | de | —- | :
Heure. P | caleulée. | cart.
|
chronographique | signaux. | d'un signal. ie la moyenne
|
G&5 octobre 1561.
h. Ch | s Ï s. 8. 8. |
29,98 | —0,462 11 | 0,027 | 0,008 | —0,430 | 0,032 |
29,36 —0,435 44 |" 0,044 0,013 | —0,425 | 0,010 |
22,45 —0,410 | 11 0,028 0,008 | —-0,419 : —0,009
22,85 | —-0,378 | 11 0,046 0,014 | —0,412 | —0,034 |
22,10 | —0.389 | 411 | 0,030 0,009 | —u,402 | —0,013 |
22,78 —0,377 11 0,042 0,013 | —0,396 | — 0,019 |
22,89 | —0,376 11 0,032 0,010 | —0,389 | —0,013 |
29,97 | —0,396 (p 0,023 0,007 | —0,383 | —+-0,013 |
23,06 | —0,396 11 | 0,033 0,010 | —0,377 | 0.019 |
23,14 —0,337 | 11 | 0,055 | 0,017 | —0,371 | —0,034 |
25080 0352 0 | 01020 0,006 | —0,364 | — 0.032 |
23,91 — 0,368 11 0,050 0,045 | —0,360 | —-0,008
23,42 | —0,364 11 0,013 0,005 | —0,352 | 0,012
93,52 | —0,345 11 | 0,040 0.012 | —0,346 | —0,001
23,66 —0,368 11 0,017 0,005 | —0,336 | -L0,032
23,75 0,342 11 0,032 0,010 | —0,330 | 0,012 |
93,84 | —0,334 | 11 0,023 | 0,007 | —0.324 | +0,010 |
ER REm | = 1
Moyennes 23,06 | —0,377 +0 033 | +0,010 | +0,02 |
Variation horaire. +-0,068
1 1 1 1
4) Pendule de Neuchâtel.
À Neuchâtel, la fonction de fermer le courant à toutes les secondes
et d'enregistrer ainsi ces dernières sur le chronographe, est dévolue à la
pendule sidérale elle-même, cependant au moyen d’un rouage spécial,
que le mouvement principal de la pendule n’a qu'à dégager à toutes les
secondes en rendant libre une détente. La pendule est, du reste, une
horloge astronomique excellente, construile par lartiste bien connu,
M. Winnerl, à Paris, d'après le plan Kessels, échappement Graham,
compensation à gril, marchant 40 jours.
Voici son mécanisme électrique spécial, duquel nous donnons une
esquisse schématique dans la figure 5, planche I. Sur l'arbre de l'échap-
pement se trouve une roue à soixante dents, dans les coches de laquelle
une pierre P, tenue par un ressort R, peut descendre. La forme de la
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 905
pierre st les arrondis des dents sont combinés de telle sorte, qu’en des-
cendant le plan incliné de la denture, la pierre rend à la roue une im-
pulsion sensiblement égale à la force qu'elle lui emprunte pour remonter
l’autre plan incliné. La pierre est, en outre, taillée de manière à pré-
senter dans sa partie supérieure un plan dirigé vers le centre de la roue,
et perpendiculaire à la longueur du ressort qui la porte. Lorsque la
pierre se trouve en repos sur les dents (voir fig. 5 a), elle retient un vo-
lant dont le fouet F vient butter contre le plan de la pierre; lorsqu'elle
descend, au contraire, dans les coches (voir fig. 5 b), elle laisse échapper
le volant, mis en mouvement par un rouage spécial. L’axe du volant
porte en même temps (voir fig. 5c) une autre pierre P, traversée par
un axe en platine. Sur cette pierre frottent deux ressorts d’or, munis à
leurs extrémités de petites plaques de platine, et posés d’une manière
isolée, mais en rapport métallique avec les fils conducteurs du courant.
Lorsque le volant est en repos, les ressorts reposent sur la pierre, et la
communication métallique se trouvant ainsi interrompue, le courant
n'existe pas. Mais au moment qui est représenté dans la fig. 5 c, où le
fouet devenant libre, le volant fait un demi-tour, les ressorts viennent à
glisser sur les parties en platine et ferment ainsi le courant à chaque
seconde, pendant environ un dixième de seconde, excepté à la soixan-
tième seconde, par la raison qu'une des coches de la roue est pleine.
Le motif de cet arrangement est de pouvoir se retrouver plus facilement
dans le grand nombre de secondes (environ 9000), dessinées sur une
feuille du chronographe. De cette manière, la pendule enregistre les se-
condes sur le chronographe, à peu près comme dans le dessin suivant :
59 Sa Pt M |
mem an elle x
Nous ajoutons encore que tout le mouvement électrique peut être
arrêté au moyen d’une tige qui vient butter contre le volant au milieu
de sa marche; on le fait marcher, si l’on veut se servir du chronographe.
La marche de la pendule change très-peu, que l'on fasse marcher le
mouvement électrique ou non, pourvu qu'il ne soit pas employé au delà
TOME XV, 2m PARTIE. 40
306 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
de quelques heures consécutives; si on laisse marcher le volant sans in-
derruplion pendant un ou plusieurs jours, alors l'amplitude des oscilla-
tions du pendule augmente un peu, et l'horloge retarde sensiblement,
comme cela est arrivé pour l’époque du 3 au 5 octobre.
5) Chronographe de Neuchâtel.
Cette machine, construite par M. Hipp, est représentée sur la planche
IL, dans les figures 1, 2 et 5, dont la première est une vue de face, la
seconde une vue d'en haut, et la troisième une vue de côté, toutes à lé-
chelle de ‘/,. Elle consiste essentiellement en un cylindre en laiton C, re-
couvert de papier, qui repose sur quatre galets de friction, dont on en voit
un, R, dans la figure 5. Ce cylindre est doué d’un mouvement de rotation,
un tour entier étant accompli en deux minutes, à l'aide d’un rouage H,
qui est mis en marche par la descente d’un poids P, au moyen de plu-
sieurs poulies de transmission. Le régulateur de ce rouage est le ressort
vibrant de Hipp, qui se trouve représenté en grandeur naturelle dans la
lig. 4; le ressort en acier L est fixé solidement, à l’une de ses extrémités,
dans la platine du rouage, tandis que l’autre extrémité est libre, de sorte
qu'il peut accomplir des vibrations, dont le nombre dépend de son élas-
ticité et de ses proportions. On le règle d’après un diapason et au moyen
d'un petit poids mobile p, que l'on fait avancer ou reculer. Au-dessous
du ressort se trouve une roue à rochet R, en communication avec le
rouage moteur, sur les dents de laquelle vient appuyer une petite lame
l, qui fait corps avec le ressort vibrant. Lorsqu'on dégage cette roue au
moyen du cliquet C, ses dents, en frappant sur la tête de la lame /, met-
tent le ressort L en vibration, de sorte que ce dernier laisse passer une
dent de la roue à chaque oscillation qu'il fait de bas en haut. Et comme
il ne peut accomplir qu'un nombre déterminé de vibrations par seconde,
il force la roue à prendre une vitesse telle, qu’elle avance d’une dent pour
chacune de ses vibrations; il règle de cette manière la vitesse du rouage
et, par conséquent, de toute la machine. Ce réglage est tellement parfait,
que le cylindre accomplit ses révolutions consécutives, de 2% chacune,
avec des écarts qui ordinairement ne dépassent pas 0,1 de seconde, donc
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 507
à ‘/,,0, près. On conçoit que cette exactitude soit plus que suffisante pour
une machine par laquelle on se propose de mesurer des centièmes de
seconde. Aussi envisageons-nous le ressort vibrant de M. Hipp comme
un des plus parfaits régulateurs pour des mouvements continus; il est
certainement supérieur à toute espèce de volant, et peut-être aussi au
pendule conique, auquel il est d'ailleurs de beaucoup préférable, en rai-
son de la simplicité de sa construction et de la facilité de son instal-
lation.
Le même rouage qui fait tourner le cylindre est employé également
par une simple transmission, au moyen d'une corde, qu'on voit indiquée
dans les figures 1 et 5, pour faire avancer un petit wagon W, qui se
meut sur des rails horizontaux devant le cylindre et dans la direction
de son axe. Ce wagon est dessiné en moitié de grandeur naturelle dans
les figures à, 6 et 7, où à le représente de face, 6 d’en haut et 7 de côté.
Il porte deux électro-aimants E, et E,, dont les ancres A, et À, condui-
sent deux porte-plumes P, et P,, de telle sorte que, lorsqu'elles sont atti-
rées, les porte-plumes font une légère déviation latérale de 1®® environ,
tandis qu’elles sont ramenées par les ressorts antagonistes a, et a,
lorsque le courant cesse. Dans ces pièces P, et P, sont fixées à vis deux
plumes capillaires en verre, dont on en voit une F, dans la figure 7;
ces plumes plongent par leur extrémité postérieure dans un encrier V
(voir figure 7), porté également par le wagon, tandis que leurs pointes
appuient sur le papier du cylindre, comme on le voit dans la fig. 5, et y
tracent deux lignes (voir fig. 2). Le wagon avance de 5" environ dans le
sens de l'axe du cylindre, pendant le temps où celui-ci accomplit un tour
entier; par conséquent, les deux plumes, éloignées'de 20m 5 environ lune
de l'autre, tracent deux lignes spirales parallèles sur le chronographe.
Chaque fois qu'un courant passe par un des électro-aimants, la plume
correspondante est déviée de sa position normale par suite de l'attrac-
tion de l'ancre qui la guide, et elle trace ainsi un petit crochet en dehors
de la ligne qu'elle dessine, lorsque ancre n’est pas attirée. Maintenant
l'un des électro-aimants est en communication électrique avec la pendule,
et autre avec la clef de Pinstrument méridien, et cela au moyen de trois
oU08 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
lames de cuivre !,, L,, L,, dans la figure 7, qui plongent dans du mer-
cure remplissant les trois rigoles r,, r,, r, (fig. 2) auxquelles aboutissent
les fils venant de la pendule, de la lunette et de la pile. Si l'on fait
marcher le mouvement électrique de la pendule, comme on Pa déerit
plus haut, la plume correspondante tracera donc un crochet à chaque
seconde; de même, à l'instant où l'observateur voit la bissection de l'étoile
par le fil, et appuie sur la clef de l'instrument, l'autre plume fait un
crochet dans le sens inverse, comme le représente le dessin suivant :
se] VV
=
On comprend ainsi que ce dernier crochet étant compris entre ceux de
deux secondes consécutives, on obtient l’enregistrement exact de Fin-
stant du passage. Il s'agit alors de relever les observations données gra-
phiquement sur le chronographe, pour les exprimer en chiffres. Dans
ce but, on coupe la feuille de papier transversalement, et on l'étend sur
une planche à dessiner, le long de laquelle se meut une règle. Si le chro-
nographe a été bien réglé, c’est-à-dire si le cylindre fait un tour exacte-
ment dans 2%, toutes les secondes exprimées par le même chiffre et
appartenant à une minute paire se trouveront sur une ligne transver-
sale, et toutes celles appartenant à une minute impaire, à une autre
ligne transversale parallèle à la première. Comme les crochets manquent
pour les 60e secondes, comme on peut le voir dans la description de
la pendule, il est facile de numéroter les secondes. En outre, en com-
mençant et en terminant une série d'observations (chaque feuille de chro-
nographe tendue sur le cylindre peut contenir une série de 2 h. 40 m.),
on donne au moyen de la clef électrique pour certaines minutes pleines
des signaux dont on prend note, et de cette manière on parvient facile-
ment à numéroter aussi les minutes et les heures.
Enfin, pour ne pas être obligé de mesurer les fractions de seconde
au compas, on se sert d’un petit appareil de relevé, représenté en gran-
deur naturelle dans la figure 4, planche L Cet appareil porte un cercle
divisé en cent parties; en tournant l'aiguille a au moyen du bouton B,
on fait mouvoir en même temps une pointe fine c entre les deux arêtes
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.. 309
m, et m, de la découpure, à travers laquelle on voit la feuille de papier
et les deux lignes parallèles tracées par les plumes. La position relative
des deux aiguilles € et a est telle que, lorsque la première coïncide avec
l'arête »,, l'aiguille du cadran se trouve sur 0, et si la première arrive
à l'arête m,, l'aiguille montre 100. Maintenant, en faisant glisser lap-
pareil le long de la règle, et cette dernière le long de la planche, on
parvient à placer les deux arêtes »m, etm, de manière à ce qu’elles pas-
sent exactement par les crochets de deux secondes consécutives. On n’a
alors qu'à tourner le bouton B jusqu’à ce que Faiguille c coïncide exac-
tement avec le crochet de l'observation du fil, pour lire immédiatement
sur le cadran le nombre de centièmes de seconde, dont le moment d'ob-
servation est arrivé plus tard que la dernière seconde pleine.
Le relevé des observations s'opère de cette manière asséz vite et avec
une exactitude bien suffisante, car on verra plus tard que l'erreur
moyenne de l'enregistrement d'un seul signal est de + 05,021; et ce
nombre comprend, outre les erreurs du relevé, encore toutes les autres
qui proviennent de l'irrégularité de marche du chronographe, des va-
rations dans le temps d'attraction des ancres, etc.
6) Chronographe de (rencve.
Cet instrument, dont on a donné dans la figure 4 de la planche HI
une vue de face, en moitié de grandeur naturelle, tandis que les figures 2
et 5 représentent ses électro-aimants et leurs armatures, vues de face et
d'en haut, est, pour ainsi dire, un appareil télégraphique Morse perfec-
tionné. Celle circonstance et l'autre, que nous avons déjà mentionnée,
savoir que les organes principaux de cet appareil sont semblables, et,
quant à leur principe même, identiques à ceux du chronographe de
Neuchâtel, nous dispensent de le décrire dans tous les détails. Le per-
fectionnement essentiel qui distingue le chronograplie de Genève d’un
appareil Morse ordinaire, consiste dans le régulateur, qui, au lieu d’être
un simple volant, est encore le ressort vibrant de Hipp, comme dans
l'instrument de Neuchätel. Seulement, puisque le mouvement qu'il s’agit
de régler a un moment beaucoup plus faible dans Fappareil de Genève,
510 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
le régulateur est plus simple et plus faible, comme on peut le voir dans
la figure 4, où R est de nouveau la roue à rochet, dont il passe une
dent à chaque oscillation du ressort vibrant L, vibration dont la vis V
règle l'amplitude. Ce régulateur assure un mouvement remarquable-
ment régulier à la bande de papier P (fig. 1), qui se déroule sous les
plumes enregistreurs F,,F,, faites exactement comme celles de Neuchà-
tel et plongeant également dans un encrier V. Seulement leur mouve-
ment d'avance et de recul dans la direction perpendiculaire à la longueur
de la bande, est obtenu par un agencement un peu différent; ici, les
porte-plumes P,, P, (fig. 3), placés horizontalement, reçoivent leur mou-
vement de va-et-vient dans le sens de leur longueur au moyen de deux
leviers L,, L, (voir fig. 2). Ces leviers sont fixés aux axes M,, M., ainsi
que les deux ancres A,, A., qui sont attirées de haut en bas par leurs
électro-aimants E,, E,, ou ramenées de bas en haut par les deux res-
sorts antagonistes r, r,. Lorsque le courant passe, par exemple, par la
bobine E,, son armature A, est attirée en bas, et fait ainsi reculer le
porte-plume P,, de sorte que la plume F, produit dans la ligne droite
qu'elle trace sur la bande un petit crochet, tel qu'on en voit sur le fac-
simile d’une des bandes. s
L'appareil de Genève à l'avantage d'être plus simple et transportable,
tandis que le chronographe de Neuchâtel est une machine assez lourde
et essentiellement fixe, ce qui nous à empêchés d'échanger nos deux
instruments, afin d'éliminer leur équation. Par contre, le relevé des si-
gnaux est encore plus fatigant sur les bandes de Genève que sur les
feuilles de Neuchâtel, et on est obligé de marquer plus souvent les se-
condes sur les bandes chronographiques.
La machine à relever, dont on s’est servi à Genève, est dessinée en
moitié de grandeur naturelle dans la figure 5, planche I, vue d'en haut
et de face. C’est simplement une échelle E, d’une longueur de 15 centi-
mètres, divisée en millimètres, le long de laquelle se déplace un index J
à vernier, que l’on fait mouvoir au moyen de la corde C et en tournant
le bouton B. On met la bande chronographique le long de l'échelle et
sous la lame d'acier J qui forme l'index; on fait coïncider l’arête droite
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 511
de J avec le crochet, que ce soit un crochet de seconde ou d'observation
d'un fil, et on note le nombre de millimètres et de dixièmes de milli-
mètre qui correspondent à cette position. Ce travail, fait à la loupe et
pour bien des milliers de signaux, est assez pénible.
Il nous reste encore, pour compléter ce chapitre, à ajouter que la ligne
télégraphique entre les deux observatoires, consistant exclusivement en
fils aériens de 5% de diamètre, a une longueur de 27 ‘/, lieues suisses,
soit 152,6 kilomètres. Dans quelques expériences de pendules seule-
ment, dont il sera question plus tard, le courant, au lieu de suivre la
ligne directe entre Yverdon et Lausanne par Cossonay, a été conduit par
la ligne de la vallée du lac de Joux, ce qui donne un trajet total de
44 lieues = 211,2 kilomètres.
CHAPITRE HI.
Partie astronomique.
Su
Comme nous avions résolu d'observer dans les deux stations un cer-
tain nombre d'étoiles, et d'en enregistrer le passage aux deux méridiens
sur les deux chronographes, nous choisimes dans le British Association
Cataloque une série d'étoiles qui culminaient à des intervalles de cinq
à six minutes environ, pour que le passage au dernier fil de la station
occidentale fût passé avant que l'étoile suivante arrivàt au premier fil
de Neuchâtel. Dans l'intervalle entre les deux passages d’une même
étoile, on avait le temps de caler la lunette, et, à Genève, de comparer
les deux pendules. Dans le choix des étoiles, nous avons pris pour limite
une zone de dix degrés de déclinaison de part et d'autre de l'équateur ;
et, quant à la grandeur, nous pouvions aller jusqu’à la 7-8%, limite, où
l'observation n’est plus facile pour la lunette de Genève, le champ étant
éclairé. Dans le nombre des étoiles observées, au mois de mai, se trouvent
trois étoiles fondamentales (du Nautical Almanac), et neuf en automne.
Quand le temps et l'état de la ligne le permettaient, nous avons observé
512 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
dans une nuit jusqu'à 19 étoiles dans l’espace de deux heures environ.
Le nombre moyen d'étoiles observées dans un soir est de 15, ce qui
constitue, en moyenne, pour une nuit d'observation, une somme de
390 signaux échangés, dont 515 dans la direction de Neuchâtel à Ge-
nève, et 75 dans la direction inverse. Les observations enregistrées ont
été relevées par chacun de nous, sur son chronographe, d'une manière
indépendante; en comparant ensuite nos deux relevés, nous avons mar-
qué toutes les observations, pour lesquelles Le désaccord des deux enre-
gistrements pour un fil dépassait une certaine limite, ordinairement
05,05, afin de vérifier le résultat du premier dépouillement. De cette ma-
nière, nous avons pu trouver et corriger les erreurs inévitables dans un
travail aussi pénible que l'est le relevé chronographique d’une grande
masse d'observations, et nous avons, en effet, réussi à faire disparaître
ainsi la plus grande partie des discordances qui dépassaient la limite
adoptée, et qui étaient dues à des erreurs de relevé.
Nous croyons devoir avant tout publier les observations telles qu'elles
ont été relevées sur les deux chronographes, et cela dans tous les détails,
pour que chacun puisse, en recourant aux observations originales, juger
du mérite de la méthode, de la qualité des observations et de lexacti-
tude des résultats qu'on peut en déduire. On trouve donc dans les ta-
bleaux suivants les observations de toutes les étoiles à tous les fils, et
d'après les deux chronographes. Nous n'avons ajouté que la moyenne
arithmétique des vingt et un fils de Neuchâtel et des cinq fils de Genève
pour chaque étoile. Dans quelques cas, on n’a pu relever les observations
que sur un seul chronographe, parce que l’autre ne fonctionnait pas ré-
gulièrement, les plumes écrivant mal, ou traçant des signaux illisibles ;
cela est arrivé, par exemple, pour le chronographe de Genève dans la
première nuit d'observations, le 19 mai; les autres soirs, le cas s’est pré-
senté seulement pour quelques étoiles, ou même pour certains fils. Dans
ces derniers cas, où lorsque l'observation elle-même manquait pour
quelques fils, par suite de nuages ou d’autres causes, on a eu soin de ré-
duire la moyenne des fils observés à la moyenne de tous les fils.
19 = =
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TOME XVII, 20€ PARTIE.
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514
20 mai 1861
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52 ,91 29 ,87 34 ,94 4 ,88 28 ,70 53 ,78 50 ,24 20 ,24 50 ,59 20 ,56
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4 |29 52 ,29 |27 29,22 |36 34 ,53 134 4,46 42 25 ,27 |39 55 ,48 |49 49 ,79 |47 19 ,68 156 50 ,24 154 20 ,16
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Passage de Genève.
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DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
516
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3 5,43 35,33 184 2,19 32 ,09 36 ,93 6 ,82 8,93 38 ,84 55 ,41 25 ,34
4 8,71 38 ,66 5 ,23 35 ,18 39 ,93 9,87 12 ,20 12 ,08 58 ,54 28 ,44
5 11,64 41,59 | 8 ,09 38 ,00 42 ,76 12 ,67 15,01 44,93 154 1,43 31 ,38
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44 48 ,41 18,31 44 ,80 (4 ,69 49,11 49 ,04 51,36 2128 37 ,16 7 ,63
15 51 ,66 21 ,60 41,93 17811 22 ,11 5203 54 ,36 24 ,25 40 ,94 10 ,86
16 54 ,26 24,15 50 ,79 20 ,70 25 ,07 54,99 57,56 27,47 43 ,64 199971
17 |29 0,29 30 ,26 57 ,00 26,95 31 43 138 1,08 150 3,43 33 ,40 49 ,70 19 ,64
18 3,50 33,44 |35 0,01 29 ,95 34 ,21 4 11 6,50 36 ,40 52,50 22 ,45 |
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20 9,19 39 ,73 6 ,30 86 ,21 40 ,43 10 ,36 12970 42 ,60 58 ,94 28 ,85
21 12,79 42 ,69 9 ,19 39 10 43 ,37 13,33 15 ,44 45,40 155 1,66 31 ,55
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1 (31 8,13 128 38,03 137 4,71 134 34,57 |42 39,36 |40 9,22 [52 11,53 |49 41 ,41 156 58,01 154 27,82
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4 |32 8,21 38,07 |38 5,00 34 ,87 39,04 |41 8,96 |53 11,27 41,14 HA) 214
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20 mai 1861 (suite).
TRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
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519
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL,
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520
19 septembre 1861.
Passage de Neuchâtel.
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2 53,30 21,44 38,67 6,89 59,24 23,39 13,62 41,86 13,95 42,18
3 55,92 24,12 11,48 9,66 58,16 26,40 16,64 44,81 16,82 45,03
4 59,12 27,28 44,68 12,94 29 1,23 29,43 19,68 47,92 19,90 48,15
a 0411084996 30,19 47,64 15,82 4,32 32,46 22,90 51,08 22,95 51,17
= 6 8,34 36,45 53,69 21,86 10,44 38,57 28,84 57,04 29,06 | 57,30
ma el 7 11,11 39,32 26,60 24,82 13,36 41,53 94,921|31. "0/17 32,30 |40 0,50
= SMS 14,33 42,47 59,84 28,02 16,54 44,69 35,16 3,37 35,38 3,99
= E| 9 17,43 45,64 |24 3,02 31,18 19,58 47,81 38,46 6,65 38,42 6,63
= | 10 20,41 48,56 6,14 34,31 22,44 50,59 41,48 9,69 41,36 9,61
= | 11 26,53 54,66 11,80 10,09 28,54 56,70 47,46 15,68 47,44 15,72
(1112 32,66 |15 0,80 18,25 46,37 JANAMI2520;093 53,76 21,97 53,64 21,88
A |] 13 35,48 3,68 21,10 419,26 37,68 5,90 36,74 24,91 36,71 24,93
nl UE 38,33 6,46 23,90 52,14 40,45 8,61 59,58 27:11 59,68 27,93
=] 15 41,37 9,55 27,09 55,28 | 43,60 11,76 |36 2,76 30,93 |45 2,88 | 31,12
ja 16 44,42 12,60 29,90 58,11 | 46,50 14,68 5,84 34,05 5,64 | 33,89
Eu 17 50,54 18,68 36,20 |20 4,37 52,56 20,74 11,90 40,15 || 11,75 | 39,98
& 18 53,42 247571 39,09 17,25 | 55,49 23,66 14,90 43,09 14,65 42,86
19 56,50 24,69 42,12 10,30 58,66 26,90 18,02 46,21 17,88 46,13
20 59,57 27,117 45,24 13,45 |30: 1,67 29,90 21,24 49,48 20,98 | 49,23
21 (20 2,34 30,45 48,00 16,21 | 4,48 32,62 24,16 52,26 | 23,80 52,06
Moy.119 26,35114 54,515/24 11,92019 40,111/29 28,477/24 56,658,35 417,428/31 15,627,44 47,440 40 15,676
S| 1121 59,93 |17 28,17 |26 45,70 |22 13,91 |32 2,47 |27 30,62 |38 20,86 |33 49,03 |47 20,96 [42 49,16
[è|. 2,122 19,68 47,88 |27 5,64 33,80 21,98 50,19 40,71 |34 8,87 10,68 |43 8,88
Fe 3 — | — 25,48 53,67 41,92 |28 10,13 139 0,78 29,03 |48 0,70 28,99
(| 4 59,92 |18 928,12 45,24 193 13,44,133.14,97 30,13 21,44 49,59 21,16 19,40
Ë 08299 47,89 |28 5,32 33,50 | 21,96 50,12 41,50 135 9,64 41,44 44 9,37
à É 39,810118 8,015127 25,476/22 53,664 122 42,060/28 10,238139 1,058/34 29,23248 0,922,43 29,160
5
32
NEUCHATEL.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DH
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22
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
29 septembre 1861. .
“7 Chronographe | Chronographe | Chronographe | Chronographe | Chronographe
1e LL Neuchätel. | de Genève. de Neuchâtel. | de Genève. | de Neuchätel. | de Genève. ||de Neuchâtel. | de Genève. || de Neuchâtel. | de Genève.
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2 29,12 7,96 9,19 48,10 19,90 58,79 |19 1,12 40,02 16,61 25,57
3 32,23 | 11,06 11,84 50,77 22,99 | 6 1,87 3,97 42,85 419,43 28,32
n 35,10 13,95 15,06 53,95 26,04 4,94 7,12 46,04 52,0 31,45
5 37,68 16,53 18,12 56,96 28,96 7,88 10,16 49,07 55.63 34,54
6 44,18 | 22,98 24,27 |60 3,11 35,00 13,96 16,20 55,08 |24 1,70 10,58
rm | 7 46,95 25,80 27,27 6,13 38,22 11012 19,12 58,04 4,66 43,60
Æ 8 50,50 | 29,33 30,45 9,32 41,39 20 27 21,95 115 0,86 7,86 46,77
LE 9 53,65 | 32,57 33,46 12,34 44,55 23,40 25,30 4,23 10 94 49,90
ls | 10 56,74 35,59 36,46 15,33 47,68 26,55 28,40 7,29 13,94 52,82
le 11 [60 2,43 | 41,33 42,73 21,62 53,71 32,66 34,25 13,10 19,80 | 58,72
13 | 19 8,70 47,57 418 64 27,52 59,75 38,66 40,70 19,54 26,16 20 4,99
& | 13 11,44 50,29 51,70 30,60 |11 2,91 41,77 43,35 22,21 29,00 7,89
| 44 14,24 53,08 54,56 33,47 6,00 44,89 46,44 25,27 | 31,96 10,87
15 17,40 56,26 57,56 36,45 9,06 41,93 49,42 28,317 34,84 | 13,76
16 20,37 | 59,21 |65 0,50 39,45 11,83 50,83 | 52,31 31,14 38,20 | 17,05
47 26,56 156 5,37 6,65 45,49 18,10 | 56,96 | 58.32 37,21 44,20 23,04
18 29,51 8,40 9,54 48,49 | 20,98 | 59,85 |20 1,29 40,15 47,04 25,91 |
19 32,58 11,42 12,82 51,66 | 24,00 | T 2,93 | 4,35 43,24 49,90 28,82
20 35,42 14,34 15,78 4 TN 27,116 | 6,07 | 258 46,36 53,00 31,88 |
21 38,23 | 17,03 18,58 51,41 30,07 | 8,99 10,36 49,26 56,00 34,91
Woy.[60 2,344/55 41,193 64 42,457,60 21,343/10 53,594 6 32,495119 4,2178115 13,164124 19,870119 58,775
e| 1162 35,31 (58 14,15 67 15,38 |62 54,25 |13 26,43 | 9 5,28 |22 7,07 117 46,04 |26 52,73
B| 2 55,26. | 34,11 35,58 |63 14,49 46,50 25,34 27,18 |18 6,07 |27 12,90
RSR 66 MIE M0 54,04 55,54 34,44 |14 6,66 45,57 41,30 26,18 33,16
UM 35,20 159 14,05 |68 15,60 54,44 26,90 5,80 |23 7,12 46,02 52,90
ci 5 54,10 | 33,57 35,20 (64 14,03 25,33 26,77 |19 5,60 |28 12,50
Æ| My.63 15,132/58 53,98467 55,460/63 34,330 45,464122 47,088118 25,982127 32,838
&
329
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
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DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
526
29 septembre 1864 (suite).
. | Chronographe | Chronographe | Chronographe | Chronographe | Chronographe
il de Neuchâtel. | de Genève. || de Neuchâtel. | de Genève. de Genève. || de Neuchâtel, | de Genève. de Neuchâtel. | de Genève.
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3 53,08 31,96 36,28 15,11 50,98 29,93 17,60 56,53 41,70 20,63
4 56,45 35,1 39,44 18,35 54,10 33,02 20,70 59,57 44,77 23,62
5 59,46 38,38 42,58 21,45 57,10 35,97 23,72 |13 2,68 47,90 26,82
6 [61 5/40 14:89 48,51 97,40 11 3,10 41,99 | 29,77 8,72 84,00 32,95
LE Gi 8,74 47,61 51,55 30,43 6,28 45,11 32,78 11,66 56,98 35,86
E| 8 11249 50:36 54,82 33,72 9.34 48,24 35,82 14:72 |21 0,10 39,04
E 9 14,92 53,80 58,00 36,95 12,45 51,20 38,92 17,83 3,26 42,12
= | 10 17,86 56,81 | 6 0,86 39,82 15,60 54,53 41,90 20,83 6,17 45,04
= | 41 23,14 |57 2,68 6,82 45,70 || 91-468 NN 007 48,04 26,94 12,22 51,07
(F| 12 30,49 9,32 12,96 51,86 || 27,49 6,42 53,86 32,18 18,50 57,40
KE 19 33,24 12,14 15,96 54,91 30,36 9,23 56,88 35,83 21,20 117 0,06
14 36,08 14,92 18,90 57,178 33,15 12,05 59,70 38,58 24,497 3,02
15 39,02 17,89 22 082505 36,36 15,19 18 3,06 42,00 7,00 6,38
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551
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DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
552
5 octobre 1861 (suite).
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14 52,10) 39,03 11,86 58,28 58,33 53,92 10,30 18,91 | 529
15 55,80 42,20 45,06 132 1,47 141 1,26 | 57,00 43,38 21,88 8,29
16 58,64 45,06 18,17 4,51 | 4,26 | 59,93 | 46,53 24,94 | 41,29
17 [30 4,84) 51,21 24,18 10,5 | 10,40 150 6,10 52,53 30,90 | 17,23
18 7,80 | 54,17 27,34 13,70 NU: OI, ME 33,73 20,18
19 10,96 57,37 30,29 16,64 16,46 19,23 58,67 36,97 23,3
20 18,96 126. 10,37 33,46 19,83 19,67 15,24 |46: 1,53 39,96 26,41
21 16,73 3,08 36,32 22,61 29,58 | 18,20 4,64 | 43,00 29,34
Moy. |29 20-6872) 27,063135 59,672/31 46,052 44 59,689/40 46,070}49 41,192,45 2%,180/56 6,85851 53,235
S 1 (32 13,68 |28 0,08 |38 32,03 [34 18,43 47 32,50 |43 18,89 52 14,60 |48 0,96 |58 40,03 154 26,42
EU 33,99 | 20,40 52,48 28,91 252 38,90 54,60 | 20,95 59,94 16,32
ES 3 53,87 | 40,26 |39 42,65 58,96 12,78 59,14 54,18 | 41,12 |59 19,93 155 6,34
FE 4 |33 13,62 |29 0,04 32,11 |35 19,06 32,66 |44 19,00 153 14,89 149 1,26 39,87 26,23
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ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
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4 128 1,13 47,50 48,72 35,07 48,64 35,04 58,30 44,71 11,20 57,51
5 4,30 50,59 51,78 38,16 51,78 38,14 |47T 1,46 47,81 14,12 49 0,49
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ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEI. 999
ç 2.
L'enregistrement double sur les deux chronographes offre un moyen
d'apprécier l'exactitude du procédé chronographique; car, en comparant
pour chaque fil d’une étoile sa différence avec la moyenne des fils, comme
elle est fournie par un des chronographes, avec la même différence
donnée par l'autre, on obtient une mesure de Fexactitude de l'enresis-
trement électrique, abstraction faite de la question du temps de trans-
mission des courants (question qui sera discutée à part dans un autre
chapitre), pourvu qu'on suppose ce temps de transmission constant pen-
dant toute la durée du passage d’une étoile devant les fils d’une lunette.
Les écarts qu'on trouve ainsi proviennent des imperfections de l'enre-
gistrement et du relevé, c’est-à-dire, de ce que les électro-aimants ne
mettent pas toujours exactement le même temps pour attirer les ancres,
par suite de variations dans leur inertie, où dans la force des courants;
de ce que le mouvement des chronographes et des pendules n’est pas
absolument régulier ; de ce que les plumes, par le fait des rugosités du
papier et des impuretés de l'encre, ne tracent pas des traits parfaitement
nets et de la même épaisseur; ils proviennent, enfin, des petites erreurs
que lon commet en relevant les signaux, et en traduisant en intervalles
de temps les intervalles obtenus par le procédé graphique. En prenant
ainsi pour chaque fil, soit d’un passage de Neuchâtel, soit d’un pas-
sage de Genève, l'écart entre les deux chronographes, on peut calculer
l'erreur moyenne d'enregistrement pour les courants cheminant dans
les deux directions opposées. Ces nombres se trouvent pour chaque
étoile et pour chaque jour dans la première moitié du tableau suivant,
où », signifie l'écart moyen dans l'enregistrement dun fil observé à
Neuchâtel, et , l'écart sur la moyenne des vingt et un fils, tandis que
m, et x, dénotent les mêmes quantités pour les fils observés à Ge-
nève, #, étant l'écart sur la moyenne de cinq fils seulement. Enfin,
ta = + (a) E (2,) est l'erreur moyenne dont la différence de longi-
356 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
tude est affectée par le fait des erreurs d'enregistrement sur chacun
des deux appareils.
Dans la seconde partie du tableau, on trouve les erreurs d’observa-
tion proprement dites, conclues de l'accord des fils entre eux. Ces er-
reurs fortuites sont en partie physiologiques, et proviennent d’une
part, de l’indécision dans l'appréciation du moment de bissection, indé-
cision qui augmente si l’image de l'étoile n’est pas très-nette, ou si elle
est ondulante, d'autre part, de la vitesse variable avec laquelle lim-
pression de l'œil est transmise au cerveau et transformée par l'acte de la
volonté dans le mouvement du doigt qui ferme le courant, en appuyant
sur le manipulateur ; elles contiennent, en outre, l'erreur d’enregistre-
ment et de relevé. En réduisant, au moyen des intervalles des fils, les
passages devant chaque fil au passage devant le fil moyen, on obtient
pour ce dernier autant de valeurs qu'il y a de fils; et des écarts de
toutes ces valeurs d'avec leur moyenne on peut déduire l'erreur
moyenne dans l'observation d'un fil, aussi bien que l'erreur de tout le
passage d’une étoile.
C'est ainsi que nous avons calculé les erreurs d'observation désignées
par n, », n, el »..
n, signifie l'erreur moyenne commise dans l'observation d'un fil à Neuchâtel.
w » » » d'observation d'un passage à Neuchâtel.
ne » » » commise dans l'observation d'un fil à Genève.
ve » » » d'observation d'un passage à Genève.
Enfin, nous avons ajouté aussi 4 = + 4/(>,) +(,), qui est l'expres-
sion de l'influence des erreurs d'observation proprement dites sur les
valeurs de la différence de longitude.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 929
4565 RE < 05,022 56 | 0,030 | 0°,057
4593°| | 0,020 0,031 | 0,037
4645 0,010 5 | 0,038 | 0,039
4672 | 0,018 | 0,063 | 0,028 | 0,033
1690 | 0,019 37 | 0,017 | 0,025
| 4713 | | 0,016 6 | 0,039 | 0,042
4748 0,020 0,043 | 0,047
4771 0,019 50 | 0,027 | 0,033
4799 0,015 0,036 | 0,029
4824 0,015 0,036 | 0,039
4850 0,016 0,043 | 0,046
48865 0,022 57 | 0,028 | 0,036
4927 | 0,026 0,065 | 0,070
49445 0,016 0,049 | 0,052
Moyennes 0,018 0,038 | 0,041
20 mai 1861.
4532 0,023 | 0,010 | 0,012 | 0,086 18 | 0,035 | 0,040
1565 0,016 | 0,007 | 0,010 | 0,107 5 | 0,052 | 0,057
4393 0,031 | 0,014 | 0,015 | 0,097 7 | 0,042 | 0,048
46454 0,031 | 0,014 | 0,015 | 0,092 0,031 | 0,037
4672 0,017 | 0,007 | 0,010 | 0,136 0,032 | 0,044
4690 0,037 | 0,016 | 0,017 | 0,067 | 0,040 | 0,043
4713 0,035 | 0,046 | 0,017 | 0,080 0,037 | 0,041
4748 0,028 | 0,012 | 0,014 | 0,091 0,044 | 0,048
47715 | 0,088 | 0,032 | 0,037
1799 0,024 | 0,011 | 0,012 | 0,083 | 0,037 | 0,041
4824 , 0,018 | 0,008 | 0,010 | 0,147 | 0,055 | 0,060
4850 0,029 | 0,013 | 0,014 | 0,082 51 | 0,023 | 0,029
4886 0,028 | 0,013 | 0,014 | 0,115 0,031 | 0,040
4927 | 0,015 | 0,007 | 0,008 | 0,095 | 0,030 | 0,027
4944 0,023 | 0,010 | 0,012 | 0,096 0,034 | 0,040
5034 10,027 | 0,012 | 0,013 | 0,065 0 | 0,045 | 0,047
Moyennes | 95025 0,011 | 0,013 | 0,095 0,038 | 0,043
Les signaux n’ont pu être relevés ce jour-là sur le chronographe de Genève.
L'observation de Genève n’a été faite qu'aux quatre premiers fils.
Pour ces deux étoiles, l'observation de Genève n’a été faite qu'aux quatre derniers fils.
La comparaison de l'enregistrement de cette étoile sur les deux chronographes n’a pu avoir lieu que
sur les onze premiers fils du passage à Neuchâtel, les autres n'ayant pu être relevés sur le chronog aphe
de Genève.
> Cette étoile n'a pu être relevée sur le chronographe de Neuchâtel.
TOME XVI, 2m PARTIE. 44
{
:
5
4
558 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
| ba
+
21 mai 1861.
4593 | 0,031 0,010 | 05,012 | 0°,120 | 0°,026 05,060 | 0,063
4643 | 0,023 0,010 | 0,012 | 0,102 | 0,022 0,041 | 0,047 |
| 4672 | 0,028 | 0,010 | 0,012 | 0,074 | 0,016 0,046 | 0,049
4690 | 0,026 0,013 | 0,014 | 0 071 | 0,015 0,062 | 0,064
| 4713 | 0,020 0,014 | 0,015 | 0,137 | 0,030 6,019 | 0,035
4748 | 0,023 | 0,012 | 0,043 | 0,151 | 0,023 0,069 | 0,076 |
4171 | 0,023 ! 0,010 | 0,012 | 0,103 | 0,023 0,058 | 0,062
4799 | 0,033 0,009 | 0,012 | 0,128 | 0,028 0,029 | 0,040
4824 | 0,033 0,006 | 0,009 | 0,115 | 0,025 | 0,056 | 0,061
4850 | 0,038 0,014 : 0.016 | 0,073 | 6,016 0,059 | 0,061
4886 | 0,031 0,009 | 0,041 | 0,111 | 0,024 | 0 066
4927 | 0,026 | 0,004 | 0,007 | 0,112 | 0,024 k 0,034
4944 | 0,029 | 0,003 | 0,007 | 0,109 | 0,024 ), 0,033
5034 | 0,028 0,010 | 0,012 | 0,089 | 0,019 3
Moyennes! 0,028 0,010 | 0,012 | 0,107 | 0,023
19 septembre 1861.
| 1988 | 0,021 | 0,005 | 0,024 | 0,014 | 0,012 | 0,101 | 0,022
| 8019 | 0,032 | 0,007 | 0,017 | 0,008 | 0,010 | 0,125 | 0.027
8051 | 0,021 | 0,005 | 0,024 | 0,044 | 0,012 | 0,125 | 0,027
8078 | 0,032 | 0,007 | 0,053 | 0,024 | 0,025 | 0,136 | 0,030
| 8103 | 0,027 | 0,006 | 0,030 | 0,043 | 0,015 | 0,150 | 0,033
Moyenues| 0,027 | 0,006 | 0,020 | 0,013 | 0,015 | 0,028
20 septembre
74178 | 0,038 | 0,008 | 0,014 | 0,006 | 0,010 88 | 0,019 | 0,024
7514 | 0,028 | 0,006 | 0,027 | 0,012 | 0,014 57 | 0,014 | 0,074
| 7616 *| 0,047 | 0,041 | 0,033 | 0,049 | 0,022 0,020 | 0,315
1688 | 0,035 | 0,009 | 0,047 | 0,021 | 0,023 0,019 | 0,062
| 7126 “| 0,038 | 0,008 | 0,055 | 0,022 | 0,033 0,017 | 0,143
78144] 0,036 | 0,008 | 0,026 | 0,013 | 0,015 | 0,083 | 0,018 | 0,195
71838 | 0,038 | 0,008 | 0,016 | 0,007 | 0,011 0 019 | 0,142
| 7868 | 0,036 | 0,008 | 0,030 | 0,013 | 0,015 3 | 0,014 | 0,041
: 7908 | 0,026 | 0,008 | 0,044 | 0,020 | 0,021 0,017 | 0,093
| 7959 | 0,021 | U,005 | 0,039 | 0,018 | 0,018 5 | 0,019 | 0,091
: 7988 | 0,040 | 0,009 | 0,022 | 0,010 | 0,013 0,013 | 0,137
! 80149 | 0,046 | 0,010 | 0,017 | 0.007 | 0,012 0,046 | 0,141
8105 | 0,027 | 0,006 | 0,019 | 0,008 | 0,010 0,019 | 0,126
81525 | 0,017 | 0,132
Moyennes! 0,036 | 0,008 | 0,030 | 0,014 | 0,017 0,017 | 0,123 | 0,0605| 0,062
! L'observation de Genève n’a été faite qu'aux trois fils du milieu.
2 Observation faite à Genève, à travers les nuages, à trois fils.
5 Le passage de Neuchâtel n'a pu être relevé que pour les quatorze derniers fils sur le chronographe
de Genève.
4 Ces deux étoiles ont été observées à Genève, à travers les nuages, la première à trois fils seulement,
la seconde à quatre.
5 Cette étoile n’a été relevée que sur le chronographe de Genève.
5 En omettant dans le calcul de la moyenne les trois étoiles 7616, 7726 et 7814, dont le passage a été
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 550)
NE T
| Etoile. | mu
BAC | +
29 septembre 1861.
| 7688 | 05,037 | 0°,008 | 05,011 : 05,005 | 010 | 0,182 | 05,040 | 05.049 | 05,022 | 0,046 |
| 7726 | 0,044 | 0,010 | 0,035 | 0,016 | 0,019 | 0,095 | 0,021 ; 0,087 | 0,029 | 0,044 |
7173 | 0,037 | 0,008 | 0,037 | 0,016 | 0,018 | 0,120 | 0,026 | 0,118 | 0,053 | 0,059
1814 | 0,036 | 0,008 | 0,051 | 0,023 | 0,024 | 0,103 | 0,023 | 0,073 | 0,033 | 0.040 |
1838 | 0,041 | 0,009 | 0,027 | 0,012 | 0,015 | 0,111 | 0,024 | 0,116 | 0,052 | 0,057 |
7868 | 0,041 | 0,009 | 0,022 | 0,010 | 0,013 | 0,129 | 0,028 | 0,119 | 0,053 | 0,060 |
1908 | 0,045 | 0,010 | 0,020 | 0,009 | 0,013 | 0,098 | 0,021 | 0,074 | 0,032 | 0,038 |
7959 | 0,028 | 0,006 | 0,019 | 0,008 | Q,011 | 0,102 | 0,022 | 0,141 | 0,058 | 0,062 |
7988 | 0,037 | 0,008 | 0,046 | 0,021 | 0,022 | 0,094 | 0,021 | 0,258 | 0,115 | 0,117
8019 | 0,040 | 0,009 ! 0,032 | 0,015 | 0,017 | 0,165 | 0,036 | 0,136 | 0,061 | 0,071
8051 | 0,039 | 0,009 | 0,030 | 0,014 | 0,016 | 2,149 | 0,032 | 0,056 | 0,025 | 0,041
8078 | 0,035 | 0,008 | 0,022 | 0,010 | 0,013 | O 115 | 0,025 | 0,098 | Q,044 | 0,051 |
8105 | 0,033 | 0,007 | 0,031 | 0,014 | 0,016 | 0,108 | 0,023 | 0,167 | 0,075 | 0,078
8152 0,029 | 0,006 | 0,032 | 0,014 | 0,016 | 0,404 | 0,023 | 0,069 | 0,031 | 0,039
8169 0,033 | 0,008 | 0,038 | 0,017 | 0,019 | 0,108 | 0,024 | 0,081 | 0.036 | 0,043 |
8233 | 0,031 | 0,007 | 0,095 | 0,011 | 0,013 | 0,125 | 0,027 | 0,077 | 0,035 | 0,044
8271 | 0,022 | 0,005 | 0,019 | 0,008 | 0,010 | 0,108 | 0,023 | 0 198 | 0,088 | 0,091
| 8303 | 0,026 | 0,006 | 0,024 | 0,011 | 0,012 | 0,111 | 0,024 | 0,109 | 0,049 | 0,058
| 8331 | 0,025 | 0,008 | 0,017 | 0,008 | 0,014 | 0,095 | 0,024 | 0,039 | 0,017 | 0,027
Moyennes 0,035 | 0,008 | 0,028 | 0,013 | 0,015 | 0,117 | 0,025 | 0,108 | 0,048 | 0,056 |
3 octobre 1861.
77173 | 0,032 | 0,007 | 0,014 | 0,010 | 0,012 | 0,085 | 0,019 | 0,073 | 0,033 | 0,088 |
1814 | 0,033 | 0,007 | 0,027 | 0.012 | 0,014 | 0,085 | 0,018 | 0,071 | 0,032 | 0,037
1834 | 0,046 | 0,010 | 0,033 | 0,015 | 0,018 | 0,110 | 0,024 | 0,040 | 6,018 | 0,030
7868 | 0,035 | 0,008 | 0,017 | 0,007 | 0,011 | 0,086 | 0,019 | 0,034 | 0,013 | 0.024 |
7908 | 0,028 | 0,006 | 0.022 | 0,010 | 0,012 || 0,088 | 0,049 | 0,094 | 0,042 | 0,046 |
7959 | 0,044 | 0,010 | 0,031 | 0,014 | 0,017 | 0,063 | 0,014 | 0,108 | 0,048 | 0.030
1988 | 0,034 | 0,007 | 0.026 | 0,011 | 0,014 | 0,095 | 0,021 | 0,149 | 0,067 | 0,070
| 8019 | 0,053 | 0,612 | 0,021 | 0,010 | 0,015 | 0,127 | 0,028 | 0,042 | 0.019 | 0,034
8051 | 0,028 | 0,006 | 0,038 | 0,017 | 0,018 | 0,092 | 0,020 | 0,093 | 0,042 | 0,047
8078 | 0,040 | 0,009 | 0,019 : 0,008 | 0,012 | 0,098 | 0,021 | 0,105 | 0,047 | 0,051
K105 | 0,037 | 0,008 | 0,047 | 0,021 | 0,022 | 0,072 | 0,016 | 0,054 | 0,024 | 0,029
8152° | | 0,090 | 0,019 | 0,088 | 0,039 | 0,043
8169 ? | | | 0,094 | 0,020 | 0,119 | 0,050 | 0,054
8205 | 0,043 | 0,009 | 0,064 | w,029 | 0,030 | O,0u1 | 0,020 | 0,124 | 0,055 | 0,059 |
| 8233 | 0,026 | 0,006 | 0,022 | 6,010 | 0,011 | 0,065 | 0,014 | 0,207 | 0,093 | 9.094 |
8271 | 0 045 | 0,010 | 0,040 | 0,018 | 0,020 | 0,062 10,013 | 0,037 | 0,016 | 0,021
| 8303 | 0,039 | 0,009 | 0,037 | 0,016 0 019 | 0,076 : 0,016 | 0,104 | 0,046 | 0,049
| 8331 | 0,033 | 0,007 | 0,012 | 0,006 | 0,009 || 0,076 | 0,016 | 0,132 | 0,059 | 0,061 |
Moyennes, 0,037 | 0,008 | 0,029 | 0,01 | 0,016 | 0,086 0,041
0,019 | 0,093
observé à travers les nuages, et à une partie des fils seulement, on a pour ce jour 0,097 pour l'er-
reur moyenne d’un fil, et 0,043 pour celle de la moyenne; la valeur moyenne de vd serait alors
05,046.
! Pour cette étoile, le relevé du passage de Genève n'a pu ètre fait sur le chronographe de Genève
que pour le premier et le cinquième fil ; le passage est complet sur le chronographe de Neuchâtel.
* Pour ces deux étoiles, le relevé n'a pu être fait sur le chronographe de Genève.
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Pa Pa n, Va n, |
4 nier IL enr
5 octobre 1861.
1844 | 0°,034 | 0°,007 | 05,045 | 0°,007 | 0,010 0:,097 | 0°,021 | 0°,059 | 0°,025 | 0,043
1838 | 0,043 | 0,009 | 0,029 | 0,013 | 0,016 | 0,070 | 0,015 | 0,061 | 0,027 | 0,031
1868 | 0,036 | 0,008 | 0,016 | 0,007 | 0,011 | 0,084 | 0,018 | 0,138 | 0,062 | 0,065
1908 | 0,030 | 0,006 | 0,052 | 0,023 | 0.024 | 0,090 | 0,020 | 0,144 | 0,065 | 0,068
1959 | 0,042 | 0,009 | 0,016 | 0,007 | 0,012 | 0,109 | 0,024 | 0,149 | 0,067 | 0,071 |
1988 | 0,038 | 0,008 | 0,016 | 0,007 | 0,011 | 0,099 | O0 022 | 0,070 | 0,031 | 0,038 |
8019 | 0,041 | 0,009 | Q,024 | 0,011 | 0,014 || 0,103 0,022 | 0,089 | 0,040 | 0,046 |
8051 | 0,036 | 0,008 | 0,032 | 0,015 | 0,017 | 0,064 | 0,014 | 0,073 | 0,033 | 0,036 |
8078 | 0,047 | 0,010 | 0,022 | 0,010 | 0,014 | 0,129 | 0,028 | 0,042 | 0,019 | 0,034 |
8105 | 0,035 | 0,008 | 0.026 | 0,012 | 0,014 | 0,101 | 0,022 | 0,132 | 0,059 | 0,063 |
8152 | 0,041 | 0,009 | 0,013 | 0,006 | 0,011 | 0,102 | 0,022 | 0,104 | 0,047 ! 0,052 |
8169 | 0,029 | 0,006 | 0,019 | 0,008 | 0,010 | 0,112 | 0,024 | 0,074 | 0,033 : 0,041
8205 | 0,047 | 0,010 | 0,012 | 0,005 | 0,012 | 0,147 | 0,032 | 0,143 | 0,064 0,071
8233 | 0,044 | 0,010 | 0,025 | 0,011 | 0,015 | 0,103 | 0,022 | 0,058 | 0,026 0,034
8271 | 0,037 | 0,008 | 0,012 | 0,006 | 0,010 | 0,105 | 0,023 | 0,083 | 0,037 | 0,044
8303 | 0,029 | 0,006 | 0,040 | 0,018 | 0,019 | 0,090 | 0,020 | 0,075 | 0,033 | 0,038
8331 | 0,036 | 0,008 | 0,024 | 0,011 | 0,014 ! 0,096 | 0,021 | 0,086 | 0,039 |! 0,044
Moyennes! 0,038 | 0,008 | 0,023 | 0,010 | 0,014 | 0,100 | 0,022 | 0,093 | 0,042 | 0,048 |
| |
Les moyennes générales, pour toutes nos observations, sont les sui-
vantes :
L'écart moyen d'enregistrement pour un fil observé à Neuchâtel. .............. 20,033
» D » pour un fil observé à Genève ................. 0,026
» » » pour un passage de Neuchâtel ................ 0,007
» » » pour un passage de Genêve. ................. 20,012
» » » pour une valeur de la différence de longitude .... =<0,0145
» » » pour la valeur moyenne de la différence de longit.. =20,0013
L'erreur moyenne d'observation pour un fil de Neuchâtel .... ............... 0,0974
» » » DouAunIBldelGenÉvE RCE ere CECE Æ0,0976
» » » pour un passage de Neuchâtel ................ 20,021
» » » pour un passage de Genève. ......,.......... 20,045
» » » pour une valeur de la différence de longitude. . ... <0,0496
» » » pour la valeur moyenne de la différence de longit. 0,0046 !
‘ En laissant de côté, pour Genève, les trois étoiles n°5 7616, 7726, 7814 du 20 septembre, observées
à trois fils seulement et à travers les nuages, étoiles pour lesquelles aussi les erreurs du passage d’après
les fils ne sont nullement en rapport avec les erreurs sur l'ascension droite et sur la différence de lon-
gitude, on trouve pour Genève :
Erreur moyenne pour un fil................ 0s,0944
Erreur moyenne pour un passage
Ensuite l'erreur sur une valeur de la différence de longitude devient ...
et l'erreur pour la valeur moyenne de la différence de longitude... ...... 0$,0044
05,043
Æ0s,0478
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 941
Ces nombres sont instructifs à plusieurs égards. En ce qui concerne
d'abord les erreurs d'enregistrement électrique, on remarque une légère
différence dans la valeur de l'écart sur l'enregistrement d'un signal, sui-
vant que le courant va de Neuchâtel à Genève, pour un fil observé à
Neuchâtel, ou suivant qu'il va dans la direction opposée, lorsque c’est à
Genève que le passage est observé. L'écart est moindre dans le dernier
cas; cette différence tient-elle à ce que l'inertie des électro-aimants à
été plus constante pour un courant partant de Genève, en raison de son
intensité ou de l’état de la ligne, ou bien à ce que les signaux de Genève
ont été relevés avec plus de soin sur les deux chronographes, parce que
le passage étant donné par à fils au lieu de 21, il en résultait pour cha-
cun d'eux une importance plus grande? C'est ce qu'il est impossible de
décider.
Comme nous avons employé pour l'enregistrement à distance les cou-
rants ordinaires de piles au mois de mai, et des courants induits en
automne, il est intéressant de voir quel genre de courants offre la plus
grande exactitude; en consultant le tableau, on trouve :
m, pour les courants ordinaires . + 0,0275
mn, » » induits . + 0,0558
m, » » ordinaires . + 0,0251
m, ) » induits . + 0,0275
Donc, contrairement à notre prévision, plutôt une supériorité pour les
courants ordinaires, résultat qui se confirmera par les recherches que
nous avons failes avec ces deux genres de courants dans la comparaison
automatique des pendules, et qu’on trouvera au chapitre V, auquel nous
renvoyons pour les détails de la question de l'enregistrement électrique.
Nous ajouterons ici que, d’après nos observations d'étoiles, et avec des
appareils comme les nôtres, l'écart moyen sur l'enregistrement est pour
un fil environ 05,05. En attribuant à chaque chronographe une égale
part d'erreur pour produire cet écart, cette erreur serait de + 05,021,
quantité bien peu considérable, en ayant égard à ce que le relevé dun fil
542 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
sur un chronographe exige la comparaison de trois signaux, savoir :
celui du fil lui-même, et deux signaux de secondes, celui qui précède et
celui qui suit. Cette erreur serait sans doute moindre pour lenregistre-
ment ordinaire, qui ne va pas à distance et n’est, par conséquent, pas
influencé par la résistance variable des ligues télégraphiques. On pour-
rait, en outre, selon toute probabilité, réduire encore cette erreur en
perfectionnant davantage les chronographes, et surtout en remplaçant
les plumes qui écrivent à l'encre par des pointes en diamant ou en acier,
lraçant des lignes sur un papier noirci; on obtiendrait ainsi des lignes
beaucoup plus fines. La difficulté d'obtenir un papier convenable de
cette nature nous à seule déterminés à employer les plumes à encre.
Pour la facilité et l'exactitude du relevé, il importe surtout de donner au
chronographe une vitesse suffisante pour obtenir des intervalles assez
grands d’une seconde à l’autre.
Mais pour apprécier, en général, le mérite de la méthode d’enregistre-
ment électrique, il faut plutôt comparer les erreurs moyennes d'obser-
valion que l’on commet avec ce procédé, aux erreurs auxquelles on est
exposé avec la méthode ordinaire. Pour nous deux, l'erreur moyenne
d'une observation chronographique d’un fil est + 05,097 ; elle était même
au-dessous de 05,09, toutes les fois que l’état atmosphérique n'était pas
très-défavorable; or, suivant l’ancienne méthode, d’après Pouie, lobser-
vation d’un fil n’était notée qu’au dixième de seconde près, aussi n'é-
lait-ce que très-rarement, et seulement chez les observateurs les plus
distingués, qué l'erreur moyenne était abaissée au-dessous de cette
limite. Mais ce qui constitue surtout la supériorité de la méthode
américaine, comparée avec la méthode ordinaire, c’est le plus grand
nombre de fils qu'elle permet d'employer, parce qu'elle dispense d'écrire
ou de dicter les moments de passage. Lorsqu'on emploie l'enregistrement
électrique, on peut parfaitement espacer les fils, de sorte que les inter-
valles à l'équateur soient de 3°, comme pour la lunette de Neuchâtel,
tandis qu'avec l’ancienne méthode la limite de 10° en minimum pour
un intervalle ne peut pas être dépassée. Donc, lors même que l'on ad-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 945
mellrait une erreur égale dans l'observation d'un fil, suivant l'une ou
l'autre des deux méthodes, l'exactitude d’un passage d'étoile sera à peu
près deux fois plus grande avec la méthode américaine; ainsi, pour ob-
tenir, par exemple, l'ascension droite d’une étoile avec la même exacti-
tude, il faut, toutes circonstances d’ailleurs égales, trois ou quatre obser-
vations ordinaires pour une seule observation chrouographique. Et
certes, cel avantage n'est pas compensé entièrement par la perte de temps
causée par le relevé des observations chronographiques.
Pour revenir de cette excursion générale à notre détermination de la
différence de longitude, et pour pouvoir discuter l'exactitude de cette
détermination, qui dépend non-seulement des erreurs d'observation
proprement dites, mais aussi des erreurs instrumentales, il convient de
communiquer d'abord les détails sur ces dernières.
GES
Calcul des corrections instrumentales.
A. Lunette de Neuchâtel.
L'inclinaison de l'axe est déterminée au moyen d'un grand niveau
suspendu au plafond de la salle, d'où on peut, à laide d’une poulie, le
faire descendre et l'amener sur les tourillons; la valeur d’une partie de
la division du niveau est égale à 0”,937, soit en temps 0°,0625; les
dixièmes peuvent facilement être évalués.
Malgré la distance d’un mètre, à laquelle se trouve le bec de gaz qui
éclaire le champ, on à remarqué que, si les lampes n’ont pas été allu-
mées au moins une heure avant le commencement des observations,
l'échauffement du tourillon oriental, par lequel la lumière pénètre dans
l'intérieur de la lunette, devient sensible, et se trahit par une diminution
de linclinaison, diminution constatée par les nivellements exécutés avant
et après une série d'observations. Lorsque cette diminution à dépassé
l'incertitude du nivellement, ce qui a eu lieu surtout en automne, on à
444 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
supposé une variation de l’inclinaison proportionnelle au temps pendant
la durée des observations.
La collimation de l'axe optique est déterminée par le retournement
de linstrument et au moyen d’une mire nocturne‘, qui se trouve à cent
mètres au nord de linstrument, c’est une plaque percée d’une ouverture,
sur laquelle des fils sont tendus en croix; cette plaque est fixée sur un
pilier en granit, posé lui-même sur le roc. Sur un autre pilier d’une sta-
bilité semblable placé devant la fenêtre du nord, à 4" de la lunette, se
trouve une lentille, dont la distance focale est égale à la distance de la
mire. On mesure la distance du fil du milieu de la lunette au fil de la
la mire, au moyen d’un fil mobile conduit par une vis micrométrique,
dont le tambour est divisé en cinquante parties, la valeur d’une partie
étant de 05,0574. Le 17 mai, on avait, pour d’autres raisons, opéré une
correction de la collimation, et il paraît que le réticule étant tenu par
deux vis antagonisies, on à un peu trop serré ces vis, de sorte que la
plaque des fils était tourmentée, ce qui a amené une variabilité de la
collimation beaucoup plus forte que d'ordinaire. Dans ces circonstances,
ne pouvant pas supposer le changement de la collimation proportionnel
au temps, on à interpolé, pour les observations du printemps, d’après
les indications de la mire, qui a toujours été observée après la fin d’une
série d'étoiles. C’est de cette cause que peut provenir, à cette époque
du mois de mai, une incertitude des corrections instrumentales plus
grande que celle qui se rencontre ordinairement dans l'emploi de cet
instrument. Comme, à Neuchâtel, on réduit les passages au fil moyen, il
faut naturellement appliquer à la collimation du fil du milieu la distance
entre ce fil et le fil moyen; on a tenu compte, en outre, de laberration
diurne — — 0,014.
Enfin, l’azimut de la lunette a été déterminé, au printemps, par la
combinaison du passage inférieur de la Polaire avec celui de € et + de
la Vierge, et, en automne, en combinant le passage supérieur de À Petite
Ourse avec ceux des étoiles équatoriales > et ; des Poissons, et a, 5, n du
! La mire lointaine qui se trouve au sud, à 9 kilomètres de distance, n’était pas encore montée.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 345
Verseau. Voici maintenant les corrections instrumehtales, toutes expri-
mées en secondes de temps, et en désignant l’inelinaison par b, la colli-
mation optique par ce, et l’azimut par k :
b Fil moyen en k
Fil du milieu. tenant compte de
| l’aberration.
| F ARS EN p s p s s s
19 mai... à 15 20;—9,25— —0,141|-12,03 — 0,076] 0,072 | —0,065
2OMEN TT à 15 45;—0,32— —0,020|—5,30 — —0,198| —0,209 ! | —0,295
21 » …...|à 15 80;<0,28— —-0,017|—5,46 = —0,204| —0,208 —0,342
19 septembre. à 20 Due —0,047|--0,34 — 0,013 —-0,064 —0,255
20 » .….|à 20 40;-+0:30— 0,019 SA A
à 23 80-060 Lopoa1f + 0:22 — —+0,008|- 0,059 | —0,252
DOUTL-S. RCI à 21 30; —0,65— —0,041 LE
Tee ai} 0,86 = —0,032| 0,019 | —0,474* |
3 octobre....| à 20 40 ;+0,80= 0,050) is e
HOMO D 2 0060 ee UM 0,010 (osé
5 » ….|à 20 45;—0,03— —0,00%_; 19 — |
| à O 0:—0,30— —0,019 ti = 0,045! 10,006 | —0,369
B. Lunette de Genève.
À Genève, on détermine la collimation de l'axe optique par la combi-
naison de la mire du Sud, placée à 114 de distance, et des deux mires du
Nord, dont la distance est de 24k®, Tous les jours, lorsque l’état de l’at-
mosphère le permet, on mesure la distance du fil du milieu à chacune des
trois mires à l’aide d’un fil mobile conduit par une vis micrométrique;
le tambour de cette vis est divisé en 60 parties, dont chacune vaut
0”,852, ou en temps, 0°,0568. La demi-somme de la distance du fil du
milieu à la mire du Sud et à chacune des mires du Nord est comparée à
la demi-somme des azimuts de ces mêmes mires, telle qu’elle résulte d’un
très-grand nombre de retournements de la lunette. Après avoir obtenu
ainsi la collimation, on détermine inclinaison de l'axe par l'observation
! Après avoir corrigé la collimation.
+ Après avoir renouvelé les huiles des tourillons.
TOME xvi1, 2e PARTIE, 45
3546 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
du fil du milieu réfléchi dans le bain de mercure, au nadir. Quand les
déterminations de ces deux éléments étaient identiques pour une série
de Jours, aux erreurs d'observation près, on les a réunies en groupes, et
on en à pris la moyenne. L’azimut a été déterminé à Genève, comme à
Neuchâtel, par la combinaison des mêmes étoiles polaires avec des étoiles
équatoriales, c’est-à-dire au mois de mai, par le passage inférieur de la
Polaire avec celui de 6 Orion, & et + de la Vierge, et, en automne, par
) Petite Ourse, P.S. et 6 Aigle. Enfin, comme à Genève on rapporte
les corrections de l'axe optique au fil du milieu, il faut ajouter à la
moyenne arithmétique des fils la réduction au fil du milieu, réduction
dont la valeur équatoriale est —0$,125, le cercle étant à l'Ouest, comme
cela a eu lieu pour les observations des 19, 20 et 21 mai, 19 et 20 sep-
tembre; et + 0°,125, le cercle étant à l'Est, comme cela a eu lieu pour
les observations du 29 septembre, 5 et 5 octobre.
Voici les corrections instrumentales pour l'instrument de Genève :
c b
RE
en parles du | en secondes detemps | en parties du en secondes
micromètre. [avec l'aberration diurne. | micromètre. de temps.
———— —
P s p s
19 mai……| 17,04 | 0,954) _ bal —0,387
e
ER Lio —L0,991?E = | —6,73 —0,882
ANRT 17,50 ÉDI ON) ee —6,78 —0,385
19 septemb.| —- 1,00 0,043 25 —5,10) | —0,290
20 5 ol 2e A 10,048, + Ho | —0,290
D D MODE TE US 1,88 | 0,107
3 octobre..| — 1,20 00 3 3,02 | —-0,172
5 » — 11:20 | —0,082) = 4,01 | —-0,228 |
——_—_——_—]——]_—_—]—]—]——aEa—Ea——
En partant de ces données et en employant la formule de réduction
de Tobie Mayer, on à calculé les corrections instrumentales pour les
différentes étoiles.
En empruntant aux tableaux des observations originales les moyennes
‘ Le 23 septembre, l'instrument a été retourné et placé le cercle à l'Est.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 947
des fils fournies par chaque chronographe pour les observations de Neu-
châtel et de Genève, et en y appliquant les corrections instrumentales
des deux stations, nous avons établi l'instant du passage de chaque étoile
au méridien de Neuchâtel et à celui de Genève. Pour le tableau fourni
par le chronographe de Genève, il a été ajouté la correction nécessaire pour
transformer l'instant du passage donné en temps de la pendule chrono-
graphique en temps de la pendule normale Dent; ces corrections sont
fournies par les comparaisons tirées des tableaux, pages 501 à 304. A
la différence de longitude résultant immédiatement de Fintervalle entre
le passage observé à Neuchâtel et celui observé à Genève, il a été ajouté
la correction nécessaire pour tenir compte de la marche de la pendule
entre ces deux instants; cette correction est donnée pour chaque jour
au-dessous de la date.
Dans la construction de ces tableaux, nous avons conservé toutes les
valeurs, telles que les observations les ont données, sans exclure aucune
étoile, lors même qu’elle a été probablement moins bien observée pour
des causes quelconques.
Chronographe de Neuchâtel:.
|
ue NEUCHATEL. GENÈVE. ee
Etoile - A ——— Différence
B. À. C. Moyenne Corrections | Passage | Moyenne |Corrections| Passage de
des fils. instruments.| au méridien. | des fils: [instrument au méridien. | longitude.
ll
19 mai 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,009.
4565 |13:33°585,045|—05,063 33m575,982 131371 05,386/-L05,277|37m105,763 395,772.
4593 39 48,638 |—0,064 39 48,574 43 1,005 /--0,371 [43 1,376 12,793 |
4645 47 12,954|—0,070 47 12,884 00 25,348 —-0,358 |50 25,706 12,813
4672 04 13,364|—0,074 54 13,290 57 25,830 |—-0,353 |57 26,183 12,884
4690 59 0,873|—0,062 59 0,811 14 2 13,358 0,379 | 2 13,737 12,917
4713 |14 4 52,622|—0,075 4 52,547 8 5,106/—0,353 | 8 5,459 12,903
4748 12 1,820|—0,070 12 1,750 15 14,390 |--0,360 15 14,780 || 12,991
4771 16 48,827|—0,080 16 48,747 20 1,312|+-0,354 |20 1,666| 12,910!
4799 22 25,255|—0,069 22 25,186 25 31,656 |-L0,365 |25 38,091 || 12,826 |
1824 28 31,615|—0,062 28 31,553 31 44,028 |--0,383 |31 44,411 12,849 |
4850 34 28,304|—0,080 34 28,224 l 37 40,850 |—-0,354 |37 41,209 12,976
4886 40 2,711|—0,075 40 2,636| 43 15,186 | 0,555 |43 15,541 12,896 |
4927 49 34,836|—0,068 49 34,768 52 47,258 |—--0,364 |52 47,622 12,845
4944 54 21,094|—0,073 54 21,021 57 33,691 (0,356 97 34,047 13,017 L
* Le 19 mai, les observations n'ont pas pu être relevées sur le chronographe de Genève.
548 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Chronographe de Neuchâtel.
Ds NEUCHATEL. GENÈVE. …
Étoile. ne STAR — Différence
AC Moyenne Corrections | Passage Moyenne Corrections | Passage de
des fils. instruments.| au méridien. des fils. instrument*.| au méridien. | longitude.
20 mai 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,009.
4563 | 34 92,410|—0,460 |34 1,950 14,384|-20,392 |37 44,776| 419,847
.4593 | 39 53,005|—0,453 [39 592,552 5,028/-L0,387 [43 5,415| 19854
4645 | 47 17,220|—0,434 |47 16,786 29,312 lan 50 29,688 | 12,893
4532 |13h97m495,953|—05,4311270195,522|13h30"315,896 Loi 30m395,271| 3195 740]
4672 | 54 17,670|—0,424 |54 17,246 29,838| 0,374 |57 30,212| 19957
4690 | 59 5,333 /—0,461 [59 4,872 17,320 10,395 | 2 17,715 19834
4713 |14 4 56,913|—0,421 | 4 56,492 9,096|-L0,375 | 8 9,471| 419 910
4748 | 12 6,240|—0,436 [12 6,804 18,300 |-0,378 |15 18,678] 19863 |
4171:
4199 | 22 29,718 |—0,443 |22 29,275 41,108 |-L0,381 |25 42,089
4824 | 28 36,142|—0,463 |28 35,679 48,070 | 0,295 131 48,465
|4850 | 34 32,643|—0,405 [34 32,288] 37 44,778|-L0,378 |37 45,156
4886 | 40 7,141|—0,422 [40 6,719 19,044 |0,374 |43 19,418
4927 | 49 39,322 |—0,444 |49 38,878 51,242| 10,389 |59 51,624] 49797
| 4944 | 54 25,677|—0,430 [54 25,247| 57 37,474|-0,375 |57 37,849| 19 602
5084 [15 9 15,739 |—0,462 | 9 15,277 115 12 27,592] 0,395 [12 27,987] 49704
21 mai 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,009.
13h39575,102|—05,475 39m565,627 1 3h43m 85,877|/-L05,398/43m 95,275] 3M12s,639
21,300 |—0,450 20,850 50 33,158 0,316 150 33,474 12,615
21,649 |—0,438 |54 21,211 57 33,672 —-0,317 57 33,989 12,769
9,291 |—0,186 8,805|14 2 21,302 0,330 | 2 21,632 12,818
1,003 |— 0,434 0,569 8 13,068 0,318 | 8 13,386 12,808
10,246 |—0,454 9,792 15 22,284 0,317 |15 22,601 12,800 |
57,160 |—0,411 56,749 20 9,168|--0,325 [20 9,493 12,735
33,572 |—0,462 33,110 25 45,654 |-L0,319 25 45,973 12,854
40,168 |—0,488 39,680 31 51,960 |--0,330 131 52,290 12,601
36,585 |—0,412 36,173 37 48,740 |--0,325 37 49,065 12,883
11,014|—0,436 40 10,578 43 23,094 |-L0,317 |43 23,411 12,824
9 43,321 —0,463 |49 42,858 52 55,182 |—0,320 152 55,502 12,635
29,370 |—0,445 28,925 57 41,624/-L0,317 157 41,941 | 13,007
19,637 |—0,486 19,151 1145 12 31,560 |0,330 |12 31,890 12,730
D
19 septembre 1861.
Correction pour la marche de la pendule —0°,002.
1988 |22h49n98< 740|—05,123| 19m985,607/29h59n49s 196|—05,675|52m415,521
8049 | 55 53,878[—0,148 155 53,780| 59 7,252|—0,693 [59 6,559
8051 123 1 15,231|—0132| 1 15,099 123 4 98,610|—0,674 | 4 27,936
8078 5 58,161|—0 134] 5 58,027 9 11,654|—0,676 | 9 10,978
8105 | 11 12,664|—0 14911 12,512] 14 26,140 |—0,694 |14 25,446
! L'observation de cette étoile n’a pas pu être relevée sur le chronographe de Neuchâtel.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
Chronographe de Genève.
| NEUCHATEL.
( .
Etoile. Moyenne des fils | Corrections | Correction | Passage
IB. A. C. sur le instrumen- | Pendule | au méridien
chronographe. tales. | chronogr. | Pendule Dent.
Correction pour la mar
20 mai 1861
che de la pendule 0°,000.
Moyenne des fils | Corrections | Correction
sur le
chronographe.
GENÈVE.
Différence
de
longitude.
| Passage
instrumen- | Pendule ! au méridien
tales. | chronogr. | Pendule Dent.
4532 |13h24495,954)—05,431 05,188 /24m49s,711 13128" 15,846/-105,375 —+-05,183 28m 92s,404/3"1925,693
4565 31 32,398 —0,460 |—0,177 131 32,115 34 44,310-10,392 |--0,172 34 44,874 12,759)
4593 37 23,009 —0,453 [10,167 137 22,723 40 34,968|-0,387 |—-0,162/140 35,517| 12,794
4645 44 47,205 —0,434 |--0,156 [44 46,927 47 59,248|—+0 376 [0,151 147 59,775 | 12,848
4672 91 47,651|—0,424 |-L0,145 |51 47,372 54 59,764|0,374 |-L0,140/55 0,278] 12,906,
4690 56 35,306|—0,461 |--0,137 156 34,982 59 47,256|—-0,395 |--0,132159 47,783| 12,801
4713 |14 2 26,876|—0,421 |-L0,127| 2 26,582|14 5 39,000|—+0,375 |--0,122| 5 39,497 12,915
4748 9 56,205) -0,436 |—0,116| 9 35,885 12 48,192/—0,378 |--0,111 112 48,681 12,796
4771 14 23 120, —0,405 [0,108 114 22,823 17 35,214|--0,377 |[--0,103 17 35,694| 12,871
4799 19 59,676 —0,443 | 0,099 119 59,332 23 11,598|-—-0,381 |--0,094 123 12,073| 12.741,
4824 26 6,070 —0,463 |--0,090 126 5,697 29 17,948|—L0,395 |—-0,085 129 19,428 12,731
4850 32 2,539|—0,405 |10,080[32 92,2341 35 14,648|-10,378 |--0,075|35 15,101| 12,867)
41886 37 37,079|—0,422 [0,070 137 36,727 40 48,930|--0,374 |-0,065 140 49,369 | 12,642
4927 47 9,243/—0,444 0,056 47 8,855 50 21,114|—0,382 |0,054 150 21,547| 12,692
4944 51 55,581 —0,430 |-L0,048 51 55,199 55 17,324|—-0,375 —0,043155 7,742| 12,543
5034 [15 6 45,619|—0,462 0,014! 6 45,171/15 9 57,438|--0,395 | 0,009! 9 57,842] 12,671
21 mai 1861.
Correction pour la marche de la pendule 05,000.
a penes
4593 [131370235062 —05,475 05,477|37m23s,064 13h40345,783/L05,398|L05,473/40m355,654)31 25,590
AGAS 44 47,251|—0,450 |-0,469 !44 47,270 47 59,108/-L0,316 0,465 |47 59,889 12,619
4672 51 47,587, —0,438 [0,460 |51 47,609 54 59,610/+0,317 |-0,456 155 0,383|| 12,774
4690 56 35,230 —0,486 |--0,455 56 35,199 59 47,232/—0,330 [0,451 159 48,013| 12,814
4713 |14 2 26,926 —0,434 —-0,448| 2 26,94014 5 38,952/-20,318|0,444 | 5 39,714| 12,774
4748 9 36,153 —0,454 |0,440 | 9 36,139 12 48,162|-L0,317 |--0,436 |12 48,915| 12,776
4771 14 23,063/—0,411 [0,434 |14 93,086 17 35,062|—-0,325 |--0,430 17 35,817 12,791
4799 19 59,463|—0,462 0,428 119 59,429 23 11,528/+0,319 |-L0,424 |23 12,271| 12,842
4824 26 6,040, —0,488 |0.421 126 5,973 29 17,802/-0,330 |—-0,417 |29 18,549| 12,576
4850 32 2,438|—0,412|0,415132 92,441 35 14,576/-L0,325 |-L0,411 135 15,312 12,871,
4886 37 36,860|—0,436 |--0,408 [37 36,832 40 48,898 0,317 |-0,404 40 49,619 12,787|
4927 47 9,152/—0,463|--0,398 147 9,087 50 21,000!--0,320 |--0,394 50 21,714 12,627.
4944 51 55,190 —0,445 |-0,392 154 55,137 55 7,394|0,317 |--0,388 55 8,099 12,962
5034 [15 6 45 4081 —0,486 |-0,375 | 6 45,297115 9 57,298|+0,330 10,371 | 9 57,999 12,702!
19 septembre 1861. |
Correetion pour la marche de la pendule —05,005, |
7988 |22h44n55s,789|— 05,133 —05,115 44m55s541122h48n 95,210 —05,675|—05,1 13|48m 85,422|312s,876)
8019 51 20,960/—0,148 —0,111 151 20,701 | 54 34,306|—0,693 |—0,109 54 33,504!) 12,798}
8051 06 42,302|—0,132 —0,108 156 42,062) 59 55,646|—0,674 |—0,106 |59 54,866 | 12,799
8078 |23 1 25,240|—0,134 —0,106| 1 25,000 123 4 38,760|—0,676 |—0,104| 4 37,980| 12,975
8105 6 39,743|—0,149 —0,103| 6 39,491 9 55,154|—0,694 |—0,101 | 9 52,359 | 12,863
1 Onze fils seulement du passage de Neuchâtel ont pu être relevés.
300
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Chronographe de Neuchâtel.
NEUCHATEL.
GENÈVE. :
© —— Différence
AL E Moyenne | Corrections] Passage Moyenne Corrections | Passage de
Fa des fils. iustrument5.| au méridien. des fils. instruments. | au nn longitude.
20 septembre 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,002.
7478 |21h95305,040/—05,140/25m295,900|21h28435,570|—05,813 28m49s,757| 2m4125,855
7514 31 36,772|—0,148 31 36,624 34 50,312|—0,814134 49,498 12,872
1616! 46 45,690 —0,140 |46 45,550 49 59,113|—0,721 149 58,392 12,840
7688 59 54,836|—0,131 |59 54,205 22 3 7,914|—0,778| 3 7,136 12,929
1726°|22 4 44,559|—0,144| 4 34,415 7 48,090|—0,735| 7 47,355 12,938
18145 19 26,351|—0,130 |19 26,221 22 39,810/—0,800 22 39,010 12,787
7838 24 11,920|—0,123 124 11,797 27 25,476|—0,756 |27 24,720 12,921
186 99 98,477|—0,127 |29 28,250 | 32 42,060 |—0,778 132 41,282| 12,936
190 35 47,498 —0,106 35 47,322 39 1,058|—0,727 39 0,331 13,007
7959 44 47,440 |—0,159 |44 47,281 48 0,922 —0,812|48 0,110 12,827
1988 49 29,522|—0,115 |49 29,407 52 43,140 —0,736 152 42,404 12,995
8019 | 55 54,639|—0,132 135 54,507 | 59 8,128/—0,761 (59 7,367| 12,858
8105 [23 11 13,463 |—0,136 |11 13,327 |23 14 26,776|—0,762 |14 26,014 12,685
81524
29h 0" 9s,344|—05,360
4
10
19
24
29
39
44
49
42,457|—0,380
53,894 |—0,397
34,218 |—0,352
19,870 |- 0,236
36,475 |—0,359
55,388 |—0,303
55,378 |—0 ,396
31,593 |—0,313
2,490 |—0,340
93,916 |—0,310
6,888 |—0,312
94,290 |—0,342
47,824 |—0,356
12,168 |—0,352
11,870 |—0,324
11,606 |—0,372
21,511 |—0,346
53 34,308 |—0,323
29 septembre 1861.
4
10
19
124
129
35
44
19
56
1
6
11
17
21
34
42
47
53
Om 45,984
42,077
53,197
33,926
19,534
36,116
55,085
54,982
37,280 |
2,150
23,606
6,576
20,948
47,468
11,816
11,546
11,934
21,165
33,985
29h 3n155,132|—05,455| 314,677
7 55,460 |—0,497| 7 54,963
14 6,598|—0,535|14 6,063!
22 47,088 |—0,437 |22 46,651
27 32,838|—0,405|27 32,433 |
32 49,312|—0,453|32 48,859 |
39 8,218|—0,334139 7,884
48 8,382|—0,531/48 7,851)
52 50,298 |—0,357 52 49,941 |
59 15,376|—0,414 159 14,962
23 4 36,972|—0,350| 4 36,622
9 19,768 |—0,358 | 9 19,410
14 34,380 |—0,417 14 33,963
21 0,924|—0,450121 0,474
24 25,050 |—0,439 |24 24,611
37 24,818 |—0,390 (37 24,428
45 24,682| —0,489 |45 24,200
50 34,526 |—0,430 [50 34,096!
56 47,302|—0,378 [56 46,924)
Correction pour la marche de la pendule —05,002.
3m419s 691
12,884
12,864
12,723
12,897|
12,741
19,797
12,867
12,639
12,810
13,044
12,832
13,013
13,004
12,793
12,880
12,964
12,999
12,937
1 Trois fils observés à Genève.
? Trois fils observés à Genève.
5 Quatre fils observés à Genève.
* L'observation de cette étoile n’a pas pu être relevée sur le chronographe de Neuchâtel.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
ER PES
Chronographe de Genève.
NEUC
sur le
chronographe.
Fe A. C.
tales.
toile. Moyenne des fils | Corrections
instrumen- | Pendule
HATEL. | GENÈVE.
Correction
Pendule
Passage
au méridien
Pendule Dent.
. , |
Correction | Moyenne des fils | Corrections |
sur le instrumen-
chronogr. chronographe. tales
20 septembre 1861.
Correction pour la marche de la pendule —0,005.
Passage
au méridien
| chronogr. | Pendule Dent.|
=
Différence
de
longitude.
24h200585,267
27 4,980
42 13,924
53 22,499
—0,14
—0,14
0,13
—05,140
94n2404 45,790! —05,813|-
30 18,440 —0,814 |--0,013
45 27,317|—0,721 |--0,037
—05,002
0,008
0,032
0,056
20585,125
4,840
2 13,816
8
0
1 58
30
45
58
17,639
26,633 |
35,383 ||
0 92,747
14 54,513
19 40,111
924 56,658
34 15,627
40 15,676
44 57,777
51 22,880
6 41,714
13 8,193
—0, 144
— 0,130
— 0,123
—0,127
—0,106
—0,159 |-L0,054
—0,115 |-L0,057
—0,132 |-!0,066
—0,136 |-L0,087
—0,145 |-L0,097
0,063
0,081
0,088
0,094
0,102
44
51
6
[13
29,424
9,666
54,466
20,076
56,625
15,623 |
15,568
37,719
29,814
41,665 |
25 ||
29 ||
22 3
18
22
28
34
43
18
54
23 9
16
8,147 |
36,100
16,203
8,015
53,664
10,238
29,239
29,160
11,339
36,336!
55,072
21,674
—0,778
— 0,135
— 0,800
—0,756
LES
—0,727
—0,812
—0,736
—0,761
—_0,762
—0,776
—+-0,068 | 3
118
2 53,001
15,536
34
43
|48
54
9
16 21,000
0,107
0,056
0,062
0,071
0,092
0,102
28,612
28,404
10,658
7,301 |
9,559 |
35,646 |
34,402 |
12,794
12,812
19,954
12,848
29 septembre 1861.
Correction pour la marche de la pendule
—05,004.
6
15
19
25
a1
40
45
51
57
1
7
13
16
29
37
43
49
241550415193
22 O0 21,343
—0,360
—0,380
—05,191,55m405,642/|21h58053s,984
22 3
—05,485|—05,189 58m535,340)
— 0,188 | 0
—0,184 | 6
—0,179 115
—0,176
—0,173 |2
—0,170
—0,164
—0,161
—0,158
—0,155 [5
—0,152
—0,149
—0,145
—0,143
—0,136
—0,372 |—0,191 |:
—0,346 |—0,128
39,495
13,164
58,773|
15,372
34,291
34,280
16,496
41,382
2,800
45,786
0,177
26,740
51,031
30,777
30,503
0,383
—0,397
—0,352
—0,336
—0,359
—0,303
—0,396
—0,313
—0,340
—0,310
—0,312
—0,342
— 0,356
— 0,352
—0,324
0 33,720
20,775
31.914
12,633
58,263
14,840
33,818
16,022
40,884
9,335
45,322
; 59,686 |
26,239
50,556
50,317
50,000
39,911
9
18
23
28
34
43
48
54
0
4
10
16
20
33
41
46
34,330
45,464
93,982
11,744
28,204
47,084
47,216
29,174
54,270
15,850
58,666
13,238
39,806
3,928
3,696
3,536
13,380
—0,497
—0,535
—0,437
—0,405
—0,453
—0,334
—0,521
—0,357
—0,414
—0,350
—0,388
—0,417
—0,450
—0,439
— 0,390
—0,482
—0,430
—0,186 3 33,647
—0,182 | 9
047718
—0,174 23
—0,174 128
—0,168 |34
|—0,162 43
—0,159 |48
—0,156 154
— 0,183 "0
—0,150| 4
—0,147 10
—0,143 16
—0,141 [20
—0,134 |33
—0,199 [41
—0,126 |46
44,747
95,368
11,165
27,580 |
16,382
46,523
28,658
53,700
15,347
58,158
12,674
39,913
3,358
3,472
9,995
19,794
34 25,694
12,868)
12,829
12,731
12,898
19,736
12,760)
12,799!
12,632
12,812
13,008!
13,200 — 0,323 |-—0,124 12,753 52 26,178|—0,378 |—0,122 152 25,678
Trois fils observés à Genève.
Trois fils observés à Genève.
Quatre fils observés à Genève.
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Chronographe de Neuchâtel.
ae NEUCHATEL. GENÈVE. ;
Etoile. = - Différence
BMAUIC: Moyenne Corrections | Passage Moyenne Corrections | Passage de
| des fils. (instrument. au méridien. des fils. instrument.| au méridien. longitude.
3 octobre 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,002.
| 7773 |22M0n575,293 |—05.276 10m575,017|22444%105,442|—05,529/14m 95,943! am12s 894
7814 19 37,941 1—0,237 119 37,704 22 50,988 —0,418 22 50,570 12,864
| 7838 24 23,575|—0,226 |24 23,349 27 36,578 |—0,381 (27 36,197! 12,846
7868 29 40,155|—0,246 29 39,909 32 53,186|—0,437 132 52,749 12,838
71908 35 59,072|—0,200 135 58,872 39 12,052 |—0,304 39 11,748] 12,874
7959 44 59,064[—0,279 ,44 58,785 48 12,208 |—0,523 |48 11,685} 12,898
7988 49 41,200|—0,213 49 40,987 52 54,218|—0,328 52 53,890 12,901
8019 56 6,245|—0,237 56 6,008 59 19,310|—0,393 159 18,917! 12,907
8051 123 1 27,578|—0,213| 1 27,36523 4 40,606|—0,322| 4 40,284 12,917
8078 6 10,563|—0,217| 6 10,346 9 23,572|—0,329| 9 23,243 12,895
8105 11 25,109|—0,242/|11 24,867 14 38,104|—0,397 14 27,707 12,838
8152 17 51,558|—0,255 |17 51,303 21 4,678|—0,432121 4,246 12,944
8169 21 15,913|—0,252 21 15,661 24 28,870|—0,421 24 28,449 12,786
8205 28 27,1739|—0,265 28 27,474 31 40,740 —0,450 31 40,290 12,814
8233 34 15,6321—0,238 134 15,394 37 28,690 —0,367 137 28,323 12,927
8271 42 15,427|—0,274/42 15,153 45 28,462|—0,469 45 27,993 12,838
8303 47 95,233|—0,256 147 24,977 50 38,198 —0,411 150 37,787 12,808
8331 53 38,085 |—0,239 153 37,846 56 51,146 —0,353156 50,793 12,945
4
5 octobre 1561.
Correction pour la marche de la pendule 05,000.
——
1814 |22h19938s,568|—05,268/19m385,300122h22"5145s,444|—05,413/22m515,031| 3m125,731
71838 94 24,196|—0,255 124 23,941 27 31,062|—0,371 27 36,691 12,750
7868 29 40,687|—0,274 |29 40,413 32 53,702|—0,433 [32 53,269 12,856
7908 35 59,672|—0,2928 35 59,444 39 12,510|—0,286 (39 12,224 12,780
7959 44 59,689|—0,306 144 59,383 48 12,664|—0,528 148 12,136 12,753
71988 49 41,792|—0,938 |49 41,554 52 54,714|—0,314 52 54,400 12,846
8019 56 6,858|—0,261 156 6,597 59 19,824|—0,384 59 19,440 12,843
8051 123 1 28,104|—0,237| 1 27,867193 4 41,126|—0,306| 4 40,820 12,953
8078 6 11,171|—0,240 | 6 10,931 9 24,162|—0,3145 | 9 23,847 12,916
8105 11 25,648|—0,264 |11 25,384 14 38,574|—0,888 14 38,186 12,802
8159 | 17 82,209 |—0,276 17 51,933| 91 5,120|—0,429/21 4,691] 12,758
8169 91 16,625|—0,272 121 16,353 24 29,418|—0,416|24 29,002 12,649
8205 28 28,356|—0,283 28 28,073 31 41,380|—0,449 131 40,931 12,858
8233 34 16,1359|—0,255 134 15,904 37 29,188|—0,356137 28,832 12,928
8271 42 16,010|—0,290 [42 15,720 45 28,866 |—0,468 |45 28,398 12,678
8303 | 47 25,689/—0,271 (47 25,418] : 49 38,662|—0,404/49 38,258] 12,840
8331 53 38,605 |—0,251 [53 38,354 56 51,620|—0,340 156 51,280 12,926
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 299
Chronographe de Genève.
NEUCHATEL, | GENÈVE.
. mm ITU ! :
FA te : =. Différence
Etoile. Moyenne des fils | Corrections | Correction | Passage | | Moyenne des fils | Corrections | Correction Passage de |
B. A.C. sur le instrumen- | Pendule | au méridien sur le Linstrumen-! Pendule ! au méridien longitude |
chronographe. tales. | chronogr. | Pendule Dent. || chronographe. tales | chronogr. | Pendule Dent. | È
SE
3 octobre #64.
Correction pour la marche de la pendule —0*,004.
7173 7173 [29h 6°406,313|—0%,276| 05,211 6m39s,820 22h 9m5,5,384|—05,529|—05,213| Gm52s,630 312,815
|7814 ne 1° 973|—0,237 |—.0,206 |15 20,530| 18 33,994/—0,418|—0,202 18 33,374] 12,840
[1838 20 6,595/—0,226|—0,198/20 6,171) 23 19,560/—0,381 |—0,194 123 18,985 | 12,810
7868 25 93157|—0,246 |—0:190 (25 22.721 | 98 36,174|—0,437 |[—0,186|28 35,551 | 12,826
7908 31 42,080/—0,200 |—0,181 (31 41,699 | 34 55,024] —0,304 |—0,177|34 54,543] 19,840
1959 40 42,069/—0,279 |—0,168 [40 41,622) 43 53,194/—0,523|—0,164/43 54,507) 12,881
1988 45 24,209/—0:213 |—0:161 (45 93 1833 | 48 37,198|—0,328 |—0,157 148 36,713| 12,874
8019 51 49,244) —0,237 |—0,152/51 48,855 |. 54 2,300 —0,393|—0,148/54 1,759 | 12,900
8051 57 10,601|—0,213 |—0,145 [57 10,243 23 O 23,602/—0,322|—0,141| 0 23,139 || 12,892
[8078 123 41 53,571|—0,217|—0,138| 1 53,216] 5 6,572—0,329 |—0,134| 5 6,109! 12,889
que 7 8,123/—0,242|—0,132| 7 7,749! 10 21,108/—0,397 | —0,128 10 20,583] 13,830
92 | à
81692 | ll:
|8205 94 10,730/— 0,265 |—0,106 [24 10,379! 27 23,724/—0,450 —0,102 27 23,172] 12,789
8233 29 58,616— 0,238 |—0,098 [29 58,280 | 33 11,628|—0,367 |—0,094 33 11,167] 12,883
8271 37 58,413/—0,274 |—0,086|37 58,053] 41 11,414|—0,469 —0,082/41 10,863 12,806
|
|
18303 | 43 8,220—0,256|—0:079 43 7,885] 46 21,164|—0,411 |—0,075 46 20,678 | 12,789
8331 49 21,057|—0,239 |—0:070 [49 20,748 52 24,080|—0,253 |—0,066 (52 33,661 |
5 octobre 1861.
Correction pour la marche de la pendule —05,004.
1814 lan 5m24s 923|—05,268/—05,432/15m245,242loan180375,834|—05413l—05,128|18m865,903]3%12:,746
71838 20 10,380|—0,255|—0,427 (20 9,898| 23 23,442|— 0,271 |—-0,423 23 99,648 | 12,746
7868 25 27,063|—0,274 |—0,420 [25 26,369| 28 40,102] —0,433 |—0,416 28 39,252 | 12 880
7908 31 46,032/—0,228 |—0,413131 45,411| 34 58,872/—0,286 |—0,409 134 58,177] 12,762
7939 40 46,070|—0,206 | - 0,403 140 45,361 | 43 59,030/—0,528 |—0,399 13 58,103| 12,738
71988 45 281180/— 0,238 |[— 0,397 |45 97,543 48 41,074/—0,314 |—0,393 48 40,867| 12,818
8019 51 53,295|— 0,261 |—0,390 51 52.584| 55 6,202/—0,384 |—0,386 155, 5,432| 12,844
|8051 57 14.476/—0,237 |—0,384 [57 13,855[23 O 27,502/—0,306 |—0,380 | 0 26,816| 12,957
8078 [23 1 57,554|—0,240 |—0,378 | 1 56,936 5. 10,530|—0,313 |—0,374| 5 9,841] 12,901
8105 | 7 12,011|1—0,264 |—0,372| 7 11,375] 40 24,946|—0,388 | —0,368 10 24,190! 12,811
|8152 13 38,569|—0,276 |—0,365|13 37,928] #6 51,468|—0,429 | —0,361 116 50,678 | 12,746
| 8169 17 2,978 —0,272 |—0,361|17 9,345] 20 45,172,—0,416 |—0,357/20 14,999! 12,650
|8203 24 14,690 —0,283 — 0,553 [24 14,054] 27 27,716|—0,449 |—0,349 27 26,918| 12,860
8233 30 2,491|—0,255 |—0,347(30 1,889) 33 15,514|—0,356 |—0,343 33 14,815| 12,922
8271 | 38 92,364/—0,200 —0,338/38 1,726| 41 15,226/—0,468 |—0,334 |41 14,424 | 12,684
8303 43 12,040/—.0,271 |—0,231 |43 11,438] 46 24,988|—0,404|—0,527 146 24,257| 12,815
8331 49 24,9501—0,251 —0,325/49 24,374] 52 37,940|—0,340 |—0,321 152 37,279 || 12,901
! Deux fils observés à Genève.
2 L'observation de ces deux étoiles n’a pas pu être ne e sur le chronographe de Genève,
TOME XVII, 200 PARTIE, A6
994 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
K 4.
à
Calcul de la différence de longitude.
Après avoir communiqué toutes les données, il s’agit maintenant de
combiner les différentes valeurs fournies par chaque étoile, et par les dif-
férents jours, pour en tirer le résultat le plus probable. Car ayant observé
pendant plusieurs jours, et même à différentes époques, dans des circon-
stances très-différentes au point de vue des conditions atmosphériques,
électriques (en particulier selon la nature différente des courants) et proba-
blement aussi physiologiques, il est clair, à priori, que les déterminations
obtenues dans les huit nuits d'observation n'auront pas la même valeur.
En effet, tandis que le 21 mai les étoiles étaient fort ondulantes et quel-
quefois même à peine visibles à travers les nuages, le 5 octobre, le ciel
élait on ne peut plus favorable. De plus, dans le cours d’une même nuit,
les différentes étoiles n’ont pas élé observées avec la même exactitude,
comme on peut le voir dans le tableau des erreurs d'observation propre-
ment dites, que nous avons communiqué plus haut. Mais ces erreurs-là,
que nous avons appelées », = +47 (,)-+(:,)*, ne peuvent pas non plus
être envisagées comme l'expression exacte de la valeur relative de chaque
observalion; car étant conclues de l'accord des fils entre eux, elles sont
influencées seulement par les variations qui ont eu lieu pendant la durée
d’un passage, soit dans l’état des instruments, soit dans les conditions
électriques, soit dans l'état physiologique des observateurs; mais toutes
ces conditions instrumentales, électriques et physiologiques peuvent cer-
tainement subir des modifications plus fortes d’une étoile à l’autre, c’est-
à-dire dans l'intervalle de cinq à six minutes, que pendant le temps quatre
fois moindre employé par une étoile pour passer devant les fils de chaque
lunette. Ïl arrive, par exemple, qu'un observateur conserve pendant le pas-
sage d'une étoile une tendance à observer plus tôt ou plus tard qu’à l'ordi-
naire ; cette anomalie ne se fera pas sentir sur les erreurs qui sont con-
clues de l'accord des fils pour le même passage. De même, les conditions
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 30
de l'enregistrement, la marche des pendules et des chronographes, l'état
de la ligne télégraphique, etc., peuvent bien rester sensiblement les
mêmes pendant la durée d’un passage, el cependant changer dans l’es-
pace d’une série d'observations. Enfin, les corrections instrumentales
elles-mêmes ne peuvent pas être déterminées avec une exactitude abso-
lue, et, de plus, on ne peut pas supposer qu’elles restent absolument
constantes dans le cours d’une soirée; l'influence de celte incertitude se
fera sentir plus ou moins fortement sur les différentes étoiles, selon
leur déclinaison et l'époque de leur passage.
Toutes ces considérations nous ont engagés à ne pas attribuer aux
valeurs de la différence de longitude, fournies par chaque étoile, des poids
déduits des erreurs #, mais à chercher une autre base plus exacte pour
apprécier la valeur individuelle de chaque détermination. Cette base, nous
l'avons cru trouver dans l'erreur sur l'ascension droite d’une étoile, dé-
duite de chaque passage observé. En effet, la même étoile ayant été obser-
vée, à quelques exceptions près, trois jours au printemps el cinq jours en
automne, et cela toujours par deux observateurs, on a, en moyenne, pour
les étoiles observées à la première époque, six, et pour celles observées en
automne , huit à dix déterminations indépendantes, à l’aide desquelles
l'ascension droite peut être obtenue avec une grande approximation. Les
écarts fournis par la comparaison de chacune de ces déterminaltions avec
leur moyenne offrent certainement un moyen assez précis pour évaluer
l'exactitude de l'observation individuelle d'un passage, et par conséquent
aussi celle de leur différence, qui est précisément la différence de longi-
tude. Ces écarts doivent effectivement renfermer tous les éléments d'erreur
dont nous avons parlé, savoir : les erreurs des instruments et de leurs
corrections, les variations des pendules et des chronographes, enfin, l'in-
certitude physiologique, ou les erreurs d'observation proprement dites.
Nous avons donc déterminé ces écarts en comparant l'ascension droite
d’une étoile fournie par chaque passage observé avec la moyenne, et
nous avons attribué ensuite à la différence de longitude, qui résulte des
deux passages d’une étoile quelconque, un poids en rapport avec les
écarts sur ces deux passages.
396 DIFFÈRENCE DE LONGITUDE
La seule difficulté dans cette manière de procéder était le petit nombre
d'étoiles fondamentales, à l'aide desquelles la correction des pendules de-
vait être calculée; ce nombre était de trois seulement dans la série du
printemps. Mais comme nous avions observé dans trois nuils consécu-
tives les mêmes éloiles, au nombre de quinze à seize en moyenne, nous
connaissiops, par contre, la marche de nos pendules avec une grande certi-
tude; et cela nous a donné les moyens de lier entre elles les observations
des étoiles fondamentales faites les différents jours, de manière à les
faire toutes concourir à la détermination des ascensions droites. Sans
vouloir entrer dans les détails du calcul, nous nous bornons à en donner
les résultats principaux. La première chose à faire était donc de déter-
miner la correction de nos deux pendules, et cela par rapport au temps
des deux méridiens, puisque les passages observés aux deux stations se
trouvaient enregistrés sur chaque chronographe en temps de sa pendule.
Voici pour chaque jour ces corrections et la marche des deux pendules:
| Correction de la pendule sidérale de Neuchâtel. |
Sur Le temps sidéral de Neuchâtel. Obs. Hirsch. [Pariaton horairel} Sur le temps sidéral de Genève. Obs. Plantam
| 1861
le 49 mai...| à 141,246 —LOm24s,301 | -—05,165 à 141,300 —2n485,558
20 mal... 14,246 0 20,277 | —0,165 14,300 —2 52,552
PTT 00 14,246 —0 16,312 —0,165 14,300 —2 56,433
19 septem. 22,165 —1 10,457 | —0,034 22,819 —À4 23,341
20 septem. 22,342 —1 11,253 | —0,034 22,395 —4 24,137
29 septem 22 910 —1 18,973 || —0,038 22,963 —À 31,815
3 octobre. 23,040 —1 22,804 | —0,040 | 23,093 —4 35,678
5 ) 23,183 —1 23,357 — 0,011 23,236 —4 36,181
|
Correction de la pendule sidérale de Genève. |
|
Sur le temps sidéral de Neuchâtel. Obs. Hirsch. |Variation horaire}! Sur Le temps sidéral de Genève. Obs. Plantam .
|
1861 | | | |
le 20 mai. ..| à 14,273 —-2m50s,224 —05,008 à 141,327 —0"225,547 |
21 mai... 14,273 —2 49,991 | —0,008 | 14,327 —0 22,725
19 septem. 22,693 +3 22,593 | —0,090 | 22,746 0 9,733
| 20 septem| 22,269 | 13 20,472 | 0,090 | 22,323 Lo 7,871
| 29 septem. 22,831 23..2,296 —0,083 | 22,891 —0 10,531
3 octobre. 22,915 2 54,336 —0,080 22,968 —0 18,517
Ds octobre:| 23,110 | +2 50,657 | —0,076 23164 | —0 22,168
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 997
En partant de ces données, nous avons calculé pour chaque étoile les
différentes valeurs de son ascension droite, qui résultent du passage
aux deux méridiens, en prenant pour observation indépendante d’une
étoile par un observateur la moyenne des relevés faits sur les deux chro-
nographes. Ayant ainsi pour l'ascension droite de chaque étoile environ
six déterminations, le plus ou moins grand accord entre elles nous à
donné le moyen d'apprécier l'exactitude des ascensions droites elles-
mêmes, en calculant l'erreur moyenne de la moyenne des différentes dé-
lerminalions. Ces erreurs-là, que nous appelons X, étaient d’ailleurs né-
cessaires, comme on le verra, pour calculer les poids à donner aux diffé-
rentes valeurs de la différence de longitude.
Le tableau suivant contient les ascensions droites apparentes des étoiles
observées, auxquelles nous avons ajouté les ascensions droites moyennes
réduites à 1861,00 ; on y trouve également les valeurs de X, ou les er-
reurs moyennes de ces ascensions droites.
2 ———
(|
| toile cr | Ase nn Nombre . Déclinaison .
BACS M de. 1861.00. (d'observations. 2 1861,00.
| |
4522 43h27m39s,897 | 43h27m36s,769 2 05,040 +0° 7/
4565 34 22,346 | 34 19,137 4 0,017 —8 0
4593 40 12,961 40 9,742 6 0,019 —6 1
4645 47 31,207 | 47 33,991 6 0,021 —0 49
4672 54 37,645 | 54 34,421 6 0,021 +2 13
1690 59 25,207 | 59 21,898 6 0,016 —8 39
4713 414 5 16,910 | 414 5 13,659 | 6 0,026 +3 4
4748 12 26,132 | 12 22,831 | 6 0,021 —1 37
4771 17 13,078 17 9,823 | 6 0,016 —8 ‘52
4799 22 49,486 22 46,147 | 6 0,022 —3 37
* 4824 28 55,868 | 28 52,451 6 0,025 —9 0
4850 34 52,514 | 34 49,223 6 0,029 8 45
4886 40 26,874 | 40 23,536 6 0,021 237
4927 49 39,007 | 49 55.591 | 6 0,020 —3 417
4944 54 45,285 54 41,900 6 0,050 —-0 25
5034 15 9 35,316 | 15 9 31,803 | 4 0,026 —8 52 |
58 DIFFÉRENCE DE LONGITUDÉ
a — — = — —- —— —
le Ascensions droites | Ascensions droites | : un;
Etoile apparentes. moyennes. fe Nombre x Déclinaison. |
BACS 29 septembre. 1861.00. d'observations. à | 1861,00.
p— ——_————_——_—— — | — |
7478 21h24m485,578 | 21124m14s,289 2 05,016 | — 6°10
7514 21 30 25,286 | 30 20,932 2 0,028 | — 8 28
7616 91 45 34,226 | 45 29,896 2 0,029 | — 4 39
7688 21 58 42,937 | 58 38,624 4 0,033 | — © 59
7726 29 393,142 | 22 3 18,153 4 0,015 | — 4 57
7773 22 9 34,264" | 9 29,819 4 0,004 ! — 8 28
7814 22 18 14,927 18 10,574 8 0018 : 1. 0 40
7838 2902300519. 22 56,243 8 0,018 — 3 44
71868 292 28 17,111 28 12,707 8 0,014 — 0 49 |
7908 29 34 36,101 | 34 31,794 8 0,013 +10 7 |
7959 29 43 36,008 | 43 31,481 8 0,014 | -- 8 3 |
7988 29 48 18,197 | 48 13,825 10 0,021 | + 8 4 |
8019 22 54 43,225 54 38,793 10 0,015 | —+ 2 47
8051 3 0 4,636 23 O0 0,232 8 0,028 | — 8 40
8078 23 4 47,605 143,183 | 8 0,016 + 7 58 |
8105 23 10: 2,034 9 57,515 | 10 0,022 + 2 32
8152 23 16 28,541 16 24,040 8 0,019 — 0 28
8169 23 19 52,841 | 19 48,341 6 0,034 — 0 30
8205 23 27 4,680 | 27 0,151 4 0,029 — 2 1
8233 23 32 52,580 32 48,051 6 0,046 —+ 4 53
8271 3 40 52,290 | 40 47,739 6 0,024 | — 3 32
8303 23 46 2,114 45 57,580 6 0,028 —+ 1 19
8331 23 52 15,025 52 10,483 6 0,019 — 6 6
On voit que Fexactitude de ces ascensions droites est très-salisfai-
sante, car l'erreur moyenne est seulement de +0°,022, si l'on prend le
résultat général des deux séries; ou bien, si l’on groupe les étoiles d’a-
près le nombre des observations, on trouve sur le chiffre total de 59:
4 étoiles déterminées par 2 observations, avec X — +0°,028
(: RE » » 4 » » +0,021
18 » » (5 » ) +05,024
8.» » »n À » à +05,017.
DD) » », 10 » » +05,019
En comparant aux valeurs moyennes des ascensions droites contenues
dans le tableau précédent les valeurs individuelles que chaque observa-
teur a obtenues chaque jour, nous avons relevé les écarts désignés par E,
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 359
pour les observations de Neuchâtel et par E, pour celles de Genève.
Ces écarts représenteraient l'erreur commise dans chaque passage d'é-
toile, si les valeurs moyennes des ascensions droites étaient rigoureu-
sement exactes ; mais comme les ascensions droites moyennes sont en-
tachées elles-mêmes d'erreurs, que nous avons appelées X, il est clair
que l'incertitude d’une détermination isolée d’une étoile est E, + X
pour Neuchâtel, et E, + X pour Genève. Par conséquent, la différence
de longitude, conclue des deux passages correspondants d’une même
étoile sera sujette à une erreur
E= + VE EX) FE EX) = +1 E,)(E.) F20).
Le tableau suivant donne pour toutes les observations ces trois quan-
tités : E, ou l'écart sur l'ascension droite par le passage de Neuchâtel,
E, ou l'écart par le passage de Genève, et enfin
E,= + (E,)'+(E.)+2X,
comme expression de l'incertitude sur la valeur correspondante de la
différence de longitude.
£ s Étoile
E, E, | Ey | HAE.
19 mai 1861. 20 mai 1861.
—05,050 05,030 | 05,063 —05,040 | 05,040 | 0,080
—0,011 0,046 0,035 —0,003 | —-0,015 0,029
—0,054 | —0,016 0,064 0,032 | —0,006 0,043
—0,003 | 0,036 0,047 0,060 | —0,014 0,068
0,052 | —0,015 0,059 —Lo,055 | —0,080 0,102
0,035 | —0,018 0,054 0,006 | —0,015 0,028
0,074 | —0,067 0,104 0,108 | —0,039 0,121
0,036 | —0.018 0,046 0,033 | —0,002 0,045
0,020 | -L0,044 0,058 0,031 | —0,069 0,079
—o,052 | 0,053 0,082 —0,057 | —0,035 0,074
0,044 | —0,083 0,102 —0,051 | —-0,009 0,063
0,007 | —0,040 0,051 0,086 | —0,037 0,078
0,035 | -L0,038 0,039 —0,063 | 0,066 0,098
10,073 | —0,096 0,140 —0,059 | 0,020 0,068
—0,131 0,095 0,177
—0,079 | -L0,029 0,092
560 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Etoile =. toile : s
21 mai 1861. 29% septembre 1861 (suite).
4593 | —0:086 | —Los,025 | +0s,094 || 8051 05,000 | —0s,169 | 05,174
4645 | —0,044 | 0,065 | 0,084 || 8078 |--0,006 | +-0,006 | 0,025
4672 | 0,053 | 0,008 | 0,061 8105 | 10,072 | —0,094 | 0,1220
4690 | 0,030 | —0,059 | 0,070 || 8152 | L0,049 | —0,106 | 0,120
4743 | —0,010 | —0,075 | 0,084 || 8169 | Lo,019 | 0,056 | 0,076
4748 | 0,011 | —0,051 0,060 || 8233 | 0,029 | —0,007 | 0,037
4711 | —-0,012 0,005 0,026 || 8271 | Lo:o59 | —0051 | 0,085
4799 | 0,076 | —0,046 | 0,094 || 8303 | —0,032 | —0105 | 0,116
4824 | —0:090 | 0,047 | 0,107 || 8331 |=0,054 | —0,043, | 0,074
4850 | 0,084 | —0,067 DE =
4886 | 0,054 | —0.026 | 0,067 || 3 octobre 1864.
A 24 1" 99 6
RE A EL ee GO | 118 | 0,001 | 0,006 | 0,019
L , , » 9 | €
|. 5034 | Lo:020 | Loozs | oost || 7814 | —0.024 | —0,015 | 0,029
L 3 É 1838 | —0,014 | 0,017 | 0,084
19 septembre 1861. 7868 —0,025 10,004 0,032
RS ae 71908 |L0,001 | —-0,006 0,019:
1988 | 0,078 | 0,052 | 0,098 7959. | 0,004 | —0,025 | 0,032
8019 | —0,037 | 0,019 0,047 71988 |-—0,009 | —0,036 | 0,047
8051 | —0,004 | --0,047 0,062 8019 | --0,007 | —0,035 | 0,041
8078 | —-0,046 | —0,049 0,071 8051 0,053 0,009 0,067
8105 | —0,017 | —0,041 0,054 8078 | 0,052 | 0,020 0,069
res = = = 8105 | —0,043 | —0,012 | 0,054
SORCIER ERREURS 8152 |-0,047 | —0,022 0,059
EE EN ROICUN ERA ON A ee
5614,1020,028 | 220,020 A0 08 | Re ART SINE ES
1616 | 0.029 | Looso | o:o8o || 8225 | -E0.012 | 0,088 || O0
: 2 ne 7e 271 | —0,033 | 0,005 0,04
7688 | 0,050 | —0,005 0,069 EI 0 | 0; DA
PE EC CS SE OS SOC OS
pe nue = ; 8331 | 0,022 | —0,044 0,056
1814 | 0,016 | -L0,003 0,098 9 1
1838 | 0,072 | 0,037 0,085 =
1868 | 0,038 | 0,015 0,063 se | Hocebre FES: +
7908 —-0,067 —0,042 0,081 7844 = D\073 0,010 0,078
7959 | 0,022 | 0,076 | 0,082 || 5838 | —0,070 | 0,004 | 0,075
71988 —-0,073 —0,004 0,079 71868 0,002 0,043 | 0,047
8019 | 0,005 | 0,048 | 0,053 || 7908 | —0,026 | 0,015 | 0,043
8105 | —0,021 | --0,156 0,160 7959 | —0.063 | 0,044 |+ 0,068
8152 | —L0,002 | 0,044 0,052 1988 | —0,047 | —0,056. 0.079
(= = ; 8019 |! —0,049 —0,070 | 0,088
29 septembre 1861. 8051 | 0,097 0,035 0,110
1688 | —0,093 | 0,046 | 0,114 || 8078 0,900 | —0,086 | 0,059
7126 | —-0,004 | —0,040 0,045 8105 | —0,009 | 0,007 | 0,035
7713 | 0,003 | —0,012 0,022 || 8152 | —0,043 | 0,026 0,057
7814 | —0,049 | --0,040 0,068 || 8169 —0,158 | 0,014 0,166
1838 | —0,017 | —0,083 0.089 || 8205 | —0,026 | —-0,062 0,079
1868 | —0,054 | 0,039 0,069 || 8233 | 0,049 | —0,053 0,075
1908 | —0,031 | 0,022 0,042 || 8271 | —0,061 | 0,080 0,106
1959 | —0,014 | —0,015 | : 0,029 8303 | 0,069 | 0,065 | 0,102
1988 | —0,120 | 0,065 0140 || 8331 | 0,052 | —0,039 | 0,071
| +-0,048 | 0,068 | 0,086 | |
———————…—…— ————— —
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 561
En comparant ce tableau à celui des erreurs d'observation propre-
ment dites, pages 557 à 540, on voit, en effet, que ces dernières ne for-
ment qu'une partie des erreurs des déterminations individuelles de la
différence de longitude; car, » était en moyenne, pour l’une quelconque
des 117 observations — +0°,049.6, tandis que E, = +0°,072.8. Si l’on
entre dans les détails, on peut même se convaincre que des étoiles pour
lesquelles , est très-faible, c’est-à-dire pour lesquelles les différents fils
s’accordaient très-bien, donnent cependant une valeur de la différence
de longitude affectée d’une erreur assez considérable, et vice versà.
Ainsi, pour ne citer que deux exemples tirés de la série du 29 sep-
tembre : pour l'étoile 8152, on a = +05,059 et E,; = +05,120, tandis
que pour l'étoile 7959, on a », = +05,062 et E;= +05,029.
Nous avons déjà indiqué le motif pour lequel les erreurs sur l'ascen-
sion droite doivent être en général plus fortes que celles déduites des
écarts entre les différents fils d'un même passage. Ces dernières, en
effet, qui constituent les erreurs fortuites d'observation, doivent être at-
tribuées en grande partie à l'imperfection des sens de l'observateur, ou
à la variabilité de l'élément physiologique pendant un peu plus d'une
minute; il n’en revient qu'une part insignifiante aux changements très-
faibles qui peuvent survenir pendant un aussi court intervalle de temps
dans l'état des instruments (lunettes, pendules et chronographes ), et
aussi dans les circonstances atmosphériques. Ces dernières causes d'er-
reur doivent, au contraire, se retrouver dans les valeurs E,, que nous
venons de communiquer. Pour pouvoir se former une idée précise de
l'importance relative de ces différents éléments, il sera intéressant de dé-
falquer des valeurs moyennes de E,, pour les différents jours, les quan-
tités correspondantes »,; la partie de l'erreur qui reste, et que nous ap-
pellerons = +5/(E,)—{(u) est donc l'expression des erreurs qui
proviennent, soit de la variabilité ou de l’incertitude des corrections in-
strumentales, élément principal, soit des changements survenus dans
les conditions atmosphériques (réfractions latérales, etc.) dans l’inter-
valle des observations, soit enfin de l'élément physiologique, qui rend
TOME xvII, 2m PARTIE. AT
562 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
variable la correction de chaque observateur d’une étoile à l’autre. Le
tableau suivant Contient ces différentes erreurs; nous y avons ajouté la
valeur de l'erreur J commise par chaque observateur, et dont la combi-
naison produit J,; en supposant une part égale d'erreur pour chacun de
J au
nous, on a J = + 4 L.
Ey
0,070 0,041 Æ0°,057 +0;,040
0,078 0,043 0,065 0,046
0,085 0,053 0,066 0,047
19 septembre....... 0,066 0,053 0,039 0,028
20 0,072 0,046 0,055 0,039
29 0,080 0,056 0,057 0,040
3 octobre 0,049 0,046 0,017 0,012
5 0,080 0,048 0,064 0,045
Moyenne des 417 observations. | 20,072.8 | <0,049.6 | H0,053.3 | H0,037.7 |
On voit par ce tableau que les valeurs de J;, en moyenne un peu plus
fortes que celles de »,, varient plus considérablement d'un jour à l'autre
que ces dernières, ce qui n’est d'ailleurs que naturel. Le 3 octobre se
distingue par une beaucoup plus grande exactitude des observations, et
celte supériorité ne tient pas tant à la diminution des erreurs fortuites
d'observation, qu'à la constance des instruments, à la plus grande préci-
sion des corrections instrumentales, à l’état très-favorable de latmos-
phère et à la constance de l'élément physiologique.
Pour revenir au caleul de la différence de longitude, nous avons done
attribué à chaque étoile un poids proportionnel à la valeur de Œy Pour
à
cette étoile, en prenant pour la valeur moyenne de E, de chaque jour les
nombres inscrits dans la seconde colonne du tableau précédent. Dans les
cas où l'enregistrement avait réussi sur les deux chronographes, on à
pris la moyenne des résultats fournis par les deux appareils, laquelle est
naturellement indépendante du temps de transmission des courants;
mais, dans les autres, il fallait ajouter ou retrancher ce temps de trans-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 363
mission, suivant que le relevé avait été fait seulement sur le chronographe
de Genève, ou sur celui de Neuchâtel. Dans le but d'effectuer cette cor-
rection avec toute l'exactitude possible, nous avons calculé pour chaque
Jour la valeur moyenne du double du temps de transmission, chaque
étoile, dont l'observation a été relevée sur les deux chronographes, four-
nissant une valeur de cette quantité par la comparaison de la différence
de longitude sur les deux appareils. Ce sont ces valeurs qui se trou-
vent dans la colonne, intitulée 2 T, du tableau suivant. I] à été attribué
à chaque étoile, dans le caleul de la valeur moyenne de 27, un poids
: : 1 L ; :
proportionnel à PA # étant l'erreur moyenne denregistrement pour
Pa)
celte étoile, telle qu'on la trouve pages 557 à 540. L'accord plus ou
moins grand dans l'enregistrement des différents fils d’une même étoile
sur les deux chronographes est, en effet, le seul moyen d'évaluer lexac-
tüitude du résultat obtenu par cette étoile pour la différence d’enregis-
tement.
Nous nous réservons de discuter plus tard les résultats que l'on peut
tirer de ce tableau pour la valeur de 2 T, résultats intéressants, parce
qu'ils mettent en évidence des variations assez notables dans le temps de
transmission, et bien supérieures aux erreurs probables. Cette discussion
se trouvera dans un chapitre suivant, dans lequel nous avons examiné
en même temps les résultats que nous ont fournis sur ce point les com-
paraisons de pendules, entreprises précisément dans le but d'étudier de
plus près cette question.
Nous nous bornons à mentionner ici que les observations du 19 mai
n'ayant pu être relevées que sur le chronographe de Neuchâtel, nous
avons pris, à défaut d’une détermination de 2 T pour ce jour, la moyenne
des valeurs fournies par les deux jours suivants, savoir 0°,0375; nous
avons, par conséquent, tenu compte du temps de transmission, en re-
tranchant 05,019 de la différence de longitude fournie par chacune des
observations de ce jour. L'étoile 4771 n’a été relevée, le 20 mai, que
sur le chronographe de Genève; il a été ajouté 05,025 à la différence de
564 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
longitude fournie par cette étoile, 2 T étant en moyenne de 0,050 le
20 mai. De même, nous avons ajouté --0°,00% à l'observation de l'étoile
8152 du 20 septembre, qui n’a été relevée que sur le chronographe de
Genève, la valeur moyenne de 2 T pour ce jour étant 05,008. Enfin, on
a retranché 05,015 des valeurs de la différence de longitude fournies par
les étoiles 8152 et 8169 du 5 octobre, qui ont été enregistrées seulement
sur le chronographe de Neuchâtel, d’après la valeur 0°,050 de 2 T pour
ce jour. Le tableau suivant renferme pour chaque jour, et pour chaque
étoile, le double du temps de transmission 2 T avec le poids correspon-
dant p°, la différence de longitude L avec le poids correspondant P°, Au
bas de chaque jour se trouve la valeur moyenne de 2 T et de L, calculée
en ayant égard aux poids, ainsi que l'erreur moyenne sur chacune de
ces quantités, déduite de la comparaison de chaque valeur individuelle
avec la moyenne.
î | Te I f
Etoile oT p° L | pa Etoile. oT » | L | ps |
B. A. C | B. A. C. | | |
Î [
| 19 mai 1861. | 20 mai 1861. |
|
||
| 4565 | (8M195,753 | 1,22 | 4532 | _Los,047 | 1,17 |3"495,717 | 0,95 |
4593 19,174 | 1,63 || 4565 | 0,058 | 1,69 | 12,788 | 7,16 |
4645 12,794 | 1,24 || 4593 | L0,060 | 0,75 | 12,824 | 3,37 |
4672 | 12,865 | 2,23 || 4645 | 10.045 | 6,75 | 12,870 | 1,30
4690 12,898 | 1,43 || 4672 | 0.051 | 1,69 | 12,931 | 0,59
| 4743 12,884 | 1,76 || 4690 | 0.033 | 0,58 | 12,848 | 7,95
| 4748 12,972 | 0,45 || 4713 | 0,053 | 0,58 | 412,942 | 0,42
4171 12,891 | 2,31 | 4748 | 0,069 | 0,86 | 12,830 | 3,02
| 4799 | 12,807 | 1,48 || 4771 | 12,896 | 0,98
4824 12,830 | 0,73 || 4799 | 0,054 | 1,17 | 192,773 | 1,11 |
| 4850 12,957 | 0,47 || 4824 | 10,046 | 1,69 | 12,754 | 4,55 |
4886 | | 12,877 | 1,56 || 4850 | 0,042 | 0,86 | 12,888 | 1,00 |
| 4997 | 12,826 | 1,43 | 4886 | -L0,048 | 0,86 | 12,666 | 0,64 |
A944 12,998 | 0,25 || 4997 | Lo:045 | 2,64 | 12,715 | 1,30 |
| | | 4944 | 10,059 | 1,17 | 12,313 | 0,19 |
| | | 5034 | 0,030 | 1,00 | 12,686 | 0,72
| | A |
Moyenne. 3 12,851 || Moyenne | —-0,050 13 12,804
| | |
Err. moy. | + 0,018 | Err. moy.| 20,002.7 | 20,020.5|
TEE ] rs |
Etoile >" | p° | L ps || Etoile. oT ai L p+
B. A. C | | B. A. C.
Ï | l | | | |
21 mai 1961. 29 septembre 1561.
4893 | +05,049 | 1,00 3°12,615 | 0,82 || 7688 | —0",003 | 2,25 |3°12°,693 | 0,49 |
1613 | —0,004 1,00 | 12,617 | 1,02 || 7726 | —-0,016 | 0,62 | 12,876 | 3,12
4672 | —0,003 | 1,00 | 42,772 | 1,91 || 7773 | 0.035 | 0,69 | 12,847 |13,03
4690 | 0,004 | 0,73 12,816 | 1,48 || 7814 | —0,008 | 0,39 | 12,727 | 1,37
4713 | 0,024 ! 0,64 | 12,791 | 1,02 || 7838 | —0,001 | 1,00 | 12,897 | 0.81
1748 | —-0,024 | 0,85 | 12,788 | 1,98 || 7868 | —-0,005 | 1,33 | 12,739 | 1,33
| a77i | 0,004 | 1,00) | 12,733 10,80: || 7908 | 0,037 | 1,33 | 12,179 | 3,59
4799 0,012 | 1,00 | 12,848 | 0,82 || 7959 | 0,068 | 1,86 | 12 833 | 7,70
4824 | —E0,025 | 1,78 | 12,589 | 0,63 || 7988 | 0,027 | 0,47 | 12,646 , 0,33
4850 | 0,012 | 0,56 | 12,877 | 0,55 || 8019 | —0,002 | 0,78 | 12,811 | 0,87
4886 | 0,037 | 1,19 12,806 | 1,60 || 8051 | -0,006 | 0,88 | 13,011 | 0,21
4927 | 0,008 | 2,94 | 12,631 | 1,25 || 8078 0,000 | 1,33 | 12,832 |10,46
4944 | 0,045 | 2,94 | 12,984 | 0,17 || 8105 | 0,029 | 0,88 | 12,998 | 0,43
5034 | —-0,028 | 1,00 | 12,716 | 2,82 || 8152 | 0,034 O,8S | 12,987 0,44
——_—_—— | 8169 | —0,005 0,62 | 12,796 | 1,10
Moyenne. | —-0,025 3 12,74 8233 | —L0,029 | 1,33 | 12,866 | 4,64
Err. moy. <0,005.5 |+ 0,025 8271 | 10,043 2,95 | 12,942 | 0,88
= 8303 | 0,050 | 1,56 | 12,904 | 0,47 |
19 septembre 1861 8331 | 0,016 | 1,86 12,929 | 1,16 |
1988 | 0,036 | 1,56 [3195894 | 0,45 || Moyenne! 0,024 3 12,888
8019 | —0,029 | 2,25 | 12,813 | 2,01 ||Err. moy.| 0,006 0,019
8051 | 0,036 | 1,56 | 12,817 | 1,15 |
8078 | —0,026 | 0,36 | 12,962 | 0,86
| 8105 | 0,069 | 1,00 12,897 | 1,49 3 octobre 1861.
|
Moyenne, —-0,035 3 12,863 7773 | —-0:,079 | 1,78 :3"195,854 | 6,46
Err. moy.. 0,011 +0,030 1844 | —-0,024 | 1,314 | 12,852 | 1,63
— 1838 | —L0,036 | 0,79 | ‘12,828 | 2.07
| 20 septembre 1861. 1868 | 0,012 | 2,12 | 12,832 | 2,38 |
mr || 1908 |=-0,034 | 4,784 | 12;857, | "6,60
7418 | 0,005 | 2,89 |3125,852 | 4,77 || 7959 | —-0,017 | 0,88 | 12,889 | 2,30 |
1514 | -L0,078 | 1,47 | 19,833 | 1,59 || 7988 | —L0,027 | 1,36 | 12,887 | 1,08
7616 | +-0,028 | 0,60 | 12,826 | 1,49 || 8019 | -L0,007 | 1,14 | 12,903 | 1,42
1688 | —0,025 | 0,55 |! 12,941 | 1,10 || 8051 | -L0,025 | 0,79 | 12,904 | 0,54
7726 | +-0,073 | 0,27 | 12,991 | 3,63 || 8078 | 0,006 | 1,78 | 12,892 | 0,66
7814 | —0,043 | 1,28 | 12,809 | 0,54 || 8105 | 0,008 | 0,53 | 12,834 | 0,82
1838 | 0,001 | 2,39 | 12,920 | 0,72 || 8159 | | 12,926 | 0,70
1868 —Lo’001 | 1,28 | 12,929 | 1,31 || 8169 12,771 | 0,28
7908 | —+-0,023 | 0,65 | 12,995 | 0,79 || 8205 | —LO,025 | 0,25 | 12,802 | 0,33
1959 | —0,004 | 0,89 | 12,829 | 0,78 || 8233 | 0,044 | 2,12 | 12,905 | 1,41
1988 | 0,061 | 1,77 | 12,964 | 0,84 || 8271 | —-0,032 | 0,64 | 12,822 | 1,07
8019 | 0,031 | 2,00 | 12,843 | 1,88 || 8303 | 0,019 | 0,71 | 12,799 | 0,70
8105 | —0,047 | 2,89 | 12,709 | 0,20 || 8331 | 0,036 | 3,16 | 12,927 | 0,16
8152 | 12,897 | 1,94
|
(Moyenne | —-0,008 13 12,875 Moyenne.| --0,030 3 12,860
Err. moy.) 20,013 | 0,017 Err, moy.| 20,006 0,009.7
566 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Étoile
B. À. C.
5 octobre 1861.
1814 —0°,015 1,90 3219739
1838 +-0,004 0,74 12,748
7868 —0,024 1,57 12,868
1908 0,018 0,33 19,771
1939 0,015 1,32 19,746
1988 0,028 1,57 19,832
8019 —0,001 0,97 19,844
8051 —0,004 0,66 12,955
8078 0,015 0,97 12,908
8105 —0,009 12,807
8152 0,012 19,752
8169 —0,001 12,650
8205 —0,002 12,859
8233 0,006 19,995
8271 —0,006 12,681
8303 0,025 19,828
8334 0,025 19,913
Moyenne —-0,003 3 12,813
Erreur moyenne..| ==0,004 +0,019.5
owvovLmuworrvee
£ ©
© : ©
ISO R&D 11
RW © QE —
OOmmOMUHOOO…— + 0 RO — >
19 C0 C0 Où —= = 19 C9 CO © Où 1 = QE
É
Nous résumons dans le tableau suivant les résultats obtenus pour la
différence de longitude dans les huit jours d'observation. Dans le calcul
de la valeur définitive de la différence de longitude, nous avons attribué
à ‘chaque jour un poids proportionnel 2, y” L, étant l'erreur moyenne
L.
de la détermination de ce jour, et la valeur moyenne de L, étant +0,020.
La colonne intitulée écart renferme la différence entre la moyenne géné-
rale et la valeur individuelle de chaque jour. L'écart moyen d’un jour,
dont le poids est égal à l'unité, est de +0°,041.5, et l'erreur moyenne
du résultat définitif est de +05,014.6.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 567
Erreur moyenne.
L
Poids. Bcart. Nombre d'étoiles.
LL
91925 851 0,018 1,28 —0,008
12,804 0,020.5 0,96 0,039
12,741 0,025 0,64 —-0,102
12,863 0,030 0,44 | —0020
20 LOVE 12,875 0,017 1,41 —(0,032
29 12,838 0,019 1,07 0,005
12,860 0,009.7 496 | 0017
12,813 0,019.3 1,06 0,030
Moyeune.…........| 3M125,843 Z0s,020 Æ0°,041.5
Erreur moyenne... Æ0,014.6
En examinant ce tableau, on voit que les valeurs des différents jours
ne s'écartent de la moyenne générale qu’à peu près dans les limites des
erreurs moyennes L,, qui expriment l'incertitude des valeurs de chaque
jour. En effet:
le 19 mai, l'écart est plus petit que L..
20 PeMaCpasse Rd RE AE RE ELU UHOOSOLS
21 PARdépasse Le rde AMI TAN OSONT
19 septembre » est plus petit que L..
20 »madépasse Fee Eu Meébes0 015
29 » est plus petit que L..
aoctobre ny Lidépasse ide, ion ue, -u17 05007
b) MAHÉDASSOE ACC Ti ere 02010
Ainsi, l'écart sur la longitude est en dedans des limites des erreurs de
la détermination de chaque jour, ou ne les dépasse que d’une quantité
peu considérable, sauf le 21 mai, où probablement des erreurs physio-
logiques et instrumentales ont altéré le résultat". Si, pour cette raison,
on voulait exclure la valeur du 21 mai, comme probablement erronée,
le résultat général, au lieu de :
L — 5" 195,843 +05,014.6.
deviendrait L = 5» 125,849 +0°,010.4.
1 Voir sous ce rapport les remarques faites dans le $ 3 de ce chapitre.
508 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Quoique ce résultat ne diffère du précédent que de 0,006, c’est-à-dire
d’une quantité comprise dans les limites de l'erreur moyenne, il pourrait
paraître préférable pour ce double motif : en premier lieu, son erreur
moyenne est plus faible, et en second lieu, d’après le premier calcul,
l'erreur moyenne d’un jour avec un poids = 1 est +05,041.5, c’est-à-
dire plus du double de la valeur moyenne de L, (+0°,020); tandis
qu'en laissant de côté le 21 mai, l'erreur moyenne d’un jour avec l'unité
de poids n’est que +0,027.5, donc seulement 1,44 fois plus grande
que la moyenne des L, — +05,019.1. Néanmoins, et malgré cette supé-
riorité apparente, nous préférons cependant nous en tenir à la valeur
sénérale obtenue sans l'exclusion du 21 mai, parce que nous avons
trouvé, comme on le verra dans le chapitre suivant, tel jour où l’'équa-
tion personnelle s’écarte pour le moins autant de la moyenne, que cela à
lieu pour la différence de longitude du 21 mai. I} faudrait donc, si l'on
voulait exclure le 21 mai, en faire autant pour la valeur extrême trou-
vée le 16 octobre dans la détermination de l'équation personnelle, et
comme la combinaison de ces deux valeurs extrêmes de la différence
de longitude brute et de l'équation personnelle donne un résultat parfai-
tement d'accord avec la moyenne, il vaut mieux, à ce qu’il nous semble,
conserver ici, comme nous l'avons fait partout dans ce travail, toutes
les données de l'observation.
Nous ajoutons encore, que si l'on avait attribué à chaque observation
le même poids, on aurait trouvé pour la moyenne arithmétique des
117 étoiles :
L = 5" 125,852.
, On voit ainsi, que de toute façon nous avons réussi à atteindre le
but que nous nous étions proposé, de déterminer la différence de longi-
tude de nos deux observatoires à un centième de seconde près environ,
abstraction faite de l'équation personnelle, dont nous allons maintenant
nous occuper.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 569
CHAPITRE IV.
Équation personnelle.
K 1.
Nous avions apprécié, dès le commencement de notre travail, toute
l'importance que lélément physiologique devait avoir sur son résultat,
aussi avions-nous résolu d'apporter des soins particuliers à la détermina-
tion de notre équation personnelle. On peut employer dans des recherches
de cette nature deux méthodes différentes pour faire disparaitre du résultat
la différence qui existe dans la manière d'observer des deux astronomes;
d’après la première de ces méthodes, après avoir fait une première série
d'observations, dans laquelle chacun observait dans sa propre station,
les deux astronomes échangent leurs stations respectives, et ils font dans
ces nouvelles conditions une seconde série d'observations en nombre
égal à la première, En prenant la moyenne des deux séries, on obtient,
pour la différence de longitude, un résultat dans lequel léquation per-
sonnelle est éliminée; mais la demi-différence des deux séries ne peut
être envisagée comme l'expression de cette équation que sous une double
supposition : il faut supposer d'abord, qu'avec un instrument étranger,
dont ils n'ont pas habitude et qui à un autre réticule et un autre gros-
sissement, l'observation se fasse par les deux astronomes de la même
manière, que si chacun d'eux se servait de son propre instrument. I faut
supposer ensuite, que tous les autres éléments dont l'influence sur la
détermination de la longitude est sensible, tels que l'état électrique des
lignes, l'intensité des courants, le fonctionnement des appareils, etc.,
soient identiques dans les deux séries. Cette méthode a, en outre, lin-
convénient pratique que les deux observateurs doivent se déplacer à la
fois, chacun d'eux se trouve comme dépaysé dans un observatoire étran-
ger, et le fonctionnement régulier des appareils, piles, chronographes, ete.
ToME xvI1, 2m PARTIE. 48
310
37( DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
n'est plus obtenu avec autant de facilité et de sûreté. Nous avons voulu
néanmoins essayer aussi ce moyen, mais, comme il à été dit, les cir-
constances nous ont empêchés de l'exécuter.
La seconde méthode consiste à déterminer d’une manière indépen-
dante l'équation personnelle des deux observateurs, et de l'apporter
comme correction au résultat obtenu pour la différence de longitude.
C’est ce que nous avons fait, d’abord par les moyens astronomiques or-
dinaires, et ensuite par un nouveau procédé qui permet de déterminer
la correction absolue de chaque observateur. Comme ce dernier exige
des explications spéciales, nous parlerons d’abord des déterminations
astronomiques.
An
19
La première série d'observations faites en vue de la détermination de
notre équation fut exécutée à Genève; mais cette série est fort incom-
plète, car elle ne comprend que neuf étoiles, et les conditions étaient
très-défavorables. Aussi lavons-nous conservée uniquement en vue de
nous conformer au principe, une fois admis, de n’exclure aucune don-
née; mais on verra par le calcul final, qu’en raison de son poids mi-
uime, cette détermination n’exerce presque pas d'influence sur le résultat
général.
Nous avons donc observé à Genève, le 25 mai 1861, neuf étoiles de la
manière suivante : ou bien le passage complet d’une étoile était observé
alternativement par l’un ou l’autre de nous deux; dans ce cas, la compa-
raison de ce passage avec celui du 21 mai observé par Plantamour don-
nait pour la marche de la pendule une valeur différente, suivant que le
passage du 25 avait été observé par Hirsch ou Plantamour, et la diffé-
rence était notre équation. Ou bien nous observions tous les deux la
même étoile aux différents fils de Ja lunette; la réduction au fil moyen
des fils observés par chacun de nous fournit alors notre équation.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 371
Voici ces observations, auxquelles nous ajoutons les erreurs moyennes
», déduites de l'accord des fils entre eux.
| | 21 mai 1861. | 23 mai 1861
= I
vel Passage. . Passage. v | Passage. %
|ESrsRa
| | h m s s ROUES s
563 PI. 13 34 45,064-0,046/PI. 13 34 45,5852#0,032
4593/PI.(3 fils) 40 35,654 0,060/PI. 40 36,1392#0,039 éme s
4645 PL. AT R NO ODA SSSR RE Ut te come I. (3fils)13 47 60,471+0,091
4672 PI. 55 0,383-0,046/....... sas ete eusters H. 55 0,854#0,039
1690 /PL 59 48,0132#0,062) PI. 19 48,319 0,044
MST MAMIE PA TE ee Il. 14 5 40,191#0,049
12 48,91520,069 PI. 14 12 49,315 0,047
PI. (2 1ils)13 38 6,4270,013/IL(3fls)13 38 6,453 0,049
IP. (3 fils) 43 41,1480-0,062/H.(2fils) 43 41,4070,013
En déterminant d’abord, au moyen des quatre étoiles nos 4565, 4593,
1690 et 4748, que M. Plantamour a observées le 21 et le 25 mai, la
marche absolue, M, de la pendule, on trouve, en supposant PI.—PI.—0,
M = —05,445 +05,050.
En caleulant avec cette marche le passage, tel qu'il aurait été observé
par M. Plantamour le 23 mai pour les trois étoiles nos 4645, 4672 e
4715, eten le comparant au passage observé réellement par M. Hirsch,
on trouve, en prenant pour la valeur de , correspondant à Funité de
poids, +05,075 :
Étoile. Équation Vo
BA © (P-H)e d Poids.
4645 05,137 0H 0,45
1672 10,026 0,078 0,92
4113 0,032 0,072 1,08
4572 10,026 0,0 2,15
1619 —-0,227 0,064 1,37
Moyenne. —-0,082 0,046
! Quant aux signes, nous avons suivi partout le principe de les entendre dans le sens de «correction,»
et non pas « d'élat» ou + d'erreur,» de sorte que les différentes quantités doivent être ajoutées simple-
372 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
avec +05,103 pour l'erreur moyenne d’une observation, dont le poids
est égal à Punité.
Le procédé, d'après lequel deux astronomes observent alternativement
le passage de la même étoile aux différents fils de la lunette, est certai-
nement préférable à l’autre, où ils observent alternativement des étoiles
différentes, parce qu'il est indépendant de la variation de la pendule et
des corrections instrumentales. Cet avantage est surtout considérable, si
la lunette, dont on se sert, a un grand nombre de fils. Aussi l’avons-nous
employé exclusivement dans les deux autres nuits du 16 octobre 1861
et du 26 avril 1862, où nous avons observé ensemble, à la lunette de
Neuchâtel, la première fois 25 et la seconde fois 42 étoiles; pour élimi-
ner du résultat les erreurs des distances des fils, nous avons toujours
alterné dans ce sens, que si une étoile quelconque a été observée par PI.
aux dix premiers fils, et par H. aux dix derniers, pour l'étoile suivante
H. à observé les dix premiers, et PI. les dix derniers.
Malheureusement, dans la nuit du 16 octobre, le ciel était très-peu
favorable, les images des étoiles étaient très-ondulantes, et les nuages
empêéchaient parfois l'observation à certains fils. Au moment où l’obser-
vateur venait de fermer le courant enregistreur, il énonçait son opinion
sur la valeur de l'observation, et il indiquait en particulier les cas dans
lesquels il avait la conscience, que le mouvement du doigt sur la clef
électrique eût précédé ou suivi la bissection de Pétoile par le fil. Ces re-
marques ont été notées sur un carnet, et dans le calcul nous avons mis
de côté tous les fils qui étaient ainsi notés comme mauvais. Dans les
tableaux suivants, nous avons toujours indiqué le nombre des fils ob-
servés par chacun de nous, et qui sont entrés dans le calcul, ainsi que
l’ordre suivant lequel le passage a été observé.
ment avec leurs signes. Par conséquent, la correction physiologique est toujours négative, à moins qu'il
n'y ait anticipation. Et comme cette correction est plus forte pour M. Hirsch que pour M. Plantamour,
c’est-à-dire que M. Plantamour observe plus tôt que M. Hirsch, notre équation PI.-H. est positive, et doit
être ajoutée à la différence brute des passages observés à Genève et à Neuchâtel, pour obtenir la diffe-
rence de longitude.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
Neuchâtel, le 16 octobre 1861.
Étoile,
B. A. C.|
1688
7726
! 7773
7814
1838
1868
7908
| 7959
Nombre
des
fils observés.
PASSAGE RÉDUIT AU FIL MOYEN.
Plantamour.
. 10 H. 10,22h 0"215,690
. 10 PI 8
.10H. 9
. 10 PI. 10]
. 40 H. 10!
. 8PI.
.10 H.
. 40 PI.
. 10 H.
. 10 PI.
“HAONHE
: 10PLE
FORT
. 10 PI.
. 10H.
AIONRIE
10 H.
. 40 PI.
. 10 H.
SIOPIE
AO
A UHIOIBIE
. 10 H.
5 9,144
11 13,102
19 53,704
24 39,486
29 56,126
36 15,119
45 13,071
49 57,080
43,514
42 31.393
*"4741,113
53 54,054
59 56,954
4 33,062
14 4,537
20 0,612
24 40,380
29 49,469
35 21,141)
40 3,380
v,
05,031
0,042
0,037
0,042
0,048
0,040
0,045
0,048
0,042
0,075
0,037
0,041
0,034
0,046
0,026
0,063
0,037
0,036
0,037
0,020
0,032
47 38,281
56 37,235]
|
0,037
0,054 |
Iirsch.
v,
Correction
PI. II.
Va
29,015 |+0°,052 |-L0:,323 |+0:,060
2,286 |
13,329
54,117
39,670
36,466
15,303
15,216
57,362
43,837
21,625
41,453
[RÉ
84,247
57,161
33,302
3,676
0,662
40,719
49,477
21,890
3,585
38,435 |
37,960
0,032
0,019
0,083
0,050
0,041
0,043
0,027
0,041
0,039
0,024
0,046
0,040
0.034
0,033
0,042
0,030
0,039
0,031
0,030
0,024
0,031
0,022
|+-0,142
10,227
0,413
0,340
ÊE
Lo 184
0,053
0,042
0,093
0,069
0,057
—-0,184 |
—-0,145
—-0,282
10,323
0,232 |
0,340
0,193
0,240
0,139
0,050
0,008
0,143
10,205
— 0,154
0,195
0,207
—L0,339 |
Poids.
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Neuchâtel, le 26 avril 1862.
co
©
a
19
4096
4119
4137
4171
41254
1268
4604
| 4645
4658
4672
4690
4702
4720
4748
4762
4786
4802
4824
4850
ASTR
1898
4927
4941
5008
5043
5073
| 5095
5119
5148
1208!
:
0,033
0,023
0,023
0,024
0,018
0,040
0,023
0,019
0,028
0,043
0,021
0,025
0,023
0,020
0,011
0,022
0,034
6,049
0,034
0,017
0,024
0,021
0,032
0,027
0,028
0,014
0,018
0,021
0,028
0,024
0,028
0,023
0,013
0.027
6,020
0,020
0,032
0,029
0,026
0,025
0,024
0,032
NAME PASSAGE RÉDUIT AU FIL MOYEN.
es =
fils observés. | Plantamour. ve Hirsch.
PI. 9H, 10/41 9365,121|#+05,031 | 36,341
H. 9PI. 9] 30 7,997| 0,034 | S,140
BIENOEESS 33 46,510! 0,031 | 46,596
H. 8 PI. 10/11 38 37,145! 0,022 | 37,190
H. 10 PI. 10/12 3 28,319] 0,042 | 28,456
BIENOIHEE9 1 38,424, 0,030 | 38,541
H. 10 PI. 10 12 2,876| 0,032 3,032
PEMORÉETO 16 30,915) 0,030 | 31,019
HT PIN0 22 32,183| 0,043 | 32,354
PI. 10 H. 10) 31 47,219] 0,030 | 47,358
H. 10 PI. 10142 35 7,325| 0,047 1,393
PI. 9H. 10/13 4 4,727| 0,017 | 4,819
H. 9 PI. 10 8 59,371| 0,015 | 59,522
PI. 40 H. 10 14 2,854] 0,026 | 3,047
H. 9PI 9 18 22,953] 0,030 | 23,115
PI, 10H. 10] 22 37,255] 0,024 | 37,393
H:… 9/Pl...9 28 48,061| 0,031 | 48,230
PI. 9H. 9] 34 49,873] 0,027 | 49,961
H. 9PI 10 38 10,575] 0,034 | 10.676
PI. 10 H. 10] 41 88,870| 0,021 | 58,773
H. 19 PI. 10 48 4,488] 0,022 | 4,671
PI. 10 H. 10 51 30,725| 0,024 | 30,897
H. 10 PI.40 55 4,893] 0,038 | 4,992
PI. 9H. 10113 59 52,689] 0.028 | 52,841
H. 10 PI. 1014 4 11,566| 0,026 | 11,624
PI. 9H. 9! 737,833] 0,051 | 37,895
H. 10 PI. 10 12 53,492] 0,024 | 53,617
PI. 10 H. 10| 16 19,529] 0,020 | 19,613
H. 10 PI. 10 20 37,432| 0,038 | 37,627
PI. 10 H. 10| 23 47,024| 0,036 | 47,161
H. 8 PI. 9| 29 23,250! 0,043 | 23,402
PI. 10 H. 10 35 19,696! 0,031 | 19,729
H,10/Pl.8 40 44,028] 0,036 | 44,135
PI TSH EN 0 44 19,350] 0,021 | 19,424
HA ONPI 9 50 26,401| 0,023 | 26,618
PI. 10 H. 1014 54 37,457] 0,031 | 37,622
PI. 10 H. 10145 6 13,111| 0,032 | 13,198
H.10PI. 8| 12 23,651| 0.026 | 23,786
PI. 10H. 10| 17 4,529| 0,030 | 4,692
HO IRINIO) 22 7,656] 0,048 7,756
PI. 10 H. 10 26 19,117| 0,028 | 19,317
H. 10 PI. 8115 29 56,580| 0,016 | 56,667
|
|L0,086
|-L0,104
[0,139
|-L-0,068
|L0,1925
110,137 |
|
Correction
PI.-N.
+-0:,220
0,143
0,045
0,107
0,117
10,136
0,171
0,092 |
0,151
10,193
0,162
—-0,038
—-0,169
-L0,088
0,101
0,205 |
—-0,183
—-0,172
—-0,099
—+-0,152
—-0,058
— 0,062
0,084
10,198 |
—-0,152
—-0,033
—+ 0,107
—-0,074
0,217 |
0 165
0,082
0,135
01163 |
—-0,100
—L0,200 |
—-0,087
J
0*,063 |
0,040
0,045
0,032
0,032
0,046
0,033
0,018
0,027
0,032
0,032
0,050
0,039
0,038
0,053
0,030
0,029
0,047
0,04
0,051
0,038
0,038
0,034
0,030
0,036
0,045
0,039
0,040
0,054
0,037
0,036
TOC
DONNÉE OLDLOC— C0 II © 1 Er Co Ur
COS nr OO — 19
On ——
+ Or
© Pour les deux étoiles, 3979 et 4208, les notes du carnet marquent que l'observation est moins sûre
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATE! 519
Dans ces tableaux, dont nous expliquerons tout à Fheure les subdivi-
sions indiquées par des alinéas, on trouve le passage de chaque étoile,
tel qu'il résulte de la moyenne des fils observés par chacun de nous et
réduits au fil moyen; puis, sous les rubriques », et »,, les erreurs
moyennes de ces passages, conclues de Paccord entre eux des fils observés;
ensuite notre équation avec son erreur MOYENNE = + y (.) Be ne
et enfin le poids qui convient à chaque étoile d’après la valeur de »4.
La moyenne arithmétique de l'équation, fournie par fes 25 étoiles obser-
vées le 16 octobre, est : PL—H.=— -0$,215 +05,021, l'erreur moyenne
pour une étoile étant +0,100. En ayant égard aux poids déterminés
par la valeur moyenne de #% = +0°,057, on trouve pour la valeur pro-
bable de ce jour :
PI.—H. — +0°,202 +0°,020.5
avec +05,098.5 pour l'erreur moyenne d'une observation, dont le poids
est égal à l'unité.
Le 26 avril 1862, on trouve pour la moyenne arithmétique des 42
étoiles
PI.—H. = --05,127 +05,008,
l'erreur moyenne de l'observation d’une étoile étant +05,051.
Si l’on lient compte des poids déterminés par la valeur moyenne
de x = +05,040, on obtient l'équation probable
PI.—H. = +-0°,150 +05s,008.4
avec une erreur moyenne de +0°,054 pour une observation, dont le
poids est égal à l'unité.
On voit d'abord très-clairement linfluence des circonstances atmos-
phériques défavorables du 16 octobre; car non-seulement l'accord des
éloiles entre elles est presque deux fois moindre ce jour-là que le
à cause du chronographe, soit parce que le mouvement de ce dernier était irrégulier (on a été obligé
de l'arrêter et de le remettre en état après l'étoile 3979), soil parce que les plumes marquaient mal
Il a été attribué, pour cette raison, à ces deux étoiles un poids moitié de celui qui leur reviendrait par
l'accord des fils entre eux, vu qu'une cause autre que cette dernière a pu influer sur l'exactitude de
l'observation.
3576 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
26 avril, mais aussi l'accord des fils entre eux montre une infériorité
analogue; l'erreur moyenne d’un fil est, en effet,
le 16 octobre . . .. : .....… +05130
le26 avril. . : .. + 0:0935
tandis qu'on se rappelle que, dans nos observations de longitude, cette
quantité était en moyenne +05s,097.
Mais ce qui frappe surtout, c’est la variation de l'équation elle-même ;
un examen attentif des tableaux précédents montre que notre équation
varie, non-seulement d’une époque à l’autre, car les trois valeurs
23 mai 1861 PI.—H. 05,082 +05,046
16 octobre 1861 » 05,202 +05s,021
26 avril 1862 ) 05,150 +05,008
diffèrent entre elles bien plus que ne le comportent les erreurs moyennes
de chacune, mais aussi dans le cours de la même nuit, d’une étoile à
l’autre. En elfet, l'erreur moyenne dans l’observation d’une étoile, con-
clue de l'accord des étoiles entre elles, est plus forte que l'erreur moyenne
qu'on trouve par l'accord des fils, comme on le voit par le rapproche-
ment des chiffres suivants :
Ea Va
16 octobre . . . . . . . +05,0985 @+0:057
ONEN AMIE ee SAN a LETE +05,040
Il ressort de ces chiffres que, le 16 octobre, il y à eu d’une étoile à
l'autre une variation physiologique dans notre équation de +05s,080, ce
qui fait pour chacun de nous, la part de chacun étant supposée égale,
+05,056.5. Le 26 avril, on trouve, pour là part qu'il faut admettre dans
la variation physiologique de l'équation personnelle d’une étoile à l'autre:
+0$,037, et pour chacun de nous, +05,026. Elle est done moins de la
moitié de ce qu'elle était le 16 octobre, tandis que l'erreur fortuite des
fils a varié seulement dans le rapport de 57 à 40; ce qui n’est pas sur-
prenant, puisque, selon toute probabilité, la variation de la correction
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 517
personnelle doit être moins forte d'un fil à l'autre, que d’une étoile à
l'autre.
On voit, en même temps, que l'équation personnelle varie bien plus
fortement, lorsque les conditions extérieures de l'observation sont mau-
vaises; et cela s'explique facilement, car, si les images des étoiles
sont ondulantes, il y a nécessairement une espèce dhésitation chez
l'observateur à saisir le moment de la bissection, où il doit fermer le
courant enregistreur. Cette hésitation, ou attente, dont l'existence réelle
se fait sentir d’une manière très-palpable, surtout pour des étoiles po-
laires, s'ajoute pour ainsi dire au temps physiologique normal, qui est
nécessaire pour l'opération des fonctions de la vue, de la transmission
nerveuse el du mouvement du doigt; et cela, dans une mesure d’au-
tant plus forte et d'autant plus variable, que l’image de l'étoile est plus
ondulante, plus diffuse et plus faible.
Cette variabilité, qui se manifeste dans l'équation personnelle, non-
seulement d’une époque à l'autre, mais aussi d’une étoile à l'autre, nous
a engagés à augmenter encore le nombre des déterminations, et nous à
paru assez intéressante pour mériter un examen plus détaillé. Comme
lun de nous s'était déjà occupé de la question de la vitesse de trans-
mission des différentes sensations" et avait construit un appareil spécial,
qui permet de déterminer avec une grande sûreté la correction person-
nelle absolue pour les observations de passage, nous avons résolu de
déterminer notre équation aussi par cette autre méthode.
An
©
Les expériences, dont nous allons maintenant rendre compte, ont été
faites, non plus avec le chronographe, mais avec le chronoscope de
M. Hipp, qui permet de mesurer les millièmes de seconde directement,
et, comme nous allons le voir, avec une grande exactitude. Comme cet
! Voir les Bulletins de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, tome VI, premier cahier, p. 101,
second cahier, p. 265.
TOME XVII, 2m€ PARTIE. 49
518 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
instrument est, parmi tous ceux qu’on a inventés pour la mesure de
petites fractions de temps, un des plus exacts et en même temps des
plus commodes, nous allons en donner une description sommaire.
Le chronoscope est, au fond, un mouvement d’horlogerie mu par un
poids et dont le régulateur est encore le ressort vibrant, comme dans
les chronographes ; seulement ici, ses dimensions sont telles, qu'il fait
1000 vibrations par seconde. On s’en assure au moyen d’un diapa-
son qui fait ce nombre de vibrations, et avec lequel le son du ressort
doit être à l’unisson, une oreille tant soit peu exercée découvre déjà
une différence de vingt vibrations; on termine le réglage par des expé-
riences, el au moyen d’une vis de réglage très-fine, représentée par V,
planche IV, fig. 1. Ce ressort f appuie sur les dents de la roue d’échap-
pement s, de sorte que dans le repos il la retient à peine. A côté, se
trouve un levier de dégagement a à trois bras, à l’un desquels est atta-
chée la corde C, que l’on tire pour faire marcher le chronoscope. Le
second bras porte une tige e, qui butte contre les dents de la roue d’é-
chappement; le troisième, enfin, retient le cliquet b, lequel, appuyant
sur les dents de la troisième roue, donne à cette roue, lorsqu'il est dé-
gagé, une forte impulsion, dont l'intensité est déterminée par le ressort
d. Cette impulsion est communiquée, par l'intermédiaire de la roue 7,
à la roue d'échappement, et par conséquent aussi an ressort vibrant,
qui, mis ainsi en vibration, continue à osciller comme un pendule
écarté de la verticale. Pour arrêter le mouvement du chronoscope, il
suffit de tirer la corde C’; le cliquet b revient alors dans la position où
la figure 1 le représente, dans laquelle il appuie contre les dents de la
troisième roue, en même temps que la pièce e vient butter contre les
dents de la roue d'échappement.
La roue d'échappement, munie de vingt dents, dont il en passe une
sous le ressort à chaque millième de seconde, tourne ainsi en ‘/., de
seconde; et au moyen d’un pignon de dix, elle fait tourner la roue r,,,
qui, ayant cinquante dents, doit tourner dans un dixième de seconde,
emportant avec elle l'aiguille supérieure Z, (voir fig. 2 et 3). Comme le
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 319
cadran sur lequel cette aiguille se meut est divisé en cent parties, cha-
cune de ces divisions correspond à un millième de seconde. Par la
figure 2 on verra facilement comment ce mouvement de la roue r, est
communiqué, au moyen des deux pignons À, et À, et de la moyenne
r,, à la roue r,, et par conséquent à l'aiguille inférieure Z,. Le rouage
est calculé de telle sorte, que celle-ci marche cent fois plus lentement que
l'aiguille supérieure; et comme son cadran est divisé également en cent
parties, elle avance d’une division chaque fois que l’aiguille supérieure
fait un tour entier. On voit ainsi qu'on lit sur le cadran supérieur les
millièmes, et sur le cadran inférieur les dixièmes de seconde.
Tout ce rouage des aiguilles, et c’est là un point essentiel dans la
construction du chronoscope, est indépendant du rouage principal, de
manière que ce dernier peut marcher sans emporter les aiguilles, les-
quelles ne participent au mouvement, que lorsque l'axe de l'aiguille su
périeure est poussé en avant au moyen de l'interruption d’un courant
électrique, comme nous le verrons tout à l'heure. On arrive ainsi, ce
qui est indispensable pour la mesure de petites fractions de temps, à
faire tourner les aiguilles avec toute la vitesse du mouvement principal,
et cela, dès qu’elles sont libres de se mouvoir, et sans qu'elles aient à
vaincre d’abord linertie. Voici comment on a obtenu ce résultat :
Dans la figure 2, on voit un électro-aimant E, dont l’'armature ! appuie
par la vis C, qu’elle porte à l’une de ses extrémités, sur l'axe w de lai-
guille Z,. Cet axe, qui passe librement à travers le pignon de la roue r,,
peut se mouvoir horizontalement en avant et en arrière; il porte, outre
l'aiguille Z, et le pignon A,, encore une pièce ”, pouvant faire encli-
quetage avec l’une ou l’autre des roues à couronne K, et K, (voir fig. 5),
dont chacune porte cent dents pointues. La première K, est fixée sur
l'axe de la roue r,, et tourne par conséquent avec celle-ci; l'autre K,, au
contraire, de forme identique à la première, est vissée sur la platine
antérieure. Par conséquent, à mesure que l'axe w de l'aiguille avance ou
recule, la pièce » doit engrener tantôt avec K,, et dans ce cas elle est ar-
rêtée, tantôt avec K,, et alors elle tourne avec le rouage. On voit facile-
580 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
ment par les figures 2 et 5 que, lorsque l'ancre / est attirée, l'axe w ainsi
que la pièce » sont poussées en avant et les aiguilles sont arrêtées; si
l'ancre, au contraire, est lächée, »m engrène avec K,, et fait participer
ainsi le rouage des aiguilles au mouvement du rouage principal.
Il suit de tout ce que nous venons de dire, que les aiguilles du chro-
noscope se meuvent, lorsque le courant qui cireule dans la bobine de
l'électro-aimant est interrompu, et qu'elles s'arrêtent au moment où ce
courant est rétabli. Le chronoscope de Hipp est, par conséquent, un
instrument qui mesure le nombre de millièmes de seconde qui s’écou-
lent entre l'ouverture et la fermeture d’un courant électrique.
On peut donc s’en servir, par exemple, pour mesurer la chute des
corps, en faisant tomber une boule dune fourchette sur laquelle elle
reposait (voir la fi. 4); cette fourchette, s'entr’ouvrant avec une grande
rapidité, laisse échapper la boule, et interrompt en même temps le cou-
rant, lequel est rétabli au moment où la boule frappe sur la planchette
et produit un contact par le choc. On S'en est servi aussi avec succès
pour mesurer la vitesse des boulets.
Dans nos expériences, l’arrangement était tel, que le phénomène
qu'on voulait observer, savoir le passage d’un point lumineux devant un
fil, interrompait le courant et mettait ainsi les aiguilles du chronoscope
en marche, tandis que l'observateur fermait le courant au moment où il
apercevait le passage, et arrètait les aiguilles. On comprend que le
chronoscope doit indiquer de cette façon l'intervalle entre le moment
réel du passage, et le moment où on l’observe, c’est-à-dire la correction
personnelle absolue, ou bien le temps physiologique qui intervient dans
les observations astronomiques de passage faites d’après la méthode
américaine, Ce temps physiologique se compose de trois éléments, qu'il
est difficile de séparer : 10 le temps nécessaire pour la perception dans
l'œil et la transmission de la vision au cerveau; 2 l’action du cerveau,
qui transforme, pour ainsi dire, la sensation en acte de volonté; 30 la
transmission de l'acte de volonté à travers les nerfs moteurs, et l'exécution
du mouvement par les muscles du doigt. Nous ne pouvons pas éntrer ici
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 981
dans plus de détails sur ce sujet; mentionnons seulement qu'il à été
possible de mesurer au moyen du chronoscope la vitesse de transmission
dans les nerfs sensitifs, qu'on a trouvée égale à 34 mètres par seconde
Il s'agissait donc, pour remplir notre but, de construire un appareil
qui permit d'observer dans la lunette méridienne des points lumineux,
des étoiles artificielles, pour ainsi dire; de plus, au moment où ces
étoiles passaient réellement devant le fil de la lunette, un courant élec-
trique devait être interrompu, de façon à mettre en marche les aiguilles
du chronoscope qui étaient de nouveau arrêtées, lorsque l'observateur
fermait le courant en appuyant sur la clef électrique. La mire nocturne
de l'observatoire de Neuchâtel, dont il a été question dans le chapitre LE,
facilitait beaucoup cette tâche; car, en masquant la flamme de la mire
par un écran percé d’un petit trou, on voit dans la lunette un point lu-
mineux tout à fait semblable à une étoile de deuxième ou troisième
grandeur.
La figure 5, planche IV, représente l'appareil à laide duquel on par-
vient à donner à cette étoile artificielle un mouvement convenable et,
en même temps, à interrompre un courant au moment où elle passe
devant le fil de la lunette. Un plateau en fonte B est fixé solidement au
pilier G, sur lequel se trouve la flamme F du bec de gaz de la mire, ce
plateau porte le couteau d’un pendule double P en fonte, qui, chargé
de deux poids mobiles M et M', peut osciller dans un plan perpendicu-
laire à l'axe de la lunette méridienne (dans la figure, ce plan est perpen-
diculaire à celui du papier) et dans une étendue de quelques degrés,
50 environ. Un aide écarte le pendule de sa position verticale Jusqu'à un
! Voir les Bulletins de Neuchâtel, tome VI, premier cahier, p.110, On y trouvera aussi les détails sur
les expériences spéciales par lesquelles on détermine l'intensité que doit avoir un courant pour que jes
temps d'attraction et de relâchement de Fancre deviennent égaux, condition qu'il faut remplir si l'on
veut que l'intervalle, pendant lequel les aiguilles tournent, soit exactement celui qu'on doit mesurer. On
y explique aussi le moyen par lequel on parvient à déterminer, avec une grande exactitude, la valeur
en temps d'une division du cadran du chronoscope. Ensuite on y trouve la preuve que l'erreur instru-
mentale moyenne d'une observation chronoscopique est au-dessous de 2 millièmes de seconde, pourvu
qu'on emploie la force voulue du courant; de sorte qu'une vingtaine d'observations suffisent pour réduire
l'erreur instrumentale du résultat au-dessous même d'un demi-millième de seconde.
982 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
point fixe, et le lâche ensuite sans lui imprimer de vitesse. Comme ce
n’est pas cette première oscillation qui est utilisée pour l'observation,
mais seulement le retour suivant du pendule à la verticale, et que tout
l'appareil est assez lourd, on obtient ainsi une vitesse suffisamment ré-
gulière.
Au toit du bâtiment de la mire, au-dessus de la flamme, on a fixé un
axe horizontal mobile À, qui porte d’un côté l'écran E, et de l’autre une
tige verticale T; cette dernière se rattache au pendule au moyen d’une
calotte G, mobile le long du pendule, et dont la pointe entre dans lun
des trous qui sont percés dans la tige. Comme l'écran E, aussi bien que
la tige T, peuvent tourner autour de l'axe A, il est évident que, de cette
manière, le pendule entraine aussi dans ses oscillations l'écran E, placé
devant la flamme, et cela avec une vitesse différente, suivant qu'on place
la calotte C plus haut, ou plus bas. Voilà donc la première condition
réalisée : un point lumineux qui se meut régulièrement, et dont on peut
observer le passage devant le fil de la lunette méridienne, tout à fait
comme on observe le passage d’une étoile véritable.
Pour obtenir maintenant l'interruption du courant à l'instant du pas-
sage du-pendule par la verticale, on a placé sur le même plateau B, qui
porte le pendule, mais d’une manière isolée, une tige en laiton L, mobile
sur deux pointes fines et dans un plan parallèle à celui des oscillations
du pendule. Cette tige repose, dans sa position verticale, contre un
buttoir H, fixé solidement au pilier. En outre, on a fixé au pendule un
bras horizontal R, lequel, lorsque le pendule fait son excursion orien-
tale, vient appuyer contre la tige L et l’entraine dans son oscillation, en
abandonnant dans sa position de repos, au moment où le pendule
passe par la verticale pour commencer son excursion occidentale. La
tige Let le bras R portent aux points, où ils se touchent, des surfaces
de contact en platine, et tous deux sont, en outre, reliés métalliquement
à des fils qui partent de l'observatoire et forment un circuit qui passe
par le chronoscope et par la pile. On comprend facilement que, de cette
manière, le courant est établi pendant tout le temps de l’excursion orien-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 985
tale de la partie supérieure du pendule, et qu'il est interrompu à l’ins-
tant où le pendule passe par la verticale pour faire son excursion occi-
dentale. On obtient un réglage exact sous ce rapport à l’aide d’une vis
micrométrique v, fixée à l'extrémité de la tige L; on laisse le pendule
venir au repos, puis on amène le fil mobile de la lunette, qui sert à ob-
server les passages du point lumineux, à bissecter l'étoile artificielle dans
cette position, et en même temps on règle la vis v de manière à ce que
le contact soit justement et à peine établi, ce dont on s'aperçoit avec une
grande sûreté par le chronoscope, qui fait entendre une suite d’interrup-
tions et de rétablissements du courant avec des intervalles excessivement
courts et disparaissant peu à peu; on acquiert ainsi la preuve que les
deux surfaces de contact se touchent à peine.
Après avoir réglé ainsi l'appareil, observation se fait simplement
ainsi : un aide écarte le pendule de la verticale, de façon que le poids
supérieur M, ainsi que l'écran E, dont les oscillations ont lieu dans le
même sens que celui-ci, soient déviés du côté de l'Ouest, puis il le
lâche. L'observateur placé à la lunette altend que le point lumineux
ait passé devant le fil mobile dans le sens de Ouest à l'Est, pour
donner un signal, afin d’avertir une troisième personne placée près du
chronoscope, dans une chambre voisine, de mettre l'appareil en mou-
vement en tirant la corde C; mais, tant que le pendule supérieur M
accomplit son excursion à l'Est de la verticale, les aiguilles du chronos-
cope restent immobiles, parce que le courant n’est pas interrompu. Elles
ne se meltent en mouvement que lorsque le pendule supérieur passe par
la verticale en allant de l'Est à l'Ouest, parce qu'à l'instant même le
courant est interrompu. L’observateur, qui voit dans la lunette le point
lumineux passer de l'Est à l'Ouest devant les fils, ferme le courant à
l'aide de la clef électrique au moment où il observe la bissection par le
fil mobile, et il arrête ainsi les aiguilles. La personne placée près du chro-
noscope arrête alors le mouvement en tirant la corde C', et lit sur les
cadrans le nombre de millièmes de seconde dont les aiguilles ont avancé
dans l'intervalle qui s’est écoulé entre le moment, où l'étoile artificielle a
584 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
réellement passé devant le fil, et celui où le passage a été observé. I faut
encore ajouter que la vitesse angulaire du point lumineux était dans ces
expériences, à très-peu près, celle d'une étoile équatoriale.
Les deux tableaux suivants contiennent les séries d'observations que
nous avons faites le 4 et le 5 novembre 1862, d’après la méthode ex-
pliquée ci-dessus.
4 novembre 1862.
2ne série, PI. gme série, PL | 4 série, Hirsch | 5" série, PI. Ge série, Hirsch
(suite). (suite). (suite). (suite). (suite).
—112 —180 — 13
—144 —9214 — 92
— A0 — 61 —110
—160 —233 —100
me —169 —201
— —196 —141
— 55 —-231 —196
—132 —151 —198
—124 — 98 —126
— 33 — 1 —127
mn jme série, PI. ee ce
—9217 — 36 —143
— 19 — 44 —120
—133 d —178
—193 3 2167
—272 —180
—112 —213
—192 —132
—202 Ë — 179
—250 —100 —141
md Ra série, Hirsch. ee
—129 —161 —104
—136 —-265 —179 —102
— 97 — 9251 & —159 — 95
—- 84 —190 - —160 —121
—162 me 916 149
—195 —122 —139
—18# : —174 —109
—119 ( —214 —118
—220 —146 — 62
—208
1 série, Hirsch.
3me série,
série, Hirsch.
5 novembre 1862.
An gérie PL | Are série, PI. qre série, PI. gne série, Hirsch. | 3e série, Hirsch. Ame série. PI.
AS (suite). (suite). | (suile). | (suite). (suite).
— — 96 —108 —210 — 177 — 50
—107 —104 — 30 —151 —106 — 58
— 13 —133 — 66 —209 —115 — 15
— 21 — 34 — 72 —189 —167 —
—186 — 44 — 97 —212 —141 ——
— — 17 — 98 —194 | 117 _
1 mL 2me série, Hirsch. | 3" série. Hirsch. Et +410
— à9 ——107 Ame série. PI — 21
— à0 — 102 —9251 —218 LCA — 56
— 95 — 63 —141 — 236 — 925 — 82
— —144 | —245 — 183 — 15 — 46
— 193 — 49 | —237 —196 — 72 — 93
— 55 —135 —143 —120 — 61 — 29
—106 —104 | —9243 ff — 91 — 7
—144 — 40 —186 — 207 — 54 —120
nr — 26 —192 —222 — 51 — 52
2 = NÉ —18! —136 3 — 95
— 52 — 925 —198 —149 — 24
EC ATS = TE —205 =} dE — 2%
— 7 —116 —299 —213 | — 21 — 31
— 98 3 143 = ON STE —104
— 9,4 - —157 —164 — 48 — 82
— 41 — 68 —181 —165 — 48 —107
—137 — 59 —212 —130
Les chiffres de ces tableaux indiquent le nombre de millièmes de se-
conde, dont le passage était observé dans chaque expérience plus tard
qu'il n'avait lieu en réalité, ou bien nos corrections personnelles
absolues. Quoique cette correction soit négative pour nous deux,
comme elle est assez faible pour M. Plantamour, il lui est arrivé quel-
quefois d'anticiper le passage, c’est-à-dire de fermer le courant avant
que le passage eût réellement lieu. D’après l'explication que nous
avons donnée du chronoscope et de la méthode d'observation, il est
clair qu’on ne pouvait pas déterminer de combien de millièmes de
seconde M. Plantamour anticipait, car, dans ces cas-là, les aiguilles
du chronoscope ne se mettaient point en marche. Nous avons cepen-
dant noté les anticipations chaque fois qu’elles arrivaient, et on les
TOME xVI, 20e PARTIE. 30
580 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
trouve indiquées dans le tableau ci-dessus par des blancs précédés du
signe +. Voici comment nous avons cru pouvoir en tenir compte, pour
obtenir le résultat le plus rapproché de la vérité. Les différentes valeurs
individuelles, dont l'ensemble constitue une série d'observations, diffé-
rent les unes des autres par suite des erreurs fortuites, les plus fortes
valeurs négalives correspondant aux cas dans lesquels l'erreur fortuite
a agi dans le sens du retard le plus considérable de l'observation sur
l'instant réel du passage; les anticipations correspondent, au con-
traire, aux cas dans lesquels l'erreur fortuite a agi le plus fortement
dans le sens opposé. En partant du principe, que les écarts dus aux
erreurs fortuites doivent être distribués symétriquement de part et
d'autre de la valeur la plus probable, celle-ci était obtenue en laissant
de côté dans le calcul de la moyenne les » valeurs négatives les plus
fortes, si le nombre des anlicipations était égal à ». En prenant ensuite
la moyenne de ces n valeurs rejetées, on avait, en la comparant à la
moyenne probable, la valeur moyenne des x écarts les plus considéra-
bles dans le sens du retard de lobservation; en appliquant cet écart
moyen, mais avec un signe contraire, à la moyenne probable, on avait
la valeur moyenne d’une anticipation.
On a trouvé, de cette manière, pour la
S
2me série du 4 novembre, la valeur moyenne d’une anticipation 0,006
game » » » » » » —-0,01 b]
sme » » » » » » —L6,034.5
jre » du 5 novembre, » » » —0,013.5
que » » » » » —-0,012.2
Nous avons procédé de la manière suivante pour calculer lerreur
moyenne d'une série, qui contient a valeurs négatives et » valeurs posi-
lives, ou anticipations, done en somme an observations: si X, signifie
la somme des carrés des écarts fournis par les a valeurs négatives, et>,
la somme des » valeurs les plus considérables qui se rencontrent parmi
les carrés précédents, on a pris pour l'erreur moyenne de la série:
San
p= +) ie
(an) (a—-n—1)
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 587
En procédant ainsi, on oblient les résultats suivants, dans lesquels
l'unité de poids corrrespond à une valeur de » égale à 05,010, m re-
présentant l'erreur moyenne d’une observation individuelle du passage
dans chaque série.
Correction Plantamour..
u | m | Poids. ; Nombre
| d'observations.
4 novembre, 2m série, | —0,103 Æ05,012.6| Æ0,5084 | 0,63 45
» jme » —0,128 0,013.7 0,079 | 0,53 33
» jme » —(0,048 0,009 HOSTEN 4:28) 41
5 novembre. tre » —0,068.5 0,007 3 0,033 | LEO ML ET:
» ame » | —0,036.5 | 0,006.2 | 0,038 | 2,63 37
Moyenne ....... | —0,060.4 | Æ0,016.4 | 0,064 |
Écart moyen d'une série, dont le poids —1, 205,037.
Correction Hirsch.
| u m Poids. | ,, Nombre
f | d'observations.
i novembre, 1'° série, | —05,247 05,043 05,106 0,06 6
>» ATEN —0;11800/00;01371 0,060 0,53 19
» ume » —0,140 | 0,007 0,045 |. 2,04 | at
5 novembre, 200 » —0,199 0,008.5 0,040 1,40 | 22
» gme » =—0,169 | "0,007.8 0,037 166. 23
Moyenne ....... —0,168.5 | Æ0,013.3 | 0,049 |
Ecart moyen d'une série, dont le poids —1, 205,030.
Équation Plantamour-Hirsch.
PL.—H. — +0°,108.1 +05,021.1.
Si l'on voulait réunir toutes les séries d’un seul jour en une seule va-
leur, on trouverait:
Correction PL. | © Correction H. | Équation PI.-H.
& novembre ... | —05,087.7 #05,007.7| —0s,160.3 +05,007.9 | --05,072.5 05,011
5 novembre ... | —0,054.4 20,005.4 | —0,183.6 Æ0,006.1 | +0,129.2 0,008
On voit donc que la correction absolue, ou le temps physiologique
d’un observateur, n’est en aucune facon constant, comme on la supposé
généralement et tacitement jusqu'à présent, en admellant tout au plus
588 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
une variation séculaire dans l'équation personnelle de deux astronomes,
telle qu’elle avait été constatée, par exemple, pour les différents astronomes
de l'observatoire de Greenwich. Les observations que nous venons de
communiquer montrent, au contraire, ce qui à priori était certainement
plus probable, que cet élément physiologique varie non-seulement assez
considérablement d’un jour à l’autre, mais aussi dans le courant du même
jour, d’une série d'observations à l'autre ; car tandis que l'erreur moyenne
de chaque série, conclue des écarts des valeurs individuelles, n’est que
+05,010, la variation d'une série à l’autre est pour M. Plantamour
+05,057, et pour M. Hirsch +0°,050, et cependant les séries faites le
même jour se suivaient au bout d’intervalles assez courts. Il suffit done,
à ce qu'il parait, d'interrompre pendant quelques minutes les observa-
tions de passage, et de vaquer à d’autres occupations, pour qu'en reve-
nant à la lunette on observe de quelques centièmes de seconde plus len-
tement ou plus promptement que quelques minules auparavant. Cette
variabilité de la correction personnelle sera d’abord différente chez les
différents observateurs; nous ne différons sous ce rapport que de sept
millièmes de seconde, et pour le même astronome elle dépendra de la
disposition momentanée de son système nerveux; car on voit, d’après
les chiffres communiqués plus haut, qu’elle à été plus considérable pour
nous deux le # novembre que le 5. La même conséquence se déduit des
erreurs moyennes » des valeurs individuelles dans les différentes séries;
car on à
Plantamour. Hirsch.
4 novembre....... 0,073 05,055
5 novembre....... 05,047 05,038
Moyenne..... Æ0*,063 05,049
Là aussi, on peut remarquer que notre correction personnelle à moins
varié, dans les limites des séries, le 5 novembre que le 4. Enfin, le rapport
entre nous deux est ici à très-peu près le même que pour la variabilité
de série en série; car ce rapport est pour la variation moyenne des va-
leurs individuelles des séries 1,285, et pour la variation de série en
série, il est 1,255.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 584
Nous voyons ainsi que la correction personnelle d’un observateur est
variable : d’abord, d'observation en observation, en moyenne pour nous
deux de +05,056', ensuite pendant le même jour, de série en série,
cette variabilité est, en moyenne, pour nous deux +05,055.5; elle varie
sans doute aussi de jour en jour, mais, autant que les données à notre
disposition permettent d’en juger, dans une mesure qui certainement ne
dépasse pas la variation de série en série; car, pour M. Plantamour, la
différence entre la troisième et la cinquième série du 4 novembre est de
05,080 , tandis que la différence entre sa correction du #4 et du 5 no-
vembre ne monte qu'à 0s,055.5; et pour M. Hirsch, on trouve même,
entre la première et la sixième série du 4 novembre, une différence de
0s,107 (il est vrai que la première série ne contient que six observations),
tandis que sa correction du 4 novembre ne diffère de celle du 5 que de
05,025.
Il résulte de tout ceci, que la variation de notre correction personnelle
est au moins aussi forte de série en série, que d’un jour à l'autre; il nous
semble, par conséquent, plus rationnel de calculer notre correction en
combinant les séries consécutives, dans lesquelles nous avons alterné,
que de le faire en prenant séparément les valeurs des deux jours.
Si l’on procède ainsi, on obtient le résultat suivant, dans lequel unité
de poids a été attribuée à une valeur de 4, — +05,019.5.
| PISHNIRNEz Poids.
4 novembre, H. 1re série, 6 observ.; PI. 2me série, 45 observ.!L0s,144 |Æ05,045 | 0,18
» JOEL OMSSENC ER SRI: ROC COS, SORT VS TRSS 0,050 0,019.4| 0,99
» Pl’ 500 » "41 0» - ; H. 6m » 41: » 0,092 0,011.3| 2,90
5 novembre, PI. 1e » 54 » ; H. 2m » 22 » 0,130.5| 0,011 3,00
» HT DS PTE 57 —+0,122.5| 0,010 | 3,72
Moyenne." "1..." 105,114 |#05,019.2
‘ Nous rappelons que nous avons trouvé plus haut ( voyez chapitre HI) pour l'erreur moyenne d'une
observation chronographique d'un fil 0,097 ; on voit maintenant que l'élément physiologique n’entre
dans ces erreurs fortuites que pour Æ0$,056, ct quil reste encore 0,079 à attribuer aux autres
causes d'erreur, telles que : erreurs d'enregistrement, erreurs des distances des fils, erreurs provenant
de la variabilité des instruments (lunette et pendule) dans le courant d’un passage, et enfin erreurs de
uature optique et atmosphérique.
590 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
L'écart moyen d'une valeur, dontle poids est égal à l'unité, est 405,044,
el la variation physiologique d’une série à Pautre est pour notre équa-
üon +0s,052.6. Du reste cette valeur de notre équalion s'accorde dans
les limites des erreurs avee l’autre, que nous avons trouvée plus haut :
+ 05,108 +05,021.1, et qui a été calculée par la différence des va-
leurs moyennes de nos corrections, sans combiner les séries qui se
suivaient.
En résumé, on voit que les valeurs de notre équation, obtenues ainsi
par Ja différence de nos corrections absolues, déterminées au moyen du
chronoscope, sont parfaitement comparables à celles que nous avons
trouvées par les moyens astronomiques ordinaires; non-seulement la
valeur chronoscopique s'accorde dans les limites des erreurs probables
avec la valeur astronomique, mais ces erreurs elles-mêmes sont de même
ordre, et, par suite, la sûreté des deux déterminations est à très-peu près
la même. Il est donc parfaitement légitime de combiner toutes ces déter-
minations, et d'en conclure une valeur moyenne définitive.
LP
[S
Si l’on combine toutes les déterminations que nous avons obtenues
par les deux méthodes sans tenir compte de leur valeur relative, la simple
moyenne arithmétique des cinq jours est :
P1.—H. — 0,123 +0°,025.5 =
l'erreur moyenne de la détermination isolée d’un jour étant égale à
+ 05,057.
Si l’on réunit en une seule valeur le résultat de toutes les observa-
tions, soit astronomiques, soit chronoscopiques d’un seul jour, et si on
lui attribue un poids en rapport avec l'erreur moyenne, qui est déduite
de toutes les observations de ce jour comparées à leur moyenne, on ob-
tient le résultat suivant, dans lequel l'unité de poids a été attribuée à
une détermination, dont l’erreur moyenne est égale à +0,019.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 591
RE ———Z
Dates | Genre et nombre d'observations. Equation PI.-IL. Erreur moyenne Poids.
DSMmA AIS 1. 9 étoiles. LOS 082 +0,046 0,17
16 octobre 1861...| 23% » 0,202 | 0.020.5 0,86
26 avril 1862.....1 42 » 0,130 | 0,008 4| 5,11
4 novembre 4862.) PI. 119; H. 66 | -L0,072.5 0,011 2,98
se ! scope , . É , sir , CE
5 novembre 1862} Chronoscope | bi. 91: H. 45 | Lo129 | 0.008 5,64
; | Moyenne probable... .. —0121.7| 0,026
_ ie = = le
L'erreur moyenne d’une observation, dont le poids est égal à l'unité,
est +05,058. La variation physiologique d'un jour à Fautre est +05,055,
et, par conséquent, si on la suppose égale pour nous deux, elle est pour
chacun de nous +050539.
Mais nous venons de voir par la discussion des observations chronos-
copiques, que l'équation personnelle peut varier tout autant dans le
courant d’un même jour, que d’un jour à l'autre; il est donc probable,
à priori, que la même chose a eu lieu pour les observations astrono-
niques, et que, s'il y a eu pendant les observations d’une même nuit des
intervalles plus ou moins longs, où les observateurs se sont reposés, leur
disposition physiologique aura changé. Les tableaux pages 375 et 574
indiquent par les alinéas qu'il y a eu, en effet, de ces intervalles; le 16
octobre 1861, il y a entre les étoiles 8051 et 8271 une pause de 40 mi-
nues; le 26 avril 1862, entre les étoiles 3979 et 4096 une interruption
de 25 minutes, et une autre de 30 minutes entre les étoiles 4268 et 4415.
En groupant, d’après ces intervalles, les observations astronomiques en
séries, comme nous l'avons fait pour les observations d'étoiles artifi-
cielles, et combinant toutes ces séries, tant astronomiques que chronos-
copiques, on arrive au résultat suivant, l'unité de poids étant attribuée
à une série dont l'erreur moyenne est +05,022.9.
592 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
[ bee Nombre | Équation | Erreur | |
Dates. Séries. d'observatious. D. moyenne, | Poids. |
PA Olsen loecanssuoonc ONétoilES rec eee 05,082 |Æ+0°046.0! 0,25
16 octobre 1861..|1re série ..... LORS Eee —-0,239 0,028.2 0,66
» ad noue 13 3 l'Hpéoupocs 0,181 0,027.2 0,71
126 avril 14862....|1re série... .. MONTE T0 —-0,112 0,032.0 0/51
» Dre MES DU 7 A EE 0,120 0,011.9 3,691
| » DCE REED TES 31 D Ni eee 0,132.3 0,010.1 5,14
4 novembre 1862/1re et 2me séries| 6 et 45 sign. chronosc. | 0,144 0,045.0 0,26
» » |3meetame » |33et19 » » 0,050 0,019.4 1,39
» » |5meetGme » |41et 41 » » 0,092 0.011.3 4,09
5 novembre 1862/1re et 2me » |54et22 » » |—-0,130,5 0,041.0 | 4,20
» » [|3meet4'e » |23et37 » » 0,132.5 0,010.0 5,24
Moyenne probable. . .| 05,123 | +0,014.9
L'écart moyen d’une valeur, réduit au poids — 1, est dans ce cas
+05,049.4. La variation physiologique d’une série à l’autre, abstraction
faite des dates, est +0°,045.8; en supposant donc une part égale pour
chacun de nous, la variation physiologique d’un observateur est +0°,051.
Ainsi, la valeur de notre équation personnelle est presque identique-
ment la même, qu’on emploie tel mode de calcul, ou tel autre, dans la
combinaison des données des observations; car, pour résumer, nous
avons (rouvé :
| Erreur moyenne
Erreur moyenne | Variation pausielsiqne
‘un |
ï du | d'une valeur
| F résultat, | dont le poids —1. observateur.
| Moyenne arithmétique. . 0,123 | —1,025.5 | +0°,057 |
| Combinaison par jours... 0,122 0,026 | 0,058 202039.
| Combinaison par séries. ,| 0,123 0,015 0,049 20,031
|
Pour les raisons que nous avons développées, nous croyons devoir
nous arrêter à la troisième valeur que nous venons de calculer, et adop-
ter pour notre équation personnelle la valeur définitive
PI, —H. = +05,123 +05,014.9.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 595
Enfin, en généralisant les résultats de nos recherches sur l'équation
personnelle, et surtout ceux de nos expériences chronoscopiques, autant
qu'il est permis d'envisager les résultats, que nous avons constatés pour
nous deux, comme susceptibles d'être généralisés, et tout en admettant
que d’autres observateurs trouveront pour eux des chiffres un peu diffé-
rents, nous dirons :
lo La correction personnelle dans les observations de passage faites
d'après la méthode américaine, et par conséquent à fortiori pour celles
exécutées d’après l’ancienne méthode à l'ouie, n’est point une quantité
constante chez le même individu.
20 Elle est d’abord variable, ou exposée à des erreurs qu'on pourrait
appeler fortuites ou irrégulières, dans les limites d’une série d’observa-
tions exécutées, sans interruption, dans les mêmes conditions exté-
rieures et physiologiques. Pour nous deux, l'écart moyen dû à ces er-
reurs fortuites s'élève, en moyenne, à +05,056, et l'écart probable à
+05,037.
50 Elle est ensuite soumise à des variations systématiques, lorsqu'il
s’agit de séries d'observations faites à des intervalles, soit de plusieurs
mois, soit de quelques jours, soit même à des intervalles plus courts
dans le laps de la même journée, lorsqu'elles ont été interrompues
pendant une heure, ou une fraction d'heure seulement, durant laquelle
l'attention de l'observateur a été occupée par d’autres fonctions. Cette
variation physiologique, comme on peut l'appeler, dépend essentielle-
ment de la disposition momentanée des observateurs, et à juger d'après
nos expériences, du moins, elle n’est pas plus forte au bout d'un in-
tervalle d'une année que d’un jour à l’autre, ou même d’une heure à
l'autre. Pour nous deux, l'écart moyen dû à la variation physiologique
s'élève, en moyenne, à +05,051, et l'écart probable à +05,021.
Il est cependant possible, sinon probable, qu'il existe aussi une varia-
tion séculaire de la correction personnelle, la seule qui, jusqu’à présent,
ait été remarquée dans quelques cas. Nos observations, qui Sétendent
seulement à un an et demi, ne la font pas encore voir.
TOME XVI, 20e PARTIE. 51
394 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Quoi qu'il en soit, il nous paraît résulter, de tout ce qui précède, que
la correction personnelle est une quantité variable, comme les autres
corrections instrumentales; dans toutes les circonstances, par consé-
quent, où plusieurs observateurs concourent au même travail, comme
c’est le cas dans la plupart des grands observatoires, il importe qu’ils
déterminent leurs corrections personnelles, non pas une fois pour
toutes, mais à des intervalles généralement assez rapprochés, quoique
probablement différents selon la variabilité individuelle de la correction.
Cette détermination de la correction personnelle est enfin nécessaire
toutes les fois qu'il s’agit d’une détermination absolue de l'heure.
7
Si nous combinons maintenant la valeur définitive que nous avons
trouvée dans le chapitre dernier pour la différence brute de longitude, à
savoir :
L = 5% 125,843 +0°,014.6
avec notre équation personnelle, que nous venons de calculer,
PL—H. — +05,1235 +0,014.9,
on obtient pour la différence en longitude des méridiens des observatorres
de Genève et de Neuchâtel, avec une erreur moyenne de +0,021 et une
erreur probable de +0S,014,
5 195,966
ou bien, en are, 0° 48° 14,49 avec une erreur moyenne de +0”,51 et
une erreur probable de +0,21.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 395
- CHAPITRE V.
Recherches sur le temps de transmission des courants et sur la
variabilité dans le fonctionnement des appareils enregistreurs
électriques, d'après les observations d'étoiles.
Dans les observations que nous avons faites en vue de la détermina-
tion de la longitude, le signal donné à l'instant du passage d’une étoile
derrière chaque fil dans la station orientale était enregistré sur les chro-
nographes des deux observatoires, de même que le signal donné à lins-
lant du passage de la même étoile derrière chaque fil dans la station
occidentale, La différence de passage de la même étoile au méridien des
deux observatoires devrait être identique, aux erreurs de relevé près,
sur les deux chronographes, si le signal était tracé par la plume de Fun
et de l’autre des appareils, à l'instant mathématique, où le doigt de lob-
servateur appuie sur la clef électrique, que le passage soit observé à la
station orientale ou à la station occidentale. Si le courant électrique em-
ploie un certain temps pour franchir la distance qui sépare les deux
stations, le signal donné dans lun des observatoires s’enregistrera plus
tôt sur le chronographe de cette station, que sur celui de la station éloi-
gnée, d’une quantité égale à la durée de propagation du courant. La
différence des passages sera, par conséquent, augmentée de cette quan-
tité sur le chronographe de la station orientale, et diminuée de la même
quantité sur celui de la station occidentale, si du moins Fon est auto-
risé à admettre, que la vitesse du courant soit la même pour l'allée et
pour le retour. Afin de réaliser autant que possible les conditions né-
cessaires pour obtenir une vitesse égale dans les deux sens, nous avions
employé des piles de construction identique, et d’un même nombre
d'éléments, pour que l'intensité des deux courants füt la même au point
296 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
de départ, et l'intervalle de quelques minutes, qui sépare les deux pas-
sages, est assez court pour qu'il soit permis de regarder l'état de la ligne
comme devant rester à peu près constant pendant ce temps.
On ne peut cependant envisager la moitié de la différence entre les
deux chronographes comme étant expression de la vitesse de propa-
ation des courants électriques, que sous la condition suivante : comme
l'ancre d’un électro-aimant n’est pas attirée à l'instant même, où le cou-
rant circule dans la bobine, mais au bout d'un petit intervalle de temps,
variable suivant l'intensité du courant et l'individualité de l'appareil, il
faut admettre que les deux électro-aimants, qui enregistrent les signaux
dans les deux stations, attirent leurs armatures avec la même vitesse.
Or, comme nous le verrons plus loin, cette condition ne se réalise pas;
on trouve, d’un électro-aimant à l’autre, une inégalité dans la vitesse avec
laquelle l'ancre est attirée par l'action d’un courant d'intensité égale;
cette inégalité s'élève, pour nos appareils du moins, à près de deux cen-
tièmes de seconde; la vitesse varie en outre, pour le même électro-aimant,
dans des limites à peu près aussi étendues, et cela dans un intervalle
‘de temps assez court, dans moins d’une minute.
C'est donc avec cette réserve que nous avions employé le terme de
«temps de transmission » dans nos observations d'étoiles, pour lesquelles
uous n'avions pas de moyen d'éliminer l'inégalité des électro-aimants.
Nous allons d’abord rappeler les résultats que les observations d'étoiles
avaient donnés sous Îe rapport électrique.
Dans les tableaux que nous avons communiqués au chapitre HI
(pages 564 et suivantes), nous avons consigné dans la colonne intitulée
2 T la différence des deux chronographes pour l'intervalle des passages
de chaque étoile au méridien des deux observatoires. En mettant en re-
gard les résultats de chaque jour, on trouve, l'erreur moyenne T, ayant
été obtenue par la comparaison de la valeur individuelle fournie par
chaque étoile avec la moyenne du jour:
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 397
Erreur Non | Écart
moyenne d'éoile d'avec la
Tu ÉOIleS. | moyenne générale.
20 mai 0,050 | +0,002.7 j —0,018 Courants ordinaires
| 21 M 0/025 10/0055 1 0,907 de pile.
19 septembre. .|-0,035 20,011 à | — 0,003 Courants d'induction.
20 D Ms ce 0,008 0,013 É —-0,024
29 DR: 0 025 0,006 U —+-0,009
3 octobre....| 0,030 0,006 j 0,002
0,004 0,029
On peut calculer la valeur moyenne de 27, ou bien en examinant
séparément les résultats fournis par les courants ordinaires de pile et
par les courants d’induction, ou bien en réunissant les deux groupes et
faisant abstraction de la nature différente des courants. Si l'on attribue
à chaque valeur de 27 un poids proportionnel à TL; obtient pour
2 ,
les courants ordinaires de pile, 27 = +05,045+05,012, et pour les cou-
rants d'induction, 2T — 05,015 +05s,008, et si l’on réunit les valeurs
fournies par les deux espèces de courant, le résultat général serait
2T—+0°,032+ 0,011,
en attribuant l'unité de poids à une détermination dont l'erreur moyenne
T, serait +0$,007. Il est vrai que cette assimilation ne semble guère être
permise, puisque les valeurs de 2T pour les deux espèces de courant
différent bien au delà des limites de leurs erreurs moyennes. Mais, d'un
autre côté, la même chose se retrouve chez les valeurs individuelles de
chaque jour, et chez les valeurs des différents jours dans un même groupe.
En eflet, si on compare l'erreur moyenne T,, dont est affectée la valeur
de 2T pour un jour, avec l'écart de cette valeur de la moyenne de 2T
prise, soit en considérant séparément les courants de nature diffé-
rente, soit en les réunissant en un seul groupe, on arrive aux résultats
suivants :
598 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
1° En considérant séparément chaque espèce de courant :
le 20 mai, l'écart d'avec la moyenne dépasse T, de 0,002) Courants
DA) » ) » ) » 0,015 ordinaires.
19 septemb. » » ) ) » 0,009
20 » » » » _est plus petit que T,
29 ) » » ) dépasse T, de 0,002 EE
3 octobre, » » ) » » 0,009
5 ) » » » ) » 0,008
2% En réunissant les deux espèces de courant dans une moyenne gé-
nérale :
le 20 mai, l'écart d'avec la moyenne dépasse T, de 0,015
21) » » » » ) 0,001
19 septemb. » ) » est plus petitqueT,
2() » » » » dépasse FT, de O,011
29 » » » » ») » 0,005
5 octobre, » » » est plus petitqueT,
5 » » » ) dépasse T, de 0,025
Donc, en séparant les résultats en deux groupes suivant la nature
des courants, les quantités dont les écarts dépassent les erreurs moyennes
sont en général plus petites, puisque aucune de ces quantités ne dé-
passe 05,015 et que les valeurs les plus fortes après celle-là sont 0°,009
et 0,008; d’un autre côté, en prenant la moyenne générale sans distinc-
tion de courant, il y a # jours pour lesquels les écarts d'avec la moyenne
restent au-dessous, ou très-peu au-dessus de l'erreur moyenne, mais pour
5 jours ils les dépassent respectivement de 0,015, OS,O11 et 0s,025.
Si, d’après les données résultant des observations d'étoiles, 1l parait
probable que le temps de transmission est plus court pour les courants
induits que pour les courants ordinaires, il faut convenir en même temps,
d'après les considérations précédentes, que ces données ne suffisent pas
pour établir avec sûreté la différence de vitesse de transmission pour les
deux espèces de courant.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 399
Il résulte de la discussion précédente, que les valeurs de 2T obtenues
pour les différents jours diffèrent entre elles dans des limites notable-
ment plus étendues que celles qui leur sont assignées par l'erreur
moyenne T, dont chaque détermination individuelle est affectée, et qui
résulte des écarts obtenus par la comparaison des valeurs fournies par
chaque étoile avec la moyenne de ce jour; en outre, lon arrive à la même
conclusion, que l'on considère séparément, ou non, les deux espèces
de courant. Il faut, par conséquent, admettre qu'il y à une variabilité
dans le temps de transmission 2T; cette variabilité, en se produisant
d'un jour à l’autre, introduit dans les valeurs obtenues pour les diffé-
rents jours des différences qui ne peuvent pas être imputées à l’incer-
litude de chaque détermination. On est conduit ainsi, pour évaluer celte
variabilité, à prendre la simple moyenne arithmétique des sept déter-
minalions individuelles, en leur attribuant de cette façon la même exac-
litude et le même poids. La moyenne arithmétique est 27— 705,025 ;
l'écart moyen d’une détermination individuelle avec la moyenne est
+0S,016, et l'erreur moyenne de la moyenne est +0°,006. D'un autre
côlé, comme la moyenne arithmétique des valeurs de T, pour les sept
jours est +05,007, il en résulte que l'écart moyen d'une valeur de 2T
est plus du double de l'erreur moyenne d’une détermination. La varia-
bilité dans le temps de transmission, d’un jour à l'autre, peut donc être
estimée égale à +41/(0,016)*— (05,007) — +0*,014.
S'il est établi, d'après ce qui précède, qu'il existe d’un jour à Pautre
une variabilité dans le temps de transmission, nous pouvons montrer
par un autre rapprochement, que cette variabilité se présente dans le
courant de la même soirée, dans l'intervalle entre deux passages d'étoiles,
mais à un degré beaucoup moindre, comme on pouvait s'y attendre. On
peut, en effet, se convaincre que cette variation du temps de transmis-
sion dans le courant du même soir, quoiqu'elle ne dépasse pas en géné-
ral quelques millièmes de seconde, est cependant réellé et ne provient
pas seulement de l'incertitude de l'enregistrement. Car, comme nous
l'avons vu dans le $ 2 du chap. IE (voy. p. 335, ete.), cette incertitude
400 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
s'exprime, pour chaque étoile, par les quantités que nous avons nom-
mées y, , et qui résultent de l'accord dans l'enregistrement des différents
fils; si l'on divise la valeur moyenne des #; de chaque jour par la racine
carrée du nombre d'étoiles observées dans la soirée, on obtient une
mesure de l'incertitude de la valeur de 2T de ce jour, en tant qu’on doit
lattribuer à l’enregistrement. Le tableau suivant donne ce rappro-
chement:
: | Nbre) Incertitude de 2T
ales. OT ANT EL | proyeuant
| © d'étoiles. Fe) ge l'enregistrement,
s s s s
S0MMAL ere —-0,050 |#0,002.7| 15 0,013 | —+0,003.3
CEST EE sa 0,025 0,005.5 14 0,012 0,003.2
19 septembre. 4 0,055 0,011 5 0,015 0,006.8
20 5 2001: CHU 0,013 "13 0,017 0,004.7
29 DR 0/02 0,006 19 0,015 0,003.4
3 octobre....| 0,030 0,006 16 0,016 0,004.0
5 ) - MU; U0S 0,004 17 0,014 0,003 4
Moyenne.... |--0,032.3|+0,006.9 0,004.1
On voit ainsi que les erreurs T,, déduites de Paccord entre elles des
étoiles observées le même jour, dépassent de plus de la moitié l'erreur
qu'on peut appeler d'enregistrement, et qui est calculée par les écarts des
différents fils d’une même étoile observée à Neuchâtel et Genève et en-
registrée sur les deux chronographes. On peut donc envisager
+ 1/(05,006.9)—(05,004.1)° = +05,005.6
comme exprimant la variabilité moyenne du temps de transmission
dans des intervalles de six minutes environ. Cette variabilité du temps
de transmission d’une étoile à l’autre, dont nous venons d'indiquer la
valeur moyenne d'après l’ensemble des sept nuits d'observation, est très-
différente pour les différents jours; ainsi le 20 mai et le 5 octobre, cette
variabilité était insensible, puisque l'incertitude sur 2T, provenant de
l'enregistrement, égale ou dépasse la valeur de T,. Le 20 septembre, au
contraire, la variabilité du temps de transmission d’une étoile à l'autre
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. {01
dépasse +05,012. La comparaison de l'enregistrement de nos observa-
tions d'étoiles, sur les deux chronographes, nous avait ainsi conduits à la
conclusion que le temps de transmission des courants est sujet à des va-
riations assez rapides el assez considérables; ce résultat, dont la cause
paraissait encore obscure, nous a semblé assez curieux pour nous en-
gager à entreprendre une nouvelle série d'expériences, afin d'étudier de
plus près les causes et les limites de ces variations électriques.
CHAPITRE VI.
Recherches sur le temps de transmission des courants et sur la
variabilité dans le fonctionnement des appareils enregistreurs
électriques , d'après les comparaisons de pendules.
A
un
Les expériences consistaient à faire enregistrer d’une manière directe
et automatique les deux pendules de Neuchâtel et de Genève, sur les
deux chronographes de ces stations, de la manière suivante. La pendule
de Neuchâtel fermait à chaque seconde impaire un courant, pendant une
demi-seconde environ; ce courant passant d’abord par un des électro-
aimants du chronographe de Neuchâtel sy marquait, entrait ensuite
dans la ligne pour passer par un des électro-aimants du chronographe
de Genève, sur lequel il s’enregistrait également, après quoi il gagnait
la terre à Genève. La même chose avait lieu pour la pendule de Genève,
qui enregistrait ses secondes paires, d’abord sur le chronographe de
Genève et ensuite sur celui de Neuchätel, par l’autre életro-aimant de
TOME Xvi1, 20e PARTIE. 52
402 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
chaque appareil. De cette manière, l’une des plumes de chaque chro-
nographe traçait les secondes impaires de Neuchâtel, et l'autre les se-
condes paires de Genève; en comparant sur chaque appareil les inter-
valles entre la seconde paire de Genève et la seconde impaire de Neu-
châtel précédente, la différence, chronographe Neuchätel moins chrono-
graphe de Genève, donnait le double temps de transmission.
Les chronographes, les interrupteurs de pendule et les instruments de
relevé étaient les mêmes que pour les observations d'étoiles. Quant aux
pendules, on s’est servi à Genève de la même pendule chronographique
dont il a été question dans le chapitre IT; seulement on l'a réglée sur le
temps moyen. À Neuchâtel, on a employé une pendule électrique de
Shepherd, qui y sert à télégraphier l'heure; cette pendule à un balancier
compensé au mercure, auprès duquel on a mis un interrupteur tout à
fait pareil à celui de Genève, que nous avons décrit plus haut. Comme
elle est pourvue d'un pendule auxiliaire pour la mettre à l'heure aux
centièmes de seconde près, elle offrait le grand avantage de pouvoir
mettre les deux pendules de Genève et de Neuchâtel exactement d’ac-
cord, afin que les deux pendules, battant ensemble, et lune fermant le
courant aux secondes paires, l'autre aux secondes impaires, les deux
courants, cheminant en sens inverse par la même ligne, ne s’'intercep-
tassent pas. Dans ce but, on mettait les pendules d'accord au commen-
cement de chaque série, mais, comme on le verra plus tard, l'interrup-
teur de la pendule de Neuchâtel influençait sa marche au point de la
faire retarder sensiblement dans le courant de quelques minutes, ce qui
a eu pour effet que les courants se sont cependant interceptés quelque-
fois. On à alors eu soin d'avancer la pendule de Neuchâtel dans les in-
tervalles entre les différentes combinaisons pour ramener l'accord dans
les oscillations des deux pendules. 5
La première chose que nous devions étudier, était l'influence des dif-
férents électro-aimants sur l’enregistrement. Il fallait comparer d’abord
les deux électro-aimants d’un même chronographe; bien que leur con-
struction soit pareille, il est possible que l’inertie de l’un diffère très-lé-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 405
gèrement de celle de l’autre, soit parce que le chemin à parcourir est
un peu plus long pour l’un que pour l'autre, soit que les ressorts anta-
gonistes qui ramènent l’armature, et dont la force doit être vaincue par
le courant, ne soient pas parfaitement égaux, soit enfin par d’autres
causes encore, Or, il est évident que l’électro-aimant dont l'inertie est
plus grande, c’est-à-dire, dont l'ancre met plus de temps à être attirée,
enregistre son signal plus tard que l’autre. Si une pareille inégalité
existe entre les deux électro-aimants du même chronographe, il est im-
possible de prendre la distance entre les crochets tracés par les deux
plumes comme la mesure de l'intervalle de temps, au bout duquel les
deux courants ont cireulé successivement dans les deux bobines. Nos
expériences nous ont montré que la vitesse avec laquelle les deux électro-
aimants du même chronographe attirent leur armature, n’est effective-
ment pas parfaitement égale, et que, de plus, cette vitesse est variable
pour chacun d'eux; il fallait done trouver un moyen pour déterminer
leur différence, ou pour purger le résultat de son influence.
A cette source d'erreur, il vient s'ajouter encore une autre : on peut
se rappeler, d’après la description des deux chronographes, que les
deux plumes sont placées l’une à côté de l’autre, sur une même ligne
perpendiculaire à celles qu’elles tracent dans le mouvement de l'appareil,
de telle sorte que, si elles sont déviées au même instant, les crochets
qu’elles tracent se trouvent sur une même ligne perpendiculaire. On
a eu soin de régler la position des deux plumes avant le commence-
ment des expériences, de façon à remplir cette condition d’exactitude
autant que possible. Toutefois, soit par la violence d’attraction de l’an-
cre, soit par d’autres causes, il arrivait souvent que leur position rela-
tive n’était plus exacte, et que la ligne, passant par les deux plumes,
n'était plus exactement perpendiculaire à la direction des lignes tracées
par elles. Cette parallaxe des plumes, comme on pourrait l'appeler, doit
avoir pour effet de produire une inégalité dans l'enregistrement relatif
de deux signaux qui auraient été tracés par un mouvement parfaitement
simultané des deux porte-plumes. Il doit résulter de cette inégalité le
404 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
même effet, que si l'ancre de lune des deux plumes avait été attirée plus
vite, ou plus lentement que l’autre, et à moins qu’on ne mesure directe-
ment la parallaxe des plumes, ce qui a toujours été fait à Genève au
commencement de chaque série, on ne peut pas déméler les deux causes
d'erreur. Pour cette raison nous nous permettrons de comprendre sous
l'expression « parallaxe des plumes » les deux erreurs instrumentales
dont nous venons de parler.
Pour éliminer l'effet de cette parallaxe des plumes sur les deux chro-
nographes, le moyen le plus simple était de faire varier les fonctions
des quatre électro-aimants, en faisant passer alternativement les deux
courants par chacun d'eux. Il y avait donc quatre combinaisons, dont
chacune durait 2 minutes, et comprenait par conséquent 60 signaux, ou
plutôt 58 seulement; car, afin de pouvoir se retrouver plus facilement
dans le relevé de cette masse de signes, nous avons eu soin de suppri-
mer la première seconde de chaque minute, en interrompant le circuit.
Sur le chronographe de Neuchâtel, on faisait d’abord passer pendant
deux combinaisons, soit 4 minutes, le courant de Genève par lélectro-
aimant gauche désigné par (g), et celui de Neuchâtel par l'électro-aimant
droit (d); ensuite, pendant les deux dernières combinaisons, le courant
de Neuchâtel s'enregistrait par la plume gauche, et celui de Genève par
la droite. À Genève, pendant la première et la dernière combinaison, le
courant de Genève passait par lélectro-aimant droit (a) et celui de Neu-
châtel par le gauche (b), tandis que c'était le contraire pendant la deu-
xième et la troisième combinaison.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 405
Voici le tableau de ces différentes combinaisons :
S'ENREGISTRE
COMBINAISON |LE COURANT DE! Un L'ÉLECTRO-AIMANT
a ——— mme |
Neuchâtel. d à Neuchâtel. |
| » b à Genève.
Genève. g à Neuchâtel.
» a à Genève.
Neuchâtel. | d à Neuchâtel.
ll » | a à Genève.
Genève. | g à Neuchîtel |
» | b à Genève.
Neuchâtel. | g à Neuchâtel.
il | » a à Genève
| Genève. | d à Neuchâtel.
| » b à Genève.
Neuchâtel. | g à Neuchâtel.
IV | » | b 1 Genève.
Genève. | d à Neuchâtel.
> | a à Genève.
ee
Ces quatre combinaisons forment une série complète, et il est facile
de voir qu’en prenant la moyenne des quatre combinaisons, ou d'une
série, les différences entre les deux électro-aimants du chronographe de
Neuchâtel, aussi bien que de celui de Genève, doivent disparaitre du ré-
sultat. On peut, en outre, déterminer par les équations suivantes la pa-
rallaxe des plumes du chronographe de Neuchâtel, désignée par (g—d);
de même que la parallaxe des plumes du chronographe de Genève, dé-
signée par (a—b).
LD _ (UD 4
Ajoutons encore qu’à la rigueur trois combinaisons auraient pu suf-
lire, vu qu'il n'y à que trois inconnues à déterminer, à savoir 27, (g—d)
et (a—b); pour les courants ordinaires, comme on le verra, le nombre
des combinaisons dont nous ayons pu faire usage a été réduit à trois, les
406 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
courants s’interceptant dans la quatrième. Mais si, de cette mamière,
nous sommes parvenus à éliminer la parallaxe des plumes sur chaque
chronographe, en sorte qu'on peut envisager la moyenne des quatre
combinaisons comme étant formée par l'enregistrement d’un seul élec-
tro-aimant sur chaque appareil, ce moyen ne pouvait pas mettre au
jour la différence qui pouvait exister entre les deux électro-aimants de
Neuchâtel d’une part, et les deux de Genève de l’autre. Pour la déter-
miner, il aurait fallu pouvoir échanger les chronographes entre les sta-
tions, ce qui était impossible, parce que l’instrument de Neuchâtel n’est
pas transportable. Du reste, cette différence n’a point d'influence sur le
temps de transmission, car l'intervalle entre deux signaux enregistrés
par un même électro-aimant reste le même, qu’il mette plus ou moins
de temps à attirer son armature, pourvu qu'il emploie les deux fois le
même temps. Dans le cas, au contraire, où le temps d'attraction vien-
drait à changer, l'intervalle entre les signaux sera en effet influencé; si
ces changements sont accidentels et irréguliers, ils tendront à disparaitre
complétement dans un grand nombre d'observations. Mais il y à une
cause qui peut faire varier le temps d'attraction d’une manière systéma-
tique, c’est la circonstance que les courants venant de la station éloignée
sont ordinairement plus faibles que les courants de la station même, à
cause des pertes éprouvées en route. Or, on sait que le temps d’attrac-
tion de larmature augmente, si la force du courant baisse, et qu'au
contraire le temps de relâchement de l’ancre diminue, si le courant est
plus faible. L'affaiblissement du courant produira, par conséquent, un
effet en sens opposé, si l’on mesure l'intervalle entre deux signaux par
les moments de fermeture, ou si on le mesure par les moments d’ou-
verture du courant, et cet effet tendra à disparaitre en partie dans la
moyenne des deux. C’est la raison pour laquelle, dans les expériences
faites avec les courants ordinaires, nous avons effectué la comparaison
des deux chronographes, non-seulement pour les signaux de fermeture,
c’est-à-dire pour les instants où l'ancre était attirée, mais aussi pour
ceux où l'ancre était lächée, et nous avons comparé également la durée
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 407
de chaque courant, ou le temps pendant lequel l'ancre était attirée par
le courant de l'une ou de l’autre des stations.
Pour les courants d’induction, dont la durée est extrêmement courte,
et pour lesquels on ne peut pas distinguer les moments de fermeture
et ceux d'ouverture, il est à peu près indifférent qu'ils viennent du de-
hors, ou de la station même, surtout si, comme dans nos expériences,
leur intensité est très-forte par rapport aux ressorts antagonistes des
électro-aimants. Dans ce cas, où l'intensité du courant peut être sup-
posée la même, quelle que soit la station d’origine, la moyenne des
quatre combinaisons, dans laquelle l'inégalité des deux électro-aimants
du même chronographe disparaît, donne le temps réel de transmission.
Nous avons mentionné déjà que nous avons comparé nos pendules
par des courants ordinaires aussi bien que par des courants d’'induction.
Les premiers élaient formés, dans les deux stations, par des piles de 120
petits éléments Daniel. Les bobines d’induction étaient les mêmes que
nous avions déjà employées pour les observations d'étoiles.
Chaque soir d'expériences, on commençait par déterminer la résis-
tance de la ligne au moyen d’un rhéostat; on mesurait ensuite l’inten-
sité des deux courants aux deux stations au moyen de deux boussoles
comparées d'avance, et on obtenait ainsi la perte que les courants éprou-
vaient en route. Enfin, en interrompant le circuit successivement à cha-
que station, on déterminait dans l'autre la dérivation du courant par
suile de l'isolation imparfaite.
Malheureusement, l'état des lignes était, justement à cette époque,
très-peu satisfaisant, à tel point qu'après avoir prolongé les expériences
pendant deux mois et demi dans dix-neuf nuits différentes, nous n'avons
pu obtenir une communication satisfaisante entre les deux observatoires
que dans trois nuits, celles du 11 février ‘, du 9 mars et du 19 avril 1862.
La perte des courants s'élevait souvent jusqu’à 10°, et une fois jusqu’à
17° de la boussole ordinaire des télégraphes, qui a 32 tours, de sorte que
les courants n’arrivaient à l’autre station qu'avec les deux tiers de leur
‘ Les expériences du 14 février n’ont pas pu être utilisées, parce que les courants s'interceptaient.
108 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
force originelle. La dérivation des courants dépassait souvent 30°, Dans
les deux nuits mentionnées, où nous avons réussi à obtemir des résultats,
la résistance de la ligne fut mesurée égale à 300 kilom. Le 9 mars, les
courants avaient 36°, le 19 avril, celui de Neuchâtel mesurait 560,5
et celui de Genève 38°. La perte de courant était, dans le premier cas
3°, et dans le second 20,5, en moyenne. La dérivation enfin fut trouvée,
le 9 mars, égale à 100, et Le 19 avril à 160.
Dans cet état de choses nous avons dû abandonner notre intention de
faire varier l'intensité des courants, pour étudier linfluence que cette
intensité peut avoir sur le temps de transmission; car nous n'avons pas
pu réussir à faire fonctionner nos appareils en réduisant le nombre des
éléments de 120 à 60. Mais ce qui est bien plus fâcheux, c’est que nous
n'avons pas non plus réussi à faire varier d’une manière suffisante la
lonqueur du circuit; car, certes, c'était à le moyen le plus sûr d'arriver
à une conclusion certaine sur la vitesse de propagation des courants.
Nous avions demandé, dans ce but, à l'administration des télégraphes,
de relier nos deux observatoires par un circuit indirect qui, partant de
Neuchätel, serait arrivé à Genève en passant par Berne, Olten, Chaux-
de-Fonds, Yverdon, Lausanne. La longueur de la ligne parcourue dans
ce trajet indirect aurait été quatre fois plus grande que la ligne directe.
Mais, après plusieurs essais inuliles, nous avons dû abandonner la ten-
talive, l'isolation était tellement imparfaite que les courants qui partaient
de Genève avec 400 n’arrivaient à Neuchâtel qu'avec 18°.
Nous avons cependant pu du moins faire varier la longueur de la li-
gne dans une mesure plus faible, en nous servant une fois, le 19 avril,
de la ligne directe par Cossonay, entre Lausanne et Yverdon; une autre
fois, le 9 mars, de la ligne indirecte qui relie ces deux villes par la vallée
du Lac-de-Joux. Dans le premier cas, notre circuit, d'observatoire à ob-
servaloire, avait 432,6 kilon, dans l’autre 211,2 kilom,
Après avoir donné les détails nécessaires sur l’organisation de nos
expériences, nous allons communiquer les tableaux des comparaisons
des pendules,
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 109
A
9
Quelques lignes suffiront pour compléter l'explication des chiffres
contenus dans les tableaux suivants. Pour les courants ordinaires, la
marche de chaque pendule, enregistrée sur chaque chronographe, pré-
sente un crochet correspondant à l'attraction de l'ancre, et un autre cor-
respondant au relàchement; le relevé de l'enregistrement sur chaque
chronographe donne ainsi lieu aux quatre combinaisons suivantes, en
mesurant les intervalles compris entre deux crochets ou signaux : 1° On
peut mesurer l'intervalle compris entre le crochet de l'attraction de l'an-
cre d’un des électro-aimants par le courant de Genève, et celui qui
est formé par l'attraction de l'ancre de l’autre électro-aimant par le cou-
rant de Neuchâtel, c’est-à-dire la différence entre la seconde paire de Ge-
nève et la seconde impaire précédente de Neuchâtel, donnée par la fer-
meture du courant aux deux stations; 20 on peut mesurer l'intervalle
compris entre les crochets formés par le relâchement de l'ancre des
deux électro-aimants, c’est-à-dire la différence entre la même seconde
paire de Genève et la même seconde impaire de Neuchâtel, donnée par
l'ouverture du courant aux deux stations ; 3° on peut mesurer l'intervalle
compris entre le crochet de fermeture et celui d'ouverture du courant
de Neuchâtel, c’est-à-dire le temps pendant lequel l'ancre de l’électro-
aimant correspondant à été attirée par le courant de Neuchâtel, ou sa
durée; 40 enfin, la durée du courant de Genève, ou l'intervalle compris.
entre le crochet de fermeture et celui d'ouverture de l’électro-aimant qui
enregistre le courant de Genève.
Le tableau suivant renferme le relevé de ces quatre quantités, sur
chaque chronographe, pour la seconde combinaison de la deuxième
série du 19 avril 1862.
©
©
TOME XVII, 2m PARTIE.
410 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
oo
19 avril 1862. 2mc série. Courants ordinaires. 2%e combinaison.
| CHRONOGRAPHE DE NEUCHATEL. | CHRONOGRAPHE DE GENEVE.
Signaux Durée du courant de Signaux | Durée du courant de
——® ——— | —— | ——_ ©
fermeture. | ouverture. | Neuchâtel. | Genève. | fermeture. | ouverture. | Neuchâtel. | Genève.
s s s s | s s s s
AOh28m 25
| +0,7 +0,77 0,56 0,59 || +0,738 0,752 0,560 0,574
| 6 0,75 0,76 0,56 0,58 | 0,734 0,752 0,555 0,574
8 0,74 0,76 0,57 9,59 0,720 0,743 0,546 0,569
10 0,74 0,76 0,55 0,58 | 0,724 0,76à 0,532 0,574
12 0,74 0,77 0,56 0,59 | 0,710 0,761 0,541 0,592
14 0,74 0,77 0,56 0,58 | 0,701 0,761 0,523 0,582
16 0,75 0,78 0,57 0,60 | 0,734 0,770 0,550 0,587
18 0,74 0,76 0,57 U,59 | 0,747 0,756 0,553 0,565 ”
20 {|
| 22 0,74 0,6 0,58 0,59 0,729 0,761 0,536 0,569
24 0,73 0,76 0,54 0,58 | 0,715 0,743 1,536 0,565
26 0,74 0,76 0,56 0,59 0,720 0,726 0,516 0,582
28 0,73 0,76 0,56 0,59 0,715 0,756 0,541 0,582
30 0,75 0,76 0,58 0,59 0,729 0,779 0,541 0,591
32 0,72 0,77 0,56 0,60 0,734 0,747 0,560 0,574
34 0,13 0,76 0,97 0,58 0,747 0,752 0,569 0,574
36 0,72 0,76 0,55 0,58 | 0,729 0,756 0,555 0,582
38 0,72 0,77 0,57 0,59 0,738 0,747 0,569 0,578
40 0,73 0,76 0,56 0,58 0,734 0,761 0,550 0,578
42 0,72 0,78 0,55 0,59 0,724 0,756 0,541 0,574
44 0,73 0,78 0,57 0,58 0,734 0,770 0,555 0,592
48 0,72 0,77 0,56 0,58 0,747 0,765 0,555 0,974
48 0,73 0,77 0,53 0,59 0,734 0,738 0,546 0,550
| 50 0,74 0,76 0,56 0,60 0,747 0,747 0,565 0,563
52 0,74 0,76 0,58 0,60 0,738 0,761 0,560 0,582
54 0,73 0,76 0,56 0,60 0,724 0,761 0,550 0,587
| 56 0,74 0,78 | 0,56 0,59 0,724 0,761 0,541 0,578
8 0,73 0,76 0,56 0,59 0,715 0,784 0,536 0,605
99m 0
2
4 0,73 0,75 0.57 0,59 0,738 0,761 0,55% 0,578
6 0,73 OT | 0,55 0,60 0,743 0,747 0,578 U,582
| 8 0,72 0,77 0,55 0,59 0,710 0,752 0,546 0,587
| 10 0,74 0,76 | 0,55 0,58 0,743 0,761 0,560 0,578
| 12 0,74 0,76 0,56 0,60 0,729 0,775 0,546 0,592
14 0,74 0,77 0,56 0,59 0,734 0,779 0,541 9,587
16 0,74 0,76 0,57 0,59 0,738 0,770 0,546 0,578
18 0,74 0,76 0,58 0,59 | 0,738 0,779 0,546 0,587
20 0,73 0,75 0,57 0,59 0,743 0,761 0,546 0,565
92 0,73 0,77 0,55 0,60 0,734 0,738 0,555 0,560
24 0,74 0,76 0,58 0,60 0,720 0,761 0,541 0,582
26 0,74 0,76 | 0,56 0,58 0,734 0,775 0,555 0,596
| 28 0,74 0,37 | 0,56 0,59 0,729 0,756 0,551 0,578
30 0,74 0,77 0,56 0,59 0,752 0,779 0,560 0,587
32 0,74 0,78 0,56 0,58 0,752 0,784 0,555 0,587
| 34 0,74 0,78 | 0,57 0,61 0,743 0,752 0,550 0,560
36 0,74 0,76 0,55 0,58 0,729 0,765 0,546 0,582
38 0,74 0,76 | 0,56 0,60 0,747 0,752 0,560 0,563
40 0,74 0,76 0,54 0,58 0,724 0,761 0,541 0,578
42 0,74 0,77 | 0,56 0,59 0,734 0,761 0,541 0,569
44 0,14 0,75 0,56 0,57 0,710 0,779 0,523 0,591
46 0,74 0,76 | 0,56 0,58 0,743 0,779 0,541 0,578
48 0,74 0,78 0,5ù 0,58 0,752 0,789 0,546 0,582
50 0,73 0,76 0,56 0,59 0,743 0,761 0,550 0,569
52 0,74 0,76 0,56 0,59 0,734 0,752 0,550 0,569
54 0,74 0,77 0,56 0,59 0,743 0,756 0,555 0,569
| 36 0,73 0,76 | 0,54 0,60 0,724 0,752 0,537 0,565
58 0,72 0,75 | 0,58 0,60 | 0,729 0,775 0,541 0,587
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. AL
Nous ne donnons ce relevé détaillé des deux chronographes que pour
cette seule combinaison, et comme exemple; nous ne l'avons pas étendu
aux autres combinaisons de la même série, ni à celles de la série précé-
dente, pour ne pas allonger démesurément les tableaux, et cela sans uti-
lité réelle. En effet, ce ne sont pas les intervalles absolus entre deux si-
gnaux mesurés sur chaque chronographe qu'il importe de connaitre,
mais la différence entre le chronographe de Neuchâtel et celui de Ge-
nève pour le même intervalle. Ce sont donc les différences entre le chro-
nographe de Neuchâtel et celui de Genève, pour chaque intervalle, qui
sont données dans les tableaux suivants; les différences sont exprimées
en millièmes de seconde et le signe + indique que l'intervalle est plus
grand sur le chronographe de Neuchâtel que sur celui de Genève, le si-
gne — indique le contraire. Pour les comparaisons faites avec les cou-
rants ordinaires le 19 avril, la différence d'enregistrement des deux
chronographes a été donnée pour chacun des quatre intervalles men-
lionnés plus haut; dans ces deux séries du 19 avril, la première des
combinaisons (voyez à la page 405), dans le passage alternatif de Fun ou
de l’autre des courants par lun ou lautre des électro-aimants à été
manquée, parce que les courants s’interceplaient.
Pour les comparaisons faites avec les courants d’induction, le 9 mars
et le 19 avril, la différence entre les deux chronographes est donnée de
la même manière, seulement on n'a qu'un seul intervalle à mesurer
dans la différence entre la seconde paire de Genève et la seconde impaire
précédente de Neuchâtel, celui qui est compris entre les crochets formés
par l'attraction de l'ancre des deux électro-aimants, lorsque le courant
d'induction se produit dans l’une ou dans autre des stations.
412
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
19 avril 1862. fre série.
2me combinaison, 10h 3m et 4m, |
Signaux Durée du courantde
LT | |
fermeture. | ouverture, |Neuchatel.| Geneve, !
Différence en millièmes de seconde.
—28 | +22 | —16 | +922
San Nu EE
MENT
+24 | +13 | +22 | —2
DE ET ET EP
ST ET a hr
EP EE ME
EN SEE NIET
—16 | +4 | 31 | +37
A4 | 22. 19 00
+20 | —5 26 00
2 | +99 | _11 | +40
+ 6 | +36 | —26 | +13
HAN | A7 | 22 TE
7 Et SSI
= | 37 | = |
= | 2086 [= y |
SES RENE
— 3 | —11 | +40 | +9
+7 |+3 | +923 | +9
8 | an 0
— 2 | +28 | 413 | +93
= |A EE IE:
22 MER SRI
—16 | 419 | 7 | +9
4414 | 13 | 418 | L18
BED MECS ME Nr)
+12 | +24 | — 2 00
6 Non 98
00 | +29 | +18 | +28
+18 +18
— 4 | +38 | =91 | es
5170 so |
Ho mr ee
AE MEET EN ET
14 0538 | 14 00
MEN TR Er
18 UN | Era) 0
+18 | 443 | Ls8 | +3
+4 | 8. | 113 |A
— 5 | +38 | —16 | +26
—14 | LH 9 | — 2 | +1
00 | +13 00 | +22
+25 | +40 | +27 | +13
— 5 | +33 | —11 | +26
ITS NT)
Hosni TR EE
9 | 4419 | 46 | +22
— 9 |439M| 590
OUEN RE ET
00 | +5 | La |—1
ES EEE
415 | 445 | 17 | +413
INISS fo | SE
SENTE SECTE
Signaux
A Le,
fermeture. l'ouverture,
Différence en mill
—23 | —35
—32 | —49
—27 | —31
—22 | —921
— 8 | —53
+20 | —52
—12 | —52
—27 | —39
—31 — 35
—35 | —34
—33 | — 39
—45 | —15
—36 | —38
—31 —33
—31 | —23
—16 = &!
—45 | —27
— 6 | —9
—21 —34
— T1 | —32
— 6 —22
—16 | —56
—35 | —37
—35 | —24
—H4 | —8
— 34
—11 —21
—44 | —36
—43 | —17
—52 — 9
—34 | —31
—43 | —17
—44 | —31
—15 | —11
—29 | —41
—20 — 46
—43 | —13
—61 —31
—43 | —21
—48 | —26
—43 | —49
—34 | —21
—43 | —40
—37 | —31
—58 | —11
—52 | —41
—42 | —30
—928 | —25
—14 | —39
tn ES
—37 —38
—38 — 8
—5ÿ1 —15
1 | +1
—61
ge combinaison, 10h 6m et 7m,
Durée du courant de
LE
Neuchatel,| Genève.
ièmes de seconde.
+49 | 7
+53 | +26
+45 | +21
+33 | +926
+44 — 1!
+57 — ÿ
+58 | +8
+39 | +18
| +27 | +2
+31 | 4492
+20 | — 6
2 | +92
+20 | — 1
+29 | +7
+6 | +43
+10 | +12
+15 | +12
26 | +3
| — 8 {1
34 | 11
+30 | +4
Hu | +4
+20 | +9
+925 | +97
+25 | +36
BE
+19 | +9
4108
UN 07
59 a
+30 | +22
+26 | +21
+29 | +8
+21 | +4
210029
+27 00
hr)
+ai | 131
+16 | +22
+ 6 | +18
+29 13
Lo] Es
HG NA
ZT 2
RE
+16 | +17
+20 | +12
+16 | +9
+47 | +22
35 | +42
+39 | +98
+11 | +33
1 | 2x
2 | +43
| +27
Différence d'enregistrement, chronographe de Neuchâtel —chronographe de Genève. Courants ordinaires.
4me combinaison, 10h 9m et 40m.
Signaux Durée du courant de
RS |
fermeture. | ouverture-[Neuchatel.| Genève,
Différence en millièmes de seconde.
+5 | —13 | +412 | —18
FL = 47 | A4
in | —44 39 | —25
+6 | —2 47
— 4 | —I0 19 | +13
—4 | —6 16 | +13
13016 30 | +7
—28 | —40 48 | +27
15 6 2 | —20
+25 | —-11 31 | — 5
+7 | —6 22 | — 1
+16 | —31 92 | —9%5
— 4 | —30 35 | +9
LOI 31 | F13
+9 | +5 41 | +4
13 | 15 12 PU
354. = 40 | —7
+2 | 38 . —1
3 | —15 —10
GE 7 — 6 23 | — 7
sl 16 È Vs;
17 | —11 325
2 7T | —25 33 | —16
18 | —39 46 | —11
LE | 50 |N=8
+18 | —39 51 | —16
SO Et STRICTES
Se) || CE | =
+ 8 + 8
|— 6 | —19 27 | +3
ol ET) 18 | +9
+13 | —23 18 | —20
+8 22 | +51 | —20
CON EN
00 | —14 | +28 Es 7
A, M ES | = 1
+19 | —13 | +18 | —16
445 | —18 | +42 | =
+19 | +7 | +18 | —16
— 4 | —4i | +27 | —20
— 4 | —928 — 6 | —16
—9|—9 [+4 | —7
—8|—8|—71|+2
225 | {8 8 | 35
419 | TN 300
16 | —21 | A7 | —11
+17 | —41 | +48 | —40
+10 | —56 | +28 | —40
17 13 | +13 | —18
+8 | —18 | +4 | —2
RER EAN 12
—12 | —18 00 | —27
+423 | —98 | +18 | —36
421 | = | 8 | 5
FH lrs
— 7 —31 —37
— 2 —32
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. A5
Diférence d'enregistrement, chronographe de Neuchâtel — chronographe de Genève. Courants ordinaires.
| 19 avril 1862. me série. |
2me combinaison, 10h 28m et 29m, |3me combinaison, 10h 31m et 32m. | {me combinaison, 101342 et 35m,
Signaux |Duréedu courant de Signaux Duréedu courant de} Signaux Durée du courant de
A — — me LS M
fermeture. ouverture. |Neuchetel.| Genève. |\fermeture. ouverture. Neuchatel.| Genève. femeture. ouverture. | Neuchatel:| Genéve.
| Différence en millièmes de seconde. Différence en millièmes de seconde. Diflérence en millièmes de seconde.
+2 | +18 GO ON En SN EN EN RENE EN ESC
6| +16 | +8 | +5 | +6 27 | +10 19 | +2 34 | +7 | +30 | — 7
| 8| +20 | +47 | +24 | + 26 | —23 108 0 7 ES No An
+16 | — 5 | +18 +6 20 | — 9 17 | — 2 27 | +3 | —1 —35
21 +30 | +9 | +19 | —2 | 50 | +6 32 | —12 FO ENEEENIEN
| +39 | + 9 | +37 | — 2 36 | +25 18 | +6 12 | —11 35 | —18 |
| 16 | 10 | +20 | +13 | 17 | —18 | 93 | — 2 | 56 | —16 42 | —20 |
REA EDS Co SN NEA En METIERS 30 | +18 |
| 41 00 Ki SET 1
| it | — 1 Du | at 60 | + 6 2827 39 | +417 45 | "47
| 5 | +17 | + 4 | 15 27 | — 3 30 | +20 | 39 | +9 ET
+20 | +4 | Hu | +8 17 | —5 ÉMIS) INT EC 2% | +7
26 EN STI 36 | +1 27 | —18 34 | 9 2 |—7|
+21 —19 | +39 | — 1 5 | — 1 37 | +11 34 | +922 16 | —27
14 | 403 | 00 | +26 | 31 | —33 | 32 À -> 180 ES 2 | +6 |
= SEE 1 lab 27m | 18 4 | —40 26 | —6 29 | —14 |
—9 | L4 | —5 | —2 21 | +10 13 | +11 68 | +17 15 | —36
—18 | +23 | +1 | +12 17 00 18 | +10 31 | +9 26 | —21 |
A | = hé ln ARE AE 24 | +23 00 | —11 |
— 4 | 20 | 9 | 46 36 | +6 33 | +12 34 | 17 24 | +6
— 4 | +50 | +145 | —12 Ai | +15 14 | +6 AT | +128 | 17 | 11
2 | L5 | +5 | +e 36 | +26 46 | +15 MIO CUS
PA RE EE SET #80 152 49 | +9 36 | —2 33 | —13 |
— 7 | +413 | — 5 | +35 27 | +17 13413 50 | +27 16 | —"7
DCR ETS PET ET: 300 ET 40 | + 3 46 | +27 32 | +3 |
+6 41/10 | F13 31 | +16 17-21 TM SE) 35 | +13
+16 | +19 | +19 | +12 21 +21 27 | +6 50 +23 30 | —-17
+15 | —24 | +24 | —15 36 | — 3 27 31 | +38 32. —11
— 8 | —11 +15 | +12 17 | — 8 28 | — 7 31 — 7 8 | —40 |
—13 | +23 | —28 | +18 32 | —26 a6 if 13, 11 18 | —16
+10 | 18 | +4 | +3 32 | +16 28 | +21 BE 23 | —16
A En | EE ER ES 18 | +12 FN = ET
Hu | —15 | +14 | +8 28 | +17 48 | +25 46 8 96 | —21
TG a l'a 47 | +21 97 |. #41 32 | +93 22 | +2
+9 | —10 | +24 | +12 32 | +21 24 | +12 31 | +17 GE
+2 | —19 | +34 | +3 46 | +12 36 | +12 36 | +17 13 | +3
—13 | —11 | +24 | +35 51 +17 43 | —21
— 4 | +32 | —5 | +40 D | SE 26 | +3 3345 | =
+20 | — 1 | +39 | +18 CNET: EIRE TE 6 | —26
+6 | —15 | +5 | —16 | 8 | +2 | +33 | +6 2 | +4 23 | —24
+11 | +14 | +10 | +12 9 RE TN 7e A 26 | —11
—12 | —9 00 | + 3 4032 | 8 2 UE" UT 40 | +9
—12 | —4 +5 | —7 7 | +21 | +13 | +15 | 28 | +22 | 17 | +21
— 3 | +28 | +20 | +50 33 | +22 | +44 | — 8 | 43 | +22 | — 6 2
Hu |—5 |+4|-2 46 | +17 | +22 | +2 | 6+ | +8 53 | —11
—7|+8 00 | +35 23 | 11 | +37 | +25 | 62 | — 3 | 19 | +4
416 | — 1 | —1 2 #7. | 247 | +35 | +5 | 47 | —3 le
06 | + 9 419" | “at || 28 | 7 | +98 }—7 || 39, | +3 00 | — 6
+30 | —29 | +37 | 21 18 | +45 | —1 | +45 | 42 | +34 | +27 | — 1
—13 |" 19 | H19 | re CNE ERNREINSTMIRTE 00 | +28
Cu ci EE ET 8 | 442 | Los | 96 | 38 | Far | 418 | 8
—13 | — 1 | +10 | +21 | +30 | +7 | +17 | + 4 | 47 | it | — 1 | +12
TG EN ETNIRETS| EAN EE 0 RS) NN GENE ET
— +4 | LS | Hat | — 7 | or | 13 | +25 | 51 | +8 | +27 | — 6
20 | 86 CSA ARE 7 1 CN A EN TT 86 | —10 | +35 | —30
— 9 | —25 | +39 | +13 | 7 | ai | +43 | +45 | +38 | —12 | +32 | — 8
414 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
IF ER a 3 | 1er 0 F OST E
Différence d'enregistrement, chronographe de Neuchâtel — chronographe de Genève. Courants d'induction.
9 mars 18G2 | 19 avril 1862, 4e série. | 19 avril 1862, 5: série.
COMBINAISON. | COMBINAISON. || COMBINAISON,
I ro RETIT FE | D Il ll IV I CM QT IV
10"10®,1%| 13%, 44m | 46%, 47% | 49%, 90% [050 51") 58w, 54m | 57,58 | 4490,4r | n1M9» 13% | 15%, 46% | 48», 49" | 24=, 92e
Différence en millièmes de seconde. || Différence en millièmes de seconde. | Différence en millièmes de seconde.
S
| 2] +63 | +35 | —23 | +13
4 7 30 | —19 | — 7 | —10 | —41 | — 8 | +30 | + 8 | +11 | +10 | +31
6| 27 2027000 40 | 9 17 17 | —2 14 17
8 59 39 | 18 |"—*8 | 5 | 7 | +920 30 22 | —5 31
10 49 44 | — 9 | —13 | 00 | — 5 | +19 26 ar) 14 27
12] 49 4 | +1 | +8 | +20 | — 5 | +29 26 16 +8 1: 26
141 35 35 | 4410 | +6 | +10 + 2 30 | 16 9 24 12
16| 53 30 "10 | Æ 6 | 410 | +13 | <a 150) eT 21 5 12
18| 49 12012NS 6415 —17 40 | — 2 | +14 [ 40
20 77 21 17 20 00 "8 30 Hu | 7 41
22| 69 33 | +1 | Lu | +5 | +10 1 | His 00 à 38
124 40 40 "4 22 | — 4 | —145 | +15 nue 21 60
24 45 80 | Æ 4 = 07 | 15 415 | p04 A10|| PAT 25 -39
28| 54 SON N SE SEEN NET 25 || 30 26 30
30| 44 21 | Æ10 | +35 | —10 | —20 | — 7 25 || +25 7 45
32 | 59 21 | +10 2 | — 4 | — 6 | +16 340 215 16 31
34| 54 40 | — 3 | +17 | +40 | +3 | +u 20 | +6 7 27
36 54 NE SIN ET RIIReC +22 | 16 30 | + 7 | 7 36
38 44 40 | —22 | 418 | +5 | +3 | +20 20 | +7 16 36
10| 54 ED qu |A 10 00 1 20 | +17 | 1 36
42 54 BETA EN NN TUE 354 17 36
44| 60 17 = 8 | +43 | 410 | — 5 | +17 35 EP 8 4
46| 64 ES SE 00 | — 5 | +26 35 | +25 17 31
18 69 32 | —13 | 26 10 | +28 | + 3 | +40 | +35 | —5 | 22 | 4
30 60 LS GS OO NT SET +422 | +19 17 27
52| 79 45 | —31 | —1 00 | + 9 | —17 | 131 | 440 | + 3 31
54| 69 6 |A 10 | +3 | +24 33 | —37 36
156 | 69 22 16 | 19 | 4 6 HS Lai —18
58 | | 15 | —18 | +20 +26 | —14
0 64 50 492 "13 | 5 +29 +26 | — 5
è 27) 10
64 ne ab 5 | +18 | —12 +33 ,
OI rt EE CN EDR IS Le + 3 | +36
8 64 54 | —16 | — 9 | 3 | +13 | +3 ÎÜ L31 | 425 | +12
10 65 46 1} —16 00 15 | +13 | +30 | +35 | Las | — 8 | +12 | +13
12| 30 42 | —2à | +10 30 | —14 | +20 | +26 | +29 | —17 | +8
14! 55 DEA 44 | —23 | +44 | pat | Los | +1 |
16 50 33 | —17 | +23 30 | + 9 | +26 | +34 | +99 | +3 | +3
18| 46 94 | —22 | 418 25 | —10 | +30 | 3 | +5 | +3
20| 55 49 | —17 | +18 | 20 | +13 | — 7 La | 410 | —2
2| 46 37 | —13 | — 9 | 25 | 413 | +16 +31 00 | +16
24! 60 HU 35 10 164 BAIE: -10
26| 46 47 |M=31 | 9 | 00 34 il 425 | —10 | +17
28| 46 62 |"—22 00 15 216 16 Jo6 | —15 | +13
30 37 OM AIES 40 | — 1 | 429 +6|—-4|+3
32| 37 FE PSN IE LE AT |Z 3 |+s|—2
34! 56 3u | —15 | +19 40 | +4 26 +3 |—5 |+8
36| 50 a |+t | +5 10, 11060 +45 +1 |+5 | +8
38| 46 48 | — 5 | +15 10 | + 4 | +30 |L 3 | +15 | +27
40! #5 57 | —15 | —9 20 | +9 +12 Jos | —4 | +36
42, 42 83 | — 1 | —8 54 |'13 ar | L3s | —19 | +36
4 28 6 |—5 | +5 54 | + 4 | +26 | +45 + 9 27
46| 37 8» | — 5 | —4 | 35 | 00 | +26 Jos | +14 8
48! 69 47 | —15 | Hi 35 | +13 | +26 L16 00 | 413
50! 9 29 | -:29 | +1 98 | +13 | Li | Lie 05 | +3
2! 41 38 | —29 | +5 | 30 | +18 | +17 199 | —10 | +18
se 37 44 | —20 | —58 30 | +4 | +21 jar | —19 Re
Ë 6 SEE 16 | +4 | +15 | 415 | =.S
be DOS | 48 | EEE ER | in | cfa
60 | | +30 | | 193 | —29 | +27
—————————_—aaa——————
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
VC
Qt
Courants
induits.
+
n
15
Dans la discussion des observations dont nous venons de donner les
tableaux, nous traiterons séparément les courants ordinaires et les cou-
rants induits *, et nous commencerons par ces derniers, dont les résul-
tats sont plus simples et plus nets, parce que l’on n’a pas à distinguer les
moments de fermeture et ceux d'ouverture, ni à comparer leur durée.
Nous avons trois séries complètes (de quatre combinaisons chacune)
pour la comparaison de nos deux pendules enregistrées sur les deux
chronographes; voici les moyennes de ces séries, dans lesquelles 2T re-
présente, pour chaque combinaison, la différence d'enregistrement entre
le chronographe de Neuchâtel et celui de Genève.
1e combinaison. 0,016 2+0,015.2 +0,002.0
gme » 0,001 0,012.6 0,001.7
|3me » 0,015 0,013.6 0,001.8
[ame y 0,027 0,009.3 0,001.8
Moyenne. ....| —-0,014.8 +0,012.7 2+0,001.1
19 avril 1862, Ve série.
| 4re combinaison.| -L0,017.5 | -+0,011.2 | --0,001.5
|2me » | —0,002.0 0,013.2 0,002.0
gme » -L0,013.7 0,041.7 0,001 .6
[ame y | —-0,032.0 0,011.5 0,0U2.2
| Moyenne. ....| -L0,015.3 | æ0,011.9 | -H0,001.0
9 mars 1862.
Ame série.
ant A0!)
|
4re combinaison. 0,053
Due » —+-0,039
gme » —0,013
am » -0,006.7
Moyenne. .... —-0,021.4
m
Erreur moyenne
d'une observation.
+0,011.6
0,011.9
0,009.3
0,013.8
Z0,011.6
|
Erreur moyenne
de la combinaison.
0,001.6
0,001.6
0,001.3
0,001.8
Z0,000.9
19 avril 1562.
IVe série.
‘ Nous rappelons que les courants d'induction que nous avons employés sont des courants d'ouverture
ou directs, qui jouissent, comme on seit, de propriétés très-différentes de celles des courants de elôture.
A6 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
Ce qui frappe d’abord, c’est l'exactitude remarquable de l’enregistre-
ment; car, d’après la moyenne des trois séries faites avec les courants
d’induction, l'erreur moyenne de la différence des deux chronographes,
pour l'intervalle entre deux signaux, est m—= +0°,012.1. Nous avions
trouvé pour l'écart d'enregistrement d’un fil sur les deux chronographes,
dans nos observations d'étoiles, un chiffre notablement supérieur; car
pour les courants induits, »m était = +05,051.7.
Cette différence peut tenir aux causes suivantes : en premier lieu,
les erreurs du relevé, qui constituent la partie de beaucoup la plus
importante dans les écarts accidentels de la différence d’enregistre-
ment, devaient être beaucoup plus fortes dans les observations d'é-
loiles. Pour ces dernières, en effet, comme nous l'avons montré à la
page 541, le relevé d’un fil, sur un chronographe, exige la comparaison
de trois signaux, par suite de six pour la comparaison des deux chrono-
graphes, tandis que dans les expériences de pendules, on n'avait à con-
sidérer que quatre signaux. En outre, les pendules restant très-sensible-
ment d'accord pendant la durée d’une combinaison, la différence entre
la seconde paire de Genève et la seconde impaire de Neuchâtel était
presque constante, ce qui contribue beaucoup à l'exactitude du relevé,
tandis que, dans les observations d'étoiles, le signal enregistré pour un
fil peut occuper toutes les positions possibles dans l'intervalle entre deux
signaux de seconde. Au lieu d’avoir à mesurer des intervalles à peu près
constants, on avait à mesurer des intervalles variables dans la limite
d’une seconde. Enfin, le mode d’après lequel nous avons calculé l'erreur
d'enregistrement pour les observations d'étoiles, suppose que le temps
de transmission reste constant pendant la durée du passage d’une étoile;
or, nous verrons bientôt que cette supposition n’est vraie qu’approxima-
tivement, puisque ce temps varie en effet dans l’espace de deux minutes.
La moyenne des quatre combinaisons d’une série donne la valeur de
2T débarrassée de l'inégalité des deux électro-aimants et de la parallaxe
des plumes sur chaque appareil; les trois séries donnent des valeurs de
2T qui s'accordent parfaitement, et bien en dedans des erreurs d’obser-
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. il
vation. Car il faut se rappeler, ce que nous avons remarqué déjà au K 1,
que le 9 mars nos courants ont eu à parcourir une ligne plus longue
que celle qu'ils ont traversée le 19 avril. Comme les deux lignes sont
dans le rapport de 211,2:152,6=1,595:1, et que les temps de transmis-
sion sont entre eux —0°,021.4:05,015.1—1,416:1, on voit que ces der-
niers sont très-sensiblement proportionnels à la longueur de la ligne,
et non pas au carré de cette longueur, comme la théorie d'Ohm et les
expériences de M. Gaugain le feraient supposer. Si maintenant on ré-
duit le temps de transmission du 9 mars à la ligne directe, en le sup-
posant proportionnel à la longueur du circuit, on obtient le chiffre de
0s,015.4; et si l’on réunit alors les trois valeurs :
2T—= +-05,013.4 +05,000.9
OS,0148 +05,001.1
05,015.5 +05,001.0
on trouve, comme résultat des comparaisons des pendules:
mt
2T— 050144 +05,001.0 +05,000.6
Ce résultat étant combiné avec celui que nous ont donné les observa-
tions d'étoiles (voyez chapitre V), savoir : 05,015 +05,008 , on obtient
comme résultat général :
Erreur moyenne Erreur probable
2T— +05,014.4 +05,000.6 +05,000.4
Comme les courants d’induction que nous avons employés avaient
une intensité tellement considérable, que la différence entre leur force
à la station de provenance, et celle à la station éloignée, disparait com-
plétement, on peut faire abstraction de l'inégalité dans le temps de l'at-
traction des ancres produite par l'inégalité d'intensité du courant dans
les deux stations. On doit donc envisager cette quantité que nous avons
! Pour les étoiles, la vitesse de transmission est exprimée en temps sidéral, et pour les pendules, en
temps moyen; mais on peut se dispenser d’en tenir compte, puisque la différence équivaut à 0s,000.04,
soit 50 kilom. par seconde.
TOME xvI1, 20e PARTIE. 54
A18 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
appelée 2T, lorsqu'elle résulte de la moyenne des quatre combinaisons,
de laquelle la parallaxe des plumes et l'inégalité des électro-aimants
sont éliminées, comme exprimant réellement le double du temps em-
ployé par les courants induits pour franchir la distance entre les deux
observatoires. Nous trouvons ainsi pour la vitesse des courants d'induction
dans les conditions données, 18400 kilom. par seconde, avec une erreur
probable de +500 kilom.
Cette nouvelle donnée pour la vitesse des courants électriques est
comprise entre la valeur que Gould a trouvée sur la longue ligne de
Washington à Saint-Louis (25600 kilom. par seconde) et l'autre, qui
est résultée de la détermination de longitude entre Greenwich et Édin-
burgh (12000 kilom. par seconde) ; et comme ces deux vitesses ont été
obtenues par des courants ordinaires, il semblerait que la vitesse des
courants d’induction n’est pas essentiellement différente de celle des cou-
rants ordinaires de pile. Ce résultat diffère complétement de celui que
M. Hipp a trouvé (voy. Arch. Bibl. Univ. de Genève, avril 1859), et il
est contraire à ce qu’on aurait pu supposer à priori, si l'on croit que la
vitesse de propagation soit de quelque façon en rapport avec l'intensité
des courants, et si l'on pense à la ressemblance que, sous bien d’autres
rapports, les courants d’induction montrent avec l'électricité statique,
pour laquelle lexpérience de Wheatstone avait établi la vitesse de
160800 kilom. |
Il faut convenir que nos connaissances sur la vitesse de lélectricité
sont encore très-incomplètes; nous nous sommes convaincus, dans le
courant de nos expériences, que si l’on emploie dans ces recherches des
appareils à électro-aimants, il est très-difficile de démêler le vrai temps de
propagalion des courants d'avec le temps employé par le fonctionnement
des éléctro-aimants, fonctionnement qui non-seulement dépend de lin-
dividualité des électro-aimants, mais qui varie considérablement avec
l'état électrique de la ligne et des appareils. Ces variations existent non-
seulement d’un jour à l'autre, mais dans l’espace de deux minutes, et
cela d'une manière très-sensible. Car, même pour les courants induits,
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL.
si l’on examine attentivement les tableaux du K 2, on y aperçoit des sauts
brusques dans plusieurs combinaisons. Il suffit, pour les mettre en évi-
dence, de subdiviser les combinaisons en groupes; ainsi on trouve, par
exemple:
9 mars 1862. Inc série,
Îl
| Na Erreur moyenne
Combinaison. Intervalle. de signaux. 27 d'un signal | de là moyenne
| m mn
| I 10h{om 2s—{0h41m{0s 33 —-05,058.2 | H05,010.5 | +0s,001.8 |
11 12 11 56 23 —L0,046.8 0,008.2 0,001.7
| Il 13 2 VONT 31 —-0,032.9 0,010.1 0,001.8 |
| 1% 6 14 56 | 26 —+-0,046.0 0,009.3 0,001.8
EC | | 19 avril 1862. IVme série. EE
| |40h50m 45—10h51m gs 33 —L0S,005.6 | 05,008.0 | 0S.001.4
51 10 51 60 26 —-0,028.4 0,012.0 0,002.3 |
Te 57 4 58 8 32 |-10,010.0 | 0,013.8 | 0,002.4 |
58 10 58 58 25 —-0,021.8 0,010.1 0,002.0
19 avril 1862. Vmc série. FF AC
l Ah2m 4s—{{h{9m44s 21 L05,014.1 | -05,009.1 | -05,002.0
| 12 46 13 60 36 —-0,022.2 | 0,011.1 0,002.0
Il 15 4 15 12 11 —-0,007.3 0,009.1 0,003.0
15 54 16 -60 31 —0,005 1 0,013.2 0,002 4
Les valeurs de 2T varient donc de groupe en groupe, bien au delà de
l'erreur moyenne dont chacun est affecté, de sorte qu'on ne peut pas
attribuer ces variations à l'incertitude du relevé. Nous croyons devoir
les attribuer, pour les courants induits, essentiellement à la parallaxe
des plumes proprement dite; les ancres étaient attirées par ces courants
intenses avec une grande violence, au point de nous faire souvent crain-
dre, que les plumes en verre fussent brisées par la secousse. Il est dès
lors fort possible que, par suite de ces chocs violents, la position rela-
tive des plumes ait pu changer de temps à autre d’une très-faible quan-
120 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
tité; un déplacement relatif de un à deux dixièmes de millimètre suflirait
largement pour expliquer les variations brusques que nous venons de
constater pour la différence des deux chronographes.
Quoi qu’ilen soit, les moyennes des différentes séries de ces expériences
de pendules s'accordent dans des limites si étroites entre elles, aussi bien
qu'avec le résultat général de nos observations d'étoiles, qui cependant
ont été faites à une époque assez éloignée, enfin la proportionnalité entre
la durée de la transmission et la longueur de la ligne parcourue est si
satisfaisante, que toutes les irrégularités momentanées dont nous venons
de parler paraissent avoir été éliminées. Le résultat que nous venons de
donner pour la vitesse des courants induits, nous paraît done établi dans
les limites d’exactitude que la méthode employée comporte.
Il n’en est pas tout à fait de même pour les courants ordinaires, comme
nous allons le voir dans le paragraphe suivant.
$ 4.
Courants ordinaires.
Pour ces courants, le fonctionnement des électro-aimants est non-
seulement beaucoup moins régulier et dépend à un plus haut degré de
l'état électrique de la ligne, mais les temps d’attraction et de relàche-
ment des armatures sont plus considérables, et en même temps si dif-
férents pour les différents électro-aimants, qu’il devient très-difficile,
sinon impossible, de dégager le temps de transmission proprement dit
des temps variables employés au mouvement des armatures. On remar-
quera, de plus, que les changements brusques que nous avons signalés
dans l'état électrique pendant la durée de deux minutes d’une seule
combinaison, sont plus forts encore pour les courants ordinaires que
pour les courants induits; les moyennes des différentes combinaisons
sont donc bien moins sûres, et par suite, les résultats qu’on peut ürer
de leur comparaison moins concluants. Pour augmenter autant que
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 421
possible les données, nous avons relevé aussi les durées des deux cou-
rants. Ces durées, qui sont indépendantes du temps de transmission, aussi
bien que de la parallaxe des plumes proprement dite, devraient, aux
erreurs d'enregistrement près, être les mêmes sur les deux chronogra-
phes, si les armatures des électro-aimants des deux stations étaient atti-
rées el relàchées avec la même vitesse. Par conséquent, la différence des
deux chronographes pour la durée des courants donne une mesure pour
cette différence de l’inertie des électro-aimants, et permet ainsi de sé-
parer cet élément de la parallaxe des plumes.
Voici maintenant le tableau des moyennes des deux séries du 19 avril
1862, en désignant toujours par » l'erreur moyenne d’une observation,
et par & celle de la moyenne.
Ire série.
CHRONGORAPHE NEUCHATEL — CHRONOGRAPHE GENEVE.
Combinaisons. | 2T m mn
Signaux de fermeture. .| —-05,003.8 | Æ0$,012.5 | Æ0°,001.7
Il Signaux d'ouverture... | —-0,017.1 0,015.4 0,002.1
Durée du courant N...| --0,001.3 0,016.1 0,002.2
Durée du courant G ..| --0,013.7 0,012.0 0,001.6
Signaux de fermeture. .| —0,033.1 0,016.6 | 0,002.2
Il Signaux d'ouverture. .| —0,029.7 0,013.6 0,001.9
Durée du courant N...| —-0,022.7 0,017.1 0,002.2
Durée du courant G...| —+-0,013.9 0,012.0 : 0,001.6
Signaux de fermeture. .| —-0,006.2 0,011.2 0,001.5
IV Signaux d’ouverture. . | —0,020.1 0,014.4 0,001 .9
Durée du courant N...| --0,022.3 0,015.7 0,002.1
Durée du courant G...| —0,011.4 0,016.2 | 0,002.2
Ilme série.
Signaux de fermeture. .| —-0,003.1 0,013. 0,001.8
II Signaux d'ouverture. . .| -1-0,003.2 0,014.7 0,002.0
Durée du courant N... 0,012.5 0,013.7 0,001.8
Durée du courant G...| --0,011.3 0,014.5 0,001.9
(Signaux de fermeture..| -0,026.0 ! 0,015.0 | 0,002.0
ll {Signaux d'ouverture, ..| -0,004.9 0,016.9 0,002.3
Durée du courant N...| --0,022.7 0,011.7 | 0,001.6
(Durée du courant G.. : —-0,005.1 0,015.9 | 0,002.1
Signaux de fermeture .| --0,039.3 | 0,012.9 0,001.7
LV Signaux d'ouverture. ..| —-0,009.9 0,017.6 0,002.4
Durée du courant N...| —-0,022.6 0,013.1 0,001.8
Durée du courant G...! — 0,008.6 0,016.0 0,002.1
422 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
es valeurs de 27 donnent, pour chacune des trois combinaisons des
électro-aimants sur les deux appareils, la différence d'enregistrement du
chronographe de Neuchâtel et de celui de Genève, suivant que l'on com-
pare l'intervalle compris entre les signaux de fermeture, celui qui est
compris entre les signaux d'ouverture, la durée du courant de Neuchà-
tel, ou celle du courant de Genève. Ces valeurs forment le second mem-
bre des équations que l'on peut établir entre les différentes inconnues
qu'il s'agit de déterminer. Si lon compare les signaux de fermeture, ou
ceux d'ouverture, ces inconnues sont : le double du temps de transmis-
sion, que nous désignons par 25, l'inégalité (g—d) entre les deux électro-
aimants, celui de gauche et celui de droite, du chronographe de Neu-
châtel, et l'inégalité (a—b) entre les deux électro-aimants, celui de droite
et celui de gauche du chronographe de Genève; il faut remarquer, en
outre, que dans ce cas (g—d) et (a—b) représentent la différence totale
d'enregistrement des deux électro-aimants du même appareil, et qui com-
prend la différence d'inertie et la parallaxe des plumes proprement dite.
Si l’on compare la durée des courants, les inconnues sont: la différence
entre le chronographe de Neuchâtel et celui de Genève, dans lenregis-
trement de la durée des courants, différence que nous désignons par D,
l'inégalité (g—d) entre les deux électro-aimants, celui de gauche et celui
de droite, du chronographe de Neuchâtel, et l'inégalité (a—b) entre les
deux électro-aimants, celui de droite et celui de gauche, du chronogra-
phe de Genève. Il faut remarquer, qu'ici (g—d) et (a—b) n’ont pas la
même signification que dans le cas précédent, en effet, la parallaxe des
plumes proprement dite est éliminée dans le cas actuel, et (g—d), ainsi
que (a—b), expriment la durée plus longue (pour un signe positif) de
l'intervalle compris entre l'attraction et le relâchement de larmature
de l’un des électro-aimants, comparée à celle qui serait produite sur
l'autre électro-aimant du même appareil par le passage du même cou-
rant. On trouve ainsi, par la résolution des équations:
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 123
Irc série.
20 | (g—d) | (a—b)
s s | s s $ s
Signaux de fermeture . . .|+-0,005.0 +0,001.0 -L0,018.3 +0,001.0:—0,019,5 +0,001.0
Signaux d'ouverture . .. |—0,001.5 0,001.1 —+0,023.5 +0,001.1|—0,003.0 #0,001.1
inc série.
Signaux de fermeture .. .|0,021.0 Æ0,001.0[—0,011.5 Æ0,001.0|—0,006.5 0,001.0
Signaux d'ouverture . . .-0,006.5 0,001.3|—0,001.0 +0,004.3|—0,002.5 0,001 3
et de même pour les durées des courants :
Irc série.
D | (g—d) | (a—b)
.5 +0,001.3+0,022 Æ+0,001 3/—0,001 0,001.3
3 +0,001.0| 0,000 20,001.0/-L0,025 =+0,001.0
Ilme série.
Durée du courant de N..1-0,017.5 Æ0,001.0| 0,010 Æ+0,001.0
Durée du courant de G..|--0,001.0 æ+0,001.2/—-0,006 Æ0,001.2
Durée du courant de Non
Durée du courant de G..|+-0,001
0,000 +0,001.
0,014 —0,001.
LL
Voyons d'abord jusqu’à quel point la discussion des résultats ci-dessus
permet de séparer les temps employés au mouvement des armatures
d'avec le temps de transmission. Les temps d'attraction et de relàche-
ment des ancres dépendent de deux causes principales: en premier lieu,
de l'inertie de lélectro-aimant, dont l'élément principal est la force du
ressort antagoniste, à laquelle se joint la masse de armature et la dis-
tance. à laquelle elle se trouve; et, en second lieu, de la force du courant.
D’après des expériences que M. Hipp a communiquées en 1854, dans le
journal de Dingler, le temps d'attraction n’est rigoureusement égal à celui
du relâchement que lorsqu'une intensité donnée du courant est combinée
avec une force donnée du ressort antagoniste. On ne peut donc régler
le ressort antagoniste d’un électro-aimant que pour une certaine force
du courant; si l’intensité de ce dernier diminue ou augmente, les temps
d'attraction et de relâchement ne sont plus rigoureusement égaux. En-
suile, il ÿ a pour chaque électro-aimant un certain rapport entre la force
du ressort et celle du courant, pour lequel les temps d'attraction et de
relâchement varient le moins vite, si lintensité du courant change un
peu. On trouve une confirmation évidente de celte loi dans le fait, que
la diflérence (g—d) des deux électro-aimants de Neuchâtel pour lenre-
gistrement de la durée des courants, est presque nulle pour le courant
124 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
de Genève, et s'élève à 05,016 pour celui de Neuchâtel; et de même
(ab), qui est insensible pour le courant de Neuchâtel, monte en moyenne
à 0,020 pour celui de Genève. Il parait donc que nos appareils étaient
réglés de telle sorte, qu'avec le courant plus faible de la station éloi-
gnée les deux électro-aimants du même chronographe fonctionnaient de
la même manière, tandis qu'avec le courant plus fort (de quelques de-
grés seulement, il est vrai), de la propre station, l’un des électro-aimants
atlüirait son armature de 8 à 10 millièmes de seconde plus tôt, et la là-
chait de la même quantité plus tard.
Les valeurs de D inscrites dans le tableau précédent donnent la diffé-
rence entre le chronographe de Neuchâtel et celui de Genève dans l'en-
registrement de la durée des courants, différence dans laquelle l'inégalité
des deux électro-aimants sur chaque appareil est éliminée, comme si
chaque appareil ne possédait qu’un seul électro-aimant, qui serait égal à la
moyenne des deux. La comparaison des valeurs différentes trouvées pour
D, suivant que le courant part de Neuchâtel, ou de Genève, permet de
séparer les deux éléments qui peuvent faire enregistrer une durée plus
longue du courant à Neuchâtel qu'à Genève, savoir : l'inertie plus forte
de l'électro-aimant de Genève, qui retarde l'attraction et hâte le relâche-
ment de l'ancre; et ensuite l’affaiblissement du courant depuis la sta-
tion de provenance jusqu'à l'autre, qui produit dans cette dernière un
relard dans l'attraction et une accélération dans le relâchement. Cette
dernière cause Sajoute à la précédente, si lon compare les durées du
courant de Neuchätel, auquel cas nous désignons par D, la valeur de D;
elle se retranche au contraire de la précédente, si c’est la durée du cou-
rant de Genève que l'on compare, et la valeur correspondante de D sera
désignée par D,. Si l’on suppose, que le retard dans l'attraction de l'ancre
soit de la même durée que l'accélération dans le relâchement, et si l'on
désigne cette durée par +R pour le retard, et par —R pour l'avance,
dans l’action exercée par l’inertie de lélectro-aimant; de même par +C
la durée du retard, et par —C Ja durée de l'avance, dans l'effet produit
par l’affaiblissement du courant, on aura les équations suivantes:
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 125
Ir série. [me série. Moyenne.
D, —2R-+2C— +05,011.5— +05017.5— +05014.5
D, —2R—2C— +0,00!1.5 — +0,001.0 — +0,001.3
d'où
AR—=D; ED; —:05015.8
40=D; —D, = +0,013.2
et par suite
R= +05,004.0
et C= +0,005.5
Donc, on voit que l’électro-aimant de Genève attire, par suite de sa
plus grande inertie, moins vite que celui de Neuchâtel, en moyenne de
+-05,004; et que les courants éprouvent en route un affaiblissement, par
suite duquel l'ancre est attirée, en moyenne, de --05,005 plus tard dans
la station éloignée que dans celle de provenance.
Ce dernier résultat se confirme, dans les limites des erreurs, encore
d’une autre manière, par la comparaison des valeurs du temps de trans-
mission 29 fournies par les signaux de fermeture, el par ceux d'ouver-
ture. Les valeurs de 29 données plus haut, ne sont en effet débarrassées
de l'inégalité entre les électro-oimants de chaque appareil que si ceux-ci
sont mis en mouvement par des courants d'une égale intensité. Si Faf-
faiblissement du courant provenant de la station éloignée produit un
relard --C dans lattraction de l'électro-aimant correspondant, et une
avance —C dans le relächement de l'ancre, il faudra distinguer la va-
leur 2 6; du temps de transmission, donnée par les signaux de fermeture,
de celle 29, donnée par ceux d'ouverture. On aura ainsi:
l'e série. [ne série. Moyenue.
2p 20 -2C— + 05,005.0— -0°,021.0— +-0°013.0
290 —29—2C—= —0,001.5 = —-0,006.5 — --0,002.5
d'où
40 = +05,010.5
et C— --0,002.6
TOME XVI, 2€ PARTIE. 55
426 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
On voit, en même temps, que la moyenne des moments de ferme-
ture et d'ouverture, ‘/, (29f +25%) doit donner pour le temps de trans-
‘mission une valeur sensiblement indépendante des variations qui ont
lieu dans le mouvement des ancres, à la condition toutefois qu'il soit
permis d'envisager le retard dans l'attraction et l'avance dans le relà-
chement, causés par l’affaiblissement des courants, comme étant d’égale
durée.
Nous ne pouvions pas, il est vrai, avoir la prétention que celte con-
dition se réalisät complétement sur nos appareils, mais nous pouvions
espérer que, par suile d’une compensation partielle entre le retard dans
l'attraction et l'avance dans le relâchement de l'ancre, ou vice versd, les
inégalités dues aux variations d'intensité des courants disparaîtraient,
en partie du moins, dans la moyenne des signaux de fermeture et de
ceux d'ouverture. C’est la raison qui nous a engagés à comparer l’enre-
oistrement des deux pendules sur les deux chronographes, en détermi-
nant la différence entre la seconde paire de Genève et la seconde impaire
précédente de Neuchâtel, non plus par les signaux de fermeture, ou par
ceux d'ouverture, mais par la moyenne des deux. Le tableau suivant
renferme la différence entre le chronographe de Neuchâtel et celui de
Genève, telle qu'elle résulte, pour chaque seconde, de la moyenne des
signaux de fermeture et de ceux d'ouverture, dans les différentes com-
binaisons des deux séries du 19 avril 1862. Les différences sont don-
nées en millièmes de seconde comme dans les tableaux analogues,
pages 412 et 415.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 427
a ——_— ——,
Didérence d'enregistrement, chronographe de Neuchätel — chronographe de Genève. Courants ordinaires.
19 avril 1561.
Moyenne des signaux de fermeture et d'ouverture, |
£ ÉESRS DE RERRES Re CT be PR
l
Îre SÈRIE. || 2me SÉRIE.
| |
| He combinaison [Le combinaison|1V®* combinaison | ne combinaison [H®° combinaison 1V®° combinaison
| Diféreuce en millièmes de seconde. | Différence en millièmes de secoue.
_-29 —
_10 mr +410 | CC ET
—29 —-12 | --12 +18 -21
— 8 | 18 + 2 +8
—22 = 7 In 116 +15
h fi —. +19 =L98 15
—16 er 194 +-30 2]
—32 —34 | 43 | 0 +20
—33 — 6 | — 1 — à —-20
—33 +7 | +20
—31 0 + 5 +33 | +-28
— 36 — 8 | +16 | +12 +24
ARE 17 | 442 | +6 | +8
| —37 ==) +9 18 | +22
- M Li (M 97 | +928
| —97 — 1 | +5 | —1 | +1
— 10 —11 —4 + 5 | +10
—36 —18 = 15 | +82
= UM = +3 9 | +23
—98 = | 202 7 h 2%
—20 + 6 | +10 +21 "24
ik Lu 3 | +3 4-28 +-37
—38 A1 6 au +31 +
—26 | —10 | +14 | +18 +17
—29 | —12 | + 3 —+-22 +38
— 43 | —10 | 0 12 36
EYE +9 +23 +20
=> | #47 +21 36
| | —4 +16 +29
—16 | —13
—10 | —# ==:9 + 5 +12
— 30 — 5 | + 5 + 3 1
— 30 EU +14 +24 22
—32 ES +15 +20
—30 +12 9 4-22 | 97
31 = ÿ er +-34 +27
213 3 ST 26 34
| —35 + 3 —.8 +29 26
—33 — 2 — 12 -34
LÉ +13 +14 — 4 + 9
—46 —18 + 9 12 19
—34 16 = À 5 +16
—37 — 9 -+12 13 13
—46 —& Fi su 9 Liv
—98 3 LE (ut 25
—4 +13 +12 27 L
—34 ee 32. +31 56
+14 | —34 —12 +1 +17 +29
+15 | -46 —23 ri +27 “22
+ 7 | —36 + 2 + 7 11 | +-21
- 5 —21 = 5 A +-31 +38
+15 | —27 =) 1 17 +61
. =. ms —10 10 32
e — 2 — 7 18 19
+10 [95 15 SL, 7 ie 1 53
+15 —33 — ff SL +410 +29
JE | 35 —19 HT 9 23
— 7 —17 19 13
128 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
En prenant la moyenne de chaque colonne de ce tableau, on trouve,
en désignant par 2T la différence entre le chronographe de Neuchâtel
et celui de Genève pour une combinaison, par m l'erreur moyenne d’une
valeur individuelle dans une combinaison, et par x l'erreur moyenne
de la combinaison.
oT. m | 72
[me combinaison! —LOS 010.3 Æ05,068.9 | —Æ05,001.2
jre série …{[f[me » | —0,031.1 0,0C8.6 0,001.2
[Vme . | —_0:006.9 0,008.9 | 0,00 1.2
[me » | -L0,003.2 0,009.2 | 0,001.2
Jwe Série . C[IME » | —-0,015.4 0,010.7 | 0,001 .4
[IVe » +-0,024.4 0,011.8 | 0,00! 6
Si lon compare l'erreur moyenne » d’une valeur individuelle, dans
celte nouvelle détermination, avec celle que nous avons trouvée à la
page 421, soil pour les signaux de fermeture, soit pour ceux d'ouver-
ture, on reconnait une diminution assez notable pour justifier l'hypo-
thèse, que les inégalités dans le mouvement des armatures, dues aux
variations d'intensité des courants, disparaissent en partie, et se compen-
sent dans la moyenne des signaux de fermeture et de ceux d'ouverture.
En faisant usage de ces nouvelles données dans la résolution des équa-
tions qui servent à déterminer le double du temps de transmission 24,
l'inégalité (g—d) entre les deux électro-aimants du chronographe de
Neuchâtel, et l'inégalité (a—b) entre les deux électro-aimants du chro-
nographe de Genève, on trouve:
29 (y—-d) | (a—b)
| |
ire série. | L05,001.7 05,000 7 | -L-05,020.7 +05,000.7 | —05,012.1 +05,000.7
2m (érie.| —L0,013.8 0,000.8 | —0,006.1 0,000.8 | —0,004.5 0,000.8
I est à remarquer que la différence assez notable entre les valeurs de
(gd), fournies par les deux séries, doit être très-probablement attribuée,
en grande partie, à la parallaxe des plumes proprement dite; il est probable
que dans l'intervalle des deux séries la position relative des deux plumes
du chronographe de Neuchâtel aura subi une légère variation.
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 129
En prenant la moyenne des signaux de fermeture et de ceux d'ouver-
ture, on élimine autant que possible tous les éléments étrangers; néan-
moins les deux séries donnent pour le temps de transmission deux valeurs
assez discordantes, savoir :
lre série, 29— —+-05,001.7 +0°,000.7
[me série, 29-= L0,015.8 +0,000.8
Ces valeurs différent lune de lautre de quantités qui dépassent tel-
lement leur erreur moyenne, qu'il faut nécessairement supposer que les
conditions de enregistrement électrique à distance ne sont pas restées
les mêmes d’une série à Pautre. Elles différent également des valeurs de
2T obtenues par les observations d'étoiles le 20 et le 21 mai; 1} est vrai
que ces dernières avaient élé déduites des signaux de fermeture seule-
ment, el qu'elles sont par conséquent affectées du retard --C dans Fat-
traction de l'ancre, dû à l’affaiblissement du courant dans la station
éloignée. Ce relard S'ajoute au temps de transmission proprement dit,
en sorte que la diflérence 27, que nous avions trouvée dans lenregistre-
ment des deux chronographes par les observations d'étoiles du 20 et du
21 mai (des courants ordinaires de pile ayant été employés ces deux
jours), est égale à 29 120, A défaut d'une détermination de 20 faite à
celle époque, nous sommes réduits à prendre la valeur de 2C déduite
des comparaisons de pendules, faites près d’un an plus lard, c'est-à-dire
2C— 10°,007. Pour éliminer le retard dans l'attraction des ancres, pro-
duit par l'affaiblissement du courant dans la station éloignée, il faut
donc retrancher 0°,007 de la valeu: de 2T fournie par les observations
d'étoiles. On aurait ainsi:
26
20:mai 1861... 1205045" +05002:7
21 mai 1861... 10,018 0,005.5
19 avril 1862, 1° série . 0,002 0.000.7
19 avril 1862, 2e série . 0,014 0,000.8
Les écarts entre ces différentes valeurs de 20 dépassent tellement les
[
430 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
erreurs moyennes, que l'accord des observations individuelles permet
d'attribuer à chacune d'elles, qu'il paraît impossible de les expliquer par
ces erreurs, et de donner à chaque valeur un poids en rapport avec son
exactitude. En prenant simplement la moyenne arithmétique des quatre
valeurs, on trouve
29— 05,019 avec une erreur probable de +05,005.8
l'écart moyen d'une valeur individuelle est +0$,017.2 ; l'écart probable
+05,011.6.
L'incertitude probable de la valeur de 29, ou du double temps de
transmission pour les courants ordinaires, s'élève ainsi à moins du tiers
de la quantité obtenue. Cette approximation est sans doute bien faible;
néanmoins, si l’on a égard aux divergences énormes entre les résultats
obtenus jusqu'à ce jour par les savants qui ont cherché à déterminer la
vitesse des courants électriques de pile, le chiffre auquel nous sommes
arrivés peut présenter quelque intérêt. D’après nos expériences ; la
vitesse des courants ordinaires serait de 15900 kilomètres par seconde, avec
une erreur probable de +4200 kilomètres. La vitesse serait ainsi un
peu moindre que pour les | courants d'induction.
La discordance entre les valeurs de 29 données plus haut tes in-
diquer des variations considérables dans tout l’état électrique de la ligne
et des appareils; ces variations se sont manifestées aussi de lune des
séries du 29 avril à l’autre, quoiqu’elles ne fussent séparées que par un
intervalle de 20% environ. Mais, comme nous l'avons déjà dit, on trouve
de pareilles variations, qui vont jusqu'à 2 ou 5 centièmes de seconde,
même pendant la durée de la même combinaison, où cependant rien
n’est changé en apparence dans les deux stations, et où, par conséquent,
les valeurs individuelles devraient s’accorder sur les deux chronogra-
phes dans les limites des erreurs. Or, on trouve, au contraire, des varia-
tions systématiques dépassant considérablement les limites des erreurs,
comme on peut s’en convaincre en formant des groupes, ainsi que nous
l'avons déjà fait pour les courants d’nduction.
Combinaison. |
Erreur moyenne
A A
Intervalle. Ré rA 2T d'un signal | dela moyenne. |
| m | p
Xre série.
Signaux de fermeture.
IM006082# à 6m46s ie 29 : —05,022.3 | 05,015 2 | +0s,003.2
II | 6 48 à 7 20 14 | —0,034.5 | 0,011.7 0,005.1
TONNES 19 | —0,044.5 | 0,012.7 l _0,002.9
+ Signaux d'ouvertures.
| 40h 3m 2% à Jms4s | a | +-0,016.9 | +0,013.0 | 20,002.
SMSGA AN ENT 9 | —0,032.8 0,005.5 0,001.8
EH k 241à 4 46 | 12 —0,015.3 0,015.3 0,004.4
4 48 à 4 58 | 6 | —0,001.5 0,013.2 0,005.3
Ilmc série.
Signaux de fermeture.
Æ 10h28m 45 à 28m30 13 -0,016.5 | Æ0,011.3 | 0,003.1
Il 28 32 à 28 50 10 —0,010.8 0,008 0 0,002.5
28 52 à 29 58 22 —-0,002.1 wi 0,011.0 | 0,002.0
314 à 32,18 36 |-0,031.8 | -0,011.8 | #0.002.0
Il 32 20 à 32 32 6 —-0,007.0 0,001.7 | U,000.7
SRE LC SET 9 —-0,026.2 0,012.0 | 0,004.0
| 32 52 à 32 58 n —-0,001 2 0,009.7 | 0,004.9
[v NE AR UE 29 | -L0,033.9 | +0,012.3 | +0,002.3
‘ 35 8 À 35 58 26 —-0,042.8 0,009.9 0,001.9
Signaux d'ouverture.
Er | 40h28m 4s à 28m30s 13 —-0,005.8 | +0,010.1 | +0,002.8
Il 28 32 à 28 50 10 —-0,014 1 0,010.8 0,003 3
28 52 à 29 58 32 —0,001.2 0,015.6 0,002.7
I GLS CEE ET ET) 19 —0,005.0 Z0,014.8 ZÆ0,003.4
31-420 4 392258 36 —-0,010.1 0,015.7 0,002.6
IV 34 4 à 35 42 50 +-0,006.2 | Æ0,012.7 | +0,001.8 |
| 95 44 4.95 52 fs) | —+-0,016.6 | 0,018.0 0,008 0 |
Ges variations qui se retrouvent aussi pour les durées, quoique moins
fortes, se produisent à des intervalles irréguliers, et constatent des chan-
gements réels qui peuvent survenir dans la propagation des courants,
dans la transmission proprement dite, aussi bien que dans le temps
152 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
employé au mouvement des armatures. La réalité de ces changements
devient frappante par la diminution que l'introduction des groupes amène
dans les écarts accidentels, comparativement à ce qu'ils sont en pre-
nant la moyenne de toute une combinaison. Pour la seconde série, par
exemple, en faisant la somme des carrés des écarts accidentels,
trouve;
Ve ge? de toute la |! Xe? pour les
Combinaison. combinaison. groupes.
[ I | oso10156 | 0,:005867
Signaux de fermeture. © [IL 0,012167 0,006327
IV | 0,008971 0,007728
to 0,011662 0,009763
Signaux d'ouverture. il 0,015396 | 0,012601
Al 0,016730 0,009262
D'où ces variations peuveut-elles provenir ? Il serait difficile de ré-
pondre à celte question d’une manière précise, d’après les données que
nous possédons. Il nous semble cependant, que l'on peut indiquer sur-
tout les causes suivantes: les changements d'élasticité dans les res-
sorts antagonistes; les variations des frottements, soit pour les axes
des armatures, soit pour les plumes qui se meuvent sur le papier; l'état
variable des surfaces de contact, et enfin les variations d'intensité des
courants; ce sont ces dernières, auxquelles nous sommes disposés à
attribuer la part principale dans ces phénomènes. Nous avons vu plus
haut, en effet, que l’affaiblissement normal, ou moyen, de quelques de-
srés seulement, que nos courants subissent en route, produit un retard
de 05,005 dans l'attraction des ancres, et probablement autant d'avance
dans leur relächement:; mais cet affaiblissement ne restera pas constant
si la ligne est mal isolée, et si les fils, comme cela arrive si souvent en
Suisse, passent à travers le feuillage des arbres. Il se peut fort bien
alors que le vent mette les fils en contact avec le feuillage humide, et
cela plus ou moins fortement et à des endroits plus ou moins nombreux,
de manière à faire varier les dérivations, et par suite Fintensité des
O1
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 15:
courants, à des intervalles irréguliers et à un degré suffisant pour expli-
quer les variations que nous avons constatées. Dans un cas extrême,
sur la ligne entre Schwytz et Zug, en mesurant sur la boussole la force
d’un courant à des intervalles de 20 secondes, M. Hipp à pu constater
des variations allant de 2 à 500. — Quoi qu'il en soit, ces variations
brusques et irrégulières, dans la propagation des courants à travers
les lignes et dans le fonctionnement des appareils télégraphiques, mé-
riteraient d’être étudiées de plus près, au point de vue de la théorie
des courants et de leur propagation, aussi bien qu'à celui de la pra-
tique de la télégraphie; il serait utile de procéder à ces expériences avec
des instruments encore plus sensibles que le chronographe, comme par
exemple, avec le chronoscope. Sur la question, en particulier, de la
vitesse de propagation des courants proprement dite, on ne pourra arri-
ver à un résultat précis et définitif qu'en faisant varier dans uue mesure
considérable la distance parcourue et en multipliant autant que possible
les observations, afin d'éliminer les perturbations provenant de l'état
variable d'isolation de la ligne et des changements d'intensité du cou-
rant, qui en sont la conséquence et qui influent sur les temps d’attrac-
tion et de relächement.
Pour nous, il a dû nous suflire de trouver dans ces varialions électri-
ques Pexplication complétement suffisante des valeurs différentes que
les observations d'étoiles nous avaient données pour le double temps ce
transmission; c'était là le point de départ et le but essentiel de nos ex-
périences de pendules. Si nous n'avons pas pu obtenir pour la propaga-
tion des courants, surtout des courants ordinaires de pile. des résultats
aussi précis et aussi nets que nous l’aurions désiré, à cause de l'isolation
trop imparfaite des lignes qui étaient à notre disposition, nous espérons
que les variations curieuses, que nous avons relevées, engageront les
électriciens à en rechercher les causes et à étudier la propagation des
courants sur les lignes télégraphiques, où l’on trouve des phénomènes
tout à fait différents de ce que les expériences de cabinet feraient sup-
poser. Du reste, il va sans dire que toutes ces variations, qui ont lieu
TOME xvI, 20€ PARTIE. 36
154 DIFFÉRENCE DE LONGITUDE
dans la propagation des courants et dans le fonctionnement des chrono-
eraphes, restent dans des limites très-étroites; les différences ne s’éle-
vent à 5 ou # centièmes de seconde que dans des cas extrêmes. Si l’on
compare ces variations aux erreurs d'observation proprement dites, à
l'incertitude des erreurs instrumentales et aux variations physiologiques,
on peut en conclure, que la valeur de la méthode télégraphique pour la
détermination des longitudes n'en est point affectée, surtout si lenre-
gistrement chronographique a lieu dans les deux stations.
CONCLUSION.
Nous terminons par l'énoncé de quelques propositions qui résument
les résultats de notre travail :
1° La différence de longitude des deux observatoires de Genève et de
Neuchdtel est, en tenant compte de l'équation personnelle, de
am19s966—248"14",49,
résultat, dont l'erreur moyenne est +0S,021, et l'erreur probable +05,014.
20 Pour des chronographes de la construction des nôtres, nous avons
trouvé +0S,021 pour l'erreur moyenne, et +0S,014 pour l'erreur probable,
de l'enregistrement à distance d'un signal individuel sur un appareil.
5° L'erreur moyenne dans l'observation chronographique d'un fil est,
pour nous et avec nos instruments, de 405,097; l'erreur probable est par
conséquent +05,065; la partie physiologique de cette erreur, peut étre évaluée
à +05,038, tandis que les autres causes, instrumentales et atmosphériques,
produisent une erreur de +05,055 ".
! En mettant sous presse la fin de ce mémoire, nous lisons dans les « Monthly Notices » du mois de
mai 1864 une communication fort intéressante de M. Dunkin, sur les erreurs dans les observations de
passage à l'observatoire de Greenwich. Les résultats auxquels M. Dunkin arrive pour l'observation chro-
nographique, sont, pour la plupart, parfaitement d'accord avec les nôtres. Car, si l'erreur probable
pour l'observation d'un fil est à Greenwich 205,051 er pour nous 05,065, cette différence s'explique
non-seulement par la puissance optique beaucoup plus considérable de la lunette méridienne de Green-
wich, mais aussi par les deux raisons suivantes : d'abord, notre enregistrement a été fait au moyen d'un
ENTRE LES OBSERVATOIRES DE GENÈVE ET DE NEUCHATEL. 455
4° La correction physiologique d'un observateur n'est pas constante, elle
varie plutôt, non-seulement d'un jour à l'autre, mais aussi dans le courant
d'une même nuil. Pour nous deux, nous avons trouvé la variation physio-
logique moyenne, d'un jour à l'autre —+0,059, d'une série d'observations
à l'autre = +05,051 ".
5° La propagation des courants à travers les lignes télégraphiques, me-
surée par la comparaison de l'enregistrement sur deux chronographes placés
à distance, ne dépend pas seulement de la longueur du circuit, mais aussi
de son élat d'isolation, ainsi que de l'inertie des appareils qu'on emploie.
Pour la même ligne et les mêmes appareils, nous avons constaté des varia-
tions dans le temps de transmission, qui, pendant la durée de deux minutes,
peuvent aller jusqu'à un ou deux centièmes de seconde. Avec nos appareils
el la ligne employée, nous avons trouvé pour les courants induits d'ouver-
ture une vitesse de propagation de 18400 kilom. par seconde, avec une
erreur probable de +500 kilom., et pour les courants ordinaires de pile
une vilesse de 15900 kilom. par seconde, avec une erreur probable de
+ 4200 kilom.
.
circuit dans lequel cutrait une ligne télégraphique avec ses variations électriques considérables, aux-
quelles on n’est pas sujet dans l'emploi ordinaire des chronographes à l'intérieur des observatoires;
ensuite les erreurs probables pour Greenwich ont été déduites d’un nombre beaucoup plus considérable
d'observations, ce qui doit réduire naturellement l'erreur moyenne, d'autant plus que nos observations
d'étoiles ont été faites, pour la plupart, dans des circonstances atmosphériques assez peu favorables.
Pour Perreur probable d'une ascension droite, nous sommes parfaitement d'accord ; car elle est pour
Greenwich 05,034, et pour nous elle est 205,035, chiffre auquel on arrive d’après les valeurs de E,
de E,, données aux pages 359 et 360.*
! Cette variabilité de la correction physiologique, que nous avons constatée, est compatible avec la
constance de l'équation personnelle d'année en année, que M. Dunkin a établie pour les observateurs
de Greenwich. Nous avons {out lieu de supposer qu'on remarquerait dans l'équation relative de ces
observateurs des variations à courte période, analogues à celles que l'observation des étoiles artificielles
nous a révélées.
RES —
456
CHAPITRE Î.
CHAPITRE Il.
CHaPpirre IL.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
DIFFÉRENCE DE LONGITUDE, ETC.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
INTRODUCTION br aicoe bn ab dec oo cc 289
Exposé historique des Opérations. ""."""--.-.---.... ---e-... 291
Description des instruments et appareils.............................. 296
1)iDunette méridienne de Genève "eee... 297
2)vBunettelméridiennelde NeuchAtel.:........ 0. 297
S)Benduies ide Génévérecr imac Ocean ne ooec et 298
&)"Pendulé.deNeuchAtelss 21e se mice a cie ee so eteie ses smeacee 304
S)AORCONOO LP RE MeNNENE Ne lER ERP RE Eee 306
6)NChronographe ENG VE ere eee pe cv 309
OSEO oTvanoc ooogoaomananmenonooocsdtodonocooc to 311
2 1. Relevé des observations d'étoiles sur les deux chronographes........ 311
à 2. Comparaison de l'enregistrement sur les deux chronographes . . . ..... 335
8 3. Calcul des corrections instrumentales. ........ ................ 343
Dunetie de INeUC RAGE ESP E EEE ECC CCE CCE Ce 343
Blunette de lGeNEVE Eee ee -ce-ce-rerece ee Ce 345
Application des corrections instrumentales aux passages observés. ... 347
8 4. Calcul de la différence de longitude. . . ....................... 354
Équation DersonnellE RER EPP ECERE EEE FRE CRC EE CCE Sois
2 1. Exposé historique des opérations... ........................... 369
à 2. Détermination de l'équation personnelle par les observations d'étoiles. 470
2 3. Détermination de l'équation personnelle par les observations chronos-
COPIqUES eee -ecr ee RCE E Ce -mle cree FCI 477
ÿ 4. Combinaison des deux méthodes... ................ ........... 390
2 5. Calcul de la différence de longitude, en tenant compte de l'équation
HAÉONE DEN onaño ee agdonaorcaco/odBeuruoogc ue 394
Recherches sur le temps de transmission des courants et sur la variabilité dans
le fonctionnement des appareils enregistreurs électriques, d'après les
observations idiétoiless RER e ner certe cc 39:
Recherches sur le temps de transmission des courants et sur la variabilité dans
le fonctionnement des appareils enregistreurs électriques, d’après les
COMPATATSONS TENDUE EEE ee eee 401
SMÉMEXPOSÉITESIONÉTANONS PER EE Re 401
22 Tableau des comparaisons de pendules. ........................ 409
OMOEEENMITSPeTRebocchereceuoodans na onde onoessvodonoc #15
2 Courants OnNalTeSUeRIE Re e-e Ce 420
BNC Badec rocPovcocosbonedonasoconconocachntonaostdonce 134
=
Fig. J.
P1. I,
i
—_— #4]
) 3
F
US a
4
.
EL
DIPSICEMBEMPIONN
DE
QUELQUES BRACHIOPODES CRÉTACÉS
PAR
P. de LORIOL
SE — =
L'étage valangien ou néocomien inférieur est riche en espèces de
Brachiopodes très-caractéristiques et dont plusieurs lui sont spéciales.
Quelques-unes ont été décrites par d’Orbigny dans la Paléontologie fran-
caise; ce sont les suivantes :
Terebratula collinaria, d'Orbigny.
T. Moreana, 14.
T. Carteromana, id.
Terebratella neocomiensis, id.
Terebrirostra neocomiensis, id.
Rhynchonella Agassizii, id.
Elles ont toutes été retrouvées par M. Jaccard dans la partie supé-
rieure de l'étage valangien ou limonite, à Villers-le-Lac (Doubs). Outre
ces espèces connues, des recherches récentes en ont fait découvrir plu-
sieurs entièrement nouvelles; le but de cette note est d’en décrire quel-
ques-unes qui sont bien caractérisées et qui paraissent spéciales à l'étage
valangien.
TOME xvH1, 2m PARTIE. 56°
458 DESCRIPTION
Une très-belle espèce de Térébratule se rencontre assez fréquemment
dans les couches inférieures de l'étage urgonien, surtout au Mauremont
et à la Russille (canton de Vaud); nommée il y a quelques années par
M. Agassiz, elle n'avait jamais été figurée. [ m'a paru de quelque utilité
de la faire connaître.
TeregraTuLA Viccersensis, de Loriol.
Dimensions
Longueur: moyenne . . . + : : : . . . 2{nn
Largeur, par rapport à la longueur, moyenne . . 0,95
Epaisseur id. id. id... "10,53
AMIBATAAL. 0 8 à © à 8 0 0 0 © a 5 0% 920
T. testé rotundatd, depress, valvis fere æqualibus, omnino lævigatis, nec
unquam plicatis, commissurd lateral rectd, ad frontem rotundatd, nec si-
nuatà, umbone brevi, recto, ad latera carinato, foramine magno, Deltidio
brevissimo, lato, sæpius fere obsoleto.
Coquille tantôt légèrement ovale, tantôt entièrement ronde, déprimée.
Grande valve un peu plus renflée que l'autre; crochet court, droit, ca-
réné sur les côtés; foramen très-ample entamant si fort le deltidium,
que celui-ci, dans un grand nombre d'exemplaires soit jeunes, soit adul-
tes, est presque invisible. Petite valve très-arrondie dans la région car-
dinale. Commissure latérale des valves toujours parfaitement droite.
Bord frontal le plus souvent entièrement arrondi, très-rarement un peu
tronqué, sans aucune trace de sinus. Toute la surface de la coquille est
entièrement lisse, elle ne présente jamais ni côtes, ni plis longitudi-
naux; on remarque seulement quelques rides d’aceroissement fortement
accusées. £
Rapports et différences. L'espèce la plus voisine de celle que je viens
de décrire est la T. tamarindus, Sow.; elles peuvent toutefois se distin-
DE QUELQUES BRACHIOPODES CRÉTACÉS. 159
guer facilement. En effet, si l'on compare un nombre un peu considé-
rable d'exemplaires de la T. Villersensis, on verra que sa forme est
presque constamment arrondie ou légèrement ovale; qu'elle ne pré-
sente point les formes anguleuses qu'affecte presque toujours la T. ta-
marindus, et qu'elle est en outre constamment moins épaisse el d’une
taille double. La commissure latérale des valves est toujours entière-
ment droite et non sinueuse; le crochet est droit et non recourbé; le
foramen est constamment beaucoup plus grand et entame, à tous les
àges, bien plus fortement le deltidium.
Localité. Nillers-le-Lac (Doubs). Coll. Jaccard. Ma collection. Abon-
dante. J'ai pu en examiner plus de soixante exemplaires.
Cette espèce ne se trouve que dans la limonite, qui forme la couche
supérieure de l'étage valangien, associée à la Ter. Carteroniana, Pyqu-
rus productus, etc.
Explication des figures.
Fig. 7-7 ce. . Terebratula Villersensis, individu typique, adulte.
Fig. 8. . . . Variété un peu allongée.
Fig. 9 a, 9b. Individu un peu plus épais et légèrement tronqué au bord frontal.
Fig. 10 . . . Jeune individu.
Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.
TerEsraTuLA Jaccarni, de Loriol.
Dimensions.
Done os à De dot 0 © oo bobo OLIS
Largeur, par rapport à la longueur . . . . . . 0,88
Épaisseur id. I ES 11008
Angle api ER ONE ee 850
T. testd ovato oblongd, valvis inæqualibus, minore depressd, undique
radiatim liratis, liris tenuibus, irreqularibus, numerosissimis præcipuæ ad
frontem, omnibus echinulatis; umbone maximo, elongato, leviter recurvo,
foramine mediocri, deltidio bipartito angusto, elongato.
140 DESCRIPTION
Coquille ovale oblongue, assez renflée. Grande valve plus bombée
que l'autre, portant deux plis médians longitudinaux qui limitent une
‘dépression étroite, mais bien marquée; crochet très-allongé, légèrement
recourbé; foramen peu ouvert, entamant peu le deltidium, celui-ci est
fort étroit, mais très-allongé. Petite valve assez aplatie, portant au mi-
lieu une ou deux dépressions longitudinales. Commissure latérale des
valves droite; bord frontal légèrement sinueux. Toute la surface de la
coquille est couverte de petites côtes très-fines, irrégulières, augmentant
eraduellement en nombre en approchant du bord frontal, elles ne sont
pas dichotomes; celles qui commencent au sommet du crochet se con-
tinuent sans se diviser, mais il en nait successivement de nouvelles
dans les intervalles qui les séparent, elles restent toujours également
simples. Toutes sont couvertes de petites aspérités aiguës et en outre de
fines stries transverses.
Dans le jeune âge, la grande valve seule est bombée, l’autre est pres-
que entièrement plate. ,
Rapports et différences. Cette espèce se distingue facilement de toutes
les autres par la nature des ornements de sa surface, par le développe-
ment de son crochet et par son deltidium long et étroit; sa forme gé-
nérale la rapprocherait des Térébratelles, mais elle ne présente aucune
trace d’area et ses côtes ne sont pas dichotomes.
Localité. M. Jaccard a découvert cette espèce intéressante dans la Hi-
monite, ou valangien supérieur de Villers-le-Lac (Doubs). J'en connais
quatre exemplaires.
Explication des figures.
Fig. 48. . Terebratula Jaccrrdi, individu large, un peu comprimé, de grandeur naturelle.
Fig. 48 b. Le même, vu par le dos.
Fig. 18 ce. Fragment du même, grossi.
lig. 19. . Autre exemplaire bien conservé, allongé, de grandeur naturelle.
Fig. 19 b. Le même, vu par le dos.
Fig. 20. . Jeune individu de grandeur naturelle.
DE QUELQUES BRACHIOPODES CRÉTACÉS. 441
TenennaTULA (TEREBRATELLA) ARZIERENSIS, de Loriol.
Dimensions.
Longueur MOYENNE a Abu
Largeur, par rapport à la longueur . . . 0,87 à 100
Épaisseur id. id. moyenne . . 0,60
Angle apicial. . - . . - . . . . . . de 80 à 930
T'. testà plus minusve pentagond, ad frontem truncatd, radiatim costatà,
costis irregularibus, crassis, dicholomis, valvd minore depressd; valv4 ma-
jore inflatd, in medid parte ex apice ad frontem sulco lato notatâ, umbone
brevi, recurvo; foramine magno.
Coquille plus ou moins régulièrement pentagonale, ordinairement
presque aussi large que longue, ornée de côtes rayonnantes, saillantes,
plus ou moins nombreuses, assez irrégulières, se dichotomisant deux et
même trois fois, coupées par de fines lamelles d'accroissement. Grande
valve notablement plus bombée que l’autre, pourvue au milieu d’une
dépression longitudinale étroite et profonde, nettement accusée, se pro-
longeant du sommet au bord frontal, et toujours limitée par deux côtes
plus fortes. Crochet court, assez gros, recourbé. Foramen relativement
très-gros, entamant toujours si fortement le deltidium que celui-ci de-
vient presque invisible. Area peu développée et mal définie. Petite valve
très-plate, sans dépression sensible, mais toujours pourvue de deux côtes
plus saillantes correspondant à celles de la grande valve. Commissure
latérale des valves droite. Bord frontal non sinueux, un peu échancré
au milieu.
Les individus très-adultes atteignent une longueur de 21m, leur forme
ne se modifie pas sensiblement, elle devient toujours plus pentagonale;
la dépression de la grande valve tend à devenir plus large et moins pro-
fonde, mais elle reste toujours limitée par deux côtes plus fortes, ou
même par deux angles saillants. Le crochet s’épaissit, le foramen s’ou-
TOME xvI1, 20€ PARTIE. 57
442 DESCRIPTION
vre davantage et le deltidium disparaît presque entièrement. L'espèce
varie peu; on observe seulement quelques modifications légères dans la
largeur ou l'épaisseur, quelques individus ont les côtes un peu plus fines
et plus serrées que le type; d’autres, au contraire, les ont plus fortes et
moins nombreuses.
Rapports et différences. Cette espèce est voisine de la Terebratella neo-
comiensis, d'Orb., dont j'ai pu examiner de très-bons exemplaires; elle
s’en distingue toutefois par sa forme pentagonale et tronquée au bord
frontal, tandis que la T. neocomiensis a toujours sa région palléale dilatée
et régulièrement arrondie, par son épaisseur plus grande, sa grande
valve toujours plus bombée que Pautre, et pourvue d’une dépression
longitudinale, son crochet plus recourbé, son area plus petite, ses côtes
plus irrégulières.
Localité. Carrières d'Arzier (canton de Vaud), étage valangien. Com-
inune (j'en ai déjà recueilli plus de quatre-vingts exemplaires).
Explication des fiqures.
Fig. 11-11 ab. Terebratula Arzerensis, variété allongée et épaisse.
Fig. 12-12 ec. . Individu typique de la même espèce
Fig. 13-13 b.. Jeune individu.
Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.
RHYNCHONELLA VALANGIENSIS, de Loriol.
Dimensions.
L'ONSUEUTANOYENNE MERE ET ODE
Largeur, par rapport à la longueur . . de 0,98 à 100
Epaisseur id. id. moyenne. . 0,62
Anglelapicials NN CR CRE 8241000
R. testd triangulari, inflatd, ad frontem late et profunde emarginatà,
ad latera dilatatd, radiatim 28-52 costatà, costis tenuibus, acutis, rectis,
valvis inæqualibus. Umbone brevi, recto. Foramine magno.
DE QUELQUES BRACHIOPODES CRÉTACES. 145
Coquille triangulaire, bilobée, aussi large que longue, assez épaisse.
Les deux valves sont fortement déprimées et profondément échancrées
au milieu, dans la région palléale; les côtés de cette échancrure sont rele-
vés dans la grande valve et déprimés dans la petite; toutes deux sont
ornées de 28 à 32 côtes rayonnantes, fines et régulières dans la région
cardinale, toujours plus fortes et plus aiguës vers les bords; sur la pe-
tite valve, deux ou trois de ces côtes se relèvent de chaque côté de Pé-
chancrure en formant un angle presque toujours très-saillant. Grande
valve toujours beaucoup moins bombée que l'autre; crochet gros, court
el peu recourbé; foramen largement ouvert, occupant une bonne partie
du deltidium; méplat lisse et nettement excavé. Commissure latérale des
valves droite. Bord frontal sinueux, profondément échancré dans sa
partie médiane. L'âge modifie sensiblement quelques-uns des caractères
de cette espèce. Les jeunes individus (fig. 17) sont plus arrondis, plus
réguliers et moins échancrés au bord frontal ; toutefois, cette échancrure
caractéristique bordée sur la petite valve de côtes plus saillantes, existe
loujours, même chez les très-jeunes individus; les caractères du crochet
restent aussi toujours identiques.
Les variations sont peu nombreuses. J'ai fait dessiner (fig. 16) un in-
dividu peu échancré et remarquablement épais. La presque totalité des
exemplaires venus à ma connaissance sont identiques à celui qui a été
figuré (fig. 14).
Rapports et différences. Cette espèce se distingue très-facilement par
la profonde échancrure médiane de sa région palléale, par son crochet
court et droit, son foramen très-ouvert; ces caractères ne permettent
pas, en particulier, de la confondre jamais avec la Rh. multiformis.
iϾm.
Localités. Carrières d’Arzier, étage valangien. Abondante (j'en ai déjà
recueilli plus de centexemplaires).—WVillers-le-lac (M. Jaccard).—Geicht,
près Douane, au bord du lac de Bienne (M. Gillieron). Elle parait très-
caractéristique des couches supérieures de l'étage valangien.
444 DESCRIPTION
Explication des figures.
Fig. 14-14 c. Rhynchonella valangiensis, individu typique.
Fig. 15-15 a. Individu de la même espèce, moins fortement échancré.
Fig. 16-16 a. Exemplaire peu échancré et très-épais.
Fig. 17. ... Jeune individu.
Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.
TeresraruLa EBroDuNENsIS, Agassiz.
Synonymie.
Terebratula Ebrodunensis, Agassiz, in Sch. Musei neocomiensis.
Dimensions.
Longueur moyenne . . . . . . . 32mm
Largeur, par rapport à la longueur, moyenne . . 0,89
Epaisseur id. id. bros OH
Angle apicial, TUE 82°
T. testé ovato rotundata, vel elongatd, inflatà, radiatim 9-13 costatd,
costis inæqualibus, crassis, rectis, læviqatis, apicem versus valvæ minoris
evanescentibus, rostro brevi, crasso, arcuato, truncato, foramine peramplo,
deltidio lato, sed brevissimo, sæpe [ere obsoleto.
Coquille ovale, arrondie, ordinairement presque aussi large que lon-
gue, généralement épaisse. Grande valve un peu moins bombée que
l'autre, ornée de 9 à 15 côtes rayonnantes, irrégulières, toujours très-
prononcées, épaisses, assez souvent bifurquées. Au milieu de la valve est
une dépression longitudinale comprenant deux ou trois côtes et corres-
pondant à une saillie de la petite valve. Crochet court, épais, recourbé,
tronqué au sommet. Foramen toujours très-grand. Deltidium large,
mais très-court, fortement entamé par le foramen, souvent presque in-
visible. Petite valve un peu plus bombée que l'autre, ornée également
de 9 à 15 côtes de même nature, dont deux médianes sont généralement
plus prononcées que les autres et limitent une saillie assez forte. Dans
DE QUELQUES BRACHIOPODES CRÉTACÉS. 445
beaucoup d'exemplaires ces côtes ne commencent qu'un peu plus bas
que le crochet et laissent un espace lisse au sommet de la petite valve:
dans d’autres, elles s'étendent sur toute sa surface. Commissure latérale
des valves et bord frontal plus ou moins sinueux. L'âge n'apporte pas
de grandes modifications dans les caractères de cette espèce. Les jeunes
individus ont tous un très-grand foramen et un très-petit deltidium, ils
sont moins renflés que les adultes, les côtes sont en nombre égal et de
même nature, plus accentuées sur les bords que vers le milieu. Très-
adulte, la coquille devient fort épaisse, les côtes très-fortes et le foramen
énorme, le deltidium disparait.
VARIATIONS. La forme ne présente que des modifications peu sensi-
bles. Certains exemplaires sont proportionnellement plus allongés que
le type, d’autres un peu moins renflés. Le nombre des côtes est assez
stable : j'en compte 14 dans l’exemplaire qui m'en offre le plus. Ordi-
nairement deux côtes plus fortes marquent la saillie de la petite valve;
on en compte une ou deux entre elles, deux, trois ou quatre de chaque
côté; c’est le cas de la presque totalité des exemplaires. Il arrive, mais
très-rarement (fig. 4), que les côtes sont très-régulières, le bord frontal
et la commissure latérale des valves parfaitement droits; cette variété
remarquable se relie facilement au type par de nombreux passages, les
caractères du crochet ne variant aucunement. Quelques rares individus
offrent deux dépressions profondes à la grande valve et deux fortes sail-
lies à la petite.
Rapports et différences. Voisine de la T. semistriata, Defrance, la T.
Ebrodunensis s’en distingue essentiellement par son crochet beaucoup
plus court, plus épais, plus tronqué, son foramen toujours beaucoup plus
grand, même dans le jeune âge, entamant si fortement le deltidium que
celui-ci, soit dans les jeunes soit dans les adultes, est toujours très-court
quoique large, infiniment plus court que ne l'est jamais celui de la T.
semistriata, el Souvent même à peine visible; dans les exemplaires très-
adultes de cette dernière espèce le deltidium est toujours allongé et par-
faitement visible, le foramen ne s’élargissant que fort peu avec l’âge. A ces
146 DESCRIPTION
caractères principaux, on peul en joindre de moins importants, tels que
la taille constamment de beaucoup supérieure, la forme généralement
plus large et l'épaisseur plus grande, les côtes, enfin, toujours plus
fortes, en nombre toujours beaucoup moins considérable et se bifur-
quant souvent. Quelquefois la T. semistriata présente une variété qui,
par la nature de ses côtes, paraît au premier abord se rapprocher de
notre espèce; j'ai pu en examiner des échantillons: quelques côtes
prennent un développement beaucoup plus fort, et leur nombre di-
minue dans le milieu des valves; cette disposition des côtes peut même
aller jusqu’à la forme extrème figurée par d’Orbigny, mais, même alors,
autres caractères sont toujours identiques avec ceux du type, et il
sera loujours facile de séparer ces individus de la T. Ebrodunensis, à
cause de leur crochet, de leur foramen, de leur deltidium, des petites
côtes latérales, etc.
Les mêmes caractères indiqués ci-dessus peuvent servir à distinguer
la T. Ebrodunensis de la T. Marcousana, d'Orb., bonne espèce, voisine
également de la T. semistriata, mais cependant très-distinete et variant
{rès-peu.
OgsErvarions. Cette belle Térébratule a été nommée par M. Agassiz
T. Ebrodunensis dans la collection du musée de Neuchâtel. M. Louis
Coulon à eu la bonté de m'envoyer les exemplaires originaux auxquels
M. Agassiz avait donné ce nom, et j'ai pu constater leur identité avec
mes exemplaires. D'Orbigny avait eu connaissance de cette coquille, ou
du moins du nom qu’elle portait dans le musée de Neuchâtel, mais il
la réunit à la T. semistriata en donnant le nom de T. Ebrodunensis comme
synonyme. Depuis lors, je ne sache pas qu'il en ait été fait mention.
J'espère avoir montré combien ces deux espèces, tout en étant voisines,
sont cependant différentes par leurs caractères essentiels, et il m'a paru
d'autant plus important de faire bien connaître l'espèce d’Agassiz et de
lui rendre son nom, qu’elles ne se rencontrent pas dans le même horizon.
La T. Ebrodunensis n’a encore été trouvée, à ma connaissance, que dans
les couches inférieures de l'étage urgonien, dans lesquelles il n’a encore
ses
DE QUELQUES BRACHIOPODES CRÊTACES. RAT
Jamais été rencontré une seule T. semistriata, el dont presque tons les
fossiles sont extrèmement caractéristiques.
Localité. Mauremont, la Russille, près Orbe (canton de Vaud); elle y
est très-commune : j'en ai plus de quatre-vingts exemplaires; MM. Jac-
card et Gillieron en ont également récolté une grande quantité. Étage
urgonien inférieur.
M. Hysely l'a rencontrée au Landeron, au même niveau, associée au
Peltastes Meyeri, et M. Mathey, à Vallorbe, avec le Goniopyqus pellatus.
Explication des figures.
Fig. 1-16. Te ebratula Ebrodunensis, individu typique.
Fig. 2-2 a. Individu de la même espèce, moins renflé, dont le crochet est un peu long
Fig. 3.... Jeune exemplaire dont le crochet est mal conservé.
Fig. 4-4 a Nariété à côtes régulières.
Fig. 5-5 a. Jeune individu (le dessinateur n'a pas assez ouvert le foramen).
Fig. 6.... Variété à côtes latérales plus nombreuses.
Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.
BRACHIOPODES CRÉTACES.
F6. 1-6 Terebratula Ebrodunensis, Agasstz Mg. 710. T Villersensis de Loriol-Fé IT Merebratella) Arzierensis de Loriol -
Ré 117 Rhynchonella Valangiensis de Loriol Fig. 18 20 Terchbratula Jaccardi de Loriol —
NOTICE
LA NATURE DES ANTHÉÈRES
D'APRÈS UNE MONSTRUOSITÉ DU JATROPHA POHLIANA
({Adenoropium luxurians Pohl.)
PAR
M. J. MULLER
(Müll. Arg )
DR 7 —<D
En 1827, M. Pohl publia un grand nombre d'espèces nouvelles du
venre Jatropha, parmi lesquelles on en trouve, une sous le titre distinctif
d'Adenoropium luxurians (Pohl, Plant. bras. icon. et descript. I, p. 16),
qui a des fleurs mâles remarquablement transformées. La dite espèce,
du reste, n’est que l’état monstrueux de l’Adenoropium mollissimum
du même auteur, et n’est pas spécifiquement différente non plus ni de
l'Adenoropium villosum Pobhl., ni de l'Adenoropium divergens Pohl.,
ces quatre formes brésiliennes, augmentées encore d’une cinquième pro-
venant de l'embouchure de l'Orénoque, ne formant, suivant moi, qu'une
seule espèce légèrement polymorphe, qui est classée, dans mes manu-
serits sur les Euphorbiacées, sous le nom de Jatropha Pohliana.
Dans l’état normal, les fleurs mâles de Jatropha ont un calice de cinq
pièces, une corolle de cinq pétales alternes avec les lobes du calice, exis-
tant de fait ou seulement dans le principe architectonique des verticilles
floraux, puis un disque de cinq glandes libres ou plus ou moins soudées,
toujours opposées aux lobes du calice, et par conséquent alternes avec
TOME xv11, 20e PARTIE. 58
150 NATURE DES ANTHÈRES.
les pétales, si ceux-ci existent de fait, et enfin, au centre de la fleur, il y
a deux verticilles d’étamines dont l'extérieur à cinq étamines alternes
avec les glandes du disque, l’intérieur à 3-5 étamines alternes avec celles
du verticille extérieur.
Dans l'état monstrueux en question (Adenoropium luxurians Pohl.),
la position relative et le nombre des pièces des verticilles ne se sont pas
modifiés. Le calice a assez bien maintenu sa grandeur et sa consistance
normales, tandis que la corolle se présente sous un aspect complétement
changé. Les pétales, au lieu d’être largement sessiles à leur base, entiers
sur leurs bords et d’une longueur d'environ 7% (A, fig. 1), sont devenus
trois à cinq fois plus grands, longuement et étroitement onguiculés, ci-
liés-dentés sur leurs bords, ayant en outre, à la base et vers le haut de
l'onglet, des cils glanduligères (À, fig. 2). Ces dents et ces cils glanduli-
oères sont semblables aux dents et aux cils glanduligères qu’on voit sur
les feuilles de la tige de la même plante. Les glandes du disque aussi
sont devenues plus grandes et plus foliacées; mais ce sont les étamines
qui se sont surtout extraordinairement modifiées. Au lieu d’un filet grêle,
glabre, et d’une anthère longuement ellipsoïdale, mesurant avec le filet
5mn (A, fig. 5), nous avons des étamines devenues foliacées, d’une lon-
gueur de 10 à 18wm, dont les plus grandes (A, fig. 4, 5) ont pris un con-
tour obovale et longuement cunéiforme à la base, une couleur d’un vert
pâle jaunâtre et une consistance légèrement scarieuse. A leur base, les
filets portent des cils glanduligères et en haut des poils ordinaires, épars.
fs s’élargissent au sommet graduellement pour passer dans lanthère
foliacée et pour s’y confondre avec la base des loges. Les anthères des
élamines les plus développées ont de chaque côté deux grands lobes la-
téraux, qui se couvrent, appartenant l’un à la membrane de lanthère
regardant l'axe de la fleur, l’autre à celle qui en regarde la périphérie,
c’est-à-dire que, vues d’en face, les étamines sont plus ou moins régu-
lièrement trilobées, comme le sont en partie les feuilles de la tige. Sur
le contour double et largement ouvert, les anthères sont profondément
dentées; en haut les dents sont plus grandes, en bas elles sont plus
NATURE DES ANTHÈRES. 151
courtes et plus ou moins en forme de cils; toutes ces dents sont terminées
par une tête sphérique glanduleuse comme sur les feuilles ordinaires.
Quelquefois la double membrane trilobée de l'anthère (A, fig. 4) pa-
raît absolument comme formée par deux feuilles trilobées regardant par
leur face le centre de la fleur, et étant accolées lune à l’autre le long de
la côte médiane jusque près du sommet, conservant les deux sommets
superposés (À, fig. 4, a, b) à l'état d'indépendance. Dautres fois, les deux
loges sont distinctes entre elles (A, fig. D), et c’est absolument comme si
l’anthère était formée par deux feuilles collatérales regardant par leur
face dans le sens de la langente, et ayant approché leurs deux bords pour
former, chacune de leur côté, une loge de l’anthère.
Si nous combinons ces deux dernières formes avec les deux opinions
déjà connues sur la structure théorique de la feuille (limbe) anthérienne,
il se présente les quatre hypothèses suivantes :
1° L’anthère formée par deux feuilles recourbées qui, à l’état plane,
regarderaient l'axe de la fleur par leur côté (A, fig. 5).
2° L’anthère formée par deux feuilles planes qui regardent l’axe de
fleur par leur face (A, fig. 4).
5° L’anthère formée par une seule feuille qui regarde laxe de la fleur
par sa face, et dont les deux bords seraient recourbés jusqu’à la côte mé-
diane pour former les deux loges.
4 L'anthère formée par une seule feuille plane qui regarde l'axe de
la fleur par sa face, et dont chaque côté du limbe serait creusé en forme
de loge.
Quoique les deux premières hypothèses reposent sur les faits susdits
d'observation directe, et à la première vue extrêmement et également
plausibles, elles ne peuvent soutenir un instant l'examen critique. D’a-
bord elles se contredisent, tout en provenant de l'examen d’un même
rameau florifère, ce qui prouverait déjà que l’une d'elles, pour le
moins, est fausse. Or, d’après la direction de la face des deux feuilles
constituantes, on est forcé d'éliminer de suite la première hypothèse,
puisque dans tout le règne végétal les feuilles tournent toujours une
CT
452 NATURE DES ANTHÈRES.
face, et non pas un côté, vers l’axe sur lequel elles ont pris naissance.
Mais si l'hypothèse première nous conduit à une impossibilité de direc-
tion, la deuxième nous présente une impossibilité de position, car d’a-
près elle on aurait une feuille immédiatement devañt une autre feuille,
ce qui n’est possible que par suppression d’un verticille intermédiaire,
lorsque, par exemple, de trois verticilles successifs et isomères le deu-
xième a été de fait supprimé. Or ici l'alternance des pièces des verticilles
est tout à fait régulière depuis le calice jusqu’au verticille intérieur des
étamines, il ne saurait donc être question de suppression d’un verticille.
Chaque étamine occupe par conséquent la place d’un seul élément du
verticille staminal, l’étamine ne peut donc avoir été formée par la co-
opération de deux feuilles constituantes, et pour cette raison surtout on
ne peut admettre ni la première, ni la deuxième hypothèse. Il ne reste
donc que la troisième et la quatrième hypothèse où l'on admet une
seule feuille pour construire l'anthère, hypothèses sur lesquelles, dans
les traités élémentaires de botanique, nous ne trouvons guère de ren-
seignements suflisants, mais plutôt des doutes et des réserves. Quelque
plausible que puisse paraître la troisième hypothèse au premier abord,
surtout à cause de sa frappante analogie avec les feuilles carpidiennes,
qui déterminent la cavité ou les cavités ovariennes par deux bords re-
pliés en dedans; elle présente néanmoins une impossibilité d'anatomie,
comme l’a déjà prouvé M. Purkinje, et un fait contraire à l’organogenèse,
comme l'a fait remarquer le professeur Schleiden. L'observation directe
du développement des anthères ne rencontre à aucun moment la moin-
dre trace de courbure ou d’inflexion des bords, et par ce fait lanthère se
distingue entièrement de ce qui se voit dans la formation des ovaires bi-
ou pluri-loculaires. Si d’ailleurs cette inflexion échappait à l'observation
directe, elle serait indubitablement démontrée par la structure anato-
mique. En effet, la tranche d’une feuille repliée sur elle-même montrerait
nécessairement quatre couches épidermoïdales distinctes du paren-
chyme. Or à quel âge qu’on examine, sous ce rapport, une anthère, on
n’y trouve que deux couches épidermoïdales, ou plutôt une qui limite
NATURE DES ANTHÈRES. 453
tout autour le contour de l'anthère, l'intérieur n’en montre aucune trace,
et à l’état très-jeune l’anthère ne se distingue même en rien d’une très-
jeune feuille non encore pourvue de faisceaux fibro-vasculaires formant
les côtes. En supposant même un instant que ces deux raisons fussent
fallacieuses, on arriverait immédiatement à une impossibilité génétique
pour les grains de pollen. Si la cavité des loges d’anthères était due à
une courbure du limbe anthérien, la loge ne renfermerait primitivement
pas de cellules, elle serait vide; il n’y aurait donc pas de cellules ou de
contenus plasmiques de cellules, qui pourraient devenir cellules-mères
en produisant les grains de pollen, et l’origine des grains de pollen ne
serait pas cellulaire ou plasmique, et par conséquent serait contraire à
tout ce que l’on sait sur la reproduction ou origine des cellules.
En revenant maintenant à nos anthères monstrueuses, nous y trou-
vons la confirmation patente que celle des quatre hypothèses qui nous
reste encore, la quatrième exprime réellement la vérité. Cette hypothèse
veut que le limbe anthérien soit plane, c’est-à-dire que les bords de ce
limbe se trouvent au bord même de l’anthère, et non pas sur la côte mé-
diane ou connectif comme l'aurait exigé l'hypothèse troisième. Or la
monstruosité présentant l’anthère à l’état redevenu limbe plus ou moins
foliacé, nous montre effectivement le long de ses bords, et non pas le long
de la côte médiane, les lobes, les dents et les cils glanduligères qui sont
autant de signes manifestes des bords du limbe anthérien.
D'après tous ces motifs, basés sur des lois de direction, de position
anthotaxique, d’organogenèse, d'anatomie, de reproduction cellulaire, et
basés de même sur le retour à l'état foliacé des anthères, il s'ensuit que
l'anthère est théoriquement formée d’une seule feuille plane, regardant
le centre de la fleur par sa face, et que ses loges, en nombre quelconque,
sont dues à un développement cellulaire particulier qui, dès un certain
âge, se manifeste dans le mésophylle ou parenchyme du limbe anthérien.
NOTICE
L'EXISTENCE D'ANTHÈRES TRILOCULAIRES
PAB
M. J. MULLER
(Müll. Arg.)
= RSR a
Si nous consultons les ouvrages de botanique élémentaire, nous y
trouvons que les anthères, à l’état ouvert, sont ordinairement bilocu-
laires, qu’elles sont plus rarement uniloculaires et encore beaucoup
plus rarement quadriloculaires. Dans son grand ouvrage intitulé Hand-
buch der botanischen Terminologie (vol. I, p. 567), M. Bischoff énumère
en outre une quatrième espèce d’anthères, celle où il y a huit loges, ob-
servée dans le genre Bletia Ruiz et Pav. qui fait partie de la famille des
Orchidées. On a donc observé des loges d’anthères au nombre de 1,
2, 4, 8.
Il existe d’ailleurs parmi les Buettnériacées un genre Ayenia L., et
quelques espèces du genre Buettneria, auxquels on attribue (conf. Benth.
et Hook. f. Genera plantarum, p. 295, et Turez. in Bull. Soc. bot. Mosq.
1852, vol. IL, p. 155, Cymbiostigma) des anthères triloculaires, à trois
loges distinctes et longitudinales; mais aussi bien Turezaniuoff (1. c.)
que Benth. et Hook. f. (1. c.) supposent, avec doute, que cette forme
d’anthère aurait pour cause la soudure de trois étamines à anthères
uniloculaires, quoique, dans l’androcée, elles occupent exactement la
place occupée, dans les genres très-voisins, par des étamines à an-
thères biloculaires. Il s'ensuit donc que les observations manquent en-
core de certitude.
ES
EXISTENCE D'ANTHÈRES TRILOCULAIRES. 455
Ce n’est qu’en 1852 que M. R. Wight, à l’occasion de quelques espèces
nouvelles du genre Macaranga, publiées et figurées dans ses /cones
plantarum Indiæ orientalis, volume V, indiqua, pour mieux disüinguer
le genre Macaranga du genre Pachystemon, appartenant tous les deux
aux Euphorbiacées, que le second a des anthères 3-valves, et, dans
le volume VI du même ouvrage (t. 1949, à la fig. 5), il en donna quel-
ques figures analytiques. Or dans toute la vaste famille des Euphorbia-
cées, cette singulière forme d’anthère n'existe que dans une seule es-
pèce, originaire de Java, publiée déjà en 1825, par M. Blume, dans ses
Bijdragen (p. 626), sous le nom de Pachystemon trilobus. Ne disposant
pas, à cette époque, des instruments indispensables pour lanalyse exacte
de fleurs aussi petites que celles de cet arbre, M. Blume ne reconnut
malheureusement pas la vraie structure des anthères, et les indiqua
comme s’ouvrant par un pore terminal. Environ vingt ans plus tard, pro-
bablement par défaut de matériaux, M. Endlicher dut se contenter, dans
son consciencieux (renera plantarum (n. 5778), de copier la définition
de M. Blume, et c’est ainsi qu'il fut réservé à M. Wight d'indiquer le
premier cette sorte d’anthère. Mais comme ce fait a passé inaperçu, que
les cloisons de l’anthère n’ont pas été constatées, et que d’ailleurs les
figures de cet ouvrage rare, exécutées par des artistes indous, laissent à
désirer, je me suis décidé à donner quelques analyses supplémentaires,
auxquelles j'ajoute diverses considérations générales.
Sur des inflorescences mâles, axillaires, paniculiformes, et à l’aisselle de
leurs bractées alternes, ovales, acuminées, d’une longueur d'environ 4 à
6m, on observe des axes florifères très-fortement raccourcis, d’une forme
hémisphérique, qui sont couverts d’une cinquantaine environ de fort pe-
tites fleurs, très-brièvement pédicellées. Ces glomérules de fleurs mesu-
rent ordinairement 2 ‘/,w" en diamètre. Chaque fleur développée et déjà
ouverte à son sommet par trois ou plus rarement par quatre à cinq lo-
bes, est étroitement obconique, trigone, et ne mesure en longueur, le
pédicelle compris, que ‘/,, à °/,,"", dont environ */,,"® appartiennent
au pédicelle, qui est légèrement articulé avec le calice, et qui, par sa
456 EXISTENCE D'ANTHÈRES TRILOCULAIRES.
forme, se lie insensiblement à ce dernier. Les lobes du calice, un peu
épaissis sur leur dos, ont une longueur de */,, à 5/,,"®, et sont munis
d'écailles très-fines du côté extérieur. Au centre de la fleur se trouve
une étamine unique centrale (B, fig. 1, 2), ou du moins qui paraît par-
faitement centrale, vu la base du calice rétrécie et étroite. Cette étamine
a approximativement la même longueur que le calice, 5/,"" de sa lon-
gueur reviennent au filet (B, f, fig. 1 et 2) et */,"" à l’anthère (B, a,
fig. 1 et 2). L’anthère est presque globuleuse, un peu plus large que
longue, légèrement plus large supérieurement, et s’ouvrant par trois
valves opposées aux lobes du calice. Encore fermée, arrondie, mais
ouverte, elle est obtusément sillonnée (B, a, fig. 1, 2, 5) jusque près
de sa base. À l’intérieur, elle est uniloculaire dans la plus grande
partie de son étendue, mais coupée horizontalement au milieu de sa
hauteur ou un peu au-dessus (B, fig. 4, coupe de fig. 2 a à la hau-
teur 2), elle présente une sorte de triangle à côtés rentrants à leur
point de jonction et est dépourvue de cloisons. Examinée d'en haut
(B, fig. 3), elle offre au fond de la cavité trois cloisons alternes avec les
valves, et par conséquent aussi alternes avec les lobes du calice 3-lobé
(B, fig. 6). Ces cloisons sont plus minces que la membrane de lanthère
et sont courtes, de manière à ne se montrer sur une coupe transversale
que lorsque l'anthère est coupée près de sa base (B, fig. 5, représentant
une coupe idéale de fig. 2 a à la hauteur B, et fig. 6, diagramme de la
fleur mâle).
On pourrait maintenant supposer que l’anthère, incomplétement tri-
loculaire, que je viens de décrire, provint de la soudure totale de trois
étamines à anthères uniloculaires, et cela d’autant plus qu’il existe
dans un autre genre de la même famille, le Phyllanthus, une catégorie
d'espèces de la Nouvelle-Hollande (rattachées par des espèces inter-
médiaires de l'Amérique méridionale à des formes ordinaires), où trois
étamines sont réellement soudées dans toute leur longueur, dès la
base des filets jusqu’au sommet des anthères; seulement ici les an-
thères sont biloculaires au lieu d’être uniloculaires. Or il est à remar-
EXISTENCE D'ANTHÈRES TRILOCULAIRES. 457
quer que dans toute Ja famille des Euphorbiacées il n'existe pas une
seule plante qui offre des anthères uniloculaires, et cette circonstance,
à elle seule, affaiblirait déjà de beaucoup l'hypothèse d'une soudure,
sans pourtant la combattre victorieusement. En admettant même cette
soudure pour un instant, on arriverait immédiatement à une difficulté
anthotaxique très-grave. La forme obconique du calice mâle, très-atté-
nué à sa base, et d’un autre côté surtout la très-erande analogie de
structure générale, combinée avec la plus haute affinité naturelle du
genre Maracanga, ne permet pas de supposer un disque avorté à trois
parties qui alterneraient avec les trois lobes du calice et avec les trois
étamines supposées. On aurait donc un verticille de trois étamines, dont
les pièces seraient opposées aux pièces du verticille qui précède im-
médiatement, et cela est impossible. Mais il y a une raison encore
plus forte en faveur d’une anthère unique triloculaire. Sur un nombre
assez considérable de fleurs que j'ai soumises à l'examen, j'en ai trouvé
une avec deux étamines, comme l'avait aussi observé M. R. Wight. Ces
deux étamines étaient identiques par leur grandeur et leur structure,
l’une évidemment plus centrale que l'autre. Or nous savons par un bon
nombre de genres des Euphorbiacées et par d'autres familles où se ren-
contrent des soudures d'élamines ou des adelphies, qu'une augmenta-
tion ou une diminution d’étamines constituantes d'une monadelphie ne
porte que sur la monadelphie déjà existante, et yaugmente ou y diminue,
pour le cas d'une monadelphie totale, le nombre des filets soudés et ce-
lui des loges du corps anthérien. Si nous appliquons cette loi à la mo-
nadelphie supposée du Pachystemon, une augmentation de une, deux ou
trois étamines produirait une monadelphie qui aurait alors quatre, cinq
ou six loges, mais elle ne saurait en aucun cas avoir pour effet une se-
conde monadelphie semblable en tous points à la première. Cette appa-
rition d’une seconde étamine ne peut ainsi s'expliquer aussi longtemps
qu'on admet la soudure en question, tandis qu’elle rentre dans une ca-
tégorie de faits assez fréquents, et surtout très-fréquents dans les Eu-
phorbiacées, dès que, d'accord avec l'observation directe, nous considé-
TOME XVI, 20e PARTIE. 59
458 EXISTENCE D'ANTHÈRES TRILOCULAIRES.
rons la dite monadelphie comme une étamine simple ayant une anthère
à trois loges. Une dernière preuve contre la soudure supposée se trouve
dans la ténuité des cloisons. S'il y avait réellement soudure de trois an-
thères uniloculaires, il faudrait que les cloisons fussent du double plus
épaisses que la membrane de lanthère, tandis qu’elles sont plus minces
que cette membrane.
Quant au point de vue théorique, il faut faire remarquer que, d’après
l'ancienne théorie sur la feuille anthérienne, les anthères à trois loges
symétriques sont impossibles. L'existence d’anthères 5-loculaires ne sau-
rait donc que confirmer indirectement l'opinion discutée dans le précé-
dent article, qui est déjà fondée sur la genèse générale des anthères et
sur la monstruosité des anthères du Jatropha Pohliana.
NOTICE
SUR
DEUX SORTES D’ÉTAMINES
INFLÉCHIES DANS LES EUPHORBIACÉES
PAR
M. J. MULLER
(Müll. Arg.)
SET - ——
On sait depuis longtemps que dans le genre Croton il y a des étami-
nes infléchies dans le bouton. Le fait a été constaté dans beaucoup de
bonnes figures récentes. On sait aussi que, dans ces boutons, les filets
sont infléchis du côté central de la fleur, et qu'ils portent à leur extré-
mité une anthère dont le sommet organique (C, fig. 1 «) ou le sommet
de connectif, se trouve en bas et la base (C, fig. 1 8) en haut. Dans cet
élat de position renversée, l’anthère s'ouvre déjà avant l'épanouissement
de la fleur, par deux fentes longitudinales extrorses, et lorsqu'un peu
plus tard la fleur s'ouvre, chaque filet décrit, par son extrémité anthéri-
fère, un arc pour reprendre sa position droite et verticale, il se redresse
en faisant décrire au vrai sommet de l’anthère (C, fig. 1 x) un demi-cer-
cle, de manière à redresser aussi l'anthère (C, fig. 2). Par ce change-
ment de position, les deux fentes de l’anthère sont devenues introrses
(G, fig. 2), et l'étamine entière est devenue droite, ayant une anthère
basifixe sur un filet droit. L'essentiel, dans cette sorte d’étamines inflé-
chies est que l’anthère est elle-même infléchie; elle pend du sommet in-
fléchi du filet, sa base est supère, son sommet est infère.
460 DEUX SORTES D'ÉTAMINES
Or, sous un aspect tout semblable, des faits très-différents se passent
dans le genre Cephalocroton et quelques genres voisins. Si nous exami-
nons un bouton mâle avant son épanouissement, nous y trouvons aussi
des filets infléchis vers le centre de la fleur (D, fig. 4), qui, sauf l'inser-
tion dorsale de l’anthère, paraissent comme dans les Crotons, et ici, par
l'étude de l’organogenèse, nous pouvons clairement suivre la marche
que les filets ont prise pour arriver à cette direction. D'assez bonne
heure déjà, à l'époque où les fentes de l'anthère sont à peine indiquées,
le sommet du filet s'incline légèrement (D, fig. 1) et forme bientôt après,
en s’allongeant en forme de genou, un prolongement au-dessus du point
d'insertion del’anthère (D, fig. 2). Le filet s’allongeant toujours, le sommet
du genou atteindra bientôt le sommet de l’anthère (D, fig.3), et finalement
la dépassera plus ou moins (D, fig. 4).— Pendant tout ce mouvement d'in-
flexion, contrairement à ce qui se voit dans les Crotons, l’anthère est
restée dans sa position primilive, sa base (D, fig. 1-4 5) est restée en bas,
son sommet (D, fig. 1-4 +) en haut, les fentes introrses sont restées in-
trorses, ou, en d’autres termes, l’anthère est restée debout. Iei l'inflexion
est partielle, elle n’affecte que le filet, c’est-à-dire la partie peu impor-
tante de l’'étamine; dans le genre Croton elle est totale, elle affecte et le
filet et surtout l’anthère, c’est-à-dire la partie importante de l’étamine.
D'après l'importance si différente des organes, on peut supposer que
ces deux sortes d’inflexions, confondues jusqu’aujourd'hui, doivent avoir
une valeur différente sous le rapport systématique. Cette hypothèse est
tout à fait confirmée par les faits; mais il est à remarquer que, jusqu’à
présent, ces deux caractères n'ont pu entrer en ligne de compte comme
ils le méritent, car aussi longtemps qu'on les confondait, il n’y avait
pas moyen de les employer sans rapprocher des genres hétérogènes.
Aujourd'hui il n’en est plus de même. L’inflexion partielle des Cepha-
locrotons n’est pas assez constante pour servir comme caractère de
genre, puisque dans les Aparisthmium nous avons une section à éta-
mines partiellement infléchies, et une section à étamines droites dans le
bouton. Ce caractère n’a done aucune valeur pour la partie systématique
INFLÉCHIES DANS LES EUPHORBIACÉES. A6
des genres. D'un autre côté, l’'inflexion totale, où l’anthère elle-même fait
bascule, se présente avec une telle constance et se rencontre, dans un
certain nombre de genres d’une si frappante affinité naturelle, que je
suis forcé d'y voir un caractère de tout premier rang pour la classification
des Euphorbiacées. Des centaines d'espèces de Crotons et quelques genres
voisins des Crotons en fournissént la preuve. Aussi est-ce sur ce carac-
tère que, dans mes manuscrits, J'ai établi la tribu des Crotoneæ, déjà si
aisément reconnaissables par leur port.
Ce résultat a d’ailleurs la plus grande analogie avec Le système de clas-
sification des Urticacées, famille voisine des Euphorbiacées, où toute
une vaste tribu très-naturelle, celle des Urticées proprement dites, est
aussi établie exactement sur le même caractère, c’est-à-dire sur des éta-
mines à anthères infléchies dans le bouton. Or une concordance aussi
frappante autorise peut-être la pensée que les familles voisines peuvent
souvent présenter une grande analogie dans le mode de variations et de
combinaisons de leurs caractères, et cette pensée, à son tour, ne peut man-
quer de donner parfois de très-utiles avertissements.
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Mémoire de M° MULLER.
A.JATROPHA Pohliana 43. mollissima /zonstre/-B.PACHYSTE MON trilobus, BI
C.CROTON aromaticus (Lim) -D.CEPHALOCROTON discolor(YullArq)
GLANURES ZOUTOMIQUES
PARMI LES ANNÉLIDES
DE PORT-VENDRES (PYRÉNÉES ORIENTALES)
PAR
M. Épouarp CLAPARÈDE
Professeur à l'Académie de Genève.
AVANT-PROPOS.
Durant l'été de l’année 1863, je résolus d'aller faire un séjour sur les
bords du golfe de Biscaye et de m'y livrer à l'étude de la faune océanique.
Fontarabie et Saint-Sébastien, les deux seules localités que j'aie exami-
nées au point de vue zoologique, se montrèrent toutefois peu favorables
au but que je poursuivais. Je me range donc entièrement à l'avis de
M. de Quatrefages en ce qui concerne les difficultés que cette côte pré-
sente aux naturalistes. Les rochers des falaises opposent aux vagues des
parois presque verticales, et se réduisent sous l'effort des lames en un
sable fin qui forme partout le sol du littoral. Ce sable, continuellement
soulevé et labouré par les flots, n'offre pas d’abri suffisant pour une faune
nombreuse. En outre la mer, généralement trop ouverte, est peu propice
à la pêche au filet. Dansle port de Saint-Sébastien seulement je pus tenter
avec mon compagnon de voyage, M. Aloïs Humbert, de récolter des ani-
maux pélagiques. Mais cette récolte se montra elle-même peu abondante.
Les Acanthomètres dominaient dans le produit du filet et c'est à peine
464 GLANURES ZOOTOMIQUES
si quelques rares méduses craspédotes ou quelques larves d’annélides
s’associaient à elles. En revanche, nos bocaux renfermaient un certain
nombre de larves de Planariés, appartenant au type muni de processus
digités, connu sous le nom de type de Müller. Nous püûmes nous assurer
que ces larves se transforment en une Planaire très-voisine du Stylochus
maculatus Quatrefages, ou même, peut-être, identique avec lui.
Découragés par le maigre résultat de nos tentatives sur la côte de l'O-
céan, nous décidämes de nous rendre à Port-Vendres sur le littoral mé-
diterranéen. Les conditions beaucoup plus favorables de cette localité
parurent promettre une abondante moisson d'observations nouvelles.
Jeus cependant le regret de voir bientôt partir M. Humbert dont le
concours n'eût été plus d’une fois fort utile.
Le port de Port-Vendres, encaissé dans les rochers des Pyrénées,
permet la pêche à peu près par tous les temps et la mer est même sou-
vent accessible au delà du môle. Je renonçai rapidement à la pêche pé-
lagique qui ne fournissait guère que des Acanthomètres, quelques mé-
duses et deux espèces de Siphonophores. La chaleur extrême de la sai-
son élait sans doute cause de cette pénurie relative. M. Häckel, en effet,
a constaté à Messine que les animaux pélagiques disparaissent à peu
près complétement de la surface pendant les chaudes journées de l'été.
En revanche, la pêche des animaux litloraux fut toujours fort produc-
üive. Je me restreignis exclusivement aux annélides et jamais je n’éprou-
vai de diselte de matériaux. J’eus beaucoup à me féliciter de l'aide d'un
pêcheur intelligent, nommé Isidore, que je ne saurais trop recomman-
der à ceux qui exploiteront Port-Vendres dans un but zoologique. Cet
homme se laisse en eflet dresser plus facilement que la plupart de ses
semblables aux différents services que peut exiger un naturaliste.
J'ai mené de front l'étude d’annélides fort diverses. Voilà pourquoi,
lorsque la maladie vint interrompre brusquement mes recherches, je
reslai en possession d’ébauches nombreuses, sans avoir rien terminé.
Des hémoptysies répétées, prélude d’une paralysie complète de toute
activité scientifique pendant bien des mois, me firent échanger la table
PARMI LES ANNÉLIDES. 465
de microscopie contre le lit du malade. Ce sera, je l'espère, une excuse
suffisante pour les lacunes présentes à chaque pas dans les fragments
qui suivent. Trado quæ potui.
Plusieurs des annélides étudiées par moi ont vraisemblablement été
déjà rencontrées par M. de Quatrefages durant les vingt-cinq dernières
années. J'aurais beaucoup désiré voir paraître les recherches inédites que
ce savant annonce depuis longtemps. Dans l'incertitude, je me suis fait
un devoir de dédier à M. de Quatrefages toutes les espèces nouvelles
que j'avais des raisons de supposer avoir déjà été étudiées par lui.
Cologny, mai 1864.
KL
Recherches sur un Polyophthalmien peu connu :
Polyophthalmus pictus Quatref. (Naïs picta Du.)
On trouve en abondance dans le port de Port-Vendres et dans les
baies avoisinantes un petit ver fort agile, se glissant entre les Corallines,
les Zonaires, les Floridées et autres végétaux du littoral. Ce petit animal
(fig. 4), long de 18 à 20 millimètres, est muni de soies subulées et son
extrémité postérieure se termine en appendices digités qui me firent im-
médiatement reconnaître une de ces annélides jusqu'ici classées dans le
genre Dero Oken (Proto Auct.). Il s'agissait en effet d’une espèce, déjà
décrite par Dujardin ‘ sous le nom de Naës picta, que M. Grube*, dans
son travail taxonomique sur la classe des Annélides a réunie au genre
Dero.
! Observations sur quelques Annélides marines par M, F. Dujardin, prof. à la Faculté des sciences de
Toulouse. — Annales des Sciences naturelles, 2me série, tome XI, 1839, p. 287.
? Die Familien der Anneliden mit Angabe ihrer Gattungen und Arten. Ein systematischer Versuch von
Dr Adolph Eduard Grube. Berlin 1851, p. 105.
TOME XVII, 2€ PARTIE. 60
166 GLANURES ZOOTOMIQUES
Il me suffit cependant d'une inspection rapide pour m’assurer que je
n'avais point affaire à un représentant de l’ordre des Oligochètes. La
Naïs picta n’est point une Naïdine et par conséquent ne saurait être
rangée auprès du Dero diqiata. M. de Quatrefages " a eu donc raison
de transporter ce ver dans une autre famille, celle des Polyophthal-
miens, bien qu'il ne le connûüt que par la description de M. Dujardin.
L'erreur commise par Dujardin est d’ailleurs compréhensible. Ce petit
ver ne porte en effet que des soies subulées, semblables aux longues
soies capillaires des Naïdes, et seule l'inspection de Pappareil re-
producteur permet d'affirmer que le Polyophthalmus pictus doit être
rapproché, non des Oligochètes, mais des Polychètes. Il représente
une forme de ce groupe, dégradée non-seulement sous le point de vue
des soies, mais encore sous celui de la constitution de différents autres
organes.
La bibliographie relative au Polyophthalmus piclus est peu considéra-
ble, puisque, à l'exception de Dujardin, nul ne parait l'avoir étudié avant
moi. Les observations du savant français étant du reste fort concises, il
m'a paru convenable de les citer dans leur totalité :
« La dernière espèce que j'ai à mentionner est une Naïs de la Médi-
« terranée appartenant au même groupe que la Naës digitata, en raison
« des tentacules respiratoires et garnis de cils vibratiles dont sa partie
€ postérieure est munie. Mais au lieu de mériter comme la Maïs digitata
« le surnom de cœca que lui donne Müller, elle pourrait être nommée
« Argus, si l'on voulait prendre pour des yeux les points noirs dont elle
«est ornée. En effet, non-seulement elle présente en avant deux points
€ noirs à la place ordinaire des yeux chez les autres animaux, mais en-
« core on compte tout le long de son dos 54 points noirs formant une
« double rangée. Ces points sont assez réguliers, mais entre eux il y à
« des taches brunâtres, allongées, et souvent même une bande verdätre
€ qui me l'ont fait nommer Naïs picta, en attendant qu'un travail géné-
* Etudes sur les types inférieurs de l'embranchement des Annelés, par M. A. de Quatrefages. Mémoire
sur la famille des Polyophthalmiens — Ann. des Sc. naturelles, XHI, 1850, p.11.
PARMI LES ANNÉLIDES. 467
« ral sur les Naïs permette d'établir entre ces groupes d'animaux des
« genres bien caractérisés.
« La Nas picta présenteen avant un prolongement frontal et dépassant
« deux autres tubereules appartenant à la lèvre inférieure, de sorte que
« la bouche se trouve au fond d’une cavité triangulaire. Le nombre des
« anneaux est de 260 au moins, mais ce n’est que de 10 en 10 qu’on ob-
« serve les faisceaux de soies qui donnent à ce ver le caractère des Naïs;
« ces soies sont effilées comme celles de la Naïs proboscidea, et non en
« crochets comme celles de la vermicularis. C’est au milieu de l'intervalle
« de deux faisceaux consécutifs que se trouvent les points noirs; quant
« aux taches brunes, elles sont situées soit plus près du dos, soit sur les
« côtés.
« Les tentacules de l'extrémité postérieure sont inégaux et rétractiles;
« le plus grand correspond à la ligne dorsale. De chaque côté il s’en
« trouve un presqu'aussi grand et vers le bas ils sont deux ou trois fois
€ plus petits. J'en ai compté neuf dans les individus blanchâtres simple-
« ment ponclués ; d’autres individus plus tachetés ét portant des bandes
« vertes plus prononcées m'en ont montré 14: si leur nombre n’est pas
€ variable, comme je le crois, il se pourrait donc qu’il y eût là deux es-
« pèces voisines. En outre du mouvement des cils à la partie postérieure,
« on voit un mouvement semblable à la tête et dans l’intérieur du corps,
« ce qui d’ailleurs s’observe aussi chez certaines Naïs. Sa longueur est
« de 8 à 10 lignes et son diamètre d’une demi-ligne. »
J'ai tenu à citer l'observation tout entière, afin que chacun püt s’as-
surer de l'identité des vers observés par Dujardin et par moi. Les er-
reurs d'observations sont si nombreuses dans la citation ci-dessus, que,
comparée à la description qui suivra, elle frappera plus par les dis-
semblances que par les traits identiques. Toutefois, je montrerai que
ces erreurs sont en grande partie facilement explicables. Les figures qui
accompagnent le mémoire de M. Dujardin sont, il est vrai, à peu près
toutes méconnaissables, mais il en est une au moins, à savoir la fig. 12,
représentant au trait la partie postérieure du corps de l'animal, qui per-
468 GLANURES ZOOTOMIQUES
met à peine de douter de l'identité des vers observés par Dujardin et
par moi.
Jai conservé le nom de Polyopthalmus pictus proposé par M. de Qua-
trefages, parce qu’il est indubitable que la Naïs picta de Dujardin appar-
tient à la singulière famille des Polyophthalmiens établie par M. de Qua-
trefages. IT n’est cependant pas impossible que ce ver soit génériquement
distinet des Polyophthalmes proprement dits. Chez les espèces étudiées
par lui, M. de Quatrefages ne signale point en effet la singulière forme
du corps résultant de l'existence de la plante ventrale que je décris plus
bas. I est à peine possible d'admettre qu'une pareille singularité de
conformation lui ait échappé. Cependant, n'ayant pas observé moi-même
les Polyophthalmes de M. de Quatrefages, j'ai préféré laisser cette ques-
tion indécise ‘.
FORME DU CORPS ET COLORATION. Le corps n'est point cylindrique,
mais aplati sur le côté ventral où l'on observe comme qui dirait une
plante de reptation; le ver ne parait cependant pas ramper habituelle-
ment, mais se mouvoir à la manière des Lombricules, c’est-à-dire par
des mouvements analogues à ceux des anguilles. Le dos s'élève en
revanche en carène arrondie (voir la coupe idéale, fig. 2). La plante
ventrale n’est du reste point toujours parfaitement plane; le plus sou-
vent sa ligne médiane se montre creusée d’un sillon plus ou moins
profond (fig. 2, b), selon l’état de contraction d’un appareil musculaire
très-particulier que je décrirai plus loin. La jonction de la plante ven-
trale et des parois latérales du corps forme de chaque côté une carène
très-saillante (fig. 2, a). Le corps présente à peu près partout la même
largeur, son extrémité postérieure seule s’amincissant subitement pour
former une partie terminale d'apparence particulière qui supporte les
appendices caractéristiques (fig. 12, b et 15, 4).
1 S'il devait se vérifier que le P. pictus forme un genre distinct, je proposerai pour lui le nom d’A/oy-
sina, le dédiant à mon compagnon de voyage, M. Aloïs Humbert. fl fut en effet le premier à rencontrer
ce Polyophthalme et à reconnaître sa forme singulière, mais il m'en abandonna l'étude.
PARMI LES ANNÉLIDES. 469
Le corps n’est point divisé en segments très-évidents, Dans la partie
antérieure seulement, la région dorsale présente des stries transversales
peu accentuées, correspondant aux limites des segments et à leur mi-
lieu (fig. 1 x, 1 3,1 7, etc.). Les segments sont donc biannelés. IT est cepen-
dant facile de compter le nombre total des segments grâce à la présence des
soies filiformes. Ces dernières, qui sont lout à fait semblables aux soies
des Naïdes et qui n’offrent rien de comparable à la structure complexe
de tant de soies des Polychètes, forment une simple rangée de faisceaux
de chaque côté du corps. Ces faisceaux sont implantés immédiatement au-
dessus de la carène latérale (fig. 2, d). Dans les quatre ou cinq derniers
segments seulement (fig. 17, 12, 12), chaque faisceau se divise en deux
groupes de soies, l'un supérieur, l'autre inférieur, dénotant ainsi une
tendance vers un dédoublement des rangées d'appendices séliformes. Le
nombre des segments sétigères est de 28. Il existe en outre un segment
buccal achète et la partie terminale plus étroite également achète qui
correspond virtuellement à un ou peut-être plusieurs segments. Le
nombre total des segments est donc dune trentaine. Il y a loin de là
au chiffre de 260 au moins, indiqué par Dujardin. Toutefois, cette di-
vergence peut s'expliquer: j'ai dit que la segmentation du ver était peu
évidente, n'étant indiquée dans la région antérieure que par des sillons
peu accusés et dans la région postérieure par des papilles peu proémi-
nantes, correspondant aux points d'implantation des soies. En revanche,
dès que l’on considère la plante ventrale (fig. 1 4) du ver, on est frappé
de la présence de bandes transversales très-nettement marquées, corres-
pondant à un appareil musculaire spécial que j'ai déjà mentionné plus
haut et qui sera décrit plus loin. On est tenté au premier abord de pren-
dre ces bandes pour de véritables segments et Dujardin s’est laissé pren-
dre à cette illusion. Il remarque d’ailleurs que l’on observe les fais-
ceaux de soies de dix en dix segments seulement. Cette donnée est,
il est vrai, inexacte et repose vraisemblablement sur une simple évalua-
tion de mémoire, car il n'existe que quatre bandes musculaires par
segments. Cependant si l’on divise l’un par l'autre, les deux chiffres er-
470 GLANURES ZOOTOMIQUES
ronés de Dujardin, on trouve 26" pour le nombre des faisceaux de soies,
nombre qui s’écarte peu de celui de 28 auquel s'élève la somme des an-
neaux séligères chez le Polyophthalmus pictus.
La coloration générale du corps est blanchâtre avec des taches dont
la couleur varie, comme l'indique déjà Dujardin, du brun au brun ver-
dâtre et au noir, selon les exemplaires. Chaque segment sétigère porte
en général trois taches, une dorsale médiane et les deux autres dans la
partie postérieure du segment, immédiatement auprès des carènes laté-
rales. Dans la plus grande partie du corps, ces dernières ‘ ont une forme
exactement semi-lunaire (fig. 12, e; 14, d). Dans la partie antérieure du
corps, elles s'étendent vers le dos, de manière à former des bandelettes
brunes (fig. 1x, 13, 13), tantôt complètes, lantôt incomplètes sur la ca-
rène dorsale; elles font généralement défaut aux trois derniers segments
sétigères. La tache médiane dorsale forme une bande transversale de
plus en plus large et de plus en plus longue jusqu'au vingt-cinquième
segment. Sur les trois derniers segments sétigères elle prend une forme
éloilée assez élégante (fig. 41). Enfin le lobe céphalique présente une
tache brune à droite et à gauche.
La partie antérieure du corps est arrondie, présentant seulement une
petite dépression cupuliforme (fig. 16, e; La, e; 10, e) correspondant à un
amincissement de la paroi du corps. M. de Quatrefages signale à cette
même place chez le P. agilis un mamelon cilié. L'ouverture buccale
(fig. 1, c) est placée un peu en arrière de l'extrémité, à peu près au ni-
veau des organes très-singuliers, particuliers aux Polyophthalmiens, qui
se montrent sur les côtés du lobe céphalique et du segment buceal. Ces
organes, qu'on peut appeler lès poches céphaliques sont éminemment
contractiles. Dans leur état de contraction maximum elles ne font pour
ainsi dire pas saillie au-dessus du niveau général de la surface du corps.
! Par des considérations toutes semblables, M de Quatrefages avait déjà admis hypothétiquement ce
chiffre de 26 pour le nombre des segments du P pictus.
* Ces taches existent également chez les Polyophthalmes étudiés par M. de Quatrefages. Ce savant les
considère comme des yeux. Chez le P. pictus je n'ai point remarqué qu’elles fussent munies de cristallin.
PARMI LES ANNÉLIDES. ATI
On remarque bien plutôt de chaque côté une dépression infundibuli-
forme (fig. 14, k), dont la pointe se recourbe en arrière tout en se diri-
geant vers le dos. Ces dépressions rappellent lout à fait, par leur appa-
rence, les fosses vibratiles des Némertiens. Elles séparent le lobe cépha-
lique de deux lobes latéraux (fig. L+, d) situés plus en arrière, et qui ne
sont autre chose que les parois contractées des poches céphaliques.
Lorsque les poches céphaliques viennent à se dilater, elles forment de
chaque côté une espèce d’entonnoir à bord irrégulier, béant en avant
(fig. 15,c). Leur cavité paraît se terminer en cul-de-sac et ne point com-
muniquer avec la cavité viscérale. Les poches sont tapissées sur toute la
surface de cils vibratiles; leur fonction m'est restée complétement pro-
blématique ‘. Les cils vibratiles ne sont, du reste, point limités à ces or-
ganes. Toute la surface, ou au moins la plus grande partie de la surface
du P. pictus, est en effet tapissée de cils (fig. 15, a), plus petits ?, il est
vrai, que ceux des poches en question. Ces cils ne deviennent visibles
qu'à de très-forts grossissements et paraissent distribués en nom-
breux petits pinceaux très-rapprochés les uns des autres. Je n'ai ce-
pendant pas pu m'assurer que toute la surface de la plante soit
également ciliée. Cest peut-être, après le Prionognathus ciliata Kef.*,
le premier exemple d’une annélide ciliée sur la plus grande partie de sa
surface.
L'extrémité postérieure du corps (fig. 15, À et 1x,b) est comprimée
latéralement et se termine par deux lèvres parallèles comprenant entre
elles un sillon dans lequel se trouve placé l'anus. Ces lèvres se prolon-
gent beaucoup plus du côté dorsal que du côté ventral, et portent sur
leurs bords des appendices en forme de papilles allongées (fig. 1£, b). Ces
appendices ne méritent nullement le nom de tentacules respiratoires que
leur donne Dujardin. Is rappellent tout à fait, par leur apparence, les
‘ M. de Quatrefages pense que leurs cils vibratiles peuvent contribuer à conduire des particules nutri-
tives à Ja bouche,
3% M. de Quatrefages ne signale point ce revêtement ciliaire chez les Polyophthalmes observés par lui.
# Untersuchungen über niedere Seethiere, von Wilhelm Keferstein, Prof. in Gôttingen — Zeitschr. f,
wiss. Zool., XII, 1862, p. 99.
472 GLANURES ZOOTOMIQUES
papilles anales des Clymènes et n’adméttent point de vaisseaux san-
guins dans leur intérieur. Leur importance est évidemment très-secon-
daire, comme cela résulte de la grande variabilité de leur nombre. La
plus forte (fig. 15, b') est placée, contrairement à ce qu’indique Dujar-
din, du côté ventral sur la ligne médiane, et elles deviennent en général
de plus en plus petites à mesure qu’on se rapproche du dos '. Cette dé-
croissance n'est cependant point régulière, et il est très-fréquent de
trouver une ou deux papilles atrophiées comprises entre des papilles
relativement longues. Le nombre de ces appendices n’est souvent pas
identique des deux côtés du même individu; il croît du reste avec l'âge.
Le nombre minimum que j'aie observé est celui de trois chez de très-
jeunes individus, et le maximum celui de 15. Dujardin en a compté Jus-
qu'à 14 Souvent des sillons longitudinaux se prolongent à partir de
l'intervalle séparant deux papilles sur la surface du corps, jusqu'à une
petite distance. La même chose se voit chez quelques Clymènes.
Il ressort de cette description que Dujardin a pris le dos de l'animal
pour son ventre, et vice versd. Il en résulte aussi que l'anus des Polyoph-
thalmes n’est pas exactement terminal, maïs plutôt dorsal. Cette dispo-
sition, qui n’est pas sans intérêt lorsqu'on la rapproche de la place oc-
cupée par l'ouverture anale chez les Géphyriens, se retrouve chez un
grand nombre d’autres Annélides, comme Audouin et Milne Edwards *,
M. Williams * et M. Grube * l'ont déjà remarqué.
APPAREIL MUSCULAIRE. Le Polyophthalmus pictus offre une constitution
des parois du corps semblable à celle des autres Annélides. En effet, le
cuticule (fig. 1:,b) repose immédiatement sur une couche de fibres mus-
‘ Les autres Polyophthalmes se comportent sous ce point de vue, d’après M. de Quatrefages, exacte-
ment de la même manière.
* Classification des Annélides et description de celles qui habitent le littoral de la Frauce, par MM.
Audouin et Milne Edwards. — Annales des Sc. naturelles, 1832, tome XXVIT, p. 352.
5 Report on the British Annelida by Thom. Williams. — Report of the British Association. 21 Meet.
1851, p. 299.
* Tageblatt bei der 33. Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte. Bonn 1857, p. 52.
PARMI LES ANNÉLIDES. 475
culaires transversales (c), laquelle repose à son tour sur une couche de
fibres longitudinales (d). Toutefois, ces couches musculaires sont loin
d'offrir partout la même puissance; elles sont extrêmement amincies soit
à la ligne ventrale, soit à la ligne dorsale, et suivant la ligne d'implan-
tation des soies. Elles présentent, en outre, une place très-amincie à l’ex-
trémité antérieure du ver, où J'ai signalé une dépression cupuliforme
des téguments. Cette place est le point de moindre résistance de la paroi
du corps. En effet, sous l’action des lames de verre du compresseur, on
voit souvent le contenu de la cavité périviscérale se frayer une issue au
dehors par la rupture violente de cette place amincie. A partir de la ligne
dorsale, l'épaisseur de la paroi du corps augmente sur les côtés, et elle
atteint son maximum aux carènes latérales.
Outre ces couches musculaires, qui se retrouvent dans toute la classe
des annélides, le P. pictus présente un appareil contractile moins fré-
quent dans ce groupe zoologique, celui des bandes musculaires trans-
versales que Dujardin prit pour l'expression de véritables segments.
Lorsqu'on examine la plante ventrale du ver, on la voit divisée comme
par une série d’échelons successifs, à droite et à gauche d’un ruban mé-
dian qui ne prend point part à cette division (fig. 14). Les échelons sont
les intervalles séparant les unes des autres les bandes musculaires. Le
nombre de ces dernières est de 4 (de chaque côté) par segment jusqu’au
25me inclusivement. Les derniers segments sétigères n’en comptent
qu'une seule chacun, et la partie terminale achète en présente plusieurs
moins bien définies. Ces bandes ne sont point toutes de la même lar-
geur : dans chaque segment, les trois premières sont égales entre elles,
mais un peu moins larges que la dernière; celle-ci (fig. 1x, d, d’, d”;
fig. 10, a, a’ et fig. 1e, b, b', b”) se trouve au niveau des faisceaux de soies,
qui appartiennent à la partie la plus postérieure du segment. Les taches
brunes semi-lunaires, que j'ai signalées plus haut sur les côtés du corps,
se trouvent placées, dans chaque segment, au niveau de l'intervalle qui
sépare la troisième bande musculaire de la quatrième (Cf. fig. 1, e).
Chaque bande musculaire est fixée par l’une de ses extrémités à une
TOME XVII, 22€ PARTIE. 61
474 GLANURES ZOOTOMIQUES
faible distance de la ligne médiane ventrale, et par Fautre un peu au-
dessus de la carène latérale (C£. fig. 2, f). La série des bandes d’un même
côté constitue donc une espèce de plancher, séparant la partie de la ca-
vité générale du corps la plus voisine de la carène latérale du reste de
celle cavité, pour constituer ce que j'appellerai les deux chambres laté-
rales (fig. 2, », m'). Considérée dans son ensemble, chaque chambre laté-
rale a donc la forme d'un prisme trièdre occupant toute la longueur du
ver, La cavité périviscérale proprement dite (fig. 2,n) est beaucoup plus
spacieuse que les deux chambres latérales, comme on peut s’en assurer
par l'inspection de la coupe idéale, et elle communique avec elles par
tous les intervalles qui séparent les bandes musculaires les unes des
autres.
Lorsqu'on examine le ver de profil, les points d'attache des bandes
musculaires forment une ligne à peu près parallèle à la carène latérale.
A partir du vingt-quatrième segment, celle ligne remonte vers le dos en
décrivant un arc régulier (fig. 15), et elle atteint la ligne dorsale au vingt-
sixième. En effet, les bandes musculaires de droite du vingt-sixième seg-
ment et des trois suivants se réunissent avec les bandes correspondantes
de gauche pour former des cerceaux musculaires qui ne sont interrom-
pus qu’à la ligne ventrale. Dans le ver considéré de profil, on voit dans
chacun des segments en question une grosse tache très-réfringente
(fig. LE, d, d', d”, d'!') placée près. du bord dorsal; cette tache est due à
la projection de la partie des cerceaux musculaires qui se trouve placée
à peu près verticalement dans la préparation.
L'existence de ces bandes musculaires donne lieu parfois à des appa-
rences assez bizarres. Lorsque le ver est placé sur le côté, de manière à
présenter à l'observateur la ligne d'insertion des bandes musculaires
au-dessus de la carène transversale, et que le foyer de l'instrument se
trouve placé un peu au-dessous de la paroi du corps, on voit dans l'inté-
rieur de la cavité générale du corps une série de petits quadrilatères assez
réguliers (fig. 14, b, b"), peu distants les uns des autres. [ls forment une
ligne parallèle à la paroi du corps. Lorsque la cavité du corps est remplie
PARMI LES ANNÉLIDES. A7
par des ovules ou des zoospermes très-opaques, ces quadrilatères con-
trastent avec la masse environnante obscure par leur translucidité et
leur grande réfringence. Ils partagent cette qualité avec la paroi du corps
(a) qui leur est parallèle. Ces quadrilatères ne sont pas autre chose que
la section des bandes musculaires, placées ici dans une position à peu
près verticale.
Cette description s'éloigne singulièrement de celle que M. de Quatre-
fages donne des autres espèces de Polyophthalmes. Je regrette de ne pas
avoir connu son mémoire à l’époque où je fis mon travail. Toutefois, la
lecture de ce mémoire ne peut ébranler ma confiance dans la justesse
de mes observations. Le savant français s’écarte surtout de la description
qui précède en représentant la cavité du corps de ses Polyophthalmes
comme étant divisée en deux parties (et non en trois) par une cloison
horizontale. Il n’en est certainement point ainsi chez le P. pictus. Un
tel plancher horizontal serait entièrement exceptionnel dans la classe
des Annélides. Au contraire, les bandes musculaires, telles que je les ai
décrites, existent chez quelques autres types de la classe. Ainsi, chez les
Arénicoles et les Aphlébines (v. plus loin le chapitre relatif aux Aphlé-
bines). Dans ces deux genres ils sont disposés exactement de la même
manière. Ils sont seulement peut-être un peu moins réguliers, et les
chambres ventro-latérales, qu'ils détachent de la chambre principale, sont
relativement moins spacieuses.
J'ai dit que la cavité générale du corps du P. pictus présente la parti-
cularité tout à fait exceptionnelle d’être divisée en trois chambres. Chose
singulière, les cloisons musculaires intersegmentaires, qui existent chez
un grand nombre d'Annélides, font ici défaut dans la chambre princi-
pale, mais elles existent dans les chambres latérales. La chambre prin-
cipale offre une seule cloison transversale entre le cmquième et le sixième
segment. Les chambres latérales présentent un treillis musculaire for-
mant une cloison (fig. 14, r, c') immédiatement en arrière de chacune
des bandes musculaires les plus larges, qui reviennent, ainsi que je l'ai
dit, de quatre en quatre. C’est même l'existence de ces cloisons qui m’au-
476 GLANURES ZOOTOMIQUES
torise à considérer la bande musculaire la plus large comme étant la
dernière de chaque segment.
Le rôle de ce singulier appareil est assez problématique; il agit, sans
aucun doute, pour produire des modifications de profondeur du sillon
qui parcourt le milieu du ventre dans toute sa longueur. En effet, lors-
que deux bandes de même niveau agissent simultanément, leur effet
doit être d'élever la région ventrale médiane, suivant la diagonale du pa-
rallélogramme construit sur ces deux bandes, c’est-à-dire dans le sens
vertical. Mais il est probable qu’il doit jouer, en outre, un rôle impor-
tant dans les mouvements anguilluliformes du ver. Dans la partie pos-
térieure et achète de l'annélide, où les muscles forment des cerceaux
presque complets autour du corps, il est probable qu’ils contribuent aux
mouvements rhythmiques d'expansion et de contraction de cette ré-
gion. Ces mouvements paraissent destinés à entretenir un courant d’eau
dans la partie anale de l'intestin. Ce phénomène s’observe aussi chez
certaines Naïdes, et contribue sans doute à loxygénation du sang.
SYSTÈME NERVEUX ET ORGANES DES SENS. Le système nerveux est
formé par une chaîne ventrale se présentant sous la forme d’un ruban
fibreux très-légèrement dilaté au niveau de chaque paire de soies. De
cette dilatation, dans laquelle je n’ai pu reconnaître aucune structure
celluleuse, naît un nerf. La chaîne ganglionnaire se trouve placée
entre les deux rangées de bandes musculaires transverses. Les nerfs
(fig. 16, k) s'apercçoivent lorsqu'on examine l'animal par sa surface
ventrale, et ils apparaissent toujours alors logés entre la dernière bande
musculaire d’un segment et la première du segment suivant '. En
avant, la chaîne ganglionnaire donne naissance à deux cordons qui
embrassent l'œsophage et vont se réunir pour former, dans le lobe cé-
phalique, une masse cérébrale celluleuse assez considérable. C’est
‘ Ilsne correspondent donc point aux taches semilunaires, qui sont placées toujours entre la dernière et
la pénultième bande musculaire de chaque segment. Ce ne sont par conséquent pas des nerfs optiques
comme ceux que M. de Quatrefages décrit chez ses Polyophthalmes.
PARMI LES ANNÉLIDES. 471
dans la vue de profil (fig. 13) qu’on juge le mieux de la forme de ce
ganglion. Le dessin en donnera une meilleure idée que toute descrip-
tion. La partie antérieure du ganglion porte une série de petites taches
noires (fig. 1 B, d).
Je n’ai pas réussi à voir de nerfs naissant de ce ganglion cérébral.
Longtemps j'ai considéré comme tel un cordon (fig. 16, b) qui va s’insérer
à la place amincie des parois du corps déjà signalée plus haut ‘. Toute-
fois, j'ai reconnu que ce cordon se divise, en arrière, en plusieurs bran-
ches, et je n'ai pu m’assurer que ces dernières naissent réellement du
cerveau; il m'a même semblé parfois qu’elles vont s'attacher à la paroi
du corps, et, dans ce cas, il s'agirait d’un muscle destiné à augmenter la
dépression de l'extrémité antérieure.
En fait d'organes spéciaux des sens, je n’ai à signaler que la présence
de trois yeux, l’un médian et supérieur (fig. 16, e; 14, f'; 16, f'; 16, f”), et
les deux autres latéraux (fig. 1 y, f; 1, f: 16, f). Ils reposent immédiate-
ment sur le cerveau et sont formés chacun d’un seul cristallin sphérique
et d’une tache pigmentaire. Jamais il n’existe de cristallins multiples
comme chez les espèces étudiées par M. de Quatrefages. L’œil dorsal à
son pigment dirigé en avant et son cristallin en arrière. Dans les yeux
latéraux, c’est, au contraire, le cristallin qui est dirigé en avant et le
pigment en arrière. Ceux-ci paraissent donc destinés à voir en avant et
celui-là en arrière. J'ai constaté une disposition analogue chez un certain
nombre d’autres Annélides, et M. Keferstein ? l’a également mentionnée
chez un Polyophthalme indéterminé, qui était peut-être le P. pictus, et
un Polybostrichus (Autolytus).
APPAREIL DIGESTIF. La bouche (fig. 1», c) est située à peu de distance de
l'extrémité antérieure, au fond d’une dépression dont la forme est sujette
à varier par suite de la contractilité des bords. La lèvre inférieure (fig.
1 M. de Quatrefages signale un nerf à cette même place chez les espèces qu'il a étudiées.
? Untersuchungen über niedere Seethiere, von Prof. Wilh. Keferstein. — Zeitschrift f, wiss. Zoologie.
Bd XI, Heft 4, 1862, p. 414.
178 GLANURES ZOUTOMIQUES
1,, a; 1), a; 16, a) est formée par un épaississement de la paroï du corps
dans laquelle apparaît un tissu particulier. C’est une masse transparente
de forme ovale dans laquelle sont tendues une quinzaine de bandelettes
transverses, sans doute de nature musculaire. La bouche donne accès
dans une espèce de pharynx, susceptible de faire saillie à extérieur sous
forme de trompe largement béante. De longues brides musculaires
obliques vont s'attacher, d’une part, à ce pharynx, et, d'autre part, à la pa-
roi du corps jusqu’au huitième segment. Elles produisent la rétraction
de l'organe. Cette partie éminemment contractile du tube digestif s'étend
jusqu’au cinquième segment. Au delà, le canal alimentaire se rétrécit
considérablement pour s'élargir de nouveau à partir du huitième seg-
ment, puis il reste uniformément tubulaire dans toute la longueur de
l'animal. Son apparence n’est pourtant point partout la même. Du hui-
tième segment à l'extrémité postérieure du treizième, sa couleur est
d’un rougeälre semé régulièrement de taches ovales plus claires (Lo, e)..
Un examen attentif montre que celte apparence est due à la présence
dans la paroi de l'intestin d’un réseau vasculaire sanguin à mailles par-
faitement régulières ‘. Les interstices entre les vaisseaux sont parfaite-
ment ovales, larges de Omm,007 et longs de 0,010 à Omm,012, À partir
du quatorzième segment, l'intestin est recouvert de ces cellules opaques
désignées généralement chez les Annélides sous le nom de cellules hé-
patiques. Leur opacité empêche de déterminer si le réseau sanguin existe
aussi dans cette région-là. Des brides extrêmement nombreuses fixent
l'intestin à la paroi du corps. Du côté ventral ces brides paraissent res-
treintes à l'extrémité postérieure de chaque segment. En effet, lorsque
le corps est rempli d'œufs, l'intestin est comprimé de manière à ne plus
former qu'un mince filet, dilaté cependant du côté ventral au niveau de
! M. de Quatrefages paraît avoir vu quelque chose de semblable chez les espèces observées par lui.
I signale en effet des lacunes « crensées dans l'épaisseur de la tunique moyenne de l'intestin et circon-
scrivant des ilots de matière granuleuse. » — Pour ce qui concerne le P. pictus, je n'oserai décider s’il
s’agit de lacunes creusées dans le tissu intestinal ou de vaisseaux munis de parois propres. Gelte question
est certainement aussi difficile que la question analogue relative aux racines des lymphatiques chez les
vertébrés,
PARMI LES ANNÉLIDES. 479
chaque paire de soies. Vu de profil, l'intestin ressemble alors à un pont
avec arches surbaissées, à courbe voisine d'une cycloïde.
L'appareil digestif présente une paire d’appendices aveugles (fig. Lo, f)
placés au-dessous de lui, de manière à ne pouvoir être aperçus que
lorsque l'animal tourne vers l'observateur la plante ventrale, Ces or-
ganes s'ouvrent (/’) dans l'intestin au dixième segment. Leur extré-
mité aveugle pénètre jusque dans la partie antérieure du neuvième, où
elle se fixe à la paroi ventrale par une forte bride (g). Une seconde bride
(g') attache cet organe à la paroi ventrale dans le dixième segment. Les
parois de ces appendices aveugles sont épaisses, quelquefois plissées et
d'apparence succulente. Les aliments ne pénètrent jamais dans leur inté-
rieur. Ce sont vraisemblablement des glandes déversant dans l'intestin
un suc digestif. Il en existait de semblables chez les espèces étudiées
par M. de Quatrefages.
À partir du vingt-quatrième segment, le tube digestif se rétrécit subi-
tement, devient à peu près incolore, et le mouvement des cils vibratiles
est, par suite, plus apparent, comme c’est aussi le cas dans la partie
anale de l'intestin des Naïdes. Dujardin veut sans doute parler de ce fait
lorsqu'il signale un mouvement vibratile à l'intérieur du corps de sa
Naïs picta.
APPAREIL VASCULAIRE. Je n'ai étudié l'appareil vasculaire du Podoph-
thalme peint que d’une manière assez incomplète. Je me bornerai donc
aux quelques données qui suivent. Il existe un vaisseau dorsal contrac-
tile à couleur rouge orangée poussant d’arrière en avant le sang, et un
vaisseau ventral à paroi épaisse, mais non contractile, reposant sur la
chaîne ganglionnaire. Ces vaisseaux sont mis en communication dans
chaque segment par une anse latérale, dont je n'ai bien poursuivi le
chemin que dans la moitié ventrale. Chaque anse (fig. Lo, À) nait du
vaisseau ventral au niveau de l'intervalle séparant la première bande
musculaire de ce segment de la dernière du segment précédent. Elle se
couche ensuite sur le plancher musculaire, et elle atteint la carène
480 GLANURES ZOOTOMIQUES
latérale au niveau de l'intervalle qui sépare la troisième bande muscu-
laire de la quatrième. A partir de ce point, elle remonte vers le vaisseau
dorsal. Il m’a semblé que, en outre de cette anse principale, il en exis-
tait dans chaque segment une autre, reposant exactement sur le nerf
du segment. Cependant, je n’ai pas acquis de certitude à cet égard.
L’anse du huitième segment présente de chaque côté une énorme dila-
tation contractile, semblable aux cœurs latéraux de tant d’Annélides. La
plus grande partie du sang cheminant dans le vaisseau dorsal, s’engouffre
dans ces cœurs latéraux pour passer de là dans le vaisseau ventral. En
avant de ce huitième segment, le vaisseau dorsal diminue, en effet, beau-
coup de diamètre‘. Quant au vaisseau ventral, il m'a semblé n’exister
qu'à partir des cœurs latéraux et faire défaut plus en avant*. Il existe
bien une anse vasculaire un peu en avant des cœurs latéraux, mais cette
anse m'a paru se jeter dans la branche (fig. 1 5, ») qui, de chaque cœur
latéral, va se réunir avec la branche semblable du côté opposé, pour
former le vaisseau ventral (k'). Les autres parties du système circu-
latoire n’ont pas été suffisamment étudiées par moi. Je me contenterai
de relever seulement l’existence de trois vaisseaux importants. L'un est
un vaisseau impair (fig. 2,i) courant le long de la ligne ventrale de l’in-
testin, et donnant sans doute naissance au réseau de la paroi de lintes-
tin dont j'ai parlé plus haut. Les deux autres (fig. 1°, :) sont semblables
entre eux; ils sont appliqués contre la paroi du corps, où ils forment de
nombreuses sinuosités, suivant la ligne qui correspond à l’implantation
des soies.
‘ M. de Quatrefages a observé et figuré une disposition toute semblable chez ses Polyophthalmes, ce qui
me permet de supprimer les dessins relatifs à ce point d'anatomie. Cet auteur représente, il est vrai, cet
appareil contractile comme un cœur à trois loges très-différent de tout ce qu'on voit chez les autres
Annélides. Toutefois la loge médiane de ce cœur n'est que la partie du vaisseau dorsal située en
arrière de l'anse contractile du huitième segment. L’artère (veine Quatref.) que M. de Quatrefages fait
naître entre les deux loges latérales, n’est que la continuation du même vaisseau en avant de cette
même anse. Cette disposition est donc la même que nous retrouvons chez les Tubifex et les Limnodriles
par exemple
* Je vois avec plaisir cette observation, dont je n'étais pas très-certain, coïncider entièrement avec celles
de M. de Quatrefages
PARMI LES ANNÉLIDES. 481
APPAREIL REPRODUCTEUR. Les Polyophthalmes ont des sexes séparés
sans organes générateurs spéciaux. Les éléments reproducteurs rem-
plissent la cavité générale du corps. Tant qu'ils sont encore peu abon-
dants, ils paraissent s’accumuler de préférence dans les chambres laté-
rales, d’où ils passent du reste librement dans la chambre périviscérale
proprement dite par les interstices (fig. 1x) qui séparent les bandes
musculaires les unes des autres". A l’époque de la maturité complète,
cette chambre périviscérale est elle-même si remplie par les éléments
sexuels, que l'intestin en est comprimé et semble réduit à un mince
filet. Les éléments reproducteurs nè pénètrent en avant, à moins d’une
pression anormale, pas au delà du sixième segment. Ils sont en effet
arrêtés par la cloison que nous avons signalée entre le cinquième et le
sixième segment.
Les ovules mûrs (fig. 1») sont de forme ellipsoïdale, longs de 0w®,040
et larges de Ow®,024. Ils sont enveloppés d’une mince membrane, ren-
fermant un vitellus granuleux. La vésicule germinative est sphérique,
mesure Omm,015 en diamètre et renferme une seule tache germinative
arrondie. Les zoospermes, qui atteignent une longueur de 0®®,095, sont
filiformes avec renflement antérieur globuleux. On les trouve soit libres,
soit agolomérés en régimes framboisés (fig. 1 1) comme ceux de la plupart
des autres annélides. Enfin on rencontre, flottant dans la cavité du corps,
de petites cellules qui sont sans nul doute les cellules-mères de ces z00s-
permes. Mais je nai pu reconnaître si ces cellules et les ovules se déta-
chent de la paroï du corps.
Je n'ai pas réussi à trouver de pores sexuels. La pression amène
toujours les éléments reproducteurs à se frayer une issue soit par la
partie amincie de la région antérieure du corps, soit par l'anus. Le
point où ces éléments pénètrent dans l'intestin est constant. Il est situé
‘ M. de Quatrefages n’a point observé ce fait chez ses Polyophthalmes, ce qui l’a conduit à donner le
nom de chambre génitale à la chambre, pour lui unique, que le plancher musculaire isole de la cavité pé-
riviscérale proprement dite. 11 est probable que ce savant a eu sous les yeux des individus ne renfermant
encore que peu d'éléments reproducteurs.
TOME XVII, 20e PARTIE. 62
182 GLANURES ZOOTOMIQUES
au vingt-quatrième segment, sur la partie dorsale du tube intestinal, à
l'endroit où celui-ci se rétrécit brusquement. La première de ces issues
est certainement artificielle, mais je ne sais ce qu'il faut penser de la
seconde ".
En résumé, les Polyophthalmes forment un type d’Annélides très-spé-
cial, caractérisé surtout par la présence des planchers musculaires qui
divisent la cavité périviscérale en trois chambres et par la présence des
poches céphaliques. Malgré la simplicité des soies, il est évident que ce
type est plus voisin des Annélides polychètes que des oligochètes. C'est
un exemple de ces formes pour ainsi dire exceptionnelles auxquelles le
zoologiste éprouve quelque peine à assigner une place entièrement satis-
faisante dans le système. Plus encore, peut-être, que la Thysanoplea luc-
tuosa Schmidt”, et les Drilidium Fr. Müller’, le Polyophthalmus pictus
offre à la fois des caractères des deux ordres, cependant si naturels, de
vers chétopodes.
1 M. de Quatrefages indique chez les espèces étudiées par lui un oviducte appliqué contre le côté ventral
du rectum. Je crois pouvoir affirmer qu'il n’existe pas de tube semblable chez le P. pictus. Le point où
les œufs pénètrent dans l'intestin est au contraire dorsal.
> Zur Kenntniss der Turbellaria rhabdocæla und einiger anderer Würmer des Mittelmeeres, von Oscar
Schmidt, Prof. in Krakau. — Sitzungsberichte der k. k. Akademie der Wiss. (math.-naturw. Classe) zu
Wien, Bd, XXII, 1857, p. 361.
5 Einiges über die Annelidenfauna der Insel Santa Catharina an der brasilianischen Küste, von Dr Fr.
Müller. — Troschels Archiv £ Naturg., 1855, p. 217.
PARMI LES ANNÉLIDES. 185
S IL.
Sur les Térébellacés du genre Aphlebina de Quatre-
fages
(Polycirrus Grube.)
(PI. IL, fig. 1-2.)
Le genre Aphlebina n’a presque qu'une existence nominale; il est,
dans tous les cas, si peu connu que M. Grube n’a pas cru pouvoir lui
assigner de place dans son système des Annélides. Les observations de
M. de Quatrefages paraissent en effet être restées inédites. Elles ne sont
connues que pour être mentionnées dans un rapport fait à Académie des
sciences de Paris par M. Milne Edwards. Les vers que je rapporte à ce
venre ne présentent point certaines particularités attribuées par M. de
Quatrefages aux Aphlébines. Je ne voudrais cependant point paraitre
accuser d'inexactitude les observations du savant français. Il est très-
possible que les vers étudiés par moi soient, jasqu'à un certain point,
différents de ceux auxquels M. Milne Edwards fait allusion. Ils offrent
cependant comme eux le caractère essentiel d’être des Térébellacés anan-
siens. Dans l'état actuel de la science, ce caractère suffit pour établir
parmi les Térébellacés un groupe très-distinct. Cest ce qui m'a déter-
miné à appliquer aux Térébellacés anangiens de Port-Vendres le nom
d'Aphlebina. À une époque plus récente, M. Grube? a créé le genre Po-
lycirrus pour des vers probablement identiques quant au genre avec les
Aphlébines. Le caractère le plus important, celui de Panangie, lui a
cependant échappé. Aussi pensé-je devoir donner la préférence au terme
d'Aphlebina qui, en outre de la signification, a d’ailleurs sur celui de
Polycirrus l'avantage de la priorité.
1 Rapport sur une série de Mémoires de M. A. de Quatrefages, relatifs à l’organisation des animaux sans
vertèbres des côtes de la Manche. — Annales des Sciences naturelles, 3e série, tome [er, 1844, p. 5.
> Beschreibungen neuer oder wenig bekannter Anneliden, von Prof. Dr. Ed. Grube in Dorpat. — Archiv
f. Naturgeschichte, XXI, 1859, p. 120.
484 GLANURES ZOOTOMIQUES
Le passage du rapport de M. Milne Edwards concernant le genre
Apblébine est conçu dans les termes suivants" : « La forme générale des
« Aphlébines ne diffère pas de celle des Térébelles; mais ces animaux
« sont dépourvus de branchies et manquent aussi de vaisseaux sanguins.
€ Ce liquide nourricier répandu dans un système de lacunes est ici inco-
« lore; mais la transparence hyaline du corps est si parfaite que M. de
« Quatrefages à pu y apercevoir le courant circulatoire et découvrir
« même la cause de ce mouvement. Chez les Annélides ordinaires, le
« mécanisme de la circulation est analogue à celui de cette fonction chez
« les animaux supérieurs : car le mouvement du sang est toujours déter-
« miné par la dilatation et la contraction alternative d’une portion du
« système de canaux dans lequel ce liquide est renfermé, et par consé-
« quent c’est toujours par le jeu d’une sorte de pompe foulante que
« l'impulsion est donnée; mais dans lAlphlébine il n'existe rien de sem-
€ blable. Le sang, au lieu d’être comprimé par les contractions d’une
€ cavité analogue au cœur, est mis en mouvement par un système de
« palettes microscopiques qui le frappent à coups redoublés, et qui sont
« constituées par des cils vibratiles réunis en écharpe sur les parois de
« la cavité viscérale, en arrière de la base de chaque pied. »
Parmi les tubicoles de la vase du port de Port-Vendres, l'observateur
distingue bientôt des vers longs de 5 à 5 centimètres, qu’il serait tenté,
au premier abord, de prendre pour des Térébelles, n’était l'absence com-
plète de branchies. Les uns (PL IE, fig. 1) sont d’un rouge sang de bœuf
intense ; les autres, plus rares, d’un jaunâtre orangé très-pàle. Leur corps
vermiforme est renflé en avant et graduellement atténué en arrière. Leur
extrémité antérieure est munie d’un faisceau de longs tentacules extré-
mement contractiles (fig. { +) dont le jeu fort actif est entièrement sem-
blable à celui des tentacules des Térébelles. Ce sont des Aphlébines ap-
partenant à deux espèces très-voisines.
La forme extérieure du corps rappelle presque de tous points celle
des Térébelles. Comme chez la plupart de ces dernières la partie anté-
rieure du corps est plus épaisse, munie de soies subulées et de crochets,
1 Loc. cit é p'419:
PARMI LES ANNÉLIDES. 485
tandis que la partie postérieure est plus mince et munie d'espèces de
nageoires en palettes, garnies sur le bord de crochets différents de ceux
de la partie antérieure du corps. Cette région postérieure est dépourvue
des soies subulées saillantes, caractéristiques de la partie antérieure,
mais présente en revanche des soies filiformes (fig. 12, b) entièrement
cachées dans l'intérieur des palettes. C’est là une disposition que J'ai
décrite ailleurs chez la Terebella conchilega", el que j'ai retrouvée depuis
lors chez diverses autres espèces. Chez l'espèce rouge, que je désignerai
sous le nom d’A. Aæmatodes, j'ai compté 21 segments munis de faisceaux
dorsaux de soies subulées saillantes, implantés dans une rame cylin-
drique dont l'extrémité porte un cirre conique rudimentaire. Les rames
des segments antérieurs sont plus rapprochées du dos que celles des
segments suivants. Les soies subulées du premier segment ne sont pas
plus fortes que les autres. Quant aux crochets, ils forment des rangées
transversales sur le côté ventral des segments, où ils sont implantés sur
des bourrelets légèrement saillants (tort uncinigeri). Chez l'Aphlebina
hœæmatodes, je ne les ai trouvés qu'à partir du treizième, où 1ls sont immé-
diatement nombreux el accompagnés des soies filiformes formant une
charpente en éventail dans l'intérieur du bourrelet. Dans les segments
situés plus en arrière, les bourrelets ventraux deviennent graduellement
plus saillants et finissent par constituer les nageoires en palettes dont
le bord présente deux lèvres peu saillantes. Dans le sillon qui les sé-
pare sont implantés jusqu'à 100 crochets et au delà.
Chez lAphlébine jaune, que j'appellerai Aphlebina pallida, je n'ai
compté que 19 segments munis de soies subulées saillantes; en re-
vanche, les crochets ventraux commencent déjà au septième segment.
Celui-ci n'en porte, il est vrai, que deux de chaque côté, et les suivants,
bien qu'en portant davantage, n’en présentent cependant qu'un pelil
nombre, Ces crochets (fig 29) sont différents par leur forme de ceux
portés par les palettes situées plus en arrière (fig. 27). Fai constaté chez
cette espèce, beaucoup plus favorable à l'étude que la précédente, que
1 Beobachtungen über Anatomie und Entwicklungsgeschichte wirbelloser Thiere, an der Küste der Nor-
mandie angestellt von Dr Ed. Claparède. Leipzig, 1863, p_ 95.
186 GLANURES ZOOTOMIQUES
les crochets des palettes sont munis chacun d’un muscle spécial destiné
à le mouvoir.
La cuticule présente une sculpture élégante dans tous les segments
munis de soies subulées saillantes. Cette sculpture est restreinte à la
région dorsale. Elle présente l'apparence d’un pavé régulier de plaques
hexagonales (fig. 2 x) disposées en rangées transversales. Il existe, en
général, cinq rangées de ces plaques par segment, la médiane (fig. 2 x, a)
étant formée par des hexagones un peu plus allongés que les autres. Du
côté ventral, les huit premiers segments sont renflés chacun en deux
larges coussinets (fig. 2 5, b) séparés l'un’ de l’autre sur la ligne médiane
par un sillon (a) large et profond. Chaque segment paraît par suite di-
visé du côté ventral en trois champs distincts. Les petits tores (c) qui
portent les crochets ventraux, sont placés dans ces segments antérieurs
en dehors des coussinets saillants, sur la base des pieds.
La partie antérieure des Aphlébines est un peu différente de celle des
Térébelles. Du côté dorsal, le ver se termine en avant par une protubé-
rance conique. Sous cette protubérance on voit naître un lambeau mem-
braneux (fig. { +) très-allongé et fort contractile, comparable à la lèvre
supérieure des Térébelles. Les tentacules, dont le nombre s’élève à une
centaine environ, naissent, non pas à la base, mais sur tout le bord de
ce lobe membraneux, du côté dorsal. Ils se signalent par une contractilité
extrême. Tantôt ils s’injectent de sang en se dilatant à un haut degré,
tantôt ils se réduisent à un filament exsangue extraordinairement ténu.
La surface du lobe membraneux est comme labourée de nombreux sil-
lons irréguliers. Souvent on voit ce lobe s’infléchir en une gouttière qui,
du côté ventral, conduit à la bouche (fig. 13, a).
Le système digestif est tout à fait comparable à celui des Térébelles.
La bouche offre cependant une apparence particulière, grâce à un bour-
relet saillant qui l'entoure (fig. 1 3, b). L'œsophage s'ouvre au neuvième
segment dans un large estomac hépatique. Les glandes, vraisemblable-
ment nidamenteuses, des Térébelles sont représentées ici par six paires
de glandes (fig. 1 5, c) placées dans les six premiers segments du côté
PARMI LES ANNÉLIDES. A8T
ventral. Ce sont des espèces de tubes aplatis et aveugles, dont le fond
plus élargi est coloré en brunâtre. Chacun de ces organes est recourbé
sur lui-même et vient s'ouvrir par un pore (fig. 2 6, d) placé à la base
des pieds, sur une petite éminence de forme elliptique. Ce sont probable-
ment ces ouve.tures que M. Grube désigne comme des points blanchà-
tres situés de la même manière chez son Polycirrus Medusa". L'homo-
logie de ces organes avec les organes segmentaires d’autres Annélides ne
saurait être méconnue.
Le caractère le plus important de nos Aphlébines est l'absence totale
de vaisseaux déjà signalée par M. de Quatrefages. Mais un fait tout aussi
intéressant est l'existence d’une multitude de petits corpuscules (fig. 1 L)
tenus en suspension dans le liquide qui remplit la cavité périviscérale
et qui joue le rôle de sang. Ces globules sont d’une belle couleur rouge
chez l'A. hæmatodes. Vs sont incolores ou plutôt simplement d’un jaunâtre
peu marqué chez VA. pallida. Ce sont des disques circulaires d’un dia-
mètre de 0®®,010 à 0,015. Chez quelques individus de couleur orangée,
ils ont la forme d’un ovale (fig. 5) acuminé aux deux extrémités *. Il est
curieux de constater l'identité de la composition morphologique de ce
sang avec le sang des Glycères, des Capitelles et des Notomastus. II
semble que la disparition des vaisseaux sanguins chez les Annélides en-
traine l'apparition dans le liquide périviscéral de globules généralement
colorés d’un rouge plus ou moins intense. Partout ces globules parais-
sent être de simples vésicules pleines de protoplasma et renfermant ra-
rement quelques granules à l’intérieur.
M. Grube n’a point reconnu l'anangie de l'espèce (P. Medusa Gr.)
sur laquelle il établit son genre Polycirrus. Cinq ans après la publication
de son mémoire, il découvrit cependant une seconde espèce du genre
(P. aurantiacus Gr.), chez laquelle il ne réussit pas à découvrir de vais-
‘ Loc. cit., p. 121.
* Peut-être ces individus appartiennent-ils à une troisième espèce (Polycirrus aurantiacus Grube?).
> Je dois remarquer qu'il existe à Port-Vendres une véritable Térébelle dont le sang charrie des glo-
bules. Ce fait vient à l'appui d’une observation analogue de M. de Quatrefages. On sait d’ailleurs aujourd'hui
que les Phoron:s Str. Wright (Crepina van Ben), certains Géphyriens, ete., ont aussi des globules sanguins.
488 GLANURES ZOOTOMIQUES
seaux. Il reconnut aussi chez elle la présence de corpuscules fusiformes
dans la cavité périviscérale !.
M. de Quatrefages attribue le mouvement du sang chez ses Aphlebina
au jeu de palettes vibratiles placées dans la cavité du corps à la base des
pieds. Je n’ai rien observé de semblable chez les Térébellacés anangiens
de Port-Vendres. En revanche, j'ai constaté chez eux des mouvements
de contractions ondulatoires de la paroï du corps, analogues à ceux que
Jai décrits ailleurs chez les Capitelles?. M. Grube parait en avoir vu de
semblables chez son Polycirrus aurantiacus. Ces mouvements entretien-
nent le liquide périviscéral dans un état de va-et-vient circulatoire conti-
nuel. Ce liquide pénètre dans le lambeau membraneux tentaculifère au
sein duquel se prolonge la cavité du corps, et il passe de là dans les ten-
tacules. Les mouvements de contraction et d'expansion presque conti-
nuels de ceux-ci le maintiennent en circulation. 11 n’est d’ailleurs pas
rare de voir un amas de sang stagnant dans un tentacule dilaté.
La contractilité extrême des parois du corps, qui préside au mouve-
ment circulatoire, s'explique suffisamment par le grand développement
du système musculaire. Chez VA. pallida, plus appropriée à l'étude par
suite de sa transparence, on trouve immédiatement sous la cuticule une
couche uniforme de fibres musculaires transversales (fig. 2, a). En de-
dans de cette première couche s’en trouve une seconde de fibres longi-
tudinales (b) réunies en faisceaux légèrement sinueux; ces faisceaux sont
séparés par des intervalles les uns des autres, et réunis çà et là par des
fascicules anastomotiques. Enfin, cette seconde couche est suivie du côté
ventral par une troisième. Celle-ci consiste en larges bandes muscu-
laires (fig. 2, c) transversales, séparées par des intervalles les unes des
autres. Ces bandes sont fixées par leurs extrémités du côté dorsal au
niveau de la ligne des soies, et du côté ventral, auprès de la chaîne gan-
glionnaire. Cette troisième couche est peut-être moins exceptionnelle
! Beschreibung neuer oder wenig bekannter Anneliden, von Prof. De Ed. Grube in Breslau. Fünfter
Beitrag — Archiv f. Naturgeschichte, XXVI, 1860, p. 110.
* Recherches anatomiques sur les Annélides, Turbellariés, Opalines et Grégarines observés dans les
Hébrides, par Ed. Claparède. Genève, 1861, p. 44.
PARMI LES ANNÉLIDES. 189
qu'on pourrait le penser. Il en existe une toute semblable chez les Aréni-
coles, où elle a été déjà décrite par M. Grube’. M. Rathke* signale éga-
lement des bandes musculaires analogues dans son excellente disserta-
tion anatomique sur les Néréides. Quant aux bandes musculaires des
Polyophthalmes, j'en ai déjà parlé dans ce mémoire.
Les Aphlebina ont des sexes séparés. Les femelles sont plus abon-
dantes que les mâles. Les œufs (fig. D), colorés en rouge chez l'A. pallida,
sont dans les deux espèces de forme discoïdale. HS sont entourés d'une
membrane épaisse assez résistante, et mesurent 0®,10 en diamètre.
Si Je crois convenable de conserver le genre Aphlebina de M. de Qua-
trefages, je n’en reconnais pas moins qu'il a été caractérisé jusqu'ici
d'une manière insuffisante, et qu'il faut lui attribuer la diagnose géné-
rique que M. Grube a donnée de son genre Polycirrus. Cette diagnose
doit cependant être modifiée en ce qui concerne les tubercules séti-
gères : M. Grube dit que les premiers segments ne portent que des soies
capillaires, et les suivants que des bourrelets unciginères, tandis que,
d’après la description ci-dessus, il existe un certain nombre de segments
portant à la fois les deux sortes de soies’. Enfin, pour compléter cette
caractéristique, il faut y adjoindre le caractère principal, celui de Fab-
sence de vaisseaux.
Il est difficile de dire si le P. Medusa Gr. est spécifiquement différent
de VA. pallida, M. Grube n'ayant malheureusement accompagné sa diag-
nose d'aucun dessin. Pour le moment, je ne puis considérer les deux
espèces comme identiques, M. Grube faisant apparaître les crochets seu-
lement à partir du quinzième segment, tandis qu'ils commencent dès le
septième chez les individus observés par moi. Quant au T. aurantiacus
Gr, il est aussi spécifiquement très-voisin de l'A. pallida. ne possède
! Zur Anatomie und Physiologie der Kiemenwürmer, von Dr Ed, Grube. Künigsberg 1838, p. 6.
* Henrici Rathke de Bopyro et Nereide, commentationes anatomico-physiologicæ duæ. Rigæ et Dorpati
1837, p. 30.
5 C'est du reste ce que M. Grube lui-même a reconnu plus tard pour son Polycirrus aurantiacus.
TOME xvi, 20e PARTIE. 65
490 GLANURES ZOOTOMIQUES
cependant que trois paires de glandes au lieu de six dans la partie anté-
rieure du corps.
Outre les caractères de couleur, la différence dans la forme des cro-
chets permet de distinguer facilement les deux Aphlebina que j'ai dé-
crites. Chez VA. kæmatodes, ces crochets (fig. 15) sont armés d’un bec
principal et de deux autres rudimentaires. Chez l'A. pallida, les crochets
sont simples et d’une forme légèrement différente dans la partie anté-
rieure (fig. 2 4) que dans le reste du corps (fig. 2). Chez la première
espèce J'ai compté jusqu'à 75 segments, chez la seconde seulement 67.
Au moment de livrer ces l'gnes à l’impression, je reçois un mémoire récent de
M. Sars' contenant la description d’une nouvelle espèce du genre Polycirrus Gr.
(PB. trilobatus Sars.). Ce ver a été trouvé à Slaatholmen dans les Lofodes et à
Christiansund. Il est spécifiquement bien distinet des Aphlébines de la Méditerranée.
Bien que cette espèce ait été étudiée avec le plus grand soin par le savant norwégien,
ilne parait pas qu'il ait constaté son anangie. Il dit, en effet, que le Pulycirrus trilo-
batus est « par loute sa structure tellement identique avec une Térébelle qu'il ue
s’en distingue que par la seule absence des branchies. » J'oserais presque ajouter « et
par sa complète anangie,» car je présume que cette espèce participe, comme celles
de Port-Vendres, à cet important caractère. Il est, dans tous les cas, très-frappant que
la description si circonstanciée de M. Sars passe les vaisseaux entièrement sous si-
lence. Ce silence mérite surtout d’être relevé en présence de la remarque expresse de
l’auteur que les Aphlébines de M. de Quatrefages paraissent être des Polycirrus.
Il vaut la peine de remarquer que M Sars signale dans la partie antérieure du
P. trilobatus des organes segmentaires recourbés, vraisemblablement identiques avec
les glandes que j'ai déenites plus haut. Seulement ce savant prétend avoir reconnu
dans leur intérieur des ovules avec vésicule et tache germinatives. Ce fait est d'autant
plus curieux que, chez les Aphlébines de Port-Vendres, les éléments sexuels remplissent
toute la cavité du corps. à l'exclusion des seuls segments antérieurs qui renferment
les glandes en question.
‘ Geologiske og zoologiske Jagttagelser anstillede paa en Reise 1 en Deel af Trondhjems Stift i Sommeren
1862 af M. Sars. Christiania 1863, p. 53. — Ce mémoire m'apprend que deux espèces exotiques de Po-
lycirrus ont été décrites d’une manière imparfaite par M. Schmarda.
PARMI LES ANNÉLIDES. 191
ELLE
Sur quelques Serpulacés nouveaux.
Jusqu'à une époque récente, les Annélides polyehètes ont été consi-
dérées comme formant un groupe d'animaux essentiellement dioïques.
M. Huxley', le premier, découvrit une espèce hermaphrodite, la Protula
Dysteri Hux., sur les côtes d'Angleterre, espèce que j'ai retrouvée dans
le golfe de Normandie, où j'ai pu confirmer entièrement*® les observa-
tions du savant anglais. Depuis lors, M. Pagenstecher* a rencontré, dans
le port de Cette, une espèce qu'il désigne sous le nom de Sprrorbis spi-
rillum, et qui est également androgyne *. Dans le mémoire relatif à ce
ver, l'auteur émet lopinion que tous les Serpulacés sont peut-être her-
maphrodites. Il n’en à pas fallu davantage pour diriger tout spécialement
mon attention sur les vers de cette famille qui habitent la côte de Port-
Vendres. J'ai étudié un grand nombre d'espèces appartenant surtout aux
différentes subdivisions du genre Serpula, le sous-genre Sprrorbis com-
pris. Toutes ces espèces, sauf une Amphiglène, que j'aurai à mentionner
tout à l'heure, m'ont présenté des sexes séparés. Le nombre des espèces
observées est assez grand pour me permettre daflirmer que chez les Ser-
pulacés, comme chez les autres Annélides polychètes, la séparation des
sexes est Lypique, et que les cas d’androgynie sont exceptionnels.
Mes observations sur les Serpulacés de Port-Vendres ayant été brus-
! On an hermaphrodite and fissiparous species of tubicolar Annelid by Thomas H. Huxley. — Edin-
burgh new Philosophical Journal. New Series, 1855, p. 113.
* Beobachtungen, etc., p. 31.
5 Untersuchungen über niedere Seethiere aus Cette, von Dr H° Alex. Pagenstecher in Heidelberg. Il
Abtheilung. — Zeitschr. f. wiss. Zoologie, XII, 1863, p. 486. — Je ne parle pas ici des observations de
M. Dujardin sur l'androgynie prétendue d’un Syllidé (Exogone pusilla Duj.). Elles reposent en effet sur une
méprise
4 Le Scalibregma inflatum Rathke est peut-être un troisième exemple d'hermaphrodisme chez les An-
nélides. Je n'ai malheureusement pu me procurer les récentes observations de M. Danielssen relatives à
ce ver.
492 GLANURES ZOOTOMIQUES
quement interrompues, sans avoir été poussées jusqu'au point où je
l'aurais désiré, je renonce à les présenter ici. Je ne fais exception que
pour deux espèces appartenant, lune au nouveau genre Amphiglène,
l'autre au genre Fabricie, espèces à l'égard desquelles je suis arrivé à des
résultats assez complets. Elles sont toutes deux de très-petite taille;
toutes deux ont le sang d’un beau vert, et présentent, en outre, la parti-
cularité, rare chez les Annélides, de posséder des capsules auditives.
Toutes deux aussi sont munies de taches oculiformes, non-seulement
à l'extrémité antérieure, mais encore à l'extrémité postérieure; aussi est-
il facile de les confondre, au premier abord, Pune avec l'autre. Après
un examen attentif seulement je suis arrivé à reconnaître que l’une des
espèces n’est point une Fabricie, mais bien une Sabelle méritant d’être
érigée en un genre spécial. La conformation de ses branchies s'éloigne,
en effet, entièrement de celle des Fabricies.
GENRE AMPHIGLENA, nov. gen.
Diagnose. Serpulacés ornés de branchies semblables à celles des Sabelles, mais
dépourvus de collerette comme les Myxicoles (Koch). Bourrelets uncinigères portant
une double rangée de soies dissemblables. Taches pigmentaires oculiformes sur le pre-
mier et le dernier segments. Hermaphrodites.
AMPHIGLENA ARMANDI ', NOV. Sp.
(PI. IL, fig 1.)
Ce petit ver céphalobranche atteint en maximum une longueur de
18m, mais la grande majorité des individus ne dépasse pas celle de 7 à
8mm, Sa couleur est d'un blanchätre translucide, laissant percer la belle
couleur verte des vaisseaux sanguins. Le nombre des segments varie chez
les adultes de 29 à 33. Le corps cylindrique, légèrement plus étroit en
! Je dédie cette espèce à M. Armand de Quatrefages qui a peut-être été le premier à la rencontrer,
comme je le montrerai plus loin. Mes instincts euphoniques se révoltent devant toute tentative de latini-
ser le nom de famille de ce savant. J'ai donc recouru à l'intermédiaire du prénom.
PARMI LES ANNÉLIDES. 495
avant que dans le milieu, S'atténue sensiblement en arrière. Le premier
segment ou segment céphalique est achète. Les six segments suivants por-
tent du côté dorsal des faisceaux de soies simples, lancéolées (fig. 4 ©),
semblables à celles d’un grand nombre d'autres Sabelles. Du côté ven-
tral. les tores uncinigères peu saillants commencent seulement au troi-
sième segment, qui est le second sétigère. Chaque crochet est accom-
pagné d’une soie lancéolée (fig. 1 9), à extrémité flexible, comme aucun
observateur, sauf M. Sars', n’en a signalé jusqu'ici chez les Sabelles.
Je me suis cependant assuré qu'il existe des Sabelles méditerranéennes
présentant une disposition semblable, c'est-à-dire des soies ventrales de
deux espèces groupées deux à deux. C’est ce qui se voit, en particulier,
chez plusieurs espèces munies d'yeux sur les branchies (Branchiomma
Kœællik.), et je pense que M. Sars, en se basant sur ses études relatives
aux Sabelles de Norwége, à eu parfaitement raison de limiter le genre
Sabella aux espèces qui portent deux rangées de soies de forme diffé-
rente sur les bourrelets uncinigères”. Au dixième segment (neuvième
séligère), quelquefois déjà dès le huitième, a lieu Pinterversion des soiïes,
les soies subulées devenant ventrales, et les crochets devenant dorsaux.
Mais, à partir de cette interversion, les crochets cessent d'être accompa-
unés de soies lancéolées. Soit les soies, soit les crochets reposent direc-
tement sur la paroi du corps sans que celle-ci fasse saillie en rame ou
en bourrelet.
La paroi ventrale du corps est beaucoup plus épaisse que la paroi
dorsale, dépourvue de transparence par suite d’un dépôt de matières gra-
nuleuses sous la cuticule, dépôt comparable aux boucliers ventraux des
erandes Sabelles.
L'appareil respiratoire céphalique est formé de huit, dix ou douze
branchies en deux groupes semblables (fig. ©). Le nombre de dix paraît
G
‘ Bidragtil Kundskaben om Norges Annelider. Fjerde Afhandling af Prof, M. Sars. — Særskilt Aftryk
af Vidensk. Forhandlinger i Christiania for 1861, p. 27
? Je dois dire cependant que M. Fr. Müller paraît avoir vu ces deux espèces de soies des tores uncini-
gères chez une Sabelle du Brésil, à en juger par nne figure qui n’est malheureusement accompagnée
d'aucun texte. Fr. Müller, loc. cit,, pl. VIE, fig. 33.
194 GLANURES ZOOTOMIQUES
être de beaucoup le plus fréquent. Chaque branchie est régulièrement
pennée, présentant une double série de filets branchiaux toujours opposés
les uns aux autres. Ces filets sont courts et à peu près tous d’égale lon-
gueur. Cette structure des branchies, qui se retrouve aussi chez les
Sabelles, est très-différente de celle qu'offrent les Fabricies. Chez ces
dernières, en effet (fig. 2), les filets branchiaux distiques ne sont point
opposés, mais alternes, et leurs extrémités sont toutes au même niveau.
Aussi ces filets sont-ils d'autant plus courts qu'ils naissent d’un point
plus rapproché de extrémité de la bran‘hie. Le côté interne des bran-
chies de l'Amphiglene Armandi et de leurs filets branchiaux est cilié. Les
cils (fig. 4 5) sont groupés par petits faisceaux dont le diamètre parait
correspondre à celui des cellules de cartilage sous-jacentes. L’extrémité
de chaque branchie se rétrécit brusquement (fig. 1 >), et le squelette car-
Lilagineux, ainsi que les cils vibratiles, s'arrêtent en cet endroit /c). L’ex-
trémilé amincie /d) est hérissée de quelques soies roides. Nulle part les
branchies ne portent du côté dorsal de taches oculaires, non plus que
de pinnules ou appendices membraneux analogues à ceux que l’on voit
chez certaines Sabelles, pour lesquelles M. Sars a formé avec raison le
genre Dasychone,
Entre les branchies, du côté dorsal, s'élèvent deux tentacules mous (fig.
1,c) présentant une dilatation membraneuse à la base. Sur cette partie
dilatée est une tache pigmentaire (fig. 1 ,d), de forme semi-lunaire, large
de Omm,054. Vainement j'ai cherché dans la concavité de la tache la pré-
sence d'un cristallin. À la base de ces tentacules vient s'ouvrir un canal
cilié (fig. À +, f) qui pénètre en ligne droite jasqu’à l'extrémité posté-
rieure du premier segment. Là il se divise en deux branches (/") qui se
dirigent transversalement l'une à droite, Pautre à gauche, pour se termi-
ner dans lune vésicule (/”) également ciliée. Je suppose qu'il faut voir
dans cet organe un appareil glandulaire sécrétant la substance destinée
à former le tube d'habitation du ver.
Le tube digestif ne présente rien de remarquable, lœsophage (fig. 1, a)
‘ Loc. cit., p.28 — Il existe des Dasychones à Port-Vendres.
PARMI LES ANNÉLIDES. 495
se dilatant subitement au quatrième segment pour former le tube gastro-
intestinal.
Je n'ai reconnu le système circulatoire que d’une manière incomplète.
Il existe un vaisseau ventral contractile, el deux vaisseaux latéraux lon-
gitudinaux, appliqués contre l'intestin. Les anses vasculaires de chaque
segment ne paraissent pas présenter les appendices en cœcum que jai
trouvés très-ordinaires chez les vraies Sabelles. Chaque branchie ren-
ferme un seul vaisseau, contractile, dans lequel le sang chemine par
conséquent alternativement dans un sens el dans autre.
Le système nerveux à échappé à mes recherches. En revanche, l'étude
des organes des sens a donné des résultats intéressants. Il existe, en effet,
chez nos Amphiglènes des capsules auditives (fig. 1 4, a et 1 2), organes
rares chez les Annélides. Ces capsules sont logées dans la paroi dorsale
du second segment. Elles sont parfaitement sphériques, ciliées à linté-
rieur et renferment toujours un grand nombre de petits otolithes ".
Quant aux yeux, je n'en ai pas reconnu avec certitude, à moins qu'on
ne veuille donner ce nom aux laches pigmentaires des tentacules; mais
alors on aurait tout autant le droit de l'appliquer à de petites taches
pigmentaires noires, semblables à celles des Fabricies, qui se trouvent au
nombre de deux ou de quatre sur le dos du premier segment (fig. 1 x, b),
et au nombre de six ou de huit sur celui du dernier segment.
La particularité la plus remarquable de PAmphiglène est relative à
l'appareil sexuel. Ce ver nous présente, en effet, un nouvel exemple (le
troisième) d'hermaphrodisme parmi les Annélides polychètes, quoique
toutes les vraies Sabelles que j'ai examinées sous ce point de vue aient
des sexes séparés. Les éléments sexuels se trouvent libres dans la cavité
générale du corps, ovules et zoospermes pêle-mêle dans les mêmes seg-
ments. Les ovules ne se trouvent cependant que dans deux ou trois seg-
‘M. de Quatrefages à signalé (Comptes rendus de l'Acad_ des Sciences de Paris, t. XIX, 144, p. 195)
une Amphicore des côtes de Sicile munie de capsules auditives contenant plusieurs otolithes. Peut-être
S’'agissait-il de notre Amphiglène. Cette opinion est d'autant plus vraisemblable que M. de Quatrefages
paraît avoir reconnu plus tard ce ver pour une Annélide génériquement distincte des Amphicores. — CI
Etudes sur les types inférieurs de l'embranchement des Annelés. Ann. des Sc. nat., 1845, & XI, p 30
496 GLANURES ZOOTOMIQUES
ments de la partie médiane du corps, tandis que les zoospermes en oceu-
pent toujours un plus grand nombre. Deux ou trois fois j'ai rencontré un
individu adulte ne renfermant que des zoospermes, mais jamais d'indi-
vidus ne renfermant que des ovules. Les ovules (fig. 1 ), à vitellus gros-
sièrement granuleux, atteignent un diamètre maximum de Omm,17. Les
zoospermes (fig. 1 c) ont la forme de bâtonnets cylindriques terminés
par un petit appendice filiforme. Ils sont longs de Omm,05, et groupés
en faisceaux de forme conique (fig. 1 5, &, b).
Il était urgent de fonder pour cet intéressant Serpulacé un genre nou-
veau. En effet, le genre Myxicola, formé par M. Koch" pour des Sabelles
dépourvues de pinnules sur le dos des branchies et de collerette,
comme notre Amphiglène, est, en outre, caractérisé par une palmure
interbranchiale semblable à celle du genre Chone Kræyer?, palmure qui
fait défaut aux Amphiglènes. En outre, les Myxicoles (dans le sens qu'a
maintenant ce genre revisé par M. Sars) n'ont pas, comme les Amphi-
glènes, deux espèces de soies ventrales dans les premiers segments, et
leurs rangées de crochets dépassent du côté du dos les faisceaux de
soies dorsales.
GENRE FABRICIA, Blainville.
(AmpxicorA, Ehrenberg.)
FABRICIA ARMANDI, NOV. Sp.
(PI. HI, fig. 2.)
Cette nouvelle espèce de Fabricie est de petite taille, comme toutes
les autres du genre, sa longueur ne dépassant pas 4m, Elle partage
avec la Fabricia gracilis Gr. la particularité d’avoir le sang d’un beau
vert; mais elle s'en distingue soit par le nombre des segments, soit par
la forme des soies, soit par d’autres caractères qui ressortiront de la
* V. Grube, Arch. für Naturgesch., 4855, p. 191.
* Oversigt af det Kongl. Danske Vidensk. Selskab. Forhandl. 4856, p. 13.
PARMI LES ANNÉLIDES. 497
description. Le nombre total des segments est normalement de 19 ou de
20 chez les adultes, tandis que, chez la F. Sabella, i\ n’est que de douze
d'après les observations de MM. Frey et Leuckart'sur des individus d'Hel-
goland, et d’après les miennes * sur des individus des Hébrides. J'ai ce-
pendant rencontré-une fois une F. Armandi renfermant des ovules mûrs,
bien qu'elle ne comptàt que douze segments. Chezla F, gracilis, le nombre
des segments s'élève à 28, d’après M. Grube. Le premier segment est
achète; les suivants portent deux groupes de soies. Jusqu'au cinquième
segment les soies dorsales sont droites, subulées (fig. 2 9, a), bordées
d'un côté près de l'extrémité et longues de Omm 16, Les ventrales sont
des crochets bifides* (fig. 2 9, b), courbés en $S, et longs de O0mm,05. Les
crochets de la F. Sabella sont également bifides, tandis que ceux de la
F. gracilis sont simples, d’après M. Grube. Au dixième segment on
observe une interversion des soies, les soies subulées devenant ventrales.
Leur forme change en même temps: elles cessent d’être bordées, et sont
géniculées près de leur base, de manière à prendre exactement lappa-
rence d’une baïonnette (fig. 2 9, d). Leur longueur n’est plus que de
Omm 11. Il n’en existe, du reste, plus qu'une seule de chaque côté de
chaque segment, tandis que les soies lancéolées des segments précédents
sont groupées par trois ou quatre. Pendant l'état de repos, leur pointe
est généralement dirigée en avant, landis que l'extrémité des soies des
segments précédents regarde en arrière, Du côté dorsal, les segments de
celte région postérieure portent des crochets totalement différents des
crochets ventraux de la région antérieure. Ce sont de petites plaques
(fig. 25, c) longues de Oww,010 et portant sur l'un de leurs bords trois pe-
tites dentelures recourbées vers la partie antérieure de Fanimal; la plus
‘ Beiträge zur Kenntniss wirbelloser Thiere mit besonderer Berücksichtigung der Fauna des norddeut-
schen Meeres, von D: Heinrich Frey und Dr Rudolph Leuckart. Braunschweig 1847, p. 151.
? Recherches anatomiques sur les Annélides, ete., p. 51. — Je profite de l’occasion pour corriger une
faute d'impression qui s'est glissée à la page 53, ligne 7, de ce mémoire. Au lieu de deux segments, il faut
lire Auit, comme cela résulte d’ailleurs du reste de la description et de la planche.
5 Beschreibungen neuer oder wenig bekannter Anneliden.— Archiv f. Naturg., 1855, p. 123
4 Le bec supérieur du crochet est lui-même denticulé, de sorte que le crochet est en réalité trifide.
TOME XVII, 20€ PARTIE. 64
198 GLANURES ZOOTOMIQUES
antérieure de ces dentelures est beaucoup plus forte que les deux autres.
J'insiste tout spécialement sur celte interversion des soies : en effet,
Jai déjà montré qu'il en existe une toute semblable, au même neuvième
segment, chez la F. Sabella. Or, le genre Fabricie, tel qu'il est compris
par M. Grube en particulier, est censé se distinguer du genre Sabella par
l'absence de l’interversion des soies, dès longtemps constatée chez ce
dernier. Cette distinction repose done sur une erreur, et il ne resterait
qu'à réunir les deux genres en un seul’, si l’on ne trouvait d’autres ca-
ractères propres à les distinguer; or, nous en trouverons dans la struc-
ture des branchies.
Le premier segment diffère considérablement de celui de la F. Sabella.
Il est orné d’une collerette ventrale (fig. 2 2, e; 2 8, d; 2 y, c) qui fait
défaut à cette dernière, et qui est toute semblable à la collerette des Sa-
belles. Au-dessous de la collerette, se trouve une rangée transversale de
cils vibratiles (fig. 26, f: 2 >, d) fort longs qui battent avec énergie. Le
bord antérieur du segment se relève pour former une saillie très-pro-
éminente du côté ventral (fig. 2 y, e). La troncature antérieure du seg-
ment porte l'appareil branchial, formé de deux moitiés symétriques
(ig. 2). Chacune d'elles est formée de cinq branchies, de développement
inégal. Toutes possèdent un axe cartilagineux, reposant sur un collier
commun de même nature histologique (fig. 2 2). La première branchie
du côté ventral est réduite à un simple filet, sans aucune ramification
(lig. 26, c'; 2;, f'), et son axe est formé par une seule rangée de cellules
carlilagineuses (fig. 2 , a). Les trois branchies suivantes sont beaucoup
plus épaisses (fig. 2), c, d, e), surtout la troisième, c’est-à-dire la plus
dorsale des trois, et donnent naissance à de nombreux filets branchiaux,
disposés sur deux lignes et alternant régulièrement les uns avec les
autres. Enfin, il existe une dernière branchie dorsale (fig. 2 à, b) simple,
très-ténue, Les filets branchiaux se prolongent de manière à ce que
! En admettant le genre Sabelle de Linné avec les restrictions que lui a apportées Savigny. Il est clair
en effet que si l'on donne au genre Sabella les limites encore plus restreintes, mais je le crois très-natu-
relles, que lui assigne M. Sars, les Fabricies s’en différencient déjà immédiatement par l'absence de la se-
conde espèce de soies dans les rangées ventrales de la région antérieure du corps.
PARMI LES ANNÉLIDES. 499
leurs extrémités se trouvent toutes sur un même niveau (fig. 2); ce qui
est aussi le cas chez la F. Sabella. Cette conformation, bien différente de
celle des branchies des Sabelles, dont les filaments sont courts et oppo-
sés, me semble être le caractère générique le plus propre à distinguer
les Fabricies.
Souvent la partie basilaire de lappareil branchial présente une appa-
rence particulière par suite du dépôt d'une matière blanche et granu-
leuse dans l'intérieur des cellules du cartilage, qui devient alors noirâtre
et opaque (fig. 2 à) à la lumière transmise. Ce contenu granuleux s'é-
chappe facilement des cellules sous l'influence d’une pression un peu
forte. Les cellules du cartilage atteisnent un diamètre de Om 013 dans
les gros troncs branchiaux, où elles sont juxtaposées en rangées mul-
tiples.
Les filaments branchiaux sont semblables à ceux de la F. Sabella des
Hébrides ; ils sont ciliés du côté intérieur, ce vêtement ciliaire s’arrêtant
à une petite distance de l'extrémité en un point où le filament se retrécit
brusquement (fig. 2 5, a). C'est aussi là que le vaisseau sanguin se ter-
mine en cœæcum. Le bord externe est hérissé de soies minces et roides.
Du milieu de l'appareil branchial s'élèvent deux tentacules ciliés et
courts, dont la base présente un élargissement membraneux (fig. 2 5, a).
Ce sont les tentacules buccaux. Il existe, en outre, deux filaments ciliés
(fig. 26, b) sur le bord ventral antérieur du segment, filaments qu'on
pourrait peut-être considérer comme des branchies rudimentaires. [ls ne
renferment toutefois pas d’axe cartilagineux.
Sur la partie dorsale de ce premier segment, immédiatement en avant
de la terminaison de la collerette vers le dos, se trouvent deux taches
pigmentaires noires, en général rhomboïdales (fig. 2 x, e; 2 y, b). Peut-
être doit-on les considérer comme des yeux ; elles reposent tout au moins
chacune sur un corps arrondi, blanchâtre, large de Omm 025, qui est sans
doute de nature nerveuse. Je n'ai cependant pu reconnaître de chaine
ganglionnaire ventrale en connexion avec ces ganglions optiques. Les
deux taches pigmentaires qui existent sur le dernier segment du corps
500 GLANURES ZOOTOMIQUES
de cette Fabricie, comme chez les autres espèces du genre, ne reposent
sur aucun organe semblable. Il ne faut, du reste, pas confondre ces or-
ganes avec les deux vésicules sphériques situées à la base des branchies
chez la F. Sabella, et désignées par M. Ehrenberg sous le nom de cœurs.
Ces vésicules sont, en effet, remplies de sang rouge chez cette espèce, et
sont situées très-en avant des yeux, comme je m'en suis assuré par moi-
même. Elles font entièrement défaut à la Fabricia Armandi.
Le second segment porte un autre organe des sens: ce sont deux cap-
sules auditives (fig. 2 z, a; 2 y, a; 2 ©), sphériques, logées dans l’épais-
seur de la paroi dorsale, larges de 0,027, et ne renfermant jamais
qu'un seul otolithe. Elles sont très-faciles à apercevoir. Aussi, toutes les
fois que je trouvais une petite annélide céphalobranche, mes yeux se
portaient-ils sur les capsules auditives; renfermaient-elles un seul oto-
lithe, c'était une Fabricie; en renfermaient-elles plusieurs, j'étais sûr
d'avoir à faire à une Amphiglène.
M. de Quatrefages" à déjà signalé un appareil auditif tout semblable
chez un ver très-voisin de PAmphicore dé M. Ehrenberg, qu'il désigne
sous le nom d’Amphicorine. Comme il ajoute que ce ver a le sang vert,
il n'y a rien d’improbable à ce que ce ver de la Manche soit identique à la
Fabricie de Port-Vendres; c’est ce qui n’a décidé à la dédier à ce savant.
Le canal digestif commence par un œsophage cylindrique, incolore,
qui s'ouvre au commencement du troisième segment dans un tube gas-
tro-intestinal plus large, de couleur brune.
Du système vasculaire je n'ai reconnu, outre les vaisseaux branchiaux,
que deux vaisseaux longitudinaux, latéraux, accolés à l'intestin, et un
vaisseau tranverse situé dans la partie antérieure de chaque segment.
Quelquefois il m'a semblé que les deux vaisseaux latéraux n'étaient
qu'une apparence résultant de ce que l'intestin serait enfermé dans une
gaine sanguine. Je n'ai pas complété mes observations sur ce point, et
je les aurais entièrement passées sous silence, si l'observateur éponyme
! Etudes sur les types inférieurs de l’embranchement des Annelés par M. de Quatrefages Mémoire sur
les organes des sens des Annélides. — Annales des Se. nat., XIII, 1849, p. 29.
PARMI LES ANNÉLIDES. 501
de l'espèce, n'avait déjà signalé une circulation lacunaire chez une Am-
phicore (Fabricie).
La F. Armandi est dioique, comme les autres espèces du genre; les
éléments sexuels flottent dans la cavité du corps, mais les ovules sem-
blent ne prendre naissance que dans le sixième et le septième segment.
Ce dernier segment renferme, du côté ventral, une paire d'organes formés
d’un tube empelotonné irrégulièrement sur lui-même. Je ne sais si ces
organes sont en relation avec l'organe reproducteur. Peut-être faut-il y voir
l'analogue de ces glandes qui ont été signalées dans la partie antérieure
du corps de la Fabr. Sabella par MM. Ehrenberg?, Oscar Schmidt® et par
moi, el qui servent sans doute à secréter le tube du ver. On ne trouve,
en eflet, pas de glandes semblables à cette place chez la F. Armandi.
La collerette ayant généralement dans la famille des Serpulacés une
valeur générique, il est nécessaire de former, pour la F. Armandi, au
moins un sous-genre. Les caractères du genre Fabricie devront donc
dorénavant être compris de la manière suivante:
Genre FABRICIA. Corps vermiforme, aplati ou cannelé sur le dos, dépourvu de
bourrelets uncinigères saillants. Crochets ventraux des segments antérieurs d’une
seule espèce. Interversion des soies dans la partie postérieure du corps. Branchies
dépourvues de pinnules dorsales et de palmure interbranchiale. Filaments branchiaux
se prolongeant jusqu’au niveau de l'extrémité de l'axe principal. Deux tentacules.
1er sous-genre : FagriciA str. s. diet. Pas de collerette au premier segment. Esp. :
19 Fabricia stellaris Blainv. (Othonia Fabricii Johnst.) ; 20 F. (Amphicora Ehr.)
Sabella Grube ; 3° F. gracilis Grube.
2m sous-genre : AmpnicoiNA (de Quatref.) Clap. Une collerette ventrale au pre-
mier segment. Esp. : F. Armandi Clap.
* Rapport sur une série de Mémoires de M. de Quatrefages, par M. Milne Edwards. — Annales des Sc.
nat., Ilme série, 1844, tome I, p. 18
2 Cet auteur y voyait à tort des testicules. Cf. Naturhistorisk Tidskrift udgivet af Henrik Krôyer. Andet
Bind, Kjübenhavn, 1838-39, p. 101.
5 Neue Beiträge zur Naturgeschichte der Würmer, gesammell auf einer Reise nach den Färôr im Früh-
jahr 1848 von Ed. Oscar Schmidt. Jena 1848, p. 27. — L'auteur fait, il est vrai, ouvrir ces glandes dans
le rectum, mais il ne faut pas oublier qu’il considère les Fabricies comme des Ourobranches.
502 GLANURES ZOOTOMIQUES
& IV.
Sur quelques Ariciens nouveaux.
GENRE ARICIA Savigny.
ARICIA OERSTEDIT, NOV. Sp.
(PL. IV, fig. 7.)
Cette nouvelle espèce d’Aricie est un pygmée dans le genre : les indi-
vidus adultes ne dépassent pas la longueur de 13 à 14m, Elle ressemble,
du reste, au Scoloplos ([Aricia) quadricuspida OErst.
Le nombre total des segments est d'environ 52. Ils sont incolores, sauf
dans la partie qui renferme les éléments sexuels mûrs, la couleur orangée
des ovules se laissant voir par transparence. Le lobe céphalique, arrondi
en avant, porte sur le dos, près de son bord postérieur, deux yeux noirs
(fig. 7) pourvus de cristallin et, de chaque côté, une fossette (fig. 7 , a)
tapissée de cils vibratiles, comme celle de lAmmotrypane aulogaster
Rathke'. Les deux premiers segments sont dépourvus d’appendices et
de soies. Tous les suivants, à partir du troisième, sont munis de pieds
biramés. La rame dorsale parait comme bifurquée à l'extrémité par
suite de l'existence dun cirre rudimentaire (fig. 7 ;). Elle est étroite, re-
levée, et les soies occupent une position à peu près verticale. La rame
ventrale est plus obtuse, moins saillante et munie d’un cirre conique et
court; cette conformation est très-semblable à celle que présente PA.
(Scoloplos) armigera Blainv*. Les soies sont subulées, soit dans le fais-
ceau dorsal, soit dans le faisceau ventral, striées en travers et très-sem-
* Cf. Beiträge zur Fauna Norwegens von H. Rathke, p. 189. — J'ai décrit une fosse semblable chez
le Ctenodrilus pardalis dans mes Beobachtungen, ete, p. 25.
® Grünlands Annulata dorsibranchiata beskrevne af A. S. Œrsted. Kjübenhavn 1843, pl. VE, fig. 117-
PARMI LES ANNÉLIDES. 905
blables aux soies en arête de la Theodisca anserina Clap. (PL. IV, fig.
6, a). À partir du neuvième segment, on voit s'ajouter à ces soies su-
bulées quelques soies plus courtes, relativement plus fortes et légèrement
recourbées en crochet à l'extrémité (fig. 7 ©).
Dès le quatorzième segment, une paire de branchies en forme de lan-
guelte ciliée apparaît sur la surface dorsale aplatie de chaque segment.
Elles sont très-semblables aux branchies des Polydores.
Le canal intestinal est dépourvu d’armure maxillaire, comme celui
de toutes les espèces de cette famille. L'œsophage cylindrique (fig. 7
3, a) S'ouvre au dix-septième segment dans un intestin (b) étranglé en
chapelet par les dissépiments intersegmentaires. Au point de réunion
de lœsophage et de l'intestin, S'ouvrent deux longs cæcums (c) dont l'ex-
trémité S'étend jusqu’au treizième segment. Ces organes ont une paroi
fort épaisse, et leur cavité cylindrique, revêtue d’une forte cuticule, est
relativement très-étroite. Ils sont colorés en brun verdâtre, et doivent
sans doute être considérés comme des glandes hépatiques comparables
à celles des Arénicoles et des Ammotrypanes. L'anus est situé à lextré-
mité postérieure, entre quatre papilles obtuses (fig. 7 6) et peu proémi-
nentes, dont les deux ventrales sont séparées par une échanerure un peu
plus profonde que les autres.
J'ai dédié ce ver au savant danois auquel nous devons une excellente
étude sur diverses espèces d’Ariciens.
GENRE THEODISCA Fr. Müller.
Diagnose ‘. Ariciens à branchies ligulées ; pieds distiques, à rames inférieures bi-
labiées. Trompe susceptible de s'étaler en une membrane digitée ou ramifiée. Tête
dépourvue de tentacules.
‘ Les Theodisca ont été caractérisées par M. Fr. Müller d’une manière très-laconique, comme des Ari-
cies à trompe divisée en lobes dendritiques (cf. Fr. Müller, loc. cit., p. 216). Bien que les ramilications
de la trompe soient plus simples chez l'espèce décrite ici que chez la Th aurantiaca Fr. Müller, je ne
doute pas que les deux espèces n'appartiennent à un seul et même genre, auquel il faudra peut-être réunir
les Anthostoma Schmarda. Je me permets donc de donner ici une diagnose générique plus complète.
504 GLANURES ZOOTOMIQUES
THEODISCA ANSERINA, NOV. SP.
(PL. IV, fig. 6.)
Cette annélide atteint une longueur de plus de six centimètres. Les
adultes comptent 150 à 160 segments. Le corps atteint en maximum
une largeur de 3%, et S'atténue insensiblement en arrière. En avant,
l'animal s’amincit brusquement, le segment buccal et le lobe céphalique
étant la région la plus étroite du corps.
Le lobe céphalique (fig. 6) a la forme d’un cône obtus et comprimé; il
porte du côté dorsal et sur son bord postérieur deux taches pigmentaires
noires, oculiformes (fig. 6 +). Un étranglement marqué le sépare du seg-
ment buccal. Ce dernier, dépourvu de pieds et de cirres tentaculaires, est
à peine plus large que le lobe céphalique. Il présente du côté ventral,
sur la ligne médiane, une profonde échancrure faisant suite à un sillon
médian du lobe céphalique et conduisant à la bouche. Le second seg-
ment (premier séligère) est à peine plus large que le segment buccal,
mais les trois suivants augmentent rapidement de largeur, de telle sorte
que, dès le cinquième segment environ, le corps du ver a presque atteint
sa largeur maximum. A partir du second, tous les segments sont bira-
més, mais ils ne portent de branchies dorsales (fig. 6 8, a; 6 à, a) sem-
blables à celles de la plupart des autres Ariciens qu'à partir du septième
segment. Les deux rames des pieds sont fort dissemblables. La rame
dorsale est pour ainsi dire nulle, et sa place est indiquée par un cirre
épais, très-renflé dans ses deux tiers inférieurs (fig. 6 9, b). Peut-être
faut-il considérer la base de ce cirre comme étant la véritable rame dor-
sale, car les soies la traversent. Cette hésitation se reproduit, du reste, à
propos de l'Aricia OErstedi, chez laquelle la rame dorsale à la forme
d'un cirre bifurqué à l'extrémité, apparence qui doit exister également
chez le Scoloplos armiger Blainv. La rame ventrale est élargie, et forme
deux lèvres entre lesquelles les soies sont disposées en éventail.
Le faisceau dorsal est formé dans chaque segment par des soies en
PARMI LES ANNÉLIDES. 505
arête denticulée ou en baïonnette (fig. 6 », a). L’arête est tranchante du
côté denticulé. À un fort grossissement, chaque dentelure se présente
sous la forme d’un petit tubercule placé sur le tranchant de la soie (a'),
tubercule duquel partent des stries obliques sur les côtés de Parête. Les
soies de la rame ventrale sont en forme de lancette, les unes plus re-
courbées (fig. 6 >, 6), les autres moins (b). La lame de la lancette est
plus étroite que le manche, et présente des stries transversales.
L'’organe le plus remarquable de la Theodisea anserina est sa trompe
exsertile (fig. 6 +). Elle peut s'étaler en un disque membraneux, à bords
prolongés en processus digitiformes très-contractiles. Ces processus
s’agitent en tous sens, et constituent d'excellents organes de préhension.
Ils paraissent unis à leur base les uns aux autres, comme les doigts d’une
patte d’oie par leur palmure. De là le nom spécifique. Chacun des huit
doigts de la trompe renferme un vaisseau sanguin facilement reconnais-
sable à sa couleur rouge.
GENRE AONIDES, nov. gen.
Diagnose. Tête conique, pourvue de deux antennes occipitales rudimentaires ; pas
de tentacules buccaux ; pieds biramés, la rame dorsale munie d’un lobe lamelleux :
partie antérieure du corps seule portant des branchies ligulées.
Ce genre est voisin des Aonis Sav.; mais il s’en distingue immédiatement par
l’absence du tentacule céphalique impair et subulé, et par la condensation des bran-
chies sur les segments de la partie antérieure du corps.
Il parait aussi se rapprocher du genre Clytie que M. Grube ! a établi pour une pe-
tite espèce trouvée par lui à Villafranca (Nice). Toutefois ce genre est dépourvu de
tentacules occipitaux et porte des branchies sur toute la longueur du corps.
AONIDES AURICULARIS, NOV. Sp.
(PL IL, fig. 3.)
Ce ver, à corps aplati et segments très-marqués, atteint une longueur
! Beschreibungen, etc. loc. cit., 1855, p. 113.
ToME xvi1, 20 PARTIE. 65
506 GLANURES ZOUTOMIQUES
de 5 à 6 centimètres, sur une largeur de 1,5 à 20, I] est brun et an-
nelé de blanchâtre, cette dernière couleur paraissant due surtout à la pré-
sence des éléments générateurs dans le milieu des segments. Le nombre
des segments s'élève de 110 à 130 chez les adultes.
Le lobe céphalique est conique; à son point d'union avec le segment
buccal, il porte sur le côté dorsal deux protubérances en forme d'auri-
cules (fig. 5 x, a; 5 a), qui doivent être considérées comme des antennes
rudimentaires. Un peu en avant de ces organes, sont placées quatre ta-
ches pigmentaires, disposées en trapèze, dans lesquelles je n'ai pas réussi
à découvrir de cristallin.
Les tubercules sétigères, distiques de chaque côté, donnent naissance
à un cirre ventral (fig. 5 :, c) conique, court et épais, et à un cirre dorsal
foliacé (fig. 3 x, b), de forme à peu près triangulaire. Les soies qui ac-
compagnent le cirre ventral sont groupées en un faisceau; les soies dor-
sales sont distribuées en éventail. Les 45 premiers segments portent
seulement des soies subulées capillaires (fig. 5 y, a) dans les deux fais-
ceaux. À partir du quarante-sixième, on voit s’adjoindre aux soies subu-
lées un seul crochet bifide (fig. 5 », c, c'), très-semblable à ceux des Leu-
codores, et muni comme ceux-ci d'ailes ou valves membraneuses em-
brassant le bec du crochet. Plus en arrière le nombre des crochets aug-
mente; on en trouve deux, puis trois, puis davantage dans chaque fais-
ceau. En outre, chaque faisceau contient une paire de soies subulées (b),
non pas simplement capillaires comme les premières, mais recourbées
en S et épaissies dans le milieu.
Le lobe foliacé dorsal de chaque segment ne constitue point une bran-
chie comparable aux branchies foliacées de l’Aonis foliosa Aud. et M.
Edw. Il existe en effet, en outre, des branchies en forme de languette
(fig. 5; 3x, e), implantées sur le dos, à côté des lobes foliacés. Elles s'é-
tendent du troisième segment (second sétigère) jusqu’au vingt-quatrième,
les premières et les dernières étant un peu plus courtes que les média-
nes. Chaque branchie est convexe du côté externe et aplatie du côté in-
terne, qui seul est couvert de cils vibratiles (fig. 5 +, a). Leur section
PARMI LES ANNÉLIDES. 907
transversale est donc semi-lunaire. Elle renferme deux vaisseaux san-
guins remplis de sang rouge. Chaque branchie présente une apparence
striée due à la présence de fibres circulaires dont la nature est sans
doute musculaire (Cf. fig. 3 2). Entre les branchies, on aperçoit, sur le
dos des cils vibratiles implantés sur un bourrelet peu saillant qui en-
toure un espace triangulaire à la base de chaque branchie. Je n'ai pu
reconnaître aucune ouverture placée dans cet espace.
Le canal alimentaire n'offre rien de particulier : il est dépourvu de
toute armure, comme celui des Ariciens en général. Il renferme souvent
une grégarine (PI. EL, fig. 5), que je signale ici, bien que j'aie laissé de
côté les parasites de tous les vers mentionnés plus haut. Cette grégarine,
longue de 0®®,095, offre en effet une forme particulière. Elle est cordi-
forme, aplatie, et présente sur lune des faces trois côtes longitudinales
saillantes, lune médiane, les deux autres latérales. Elle est opaque, gra-
nuleuse, sauf le nucléus et la partie antérieure, qui sont parfaitement
transparents.
L’Aonides auricularis mérite surtout l'attention au point de vue des
organes reproducteurs. Les sexes sont séparés ; les éléments reproduc-
teurs flottent librement dans le plus grand nombre des segments du corps.
Tout cela est très-normal, mais les œufs mêmes présentent une struc-
ture très-singulière, jusqu'ici unique en son genre dans tout le règne
animal. Is sont sphériques (fig. 3 à), d’un diamètre de Omm,27, à vitellus
granuleux, très-opaque, renfermant une vésicule germinative large de
0,06 à Omm,07, et une seule tache germinative, ronde, large de 0m, 016.
L’œuf est enveloppé d’un chorion (a) fort épais (0w",016), dont la surface
s'élève en une multitude de petites papilles coniques, très-rapprochées
les unes des autres, de manière à donner à ce chorion une apparence
chagrinée. A la première inspection de l'œuf, l'œil est frappé de lexis-
tence d’une rangée de petites taches claires (d), parfaitement circulaires,
renfermant un nucléus également transparent, et disposées suivant un
grand cercle de la sphère. En amenant l'œuf dans une position favorable,
on reconnait que chacune de ces taches est produite par une espèce d’am-
508 GLANURES ZOOTOMIQUES
poule lagéniforme (fig. 5 5, b), placée immédiatement sous le chorion, et
dont le col traverse cette membrane. Le diamètre de chacune de ces
ampoules est de Omm,024. Elles paraissent remplies d’un liquide incolore
ou légèrement rosé. Lorsqu'une de ces ampoules tourne son goulot vers
l'observateur, elle se présente sous la forme d’une lache circulaire qui
en renferme une autre plus petite, formée par la projection du col. Il est
difficile d'émettre une hypothèse sur la fonction de ces singuliers or-
vanes, dont le nombre varie de 18 à 25. Au premier abord, j'ai pensé à
des micropyles, mais il n’a été impossible de découvrir de communica-
tion entre la cavité de ampoule et l’intérieur du vitellus. I n'est peut-
être pas impossible, malgré l'absence de communication, que tel soit ce-
pendant le rôle de ces organes. Les ovules ne sont fécondés qu'après la
formation du chorion et il est peu probable que les zoospermes soient
en état de perforer leur épaisse membrane. Il est plus vraisemblable
qu'ils pénètrent dans les ampoules, dont la mince membrane doit offrir
bien moins de résistance à leur action perforante que le chorion lui-
inéme.
Les zoospermes (fig. 52) de l'Aonides auricularis ne Sont pas moins re-
marquables que les œufs: ils sont composés d’un corps lagéniforme long
de Oum,006 et d’une queue longue de 0,05 à Owm,06 au moins. Le corps
n’est pas homogène, mais semble présenter des différences de texture
comparables à celles que M. Valentin a fait connaître chez les z00s-
permes des ours et autres mammifères. La partie élargie du corps lagé-
niforme est de couleur claire, et présente en avant une tache semi-lu-
naire plus obscure, ainsi qu'une autre plus petite en arrière. Le goulot
est surmonté d'une papille simulant le bouchon de la bouteille. C’est, je
crois, la première fois qu’on signale une structure aussi complexe chez
des zoospermes de vers.
PARMI LES ANNÉLIDES. 209
V.
2
Sur quelques Capitellacés nouveaux.
GENRE CAPITELLA Blainville.
CAPITELLA FILIFORMIS, NOV. SP.
(PI. IV, fig. 10.)
On ne connaissait jusqu'ici des Capitelles que des mers du nord de
l'Europe. I ne sera donc pas sans intérêt d'en signaler une espèce de la
Méditerranée, bien que je ne Faie étudiée que d'une manière assez in-
complète.
La €. fiiformis atteint une longueur d'environ 6 centimètres sur une
largeur d'à peine ww, Les segments de la région antérieure du corps
sont larges et courts; dans la région médiane et postérieure, ils sont
longs et étroits, plus minces à leur extrémité antérieure qu'à leur pos-
térieure (fig. 10). Comme chez la Capitella capitata (Fabr.) van Ben.
(Cap. Fabricii Blainv.), les soies de la partie antérieure du corps sont
différentes de celles de la partie postérieure. Dans les quatre premiers
segments, ce sont des soies subulées, longues de 0®m,025 (fig. 10 x, a).
Dans les six suivants, ce sont des soies simples”, presque droites (b),
! Je ne sais pourquoi M. van Beneden, dans son excellent Mémoire sur le genre Capitella (Histoire natu-
velle du genre Capitella de Blainville ou du Lumbriconaïs d'Œrsted. — Extrait des Bulletins de PAcad.
royale de Belgique, 2% série, tome III, n°s 9 et 10) appelle ces crochets, chez la C. capitata, des soies
en serpe, à article recourbé au bout. Ces soïes ne sont en effet pas plus articulées chez la C. capitata que
chez la C. fiiformis. C’est ce qu'a déjà vu Œrsted (Krüyer’s Naturbistoris! Tidskrift. Fjerde Bind. Kjüben-
havn 1842-1843, p. 132) qui indique simplement les crochets renflés en leur milieu : « setis in segmentis
posterioribus uncinatis medio incrassatis senis. » Tous les observateurs subséquents sont d'accord avec
lui. La figure que M. van Beneden donne de ces crochets, est du reste parfaitement exacte, sauf en ce qui
concerne le trait transversal par lequel il divise la soie en deux parties distinctes.
510 GLANURES ZOOTOMIQUES
dont l'extrémité est recourbée en un bec peu saillant et renfermée,
comme celle des crochets de tant d’autres Annélides, entre des valves
minces. Ces crochets sont longs de 0,022. Dans tous les segments
suivants, les soies ventrales et dorsales ont la forme de crochets re-
courbés en $S (c), dont la longueur est de Omm,078, c’est-à-dire à peu
près trois fois moindre que celle des crochets précédents. Ces petits cro-
chets sont implantés sur des bourrelets très-saillants du bord postérieur
de chaque segment. Le bourrelet dorsal (fig. 10 b) n’en porte que trois,
et le bourrelet ventral (a) en présente une rangée de huit à dix. Il existe
donc chez cette espèce trois sortes de soies, et pas seulement deux comme
chez la C. capitata. i
Au point de vue de la forme du lobe céphalique, de la trompe, du svs-
tème digestif et du liquide sanguin qui remplit la cavité périviscérale,
la similitude avec la C. capitata est complète. J'ai eu entre les mains des
individus femelles, remplis d’ovules sphériques larges de Omm,05, et des
individus mâles, pleins de zoospermes filiformes à extrémité antérieure
renflée en bouton. Je n’ai malheureusement pas examiné les individus
males au sujet du singulier appareil copulateur découvert par M. van
Beneden chez la C. capitata.
Le plus long des individus observés comptait 110 segments, mais il
ne paraissait pas complet.
GENRE NOTOMASTUS Sars.
La découverte de plusieurs nouvelles espèces de ce genre dans la Mé-
diterranée m'a convaincu toujours davantage que M. Sars ! avait eu raison
de considérer son N. latericeus comme constituant un genre distinct des
Capitelles. La caractéristique qu'il a donnée de ce genre est, il est vrai,
‘ Beretning om en zoologisk Reise i Lofoten og Finmarken. — Nyt Magasin for Naturvidenskaberne,
1850, p. 79.
PARMI LES ANNÉLIDES. oi
insuflisante. Les espèces méditerranéennes sont pourvues, comme le N.
rubicundus (Capitella rubicunda Kef.) de SL-Vaast la Hougue, de deux
sacs rétractiles sur la nuque. Je ne doute pas que ces sacs, susceptibles
de se retourner et de saillir comme des tentacules, ne se retrouvent
aussi chez l'espèce norwégienne. Leur existence devra donc fournir à
l'avenir un des caractères essentiels du genre. M. Grube' à récemment
émis l’idée que les Notomastus pourraient bien être identiques avec son
genre Dasybranchus (précédemment Dasymallus). Cette supposition ne
me semble pas suffisamment fondée. En effet, non-seulement les Noto-
mastus sont complétement dépourvus de branchies, mais encore toute
leur apparence est assez différente de celle des Dasybranches.
NOTOMASTUS SARSIT, NOV. Sp.
(PI. IV, fig. 8: pl. VILL, fig. 7.)
J'ai obtenu ce ver en assez grande abondance, deux jours après mon
arrivée à Port-Vendres, d’une petite baie rocheuse située entre cette
ville et Collioure. Depuis lors, il m'a été impossible de me le procurer
de nouveau; de là plusieurs lacunes dans la description qui va suivre.
Le N. Sarsii est long d'environ 7 à 8 centimètres. La partie antérieure
du corps est uniformément cylindrique et colorée en rouge. La partie
médiane et postérieure est plus mince; ses segments, relativement plus
étroits et plus longs, sont étranglés en avant et renflés en arrière. Leur
couleur est d’un rouge jaunâtre. Ils présentent de chaque côté une tache
d’un noir intense, due aux organes segmentaires qu'on distingue à tra-
vers la paroï du corps. Comme chez le N. latericeus* et le N. rubicundus,
les onze segments qui suivent le segment buccal sont armés de soies
* Noch ein Wort über die Capitellen und ihre Stelle im Systeme der Anneliden, von Prof. Dr Ed. Grube
in Breslau. — Troschels Archiv für Naturgeschichte, XXVIIL, p. 366.
* Fauna littoralis Norwegiæ, par M. Sars, J. Koren et D.-C. Danielssen, 21e livraison. Bergen 1856,
p. 9.
D12 GLANURES ZOOTOMIQUES
liliformes, entièrement semblables au faisceau ventral et au faisceau
dorsal. Ces soies sont implantées directement dans la paroi du corps,
sans tubercules sétigères apparents. La cuticule des six premiers seg-
ments sétigères présente une sculpture en pavé qui s'étend aussi à la
moitié postérieure du segment buceal. Grâce à cette sculpture, chaque
segment paraît indistinctement divisé en trois anneaux. Une apparence
pavimenteuse analogue est signalée par M. Sars chez le N. latericeus;
elle s'étend aux douze premiers segments qui paraissent non tri-annelés,
mais bi-annelés.
A partir du treizième segment (douzième sétigère), les soies eapil-
laires sont remplacées par des crochets bifides (fig. 8 ©) recourhés en S
et renflés vers le milieu de leur longueur. Ces crochets sont implantés
dans des tores saillants, séparés en deux lèvres par un sillon médian.
Les crochets forment une simple rangée dans le sillon. Les tores ventraux
sont séparés l'un de l'autre par un étroit espace sur la ligne médiane.
Ils remontent sur les côtés du corps, assez haut pour être aperçus sur
les côtés lorsque l'animal tourne vers l'observateur sa face dorsale. [ls
se terminent là par un brusque rétrécissement de forme aviculaire (fig.
82, a; 8u, a). Chacun d'eux porte un nombre de crochets qui ne dépasse
pas 50 à 60, et qui, par conséquent, est très-inférieur à celui que j'ai
mentionné chez le N. rubicundus.
Les tores dorsaux (fig. 8 », d) sont beaucoup plus petits et beaucoup
moins saillants que les ventraux, et ne portent qu'un nombre de cro-
chets beaucoup moindre. Ils sont séparés par un intervalle assez consi-
dérable Vun de l'autre. Toute la région qui avoisine ces bourrelets dor-
saux présente une apparence verruqueuse (fig. 8 x, d; 8 p, d) qui fait
défaut au reste de la surface du segment. Elle est due à des espèces de
petites verrues à noyau transparent, dont l'apparence est celle de cellules
rondes, larges de Omm,016 à Omm,027.
J'ai déjà signalé la couleur sombre des organes segmentaires du N.
Sarsi. Ces organes ont la forme d’un boyau formé de deux parties : lune
plus large (fig. 8 6, b), l'autre plus étroite (c). La première est fixée par
PARMI LES ANNÉLIDES. 15
l'une de ses extrémités (a) à un point de la paroi du corps situé immé-
diatement en avant de l'extrémité dorsale du tore hamifère ventral;
lautre se continue dans la partie plus étroite, qui est distinctement tu-
bulaire et renferme un canal cilié. Cette partie tubulaire va s'ouvrir à
l'extérieur à une certaine distance en avant du tore dorsal du même
côté, L'ouverture est placée à la base d’une Janguette saïllante (fig. 8
5, [,8 2, [), large de Omm,10, creusée en gouttière sur lune des faces
(fig. 89). Les deux extrémités seules de l’organe segmentaire sont
fixes; le reste, replié sur lui-même, flotte dans le liquide périviscéral.
Il existe, en général, une mince bride (fig. 8 8, d) qui unit directe -
ment lune des extrémités de l'appareil à l'autre. La couleur sombre
de l'organe est due à la présence dans sa paroi d’une multitude de
cellules arrondies (fig. 8 2) renfermant chacune une concrétion sphé-
rique d’un brun sombre. Les plus grandes de ces cellules ont un dia-
mètre de 0w®,015. Les unes sont presque entièrement remplies par la
concrétion; les autres ne renferment qu'un nodule relativement beau-
coup plus petit. Ges cellules rappellent tout à fait les éléments sécré-
teurs du rein des gastéropodes pulmonés. Il n’est du reste point in-
vraisemblable que ces granules soient composés ici également dacide
urique. Je ne les ai malheureusement pas examinés sous le rapport
chimique. Les cellules à sécrétion s'étendent même sur la bride men-
äionnée plus haut.
Chaque segment hamifère communique avec l'extérieur, non-seule-
ment par les deux organes segmentaires, mais encore par des ouverturès
situées immédiatement auprès de l'extrémité dorsale des tores ventraux.
À cette place se trouve, dans un espace triangulaire délimité par des mus-
cles (fig. 8 x, b) placés plus profondément, une éminence de forme ellip-
tique (fig. 8 x, c; 8 &), dont le grand axe est dirigé perpendiculairement
à l'axe du corps. Cette éminence est divisée par un sillon en deux lèvres
comprenant l'ouverture en question. Ces lèvres sont garnies de soies lon-
gues et minces, mais non vibraliles. J'ai décrit une ouverture toute sem-
TOME XVII, 200 PARTIE. 66
d14 GLANURES ZOOTOMIQUES
blable chez le N. rubicundus', et je Fai considérée comme l'ouverture
externe de l'organe segmentaire. Il est évident maintenant pour moi qu'il
y à eu erreur sur ce point. Il est possible que cette ouverture serve à
l'émission des éléments sexuels, mais il est possible aussi, comme je le
montrerai en parlant des Dasybranches, qu’elle soit liée aux fonctions
respiratoires.
Le lobe céphalique est conique (fig. 8), et présente à son extrémité un
petit renflement (c) dans lequel vient se ramifier un nerf (b) qui procède
du collier œsophagien. C’est sans doute un appendice tactile. Le ganglion
sus-æsophagien présente des taches brunes (a) du côté dorsal, et les
deux sacs exsertiles (d) sont placés immédiatement derrière lui. La
chaîne nerveuse ventrale est formée par un cordon fibreux (PL. VIE,
lig. 7 a) contenant un tube axial (a’) semblable à celui du N. rubicundus.
2e cylindre fibreux traverse dans chaque segment le renflement gan-
glionnaire celluleux (b), sans que j'aie pu surprendre de connexion entre
ses fibres et les cellules ganglionnaires. Chaque ganglion donne nais-
sance à plusieurs rameaux nerveux, dont l’un mérite une mention spé-
ciale, Ce rameau (d) naît de la partie antérieure du ganglion, traverse
une boutonnière (c) ménagée entre les fibres musculaires de la paroï du
corps et pénètre jusqu'à la peau. Je n’ai pu reconnaître son mode de
terminaison.
Au point de vue de la trompe et des corpuscules sanguins de la cavité
périviscérale, cette espèce se comporte comme le N. rubicundus.
NOTOMASTUS BENEDENI, nov. sp.
(PL. IV, fig. 9.)
Ce Notomastus atteint une longueur d'environ cinq centimètres. Sa
partie antérieure, cylindrique, large d'environ trois millimètres, se ré-
trécit brusquement pour former la partie postérieure, de moitié plus
! Beobachtungen, etc , p 27.
PARMI LES ANNÉLIDES. 15
étroite, en forme de chapelet assez marquée. La partie antérieure, plus
large, est formée par des segments à soies capillaires; ceux-ci, au nombre
de onze, succèdent immédiatement au segment buccal achète. L’appari-
tion des crochets a donc lieu au treizième segment, comme chez les trois
autres espèces. Ces crochets (fig. 9 +) ont le bec simple comme celui
du N.rubicundus, tandis que ceux du N. Sarsi sont bifides. Ils sont im-
plantés sur des tores très-saillants. Les tores ventraux se prolongent
très-loin du côté dorsal, et ne laissent qu’un très-petit espace pour les
tores dorsaux à crochets peu nombreux. Les segments antérieurs sont
dépourvus de la sculpture pavimenteuse que j'ai signalée dans l'espèce
précédente.
Les ganglions cérébraux présentent du côté dorsal deux grosses taches
noires oculiformes. Un grand nombre de taches pigmentaires plus pe-
tites sont semées sur tout leur bord antérieur, et l’on trouve enfin deux
points noirs sur leur surface antérieure.
Les organes segmentaires sont entièrement différents de ceux du .
Sarsi, au point de permettre immédiatement la distinction des deux es-
pèces. En effet, tandis que ces organes sont noirs chez le N. Sarsu, ils
forment chez le N. Benedeni une tache jaune claire (fig. 9 a), à droite
et à gauche de chaque segment hamifère. Leur forme est du reste entiè-
rement différente; ils ne présentent point l'apparence d’un boyau, mais
d'un corps semi-lunaire à convexité tournée du côté interne. La masse
de l'organe est formée par des vésicules remplies d’un liquide jaune
transparent, entre lesquelles des cellules isolées, renfermant une concré-
tion dure, sont semées de distance en distance. On distingue dans l'or-
gane les méandres d’un canal vibratile qui m’a paru s'ouvrir à l’exté-
rieur, à une petite distance de l’extrémité dorsale du tore ventral.
Cette espèce présente dans les segments hamifères, comme la précé-
dente et celle de St.-Vaast, une paire d'ouvertures comprise entre deux
lèvres saillantes. Leur place est toutefois ici différente. On les trouve, sur
le milieu de la longueur de chaque segment du côté dorsal (fig. 9 6),
disposées de chaque côté sur une ligne qui passerait par les intervalles
516 GLANURES ZOOTOMIQUES
entre les tores ventraux et les tores dorsaux. Les soies minces et roides
que j'ai décrites chez les autres espèces sur les lèvres de ces ouvertures,
sont réduites ici à l’état de cils non vibratiles très-courts.
Sous le rapport du système digestif et du liquide sanguin de la cavité
périviscérale, cette espèce se comporte comme les autres du genre.
Relativement aux organes générateurs, il est à remarquer que les
ovules se développent du vingt-quatrième au trentième segment et
qu'ils subissent la segmentation dans la cavité périviscérale des individus
femelles. I y à done ici vraisemblablement une fécondation interne.
Je trouve dans mes notes l'étude incomplète d’un Notomastus vrai-
semblablement différent de l'espèce précédente. En effet, bien qu'il lui
ressemble beaucoup, il présente des organes segmentaires en boyau,
rappelant ceux des Oligochètes. Le nombre des segments à soies subu-
lées est de douze; ces segments sont dépourvus de toute trace de sculp-
ture pavimenteuse. Toute la surface est finement granuleuse, semée assez
régulièrement de petites taches lisses et claires. Les organes segmen-
taires existent déjà dans une partie des segments munis de soies subu-
lées. Ils s'ouvrent à l'extérieur par une papille à contour elliptique,
placée au niveau des faisceaux de soies, à égale distance du faisceau
dorsal et du faisceau ventral.
GENRE DASYBRANCHUS Grube.
DASYBRANCHUS CADUCUS Gr.
(PL. VIIL fig. 8.)
M. Grube à établi, en 1846, le genre Dasybranchus (nommé alors par
lui Dasymallus) pour des Annélides de la Méditerranée, qu'il étudia seu-
PARMI LES ANNÉLIDES. o17
lement à laide d'exemplaires conservés dans lalcool et qu'il crut devoir
placer auprès des Arénicoles. Plus récemment, M. Sars ayant établi son
genre Notomas us, M. Grube a reconnu très-justement sa proche parenté
avec les Dasybranches, et il pense que ces deux genres doivent être ré-
unis avec les Capitelles dans une famille particulière. Je ne puis que
confirmer entièrement sa manière de voir, après avoir examiné des Da-
sybranches vivants. En effet, ces Annélides coïncident avec les autres
Capitellacés par l'existence de soies, capillaires aux segments antérieurs,
et en crochets aux segments postérieurs. Ils coïncident en outre avec
eux, comme je puis laffirmer aujourd'hui, par l'absence de vaisseaux
sanguins et la présence de corpuscules rouges dans le liquide périviscé-
ral. Les branchies (fig. 8 d), comme M. Grube la déjà très-justement
remarqué, offrent la singularité d'être implantées sur le côté ventral des
segments. Elles sont arborescentes, très-contractiles et suscepübles de se
retourner comme un gant, en se retirant à l'intérieur du corps. A la
moindre offense mécanique, on voit ces élégants arbuscules rouges
disparaitre comme par magie, souvent dans des régions très-étendues.
Chez un individu j'ai compté 50 segments en avant du premier branchi-
fère, et les 15 derniers segments étaient également dépourvus de bran-
chies. Le nombre totai des segments était de 86, mais c'était un petit
exemplaire évidemment mutilé. M. Grube indique qu'ila vu, chez un de
ses Dasybranches, les branchies commencer au quatre-vingt-troisième
segment, et chez un autre, dès le premier segment hamifère, c’est-à-
dire dès le quatorzième. Au premier abord, j'ai eru comme M. Grube
que les branchies étaient caduques, se détruisant à la moindre irritation ;
mais, lorsque je les vis reparaitre au bout de quelques instants dans les
segments d’où elles avaient disparu, je compris qu'elles s'étaient sim-
plement retirées à l'intérieur du corps. Cette rétractilité explique
suffisamment l'incertitude qui règne sur le nombre des segments bran-
chifères.
M. Grube pense que les Notomastus doivent peut-être être réunis gé-
nériquement aux Dasybranches. Il base son opinion sur ce que l'absence
518 GLANURES ZOOTOMIQUES
ou la présence de branchies n’a point une valeur générique chez les
Glycères. Cette remarque est parfaitement juste, quoiqu'on püt trouver
bien des exemples d'exception à cette règle concernant les branchies
dans la série des Chétopodes. Mais les Dasybranches s’éloignent, en
outre, des Notomastus par d’autres caractères. Ils ne présentent pas, en
particulier, ce développement inusité des tores hamifères ventraux
qui, chez les Notomastus, remontent jusque sur le dos, et ne laissent que
très-peu de place pour les tores dorsaux. Le développement extraordi-
naire des tores ventraux du côté dorsal est même le caractère essentiel
des Notomastus.
L'examen des branchies chez les Dasybranches a fait naître dans mon
esprit une hypothèse nouvelle à l'endroit de ces pores singuliers, com-
pris entre deux lèvres ciliées, que j'ai décrits chez les Notomastus. Il ne
me semble pas improbable que ces organes soient des branchies rudi-
mentaires, ou peut-être même des ouvertures par lesquelles les organes
respiratoires, rétractés à l’intérieur du corps, pourraient faire saillie à
l'extérieur. C’est un point qui méritera, dans tous les cas, d’être examiné
sérieusement. Ce qui m'a conduit à cette idée, c’est que chez trois des
quatre espèces de Notomastus étudiées par moi, l'organe en question
occupe exactement la même place que les branchies chez les Dasybran-
ches. Ces branchies sont, il est vrai, ventrales, tandis que les organes
problématiques des Notomastus sont dorsaux; mais les unes comme les
autres sont situés exactement à l'extrémité des tores hamifères ventraux,
et seule la prolongation des tores rend ces organes dorsaux chez les No-
tomastus.
Je suis porté à croire qu'il existe plusieurs espèces de Dasybranches
à Port-Vendres, mais les circonstances ne m’ayant pas permis une étude
approfondie de ces vers, je ne puis me prononcer d’une manière positive
à cet égard. Les premiers que j'observai étaient relativement de petite
taille, et vraisemblablement non adultes. Ils étaient longs de 5 centi-
mètres environ, et large seulement de 2 à 3 millimètres. Les segments
porteurs de soies capillaires étaient au nombre de 15, comme chez le
PARMI LES ANNÉLIDES. 519
D. caducus de M. Grube. Leur surface était indistinctement carrelée.
Les crochets des segments suivants, longs de Omm10, s’éloignaient
aussi fort peu de ceux de cette espèce. Le caractère le plus saillant de
ces Annélides était l'existence à partir du vingt-sixième segment dun
petit corps piriforme (fig. 8 a; 8 ), longuement pédicellé, de chaque
côté du corps. Sa couleur était d’un blanc crétacé très-éclatant. Ces
pelits organes oscillaient autour de l'extrémité de leur pédoncule, fixée
à la paroi du corps, paroi sur laquelle ils paraissaient se détacher en
relief. Je fus très-étonné, après un examen plus approfondi, de recon-
naître que ces organes, malgré la netteté de leurs contours, étaient
contenus à l’intérieur de la cavité du corps dans laquelle ils oscillent
librement. Ce sont de petits sacs à parois minces, dont le contenu est
formé par une matière très-finement granuleuse. Leur pédicule parait
s'ouvrir à l'extérieur à l'extrémité externe de la rangée de soies dor-
sales au point où la rangée de soies en voie de formation forme un arc
de cercle (fig. 8 »).
Je ne serais pas étonné qu'il fallüt comparer ces organes aux organes
segmentaires des Notomastus. Ils ont, en tous cas, échappé à l'attention
de M. Grube, à supposer qu'ils existassent dans l'espèce étudiée par lui,
car ce savant dénie expressément aux Dasybranches les organes seg-
mentaires ‘. Je dois dire cependant que J'ai consigné dans mes notes
l'existence d'organes segmentaires tout différents, au moins dans les seg-
ments hamifères antérieurs d’un Dasybranche. J'ai négligé, il est vrai,
d'indiquer s'ils présentaient la même forme dans les segments posté-
rieurs. Ces organes (PI. VIT, fig. 8 5) rappellent tout à fait ceux des
Notomastus. Ils constituent un boyau glanduleux, replié sur lui-même,
dans l’intérieur duquel j'ai poursuivi un tube cilié contourné en spirale
irrégulière. L'ouverture externe de l'organe (a) est placée au niveau des
crochets, à une distance égale des tores ventraux et dorsaux.
Je trouve aussi dans mes notes le dessin d’une partie de la chaine
* Noch ein Wort über die Capitellen, ete., loc. cit.
d20 GLANURES ZOOTOMIQUES
ganglionnaire de celle espèce. Elle est constituée exactement comme
celle du Notomastus rubicundus, c'est-à-dire qu’elle est formée par un
cordon fibreux dont laxe est occupé par une fibre tubulaire. En outre,
une matière qui m'a paru celluleuse forme comme une couche corti-
cale de la chaîne, et seule se renfle dans chaque segment pour former
des ganglions. Les nerfs naissent en grand nombre de chaque côté, non-
seulement des ganglions, mais encore des commissures.
Jai rencontré plusieurs fois des Dasybranches bien différents par leur
apparence de ceux que je viens de décrire. Au lieu d’être rouges comme
eux, ils étaient d’un rose laiteux, et ils atteignaient jusqu’à 15 ou 18 cen-
tüimètres de long. Leur largeur était de près d’un centimètre. Is étaient
donc relativement beaucoup plus courts et beaucoup plus gros que les
premiers. La paroi de leur corps n’était point assez transparente pour
permettre dapercevoir le sac crétacé que j'ai décrit plus haut. Fai dû
quitter Port-Vendres sans pouvoir faire, comme je me l’étais pro-
posé, l'anatomie de ces vers, si favorables à l'étude, par leur dimen-
sion. Je ne saurais trop les recommander à ceux qui visiteront après
moi celte localité. C’est un sujet qui promet d’être fécond en résultats
intéressants.
PARMI LES ANNÉLIDES. 521
SAV
Sur un Phyllodocien du genre Oxydrome.
OXYDROMUS PALLIDUS, noOv. Sp.
(PL. IV, fig. 1.)
M. Grube a établi, en 1855 ', le genre Oxydromus pour une petite
Annélide de Trieste et de Villafranca, dont il ne nous a malheureuse-
ment pas communiqué d’esquisse *. J'ai retrouvé à Port-Vendres un ver
qui appartient évidemment au même genre, mais qui en est spécifique-
ment différent.
Le seul exemplaire observé par moi n'avait que 5 de long. C'était
un mâle adulte, entièrement incolore, comptant 19 segments.
Le lobe céphalique (fig. 1) est tronqué en avant, arrondi sur les côtés.
Il porte quatre yeux disposés en trapèze, formés par un pigment rou-
geätre. La paire antérieure seule est munie d’un cristallin. I existe cinq
antennes frontales: limpaire, plus courte et plus mince que les autres, est
implantée un peu en arrière du bord frontal. Les quatre autres sont
placées deux à deux aux angles antérieurs du lobe céphalique, et sont
renflées à la base : lune des paires est fixée immédiatement au bord
frontal; l'autre (fig. 1 +, b) est implantée en réalité au-dessous de ce
bord, sur un article basilaire placé en avant de la bouche. Les quatre
cirres tentaculaires et les cirres dorsaux sont vaguement articulés comme
un tube de télescope. Les cirres ventraux sont beaucoup plus courts
(fig. 1 5, d), mais présentent le même mode d’articulation. Les pieds, à
peu près cylindriques, renferment deux catégories d’acicules; les uns (b)
* Beschreibungen, etc. — Troschel's Archiv f. Naturg., XXI, 1855, p. 98.
* Il en a décrit depuis lors deux autres espèces de l'Amérique méridionale dans ses « Annulata Œr-
stediana. »
TOME xvu, 20€ PARTIE. 67
522 GLANURES ZOOTOMIQUES
sont les véritables acicules du pied; les autres (a), au nombre d’un seul
ou de deux, légèrement recourbés, sont les acicules du cirre dorsal. []
existe en réalité deux faisceaux de soies: le faisceau principal saïllit non
à l'extrémité du pied, mais vers le milieu de sa longueur (f); il est formé
de soies articulées, à serpe extrêmement allongée (fig. 1 9). Le second
faisceau (fig. À 6, e) est formé de deux, au plus de trois soies capillaires,
placées immédiatement au-dessous de la base du cirre dorsal.
Le pharynx exsertile (fig. 1 a) est un long cylindre musculaire, mince,
très-semblable à celui des Psamathés, à côté desquelles les Oxydromes
trouvent leur place naturelle. Au septième segment, ce pharynx s'ouvre
directement dans l'intestin hépatique (b).
Les zoospermes remplissaient entièrement la cavité périviscérale du
quatorzième au dix-huitième segment. Je n'ai pas reconnu de testicules.
L'Ox. pallidus se distingue facilement de lOx. fasciatus Gr. par lab-
sence de toute coloration. Ce dernier est en effet verdâtre, fascié trans-
versalement de blanc. En outre, l'Ox. fasciatus à des antennes filiformes
non renflées à la base. Son pharynx exsertile est plus long, puisqu'il s’é-
tend du troisième au douzième segment, tandis que celui de lOx. pallidus
n’occupe que les segments 5 à 6 inclusivement. Enfin, l'Ox. fasciatus est
plus long (2,8 à 5 lignes au lieu de 5"), et compte un plus grand
nombre de segments (52 à 56 au lieu de 19).
M. Grube ne mentionne pas chez son espèce de soies capillaires à la
base du cirre dorsal. Peut-être étaient-elles pourtant présentes et n’ont-
elles pas été aperçues par lui. Chez lOx. pallidus elles sont, en effet, pe-
lites, et échappent facilement à l'attention. La présence de ces soies as-
signe aux Oxydromes une place intermédiaire entre les Psamathés aux
pieds monostiques, et les Castalies aux pieds distiques.
PARMI LES ANNÉLIDES. 529
& VII.
Étude sur la famille des Syllidés.
Les Syllidés sont vraisemblablement répandus en très-grand nombre
dans toutes les mers du globe, mais ils ont généralement peu attiré Pat-
tention des zoologistes collecteurs à cause de leur coloration, le plus
souvent modeste, et de l'exiguité relative de la plupart des espèces.
De là le faible nombre, proportion gardée, des espèces jusqu'ici décrites.
Cette lacune zoologique n’est, du reste, point trop regrettable. Jusqu'ici,
en effet, les caractères les plus importants pour la distinction spécifique
des Syllidés ont été fort négligés, si bien que, quelque petit que soit le
nombre des espèces décrites, le nombre de celles qu’il est impossible de
retrouver à cause de l’imperfection des diagnoses, est relativement fort
grand. On peut même dire hardiment que seules les espèces décrites à
une époque récente avec beaucoup de soin par M. Grube peuvent se
flatter de posséder un droit de bourgeoisie réel dans la science. Leur
position serait plus assurée encore, si M. Grube avait jugé à propos d’ac-
compagner ses descriptions de figures plus nombreuses et moins sché-
maliques. Mais parmi les espèces plus anciennes, même la Syllis moni-
laris Savigny, qu'ont cilée presque tous les auteurs, est une espèce
presque indéterminable'. C’est un nom collectif pour la presque totalité
du genre Syllis, tel que je le comprends plus loin, et il est probable que
chaque auteur l'a appliqué à une espèce différente.
Le véritable mérite appartenant non au faiseur d'espèces, mais à ceux
qui nous font connaître la vie et l'organisation des animaux, il est à re-
grelter que les deux hommes auxquels la physiologie des Syllis doit le
plus, M. Krobn et M. de Quatrefages, aient négligé les caractères zoolo-
‘ Il sera peut-être possible de la fixer cependant d’une manière plus positive en s’en tenant exactement
à la diagnose de Savigny faite pour une espèce de la mer Rouge. Il est possible d’ailleurs que l'individu
sur lequel ce savant basa sa description existe encore dans les collections du Jardin des Plantes de Paris.
524 GLANURES ZOOTOMIQUES
viques des espèces étudiées par eux, au point qu'il soit le plus souvent
impossible de les déterminer aujourd’hui.
En 1851, M. Grube établit le genre Autolytus pour des Syllidés, chez
lesquels il constata une génération alternante', et il fit même servir ce
phénomène physiologique comme caractère distinctif et essentiel du
genre. Déjà précédemment M. Milne Edwards? avait constaté une repro-
duction analogue chez un Syllidé, pour lequel il avait formé un genre
Myrianide, malheureusement, je le crains, caractérisé d’une manière in-
suffisante. Depuis lors, M. de Quatrefages”® à fait connaître plus au long
chez quelques Syllidés des phénomènes de génération alternante déjà
laconiquement indiqués“ par lui à une époque précédente. MM. Frey
et Leuckart”, Krohn *, Alexandre Agassiz * ont contribué plus récem-
ment encore à étendre nos connaissances sur ce sujet. Mais toujours il à
plané une certaine incertitude sur les groupes zoologiques qui, parmi
les Syllidés, présentent des phénomènes de génération alternante. M. de
Quatrefages parle de la génération alternante des Syllis, et il croit même
pouvoir identifier l’une des espèces observées par lui avec la Syllis mo-
nilaris Savigny. M. Krohn considère aussi comme de véritables Syllis
deux espèces dont il a étudié la génération alternante. Mais les noms
mêmes de $. prolifera et de S. fissipara, qu'il leur attribue, semblent in-
diquer que leur mode de reproduction n’était, à ses yeux, qu'une excep-
tion dans le genre Syllis. Enfin M. Grube, fondateur du genre Autolytus,
‘ On sait d’ailleurs aujourd'hui que la reproduction agame des Autolytus était déjà connue d'Otto-Fr.
Müller (Nereis prolifera Müll.).
2 Recherches zoologiques faites pendant un voyage sur les côtes de Sicile par M. Milne Edwards. IL.
Observations sur le développement des Annélides. — Annales des Sc. nat., 3m° série, IT, 1845, p. 170.
5 Etudes sur les types inférieurs de l’embranchement des Annelés par M. A. de Quatrefages. Mémoire
sur la génération alternante des Syllis. — Ann. des Sc. naturelles, 4me série, Il, 1854, p. 143.
# Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1844, p. 71.
5 Beiträge zur Kenntniss wirbelloser Thiere, mit besonderer Berücksichtigung der Fauna des nord-
deutsehen Meeres, von Rud. Leuckart u. H. Frey. Braunschweig 1847.
5 Ueber die Erscheinungen bei der Fortpflanzung von Syllis prolifera und Autolytus prolifer von D* A.
Krobn. — Troschels Archiv f. Naturg., XVII, 1852, p. 66. — Ueber Syllis pulligera, eine neue Art, von
D' A. Krobn. Ibid. p. 251.
7 On allernate generation in Annelids and the Embryology of Autolytus cornutus by A. Agassiz. — Jour-
nal of the Boston Society of Nat. History. Vol. VII, 1862, p. 392.
PARMI LES ANNÉLIDES. D29
semble accorder encore aujourd’hui une valeur générique à la multipli-
cation par allernance de générations, et il semble disposé à séparer du
genre Syllis toutes les espèces à génération alternante. Il vient tout au
moins de décrire, sous le nom de Tetraglene rosea, un Syllidé sexué, ger-
mant à l'extrémité postérieure d’une Annélide que ce savant n'a pas
réussi à distinguer du genre Syllis, mais pour laquelle il à créé néan-
moins le nouveau genre Pseudosyllis. I est singulier que M. Grube dénie
à ce ver, par cette raison, la qualité de véritable Syllis, car personne n'a
prétendu d’une manière parfaitement positive jusqu'ici qu'il y eût des
Syllis ne présentant pas de génération alternante.
Le nombre des Syllidés de Port-Vendres est très-considérable. Je m'é-
tais proposé d'en profiter pour mener à bonne fin l'étude des modes de
reproduction divers de ces animaux. Jai dû malheureusement inter-
rompre ces études lorsqu'elles étaient à peine commencées; j'ai pu tou-
telois réunir sur une vingtaine d'espèces des documents assez nombreux
pour montrer qu'il existe non-seulement des Syllidés à génération alter-
nante, mais encore des Syllidés à reproduction sexuelle seulement. En
même temps je me suis toujours plus convaincu que les coupes généri-
ques jusqu'ici établies dans la famille étaient caractérisées d’une manière
insuffisante. J'ai dû faire, par conséquent, une révision de la division de
cette famille en genres, en maintenant cependant, pour le moment, mes
critiques aux genres européens qui ont passé sous mes yeux. Îl était inu-
tile, en particulier, de faire entrer en ligne de compte les genres exoti-
ques établis par M. Schmarda.
Dans les espèces à génération alternante, j'ai toujours puisé les carac-
tères génériques et spécifiques chez les individus agames. Je crois par-
faitement inutile d'introduire dans la science des termes génériques pour
désigner des individus sexués. Les termes de Polybostrichus OErsted (Di-
ploceræa Grube) et de Sacconereis Joh. Müll. avaient acquis leur droit de
bourgeoisie avant qu'on sût qu'ils s'appliquent aux individus sexués mâles
et femelles des Autolitus. À ce point de vue, ils ont le droit d’être con-
servés, d'autant plus que, dans le genre Autolitus, les individus sexués,
526 GLANURES ZOOTOMIQUES
surtout les mâles, sont souvent plus différents des individus agames que
ceux d’autres genres. Mais il me parait parfaitement superflu de créer
des termes nouveaux comme celui de Tetraglene Grube pour des indi-
vidus sexués dont la source agame (Syllis) est connue. S'il fallait un nom
pour ces individus, celui de Zoida Johnst. aurait la priorité.
La différence entre les individus sexués et les individus asexués est
toujours facile à établir. Comme M. Krohn, M. de Quatrefages et M. Pa-
genstecher lont déjà relevé, les individus sexués ont un canal intestinal
beaucoup plus simple que les asexués. Is sont, en effet, toujours dépour-
vus de trompe et, fait sur lequel on n’a pas insisté jusqu'ici, de cet or-
gane si caractéristique des Syllidés que M. Edwards appelle portion
charnue du pharynæ, M. Williams gésier, et que je préfère désigner avec
M. OErsted sous le nom de proventricule ". On peut affirmer sans hésiter
que tout Syllidé dépourvu de proventricule est un individu sexué ayant
germé à l'extrémité postérieure d’un individu souche agame. L'inverse
ne serait point vrai; un Syllidé muni de proventricule peut, en effet, tout
aussi bien appartenir à une espèce dépourvue de génération alternante
(et par conséquent être sexué) qu'être la souche agame d’une espèce à
sénération alternante.
Les individus sexués des espèces à génération allernante sont fré-
quemment, peut-être toujours, munis de longues soies capillaires qui
font défaut aux individus souches. MM. OErsted, Krohn et de Quatre-
fages ont été les premiers à le reconnaitre. Ces soies capillaires existent
chez certaines espèces, comme j'ai pu m'en convaincre, à tous les seg-
ments du corps, le segment buccal compris. Chez d’autres, elles com-
mencent seulement à partir du second segment; chez d’autres, enfin,
elles n’occupent qu'un petit nombre de segments de la partie médiane du
corps. Partout elles constituent un puissant appareil de natation, fort utile
pour la dissémination des œufs. Il est intéressant de retrouver ce même
! Cet organe précède en effet immédiatement une partie généralement incolore du tube digestif qui re-
çoit les glandes annexes de l'intestin, lorsqu'elles existent, et qui correspond par conséquent à ce que
M. Rathke appelle le ventricule chez les Néréides. Cf. De Bopyro et Nereide, p. 36.
PARMI LES ANNÉLIDES. D27
appareil de longues soies capillaires dorsales chez les espèces dépour-
vues de génération alternante à l'époque de la maturité sexuelle. C’est ce
qui à lieu en particulier pour les genres Sphærosyllis et Exogone.
Il serait intéressant de pouvoir reconnaitre dès le premier coup d'œil
si un Syllidé muni de trompe et de proventricule est l'individu souche
d'une espèce à génération alternante, ou bien S'il appartient à une espèce
à génération simple. Des observations, faites sur un nombre d'espèces
assez considérable, me permettent d'émettre à ce sujet opinion que les
individus à nombre de segments très-considérable appartiennent à des
espèces à généralion alternante, et que les espèces à génération simple
n'ont le plus souvent qu'un nombre de segments assez limité (20 à 40).
La manière dont les individus sexués sont engendrés à donné lieu à
quelques contestations. M. Milne Edwards montra chez les Myrianides
que le mode de reproduction agame est une véritable gemmation. M. de
Quatrefages le considéra comme de la fissiparité chez les Syllis, dans la
première communication qu'il fit sur ce sujet à l'Académie de Paris.
MM. Frey et Leuckart donnèrent d’une manière générale raison à
M. Milne Edwards et tort à M. de Quatrefages. Enfin, M. Krohn montra
que tout le monde avait raison, en ce sens que certains Syllidés (Auto-
lytes, par exemple) présentent une véritable gemmiparité, tandis que
d’autres paraissent être plutôt fissipares. Peu de temps après, M. de
Quatrefages, ignorant sans doute que ses observations premières avaient
été confirmées par M. Krohn, se rétracta et considéra la reproduction des
Syllis comme une véritable gemmation. Pour ce qui me concerne, Je suis
entièrement d'accord avec M. Krohn. Les Autolytes (et les Myrianides)
produisent comme les Naïdes de véritables bourgeons, entre le dernier
segment et le pénultième. Mais chez la plupart des autres Syllidés, toute
la partie postérieure du corps, composée d’un grand nombre de segments,
se sépare de la partie antérieure après la formation des éléments sexuels.
Rien n'indique la présence du stolon sexué avant la formation des yeux
dans le segment qui formera la tête.
On verra que j'accorde une grande importance pour la classification à
228 GLANURES ZOOTOMIQUES
l'armure pharyngienne. Cette armure fournit, en effet, des caractères
parfaitement précis et sûrs, el je suis étonné qu’on l'ait jusqu'ici entiè-
rement négligée sous ce rapport. Je ne fais d'ailleurs que suivre en cela
la règle généralement appliquée dans les autres familles d’Annélides, où
l'armure pharyngienne est considérée comme de grande valeur en tant
que caractère générique. La coalescence des coussinets ou lobes frontaux
avait déjà été utilisée comme distinction de genres par M. Grube, et je
n'ai fait que suivre ici son exemple. On sera plus étonné peut-être de
me voir accorder de l'importance au fait que les cirres sont simplement
filiformes ou bien étranglés en chapelet (moniliformes). M. OErsted avait
déjà, en se fondant sur ce caractère, distingué son genre Syllides du
genre Syllis. Cette distinction n’a pas été admise par M. Grube dans ses
Familien der Anneliden. Cela ne m'empêche pas de la remettre en avant
aujourd'hui. C’est, il est vrai, un caractère tout empirique, dont la signi-
fication m'échappe presque complétement. Mais il est incontestable que
les espèces, dans des groupes entiers bien tranchés, ont les cirres ou tou-
jours moniliformes, ou toujours filiformes. Je restreindrai donc en par-
üculier le genre Syllis, avec M. OErsted, aux espèces à antennes et à
cirres moniliformes. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que le
venre Syllis ainsi compris parait ne renfermer que des espèces à géné-
ration alternante, tandis que le seul Syllides (Syllis à antennes et à cirres
non moniliformes), dont on connaisse le mode de reproduction, n'offre
pas de génération alternante., Si je me trouve ici en désaccord avec M.
Grube, je me sens fort, d’un autre côté, de l'appui d’une autorité grave,
celle de M. Krohn', qui déclare la segmentation des cirres en chapelet
cein Hauptmerkmal des Genus Syllis. »
Chez certaines espèces à cirres moniliformes, les articles des cirres sont
le siége de dépôts granuleux que j'ai montré ailleurs* devoir être peut-
être considérés comme des substances excrétionnelles.
Je fais précéder la description des espèces d’un tableau synoptique de
la distribution des Syllidés en genres.
* Ueber die Erscheinungen, etc. loc. cit., p. 68. — * Beohachiungen, etc., p. 99 et 51.
529
PARMI LES ANNÉLIDES.
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TOME xvi1, 2e PARTIE.
530 GLANURES ZOOTOMIQUES
A. GENRE SYLLIS Savigny, char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, séparés sur toute leur longueur.
à pharynx rectiligne, armé d’une seule aiguille. Proventricule suivi d’un estomac in-
colore très-court, dans lequel débouchent deux glandes en T très-développées. Trois
antennes, deux paires de cirres tenlaculaires, cirres dorsaux et cirres ventraux, tous
moniliformes, à l'exception des cirres ventraux qui sont filiformes ou pinniformes.
Reproduction ayant lieu presque toujours, ou peut-être même toujours, par voie de
génération alternante. Individus sexués munis de deux antennes seulement et dé-
pourvus de cirres tentaculaires. Sexes semblables.
1. SYLLIS ARMANDI', nov. Sp.
(PI. V, fig. 1.)
Cette Syllis, d’une couleur légèrement brunâtre, est une des plus
communes à Port-Vendres. La longueur des individus adultes est très-
variable; elle oscille entre 41 et 16m, C’est, en général, à partir du qua-
rante-cinquième segment que commence le stolon sexué, chez les indi-
vidus en voie de reproduction. Les lobes frontaux sont très-proéminents
et échancrés à leur bord interne, de manière à paraître courhbés l’un vers
autre comme les deux branches d’une pince (fig. 1 a). La forme géné-
rale de la tête est vaguement pentagone. Elle présente sur le côté dorsal
quatre yeux principaux, munis de cristallin et disposés en trapèze. Il
existe, en outre, de petites taches pigmentaires dont le nombre variable
s'élève le plus souvent à sept. J'en trouve alors une à la base de chacune
des antennes, et deux de chaque côté, entre les deux yeux principaux de
ce même côté. L’antenne impaire est plus longue que les externes. Elle
comple en général 33 articles, lorsque celles-ci n’en comptent que 25
ou 26. Le segment buccal achète porte un cirre tentaculaire supérieur
de 33 articles environ, et un inférieur de 25. Le cirre dorsal du
! Je dédie cette espèce à M, Armand de Quatrefages en commémoration de ses travaux sur la reproduc-
tion des Syllis.
PARMI LES ANNÉLIDES. 551
deuxième segment est sensiblement plus long que les suivants. Le
nombre des articles dans tous les cirres dorsaux varie, en général, de 55
à 60. Les pieds (fig. 1 6) trilabiés, renferment d'ordinaire deux acicules
(fig. 1 x, b) renflés en bouton à l'extrémité comme un fleuret; le fais-
ceau est formé de soies falcigères, à serpe bidentée (a) très-courte. Le
cirre ventral pinniforme est à la base du pied.
La longueur de la trompe est très-variable suivant les individus, ce qui
provient peut-être du degré plus ou moins grand de contraction, car
souvent sa membrane apparait comme plissée. Elle s'étend depuis le
quatrième jusqu'au neuvième et quelquefois jusqu’au onzième segment.
Le proventricule occupe les trois segments suivants. Il est suivi par une
division incolore du tube digestif qui occupe quatre segments, et dans le
milieu de laquelle S'ouvre de chaque côté un sac glandulaire en forme
de T, forme qui paraît très-caractéristique du genre Syllis'. A la suite
de ce ventricule incolore, vient l'intestin hépatique, étranglé en forme
de rosaire entre les segments.
Chez les individus qui ont atteint une longueur de 55 à 58 segments,
on voit apparaitre dans la région postérieure du corps les éléments
sexuels, à une époque où rien encore n'indique les limites entre le stolon
et l'individu souche. Lorsque les œufs ou, cas échéant, les zoospermes
se sont formés en grande abondance, on voit apparaître, en général au
quarante-cinquième segment, des yeux et plus tard de petites antennules,
comme indication du point où l'individu sexué se séparera de l'individu
souche. Chez les mäles, les zoospermes se développent dans des testicules
disposés par paire dans chaque segment qui suit le segment oculigère. ls
ont déjà été vus par M. de Quatrefages, qui les décrit comme des corps
framboisés*. Ce sont de véritables capsules ovales, longues de Omm 13,
* Ces glandes sont évidemment les homologues de celles des Néréides, auxquelles M. Rathke donne le
nom de glandes du ventricule. Cf. De Bopyro et Nereide, p. 38,
* Des testicules très-semblahles ont déjà été signalés par M. Max Müller chez le mâle de la Sacconereis
Helgolandica. Müller’s Archiv f. Anat., Phys. u. wiss. Medicin, 1855, p. 21. — Quant aux « vésicules sé-
minales » décrites par M. Hering chez les Alciopes, elles paraissent présenter une apparence un peu dif-
férente. Cf. De Alcioparum partibus genitalibus organisque excretoriis, auctore Ewaldo Hering. Lipsiæ
MDCCCLX, p. 6.
532 GLANURES ZOOTOMIQUES
dont la paroi est tapissée de granules atteignant un diamètre de 02,017.
Ces granules, formés par une substance fortement réfringente, doivent
sans doute être considérés comme des cellules épithéliales engendrant
les zoospermes; je n'ai cependant pu reconnaître de nucléus dans leur
intérieur. Les zoospermes remplissent non-seulement les testicules, mais
encore toute la cavité périviscérale de l'individu sexué, sans que j'aie pu
découvrir l'ouverture par laquelle ils quittent les testicules. Lorsque le
nombre des zoospermes est devenu très-considérable, ils pénètrent au
delà des limites du stolon, de manière à remplir les trois ou quatre der-
niers segments de l’individu-souche.
Les individus femelles ne présentent pas d’ovaires distincts. Les ovu-
les, très-petits, puisqu'ils n’atteignent qu'un diamètre de 0"m,05% (vési-
cule germinative—0®",066, et tache germinative—0"",018), remplissent
toute la cavité périviscérale du stolon, et pénètrent comme les zoospermes
jusque dans l'individu souche. M. Krobn et M. de Quatrefages ont déjà
signalé, chez les Syllis observées par eux, cette protrusion des éléments
sexuels au delà des limites du stolon dans le corps de l'individu souche.
À l’époque qui précède immédiatement la séparation des deux indi-
vidus, on voit se former, un peu en avant des yeux du stolon, deux pe-
tites éminences coniques, les antennules. IT n'existe jamais d'antenne
impaire, ni chez cette espèce, ni chez les individus sexnés d'aucune
autre Syllis observée par moi. En même temps, on voit germer immé-
diatement au-dessous de la base du cirre dorsal, dans chaque segment
à partir du second, un groupe de soies capillaires fort ténues qui ne
fait pas encore saillie au-dessus de la surface. À cette époque, il suffit
de légères manipulations pour détacher le stolon de lindividu-souche.
On reconnaît alors que les stolons femelles ont deux paires d’yeux, lune
ventrale, l’autre dorsale. Chez les stolons mâles, les deux yeux de chaque
côté sont fondus de manière à ne former qu’une seule tache semi-lu-
naire avec un seul cristallin.
Ces individus sexués sont évidemment très-voisins des Tétraglènes de
M. Grube. Ils ne s’en distinguent que par les deux antennules fort déli-
dr d4
PARMI LES ANNÉLIDES. 299
cates et rudimentaires qui ont échappé peut-être à M. Grube. Pour
donner une idée plus exacte de ces individus sexués, qui sont très-sem-
blables entre eux chez les différentes espèces de Syllis, j'ai préféré
représenter un individu libre depuis quelque temps déjà et nageant
dans la mer. La forme des stolons se modifie en effet quelque peu, par
suite surtout d’une contraction du segment céphalique, après leur sépa-
ration de l'individu souche. L'individu représenté (PL V, fig. 6) n’appar-
tient pas à la Syllis Armandi; S'en distingue par l'existence d’une soie
subulée légèrement recourbée (fig. 6 x, e), au milieu du faisceau de soies
articulées en serpe. Cette soie fait défaut à la S. Armandi. En outre, le
dernier segment du corps porte non-seulement deux longs cirres, mais
encore un petit appendice médian bifurqué (fig. 6, b), semblable à celui
que je décrirai plus loin chez la Sylline pusilla. Le lobe céphalique est
bilobé et intimement uni au segment buccal qui porte déjà un pied com-
plet, c’est-à-dire muni de soies en serpe, d’un cirre dorsal et d’un cirre
ventral. Les soies capillaires dorsales, que nous avons vues à l'état nais-
sant chez le stolon encore uni à l'individu souche, ont maintenant
atteint une très-grande longueur. Elles existent à partir du second seg-
ment, comme chez les espèces étudiées par MM. Krohn et de Quatre-
fages, et s'étendent jusqu'aux derniers. L'ouverture par laquelle elles
sortent de chaque pied est comprise entre deux lèvres saillantes (fig. 6
2,b), dont l'inférieure est soutenue par la pointe d’un acicule recourbé (d).
2. SYLLIS HEXAGONIFERA, NOV. Sp.
(PI. V, fig. 2.)
Cette Syllis atteint à l’époque stolonifère une longueur d'environ 58mm,
dont 55 tombent sur lindividu-souche et 25 sur le stolon sexué. L’indi-
vidu agame, qui compte 125 segments environ, atteint une largeur d'à
peine ? de millim. Le stolon, comptant 50 segments, est deux fois plus
large. Le changement de diamètre se faisant d’une manière très-brusque
au point de jonction des deux individus, et, de plus, l'individu agame
534 GLANURES ZOOTOMIQUES
étant brunâtre, tandis que le stolon (Lout au moins le stolon femelle
plein d'œufs) est d’un beau lilas, on est tenté, au premier abord, de
soupçonner une union accidentelle entre deux vers spécifiquement dif-
férents. Cette différence de grosseur a très-bien été figurée par M. de
Quatrefages dans sa (Syllis monilaire en train de se reproduire ‘.» Elle
se retrouve, du reste, à un degré plus ou moins marqué, chez toutes les
espèces au moment de la multiplication.
La coloration de la S. hexagonifera permet de la reconnaitre au pre-
mier coup d'œil. Chaque segment porte, en effet, sur le dos une figure
brune" comparable à un X, avec élongation transversale du lieu d’in-
tersection des jambages*. La réunion de toutes ces figures délimite
sur le dos une série d'espaces hexagonaux incolores et des espaces plus
petits, également incolores sur les côtés. Seul, le segment buccal est co-
loré en brun dans sa totalité, sur le dos. Le lobe céphalique, arrondi,
porte quatre petits yeux en trapèze, dépourvus de cristallin. Les lobes
frontaux sont très-allongés, peu écartés Pun de l'autre sur la ligne mé-
diane et recourbés en cuillerons qui se regardent l’un autre. Le nombre
des articles, comptés sur un adulte, S'est trouvé de 20 pour l'antenne
impaire, de 25 pour les tentacules externes, de 354 pour les cirres tenta-
culaires supérieurs, de 28 pour les inférieurs, de 42 pour le cirre dorsal
du second segment, et de 22 à 55 pour le cirre dorsal de chacun des
segments suivants. Cette espèce rentre donc dans le nombre de celles
chez lesquelles le cirre dorsal du second segment l'emporte en longueur
sur les autres. Dans la partie postérieure du corps, les cirres deviennent
plus courts el relativement plus minces à l'extrémité, ce qui les fait pa-
raître comme renflés à leur base (fig. 29). Leurs articles renferment des
granules ou petites concrélions opaques. Les rames pédieuses trilabiées
el à cirre ventral pinniforme renferment trois acicules et un faisceau de
soies composées, en serpe non dentée. Ces dernières ne sont point toutes
* Loc. cit, pl. IV, fig. 3.
* Cette figure est formée par des stries brunes transversales très-fines.
5 Je ne saurais mieux donner une idée de cette forme qu’en la comparant à celle des anciens chenets
en fer des fourneaux.
PARMI LES ANNÉLIDES. 535
semblables entre elles. Elles sont au nombre de 8 à 10 dans chaque fais-
ceau, lappendice en serpe étant de grandeur différente pour ainsi dire
dans chacune. Les soies les plus dorsales ont l’appendice relativement
le plus long (fig. 2 >); les soies les plus ventrales l'ont, au contraire, le
plus court (fig. 2 f).
La trompe est relativement fort courte; elle s'étend jusqu’à l'extrémité
postérieure du seizième segment. Le nombre de ses muscles rétracteurs
(fig. 2, b') est très-considérable. Le proventricule s'étend jusqu’au vingt-
troisième segment; il est suivi d’un ventricule incolore avec glandes
en T.
Je n'ai vu que des stolons femelles, offrant la forme de Tétraglène ou
d'Ioïda à antennules fort courtes, ordinaire chez les Syllis. Chez les in-
dividus observés, complétement remplis d'œufs lilas, les soies capillaires
wavaient pas encore commencé à se former.
3. SYLLIS GRACILIS Grube.
(PL. V, fig. 3.)
Cette Syllis, à l'état stolonifère, est longue d'environ 52", el compte
autour de 150 segments, dont les 28 derniers appartiennent au stolon
sexué, une fois et demi aussi large que Findividu agame. Ce dernier at-
teint à peine le diamètre d'un millimètre; il est de couleur brunâtre,
tandis que la couleur du stolon est d'un beau pourpre. La couleur brune
de l'individu agame est due à la présence d’une zone de stries nom-
breuses, fines, transversales et interrompues, d'un pigment brunâtre, sur
le milieu de chaque segment, du côté dorsal. Ces stries ne sont, du reste,
bien marquées que dans les 25 premiers segments. Plus en arrière, elles
s’effacent graduellement et finissent par disparaitre.
Le lobe céphalique (fig. 5) est à peu près une fois et demie aussi large
que long. Il porte quatre petits yeux noirs, dépourvus de cristallin. Les
lobes frontaux, larges à la base, sont atténués bien qu’obtus au sommet :
ils présentent une alternance de bandes claires et de bandes sombres,
536 GLANURES ZOOTOMIQUES
qu’on retrouve chez beaucoup d’espèces et qui me paraît due à la pré-
sence de rubans musculaires transverses.
Tous les cirres sont relativement fort larges. L'antenne impaire
compte environ 18 articles, les antennes paires 12, les cirres tentacu-
laires (dorsaux et ventraux) 18, et les cirres de la partie antérieure
du corps 20 à 25. Ceux de la partie médiane et postérieure n’en comp-
tent plus que 12 à 15. Le cirre du second segment n’est pas plus long
que les autres. Les pieds uniramés (fig. 3 5) sont cylindriques, portant
le cirre ventral pinniforme très-près de leur extrémité. Ils renferment
chacun trois à quatre acicules (fig. 3 7, b) munis à l'extrémité d’un bou-
ton semblable à celui d’un fleuret, comme c’est aussi le cas chez la Syllis
Armandi, et un faisceau de soies saillantes. Chose singulière, ces soies
ne sont point semblables dans tous les segments. Du second segment au
vingt-cinquième, j'ai trouvé dans chaque faisceau de sept à dix soies
falcigères (fig. 5 7, a), dont la serpe porte sur le tranchant des dentelures
longues et minces, au point de paraître comme ciliée. A partir du vingt-
sixième segment, ces soies disparaissent et sont remplacées par deux ou
trois soies furciformes (fig. 5 7, c). Au premier abord, j'ai pensé que ces
soies, en apparence simples, étaient en réalité des soies composées ayant
perdu par accident leur article terminal. Toutefois, je me suis assuré
que les soies encore en voie de formation et renfermées dans l’intérieur
du pied, de manière à être à l'abri de tout choc extérieur, présentent déjà
cette conformation. Ces soies furciformes", déjà observées par M. Grube*,
sont du reste deux fois plus épaisses que les soies falcigères. J'ai trouvé,
en général, dans le vingt-sixième segment les deux espèces de soies asso-
ciées. Le dernier tubercule sétifère est aussi armé à la fois d’une soie
simple en fourche et d’une soie composée en serpe.
! J'ai déjà décrit des soiïes toutes semblables chez une Odontosyllis de St-Vaast la Hougue. — V. Beob-
achtungen, etc., p. 48.
? Actinien, Echinodermen und Würmer des Adriatischen und Mittelmeeres. Kônigsberg, 1840, p. 77.
— Dans sa description laconique, M. Grube n'indique pas, il est vrai, que ces soïes en fourche soient
restreintes aux segments postérieurs. Cependant l'existence même, chez la S. gracilis de M. Grube, de ces
soies singulières et des soies composées à serpe ciliée, me permel à peine de douter de son identité spé-
cifique avec les individus que je décris ici.
PARMI LES ANNÉLIDES. 537
Le dernier segment du corps porte non-seulement les deux cirres ter-
minaux habituels, mais encore, du côté ventral, une petite éminence
(fig. 5 x, a) saillante, qui est évidemment l'homologue de l’appendice
représenté dans l'individu sexué de la figure 6, et de celui que j'ai décrit
ailleurs‘ chez certaines Odontosyllis et chez les Sphærodorum.
La trompe pénètre jusqu’au treizième segment, et le proventricule,
relativement allongé, occupe les cinq ou six segments suivants.
Le sang, ordinairement parfaitement incolore chez les Syllidés, offre
chez la S. gracilis la particularité d’être d’une belle couleur rose.
Les stolons sexués présentent la forme normale.
De toutes les espèces jusqu'ici décrites, la $. oblonga Kef.' et la S.
tigrina Rathke”* sont celles qui se rapprochent le plus de la S. gracilis.
Elles présentent comme elle des bandes brunes sur le dos. Toutefois,
elles s'en distinguent facilement par la forme très-différente de leurs
lobes frontaux et par l'absence des soies fourchues.
4. SYLLIS SIMILLIMA, NOV. Sp.
(PI. V, fig. 4.)
Cette espèce offre une si grande ressemblance avec la précédente, qu'il
faut un examen très-attentif pour reconnaître qu’elle en est spécifique-
ment bien différente. Elle est plus petite, car elle n’atteint qu’une lon-
gueur de 38%, et ne compte que 8 segments au lieu de 150. Elle est
complétement dépourvue de bandes brunes sur le dos et de soies en
fourche. Les soies sont, dans toute la longueur de l'animal, des soies
falcigères dont la serpe est munie dune fine serrature (fig. 4 a). En
outre, les pieds sont moins saillants que chez la S. gracilis et les lobes
frontaux (fig. 4) sont plus étroits, plus amincis à l’extrémité. Un autre
‘ Beobachtungen, etc., p. 52 et 82.
* Untersuchungen, etc. Loc. cit., p. 109.
5 Beiträge zur Fauna Norwegens von H. Rathke. — Novorum Actorum Academ. Cæsar. Leop. Carol
naturæ curiosorum Tomus vicesimus, p. 165.
TOME xvir, 20e PARTIE. 69
D58 GLANURES ZOOTOMIQUES
caractère digne d'être relevé, c’est l'existence chez la S. sinmallima, dans
chaque segment, sauf les premiers, d'une paire d'organes segmentaires
bruns en forme de boyau enroulé, semblables à ceux que M. Hering ! à
signalé chez certaines Syllis. Ces organes paraissent, en effet, faire en-
tièrement défaut à la S. gracilis*.
Les deux seuls individus adultes que j'aie eus entre les mains offraient
la singulière particularité d’être remplis d'œufs de couleur bleue, dès le
vingt-cinquième segment, sans présenter nulle part de traces de fissi-
parité prochaine. Le nombre des segments (85) est relativement faible
pour une espèce à génération allernante, et, én outre, je n'ai vu jusqu'ici
chez aucune espèce se préparant à la division spontanée les œufs occu-
per, comme ici, les deux tiers de la longueur de lanimal. Il ne serait
done pas complétement impossible que la S. simillima se reproduisit
simplement par génération normale. D'un autre côté, il ne faut pas ou-
blier que, chez les Syllis, les ovules pénètrent souvent au delà des limites
du stolon sexuel, fort en avant dans le corps de la souche agame. I]
est donc possible ici que, malgré la présence d’œufs dans des segments
relativement très-antérieurs, la partie postérieure du corps soit néan-
moins destinée à se séparer par division spontanée. Le nombre total des
segments, que j'ai dit être plutôt faible pour une espèce à génération al-
ternante, pourrait frapper encore plus par son élévation pour une espèce
à génération simple.
La coloration bleue que présentent les femelles dans plus des deux
tiers de leur longueur, est due simplement à la présence des œufs dans
la cavité périviscérale.
‘ De Alcioparum partibus genitalibus organisque excretoriis Dissertatio inauguralis zootomica auctore
Carolo Ewaldo Constantino Hering. Lipsiæ MDCCCLX, p. 7-8.
* M. Hering remarque déjà que ces organes, appelés par lui canaliculi excretorü, sont d’une étude difi-
cile et qu'il n’a pu les reconnaître que chez les espèces très-transparentes. Pour ce qui me concerne, je n’ai
pas réussi à les trouver chez certaines espèces, du reste très-favorables à l'étude, tandis que je les ai aper-
çus du premier coup d'œil chez d’autres.
PARMI LES ANNÉLIDES. 539
D. SYLLIS AURITA, NOV. Sp.
(PI. V, fig. 5.)
Cette espèce atteint une longueur d'environ 46 à 48%, sur une lar-
geur d’un millimètre et demi. Les individus les plus longs comptaient
110 segments.
La Syllis aurita est bien différente des précédentes, grâce à ses lobes
frontaux très-divergents (fig. 5), aplatis, ressemblant à des oreilles de
lapin. Seule, la $. divaricata Kef. présente des lobes divergents analogues,
mais s’en distingue facilement par des soies autrement conformées et
par l'absence de la coloration propre à cette espèce. Dans la plus grande
partie du corps, chaque segment présente une raie transversale violette,
sur le dos, et une ligne de même couleur à son bord antérieur et posté-
rieur, ainsi que sur les côtés’. Le segment buccal n'offre généralement
pas de ligne médiane sur le dos, et à partir du soixante et dixième seg-
ment environ, l'intensité de la couleur violette diminue; la colora-
tion disparait même complétement dans les derniers segments du
corps. Le lobe céphalique est coloré en violet sur ses bords et autour de
de la base des antennes. Les lobes frontaux sont aussi ornés de pigment
violet dans leur milieu et sur leurs bords. Les antennes et les cirres sont
tous à peu près d’égale longueur, et le cirre du second segment ne dé-
passe pas les autres. Jai compté 28 articles à chaque antenne et cirre
tentaculaire. Les cirres dorsaux m'en ont offert de 30 à 35. Ces articles
renferment des granules beaucoup plus ténus que les corpuscules d’au-
tres espèces. Le lobe céphalique, de forme à peu près hexagonale, porte
quatre gros yeux noirs, tous munis de cristallin.
Des trois lèvres du pied (fig. 5 +), la supérieure (a) est presque rudi-
1 La S. vittala Gr. de Palerme paraît présenter une distribution identique des bandes colorées. Mais
ces bandes sont brunes et non violettes. Il est à regretter que M. Grube n'ait publié aucune figure de
cette espèce dont il m'est impossible de préciser le degré d’affinité avec la S, aurita. Nous ne savons rien
par exemple sur Ja forme de ses lobes frontaux. Cf. Actinien, Echinodermen u. Würmer des adriatischen
uud Mittelmeeres. Kônigsberg 1840, p 77
540 GLANURES ZOOTOMIQUES
mentaire; l'antérieure et la postérieure (e) sont allongées, et compren-
nent entre elles un faisceau flabelliforme de soies articulées en serpe à
bec simple (fig. 5 5). Le cirre ventral est pinniforme.
La trompe pharyngienne s'étend du cinquième au quatorzième seg-
ment, et sa dent (fig. 5 y) est très-forte. Le proventricule, qui compte
environ 50 rangées transversales de glandes, s'étend jusqu'au vingtième.
Il est suivi du ventricule incolore, avec les glandes en T habituelles.
L'intestin hépatique, qui fait suite, traverse un certain nombre de seg-
ments avant de présenter les étranglements en chapelet normaux.
Sur le plancher ventral de la cavité du corps, j'ai distingué, dans la
plupart des segments, une paire d'organes segmentaires enroulés, de
couleur brunâtre, placés près de la naissance des pieds.
Les individus les plus adultes observés par moi avaient les 25 der-
niers segments du corps remplis d'œufs qui leur donnaient une belle
couleur violette, sans qu’il m'ait été possible de trouver la moindre trace
de formation d'un individu nouveau. Je ne doute pas cependant que ces
derniers segments ne fussent destinés à se séparer plus tard de la partie
antérieure de l'individu, pour mener une vie indépendante.
J'ai décrit',chez la Syllis armoricana des côtes de Normandie, un ovaire
très-particulier, se présentant sous la forme d’un boyau de chaque côté
du corps, contenu dans les segments les plus postérieurs. Je ne doute
pas aujourd'hui que l'individu qui fit le sujet de ces observations ne fût
une souche agame dont un stolon femelle s'était séparé depuis peu. La
forme du dernier segment du corps, telle que la représente la figure que
J'ai publiée*, ne laisse du reste aucun doute à cet égard. La séparation
devait avoir eu lieu de manière à laisser dans le corps de l’individu-souche
les ovules qui y avaient pénétré pendant que la cavité périviscérale de
! Beobachtungen, etc., p 39.
* Loc. cit. Tab. AU, fig. 20.
PARMI LES ANNÉLIDES. 5
cet individu communiquait largement avec celle du stolon. L'existence
des deux boyaux s'explique dès lors fort naturellement. Toutes les fois,
en effet, que les œufs pénètrent du stolon dans le corps de l'individu
agame, ils refoulent devant eux une membrane, comme M. de Quatre-
fages l’a déjà très-justement remarqué. Au moment de la division spon-
lanée, cette espèce de sac herniaire plein d'œufs reste dans le corps de la
souche. M. Krohn a observé aussi cette persistance d’une partie des
œufs dans le corps de l'individu agame après la séparation du stolon
reproducteur.
B. GENRE SYLLIDES OErsted, char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, séparés sur toute leur longueur ;
à pharynx rectiligne, armé d’une seule aiguille. Trois antennes, deux paires de cirres
tentaculaires, cirres dorsaux et cirres ventraux. Ni les antennes ni les cirres ne pré-
sentant de segmentation moniliforme. Pas de génération alternante.
SYLLIDES PULLIGER.
SYLLIS PULLIGERA Krohn,
(PI. VI, fig. 6.)
J'ai retrouvé à Port-Vendres ce Syilidé, dont M. Krohn a découvert
le mode de reproduction et qu'il à décrit’ avec beaucoup d'exactitude.
Il est facilement reconnaissable à ses tores frontaux très-divergents et
à sa trompe relativement courte. Il possède quatre yeux principaux,
de couleur brune, groupés deux à deux sur les côtés de la tête, le plus
antérieur étant seul muni dun cristallin. Il existe, en outre, sur le bord
frontal, du côté inférieur, deux petites laches pigmentaires oculiformes,
déjà signalées par M. Krohn. Le corps, long de 6mm environ, comptait
chez les individus observés par moi de 24 à 28 segments chez les mâles,
et de 22 à 24 chez les femelles. Il est de couleur blanchätre, avec des ta-
‘ Ueber Syllis pulligera, ete. Loc. cit.
542 GLANURES ZOOTOMIQUES
ches violettes irrégulières formant une ligne longitudinale sur le dos.
La base des pieds est, en outre, variée de jaune soufre. Les individus
observés par M. Krohn offraient une coloration un peu différente, ce qui
est évidemment sans importance spécifique. Chez les deux sexes, j'ai
trouvé non-seulement les lobes frontaux, mais encore les bords latéraux
et même la plus grande partie du bord postérieur de la tête couverts de
cils vibratiles. Jai constaté en outre, comme chez beaucoup d’autres
Syllidés, un champ de cils vibratiles sur la base des pieds, du côté dorsal
et antérieur. Les soies (fig. 6 +) sont parfaitement identiques à celles
que figure M. Krohn.
Je commence par la description des mâles que M. Krohn n’a pas con-
nus. Ces mâles se reconnaissent immédiatement à la présence de sept
paires de testicules, placées du seizième au vingt-deuxième segment”.
Ces organes sont constitués à pen près comme ceux que j'ai décrits
chez les Syllis, c’est-à-dire qu'ils représentent une capsule (fig. 6 5, b)
tapissée à l’intérieur par des granules fortement réfringents, formant
une sorte de couche épithéliale; mais, au lieu d’être sphériques, ils sont
étranglés en %œ. Ces testicules reposent immédiatement sur la paroi
ventrale, et, lorsqu'ils sont entièrement développés, ceux d’une même
paire arrivent au contact l'un de l'autre, sur la ligne médiane, au-des-
sous de l'intestin. Les zoospermes, une fois formés, remplissent toute la
cavité des segments et pénètrent dans les segments placés en avant de
ceux qui renferment les testicules. Is finissent même par remplir com-
plétement la cavité périviscérale du neuvième au vingt-troisième seg-
ment.
Dans les segments placés en avant du seizième, les testicules sont
remplacés par une paire d'organes, d'apparence toute différente. Chacun
deux (fig. 6 8, a) constitue une masse ovale, formée par la juxtaposition
! J'ai rencontré moi-même un individu marqué de bandes jaunes transverses sur les premiers seg -
ments, mais semblable, du reste, aux autres sous tous les rapports.
? Il existe souvent une paire de testicules rudimentaires an 23m segment, mais les segments suivants
en paraissent toujours dépourvus.
PARMI LES ANNÉLIDES. 545
d’un grand nombre de tubes aveugles qui semblent partir tous d’un même
point de l'organe. J'ai cherché, mais vainement, à voir si le hile de cet
organe évidemment glanduleux correspondait à un canal excréteur, s'ou-
vrant à l'extérieur. Ces organes se trouvent, à l'état complétement déve-
loppé, du huitième au quinzième segment. Les segments 5 à 7 les ren-
ferment à l’état rudimentaire, mais les premier et second segments n’en
renferment pas trace. IIS sont, sans doute, comparables aux tubes em-
pelotonnés déjà décrits chez les Néréides , les Sphærodorum * et les
Scalibregma *.
Les femelles ont été suffisamment bien décrites par M. Krobn. Je ne
puis que confirmer de tous poinis la découverte intéressante de ce savant,
d’après laquelle cette espèce porte ses œufs avec elle après la ponte, pen-
dant toute la durée du développement embryonnaire. Chez les individus
observés à Villafranca, M. Krohn a vu les œufs fixés au cirre supérieur
de tous les segments du corps, à l'exception des premiers et des derniers.
Chez les individus de Port-Vendres, j'ai toujours trouvé les segments
ovigères (fig. 6 ») alternant régulièrement avec des segments ne portant
pas d'œufs. Il est à remarquer que chez cette espèce, comme chez beau-
coup d’autres Syllidés, on voit, dans la série des cirres dorsaux, des cirres
‘ Cf. Beitrage zur Fauna Norwegens, von H. Rathke, p. 164; Beobachtungen über Anatomie, etc.,
von Ed. Claparède, p. 52; et Untersuchungen, ete., von W. Keferstein, p.98. Ce sont vraisemblable-
ment les mêmes organes que M. Rathke décrivait comme des ovaires et des testicules à une époque où
il considérait les Néréides comme hermaphrodites. Cf. Henricü Rathke doctoris equitis el professoris
de Bopyro et Nereide commentationes apatomico-physiologicæ duæ. Rigæ et Dorpati, 1837, p.99 et 41.
? Claparede’s Beobachtungen, etc., p. 52.
5 Rathke’s Beiträge zur Fanna Norwegens, p. 186. Je n'ai pu malheureusement me procurer les ob-
servations récentes de M. Danielssen (Det kongelige norske Videnskab. Selskabs Skrifter, 4 Bind.
Trondhjem, 1859) sur le Scalibregma inflatum. Cet observateur parait avoir constaté que les glandes en
question sont, dans une partie des segments tout au moins, de vrais tesücules. Ce fait esl très-intéres-
sant lorsqu'on le rapproche des homolosies que je viens de constater chez les Syllides entre les glandes
des segments antérieurs et les testicules des segmenis suivants. Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue
les belles observations de M. Hering sur les Alciopes, observations que j'ai déjà mentionnées en passant
M. Hering montre, en effet, que les « vésicules séminales» des Alciopes ne sont que des organes seg-
mentaires transformés. — Il n’est point improbable, à mes yeux, qu'il faille considérer les glandes du
Jme au 45mesegment, chez le Syllides pulliger, comme des organes segmentaires (d’une forme, il est vrai,
exceptionnelle) dont le pore externe n'aurait échappé, et les testicules ne seraient qu'une modification
de ces organes dans les segments suivants.
D44 GLANURES ZOOTOMIQUES
plus longs (fig. 6 6, e) alterner assez régulièrement avec des cirres plus
courts (f). Chez les individus femelles, les œufs sont fixés, après la ponte,
aux cirres plus courts (fig. 6 >, «) des huitième, dixième, douzième,
qualtorzième, seizième, dix-huitième et vingtième segments. Ces cirres
paraissent même se raccourcir encore davantage soit par suite d’une
contraction, soit peut-être par suite d’une dissolution partielle. Ts sont,
dans tous les cas, beaucoup plus courts chez les individus ovigères que
chez ceux qui ne portent pas d'œufs. Dès que l'embryon commence à se
développer, il se recourbe en arc (fig. 6 >, a), reposant par sa concavité
ventrale sur le dos du pied du segment ovigère : son extrémité anale
est solidement attachée au bout du cirre raccourci. Le développement
embryonnaire a lieu exactement comme M. Krohn l'indique. On voit
apparaître (fig. 6 9) à peu près simultanément les trois antennes, les
cirres tentaculaires supérieurs et les deux cirres terminaux. La partie
antérieure ventrale de l'embryon est couverte de cils vibratiles. Les em-
bryons paraissent se détacher du corps de la mère à une époque où ils
ne comptent encore que six segments, et où il n’y a pas encore trace de
armure pharyngienne. Chose singulière, le troisième segment est, à
cette époque, complétement dépourvu de cirres dorsaux (fig. 6 €, a).
Cette circonstance extraordinaire est déjà signalée par M. Krohn.
Je suis d'autant plus heureux de confirmer ici entièrement la belle
découverte de M. Krohn, que j'ai abordé l'étude du Syllides pulliger avec
des idées préconçues, peu favorables à cette découverte. M. Pagenstecher
venait en effet de publier son étade ! fort soignée d’un Syllidé du port de
Cette, auquel il donne le nom d’Exogone gemmifera, mais qui doit rentrer
dans le genre Sylline Grube. L'auteur décrit chez cette espèce un mode de
gemmiparité fort extraordinaire. D’après lui, en effet, les segments de la
région médiane du corps seraient susceptibles de produire de chaque
côté un bourgeon, immédiatement auprès du cirre dorsal. Ce bourgeon
a tout à fait l'apparence des embryons découverts par M. Krobn chez le
! Untersuchungen über niedere Seethiere aus Cette, von Dr Alex. Pagenstecher, I. Abtheil.— Zeitschr.
fur wiss. Zoolog., XIE, 1863, p. 267.
PARMI LES ANNÉLIDES. D45
Syllidés pulligère, avec cette différence qu'ils sont déjà munis d’une ar-
mure pharyngienne à l’époque où ils se détachent du corps de la mère.
M. Pagenstecher s’est basé sur ces observations pour révoquer en doute
celles de M. OErsted, de M. Krohn et de M. Kælliker relativement à la
gestation des œufs par l'Exogone naïdina, le Syllides pulliger ei quel-
ques autres espèces. IT croit même trouver dans les écrits de ces auteurs
des preuves à l'appui de ses doutes, Convaineu qu'il n’est guère possible
de s'attaquer à des autorités scientifiques aussi reconnues sans des rai-
sons très-suflisantes, je ne doulai pas que le Syllides pulliger ne fùt un
Syllidé gemmipare. Toutefois, je le répète, J'ai dû me convaincre que les
observations de M. Krobhn étaient parfaitement exactes et qu'il n'y a par
conséquent aucune raison pour douter de la vérité de celles de M. OEr-
sted et de M. Kaælliker. Bien plus, au risque de me rendre coupable vis-
à-vis de M. Pagenstecher de la même témérité dont il a fait preuve en
face de MM. OErsted, Krohn et Kælliker, je me permets d'émettre quel-
ques doutes timides sur la gemmiparité de l'Exogone [Sylline) gemmi-
fera. W y à trop de ressemblance entre le cas de cette espèce et celui des
Exogones du Danemark et des Syllidés de la Méditerranée, pour qu'on
puisse admettre définitivement, sans un nouvel examen, qu'il ne s'agisse
pas d’un phénomène identique.
C. GENRE SPHÆROSYLLIS Clap. char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, soudés ensemble et séparés seule-
ment par un profond sillon sur la ligne médiane. Pharynx rectiligne, armé d’une seule
aiguille. Proventrieule suivi d’un estomac très-court. Trois antennes ; des cirres ten-
taculaires ; un cirre dorsal et un cirre ventral à chaque segment. Antennes et cirres ja
mais moniliformes, renflés à leur base ou en leur milieu. Pas de génération alternante.
J'ai, dans les lignes qui précèdent, modifié et complété la caractéris-
tique du genre Sphérosyllis'. Le nom même du genre pourra paraître
! Beobachtungen, etc., p. 45.
TOME xvu, 20e PARTIE. 70
546 GLANURES ZOOTOMIQUES
par suite mal choisi. En effet, toutes les espèces ne présentent pas le
renflement sphérique des cirres dorsaux et des tentacules que j'avais re-
connu dans les espèces de Normandie. Cependant, même les espèces
nouvelles présentent certains renflements des cirres, et il ne m’a pas sem-
blé nécessaire pour le moment de modifier le nom du genre.
1. SPHÆROSYLLIS HYSTRIX Clap. ‘
(PI. VI, fig. 1.)
J'ai retrouvé à Port-Vendres cette espèce des côtes de Normandie. J'en
donne aujourd’hui une figure meilleure et plus complète, tout en ajou-
tant quelques détails sur son organisation et son mode de reproduction.
Les individus de Port-Vendres atteignaient une longueur de 3 à 4", et
comptaient environ 30 segments. Les papilles qui hérissent toute la sur-
face du corps sont plus nombreuses sur le dos que sur le ventre. Même
les cirres dorsaux sont légèrement scabres (fig. 1 x). La trompe pharyn-
gienne est recouverte d’une couche colorée par un pigment brunûtre.
Le pigment est interrompu dans un espace annulaire (fig. 1 y, b), situé
un peu en arrière du milieu de la longueur. L’armure, fixée très-près
de l’extrémité antérieure, a la forme d’une pique de carte à jouer. Sur
les côtés du pharynx sont placées des glandes en forme de boyau (fig. 1
3, €) qui vont s'ouvrir à la partie antérieure de l’organe. Elles sont co-
lorées par un pigment brun. Nous retrouvons une trompe pharyngienne
conformée d’une manière toute semblable chez l'espèce suivante, ainsi
que chez la Spermosyllis torulosa. À la suite du pharynx, vient un pro-
ventricule occupant le cinquième et le sixième segment, puis, dans le
septième segment, un petit estomac incolore (fig. 1, b), qui se continue
immédiatement dans l'intestin hépatique en forme de rosaire. Au
point de jonction de cet estomac et de l'intestin, s'ouvrent deux pe-
tites glandes sacciformes (fig. 1, c), homologues des glandes en T des
‘ Beobachtungen, ete., p. 45.
PARMI LES ANNÉLIDES. D47
Syllis. À partir du cinquième segment, on trouve à la base de chaque
pied, reposant sur le plancher ventral, une capsule (fig. 1, d) pleine de
bâtonnets, comme je lai déjà signalé chez les individus de St.-Vaast la
Hougue. Ces bâtonnets, qui sont peut-être des organes défensifs compa-
rables aux capsules urticantes d’autres animaux, sont arrangés régulière-
ment en éventail dans l'intérieur de chaque capsule, leur point de con-
vergence étant toujours situé du côté interne.
J'ai rencontré un seul mâle à l’état de maturité sexuelle. Sa cavité pé-
riviscérale élait entièrement remplie de zoospermes, depuis le dixième au
vingt-sixième segment. L'intestin, comprimé par eux, avait perdu son
apparence de chapelet et était réduit à un mince boyau, un peu élargi
dans la partie postérieure de chaque segment. Tous les segments, du on-
zième au vingt-septième, portaient, en outre du faisceau de soies articu-
lées (fig. 1), de longues soies capillaires parfaitement semblables à celles
des Syllis sexuées, des Polybostriches et des Sacconéréides.
Cette espèce se reproduit donc sans génération alternante, les indivi-
dus munis du proventricule étant en même temps ceux qui produisent
des éléments sexuels.
2. SPHÆROSYLLIS TENUICIRRATA, NOV. Sp.
(PI. VE, fig. 2.)
Cette espèce se distingue immédiatement de la précédente par ses an-
tennes et ses cirres beaucoup plus longs, moins renflés à la base, ainsi
que par absence d’éminences papilliformes à la surface du corps. La
longueur des adultes est de 2®® seulement; ils comptent de 20 à 24 seg-
ments en tout.
Les lobes frontaux sont séparés par un sillon profond et très-large, ce
qui leur donne l'apparence de deux bourrelets épais réunis par une
membrane (fig. 2). Dans l'intérieur, j'ai remarqué cette alternance de
bandes sombres et claires que j'ai déjà décrite chez certaines Syllis, et
qui est due sans doute à l'existence de muscles transversaux. Le lobe
D48 GLANURES ZOOTOMIQUES
céphalique, à peu près deux fois aussi large que long, porte de chaque
côté une paire d'yeux brunätres, dont la première a le cristallin dirigé
obliquement en avant, et la seconde en arrière. Il existe, en outre, deux
taches oculiformes au bord frontal.
Les pieds sont moins saillants que chez l'espèce précédente. Le cirre
dorsal du second segment est au moins d’un tiers plus long que chacun
des suivants. Les soies (fig. 2 6) sont articulées en serpe, à bec simple,
dépourvues des fines dentelures qui existent sur le tranchant de la serpe
chez la S. Hystrix (fig. À B).
La trompe pharyngienne (fig. 2 8) s'étend du second au quatrième
segment; elle est conformée comme chez la S. Hystrix, avec cette diffé-
rence que l'anneau dépourvu de pigment brun (b) est en arrière des deux
tiers de la longueur, et que l’armure en forme de fer de lance est placée
à peu près en son milieu. Le proventricule, qui compte une vingtaine
de rangées transversales de glandes, occupe le cinquième et le sixième
segment. Au point où il s'ouvre dans le petit estomac (fig. 2, c) incolore,
se déversent les deux sacs glandulaires (b) déjà signalés chez la première
espèce.
Les individus mâles comptent treize paires de testicules (fig. 2, d), dis-
posés sur la paroi ventrale, du dixième au vingt-troisième segment. Les
zoospermes développés remplissent toute la cavité périviscérale dans la
même étendue. À partir de l'époque où les zoospgrmes apparaissent, on
voit germer dans chaque segment, du dixième au vingt-deuxième, une
paire de faisceaux de soies filiformes dorsales, qui finissent par atteindre
une longueur au moins double de celle des cirres dorsaux.
Les femelles sont semblables aux mâles; toutefois, je les ai trouvées
dépourvues de soies filiformes, sans que j'ose décider si celles-ci ne s’é-
taient point encore formées, ou si elles avaient déjà disparu, ou enfin
si les femelles n’en possèdent jamais. Les œufs sont rougeûtres, relati-
vement petits et nombreux; ils remplissent tous les segments du dixième
au quatorzième.
PARMI LES ANNÉLIDES. 549
3. SPHÆROSYLLIS PUSILLA.
EXOGONE PuSILLA Dujardin.
(PL. VI, fig. 3.)
Cette Annélide, longue seulement de 2%", parait identique avec l'Exo-
gone pusilla, que M. Dujardin découvrit à Saint-Malô". Ce savant la rap-
porte au genre Exogone OErsted, principalement parce qu'elle porte ses
œufs avec elle pendant leur développement, comme l’£x. naïdina OEr-
sted. Toutefois, elle s'éloigne de ce genre, comme je lai déjà montré ail-
leurs, parce que ses antennes ne sont point implantées dans le sillon
qui séparent les tores frontaux du lobe céphalique. Elle s'en éloigne
encore davantage par la présence de quatre cirres tentaculaires.
Les individus de Port-Vendres sont très-semblables à ceux de Samt-
Mal, avec cette différence qu'ils portent une antenne de moins; mais j'ai
déjà fait remarquer® que l'individu observé par M. Dujardin était mons-
trueux, puisqu'il a deux antennes externes du côté gauche, tandis qu'il
n’en présente qu'une seule du côté droit. Les lobes frontaux (fig. 5) sont
très-larges en arrière, atténués bien qu'obtus en avant. Les quatre yeux
sont disposés sur une ligne arquée, concave en avant. Des cils vibratiles
sont implantés, à droite et à gauche, sur le bord dorsal antérieur du seg-
ment buccal.
Les cirres tentaculaires et les cirres terminaux du dernier segment
sont renflés à la base, et se terminent en pointe à l'extrémité. Entre les
deux cirres terminaux naît un petit appendice ventral (fig. 3 à), non si-
gnalé par M. Dujardin. Les cirres ventraux sont à peu près cylindriques,
mais les cirres dorsaux offrent une forme très-particulière. [ls sont ren-
flés dans leur milieu, presque aussi larges à leur extrémité qu’à leur base,
longs seulement de Omm,09. Dans leur intérieur sont deux corps fusi-
‘ Note sur une Annélide (Exogone pusilla) qui porte à la fois ses œufs et ses spermatozoïdes, par
Félix Dujardin. — Annales des Sciences natur., 3° série, tome XV, 1851, p. 208,
* Beobachtungen, etc., p. 44.
5 M. Dujardin en signale trois.
550 GLANURES ZOOTOMIQUES
formes, longs de 0w%,06, formés par l'agglomération d’une multitude de
petits corps bacillaires, longs de 0®%,006 à Omm,010.
M. Dujardin à considéré ces corpuscules comme des zoospermes, et,
l'individu observé par lui portant en outre des œufs, il en a conclu que
son Exogone pusilla était hermaphrodite. J'ai déjà émis ailleurs des
doutes sur l'exactitude de cette interprétation. Aujourd’hui que j'ai pu
observer moi-même les corpuscules en question, ces doutes se sont com-
plétement confirmés. Les bâtonnets immobiles des cirres n’ont aucune
ressemblance avec les zoospermes d’Annélides. Ils sont, au contraire,
identiques avec le contenu des capsules à bâtonnets que j'ai décrites chez
la S. Hystrix, et qui font complétement défaut soit à la S. tenuicirrata,
soit à la S. pusilla. West probable que leurs fonctions sont les mêmes, et
que ce sont de simples organes urticants, très-voisins de ceux de beau-
coup de Turbellariés ‘.
Il faut encore faire rentrer dans le genre Sphérosyllis, limité comme
je lai dit plus haut, la Syllis clavata Clap*. Quant à la Sphærosyllis Eri-
naceus Clap.”, la séparation complète de ses lobes frontaux sur la ligne
médiane permet de douter que sa place naturelle soit bien dans ce genre.
D. GENRE SYLLINE Grube, char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, intimement soudés sur toute leur
longueur et séparés seulement par un très-faible sillon du côté ventral. Pharynx rec-
tiligne, à armure composée d’une seule aiguille. Proventricule suivi d’un estomac
incolore très-court, dans lequel débouchent deux glandes sacciformes. Trois antennes,
deux paires de cirres tentaculaires, et, dans chaque segment, une paire de cirres dor-
saux, jamais moniliformes. Pas de cirres ventraux. Pas de génération alternante.
! Je n'ai, jusqu'ici, rencontré les capsules à bâtonnets, parmi les Syllidés, que chez des espèces du
genre Sphærosyllis, bien que j'aie examiné toutes les autres espèces sous ce point de vue. Je ne pense
pas que ces organes aient une valeur générique. J'ai rencontré, en effet, dans le Frith of Clyde une To-
mopteris armée de capsules à bâtonnets que je n’ai pu différencier, même spécifiquement, des individus
dépourvus de ces capsules, de la même localité.
* Beobachtungen, etc., p. #1. — * Beobachtungen, etc., p. 46.
PARML LES ANNÉLIDES. 551
SYLLINE BREVIPES, NOV. SP.
(PL. VI, fig. 4.)
Ce petit ver incolore n’atteint qu'une longueur de 1m® et ‘/, à 2mm,
Les adultes comptent jusqu’à 26 segments. Les lobes frontaux (fig. #) sont
intimement soudés au lobe céphalique; les trois antennes, implantées
presque sur la même ligne, sont légèrement renflées en massue et plus
courtes que les lobes frontaux. Il existe quatre yeux, dont deux situés en
avant et deux en arrière du sillon qui sépare le lobe céphalique du pre-
mier segment ou segment buccal. Les deux yeux antérieurs seuls sont
pourvus de cristallins. Cette distribution des yeux sur le lobe céphalique
et sur le premier segment, distribution qu’on observe aussi chez l'Exo-
gone naïdina et chez le Spermosyllis torulosa, produit une apparence
très-particulière qui a conduit M. OErsted à croire qu'il entrait un seg-
ment de plus dans la composition de la tête chez les Exogones que chez
les autres Annélides. Il est cependant facile de reconnaitre que le segment
porteur de la paire postérieure d'yeux est le segment buccal. Cest d'ail-
leurs lui qui, chez la Sylline brevipes, porte les cirres tentaculaires, r'é-
duits, il est vrai, à de simples papilles, et c’est à partir du segment sui-
vant que commencent les pieds. Ceux-ci sont très-courts, au point même
d’être cachés par les contours du corps lorsqu'on examine Fanimal par
sa surface dorsale. [ls renferment un faisceau de soies articulées en serpe.
Quant au cirre dorsal, réduit à une simple papille, il naît de la paroi du
corps, au-dessus du pied. Le dernier segment est muni de deux cirres
terminaux renflés à la base el terminés en pointe. Il est dépourvu d’ap-
pendice ventral médian.
Je n'ai eu sous les yeux que des femelles adultes. Les œufs occupaient
la cavité périviscérale du neuvième au dix-huitième segment. Leur lar-
geur était presque égale à celle du corps (fig. #4 +). Il en existait tantôt
un seul, sphéroïdal, tantôt deux, discoïdaux, par segment. Les segments
qui renfermaient ces œufs ne présentaient pas de faisceau de soies ca-
552 GLANURES ZOOTOMIQUES
pillaires dorsales. Peut-être devaient-elles apparaître plus tard. I] est évi-
dent, dans tous les cas, que cette espèce n’est pas soumise à une géné-
D
ration alternante.
C'est aussi dans le genre Sylline qu'il faut placer, ainsi que je lai in-
diqué plus haut, l'Exogone gemmifera Pag. M. Pagenstecher indique, il
est vrai, deux générations, lune sexuée, l’autre asexuée, chez cette es-
pèce. Mais la seule différence qu'il trouve entre ces deux générations,
c’est que la génération sexuée est munie de soies capillaires qui font
défaut à la génération asexuée. Or, cette différence est nulle à mes yeux,
car les soies capillaires n’ont le plus souvent qu'une existence transitoire,
et tombent avec la plus grande facilité.
C’est aussi dans ce genre Sylline qu'il faut ranger l'Exogone Kefer-
sleini Claparède’. L'absence de cirre ventral et lexistence de cirres
tentaculaires empêchent, en effet, de la laisser dans le genre Exogone
OErsted :.
E. GENRE SPERMOSYLLIS, nov. gen.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, soudés ensemble, séparés l’un
de Pautre par un sillon médian. Pharynx rectiligne, armé d’une seule aiguille. Une
seule antenne, impaire, réduite à l’état d’une simple protubérance en forme de gra-
nule. Une paire de cirres tentaculaires. À chaque segment une paire de cirres dor-
saux rudimentaires. Pas de cirres ventraux. Vraisemblablement pas de génération
alternante.
! Beobachtungen, etc., p. 52.
* Quant à lExogone Oerstedii Külliker et l’Ex. cirruta, elles n’appartiennent pas davantage au genre
Exogone. S'il n y a pas eu d'erreur d'observation, ces deux vers sont dépourvus, ainsi que la Cystonereis
Edwardsii Küliker, d'antenne impaire. Cest une particularité qu’ils n’ont en commun, dans la famille
des Syllidés, qu'avec le genre Microsyllis Clap. V. Einige Worte zur Entwicklungsgeschichte von Eunice
von H. Koch in Triest nebst einem Nachworte von A. Källiker in Zürich. — Neue Denkschriften der Allg.
Schweiz. Gesellsch. f. die gesammt. Naturwiss. Bd. VIII. Neuenburg, 1847.
PARMI LES ANNÉLIDES. 553
SPERMOSYLLIS TORULOSA ‘, NOV. Sp.
(PL. VI, fig. 5.)
Cette espèce se différencie immédiatement de tous les Syllidés jus-
qu'ici connus par l'absence des antennes latérales. L’antenne impaire,
seule présente, est elle-même réduite à un simple granule qui a donné
lieu au nom du genre.
Le corps du ver est long de 11mm; il est extrêmement mince. Chez les
individus observés, il comptait 36 segments. Les lobes frontaux sont
fort saillants et striés de bandes alternativement claires et obscures.
Comme chez la Sylline brevipes, les yeux sont au nombre de quatre, dont
deux sur le lobe céphalique et deux sur le segment buccal. Is sont ré-
duits à état de simples taches pigmentaires, sans cristallin. Les cirres
tentaculaires et les cirres dorsaux ont la forme de petits fuseaux larges
et courts. Les pieds, peu saillants, renferment chacun deux acicules
(fig. 5 «, c), légèrement recourbés à l'extrémité, et des soies articu-
lées en crochet, de deux espèces. Les unes (a), au nombre de trois ou
quatre par faisceau, sont des soies en serpe à un seul bec, dont Particle
est extrêmement court; les autres (b) sont munies d’un article grêle et
long, généralement recourbé en arc. Ces dernières ne sont qu’au nombre
de deux dans chaque faisceau. M. Pagenstecher à déjà décrit des soies
articulées de deux espèces, très-semblables à celles-ci, chez son Exogone
(Sylline) gemmifera.
La trompe pharyngienne s'étend du deuxième au sixième segment.
Elle est conformée comme chez les Sphérosyllis; anneau dépourvu de
pigment brun (fig. 5, b) est placé un peu en arrière du milieu de sa lon-
gueur. Le proventricule compte de 25 à 30 rangées transversales de
glandes.
Les deux seuls individus observés ne renfermaient point d'éléments
‘ Ce nom fait allusion au grand développement des lobes ou tores frontaux.
TOME XVI, 2e PARTIE. 7
554 GLANURES ZOOTOMIQUES
sexuels développés. Toutefois, la grande ressemblance des Spermosyllis
avec les Sphérosyllis et les Syllines, ainsi que le petit nombre des seg-
ments, permettent de supposer qu’elles sont dépourvues de génération
alternante.
F. GENRE ODONTOSYLLIS Clap. char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, séparés dans toute leur longueur.
Pharynx rectiligne. armé d’un demi-cercle de dents. Proventricule suivi d’une partie
incolore du tube digestif, très-courte et dépourvue d’annexes glanduleux. Trois an-
tennes, des cirres tentaculaires et les cirres dorsaux en forme de filaments. Cirres
ventraux pinniformes. Reproduction ?
En outre des caractères signalés dans Ja diagnose, on pourrait encore
relever, comme particulière aux Odontosyllis, l'extrême étroitesse du pre-
mier segment du corps, qui disparait sous la gibbosité du second seg-
ment, et semble comme fondu avec le lobe céphalique.
Chez les Odontosyllis de SL.-Vaast-la-Hougue, que j'ai décrites ailleurs,
il existait, en opposition avec le demi-cercle de dents, un autre demi-
cercle de papilles cornées, de très-petite dimension. Je n’ai pas remarqué
ces papilles chez les espèces de Port-Vendres. Je ne les fais par consé-
quent pas rentrer dans la caractéristique du genre. Je n'ai pas non plus
mentionné dans la diagnose le fait que, dans les deux espèces ci-dessous,
les cirres sont dépourvus de toute trace de division en anneaux. En effet,
les Odontosyllis de la Manche que j'ai décrites, avaient des cirres anne-
lés. Je ne dis pas moniliformes, car les anneaux étaient très-différents
de ceux des cirres des Syllis. Ces cirres étaient en effet beaucoup moins
comparables à un rosaire qu'à un télescope. Les Odontosyllis de la
Manche n'étaient d’ailleurs pas adultes, et cette conformation des cirres
était d'autant plus accusée que les individus étaient plus jeunes. Peut-
être aurait-elle entièrement disparu plus tard. Le genre Odontosyllis est,
du reste, extrêmement naturel; outre les caractères génériques indiqués,
PARMI LES ANNÉLIDES. 555
les Odontosyllis de Port-Vendres partagent avec celles de St.-Vaast la
particularité d’avoir une gibbosité dorsale du second segment, recou-
vrant le segment buccal et même une partie du lobe céphalique. Peut-
être serait-il convenable de faire rentrer aussi cette particularité dans Ja
diagnose du genre.
1. ODONTOSYLLIS FULGURANS.
% SYLLIS FULGURANS (Dugès) Aud. et Edwards
(PI. VIT, fig. 1.)
Le seul individu de cette espèce observé comptait 66 segments, et
atteignait une longueur de 27m, Sa couleur était d’un bel orangé, uni-
forme pour toutes les parties du corps, cirres compris. Au moment où je
plaçai l'animal sur une lame de verre, à l'heure de midi, par une splen-
dide journée d'été, je fus frappé de points élincelants d’un vert émeraude
sur les bords de l'animal. Ces points brillèrent quelques instants et dis-
parurent par degrés. Comprenant qu'il s'agissait d’un phénomène de
phosphorescence, je plaçaï, pour mieux l'observer, animal sur une sur-
face noire. Toute irritalion vive, à l’aide d’une aiguille, faisait paraître
comme deux bandes d’un vert étincelant sur les côtés de l'animal. Au
bout de quelques instants, ces bandes se résolvaient en deux séries de
points éclatants qui paraissaient correspondre à a naissance des pieds.
Plus d’une fois déjà, on a signalé des Annélides phosphorescentes" soit
marines, soit terrestres, mais jamais, je le crois, on n’a parlé d’une lu-
mière assez vive pour éclater ainsi au milieu du jour sous le ciel du
Midi. Dugès, en particulier, a déjà signalé un Syllidé phosphorescent? de
! M. de Quatrefages a même signalé les Syllis comme une des causes de la phosphorescence de la
mer. è
2 Classification des Annélides et description de celles qui habitent le littoral de la France, par MM.
Audouin et M. Edwards. — Annales des Sciences natur., 1833, tome XXIX, p. 229. La lumière produite
par ce ver était aussi fort intense, puisque, au dire de Dugès, elle lui causa « sinon un mouvement de
frayeur, du moins une vive surprise » la première fois qu'il Pobserva, quoique animal fût exposé à la
lumière d'une bougie.
256 GLANURES ZOOTOMIQUES
la plage d'Agde. Il faut, ilest vrai, un peu d'audace pour l'identifier avec
mon Odontosyilis; toutefois, cette espèce ayant été décrite d’une manière
beaucoup trop insuffisante pour pouvoir jamais être retrouvée, je ne
crains point d'embrouiller la synonymie en transportant son nom à l'O-
dontosyllis phosphorescente de Port-Vendres. La disposition des yeux
en carré el surtout la petitesse du premier segment du corps, qui, selon
l'expression de Dugès, (paraît en quelque sorte faire partie de la tête,»
permettent bien de présumer une Odontosyllis dans le ver d'Agde.
Le lobe céphalique de l'O. fulgurans est arrondi et divisé en trois par-
ties par un sillon en Y (fig. 1) placé sur le côté dorsal. La partie an-
térieure, triangulaire, donne naissance aux trois antennes, et, sur son
bord, aux deux lobes frontaux recourbés comme les branches d’une te-
naille. Les deux autres parties portent les yeux, noirâtres et piriformes,
disposés en carré. Le cirre dorsal du second segment est à peu près
deux fois aussi long que chacun des suivants. Je n'ai pas observé de
cirre ventral, mais je doute à peine de son existence, l'ayant reconnu
plus tard chez l'espèce suivante, où il se dérobe facilement aux regards
par suite de sa forme et de sa position. Chaque pied, à partir du second
segment, renferme deux acicules, boutonnés en fleuret à l'extrémité
(fig. 1 x, a), et un faisceau de soies articulées en serpe bidentée (b), avec
article extrêmement petit, comme chez les Autolytus.
La trompe pharyngienne proprement dite est extrêmement courte,
puisqu'elle ne s'étend, à l’état de repos, que dans le sixième et le septième
segment. Mais son épaisse cuticule se continue dans l'intérieur du pro-
ventricule et le tapisse dans toute sa longueur. L’armure pharyngienne
est formée de sept dents recourbées (fig. 4 6), rappelant par leur forme
l'armure de la radula du Pomatias maculatum. Le proventricule est d’une
longueur inusitée. I s'étend jusqu’à l'extrémité postérieure du seizième
segment, et comple environ une centaine de rangées transversales de
glandules. On distingue d’ailleurs dans son tissu deux couches : Pune
corticale incolore, l’autre centrale brunâtre.
PARMI LES ANNÉLIDES. 557
2. ODONTOSYLLIS DUGESIANA.
(PI. VIII, fig 2.)
Cette espèce" est incolore, mais ressemble du reste à la précédente.
Le seul individu observé comptait 65 segments, et atteignait une lon-
gueur de 29m, L'armure pharyngienne et le proventricule distinguent
immédiatement FO. Dugesiana de VO. fulqurans. La trompe est plus
longue, puisqu'elle occupe la longueur de quatre segments. Le proven-
tricule est, en revanche, beaucoup plus court; il ne s'étend que du sep-
tième au douzième segment. L’armure pharyngienne (fig. 2 5) consiste
en neuf pièces. Les cinq médianes sont des sortes de dents crochues, res-
semblant à celles de l'espèce précédente. À droite et à gauche de ces
pièces principales, se trouvent deux lames cornées plus minces, dont la
forme est représentée dans la figure.
À la suite du proventricule se trouve une partie incolore, tubulaire,
(fig. 2, d) du tube digestif, qui est évidemment l'homologue rudimentaire
de l'estomac des Syllis. Elle n’a pas d’annexe glanduleux, et s'ouvre
dans l'intestin hépatique (e) en forme de rosaire. Celui-ci perd sa cou-
leur brune à partir du cinquante-deuxième segment environ, et la région
postérieure de l'intestin est complétement incolore.
Quant aux particularités extérieures qui différencient cette espèce de
la précédente, elles ressortent suffisamment de la comparaison des figu-
res. La tête est plus carrée, les yeux plus arrondis, la gibbosité dorsale
est plus développée. J'ai représenté un pied (fig. 2 +) de cette espèce pour
montrer le cirre ventral, sous la forme d’une palette large et courte atta-
chée à sa base. La surface antéro-supérieure du pied est couverte de cils
vibratiles, comme c’est le cas chez la plupart des Syllidés. Ces cils s’é-
tendent même sur les parties latérales des segments. La soie la plus
supérieure du faisceau est simple et subulée; les autres sont articulées
en serpe.
: Je la dédie à Dugès, l'illustre savant de Montpellier, qui fut peut-être le premier à avoir une Odon-
tosyllis sous les yeux.
558 GLANURES ZOOTOMIQUES
L'individu observé présentait sur le dos deux lignes longitudinales
blanches, résultant de la présence d’un dépôt granuleux dans des cellules
de la paroi intestinale.
G. GENRE TRYPANOSYLLIS, nov. gen.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, séparés sur toute leur longueur.
Pharynx rectiligne, armé à son bord antérieur d’un cercle de dentelures comme un
trépan # Antennes, au nombre de trois, cirres tentaculaires et cirres dorsaux monili-
formes. Cirres ventraux pinniformes. Reproduction par génération alternante. Indivi-
dus sexués semblables à ceux des Syllis.
Les Trypanosyllis sont de véritables Syllis, sauf pour ce qui concerne
armure pharyngienne. Au premier abord, on pourrait être tenté de les
rapprocher plutôt des Autolytus, qui ont une armure analogue. Toute-
fois, les Trypanosyllis s’éloignent de ce genre par leurs antennes et
leurs cirres moniliformes, leurs lobes frontaux très-saillants, la grande
longueur de Particle en serpe des soies, l'absence d’une antenne impaire
chez les individus sexués, tandis que, sous tous ces rapports, ils se com-
portent comme les Syllis.
TRYPANOSYLLIS KROHNI, nov. Sp.
(PI. VI, fig. 2.)
A l'état stolonifère, cette espèce‘ atteint une longueur de 23, et
compte 94 segments, dont environ 72 appartiennent à la souche agame,
et 22 au stolon sexué. Les segments, surtout dans la partie antérieure du
corps, sont larges et fort courts. Ils sont ornés sur le dos de deux raies
transversales violettes (fig. 2). Cette coloration, intense dans la partie anté-
rieure du corps, devient de plus en plus faible en arrière, et elle dispa-
rail vers le quarante-deuxième segment environ. L'individu sexué est
* Je la dédie à M Aug. Krohn, en commémoration de ses belles recherches sur la génération des Syllis.
PARMI LES ANNÉLIDES. 559
complétement incolore. Le lobe céphalique est arrondi, un peu échan-
cré à son bord postérieur, qui est cilié. Les lobes frontaux sont de forme
triangulaire. J'ai compté 15 articles à chacune des trois antennes, 24 au
cirre tentaculaire supérieur et 12 à 24 aux cirres dorsaux. Le cirre dor-
sal du second segment n’est pas plus long que les autres; mais, dans
toute l'étendue du corps, des cirres plus longs alternent régulièrement
avec des cirres plus courts. Les articles des antennes et des cirres sont
remplis de corpuscules ovoïdes (fig. 2 +). Les pieds, cylindriques et tri-
labiés, renferment deux acicules dont la pointe soutient la petite lèvre
supérieure. Le faisceau compris entre les deux lèvres latérales est formé
par des soies en serpe à deux rostres (fig. 2 8).
Le pharynx porte à son bord antérieur une couronne d’une dizaine de
dents peu saillantes (fig. 2 9). Le nombre des dents parait toujours être
identique à celui des papilles de la trompe’. Le proventricule s'étend
du vingtième au trentième segment, ce qui n'implique point une lon-
gueur exceptionnelle à cause du peu de longueur des segments. L’intes-
tin hépatique est étranglé, au point de donner naissance à de véritables
poches latérales (fig. 2, y) comparables à celles des Aphroditacés. C’est un
résultat de la brièveté des segments. Cette conformation de l'intestin dis-
paraît cependant complétement chez les individus sexués. Le seul Trypa-
nosyllis observé en voie de reproduction avait produit un stolon du sexe
masculin, long de 22 segments, muni de quatre yeux et dépourvu d’an-
tenne impaire. Les soies capillaires dorsales n'avaient pas encore apparu.
J'ai compté 18 paires de testicules ventraux, constitués exactement comme
chez les Syllis*. La première paire appartient au troisième segment, et
la dernière au vingtième. Cet individu sexué était à peine plus large que
sa souche agame.
Le sang de la T. Krohni est d'une belle couleur rose pâle.
‘ Iles, en effet, à remarquer que beaucoup de Syllidés ontle bord de la trompe garni d'un cercle de
papilles ou tentacules rudimentaires. C’est donc à tort que Savigny dénie ces organes à toute la famille.
? On voit par ce chiffre combien le nombre des testicules est variable dans Ja famille des Syllidés, 1
ne faut pas oublier, en effet, que certains Polybostriches n'en ont que trois ou même que deux paires.
560 GLANURES ZOOTOMIQUES
H. GENRE PTEROSYLLIS Claparède, char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux très-saillants, séparés dans tonte leur longueur.
Pharynx sinueux, armé d’un cercle complet de dents. Proventricule s’ouvrant directe-
ment dans l'intestin hépatique, sans intercalation d’un estomac ni de glandes annexes.
Antennes au nombre de trois. Cirres tentaculaires, cirres dorsaux et cirres terminaux
moniliformes. Cirres ventraux pinniformes, à l'exception de ceux du pénultième seg-
ment qui sont moniliformes. Bord occipital du lobe céphalique muni d’ailerons ciliés.
Pas de génération alternante.
Je complète de cette manière la diagnose du genre Ptérosyllis, que
j'ai établi’ pour une espèce (P. formosa) de la Manche. Les appendices
occipitaux, caractéristiques du genre, sont quelque chose de si inusité
chez les vers adultes, qu’on pourrait être tenté de soupconner en eux des
organes natatoires larvaires. Je m'étais cependant déjà prononcé contre
celte hypothèse à propos de l'espèce de la Manche, bien que je ne l’eusse
point observée à l’état de maturité sexuelle, La découverte d’une nou-
velle espèce de Ptérosyllis pleine d'œufs mûrs met hors de doute la va-
leur de ce genre.
PTEROSYLLIS DORSIGERA, NOV. Sp.
(PI. VI, fig. 1.)
Cette espèce est longue de 5mm et compte 15 segments, c’est-à-dire un
de moins que l’espèce de St.-Vaast. Elle s’en distingue surtout par ses
lobes frontaux moins arrondis, par la grandeur des yeux ventraux et par
la coloration. Les yeux sont tout semblables à ceux des individus sexués
du genre Autolytus, c’est-à-dire des Polybostriches et des Sacconéreïdes.
Les yeux ventraux, au lieu d’être de simples petites taches pigmentaires
comme chez l'espèce de St.-Vaast, sont d'énormes corps ovales, tandis
‘ Beobachtungen, etc., p. 46.
PARMI LES ANNÉLIDES. 561
que les yeux dorsaux sont beaucoup plus petits et arrondis. Les ailerons
ciliés du bord occipital sont très-semblables à ceux de la P. formosa.
De petits cils vibrent sur toute la surface des lobes frontaux et sur les
côtés de la tête. Tous les segments, à partir du second, portent sur le
dos une figure violette en forme d’un æ, dont chaque moitié aurait
des contours légèrement hexagonaux (fig. 1). Cette figure devient peu à
peu indistincte dans les segments postérieurs. Le premier segment porte
simplement un Z violet, dont le trait médian se prolonge sur le lobe
céphalique. En outre, tous les segments, à partir du septième, présen-
tent une coloration générale brune. En même temps, leur forme devient
différente de celle des segments antérieurs, les étranglements inter-seg-
mentaires prenant plus de profondeur, et les côtés des segments deve-
nant plus saillants. La couleur brune est due simplement à lintestin
hépatique, qui reproduit assez exactement la forme extérieure du corps.
Le pénultième segment est à peu près cylindrique, et le dernier conique.
Cette forme du corps, très-différente de celle de la plupart des Syllidés,
parait se retrouver dans le genre Amblyosyllis Grube.
J'ai compté 16 articles à chacune des trois antennes, bien que l'impaire
soit notablement plus longue que les externes, 28 au cirre tentaculaire
supérieur, 6 ou 7 au cirre tentaculaire inférieur, de 20 à 30 aux cirres
dorsaux. Ceux-ci sont alternalivement plus longs et plus courts". Tous
ces organes sont moniliformes. Leurs articles sont toujours remplis de
petits corpuscules ovales; ceux des tentacules et des cirres tentaculaires
sont, en outre, ornés de taches roses. Les pieds (fig. 1 9) renferment
trois acicules dont la pointe pénètre dans la petite lèvre supérieure, di-
gitiforme. Les deux lèvres latérales comprennent entre elles un faisceau
de soies en serpe bidentée, dont les articles terminaux sont assez allon-
gés (fig. 1 +). IT existe, en outre, deux petits acicules (fig. 1 d, a) à la base
du cirre dorsal. Le cirre ventral est attaché à la naissance du pied. Le
‘ Une alternance semblable de cirres longs et courts est déjà signalée par M. Krobn chez sa Syllis fissi
para (indéterminable) , et par M, Grube, chez sa Syllis zebra. Je l'ai notée également chez le Syllides
pulliger, la Trypanosyllis Krohnii, etc.
TOME XVII, 2e PARTIE. 7È
…
562 GLANURES ZOOTOMIQUES
pénultième segment est dépourvu de soies et porte, au lieu du cirre
ventral pinniforme, un cirre filiforme, annelé comme les cirres dorsaux.
Cette particularité, qui se retrouve aussi chez la P. formosa, est tout à
fait exceptionnelle dans la famille des Syllidés. I serait mtéressant d’exa-
miner à ce point de vue le genre Amblyosyilis qui, d’après les dessins
de M. Grube, paraît avoir les derniers segments du corps très-sembla-
bles à ceux des Ptérosyllis.
La trompe pharyngienne est extrêmement longue et ne peut se retirer
à l’intérieur du corps qu'en faisant plusieurs circonvolutions, comme
chez la P. formosa. Son bord antérieur est garni d’une couronne de sept
dents principales (fig. 1 8), comprenant entre elles de petites dentelures
beaucoup plus courtes. La trompe débouche dans le proventricule qui
est au sixième segment et communique immédiatement avec l'intestin
hépatique. L'individu observé était du sexe féminin. La cavité périvis-
cérale, du septième au douzième segment, était entièrement remplie d’o-
vules larges de 0®m,051. L'intestin étant extrêmement dilaté, les ovules
ne formaient qu’une mince couche entre sa paroi et celle du corps. La
P. dorsigera est parmi les Annélides connues, une de celles qui arri-
vent à maturité avec le plus petit nombre de segments. Les Amblyosyllis
de M. Grube ne comptaient également que 16 segments, mais je ne sais
si les individus observés par lui étaient adultes. Je suis disposé à le
croire, car, abstraction faite de l’armure pharyngienne dont M. Grube
ne fait pas mention, les Amblyosyllis ressemblent de tous points à des
Ptérosyllis dépourvues d’ailerons occipitaux et de lobes frontaux.
I. GENRE AUTOLYTUS Grube, char. emend.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux non saillants. Pharynx sinueux, armé d’un
cercle complet de dents. Antennes, au nombre de trois, cirres tentaculaires et cirres
dorsaux jamais moniliformes. Cirres ventraux nuls. Reproduction par génération al-
ternante, sauf dans le sous-genre Stephanosyllis. Sexes souvent dissemblables. Indi-
vidus sexués toujours munis d’une antenne impaire.
PARMI LES ANNÉLIDES. 565
Ce n’est pas sans quelque hésitation que j'ai modifié de cette manière la
caractéristique du genre Autolytus Grube. Les espèces de ce genre ont été
rencontrées par de nombreux observateurs, et doivent être considérées
comme occupant une place définitive dans la science. Malheureusement,
certains caractères qui ont, à mes yeux, une importance toute particu-
lière pour la classification zoologique, ont été jusqu'ici entièrement né-
gligés. Ni M. Grube, ni MM. Frey et Leuckart, en particulier, ne signa-
lent l’élégante armure pharyngienne du genre Autolytus, tel que je le
comprends. Même M. Alexandre Agassiz, qui vient de publier une révi-
sion du genre, la passe entièrement sous silence, et, cependant, le moin-
dre croquis de cette armure eût fait plus pour la fixation de ses espèces
que bien des figures qui enrichissent son mémoire. Seul, M. Krohn men-
üonne, chez l'Autolytus prohfer étudié par lui, une élégante couronne
de petites dents droites, pointues et cornées. Je n'ai donc aucune espèce
de doute que cet Autolytus de M. Krohn rentre bien dans le genre tel
que je le conçois, et je crois pouvoir présumer que les Autolytus des
autres auteurs présentaient, eux aussi, la couronne pharyngienne. Les
Autolytus des autres auteurs offraient d’ailleurs tous certains autres ca-
ractères en commun avec les miens. Ainsi, les sinuosités de la trompe,
l'extrême brièveté de l'appendice articulé des soies falcigères, l'absence
du cirre ventral, le développement extraordinaire des yeux ventraux chez
les individus sexués, la présence d'un cirre impair chez les individus
sexués, etc.
1. AUTOLYTUS RUBROVITTATUS, NOV. SP.
(PL. VIL, fig. 3.)
Cet Autolytus atteint une longueur de 10m%. Le plus grand individu
observé comptait en maximum 61 segments, dont 38 appartenaient à Ja
souche agame, et 25 au stolon. Le corps est incolore, sauf trois lignes
longitudinales rouges sur le dos de l'individu agame. De petites granu-
lations incolores sont distribuées dans la peau, et forment une bande
564 GLANURES ZOOTOMIQUES
transversale sur le dos de chaque segment. Sur le premier et le second
segment, ces granulations sont accumulées de manière à laisser subsis-
ter deux petites bandes lisses, arquées (fig. 3 a), dont la position est
exactement celle des épaulettes que je décrirai chez lAutolytus scapu-
laris.
La tête est fort large au bord frontal, et porte dans sa moitié posté-
rieure quatre yeux disposés en trapèze, dont la paire antérieure à le eris-
tallin dirigé en avant, et la paire postérieure en arrière, Il existe, en
outre, de chaque côté une petite tache pigmentaire, entre le bord frontal
et la base de l'antenne externe. M. Krohn à dénié complétement les lobes
frontaux aux Autolytus, mais je crois que M. Grube à raison en considé-
rant la partie inférieure du bord frontal comme étant lhomologue de
tores frontaux intimement soudés au lobe céphalique.
Le cirre tentaculaire supérieur est à peu près de même longueur
que les antennes. Le cirre tentaculaire inférieur est au moins de moitié
plus court. Les cirres dorsaux équivalent à peu près à la moitié de la
largeur du corps; seul, le cirre dorsal du second segment est à peu près
cinq fois aussi long que les autres. M. Grube et M. À. Agassiz statuent
aussi une plus grande longueur de ce cirre chez l'A. prolifer Gr. et chez
VA. cornutus Ag. Les pieds sont bilabiés, et renferment, outre lacicule,
un faisceau renfermant plusieurs soies composées à article très-court,
vaguement tridenté (fig. 5 5, a), et, en outre, une seule soie en forme
d’aiguille à extrémité obtuse (b), sur laquelle une très-fine pointe vient
s'implanter comme une alène dans son manche.
La trompe pharyngienne s'étend, en faisant une sinuosité en S, du
quatrième au huitième segment. Son bord antérieur est orné d’une cou-
ronne très-élégante (fig. 3 +), large de Omm 10. Cette couronne porte, en
général, sept dents principales, longues et aiguës, séparées les unes des
! Ce cirre dorsal du second segment se distingue par sa longueur exceptionnelle chez un très-grand
nombre de Syllidés, et mériterait à ce point de vue le nom de cirre tentaculaire. J'ai préféré cependant
restreindre le nom de cirres tentaculaires aux cirres des segments antérieurs non sétifères ; or le second
segment est toujours muni de soies chez les Syllidés.
PARMI LES ANNÉLIDES. d65
autres par quelques dents (en général, quatre ou cinq) de même forme,
mais plus petites. Le bord postérieur de la couronne est aussi très-fine-
nement dentelé, Le proventricule étend du cinquième segment au
dixième, où il s’ouvre directement dans un intestin en rosaire, presque
incolore.
Le seul individu observé en voie de reproduction portait un bourgeon
du sexe féminin, long de 25 segments. Les individus sexués pêchés en
liberté comptaient de 18 à 25 segments. Leur tête, deux fois aussi large
que longue, est divisée en lrois parties par un sillon en forme de V évasé
(fig. 5 ). Du milieu de la partie antérieure où médiane nait l'antenne
impaire. Les antennes externes sont implantées aux deux extrémités du
V. Les parties latérales portent les quatre gros yeux habituels chez les
bourgeons sexués d’Autolytus. Les yeux inférieurs seuls ont paru munis
de cristallin. Le segment buccal porte une seule paire de cirres tentacu-
laires, comme chez la plupart des autres espèces. Les pieds sont consti-
tués comme ceux des individus agames; ils sont seulement relativement
plus saillants. Le dernier segment est muni de deux longs eirres termi-
naux. Les soies filiformes dorsales commencent au sixième segment, et
vont jusqu'au dix-neuvième. Chez les bourgeons encore attachés à lin-
dividu agame, ces soies ne font pas saillie au delà des téguments. J'ai
rencontré des femelles nageant en liberté, chez lesquelles les soies étaient
encore plus courtes que les cirres dorsaux. Chez d’autres, elles étaient
deux fois plus longues que ceux-ci, et même davantage.
Par elles-mêmes, ces femelles sont incolores, mais les œufs dont elles
sont remplies leur donnent une coloration d’un gris rosàtre. En général,
les ovules ne commencent qu'à partir du quatrième segment. Ils sont
de grande taille et au nombre d’une centaine seulement. Une seule
fois, j'ai rencontré une femelle complétement remplie d'œufs à partir du
segment buccal.
Les mâles paraissent être beaucoup plus rares que les femelles. Je
n’en ai pas rencontré un seul, et ne puis dire, par conséquent, S'ils pré-
sentent la forme de Polybostriche.
566 GLANURES ZOOTOMIQUES
2. AUTOLYTUS ROSEUS, noOV. Sp.
(PI. VIL, fig. 4.)
Je ne connais cette élégante espèce que sous sa forme de Sacconéréide.
Elle atteint une longueur de 10w®, et compte 60 segments. Elle est ca-
ractérisée par sa couleur rose, due à des bandes transversales sur le dos
de chaque segment (fig. 4 +). Les antennes et les cirres dorsaux sont éga-
lement d’un beau rose, mais les cirres tentaculaires sont incolores. Le
sac ovigère, étranglé en 8, est d’un bleu de turquoise, couleur prove-
nant des œufs. La tête est armée d'antennes extrêmement développées
et rivalisant avec celles des Polybostriches. En outre des trois antennes
dorsales, il existe deux petits tentacules inférieurs (fig. 4 +, a). L’exis-
tence de ces organes, qui n’ont été signalés chez aucune autre Sacconé-
réide, ne doit pas trop nous surprendre, puisqu'il existe également deux
petits tentacules supplémentaires chez les Polybostriches, en outre des
trois antennes dorsales et des deux tentacules, ciliés et bifurqués, que Je
considère comme les homologues des lobes frontaux. Les yeux ventraux
sont extrêmement développés, comme chez la plupart des Sacconéréides,
et munis d’un cristallin. Les yeux dorsaux m'en ont paru dépourvus. Il
existe deux paires de cirres tentaculaires. Les auteurs n’en signalent, il
est vrai, qu’une chez la Sac. Helgolandica M. Müll. et la Sac. Cettensis
Pag.; mais M. Agassiz paraît en figurer aussi deux chez les femelles de
son Autolytus cornutus', à moins que l'organe que j'interprète dans sa
figure, comme second cirre tentaculaire ne soit homologue du tentacule
inférieur dont je viens de parler.
Les pieds (fig. 4 G) sont formés par deux lèvres en forme de palette,
entre lesquelles est placé le faisceau de soies articulées en serpe (fig. 4 >).
Le cirre dorsal est implanté sur un article basilaire distinct'qui est re-
couvert de cils vibratiles, de même que la base du cirre du côté supé-
rieur. Dans le seul individu observé, les faisceaux de soies capillaires
dorsales commençaient à partir du neuvième segment, et cessaient avec
! Alex. Agassiz. Loc. cit., pl. IX, fig. 1.
PARMI LES ANNÉLIDES. 567
le vingt-unième. Les 40 derniers segments du corps en étaient donc dé-
pourvus. Chez la plupart des autres Sacconéréides, ces soïes capillaires
paraissent, au contraire, s'étendre jusqu'à une petite distance de lextré-
mité postérieure. Le sac ovigère s'étendait du onzième au vingt-unième.
3. AUTOLYTUS SCAPULARIS, NOV. Sp.
Sous-genre STEPHANOSYLLIS.
(PI. VIT, fig. 5.)
Ce magnifique Syllidé se distingue immédiatement à sa brillante co-
loration. Le dos est vert, à l'exception de la ligne médiane blanche et
d’une bordure de chaque côté, formée par un ruban blanc et un ruban
noir. Immédiatement derrière le lobe céphalique sont deux espèces d’é-
paulettes (fig. à) ou plaques scapulaires, noires, entourées d’une bande
blanche‘. Cette coloration s’est trouvée la même chez tous les individus
observés; elle devient seulement moins vive dans la partie postérieure
du corps, où les raies noires passent graduellement à un beau rose vio-
lacé. L’A. scapularis atteint une longueur de 52% en maximum, el
compte jusqu’à 72 segments. La surface dorsale est très-aplatie, et les sil-
lons intersegmentaires s'y effacent presque complétement; le corps est
large d’un millimètre et demi, S'atténuant graduellement en arrière et se
rétrécissant brusquement en avant pour former le petit lobe céphali-
que arrondi. Celui-ci porte, outre deux paires d’yeux noirs, trois an-
tennes d’un rose violacé, longues et enroulées, dont l'extrémité seulement
présente une très-vague division en articles. Le segment buccal, plus de
deux fois aussi large que le lobe céphalique, porte deux paires de cirres
tentaculaires, la supérieure étant près de deux fois aussi longue que lin-
férieure. Les deux segments suivants, c’est-à-dire les deux premiers séli-
gères, portent des cirres dorsaux, enroulés comme les antennes. Le pre-
mier est à peu près aussi long que les antennes; le second atteint environ
‘ Ces épaulettes ne sont point comparables aux ailerons des Ptérosyllis. Elles ne s'élèvent, en effet, pus
sensiblement au-dessus du niveau du reste du dos et ne sont point ciliées.
568 GLANURES ZOOTOMIQUES
le tiers de leur longueur, et les cirres dorsaux des segments suivants sont
deux fois plus courts, dépourvus de toute trace darticulation, et incolores.
Les pieds (fig. 5 z) sont extrêmement courts, bilabiés et armés de soies
falcigères (fig. 5 5) à article extrêmement petit. Les six premiers segments
du corps sont fort courts et comme condensés en une seule masse. Au
seplième segment, le corps s’élargit brusquement, et, en même temps,
chaque segment devient environ trois fois plus long que chacun des pré-
cédents. Dans la partie postérieure du corps, les segments deviennent de
nouveau plus étroits, serrés les uns contre les autres, et leurs cirres dor-
saux élargis prennent, dans les 18 derniers segments environ, l'appa-
rence de palettes imbriquées les unes sur les autres. Le dernier segment
porte deux cirres transformés en palettes ovales (fig. 5 >).
L'armure de la trompe pharyngienne consiste en une couronne formée
par le bord antérieur de la cuticule épaissie (fig. 5 2). Cette couronne
compte, en général, neuf ou dix dents principales, très-aiguës, un peu
recourbées à l'extrémité, et autant de petites dentelures intercalées entre
elles. La trompe est recourbée en S dans sa gaine, et débouche dans un
proventricule qui s'ouvre lui-même directement dans l'intestin hépatique,
J'ai rencontré quelques individus remplis d'œufs; ceux-c1 paraissent
engendrés par tous les segments à partir du treizième. Les ovules mesu-
aient Omm 078 en diamètre. Rien n’annonçait chez ces individus une
division transversale prochaine, et, malgré la grande longueur de ce ver,
tout semble indiquer qu'il se reproduit sans génération alternante. I n°y
a, du reste, pas d'exemple qu'un bourgeon sexuel enlève à individu
souche la plus grande partie de sa longueur. Or, il ne faut pas oublier
que, grâce à l’extrême contraction des segments antérieurs, le treizième
segment est à peu près au niveau de l'extrémité postérieure du proven-
ticule. Je crois donc avoir le droit de considérer les individus observés
comme de véritables femelles et non comme des individus agames en
voie de prolification .
’ Cette opinion est d’autant plus vraisemblable que les individus sexués des autres Autolytes sont de
véritables bourgeons, reconnaissables comme tels dès le commencement de leur formation,
PARMI LES ANNÉLIDES. 569
L’A. scapularis ment donc dès lors à son nom générique, et pourtant
il est impossible de l’éloigner entièrement du genre Autolytus. Il partage
avec lui l’absence des cirres ventraux, la couronne dentelée du pharynx,
la trompe sinueuse, la briè veté de l'article terminal des soies, c’est-à-dire
tous les caractères essentiels du genre, et je ne pense pas qu’il soit pos-
sible d'en former un genre à part, uniquement à cause de l'absence de
la génération alternante. Je crois pourtant qu'on peut trouver dans cette
espèce des caractères, secondaires il est vrai, mais d'importance suffisante
pour permettre la formation d’un sous-genre, pour lequel je propose le
nom de Stephanosyllis. Ces caractères sont le grand développement, non
seulement des cirres tentaculaires du segment buccal et du cirre du
second segment, mais encore de celui du troisième (fait, je le crois, excep-
tionnel chez les Syllidés), de manière à ce que tous ces cirres forment
avec les antennes comme une grande houppe de filaments à l'extrémité
antérieure de l'animal; puis la condensation des segments antérieurs en
une masse plus étroite que les segments suivants, et enfin la forme de
palette des cirres des derniers segments du corps.
K. GENRE POLYMASTUS nov. gen.
Diagnose. Syllidés à lobes frontaux bien circonserits, mais non saillants en avant
du bord frontal. Pharynx rectiligne, inerme. Trois antennes en forme de lobes tra-
pézoïdaux. Pieds piriformes. Cirres tentaculaires et cirres dorsaux transformés en
tubereules surmontés d’une sphère. Sur le dos quatre rangées longitudinales de sphères
semblables aux cirres dorsaux. Pas de cirres ventraux. Reproduction ?
POLYMASTUS PARADOXUS, NOV. Sp.
(PL. VIN, fig. 3.)
On peut hésiter, au premier abord, à placer dans la famille des Sylli-
dés le singulier ver dont la description va suivre. Cependant, l'existence
de pieds uniramés, munis de soies articulées en serpe, l'existence d’un
pharynx doublé d'une épaisse cuticule et surtout celle d’un proventricule
ToME xvH, 20e PARTIE. 75
570 GLANURES ZOOTOMIQUES
dont la paroi renferme des rangées transversales de glandes, me font
penser que sa place naturelle est bien celle que je lui assigne.
Le seul Polymastus observé ne dépassait pas une longueur de 3 ‘/,"",
et complait 55 segments en tout. Son lobe céphalique est arrondi en
avant, et porte en dessus trois appendices (fig. 5, a et b) ou lobes saillants,
de forme trapézoïdale, hérissés de quelques soies tactiles. Je les consi-
dère comme des antennes modifiées. Deux organes tout semblables
(fig. 5 x, 6) se trouvent placés du côté ventral de ce lobe céphalique, et
doivent être considérés comme des tentacules inférieurs. Entre ces der-
niers sont placés les lobes frontaux (fig. 3 +, d), qui ont ici la forme de
coussinets ovalaires. Leur bord dépasse bien, en réalité, légèrement le
bord frontal du lobe céphalique; mais cette partie est entièrement re-
couverte par l'antenne impaire, lorsqu'on examine l'animal par sa sur-
face dorsale. Les yeux sont au nombre de quatre, disposés en trapèze,
les deux postérieurs ayant leur cristallin dirigé en arrière, et les deux
antérieurs obliquement en avant. Ceux-ci sont placés moins sur le lobe
céphalique lui-même que sur la base des antennes externes (fig. 5).
Le dos du ver présente six rangées longitudinales de sphères reposant
chacune sur une petite éminence en forme de tore. La rangée externe
de chaque côté correspond, par sa position, à des cirres dorsaux, et j’hé-
site d'autant moins à considérer ces organes comme des cirres dorsaux
transformés, que les Sphærodorum et les Ephesia fournissent un exem-
ple d’une transformation toute semblable. D'ailleurs, le dernier segment
a ses deux cirres terminaux également modifiés en sphères, munies, il est
vrai, d’un appendice conique représentant la pointe du cirre. Les quatre
rangées médianes sont conformées exactement comme les externes, et
leur présence ne doit pas non plus trop nous surprendre, une fois que
nous avons reconnu en elles homologue de cirres. Nous savons, en effet,
que, chez plusieurs vers, la région dorsale des segments est susceptible
de produire des appendices cirriformes. Tel est le cas, par exemple, pour
les branchies de divers Ariciens, qui existent en outre des cirres dorsaux.
Quoi qu’il en soit, lous ces organes (fig. 3 3) sont identiques, formés d’une
PARMI LES ANNÉLIDES. 571
enveloppe assez épaisse, hérissés de quelques soies roides et renfermant
des corpuscules ovoïdes, brunâtres. Ces corpuscules, qui existent aussi
dans le tore sous-jacent, sont peut-être comparables aux granules ren-
fermés dans les boyaux des cirres sphériques ‘chez les Sphærodorum.
Dans les deux cas, ces cirres sont peut-être des organes dans lesquels
s'accumulent des substances excrémentitielles.
Il est à remarquer que les deux rangées médianes de sphères com-
mencent dès le premier segment, mais que les deux rangées situées plus
à l'extérieur commencent seulement à partir du second. Le premier
segment du corps porte donc sur le dos, non pas six sphères, comme
chacun des suivants, mais seulement quatre.
Lorsque lon regarde l'animal par sa surface ventrale, on voit le bord
formé par la série des cirres dorsaux sphériques. Immédiatement en de-
dans de ces organes est une rangée de corps piriformes (fig. 5 +, g), dont
la pointe est tournée vers l'extérieur et dont la partie renflée sert à l’im-
plantation d'un faisceau de soies. Ce sont évidemment les homologues des
pieds des autres Annélides. Au premier segment, ce pied piriforme est
remplacé par une simple sphère (fig. 5 «, f’) dépourvue de soies, qui
doit être considérée comme un cirre tentaculaire inférieur. Les soies
sont relativement courtes et minces, à serpe terminale fort petite (fig. 3
>, à). Chaque pied renferme, en outre, un acicule (fig. 3 », b) presque
deux fois aussi long et trois ou quatre fois aussi large que les soies. Son
extrémité est légèrement renflée en un bouton mucroné.
Le pharynx est dépourvu de toute armure proprement dite, mais sa
cuticule épaissie, se termine en avant, sinon par une couronne de dents
comparables à celles des Autolytus, du moins par un bord non épaissi,
légèrement crénelé (fig. 5 à). Le proventricule, semblable à celui des
Syllis, s'ouvre directement dans Pintestin hépatique. Celui-ci est profon-
dément étranglé par les dissépiments intersegmentaires, de manière à
produire des poches latérales exactement comme chez la Trypanosyllis
Krohnu.
572 GLANURES ZOOTOMIQUES
$ VHI.
Sur quelques espèces nouvelles ou peu connues de la
famille des Euniciens.
A. GENRE LUMBRICONEREIS Grube, str. s. dict.
(LuwerNerIs Blainville).
LUMBRICONEREIS UNICORNIS Grube.
(PI. IV, fig. 2.)
Cette espèce a été établie par M. Grube, en 1840, sur un individu
mutilé qui ne lui a pas permis d’en faire une étude bien approfondie;
cependant, les données de cet observateur si exact sont parfaitement suf-
fisantes pour que je puisse identifier avec cette espèce les individus dont
la description va suivre.
Les Lumbriconereis unicornis observées à Port-Vendres atteignaient,
en maximum, une longueur de 45% sur une largeur d’un millimètre
et demi. Le corps des adultes compte de 125 à 130 segments. Le plus
petit individu observé atteignait à peine une longueur de 9mm, et ne
comptait que 24 segments. La couleur est d’un rose chair. Le lobe cé-
phalique (fig. 2), large, arrondi en avant, porte sur son bord postérieur
deux yeux noirs parfaitement circulaires, entre lesquels se dresse l'an
tenne caractérisque de l'espèce. Cette antenne dépasse à peine la lon-
gueur du lobe céphalique; elle est renflée à la base, et présente quelques
aspérités à sa partie amincie. Le segment buccal et le suivant sont tous
deux dépourvus de cirres et de tubercules sétigères. Tous les segments,
# Actinien, Echinodermen und Würmer des Adriatischen und Mittelneeres nach eigenen Sammlungen
beschrieben, von Dr Ad. Ed. Grube. Künigsberg, 1840, p. 80.
PARMI LES ANNÉLIDES. 275
à partir du troisième, présentent de chaque côté un pied conique bilabié
(fig. 2 3), portant à sa base un cirre dorsal relativement court. Il en sort
un double faisceau de soies. Le faisceau antérieur est formé par des soies
composées en serpe bidentée (fig. 2 €, bb"), au nombre de six à neuf par
faisceau. Le faisceau postérieur est formé par quatre ou cinq soies sim-
ples, à terminaison géniculée et falciforme (fig 2 £, a). Chaque pied ren-
ferme, en outre, un acicule. Jusqu'au quinzième segment (treizième
sétigère), il n'existe que ces soies-là; mais, à partir du suivant, on voit
apparaitre, en outre, dans chaque faisceau une seule soie simple à cro-
chet bifide, fort épaisse (fig. 2 T, c), dont l'extrémité est enfermée entre
les valves du cuilleron membraneux, si fréquent chez les soies des Anné-
lides. Le dernier segment se termine par deux cirres coniques obtus.
L'appareil digestif est formé selon le type de la famille. L'appareil
masticateur exsertile se compose de quatre pièces dorsales de chaque
côté (fig. 2 5) et de deux pièces ventrales. Ce sont précisément les dix
pièces les plus constantes dans l'appareil masticateur des Euniciens.
Chez les femelles, les ovules ne se développent qu'à partir du soixante-
deuxième segment.
Rien, dans cette description, ne s'oppose à l'identification de cette es-
pèce avec la L. unicornis Gr., sauf peut-être la présence d’un cirre dor-
sal à tous les segments sétigères. M. Grube ne mentionne, en effet, ce
cirre que dans les premiers segments, mais il paraît lui-même ne pas
être parfaitement certain de ce fait. M. Grube a déjà constaté l'existence
de quatre espèces de soies, sans indiquer cependant comment elles sont
réparties dans les pieds.
B. GENRE ZYGOLOBUS Grube.
(PI. IV, fig. 3-5.)
Sous le nom de Zygolobus, M. Grube' vient de décrire un nouveau
‘ Beschreibungen, etc. Sechster Beitrag. — Archiv für Naturgeschichte, XXIX, 1863, p. 40,
D74 GLANURES ZOOTOMIQUES
genre, voisin des-Lombriconéréides, caractérisé par la présence de deux
folioles implantés sur le bord antérieur et supérieur du segment buccal
et inclinés sur le lobe céphalique. I est évident que le ver décrit par moi!
sous le nom de Lumbriconereis Edwardsii, dans mes recherches sur les
Annélides des côtes de Normandie, doit rentrer dans ce genre. Il est, en
effet, caractérisé par la présence de ces deux organes que j'ai désignés
provisoiremert sous le nom d'antennes rudimentaires, tout en montrant
qu'ils ne sont vraisemblablement point les homologues des antennes oc-
cipitales d’autres espèces. Je reconnais avec M. Grube la convenance
d'établir un genre particulier pour ces vers, genre que je crois, du reste,
encore mieux caractérisé par l'absence de véritables antennes. Il est, en
effet, possible que les véritables Lumbriconéréis présentent quelque chose
d'analogue à ce que M. Grube appelle les folioles occipitaux. J'ai montré
que ces organes prennent naissance au fond d’une poche située sur le
bord antérieur du segment buccal. Or, il existe une poche toute sembla-
ble, bien que dépourvue de folioles saillants, chez la Lumbriconereis uni-
cornis (PI. IV, fig. 2).
Sous le nom de Lumbriconereis tingens, M. Keferstein® a décrit de
St.—Vaast-la-Hougue un ver tout semblable au Zygolobus Edwardsu et
ne semblant en différer que par la conformation des soies. Il est, en
effet, presque indubitable que ce ver présente les folioles céphaliques,
bien que ces organes aient échappé à l’auteur. J'ai déjà remarqué ail-
leurs combien il était singulier de voir deux vers, pour ainsi dire identi-
ques par lous les autres caractères, différer aussi profondément lun de
l’autre par la conformation des soies. M. Keferstein décrit, en effet, la
L. tingens comme ayant des soies subulées et des soies en crochet sim-
ples, tandis que j'indique pour la L. /Zygolobus) Edwards des soies su-
bulées et des soies falcigères composées. Supposant une erreur d’obser-
vation de la part de l’un ou de l’autre des deux observateurs, je fus très-
content de retrouver à Port-Vendres des Zygolobus qui semblaient, au
" Beobachtungen über Anatomie, etc., p. 58.
* Untersuchungen über niedere Seethiere, p. 102.
PARMI LES ANNÉLIDES. 575
premier abord, identiques avec ceux de Saint-Vaast. Ils en offraient, en
effet, la taille et la couleur. La forme des soies m’enseigna bientôt qu'il
s'agissait d'espèces différentes, mais, en même temps, je reconnus que,
soit M. Keferstein, soit moi-même, nous avions raison dans nos observa-
tions et qu'il existe des Zygolobus à soies articulées et d’autres à soies
simples. Parmi les individus en apparence très-semblables entre eux de
Port-Vendres, on peut, en effet, distinguer deux espèces.
La première parait identique avec le Z. Laurentianus Gr.' de Saint-
Martino, près de Lussin piccolo. La seule différence que je constate, en
effet, entre les individus de Port-Vendres et ceux que décrit M. Grube,
c’est que les premiers offrent des folioles occipitaux beaucoup plus larges.
Les soies sont de deux espèces; seulement, les unes? sont des soies
subulées en sabre (fig. 3, b); les autres sont les crochets simples (a),
dont le bec est finement denticulé en dessus. J'ai remarqué chez cette
espèce que les crochets sont primitivementsurmontés d'un prolongement
en lancette (a') très-aiguë, comme celui que j'ai décrit aux soies com-
posées de la Psamathe cirrata Kef. De même que chez cette espèce, l'ap-
pendice ne tarde pas à se briser lorsque la soie, dans sa croissance, est
sortie du tubercule sétigère. L'appareil masticateur, dont je n’ai pas con-
servé de dessin, m'a paru très-semblable à celui du Z. Edwardsu.
L'autre espèce, à laquelle je donne le nom de Zygolobus Grubianus,
atteint une longueur de près d’un décimètre, et présente la même cou-
leur rose à reflets irisés que les espèces précédentes, mais elle n'offre pas
ces granules piriformes jaunes que j'ai décrits sous la cuticule du Z.
Edwardsiü et qui existent aussi chez le Z. Laurentianus de Port-Vendres.
En revanche, chaque segment présente dans son milieu des stries brunes
transversales, peu marquées. Chez cette espèce, j'ai trouvé des crochets
de deux natures bien distinctes. Les premiers sont des soies articulées
Loc. cit., p.40.
* Elles forment le groupe supérieur de soies dans chaque faisceau; le groupe inférieur étant formé par
les crochets.
5 M. Grube n'indique pas ces dentelures, mais cette différence est sans importance et tient sans doute
à ce que ce savant n'a pas eu recours à des grossissements suflisants.
* Beobachtungen, ete., p. 55.
576 GLANURES ZOOTOMIQUES
en serpe, à bec unique (fig. #4, a). Ces soies forment le groupe inférieur ‘
des faisceaux dans les 25 premiers segments sétigères. À partir du sui-
vant, c’est-à-dire à partir du vingt-cinquième segment, elles sont rem-
placées par des crochets simples (b), vigoureux, ressemblant à ceux que
M. Keferstein a décrits de la L. tingens.
Les màchoires sont conformées un peu autrement que dans le Z. Ed-
wardsi. H existe, en particulier, une pièce additionnelle à l'appareil
masticateur dorsal.
Il faut sans doute rapporter aussi au genre Zygolobus la Lumbricone-
reis quadristriata Gr.* (OEnone maculata Edw.*). Cette belle espèce, assez
commune à Port-Vendres, présente, en effet, sur le bord antérieur et
dorsal du segment buccal, immédiatement en arrière de la paire d’yeux
médiane, deux bourrelets (fig. 5, b) en forme d’auricules, garnis de cils
vibratiles. Ces organes sont évidemment les homologues des folioles des
autres Zygolobus, lesquels portent aussi, à leur base tout an moins, des
cils vibratiles.
C. GENRE LYSIDICE Savigny.
LYSipicE MAHAGONI, nov. sp.
(PL. Il, fig. 4.)
Cette Lysidice, longue de 5 centimètres environ, compte de 115 à 120
segments. Elle est d’une belle couleur de vieil acajou, semée de taches
blanches circulaires (fig. 4). Ces taches couvrent irrégulièrement le lobe
céphalique et les segments suivants. Plus en arrière, elles sont rappro-
chées en une bande transversale sur le milieu de chaque segment. Une
1 Le groupe supérieur est formé par des soïes simples en sabre, semblables à celles de l'espèce pré-
cédente.
? Actinien, Echinodermen, etc., p. 79,
* Le règne animal, par Georges Cuvier, — Édition illustrée. Annélides, par Milne Edwards, pl. XI,
fig. 4.
PARMI LES ANNÉLIDES. 5717
bande blanche occupe le quatrième segment (second sétigère) et la moi-
tié du segment suivant.
Les trois antennes occipitales sont plus courtes que le lobe céphali-
que, renflées à la base et situées dans l'intervalle des deux yeux. Derrière
elles se trouve un espace incolore, empiétant sur le segment buccal.
Les pieds (fig. 4 6) commencent à partir du troisième segment; ils por-
tent sur leur base un cirre dorsal renflé en bas (d) et, plus près de
l'extrémité, un cirre ventral plus court, en forme de nageoïire (e). Les soies
forment un double faisceau : le supérieur (fig. ? 3), formé de soies en
arête simples, subulées; l'inférieur, formé de soies composées (b) en
serpe bidentée. L'intérieur du pied loge, en outre, deux ou trois aci-
cules. À partir du dix-huitième segment (seizième sétigère), on voit appa-
raître, au bord antérieur de ce double faisceau, d’épais crochets (ec) à
deux becs, dont l'extrémité est comprise entre deux valves minces.
Les mâchoires (fig. 4 +) sont composées de cinq pièces de chaque côté
à la paroi dorsale et d’une seule à la paroi ventrale. Ces mâchoires sont
d’un noir intense, sauf les dents qui sont blanches.
Les simples caractères de coloration suffisent pour distinguer la L.
Mahagoni de toutes les autres espèces. La L. punctata Gr. "est, il est vrai,
lachetée d’une manière analogue, mais elle est dépourvue de la bande
blanche, et d’ailleurs son lobe céphalique est bilobé, tandis que celui de
notre espèce a le bord entier.
M. Keferstein* a observé à Saint-Vaast-la-Hougue une variété de la
L. Ninetta Audouin et M. Edwards, qui offre une certaine ressemblance
de coloration avec la L. Mahagoni. Elle présente, en particulier, comme
elle un espace blanchâtre derrière les antennes, mais son bord frontal
est divisé en deux lobes par une échancrure, ce qui n’est point le cas
pour la L. Mahagoni. S'il devait être démontré un jour que l’échan-
crure du lobe céphalique n’a point l'importance spécifique qu’on lui ac-
corde d'ordinaire chez les Euniciens, il faudrait peut-être, malgré la
1 Beschreibungen, etc. — Troschel’s Archiv für Naturgeschichte, XXI, 1855, p. 95.
? Untersuchungen über niedere Seethiere, p.101
TOME xvu1, 200 PARTIE. 74
578 GLANURES ZOOTOMIQUES
différence de coloration, réunir à la L. Ninetta Aud. et Edw. non-seu-
lement la L. punctata Gr. à bord frontal échancré, comme l'a fait M. Ke-
ferstein, mais encore la L. Mahagoni à bord frontal entier.
D. GENRE EUNICE Cuvier.
1. Eunice Harassir Aud. et Edw.
(PI. LL, fig. 8.)
Il est à peine permis d’énumérer l'E. Harassu parmi les espèces d’An-
nélides peu connues. En effet, non-seulement elle a servi d'objet aux
recherches d’Audouin et de Milne Edwards', mais encore M. Grube*
en a publié une description anatomique extrêmement soignée. On peut
même dire hardiment que peu de genres d’Annélides sont aujourd’hui
aussi bien connus que le genre Eunice l’est grâce aux recherches con-
cernant VE. Harassü. Toutefois, nous ne possédons jusqu'ici aucune
bonne figure de cette espèce, et les individus que j'ai rencontrés à Port-
Vendres présentent une coloration si différente de ceux décrits par Au-
douin et Milne Edwards, qu'ils méritent une mention spéciale. J’aurais
même été tenté de les considérer comme une espèce distincte, si M. Grube
n’avait constaté déjà une certaine variabilité dans la coloration de cette
espèce.
Les E. Harassu de Port-Vendres atteignent une longueur d’un déci-
mètre environ. Elles sont colorées d’un rouge vineux, à l'exception de la
tête, du troisième segment, du sixième et d’un mince filet placé au bord
dorsal antérieur du huitième segment et de tous les suivants (fig. 5).
Toutes ces parties-là sont d’un beau blanc; à la tête cependant, on trouve
un cercle rouge à la base de chacune des antennes, et la lèvre supérieure
bilobée est également colorée en rouge vineux. Un mince filet rouge
existe enfin au bord antérieur du troisième et du sixième segment. Les
! Classification des Annélides, etc. — Annales des Sciences natur., {re série, tome XXVIII, p.215.
* Zur Anatomie und Physiologie der Kiemenwürmer, von Dr Adolph Eduard Grube. Künigsberg 1838,
p: 95.
PARMI LES ANNÉLIDES. 579
antennes, les cirres dorsaux du second segment et les cirres de tous les
pieds sont moniliformes, à éléments séparés les uns des autres par une
échancrure profonde. Les bords de l'échancrure sont colorés en rouge;
le reste est blanc. Cette coloration donne à la partie antérieure du corps
une certaine ressemblance avec l'Eunice zonata delle Chiaje‘, mais chez
celle-ci les anneaux blancs reparaissent à tous les troisièmes segments
dans toute la longneur du corps. Audouin et Milne Edwards ne décri-
vent pas d’anneaux blancs chez les individus observés par eux. En re-
vanche, M. Grube signale déjà chez VE. Harassi la couleur blanche du
cinquième segment (rouge chez les individus de Port-Vendres), en ajou-
tant que cette couleur s'étend parfois au quatrième, cinquième et
sixième. Les éléments, en forme de grains de chapelet, sont toujours peu
nombreux. J'en ai trouvé, en moyenne, 7 aux trois antennes médianes,
5 aux antennes externes et aux cirres dorsaux du second segment, 4 ou
5 aux cirres dorsaux des pieds.
Chaque pied (fig. 5 5) présente dans la partie antérieure du corps
deux acicules, un faisceau supérieur de soies subulées (fig. 5 +, «) et un
faisceau inférieur de soies articulées (b) en serpe bidentée; mais, vers le
milieu du corps, on voit dans chaque segment s'associer à ces soies un
crochet bifide (c) non articulé, très-fort, et, en outre, les acicules devien-
nent plus nombreux, et prennent la forme d’une lame de sabre fort large
(d), noire à la pointe et incolore à l'autre extrémité. Dès l'apparition du
crochet simple et des acicules en sabre, le nombre des soies articulées
en serpe est réduit à une seule par pied. Les soies des deux dernières es-
pèces avaient échappé aux observateurs antérieurs, ainsi que deux petits
acicules (fig. à 6, e), qui sont placés constamment à la base du cirre
dorsal.
Je vois apparaître les branchies, comme M. Grube, à partir du cin-
quième segment. La première paire est simplement bifurquée, mais les
paires suivantes deviennent graduellement plus complexes et pectinées
* Descrizione e notomia degli animali invertebrati della Sicilia citeriore, osservati vivi negli anni
1822-1830 da S. delle Chiaje. Tomo terzo. Napoli, 1841, p. 94, pl. 105, fig. 6.
580 GLANURES ZOOTOMIQUES
du côté externe. Chaque rameau branchial (fig. 5 9) renferme une artère
et une veine sur la ligne médiane, mises en communication à droite et
à gauche par une série de petits vaisseaux anastomotiques transverses,
qui ont, du reste, été déjà aperçus par M. Grube. A la base de chaque
branchie, on trouve, sur le côté dorsal des tubercules sétigères, une tache
circulaire sombre (fig. 5 6, d), dans laquelle j'ai été tenté, au premier
abord, de soupçonner un organe visuel; toutefois, je n’ai découvert dans
l'intérieur aucun corps réfringent. Je n'ai, du reste, rien à ajouter à
l'excellente monographie anatomique de M. Grube.
2. EUNICE TÆNIA, nov. sp.
(PI. IV, fig. 11.)
Cette nouvelle Eunice est, sans contredit, l’une des Annélides les plus
remarquables de Port-Vendres. C’est, en tous cas, un géant parmi les
Annélides européennes. Sans atteindre la longueur ni le diamètre de
V'Eunice gigantea Cuvier de la mer des Indes, qui mesure 4 pieds et da-
vantage en longueur, elle atteint une longueur d'environ 6 centimètres
sur une largeur qui ne dépasse pas 6 à 7mm, Le nombre des segments
s'élève jusqu’à 750 ou 800, tandis que, d'après Savigny", il n’est que de
448 chez un individu, il est vrai incomplet, de l'Eunice (Leodice Sax.)
gigantea. La couleur de l'animal est d’un gris margaritacé, à reflets iri-
sés, semblable à celui que présentent plusieurs espèces de Néréides.
Les branchies se détachent sur les côtés du corps par leur rouge intense.
Le bord frontal est assez profondément échancré (fig. 11), de manière
à constituer deux lobes, en arrière desquels sont placées les cinq antennes
caractéristiques des Eunices. En arrière de celles-ci sont deux yeux noirs.
Le segment buccal est plus de deux fois aussi long que chacun des sui-
vants. Le second segment porte deux cirres dorsaux; il est dépourvu de
pieds. À partir du troisième segment apparaissent les pieds uniramés
(fig. 11 2), portant chacun un cirre dorsal filiforme, à large base, et un
1 Système des Annélides, p. 49.
PARMI LES ANNÉLIDES. d81
cirre ventral court et épais, placé plus près de l'extrémité du pied. En
outre, un tubercule terminal domine louverture par laquelle sortent
les soies subulées. Comme dans tout le reste de la famille, il existe à
chaque pied, outre les acicules, un faisceau de soies supérieures subu-
lées (fig. 11 x, f) et un faisceau inférieur de soies articulées en serpe
(fig. 11 6) très-indistinctement denticulée. Tant que la soie est jeune,
l’'appendice en forme de serpe est surmonté d’une petite pointe en lan-
cette (fig. 11 6, a), semblable à celle que j'ai décrite chez la Psamathe
cirrata Kef. et chez le Zygolobus Laurentianus Gr. Dans les segments an-
térieurs, il existe trois acicules noirs dans chaque pied. Plus en arrière,
on n'en compte plus que deux, puis qu'un seul, mais il existe, en outre,
quelques acicules minces, incolores. On retrouve chez cette Eunice les
petits acicules spéciaux (fig. 11 2, e) de la base du cirre dorsal que jai
décrits chez diverses autres Annélides".
Les branchies commencent plus en arrière que chez aucune autre Eu-
nice, à savoir à partir du deux-centième segment environ. Elles ne sont
point pectinées comme chez les autres espèces du genre, mais sim-
plement filiformes (fig. 11 y, d). Je ne sais si peut-être une complication
des branchies dans la partie postérieure du corps m'aurait échappé.
M. Grube? signale, en effet, chez l'Eunice Siciliensis Gr. des branchies
simplement filiformes du cinquième au quatre-vingt-cinquième ou au
quatre-vingt-quinzième segment, et des branchies bifurquées dans les
segments suivants.
Il est probable que, dans les segments de la partie postérieure du corps,
il existe des crochets simples, semblables à ceux dont j'ai reconnu l’exis-
tence chez tous les Euniciens que j'ai examinés sous ce rapport. Je ne
les ai toutefois pas observés chez cette espèce.
! M. Max Müller avait déjà avant moi signalé ces acicules du cirre dorsal chez la Sacconereis Helgo-
landica, Ueber Sacconereis Helgolandica, von Dr Max Müller. Müller’s Archiv für Anat. Phys und wiss.
Medicin 1855, p. 15. — M. Fritz Müller les mentionne aussi chez la Sigambra Grubii. V. Emiges über
die Annelidenfauna der Jnsel Santa Catharina. Archiv für Naturg. 1858, p. 215.
* Actinien, Echinodermen und Würmer, p. 83.
582 GLANURES ZOOTOMIQUES
$ IX.
Sur un Lycoridien du genre Micronéreis.
(PI. VI, fig. 4.)
J'ai établi ‘ le genre Micronéréis pour une très-petite Annélide de
Saint-Vaast-la-Hougue. J'ai retrouvé à Port-Vendres des individus du
même genre qui appartiennent vraisemblablement à la même espèce
(M. variegata). Les seules différences que je constate, en effet, entre les
individus des deux localités sont les suivantes : ceux de Port-Vendres
sont plus longs (6 millim. au lieu de 4), leur couleur est violacée au
lieu de brunâtre, et les yeux postérieurs sont tout aussi bien munis de
cristallin que les antérieurs. Enfin les mâchoires offrent un nombre de
dentelures plus considérable. Jai constaté, en outre, l'existence d’une
troisième pièce maxillaire (fig. 4 a), impaire, fort petite; mais Je sup-
pose que cette pièce, vu sa petitesse, avait échappé à mon observation
chez les individus de la Manche. Du reste, les dessins très-exacts que
J'ai rapportés des Micronéréis de la Méditerranée, concordent entière-
ment avec ceux des individus de la Manche. Les quelques différences
que je viens d'indiquer ne sauraient avoir de valeur spécifique.
‘ Beobachtungen, etc., p. 57.
PARMI LES ANNÉLIDES. 583
A
Sur deux Aphroditacés nouveaux du genre Palmyre.
Pendant longtemps, le genre Palmyra Sav. n’a compté qu’une seule
espèce (P. aurifera Sa.) des Mascarennes. A une époque récente, le
genre s’est accru de deux espèces brésiliennes découvertes par M. Fritz
Müller ‘, d’une espèce de la Méditerranée décrite par M. Grube* et de
quelques formes provenant du voyage de M. Schmarda. Port-Vendres
m'a fourni deux espèces nouvelles qui, par leur facies général et par les
plus importants de leurs caractères, sont de véritables Palmyres, mais
qui s’écartent cependant assez, par quelques caractères secondaires, des
espèces Jusqu'ici connues pour devoir former deux sous-genres. L'une
d'elles, en effet, au lieu de présenter les cinq antennes caractéristiques
du genre, en possède jusqu’à six et même jusqu’à huit, si l’on fait entrer
en ligne de compte les coussinets frontaux, qui prennent ici une forme
de pseudo-tentacules. Je donne le nom de Palmyropsis au sous-genre
caractérisé par cette multiplicité des antennes. L'autre espèce ne présente
pas de palées au segment buccal; elles y sont remplacées par des soies
capillaires. Le sous-genre, caractérisé par l'existence de ces soies, pourra
porter le nom de Palmyrides.
1. PALMYRA (PALMYRIDES) PORTUS VENERIS, nov. Sp.
(PI. VIII, fig. 5.)
Cette Palmyre est plus petite que toutes les espèces jusqu'ici connues.
Elle ne dépasse pas, en effet, un millimètre et demi de longueur, et sa
! Ueber die Annelidenfauna der Jnsel Santa Catharina an der Brasilianischen Küste von Dr Fritz
Müller. — Archiv für Naturgeschichte 1858, p. 211.
* Beschreibungen, etc. — Archiv für Naturg. XXI, 1855, p. 90.
D84 GLANURES ZOOTOMIQUES
largeur atteint presque à la moitié de ce chiffre. Sa couleur est d’un vert
gai. La tête porte cinq antennes, comme chez toutes les Palmyres pro-
prement dites. Elles sont vaguement articulées, à peine renflées à la base.
Les plus externes sont les plus longues. La face inférieure de la tête pré-
sente deux espèces de coussinets (fig 5 +, a), faisant saillie au delà du
bord frontal et rappelant par leur apparence les coussinets frontaux des
Lycoridés et des Syllidés. Ces coussinets n’ont été signalés chez aucune
des espèces jusqu'ici décrites. Du côté dorsal, le lobe céphalique porte
quatre yeux disposés en carré (fig. à). Ils sont munis chacun d’un
cristallin, dirigé droit en avant dans la paire antérieure, et obliquement
en arrière dans la postérieure, permettant ainsi, comme chez les Polyoph-
thalmes et divers Syllidés, une vision en sens opposés. Le segment buccal
est sétigère, et présente une paire de pieds conformés comme ceux des
segments suivants. Son cirre ventral est seulement plus allongé, jouant le
rôle de cirre tentaculaire, Sur le dos du segment, une petite éminence
sert à l'implantation des faisceaux de soies capillaires, caractéristiques
du sous-genre Palmyrides. Tous les segments suivants présentent une
paire de pieds, qu'au premier abord on est tenté d'appeler uniramés. Ce-
pendant, un examen plus attentif montre qu'il existe une rame dorsale
rudimentaire (fig. à 6, c) moins accentuée que chez les autres Palmyres.
Cette rame dorsale porte une rangée de palées, disposées en éventail ro-
tacé et légèrement imbriquées les unes sur les autres. Ces palées (fig. 5 »),
longues de Onw,22 à Omm 95 et larges de Omm,045, ont la forme d’une
large faucille légèrement incurvée, à manche court et à lame dentelée
en scie. Leur surface présente environ seize côtes, parallèles au bord de
la lame, et on aperçoit en outre des stries extrêmement fines, perpendi-
culaires à la direction des côtes. Immédiatement en dehors du tubercule
qui porte les palées, naît le cirre dorsal, cilié à la base (fig. 5 6, a). Ce
cirre ne doit exister que de deux en deux segments, à en juger par les
données des auteurs sur la Palmyra aurifera; mais j'ai négligé de cons-
tater s’il en était ainsi chez cette espèce. La rame ventrale renferme un
acicule, strié en travers comme les palées, et porte un faisceau de soies
PARMI LES ANNÉLIDES. 585
qui ne sont point simples comme celles que Savigny', Audouin et Milne
Edwards* décrivent chez la P. aurifera, mais composées (fig. 5 4). M.
Grube en décrit du reste de très-semblables chez sa Palmyra debilis. Le
cirre ventral est beaucoup plus court que le cirre dorsal et rapproché de
l'extrémité de la rame. Celle-ci présente des cils vibratiles à sa base, du
côté supérieur.
Le nombre total des segments est de 15.
Le système digestif se compose d’un pharynx et d’un intestin hépa-
tique. Le pharynx incolore pénètre jusqu’à l'extrémité postérieure du
quatrième segment. C’est un organe extrêmement musculeux (fig. 5 £, b)
renfermant deux mâchoires dures (a), arquées, divergentes en arrière.
Savigny, Audouin, Milne Edwards signalent chez la P. aurifera des mà-
choires qu'ils appellent demi-cartilagineuses, sans en indiquer le nombre.
Cependant il est permis de supposer que cette espèce en possède quatre,
puisque ces auteurs indiquent ce nombre de mâächoires comme carac-
téristique de tous les Aphroditacés. M. Grube, qui déclare cependant
avoir très-bien vu le canal digestif de la P. debilis, ne mentionne aucune
mâchoire chez cette espèce. Il affirme, en revanche, que l'intestin est
simple, sans appendices latéraux. Tel nest point le cas chez le Palmy-
rides Portus-Veneris. Son intestin rappelle celui des Polynoés, et des
Aphrodites. Il est brun, et présente une paire de diverticules latéraux
dans chaque segment (fig. 5 €). Son extrémilé antérieure donne même
naissance de chaque côté à un prolongement (d) qui pénètre dans les
trois segments situés plus en avant, et y forme aussi des diverticules la-
téraux.
Chaque segment, à partir du troisième, présente du côté ventral une
paire de cellules à bätonnets, semblables à celles que j'ai décrites ailleurs”
{ Système des Annélides, principalement de celles des côtes de l'Égypte et de la Syrie, par Jules-
César Savigny, membre de l'Institut d'Égypte, p.17.
? Classification des Annélides et description des espèces qui habitent les côtes de France, par Victor
Audouin et Milne Edwards. — Annales des Sciences natur. XXVII, 1832, p. 292.
5 Beobachtungen, etc., p. 52, etce Mémoire L'identité des capsules de cette Palmyre avec celles des
Sphærosyllis est complète. — Je dois rappeler à ce propos que M. Fritz Müller signale chez la Cherusca
TOME XVI, 20€ PARTIE. 75
586 GLANURES ZOOTOMIQUES
chez d’autres vers, en particulier chez des Syllidés et les Sphærodorum.
Les éléments reproducteurs flottent dans la cavité du corps; je n'ai
rien noté de particulier à leur sujet, si ce n’est le diamètre extraordinaire
des ovules. Leur largeur atteint, en effet, Oum,5, c’est-à-dire plus de la
moitié de celle de l'animal. Je n’ai jamais vu plus de cinq ovules arriver
simultanément à malurité.
2. PALMYRA (PALMYROPSIS) EVELINÆ, nov. sp.
(PI. VIT, fig. 6.)
Cette Palmyre, bien que de petite taille, est pourtant bien plus grande
que la précédente. Elle atteint en effet une longueur de 10 à 19mm, Sa
couleur est d’un brun verdätre. Le nombre'des segments varie chez les
adultes de 36 à 40. Les antennes et tous les cirres tentaculaires présen-
tent une forme identique. Ils présentent, comme chez la P, debilis Gr.,
un renflement piriforme à la base et s’atténuent régulièrement vers le
sommet en un filet cylindrique, présentant çà et là de petites soies tac—
tiles. La tête, ornée de quatre yeux noirs, est dépourvue d'antenne im-
paire. Elle porte, du côté dorsal, seulement deux antennes frontales
(fig. 6, a). Mais sur les côtés, incliné plutôt vers le dessous de la tête, se
trouve à droite et à gauche une paire de cirres latéraux @ et c), repo-
sant sur un article basilaire. Les organes que nous avons désignés chez
l'espèce précédente sous le nom de lobes frontaux, sont ici extrêmement
développés, et prennent une apparence tentaculiforme (fig. 6, f). Es sont
extrêmement renflés à la base et un peu plus étroits vers le milieu de
leur longueur qu’à leur extrémité largement obtuse'. Le segment buccal
nitens de petits sacs remplis de soies délicates et roides, susceptibles d’être rejetées en foule à l'extérieur
par une ouverture placée à la base des pieds. Ce sont sans doute des organes de même nature, V. Fritz
Müller. Loc. cit., p. 217.
* Cette transformation des lobes frontaux en antennes doit d'autant moins nous surprendre que les
Syllidés nous présentent des exemples de transformation toute semblable. Les antennes frontales bifur-
quées et ciliées des Polybostriches sont en effet, comme je l'ai déjà indiqué en passant, des lobes frontaux
transformés. M. Rathke a déjà considéré les lobes frontaux des Syllis comme les homologues des an-
tennes externes des Néréides. Cf. Beiträge zur Fauna Norwegens. Loc. cit. p.165.
PARMI LES ANNÉLIDES. 587
porte, outre les cirres tentaculaires, des palées implantées dans la rame
rudimentaire. Ces palées ne sont point étalées en éventail comme dans
les segments suivants, mais groupées en un faisceau. Les segments sui-
vants sont conformés comme chez l'espèce précédente. Les palées (fig. 6
a, a) ont toutefois une forme différente, comparable plutôt à celle d’une
cognée qu'à celle d’une faucille. En effet, l'un des bords seulement est cur-
viligne, l'autre étant parfaitement droit. Le nombre des côtes longitudi-
nales est seulement de sept à huit, et, dans les intervalles, se présentent
des lignes de points. La palée est ornée de fines stries perpendiculaires à
la direction des côtes. Son manche est recourbé dans un plan perpendi-
culaire à celui de la lame (fig. 6 x, b). La longueur des palées est de
Omm,5; leur épaisseur, mesurée près du bord, est de 0,012. Pas plus
que le Palmyrides Portus-Veneris, la Palmyropsis Eveline ne présente,
en outre des palées, ce petit faisceau de soies de la rame dorsale qu’Au-
douin et Milne Edwards signalent chez la Palmyra aurifera. M. Grube
a déjà remarqué l'absence de ces soïes chez sa P. debihs.
L'appareil digestif est conformé comme chez l'espèce précédente; son
pharynx musculeux pénètre jusqu’au dixième segment. Les mâchoires
(fig. 6 8) ont la forme de fortes aiguilles présentant une dilatation en
forme de spatule à leur extrémité postérieure. Elles sont au nombre de
deux seulement.
588 GLANURES ZOOTOMIQUES
RECTIFICATION.
Le ver céphalobranche décrit dans ce mémoire sous le nom d’Amphiglene Armandi
a déjà reçu de M. Leydig le nom d'Amphicora mediterranea, dans un mémoire‘ qui
m'avait échappé, parce qu’il est principalement consacré à l’étude de mollusques. Le
nom spécifique donné par M. Leydig doit done être conservé par droit de priorité. Il
n’en est pas de même du nom générique, puisque j'ai montré dans ce mémoire que
le ver en question ne saurait être réuni aux Fabricies (Amphicores d'Ehrenberg). Il
devra donc porter dorénavant le nom d’Amphiglene mediterranea.
Dans cet excellent mémoire, qui renferme en particulier nne très-bonne étude des
branchies et des capsules auditives, M. Leydig à déjà constaté l'androgynie des Afh-
phiglènes. Cependant, à l’époque où il fit cette découverte, cette androgynie parais-
sait tellement exceptionnelle, qu'il se refusa à y croire, et qu'il préféra supposer une
connexion entre les eorps si semblables à des œufs qu’il avait observés et des pseudo-
navicelles parasites de PAmphiglène. Nous avons vu, cependant, que l’androgynie de ce
ver, aujourd'hui d’ailleurs moins inattendue, est bien positive, et que l’observation de
M. Leydig était par conséquent une découverte véritable. En effet, en face des doutes
de son auteur, je dois relever un fait omis comme inutile dans le texte de ce mémoire,
c’est que la cavité périviscérale de l'Amphiglène renferme, adhérants à la paroi ven-
trale, des ovules dans toutes les phases de croissance, comme chez les autres Anné-
lides.
M. Leydig a déjà observé le canal cilié que je eonsidère comme le canal exeréteur
d’une glande sécrétant le tube du ver. Il supposait que cet organe faisait partie de
l'appareil respiratoire. Il n’est point nécessaire de combattre ici cette manière de voir
que l’auteur soutiendrait à peine aujourd’hui.
1 Anatomische Bemerkungen über Carinaria, Firola und Amphicora, von Dr Franz Leydig. — Zeitschr.
für wiss. Zoologie, III, 1851, p. 325.
1.
LR
3.
4
6.
ve
co
10.
PARMI LES ANNÉLIDES.
TABLE PAK ORDRE DE MATIÈRE
AYANT RRDPOS Eee eee en du ee eee Le see deu dela
Recherches sur un Polyophthalmien peu connu ............................
e- sur les Térébellacés du genre Aphlébine de Quatrefages ............
— sur quelques Serpulacés nouveaux... :........................
— SUDGUÉLQUES ADICIENSNOUNEAUX nero
— sunquelques Capitellacés nouveaux. .:.......... 0...
—— sur un Phyllodocien du genre Oxydrome ........................
— sur quelques espèces nouvelles ou peu connues de la famille des Euniciens .
— sur un Lycoridien du genre Micronéréis ............................
— sur deux Aphroditacés nouveaux du genre Palmyre. ...................
RTE Se one ET OT EE SM CDS ORNE
581)
390 GLANURES ZOOTOMIQUES
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES ESPÈCES ÉTUDIÉES DANS CE MÉMOIRE.
Amphicora mediterranea Leydig. V. Amphiglene. he
Amphicorina. V. Fabricia.
AmphilenameneanAleCE-E CRE CC eee CRC ECC CCCCCE 492 et 588
Rondes AUrICHATIS, NOV SNsere ce ere cc ee EC eee 505
Aphiebinalemaloles NOVeSPe Eee eee -Ecre-r-Ere ere Pre 485
+, MEN ob tbavontasoidonnoedpaordhoosc us GES S hat 485
ENS TND BE édoouscon ononeod eee 0000 ER TAN Tone Co 502
ATITOLYÉUSITOSEUS MOV SP eemere eee Tec cceenreem-c-c--es---.---r- 566
—— D CTUDTONITAUISATION- SD eee eee eee ce Crete CCC Cle a 563
SCA PUITS ATOY SD eee eee CEE CEE CC CE 567
Capitella filiformis, nov. sp........... TO CO SE DS et 509
DaSybranchUS CAIICUS OUI EEE ECC Creer ec -Cre CCE LEE 516
_ SD Ne Le 2eR ERA DSP EE ES RAT RTE RAR Re 320
Ernice Harassn And Me EdWM EE LE eme cet ec ce ce vt-c--- 578
M ÉNEIN ANUS E00 0000 in hpancdade nd Eco anto0dnone 580
Brogonepusill Dujardin 2" Le ce 549
KaDriCa A TMANTLATOV SD eee ec -eeRe-cCe certe cree 196
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! Dans le texte sous le nom inexact d'Amphiglena Armandi.
PARMI LES ANNÉLIDES. 591
Pages
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Oxydromus pallidus, nov. sp.................... Aou one BJ DO eo 521
Palmyra (Palmyropsis) Evelinæ, nov. sp. ................. Sconsoredardns/dober 586
— … (Palmyrides) Portus Veneris, nov. Sp. .-............................. 583
Polycirrus Grube. V. Aphlebina.
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Stephanosyllis. V. Autolytus scapularis.
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GLANURES ZOOTOMIQUES
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE [.
Fig. 4. Polyophthalmus pictus Quatref. (Naïs picta Duj.). — Gr. £.
1 «. Partie antérieure du ver vue de dos. — a dépression cupuliforme terminale; d enton-
noirs vibratiles contractés ; f yeux latéraux ; f” œil médian. — 15.
1 8. La même avec les entonnoirs ailatés.— a dépression cupuliforme ; b muscle rétracteur (?) ;
centonnoirs dilatés ; d taches pigmentaires sur le bord du cerveau ; e œil médian ; f yeux laté-
raux. — Gr. 15.
1 y. Partie antérieure du ver vue par-dessous. — a Lévre inférieure ; b œæsophage ; e bouche ;
d entonnoirs dorsaux ; e dépression cupuliforme; f yeux latéraux ou inférieurs. — Gr. 1°.
1 à. Partie antérieure du ver vue de profil au moment où la trompe commence à faire saillie.
— a, b, e, f comme dans la figure précédente; d entonnoir droit contracté; f’ œil dorsal ou
médian ; g trompe. — Gr. 1.
1 G&. La même avec la trompe entiérement développée. — Désignations comme dans les
figures 1 y et 4 9. — Gr. +6.
1 2. Extrémité postérieure du ver vue de dos. — Gr. 15.
{4 La même vue par-dessous. — à a’ carënes latérales; b région terminale à contractions
rhythmiques; e appendice caudal impair; e' appendices pairs; d d' d” bandes musculaires les
plus larges (les dernières de chaque segment) ; e e’ taches brunes semilunaires. — Gr. 1”
1 Ë. Extrémité postérieure du ver vue de profil, — À région terminale expansible ; a carène
latérale gauche ; b appendices terminaux; d’ dernier appendice (impair) du côté ventral; b”
dernière paire d’appendices du côté dorsal ; e bandes musculaires ; d d'd” d" taches d'apparence
huileuse produites par la projection des ares musculaires du côté du dos; e intestin; e’ partie
terminale rétrécie du même. — Gr. 25.
15. Coupe de la paroi du corps. — @ cuticule portant les mouchets de cils vibratiles; b
muscles transverses ; e muscles longitudinaux. — Gr. 5°.
1 2. Partie de la plante ventrale du ver. -— a a’ les bandes musculaires les plus larges (der-
nières de chaque segment); b cuticule ; e couche musculaire transverse ; d couche musculaire
longitudinale; e taches semilunaires ; f faisceaux de soies capillaires avec leurs muscles loués
dans le sillon longitudinal latéral; g vaisseau ventral; À anses latérales; à vaisseau latéral
sinueux logé dans le sillon longitudinal latéral ; k nerf, — Gr. #.
1 2. Bord latéral gauche des huitième, neuvième et dixième segments, vu de profil. — a hord
(carène) ventral ; b dernière bande musculaire (plus large) du huitième, b’ du neuviéme ot b°
du dixième segment ; e c’ ligne formée par les attaches dorsales des bandes musculaires, à peu
près au niveau de l'implantation des soies; d taches semilunaires; e canal digestif; e’ partie
réticulée de la paroi de ce canal ; f appendice glanduleux gauche du tube digestif; g sa bride
PARMI LES ANNÉLIDES. 593
antérieure ; g° sa bride postérieure; À vaisseau résultant du cœur latéral du huitième segment
et passant au vaisseau ventral 4°. — Gr. 2.
1 ;. Bord de deux segments du ver, placés de manière à ce que les bandes musculaires du
côté observé aient une position verticale. — a paroi du corps ; bb quadrilatères formés par la
projection des bandes musculaires ; e c’ cloisons intersegmentaires de la chambre latérale ; d
ovules remplissant la chambre latérale et la chambre principale. — Gr. 82.
1 &. Un régime de zoospermes. — Gr. #22,
4 w. Ovule isolé. — Gr. #90,
Fig, 2. Coupe transverse idéale du Polyophthalmus pictus. — a sillon ventral externe ; b carènes
latérales; e faisceaux de soie; d sillon longitudinal latéral (interne); e sillon dorsal (interne) ;
f rubans musculaires ; g chaîne ganglionnaire ; À vaisseau ventral; à vaisseau intestinal inférieur ;
k vaisseau dorsal; 2 intestin ; m chambres latérales; » chambre périviscérale ou principale.
Fig. 3. Grégarine de l'Aonides auricularis. Gr. 222.
PLANCHE Il.
Fig. 1. Aphlebina hϾmatodes de grandeur naturelle.
1 &. Partie antérieure du ver avec son lobe membraneux tentaculifère, vue de dos. — Gr. $.
1 6. Partie antérieure du ver vue par-dessous. Les bourrelets ou écussons ventraux, ainsi
que les soies n’ont pas été dessinés, afin de ne pas embrouiller la figure. Les tentacules sont
supposés coupés à une petite distance du lobe membraneux. — a lobe tentaculifère ; à bouche ;
e les six paires de glandes ; d estomac, — Gr. à
4 y. L'une des PRREREEl dorsales avec son faisceau de soies subulées. — e appendice, soit
ee Re — Gr it
. Une soie isolée des pharétres dorsales.
ë. Un crochet isolé des tores uncinigères ventraux.
1 à. Une palette, soit pinnule des segments postérieurs. — « rangée de crochets ; b soies ca
pillaires internes de la palette.
1 4. Globules rouges de la cavité périviscérale. — Gr. 392.
1%. Un ovule isolé vu de face et de profil. — Gr. #1.
Fig. 2. Partie de la paroi du corps dans la région médiane de l'Aphlebina pallida. La ligne mé-
diane de la figure correspond à peu près à la ligne latérale (séparant le dos à gauche du ventre à
droite) du ver.— a couche de fibres transversales, placée immédiatement au-dessous de la cuticule ;
b faisceaux de fibres longitudinales de la région dorsale; b' faisceaux semblables de la région
ventrale ; cc’ rubans musculaires ventraux transverses.
2 «. Seulpture dorsale de l’un des segments de la région antérieure chez l'Aphlebina pallida..
— aécussons euticulaires plus grands de la ligne transversale médiane: — Gr. 15.
2 8. Cinquième, sixième et septième segments du ver vus par la face ventrale ; a écussons
médians ; b bourrelets latéraux ; e premier tore uncinigère; d ouverture de la dernière paire de
glandes. — Gr. &
2. Crochet isolé d’une des palettes de la région postérieure.
293. Crochet isolé d'un des tores uncinigères antérieurs.
Fig. 3. Corpuscules de la cavité périviscérale d'une Aphlebina indéterminée.— Gr. =.
TOME xXVI1, 2me PARTIE. 76
594 GLANURES ZOOTOMIQUES
Fig. 4. Lysidice Mahagoni, nov. sp. Les six premiers segments avec le lobe céphalique, vus de dos
4 «. Moitié droite de l'appareil maxillaire dorsal.
48. Un pied isolé. — a acicules; b faisceau supérieur de soies subulées ; c faisceau inférieur ;
d cirre dorsal ; e cirre ventral.
43. Les diverses formes de soies (outre les acicules). — à soïe subulée du faisceau supérieur ;
b soie falcigère du faisceau inférieur ; e crochet ventral bifide à partir du dix-septième seg-
ment.
Fig. 5. Eunice Harassii Aud. et Edw. var. Les dix premiers segments avec le lobe céphalique, vus
de dos. — Gr. +.
5 &. Les différentes formes de soies. — a soie subulée de la partie supérieure du faisceau ;
b soie falcigère de la partie inférieure du faisceau; e crochet bifide ventral de la région posté-
rieure du corps; d acicule ensiforme.
5 8. Un pied isolé, — a branchie pectinée; b cirre dorsal; e cirre ventral; d tache pigmen-
taire; e les deux acicules spéciaux du cirre dorsal ; f les acicules du pied.
5 9. Un rameau branchial. — a l’un des deux vaisseaux longitudinaux avec ses branches
latérales distiques.
PLancxe III.
Fig. 1. Amphiglene mediterranea *. Extrémité antérieure, vue par-dessous. — a œæsophage; b es-
tomac; e tentacules. — Gr. 25.
4 «. La même vue par-dessus, plus fortement grossie. On n’a indiqué que la base des bran-
chies. — a capsules auditives ; d taches oculiformes ; c tentacules ; d amas semilunaires de pig-
ment (yeux?) sur la base élargie des tentacules ; e base des branchies ; f canal cilié; f” ses
branches latérales; f” leur terminaison vésiculaire. — Gr. 2.
4 8. Fragment d’une branchie. — a axe cartilagineux ; b vaisseau sanguin ; c filament bran-
chial; d groupes de cils vibratiles.
1 y. Extrémité d'une branchie, — a axe cartilagineux; b vaisseau sanguin ; c rétrécissement
brusque de la branchie; d portion terminale dépourvue de cils, de vaisseau et de cartilage ;
e dernier filament branchial.
4 €. Soies subulées, de face et de profil.
1 5. Les deux espèces de soies ventrales des segments antérieurs.
1. Une capsule auditive isolée avec ses otolithes. — Gr. 1°.
4 p. Un ovule isolé. — Gr. 152.
1 w. Eléments sexuels mâles. — a groupe framboisé de cellules ; b régime de z0ospermes ;
e zoosperme isolé. — Gr. 22.
Fig. 2. Fabricia (Amphicorina) Armandi, nov. sp. Segment antérieur et appareil branchial, vu de
dos.— Gr. *Ë.
9 &. Les trois premiers segments, vus de dos, plus fortement grossis. — à capsules audi-
tives ; b ganglions ophthalmiques et yeux; e collerette ; d tentacules ; e e’ branchies. Gr. #2.
1 Cette espèce (Amphicora mediterranea Leydig) est désignée à tort dans le texte sous le nom d'A.
Armandi nov. sp.
PARMI LES ANNÉLIDES. 595
2 6. Premier segment, vu par-dessous, — a tentacules ; b filament cilié (branchie rudimen-
taire?); e branchies; €’ tronc branchial simple sans ramifications distiques; d collerette; e
procès antérieur du segment. — Gr. °°.
2y. Premier et second segments, vus par le côté gauche ; a capsules auditives ; b ganglion
ophthalmique et tache oculaire; € collerette; d bande vibratile ; e procès ventral antérieur du
premier segment; f base des branchies distiques; f” base de la branchie simple ; g filament
cilié (branchie rudimentaire?) sans axe cartilagineux. — Gr. 2.
2 3. Les différentes formes de soies. — & une des soies subulées dorsales des segments an-
térieurs ; b un des crochets bifides (subtrifides) de ces mêmes segments; e un des crochets dor-
saux à triple bec des segments postérieurs ;, d une des soies ventrales subulées de ces mêmes
segments, — Gr. 252,
2 &. Extrémité d’un rameau branchial. — a point où cesse le vêtement ciliaire du bord in-
terne; b extrémité non ciliée et dépourvue de vaisseau de la branchie ; c vaisseau.
2 À. Base du squelette cartilagineux de l'appareil branchial, dont la plupart des cellules sont
rendues opaques par un dépôt granuleux. — « branchie ventrale simple; e, d, e branchies
principales distiques ; b branchie dorsale simple. — Gr.222.
2. Canal empelotonné du septième segment. — Gr. 45°,
2 ©. Capsule auditive avec son otolithe unique.
Fig. 3. Aonides auricularis, nov. sp. Partie antérieure du corps avec les 22 paires de branchies. —
a antenne rudimentaire gauche ; b bouche. — Gr. +.
3 à. Tête, vue par-dessus ; « antennes en forme d’auricule. — Gr. 44.
3 6. Tête, vue par-dessous. — Gr. Hé.
3 y. Les différentes formes de soies., — a soie capillaire; b soie subulée incurvée; e crochet
bifide, vu de profil; e’ le même, vu de dos.
3 9. Œuf mûr. a Chorion papillaire; b vitellus; e vésicule germinative; d le grand cercle
d'ampoules. — Gr. 15°,
36. Partie d’un œuf placé de manière à ce que le grand cercle d'ampoules soit parallèle à
l'horizon. — a chorion ; b D’ ouvertures des ampoules. — Gr. 242,
3 À. Zoosperme à tête lagéniforme. — Gr. 9°.
3 p. Un pied de la région antérieure, — « branchie ; b cirre dorsal lamellaire avec le faisceau
de soies flabelliforme; e cirre ventral et le faisceau de soies capillaires qui l'accompagne. —
Gr. 2.
3 @. Fragment d’une branchie plus fortement grossi. — a côté dorsal cilié.
PLANCHE LV.
Fig. 1. Oxydromus pallidus, nov sp. Partie antérieure, vue de dos. — a pharynx; b intestin hépa-
tique. — Gr. 4.
1 œ. Extrémité antérieure, vue par-dessous. — a bouche ; barticle basilaire de l'antenne in-
férieure.
4 8. Un pied isolé. — a acicules du cirre dorsal ; b acicule du pied; e cirre dorsal; d cirre
ventral; f ouverture donnant passage au faisceau de soies falcigères; e les soies capillaires
dorsales. ’
1 3. Extrémité d’une soie falcigère.
596 GLANURES ZOOTOMIQUES
Fig. 2. Lumbriconereis unicornis Gr. Partie antérieure, vue par le dos. — à poche occipitale. —
Gr. Le,
2 &. Dernier segment, vu par le dos.
2 8. Appareil maxillaire dorsal.
2 9. Un pied isolé. Les soies n’ont pas été dessinées. ;
2 6. Les différentes formes de soies. — « soie subulée falciforme ; b D’ soies articulées en
serpe ; e crochet bifide.
Fig. 3. Soies du Zygolobus Laurentianus Gr. — a crochet simple avec appendice en lancette cadu-
que; b soie subulée en sabre.
Fig. 4. Zygolobus Grubianus, nov. sp. Appareil maxillaire dorsal. — a pièce supplémentaire.
4 «. Les deux formes de crochets. — a soïes falcigères des segments antérieurs : b crochets
simples des segments postérieurs.
Fig. 5. Zygolobus (Lumbriconereis Gr.) quadristriatus: — a la paire médiane d'yeux ; b les bourre-
lets occipitaux ciliés.
Fig. 6. Theodisca anserinu, nov. sp. Partie antérieure, vue par-dessous. — Gr. #.
6 «. Lobe céphalique, vu par-dessus, avec la trompe étalée. — Gr. ?.
6 6. Trois segments branchifères, vus par le dos. — a branchie ; b cirre dorsal. — Gr. £.,
6 y. Les différentes formes de soies. — a soie subulée dorsale en arête; a° tranchant de
l’arête de la même, vu de face et plus fortement grossi; b soie subulée ventrale en lancette ; e
* soie en lancette plus arquée.
6 à. Pied d'un segment branchifère. — «& branchie ; b cirre dorsal avec faisceau de soies ;
e lèvres comprenant l'éventail de soies en lancette.
Fig. 7. Aricia Oerstedii, nov sp. Partie antérieure, vue par le dos. — Gr. ©.
7 &. Lobe céphalique vu par-dessous. — a bouche. — Gr. 12.
7 8. Partie terminale du dernier segment avec la fissure anale. — Gr. 15.
7 y. Trois segments branchifères, vus de dos. — Gr. 12.
7 9. Partie du tube digestif. — « œsophage ; b intestin ; e cæœcums glanduleux.
7 &, Soie légèrement crochue à l'extrémité.
Fig. 8. Notomastus Sursii. nov. sp. Lobe céphalique, vu de profil. — a cerveau; b nerf allant se
ramifier dans l’appendice tactile e ; d poches protractiles ; e bouche.
8 «. Bord gauche d'un segment, vu de dos. — & terminaison dorsale en forme aviculaire du
tore hamifère ventral; b muscles délimitant un triangle sur lequel se trouve placée la papille
elliptique à lèvres ciliées (c); d champ de verrucosités cutanées ; e extrémité interne (adhérente
à la paroi du corps) de l'organe segmentaire ; f languette en gouttière portant l'ouverture ex-
terne de cet organe. — Gr. ?.
8 &. Organe segmentaire. — a extrémité adhérente à la paroi du corps ; à partie renflée ;
e partie tubulaire : d bride; e fragment de la paroi du corps ; f languette portant une gouttière
dans laquelle s'ouvre l'organe segmentaire. — Gr. *.
8 9. Languette à gouttière ciliée, formant la partie externe de l'organe segmentaire. —
Gr. 52.
8 €. Papille à base elliptique dont les lèvres sont hérissées de cils roides.
8 2. Cellules isolées de l'organe segmentaire glanduleux avec leurs concrétions brunes.
8x. Partie du corps au niveau des tores hamifères, vue par le dos et un peu par le côté
PARMI LES ANNÉLIDES. 597
gauche. — « extrémité aviculaire. du tore ventral ; b l'éminence elliptique à lèvres ciliées ; e la
languette de l'organe segmentaire; d d’ les tores hamifères dorsaux ; e le champ de verrucosités .
— Gr. à.
8 Ë. Crochet bifide.
Fig. 9. Notomastus Benedeni. Deux segments vus par le dos. — a taches jaunes formées par les
organes segmentaires ; b papilles elliptiques à lèvres hérissées de cils roides. — Gr. ?.
9 x. Crochet à bec simple.
Fig. 10. Capitella filiformis, nov. sp. Trois segments vus par le côté gauche. — a tores ventraux ;
b tores dorsaux. — Gr. à.
10 «. Les différentes formes de soies. — a soie subulée des segments antérieurs ; b grand
crochet des segments suivants ; e petits crochets de la région médiane et postérieure.
Fig. 11. Eunice Tænia, nov. sp. Extrémité antérieure, vue par le dos. — Gr. +.
11. Un pied de la région antérieure du corps. — a cirre ventral; b cirre dorsal ; e papille
digitiforme ; d acicules du pied; e acicules de la base du cirre dorsal: f faisceau de soies su-
bulées ; g faisceau de soies falcigères.
11 6. Les extrémités de deux soies falcigères, dont l’une, &, est surmontée de l'appendice en
lancette aiguë.
14 y. Section d'un segment dans la région médiane du corps. — a cirre ventral ; b pied dans
lequel les soies ne sont pas indiquées ; € cirre dorsal ; d branchie.
PLancue V.
Fig. 4. Syllis Armandi, nov. sp. — a lobes frontaux ; trompe pharyngienne ; e proventricule ; d
ventricule incolore ; e glandes en T'; f intestin hépatique. — Gr. 15.
1 &. Les soies : — a soie falcigère ; b acicule boutonné en fleuret.
1 8. Un pied isolé.
Fig. 2, Syllis hexagonifera, nov. sp. — b, e, d, e, f comme dans la figure 1; b' une partie des
muscles de la trompe. — Gr. 12.
2 x. Soie falcigère à article long.
2 6. Soie falcigère à article court.
2 à. Un pied isolé.
Fig. 3. Syllis gracilis Grube. Désignation comme dans la figure 1.
3 «. Dernier segment, vu par-dessous. — a tubercule médian. — Gr. 12.
3 8. Pied isolé.
3 y. Les soies : — a soie falcigère de la région antérieure; b acicule boutonné en fleuret ;
e soie furciforme de la région postérieure.
Fig. 4. Syllis simillima, nov. sp. Lobes frontaux.
4 «. Soie falcigère.
Fig. 5. Syllis aurita, nov. sp. Partie antérieure, vue par le dos. -— Gr. 4.
5 &. Pied isolé. — a petite lèvre supérieure dans laquelle pénètrent les pointes des acicules B ;
c lèvres latérales, comprenant le faisceau flabelliforme de soies falcigères; d cire ventral ; e base
du cirre dorsal.
5 6. Extrémité ‘d'une soie falcigère.
5 y. L'aiguille de la trompe, vue de profil.
598 GLANURES ZOOTOMIQUES
Fig. 6. Syllis indéterminée. Individu sexué du sexe femelle. — a antennules; b appendice caudal
bifurqué., — Gr. 55.
6 &. Un pied isolé : — a base du cirre dorsal; b lèvres, comprenant le faisceau de soies
capillaires ; e cirre ventral ; d acicules ; e soie subulée unique du faisceau ventral; f soies fal-
cigères. — Gr. 152,
PLANCHE VI.
Fig. 1. Sphærosyllis Hystrix Clap., vue de dos. — a proventricule; b ventricule incolore; e glandes
sacciformes; d capsules à bâtonnets ; e intestin hépatique ; f accumulation de zoospermes, com-
primant l'intestin. — Gr. 52,
4 &. Un pied de la région qui porte les soies capillaires. — Gr. 122,
1 8. Extrémité d’une soie falcigére.
4 y. La trompe pharyngienne isolée. — a couche de pigment brun ; b anneau dépourvu de
pigment ; e glandes en boyau ; d proventricule. — Gr. 12°,
Fig. 2. Sphærosyllis tenuicirrata, nov. sp. Partie antérieure, vue de dos. — a, b, c comme dans
la fig. 1; d testicules ; e zoospermes accumulés. — Gr. 412,
2 «. Trompe. Désignation comme dans la figure 1 y.
2 8. Extrémité d’une soie falcigère. — Gr. 222.
Fig. 3. Sphærosyllis pusilla (Exogone Duj.). Partie antérieure et dernier segment, vus de dos. —
a appendice bifurqué caudal, -- Gr. 2.
3 &. Cirre dorsal isolé avec les capsules fusiformes pleines de bâtonnets. -— Gr. 22.
Fig. 4. Sylline brevipes, nov. sp. Partie antérieure, vue de dos. — Gr. *.
4 æ. Huitième, neuvième et dixième segments, vus par-dessous. — a pieds; bintestin; c
œufs. — Gr. #2,
4 8. Partie antérieure du corps, vue par-dessous. — a cirre tentaculaire ; b cirre dorsal du
premier segment sétigère. — Gr. 5.
Fig. 5. Spermosyllis torulosa, nov. sp. Partie antérieure, vue par le dos. — a antenne ru dimentaire
unique ; b anneau de la trompe dépourvu de pigment. — Gr. 45.
5 æ. Les soies : — a soie articulée à appendice court; b idem à appendice arqué et long ;
e acicule.
Fig. 6. Syllides pulliger (Syllis pulligera Krohn). Partie antérieure, vue par le dos. — Gr. ©
6 «. Extrémité d’une soie falcigère.
6 8. Quinzième et seizième segments, vus par le côté ventral. — « la paire de glandes en
tubes agglomérés du quinzième segment; b les testicules du seizième segment; e canal intesti-
nal, d accumulation de zoospermes ; e cirre long du quinzième segment; “eirre court du seizième
segment. — Gr. 49,
6 y. Quatre pieds successifs d’une femelle en état de gestation, vus par-dessus. — a a’ deux
embryons ; b cirres dorsaux longs des pieds non embryonigères; c cirres dorsaux courts auxquels
les embryons sont fixés. — Gr. 52.
6 9. Embryon au moment de l’ apparition des antennes. — Gr. #Ÿ.
6 &. Embryon près de quitter sa mère. — a troisième segment, dépourvu de cirre dorsal.
== Gr. cu E.
PARMI LES ANNÉLIDES. 599
PLance VIL.
Fig. 1. Plerosyllis dorsigera, noy. sp. Femelle adulte, pleine d'œufs. — a trompe; b proventricule ;
cailerons ciliés. — Gr. 12,
4 &. Extrémité d’une soie falcigère.
4 6. Armure pharyngienne.
1 9. Pied isolé. — a acicules spéciaux du cirre dorsal.
Fig. 2. Trypanosyllis Krohnii, nov. sp. Partie antérieure, vue par le dos. — Gr. 22.
2 «. Un pied isolé.
2 6. Une soie falcigère.
2 y Partie de l'intestin hépatique.
2 à. Armure pharyngienne et papilles de la trompe. — Gr.
Fig. 3. Autolytus rubrovittatus, nov. sp. Partie antérieure d’un individu agame, vue par-dessus. —
a bandelettes lisses. — Gr, 22.
3 «. Armure pharçgngienne. Gr. 122,
3 B, Soies : — «a composée à article en serpe fort court; b composée à article en alène.
3 y. Individu femelle, vu par le dos. Partie antérieure. — Gr. 5°,
Fig. 4. Autolytus roseus, nov. sp. Forme de Sacconéréide avec son sac ovigère. — Gr, ?.
4 x. Partie antérieure. — a tentacules buccaux. — Gr. 5.
4 6. Pied isolé. — a cirre dorsal ; a’ champ de cils vibratiles.
4 y. Une soie falcigère. ;
Fig. 5. Autolytus (s. g. Slephanosyllis) scapularis, nov. sp. Partie antérieure, vue de dos. — Gr. 1%.
5 æ. Pied isolé.
5 8. Soie falcigère.
5 y. Extrémité postérieure du ver, vue par-dessus.
5 9. Trompe et son armure. — Gr. °2.
PLANCHE VIII.
Fig. 1. Odontosylhis fulgurans, nov. sp. — a gibhosité dorsale ; b trompe pharyngienne ; c partie
antérieure du proventricule, — Gr. 12.
1 œ. Soies. — 4 acicule boutonné en fleuret ; b soie falcigére.
1 8. Armure pharyngienne.
Fig. 2. Odontosyllis Dugesiana, nov. sp. — a gibbosité dorsale ; b trompe; c proventricule; d ven
tricule rudimentaire ; e intestin hépatique. — Gr. #2.
2 x. Pied isolé. — a cirre ventral; b cirre dorsal; e soie subulée; d faisceau de soies
falcigères.
2 8. Armure pharyngienne.
Fig. 3. Polymastus paradozus, nov. sp. Partie antérieure, vue par-dessus. — @ antenne impaire ;
B antenne externe; e antenne inférieure; d cire tentaculaire supérieur ; e premier cirre dorsal ;
f, 1! les rangées dorsales de sphères. — Gr. #2.
600 GLANURES ZOOTOMIQUES PARMI LES ANNÉLIDES.
3 &. Extrémité antérieure, vue par-dessous. — a, b, e comme ci-dessus; d lobes frontaux ;
e bouche; f cirre tentaculaire supérieur; cirre tentaculaire inférieur; g première paire de
pieds sétigères ; À son cirre dorsal. — Gr. #2.
38. Une sphère isolée sur son tore. — Gr. 255.
3 y. Les soies, — a soie falcigère ; b acicule mucroné.
3 2. Extrémité antérieure de la cuticule du pharynx.
Fig. 4. Micronereis variegata Clap. Armure maxillaire. — a pièce médiane impaire.
Fig. 5. Palmyra (s. g. Palmyrides) Portus Veneris nov. sp. Individu adulte, vu par le dos. —
Gr. 22.
5 æ«. Extrémité antérieure, vue par-dessous. — a lobes frontaux.
5 8. Un pied isolé. — « cirre dorsal, cilié à la base; h cirre ventral ; c rame dorsale rudi-
mentaire, portant les palées.
5 y. Palée isolée. — Gr. 25.
5 d. Soie falcigére.
5 €. Partie de l'appareil digestit. — 4 mâchoires; b pharynx museuleux; e intestin hépa-
tique; d ses deux branches récurrentes.
Fig. 6. Palmyra (s. g. Palmyropsis) Evelinæ, nov. sp. Partie antérieure, vue par le dos. — a an-
tennes internes ; b et e les deux paires d'antennes externes ; dete cirres tentaculaires ; f lobes
frontaux antenniformes ; g palées. — Gr. *°.
6 &. Deux palées isolées, l’une, a, vue de face, l'aatre, b, par la tranche. — Gr. 4°.
Fig. 7. Notomastus Sarsii, nov sp. Un ganglion de la chaîne ventrale. — « cordon nerveux; «’ son
canal axial ; b amas de cellules ganglionnaires; e boutonnière dans les muscles ventraux ; d nerf
de la boutonnière.
Fig. 8. Dasybranchus cadueus? Grube. Coupe idéale. — « organes segmentaires ; b tores dorsaux ;
ctores ventraux ; d branchies ventrales.
8 œ. Crochet — a de profil; b par le dos. — Gr. 5°.
8 6. Organe segmentaire d'un Dasybranchus sp. — a pore externe.
8 y. Organe segmentaire du D. caducus? Gr: — a extrémité dorsale de la rangée de cro-
chets. — Gr. 12.
P. Lackerbauer lith.
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Lith Becquet
Ed.Claparede ad nat del.
Ed.Claparède ad nat.del. Lith Becquet,Paris , P.Lackerbauer lith
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Ed.Claparède ad nat. del.
RAPPORT
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
.
D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
DEPUIS JUILLET 1863 A JUIN 1864
PAR
M. ze Docteur CHOSSAT
PRESIDENT
Lu à la Société dans sa séance du 2 juin 1864.
mL SG —
MESSIEURS,
Conformément à l'article 7 de notre Règlement, je viens vous présen-
ter le compte rendu des travaux et de la marche de notre Société, pen-
dant l’année durant laquelle vous m'avez appelé à l'honneur de la prési-
der. — La Société, je le regrette, ne publie pas de bulletin spécial de
ses séances; c’est le rapport de fin d'année du Président qui est chargé
de le remplacer. Il ne peut le faire, toutefois, que d’une manière très-
imparfaite, parce que, vu l’époque nécessairement tardive de sa publica-
tion, plusieurs des travaux qui nous sont communiqués ont alors déjà
perdu une partie de leur actualité. — Quoi qu'il en soit à cet égard, la
plupart de nos travaux de l’année ont élé successivement insérés soit
dans le présent volume des Mémoires de la Société, soit dans les Archives
TOME xvu1, 209 PARTIE. TT
502 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
des sciences physiques et naturelles de la Bibliothèque universelle; en
sorte que votre Président n'aura plus à vous en présenter aujourd’hui
qu'un résumé fort abrégé.
La Société, depuis l'été dernier, a été privée de la collaboration parti-
culière de notre excellent et affectionné collègue, M. le professeur Cla-
parède, dont la santé, malheureusement assez dérangée comme vous le
savez, l'a obligé, dès la fin de septembre dernier, de se démettre des
fonctions de secrétaire des séances, fonctions qu'il remplissait d’une ma-
nière si distinguée depuis plusieurs années déjà. Sa place a été remplie,
provisoirement d’abord, par M. Alexandre Prevost et par M. de Loriol;
et définitivement ensuite par M. Alex. Prevost seul, que vous avez
nommé à cet emploi dès le 21 janvier dernier. — Ces deux Messieurs,
par leur parfaite obligeance et par la rédaction remarquablement claire
et détaillée des procès-verbaux de nos séances, m'ont facilité, autant qu'il
était possible de le faire, l'exécution, toujours plus ou moins difficile, du
travail que je viens vous soumettre aujourd’hui. Qu'il me soit permis de
leur en présenter, tant au nom de la Société qu’en mon nom personnel,
nos remerciements les plus sincères.
Selon lusage adopté dans les rapports antérieurs, le compte rendu
actuel sera divisé en deux parties principales : celle des sciences physi-
ques et celle des sciences naturelles, parties qui seront ensuite subdivi-
sées en autant de sections spéciales que le comportera la nature des tra-
vaux présentés à la Société. Dans chacune de ces sections, nous parlerons
d'abord des mémoires originaux qui nous ont été lus; après quoi, nous
dirons quelques mots de ce qu'ont offert d’intéressant les rapports ver-
baux des membres de la Société pendant les différentes séances de
l'année.
C'est par l'astronomie que nous allons commencer.
DE LA SOCIÉTÉ. 505
Sciences Physiques.
Astronomie.
MEMOIRES,
M. Émile Gautier a lu deux mémoires sur la constitution du soleil. H
pense, avec M. Kirchhof, que ce corps est un globe en fusion, incandes-
cent et entouré d’une vaste atmosphère; il admet que cette atmosphère,
constituée surtout par des vapeurs épaisses et métalliques, doit être m-
comparablement plus dense que l'atmosphère terrestre, et il lui attribue
les protubérances et la bordure rosée observées dans les éclipses totales,
ainsi que l'apparence pommelée de la surface du soleil. Mais il lui refvse
‘action que M. Kirchhof lui reconnait dans la production des taches
solaires.
Quant à ces taches elles-mêmes, M. Gautier les regarde comme liées à
des oxydations, à des amas de sels et de scories, à des solidifications, en un
mot, qui se forment temporairement à la surface du soleil; et cela, sous
l'influence de refroidissements extérieurs où d'actions chimiques inté-
rieures, à peu près comme nous voyons que cela se passe, sur les grandes
masses de métaux en fusion, dans nos opérations industrielles. L'auteur
admet les résultats de M. Spærer et ceux de M. Carrington sur les diflé-
rences apparentes dans la durée de la rotation du soleil, selon la latitude
héliographique de celles des taches dont on se sert pour calculer cette ro-
tation. Et relativement à l'accélération en longitude des points de la zone
équatoriale, il la considère avec notre collègue, M. Cellérier, comme ré-
sultant de l’action qu’exercent sur les masses solidifiées flottant à la sur-
face du soleil, soit le frottement de l'atmosphère pesante et métallique de
cet astre, soit le mouvement rotaloire intérieur des couches de sa masse
en fusion. Ces deux composantes étant l’une et l'autre fonction de la vitesse
et du cosinus de la latitude (mais ce cosinus à une puissance différente
pour chacune des deux composantes), elles varient avec chaque parallèle,
et leur résultante peut rendre compte de l'accélération en question.
504 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
Du reste, quoique l’auteur n’admette pas que la densité moyenne du
soleil soit inférieure à celle de l’eau, cependant il reconnaît que la fai-
blesse de cette densité serait une assez forte objection à sa théorie des
taches, objection qui méritera de sa part un examen sérieux et appro-
fondi. ;
M. le professeur Plantamour nous a lu l'extrait d’un mémoire fort
intéressant sur les opérations horaires et télégraphiques, au moyen des-
quelles la longitude de l'observatoire de Neuchâtel a été reliée à celle de
l'observatoire de Genève. Ces opérations ont conduit à quelques résultats
nouveaux sur l'emploi du télégraphe dans les déterminations de cette
nature, Mais, comme le travail de M. Plantamour paraît dans le présent
volume de la collection de nos Mémoires, nous nous bornons à une
simple mention.
Le même physicien nous a présenté une note sur les rectifications à
apporter au nivellement général de la Suisse, e£ sur le choix à faire,
comme point de départ au-dessus de la mer, entre le niveau moyen de la
Méditerranée à Marseille et le niveau moyen de l'Océan, tel que ce der-
nier résulte de mesures très-exactes faites dans 19 des principaux ports
de France entre Bayonne et Dunkerque. M. Plantamour préférerait le
niveau de l'Océan. La moyenne de celui-ci est de Om,80 supérieure au
niveau moyen de la Méditerranée à Marseille.
RAPPORTS VERBAUX.
M. le professeur Alfred Gautier nous a présenté des rapports verbaux
pleins d'intérêt sur plusieurs travaux astronomiques exécutés dans di-
vers observatoires d'Europe et d'Amérique. Ces rapports ont porté plus
particulièrement :
1° Sur les taches du soleil, sur leur occultation réciproque observée à Altona,
et sur leur liaison présumée avec les aurores boréales et les variations magnéti-
ques; enfin, sur les deux périodes, l’une de 11 ans et l’autre de 56 ans, recon-
nues par M. Wolf dans le nombre de ces taches. 2° Sur les recherches photo-
métriques de M. Alvan Clarke, relatives à l'intensité de la lumière du soleil
DE LA SOCIÉTÉ. 505
comparée à celle des étoiles fixes ; d’où résulterait que notre soleil ne doit pas
être l’une des étoiles brillantes du ciel. 3° Sur une légère augmentation à appor-
ter à la valeur de la parallaxe de Mars reconnue jusqu'ici, augmentation qui
impliquerait que notre distance au soleil serait un peu moindre que celle admise
jusqu’à présent. 4° Sur les observations d'étoiles filantes du P. Secchi, d’où ré-
sulte que ces météores sont situés à une hauteur de 100 à 150 kilomètres, et
ainsi, qu'ils se trouvent dans les limites de notre atmosphère. 5° Sur les raies du
spectre solaire, lesquelles, à 4 milles d'élévation au-dessus du sol, restent iden-
tiques avec celles à la surface de la terre; seulement, le spectre diminue d’étendue
à mesure qu'on s'élève. 6° Sur la découverte d’un satellite de Procion ; — sur la
lumière de ; du Navire, laquelle, dans l’espace de vingt ans, a passé de la pre-
mière à la sixième grandeur, — et enfin sur une déviation de 10” du fil d’aplomb
aux environs de Moscou, à distance de toute espèce de montagnes.
Météorologie.
MEMOIRES,
Le grand et beau travail sur le climat de Genève de notre futur pré-
sident, M. le professeur Plantamour, appartient pour ainsi dire de droit
à notre Société; et il aurait occupé une place distinguée dans la collec-
tion de nos Mémoires, si son étendue considérable n'avait pas engagé
son auteur, bien à tort toutefois selon nous, à le faire imprimer et pu-
blier séparément. Cet ouvrage, d’une véritable importance scientifique,
en ce qu’il est basé sur des observations exécutées avec des instruments
parfaits, répétées chaque jour et à plusieurs heures de la journée pendant
55 années consécutives, et enfin discutées avec toutes les ressources de
la science moderne, cet ouvrage, disons-nous, ne saurait être analysé
dans un rapport nécessairement aussi abrégé que celui que j'ai l’hon-
neur de vous présenter, et il serait d'autant plus inutile de le faire au-
jourd’hui, que M. le professeur Aug. de la Rive, dans les Archives des
sciences physiques et naturelles de la Bibliothèque universelle, vient d’en
donner un compte rendu détaillé et d’un grand intérêt. Nous nous bor-
nons donc à y renvoyer.
506
RAPPORT SUR LES TRAYAUX
RAPPORTS VERBAUX.
M. le professeur Plantamour nous a donné communication de quelques-uns
des résultats obtenus, pendant le mois de janvier dernier, dans les stations météo-
rologiques de la vallée du haut Rhône. On y a constaté des anomalies de tempé-
rature assez singulières. Ainsi, entre autres, on a trouvé qu'il avait fait plus froid
au village de Rechingen {vallée de Conches) qu'à l’hospice du Saint-Bernard,
quoique cet hospice soit situé à 1140 mètres plus haut que le village en ques-
tion, Ces anomalies peuvent s'expliquer soit par la présence ou par l'absence du
soleil, soit aussi par l'air froid qui s’écoule des montagnes et qui vient s’entasser
graduellement dans le fond des vallées étroites.
M. le professeur Marcet nous a parlé des résultats de M. Glaisher sur l’abais-
sement de la température de l’air à mesure que l’on s’élève dans l'atmosphère,
résultats obtenus en Angleterre, et par des ascensions en ballon. Cet abaissement
n'est point régulier, et cela très-probablement en raison de circonstances pure-
ment accidentelles, tels que des courants momentanés d’air froid, ou d'énormes
couches de brouillards qui arrêtent la chaleur solaire, et la font rayonner vers
les espaces supérieurs. C’est ainsi qu'après avoir traversé des brouillards froids
de quelques milliers de pieds d’épaisseur, M. Glaisher a trouvé à 11 ou 12,000
pieds d’élévation la même température qu’à la surface du sol. *
M. le professeur War/mann rapporte, quant à l'électricité atmosphérique sur
les hautes montagnes, que l’on avait observé cette année dans une ascension sur
la Jungfrau, comme on l'avait fait l’année précédente sur les Diablerets, qu’à
l'approche d’un orage, les bâtons ferrés des touristes s'étaient mis à chanter, et
que des bruits singuliers s'étaient entendus dans l’air.
M. le professeur Gautier nous a parlé de pluies torrentielles tombées en ltalie,
en février dernier, et accompagnées à Rome d’un ouragan furieux qui ÿ à trans-
porté du sable entièrement semblable à celui du désert de Sahara.
M. le professeur Marcet a signalé la température relativement très-douce de
cet hiver (1863-6%) au Canada, fait que des navigateurs croient pouvoir expli-
quer par un changement qu'ils auraient observé dans la direction du Gulf-
Stream.
Nous ajouterons, enfin, que M. Chaix nous a lu un rapport sur les résultats
des derniers voyages en Arabie, et, en particulier, sur celui de Palgrave, qui à
réussi à parcourir le pays en se faisant passer pour Syrien.
DE LA SOCIÉTÉ. 507
Physique mathématique et expérimentale.
MEMOIRES.
M. Ch. Galopin à lu l'extrait d’un mémoire sur la théorie mathéma-
tique de la double réfraction. Après avoir rappelé les principes sur les-
quels repose la théorie de Fresnel, et avoir indiqué la marche suivie par
cet éminent physicien pour appliquer analyse à ses recherches trans-
cendantes, notre collègue se place au point de vue de Cauchy, qui re-
garde le mouvement de la lumière comme un cas particulier du mouve-
ment d’un système de molécules très-peu écartées de leur position
d'équilibre, et sollicitées par des forces d'attraction et de répulsion mu-
tuelles; — et il indique les équations différentielles, dont l'intégration
fournira la valeur des déplacements moléculaires. — Par une méthode
qui lui est particulière, M. Galopin, à l'aide de certains artifices d’ana-
lyse, arrive à l'équation des vitesses des ondes lumineuses déjà donnée
par Fresnel, équation qui peut être regardée comme représentant une
surface dite d’élasticité, et dont il déduit l'équation de la surface même
de ces ondes. — Outre les deux surfaces en question, il en existe encore
six autres, dont l'étude lui permet d'arriver rapidement aux propriétés de
la surface des ondes, à celles qui concernent les points et les plans sin-
guliers de cette surface, les réfractions coniques et cylindriques, et enfin
les rayons ordinaire et extraordinaire des cristaux à deux axes.
M. Lucien de la Rive à fait des recherches sur les différences de den-
sité d’une masse gazeuse tournant autour d’un axe dans un vase cylin-
drique, et il est arrivé à une formule qui lui permet de calculer ces diffé-
rentes densités. Les différences en question sont très-peu appréciables
pour des volumes de gaz et des dimensions de vases peu considéra-
bles; mais elles augmentent à mesure que le diamètre de ces vases
S'agrandit.
Le même physicien a lu un mémoire sur la conductibilité de la glace
pour la chaleur. Après avoir exposé le détail de ses expériences, 1l les
reprend mathématiquement, et arrive à en déduire la valeur du coefli-
208 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
cient Æ de la conductibilité de la glace, coefficient qu'il trouve — 0,25,
celui du verre étant 0,15, et celui de la porcelaine 0,24.
Appliquant alors ses résultats à la formation de la glace sur une sur-
face d’eau au-dessous de @°, il recherche la loi suivant laquelle cette for-
mation a lieu, et il arrive à trois équations correspondant à trois épo-
ques différentes de la formation en question. Or, comme la dernière de
ces équations est celle d’une parabole, il en déduit qu'au bout d’assez
peu de jours de gelée, la glace ne doit plus s’accroître que très-lente-
ment. L'auteur, ensuite, constate l'accord de sa théorie avec les faits
connus, les observations de Flauguergues en particulier, et il termine
en indiquant en peu de mots l'application qu’on peut en faire à la for-
mation des glaces polaires.
RAPPORTS VERBAUX.
MM. les professeurs Wartmann et Marcet, par différentes communications
verbales successives, ont tenu la Société au courant de l’intéressante discussion
entre MM. Magnus et Tyndall, sur l'absorption de la chaleur par les gaz. M. Tyn-
dall, en répétant ses expériences sans employer le diaphragme de sel gemme, a
écarté l’une des objections les plus sérieuses de M. Magnus. Il tire de ses résul-
tats d'importantes conséquences pour la théorie de Wells sur la rosée, et pour
d’autres phénomènes atmosphériques. M. le professeur Marcet fait la remarque
additionnelle que Dulong, dans son travail sur la chaleur spécifique des gaz, était
parti de l'hypothèse que les gaz ne rayonnaient pas. Or, maintenant que M. Tyn-
dall a établi qu'ils rayonnaient, les résultats de Dulong mériteraient d’être repris
en tenant compte du rayonnement.
M. le professeur Plantamour nous entretient, d’après M. Hipp, de l'établis-
sement des horloges électriques dans les villes. Leur établissement à Genève à
fait faire un grand pas à la détermination des conditions selon lesquelles elles
devaient être disposées. Leur placement dans les lanternes à gaz les exposent
aux grandes variations de température de l’été à l'hiver, aux influences fâächeuses
de la poussière et de l'humidité. et enfin aux effets perturbateurs des décharges
de l'électricité atmosphérique et des secousses produites, soil par les coups de
vent violents, soit par le nettoyage fréquent des lanternes, secousses qui ont
amené quelquefois des pertes temporaires du courant. En raison de ces difh-
DE LA SOCIÉTÉ. 609
cultés, M. Hipp préférerait que ces horloges fussent placées dans les murs de
face des maisons plutôt que dans les lanternes à gaz.
M. Philippe Plantamour donne l'analyse d’un travail de M. Edlüng sur la for-
mation de la glace dans les mers du Nord. D’après ce dernier, la mer commence
à s’y geler par le fond; l'eau pouvant s'y refroidir au-dessous du point de congé-
lation, le moindre choc, le passage d’un poisson, par exemple, suflit pour y
déterminer la solidification, et pour amener la formation subite de masses plus
ou moins considérables de glaces, qui viennent flotter à la surface des eaux. Le
travail de M, Ph. Plantamour est inséré dans les Archives des sciences de la
Bibliothèque universelle.
Chimie.
MEMOIRES.
M. le professeur HMarignac à communiqué à la Societé la suite de ses
recherches sur les silico-tungstates. Il a reconnu trois acides distincts
formés par la combinaison de l'acide tungstique et de l'acide silicique,
savoir : 1° L’acide silico-tungstique, à 12 équivalents d'acide tungstique
pour 1 d'acide silicique; — 2° l'acide silico-décitungstique, à 10 équiva-
lents d'acide tungstique pour 4 d'acide silicique; — 3° l’acide tungsto-
silicique, qui a la même composition que le premier, mais qui en diffère
par sa forme cristalline.
I remarque qu'un grand nombre de sels de ces acides présentent des
lormes cristallines presque identiques, bien que leur composition ne soit
point comparable. Ce fait lui semble indiquer la nécessité d'admettre
l'extension suivante du principe de l'isomorphisme de Mitscherlich, sa-
voir : Que deux composés renfermant un élément, ou un groupe d’élé-
ments communs, qui en constitue de beaucoup la plus grande partie en
poids, peuvent êlre isomorphes, quand même les éléments par lesquels ils
différent ne constituent pas par eux-mêmes un groupe isomorphe.
M. Delafontaine à lu un mémoire sur le poids atomique de la thorine
et du thorium. Il a répété l'analyse du sulfate de thorium en suivant la
méthode de Berzelius. La moyenne de plusieurs résultats concordants
lui a donné pour l'équivalent de la thorine le chiffre de 825,5, et en ad-
TOME XVII, 2€ PARTIE. 78
610 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
mettant que la formule de celle-ci soit Th 0°, le poids de son atome rap-
porté à l'oxygène serait 1646,6, et celui du thorium 1446,6.
Le même auteur lit une note sur la place que doit occuper le thallium
parmi les éléments. Plusieurs chimistes le placent parmi les métaux
alcalins, tandis que d’autres le rapprochent du plomb. M. Delafontaine
adopte la première de ces deux manières de voir.
RAPPORTS VERBAUX.
M. Clusius a modifié sa théorie sur la composition atomique de l'ozone. Ce
n'est plus ce corps, mais l'oxygène qui serait formé d’atomes groupés deux à
“
deux, atomes qui se dédoubleraient lorsque l'oxygène passe à l’état d'ozone.
Mais il est objecté à cette nouvelle théorie que l’ozone ayant plus de densité que
l’oxygène, c’est lui, et non pas l'oxygène, qui devrait être composé d’atomes
groupés.
Sciences Naturelles.
Géologie.
MÉMOIRES.
M. le professeur Favre a continué ses communications sur la consti-
tution géologique du Chablais. Le sol de cette province est formé par
neuf terrains superposés dans l’ordre suivant : Terrain Glaciaire, — T. à
Schistes fucoïdes, — Calc. Kimmeridien, — Cal. Collovien, — Lias, —
Infra Lias, — T. triasique, — T. houillier, — et Serpentine. — L'un
des caractères de ce sol, c’est l'absence des terrains crétacé et nummu-
litique; absence qui dépend probablement de ce que le sol en question
aurait élé déjà placé au-dessus de la surface de l’eau, à l’époque des
mers crétacée et nummulitique. L'auteur, ensuite, présente une descrip-
üon géologique de la partie de la Savoie traversée par les vallées de
Mégève et de Haute-Luce. Entre autres formations, il y signale des ar-
doises noires de l’époque jurassique formant la crête du Mont-Joli; près
du Bonhomme, un beau gisement de végétaux fossiles de l’époque car-
DE LA SOCIÉTÉ. 611
bonifère, et des dépôts d’anthracite près de Beaufort; enfin, il fait ob-
server que le massif granitique du Mont-Blanc est séparé de celui de
Beaufort par.des roches sédimentaires, suite de celles de la vallée de
Chamounix; le granit de Beaufort serait le prolongement de celui de
Valorsine.
M. Favre nous à aussi entretenus d’un travail dont il s'occupe sur les
terrains de transport entre le Jura et les Alpes. Ces terrains présentent
quatre étages principaux : 1° Palluvion actuelle; — 2 l'alluvion des
terrasses, déposée par les grands cours d’eau au-dessus des terrains gla-
ciaires et élevée en maximum de 50 à 53 mètres au-dessus du lac; —
5° le lerrain glaciaire, composé de glaise, de cailloux roulés et de quel-
ques blocs erratiques; — enfin, 4 l'alluvion ancienne, composée de
poudingues et de cailloux roulés. Parmi ceux-ci, l'euphotide, trouvée en
aval de Genève, vient des montagnes du Valais, distance considérable,
sans doute, et dont le parcours, à cause de linterposition du lac, n’est
pas facile à expliquer.
M. de Loriol a lu un travail sur le terrain nummulitique de l'Égypte :
aux huit espèces d'échinodermes connues dans le nummulitique de ce
pays, il en ajoute quatre autres entièrement nouvelles.
Le même collègue nous à également communiqué une suite de re-
cherches sur la montagne classique de Salève. La faune de l'étage Coral-
lien, qui forme la base de cette montagne, a présenté quelques fossiles
nouveaux, entre autres une grande espèce de Diceras. Les couches entre
le Corallien et le Néocomien moyen appartiennent à l'étage Valengien,
ainsi que le témoignent leurs fossiles (Natica Leviathan). L’étage Urgo-
nien offre trois espèces d'invertébrés communs avec les couches d’Or-
gon, sans parler de plusieurs espèces nouvelles, et en particulier d’une
belle térébratule (T. Ebrodunensis), qui n’a pas encore été publiée, et
qui a été confondue avec la T. semistriata. Enfin, dans l'étage Valengien,
il a signalé quatre espèces nouvelles de Brachiopodes.
612
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
RAPPORTS VERBAUX.
M. le professeur Aug. de la Rive entretient la Société du travail de M. Frank-
land sur la cause physique de l’époque glaciaire. Cette cause se trouverait dans
le fait généralement admis, que l'Océan, à l’époque précitée, aurait eu nne tem-
pérature bien supérieure à celle qu'il a actuellement; qu’alors, l’évaporation des
mers aura été considérablement augmentée, et avec elle aussi, les précipitations
aqueuses de l’atmosphère. Or, ces précipitations énormes, en tombant sous forme
de neige, et pendant des périodes millénaires sur les plateaux élevés des hautes
latitudes du globe, auront dû finir par y déterminer les puissantes accumula-
üons de glaces qui caractérisaient l’époque en question. A l'appui de cette
théorie, M. A. de la Rive ajoute qu’il avait signalé, dès l’année 1851, la grande
extension qu’avaient prise les glaciers de la Suisse après les deux années plu-
vieuses de 1816 et 1817. Du reste, d’autres savants avaient déjà publié, sur
l’époque glaciaire, des idées assez analogues à celles de M. Frankland. La com-
munication de M. le professeur de la Rive est insérée dans les Archives des
sciences de la Bibliothèque universelle.
M. le professeur Desor communique quelques-uns des résultats de ses der-
nières recherches sur les dépôts lacustres du lac de Neuchâtel. Il a étudié deux
stations à Auvergnier ; l’une de l’âge de pierre, située près du bord, à environ
cinq pieds au-dessous du niveau moyen des eaux; l’autre de l’âge de bronze,
qui se trouve plus en avant et dans des eaux plus profondes. Il présume que les
stations de l’âge de pierre sont des restes d’iles artificielles, formées par des cail-
loux amoncelés autour de pieux plantés dans le fond du lac.
M. de Heer annonce la découverte de l'aile d’un insecte du genre Blatina,
dans les anthracites du Valais, près de Saint-Maurice. Cet insecte, trouvé sous
des plantes fossiles de l’époque de la houille, est tout à fait voisin de ceux du ter-
rain houiller.
M. le professeur Pictet a continué de tenir la Société au courant soit des faits
relatifs à la découverte de la mâchoire de Moulin-Quignon, soit des divers travaux
scientifiques qui se rattachent à cette découverte. Ces travaux ont été successi-
vement publiés dans les journaux scientifiques et littéraires de l’époque; et
comme ils sont trop nombreux pour que nous puissions en donner ici même un
simple énoncé, nous nous bornons à y renvoyer.
Le même naturaliste nous a aussi parlé de la découverte, dans l’oolithe de
DE LA SOCIÉTÉ. 613
Poitiers, d’une dent d’un crocodilien gigantesque; d’après les savants qui s’en
sont occupés, cet animal paraît avoir eu environ cent pieds de longueur.
Enfin, M. Alex. Prevost, notre secrétaire, nous a montré un fragment de crâne
humain, trouvé dans la vallée de Chamounix, immédiatement au-dessus des Ai-
guilles par lesquelles le glacier des Bossons se termine dans la vallée. Ce frag-
ment est sans doute un reste de l’un des trois guides qui périrent sur le grand
plateau, lors de l’expédition du docteur Hummel en 1820. D’autres os, de
même origine, ont été trouvés au printemps dernier et plus récemment encore
dans les mêmes localités.
Botanique.
MEMOIRES,
M. le docteur Müller a lu une note sur des monstruosités qu'il a ren-
contrées dans les fleurs et les fruits du Jatropha Pohliana, et il en a tiré
des conclusions sur la théorie de lanthère. Il estime que celle-ci n’est
formée ni par la combinaison de deux feuilles ordinaires, ni par une
feuille dont les bords se seraient recourbés vers la nervure médiane
pour former les deux loges du pollen. Il croit que l'anthère ne repré-
sente qu'une feuille simple, et que le pollen se développe dans le tissu
épaissi du parenchyme de celle-ci.
Les anthères reconnues jusqu'à présent sont à 1, 2, 4 et 8 loges, et
d’après la théorie ordinaire, l'existence d’anthères triloculaires serait
chose impossible, Or, en confirmation de sa théorie particulière de la
feuille anthérienne, M. Müller nous à lu une note sur l'existence d’an-
thères triloculaires dans le genre Pachystema de la famille des Euphor-
biacées (Java).
Enfin, le même collègue nous à présenté une dernière note sur deux
modes d’inflexion des étamines dans les Euphorbiacées. Le seul de ces
deux modes qui ait de la valeur, c’est celui où l’anthère est infléchie
dans le bouton, son sommet en bas et sa base en haut. Cette forme d’in-
flexion est importante, en ce qu’elle sert à caractériser la grande tribu
des Crotonées.
614
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
RAPPORTS VERBAUX.
M. le professeur de Candolle, dans sa Géographie botanique, a fait observer
que le hêtre et le châtaignier n’avaient pas été signalés en Algérie. Or, M. le pro-
fesseur Martins vient de trouver des châtaigniers dans la forêt de l’Eddug, au
voisinage d’un aqueduc romain. M. de Candolle pense que, dans une pareille
localité, le châtaignier pourrait bien avoir été introduit par les Romains, et il
persiste à croire que l'arbre en question n'existe pas dans l’Atlas.
Il signale aussi un travail de M. le docteur Hooker sur la flore arctique, tra-
vail où ce savant cherche à expliquer pourquoi certaines régions du Nord ont
une flore très-riche (la Laponie), tandis que d’autres en ont une extrêmement
pauvre (le Groenland). M. Hooker pense qu'après l’époque glaciaire, les espèces
végétales, à mesure que la glace se retirait, ont pu remonter dans les régions
arctiques, lorsque ces régions étaient continentales ; tandis que dans celles de
ces régions qui sont restées insulaires, la mer s’est opposée à la réascension des
végétaux.
Le même naturaliste présente à la Société des graines du café indigène du
Pérou ; ces graines sont plus volumineuses que celles du café d'Asie, mais il
u’est pas encore possible d’en déterminer l'espèce. Il nous montre également
la fleur mâle d’un bégoniacée d'Afrique, très-différente du type ordinaire de sa
famille, et dont il doit l'envoi à M. le docteur Hooker.
Enfin, M. Reuter présente à la Société la feuille, le fruit et une parte de la
fleur du Tornelia fragrans. C’est la première fois qu’on a vu à Genève le fruit de
cette Aroïdée du Mexique.
Zoologie.
MEMOIRES.
M. Henri de Saussure à lu un travail sur l’incessante dispersion des
hyménoptères à la surface du globe, dispersion qui aurait pour consé-
quence apparente une modification successive des individus, et ainsi, le
développement de séries d'espèces graduées jalonnant les étapes parcou-
rues par les migrations de chaque type. Cette hypothèse expliquerait les
séries paralléliques qu'on peut observer sur un même continent ou sur
des continents différents. Parmi ces modifications successives, l’une des
plus intéressantes est celle qui ne porte que sur un seul des deux sexes,
DE LA SOCIÉTÉ. GLS
le sexe féminin. Dans le genre Elis, par exemple, on peut distinguer une
vingtaine d'espèces répandues sur tous les continents, espèces extré-
mement distinctes les unes des autres par les femelles, mais dont les
mâles semblent identiques ou subidentiques, ce qui constituerait une
série de types successivement polygames. L'auteur termine en signalant
certaines espèces qui ont pu passer d'Europe en Amérique, et d’Amé-
rique en Afrique ou en Europe.
M. Aloïs Humbert à lu un mémoire dans lequel, à l'aide de mollus-
ques qu'il a rapportés de Ceylan, il montre que, chez les Gastéropodes
pulmonés, il n'existe aucune différence essentielle entre ceux à coquille
interne et ceux à coquille externe, et il fait voir qu'il est possible d’éta-
blir tous les passages désirables entre les deux extrêmes de cette famille,
extrêmes qui peuvent être représentés par la limace (coq. interne) et par
le colimacçon (coq. externe).
M. Victor Fatio communique un travail sur la distribution verticale
des espèces dans certaines familles d'oiseaux. Partant du bassin du Lé-
man avec vingt-quatre espèces différentes de Sylviadées, il perd quel-
qu'une de ces espèces à mesure qu'il s'élève sur les montagnes; et arrivé
dans la Haute-Engadine, il finit par ne plus se trouver qu'avec des Ru-
biettes, dont l'une, la Tethis, monte seule plus haut que lui. Dans cette
étude comparée, l'auteur établit d’abord un rapprochement entre le pôle
nord et nos hautes Alpes, ce qui l'amène à signaler les rapports qui exis-
tent, pour les oiseaux, entre les passages horizontaux et les migrations
verticales. Puis ensuite, passant à ce transport des espèces à des altitudes
de plus en plus considérables, il y reconnait l'influence que le climat et
la nature du sol exercent sur la production de la nourriture.
RAPPORTS VERBAUX.
M. V. Fatio signale l'apparition à Genève d’un oiseau, le siraptes paradoæus,
qui habite la Sibérie, la Tartarie et la Chine, et qui a fait invasion en Europe
en 1863, en s’y dirigeant du N.-E. de l'Allemagne au S.-0. de la France. Une
sécheresse extraordinaire dans son pays natal est peut-être la cause de cette mi-
gration insolite de l'oiseau en question.
616 RAPPORT SUR#LES TRAVAUX
Anatomie et Physiologie.
MÉMOIRES.
M. le professeur Thury communique son important mémoire sur la loi
de la production des sexes. Chez les plantes, l'identité fondamentale des
pistils et des étamines est admise par ceux des botanistes qui regardent
les organes en question comme des feuilles modifiées. Or, d'après les
expériences de Knight, la chaleur favorisant la production des fleurs
mâles dans les plantes dioïques, M. Thury en a conclu que le calorique
agissait sur les plantes en déterminant une élaboration et une matura-
lion plus complètes des sucs et des organes; de sorte que la production
de l'élément mâle correspondrait à un développement du germe plus par-
fait. Appliquant ces idées au règne animal, notre collègue en à tiré la
conséquence, que la production de l’un ou de l’autre sexe ne dépendait
que du degré de maturation de l'œuf, maturation qui allait se complétant
pendant le temps qui s’écoulait entre le moment du détachement de l'o-
vule et celui de sa fécondation, de telle façon que les œufs promptement
fécondés donneraient des femelles, et ceux qui le seraient tardivement,
des mâles,
Telle est la filiation des idées par lesquelles M. Thury est arrivé à la
théorie à laquelle son nom restera attaché, théorie, du reste, qui a été
constamment confirmée par l'expérience dans chacun des 29 cas dans
lesquels son auteur avait chargé M. Cornaz de la mettre à l'essai. Ces
idées de notre collègue ont excité un intérêt très-général; elles ont été
mises immédiatement à l'étude en France, en Angleterre et en Allema-
gne, et elles l'ont été sur une assez vaste échelle pour qu’on puisse espé-
rer arriver promptement à des résultats tout à fait décisifs.
Certaines objections cependant ont été élevées contre cette théorie".
Ainsi, par exemple, pour le chanvre qui croit dans des climats très-di-
vers, il à été dit que rien jusqu'à présent n’indiquait qu’il se produisit
plus d'individus mâles dans le chanvre des pays chauds que dans celui
! Nous ne devons parler ici que des objections qui se sont fait jour dans nos séances.
DE LA SOCIÉTÉ. 617
des pays froids. — D'autre part, M. Pagenstecher a cherché à démontrer
que la théorie de M. Thury était en opposition avec les observations sur
la parthénogénèse, et il la remplace par une autre théorie, dans laquelle
il tient compte également de l’âge de l'œuf au moment de sa fécondation.
— Enfin, à la session de 1863 de la Société helvétique des sciences na-
turelles, il à été émis l'idée que, par la maturation, la pellicule de l’ovule
s’endurcissait, ce qui pouvait empêcher un plus ou moins grand nombre
dezoospermes de pénétrer dans l'intérieur de l'œuf, et ainsi influer sur la
sexualité. — Certaines de ces objections, il faut en convenir, ne reposent
que sur des hypothèses, et auraient bien besoin de démonstration pour
se faire accepter.
M. le professeur Claparède à lu un mémoire sur la circulation du
sang chez les Arachnides du genre Lycose. L'examen de cette circulation
conduit auteur à un résultat très-inattendu : celui que chez ces animaux
le sang, dans la presque totalité du cœur, se meut d'avant en arrière,
contrairement à ce qui à lieu chez tous les Arthropodes étudiés jusqu'ici.
Du reste, le mémoire de M. Claparède a été publié dans lavant-dernier
volume de notre collection ce qui me dispense d’entrer dans d'ultérieurs
détails sur tout ce que ce travail présente d’intéressant, détails d’ailleurs
difficiles à comprendre sans planches.
Le même naturaliste a présenté un autre mémoire, où il expose le
résultat des belles recherches qu'il a faites à Port-Vendres, pendant l'été
de 1865, sur l'anatomie et la classification des Annélides marines. D'a-
bord, il s'occupe d’un type qui n’a été étudié jusqu'ici que d’une manière
probablement assez imparfaite, celui des Polyophthalmes, qui forme,
chez les Chétopodes, un chaïnon intermédiaire entre les Oligochètes et
les Polychètes. — IT examine ensuite les Annélides dégradées de la
famille des Térébellacés, chez lesquelles la disparition du système vas-
culaire est accompagnée de la formation, dans la cavité générale de
l'animal, d’un liquide tenant en suspension des globules rouges, très-
semblables aux corpuscules du sang des mammifères, et mis en un
mouvement de va et vient continuel par les contractions des parois du
TOME xvir1, 20e PARTIE. 79
618 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
corps. Enfin, il passe à l'examen de la famille des Syllidées, dont les
espèces présentent, les unes la génération normale, et les autres la géné-
ration alternante. Sur plus de vingt espèces appartenant à cette famille,
et trouvées par lui à Port-Vendres, une seule d’entre elles était déjà
connue. — Ce mémoire, accompagné de planches, est inséré dans le
présent volume des Mémoires de la Société.
M. Victor Fatio a lu un mémoire sur l'appareil reproducteur mâle de
l'Accensor alpinus, lun des jolis passereaux de nos Alpes. Au prin-
temps, à l'approche du rut, ses testicules prennent un énorme dévelop-
pement, et atteignent le volume d'environ le liers du tronc entier. Leurs
conduits déférents, au lieu d'aller directement s'ouvrir dans le cloaque,
s'entortillent sur eux-mêmes, et forment sur les côtés de l'anus deux
grosses pelottes qui pendent sous la queue dans des poches recouvertes
par la peau. Au sortir de ces pelottes, les conduits en question se dirigent
vers le vestibule commun, et vont s’y terminer à l'extrémité d’une pelite
papille sexuelle. En automne, tout ce développement temporaire disparait.
M. le docteur Dor a lu un mémoire sur les effets physiologiques de la
fève du Calabar (Physostigma venenosa). Étudiée spécialement dans ses
effets sur l'œil, cette substance opère la contraction de la pupille, et dé-
termine une sorte de crampe du muscle accommodateur. Sous ce double
rapport, elle agit comme antagoniste de l’atropine.
M. le professeur Valentin a présenté une note sur l’étirement des nerfs
moteurs. Cet élirement, en amenant l'allongement de la gaine fibrillaire
de Schwan, doit en rétrécir le diamètre, et ainsi amener probablement
un certain degré de compression de la pulpe nerveuse qu'elle enveloppe "-
M. Valentin à cherché à mesurer les effets de l’étirement en question, et
cela à l'aide d’un appareil mensurateur tout à la fois rotatoire et gra-
phique, et d’un courant d’induction léger, comme moyen d’excitation
des nerfs étirés.
1 Nous disons probablement, parce que si l'allongement de la substance nerveuse est proportionnel à
celui de la gaîne qui l'enveloppe, il n'y aura pas compression, mais étirement seulement de la pulpe
nerveuse enveloppée.
DE LA SOCIÉTÉ. 619
Le même physiologiste à fait une communication sur les effets de la
séparation des nerfs moteurs d'avec les centres nerveux. Il à constaté :
1° Qu'une discontinuité d’un demi-millimètre suffisait pour produire
tous les effets résultant de la séparation en question, ce qui exclut l'idée
que la force nerveuse puisse agir à distance, comme dans l'induction ; —
2° que lorsqu'on examinait au microscope les deux bouts séparés du
nerf, l’on trouvait que la portion périphérique ne présentait que des fibres
dégénérées, tandis que le bout rattaché aux centres nerveux ne se com-
posait que de fibres parfaitement normales. Pour le grand sympathique,
les effets sont différents, vu les anastomoses du bout périphérique.
RAPPORTS VERBAUX.
Il a été fait quelques communications intéressantes sur des travaux physiolo-
giques étrangers à la Société, savoir :
Par M. le professeur de la Rive, sur les expériences de M. Scouttetten rela-
tives à l’électricité du sang et au courant qui, au travers du galvanomètre, va
du sang artériel au sang veineux ; et cela, tant sur l’animal vivant que sur le
sang fraîchement extrait des vaisseaux.
Par M. le professeur Claparède sur le procédé de M. Wandt pour mesurer la
rapidité avec laquelle la pensée peut se porter d’une impression du sens de l’ouie
à une impression du sens de la vue (environ ‘/, de seconde). L’équation per-
sonnelle de l’observateur, évidemment, doit être prise ici en considération.
Sur les greffes animales du docteur Bert; outre des greffes sous-cutanées
de divers membres, effectuées avec succès, ce physiologiste, sur deux animaux
de même espèce, mais de sexe différent, a réussi à grefler les organes géni-
taux de l’un dans la cavité abdominale de l’autre. Il a soudé également deux
rats par la peau de la partie latérale du corps, et est parvenu ainsi à établir entre
eux une communication vasculaire complète. Du reste, ces grefles ont réussi
entre les animaux d’un même genre ; mais elles ont échoué entre ceux de genres
différents.
Enfin, et c’est par là que nous terminerons, M. le professeur Claparède nous a
entretenus des derniers résultats auxquels, chacun de son côté, sont parvenus
MM. Knoch en Russie, Leukart en Allemagne, et feu Bertholus en France, dans
leurs importants travaux sur l’évolution du Botryocéphale. Chez ce ver, assez
commun en Russie, en Pologne, dans le midi de la France et à Genève, les œufs
620 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
se développent dans l’eau, et, au bout de sept mois, donnent naissance à des
embryons munis de cils remarquablement longs. Ces embryons continuent à vivre
librement dans l’eau, et y produisent une larve armée de crochets assez sembla-
ble à celle des tænias. — Maintenant, ce qu'il reste encore à découvrir, c’est s'il
suflit d’avaler de l’eau contenant des larves de Botryocéphales, pour introduire
ce ver dans le corps humain ; ou si, comme pour d’autres tænias, le passage par
un animal intermédiaire est nécessaire pour que l’évolution ultime du ver puisse
s'effectuer. — Ramenée à ce degré de simplicité, la question devient facile-
ment abordable, et l’on peut espérer qu’elle sera résolue plus ou moins prochai-
nement.
Telle est, Messieurs, l'analyse assez complète, je le crois, mais aussi
bien sommaire et bien sèche, des différents travaux dont nous avons eu à
nous occuper pendant l'année qui finit aujourd'hui. Je terminerai ce
comple rendu par quelques mots sur le personnel el sur la marche de
notre Société.
PERSONNEL.
Membres décédés. Jusqu'à ces derniers jours, j'avais espéré pouvoir
vous féliciter de ce qu'une année aussi difficile que celle-ci pour la santé
publique n'avait amené aucun vide parmi les membres de la Société, et
nous trouvait encore aujourd'hui au grand complet de 1863. Mais ces
félicitations que je me promettais, Messieurs, elles se trouvent mainte-
nant changées en de sincères regrets par la perte toute récente que nous
venons de faire de notre collègue, M. Wartmann père, qui, à l'âge de 71
ans, a été enlevé par une fluxion de poitrine dans le courant du mois
dernier.
M. Louis-François Wartmann est né à Genève le 6 janvier 1795. Son
père s’étudia d'entrée à lui donner l'éducation virile que réclamaient les
circonstances difficiles de l’époque, et sut, par son propre exemple, le
former à la persévérance et à l'amour du travail. D’une intelligence fa-
cile et d’une heureuse aptitude pour les occupations sérieuses de l’es-
DE LA SOCIÉTÉ. 621
prit, ce sont les sciences physiques vers lesquelles il se sentit le plus for-
tement attiré, et dont l'étude sous les Schaub, les Gasp. de la Rive, les
Marc-Auguste Pictet, les Maurice et les Gautier, décida de sa carrière
d’une manière définitive.
Doué d’une élocution facile et agréable, et sachant se mettre au niveau
des intelligences de tous les degrés, il sadonna plus particulièrement à
l’enseignement, et y obtint pendant un demi-siècle des succès mérités.
Bien placé, sous ce point de vue, pour reconnaître ce qui pouvait man-
quer à notre population, il comprit que notre collége classique ne ré-
pondait qu'imparfaitement aux besoins d'instruction d'une partie de la
jeunesse de notre pays; en sorte que, s’associant avec quelques collègues
capables et dévoués, il ouvrit, en juillet 1851, une école industrielle qui
fonctionna avec succès jusqu'en 1858, c’est-à-dire jusqu’à l'époque où le
vouvernement établit le collége industriel et commercial qui subsiste
encore aujourd'hui.
L'astronomie, pour M. Wartmann, a toujours été la science de prédi-
lection. Le 6 septembre 1851, il découvrit probablement lune des petites
planètes télescopiques de notre système; mais, dépourvu à cette époque
d'instruments de précision, il ne put déterminer les éléments de son or-
bite, et sa découverte lui échappa. Plus tard, il dressa les cartes des tra-
jectoires des comètes de Halley, d'Enke et de Biela ; il construisit sur un
plan nouveau deux grands planisphères qui renfermaient, au nombre de
2800, toutes les étoiles de la première à la sixième grandeur, visibles en
Europe à la latitude moyenne de 45° à 47, et calculées pour le {* jan-
vier 1850, Enfin, les étoiles filantes attirèrent aussi son attention, et il
publia (Corresp. mathém. et phys. de Quetelet, tome X1) sur celles qu'il
avait observées dans la nuit du 10 au 11 août 1858, un mémoire qu'il
accompagna d’une carte, où il traça les trajectoires de 572 de ces mé-
téores mystérieux.
M. Wartmann, le 4 octobre 1832, a été nommé membre de notre So-
ciété, el y a rempli les fonctions de trésorier depuis 1834 jusqu'à 1858.
Outre ses propres recherches sur l'astronomie et sur la météorologie, il
622 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
nous à communiqué de nombreux extraits de sa correspondance avec des
astronomes étrangers. Ses travaux scientifiques ne se trouvent pas dans
les volumes de nos Mémoires; ils sont disséminés dans la Bibliothèque
universelle, dans les comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris,
dans les Bulletins de l'Académie de Bruxelles et dans quelques autres
recueils scientifiques étrangers.
Tel était M. L.-F. Wartmann, que la mort nous a enlevé le 17 mai
dernier. Qu'il me soit permis, en terminant cette courte notice, de vous
rappeler les qualités aimables du cœur et de l'esprit du collègue que
nous avons perdu, qualités qui nous le rendaient cher à tous, et qui font
que nous aimerons à conserver l'agréable et gracieux souvenir de sa
personne. N'oublions pas non plus de vous signaler l'exactitude ponc-
tuelle avec laquelle il avait l'habitude d'assister à chacune de nos séan-
ces, et faisons des vœux pour que cet exemple de persévérante assiduité
ne soit entièrement perdu pour aucun de nous.
Nous avons eu le regret également de perdre cette année l’un de nos
associés libres, M. Gabriel Naville. Sans s'occuper directement de re-
cherches relatives aux sciences physiques ou naturelles, M. Naville éprou-
vait cependant un intérêt réel pour tout ce qui s'y rapportait. C’est
comme amateur sérieux des sciences en général que la Société, 11 y a
deux ans, se l'était attaché à titre d’associé libre.
ÉLECTIONS.
Membres ordinaires. En raison des candidatures nombreuses qui nous
ont été présentées, nous avons discuté la convenance de modifier l’ar-
ticle 2 de notre Règlement, afin de nous donner la possibilité d’augmen-
ter le nombre de nos membres ordinaires. Cette modification ayant été
votée, nous avons successivement élu les cinq nouveaux membres ordi-
naires ci-après : MM. Ch. Galopin, Ad. Pérot, Lucien de la Rive, Victor
Fatio et Marc Delafontaine. Ces cinq nominations portent à 41 le nom-
bre actuel des membres ordinaires de la Société.
DE LA SOCIÉTÉ. 625
Membres honoraires. La Société, dans ces dernières années, ayant
perdu plusieurs de ses membres honoraires, elle en a nommé cette an-
née six autres, savoir: MM. les professeurs Kælliker, à Wurzhourg; Va-
lentin, à Berne; Desor, à Neuchâtel; Dufour, à Lausanne; Lory, à Gre-
noble, et M. le docteur Will. Marcet, à Londres. Ces nominations portent
à 65 le nombre actuel de nos membres honoraires.
Associés libres. Enfin, votre Comité de publication a fait cette année
quatre nominations d'associés libres. Ce sont MM. E. Naville, Tiedemann,
G. Lunel et James Odier. Par là, lè nombre actuel de nos associés libres
est porté à trente-sept.
MARCHE DE LA SOCIÉTÉ.
Je ne terminerai pas ce Rapport sans y ajouter quelques mots sur la
marche de notre Société. Cette marche, Messieurs, a continué d’être
bonne comme par le passé. Et, en effet, pendant toute cette année, le
nombre des mémoires, des notes et des rapports verbaux qui nous ont
été lus ou présentés, montre que l’entrain scientifique n’a pas fait défaut
parmi nous. Nos séances vous ont offert de l'intérêt ; votre empressement
à y assister est attesté par nos procès-verbaux; et dans chacune de nos
réunions, les formes les plus agréables de bienveillance mutuelle et de
simplicité n’ont jamais cessé un instant de régner. Si à ces considéra-
tions vous voulez bien ajouter l'augmentation successive de notre per-
sonnel résidant, augmentation qui est pour nous la preuve de l'intérêt
croissant que notre Société excite dans la partie éclairée de notre popu-
lation ; de tout cela, sans doute, vous croirez pouvoir conclure que notre
position est bonne, notre marche très-satisfaisante, et que nous ne pou-
vons que désirer voir cette situation favorable se maintenir telle à lave-
nir. Mais pour cela, Messieurs, il ne faut point oublier que jeunesse
oblige ; car c’est l'heure du génie et l'âge des grands travaux. Telle est la
réflexion qu'un vieux collègue croit devoir vous présenter, en terminant
ce qu'il était appelé à vous dire touchant la marche de notre Société.
624 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ.
Maintenant, Messieurs, qu'il soit permis à votre Président, au moment
de résilier ses fonctions de l’année, de vous remercier très-sincèrement
du concours bienveillant que vous lui avez toujours accordé, concours
qui Jui a bien facilité laccomplissement de la tâche, à la fois délicate et
relevée, que vous lui avez fait l'honneur de lui confier.
Genève, le 2 juin 1864.
CH. CHOSSAT, M. D.
Président.
ERRATA.
Page 439, ligne 14, au lieu de : Pygurus productus, lisez : Pygurus rostratus.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
—_—_—_————_——…_"0————
Liste des ouvrages reçus par la Société pendant l'année 1865.
Titres. Donateurs.
Mémoires de l'Acad. des sciences de l'Institut de France, T. XXV,
XXVI, XXVIL, part. 2; XXVIII, XXX, XXXI, part. 1 et 2;
RENTE L A tIAB se -re-e-eenr .... 4°, Paris. 1860-1862 Rare à
Mémoires présentés par divers savants à l’Acad. des sciences, RUES
HONTE NN ao condesccoteoe 4°. Paris. 1862
Comptes rendus hebdomadaires, ete., T. LVI et LVIT. 4°. Paris, 1863
Bulletin de la Soc. géol. de France, T. XVII, feuille 53 ; T. XIX, "
Société géolog. de France.
feuilles 59 à 68 ; T. XX, feuilles 1 à 48........ 80. Paris. 1863
Annales des mines, 1862, livr. 4 à 6............. 80. Paris. 1862 LE tt
» 1863, livr: 4 44,0... SoyBans, 11862 a 19 MARPEPeS Mes:
Mémoires de l'Acad. imp. des sciences, belles-lettres et arts de ie da Corne de
Lyon. Classe des sciences, T. IX, X et XI. Classe des lettres, | dt ï F
HONTE D: 0 ÉTOILES 80, Lyon. 1859-1862 à
Annales des sciences phys. et nat., d'agric. et d'industrie. 32 série, Société d'agriculture de
IRON ICIN CSSS to en condor 8°. Lyon. 1860-1861 Lyon.
Annales de la Société linnéenne de Lyon. Nouvelle série, T. VII ls iété linné Es
Un nu de SOEUR 8e. Lyon. 1861-1869 J ©0016 NICE Ce Yon.
Bulletin de la Soc. industrielle d'Angers. 33° année. 8°. Angers. 1862 } Soc. industr. d'Angers.
Mémoires de la Soc. des sciences physiques et naturelles de Bor- Soc. des Sciences phys. et
deal IDÉAICAMEr.. me mcecrt see 8°. Bordeaux 1863 natur. de Bordeaux.
Actes de la Soc. linnéenne de Bordeaux. T. XIV, XVIE, livr. 4 TNA RE
et 5; XVIII, livr. 3, 4, 6; XXI, XXII, XXIV, livr. 4 et 2. Le Jméenne de) Bose
8°. Paris-Bordeaux. 1845-1862 eo
Mémoires de l’Acad. de Stanislas, 1862.......... 80. Nancy. 1863 RUES
LR DE Les - Académie impériale de
Documents pour servir à la description scientifique de la Lorraine. E
Stanislas.
80. Nancy. 1862
ToME xvII, 20e PARTIE. 80
626 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Mémoires de l'Acad. imp. des sciences, arts et belles-lettres de À Acad. impériale de Dijon.
Dijon. 2e série, T. X--..................... 80. Dijon. 1863
Bulletin de la Soc. indust. de Mulhouse, décembre 1 862 à octobre | Société industrielle de
1863 Nr EN ete 80, Mulhouse 1862-1863 | Mulhouse.
Mémoires de l'Acad. imp. de Toulouse. be série, T. VI; 6€ série, à
cad. imp. de Toulouse.
ES RÉ RE EE Du ee 8. Toulouse 1862-1863 |
Mémoires de la Soc. linnéenne de Normandie. Vol. X, XI, XII.
4°. Paris. 1856-1862 ( Société linnéenne de Nor-
Bulletin de la Soc. linnéenne de Normandie. Vol. I, LEE, IV, VI, mandie.
\'IPESS SE fade os éco onto 80. Caen 1857-1863
Mémoires de l'Académie impériale de Savoie. T. V, livr. 3 Ÿ Acad. impér. de Savoie.
8°. Chambéry. 1863
Bulletin de la Soc. vaudoise des sciences naturelles T. VII, n° 50. o oc. vaudoise des Sciences
8°. Lausanne. 1863. naturelles.
Witterungsheobachtungen in Aarau, 1862 ........ 8. Aarau. 1862 l Société d'Argovie.
Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. Be HIT,
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COR ER TAPANT ER 2 Bed ARasnl even IeEs Stepees
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MISE BASS ERXM 0 E ee NL ee 40. Wien. 1863
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80. Wien. 1862-1863
2te Abth. Bd XLV, 5; XLVI, 1-5 ; XLVII, 1-4. 80. Wien. 1862-1863
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LATE DIE ARR OL Eee. 70. 8, Wien. 1869 | Observatoire impérial de
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NENe tennis cree nee eee 8°. Hannover. 1863 Hanovre.
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HER D tee RP een 8°. Klagenfurt. 1862 | Carinthie.
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3,42 — -MO6 AA rene 80. Munich. 1862-1863
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He ee ne te Dre tee ec eee 4. Halle. 1863 de Halle.
Abhandlungen der Senkenbergischen Gesellschaft. Bd IV, 2, 3, 4. Soc. Senkenbergienne de
80. Frankfurt. 1863 Francfort.
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1862-
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1862 Prusse rhénane.
1862 ( Soc. royale des Sciences
1862 de Bohême.
Société phys. et économi-
1863 que de Kænigsberg.
Société d’hist. natur. de
1862 | Darzig.
Société d'hist. natur. de
1862 | Wurtemberg.
1862
1862 Acad. royale des Sciences
des Pays-Bas.
1862
1862
Société hollandaise des
1862 Sciences.
Société des Sciences nat.
1863 de Luxembourg.
is Académie royale de Bel-
DE gique.
1863
1863
1862
1863
Observatoire royal de
Bruxelles.
1862
Acad. royale des Sciences
de Stockholm.
1863
1863
1863
Soc. royale des Sciences
1868 À Upsal.
1862
650 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
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Dr Christian Heinrich Pander: Ueber die Ctenodipterinen des De-
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ù
1863 | Acad. américaine des Arts
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1863 parée de Boston.
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1862 | Société des Sciences et des
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DeichenäcKern etc". ----.---L-c-cc 8°. Erlangen.
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8°. Paris.
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W.-B. Carpenter and Ed. Claparède : Furter researche on Tomop-
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Victor Chatel (de Vire) : Nouvelles observations sur la maladie de
TAMIDNEE A ee chere s-crEre rc 8°. Caen.
De Colnet d'Huart : Détermination de la relation qui existe entre
la chaleur de conductib. et la chaleur latente. 8°. Luxembourg.
Dr Emile Czyrnianski : Theorie der chemischen Verbindungen.
8°. Cracovie.
Victor Fatio : Description d’une nouvelle espèce d Arvicola. —
Nouvelles observations sur la Rana agilis de Thomas. 8°. Paris.
A. Favre: Carte géologique de la Savoie et explication. 8°. Genève.
J.-D. Forbes : An address to the R. Society of Edinburgh on the
DECEMBRE crie LE 8°. Edimbourg.
D: H.-J. Gosse : Note sur des instruments en silex et des osse-
ments fossiles trouvés à Paris................. 80. Paris.
Le même : Des taches au point de vue médical... ... 8°. Paris.
Lieut.-col. J.-D. Graham : Report on Mason and Dixon's Line.
8°. Chicago.
R. Griffith and Fr. M’Coy : A Synopsis of the silurian Fossils of
Irelande asser eenpieeenoe ee ... 40. Dublin.
Dr Cam. Heller : Neue Crustaceen gesammelt während der Welt-
umseglung der k.k. Fregatte Novara. [2ter Bericht. 8°, Wien.
A. Humbert : Nouveau genre de Mollusque pulmoné de Ceylan.
80, Paris.
Le comte Jaubert : Notice sur la vie et les travaux de M. Cordier.
80. Paris.
1863 Miss Coutts.
1862 } M. Ladrey.
1863
1863
1863
1863
1862
1862
1863
1857
1863
1863
1863
1862
1862
1863
1862
1863
1862
1846
1862
1362
1862
{saac Lea : Observat, on the genus Unio. Vol. IX. 4°, Philadelphia. 1862
Dons des auteurs.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Le même : Notices div. réunies en une brochure. 8°. Philadelphia.
P. de Loriol : Animaux invertébrés fossiles de l'étage néocomien
moyen du mont Salève. 2 livr............... 4°. Genève.
Dr C.-F.-Ch. v. Martius : Glossaria linguarum Brasiliensium.
8°. Erlangen.
Le même : Die Fieber-Rinde, der China-Baum.
H.-A. Middelburg : De Zitplaatz van het Astigmatisme, 8°. Utrecht.
A. de Morgan : Contents of the Correspondence of scientific men
of the seventeenth Century. ................. 8°. Oxford
Ch. Des Moulins : Genre Schufa. — Sur une publication de M.
Clos. — Vrilles de la vigne vierge. — Vites boreali-americanæ.
— Note sur le Scirpus Duvalii............. 8°. Bordeaux.
W.-A. Ooster : Pétrifications remarquables des Alpes suisses. —
Céphalopodes nouvellement découverts. — Synopsis des Bra-
chiopodes fossiles des Alpes suisses. .... 4°, Genève et Bâle.
Quetelet : Climat de la Belgique ............. 4°. Bruxelles.
Le même : Différence des temps entre Bruxelles et Vienne.
8°, Bruxelles.
T.-H. Safford : The observed motions of the Companion of Sirius.
8°. Cambridge.
H. Scoutetten : Expériences constatant l'électricité du sang chez
les animaux vivants (deux brochures). .... 80. Paris et Metz.
M. Thury : Sur la loi de production des sexes, ete. 80. Genève.
J. Tyndall : On the absorption and radiation of Heat. 24 memoir.
ONF ONCE eme nee ee dre e 4°. London.
Cav. Dott. Giovanni Vecchi : A Lazzaro Spallanzani, Canzo. —
Sulla generazione spontanea. — Biographia del prof. Gius. Be-
ESC aa ie en ne ee din 8°. Modena. 1855-
Dr Rud. Wolf : Ueber die Bedeutung der sogenannten Mittel-
Europaischen Gradmessung. — Mittheilungen über die Sonnen-
1862
1863
1863
1863
1862
1862
1863
1862
1863
1863
1863
1863
1862
1865
fleckens No XV. . eee ere aecuee 8°. Zurich. 1862-1863
TOME xvu, 2m PARTIE.
l
|
? Dons des auteurs.
|
\
|
|
8l
ny .
ANA UTA PR PARLES CC ART À
11
A
TABLE GÉNÉRALE
DES
MATIÈRES CONTENUES DANS LE DIX-SEPTIÈME VOLUME.
a —— —
Tableau des membres de la Société au 22 janvier 1864 ..........
Bulletin bibliographique. Liste des ouvrages reçus par la Société pen-
DANAANNECELS GR RE tn An oce
Etudes sur la circulation du sang chez les Aranées di genre Lycose,
par M. Édouard Claparède, professeur... ................
Mélanges paléontologiques, par M. F.-J. Pictet, professeur. . ......
Recherches sur les phénomènes qui caractérisent et accompagnent la
propagation de l'électricité dans les fluides élastiques très-raréfiés,
Dar Ier O ESS EURE ITelANRIVe ER
Description de deux Échinides nouveaux de l'étage nummulitique
d'Égypiepar MAP debonolse M UN nee. h
Etudes sur quelques Mollusques terrestres nouveaux ou peu connus,
ue M. A. Humbert A A AE AN TE Ton 2e LE
He A te par M. Hi. de Sue
Rapport sur les travaux de la Société de juillet 1862 à juin à 1863, par
M. le professeur Marcet, président. .....................
De la conduetibilité de la glace pour la chaleur, par M. Lucien de la
RE PM becs DGSE Me cr CE CIO De
Détermination télégraphique de la Made de longitude entre les ob-
servatoires de Genève et de Neuchâtel, par MM. E. Plantamour
CA MAAITSGR EE A ee ee ste eee
Description de quelques Brachiopodes crétacés, par \. P. de Loriol..
103
109
129
171
245
265
289
437
Nombre
de planche:
636 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES, ETC.
Pagos
Notice sur la nature des anthères d’après une monstruosité du Jatropha
ANT EE METIER EE dome coooroovue 449
Notice sur l'existence d’anthères triloculaires, par M. J. Müller. . . .. 454
Notice sur deux sortes d’étamines infléchies dans les Euphorbiacées,
par ME MUR PRE RE Rd nel 459
Glanures zootomiques parmi les Annélides de Port-Vendres (Pyrénées
orientales), par M. Éd. Claparède, professeur. ..._........ 463
Rapport sur les travaux de la Société, de juillet 1863 à juin 186%, par
Mlerdocteur Chossat président. ere 601
Bulletin bibliographique. Liste des ouvrages reçus par la Société pen-
dant nn ASC NT EE OC OC CCE 625
Nombre
de planches
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
AUTEURS ET DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE DIX-SEPTIÈME VOLUME.
A
Annélides. Glanures zootomiques parmi les Annélides de Port-Vendres (Pyré-
nées orientales), par M. Édouard Claparède, professeur. ............
Anthères. Notice sur la nature des anthères d’après une monstruosité du Jatro-
DOM POR ANA A NATAMENTE MUR EE ce
Anthères. Notice sur Pexistence d’anthères triloculaires, par M. J. Müller...
B
Brachiopodes. Description de quelques brachiopodes crétacés, par M. P. de Loriol
Buletnibibiootaphique MSG EPP EEE CC CR cette
» » SO Ne ee ee ni ete ete
C
Cnossar, docteur. Rapport du président sur les travaux de la Société, de juillet
RE Eat ete or te tonton ooubonc ot
CLararëne, Édouard, professeur. Études sur la circulation du sang chez les
ATAN es QUE RTEMNCOSeEe ce EC LT --Cre
Le même. Glanures zootomiques parmi les Annélides de Port-Vendres (Pyré-
HÉESÉOTIENAlES) EEE Ce De Ce cer ie
Conductibilité. De la conductibilité de la glace pour la chaleur, par M. Lucien
deta RIVE Tee En cn ete re ettos Re iee cher
D
De LA Rive, Auguste, professeur. Recherches sur les phénomènes qui carac-
térisent et accompagnent la propagation de l’électricité dans les fluides
SSUTUEREIT ESS RATES ee eee ne à ere lee ie
De La Rive, Lucien. De la conductibilité de la glace pour la chaleur.......
Pages
59
265
638 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
E
Pages
Échinides. Description de deux Échinides nouveaux de l'étage nummulitique
d'Égypte, par M. P. de Loriol . . . . . . at 103
Électricité. Propagation de l'électricité dans les fluides he Home
PARIME PAU Te ANNEE ER EP CC 109
Étamines. Notice sur deux sortes d’étamines infléehies ie E hits
DA MT AMENER ME EE ER RE METEO CN 9
G
Glace. Sur la conductibilité de la glace pour la chaleur, par M. L. de la Rive. 265
H
Himscu. Voyez PLanramour.
Homserr, Aloïs. Étndes sur RAS mollusques terrestres nouveaux ou peu
CONS EE Donc aMe/ quo 0 doi à (NU
Hyménoptérologiques | (Mélanges), par | M. “ent d Sur MANN CO RMI
L
Longitude. Détermination télégraphique de la différence de longitude entre les
observatoires de Genève et de Neuchâtel, par MM. E. Plantamour et À.
ESCORT 5 D EE 20
De Lorioc. Description de im Echitiés nouveaux + l'étage OUR
d'Égypte. . . . . .. de ee NI
Le même. Description de Hautes Bic pole à CTÉLACES SC TON
M
Marcer, professeur. Rapport du président sur les travaux de la Société, de
juillet 1862 à juin 1863. . . . . . . RE PROS
Mélanges Hyménoptérologiques, par M. H. de Se tete FE plu
» Orthoptérologiques, par M. H. de Saussure. . . . . . . . . . . . 129
» Paléontologiques, par M. F.-J. Pictet, RÉ EUX RARES
Membres. Tableau des membres de la Société. . . . . 0 D |
Mollusques terrestres nouveaux ou peu connus, par M. " nb ste 09
Muzcer, J. Notice sur la nature des anthères, d’après une monstruosité du
Jatropha poliliana . . . . . Los RAA none der ro UNE
Le même. Notice sur l'existence d° Re Ar RUE 454
Le même. Notice sur deux sortes d’étamines infléchies dans les A LE 459
CONTENUES DANS LE DIX-SEPTIÈME VOLUME. 639
0
Page
Orthoptérologiques (Mélanges), par M. H. de Saussure. . . . . . . . . . . 129
ps
Paléontologiques (Mélanges), par M. F.-J. Pictet, professeur . . . . . . . . 23
Picrer, F.-J., professeur. Mélanges paléontologiques. . . . . . . . . . . . 23
PLanramour, E. et À. Hirscm. Détermination télégraphique de la différence de
longitude entre les observatoires de Genève et de Neuchâtel. . . . . . . 289
R
Rapport sur les travaux de la Société, de juillet 1862 à juin 1863, par M. le
DEOfeSSe Marcel DTÉSIOEN EN NN CC CN. OU 24S
Idem, de juillet 1863 à juin 186%, par M. le docteur Chossat, président . . 601
S
De Saussure, Henri. Mélanges Orthoptérologiques . . . . . . . . . . . . 129
Le même. Mélanges Hyménoptérologiques . . . . . . . . . . . . . . . . 171
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