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Full text of "Memoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève"

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D'HISTOIRE NATURELLE 


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Volume 37 
1911-1913 


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GENÈVE PARIS 
GEORG & Gie G. KFISCHBACHER 
BALE et LYON même maison. 33, rue de Seine, 


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TABLE DES MATIÈRES 
du Volume 37 (1911-1913). 
FASCICULE 1 (Avril 1911). 


Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève 
pour l’année 1910, par M. le D' Frépérie RevERDIN. 

Supplément à la liste des institutions scientifiques avec laquelle la Société Fe DS 
et d'histoire naturelle de Genève fait échange de publications . ; 

Liste des membres de la Société de physique et d'histoire naturelle de Con e. 

Modifications au règlement de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. 


FASCICULE 2 (Août 1911). / 


Sur la notion de courbure et sur quelques points de géométrie infinitésimale non- 
euclidienne, par M. C. Camcer. Avec 18 fig. dans le texte. 


FASCICULE 3 (Juin 1912). 


Rapport du Président de la Société de D. et d'histoire naturelle pour l’an- 
née 1911, par M. Emire CHaix LE : 

Recherches expérimentales sur les mécanismes du nue # Mn es 
les Lépidoptères, par M. Arxozo Pierer. Avec 5 planches. 


FASCICULE 4 (Juillet et décembre 1913). 


Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève 
pour l’année 1912, par M. le D' Maurice GaurIER : ë Et 

Monographie géologique et paléontologique du Salève (H' Iron, Rte) par 
MM. Errexxe Jourowsky et Jues Favre. Avec une carte géologique en cou- 
leurs, 29 planches et 56 fig. dans le texte 


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Pagos. 


93 


111 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 


CauLer, C. — Sur la notion de courbure et sur quelques points de géométrie infi- 
nitésimale non-euclidienne : 3 

Caaix, Emi. — Rapport du Président 40 la Socié té “e Déeute et + d' Histoire natu- 
relle de Genève pour 1911. 2 

Gaurier, Maurice. — Rapport du Pre dent 6 la Société de Che sique et d’ RAS 
naturelle de Genève EE 1912 

Jourowsky, E. et Favre, J. — ER On Ont et ne nee #r Salève 
(H“-Savoie, France) . j < : 

Pierer, ArNoLD. — Recherches Me ntAlES sur STE mécanismes cn ana et 
de lalbinisme chez les Lépidoptères . 

Revernin, Frkoéric. — Rapport du Président Ée la Soci iété à de aide et d' histoire 
naturelle de Genève pour 1910 . 


D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 


Volume 37 


FASCICULE 1. — (AVRIL 1911) 


Rapport DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ POUR 1910 


DOCUMENTS ADMINISTRATIFS. 


GENÈVE | PARIS 
GEORG & Gie. | G. FISCHBACHER 
BALE et LYON méme maison. 33, rue de Seine. 


Prix : 2 fr. 


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= MÉMOIRES 
| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


FASCICULE 1, VOLUME 37 


Rapport du Président de la Société de tel et d'histoire naturelle de Genè ve 
pour l’année 1910 par M. le D' FrépériC REVERDIN 5 D 
Supplément à la liste des institutions scientifiques avec lesquelles la Société de 
sique et d'histoire naturelle de Genève fait échange de publications . . . 
Liste des membres de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève LA 
Modifications au règlement de la Société de physique et d'histoire nature 
Genève 


RARPORT 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 
POUR 
L'ANNÉE 1910 
PAR 


M. Frédéric REVERDIN, Dr ès!Sciences. 


MONSIEUR LE PRÉSIDENT, 
MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES, 


Arrivé au terme du mandat que vous navez fait l'honneur de me confier, j'ai 
encore, selon l'usage, à vous rendre compte de la marche de notre Société pendant 
l’année écoulée; mais avant de mentionner les quelques faits d'ordre administratif 
qui doivent être consignés dans ce Rapport, je dois vous rappeler les grandes 

SE. pertes que nous avons éprouvées, coup sur coup dans les premiers mois de 1910, 
—— par les décès d'Henri Dufour (Lausanne), d'Alexandre Agassiz (Cambridge, Mass.) 
: de Stanislas Cannizaro (Rome), et tout récemment par celui d'Edouard Hagen- 
cr bach-Bischoff (Bâle); notre Société s'était attaché ces savants comme membres 
+ honoraires il y a longtemps déjà, et je vous en retracerai, tout à l'heure, d'une 
manière bien incomplète sans doute, les belles carrières scientifiques. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 1 


À RAPPORT DU PRÉSIDENT 


M. le prof. C.-E. Guye a bien voulu nous représenter aux obsèques d'Henri 
Dufour et nous avons fait parvenir aux familles éprouvées l'expression de votre 
sympathie. 

Dans notre Assemblée générale du 20 janvier, M. E. Chaiïx a été nommé vice- 
président et M. F. Battelli, secrétaire. MM. R. Chodat et L.-W. Collet ont été 
appelés à remplacer dans le Comité de publication MM. Lullin et Yung, membres 
sortants et non rééligibles. 

Nous ne saurions enregistrer la nomination de notre nouveau Secrétaire sans 
adresser nos sincères remerciements et l’expression de notre reconnaissance à son 
prédécesseur M. M. Gautier, qui a désiré se retirer après avoir rempli ses fonctions 
pendant de nombreuses années avec la plus grande distinction. 

Vous avez, dans le courant de l’année écoulée, nommé membres honoraires : 
MM. les professeurs Otto Lehmann à Carlsruhe; Wilhelm Ostwald à Grossbothen; 
Albin Haller à Paris: Pierre Weiss, Arnold Lang et Alfred Werner à Zurich; 
Henri Blanc à Lausanne et MM. les docteurs Fritz Sarasin et Pierre Chapuis à Bâle. 

M. Henri d'Auriol, membre émérite, fixé de nouveau à Genève, à repris sa 
place de membre ordinaire et vous avez nommé en outre au même titre MM. Roger 
De Lessert, Edmond Weber, Emile Briner et Humbert Cantoni. 

Enfin, MM. Auguste Rilliet, Henri Lombard, Edouard Brot, Georges Baume, 
Ettore Cardoso et Henri Flournoy ont été reçus associés libres. 

Vous avez, Messieurs, dans la première séance de l’année, accordé une subven- 
tion de 200 francs, payables en deux annuités, au Comité International de publi- 
cation des tables physico-chimiques, sur la demande de M. P. Dutoit, membre de 
ce Comité pour la Suisse et professeur à l’Université de Lausanne. Le premier 
volume de cette utile publication, renfermant les données de 1910, paraîtra ce 
printemps. 

Pour ce qui concerne les rapports extérieurs de notre Société, je vous rappel- 
lerai que des félicitations ont été envoyées à M. Louis Cailletet, membre honoraire, 
à l’occasion de son jubilé académique. 

M. le professeur R. Chodat a été délégué à la Section de nomenclature systé- 
matique du Congrès International de Botanique, qui s’est réuni à Bruxelles en mai 
et M. le professeur L. Dupare au Congrès International de Géologie à Stockholm. 

M. le professeur Yung et votre Président ont représenté notre Société à 
l'assemblée générale de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, à laquelle 
nous sommes invités fort aimablement chaque année, et qui se réunissait cette 
fois à Lavey. 

La Société Valaisanne des Sciences naturelles, la Murithienne, fétait au mois 
d'août son cinquantenaire à l'Hospice du Grand St-Bernard où elle a été fondée ; 


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POUR L'ANNÉE 1910 3 
nous avons tout particulièrement tenu à nous associer à la célébration de l’anniver- 
saire de cette Société qui a toutes nos sympathies et à apporter, à cette occasion, 
à notre sœur cadette vos félicitations pour le passé et vos bons vœux pour l'avenir. 

Vos délégués M. E. Chaix et votre Président, ainsi que quelques collègues 
qui s'étaient également rendus à l'Hospice, y ont trouvé le plus charmant accueil 
de la part du Président, M. le chanoine Besse, des membres de la Murithienne et 
des religieux du Grand St-Bernard: ils ont rapporté le meilleur souvenir de cette 
intéressante réunion. M. le professeur R. Gautier, également délégué à cette fête, 
a été malheureusement empêché, au dernier moment, de se joindre à nous. 

M. Arnold Pictet, remplaçant M. Chaix délégué à cet effet, et votre Président, 
ont représenté notre Société à la Session annuelle de la Société Helvétique des 
Sciences naturelles qui a eu lieu à Bäle au commencement de septembre. Un fait 
important pour nous, doit étre mentionné dans ce Rapport; le Comité central de 
la Société Helvétique passant à (renève dès le 1° janvier 1911, a été constitué à 
la Session de Bale, de MM. Edouard Sarasin comme président, Robert Chodat 
comme vice-président et Philippe-Auguste Gruye comme secrétaire. C’est pour 
Genève un grand honneur de posséder de nouveau pour six ans le Comité central, 
et sa composition nous est un sûr garant que la Société Helvétique, dont nous 
allons, dans quelques années, célébrer à (renève le centenaire, continuera à être 
en bonnes mains: aussi est-ce avec le plus grand plaisir que vos délégués ont cons- 
taté l'unanimité avec laquelle la proposition faite pour la présidence, dans notre 
précédent exercice, a été ratifiée. Le nouveau Comité central peut compter sur 
la bonne volonté de tous les membres de notre Société, toutes les fois qu’il pour- 
rait avoir besoin de leur concours. 

Le compte rendu des sessions de la Société Helvétique, ne paraitra plus doré- 
navant dans les « Archives des Sciences physiques et naturélles de (renève », mais 
seulement dans les publications de la Société; de chaleureux remerciements ont été 
transmis à la direction des Archives pour la peine prise jusqu’à présent à ce sujet; 
les sections de physique et de chimie continueront toutefois à utiliser cet organe 
pour les comptes rendus de leurs sessions. 

Vous avez décidé à titre d’essai, dans la séance du 3 mars, de remettre gra- 
tuitement aux auteurs, qui le désireront, 50 tirages à part de leurs communications, 
avant méme qu'elles paraissent dans les procès-verbaux publiés par les « Archives »:; 
ces tirages portent la date de la séance dans laquelle la communication a été faite 
et le numéro des « Archives » dans lequel elle paraitra; cette facilité a déjà été 
utilisée cette année par quelques-uns de nos collègues. La direction des « Archives » 
a mis la plus grande bonne volonté à s'entendre avec nous dans ce but et accélérera 
autant que possible la publication de nos procès-verbaux. 


L RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Enfin, les auteurs de communications faites à notre Société, ont été invités à 
faire pour les comptes rendus annuels, qui sont envoyés à un grand nombre de 
sociétés savantes, des résumés un peu complets, en profitant de la latitude qui leur 
est accordée d'utiliser 3 pages d'impression; ceci afin que les comptes rendus puis- 
sent être consultés avec utilité et reflètent, d’une manière aussi exacte que possible, 
notre activité scientifique. 

Nous avons reçu dans le courant de l’année les publications suivantes : 

De M. C. de Candolle : Table alphabétique des noms des personnes mention- 
nées dans les Mémoires et Souvenirs d’Augustin-Pyramus de Candolle. 

De M. B.-P.-G. Hochreutiner : Monographia generis Arthroclianthi. 

De la famille de Stanislas Cannizaro : La Scienza e la Scuola, discours pro- 
noncé par notre regretté membre honoraire à l’occasion de l’attribution qui lui 
avait été faite par la Société Royale de Londres, de la médaille Coopley. 

De M. le D' J. Briquet : le premier volume de son Prodrome de la Flore 
corse, résultats botaniques de six voyages exécutés en Corse sous les auspices de 
M. Emile Burnat. 

De M. R. de Saussure : Ærposé résumé de la géométrie des feuillets, par lui- 
même et Ætude analytique de la géométrie des feuillets de M. René de Saussure, 
par M. R. Bricard. 

Voici enfin la liste des publications faites par notre Société pendant l’année 
1910. 

Compte rendu des séances de la Société de Physique et d'Histoire naturelle 
de Genève, t. 36, 1909. 

Mémoires : volume 36; fascicule 2 renfermant : Exposé résumé de la géomé- 
trie des feuillets, par M. René de Saussure et le Rapport du Président pour 1909, 
M. le D' John Briquet. — Volume 36, fascicule 3 : Les minéraux des Pegmatites 
des environs de Antsirabé à Madagascar, par MM. L. Dupare, M. Wunder et R. 
Sabot. 

Enfin, le fascicule 4 et dernier du volume 36 renfermant le mémoire de M. Léon- 
W. Collet sur les Hautes Alpes calcaires entre Arve et Rhône, vient de paraitre. 

M. F.-Louis Perrot, notre dévoué secrétaire correspondant, nous fait remar- 
quer, dans son Rapport, que le volume 36 est le 3° qui ait paru depuis le nouveau 
système consistant à présenter nos mémoires par fascicules; ce mode de faire a 
donné plus d’homogénéité extérieure à notre principale publication: il assure une 
plus prompte distribution des mémoires et en fixe la date précise. 

Nous avons encore à mentionner deux échanges nouveaux de nos < Comptes 
rendus >», avec la Société Tessinoise des Sciences naturelles et avec le Museum für 
Natur- und Heimatskunde, à Magdebourg. 


POUR L'ANNÉE 1910 à) 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


HENRI DUFOUR 


1852-1910 


Henri Dufour, professeur de physique et de météorologie à l'Université de 
Lausanne, Directeur de l’Institut météorologique du canton de Vaud, est décédé à 
Lausanne, le 8 février 1910 en pleine carrière professorale, après avoir souffert, 
ces dernières années, d’une maladie qui avait, à plusieurs reprises déjà. donné de 
sérieuses inquiétudes à sa famille et à ses amis. 

Dufour était né à Morges le 12 octobre 1892, et il avait été initié à la physi- 
que, dans sa ville natale, par Charles Dufour. Après avoir pris ses premiers grades 
à l’Académie de Lausanne, il se rendit à Zurich pour y suivre les cours de l'Ecole 
Polytechnique fédérale et de l'Université, puis à Leipzig. En 1874, à 22 ans, il 
débutait dans l’enseignement auquel il devait se vouer complètement, en rempla- 
çant, au Collège de Vevey, le professeur Oettli, mais l’année suivante il obtenait 
un congé pour se rendre à Paris suivre les cours de la Sorbonne et du Collège de 
France, afin de compléter ses connaissances. Louis Dufour, son maitre à Lausanne, 
puis Mascart à Paris, eurent sans doute une grande influence sur la direction qu'il 
donna, dans la suite, à ses travaux scientifiques. 

Rentré à Lausanne, il fut chargé du premier cours d'électricité statique à 
l’Académie, puis en 1871 il fut nommé professeur suppléant de feu Louis Dufour, 
pour reprendre ensuite, avec le titre de professeur extraordinaire, l’enseignement 
complet de la physique et enfin, en 1879, à la suite d’un concours pour lequel il 
présenta ses « Recherches sur quelques points relatifs aux mouvement des gaz dans 
les corps poreux », il fut nommé professeur ordinaire; 
l'Université de Lausanne jusqu'à sa mort, avec la plus grande distinction et a su y 
conquérir l'estime et la reconnaissance de bien des générations d'étudiants. 

Quoique d’une santé délicate, Henri Dufour ne se contentait pas de remplir 
consciencieusement ses fonctions universitaires, déjà bien absorbantes, il enseignait 


il a occupé ces fonctions à 


6 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


encore dans maints établissements secondaires et institutions privées et il faisait 
de nombreuses conférences pour mettre ses concitoyens au courant des nou- 
veautés scientifiques et des grandes découvertes qui firent époque pendant sa 
carrière. 

Henri Dufour s'occupait en outre de météorologie: il fut appelé à faire partie 
de la Commission fédérale de Météorologie en 1882 et installa, quelques années 
plus tard, la station météorologique du Champ de l'air, dont il fut nommé directeur. 
Il à aussi, à ce titre, été tres utile à son canton en instituant un service rural de 
météorologie. 

Les travaux scientifiques auxquels se livra Henri Dufour appartiennent done 
soit aux différentes branches de la physique, soit à la météorologie; ils ont été 
communiqués à la Société Vaudoise des Sciences naturelles, à la Société Helvéti- 
que et aussi à notre Société de Physique et d'Histoire naturelle; ils ont fait l’objet 
de nombreux mémoires dont les plus importants ont paru, entre autres, dans les 
Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève. 

En physique, les recherches de Dufour sur les rayons X ont été particulière- 
ment remarquées: il constata, en effet, indépendamment de Benoist, Hurmuzescu 
et de Righi, la décharge des corps électriques sous l'influence des rayons X; le 
phénomène de l’ionisation à fait Pobjet de travaux exécutés avee M. le D' Rosselet, 
sur lionisation par les rayons ultra-violets et les rayons Rœntgen, dont les résul- 
tats ont été communiqués peu de temps après la mort de Dufour; ces expériences 
ont montré que lionisation par les rayons ultra-violets diffère non seulement par 
son intensité, mais aussi par sa nature de l'ionisation par les rayons X. 

Dufour fit aussi des recherches sur les rayons secondaires émis par les corps 
exposés au rayonnement de substances radioactives, sur la fluorescence invisible, 
sur la déperdition de l'électricité sous l’action de radiations lumineuses, sur la ra- 
dioactivité de l’air des mines de Bex, sur l'analyse spectrale des liquides colorés, 
sur les distances explosives d’étincelles électriques, ete., etc.; parmi ses publica- 
tions relatives à la physique, nous citerons encore son étude du + phénomène de la 
recoloration des Alpes après le coucher du soleil >» publiée dans les Archives et ses 
« Leçons de physique expérimentale >. 

Comme météorologiste, Henri Dufour à laissé aussi un certain nombre de 
travaux concernant la climatologie, sur les orages, la gréle, les ares-en-ciel et 
l'électricité atmosphérique et enfin ses relevés actiniques, d’après les observations 
faites avec la collaboration de M. Bührer dans diverses stations vaudoises. 

On doit encore à l’ingéniosité et à lhabileté mécanique de Dufour la cons- 
truction ou le perfectionnement de quelques appareils de physique, tels, en par- 
ticulier, un baromètre enregistreur, un thermomètre différentiel de démonstra- 


POUR L'ANNÉE 1910 7 


tion, un nouvel hygromètre à condensation et un appareil destiné à produire les 
figures de Lissajous. 

Henri Dufour était membre honoraire de notre Société depuis 1883 et, entre 
autres nombreuses distinctions, il avait été nommé « Docteur honoris causa » de 
notre Université à l’occasion du 25% anniversaire de son entrée dans l’enseigne- 
ment supérieur; il ne comptait parmi nous que des amis qui, non seulement l'avaient 
en haute estime comme savant, mais encore admiraient la conscience avec laquelle 
il remplissait les multiples fonctions de sa profession, l'élévation de son caractère 
et sa grande modestie; aussi est-ce avec le plus grand regret que notre Société a 
appris la fin prématurée de cet homme distingué, qui à fait honneur à son pays et 
avec la plus sincère sympathie qu'elle s’est associée au deuil de sa famille. 


ALEXANDRE AGASSIZ ! 


1853-1910 


Alexandre Agassiz, Professeur et Directeur du Musée de Zoologie comparée 
à l’Université de Harvard, membre honoraire de notre Société depuis 1880, est 
décédé le 27 mars 1910, à la suite d’une maladie de cœur, à bord de l’« Adriatie >», 
qui le ramenait en Amérique après un voyage en Europe. 

Il était né à Neuchâtel le 17 décembre 1835 et était fils du célèbre natura- 
liste, Louis Agassiz, mort en 1873 à Cambridge (Mass.), dont la Société helvétique 
des Sciences naturelles a célébré, il y à trois ans, le centenaire à Motier. 

Alexandre Agassiz quitta sa patrie d’origine en 1849 pour les Etats-Unis, 
son père s'était lui-même rendu à Boston trois ans auparavant, bien loin de sup- 
poser que la chaire qu'il occupait à l’Académie de Neuchatel, serait emportée par 
une révolution et qu'il allait, lui et sa famille, se fixer définitivement en pays 
étranger, 

Après avoir étudié la chimie et Part de l'ingénieur au Collège de Harvard, 
le jeune Agassiz obtint son diplôme d'ingénieur, mais il avait hérité de son père 
l'amour de l’histoire naturelle et il voulait s’y consacrer tout entier; l'exemple de 
Louis Agassiz, souvent à court d'argent et obligé de solliciter le concours pécu- 


! Je dois une partie des indications renfermées dans cette notice à l’obligeance de M. le Prof. Dr C 
Loring Jackson, de Cambridge. (Mass.) F.R. 


8 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


niaire des autres, pour mener à chef ses vastes entreprises scientifiques, l’engagea 
à chercher d'abord à amasser assez de capitaux pour assurer le succès et l’indé- 
pendance des recherches qu'il avait en vue; il y réussit au delà de toute espérance, 
en jetant ses regards du côté des mines de cuivre, qu’il pressentait, à juste titre, 
pleines de promesses. Il visita les principales villes de Californie, puis celles de la 
région du Lac Supérieur, qui retinrent son attention et il acheta, avec son beau- 
frère. M. Quincy A. Shaw, les mines de Calumet et Hecla, qu’il avait jugées spé- 
cialement intéressantes; après beaucoup de peine, grace à sa grande énergie et à 
son talent administratif, il eut la satisfaction de les voir devenir parmi les plus pro- 
ductives du monde et de se procurer ainsi une très grande fortune qu'il sut em- 
ployer, selon le but qu'il s'était proposé et de la manière la plus intelligente, au 
profit de la science. Il réalisa d’abord le rêve de son père en fournissant au Musée 
de Cambridge les ressources nécessaires pour son développement et il dota large- 
ment l'Université de Harvard dont il fut un des grands bienfaiteurs; ses dons 
dépassèrent, dit-on, un million de livres sterling. Il fit en outre les frais d’un grand 
nombre d’expéditions qui avaient pour objectif l'étude des iles et récifs coralliens, 
et de la faune des grandes profondeurs; il entretint pendant de nombreuses années 
le premier laboratoire américain de zoologie marine qui fut fondé chez lui, à 
Newport (Rhode Island); il fit bien d’autres donations et, enfin, des legs qui feront 
survivre sa grande générosité pour la science. 

Agassiz avait été nommé assistant, en 1861, au Musée de Zoologie comparée 
de l’Université de Cambridge et en 1874 il avait succédé à son père comme direc- 
teur, poste qu’il conserva jusqu’en 1898. 

Après avoir visité les mines de cuivre du Pérou et du Chili, ce qui lui donna, 
entre autres, l’occasion de rapporter au Muséum une belle collection d’antiquités 
péruviennes, Agassiz fit une exploration au Lac Titicaca, puis les nombreuses expé- 
ditions océanographiques qu’il entreprit et qui le font considérer comme le pionnier 
de la thalassographie, le conduisirent de 1877 à 1879 à bord du < Blake » sur la Mer 
du Mexique, aux Caraïbes, sur les côtes de la F loride et des iles de Bahama ; ce fut 
à bord d’un autre navire dont le nom l< Albatros » est devenu également célèbre, 
qu’il fit en 1899-1900, sa plus grande expédition autour des iles de l'Océan Paci- 
fique. Il avait étudié, entre temps, la faune de surface du Gulf Stream, visité les 
iles Sandwich, l'Australie, les iles Fidji, les iles Maldives, etc. 

Les études faites dans ces expéditions ont permis, en particulier, à Agassiz de 
se rendre compte des grands mouvements qui se sont produits dans le fond du Paci- 
fique à une époque géologique relativement rapprochée, ce qui est mis en évidence 
par les nombreux bancs de corail qu'il a décrits. 

L'étude du matériel rapporté de ses expéditions et les observations qui y furent 


POUR L'ANNÉE 1910 9 


faites, sont consignées dans un grand nombre de mémoires et de très belles publi- 
cations touchant toutes les branches de l’histoire naturelle. 

Agassiz fut un grand zoologiste et le principal représentant en Amérique de 
la biologie marine; c’est à ce titre qu'il fut appelé en Ecosse, pour aider Wyville 
Thomson à classer les collections rapportées par le « Ghallenger » de son grand 
voyage d'exploration des mers profondes. 

Ses recherches embryologiques, l’étude des formes larvaires, ses travaux sur 
les Astéries, les Oursins et les Holothuries ont été fort remarqués: il a constaté des 
phénomènes de génération alternante compliquée chez certains Annélides, ce qui 
avait fait classer dans trois genres différents les trois formes, neutre, mâle et fe- 
melle, d’une même espèce. 

Agassiz a laissé aussi des travaux remarquables d’icthyologie. 

Son activité scientifique lui valut un grand nombre de distinctions honorifiques 
qu'il serait trop long d’énumérer ici, disons cependant qu’il était Associé étranger 
de l’Académie des Sciences. 

Un des biographes d’Agassiz attribue la valeur de cet homme distingué à 
l'éducation sérieuse et soignée, tout à la fois suisse et allemande (sa mère était Alle- 
mande, et sœur du célèbre botaniste Alexandre Braun), qu'il reçut dans son enfance 
et à l'énergie qu'il acquit ensuite au contact américain; il était tellement cosmo- 
polite, ajoute-t-il, que si quelqu'un à jamais mérité le titre de « citoyen du monde », 
ce fut lui. 

Le nom d'Alexandre Agassiz restera certainement inscrit dans les annales des 
sciences, comme celui d’un savant qui à grandement contribué par son activité 
personnelle et ses libéralités judicieuses à l’avancement des sciences naturelles. 


STANISLAS CANNIZARO ! 


1826-1910 


Stanislas Cannizaro, Sénateur du Royaume d'Italie et Professeur de chimie à 
l'Université de Rome, fut tout à la fois un patriote dévoué et un grand savant ; 
décédé à Rome le 10 mai 1910, cet illustre chimiste était né à Palerme en 1826 
et appartenait à une famille de magistrats. 


! Une intéressante notice nécrologique sur Cannizaro, due à la plume de M. Armand Gautier, mem- 
bre de l’Institut, et à laquelle nous avons emprunté quelques-uns des faits relevés dans ces lignes, a paru 
dans le Bulletin de la Société chimique de France, du 5 août 1910. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 2 


10 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Cannizaro fit ses premières études dans sa ville natale, mais avant de s’orien- 
ter définitivement du côté de la chimie, à laquelle il devait rendre des services 
considérables, il suivit des cours de médecine, de littérature et de mathématiques, 
puis la chimie physiologique, sous l’influence de son maitre et ami Fodéra, l’attira 
plus particulièrement et en 1845, comme il se familiarisait avec la physique au 
laboratoire de Melloni à Naples, Piria qui était alors professeur de chimie à Pise, 
vint lui offrir une place d'assistant dans son laboratoire de l’Université. 

Sa voie était choisie, mais les événements politiques devaient le ramener de 
nouveau, en 1847, dans sa patrie, où nous le trouvons officier d'artillerie à Messine 
et prenant part à la révolution contre les Bourbons; c’est alors qu’il fut élu député 
de Francavilla dans le Parlement Sicilien dont il était le plus jeune membre; la 
révolution ayant été vaincue et lui-même ayant été condamné à mort, il dut cher- 
cher asile à l'étranger et vint se réfugier en France où il mit à profit son exil pour 
étudier les industries chimiques du midi et de Lyon, puis il se rendit à Paris où il 
fut admis dans le laboratoire de Chevreul; la fréquentation de savants tels que 
Dumas, Cahours, Wurtz, Peligot, Malagutti, etc., eut sans doute une grande in- 
fluence sur la direction de ses travaux futurs. 

En 1851,le gouvernement piémontais l’appelait à Alexandrie comme profes- 
seur de chimie, de physique et de mécanique au Collège national auquel il resta 
attaché pendant quatre ans; en 1855 c’est à Génes que nous le trouvons en qualité 
de professeur de chimie à l’Université et en 1861 à Palerme comme professeur de 
chimie minérale et organique. 

Quelques années plus tard, lorsque l'Italie fat unifiée et que les destinées de 
cette nation furent confiées à un nouveau gouvernement, Cannizaro fut appelé à 
la chaire de chimie de l’Université de Rome, il fut nommé membre du Conseil d'Etat 
extraordinaire chargé d'étudier les institutions de la nouvelle Italie et membre du 
Sénat dont il fut l’un des vice-présidents. 

Toutes les étapes de cette carrière si mouvementée, ont été marquées par des 
travaux importants dans le domaine de la chimie organique et expérimentale ou 
dans celui de la chimie théorique. C’est ainsi que, dans le laboratoire de Chevreul, 
Cloez et Cannizaro étudièrent ensemble l’action du chlorure de cyarnogène sur l’am- 
moniaque et les amines, qu'ils préparèrent les premiers, la cyanamide et qu’ils 
reconnurent que la mélamine de Liebig n’était autre que l’amide de l’acide cyanu- 
rique. 

Plus tard, à Alexandrie, Cannizaro continuait ses recherches sur les cyana- 
mides et commençait celles qui le conduisirent à la découverte des alcools aroma- 
tiques ; il constatait, en effet, la transformation, par la réaction qui porte son nom, 
de l’aldéhyde benzoïque en acide benzoïque et alcool benzylique; en continuant 


" 


POUR L'ANNÉE 1910 11 


cette importante étude, il découvrait ensuite les homologues de l’alcool benzylique, 
les alcools toluique, anisique, etc., ce qui permettait de saisir les relations des 
divers hydrocarbures aromatiques entre eux et avec les composés oxygénés de la 
série aromatique: les principaux mémoires sur ce sujet furent publiés à (rênes. 

Parmi les travaux les plus connus et les plus remarqués de Cannizaro, nous 
devons mentionner, en outre, ceux qu'il exécuta avec son élève Sestini, sur la san- 
tonine (vermifuge retiré des fleurs d'une artemisia) et les relations qu'il découvrit 
entre ses dérivés et les composés de la série du naphtalène. 

Ces recherches ainsi que celles qui ont trait aux alcools aromatiques, et bien 
d’autres encore, ont été de longue haleine et ont fait l’objet d’un grand nombre de 
mémoires, mais ce qui à sans doute le plus contribué à rendre célèbre le nom de 
Cannizaro et à le faire classer parmi les fondateurs et les représentants les plus 
autorisés des théories modernes de la chimie organique, ce sont ses conceptions 
théoriques développées dans son « Résumé d’un cours de philosophie chimique fait 
à l'Université royale de Gênes » et dans divers mémoires. 

Ce résumé, devenu classique, à en effet paru à une époque où la question des 
poids atomiques et des poids moléculaires venait de donner lieu à un certain flotte- 
ment chez les chimistes et avait méme provoqué des discussions si vives que 
l'illustre chimiste Laurent, quelques années avant cette publication, avait pu 
prétendre dans son langage imagé, que «si le matin on enfermait deux chimistes, 
le soir on n’en retrouverait que les extrémités, tant ils auraient mis de férocité à 
s’entredévorer !! » 

La scission engendrée par les débats passionnés auxquels se livraient alors 
les hommes de science, risquait fort d’entraver ou de ralentir les progrès de la 
chimie, aussi devons-nous une grande reconnaissance à Cannizaro d’avoir su dé- 
montrer sur quelles considérations on devait s'appuyer pour la détermination, sûre 
et inattaquable, de ces bases de notre système chimique; il sut éliminer, avec la 
plus grande logique et d’une manière irréfutable, la contradiction apparente entre 
la loi d'Avogrado et celle de Dulong et Petit, et montrer que l’on devait suivre la 
première pour la détermination du poids moléculaire et la seconde pour celle du 
poids atomique; il à ainsi, le premier, fait saisir les différences qui existent entre 
la molécule et l’atome, ainsi que les rapports entre les poids relatifs et en expli- 
quant en même temps les phénomènes de la dissociation, il a écarté le dernier obs- 
tacle à l’application complète et exacte des deux lois. 

L'œuvre de Cannizaro a donc été des plus fécondes au point de vue du déve- 
loppement de la chimie moderne pour lequel il est, à juste titre, considéré comme 


! Albert Cocson, Æssor de la chimie appliquée, p. 54. 


19 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


l’émule de Kékulé, et son influence a été grande, non seulement dans sa patrie, qui 
lui doit toute une école distinguée de chimistes, mais encore dans les autres pays. 

Nous ne saurions terminer cette trop rapide esquisse d’une vie si remarqua- 
ble, sans rappeler que Cannizaro avait succédé à de Marignac, comme membre 
correspondant de l’Académie des Sciences de l’Institut de France et que notre 
Société se l'était attaché, comme membre honoraire, en 1892, lors du Congrès 
pour la nomenclature chimique, qui réunit, dans notre ville, les représentants les 
plus en vue de la chimie organique. 


EDOUARD HAGENBACH-BISCHOFE 


1833-1910 


Avec Hagenbach-Bischoff, l’un de nos plus anciens membres honoraires 
(nommé en 1869), a disparu à Bâle, la veille de Noël, une des figures les plus 
sympathiques et les plus respectées parmi les savants suisses; c'était aussi le plus 
populaire, dans le bon sens du mot, des hommes politiques de son canton. 

Né à Bâle, le 20 février 1833, il était petit-fils de Charles-Frédéric Hagen- 
bach, professeur d'anatomie et de botanique et fils de Charles-Rodolphe, professeur 
de théologie et historien ecclésiastique: il avait hérité d’eux, l'amour de la Science. 

Après avoir fait ses études universitaires successivement à Bâle, Genève, 
Berlin et Paris, Edouard Hagenbach revint se fixer dans sa ville natale ; il avait 
été promu docteur en philosophie en 1855 déjà, et débuta dans la carrière profes- 
sorale par l’enseignement de la physique à l’école réale supérieure ; il donna ensuite 
un cours de mathématiques à l’Université, puis fut nommé en 1863, professeur de 
physique comme successeur de Gustave Wiedemann; il occupa cette chaire, de la 
manière la plus distinguée, jusqu’en 1906, et lorsque l’age l’eût contraint à l’aban- 
donner, il eut tout au moins la joie de la voir attribuée à son fils Auguste; quatre 
générations de la famille Hagenbach se sont donc succédées à l’Université de Bâle 
pour le plus grand honneur de celle-ci. 

Hagenbach était chargé du cours de physique générale et de physique mathé- 
matique; il s’est fait remarquer dans cette chaire par la grande clarté de son expo- 
sition et la méthode de son enseignement, qui était complété par les travaux de 
laboratoire de physique du Bernoullianum dont il avait la direction depuis 1874: 


POUR L'ANNÉE 1910 13 


il fut doyen de la faculté de philosophie, recteur, curateur des fonds académiques; 
sa réputation comme professeur et physicien lui valut deux appels très honorables 
à Munich, que son attachement à sa ville natale et à l'Université lui fit décliner. 

Les cours populaires qu'il donnait au Bernoullianum sur des sujets scientifi- 
ques étaient fort goûtés du grand public balois. 

Tous ceux d’entre nous qui fréquentent les sessions de la Société Helvétique 
des Sciences naturelles, connaissaient cet homme excellent, à la parole chaude et 
communicative et savent quelle grande place il occupait dans le mouvement scien- 
tifique de notre pays; il avait été Président du Comité central de Bâle, de 1875 
à 1880 et était Président de la Commission des glaciers; il fut aussi membre de la 
Commission fédérale de météorologie qu'il présida et dont il fit partie jusqu’à la 
dernière année de sa vie. 

Malgré les multiples occupations de Hagenbach, en dehors de son professorat 
et dont nous dirons quelque mots plus loin, sa grande activité et une puissance de 
travail remarquable, lui ont permis de laisser un grand nombre de travaux scienti- 
fiques qui l'ont fait connaitre et estimer comme physicien et comme savant, bien 
au delà de nos frontières. 

Ces travaux embrassent en particulier les différents chapitres de la physique, 
la météorologie et l'étude des glaciers; beaucoup d'entre eux ont paru comme mé- 
moires dans les Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève, et ont été 
communiqués à la Société Helvétique, à la Naturforschende Gesellschaft de Bale 
et à la Société suisse de Physique, ainsi que dans les Congrès internationaux dans 
lesquels la voix de Hagenbach était fort écoutée. 

Parmi ses premières publications nous trouvons en 1856, le résumé d’un im- 
portant mémoire du professeur Wiedemann ayant trait au transport des liquides 
par le courant de la pile et à ses rapports avec l’électrolyse:; un mémoire de Clau- 
sius sur la force motrice de la chaleur et les recherches photochimiques de Bunsen 
et Roscoe retinrent ensuite son attention, et plus tard il publia un mémoire sur 
les principes fondamentaux de la physique et de la mécanique. 

En optique nous lui devons des travaux sur la polarisation de la couleur bleue 
de la lumière réfléchie par l’eau et par l'air, sur les qualités optiques de la chloro- 
phylle, sur la fluorescence, sur les propriétés optiques du spath fluor et en acous- 
tique sur la transmission des sons aigus par le téléphone; mais son domaine de 
prédilection était l'électricité, car il nous à laissé de nombreux mémoires concer- 
nant cette branche si intéressante de la physique, parmi lesquels nous citerons, 
pour commencer, son étude des machines électromagnétiques et ses recherches 
sur l’induction unipolaire et les rotations électromagnétiques; des expériences sur 
la durée de charge de l'électricité dans les fils télégraphiques lui permirent en 1889 


14 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


de constater, par une méthode spéciale qu'il avait appliquée sur les lignes de Bäle- 
Lucerne et de Bâle-Olten, que cette durée est proportionnelle aux carrés des lon- 
gueurs. Il étudia aussi les phénomènes hertziens et publia (avec Zehnder) un mé- 
noire sur la nature des étincelles dans les oscillations électriques de Hertz; les 
effets de soupape qui accompagnent les décharges électriques dans les gaz très 
raréfiés, furent l’objet de ses investigations (avec Veillon). Il s’occupa des effets 
de l'induction dans les lignes télégraphiques et du transport à distance de l’énergie 
électrique. 

Nous devons encore à Hagenbach des recherches, sur lesquelles il est revenu 
à plusieurs reprises, et ayant pour but de déterminer la viscosité des liquides, une 
méthode mathématique appliquée à la détermination de l’acide carbonique dans le 
phénomène de la respiration, des expériences faites avec des obus sphériques de 
fonte sur les explosions par congélation, ainsi que des travaux sur les rayons Rœænt- 
gen appliqués aux recherches chirurgicales. 

Hagenbach était, à juste titre, considéré comme une autorité dans l’étude des 
glaciers et nous rappellerons à cette occasion les expériences qu'il fit, avec Forel, 
pour déterminer la température de la glace dans l’intérieur du glacier, et les mé- 
moires intéressants qu'il publia sur le grain du glacier. 

Enfin la position de Directeur de l'Observatoire de Bale qu'il occupa long- 
temps, l’a conduit à communiquer plusieurs observations météorologiques concer- 
nant, entre autres, l'électricité atmosphérique, les météores et les tremblements de 
terre. 

Cette nomenclature, nécessairement incomplète et bien imparfaite, ne donne 
sans doute qu'une faible idée de l’activité scientifique du savant qui à fait honneur 
à son pays, mais ce rappel des services rendus par Hagenbach à la science, pen- 
dant sa belle et longue carrière, ne doit cependant pas nous faire oublier le role 
très important qu'il a joué dans son canton, comme citoyen dévoué aux affaires 
publiques. 

Membre du Grand Conseil depuis 1867 jusqu'à sa mort, il recommanda des 
1875, à l’occasion de la revision baloise, l'introduction du scrutin proportionnel 
qui n’entra cependant en vigueur à Bale-ville que 20 ans plus tard et dont il était 
l’apôtre bien convaincu. Hagenbach n’était inféodé à aucun parti; il était aimé et 
respecté de tous, car s’il savait défendre son opinion avec fermeté, il était aussi 
animé d’un grand esprit de tolérance envers celle des autres ; l'indépendance de 
son caractère, sa justice et sa libéralité étaient bien connues. 

Toujours prêt à se dévouer et à servir sa patrie, il fut membre ou présida un 
grand nombre de Sociétés ou de commissions poursuivant des buts utiles au dévelop- 
pement des institutions de notre pays, qu'il serait trop long d’énumérer ici; sa 


POUR L'ANNÉE 1910 15 


grande bonté et sa complaisance inépuisable étaient gracieusement mises au service 
de tous ceux qui pouvaient avoir besoin d'y recourir, aussi ce robuste vieillard, à 
l'esprit toujours jeune et plein d'enthousiasme, était-il l’homme le plus considéré de 
Bâle, et fut-il conduit à sa dernière demeure par une foule recueillie et reconnaissante. 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


Nous avons entendu, dans les 16 séances qui nous ont réunis cette année, 53 
communications sur des sujets divers dont voici, pour chacune des sciences qu’elles 
concernent, un résumé sommaire. 


Mathématiques et Astronomie. 


M. R. DE SAUSSURE a répondu à une question posée par M. le Prof. Cailler à 
l’occasion d’une de ses précédentes communications. Il s'agissait de savoir si la 
forme fondamentale de la géométrie des feuillets (pentasérie linéaire) était unique. 
Il est très probable, d’après l’examen de la question qu’en a fait M. de Saussure. 
que, dans l’espace, la pentasérie est bien la seule forme définie par sept positions 
arbitraires d’un corps solide. 

LE MÈME auteur, dans un exposé relatif aux corps solides opposés, nous à 
montré les conditions qu'il faut réaliser pour passer de la géométrie réglée à celle 
des systèmes de corps solides. 

M. Prboux nous à parlé de la comète de Halley, de son passage dans le voisi- 
nage de la terre et des prévisions que l’on pouvait faire sur le moment de son arrivée 
à la plus courte distance de notre planète. 


Physique. 
M. L. DE LA RIVE nous a fait une communication sur la solidarité magné- 


tique des molécules des aimants, qu'il a démontrée par une expérience permettant 
de constater l'influence d’une orientation magnétique donnée à un disque de carton 


16 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


sur lequel est disposée une rangée de petites boussoles serrées les unes contre les 
autres. 

LE MÊME auteur nous a parlé des expériences qu'il a faites sur les oscillations 
d’un pendule dans un train en marche; il à pu constater que l'accélération et le 
ralentissement donnent lieu à une modification notable de la position d'équilibre du 
pendule. 

M. le Prof. C.-E. Guye et M. RATNOWSKY ont soumis à la critique expérimen- 
tale les formules de Lorentz et d'Abraham sur la variation d'inertie des électrons, 
par une méthode due à M. Guye et caractérisée par le fait que les rayons catho- 
diques suivent des trajectoires identiques dans des champs semblables: ils ont con- 
clu à.la supériorité de la formule de Lorentz. 

M. C.-E. GUYE nous à communiqué, en outre, qu'il a pu, avec la collaboration 
de M. A. TSCHERNIAWSKY, mesurer sans difficulté une tension de 70,000 volts envi- 
ron, avec un électromètre sous pression de son invention. 

M. TH. TOMMASINA, pour faire suite à ses travaux antérieurs sur la physique 
de la gravitation universelle, nous à lu les notes 27 à 37 du sujet dont il a entrepris 
l'étude; il nous a, dans ces communications, entretenus plus spécialement des cha- 
pitres suivants : interprétation mécanique de la masse électro-magnétique; rôle de 
l'interprétation physico-mécanique des faits; des causes et effets de l'accélération 
séculaire du moyen mouvement de la lune: les deux sources primaires, l’une cons- 
tante, l’autre variable, de forces centrifuges ; continuité nécessaire de l'accélération 
séculaire du moyen mouvement des planètes; découverte du moyen pour établir le 
sens de concavité de l'orbite du soleil d’après les variations périodiques des vitesses 
planétaires vraies; les marées et le rapport actuel entre les vitesses de rotation et 
de révolution de la terre; l’élémentarquantum et la théorie électronique de l’éther ; 
la théorie électro-magnétique de la polarisation et de la dissociation électrolytique ; 
correction d’une erreur d'interprétation de la répulsion solaire de la queue des 
comètes et ses conséquences, et enfin, irréductibilité des lois du train d’ondes aux 
lois du rayon élémentaire. 

On trouvera, dans les comptes rendus de notre Société, le développement de 
ces diverses notes, dont un résumé sommaire ne pourrait donner qu'un aperçu trop 
imparfait. 

M. le D' E. BRINER a fait part à plusieurs reprises, à notre Société, de recher- 
ches effectuées en collaboration avec M. le D' WRoczyNski sur l’action chimique 
de pressions élevées. Des réactions chimiques ont été constatées dans les mélanges 
gazeux NO—HCI, NO—$S0,, NO—CHCI, ete., et, grâce à l'emploi d’un compres- 
seur dû à une généreuse subvention de la Société auxiliaire des Sciences et des 
Arts de Genève, la décomposition de gaz tels que NO, CO, ON, a été réalisée par 


POUR L'ANNÉE 1910 17 


une élévation suffisante de la pression, dans des conditions où ces gaz étaient répu- 
tés stables. Il résulte de ces recherches que l’action de la pression est d'autant 
plus efficace que le système est plus éloigné de son équilibre le plus stable; cepen- 
dant, dans certains cas, lorsque l'édifice moléculaire est très stable, il faudra, pour 
opérer la décomposition, joindre à l’action de la pression une élévation de tempéra- 
ture capable de désagréger la molécule. 

M. BRINER a également discuté devant nous la question si controversée des 
faux équilibres chimiques. Si certains effets chimiques des pressions élevées parais- 
sent plutôt militer en faveur de la réalité des faux équilibres, il convient cependant, 
selon lui, à cause de la complexité des phénomènes, d'attendre de nouveaux résul- 
tats avant de se prononcer définitivement sur ce point. 

M. E. CARDOSO nous a exposé la méthode qu'il à élaborée, avec la collabora- 
tion de MM. ARNI et BELL, pour la détermination des constantes critiques des gaz, 
méthode qui présente, dans sa technique, plusieurs perfectionnements nécessaires 
pour sa plus grande exactitude. 


Chimie. 


M. À BACH nous à exposé les résultats d’une série de recherches ayant trait à 
la théorie des oxydases, recherches au cours desquelles il a, en particulier, pu cons- 
tater que, contrairement aux idées de Bertrand, des oxydases ne renfermant ni fer, 
ni manganèse peuvent cependant être très actives. 

M. CANTONI nous à parlé, dans deux communications, des recherches faites 
par M. G. PATERNO D1 SESSA sur la diazotation des fluorhydrates de bases aroma- 
tiques. Il à été constaté qu'il ne se forme pas le fluorure de diazo correspondant, 
mais le diazoamido, aux propriétés duquel une formule symétrique répondrait 
bien. 

LE MÈME à présenté, également au nom de M. PATERNO, une note sur la 
cryoscopie du fuorhydrate et du chlorhydrate d’aniline en employant de l’eau, de 
l'acide chlorhydrique ou de l'acide fluorhydrique; les résultats obtenus montrent 
que l’on ne peut déduire aucune propriété différentielle entre les sels d’aniline en 
question. 

Les recherches de M. le Prof. Ph.-A. GuYE et de M. BOUBNOFE sur la stabi- 
lité du chlorure de nitrosyle aux basses températures ont montré l'existence pro- 
bable, dans celui-ci, d’une combinaison qui n’est déjà plus stable à —107°, ce qui 
empéche d'en utiliser la synthèse pour contrôler le poids atomique du chlore. 
M. Ph.-A. Guye nous à décrit, à cette occasion, la technique spéciale et très déli- 
cate qui a dû être employée pour ce travail. 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 5 


18 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


L'action de l'acide sulfurique concentré sur quelques nitramines aromatiques 
a fait l’objet de deux communications de M. Fréd. REVERDIN. La réaction qui se 
passe dans les cas étudiés donne lieu à la formation simultanée de produits d’oxy- 
dation et de produits de réduction; ces derniers étant des nitrosamines, on com- 
prend pourquoi certaines nitramines donnent d’une manière inattendue la réaction 
caractéristique de Liebermann pour les nitrosamines. 


Géologie, géographie physique. 


M. L.-W. COLLET nous a communiqué, au nom de M. MONTAGNIER, les ob- 
servations faites par ce voyageur un mois après l’éruption du Chinyero à Ténérifte, 
qui à eu lieu en novembre 1909. Le point particulier et très nouveau de ces obser- 
vations porte sur la morphologie des rejets. M. Collet qui a étudié avec M. A. BRUN 
les matériaux récoltés au Chinyero, nous a annoncé que la présence de sels de 
fluor à été constatée dans les sels des fumerolles, et celle du chlore libre dans les 
lapillis du magma neuf provenant du sommet du volcan. 

M. le Prof. Ch. SARASIN a présenté à notre Société, au nom de Mike de Tsy- 
TOVITCH, une étude de la géologie des environs de Chésery, dans la vallée de la 
Valserine, étude qui a permis de relever une erreur d'interprétation des deux cartes 
géologiques existantes de cette région. 

A titre de contribution à l'étude géo-physique de notre région, M. E. CHaix 
nous à parlé de l’incohérence du bassin de Genève au point de vue hydrographi- 
que et en particulier de la capture de Theiry, cas intéressant de transformation 
par capture, du drainage périphérique en drainage centripète. 

La géologie de Madagascar et les gisements de pierres précieuses de cette 
ile, ont fait le sujet d’une communication de M. le Prof. L. DuPARC:; il nous à parlé 
de la région des pegmatites d’Antsirabé qu'il a visitée l’an dernier et dont il à 
rapporté un matériel considérable et nous a donné connaissance des premiers ré- 
sultats de son étude faite avec la collaboration de MM. WüNDER et SABOT. Cet 
important travail à été complété depuis et a paru dans nos Mémoires en un fort 
beau volume. 

Les gisements de cuivre de Sysserskaja Datcha ont été décrits par M. le Prof. 
L. DupaRC qui à eu l’occasion de les étudier dernièrement; il nous a parlé à ce 
propos d’une méthode simple exploitée dans cette région, pour le traitement des 
minerais pauvres: cette méthode qui consiste à extraire le cuivre sous forme de 
sulfate pour le réduire ensuite, donne dans le cas particulier un bon résultat. 


POUR L'ANNÉE 1910 19 


M. A. BRUN nous à rendu compte de sa récente exploration du volcan des 
iles Sandwich, le Kilauea, exploration au cours de laquelle il a pu étudier la com- 
position de l’exhalaison volcanique paroxysmale et constater qu’elle déshydratait 
l'atmosphère environnante. Cette étude lui à permis de démontrer irréfutablement 
la sécheresse absolue des gaz volcaniques au paroxysme et de trancher définitive- 
ment la question controversée de la présence où de l'absence de l’eau dans les 
phénomènes volcaniques en faveur de l’opinion qu'il défendait avec persévérance 
depuis plusieurs années. 


Météorologie. 


M. Georges WuLrr, de Moscou, nous a fait une communication, illustrée par 
quelques planches explicatives, sur linfluence de la pression de la lumière solaire 
sur la pression barométrique de latmosphère terrestre; tenant compte des travaux 
de P. Lébédeff, d’après lesquels les molécules gazeuses sont sensibles à l’action de 
la pression de la lumière, M. Wulff nous a montré, comme conséquence immédiate 
de ce fait, que la lumière solaire exerce une action sur notre atmosphère, action 
qui est mise en évidence par la marche de la pression barométrique dans ses diver- 
ses manifestations. 

Une série de graphiques météorologiques comparatifs, dressés d’après les tra- 
vaux des observatoires de Genève et du Grand St-Bernard, nous à été présentée 
par M. E. CHaix. Ces tableaux qui concernent 4 mois de l'hiver et de l'été 1907, 
permettent de se rendre facilement compte des différences climatiques (vent, satu- 
ration, nébulosité, précipitations et températures) qui existent entre ces deux sta- 
tions ainsi que de la variabilité et de l'amplitude différente des éléments météoro- 
logiques suivant les saisons. 


Botanique. 


M. le D'J. BRIQUET a étudié l’organisation et les affinités du genre « Morisia », 
crucifère endémique tyrrhénienne: il nous en a décrit la géocarpie caractéristi- 
que et nous a fait part de son opinion que cette particularité, quoique d'ordre bio- 
logique, contribue à l’isoler des genres voisins. 

Quelques intéressantes et nouvelles observations sur des fossiles de l’ère pa- 
léozoïque nous ont été communiquées par M. le Prof. R. CHopar; elles lui ont 
permis, entre autres, d'identifier un tronc de la collection de fossiles de l'Institut 
botanique de notre Université, comme provenant d’un Lépidodendron étudié précé- 
demment par Bower. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1911). 3 


20 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


La question si controversée de l’origine des Spermaphytes à fait, en outre, 
l’objet d’une étude de M. le Prof. CHODAT qui avait déjà traité ce sujet dans une 
revue critique, et qui a pu étendre ses recherches à diverses Cycadacées provenant 
du jardin botanique de Lisbonne. 


Zoologie. 


M. R. DE LESssERT nous a parlé de la distribution géographique des araignées 
en Suisse, dont la faune est très riche et très variée, grace à la présence, d’une 
part, d'éléments méridionaux (Valais, Tessin et vallées méridionales des Grisons), 
et, d'autre part, d'éléments septentrionaux (Alpes). 

M. le Prof. E. YUNG nous a exposé le résultat des observations faites dans son 
laboratoire, par M LrpskA, sur les effets de l’inanition chez les infusoires, étudiés 
en particulier avec des individus de l'espèce Paramecium caudatum, pris dans des 
conditions naturelles ou dans des cultures in vitro. 

LE MÊME nous a rendu compte des expériences qu'il a exécutées pour déter- 
miner le degré de sensibilité des Gastéropodes terrestres à l’action de la lumière, et 
a démontré que les yeux des escargots et des limaces ne leur sont d'aucun usage au 
point de vue visuel. 

Les nouvelles recherches sur la variation des Papillons, que M. Arnold PICTEr 
nous à communiquées à deux reprises, l'ont amené à diverses conclusions sur la pro- 
venance de l’albinisme et du mélanisme partiels. Le fait, qui semble général parmi 
les animaux, que le mélanisme est signe de vigueur, tandis que l’albinisme dénote 
un affaiblissement de l'organisme, est confirmé en une certaine mesure par ces 
intéressants travaux, qui montrent encore que le mélanisme et l’albinisme provien- 
nent souvent d’une simple augmentation ou d’une simple diminution de la taille des 
écailles. 

M. PICTET nous a en outre parlé, dans deux autres séances, de ses recherches 
sur l’origine de la couleur bleue et de la couleur blanche chez les Lépidoptères: 
d'après lui, la première est produite chez les Lycaena par un pigment bleu. Le 
phénomène de décomposition des radiations lumineuses, dû à la structure striée des 
écailles, qui est du reste général à tous les Lépidoptères, même les plus colorés, 
joue également un rôle dans la production de cette couleur. 

Quant à la couleur blanche des Piérides, elle est aussi due à un pigment blanc. 
Chez les Papillons devenus albinisants, elle est souvent produite par le fait que 
leurs écailles se sont bombées, et qu’au lieu de décomposer les radiations de la 
lumière, comme le font les écailles plates, elles absorbent l’ensemble de ces radia- 
tions et réfléchissent la Inmiere blanche. - 


POUR L'ANNÉE 1910 21 


Physiologie. 


Mie STERN nous a entretenus des résultats de recherches faites avec M. le 
Dr BATTELLI sur l'oxydation de certaines combinaisons par les tissus animaux; 
elle nous a parlé, en premier lieu, de l’oxydation de l'alcool et des aldéhydes, d'où 
il résulte, en particulier, que le foie fait subir à ces deux composés une oxydation 
due à un ferment pour lequel les auteurs proposent le nom d’alcooloxydase. Puis 
Mike Stern nous a exposé que l'acide succinique est aussi oxydé par les tissus ani- 
maux et que la rapidité de cette oxydation, pour laquelle la présence de cellules ou 
de débris cellulaires est indispensable, est excessivement grande. 

D'autre part, les recherches faites par les DEUX MÊMES auteurs, dans le but 
d’éclaireir le rôle que jouerait la catalase dans les sxydations de l’organisme ani- 
mal nous ont été communiquées par M. le D' BATTELLI. 

M. le Prof. J.-L. PREVOST nous a parlé des expériences qu'il a faites, avec 
la collaboration de M. SALOZ, sur les contractions des bronches étudiées chez des 
mammifères et des tortues: les principales expériences ont eu trait à la contraction 
bronchique provoquée par action réflexe à la suite de l'excitation de diverses par- 
ties et par électrisation du nerf crural. 

M. H. FLOURNOY nous a rendu compte de ses recherches sur l’inhibition des 
muscles et du réflexe patellaire; l'excitation du bout central du nerf sciatique 
inhibe le triceps de la même patte, en sorte que le réflexe patellaire ne peut plus 
avoir lieu; en outre, si le muscle se trouve en état de contraction tonique, il peut 
se relâcher immédiatement. 


Psychologie. 


Quelques intéressantes remarques sur le contrôle des médiums et sur les difi- 
cultés qu'il présente pour être à l'abri de toute fausse interprétation, nous ont été 
soumises par M. le Prof. E. CLAPARÈDE qui a attiré notre attention sur les prin- 
cipales causes d'erreurs susceptibles de fausser ce contrôle et qu'il faut prévoir 
pour éviter d’en être la victime. 


Il n’y à eu cette année que deux séances spéciales de biologie dans lesquelles 
M. Herbert GANS à fait deux conférences, la première sur la disparition des oiseaux 
et la seconde sur les moyens de protection des oiseaux migrateurs. 


SUPPLÉMENT 


A 


LA 


LISTE DES INSTITUTIONS SCIENTIFIQUES 


AVEC LESQUELLES LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 
FAIT ÉCHANGE DE PUBLICATIONS! 


(Voir liste parue en 1905, vol. 35, pag. 29.) 


Nom de l'institution. 


Naturforschende Gesellschaft 
Baselland . ge 
Schw. Landesbibliothek . 
Società ticinese di scienze na- 
turali . AE 
Société des sciences de Nancy 
Società italiana per il progresso 
delle scienze . AS ES 
Société scientifique de Varsovie 


Academia Polytechnico . 
Nassauischer Verein für Natur- 
kunde. MN CE 
Museum für Natur- und Heï- 
matkunde . RENTE 
Gulf biologie Station Cameron 
(Louisiana) Re 
Department of Interior . 


Société de botanique 
Sociedade scientifica 
Paulo . ; 
Université égyptienne . 
The Australian Museum . 


de Sao 


Siège. 
Liestal. 
Berne. 


Lugano. 
Nancy. 


Rome. 
Varsovie, 


Porto. 
Wiesbaden. 
Magdeburg. 
Bâton-rouge 
Manila. 
Genève. 
Sao-Paulo. 


Le Caire. 
Sydney, 


Titre des publications, 
Thätigkeitsbericht 
Bollettino . ; 
Bulletin des séances . 
Atti. MORTE Res 
Comptes rendus des séances . 
Travaux . AÈ 
Annaes scientificos . 
Jahrbücher 
Abhandlungen und Berichte . 
BUT EEE EEE EE 
Philippine journal of science 
(section A : General science 
»  C:Botany). 
Bulletin . 


Revista 


Records; Monograph. 


Cote de la Bibl. 
pub: 
de Genève, 


Ma 


Ra 


Ra 796 


Ra 812 
Ra 811 
Ra 465 


Ra 779 
Ma 544 
Ra 722 
Me 479 
Ra 815 


! La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève faisant cession, suivant convention, à la 
Bibliothèque publique de la Ville de Genève, des ouvrages qui lui arrivent par voie d'échange, la présente 
liste renferme en regard de chacune des publications le numéro matricule sous lequel elle est cotée à la 


dite bibliothèque. 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


Date 
de réception. 


1861 MM. 
1863 
1865 
1868 


- 1869 


1869 
1873 
1873 
1874 
1874 
1876 
1876 
1850 
1882 


TABLEAU DES MEMBRES 


DE LA 


DE GENÈVE 


Mars 1911. 


1° MEMBRES ORDINAIRES RESIDANT A GENEVE 


Casimir DE CANDOLLE, botaniste, 
Lucien DE LA RIVE, physicien. 
Arthur ACHARD, ingénieur. 
Jean-Louis PREVOST, médecin. 
Edouard SARASIN, physicien. 
Ernest FAVRE, géologue. 

Emile ADOR, chimiste. 

William BARBEY, botaniste. 
Adolphe D'ESPINE, médecin. 
Eugène DEMOLE, chimiste. 
Théodore TURRETTINI, ingénieur. 
Pierre DUNANT, médecin. 
Auguste-H. WARTMANN, médecin. 
Gustave CELLÉRIER, mathématicien. 


24 


LISTE DES MEMBRES 


1883 MM. Aaoul GAUTIER, astronome. 


1884 
1887 
1888 
1889 
1889 
1889 
1889 
1889 
1890 
1890 
1890 
1890 
1890 
1892 
1892 
1893 
1893 
1893 
1894 
1897 
1897 
1897 
1898 
1898 
1900 
1900 
1902 
1902 
1902 
1902 
1902 
1903 
1903 
1904 
1904 
1905 
1905 


Maurice BEDOT, zoologiste. 

Amé PICTET, chimiste. 

Robert CHODAT, botaniste. 
Alexandre LE ROYER, physicien. 
Louis DuPARC, géologue-minéralogiste. 
F.-Louis PERROT, physicien. 
Eugène PENARD, zoologiste. 
Charles- Eugène GUYE, physicien. 
Paul VAN BERCHEM, physicien. 

André DELEBEOQUE, ingénieur. 
Théodore FLOURNOY, psychologue. 
Albert BRUN, minéralogiste. 

Emile CHAIX, géographe. 

Charles SARASIN, paléontologiste. 
Philippe-A. GUYE, chimiste. 
Charles CAILLER, mathématicien. 
Maurice GAUTIER, chimiste. 

John BRIQUET, botaniste. 

Paul GALOPIN, physicien. 

Frédéric REVERDIN, chimiste. 
Théodore LULLN, physicien. 
Arnold PICTET, zoologiste. 

Justin PIDOUX, astronome. 
Auguste BONNA, chimiste. 

Emile FREY-GESSNER, entomologiste. 
Augustin DE CANDOLLE, botaniste. 
F.-Jules MICHELI, physicien. 
B.-P.-(Georges HOCHREUTINER, botaniste. 
Alexis BACH, chimiste. 

Thomas TOMMASINA, physicien. 
Frédéric BATTELLI, médecin. 
René DE SAUSSURE, physicien. 
Emile YUNG, zoologiste. 

Edouard CLAPARÈDE, psychologue. 
Zugène PITTARD, anthropologiste. 
Louis BARD, médecin. 

Edouard LONG, médecin. 


DE LA SOCIÊTÉ 25 


1905 MM. Johan CARL, entomologiste. 


1905 
1907 
1907 
1907 
1908 
1908 
1909 
1909 
1902 
1910 
1910 
1910 
1910 


1863 
1869 
1893 
1897 
1898 
1902 
1902 
1908 
1908 


1849 
+1869 
1870 
1871 
1872 


Me 
MM. 


MM. 


Mie 
MM. 


MM. 


Adrien JAQUEROD, physicien. 
Hector CRISTIANI, médecin. 
Prosper DE WILDE, chimiste. 
Charles Du Bois, médecin. 
Lina STERN, physiologiste. 
Auguste ETERNOD, médecin. 
Léon- W. COLLET, géologue. 
Etienne JOUKOWSKY, géologue. 
Henri D'AURIOL, chimiste. 
Roger DE LESSERT, zoologiste. 
Edmond WEBER, z0ologiste. 
Emile BRINER, physicien. 
Humbert CANTONI, chimiste. 


2% MEMBRES ÉMÉRITES 


Henri Dor, médecin, Lyon. 

Raoul PICTET, physicien, Berlin. 

J.-M. CRAFTS, chimiste, Boston. 

David SULZER, ophtalmologue, Paris. 
Franz DUSSAUD, physicien, Paris. 

Emile BURNAT, botaniste, Vevey. 

Catherine SCHEPILOFF, médecin, Moscou. 
Etienne RITTER, géologue, Colorado Springs. 
Edouard BUGNION, entomologiste, Lausanne. 


3° MEMBRES HONORAIRES 


Charles BRUNNER DE WATTENWYL, Vienne. 
Félix PLATEAU, Gand. 

Ernest CHANTRE, Lyon. 

Pierre BLASERNA, Rome. 

Samuel-H. SCUDDER, Cambridge (Mass.). 


26 LISTE DES MEMBRES 


1874 MM. François-A. FoREI, Morges. 


1879 J.-Norman LOCKYER, Londres. 
1884 Louis CAILLETET, Paris. 

1884 Albert HEIM, Zurich. 

1887 Théophile STUDER, Berne. 

1887 Eïlhardt WiEDEMANN, Erlangen. 
1889 Ludwig RADLKOFER, Munich. 
1892 Hermann EBErT, Munich. 

1892 Adolphe VON BAEYER, Munich. 
1892 Emile FISCHER, Berlin. 

1892 Emile NOELTING, Berlin. 

1892 Adolphe LIEBEN, Vienne. 

1892 Maurice HANRIOT, Paris. 

1892 Léon MAQUENNE, Paris. 

1892 Arthur-Rudolf HANTZSCH, Leipzig. 
1892 Auguste MicHEL-LÉVY, Paris. 
1894 Joseph HOOKER, Sunningdale. 
1894 Ch.-Edouard GUILLAUME, Sèvres. 
1894 Kristian BIRKELAND, Christiania. 
1894 Jakob AMSLER-LAFOND, Schaffhouse. 


1894 Sir Wliam Ramsay, Londres. 
1898 MM. Auguste RiGar, Bologne. 


1899 Wladimir LOUGUININE, Moscou. 
1900 Hendrik-Antoon LeRENTZ, Leyde. 
1900 H. NAGAoKA, Tokio. 

1902 Johannès CoAZz, Berne. 

1903 Walthère SPRING, Liège. 

1903 René BLONDLOT, Nancy. 

1907 Charles GRÆBE, Francfort. 

1910 Otto LEHMANN, Karlsruhe. 

1910 Wilhelm OsrwaLD, Grossbothen (Saxe). 
1910 Fritz SARASIN, Bâle. 
‘1910 Pierre CHAPUIS, Bâle. 

1910 Pierre WEIss, Zurich. 

1910 Arnold LANG, Zurich. 

1910 Henri BLANC, Lausanne. 

1910 Alphonse WERNER, Zurich. 


1910 Albix HALLER, Paris. 


DE LA SOCIÉTÉ 


4” ASSOCIES LIBRES 


1864 MM. James ODIER. 


1867 
1872 
1872 
1873 
1876 
1879 
1890 
1890 
1891 
1891 
1892 
1892 
1892 
1893 
1894 
1894 
1897 
1897 
1899 
1903 
1905 
1905 
1906 
1909 
1910 
1910 
1910 
1910 
1910 
1910 
1911 


Charles MALLET. 
Agénor BOISSIER. 
Lucien DE CANDOLLE. 
Edouard DES GOUTTES. 
alliam KAVRE. 


r Augustus PREVOST. 
. Alexis LOMBARD. 


Louis PICTET. 
Gustate ADOR. 
Edouard MARTIN. 
Edmond PACCARD. 
David PACCARD. 
Edmond EYNARD. 
Edmond FLOURNOY. 
Georges FRÜTIGER. 
Aloïs NAVILLE. 
Edouard BERANECK. 
Emile VEILLON. 
Guillaume PICTET. 
Georges DARIER. 
Henry FATI0. 
Edmond YURRETTINI. 
John-L. ALBARET. 
Herbert-E. GANS. 
Auguste RILLIET. 
Henri LOMBARD, docteur. 
Edouard BROT. 
Georges BAUME. 
Ettore CARDOSO. 
Henri FLOURNOY. 
André CHAIX. 


MODIFICATIONS AU RÉGLEMENT 


DE LA 


Societé de Physique et histoire naturelle 


DE 


GENÈVE 


Dans sa séance du 2 mars 1911, la Société de Physique et d'Histoire naturelle de 
Genève, a décidé de modifier comme suit les anciens articles 38 et 41 de son Règlement. 
(Voir le Règlement : vol. 36, page 1 et suivantes.) 


ART. 38.—- Les Comptes-rendus donnent un résumé des communications faites 
à la Société. Afin d'en assurer lexactitude, les auteurs sont tenus de remettre au 
secrétaire un extrait de leur travail à la séance ou dans les huit jours qui la sui- 
vent. Passé ce délai le titre seul de la communication sera imprimé. Chaque auteur 
a droit à trois pages d'impression par séance; l’espace nécessaire à des figures n’est 
pas compris dans ces trois pages, mais ne peut pas dépasser une page. 

Sur leur demande, les auteurs recevront gratuitement cinquante tirages à part 
de leur résumé. Une fois le tirage à part imprimé, ils ne peuvent pas introduire de 
changement dans la rédaction de leur note. 


Arr. 41 (il y est ajouté un quatrième alinéa. en ces termes :) 
Les membres ordinaires et les associés libres reçoivent les comptes-rendus. 
Erratum. 


Vol. 36, page 7 (art. 34 du Réglement) ligne S à partir du bas. lisez article 51 et non 
pas 25. 


PUBLICATIONS 


On LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE | 


= " DE GENÈVE 


La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 
et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des pubheuonse 
(Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de PHYSIQUE) P: A: 


. au Museum d'hist. naturelle, Genève, Suisse.) 
Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VII (1884-1910). Prix Er. 25 || 


Liste des publications des membres de la Société (1583) in-8° avec supplément (1896) 
Bnign hp Te NE RS Ur RC ON EEE 


Imprimerie Albert Kuündig, Genève. 


= MÉMOIRES 


DE LA 


| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


101 EP 


D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 


— — Dé — — 


Volume 37 


FASCICULE 2. — (AOUr 1911) 


SUR LA NOTION DE COURBURE 
ET SUR 
QUELQUES POINTS DE GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE 
NON-EUCLIDIENNE Fe 
par C. CAILLER 
Avec 18 figures. 


GENÈVE | PARIS 
GEORG & Cie | G. FISCHBACHER 


BALE et LYON même maison. 33, rue de Seine. 


Prix : 5 fr. 


Ë, T à Su r4 ë à F es : fe 
TABLE DES MATIÈRES 
DUO x 
FASCICULE 2, VOLUME 37 
4 
# Page 
23 Sur la notion de Courbure et sur quelques points de Géométrie infinitésimale non- 
2 - euclidienne, par M. C. Caicrer (avec 18 figures). . 2» 
4 Û 


PTT TU! 


_ SES de ddil de au 3 ei id "in. Dé bit Gé 1 Lt : mile 


MÉMOIRES 
DE LA 
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 37, FASCICULE 2 


SUR LA NOTION DE COURBURE 


QUELQUES POINTS DE GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE NON-EUCLIDIENNE 


C. CAILLER 


(Avec figures dans le texte). 


Dans les pages suivantes, je me propose d'établir la définition et les propriétés 
principales de la Courbure en Géométrie non-euclidienne, et cela par une méthode 
générale, applicable aussi bien au plan de Lobatchewski qu'à celui de Riemann. 
Cette méthode, on le verra ci-après, s'étend même avec la plus grande facilité aux 
surfaces réglées et permet de définir, pour celles-ci, une quantité complexe possédant 
vis-à-vis des surfaces un rôle identique à celui que joue, pour les courbes planes, 
la courbure ordinaire. 

Toutefois les deux cas principaux de Riemann et de Lobatchewski présentent 
nécessairement quelques différences peu essentielles; ce serait se condamner à des 
redites que de vouloir les traiter l’un et l’autre dans tous leurs détails. En Géométrie 
riemannienne, le problème de la courbure n'offre aucune difficulté, l'identité de cette 
Géométrie avec la sphérique euclidienne rend les résultats évidents et presque 
intuitifs. Il en est différemment pour la Géométrie de Lobatchewski: les diverses 
modalités que présente alors la notion de courbe constituent une complication 
fort génante. On sait en effet que la courbe, envisagée comme lieu ponctuel ou 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1911). 4 


30 C. CAILLER 


tangentiel, peut être réelle ou idéale et présente de ce chef une grande variété 
d’aspects. Il en résulte que si on veut passer du cas normal d’une courbe réelle et 
ponctuelle, pour lequel les théorèmes peuvent être regardés comme immédiats, 
aux autres cas, on s’égare bien vite. L’analogie foncière des phénomènes se trouve 
dissimulée sous la diversité des éléments géométriques qui en sont tour à tour les 
agents pour ainsi dire, Le vrai moyen de rétablir lunité consiste évidemment à 
donner d’abord la définition de la courbure sous une forme strictement algébrique, 
puis à déterminer après coup les diverses interprétations dont les formules sont 
susceptibles. Cette tâche est la seule que nous ayons à entreprendre, et elle n’est 
point aussi aisée qu'il peut paraître d'emblée. 

J’opère la réduction du point de vue géométrique au point de vue analytique, 
en étudiant en premier lieu la Cinématique du plan rigide. Le grand avantage de ce 
mode d'exposition est qu'il rattache les unes aux autres, d’une manière organique, 
les questions les plus variées de Géométrie infinitésimale, celle de courbure, de 
développées, de roulement des courbes planes ou des surfaces réglées, ete. Si la 
théorie qu'on va lire est encore, par places, un peu abstraite, je crois du moins avoir 
réussi à supprimer toute difficulté sérieuse, 

Il vaut la peine de rappeler d’ailleurs que le développement de la Géométrie 
non-euclidienne, même dans ses parties lointaines, n’a pas seulement un intérêt de 
pure curiosité. Bien souvent, en effet, les faits se manifestent dans la Géométrie 
non-euclidienne avec une régularité plus complète que dans le cas limite de la 
Géométrie euclidienne. Et comme la symétrie est un principe de classification et de 
découvertes, le passage par l’espace non-euclidien a servi bien des fois à pénétrer 
plus avant dans la science de l’espace ordinaire, ou encore à relier entre eux des 
faits restés longtemps disjoints. 

C’est ainsi que dans la seconde partie de ce travail, la Géométrie hyperbolique 
réglée se présente avec un caractere frappant de simplicité sous l'aspect d’une sorte 
de planimétrie imaginaire, Il s’en faut que la Géométrie euclidienne réglée, quoique 
contenue dans l’autre comme cas particulier, offre au même degré cet avantage; 
la supposition d’un module infini altère les phénomènes, trouble ou détruit la 
symétrie, engendre les exceptions. Il est donc utile d'étudier d’abord la théorie, en 
Géométrie hyperbolique, à son état de pureté. On sera ensuite mieux à méme de 
comprendre le cas plus important, mais moins régulier, de la Géométrie ordinaire. 

Le lecteur voudra bien aussi remarquer les rapports établis au paragraphe [V 
entre les diverses formules de la courbure euclidienne, suivant le système adopté 
pour les axes coordonnés. La ressemblance remarquable que possèdent ces formules, 
quelle que soit la nature des coordonnéés employées, linéaires ou tangentielles, 
polaires, rectangulaires ou podaires, ne s'explique d’une manière satisfaisante que 


SUR LA NOTION DE COURBURE 31 


par un retour à la formule unique de la Géométrie hyperbolique, dont les premières 


sont une simple dégénérescence, 


S 1. Invariant de deux points infiniment voisins. 


Commençons par un lemme algébrique. Soient X, Y,Z, trois fonctions des trois 
lettres ,y,2, ou si on veut un champ de vecteurs dans l’espace euclidien. Quelles 
doivent être ces fonctions, pour que, L et 2 désignant deux points quelconques du 


champ, on ait toujours l'identité 


Xyte + Xoti + ViYe + YoUi + Lire + 222, = 0 ? (1) 


Si le champ possède cette propriété, on aura X — 0, Y — 0, Z — 0, quand 


on se place à l’origine x — y — 2 — 0. Cette conséquence se tire de l’équation (1) 
en mettant 2 à l’origine et laissant 1 indéterminé. 
En outre quand on identifie les points 1 et 2, notre formule donne 


Kit Eye 73e; 0, (2) 
Xo%s + Yoÿo + 2322 = 0 , (3) 


puis, en combinant (1), (2) et (3), 


MX) em) EAN) 7%) (ZA A) — #2) = 0. 


Si enfin. dans cette dernière, nous supposons 1 quelconque, et 2 infiniment 


voisin de 1, si autrement dit, nous posons 


Lo — UT Ve y te 2 
NA TE NES EN ER TETE EU TIeE 


il vient en effaçant un indice inutile 
dXdx + d\Ydy + dd: —0 . (4) 
Il existe done toujours trois indéterminées p, q, r telles que 


adX = qdz —rdy , 
AY = rdx — pd? , (5) 
AZ = ply — qdz 


32 C. CAILLER 


Mais les conditions d’intégrabilité montrent que p dépend seulement de +, q 
de y, et » de 2; en outre leurs dérivées p', q', r' devant vérifier les équations 
p+g'=qg +r=r +p —=0, 


p',gq',r! sont nulles, et p, g,r sont constants. En résumé, puisque X, Y, Z sont 
nulles à l’origine, on aura 


X—qe—7ry, Y—rx—pz, Z—py—qx, (6) 


et ces valeurs vérifient bien la relation (1), quelles que soient les constantes p. q, r. 
Nous désignerons le plus souvent par (g2), (ræ), (py) les déterminants des seconds 
membres de (6) ; par suite (1) est résolu par les formules 


NE (0e) NN) DA (0) 


Soient maintenant £, r, £, les coordonnées homogènes d’un point du plan de 
Lobatchewski, et f(£, 7, 2), la forme fondamentale de la Géométrie hyperbolique. 
On peut toujours supposer, comme on sait, f = © — ;? — ?; mais ce choix par- 
ticulier ne devant entrainer aucune simplification, nous laisserons f indéterminé et 
nous admettrons simplement que le discriminant A de cette forme est positif. Tout 
ceci s'applique au plan elliptique en prenant f—= © + ;? + #?, et À — 1. 

Ne quittons pas le premier cas, f est décomposable en un carré positif et deux 
négatifs. Nous admettrons que si un point P(£, x, £) se meut dans le plan hyperbo- 
lique, ses coordonnées changent, mais non pas f(£, x, £) qui restera constant. La 
valeur de cette constante pourrait changer d’un point à un autre; mais nous ferons 
presque toujours la convention inverse en stipulant que pour tous les points réels 
on à f — + 1, tandis que l'équation f — — 1 caractérisera les points idéaux. 
Enfin les points à l'infini, étant placés sur la conique fondamentale, donnent f — 0; 
ces derniers points sont exceptionnels et nous n’aurons presque jamais à en parler. 

Ces diverses conventions étant bien précisées, l’invariant de deux points 1 et 2, 
avec les diverses interprétations géométriques que comporte cet invariant suivant la 
nature réelle ou idéale des éléments 1 et 2, est donné par la formule 


a E LR Na de Co 2) = : (3 ï < 11 de 


one 


Dee 


dr (7) 


(P] 


En particulier, si nos points sont infiniment rapprochés, on affectera plutôt le 
second de l'indice 1’, en posant £, = —%, + A%,, .. ; moyennant quoi l'in- 
variant s'écrit, l'indice étant supprimé comme superflu, 


fe SE ne ER 


PA D 0 


SUR LA NOTION DE COURBURE 39 


Mais A£ est donné par le développement d£ + > d°£ + … , et f étant constant, 


on à identiquement 


di — N ÿ di = 0 


un 0£ 
ainsi 
LES 
fiv = RAD 
Cette formule se réduit encore, car de df — 0, on tire par différentiation 
l'identité 


ÿE 3 


DS UN 7: ÉRRGTA 
de 244. 0 
ainsi donc 


did. 


1 31 of : l > 
qe gg ai G far, + (6) 


v 
Je 


La notation / 4; veut dire que dans la forme f les variables ordinaires £, ; 
ont été remplacées par d£, ds, dé. 

Voici dès lors les diverses significations de cette quantité la, telles qu'elles 
résultent de la formule (8). 

Les points 1 et 1’ étant infiniment voisins, si l’un est réel, l’autre l’est aussi, 
et si le premier est idéal le deuxième l’est pareillement. On n’a done que trois cas à 
considérer. 

1° P est réel, et par suite f,, — <+- 1. Alors à mesurant la distance infiniment 
petite de nos deux points et k le module de la Géométrie hyperbolique, nous avons 


x à ù d° 
fu fa = hr —1= 7 
donc 


29 Le point P, ou 1, est idéal ainsi que 1’. Ce cas se subdivise en deux autres 
suivant que la ligne de jonction 11° rencontre ou non le cercle de l'infini. Nous 
nous plaçons ici dans la première hypothèse qui s’énonce : 11! est une droite réelle. 

Dans le cas actuel les droites figuratives de 1 et 1! sont non sécantes entre 
elles et admettent la droite 11° comme perpendiculaire commune, Si à représente 


34 C. CAILLER 


de nouveau la longueur infiniment petite de cette perpendiculaire commune, on 


aura cette fois 


ou 
La, = TT go É (10) 


3° Le point P reste idéal, 1! aussi, mais leur ligne de jonction est elle-même 
idéale, c’est-à-dire ne rencontre pas le cercle de l'infini. 

Dans le réel 1 et 1! deviennent deux droites sécantes, et si à désigne l’incli- 
naison infiniment petite d’une de ces droites sur l’autre, on à maintenant 


fr—fn=l—csiz,, 


et 
Mi er De (11) 


S 2. Mouvement infiniment petit d'un plan sur lui-même. 


Dans le déplacement instantané d’un plan sur lui-même, l’invariant de deux 


points quelconques, désignés par les numéros 1 et 2, ne change pas. Si donc £, », € 
Le ? = () , 


deviennent pendant le mouvement £ Æ d£, 5 + dy, € + dé, les valeurs «£, dy, d£ 
qui dépendent de £, ;, £, doivent vérifier identiquement la relation 


fi im l£ }—=0. (12) 


: £ nRUVE 
2 = | 0 1 ne 2) 


Les notations à double indice, f,, ou f,,, représentent comme ci-devant les 
variables £,,... ou %,,... en fonction desquelles s'exprime la forme f. 

Pour résoudre l'équation (12), désignons par A et g le discriminant et la forme 
adjointe de f, et soient X, Y, Z les variables qui entrent dans l’adjointe g. Ecrivons 


les équations 


È 1 0 1 Ôg EP Il 0g < 
PA XL PONS A 20 Ge 
qui se lisent aussi 
eos AY O0 F0 
LE 9 0 TEE 0? 


RL dr a ù ; x 
les dérivées partielles telles que Y étant celles de la forme fi: 4. 
dc pee 


)d£ 


SUR LA NOTION DE COURBURE 3) 


Si on substitue dans (12) les valeurs (13) de 4£,.... d£,,... en fonction de 
DÉS X,,..., cette formule se transforme en 


S (o£u due + Das ds V0 
= DE, oX, DES OX, ; 


Mais on a identiquement 


x — GX mi +62). 


par suite en dédoublant 


N dfir Vgse | Von VE 
(Ge. CR dE OX, 


MAN ENCEINTE) 


La condition (12), ou son équivalente (12’), prend ainsi la forme 
XXE HXSE, E Yiro + Yor, ol) ; (15) 


pour laquelle nous avons obtenu le théorème du $ 1. D’après ce lemme nos auxi- 
liaires X, Y,Z s’e 


xpriment, au moyen de trois paramètres auxiliaires, Comme suit 
X — (dË) , MANN E (Pr) ; (16) 


telles sont les valeurs à porter dans les formules (13) ou (14) pour obtenir les com- 
posantes d£, dy, d£ du déplacement d'un point quelconque de notre plan rigide non- 
euclidien. 

Il est aisé de reconnaitre dans ces diverses équations l'équivalent des règles 
connues, en particulier celle concernant le centre instantané de rotation. Remarquons 
à cet effet que les auxiliaires X, Y, Z introduites ci-dessus, dans la formule (14) par 
exemple, ne sont autre chose que les coordonnées homogènes de la normale à la 
trajectoire décrite par le point P(£, », 2). 

En effet, lorsqu'un mobile Q(£, H, Z) se déplace en restant à égale distance 
de deux centres fixes P, (£,,...) et P,(4,....), autrement dit quand Q trace la per- 
pendiculaire élevée au milieu du segment P,P,, les invariants /= :, et f= :, étant 


égaux, on à f-+;,_: — 0, Quand P,P, est infiniment petit, la condition précédente 
è ) E,£9 —E v 172 ) I 
devient 

s E of H à Z df 

fus For Fose—0: 

RE 2 od£ 2 ddr 2 dde 


on le voit, les coordonnées homogènes de la normale ainsi tracée sont en effet propor- 
tionnelles aux quantités (14). Pour bien comprendre le calcul qui précède, il n’est 
pas inutile de rappeler que la notion de normale n’a de signification intuitive que 


2 


30 C. CAILLER 


dans le seul cas où P engendre un lieu réel; mais en fait rien n'empêche ce lieu 
d’être idéal. 
Quoi qu'il en soit, les formules (16) montrent que X, Y, Z sont aussi les coor- 
v | ) ) ; 
données homogènes de la droite unissant le mobile P (£, >, £), à un point C(p, q, r), 
fixe dans le plan. En rapprochant les deux interprétations qu'on vient de voir pour 
REC it 
EN I ONE 
2 OdE£ 


males menées aux trajectoires des différents points de la fiqure mobile vont passer 


.… nous obtenons le résultat connu. À chaque instant, les mor- 


par le centre instantané C(p, q, r). 

Ce centre C peut naturellement être idéal; dans ce cas, la règle précédente 
signifie que toutes les normales en question sont perpendiculaires à une seule et 
même droite qui est, dans le réel, le représentant du point C idéal. 

Il faut encore remarquer que les quantités p, q,r étant infiniment petites, les 
coordonnées du centre instantané C(p, q, r) ne sont pas absolues; on n’a donc pas 
FD, 4,7) = fy = + 1. Souvent nous remplacerons p, q, 7 par 4, %0; Lo: €t fm Par 
{003 nous allons voir comment cette quantité fo détermine en grandeur les déplace- 
ments des points de la figure mobile que nous connaissions jusqu'ici seulement quant 
à la direction. 

Soient toujours P (£,..,) un point quelconque, d£ … son déplacement, alors 


: 1 HRÔ7E cit 
Tar d> 9 ea d£ ddE = D XdE 


ou, en remplaçant les d£ par leurs valeurs (13), 


É 1 «3, dg jl IE aEr 
fa — 5x D] SN a Y,2) . 


Employons la notation [01], pour désigner le point dont les coordonnées sont 
les mineurs (7,2,), (2,4,), (t9%,) tirés du schéma à deux lignes 


T0 Yo #0 ; 


T4 Yi ê4 
On a alors, ainsi qu'on vient de Voir, d’après la signification des X, Y, Z, 
Afue, a — Yfoij,to1) » (17) 
or, d’après une formule connue 


Toi, 01) Ho lt 


SUR LA NOTION DE COURBURE 37 
la forme définitive de l'équation (17) est ainsi 


> 


Afas, ae = flo — LE,0 (18) 


valable comme toutes les précédentes quelle que soit la nature des points P (£,...), 
et C(p, q, r); ce dernier, rappelons-le, figure dans la formule par l'indice 0. 

Les distinctions suivantes se présentent maintenant d’elles-mêmes. 

Premier cas. C’est le plus simple, celui où le centre C est réel ainsi que P (£,...). 


On à alors fz = 1; /,, devant être un infiniment petit positif peut être remplacé 


par dr. En outre, d’après la signification de l’invariant de deux points, on a 
CP «ls? 


t0—= dich F ; enfin nous avons VU que fye y —= — TE: ds étant le petit dépla- 
ci fr 4% = 


cement de P. La formule (18) donne 
ds CP ds, CP 


je — dr? Sh° Fa ou AS VAN SRE, (19) 


A 


elle représente évidemment une rotation instantanée, 
À Pr M 
autour de C, de vitesse angulaire —— 
VA 
Deuxième cas. Le centre instantané est toujours Tr 
réel, mais P(£,...) est devenu idéal et apparait, dans le 
réel, sous la forme d'une droite LM. (E 
La règle du centre instantané signifie ceci: la Fig! 
droite mobile LM touche son enveloppe en R, pied de 
la perpendiculaire abaissée de C sur LM (fig. 1). En outre, nous avons 
CR 
Te ; 


ee) 


fz = —1 , fo e È eo ——E dash 


et la formule donne dans le cas actuel f: 4; — — di, di étant l'angle dont la 


droite LM à tourné autour de R. Ainsi, d’après (18) 


des h CR 
ch - 
V/A k 


di — (20) 

Troisième cas. Le point P (£,...) est de nouveau réel, tandis que le centre C est 
devenu idéal; c’est, dans le réel, une droite XY le long de laquelle s'exécute un 
glissement instantané (fig. 2). 


MÉM SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). Hi] 


38 C. CAILLER 


On a donc, en désignant par PD la perpendiculaire abaissée de P sur l'axe 


instantané 
; 3 PD 
fe = + ls 100 = — (r$ , fe.0 — + di sh ur à 


et d’après l'équation (10) 


Finalement (18) nous donne 


dés PD 


ds _ k VA ch = 3 


(21) 


Û 12 . les 
la grandeur du glissement élémentaire vaut done k Vars 


Fiy 2 Fig. 3. 


Quatrième cas. Les points C et P sont idéaux tous les deux et figurent dans 
le réel sous la forme de droites XY, LM dont la première est l’axe du glissement 
instantané (fig. à). 

On a 


= il: 100 — —dw?, 


mais /:, à deux valeurs différentes suivant que LM rencontre ou non XY. Le cas 
actuel se décompose donc en deux distincts : 
a) LM rencontre XY sous l'angle +. Alors 


fezloo — LE, = di (1 — cos x) = dr sin? . 


D’après les formules (10) et (11), les deux positions voisines de notre droite 


SUR LA NOTION DE COURBURE 39 


mobile ne peuvent se rencontrer. Si dg mesure leur plus courte distance, on sait 


10? 
Que far à — , et la formule (18) donne 


dise. 
Em VV ' (22) 


Il est évident que le point central de la droite mobile LM, c’est-à-dire le pied 
de la perpendiculaire commune à LM et à sa position infiniment voisine, est au point 
de concours de LM avec l’axe XY. 

b) Les droites LM et XY ne se coupent pas, leur plus courte distance est 


RS 


figurée en RS (fig. 3). On af: 4 — + ch ra puis 


, RS RS 
fecloo == FE 0 — dr? 1 — cle ie des ShÈ = 
sx 31 k / k 
Les formules (10) et (11) nous montrent qu'ici LM rencontre forcément sa 
osition infiniment voisine ; le contact se fait en R, sous un angle di donné par (18), 
? ? 
sous la forme 
drs RS 


di VA sh TR (23) 


Dans ce dernier cas nous avons regardé comme évident que R est le point 
d’intersection des droites LM, L'M', et, en général, dans tous les autres, nous 
avons mentionné, sans les démontrer, les règles qui fixent la direction d£, dy, d£ 
suivant laquelle se meut le point P(£, ….) réel ou idéal. 

Si on ne regardait pas ces règles comme suffisamment intuitives, il serait aisé 
de les justifier à posteriori par le théorème que voici. 

Si P,(E,,...) et P,(, … 
deux déplacements virtuels égaux efjectués dans le même sens par ces éléments sur 


) sont deux éléments réels ou idéaux, d2,, …. el 5£,, 


la droite qui les joint, d£,, … et d£,, … leurs déplacements réels pendant le mou- 


vement du plan mobile, on a identiquement 


foulard = file, 8e, - (24) 
En effet, on trouve immédiatement 
DE — firés 1951 >= de —Tioto — forts 
MT M NO IE (25) 
der — fule — faots ; dla —fiate — fat ; 


A0 C. CAILLER 


en observant que les déplacements ainsi définis s’operent sur la droite P,P, et don- 
I il 
nent 9/12 — 0. Développons alors les émanants (24) sous la forme 


7 e of : L of LE 
PSE MO RE ENT TE Æ Se Er 
Laë,, 3, — dE, 951 ie 52 = dE 2 
NA % Ô 
et remplaçons-y les 97, … par leurs valeurs (25) et les Sd “+ Par leurs valeurs 
“ Ou 


(14), on obtient, au lieu de (24) 
file Li + RE Vire Æ Yon + 26 + 26)=0, 


relation identique à (15). En résumé, le théorème (24) n’est qu'une forme un peu 
différente des identités (12) ou (15) qui définissent le mouvement du plan sur lui- 
même, 

Pour appliquer ce théorème (24) à la détermination des déplacements d2,, … 
il suffit de faire coïncider 2 avec l'élément invariant C(p, q, r) ; cela fait disparaitre 
le second membre, car d£, … étant nuls, fx, 3, l’est aussi. On voit done que la série 
linéaire définie par le point P(£,….) et le centre © d'une part, et la série linéaire 
définie par les points infiniment voisins P(E,…) et P(4 + dé, …) d'autre part, 
ont un invariant nul. 

Si une de ces séries est une droite et l’autre un point dans le réel, la droite 
contient le point ; si ce sont toutes deux des droites réelles elles sont perpendicu- 
laires ; enfin les deux séries ne peuvent pas représenter toutes les deux des points 
réels. 

La règle précédente détermine dans tous les cas la direction du chemin infini- 
ment petit décrit par P(4, ..) : elle donne des résultats conformes à ceux indiqués 
ci-dessus. 


S 3. Couples de Points et Formule fondamentale. 


Les deux points 1 et 2 qui servaient à déterminer le mouvement du plan mo- 
bile étaient jusqu'à présent tout à fait arbitraires. Nous supposerons désormais qu'ils 
forment un couple, c’est-à-dire qu'ils sont conjugués par rapport à la conique fonda- 
mentale, ou vérifient la condition fs — 0. Cette condition, qui correspond à celle 
de la perpendicularité dans la Géométrie sphérique, peut évidemment être satisfaite 
d'une infinité de manières; au point de vue de la réalité, un couple 1,2 présente 
diverses apparences suivant la nature de ses deux composants. 

Si un des composants est réel, l’autre est idéal. Mais les deux composants 


SUR LA NOTION DE COURBURE VA 


peuvent être idéaux tous les deux et, dans ce cas, leur ligne de jonction est elle-même 
idéale. 

Lorsqu'on représente un élément idéal par une droite réelle, celle-ci est la 
polaire du premier par rapport à la conique fondamentale. Alors, dans le premier 
des deux cas énumérés à l’instant, le couple est figuré dans le réel par une flèche 
(droite issue d’un point). Dans le deuxième cas, le couple se présente à nous comme 
un système de deux axes rectangulaires. 

De toute façon, il est clair que la multiplicité des couples du plan dépend de 
trois paramètres. La Géométrie des couples comporte done l'étude des monoséries 
et des biséries de couples, analogues aux courbes et aux surfaces de l’espace ordi- 
naire à trois dimensions. Nous n'avons à nous occuper ici que des monoséries. 


Soient deux points quelconques, d'indices 4 et G, nous désignerons par [28] 


le point dont les coordonnées homogènes sont égales aux mineurs (7, £), (£, £), (£, 8) 


de la matrice à deux lignes 
Ë " 4 < Ex m3 Ce 


z 14 ea 3 3 75 


On vérifie de suite l'identité bien connue 


[L01], [121] =1012|[1] 


dans laquelle 0, 1, 2 sont trois points quelconques, et où | 012 | représente le dé- 
terminant 


| NE ES) | ENT 
012|—=|£n 
RE RTE 


2 


[1] est une notation symbolique désignant le point d'indice 1. 
Prenons l'identité de Lagrange sous la forme 


A 
Ju Taa Dia — As 12 
remplaçons-y 1 par [01}, et 2 par [12]; il vient, en vertu de la réduction men- 
tionnée à l'instant, 
SFA ? cnrs 
Jo, 01) 212, 2) — ion, 12) À Afu léorte | 


Cette identité se simplifie en appliquant les équations connues de la théorie 
des formes 


Jon, 12) = folie — lolu et Jus, 12) = fig las — fra 


12 C. CAILLER 
qui nous donnent finalement 


12 


LME nl Jo, on — (oifiase PSE + Afy 


ÉTAT Ce 

Pour employer ceci dans la théorie de la courbure, supposons que 1 et 2 soient 
les composants d’un couple, et que 0 soit le centre instantané du plan mobile soli- 
daire du couple. Alors f,, — 0, puis, à cause de la formule (17), Jon = Aa, 45, » 
l'équation précédente prend done la forme 


V2 
1/, 0 7 €2) 


; ete 
las di 7 F fat FER 


; (26) 


C’est sur cette formule que reposent toutes les applications géométriques sub- 
séquentes. Elle attire d’abord l'attention par la raison suivante. 

Puisqu'un couple dépend de trois paramètres 2, £, ;, il est clair que les coor- 
données de chacun de ses composants sont aussi des fonctions des 2, 6, y. Par suite, 
quand le couple varie les coordonnées du centre instantané p, q, r sont des fonctions 
linéaires homogènes de dz, d6, dy, et fa, y, est quadratique en dz, dB, dy. Ce 
dernier fait est bien mis en évidence par la formule (26), mais on voit de plus, 
d’après la constitution du second membre de cette formule, que la forme ternaire 
Laz, a, St décomposable en un.produit de deux facteurs linéaires. La raison a priori 
de ce phénomène est facile à découvrir. 

Pour fixer les idées, supposons 1 idéal et A > 0. Alors f, — — 1; la condi- 
tion as 4, — 0, d’après l'équation (11) équivaut à # — 0. Si donc le premier 
membre de (26) s’annule, c’est que les éléments contigus P (£,, ...)et P(Ë, + dë, ,...), 
qui sont figurés dans le réel par deux droites, sont parallèles. Or la condition d’un 
tel parallélisme est linéaire en dz, dB, d:. 

En effet, si À, B, C sont les coordonnées d’une droite fixe Q, la droite mobile 
P(2, 6, y) devient parallèle à Q, quand est vérifiée une certaine relation de la forme 
F(A, B, C, 2, 6, y) — 0. En différentiant cette condition par rapport à 2, 6, y, on 
exprime que les deux droites P (2, 6, ;) et P (x + de, 6 + dB. y + dy) sont paral- 
lèles entre elles. Suivant qu'on tire la parallèle à l’un ou l’autre des bouts de la 
droite P(2, 5, y), on obtient deux droites P (+ dz,...), qui correspondent au 
double signe par lequel se différencient les facteurs de la formule (26) 


SUR LA NOTION DE COURBURE 13 


$ 4. Couples conjoints. Courbure et centre de courbure. 


Dans les $$ précédents on a défini le mouvement d’un plan à l’aide d’un couple 
de points conjugués fixés invariablement à ce plan. Particularisons désormais 
davantage en considérant des monoséries spéciales de couples et des catégories 
particulières de mouvements engendrés par ces monoséries. 

Soit { le paramètre d’une monosérie. Déplacons le couple en changeant # en 
t + dt; nous disons que le couple est conjoint lorsqu'un des deux composants du 
couple, À, par exemple, est le pôle du déplacement infiniment petit subi par l’autre 
composant A,, et sert ainsi de représentant réel ou idéal à ce déplacement idéal 
ou réel. Quand la condition précédente est réalisée, elle est réciproque et A, est 
aussi le pôle du déplacement de son conjoint A2. 

La chose est évidente d’après les propriétés des polaires réciproques, mais 
elle résulte bien simplement aussi des calculs qui suivent et qui montrent, d’une 
manière nette, que les coordonnées d’un des composants sont des fonctions arbi- 
traires de la variable £, mais que les coordonnées de l’autre composant sont dès lors 
complètement définies. 

En effet, le point 2 doit être conjugué tant à P(£,, 1, 4), qu'au point voisin 
P(£ + dé, ...);ses coordonnées homogènes &,.. doivent donc satisfaire les deux 
conditions 

fa—=0, dfe = , (27) 


dans la seconde desquelles 4, marque une différentiation relative à l'indice 1. Or 
en différentiant la première (27), on à 


dfie —= dif ia + daf ==" () ; 
ainsi les formules (27) qui expriment que 2 est conjoint de 1, se lisent aussi 
Ta Où, def = 0 ; (28) 


elles montrent que 1 est conjoint de 2. Les formules (27) ou (28) s'écrivent 


(29) 


44 C. CAILLER 


ou encore 


£ of of ; 0f 0 
72 dë, de 7 07, AE 72 dé, 2 | 
30 
E of. of , of 0 | ( ) 
2 dE, fe Ta ddr, +& dd£, mnt 


partout les indices 1 et 2 peuvent être alternés. 
Remarquons que si, dans la deuxième formule (30), on remplaçait les quan- 
2 AD - 
tités VE et leurs analogues par les valeurs (14) et (16), cette formule prendrait 
1 
la forme 


EX, + Yi + 2 = (Gont) 0 ; 


où apparaît de nouveau le caractère réciproque des points conjoints et dont la si- 
gnification géométrique est fort simple. Æsé conjoint tout couple tel que le centre 
instantané déterminé par son mouvement se trouve en ligne droite avec les com- 
posants du couple. 

Du même raisonnement renversé résulte immédiatement la réciproque. Quand 
un plan se meut de manière que le lieu du centre instantané dans la figure mobile 
soit une droite, si on définit le mouvement du plan par celui de deux points fixes 
conjugués pris à volonté sur la droite en question, ces points se comportent comme 
des points conjoints dans leurs déplacements simultanés. 

Au point de vue de la réalité, la condition pour un couple d’être conjoint 
amène les distinctions suivantes. 

1° L'élément 1 est réel, et la courbe qu'il engendre dans son mouvement 
aussi; son conjugué idéal est figuré dans le réel par une flèche 2 issue de 1. La 
condition de conjonction signifie que le centre instantané, réel ou idéal, se trouve 
sur la normale élevée en 1; c’est dire que la flèche 2 est la tangente à la trajectoire 
du point 1. 

2 Le point 1 est idéal et 2 est réel. Cela est identique au cas précédent, à 
cela près que 2 représente maintenant le point décrivant notre courbe réelle tandis 
que 1 en est la tangente. 

30 Les points 1 et 2 sont idéaux tous les deux. Is apparaissent dans le réel 
comme deux droites rectangulaires 1 et 2. Pour qu'il y ait conjonction, il faut que le 
centre instantané soit aussi sur la droite joignant 1 et 2 considérés comme des points. 
Le mouvement instantané est donc nécessairement une translation le long d’un axe, 
et cet axe doit passer au point de rencontre des droites réelles 1 et 2. Dans ces 
conditions, le point commun est central pour l’une et l’autre de nos droites mobiles. 


SUR LA NOTION DE COURBURE 4) 


Le rapport du cas actuel au précédent apparaitra peut être avec plus de 
netteté si l’on dit que, quand une droite mobile 1 possède une enveloppe idéale, 
sa conjointe 2 coïncide avec la perpendiculaire élevée par le point central. Il y à 
d’ailleurs réciprocité entre ces droites 1 et 2. 

Tout ceci étant bien compris, appliquons la formule fondamentale (26), valable 
pour un couple quelconque, au cas d’un couple conjoint. On à alors (£,r, 4) — 0, 
et par conséquent 


ne (31) 


1 fi 
LE, dE — se 


22 
De même, en alternant les éléments du couple 


_ life 


AT ons A; lis ; (32) 


et comme 12 — ke — 1, on obtient en divisant (32) par (31) 


2 


Ne 


la, , dé; fa 
fo4 ee AE 
f, de ce rapport nous servira à définir la courbure de la mo- 
0,2 
nosérie conjointe. C’est en somme le rapport des éléments infiniment petits décrits 
simultanément par les composants du couple, comme le montre la formule (33); 
suivant l’ordre dans lequel on range les composants, la courbure prend deux 
valeurs inverses l'une de l’autre. 
Avant de transporter aux courbes cette notion de courbure établie d'abord 


La racine carrée 


Are LT los ; 
pour les monoséries conjointes, il importe de calculer le rapport fa , en le débar- 
0,2 


rassant des auxiliaires £,, 7,, £,. et de l’exprimer en fonction des seules quantités 
données &,, … et &,, … Le point C(ë,, x, £,) S'appellera volontiers le centre de cour- 
bure de lu monosérie, il doit disparaitre des formules. Pour la clarté des notations, 
je désignerai de nouveau ses coordonnées par les lettres p,q,r au lieu de £,, %,, £,. 

Pour déterminer ce centre de courbure en fonction de £,, …. ë. … nous avons 


à notre disposition les formules (14) et (16) que je réunis comme suit : 


à : lo : 107 Le l of 
Be a Pa gap Pa 5 5e? 
: 1 of ; 1107 1 àù/ 
Vs — Ta = ROUTE RS ER LR Re 
T2 rate ÔdE, RAT 0 ddr, Para Od£, 


on en peut tirer, de diverses manières, les inconnues p, 4, r. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911), 6 


AG C. CAILLER 


Entre les deuxième et troisième colonnes, éliminons r et g, il vient 


NC D NN RU 
PE) —3 (à 1E 


72 ddr, 


of eOIE ) 


à 1 
P Eire) — 2 (& dde, # dde, 


Additionnons ces deux valeurs après les avoir multipliées par les facteurs 
— 7, ét — £,, et ayons égard aux identités 


rl re) Er): 
; of of $ of 

DE =" ESS 
dé, L ddr, dd, 
df df df 

ë Ô(E, NE ddr, "1 dde, z 


qui sont ou évidentes, ou résultent du fait que 1 et 2 sont des points conjoints. 
l ; 
Toute réduction faite j'obtiens 


Care df df 
nt) = (ae Po) ; 


En résumé, si pour un instant nous désignons par #, v, w les coordonnées (7,£,), 
(£,8.), (&,r2) de la demi-droite 12, nous avons 


1 of df 
LE nor (a dde, ) 
NAT PAR 
pe 5 (ed En) » cs) 


1 à of df \ 
PU — x (Es dde, EF HE.) ; 


desquelles on peut tirer aisément un résultat plus symétrique. 
10g 10g 1 dg 


. = — ——, Si on tient 
9 du’ 2 dv’ 2 dw 


Ajoutons-les, après avoir introduit les facteurs 


compte des formules de réduction 


n 
= (u dg da dg 10 Ôg 


Ny71 0? o20 


) —= qu, 0, 0) — fasfas — Tia —Jaafae » 


SUR LA NOTION DE COURBURE 47 


dg df og 0 og Ôf k 
A Z = — — l£ ‘(db 14.) , 
ou OdË, dv ddr, de dde, AA (u dé, + vd, + wde,) 


og df 0g df 0g df ; 
+ _ _ == == [= > 10.) 
du ÔdE, nr ddr, d20 dd, 44 (di, VE we) 


il vient 
Pfufe = A(E, À, — E,A)) . 


Pour abréger, on a posé 


Audi, +odn +udt = |& nm & ; (35) 


et, de même, 


A, — udé, + vdn, + wdr, — CRE RTE ù (36) 
dE, dr dr, 


Les valeurs définitives des coordonnées homogènes p, g, » du centre de cour- 
bure sont résumées dans le tableau 
Plufn = A(E, A, — A) , 
Ha = As — A) ; | (37) 
rfufs = AA, — GA) , | 
elles ne changent ni de grandeur ni de signe quand on alterne 1 et 2, elles ne chan- 
gent pas non plus quand on change le signe d’un quelconque de ces points. 
Des formules (37) on tire immédiatement l'intensité de la rotation instantanée, 


qui vaut d’après le $ 2 
ee —= + dr ; 


or fi2 étant nul, les équations (37) donnent 


+ dé? — A? (f22 A +- fu A5) . (38) 
Enfin les quantités 


PRE of : of : PRO of 
a 5 (» dË, + q dr, 42% de.) 3 tu] — 5 ( dE, + q sa 


48 C. CAILLER 


dont le rapport est égal à la courbure et dont l'interprétation géométrique a été 
aussi expliquée au $ 2, deviennent par la substitution des valeurs (37), au lieu de 
(DENTRETS 


1 — - Aa 7 fo = — = Ai p (39) 


$ 2. Théorie de la Courbure des Courbes planes. 


Jusqu'à présent nous n'avons parlé que de la courbure des monoséries con- 
jointes. Il s’agit désormais de rattacher à cette théorie celle de la courbure d’une 
courbe plane quelconque, réelle ou idéale, conçue comme engendrée par un point 
mobile P,(4,….). On y arrive en associant à ce point P; un autre point P,(&, ..) 
de manière que le couple P;P, soit conjoint. La courbure, le centre de courbure, 
etc. de la monosérie P, P, seront pris dès lors comme définissant les quantités de 
même nom relative à la courbe P,. 

Les formules (29) nous ont donné les coordonnées homogènes £,, x,, £&, du 
second composant d’un couple en fonction des coordonnées absolues £,, 7, £,, ar- 
bitrairement choisies pour le premier composant !. Il s’agit d’abord de conver- 
tir ces coordonnées homogènes en coordonnées absolues &,, .… satisfaisant l’identité 


A cet effet désignons par d; une indéterminée et récrivons les formules (29) 
comme suit 


1 ùf PRE 1 Ôf Aya; 

9. )Ë VA (a l- , 9 dr V/A (e &) 
1 df Eee dr, , 
su va (s &) | (40) 


! Les formules qui précèdent manifestent une double homogénéité; on les voit se reproduire quand 
on change les coordonnées £, … en 27, … et aussi quand on passe, à l’aide d’une transformation linéaire, 
de la forme primitive f à une autre K. L'emploi des coordonnées absolues supprime la première homogé- 
néité, comme on le voit déjà sur la formule (38) ; on ne rencontre plus en général que la seconde dans la 
suite de nos calculs. 


SUR LA NOTION DE COURBURE 49 


Substituons ces valeurs dans l'équation f5: — f(Ëë:, …), 1l vient 


ou, le dernier terme étant nul, 


122 — lulu, d£i 


ds ‘ds 


Ainsi l’auxiliaire d; a pour signification 


la formule fait immédiatement reconnaitre le signe à adopter pour f5 — + 1. La 
quantité 5, dont le sens de variation est resté arbitraire, prendra le nom d'arc de la 
courbe P,(£,, …) ; quant au signe de P, conjoint de P, il dépend, par lintermé- 
diaire des formules (40), du sens positif choisi pour la variation de 5. 

En même temps que P, et P,, considérons un troisième point P,(£,, 7,; ,), 
formant avec les deux premiers un triangle autopolaire. On doit avoir fi3 — 0, 
fa = 0, d'où, en fixant à volonté un signe ambigu, 


dé, dr d£ 
PR MP — OR ER (42) 


La — , ": [æ 
3 do 3 do v 3 ds 


Nous avons maintenant, à la place d’un point unique, un triangle rigide 
1, 2, 3. Si au lieu de points idéaux, on veut revenir aux objets réels dont ils sont 
les images, on est conduit aux distinctions habituelles. 

1° Supposons que 1 est réel, par suite 2 est idéal. Dans le réel 2 représente 
la tangente à la courbe P,; 3 est aussi idéal, dans le réel c’est la normale à la 
courbe P;. 

29 Supposons au contraire 1 idéal, mais 2 réel. Alors 1 est la tangente enve- 
loppant une courbe réelle dont 2 est le point de contact. L'élément 3 est encore ici 
la normale à notre courbe. Ce cas correspond au précédent par dualité. 

3 Supposons 1 et 2 idéaux tous les deux. Dans le réel, ce sont deux droites 
rectangulaires, 3 est leur point de concours; c’est à la fois le point central de la 
droite mobile 1 et de sa perpendiculaire 2. 


0 C. CAILLER 


Il s’agit, pour obtenir la courbure de P,, de calculer les déterminants (35) et 
(36) en fonction de £,, »,, Et 
Or en développant A, suivant les éléments de sa deuxième ligne, on a 


A, —E#, (nd) kr, (dé) LA (Ed), 
ce qui, d’après (40), s'écrit aussi 


PEL Me EUR df df ds 
me 2V/A (& dE, Le da Fe es . Va : (43) 


Le calcul de A, est un peu plus pénible. Posons, pour abréger, 


de RUE CAR 
lee Ge 7) IR (a =) Rae (a ? (4) 


et différentions les formules (40) qui donnent 


1 2Ôf: OR lors ne 
2 0, Unes ddr RER, dd, NE 
ou, par résolution, 
UE — ds Ôg DS ds  dq DS ds dg 
“ATV A OU 2 2V/ADV 2 /A0W 


Mais on a, d’après (36) 
AN ACTA SA ERA 


ou bien, en introduisant les valeurs qu’on vient d'obtenir pour dés, … 
2 2 


do 2 \ 0q 0g do 
= oV/A CPR 2) T ee (GE) 2 oV = £ fa) = VA Juz12) 


Le point 2’ qui figure dans cette dernière formule est celui dont les coordon- 
nées homogènes sont 


£ dE, ; dr, e de, 
2 = 9 , Ye — = = à 
ds° É dr? k = ds? 


Or on à /;y2 — 0 , par suite 


Tao, 129 — = fl —j}, —— Ie ; 


ainsi A2 devient 


ds fe Nr a 07 
ne oi (45) 


SUR LA NOTION DE COURBURE )1 


Nommons encore #, v, w les analogues de (44) 


les formules (40) peuvent aussi s’écrire 


£ 1  ùg 107 1 dg 
OA ATOS a 9V/A À dv 27 91/ À dw 


en portant ces valeurs dans l’équation (45), elle devient 


do (ès df 0g df 


! dg df PNR D Ÿ 
ET du DE, T ov in ; L) — fu do (ul, + Vrs + Wbs) . 


À, OU DE, 


En substituant enfin dans ce résultat les valeurs précédemment données pour 
. et £,... on obtient 


dn, dE 
Etats 2 à) 


dc do? 


ou, sans désignation de variables indépendantes, 


f ë, fi ë 
AE dé, dn de, 5 (46) 


PE, dr dk, 


Les formules à retenir pour le calcul de la courbure sont (43) et (46). Avant 
d'appliquer ces formules, tirons encore des notions précédentes quelques remarques 
essentielles. 

Si æ, 5, y sont les indices 1, 2, 3 dans un ordre quelconque, on a f,, — 0, 
et en différentiant l'identité jen — + 1, on obtient Be — 0. De là résulte que dé, 
s'exprime linéairement en LP ë comme aussi, et de la même manière, dr, en LE 
n.> et dé, en be ë Il existe donc trois groupes de formules qui sont les Ras 


Fe celles de Frenet dans la Géométrie ordinaire à trois dimensions. Les formules 
(42) sont un de ces groupes, nous allons établir les deux autres. 


x : Ê : ùf d 
D'après les équations (40), nous avons D ne a — 0, et comme dfis = 0, 
$2 QG 
df dE 
nous avons également © De ï Fa — 0. Si donc on fait 


de, dis dé, 
a =bh +aë, , H =tuter 3 Z =tu tu, C 


«cs 


D Ge 


on obtient immédiatement b — 0. Quant 


CAILLER 


à a, Sa valeur est 


a ( of of É Li) ï 1 (or de, df dis of re) Fe 
9 \ës dE, TL % dr, He dE) — ss — 9 OË. do | On, do | dE, do) fée 
Or des égalités f13 — 0, et fa — 0, on conclut. 
1 df x 1 df 107 : : 
2 0, — “u@); Fm UE 9 0€, — Ga) ; (48) 
l'inconnue résulte de ce que, en vertu de (35) et (42), 
1l of a A 22 
SN — — ; ee IE, 
D ës dE, fla et (Bira63) ds PARTS 


Ainsi fs ds ; alors en remplaçant les valeurs (48) dans l'équation (47), 
1 


on obtient 


Ta = [62] dé, + (GE) dry + (sr) dE] = 1e 


donc enfin 


GE RMEAE dm À dé, A, 
HAT 0 EAN AO 


c’est le second groupe cherché. Pour trouver le troisième on procédera d’une ma- 
nière analogue. 

Récrivons les résultats sous forme de tableau, en affectant d’un indice l’are 
engendré par le déplacement de P, 


dë, AE A dE, DRM 

CA SE DES Fa de, ( en Tag ) 

dr, dr, A dr F Le À, \ À 
ds, ou do, a A, T8: 2 ds, nn (fr + fun A, ñ3) ; (49) 
de, dt, À, de, | pe 

> = i£, , = NE ) - — (as ln (es 

do, do, A, do, À, 


La réciprocité inhérente à toutes les questions de courbure se marque dans 
ces formules de Frenet par le caractère suivant : 

Si on alterne les indices 1 et 2, en remplaçant ds, par la quantité ds, définie 
comme suit 


Ci 
ou plus exactement, H —=3X: 
É G 


SUR LA NOTION DE COURBURE 53 


les équations se reproduisent. L'indice 3 n'est pas affecté par le dit change- 
ment. 

Outre leur intérêt propre, ces équations (49) permettent de déterminer à 

: AU = 

elles seules, la courbure du lieu P,, soit le rapport A" ainsi que le centre de cour- 
bure correspondant, sans recourir aux formules (37). On peut en effet énoncer la 
propriété suivante ; elle n’est qu'une forme particulière du théorème d’après lequel 
la normale à la courbe P, coïncide avec la tangente menée par le centre de cour- 
bure à la développée de cette même courbe. 

Si (91 (20 %» &) Ou C(P, q,r) est le centre de courbure, le conjoint de ce point 
0 est précisément le point 3 envisagé ci-dessus. 

Etablir ce point, c’est démontrer les relations 


eee 0! 


mais la première est immédiate puisque, d'après (37), f,.:, diffère seulement par un 
facteur de l’expression A2fi3 — Aifss, et que fi3 = fos — 0; en un mot fx, S'an- 
nule parce que le centre instantané est sur la droite polaire de 3. Nous avons de 


même, sauf un facteur, 


fo, 4, = Aufi, de, 7 Aifa, ae, 


si on remplace, au second membre, d£,.. par les valeurs (49), qui donnent 


: SR ; PUS 
Pia, = dfuls ) et fa, &, = — do files À 


(JA 


Le centre de courbure a été désigné par les coordonnées homogènes, notées 


on trouve l'équation fe a 
. 3 


p,q.r ou £ . Nous n’emploierons plus ces dernières lettres que pour repré- 


senter des coordonnées absolues telles que fe à = 


“0? Po: 0 


En vue de déterminer ces nn absolues, nous avons à utiliser le 
théorème qui vient d’être obtenu et à poser les équations analogues à (40), soit 


1 of Es) 1 of ( de, 1 of / dr) 
23 — _ — — Ar =— ER — NAN CN Q ñ 
2 dE, =V/a (4 do ) DOTE v’a £a FA) nd dés VA (E, %.) Ju Ch) 


0 


la quantité dz,, élément d'arc engendré par P,, répond naturellement à l'équation 


a fa 


CUS lee (51) 


Se 


1 


MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 


54 C. CAILLER 


Il nous faut encore obtenir les rapports de d3, à ds, d’une part, et de l’autre, 
à la vitesse angulaire instantanée ds telle qu’elle figure dans la formule (38). 

Or si on porte dans (51), la valeur f , tirée de la dernière colonne du ta- 
bleau (49), on trouve 


1? 1 di (f, JX2 7 A) 
A5, = — — 99 9 
3 Ta A? 2204 41572 
puis, à cause des relations (38) et (43), 
Too 455 — fax do + fi doi ; (52) 
er 
de —\de No ide = dor (53) 


Cette dernière équation constitue une interprétation remarquable de la vitesse 
angulaire instantanée dr; celle-ci n’est autre chose que l’élément d'arc décrit par 
le point 3 conjoint au centre de courbure. 

Ecrivons enfin les relations de proportionnalité existant entre les quantités 
D, QMnetE mr Ép = CE SONE 


ë V’Ads, fn % V/A do, = 5 CE V’Ad5, — 1fn - (54) 


Pour obtenir ces résultats, il suftit de rapprocher les quantités fo, fo données 
par les formules (39) ou 


< 1 of L 1 df ) 
5 (» +) Ù le — 3 (» SAGE : 
des véritables valeurs en coordonnées absolues 
IAA IN 
fn= 5 (m3 +.) ’ fa 3 Co +) 


la comparaison fait ressortir immédiatement les formules (54), quand on remplace 
£, … par les valeurs (50). 

Remarquons que le signe de d5, est resté arbitraire, et comme p, g, r, sont 
définis d'une manière absolue, on voit que le signe du point C(£,, »,, &,) est égale- 
ment arbitraire et change avec celui de do, . 


SUR LA NOTION DE COURBURE 2) 


6. Résumé des Formules et Cas particuliers. 


Pour la clarté commençons par récapituler les résultats du S précédent. 
Le point décrivant se nomme toujours P; (4, …), ses ein dépendent 
d’un paramètre {. Ayant posé 


ah à 


d'où résulte la détermination du signe /3:, on définit deux nouveaux points 2 et 3 par 
les formules 


et Re 


puis on pose pour abréger 
AE mA) : et A —(E 746 Je 


Les formules sont alors les suivantes : 


Relations finies. 


1 0f do, 1 of do, He À de 

9 0 u À Cf > 20m — “A és 95 À, (En 3) 

1 of ; do 1 of do, : 1 of do, 

30, ln À (36) ; 9 dr — 22 A, (66) ; 35, 2x 6 )) 

1 df | ds, 1 à . do, 1 of ee 

30, los à, (te) ; D 0n —| 3 PAT (6,8) ; 9 of ==  & M2). 
fufaæfs = 1 la = fa = fa = 0 


fu 


AE a 
di —= fe fa, dE, di PA a far. dE, 


6 C. CAILLER 


ces dernières donnant le signe de fo = + 1. 


A, do, = A, do, ; Lo 53 = fa doi 5 fads3 ) 
ds, 11 > : 
de Eva ? Be 1 & dr de, | 


Formules de Frenet. 


d£ di, dE, / A, \ 
FES UE de 53 dore fa À fuë) 
1 2 1 1 / 
dy, di da f A, : | 
ñ: TT = — orale 
ds, 32 do, A do, °°) A lu 2) 
de, dE, de, A, 
= — DE == ee CEE" 
un DS Gi ED fat TX fut 


Centre de Courbure et Mouvement du triangle 125. 


Le centre instantané de ce mouvement étant désigné par l'indice 0, comme 
ON à VU, ON à 


2 02, 3 2 dy D, 206, d5/ 

1 of PACE 1 of dE) 1 df ds) 
CE LT } a) £ AR = >, = EAU = £ Les) 

J'OSCEE v’a Co a.) Ô 2 dns VA (& ) 3 206 NE Æ (2 #1 


puis le mouvement du plan est déterminé par les formules 


X — f33 das (mpË) VA , YŸ — as dos (GE) VA,  Z—fyds, (En) FA 


a 1 ùg pie ] O7 ra ] O7] 
PT OADR 0e AN ere 220 


SUR LA NOTION DE COURBURE 57 


Enfin les courbures des lieux P1(4,.) et P2(3%, ..) sont données par 


(55) 


dr, PE, | 


Coordonnées particulières. 


L'expression (55) obtenue plus haut pour la courbure possède, bien évidem- 
nent, le caractère d’invariance par rapport aux mouvements qui changent la forme 
f en elle-même, et cette propriété d’invariance persiste même quand on exécute 
sur les coordonnées une transformation linéaire quelconque. On peut done, dans le 
calcul de (55), employer au lieu de 2... les coordonnées #, #, w, de la droite 
polaire de P(4,….); cette remarque trouve son application plus bas. Il convient 
d'ajouter que la courbure c, du lieu P, ne se réduit à zéro que dans le seul cas où 
2,»", € Vérifient, pendant le mouvement, une équation linéaire homogène telle que 


a + bn + ce — 0 


Cela posé, rappelons qu'il existe trois systèmes principaux de coordonnées: ils 
sont de simples variétés du premier d’entre eux et different les uns des autres seule- 
ment par la position de leur centre relativement au cercle fondamental. Nous prenons 
désormais 

f=r-f—#, et A—=1 


Premier cas. — La courbe est réelle, les coordonnées employées sont les 
polaires, rayon vecteur et angle: elles sont telles que 


ch 


sxx 


r Fr Ve 
n —Sh C0 6., € — sh} sin 6 : 
k 


k ? le 
ou bien les rectangulaires, abscisse et ordonnée, telles que 


= hE che : 1h} ch? à SR 


Y 
k 


C. CAILLER 


D8 
ou enfin les Loricycliques, u et v, telles que 
9 1 2 y 
‘ Ü DES (pee (} UE 
E=c“h;+onet, n=pef, €=sh}+3pe k 


Que devient la formule de la courbure quand on emploie l’un ou l’autre de 


ces systèmes ? 
En coordonnées polaires, par exemple, le déterminant (55) est nul seulement si 


r : ! 2 
ccth - est du type « cos 5 + b sin 4. La courbure a donc la forme algébrique 


k 
a[£ ce coll ? = He cotl = 


Pour déterminer le coefficient À, il suffit de se placer dans l'hypothèse où r est 

constant. Si on remarque que, d'après l’équation (9) et s représentant l’arc de la 
9 

11 s° à - 

sr — -; .le détermi- 


courbe à partir d’une origine quelconque, on a di? — 2 TAbeue E 
Le À 


nant | £d;d'&| devient 


ch = 0 0 
| r r 
sh g ‘0 0 __ sh! LS sin 5 dÿ — sh E CS 5d£ : 


k 
sh ? E sin 9 sh E CS 6 dj — sh E sin 4d£ 


ce qui vaut ch? ñ a _ ds. 
L 
3 


On tire de là À — k*shà — (a ) , et enfin 


Re CO RC Eee : 
c— sh E (a) 48 cotl 7 + coth = (56) 
On aura, de la même manière, en coordonnées rectangulaires 
y da y y De 
Ch (c Ch a) [E 3 tqh k tgli A ; (27) 


et en coordonnées horicycliques 


Bd *, 2 
== 5 (e k + Ée £ 2e | . (38) 


SUR LA NOTION DE COURBURE 9 


Au point de vue de sa signification concrète la courbure a conservé, dans le 
‘as actuel, son sens ordinaire. En effet, l'élément 2 conjoint à P(£, », é) est figuré 
dans le réel par la tangente à la courbe, la courbure est égale à 


LES lac, dEn» ds 
da 1, . dE, 


ce rapport. suivant (9) et (11), est celui de l’angle de contingence 42 à l'élément 


ds da 

d'arc donc ce —k =- 

RS ds * 
Deuxième cas. — La courbe est encore réelle, mais elle est donnée tangen- 


tiellement. Ce point de vue est l'opposé du précédent par dualité. Ainsi donc, l’élé- 
ment P, est maintenant idéal, il correspond à la tangente réelle T(#, #, «), d’après 
les relations 


x 


== / n—= — 


’ ( , = = he 


L'élément conjoint 2 est réel; c’est le a où la droite T touche son enve- 


loppe. La courbure € est maintenant égale à , elle est l'inverse de la courbure 


k À 
ponctuelle ; il s’agit de l’exprimer en coordonnées linéaires. 

Laissons de côté les diverses espèces de coordonnées horicyeliques; la position 
d’une droite T(u, », w) peut être définie de trois manières dont les deux dernières 
s’excluent réciproquement. Si on fait 


? 


0 0 De 
u = sh : D— — ch = COS 0 W——Ch= sin , 
k k ? le 


ces coordonnées podaires ; et w représentent le rayon vecteur et angle polaire de 


la projection de l’origine sur notre droite T (w, #, #). 
On peut aussi écrire 


Ê sh £ w—ch T ; 


k 


D. , q 
U— IR Sh À, 

Rapiaie 
si T est non-sécante de l'axe OX, les coordonnées normales p et q représentent 
l’abseisse et l’ordonnée de la perpendiculaire cormmune à T et OX; ou bien, si T 


rencontre OX, on fera 


Etes ; 
u = sh E Sn D, ——ch;sinr, w—cos), 


60 C. CAILLER 


et alors les coordonnées mixtes let } désigneront l’abscisse du point d’intersection 
et l’angle TOX. 

En substituant ces diverses valeurs dans le déterminant (55), on trouve par 
des calculs semblables à ceux développés dans le premier cas, les expressions sui- 
vantes pour la nouvelle courbure tangentielle: dz y représente, comme ci-dessus, 
l'angle de contingence. 


1 0 ch d 0 0 : 
a — que A 1= L ñ€ 
Er (cr TE [a th E + tgh 4 ; (29) 
re Et æ\ d q Een £ 
Co = A = — F (sh ke FES dp° coth E Te coth 2] n (60) 
1 AS GMEGE : 1 S à 
Co = ë = + k (sin À. a) [F COË } — JE cot : | £. (61) 
Troisième cas. — Les points 1 et 2 sont devenus tous les deux idéaux. La 


droite mobile T,(«, v, «) qui sert de représen- 
tant réel au premier enveloppe une courbe 
idéale; cette courbe (fig. 4) possède ainsi une 
ligne de striction réelle. T; est la perpendicu- 
laire élevée à T, par le point central de cette 
droite. Il y a d’ailleurs réciprocité entre ces 
éléments T, et T,; eux-mêmes et leurs voisins 
forment un rectangle; la courbure du lieu en- 
gendré par le mouvement de T, est, par défini- 
tion, égale au rapport des côtés de ce rectangle 
PP; dd 
PP, di 
tera, d’une manière analogue, la courbure du lieu conjoint T, . 

D'après les formules (10) et (11), pour obtenir, dans le cas qui nous occupe, 
la courbure en coordonnées polaires, normales où mixtes, il suffira de reprendre les 


Fig. 4. 


. L’inverse de ce rapport représen- 


: re Are À dù 
équations (59) à (61) du cas précédent et d’y remplacer partout dz par 7 


substitution des coordonnées de T,, au lieu de celles de T;, changera cette cour- 


. La simple 


bure en son mverse. 

Enfin, si dans les formules des trois cas, on fait À — w, on obtiendra, comme 
cas limite, les valeurs de la courbure euclidienne, exprimées dans les mêmes coor- 
données polaires, rectangulaires, podaires ou mixtes. C'est par cette origine com- 


SUR LA NOTION DE COURBURE 61 


mune que s'expliquent les analogies que présentent ces formules les unes avec les 
autres. 


S 7. Développées et Développantes. 


Soient deux lieux Cet C’, de même espèce, c’est-à-dire tous deux ponctuels, ou 
tous deux tangentiels à enveloppe réelle, ou enfin tous deux tangentiels à enveloppe 
idéale. Ayant choisi sur C et C” des origines « et a', nous ferons correspondre un 
point A’ de C’ à un point A de C par la condition 


Il faut remarquer que cette correspondance peut être établie de deux ma- 
nières différentes suivant les signes adoptés pour d et ds’, autrement dit suivant 
les sens positifs de croissance des ares & et 5. 

Soient P,(£,..), P,(4,, .), P,(£,,...) les sommets du triangle principal quand 
P, décrit la courbe C; soit de même P,(4,.….), P.(2, …), P,(E,, …) le triangle 
associé au point P, qui correspond à P, sur la courbe C'. Si on transporte le pre- 
mier de ces triangles sur le second, quand P, varie la courbe C solidaire du trian- 
gle P,P,P; prend une série de positions ; on dit qu’elle roule sur C’. 

Si les deux courbes sont de 
la première espèce on voit immé- 
diatement que le roulement, ainsi 
entendu, n’est autre chose qu’un 
roulement au sens ordinaire du 
mot. 

Si les deux courbes sont de 
la deuxième espèce, la condition 


Fig. 5. 


de correspondance exprime que les angles totaux de contingence comptés sur les 
deux courbes entre & et C, et a’ et C’ sont égaux. Nous avons un roulement de 
deuxième espèce. 

Si enfin nos courbes sont idéales à tangentes réelles, elles apparaissent, dans 
le réel, sous l'aspect de faisceaux de droites à lignes de striction réelles MN, M'N' 
(fig. 5). Traçons les droites initiales «, a’ et deux droites correspondantes P, P': alors 
l'élément d'arc du faisceau aP est égal à l'élément ds de la ligne de striction pro- 


MËM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1911). 8 


62 C. CAILLER 


jeté sur la perpendiculaire à la génératrice, on d; — ds sin w. La condition de cor- 
respondance est celle de l'égalité entre les intégrales 


2P apr 
| ds Sin w — | ds! sin w! . 


z 

Dans ce genre de roulement, dit de froisième espèce, on transporte successi- 
vement les droites P de la première figure sur leurs correspondantes P' de la 
deuxième en faisant coïncider les points centraux. Lorsque les deux faisceaux roulent 
ainsi l’un sur l’autre, les faisceaux orthogonaux, composés des perpendiculaires 
menées aux génératrices P, P’' par les points centraux N, N’ exécutent eux aussi un 
certain mouvement de roulement; mais la condition de correspondance a changé de 
forme, les cosinus y prennent la place des sinus. Cette nouvelle espèce de roule- 
ment se produit done toujours en même temps que l’autre, aussi me dispenserai-je 
de la mentionner dans la suite, et les mots roulement de troisième espèce seront 
toujours pris dans le sens primitif indiqué ci-dessus. 

Comme dans les $$ précédents, il suffit de se laisser guider par l’analogie avec 
les faits bien connus de la Géométrie plane pour obtenir, d’une manière toute natu- 
relle, les propriétés caractéristiques du roulement lobatchewskien ; on obtient, 
comme toujours, des résultats sensiblement plus compliqués. 


Avant d'aborder cette étude qui fera l’objet du $ suivant, prenons d’abord le 
mouvement exécuté par la droite invariable P, P, lorsque le premier composant 
du couple P, P; décrit la courbe C. Nous allons voir que cette droite roule sur la 
développée de C. 

En effet, le centre de courbure O est déterminé par les formules (37) et (54), ou 

Edo, =VA(GA, —&A,) ,; mdr, — VAGA AA) 


‘0 
bd, = V/A (GA, — EA)) . 


Or selon qu’on veut suivre le point O (%, …) dans son mouvement absolu sur 
le plan fixe, ou relatif sur la droite P, P2, on aura à différentier les formules qui pré- 
cèdent en faisant varier toutes les lettres ou, au contraire, en maintenant invariables 
A, … et &, … Mais c’est indifférent, car, pendant le mouvement du couple, les for- 
mules de Frenet sont vérifiées, elles donnent 


Ad AE, — À, dr, À, dr, — A,dt, — À, HE DE 


Autrement dit, en désignant par les indices « et » les mouvements absolu et 
relatif, nous avons 


SUR LA NOTION DE COURBURE 63 


d, F0 — d, 50 ? A7 = d, #0 > d, = d Eo : 


et de là résulte que les arcs franchis par O sur la développée ou sur la droite P; P; 
sont égaux. En outre, le point 3 est conjoint de O aussi bien pour le mouvement 
relatif que pour le mouvement absolu; les deux conditions du roulement étant ainsi 
satisfaites, la droite P4 P, roule sur la développée. 

La recherche des développantes d'une courbe se rattache tout naturellement à 
la propriété précédente; pour la clarté, il faut toutefois remarquer ce qui suit. 

Lorsqu'on cherche la développée d’une courbe, il est indifférent de savoir si 
cette courbe, supposée réelle pour fixer les idées, est engendrée par le mouvement 
d’un point ou, sous le point de vue tangentiel, par le mouvement d’une droite, sa 
tangente. Le passage d’un des points de vue à l’autre s'opère dualistiquement en 
alternant les conjoints 1 et 2; le centre de courbure, et partant la développée, ne 
change donc pas. De même, pour un faisceau à ligne de striction réelle, l'échange 
de la génératrice 1 avec sa perpendiculaire 2 est sans effet. 

Dans la recherche des développantes, il importe au contraire de distinguer soi- 
gneusement le point de vue tangentiel du ponctuel. Le même lieu géométrique ad- 
mettra des développantes toutes différentes suivant que l'élément générateur est un 
point ou une droite; il nous faut donc de nouveau employer les classements habi- 
tuels. : 

Premier Cas. — C’est celui, très simple, où la courbe O est réelle et ponctuelle. 
La ligne qui roule est la tangente, 
les développantes sont les trajec- 
toires des divers pointsde cette droite, 
et comme le centre instantané est au 
point de contact, les développantes 
sont équidistantes et parallèles. D’ail- 
leurs le faisceau linéaire P, P, con- 
tient encore des éléments idéaux 
qui sont les perpendiculaires élevées 
aux différents points de cette droite ; Fig. 6 
ces perpendiculaires engendreront 
les mêmes développantes sous le point de vue tangentiel. Tout ceci est bien connu 


et conforme aux théorèmes de la Géométrie ordinaire. 

Deuxième Cas. — Si la courbe réelle O est le lieu d’une droite mobile 0’, 
(fig. 6) alors la série linéaire qui lui correspond dans le plan mobile est formée derayons 
issus d’un point O. Figurons à part ce faisceau par deux de ses rayons OP, et OQ. 
Ils correspondent respectivement aux tangentes OP; et O/Q' de la courbe donnée, 


64 C. CAILLER 


de telle manière que quand OP, , d’abord tangent à la courbe en O, s'avance jusqu’en 
O'P;, la nouvelle tangente O'Q! fait avec OP; un angle Q'OPI — QOP, égal à 
l’angle total de contingence de l’are O0". 

L'ensemble des positions telles que O’ P; est une des, développantes cherchées. 
Le roulement de seconde espèce qu'exécute ainsi le plan QOP, solidaire de OP,, se 
compose d’une série de glissements instantanés le long des tangentes à la courbe 
donnée et celle-ci apparait comme la ligne de striction des génératrices mobiles O’P:. 

Le problème des dévelop- 
pantes dans ce cas est une 
simple forme du suivant: wne 
courbe réelle étant tracée, cons- 
truire un faisceau dont elle soit 
la ligne de striction. Une solu- 
tion étant connue, toutes les 
autres s’obtiendront en menant 


par le point central une droite 
d'inclinaison constante sur celle 


Fig. 7. 


qui engendre la première déve- 
loppante. 

Troisième Cas. — La courbe O est composée de droites variables, telles que OP, 
0’Q" admettant une ligne de striction réelle OO! (fig. 7). Le faisceau linéaire corres- 
pondant comprend toutes les perpendiculaires OP,, 0'/Q, ete., tirées par les diffé- 
rents points d’une droite D. Il y a correspondance entre des droites affectées dans 
les deux figures de la même lettre initiale lorsque le segment rectiligne OO? de la 
droite D est égal à l'intégrale f Ÿ ds sin z calculée sur la courbe. 

0 


Appliquons alors successivement les droites O/Q sur leurs correspondantes 0/Q'; 
une droite fixe OP, du faisceau linéaire prend une série de positions telles que 0” P?, 
et cette série O0” P, forme une des développantes cherchées. Le mouvement du plan 
mobile est, dans ces conditions, un roulement de troisième espèce composé d’une 
série de glissements élémentaires le long des droites O/Q/. On reconnait de suite 
que la génératrice O” P}, possède une enveloppe réelle qu’elle touche en 0”; ainsi la 
développante apparait plus simplement, sous le point de vue tangentiel, comme le 
lieu de ce point O0”. A l'exemple de ce qui a lieu dans le premier cas, nos dévelop- 
pantes sont parallèles et équidistantes. 

Le problème des développantes étant ainsi complètement discuté, reprenons le 
cas général du roulement. 


SUR LA NOTION DE COURBURE 69 


$ S. Le roulement. Formules de Savary. 


Mettons en contact au point P,(£,..) la courbe mobile C avec la courbe fixe 
C’, ou plus précisément, faisons coïncider les deux triangles P, P, P, et P,P, P;, puis 
déplaçons ces triangles le long des courbes C et C’ laissées immobiles. On suppose 


que pendant ces mouvements simultanés P, et Pi décrivent des arcs correspondants. 


FXx 


Au moment du départ nous avons &, — 2, 4, = #,, … , et même, en vertu des 
formules de Frenet et de la condition de correspondance, dé, — dé, … A, — A; 
mais la concordance s'arrête ici, et par exemple, on n'a plus dë, — dé,, ni A, — A,, 
car nos courbes sont seulement tangentes et leurs courbures en général different 
l'une de l’autre. 

Cela posé, remarquons que pendant que les triangles P, P, P, et P, P; P; avan- 
cent le long de nos deux courbes, les déplacements infiniment petits de points solidai- 
rement fixés à ces triangles résultent de vitesses angulaires p, g, r et p', q', r' 
fournies par les formules (37). Si on maintient fixe le premier de ces triangles, le 
mouvement relatif de la courbe C par rapport à lui donne lieu aux vitesses angu- 
laires — p, — q, — r ; enfin le mouvement de roulement qui n'est qu'une combi- 
naison de ce mouvement relatif avec le mouvement d'entrainement du triangle 
P; P, P, le long de C’, résulte d’une vitesse angulaire de composantes p! — p, 
gd —q,r —r. 

Substituons les valeurs (37) et tenons compte des concordances établies ci- 
dessus, il vient pour la vitesse cherchée P — p! — p, … 


Pfss — A(ASs — A3), Qfss = AA — Asjr, Rfas — A(A5 — A3)ë. (62) 


D'où il résulte évidemment que le centre instantané est au point de contact 
des courbes roulantes et que la vitesse angulaire a pour valeur 


À 


A 1 ! 
ra (A, — A) = — doit Era 


Dans cette formule c et e' représentent les courbures de nos lignes C et C’ en 
leur point de contact, ces lettres « et c! doivent, bien entendu, étre calculées avec 
les signes qui leur reviennent d’après (5). 

Il est clair que si le roulement est de première espèce, le mouvement instan- 
tané est une véritable rotation, tandis qu'il devient un glissement pour les roulements 
de deuxième et de troisième espèces. 


66 C. CAILLER 


Afin de ne rien omettre d’essentiel, observons que tout mouvement fini d'un 
plan sur lui-même est un roulement. Ce fait, évident à cause des analogies avec les 
Géométries euclidiennes plane et sphérique, résulte d’ailleurs immédiatement des 
formules de la transformation des axes. Il suffit de se baser sur la forme linéaire 
de ces équations; en les différentiant on constate que la vitesse du centre est la 
même par rapport aux plans fixe et mobile. C’est la double condition du roulement; 
on déduit de là, par les règles classiques, la base et la roulante comme lieux du 
centre instantané dans l’un et l’autre plan. 


Je terminerai ces quelques remarques en déterminant la courbure des trajec- 
toires des divers points de la figure mobile. C’est le problème de Savary, il nous 
fournira une nouvelle application de la formule (55). Pour le résoudre, observons 
que les propriétés du mouvement instantané consignées dans les équations (13), (14) 
et (16), constituent en réalité les équations différentielles linéaires d’un mouve- 
ment quelconque de roulement, si on y remplace les p, q, r par les valeurs P, Q, R de 
la formule (62). Il sufñt dès lors d’une nouvelle dérivation pour obtenir la courbure 
cherchée en appliquant l'équation (55). 

Désignons toujours comme plus haut par P(ËE,, …) le point qui décrit la base 
et la roulante, par E, x, £ sans indices les coordonnées du point M engendrant la 
roulette ; prenons une variable indépendante { telle que 


dt=V Afa(c! — c)do, ; 
ce qui donne 


= Edt , Qu, dé, R=CQULRE 


1 


Posons, pour abréger, en désignant par des accents, mais aux seconds membres 
seulement, les dérivées relatives à la lettre f, 


Ke GE NEC EN EEE | 

ONE M RE TE) (64) 

A) : ME) : LED : 
Différentions les équations (13), ou 


«l£ 1 ùg dr 1 g CRAIROT 
FROID TION PL GR 0e DNA 


SUR LA NOTION DE COURBURE 67 


qui sont celles du mouvement de M, lorsque le point P,, fonction de la variable £, 
engendre la base. Il vient 


dE 1 /dg ùg ) d'r l /dg 0g 
dt = 9A Gx Aa ox dB — 9A Le ot | 


\ 


dE ETIeE ( dy ùg 
dË  2A dZ' dZ" 


dy dE 


Le numérateur de la courbure cherchée est le déterminant D — | ë dt dE 


d 
les valeurs précédentes au , …… le font apparaître sous la forme binôme D — D' + D”, 


avec 
Ë " Ex RE ” EG 
l | 0g dg dg 1 dg ùg dg 
D’; ox 0Y (VAE EMUD =, | 0x  0Y 02 
| dg ùg ùg | ùg 0g ùg 
| 


| dX’ OO ORNE 77 


Il s’agit de développer ces déterminants D’ et D”. 
Or D, par exemple, est bilinéaire gauche par rapport aux lignes X, Y,Z et 
!, Y',Z', on a done une formule comme 
D'= , LYZ)A + (ZX) B + (KV) C] ; 
ces coefficients À, B, C ne dépendent pas des valeurs particulières X,. X’, 
écrites ci-dessus; on peut donc poser, pour les déterminer 


ORNE 70) 


: UN =, FE =") 


, 


ce qui donne (YZ')— 1, (ZX')—(XY')— 0.La valeur obtenue directement pour 


1 of A AS df 
à 1 —) cs ni 
Déest= 24 dE? celle déduite de la formule est aa Ainsi A 9A DE” et 


D' = [(2)S xd ae +arY|. (65) 


0E. 


De la même manière 


D’— LA AO ENS 0) S. (66) 


68 C. CAILLER 


Ce ne sont pas là encore les valeurs définitives, il nous faut les réduire en subs- 
tituant les expressions (64) des X, … X’,... X°,… 

Reprenons D’ et remarquons que cette quantité possède le caractère bilinéaire 
gauche relativement aux séries £,, 7,, 4, et £, ,, & : elle est donc de la forme 


D, 6) LE (GE) ME TDNe 


la détermination des nouveaux coefficients L, M, N se fera par le procédé employé 
plus haut pour À, B, C. 
Faisons 


ERA il 2 =Ù et = ed, té =) 


OZ)=È , (ZX)— Ex , AYI=E ; 


fe 1,7 Puis 


1x 


la comparaison des deux expressions de D’ donne L — 


1e s ae 
D fe, n, 06658) + (6) + e (Em): 


Empruntons enfin aux formules (40) les valeurs des déterminants (7, 4). 
telles que 


ee) note 
MO Va Go.) dé — VAE, dt 


il vient finalement pour D’ 


1 of of 0f do, d'a do, 
D ne ae < | dé —anledes 


De même, pour réduire D”, récrivons explicitement les quantités X”, Y”, Z” 
sous la forme développée 


ARS Er nil (: 0g Lee 
Cm 


RS UE CNE 0, . Ôq 
Y—&, TE ë dt _ 9A (e, D Et 
AU ERA 0 T 0g 
DE ad AN en) 


SUR LA NOTION DE COURBURE 69 


d'où l’on tire 


ST 04 - 0g 04 04 
ze [a (x x+'yt+2ÿ) RL nn Y +22) 


se og , 14e 
ou, le coefficient de 5x étant évidemment nul, 


ë 
si 


(XZ") == 9x, OA (ZX) 


” » 
= XY')—” 
ATX, v,z ? (2 NT R PE Z 5 


Si on porte ces valeurs dans la formule (66), il vient 


1 df df of. 1 


TER RES 
| 0Z AA TE 0x, 2 


ou encore à cause de 44 y 7 = fu fzz 


fi,8 


Hal 
D Re 


Réunissant enfin les deux parties (67) et (€ 


(À) : (68) 


8) de D — D’ + D”, nous obtenons 


MD — (fifar fre fi ) + fe ee T en (69) 


ou bien, en observant que /, fz: — 


—H 1, sous une forme plus claire 


ds 
era » ! 0 
= fe (fe FI) + lefe, 7 VA: (T0) 
Pour obtenir la courbure du lieu engendré par le déplacement du point 


‘ds \3 
M(E.». €), il suffit maintenant de diviser la valeur de [AD par la quantité (= ü Je 


dans laquelle ds désigne l'élément d'arc tracé par M, où dé? — + fy: 4. Or d’après 
(18) et les formules écrites plus haut pour P, Q, R,on a 


{d5\? Ras 
a ( ) (el) 
. dt, 5 
Le deuxième signe ambigu est égal à /,,/:: tandis que le premier se détermine de 
manière que le second membre soit positif. 


En résumé la courbure du lieu de M est donné par la formule 


fafe fe 
rent 8e per 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST,. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1911). 


(71) 


70 _ C2 CAILLER 


L'application de ce résultat exige une certaine attention à cause des cas assez 
nombreux qu'il faut examiner successivement. Pour ne pas s’égarer, il convient de 
remarquer que P;(£.….) est supposé tracer la base du roulement, et que l'élément 
ds, de cette base est toujours pris en valeur absolue. Le conjoint P, (£,. ..) est dé- 
terminé par les formules (40), les courbures € et c’ de la roulante et de la base par 
£ dx de, 

1 d 
dans la description de la courbe C est sans effet sur la courbure du lieu M, tandis 
que si on change le signe du point P;, cette courbure change également de signe. 


les équations € = V/ A , ete. On voit par là qu’un changement de sens 
o 


— 


Ci 0i 


On remarquera aussi que P2(, …), conjomt de P,(4, …), est bien souvent 
idéal; sa détermination concrète comme élément réel a été expliquée ci-dessus. 
On a vu que si, P, est réel, P, est la tangente tirée dans le sens de la croissance de 


Fig. 8. Fig. 9. 


5,. Cest le premier cas du roulement. Dans le deuxième, P, est une droite à enve- 
loppe réelle, P, est le point de contact avec cette enveloppe, positif où négatif selon 
que P, tourne dans le sens direct ou inverse, et ordinairement nous prenons comme 
sens direct celui de gauche à droite. Dans le troisième cas enfin, P, est une droite 
à ligne de striction réelle, et P, est la perpendiculaire élevée par le point central sur 
la génératrice, du côté de son déplacement infiniment petit. 

Tout ceci étant bien compris, il devient facile d'appliquer la formule (71) 
puisqu'elle ne contient que des invariants f,; de points ou de droites, et que les signes 
ou sens de ces éléments sont toujours bien définis. Pour le caleul, il est avantageux, 
mais non indispensable, de faire f— ©? — ;? — £? et À — + 1. Je me bornerai à 
transerire ici les résultats laissant au lecteur le soin de les vérifier. 

Premier Cas. — Roulement de première espèce, le point décrivant M est réel 
(fig. S). Les coordonnées employées sont les polaires, où PM — >, et 5 — MP, P; 
angle compté à gauche de la tangente P, P, aux courbes roulantes. On a 


r 1 "sin 6 
Courbure = — coth - + ; 
k pe 


CE 


SUR LA NOTION DE COURBURE 71 

Deuxième Cas. — Le même que le précédent, sauf que le point décrivant est 
idéal et apparait sous la forme d’une droite M (fig. 9). Les coordonnées employées 
sont les podaires , et » rapportées à la tangente P, P; aux courbes roulantes comme 


l'indique la figure. On a 


6 Lu Sin 
Courbure — — {gh = + , 
AUME C— € mel 
(412 
ke 
Troisième Cas. — Le roulement est de seconde espèce, le point décrivant M 


est réel (fig. 10). Pour le calcul des courbures € et c” qui, bien entendu, sont ici 
relatives au déplacement de la tangente P,P,, on suppose que cette tangente tourne 


Fig. 14. 


Fig. 10. 
de gauche à droite. Les coordonnées employées sont les rectangulaires +, y, cette 


dernière comptée à gauche de P,P, . 


l 
Courbure — — {4h ? nee 


Quatrième Cas. — Même cas que le précédent, mêmes conventions, mais 
l'élément M est devenu une droite non-sécante de P,P, (fig 11). On admet que M est 
tiré en sens contraire de P,P,, il est rapporté aux coordonnées rectangulaires +, y 


tracées comme l’indique la figure. 


! 
\ bure — — € ‘ TE à 
Courbure — —- coth É + tee eg 


Cinquième Cas. — Le même que le précédent, mêmes conventions, mais la 


79 CG. CAILLER 


droite M est sécante de P2P, (fig. 12). Les coordonnées à employer sont les mixtes 
æ, «, comme dans la figure. On a 


æ 
1 sh RÉ 
Courbure = — cot à + — —— . 
Su C— C!' SUÈ 

Sixième Cas. — Le roulement est de troisième espèce, la génératrice QP, a Q 
pour point central et selon qu’elle se déplace dans le plan fixe ou dans le plan mo- 
bile, elle engendre la base ou la roulante (fig. 13). On suppose ces mouvements exé- 
cutés dans un sens tel que l’élément QP2, conjoint de QP,, se trouve à gauche de ce 
dernier. Enfin le point M qui décrit la roulette est réel, il est rapporté aux coordon- 
nées rectangulaires æ, y indiquées sur la figure. 


L 
FAR DEEE a 
Courbure = — tyh E + ART AT TE 

[A 


Septième Cas. — Le même que le précédent, sauf que l'élément décrivant est 
cette fois une droite M (fig. 14). Nous la supposons non sécante de QP, et de même 
sens que celle-ci. Les coordonnées sont les rectangulaires æ, y relatives à la per- 
pendiculaire commune. 


x 
? ] sh k 

Courbure — De cotl 7 + Lies 
sh? Æ 


Huitième Cas. — Idem, la droite est seulement sécante de QP, (fig. 15). Les 
coordonnées indiquées par le dessin sont les mixtes æ, + relatives au point d’inter- 
section R. Alors 


x 
1 € h n 


Courbure — — cot = = 
+ C— € Si x 


Dans les huit cas les coordonnées ont été choisies d’après les analogies sug- 
gérées par le premier d’entre eux; ainsi s'expliquent les similitudes de forme que 
. présentent les résultats obtenus. 


Le théorème de Savary est susceptible d’une généralisation, quand on envisage 


SUR LA NOTION DE COURBURE 7 


non plus la roulette décrite par un point, mais celle enveloppée par une courbe ; 
fixement liée à la courbe mobile. 

Cette généralisation se fait sans difficulté en remarquant que si enveloppe y’ 
quand C roule sur C’, et si y’ enveloppe > 
loppe aussi /” quand C roule sur C”; c’est une sorte de propriété transitive du 
roulement. 


! quand C’ roule sur C”, alors ; enve- 


Fig. 12. Fig. 13 


Aïnsi done, pour ramener le problème du roulement d’une courbe y à celui 
d'un point M, il suffira de déterminer la courbe C” telle qu’en la faisant rouler sur 
C, un point M de son plan engendre >. Lorsque C” roulera sur C' le lieu de M sera 
justement l'enveloppe de ; pendant le roulement de C sur C”. On voit qu'une double 
application des formules de Savary, relatives au roulement d'un point, fournira la 
courbure de la roulette engendrée par >. 


Fig. 14. Fig. 15. 


Toutes les propriétés précédentes s'étendent immédiatement de la Géométrie 
ordinaire à celle de Lobatchewski. Les formules développées pour les huit cas envi- 
sagés plus haut sont donc suffisantes pour résoudre le problème de la courbure dans 
le cas le plus général du roulement. 

Les résultats offriront naturellement une grande variété suivant la nature du 
roulement envisagé et suivant que la courbe 7 présente un caractère ponctuel ou 
tangentiel. Pour ce motif, je me dispenserai de les transcrire ici. 


74 C. CAILLER 


$ 9. Généralités sur la Géométrie réglée de Lobatchewski. 


Les recherches de divers géomètres, notamment de M. Study, ont montré que 
la Géométrie hyperbolique à trois dimensions présente, avec la planimétrie ellip- 
tique, la plus frappante analogie. Il suffit, pour faire apparaitre le parallélisme des 
deux théories, de prendre, comme élément d'espace, non pas le point mais la droite, 
ou, si l’on veut, de mettre en correspondance les & * droites de l’espace réglé de 
Lobatchewski avec les & * points imaginaires du plan de Riemann. On peut, à la 
place du plan elliptique, se servir de la sphère euclidienne pour le même usage‘. 

Toute géométrie particulière est complètement définie par la structure de son 
groupe des mouvements. Ainsi, l'identité foncière de la Géométrie réglée hyperbo- 
lique avec la planimétrie riemannienne provient du fait que le groupe de l’espace 
réglé est isomorphe au groupe orthogonal ordinaire des rotations autour d’un point, 
du moins lorsque les paramètres de ce groupe orthogonal cessent d’être réels pour 
devenir complexes. 

On conçoit donc comment la théorie de la courbure exposée ci-dessus peut 
être transportée directement à la Géométrie hyperbolique réglée. Au point de vue 
analytique, le passage consiste simplement à remplacer la forme f dont nous avons 
parlé par f = à? + y? + 2, tout en admettant des valeurs complexes pour les in- 
déterminées x, y, z. Chacune des déterminations x, y. z. représente une droite de 
l’espace; ainsi les monoséries æ(4). y(t). 2(t) ne sont plus des courbes, mais des 
surfaces réglées. 

L'une des Géométries sert d'image à l’autre. Par exemple, toutes les formules 
données plus haut pour la courbure, le roulement, etc., des courbes planes, expri- 
ment certaines propriétés des surfaces réglées, et on peut dégager la signification 
géométrique de ces propriétés par une interprétation convenable. C’est à cette 
sorte de traduction qu'est consacrée la dernière partie de ce travail. Mais avant de 
l'entreprendre, il nous faut d’abord étudier dans ce K le principe même de la cor- 
respondance entre les deux Créométries. Nous nous bornons à un bref aperçu sans 
entrer dans les détaiis. 

La droite. — On sait qu'en Géométrie hyperbolique à trois dimensions les 


! M. R. de Saussure, dans deux mémoires, Sur la Géométrie cinématique réglée et Sur le calcul géomé- 
trique réglé, insérés à l'American Journ. of Mathematics (vol. XVIII et XIX) avait déjà établi une corres- 
pondance analogue pour la Géométrie euclidienne. 


LL À 
SUR LA NOTION DE COURBURE 11) 

. , Ces") 2 e. ” s à n 
points sont déterminés par quatre coordonnées homogènes £, 7, £. +. Le caractère 


réel ou idéal d’un point P(, », £, -) se reconnait au signe de la forme fondamentale 


= ne = 
Si les coordonnées sont absolues, et que le point P soit réel, onaf — HT, 
et en outre, quand P est positif, £ l’est aussi. De même, on af — — 1 pour les 


points idéaux représentés dans le réel par des plans, et { — 0 pour les points situés 
à l'infini. 

Le groupe des mouvements est le groupe continu à six paramètres laissant f 
invariant. Si P, (4...) et P:(%, .) sont deux points donnés par leurs coordonnées 
absolues, l’émanant 


est l’invariant fondamental du groupe. 
Lorsque les points sont réels et positifs, si à représente leur distance, on a 


ù ; > 4 
{2 —= ch -; lorsque ces points ne sont pas réels tous les deux, /: admet diverses 


interprétations ; si nous avons, par exemple, affaire à deux plans réels sécants, 
se coupant sous l’angle ?, on à fi3 — cos i. 

Prenons deux points et disposons leurs coordonnées homogènes sur deux lignes, 
comme suit - 


ve 
>= 

1x 
1 


ave 


1x 
1 


» To 


Formons avec ce schéma les six mineurs 


l 


ME, Es), DES) 


P—(E TS) ; q — (7) ;  —(n, 6) : A 


1 <2 


Nous regarderons ces déterminants comme définissant la droite P, P,; ces coordon- 
nées sont évidemment surabondantes et vérifient la relation 


lp + mg + nr = 0. (73) 


Réciproquement six quantités /, », n, p. q, r représentent toujours une droite 


sielles vérifient la condition (73); les équations de cette droite sont 
NE — Mr = PE , En; = 4, Mn UE —TrË,, 


et on reconnait que si 1 et 2 sont deux points quelconques appartenant à cette 


76 C. CAILLER 


droite, les coordonnées !, … r ont bien les significations qui leur sont attribuées 
par les formules (72). 

Pour reconnaitre si une droite D({,… ») est réelle ou idéale, il faut savoir si 
les intersections de cette droite avec la sphère de l'infini sont réelles ou imaginaires. 
Dans ce but envisageons l'identité suivante, qui résulte des définitions (72) et de la 
théorie des formes adjointes 


PH M ne — pe — QE — 7 —=fh —fifo - (74) 
Si D est réelle, alors on peut aussi choisir réels les points P, (4, .….) et Pa(£, ….); 
de là fi — fo = + 1, et fi — ch? >> 1; ces formules supposent, il est vrai, les 


coordonnées £,, … Æ, … absolues, mais c’est une hypothèse indifférente. On a dès 
lors, pour une droite réelle, en vertu de (74), l'inégalité 


PERMET SRE 0 


Si la droite D était idéale, 1 et 2 le seraient aussi; on aurait fy = fx = — 1, 
file = + 1; en outre, comme on a vu plus haut, fi, = cos à. Cette fois, la quantité 


Q— À Em ER pr sinin 


est négative. Ainsi, c’est le signe de + qui indique la situation de D(/, 7) par 
rapport à la sphère de l'infini. 

Le plus souvent, il importe de convertir les coordonnées homogènes l, … r, 
considérées jusqu'à présent en coordonnées absolues, de manière qu’en ait 9 = 1 
selon que D est réelle ou idéale. On y arrive en divisant les déterminants (£ »,), … 


| © 


du schéma (72) par la quantité VE — PACS égale, suivant les cas, à sh 


El 


ou sin i. 
L'emploi de ces coordonnées absolues s'impose surtout quand on a affaire à des 


. ; Dar r 
droites réelles et, dans ce cas, nous prendrons toujours sh E positif. Alors les coor- 


données absolues, essentiellement indépendantes du choix sur D des points 1 et 2, 
changent cependant de signe quand on alterne ces points. On réalise ainsi l’avan- 
tage d’avoir deux représentations différentes {, m, n, p, q, v, et — 1, — m, —n, 
— p, — 4, —7r pour deux demi-droites opposées. Il reste entendu dans la suite 


. (Ë, r) 
que la droite D de coordonnées !/ — Cr , … est tracée de P, vers P2. 

ù 

sh k 


SUR LA NOTION DE COURBURE ip 

Nous n’aurons plus dans la suite à considérer les droites idéales: la raison en 

est la suivante. Prenons une droite quelconque et associons-lui sa conjuguée par rap- 

port à la sphère de l'infini. Les deux droites forment un couple, à correspondance 

biunivoque et réciproque, chacun des éléments du couple peut servir de représen- 

tant à l’autre et au couple entier. Or, de ces éléments, un et un seul est toujours 
réel. 

En invoquant le fait que deux points placés à volonté sur les deux droites 

conjuguées sont eux-mêmes conjugués, nous obtenons presque immédiatement les 

relations qui existent entre les coordonnées de deux droites conjuguées; ce sont 


nt 7 Tr, L —m ñ 


Bien que nous n’ayons plus à envisager désormais que des droites réelles, 
donnant 5 = + 1, il est important de se rappeler constamment l'existence de la 
conjuguée qui forme, pour ainsi dire, la réplique idéale de toute droite réelle donnée. 
C’est par là qu'on s’expliquera le caractère binaire des propriétés de la droite, le 
fait de l’existence de deux mvariants réels pour deux droites données, etc. 


Le mouvement. — Passons à l'étude du mouvement dans l’espace hyperbo- 
lique et proposons-nous de déterminer l'effet produit sur les coordonnées linéaires 
D({,.. r) par un déplacement quelconque. 

Au point du vue ponctuel, un déplacement est une des transformations du groupe 
projectif, à déterminant + 1, qui laisse invariante la forme f — £? — ;? — #7 — =; 
soit H ce groupe. Il est clair que toute transformation de H transforme linéaire- 
ment les mineurs (En) (rés). L'ensemble des déplacements constitue donc, en 
l, M, n, p, q, r, un groupe linéaire G à six paramètres, isomorphe au groupe 
ponctuel H. 

Représentons toujours par ©, ou »,,, la forme À + 2 Æ n° — jf — @ — 
par +,, l'émanant relatif à deux droites D, , D,, dont la première a été obtenue, par 
exemple, en joignant les points 1! et 2’, et la seconde en joignant les points 3’ et 4”. 
Empruntons à la théorie des formes adjointes l’identité bien connue 


EN RER 


Son premier membre ne change pas quand on exécute une des transformations 
du groupe H ; donc le groupe adjoint G laissera v,, invariant. On peut dire que G 


appartient à la fonction o 
Cette propriété ne suffit pas pour déterminer (Gr; je dis que G laisse encore 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. #7 (1911). 10 


78 C. CAILLER 


invariant le trinôme /p + mg + nr. En effet, si le mouvement change /. 5», r 
en L, M, R, le trinôme LP + MQ + NR doit se réduire à zéro toutes les fois 
que /p + mg + nr est nul, ou que D(Z, »,… r) représente une droite. On aura 
done identiquement, pour toute transformation de (x, 


LP + MQ + NR — «(lp + mg + nr) . 


Enfin, puisque le déterminant de G est l’unité, et que af est l’invariant de la 
transformée, on à nécessairement aî — 1; or G est continu et possède la trans- 
formation identique, donc a — 1. 

En résumé on peut dire que le groupe G, à coefficients réels, laisse inva- 
riantes les formes 2 + m° —Æ n° — p? — q? — 72, et 1p Æ mg + nr. C’est dire 
qu’il laisse invariante la forme complexe © + 2% ({p + mg + nr), ou 


(+ ip} + (m + iq)ÿ + (n + ir} . 


Représentons dès lors par 2, w, » les trois coordonnées complexes de la droite, 
définies comme suit 


I—=i+ip, u—mEiÿg, v—n+ir. 


Le groupe G n’est plus que le groupe orthogonal ordinaire laissant invariante 
la forme 2? + 4? + ?: en effet, le décompte des paramètres du groupe ortho- 
gonal complexe montre que G@, qui est d'ordre 6, n’en peut pas être un sous-groupe. 

Pour obtenir la forme explicite de G, il suffira de prendre les formules ordi- 
naires de O. Rodrigues et dy remplacer les paramètres réels e, f, g, h par des 
quantités complexes quelconques. Les équations ainsi transformées contiennent six 
paramètres réels; le retour du groupe G ainsi constitué au groupe ponctuel H est 
facile, mais sans utilité pour nous. 


Invariant de deux droites. — La quantité 1 — 2,2, + mu, + »,%, est l’in- 
variant fondamental du groupe G ; nous avons à en rechercher la signification géo- 
métrique. 

En premier lieu, si deux droites se rencontrent sous un angle droit, nous ayons 
I — 0, car on pourrait les prendre comme axes coordonnés OX, OY, et pour ceux-ci 


HEIN EUE et dl e=0" 


ce qui donne | — 0. 
Réciproquement, si I — 0, je dis que nos deux droites D; (21, …) et Do(a, …) 
se coupent à angle droit. En effet, la première étant choisie pour axe OZ, la con- 


ES | 
.— 
— 


SUR LA NOTION DE COURBURE 
dition se réduit à », — 0. Les coordonnées réelles de D, sont alors 


la, Ma (OH Dis Tata A0 


? A 
et ses équations 


Mi: — Né Er UE, Cum UE =0., (75) 


sont satisfaites par le point appartenant aussi à l’axe OZ et dont les coordonnées 
sont 
!, 4 
2 —— >, 1—=0, 0, :— 2 — ; 
VE — q 


ceci à cause de l'identité /,p, + m,q, — 0 que nous savons vérifiée. 

La même identité, jointe à la condition & + m3 — pi — 4; — 1, donne 
Ê— q;>0; par suite, le point commun à deux droites Di, D: d’invariant nul est 
nécessairement réel. 

Prenons toujours D, comme axe OZ ; faisons passer le plan XOZ par D;, les 
équations (75) doivent avoir pour conséquence £ — 0; ainsi, d’après la dernière, 
m, — 0, puis, par la première p, — 0. Si enfin l’origine est au point commun 
il faut que g, — 0, et l’on aura finalement pour les coordonnées de D, 


LENS EN EEE Te 


La droite D, coïncide avec OX, elle rencontre bien D,, où OZ, sous un angle droit. 
De là résulte qu'une équation linéaire telle que 


a + bu + œ—=0 , 


représente la congruence des droites normales à un axe dont les coordonnées’sont 
a, b, c; c’est, si l’on préfère, l’ensemble des sécantes communes à une droite fixe et 
à sa conjuguée. 

Il suit encore de ce qui précède que deux droites D, (,, …) et D: (22, ….) 
admettent toujours une et une seule perpendiculaire commune déterminée par 
les coordonnées homogènes L — (4,2), M = (2,2,), N = (,p,). Toutefois il y 
aurait exception si 


L? + M? + N° — (2,72) + (44)* + Qu) Ur 
ce cas qui est évidemment celui du parallélisme se reconnait aussi par l'égalité 


I— TE 2e Palo cr = +1 


80 C. CAILLER 


Nous sommes maintenant à même de déterminer dans tous les cas la signifi- 
cation de l’invariant I. La voici. 

Tirons la perpendiculaire commune aux droites D, et D:, soient £ sa longueur (le 
module # de la Géométrie de Lobatchewski est pris comme unité pour simplifier 
l'écriture), z l'angle des deux droites mesuré par celui de deux plans respectivement 
perpendiculaires à chacune et menés par la perpendiculaire commune. On à alors 


(== DE + Ua a + Y,%a — COS (x + Bi) . 


L'application correcte de cette formule exige qu'on ait fixé avec précision la 
valeur de z parmi toutes les déterminations possibles de cet angle. 

Convenons que G est toujours positif ; plaçons un observateur le long de la per- 
pendiculaire commune, les pieds en Di, la tête au delà de D:, + est alors l’angle po- 
laire dont il faut faire tourner, de la gauche à la droite de cet observateur. la ligne 
D, pour qu’elle soit recouverte par D,. L'ordre de numérotation des droites est sans 
effet sur la quantité z + fi, tandis que le renversement d’une seule d’entre elles, 
changeant > + Gi en 7 + > + Gi, transforme I en — I comme il fallait. 

La justification de la règle est facile. Prenons en effet les équations paramé- 
triques d’une demi-droite D, issue d’un point P(E, x, £, =) perpendiculairement à un 
plan Q(u, v, #, t) qui passe en P. Ce sont 


E —£chs— ushs , Z—&tchs +uwshs , 
H= »chs Evshs, D RCRS ENISRS 
Les coordonnées absolues /, 2, n, p, q, r de cette demi-droite se déduisent done du 
schéma 
A ñ a TAN 
— Ù a l 


Choisissons D, pour axe OZ, et supposons que D,, perpendiculaire à OX, le 
rencontre à la distance B de l’origine, tout en faisant avec OZ l'angle > défini 
ci-dessus. 

Les éléments du schéma précédent sont 


chB sh G 0 0 
0 0 — Si à COS & , 
et les valeurs qui en résultent pour /, 2, #, p, q, r, sont 


0, — chBsinz, chBcosa, 0,—sh£Gcosx, —shGsina, 
d'où 
—V0}# = — sin (& + Gi) ° y — COS (x + Bt) . (76) 


et. 


SUR LA NOTION DE COURBURE SI 


La dernière valeur écrite est justement la formule à démontrer ; un instant 
d'attention sufht pour reconnaitre l'exactitude des règles posées plus haut pour la 
détermination précise des quantités - et 5. Je tire encore une conséquence de ces 
formules (76). 

Si on fait, pour abréger, « — z + Gi, et qu'on déduise les coordonnées abso- 
lues de la perpendiculaire commune à deux droites D, (2, …) et D:(22, …) sous la 
forme 


(u,%) (AL) 


Ii IT 
Sin u 


LD Sin 


cette perpendiculaire est toujours dirigée de D, vers D,; il suffira de vérifier cette 
règle quand D, coïncide avec OZ, et D, avec la droite (76). 


$ 10. Courbure complexe des surfaces réglées. 


Il n’est pas question d'exposer ici dans tous ses détails la Géométrie réglée de 
Lobatchewski. Ainsi que je l'ai annoncé, je me bornerai à appliquer simplement les 
formules démontrées plus haut à propos de la courbure des courbes planes en y 
remplaçant la forme f par sa nouvelle valeur f — :? + 1? + À. Afin d'éviter toute 
confusion, j'appellerai courbure complexe d'une surface gauche la quantité complexe 


a 
2 


RTS QE . SR CE AS : ; 
qui va jouer le même rôle que l'expression réelle ne dans les théories précédentes. 
Ai 


Par suite d’analogies évidentes avec les propriétés des courbes gauches ordinaires, 
l'analyse actuelle est très élémentaire et ne nécessite que quelques explications 
supplémentaires. 


Invariant de deux droites voisines. — Si D...) et D'(2 + d,….) sont ces 
droites, leur invariant sera 


dé = di? + dif + dÀ, 


et on extraira la racine carrée avec un signe positif pour la partie imaginaire de 
ds. Alors si dz et d5 représentent l'angle et la distance des deux droites voisines, 
mesurés comme dit plus haut, on à 


do — da + idB . 


82 C. CAILLER 


En outre le rapport Fe représente le paramètre de distribution et régit la posi- 
tion des plans tangents à la surface menés aux divers 
points d’une même génératrice; on suppose, bien entendu, 
à, u, » fonctions d’un seul paramètre réel £. 

Prenons D (f) comme axe des z, le point central comme 
origine, comme axe OX la plus courte distance de D (4) à 
la génératrice voisine D'(4 + dt) (fig. 16). Par rapport 
à ce système d’axes les coordonnées complexes de D' 
sont, d’après les formules (76) 


JA —I0E g' = — sin ds = — ds , 


D COS oil 


Fig. 16. 


Les coordonnées réelles D’({,... >) qui en dérivent 
sont données par le tableau 


QE PT AS ET ete 
d’où résultent, pour la représentation paramétrique de notre droite D’, les formules 


ECRSAR 1 — Chs dB , E— — shs da , PSS TE) 


dans lesquelles s joue le rôle de variable indépendante. 

Or au point M situé sur la droite D à la distance s de son point central, le plan 
tangent possède une équation de la forme #; + wé — 0, et si on exprime que ce 
plan contient le point M’ (77) de la génératrice D’, on trouve 


1 dashs + EdGchs = 0 . 


Ainsi w étant l’angle de notre plan tangent avec le plan des 2, angle compté dans 
le sens direct autour de OD, on à 


(4 da 
WO=I=—= Te US , 


f 


; a © Ô < se da x : À : 2 
formule qui assigne bien à la quantité de Son role comme paramètre de distribution. 
(2 


Elle fait voir que, dans la Géométrie hyperbolique, tous les plans tangents le long 
de D sont compris entre deux positions limites qui ne sont pas rectangulaires. Il est 
clair aussi que cette Géométrie nous présente deux catégories de surfaces dévelop- 
pables. Pour l’une de ces catégories, de — 0, le plan tangent en tout point de la 


SUR LA NOTION DE COURBURE 89 


génératrice coïncide avec XOZ, pour l’autre 45 — 0, le plan tangent coïncide avec 


YOZ. 


Axe instantané et vitesse instantanée. — Si un corps se meut dans l’espace, 
toute droite D(}, ..), liée à ce corps, éprouve un déplacement particulier, et il 
existe toujours, comme on à vu au $ ?, trois constantes infiniment petites telles que ! 


di = qy — ru AW— TX — y, (y = Du — Q) . 
fl be; l l 


L’axe de coordonnées homogènes p, g, r, est l’axe instantané, son sens dépend 
du signe attribué au radical V/p* + g° + »? lequel prendra le nom de vitesse èns- 
tantanée. | 

L'interprétation de ces éléments est immédiate, Car la droite aux coordonnées 
homogènes d}, du, dy, se trouve être la perpendicu- 
laire élevée par le point central O, à OD d’une part, 
et de l’autre à la ligne OO’ normale commune à 
D(:, …) et D'(2 + d2, …). Les déterminants (q), 
(»2), (pu) représentent la plus courte distance F des 
droites A (p, q, r) et D(2, ….). 

Ainsi, tout d’abord, si on tire cette perpendicu- 
laire commune F — O0, le point central de la géné- 
ratrice D en est le pied O (fig. 17); le déplacement 
OO’ du point central s'exécute normalement au plan RER 
O0, D. En second lieu, si l’on fait 


VRP + ® Er — du + idg = dQ , (TS) 
l'invariant de? de OD avec sa position infiniment voisine O’ D’ est donné par 


de = de + du + 22 —(q} + (0) + (pu) = ds u , 


ou bien 


ds = dQ sin u , 


formule dans laquelle « est l’invariant complexe des droites A et D et qui achève 
de déterminer la position de D’ relativement à D. 

En appliquant cette même formule (78) au déplacement d’une droite D tirée 
perpendiculairement à À, ce qui donne « — 90° et sin u — 1, on reconnait immé- 
diatement la signification des constantes dg et du qui composent dQ. Elles mesu- 


? Bien entendu, ces lettres p, q,r n’ont aucun rapport avec les coordonnées réelles d’une droite 
D({, m, n, p, q r). 


84 C. CAILLER 
rent l’une le glissement élémentaire, l’autre l'angle de rotation d'un mouvement 
hélicoïdal qui s'exécute autour de A. 

Courbure complexe de la surface réglée. — Soient D, (1, ….) la droite, fonction 
de #, qui engendre la surface quand varie le paramètre réel £ Posons 

do? = Un un du? nu À? s et do, = dx + id B, avec dB A0 


Associons à cette première droite D, deux autres droites D, et D; suivant les 


formules 
(4 ). 5e ) 26 
—= TN ee a = Me 
1 ds a 7 do, 2 Ty 
es di, ES dy, % dy, 
En ; Va = — 7 : W== ES 
3 do, ? is do, 73 ds, 


Alors D, est la perpendiculaire commune à D, et sa position infiniment voisine, 
D; est la normale aux deux autres menée par le point central du côté positif; ainsi 
D,, D, D, constituent un trièdre rectangulaire qui se déplace quand # varie. 

Nous avons dès lors les formules de Frenet ; ce sont 


À, = | 2, u2 dr, | Æ == do, ; ou [2 À 1 2 a | == + 1 
5 L du, d dy, 
A = l,nd,|= |, ds, ds, ds, LME 
do, À, . du, à d = ) | 
’ ets É 
do, A, "4 ds 1 do, lo, 
enfin 

a, Le dy Le Ds FA Go) 
GE 3? do, Heie do, : Van: 


et leurs analogues en y et ». 
En outre, le mouvement instantané du trièdre mobile est défini par les relations 


di. CES dy 
dt — (q») ; dt — (r) , dt — (pu) ; 


avec les valeurs suivantes pour la vitesse instantanée 


f dy, 
p—), AT A— (ea =) do ; 
25 


SUR LA NOTION DE COURBURE 8) 


3) 
4 = bÀs — là A, — Be dr ) ds ; 
\ 3/ 


de plus 
D + +r= de di + doi = di(1 + À) . 


L’axe instantané A (p, q, r), défini par les formules précédentes se nommera 
l'axe de courbure de la surface engendrée par D: 
il est conjoint à Ds, comme D: l'est à Di et, à ce 
titre, il rencontre toujours Da sous un angle droit 
(fig. 18). 

La surface conjointe D; admettra cette même 


droite À pour son axe de courbure. 


me ARE L 
Quant à la quantité ; — — A, qui repré- 
1 


sente la courbure complexe de la surface D,, elle 


ds, 
est égale au rapport > des éléments complexes 
71 Fig. 18. 


décrits simultanément par les conjointes D, et D. 
Pris dans l’ordre inverse, ce rapport nous donnera la courbure de la surface D. 

Sans nous occuper en détail de la signification géométrique de cette notion de 
courbure complexe, étude qui sortirait du cadre de ce travail, remarquons que, 
indépendamment des raisons d’analogie qui lui ont donné naissance, son introduc- 
tion dans la théorie des surfaces gauches se justifie complètement. En effet, la con- 
naissance en fonction de {, des seules quantités = 


abstraction faite de sa situation dans l’espace. Autrement dit, les invariants de po- 


et permet de définir la surface, 


sition de la surface réglée sont au nombre de trois réels, qui sont le paramètre de 


CRE AUE 
distribution —— 
ds 


La chose est évidente; car si les trois quantités sont données en #, ds, l'est 


, et les deux parties réelle et imaginaire de la courbure complexe. 


aussi, l'intégration des équations de Frenet fournira done sans ambiguïté les valeurs 


2: 2: qui déterminent la surface. Il n’en est plus ainsi si on se borne à imposer 


1 


« . 17 (e 
à la surface une seule condition concernant sa courbure complexe : l’élément 1 
(172 


restant inconnu, le problème comporte une infinité de solutions. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 11 


86 C. CAILLER 


Pour éclaircir ce point, traitons un exemple particulier et cherchons la sur- 


face dont la courbure complexe est constante. Soit, pour abréger 2 — VI +, 
prenons pour système d’axes coordonnés la position initiale 5; — 0 du trièdre 
D, D:D;. L'intégration du système de Frenet (79) nous doune immédiatement 


o 
È Il ; Ie 
1 —=$& —+ S cos ds D — de (L — cos ds) , = —&SinÛT ,; (80) 
Norris 5 RM CEE 1 5 
1 + -° cos ds 

2, = & (1 — cos d), D : V A SMÔT , (81) 
2e 2 2 

LRRne ds a y, — COS Da 82 
re 0 HS SM 07 % — COS ÔS , (82) 


et il semble qu’on soit en présence d'équations complètement déterminées pour re- 
présenter la surface. Mais en réalité il n’en est rien, car & étant complexe, peut se 
décomposer en 5 — + + Gi, et les formules précédentes qui dépendent implici- 
tement de deux paramètres + et 5 définissent une bisérie de positions. 

Les surfaces cherchées seront toutes celles dont les génératrices appartiennent 
à la congruence (80), laquelle est complètement déterminée par la condition 


7h T7: 


Pour le dire en passant, cette congruence, comprenant toutes les droites d’in- 
variant constant par rapport à un certain axe fixe, joue dans la Géométrie réglée 
un role presque identique à celui du cercle en Géométrie plane. La propriété qu'ont 
les surfaces de la congruence au point de vue de leur courbure complexe est un 
exemple de cette analogie. 

Pour montrer sur un second exemple lintérêt qui s'attache à cette notion de 
courbure complexe, considérons une surface développable de la première catégorie 
dB — 0; c’est une développable comme celles qu'on étudie dans la Géométrie ordi- 
naire. 

Quand la droite D, enveloppe l’arête de rebroussement, D, est sur la binor- 
male, D, sur la normale principale à cette arête. Il est clair qu’en désignant par 
ds Vélément de Parète, par L la courbure, et par £ la torsion de la courbe, les élé- 


2] 


l 
ments do, et ds, ont les significations 


ds ds 
“À Er d 7 


2 


SUR LA NOTION DE COURBURE 87 


La courbure complexe, étant leur quotient, vaudra 


= - + io ; (S3) 


7 


de la sorte le calcul de > fournira, d’un seul coup, les valeurs de la courbure et de 


la torsion d’une courbe gauche quelconque. J'ajoute qu’on aura 


formule qui définit immédiatement les déplacements linéaire et angulaire de la 
normale principale, Les calculs détaillés sont fort simples, quoique un peu trop 
longs pour trouver place ici. 

Roulement de deux surfaces réglées. — Le roulement dont il s’agit ici est 
complexe ; il est, en fait, toujours accompagné d'un glissement élémentaire le long 
des génératrices en contact, et se compose d’une infinité de mouvements hélicoïdaux 
successifs. 

Soit une surface réglée D(£); prenons une génératrice D (4) comme origine, et 
mesurons la distance de la génératrice variable D(#) à la génératrice initiale D (4) 
par la quantité complexe 


l t 
x 


A+iB— /d— | (da + idp). 


to lo 


Sur une seconde surface réglée D'(#), prenons de même une génératrice mi- 
tiale D’(#), et déterminons la distance de D'(u) à D'(#5) par une quantité sem- 
blable A’ — 5B'. Il y aura correspondance entre les génératrices D(£) et D'(w) 
quand 

PEAR AE TRE ou MA Ar ete-B—R 


Si on transporte le trièdre D, D, D, qui dépend de f, sur le trièdre correspon- 
dant D, D, D, qui dépend de #, la surface D solidaire du premier de ces trièdres 
exécute le mouvement de roulement à étudier. Cette définition est identique à celle 
du roulement des courbes, mais il faut observer qu'il y a actuellement deux condi- 
tions pour la correspondance, à savoir À — A’ et B — B'. C’est donc seulement 
dans des cas particuliers qu'une surface réglée peut rouler sur une autre. 

En prenant comme variables, au lieu de # et w, les angles Z et ', la premiere 
condition de correspondance est simplement 3 — 2’, 
dB ap’ 
da dx 


et la deuxieme se réduit à 


. C’est la condition de possibilité cherchée, elle signifie que sur les géné- 


Rte] C. CAILLER 


ratrices correspondantes, les paramètres de distribution doivent être égaux. De la 
sorte, en supposant cette condition remplie, quand D roule sur D’, les surfaces sont 
en contact tout le long de la génératrice commune. 

Si maintenant on laisse fixes les surfaces D et D', et qu’on les fasse parcourir 
par les génératrices D, et D’, les trièdres principaux D,D,D, et D'D,D, éprouvent 
les mouvements dus aux vitesses instantanées respectives qui sont, 


! 


PNA LA Tone pe AS Ar, 
? D DEA 
4 —puÂs — po , j — As — A, 


r—nAs—vA , r' y A, — % À, 


Les premières changent de signe quand on maintient le trièdre D, D, D; immo- 
bile et qu’on fait glisser sous lui la surface D; ainsi le mouvement de roulement 
de D sur D’ donne naissance aux vitesses angulaires 


P=p—p, Q—g—g, R=r—r 


Dé plus, au moment du contact, À =, 2,10 di, etA; "A: 
On aura donc, exactement comme dans le cas des courbes planes 


P = Ju (Ao D A°) PRE ou P = A doi (y — 7) ee: (84) 


D’après ce résultat l’axe instantané coïncide avec la génératrice de contact, 
tandis que la quantité d(y! — ;), où ; et y’ sont les courbures complexes de la 
roulette et de la base, mesure l'intensité dQ du mouvement hélicoïdal élémentaire. 

Il est à peine nécessaire de remarquer que la solution du problème des déve- 
loppées des surfaces gauches résulte immédiatement de ce qui précède et des expli- 
cations contenues au $ 7. Voici le résumé de cette théorie. 

Pendant que la génératrice D; engendre la surface D maintenue fixe, l’axe de 
courbure A (p, q, r) décrit dans l’espace la surface développée de D. Par rapport 
au trièdre D, D,D, cette même ligne A (p, q, r) engendre un certain conoïde droit 
Q dont l’axe est D,. Il est évident que le dit conoïde roule sur la développée. 

Réciproquement, étant donnée la développée, on peut toujours construire un 
conoïde droit ( tel que la distance 


t 


f&=A+i8, 


e 
lo 


qui sépare deux de ses génératrices soit égale à la distance A’ — :B' de deux gé- 
nératrices de notre développée. Dans ces conditions si on fait rouler Q sur la sur- 


SUR LA NOTION DE COURBURE 89 


face donnée, une droite quelconque perpendiculaire à l'axe du conoïde engendrera 
une surface développante. Il existe une double infinité de ces développantes, leur 
distance mesurée par l'invariant des génératrices correspondantes est constante, 
Pour prendre un second exemple de roulement complexe, considérons encore 
deux lignes gauches quelconques, et faisons en correspondre les points de manière 


s 
3 


que l’angle total de contingence + — | ë soit le même pour deux arcs correspon- 
JP 

dants. Si on prend alors pour D,(2,, ….) et Di(4, ….) les tangentes aux points cor- 
respondants, on voit, à cause de l'égalité A + ÿB — A! + :B', laquelle est évi- 
demment satisfaite, que les surfaces D et D’ peuvent rouler l’une sur l’autre. Pen- 
dant ce roulement la courbe mobile liée à D se met en contact avec la courbe fixe 
aux divers points correspondants, et cela avec coïncidence des plans osculateurs. 
Le déplacement élémentaire de D est hélicoïdal autour de la tangente commune, 
et les composantes linéaire et angulaire de ce déplacement sont fournies par les 
relations 


Fu \ 


do = dx Ê = É : dg = da(p' — 5) , 


1.71 ; : 
dans lesquelles — et — sont, avec les signes convenables, les courbures et torsions 


de nos deux courbes aux points correspondants. 

Ces formules ne sont qu’une application immédiate des relations (83) et (84). 
Le mouvement lui-méme est une simple extension au cas de l’espace du roulement 
de deuxième espèce décrit au $ 7 pour les seules courbes planes, 

J'ajoute enfin, afin d'achever la revision des formules établies dans la première 
partie de ce travail, l’énoncé sous lequel se présente maintenant le théorème de 
Savary. 

Si la surface D(,, .….) roule sur une autre surface D’, une droite R(, v. ») 
fixement liée à la figure mobile engendre une surface gauche, La courbure com- 
plexe de cette roulette est fournie par la formule de Savary 

1 cos (RD;) 
cot (RD) + Nr) si (RD)) : 

Les quantités y et >’ représentent ici les courbures complexes des surfaces 
roulantes, tandis que RD, et RD, désignent les invariants RD, — 2%, + Gi, 
RD, = +, + Gi, de la génératrice R relativement aux arêtes D, et D, du trièdre 
principal D, D, D, . 


90 C. CAILLER 


La règle d’après laquelle la droite D,(3,, …) fonctionne comme l’axe instan- 
tané du mouvement de roulement nous donnait déjà le paramètre de distribution de 
la surface roulette R. Ce qui fait ici l'importance de la formule de Savary c’est que, 
déterminant la courbure complexe de cette même roulette, elle achève d’en donner 
une définition intrinsèque, indépendante de tout système d’axes. 


Nous sommes ainsi parvenus au terme de notre tâche, en fixant successivement 
la signification, pour la Géométrie hyperbolique réglée, des formules de courbure 
obtenues d'abord en Géométrie plane. Le lecteur développera sans peine les résul- 
tats que nous n'avons fait qu'indiquer; il est inutile, sans doute, de lui faire obser- 
ver que la majeure partie d’entre eux restent valables, moyennant des modifications 
parfois assez profondes il est vrai, dans la (réométrie cuclidienne réglée. 


Ze A: Se US AS AS AS UN 


4 17 


il 
2. 


— 


0. 


TABLE DES MATIÈRES 


— Invariant de deux points infiniment voisins . 


— Mouvement infiniment petit d’un plan sur lui-même. 
3. — Couples de Points et Formule fondamentale . 

4. — Couples conjoints. Courbure et centre de courbure 
5. — Théorie de la Courbure des Courbes planes . 

6. 
à 
8. 
BE 


— Résumé des Formules et Cas particuliers . 
— Développées et Développantes . 
— Le roulement. Formules de Savary . 


— Généralités sur la Géométrie réglée de Lobatchewski. 


— Courbure complexe des surfaces réglées . 


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PROLATE 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 
et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. 
(Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: 


au Museum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VII (1884-1910). Prix Fr. 25 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) 
PEIRS Eu CRM MR ETES MAN PT PT ENT AO LUE ARR PO ET 


Imprimerie Albert Kündig, Genève. 


MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


Volume 37 


FASCICULE +3. — (JUIN 1912) 


RAPPORT DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ POUR 1911. 
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 
SUR LES MÉCANISMES DU MÉLANISME 
ET DE L ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 
par A. PICTET 


Avec 5 planches 


GENÈVE | PARIS 
GEORG & Uie | G. FISCHBACHER 
BALE et LYON méme maison. 33, rue de Seine. 


DE | FASCICULE 3, VOLUME 37 0 


4 & : 2 à PE < 

D. j HE 

" ; : - < à - ra & £ on : ÿ 
+30 Rapport du Président de la Société de physique ot d'histoire naturelle de Genève 


pour 1911 par M. Emize CHax . . . RE M no cb ar ou sou CD à 
Recherches expérimentales sur les mécanismes du mélanisme et de l'albinisme chez 


à Re 7 # ; les lépidoptères par ARNOLD Piorer, avec les planches 1à5 MEN tn 
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RAPPORT 


DU 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 
D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 
POUR 
L'ANNÉE 1911 


PAR 


M. Emile CHAIX 


MONSIEUR LE PRÉSIDENT, 
MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES, 


Vous avez bien voulu m'honorer de la présidence de la Société de Physique et 
d'Histoire naturelle pendant l’année 1911; je vous remercie encore de cet honneur, 
et, comme dernière manifestation de mes fonctions, je vais retracer brièvement la 
vie et l’activité scientifique de notre Société. 


Nous avons perdu cinq des savants que nous nous étions associés comme mem- 
bres honoraires : Félix Plateau, mort le 8 mars à l’age de 70 ans; W.-V. Spring, 
mort le 17 juillet à 63 ans; A. Michel-Lévy, mort le 25 septembre à 67 ans; 
W. Louguinine, décédé le 26 octobre à l’âge de 77 ans; enfin Sir Jos. Hooker, 
mort le 10 décembre, àgé de 94 ans. Tous travaillaient encore activement pour la 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (19192). 12 


94 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


science, en sorte que leur mort est non seulement un chagrin pour leurs familles, 
auxquelles nous exprimons notre profonde sympathie, mais une très grande perte 
pour la science. 

Je vous rappellerai dans un moment leur vie et leurs travaux scientifiques. 


Voici en quelques mots les faits qui jalonnent l'existence de notre Société : 

Dans l’Assemblée générale du 19 janvier, vous avez nommé M. le D' Maurice 
Gautier aux fonctions de vice-président, M. le D' Fr.-L. Perrot à celles de secré- 
taire-correspondant pour une nouvelle période de 3 ans, et MM. Augustin de Can- 
dolle et Frédéric Reverdin comme nouveaux membres du Comité de rédaction. M. le 
D' Battelli et M. Arnold Pictet conservaient leurs fonctions de secrétaire et de 
trésorier. 

Je ne pourrais assez remercier tous ces Messieurs de leur amabilité et de leur 
activité — l’une et l’autre étaient d'autant plus nécessaires, que votre président 
se trouvait surchargé de travail d’une manière tellement exceptionnelle que son 
activité comme président en a souffert bien des fois. 


Nous n'avons nommé cette année qu'un membre honoraire, M. le professeur 
Giovanni Cappellini, de Bologne, le pionnier de la géologie italienne, — deux 
membres ordinaires, MM. les D' A. Schidlof et Georges Baume, — et un associé 
libre, M. André Chaix. — Nous avons entendu d'intéressantes communications de 
ces trois collègues, et je leur réitère mes souhaits de bienvenue. 

Le Comité de publication s'est réuni quatre fois et je vous rappelle que, sur sa 
proposition, vous avez voté des modifications aux articles 38 et 41 de notre règle- 
ment (parues avec le rapport de 1910) et que vous avez alloué une somme de 200 
francs comme subvention à la 2° édition de la Bibliographie de M. Boubier. 

Dans nos 16 séances ordinaires, vous avez entendu 41 communications scien- 
tifiques, sur lesquelles je reviendrai dans un instant. 

Notre Société à pris part à la 44° réunion de la Société helvétique des Sciences 
naturelles, qui avait lieu à Soleure du 30 juillet au 2 août. M. Maurice Gautier 
ayant été empêché d'y venir, votre président a été votre seul représentant officiel ; 
mais un grand nombre de nos collègues ont pris part à la réunion — qui à été très 
intéressante et très bien organisée. 

La Société vaudoise des Sciences naturelles, qui se réunissait à Nyon, et la 
Murithienne, qui siégeait à Sierre, ont eu l’amabilité de nous inviter. Dans ces deux 
occasions, c’est M. Frédéric Reverdin qui a bien voulu nous représenter, votre pré- 
sident en étant empéché, à son grand regret, par son travail. 


POUR L'ANNÉE 1911 95 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


FÉLIX PLATEAU 


I était fils du physicien Joseph Plateau, professeur à Gand: il est né à Gand 
le 16 juin 1844, c'est à l’Université de Gand qu'il a professé de longues années et 
c’est là qu'il est mort le 4 mars 1911. Son existence s’est donc déroulée entière 
dans sa ville natale, mais son travail scientifique à une importance universelle, 

Il avait des qualités rares de persévérance et de méthode et fut lun des pre- 
miers qui appliquât à l'étude des animaux inférieurs les méthodes de la physiologie, 
et comme il poursuivit pendant un très grand nombre d'années des observations 
ayant un but bien défini et constant, il laisse une œuvre d'une remarquable unité et 
d'une grande valeur pour la science; il a fait beaucoup progresser le champ d’études 
qu'il avait choisi. 

Une liste méme incomplète de ses publications donnera une idée de l'impor- 
tance de son labeur. La plupart de ses recherches ont été publiées par l'Académie 
de Belgique soit dans son Bulletin. soit dans ses Mémoires : 

Sur la force musculaire des insectes, Pull, 2° série, 1865, XX, et 1866, XXII. 
— Ja vision chez les poissons et les amphibies, Mém. in-4°, XXXHT, 1866, — Obser- 
vations sur l'Argyronète aquatique, Bull, 2° sér., XXII, 1867. — Etudes sur la 
parthénogénèse, thèse pour le doctorat spécial en science zoologique, in-8°, 1868. 
— Recherches sur les Crustacés d'eau douce de Belgique, Mém., XXXIV et XXXV, 
1868 et 1870. — Recherches physico-chimiques sur les Articulés aquatiques, 


! Je tiens à dire que je dois la plupart des documents relatifs à ces notices à MM. Emile Yung et 
Frédéric Graves (Liège) en ce qui concerne M. Plateau; Fréd, Reverdin et M. Ph. Guye en ce qui concerne 
M. Spring; A. Brun pour Michel-Lévy; Ph. Guye et Ch, Guillaume pour Louguinine ; Casimir de Candolle 
pour Hooker. 


96 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Mém., XXXVI, 1870. 


Matériaux pour la faune belge. Crustacés isopodes terres- 


tres, Bull., XXIX, 1870. — Idem. Myriapodes, Bull., XXXIT, 1872. — Un parasite 
des Chéiroptères de Belgique, Bull., XXXVI, 1873. — Un procédé pour rendre leur 
couleur aux muscles conservés dans l’alcoo!, Bull., XXXVHL, 1874. — Recherches 
sur les phénomènes de digestion chez les Insectes, Mém., XLI, 1874. — Note sur 


les phénomènes de la digestion chez la Blatte américaine, Bull., XLi, 1876. -— Note 
sur les phénomènes de la digestion et la structure de l'appareil digestif chez les 
Phalangides, Bull., XL, 1876. — Idem. chez les Myriapodes de Belgique, Mém., 
XL, 1876. — Idem. chez les Aranéides dipneumones, Bull, XLIV, 1878. — 
Recherches expérimentales sur les mouvements respiratoires des Insectes, Bull. 
3e série, 11, 1882. — Recherches sur la force absolue des muscles des invertébrés. 
Mollusques lamellibranches, Bull., 3° série, VI, 1883. — Idem. Crustacés décapodes, 
Bull., Vi, 1884. — Recherches sur les mouvements respiratoires des Insectes, 
Mém., in-4°, XLY, 1884. — Recherches expérimentales sur la vision chez les Insec- 
tes, Bull., X, 1885. — Idem. chez les Arthropodes, Bull, XIV, 1887 et XV et XVI, 
1888. — La ressemblance protectrice dans le règne animal, Bull., XXII, 1892. — 
Un filet empéche-t-il le passage des insectes ailés? Bull., XXX, 1895. — Comment 
les fleurs attirent-elles les insectes? Bull, 3° série, XXX, 1895; XXXII et XXXINI, 
1896; xxxIV, 1897. — Les pavots décolorés et les Insectes visiteurs, Bull. Classe 
des Se., 1902. — Note sur l'emploi d’une glace étamée dans l’étude des rapports 
entre les insectes et les fleurs, 4bid., 1905. — Idem. sur l'emploi de récipients en 
verre, #bid., 1906. — Les fleurs artificielles attirent-elles les insectes ? Mém. Acad. 
Belgique, in-8°, 2° série, 1, 1906. 

Cette énumération chronologique montre l’évolution graduelle des recherches 
de Plateau, passant de l'animal lui-même à ses relations extérieures. 

A côté des travaux publiés par l’Académie de Belgique, Félix Plateau laisse 
un nombre énorme d'articles de toutes dimensions dispersés dans des périodiques 
nationaux ou étrangers, et beaucoup de ces articles sont originaux, ainsi: Les 
Palpes des Arthropodes, dans Mém. de la Soc. zool. de France; le Macroglosse, 
l'adhérence des mâles de Ditiscides, la fonction des antennes de Periplaneta, dans 
Ann. Soc. entom. de Belgique; le vol des Coléoptères, le Centre de gravité des 
Insectes, dans Bibl. univ. de Genève, etc., etc. — Il a donné les articles Abeille, 
Arachnides et Crustacés au Dictionnaire de Physiologie de Richet et sa Zoologie 
élémentaire à eu deux éditions. 

Félix Plateau fut reçu dès 1874 à l’Académie Royale de Belgique, Classe des 
Sciences. 

Notre Société l’a nommé membre honoraire dès 1869. 

Nous présentons à sa veuve l'hommage de notre respectueuse sympathie. 


POUR L'ANNÉE 1911 97 


WALTHÈRE SPRING 


(1548-1911) 


Walthère-Victor Spring est né à Liège, le 6 mars 1848. Il fit ses premières 
études à l’école de la fabrique d'armes, puis, de 1867 à 1872 au Polytechnicum de 
Liège, d'où il sortit avec le diplôme d'ingénieur des mines. Mais, comme la chi- 
mie physique l’attirait, il alla passer deux années à l'Université de Bonn, pour tra- 
vailler avec Clausius et Kekulé. 

L'Université de Liège le nomma professeur extraordinaire de physique mathé- 
matique en 1875 et de chimie générale en 1876. Il devint professeur ordinaire en 
1880, et fut enfin chargé de la chimie spéciale depuis 1884. 

Il à continué son activité jusqu'à sa mort, qui a eu lieu le 17 juillet 1911. 

Dans son enseignement W. Spring fut toujours extrémement clair, et son adresse 
comme expérimentateur était extraordinaire. 

Dans son travail personnel il a montré une + imagination scientifique > remar- 
quable, beaucoup d’originalité, et une très grande habileté à indiquer les applica- 
tions pratiques des découvertes. 

Il à publié un nombre énorme de travaux, sur des branches très diverses de sa 
science, mais on peut cependant indiquer trois directions principales de ses recher- 
ches : d’abord la chimie pure, anorganique; ensuite la chimie physique, où il fut 
un pionnier remarquable et à laquelle il a consacré la plus grande partie de son 
travail; enfin des questions plutôt physiques. 

Dans le premier genre d’études, on peut signaler, de 1874 à 1876 ses recher- 
ches sur la chimie du soufre et les acides thioniques; de 1881 à 1883 ses travaux 
sur l’éther hyposulfureux, sur les dérivés sulfonés, sur un hydrate du soufre, sur 
l'allotropie du soufre. 

En chimie physique son activité fut considérable, notamment sur les relations 
entre l’état solide d’un corps et ses autres états, sur la soudure des métaux, leur 
solution solide, la pénétration réciproque des solides, leur plasticité. Il à travaillé 
à ces questions depuis 1878 jusqu à ces dernières années. 

Il à surtout étudié l'action de la pression sur les solides, expérimentant, en 
sénéral, à 6 ou 8000 atmosphères, mais parfois jusqu’à 20,000, C’est ainsi qu'il a 
transformé les corps pulvérulents en solides (carbonate de chaux pulvérisé, sciure de 
bois, ete.); qu'il à fait une série de synthèses par simple pression (sulfures, arsé- 


98 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


niures, alliages), et, dans ces réactions il a prouvé que ce n’est pas la chaleur déve- 
loppée par la pression qui agit, car il montre, entre autres preuves, que de la poudre 
à canon ne s’enflamme pas sous une pression de 7 à 10,000 atmosphères. Il par- 
tait du principe que mouvements moléculaires et aptitudes à réagir existent aussi 
bien dans les solides que dans les liquides et les gaz, et qu'il suffit de favoriser les 
rapprochements moléculaires par l'intervention de la pression. Il à créé par pres- 
sion des formes allotropiques de divers corps: il à prouvé la pseudo-fusion de ceux 
qui subissent une diminution de densité sous l’action de la pression; il a montré 
que certains hydrates et les sulfates acides perdent leur eau de cristallisation et leur 
acide en excès: il à étudié la formation des roches feuilletées et celle des cal- 
caires métamorphiques. Enfin il à montré la diffusion réciproque de métaux solides 
(notamment plomb et étain) mis en simple contact et sous une pression pas trés 
considérable, et à posé ainsi les bases expérimentales de la théorie des solutions 
solides. 

Dans le groupe de ses dernières recherches, de nature plutôt physique, men- 
tionnons ses observations sur la liquéfaction des solides quand la pression dépasse 
leur limite de plasticité, sur la couleur de l’eau chimiquement pure, sujet qu'il avait 
très brillamment exposé en 1902 à la réunion de la Société helvétique des Sciences 
naturelles à Genève, sur les alcools (1896), sur l'eau oxygénée, sur la chaleur spé- 
cifique et le coefficient d'expansion des alliages, sur la transparence des liquides et 
des solides, sur les milieux optiquement vides (1899), ete.; enfin ses travaux tres 
importants sur les milieux troubles (1900), notamment sur leur floculation et sur la 
nature des solutions colloïdales, qui l'ont amené au calcul de la limite supérieure 
des dimensions de la molécule, toutes études qui ont abouti à l'invention de Pultra- 
microscopie. 

La mort d'un travailleur de cette puissance est un deuil pour la science uni- 
verselle. 

Spring entra en 1884 à l'Académie de Belgique et en fut président depuis 1899. 
L'Université de Bruxelles et celle de Genève lui conférerent le titre de Doctor 
honoris causa. Enfin il fut élu membre honoraire de notre Société en 1905. 


AUGUSTE MICHEL-LÉVY 
(1844-1911) 


A. Michel-Lévy était né à Paris, en 1844; il y est mort le 25 septembre der- 
nier. Il termina ses études à l'Ecole polytechnique, dont il fut un des élèves les plus 


POUR L'ANNÉE 1911 99 


remarquables ; il en sortit premier, et entra au Corps des Mines, où il fit toute sa 
carrière; il était Inspecteur général de 1'° classe quand il mourut. 

Il fut d’abord assistant de F. Fouqué au Collège de France; à partir de 1880, 
directeur du laboratoire, puis professeur. Il à été jusqu'à sa mort directeur des 
Services de la Carte géologique de la France, Il était président de la Société géolo- 
gique de France et de la Société de Minéralogie. Un très grand nombre de sociétés 
scientifiques étrangères l’ayaient nommé membre honoraire: la nôtre se l'était 
attaché en 1892. 

En 1896 il fut nommé membre de l'Académie des Sciences, en remplacement 
de Daubrée, et à sa mort l'Académie des Sciences leva la séance en signe de deuil, 
le 2 octobre dernier. 

L'activité scientifique de Michel-Lévy a été considérable, Il laisse un nombre 
remarquable de travaux importants, en géologie, minéralogie et pétrographie. 

En géologie il à étudié à fond plusieurs régions d'interprétation difhcile : le 
Morvan,la Chaîne des Puys. le Beaujolais, le Charollais, etc.; 1 a publié dix des 
feuilles de la Carte géologique de la France au \}35 000 avec leurs Mémoires expli- 
catifs: il a dirigé l'établissement de la très belle Carte géologique de la France au 
millionnième : il a collaboré au levé et à l'étude de la Carte géologique du Bassin 
d'Autun au ‘Ji pp: ete 

Quelques-uns de ses travaux, parus dans le Bulletin des Services de la Carte 
géologique, concernent des régions voisines de (renève, notamment ses mémoires 
sur les Chaines au S. des Aiguilles Rouges, les Pointements cristallins des Gets, ete. 

En minéralogie et pétrographie il a fait, seul ou en collaboration avec Fouqué 
ou Lacroix, des travaux de la plus grande importance. Il a particulièrement con- 
tribué à l'introduction et au perfectionnement de la méthode optique de détermina- 
tion des roches par l'analyse au microscope en lumière polarisée. Dans cette branche 
ses ouvrages capitaux sont : 

Minéralogie micrographique. Roches éruptives francaises, in-4° avec Atlas, 
publié en 1879 en collaboration avec F. Fouqué et suivi d'un grand nombre de 
monographies complémentaires, notamment : Les minéraux des roches publié dans 
le Bulletin des Services de la Carte géologique en collaboration avec A. Lacroix, le 
Porphyre bleu de lEstérel (ibid.), etc. 

Un ouvrage capital au point de vue de la classification a été son livre sur les 
Roches éruptives, leurs structures et leur classification, grand in-8°, Paris. 

Ses différentes études sur les Æeldspaths sont classiques, notamment celles sur 
les feldspaths tricliniques, les micas, les pâtes vitreuses des roches et leurs temps 
de formation. les inelusions cristallines, etc. 

Enfin il a exécuté, généralement avec Fouqué, une série remarquable de syn- 


100 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


thèses, soit par fusion ignée, soit par l’action de l’eau au rouge et sous haute pres- 
sion — oligoclase, labrador, anorthite, amphigène, néphéline, andésite, labrado- 
rite, porphyres, basaltes, etc. 

Il est mort en pleine activité, aussi la science a-t-elle fait en lui une perte 
irréparable, d'autant plus qu'il était accueillant et bienveillant pour la jeunesse 
scientifique. 


WLADIMIR LOUGUININE 


(1834-1911) 


Les circonstances empêchèrent Louguinine de se vouer tout de suite aux 
études scientifiques : l'agitation politique qui suivit 1848 amena la fermeture pres- 
que complète de l’Université de Moscou, et comme le père de W. Louguinine était 
colonel d’'Etat-Major, le jeune homme quitta Moscou, où il était né, et entra à 
l'Ecole d'artillerie de Saint-Pétersbourg. 

Il en sortit sous-lieutenant, pour prendre part aux opérations autour de Silis- 
tria et dans la Dobroudja en 1854, puis, quand les alliés attaquèrent Sébastopol, 
Louguinine y fut envoyé, comme officier d'ordonnance du général commandant l’ar- 
tillerie; il prit part aux luttes de la Tchornaia-Retchka et à la défense du bastion 
Malakoff, ce qui lui valut la croix militaire de Sainte-Anne. 

C’est vers cette époque qu'il fit ses premiers voyages en Europe occidentale, 
voyages qui le captivèrent infiniment. 

Il reprit ses études militaires à l’Académie d'artillerie de Saint-Pétersbourg, 
à laquelle il resta encore attaché deux années comme adjoint du secrétaire des 
sciences. Puis il renonça à la carrière militaire et partit pour l'Allemagne. 

Il entra à l'Ecole technique de Karlsruhe, puis à l'Université de Heidelberg, 
où il resta, sous la direction de Bunsen et de Kirchhoff jusqu’en 1864. Il passa 
alors à Paris, pour entrer dans le laboratoire de Wurtz; mais se trouvant insuf- 
fisamment préparé, il suivit pendant un an les cours de 1 Ecole polytechnique de 
Zurich, puis retourna auprès de Wurtz et de Regnault. 

Des circonstances de famille le forcèrent à abandonner ces études et à rentrer 
en Russie ; mais il fit un nouveau voyage en Occident, pendant lequel il épousa une 
Française, à Paris, en 1869. 

Il resta douze années en Russie, puis revint à Paris en 1881 et y fit un séjour 
de dix ans, pendant lequel il reprit avee une ardeur magnifique ses travaux de 
chimie physique. 

En 1891 il fut appelé à Moscou, d’abord comme professeur agrégé, puis comme 


POUR L'ANNÉE 1911 101 


professeur ordinaire. Il organisa extrémement bien un laboratoire à ses frais et 
réunit une bibliothèque chimique de 10,000 volumes; mais comme l'Université était 
souvent fermée et que les étudiants faisaient plus de politique que de travail minu- 
tieux, cela le découragea. Il quitta Moscou, en faisant don à l'Université de son 
laboratoire et de sa bibliothèque, et il rentra à Paris, où il reprit ses recherches 
scientifiques. 

Dans les dernières années de sa vie, il passait l’été dans une villa qu'il s'était 
créée près de Bex, en Suisse, et il y organisait des observations sur le développe- 
ment de certains végétaux. 

Il est mort à Paris le 26 octobre 1911, après avoir travaillé presque jusqu'au 
dernier moment. 

Wladimir Louguinine s’est spécialisé dans une branche des études chimiques 
où il à rendu des services inappréciables : la calorimétrie, surtout la mesure des 
combustions organiques. Il à étudié d’abord les méthodes, avec une précision 
extraordinaire; il a recherché les moindres causes d'erreurs dans leurs opérations 
si délicates; et une fois qu'il eut perfectionné l'instrument, au point de pouvoir pré- 
ciser les observations les plus minutieuses de thermo-chimie, il appliqua ces mé- 
thodes avec une habileté rare à la détermination des quantités de chaleur fixées ou 
transformées par les plantes, dans leurs différentes parties. 

Il fallait une ténacité à toute épreuve, une habileté extraordinaire et des 
moyens peu habituels pour mener à bien ce genre d'études, aussi a-t-il mérité la 
reconnaissance des adeptes de la chimie physique. 

Dans la dernière période de son activité, il eut comme collaborateur M. G. 
Dupont. 

Son ouvrage capital, Les Méthodes de Calorimétrie, à été rédigé avec la col- 
laboration de M. Chukarev. 

A côté des services rendus à la science, il en a rendu à sa patrie en créant des 
œuvres pratiques de philanthropie sur ses terres au moment de l'émancipation des 
serfs : banque coopérative des paysans, écoles, hôpital, société de secours mutuels. 

Il est membre honoraire de notre Société depuis 1899. 


SIR JOSEPH-D. HOOKER 
(1817-1911) 


Joseph-Dalton Hooker est né le 30 juin 1817 à Halesworth (Suffolk). Il était 
le fils de Sir W.-J. Hooker, qui fut pendant vingt ans professeur de botanique à 
Glasgow, puis, depuis 1841, directeur des Jardins de Kew. 


MÉM, SOC. PHYS. KT HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL, 86 (1910). 13 


D. VTT FUN 


102 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Il fit des études à Glasgow et obtint le titre de D'-Méd. en 1839. Mais, au lieu 
de pratiquer la médecine dans sa patrie, il commença immédiatement ses voyages 
scientifiques. 

Il S'embarquait à la fin de 1839 sur l’Ærebus en qualité de médecin-assistant, 
chargé des observations de botanique, et prit part de cette manière à la célèbre 
expédition antarctique de Sir James Clark Ross; pendant trois ans il parcourut 
l'océan polaire antarctique et fit des séjours en Nouvelle-Zélande, en Australie, à 
Kerguelen, à la Terre de Feu, aux iles Falkland, etc., d’où il rapporta des collec- 
tions remarquables. 

A son retour, il fut quelque temps à l’Université d’Edimbourg comme assistant 
de Graham, professeur de botanique. A la mort de celui-ci, en 1845, Hooker fut 
nommé botaniste du Geological Survey de Grande-Bretagne. Mais il eut bientôt 
l’occasion dè partir pour un nouveau voyage : il fit aux Indes une expédition scien- 
tifique de trois années, d’abord seul, puis avec le D' Campbell; une grande partie 
du voyage se fit dans l'Himalaya et notamment au Sikkim. 

En 1855 il était nommé sous-directeur des Jardins de Kew: en 1860 nouveau 
départ, pour la Palestine; puis, en 1865 il fut appelé à remplacer son père dans la 
direction des Jardins de Kew. 

C’est en 1858 qu'eut lieu, sur les instances de Hooker, la première communi- 
ation de Ch. Darwin sur sa théorie à la Linnæan Society. Hooker avait toujours 
appuyé et aidé Darwin et il l’engageait depuis longtemps à publier ses résultats; 
mais celui-ci attendait d'avoir accumulé encore plus de preuves à l’appui de ses 
idées. Comme A.-R. Wallace venait d'arriver indépendamment aux mêmes prin- 
cipes, Hooker obtint d'eux une communication commune, après une lutte de géné- 
rosité admirable entre ces deux savants !. 

En 1871 Hooker, J, Ball et G. Maw firent un voyage important au Maroc, jusque 
dans le Grand-Atlas, en terres inconnues. Enfin, en 1877, il exécuta, avec le pro- 
fesseur Asa Gray, un grand voyage botanique en Amérique, notamment dans les 
Montagnes Rocheuses. 

Il abandonna en 1885 la direction des Jardins de Kew, où il fut remplacé par 
son gendre Sir W. Thiselton-Dyer, mais il continua son activité scientifique Jusqu'à 
sa fin : il travaillait encore l’année dernière, à 94 ans. 

Partout Hooker déployait une activité remarquable : il fut collectionneur infa- 
tigable dans son expédition antarctique et dans les autres, il fit d'excellents tra- 


1 A ce propos il est juste de relever une petite inexactitude qui s’est glissée dans lexcellent article 
consacré à Hooker dans le Times du 12 décembre 1911: Loin d'expliquer la disjonction de certaines 
espèces par des créations multiples, Alphonse de Candolle l’attribuait, déjà en 1853, à des causes naturelles, 
géologiques ou autres, ainsi qu'on peut le voir à la page 1117 de sa belle Géographie botanique. 


POUR L'ANNÉE 1911 103 


vaux sur les fossiles végétaux britanniques, il dirigea extrémement bien les Jar- 
dins de Kew. Mais ce qui était admirable chez lui, comme chez de Humboldt ou 
chez H.-B. de Saussure, c'est qu'il voyait tout et s'intéressait à tout, parce qu'il 
savait tout — à côté des plantes et des animaux, il faisait des observations impor- 
tantes sur la topographie, la géologie, les phénomènes glaciaires, la météorologie, 
et son extraordinaire expérience des expéditions scientifiques était précieuse. 

Voici les titres d'une partie de ses travaux : 


Flora antarctica, 2 vol. in-4°, 1844. — Mora Novæ Zelandiæ, ? vol in-4°, 
1893. — AHimalayan Journals, 1S54, réimprimés en 1 vol. in-S° en 1891. — The 
Rhododendrons of the Sikkim Himalayas, À vol. fol. -— Ælora indica, en collabora- 
tion avec le D''Th. Thomson, 1 vol. in-8°, 1855, -— Ælora Tasmaniæ, 2 vol. in-4°, 
1860, — Outlines of the Distribution of arctic Plants, br. in-4°, 1860. — Hand- 
book of the New Zealand Flora, 1 vol. in-8°, 1867. — The Students Flora of the 
British Isles, À vol. in-$°, 1870, — Marocco and the Great Atlas, en collaboration 


avec J. Ball. 

Parmi ses œuvres de très longue haleine, nous pouvons signaler : la série du 
Botunical Magazine, dont 11 publia treize volumes. — Genera Plantarum, en colla- 
boration avec Bentham, 5 vol. in-S°, 1862-1883. — flora of British India, T vol. 
in-8°, 1875-1897, en collaboration avec divers botanistes anglais, mais dont il à 
fourni lui-même les monographies les plus considérables. —— /cones Plantarum, 3° 
et 4 séries, 20 volumes in-8°, en collaboration avec divers botanistes anglais. Le 
dernier fascicule, qui vient de paraitre, a été entièrement fait par Hooker, à 94 ans 
révolus ! 

Il est l’auteur de 80 à 90 mémoires et monographies, entre autres : sur les 
Nepenthes, 1854; sur le Hehcitchia mirabilis, 1862: sur la Flore de l'ile Kergue- 
len, 1879, etc., etc. 

Peu d’hommes ont laissé un pareil œuvre scientifique. 

Sir J. Hooker à reçu un nombre considérable de distinctions honorifiques : la 
médaille royale de la Royal Society (1834), l'Ordre du Bain (1869), la Croix de 
chevalier de l'Etoile des Indes (1877), la médaille de fondateur de la Société de 
Géographie de Londres (1884), la médaille Copley (1887), la médaille de la Lin- 
næan Society (1888), la médaille Darwin de la Royal Society (1892), le titre de 
Grand Commandeur de l'Etoile des Indes (1897), l'Ordre du Mérite, en 1907, lors- 
qu'on féta ses 9,0 ans. 

Les universités d'Oxford, Cambridge, Dublin, Edimbourg et Glasgow lui con- 
férèrent la dignité de Doctor honoris causa, et Académie des Sciences de Paris 


celui d’Associé étranger. 


104 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


En 1908 :l fut le héros de la cérémonie organisée par la Linnæan Society 
pour fêter le cinquantenaire de la première communication de Darwin sur sa théorie. 

C’est en 1894 que notre Société nomma Sir J. Hooker membre honoraire. 

Nous payons un dernier tribut d’admiration à sa mémoire et présentons 
l'hommage de notre sympathie à sa famille. 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


(Résumé sommaire des 41 communications qui lui ont élé faites). 


Physique. 


M. le D' Th. ToMMASINA à fait deux communications au sujet de recherches 
exécutées en collaboration avec M. Edouard SARASIN sur la radioactivité induite. 
Les courbes de désactivation qu'ils ont obtenues montrent qu’en vase clos la con- 
densation de l’ionisation dérange le phénomène, tandis qu’il est normal à l’air libre, 
d’abord rapide, puis très ralenti. Ayant obtenu une radioactivité induite à désacti- 
vation très lente par une activation de longue durée, ils ont constaté qu'un échaut- 
fement augmente l’ionisation, donc l'effet de décharge, sans augmenter la radioac- 
tivité, qui reste toujours constante. — Transvasé, le produit de désactivation rapide 
montre encore une activité de décharge, celui de désactivation lente n’en montre 
plus (ce dernier ne doit donc contenir ni émanation, ni dépôt solide mobile). Quant 
à l’effet de l’échauftement, il doit provenir d’une accélération de vitesse des ions 
(donnant lieu à une surproduction d'ions par les chocs). 

En son nom personnel, M. Tommasina nous à entretenus du magnéton de 
Weiss : il reconnait l'importance des travaux de P. Weiss sur l’aimantation aux 
basses températures, il approuve ses conclusions théoriques, mais fait des réserves 
quant au magnéton comme constituant universel de la matière. 

Le même orateur à parlé deux fois d’aéroplanes; d’abord il a proposé une 
modification de construction qui donnerait plus de sûreté aux aéroplanes; ce résul- 
tat serait obtenu par la possibilité de relever légèrement l’axe de l'hélice de pro- 
pulsion, ce qui éviterait le capotage. — Ensuite il a exposé le principe d’un appa- 
reil d'aviation où l’hélice actuelle serait remplacée par un propulseur spécial qui 
agirait, à chaque tour, moitié pour la propulsion, moitié pour la sustentation (dis- 


POUR L'ANNÉE 1911 105 


posé de manière à agir continuellement comme parachute) faisant prendre automa- 
tiquement à l'appareil le vol plané dès qu'il vient à se produire une panne du 
moteur. 

M. le D'Th. Tommasina nous à encore lu une noté sur la nature de l’électri- 
cité et la dynamique de l’électron. La théorie corpusculaire n’explique pas la nature 
de l'électricité, car l’électron est un phénomène déjà complexe; c'est une inertie 
électromagnétique pendant son déplacement, parce que Pactivité qui la déplace 
est une fonction de l'énergie électromagnétique du champ extérieur à l’électron 
même. 

M. L. DE LA RIVE fait une communication sur les équations électrodynamiques 
de Maxwell-Herz, relatives à un courant fermé. En se basant sur la loi de Laplace, 
il à pu établir une relation analogue pour l'action d’un élément de courant sur un 
pôle et vice versa. — Dans une autre communication, il a montré par un caleul très 
simple que la trajectoire de l'électron attiré par la molécule dans un champ magné- 
tique uniforme peut être circulaire, quand l'impulsion initiale est donnée dans un 
plan normal au champ magnétique. 

M. le D’ A. SCHIDLOF nous a exposé en deux conférences plusieurs considéra- 
tions sur des problèmes récents de la théorie du rayonnement. Pour la répartition 
de l'énergie dans le spectre du corps noir, il faut modifier la formule de Jeans par 
l'hypothèse des éléments d'énergie de Planck, d’ailleurs contraire aux lois de la 
mécanique statique. Quant au calcul de l'entropie, il est basé sur le principe de 
Boltzmann, modifié selon Einstein. — Pour expliquer lorigine électrodynamique 
des éléments de l’énergie rayonnante, on peut se baser sur l'atome imaginé par J.-F. 
Thomson mais légerement modifié, qui fournit une valeur numérique presque égale 
à celle de Planck pour le rapport entre l'élément d'énergie et la fréquence des oscil- 
lations. 

M. le D'G. BAUME nous à fait part des résultats de ses essais métallographi- 
ques. Il à introduit des simplifications dans la technique des essais habituels et dans 
la mesure des propriétés de la nature métallique. Il explique le fonctionnement du 
marteau de dureté Baume-Watson, et montre des applications précieuses de la 
micrographie métallurgique à l'étude de l'homogénéité des alliages, de l'effet du 
laminage, du refroidissement, etc. 

En collaboration avec M. BAUME, et par de nouvelles méthodes, M. Fr.-L. 
PERROT à obtenu, sur la densité de plusieurs gaz liquéfiés et sur la tension de leurs 
vapeurs à diverses températures, des résultats qui concordent parfaitement entre 
eux et avec des méthodes antérieures. 

M. le professeur L. DUPARC nous à exposé la nouvelle méthode cristallomé- 
trique du professeur Théodoroft de S'-Pétersbourg. 


106 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


M. le D'E. CARDOSO à fait une communication sur les densités des phases 
coexistantes de l’anhydride sulfureux au voisinage du point critique. Comme un 
résumé trop sommaire de ce travail n’en donnerait pas une idée satisfaisante, je 
renvoie le lecteur aux comptes rendus de notre Société. 


Chimie. 


Le D' E. BRINER a discuté la formation de l'eau en partant de ses éléments. 
En opérant aux températures inférieures à celles de l'explosion mais sous de fortes 
pressions, on diminue grandement l'influence perturbatrice du récipient, qui doit 
provenir de la formation d’une couche de vapeur d’eau contre les parois. 

En collaboration avec M. JEANNERET, M. le professeur L. DUPARC est par- 
venu à séparer le zirconium d'avec la silice, le fer et l’aluminium, par traitement 
par l'acide fluorhydrique et par évaporation en présence d'acide sulfurique concen- 
tré pour éliminer la silice, puis par des traitements successifs qu’on trouvera exposés 
dans les comptes rendus de notre Société. 

M. le D' Fréd. REVERDIN, avec la collaboration de M. Armand DE Luc, à 
déterminé la constitution d’une nitramine, fusible à 125°, dérivée de la méthyl- 
para-anisidine, décrite récemment par l’un d'eux, ainsi que de l’éther correspon- 
dant de la dinithrohydroquinone, fusible à 102°, connu depuis longtemps. 

M. le prof. Amé PICTET nous à exposé la synthèse de la berbérine, qu'il a réa- 
lisée en collaboration avec M. Alphonse Gams. Ces Messieurs y sont parvenus en 
partant de l'homopipéronylamine et du chlorure homovératrique, également synthé- 
tiques, en réduisant leur produit de condensation et en le traitant par le méthylol. 
On obtient ainsi l'hydroberbérine, qui, par une oxydation ménagée, fournit à son 
tour la berbérine. Cette série de réactions est probablement très analogue à celle qui 
s'effectue dans la plante; cela semble vérifier l'hypothèse émise par M. Pictet, 
d’après laquelle les alcaloïdes seraient des déchets que le végétal fixe en les com- 


pliquant. 


Géologie. 


M. le prof. L. DUPARC nous a entretenus deux fois des gisements de platine de 
l’'Oural. Dans sa première communication il nous a donné une étude d'ensemble sur 
la structure, la nature et la genèse des gites platiniferes ; dans la seconde il nous à 
parlé de quelques gisements anormaux de platine. Les gites normaux sont dans les 
pointements éruptifs de dunite ou de tilaïtes avec salbandes de gabbros. Les quel- 
ques gisements anormaux de platine d’alluvion qu'il a trouvés dans le bassin de 


POUR L'ANNÉE 1911 107 


rivières qui ne traversent aucun pointement platinifère, proviennent de ce que des 
sources de ces rivières, qui les traversaient jadis, ont été capturées au profit d’au- 
tres bassins fluviaux. 

En son nom et au nom de Mie Xénia de Tsyrowiren, M. le prof. Ch. SARASIN 
a exposé les résultats de nouvelles observations faites sur l’éboulement de Chésery 
(vallée de Mijoux). Ces observations ont confirmé celles dont les résultats ont été 
publiés en 1910; ils ont montré que la masse éboulée est très amincie vers le haut 
et qu’elle s’est décomposée en écailles superposées, qui se sont dépassées mutuelle- 
ment de bas en haut. 

M. André CHAIX à résumé l'étude de la géologie des Brasses (Haute-Savoie) 
qu'il a faite sous la direction de M. Ch. SaRASIN. Ce massif est formé de quatre 
plis N.-S., dont le plus oriental chevauche légèrement sur les autres: tous sont 
affectés, dans la région d’Onion, par un profond ensellement transversal, qui a été 
cause de nombreuses anomalies. 


Météorologie. 


M. le prof. F.-A. FOREL nous a présenté cinq cahiers manuscrits d’observa- 
tions météorologiques faites à Genève de 1760 à 1789 par Charles de Lubières, au 
Grand puis au Petit-Saconnex. Ces observations très précieuses ont été offertes à 
l'Observatoire de (renève par Mme Charles DUFOUR-FALQUIER. 

Plus tard, M. le prof. Raoul GAUTIER nous a annoncé que l'Observatoire venait 
de recevoir une nouvelle série d'observations anciennes, faites par Guillaume- 
Antoine de Luc de 1768 à 1800 et par son fils Jean-André de Luc de 1821 à 1847. 

Enfin il nous à communiqué qu'il avait retrouvé la fenêtre à laquelle G.-A. de 
Luc avait fait ces observations et qu'il y organise une année d'observations dans 
les mémes conditions, afin d'obtenir des chiffres comparables à ceux de l'Observa- 
toire actuel, ce qui allongera beaucoup la période étudiée du climat de Genève. 

Le même orateur nous à présenté des graphiques qui résument l'allure de la 
pression, de la température et de la nébulosité au Grand Saint-Bernard et à (renève. 

M. Gautier nous à aussi communiqué son étude sur les retours de froid en juin 
à Genève et au Saint-Bernard. Pour Genève, le fléchissement des températures 
dans la deuxième décade de juin n’est sensible que dans la seconde moitié du XIX° 
siècle; si l’on remonte à 1826 ou jusqu’en 1796, ce retour du froid disparait, 

Enfin le professeur (rautier a signalé les anomalies de température et d’inso- 
lation de l’été 1911 : chaleur exceptionnelle du 18 juillet au 13 septembre ; record 
de chaleur pour août (21°,28): 66 jours de suite supérieurs à la normale: en juillet 
389 heures d’insolation et seulement 4" de pluie. 


108 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Botanique. 


M. le D' John BRIQUET, directeur du Conservatoire botanique, a fait une com- 
munication sur la structure et les affinités de lHerniaria suffruticosa, Caryophyllée 
atlantique, appelée aussi lecebrum suffruticosum et qu'on à classée dans les genres 
Herniaria et Paronychia. Après étude approfondie de la fleur et du fruit, et exa- 
men histologique de l’appareil végétatif, M. Briquet conclut que l’Aecebrum 
suffruticosum doit être considéré comme un Paronychia, mais former dans ce genre 
une section nouvelle Pseudherniaria. 

M. le professeur R. CHODAT nous à exposé les résultats obtenus sous sa direc- 
tion par Mie KORPATCHEWSKA sur la nature de la sexualité dans quelques espèces 
hétérothalliques. Aucune variation du milieu ne modifie leur sexualité, mais les 
deux sexes se comportent différemment vis-à-vis des saccharides. 

Il à résumé ensuite les conclusions de M. le D' A. SPRECHER sur la variabilité 
du sexe dans le chanvre et l’oseille — conclusions également négatives quant à une 
influence du milieu sur la proportionnalité normale des sexes, mais positives quant 
à une différence de la concentration des sucs. 

Enfin M. Cnopar a présenté les résultats d’une série d'expériences faites en 
collaboration avec M. MONNIER sur la migration des sels dans les végétaux. Pour 
éliminer les erreurs dues à la variabilité individuelle, ces Messieurs ont fait chaque 
observation sur cent exemplaires des mêmes plantes; cela leur a donné des résul- 
tats d'une remarquable homogénéité et d’une valeur exceptionnelle sur la marche 
de l'assimilation et de la désassimilation des sels, et notamment sur l'influence du 


fer sur les cultures (à la dose de 1 °°/,, de FeCT). 


Zoologie. 


M. le D' Arnold PICTET a mentionné un nouvel exemple d’hérédité de carac- 
tères acquis : des chenilles de Lasiocampa querceus, nourries d’aigtuilles de sapin au 
lieu de feuilles, attaquaient l'aiguille par la pointe et non par le bord; c’est en 
cela que consiste le caractère nouvellement acquis; leurs descendantes, remises sur 
le chêne, ont attaqué l'extrémité des petites branches, sans pouvoir consommer les 
feuilles. 

M. le D' J. CaRL nous a communiqué un nouveau cas d’hermaphroditisme 
partiel chez un Diplopode de la Colombie. L’exemplaire, une femelle contenant des 
œufs, porte sur le 7° segmeut du côté gauche une patte ambulatoire normale, mais 
du côté droit une patte copulatrice de la forme caractéristique pour l’espèce. 


POUR L'ANNÉE 1911 109 


M. le professeur E. YUNG à exposé les recherches faites dans son laboratoire 
par M. François LUBECKI sur l’ovispermiducte et la glande albuminipare de l’es- 
cargot : la matiere de la membrane de l’œuf est fournie par des glandes de la gout- 
tière ovulaire, et le calcaire de la coque par une glande du canal séminal ; après la 
ponte, la glande albuminipare crée une réserve pour l’hibernation. 

M. H.-E. Gaxs, a lu deux articles qu'il avait rédigés en 1868 et 1869, l’un 
sur lés variations de couleur des Lépidoptères, l’autre sur les Lycænidéæ. 


Psycho-physiologie. 


M. le professeur Ed. CLAPARÈDE a exposé ce qu’on entend par les phéno- 
mènes psycho-électriques, qui sont encore peu expliqués. Il semble en tout cas que 
la réaction vis-à-vis du courant galvanique exige l'intégrité de l'écorce cérébrale. 

M. W. RADECKI a traité d’abord la nature physique et physiologique de ces 
phénomènes : sous l'influence d’excitations psychiques on constate des variations 
de la conductibilité électrique du corps et des changements dans le potentiel de la 
peau. Le premier fait paraît être causé par les modifications cireulatoires, le second 
par les phénomènes sécrétoires. Ensuite il a exposé la partie psychologique du sujet : 
ce sont les états émotifs et affectifs uniquement qui donnent lieu aux phénomènes 
psychoélectriques. Grâce aux considérables différences individuelles, la méthode est 
inapplicable pour comparer les sujets. Elle sert comme représentation objective du 
degré de l'élément émotif, qui, chez le même sujet, est lié aux différents processus 
psychiques. 

Le professeur Ed. CLAPARÈDE nous a parlé d’un cas d’hypnose chez le singe : 
par des passes ou par la fixation du regard, un singe très vif est mis dans un état 
de calme complet, et ses membres gardent même les attitudes qu’on leur donne. 

Enfin le même orateur nous a communiqué un procédé, fondé sur l’amnésie 
post-hypnotique, qui permet de contrôler l'authenticité de l'hypnose: à l’état de 
veille le sujet ne se souvient pas des mots qu’on lui à dits quand il était hypnotisé. 


On Ÿ 
1 


ARNOLD PICTET 


Drés sciences. Privat-docent à l'Université de Geneve 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 


sun 


LES MÉCANISNES DU MÉLANISNE ET DE LALBINISNE 


CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 


Pratiquées à l'Institut de Zoologie de l'Université de Genève. 
Avec les planches 1 à 5. 


Mémoire couronné par la Facullé des Sciences 
en 1911 (Prix Davy). 


GENÈVE 
IMPRIMERIE ALBERT KÜNDIG 
1912 


MÉMOIRES 
DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 97, FASCICULE 3 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 
LES MÉCANISMES DU MÉLANISME ET DE L'ALBINISME 
CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 


ARNOLD PICTET 


Dr és sciences. Privat-docent: à l'Université de Genève. 


Avec les planches 1 à 5. 


PREMIÈRE PARTIE 


LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTÈRES D'APRÈS 
LES RECHERCHES DES AUTEURS 


CHAPITRE PREMIER 
Colorätion des ailes des Papillons. 


Nul n'ignore de quelles brillantes couleurs les aïles des Papillons sont souvent 
ornées ; les tons les plus merveilleux, les plus riches, font de ces gracieux animaux 
de véritables joyaux que le pinceau de lartiste le plus expérimenté peut seul imiter. 

Et nul n’ignore également que la multiplicité et la beanté de ces couleurs sont 
dues à la présence d’une infinité de petites écailles microscopiques qui sont appli- 
quées contre chacune des deux faces de laile et qui contiennent une matière colo- 
rante. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 14 


112 ARNOLD PICTET 


Dans certains groupes d’Insectes, la présence d’écailles sur les aïles est absolu- 
ment caractéristique ; ce sont les Lépidoptères et les Thysanoures. D’autres fois, 
elles ne se rencontrent que dans certains genres (Lixus, Plinus, pour les Coléop- 
tères, Culex, pour les Diptères). Chez les Lépidoptères, les écailles se présentent 
comme des sacs aplatis, imbriqués sur la surface de la membrane de laile, à chacune 
des deux faces de celle-ci, au moyen d’un petit pédoncule faisant office de canal; 
grace à ce canal, la cavité de l’écaille est en communication avec la cavité 
de l’aile. 

Les écailles des Papillons varient, quant à leur forme, dans une large mesure, 
suivant les espèces ou les régions de l'aile que l’on considère et, chez certains 
Hétérocères (Bombyciens par exemple), il n’est pas rare qu’elles appartiennent à 
un très grand nombre de types divers; chez les Rhopalocères, leur forme est moins 
rariable. Les écailles sont placées sur l'aile les unes à côté des autres, en rangées 
régulières, la partie distale de chacune d'elles chevauchant sur l'extrémité proxi- 
male de l’écaille voisine ; elles sont donc disposées comme les tuiles sur un toit ou 
comme les écailles sur la peau des Poissons. 

Les écailles des Lépidoptères ne sont autre chose que des poils modifiés, 
aplatis. On à pu dans un certain nombre de cas observer tous les passages entre les 
poils ordinaires, cylindriques, et les véritables écailles. C. SEMPER (1857) a prouvé 
d’ailleurs que le développement de ces deux espèces d'organes est identique et pro- 
vient de certaines grandes cellules hypodermiques de forme ovale qui produisent 
au dehors un prolongement destiné à sécréter le poil ou l’écaille. 

Les écailles ne se rencontrent pas seulement sur les ailes, on en trouve encore 
sur le corps, les pattes et la tête. 

KOLBE (1893, 76) classe les écailles d’après leur forme et montre qu'elles appar- 
tiennent à diverses catégories suivant qu'elles ressemblent à des plumes, qu’elles 
sont terminées en pointe fine, qu'elles ont l’aspect d’un cheveu, ou bien qu’elles 
sont arrondies, courtes ou élargies à leur sommet. Mais on admet maintenant que 
la classification de KOLBE, juste en une certaine mesure pour les parties des ailes, 
ne peut servir à distinguer des groupes de Lépidoptères. En effet, les écailles ter- 
minées en pointe fine se trouvent fréquemment à la racine de l’aile, tandis que la 
partie proximale supporte des écailles d’un autre type; la frange en possède sou- 
vent qui sont d’une forme tout autre. Il n’est guère possible d'établir de règle à ce 
sujet, la variation, dans ce domaine, étant infinie. Les écailles sont chitineuses 
et présentent le plus souvent une structure striée, ou ridée, c’est-à-dire qu’elles sont 
tapissées sur toute leur longueur d’une infinité de petites stries en relief, semblant 
comme guillochées, parallèles les unes aux autres, et séparées par des rainures; elles 
sont orientées dans le sens de la longueur de l’aile et leur extrémité distale comporte 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 113 


fréquemment un certain nombre de petites dents plus où moins bien marquées, plus 
ou moins acérées. Ce sont elles qui constituent les éléments colorés de Paile. 

Malgrélesrecherches de KRUKENBERG, COSTE, URECH, HOPKINS, A.-G. MAYER, 
etc., la nature et le mode de formation des pigments et autres substances colorantes 
des insectes sont encore très mal connus. 

PERRY et C.-B. POuLTON (1887)! discernent deux origines bien distinctes 
aux couleurs des écailles des Lépidoptères, les unes pigmentaires, les autres 
optiques. Celles-ci, dues aux interférences provoquées par la construction intime 
ou le relief des écailles, ont été particulièrement étudiées par A. SPULER (1895). 
Leurs couleurs sont dues à des phénomènes de diffraction, comparables à 
ceux qui donnent naissance aux réseaux en optique. C’est surtout dans le genre 
Morpho que l’on rencontre ces magnifiques couleurs bleues, irisées, aux reflets 
métalliques ; sur leurs écailles, d’après C. HOULBERT (1910, 71), on à pu compter 
jusqu'à 1400 stries longitudinales par millimètre, C’est, vraisemblablement, 
grace à ces nombreuses stries que les écailles peuvent décomposer les radia- 
tions lumineuses et réfléchir les diverses couleurs spectrales. Mais la constitution 
striée de l’écaille n’est pas suffisante, à elle seule, pour reproduire les magni- 
fiques couleurs irisées, telles que le bleu métallique des Morphide, ou le violet 
chatoyant des Limenitis, et un phénomène physique annexe doit certainement jouer 
un rôle puissant. 

D’après H. MaNDour, les écailles contiennent souvent du pigment foncé for- 
mant un écran propre à mettre en valeur les irisations de la surface. Les ailes des 
Morpho cypris, par exemple, offrent des bandes longitudinales alternantes d’un 
blanc azuré et d’un beau bleu. Les bandes bleues correspondent aux écailles con- 
tenant du pigment noir; les bandes seulement bleutées sont en rapport avec les 
écailles dépourvues de pigment ; dans ce dernier cas, la lumière blanche réfléchie 
par l'écran blanc sous-jacent, varie en partie les irisations de la cuticule. 

D'autre part, CANICHEL et MANDOUL (1901, 19) ont démontré que les colora- 
tions bleue et verte, assez répandues chez les Vertébrés, sont dues à un phénomène 
physique, car les peaux bleues ne renferment que du pigment noir, et les peaux 
vertes un pigment noir et un pigment jaune. Ces pigments sont formés de grains 
dont la grandeur est analogue à la longueur d'onde de la couleur. 

UrECu (1893,174) indique le bleu et le violet, principalement chez les Rhopa- 
locères, comme étant des couleurs optiques, et M. BAER (1898, 5), en fait de cou- 
leurs optiques, distingue celles qui proviennent d’une seule sorte d’écailles et celles 
qui sont fournies par deux sortes de constitution différente; en outre, il admet que 


! D’après H. Bezzrarp (1903, 9), p. 141. 


114 ARNOLD PICTET 


le bleu de certains Papilio exotiques (Papilio ulysses par exemple), et le violet-rose 
de Callosune jalone proviennent d’une combinaison de la couleur pigmentaire et de 
la couleur optique. 

Quelques auteurs admettent que la couleur bleue et les tons chatoyants violets 
ne sont pas les seuls qui puissent être produits par le phénomène physique des 
réseaux, et E. HAASE! voit un phénomène de ce genre dans la production de la 
couleur blanche de certains males du genre Pieris. Nous ferons remarquer à ce pro- 
pos que F.-(Gr. Hopkins (1889, 68 et 1895, 70) a montré que la couleur blanche 
des Piérides est due à un pigment de cette couleur. 

La couleur verte, qui se présente souvent chez certaines espèces exotiques avec 
des reflets irisés métalliques, à été également étudiée. Mais, de même que pour la 
couleur blanche, les recherches des auteurs n’ont pas abouti à la solution du 
problème. A. SPULER (1897)° tient le pigment vert de ces Papillons pour une 
combinaison chimique réelle, que A.-B. GRIFFITHS (1892, 60) n’a pu extraire au 
moyen de l'alcool et de l’éther; tandis que M. BAER (1898, 5) estime qu'aucune pro- 
duction pigmentaire n'existe dans les écailles de cette couleur. Chez certains 
Papilio, c’est souvent la membrane de laiïle qui est colorée en vert. 

Beaucoup de Lépidoptères, tels que les mâles de Lycæna, présentent des cou- 
leurs bleues avec des reflets métalliques. Les auteurs ne sont pas d'accord au sujet 
de l’origine de cette couleur ; mais ils admettent qu’en général le phénomène optique 
joue un grand rôle dans leur production. 

KRUKENBERG (1884, 77), après avoir essayé en vain d'extraire une matière 
colorante des écailles des Papillons bleus, en conclut que cette couleur est due au 
phénomène optique. Le phénomène de coloration, dans bien des cas, serait sem- 
blable à celui des plumes de certains oiseaux. De même SCHATZ* voit l’origine du 
bleu des Morphidæ et du rouge de Callosune ione dans une combinaison des écailles 
pigmentaires (rouges dans le second cas) et des écailles optiques. Quant à LEYDIG 
(1876, 80), il voit dans le fait que les écailles de certains Papillons contiennent 
une couche d'air, un phénomène suffisant pour produire le reflet métallique de cer- 
taines couleurs. : 

H. MANpouL (1902, 99), qui à étudié les colorations changeantes des tégu- 
ments de plusieurs animaux (irisation des coquilles, des écailles des Poissons, des 
plumes des Oiseaux, ete.), montre que l’on a affaire, dans tous ces cas, à une sfruc- 
ture lamelleuse. La couleur des lames dépend de leur nature, de leur épaisseur, et 
de l'incidence sous laquelle on les examine. La présence d’un écran pigmentaire 


1! D'après P. BacamersEw (1907, 4), p. 316 
© Ibid., p. 325. 
* D’après H.-J. Korse (1889, 76), p. 52. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 115 


noir sous-jacent est une condition favorable à la manifestation de ces colorations. 
C’est aussi au phénomène des lames minces, avec couche de pigment sous-jacent, 
que W. BIEDERMANN (1904, 13) attribue les couleurs chatoyantes des Insectes et 
les taches argentées des Argynnis à une couche d'air se trouvant entre les deux 
membranes de l'aile. 

Nous voyons par ce qui précède que, en aucun cas, le phénomène optique seul 
n'est capable de produire certaines couleurs des Lépidoptères: il semble qu'un pig- 
gment soit toujours nécessaire. 

Les couleurs pigmentaires sont dues à la présence d'un pigment dans les 
écailles. D'après H.-J. KOLBE (1893, 76) les principales couleurs sont le jaune, le 
vert et le rouge: elles sont à tel point solubles dans l'alcool que les écailles ainsi 
traitées peuvent perdre presque complètement leur pigmentation et devenir trans- 
parentes. 

A.-(r. MAYER (1896, 103) et M. VON LANDEN (1902, S4 et 1906, 93) ont étudié 
le processus de formation des écailles et de leurs pigments dans l'aile naissante. 
Selon MAYER, chacune des écailles dérive d’une cellule qui à fait saillie au-dessus 
de la surface de l'aile. La cellule sécrète une paroi cuticulaire qui est l’écaille pro- 
prement dite; puis le protoplasma se retire, laissant l’écaille vide. Les écailles qui 
seront blanches chez l'adulte, restent vides où remplies de gaz, tandis que le sang 
(hémolymphe) pénètre dans les autres et, recevant ainsi le contact de l’air, prend 
une coloration cire-jaune. Toutes les écailles qui sont colorées chez l'adulte passent 
par ce stade jaune. MAYER à montré comment les diverses colorations se rattachent 
à des modifications d'ordre chimique de lhémolymphe homogène. 

M. vOx LINDEN (1902, S{),après d’autres, montre que le pigment jaune initial 
des cellules épithéliales des ailes des Vanesses passe au rouge carmin tel qu'il 
s’observe sur l'adulte une fois que les préparations ont été montées dans la gélatine 
glycérinée. Par conséquent, au moins chez les Vanesses, les couleurs proviendraient 
des transformations d'une seule substance colorante, probablement d’une modifica- 
tion de la chlorophylle introduite par la larve dans son intestin. Les pigments ne 
seraient done qu'un produit de l'assimilation et de la désassimilation. 

Pour F, FRIEDMANN (1899, 45), il existe un rapport génétique entre le pigment 
et la graisse. 

Plusieurs auteurs ont montré que la plupart des pigments des Lépidoptères 
dérivent de l'acide urique, et F.-G. Hopkins (1889, 68 et 1894, 69 et 70) que les 
écailles blanches des Pierides contiennent de cet acide et que c’est lui qui agit 
comme pigment blanc. Le pigment jaune de ces insectes, d’après les analyses prati- 
quées, est également dérivé de l'acide urique. F. URECH (1890, 171, 1891, 172 
et 1892, 173) ne croit pas qu'il y ait de rapport entre la chlorophylle et la matière 


1 16 ARNOLD PICTET 


colorante des Papillons; il estime que toute la chlorophylle ou ses dérivés est éli- 
minée par la chenille. Les pigments selon lui sont des déchets de l’organisme en 
leur qualité de corps uriques. 

Quoiqu'il en soit, les phénomenes chimiques qui concourent à la production 
du pigment sont loin d’être bien connus et un grand nombre de recherches sont 
encore nécessaires pour arriver à la solution du problème. 


Les dessins des Papillons. 


Après avoir montré quelle est la nature des couleurs des Papillons, il ne sera 
pas inutile, pour la compréhension du sujet que nous voulons traiter, de dire 
quelques mots de la façon dont les écailles s’assemblent, se combinent, se complètent 
les unes les autres, pour former les dessins, souvent si gracieux, qui ornent les ailes 
de ces Insectes. 

Chaque écaille fonctionne comme un élément de coloration ; nous savons qu’elles 
sont imbriquées sur la surface de l'aile, à chacune des deux faces de celle-ci, à la 
manière des tuiles sur un toit ou des écailles sur la peau des Poissons. 

Chaque Papillon possède une couleur générale de l'aile, que l’on appelle la cou- 
leur du fond ; chez les Piérides c’est le blanc, chez les Ærebia c'est le brun-noir, 
chez les Papilio européens, le jaune. En outre, l’aile possède des dessins d’une autre 
couleur, qui sont formés par un certain nombre d’écailles colorées et qui remplacent, 
aux endroits ou existent ces dessins, les écailles du fond. Aïnsi une bande, une 
tache rouge seront formées par un assemblage d’écailles rouges ; une tache brune, 
incluse dans un croissant noir, sera formée d’écailles brunes, tandis que des écailles 
noires composeront le croissant. Il n’est pas nécessaire de s'étendre davantage sur 
la constitution de ces dessins qui, suivant les cas, sont simples ou très compliqués. 

Il est assez généralement admis que les dessins sont plus foncés que la couleur 
générale de l'aile. Mais cela ne veut pas dire qu'ils occupent, sur l'aile, moins de 
place qu’elle. Il sera, en effet, facile de trouver des espèces où les dessins couvrent 
une plus grande superficie que la couleur du fond. K. BERGE (1901, 11) a donné 
quelques indications sur la constitution des priricipaux dessins des ailes des Papil- 
lons. 

Chaque dessin constitue un caractère spécifique et joue un grand rôle en systé- 
matique; c'est l’ensemble du dessin qui servira en grande partie à différencier les 
espèces, tandis que les variétés et les aberrations seront caratérisées par une modi- 
fication dans la forme, dans la taille, dans la couleur du même dessin. 


CHAPITRE II 


De la variation par mélanisme et albinisme, à l’état naturel. 


Les Papillons, ainsi qu'on le sait, varient infiniment quant à la nuance de leurs 
couleurs. Mais ils varient souvent encore dans la forme et l’arrangement des dessins. 
Si ces modifications, souvent très accentuées, peuvent être le résultat d'expériences 
pratiquées sur ces insectes aux diverses périodes de leur ontogénie, elles se ren- 
contrent aussi fréquemment à l’état naturel, sans qu'on puisse toujours dire quel 
est l'agent qui les a produites. 

En second lieu, la variation atteint encore la taille et aussi parfois la forme 
de l’aile; mais ce dernier cas est plutôt rare. 

Les dessins peuvent subir des variations, non seulement dans leur taille, mais 
aussi dans leur forme. Si nous examinons, par exemple, une série d'individus 
d’Arctia caja, nous remarquons qu'il n'y à pas deux mdividus absolument semblables 
sous ce rapport ; les bandes blanches qui sillonnent l'aile supérieure sont, suivant 
les cas, plus ou moins zigzaguées, plus où moins larges, plus ou moins confluentes. 
Un examen de plusieurs Melitæa parthenie nous montrera aussi que les taches 
noires qui ornent les ailes de cette espèce, affectent des formes et des dispo- 
sitions, par rapport les unes aux autres, qui varient dans une large mesure suivant 
les individus. Il est excessivement rare, pour ne pas dire impossible, de trouver 
des espèces dont les individus soient tous identiquement comparables, et partout, chez 
les Lépidoptères comme chez les autres animaux, on rencontre de nombreux exemples 
de ces variations individuelles dont le plus souvent on ne connait pas l’origine. 

Si les dessins peuvent varier dans leur forme, ils varient aussi dans leur cou- 
leur ; ainsi les taches rouges de quelques espèces du genre Zygæna deviennent 
jaunes chez certaines formes aberrantes. 


Variation de la couleur générale de l'aile. 


La couleur du fond des ailes est un caractère spécifique important. Il est très 
rare qu’elle se modifie autrement qu'en devenant simplement plus claire où plus 


118 ARNOLD PICTET 


foncée qu’elle n’est d'habitude. Les collectionneurs, en effet, ne connaissent que 
fort peu de cas où des aberrations sont d’une couleur différente que celle de l’espèce 
type. Mentionnons pourtant Ællopia prosapiaria, qui est brune, et son aberration 
prasinana, qui est verte; Callimorpha hera, dont les aïles inférieures sont rouges, 
et son aberration /utescens, où elles sont jaunes. 

Ce qui caractérise le plus souvent la variation de la couleur générale de l'aile, 
c'est, avons-nous dit, son assombrissement ou son éclaircissement. Citons deux 
exemples : nous connaissons des Argynnis pales brun foncé, d’autres bruns et 
d’autres presque jaunes. De même, des Vanessa urticæ sont beaucoup plus riche- 
ment colorées que d’autres, dont la teinte se rapproche du jaune. 

Il est facile de se rendre compte, au moyen du microscope, de la raison de 
cette variation ; dans les cas d'assombrissement, les écailles sont plus abondamment 
pourvues de pigment que normalement; dans le cas contraire, elles en possèdent 
peu, ou presque pas. Mais, dans l’une et dans l’autre forme de variation, c’est la 
méme couleur qui existe; sa gualité ne se modifie pas, mais sa quantité. 

Citons encore le cas des Pieris rapæ (blanches) et de certaines aberrations de 
cette espèce qui sont d’un blanc laiteux. Les ailes de la forme blanche comportent 
toujours un petit nombre d’écailles jaunes : dans l’aberration blanc laiteux, les 
écailles jaunes sont en plus grand nombre et cette couleur est due à la combinaison 
des écailles blanches et des jaunes. Là encore, il n’y a pas apport d’une rouvelle 
couleur pour former la variation; il n'y a que swrproduction d'une couleur déjà 
existante. 


Variation des dessins de l'aile. 


Dans la variation des dessins, il n’y a pas non plus apport d'une nouvelle couleur. 

Les dessins peuvent s’assombrir ou s'éclaircir de la méme manière que la cou- 
leur générale de l’aile. En outre, ils peuvent s’agrandir ou diminuer. On comprendra 
l'importance que prend ce fait dans la question qui nous occupe. Un exemple fera 
surtout ressortir cette importance ; c’est celui de Psilura monacha (pl. 1, fig. 19 et 20), 
dont les ailes supérieures sont blanches, traversées de lignes zigzaguées noires. Chez 
les individus de l’espèce normale, le blanc domine de beaucoup, tandis que chez les 
individus de lab. eremita, les ailes, surtout les supérieures, sont entièrement noires. 
Entre ces deux extrêmes, il existe des individus présentant toute la gamme des 
intermédiaires (ab. rigra). Or, il est manifeste que l’assombrissement de l'aile est 
dû à l’envahissement des lignes zigzaguées, c’est-à-dire des dessins noirs : ceux-ci 
s’agrandissent et finissent par masquer le blanc. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 119 


Des cas identiques se trouvent chez Melanarqia qalathea et son ab. lugens 
Oberth. figurée par REVERDIN (1905-1909, 144), chez Arctia caja et une foule 
d’autres espèces. Citons encore, dans le même genre, les ab. aphæa et navarina de 
Melitæa athalia, ab. malpodia de Melitæa parthenie, lab. valesina 4 Argynnis 
paphia, ete. 

Il arrive fréquemment que deux bandes seulement, situées l'une à côté de 
l’autre, S'élargissent de façon à se souder pour former une bande plus large qui 
coupe l'aile transversalement. Les deux genres Argynnis et Melitæa présentent de 
nombreux cas de cette sorte de variation, que l’on retrouve aussi chez bon nombre 
d’autres espèces. 

Les dessins peuvent aussi diminuer de taille; cette diminution, dans bien des 
cas, pourra aller jusqu'à la disparition presque complète, parfois complète de ces 
dessins, donnant aux ailes un aspect différent et un facies très éclairei. L'ab. cory- 
thalia de Melitæa parthenie en est un exemple. On trouvera de nombreux cas ana- 
logues. 

Lorsque les dessins sont composés de simples taches ou points, la variation se 
fait de même que nous venons de la signaler : Abraxas grossulariata devient noire 
aux ailes supérieures, par le fait qu'en s’agrandissant, ses taches envahissent la 
couleur générale de l'aile et la bande transverse fauve; la même espèce devient 
presque blanche par suite de la disparition plus ou moins complète de ses taches. 

L'aspect de l'aile se trouvera grandement modifié par la simple jonction, par 
un trait, de taches ou de points : ainsi les aberrations dites confluentes des genres 
Lycænaet Polyommatus. L.-G. COURVOISIER (1903, 25) à étudié ce mode de varia- 
tion. Par contre, chez les mêmes espèces, les points peuvent manquer pour la plupart 
ou parfois complètement. 

Dans un grand nombre de cas, les ailes des Papillons comportent à la fois des 
bandes et d’autres sortes de dessins; ces Papillons se modifient également de la 
facon que nous venons de voir. J.-W. SPENGEL (1899, 159) a montré que, d’après 
ce processus, Papilio machaon peut devenir presque complètement jaune ou tout à 
fait noir. Il en est de même pour Amphydasis belularia, dont quelques individus 
sont presque blancs et pour son aberration doubledayaria, qui est noire. I sera facile 
à chacun de trouver quantité d'exemples analogues. 

L’envahissement d'un dessin par celui qui est situé à côté est fréquent et con- 
tribue largement à modifier l'aspect de l'aile. Ainsi REUSS (1909, 141 et 142) à 
montré que, chez Vanessa io, l'extension de la couleur bleue de l'ocelle de l'aile 
supérieure se fait au détriment du jaune et du noir de cet ocelle : à l'aile inférieure 
c’est au détriment du noir. On trouve des individus dont l'ocelle inférieur est entiè- 
rement bleu avec peu de noir; chez d’autres, au contraire, locelle est presque noir 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1912). 15 


120 ARNOLD PICTET 


avec trois ou quatre petits atomes bleus. De même, chez Vanessa urticæ, les lunules 
bleues augmentent au détriment du noir qui les entoure ou bien c’est le noir qui 
les envahit presque complètement. 

La forme des dessins donne aussi lieu à des modifications importantes. Mais 
ces changements de forme proviennent presque toujours d’un déplacement d'une 
couleur déjà existante sur l'aile. Vanessa urticæ et Vanessa io nous fourniront quel- 
ques exemples à ce sujet. En comparant la première espèce et ses aberrations 
ichnusoïdes et polaris, on remarquera la différence qui existe entre leurs bordures 
marginales. Or, dans les deux aberrations, nous retrouvons, constituant cette bor- 
dure, tous les éléments qui forment celle de l'espèce; seulement, ces éléments sont 
déplacés et occupent, par rapport les uns aux autres, des positions différentes. Même 
remarque peut être faite en ce qui concerne l’aberration belisaria de Vanessa 10, 
où l’ocelle de l’aile supérieure, arrondi chez l'espèce, à pris la forme d’un fer à 
cheval chez l’aberration; ce changement de forme provient simplement du fait que 
la tache noire de la cote s’est déplacée de façon à chevaucher sur locelle. 

A.-G. MAYER (1897, 104) a établi des lois du type de coloration des Papillons. 
Après avoir montré que, parmi les couleurs (rouge, jaune, vert, etc.) des Lépidop- 
tères, le plus grand nombre contient une proportion surprenante de noir, il confirme 
à son tour plusieurs des points que nous venons de signaler. Celles de ces lois qui 
concernent la variation sont les suivantes : 

1. Des bandes de couleur sont souvent formées par la fusion d’une file de 
taches adjacentes et, inversement, des files de taches proviennent souvent de la 
reproduction d’une bande, 

9, Quand elles sont en voie de disparition, les bandes commencent d'ordinaire 
à se réduire à partir d’une extrémité. 

3. Dans une série de taches, celles des extrémités sont plus variables que 
celles du milieu. 

4. La disposition des taches situées près d’un bord extérieur des ailes est for- 
tement influencée par le plissement de la région. 


Variation par mélanisme et albinisme des parties de l'aile. 


Considérons, maintenant, que le brun, le rouge et le jaune, dans leurs diverses 
nuances, sont les couleurs les plus répandues sur les ailes des Papillons. C. OBERTHÜR 
(1893, 117) montre que les Lépidoptères dont les ailes sont tachées de rouge 
peuvent, par albinisme moyen, changer le rouge en jaune et, par albinisme extrême, 
en blanc. Par mélanisme, ces mêmes parties rouges peuvent devenir brunes et même 


4 DSP 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 121 


noires. « Nous ne connaissons pas d'exception à cette règle, ajoute OBERTHUR, en 
ce sens que toutes les espèces colorées de rouge présentent au moins les deux types 
moyens de la variation albine et mélanienne, c’est-à-dire le jaune et le brun. Les 
termes extrêmes, le blanc et le noir, sont plus rares, et, dans l'état actuel de la 
science, le nombre des espèces où l’albinisme et le mélanisme complets ont été cons- 
tatés, est encore assez restreint. ». 

Dans la variation des Papillons, le brun et le jaune dérivent donc du rouge. 
Cette observation, qui ramène à une seule couleur trois colorations distinctes, est 
assez séduisante et ne semble, en aucune facon, extraordinaire, Dans leurs études 
de l'origine des couleurs, M. VON LINDEN et d’autres auteurs ont montré que, pen- 
dant l’ontogénie, les couleurs suivent cette gradation. En outre, ainsi que nous le 
verrons dans la partie expérimentale de ce travail, les dessins noirs (cette couleur 
n’est jamais absolue) peuvent provenir d’une surcoloration de dessins correspondants 
bruns (autrement dit rouges) et les taches blanches peuvent être le résultat de la 
décoloration de dessins correspondants jaunes (autrement dit rouges). 

Des lors, ces considérations étant admises, le mécanisme de la variation des 
Papillons devient très simple et nous voyons qu'elle se fait nettement dans deux 
directions opposées : la dégradation de teinte des dessins qui, poussée à l'extrême, 
conduit à l’albinisme de ces dessins où bien Passombrissement de ces mêmes parties 
qui, poussé à l'extrême, conduit à leur #é/anisme. 

Mais, hätons-nous de le dire, les termes extrêmes ne sont pas toujours atteints. 
Il n’en est pas moins vrai que, lorsqu'un Papillon varie, il suit teujours, pour tout ou 
partie de ses dessins, les deux directions précitées. Nous dirons donc qu'il est, dans 
les cas de dégradation de la teinte de ses dessins, dlbirisant, pour bien marquer que 
cette dégradation de teinte n’a pas été suffisante pour que l’insecte soit frappé d'al- 
binisme complet. Dans le cas contraire et pour les mêmes raisons, nous dirons que 
le Papillon est mélamisant. 

Pour ce qui est des Lépidoptères normalement colorés en bleu, ceux-ci devien- 
dront, selon OBERTHÜR, par albinisme gris et par mélanisme brun foncé. 

La variation des Papillons, telle que nous venons de l'indiquer, est générale; 
c'est OBERTHER, (1893, 117) qui, le premier, l’a démontré. Il ajoute : + La règle 
est donc établie aussi bien pour les Rhopalocères que pour les Hétéroceres et pour 
les espèces de la région tempérée comme pour celles de la région tropicale. On peut 
alors conclure à l'existence d’une loi atteignant et modifiant semblablement toutes 
les espèces de Papillons colorés en rouge. » 

Ajoutons que cette loi générale de la variation des Papillons par mélanisme et 
albinisme des parties de l'aile, peut s'appliquer aussi aux Papillons qui ne sont pas 
colorés en rouge. Le gris des noctuelles, par exemple, suit les mêmes modifications 


199 ARNOLD PICTET 


que le rouge des autres espèces et peut passer au noir comme au blanc. Nous 
ferons cependant une réserve pour la couleur verte, les Papillons ainsi colorés ne 
donnant généralement pas lieu à des variations assez accentuées pour que nous 
ayons pu nous faire une opinion. 

Nous verrons, au cours de ce travail, que les idées de C. OBERTHÜR, touchant 
la variation par mélanisme et albinisme des couleurs, sont conformes à la réalité, 
du moins en ce qui concerne les espèces étudiées, et celles-ci sont suffisamment nom- 
breuses pour nous laisser supposer que cette loi est générale pour l’ordre des Lépi- 
dontères. Ce travail nous montrera encore quels sont les mécanismes qui agissent 
pour amener la variation des Papillons selon la loi en question. Ils sont de plusieurs 
sortes, suivant les différents groupes. 


La variation des Lépidoptères en rapport avec leur distribution géographique. 


La loi de la variation des Papillons par mélanisme et albinisme des parties de 
l'aile étant établie, existe-t-il des contrées ou des régions de notre globe où se rencon- 
trent plus fréquemment les formes mélanisantes, et d’autres, les formes albinisantes ? 

DE LA HARPE (1846-48, 26), apres avoir montré que le climat froid a sur 
les Papillons le même effet, au point de vue de la coloration, que sur les animaux à 
sang chaud, cite quelques exemples qui tendent à montrer que les aberrations méla- 
nisantes sont surtout spéciales aux régions montagneuses. 

A. VON CARADJA (1894, 20) et H. FEDERLEY (1905, 35) arrivent à des con- 
clusions semblables. Et, de fait. les collectionneurs savent bien que, dans les Alpes, 
la pigmentation des Lépidoptères s’accentue souvent de façon que le pigment brun 
est remplacé par du noir, le rouge par du brun et le fauve par du rouge brun. 
WALSINGHAM explique que le climat froid rend nécessaire aux animaux une absor- 
ption plus grande de chaleur; c’est pour cela qu'on y rencontre plus d'animaux 
foncés, la teinte foncée absorbant davantage les rayons du soleil. 

S'il est exact que des formes foncées se rencontrent en plus grand nombre dans 
les montagnes que dans la plaine, il n’en est pas moins vrai que des aberrations 
plus claires que le type spécifique volent aussi en grand abondance dans les régions 
montagneuses et froides, C'est ainsi que H. MeyEer-Dür! à remarqué que lalti- 
tude crée aussi bien des formes claires que des formes foncées; c’est surtout par 
l'observation directe que l’on pourra se rendre compte du bien fondé de ce qui 
précède. 


Mais ce que l'observation directe nous apprendra également, c'est que les 


! D’après P. BacamersEw (1907, 4), p. 247. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 123 


mêmes espèces sont souvent représentées aux hautes altitudes par des variétés 
dont les unes sont plus et les autres moins colorées que l'espèce normale, Ainsi 
Melanargia galathea, dans les mêmes localités montagneuses, montre fréquemment 
les deux types de coloration albine et mélanienne. Différentes espèces appartenant 
aux genres Melitæa, Argynnis, Satyrus, Ercbia, ete. témoignent de la même ten- 
dance. Les Lycæna se comportent de même et l’on trouve dans les mêmes parages 
des Lycæna arion surchargés de noir (ab. obscura) et d’autres chez lesquels le 
pigment foncé est au contraire réduit. Des Lycæna corydon males à large bordure 
noire volent avec des individus de même espèce chez lesquels cette bordure est en 
partie effacée ; les femelles des Lycæna corydon des Alpes sont aussi souvent pâles 
que richement colorées. Cette remarque est presque générale. 

L'observation directe nous apprend encore que la plupart des formes albini- 
santes et mélanisantes des montagnes se retrouvent dans la plaine, également côte 
à côte avec la forme typique. Là encore nous ne pouvons pas dire que le climat des 
plaines exerce une influence dans un sens où dans un autre, en ce qui concerne 
la pigmentation. 

TaurAU! a signalé que l’aberration femelle valesina d'Argynnis paphia 
vole, en Allemagne, en même temps que le type et dans les mêmes localités que 
celui-ci. Cette observation à été également faite en ce qui concerne toutes les loca- 
lités où se rencontre cette aberration. 

Le climat des Alpes doit-t-il étre considéré comme froid ? Il est certain que la 
température y est plus basse à certaines époques de l’année et à certains moments 
du jour. Mais, dans les vallées latérales, encaissées, orientées par exemple dans 
le sens du levant au couchant, la température pendant la journée est parfois exces- 
sive; les conditions climatiques de ces vallées ne peuvent donc être assimilées 
à celles des montagnes en général; sous ce rapport elles tendraient plutôt à se rap- 
procher des conditions méridionales. Nous avons montré (1903, 122) que ces vallées 
contiennent souvent des aberrations voisines de celles qui se rencontrent dans le 
midi de la France ou en Italie. 

L’altitude, en elle-même, ne semble done pas constituer plus spécialement un 
facteur de mélanisme que d’albinisme; les deux sortes de variations, en effet, s’y 
rencontrent aussi fréquemment que dans la plaine, En est-il de même dans les 
régions du Nord, dans celles du Sud et dans les Tropiques ? 

J. MANN? à remarqué que les Papillons qu'il récolta dans la Dobrudscha 
présentaient de notables différences de coloration avec ceux des mêmes espèces 


1 D’après P. BacumerJEW (1907, 4), p. 356. 
? Ibid., p. 343. 


124 ARNOLD PICTET 


habitant les environs de Vienne, Et A. HOrFMANN (1891, 67), avec des chenilles 
de Teras hastiana, montra que la tendance au mélanisme de cette espèce dans les 
environs de Hanovre s’observe aussi chez d’autres espèces, et l’auteur voit, dans le 
climat de la mer du Nord, une tendance à l’éclaircissement des couleurs. 

A. WEISMANN (1895, 188), dans ses belles recherches sur le dimorphisme 
saisonnier, conclut que l'abondance des points bleus à la bordure de certains Chry- 
sophanus phlæas n’est pas en corrélation avec le climat et que des aberrations de ce 
genre se rencontrent aussi bien au nord qu'au sud; leur présence constitue une 
variation individuelle qui se retrouve partout et à n'importe quelle température. 

De même H. MEYER-DÜR (1852, 114) trouve au nord de l'Europe des formes 
claires et d’autres foncées appartenant aux genres Sutyrus et Argynnis et, dans le 
Sud, les deux nuances s’observent également parmi les individus de ces deux espèces. 

Enfin HENSEL!, pour ce qui est de Psilura monacha et J. Brett (1900, 16), 
en ce qui concerne Melitæa aurinia, Amphydasis betularia, Boarmia roboraria, 
Bourmia consortaria et Bourmia crepuscularia, ont remarqué que les aberrations 
mélanisantes apparaissent pendant un cycle d'années ; ensuite vient un cycle d’une 
certaine durée où l’on ne rencontre que des aberrations albinisantes. BREIT estime 
que la production des formes foncées provient des conditions climatiques de l'hiver- 
nage qui a précédé l’éclosion des adultes. 

De même que pour l'étude des formes alpines et de la plaine, l'observation 
directe montrera que le climat des régions septentrionales produit aussi bien des 
formes albinisantes et mélanisantes que le climat des régions méridionales. Cette obser- 
vation pourra se faire par l'examen de collections étendues. On pourra se rendre 
compte encore de la chose d'après le bel ouvrage de C. OBERTHUR (1909-1910, 119). 

Cependant, le climat des iles semblerait avoir une influence plus régulière sur 
la pigmentation foncée. Selon C. OBERTHÜR (1900, 118), les Hétérocères anglais 
présentent des variétés surtout mélaniennes affectant presque toutes les espèces; on 
peut les considérer, par leur fréquente répétition, comme des spécialités de la faune 
insulaire quoique, çà et là, sur le continent, mais très rarement en général, on 
trouve des variations analogues. 

Nous voyons par ce qui précède qu'il n’y a guère de contrées où le mélanisme 
soit plus particulièrement répandu que l’albinisme, ou vice versa et, si l’on rencontre 
dans quelques localités spéciales (Angleterre, par exemple) une tendance plus mar- 
quée à la production des formes foncées, cela doit être considéré comme une 
exception. 


! D’après P. BacamerJew (1907, 4), p. 356. 


ë 


CHAPITRE TI 


De la variation par mélanisme et albinisme des parties 
d’après les expériences des auteurs. 


Ayant constaté que, en Europe surtout, le climat n’est pas ce qui produit l’al- 
binisme et le mélanisme des Papillons, recherchons maintenant si les différents fac- 
teurs du climat ont, séparément, une action plus régulière sur la variation de ces 


Insectes. 


A. — DIMORPHISME SAISONNIER. 


Parmi les phénomènes météorologiques qui composent le climat, nous devons 
mentionner tout d'abord l'alternance de l'été et de l'hiver, ou, dans les pays tropi- 
caux, de la saison humide et de la saison sèche. On sait que plusieures espèces ayant 
deux générations par année se présentent avec des nuances différentes et même 
avec des dessins différents, suivant la saison où elles se sont développées. La diffé- 
rence entre les individus de chacune de ces saisons est parfois assez accentuée et 
constitue de frappants exemples de dimorphisme saisonnier. 

Le Papilio ajax de l Amérique du Nord se présente sous trois formes différentes : 
deux formes d'hiver à teinte claire et une forme d'été à teinte foncée, 
W.-H. EpwaRps!, en refroidissant les chrysalides de la forme d'été, a obtenu des 

’apillons de la forme d'hiver. 

Dans les régions tropicales, la différence entre les formes de la saison humide 
et celles, de même espèce, de la saison sèche, est plus accentuée que l’est dans nos 
régions, la différence entre les formes d'hiver et celles de l'été. 

Ainsi LIONEL DE NICÉVILLE® à montré que les formes indiennes Cyllo leda 
et Cyllo ismene ne sont en réalité qu'une seule et même espèce; la premiere 


! D’après L.-F. HexxeGuy (1904. 65), p. 512. 
? D’après P. Bacumergsew (1907, 4) p. 365. 


126 ARNOLD PICTET 


apparaît pendant la saison sèche, tandis que l’autre ne se montre que pendant la 
saison humide. Il est vrai que SCHWINHOE, d'après BUTLER (1879. 18), avait pré- 
cédemment constaté la présence des deux formes, dans les environs de Bombay, 
aussi bien dans chacune des deux saisons. 

G.-A.-K. MARSHALL! admet que le dimorphisme saisonnier de Pieris octavia- 
seramus, Liépidoptère du Transwaal, est dù à laction de la sécheressse et de 
l'humidité; la forme seramus apparaît pendant la saison humide, tandis que la 
forme octavia est celle de la saison sèche. 

L'auteur admet que l’excitant réside dans le milieu extérieur et combat l’hypo- 
thèse de POULTON que, par suite des modifications acquises dans les couleurs, qui, 
dans certains cas, deviennent protectrices, la sélection naturelle ait joué un rôle pri- 
mordial dans la production de ces couleurs. Tandis que le dimorphisme saisonnier 
serait dû, en Europe, à la différence de température, dans l'Afrique centrale il fau- 
drait surtout considérer la différence d'humidité. 

Poursuivant ses recherches, MARSHALL (1901, 102) étudie l'influence de l’hu- 
midité sur les chenilles du genre Terias et il arrive à la conclusion que, dans bien 
des cas, le stimulus nécessaire pour produire le dimorphisme saisonnier consiste en 
une combinaison de l’humidité et de la chaleur, ou inversement de la sécheresse et 
du froid. Enfin C.-W. BARKER (1895, 7) démontre que, dans le Natal, des règles 
constantes président aux modifications qui différencient la forme de la saison humide 
et celle de la saison sèche. 

En Europe, les cas de dimorphisme saisonnier, quoique moins accentués que 
dans les pays tropicaux, sont tout aussi nombreux. Citons comme exemples Artho- 
charis belia-ausonia (belia, printemps, ausonia, été); Anthocharis belemia-glauca ; 
Lycæna polysperchon-amintas : Papilio machaon, dont la couleur du fond est jaune 
pale au printemps, jaune orangé en été; Selenia tetralunaria-æstiva, ete. Il en est 
de même pour la plupart des espèces qui ont deux générations par année. 

J.-A. DUPONCHEL (1849, 30) et KE. BERCE (1867, 10) ont entrepris l'étude 
expérimentale du dimorphisme de Vanessa levana-prorsa. Cette Vanesse apparait 
au printemps, provenant de chrysalides qui ont passé l'hiver, sous la forme levana 
(teinte brun-jaunatre, avec des taches noires et blanches). La Vanessa levana pond, 
et ses chenilles et chrysalides, après une courte existence, donnent, en juillet, des 
Papillons brun foncé, presque noirs, avec quelques taches blanches, et un peu plus 
grands que les Papillons du printemps. Cette seconde génération est done représen- 
tée par des individus mélanisants et constitue la forme prorsa, de laquelle proviendra 
de nouveau au printemps suivant, la forme levana. Quelquefois des individus prorsa 


1 D'après K. HenneGuy (1904, 65), p. 516. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 197 


éclosent déjà en automne, et apparaissent alors sous une forme intermédiaire, 
porima. 

En maintenant à la chaleur les chrysalides de levana, DUPONCHEL obtint la 
forme prorsa et, en maintenant à la chaleur les chrysalides de prorsa, BERCE obtint 
la forme porima. 

A. WEISMANN (1875, 186) étudia, outre celle de la chaleur, l'influence des 
basses températures sur les chrysalides de cette Vanesse. Il maintint pendant quatre 
semaines dans une glacière des chrysalides provenant de la génération prorsa et 
obtint des Papillons qui, pour la plupart, avaient la coloration claire de levana. 
Plus tard (1895, 188), ayant entrepris de nouvelles séries d'expériences en vue 
d'établir dans quelles limites le dimorphisme saisonnier peut être considéré comme 
le résultat direct des conditions de température, et dans quelle mesure les différences 
de climat peuvent avoir donné lieu à des modifications permanentes, c'est-à-dire 
héréditaires, dans la couleur, le même auteur à montré qu'il existe deux sortes de 
dimorphisme saisonnier : un dimorphisme direct, résultant directement des varia- 
tions du milieu extérieur (Ex : Chrysophanus phlæas) et un dimorphisme adaptatif 
qui est le résultat d’un processus d'adaptation héréditaire où la sélection naturelle 
semble jouer un certain rôle (Ex: Vanessa levana-prorsa). Dans cette dernière 
sorte de dimorphisme, les conditions extérieures n’agissent que comme stimulant, 
produisant par un phénomène d’induction le développement de déterminants parti- 
culiers. Dans certains cas, tel que celui de Pieris napi, il est probable que les deux 
sortes de dimorphisme soient représentés. 

E. FISCHER (1895, 38) et G.-W. RUHMER (1898, 150 et 151), qui ont aussi 
étudié les effets de la température sur plusieurs espèces et en particulier sur Vanessa 
levana et ses variétés, confirment les résultats obtenus et se rattachent aux conclu- 
sions de WEISMANN. 

M. STANDEUSS (1895, 161), dans ses recherches sur la température comme fac- 
teur de variation chez les Lépidoptères, a montré que, sous cette influence, peuvent 
naitre : 


1° Des variétés saisonnières, (Vanessa ©. album et Papilio machaon) : 

20 Des formes et des races locales; 

3° Des formes telles qu'on en voit apparaitre çà et là exceptionnellement ; 
4° Des formes phylogénétiques. 


Les données de l’auteur s'accordent avec l'opinion qui attribue aux agents 
extérieurs une influence directe pour la formation des formes saisonnières et des 
espèces. C’est aussi celle qu'a soutenue EIMER (1889, 32). L'un et l’autre se refusent 
à admettre, sous ce rapport, l'influence de la sélection naturelle. 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 16 


198 ARNOLD PICTET 


W. HARCOURT-BARTH (1896, 63) a porté ses observations sur le dimorphisme 
saisonnier de diverses espèces de la Grande Bretagne. En ce qui concerne les 
Pieris brassicæ, Pieris rapæ et Pieris napi, Vauteur conclut de ses expériences 
à l'influence directe du milieu (température) comme facteur de dimorphisme sai- 
sonnier. 

Comme on le voit, l’origme du dimorphisme saisonnier est loin d’être établie. 
L'hérédité entre certainement en ligne de compte et les exemples de Vanessa levana- 
prorsa, ainsi que d’autres parmi ceux observés jusqu'à maintenant, tendent à montrer 
que l’on se trouve en présence de cas d’alternance de générations dans lesquels la 
température agit simplement comme stimulant. C’est ce que confirment les recherches 
de WEISMANN (1875, 186 et 1895, 188) et, avant lui, celles de DORFMEISTER 
(1864, 29). 

Quoi qu'il en soit, que le dimorphisme saisonnier soit adaptatif ou résulte direc- 
tement des conditions de l'ambiance, les différences que présentent les individus de 
chacune des générations, en ce qui concerne les régions tempérées, sont soumises 
à la loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties. C’est ce dont chacun 
se rendra compte facilement par l'examen d'une collection tant soit peu étendue. 
Pour ce qui est des Papillons des régions à saisons sèche et humide, nous avons vu 
que la production de pigment noir caractérise parfois une des générations. 


B. — INFLUENCE DE L'HUMIDITÉ ET DE LA SÉCHERESSE 


L’humidité joue certainement un rôle comme facteur de mélanisme. Dans cer- 
taines régions, l’air est presque constamment chargé de vapeur d’eau; aïlleurs, les 
périodes humides sont intermittentes. Dans certains pays tropicaux, la saison humide 
alterne avec la saison sèche; dans d’autres, la sécheresse domine presque toute 
l’année, En Europe, les périodes d'humidité ne sont pas partout régulières, à 
époques fixes. 

L'observation directe montre que les années pluvieuses sont parfois riches en 
aberrations surcolorées. 

C’est ainsi que F. RÜHL (1889, 148) constata le fait pour Argynnis euphro- 
syne et que R. BERGER (1892, 12) a montré que les formes foncées d’Aglia tau 
proviendraient de chenilles qui ont vécu dans des lieux humides. 

Mais c’est surtout à l’expérimentation que nous devons demander la solution 
du problème ; nombreux sont les auteurs qui ont étudié l’humidité comme facteur 
modifiant la couleur des Papillons. Nous en citerons les principaux résultats : 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 129 


L. KATHARINER (1900, 75) trouva que l'humidité et la pression amènent des 
perturbations dans la coloration des Papillons et F. RÜHL (1892, 149) montra que, 
lorsque des chrysalides se trouvent placées, expérimentalement, dans le voismage 
de l’eau froide, les Papillons qui en proviennent sont fréquemment frappés de méla- 
nisme partiel. 

A. WEISMANN (1895, 188) remarqua que l'humidité d'une glacière dans 
laquelle se trouvaient des chrysalides de Chrysophanus phleas rendait souvent plus 
intense le rouge de ces Insectes. 

K. FRINGS (1898, 47), ayant enfoui dans du sable mouillé la partie antérieure 
de chrysalides nouvellement formées de Vanessa c-album et de Vanessa atalanta, de 
façon que l’abdomen et ses stigmates fussent seuls en dehors, remarqua que les 
Papillons issus de cette expérience possédaient, pour la plupart, des caractères mé- 
lanisants. Quant à EF. FUCHS (1905, 54), ayant élevé les chenilles d’Acidalia similata 
dans une éleveuse constamment saturée d'humidité, il observa que les insectes par- 
faits avaient les ailes uniformément grisatres ; il nomma cette aberration grisea. 

Nous avons montré (1903, 122; 1904, 124 et 190, 126) que l'humidité agis- 
sant sur les larves et sur les chrysalides modifie notablement la coloration des 
Papillons qui en proviennent. Nous n'entrerons pas dans le détail des nombreuses 
expériences auxquelles nous nous sommes livrés; nous nous bornerons à indiquer dans 
quelles circonstances l'humidité agit pour produire une surabondance de pigment 
foncé sur les ailes des Papillons qui ont été soumis à ces expériences : 

1° Lorsque les chenilles consomment des feuilles constamment recouvertes 
d'humidité. 

20 Lorsque les chrysalides sont placées dans une atmosphère saturée d'humidité 
à la température normale, ou reçoivent cette humidité sous forme d’une pluie 
artificielle. 

3° Lorsque les chrysalides sont placées dans une atmosphère humide à la tem- 
pérature de + 5 à 10° et de + 8 à 15°. 

Dans aucun des cas précités l'humidité n’a produit de formes albinisantes. 
Mais lorsque les chenilles de Fanessa urticæ furent soumises à cette influence pen- 
dant la période de suspension qui précède la nymphose, les Papillons furent légère- 
ment plus clairs, avec caractères albinisants. 

Cependant l'humidité ne semble pas un facteur absolument général de méla- 
nisme et, si la surproduction de pigment foncé en est, le plus souvent, le résultat, 
le contraire se présente également. H. FEDERLEY (1905, 35) a observé, en effet, que 
la production de formes albinisantes de Leucodonta bicoloria est due à l'humidité. 

L'influence de la sécheresse a été étudiée par quelques auteurs; ses effets ne 
semblent pas moins manifestes que ceux de l'humidité. 


130 ARNOLD PICTET 


A. MEYER-DÜR (1852, 114) a trouvé que les Papillons d’Arge galathea varient 
suivant qu'ils se rencontrent sur les pentes froides et sèches, où ils sont jaunâtres 
(aberrations mélanisantes) ou dans les tourbières et les endroits marécageux où la 
couleur du fond de leurs ailes est plus blanche (forme normale). 

O. HaBicH (1891, 62) admet que la sécheresse de la nourriture de la chenille a 
une influence sur la coloration du Papillon. A ce propos nous rappellerons que les 
chenilles de Vanessa urticæ, nourries avec des feuilles d'Orties desséchées, donnent 
lieu à des adultes petits, aux couleurs ternes, aux dessins effacés. 

M. SrANDEUSS (1891, 160) admet que l’albinisme soit une résultante de la 
sécheresse des chrysalides, tandis que W. PREST (1877, 139) trouve le contraire 
pour ce qui concerne Amphydasis betularia dont les chenilles ont été nourries de 
plantes sèches. 

Mentionnons encore les recherches de C. RIBBE! qui démontrent que les 
chenilles de la variété verte d’'Ornithoptera priamus ne se rencontrent que sur les 
plantes qui poussent dans les endroits secs, tandis que les chenilles de la variété 
jaune cræsus ne vivent que dans les lieux humides. 

Enfin H. BürsTERT (1901, 17) montre que le milieu humide agit sur les chry- 
salides de Sphinx pinastri pour produire des variations foncées de leur Papillon, 
tandis que le milieu sec agit dans le sens opposé. 

Les expériences signalées sont suffisantes pour nous montrer que l'humidité et 
la sécheresse constituent aussi bien un facteur de mélanisme que d’albinisme 
partiels. 


C. — INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE. 


De tous les agents extérieurs, c’est sans contredit la température qui agit le 
plus dans la variation des Papillons. Lorsque les œufs, les chenilles ou les chrysalides 
de la plupart des espèces sont placés dans un milieu anormalement chaud où anor- 
malement froid, ils réagissent contre cette influence à laquelle leurs ascendants n’ont 
pas été accoutumés: cette réaction se traduit sur les ailes des Papillons qui pro- 
viennent de ces œufs, de ces chenilles ou de ces chrysalides, par des modifications 
souvent tres accentuées dans la forme et la couleur des dessins. 

Un nombre important de recherches ont été faites dans ce domaine, de 1864 
à nos jours; les résumer toutes, serait allonger considérablement ce travail et 
ceux qui désireraient se documenter à ce sujet feront bien de consulter le bel 


! D’après P. BacametyEw (1907, 4), p. 369. 


AL OU 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 4131 


ouvrage que P. BACHMETIEW (1901, 3 et 1907, 4) a consacré à l’entomologie expé- 
rimentale; ils y trouveront, résumés, tous les travaux qui ont paru dans ce domaine. 

Sous l'influence de la température, les Lépidoptères modifient parfois consi- 
dérablement l’ornementation de leurs ailes: c’est surtout la chrysalide qui est sen- 
sible. Elle peut supporter une température de 55°, ou de plusieurs degrés au- 
dessous de zéro, et cela pendant un certain temps, sans être tuée. 

M. STANDEUSS (1900, 167 et 1901, 168) a démontré qu’il suffit d'exposer deux 
heures de suite des chrysalides à une température de 42-45° pendant deux, trois 
où quatre jours consécutifs, pour déterminer des aberrations. Nous avons obtenu 
nous-même de très jolies formes, voisines des aberrations ichnusoïdes et polaris de 
Vanessa urticæ, en ne soumettant les chrysalides de cette espèce qu’une seule fois 
deux heures de temps à 43°, assez vite après la pupation. Chez certaines espèces, 
telles que les Vanessa, les aberrations obtenues de la sorte sont très différentes des 
types respectifs, tandis que d’autres espèces ne se modifient que peu, ou même pas 
du tout. 

Dans les expériences de température, les auteurs ont employé les méthodes les 
plus diverses, ont varié la durée de Pexposition à la température aussi bien que le 
degré de celle-ci; ils ont également fait agir le froid et la chaleur sur des chrysalides 
d’ages divers, tout en reconnaissant que la pupe fraîchement formée est plus sensible 
que la pupe âgée; ils ont encore soumis les chrysalides plusieurs jours consécutifs, 
ou bien chaque jour pendant un certain temps, au même régime thermique. Enfin 
quelques-uns se sont appliqués à alterner l'influence de la chaleur et du froid. Les 
résultats ont donc sensiblement varié suivant le procédé ou suivant l'importance de 
l'expérience. 

Mais, malgré les procédés différents et malgré les résultats divers, les aberra- 
tions produites, qu’elles soient accentuées ou simples, peuvent toutes se ramener 
aux deux types de variation par mélanisme et albinisme des parties : dans les 
recherches bibliographiques auxquelles nous avons dû nous livrer et pour lesquelles 
le travail de BACHMETIEW nous a été d’une grande utilité, nous n'avons pas trouvé 
(à part un petit nombre de cas douteux et mal étudiés) d'exception à cette regle. 

Pour en faire ressortir l’importance, nous classerons, dans les tableaux sui- 
vants, les résultats obtenus par les auteurs en deux catégories : 

1° Aberrations mélanisantes (produites par la chaleur et par les basses tem- 
pératures). 

2° Aberrations albinisantes (produites par la chaleur et par les basses tempé- 
ratures). 


132 


ARNOLD PICTET 


ABERRATIONS MÉLANISANTES 


AUTEURS 


G. DoRFMEIsTER (1864, 29) 
C.-E. VENUS (1888, 183) 


F. MerRirieLp (14889. 107 ; 
1891, 108 ; 1892, 109 ; 
1893, 110 et 189%,111) 


M. Sranpruss (1894, 161 : 
1895, 162 et 163) 


E. Fischer (1895. 38) 


A. WEISMANN (1895, 188) 


INFLUENCE DE LA CHALEUR 


Température 


27 à 30° 


de 7 à 10). 
à 37° 


48 h. à 39° 


34 à 38° 


29 à 40° 


E "2 ic j 
Euprepia caja. 


Vanessa urlicæ., ab. ich- 
NUS. 
Selenia illunaria. S. luna- 


ria, S. illustraria. 
Platyplerix falcataria (ge- 


ner. printemps). 


Vanessa levana ab. prorsa. 


Chrysophanus phleas. 


Papilio machaun. 


Rhodocera rhamni 


ab. ichnusaetab.turcicu. 
V. polychloros. 


Vanessa urlicæ. 


Vanessa urlicæ, passage à| 


INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES 


Température 


0°,5 


10°,9 


plusieurs jours 


5'à180 


34 à #48 jours 


ds glacière 


d° glacière 


Seleniaillunaria : S. luna- 


ra. S. illustraria. 


Platyptleriæ  falcataria 
(gen. printemps), 

Eugonia aulumnaria. 

Vanessa urlicæ ab. polaris. 

Vanessa urticæ ab. ichnusa 

Bombyx quereus ab. cal- 
lunæ. 

Chelonia caja. 

Chrysophanus phleas. 

Pararge egeria. 

Vanessa polychloros. 

Vanessa C.ulbum, V. poly- 
chloros. 

V. urticæ (la plupart pola- 
ris). V.io (la plupart 
fischeri), V. antiopa. 

V.cardui, Argynnis aglaja. 

D. abietis. 

Vanessa polychloros, V. an- 
tiopa. 

V. cardui (ab. wiskotti). 

V. atalanta (ab. merri- 
field). 

Vanessa io et ab. fischeri. 


V. antiopa et ab. artemis. 


Crysophanus phleas de 


Naples. élevées à Fri- 


bourg ab. eleus el 


formes plus foncées que 
phleas. 


MÉLANISME 


ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 


133 


AUTEURS 


*, MeRRIFIELD (1894, 111; 
1896, 112) 


M. Sraxpruss (1896, 164) 


Fiscner (1896, 39: 
1898, 40 et 1903, 43) 


F. MeRRirIELD (1897, 112) 


M. Sranoruss (1898, 165 
el 166) 


H. GauckLer (1806, 57 ; 


1898, 58) 


F. Urecn (1898, 180et181) 


INFLUENCE DE LA CHALEUR 


Température 


36 à 38° 
35 à 30° 


pendant l'hiver 


38 à 41° 


insolation 


Gonopteryx rhammni. 


Lasiocampa quercifolia 
(œufs, chenilles et chry- 
salides). 


| Vanessa antiopa. 


| Vanessa levana. 


Vanessa io et ab. fischeri 
V. urticæ el ab. polaris ; 
V. polychloros et ab. 
dixeyietformes voisines: 
V. antiopa et ab. «rtemis 
ou formes voisines : F. 

et 


cardui et ab. 


alalanta ab. merri- 


fieldi ; V. 
wis/otti. 
V. urticæ et ab. 1chnusa, 
ab. ichnusoïdes : V. poly- 
chloros et ab. testudo ou 
formes voisines ; V. an- 
tiopa et ab. arlemis, ab. 
antigone : V. cardui ab. 
elymi : V. atalanta et 


ab. clymene. 


Parnassius apollo, P. de- 
lius. 

Vanessa carduietab.elymi. 

V. C. album et ab. f. al- 
bum. 


Vanessa io et ab. Culore 


niquum maculata. 


INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES 


Température 


0° 


— 4° à — 20° 


— 8° à — 12° 
— 6° à —10° 


—_ 0452 
—10à —12° 
5.32 
+ 90 
0° 


\Pararge egeria, Vanessa 
polychloros. 

| L 

Vanessa urlicæ ab. polaris. 


Vanessa urlicæ et ab. po- 
laris et ab. ichnusoïdes, 
V. io et ab. fischeri. 

V. antiopa et ab. artemis. 

V. io et ab. antigone, V. 
urlicæ et ab. polaris et 
et «chnusoides, V. poly- 
chloros et ab. lestudo, 

V. cardui et ab. elymu, 

V.atalanta etab. merri- 


fieldi et clymene. 


Aporia cralægr, Argynnis 
paphia. 
V. io et ab. belisaria. 


V. urticæ et ab. atrebaten- 
sis et ichnusoides, V, io 
et ab. belisaria. 

V. io et ab, fischeri. 

V. urticæ, V. io et ab. fi- 

scheri, V. antiopa. 


Vanessa urlicæ et ab. po- 


laris artifice etab.donar. 


134 


ARNOLD PICTET 


AUTEURS 


F.Urecu (1898, 180et181) 


C. Frines (1898, 4; 1899, 
48 ;: 1900, 49; 4901,50:; 
1902, 51; 1903, 
1905, 54) 


so - 


D2; 


M. von LinpeN (1899, 82) 


E. FiscHer (1899, 40) 


INFLUENCE DE LA CHALEUR 


Température 


390 


+ 43° 


SEBEE 


+ 37 à 39° 


+ 09 


+ 43 à 50° 


+ 30° 


V. urlicæ et vois. ichnusa, 


polaris 


V. jo et vois. fischeri et 
belisaria. 

V. urticæ ab. polaris : V. 
polychloros ab. testudo : 
V. prorsa ab. levana. 

V. urticæ et passages entre 


ichnusa et ichnusoïdes. 


Thais 


polyxena ab. ochracea : 


Papilio machaon : 


Melitwa dydima. M. au 
rinia. 

Papilio podalirius ab. ni- 
grofasciatus; Polyomma- 
tus amphydamas ab. 
obscur. 


Papilio machaon ab. nigro- 
fasciata : Vanessa io et 
formes voisines de ab. 
sardoa ; V.atalanta : V. 
cardui. 

Papilio podalirius. 

V. levana ab. prorsa. 


INFLUENCE 


Température 
—10ùà—14° 


6 à 8° 


— 13° 


— 15° 
—6à— 8° 


expérience 
de gelée 


[HA à +30 


+ 13 à — 3° 
à + 15° 


DES BASSES TEMPERATURES 


V. io et ab. 10 kaste, ab. 
fischeri, ab. antigone. 
V. urticæ et vois. tchnusa, 

polaris. 


V. io et ab. fischeri et ab. 
mélanisantes. 

V. atalanta ab. merrifieldi 
et ab. mélanisantes, F. 
C. album. 

Vurticæetab.ichnusoides, 
V.atalanta et ab. cly- 
mene, et ab. merrifieldi. 


Papilio machaon, ab .nigro- 
fasciata. 

Apatura iris. 

Vanessa polychloros ab. tes- 
tudo. 

V. C. album ab. f. album, 
V. antiopa ab. hyqiæa, 
V. atalanta ab. merri- 


fieldi. 


Arclia caja. 


V. wrticæ ab. ichnusoïdes 
et formes voisines ; V.po- 
lychloros etab. testudo, V. 
antiopa et ab. arlemis, V. 
io et ab. antigone, V.C. 
album et ab. f. album, V. 
cardui et ab. elymi, V. 


atalanta et ab. clymene. 


MÉLANISME 


ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 


139 


AUTEURS 


L. CATHARINER (1900, 75) 
E. Irmseuer (1900, 72) 

B, Scevocr (1900) 

C. Lorez (190%, 97) 

E. Fiscuer (1901, 42) 


C. Frixcs (1903, 52; 1905, 
53) 


H. FenerLey (1905, 35) 


C. Scurüper (1903, 155) 
T. Reuss (1909, 142) 


INFLUENCE DE LA CHALEUR 


Température 


exposition 


au soleil 


+ 40° 


+ 37 à 0°| 


38° 
exposition 


au soleil 


Psilura monacha. 


Arclia flavia ab. obscure. 


Papilio podalirius ; P. ma- 


Lymantria dispar : Mala- 


Abraxras grossulariata. 


chaon : Polyommatus 
amphydamas, ab. obs- 


Cura. 


cosoma neustria. 


Vanessa urlicæ, ab. tocolor 


et ioform. 


Température 
| 
expérience | 


de gelée 
fenêtre expo- 
sée au nord 


PUR ee 
= 


6 à + 7 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912) 


INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES 


' : 
Vanessa io 


Vanessa polychloros. 


Arclia caja. 

Limenitis sibylla etab. ni- | 
qgrina. 

Melitæa maturna, M. au- 
rinia, Callimorpha do- 
minula, Arctia hebe, À. 
villica, À. 
[lavia, 
Argynnis daphne, A. 

Deilephila eu- 


aulica, À. 
A. purpurala, 


paphia, 
phorbiæ. Limenitis po- 
puli. 


|Lymantria dispar. 


17 


136 


ARNOLD PICTET 


ABERRATIONS ALBINISANTES 


AUTEURS 


G. DorrMeistTER (1864, 29) 

F. MerrireLp (1892, 109; 
1893, 110 ; 1894, 111: 
1897, 112) 


M. Sranpruss (1895, 162) 
E. Fiscuer (1895, 38) 
M. Sranpruss (1898, 166) 


C. FrinGs (1898 ,47 : 1899, 
48; 1901,50; 1905, 53) 


C. ScnrôDper (1903, 155) 
F. RüHL (1888, 147) 


M. Sranoruss (1896, 164; 
1898, 165 et 166) 


G. W. Runmer (1898, 150) 


E, Fiscer (1895, 38) 


Temperature 


+ 960,7 


269,7 
+ 32° 


37e 


+ 36° 


+ 36° à 38° 


INFLUENCE DE LA CHALEUR 


Vanessa urticæ et V, io. 

| 

Bombyx quercus, ab. cal- 
lun. 


Pararge egeria. 


Vanessa polychloros , 
alalanta, Eugonia au- 
Lumnaria. 

Vanessa C. album, V. po- 
lychloros, V. antiopa, V. 
cardui Argynnis aglaja. 


Vanessa cardui. 


Vanessa antiopa ab. ky- 
qyæu. 

V. prorsa ab. porima. 

Vanessa antiopa ab. hy- 
gyæea: 

Alraxas grossulariala. 
Papilio podalirius, P. ma- 
chaon, Thais polyxena. 

Callimorpha dominula. 


Papilio podalirius ab. zan- 
cleus. 

Satyrus semele ab. aris- 
læus. 

Vanessa antiopa ab. hy- 
Jyæ. 


Vanessa antiopa, Payilio 


machaon. 


INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES 


Température 


+ A°à 13° 


+ 5° à 8° 


0° 


[| 
|Chrysophanus phlæas. 


Eugonia autumnaria. 


Gonopteryæ rhamni. 


Vanessa antiopa, V. poly- 
chloros. 


Vanessa prorsa ab.porima. 

Vanessa antiopa ab. hy- 
qyæu. 

Colias myrmidone ab. alba. 


Vanessa anliopa. 
Abraæas grossulariata. 


Vanessa antiopa ab. hy- 


qyæa. 


Vanessa prorsa ab. porima. 


Vanessa antiopa et formes 
voisines de lab. hygyæa. 


- ua 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 137 


AUTEURS INFLUENCE DE LA CHALEUR INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES 
es 
Température Température | 
M. von Linpex (1898, 82) + 30° | Vanessa levana ab. porima. 
E. Fiscuer (1899, 40) exposition |Vanessa antiopa et ab. 
au soleil epione et ab. hygyæa. 


_ 


4. KATHARINER (1900, 75)/réchauff. uni-| Vanessa urlicæ. 


latéral par 


rayons 
solaires 

E. Fiscaer (1903, 43) + 38° à 41°! Vanessa prorsa ab. porima. 

C. Frincs (1903, 52; 1904 ,/+ 43° à 44°|Thais polyrenu. Expérience |Papilio podalirus ab. zan- 

50) de gelée cleus, Arclia caja et ab. 
Deilephila euphorbiæ. schullzi. 
H. Fevencey (1905, 35) | 37° à 38°|/Limantria dispar, Mala- 0° Lymantria dispar, Mula- 
cosoma neustria. cosoma neustria. 
O. Seirert (1905, 157) — 12°  |Arclia proximu. 


L’examen de ces tableaux nous apprend que : 


1° Des aberrations mélanisantes et albinisantes sont produites aussi bien par 
les températures élevées que par les températures basses. 

20 Des formes albinisantes de même espèce et en tous points semblables sont 
obtenues par la chaleur comme par le froid; des formes mélanisantes de même 
espèce s’obtiennent également au moyen des deux sortes de température. 

30 La plupart des aberrations obtenues par ces procédés sont des formes locales 
qui se retrouvent dans d’autres localités ou d’autres pays où les conditions de 
température sont voisines de celles qui ont été expérimentées. 

4° Quelques-unes des aberrations artificielles, principalement parmi les Vanessa, 
sont identiques à celles obtenues sous l'influence de l'humidité. 

5° Le mélanisme semble plus fréquent que l’abinisme. 

6° Les aberrations obtenues se créent toutes suivant la loi du mélanisme et de 


l’albinisme des parties. 


138 ARNOLD PICTET 


E. FISCHER (1895, 39 ; 1899, 40 et 1903, 43) et M. STANDEUSS (1898, 165 et 
166) sont les premiers qui aient démontré que les deux extrémes de température, 
agissant sur les chrysalides, produisent les mêmes variations de leurs Papillons. 
Les expériences de G.-W. RUHMER (1898, 150), F. URECH (1899, 182), M. von 
LINDEN (1904, 90) et H. FEDERLEY (1905, 35) ont donné des résultats analogues, 
c’est-à-dire que le froid et le chaud se conduisent comme des facteurs physiologiques 
équivalents. 

Pour FISCHER, on ne doit pas considérer le froid et la chaleur comme deux 
agents distincts agissant en sens opposé sur les espèces considérées. Comme il n'y 
a, entre ces facteurs, qu'une différence de quantité dans le nombre des vibrations, 
on doit de même regarder les réactions auxquelles ils donnent lieu sur l'organisme 
comme ne différant entre elles que par une question de degré. FEDERLEY démontre, 
en outre, que presque toutes les couleurs, sous l'influence des températures extrêmes, 
peuvent se modifier en couleur noire. 

Les recherches de M. vOx LINDEN l’amènent à la conclusion que les tempéra- 
tures basses et chaudes déterminent le plus souvent, les unes et les autres, une aug- 
mentation du pigment sombre. C’est ce que montrent également les tableaux pré- 
cités. C’est aussi la même chose avec l'humidité. 

F. URECH (1896, 175) conclut que la chaleur agit, dans le développement 
ontogénique, d’une façon corrélative en ce qui concerne les modifications de cou- 
leur, modifications qui donnent, pour résultat final, soit la décoloration, soit l'accen- 
tuation des couleurs. D'autre part, le même auteur (1899, 182) a démontré que 
l'influence des agents thermiques varie suivant les espèces, que le froid assombrit 
le pigment chez Vanessa urticæ, tandis qu'il l’éciaircit chez Vanessa levana-prorsa 
et que ce n’est pas la température elle-même qui agit, mais bien plutôt ses varia- 
tions, les oscillations de l’énergie calorique. 

Cependant l'examen des tableaux montre nettement le contraire, c’est-à-dire 
que le froid et le chaud assombrissent ou éclaircissent lun et l’autre le pigment 
chez presque toutes les espèces expérimentées. L'influence de l’état anormal produit 
par la différence des vibrations thermiques dans lequel se trouve la chrysalide 
apparaît donc cumme très nette. 

H. FEDERLEY (1905, 35) a encore porté ses recherches sur la forme des 
écailles de divers Papillons modifiés par la température et il résulte que le froid 
très vif et la chaleur excessive modifient la forme des écailles, qui peuvent être 
aussi moins nombreuses, tandis que le chaud et le froid moyens altèrent seulement 
la couleur des ailes, soit dans le sens mélanisant, soit dans le sens albinisant. 

Il y a lieu de reconnaitre cependant que, dans quelques cas, les deux sortes 
de variation peuvent se rencontrer sur les ailes du même Papillon. Mais le fait 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 139 


qu'un même individu se modifie à la fois selon les deux modes de variation n'infirme 
en aucune façon la loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties: il 
l’afirme au contraire !. 


D. — INFLUENCE DE LA LUMIÈRE. 


L’intensité des rayons lumineux joue un rôle évident dans la coloration des 
téguments des Insectes et de la plupart des animaux. Les larves qui vivent dans 
l'obscurité sont souvent incolores et blanchâtres; parmi celles qui vivent à la 
lumière, beaucoup sont, au contraire, parées de colorations plus ou moins vives, 
parfois éclatantes. 

L. MÔLLER (1867, 115) avait déjà remarqué que plus la lumière est intense, 
plus la couleur des Insectes est intense également. 

E. B. POULTON (1887, 1898, 138), F. MERRIFIELD (1898, 113), E. BORDAGE, 
(1889, 15), CH. SCHRÔDER (1896, 156), C. E. VENUS (1888, 183) et d’autres, ont 
signalé la relation qui existe entre la couleur de certaines chenilles et de certaines 
chrysalides et celle des surfaces où elles sont fixées. POULTON et MERRIFIELD, 
entre autres, ont démontré que la coloration des chrysalides de plusieurs espèces 
se modifie suivant qu’elles sont placées dans des récipients de couleurs diverses, de 
manière à devenir foncées dans des milieux foncés et claires dans des milieux elairs. 
SCHRÔDER, de son côté, en ce qui concerne les chenilles d’Æupithecia oblongata, à 
mis en évidence l'influence des rayons lumineux. 

Nous ne suivrons pas ces auteurs dans les théories, très intéressantes et pleines 
de mérite, qu'ils ont émises touchant le mimétisme et la protection que retirent les 
Insectes de l’homochromie acquise sous l'influence de la lumière ambiante; cette 
protection ne semble pas douteuse, mais son étude sort du sujet que nous traitons. 
Nous nous bornerons à mentionner que, parmi les adversaires de la théorie en ques- 
tion, M. C. PIEPERS (1895, 134) a nié que les colorations acquises fussent pro- 
tectrices. 

Les chrysalides et les larves dont la couleur à été ainsi modifiée ne donnent 
pas souvent naissance à des Papillons modifiés à leur tour. Cependant C. E. VENUS 
(1SSS, 183) remarqua que, parmi les chenilles de Panessa urticæ qu'il eut en édu- 
cation, celles qui se chrysalidèrent au soleil devinrent jaunâtres, avec reflets métal- 
liques et donnèrent naissance à la forme très colorée ab. ichnusa de la Corse. 

! Plusieurs auteurs ont montré que la température exerce une influence directe sur la coloration des 


chenilles et des chrysalides de même que sur leur ontogénie. Mais nous n’avons pas à traiter ici cette 
question. 


140 ARNOLD PICTET 


De son côté, M. voN LINDEN (1899, 82), ayant placé des chenilles et des 
chrysalides dans des récipients en verre recouverts de gélatine monochromatique. 
constata que les plus grands Papillons de Vanessa uwrticæ furent obtenus par la 
lumière bleue: les plus grands Papillons de Vanessa io provinrent par contre de 
l'obscurité, là où il n’y avait pas de rayons. Dans la lumière rouge, les chrysalides 
donnèrent des Papillons à couleur du fond intense, tandis que dans la lumière 
bleue, la couleur fut au contraire plus claire. 

Par contre, les recherches de L. KATHARINER (1900, 74), de M. STANDFUSS 
(1591, 160), de F. MERRIFIELD (1892, 109) et de E. BLANCHARD (1895, 14), tout 
en démontrant l'influence de la lumière sur la coloration des pupes, n’ont pas donné 
de résultats positifs en ce qui concerne la variation des adultes. 

V. GRABER! et N. CHOLODKOWSKY (1901, 22) concluent au contraire que 
l'intensité des rayons lumineux peut agir sur la chenille pour amener, plus tard, 
des modifications sensibles sur les ailes des Papillons. GRABER, ayant élevé des 
chenilles de Vanessa polychloros sous un verre jaune, obtint des Papillons chez les- 
quels les lunules bleues étaient remplacées par des lunules grises. (HOLODKOWSKY 
fit une série d'expériences en élevant des chenilles de Vanessa urticæ sous l'influence 
des rayons jaunes, rouges et bleus. La plupart des Papillons, une cinquantaine, ne 
présentaient pas de modifications spéciales que l’on puisse attribuer à l'influence 
expérimentale, Mais trois d’entre eux, un provenant de l’expérience avec les rayons 
jaunes et deux de celle avec les rayons bleus, furent, au contraire, complètement 
modifiés ; ils sont franchement mélanisants et se rapprochent, par plusieurs carac- 
tères, de variations obtenues par la température, par l'humidité et par d’autres 
influences que nous étudierons ensuite. 

Nous voyons que, dans quelques cas, les variations produites sont sensiblement 
les mêmes que celles obtenues par la température et l'humidité. 


E. — INFLUENCE DES AGENTS CHIMIQUES. 


Dans ce domaine, les recherches sont peu nombreuses; nous signalerons 
tout particulièrement celles que M. voN LINDEN (1899, 82; 1904, 89; 1905, 91 
et 94) à entreprises pour démontrer l'influence qu'ont les principaux composants de 
l'air sur le développement et sur la variation des Lépidoptères. C’est l'azote et 
l'acide carbonique qui agissent avec le plus d'intensité sur les chrysalides pour 


! D’après P. Bacamersew (1907, 4), p. 476. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 141 


modifier les dessins de leurs Papillons. Des pupes de Vanessa urticæ plongées dans 
de l'acide carbonique pendant 24 h. donnerent la forme ichnusoïdes et quelques 
variations se rapprochant de lab. polaris. Une incubation de 48 h. dans l'azote pro- 
duisit également lab. ichnusoïdes et, pour Vanessa io, lab. belisaria. Quant à l’'in- 
fluence de l'oxygène sur les chrysalides de Vanessa urticæ elle crée, sur les ailes de 
leurs Papillons, des caractères foncés. 

Nous avons démontré (1905, 125) que des chrysalides de Vanessa urticæ 
placées dans des boîtes closes contenant de la naphtaline donnèrent des aberrations 
voisines de celles obtenues par l'humidité froide et, dans quelques cas, par la tempé- 
rature (ailes transparentes par place, coloration rose et transport du pigment foncé 
vers le bord de l'aile). 

Quoique peu nombreuses, ces recherches confirment ce que nous avons vu pré- 
cédemment en ce qui concerne, du moins, le mélanisme. 


F. — INFLUENCE DE LA NOURRITURE. 


Plus nombreuses sont les recherches qui ont pour but de mettre en évidence 
l'influence exercée par la nourriture des chenilles sur la variation de leurs Papillons. 
Cette influence ne peut être qu'évidente si l’on songe à l'énorme quantité de nourri- 
ture que doivent consommer les chenilles pour mener à bien leur évolution ontogé- 
nique ; on ne sera donc nullement surpris que des modifications physiologiques, pro- 
venant de la quantité ou de la qualité de l'alimentation des larves, puissent se pro- 
duire dans leur sang, et de là sur les ailes des Papillons, le sang étant le producteur 
et le véhicule de la matière colorante dans les écailles. 

Toutefois les variations obtenues, soit en restreignant le régime alimentaire, 
soit en remplaçant les feuilles habituellement consommées par celles d’autres 
espèces végétales, sont loin d'être aussi accentuées que celles obtenues par l’éléva- 
tion ou l’abaissement de la température. 

H. GAUCKLER (1882, 56). avec des chenilles d’Arctia caja, obtint des Papillons 
albinisants, lorsque ces larves furent nourries d’Aconitum napellus et fortement 
mélanisants, lorsqu'elles furent alimentées de feuilles d'Osier. W. PREST (1877, 
139) obtint des résultats analogues en nourrissant les chenilles d’'Amphydasis 
betularia et A Abraæas grossulariata avec des feuilles desséchées; les Papillons de 
la première espèce naquirent avec des ailes noires et ceux de la seconde avec des 
ailes pales. ESPER!, en nourrissant des larves de Sphinx liqustri avec des feuilles 


1 D'après P. BacamerJew (1907, 4), p. 532. 


149 ARNOLD PICTET 


de Tabac, F. SCHREIBER (1893, 153), en faisant consommer à des chenilles de 
Lophopteryx camelina ab. giraffina diverses essences forestières ne constituant pas 
leur alimentation normale, obtinrent des Papillons foncés. Tandis que ZELLER, 
d'après G. H. T. EIMER (1888, 31), obtenait des Papillons de Papilio podalirius 
presque sans écailles et F. RÜHL (1892, 149) des aberrations d’Abraæas grossula- 
riata de diverses nuances, en changeant, l’un et l’autre, l’alimentation normale des 
chenilles. 

Plusieurs expérimentateurs ont obtenu des variations dans la couleur des ailes 
de certains Lépidopteres en nourrissant leurs chenilles de feuilles trempant dans 
des liquides colorés ou imbibés de solutions chimiques. Nous signalerons, dans ce 
domaine, les recherches de E. HEIN (1894, 64) qui obtint, d’après le premier pro- 
cédé, des Vanessa wrticæ jaunatres, et celles de M. STANDEUSS (1896, 164) qui 
remarqua que les ailes inférieures de Callimorpha dominula, rouges habituellement, 
devenaient jaunes lorsqu'on avait trempé les plantes nourricières des chenilles dans 
une solution de sel de cuisine. STANDFUSS démontre par cette expérience la cause 
de la fréquence des aberrations jaunes de Callimorpha dominula dans le voisinage 
de la mer. 

De son côté, M. VON LINDEN a essayé de nourrir des larves de Vanessa urticæ 
avec des feuilles d’orties trempées préalablement dans diverses substances, telles 
que de l’ovalbumine, du sucre, du sang défibrinisé, de la lupuline, de l’atropine, etc. 
Les chenilles, dans plusieurs cas, produisirent des aberrations analogues à celles 
produites par l'élévation et l’abaissement de la température. Plus tard (1905, 92), 
renouvelant ses recherches, M. VON LINDEN nourrit des chenilles de Vanessa 
urticæ avec des feuilles d’orties couvertes d'hydrochinon; mais les résultats furent 
négatifs. 

Les recherches que nous avons entreprises dans ce domaine (1902, 121 ; 1905, 
193 ; 1904, 124; 1905, 126; 1909, 129) mettent en évidence le rôle de la nourriture 
des chenilles comme facteur de variation de leurs Papillons. Ces recherches se 
résumeront de la façon suivante : 

Les chenilles, à l’état naturel, sont adaptées à la consommation d’un petit 
nombre seulement de plantes et leurs organes masticateurs se sont conformés, au 
cours des générations, pour entamer les feuilles auxquelles ces chenilles sont adap- 
tées. Dans les expériences, on leur fait manger des feuilles appartenant à d’autres 
espèces végétales et dont les caractères anatomiques sont différents (plus où moins 
grande épaisseur, plus ou moins grande consistance de leur épiderme, épiderme plus 
ou moins feutré de poils ou de concrétions d’oxalates, etc., etc.). Les chenilles ren- 
contrent, pour entamer ces feuilles, une résistance qui, suivant les cas, est plus 
considérable ou moins considérable que la résistance qu'elles rencontrent à entamer 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 143 


les feuilles habituelles. Dans le premier cas, les chenilles sont génées par les efforts 
qu'elles doivent faire pour la prise de leur nourriture, se fatiguent vite à ce régime 
et, par le fait du repos qu'elles doivent prendre fréquemment, absorbent, au cours 
de leur ontogénie, une trop faible quantité de nourriture. Dans le second cas, au 
contraire, les chenilles ne rencontrent pas de résistance dans la prise de leur ali- 
mentation et elles se nourriront d'autant plus abondamment que la fatigue sera 
moindre et, par conséquent, le temps consacré au repos plus court. Ces deux modes 
d'alimentation, cela se conçoit, ont leur répercussion sur la nuance des ailes des 
Papillons, mais chacun dans un sens opposé et, dans le premier cas, c’est un facteur 
d’albinisme, dans le second cas, de mélanisme. Pour plusieurs espèces, entre autres 
pour Ocneria dispar, les variations mélanisantes obtenues par l’alimentation sont 
identiques à celles produite par l'humidité. 

Nous voyons que, dans quelques cas, les aberrations obtenues sous l'influence 
de la nourriture des chenilles sont les mêmes que sous l'influence de l'humidité, de 
la lumière et de la chaleur. 


G. — INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ. 


Parmi les facteurs qui constituent le milieu, nous devons tenir compte de 
l'état électrique de l'atmosphère pendant les périodes d’orages. Selon le marquis 
DE LARITOLE ! et E. BELIER DE LA CHAVIGNERIE (1858, S) cet état pourrait, dans 
certains cas, modifier la coloration des Lépidoptères. 

J. FALLOU (1883, 34) obtint d’éclosion un exemplaire d’Arctia caja presque 
uniformément brun, dont la pupation avait eu lieu lors d'un fort orage; des che- 
nilles de Melanargia galathea, trouvées pendant un orage, donnérent au contraire 
des Papillons albinisants. 

N. WAGNER (1865, 185) et M. VON LINDEN (1899, S2) ont recherché 
Pinfluence de l'électricité provenant d'une bobine d’induction sur les chrysalides 
de Vanessa wrticæ. Les Papillons obtenus par WAGNER se remarquent par l’am- 
plification du pigment noir ; ceux qui proviennent des expériences de VON LINDEN 
sont également foncés avec la bande noire marginale qui envahit en partie les 
lunules bleues. 

Nous avons également (1899, 120) effectué quelques recherches de ce genre 
en faisant passer au travers du thorax de chrysalides de Vanessa io et de Pieris 


} D'après P. Bacameruew (1907, 4), p. 522. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 15 


144 ARNOLD PICTET 


rapæ le courant électrique d’une bobine de Rhumkorft, dont les électrodes étaient 
placées à une petite distance des fourreaux alaires. Les ailes des Papillons furent 
parsemées d’une infinité de petites taches brunâtres provenant de la destruction des 
écailles. 

D'’intéressantes expériences ont été pratiquées, dans ce domaine, par J. REVER- 
DIN (1909, 146) en faisant agir sur les chrysalides de Vanessa urticæ et de Pieris 
brassicæ les rayons Rüntgen. En ce qui concerne Pieris brassicæ, les résultats sont 
différents pour les chrysalides de la génération qui passe l'hiver à l’état nymphal 
et pour celles de la génération d'été. Dans ce dernier cas, par le fait probablement 
de la rapidité du développement, il n’a pas été constaté de modification dans la 
couleur des ailes. Mais dans le premier cas, on observe une diminution de l’inten- 
sité du noir de la tache apicale et cela dans les deux sexes; ce pâlissement est 
quelquefois très accentué, mais n’atteint pas les autres taches noires, qui sont par- 
ticulières aux femelles seulement. Pour Vanessa wrticæ, parmi les nombreux spé- 
cimens issus de cette expérience, six se font remarquer par les caractères anormaux 
suivants : Sur le dessus, les lunules bleues qui se trouvent sur le bord des quatre 
ailes ont disparu complètement ou presque complètement et la place qu’elles occu- 
pent est noire. Au-dessous, certains dessins noirs sont plus accentués. Les autres 
Vanessa urticæ n'ont pas été modifiés. 

Il y a lieu de faire observer que pour Pieris brassicæ les rayons Rüntgen sont 
un facteur d’albinisme partiel, tandis qu'ils constituent, au contraire, pour Vanessa 
urticæ un facteur de mélanisme partiel. En outre, les variations de cette dernière 
espèce sont identiques à quelques unes de celles obtenues par la chaleur et le froid, 
et se rapprochent, par certains caractères, de celles obtenues sous l’action de 
l'humidité, de la nourriture des chenilles et de l'intensité lumineuse. 

M. VON LINDEN (1905, 92), par contre, a recherché l’influence des rayons 
radioactifs sur les chenilles et les chrysalides de Vanessa urticæ; mais, sous le 
rapport de la variation des Papillons, ses résultats n'ont pas été concluants. 


H. — INFLUENCES MÉCANIQUES DIVERSES. 


Nous relaterons ici quelques expériences qui montrent que les Lépidop- 
tères, à l’état de chenille et de chrysalide, réagissent parfois, pour produire des 
adultes aberrants, vis-à-vis de phénomènes qui ne font pas partie des conditions du 
milieu. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 145 


Trépidation. —- A. WEISMANN (1875, 186), ayant voyagé en chemin de fer 
pendant 7 h. de temps avec des chenilles de Pieris napi génération d'été, dont 
plusieurs se chrysalidèrent pendant le voyage, fut très étonné de voir que les Papil- 
lons qui éclorent de ces chrysalides appartenaient à la forme d'hiver; cela montre 
que la trépidation peut avoir la même influence que le froid. 

Ligature des chrysalides. — C. FRINGS (1897, 46) attacha par le milieu du 
corps au moyen d'un fil de soie des chrysalides fraichement formées de Vanessa 
atalanta. Au moment de l’éclosion, il constata que l'extrémité proximale des ailes, 
c’est-à-dire celle dont les nervures n'avaient pas été obstruées par la pression du 
fil, était seule intacte, tandis qu'au contraire, l’extrémité distale était dépourvue 
d’écailles. 

F. URECH (1897, 177 et 1899, 182), encore avec Vanessa urticæ, fit des 
expériences analogues à celles de FRINGS. La ligature des jeunes pupes détermina 
un changement de coloration dans la partie distale de l'aile, la portion proximale 
gardant la coloration ordinaire. Ces modifications ne portèrent pas sur les taches 
noires, mais les lunules bleues disparurent partiellement, envahies par le noir de la 
bordure ; le jaune, de même que le jaune rouge, devinrent plus foncés. 

De notre côté, nous avons entrepris quelques expériences avec Fanessa wrticæ, 
en couchant des chrysalides sur le côté et en comprimant leurs fourreaux alaires 
au moyen d’une bandelette de papier tendue. Les résultats ont été négatifs. Cepen- 
dant une chrysalide du même Papillon posée sur une table et ayant reçu une assez 
forte pression de la part d’un objet lui étant tombé dessus, donna naissance à un 
adulte dont les lunules bleues du côté gauche ont complètement disparu et dont la 
bande noire à pris un aspect grisatre, trouble, avec quelques reflets métalliques. 


Mouvement de rotation. — KE. FISCHER (1896, 39) soumit tous les jours durant 
5 minutes des chrysalides de Vanessa urticæ, Vanessa polychloros, Vanessa antiopa, 
etc. à un mouvement de rotation. Pour ce qui est de Vanessa urticæ, les lunules 
bleues furent fortement réduites ou disparurent même complètement. Avec Vanessa 
polychloros, l’auteur obtint de cette façon une réduction dans la taille des taches 
noires du centre de l’aile et des lunules bleues; mais deux chrysalides donnèrent, 
l’une une aberration voisine de l’ab. testudo et l'autre une ab. testudo typique. 

Ces dernières expériences ne manquent pas d'intérêt puisqu'elles montrent 
que la disparition des lunules bleues causées par l’envahissement du noir de la 
bordure est le résultat de procédés d'une nature tout autre que ceux que nous 
avons étudiés dans les paragraphes précédents. En effet, cette disparition est encore 
produite par l’électricité, la lumière, la température, l'humidité et la nourriture 
des chenilles. 


146 ARNOLD PICTET 


CONCLUSIONS RELATIVES AUX FAITS EXPOSÉS DANS CE CHAPITRE. 


Nous ne nous étonnerons plus maintenant qu'il n’y ait pas de régions du globe 
où les Lépidoptères mélanisants soient en plus grand nombre que les albinisants ou 
vice versa, puisque la plupart des facteurs qui composent le climat, pris 1solément, 
produisent les mêmes effets touchant la variation de ces Insectes. Que ce soit sous 
l'influence de l'élévation ou de l’abaissement de la température, de l'humidité ou de 
la sécheresse, de la lumière ou de l'électricité, de la nourriture des chenilles ou 
d’un phénomène mécanique, les Lépidoptères varient de la même façon, c’est-à-dire 
selon a loi du mélanisme et de l'albinisme des parties de l'aile. 

Or les divers facteurs dont nous venons d'étudier les effets, sauf peut-être ceux 
purement mécaniques, se retrouvent, avec plus où moins d'intensité, dans toutes 
les régions de la terre, partout où l’on rencontre des aberrations. Pourquoi, par 
exemple, les formes aberrantes, albinisantes et mélanisantes, des Alpes sont sou- 
vent les mêmes que celles de la plaine ? Pourquoi certaines formes méridionales, 
appartenant aux deux types de coloration, se trouvent-elles également dans les 
régions septentrionales ? Et pourquoi enfin, au milieu de ces formes modifiées, le 
type vole-t-il souvent en tout aussi grande abondance ? 

C’est que ce n’est pas contre le milieu lui-même que réagissent les Lépidop- 
tères, mais contre le changement de milieu. Supposons une espèce vivant dans une 
région où la température est excessivement élevée (40° par exemple); on conçoit 
que cette espèce ne se modifiera pas si ses chrysalides sont placées dans une étuve 
chauffée à cette température; il n'y à que les individus pour lesquels 40° est anor- 
mal qui réagiront, c’est-à-dire ceux qui pxssent d’une température moyenne qui est 
habituelle à leur espèce dans une autre plus élevée. Nous pouvons faire la même 
supposition pour le froid et pour tous les autres facteurs de l’ambiance. 

Depuis tant de générations que les Papillons vivent dans les mêmes localités, 
ils ont pu s'adapter à tous les facteurs de leur climat. D'autre part, les conditions 
climatiques ont pu se modifier et beaucoup d'espèces ont dû émigrer alors dans 
des localités plus avantageuses pour elles. C’est à ce moment que ces émigrés se 
sont trouvés en présence de conditions nouvelles auxquelles ils ont dû s'adapter ; 
cette adaptation, si elle ne les a pas anéantis, s’est vraisemblablement traduite par 
des modifications dans la couleur et dans l’arrangement des dessins de leurs ailes. 
Mais les descendants de ces émigrés ont-ils continué à se modifier, à chaque géné- 
ration, par le fait de ces conditions nouvelles ou bien ont-ils fini par s’y accoutumer 
de telle facon à ne plus en subir les effets? Les résultats de quelques expériences 


Ne" 


4 ETS 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 147 


semblent montrer que, dans certains cas du moins, les choses se sont passées de 
cette dernière façon. 

Nous avons montré, en effet (1903, 122; 1904, 124 et 1905, 126), en ce qui 
concerne lhumidité, l'exactitude de cette adaptation au milieu. Les Fanessa urticæ, 
Vanessa io, Vanessa polychloros et Ocneria dispar des environs de (renève se modi- 
fient facilement, lorsque leurs chenilles et leurs chrysalides sont placées dans un 
milieu anormalement humide. Les chenilles et les chrysalides de ces mêmes espèces, 
mais prises dans les montagnes, là où elles sont fréquemment couvertes ou envi- 
ronnées de gouttelettes provenant de la condensation des brouillards, que lon sait 
étre fréquents dans les Alpes, ne réagissent pas, dans les expériences pratiquées de 
la même façon, contre l'influence de l'humidité. Que penser de cela, si ce n’est que 
les individus des montagnes se sont accoutumés, à la longue, à l'humidité ? Et ce que 
nous pouvons dire de l’accoutumance à ce facteur est exact également pour l’accou- 
tumance des chenilles au changement de leur régime alimentaire, ainsi que nous 
l'avons démontré pour un petit nombre d'espèces (1905, 126 et 1906, 127). Vrai- 
semblablement il doit en être de même pour la température, la sécheresse, etc. 

M. STANDEUSS (1895, 161), M. vON LINDEN (1902, 85), E. FISCHER (1901, 41) 
et d'autres, ont démontré que les caractères acquis sous l’influence des températures 
anormales sont héréditaires pour les individus de la génération suivante. Mais leurs 
recherches n'ont pas dépassé la deuxième génération, tandis que, dans nos expé- 
riences d'alimentation avec Ocneria dispar, nous avons vu, qu'après quatre géné- 
rations, les caractères de l'espèce reprennent le dessus molgré la continuation de 
l'expérience, tandis que les caractères nouvellement acquis disparaissent. Cela 
semble donc montrer que le facteur qui modifie la coloration des Papillons agit 
surtout lorsqu'il constitue, pour une espèce donnée, un facteur nouveau. Aux géné- 
rations suivantes, les individus s'adaptant au changement cessent d'en être modifiés. 
Cependant, si cette hypothèse se confirmait d'une façon générale, la variation des 
Papillons serait excessivement réduite, ce qui n’est pas le cas. Il faut done admettre 
que, parmi les multiples espèces de l’ordre des Lépidoptères, il y en à qui sont aptes 
à l’accoutumance, et d’autres qui, peut-être par le fait de leur phylogénie plus 
ancienne, ont perdu cette disposition. Il est vrai qu'une grande complexité réside 
dans ces phénomènes d’adaptations héréditaires et que les modes suivis par certaines 
espèces peuvent fort bien ne pas étre ceux d’autres espèces. 

Le changement de milieu, tel qu'il se pratique dans les expériences, peut très 
bien se présenter à l’état naturel et modifier les Papillons de la même façon que 
dans les laboratoires. En ce qui concerne la température, M. STANDEUSS (1900, 
167) explique comment les plus fortes variations des Papillons peuvent se produire 
naturellement dans les localités où la température n'est pas généralement élevée. 


148 ARNOLD PICTET 


L’exposé que nous avons fait des expériences pratiquées jusqu’à ce jour montre 
que les aberrations les plus accentuées, telles que les ab. polaris, ab. ichnusoïdes, 
ete., ete., sont surtout produites par l'élévation ou l’abaissement de la température; 
les autres facteurs de l'ambiance ne produisent guère que des aberrations de moindre 
importance. Mais ce sont précisément ces dernières qui existent le plus abondamment 
à l’état naturel, et que l’on voit surtout voler aux côtés d'individus non modifiés, dans 
n'importe quelle région montagneuse ou de la plaine, septentrionale ou méridio- 
nale, où les différents facteurs du climat peuvent agir sur eux. Or, comme nous 
avons vu que chaque facteur du climat, pris isolément, produit les mêmes variations, 
et que celles-ci se forment toujours selon la loi que nous avons indiquée, cela suffit 
pour nous montrer pourquoi l'albinisme et le mélanisme des Lépidoptères n’ont pas 
de patrie déterminée. 

Pour expliquer cette similitude de réaction des Lépidoptères contre les diffé- 
rents facteurs auxquels ils sont soumis, un grand nombre de théories ont été émises, 
parmi lesquelles quelques-unes sont fort séduisantes. Nous ne nous arrêterons pas 
à les discuter, car, au point de vue qui nous intéresse plus spécialement, elles n’ont 
guère de portée pratique, et nous renverrons au travail de P. BACHMETIEW (1907, 4) 
qui passe en revue ces théories, ceux qui voudraient les connaitre. Les plus vrai- 
semblables peuvent, du reste, se résumer de la façon suivante : 

Les Lépidoptères, avons-nous vu, se modifient dans deux directions seulement 
et, pour atteindre le mélanisme absolu ou l’albinisme complet, passent par tous les 
degrés de coloration ou de décoloration; ces modifications de couleur ont leur origine 
dans la pupe sous l’influence de tel agent extérieur anormal qu’elle rencontre. Une 
fois les ailes formées dans la chrysalide, la pigmentation s'arrête à un certain stade 
et, suivant le degré d'évolution que le pigment a atteint à ce moment, le Papillon 
éclôt avec des caractères mélanisants (évolution des couleurs poussée plus loin) ou 
albinisants (évolution des couleurs poussée moins loin). Voilà pour la pigmentation. 

En ce qui concerne le fait que la plupart des agents extérieurs produisent les 
mêmes effets, nous devons penser que, parmi les individus de chaque espèce, tous 
ne sont pas sujets à varier avec la même intensité; il en existe même qui ne sont 
pas doués de ce pouvoir, Mais, parmi ceux qui sont aptes à varier, c’est-à-dire qui 
sont en permanence dans un état physiologique que lu moindre rupture d'équilibre 
peut modifier, il suffit d’un excitant, d'un déterminant pour que cette rupture se 
produise, Cet excitant n’est autre que le facteur anormal, quel qu'il soit ; il réside 
dans le fait que les individus en question, à un certain moment de leur ontogénie 
où ils sont plus sensibles, ont passé du milieu qui leur convenait dans celui qui ne 
leur convient plus. 


DEUXIÈME PARTIE 


LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTÈRES 
D'APRÈS LES RECHERCHES PERSONNELLES 


CHAPITRE PREMIER 
Recherches expérimentales sur la coloration des ailes des Papillons. 


Nous avons vu que les couleurs des Papillons sont de deux sortes, pigmentaires 
et optiques. Les couleurs dues au phénomène optique sont produites par des 
écailles vides, où remplies de gaz, et qui possèdent une structure striée; c'est ce 
dispositif qui décompose les radiations lumineuses. Les recherches microscopiques 
des auteurs sur ces écailles, dont nous avons mentionné les résultats au commence- 
ment de cette étude, sont d'accord sur ce point que la structure striée joue le rôle 
principal dans le phénomène. Le role de l’écran sous-jacent n’est cependant pas 
moins certain. 

Les couleurs pigmentaires sont dues au fait qu'une matière colorante se trouve 
dans les écailles et leur donne ainsi leur couleur. Mais ces dernières ont-elles une 
structure spéciale différente de celle des écailles optiques ? Morphologiquement les 
deux sortes sont construites absolument sur le même schéma. 

Il est facile, en effet, de se rendre compte que toutes les écailles pigmentaires 
sont striées de la même façon que les optiques. Détachons par exemple quelques 
écailles des lunules bleues (optiques) et des parties rouges ou noires (pigmentaires) 
de Vanessa urticæ et examinons-les sous le microscope en préparation sèche: 
aucune différence de structure, entre les unes et les autres, ne sera apparente, 
même à un fort grossissement. De même pour les écailles bleues des Lycæna mâles 
et les brunes des Lycæna femelles. Nous nous sommes rendu compte de cette simi- 
litude entre les deux sortes d’écailles par l'examen d’un grand nombre d'individus 
appartenant à presque tous les groupes. 

Disons, en passant, que l'examen de ces minimes éléments de l'aile est assez 
dificile à faire, La méthode des coupes est presque impraticable. On sait, en effet, 
que pour l’utiliser dans l'étude histologique des Insectes il est nécessaire de dis- 
soudre préalablement la chitine, par exemple au moyen de l’eau de Javelle. Mais 


OR RE VA 7) PRISE ET MINECTONEES 


150 ARNOLD PICTET 


détruire la chitine des écailles pour les débiter en coupes minces, c’est précisément 
détruire ce que l’on a intérêt à conserver intact. Nous avons cependant essayé de 
pratiquer des coupes à travers les ailes, sans leur faire subir le traitement à l’eau 
de Javelle. Mais, par ce moyen, les écailles furent si malmenées par le rasoir, la 
couche chitineuse fut si détériorée, que l'examen de ces coupes perdit beaucoup de 
sa valeur. Cependant, ce procédé nous a confirmé que les stries des écailles à pig- 
ment sont constituées comme celles des écailles optiques. 

C’est surtout l’examen microscopique des écailles détachées de l'aile, montées 
en préparations sèches ou au baume de Canada, qui montre bien cette similitude de 
conformation morphologique. En effet, une écaille peu chargée de pigment n’est pas 
assez opaque pour arrêter complètement les rayons lumineux transmis par le miroir 
et pour qu'on ne puisse en observer minutieusement les moindres détails à un gros- 
sissement de 500 diamètres. 

Une écaille bleue de Lycæna ou de Vanessa est étudiée au microscope, à la 
lumière transmise par le miroir, c'est-à-dire qui en éclaire la face inférieure, tandis 
qu'elle laisse dans l'ombre la face supérieure, la seule que l’on aperçoive au travers 
de l'objectif; de cette facon l’écaille apparait grise. Une écaille pigmentaire de 
n'importe quelle autre couleur, examinée de la même façon, apparait grise égale- 
ment; le pigment qui contient cette dernière la rend suffisamment opaque pour 
arrêter les rayons lumineux transmis par le miroir: la face supérieure apparait 
grise, parceque privée de lumière !. 

On peut ainsi fort bien se rendre compte de l'existence et de la disposition des 
stries; elles sont rapprochées, parallèles et dirigées selon le grand axe de lécaille; 
elles sont en relief et séparées les unes des autres par une rainure; la disposition en 
relief est rendue apparente par le fait que, sur le microscope et à la lumière directe, 
chaque strie provoque à l’un de ses côtés une ombre portée qui en accentue le relief. 
En second lieu, lorsque le grand axe de l’écaille est situé dans la même direction 
que celle des rayons lumineux, les rainures sont inondées de lumière et leur exis- 
tence se dénote ainsi sans qu'il soit permis d’en douter. Les stries, examinées à un 
grossissement de 500 diamètres, se montrent, en outre, comme légèrement guillo- 
chées sur toute leur longueur. 

L'étude de la couleur des écailles ne se fait pas plus aisément que l'étude de leur 
structure. En effet, leur couleur, par le fait de l’opacité de la matière colorante, 
n'est pas appréciable au microscope à la lumière transmise; elle n'apparaît ainsi 
que sous forme d’une masse grisätre, diffuse, qui remplit tout ou partie de la cavité. 

! Cela laisse supposer qu'il existe un pigment dans les écailles bleues; c’est, en effet, à ces conclusions 


que nous sommes arrivé dans nos recherches sur l’origine de la couleur bleue chez les Lépidoptères 
(1910, 133). 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES A1 


Cette teinte grise provient de ce que le pigment rend l’écaille plus ou moins opaque et 
arrête les rayons transmis par le miroir; la face de l'écaille qui est seule visible au tra- 
vers de l’objectif se trouvant dans l'ombre parait grise quelque soit sa couleur. Si l’on 
examine de cette façon les écailles d’une espèce peu colorée, telle que Leucophasia 
sinapis, on remarque qu'elles sont presque transparentes et que c’est à peine si leur 
extrémité distale est pigmentée. Des écailles noires de Pieris rapæ montrent par le 
même procédé qu'elles contiennent du pigment abondant qui est répandu dans presque 
toute leur cavité. Les écailles de n'importe quelle espèce et de n'importe quelle cou- 
leur, examinées à la lumière transmise, laissent voir, en gris plus ou moins foncé, le 
pigment qu'elles contiennent, et l’on peut ainsi se rendre compte de son existence. 

Nous voyons par là que les écailles contiennent un pigment diffus qui a coloré 
la chitine et que des granulations pigmentaires ne s’aperçoivent que très rarement. 
M. BÆR (1898, 5) distingue chez les Insectes deux sortes de pigments : diffus et 
granuleux. Dans le premier cas, c’est la chitine de l’écaille qui est colorée par le 
pigment diffus; dans le second cas les granulations pigmentaires sont incrustées 
dans la chitine. Vanessa urticæ, les Pierides, Papilio machaon posséderaient un pig- 
ment diffus et Æhodocera rhamni, Colias edusa, un pigment granuleux. Quoi qu'il 
en soit, il est parfois assez difficile de faire la différence entre les deux catégories car, 
lorsque le pigment est très abondant, comme c’est le cas chez Rhodocera rhammni 
et aussi chez Colias edusa, l'écaille est si opaque qu'on ne peut que très difficilement 
l’examiner au microscope. 

Pour apprécier la couleur du pigment, il faut employer un autre procédé, En 
effet, si nous tournons le miroir du microscope, de façon qu'il n’éclaire plus la face 
inférieure de l’écaille, mais que ce soit la face supérieure de celle-ci qui reçoive la 
lumière directement, c’est alors, seulement, que la couleur réelle est apparente. 
Les écailles optiques se montrent bleues, avec reflets métalliques; les pigmentaires 
montrent la couleur réelle du pigment qu’elles contiennent. 

Cependant, les parties colorées en noir intense comportent des écailles qui 
sont parfois abondamment chargées de pigment. Celles-ci sont opaques, elles ne 
laissent passer aucun des rayons lumineux réfléchis par le miroir et paraissent 
noires, à la lumière transmise comme à la lumière directe. Quant aux écailles qui 
sont d’une autre couleur que le noir, ce n’est qu'à la lumière directe qu'on peut en 
observer la couleur. D’où une première constatation, c’est que toutes les écailles ne 
contiennent pas la même quantité de matière colorante. 

Il y a lieu d’attacher une certaine importance à ce fait. En effet, au micros- 
cope et à la lumière directe, les écailles qui contiennent peu de pigment décom- 
posent les radiations lumineuses et c'est à cela qu'il faut attribuer les reflets métal- 
liques si fréquents chez les Papillons. Tandis qu'au contraire les écailles qui sont 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 19 


159 ARNOLD PICTET 


surchargées de pigment perdent le pouvoir de décomposer les vibrations de la 
lumière et ne présentent plus que quelques reflets sans importance. 

’arfois, le pigment est si rare dans les écailles que l’on a de la peine à se 
représenter qu'il puisse leur donner une coloration appréciable. Tel est le cas, 
par exemple, de Leucophasia sinapis. À la lumière transmise, les écailles de cette 
espèce qui ont été isolées sur un porte-objet se montrent comme étant presque vides, 
transparentes, sans coloration, tandis qu'elles n'apparaissent comme réellement 
blanches que si nous les examinons à la lumière directe; c’est alors que le phéno- 
mène optique que nous venons de mentionner est des mieux apparents. Lorsque 
l’écaille est orientée perpendiculairement à la direction de la lumière, elle réfléchit 
les rayons bleus avec intensité, surtout si le jour est clair. Nous faisons alors subir au 
porte-objet un mouvement de rotation, de façon que l'écaille varie son orientation 
vis-à-vis des rayons lumineux et nous remarquons que, suivant la position donnée, 
toutes les couleurs spectrales apparaissent les unes après les autres. 

Chez Pieris rapæ, ou Pieris brassicæ, les écailles sont un peu plus pigmentées 
que celles de Leucophasia sinapis; mais cela ne les empêche pas de décomposer 
également les radiations de la lumière, quoique avec moins d'intensité; le même 
phénomène a lieu, avec plus ou moins de vigueur, pour les écailles de tous les 
Papillons dont les écailles ne sont pas trop opaques. 

On rencontre souvent des écailles à peu près vides à leur extrémité proximale, 
mais opaques à leur extrémité distale; c’est le cas d’une foule d’espèces et, chez les 
Bombyx, de certaines écailles allongées. C’est le cas, encore, d’écailles qui, habi- 
tuellement opaques, ne possèdent pas, par suite vraisemblement d’une atrophie de 
leur canal, la matière colorante en dose voulue. Or ces écailles ne reproduisent le 
phénomène optique qu'à leur extrémité transparente. 

Pour mettre encore en évidence la quantité de pigment qui se trouve dans les 
écailles, nous avons employé à maintes reprises un procédé qui nous à rendu de 
grands services; il a cet avantage d’être fort simple. Employons-le, tout d’abord, 
avec les écailles de Leucophasia sinapis. 

Nous plaçons deux écailles blanches l’une sur l’autre, de façon qu’elles forment 
un ensemble plus opaque; ces deux écailles ainsi superposées ont, en effet, une plus 
grande épaisseur et offrent aux rayons lumineux une plus grande quantité de pig- 
ment amassé sur une même surface. L'image produite de cette façon se montre, à 
la lumière directe, comme beaucoup plus blanche que lorsque les écailles sont exa- 
minées séparément; en outre, l’écaille de dessus décompose les vibrations lumi- 
neuses avec moins d'intensité qu’elle ne l'aurait fait si elle avait été isolée. Super- 
posons trois écailles et l’image ainsi produite est opaque, d’un blanc très intense 
et ne reproduit plus le phénomène optique. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 153 


Ce procédé nous à permis de déceler la présence d'un pigment si peu abon- 
dant que l'examen microscopique d’une seule écaille ne pouvait l'indiquer. C’est 
principalement avec les écailles des taches blanches du dessous des ailes de certains 
Melitæu que cette constatation à été faite. Ces écailles, détachées de l'aile, parais- 
sent comme n'ayant pas de pigment tant qu'elles sont isolées sur le porte-objet; 
mais si l’on place deux d’entre elles lune sur l’autre, l'image reproduite de cette 
facon est légèrement jaunatre; la figure formée par la superposition de trois écailles 
se montre avec une coloration nettement fauve, de la même teinte que les taches 
réellement fauves avoisinantes. Deux écailles de cette dernière tache superposées 
donnent une image fauve plus foncée, de la même couleur que les taches fauves du 
dessus de l'aile. Enfin, après avoir placé, l’une sur l’autre, deux écailles de ces 
taches fauves foncées, on obtient une figure d’un brun foncé, presqu'aussi intense 
que le brun des taches brunes de la face supérieure, 

Dans d’autres cas, ce procédé nous à permis de reconnaitre la couleur exacte 
de plusieurs écailles à coloration peu accentuée, tels que les tons jaunes (Papilio 
machaon, Papilio podalirius, dessous de Pieris rapæ, de Pieris brassicæ, à Anto- 
charis cardamines, ete.). Nous nous sommes encore rendu compte, de cette façon, 
que les tons fauves sont, en général, plus pigmentés, partant plus opaques que les 
jaunes; à mesure que la couleur devient plus foncée, l’opacité augmente et égale- 
ment la quantité de pigment et à mesure que s’obscursit l’écaille le phénomène 
“optique diminue d'intensité. Chez les Ærebia, le pigment brun est très abondant; 
mais, malgré cela, l’écaille n'apparait pas noire et la superposition de deux de ces 
écailles donne toujours une image brune. Un cas fréquent chez certaines espèces est 
celui d’écailles à forte dose de pigment qui possèdent deux ou trois petits filets 
transparents; ceux-ci décomposent la lumière. Enfin, dans les parties les plus 
foncées de certaines espèces (taches noires de Vanessa urticæ, couleur du fond 
de Vanessa io, ete.) il se trouve toujours une ou deux écailles anormalement vides 
qui décomposent les vibrations lumineuses. 

Nous voyons par ce qui précède que le phénomène optique de décompo- 
sition des vibrations lumineuses est lié à la quantité de pigment qui colore les 
écailles et que ce phénomène croit d'intensité en raison inverse de la quantité de 
pigment. 

Les écailles des Colias edusa et Colias hyale contiennent un pigment jaune 
orange qui est très abondant. Malgré leur couleur pale, ces écailles sont opaques 
et ne reproduisent pas le phénomène optique, mais elles présentent une irisation 
orange très marquée, avec reflets dorés. Que la lumiere éclaire le dessus ou bien 
le dessous de la préparation, ces écailles se montrent avec la même couleur. D'autre 
part, si on en superpose deux, la couleur n’est pas non plus modifiée. Nous voyons 


154 ARNOLD PICTET 


par là que, dans quelques cas, l'opacité de l’écaille peut être produite par la pré- 
sence dun pigment clair, vraisemblablement granuleux, quoique peu abondant. 


Ce que nous venons de voir se rapporte aux écailles détachées de l’aile et 
étudiées isolément au microscope. C’est de cette façon qu’elles décomposent les 
vibrations lumineuses. Pourquoi ces mêmes écailles ne les décomposent-elles pas 
lorsqu'elles sont en place sur les ailes ? 

Reprenons notre exemple de Leucophasia sinapis et examinons-en les ailes au 
microscope. Les écailles sont assemblées, sur ces ailes, en rangées régulières qui 
chevauchent les unes sur les autres ; il résulte de cette disposition que la moitié 
proximale, transparente, de chaque écaille, c’est-à-dire la partie qui décompose la 
lumiere, est cachée par l’extrémité distale, pigmentée, de l’écaille voisine. Il n’y à 
donc que la partie pigmentée qui soit apparente. En second lieu, on sait que chacune 
des deux faces des ailes des Papillons comportent des écailles. Cette disposition cor- 
respond en somme à la superposition de deux écailles et nous avons vu que, dans ce 
cas, la lumière est moins, ou n’est pas décomposée. 

Chez certaines espèces, on peut remarquer encore un phénomène qui contri- 
bue, en une certaine mesure, à empêcher que la décomposition de la lumière se pro- 
duise sur les aïles entières, malgré que les écailles soient peu colorées; ce phéno- 
mène est très apparent chez Pieris rapæ, Pieris brassicæ, Leucophasia sinapis et 
un grand nombre d'espèces à nuance claire. Lorsqu'on examine leurs ailes entières au 
microscope, on voit que la base de chaque écaille est plus foncée que le reste; chez 
les Pierides, cette base est grisatre. Or, cette différence de teinte est due à une 
illusion d'optique et n’est autre que l'ombre portée d’une écaille sur sa voisine; il 
y à toujours, entre elles, un petit espace, suffisant pour délimiter une ombre de cette 
nature. Du reste cette différence de teinte n’est apparente que lorsque l’aile est 
orientée d’une certaine façon par rapport à la lumière; si on tourne l’aile dans le 
sens opposé, l'ombre disparait. La partie de l’écaille qui est susceptible de décom- 
poser les vibrations lumineuses recevant peu de lumière, ce phénomène ne peut se 
produire. 

Cependant il existe plusieurs cas où la lumière est légèrement décomposée 
par les écailles sur les ailes entières des Papillons. Nous ne parlerons pas des 
Apaturides ; mais on observe souvent que les aïles des Papillons montrent des 
irisations qui, sans reproduire toutes les couleurs spectrales, n’en sont pas moins 
très remarquables. I’éclat métallique de plusieurs Ærebia, par exemple, provient du 
fait que, parmi leurs écailles, il s’en trouve une certaine quantité qui sont peu 
chargées de pigment et qui décomposent un peu la lumière. Maïs comme elles sont 
relativement peu nombreuses, et disséminées sur un assez grand espace, cela se 


e. 
MELANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 159 


traduit seulement par la reproduction d’un éclat métallique spécial. Les irisations 
d’Ærebia glacialis sont d'un autre ordre; il en est de même des reflets irisés de cer- 
taines femelles d’Argynnis. Chez ces dernières espèces, on aperçoit nettement les 
couleurs spectrales suivant l'orientation que l’on donne au Papillon. Là, le phéno- 
mène de décomposition de la lumière est positif sur les ailes entières. Mais la dis- 
position des écailles est, ici, différente qu'ailleurs. 

Examinons, sous ce rapport, une femelle d'Argynnis aglaja! dont les quatre 
ailes montrent une irisation bleuatre très particulière qui disparait suivant l’orien- 
tation donnée à l’aile. Les parties fauves sont constituées comme dans la plupart 
des Papillons, avec leurs écailles arrangées comme les tuiles sur un toit. Mais un 
grand nombre de ces écailles sont incolores ou à peu près. Ces parties fauves se 
trouvent donc parsemées d’une quantité d'éléments décomposant les radiations de 
la lumière. Quant aux parties noires, leurs écailles sont fortement pigmentées; mais. 
au-dessus d'elles, on remarque un certain nombre de grosses écailles mcolores, trans- 
parentes, qui décomposent la lumière sans amoindrir la couleur noire des écailles 
sous-Jacentes, 

Nous devons donc reconnaitre que, parmi les Papillons, les aïles entières ne 
décomposent généralement pas les rayons lumineux et que cela tient principale- 
ment au fait que leurs écailles sont trop chargées de pigment pour mettre en vigueur 
ce phénomène; dans le cas où les écailles sont transparentes à leur partie proximale, 
celle-ci se trouve cachée par lécaille voisine. La superposition des deux faces de 
l'aile joue aussi un rôle dans ce domaine. 

Il convient maintenant, pour étudier le role du phénomène optique, de débar- 
rasser les écailles de leurs pigments. Nous y sommes arrivé facilement sur des 
ailes entières d’une quantité de Papillons appartenant à presque tous les groupes 
de cet ordre. 

La méthode que nous avons employée pour débarrasser les aïles de leur 
matière colorante est des plus simples ?; elle consiste à plonger l'aile dans une 
éprouvette contenant de la potasse caustique et à chauffer celle-ci au bain-marie à 
95°. De cette façon on arrive à extraire assez facilement le pigment des écailles et 
à rendre les ailes plus ou moins transparentes suivant la durée de l’action de la 
potasse et suivant la nature du pigment. 

Dès que l'aile se trouve en contact avec le liquide, une matière brune focon- 
neuse s’en détache et vient S’'amasser au fond de l’éprouvette. Cette matière ne se 


! Cetexemplaire nous a été obligeamment prêté par M. d’Auriol auquel nous adressons nos remerciements. 

* Nous avons encore obtenu de bons résultats, quoique moins rapides, au moyen de la potasse caustique 
à froid, de l’ammoniaque et de l'acide sulfurique. L'acide acétique, le xylène, tous deux à chaud, et l’éther 
ne dissolvent pas, ou presque pas, le pigment des Papillons. 


56 ARNOLD PICTET 


compose pas seulement du pigment extrait, mais encore d’une quantité d’impuretés 
qui se trouvent dans les ailes et peut-être aussi d’un reste d'hémolymphe. Pour faire 
l'étude du pigment lui-même, il serait donc préférable de détacher les écailles de 
même couleur pour les placer dans l’éprouvette. Mais nous ne voulons pas, pour le 
moment, étudier la composition chimique de ces pigments; il nous suffit simplement 
de savoir ce que deviendra une aile de Papillon une fois qu'elle aura été débarrassée 
de sa matière colorante. 

En premier lieu, ces expériences confirment un des points que nous avons 
énoncés précédemment, à savoir que les couleurs claires sont le plus souvent formées 
par des écailles qui contiennent moins de pigment que les couleurs foncées. En 
effet, certaines couleurs se dissolvent plus rapidement que d’autres et l'expérience 
montre que ce sont précisément les parties claires qui se vident le plus facilement. 
Ainsi une Piéride devient, par l’action de la potasse caustique à chaud, absolument 
transparente de façon à ce qu’on puisse lire au travers, en très peu de temps 
(demi-heure environ); tandis que, pour obtenir le même résultat avec les parties 
noires de cette Piéride, il faut un temps double; pour décolorer les dessins noirs des 
Vanesses, il faut prolonger le traitement jusqu’à 9 et 14 heures. Or, nous avons vu 
précédemment que les écailles blanches des Pieris contiennent peu de pigment et 
que les écailles noires des Vanessa en sont surchargées. Il faut 2 à 3 heures pour 
décolorer les ailes des Ærebia; pour la bande fauve des individus de ce genre, le 
temps nécessaire pour la débarrasser de sa matière colorante est moindre. On voit 
qu'il y à une corrélation entre le degré de coloration des différentes parties et la 
rapidité avec laquelle celles-ci deviennent transparentes. Le tableau suivant, en 
méme temps qu'il donne la liste des espèces étudiées, montrera cette corrélation : 


na te 
ptit 


(34 
“1 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES l 


DÉCOLORATION DES AILES DE DIVERS PAPILLONS 
AU MOYEN DE LA POTASSE CAUSTIQUE CHAUFFÉE A 95 


Durée nécessaire pour rendre l'aile transparente. 


ESPÈCE COULEUR DU FOND DESSINS | 
| | 
| Heure Heure | 
TRIAL LTE INR SEE rer 1 3 | 
és rapæ get ? 1 As | 

10 DOC COMEDIE ES EE I 2 
| » nan et ® I 21} 
| CRCOP UT S NAME NN: CERN EN. ta [ 
| Aporia cralægi 1 
| Rhodocera rhamni 1 — 
Colias edusa et Q l 3 
LL » hyale g'et Q® 1 3 
Vanessa urticæ 2 9 
» 10 . 2 ME 12 
» atalanta 2 1 
» levant AUS 5 
Lycæna icarus G 1 2 
» “0 ; ï 
» corydon 1 2 
» » Q 2 li 
» bellarqus 1 2 
; RS 2 ï 
» semiurqus Il 2 
» » Q 2 n 
Melitæa athalia RS 3 
» parthenie. A/S | 3 
Argynnis dia TL 4 
| Erebia æthiops 2 5 
Arge qgalathea gate l 
| Epinephele-hyperanthus 2 l 
ù Jantra . I ! 
| Cœnonympha pamplilus AE 
| Zygæna lransalpina 2 6 
Ocneria dispar G'. 2 | 3 
» NL ON 11} 3 
Lasiocampa quercus 3 7 
Bombyx neustria Q 1 2 "y 
| Saturnia pavonin Q . 2 — 
Plusia gamma . 1 ae 
| Brotolomia meticulosu (l 2 
| Caradrina quadripunctata JE DE 
A grolis cuprea ue AREre 2% 
AT NO LIOMIQI SE OP NON TA A 
Ematurqu atomaria I 1}/s 


158 ARNOLD PICTET 


Ce tableau nous montre que la décoloration des aïles au moyen de la potasse 
caustique à chaud se fait avec une rapidité d'autant plus forte que le pigment est 
peu abondant, c’est-à-dire que l'aile est plus claire. 

Une fois que les ailes ont été décolorées d’après le procédé que nous venons 
d'indiquer, nous les lavons à l’eau, puis à l’alcool; nous les étalons sur un porte- 
objet où elles ne tardent pas à se sécher. Il faut attendre que la dessiccation soit 
complète avant de se livrer à un examen quelconque. En effet, les ailes entières 
rendues humides par un liquide (eau, alcool, xylène, etc.) ou en préparation au 
baume de Canada, jouissent, tant qu’elles sont humides, du pouvoir de décomposer 
les radiations de la lumière. 

Les ailes dépigmentées, une fois sèches, sont examinées au microscope; la 
transparence qu’elles ont acquise facilite cet examen. Nous remarquons alors que les 
écailles se sont un peu aplaties, ce qui se conçoit du reste, mais que leur forme 
et leur position sur l’aile les unes par rapport aux autres n’ont pas été modifiées ; 
il en est de même des stries qui sont restées intactes et n’ont été ni déformées, ni 
altérées. 

Nous avons cherché à obtenir des décolorations absolues; la chose est facile, 
ainsi que nous l’avons déjà dit, pour certaines espèces peu pigmentées, telles que 
les Pieris, les Rhodocera rhamni, les Colias, etc. Les ailes de ces espèces deviennent 
si transparentes qu'on peut parfaitement lire au travers; les nervures seules sont 
restées un peu opaques. Mais chez les Vanessa, les Melitæa, les Argynnis, les 
Lycæna, etc., les taches noires conservent toujours un peu de pigment, à moins 
qu’on ne pousse très loin la dissolution. 

Ayant constaté que les stries n’ont pas été modifiées, nous examinons les ailes 
décolorées, par transparence, à la lumière du jour ou à la lumière artificielle, en 
ayant soin de les incliner légèrement. La première chose qui frappe, dans cet 
examen, c’est que les ailes décolorées des Rhopalocères décomposent toutes active- 
ment les raciations lumineuses ; et c’est principalement les ailes qui sont devenues 
si transparentes qu’elles peuvent rivaliser, sous ce rapport, avec une plaque de 
verre, qui montrent avec le plus d'intensité les couleurs spectrales. Ajoutons que 
le phénomène se présente mieux au soleil qu’à la lumière diffuse ou à la lumiere 
artificielle. 

Toutes les espèces dont la liste figure au tableau page 157, se compor- 
tent, une fois que leurs ailes ont été décolorées, de la façon que nous venons 
de dire. Les Rhopalocères, surtout, décomposent merveilleusement les rayons 
lumineux. Quant à certains Hétérocères, le phénomène optique est masqué 
par l’abondance des poils qui recouvrent les ailes, ainsi que nous le verrons plus 
loin. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 159 


Ce procédé de décoloration des ailes met encore en évidence un phénomène 
optique curieux qui mérite d’être connu, Quoique ce phénomène soit assez étrange, 
nous n'hésitons pas à en dire quelques mots. 

Examinons une aile en partie décolorée de Vanessa urticæ dont les taches 
noires ont seules conservé du pigment et dont tout le reste est devenu transparent. 
Les parties transparentes décomposent, comme nous le savons, la lumière. Quant 
aux parties noires, elles se montrent avec des reflets métalliques rouge brun, dorés 
au pourtour des taches. Et le même phénomène se reproduit encore pour d’autres 
espèces, notamment parmi les Ærebia. et pour les taches noires des Pieris, des 
Melitæa, des Argynnis, ete. Si nous examinons maintenant des ailes de ces mêmes 
espèces, mais que l’on a, volontairement, peu décolorées, le phénomène en question 
ne se reproduit plus aux parties noires. 

En résumé, les parties noires, complètement décolorées, décomposent les vibra- 
tions lumineuses; les mêmes parties, ayant conservé passablement de pigment, ne 
reproduisent plus ce phénomène et, lorsqu'elles conservent leur pigment en quantité 
moyenne, elles se montrent avec des reflets métalliques rouge brun, dorés, très 
appréciables. En outre, le pigment de ces écailles ne semble plus être diffus, mais 
granuleux ; c'est du moins, nous semble-t-il, le résultat de l'examen microscopique 
de ces parties. Ce qu'il y à surtout lieu de retenir, c'est que, modifiées dans leur 
structure pigmentaire par le traitement à la potasse caustique, les taches noires 
réfléchissent la lumière rouge. N'y aurait-il pas là, grâce au fait que le pigment est 
devenu granuléux, une sorte de sélection opérée parmi celles des radiations lumi- 
neuses qui sont décomposées ? Les rayons rouges ainsi sélectionnés agiraient avec 
le noir de la tache pour former ces reflets métalliques brun rouge. 

Quoiqu'il en soit, on se rend compte que la couleur réelle des Papillons peut 
être, parfois, modifiée par des jeux de lumière, dès que le pigment n’est plus assez 
abondant dans l’écaille pour rendre celle-ci opaque. Nous aurons du reste à signaler 
plus loin quelques cas qui montrent que la sélection ainsi formée joue un rôle dans la 
production de l’albinisme et du mélanisme. 

Le mécanisme de la reproduction, par les ailes décolorées, des couleurs spec- 
trales est-il réellement dû à la présence des nombreuses stries qui tapissent la sur- 
face des écailles et à la transparence des écailles elles-mêmes ? 

Pour résoudre cette question, nous décolorons les ailes de plusieurs espèces 
au moyen de l'acide sulfurique fort; le pigment s’extrait facilement, les ailes 
deviennent transparentes et jouissent de la même propriété que précédemment. 
Mais si nous augmentons la durée d'action de l’acide sulfurique, celui-ci, après 
avoir extrait le pigment, attaque les stries et les efface; en sorte que, une fois lavées 
et séchées sur le porte-objet, les ailes possèdent des écailles transparentes et lisses 


MÉM. SOC, PHYS, ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1912). 20 


160 ARNOLD PICTET 


comme du verre, Or, ces ailes ne décomposent plus les vibrations lumineuses. Ce 
sont donc bien les stries des écailles qui jouent le seul rôle dans la production du 
phénomène optique dont nous venons de nous occuper !. 

On peut le prouver encore de la façon suivante : les aïles de plusieurs espèces 
de Rhopalocères sont décolorées complètement par le procédé à la potasse caustique 
qui, nous le savons, ne détériore pas les stries. Cela fait, ces ailes sont trempées 
dans différents colorants de façon à acquérir une couleur quelconque, mais tout en 
restant transparentes. Nous avons utilisé, comme colorants, la rosaniline, le brun 
de Bismarck, l'hämalun, une solution alcoolique d’encre de Chine, une solution 
alcoolique d'acide picrique, de l'encre bleue et de l'encre violette: tous donnent de 
bons résultats et l’on obtient, de cette façon, des ailes absolument transparentes, 
mais colorées en bleu, en brun, en rose, en violet ou en noir. Or, ainsi préparées et 
malgré leur transparence, ces ailes #e décomposent plus la lumière, sauf dans un 
ou deux cas où elles n’ont pas été suffisamment colorées. 

D'où cela peut-il provenir? L'examen microscopique de ces ailes nous donne 
la solution du problème; en effet, nous voyons que le colorant s’est amassé tout 
particulièrement au sommet des stries ; celles-ci, rendues un peu opaques, ont perdu 
par conséquent leur pouvoir de décomposer la lumière. 

Les recherches que nous venons de décrire ont été pratiquées de la même 
façon sur des ailes de quelques Lycæna, dont les mâles, on s’en souvient, brillent 
d’un éclat métallique tout particulier. Les auteurs ont admis que la couleur bleue 
de ces males est due au phénomène optique. Si ces écailles étaient construites diffé- 
remment de celles des Papillons à couleurs pigmentaires, cette différence devrait 
s'apercevoir en pratiquant sur les ailes bleues les mêmes méthodes que nous 
avons pratiquées sur les ailes pigmentées. Or, la décoloration des ailes des Lycæna 
au moyen de la potasse caustique, la destruction de leurs stries au moyen de l’acide 
sulfurique, la recoloration d'ailes décolorées au moyen de divers colorants, nous ont 
donné exactement les mêmes résultats et les mêmes indications que pour les aïles à 
pigment. En outre, l'examen microscopique des ailes des Zycæna décolorées nous a 
montré que leurs écailles sont identiques, quant à leur structure, à celles des Papil- 
lons à couleurs pigmentaires. 

Les écailles des Æétérocères ont également été étudiées chez un certain nombre 
d'espèces appartenant aux principaux groupes de ce Sous-ordre. Elles varient un 
peu, quant à leur forme, de celles des Rhopalocères et, notamment, leurs dents sont 
souvent plus longues et plus acérées. Mais elles sont également ornées de stries en 


1 Au moyen de l'acide nitrique on peut obtenir le même résultat, quoique moins concluant, et effacer les 
stries des écailles. Mais, dans ce cas, les écailles et les membranes alaires se colorent en jaune, en sorte que 
le phénomène est modifié. 


die" 


Je 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 161 


relief, longitudinales, légèrement guillochées, disposées sur la surface de lécaille 
parallèlement les unes aux autres. Leur structure est donc la méme que pour les 
Rhopalocères et l'examen d’un grand nombre de ces écailles nous amène encore à 
la conclusion que leur pouvoir de décomposer les radiations lumineuses croit en 
“aison inverse de la quantité de pigment qu'elles contiennent. 

Cependant les ailes des Hétérocères qui ont été décolorées par la potasse caus- 
tique (et dont la liste figure à la fin du tableau, page 157) ne décomposent pas, malgré 
la transparence acquise et le fait que les stries de leurs écailles sont restées intactes, 
les vibrations de la lumière. D'où peut bien provenir cette différence entre les ailes des 
Rhopalocères et celles des Hétérocères, alors que leur structure et le procédé employé 
sont les mêmes dans les deux cas ? Deux phénomènes sont la cause de cette différence. 

En premier lieu, et principalement chez les Bombyciens, les ailes sont cou- 
vertes d'une abondante pilosité. Examinons au microscope une aile entière d’une 
femelle de Lasiocampa quercus et nous serons frappés de trouver, au-dessus de la 
couche normale des écailles, une couche compacte de poils plus ou moins allongés, 
qui prennent racine sur le champ de l’aile, aux côtés des écailles et qui s'élèvent 
légèrement au-dessus de celles-ci. Presque tous les Bombyciens possedent, avec plus 
ou moins d'abondance, une pilosité semblable à celle qui vient d’être décrite. Si ces 
poils, sous l'influence de la potasse caustique, perdent leur pigment et deviennent 
transparents, ils ne sont nullement doués du pouvoir de décomposer la lumiere, 
puisqu'ils sont cylindriques et ne possèdent pas de stries. Il résulte donc de ce dis- 
positif spécial, que la couche d’écailles étant recouverte d'une couche de poils non 
striés, cette dernière empêche la production du phénomène optique. 

La seconde raison explique surtout l'absence du phénomène optique chez les 
Noctuelles et les Géomètres; elle réside dans le fait que les écailles de ces Papillons 
ne sont pas aussi solidement implantées sur l'aile que chez les Rhopalocères. En 
effet, en examinant au microscope les ailes des Noctuelles et des Géomètres déco- 
lorées, on constate que la plus grande partie des écailles sont déplacées, souvent 
déformées ou plissées et qu'elles forment un enchevétrement qui empêche certaine- 
ment la décomposition des rayons lumineux. 


CONCLUSIONS RELATIVES AUX FAITS EXPOSÉS DANS CE CHAPITRE. 


Nous concluons de ce qui précède que la division des couleurs des Papillons, 
ainsi qu'on l’admet généralement, en deux catégories, pigmentaires et optiques, 
n’est pas tout à fait exacte. En réalité, toutes les couleurs des Papillons, depuis les 
tons les plus pales jusqu'aux plus foncés, depuis les bleus chatoyants jusqu'aux 


162 ARNOLD PICTET 


violets irisés, appartiennent à une seule et méme catégorie, celle des couleurs 
optiques, puisque {outes sont susceptibles de décomposer la lumière, et qu’elles sont 
toutes semblablement constituées. On se souviendra encore que les écailles peu pig- 
mentées, une fois qu'elles sont détachées de l’aile, se présentent comme des écailles 
optiques et produisent les mêmes effets. Il n’y a que celles qui sont surchargées de 
pigment qui ne décomposent pas les rayons lumineux. 

Ce n’est donc pas la constitution morphologique de ces minimes éléments de 
l'aile qui motiverait l'existence de deux catégories, puisque leur constitution est 
partout semblable. Il n'y a donc qu'une seule catégorie d’écailles, les écailles 
optiques; seulement, dans certains cas, le phénomène de décomposition des radia- 
tions lumineuses est masqué par l'abondance du pigment. 

Nous pourrions fort bien nous représenter la chose en imaginant un prisme qui 
aurait été machuré de noir où un miroir qui aurait été barbouillé de couleur: le 
premier ne décomposerait plus la lumière, le second ne la réfléchirait pas davantage. 

Enfin, la plus grande partie des Rhopalocères et beaucoup d'Hétérocères pré- 
sentent, sur leurs aïles intactes, quelque peu de reflets métalliques dont l’origine 
est duc à la présence des stries sur chacune des écailles. Le phénomène optique est 
donc général avec plus où moins d'intensité à tous les Lépidoptères, sauf cepen- 
dant à ceux qui sont velus. Chez ceux-ci, les poils cylindriques et sans stries qui 
couvrent les écailles masquent les irisations qui devraient se produire, mais leurs 
écailles n’en sont pas moins optiques. 

Il demeure donc établi que toutes les écailles, qu’elles soient colorées en rouge, 
en jaune, en blanc, en brun, en noir, jouissent de la faculté de décomposer les 
vibrations de la lumière, aussi bien que les bleues ou les violettes. 

Nous concluons encore et nous citerons d’autres exemples plus loin, que, par le 
fait de la constitution striée des écailles et du phénomène optique qui en résulte, 
les pigments des Papillons n'apparaissent pas toujours avec leur couleur réelle. 


CHAPITRE I 


Recherches expérimentales sur la variation par mélanisme et albinisme 
des parties. 


Il nous reste maintenant à rechercher comment fonctionnent les écailles dans 
la production du mélanisme et de l'albinisme des parties, de même que dans toutes 
les nuances intermédiaires qui se rencontrent sur les aïles des Papillons, depuis 
les tons les plus clairs jusqu'aux plus foncés: il nous faudra également nous rendre 
compte de quelle façon sont formés les dessins. Pour cela, nous examinerons un 
certain nombre d'espèces et décrirons les expériences que nous avons pratiquées 
dans ce but. 

Ce travail ayant principalement pour objet l'étude du mélanisme et de lalbi- 
nisme, nous commencerons par quelques-uns des Lépidoptères qui sont blancs et 
noirs; les Piérides, sous ce rapport, nous fourniront un excellent matériel. Nous 
ferons, avec quelques détails, l'examen de Pieris rapæ, qui servira, en outre, de 
modèle à nos autres recherches. 


Pieris rapæ. 


Examen du dessus des ailes. — Cette espèce est blanche et possède à l'aile 
supérieure une tache apicale noire et dans le champ de cette aile une autre tache 
noire chez le male, deux chez la femelle. Les contours de ces taches se fondent 
graduellement dans le blanc de l'aile de telle façon qu'elles se trouvent entourées 
d’une zone grisatre. Les ailes inférieures sont blanches également, avec une petite 
tache noire, à contour diffus, au bord antérieur. 

Nous avons donc à considérer trois nuances distinctes : le blanc du fond, le noir 
des taches et le gris qui sépare ces dernières du reste de l'aile. Vers le corps nous 
considérons encore la racme de l'aile qui est légèrement saupoudrée de grisatre. 

Les écailles noires et les blanches sont à peu près toutes construites sur le 
même type et ne présentent guère de variation que dans leur taille. Les unes, en 


164 ARNOLD PICTET 


effet, sont un peu plus longues et étroites, les autres, au contraire, sont plus courtes 
et larges : vers le corps et à la frange nous les trouvons plus allongées et, chez les 
males, nous remarquons en outre la présence des écailles androchoniales dont 
J. REVERDIN (1909, 145) a décrit la structure spéciale. ; 


Examen des écailles détachées des parties blanches. — 1° Au moyen dune 
aiguille emmanchée nous détachons un certain nombre d'écailles des parties 
blanches et nous les plaçons, en préparation sèche, sur un porte-objet. Sous le 
microscope, à la lumière transmise par le miroir, ces écailles sont légèrement trans- 
parentes, surtout à leur extrémité proximale. Leur couleur est nettement grisatre, 
principalement aux parties les plus pigmentées et il est facile de se rendre compte 
que cette couleur grisatre provient du fait qu'il y a, dans ces écailles, un pigment, 
plutôt diffus que granuleux, qui arrête la lumière transmise par le miroir; il en 
résulte que la face qui est seule visible à travers l'objectif, étant dans l’ombre, se 
montre avec cette teinte. Cet examen nous révèle encore que l’extrémité distale de 
l'écaille est souvent plus opaque et contient par conséquent plus de pigment que 
l'extrémité proximale; dans certains cas, cette dernière extrémité est absolument 
transparente. 

Si, maintenant, nous examinons ces mêmes écailles blanches à la lumière 
directe, éclairant leur face supérieure, nous constatons qu'elles se montrent avec 
une couleur blanche presque aussi pure que sur les aïles entières du Papillon; elles 
ont cependant des reflets irisés qui n'existent pas toujours sur les ailes intactes, 
et, suivant l'orientation qu'on donne à ces écailles par rapport à la direction de la 
lumière, elles présentent, alternativement, toutes les couleurs spectrales. Cela 
montre que, grace à leur peu de pigment, elles décomposent les radiations lumi- 
neuses. 

Parmi les écailles qui ont été placées sur le porte-objet, il s’en trouve parfois 
deux qui sont superposées:; or cette superposition donne une figure beaucoup plus 
blanche que lorsqu'il ne s’agit que d’une seule écaille et, en outre, l’écaille de 
dessus décompose beaucoup moins les vibrations de la lumière. Nous en trouvons 
parfois trois qui sont ainsi superposées; dans ce cas, la supérieure ne donne 
presque plus lieu au phénomène optique. 

Dès lors, nous nous rendons compte pourquoi les ailes des Pieris rapæ sont 
blanches, opaques. presque sans irisation, alors que leurs écailles, étudiées isolé- 
ment, sont transparentes avec une forte irisation. Sur l'aile, les écailles dans leur 
position habituelle, sont serrées les unes contre les autres, en rangées régulières, 
la portion distale (opaque) chevauchant sur la portion proximale (transparente) de 
l’'écaille de la rangée voisine; les extrémités transparentes, qui pourraient, sur l'aile 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 165 


intacte, décomposer la lumière, sont donc cachées. En second lieu, la surface infé- 
rieure de l’aile contient également une couche d’écailles identique à celle de Ja face 
supérieure, ce qui produit le même effet que lorsque, dans l'examen microscopique, 
deux écailles détachées sont placées l’une sur lautre. Ce qui précède nous montre 
encore que l'existence d'un pigment blanc n'est pas douteuse. 

29 Nous décolorons les ailes de quatre Pierisrapæ, males et femelles, en les pla- 
çant pendant un temps variable (1 à 2 h.) dans un bain de potasse caustique, chauffé 
lui-même au bain-marie à 95°. À mesure que les ailes se décolorent, un précipité 
jaunâtre, Hoconneux, se forme dans le bain de potasse ; c’est le contenu des écailles qui 
se déverse de cette façon. Les ailes, une fois décolorées, sont lavées à l’eau et éten- 
dues sur un porte-objet où elles ne tardent pas à se sécher, Suivant la durée de lopé- 
ration, les ailes de Pieris rapæ deviennent plus ou moins transparentes et celles qui ont 
séjourné pendant 2 h. dans la potasse le sont devenues à tel point que l’on peut lire 
au travers. Les parties noires se décolorent moins rapidement que les blanches. 

Examinées au microscope, à la lumière transmise par le miroir, nous remar- 
quons que les écailles sont restées intactes quant à leur forme et quant à la position 
de leurs stries; en outre, leur position sur l'aile par rapport les unes aux autres n'a 
pas non plus été altérée; elles sont devenues parfaitement transparentes et nous 
voyons encore par là qu'avant d’avoir été traitées, elles contenaient un pigment 
que la potasse caustique à extrait. Ainsi que nous l'avons indiqué, les ailes deve- 
nues transparentes, lorsqu'elles sont examinées selon une certaine inclinaison, et 
surtout à la lumière du soleil, décomposent activement les radiations lumineuses. 

Nous retenons, de ce qui précède, que la couleur blanche des ailes de Pieris 
rapæ est due à un pigment déposé en petite quantité dans les écailles et que ce pigment 
est réellement blanc. Ce n’est pas à un phénomène optique que cette couleur est due. 

Nous avons encore trouvé sur les ailes des Pieris rapæ, quoiqu'en très petit 
nombre, des écailles vides, mais atrophiées selon un mode particulier : elles se sont 
recourbées, sont devenues convexes, en sorte que leur surface est maintenant bombée. 
Or ces écailles, au lieu de décomposer les vibrations de la lumiere comme c’est le 
cas de toutes les écailles vides ou contenant peu de pigment, se montrent blanches, 
sans refléter les couleurs du prisme. 

Il semble probable que ce phénomène soit dû à la structure bombée spéciale de 
ces écailles !; en effet, sur cette surface bombée, les stries se présentent à la lumière 


! Nous n'avons pas pratiqué de coupes au travers de ces écailles bombées ; mais on se rend compte, par 
l'examen microscopique, que leur structure est bien telle que nous l'avons indiquée. En effet, on n'arrive 
jamais à les mettre entièrement au point; si l’on met au point leur centre, leur périphérie est trouble et 
inversement, la périphérie étant mise au point, c’est le centre qui est alors trouble, Au contraire, les 
écailles à surface plane peuvent être mises au point sur toute leur étendue, 


166 ARNOLD PICTET 


sous un autre angle que celui des stries qui existent sur une surface plane. Cette 
disposition semble être la cause de la réflexion de l’ensemble des rayons lumineux, 
c’est-à-dire de la lumière blanche. 

Cependant les écailles de cette sorte sont trop peu nombreuses sur les ailes 
des Pieris rapæ pour qu’elles puissent jouer un rôle dans la production de leur 
couleur blanche. Mais nous verrons plus loin que des écailles semblablement modi- 
fiées jouent un rôle très conséquent dans certains cas d’albinisme et surtout d’albi- 
nisme expérimental. 


Examen des écailles détachées des parties noires. — En préparation sèche, 
d’après le même procédé que pour les écailles blanches, les écailles noires sont 
examinées au microscope. 

À la lumière directe, éclairant le dessous de la préparation, elles se montrent 
légèrement transparentes, grisâtres, et nous reconnaissons ainsi que cette couleur 
grisätre est due au fait que le pigment arrête la lumière transmise par le miroir. 
Leur extrémité proximale contient moins de pigment que leur extrémité distale. De 
même que précédemment, celles de ces écailles qui sont peu pigmentées décom- 
posent les radiations lumineuses. 

Examinées au microscope, à la lumière directe, les écailles noires sont loin de 
se montrer de cette couleur : elles sont franchement brunes. Il ne s’en trouve guère 
que quelques-unes qui, plus chargées de pigment que les autres, apparaissent noiï- 
râtres. Mais si, dans la préparation, deux écailles sont placées l’une sur l’autre, 
l’image produite de cette façon est d’un beau noir réel; de même, si deux écailles 
chevauchent en partie l’une sur l’autre, il n’y a que la portion couverte qui soit noire. 
D'autre part, le sommet des stries et le bord de l'écaille situé du côté où arrive la 
lumière ont des reflets bruns, parfois rouges, très prononcés. 

Nous concluons done que la couleur noire des taches de Pieris rapæ est bien 
produite par un pigment brun, et que si ces taches nous semblent, sur l'aile, noires, 
cela tient à l'abondance du pigment et au chevauchement de ces écailles les unes 
sur les autres, formant ainsi un magma compact. Nous retiendrons encore, comme 
étant important dans la question qui nous occupe, qu'un pigment brun peut, dans 
certains cas et suivant sa quantité, former des taches noires !. 


Examen des écailles détachées des parties grises. — Dans l'examen microsco- 
pique des écailles qui composent les parties grises, nous constatons, aussi bien à la 


! Nous trouverons plus loin d’autres exemples de ce genre en ce qui concerne la bordure marginale et 
les taches de Vanessa urticæ, les taches de Vanessa levana, les bandes de Melitæa parthenie, la tache 
apicale de Colias hyale, la couleur générale d’Zrebia æthiops, ete. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 167 


lumière directe qu'à la lumière transmise, qu'il ne s’en trouve aucune qui contienne 
un pigment gris; on n’aperçoit que des écailles brunes, semblables en tous points à 
celles des parties les plus noires, et des écailles blanches, identiques à celles du 
fond de l’aile. Mais si, dans la préparation, une écaille blanche se trouve placée sur 
une noire, l’image produite par cette superposition est grise. [l arrive aussi que, 
deux écailles blanches chevauchant sur les bords d’une noire, cette dernière paraisse 
avec sa couleur normale au centre et grise sur les côtés. 

Nous voyons, en conséquence, que la couleur grise de Pieris rapæ est formée, 
non pas par des écailles contenant un pigment gris, mais par des combinaisons 
d'écailles noires et de blanches. 


Examen des ailes entières. — C'est en examinant au microscope des ailes 
entières de Pieris rapæ en préparation sèche, que l’on se rend compte encore de la 
réalité de ce qui vient d'être dit. 

Les écailles sont toutes orientées dans le sens de la longueur de l'aile, c'est- 
à-dire que leur extrémité dentelée se trouve à l'opposé du corps du Papillon. A la 
lumière directe, les écailles des parties blanches semblent être grisatres à leur base: 
mais cela provient d’une illusion d'optique. En effet, cette coloration grise de la 
base ne se remarque que si la lumiere éclaire l’aile dans la direction du grand axe 
des écailles et elle n’est autre chose que l'ombre portée d'une écaille sur sa voisine. 
Il suffit de tourner la préparation dans l’autre sens pour que cette coloration dispa- 
raisse, La présence de cette ombre portée, soit dit en passant, est encore l’indica- 
tion que la couleur blanche de Pieris rapæ est bien due à un pigment blanc: il est 
évident que si les écailles étaient transparentes et que leur couleur fut due à un 
phénomène optique, ainsi que certains l’admettent, cette ombre portée ne se pré- 
senterait pas. 

L'observation à la lumière transmise ne donne pas de résultat par le fait de 
la présence de la membrane inférieure de l'aile, qui forme un écran et rend celle-ci 
opaque. 

C’est surtout l'examen des ailes entières qui nous révèle que les parties grises 
sont formées d’une combinaison d'écailles noires et d’écailles blanches, ou de la 
superposition des unes sur les autres. Le centre des taches noires est plus foncé: 
là, on remarque quand même la présence d’écailles blanches disséminées ; mais 
elles ne sont pas en nombre suffisant pour en changer la nuance. À mesure que 
les parties grises qui entourent ces taches deviennent plus claires, le nombre des 
écailles blanches augmente et celui des noires diminue; en sorte que, là où l'aile 
est presque blanche, on ne rencontre plus que quelques écailles noires disséminées. 
On comprendra done, ce qui, du reste, est tout naturel, que là où le nombre des 


MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 21 


168 ARNOLD PICTET 


écailles noires domine, la tache est plus foncée que là où ce sont les blanches qui 
sont en plus grand nombre. 

La région grisâtre de la racine des ailes est formée de la même façon. 

La tache apicale se prolonge vers l’intérieur de l'aile en deux ou trois minces 
filets noirs qui suivent les. nervures et qui vont en diminuant de teinte et d’épais- 
seur à mesure qu'ils avancent vers le milieu de l’aile. Sur l’un des individus exa- 
minés, le plus grand de ces filets à 4% de longueur et le plus petit 1"® seulement. 

Les écailles qui composent ces filets sont disposées en rangées transversales. 
La première rangée, celle qui suit la tache apicale, est formée de 12 écailles parmi 
lesquelles se trouvent 10 noires et 2 blanches intercalées: viennent ensuite 5 ran- 
gées de 8 à 10 écailles noires sans mélange ; la 6" rangée compte 6 écailles dont 3 
blanches encadrées de 3 noires, puis de nouveau 2 rangées de 7 écailles noires, et 
une de quatre. À cet endroit le filet est déjà très mince; il ne comporte plus que 
des rangées de une ou deux écailles qui se succèdent de la façon suivante : une ran- 
gée bigarrée, une rangée de 3 écailles noires, dont deux sont totalement couvertes 
par des blanches et apparaissent grises. Enfin le filet se termine par une succession 
en file indienne de 10 écailles noires, le plus souvent couvertes, en tout ou partie, 
par des blanches. 

Le plus petit des deux filets, de même que ceux d’autres sujets examinés, est 
constitué, à quelques détails près, de la même façon. 


Examen du dessous des ailes. — Le dessous des ailes supérieures de Pieris 
rapæ est blane, avec une tache apicale jaune et un saupoudré de jaune et de gris à 
la racine des ailes. En outre, au centre, nous trouvons chez la femelle deux taches 
noires, et une seule chez le mâle. Les inférieures sont uniformément jaunes, sablées 
de gris: leur couleur varie beaucoup comme intensité suivant les individus et sui- 
vant que ceux-ci appartiennent à la génération du printemps ou à celles de l'été. 


Examen des écailles détachées. — Les écailles blanches sont identiques à celles 
du dessus de l'aile; en en pratiquant l'examen microscopique selon la même méthode 
que précédemment, nous voyons qu'elles contiennent un pigment blane. Le rôle 
joué par l’interférence des rayons lumineux est le même pour les écailles du des- 
sous que pour celles du dessus de l’aile. 

Les écailles de la fache apicale jaune sont semi-transparentes et apparaissent 
grises à la lumière transmise par le miroir du microscope et éclairant le dessous de 
la préparation. Leur couleur réelle ne se montre nettement qu'à la lumière directe ; 
nous voyons ainsi que ces écailles contiennent, en petite quantité, un pigment Jaune, 
diffus. Ce pigment n’est amassé qu'à la moitié distale : la moitié proximale est trans- 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 169 


parente. L'examen microscopique ne laisse aucun doute sur l'existence de ce pig- 
ment jaune, qui est moins abondant que le pigment blanc des autres parties. 

Lorsque, dans la préparation, deux écailles jaunes se trouvent placées l'une sur 
l'autre, l’image produite par cette superposition est d'un jaune plus vif que celui 
des écailles isolées: si plusieurs de ces éléments forment un groupe compact, la 
couleur que présente ce groupe est jaune d'ocre. Cela nous montre, une fois de 
plus, le rôle que peut jouer, pour renforcer la nuance de Faiïle, la superposition de 
deux ou plusieurs écailles. 


Examen de l'aile entière. — La tache apicale de l'aile supérieure est composée, 
en dessous, d'écailles jaunes, avec quelques écailles blanches intercalées. Chez cer- 
tains individus dont la tache apicale est très pale, les écailles blanches sont en 
assez grand nombre. 

Quant à la portion, de teinte dégradée, qui limite la tache apicale du reste de 
l'aile, sa coloration est due à une combinaison d’écailles jaunes et de blanches, le 
nombre de ces dernières augmentant à mesure que l’on se rapproche du centre de 
l'aile. 

Un phénomène tontribue à rendre la tache apicale jaune plus foncée qu’elle 
n'est en réalité : c’est la présence, sur la face supérieure, de la tache noire de l'apex. 
Ces deux taches occupent la même position à l’extrémité de l'aile, l’une à la face 
supérieure, l’autre à la face inférieure. Il résulte de cette disposition que la tache 
noire du dessus rend plus foncée la tache jaune du dessous. Mais celle-ci est plus 
étendue que celle-là, et les parties jaunes qui dépassent apparaissent seules avec 
leur couleur réelle. C’est, par conséquent, l'existence du noir de Ja face supérieure, 
qui fonctionne comme écran arrêtant la lumière, qui donne à l’apex du dessous une 
coloration jaune plus foncée qu’en réalité 

Voilà un exemple du rôle que peut jouer la coloration d’une des faces de l'aile 
sur celle de l’autre face. Ce phénomène, très appréciable dès que l’on examine l’aile par 
transparence, ne peut se présenter que chez les espèces dont les écailles contiennent 
peu de pigment; la coloration plus intense de la portion distale de la tache jaune 
est due à cette organisation et non pas au fait que ses écailles contiennent plus de 
matière colorante, où une matière colorante d’un jaune plus foncé, que dans la por- 
tion proximale. 

La côte apparait d’un jaune beaucoup plus intense, allant même, parfois, jus- 
qu'au jaune d’ocre. Les écailles, à cette région de l'aile, sont serrées les unes contre 
les autres et davantage superposées qu'ailleurs ; elles forment ainsi une sorte de 
magma assez compact. Mais, si nous isolons quelques écailles de cette région pour 
les examiner séparément, nous nous rendrons compte qu'en réalité elles ne sont pas 


170 ARNOLD PICTET 


d'un jaune plus foncé et que le pigment n’y est pas plus abondant que dans les autres 
parties. C’est uniquement à cette disposition des écailles, dont la superposition 
augmente l’épaisseur, qu'est dû le renforcement de leur teinte. 

La couleur du dessous des ailes inférieures de Pieris rapæ varie passablement 
suivant les saisons, les localités et l'altitude qu'habite cette espèce ; il existe des 
individus dont les ailes inférieures sont uniformément jaunes, légèrement sablées de 
gris, et d’autres chez lesquels le sablé gris couvre presque toute l'aile. 

L'examen microscopique, pratiqué de la même facon que précédemment, 
nous montre que le dessous des ailes inférieures de Pieris rapæ comporte, à la base, 
des combinaisons d’écailles noires, de jaunes et de blanches, et dans le champ, des 
combinaisons de Jaunes et de blanches. C’est encore la proportion numérique entre 
chacune de ces écailles qui donne à l'aile la couleur qu’elle possède; ainsi, dans les 
spécimens où le sablé de gris s'étend sur presque toute l'aile, les écailles noires sont 
disséminées sur presque toute la surface de celle-ci. 

Nous avons encore eu à l'examen des exemplaires de Pieris rapæ dont le des- 
sous des ailes inférieures est d’un jaune excessivement pale. Les écailles jaunes, 
examinées isolément, se font remarquer par la rareté de leur pigment. Mais la 
méthode de superposition de deux ou de plusieurs d’entre elles nous montre que ce 
pigment est d’un jaune de méme valeur que celui des écailles d'individus normaux. 
Nous avons la un exemple que le palissement de la couleur provient de la rareté 
d’un pigment de teinte normale et non pas de ce que le pigment a pris une temte 
plus claire. 

En étudiant en détail les ailes des Pieris rapæ, C'est-à-dire un des cas les plus 
simples qui puissent se présenter, nous avons surtout voulu faire ressortir le fait 
que des ailes qui comportent des dessins de cinq colorations différentes (noir, blanc, 
gris, jaune d'ocre et jaune) ne sont formées que par des écailles qui ne contiennent 
que trois pigments. C’est ainsi que le jaune d'ocre est produit par un plus grand 
chevauchement des écailles jaunes, et non pas par la formation d’un pigment jaune 
d’ocre ; que les parties grises comportent un mélange d’écailles noires et de blanches, 
ou d’un plus fort chevauchement des noires sur les blanches, etc. 

Pour former toutes les aberrations connues de cette espèce, c’est un mécanisme 
analogue qui intervient et, dans aucun cas, il ne se crée de nouvelle couleur. Nous 
verrons qu'il en est ainsi pour presque toutes les espèces étudiées. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 171 


Expériences de température élevée avec Pieris rapæ. 


Ces expériences ont été pratiquées chaque année depuis 1906, sur un grand 
nombre de chrysalides hivernantes ; elles se divisent en 3 séries. 


1. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, en automne. 
a) pendant une Courte durée (2 à 7 jours conséculifs suivant les cas, mais 7 heures par 
jour seulement). 
b) pendant 3 à 5 jours consécutifs. 


1. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, au printemps. 


IL. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, en automne, pen- 
dant 3 jours consécutifs et de 35°, au printemps, pendant 10-15 jours consécutifs. 
Les résultats sont peu nombreux; sur le nombre très élevé de chrysalides expérimentées, 
31 seulement ont réagi pour produire des adultes légèrement modifiés dans les séries 1 et LL. 
Les expériences de la série IT n’ont pas donné de résultat. 


la. Parmi les chrysalides qui ont donné lieu à cette expérience, nous avons seulement obtenu 
13 aberrations : 7 (dont 2 ©) sont mélanisantes et 6 (dont 3 ©) sont «lhinisantes. Une femelle 
parmi les premières, brille tout spécialement par son extrême richesse de pigmentation : aux 
ailes supérieures la tache apicale est très étendue, les taches du centre de l'aile sont larges : 
le sablé gris couvre la moitié de la superficie de l'aile, la côte et la marge sont fortement 
teintées de jaune ; aux inférieures, le sablé grisatre est également très étendu et on remarque 
en outre, au centre de chacune de ces ailes, une petite tache noire spéciale. 
. Les autres aberrations mélanisantes brillent par une accentuation de tous les caractères foncés 
et par leur couleur du fond qui est devenue jaune. 
Les aberrations albinisantes ont les caractères suivants : 
En dessus : Eclaircissement de la teinte de toutes les taches noires, qui, dans deux cas, 
s’elffacent presque totalement ; absence d’écailles jaunes. 
En dessous : La teinte jaune est très atténuée. En outre, les 4 ailes sont légèrement trans 
parentes. 


1h. Parmiles Papillons des chrysalides qui ont pris part à celte expérience, 8 (dont # © ) sont modifiés. 
Les 4 femelles sont mélanisantes :; il y a renforcement de tous les caractères foncés, sauf 
de la tache apicale qui est grise. Les 4 ailes sont, en outre, légèrement jaunâtres avec reflets 
métalliques. 
Les # mâles sont légèrement albinisants. 


IL (9 Q et 3 G). 8 femelles brillent par les caractères suivants : 
En dessus : Taches peu étendues, brunätres, avec des reflets métalliques bronzés ; les 4 ailes 
sont fortement saupoudrées d'alomes brunälres, à reflets métalliques comme ceux des taches. 
En dessous : Aïles fortement sablées de grisâtre, 
La 9m femelle possède les mêmes caractères bruns, mais la tache apicale est, en partie, effacée. 
Les trois mâles ont les taches brunes, avec reflets métalliques, mais peu marquées. 


172 ARNOLD PICTET 


Nous ajouterons que, parmi les individus de la série I, les mélanisants se 
remarquent par la grosseur de leur abdomen, et, pour la plupart, par leur grande 
taille. Les albinisants possèdent au contraire un abdomen fluet, qui s’aplatit en 
séchant; en outre, trois de ceux-ci n’ont pu développer complètement leurs ailes. 

La taille de tous les individus de la série IT est légerement au-dessous de la 
moyenne; tous ont l'abdomen bien conformé, un seul est resté atrophié. 

Nous retiendrons encore de ces expériences que, sous l’influence de la tempé- 
rature élevée agissant sur les chrysalides de Pieris rapæ., trois sortes de modifica- 
tions peuvent se produire sur les ailes de ces Papillons : 


1° Des formes mélanisantes ; 
20 Des formes albinisantes ; 
3° Des formes à la fois mélanisantes et albinisantes. 


Autrement dit: les Pieris rapæ, sous l'influence de la température élevée, ne 
varient que selon la loi du mélanisme et de l'albinisme des parties. 


Examen microscopique des aberrations obtenues des expériences avec Pieris 
rapæ. — Les écailles des individus normaux, à part les androchoniales des mâles, 
sont de deux types: des allongées et minces, et des arrondies et courtes. Ces deux 
types d’écailles sont disséminés à la surface de l'aile et se retrouvent, avec quelques 
modifications de détail, sur les différentes parties de l’aile (PI. 5, fig. 2, a). Il existe 
un dimorphisme sexuel, relatif à ces éléments. 


Individus albinisants. — Parmi les écailles des individus les plus albinisants, 
nous retrouvons les deux types signalés ; mais, pour chacun d’eux, les écailles sont 
beaucoup plus petites que normalement (PI. 5, fig. 2, b)!. Plusieurs sont déformées 
ou ne possèdent point de dents au sinus. En outre, l'examen microscopique des ailes 
entières nous montre que, chez deux exemplaires, les écailles sont beaucoup moins 
serrées que d'ordinaire, et qu'elles laissent parfois entre elles des espaces assez 
marqués. On comprendra l’origine de ces espaces ; ils proviennent du fait que les 
écailles étant devenues plus petites et plus rares, ne couvrent plus complètement 
les ailes. Il résulte donc de ce dispositif que les aïles de ces deux exemplaires sont 
légèrement transparentes et, par conséquent, sont plus claires. Ce palissement pro- 
vient aussi du fait que les éléments de coloration blanche sont moins aboridants que 
normalement. 


! Pour apprécier la taille des écailles, nous en dessinons les contours au moyen d’une chambre claire, 
en ayant soin de conserver toujours la même élévation entre celle-ci et le papier; on peut comparer ainsi la 
taille des diverses écailles dessinées. 


SANTE 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 173 


En ce qui concerne les taches noires que l'expérience a palies dans une large 
mesure, les écailles y sont plus petites également, parfois déformées. Mais ce qui 
frappe surtout, c’est le petit nombre de noires par rapport à celui des blanches. En 
outre, nous trouvons souvent qu'une noire est couverte par une blanche. La fré- 
quente répétition de ces deux modes de modifications peut éclaireir les taches en 
question, de manière à les faire disparaitre presque totalement. 


Nous concluons encore que l’albinisme expérimental de Pieris rapæ provient : 


1° De la diminution du nombre et de la taille des écailles noires ; 

20 De la transparence et du pâlissement de l'aile, produits par la diminution 
du nombre et de la taille des écailles blanches ; 

3° De la rareté du pigment ; 

4° Les trois procédés peuvent se combiner chez un même individu ; 

50 À la petitesse des écailles, s'ajoute souvent leur déformation. 


Individus mélanisants. — Parmi les écailles des individus mélanisants nous 
retrouvons les deux types habituels. Mais, comparées à celles des individus normaux, 
il est manifeste qu’elles sont souvent plus grandes". 

Les écailles noires ne paraissent pas contenir plus de pigment que d'ordinaire ; 
elles sont brunes, et deux écailles superposées donnent une image noire. Mais elles 
sont en plus grand nombre que normalement; les blanches, au milieu des taches 
noires, sont très rares. Dans le champ blanc de l’aile, on rencontre plusieurs écailles 
noires. 

Les femelles de la série Ia brillent par la coloration jaunatre du dessus de leurs 
ailes; cette coloration est due au fait que, à côté des écailles blanches et des noires 
qui composent habituellement la face supérieure de l'aile, il se trouve une forte 
proportion d'écailles jaunes ; par la méthode de superposition, nous nous rendons 
compte que le pigment de ces écailles est bien réellement jaune, et que cette cou- 
leur n’est pas due à un phénomène physique. 

Les individus de la série IT sont mélanisants, sauf en ce qui concerne la tache 
apicale qui est très pale et réduite. Ici, nous remarquons que les écailles noires y 
sont en petit nombre, et qu’elles sont presque constamment remplacées par des 
blanches. En outre, plusieurs d’entre elles sont plus petites. 

Nous avons voulu nous rendre compte si, normalement, il n'existe pas une dif- 
férence de taille entre les écailles de l’apex et celles du centre de l'aile; et, en en 
dessinant à la chambre claire et à la même échelle, un certain nombre pris à chacune 


1 Nous avons apprécié la taille des écailles des individus mélanisants de la même façon que pour les 
albinisants, « 


174. ARNOLD PICTET 


de ces deux parties, nous avons pu nous convaincre que les unes et les autres étaient 
à peu près de la même grandeur. Tandis que chez les modifiés de la série IIT, la dit- 
férence de taille est très apparente. 


Nous concluons de ces dernières recherches que le mélanisme expérimental de 
Pieris rapæ provient : 


1° De l'augmentation du nombre des écailles noires. Une certaine quantité 
d’écailles ordinairement blanches sont remplies de pigment noir ; 

20 De ce que les écailles des parties noires sont souvent plus grandes que les 
normales ; 

3° Le pigment blanc du centre de l'aile semble se modifier parfois en un pig- 
ment jaune. La couleur jaune constitue done bien, ici, un cas de mélanisme par 
rapport au blanc. 


Il y a lieu de faire remarquer encore que les individus albinisants possèdent 
des écailles plus petites que normalement, souvent déformées, et que ce caractère 
vient s'ajouter à ceux que nous avons signalés (petitesse de la taille, paleur des ailes, 
souvent atrophiées) et qui sont des caractères de dégénérescence et d’affaiblisse- 
ment. Au contraire, aux caractères de vigueur et de santé des individus mélanisants, 
s'associent celui des écailles qui sont souvent plus grandes que normalement. 


Pieris brassicæ. 


Nous avons examiné, suivant les mêmes méthodes que pour Pieris rapæ, dix 
exemplaires mâles et femelles de Pieris brassicæ, pris à l’état naturel. 

Cette espèce, blanche également, mais plus grande que la précédente, possède 
des taches noires qui rappellent, comme position, celles de Pieris rapæ. Ces taches, 
principalement celle de l’apex, varient de nuance; il en est de même du sablé gri- 
sâtre avoisinant le corps et qui, chez la femelle surtout, peut acquérir plus ou moins 
d’étendue. En dessous, les ailes inférieures sont d’un jaune plus ou moins accentué, 
toujours légèrement saupoudré de gris; ce saupoudré gagne parfois toute la surface 
de l'aile. 

Nous ne ferons pas en détail l'examen de cette espece. Nous nous bornerons à 
indiquer que toutes les conclusions que nous avons tirées de l'examen des Pieris 
rapæ se vérifient pour Pieris brassicæ. 

Le dessous des ailes inférieures de certaines femelles est légèrement verdàtre ; 
si l’on en détache les écailles, on n’en trouve aucune qui soit verte ; le dessous de 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 175 


ces ailes ne comporte que des écailles noires, des blanches et des jaunes. C’est à 
la combinaison des noires, qui présentent des reflets métalliques bleus, et des jaunes, 
qu'est due la production de cette nuance verte. 

Les ailes des mâles ont un aspect différent de celles des femelles. Elles sont 
plus épaisses et recouvertes d'une pilosité veloutée qui fait défaut dans l’autre sexe. 
Cet aspect particulier aux males provient de l’abondance des écailles amdrochoniales 
qui sont très allongées et grêles à leur sommet, ayant un peu la forme d’un poil et 
qui se rencontrent sur toute la portion blanche de l'aile. Les femelles, au contraire, 
ont les ailes plus minces par le fait de l’absence de ces écailles, et ne présentent 
pas cet aspect velouté. Par contre, elles montrent une certaine irisation. 


Expériences de température élevée avec Pieris brassicæ. 


Un certain nombre d'expériences ont été pratiquées, depuis 1908, avec des 
chrysalides hivernantes de cette espèce et ont été divisées en deux séries : 


1. Les chrysalides sont soumises à l'influence d'une température de 40 à 45°, pendant 15 à 20 


jours consécutifs et 5 h. par jour, en automne. 
1. Les chrysalides sont expérimentées de la même facon, mais au printemps. 


Les résultats, au point de vue de la coloration, sont peu nombreux et la 
grande majorité des chrysalides qui ont donné lieu à ces recherches n'ont pas réagi 
contre l’influence de la température. 

Deux femelles, devenues albinisantes et dont les taches apicales sont très pales, 
en partie lavées, et teintées de reflets métalliques bruns, retiendront notre attention. 

L'examen de ces taches confirme un des points que nous avons signalés chez 
les Pieris rapæ devenues albinisantes, à savoir que les écailles blanches sont plus 
nombreuses que normalement et couvrent souvent les écailles noires, ce qui en fait 
paraître une bonne partie grises. En outre, les noires contiennent peu de pigment. 

Par le même procédé de mensuration que celui pratiqué pour lieris rapæ, on 
peut se rendre compte encore que les écailles des taches apicales modifiées sont plus 
petites que celles du centre de l'aile, tandis que, chez les individus témoins, les unes 
et les autres sont de même taille, Mais ce qui frappe surtout, c'est que les écailles 
des taches apicales albinisantes ont, en outre, passablement modifié leur forme 
(PI. 5, fig. 3, « et b). 

Parmi les individus modifiés, signalons encore un jet trois © qui peuvent 

être considérés comme mélanisants, en ce sens que leurs taches apicales noires 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 22 


176 ARNOLD PICTET 


sont exceptionnellement grandes et remarquables par leur intensité. En outre, le 
dessous des ailes inférieures est fortement saupoudré de gris. 

Les écailles des parties noires ont acquis une dose énorme de pigment; elles 
sont à ce point opaques que leurs stries ne s’aperçoivent pas au microscope. Mais 
il est facile de se rendre compte qu’elles contiennent un pigment brun de même 
valeur que celui des individus normalement colorés. C’est la surabondance de ce 
pigment qui est la cause de cette intensité de coloration. 

Quant au saupoudré gris du dessous des ailes inférieures, il est formé par des 
écailles brunes surpigmentées en combinaisons variées avec des blanches. 


Pieris napi. 


Les individus de cette espèce présentent un dimorphisme sexuel accentué. 
Blanes dans les deux sexes, avec une tache apicale noire, ils se différencient aisé- 
ment par la présence, chez les femelles, d’une abondance d’atomes gris qui sont 
amassés, en de longues bandelettes, le long desnervures; ces bandelettes font défaut 
chez les mâles. En outre, les femelles possédent, sur le dessus des aïles, deux taches 
noires que n’ont pas les individus masculins. En dessous, dans les deux sexes, la 
couleur du fond est à peu près la même que chez Pieris rapæ, et présente de sem- 
blables variations de nuance, Mais le caractere distinctif consiste en des bande- 
lettes grisatres, légèrement verdatres, qui suivent le trajet des nervures aux ailes 
inférieures. 

Nous avons étudié plusieurs mäles et femelles des deux générations de la 
plaine et de la montagne, en suivant la même méthode que celle employée jusqu’à 
maintenant. Nous ne reviendrons donc pas sur le détail de ces recherches et nous 
nous bornerons à en indiquer les résultats : 


1° La couleur blanche de Pieris napt est due à un pigment blanc déposé en petite quantité dans les 
écailles. Ce n’est pas à un phénomène d'optique que celte couleur blanche est due. 

20 La couleur noire est produite par un pigment brun. C’est grâce à l’extrème surcharge de ce 
pigment que les taches paraissent noires ; autrement elles sont d’un brun foncé. 

30 Les parties grises du dessous des ailes sont formées par des combinaisons d'écailles brunes, 
paraissant noires parce que fortement pigmentées, et d’écailles blanches, en tous points sem- 
blables à celles des parties blanches. 

0° Les parties jaunes du dessous sont composées d’écailles jaunes et de blanches; suivant que ce 
sont les unes ou les autres dont le nombre domine, ces parties sont plus ou moins foncées. Le 
bord antérieur de l'aile inférieure est d’un jaune passablement plus intense que le reste de 
l'aile; cette teinte plus foncée est due à une plus forte superposition d’écailles jaunes de nuance 


ordinaire. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 177 


59 Les bandelettes grisätres qui longent les nervures sont formées de la même façon que les autres 


parties grises; mais, chez certains individus où ces bandelettes sont teintées de verdâtre, on 


ne trouve pas d'écailles vertes; cette couleur est due à la combinaison des écailles jaunes et des 


brunes, ces dernières paraissant noires par surcharge pigmentaire et ayant des reflets bleus, 

Les mâles de lieris napi possèdent sur le dessus des ailes supérieures quelques 
minces filets grisätres qui longent les nervures. On pourrait penser que ces filets 
sont formés de quelques écailles brunes en file indienne. Or cela n’est pas le cas, 
car lexamen microscopique montre que les écailles brunes y sont si rares, que 
leur nombre est insuffisant pour motiver la formation de ces filets. En réalité, ils 
proviennent du fait que, en dessous, les nervures sont couvertes d'écailles brunes qui 
forment un ensemble opaque, obscurcissant, en dessus, la nervure. Aux ailes infé- 
rieures le même cas se présente, Nous voyons done qu'il peut se faire que certains 
dessins foncés du dessous des ailes délimitent, à la place correspondante du dessus, 


un dessin, Sans qu'aucun pigment spécial n'entre dans la formation de ce dessin. 


Aberrations de Pieris napi. 


Les aberrations femelles bryoniæ, napeæ et flavescens des régions montagneuses 
possèdent les caractères suivants : 

La couleur du fond des ailes supérieures est jaune crème, souvent surchargée 
d’une abondance d’atomes brunâtres: les taches sont plus étendues et les bande- 
lettes sont souvent plus larges que normalement. 

Les recherches microscopiques pratiquées sur trois de ces femelles nous appren- 
nent que : 

19 La couleur jaune crème du fond est due à une combinaison d'écailles blanches et de jaunes de 
même nature que chez les individus de l'espèce; il n’y a pas formation d'un pigment jaune 
crème. 

20 Les atomes brunätres contiennent un pigment brun de même coloration que celui des taches 
noires lvpiques ; mais il est en pelite quantité dans les écailles. 

39 Les bandelettes qui suivent les nervures comportent des écailles brunes, des jaunes et des 
blanches. C'est pour cela que ces bandelettes ont, souvent, une coloration café au lait. 

Sur les ailes des Pieris napi normaux, il existe toujours, disséminées au milieu 
des blanches, un petit nombre d’écailles jaunes et de brunes: mais ces deux der- 
nières sortes ne sont pas en quantité sufhsante pour modifier la coloration blanche. 
Tandis que sur les ailes des aberrations, les écailles brunes et les jaunes deviennent 
assez nombreuses pour cela. La formation de ces aberrations n’est donc que 
l’accentuation d'un état de chose existant déjà chez l'espèce. 


178 ARNOLD PICTET 


On rencontre souvent des femelles de Pieris napi dont toutes les taches et les 
dessins sont gris. C’est encore à un mélange d’écailles brunes (noires) et de blanches 
(ces dernières en plus grand nombre que normalement) qu'est due cette coloration. 
I n’y à pas formation d’un pigment gris. 

Nous avons encore étudié deux mâles de Pieris napi dont la tache apicale est 
nettement brundtre. C’est bien au fait que le pigment normal est moins abondant 
dans les écailles de ces taches qu'est due cette coloration et non pas à la présence 
dun pigment brun plus clair. Rappelons que chez les Pieris à tache apicale noire le 
pigment y est quand même brun; mais, comme il est très abondant et rend les 
écailles opaques, ces taches paraissent noires. 

La production de ces aberrations à taches brunatres s'explique donc facile- 
ment : les individus qui les possèdent fabriquent moins de pigment que normale- 
ment. Il sufñt, du reste, de décolorer partiellement les ailes d’une Pieris napi à 


taches noires, pour montrer l'évidence de ce qui vient d’être énoncé. 


Leucophasia sinapis. 


Cette espece est blanche en dessus avec une tache apicale noire à contours 
fondus. En dessous, aux ailes supérieures, elle est blanche avec tache apicale jau- 
nâtre. Aux ailes inférieures, la couleur du dessous est jaune avec des dessins gri- 
satres, estompés et peu marqués. Ces différents caractères peuvent s’accentuer où 
s’éclaircir suivant les individus, les localités où ils se rencontrent, ou leur époque 
d'apparition. Les taches apicales varient aussi, quant à leurs dimensions et leur 
nuance; elles peuvent, dans certains cas, disparaître. 

L'examen de 11 individus de cette espèce nous amène, en ce qui concerne leur 
coloration et leurs dessins, aux mêmes conclusions que pour les espèces précé- 
dentes. Nous ajouterons que chez les exemplaires femelles où la tache apicale fait 
défaut, on trouve encore, à l'emplacement de cette tache, quelques écailles brun 
foncé, mais dont le nombre est insuffisant pour qu'on puisse les apercevoir à Pœil nu. 


Leucophasia sinapis ab. subgrisea. C’est une combinaison d’écailles noires et 
de blanches qui est cause de la formation de la tache apicale grise; en outre, les 
noires sont fréquemment recouvertes par des blanches. 

L'examen de trois exemplaires à tache apicale brunätre montre que les écailles 
de ces parties contiennent peu de pigment. Là, encore, il n’y à pas formation d’un 
pigment brun plus clair. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 179 


Antocharis cardamines. 


Cette espèce offre un certain intérêt. Ses principaux caractères sont les suivants: 

En dessus : Couleur du fond blanche; aux supérieures, tache apicale et une 
tache centrale grises. En outre, chez les males, la tache apicale grise est accompa- 
gnée d’une large tache rouge embrassant la moitié de l'aile supérieure. 

En dessous : Couleur du fond blanche: l'aile inférieure est encore marbrée de 
taches verdâtres, saupoudrées et accompagnées d’atomes grisatres, Ces derniers 
dessins se remarquent légèrement, par transparence, sur le dessus des ailes infé- 
rieures. 

Les écailles du fond sont remplies d’un pigment blanc peu abondant et se 
comportent, vis-à-vis des rayons lumineux, comme les écailles blanches des autres 
Piérides. 

Les taches grises sont formées d’une association d’écailles noires! et de blan- 
ches ; la nuance de ces taches dépend du rapport numérique qui existe entre les 
noires et les blanches. IT n’a pas été trouvé d'écailles à pigment gris. 

La tache rouge des males se compose bien d’écailles rouges. Une zone jaune, 
dégradée, limite, à l'intérieur, cette tache du reste de l'aile. L'examen microsco- 
pique de cette zone nous montre qu'elle n’est formée que d’écailles rouges et de 
blanches ; le nombre de ces dernières augmente à mesure que l’on s'approche du 
centre de l’aile. En réalité, cette zone n’est donc pas jaune, comme on en à l’impres- 
sion en regardant le Papillon, mais rose. Le reste de la tache apicale des mâles est 
brune, par le fait qu'elle comporte des écailles noires et des rouges. Il n'existe donc 
pas de matière colorante brune. 

Les taches verdätres du dessous des ailes inférieures, tant chez les mâles que 
chez les femelles, offrent un intérêt tout particulier. En détachant les écailles de 
ces parties et en les examinant au microscope, successivement aux deux lumières, 
nous ne trouvons pas la moindre écaille verte ; nous n’en trouvons que des jaunes, 
des noires et des blanches. Ces dernières proviennent de la couleur du fond ; les 
Jaunes contiennent un pigment qui est bien de cette couleur, puisque deux écailles 
superposées donnent une image qui reste jaune. Quant aux noires, examinées soi- 
gneusement, elles se montrent avec des reflets bleus brillants, très apparents. Des 


! Chez Antocharis cardamines, le pigment des taches semble bien être noir et non pas brun. En eftet, 
les écailles peu pigmentées de ces parties conservent, malgré cela, leur coloration noire. 


180 ARNOLD PICTET 


lors, on peut concevoir l’origine de la couleur verdatre des taches en question: 


elle provient d’une combinaison d’écailles jaunes et de noires à reflets bleus". 

Nous ayons examiné le dessous d’une dizaine d'Antocharis ausonia. 4 Anto- 
charis beliu et de sa variété simplonia, de Pieris callidice et de Pieris daplidice ; 
leurs taches verdâtres sont dues à une combinaison analogue d’écailles jaunes 
et de noires à reflets bleus. 

Du reste, beaucoup d'individus aberrants de ce groupe possèdent des taches 
qui, au lieu d’être vertes, sont simplement jaunes: chez ceux-ci, les écailles noires 
sont rares. Dans d’autres cas, les taches sont formées d’atomes jaunes et d’atomes 
noirs distincts des jaunes; chez ces dernières aberrations, les écailles jaunes sont 
localisées en certains endroits et les noires, trop abondamment pigmentées pour 
donner lieu à la production du phénomène optique, sont localisées ailleurs. 


Aporia cratædgji. 


Cette Piéride, en dessus, est blanche, sans dessins ; les ailes sont parcourues 
par les nervures, marquées en brun foncé et même parfois en noir; celles-ci ne 
sont pas accompagnées d’une bande d’atomes grisàtres, comme c’est le cas chez 
Pieris napi ; cependant, vers le bord de l'aile, l'extrémité de chaque nervure est 
accompagnée d'un petit triangle brunatre. En dessous, les caractères sont les mêmes 
qu'en dessus ; mais la couleur du fond, surtout aux ailes inférieures, y est plus char- 
gée d'atomes noirs; en outre, les nervures sont accompagnées d’une bande saupou- 
drée de noirâtre. Chez les femelles, les ailes supérieures sont le plus souvent trans- 
parentes à la partie centrale. 

Les écailles que supportent les ailes d’Aporia cratægi sont de deux sortes : 
des arrondies et des minces, plus petites. 


Examen du dessus des ailes. — Les écailles de la couleur du fond sont blan- 
ches et contiennent en abondance un pigment blanc ; nous le prouvons par la même 
méthode que celle employée pour les autres Piérides. Examinées comparativement 
avec les écailles de ces dernières, il est facile de se rendre compte que celles d'Apo- 
ria cratægi contiennent beaucoup plus de pigment. Or les ailes d’Aporia cratægi ne 
possèdent pas le reflet métallique que possèdent souvent les autres Piérides: cela 
confirme que l’abondance du pigment dans les écailles arrête la décomposition de 
la lumière. 


UM. Bar (1898, 5) a signalé le fait; il l’attribue à une combinaison d’écailles jaunes et de noires. 


À vote OR 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 1S1 


Les écailles blanches sont toutes du type arrondi et montrent une légère dif- 
férence de forme suivant qu'elles appartiennent à des males ou à des femelles. 

En examinant, au microscope, les ailes entières, nous remarquons que, chez 
les mäles, les écailles sont très serrées les unes contre les autres, tandis que chez 
les femelles, elles sont au contraire assez espacées, laissant entre elles des vides 
appréciables. Certaines femelles ont les ailes très transparentes ; chez celles-ci les 
écailles sont peu nombreuses. D’autres femelles, au contraire, sont peu transpa- 
rentes et leurs écailles sont en plus grande quantité. 

L'accentuation de la transparence est donc due à la rareté des écailles et non 
pas au fuit que celles-ci ne contiennent point de pigment. 

Les écailles qui forment les triangles brunâtres accompagnant l'extrémité des 
nervures sont toutes du type mince et petit; elles sont plus grandes chez les mâles 
que chez les femelles. En outre, elles contiennent un pigment noir peu abondant. En 
ce qui concerne la couleur brunätre de ces triangles, elle est due: 


19° Au fait de la chitine de la membrane alaire qui est colorée en brun; 

29 Au fait que les écailles qui composent ces triangles sont petites et minces, 
très espacées les unes des autres, laissant la membrane brune en partie à nu ; 

3° Au fait que ces écailles contiennent peu de pigment. 

Nous retiendrons encore de ces recherches que les #riangles transparents con- 
tiennent des écailles plus petites que duns les autres parties. Or nous avons vu, lors 
de l'énoncé des expériences avec Pieris rapæ et Pieris brassicæ, que les écailles 
devenues albinisantes et en partie transparentes ont une tendance à diminuer de 
taille. Mais la transparence des ailes ne doit cependant pas toujours être considérée 
comme un cas d’albinisme partiel, puisque l'étude d’'Aporia cratægi nous montre 
qu'il peut y avoir des ailes transparentes avec écailles noires. 


Examen du dessous des ailes. — La couleur du fond est formée d’écailles 
blanches ; les nervures sont accompagnées d’une bandelette grisatre qui est formée 
d'une combinaison d'écailles noires et de blanches; les nervures elles-mêmes sont 
brun foncé et l'examen microscopique montre qu'elles ne sont pas recouvertes 
d’écailles. 

Chez certaines femelles, les ailes inférieures sont saupoudrées de gris, ce qui 
est dû encore à la combinaison d'éléments noirs et de blancs. 

Les parties transparentes des femelles et les triangles qui accompagnent leurs 
nervures sont constitués comme pour le dessus des ailes. 


Examen de l'aberration femelle flava. — Le caractère distinctif de cette aber- 
ration réside dans le dessous des ailes inférieures qui est d’un jaune accentué, pou- 


189 ARNOLD PICTET 


vant aller jusqu'au jaune d'ocre. Cette teinte est formée d’écailles de trois sortes, 
des jaunes, des noires et des blanches, qui entrent en combinaisons variées et dont 
la proportion numérique varie la teinte de cette partie de l'aile. Mais, ce que nous 
retiendrons surtout, c’est qu'il y à, dans l’aberration flava, production de la couleur 
jaune qui n'existe pas chez les femelles typiques. Il faut donc en conclure que le 
pigment blanc de certaines des écailles du type se modifie, pour former cette aber- 
ration, en un pigment Jaune. e 


Expériences de température élevée avec Aporia cratægi. 
} 1 


Nous avons soumis, en 1908, pendant 9 h. de temps, durant le premier jour 
de leur formation, une trentaine de chrysalides de cette espèce, à l'influence d’une 
température de 40-45°, Les résultats obtenus sont les suivants : 


22 individus (12 femelles et 10 mâles), 


Femelles. 

1° Chez 5 ©, la transparence de l’aile est très accentuée aux ailes supérieures, et commence à se 
faire remarquer aux inférieures : individus albinisants!. 

20 Chez 3 ©, la transparence est accentuée à l'aile supérieure, mais fait défaut à l'aile inférieure 
dont le dessous est, par contre, fortement saupoudré de gris et de jaune: individus à la fois 
mélanisants et albinisants. 

39 Chez 2 ©, les ailes supérieures sont normalement transparentes ; les ailes inférieures sont forte- 
ment saupoudrées de gris : individus melanisants. 

Deux femelles ne sont pas modifiées. 


Müûles. 
1° Chez 2 G, la transparence existe un peu aux ailes supérieures : individus albinisants. 
29 Chez 4 c', les ailes sont saupoudrées de gris : individus mélanisants. 

Les autres mâles ne sont pas modifiés. 

Les écailles des parties transparentes se sont fortement modifiées; elles sont 
passablement plus petites que normalement et, pour la plupart, ont perdu les dents 
de leur extrémité distale. Quant à la production du saupoudré grisatre, il faut en 
voir l’origine dans l'augmentation du nombre des écailles noires. 

Nous concluons de ces expériences : 


1° Que les températures élevées, chez Aporia cratægi, sont aussi bien un facteur 
de mélanisme que d'albinisme ; 


! Nous considérons ces individus comme albinisants, 1° parce que les éléments colorés blanes du centre 
de Paile ont fortement disparu, 2° parce que les éléments noirs des triangles se sont en partie effacés. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 183 


20 Que les écailles des parties devenues transparentes ont diminué de taille et 
ont modifié leur forme, sous cette influence ; 
3° Que le pigment blanc, par oxydation produite par la chaleur, peut, en cer- 


taines régions de l'aile, devenir jaune. 
{ J 


Parnassius apollo. 


Cette espèce varie passablement; ses principaux caractères sont les sui- 
vants : 

Ailes blanchâtres; les supérieures portent 4 où 3 grosses taches noires, les 
inférieures 2 gros ccelles rouges, entourés de noir et le plus souvent pupillés de blanc. 
Les femelles sont généralement beaucoup plus chargées d'atomes noirs que les 
mâles. En outre, les ailes des deux sexes, et surtout les supérieures, possèdent deux 
bandes marginales, à contours irréguliers, séparées par une bande smueuse blanche. 
En examinant les ailes depuis le bord externe, nous considérons d’abord une pre- 
mière bande noirâtre (1), une deuxième bande, blanche, qui la côtoie (I) et enfin 
une troisième bande noire (I) qui côtoie la seconde. A la suite de la bande IT, l'aile 
est blanche, avec les 3 taches noires mentionnées, jusqu'à sa racine, où elle est 
légerement saupoudrée de noir. 

Les écailles qui couvrent les ailes de Parnassius apollo peuvent encore se 
ramener à deux types : des larges et arrondies et des minces, allongées, se termi- 
nant en pointe (PI. 5, fig. 16, « et b). Les premières se trouvent dans les régions qui 
avoisinent le corps et les autres vers la bordure. En comparant ces diverses écailles 
on se rend compte que celles du type allongé dérivent des arrondies, car, entre les 
unes et les autres, on remarque tous les passages. 

Les écailles des taches noires sont remplies d’un pigment noir compact et 
abondant. A la lumière transmise, elles sont absolument opaques; à la lumière 
directe elles se montrent d'un beau noir d’ébène; sauf une ou deux qui sont un peu 
moins pigmentées et qui ont des reflets métalliques rouge brun, ces écailles ne 
décomposent en aucune façon la lumière. Deux écailles, choisies parmi les moins 
pigmentées et superposées, donnent une image noire. 

Les ocelles rouges sont formés d’écailles dans lesquelles se trouve un abondant 
pigment rouge qui les rend opaques; ces écailles, quant à leur forme, sont intermé- 
diaires entre celles des deux types signalés. 

Le fond des ailes est formé par des écailles blanches, peu serrées les unes 
contre les autres et contenant un pigment blanc compact: grâce à cela, elles ne pro- 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 23 


184 ARNOLD PICTET 


duisent que fort peu le phénomène de diffraction. En outre, deux de ces écailles 
placées l’une sur l’autre ne donnent pas une image d’un blanc plus intense qu’une 
seule écaille isolée; cela nous montre que ces éléments, chez Parnassius apollo, 
sont surcolorés par le pigment. 


Examen des bandes marginales. — Les bandes TL, IT et II différent les unes 
des autres par la forme des écailles qui les composent. 

La bande noire III se compose d’écailles du type large et arrondi, semblables, 
comme forme, aux blanches du centre de l'aile. Les unes et les autres contiennent 
un abondant pigment et sont opaques. Suivant le rapport numérique qui existe entre 
ces deux éléments, la bande est plus ou moins noire; les bords de celle-ci, qui sont 
grisatres, contiennent une plus grande proportion d’écailles blanches. 

La bande blanche IT comporte également des écailles du type arrondi; mais 
celles-ci sont plus petites qu'au centre de l'aile. 

La bande noire I est transparente et formée exclusivement d'écailles du type 
mince; aux ailes supérieures. elles sont noires, opaques, mais très clairsemées 
et laissent, entre elles, de larges espaces: c’est à peine si, au milieu de ces écailles 
noires, il s’en trouve une ou deux qui soient blanches. Aux ailes inférieures, la bande 
I manque parfois. Quand elle existe, elle est peu transparente et moins foncée. Les 
écailles y sont également du même type que ci-dessus, mais les blanches dominent 
fortement. 

Nous avons examiné la bande I de 22 Parnassius apollo, males et femelles; le 
résultat de cet examen a été de nous montrer que les écailles du type mince n’exis- 
tent que sur cette bande. 


Ce qu'il y à lieu de remarquer, dans ces recherches, c’est que : 


1° Les parties transparentes, de même que chez Aporia cratægi, contiennent 
des écailles dont les dimensions sont plus réduites que dans les parties opaques. La 
transparence des ailes de cette espèce ne semble donc pas seulement due au fait de 
la rareté des écailles, mais aussi à leur diminution de taille. 

20 Les écailles des parties transparentes peuvent contenir soit un pigment 
blanc, soit un pigment noir. 


Les femelles de Parnassius apollo sont souvent fortement saupoudrées de noir; 
chez certaines aberrations, cette coloration mélanienne gagne parfois beaucoup en 
étendue et en intensité. Dans ce cas, un certain nombre d’écailles blanches acquierent 
un pigment noir. 

Nous avons encore étudié 4 individus ayant les ocelles jaunes au lieu de rouges. 
Les écailles des ocelles rouges détachées et examinées au microscope sont opaques 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 


et ne montrent presque pas d'irisation. Au contraire, les écailles des ocelles jaunes, 
examinées de la même façon, sont transparentes, avec des reflets métalliques dorés. 
Nous voyons par là que, dans les ocelles jaunes, le pigment est de même couleur que 
dans les ocelles rouges, mais en moins grande quantité. 


Parnassius delius. 


Les caractères des ailes de cette espèce, considérés au point de vue qui nous 
intéresse, sont très voisins de ceux de Parnassius apollo. Nous distinguons principale- 
ment une région distale transparente et noire et une région proximale opaque et 
blanche, avec des taches noires. 

De même que chez Parnassius apollo, les écailles de la région proximale sont 
blanches, opaques, serrées les unes contre les autres, tandis que la région dis- 
tale, transparente, comporte des écailles minces, en majorité noires; quelques 
blanches y sont intercalées. Les conclusions qui découlent des 17 Parnassius delius 
qui ont été examinés sont donc les mêmes que pour la précédente espèce. 


Parnassius mnemosyne. 


Les caracteres de cette espèce, concernant ses dessins, sont des plus simples ; 
ils peuvent se résumer ainsi : 

L’aile supérieure se divise en deux régions: une proximale blanchatre et opa- 
que, une distale, moins étendue, noire et transparente. Dans la portion proximale se 
remarquent 3 taches noires, dont une transparente, qui fait quelquefois défaut, et 
deux opaques. L’aile inférieure est uniformément blanchätre et opaque ; elle est 
ornée de deux taches noires. A l'extrémité de chaque nervure, nous trouvons un 
petit triangle allongé, noir et transparent. Ces caractères se rapportent aux deux 
sexes ; mais, chez les femelles, il arrive fréquemment que la portion distale des ailes 
supérieures soit plus large, comparativement, que chez les males. Chez certaines 
aberrations, la transparence gagne quelques-uns des caractères normalement opa- 
ques ; nous étudierons plus loin ces formes spéciales. 

De même que pour les précédentes espèces, les écailles de Parnassius mnemo- 
syne Se rattachent à deux types distincts: des larges et arrondies et des minces et 
gréles ; ces dernières ne se trouvent que dans la région distale, transparente où elles 


186 ARNOLD PICTET 


sont noires, assez éloignées les unes des autres, tandis que les larges et arrondies 
n'existent qu'à la portion proximale, opaque, où elles sont blanches et serrées les 
unes contre les autres. 

A l'aile inférieure, les écailles minces, noires, se rencontrent surtout dans les 
triangles transparents qui accompagnent l'extrémité des nervures. Mais nous devons 
mentionner qu'il y à des écailles minces et blanches sur une faible étendue, tont le 
long de la bordure marginale de cette aile. 

Nous avons signalé qu'une des taches noires de l’aile supérieure est transpa- 
rente ; cette tache est diversement constituée suivant les individus. Sur 15 mâles 
examinés et provenant des environs de Louèche, nous avons trouvé que trois sortes 
d’écailles noires concourent à la formation de cette tache : 


1° Les unes du type arrondi et de même taille que les blanches de la portion 
proximale ; 

20 Les autres du type mince et grêle, comme les noires de la portion distale ; 

3° Enfin des écailles qui tiennent le milieu entre les deux types précités. 


Chez 4 individus, les écailles 1 dominent pour former cette tache ; chez 7 indi- 
vidus, ce sont les écailles intermédiaires qui sont en plus grand nombre et chez 4 
individus, ce sont surtout les écailles 2 qui s’y trouvent. 

Nous voyons done que lorsque la tache transparente existe chez certains indi- 
vidus de Parnassius mnemosyne c’est le plus souvent (11 cas sur 15) par la réduc- 
tion de la taille des écailles que ce caractère prend naissance, et non pas seulement 
par une diminution du rombre de celles-ci. 

Le sexe féminin, chez Parnassius mnemosyne, donne lieu à un certain nombre 
d'aberrations. dont l’ab. melaina et lab. hartmanni sont les plus caractéristiques ; 
l’une et l’autre sont fortement mélanisantes. 

L’ab. © melaina est caractérisée, aux ailes supérieures, par le fait que la portion 
distale et transparente s'agrandit et envahit parfois presque complètement la por- 
tion proximale opaque. Aux ailes inférieures, il se forme une bande marginale 
transparente. Nous avons étudié 8 femelles de cette aberration et nous avons 
trouvé que les écailles, pour former les parties anormalement transparentes, 
mont modifié ni leur forme ni leur taille, mais que c’est leur nombre qui a diminué. 
Cette portion transparente comporte en effet des écailles du type arrondi, blanches 
et noires ; leur nombre ayant diminué, ces écailles se trouvent plus espacées et c’est 
de là que provient la transparence de l'aile. Quant à la bande transparente mar- 
ginale, elle est composée, comme normalement, d'écailles du type amincï. 

Dans lab. © hartmanni, les 4 ailes sont transparentes et d’un noir uniforme ; 
on ne peut plus faire de distinction entre une région proximale et une région distale. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 187 


Or l’examen microscopique de l'unique exemplaire que nous ayons entre les mains, 
montre que la région correspondante à la partie transparente des individus nor- 
maux à seule des écailles du type mince; partout ailleurs les écailles sont du type 
arrondi. C’est en somme la même chose que chez melaina, mais, alors que chez 
celle-ci les régions anormalement transparentes possèdent des écailles noires et des 
blanches, chez hartmanni elles sont toutes noires. 


Nous coneluons de ce qui précède : 


1° Que la transparence de l'aile n’est pas toujours accompagnée d’une réduc- 
tion de la taille des écailles. 

2" Que le pigment, normalement blanc, des Parnassius mnemosyne peut se 
modifier en un pigment noir. 

3° Que des aberrations transparentes peuvent étre mélanisantes. 


Nous devons revenir encore sur la transparence des ailes des 4 dernières 
espèces étudiées (Aporia cratægi, Parnassius apollo, P. delius, P. mnemosyne). 
Cette transparence, avons-nous vu, se produit de deux manières : les écailles 
deviennent plus petites et, dans ce cas, elles ne se joignent plus, en sorte que des 
vides se produisent entre elles. Mais il peut se faire aussi que les écailles conser- 
vent leur taille habituelle ; dans ce cas, pour présenter entre elles les vides qui sont 
la cause de la transparence, elles doivent forcément être passablement moins nom- 
breuses; c’est le premier mécanisme qui crée la transparence chez les 4 espèces 
types, tandis qu'au contraire c’est le second qui intervient dans les ab. © melaina 
et hartmanni. 


Melitæa athalia. 


En dessus, la couleur du fond est fauve ; les quatre ailes sont traversées, dans 
le sens de la largeur, par 5 ou 6 bandes noires sinueuses et, dans le sens de la lon- 
gueur, par des filets noirs suivant les nervures. 

En dessous, les ailes supérieures sont fauves également, avec quelques des- 
sins noirâtres; les inférieures sont d’un blanc crème, avec des dessins jaunatres, 
des bruns, des bruns foncés, et des noirs. 

Les écailles de cette espèce se rattachent à 3 types distinets: des longues et 
gréles. dont l'extrémité distale contient quelques dents, des larges et arrondies avec 
dents, et des larges et arrondies, sans dents. 

Ce que nous considérerons surtout, dans l'examen des dessins de cette espèce, 


188 ARNOLD PICTET 


c’est la gradation de couleur qu'ils présentent. En effet, si nous allons du plus clair 
au plus foncé, nous trouvons que ces dessins ont les nuances suivantes : 

Dessous : blanc-crème (1), fauve pale (ID), fauve (I), brun fauve (IV), brun (V), 
noir (VI). 

Dessus: fauve (II), brun fauve (IV), noir (VI). 


Taches blanches du dessous (1). Les taches blanches du dessous affectent 
des nuances diverses suivant les individus que l’on considère : elles sont, dans la 
plupart des cas, d’un blanc laiteux; mais on trouve parfois des individus chez les- 
quels elles sont jaune pale, jaunes, et même brun clair. Examinons d’abord les 
écailles détachées d'individus où ces taches sont d’un blanc laiteux. 

Ces écailles sont presque transparentes et décomposent activement la lumiere. 
La quantité de pigment qu’elles contiennent est minime. En superposant deux 
écailles, elles ne donnent pas une image blanche, mais une image légèrement fauve 
pâle; 3 écailles placées les unes sur les autres prennent une coloration fauve qui 
est de même nuance que celle qui caractérise les dessins IL. Un amas plus épais 
d’écailles apparaît d'un fauve plus foncé, voisin du IV. Nous voyons par là que es 
écailles des taches blanches possèdent un pigment fauve, mais trop peu abondant 
pour leur donner cette dernière coloration; elles se montrent donc d’un blanc 
laiteux. 

Chez les individus où les taches blanches sont remplacées par des fauves, les 
écailles qui les forment contiennent déjà plus de pigment ; lorsque ces taches sont 
brun foncé l'abondance de leur matière colorante est manifeste. 


Taches fauve pâle du dessous (I). Le pigment de leurs écailles apparait 
déjà comme plus abondant. Deux écailles saperposées donnent une image fauve et 
trois écailles placées les unes sur les autres atteignent la coloration IV. 


Taches brun fauve et brunes du dessous (IV et V). Tei, les écailles com- 
mencent à devenir opaques, surtout à leur extrémité distale; leur extrémité 
proximale est encore assez souvent transparente. Le pigment est donc beau- 
coup plus abondant que dans les dessins plus clairs. Nous superposons deux 
écailles de la nuance IV et la figure ainsi produite atteint la coloration V : nous 
plaçons l’une sur l’autre deux écailles de la coloration V et c’est la teinte VI qui est 
reproduite. 


Taches brun fauve et noires du dessus (IV et VI). En ce qui concerne les 
écailles du dessus (IV), nous voyons qu’elles contiennent un pigment abondant, et 
qu'un groupe de 3 ou 4, en superposition, donne une image compacte, très foncée, 
de la même couleur que VI. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 189 


Les écailles des dessins noirs (dessus et dessous) ne contiennent pas toutes la 
méme dose de pigment; il y en à qui sont moins pigmentées et qui se montrent 
brunes, de la même teinte que V; d’autres regorgent de matière colorante et sont 
opaques; elles paraissent alors d’un brun très foncé, presque noir; en en superpo- 
sant deux on n'arrive pas à produire une image réellement noire, comme cela à été 
le cas pour les écailles brunes des Piérides. 


Récapitulant ce que nous venons de dire, nous voyons que: 


1° Les écailles des taches blanches contiennent un pigment fauve en quantité 
minime : 
20 Plus un dessin est foncé, plus ses écailles contiennent de pigment ; 


20 


3° Les écailles de chaque tache, en superposition de deux, donnent une image 


qui est de la même couleur que la tache de rang immédiatement plus foncé. 


Nous concluons de ces recherches, pratiquées sur un grand nombre de Melitæa 
athalia : 


Il n'existe, pour former les différents dessins de cette espèce, qu'un seul piq- 
ment, qui est fauve ; réparti en infime quantité dans les écailles, il les colore à peine 
(taches blanc laiteux) ; en plus grande quantité, d leur donne une teinte fauve : en 
plus grande quantité encore, une teinte brune, et plus ce pigment s'amasse avec 
abondance, plus l'écaille atteint une coloration foncée, qui peut devenir, dans les cas 
d'extréme surcharge pigmentaire, d'un brun si intense qu'il semble noir. 

L'examen des ailes entières de plusieurs individus de cette espèce confirme les 
conclusions qui découlent de l’examen microscopique des écailles. 

Beaucoup de Melitæa athalia ont des taches qui, loin d’être noires, se montrent 
comme étant parfaitement brunes ; nous possédons 8 exemplaires (1 de Bérisal, 
1 de Saas-Fee et 8 de Genève) qui sont ainsi ; deux de nos aberrations asteriades 
ont aussi des taches brunes et tous sont de première fraicheur. Ces aberrations 
n'ont donc pas acquis, au cours de leur développement, la quantité de pigment 
nécessaire dans leurs dessins les plus foncés. 


Examen de 4 exemplaires des aberrations mélanisantes navarina et aphæu. 
Ces aberrations sont caractérisées par le fait, qu’en dessus, la moitié proximale de 
l'aile est presque uniformément d’un brun noir, L'examen de cette partie de l’aile 
nous apprend qu'on y trouve presque exclusivement des écailles de la teinte VE, au 
milieu desquelles quelques-unes seulement de la teinte V. En dessous, lab. aphæa 
est parsemée de longs traits en éventail d’un brun noir intense et qui sont formés 
en majorité par des écailles de la teinte VI. 


190 ARNOLD PICTET 


Les écailles de ces parties sont opaques et, au microscope, à la lumière directe, 
on peut se rendre compte qu'elles sont bien réellement d’un brun foncé, avec énorme 
surcharge pigmentaire. 


Examen de 3individus de l'aberration albinisante corythalia. Ces aberrations se 
font remarquer par l’absence presque complète des taches noires sur les dessus des 
ailes supérieures. A la place de ces dessins, existent des écailles à coloration fauve 
(I et IV). Or, les parties claires des ailes de ces aberrations qui remplacent les 
parties foncées correspondantes des ailes des individus ordinaires, contiennent le 
pigment en petite quantité. 

D’après ce que nous venons de voir, le mode de formation des aberrations 
mélanisantes de Melitæa athalia est des plus simples. Ces individus, au cours de 
leur nymphose, n’ont pas modifié leur pigment fauve en un pigment brun ou noir; 
ils ont simplement fabriqué une plus grande quantité du pigment normal fauve, qui 
s’est amassé dans certaines écailles pour les rendre opaques et les faire paraître 
brunes ou noires. Pour les aberrations albinisantes, c’est le contraire qui se présente. 


Melitæa parthenie. 


Cette espèce est si voisine de la précédente que nous nous abstiendrons de la 
décrire, Disons seulement que l’examen d’une quinzaine d'individus nous a amené 
exactement aux mêmes conclusions que celles qui sont résultées des recherches 
pratiquées avec des Melitæa athalia. 


Melitæa aurinia. 


La couleur du fond, en dessous, est la même que pour Melitæa athalia; ce qui 
fait paraitre A. aurinia plus claire, c’est que les dessins noirs sont moins étendus. 
Ils consistent en 6 bandes transversales brun foncé, minces, sinueuses, souvent 
anastomosées, et en filets longitudinaux qui suivent les nervures. Bandes et filets, par 
le fait de leur entrecroisement, délimitent des quadrilatères irréguliers, dont les 
uns sont fauves, les autres brun fauve. En dessous, nous trouvons, aux ailes infé- 
rieures, des taches fauves et des bandes transversales brun clair où brun fauve. 
Nous ne décrivons, cela va sans dire, que les caractères qui sont utiles aux recher- 
ches que nous poursuivons. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 191 


L'examen de 15 individus, males et femelles, pratiqué selon la même méthode 
que nous avons suivie jusqu'à maintenant, nous amène encore aux mêmes conelu- 
sions que pour les deux précédentes espèces : il n°y à qu'un seul pigment fauve pour 
former les différents dessins de Melitæa aurinia ; amassé en petite quantité, ce pig- 
ment ne donne aux écailles qu'une coloration pale ; en plus grande quantité, une 
coloration plus foncée, fauve et, lorsque les écailles en sont surchargées, elles 
deviennent si opaques qu'elles apparaissent d’un brun très foncé. 

C’est surtout chez Melitæa aurinia qu'il est facile de se rendre compte que 
les écailles qui constituent les dessins les plus foncés contiennent un pigment fauve 
très serré ; il suffit, pour cela, d'en détacher un certain nombre ou d'en Superposer 
deux ou trois et de les examiner à la lumière directe, au microscope. 


Expériences de température élevée avec des chrysalides de Melitæa aurinia. 


Quelques expériences ont été pratiquées, en 190$, avec les chrysalides de 
cette espèce. Elles ont consisté à soumettre 40 de ces chrysalides pendant les 8-10 
premiers jours de leur formation à une température de 45 ©. 

28 Papillons sont issus de ces expériences, dont IS seulement ont été modifiés 
dans leurs caractères pigmentaires. Les aberrations obtenues sont de 3 types : 


1. Aberrations mélanisantes (4 © et 5 ) 
a) 3 individus, semblables, en dessus, à l'ab. mélanisante merope (des Alpes). 


b) 6 « se rapprochant, sauf quant à leur taille qui reste inférieure, de lab, orrentalis. 


IL. Aberrations albinisantes. (2 Q et 5 ©). 
Leur caractère consisté en un éclaireissement général des deux faces des ailes : les dessins 


noirs sont devenus nettement d’un brun grisütre. 


LT. Aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes. (3°). 
a) 2 individus chez lesquels la couleur du fond s’est éclaircie, tandis que certaines bandes 
noires ont augmenté d'intensité et de largeur. 
b) 4 individu remarquablement modifié : la couleur du fond est éclaireie et les bandes 
transyerses, à l'exception d'une seule, ont disparu. En revanche, les filets longitudinaux 
sont devenus de véritables bandes. 


Nous allons examiner l’arrangement des écailles des différentes parties de ces 
aberrations : 

I. 4) Ces aberrations mélanisantes sont voisines de lab. merope : c'est-à- 
dire que les bandes transversales ont pris tellement d'ampleur qu'elles masquent 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. #87 (1912). 24 


192 ARNOLD PICTET 


presque complètement la couleur du fond. Chez Merope, les écailles sont presque 
toutes dentées; chez les individus en question, elles sont presque toutes sans 
dents. 

b) Les caractères mélanisants consistent dans l'intensité de coloration de 
toutes les parties. 

Dans les deux cas, les écailles qui constituent les bandes contiennent un 
pigment très abondant et sont fortement opaques ; en outre, elles sont plus larges 
et souvent, aussi, plus allongées que les écailles correspondantes des individus 
normaux. (PI. 5, fie. 5, c). Par conséquent, elles chevauehent davantage les unes 
sur les autres: on se rend compte également de la chose par l'examen direct des 
ailes. Il se forme, de cette façon, un plus grand entassement des éléments colorés 
qui, joint au fait que les écailles contiennent plus de pigment que normalement, 
contribue à renforcer la teinte de ces bandes. Quant à l'intensité de la couleur du 
fond des aberrations de la catégorie b, on reconnaitra qu’elle est due au fait que les 
écailles contiennent plus de matière colorante que dans les parties correspondantes 
des individus normaux. 

II. Les aberrations albinisantes provenant de ces expériences se font surtout 
remarquer par la paleur de leurs ailes; les bandes sont d’un brun grisâtre. Cette 
paleur est le résultat de trois mécanismes différents : 


1° Les écailles sont plus petites que normalement : souvent déformées, amincies:; 
elles ont pris une forme lancéolée particulière (PI. 5, fig. 5, b); l'aile se 
trouve donc couverte d'éléments de coloration plus petits. 

20 Par le fait de la dimension réduite et de la forme lancéolée des écailles, des 
jours se forment entre celles-ci, en maints endroits, ce qui laisse filtrer ia 
lumière et contribue à donner aux bandes cet aspect grisatre qu’elles ont. 

En outre, en examinant les ailes entières, nous remarquons que quelques- 
unes de ces écailles sont recourbées, leurs deux bords latéraux s'étant 
relevés; cette disposition crée également des jours de chaque coté de ces 
écailles et, si cela venait à se répéter souvent sur une même aile, on conçoit 
l’éclaircissement que prendrait celle-ci !. 

3° Le pigment est moins abondant que normalement. 

Ia. Chez les individus de cette expérience, la couleur du fond s’est éclaircie, 

tandis que certaines taches noires sont devenues plus intenses et plus larges. 

Les écailles des parties éclaircies contiennent peu de pigment et plusieurs 

d’entre elles sont plus petites que normalement. Les écailles des taches noires sont 


? P. Denso, dans un travail en préparation, a trouvé que les écailles des parties albinisanfes de divers 
Papillons sont souvent recourbées de cette façon. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 193 


rendues très opaques par l'abondance du pigment: plusieurs d’entre elles se sont 
agrandies. 

b) De méme que pour «, les écailles de la couleur du fond sont peu pigmentées 
et plusieurs ont diminué de taille. Quant aux écailles des taches noires, en outre de 
leur extrême abondance de pigment, elles se font remarquer par leur grande taille 
(PIS eo): 


Les principales conclusions à retenir de ces expériences sont les suivantes : 


1° Les parties devenues albinisantes sont formées d'écailles dont beaucoup sont 
plus petites que normalement : inversement, les parties devenues mélanisantes com- 
portent un certain nombre d'écailles qui se sont agranulies. 

20 Dans les modifications que présentent les écailles, # y « corrélation entre 
leur taille et leur degré de pigmentation : la plupart des écailles qui ont recu une moins 
grande dose de matière colorante qu'habituellement sont restées plus petites, et la 
plupart de celles qui, au contraire, en ont reçu une plus grande quantité ont aug- 
menté de taille. Cela met en évidence le rôle que joue, dans la taille de l'écaille 
encore molle, la pression du pigment injecté. FEDERLEY (1905, 35) a du reste montré 
cette influence dans ses expériences de température avec d’autres espèces. 


Mais, dans les individus normaux, la taille des écailles foncées n'est pas plus 
grande que celle des écailles claires: il faut done en conclure que la corrélation 
indiquée est surtout le résultat de l'expérience; sous Pinfluence de la température, 
il y à certaines écailles qui sont plus aptes que d’autres à recevoir une surcharge 
de matière colorante. 


Melitæa cinxia. 


Les caractères qui nous intéressent consistent en une couleur du fond fauve et 
en des bandes noires, transversales, coupées par des filets de même couleur, sui- 
vant le trajet des nervures. En outre, les ailes inférieures possèdent une série 
linéaire de points noirs. En dessous, les ailes inférieures comportent des taches 
d’un blanc laiteux et d’autres, fauves, brun fauve, et brunes. 

L'étude des écailles de ces différentes parties, pratiquée de la méme 
facon que précédemment, donne les mêmes résultats que pour les autres Meliteu, 
c’est-à-dire qu'il n'existe, pour former les dessins de cette espèce, qu'un seul piq- 
ment, fauve. 


194 ARNOLD PICTET 


Expériences de température élevée avec des chrysalides de Melitæa cinria. 


3» chrysalides ont été soumises, en 1908, pendant les 6 à S premiers jours de 
la nymphose, à une température constante de 46°. 1S Papillons sont issus de 
ces expériences, dont 12 ont été modifiés; ceux-ci peuvent se classer en trois 
catégories : - 

I. Andividus mélanisants (3 exemplaires). 

Se remarquent par un accroissement notable de la taille des bandes et 
par une accentuation appréciable de leur teinte, 


Nous n'avons pas trouvé de modification dans la forme des écailles: celles qui 
constituent les bandes sont plus opaques et, par conséquent, simplement plus char- 
vées de pigment que normalement. 


IL. {ndividus albinisants (T exemplaires remarquablement modifiés). 

Les bandes transversales noires des deux ailes, sauf la marginale, ont dis- 
paru et sont remplacées par la couleur du fond; celle-ci n'est pas modifiée 
dans sa nuance habituelle. Cette disparition des bandes suffit pour donner 
au Papillon un aspect tout différent. En dessous, les taches blanches se sont 
fortement allongées au détriment des dessins foncés, ce qui donne encore 
au Papillon un aspect très particulier (PL 2, fig. 11). 


Nous n'avons pas trouvé, non plus, de modification dans la forme des écailles 
de ces 7 aberrations. Le mécanisme de l’albinisme partiel, dans ce cas, réside 
simplement dans la quantité moindre de pigment et dans sa répartition différente 
dans les dessins. 


IL. Andividus à la fois mélanisants et albinisants. 

a) Un individu se trouve étre comme ceux de la catégorie IT, en ce qui concerne 
les ailes supérieures. et comme ceux de la catégorie L, quant aux inférieures. 
En outre, l'aile supérieure «droite est très pale, avec les dessins effacés, d’un 


brun grisatre très curieux (PI. 2, fig. 10). 


L'albinisme des ailes supérieures est produit de la même maniere qu'à la caté- 
gorie IT, et le mélanisme des ailes inférieures, comme dans la catégorie TL. Quant à 
la teinte brun grisatre de l'aile supérieure droite, elle résulte de deux mécanismes : 

1° Les écailles des bandes contiennent moins de pigment que normalement. 

20 La plupart de ces écailles sont devenues bombées, convexes, leurs deux 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 195 


bords latéraux s'étant repliés. En examinant, au microscope et à la lumière directe, 
ces écailles en place sur l'aile, nous voyons qu'elles réfléchissent la micre blanche 
et que ce phénomène est très appréciable; les dessins noirs se trouvant ainsi par- 
semés d’écailles blanches, c'est ce qui leur donne cette teinte grisatre particuliere. 
Nous retrouvons, ici, produit par ces écailles bombées, un phénomène identique à 
celui que nous avons signalé pour Pieris rapeæ. 


b) Un individu dont toutes les bandes sont d’un brun grisatre, comme dans 
l'aile supérieure droite du cas précédent. La couleur du fond est d'un fauve 
rougeatre. 


L'examen microscopique des bandes montre que cet mdividu possède beaucoup 
d'écailles bombées et peu pigmentées, comme dans le cas précédent. Nous avons 
étudié ce phénomène attentivement, car il n’est pas facile à comprendre: il est bien 
réel. La surface des écailles des individus normaux est plane: leur pigment est 
abondant. Sur le bord qui se trouve dirigé du côté où arrive la lumière, c’est à peine 
si l’on remarque un petit filet irisé brunâtre. Nous remplacons, sous le microscope, 
l'individu normal que nous venons d'examiner par l'individu modifié, et il est mani- 
feste que la majorité des écailles des parties modifiées contiennent peu de pigment. 
sont bombées et présentent #ne large bande blanche à reflets métalliques du côté de 
la lumière. 

Quant à la couleur du fond, devenue d'un fauve rougeatre, nous remarquons 
que cette teinte n'est due qu'à une plus grande abondance du pigment normal. 


L'ensemble des recherches pratiquées avec les 4 espèces de Melitæa précitées, 
montre l’un des mécanismes de l'albinisme et du mélanisme chez les Lépidoptères : 
ce mécanisme n’est qu'une question de plus où moins grande abondance d'un seul 
et méme pigment (fauve dans le cas particulier). 

Les ailes des Melitæa comportent donc des écailles qui, suivant les places 
qu'elles occupent sur les aïles, n’ont pas toutes le même pouvoir de recevoir le 
pigment et, de la quantité qu’elles reçoivent provient leur degré de coloration. On 
conçoit donc, pour les individus de ce groupe, comment se forment les aberrations. 
L'agent modificateur qui intervient pour les produire porte son action sur la phy- 
siologie des individus et leur fait fabriquer plus de pigment qu'habituellement 
(aberrations mélanisantes) où moins de pigment que de coutume (aberrations 
albinisantes). Dans le premier cas, le surplus de la matière colorante produite 
s’amasse en certaines places qui sont plus aptes à la recevoir, Dans le second cas. 
les écailles ne recoivent pas la dose voulue. 

En outre du mécanisme qui provient de la plus où moins grande quantité de 


196 ARNOLD PICTET 


pigment, il s'en présente d’autres, tels que ceux que les expériences précédentes 
viennent de mettre en évidence; ces derniers mécanismes concourent done à accen- 
tuer le rôle du pigment dans la production du mélanisme et de l’albinisme. 

Nous retiendrons encore des expériences qui ont été pratiquées avec Melitæa 
aurinia et Melitæa cinæia que, sous l'influence d’un même excitant (c’est-à-dire 
d’une température de 40° pour les individus de la première espèce et de 46° pour 
ceux de la seconde), les Papillons se sont modifiés de deux façons différentes, en 
produisant aussi bien des aberrations mélanisantes que des albinisantes. En outre, 
certains individus ont réagi, à la fois, dans les deux sens opposés. 


QUELQUES ESPÈCES DU GENRE EREBIA. 


Les Ærebia montrent, d'une facon toute spéciale, comment un pigment brun 
colore les ailes en noir lorsqu'il est abondant. Certaines espèces de ce genre ont les 
ailes brunes; d’autres paraissent réellement noires. Or les écailles de ces dernières 
contiennent la matière colorante en surcharge, tandis que les premières en sont 
moins colorées. Mais, dans les deux cas, le pigment est brun. En outre, chez les 
Erebia qui paraissent noires, les écailles sont plus nombreuses et chevauchent 
davantage les unes sur les autres. 

Les espèces du genre Ærebia comportent une couleur du fond brun foncé et 
des bandes ou des ocelles fauves. 

Chez Erebia æthiops, les écailles du fond sont colorées par un pigment brun 
gris, et celles de la bande par un pigment brun rouge. Les écailles de chacune de 
ces deux parties présentent le même degré d’opacité et, en superposant deux 
où plusieurs des écailles de la bande, la figure ainsi produite ne change pas de 
couleur. Le dessous des ailes est disposé comme le dessus. Cela nous montre qu'il 
existe deux pigments différents (brun gris et brun rouge) pour former les dessins 
d’Erebia æthiops. , 

Chez Erebia ceto, les écailles du fond possèdent un pigment brun gris et les 
écailles des ocelles, une matière colorante brun rouge. Comme pour Æ. æthiops. 
deux pigments concourent à la production des dessins. Mais il existe une différence 
avec æthiops pour la constitution de la couleur du dessous: chez Æ. ceto, les deux 
sortes d’écailles, à des degrés divers d’opacité, sont mélangées. 

Chez Erebia euryale, 1 existe également deux matières colorantes pour former 
le fond et la bande. Le pigment brun gris est localisé à la couleur du fond et le 
pigment brun rouge à la bande. Le dessous des ailes supérieures est constitué de 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 497 


même, Mais le dessous des inférieures est disposé comme chez Z, ceto, avec mélange 
des deux sortes d'écailles. 

Chez Ærebia tyndarus, il existe, de même, deux pigments différents (brun gris 
et brun rouge). L'organisation du dessus des quatre ailes est la même que pour 

Z. &thiops. Le dessous des ailes supérieures comporte presque exelusivement des 
écailles brun rouge, à des degrés divers d'opacité, comme celles de la bande de 
l'aile supérieure. Le dessous des ailes inférieures se compose presque exclusivement 
d'écailles brun gris, comme celles de la couleur du fond des supérieures. 

Certains individus du genre ÆZrebia ont le dessous des ailes inférieures marbré 
de gris, de brun et de noir. Ici, on remarquera qu'un grand nombre d'écailles sont 
incolores ou presque incolores, c'est-à-dire blanches, et que ce sont elles qui. en 
combinant leur couleur avec les écailles normales brun gris, forment les parties 
claires. Dans les parties plus foncées, le pigment normal est plus abondant: dans 
les parties de teinte intermédiaire, les écailles incolores sont moins nombreuses. 

Erebia tyndarus vaxie énormément en ce qui concerne le dessous de ses ailes 
inférieures; ces variations proviennent simplement de combinaisons variées d'écailles 
à pigment brun gris à des degrés divers d'opacité. 


Il convient de comparer l'organisation pigmentaire des espèces du genre 
Erebia avec celle des Melitæa. Dans les deux cas. les couleurs sont les mêmes: elles 
s'étendent du blane au brun foncé donnant l'illusion du noir, en passant par des 
intermédiaires de coloration que l’on rencontre chez les Ærebia comme chez les 
Melitæa. Or, dans le premier cas, il existe deux pigments distincts, dans le second 
cas un seul pigment, pour produire les mêmes couleurs. 


Argynnis paphia. 


Les caractères dont nous nous occuperons, chez cette espèce, résident dans la 
différence de coloration entre le male et la femelle et entre la femelle et son ab. 
valesina. À part les dessins noirs, qui différent légèrement suivant les sexes, la 
couleur générale fauve de l'aile est plus claire chez le male que chez la femelle. 
Quant à l'ab. ralesina, elle est d'un brun grisatre, parfois d'un brun rouge pres- 
que noir avec reflets métalliques verdatres. 

Le pigment du male est le même que celui de la femelle; mais chez cette der- 
nière il est plus abondamment répandu dans les écailles: en outre, la couleur géné- 
rale des femelles comporte une plus grande proportion d’écailles noires que dans les 


198 ARNOLD PICTET 


mémes parties, chez les males. C’est par la méthode de superposition des écailles 
que nous sommes surtout arrivés à ces conclusions. Il n'y à donc pas production, 
chez la femelle, d'un pigment plus foncé. 

L'ab. © valesina doit sa couleur foncée à un mécanisme analogue, en ce sens 
que, dans la couleur générale de l'aile, les écailles noires sont presque les seules qui 
s’y rencontrent. Beaucoup de ces écailles noires, en outre, contiennent peu de pig- 


ment ef apparaissent comme grises. 

D'autre part, dans l'espèce comme dans son aberration, les écailles des parties 
noires contiennent un pigment brun, mais dont l'abondance les fait paraître noires, 
Nous n'avons pu discerner, dans ce cas particulier, si le pigment brun des taches 
noires est le même que celui de la couleur générale, comme cela est le cas pour les 
espèces du genre Melitæa; en effet, Argynnis paphia ne comporte pas assez d’inter- 
médiaires de coloration entre la couleur du fond et les dessins noirs pour per- 
mettre d'élucider ce problème. 


Argynnis aglaja et niobe. 


Lorsqu'il existe une différence de coloration entre le mâle et la femelle, elle 
est due aux mêmes mécanismes que pour la précédente espèce. 


ABERRATIONS ALPINES FEMELLES DE DIVERSES ESPÈCES DU GENRE ARGYNNIS, 


Dans les Alpes, les femelles de plusieurs espèces du genre Argynnis ont, par- 
fois, le dessus de leurs ailes qui présentent des reflets métalliques beutés et riolacés. 
Ces reflets métalliques disparaissent suivant l'orientation donnée à l'aile par rap- 
port à la direction de la lumiere. Les écailles fauves sont constituées comme nor- 
malement; mais un grand nombre sont incolores ou à peu près. Elles fonctionnent 
done comme autant d'éléments décomposant les radiations de la lumière. C’est ce qui 
donne, à ces aberrations, ce reflet métallique particulier. Quant aux parties noires, 
leurs écailles sont très colorées; seulement, au-dessus d'elles, on remarque un cer- 
tain nombre d'écailles incolores, transparentes, qui jouent le même role que les 
incolores des parties fauves, sans amoïndrir la couleur noire des écailles sous- 


Jacentes. 


sir 4 LEA Li 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 199 


Taches nacrées du dessous de diverses espèces d'Argynnis. 


L'origine de ces taches n’est pas facile à déceler. Leurs écailles, détachées et 
regardées au microscope à la lumière transmise, ne semblent pas être colorées par 
un pigment. Si elles en contiennent, celui-ci est donc blanc et en très petite 
quantité. À la lumière directe, elles se montrent d'un blanc métallique avec reflets 
argentés, mais elles ne décomposent, en aucune facon, les radiations lumineuses. En 
outre, l'aspect nacré caractéristique ne se présente que sur les ailes entières. 

D'autre part, chez les aberrations où les taches nacrées font défaut et sont 
remplacées par la couleur générale de l'aile, les écailles de ces parties sont 
colorées par le pigment fauve du fond; dans ce cas, le pigment est abondant, 
compact et empêche toute espèce de jeu de lumière. 

Il semble done que l’origine des taches nacrées soit due à la présence, dans les 
écailles de ces taches, d’une faible proportion d’un pigment blanc et de l’action 
d'un phénomène d'optique difficile à comprendre; ce phénomène n'ayant son effet 
que sur les aïles entières (l'aspect nacré ne se présente pas sur les écailles détachées), 
cela montre que l'écran formé par l’autre face de l’aile est nécessaire pour la pro- 
duction des taches nacrées. 


Papilio podalirius. 


Les seuls caractères dont nous nous occuperons sont les suivants : ailes 
d’un jaune pâle, avec des bandes noires transverses, alternativement grandes et 
petites. 


Examen des écailles. — Les écailles qui composent le fond de Paiïle varient 
passablement quant à leur taille et quant à leur forme. Elles sont colorées, d’une 
manière uniforme, par un pigment jaune qui s'étend sur toute leur surface; c’est à 
peine si, de temps en temps, on trouve une écaille dont la matière colorante ne la 
colore pas en entier. Malgré la paleur de ce pigment jaune, les écailles sont peu 
transparentes et ne décomposent généralement pas les radiations lumineuses. 

Les écailles des bandes noires sont excessivement opaques ; elles sont de deux 
sortes : les unes contiennent du pigment sur toute leur étendue; dans les autres, 
celui-ci ne s'étend pas jusqu'à l'extrémité proximale. Le pigment de ces bandes 
n’est pas noir, mais brun foncé. 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. vOL. #87 (1912). 2 


200 ARNOLD PICTET 


Expériences de température élevée avec des chrysalides de Papilio podalirius. 


Ces expériences ont eu lieu en 1907. 


19 50 chrysalides, reçues d'Allemagne le 2 octobre, sont placées, dès leur réception, dans une 
température constante de 35°. Leur éclosion se poursuit du milieu de novembre au milieu de 
décembre. 

2° 30 chrysalides, de même provenance que les précédentes, sont placées, pendant ia journée, 
dans la température de 35° et pendant la nuit, dans la température du laboratoire (18-20°). 
L'expérience dure depuis la réception des chrysalides jusqu'au moment de leur éclosion qui 
a lieu dans le courant de janvier 1908. 


Dans les deux cas, les Papillons, à part une dizaine qui sont restés normaux, 
ont subi les mêmes modifications de couleur ; celles-ci sont les suivantes : 


Ailes d’un jaune excessivement pâle, parfois d'un blanc laiteux ; bandes le plus souvent très 
päles, avec reflets brunâtres. 
Un commencement de transparence des ailes a été constaté chez 3 individus. 


Les caractères de ces aberrations sont donc nettement albinisants. 


Examen des écailles. — Les écailles de la couleur du fond, examinées séparé- 
ment au microscope, sont transparentes ; pour la plupart, la transparence existe 
surtout à l’extrémité proximale; à la lumière directe, ces écailles se montrent 
comme très faiblement colorées en jaune. Si nous en superposons deux, la figure 
qu’elles donnent est d’un jaune légèrement plus foncé; si nous en superposons trois 
où quatre, la couleur ainsi obtenue est d’un jaune semblable à celui des écailles des 
Papillons normaux. 

Le pigment jaune des individus albinisants est done le même que celui des 
Papillons non modifiés; mais il est moins abondant. La päleur des aïles, dans ce 
cas, n’est par conséquent pas due à la présence d'un pigment plus pâle, mais au 
pigment normal réparti en moins grande abondance. 

Les écailles des bandes sont nettement brunes; leur examen microscopique 
né laisse aucun doute au sujet de leur couleur. En outre, elles sont peu opaques ; 
plusieurs sont transparentes à leur extrémité proximale. La superposition de deux 
ou trois de ces écailles reproduit un brun si foncé qu’il apparait comme noir. 

Le pigment brun des bandes des individus albinisants est donc le même que 
celui des bandes des individus normaux, mais il est moins abondant. De même que 
pour la couleur du fond, la couleur brunâtre des bandes »'est pas due à la présence 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 201 


d'un pigment modifié et plus pâle, mais au pigment normal réparti en moins grande 
abondance. 

Pour ce qui est de la légère transparence des ailes constatée chez 3 individus, 
nous remarquons qu'elle provient du fait qu'au milieu des écailles jaunes à pigment 
réduit, il en existe un certain nombre qui sont presque incolores. 


Vanessa urticæ. 


Les ailes de cette espèce sont d’un fauve vif, avec frange brunätre, accompa- 
enée d'une bordure noire, dans laquelle se trouvent des lunules bleues. Aïles supé- 
rieures avec six taches noires, dont 3 costales, grandes, séparées par des éclaircies 
Jaunes et suivies, à l'angle apical, par une tache blanche, et les trois autres, plus 
petites, discoïdales; la plus inférieure de ces trois taches est éclaircie extérieure- 
ment de jaune, Ailes inférieures anguleuses vers la moitié du bord externe, avec la 
base noire, accompagnée d'un triangle clair. Chez la femelle les éclaircies jaunes 
sont plus larges. 

Chez certains individus, la frange devient noire et se confond alors avec la 
bordure ; les lunules varient de taille et les éclaircies jaunes peuvent devenir assez 
foncées pour se confondre avec le fauve vif de la couleur du fond. 


Jramen des écailles. — Les écailles de chaque tache et celles de la couleur 
du fond ont la même forme et à peu près la même taille et la même structure 
(PI. 5, fig. 1, 4); elles peuvent se ramener à trois types : des minces, des larges et 
des arrondies. 

L'examen microscopique d'ailes entières et d’écailles détachées de chacune 
des différentes parties des ailes de Vanessa wrticæ montre que, dans les parties 
les plus claires, on trouve les écailles les plus transparentes, tandis que les écailles 
opaques ne se rencontrent que dans les parties foncées. Aïnsi les écailles de la 
tache apicale blanche sont presque transparentes et décomposent fortement les 
radiations lumineuses ; celles des taches noires sont très opaques et ne jouissent 
pas de cette propriété. Entre ces deux extrêmes nous constatons les intermédiaires 
suivants, dont l’opacité augmente avec le degré de coloration : lunules bleues, 
taches jaunes, fauve vif du fond, frange brune, bordure marginale, Nous confirmons 
ainsi un des points que nous ayons énoncés précédemment, à savoir que le pouvoir 
qu'ont les écailles de décomposer les radiations lumineuses croit en raison inverse 
de la quantité de pigment dont sont colorées ces écailles. 


202 ARNOLD PICTET 


Les écailles de la fache apicale blanche contiennent un pigment blanc peu abon- 
dant, dont nous prouvons l'existence de la même façon que pour le pigment blanc 
des Piérides ; détachées de l'aile, c’est à peine si elles sont blanches; mais si la 
tache, sur l'aile entière, est d’un blanc beaucoup plus intense que celui de l’écaille 
détachée, cela provient de la face inférieure de l’aile qui est foncée et fonctionne 
comme un écran capable de faire ressortir la couleur blanche. Il suffit de comparer 
les écailles détachées et l’aile entière pour se rendre compte de la chose. 

Parmi les écailles qui composent les parties jaunes, nous en trouvons passable- 
ment qui sont presque transparentes, mais qui contiennent bien un pigment jaune, 
ainsi que l'indique la superposition de deux d’entre elles. D’autres écailles de ces 
taches sont plus opaques et, en en plaçant deux l’une sur l’autre, on obtient une 
figure qui, sans atteindre la teinte de la couleur du fond, s’en rapproche. Chez 
certains individus, les taches jaunes sont très foncées, presque de la couleur du fond. 
Cela provient de ce que le pigment jaune y est plus abondant que normalement. 

Aux ailes inférieures, la tache triangulaire jaune est souvent blanchâtre vers 
le bord de l'aile. Cela provient de ce que les écailles à pigment réduit y sont nom- 
breuses. 

Ce qui précède semble montrer qu’un seul pigment (fauve) existe pour former 
les taches jaunes et la couleur du fond ; peu abondant, il donne aux écailles une 
coloration jaune ; plus abondant il leur donne la coloration du fond. 

Les écailles de la couleur du fond contiennent un pigment fauve vif assez 
abondant, amassé surtout à leur extrémité distale. Nous trouvons parfois des 
écailles jaunes, mais en trop petite quantité pour que la teinte générale en soit 
modifiée. 

Les écailles détachées des parties noires, examinées au microscope, sont nette- 
ment brunes ; on leur trouve tous les degrés d’opacité et, par conséquent, tous les 
degrés de coloration ; elles apparaissent brunes, aussi bien à la lumière transmise 
qu'à la lumière directe, et deux d’entre elles, une fois superposées, donnent une 
image brune. La portion proximale de ces écailles est généralement peu chargée 
de pigment et brune, tandis que l'extrémité distale est opaque et d’un brun si foncé 
qu'elle parait noire; entre ces deux extrémités, la coloration va en se graduant. 
Nous voyons donc que le pigment des parties noires est brun ; si l’on tient compte 
qu'il est fortement amassé dans la partie distale de l’écaille, la seule qui émerge à 
la surface de l'aile, que les écailles chevauchent les unes sur les autres, et que la 
face inférieure de l'aile agit comme écran foncé, on comprendra pourquoi ce pigment 
brun donne aux taches l'illusion qu’elles sont noires. 

La frange brune se compose d’écailles brun foncé comme celles des taches 
noires, de fauves comme celles du fond et de jaunes. C’est la combinaison de ces 


MALE PE 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 203 


trois sortes d’écailles qui, suivant le rapport numérique qui existe entre elles, donne à 
cette frange une coloration plus ou moins foncée. Nous savons que cette partie de 
l'aile varie constamment de coloration d’un individu à l’autre et qu’elle peut, par- 
fois, devenir aussi noire que la bordure qui l'accompagne ; on conçoit que ce dernier 
cas proviendra du fait que toutes les écailles qui concourent à la formation de cette 
frange auront acquis la dose maximum de pigment. 


Expériences de température élevée avec les chrysalices et les chenilles 


de Vanessa urticæ. 


Ces expériences ont été pratiquées de 1904 à 1911, avec un très grand nombre 
d'individus; en effet, dans la plupart des catégories, plus de 200 chrysalides ont 
été expérimentées; en outre, chaque expérience à été faite plusieurs fois avec des 
individus des environs de Genève, mais souvent aussi avec des spécimens provenant 
de la montagne. Un premier point à signaler, c’est que ces derniers paraissent 
réagir, vis-à-vis de la température, de la même façon que ceux de la plaine. En 
général, nous récoltions les chenilles de Vanessa urticæ dès leur jeune âge, alors 
que les larves de toute une ponte menaient encore la vie sociale, et nous les élevions 
dans les meilleures conditions. De cette façon, il nous était possible d’expérimenter 
sur des chrysalides sœurs, et d'éviter, en quelque sorte, la production de varia- 
tions individuelles, qui, ainsi qu'on le sait, sont très nombreuses chez les Papillons 
de cette espèce; un bon nombre de chrysalides, dans chaque cas, furent conservées 
dans les conditions normales, afin que leurs Papillons puissent être considérés 
comme témoins. 

Disons, en commençant, qu'une forte proportion de Papillons non modifiés 
sont éclos dans chaque expérience; nous estimons que le chiffre des chrysalides qui 
n'ont pas réagi vis-à-vis de la température atteint à peu près le 50 !/, de celles 
expérimentées. Ce pourcentage, avec quelque légère variante suivant les cas, est 
assez général; nous l’avons constaté aussi bien pour les expériences 2? à 16, où la 
durée d’incubation produit le plus grand nombre d'aberrations typiques (ichnusoïes. 
polaris et forme de passage) que dans les autres expériences. En outre, une mor- 
talité, parfois assez élevée, est venue entraver ces recherches; mais, malgré cela, 
les résultats sont assez nombreux pour nous permettre d'en tirer des conclusions 
d'une façon précise. Nous n'indiquerons pas, dans l'exposé des expériences faites 
avec cette espèce, le nombre des individus qui ne se sont pas modifiés ni celui des 
chrysalides qui sont mortes au cours de ces recherches: nous nous bornerons à 
indiquer le chiffre et la nature des aberrations obtenues. 


MESA NP AE EN EN PS en VE PRTE 


204 ARNOLD PICTET 


Quelques remarques «u sujet du point critique où la chrysalide de Vanessa urticæ 


est susceptible d'être influencée par la température. 


Les auteurs, STANDEUSS, VON LINDEN, FISCHER entre autres, estiment que le 
fait que des individus puissent ne pas se modifier sous l'influence de la température, 
alors que d’autres, de même espèce et soumis exactement aux mêmes influences 
thermiques, se modifient largement, est dù à l'existence, dans la chrysalide, d’un 
point critique, €est-à-dire d’un moment précis de son évolution nymphale où 
elle est susceptible d’être atteinte par l’excitant. Ce point critique se rencontre 
dans la première journée qui suit la pupation; l'influence produite à ce moment peut 
être confirmée ou accentuée par l’action de la température se renouvelant pendant 
le deuxième jour et même pendant les deux journées suivantes. On conçoit donc 
que, dans les expériences, il doive arriver souvent que telles chrysalides soient 
placées dans l’étuve avant ou après le point critique, c’est-à-dire à une période de 
leur développement où elles ne sont pas susceptibles d’être modifiées ; de là résulte le 
fait que des chrysalides, incubées pendant le temps voulu et à la température néces- 
saire, ne donnent pas naissance à des Papillons qui soient modifiés et, suivant le 
soin que l’expérimentateur aura pris pour calculer l'instant le plus propice de la 
mise en expérience, le nombre des non modifiés sera plus ou moins grand. 

Les expériences des auteurs que nous venons de signaler ont été faites avec 
suffisamment de soin et de minutie pour qu'il n'y ait aucun doute à avoir sur l’exis- 
tence de ce point critique. Cependant, nos recherches montrent que siles chrysalides 
de Vanessa urticæ doivent être atteintes par la température à un moment précis de 
leur ontogénie pour produire les aberrations typiques (échnusoïdes, polaris, ete.), tel 
n’est pas le cas pour la production des autres aberrations de moindre importance, 
telles que celles figurées PI. 2, fig. 13 à 16 et celles représentées PI. 3. En effet, ces 
aberrations proviennent aussi bien de chrysalides qui ont été placées, jeunes, dans 
l'étuve, que d’autres, placées plus âgées, dans les mêmes conditions expérimentales, 
pourvu que ces dernières n'aient pas dépassé le troisième jour de leur existence. 


Nous signalerons, à titre d'exemple, quelques recherches que nous ayons pra- 
tiquées à ce sujet : 


Les pupes de Vanessa urticæ, provenant d'une même ponte, sont divisées en 
plusieurs lots, qui sont soumis à l'influence d’une même température (45°), mais à 
des périodes variables de leur évolution ontogénique. : 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 205 


Lot 1. Chrysalides expérimentées dès leur formation et laissées 7 h. 
de temps dans l’étuve. 
» 2. Chrysalides expérimentées dès leur formation, pendant 14h. 


EE » » Th. après leur formation,  » 7 h. 
» 4. » SA CDS » » » 14h. 
+: » » 14h. » » » ah: 
670! » » 14h. » » se lei 
RE » HA TQ TE » # » 20h. 


De ces 7 lots, à part le 50 °/, habituel de non modifiés et la mortalité inévi- 
table, naissent presque toutes les aberrations obtenues dans nos recherches, aussi 
bien les typiques que celles de moindre importance. 


Lot 8. Chrysalides expér. 24 h. après leur formation, pendant 7 h. 


19; » » 30h. » » » Th. 
nl: » » 30h. » » > 14h. 
CEE A1 5 » »  2jours » » » 14h. 


De ces 4 derniers lots e naissent aucunes des aberrations typiques, mais 
seulement les aberrations de second ordre, dont la plupart sont identiques à celles 
de second ordre obtenues des 7 premiers lots. 

Nous avons renouvelé cette expérience à plusieurs reprises de 1904 à 1910, en 
variant l’age où la chrysalide est placée dans l’étuve et la durée d’incubation, et 
nous sommes arrivé, chaque fois, à des résultats semblables, c’est-à-dire que les 
chrysalides de Vanessa urticæ, pour produire les aberrations de second ordre, 
peuvent être atteintes par l’excitant à n'ümporte quel moment de la pupation ne 
dépassant pas le troisième jour. 


Détail des expériences avec les chrysalides de Vanessa urticæ. 


4. — 1h. à 40-45°, le premier jour de la chrysalidation. 
: Pas de résultats appréciables. 
2. — 2h. à 40-45°. 
ABERRATIONS MÉLANISANTES obtenues : 
1 ab. ichnusoïdes (PI. 2, fig. 17). 
4 ab, polaris (PI. 2, fig. 18). 


10 individus rouge brique, chez lesquels on remarque la disparition totale ou presque totale 
des lunules bleues qui ont été envahies par la bordure noire. 


206 ARNOLD PICTET 


individus rouge brique avec larges lunules bleues et ailes inférieures en partie noires. 
3 individus dont les ailes supérieures ont les dessins d’un noir très vif, la bordure élargie et 
les lunules agrandies ; ailes inférieures presque entièrement noires. 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


2 individus chez lesquels les taches noires du centre de l’aile supérieure ont disparu. 
18 individus chez lesquels les taches noires sont excessivement petites. 


3. — 2 h. le premier jour el 2 h. le deuxième jour de la chrysalidation, à 40-459. 


Mèmes aberrations qu'au n° 3, avec 2 ab. polaris, mais pas d’ab. échnusoides. 


4. — 2h. pendant chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 


Mèmes aberrations qu'au n° 3. En outre, il a été obtenu un individu alhinisant aux ailes 
supérieures (disparition des laches noires du centre de l'aile supérieure) et melanisant aux 
inférieures, qui sont en partie noires et dont les lunules sont presque complètement cachées 
par une large bordure noire. 


— 3 h. le premier jour de la pupulion, à 40-45°, 

Mêmes aberrations qu’au n° 2. En outre, il a été obtenu un magnifique exemplaire à Ja fois 
albinisant el mélanisant, dont la couleur du fond, aux supérieures, est pâlie, et dont les 
lunules bleues se sont considérablement allongées. Les ailes inférieures sont presque entière- 
ment noires et leurs lunules se sont également fortement allongées. (PI. 2, fig. 12). 


6. — Pendant 3 h., chacun des 2 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 


ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


& ab. polaris. 
3 ab. ichnusoïdes. 

2 individus presque entièrement noirs aux ailes inférieures avec lunules peu marquées ; 
ailes supérieures d’un brun sale. 

3 individus avec les ailes inférieures presque entièrement noires, avec une large bordure 
noire qui dépasse de beaucoup la zone des lunules. 

1 individu rouge brique, fortement saupoudré de noirâtre et à larges lunules (PI. 3, fig. 16). 

Les autres aberrations, comme au n° 3. 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


3 individus normaux, quant à leurs dessins, mais avec les ailes supérieures passablement 
plus pâles que normalement. 

4 individus normaux, mais avec les lunules presque blanches. 

1 individu chez lequel les trois taches du centre de l’aile supérieure font défaut. + 

Les autres aberrations comme au n° 3. 


7. — Pendant 3 h. chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 


Mèmes aberrations albinisantes et mélanisantes qu’au n° 6. 


8. — Pendant 3 h., chacun des 4 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 


Mèmes aberrations albinisantes et mélanisantes qu’au n° 6, mais sans ab. polaris ni ab. 
ichnusoides. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 


9. — Pendant 2 h., chacun des 5 premiers jours de la pupation, à 40-457. 
ABERRATIONS MÉLANISANTES. 
2 individus rouge brique, à bordure noire envahissant les lunules. 
ABERRATIONS ALBINISANTES. 
2 individus à couleur du fond rouge jaune. 
3 individus à couleur du fond rose pûle. 
40. — Pendant 3 h. chacun des 5 premiers jours de la pupation, à 40-45° 
ABERRATIONS MÉLANISANTES, 
8 individus à caractères noirs accentués. 
ABERRATIONS ALBINISANTES. 
3 individus à couleur du fond parsemée de beaucoup d’atomes jaunes. 
ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 


{ individu jaune sale et rose, avec large bordure noire aux #4 ailes. 


£=o 
) 


41. — Pendant 3 h. chacun des 6 premiers jours de la pupation, à 40-4: 


ABERRATIONS MÉLAN 


TES. 
12 individus, à couleur du fond rouge brique. 
ABERRATIONS ALBINISANTES. 


3 individus assez pâles. 


1 individu dont la couleur du fond des ailes inférieures est jaune pâle, avec bordure grisûtre. 


42. — Pendant 4 h. le premier jour de la pupation, à 45°. 


Mèmes aberrations qu'au n° 3. En outre, 4 individu a/binisant, dont l'aile antérieure gauche 


est en partie transparente. 


43. — Pendant 5 h. le premier jour de la pupation, à 45°. 
Mèmes aberrations qu’au n° 3. 


44. — Pendant 6 h. le premier jour de la pupation, à 45°. 
Mëêmes aberrations qu'au n° 3. 


45. — Pendant 7 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°,. 


ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


Un grand nombre d’ab. polaris et d’'ab. ichnusoules (PL. 2, fig. 17 et 18) ; les autres comme 


les aberrations mélanisantes du n° 3. En outre : 


8 individus fortement chargés de noir aux ailes supérieures ; les inférieures presque entière- 


ment noires avec lunules bien marquées. 
7 individus semblables aux précédents, mais avec lunules effacées. 


5 individus, normaux quant à leurs dessins, mais avec les ailes inférieures chargées de noir 


el nervures marquées en noir. 


3 individus à couleur du fond rouge brique, à nervures noires et chez lesquels la bordure 


noire à envahi les lunules aux ailes supérieures. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. #7 (1912). 


20 


œ 


208 ARNOLD PICTET 


16. 


A7 


18. 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


Mêmes aberrations albinisantes qu’au n° 3. En outre : 

Plusieurs individus normaux quant à leurs dessins, mais plus pâles que normalement en ce 
qui concerne la couleur du fond. 

7 individus à couleur du fond pâle; réduction de la plupart des dessins noirs. Aux ailes 
supérieures, disparition des deux taches noires du centre et formation d’une large tache blanche 
apicale. Aux ailes inférieures, élargissement des lunules bleues (PL. 2, fig. 14). 


ABERRATIONS 4 LA FOIS ALBINISANTES ET MÉLANISANTES. 


5 individus à couleur du fond pâle; aux ailes supérieures, disparition des 3 taches noires 
centrales; réunion de 2 des taches du bord antérieur en une seule tache : lunules devenues 
noires. Ailes inférieures à peu près normales, légèrement envahies par le noir (PI. 2, fig. 13). 

4 individus à couleur du fond pâle et ressemblant aux précédents. En outre, aux ailes supé- 
rieures, les nervures sont noires et les ailes se trouvent chargées de taches jaunes. Aux 
ailes inférieures, les lunules sont grandes et blanchâtres. 

2 individus, comme les précédents, mais avec plus de jaune encore aux ailes supérieures : 
ailes inférieures presque entièrement noires. 

Plusieurs individus avec renforcement des caractères foncés, sur un fond plus clair que 
d'habitude. 


— Pendant 7 h. chacun des deux premiers jours de la pupation, à 40-45°. 

Mêmes résultats qu'au n° 15, pour les trois sortes de modification. En outre, parmi les 
aberrations à la fois albinisantes et mélanisantes : 

2 individus normaux quant à leurs dessins, mais à couleur du fond saupoudrée de brun foncé 
et à lunules blanches (PI. 2, fig. 16). 

4 individus à couleur du fond parsemée de taches jaune clair et avec large bordure noire, 
cachant les lunules aux ailes supérieures. 


— Pendant 7 h. chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 
Dans cette expérience, il n’a pas été obtenu d'ab. polaris et d’ab. ichnusoïdes. 


ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


8 individus dont la couleur du fond est rouge brique, avec large bordure noire envahissant 
presque complètement les lunules. 


7 individus normaux, mais avec renforcement des dessins noirs. 
ABERRATIONS ALBINISANTES. 


4 individus plus pâles que normalement. 

3 » chez lesquels la bordure est excessivement amincie. 

1 » avec commencement de transparence aux 4 ailes. 
ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 

1 individu très foncé, mais avec quelques taches jaunes. 


— Pendant 7 h. chacun des 4 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 
Dans cette expérience, il n'a pas été obtenu d’ab. polaris ni d’ab. ichnusoïdes. 
Mêmes aberrations qu’au n° 17. En outre. parmi les aberrations albinisantes. signalons : 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 209 


1 individu avec élargissement des lunules aux 4 ailes. 


avec larges taches jaunâtres aux ailes supérieures. 
Le dont la couleur du fond est rose. 
ZC avec commencement de transparence aux 4 ailes. 


Parmi les aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes, nous signalerons aussi : 
{individu dont les ailes sont mächurées de noir et de jaune, et dont les lunules sont 
blanches (PI. 3, ig. 13). 


49. — Pendant 7 h. le premier jour et 2 h. le second jour de la pupation, à 40-45°. 


ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


Mèmes résultats qu'au n° 15. En outre : 

7 individus dont la couleur du fond est rouge brique, et dont la bordure noire a envahi 
presque totalement les lunules (totalement chez 1 individu). 

1 individu semblable aux précédents, mais qui, en outre, a l'aile supérieure traversée d'une 
zone sablée de noir. 

2 individus normaux, mais avec les nervures noires. 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


Plusieurs individus plus pâles que normalement et chez lesquels les taches du centre de 
l'aile supérieure ont disparu. 

3 individus à couleur du fond rose, avec élargissement des lunules bleues et disparition de 
l’une des taches du centre de l'aile supérieure. 


ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 


2 individus à couleur du fond jaune sale, à bordure noire envahissant les lunules et ayant, 
aux ailes supérieures, une zone transversale sablée de noir. 

1 individu avec accentuation des caractères foncés, nervures marquées en noir, bordure 
claire et lunules hanches. 


20. — Pendant7 h. le premier jour, 2h. le deuxième et 2 h. le troisième jour de la pupation, à 40-45° 


21. 
22. 


23. 
24. 


Mèmes résultats qu’au n° 15. 
En outre, parmi les aberrations à la fois meélanisantes et albinisantes : 
3 individus qui ont l'aspect de lab. échnusa (PI. 3, fig. 18). 


— Pendant 8 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°. 


— Pendant 9 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°. 

Dans ces deux dernières expériences, faites avec un petit nombre d'individus seulement, les 
résultats sont les mêmes que ceux obtenus au n° 15. 

En outre, parmi les aberralions à la fois mélanisantes el albinisantes, nous signalerons 
plusieurs individus à couleur du fond foncée, avec lunules agrandies et blanches. 


— Pendant 8 h., le premier jour et 2 h. le deuxième jour de la pupation, à 40-45°. 
— Pendant 8 h., le premier jour, 2 h. le deuxième jour et 2 h. le troisième jour de la pupa- 
Lion, à 40-45. 

Dans ces deux expériences, faites avec un petit nombre d'individus seulement, les résultats 
sont sensiblement les mêmes qu'au n° 15. 


210 ARNOLD PICTET 


25. — Pendant 14 h., à partir du premier jour de la pupation, à 40-15°. 
ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


2 ab. ichnusoules. 

1 ab. polaris. 

2 individus intermédiaires. 

10 individus dont la couleur du fond est rouge brique, avec bordure d’un noir intense, 
envahissant tout ou partie des lunules (PI. 3, fig. 10), 

5 individus à couleur du fond rouge sombre. 

1 individu dont les ailes inférieures sont en partie noires (PI. 2, fig. 15). 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


Plusieurs individus normaux quant à leurs dessins, mais plus pâles en ce qui concerne la 
couleur du fond. 

2 individus avec taches jaunâtres (PI. 3, fig. #). 

1 individu très pâle, avec lunules agrandies. 


ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 


3 individus pâles avec agrandissement des lunules bleues et envahissement de l'aile infé- 
rieure par du noir. 


26. — Pendant 14 h.. chacun des 2 premiers jours de la pupation, à 40-45°. 
Dans celte expérience, il n'a pas été obtenu d'ab. polaris ni d'ab. ichnusoïdes. 
Mèmes résultats, en ce qui concerne les autres aberrations, qu'au n° 25. 

En outre, parmi les aberrations albinisantes. nous signalerons : 
l'individu à couleur du fond presque jaune (PI. 3, fig. 15). 


27. — Pendant 14 h., chacun des 3 premiers jours de la pupalion, à 40-15°. 
Petit nombre d'individus expérimentés ; mêmes résultats qu’au n° 26. 


28. — Pendant 14 h., chacun des 4 premiers jours de la pupalion, à 40-15°. 
Petit nombre d'individus expérimentés ; mêmes résultats qu’au n° 26. 
En outre, parmi les «hberrations albinisantes, signalons : 
2 individus à couleur du fond jaune, voisins de celui représenté PI. 3, fig. 15. 


29. — Pendant 17 h., le premier jour de la pupation, à 40-15°. 

Petit nombre d'individus expérimentés; mêmes résultats qu'au n° 26. 

Signalons en outre, parmi les aberrations mélanisantes : 

1 individu dont les lunules des 4 ailes sont devenues noires, et dont les ailes inférieures 
sont, en partie, noires (PI. 3, fig. 17). 

Et parmi les aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes : 

2 individus à dessins noirs accentués, mais avec les ailes légèrement transparentes. 

3 individus à couleur du fond päle, avec réduction des taches noires du centre de l'aile 
supérieure, mais élargissement de la bordure noire et lunules marquées en noir ; ailes infé- 
rieures en partie noires. 


30 — Pendant 20 h., le premier jour après la pupation, à 40-45°. 
Petit nombre d'individus expérimentés. 


PRET. OT TN IT 717 


31. 


32. 


33. 


34. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 211 


— Pendant 20 h., le premier jour, et 1 h. le deuxième jour de la pupation, à 40-14: 
Petit nombre d'individus expérimentés. 


Dans ces deux expériences, mêmes résultats qu'au n° 25. 


— Pendant 20 h., le premier jour, et 1 h., chacun des deux jours suivants, à 40-157. 
Petit nombre d'individus expérimentés. Mêmes résultats qu’au n° 25, mais, en outre, parmi 
les aberrations mélanisantes et albinisante 


3 individus ayant l'aspect de lab. ichnusa (PI. 3, fig. 18). 


— Pendant 24 h., dès le premier jour de la pupation, à 40-45°. 

Dans cette expérience, il n’a pas été obtenu d'ab. polaris ni d'ab. échnusoides. 

Les formes mélanisantes et à La fois mélanisantes et albinisantes qui sont issues de cette 
expérience sont en petit nombre (10 individus) ; elles se rapprochent, pour la plupart de leurs 
caractères, des aberrations du n° 25. 

Les aberralions albinisantes sont, par contre, très nombreuses (plus de 40) ; elles brillent 
par les caractères suivants qui n'alfectent guère la forme des dessins, mais seulement la 
nuance de ceux-ci : 

1° Pälissement de la couleur du fond. 

20 Effacement des taches du centre de l’aile supérieure. 

30 Réduction de la bordure marginale ; celle-ci peut n'être plus représentée que par un 
mince filet noir, avec frange brun clair, allant parfois au fauve (PI. 3, fig. 3). 

En outre : 


2 individus ont les dessins en partie effacés et les ailes presque transparentes (PL 3, fig. Let6). 


Pendant les deux premiers jours de la pupation, à 40-459. 
Les aberrations oblenues sont du même type qu'au n° précédent. 
Mais le nombre des aberrations mélanisantes et à la fois mélanisantes 6E albinisantes 


diminue dans de larges proportions, tandis que le nombre des aherralions albinisantes 
augmente. 


Parmi ces dernières, nous signalerons : 
1 individu dont les 4 ailes sont devenues absolument transparentes, n'ayant plus qu'un peu 
de pigmentation à la racine des ailes (PI. 3, fig. 9). 


35. — Pendant les 3 premiers jours de la pupation, à 40-457. 


36. 


(Grande mortalité vu la durée de l'expérience).  - 

On remarque encore que le nombre des aberrations mélanisantes et à la fois mélanisantes 
el albinisantes diminue fortement, tandis que celui des aberrations albinisantes augmente au 
contraire. Parmi ces dernières, signalons : 

& individus possédant sur leurs ailes des taches transparentes. 

7 individus dont les ailes sont parsemées de jaune (PI. 3, fig. 5). 

1 individu dont le rouge des ailes inférieures est remplacé par du Jaune (PI. 3, fig. 12). 

Nous signalerons encore quelques spécimens dont les ailes sont parsemées de jaune, et dont 
la bordure noire, quoique élargie, a une teinte grisûtre. 


— Toute la nymphose, dès le premier jour, se passe dans une température de 35-407. 


Les chrysalides éclosent dans l’étuve. La durée de l’évolution nymphale se trouve, de ce 


212 ARNOLD PICTET 


fait, considérablement raccourcie ; elle dure à jours au lieu de 7 à 8 jours qui est la durée 
normale. 


Aucune aberration mélanisante n'a été obtenue de cetle expérience. 


ABERRATIONS ALBINISANTES 


8 individus chez lesquels les taches du centre de l'aile supérieure ont diminué de taille et 
ne sont plus représentées que par deux points. 

8 individus dont les quatre ailes sont marbrées de taches jaunes. 

2 individus chez lesquels, aux ailes inférieures, la couleur du fond est jaune; (comme celui 
tiguré PI. 3, fig. 12). 

individu dont la couleur du fond de l’aile supérieure est devenue presque entièrement jaune. 

5 individus à couleur du fond rose, avec marbrures jaunes 

3 individus à couleur du fond rose jaune et à bordure grise (PI. 3, fig. 2). 

En général, les taches noires de ces individus sont sablées de gris. 


ABERRATIONS À LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 


2 individus seulement chez lesquels la couleur du fond est rouge brique parsemée de jaune. 


37. — Chenilles élevées dès la deurième mue dans une température de 30-35°", 
100 chenilles prennent part à cette expérience ; une assez grande mortalité en est aussi la 
conséquence ; 25 Papillons modifiés sont obtenus. 
Les chrysalides, dès leur formation, sont maintenues dans la température de la chambre. 


ABERRATIONS MÉLANISANTES. 


12 individus fortement colorés ; accentuation des caractères noirs ; formation, parfois, d’un 
saupoudré noirâtre au centre de l'aile supérieure. 

l'individu à large bande noire envahissant les lunules aux supérieures ; ailes inférieures 
en partie envahies par le noir (PI. 3, fig. 1%). 


ABERRATIONS ALBINISANTES. 


k individus à couleur du fond jaunâtre, avec forte réduction des deux taches du centre de 
l'aile supérieure. 

2 individus, à couleur du fond rose pâle. 

{individu dont l’aile supérieure gauche est devenue transparente et la supérieure droite, 
en partie transparente (PI. 3, fig. 8). 


ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 


{individu à couleur du fond amarante ; disparition des lunules bleues, envahies par la 
bordure ; les 4 ailes montrent des portions transparentes (PI. 3, fig. 7). 
l'individu à couleur du fond rouge brique ; diminution de la taille de la bordure noire. 


1 L'évolution larvaire, dans cette expérience, est fortement accélérée. En outre, les chenilles suppriment 
leur dernière mue. Elles prennent une énorme quantité de nourriture, qu’elles absorbent rapidement et 
constamment dans le but d’étancher la soif que leur procure la température élevée dans laquelle elles se 
trouvent. Malgré cela, et à cause de la suppression de la dernière mue, elles se chrysalident alors qu’elles 
ont une taille excessivement petite, 

Tous les papillons éelos sont de fort petite taille et plusieurs ne dépassent pas le 50 °/, de la taille normale, 


PU Le 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES M3 


Examen des écailles des aberrations albinisantes. — Plusieurs mécanismes 
concourent à la production de l’albinisme chez les Vanessa urticæ qui ont été modi- 
fiées par nos expériences. Nous allons les passer en revue successivement. 


Jaunissement de la couleur du fond. — Nous avons vu que, chez plusieurs 
aberrations, la couleur du fond fauve vif se change en jaune ; dans d’autres cas, les 
ailes sont simplement tachées de jaune. Ces cas doivent être considérés comme des 
cas d’albinisme partiel. 

Les mécanismes qui produisent le jaunissement sont de plusieurs sortes : 

a) Les écailles ne reçoivent pas toutes la dose voulue du pigment normal. Ce 
cas est le plus répandu. En examinant au microscope les ailes entières des individus 
qui se rattachent à cette catégorie, on se rend compte que beaucoup d’écailles sont 
peu colorées, par conséquent plus transparentes que les normales. L’examen micros- 
copique d'écailles détachées confirme le fait. A côté des jaunes, existent des écailles 
fauve vif en quantité plus ou moins grande suivant les individus. La proportion numé- 
rique entre jaunes et fauves déterminera la teinte de l’aile ou de la tache. 

Lorsque nous avons fait l’examen des Papillons normaux de Vanessa urticæ, 
nous avons remarqué que leur couleur du fond est, parfois, parsemée d’un petit 
nombre d’écailles jaunes, parcequ'à pigment réduit; celles-ci sont cependant trop 
peu nombreuses pour que la teinte du fond en soit modifiée. D’autre part, si nous 
examinons les ailes de Papillons, dont les chrysalides ont été soumises à l’influence 
de la température, mais qui n’ont pas été modifiés de façon appréciable, nous voyons 
que le nombre des écailles jaunes y est déjà plus considérable, Le jaunissement des 
ailes n’est en somme que l'accentuation d'un état de choses qui existe normalement. 

La présence d’écailles incolores en plus ou moins grand nombre contribue aussi 
au jaunissement de l’aile, par le fait que la face inférieure est jaune et que cette 
couleur s'aperçoit par transparence. Dans le cas où certaines parties de l’aile sont 
presque blanches, les écailles incolores dominent dans ces parties. 

b) Les écailles se déforment et diminuent de taille. Elles peuvent devenir lan- 
céolées ou grêles: en général leur grand axe est de la même longueur que celui des 
écailles normales ; c’est surtout en largeur que la diminution de taille se fait: elles 
sont le plus souvent sans dents (PI. 5, fig. 1). 

Dans cette catégorie, le jaunissement est très accentué, car il a double origine. 
En premier lieu, les écailles étant plus petites ne chevauchent pas les unes sur les 
autres et laissent, entre elles, des espaces qui n’ont pas de coloration, ce qui éclaircit 
la teinte de l’aile. En second lieu, un certain nombre de ces écailles modifiées ont 
peu de pigment (jaunes) ou sont très peu colorées (blanches). 

Chez quelques Papillons à nuance jaune, nous avons remarqué que les écailles 


214 ARNOLD PICTET 


se sont recourbées en élevant leurs deux bords latéraux ; c’est le même cas qui a été 
observé chez d’autres Lépidoptères par P. DENSO (v. p. 192). Ces écailles ainsi 
recourbées ne se touchent plus les unes les autres et laissent des espaces entre 
elles; en outre, beaucoup sont jaunes, parce que peu pigmentées, ou blanches, parce 
que incolores. En somme, malgré la modification dans la forme des écailles, ce cas 
se rattache au précédent. 

Pour deux individus, le jaunissement de l'aile est dû à un mécanisme 
curieux : 

Nous examinons le dessus de l’aile de ces Papillons et nous sommes étonné 
de n’y trouver aucune écaille jaune; toutes sont de la couleur normale, c’est-à-dire 
fauve vif; mais elles sont plus petites et, évidemment moins nombreuses, car elles 
laissent entre elles des espaces vides de la largeur d’une écaille habituelle. Par 
contre, la face inférieure de l'aile n'a pas modifié sa couleur, ni la taille et le nombre 
de ses écailles; elle est restée uniformément jaune. Il résulte de cette disposition 
que les écailles jaunes du dessous montrent leur couleur dans les espaces vides du 
dessus et c’est ce qui colore la face supérieure de l'aile en jaune. 


Transparence de l'aile. — Nos expériences ont montré que les Vanessa urticæ 
modifiées par la température sont fréquemment transparentes, à un degré plus ou 
moins accusé. Cette transparence provient : 

a) De la diminution de la taille des écailles. Cette diminution de taille peut 
devenir assez conséquente ; les écailles sont alors toujours déformées, parfois très 
grêles et perdent le plus souvent leurs dents (PI. 5, fig. 1). La transparence s’accuse 
encore par le fait que la diminution de taille se porte aux écailles des deux faces 
de l'aile, Dans la grande majorité des cas, #ne insuffisance de pigmentation corres- 
pond à la diminution de taille des écailles ; 1 en résulte que les parties transpa- 
rentes sont plus pâles que normalement et doivent étre considérées comme un 
commencement d'albinisme. 

Cependant, dans deux cas, nous avons constaté que des ailes transparentes 
comportent des écailles très pigmentées, et mêmes plus pigmentées et opaques que 
normalement. 

b) De la diminution du nombre des écailles. Ce cas est peu répandu, du 
moins d’une façon appréciable; car il n’est pas possible d'évaluer la quantité 
des écailles qui recouvrent les ailes des Papillons. Cependant, dans quelques cas, 
dont ceux figurés PI. 3, fig. 7, 8 et 9, il est manifeste que les écailles sont devenues 
rares, Dans l’exemple signalé fig. 9, il est des places de l'aile qui en sont totale- 
ment dépourvues. Une modification dans la forme et la taille des écailles est aussi 
la caractéristique de cette transparence. De même que précédemment, les écailles 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES A5 


des individus en question sont pales et jaunes, par le fait du peu de pigment dont 
elles sont colorées; en outre, plusieurs sont presque incolores. 


Etclaircissement de la frange. — Nous avons vu, lors de l'examen des ailes de 
Vanessa urticæ normales, que la frange varie beaucoup dans sa coloration; elle 
peut être noire, dans ce cas elle se confond avec la bordure marginale, et varier 
jusqu'au brun pale. L'examen de la frange de plusieurs individus à démontré que 
la teinte de celle-ci provient de la proportion numérique entre écailles fortement 
chargées de pigment brun et écailles moins ou peu colorées du même pigment. 

Dans les expériences dont nous venons de passer en revue les résultats, un 
certain nombre d'individus sont nés avec une frange très claire : celle-ci est alors 
composée d'écailles brunes peu pigmentées et d’écailles à peu près vides. D’autres 
individus sont nés avec une frange grise : cette nuance provient d’une combinaison 
d’écailles très opaques (noires) et d’écailles à peu près vides. Du reste, dans la com- 
position de la frange des Papillons normaux, il entre toujours quelques écailles à 
pigmentation réduite. 

En général, les écailles qui composent les franges des individus dont nous 
venons de nous occuper ne sont pas plus petites que les normales. Dans un cas 
seulement (PI. 3, fig. 3) nous avons observé la réduction de leur taille. 


Eclaircissement de la bordure marginale et des taches noires, — TI arrive sou- 
vent que la bordure marginale et les taches noires deviennent brun clair ou grises: 
ces modifications sont dues à plusieurs mécanismes. 

a) Les écailles ne contiennent pas toutes la dose voulue de pigment normal ; 
elles sont alors d’un brun qui peut devenir, lorsque la matière colorante est en très 
petite quantité, assez clair. 

b) Les écailles diminuent de taille, se déforment, deviennent grêles, et laissent 
entre elles des espaces vides, par où la lumiere peut filtrer, ce qui éclaircit la teinte 
du dessin. 

c) Les écailles deviennent moins nombreuses, et parfois déformées. Le résultat 
est le même que dans la catégorie précédente. 

Ces trois derniers mécanismes concourent à produire des dessins brun clair. 

Les mécanismes qui rendent grises la bande marginale et les taches noires sont 
différents : 

Les écailles se déforment toujours et deviennent grèles, parfois assez petites ; 
souvent elles sont en moins grande quantité que normalement. Mais, ce qui est 
caractéristique, c’est que ces écailles se divisent, Suivant leur dose de pigmentation, 
en deux catégories distinctes. Les unes sont opaques, abondamment pigmentées et 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 27 


916 ARNOLD PICTET 


paraissent noires ; les autres sont à peu près vides (quelques unes le sont complète- 
ment) et paraissent blanches ou possèdent une si faible coloration que c’est comme 
si elles l’étaient. La combinaison de ces deux sortes d'éléments de coloration à pour 
conséquence la production de la teinte grise dont nous recherchons l’origine. 

Dans quelques cas, toutes les écailles sont opaques ; plusieurs d’entre elles 
sont bombées, convexes, à la maniere de celles que nous avons signalées lors de 
l'examen de Pieris rapæ et d'autres Lépidoptères. Malgré leur opacité, le côté 
éclairé de ces écailles apparait comme blanc, tandis que l’autre côté, seul, se mon- 
tre noir; la combinaison du blanc et du noir donne, à ces parties, une couleur grise. 
La nature optique de cette couleur est très apparente. 

Enfin, un troisième mécanisme contribue à rendre gris les dessins noirs. Nous 
l'avons constaté chez un individu de l'expérience 36: les écailles de la face supé- 
rieure de l'aile sont petites, peu nombreuses, avec de larges espaces entre elles, et 
fortement pigmentées. Mais, à la face inférieure de l’aile, se trouve un grand nom- 
bre d’écailles vides et très pales, qui montrent leur couleur au travers des espaces 
de Ja face supérieure. De cette façon, les taches se trouvent composées des éléments 
noirs du dessus et blanchatres du dessous, et c’est ce qui produit la couleur grise. 


Blanchiment des lunules bleues. — Sous l'influence de la température, il 
arrive fréquemment que les lunules bleues deviennent blanches. Le mécanisme de 
cette modification est très simple : La couleur des écailles bleues est due à la fois 
à la présence d'un pigment blanc, mais en infime quantité, et à l’action de la décom- 
position des radiations lumineuses; le dessous de l'aile joue le rôle d'écran, mettant 
en valeur le phénomène optique. Dans les aberrations la quantité du pigment blanc 
augmente !. 

Dans quelques cas, un certain nombre d’écailles vides, tout à fait transpa- 
rentes, se trouvent au milieu des lunules et concourent à en pâlir la teinte, 


Rubéfaction de la couleur du fond. — De fauve vif qu’elle est normalement, 
la couleur du fond peut devenir rouge, et même rose (Expérience 37). 

Le mécanisme qui produit la couleur rose est intéressant à noter. Les écailles 
des parties roses sont bombées, convexes, de même que celles que nous avons obser- 
vées à maintes reprises et réfléchissent la lumière blanche ; ou bien elles ont leurs 
bords latéraux recourbés dans le sens vertical, à la maniere de celles observée chez 
d’autres espèces par P. DENSO (p. 192); elles contiennent le pigment en dose ror- 


! Il se peut que quelques-unes des écailles des lunules, chez les individus normaux, contiennent une 
légère dose d’un pigment bleu, mais la couleur blanche de la majorité des écailles des lunules n’est pas 
douteuse. 


" 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 7 


normale, Si l’on examine les ailes entières sous le microscope, on se rend compte 
que, grace à leur structure, ces écailles laissent des espaces entre elles; celles de la 
face inférieure sont, pour la plupart, vides, et montrent leur couleur blanchatre au 
travers des espaces de la face supérieure, En outre, les bords recourbés des écailles 
sélectionnent la lumière jaune. Ces trois mécanismes réunis produisent la teinte rose 
de la couleur du fond. 


Examen des écailles des aberrations mélanisantes. — Les mécanismes du méla- 
nisme, chez Vanessa urticæ, sont moins nombreux que ceux de lPalbinisme. Ils 
résident, le plus souvent, dans une plus grande abondance de pigment normal. 

En regardant au microscope les écailles de la couleur du fond de Papillons 
chez lesquels celle-ci est devenue rouge brique, il est aisé de se rendre compte que 
les écailles sont beaucoup plus opaques que normalement, c’est-à-dire qu'elles 
contiennent le pigment en plus grande abondance et que la lumière transmise ne 
passe pas au travers d'elles, tandis qu'elle passe au travers des écailles non modi- 
fiées. Deux écailles rouge brique superposées ne donnent pas une image qui soit 
plus foncée. 

En outre, le fait que deux écailles normales (fauve vif) superposées donnent 
une image rouge brique, nous montre que c’est le pigment normal amassé en grande 
quantité qui est la cause de cette variation. 

Il en est de même des écailles qui composent les taches noires de certains 
individus chez lesquels ces taches ont pris une intensité remarquable. Là, les 
écailles sont tout à fait opaques et leur pigment s'étend jusqu'à leur extrémité 
proximale, Ces écailles, examinées séparément à la lumière directe, sont, cependant, 
d'un noir mat, tandis que les écailles normales des mêmes parties sont brunes. 
Nous n'avons pu discerner si ce changement de coloration est dû simplement au 
fait de la surpigmentation ou à une oxydation de la matière colorante ; il est infini- 
ment probable que les deux phénomènes concourent à produire cet effet. 

Pour le noircissement de la frange, nous constatons qu'il est surtout produit par 
l'augmentation du nombre des écailles noires, au détriment du nombre des écailles 
d'autre nuance. 

Pour certaines formes ichnusoïdes où l'aile inférieure est devenue uniformé- 
ment brune, il est assez difhcile de se rendre compte de l’origine de ce changement 
de couleur. Les écailles y sont certainement très opaques; mais nous avons vu que 
l’opacité des écailles fauves donne la coloration rouge brique. Un phénomène d'oxy- 
dation doit done intervenir et changer, dans ce cas, le pigment normal en un 
pigment brun foncé, Mais il y a lieu de faire remarquer que les écailles des parties 
noires des individus normaux contiennent, en réalité, un pigment brun ; 1 serait 


918 ARNOLD PICTET 


done possible que, sous l'influence de la température, le pigment brun normal soit 
produit en très grande quantité, et envahisse les écailles fauves du fond de l'aile infé- 
rieure. 

En somme, le mélanisme des Vanessa wrticæ est surtout dû à une surpigmen- 
tation des écailles, c’est-à-dire au fait qu'un pigment de couleur normale s’y assem- 
ble en plus grande quantité. Mais ce mécanisme m’exelut pas la possibilité de la 
transformation du pigment habituel en un autre plus foncé, dans quelques cas. 

Quelques individus ont pris une teinte amarante. Elle provient de ce que leurs 
ailes sont parsemées d'écailles noires à reflets bleus, au milieu des écailles fauve ou 
rouge brique. En outre, il existe, avec elles, des écailles jaunes avec insuffisance de 
pigmentation. 


Disparition des lunules bleues. — Ta bordure noire envahit souvent les 
lunules bleues de maniere à les faire disparaitre, parfois complètement. Chez les 
individus normaux, les lunules contiennent toujours un petit nombre d’écailles 
noires ; la disparition de ces taches, dans les expériences, n’est donc que l’accen- 
tuation d'un état de choses normal. Suivant les cas, c’est le pigment noir, ou le 
pigment brun des écailles qui avoisinent les lunules, qui vient s’accumuler dans 
celles-ci. 

Ajoutons que plusieurs des mécanismes signalés peuvent, parfois, se rencontrer 
chez le même individu et que, pour former les aberrations à la fois mélanisantes et 
albinisantes, les mécanismes des deux sortes de coloration sont représentés. 


Conclusions relatives à l'énoncé de ces expériences. — En outre des mécanis- 
mes de l’albinisme et du mélanisme qui ont été mis en évidence au cours des 
recherches que nous venons de décrire, il est d’autres conclusions que nous devons 
faire connaitre. 

En premier lieu, ces expériences nous montrent que, sous l’influence de la 
chaleur, les Papillons de Vanessa urticæ ne varient que selon la loi du mélanisme 
et de l'albinisme des parties, c'est-à-dire que, dans chaque cas, les différentes 
parties des ailes ont passé, séparément, de la teinte normale à une teinte plus foncée 
où plus claire. 

C’est ainsi que le fauve vif a pu devenir rouge brique, amarante ou brun, rose 
ou jaune ; que les taches et les bandes noires ont pu devenir d'un noir d'ébène, ou 
qu’elles se sont teintées de gris où se sont effacées ; que la frange à pu passer par 
toutes les nuances intermédiaires entre le noir et le gris; enfin, la couleur du fond 
a pu pâlir à tel point que le pigment a disparu de ses écailles, produisant la trans- 
parence plus ou moins complète de l'aile. 


Mo 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 219 


En conséquence, nous confirmons, pour Vanessa urlicæ, ce qui à été remarqué 
pour un certain nombre d'espèces, à savoir que la variation se fait principalement 
par surcoloration ou décoloration des parties et que ces deux modifications qui 
peuvent ne se porter que sur certaines parties de l’aile, tandis que les autres restent 
sans changement, sont dues surtout à une plus grande abondance de pigment normal, 
où à une moins grande abondance de ce même pigment. D’autres mécanismes secon- 
daires, tels que ceux que nous avons signalés, concourent à accentuer l'effet produit 
par la surcoloration et la décoloration, et cela, surtout dans les cas d’albinisme. 

Un autre résultat de ces expériences est de nous montrer que la température 
semble n'agir qu'en tant qu'excitant pour déterminer l'individu à varier dans un 
sens où dans l’autre. En effet, dans chaque expérience, sauf dans la 36%, la 
variation s’est portée aussi bien dans le sens albin que dans le sens mélanien ; en 
outre, à part les aberrations typiques ichnusoïdes et polaris, les mêmes formes 
albinisantes et mélanisantes ont pu être obtenues, quelle que fût la durée de lincu- 
bation de la chrysalide. Sur les 37 expériences pratiquées, la 36° seule (toute la 
nymphose à 30-35°, c’est-à-dire à une température inférieure à celle des 35 autres 
expériences) n’a pas produit d’aberrations mélanisantes. 

Cependant, malgré l’observation précédente, nous remarquerons encore que la 
production de l’albinisme partiel tend à devenir plus générale lorsque la durée de 
l'incubation est prolongée. En effet, dans les expériences 33 à 35, où les chrysalides 
ont été incubées pendant 2 et 3 jours consécutivement, nous voyons le nombre des 
aberrations mélanisantes diminuer tandis qu'au contraire celui des aberrations albi- 
nisantes augmente notablement. Dans l'expérience 35, où la chrysalide reste 3 jours 
dans l’étuve, les aberrations foncées sont en très petit nombre et dans l’expérience 
37, où toute la nymphose (5 jours) se déroule par la température élevée, il n’a été 
produit aucune aberration mélanisante. En outre, les Papillons les moins colorés et 
principalement ceux qui sont devenus transparents, sont ceux qui proviennent sur- 
tout des expériences où la durée de l’incubation a été prolongée. 

Or, plus l’action de la température est longue, plus rapidement la chrysalide 
se développe; c’est ce que montre principalement l'expérience 37, où la pupe a 
effectué son évolution ontogénique en 5 jours, alors qu'il lui en faut 7 ou 8 dans les 
conditions normales. Par contre, le temps nécessaire à la fabrication du pigment ne 
doit guère être accéléré par l’action de la température. Il résulte donc que les 
écailles ont atteint un degré de développement où elles ne sont plus capables de 
recevoir la matière colorante, avant que celle-ci ait été fabriquée en quantité sufi- 
sante. C’est de là que semble provenir l'insuffisance de coloration si répandue 
parmi les individus ayant subi une longue incubation. 

Du reste cette hypothèse n’est pas nouvelle; nous avons eu l’occasion de la 


290 ARNOLD PICTET 


démontrer déjà lors de nos expériences d'alimentation (1905, 126). Au cours de 
ces expériences nous avions montré, en effet, que les Papillons d'Ocneria dispar et 
de Lasiocampa quercus dont les chenilles avaient été mal nourries, et dont les 
caractères consistaient surtout dans la paleur des ailes, avaient eu une nymphose 
notablement raccourcie et nous en avions déjà conclu que le temps, dont avait 
disposé la chrysalide pour fabriquer son pigment, avait été insuffisant. 

Cependant, parmi les Papillons de Vanessa urticæ éclos de chrysalides à courte 
incubation, il s’en trouve un bon nombre d’albinisants dont les caractères de colo- 
ration sont, parfois, les mêmes que pour les individus provenant d’une incubation de 
longue durée. Cette constatation n'infirme en aucune façon l'hypothèse qui vient 
d’être émise. En effet, il est possible que les albinisants en question aient eu leur 
nymphose raccoureie ; nous n'avons pu le constater parce que, au moment où nous 
nous livrions à ces expériences, nous n'avons pas pensé devoir vouer notre attention 
sur ce sujet. En second lieu, les mécanismes de l’albinisme, chez Vanessa urticæ, 
sont de deux sortes, ainsi que nous l’a démontré l’examen des écailles : l'insuffisance 
de pigmentation, qui proviendrait du fait du raccourcissement de la nymphose, et la 
déformation et la diminution de la taille et du nombre des écailles (qui souvent pro- 
duisent les mêmes effets que dans le cas précédent), et qui seraient le résultat de 
l’action de la température, indépendamment de la durée de la nymphose. 

Quant aux aberrations mélanisantes de Vanessa urticæ nous ne pouvons dire 
si elles proviennent de chrysalides dont la nymphose à été prolongée, comme ce fut 
le cas pour les chrysalides de Papillons mélanisants obtenus de nos expériences 
d'alimentation. 

On aura encore remarqué que les aberrations typiques ne s’obtiennent pas de 
chrysalides qui ont séjourné au delà de 24 heures dans l’étuve et que la durée 
d’incubation la plus propice pour obtenir les formes polaris et ichnusoïides varie 
entre 7 et 14 heures. 

Ce fait est assez curieux pour devoir être signalé : Des chrysalides de Vanessa 
urticæ sont, par exemple, placées dans l’étuve 3 heures après leur formation et y 
restent 7 heures de temps; de celles-ci proviennent un certain nombre d’aberrations 
typiques. D’autres chrysalides, provenant de la même ponte que les précédentes, 
sont également placées dans l’étuve 3 heures après leur formation, mais elles y sont 
laissées pendant 30 heures consécutivement ; de ces dernières ne proviennent 
aucunes aberrations typiques. Nous avons pu vérifier ce cas un grand nombre de 
fois, en variant l’âge où la chrysalide est mise en expérience et le temps que dure 
celle-ci (voir le détail des recherches); dans aucun cas, les aberrations typiques ne 
sont nées d’une incubation dépassant 24 heures. Or, pour en revenir à l'exemple pré- 
cité, les chrysalides expérimentées 30 heures, ont subi, pendant les 7 premières 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 291 


heures de leur incubation, un développement égal à celui qu'ont subi les autres, 
pendant le même laps de temps: autrement dit, les réactions qui concourent à la 
production des formes ichnusoïdes et polaris ont dû se faire, avant la septième 
heure, pour les chrysalides de l'expérience qui a duré 30 heures, Pourquoi ces réac- 
tions ne se sont-elles jamais maintenues chez ces dernières ? 

Pour expliquer cette anomalie, deux hypothèses se trouvent en présence. II se 
pourrait que les aberrations typiques, une fois créées, périssent si la durée de l’in- 
cubation se prolonge; le nombre des décès qui se présentent à chaque expérience 
est suflisant pour laisser supposer la réalité de cette hypothèse. Mais nous avons 
pratiqué ces recherches pendant 7 ans et il nous parait surprenant que, parmi le 
grand nombre de chrysalides incubées, il ne se soit pas trouvé une ou deux aberra- 
tions typiques qui aient résisté à une incubation supérieure à 24 heures. 

Il nous semble plus logique d'admettre que les réactions qui produisent les 
aberrations typiques, s’effacent, disparaissent, pour donner lieu à des modifications 
de moindre importance, une fois que l’action de la température se prolonge au delà 
de la limite qui les a créées. 

Nous retiendrons encore de ces expériences que l’albinisme est le signe d’un 
affaiblissement de l'organisme, tandis que le mélanisme, au contraire, dénote la 
santé et la vigueur de ceux qui en sont atteint. Les recherches faites avec Vanessa 
urlicæ mettent surtout en évidence le premier de ces deux cas. En effet, la plupart 
des aberrations albinisantes possédent des caractères de dégénérescence patholo- 
gique, dont les principaux sont : le défaut de pigmentation, la réduction de la taille 
et du nombre des écailles, leur fréquente atrophie, qu'accompagne souvent l'atro- 
phie des ailes et de l'abdomen ; fréquente diminution de taille des Papillons, qui, 
souvent, ont de la peine à éclore. En outre, les aberrations transparentes, c’est-à-dire 
celles qui possèdent, à un plus haut degré, les caractères d'infériorité que nous venons 
d'indiquer, proviennent surtout d’une incubation prolongée qui a dû les affaiblir. 

Quant aux aberrations mélanisantes, leurs caractères de vigueur résident 
dans le fait de la richesse pigmentaire de leurs écailles, qui ne sont que rarement 
déformées; la taille et le nombre de celles-ci ne diminuent pas facilement et latro- 
phie des ailes et du corps ne s’observe pas souvent. 

Disons encore, pour terminer, que l'expérience 37 (chenilles élevées dans une 
température de 30-35°, et chrysalides maintenues dans la température normale) 
montre que les chrysalides, bien que ne subissant pas l’action thermique, réagis- 
sent encore dans le sens de coloration mélanienne ou albine, lorsque ce sont leurs 
chenilles qui ont subi l'influence de l'élévation de la température. En outre, les 
aberrations issues de cette expérience sont, parfois, semblables à celles qui ont été 
produites par l’action thermique agissant sur les chrysalides. 


222 ARNOLD PICTET 


Vanessa 10. 


Les 4 ailes de Vanessa io, en dessus, sont d’un rouge pourpré avec 4 grandes 
taches ocellées, imitant les yeux des plumes de paon. L'ocelle des supérieures est 
maculé de bleu, de jaune, de noir, de violet, de rouge pourpré et de blanc. L’ocelle 
des inférieures est maeulé de noir et de bleu ; il est entouré d’une zone brune. Aux 
ailes supérieures, nous remarquons encore, à la côte, deux taches noires triangu- 
laires. En dessous, les 4 ailes sont brunes, sablées d’une multitude d’atomes noirs 
et de gris. 

Les seules parties dont nous étudierons la composition sont les ocelles. Ils 
comportent des écailles jaunes, des noires, des rouges et des blanches; il ne sy 
trouve aucune écaille bleue ni de violette. Les blanches contiennent bien un pigment 
blanc, quoique peu abondant ; elles sont très répandues. Dans les régions blanches 
de l’ocelle elles sont assemblées en un amas compact, chevauchant les unes sur les 
autres. Ce sont encore les écailles blanches qui concourent à la formation des 
régions bleues et des régions violettes. Dans le premier cas, elles sont placées 
au-dessus d'écailles noires ; ce dispositif a pour résultat de mettre en valeur le 
phénomène de décomposition des radiations lumineuses. Dans le second cas, les 
écailles blanches sont placées au-dessus d'écailles rouge pourpre. La couleur bleue 
émanant du phénomène optique s'associe au rouge des écailles sous-jacentes pour 
produire la couleur violette. 

Aux ailes inférieures, le bleu des ocelles est également formé par des écailles 
blanches peu pigmentées, placées au-dessus d’écailles noires. 


Expériences de température élevée avec des chrysalides de Vanessa io. 


Nous avons pratiqué, depuis 1906, les expériences suivantes avec un très 
grand nombre de chrysalides de Vanessa io: 


Les chrysalides sont soumises à l'influence d'une température de 43° et 48° (suivant les 
séries) : 
L 3h.:5h.:6h.:7h.;:8h.;9h.;14h.; 15 h.; ou 16 h. de temps, le premier jour 
de la pupation. 
Il. 2 h. de temps, chaque jour, pendant les 2 premiers jours. 
IL 3h: ; 4 h°; 5h » » » 
IV. 7 h. de temps, » » » 


MÉLANISME ET ALBINISME CIHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 293 


Nous avons obtenu, de ces expériences, toute une série d'aberrations qui 
constituent des formes voisines des ab. fischeri et belisaria, avec des fischeri et des 
belisaria typiques. 

A chacune des séries, indistinctement, on remarque, dans les cas les plus simples, 
soit une accentuation, soit un palissement de la teinte générale des ailes. Dans ce 
dernier cas, la zone brune qui entoure l'ocelle des ailes inférieures devient, parfois, 
d’un blane sale, mat. Souvent le palissement conduit à une légère transparence des 
ailes. Les mécanismes qui amènent la variation de là couleur générale de l'aile 
résident uniquement dans l'apport d'une dose plus où moins forte du pigment normal. 
Dans les cas de transparence, la rareté des écailles s'associe à la faible dose de 
pigment. 

Les ocelles sont surtout le siège d'importantes modifications dans la réparti- 
tion des différentes couleurs les composant. 


1° Le blanc est très étendu ; il envahit, dans quelques cas, presque tout 
l'ocelle. Cela provient de ce que les écailles blanches sont devenues beaucoup plus 
nombreuses que normalement, de manière à chevaucher les unes sur les autres en 
un amas compact, sur une plus grande surface. 

20 Le bleu est très étendu ; il envahit, chez certains individus, presque tout 
l'ocelle. Dans ce cas, c'est l'écran sous-jacent, formé d'écailles noires, qui s'étend 
au-dessous d’une plus grande quantité d’écailles blanches à reflets bleus. 

3 L'ocelle est violet. Nous trouvons alors une grande quantité d'écailles 
blanches, à reflets bleus, qui chevauchent sur des rouges. 

4° L'ocelle est sablé de vert. Cette couleur est due à la présence d’écailles 
blanches, à reflets bleus, en combinaison avec des écailles jaunes. 

5° L'ocelle ne comporte plus que du jaune, du rouge et du noir. Les écailles 
blanches, dans ce cas, ont plus ou moins disparu. 

69 Enfin, l’ocelle est complètement noir : ce pigment à donc envahi toutes les 


autres écailles. 


Aux ailes inférieures, l’ocelle devient violet ou verdätre, par les mêmes méca- 
nismes que ceux signalés aux n% 3 et 4. Il disparait de la manière indiquée 
au n° 6. 

On conçoit toutes les variations qui peuvent se présenter dans les ocelles des 
Vanessa io modifiées sous l'influence de l'élévation de la température, En effet, 
deux, et même plusieurs des cas signalés, peuvent se combiner chez un même 
individu. 

Dans lab. belisaria, aux ailes supérieures, les deux taches noires triangulaires 
de la côte ont une tendance à se réunir en une seule tache volumineuse : en outre, 


MÉM. SOC, PHYS, ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOr, 87 (1912), 28 


29/, ARNOLD PICTET 


celle qui est voisine de l’ocelle s'étend sur celui-ci et l’envahit presque complète- 
ment, ne lui laissant plus qu'une où deux parcelles d’un blanc violacé ou verdâtre, 
parfois d’un blanc pur. Les mécanismes de ces transformations résident dans le fait 
que les écailles qui n’ont pas été envahies par le pigment noir restent blanches, 
avec reflets bleus, parce que peu pigmentées, et s'associent avec les écailles rouges 
ou avec des jaunes, ou bien sont seules, Dans les cas extrêmes. l’ocelle est entière- 
ment envahi par le noir 


Bombyx neustria. 


Les individus de cette espèce présentent une coloration jaunàtre, légèrement 
plus foncée chez la femelle que chez le male. Chez les femelles, les ailes supérieures 
sont traversées par une bande brune, un peu plus foncée que la couleur du fond et 
limitée de chaque côté par deux filets d'un jaune très clair. Les males possèdent 
deux minces filets parallèles qui traversent l'aile supérieure à une certaine distance 
l'un de l’autre. Les ailes inférieures sont uniformément jaunatres, dans les deux 
sexes. En dessous, les caractères du dessus sont légèrement reproduits. 

Nous ne décrirons pas en détail la forme des écailles: celles-ci varient dans 
de telles proportions, que leur description risquerait de nous entrainer trop loin. 
Bornons-nous à dire qu’elles peuvent se rattacher à trois types bien distincts : les 
unes sont longues et eréles, d’autres courtes et arrondies; on en trouve encore qui 
sont d’une forme intermédiaire entre les deux types précités. 


Examen des mâles. — Dans les parties jaunes, les écailles de chacun des trois 
types sont représentées ; elles sont colorées par un pigment jaune qui apparait plus 
compact et couvre une plus grande superficie dans les écailles longues que dans les 
autres. En outre, la portion proximale de l’écaille, qui contient peu ou pas de pig- 
ment et est par conséquent presque transparente, décompose les radiations lumi- 
neuses, Par contre, dans les écailles du type allongé, cette portion proximale est 
souvent légèrement bombée selon deux ou trois zones longitudinales; si les écailles 
de la sorte ne contiennent pas de pigment, c'est la lumière blanche qui est réflé- 
chie. Si, au contraire, ces écailles bombées contiennent un peu de pigment, ce sont 
les radiations jaunes qui le sont. Ces deux phénomènes sont tres apparents sur les 
écailles détachées des ailes. 

Les écailles des deux lignes transversales contiennent un pigment brunâtre : 
à la lumicre directe, elles se montrent avec un reflet rougeitre. En superposant 


MÉLANISME ET ALBINISME CUEZ LES LÉPIDOPTÈRES 295 


deux ou plusieurs écailles de la couleur du fond, l'image ainsi produite reste jaune 
et n'atteint pas la coloration brune des lignes transversales. Cela indique done que 
le pigment de ces lignes est d’une autre nature que celui de la couleur du fond, et 
que la coloration brune de Bombyx neustria ne provient pas de la surabondance 
du pigment jaune, mais d'un pigment distinct. 


Examen des femelles. — Les trois types d’écailles se retrouvent pour former 
la couleur du fond et la bande transverse. La différence de coloration entre ces 
deux parties de laile est peu de chose, ce qui en rend l'examen difficile. Nous ne 
pouvons donc nous rendre compte S'il existe un où deux pigments pour colorer les 
ailes des femelles. 


Expériences de température élevée avec les chrysalides de Bombyx neustrix. 


Un certain nombre d'expériences ont été pratiquées, en 1907 et en 190$, avec 
cette espece, Environ 100 chrysalides ont été soumises, au commencement de leur 
nyimnphose et pendant une durée variable, à l'influence d'une température de 45 à 
20°, 69 aberrations ont été obtenues de cette facon. 

1. Les chrysalides sont maintenues dans l'éture pendant 6 heures et donnent : 


10 aberrations mélanisantes. 
9 » albinisantes, 


I. Les chrysalides restent dans l'étuve pendant LA heures et donnent : 
13 aberrations mélanisantes. 
15 » albinisantes. 


6 ” à la fois mélanisantes et albinisantes. 


UL. La durce d'incubalion est de 24 heures. Les chrysalides donnent : 


8 aberralions à la fois mélanisantes et albinisantes. 


IV. La durée de l'incubalion est de 36 heures. Les chrysalides donnent : 


2 aberrations mélanisantes. 


3 n albinisantes. 
Il » à la fois mélanisante et albinisante. 
Examen des aberrations mélanisantes. — Ces aberrations sont de diverses 


natures : 
Femelles : 


1° La couleur du fond devient plus foncée de façon à se rapprocher de celle de la bande 


296 ARNOLD PICTET 


brune. Dans cerlains cas elle atteint la coloration de celle-ci, en sorte que l'aile supérieure 
est uniformément colorée en brun {PL 4, fig 4). 

20 Il n’y a pas de modilication dans la couleur du fond, sauf l'apex et la côte, qui deviennent 
d’un brun assez foncé. 

30 La couleur du fond reste encore sans modification, mais la bande devient d’un brun 
rouge vif (PI. 1, lig. 2). 

Mäles : 

1° La couleur jaune du fond devient brune. 

2 L'espace jaune compris entre les deux filets transverses se charge d’atomes bruns. 

30 L'espace compris entre les deux filets transverses se comble presque complètement de 
brun, en sorte que laile se trouve traversée par une large bande brune, comme chez les 
femelles normales 


4° La couleur du fond, ainsi que l'espace qui existe entre les deux filets, deviennent d’un 
beau brun foncé (PI. 1, lig. 14). 
5° Les deux filets deviennent brun foncé et, en outre, s'élargissent de facon à former deux 


petites bandelettes. L’apex prend également une coloration brune (PI. 4, lig. 13). 


Examen des écailles de ces aberrations. — Test manifeste que les écailles des 
Papillons mélanisants, males et femelles, sont colorées par une plus grande dose de 
pigment que normalement; l'examen microscopique, successivement aux deux 
lumieres et la méthode de superposition de deux écailles, pratiqués lun et lautre 
comparativement avec des écailles de Papillons non modifiés, le montre suffisamment. 

En second lieu, et dans certains cas seulement, les écailles mélanisantes 
semblent contenir un pigment d’une couleur rougeatre tout à fait spéciale, que l’on 
ne peut imiter en superposant deux ou plusieurs écailles d'individus normaux. 
Nous pensons done que, pour acquérir cette teinte, le pigment normal, brun chez 
les femelles et jaune chez les males, subit une modification due très probablement 
au fait d’une plus forte oxydation par la température. 

Les poils prennent aussi cette teinte brun rougeatre. 

Dans les femelles n° 2, la côte est devenue d’un brun assez foncé; nous remar- 
quons que les écailles y sont passablement plus grandes qu'au méme endroit chez 
les individus non modifiés; ces écailles ne contiennent cependant pas un pigment 
plus abondant et, étudiées séparément, n'ont pas une coloration plus foncée. La 
couleur anormalement foncée de la côte résulte simplement de ce qu'étant devenues 
plus grandes, les écailles chevauchent davantage les unes sur les autres. 


Examen des aberrations albinisantes. 
Femelles : 
1° La couleur du fond s’éclaireit et devient jaune. 
29 Les ailes, aux emplacements de la couleur du fond, deviennent transparentes. 


3° La bande transverse palit, peut même devenir de la méme couleur que le fond de telle 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 297 


facon que l'aile se trouve uniformément d'un brun jaunatre, et chez quelques exemplaires, 
uniformément jaune (PI. 1, fig. 7 el 8). 

9 Toute l'aile devient transparente (PI. 4, fig. 9). 

50 La bande transverse Ss'amineit parlois considérablement (PL E, lig. 6). 

Males : 

19 et 20 Comme pour les femelles (PI 4, fig. 10). 


39 La zone comprise entre les deux filets s'éclaireit considérablement (PI. 4, lig. F8). 


ho 


‘” Les ailes deviennent transparentes, 


» Les dessins s'effacent, en sorte que l'aile devient uniformément d'un jaune pale(PLA, fig, 16). 


Exvamen des écailles de ces aberrations. — TH n'est pas douteux, et l'examen 
microscopique le prouve, que la plupart des écailles des individus clairs contiennent 
très peu de matière colorante. Elles décomposent donc les radiations lumineuses 
avec plus d'intensité que les écailles normales qui sont plus pigmentées, et le phé- 
nomene optique contribue, en s'alliant à la diminution du pigment, à éclaircir l'aile. 
Ces deux raisons, à elles seules, sont suffisantes pour expliquer l'éclaircissement de 
la couleur des aberrations albinisantes. 

Cependant, d'autres mécanismes concourent encore à la production de cet 
éclaircissement. 

1° Plusieurs écailles sont sans pigment, et par conséquent ne donnent pas de 
coloration à l'aile. L 

20 (Quelques-unes se sont bombées à la façon des écailles dont nous avons 
constaté la présence chez les Piérides, chez Melitæa cinxiu et d'autres et réfléchis- 
sent l'ensemble des rayons lumineux, c’est-à-dire la lumière blanche : Paile se 
trouve ainsi parsemée d’éléments blancs qui aident encore à en éclaircir la teinte. 
Dans les exemplaires les plus pales, le nombre des écailles de cette nature est 
assez grand. 

3° Les écailles se déforment et deviennent beaucoup plus petites (PL 5, fig. 4). 
Elles laissent donc entre elles des espaces où il n'y à pas de coloration. 

4° Les écailles sont moins nombreuses et laissent encore entre elles des espaces 
vides. 
5° Les poils, très abondants chez Bombyx neustria, perdent aussi leur pig- 

ment ; ils deviennent rares sur les ailes des individus transparents. 
6° Ces différentes modifications dans la forme et la disposition des écailles 
. peuvent se présenter à la fois sur les ailes d’un méme individu. 


Examen des aberrations à la fois albinisantes et mélanisantes. 
Femelles : 
19 La couleur du fond s'éclaireit, tandis que la bande devient d'un brun rougeatre. 


20 La bande devient d’un brun rougeñtre mais diminue de largeur. Celte diminution se fait 


298 ARNOLD PICTET 


de la facon suivante : la bande s’amineit; elle se ceintre en son centre de facon à former une 
sorte de (PL 4, fig. 3, et 5). En outre, la couleur du fond devient jaune pâle, ou d'un brun 
rougeâtre suivant les cas. 

39 Un exemplaire possède les ailes supérieures mélanisantes et les inférieures albinisantes, 

Miles : 

1° La couleur du fond s’éclaireit, tandis que les filets deviennent plus larges et plus foncés 
PI. 1, fig. 15). 

20 La couleur du fond devient brunâtre à l’apex, les ailes inférieures sont plus pâles et les 
deux filets sont plus marqués que normalement et brun rouge. 


Dans les aberrations de ce genre, les deux filets peuvent s’écarter l’un de 
l’autre, ou se rapprocher ; ils vont même jusqu'à se souder de facon à former une 
bandelette qui prend alors une coloration brun rouge. Ces deux filets, dans certains 
cas, se rejoignent, en leur centre seulement, de manière à constituer un +, ou s’écar- 
tent pour former un 0 ; enfin, ils peuvent disparaitre complètement. Dans ce dernier 
cas, il est assez difficile de dire si ces aberrations ne sont pas simplement albini- 
santes (PI. 1, fig. 12, 14 et 17). 


Examen des écailles de ces aberrations. — V'examen microscopique de ces 
écailles montre que les mécanismes, dans les parties foncées, sont les mêmes 
que dans les aberrations mélanisantes ; pour former les parties claires nous retrou- 
vons les miémes procédés que chez les individus albinisants. Cependant, ici, le 
mécanisme principal réside dans la surpigmentation ou la pigmentation insuf- 
fisante. 


Nous concluons encore de ces expériences que, sous l'influence d’un méme 
excitant, c’est-à-dire d’une température de 45-50° agissant sur les chrysalides, et 
malgré la durée variable de leur incubation, les Bombyx neustria ont réagi, en ce 
qui concerne leur pigmentation, de érois façons différentes, en se modifiant, les uns 
dans le sens albinisant, les autres dans le sens mélanisant, d’autres encore dans les 
deux sens à la fois. S'il a été obtenu, de ces expériences, des individus présentant 
à la fois les caractères de mélanisme et d’albinisme, nous ne pensons pas que cela 
puisse modifier l'interprétation que nous donnons à ces résultats. Cela nous montre 
simplement que l’influence de la température peut, parfois, être localisée et non pas 
générale à l’ensemble de lorganisme; les écailles des différentes parties ne se 
forment probablement pas toutes en même temps et, suivant le développement 
atteint lorsqu'agit le facteur, les unes sont plus aptes, les autres moins aptes, à 
recevoir le pigment. 

Chez certains individus mélanisants, nous constatons une augmentation dans 
la taille des écailles et, dans tous, une plus grande abondance de pigment ; en outre, 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 299 


la plupart sont bien constitués avec gros abdomen, surtout chez les femelles, et 
possèdent une forte pilosité. Ces caractères sont l'indication de la force et de la 
viqueur. Tandis qu'au contraire, parmi les albinisants, quelques-uns sont d’une taille 
inférieure à la moyenne, avec abdomen généralement fluet, et plusieurs sont nés 
atrophiés. Tous se font remarquer par le peu de pigment que contiennent leurs 
écailles et par la réduction du nombre et de la taille de celles-ci; en outre, ces 
éléments se déforment, deviennent souvent bombés, rabougris. Ces caractères indi- 
quent suffisamment la dégénérescence des individus qui les possèdent, 


Selenia tetralunaria. 


La figure 24 (PI. 1), donnera une idée sufhisante de l’arrangement des dessins 
chez cette espèce. Nous ajouterons que, en dessus, les dessins les plus clairs sont 
jaune brun, avec une teinte rosée et de légers atomes bruns, et que les dessins les 
plus foncés sont d'un brun foncé; entre ces deux nuances, nous trouvons plusieurs 
intermédiaires de coloration. Les caractères, en dessous, sont à peu près les mémes 
qu'en dessus. 

La structure des écailles est légèrement différente de celle observée jusqu'à 
présent; leur surface, en effet, n’est pas plane, mais bombée selon ? ou 3 zones 
longitudinales: elles ont cependant la structure striée habituelle. 

Parmi les écailles des parties les plus claires, nous en trouvons une certaine 
quantité qui sont transparentes et dans lesquelles on n’aperçoit pour ainsi dire pas 
de matière colorante, A côté de celles-ci, d’autres, tout en étant encore assez trans- 
parentes, laissent apercevoir un peu de pigment: mais la coloration qu’en reçoivent 
ces écailles est de peu d'importance; cependant, si l’on en superpose deux, l'image 
ainsi produite est légerement jaunätre. Dans ces mêmes dessins clairs, nous trouvons 
encore des écailles jaune brun et des brunes: la superposition de deux écailles de la 
première nuance donne une image brune. 

Les écailles des parties de coloration moyenne contiennent déjà davantage de 
pigment que celles que nous venons d'examiner. Elles sont brunâtres: deux de ces 
écailles ayant été superposées, l'image produite atteint la coloration des parties les 
plus foncées. Nous trouvons en outre, dans ces parties de coloration moyenne, des 
écailles à tous les degrés de pigmentation. 

Enfin, les écailles des parties foncées sont surchargées d’un pigment nettement 
brun; en effet, la couleur de deux de ces écailles superposées reste brune, malgré 
l'opacité résultant de cette superposition. 


‘230 ARNOLD PICTET 


Nous voyons donc que le mécanisme de la coloration des dessins de Selenia 
tetralunaria est le même que pour les Melitæa : il n'existe, pour former ces dessins. 
qu'un seul pigment jaune brun qui, suivant qu'il est peu abondant ou très abondant 
dans les écailles, donne à celles-ci la coloration jaune brun pâle des parties les 
plus claires, brun foncé des parties les plus foncées, avec toutes les nuances inter- 
médiaires, lorsque les écailles contiennent du pigment en quantité moyenne. 

Reste à expliquer maintenant l'origine de la teinte rosée que nous avons 
remarquée dans les parties les plus claires; elle provient de celles des écailles qui 
contiennent le moins de pigment, et est vraisemblablement produite par la forme de 
ces écailles. En effet, nous avons signalé que les écailles de Selenia tetralunaria 
sont bombées selon 2 ou 3 zones parallèles, longitudinales ; ce dispositif, qui change 
l'angle d'incidence des stries, et le fait que ces écailles contiennent peu de matière 
colorante, produisent le même effet que celui produit par les écailles bombées des 
Piérides et des Melitæa cinria. 

En définitive, les parties claires se trouvent done composées d’écailles brunes. 
de jaunes et de blanches et le résultat de cette combinaison est la teinte rosée dont 
nous cherchons l’origine. 

Toutes les écailles de Selenia tetralunaria sont bombées de la sorte : mais celles 
qui sont surpigmentées et qui constituent les dessins foncés. ne donnent pas lieu au 
phénomène optique indiqué, et cela par suite de leur opacité. 

Il est facile de se rendre compte de ce que nous venons de dire, en examinant 
au microscope les ailes entières d’un individu de cette espèce: on remarquera en 
effet qu'à la lumière directe les écailles peu pigmentées présentent, sur leur surface, 
2 où 3 bandes blanches à la place où se trouvent les zones bombées. 

Les individus de Selenia tetralunaria possèdent, à chaque aile, un croissant 
blanc à reflets métalliques; or, les écailles qui composent ce croissant sont noires, 
mais si gréles et en si petit nombre que la transparence de l'aile est suffisante pour 
donner à ces croissants l'illusion de la blancheur. Nous confirmons par là ce que 
nous avons vu maintes fois, à savoir que la transparence n'est pas seulement due à 


la rareté des écailles, mais encore à la réduction de taille de celles-ci. 


Expériences de température avec les chrysalides de Selenia tetralunaria. 


Des expériences, en vue de rechercher l'influence de la température sur les 
chrysalides de cette espèce, ont été pratiquées en 1907. 

Les individus de la génération d'hiver passent cette saison sous forme de chry- 
salide; ils apparaissent au printemps à l’état d’adulte avec les colorations que nous 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 231 


venons de décrire. Les individus de la génération estivale subissent toute leur onto- 
génie pendant la belle saison et apparaissent sous forme d'adulte, avec les mêmes 


dessins que les précédents, mais beaucoup plus clairs et rougeàtres. 


60 chrysalides de la génération hivernante, reçues d'Allemagne en février 
1907, ont été divisées en trois lots, dont deux ont été soumis à l'influence de l'élé- 
vation de la température, et un à été laissé dehors, dans les conditions naturelles, 
pour servir de témoin. 

L. 20 chrysalides sont placées, dés leur réception, dans une lempéralure de 45°, où elles restent 
jusqu'au moment de leur éelosion: celle-ci eut lieu dans l'espace de 12 à 15 jours qui suivit 
le début de l'expérience. 

I. 20 chrysalides sont placées, dés leur réception. dans une température de 35°, où, de même que 
les précédentes, elles restent jusqu'au moment de leur éclosion: celle-ci survint également 


dans l’espace de 12 à 15 jours après le commencement de l'expérience. 


Dans les deux cas les résultats sont les mêmes : production de la couleur 
claire des individus de la génération l'été, pour 16 individus sur 19 éclos de ces 
expériences, et production d’une teinte intermédiaire pour les 3 autres individus 
(PI. 1, fig. 25). 

HE. 20 chrysalides constituent le lot témoin el sont maintenues dehors ; elles éclosent au printemps 
el donnent des Papillons foncés, semblables à ceux que nous avons décrits comme constituant 
la forme d'hiver. 

Dans les aberrations obtenues, les parties les plus foncées sont rougeitres : 
les parties moyennement colorées sont jaunätres, légèrement rostes, les parties les 
plus claires sont devenues blanches. 

A l’examen microscopique, il est aisé de reconnaitre que les écailles des parties 
rouges et celles des parties jaunes contiennent, respectivement, moins de pigment 
que les mêmes parties chez les individus normaux. Quant aux parties blanches, on 
se rend bien compte que leurs écailles n'ont pas de pigment, et réfléchissent la 
lumière blanche par suite de leur structure spéciale, bombée. 

Les écailles des parties moyennement colorées et celles des parties foncées 
contiennent, en proportions diverses, des écailles jaunes et des brunes, Mais, au 
milieu de celles-ci, nous en trouvons qui sont vides. De cette combinaison entre 
éléments colorés bruns, jaunes et blanes, provient la couleur rosée et rougearre de 
ces parties. En outre, comme leur pigment est peu abondant, leur nuance est plus 
claire que chez les témoins. k 

Les écailles de ces individus n'ont été modifiées ni dans leur taille ni dans leur 
forme. 


MÉM, S0C, PHYS, RT HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 29 


239 ARNOLD PICTET 


Cette expérience met en relief d'une façon remarquable la loi de la variation 
par mélanisme et albinisme des parties et l’un des mécanismes qui concourent à 
produire cette variation. 

Le fait que les chrysalides de Selenia tetralunaria n'ont réagi, sous l'influence 
de la température, que dans le sens de l’albinisme, ne contredit pas les conclusions 
des autres expériences. Il est évident qu'il se rencontre des espèces qui ne peuvent 


réagir que dans un sens. 


Psilura monacha. 


Les ailes supérieures, chez le male et chez la femelle, sont d’un blanc légére- 
ment brunâtre, avec des points et quatre lignes transverses en zigzags noiratres. 
Les ailes inférieures sont d’un blanc sale, légèrement plus foncées que la couleur 
du fond des supérieures, avec l'extrémité blanchatre. On trouve parfois des indivi- 
dus chez lesquels les ailes inférieures sont d'un gris brunätre assez foncé. 

Dans lab. xigra, les bandes en zigzags deviennent plus larges et la couleur du 
fond plus foncée; les bandes peuvent s’élargir à tel point qu’elles se réunissent, en 
sorte que toute la surface de l'aile est d’un noir brunâtre uniforme; les individus qui 
sont ainsi frappés de mélanisme complet caractérisent lab. eremita. Chez cette der- 
nière, il arrive souvent que les ailes inférieures deviennent uniformément d'un noir 
brunâtre. On rencontre plusieurs intermédiaires, quant à la coloration, entre l'espèce 
et les deux aberrations. 


Examen des écailles. — Les écailles des ailes de Psilura monacha peuvent se 
rattacher à trois types distincts en ce qui concerne leur taille et leur forme : des 
larges et arrondies, des longues et grêles, et des intermédiaires; mais la démar- 
cation entre ces trois types est plus difheile à faire que pour les écailles de Lasio- 
campa quercus et de Bombyxr neustria. 

Les écailles de la couleur du fond sont presque transparentes et décomposent 
activement les radiations lumineuses. Détachées de Paile et examinées au micros- 
cope, à la lumière directe, elles montrent une légère coloration brun pâle aux 
endroits où le pigment est amassé ; celui-ci est surtout apparent à l'extrémité distale 
de l’écaille et s'étend le long de deux ou trois filets longitudinaux ; l'extrémité proxi- 
male est toujours incolore. On se rend encore compte de l’existence de ce pigment 
brun par la superposition de deux ou trois écailles: ce procédé ne laisse aucun 
doute sur là nature de leur coloration. C’est grace à l'extrême rareté de cette 
matière colorante et au fait que les écailles décomposent la lumière que le fond des 


ules apparait blanc. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 233 


Les bandes zigzaguées comportent des écailles qui varient quant à leur degré 
d’opacité. Les unes sont peu opaques : leur couleur est brune: d'autres le sont 
davantage : elles sont brun foncé: entin le plus grand nombre d’entre elles sont tout 
ce qu'il y à de plus opaques à leur extrémité distale, qui parait alors noire, tandis 
que leur milieu, qui contient moins de matière colorante, est nettement brun foncé, 
et leur extrémité proximale, qui n’en contient presque pas, est brun clair. La super- 
position de deux écailles brunes donne une figure noire. D'autre part, la superpo- 
sition de quatre écailles de la couleur du fond donne une figure d’un brun foncé qui 
n'est pas loin d'atteindre, en coloration, celle des parties les plus foncées de l'aile. 

L'examen des écailles des ailes inférieures donne les mêmes résultats que 
pour les supérieures. 

Nous voyons, par ce qui précède, qu'il n'existe qu'un seul pigment (brun) pour 
former les différents dessins des ailes de Psiura monacha et que la couleur de ces 
dessins ne provient que de la quantité dont ce pigment est réparti dans les écailles. 

Les ailes inférieures varient, quant à leur nuance, du blanc sale au brun 
grisatre; c'est à une combinaison d’écailles brunes à divers degrés d'opacité que 
cette variation est due. 

Dès lors, il nous sera facile de comprendre le mécanisme de la création des 
aberrations nigra (PI. 1, fig. 19 et 20) et exemita. Sur les ailes des premieres, les 
bandes s'élargissent et la couleur du fond s'assombrit. Or, l'examen microscopique 
nous montre que cette couleur du fond contient, en très grande proportion, des 
écailles opaques et que la zone qui avoisine les bandes en comporte aussi une plus 
erande quantité que normalement. Chez les individus »igra très foncés, l'opacité 
augmente pour la plupart des écailles et surtout dans les zones qui limitent les 
bandes. Enfin, pour constituer les ailes uniformément brun noirâtre de lab. eremita. 
l'opacité augmente dans presque toutes les écailles. 

L'assombrissement des ailes inférieures se fait de la méme façon, par augmen- 
tation du nombre des écailles opaques. 

C’est donc par la surproduetion du pigment brun normal que se forment les 
aberrations rigra et eremitu. 


Expériences de température élevée avec Psilura monachu. 
Ces expériences ont été pratiquées avec une quarantaine de chrysalides qui 
ont été divisées en deux lots : 


I. Les chrysalides ont été placées, durant 3 heures chaque jour, les > premiers 


jours de la nymphose, dans une température de 45°. 


93/1 ARNOLD PICTET 


IT. Les chrysalides ont été placées dans la méme température, et pendant la 
méme durée, les 5 premiers jours de la pupation. 


Nous ne considérerons, parmi les résultats de ces expériences, que les aberra- 
tions albinisantes. En effet, celles qui possèdent des caractères mélanisants, ou à la 
fois mélanisants et albinisants, sont identiques, quant à leur coloration et à la nature 
de leur pigment, aux aberrations naturelles eremita et nigra; on ne peut donc dire 
si la production de ces formes est le résultat de l'expérience. 

En dehors des individus qui n’ont pas été modifiés et de ceux qui appartiennent 
aux deux aberrations susmentionnées, nous avons obtenu de ces expériences : 

9 aberrations albinisuntes qui présentent les caractères suivants : 

a) 2 individus du lot 1 ont les lignes minces el pales; la couleur du fond couvre donc 
une plus grande superficie que normalement. 

b) 4 individus des lots 1 et 2 ont les ailes en partie transparentes, avec les dessins des 
ailes supérieures pales, effacés et nettement bruns (PI. 4, fig. 23). 

c) 2 individus des lots 1 et 2 ont les ailes supérieures légèrement transparentes, avec les 
dessins presque complètement effacés (PI. 4, fig. 24). É 

d) A'individu du lot 1 est légèrement transparent aux 4 ailes avec les dessins à peine 
marqués (PI. 1, fig. 22). 


Examen des écailles. — L'examen des écailles et des ailes entières des imdi- 
vidus modifiés confirme absolument la majeure partie de ce que nous avons démontré 
Jusqu'à maintenant touchant les mécanismes de l’albinisme. 

a) La faible pigmentation de la couleur du fond s'étend aux écailles qui 
avoisinent les bandes ; celles-ci se trouvent donc bordées de chaque côté d'écailles 
blanches, ce qui augmente la surface du fond au détriment de la largeur des bandes. 

b)etc) Les écailles se déforment et diminuent de taille; toutes ont peu 
de pigmentation. En outre, les espaces vides qui les séparent sont appréciables. 
Pour constituer la bande nettement brune des 4 individus b, nous remarquons 
que la plus grande partie des écailles sont peu colorées, transparentes aux ?/, 
de leur région proximale: la superposition de deux de ces écailles montre que 
leur pigment n'a pas été modifié et qu'il est de même coloration que le pigment 
normal; c’est à sa moins grande abondance qu'est due la couleur brune de ces 
bandes. Quant à l'effacement des bandes zigzaguées des deux individus €, il est dû 
au fait qu'une bonne partie des écailles qui composent ces dessins sont vides ou à 
peu près: on y rencontre qu'un petit nombre d’écailles à opacité normale. 

d) La transparence des ailes de l'individu de cette catégorie est due au fait 
que les écailles sont moins nombreuses que normalement et laissent des jours entre 
elles. Mais elles ne sont ni déformées ni plus petites que chez les individus non 


‘2 ÈS 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 23) 


modifiés. L'effacement des dessins est dû, ici, au méme mécanisme que pour les 
exemplaires €. 

Ces recherches confirment encore que lalbinisme est le résultat d'un affai- 
blissement de l'organisme, 


Ocneria dispar. 


La couleur du fond des males est assez variable: celle des témoins des 
expériences dont nous parlerons plus loin est brun clair. I'aile supérieure est 
traversée par quatre lignes zigzaguées brun foncé, dont la deuxième, à partir 
de la base, est plus large que les autres; elle est accompagnée d'un F discoïdal d'un 
brun plus foncé qu'elle. Les ailes inférieures sont d'un brun presque uniforme et 
légèrement plus foncées que les ailes supérieures. Une bordure de méme nuance 
que les lignes et accompagnée de points marginaux complète le dessus des qua- 
tre ailes. 

La femelle est passablement plus grande que le male et a les ailes plus allon- 
vées ; elle est d'un blanc légerement jaunatre, où brunatre, avec les mémes dessins 
que le mâle. 

La variation des individus de cette espèce, à l’état naturel, se porte fréquem- 
ment sur la teinte de la couleur du fond qui, pour les males, peut devenir d’un brun 
cendré plus ou moins clair, ou bien atteindre, en coloration, celle des lignes zigza- 
vuées ; dans ce dernier cas, ces lignes ne sont presque plus visibles. 


Examen des écailles. — Les écailles des Papillons de cette espèce varient 
passablement quant à leur forme et à leur taille, suivant les régions de laile où 
elles sont considérées ; comme pour la plupart des espèces étudiées, ces écailles 
peuvent se rattacher à trois types; les unes sont longues et gréles, d’autres courtes 
et arrondies, et on en trouve également dont la forme est intermédiaire entre les 
deux types précités: les modifications dans la pigmentation affectent aussi bien les 
unes et les autres de ces écailles. 


Femelles. — L'examen microscopique des écailles détachées de l'aile, à Ja 
lumière directe comme à la lumière transmise, et d’après la méthode habituelle, 
nous montre que le pigment qu'elles contiennent n'est pas blanc, mais légerement 
brunätre ; il y est déposé en fort petite quantité et, de ce fait, les écailles sont trans- 
parentes. Nous superposons deux d’entre elles et la figure qui résulte de cette 
superposition affecte la coloration des lignes zigzaguées. 


236 ARNOLD PICTET 


Les écailles de ces lignes sont plus opaques, partant, plus riches en pigment 
que celles de la couleur du fond. Deux d’entre elles superposées reproduisent la 
coloration du F discoïdal. 

Nous voyons, par ce qui précède, qu'un seul et même pigment existe pour 
former la couleur du fond et les dessins des ailes des femelles d’'Ocneria dispar et 
que la quantité de ce pigment constitue seule la différence de coloration des écailles. 


Males. — Parmi les écailles de la couleur du fond, nous en trouvons quelques- 
unes qui sont peu colorées et de méme nuance que celles de la’couleur du fond des 
femelles. Les autres sont moins transparentes, d'un brun plus apparent, et, en 
superposant deux de ces dernières, on obtient la nuance des lignes zigzaguées, ou 
de la bordure marginale. Chez les individus qui sont d’un brun cendré, le nombre 
des écailles peu pigmentées, c'est-à-dire presque blanches, domine: tandis que 
chez les Papillons dont la teinte est plus foncée, ce sont les écailles opaques qui 
sont plus nombreuses. Si nous placons deux écailles de la bordure marginale ou 
des lignes zigzaguées l’une sur l'autre, c’est la coloration du V discoïdal qui est 
ainsi reproduite. 

Nous voyons par là que, de même que pour les femelles, les différents dessins 
des males ne sont constitués que par un seul et même pigment, dont la quantité 
constitue, seule, la différence de coloration. En outre, le fait que les écailles les 
plus claires des males sont de même couleur et ont le méme degré de transparence 
que les écailles claires des femelles, nous montre qu'il n’y a qu'une seule sorte de 
pigment pour les deux sexes. 

Nous avons encore étudié plusieurs individus de la forme asiatique d’Ocneria 
dispar, ab. japonica. Leurs écailles sont légèrement différentes, quant à leur forme, 
de celles de l’espèce européenne ; mais les conclusions que nous tirons de cette 
étude, touchant la coloration des ailes et la nature du pigment, sont les mémes que 
celles que nous avons tirées de l'examen de l'espèce type. 


Expériences de température avec les chrysalides d'Ocneria dispur. 


Influence de la chaleur. — Nous avons pratiqué, en 1909 et 1910, plusieurs 
séries d'expériences en soumettant les chrysalides de l'espèce européenne et de la 
variété asiatique à l’action d’une température de 40-45° ; pour cela les chrysalides 
ont été divisées en plusieurs lots qui ont été placés dans l’étuve pendant 7 heures 
le premier jour, ou bien pendant 7 heures les deux premiers, les quatre premiers, 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 937 


les cinq premiers, ou les six premiers jours de la nymphose, Dans d’autres séries, 


les chrysalides ont été incubées chaque jour 14 heures pendant les deux premiers, 


les trois premiers, ou les quatre premiers jours de la pupation. Les résultats obtenus. 


peu nombreux comparativement à la grande quantité de chrysalides expérimentées, 


sont assez semblables les uns aux autres, malgré la diversité dans la durée de 


l'incubation. Comme précédemment, la variation s'est produite suivant la loi du 


mélanisme et de l'albinisme des parties. 


Aberralions mélanisantes. 


Maces. Oeneria dispar. — La couleur du fond devient brun ocre ; ou bien elle reste de 
coloration normale, mais la deuxième ligne zigzaguée prend de l'ampleur et envahit tout le 
centre de l'aile. Dans d’autres cas, la couleur du fond devient presque aussi foncée que les 
lignes zigzaguées et que la bordure. 

Ab. japonica. — Les caractères mélanisants sont les mêmes que pour l'espèce européenne, 
mais Le nombre des individus brun ocre est plus élevé. 


tère mélanien réside dans l'élargissement de la deuxième ligne zigzaguée qui devient une 
véritable bande brun foncé (PI. 2, fig. 4). Les ailes inférieures se saupoudrent, parfois. 
d'atomes brunâtres. 

Ab. japonica. — Mèmes caractères que pour l'espèce européenne: parfois, en outre de 
l'élargissement de la deuxième ligne, les autres prennent plus d'ampleur et d'intensité, sans 
toutefois prendre la taille d’une bande. 


Aberrations albinisantes. 


La modilication des caractères est la mème pour les mâles et pour les femelles. 

Ocneria dispar. — Ces caractères résident principalement dans la pâleur du fond et dans 
la pàleur générale de l'aile, qui, chez les femelles, devient toujours d’un blanc presque pur. 
Parfois les lignes zigzaguées s'effacent plus où moins, et peuvent même disparaitre tout à fait 
chez certaines femelles. La transparence des ailes, à un degré plus ou moins accentué, est très 
répandue, surtout chez les femelles: pour une de celles-ci, les ailes sont uniformément trans- 
parentes, sans trace de dessins, sauf le V discoïdal qui reste marqué, quoique légèrement 
elfacé. Pour les mâles, la transparence n'alfecte qu'une portion des ailes inférieures. 

Ab. Japonica. — Les caractères d'albinisme, pour la variété asiatique, sont les mêmes que 
pour l'espèce européenne, mais, parfois, beaucoup plus marqués encore. C’est ainsi que nous 
trouvons des mâles qui sont réellement frappés d'ulbinisme, en ce sens que leur couleur du 
fond est blanche et que les lignes zigzaguées sont devenues grises (PL. 2, fig. 7); la trans- 


parence, chez deux mâles, gagne presque toute l'aile inférieure (PI. 2, fig, 6). 
Abherralions à la fois mélamsantes et albinisantes. 


Ocneria dispar. — Nous ne signalerons qu'un seul mâle dont la couleur du fond est brun 
ocre, avec zones blanches à l'extrémité des supérieures (PL. 2, ti. 8). 

Ab. japonica. — Parmi les femelles, nous indiquerons trois individus dont la deuxième 
ligne s’est élargie en une bande de belle envergure, d'un brun très foncé, tandis que toutes 


les autres lignes ont disparu (PL 2, fig, 4). 
Li] » 


238 ARNOLD PICTET 


Un mâle a les extrémités des ailes supérieures blanchâtres, tandis que leur racine est d’un 
brun très foncé, couleur du fond des inférieures brun ocre (PI, 2. fig. 9). 


Dans aucun cas le V discoidal n’a disparu. 


Influence du froid. — Ces expériences n'ont été pratiquées qu'avec l'espèce 
européenne ; elles ont eu lieu pendant les hivers 1904-1905 et 1909-1910. 

Les œufs, provenant de plusieurs pontes, ont été forcés en décembre 1904 
dans le premier cas, et en automme 1909, dans le second, en les plaçant dans une 
chambre à température de 20-22°. Les jeunes chenilles, écloses au bout de quel- 
ques semaines, ont été élevées dans la même chambre et divisées en deux lots, dont 
l'un à été nourri de feuilles de Rosier et l’autre de feuilles de Sapin. Les éclosions 
des Papillons ont eu lieu à partir de juin 1905 et d'avril 1910. 

La nourriture avec le Rosier n’amène pas de modification appréciable dans la 
couleur des ailes : c’est ce dont nous nous sommes rendu compte au moyen d'expé- 
riences antérieures. Quant à la nourriture avec le Sapin, elle crée des formes 
albinisantes que nous avons décrites (1909, 129) et dont il y a lieu de tenir 
compte. g 

Dans les eæpériences de 1904-1905 (voir 1909, 127), ce sont les chenilles 
adultes qui ont été soumises à l’action d'une température de 15°, c'est-à-dire 
de 8 à 10° inférieure à la température normale, tandis que les chrysalides n'ont 
pas eu à subir les effets du froid. 

Les Papillons qui proviennent de ces expériences sont albinisants en ce qui 
concerne les mâles (blanchiment de la couleur du fond et éclaircissement des lignes 
zigzaguées) et mélanisants en ce qui concerne les femelles (ailes inférieures teintées 
de brunâtre). 

Dans les expériences de 1909-1910, les chenilles sont élevées dans la tempé- 
rature à peu près normale, (20-22°); mais ce sont les chrysalides qui sont sonmises 
à l’action de l’abaissement de la température. Ces chrysalides sont divisées en 
deux lots : 


I. Une trentaine de chrysalides sont maintenues, pendant toute la durée de la nymphose, dans une 
température de 15°, c'est-à-dire de 8 à 10° inférieure à celle dans laquelle l'espèce se déve- 
loppe à l’état naturel. 


IL. Une vingtaine de chrysalides sont gardées en chambre, mais sont placées dehors pendant 5 à 10 
malinées consécutives ; à, elles subissent l'action du froid qui varie entre — 2° et + 10°. 
Les Papillons des deux lots sont modifiés de la même facon. Les femelles sont en plus grand 
nombre que les mâles, (6 mâles sur 32 Papillons modifiés). 
Les caractères mélanisants résident dans l'assombrissement de la couleur du fond, pour ce 
qui concerne les mâles. Chez les femelles, la deuxieme ligne zigzaguée devient une bande 


large et foncée et les autres lignes s'accentuent légérement (PL 2, fig. 3). 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 239 


Les caractères albinisants ne se rencontrent que chez les femelles ! : ils résident dans le 
blanchiment de la couleur du fond, l'effacement des lignes zigzaguées et la transparence très 
accusée de l'aile (PI. 2, fig. 3). Chez un individu, les ailes sont complètement transparentes et 
les lignes totalement effacées. 


Dans aucun cas le V discoïdal n'a disparu. 


Examen des écailles. — Les mécanismes de la production du mélanisme sont, 
ici, très simples. Si l’on compare les écailles des parties qui sont devenues plus 
foncées avec les écailles des parties correspondantes des Papillons normaux. il est 
facile de se rendre compte que les premières sont plus opaques, autrement dit, plus 
pigmentées que les secondes. Et, si nous superposons deux écailles normales, nous 
obtenons la teinte des écailles des parties devenues mélanisantes, Cela nous montre 
que la production du mélanisme est due simplement au fait de la plus grande abon- 
dance du pigment normal. 

En ce qui concerne la production de la couleur brun ocre de certains indi- 
vidus, elle est vraisemblablement due à un phénomène d'oxydation. 

Inversement, pour produire les formes albinisantes, les écailles ne reçoivent 
pas une dose suffisante du pigment normal. L'examen comparatif des écailles des 
parties modifiées et des parties non modifiées montre, en effet, qu'une grande 
proportion des premières ne contient presque pas de pigment, et que, dans les cas 
où le blanchiment est accentué, le nombre des écailles incolores est très consi- 
dérable. C’est surtout chez certaines femelles d'Ocneria dispar et chez les 
deux mâles de lab. japonica devenus blancs, que cette constatation se fait 
facilement. 

Dans un grand nombre de cas, à la faible dose de pigment s'associe une réduc- 
tion de la taille des écailles, ainsi que la déformation de celles-ci, ce qui conduit à 
la transparence des ailes. Dans d’autres cas, où la transparence est très accusée, 
aux trois modifications précitées, vient s'ajouter encore la rareté des écailles. 

Les mécanismes que nous venons de signaler se présentent aussi bien chez 
les Papillons modifiés par la chaleur que chez ceux modifiés par le froid. 

Les expériences qui précèdent et l'examen des écailles des Papillons qui en 
proviennent, confirment la plupart des faits que nous avons mis en évidence jusqu’à 
maintenant. [ n’y à done pas lieu de revenir sur ces faits. 


? Il ne faudrait pas croire que les femelles soient seules susceptibles d’être modifiées, sous l'action du 
froid affectant les chrysalides, dans le sens de l’albinisme ; le nombre des mâles issus de ces deux dernières 
expériences est, en effet, trop-petit (6 sur 32 Papillons modifiés) pour que lon puisse tirer cette conclusion, 


MÉM, SOC, PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912) 30 


9210 ARNOLD PICTET 


Lasiocampa quercus. 


Chez les males, les quatre ailes sont traversées par une bande fauve, coudée. 
A droite et à gauche de cette bande la couleur est d’un brun ferrugineux, plus 
foncé à la portion proximale qu'à la portion distale, qui est presque toujours sablée 
d’atomes fauves; la bande coudée est nettement coupée intérieurement et fondue 
extérieurement dans l’espace terminal. 

Les femelles sont beaucoup plus grandes que les mâles, d’un fauve qui varie 
assez souvent de nuance; la ligne coudée est peu accentuée chez les individus pales 
et n’est bien marquée que chez les exemplaires foncés. Il existe, en effet, certaines 
femelles qui sont d’un brun foncé et dont l’aspect général rappelle beaucoup celui 
des mâles. 

Chez les deux sexes se trouve, au centre de l'aile supérieure, un point discoïdal 
blanchâtre. 

L’ab. spartii, avec les individus de laquelle nous avons pratiqué un certain 
nombre d'expériences, se distingue de lespèce par les caractères suivants, qui 
affectent principalement la forme des ailes et de la bande coudée : 

Les ailes supérieures des mâles sont coupées plus carrément, c’est-à-dire à 
bord terminal plus droit que chez quercus. Leur fond est d’un brun violacé, plus 
foncé à l’intérieur de la bande coudée; celle-ci est étroite aux quatre ailes et moins 
arquée. Parfois, tout l’espace terminal est fauve. 

Les caractères de la femelle résident principalement dans la teinte qui est d’un 
fauve foncé. 

La variation de cette espèce, à l’état naturel, se porte surtout sur la coloration 
du fond, qui devient plus où moins foncée suivant les cas, et principalement chez 
les femelles, La partie de l'aile qui modifie le plus sa coloration est l’espace 
terminal : la bande coudée peut, en effet, s'étendre à l'extérieur jusqu'au bord 
terminal. Aux ailes inférieures, il arrive souvent que toute la partie située à 
l'extérieur de la bande soit jaune, de même couleur que celle-ci. 


Eramen des écailles (PI. 5, fig. 6 et 7). — Les écailles qui tapissent les ailes de 
Lasiocampa quercus et de son ab. spartii, quoique présentant les formes les plus 
variées, principalement en ce qui concerne le nombre et la longueur de leurs dents, 
peuvent encore se rattacher à trois types distincts : les unes sont longues et grêles, 
d'autres courtes et arrondies: entre ces deux sortes, on en trouve dont la forme est 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 241 


intermédiaire, Les poils sont très nombreux et couvrent toute la superficie de Faile: 
ils forment un feutre assez épais dans le voisinage du thorax. Ces poils participent 
de la coloration des parties de laïle qu'ils recouvrent: ils sont placés légerement 
au-dessus des écailles, en sorte qu'ils génent beaucoup l'examen direct des ailes, 
par suite de l'ombre portée qu'ils projettent sur elles. 

Le point discoïdal est composé d’écailles dont la plupart sont du type allongé : 
elles contiennent très peu d’un pigment fauve et sont, par conséquent, transparentes 
et presque blanches. La superposition de deux ou trois de ces écailles reproduit à 
peu près la couleur fauve des femelles ou de la bande des males, ce qui nous mon- 
tre que leur pigment est bien fauve et non pas blanc. 

Les écailles des femelles sont, dans la moitié distale de Paile, presque toutes 
du type arrondi; elles sont plus grandes que les écailles des parties correspon- 
dantes et du même type, prises chez les-:males. Les écailles des femelles de colora- 
tion claire sont peu pigmentées, transparentes ; la matière colorante y est surtout 
amassée dans les dents et au bord distal ; elles contiennent un pigment fauve. Dans 
la moitié proximale de l'aile, les écailles du type allongé sont plus nombreuses : 
leur pigment, de même nature et de même coloration que celui des écailles de la 
portion distale, en colore une plus grande superficie. La superposition de deux 
écailles, prises dans les parties claires, reproduit la couleur de la bande qui traverse 
l'aile et de certaines femelles légèrement plus foncées. 

Nous voyons donc, par ce qui précède, qu'un seul pigment existe pour former 
les différentes parties des femelles fauves de Lasiocampa quercus. 

Cependant, la superposition de plusieurs écailles des femelles fauves n’atteint 
jamais une coloration qui dépasse la teinte fauve ; au moyen de ce procédé on ne 
peut imiter le brun des écailles de certaines femelles très foncées. Cela laisse donc 
supposer que, chez ces dernières, le pigment fauve à été modifié en un pigment 
brun. 

Les écailles des mâles appartiennent aux trois types précités; elles sont plus 
petites que celles des femelles. 

Pour former la bande fauve, ce sont des écailles du type arrondi qui existent 
en majeure partie; elles sont colorées par un pigment peu abondant, fauve pale ; 
à l'examen, nous voyons qu'il est de même coloration que le pigment des femelles 
claires. En outre des écailles arrondies, on trouve encore celles des deux autres 
types, mais peu colorées. 

Pour former la région terminale de l'aile, ee sont les écailles du type allongé et 
celles du type intermédiaire qui dominent. La couleur de cette partie’de laile est 
parsemée d’atomes fauves qui la rendent plus claire et qui possèdent les écailles 
des trois types. 


249 ARNOLD PICTET 


Pour former la région proximale de l'aile, qui s'étend à l'intérieur de la bande 
fauve, le nombre des écailles du type allongé et du type moyen domine. Ici, toutes 
les écailles sont pigmentées d’un brun rougeàtre et on ne rencontre que rarement 
des écailles fauves. La matière colorante est, parfois, assez abondante pour colorer 
l'écaille sur toute sa longueur, Mais ce sont surtout les poils qui donnent, à cette 
partie de l'aile, sa teinte plus foncée ; ceux-ci, en effet, sont très opaques ct 
contiennent, en forte surcharge, le pigment brun rouge normal. 

Nous avons pratiqué la superposition de deux ou plusieurs écailles de la bande 
fauve, et l'examen microscopique de cette bande sur des ailes entières, et cela, com- 
parativement avec les parties foncées ; nous avons remarqué qu'il existe deux sortes 
de pigments pour colorer les Lasiocampa quercus males: un pigment fauve, qui ne se 
rencontre que dans la bande et dans certaines écailles de l'extrémité distale, et un 
autre, brun rouge, d'un aspect différent, qui colore la racine et le centre de Paile, 
ainsi que le reste des écailles de l'extrémité distale. En effet, en superposant deux 
ou plusieurs écailles fauves on ne parvient pas à obtenir la teinte brun rouge des 
autres écailles. 


Expériences de température avec les chrysalides de Lasiocampa quercus ab. spurtii. 


Les cocons qui ont donné lieu à ces expériences proviennent de deux pontes 
effectuées en 1908, et dont les chenilles ont été nourries avec des feuilles de Lierre. 
Dès l'automne 1908, ces larves sont maintenues dans une chambre tempérée 
(18° environ) et elles se métamorphosent dans le courant de l’hiver. Les unes ne 
subissent pas de diapause et s’encoconnent en novembre et en décembre 1908; 
d’autres mènent une vie ralentie et se chrysalident en janvier et février 1909; 
enfin, un certain nombre de ces chenilles subissent une diapause hivernale malgré 
l'absence de l’action des basses températures, et se métamorphosent dans le courant 
de mars 1909. 

En février 1909, il est prélevé 18 de ces chenilles qui n’ont pas encore effec- 
tué leur dernière mue, ou qui viennent à peine de leffectuer, et nous les plaçons 
dans une chambre non chauffée, située au nord, et dont la fenêtre est fréquemment 
ouverte: la température de cette chambre est donc relativement basse et oscille 
entre 2 et S°. La pupation de ces chenilles à lieu en avril et maï. 

La durée de la nymphose des sujets mis en expérience, disons-le en passant, 
varie dans une large mesure; il ne semble pas qu'il y ait de corrélation entre la 
date de la chrysalidation et celle de l'éclosion. Les premiers Papillons ont apparu 


ee. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 23 


en mai 1909: ils provenaient de chrysalides métamorphosées en décembre T90S, 
janvier, février et mars 1909, tandis que les derniers éclos provenaient de chry- 
salides formées précisément en même temps. Le premier cocon à été tissé le 
LS novembre 1908 et n'a donné qu'en septembre 1909 naissance à linsecte par- 
fait. La dernière pupe formée (10 avril 1909) à éclos le 29 août suivant, Nous 
voyons, par ce qui précède, que les cocons qui ont servi à ces expériences ont vécu 
pendant l'hiver 1908-1909 et qu'ils ont duré passablement plus longtemps que les 
COCONS normaux |. 

A l'état normal, Lasiocampa quereus subit son évolution nymphale en juillet 
et août: celle-ci dure un mois par une température d'environ 25°. Pour l'éducation 
des témoins de nos expériences nous avons done cherché à imiter autant que pos- 
sible les conditions habituelles. Mais, s'il nous est facile d'imiter celles qui ont trait 
à la empérature d'incubation des cocons témoins, nous ne pouvens le faire en ce 
qui concerne la durée de leur nymphose. Ainsi que nous avons montré dans de pré- 
cédentes recherches (1906, 127) l’état nymphal des Lasiocampa quercus dont on à 
supprimé l'hivernage à l'état de larve dure plusieurs mois et se prolonge parfois 
bien au delà de l'époque habituelle d'éclosion. I nous faudra done tenir compte de 
cette différence de durée entre les cocons normaux et ceux de nos témoins, quoique: 
en somme, elle ne doive influencer en aucune façon l'examen des résultats: en 
effet, les cocons qui ont été expérimentés, de même que les témoins, ont eu une 
longue nymphose et, si le temps que l’insecte passe à l'état de pupe doit agir sur sa 


pigmentation, il agira aussi bien sur les témoins que sur les expérimentés. 


Détail des expériences et résultats obtenus. 


Ecpérience n° 4. (Relative à l'obtention des Papillons témoins). 

21 chenilles élevées dans 18° s'encoconnent, les unes entre le 12 et le 19 décembre 1908 
les autres entre le 12 et le 18 février 1909. Les chrysalides soul maintenues dans celte tempé- 
ralure de 18° jusqu'au printemps, et ensuite dans la température du dehors. 

Aberralions oblenues : 9 Q et 8 (4 cocons n'ont pas éclos). 

Durve de la nymphose : ©, a plus courte : # mois: 

©, la plus longue : 6 » 5 Jours: 
, la plus courte : 3 » 5 » 


', la plus longue : 7 » 7 


! A l’état naturel, Lasiocampa quercus se chrysalide vers la fin de juin ou le commencement de juillet; 
adulte apparait un mois environ après l’'encoconnement. 


244 ARNOLD PICTET 


Papillons : Les mâles ne présentent rien d'anormal dans la coloration de leurs ailes. 


Parmi les femelles, 6 sont plus foncées et 2 sont passablement plus pigmentées que la mére, 
Epérience n° 2. 
Les cocons sont maintenus, depuis leur formation jusqu'au printemps suivant, dans une 
température de 15-167. 
Ces cocons proviennent de 29 chenilles élevées dans 18° el qui s'encoconnent, les unes en 
décembre 1908, les autres en janvier et février 1909. 
Aberralions oblenues : 8 © et9 G° (9 cocons n’ont pas éclos). 
Durée de la nymphose : ©. la plus courte : 5 mois 9 jours; 
©, la plus longue : NRA) 
g', la plus. courte : 5 » #4 » 
Œ', la plus longue : 7 » 5 » 


1 


Papillons : Les males et les femelles sont à peu près comme les parents. Cependant, un 
male a la bande fauve de l'aile inférieure qui s'étend jusqu'à la frange (albinisant) et une 
femelle est légèrement plus foncée que la mère. 


Observation : Nous remarquons qu'une température de 15° (inférieure de 
10° à la normale) agissant pendant tout l'hiver sur les chrysalides, ne semble pas 
avoir d'effet sur la pigmentation des Papillons. 


Expérience n° 3. 
Les cocons sont maintenus, depuis leur formation jusqu’au printemps suivant, dans une 
température variant entre 5 et 11°, de décembre 1908 à mars 1909, et ne dépassant pas 15° 
en avril. À partir de ce moment ils subissent la température du dehors. 


Ces cocons proviennent de 51 chenilles élevées dans 18° et qui se 
Janvier à mars 1909. 


sont encoconnées de 


Aberrations oblenues : 22 © et 23 ‘(6 cocons non éclos). 


Durée de la nymphose : ©, la plus courte : 5 mois 22 jours ; 
®, la plus longue : 5 » 25 » 
o', la plus courte : 9 » 14% » 
œ', la plus longue : 7 » 7 »° 
Papillons, MALes : 
a) 13 sont comme leur père. 
b) 8 ont la bande fauve de l'aile inférieure allant jusqu’au bord marginal. 
c)' 1 est passablement plus foncé que le père. à 
d) 14 a les ailes inférieures plus claires que celles du père. 
FEMELLES : 
a“) à sont comme la mère. 
b) 4 sont très pales aux # ailes (PI. #, fig. 1). 
c) 3 ont la partie interne de l'aile inférieure très foncée et la partie externe fauve pâle; 
ailes supérieures sans modifications (individus semblables à celui figuré PI. 4, lig. 6. 
d) 9 sont très foncées, avec la bande des 4 ailes encore marquée (PI. #, fig. 5). 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 245 


#) 2? sont très foncées aux 4 ailes, avec la bande de l'aile inférieure novée dans la 
couleur du fond. 
f) est d'un brun foncé, légèrement transparente, la bande des ailes inférieures avant 


complètement disparu (PI. #4, fig. 7). 


Observation. — Sous l’action du froid, la variation atteint les sujets dans les 
deux sens de coloration, albine et mélanienne. En effet, parmi les sujets modifiés, 
nous voyons que les uns sont très pâles (albinisants) et les autres très foncés (méla- 
nisants), tandis que la coloration des parents est intermédiaire. 


Experience n° 4. 
Les cocons, dès l’époque de la chrysalidation, sont placés dehors où ils recoivent une tem- 


péralure variant entre — 1° et + 7°. Ils sont laissés dans ce milieu 3 heures par jour, le 
reste du temps dans la chambre à 20°, La durée de l'expérience, suivant les cas, est de 20 à 
#0 jours consécutifs. 
Ces cocons proviennent de #0 chenilles élevées dans 18° et qui se sont encoconnées en 
Janvier 1909. 
Durée de la nymphose : ©, la plus courte : 4 mois 16 jours ; 
®, la plus longue : 40 » 5 » 
d, la plus courte : #% » 41% » 
cf, la plus longue : 5 » 19 » 
Aberrations obenues : 45 © et 18 Gf (7 cocons non éeclos). 
MaLes : 10 ne sont pas modiliés. 

a) 3 ont la bande fauve de Paile qui s'étend presque jusqu'à la frange. 

b) 2 ont cette même bande très large. 

ec) 2 ont les 4 ailes décolorées, transparentes ; la zone transparente s'étend depuis la 
frange jusque tout près du corps qui n’est plus entouré que d'une faible quantité 
de poils; les bandes sont complètement effacées aux 4 ailes: seuls les points 
discoïdaux se voient encore (PI. #4, fig. 4). 

d) 4 à la bande inférieure de l'aile très large et en partie décolorée (PL. #, fig. 40). 

FEMELLES : 6 ne sont pas modifiées. 

a) 2 ont les 4 ailes très pâles. 

b) 3 sont légèrement plus pigmentées que la mère. 

c) 3 sont franchement mélanisantes et brillent par l'abondance de pigment brun foncé 
sur les # ailes (PI. 4, lie, 5). 

d) 4 ne possède plus de bande aux ailes inférieures. 

e) 1 chez laquelle les ailes inférieures sont d'un brun foncé uniforme, légèrement trans- 
parentes, avec la bande à peine marquée. Les ailes supérieures sont de même 
couleur, transparentes également, et absolument sans bande, c’est-à-dire d’un 
brun uniforme (PI, #4, lig. 2). 


Observation. — V'action des basses températures, alternant avec une cha- 
leur de 20°, se manifeste fortement, Mais, de même que dans le cas précédent, les 


216 ARNOLD PICTET 


Papillons qui ont été modifiés le sont dans les deux sens de coloration et de déco- 
loration. 


1 


En outre, les expériences 3 et 4 nous montrent que les basses températures 
ont encore pour effet de rendre parfois les ailes plus transparentes et d'effacer la 
bande des ailes inférieures. 


Erpérience n° 5. 

Les cocons sont placés, depuis leur formation jusqu'au printemps, dans une température 
constante de 30°. 

11 cocons seulement, dont les chenilles se sont métamorphosées dans le courant de l'hiver 
1908-1909, l'ont partie de cette expérience : 6 ont péri: parmi les » Papillons qui sont arrivés 
à bien, nous signalerons : 

a) 4 cf, dont la bande fauve de l'aile inférieure est très large, mais fortement saupou- 
drée de brun. 
b) 2 , dont la bande est très large, mais transparente. 
c) 4 c', dont les 4 ailes sont transparentes aux extrémités et dont la bande fauve des 
inférieures à disparu (PI. 4, fig. 44). 
Les femelles ne sont pas modifiées. 


Observation. — Va le petit nombre d'exemplaires, il n’est pas possible de tirer 
des conclusions. Nous nous bornerons à faire remarquer que Paction d’une tempé- 
rature prolongée, légerement supérieure à la normale, à pour effet de décolorer 
les aïles. 


Expérience n° 6. 

Les cocons, dès l'époque de la chrysalidation, sont placés dans une éluve à 45°, où ils 
restent 3 heures par jour. le reste du temps dans la chambre à 20° : la durée de l'expérience, 
suivant les cas, est de 19 à 46 jours. 

Ces cocons proviennent de 36 chenilles élevées dans 18° el qui se sont encoconnées de 
décembre 1908 à janvier 1909. 

Durée de la nymphose : ©, la plus longue : 10 mois 22 jours : 

®, la plus courte: 8 » 8 » 
G', la plus longue : 9 » 29 » 
CS LAMDIUSRCOUNE STE D PE) 
Aberrations, MaLes : 7 ne sont pas modifiés. 
4) & possèdent la bande fauve des ailes supérieures très pâle. 
b) 5 » » Ù » » inférieures très large, s'étendant presque jusqu'à 
la frange. 
c) À a la bande fauve s'étendant jusqu’à la frange. 
4) 2 avec ailes supérieures d'un brun chocolat, la bande effacée et l'extrémité de l'aile 
transparente: ailes inférieures transparentes, sans trace de bande ; les extrémités 
des % ailes sont striées de filets en éventail (PI. %, fig. 12). 


e) 1 avec ailes presque uniformément transparentes (PI. #, fig. 13). 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 247 
FEMELLES : 3 ne sont pas modiliées. 
a) 4 est excessivement pâle. 
b) 3 sont chargées d’atomes foncés. 
#1 1 est très foncée, avec la bande de l'aile inférieure effacée, légérement transparente. 
d) 3 dont les ailes supérieures sont jaunes. saupoudrées d'alomes blancs. tandis que 
les inférieures sont chargées de pigment brun rouge. 
e) 4 dont les ailes supérieures sont foncées, transparentes aux extrémités; ailes infé- 
rieures complètement transparentes. 
[) 1 dont les extrémités des ailes sont transparentes : le centre est légèrement plus coloré 
que normalement. 
4) À dont les # ailes sont presque totalement transparentes, mais avee coloration brun 
foncé. 
k) ? ont la partie externe de laile inférieure fauve pâle et la partie interne d'un brun 
rouge intense ; les ailes supérieures sont brun rouge fortement sablées de fauve 
pâle (PI. 4, fig. 6). 


Observation. — L'action des hautes températures, alternant avec une chaleur 
de 20°, se manifeste de la même façon que dans l'expérience 4 (basses tempéra- 
tures alternant avec une chaleur de 20°). En outre, de méme que dans les expé- 
riences 3 et 4, la chaleur à parfois pour effet de rendre les ailes plus où moins 
transparentes. 


Expérience n° 7. 

18 chenilles adultes, élevées jusqu'à leur dernière mue dans 18°, sont placées ensuite dans 
une température variant entre 2 et 8° où elles restent six semaines environ. Cette température 
est tout à fait anormale pour des chenilles de Lasiocampa quercus de cette taille, qui hiver- 
nent, d'habitude, beaucoup plus jeunes. 

La plupart des individus obtenus ne sont pas modiliés : les autres, et ©, sont ou albini- 
sants on mélanisants. Signalons cependant un mâle qui est d'un brun chocolat intense et chez 


lequel la bande fauve de l'aile inférieure a complètement disparu (PI. 4, fig. 8). 


Observation. — Malgré le petit nombre de résultats, Paction des basses tem- 
pératures sur les chenilles adultes est manifeste et produit aussi bien des formes 
albinisantes que des mélanisantes. 


Examen des écailles (PL 5, fig, 8 à 15), — L'examen des écailles et l'examen 
direct des ailes des aberrations issues de ces expériences modifient quelques-unes 
des conclusions que nous avons tirées de nos autres recherches, et, si ces résultats 
confirment la plupart des faits acquis, ils en infirment, malheureusement, d'autres. 
Nous reconnaitrons par là que les réactions physiologiques des Lépidoptères peuvent 
varier suivant les espèces considérées. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1912). 31 


218 ARNOLD PICTET 
Les faits confirmés sont les suivants : 


Aberrations albinisantes. — Beaucoup de femelles sont nées avec des ailes 
d'un fauve très pale: ce palissement est dû au fait : 

1° Que le pigment fauve normal est moins abondant dans les écailles (il ne 
s'agit donc pas d’une modification du pigment): c'est par la méthode de superposi- 
tion que nous le prouvons. 

20 Qu'un certain nombre d'écailles sont presque incolores, les autres ayant 
le pigment normal en quantité appréciable. 

39 Que les écailles sont plus petites et moins nombreuses que normalement. 

Pour le pälissement de la couleur des mâles, nous constatons les mêmes 
mécanismes. 

Les poils se modifient de la même manière que les écailles: leur nombre dimi- 
nue parfois, ce qui accentue le palissement. 

La transparence des ailes, dans les deux sexes, est due à la rareté et à la 
réduction de la taille des écailles : celles-ci se déforment, parfois considérablement. 
et beaucoup sont presque incolores ; plusieurs le sont complètement. 

Les deux mâles de l'expérience 5 ont la région externe de l'aile inférieure 
légèrement transparente et d’un fauve foncé un peu violacé. Cette région est com- 
posée d’écailles petites, rabougries, déformées, parmi lesquelles plusieurs contien- 
nent le pigment brun rouge normal, et d’autres le pigment fauve: d’autres, encore, 
sont incolores et décomposent par conséquent les radiations lumineuses avec intensité, 
C’est vraisemblablement à la production du bleu émanant du phénomène optique. 
allié à la couleur brun rouge, qu'est dû l'aspect violacé de cette partie de l'aile. 

Plusieurs males ont la bande fauve qui s’étend jusqu’au bord externe de l'aile: 
les écailles qui composent cette région sont colorées par le pigment fauve, au lieu 
de l'être par le pigment brun rouge normal. 


Aberrations mélanisantes. Femelles. — Certaines femelles sont devenues d’un 
fauve vif, plus foncé que normalement, sans étre cependant brunes. Cette coloration 
provient d'une surcharge du pigment fauve normal et non pas d'un pigment plus 
coloré que normalement. Pour ce qui est des femelles qui sont devenues brunes, ou 
d'un brun rouge presque aussi intense que celui des males, il existe deux méca- 
nismes pour produire cette coloration : 

1° Les écailles restent de la couleur fauve habituelle, parfois en surcharge 
pigmentaire ; mais ce sont les poils qui deviennent brun rouge, Les ailes, dans ce 
cas, sont parsemées d’atomes fauves qui proviennent des écailles sous-jacentes, 

2e La quantité de pigment n'augmente pas (les écailles ne sont guère plus 
opaques que normalement), mais il devient brun rouge, de même coulenr que celui 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 219 


des males, Dans ce cas les poils participent parfois de cette modification dans la 
nature du pigment. 

Nous avons pu constater certains cas où, suivant les parties de l'aile que l'on 
considère, les deux mécanismes signalés sont représentés. 

Mäles. Le mélanisme, chez les males, réside le plus souvent dans la surcharge 
pigmentaire des écailles et des poils. 

Les mécamsmes que nous venons de signaler modifient les aberrations pro- 
duites par le froid aussi bien que celles produites par la chaleur, de même que si 
c'est la chrysalide où la chenille qui ont été soumises à l'influence thermique. Quant 
aux aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes, les mécanismes de l'albinisme 
se présentent pour former les parties claires, et ceux du mélanisme concourent à 
la formation des parties foncées. 


Les faits infirmés sont les suivants : 


Transparence des ailes. Nous avons vu qu'à la transparence des ailes est presque 
toujours associé un défaut de pigmentation. Plusieurs des aberrations obtenues des 
expériences avec Lasiocampa quercus, et, entre autres celles figurées (PL 4, fig. 2, 4. 
11,12et 15), nous montrent que cette espèce peut faire parfois exception à la regle. 

Disons tout d'abord que, dans chacun des cas qui vont suivre, les écailles ont 
toutes fortement diminué de taille: le plus souvent elles sont devenues lancéolées, 
gréles, conservant parfois un vestige de deux dents mal formées. Dans ce cas leur 
petit diametre a seul diminué. Dans d’autres cas elles ont aussi diminué de longueur 
et alors elles sont tout à fait déformées, très petites, souvent tordues, la plupart du 
temps rabougries. Parfois les stries participent de cette déformation et ne sont plus 
rectilignes. La rareté des écailles est un fait général pour les parties transparentes. 

Pour ce qui est de la taille et de la forme des écailles, nos conclusions sont 
donc confirmées, mais c'est en ce qui regarde le pigment qu'elles contiennent 
qu'elles cessent de l'être. 

Examinons donc en détail quelques-unes de ces aberrations transparentes : 
FEMELLES. Expérience 6». 

Les écailles de l'extrémité distale de l'aile sont peu nombreuses, petites et déformées el 
contiennent un pigment brun rouge, mais peu abondant. Les écailles du centre et de la racine 
de l'aile sont plus nombreuses, comparativement, qu'à Pextrémité, et contiennent également 
un pigment brun rouge. 

Expériences 3 f: 4e (PL 4, fig. 2: 6 c. 

Les écailles sont presqu'en nombre voulu, mais loutes sont plus pelites que normalement et 

contiennent un pigment brun rouge parfois assez abondant. 
MaLes. Expérience 6 d (PI. 4, lig. 12). 


Les écailles de l'extrémité distale, la seule qui, dans ce cas, soil transparente, accusent une 


250 ARNOLD PICTET 


forte diminution de taille, quoiqu'elles conservent encore des formes régulières: elles con- 
liennent loutes le pigment brun rouge normal, mais, dans un grand nombre d’écailles, celui-ci 
est si abondant qu'elles en sont rendues opaques el paraissent noires. Le centre et la racine 
de l'aile ne présentent rien d’anormal. 


Erpérience 6 e (PL. &, fig. 13). 
Les écailles de extrémité distale et du centre de Paile sont petites, déformées, et très rares ; 


elles contiennent toutes, en forte surcharge, le pigment brun rouge normal. 


La transparence de l'aile, dans les exemples précédents, doit donc étre consi- 
dérée comme un cas de mélanisme, puisque les écailles, quoique plus petites et moins 
abondantes, sont plus foncées que normalement. La surcharge pigmentaire, dans les 
deux sexes, et la transformation du pigment fauve en pigment brun rouge, chez les 
femelles, sont la cause de ces cas de mélanisme, 

FemeLues. Expérience 6 [. 

Les écailles des parties transparentes sont peliles, déformées, rabougries, la plupart avec 
siries déformées également: on ne peul donc pas discerner à quel tvpe appartiennent ces 
écailles, qui, le plus souvent, se terminent en une seule pointe, parfois en deux pointes iné- 
galement formées. La plupart sont irrégulièrement colorées, le pigment V élant amassé en 
paquets, constituant pour chaque écaille des parties opaques et des parties transparentes. 
D'autres sont sans matière colorante et paraissent blanches; enlin, un certain nombre sont 
fortement colorées en brun rouge et beaucoup de ces dernières sont opaques à tel point qu'elles 
paraissent noires. 

Expérience 6 4. 

Toutes les écailles sont déformées comme dans le cas précédent. Parmi les écailles de la 
région terminale de l'aile (la plus transparente) nous en trouvons qui ont le pigment fauve 
normal en très petite quantité, d’autres qui sont vides et par conséquent blanches, et d’autres, 
enlin, qui contiennent, parfois en forte surcharge, le pigment modilié brun rouge. Au centre 
el à la racine de l'aile, nous ne trouvons que des écailles à pigment brun rouge. 

Maces. Expérience 6 e, 2 individus (PI. #, fig. 4). 

Les écailles sont petites, déformées et moins nombreuses que normalement. Pour former la 
région externe de l'aile on trouve des écailles sans pigment ou presque: le pigment de ces 
dernières est fauve: les autres écailles sont run roige. À la racine de l'aile, il n'y a que des 
écailles brun rouge, dont les unes sont suflisanment opaques pour paraitre noires. Au centre, 
les deux types se combinent. 

Expériences 6 d'et 5 c (PL 4, lig. 11). 

Toutes les écailles sont petites, déformées et moins nombreuses que normalement. Pour 
former la région externe de l'aile, nous constalons une combinaison d'écailles opaques brun 
rouge et d'écailles incolores. Au centre et au milieu de laile, même mécanisme que dans le 
cas précédent. La bande fauve, qui existe encore aux ailes supérieures, contient des écailles 
qui sont colorées par le pigment fauve normal. 

La transparence de l'aile, dans les cas qui viennent d’être étudiés, doit donc 
être considérée comme caractérisant des aberrations à la fois mélanisantes et albini- 


TT 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 251 


santes, puisque nous trouvons, comme éléments colorés des ailes, des écailles plus 
foncées et d'autres qui sont plus claires que normalement. Pour constituer les 
différentes régions, nous voyons que les mécanismes résident dans la surcharge 
pigmentaire (males et femelles), la transformation du pigment fauve des femelles en 
brun rouge et la dose insufisante ou l'absence du pigment normal. La transforma- 
tion en brun rouge du pigment fauve de la bande est ce qui produit la disparition 
de celle-ci. 

Comme se rattachant aux faits infirmés, nous devons encore signaler le male 
(PI. 4, fig. S) qui provient de l'expérience 7. Celui-ci est d'un brun chocolat, très foncé, 
uniforme aux ailes inférieures, avec bande réduite aux supérieures. C’est un cas de 
mélanisme bien accentué. Or, ses écailles, colorées du pigment brun rouge normal, 
mais en telle surcharge qu'elles en sont rendues opaques et paraissent noires, sont 
déformées, lancéolées pour la plupart, et plus petites que normalement. Nous avons 
là un exemple d'aberration mélanisante chez laquelle on constate, contrairement à 
ce que nous avons vu jusqu'à maintenant, la réduction de la taille des écailles. Mais, 
malgré leur réduction de taille, les écailles chevauchent bien les unes sur les autres : 
il faut donc en conclure qu'elles sont devenues plus nombreuses que normalement. 

Parmi les mécanismes nouveaux qui sont mis en évidence par ces recherches. 
nous signalerons celui qui à modifié les femelles de l'expérience 3 €, et de lexpé- 
rience 6 k, (PI. 4, fig. 6); ce sont des aberrations à la fois mélanisantes et albini- 
santes. Les ailes supérieures de ces femelles sont brun rouge, sablées de fauve pale : 
à l'examen microscopique, nous voyons qu'elles comportent des écailles à pigment 
brun rouge, et que ce sont les poils qui sont, pour la plupart, fauve pale, où qui 
n'ont presque pas de coloration. 

La plupart des expériences faites avec Lasiocampa quercus confirment que le 
mélanisme est un signe de force et de vigueur (surcharge pigmentaire, pilosité 
excessive et grosseur générale de l'abdomen qui contient, chez les femelles, une 
erande abondance d'œufs: en outre, l'atrophie des ailes est tres rare chez les méla- 
nisants). L'albinisme dénote au contraire l’affaiblissement des sujets qui en sont 
atteints (fréquente réduction de la taille des individus, de la taille et du nombre de 
leurs écailles, petitesse de leur abdomen:; insuffisance pigmentaire, rareté fréquente 
de la pilosité et atrophie des ailes maintes fois constatée). Cependant, dans quelques 
cas, les individus possèdent une forte constitution, bien qu'ayant des écailles de 
taille réduite, avec surcharge pigmentaire: 1ls constituent done une exception à la 
règle et montrent que, en ce qui concerne les Lépidoptères, on ne saurait trop s’abs- 
tenir de vouloir généraliser. 

Ces cas exceptionnels se sont produits aussi bien chez les individus modifiés 
par la chaleur que chez ceux qui se sont modifiés par les basses températures. 


252 ARNOLD PICTET 


CONCLUSIONS. 


Les nombreuses expériences que nous avons signalées au commencement de ce 
travail etles recherches auxquelles nous nous sommes livrés, montrent que les 
Lépidoptères, à part un petit nombre d'exceptions, ne varient que selon deux modes: 
le mélanisme et l'albinisme des parties, et que ces deux sortes de variation sont 
générales, aussi bien pour les individus pris à l’état naturel que pour ceux qui ont 
été modifiés par les influences expérimentales, quelles que soient ces dernières. 

Ce n'est, en eftet, que très rarement par la formation d’une nouvelle couleur 
qu'un Papillon varie et nous avons signalé les quelques cas les mieux connus où 
il en est ainsi ; à part ceux-ci, on n'en connait pas beaucoup d’autres, du moins pour 
les espèces paléarctiques. 

Cette loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties, émise par 
C. OBERTHUR (1893, 117) et dont nos recherches montrent la réalité absolue, se 
l'ÉSUME AINSI : 

Chaque partie des ailes des Papillons peut devenif. séparément, plus foncée ou 
plus claire qu’elle n’est normalement ; dans le premier cas, quelle que soit la couleur 
(à part le vert), celle-ci peut s’assombrir suffisamment pour devenir brune, et même 
d'un brun foncé paraissant noir; de cette façon, l’assombrissement de toutes les 
parties conduit au mélanisme. Dans le cas inverse, ces mêmes parties, quelle que 
soit leur couleur (à part le vert), s'éclaircissent suffisamment pour devenir fauves, 
jaunes, et même d’un jaune si pale qu'il paraît blanc : de cette façon, l'éclaircisse- 
ment de toutes les parties conduit à l’albinisme. 

Mais les cas de mélanisme et d’albinisme complets sont excessivement rares 
chez les Lépidopteres. Les différentes parties des ailes ne se modifiant pas toutes 
à un même degré, il s'ensuit, le plus souvent, que certains dessins seulement S'as- 
sombrissent ou s'éclaireissent, tandis que d’autres conservent leur nuance normale. 
C’est grace à cette localisation de la variation à certaines parties de laile qui sont 
plus aptes à se modifier, que naissent des formes que nous avons nommées »élani- 
santes où albinisantes, pour bien montrer que l’assombrissement ou l’éclaircisse- 
ment n'ont pas atteint la totalité de l'aile, mais qu'ils indiquent un acheminement 
vers le mélanisme ou Palbinisme complets. 

En outre de l’assombrissement et de l’éclaircissement des parties, certains 
dessins foncés peuvent s’agrandir, s'étendre, se déplacer, se fondre avec leurs voi- 
sins ou les masquer plus où moins complètement (formes mélanisantes). Inversement, 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 253 


ils peuvent aussi s’'amoindrir, s'effacer en partie, et même disparaitre, laissant plus 
de place aux dessins clairs où à la couleur du fond (formes albinisantes). Dans 


d'autres cas. certains dessins s’assombrissent et d’autres s'éclaireissent (formes à la 


fois mélanisantes et albinisantes). Enfin, la teinte générale de l'aile peut simplement 
s’obscurcir ou s'éclaireir, sans qu'il se produise de modifications dans les dessins. 

Les faits signalés dans la première partie de ce travail montrent encore que le 
mélanisme et l'albinisme, chez les Lépidopteres, n'ont pas de patrie déterminée : 
les formes mélaniennes et albines, appartenant souvent aux mêmes espèces, volent 
dans les mêmes localités de la plaine ou dela montagne, dans les mêmes pays septen- 
trionaux ou méridionaux, et souvent avec des individus de coloration normale, Il 
n'est done pas possible d'établir une règle positive à cet égard et l’on doit recon- 
naitre que le climat, si c'est lui qui modifie les Lépidoptères, les modifie aussi bien 
dans le sens de l'albinisme que dans celui du mélanisme. | 

D'autre part, les nombreuses expériences des auteurs, de même que celles que 
nous avons pratiquées, démontrent que les agents modificateurs se comportent de Ja 
méme façon que le climat et modifient les individus dans les deux sens opposés de 
coloration. 

Les auteurs ont montré encore que les chrysalides, sous le rapport de la varia- 
tion de leurs Papillons, réagissent de la méme facon contre deux excitants différents. 
C’est principalement contre la chaleur et le froid que cette similitude de réaction se 
produit. Nous avons vu, en effet, que pour les mêmes espèces, les températures 
élevées et les températures basses produisent des variations respectivement sem- 
blables. Et ce qui se présente sous l’influence des deux extrêmes de température, 
se présente encore pour tous les autres facteurs du milieu agissant séparément; la 
nourriture des chenilles produit les deux sortes de variations, albine et mélanienne, 
aussi bien que l'humidité, que la sécheresse, que la lumière, Il en est de même 
d'agents spéciaux, tels que l'électricité, la trépidation, un mouvement de rotation 
imprimé aux chrysalides, etc. (Pour ces trois dernières sortes d'expériences, disons 
que les sujets expérimentés étaient peu nombreux). Et, poussant plus loin nos 
recherches, nous voyons encore que cette similitude de réaction qu'observent les 
Lépidoptères dans leur variation devient générale, puisque des aberrations de 
mémes espèces s'obtiennent parfois absolument identiques sous l'influence de chacun 
des facteurs que nous venons de signaler. 

Nous basant sur ces constatations, ainsi que sur d'autres faits observés, nous 
en avons conclu que ce qui modifie le Papillon, ce n'est pas le facteur anormal à 
l'influence duquel on le soumet, mais bien le fait de passer du milieu normal de 
l'espèce dans un milieu nouveau qui ne lui convient pas. 


Dans ce domaine, nos expériences ont montré que cette similitude de réaction 


254 ARNOLD PICTET 


des chrysalides vis-à-vis de la température va plus loin encore que les auteurs 
l'ont observé jusqu'à maintenant. En eftet, sous l'influence d’une température élevée 
agissant sur les chrysalides, nous avons obtenu, pour les mêmes espèces, et malgré 
la durée variable de lincubation : 


1° des formes mélanisantes : 


DD) albinisantes : 


3° 


à Ja fois mélamsantes et albinisantes. 
Et sous l'influence des basses températures, également : 
4° des formes mélanisantes : 


59 » albinisantes : 
6° à la fois mélanisantes et albinisantes : 


avec cette particularité, qui n’a rien d'étonnant du reste, que 1, 2 et 3 sont, la plu- 
part du temps, respectivement identiques, à 4, 5 et 6. Nous montrons encore que, 
sous le domaine de la variation de leurs Papillons, les chrysalides peuvent réagir 
de deux façons différentes, c'est-à-dire dans le sens albin ou mélanien, contre un 
seulet méme facteur. Ajoutons que ces diverses modifications se créent également 
selon la loi du mélanisme et de l’albinisme des parties". 

La variation mélanienne est plus répandue que la variation albine; tant à 
l'état naturel que dans les expériences, les Lépidoptères ont surtout une tendance à 
se modifier dans le sens du mélanisme. Cependant, les mécanismes de l'albinisme 
sont plus nombreux que ceux du mélanisme. 


Les mécanismes de la variation. 


Quels sont maintenant les mécanismes qui interviennent pour modifier la colo- 
ration des Lépidoptères dans les deux sens indiqués? Une des conclusions de ce 
travail est de montrer que ces mécanismes sont multiples, souvent très complexes. 
et qu'ils varient beaucoup suivant les groupes que l’on considère; ils ont surtout 
leur siège dans les écailles. 

On admet, avons-nous vu, que les couleurs des Papillons sont de deux sortes : 
pigmentaires et optiques: ces dernières doivent leur coloration à des phénomènes de 


! Nous ferons remarquer, à ce propos, que dans nos expériences d'alimentation (1905, 126). des cas 
absolument semblables ont été observés. Ainsi, pour ne eiter qu'un exemple, les chenilles de Lasiocampa 
quercus nourries de Lierre ont donné des Papillons mélanisants ou des Papillons alhinisants, suivant que 
l'adaptation de la larve à cette plante avait été facile on non. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 295 
diffraction de la lumière ou à des phénomènes comparables à ceux que l'on connait, 
en physique, sous le nom de réseaux: c'est la structure striée des écailles qui 
décompose les radiations lumineuses, ainsi que l'ont démontré celles de nos expé- 
riences relatées p. 159; le plus souvent, un écran sous-jacent formé d’écailles fon- 
cées met en valeur l’action des rayons lumineux. Les autres couleurs sont dues à la 
présence d’un pigment coloré. 

Nos recherches sur la coloration des Papillons ont démontré que toutes les 
écailles de ceux dont la coloration est due à un pigment sont sériées et absolument 
identiques, quant à leur structure et quant à leur forme, à celles qui produisent les 
couleurs optiques. En outre, une fois détachées de l'aile et examinées au micros- 
cope, à la lumière directe, les écailles pigmentaires, pour peu qu'elles ne soient pas 
surchargées de pigment à tel point d'en être rendues opaques; décomposent les 
radiations lumineuses de la même façon que les optiques. Si les écailles les plus 
abondamment pourvues de matière colorante ne donnent pas lieu au phénomène 
optique, c'est grace à l’opacité qu'elles ont acquise, et l’on peut se représenter la 
chose, en imaginant un prisme ou un miroir machuré de couleurs: le premier ne 
décomposerait plus les radiations de la lumière et le second ne les réfléchirait 
pas davantage. 

Nous voyons donc qu'il existe une relation entre la quantité de pigment 
contenu dans les écailles et le pouvoir qu'elles ont de décomposer les vibrations 
lumineuses, et que ce pouroir croit en raison inverse de la quantité de pigment. 
Nous renverrons au travail lui-même pour la preuve que nous avons donnée de cette 
relation et le moyen de décoloration des ailes que nous avons employé pour établir 
cette preuve. 

Toutes les écailles ne contiennent pas la même quantité de pigment: celle-ci 
varie aussi suivant la teinte des dessins et avr plus clairs correspondent les écailles 
les moins pigmentées. 

Ce cas est presque général : la relation qui existe entre la teinte de l'écaille et 
son degré d’opacité est presque partout manifeste ; c'est ainsi que le pigment blane 
des Piérides colore à peine leurs écailles et qu'un pigment fauve, par exemple, 
s’il est très peu abondant, donne aux écailles l'illusion qu'elles sont blanches, Il faut 
que cette matière colorante fauve soit injectée en une certaine quantité pour que sa 
couleur soit apparente, et plus elle est abondante plus sa couleur est foncée, lors 
méme que le pigment n'a pas changé de nature. Nous avons vu que la surcharge 
d'un pigment fauve peut donner aux écailles une couleur brune, parfois assez 
foncée, et que la surcharge à outrance de ce même pigment peut leur donner une 
coloration d’un brun si foncé qu'il parait noir. Nous n'avons trouvé qu'un petit 
nombre de cas où des écailles de couleur claire soient quand méme opaques, et 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1912). 32 


256 ARNOLD PICTET 


nous signalerons, parmi ces exceptions, les écailles jaunes des Æhodocera, des 
Colias, etc. 

Or, les écailles faiblement colorées, ainsi que nous l’avons vu, décomposent 
avec facilité les radiations lumineuses, Mais, si l’on superpose deux de ces écailles. 
l'image ainsi produite est plus foncée que celle produite par une seule écaille prise 
isolément et celle de dessus cesse de donner lieu au phénomène optique. Cela nous 
montre que la couleur de l'aile est surtout dépendante de la quantité de pigment 
et non pas toujours de sa qualité. D'où un premier mécanisme du mélanisme : ## 
pigment de méme couleur donnera à l'aile une coloration d'autant plus foncée qu'il 
sera plus abondant et un premier mécanisme.de l'albinisme : wn pigment de méme 
couleur donnera à l'aile une coloration d'autant plus claire qu'il sera moins abondant. 

L'augmentation ou la diminution de la dose d'un même pigment peut parfaite- 
ment, suivant sa quantité, changer la couleur des écailles. C’est ce qui a lieu, entre 
autres, chez les Melitæa étudiées, où un seul pigment (fauve) existe pour colorer 
tous les dessins de ces Papillons; ces dessins sont blancs laiteux, jaunâtres, fauve, 
brun fauve, brun foncé, et, suivant que les écailles en contiennent une infime quan- 
tité (taches d’un blanc laiteux) ou qu'elles en sont surcolorées de façon à être 
rendues opaques (taches d’un brun foncé ayant l’aspect du noir), on obtient tous les 
tons des autres taches, d'après la teneur en matière colorante des écailles qui les 
forment. Et, ce que nous avons montré pour les espèces du genre Melitæa, nous 
l'avons retrouvé encore pour d'autres (Selenia tetralunaria, Lasiocampa quercus. 
etc.) de même que pour beaucoup d’aberrations naturelles ou obtenues d'expériences. 

Un second mécanisme réside dans la proportion numérique qui existe entre les 
écailles de deux couleurs différentes qui forment un ou plusieurs dessins. Ainsi, 
D'ieris rapæ (blanche) devient, par mélanisme, grisatre, surtout dans la région 
proximale des ailes. Dans les exemplaires normaux, le blanc des ailes est toujours 
accompagné de quelques écailles noires, mais en petit nombre : dans les aberrations 
le nombre des écailles noires augmente. Dans ce cas, la variation n’est que l’accen- 
tuation de l’état de choses général. Du reste, chez les Piérides, nous avons montré 
que pour former les taches grises, il n'existe pas de pigment gris, mais bien une 
combinaison d’écailles noires et de blanches. Dans d’autres espèces, une combi- 
naison d’écailles rouges et de jaunes donne la couleur orange, d’écailles rouges et 
de blanches. la couleur rose, etc.; un mécanisme analogue existe pour toutes les 
espèces qui comportent au moins deux couleurs. 

Le phénomène de décomposition des radiations lumineuses, que chaque écaille 
peu pigmentée est susceptible de produire dès qu'elle est détachée de laile, ne se 
présente pas avec autant de vigueur sur les ailes entières; cela provient, en pre- 
mier lieu, de ce que les écaillles sont superposées, comme les tuiles sur un toit et, 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 9257 
en second lieu, de ce que chaque face de Paile contient une couche d'écailles ainsi 
disposées. Ces deux dispositions sont suffisantes pour donner à l'aile une opacité 
assez grande pour entraver, le plus souvent, la production du phénomène optique. 
Cependant les ailes de tous les Papillons à pigment peu abondant présentent cer- 
tains reflets métalliques qui sont une conséquence de ce phénomène. 

Le pouvoir qu'ont les écailles peu pigmentées de décomposer les radiations 
lumineuses peut constituer, malgré l'organisation de l'aile, un autre mécanisme de 
l’albinisme. 

En effet, lorsqu'un certain nombre d'écailles d’une partie foncée ont moins 
de pigment que aormalement, la partie où cela se présente se trouve, ainsi, parse- 
mée d'autant d'atomes brillants, qui contribuent à éclaircir la teinte de cette partie. 
Ce cas a été rencontré parmi les individus albinisants de plusieurs de nos expé- 
riences et observé, dans d’autres cas d’albinisme naturel, parmi les espèces du 
genre Argynnis. 

L'albinisme partiel est souvent produit par un phénomène auquel nous avons 
fait aliusion au cours de ce travail et qui est intervenu dans la production de quel- 
ques-unes des aberrations obtenues. Il S’'agit d’une sorte de sélection opérée pur les 
écailles parmi celles des vibrations lumineuses qui sont décomposces. 

Enfin, un mécanisme de l'albinisme trouve encore son origine dans un phéno- 
mène optique. 

Les écailles, avons-nous vu, ne contiennent pas toutes la même quantité de 
pigment, et il s'en trouve même qui sont presque vides: chez les Papillons devenus 
albinisants sous l'influence de la température, le nombre des écailles de ce genre 
est souvent assez grand. Or, parmi celles-ci, nous en avons parfois trouvé une bonne 
quantité, qui, au lieu d'être planes, comme c'est le cas général, ont acquis une 
surface bombée, convexe ; loin de décomposer les radiations lumineuses, elles 
réféchissent la Lomière blanche. D'où cela peut-il provenir? On conçoit que, sur 
une surface bombée, les stries soient disposées, par rapport à la direction de la 
lumière, selon un autre angle que les stries disposées sur une surface plane: €’est 
sans doute à cette disposition particulière qu'est due la production de la couleur 
blanche: en effet, au lieu de décomposer les radiations lumineuses, ces écailles les 
réfléchissent toutes, et reproduisent, avec une faible irisation, la lumière blanche. 
Du reste, l'examen micros- 


c'est-à-dire lensemble des radiations lumineuses. 
copique des ailes entières confirme la chose; les écailles bombées de cette façon 
se montrent blanches, malgré le pigment dont elles sont colorées: l'aile élant 
parsemée d'une certaine quantité d'éléments blancs, ce sont eux qui contribuent à 
l’éclaircir. 

Chez Selenia tetralunaria, ce phénomene se présente à l'état normal, 


258 ARNOLD PICTET 


Nous voyons ainsi que certains phénomènes d'optique jouent parfois un grand 
role dans la production de lalbinisme; en outre, ils contribuent souvent à modifier 
la couleur réelle des Papillons et à la faire apparaitre à nos veux différemment de 
ce qu'elle est réellement. 

En dehors des mécanismes optiques et de celui qui provient de l'abondance 
plus où moms grande d'un pigment donné, nos recherches mettent en évidence une 
quantité d’autres modes. Nous allons les passer en revue, 


PRODUCTION DU MÉLANISME. 


1° Le pigment, de méme couleur que normalement, est umassé en plus grande 
quantité dans les écailles. 

C’est ce que démontre l'examen des écailles d'individus mélanisants compara- 
tivement avec les écailles des mêmes parties, prises chez les individus normaux. 
Chez les premiers, les écailles sont beaucoup plus opaques que chez les seconds : 
elles montrent en conséquence qu'elles ont reçu une plus grande quantité de 
matière colorante. Pour prouver que le pigment n'a pas modifié sa qualité, il suffit 
de superposer deux écailles prises chez les individus normaux ; on obtient, de cette 
facon, une image plus foncée, qui est de la teinte des individus mélanisants. La 
surcharge pigmentaire, telle que nous l'avons observée chez presque toutes les 
espèces étudiées, c'est-à-dire le fait qu'une écaille est plus richement colorée que 
d'habitude par le pigment normal, est un des mécanismes du mélanisme les plus 
répandus. C’est lui qui peut changer le jaune en fauve et en brun, le rouge en brun 
et le brun en noir. 

20 Le pigment n'est pus amassé en plus grande quantité, mais se modifie par 
une oxydation plus forte, qui le rend plus foncé. C’est le mécanisme mis en évidence 
par certains auteurs. En ce qui concerne nos recherches, par exemple dans les 
aberrations mélanisantes de Pieris napi, le pigment blanc normal devient jaune : 
les écailles, devenues jaunes et mélangées avec un petit nombre d'écailles noires 
normales, produisent la teinte brune caractéristique de certaines de ces aberra- 
tions. De même pour celles à teinte jaunatre d’Aperia cratægi : de même encore 
pour plusieurs aberrations expérimentales, telles que les Pieris rapæ devenues 
Jaunes; ici, le pigment blanc s'est modifié en jaune. Dans le cas des formes 
mélanisantes de Parnassius mnemosyne, le pigment blanc peut devenir noir. Nous 
signalerons encore lexemple des femelles de Lasiocanmpa quercus, dont la matiere 
colorante fauve se modifie pour devenir brune. ou brun foncé, ou aussi brun 
rouge, etc. 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 299 


3° Lorsque deux couleurs sont représentées, une claire et l'autre foncée, le 
nombre des écailles foncées augmente. Ce mécanisme montre que, dans la variation 
mélanienne, le pigment foncé pénètre dans des écailles qui, normalement, auraient 
dû recevoir le pigment clair. C'est de cette façon, par exemple, que se produit la 
tente grise à la racine des ailes des Pierides, par augmentation du nombre des 
écailles noires au milieu des blanches. Les exemples de ce genre sont nombreux. 

4 Les écailles, sans posséder un pigment plus foncé que normalement, 
deviennent plus nombreuses, et, comme elles sont placées sur une aile qui n'a pas 
augmenté de surface, elles chevauchent davantage les unes sur les autres, en pro- 
duisant ainsi un renforcement de la teinte. Nous avons vu, en effet, que deux écailles 
superposées donnent une image plus foncée que lorsqu'elles sont isolées: le plus 
grand chevauchement produit le même effet. Ce cas est dificile à apprécier, par le 
fait qu'il n'est pas commode d'évaluer le nombre des écailles qui recouvrent une 
aile de Papillon. Cependant, en comparant plusieurs individus foncés, avec d'autres 
de méme espèce et plus clairs, on peut se rendre compte que le chevauchement des 
écailles est souvent moins fort sur les ailes de ces derniers (Ærebia). Chez certains 
spécimens où les nervures sont accompagnées d'une zone plus foncée, cette der- 
nière contient souvent des écailles en plus grande quantité que d'habitude. 

5° Les écailles augmentent de taille, sans posséder un pigment plus abondant 
ou qui soit d’une autre teinte que le pigment normal. Le chevauchement, de même 
qu'au n° 4, est plus fort et le résultat en est encore le renforcement de la teinte. Ce 
mécanisme est peu répandu ; nous l'avons constaté, cependant, chez Pieris brassicæ, 
P, rapæ, Aporia cratægi, Melitæa aurinia, M. Cinxia, Lasiocampa quercus, 
Ocneria dispar. ete. En outre, il peut se faire que les écailles, en devenant plus 
erandes, changent de forme, comme cela a été le cas chez certaines aberrations 
expérimentales de femelles de Bombyr neustria. 

6 Les poils, devenant plus nombreux, assombrissent l'aile, à la condition que 
leur couleur soit normalement foncée. De même que pour les écailles, ils peuvent 
recevoir une dose plus grande du pigment normal: leur matiére colorante peut 
aussi se modifier et devenir plus foncée. 

Nous ne saurions trop rappeler que la surcharge pigmentaire peut modifier Ia 
couleur d’une aile, Sans, pour cela, que le pigment se soit modifié lui-même, Si, 
d'une part, une écaille colorée d’un pigment jaune devient, par surcharge pigmen- 
taire, jaune foncé, d'autre part, une écaille fauve, par le méme procédé et sans 
modification du pigment, deviendra brune. Les exemples de Melitæwa, et d'autres 
que nous avons signalés, sont sous ce rapport concluants. 

7° Lorqu'une des faces de l'aile est pale, par le fait de la petite quantité de 
pigment de ses écailles, elle peut paraitre plus foncée qu'elle n'est en réalité, si 


260 ARNOLD PICTET 


l’autre face, par un des mécanismes indiqués, s’assombrit elle-même. Prenez une 
feuille de papier blanc, légèrement transparente, elle se montrera dune teinte plus 
foncée, voire même d’une autre couleur, si vous placez immédiatement au-dessous 
quelque objet plus foncé, ou quoi que ce soit de coloré. Ce cas est assez répandu 


pour assombrir certains dessins. (Pieris napi, Aporia cratægi, etc). 


PRODUCTION DE L'ALBINISME, 


1° Le pigment, de même couleur que normalement, est amassé en moins grande 
quantité dans les écailles. 

Ce mécanisme est le plus fréquent parmi ceux qu'ont mis en évidence nos 
expériences et nos recherches. C’est aussi celui dont il est le plus facile de se 
rendre compte par l'examen microscopique et par les méthodes habituelles de 
superposition de deux ou plusieurs écailles, de même que par la décoloration des 
ailes au moyen de la potasse caustique. Chez les Papillons modifiés de cette 
manière, le phénomène de décomposition des radiations lumineuses joue, parfois, 
un certain role dans l’éclaircissement de leurs couleurs. En second lieu, la dimi- 
nution de la dose de pigment normal peut atteindre un tel degré que les écailles 
deviennent transparentes; elles paraissent alors comme blanches, avec des reflets 
métalliques. Or, lorsque l'aile est parsemée d’un certain nombre de ces écailles elle 
est nécessairement plus claire que normalement par le fait de l’introduction de ces 
éléments blancs dans les dessins. Comme exemple, nous signalerons, entre autres, 
les Vanessa urticæ chez lesquels les taches noires sont devenues grisâtres; cette 
teinte grise est due, parfois, à la combinaison d'écailles noires et d’écailles inco- 
lores, alors que chez les individus normaux il n'entre que des noires dans la consti- 
tution de ces taches. C’est ce mécanisme qui contribue à rendre roses les ailes 
rouges, jaunes les ailes fauves. etc. C’est lui, encore, qui produit l’éclaircissement 
de tout ou partie de l’aile, de certains dessins ou seulement de la couleur du fond, 
etc. La paleur acquise de cette façon est souvent telle, que les ailes paraissent 
presque blanches. On trouvera de nombreux exemples semblables dans ce mémoire. 

La rareté pigmentaire des écailles, sans réduction de leur taille, a été souvent 
constatée ; lorsque cette rareté devient générale à un groupe de plusieurs écailles, 
la partie de l’aile qui le supporte devient transparente, pourvu que la même modi- 
fication se produise immédiatement au-dessous, à la face inférieure: elle devient 
plus claire, si la même modification ne se présente pas au-dessous. Les écailles 
peuvent être absolument incolores; un groupe de ces écailles constitue un dessin qui 


MÉLANISME ET ALBINISME CIEZ LES LÉPIDOPTÈRES 261 


parait blanc, pourvu que la partie de l'aile située immédiatement au-dessous ne 
soit pas trop foncée. 

20 Le pigment n'est pas amassé en une moins grande quantité, mais ilest d'une 
coloration moins foncée que normalement. (Mêmes exemples que pour le mélanisme.) 
Ce cas est difficile à constater. 

30 Lorsque deux couleurs sont en combinaison pour former un dessin, lune 
claire et l'autre foncée, les écailles claires augmentent en nombre. Ce mécanisme est 
facile à comprendre: e’est celui qui produit, entre autres. le blanchiment de la 
tache apicale et de la racine de laile des femelles de Pieris rapæ, de Leucophasia 
Sinapis, ete. La disparition des taches est due au fait que les écailles blanches sont 
presque les seules qui existent. Le rapport numérique entre les unes et les autres 
détermine la teinte de la tache. C’est aussi un mécanisme très répandu dans la 
production des formes albinisantes. 

49 Diminution du nombre des écailles: le chevauchement moindre qui en 
résulte produit l’éclaircissement de l'aile, ou des régions seulement où les écailles 
sont moins nombreuses. 

D Diminution de la taille des écailles; chevauchement moindre d’où résulte 
encore l’éclaireissement. 

Ces deux derniers mécanismes, mais tout spécialement le cinquième, sont 
excessivement répandus parmi les Lépidoptères albinisants, et surtout parmi ceux 
qui proviennent d'expériences. Les écailles peuvent diminuer de taille à tel pont 
qu'au lieu de chevaucher les unes sur les autres c'est à peine si elles se touchent : 
elles laissent donc entre elles des espaces vides, qui ne contiennent aucune colora- 
tion et qui, en outre, laissent filtrer la lumière à travers la membrane alaire. Ces 
deux raisons expliquent suffisamment le mécanisme de l'albinisme qui provient de 
la diminution du nombre ou de la taille des écailles. 

Lorsque le nombre des écailles diminue dans de larges proportions, aux deux 
faces de l'aile, et elles peuvent, dans ce cas, devenir également plus petites. l'aile 
devient fransparente. Cette transparence peut se présenter dans certaines régions 
de l'aile, comme elle peut aussi s'étendre à l'aile entière. La transparence d'une 
des faces seulement lui donnera la coloration de l’autre face et sera un cas d’albi- 
nisme si cette autre face est pale. A la diminution de la taille et du nombre des 
écailles peut s'associer aussi l'insuffisance de la dose de pigment; chez certains 
individus transparents, tel que l’exemplaire de Vanessa urticæ figuré PI. 3, fig, 9, 
et d'autres, les écailles sont petites, rares et sans pigment. 

Une question se pose à ce propos: les ailes transparentes doivent-elles être 
considérées comme albinisantes ? Evidemment, puisqu'elles possèdent, en moins 


grande quantité, les éléments colorés, et que les écailles incolores apparaissent 


2692 ARNOLD PICTET 


comme blanches. Cependant les quelques cas exceptionnels signalés chez les Lasio- 
campa quercus et les Fanessa urticæ, dont les ailes brunes et fauves sont devenues, 
sous l'influence de la température, transparentes avec des écailles noires, montre 
que cette transparence ne devrait être considérée comme un cas de commencement 
d'albinisme, qu'en tant que les écailles w'acquièrent pas une coloration plus foncée 
que normalement. D'autres Lasiocampa quercus et d'autres Vanessa urticæ, on s’en 
souviendra, se rattachent à la règle générale et sont nés de nos expériences avec 
des ailes transparentes, avec écailles peu où pas pigmentées. 

6° La taille et le nombre des écailles ne diminuent pus, mais celles-ci se rabougris- 
sent, se replient en élevant leurs deux bords latéraux. De cette façon se produisent entre 
les écailles des espaces sans coloration qui jouent le même role qu'aux n° 4 et 5. La 
déformation des écailles, le plus souvent alliée à la réduction de leur taille, ne se 
fait pas selon des règles positives; en consultant les figures de la PI. 5, on pourra 
se rendre compte de la chose. Les dents disparaissent très souvent et cette dispa- 
rition peut être la seule modification appréciable; parfois les écailles, en diminuant 
de taille, affectent une forme régulière, lancéolée ou arrondie et d’autres fois elles 
deviennent absolument informes, ratatinées, rabougries, à contours irréguliers. 

T° Parmi les écailles modifiées, il S'en trouve un certain nombre qui sont vides. 
et ne donnent, à l'aile, aucune coloration. De cette facon l'aile se trouve parse- 
mée d'éléments blancs ou incolores, ce qui contribue à l'éclaircir considérablement 
lorsque le nombre des écailles vides est conséquent. Ce cas est également très fré- 
quent; nous l’avons signalé chez bon nombre d'individus albinisants. 

Su Les poils deviennent moins nombreux ; cela éclaircit la teinte de l'aile Si 
s'agit de poils foncés. TS sont, parfois, colorés par un pigment plus clair que le 
normal où possèdent moins de matière colorante. 


Nous devons revenir sur la question de la transparence des ailes, en ce qui 
concerne maintenant certaines espèces où cette transparence est normale (Aporia 
cralægi © et les diverses espèces du (renre Parnassius). Nous avons constaté que 
les écailles qui se trouvent dans les parties normalement transparentes, non seule- 
ment sont en petit nombre, mais qu'elles sont toujours d'une taille inférieure aux 
écailles des parties opaques. I est intéressant de voir qu'un état de choses normal 
(réduction de la taille des écailles) se retrouve chez les espèces opaques. dès que 
celles-ci deviennent transparentes sous l'influence de la température. 


4 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 926: 


Combinaison d'écailles optiques et dl'écailles piqgmentaires. 


Nos recherches ont montré que, parfois, certains dessins ont une couleur 
différente de celle de leurs pigments. Ainsi, les taches vertes du dessous d’Antocharis 
cardamines et de beaucoup d'autres Piérides ne contiennent pas d'écailles vertes; 
cette couleur est due à une combinaison d'écailles jaunes et de noires à reflets 
bleus provenant de la décomposition des radiations lumineuses. 

Les belles couleurs des ocelles de Vanessa io sont dues, de même, à une 
combinaison d'écailles optiques et de pigmentaires. Pour constituer les parties 
bleues de ces ocelles, ce sont des écailles à pigment blanc, mais assez peu pigmen- 
tées pour donner lieu au phénomène optique, qui sont disposées au-dessus d'écailles 
noires. Ces dernières forment un écran qui met en valeur les effets de la Inmiere, 
Pour former les parties violettes de ces ocelles, les écailles blanches à reflets 
bleus sont en combinaison avec des rouges. Enfin, de quelques-unes de nos expé- 
riences, nous avons obtenu des exemplaires de Vanessa io avec des ocelles verts. 
Cela provient du fait qu'une quantité d'écailles jaunes entrent en combinaison 
avec les blanches à reflets bleus. 

Des combinaisons de ce genre sont fréquentes : on conçoit la variété des cas 
qui peuvent se présenter. 


Quelques auteurs se sont occupés de lalbinisme et du mélanisme chez les 
Lépidoptères. H. FEDERLEY (190$, 36), après avoir étudié la première de ces deux 
modifications chez quelques aberrations trouvées à l’état naturel, arrive sensible- 
ment aux mémes conclusions que nous, en ce qui concerne la réduction du nombre 
et de la taille des écailles. Pour lui, de même que pour nous, la production de Falbi- 
nisme proviendrait encore d'une quantité insufhsante de pigment. 

Pour M. STANDEUSS (1896, 164), la quantité insuffisante de matière colorante 
ne doit être considérée que dans quelques cas spéciaux, où elle fait alors totalement 
défaut, tandis que c’est bien plutôt dans la gualité du pigment, lequel n’atteint pas 
le degré de coloration voulu, que lon doit rechercher l'erigine de l'albinisme,. 

En réalité, les deux mécanismes sont justes, ainsi que nous l'avons démontré, 
Dans quelques cas, la production de formes plus claires que normalement est due au 
fait que c'est la matière colorante elle-même qui, tout en se trouvant en quantité 
suflisante dans les écailles, #'« pas atteint le degré de coloration voulu. Cependant 


ce mécanisme ne semble pas être très fréquent, tandis que les cas, où l'albinisme est 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 


264 ARNOLD PICTET 


dû à l’énsufjisante quantité du pigment de couleur normale, sont beaucoup plus 
répandus. 

J, W. Turr (1899, 170 à), qui est connu comme adepte fervent de la théorie de 
la sélection naturelle, donne de Palbinisme une explication toute darwinienne, De 
méme qu'il pense, avec raison, que le mélanisme des Lépidoptères, si répandu en 
Angleterre, est une conséquence de l'essor de l'industrie qui, dans le voisinage 
des grands centres, recouvre tous les objets d’une suie noire, en sorte que l’obs- 
curcissement du substratum concoure à l'élimination des formes qui ne sont pas 
foncées, il explique aussi l’albinisme par la théorie de la sélection naturelle, 
dans les pays calcaires par exemple, où la couleur blanche ou grise donne aux 
variétés ainsi colorées, dans leur lutte pour l'existence, un avantage sur les variétés 
foncées. 

D'autre part, le même auteur voit la cause de l’albinisme dans un processus 
physiologique de l'organisme, au moyen duquel l’hémolymphe ne développerait pas 
de pigment, en sorte que les écailles vides ne contiennent que de l'air; c’est cela 
qui leur prête cette couleur blanche. Nous avons démontré encore que ce mécanisme 
est assez fréquent, surtout dans les modifications albinisantes provenant d’expé- 
riences. 

P. DENSO nous à informé que l’albinisme partiel de certains Rhopalocères est 
dû à une modification spéciale qui se produit dans la forme des écailles : celles-ci, 
au lieu de rester planes, se courbent en élevant leurs bords latéraux. Mais les 
recherches intéressantes de cet auteur ne nous donnent cependant pas de notions 
sur la quantité ou la qualité du pigment qui colore ces écailles ainsi déformées. 
Toujours est-il que le mécanisme qui produit, dans ce cas, l’albinisme, et que nous 
avons du reste observé nous-même, peut se rattacher à un de ceux que nous avons 
mis en évidence. En effet, en ayant leurs bords surélevés, les écailles couvrent une 
moins grande superficie et ne se touchent plus les unes les autres; elles laissent par 
conséquent entre elles des espaces non colorés et par lesquels la lumière peut 
filtrer: cela aide encore à l'éclaircissement de l'aile. Du reste, les cas étudiés par 
DENSO ne sont pas Hancs, mais d’une teinte normale excessivement pâle. 

Les auteurs ont voulu voir une différence entre lalbinisme total, où Paile est 
entièrement frappée de pâleur et l'albinisme partiel, qui s'en distingue en ce qu'il 
n'apparait que sur certaines parties de l'aile. Nos recherches montrent suffisamment 
que le premier n’est qu'une généralisation du second et que, par conséquent, l’un 
et l’autre sont de même nature. 

Reste à savoir, maintenant, si les termes mélanisant et albinisant sont justifiés 
et s'ils indiquent d’une facon exacte les différents degrés de la variation des 
Papillons, 


ds là dr : 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 265 


Nous avons vu que cette variation procède toujours par des degrés successifs 
de coloration et que chaque dessin peut, séparément, acquérir la teinte de colora- 
tion maximum (brun foncé ou noir) ou de décoloration maximum (blanc). Ainsi, 
considérons une espèce de Papillon dont les ailes sont ornées de trois couleurs : 
fauve, brun et noir. Nous savons, d’après les exemples qui ont été signalés, que, 
pour varier dans le sens du mélanisme, les dessins fauves de ces Insectes devien- 
dront bruns et les ailes ne possèderont plus, alors, que des dessins de deux couleurs : 
bruns et noirs. Or, les dessins bruns, par surcharge pigmentaire, peuvent à leur 
tour, dans certains cas, acquérir une coloration si foncée qu'elle nous parait noire 
et le Papillon en question, devenu totalement noir, sera alors frappé de mélanisme 
complet. C’est un cas analogue qui se rencontre chez les Melitieu, avec six couleurs 
où teintes différentes produites par un seul pigment; c'est encore le cas de lab. 
lugens, de Melanargia galathea, avec deux couleurs, et de tant d'autres espèces à 
ailes ornées de deux ou plusieurs couleurs et dont certains individus deviennent 
uniformément bruns ou noirs, par le fait de la surcharge pigmentaire de chacune 
des parties de l'aile. Or, c’est précisément à un stade intermédiaire entre le Papillon 
normal et sa variété frappée de mélanisme complet que s'arrête presque toujours 
la coloration des individus qui se modifient dans ce sens. Les cas où la surcharge 
pigmentaire devient suffisante pour transformer tous les dessins en noir sont, en 
effet, très rares. Des lors, il nous à paru logique de désigner ce stade intermé- 
diaire si répandu par le terme de mélanisant. 

Inversement, le défaut de coloration peut amener chaque partie de Faile à 
devenir blanche où d’une paleur telle qu'elle constituerait l’albinisme parfait, si 
toutes les parties étaient ainsi modifiées. Ce défaut de pigmentation n’est que tres 
rarement suffisant chez les Lépidoptères pour atteindre cet extréme; le plus sou- 
vent, quelques parties de l'aile sont suffisamment dépouvues de matière colorante 
pour paraitre blanches, les autres conservant leur couleur normale, quoique atténuée, 
Ce sont les individus qui constituent ces passages entre l'espèce et sa variété frappée 
d’albinisme complet (et ils sont excessivement répandus) pour lesquels le terme 
d’albinisant est indiqué. 

Dès lors, la variation des Papillons apparait comme des plus simples : Tel 
individu qui, au cours de son ontogénie, fabrique moins de pigment que ses congé- 
nères, devient albinisant. Inversement, il devient mélanisant, lorsqu'il fabrique 
davantage de pigment que normalement. Le degré de décoloration et de surcolora- 
tion des parties est calculé par le degré de production pigmentaire, bien plus que 
par des modifications chimiques apportées au pigment lui-même. 

A cette conception de l'origine de lalbinisme et du mélanisme plus ou moms 
complets, mais pouvant, parfaitement, dans les cas extrémes, devenir complets, 


266 ARNOLD PICTET 


ainsi que nous en avons eu quelques exemples, viennent s'ajouter d'autres méca- 
nismes qui résident dans la taille et le nombre des écailles, dans la production de 
phénomènes d'optique et dans la transformation du pigment normal en un pigment 
d'une autre teinte. Mais, de tous ces mécanismes, c'est certainement celui de 
l'insufisance du pigment normal, où de la surcharge de ce même pigment, qui est 
le plus répandu. 


Ces recherches confirment, en une certaine mesure, un fait qui semble étre 
assez général parmi les animaux : à savoir que le mélanisme est un signe de 
viqueur et de santé et que l'albinisme, au contraire, dénote un affaiblissement de 
l'organisme. 

En effet, tous les caractères qui accompagnent le mélanisme chez les Lépidop- 
teres sont des caractères de santé et de vigueur : plus grande abondance de 
pigment, accroissement de la taille des écailles, parfois leur augmentation en nom- 
bre. Souvent les Papillons mélanisants, surtout parmi ceux obtenus d'expériences, 
sont bien constitués, d’une taille supérieure à la normale, quoique pas toujours; les 
femelles ont le plus souvent l'abdomen volumineux, avec abondance d'œufs. Très 
rarement les Papillons mélanisants naissent avortés. En outre, chez les Bombyciens, 
la pilosité augmente dans de larges proportions. 

Au contraire, les caractères qui accompagnent l'albinisme sont tous des 
saractères daffaiblissement : moins grande abondance de pigment, diminution du 
nombre et de ia taille des écailles qui, fréquemment, se déforment, se rabougrissent, 
se replient sur elles-mêmes, s’atrophient. Souvent les Papillons albinisants naissent 
eux-mêmes atrophiés, leurs ailes ne pouvant se développer complètement, faute de 
force suffisante ; leur taille est parfois inférieure à la normale et l'abdomen des 
femelles est, le plus souvent, gréle, avec peu où pas d'œufs. En outre, chez les 
Bombyciens, la pilosité diminue considérablement. 

STANDEUSS (1896, 164) admet pleinement l'hypothèse que l’albinisme dénote 
un affaiblissement incontestable d'énergie vitale. Ayant eu l’occasion d'élever des 
chenilles frappées d’albinisme, il trouva que leurs Papillons possédaient des carac- 
tères de paleur et il en conclut, avec raison, que l’origine de la décoloration des 
adultes doit être recherchée dans le développement physiologique de la chenille. 
C’est, en effet, ce qui s’est présenté dans nos expériences antérieures relatives à 
l'influence de lalimentation des chenilles sur la coloration des Papillons (1905, 
126). Les chenilles qui furent insuffisamment nourries où qui eurent à consommer 
des feuilles qu’elles avaient de la peine à entamer, en sorte qu'elles ne pouvaient 
les ingérer en suffisante quantité, palirent dans la plupart des cas; leurs Papil- 
lons, en outre de la forte diminution de taille qu'ils présentent, sont tous frappés 


MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 267 


d'albinisme plus où moins complet, allant parfois jusqu'à la transparence de l'aile. 
Mais ce qui, surtout, semble montrer que lalbinisme est la résultante d’une sorte 
d'anémie de l'organisme, c’est le fait, observé principalement avec Ocneria dispar. 
que les modifications albinisantes et la réduction de la taille des sujets s'accentuent 
encore aux générations subséquentes, lorsque le régime restreint est continué. Mais, 
au bout de quatre générations, les chenilles finissent par s'habituer aux feuilles 
difficiles à ingérer ; elles ne souffrent plus de ce régime en sorte qu'elles reprennent 
leur vigueur, leur taille et leurs couleurs habituelles et que leurs Papillons sont à 
nouveau bien conformés, avec la teinte normale. 

Ces expériences d'alimentation confirment encore l'hypothèse de STANDEUSS, 
à savoir que l’albinisme des Lépidoptères prend son origine dans la chenille, puis- 
que la différence de régime n’a pu atteindre les chrysalides, celles-ci ne se nourris- 
sant pas. Nos expériences de température sur certaines chenilles, alors que leurs 
chrysalides sont restées dans le milieu normal, démontrent encore cette hypothese. 

Cependant, les modifications albinisantes et.mélanisantes des Papillons pren- 
nent aussi naissance dans la chrysalide seulement. C’est ce que montrent les expé- 
riences où la température, où d’autres facteurs, ont agi sur celle-ci, alors que les 
chenilles sont élevées dans les conditions normales, 

La théorie relative au degré de force et de vitalité, dont les modifications 
albines et mélaniennes seraient l'indication, étant établie, devons-nous nous 
étonner que, dans presque chacune de nos expériences, le même facteur produise 
les deux sortes de variation ? Ainsi, des chrysalides sœurs placées exactement 
dans les mêmes conditions expérimentales, réagissent de deux facons différentes, 
les unes pour produire des Papillons mélanisants et les autres des albinisants; en 
outre, certains sujets possèdent à la fois les deux sortes de caractères. 

Cette observation parait, en effet, devoir surprendre. Mais elle ne doit cepen- 
dant pas infirmer la théorie en question; car il est admissible que, parmi les mdi- 
vidus expérimentés, appartenant à une même espèce, il se trouve au moins frois 
variétés physiologiques dont lune à son développement facilité par la température, 
tandis que l’autre est, au contraire, génée par l'influence thermique. Entre ces 
deux, nous considérons un grand nombre d'individus indifférents et qui sont ceux 
qui ne se modifient pas. Quant aux aberrations à la fois mélanisantes et albini- 
santes, nous devons voir, en elles, les effets de processus physiologiques localisés. 


Un point resterait à traiter; est celui de savoir si la taille et la forme 
des écailles est due au fait de la pression sanguine, ainsi que plusieurs auteurs et, 
entre autres, H. FEDERLEY (1905, 35) l'ont montré. Il est naturel de penser, en 
effet, que le sang pénétrant dans l’écaille alors que celle-ci est encore molle, puisse 


268 ARNOLD PICTET 


la distendre plus où moins, suivant que la pression est plus où moins forte. Nos 
recherches ne s'étant pas portées sur ce sujet qui. du reste, est secondaire dans la 
question qui nous occupe, nous ne pouvons nous faire une opinion. Dans quelques- 
uns des cas d'individus mélanisants, nous avons constaté l’augmentation de la taille 
des écailles, mais sans qu'il se soit produit de surcharge pigmentaire; d'autre part 
nous avons démontré que des écailles avec forte surcharge de matière colorante, 
n'ont pas, pour cela, augmenté de taille, et, dans un petit nombre d’exceptions, 
c’est la réduction de la taille des écailles qui concorde avec une surabondance de 
pigment. Il est vrai, par contre, que dans la plupart des aberrations albinisantes, la 
réduction de la taille des écailles correspond à la diminution de la dose de pigment, 
ou méme à l'absence complète de celui-ci. Nous ne savons S'il existe une corréla- 
tion entre la quantité de matiere colorante et la quantité de sang injecté qui 
contient celle-ci, en sorte que ce que nous venons de dire n'infirme pas, d'une 
manière absolue, la théorie de la pression sanguine. 


Une dernière conclusion qui découle de ces expériences concerne la phylogé- 
nie des Lépidoptères. Sous l'influence de la température, et aussi de la nourriture 
des chenilles, les caractères pigmentaires considérés comme distinctifs des espèces 
se modifient avec une étonnante facilité, pour arriver même à disparaitre complète- 
ment. Mais il est certains caractères que l'expérience n'arrive pas à amoindrir ou 
à modifier : ce sont ceux qui se retrouvent parmi plusieurs espèces d'un groupe ou 
d'un genre. Le pot discoïdal de Lasiocampa quercus et le V discoïdal d'Ocneria 
dispar Sont dans ce cas, et nous sommes en droit d'admettre que ces dessins sont 
plus anciens, puisque plus stables et communs à plusieurs espèces, que les autres 
caractères. Dans ce domaine, l’expérimentation peut apporter une précieuse contri- 
bution à la systématique, en montrant quels sont ceux des caractères qui résistent 
le mieux et qui sont, par conséquent, plus anciens et plus propres à différencier les 
espèces, que ceux qui s’effacent et se modifient facilement ; ces derniers différen- 
cieront les formes les plus nouvelles, c’est-à-dire les variétés. 


19 


_ 


6. 


10. 
. BenGe, FE, Atlas colorié des Papillons d'Europe (Traduction française par J. pe Joan). 


14: 
1. 
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+ bi eh 7 COR, 07 RL ON ON LE 


276 ARNOLD PICTET 


169, TuurAu. Sizung des Berlin, Entom.-Verein vom 10. Mai 1900. Insekt. Bôrse XVIL p. 181. 
1900. 

170. Lure, JW, Variation in Lepidoptera. À criticism. Entom. Rec. and Journ. of Var., XX, 

© p. 83-87, 1908. 

1704. 10. À natural History of the British Lepidoptera. Nol. 1, London, 1899. 

171. Unecu, FE. Chemisch. analytische Untersuchungen an lebenden Raupen, Puppen ul Schmetter- 
lingen und an ren Secreten. Zoo. Auz., p. 254-260, 272-280, 309-314, 3534-31, 1890. 

172. 10.  Beobachtungen über die verschiedenen Schuppenfarben und die zeilliche Succession tres 
Auflretens (Farbenfelderung) auf den Puppenflügelchen von Vanessa urticæ und 10. Zoo. 
Anz., p. 297-305, 1891. 

173. iv.  Beobachtungen über die zeiliche Succession des Auftretens der Farbenfelder auf den 
Puppenflügelchen von Pieris brassicæ. Zool. Anz.. p. 284-290, 293-299, 1892. 

174. 10. Beiräge zur Kenntnis der Farbe ron Insektenschuppen. Zeïtsch. ©. wiss. Zool., LVIT, 
p. 306-384, 1893. 

175. 1.  Beobachtungen von Compensationsvorgängen in die Farbenzeichnung. bezw unter den 
Schuppenfarben an durch thermische Etinwirkung entstandenen Aberrationen und Sub- 
species einiger Vanessa-Arten Erwüqungen darüber und über die phyletische Recapitula- 
tion der Farbenfelderung in der Ontogrnese. Zoo!. Anz., XIX, 163-17#, 177-185, 201- 
206, 1896. 

176. ww. Action du froid el de la chaleur sur les cocons de Vanessa. Arch. Sc. Phys. et Nat. IV, 
p. 486-487, AR97. 

177. 10. Æxperimentelle Ergebnisse der Schnürung von nach weiche Pappen der Vanessa uricæ 
quer über die Elügelchen. Zool. Auz., XX, p. 487-501, 1897. 

178. 10. Ævnige Bemerkungen über meine durch Schnürung noch wercher Vanessa urlicæ Puppen 
erhallenen Furbenveränderungen der Fallerschuppen. Soc. Ent., XII, p. 33-3%, 1898. 

179. 10.  Ergebnisse von Temperalur-Erperimenten an Vanessa 10. WI. Zeitsch. F. Entom., 1898. 

180. 10.  Méltheilungen über die diesjährigen aberratioen und chromutotarachaschen Versuchs- 
ergebnisse an einigen Species der Vanessa-Fuller. Fase. suppl. Revue. Suisse Zool., V. 
Bull. Soc. Zool. Suisse, 1898. 

IS1. 1. Sur quelques échantillons aberrants obtenus dernièrement soit de Vanessa urlicæ, soit de 
Vanessa io. C. R. trav. 81e Session Soc. Helv. Se. Nat., p. 88-89, 1898. 

182. 10. Kennzeichung und krilische Bemerkungen über Terminologisches, Wärmeenergetisches 
und Farbenevolution meiner erziellen A berrationen von Vanessa io und urlicæ. Zool. Anz., 
NXII, p. 121-123, 1899. 

183. Venus, C.-E. Ueber Vartelüten-Zucht. Corresp. BL. d. Entom. Vereins Iris, 1, p. 209-210, 1888. 

184. Venuocer, C. Die Verbreitung des schiwarzen Pigment her Tracheaten. Ent. Nachr., XXI, 
p. 230-236, 1897. 

185. Wacxer, N. Znfluence de l'électricité sur la formation des pigments el sur la forme des ailes 
des Papillons. C. R., LXE, p. 170. 1865. 

186. WEISMANN, A. Studien zur Descendenz-Theorie : 1. Ucber den Suison-Dimorphismus der 
Schmetterlinge. Leipzig, 95 p., 2 pl., 1875. 

187. 10. Séudien zur Descendenz-Theorie : LL. Ueber die letzten Ursachen der Transmulationen. 
Leipzig, 336 p., 5 pl., 1876. 

188. in, Neue Versuche zum Suison-Dimorphismus der Schmetlerlinge. Zool. Jahrbücher, Abt. 
f. Syst., VII (tirage à part, 74 p.), 1895. 


TABLE DES MATIÈRES 


PREMIÈRE PARTIE : LE MÉCANISME ET L'ALRINISME DES LÉPIDOPTÈRES 
D'APRÈS LES RECHERCHES DES AUTEURS. 


Pages. 
Chapitre 1. — Coloralion des ailes des Papillons... . . . . . . . . . 111 
DEXCONEUTS ONIQUESS EE ER : DE PAIN TT OT Se 113 
PERTCOUIOUTS) IPN TITRES PE ET CR LUS: CU USE LU de 115 
LEONE GO TE RENE, Le SO NO ET EC NE OO TC L (0 
Chapitre 1. — De la variation par mélanisme et albinisme. à Fétat naturel. 117 
Variation dealconteur s'énérale de l'ale "#0. Oo n. 117 
VATIANON Te TENNIS LANCE NE RE NN TS NTI N, 118 
Variation par mélanisme et albinisme des parties de l'aile  . . . . . . . . . 120 
La variation des Lépidoptéres en rapport avec leur distribution géographique  . . . 122 
Chapitre HE. — De la variation par mélanisme et albinisme des parties, d'après les erpe- 
DPRESTIEN NUIE UT ERREUR Pons CC PRE ER NT Em RTE (AT 22, 125 
MPADIMONNTISNIESSISONTIEl EN CT PT TD PS ET D 125 
B. Influence de l'humidité et de la sécheresse. ,  . . . . . . . . . . , 128 
C. Influence de la température  . . . SE 65 0 ST ACHETE SEP 130 
DAintuenceideilatlumiere nr 25,000 CN 1, 0: ; EU VAUT UC 139 
Eainitente/testasentsSiCHQUES EE EU, ANUS MM Ce à 140 
Hoiniuenee delanourniiure AS PRE Sent 11 
CAMIOenCerMerNÉlCCUICILES AE MES MR NT ON Ne Tente ue. 143 
H. Influences mécaniques diverses... . . . , . ASUS 14 
Conclusions relatives aux faits exposés dans ce ehapitre 3 PAS MIRE 146 
DEUXIÈME PARTIE : LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTERES 
D'APRÈS LES RECHERCHES PERSONNELLES. 
Chapitre Le — Recherches expérimentales sur la coloration des ailes des Papillons. . 149 
Conclusions relatives aux faits exposés dans ce chapitre. . . . . . . . . 161 
Chapitre 1. — Recherches erpérimentales sur la variation par mélanisme et albinisme des 
PUÉ ESS DES M es ce à os pans LG 
OR MENÉS Co a et te AURA SO RES EC PT RP 163 
Ecrpériences de température élevée avec Pieris rapæ 0 0 2 171 
BTOCRSI DT ABSIC OT A CC ARTE den à du : 3 euCLE 174 
Expériences de température élevée avec Pieris brassicæ DU qu moe Lil OEIL CE 175 
HOME) TON RENTE Ne A. OT 176 
AAPEUTNON RE ACTES EIRE RE EN D à ee la + ue CNE 177 


ÉEUÉDDTABIA AINADIS RO AE EN A M de + PTS US PR ANT EE 178 


ét dun tn 5 1 Cote DER Det) 


278 ARNOLD  PICTET 

Pages 
Antocharis-cardamines Mer M Te LITE TOC En CO TE EL 0 
ADOrIB: CALE MP EMA RENNES SAUCE CORNE EE RE 
Expériences de température élevée avec Aporia cralægi  . . . . . . . . . . 182 
P'ARNASSIOS POLICE SEC CEE PA PEN CN A Ta Et ce 183 
Parnasstus (dellus- Le COR EPL M RETOUR De 185 
ParDASSIUS MNENONNE CCE PR I NN CT CR CT 185 
Melia italie 22e SE PORT A A EE DR PR RE CR REC TIRE 187 
Melitæa/parihenie. NE ne er AL) 
MELIÉRATADENIA EC RAR RE Re fm TE een 01 à 190 
Expériences de température élevée avec Melitæeu aurimia ee ee 2 191 
Melia cinxia DORE Ne SE UT Ur De D MU: DUT Ate SRE We : 193 
Expériences de température élevée avec Melitæu A DRE ns LA te 2 toc 19% 
Quelques especes (Pen re ENT RC ET 196 
Arpynnisipaphiais MT Be + AU OU EE EEE A CEE RO 
Areynnis aglaja LINUDé MER NS RE ST RC RE ARS 
Taches nacrées du dessous de diverses espèces d'Argynnis 2 0 2 2 2 . : . 199 
Papilio DOdAiTIUS AM EE RE OP NE RES, VER 5) 
Expériences de température élevée avec Papilio podalirius 2 2. 2 . . . 200 
Vanessa urlioe : Mg en STAR, re de er es em CE EE EE A 
Expériences de température élevée avec Vanessa urlieæ 2 2 2 2 .  . : 203 

Quelques remarques au sujet du point critique où la chrysalide de Vanessa urticæ est 
susceptible d'être influencée par la température 2 2 0 2 2 2 2 2 : - 204 
Détail des expériences avec les chrysalides de Vanessa urtieæ 0 2 2. 205 
Conclusions relatives à l'énoncé de ces empériences 2.  .  . . . . . 218 
MVANBSSANIONS Fra EN AP RS NE RENE  UEe SRE INR 


Expériences de température élevée avec Vanessa 0 . . . . . . . . . : . . 222 


Bombyximeusthiars UT COR NET ER NE 
Expériences de température élevée avec Bombe neustria 2 4 2 2 . + . 225 


Sélenia tétralunariane 0e 2 GA. PATENT CLP EE PT NC OR ER RIZ 


Expériences de température élevée ave Selenia tetralunarin 2 ee 2 2 ee 2 230 


PSHUPAMONACNA LES ME Me NE a Er EC : : 15239 
Expériences de température élevée avec Psihura monaeha 2 2 4 2 2 233 
Ocneria disparu AS 0 De TE le NES RE ER 50 
Esrpériences de température avec Oeneria dispar 2 2 2 2 ec EU LUE 236 
L'ASIOCAMPAIQUErCUS EE TE ON RE RC RC Dan lt) 
Expériences de température avec Lasioeampa quereus 2 2 2 4 2 2 . 2h 
CONCLUSIONS SEM ME NN ER MT MAR: ; :  UP252 
Les’mecanismes de vario ON ON NE ER RE OT CE TR RE 2 5 
Production. duimélanisme "2, 74/4408 M ER DEN NN RER 255 
Production de l’albinisme  . CE RL et 4 ET) 
INDEX BIBHIOGRARMIQUE EC ROUEN ON OP EEE S 269 


v- 


: 
1 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 1 


Expériences de température élevée avec les chrysalides de : 


sta 95-29 
Bombye neustriu (p. 225-228). 


1.2 © individus mélanisants. 


ILE CG » 5 
. 6, 7.8, 9 © individus albinisants. 
. 10,16,188&  » ; 


3, 4101 Q n à la lois mélanisants et albinisants. 
12, 14, 45, 170 >» » » 


Psilura monacha (p. 233-234). 


19,20 © ab. nigra. individus non modiliés. 


. 21,22 © individus albinisants et transparents. 
. 23 © individu albinisant et transparent. 


Selenia tetralunaria (p. 230-230). 


Fig. 2% individu normal de la génération d'hiver. 
Pig: 25 »  albinisant (forme de l'été). 


Pr 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. 37 (1912) Pr. 


ATAR.. sc 
M. MAILLART, PHOT. = = — 


ATAR S. A, GENEVE 


Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 1) 


= 
& = 


1 7 
LE 2 LUE 
à L. 14 
4 Fm 
El + (1 
LE 
Li 
L 
| 
\ ; 
mn 
18 


10 
Il 


10 40 À Q, à, À +0 40 10 


CR M babe. d'a. hihi 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 2 


Expériences de température avec les chrysalides de : 


Ocneria dispar (p. 236-239). 


ab. japonica, frappé d'albinisme et transparent : élévation de la température. 
) » : élévation de la température. 

Tvpe, forme à la fois mélanisante et albinisante : élévation de la température. 

ab. juponica. » » ) » 

Type, forme mélanisante: abaissement de la température, 

Type, forme albinisante et transparente » » 


Melilæa conxia (p. 194-196). 


forme à la lois mélanisante et albinisante : élévation de la température. 
forme albinisante (en dessous) : élévation de la température. 


Vanessa urlicæ (p. 205-212). 


ab. ichnusoules, forme mélanisante: élévation de la température. 

ab. polaris, » ) » 

forme mélanisante:; élévation de la température. 

forme albinisante » » 

13 et 16 formes à la fois mélanisantes et albinisantes : élévalion de la température, 


ab. japonica, forme à la fois mélanisante el albinisante : élévation de la température. 
» forme albinisante : élévation de la température, 
Type, forme mélanisante » » 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE. T. 37 (1912) PL. 2 


— __— SES _ 


ATAR Sc 


M, MAILLART, PHOT. ATAR S. A, GENÈVE 


Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 2 


É 


Ve 
_ 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 5 


Expériences de température élevée avec Vanessa urlicæ (p. 205-212). 


1,2, 3, 4, 5, 6, 9, 12 et 15 formes albinisantes, action de la chaleur sur les chrysalides. 
10. 11, 16 et 17 formes mélanisantes n » » 
13 et 18 l'ormes à la fois mélanisantes et albinisantes » n » 


. 8 forme albinisante : action de la chaleur sur les chenilles. 


1% » mélanisante » » » 
7 forme à la fois mélanisante et albinisante : action de la chaleur sur les chenilles. 


37 (1912) 


PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. 


MÉM. SOC. 


GENÈVE 


ATAR S. A, 


M. MAILLART, PHOT 


Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PL. 3) 


L : i 
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On TE NEO TT DE CU NT PR TR TNT 0 2 PU LV 


IXPLICATION DE LA PLANCHE 4 


Expériences de température avec les chenilles et les chrysalides de Lasiocampa quercus 


ab. sparlit (p. 242-247). 


1 forme albinisante:; abaissement de la température. 

G forme à la fois albinisante et mélanisante : abaissement où élévalion de la température. 
2, 5. 7,8 el 10 formes mélanisantes: abaissement de la température. 

9 forme albinisante : élévation de la température. 5 

12 forme mélanisante ù » 

3 et 10 formes alhinisantes : abaissement de la température, 

& forme à la lois mélanisante el albinisante: abaissement de Ja température. 

ll et 13 » » élévation de la température. 


37 (1912) PL4 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, T. 


GULA 


ATAR S. A, GENEV 


M, MAILLART, PHOT, 


Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI 4) 


La » CM N “ Tr: d'HE TT Te ps 2 


Fig. 1. A. Vanessa urlicæ, \vpes d’écailles : 
4) taches noires; b) centre de l'aile; e) tache blanche ; d) lunules bleues. 

B. types d'écailles des mêmes parties chez un individu décoloré par l’action de la chaleur. 
Fig. 2. a) Pieris rapæ G', types d’écailles du centre de l'aile. 

b) » albinisant » » 
Fig. 3. a) Pieris brassicæ ©, types d'écailles de la tache apicale. 

b) » albinisant » » 
Fig. 4. a) Bombyx neustria, \ypes d'écailles de l'extrémité de l'aile supérieure. 

b) » albinisant  » » » 
Fig. 5. a) Melitæa aurmnia, type d'écailles de la bande noire du centre de l'aile. 

b) ù albinisant  » » » 

€) » mélanisant » » » 
Fig, 6. Lasiocampa quercus ©, types d’écailles. 
Fig.7 » » Gé » 
Fig. 8. » » , devenu transparent par abaissement de la température. 
Fig. 9. » » o ; » » » 
Fig. 10. » » ©. devenu transparent par élévation de la température. 
Fig. 11. » » c, devenu albinisant » » 
Fig. 12. » » cd. devenu mélanisant par abaissement de la température. 
Fig. 13. » » d'. devenu transparent par élévation de la température. 
Fig. 44. » » Q, devenu mélanisant par abaissement de la température. 
Fig. 15. » » Q. devenu albinisant » » 
Fig. 16. Parnassius apollo (en haut), types d’écailles du centre de l'aile 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 5 
(Gross. >< 100) 


(en bas), Lypes d’écailles de l'extrémité de Paile. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. 91 (1912) 


M mm at 


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ATAR 5. À, GENÈVE 


Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 5) 


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LR À 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 
et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. 
(Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: 
au Museum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VIII (1884-1911). Prix Fr. 25 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) 
PERS. RL Et OR AT CE RE RES EIr nel 


Imprimerie Albert Kündig, Genève. 


+ We 


[| MÉMOIRES 
| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


— — D — — 


Volume 37 


FASCICULE #. — (JUILLET et DÉCEMBRE 1913) 


Raprorr pu pRésipeNT De LA Socigré pour 1912. 
MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE 
DU SALÈVE (H'-Savore, France). 
par MM. Etienne JOUKOWSKY et Jules FAVRE 


Avec une carte géolugique’en couleurs, 29 planches et 56 fig. dans le texte. 


GENÈVE | PARIS | 
GEORG & Cie G.LEISCHBACHER 
© BALE et LYON même maison, | 33, rue de Seine, 
er. 


TABLE DES MATIÈRES 


po 


FASCICULE 4. VOLUME 37 


Pages 
Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève L 
pour 1912, par M. Maurice Gaurrer, D' ès sciences. . . . 279 
Monographie géologique et paléontologique du Salève (H'- Fe Fran par 
par MM. Enexxe Jouxowsxy et Juces FAvRE, avec une carte FE SR NS en 
couleurs et p6 figures dans létex te PEER ER PE RE 2 0b 


RAPPORT 


DU 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE 


Er 
D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 
POUR 
L'ANNÉE 1912 
PAR 


M. Maurice GAUTIER, Dr ès sciences 


MONSIEUR LE PRÉSIDENT, 
MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES. 


Les importants événements politiques qui se sont produits pendant l’année 
qui vient de s’écouler n'ont heureusement pas eu de contre-coup sur notre société; 
son activité n'a été troublée ni par la guerre d'Orient, ni par le récent conflit uni- 
versitaire. 

J'ai donc la satisfaction de constater, au début de mon rapport, que, comme 
par le passé, notre vénérable association a continué en 1912 à produire un travail 
utile et fécond. 

Avant de vous rappeler, suivant l'usage, quelle fut l'activité déployée à la 
Société de Physique et d'Histoire naturelle depuis l'exposé de mon prédécesseur, 


MÉM. SOC. PHYS. KT HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 35 


280 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


permettez-moi de mentionner tout d’abord quels sont les vides qui se sont pro- 
duits dans nos rangs. Nous avons perdu le professeur François Forel et M. Sa- 
muel Hubbard Scudder, membres honoraires, le professeur Henri Dor, membre 
émérite, et M. Aloïs Naville, membre associé libre. Nous reviendrons tout à l’heure 
sur la vie et les travaux de ces amis disparus. 

Voici maintenant les faits d'ordre administratif que j'ai à vous signaler : 

Dans la séance générale de janvier 1912 vous avez nommé à la Vice-Prési- 
dence M. le D' Aug.-E. Bonna, vous avez confirmé M. le Dr Arnold Pictet dans 
ses fonctions de trésorier, fonctions qu'il remplit depuis longtemps avec compétence 
et avec zèle, vous avez enfin désigné MM. E. Chaix et le D' Ch. Du Bois, pour 
compléter le comité de publication. 

La liste de nos membres ordinaires n’a pas subi de grandes modifications 
cette année; nous avons reçu M. le D' André Chaix, un jeune géographe appelé à 
suivre les traces de ses grand-père et père; mais, d'autre part, M. le D' Léon-W. 
Collet, actuellement directeur du bureau hydrographique fédéral et M. A. Dele- 
becque qui a quitté Genève, ont passé de la catégorie des membres ordinaires 
dans celle des membres émérites. — Deux des plus illustres représentants de la 
science chimique italienne, MM. les Prof. Ciamician et Paternd ont été inscrits 
parmi nos membres honoraires. 

Je dois encore vous rappeler la modification que nous avons apportée à notre 
règlement, modification d’après laquelle les premières séances des mois de janvier 
et d'avril ont été rendues facultatives; il leur sera appliqué dorénavant le régime 
déjà en vigueur pour les réunions d'août et de septembre; j'ajoute que l'essai fait 
depuis quelque temps de convoquer nos séances à huit heures et demie, semble 
avoir satisfait la plupart d’entre nous. 

Le dépôt de nos Mémoires n'avait jamais été assuré; le comité a chargé 
notre vice-président, M. Bonna, de suivre cette affaire, et nous avons contracté un 
engagement de 5 ans avec la Société Suisse pour l'assurance du mobilier. Nos 
collègues MM. L. Perrot et Weber, ont bien voulu faire, à cette occasion, le clas- 
sement de notre collection des Mémoires ; nous leur exprimons ici nos sincères re- 
merciements. 

Vous entendrez tout à l'heure le rapport de notre secrétaire correspondant ; 
nos publications pour 1912 se bornent à la brochure annuelle de Comptes-Rendus 
et au 3% fascicule du volume 38 de nos Mémoires; ce fascicule contient, avec 
quelques documents administratifs, un mémoire de M. Arnold Pictet « sur l’'Albi- 
nisme et le Mélanisme chez les Lépidoptères ». Nous avons aussi accepté l'échange 
de publications avec le Künigliches Zoologisches Museum de Berlin et la Société 
de Physique de Buenos-Ayres. 


POUR L'ANNÉE 1912 281 


Quant à nos relations avec d’autres sociétés, elles ont été les suivantes : 

La Société Vaudoise des Sciences Naturelles nous à envoyé une invitation 
pour sa séance générale, mais celle-ci nous est malheureusement parvenue très 
tardivement et nous n'avons pu nous faire représenter que par une dépêche. C’est 
encore par un télégramme que nous nous sommes associés à la fête du cinquante- 
naire de doctorat de notre honoraire, M. le Prof, C. Græbe. 

M. Arnold Pictet a été notre délégué au congrès d'anthropologie et d’archéo- 
logie préhistorique qui a eu lieu à (renève au mois de septembre; à la même épo- 
que vos Président et Vice-Président représentaient la section de Genève à la 
réunion des délégués de la Société Helvétique des Sciences Naturelles à Altdorf. 
Nous avons aussi été invités à assister à l'inauguration de l'Ecole des sciences 
de l'Education, et à une séance organisée par la Société de Géographie en l’hon- 
neur de Pexplorateur Amundsen. 

Voici maintenant les invitations que nous ont adressé les Sociétés étrangères : 

Centenaire de l'Académie des Sciences de Philadelphie. . 

Inauguration de « The Rice Institute >» à Houston (Texas). 

Cinquantenaire du Naturwissenschaftlicher Verein für Steiermark, à Gratz. 

5e Congrès International de Pathologie comparée (Paris). 

6me Congrès International d'Electrologie et de Radiologie générales et médi- 
cales (Prague). 

Il me reste à remercier MM. Duparc et Monnier, F. Reverdin et H. Blanc, 
Prof. à Lausanne, qui nous ont fait don de livres et de cartes. 


289 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


LE PROF. HENRI DOR 


Peu d’entre nous, sans doute, connaissaient le Prof. Henri Dor qui est décédé 
à Lyon le 28 octobre dernier; il avait pourtant fait partie de notre Société comme 
“membre ordinaire. Appelé à venir à Genève une fois par semaine pour exercer sa 
profession de médecin oculiste, à une époque où aucun spécialiste de ce genre ne 
résidait parmi nos concitoyens, Dor, qui joignait à un remarquable talent de pra- 
ticien, le caractère d'un savant, était entré à la Société de Physique en 1862. 

Pendant les quelque douze années qu’il fréquenta les réunions de notre Société, 
le Professeur Dor apporta régulièrement sa contribution au travail scientifique de 
notre association; il fit beaucoup de communications et de rapports, principalement 
sur des sujets d’ophtalmologie et de matière médicale. Après son départ pour Lyon, 
il fut inscrit dans la classe de nos membres émérites. 

Henri Dor, né à Vevey le 4 octobre 1835, était le fils du pasteur Louis Dor, 
directeur du collège de cette ville. Après avoir suivi les classes de l'établissement 
dont son père était le directeur, Dor fit ses études médicales à Zurich, puis à Vienne 
et à Edimbourg. La remarquable invention de l’ophtalmoscope, faite alors par 
Helmholtz, qui ouvrait des horizons nouveaux dans l'étude des maladies des yeux, 
et l'influence du Professeur de Graefe déterminèrent le jeune vaudois à se vouer à 
l’oculistique; il se méla à la phalange enthousiaste des étudiants qui entourèrent 
le jeune et génial maitre de Berlin, et, sur le conseil de ce dernier, il alla terminer 
ses études chez Donders à Utrecht et chez Virchow à Würzbourg; il fut encore 
l'élève des facultés de Lyon et de Paris. 

Je voudrais citer ici quelques lignes écrites par Dor dans la brochure de son 
jubilé et qui sont relatives à la fin de ses études. 


POUR L'ANNÉE 1912 9283 


+ J'étais à Utrecht depuis trois mois lorsque je fus rappelé à Berlin par une 
aimable lettre de de Graefe m'annonçant qu'il avait invité pour trois semaines ses 
anciens assistants, pour leur exposer les progrès de l’oculistique dans les dernières 
années. Il va sans dire que j'acceptai avec enthousiasme. Je trouvai à Berlin von 
Zehender, Liebreich, Schweigger, Mooren, Horner, Jakobson, Pagenstecher, von 
Welz, Saemisch, W. Hess, Michaelis, Bänziger, Leber, etc. 

Nous passions nos journées à la clinique de de Graefe, où nousdevions chacun 
examiner et présenter quelques malades, et les cours avaient lieu tous les soirs, 
toujours dans un endroit différent afin que de Graefe ne put être dérangé par les 
appels de sa clientèle. Nous recevions, par exemple, un billet « ce soir à 8 heures 
au Capkeller » un des restaurants souterrains de Berlin, où une chambre nous 
était réservée. Graefe choisissait un sujet, nous l’exposait, on discutait pendant 
une où deux heures. Le lendemain c'était à Charlottenbourg; il n'y avait ni che- 
min de fer, ni tramway, nous faisions le trajet en voiture. > 

Cette réunion d'anciens élèves se tint par la suite à Heidelberg et devint l’ori- 
gine de la Société d’ophtalmologie fondée en 1863. Chaque été, les oculistes qui 
ont conservé cette tradition, se donnent rendez-vous dans la ville universitaire 
badoise. Dor avait assisté 37 fois à la réunion d'Heidelberg. 

L'ancien assistant de Berlin s'établit à Vevey comme oculiste en 1860; son 
importante production scientifique ne tarda pas à le faire connaitre et il fut nommé 
en 1867 à la chaire d’ophtalmologie de l’université de Berne. Bientôt doyen 
de la faculté de médecine, puis Recteur de l’université, le Professeur Dor apporta 
tous ses soins au développement et à l'amélioration de ses cliniques; ses absor- 
bantes occupations ne lempêchèrent pas d'accepter la direction de la deuxième 
ambulance organisée à Berne pour porter des soins aux blessés de l’armée de 
Bourbaki. 

C’est en 1876 que le Dr Dor quitta Berne pour aller se fixer à Lyon, ville 
dans laquelle il établit promptement sa réputation et eut bientot une importante 
clinique particulière; son activité médicale lui permit cependant de pubier un grand 
nombre de mémoires pendant le long séjour qu'il fit dans cette ville. C’est à Lyon 
qu'il dirigea pendant trente et un ans la rédaction de la Revue générale d'ophtal- 
mologie, dont il fut le fondateur et qui est destinée à résumer les principaux tra- 
vaux d’ophtalmologie de tous les pays. 

Très connu dans le monde des oculistes le D° Dor avait aussi contribué à 
fonder la Société française d’ophtalmologie, en 1883. Au commencement de 1912 
les amis et les admirateurs de ce remarquable médecin s'étaient groupés autour de 
lui pour fêter ses 76 ans et avaient organisé un jubilé en son honneur, une courte 
maladie l’a enlevé à l'affection des siens quelques mois après. 


284 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


F.-A. FOREL 


J'aurais voulu qu'une plume plus habile que la mienne traçat ici le portrait 
de notre regretté membre honoraire François-A. Forel, dont la figure était si fami- 
lière parmi nous. 

L'amitié qui l’unissait à beaucoup de membres de notre Société, le caractère 
essentiellement national de ses travaux et la proximité de sa demeure de l'Abbaye, 
l'avaient fait presque des nôtres. 

De longue date, il était l’hôte de nos réunions du jeudi; et, lorsqu'une de ses 
observations lui semblait de nature à intéresser ses amis de Genève, il ne manquait 
pas de venir leur en faire part. Sa présence à l’Athénée était presque toujours 
marquée par une intéressante communication. Forel excellait, du reste, à parler 
ainsi devant quelques amis, il savait intéresser chacun de ses auditeurs au sujet 
qu'il développait; ses intonations, ses gestes même étaient empreints d’une certaine 
bonhomie, d’un + je ne sais quoi » qui frappait. Qu'il parlat des glaciers, des sei- 
ches, des tremblements de terre, c'était toujours la même logique dans lexposé, 
la même clarté, le même entrain juvénile. 

Quoique ses visites fussent devenues moins fréquentes dans ces dernières années, 
nous l’avions encore entendu à la séance du 5 mars 1908; il nous avait parlé des 
relations que l’on peut observer entre les variations météorologiques et les varia- 
tions des glaciers; puis, le même jour, il nous avait montré les originaux de belles 
planches en couleurs, utilisées autrefois par Jurine. Poussé par son penchant pour 
l'histoire, Forel avait cherché à déterminer quel avait été l’auteur de ces dessins; 
il croyait pouvoir les attribuer à la fille du savant genevois. Le nom de Forel figure 
encore parmi ceux des assistants à la séance du 5 novembre de la même année: il 
est mentionné pour la dernière fois sur nos registres à la date du 20 avril 1911; 
ce soir-là, il avait apporté en don à notre observatoire, les cahiers d'observations 
météorologiques de Charles de Lubières. 

Permettez-moi, Messieurs, de vous rappeler brièvement quelles furent les 
principales étapes de la carrière de notre éminent compatriote. 

Elevé à Morges, où il était né le 2 février 1841, Forel fit ses études à (renève 
d’abord, puis à Montpellier. Après avoir passé sa licence ès sciences naturelles 
dans cette dernière ville, le jeune naturaliste se rendit à Würzbourg; c’est là qu'il 


POUR L'ANNÉE 1912 9285 


fut reçu D' en médecine (1867), et qu'il occupa pendant plusieurs semestres la 
place d'assistant d'anatomie. Rentré à Morges en 1870, Forel ne cessa dès lors de 
résider dans cette petite ville à laquelle il était profondément attaché, et dont il 
fut, pendant plus de quarante ans, Pun des conseillers communaux. Ce fut, je crois, 
avec un court passage au Grand Conseil vaudois (1870-1874), le seul acte de sa 
carrière politique. 

L'Académie de Lausanne l'avait appelé en 1870 à occuper la chaire d'ana- 
tomie et de physiologie, il resta en fonctions jusqu'en 1895 et ne démissionna que 
pour pouvoir se consacrer entièrement à ses travaux personnels. 

Forel portait le plus vif intérêt à tout ce qui concerne le progrès des sciences 
en Suisse, il présida pendant de longues années la commission fédérale des exa- 
mens de maturité: son influence était grande au sein de la Société Vaudoise des 
Sciences naturelles; la Société Helvétique des Sciences naturelles a perdu, en lui, 
non seulement un ancien Président central, mais encore le plus assidu et le plus 
écouté de ses membres. L'auteur du « Léman > était aussi très attaché à la Société 
Vaudoise d'Histoire et d'Archéélogie dont il était membre fondateur. 

La liste des publications de Forel comprend environ 250 travaux. Il déploya 
durant toute sa vie une incroyable activité et la dépensa à résoudre des problèmes 
si divers, qu'il contribua à l'avancement de la plupart des sciences. Son immense 
savoir lui a permis de publier des notes de zoologie, de géographie, d'hydrogra- 
phie, de météorologie, de physique, d'archéologie même, sans que l’on puisse re- 
marquer le moindre défaut d'unité dans son œuvre si complexe. L'on peut aflirmer 
au contraire que les travaux de Forel aboutissent, dans leur ensemble, à son grand 
ouvrage sur + le Léman >», dont les 3 volumes parurent de 1892 à 1904. L'auteur 
a réuni dans ce livre, ou plutôt dans cette monographie magistrale, toutes les ob- 
servations qu'il avait faites sur le lac, qu'il admirait tant et qu'il connaissait mieux 
qu'aucun autre. 

A plusieurs reprises le savant de l'Abbaye fut appelé à mettre son expérience 
au service de ses compatriotes; c’est ainsi qu'il découvrit la cause du typhus qui 
décimait les perches du lac (1868), qu'il fut le premier à signaler le danger de 
l'invasion phylloxérique et à rechercher les moyens de la combattre (1875). Citons 
encore les services qu'il a rendus en collectionnant sans tréve les observations 
faites en Suisse sur les tremblements de terre, et en visitant chaque été un certain 
nombre de glaciers dont il mesurait avec soin les variations. 

Les travaux publiés par Forel sur la faune profonde du lac Léman (1869- 
1874) sont devenus classiques; non moins connus sont ceux qu'il fit paraître sur le 
lac de Joux (1897) et l’entonnoir de Bon Port (1893-1894). Le naturaliste vaudois 
fut encore un novateur dans l'étude des seiches dont il était l'observateur atten- 


286 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


tif; on sait qu'il a publié sur ce sujet un grand nombre de mémoires (1874-1890) 
et qu'il a su discerner les différentes variétés de ce curieux phénomène. 

Considéré en Europe comme le fondateur de la science des lacs, comme le 
premier linmologiste, Forel faisait partie de Ja commission pour l'étude scientifi- 
que du lac de Constance; la Suisse l'avait aussi délégué à la commission interna- 
tionale de sismologie à Strasbourg. 

Quoique sa popularité fut grande dans le canton de Vaud, l’auteur du « Léman > 
était surtout connu du public par les notes qu'il rédigeait sur l'avancement de 
l’année et que reproduisaient presque tous les journaux. 

L'on rencontrait souvent Forel à Genève où il ne comptait que des amis, et 
où il venait participer à chaque congrès. L’éminent naturaliste devenait alors, 
pendant la promenade classique sur le lac, le mentor éclairé des congressistes 
étrangers; toujours prêt à obliger autrui et à mettre sa vaste érudition au service 
des autres, il présentait à nos hôtes la nappe bleue du lac et son cadre admirable, 
comme l'aurait fait un directeur de musée montrant les trésors de ses collections 
à des visiteurs de distinction. 

Le savant remarquable dont nous venons de retracer la physionomie, s’est 
éteint à l'Abbaye dans la nuit du 7 au 8 août 1912; sa mort à été une perte 
immense pour notre pays. 

Que la Société de physique envoie encore un hommage de reconnaissance à la 
mémoire de ce collègue, qui était son fidèle membre honoraire depuis 1874, et qui 
a rendu de si grands services à la Suisse et à notre vieille cité de Genève. 


SAMUEL HUBBARD SCUDDER 


La science américaine a fait une grande perte en la personne du naturaliste 
Samuel H. Scudder, décédé le 17 mai 1911. 

Ce savant modeste, qui ne fut jamais titulaire d’une chaire académique, a 
cependant grandement contribué à l'avancement de la science entomologique, soit 
par la valeur de ses travaux, soit aussi par le talent qu'il posséda de créer des 
organisations et des publications scientifiques. 

Il était né à Boston le 13 avril 1837, et appartenait à une famille dès long- 
temps fixée à Barnstable, sur la Cape Cod bay. Elève de l’école latine de Boston, 
puis du Williams Collège de sa ville natale, il suivit régulièment les classes de cette 


POUR L'ANNÉE 1912 287 


institution jusqu'en 1857. C’est pendant les années de collège de Scudder que 
se manifestèrent, chez lui, les premiers indices de sa vocation de naturaliste. 
A côté des encouragements qu'il reçut alors de plusieurs de ses maitres, il fut 
poussé dans cette voie par son entrée dans la société du + Lyceum of Natural his- 
tory ». Ce groupement, dont Scudder fréquentait assidûment le musée et la biblio- 
thèque, avait comme but de réunir les élèves spécialement doués pour l’histoire 
naturelle et de mettre leurs jeunes travaux sous la direction de personnes compé- 
tentes; les séances du lyceum exercèrent une influence décisive sur le jeune collé- 
gien, et ce fut sous les auspices de cette Société que parut son premier travail. Les 
membres du Lyceum ayant en effet décidé de faire paraître un catalogue de la 
faune locale, Scudder fut chargé de dresser la liste des mollusques. Sorti à vingt 
ans du collège, le jeune entomologiste se rendit à Cambridge, et alla se mettre à 
bonne école dans le laboratoire de Louis Agassiz, alors à l'apogée de sa renommée 
comme savant et comme maitre. 

Promu « bachelor of Science from the Lawrence Scientific School of Harward » 
en 1862, Scudder devint ensuite l'assistant d’Agassiz et ne quitta ce dernier qu’en 
1864 pour prendre les fonctions de < Custodian of the Boston Society of Natural 
history ». Resté sans position officielle de 1870 à 1879, il fut nommé à cette der- 
nière date + assistant librarian of Harward University », et conserva ce poste jus- 
qu’en 1882 ; enfin, il fut attaché de 1886 à 1892 au U. $S. Geological Survey comme 
paléontologiste chargé spécialement de l’étude des insectes fossiles. 

Dès lors il n’accepta plus aucune fonction publique et vécut au milieu des 
belles collections qu’il avait réunies et pour lesquelles il avait fait construire une 
maison spéciale attenante à la sienne. 

Habile organisateur, convaincu des avantages que présentent les groupements 
d'hommes lorsqu'ils travaillent à un même but, Scudder sut faire aboutir plu- 
sieurs œuvres collectives importantes; c’est ainsi qu'il fut non seulement l’âme du 
Cambridge entomological Club et du journal publié par cette association, mais 
encore qu'il prit une part prépondérante à l’organisation de l’Appalachian Mountain 
Club et à la fondation du Boston Naturalists Club. 

La personnalité de Scudder était intéressante et attirante à la fois, sa nature 
bienveillante le portait à prodiguer sans compter son temps et ses conseils pour 
les plus jeunes que lui, ou pour les débutants. Sa carrière fut malheureusement 
assombrie par de grands chagrins domestiques; resté veuf avec un seul enfant il 
eut la douleur de perdré ce fils unique alors sur le point de terminer des études 
médicales brillamment commencées. 

En 1896 survinrent les premiers symptômes du mal qui devait, peu à peu, 
avoir raison de sa santé; supportant avec sérénité le chagrin de devoir abandonner 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 36 


288 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


ses chers travaux, Scudder fit don de ses collections et de ses livres à différents 
instituts et sociétés de Cambridge et de Boston, et attendit avec patience que la 
mort vint mettre un terme à ses souffrances. 

Scudder a publié un nombre considérable de travaux dans le domaine de l’en- 
tomologie. La lépidoptérologie lui doit un ouvrage magistral « The butterflies of 
eastern United States and Canada », paru en 1889, dans lequel il à résumé les 
observations faites pendant 30 ans sur les papillons de son pays. Citons encore : 
À Spread of a Butterfly in the new Region. — The life of a Butterfly (1893), courte 
monographie d’Anosia plexippus. 

Le jeune savant de Cambridge avait déjà rédigé en 1868 un catalogue des 
orthoptères de l'Amérique du Nord décrits avant 1867; il reprit de 1891 à 1901 
l'étude de cet ordre d'insectes, sur lequel il a publié environ 70 mémoires; son 
activité des années 1880-1890 fut principalement absorbée par l'étude des insectes 
fossiles; elle est résumée dans un important ouvrage intitulé : The tertiary Insects 
of North America (1890). 

Si Sceudder à peu publié en dehors de ses travaux spéciaux, citons comme ayant 
un intérêt plus général : Catalogue of Scientific Serials (1879) et Nomenclator 
Zoologicus (1884). 

Entré en relations avec les naturalistes genevois, il fut surtout l’ami et le 
correspondant d'Henri de Saussure. Notre Société lui avait décerné le titre de 
membre honoraire en 1872. 

Avant de résumer les travaux qui ont été présentés à la Société de physique 
et d'histoire naturelle en 1912, qu’il me soit permis de rappeler ici la figure amie 
de notre membre associé Aloïs Naville. Il avait été appelé autrefois à diriger 
d'importantes exploitations agricoles et fut un des premiers à préconiser l'emploi 
de l'azote atmosphérique à la production des engrais artificiels. Cet ami des arts 
et des sciences était toujours prêt à encourager et à soutenir les entreprises 
utiles, sa mort à causé des regrets unanimes. 


POUR L'ANNÉE 1912 289 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉÈTÉ 


Dans les 14 séances que nous avons tenues en 1912 nous avons entendu les 


communications suivantes : 


Astronomie. Géographie physique. 


M. E. CHaIx a pu observer les durées et les intervalles d’explosions de deux 
petits geysers, lors d’une excursion qu'il a faite cet été au Pare de Yellowstone. 
Au premier abord, les deux geysers semblaient étrangers lun à l’autre, mais les 
observations ont montré l'existence d’une relation étroite entre leurs périodes. 
M. Chaix croit que l'administration du Pare de Yellowstone rendrait un grand ser- 
vice en faisant faire, par les gardiens, de petites séries synchroniques d’observa- 
tions chronométrées. 

M. Léon-W. COLLET nous a parlé en son nom et au nom de MM. R. Mellet 
et O. Lütschg de l'application de la méthode par titration de chlorure sodique 
au jaugeage du débit des turbines ; il nous a encore décrit les premiers essais Com- 
paratifs effectués à l'usine de lAckersand. Le service hydrographique fédéral a 
déjà fait jauger, par cette méthode, la Morge (Valais) et la Salanfe (Valais); il à 
aussi fait étudier les limites dans lesquelles ce procédé est applicable, 

M. le Prof. R. GAUTIER nous a présenté, au nom de M. Schaer, quelques pho- 
tographies d’un nouveau télescope Cassegrain d’un type relativement court, mais 
d’un mètre de diamètre. Cet instrument a pu être installé dans différentes localités 
de notre canton et a rendu des services dans les essais qui ont été faits en vue de 
fixer l'emplacement du futur observatoire. 

Le même nous a donné quelques renseignements sur les résultats obtenus à 
Genève lors de l'observation de léclipse solaire du 17 avril; il nous a expliqué, à 
cette occasion, les documents photographiques relevés à l’observatoire durant ce 
phénomène, 


290 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Physique. Chimie. 


M. G. BAUME nous à décrit une première série de recherches qu'il a faites en 
collaboration avec M. Basadonnæ, sur la cémentation du fer par divers gaz et mé- 
langes de gaz carbonés. Les auteurs ont pu, par l’emploi de la métallographie, 
établir les courbes expérimentales de pénétration du carbone dans le fer, dans leurs 
expériences, courbes dont la forme peut être prévue théoriquement dans les divers 
cas étudiés. 

M. BRINER nous a parlé de la dissociation des molécules en atomes, qui per- 
met d'expliquer comment certains corps endothermiques deviennent exothermiques 
à température élevée. 

M. DURAND en son nom et au nom de M. Briner à communiqué les résultats 
d'un travail concernant les systèmes obtenus à partir des oxydes d’azote et de l’eau. 
Toutes les réactions dont ces systèmes sont le siège sont réversibles, et il y à lieu 
de leur appliquer les relations de la mécanique chimique. 

M. le Prof. CHODAT nous a montré un nouveau réactif des protéines qu'il dé- 
signe sous le nom de p-crésoltyrosinase et qui agit en présence des acides amidés. 
Ces derniers ne doivent pas être envisagés comme catalyseurs car ils participent 
réellement à l’action chimique ; une coloration rouge et un pigment bleu avec fort 
dichroïsme caractérisent cette réaction qui peut être obtenue avec de nombreux 
phénols. 

M. CARDOSO continuant ses recherches sur l'équation des fluides et la loi du 
diamètre, indique une méthode permettant de calculer les fonctions 


Len — 4% (t) et d, — 4 (t) à partir de l'équation de van der Waals. Il donne 


T 


ensuite une notion de la troisième phase permettant d'expliquer les phénomènes du 
retard et la courbure du diamètre au voisinage du point critique, 

M. le Prof. DupARG a expliqué à la Société un nouveau procédé qu'il utilise 
pour séparer le fer et le cuivre d'avec le palladium; il nous à parlé aussi de la 
titration du fer en présence d'acide phosphorique. 

Le même auteur a étudié avee M. Zrrkæwi1Z l'oxydation de la solution de 
chlorure stanneux par l'air. 

M. le Prof. C.-E. GUYE nous a rappelé les travaux de Pierre Prevost sur 
l'équilibre mobile de la température, et a fait ressortir l'influence que la théorie de 
ce savant genevois a exercé sur l'orientation de la physique moderne. 


POUR L'ANNÉE 1912 291 


Le même nous a rendu compte d’un travail fait avec M. BERCHTEN sur le frot- 
tement intérieur du cuivre à haute température. Les auteurs ont prouvé que l’amor- 
tissement et peut-être la courbe de déformation sont indépendants de la durée de 
la période et qu'il y à quelque analogie entre les cycles dus au frottement intérieur 
et les cycles d’aimantation. 

Le même a exposé les résultats de ses recherches sur le frottement intérieur 
des solides aux basses températures et les phénomènes irréversibles dans le voisi- 
nage du zéro absolu. Le frottement intérieur des solides diminue beaucoup avec un 
abaissement de la température; il semble qu'au zéro absolu les phénomènes ther- 
miques irréversibles soient impossibles et que les forces moléculaires deviennent 
indépendantes des variations de température. 

M. F.-Louis PERROT nous a décrit la méthode qu'il a employée dans le but 
de vérifier le poids atomique du chlore; cette méthode repose sur la combinaison 
de l’acide chlorhydrique gazeux avec un poids connu d’ammoniaque liquide. (Tra- 
vail fait en collaboration avec M. le Dr BAUME). 

M. L. DE LA RIVE nous a présenté un travail sur l’équivalence de la force de 
Laplace due au mouvement de l’électron dans un champ magnétique uniforme, et 
la force centrifuge composée. On peut identifier ces deux forces dans un système 


d’axes à disposition directe, si le facteur constant e ‘ 


‘Im est rendu égal à la vitesse 
angulaire 2 W. L'auteur à tiré de cette observation de nouveaux aperçus sur les 
conditions cinématiques de la molécule dues au courant et au magnétisme d’un pôle, 

Le même a démontré géométriquement que la trajectoire circulaire de Pélec- 
tron dans un champ magnétique devient une ellipse; cette démonstration peut être 
obtenue si l’on considère qu'un point lié à un cercle roulant dans l'intérieur d’un 
cercle de rayon double, devient une ellipse. 

M. SCHIDLOF nous a entretenus d'un travail qu'il a fait en collaboration avec 
Mie CHAMIÉ sur la mesure de l’hystérésis magnétique et de ses variations en fonc- 
tion de la fréquence. 

M. TOMMASINA nous à fait une communication sur le rôle de l’éther en phy- 
sique d’après les travaux de Walther Ritz. L'acceptation par ce dernier d’une théorie 
émanative de la lumière ne fait que confirmer l'existence de l’éther, car il est le 
produit constant et continu remplissant l’espace. 

Le même nous à parlé des travaux qu'il poursuit en collaboration avec M. Ed. 
SARASIN sur les modifications que subissent les courants d'ions selon le signe de 
leur charge, selon les écrans qu'ils traversent et selon les variations de tempéra- 
ture. 

Le même a établi un parallèle entre la théorie électrique de la gravitation 
définie par Walther Ritz et sa propre théorie électromagnétique. 


299 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Le même nous a donné lecture d’une Note sur les conclusions de Ritz relatives 
à la théorie de la gravitation. 

Le même nous à présenté un mémoire sur la nature de la pesanteur et sur la 
mécanique des points matériels; dans ce travail l’auteur se base sur la considéra- 
tion que l'hypothèse mécanique des points matériels ne permet d'admettre aucune 
émanation autour d'eux. 

Le même nous a fait part d’un travail sur les notions boussinesquiennes d’exis- 
tence pleine et d'existence infiniment atténuée transportées du point matériel à 
l'électron. 

Le même nous a encore lu quelques pages traitant de la physique électronique 
et des trois modes d'existence de l’électron. La théorie électronique comprend, en 
réalité, trois théories différentes ayant chacune un champ spécial; à savoir : les 
radiations, l'électricité et la matière. 

Le même nous a exposé ses idées sur la conductibilité électrique des métaux ; 
la théorie actuelle du mouvement libre des centres électriques dans les métaux est 
basée sur un phénomène secondaire, tandis qu’elle devrait prendre comme point de 
départ le phénomène qui réside dans le milieu électromagnétique actif et moteur. 


Géologie. Minéralogie. Paléontologie. 


M. A. BRUN nous a parlé de la cristallisation des silicates aluminoalcalins 
et de la formation des Albites et Anorthoses; ces minéraux ont été obtenus synthé- 
tiquement. 

Le même auteur à démontré que la genèse de la Tridymite dans les laves ne 
demande pas d’autres conditions que celles prévues dans les volcans d’après sa 
théorie. 

M. A. BRUN a repris l'étude de la transformation du verre de silice 
fondue en cristaux. Un échauffement prolongé à 1600 degrés a conduit à un corps 
différent de la Cristobalite naturelle et à une variété minérale dont les caractères 
optiques sont voisins de ceux du Quartz. 

M. le Prof. DUPARC nous a fait une communication sur la géologie de la Sis- 
serskaya Datcha et les gisements de cuivre qu'il a visités dans cette région. 

Le méme nous à communiqué les résultats de ses recherches sur quelques 
minéraux rares provenant de Madagascar. 

M. François FAVRE nous à entretenus des observations qu'il a faites sur les 
différentes espèces d’Oppelia représentées dans le Jurassique moyen, et nous à 
montré les rapports philétiques de ces espèces entre elles. 


ÿ DE 7 ra te À 


POUR L'ANNÉE 1912 203 


M. Jules FAVRE nous à décrit la tectonique de la partie orientale du Salève; 
les traits les plus caractéristiques de cette région sont les décrochements, la chaine 
ayant été rompue en sept tronçons par des déplacements horizontaux. Cette com- 
munication représente une partie de l'important travail de MM. Joukowsky et I. 
Favre sur le Salève, travail qui paraîtra prochainement dans nos Mémoires. 


Botanique. Zoologie. 


M. BERNARD nous a résumé les résultats de ses travaux sur les Phanéroga- 
mes Saprophytes de Java, végétaux caractérisés par les dimensions considérables 
qu'offrent leurs organes souterrains par rapport à celles de leurs organes aériens. 

M. John BRIQUET nous a donné l'explication des limites géobotaniques du 
Jura méridional et de la séparation de cette région en différents secteurs ayant 
chacun ses caractères particuliers. 

Il résulte d’autres observations faites par M. Briquet en Corse et en Savoie, 
que le Buis doit être rangé parmi les plantes dont les graines sont disséminées par 
les fourmis. 

Le même auteur nous a fait encore un exposé de ses recherches sur les Cap- 
paridacées à fruits vésiculeux. Les deux genres Isomeris (Californie) et Buhsea 
(Mésopotamie et Perse) qui possèdent des fruits de cette espèce, présentent certai- 
nes convergences remarquables, sans avoir entre eux d’affinités étroites. 

M. KARL nous a apporté quelques exemplaires d’un crustacé très rare, l'Apus 
cancriformis; ces animaux ont été trouvés sur territoire français à proximité im- 
médiate de la frontière suisse. Cette espèce apparaît lorsqu'une période humide 
succède à une saison sèche; elle n’a été signalée en Suisse qu'une seule fois. 

M. le Prof. E. YUNG nous à décrit l'œil des Gastéropodes terrestres et nous 
a fait connaître la cause probable qui produit son insensibilé à la lumiere. Cette 
cause réside dans une discontinuité entre les fibrilles du nerf optique et les préten- 
dues cellules rétiniennes. 

Le même nous à exposé un curieux cas de désagrégation ou plutôt d’explo- 
sion chez les Infusoires inanitiés. Il semble que ces derniers contiennent un tricho- 
plasme qui produit l'explosion de l'animal, quand il entre en contact avec l’eau. 


294 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Physiologie. Psychologie. 


M. BATTELLI et Mile STERN ont étudié l’oxydation de la p-phénylènediamme 
par les tissus animaux. Ce sont les muscles rouges, le rein et le cerveau qui ont le 
pouvoir oxydant le plus fort. Le catalyseur oxydant de cette réaction est détruit 
par un traitement à l’alcool et fortement affaibli par l’action des ferments pancréa- 
tiques; il ne peut être assimilé aux polyphénoloxydases. 

M. le Prof. Ed. CLAPARÈDE nous a entretenus de l'application du calcul des 
corrélations à la psychologie. Il propose pour la mesure de divers processus psy- 
chiques une méthode dite « méthode d'ordonnance >, consistant à faire classer, par 
le sujet, une série d'objets susceptibles d’une classification sérielle objective connue 
de l’expérimentateur, et à mesurer, au moyen d'une formule, l'écart entre l’ordre 
véritable et l’ordre établi. 

Nous avons entendu M. le Prof. J.-L. PREVOST parler d’un travail fait sous 
sa direction par M. le D' MAUNOIR et relatif aux mouvements du pylore. Le pylore, 
isolé de l'estomac, présente un rythme régulier qui n’est modifié ni par le jeûne, ni 
par l'alimentation. Ce mouvement que certaines substances telles que la pilocar- 
pine, par exemple, rendent plus sensible, est inhibé au contraire par le chloral et 
par l’atropine. 

:M. Isaac REVERDIN à observé en collaboration avec M. le Prof. PREVOST les 
effets des brûlures produites par les courants électriques industriels. Les auteurs 
admettent que les brülures peuvent, dans certaines conditions, protéger l’organisme 
contre les effets mortels du courant électrique, en augmentant la résistance du 
point où elles se forment. Ils distinguent deux sortes de brülures et les désignent 
sous les noms de brülures par étincelles et brülures par échauffement direct; celles 
de la première forme constituent, pour l'animal vivant, une protection efficace. 


MÉMOIRES 
DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 37, FASCICULE 4, 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE ET PALEONTOLOGIQUE 


DU SALÈVE 


(Haute-Savoie, France) 
PAR 


ETIENNE JOUKOWSKY et JULES FAVRE 


Assistants au Muséum d'Histoire naturelle de Genève 


Avec une carte géologique en couleurs, 29 planches et 56 fiqures dans le texte. 


AVANT-PKOPOS 


Ce travail, commencé en mars 1908, à été achevé en août 1913. M. le profes- 
seur SCHARDT, qui avait lui-même étudié le Salève durant son séjour à (Genève, 
nous poussait à faire une étude détaillée de cette chaine, ayant reconnu que les 
études antérieures étaient incomplètes. D'autre part, depuis longtemps, M. BEDOT, 
directeur du Muséum d'histoire naturelle de Genève, nous engageait à publier une 
description géologique des montagnes des environs de Genève. Ces suggestions nous 
ont décidés à entreprendre une étude détaillée du Salève et des Pitons, en limitant 
nos recherches au territoire figuré sur la carte de PERRON. 

La découverte d’une erreur de date ancienne, concernant la limite des systèmes 
jurassique et crétacé, nous à conduits à pousser aussi loin que possible l’étude 
stratisraphique, qui est particulièrement favorisée par la disposition des couches 
dans la montagne qui nous occupe. On y peut voir, en effet, sur une épaisseur de 
600 mètres, une série horizontale de couches échelonnées de la base dû Kimeridgien 
au Barrémien inférieur, dans des afleurements où les moindres couches sont visibles, 
ce qui permet de prendre des mesures exactes de leur puissance. 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 37 


2906 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


La tectonique, pour simple qu’elle soit, n’en présente pas moins une série de 
faits intéressants où l’on peut voir ses rapports étroits avec la topographie. Nous 
avons largement usé de la photographie. Les contours géologiques ont été tracés, 
pour la plupart, sur des agrandissements qui, exagérant beaucoup l'échelle, permet- 
taient d'autant plus de précision. 

Nous tenons à exprimer ici nos remerciements à M. BEDOT et à M. SCHARDT 
qui nous ont aidés de leurs bons conseils, ainsi qu'à M. F. BOISSONNAS qui a obli- 
geamment exécuté pour nous d'excellentes photographies, dont plusieurs figurent 
dans nos planches. Nous devons aussi des remerciements à MM. GYSIN, PERRIER, 
PErRoT et WEBER, étudiants de l’Université de Genève, qui nous ont indiqué des 
gisements de fossiles ou nous ont aidés à relever des coupes et à recueillir des 
échantillons. 

Enfin, notre reconnaissance est tout particulièrement acquise au Comité de 
publication de la Société de Physique et d'Histoire Naturelle, qui, sur la proposition 
de M. le professeur CHAIX, nous à largement ouvert les crédits nécessaires à une 
riche illustration de notre mémoire. 

Nous donnons à la fin de cette étude une liste chronologique des ouvrages trai- 
tant du Salève. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 207 


CHAPITRE PREMIER 


LEVÉS DES CARTES TOPOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE 


Pour le tracé des contours géologiques, parmi les documents existants, nous 
avions à choisir entre les cartes officielles au 1 : 80.000 et au 1 : 50.000 et la carte 
du Salève au 1 : 25.000 de Ch. PERRON. Les deux premières se sont trouvées inu- 
tilisables, la partie montagneuse y étant traitée d’une façon tout à fait sommaire, 
La carte de PERRON, où les parties rapprochées de (renève sont figurées avée plus 
de soin, a de grosses erreurs dans la région des Pitons et sur tout le versant 
sud de la chaîne, et nous avons été dans l'impossibilité de nous en servir pour 
exprimer la structure géologique. 

Ces considérations nous ont amenés à faire nous-mêmes les correetions néces- 
saires. Celles-ci ont été si nombreuses qu'il a fallu refaire la carte entièrement en 
utilisant seulement certaines données de la carte de PERRON pour la plaine autour 
du Salève. 

Notre carte à été établie au moyen de levés photogrammétriques et de croquis 
pris sur place, Pour le versant NW., trois panoramas de 3 plaques 18 >< 24 chacun 
ont été pris des points suivants : 1° D'une maison de Chêne-Bourg qui figure sur 
la carte Siegfried ; 2° D'un point coté 486 à Landecy, sur la même carte; 3° D'un 
point situé au voisinage de Fort Ste-Catherine, 

Pour le versant SE., le nombre des points de vue utilisés a été de 6 : Beau- 
regard, le Verne, Grange-Gros, le point 844 sur La Muraz, le Vernay et Men- 
thonnex-en-Bornes. 

Les photographies ont été prises avec un objectif double de 338 où 590mm de 
longueur focale, selon l'éloignement du point de vue, sur des plaques 18 >< 24. Le 
nombre total des clichés utilisés est de 28. 

La direction de la ligne axiale des photographies a été mesurée au moyen 
d’une boussole donnant le degré. Cette orientation, qui n'était pas d’une précision 
suffisante, à été corrigée par tâtonnements au moyen des repères trigonométriques 
du Petit Salève et de la Tour des Pitons. 

Le nombre des points photogrammétriques déterminés a été de 700 environ. 


Au "2 


298 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


En outre, pour le figuré du relief, en particulier pour le versant abrupt qui 
regarde Genève, nous nous sommes servis de photographies stéréoscopiques à relief 
exagéré. 

Les contours géologiques ont été tracés sur les photographies elles-mêmes, ce 
qui permettait une grande précision pour les pentes fortes, grâce à la grandeur de 
l'échelle (1 : 6.000 à 1 : 20.000, en gros, pour la partie centrale des clichés). Ce 
procédé a l'avantage de permettre une détermination précise des contours géolo- 
giques, qui peuvent être ensuite repérés photogrammétriquement sur la carte. 

Ces données ont été complétées par des cotes assez nombreuses que nous avons 
prises au baromètre altimétrique compensé de GOULIER. Chaque jour, au départ, 
l'instrument était réglé sur un baromètre à mercure, ramené à zéro, et comparé lui- 
même avec le baromètre étalon de l'Observatoire de Genève. Chaque cote relevée 
était accompagnée de l’indication exacte de l'heure à laquelle la lecture avait été 
faite. Au retour, l'instrument était comparé à nouveau avec le baromètre à mercure. 
La variation était en général trop faible pour qu’on püût en tenir compte. 

Ensuite, le barographe de l'Observatoire nous indiquait la pression à Genève à 
l'instant où une lecture avait été faite sur le terrain. On avait ainsi une différence 
de pression absolue. 

Les causes d'erreur dues à la variation barométrique diurne étaient ainsi for- 
tement atténuées. Elles n'étaient pas supprimées, parce qu'il faudrait pour cela que 
les variations barométriques fussent parallèles dans toute la région. Or nous avons 
constaté que ce parallélisme existait en effet, lorsque les variations barométriques 
étaient régulières, mais par contre, quand il se produisait des sautes rapides, il est 
arrivé que la variation füt inverse à Genève et au Salève, dans le même laps de 
temps. Il n’a pas été tenu compte de cotes qui accusaient de pareilles erreurs. 

Une seconde cause d'erreur provenait des défauts de l’appareil. Nous l’avons 
comparé avec un baromètre à mercure sous la machine pneumatique, et, sur une 
série d'expériences, les divergences se sont produites d’une façon si irrégulière, 
tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, qu'il n’a pas été possible d'établir une 
table de corrections. 

Toutes les mesures qui paraissaient entachées d'erreur ont été supprimées. La 
plupart des points ont été cotés plusieurs fois, et l'altitude adoptée est une 
moyenne. 

Pour la mise au net du dessin, nous avons procédé de la manière suivante. 

Après avoir déterminé au 1 : 25.000, tous les points photogrammétriques et in- 
diqué les routes, les cours d’eau et les villages ainsi que les divers signes convention- 
nels (plongements, dépôts de scories), et les principales parois qui donnent les traits 
caractéristiques de la montagne, nous avons fait faire un cliché, qui a été agrandi 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 299 


de façon à ramener l’échelle au 1 : 25.000, sur papier au bromure. Sur cette épreuve, 
tout ce qui était nécessaire a été repassé à l'encre de Chine. Tout le reste (lignes 
de construction, numéros des points photogrammétriques) a été laissé tel quel. 
Ensuite, l'épreuve à été traitée à l'hyposulfite et au ferricyanure. Toutes les choses 
inutiles ont disparu, ainsi que les taches, qui étaient nombreuses, et, sur le fond 
blanc parfait que donne le papier au bromure, les hachures ont été tracées et le 
dessin complété. 

Le résultat obtenu représente, nous semble-t-il, un progrès très sensible sur 
les cartes préexistantes. Sans prétendre, d’ailleurs, qu'une carte levée comme il 
est dit plus haut puisse en aucune façon remplacer un document topographique 
exact, nous croyons néanmoins apporter une preuve de la possibilité de faire des 
levés géologiques à une échelle relativement grande, et de dessiner une carte qui 
donne une expression satisfaisante des rapports intimes qui unissent la géologie et la 
topographie. Nous croyons qu'il n’est pas nécessaire, pour entreprendre une étude 
géologique détaillée et à grande échelle, d'attendre que les services officiels aient 
exécuté de nouvelles cartes à une échelle plus grande que celles dont on dispose 
aujourd’hui. 


CHAPITRE II 


STRATIGRAPHIE 


Les terrains du Salève se prêtent admirablement à une étude stratigraphique 
détaillée. La face sud-ouest de cette montagne, très abrupte, est formée dans sa 
partie moyenne et supérieure de couches horizontales qui n’ont pas 6té dérangées. 
Grâce aux ravins escarpés et dénudés taillés dans cette paroi, tous les banes, même 
les lits marneux minces, sont assez facilement accessibles. Il nous à done été possible 
de faire des relevés détaillés exacts dans les endroits suivants : 

A la Grande Varappe (pl. 10, fig. 3) pour le Portlandien supérieur, le Pur- 
beckien, l’Infravalanginien et la partie inférieure de l'Hauterivien ; 

A la Petite Gorge pour la partie supérieure de l'Hauterivien et le Barrémien 
inférieur ; 


300 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Dans la région des Etiollets, des Etournelles et du Sphinx pour le Kimerid- 
gien, le Portlandien et le Purbeckien. 

Nous avons encore relevé soigneusement des coupes à la carrière d’Aiguebelle 
au Petit Salève, pour le Purbeckien, et au gisement classique de l’Infravalanginien 
des carrières de Monnetier. 

Nous ne nous sommes pas contentés d'examiner les roches sur place, mais 
chaque fois qu'un banc différait un peu de celui qui le précédait nous en avons 
pris un échantillon qui a été poli et étudié à la loupe, et si cela était nécessaire, 
mis en coupe mince et examiné au microscope. Il a été formé ainsi une collec- 
tion de plus de 700 échantillons de roches dont 300 environ ont été mis en coupe 
mince. Cette collection est déposée au Muséum d'histoire naturelle de Genève. 

La mesure de la puissance du Valanginien, de l’Infravalanginien, du Purbec- 
kien et du Portlandien a pu être faite avec beaucoup de précision dans les couches 
horizontales de la Grande Varappe, où il était possible de suspendre un cordeau 
divisé au sommet des parois et de lire ainsi directement les épaisseurs. Un contrôle 
au baromètre a du reste aussi été fait. 

La puissance de l'Hauterivien et du Kimeridgien n’a pu être estimée de cette 
façon. Pour le premier de ces étages nous avons employé le baromètre. Pour le 
Kimeridgien, nous avons mesuré exactement au cordeau la hauteur de la paroi 
supérieure des Etiollets qui forme la partie la plus élevée de l’étage, puis, sur une 
photographie de l’escarpement prise à une grande distance (du Beulet), cette 
mesure nous à servi de base pour évaluer la puissance totale. 

Pour désigner certaines structures que les noms anciens ne suffisaient pas à 
caractériser, nous avons adopté le terme de microbrèche en nous basant sur l’exa- 
men microscopique. L'étude d’un grand nombre de coupes nous a montré, en effet, 
que des calcaires qu’on serait tenté, après les avoir examinés à l’œil nu ou à la loupe, 
de désigner de façons diverses (calcaires oolitiques fins, calcaires sublithographiques) 
se résolvaient nettement au microscope en une structure bréchoïde, leur masse étant 
formée de très petits cailloux calcaires, cimentés par une vase calcaire fine. Ces 
cailloux ont souvent conservé des formes anguleuses, avec des angles peu usés. On 
a alors une véritable microbrèche. Si les cailloux sont fortement arrondis, la roche 
tend vers la structure oolitique, et est désignée sous le nom de microbrèche ooliti- 
que. Il importe de remarquer qu’on n’y trouve pas d’oolites à structure concen- 
trique, ce qui justifie une distinction entre ces roches et les véritables calcaires 
oolitiques. Dans les microbrèches les cailloux sont souvent remplacés par des 
débris d'organismes, et sont alors désignées sous le nom de mmicrobrèches z00- 


gènes. 


sf 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 301 
JURASSIQUE 
KIMERIDGIEN 


Les caractères de cet étage sont donnés d’une façon sommaire dans la coupe 
fig. 1, mais nous pensons qu'il est utile d'étudier avec plus de détails les complexes 
de couches dont est formé ce terrain. 


Calcaire récifal blane, non stratifié. 


Microbrèches calcaires zoogènes, gris brun, grises ou blanches, parfois 
un peu spathiques. 

Calcaire dolomitique gris, grenu. 

Microbrèche zoogène gris clair à Zeilleria hameralis. 

Calcaire gris à rognons de silex. 

Calcaire dolomitique tendre, gris à taches ocreuses, 


Calcaire gris à rognons de silex. 


c) Calcaire récifal gris clair à Cidaris glandifera, Thiolliericrinus 
heberti. 

b) Brèche à galets anguleux coralligènes et à ciment rouge brique ou 
jaune rouge. 

a) Calcaire gris brun ou gris clair, finement grenu à Zeilleria hume- 
ralis, Terebratula bauhini, Rhynchonella pinguis. 


Fig. 1. — Coupe du Kimeridgien aux Etiollets, Echelle 1 : 2.000. 


302 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Complexe n° 1. «) Calcaires gris clair à gris brun, finement grenus, à 
pâte calcaire englobant de très petits cristaux rhomboédriques de calcite. Le plus 
souvent ces calcaires ne présentent aucune trace d'organismes ; parfois cependant, 
ils passent à une microbrèche zoogène à débris d'organismes variés et à rares 
Foraminifères. Les Brachiopodes sont assez abondants à la partie supérieure de 
cette assise, mais ils sont mal conservés. Ce sont : 

Terebratula bauhini Et. 

T. insignis Schübl., forme tres voisine de 7! tichaviensis Suess. 

T'. intermédiaire entre T!. formosa Suess et T. cotteaui H. Douv. 

Zeilleria humeralis (Rœm.). 

Rhynchonella pinguis Rœm. 

b) Les calcaires précédents passent à une brèche à ciment jaune rouge, deve- 
nant rouge brique lorsqu'il est mouillé. Les galets de cette brèche sont blanes, irré- 
guliers, non arrondis, constitués par une microbrèche calcaire zoogène à débris 
plus ou moins roulés de Coraux, Bryozoaires, Mollusques, etc. Le ciment se résout 
au microscope en une pâte microcristalline ou vaseuse englobant de nombreux 
petits rhomboëdres de calcite à zones alternativement pures et imprégnées de limo- 
nite, Cette brèche n’a pas une épaisseur constante et elle n’est pas nettement déli- 
mitée ni à sa base, ni à son sommet. 

c) Calcaire récifal gris clair, un peu crayeux, dont les Coraux et autres débris 
d'organismes sont fortement roulés. Les Foraminifères y sont assez abondants. Les 
cristaux rhomboédriques de calcite sont disséminés dans toute cette assise. Nous 
avons recueilli à ce niveau : 
Thiolliericrinus heberti (de Lor.). 

Cidaris glandifera Münst. 
Pachymytilus aff. obtusus n. sp. 
Matheronia sp. en mauvais état. 


Complexe n° 2. Calcaires gris, finement grenus ou presque compacts, cons- 
titués par une microbrèche zoogène parfois très fine. Les Foraminifères qui font 
défaut dans certaines couches sont assez abondants dans d’autres. Des rognons de 
silex de forme irrégulière sont disséminés dans tout ce complexe sans être abon- 
dants. Leur taille est très variable, le plus grand que nous ayons observé avait près 
d’un demi-mètre de diamètre maximum. 


Complexe n° 3. Calcaire dolomitique finement grenu, tendre, gris, à taches 
ocreuses. Au microscope il est formé d'une pâte microcristalline où abondent 
les petits rhomboèdres de calcite. Il n'y a aucune trace d'organismes dans ce com- 
plexe qui forme un retrait accusé dans la paroi de rochers des Etiollets. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 303 


Complexe n° 4. Calcaires à rognons de silex identiques à ceux du com- 
plexe n° 2; les silex sont cependant plus rares. 


Complexe n° 5. Microbrèche zoogène calcaire, gris clair à Zeilleria hume- 
ralis Rœm. abondant mais en mauvais état. 


Complexe n° 6. Calcaires dolomitiques grenus. 


Complexe n° 7. Bancs de microbrèche zoogène brune ou gris brun à la 
base, devenant blanche au sommet, parfois un peu spathique. Les Foraminifères 
y sont assez peu abondants. Le ciment de cette microbrèche est soit compact, 
vaseux, soit formé de grandes plages de calcite. 


Complexe n° 8. L'assise précédente passe insensiblement à un calcaire 
récifal blanc, non ou très mal stratifié, où les Coraux, parfois en gros buissons 
abondent et donnent souvent à la roche un aspect saccharoïde. Les autres orga- 
nismes contenus dans ce calcaire ne peuvent s’extraire facilement; nous avons 
reconnu des Diceras, Spondylopecten globosus Quenst. emend. Phil., Rhynchonella 
astieriana d'Orb. 

La partie inférieure du Kimeridgien (n° 1 à 7 de la coupe) n’a été mise à jour 
qu'aux Etiollets pres du Coin, grace au décrochement transversal de la chaîne à 
cet endroit. L'épais massif de calcaires récifaux qui forme la partie supérieure de 
l'étage est, au contraire, visible ailleurs ; il forme les grands escarpements situés 
entre les rochers du Coin et la Varappe, ceux qui dominent Pomier et une partie 
de ceux qui avoisinent le Pas de l’Echelle. 

Les limites supérieure et inférieure du Kimeridgien du Salève n’ont pu être 
déterminées directement, la faune que nous avons pu recueillir étant peu abondante 
et peu significative. Heureusement, les travaux de BOURGEAT, DE RIAZ, REÉVIL, ont 
montré que, dans tout le Jura méridional depuis la Faucille jusqu’au delà de Cham- 
béry, un niveau de calcaires à silex se trouve avec une remarquable constance à la 
base ou près de la base du Ptérocérien. Il n’est pas douteux que ce soient ces mêmes 
calcaires qui se retrouvent au Salève. Il reste encore à déterminer si les couches 
situées au-dessous de ces calcaires à silex (n° 1 de notre coupe) doivent encore être 
classées dans le Ptérocérien. En général, dans le Jura méridional, il se trouve une 
assise assez épaisse de calcaires entre les couches à silex et les derniers bancs à 
Perisphinctes polyplocus (Rein.) du Séquanien supérieur, de sorte que notre complexe 
n° 1 doit peut-être encore faire partie du Kimeridgien. C’est d'autant plus pro- 
bable que, parmi les fossiles recueillis à ce niveau, Thiolliericrinus heberti de (Lor.), 
Cidaris glandifera Münst., Pachymytilus cfr. obtusus n. sp, Matheronia sp. ne 


MÉM. 80C. PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 38 


304 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


sont connus que des étages plus récents que le Séquanien. La limite supérieure 
du Kimeridgien de même ne peut pas être déterminée directement, mais nous 
avons montré, dans la partie paléontologique’de ce travail, que les couches qui se 
placent immédiatement au-dessus du grand massif coralligène, que nous attribuons 
au Kiméridgien supérieur, appartiennent au Tithonique inférieur. Il se pourrait, il 
est vrai, que ce grand massif coralligène appartint en partie encore au Tithonique 
inférieur, mais, en l'absence de toute preuve, nous préférons placer notre limite là 
où un léger changement de facies s’est produit, 


Comparaison avec les régions voisines. BOURGEAT, dans plusieurs de ses 
travaux, et surtout dans ses Recherches sur les formations coralligènes du Jura 
méridional, a montré que le facies coralligène occupe des niveaux de plus en plus 
élevés dans le Ptérocérien lorsque, de la partie occidentale des départements du 
Jura et de lAïn, on se dirige vers le Sud-Est. On voit ainsi, suivant cette 
direction, les marnes à Pleroceras oceuni Brongn., Ceromya excentrica Rœm., Pho- 
ladomya protei Brongn., du Ptérocérien, puis les calcaires compacts ou dolomitiques 
du Virgulien atteints graduellement par le facies coralligène, si bien que, dans la 
dernière chaîne orientale de cette partie du Jura, les marnes à Ostreavirgula Goldf. 
ont même parfois fait place aux formations coralliennes. Cet envahissement des 
niveaux supérieurs du Malm se continuait au Salève, puisque toute la partie supé- 
rieure du Kimeridgien y forme un puissant massif récifal des mieux caractérisés. 
Les marnes à Ærogyra virgula font ici complètement défaut et nous verrons plus 
loin que même tout le Portlandien inférieur possède aussi un facies coralligène 
typique. 

Dans plusieurs points du Jura méridional, BOURGEAT (loc. cit.) a aussi observé 
que là où les niveaux coralliens se sont élevés au sommet de l'étage, les assises infé- 
rieures n'ont pas, en général, conservé un facies récifal, mais un facies à calcaire 
compact où grenu où même à calcaire dolomitique. La même constatation peut être 
faite au Salève, où, dans toute la partie inférieure du Kimeridgien, on n’observe 
qu'une très faible enclave coralligène à la partie supérieure du complexe n° 1 de 
notre coupe. 

Dans les parties du Jura savoisien les plus proches du Salève, le Kimeridgien 
présente une succession d'assises ayant la plus grande analogie avec celle de notre 
chaine. RÉVIL (206, p. 446-455) donne une coupe du Mont du Chat que nous résu- 
mons de la façon suivante. Au-dessus des marno-calcaires à Oppelia tenuilobata et 
à Perisphinctes polyplocus on observe : 

a) 60 mètres de calcaires foncés, à rognons de silex apparaissant à partir de 
25 mètres de la base. 


* CNP NS, 
hat à F 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 305 


b) 15 mètres de dolomie grenue. 

c) 6 mètres de calcaire grisätre, saccharoïde en gros bancs. 

d) 3 mètres de calcaire légèrement dolomitique. 

e) 2 mètres de calcaire blond suberayeux à Polypiers. 

{) 68 mètres de calcaires coralligènes variés à Dicératidés et Nérinéidés. 

9) T mètres d’un complexe formé de calcaires marneux, calcaires dolomitiques, 
calcaires grisâtres et calcaires blonds spathiques. 

L’analogie est donc fort grande, sauf en ce qui concerne la dernière assise, 9, 
qui n'a pas été envahie par le facies coralligène: 

L'épaisseur du Kimeridgien du Salève, tel que nous l'avons défini, atteint 253", 
épaisseur très considérable, comparée surtout à celle qui a été mesurée dans les 
départements de l’Aïn et du Jura et qui ne dépasse pas 130 mètres. La coupe du Jura 
savoisien, que nous résumons plus haut, à une puissance déjà plus grande, soit 161 
mètres. Nous sommes cependant certains de n'avoir pas commis d'erreur sensible 
dans nos mesures. 

Il nous reste encore à ajouter que les dépôts kiméridgiens de la chaine du 
Salève se sont effectués dans un bassin à sédimentation extrêmement tranquille, 
les apports détritiques littoraux étant à peu près nuls. Dans le nombre assez grand 
de coupes minces des différentes couches de l’étage, que nous avons étudiées au 
microscope, nous n'avons pas observé un seul de ces petits grains de quartz qui sont 
si abondamment représentés dans la plupart des roches sédimentaires. De plus, 
l'argile, dans les couches qui paraissaient en contenir le plus ne dépasse pas le 1 °/,. 

Le « Calcaire corallien >» de A. FAVRE [104, $ 217, p. 255|, partie inférieure, 
correspond au massif coralligène du Kiméridgien supérieur. 


PORTLANDIEN 


La coupe que nous donnons de cet étage (fig. 2) a été relevée au haut des 
Etiollets pour la partie inférieure et sur l’Eperon de la Varappe pour la partie su- 
périeure. 

Au Salève, le Portlandien est divisé en deux parties de composition assez diffé- 
rente par un banc de calcaire très particulier que nous décrirons plus loin et que 
nous avons appelé calcaire moucheté. 


Portlandien inférieur (n° 1 de la coupe). On peut y distinguer de bas en 
haut : 

a) Brèche coralligène blanche, parfois oolitique, à faune riche, exploitable loca- 
lement quand la roche devient un peu crayeuse. C’est ce niveau que nous ayons 


306 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


appelé couche à Matheronia salevensis dans la partie paléontologique de cette 
étude, car ce fossile y est particulièrement abondant et caractéristique. Voici la 
liste des espèces qui ont été recueillies dans cette couche : 


Calcaire oolitique gris clair à oolites parfois très grosses. 


Calcaire compact gris clair. 


Calcaire oolitique, compact par places. 


Calcaire compact en plaquettes, gris clair. 


Calcaire oolitique gris clair, moucheté à la base. 


Calcaire moucheté, accompagné par places de calcaires dolomiti- 
, pagne par } 
ques et de calc. compacts. 


c) Brèche zoogène oolitique blanche, fine, à lentilles de brèche ooli- 
tique à très gros éléments (Grosse oolite) contenant Nerinea 
hoheneggeri, N. binodosa, Ptygmatis pseudobruntrutana, Di- 
tretus nodoso-striatus, ete. 


b) Calcaire récifal blanc. 


a) Brèche corallienne blanche, à riche faune : Ptygmatis pseudo- 
bruntrutana, P. meneghini, Phaneroptyxis rugifera, Neri- 
nea jeanjeani, N. hoheneggeri, Oonia amygdaloides, Valletia 
antiqua, Matheronia salevensis, Diceras speciosum, etc. 


Fig. 2.— Coupe du Portlandien aux Etournelles et à la Grande Varappe. Echelle 1 : 400. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 307 


T'hiolliericrinus heberti (de Lor.). 
Cidaris carinifera Ag. 
Pedina salevensis n. Sp. 
Pedina sublaevis Ag. 
Hemicidaris stramonium Ag. 
Pseudocidaris suberenularis Gauth. 
Acropeltis aequituberculata Ag. 
Codiopsis lorini Cott. 
Echinobrissus salevensis de Lor. 
Pyrina icaunensis (Cott.). 
Pseudodesorella orbignyana (Cott.). 
Rhynchonella astieriana d'Orb. 
Zeilleria lugubris (Suess). 
Zeilleria mayasiformis (Zeuschn.). 
Zeilleria humeralis (Ræm.). 
Megerlea pectuneuloides (Schloth.). 
Megerlea petersi Hohenegg. 
Megerlea aff. loryi Pict. 
Terebratula moravica Glock. 
Terebratula formosa Suess. 
Terebratula insignis Schübl. 
Terebratulina substriata (Schloth.). 
Alectryonia hastellata (Schloth.). 
Pecten aff. nebrodensis G. Gemim.et di 
Blasi. ; 
Pecten subspinosus (Schloth.). 
Pecten (Spondylopecten) globosus Quenst. 
emend. Phil. 
Spondylus pictetianus (de Lor.). 
Lima (Plagiostoma) thisbe de Lor. 
Lima (Plagiostoma) erctensis @. Gemm. 
Lima (Limatula) salevensis de Lor. 
Mytilus subornatus Et. 
Pachymytilus obtusus n. Sp. 
Arca (Barbatia) gracilicostatu n. sp. 
Isoarca cfr. eminens Quenst. 
Corbis valfinensis de Lor. 
Diceras speciosum Münst. 
Matheronia salevensis n. Sp. 
Valletia antiqua n. sp. 
Cardium (Pterocardia corallinum 
Leym. var. ralfinense Rollier. 
Isocardia bernardina (4'Orb.). 
Astarte studeri (de Lor). 
Pleurotomaria multiformis Zitt. 
Ditremaria salevensis n. Sp. 


Ditremaria carinata Zitt. var. elegans. 
n. var. 

Trochotoma mastoidea (Et.) 

Trochus (Discotectus) massalongoi G. 
Gemm. 

Turbo (Senectus) salevensis n. Sp. 

Pileolus minutus Pitt. 

Seurriopsis salevensis de Lor. 

Patella modesta n. sp. 

Natica( Amauropsis) fourneti Guir. et Og. 

Eunaticina quirandi de Lor. 

Eunaticina heterostriata n. sp. 

Narica mortilleti (de Lor:.). 

Pseudomelania flexicostata Zitt. 

Oonia amygdaloides (Zitt.) 

Purpuroidea tschani Ooster. 

Petersia salevensis n.sp. 

Petersia corallina n. sp. 

Brachytrema filigrana n. sp. 

Ditretus nodoso-striatus (Peters.). 

Ditretus salevensis (de Lor.). 

Zittelia oppeli (Et.). 

Zittelia picteti G. Gemm. 

Nerinea robusta n. sp. 

Nerinea jeanjeani Roman. 

Nerinea hoheneggeri Peters. 

Nerinea grata n. sp. 

Nerinea paucicostata n. Sp. 

Nerinea? dilatata d'Orb. 

Phaneroptyæis moreana (4'Orb.). 

Phaneroptyxis rugifera (Zitt.). 

Phaneroptyæis staszycii (Zeuschn.) 
var. proboscidea Cossm. et helvetica(Zitt.). 

Phaneroptyxis nogreti (Guir. et Og.). 

Phaneroptyæis multicoronata (Zitt.). 

Phaneroptyæis renevieri (de Lor.). 

Itieria cabanetiana (Math.) var. globosa 
n. var. 

Ptygmatis meneghini G. Gemm. 

Ptygmatis quinqueplicata G. Gemm. 

Cryptoplocus depressus (Voltz.). 

Cryptoplocus succedens Zitt. 

Cryptoplocus excavatus n. Sp. 

Aptyviella rustica n. sp. 

Pseudonerinea clio (d'Orb.). 

Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. 


Nous démontrerons, dans la partie paléontologique de cette étude, que cette 
faune peut être attribuée au Tithonique inférieur. Les principaux gisements fossi- 


308 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


lifères que nous avons exploités dans cette assise se trouvent au haut de la paroi 
des Etiollets et au sommet de celle qui domine le sentier de Chavardon (voir pl. 9). 

b) L’assise précédente passe insensiblement à un calcaire récifal blanc, sou- 
vent un peu crayeux, contenant encore comme la couche précédente Diceras spe- 
ciosum et quelques Nérinéidés. Il est très mal stratifié et très souvent couvert de 
végétation. 

c) Ces calcaires passent graduellement à une brèche calcaire zoogène ooliti- 
que dont les débris parfaitement roulés atteignent en général la grosseur d’un grain 
de chanvre. Cette brèche oolitique est très délitable et se débite sous l'influence 
des intempéries en plaques et en prismes, de sorte que l’assise présente des exca- 
vations parfois assez profondes au pied de la paroi verticale du Portlandien supé- 
rieur, Ce phénomène est surtout caractérisé dans la région du cirque de Chavardon 
et de la gorge de la Mule, Ces couches montrent, en outre, irrégulièrement dissé- 
minées dans leur masse, des lentilles d’une brèche coralligène à gros éléments for- 
més de débris de Coraux, de Diceras, de Nérinées et autres Mollusques des récifs. 
En général, tous ces restes d'organismes sont roulés, de sorte que la roche prend 
l'aspect d’une grosse oolite dont les éléments atteignent la dimension d’une noi- 
sette où d’une noix. Localement, ces lentilles contiennent des fossiles fort bien 
conservés dont voici la liste : 


Corbis valfinensis de Lor. Nerineu hoheneggeri Peters. 
Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. Nerinea thurmanni Et. 
var. valfinense Rollier. Nerinea? sphinæi n. sp. 
Nerita (Lissochilus) tithonica n. Sp. Phaneroptyxris staszycii (Zitt.) 
Gymnocerithium ? involvens (Zitt.). var. typica (Zitt.). 
Ditretus nodoso-striatus (Peters). Ptygmatis pseudobruntrutana G. Gemm. 
Ditretus consobrinus n. sp. Aptyxiella rustica n. sp. 
Nerinea binodosa Et. Pseudonerinea clio (d'Orb.). 
Nerinea robusta n. sp. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. 


Nerinea salevensis de Lor. 


Ces lentilles de grosse brèche oolitique peuvent s’observer le mieux au pied 
du Sphinx, dans la Gorge de la Mule, entre l’'Evorse et le Saut Gonet et sur les 
deux rives de la Grande Gorge. Toutefois, tous ces gisements ne sont pas très faci- 
lement accessibles. Dans la partie paléontologique de ce travail nous avons souvent 
appelé cette brèche oolitique grossière Grosse oolite. 


Calcaire moucheté. Le Portlandien inférieur est séparé du Portlandien 
supérieur par un banc de microbrèche zoogène gris jaunâtre, à petites taches gris 
bleu foncé d’un aspect très caractéristique et que nous avons appelé calcaire mou- 


. Ü [4 
MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 309 


cheté. Les taches qu'il présente sont dues à une pigmentation de très petits grains 
de pyrite en voie de transformation en limonite. 

Ce banc, qui sépare deux complexes oolitiques fort semblables quand ils sont 
comprimés, ne dépasse pas 30° parfois, mais il est très constant dans toute l'étendue 
du Grand Salève et nous a été d’une grande utilité, grace à son aspect tout parti- 
culier, Sans sa présence, il aurait été presque impossible de déterminer avec pré- 
eision les dislocations qui affectent le genou du pli du Grand Salève. 

Parfois, comme au Sentier des Bûcherons inférieur, au lieu dit « le Canapé >» 
et le long du sentier de la Corniche, entre l'Evorse et le Saut Gonet, ce banc de 
calcaire moucheté est accompagné de quelques bancs de calcaire compact, souvent 
plaqueté et de banes dolomitiques pouvant être marneux. Ainsi, nous avons relevé 
la coupe suivante au Canapé : 

n) Calcaire oolitique blanc du Portlandien supérieur. 

m) Calcaire gris jaunätre compact 0,90. 

l) Banc de calcaire dolomitique grenu 1". 

k) Marne dolomitique gris foncé 0,20. 

j) Calcaire compact dolomitique 1%, 

h) Banc de brèche calcaire zoogène, un peu moucheté, devenant compact à la 
base 0%,60. 

g) Calcaire compact gris clair 0,70. 

f) Banc de calcaire, moucheté à la partie supérieure et compact à la base 1m. 

e) Calcaire compact gris clair, moucheté à la base 1%, 

d) Calcaire gris compact 1,80. 

c) Calcaire dolomitique un peu saccharoïde gris jaunâtre 0,60. 

b) Banc de calcaire moucheté typique 0,80. 

a) Brèches zoogènes calcaires oolitiques du Portlandien inférieur. 

Le calcaire moucheté peut être vu avec le plus de facilité sur le sentier même 
de la Grande Gorge, au point le plus oriental de son grand lacet. En cet endroit, les 
bancs ont la même inclinaison que la pente de la montagne. 


Portlandien supérieur. Il est formé de calcaires oolitiques bien lités, 
durs, les oolites étant de grosseur fort variable suivant les bancs. Il s’intercale 
dans ce complexe, à plusieurs reprises, des bancs de calcaire compact gris clair ou 
jaune clair. Souvent aussi, à l’intérieur d’un même banc, on voit des alternances de 
parties compactes et de parties oolitiques. 

Le Portlandien supérieur présente quelques particularités locales. Aïnsi, il 
arrive parfois que des lentilles de brèche zoogène à gros débris roulés, tout à fait 
analogue à celle que nous avons signalée dans le Portlandien inférieur, se retrouvent 


310 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


à ce niveau. C’est le cas, par exemple, au bord du Sentier des Bûcherons inférieur, 
dans le voisinage du Petit Détroit. Aïlleurs, en plusieurs endroits, un calcaire 
récifal à gros buissons de Coraux réapparaît une dernière fois dans le jurassique. 
Aux Etournelles, près de la grotte de la Table, un banc est pétri de Nérinées qu’on 
ne peut pas extraire. Enfin, à la base de la paroi d’Archamps, où la partie tout à 
fait supérieure de létage est seule visible, il existe un banc formant un retrait 
où abonde une Actæonina très voisine de À. acuta d'Orb., mais de taille plus petite. 

Au point de vue topographique, les deux parties du Portlandien se comportent 
tout à fait différemment. Le Portlandien inférieur, formé d’un calcaire récifal assez 
tendre, souvent un peu crayeux, et de brèche oolitique facilement délitable, forme 
toujours une pente assez douce recouverte en général de végétation. Le Portlandien 
supérieur, au contraire, grâce à ses calcaires oolitiques durs, forme presque toujours 
une paroi très abrupte qu’on peut observer sur toute la face NW. du Grand Salève. 


Comparaison avec les régions voisines. Dans tout le Jura central et méri- 
dional, le Portlandien est formé de marno-calcaires à Cyrena rugosa (Sow.) et 
Cyprina brongniarti Rœm., de calcaires à Pachyceras gigas (Ziet.), à Nerinea 
trinodosa Volz, de calcaires compacts et de calcaires dolomitiques; il ne montre 
qu'exceptionnellement des enclaves oolitiques ou coralligènes. Dans la chaine du 
Salève, au contraire, le facies récifal a franchement envahi tout le Portlandien 
inférieur et le facies oolitique règne dans la partie supérieure de l'étage ; il n'existe 
que localement un faible épisode dolomitique qui rappelle ceux du Jura, C’est 
jusqu'à l'Echaillon qu'il faut aller pour retrouver un Portlandien exclusivement 
coralligène, plus même qu'au Salève. Une fois de plus, la théorie de CHOFFAT et de 
BOURGEAT du déplacement vers le sud des récifs à travers les étages du Jurassique 
supérieur est vérifiée. 


PÜRBECKIEN 


Le Purbeckien montre un fort beau développement au Salève, et les affleure- 
ments qu'il présente, au milieu des couches horizontales formant l’escarpement de 
cette montagne, sont probablement les plus beaux et les plus étendus de tous ceux 
de la région jurassienne. Il nous à donc été possible de relever des coupes très 
détaillées où les moindres lits de marne ont pu être examinés. Nous donnons les 
relevés de deux de ces coupes : l’une (fig. 3 et 4) prise aux Etournelles, au-dessus 
du Coin, et l’autre (fig. 5), au-dessus du passage à niveau, près d’Aiguebelle, au 
Petit Salève. Ces deux coupes ont l’avantage de faire connaître le Purbeckien aux 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 311 


13. Calcaire oolitiqueà Foraminifères et à brèche à cailloux multicolores 
à la base. 


Calcaires lithographiques gris à cailloux multicolores disséminés. 


12. Calcaires oolitiques à Foraminifères et brèche à cailloux multicolores. 


11. Grande brèche à cailloux multicolores, à ciment à Foraminifères et à 
organisme B. . 

10. Fine oolite calcaire sans organismes. 

9. Marne plaquetée à fissuration prismatique de dessiecation. 


8. Calcaires lithographiques ou sublithographiques gris sans organismes, 
sauf des Foraminifères à la base. 


. Calcaires oolitiques fins à Foraminifères. A la base, brèche à petits 
cailloux multicolores et à organisme B. 


6. Calcaires oolitiques fins à Foraminifères, brèche à cailloux multicolo- 
res à la base. 


5. Calcaires oolitiques à Foraminifères, parfois lithographiques. 


4, Marne à chloropale et à cailloux calcaires. 


3. Fine oolite grise à Foraminifères. 


2. Marne à petits cailloux calcaires. 
1. Calcaire oolitique gris et conglomérat calcaire à petits éléments, 


Fig. 3. — Coupe du Purbeckien, partie inférieure, relevée aux Etournelles. Echelle 1 : 125. 


© 
© 


MÉM, SOC. PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 


JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


. Marne grise, à rognons de calcaire compact à Chara; calcaire compact 
à Chara, Cypris, passant à la base à une brèche à petits cailloux mul- 
ticolores. 


26. Calcaire grumeleux, compact, à cavités remplies de marne grise à Pla- 


RES ER ES 
TS CUT CIN 

I CT ET ET) 
TT ET ET 


norbis loryi, Natica sp., moules internes de Lamellibranches ma- 
rins. 


. Calcaires en plaquettes, compacts, sans traces d'organismes autres que 
de très rares Cypris. Minces bancs de marne au sommet et à l’inté- 
rieur de ce complexe. 


. Calcaire lithographique à Cypris. 


. Calcaire lithographique grumeleux à Cypris. 


Calcaires lithographiques à Cypris, en bancs minces, parfois versicolo- 
res, séparés par de minces couches marneuses. 


. Calcaire plaqueté sublithographique versicolore à Chara. 


Calcaire sublithographique à Chara, Cypris. 


. Calcaires sublithographiques sans organismes, devenant plaquetés et 
marneux à la base. 


. Marne grise, à petits cailloux à Chara. 


Marno-calcaires, calcaires sublithographiques et marne. Brèche à petits 
cailloux multicolores à plusieurs niveaux. Valvata helicoides, 
Chara, Pycnodus. 


. Calcaire oolitique à Foraminiféres. 


. Calcaires lithographiques ou sublithographiques à Chara, plaquetés 
et à délits marneux dans le milieu du complexe. 


. Marne à cailloux multicolores et à Chara. 


5. Calcaire lithographique à Chara à la partie supérieure. 


. Calcaire blanc oolitique à organismes A et B, compact, sublithogra- 
phique à la partie inférienre et montrant à sa base une brèche à cail- 
loux multicolores. 


Fig. 4. — Coupe du Purbeckien, partie supérieure, relevée aux Etournelles. Echelle 1 : 125. 


EE RS 
RE TPE EU (PE 
[42 51m [vaut] 
m 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 313 


Fig. 5. — Coupe du 


. Fine oolite gris 


. Marno-calcaire et calcaire sublithographique à Foraminifères. 


. Marnes grises à cailloux multicolores et calcaires sublithographiques. 


. Marne gris foncé à rognons calcaires et à Aphanoptyxis variabilis, 


Nerinea minima, Exelissa septemplicata, Natica hemispherica, 
Corbula forbesi, ete. 


. Calcaire sublithographique gris, tacheté de noir, à Foraminifères et 


à organisme À. 


26. Calcaire sublithographique gris à Chara. 
25, Marne gris foncé à cailloux multicolores, à Foraminifères, Peris- 


phinctes lorioli et organisme A. 


. Calcaire sublithographique gris à très nombreux organismes A. 
3. Calcaire sublithographique à Chara. 


Marne grise à cailloux calcaires versicolores, à Chara, Valvata helicoi- 
des, Planorbis loryi, Cypris, et un banc intercalé de calcaire à Chara. 


. Calcaire sublithographique gris à Foraminifères. 


. Brèche calcaire à cailloux multicolores et à Chara. 
. Calcaire lithographique gris à Chara et à organisme A. 


. Calcaire marneux, schisteux, sans organismes, 
. Calcaire lithographique gris jaunâtre sans organismes, 


i. Calcaire marneux gris et calcaire lithographique gris à Chara. 


. Calcaires lithographiques gris, marneux par places, dépourvus d’orga- 


nismes. 


. Marno calcaire à cailloux multicolores et à Ghara, 
3. Calcaire lithographique gris à Chara. 
. Calcaire lithographique sans organismes. 


. Calcaire lithographique gris à Chara. 


Calcaire lithographique gris sans organismes. 


. Calcaire lithographique gris clair à innombrables Cypris, à Chara, à 


organisme B et à Foraminifères. A la base, brèche calcaire à cuil- 
loux multicolores, à Foraminifères et à organisme A. 


air à Foraminifères et à organisme A. A la base, 
marne gris foncé à petits cailloux. 


. Calcaires sublithographiques gris à Foraminifères 
i. Partie supérieure : brèche à cailloux multicolores et à ciment concré- 


tionné à Charaet Cypris ; partie moyenne: microbrèche à Forami- 
nifères ; partie inférieure: brèche à ciment marneux et à cailloux 
multicolores. 


. Calcaires lithographiques gris à PForaminifères à la base. 
. Calcaire oolitique fin ; les oolites sont formées par l'organisme B. 


. Calcaire lithographique gris à Foraminifères et à organisme A. 


. Grande brèche à cailloux multicolores et à ciment à Foraminifères. 
. Très fine oolite sans organismes. 


Purbeckien aux carrières d'Aiguebelle. Echelle 1 : 125. 


314 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


deux extrémités de la chaîne du Grand Salève. La seconde, cependant, n’atteint pas 
la base de l'étage. Une troisième, très détaillée également, a été établie dans la 
Gorge de la Grande Varappe; nous ne la publierons pas ici, car elle est à peu près 
identique à celle des Etournelles. 

Les premières couches que nous plaçons dans le Purbeckien ne différent pas 
pour une grande part de celles du Portlandien supérieur. Ce sont des calcaires 0oli- 
tiques bien lités, gris jaunâtre, où les Foraminiferes sont assez abondants. Parfois 
aussi, des calcaires compacts lithographiques se rencontrent parmi les autres. Si 
nous séparons du Portlandien ces couches qui sont exciusivement marines, c’est 
qu'il s’y intercale à plusieurs reprises des brèches à cailloux multicolores que nous 
étudierons plus loin et qui se retrouvent jusqu'au sommet même du Purbeckien. 
Ces formations curieuses sont fort probablement liées aux phénomènes qui ont 
amené l’émersion d’une grande partie du Jura à cette époque. 

La plus belle de ces brèches à cailloux multicolores, que nous avons appelée 
grande brèche (n° 11 de la coupe fig. 3 et n° 2 de celle fig. 5), se poursuit avec 
les mêmes caractères sur une assez grande étendue, du Petit Salève à la paroi 
d'Archamps; elle nous servira de point de repère, car la coupe d'Aiguebelle n’atteint 
pas le Portlandien. Cette grande brèche est située à 16 mètres au-dessus de la base de 
l'étage; les premières couches d’eau douce apparaissent à 7,50 au-dessus d'elle, 
dans la coupe des Etournelles (n° 15) et à 3 mètres déjà à Aiguebelle (n° 6). À partir de 
ces niveaux, le facies d’eau douce ne règne pas sans conteste. Aïnsi, dans la région 
des Etournelles, les premiers caleaires lithographiques à Chara, qui sont en parfaite 
concordance avec les couches marines inférieures, sont interrompus par un banc 
de calcaire oolitique à Foraminifères de 1,20 d'épaisseur (n° 18) nettement déli- 
mité et en concordance tant avec le banc sous-jacent qu'avec celui qui lui est 
superposé. Dès ce moment, le facies d’eau douce n’est plus interrompu jusqu'à la 
partie tout à fait supérieure de l'étage où existe un banc (n° 26) à mélange de faunes 
marine et d’eau douce. À Aiguebelle, à un épisode d’eau douce très court, indiqué 
par la couche n° 6, succède un complexe marin à Foraminifères (n° 7 et 8), puis le 
facies d’eau douce s'établit pour une durée assez longue, mais déjà à partir de 
6,50 au-dessous du sommet de l'étage (n° 21) des incursions marines se font sentir 
à plusieurs reprises et finissent par prévaloir au sommet. 

Nous ne reprendrons pas en détail les différentes couches qui constituent le 
Purbeckien, mais nous étudierons en bloc : 


a) Les couches marines de la partie inférieure de l'étage. 
b) Les couches d’eau douce qui en constituent la partie moyenne et supérieure. 
c) Les formations mixtes qui couronnent l'étage. 


nie 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 31) 


d) Enfin nous nous arrêterons quelque peu à décrire les brèches à cailloux 
multicolores qui peuvent se trouver soit dans les couches marines, soit dans celles 
d’eau douce. 


a) Couches marines de la partie inférieure du Purbeckien. Comme 
nous l’avons déjà dit, les formations marines de la base’ du Purbeckien sont consti- 
tuées par des calcaires oolitiques, plus rarement lithographiques, gris jaunâtre, à 
Foraminiferes, continuant le facies portlandien, interrompus à plusieurs reprises par 
les brèches à cailloux multicolores. Ces calcaires marins contiennent cependant 
deux espèces d'organismes ou fragments d'organismes que nous n'avons pas ren- 
contrés dans les formations jurassiques plus anciennes. L'un d’eux (fig. 2, pl. 14 et 
fig. 6, texte) que nous appelons organisme À se présente sous l'aspect de chaines 


20 Je 
Ia Se 


Fig. 6. — Différents aspects de l’organisme A du Purbeckien. Gross. X 10. 


plus ou moins arquées, formées de cellules ajoutées bout à bout. Ces cellules, au nom- 
bre maximal de 12, s’accroissent à partir du centre de la chaine vers les deux extré- 
mités et les terminales, parfois très allongées, sont ouvertes. Ces organismes rappel- 
lent un peu les sections de fragments de tiges de Chara, mais, même lorsqu'ils abon- 
dent dans une coupe mince, on ne les voit pas en compagnie de véritabies tiges de 
cette Algue. L'autre, appelé B (pl. 14, fig. 1), que nous croyons appartenir à des 
fragments du test d’un animal que nous n'avons pas su reconnaitre, est formé de 
petites masses cylindriques peu allongées, à section ovalaire, présentant de nombreux 
canaux parallèles, rectilignes, suivant le grand axe du cylindre. En section trans- 
versale, ces canaux montrent une disposition régulière suivant une courbe fermée 
ressemblant au contour d’un fer à cheval. Ces deux organismes, qui sont parfois 
très abondants au point de constituer presque à eux seuls toute la roche, ne sont pas 
seulement localisés dans les couches marines inférieures du Purbeckien, on les 
retrouve dans les bancs à Foraminiferes qui sont isolés au milieu des bancs d’eau 
douce. 


316 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE 


Il faut encore mentionner, au milieu des couches marines, la marne représentée 
dans la coupe des Etournelles par le n° 9. Elle se retrouve dans la Gorge de la 
Grande Varappe et dans la paroi d’Archamps; en ces divers endroits, elle est 
séparée de la grande brèche par un banc d’une oolite très fine et très régulière. 
Cette marne est plaquetée et montre à la surface des délits un réseau polygonal 
paraissant résulter d’un retrait produit par la dessiccation, les prismes produits ayant 
été soudés à nouveau par un dépôt marneux interstitiel. Les plaquettes polygo- 
nales déterminées par le réseau des fissures sont concaves vers le haut, ce qui semble 
aussi permettre de conclure en faveur d’une émersion et d’une dessiccation de la 
couche. 


b) Les couches d’eau douce. Elles sont essentiellement formées de cal- 
caires durs, lithographiques ou sublithographiques, parfois un peu fétides, bien lités, 
parfois plaquetés. Ils contiennent principalement des graines et des fragments de 
tiges de Chara appartenant probablement au ©. jaccardi Heer. Ces graines et ces 
tiges ne peuvent être dégagées de la roche; ce n’est qu'en section qu'on peut les 
étudier (pl. 13, fig. 1 à 6). Parfois elles sont en quantité prodigieuse (pl 13, 
fig. 1). Les valves de Cypris sont en général peu abondantes, sauf cependant dans 
la couche n° 9 de la coupe d’'Aiguebelle où elles pullulent. Les Mollusques sont 
rares dans les calcaires et, à cause de la dureté de la roche, ils se cassent avec elle 
et n'apparaissent qu’en section à test mince et noir. Ce n’est qu'au bord du sentier 
des Bücherons supérieur, un peu au SW. du passage de l'Arc, près d’un filon de 
grès sidérolitique qui traverse les couches purbeckiennes, qu'on voit, tout près du 
sommet de l'étage, un calcaire assez tendre où Planorbis loryi Coq., Physa weal- 
diensis Coq., Lioplax inflata Sandb., sont abondants et peuvent être dégagés. 

Les marnes et marno-calcaires d’eau douce sont peu abondants au Salève. 
Les marnes forment, en général, de minces lits entre les bancs de calcaire compact 
ou de marno-caleaire; elles sont du reste très peu fossilifères et contiennent souvent 
des cailloux multicolores. 


c) Formations mixtes couronnant l'étage. Les derniers bancs de marne 
et de marno-calcaires qui terminent l’étage sont intéressants car ils contiennent 
un mélange de faune marine et de faune d’eau douce. Dans la région des Etour- 
nelles et de la Varappe (n° 26 de la coupe fig. 4), les organismes d’eau douce prédo- 
minent; nous avons recueilli les espèces suivantes : 

Valvata helicoides Forbes. Lioplax inflata Sandb. 


Planorbis loryi Coq. Chara sp. 
Physa wealdiensis Coq. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 317 


Les fossiles marins ne sont représentés aux Etournelles que par des moules 
internes de Natica et de Lamellibranches, à la Varappe s'ajoute Perisphinctes 
lorioli Zitt. En se dirigeant vers l'Est, au Sentier des Bücherons supérieur, Apha- 
noptyxwis variabilis n. sp. apparait, et enfin au Petit Salève, au-dessus d’Aigue- 
belle (n° 28 de la coupe fig. 9), la faune est complètement marine ou saumâtre. 
Toutes les espèces cependant sont atteintes de nanisme, ce qui semble indiquer 
que les conditions normales de salure ne sont pas encore réalisées. Voici cette 
faune : 


Corbula forbesi de Lor. Pseudomelania nana n. sp. 

Oopis sp. Exelissa septemplicata (Ræœm.). 
Pileolus sp. Nerinea minima n. Sp. 

Nerita Sp. Nerinea concinna n. Sp. 

Natica florae de Lor. Aphanoptyæis variabilis n. sp. 
Natiea burottei de Lor. Cylindrites (Volvocylindrites) sp. 
Natica (Ampullina) hemisphaerica Rœm. Perisphinctes lorioli Zitt. 


Comme nous le verrons dans la partie paléontologique de cette étude, toutes 
ces espèces, sauf Perisphinctes lorioli, sont communes ou ont des affinités avec des 
espèces du Jurassique supérieur du nord de la France et du Hanovre. Le régime 
marin qui les à amenées n’a pas mis fin d'une façon brusque au facies d’eau douce, 
mais on voit, au contraire, dans la coupe d’Aiguebelle (n° 21 et 25), qu'il a été 
annoncé à deux reprises par de faibles incursions ayant laissé des dépôts à Fora- 
minifères. 


d) Les brèches à cailloux multicolores. Ces brèches, signalées dans 
tout le Jura au niveau du Purbeckien, prennent au Salève un développement mconnu 
ailleurs. Dans notre coupe des Etournelles, c’est à douze reprises qu’on les voit appa- 
raître. Ils est vrai qu’elles sont surtout abondantes et typiques dans la partie infé- 
rieure de l’étage où les organismes d’eau douce n’ont pas encore apparu. Chacune 
des brèches repose toujours en concordance sur les bancs sous-jacents qui ne sont 
que tout à fait exceptionnellement un peu érodés (fig. 7), mais sans que discordance 
s’ensuive. 

Nous avons surtout étudié la plus belle de toutes ces brèches, que nous avons 
appelée la grande brèche (fig. 3, n° 11 et fig. 5, n° 2); elle a une extension horizon- 
tale assez considérable et nous l’avons observée du Petit Salève jusqu'au-dessus 
de Pomier. Elle est superposée à un banc d’oolite dont la finesse et la régu- 
larité est plus grande que chez toutes les autres de l’étage, et est, de ce fait, facile- 
ment reconnaissable, Elle atteint une épaisseur de 0,40 environ et est formée 
d'un ciment calcaire sublithographique dur à Foraminifères rares dans lequel les 


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913 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


cailloux sont si bien encastrés qu'ils se cassent avec la roche; à la base de la couche, 
cependant, le ciment devient parfois marneux et les cailloux peuvent être dégagés. 
Ces galets possèdent toutes les teintes entre le gris clair et le bleu noir, toutes les 
grandeurs jusqu’à un diamètre de 0",30 environ. Ils ne sont pas disposés sans ordre; 
les plus gros sont à la base de la couche. Leur forme n’est presque jamais arrondie, 
mais au contraire très irrégulière; parfois leurs angles sont vifs, parfois arrondis ; 
très souvent leurs faces présentent des cavités irrégulières ou arrondies, des perfo- 
rations, comme s'ils avaient subi les effets de la corrosion. Ils ne se touchent pas 
en général, surtout à la partie supérieure du bane où ils sont de petite taille et 
disséminés dans le ciment. D’après leurs caractères pétrographiques, on peut dis- 
tinguer des calcaires lithographiques, des calcaires oolitiques identiques au cal- 
caire formant le banc sous-jacent et des calcaires sublithographiques très caracté- 
ristiques à petites taches plus claires arrondies, à tests de Grastéropodes très minces 
et noirs; ces derniers calcaires ont l'apparence de calcaires d’eau douce, nous 
n'y avons cependant pas constaté de débris de Chara. 

La description précédente, qui concerne la grande brèche, peut s'appliquer en 
erande partie aux autres, moins épaisses et atteignant même parfois seulement 
quelques centimètres. Leur ciment ne devient pas marneux, en général, et leurs 
cailloux n’atteignent pas une aussi grande taille; nous avons observé des brèches 
(n° 6 de la coupe d’Aiguebelle) formées d’une accumulation de petits cailloux angu- 
leux ne dépassant pas en moyenne un demi-centimètre de diamètre. Le ciment des 
brèches est le plus souvent une formation marine à Foraminifèrés, cependant, parfois, 
les galets sont agglomérés par un calcaire à Chara (n° 6 d’Aïguebelle). Notons 
encore que les premiers bancs de brèches qui apparaissent (n° 1 et 2 de la coupe 
de la Mule) sont formés de petits galets anguleux gris jaunâtre, mais non multico- 
lores. Enfin, souvent les marnes contiennent des galets de teintes variées, montrant 
parfois des restes de Chara. 


Origine des cailloux. La couleur bleu noir des galets avait amené autre- 
fois quelques géologues à admettre une origine alpine, mais cette opinion est 
aujourd’hui complètement abandonnée. Pour CHOFFAT, MAILLARD et GIRARDOT !, 
les cailloux noirs se sont formés au sein de la vase, par agglomération ou par voie 
d'attraction moléculaire. Pour le dernier de ces auteurs, les autres galets des brèches 
offrent la texture de certains calcaires du Jurassique supérieur, ou pourraient même 
provenir de bancs sous-jacents. 

Nous pensons que non seulement une partie des galets peut provenir des 


1 Marzcarn, Inverlébrés du Purbeckien du Jura, p. 150, Mém. Soc. pal. suisse, vol. 11, 1884 et 
Grrarpor, Le Purbeckien de Pont-la-Chaux, Bull. Soc. géol. France, (3), vol. 13, 1883-55, p. 755, 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 319 


bancs sous-jacents du voisinage, mais que fous ont une origine locale. Nous avons 
déjà fait remarquer plus haut l'identité complète existant entre les cailloux ooli- 
tiques de la grande brèche et du banc sous-jacent. Il y a plus. On peut voir en quel- 
ques endroits, par exemple dans la partie supérieure de la gorge de la Mule (où a 
été pris le croquis fig. 7), que le banc de fine oolite qui supporte la brèche est 


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Fig. 7. -— Aspect de la grande brèche à cailloux multicolores du Purbeckien, dans la partie supérieure de 
la gorge de la Mule, rive gauche. À. Banc oolitique érodé donnant naissance à des cailloux se mé- 
£ ; £ q 
langeant aux autres et formant la brèche 


fissuré et érodé à sa partie supérieure, et que des galets sont en voie de se détacher 
et de se répandre. Les calcaires lithographiques et sublithographiques qui forment 
les autres galets sont d'un type qui se retouve dans tout le Purbeckien: il n'y à pas 
de raison qui empêche de les considérer comme provenant de bancs du voisinage. 

La couleur des galets nous paraït être un caractère négligeable pour la déter- 
mination de l’origine des éléments des brèches. Nous avons, en effet, observé parmi 
les cailloux de calcaire sublithographique, si caractérisés par leurs taches arrondies 
plus claires et leurs tests noirs de Mollusques. toutes les teintes entre le gris clair et 
le bleu noirâtre. Il n’est cependant pas douteux pour nous que tous ces galets subli- 
thographiques si particuliers proviennent du même banc. La même variété de colo- 
ration se voit aussi dans les galets oolitiques dont l’origine doit certainement être 
recherchée dans le banc sous-jacent. Pour nous, la teinte bleue plus ou moins foncée 
des galets est la couleur primitive due à la pyrite pigmentaire disséminée dans la 
masse des roches de l'étage. Ces roches ont dans la suite jauni par l'oxydation, 
tandis que les galets, protégés par le ciment dans lequel ils étaient plongés, n’ont 
pas été modifiés. Il n’est pas rare, du reste, de trouver dans le Purbeckien des bancs 
de calcaire, que nous ayons appelé dans nos coupes « versicolore >», présentant à leur 


MÉM. SOC. PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913) 40 


320 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


intérieur des taches bleu foncé se fondant avec le jaune ou le gris de la partie exté- 
rieure oxydée. 


Mode de formation des brèches. Nous croyons avoir démontré que ces 
brèches contiennent des éléments d’origine toute locale, et n’ayant pas subi l'effet 
prolongé des vagues, puisqu'ils sont de forme tout à fait irrégulière. En outre, nous 
avons toujours constaté une concordance entre les nombreuses brèches que nous 
avons eu l’occasion d'examiner et les bancs qui les supportent, bien que ceux-ci 
soient parfois érodés à leur surface. Nous ne doutons pas, cependant, qu’il y ait eu 
quelque part des discordances, puisque les brèches contiennent des éléments autres 
que ceux de la couche immédiatement sous-jacente. D’autre part, comme ces élé- 
ments sont très peu variés (3 espèces dans la grande brèche), ils doivent provenir 
d’un très petit nombre de banes et cela permet de conclure que les couches s’étaient 
bien peu éloignées de leur horizontalité. 

Il est difficile de trouver une explication qui satisfasse à ces différentes condi- 
tions. MAILLARD ! considérait les brèches comme des levées de galets; ces deux 
formations nous paraissent, au contraire, offrir bien peu d’analogie, les secondes 
étant formées principalement d'éléments roulés. 

Voici la seule explication que nous avons su trouver; nous ne la donnons que 
comme une simple hypothèse. 

Dans la région qui nous occupe, le fond de la mer à subi une série d’oscilla- 
tions positives et négatives. Lors des soulèvements, ce fond, parallèle dans son 
ensemble à la surface de la mer, mais très légèrement ondulé, a donné naissance à 
des îles temporaires à relief à peine sensible où les sédiments fraichement déposés 
avaient le temps de se consolider et probablement aussi de se fissurer par la des- 
siccation. Les vagues et les marées, faibles, attaquaient ces terres nouvelles et 
répandaient sous l’eau dans le voisinage, les galets qu’elles y avaient arrachés, 
mais leur action n’a pas été cependant suffisamment intense pour pouvoir les arron- 
dir. Du reste, un affaissement n’a pas tardé à interrompre pour quelque temps 
l’action destructrice de la mer et la sédimentation marine a continué à aceumuler 
des dépôts sur les régions récemment émergées. 


Distribution du Purbeckien au Salève. Nous renvoyons à la carte et 
aux dessins géologiques pour la répartition de ce terrain. L’étage présente son 
épaisseur normale dans les couches horizontales de l’escarpement. Comme ses cou- 
ches supérieures sont soit des marnes, soit des calcaires en bancs minces où même 


! Invertébrés du Purbeckien du Jura, p. 148. 


sé 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 321 


plaquetés, il forme toujours un retrait qui est surplombé par la masse calcaire des 
couches à Æeterodiceras luci. Cette disposition a permis aux varappeurs de tracer 
des sentiers très pittoresques à la limite du Jurassique et du Crétacé, sentiers qui 
en même temps sont d'une grande utilité pour le géologue. Tels sont le sentier des 
Voñtes inférieures du Petit Salève, puis au Grand Salève celui des Bûcherons supé- 
rieur, celui de la Corniche entre la Grande Gorge et l'Evorse, et enfin celui qui 
conduit de la Grotte d’Orjobet aux Etournelles. Les plus beaux afleurements de 
Purbeckien se trouvent à la Grande Varappe et dans la région des Etournelles et 
de la partie supérieure de la gorge de la Mule, mais ils sont peu accessibles, surtout 
le premier, pour celui qui n’a pas l'expérience de la montagne. L'afeurement du 
Sentier des Voûtes inférieures du Petit Salève, par contre, peut être atteint par tout 
le monde. 

Nous avons aussi constaté la présence du Purbeckien dans les couches verti- 
cales du flanc NW. de l’anticlinal (pl. 11, fig. 1, p. ex.), mais quoique très recon- 
naissable, il est souvent très écrasé ; ainsi, au bas de la Grande Gorge, au pied 
NW. du rocher appelé + la Poupée », il n’a plus que 2 à 3 mètres d'épaisseur. 

Cet étage se retrouve, avec les mêmes caractères qu'au Grand Salève, dans la 
paroi d’Archamps et au-dessus de Pomier; mais il est difhcilement accessible 
dans le premier de ces endroits et assez fortement recouvert par la végétation dans 
le second. 

En dehors de notre carte, à l'extrémité SW. de la chaine du Salève, à la Balme 
de Sillingy près d'Annecy, nous avons constaté l’existence du Purbeckien avec un 
facies analogue à celui du Grand Salève. Le sentier qui part de la Petite Balme, 
après s'être élevé sur les premières pentes, s'engage dans la paroi de rochers grâce 
au retrait taillé dans les couches supérieures un peu marneuses du Purbeckien. 
Comme au Grand Salève, les calcaires de l’Infravalanginien forment un surplomb 
très accusé. Nous avons recueilli, à cet endroit, quelques échantillons de roches qui 
nous ont paru les plus intéressants et nous les avons étudiés en coupe mince ou au 
microscope binoculaire. A partir de la limite du Jurassique-Crétacé vers le bas, 
nous avons constaté, nos mesures étant faites au baromètre : 

À 2 mètres un calcaire sublithographique gris où les Chara abondent. 

A 13 mètres, dans le petit escarpement qui domine un petit champ d'Iris, un 
calcaire analogue au précédent à nombreuses graines de Chara. 

A 18 mètres une brèche à cailloux multicolores. 

Au-dessous apparait un complexe de calcaires compacts où oolitiques gris 
clairs, puis à 30 mètres une marne et un calcaire gris brun foncé où les Chara pul- 
lulent. 

Au-dessous, on observe, jusqu'au point où les éboulis recouvrent la pente, des 


329 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


calcaires blancs oolitiques. Nous ne pensons pas qu'ils appartiennent déjà au 
Portlandien supérieur, car un peu plus au nord, dans des carrières en exploitation, 
on voit dans des couches paraissant plus profondes que les précédentes, des brèches 
à cailloux multicolores. 

L'épaisseur du Purbeckien atteint, au Grand Salève, 40 mètres à la Varappe 
et 43 mètres à la Gorge de la Mule ; les premières couches d’eau douce -appa- 
raissent à 17 mètres au-dessous de la limite supérieure de l’étage dans le premier 
de ces endroits, à 19 mètres au second et à 21 mètres à Aiguebelle. Dans la direc- 
tion de l’ouest, cette épaisseur augmente puisque nous avons observé à la Balme de 
Sillingy des bancs à Chara à 30 mètres sous le sommet de l’étage et que très pro- 
bablement des brèches à cailloux noirs existent beaucoup plus bas. Nous verrons 
tout à l'heure que, plus à l’ouest, au Vuache, l'épaisseur augmente encore d’une 
façon considérable. 

L'apport détritique littoral gréseux et argileux est à peu près nul dans les 
couches purbeckiennes du Salève. De nombreuses coupes minces de ses différentes 
assises, étudiées au microscope, ne nous ont pas montré un seul petit grain de quartz, 
sauf dans la couche marine d’origine septentrionale qui couronne l'étage. Les 
marnes, peu abondantes d’ailleurs, ont une faible teneur en argile. 


Comparaison avec les régions voisines. Le Purbeckien du Salève dif- 
fère notablement de celui du Jura central. MAILLARD ! a, en effet, montré qu’au 
nord d’une ligne passant de Foncine (Jura) à Vallorbes, le facies d’eau douce a été 
préparé par un facies lagunaire caractérisé par des dépôts de calcaire et de cor- 
gnieule dolomitiques, de gypse, de marnes lourdes, très argileuses, grises ou noires 
contenant souvent des cristaux de quartz bipyramidés, de bancs ou de rognons de 
grès (que nous ne considérons pas comme détritiques, car ils sont formés d’un agglo- 
mérat de petits cristaux et non de grains clastiques). 

Au Salève, on n’observe rien de tout cela. Le facies d’eau douce caractérisé 
par des calcaires à Chara et à Cypris succède directement au facies marin pur 
oolitique et à Foraminifères sans que celui-ci soit toutefois supplanté définitive- 
ment, puisqu'on le voit former des enclaves à la base de celui-là. 

Le Purbeckien du Jura central est toujours moins épais que celui du Salève. 
La puissance du premier n’atteint jamais plus de 20 à 25 mètres, tandis que celle 
du second dépasse toujours 40 mètres. 

Dans tout le Jura méridional, au contraire, le Purbeckien a un facies analogue 
à celui de notre chaine. Ainsi, au Vuache, nous avons constaté son existence à 


1 Invertébrés purbeckiens du Jura, p. 21. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE J20 


l'extrémité méridionale près de Chaumont, comme à l extrémité septentrionale au- 
dessus d'Arcine, En ce dernier endroit, nous ayons observé, grâce à une étude 
sommaire, les couches suivantes dont les épaisseurs ont été déterminées au baro- 
mètre et évaluées à partir de la limite du Crétacé et du Jurassique, Himite caracté- 
risée comme au Grand Salève par le surplomb des calcaires infravalanginiens : 

A 2 mètres de cette limite un banc de calcaire grissublithographique à Chara 
et Foraminiféres ; 

A 5 mètres, une brèche à petits cailloux multicolores; 

A 67 mètres, un banc de calcaire compact jaunâtre, clair, à graines de Chara 
très abondantes : 

A 72 mètres, une brèche à cailloux multicolores. 

Ce Purbeckien possède done une épaisseur beaucoup plus considérable qu'au 
Salève, Il est à remarquer que, entre les différents bancs d’eau douce que nous 
venons de signaler, des couches oolitiques à Foraminifères sont très abondantes. 
Le facies marin parait être prépondérant, les couches d’eau douce n’y forment que 
quelques intercalations. 

Les travaux de HOLLANDE, MAILLARD, RÉVIL! ont montré que dans toute 
l'extrémité méridionale du Jura, jusqu'aux confins du département de l'Isère, le 
Purbeckien est formé de calcaires compacts lithographiques gris, de calcaires gris 
fragmentés mêlés de marnes, de calcaires marneux, de marnes à cailloux, de brè- 
ches à cailloux multicolores. Ces couches sont d’eau douce à la partie moyenne et 
saumâtres à la partie supérieure. L'analogie est done très grande avec les dépôts 
du Salève. 


Mode de formation du Purbeckien dans le Jura méridional. L'absence 
dans toute la région du facies des marnes argileuses à gypse et des corgnieules do- 
lomitiques ne permet pas d'admettre que les formations d’eau douce aient pris nais- 
sance dans des lagunes qui se seraient transformées ensuite en lacs par des apports 
d’eau douce. Le caractère le plus étonnant des dépôts purbeckiens du Salève, du 
Vuache et des régions limitrophes, est l’absence de discordance sensible entre les 
dépôts marins et les dépôts d’eau douce. Le passage du Portlandien au Purbeckien 
est indiqué par l'apparition à plusieurs niveaux de brèches à cailloux multicolores, 
d’origine tout à fait locale, devant résulter de mouvements d’oscillation du fond de 
la mer. Nous avons cependant toujours vu ces singuliers dépôts en concordance sur 
les bancs plus anciens qui tout au plus sont partiellement érodés. Enfin, les mterca- 


1 Voir pour cette question J. Révir, Géologie des chaines jurassiennes et subalpines de la Savoie. 
Mém. Acad. Sc. Belles Lettres et Arts de Savoie, (9), vol. 1, p. 460, 1911. 


324 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 

lations marines dans les complexes d’eau douce, comme les bancs de calcaire d’eau 
douce dans les complexes marins, ne montrent aucune discordance. Dans ces condi- 
tions, l'explication de la formation du Purbeckien dans le Jura méridional nous 
parait extrêmement difficile; nous n’en avons pas trouvé qui nous satisfasse com- 
plètement, nous voulons cependant faire part de la suivante : 

La grande plateforme continentale qui bordait au sud le continent formé à la 
fin du Jurassique dans le nord de l’Europe centrale a subi une série d’oscillations. 
Lors de ses mouvements positifs, sa surface était soulevée dans une position paral- 
lèle à celle du niveau de la mer tout en présentant de très légères ondulations. Il 
s’est formé, de cette façon, des iles basses, à relief à peine perceptible où les sédi- 
ments, desséchés et solidifiés, servaient d'aliments aux vagues peu actives qui les 
répandirent dans le voisinage où la sédimentation marine se poursuivait d’une 
façon ininterrompue. Ces émersions, de durée fort courte, se succédaient en de nom- 
breux endroits, alternant avec des mouvements négatifs du sol, jusqu'au moment 
où une oscillation positive plus forte, qui ne se fit probablement pas sentir au même 
moment dans toute la région, souleva la plateforme et la transforma en une plage 
immense à pente imperceptible. Cette plage ne tarda pas à subir un léger mouvement 
de bascule de facon à ce que sa partie la plus rapprochée du continent serve de 
bassin. de réception aux eaux douces dues aux précipitations, tandis que sa partie 
côtière, à peine exondée et soumise à des mouvements d’oscillation, servait de barre. 
C’est au milieu de l’époque purbeckienne que cette barre eut le plus de stabilité, 
mais au commencement et à la fin, ses mouvements négatifs, probablement peu 
perceptibles, permirent aux invasions marines de se faire sentir dans la nappe 
d'eau douce jusqu'au moment où la grande transgression crétacée mit fin au régime 
lacustre. 


Histoire de la découverte du Purbeckien au Salève. Alphonse FAVRE 
(401, $ 219, p. 259] a signalé en 1863, sur le sentier de la Grande Gorge, l’'exis- 
tence « d’un calcaire bréchiforme à cailloux noirs qui ressemble d’une manière 
frappante aux couches du Purbeck des environs de Neuchâtel. » Faute d’autres 
preuves, le célèbre géologue ne peut être plus afhrmif. La brèche en question appar- 
tient bien au Purbeckien et on peut constater, en effet, sur le sentier de la Grande 
Gorge, un peu avant d'atteindre la paroi dans laquelle à été fixée la « barrière de 
fer >, que toute la partie inférieure et moyenne de cet étage est bien visible, tandis 
que la partie supérieure, la plus caractéristique, a été enlevée, grâce à la termi- 
naison à cet endroit, de la faille de la Petite Gorge. 

Aux carrières de Monnetier, ce même auteur constate que le Purbeckien man- 
que, puisque les couches à Diceras luci sont en contact avec celles à Natica 


RP EDR EN LRO ENS ON ART 
ÿi 4 y (y j= 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 92) 


leviathan. La conclusion de A. FAVRE est très compréhensible, car les couches 
à ÆHeterodiceras luci étaient considérées à l’époque comme caractéristiques du 
Jurassique supérieur, tandis qu’elles doivent en réalité être rattachées à l’Infrava- 
langinien. 

Plus tard, en 1883 et en 1889, MaiLLaARD [160, p. 33 et 465, p. 51] découvre 
dans une carrière, à Veyrier, un complexe de calcaire compact, de brèche à 
cailloux noirs et de marne à Physa wealdiensis, qui est sans nul doute d’âge purbec- 
kien, mais qui appartient à de grandes masses éboulées. En effet, les couches pur- 
beckiennes décrites par cet auteur se trouvent sur le plateau d’éboulement sup- 
porté par la terrasse fluvioglaciaire supérieure dominant Veyrier. Cet endroit est 
bien en dehors du flanc vertical du Salève et, pour retrouver en place les couches de 

È cet étage, il faut, de la carrière étudiée par MAILLARD, gravir les pentes d’éboulis, 
atteindre les nouvelles carrières de Veyrier ouvertes dans les couches verticales de 
l’Infravalanginien et suivre le sentier conduisant à Pierre Longue, rocher derrière 
lequel le Purbeckien forme un couloir très étroit et très rapide. 

A Monnetier, et pour les mêmes raisons que A. FAVRE, MAILLARD cherche 
le Purbeckien entre les couches à Heterodiceras luci (infravalanginiennes comme 
nous l’avons dit) et celles à Natica leviathan, il observe un passage graduel des 
unes aux autres sans intercalations de bancs d’eau douce et il conclut que la rive 
du lac purbeckien devait se trouver entre Veyrier et Monnetier. 

Il peut paraitre étonnant que le Purbeckien n'ait pas été découvert plus tôt 
en situation normale au Salève où il est pourtant bien développé. Cependant, les 
seules voies d'accès conduisant à cette montagne et traversant les formations 
jurassiques dont pouvaient disposer les géologues de l’époque de A. FAVRE et de 
MAILLARD étaient le Pas de l’Echelle-chemin des Treize Arbres et le sentier de la 
Grande Gorge. Le premier de ces deux chemins passe par une région disloquée 
grâce à la faille de la Petite Gorge, de sorte que le Purbeckien, difficilement visible 
du reste, ne se trouve pas en situation normale. Nous avons vu également que, sur 
le sentier de la Grande Gorge, la série purbeckienne est incomplète. 

Un autre obstacle à la découverte de cet étage a été que les couches à Hete- 
rodiceras luci étaient considérées comme caractéristiques du Jurassique supérieur. 
Dès lors, il est tout naturel que les géologues n'aient pu trouver cette assise 
d’eau douce au-dessus de ces couches qui sont en réalité infravalanginiennes. Il est 
curieux, cependant, que personne n'ait fait mention des couches purbeckiennes qui 
se voient fort bien au Chäteau de Monnetier et le long du sentier des Voûtes infé- 
rieures du Petit Salève, que tous les géologues qui se sont occupés du Salève ont 

visitées. C'était autrefois le seul afHleurement bien caractérisé qui fût très facile- 

ment accessible. Aujourd’hui, les varappeurs ont établi de nombreux sentiers et 


d RP PAS PO A TT MER CS VO] 
j : ANGLET 


326 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


passages, parfois d’une grande hardiesse, dans les parois très escarpées du Grand 
Salève. Si nous avons pu apporter plus de précision dans la stratigraphie de cette 
montagne, c’est pour une part à eux que nous le devons, car nous pouvons bien dire 
que jamais nous n’aurions tenté d'étudier la superbe coupe de terrains qu’on trouve 
à la gorge de la Varappe, si les passages n'avaient été étudiés avec soin par les 
amateurs d’alpinisme. 


CRÉTACÉ 


Les premières couches infravalanginiennes reposent, au Salève, en concordance 
sur les dépôts jurassiques. Si la grande transgression crétacée n’est pas indiquée 
ici par une discordance, elle est toutefois très manifeste. En effet, nous avons vu 
précédemment que, durant tout le Jurassique supérieur, la sédimentation, très tran- 
quille, ne fut pas troublée par l’apport d'éléments détritiques littoraux. Les petits 
grains de quartz font toujours défaut pendant cette période, sauf dans la couche 
marine d’origine septentrionale qui couronne le Purbeckien où ils se montrent en 
très petite quantité. [ls apparaissent dès les premières assises crétacées et il est bien 
peu de couches de l’Infraÿalanginien, du Valanginien et de l'Hauterivien qui n’en 
contiennent. Parfois, surtout dans l'Hauterivien, ces grains, dans les marnes et les 
calcaires gréseux, forment une proportion atteignant le 40 0/,. Il arrive aussi surtout 
dans l’Infravalanginien, que d’autres minéraux en petits grains, comme la tourma- 
line, la glauconie et le zircon (?) accompagnent le quartz, mais en quantité minime. 

Tandis que les dernières couches purbeckiennes à faunule naine sont l’indice 
d’un régime marin hésitant, venant du Nord, les premières couches crétacées attes- 
tent une invasion marine tout à fait franche et vigoureuse d’origine méridionale. 
Elles sont constituées, en effet, par des calcaires zoogènes contenant d’abord le genre 
Toxaster inconnu jusqu'alors dans la région puis, plus tard, le genre Æeterodiceras. 
Le contraste si tranché entre les deux terrains qui sont à la limite des périodes 
jurassique et crétacée est encore rehaussé par le fait que la surface du dernier banc 
purbeckien est perforée par les Mollusques lithophages. 

L’Eocrétacé seal est représenté au Salève. Les premiers étages du Mésocrétacé, 
qui existaient très probablement dans la région, ont été complètement enlevés par 
les grandes érosions de la fin de la période et de celles du commencement de l’époque 
tertiaire. 


MONOGRAPHIE. GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 927 


INFRAVALANGINIEN 


Cet étage se divise au Salève en deux parties : 
a) Assise à /leterodiceras luci à la base. 
b) Assise à Natica leviathan à la partie supérieure. 


«) Assise à Heterodiceras luci. 


Cette assise, qui atteint 22 mètres, forme un massif de composition assez homo- 
gène déterminant, en général, dans l’escarpement du Grand et du Petit Salève, 
une paroi abrupte dominant les pentes relativement douces dues au Purbeckien. 

La coupe fig. 8 a été levée dans la gorge de la Grande Varappe (voir pl. 10, 
fig. 3). Les complexes 1 à 3 y représentent l’assise à /leterodiceras luci. 

Le complexe n° 1 est formé de microbrèches zoogènes où les fossiles entiers 
sont rares. Un Toxaster y est disséminé; identique par sa forme à 7. granosus 
d'Orb., il ne peut être déterminé exactement, la surface de son test étant toujours 
encroûtée. On y trouve encore ARhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis 
Jacob et Fallot et Pleuromya aff. vollzi Ag. 

Entre les complexes 1 et 2 s’intercale, dès la gorge de l’Evorse vers l’ouest, 
un banc de calcaire marneux où les Brachiopodes sont assez abondants, Nous y 
avons recueilli : 

Pecten rochati de Lor. 

Rlmynehonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot. 

Terebratula carteroni d'Orb. 

Zeilleria aff. hoheneggeri Suess. 

Toxaster cfr. granosus d'Orb. 

Nous n'avons rien à ajouter au sujet du complexe n° 2, formé de calcaires 
oolitiques gris blanchâtre à Foraminifères, sinon qu'on y rencontre rarement aussi 
Rhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot. 

Le complexe n° 3 est formé, à la gorge de la Varappe, de brèches zoogènes 
oolitiques dont les éléments roulés peuvent atteindre la dimension d’un pois. 
Sporadiquement, ce niveau devient fossilifère et contient alors la faune typique des 
récifs. Tel est le cas dans la paroi d’Archamps et sur le sentier de la Traversière 
conduisant du Beulet aux Pitons, où l’on peut observer Æeterodiceras luci (Detr.). 
Mais c'est surtout près de Monnetier que cette couche est fossilifère ; c’est là que 
DE LUC a recueilli il y a plus d’un siècle les superbes échantillons de l ÆZeterodiceras 


MÉM, SOC. PHYS. EL HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 41 


CREER PTE EE LP a 


328 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


qui porte son nom et qui ont été figurés pour la première fois en 1779 par H. B. DE 
SAUSSURE dans son Voyage dans les Alpes. Malheureusement, ce célèbre gisement 
n'est plus visible aujourd’hui, il se trouve dans une ancienne carrière entièrement 
comblée par les déblais des carrières qui sont actuellement en exploitation. La 
photographie pl. 10, fig. 1 permet toutefois de se rendre compte de sa situation, 
car on aperçoit de part et d'autre de l’ancien chemin qui conduit de Monnetier au 
Salève (ac de la figure) les déblais qui en proviennent, déblais dans lesquels, en 
effet, nous avons trouvé deux valves d’Aeterodiceras luci. La roche qui contient 
cette faune coralligène, appelée Oolite corallienne par A. FAVRE, est une brèche 
zoogène oolitique un peu crayeuse, gris jaunâtre, dont les éléments, roulés, fins en 
général, peuvent atteindre parfois toutes les dimensions jusqu'à celle d’une noix. 
Elle se distingue toujours facilement des roches similaires du Kimeridgien et du 
Portlandien de la région qui sont d’un blanc beaucoup plus pur. DE LorroL [100] 
a confondu la faune coralligène de Monnetier avec celle du Kimeridgien des autres 
parties du Salève. Nous avons repris tout le matériel ayant servi à ce paléontolo- 
giste et nous avons séparé ce qui appartient au Jurassique de ce qui est crétacé. 
On trouvera, dans la partie paléontologique de cette étude, de plus amples rensei- 
gnements sur ce sujet. Ici, nous nous contenterons d’énumérer les espèces recueillies 
dans cette couche. 


Pyrina icaunensis? Cott. Heterodiceras luci (Defr.). 

Rhynchonella corallina Leym. var. #e0c0- Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. 
miensis Jacob et Fallot. var. «latun de Luc. 

Pecten rochati de Lor. Natica depanira? d'Orb. 

Lima monetieri n. Sp. Nerinea dilatata ? d'Orb. 

Pinnigena saussuri Desh. Phaneroptyxis renevieri? de Lor. 

Lithodomus luci de Lor. Cryptoplocus depressus ? Voltz. 

Corbis salevensis de Lor. Pseudonerinea clio (d'Orb.). 

Diceras escheri de Lor. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm. 


Les Coraux sont abondants, mais encroûtés et peu déterminables. Kopy [155] 
y à cependant reconnu les espèces suivantes : 


Pleurosmilia genevensis Koby. Latimacandra gresslyi Koby. 
vhipidogyra minima Koby. Leptophyllia fromenteli Kt. 
Chorisastrea glomerata Koby. Thamnastrea genevensis Defr. 
Latimaeandra variabilis Et. T'hamnastrea coquandi Et. 
Latimaeandra valfinensis Koby. Thamnastrea bourgeati Koby. 
Latimaeandra bonanomii Koby. Thamnastrea loryi E. et H. 


Il nous reste encore à démontrer que cette assise à //eterodiceras luci est 
bien crétacée et non jurassique comme on l'avait cru jusqu’à présent. Pour le faire 


12 QE É 


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LL E-obe 7 


6 auto él né CON) Eat ARERT 
x de ? ; ; 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 329 


plus aisément, nous y reviendrons à la fin de ce chapitre, quand l'Infravalanginien 
tout entier aura été décrit. 


b) Assise à Natica leviathan. 


Les deux coupes fig. S et fig. 9 ont été levées l’une à la Grande Varappe (voir 
pl. 10, fig. 3), Pautre près de Monnetier, dans les carrières du versant du Grand 
Salève (pl. 10, fig. 1). La première est facile à étudier, car toutes les couches y 
sont visibles avec une grande netteté, Il n’en est pas de même à Monnetier, où les 
banes situés entre les différentes carrières ne peuvent pas très aisément être rac- 
cordés avec les autres. Si nous avons donné ici cette seconde coupe, très semblable 
à la précédente, c'est que la Gorge de la Varappe est difficilement accessible et que 
le gisement classique de lInfravalanginien du Salève est Monnetier. 

Nos coupes sont suffisamment détaillées pour que nous n’ayons pas besoin 
d'insister sur leur description. Nous dirons seulement quelques mots des couches 
qui sont les plus caractéristiques ou de celles qui peuvent servir de points de repère. 


La couche à Toxaster granosus (n° 4, fig. S), directement superposée aux cou- 
ches à /eterodiceras luci, se voit surtout entre les gorges du Sarrot et de la 
Varappe. Elle n’affleure pas à Monnetier où elle est enfouie sous d'anciens déblais ; 
nous y avons recueilli : 

Toxaster granosus d'Orb., assez abondant. 

Natica pidanceti Coq. 

Acrosalenia patella (Ag.). 

Modiola montmollini (P. et C.). 


Les couches gréseuses à empreintes charbonneuses (n° 7) se trouvent à la partie 
supérieure de la carrière inférieure de Monnetier, un peu au-dessus des calcaires 
clairs farineux. A. FAVRE [101, I, $ 2191 a déjà fait remarquer que les empreintes 
charbonneuses sont toujours verticales; elles appartiennent peut-être à des Algues. 


Les bancs à Natica leviathan et le banc de fer dont parle A. FAVRE [101, 
I, S 219]forment la base de la carrière moyenne de Monnetier. Le fossile dont il 
est question ici n’est pas localisé à ce niveau, mais il S'y trouve en beaucoup plus 
grande abondance qu'ailleurs. 


La couche marneuse à Terebratula valdensis et à Spirocyclina erratica (n° 11) 


evialhan 


Lucit 


Assise à elterodiceras 


E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


14. 


11. 


10. 


9 


1 


G. 


Calcaires oolitiques gris clair ou bancs de microbrèche z00- 
gène de même couleur, à Foraminifères parfois très abon- 
dants. Un banc de Rudistes. Pas de grains de quartz dé- 
tritiques. 


13 a. Marno-calcaire grumeleux un peu gréseux à Rhyncho- 


nella corallina var. neocomiensis. 


. Microbrèches zoogènes gris clair ou rousses et calcaire ooli- 


tique gris blanchâtre, un peu gréseux. 


Marno-calcaire gréseux, roux, à Natica leviathan, et mi- 
crobrèches zoogènes un peu gréseuses 
Marne gréseuse grise à Terebratula valdensis. 


Microbrèche zoogène grumeleuse, rousse, gréseuse, et calcaire 
lithographique de même couleur, un peu gréseux. 


. Alternances de calcaires gréseux, grumeleux, bruns ou ver- 


sicolores, à Natica leviathan, de microbrèches zoogènes 
un peu gréseuses,et de marnes gréseuses. 


. Microbrèches calcaires zoogènes grises, un peu gréseuses, à 


Foraminiféres. 


. Alternances de grès marneux gris, de marnes gréseuses à 
£ 


empreintes charbonneuses de végétaux (c), avec des mi- 
crobrèches zoogènes gréseuses, grises et des calcaires sub- 
lithographiques gréseux, gris. 


Microbrèches zoogènes oolitiques et calcaires oolitiques de 
couleur claire, parfois à apparence farineuse. Quelques 
banes de calcaire lithographique. Foraminifères parfois 
assez abondants, pas ou peu de grains de quartz. 

Microbrèche zoogène un peu marneuse. 


. Calcaire un peu marneux, grumeleux,à Toxaster granosus. 


. Microbrèches zoogènes parfois oolitiques à Foraminifères. 


Grains de quartz en petite quantité. A Monnetier, faune 
coralligène à Heterodiceras luci. 


. Calcaires oolitiques gris ou blanchâtres, à Foraminifères. 


. Microbrèches zoogènes grises où brun clair, parfois subli- 


thographiques. Foraminifères assez abondants. Toxaster 
aff, granosus. Grains de quartz détritique en petite quan- 
tité. 


Fig. 8. — Coupe de l’Infravalanginien à la Grande Varappe. Echelle 1 : 500. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 


arrière sunérieure 


+-Carrière moyenne----à 


14. 


qe 


10. 


9 


Calcaires oolitiques clairs, à ciment cristallin. Microbrèches 
zoogènes souvent oolitiques, de même couleur; rarement cal- 
caires sublithographiques gris clair. Les Foraminifères exis- 
tent toujours, parfois très abondants. Pas de grains de quartz 
détritiques. 


. Microbrèche gréseuse grise, grumeleuse à la base. Foramini- 


fères alondants. 


. Bancs de microbrèche marno-calcaire, grumeleuse, grise ou ver- 


sicolore, un peu gréseuse, et de calcaire oolitique roux ou bleu, 
très riche en Foraminifères et sans grains de quartz. Min- 
ces lits marneux, gréseux entre ces bancs. 

Marne grise gréseuse à Terebratula valdensis et à Spirocy- 
clina erratica. 

Microbrèches zoogènes rousses ou bleues, pyriteuses, sans grains 
de quartz, Foraminifères peu abondants. 


Calcaire noduleux, un peu gréseux, gris ou bariolé de verdà- 
tre, sublithographique, à Natica leviathan; microbrèches 
zoogènes grises, plus où moins gréseuses, parfois marno- 
grumeleuses. 

Microbrèches calcaires zoogènes et calcaires oolitiques gris 
roux ou bleus, à ciment cristallin, un peu gréseux à la base 
et au sommet du complexe. Foraminifères peu abondants. 


. Alternances de calcaire gréseux ou de grès marneux gris à 


empreintes charbonneuses de végétaux (c) et de minces lits 
marneux, avec des microbrèches zoogènes grises, bleues ou 
versicolores, à Foraminifères plus on moins abondants. 


. Microbrèches zoogènes calcaires, gris clair, parfois à apparence 


farineuse et calcaires compacts gris clair. Foraminifères plus 
ou moins abondants. Pas où presque pas de grains de quartz 
détritiques. 


Fig. 9. — Coupe de l'Infravalanginien aux carrières de Monnetier. Echelle 1 : 500, 


est facilement reconnaissable partout au Grand Salève. À Monnetier, elle se trouve 
à mi-hauteur de la carrière moyenne, sur le versant du Grand Salève. On y trouve: 


Alectryonia tuberculifera (Koch et Dunker). Vallon de Monnetier, versant du 
y) 


Grand Salève, 


Terebratula valdensis de Lor. ; partout. 


Phyllobrissus neocomiensis 
Salève. 


(Ag.). Vallon de Monnetier, versant du Grand 


Spirocyclina erratica n. sp. Vallon de Monnetier, assez abondante sur le 
versant du Petit Salève, très rare sur l’autre. 


392 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


La couche à Rynchonella corallina vax. neocomiensis (n° 13 a) a une extension 
horizontale très restreinte; nous ne l’avons constatée que dans la région des gorges 
de la Varappe et de l’Evorse. Elle contient de nombreux Spongiaires et Rhyncho- 
nella corallina Lieym., var. neocomiensis Jacob et Fallot, de très petite taille. 


Faune de l’assise à Natica leviathan. Elle n’est pas très riche. De LORIOL 
[401] à décrit un certain nombre d'espèces de ce terrain, et nous-mêmes en avons 
signalé quelques-unes qui n'étaient pas connues jusqu'ici au Salève. Ce sont : 


Pycnodus couloni? Ag., complexe n° 10, Monnetier. 

Nerinea favrina P. et C., à plusieurs niveaux. 

Nerinea marcousana d'Orb., à plusieurs niveaux. 

Nerinea funifera P.et C., à plusieurs niveaux. 

Cerithium ? brotianum de Lor., complexe n° 9. 

Harpagodes desori (P. et C.), complexe n° 9. 

Aporrhais saussureanus de Lor., complexe n° 9. 

Aporrhais valangiensis P. et C., niveau indéterminé. 

Natica pidanceti Coq., Couche à Toxaster (n° 4), au Sarrot. 

Natica leviathan P. et C., à plusieurs niveaux, mais surtout à la partie supé- 
rieure du complexe n° 9. 

Pholadomya elongata Münst. var. scaphoidea P. et C., complexe n° 9, à la 
Varappe. 

Modiola montmollini (P. et C.), couche à Toxaster (n° 4), Sarrot. 

Alectryonia tuberculifera (Koch. et Dunk.), couche à Terebratula valdensis 
(n° 11). Carrière moyenne de Monnetier. 

Rhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot, complexe 
n° 13 «. Varappe. 

Terebratula valdensis de Lor., complexe n° 11, partout au Grand Salève. 

Toxaster granosus d'Orb., complexe n° 4. Sarrot, Varappe. 

Phyllobrissus neocomiensis (Ag.), couche à Terebratula valdensis (n° 11), 
Monnetier. 

Pygurus rostratus Ag., niveau indéterminé, très probablement n° 12 ou 15, 
Monnetier. (Communiqué par M. GYSIN). 

Acrosalenia patella (Ag.), couche à Toxaster granosus (n° 4), Sarrot. 

Spirocyclina erratica n. sp., couche à Terebratula valdensis (n° 11), Mon- 
netier. 


Détermination de l’âge des couches à Heterodiceras luci. Le fossile 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 339 


donnant le nom à ces couches a été considéré jusqu'ici comme caractéristique du 
facies tithonique coralligène. Nous avons déjà dit plus haut, sans le démontrer, que 
ces couches devaient être placées à la base de l’Infravalanginien. Maintenant que 
nous avons étudié les assises qui leur sont superposées et infraposées, nous sommes 
en mesure de déterminer exactement leur âge. 

Il est nécessaire, avant tout, de situer exactement le point où DE LUC a recueilli 
ses Hleterodiceras qu'on ne peut plus trouver en place aujourd'hui. Dans les Foya- 
ges dans les Alpes de H.-B. DE SAUSSURE, chap. VII, $ 244, DE Luc dit: « Ces 
coquilles | Æeterodiceras luci] se trouvent dans une carrière de pierre à chaux, 
située dans la gorge de Monnetier, à peu près au tiers de la hauteur de la mon- 
tagne.» Dans des notes manuscrites accompagnant ses Æeterodiceras et ses Coraux, 
le même auteur dit encore : + Toutes les pierres de ce tiroir sont de la carrière de 
Salève qui est sur le chemin de Moneti [Monnetier| à l’angle de la face [NW. du 
Saleve]. D'autres notes nous apprennent encore que la carrière en question était 
située à main gauche du chemin dont nous venons de parler et à dix minutes de 
Monnetier. En outre, nous avons recueilli des valves d’Æeterodiceras luci dans 
des déblais (ac, pl. 10, fig. 1) d’une carrière aujourd’hui entièrement comblée, 
dont la position correspond tout à fait à celle indiquée par DE Luc. C’est donc bien 
là le gisement exact du célèbre fossile dont l’âge peut être maintenant déterminé 
facilement. En effet, cette ancienne carrière est située à quelques mètres au-dessous 
de la carrière inférieure actuelle (pl. 10, fig. 1, ci), c’est-à-dire un peu au-dessous 
de notre complexe n° 9 de l’Infravalanginien. Or, la coupe de la Varappe (fig. 8) 
permet de voir qu'entre ce complexe n° 9 et le Purbeckien, il y a 27 mètres de couches. 
L’assise à /Æeterodiceras se place donc forcément parmi elles, donc dans l’Infra- 
valanginien. De plus, la preuve directe peut aussi être donnée. Si l’on monte au 
Grand Salève par le petit sentier qu'on voit serpenter à la gauche de la fig. 1, 
planche 10, on peut observer, au point que nous avons désigné par les lettres br, 
une belle brèche à cailloux versicolores caractéristique du Purbeckien inférieur. 
Comme à partir de ce point vers la gauche, les couches sont horizontales et n’ont 
subi aucun dérangement, nous pouvons conclure avec la plus grande certitude que 
les couches à Æeterodiceras sont au-dessus de ce Purbeckien. Nous avons, du reste, 
retrouvé ce Rudiste, assez mal conservé il est vrai, dans la paroi d’Archamps et sur 
le sentier de la Traversière, au-dessus des couches d’eau douce du Jurassique 
supérieur. 


Le facies coralligène à Rudistes du Salève, attribué autrefois tout entier au 
Jurassique, se trouve donc à deux niveaux très difjérents, l'un Infravalanginien, 
caractérisé par Heterodiceras luci, l'autre Portlandien inférieur avec Diceras spe- 


33/ E. 


ciosum, Matheronia salevensis et Valletia antiqua, tous deux étant séparés par 


JOUKOWSKY ET J. FAVRE 
S0 mètres de couches appartenant au Purbeckien et au Portlandien supérieur. 


Observations sur les divisions de l’'Infravalanginien établies par 
A. Favre. Il nous a semblé utile d'établir la correspondance entre les divisions 


établies par A. FAvRE [401, I, $ 219-221] et les nôtres : 


La partie supérieure de l'Oolithe co- 
rallienne formée de calcaires blan- 
châtres et farineux. 


L' Assise du Banc de fer dans laquelle 
A. FAVRE cite la couche à Natica le- 
viathan et un calcaire marneux bleuà- 
tre et brunâtre traversé par de nom- 
breuses veines charbonneuses verti- 
cales. 


L’'assise du calcaire à Nerinea fa- 
vrina et N. marcousana, qui se trouve 
immédiatement au-dessous du Grand 
banc et qui est formée de marnes et de 
calcaires marneux. 


L’'assise du Grand banc, constituée 
par des calcaires jaunâtres, blanchà- 
tres, très blanes à la partie supérieure, 
située immédiatement sous le Calcaire 
l'oux. 


Correspond à notre complexe n° 6. 


Ne peut se rapporter qu'à nos com- 
plexes 7 à 9. Les couches charbon- 
neuses ne sont pas au-dessus du Banc 
de fer et de la couche à Natica levia- 
than, mais au-dessous. Le banc que les 
ouvriers appellent Banc de fer se trouve 
au sommet de notre complexe 9. 


Correspond à nos complexes n°% 10 


A 13, 


Correspond à notre complexe n° 14. 


Comparaison de l'Infravalanginien du Salève avec celui des régions 
voisines. Abstraction faite de lassise à Aeterodiceras luci qui n'a jamais été 
signalée dans le Jura, linfravalanginien du Salève ne diffère pas sensiblement de 
celui du Jura central. D’après BAUMBERGER [195!", p. 52], dans cette dernière 
région, Sa partie inférieure est formée d’alternances de calcaires oolitiques, de 


marno-calcaires et de marnes, tandis que les calcaires oolitiques et les calcaires 


compacts jouent un rôle essentiel dans sa partie supérieure. Ces caractères sont 


done ceux qu'on retrouve dans notre chaine, quoique la partie inférieure, plus 


ou moins marneuse, soit ici notablement plus épaisse. 


| s'il shit nus L'OFFRE, Sn 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 33) 


Le caractère détritique littoral de toute la partie moyenne de l’étage n’a pas 
encore été signalé dans le Jura. Il est probable que cela provient du fait que dans 
les formations zréseuses, les grains de quartz sont fort petits et ne se reconnaissent 
pas facilement à première vue. 

L’épaisseur de l'étage augmente du nord vers le sud, dans le Jura central, 
d’après les constatations de BAUMBERGER |195°5, p. 52] qui donne les épaisseurs 
suivantes : 

Villers-le-Lae : 15-22: 

Lac de Neuchâtel : 42-45" ; 

Plateau de Nozeroy : 33-50. 

Au Vuache, d'après ScHaRDT [171, pl. 10], il atteint 67"! et nous lui 
avons trouvé 7 
mesure 23). 


D" au Salève (sans compter l’assise à Aeterodiceras luci qui en 


Dans le Jura savoisien, si les calcaires marneux à Brachiopodes désignés par 
le n° 2 dans les coupes de R£ÉvIL [206, p. 523] sont bien l'équivalent de la Marne 
d'Arzier, l'Infravalanginien, quoique formé de calcaires blancs ou blanc jaunatre, 
en gros banes à Nérinées et à Natices, est fort différent du nôtre par son épaisseur 
beaucoup plus faible (40 mètres à la Cluse de Chailles). 

L'Infravalanginien schisteux des régions alpines du voisinage du Salève n’a 
aucune analogie avec celui que nous venons de décrire. 


VALANGINIEN 


(Calcaire roux et Calcaire à Alectryonia rectangularis). 


Le Valanginien du Salève a déjà été étudié par À. FAvRE[104,$ 222 et $ 223] 
de sorte que nous aurons peu de chose à dire à son sujet. La coupe que nous don- 
nons (fig. 10) a été levée dans la gorge de la Grande Varappe. Le Calcaire roux y 
est représenté par les n®1à7, le Calcaire à Alectryonia rectangularis par le n°8. 
Nous attirons l'attention sur le complexe n° 3 formé de galets oolitiques bleus ou 
roux, roulés et aplatis, parfois perforés par des Mollusques lithophages. Ces galets 
sont empâtés dans une microbrèche zoogène tendre où les débris d'Echinodermes 
et de Bryozoaires sont abondants. Cette couche curieuse, dont le caractère rappelle 
celui d'une plage de galets, indique done une émersion au milieu de l’étage, fait inté- 
ressant et non signalé encore. 


1 Nous ne comprenons pas, dans cette épaisseur, les 18 mètres de calcaires et de lits marneux de la 
base de la coupe (assise n° 1) qui appartiennent au Purbeckien. 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL, 87 (1913). 42 


330 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Les limites de l'étage, qui atteint 44 mètres d'épaisseur, sont bien tranchées. 
Tandis que les calcaires blancs zoogènes à nombreux Foraminifères et à Rudistes des 


. Calcaires spathiques roux ou bleus à Alectryonia rectangularis. 
Glauconie et grains de quartz détritiques en petite quantité. 


. Microbrèche calcaire zoogène gris bleu à pyrite. Glauconie et grains 
de quartz détritiques en petite quantité, 

. Microbrèches calcaires zoogènes à pyrite et à grains de quartz al- 

ternant avec des banes silicifiés. 


. Microbrèche zoogène rousse, à limouite pigmentaire. Grains de 
CA ; 
quartz détritiques assez abondants. 


. Calcaire oolitique roux à ciment cristallin, peu de quartz détritique. 


. Calcaire-brèche zoogène à galets de plage. 


. Microbrèche zoogène rousse ou gris bleu, un peu marneuse dans sa 


partie moyenne, pyriteuse, à ciment de calcite impure, quartz 
détritique en petite quantité. 


. Calcaires oolitiques et microbrèche zoogène gris bleu, pyriteux, roux 
dans les parties oxydées. Grains de quartz détritiques en petite 
quantité. 


Fig. 10, — Coupe du Valanginien, à la Grande Varappe. Echelle 1 : 500. 


dernières couches de l’Infravalanginien témoignent d’une grande tranquillité dans 
la sédimentation, les premiers bancs du Valanginien indiquent un changement de 
régime par l'apparition de grains de quartz détritiques et de la pyrite qui colore 
les roches en bleu foncé ou en roux après oxydation. Ces deux éléments se retrouvent 
à travers tout l'étage, et la glauconie, qui jouera un grand rôle dans i Hauterivien, 
apparait dans les bancs à Alectryonia rectangularis. 

La limite supérieure est aussi nettement indiquée, car l’Hauterivien commence 
par des alternances de marnes grises gréseuses et de microbrèches zoogènes qui 
différent sensiblement des calcaires spathiques à Alectryonia rectangularis. 

Les fossiles sont rares dans le Valanginien. A. FAVRE [/oc. cit.] a signalé dans 
le Calcaire roux Cidaris pretiosa Desor. à la Grande Gorge, DE LoRIOL [88, p. 7| 
a rencontré dans le calcaire à Alectryonia rectangularis : 


Pleurotomaria neocomiensis d'Orb. 
Pleurotomaria bourgueti Ag. 
Pecten archiacianus &'Orb. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 397 


Alectryonia rectangularis Rœm. 
Ostrea leymerii d'Orb. 
Terebratula praelonga Sow. 
Toxaster retusus (Lm.). 

Pyrina pygæa Desor. 


A. FAVRE a placé les calcaires à A/ectryonia rectangularis dans l'Hauterivien. 
Aujourd'hui encore, l'accord n’est pas fait entre les géologues, mais il semble 
cependant qu'il faille plutôt classer cette assise dans le Valanginien. Au Salève, 
rien ne permet de trancher la question, les fossiles étant rares et insignifiants. Mais, 
comme le Calcaire roux passe par une transition ménagée au Calcaire à Alectryonia 
rectangularis et que ces deux assises forment un tout bien défini, nous les réunissons 
dans le même étage. 


Comparaison avec les régions voisines. Le Valanginien revêt, au Salève, 
un facies plus uniforme que dans les régions avoisinantes. En effet, on ne trouve 
pas trace ici des Marnes d’Arzier, du facies à limonite pisolitique, des Marnes à 
Bryozoaires et des Marnes à Astieria, qui se trouvent fréquemment dans le Jura. 
BAUMBERGER [195"%, p. 52] à montré que le Valanginien augmente d'épaisseur 
vers le Sud. Cet étage, qui a 4-5" aux Villers, 13 à Neuchâtel, 24 à Stt-Croix, 39 au 
Vuache (d’après SCHARDT), mesure en effet 44" au Salève. 


HAUTERIVIEN 


La coupe que nous donnons de cet étage (fig. 11) a été levée, pour la partie 
inférieure (jusqu'au n° 10), dans la gorge de la Varappe, et pour la partie supé- 
rieure, dans la paroi de la rive gauche de la Petite Gorge. Elle est suffisamment 
détaillée pour que nous n’ayons pas besoin de passer en revue tous les complexes 
qui la composent. Nous nous bornerons à donner quelques considérations générales 
sur l’étage et à dire quelques mots sur les couches qui présentent un intérêt parti- 
culier. L'Hauterivien du Salève, qui atteint 94, est divisé, comme dans le Jura, 
en ? parties à facies très différent : la partie inférieure à facies marneux atteint 
59%, la partie supérieure à facies calcaire en mesure 35. 


Partie inférieure (équivalent des Marnes d’'Hauterive). Les couches mar- 
neuses et marno-calcaires, bleues, grises ou rousses quand la pyrite qu’elles con- 
tiennent a été oxydée, y prédominent. Elles sont toujours plus ou moins gréseuses, 
parfois même très fortement, A la base de l’assise, ces roches contiennent peu de 


JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


17. Microbrèche calcaire, jaune roux, zoogène, oolitique, sans glauconie, 
à débris de fossiles silicifiés. 

16. Microbrèche marno-calcaire, jaune roux, zoogène, pauvre en giau- 
conie et eu grains de quartz, parfois à fossiles silicifiés. 

15. Microbrèche calcaire oolitique, zoogène, pauvre en glauconie, riche 
en quartz. Toxaster retusus. 


14. Calcaires spathiques roux et brèches oolitiques, zoogènes, rousses, 
très glauconieuses, mais pauvres en grains de quartz. Débris de 
fossiles silicifiés très abondants. 


13. Microbrèche zoogène rousse, riche en quartz, en glauconie et en 
limonite pigmnentaire. 


12. Calcaires spathiques roux et brèches zoogènes oolitiques rousses à 
glauconie et à grains de quartz. Débris de fossiles silicifiés très 
abondants. 


11. Microbrèches zoogènes marno-calcaires, rousses, gréseuses, riches 
en glauconie, en limonite et pyrite pigmentaire; débris de fos- 
siles silicifiés; Foraminifères. 

10. Marnes et marno-calcaires gréseux, gris bleu; Toxaster retusus. 


9, Marno-calcaires et marnes, très gréseux, gris bleu, à grains de py- 
rite, très riches en glauconie. 


8. Marnes et marno-calcaires, très gréseux, gris bleu, à grains de py- 
rite, riches en glauconie. 


7. Alternances de microbrèches zoogènes gris bleu foncé à pyrite et à 
glauconie et de marnes gréseuses grises, glauconieuses. 


6. Calcaires gris clairs ou roussâtres, extrémement gréseux, durs, à 
glauconie rare, parfois silicifiés, parfois un peu marneux. 


5. Marnes grises gréseuses et calcaires marneux gréseux, à glauconie 
rare. 


4. Marnes argileuses panachées de bleu et de jaune et marne verte. 
Très riche faune. 

3. Microbrèche zoogène calcaire, bleue ou rousse, parfois spathique, 
pas ou peu de quartz, glauconie assez abondante, bancs à débris 
de fossiles silicifiés. Foraminifères parfois assez abondants. 


2. Microbrèches zoogènes calcaires, grises, un peu gréseuses et glau- 
conieuses, à débris de fossiles silicifiés, et marnes grises. 

1. Microbrèches calcaires zoogènes rousses, faiblement gréseuses, à 
débris de fossiles silicifiés et marnes gréseuses grises; une partie 
de la coupe est recouverte. 


Fig. 11. — Coupe de l'Hauterivien à la Grande Varappe et à la Petite Gorge. Echelle 1 : 500. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 


glauconie, mais au sommet, ce silicate est en forte proportion, surtout dans le com- 
plexe n° 9 ainsi que le montre la figure 6, planche 14. Cette glauconie apparait 
sous la forme de grains arrondis, d’un vert très foncé, sensiblement plus gros que 
ceux de quartz. 

Les calcaires du complexe n° 6, durs, sont à pâte fine, leur teneur en grains de 
quartz est extrêmement grande (jusqu'à 42 °/;), ce sont presque des grès. La glau- 
conie, par contre, y est peu abondante. Parfois, ces calcaires ont encore subi un 
commencement de silicification. 

Toutes les couches dont nous venons de parler sont essentiellement détritiques, 
les débris d'organismes y jouent un rôle insignifiant. Les résidus de Pattaque par 
l'acide chlorhydrique de quelques échantillons de ces roches sont les suivants : 


Complexe n° 4: 41°/, surtout argileux. 

Complexe n° 6:42°/, presque exclusivement siliceux. 
Complexe n° 9 : 581/, glauconieux, quartzeux et argileux. 
Complexe n° 11 : 25 °/, quartz, glauconie, argile et limonite. 


A plusieurs reprises, par contre, des calcaires essentiellement zoogènes (n° 1, 
2, 3, T) s'intercalent dans les formations précédentes. Ce sont des microbrèches 
parfois oolitiques, parfois spathiques, à débris d'organismes très variés, mais où les 
Foraminiferes jouent un rôle très peu important. Elles sont très semblables à celles 
que nous avons décrites dans le Valanginien et à celles de la partie supérieure de 
l'Hauterivien. Elles sont en général bleu foncé, grace à la pyrite qui s’y rencontre, 
parfois rousses, lorsque ce sulfure à été transformé en limonite. Souvent, elles con- 
tiennent des éléments d’origine détritique constitués principalement par de petits 
grains de quartz, surtout dans le complexe n° 7, mais la partie argileuse ny est 
pas considérable. La glauconie existe aussi presque toujours dans ces formations 
zoogènes et c'est dans les couches les plus élevées (n° 7) qu’elle est en plus grande 
quantité. 

Au point de vue paléontologique, ce sont les couches du complexe n° 4 qui sont 
de beaucoup les plus importantes. C’est là que DE LORIOL à fait des fouilles dans la 
gorge de la Varappe et a recueilli une riche faune, essentiellement néritique, consti- 
tuant la plus grande partie des especes étudiées dans sa Description des animaux 
invertébrés du Mont Salère. Ces couches fossilifères sont des marnes argileuses 
tendres, panachées de bleu et de jaune, ou des marnes vertes à concrétions cal- 
caires et à petits silex noirs. Nous ne mentionnerons de cette faune que les espèces 
les plus importantes en renvoyant à l'ouvrage cité pour plus de détails : 


310 E, 


Céphalopodes : 

Belemnites (Hibolites) pistliformis Blainv. 
Belemnites : Duvalia) dilatatus Blainv. 
Mortoniceras eultrata (d'Orb.). 
Hoplites (Leopoldia) leopoldinus (d'Orb.). 
Hoplites (Leopoldia) castellanensis(d'Orb.). 
Holcodiseus intermedius (d'Orb.). — Am. 

vandeckii de Lor. 
Holcostephanus astierianus (d'Orb.). 
Crioceras Duvali Lév. 


JOUKOWSKY 


Gastéropodes : 
Peu abondants. 
Pleurotomaria neocomiensis d'Orb. 


Lamellibranches : 
Très nombreux. 


Pleuromya neocomiensis (Leym.). 
Trigonia caudata Ag. 

Cardium subhillanrum Leym. 
Pecten goldfussi Desh. 

Pecten carteronianus d'Orb. 
Janira neocomiensis d'Orb. 


ET J. FAVRE 
Janira atava (Rœm.). 
Exogyra couloni (Defr:.). ete. 


Brachiopodes : 


Rhynchonella multiformis Rœm. 
Terebratula acuta Qu. 

Zeilleria pseudojurensis (Leym.). 
Eudesia semistriata (Defr.), etc. 


Bryozoaires : 
Très abondants,. 
Echinodermes : 


Toxaster retusus (Lm.). 
Holaster intermedius (Münst.). 
Echinobrissus olfersi (Ag.). 
Phyllobrissus alpinus (Ag.). 
Collyrites ovulum (Desor.). 
Holectypus macropyqus (Ag.). 
Pseudodiadema rotulare (Ag..). 
Pseudodiadema bourqueti {Ag.). 
Cidaris punctatissima (Ag.), ete. 


Spongiaires : 
Nombreux. 


Dans les couches représentées par les complexes 6, 8, 9, 10, ce sont les 
grands Céphalopodes qui prédominent. Nous extrayons de l'ouvrage de bE LORIOL 
les espèces les plus importantes de ces assises : 


Nautilus pseudoelegans d'Orb. 

Nautilus neocomiensis d'Orb. 

Lissoceras grasi (d'Orb.). 

Puzozia ligata (d'Orh.). 

Holcostephanus astierianus (d'Orb.). 

Hoplites salevensis Kil — Am. cryptoceras 
de Lor. 

Hoplites (Acanthodiscus) radiatus Brug. 


Hoplites (Saynella) clypeiformis d'Orb, 
Toxaster retusus (Lin.). 

Holaster intermedius (Münst.). 
Pygurus montmollini (Ag.). 

Collyrites ovulum (Desor..). 
Pseudodiadema rotulare (Ag.). 
Pseudodiadema bourqueti (Ag.). 


Enfin, Toæaster retusus (Lm.), Exogyra couloni (Defr.), et quelques autres 
espèces se trouvent à tous les niveaux de l'Hauterivien inférieur. 


Partie supérieure (Equivalent de la Pierre jaune de Neuchâtel) (n° 12 
à 17, fig. 11). Elle est composée uniquement de roches zoogènes grises ou rousses. 


Ce sont soit des microbrèches souvent oolitiques, soit de beaux calcaires spa- 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 341 


thiques échinodermiques. Le quartz détritique s’y rencontre toujours, parfois même 
en forte proportion. Vers la limite supérieure de létage, il disparait cependant 
presque complètement. La glauconie disparaît aussi dans les derniers bancs hau- 
teriviens, mais elle est parfois tiès abondante plus bas. 

Les calcaires de l'Hauterivien supérieur qui contiennent la plus grande pro- 
portion de matières détritiques (quartz surtout puis argile) et de glauconie ont 
donné 21 °/, comme résidu de dissolution avec l'acide chlorhydrique. Ils proviennent 
de bancs du complexe n° 14. 

Remarquons encore que, très souvent, une partie des débris d'organismes variés 
qui forment les microbrèches sont silicifiés, forment des trainées mises en saillie 
par l’érosion et montrent alors souvent une stratification entrecroisée. Parfois, ce 
phénomène en s’accentuant donne naissance à de véritables rognons ou même à des 
bancs siliceux. 

Les fossiles entiers sont très rares dans cette partie de l’Hauterivien. Toxaster 
retusus (Lan.) y existe cependant jusque dans les derniers bancs. 


Répartition de l'Hauterivien. La partie inférieure de cet étage, grace à 
son facies marneux, forme entre autres les grandes pentes herbeuses de la chaine 
des Pitons qui s'étendent entre la Croisette, la Thuile et St-Blaise, puis aussi les 
pâturages du sommet du Grand Salève. Il est très rare que des coupes naturelles de 
ce terrain soient visibles, et, en dehors des endroits où nous avons levé la coupe 
fig. 11, c’est seulement dans la cluse de la Caille qu'on peut en voir une à peu près 
complètement. En cet endroit ce terrain a du reste les mêmes caractères et la même 
épaisseur qu'au Grand Salève. 

Seuls, les bancs de calcaire fortement gréseux (n° 6 de la coupe fig. 11) affleu- 
rent souvent sur les pentes gazonnées hauteriviennes, comme c’est le cas, par exem- 
ple, au Petit Salève et en plusieurs endroits entre la Croisette, la Thuile et Saint- 
Blaise. Ce sont ces mêmes bancs gréseux qui sont bien à découvert à la Grande 
Gorge, au bord du chemin horizontal venant de la Corraterie, au point où jaillit 
une petite source. La paroi méridionale du couloir appelé Echelle de Jacob, à la 
Petite Gorge, est formée également de ces calcaires gréseux gris bleu ou roux. 

La partie supérieure de l'Hauterivien, toute calcaire, forme, avec la partie 
inférieure du Barrémien, les petits escarpements qui couronnent le Petit Salève, la 
chaine des Pitons et les bords orientaux de la Grande et de la Petite Gorge. 


Divisions de l’'Hauterivien du Salève établies par A. Favre. Dans ses 
Recherches, I, $ 223, p. 263, A. FAVRE a distingué les divisions suivantes : 


RS RE ne bal à fr 


349 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


6. Calcaire jaune. 

5. Calcaire marneux à rognons et à grands Céphalopodes. 

4. Marnes argileuses panachées fossilifères. 

3. Marnes vertes à rognons calcaires et à petits silex noirs, très fossiliferes. 
2, Marnes argileuses panachiées, fossiliferes. 

1. Calcaire jaune à Ostrea rectangularis. 


Nous avons réuni le n° 1 au Valanginien. Les n° 2, 3, 4, correspondent à notre 
complexe n° 4 (fig. 11). 

Nous avons trouvé dans la collection de A. FAVRE, au Muséum de Genève, 
un échantillon de calcaire très gréseux, bleuâtre, à géode de cristaux de quartz 
qui appartient sûrement au n° 5 de la coupe de ce géologue; il correspond certai- 
nement aux calcaires gréseux de notre complexe n° 6. Il est probable qu'il faut 
encore rattacher au n° 5 de la coupe de À. FAVRE, les marno-calcaires et les mar- 
nes bleues glauconieuses de nos complexes 8, 9, 10 qui contiennent aussi de grands 
Céphalopodes. 

La division n° 6, établie par A. FAVRE, correspond à toute la partie supérieure 
calcaire de l'Hauterivien (c.-à-d. à nos complexes 12 à 17) et, ainsi quenousle verrons, 
au Barrémien inférieur. 


Comparaison avec les régions voisines. L'Hauterivien que nous venons 
de décrire ne diffère pas beaucoup de celui des gisements classiques du Jura cen- 
tral. Les deux mêmes facies s’y retrouvent, mais, tandis que le facies marneux, 
dans cette dernière région, à une épaisseur sensiblement plus faible que celle du 
facies calcaire (35% pour 50% à Cressier d'après BAUMBERGER [1955 part. 2, 
p. 10] et 28 pour 66 au Vuache d’après ScHARDT [174, pl. 10}), au Salève, les 
marnes et marno-Calcaires sont beaucoup plus développés (59% pour 35). Ici, 
l'Hauterivien a donc un facies intermédiaire entre celui du Jura et celui des 
chaînes alpines du Genevois les plus rapprochées. D’après HauG!, en effet, dans 
cette dernière région, l'étage est formé de calcaires marneux et de schistes noirs 
en alternances multiples où le facies calcaire spathique jurassien n'apparait que 
d'une façon très réduite au sommet. La faune du Salève quoique très proche parente 
de celle du Jura par ses nombreux Lamellibranches et ses Grastéropodes néritiques, 
possède cependant un certain nombre de Céphalopodes n'ayant pas atteint le 
Jura, mais qui sont bien connus dans le facies vaseux du géosynelinal dauphinois. 
Ce sont : 


! Hauo, Ætudes sur la tectonique des hautes chaînes calcaires de Savoie, Bull. des Services, Carte 
géol. France, n° 47, p. 20, 1895. £ 


An 


Fret 


MONOGRAPIIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 343 


Duvalia dilatata (Blainv.). 
Mortoniceras cultrata (ŒOrb.). 
Hoplites salevensis Kilian. 
Lissoceras grasi (d'Orb.). 
Puzozia ligata (ŒOrb.). 
Holcodiscus intermedius (d'Orb.). 


Enfin, l'Hauterivien du Salève, ainsi que nous l'avons montré, à un caractère 
détritique très prononcé, grâce surtout à ses formations gréseuses qui n’ont pas été 
signalées dans le Jura et dans les régions alpines les plus rapprochées. 


BARRÉMIEN 


Barrémien inférieur. La limite entre l'Hauterivien et le Barrémien n’est 
pas tranchée. Nous avons vu que les derniers bancs que nous avons class 


dans l’Hauterivien étaient des microbrèches zoogènes rousses où les grains de quartz 
et la glauconie avaient presque disparu. Dans les couches que nous plaçons dans le 
Barrémien inférieur, les calcaires oolitiques jaune roux se mélangent aux micro- 
brèches, la roche devient même parfois un peu marneuse, de sorte que certains 
bancs de marno-calcaires oolitiques grumeleux et rognonneux forment des retraits 
dans les parois constituées par l’Hauterivien supérieur et le Barrémien. Le quartz 
a disparu, et la glauconie même ne tarde pas à faire totalement défaut. Des rognons 
siliceux persistent beaucoup plus longtemps. 

Ces calcaires grumeleux oolitiques jaune roux, qui sont identiques à ceux du 
Barrémien inférieur du Jura (couches de la Russille), sont très peu fossiliferes, à 
part des Spongiaires, très abondants, mais peu déterminables. Nous avons recueilli : 


Janira atava (Rœm.), au Petit Salève. 

Nucleopyqus roberti (Ag.), au Petit Salève et à la Petite (Gorge. 
Echinobrissus aff. placentula (Desor), entre les Pitons et la Thuile. 
Pyrina pygaea (Ag.), entre les Pitons et la Thuile. 


Le Barrémien inférieur passe insensiblement, par des calcaires oolitiques et 

des microbrèches de plus en plus claires, aux calcaires oolitiques blancs, encore 

nettement stratifiés, puis au massif calcaire récifal blanc à Rudistes du Barrémien 
supérieur à facies urgonien. 

Comme on le voit, les couches que nous venons de décrire et qui atteignent une 


MÉM. SOC, PHYS, ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 43 


344 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


dizaine de mètres d'épaisseur n'ont pas de limite tranchée, ni à leur base, ni à leur 
sommet. Leur faune, si pauvre, comprend cependant deux espèces d’Echinoder- 
mes qui se rencontrent en général dans le Barrémien. Leur facies oolitique gru- 
meleux, si caractéristique, est parfaitement semblable à celui des Couches de la 
Russille, dont la faune est nettement barrémienne, de sorte que nous n'hésitons 
pas à paralléliser ces deux formations. 


Barrémien supérieur. Nous n'avons rien de spécial à dire du massif de 
calcaires blancs zoogènes du Barrémien supérieur contenant tres souvent des 
Rudistes en grande quantité, surtout aux environs de Cruseilles et du chàteau des 
Avinières. Il ne diffère pas de celui des régions voisines et atteint au moins 100 
mètres d'épaisseur, mais est presque toujours incomplet, grace aux érosions du 
Crétacé supérieur et du commencement du Tertiaire. Rappelons cependant que, au- 
dessus du village d’Essert, il a fourni une faune assez abondante, décrite par DE 
LorioL [100], et comprenant surtout des espèces non encore signalées ailleurs. 
Parmi les autres espèces pouvant servir de terme de comparaison, nous citerons : 


Trigonia ornata d'Orb. Terebratula russillensis de Lor. 
Arca cornueliana d'Orb. Nucleopygqus roberti (A. Gras.). 
Arca dupiniana d'Orb. Goniopyqus peltatus Ag. 

Arca marullensis d'Orb. Cidaris cornifera Ag. 


Lima orbignyana Math. 


A. FAVRE [101, I, $ 227 et 228] n’a distingué que le Barrémien supérieur. Il 
plaçait les marno-calcaires oolitiques du Barrémien inférieur dans l’Hauterivien. 


APTIEN 


Les érosions n’ont épargné au Salève que deux lambeaux insignifiants de cet 
étage qui est formé d'un calcaire jaunàtre grumeleux. Le premier de ces lambeaux, 
qui se trouve tout près du village du Sappey, a déjà été signalé par A. FAVRE[1401, I, 
$ 230]. M. le Professeur SCHARDT nous à communiqué, de ce gisement, ÆHar- 
pagodes pelagi (Brongn.), Ostrea tuberculifera Koch et Dunk., et Ænallaster 
oblongus Brongn. Le second gisement, un peu plus étendu, se voit au hameau de 
Clarnant ; nous y avons recueilli /larpagodes pelagi Brongen. 

En dehors des limites de notre carte, dans la partie SW. de la chaîne du 
Salève, l’Aptien est mieux représenté. Ainsi, sur le versant NW. du Crêt à la 
Dame, au bord de la route, entre le débouché de la cluse d'Allonzier et Rossy, on 


1" PPS 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 949 


peut observer des couches de brèche calcaire à cailloux anguleux et de marn6- 
calcaire grumeleux, peu épaisses, qui surmontent des calcaires et des calcaires mar- 
neux à Rudistes. Les marno-calcaires grumeleux nous ont fourni : 


Nerinea cfr. essertensis P. et C. 
Harpagodes pelagi Bronen. 
Rhynchonella parvirostris Sow. 
Pygaulus desmoulinsi Ag. 

Nucleopyqus roberti (A. Gras), abondant. 


Dans les calcaires à Rudistes nous avons recueilli : 


Requienia pellati Paquier. 
Matheronia aptiensis (Math.). 


Plus au SW. encore, sur le versant SE. de Ja Montagne de la Balme, près 
de Chez Fumet, MAILLARD [165, p. 50] à étudié un autre afeurement plus 
étendu que le précédent, mais qui présente les mêmes caractères. Nous l'avons 
retrouvé et nous y avons recueilli les fossiles suivants. 

Dans les calcaires marneux bleuatres (n° 1 à 3 de la coupe MAILLARD) : 


Requienia pellati Paquier. Matheronia aptiensis (Math.). 


Dans les marno-calcaires gris et les calcaires grumeleux (n° 4 et 5 de la coupe 


MAILLARD) : 

Nerinea cfr. essertensis P. et C. Pseudodiadema carthusianorum À. Gras. 
Harpagodes pelagi Brongn. Pygaulus desmoulinsi Ag. 

T'ylostoma rochatianum P. et C. Nucleolites soberti À. Gras. 

Rhynchonella parvirostris Sow. Enallaster oblongus (de Luc). 


ALBIEN 


Nous n'avons constaté ce terrain nulle part au Salève, mais DOUXAMI 
(183, p. 25] le signale, sans le décrire, dans une galerie creusée aux environs de 
Cruscilles, 


3406 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE 


TERTIAIRE 


SIDÉROLITIQUE 


Le Sidérolitique du Salève a déjà été étudié par plusieurs géologues et surtout 
par À. FAVRE, MAILLARD et Douxami !, de sorte que nous n'avons que fort peu de 
choses à ajouter à ce que l’on en sait. 

Il se compose essentiellement de matériaux grésenx et présente des compo- 
sitions variables selon les points où on l’examine. Au Petit Salève, presque jusqu'à 
son sommet, sur le versant de Mornex et jusqu’à ce dernier village, le Sidérolitique 
est formé de poudingues bien stratifiés. Les cailloux de ce poudingue sont de 
grosseur très variable et atteignent parfois 0,50 de plus grand diamètre ; ils ne 
sont presque jamais complètement roulés, mais leurs angles sont toujours émoussés. 
On y trouve surtout des calcaires barrémiens et rarement des calcaires glauconieux 
de l’'Hauterivien. Par contre on y voit en grande abondance des silex gris de 
dimensions variables atteignant 0,10 et plus, et dont l’origine doit être cherchée 
en dehors du Salève, à moins qu'ils ne proviennent de terrains méso ou néocrétacés 
que l'érosion aurait complètement fait disparaître avant et pendant la formation du 
terrain sidérolitique, ou encore, des couches hauteriviennes et barrémiennes infé- 
rieures fréquemment silicifiées. 

Le ciment qui empâte ces gros éléments est un grès très riche en quartz, 
cimenté lui-même par de la calcite en proportion variable, mais toujours faible par 
rapport au quartz. = 

Les poudingues de Mornex sont en stratification concordante, mais en discor- 
dance d’érosion avec le Barrémien. On ne les voit pas en contact avec la Molasse 
dont l’afeurement le plus proche est au Mont Gosse. 

Nous n'avons pas trouvé trace de fossiles dans cette formation, mais A. FAVRE 
(401, I, $ 232) signale un grès à Cerithium, Natica, Melanopsis, Bivalves, piquant 
d'Oursin indéterminables, qui parait être lié à elle. 

On voit une belle coupe du poudingue sidérolitique en contact avec le Barré- 
mien, au pont, sous la station de Bas-Mornex. Ce terrain débute par des couches 


1 A. Favre, 404, L, $ 231 et 232. — Maicrarn, 465, p. 2; 169, pp. 3 à 8. — Douxamr, 183, 
pp. 25-26, 93, 101 ; 490, p. 10. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 347 


marno-calcaires lie de vin, reposant sur le Barrémien et supportant les poudin- 
gues en parfaite concordance. 

Au Grand Salève, en un seul point, près du hameau de la Joie, on retrouve les 
poudingues formant, comme au Petit Salève, des placages sur le Barrémien. En outre, 
à l'extrémité SW. de l’anticlinal du Salève, en dehors des limites de notre carte, 
on retrouve des poudingues identiques à la montagne de la Balme, près de Chez 
Roux et au coteau de Lovagny, où ils ont été signalés par MAILLARD. 

Partout ailleurs, le Sidérolitique revêt l'aspect de grès plus ou moins riches en 
oxyde de fer, assez riches parfois pour avoir alimenté les fonderies dont on trouve 
les nombreux vestiges sur toute la chaine du Grand Salève et des Pitons. Un gise- 
ment classique, connu depuis longtemps, se trouve aux rochers de Faverge. On y 
voit un pittoresque amoncellement de blocs de grès dû au phénomène bien connu 
de la désagrégation en boules. Ces blocs sont d'un blanc éclatant par places, ailleurs 
plus on moins fortement teinté par de la limonite. Les grès sont à peu près exclu- 
sivement formés de quartz. Sur le plateau supérieur du Salève et des Pitons, c'est 
généralement le type des grès ocreux qui domine. Très fréquemment, les afleure- 
ments de grès se trouvent dans des entonnoirs et des dépressions du Barrémien où 
se conserve, assez tard dans la saison d'été, une mare stagnante. 

Près de la vallée des Tourches et surtout dans la région de Praz Penaz, on 
rencontre le Sidérolitique sous la forme de minerai de fer pisolitique. 

Aux environs de Cruseilles, on retrouve des grès blancs, quelquefois assez 
friables pour avoir donné lieu à des exploitations pour la verrerie. Près du bourg 
même, sur la route du Mont-de-Sion, on voit des fissures remplies de grès siliceux 
teintés de vert par une proportion notable de glauconie. Il n’est pas impossible qu'il 
faille attribuer cette glauconie à un terrain sous-jacent actuellement complètement 
disparu. 

Nous devons faire une mention spéciale de certains gisements de grès et de 
brèches filoniennes à ciment gréseux. Tout d’abord dans la faille de la Petite Gorge, 
qui va du vallon de Monnetier à la Grande Gorge, où nous trouvons une brèche 
formée de fragments des roches calcaires immédiatement adjacentes, empatés, dans 
une masse ocreuse ou lie de vin, gréseuse, et présentant tous les caractères du Sidé- 
rolitique du Salève, 

Au sentier des Bûcherons supérieur, dans la région de l'Arc, à l'endroit même 
où se trouve un gisement de fossiles d’eau douce, dans une couche marneuse du 
Purbeckien, on voit une grosse lentille de grès sidérolitique, allongée parallèle- 
ment aux couches. Il faut citer, ici également, un afeurement de gres ferrugineux 
dans le vallon de la Joie, dans le lit même du ruisseau, là où son cours est tracé 
dans les couches marneuses de l'Hauterivien, 


348 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Sous la grande paroi du Saut Gonet, la grande faille longitudinale est égale- 
ment remplie d'un grès blanc avec de rares points de glauconie. 

Entre la Petite et la Grande Gorge, la faille est jalonnée par une brèche à 
ciment quartzeux, ocreux, qui fait saillie au bas d’un petit ravin, grâce à sa dureté, 
Cette brèche est recoupée par une cassure transversale avec léger rejet hori- 
zontal. 

L'étude de ces divers gisements fait penser que des cassures, et plus particu- 
lièrement des cassures longitudinales, ont préexisté au dépôt du terrain sidéroliti- 
que, de telle sorte qu'en certains endroits (Sentier des Bücherons, faille sous le 
Saut Gronet, ete.) les grès ont pénétré en profondeur, remplissant les vides laissés 
par les cassures parfois modelées par des corrosions. Dans la Grande Gorge Inté- 
rieure, nous avons constaté un de ces filons sidérolitiques dans le Portlandien 
inférieur, indiquant que la pénétration des grès s’est fait sentir jusqu'à 400" au- 
dessous de la surface du sol. 

Un fait important à noter, c’est que sur le plateau même du Salève et des 
Pitons, le Sidérolitique occupe presque toujours des dépressions irrégulières creu- 
sées dans le Barrémien. C’est le cas à Faverge, aux environs de Chenex, sur le 
plateau du Grillet, à Praz Penaz et en d’autres localités encore. Parfois, comme 
au-dessus de la Croisette et à Praz Foraz, ces dépressions ont atteint l'Hauterivien. 
Dans quelques cas, le Sidérolitique de ces sillons irréguliers est friable et peut- 
être faut-il le considérer alors comme un terrain remanié. Aux environs de Cru- 
seilles et de PAbergement, la surface irrégulièrement érodée du Barrémien est pres- 
que complètement ennoyée par les grès, de sorte qu’on ne voit que de distance en 
distance émerger de petites éminences de calcaire. Le phénomène a certaines 
analogies avec celui qui à donné naissance aux dolines. Il est bien probable que, pen- 
dant la formation des dépôts sidérolitiques, il y à eu une terre émergée, formée de 
roches urgoniennes érodées par les eaux météoriques et superficielles et dont les 
creux ont été comblés par les résidus de la destruction de couches superposées au 
Barrémien. 

Un fait à souligner dans la composition minéralogique des grès sidérolitiques 
est l'absence complète d'éléments feldspathiques et micacés, tandis que ces miné- 
raux abondent dans la Molasse. L'origine des matériaux est donc tout autre pour 
ces deux terrains et les poudingues du sidérolitique ne peuvent pas être considérés 
comme conglomérats de base de la formation molassique. 

L'âge des dépots sidérolitiques du Salève ne peut être déterminé directement, 
les grès n'ayant fourni aucun organisme et la faune accompagnant le poudingue de 
Mornex étant indéterminable. Douxamt [1838, p. 25; 190, pp. 190-191, par 
comparaison avec des dépôts analogues des régions voisines de la Savoie et du 


14 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 349 


Jura méridional, attribue les grès à l'Eocène inférieur et moyen, tandis qu'il consi- 
dère les poudingues comme étant tongriens. Ces deux formations sont en connexion 
si intime qu'il ne nous parait pas possible de leur donner des âges différents. 


MOLASSE 


Nous avons marqué tous les afleurements de Molasse qui se trouvent sur le 
territoire de notre carte géologique, mais sans faire d'étude stratigraphique détaillée 
de ce terrain, qui d’ailleurs est d’une grande monotonie et ne nous a nulle part 
fourni de fossiles, sauf quelques traces de Végétaux sur la nouvelle route du vallon 
de la Joie, près de Chez Blondin. Le plus bel afeurement se trouve au-dessus de 
Ronzier, où l’on peut observer une série verticale et renversée de grès plus ou moins 
marneux, gris, atteignant une épaisseur de 800% au moins. Des descriptions de 
la Molasse de la région ont été données par divers auteurs!, auxquels nous ren- 
voyons le lecteur. 

Une particularité qui mérite d'être signalée est la légère discordance qu'on 
observe parfois entre la Molasse et le Barrémien, en particulier au Chêne près de 
Vovray-en-Bornes. Il faut dire d’ailleurs que souvent on n’aperçoit pas de discor- 
dance sensible, et il n’est pas douteux que le relief du Salève ait été recouvert d’une 
épaisseur considérable de Molasse. 

Signalons comme élément constituant de ce terrain, aux environs d’Essert, des 
plagioclases assez abondants et du microcline accompagnant le quartz. Le ciment 
est calcaréo-argileux. 

Toute la Molasse entourant le Salève, formée de grès plus ou moins marneux, 
bleuatres ou gris, de marnes grises ou bariolées, est d'age aquitanien d'après les 
recherches de DOUXAMI. 


QUATERNAIRE 
TERRAINS GLACIAIRES 


Les terrains glaciaires du Salève et des régions qui l’avoisinent ont été l'objet 
de nombreux travaux qu'il serait trop long de passer en revue. Nous nous conten- 


? Necker (39, I, pp. 394-403). — A. Favre (401, I, $ 199, 235, 236). — MarccarD (165, pp. 41 et 
suiv.; 469, p. 6). — Douxamr (183, pp. 194, 196 ; 195, pp. 144, 145). 


390 E. JOUKOWSKŸ ET J. FAVRE 


tons de donner, ici, une liste des principales études concernant ces terrains qua- 
ternaires !. 

Pari les dépôts glaciaires, très abondants sur le territoire de notre carte, 
nous avons pu distinguer les éléments suivants : moraine alpine, fluvio-glaciaire 


alpin, moraine de fond salévienne et groise. 


Moraine alpine. Ce groupe comprend les moraines de fond et les moraines 
superficielles à blocs anguleux. Les moraines de fond sont formées d’argile avec 
blocs et cailloux anguleux ou à angles émoussés, souvent striés. Les cailloux qui la 
composent sont des roches cristallines et des calcaires de la zone helvétique. Nous 
avons marqué d’un signe spécial les blocs erratiques qui sont très nombreux et très 
significatifs dans notre région. 

La moraine alpine, qui souvent voisine avec des dépôts fluvio-glaciaires de 
méme âge, n’est pas toujours facile à distinguer de ces derniers lorsqu'on ne peut 
pas examiner les terrains sur une coupe et qu’on est limité aux indices un peu 
vagues que l’on peut recueillir dans les champs labourés. Cependant, bien souvent 
la présence simultanée de cailloux alpins anguleux et de cailloux striés dans un sol 
argileux permet une détermination sûre. Pour l'extension de ce terrain, comme pour 
ceux qui suivent, nous renvoyons à la carte géologique. 


Fluvio-glaciaire alpin. Le fluvio-glaciaire alpin a les caractères habituels 
de ce dépot. Il est formé de cailloux d’origine alpine, cristallins ou calcaires, souvent 
associés, sur le pourtour du Salève, à des calçaires des divers étages formant cette 
montagne, et noyés dans une masse de sable. La détermination de ce terrain est 
facilitée par les exploitations de sable et de gravier qu’on y trouve fréquemment. 

Souvent, ces graviers sont assez solidement agglomérés pour devenir de véri- 
tables poudingues. C’est ainsi, par exemple, qu’au plateau de Saint-Blaise, au 
Mont-de-Sion, et en diverses localités dans la vallée des Usses, on trouve des pou- 
dingues où le ciment est formé en majeure partie de calcite où il n’est pas rare 
de pouvoir reconnaitre les formes cristallines de ce minéral à l'œil nu. 


Moraine de fond Salévienne. Nous désignons ainsi des formations qui 
ont déjà été signalées par A. FAVRE [101, I, $ 241] et MAILLARD [169, p. 4|, qui 


! Saussure [A, t. 1, chap. 4. 5 et chap. 6,$ 227-230]. — pe Luc [20; 25 ; 29 : 44; 48 bis; 51]. — 
Goperrroy [37]. — Necker |38, t. I, pp. 3350-46]. — A. Favre [45, pp. 116-143 ; 401, t. I, chap. 2 à 10 
et chap. 12, $ 257-241 ; 458, t. I, chap. 4, 5, 6, 10, t. II. 459]. — Guvor [47, 59]. Braxcuer [49]. — Mar- 
TINS [60]. — FaLsax [458]. — Marccaro [465, pp. 4 à 5 et 46 à 50; 169, p. 6]. — Pexcx et BRUCKNER 
[192, vol. 2], — Douxami [490, pp. 16-22; 495, pp. 145-146]. — Kicran [208]. — Kizrax, Réviz 
Leroux [241]. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 


doivent être rapprochées des moraines de fond et qui sont limitées aux parties 
hautes du Salève (environs des Treize-Arbres, de l'Abergement). Ces moraines sont 
formées à peu près exclusivement de cailloux à angles émoussés, parfois polis et 
striés, empruntés au Salève même, et qui sont principalement des calcaires barré- 
miens, du sidérolitique, avec quelques rares blocs alpins provenant d’une glaciation 
antérieure. Le tout est empâté dans une masse sableuse ou argileuse plus où moins 
fortement teintée de rouge ou de jaune par la forte proportion de limonite que 
contient le Sidérolitique de la région. Ces moraines occupent presque toujours des 
dépressions et reposent sur le Sidérolitique, sur le Barrémien ou sur l'Hauterivien, 
et en certains points (La Croix, au-dessus de Monnetier), sur le Calcaire roux. 

Il est aisé de reconnaitre de petites moraines terminales en relations avec les 
précédentes, à l’Abergement, au bas de la Grande Gorge et au débouché du ravin 


situé sous la Croisette. 


Groise. Nous avons cru bon d'adopter ce terme, couramment usité dans le 
Jura neuchàtelois, pour désigner ce que les géologues allemands appellent Gries. Le 
mot Groise correspond exactement à l'expression « moraines d'éboulis >» qu'emploie 
SCHAUDEL !. Il ne nous paraît pas douteux que ces deux termes Gries et Groise 
ont une origine commune. Tous deux désignent des dépôts superficiels occupant le 
pied des pentes, sur lesquels repose directement la terre arable, et sont formés d’une 
accumulation de cailloux calcaires à angles vifs empruntés aux différentes couches 
des montagnes adjacentes. Ces dépôts ont un rapport direct avec les formations gla- 
ciaires et peuvent être considérés comme des moraines locales superficielles trans- 
portées à une petite distance de la montagne pendant l’époque où les glaciers 
alpins se retiraient et où des névés et peut-être même de petits glaciers locaux ont 
servi d'agents de transport. La Groise recouvre les contreforts molassiques nord 
occidentaux en pente douce du Grand Salève et des Pitons. À Archamps, on la ren- 
contre encore à plus de deux kilomètres du pied de la montagne. Les régions cou- 
vertes par cette formation présentent un aspect tout à fait particulier ; elles forment 
un paysage couvert de monticules dont le grand axe est généralement parallèle à la 
chaine, C’est au pied du Grand Salève, entre la ferme de l'Hôpital et le Coin, que ce 


paysage est le plus typique. 


1 L. Somauper, Les Alpes françaises à l’époque glaciaire. Extrait de « Die Alpen im Eiszeitalter » 
de MM. Pexox et BruckNer ; in Trav. Lab. géol. Fac. Se. Univ. Grenoble, t. 8, fase. 1, p. 113. 


MÉM. 80C. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 44 


352 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


AGE DES FORMATIONS GLACIAIRES DU SALÈVE. 


Région du Mont-de-Sion et de Cruseilles. Les géologues ne sont pas 
d'accord sur les époques auxquelles il faut attribuer les dépôts glaciaires de la 
région. Sans avoir acquis une certitude absolue, il nous semble que les déductions 
de BRUCKNER [192] et KiLrAN [208], tirées des observations faites sur les cein- 
tures morainiques et les complexes fluvio-glaciaires les plus externes, reposent 
sur une base solide. Nous prendrons done comme point de départ de notre analyse, 
sans les discuter, les conclusions de ces derniers auteurs, et en particulier, nous 
considérerons le complexe fluvio-glaciaire du Mont-de-Sion comme représentant le 
deuxième stationnement wurmien. I] y a lieu de faire une légère correction à l’al- 
titude (821) indiquée par KiLtaN. C’est en effet à 862" que se trouvent les 
poudingues les plus élevés de la colline à l’W. du col de Mont-de-Sion, et le 
point culminant des poudingues du plateau de Saint-Blaise, entre le col du Mont- 
de-Sion et les Pitons, atteint 905". 

Au sujet de ce complexe, KILIAN dit [208, p. 59]: « À ce moment, le gla- 
cier de l'Arve poussait ses moraines et ses alluvions fluvio-glaciaires vers Culoz par 
la région des Usses. » Sauf erreur, il admet que le complexe fluvio-glaciaire du 
Mont-de-Sion dépendait du glacier de l’Arve. Or, si l’on examine ce complexe dans 
la région s'étendant entre Présilly, Charly et Cernex, on constate que sur le ver- 
sant rhodanien les blocs erratiques abondent et ceux du Valais y sont communs. A 
côté de nos observations personnelles, il est utile de citer les observations faites il y 
a près de cent ans par J. A. DE LUC, à une époque ou les blocs erratiques étaient 
beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui. Cet auteur constate qu'au Mont-de-Sion 
les accumulations sont sur les pentes qui regardent le Jura et qu’en certains points 
plus éloignés du col du Mont-de-Sion, ces blocs proviennent du Valais. Sur ce 
même versant, la moraine de fond est aussi visible presque partout, tandis que les 
alluvions sont rares et revêtent l’aspect de « Schottermoräne », comme cela peut 
s’observer dans la gravière de Présilly. 

Sur le versant des Usses du Mont-de-Sion, au contraire, en descendant du point 
821 vers le village de Cernex, on peut constater, grâce à plusieurs gravières, des 
alternances d’alluvions soit meubles, soit très fortement cimentées par de la calcite 
en assez gros cristaux, avec de la moraine de fond. Des gravières très considéra- 
bles existent encore sur le flanc W. de la colline de St-Blaise, au-dessus de Jussy. 
Le Mont-de-Sion porte donc, très nettement, les caractères d’un cône de transition 
donnant naissance vers le SW. à des champs d’alluvions. 

D'autre part, si l’on admet l’opinion de KILIAN, le glacier de l’Arve, pour 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 393 


former le complexe du Mont-de-Sion devait buter contre le massif des Pitons 
(1300) et le contourner par sa rive droite. On ne s'explique pas, dès lors, que 
l’on ne trouve pas des blocs erratiques sur le versant sud des Pitons (versant des 
Usses), tandis qu'au contraire, dans le bassin du Viaison, d'innombrables blocs de 
protogine forment une longue trainée qui va du vallon de la Joie au Petit Salève, 
s’échelonnant à des altitudes variant de 650 à plus de 900%, associés, au plateau 
des Molliets, à des formations fluvio-glaciaires (927), 

Pour ces raisons, nous croyons plus plausible d'admettre, avec BRUCKNER, 
que le complexe fluvio-glaciaire du Mont-de-Sion dépend du glacier du Rhone. 

A Troinex, près de Cruseiïlles, il existe une nappe d’alluvions légèrement incli- 
née vers le NW., dont la surface est à 760" environ. Les graviers qui la forment 
sont meubles ou très fortement cimentés, comme on peut le voir près de la ferme, 
dans les gravières, et sur le bord du plateau qui domine Ronzier. 

Le plateau de Féchy, également incliné vers le NW... dont l'attitude est à 630m 
environ, est formé d’un complexe fluvio-glaciaire typique, qu'on peut étudier dans 
la vallée des Usses, en aval de la cluse. 

Ces deux champs d’alluvions, qui ne sont pas tout à fait du même àge, puisque 
le dernier est sensiblement plus bas que le premier, doivent cependant dater de la 
même glaciation que celui du Mont-de-Sion, soit du second stationnement wur- 
mien. Ils ne contiennent aucun élément du Valais, ni gneiss d’Arolla, ni prasinite, ni 
gabbro à saussurite ; les éléments cristallins y sont rares. Nous pensons que le 
champ de Troinex provient du glacier de l’Arve, mais il est possible que celui de 
Féchy soit dû au glacier de la vallée d'Annecy. 

Il a donc existé, dans la région de Cruseilles, trois nappes d’alluvions qui con- 
vergeaient. Elles ont subi, pendant la période interglaciaire qui a suivi leur dépot, 
les effets intenses de l’érosion des Usses et de ses affluents, de sorte qu'on n’en 
retrouve que des lambeaux perchés sur les socles molassiques de Cernex, Andilly et 
Ronzier. Le fond de la grande dépression ainsi formée fut comblé par un dépôt 
considérable de moraine de fond dont la surface forme le plateau très caractérisé 
des Ertes et de Châtillon et dont l’altitude est à 560% environ. Les Usses et ses 
affluents ont aussi entamé ce plateau. Cela se voit surtout dans le vallon des Emollières, 
où l’on observe de superbes affleurements très étendus d'argile à cailloux et à blocs 
striés dans lesquels les matériaux du Valais sont absents, et les éléments cristallins 
rares. Cette masse morainique, emboîtée dans l’ancienne vallée des Usses, doit être 
néo-wurmienne si l’on admet les données de KILIAN. Ce n’est certainement pas le 
glacier de lArve qui a pu atteindre cette région lors de la dernière glaciation. 
L'arrivée d’une langue du glacier d'Annecy par la cluse de Sillingy est déjà plus 
admissible. 


394 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Il existe encore, à 30" environ au-dessus du niveau des Usses, une ter- 
rasse d’alluvions à éléments alpins dont on peut voir des lambeaux dans la cluse 
même de la Caille, près des bains, et à son débouché, au Moulin Dunant. Elle date 
probablement du stade de Buhl. 


Extrémité nord-orientale du Salève. Moraines du second stationnement 
wurmien. En jetant un coup d’œil sur la carte, on est frappé de la richesse des 
blocs erratiques sur le coteau d'Esery, sur le versant sud du Grand et du Petit 
Salève et dans le vallon de Monnetier. Il y a là les traces manifestes d’un stationne- 
ment. Malgré une exploitation active des blocs de granite, il en reste une telle 
quantité, que l'œil le moins exercé y reconnaitrait un dépôt morainique. Au Grand 
Salève, les aceumulations de blocs reposent sur un soubassement molassique, et 
leur altitude va en décroissant à partir des environs du vallon de la Joie, où elles 
dépassent un peu 900%, vers le Petit Salève et le Mont Gosse, où elles s’arrêtent 
à 800m, Elles vont, d'autre part, en diminuant d'importance vers le petit plateau 
qui sépare la source des Usses de celle du Viaison, plateau qui détermine la ligne 
de faite des Bornes. On n’en trouve plus sur la rive droite du cours supérieur 
des Usses. Nous croyons pouvoir en conclure que ce stationnement était caractérisé 
par le fait que le glacier de l’Arve était déjà individualisé dans le bassin actuel 
de cette rivière. 

On peut donner plus de précision et trouver une preuve qu’il s’agit bien d’une 
moraine frontale d’un glacier venant buter contre le versant sud du Salève. En 
effet, dans le vallon de Monnetier, on voit, de part et d’autre du village, les restes 
indubitables d’une moraine frontale. Le lambeau morainique du Petit Salève est le 
plus important et le mieux conservé. Lorsqu'on le regarde de la pente NE. du 
Grand Salève, avec un éclairage convenable, le matin, on reconnait encore la crête 
morainique incurvée, jalonnée par un gros bloc de Barrémien haut-alpin. En exa- 
minant les roches qui composent cette moraine, on y reconnait, outre les calcaires 
locaux, de gros blocs de protogine, tous plus ou moins arrondis, et, en grand nombre, 
des schistes cristallins X et £? provenant des Aiguilles Rouges, ainsi que des calcaires 
noirs du Malm et du Barrémien de la zone helvétique. Nous n’y avons pas trouvé 
un seul caillou de Molasse, ce qui constitue une différence très tranchée avec le 
Jambeau morainique NW. sur la pente NE. du Grand Salève. Dans ce dernier, en 
effet, les blocs de Molasse abondent, tandis que les schistes £? des Aïguilles Rouges 
font totalement défaut. On y voit également, dans une petite tranchée, des cailloux 
striés. Des blocs erratiques disséminés réunissent, de part et d'autre du vallon de 
Monnetier, ces deux lambeaux aux dépôts morainiques du versant sud des deux 
Salèves. Il s’agit donc bien d’un stationnement, où une protubérance du glacier 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 


pénétrait dans le vallon de Monnetier sans le traverser. La présence d’un grand 
nombre de blocs de Molasse sur la rive gauche de la protubérance glaciaire de 
Monnetier indique que le glacier de lArve était flanqué sur sa rive gauche de 
saillies molassiques dans le massif des Bornes et qu'il était individualisé dans le 
bassin actuel de cette rivière. C’est à ce même stationnement qu'il faut sans doute 
attribuer les dépôts de moraine de fond qui comblent l’ancienne vallée du Viaison 
et qui forment le plateau d’Essert, qu'un cycle d’érosion récent a entaillé à partir 
du Pont du Loup vers laval, ainsi qu'on peut le voir très clairement sur la carte. 

Au Mont-de-Sion l'altitude de la moraine terminale du glacier du Rhône, lors du 
deuxième stationnement wurmien, dépassait un peu 900%. Il est assez naturel de 
considérer comme appartenant à la même ceinture morainique ou à des dépôts 
de retrait du glacier, les blocs que DE Luc [14, 20] cite à la ferme de la Mikerne 
près de l'Abbaye de Pomier, sous la Croisette, et au-dessous de Crevin. 

A l’époque de ce stationnement, il est bien probable qu'il faut admettre l’exis- 
tence du glacier de l'Arve limité par les moraines à blocs de la vallée du Viaison, 
avec une protubérance dans le vallon de Monnetier, et communiquant avec le gla- 
cier du Rhône par la région de Monthoux. 

Moraines ‘du maximum wurmien et de Riss. Au-dessus des champs de blocs 
de la vallée du Viaison, dont nous avons parlé plus haut, il existe, un peu partout 
sur la chaîne du Salève, des blocs disséminés ou réunis en petits groupes. Il est 
intéressant de signaler que la moraine bordière du maximum wurmien, si carac- 
térisée dans le Jura central, manque au Salève, fait qui n’est pas très éton- 
nant, puisqu'on le constate également dans le Jura méridional. C’est pourquoi 
nous n'avons pas pu établir la limite entre la moraine rissienne et la moraine wur- 
mienne. Il n'est pas douteux, cependant, que les blocs épars sur tout le sommet 
du Grand Salève (1200-1300), ceux qui sont groupés près du Chalet de la Pile 
(1230), au Sud de la Pointe du Plan (1236), etc., appartiennent à la glaciation 
de Riss. Les dépôts erratiques rissiens les plus élevés du Salève ont atteint 
l'altitude de 1300 d’après A. Favre. Nous n'avons pas, en effet, constaté de ro- 
ches alpines sur le plateau de Grillet qui dépasse cette altitude, et c’est à 1312" 
de hauteur, à l’ouest de la Pointe du Plan, que nous avons observé le bloc alpin 
le plus élevé. Le Grand Salève a donc dû être complètement recouvert par le 
glacier, tandis que les régions des Pitons et de la Pointe du Plan formaient un 
seul nunatak fort peu élevé. 

Les alluvions fluvio-glaciaires de la région avoisinant l'extrémité orientale du 
Salève ont été décrites avec détail par A. FAVRE [101, t. I, chap. 3 ; 158, $ 158 à 
187], aussi n’en parlerons-nous que brièvement. 

Toutes proviennent de la vallée de l’Arve. Les plus élevées, qui ne forment plus 


396 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


que des dépôts peu importants, se trouvent à Mornex (600), à Bas-Mornex, 540"; 
elles pourraient bien être en relation avec la terrasse de Crevin (508%) et être 
rapportées à l’époque du recul du glacier de l’Arve après le 2% stationnement 
wurmien. 

La belle terrasse de Pont Notre Dame (491) doit correspondre à la terrasse 
supérieure de Veyrier dont l'altitude est de 470" environ. A la terrasse de Gaillard 
(430% environ), qui domine l’Arve de 30%, correspondent la terrasse inférieure de 
Veyrier sur laquelle est construit le village, et celle du Château d’Etrembières. 
Enfin, une terrasse un peu plus basse (10% au-dessus de l’Arve) existe près 
d’Etrembières et de Sierne. : 

Pour KILIAN, la terrasse de Pont Notre Dame est néo-wurmienne, les autres 
dépendent du stade de Buhl. 

Le gisement magdalénien de Veyrier se trouve sur la terrasse supérieure de 
cet endroit. Nous avons vu que cette terrasse correspond à celle de Pont Notre 
Dame. La célèbre station préhistorique serait donc postérieure à l’époque néo- 
wurmienne. 


DÉPOTS POST-GLACIAIRES ET ACTUELS 


Nous ne dirons que quelques mots au sujet de ces formations. Les tufs d’Aique- 
belle, connus dans le public genevois sous le nom de greube, ont été étudiés par 
BRONGNIART [18, p. 310], px MorriLLer [63, 64] et A. FAvRE [101, t. I, $ 242. 
Des dépôts de craie lacustre et de tourbe ont été signalés par A. FAVRE [153, I K 
215, II, $ 32]. Nous avons observé des dépôts analogues dans une tranchée, au- 
dessus de Crevin, à l'altitude de 532", Nous avons relevé la coupe suivante : 


Dépôt d’éboulis et de ruissellement : ie 

Tourbe pure On, 50 
Tourbe terreuse à Mollusques d’eau douce On, 20 
Marne lacustre à Mollusques d’eau douce On, 40 


Les éboulis de la région du Salève ne présentent rien de particulier ; ils ne mon- 
trent pas de limite tranchée avec les dépôts glaciaires locaux que nous avons décrits 
sous le nom de Groise. De petits éboulements sont visibles au-dessus de Veyrier- 
Crevin et des Sources ; ceux qu'on peut observer au-dessus de Jussy, près de Po- 
mier, sont beaucoup plus considérables. 

Des formations éluviennes assez importantes recouvrent les pentes hauterivien- 
nes, surtout dans la région comprise entre la Croisette, la Thuile et St-Blaise. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 97 


CHAPITRE II 


TECTONIQUE 


APERÇU TOPOGRAPHIQUE 


La chaîne du Salève s'étend du village d’Etrembières, sur l'Arve, jusqu'à la 
cluse du Fier, à l’ouest d'Annecy. Sa direction générale est N. 27° E.; mais ses dif- 
férentes parties -ont une orientation pouvant en différer sensiblement. Sa longueur 
est de 36%" et sa largeur mesure au maximum 3k%, Son point culminant, le 
Grand Piton, atteint 1380%, Son versant NW. est plus abrupt que son versant SE. 
et il descend plus bas. Cette montagne s'élève dans le large bassin molassique 
qui s'étend entre les Alpes du Genevois et le Jura méridional, déterminant avec 
ces massifs montagneux, deux régions au relief peu accusé. Au nord-ouest, c’est 
la plaine de Genève, prolongement du Plateau suisse, dont la largeur atteint à 
peu près 24km et dont l’altitude se maintient généralement entre 400 et 500, Au 
sud-est, c’est le plateau des Bornes, s’élevant à 900% environ et dont la largeur 
moyenne est de 17*"; c’est dans sa partie sud occidentale qu'est creusée la dé- 
pression d'Annecy, dont le fond est à l'altitude de 450" environ. 

Un certain nombre de dépressions transversales divisent la chaîne en plusieurs 
parties qui sont, à partir du NE 

a) Le Petit Salève, situé entre l’Arve (400) et le vallon 5 Monnetier (710), 
Sa longueur est de 2k,900 et son sommet à une altitude de 900, 

b) Le Grand Salève, dont l'altitude maximale est de 1308" et la longueur 
5km 400. Il est délimité par le vallon de Monnetier et le col de la Croisette (1179). 

c) Les Pitons. Partie culminante de la chaine dont l’altitude atteint 1380" 
et dont la longueur est de 11*", Elle est comprise entre le col de la Croisette et 
Cruseilles 789%, 

d) Région située entre Cruseilles et la cluse des Usses. La chaine s’abaisse con- 
sidérablement et se distingue fort peu de la partie voisine du plateau des Bornes. 
Son point culminant est à 861" et sa longueur mesure 2km,200. 

e) La montagne de la Caille dont l'altitude est 842», Elle est fort courte, 


338 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


n’atteint que 1*",200 de longueur, et s'étend entre la cluse des Usses et le vallon 
d’Allonzier (700m), 

f) Le Crét à la Dame. Son sommet atteint 889" et sa longueur ne dépasse 
pas 1Km,200. Il est compris entre le vallon d’Allonzier et le col de Mandalaz 
(676m). 

g) La montagne de la Balme forme une croupe de 6x" de long dont le faite 
mesure 936, Elle est délimitée par le col de Mandalaz et la cluse de Sillingy 
(470), : 

h) Le coteau de Lovagny, colline allongée, à pentes douces, d’une altitude de 
674% et d’une longueur de 6,300, s'étendant de la cluse de Sillingy à la cluse du 
Fier (3801). 


ÉTUDE TECTONIQUE 

Au point de vue géologique, la chaine du Salève est un anticlinal très allongé, 
surgissant à peu près au milieu du grand synelinal molassique séparant les Alpes 
du Jura. Cet anticlinal est déjeté, parfois déversé et faillé dans sa partie sep- 
tentrionale, son flanc SE. étant à pente douce et son flanc NW. fortement redressé 
ou même renversé. Il a été fort peu démantelé par les actions érosives, puisque 
presque partout son jambage SE. est formé jusqu'au faite d’une carapace de Bar- 
rémien; son jambage NW., vertical, plus disloqué et étiré, a cependant été dénudé 
jusqu'au Kimeridgien dans la partie NE. du pli. 

Le trait caractéristique de l’anticlinal du Salève est qu'il a été rompu en plu- 
sieurs tronçons par des décrochements, les tronçons orientaux ayant toujours été 
poussés vers le nord-ouest par rapport aux autres. Cette structure typique a été 
mise en lumière par MaïLLARD [169, p. 9] et par ScxarpTr [171, p. 153 et pl. 6] 
qui avaient déjà constaté trois décrochements. Nous en avons reconnu sept qui ont 
déterminé huit tronçons (fig. 12). 

La division orographique de la chaine du Salève, que nous avons donnée plus 
haut, ne correspond pas toujours à la division tectonique, parce que certains décro- 
chements, comme celui de Pomier, ne se font guère sentir dans la topographie, ou 
parce que d’autres, comme ceux de l’Abergement et de Cruseilles, sont trop rap- 
prochés pour pouvoir déterminer entre eux un relief nettement individualisé, Il 
arrive aussi que certains accidents topographiques sont dus uniquement à des phé- 
nomènes d’érosion (vallons de Monnetier et d'Allonzier). C’est pourquoi, dans ce 
chapitre, nous suivrons la division tectonique de la chaîne qui est la suivante (voir 
fig. 12) : 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 


1. Petit et Grand Salèves qui doivent leur individualisation au décrochement 
du Coin. 

2. Partie nord orientale des Pitons située entre le décrochement précédent et 
celui de Pomier. 

3. Partie sud occidentale des Pitons, comprise entre le décrochement précédent 
et celui de l’Abergement. 

4. Région de l’Abergement, limitée à l’est par le décrochement du même nom 
et à l’ouest par celui de Cruseilles. : 

5. Région de Cruseilles, entre le décrochement précédent et celui de la Caille. 

6. La montagne de la Caille et le Crêt à la Dame, déterminés par les décro- 
chements de la Caille et de Mandalaz. 

T. La montagne de la Balme, comprise entre les décrochements de Mandalaz 
et de Sillingy. 

8. Le coteau de Lovagny, formant l’extrémité sud occidentale de la chaîne à 
partir du décrochement de Sillingy. 

Nous ne nous occuperons en détail que de la partie nord-orientale de la chaine, 
c’est-à-dire celle contenue dans la carte que nous avons levée, et comprenant les 
divisions 1 à 5. Nous n'aurons que peu d'observations à ajouter à ce que l’on con- 
nait de l'extrémité sud-occidentale du pli. 


4. PETIT SALÈVE, GRAND SALÉVE ET DÉCROCHEMENT DU COIN 


(PI. 12, fig. 1 à 10.) 


Dans cette partie de la chaine, l’anticlinal possède un flanc sud-est à pente 
douce, sauf au nord de la Mure, vers Chez Cocu, où les couches du Barrémien attei- 
gnent presque la verticale et où celles de la Molasse sont même renversées (pl. 12, 
fig. 5). La partie culminante de l’anticlinal est fort aplatie et les couches y sont 
parfois horizontales sur une assez grande étendue. Le flanc nord-ouest, vertical ou 
presque, forme des pentes très escarpées. Il est en général laminé et montre des 
accidents de natures diverses. 

Le Petit et le Grand Salève, qui sont très nettement distincts au point de vue 
topographique, forment une seule unité au point de vue géologique, car le vallon de 
Monnetier qui les sépare est le résultat d'actions purement érosives. 

Les dislocations qui affectent le tronçon dont nous nous occupons sont soit 
longitudinales, soit transversales. Les premières sont principalement des failles: on 
peut y observer cependant un pli-faille et une faille-flexure. Les secondes sont soit 
des fissures, soit des failles : elles sont du reste peu importantes. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 45 


Etrembières 


J'E de la Caëll 
Alonaies RE 


Fig. 12. — Carte structurale de Pan- 
ticlinal du Salève. — 1, Jurassi- 
que. 2, Infravalanginien et Valan- 
ginien. 3, Hauterivien. 4, Barré- 
mien et Aptien. 5, Tertiaire. 6, Dé- 
crochements et failles. Echelle 
1 : 160.000. 


er —. = 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 3061 


DISLOCATIONS LONGITUDINALES. 


Failles. 


1. Faille longitudinale de la paroi du Petit Salève (pl. 12, fig. 2). 
Cette faille, peu visible, a cependant donné naissance, suivant son plan, à un petit 
ravin aboutissant dans un petit cirque qu'on observe à l'extrémité NE. de la paroi 
de rochers inférieure du Petit Salève, au-dessus du passage à niveau d’Aiguebelle, 
Elle est visible sur 500% de longueur, mais elle doit se continuer vers le NE, 
sous les éboulis. Sa direction est N 43° E.: sa lèvre sud-est est affaissée, Nous n'avons 
pas observé de retroussement notable des couches à l'approche du plan de faille, Au 
point de l'effort maximum, la partie supérieure du Purbeckien est en contact avec 
la partie moyenne de l’Infravalanginien, ce qui donne un rejet de 35 à 40m, 
Dans l’ancienne carrière située au-dessus du passage à niveau d'Aiguebelle, on 
peut observer dans le plan de la dislocation, une brèche dont le ciment jaune rouge 
est fortement gréseux. 


2. Faille de la Petite Gorge (pl. 12, fig. 3-6 £, pl. 10, fig. 1, 2). Elle 
s'étend du Château de Monnetier jusqu'à la Grande Gorge. Sa longueur atteint 
3 km., sa direction est N 32° E. Son tracé, qui longe à une faible distance la grande 
paroi de rochers du Grand Salève, n’est pas tout à fait rectiligne, mais légèrement 
en forme d’S. La lèvre sud-est, affaissée, montre un très fort retroussement des cou- 
ches à la Petite Gorge et dans la région des Treize Arbres, tandis qu’il est beaucoup 
plus faible sur le versant SW. du vallon de Monnetier. Le rejet atteint son maxi- 
mum entre l'hôtel des Treize Arbres et la Petite Gorge, au tiers sud-ouest de son 
tracé, où l’on peut voir le Barrémien inférieur en contact avec le Valanginien, ce 
qui donne une centaine de mètres de dénivellation. De ce point d'effort maximum, 
la faille s’est éteinte beaucoup plus rapidement vers le SW. que vers le NE ; c’est 
peut-être la raison pour laquelle elle se résout à son extrémité sud-occidentale en 
un réseau de plusieurs cassures. 

Au NE, les premières traces de la faille apparaissent au-dessous du Chateau 
de Monnetier, où le plan de la dislocation vient se confondre avec la grande paroi 
de rochers du Petit Salève. Entre le Château et le talweg du vallon de Monnetier, 
le plan de faille est jalonné par une brèche de friction à ciment jaune rouge, et les 
calcaires oolitiques du Portlandien horizontal viennent buter contre le massif coral- 
ligène mal stratifié du Kimeridgien, Sur le versant SW. du vallon de Monnetier, 


3062 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


cette dislocation apparait clairement. La figure 1 de la planche 10, en donne une 
idée suffisante, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’en faire une description dé- 
taillée. Le rejet atteint à cetendroit 50% environ. Au-dessus de la Croix, la faille 
n’est guère visible, grâce à l'épaisseur des broussailles, mais, en arrivant sur le bord 
du plateau dominé par les Treize Arbres, un abrupt d'Hauterivien supérieur faisant 
partie de la lèvre affaissée en indique la trace (pl. 12, fig. 4). Plus au SW., aux 
environs de l'hôtel des Treize Arbres, le Barrémien, relevé de 45° vers le plan 
de faille, bute contre la partie supérieure du Calcaire roux. Mais c’est surtout sur 
les deux rives de la Petite Gorge que cette dislocation se montre avec une mer- 
veilleuse clarté (pl. 10, fig. 2; pl. 12, fig. 5). De ce point, elle se dirige vers la Grande 
Gorge, où elle s'éteint en se résolvant en plusieurs cassures que nous avons 
indiquées schématiquement dans la fig. 6 de la planche 12. 

En nombre de points, nous avons observé dans le plan de la faille des brèches 
de dislocation. Sur le versant SW. du vallon de Monnetier, elles possèdent un 
ciment jaune rouge ou rouge, calcaréo-argileux, contenant une forte proportion 
de petits grains de quartz. A la Petite (rorge, on trouve soit un grès quartzeux fai- 
blement calcaire, glauconieux et identique au grès sidérolitique non oxydé, soit 
une brèche à ciment calcaréo-argileux, un peu gréseux, qui forme une grande 
lentille de plusieurs mètres d'épaisseur (pl. 10, fig. 2, Br.). Entre la Petite et la 
Grande Gorge, dans un petit ravin qui coupe la faille, tous les galets de la brèche 
sont recouverts d’un enduit de limonite. L 

La topographie ne trahit guère l'existence de la faille de la Petite Gorge; la 
lèvre affaissée forme en quelques endroits un léger abrupt, mais cela tient simple- 
ment à la proximité de l’escarpement du Grand Salève. Cette faille, toutefois, a 
contribué, comme nous le verrons plus tard, à la formation de la Grande et de la 
Petite Gorge. 

En résumé, dans la forme actuelle du Sulève, grâce à la faille de la Petite 
Gorge, il existe une mince plaque de terrains horizontaux atteignant une longueur, 
de 3 km. qui est soulevée par rapport au reste de la chaîne et qui en forme la façade. 
Cette situation nous semble imstable, et il est bien possible que si l'érosion avait 
sapé un peu plus avant la base de la montagne, l’escarpement se serait produit sui- 
vant cette dislocation. La paroi abrupte de l'extrémité NE. du Grand Salève est 
peut-être bien due à un phénomène analogue à celui que nous venons de supposer. 
On observe, en effet, en parcourant le sentier des Büûcherons inférieur, dans la 
région située au-dessus des carrières de Veyrier et dans la région appelée le Petit 
Détroit, des fissures parallèles à la paroi, comblées par une brèche à ciment rouge, 
calcaréo-argilo-gréseux en tous points identique à celle des failles longitudinales du 
Salève, et dont les éléments montrent des stries de glissement. Parfois, ces cassures 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 3063 


sont accompagnées d’une petite dénivellation des couches. Ces brèches paraissent 
indiquer la trace presque disparue d’une faille parallèle à celle de la Petite Gorge, 
qui, par éboulement de sa lèvre NW., aurait donné naissance à l’escarpement actuel 
du Grand Salève (pl. 12, fig. 3 et 4). 

La faille de la Petite Gorge est connue depuis longtemps. C. Lory [81] puis 
A. FAVRE [101, t. I, $ 244-245] l'ont étudiée. Il restait à en préciser le tracé et le 
rejet. 


3. Faille longitudinale d'Orjobet (pl. 12, fig. 10, 5 et pl. 9). Faille de 
peu d'importance, dont la direction est N. 85° W. Elle se voit facilement sur la 
face NE. du décrochement du Coin (pl. 9). C’est suivant son plan que s’est formée 
la grotte d’où elle tire son nom et dans laquelle on voit la brèche à cailloux 
multicolores du Purbeckien buter contre l’oolite portlandienne. Ici, le rejet atteint 
15%, Ja lèvre nord étant affaissée. Cette faille est caractérisée par des brè- 
ches de dislocation à ciment rouge que l’on peut voir à l'entrée inférieure de 
la grotte. Les traces de cette dislocation peuvent encore être constatées au haut 
de l’escarpement, à la limite du Caleaire roux et de l’Infravalanginien. En ce point, 
un paquet de couches du Valanginien est pincé dans le plan de la faille et soudé 
aux deux lèvres par un grès jaune identique à ceux qu'on constate dans le plan des 
autres failles longitudinales du Salève. Une dizaine de fissures dans lInfravalan- 
ginien accompagnent le plan de dislocation. Elles sont comblées par des grès rouges 
ou jaunes et des dépôts calcaréo-argileux de même couleur. 


4. Faille longitudinale de Grange Passey (voir carte et pl. 12, fig. 3, à). 
Dislocation faible, qui s'étend de Grange Passey à l'extrémité du vallon de 
Monnetier, où elle a déterminé un ravin assez accusé dans l'Hauterivien. Comme 
pour la faille de la Petite Gorge qui lui est presque parallèle, c’est la lèvre SW. qui 
est affaissée, mais d’une vingtaine de mètres seulement. 


Pli-faille du Grand Salève. 


(PL. 7, pl. 11, pl. 12, fig. 4 à 8, £.) 


Un pli-faille affecte la partie NE, du Grand Salève. A l’est, on en constate 
les premières traces au-dessus des carrieres de Veyrier. Les fig. 1, pl. 11 et 4ùs, &, 
pl. 12, indiquent plus clairement sa structure qu'une description. Son rejet 
atteint ici une cinquantaine de mètres. 500" plus au SW., dans la région de 
la Tour aux Milans, il présente une disposition tout à fait analogue. Par contre, 
dans la région de la Petite Gorge (pl. 11, fig. 2) son rejet augmente considérable- 


364 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


ment, de telle sorte que l’oolite portlandienne est en contact avec la partie infé- 
rieure de l’Hauterivien, ce qui représente un rejet de 200 mètres environ. Entre 
la Grande et la Petite Gorge, le Portlandien qui forme une pente assez forte est 
en contact avec l'Hauterivien plus ou moins marneux déterminant un palier assez 
accusé couvert de grands buissons touffus. A la Grande Gorge, le plan du pli-faille 
s’est considérablement abaissé et disparait sous les éboulis. On peut admettre qu'il 
se prolonge assez loin vers le SW., car, au point où on en voit les dernières traces, 
au bas de la Grande Gorge, rive droite, les calcaires infravalanginiens à Hetero- 
diceras luci sont en chevauchement sur l’'Hauterivien, ce qui indique encore un 
rejet de plus de 150", 

En résumé le pli-faille du Grand Salève est visible sur une longueur de 2 km., 
mais il doit se prolonger assez loin vers le SW. sous les éboulis. Sa surface de che- 
vauchement est irrégulièrement courbe, avec convexité dirigée vers le haut, et avec 
un plongement de 30 à 40° vers le SE. Tandis que la partie du jambage rompu 
de l’anticlinal, située au-dessous du plan du pli-faille, ne présente pas de retrous- 
sement appréciable (fig. 1, pl. 11) et peu de compression, la partie située au-dessus 
de ce plan montre un rebroussement considérable vers l'intérieur et une lamination 
très forte. Ainsi, au bas de la Grande Gorge, au pied du rocher appelé la Poupée, 
le Purbeckien mesure 3" seulement, et la zone à Heterodiceras luci, 4%, alors 
qu’en épaisseur normale, ces deux terrains atteignent ensemble 65". 

Nous n'avons jamais vu dans le plan du pli-faille les brèches rouges et les grès 
que nous avons signalés dans toutes les failles longitudinales ; nous n’y avons 
observé qu'un remplissage peu important de calcite, et parfois de l'argile. 


Faille-flexure du Saut Gonet. 


(PI. 7, pl. 9, pl. 12, fig. 7-10, n ). 


Cette faille-flexure naît sur la rive gauche de la Grande Gorge et s'éteint brus- 
quement au-dessus du Coin, au point où elle rencontre le décrochement passant par 
cet endroit. La grande paroi de rochers de la partie occidentale du Grand Salève, 
qui atteint sa plus grande hauteur au Saut Gonetest due à sa présence. Son orien- 
tation générale est N. 127° W., mais son tracé est courbe, légèrement convexe vers 
le NNW. Son plan est sensiblement vertical. Sa longueur est de 152,400. Elle est 
située presque exactement sur le prolongement de la faille de la Petite Gorge, mais 
elle en est complètement indépendante, car elle a un rejet de sens inverse. Cette 
dislocation du Saut Gonet est une flexure à flanc médian rompu. Elle est caracté- 
risée par le fait que sa lèvre surélevée, à couches horizontales, ne présente pas de 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 30) 


rebroussement vers le plan de la rupture, tandis que sa partie affaissée, présente 
un flanc médian vertical très étiré, réduit parfois au tiers de son épaisseur normale 
et appliqué contre la tranche de la partie soulevée. Il est assez inattendu de trouver 
une dislocation de ce genre dans un pli de type jurassien où l’on observe en général 
le pli-faille. Cette disposition exceptionnelle pourrait bien être due à une faille datant 
de l’Eocène, qui aurait été rajeunie et accusée lors du grand plissement miocène. 
En effet, dans le plan de la faille, en plusieurs endroits, on trouve soit une brèche à 
ciment rouge, argilo-gréseux, comme dans la région du Feuillet et de la Cheminée 
Margot, soit, comme au pied de l’Aiguille de la Scie, un grès siliceux à glauco- 
nie, identique au Sidérolitique. Ce grès à été fissuré, disloqué et ressoudé par un 
dépôt de calcite. 


DISLOCATIONS TRANSVERSALES. 


Les dislocations transversales du Petit et du Grand Salève sont de deux 
natures. Les unes sont des failles, les autres de simples fissures béantes, sans déni- 
vellation, et remplies d’un dépôt de calcite dont les cristaux atteignent parfois une 
très grande taille. 


Failles transversales. 


Faille transversale de la Grande Gorge. C’est à une petite faille trans- 
versale que la Grande Gorge doit en partie sa formation. Cette dislocation est très 
facilement visible. Si on observe la Grande Gorge de face (pl. 7), on voit, sur la rive 
gauche, lescarpement produit par l’Infravalanginien s'arrêter brusquement à la 
rencontre du talweg, et ne se poursuivre que 45% plus bas sur la rive droite. Cette 
faille est visible sur une longueur de 800% environ. Sur le sommet de la chaine, 
elle met en contact les calcaires blancs barrémiens avec les prairies qui recou- 
vrent les couches plus marneuses de l'Hauterivien. 


Faille de la Gorge de la Mule (pl. 7 et pl. 9). Le ravin de la Mule est de 
méme dû à une faille à lèvre sud-ouest affaissée. La dénivellation atteint 35" 
dans la région du Sphinx, où elle peut être mesurée avec la plus grande facilité, 
grace à la grande brèche à cailloux versicolores du Purbeckien, si aisément recon- 
naissable de part et d'autre du plan de dislocation. La lèvre NE. est assez forte- 
ment retroussée vers le bas, comme cela est clairement visible, soit dans la région 
du Portail du Sphinx, soit entre ce point et le Trou de la Tine. En ce second lieu, la 


366 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


dénivellation est déjà moins forte, pour devenir à peu près nulle près du Trou de 
la Tine, ce qui fait penser qu’elle atteint sa valeur maximum à sa rencontre avec 
la faille-fexure du Saut Gonet. 

Dans le plan de cette dislocation, on n’observe pas de grès ni de brèche 
rouge, par contre, un dépôt de calcite y est visible en plusieurs endroits, et dans 
la région du Portail du Sphinx, ce remplissage atteint 1",50 d'épaisseur. Ce dépôt 
de calcite montre à son intérieur des plans de glissement dont les stries plongent 
de 15 à 30° vers le SSW. Cela indique que la faille a été formée en deux temps : 

1° Un mouvement vertical que prouve le retroussement des couches, suivi d’une 
période d'arrêt pendant laquelle les vides produits dans le plan de dislocation ont 
été comblés par de la calcite. 

20 Un mouvement de décrochement un peu oblique, attesté par les plans de 
glissement qui coupent la calcite. 


Fissures transversales. 


Elles ne présentent pas trace de dénivellation, mais sont remplies d’un dépôt 
de calcite en gros cristaux. Nous n’y avons jamais constaté de grès et de brèches à 
ciment rouge comme il en existe dans les failles longitudinales. Si nous signalons 
ces accidents de fort peu d'importance par eux-mêmes, c’est qu'ils sont la cause de 
la formation des ravins des Sarrots, de la Grande Varappe et du Palavet. Tous les 
talwegs de ces ravins montrent, en effet, des fissures plus ou moins larges contenant 
les dépôts de calcite que nous venons de décrire. 

Il nous reste encore à mentionner une de ces fissures qui a déterminé la for- 
mation d’un petit couloir de la rive gauche de la Grande Gorge, que franchit le 
sentier de la Grande Gorge Intérieure, avant d'arriver dans la région du Trou du 
Chat. On la retrouve ensuite plus haut, au bord du sentier de la Corniche. Le filon 
de calcite qui la remplit atteint ici 3,50 d'épaisseur, il est coupé par des plans de 
glissement dont les stries, plongeant de 3 à 10° vers le SE., indiquent un mouve- 
ment de décrochement presque horizontal. Ce petit accident, dont il n’est pas 
possible d’estimer le rejet horizontal, doit donc sa formation à deux phases de mou- 
vement séparées par une période de repos. 


LE DÉCROCHEMENT DU COIN. 


(PI. 7, 8, 9 et 12, fig. 10-11.) 


Ce décrochement, qui peut compter parmi les plus beaux qu’on puisse voir, a eu 
pour effet de pousser de 6 à 700% vers le NW. le tronçon du Grand et du Petit 


T4 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 307 


Salève par rapport à celui des Pitons. La dénivellation verticale atteint 80m 
environ, la lèvre SW. étant affaissée. Le mouvement n’a donc pas été tout à 
fait horizontal, ce que prouvent du reste les stries de glissement que nous avons 
observées à plusieurs endroits dans le plan de cette dislocation, et qui sont inclinées 
de 3 à 15° vers le sud. La rupture de la chaine ne s’est pas produite pérpendicu- 
lairement à sa direction, mais suivant une ligne dont l'orientation est N. 32 W. et 
qui forme un angle de 66° avec l’axe de l’anticlinal. Dans la topographie, cet acci- 
dent apparaît avec la plus grande clarté. Le grand escarpement des Etiollets-Cha- 
vardon, dominant le hameau du Coin, est un profil idéal de l’anticlinal suivant le 
plan même du décrochement ; il forme, avec le ane NW. du tronçon des Pitons 
resté en arrière, un angle rentrant des plus caractérisés. Au pied même de cette 
orande paroi dont la base est kimeridgienne, on observe le terrain molassique, puis, 
à sa partie méridionale, en montant le sentier d'Orjobet, toute la série des terrains 
crétacés et le Purbeckien du tronçon en retrait de la chaine, Il est moins aisé de 
suivre la trace du décrochement sur le sommet du Salève, bien qu'il soit indiqué 
cependant par la topographie. La combe hauterivienne, au sud du Crêt, vient 
s'arrêter brusquement contre la voûte de Calcaire roux du tronçon en retrait des 
Pitons. La dépression produite à ce point de rencontre a donné naissance à une 
petite mare. Sur le versant sud-est de la chaine, au bord du chemin qui conduit de 
la Croisette au hameau du Feu, on voit le Barrémien blanc à quelques mètres 
du Calcaire roux ; la ligne de contact anormal est jalonnée par plusieurs filons 
de calcite et par un lambeau d'Hauterivien inférieur pincé entre ces deux ter- 
rains. 

Une des particularités les plus intéressantes de ce décrochement est que le 
plan de rupture est rempli par un énorme dépôt de calcite en très gros cristaux. 
Ce dépôt forme des placages très étendus en plusieurs points de la paroi de rochers 
des Etiollets et de Chavardon. Il est le plus facilement visible sur le sentier 
d'Orjobet qui le traverse à 60% sous la grotte. À 200 ou 300% au sud de lou- 
verture supérieure de cette méme grotte, cette bande de calcite, qui atteint 8" 
d'épaisseur, forme un rocher assez considérable. Nous n'avons, par contre, jamais 
constaté de grès, ni de brèche rouge dans le plan de cette dislocation. 

Comme le montrent les figures 10 et 11 de la planche 12, construits de 
part et d'autre du plan de décrochement, le plissement est sensiblement différent 
dans les deux tronçons de l’anticlinal. La faille-flexure du Saut Gonet en parti- 
culier, est brusquement arrétée, et on n’en trouve plus trace dans le tronçon 
des Pitons. La dislocation est done antérieure au plissement ou en est contempo- 
raine. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 46 


308 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


2. PARTIE NORD ORIENTALE DES PITONS ET DÉCROCHEMENT DE POMIER 


(PI. 12, fig. 11 à 18.) 


Ce tronçon, compris entre les décrochements du Coin et de Pomier, possède 
une allure générale toute semblable à celle du Grand et du Petit Salève. Son flanc 
N W., vertical, a été cependant beaucoup moins maltraité. Les accidents, tant longi- 
tudinaux que transversaux, ne font toutefois pas défaut dans cette partie de la 
chaîne. 


DISLOCATIONS LONGITUDINALES. 


Petit anticlinal adventif au NW. de la Croisette. 


(PI 15, fig. 11, 12, 13.) 


Au NW. de la Croisette, entre la paroi d’Archamps et le décrochement du 
Coin, l’anticlinal du Salève se dédouble momentanément. Le petit vallon de la 
Bouillette n’est pas autre chose, en effet, qu'un synclinal hauterivien bordé au NW. 
par un petit anticlinal faillé à son sommet (fig. 12 et 13 à, pl. 12). En montant le 
sentier de la Croisette, après avoir quitté la Molasse, on traverse le Barrémien 
renversé (60° SE.) puis l'Hauterivien à même pendage, qui ne tarde pas à reprendre 
un plongement normal et à former une petite voûte à sommet plissoté. Un peu 
plus haut, sur cette voûte, subitement, le Calcaire roux plongeant de 60° vers le 
SE. apparait; c’est le flanc sud-est chevauchant de l’anticlinal adventif. Le sentier 
longe un certain temps le Valanginien, puis pénètre dans l’Hauterivien vertical qui 
forme le synclinal très aigu de la Bouillette. On atteint ensuite, près du coude le 
plus oriental du sentier, le Calcaire roux très incliné, puis l’Infravalanginien, qui 
forment le flanc NW. de l’anticlinal du Salève. 


Failles longitudinales du Châble de Genevard. 


(PI. 12, fig. 11, 1, et fig. texle 13 et 14). 


Le petit anticlinal adventif que nous venons de décrire est encore affecté de deux 
petites dislocations ayant déterminé la formation du ravin du Châble de (renevard. 
Ce sont deux petites failles longitudinales à peu près parallèles, rapprochées, qui 
ne tardent pas à se confondre vers le SW. Toutes deux ont leur lèvre SE. affaissée. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 369 


La plus méridionale seule est visible sur la rive droite du ravin (pl. 11, fig. 12 et fig, 
texte 13), où elle atteint un rejet de 40 à 50%, les grès hauteriviens arrivant en 
contact avec la partie moyenne du Valanginien. Sur la rive gauche de ce même 
ravin, la seconde faille apparait (fig. 14), tandis que l'amplitude de la première 
diminue, et que le rejet dû aux deux failles ensemble n’est plus que de 40 envi- 
ron. 


m 
/210 


Fig. 13. — Profil passant par la rive droite du Chäble de Genevard. 
H; Hauterivien. V, Valanginien. IV, Infravalanginien. Echelle 1 : 200. 


Ces deux dislocations sont caractérisées par un dépôt abondant de grès qui 
remplit leur plan de rupture. Ces grès, siliceux, un peu calcaires parfois, sont rouge 


3£ NW. 


Fig. 14, — Profil passant par la rive gauche du Châble de Genevard 
Même légende que dans la fig. 13. Echelle 1 : 200. 


370 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


brique ou jaune rouge, et présentent la plus grande analogie avec le Sidérolitique 
de la région. Ils ont même parfois été disloqués et montrent des plans de glisse- 
ment dans leur intérieur, où une fissuration dont les joints sont ressoudés par un 
dépôt de calcite. 


Petit anticlinal adventif au nord de la Thuile. 


(PI. 12, fig. 16 et pl. 8.) 


Un petit anticlinal adventif, fort court, identique à celui de la région de la 
Croisette que nous venons de décrire, se détache de celui du Salève. Le chemin qui 
conduit de Beaumont à la ferme de la Thuile, gravit la pente dans un ravin qui n’est 
pas autre chose que le petit synclinal de Calcaire roux séparant cette voûte adventive 
du pli principal. Comme à la Croisette, le flanc NW. de ce petit anticlinal est faillé, 
ainsi que le montre la pl. 12, fig. 16 4 et la pl. 8. Le plan de cette dislocation 
peut être observé assez facilement dans la paroi de rocher dominant le hameau 
de Jussy près de Beaumont. Il s’abaisse vers l’ouest, et au point où il disparait 
sous les éboulis, on voit en contact l’Infralanginien et la partie supérieure de 
l’'Hauterivien. 


DISLOCATIONS TRANSVERSALES. 


Failles transversales de la Pointe du Plan. 


(Voir carte, fig. texte 15 et pl. 8.) 


La Pointe du Plan est due à une aire triangulaire soulevée entre deux failles 
convergeant vers le NW. Cette sommité est constituée à son sommet par l’Haute- 
rivien supérieur, très glauconieux, horizontal, tandis qu'à sa base, tant du côté NE. 
que vers le SW. on peut observer le Barrémien, aussi horizontal. I’existence de 
failles de part et d'autre de ce sommet ne peut donc être mise en doute. De plus, 
de la Pointe du Plan, ces deux dislocations sont faciles à observer. Deux sillons, 
très nettement marqués dans la topographie et jalonnés même par quelques empo- 
sieux, suivent la trace même des failles ; on les voit converger vers le NW., puis 
former, dans la paroi NW. du Salève, le ravin profond et escarpé des Petites Croix. 
Ces deux dislocations ont leur rejet maximum sur le faite même de l’anticlinal du 
Salève et elles s’éteignent fort rapidement sur son flanc sud. La fig. 15 représente 
un profil construit suivant l’axe de l’anticlinal. Les failles « et à sont celles que 
nous venons de décrire, les dislocations c et d sont dues au décrochement de Po- 


dd 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 371 


mier et à une petite faille qui l'accompagne. Dans l’ensemble, la Pointe du Plan 
apparaît donc comme un horst délimité à l’est par une seule faille d'un rejet de 
50%, et à l'ouest par un système de 3 failles en gradins ayant produit une dénivel- 


lation totale de 150% environ. 


LE DÉCROCHEMENT DE POMIER. 


(PL. 12, fig. 18 et 19 et pl. 9.) 


Ce décrochement est, en tous points, semblable à celui du Coin, comme le 
montre la planche 9. Sa direction est perpendiculaire au pli. L’érosion l’a fort peu 
attaqué, de sorte que la paroi de rocher qui domine Pomier, et dont l'orientation 
est perpendiculaire à la chaine, nous montre une fort belle section du tronçon 
oriental de l’anticlinal qui a été poussé de 500 vers le NW. et soulevé en 
méme temps de 100%, Le mouvement à donc été un peu oblique, mais non 
pas horizontal. Le plan de dislocation, dont l'orientation est N 58° W., est comblé 
par un énorme dépôt de calcite en gros cristaux qui atteint plusieurs mêtres 
d'épaisseur. Cela peut s'observer sur le sentier qui conduit de Pomier au chalet 
de Convers. La trace de ce décrochement est difficile à suivre sur le faite de la 


NE Pointe du Plan SW 


1349 \ 1321 


Fig. 15. — Vrofil longitudinal de l’anticlinal du Salève dans la région de la Pointe du Plan. 
H, Hauterivien. Vs, Valanginien. Vi, {nfravalanginien. Po, Portlandien. Echelle 1 : 12 500, 


chaine, à cause de la rareté des aflleurements et surtout parce que la topo- 
graphie ne l'indique point. Deux petits afleurements de Barrémien, situés au milieu 
de la pente hauterivienne s'étendant entre la Pointe du Plan et la Brandaz, la 
jalonnent. Sur le versant SE. de l’anticlinal, elle est indiquée par un ravin assez 
profond. 

Comme le montrent les figures 18 et 19 de la planche 12, il y a une assez forte 


372 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


dyssymétrie de part et d'autre du plan de dislocation. Le plissement n’est done pas 
antérieur au décrochement. 


3 et 4. PARTIE SUD OCCIDENTALE DES PITONS ET DÉCROCHEMENT DE 
L'ABERGEMENT. RÉGION DE L'ABERGEMENT ET DÉCROCHEMENT DE CRUSEILLES 


PARTIE SUD OCCIDENTALE DES PITONS. 


(PI. 12, fig. 19 et 20.) 


Elle est comprise entre les décrochements de Pomier et de l'Abergement et 
ne présente pas de particularités bien saillantes. L’anticlinal atteint ici sa largeur 
maximale, soit 2km, 800, Il revêt la forme d’une voûte très large, à flanc NW. ver- 
tical, et dont le sommet très aplati présente même une légère inflexion. Les dis- 
locations font défaut dans ce tronçon qui est encore recouvert, presque complète- 
ment, d’une carapace de Barrémien, sauf dans son jambage NW.,où la dénudation 
n’a pas fait afleurer de terrain plus ancien que l’Infravalanginien. 


DÉCROCHEMENTS DE L'ABERGEMENT ET DE CRUSEILLES. 


(Pl. 12, fig. 20, 21, 22.) 


La chaîne du Salève, jusqu'au point où nous l’avons décrite, s'élève toujours 
au-dessus de 1000%, Aïnsi, au Château des Avinières, le Barrémien, qui forme 
la clef de voûte atteint 1059, A partir de ce point, l’anticlinal s’abaisse 
considérablement, disparait même sous la Molasse, et ne domine plus la région 
tertiaire avoisinante. Au Chateau de Cruseilles, à 3" au sud de celui des Avi- 
nières, le Barrémien n’atteint déjà plus que laltitude de 822" et à la cluse des 
Usses, à 2kn plus au sud encore, 655" seulement. Cet affaissement brusque de 
400% de l’anticlinal est en connexion avec les deux décrochements de l’Aberge- 
ment et de Cruseilles, qui sont convergents et à peine éloignés l’un de l’autre de 
lim, Ces deux dislocations sont fort importantes, mais elles apparaissent beaucoup 
moins clairement que celles, de même nature, qui ont été étudiées plus haut. 
MAïLLARD [169, p. 9] et Scarp' [171, p. 153 et pl. 6], ayant constaté un brusque 
déplacement de Paxe anticlinal à Cruseilles, avaient déjà admis l'existence d’un 
décrochement dont ils n'avaient pas précisé la situation. Nous allons voir qu'il y à 
lieu d'admettre deux de ces accidents. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 373 


Décrochement de l’Abergement. (Voir carte et pl. 12, fig. 20-21). Sa 
trace est perpendiculaire à l'axe de l’anticlinal; elle est indiquée par une dépres- 
sion transversale passant par le hameau de l'Abergement. On peut observer cette 
dislocation le plus facilement dans la région de Saint-Blaise. Au hameau de 
Leclerc, à S64%, on voit très clairement, dans les carrières, la charnière de 
l’anticlinal se fermer dans l'Infravalanginien, et vers l’ouest, près de Jussy à 
120% plus bas, dans le prolongement de l'axe de l’anticlinal, on peut observer la 
Molasse horizontale. Il ne peut donc y avoir de doute; le pli est brusquement inter- 
rompu. Sur le versant SE. de la chaine, le décrochement n’est pas difficile à recon- 
naître. Si l'on circule dans la région de l'Abergement et de Voiry, on voit qu'au- 
dessus de ce dernier endroit, le flanc sud-est du pli du Salève, constitué par du 
Barrémien plongeant de 30°, cesse brusquement à l’ouest, pour faire place, jusqu’à 
près de 1% plus au sud, à une région peu accidentée d’où émerge une série de 
petites éminences buissonneuses de Barrémien horizontal ou à peu près. Cette 
région, plus ou moins tabulaire, n’est pas autre chose que le sommet très aplati 
du tronçon SW. de l’anticlinal, repoussé d’un kilomètre environ vers le SE, Il est 
difcile de déterminer exactement le rejet vertical du décrochement, car il y a 
pendage des couches du tronçon NE. soulevé vers le tronçon SW. affaissé. Cepen- 
dant, dans la région des Avinières, et sur le plateau situé entre l'Abergement et 
Cruseilles, deux endroits situés de part et d'autre du décrochement et qui en sont 
suffisamment éloignés pour n'être plus influencés par lui, le Barrémien est respec- 
tivement à 1059 et à 860, indiquant ainsi un rejet vertical approximatif 
de 200", 


Décrochement de Cruseilles. (Voir carte et pl. 12, fig. 21-22). Il n'est 
pas facile d'en préciser les caractères, L'anticlinal s'enfonce sous les dépôts ter- 
tiaires fort tendres, souvent recouverts encore d'une couverture morainique épaisse, 
de sorte que les affleurements des terrains structuraux deviennent fort rares. 
On peut voir, cependant, entre Troinex et Ronzier, une puissante série molassique 
verticale ou même renversée, dont les couches sont dirigées à peu près vers le 
NNE,. Dans la vallée des Usses, un peu en aval de la cluse de la Caille, entre 
Féchy et Chez Jouvenet, cette même Molasse renversée est aussi visible. Elle 
représente le flanc NW. vertical ou même renversé de l’anticlinal du Salève, mo- 
mentanément affaissé et recouvert de Tertiaire, Si l’on prolonge ces couches ver- 
ticales vers le NE., on voit qu'elles doivent venir buter dans la région de Pont 
des Petits-Bois contre les couches à peu près horizontales du Barrémien formant 
la voûte aplatie du tronçon de l’anticlinal situé au delà du plan de décrochement. 


374 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


La valeur du rejet horizontal de cette dislocation ne peut être estimée exacte- 
ment; elle doit atteindre environ 1 kilomètre. 

C’est aux environs de Cruseilles que la trace de cet accident peut être 
observée avec le plus de clarté. La colline qui supporte les ruines du Château, 
située au NW. du village, est constituée par le Barrémien dont les bancs plongent 
de 10° vers l’ouest. I’altitude de ce terrain est de 822, Au pied de l’escarpe- 
ment qu'il forme, dans le Nant de Saint-Martin, la Molasse, plongeant de 10° 
vers le NW. se trouve à l'altitude de 727%, soit 100% plus bas environ. Le rejet 
vertical, assez faible, est difficile à évaluer. Au Noiret, sur le sommet du tronçon 
de l’anticlinal compris entre Cruseilles et les Usses, le Barrémien, au point où il 
disparait sous la Molasse, atteint l’altitude de 732%. Aux environs de Cruseilles, 
de l’autre côté du plan de décrochement, nous trouvons la surface de ce même 
terrain entre 820 et 840" ce qui donne une dénivellation d’une centaine de 
mètres. 


TRONÇON DE L'ABERGEMENT COMPRIS ENTRE LES DEUX DÉCROCHEMENTS 
DE L'ABERGEMENT ET DE CRUSEILLES. 


(PI. 13, fig. 21) 


Ce tronçon n’a pas un grand intérêt au point de vue tectonique. Dans cette 
région étroite et triangulaire, le Barrémien horizontal, ou presque, est à peine 
dépouillé de son revêtement de Sidérolitique. Il représente le sommet très aplati du 
pli du Salève qui émerge à peine au-dessus de la Molasse. 


5. RÉGION DE CRUSEILLES ET DÉCROCHEMENT DE LA CAILLE 


(PI. 12, fig. 22-23.) 


Cette partie de l’anticlinal, affaissée et recouverte presque complètement par 
la Molasse, ne présente pas tout à fait la forme d’une voûte simple comme l’admet- 
tait MAILLARD [169, p.3]. Cet auteur se basait sur ce qu'on peut voir dans la cluse 
des Usses ; mais l'érosion n’a pas atteint de couches assez profondes pour montrer 
que le flanc NW. de cette partie de l’anticlinal est vertical aussi bien que dans celles 
que nous venons d'étudier, La puissante série molassique verticale et renversée de 
Ronzier et de Chez Jouvenet en fait foi. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 97) 


DÉCROCHEMENT DE LA CAILLE. 


A partir de la cluse des Usses, l'anticlinal, qui jusqu'ici était affaissé et recou- 
vert même de Molasse, surgit de nouveau brusquement pour former la montagne 
de la Caille. Un changement aussi rapide dans l'altitude de l'axe du pli ne peut 
être dû qu’à une dislocation transversale, Nous avons, en eftet, constaté l'existence 
d’un décrochement qui n’est, à vrai dire, pas très aisément reconnaissable. Toute- 
fois, si du Pont de la Caille, on remonte la rive gauche des Usses jusqu'en amont de 
la cluse, on trouve les bancs du Barrémien qui s’enfoncent vers le SE, sous la 
Molasse à l'altitude de 750, Sur le méme versant de la rivière, presque sur 
la même verticale, au bord de la route, à mi-distance entre le Pont de la Caille et 
Allonzier, le Barrémien, avec le même plongement SE., peut être constaté à 660 
c'est-à-dire presque 100% plus haut. Cela indique que la partie SE, du pli, située 
à l’ouest des Usses, a été considérablement rejetée vers le SE. Sur le versant NW. 
de la chaine, le décrochement est également tres sensible. Le Roc de Néplier est 
formé de bancs barrémiens plongeant vers le NW. Ils constituent le jambage NW. 
du tronçon Cruseilles-Caille de l’anticlinal du Salève. Plus au SW., ces bancs sont 
brusquement interrompus, et on ne retrouve les mêmes couches inclinées de 30° 
vers le NW. et constituant le flanc NW. de la montagne de la Caille et du Crêt 
à la Dame, que 500% plus au SE. Contrairement à ce que l’on constate pour 
tous les autres décrochements du Salève, celui-ci présente sa lèvre SW. forte- 
ment soulevée, de 180“ environ. 

Les Usses n’ont pas choisi le plan même du décrochement pour entailler l'anti- 
clinal ; la cluse que ce cours d'eau à creusée est, en effet, parallèle à la dislocation, 
mais à une très petite distance d'elle, La rivière a cependant profité du fait qu'en 
cet endroit l’affaissement du pli atteint son maximum. 

Une faille perpendiculaire an décrochement que nous décrivons ci-dessus, et 
qui vient buter contre lui, peut être observée sur le versant gauche de la clause des 
Usses. Sa lèvre NW. 
dislocation peut être constaté au bord du chemin conduisant aux Bains de la Caille, 
et c’est de la route nationale, à mi-distance entre le Noiret et le Pont de la Caille 


restée en place, forme le Roc de Néplier. Le plan de cette 


que cet accident apparaît dans son ensemble avec beaucoup de clarté. 

Nous arrivons à la limite de notre carte et c’est ici que s'arrête également 
notre description tectonique détaillée de la chaine du Salève. Nous renvoyons aux 
auteurs qui se sont occupés de la partie méridionale de cet anticlinal [ MAILLARD, 
465 et 169. — Scnarptr, 474], et nous nous bornons à présenter ici quelques 0b- 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1915). 47 


3706 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


servations nouvelles (voir la carte géologique au 1 : 80.000, feuille d'Annecy, et 
notre fig. 12). 


6. LA MONTAGNE DE LA CAILLE ET LE CRÊT A LA DAME. 
DÉCROCHEMENT DE MANDALAZ 


Ces deux petites montagnes, de 842 et 889, sont séparées par la vallée 
d'Allonzier dont le talweg a une altitude maximale de 700%. Pour MAILLARD, 
1165, p. 2] la formation de cette vallée est due à une faille. Un profil longitu- 
dinal du tronçon de l’anticlinal que nous étudions présenterait la disposition indi- 
quée par la figure 16 A que nous donnons d'après ce géologue. Il n’en est cepen- 


F 
£ N 
a N 
e N 
mn À 
v Montagne Jela $ À  Crétala Dame 
u < 
$ Caille 8427 Ÿ È 8897 
u = À 
LR Co 


Fig. 16. — Profil longitudinal de l’anticlinal du Salève dans la région de la montagne de la Caille et du 
Crêt à la Dame. A, D’après Marzzarp; B, d'äprès nos observations. Po, Portlandien. Pb, Purbeckien. 
IV, Infravalanginien. V. Valanginien. H, Hauterivien. B, Barrémien. d, décrochement de la Caille. 
Echelle 1 : 25.000. 


dant pas ainsi, car le versant méridional de la vallée d’Allonzier n’est pas formé 
par un dos de Barrémien; mais, comme on peut très facilement l’observer, par la 
tranche des couches du Valanginien, de l'Hauterivien et du Barrémien. Le profil 
longitudinal véritable de cette partie de l’anticlinal, est celui que nous repré- 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 217 


sentons dans la figure 16 B; la vallée d’Allonzier n’a point une origine tecto- 
nique, c’est une vallée surimposée. 

MaizLaRD |[165, p. ?, pl. I, fig. 3] signale encore que le Crêt à la Dame pré- 
sente un renversement de son jambage SE. Nos observations n’ont pas confirmé 
cette manière de voir. Nous avons, au contraire, constaté la présence d’une faille 
longitudinale bordant le pied SE. de l’antielinal et ayant déterminé un abrupt assez 
important, montrant la tranche des couches très peu inclinées du Barrémien. Au 
pied de l’escarpement, on trouve un bel affleurement de Sidérolitique dans une 
carrière. 


LE DÉCROCHEMENT DE MANDALAZ. 


Sa direction est oblique à l’axe de l’anticlinal. Son rejet horizontal est de 600 
à 700, Il n'y a pas de rejet vertical, les deux lèvres de la dislocation s’abaissant 
graduellement l’une vers l’autre. 


7. LA MONTAGNE DE LA BALME ET LE DÉCROCHEMENT DE SILLINGY 


La Montagne de la Balme, presque entièrement revêtue de Barrémien, est 
caractérisée, comme MAILLARD l’a montré [465, pl. I, fig. 1-2], par le redressement 
brusque de son axe à son extrémité SW. à l'approche du décrochement de Sillingy, 
ce qui permet au Purbeckien d’afleurer. 


LE DÉCROCHEMENT DE SILLINGY. 


C’est le plus important de tous ceux du Salève, puisque la montagne de la 
Balme a été poussée de 2 km. et demi vers le NW, par rapport au coteau de Lova- 
gny. Son rejet vertical est très considérable. La lèvre NE. du décrochement est 
constituée par la haute muraille dominant Sillingy, dont le Barrémien de la crête 
est à 900%, Ce même terrain, de l’autre côté du plan de dislocation, à l'extrémité 
NE. du coteau de Lovagny, se trouve à l'altitude de 300%, L’affaissement subi par 
l'extrémité SW. de la chaine atteint donc 400, 


8. LE COTEAU DE LOVAGNY 


Nous n'avons rien à ajouter à ce qui à été dit au sujet de cette voûte barré- 
mienne dont le point culminant est à 674% et qui s'enfonce sous la Molasse au 
delà de la cluse du Fier. 


378 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


AGE DES DISLOCATIONS DU SALÈVE 


Nous avons vu plus haut que toutes les failles longitudinales que nous avons 
observées contiennent dans leur plan des brèches à ciment gréseux rouge ou 
jaune d’ocre, où même un grès quartzeux identique aux dépôts sidérolitiques de 
la région. Il est très remarquable que ces dépôts fassent complètement défaut dans 
les dislocations transversales qui sont parfois toutes voisines des précédentes. 
Ces faits nous semblent suffisants pour pouvoir admettre que les dislocations du 
Salève se sont produites à deux époques différentes. Les cassures longitudinales 
nous paraissent devoir étre contemporaines du Sidérolitique ou un peu antérieures, 
la sédimentation des grès s'étant opérée directement dans les fissures nouvellement 
formées. Cette hypothèse parait confirmée par le fait que, souvent, ces dépots de 
grès présentent dans leur masse, soit des plans de glissement, soit une fissuration 
qu'une cristallisation de calcite a comblée postérieurement. Cet état de dislocation 
des grès des plans de faille nous parait être un effet des grands plissements de la 
fin de l’ère tertiaire. 

On peut se figurer d’une façon approximative l’aspect que présentait la terre 
sidérolitique de la région; elle devait être fort peu ondulée, puisque partout, sur le 
bord du Jura central et méridional et au Mormont, les grès reposent sur le Barré- 
mien et plus rarement sur l'Hauterivien. Il n’est dès lors pas étonnant d'y trouver 
des cassures ou des failles verticales qui sont si abondantes dans les régions tabu- 
laires. Il est fort possible que, lors des plissements de la fin de l’ère tertiaire, ces 
cassures et ces failles aient été rajeunies, au moins en partie. Cela parait étre le cas 
pour la faille-flexure du Saut Gonet, puisque les couches de l’une des lèvres ont 
été redressées contre l’autre lèvre, le genou du Salève s'étant formé suivant le plan 
mème de cette dislocation. 

Le pli-faille du Grand Salève, les décrochements et les failles transversales, doi- 
vent par contre dater de l'époque des grands plissements alpins de la fin de l'ère 
tertiaire. Ces dernières dislocations même ne se sont pas toutes produites d’une 
facon continue. Nous avons vu, en effet, que la faille de la Mule avait nécessité 
deux temps de formation séparés par une période de repos, courte probablement, 
mais suffisamment longue toutefois pour permettre le dépôt assez considérable de 
calcite en gros cristaux qu'on observe dans le plan de rupture. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 379 


HYPOTHÈSE EXPLIQUANT LA STRUCTURE EN DÉCROCHEMENTS 
DE LA CHAINE DU SALÈVE 


MaiLLaRD et SCHaRDT [169, p. 9 ; 471, p. 153] ont déjà insisté sur l’impor- 
tance que présentent les décrochements pour le pli du Salève. Nos recherches dans 
la partie nord orientale de cette chaine ont permis de montrer que sa structure 
en décrochements en escalier était encore plus accusée qu'on ne l’avait supposé 
jusqu'ici. Il suffit, en effet, de jeter un coup d'œil sur la figure 12 pour être immé- 
diatement frappé par le tronçonnement plusieurs fois répété de lanticlinal que 
nous avons étudié. Une disposition aussi régulière ne peut être que le résultat d'une 
seule et même cause, et la seule qui nous paraisse satisfaisante est l’arrivée des 
nappes de recouvrement dans la région sud orientale du Salève. 

Si l’on observe la répartition actuelle des lambeaux des nappes préalpines 
situées au SE. et à l’est du Salève (Voirons, Môle, klippes des Annes et de Sulens), 
on voit que leur bordure forme une ligne dirigée approximativement du nord au 
sud. Les nappes ayant la tendance à s’épancher dans les cuvettes, on peut admettre 
méme que, dans la région du Moôle, elles devaient s’avancer plus vers l’ouest 
qu'actuellement et former un feston pénétrant dans la région de la Roche et de 
Pers-Jussy. La partie nord orientale du Salève était donc beaucoup plus rappro- 
chée de la bordure des nappes préalpines que la partie sud occidentale. On peut 
aisément comprendre que le refoulement produit par l’arrivée de l’énorme masse 
charriée ait agi inégalement sur les différentes parties du pli que nous étudions 
et que l'effet produit ait été d'autant plus fort que les différentes parties de Panti- 
clinal étaient situées plus à l'est. Le pli, très allongé, soumis ainsi à des pressions 
inégales n’a pu que se rompre en tronçons, jusqu'à ce que l'équilibre ait été 
rétabli. 

Les plissements indépendants que l’on observe de part et d'autre de la grande 
faille d’Annecy-Sillingy-Vuache nous paraissent étre dus aux mêmes causes, c’est- 
à-dire au refoulement beaucoup plus fort que les nappes ont fait subir à la région 
située à l’est de cette grande cassure. La pression opérée par les masses préalpines 
est encore manifestée par le fait que les axes anticlinaux des montagnes de la Balme 
et de Veyrier montrent un redressement brusque à l'approche de la dislocation. 


380 E, JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


CHAPITRE IV 


MORPHOLOGIE 


RELATIONS ENTRE LES FORMES TOPOGRAPHIQUES ACTUELLES 
ET LA TECTONIQUE 


Si l’on excepte les vallons de Monnetier et d’Allonzier et quelques autres 
dépressions peu importantes qui sont, comme nous le verrons plus loin, des forma- 
tions épigéniques, les accidents topographiques du Salève sont sous la dépendance 
complète de la tectonique. 

Tous les cols qui traversent la chaine, tels que ceux de la Croisette, de Man- 
dalaz, la grande dépression transversale de Cruseilles et la Cluse de Sillingy, sont 
dus aux décrochements. 

Les parois de rochers doivent leur origine à des failles, par décollement et 
enlèvement des terrains d’une des lèvres. Nous avons vu que tel était probable- 
ment le cas pour la partie orientale de l’escarpement du Grand Salève, les indices 
d’une faille ayant été découverts à son pied. La grande muraille du Saut Gonet à 
pris naissance suivant le plan de la faille-flexure de ce nom, celles des Etiollets, de 
Pomier, de la Balme de Sillingy sont dues à des décrochements. 

Il existe, sur la face du Grand Salève, une série de ravins ou de gorges dont 
l'origine est intéressante. Topographiquement, on en distingue deux groupes: celles 
qui ont la forme d'un simple sillon, comme le Grand et le Petit Sarrot, la Varappe, 
le Palavet et la gorge de la Mule et celles qui affectent la forme d'un cirque à fond 
en entonnoir, comme la Grande Gorge, la Petite Gorge et le Châble de Genevard. 

Les premières sont dues soit à une fissure sans dénivellation, indiquée par un 
remplissage de calcite en gros cristaux (Sarrots, Varappe, Palavet), soit à une véri- 
table faille, comme cela est le cas pour la gorge de la Mule. Dans cette catégorie, 
l'érosion a fait son œuvre en suivant simplement la dislocation, d’où la forme 
linéaire des gorges. 

Les secondes ont pour cause déterminante l'intersection de fissures ou de 
failles transversales avec des failles longitudinales. Pour la Petite Gorge, c’est la 
grande faille de ce nom qui est coupée par une petite faille transversale dont le 
rejet n’atteint que quelques mètres, mais qui fut suffisant pour permettre à une 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 


forte érosion de se produire. La Grande Gorge se trouve au point de convergence 
d’une faille transversale de 45" de rejet, de la terminaison ramifiée de la faille 
de la Petite Gorge et de l'extrémité de la faille-flexure du Saut Gonet, Le Chäble 
de Genevard, enfin, à pris naissance grâce à l'intersection de deux failles longi- 
tudinales presque parallèles et très rapprochées et d’une fissure transversale fort 
peu marquée. 


FORMES DU RELIEF DONT L'ORIGINE N’EST PAS DUE 
A DES CAUSES TECTONIQUES 


Il nous reste à parler de quelques vallons entamant l’anticlinal du Salève et se 
trouvant dans des régions où nous n'avons pu reconnaitre aucun accident tectonique. 
Il s’agit ici en général de formations épigéniques. 


Le vallon de Monnetier depuis H. B. DE SAUSSURE et G. A. DE LUC a été 
l’objet de nombreuses discussions !. Nous ne les résumerons pas, et renvoyons 
aux auteurs qui en ont parlé. Il n’existe dans ce vallon aucun dérangement des 
couches qui permette de lui attribuer une cause tectonique. Les bancs de son 
versant oriental se continuent régulièrement sur son versant occidental. On est 
bien obligé d'admettre, ainsi que LUGEON l’a fait, qu'il s’agit d’une vallée épi- 
génique. Mais, tandis que ce dernier auteur la considère comme une vallée 
antécédente, c’est-à-dire plus ancienne que le pli qu’elle a scié au fur et à mesure 
qu'il se formait, nous pensons plutôt qu’elle doit être due simplement à un phéno- 
mène de surimposition. On sait que l’anticlinal du Salève à été recouvert par une 
épaisse couche de dépôts molassiques. Il ne nous parait pas douteux, également, 
que ces dépôts se soient élevés au moins à 300 ou 400" plus haut que la surface 
de l’ancienne pénéplaine dont le plateau des Bornes constitue l’un des vestiges. Le 
décapage des terrains mous qui recouvraient l’anticlinal du Salève a certainement 
été rapide. Pendant ce temps, la région située entre ce pli et les Alpes se nivelait à 
une altitude beaucoup plus grande que le plateau actuel des Bornes; un réseau 
hydrographique établi à sa surface conduisait les eaux vers la dépression helvé- 
tique plus élevée que de nos jours. Il n’est pas étonnant qu'un cours d’eau, très 
probablement l’Arve, coulant au pied de l'extrémité orientale du Salève, endigué 


! H.-B. pe Saussure [1, t. I, $ 225, 226]. — L. Berrranp [7, pp. 86-100]. -—- G.-A. Decuc [9, 
p. 2795]. — J.-A. pe Luc (A3, t. 4, p.143; 14]. — A. Favre [45, p. 68 ; 401, t. I, $ 212]. — Warrmanx 
[53]. — C. Voer [77, p. 113]. — Rusxin [98]. — Esray (146, pp. 568 et 575 ; 147]. — LuGron [191, 
p. 316]. 


382 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE 


dans son lit de Molasse, ait été obligé d’entailler le pli, au point où il s’enfonçait sous 
les dépôts tertiaires, grâce à l’abaissement graduel du réseau fluvial de toute la 
région. Ce n'est que beaucoup plus tard, grace à la forte plongée du pli dans la 
direction des Voirons et à l’approfondissement rapide des vallées que la cluse de 
Monnetier a été abandonnée par voie de capture ainsi que l’a montré LUGEON. 

Les Gorges du Fier, à l’autre extrémité de la chaine du Salève, nous offrent 
du reste, une image parfaite de ce que dut être le vallon de Monnetier à l’origine, 
et si nous supposons un abaissement de 200" de la plaine avoisinante par dénu- 
dation, le défilé du Fier, qui se sera alors beaucoup élargi puisqu'il aura atteint les 
couches tendres de l'Hauterivien, nous offrira la plus grande analogie avec le vallon 
qui nous occupe au moment où il n'avait pas encore perdu son cours d’eau. 


Le vallon d’Allonzier, situé entre la montagne de la Caille (842) et le 
Crêt à la Dame (889%) à son talweg à 700% d'altitude. MAILLARD [165, p. 2, 
pl. 1, fig. 2] attribuait sa formation à une faille; nous avons vu plus haut qu'il 
n'en est rien et que les couches du versant Est de ce vallon passent sans dérange- 
ment jusqu’à son versant Ouest. La coupure d’Allonzier est donc une vallée épigé- 
nique, et c’est un des plus beaux exemples de surimposition qu’on puisse voir, 
puisque les deux montagnes du Crêt à la Dame et de la Caille formaient un véri- 
table dôme qui a été entamé à son sommet par l'érosion fluviale (fig. 16 B). 


La cluse des Usses ou de la Caiïlle, coupure profonde et étroite due au 
travail de l’eau courante, n’est point tout à fait indépendante des actions tecto- 
niques, puisqu'elle s’est formée au point d’affaissement maximum de la partie cen- 
trale de l’anticlinal du Salève. 


Ravins de la Joie et de la Crotte. Il nous reste à parler des deux ravins 
assez importants de la Joie et de la Crotte qui ont attaqué la carapace barrémienne 
du versant Sud-Est du pli du Salève. Leur origine est obscure, nous n’avons pu 
découvrir, pour la première, aucun fait tectonique qui puisse expliquer sa forma- 
tion. Il semble plutôt qu’elle se soit établie sur un ancien sillon d’érosion sidéroli- 
tique, car on trouve un dépôt assez important de grès dans son talweg. Le ravin 
de la Crotte est peut-être dû en partie à une cause tectonique, et en partie à d’an- 
ciennes érosions. On y voit, en effet, aboutir dans sa partie supérieure et occiden- 
tale une des failles de la Pointe du Plan. Sa partie supérieure orientale, au con- 
traire, est sur le prolongement d’un important sillon d’érosion datant du Sidéroli- 
tique, et ayant atteint l'Hauterivien. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 383 


PHÉNOMÈNES DE CAPTURE 


Vallon de Monnetier et vallée d’Allonzier. Nous avons vu précédemment 
comment LUGEON explique la capture de l’ancien cours d’eau qui occupait le 
vallon de Monnetier. Nous essayerons, en peu de mots, de reconstituer l'histoire 
de la vallée surimposée d’Allonzier! aujourd'hui morte et suspendue méme, 
puisque son talweg est à l'altitude de 700%, tandis que, en amont, à l'entrée 
de la cluse, la route nationale n’est qu'à 650" de hauteur. Cette vallée servait 
à l'écoulement des eaux du cours supérieur de la Filière et de ses aflluents, 
notamment le cours supérieur actuel des Usses, eaux qui suivaient la direc- 
tion du cours inférieur des Usses. Le surcreusement du bassin d'Annecy sur- 
vint; les affluents se rendant dans cette dépression furent doués d’une force d’af- 
fouillement nouvelle et l’un d’eux, par érosion régressive, vint capter le cours 
supérieur de la Filière dans la région du Plot. Il persiste, en effet, une série de 
hauteurs molassiques à Cuvat (757%), Charvonnex (760%), les Ollières (S11 et 
$36 1), restes de l’ancienne ligne de faite séparant les réseaux de la Filière et du 
Fier, tandis qu’on observe un col bas (696%), trace de l’ancienne dépression, 
entre le cours supérieur de la Filière et la vallée des Usses. C’est à ce moment 
que la vallée d’Allonzier fut abandonnée et que le tronçon inférieur des Usses 
fut raccordé à son tronçon supérieur actuel, tout d'abord par une petite vallée 
aujourd'hui morte située entre le roc Néplier (712%) et la montagne de la Caille 
(842), puis plus récemment par la profonde cluse de la Caille. 


Le Nant de St-Martin. Dans la région méridionale de notre carte, on peut 
observer un petit phénomène de capture, très instructif. Le Nant de St-Martin, 
afluent des Usses, beaucoup plus long autrefois, passait par Cruseilles, et son cours 
supérieur était constitué par le ruisseau appelé le Marmeton. Un autre afluent des 
Usses, le Tolay, situé beaucoup plus en amont, dériva par érosion régressive les 
eaux du Marmeton de sorte que la partie de l’ancien Nant de S'-Martin, située 
entre Cruseilles et Biolay, présente l'aspect d’une petite vallée morte, des plus 
typiques, dont le fond est occupé par le marécage de Voiry. 

Enfin, KiLIAN, REvIL et LEROUX [211] ont montré récemment que la Cluse 
de Sillingy, qui servait de déversoir aux eaux de la dépression d'Annecy, fut elle- 
même asséchée grace au Fier qui, par une érosion régressive, put se tailler une 
_ gorge à travers l’anticlinal barrémien de Lovagny etdétourna ainsi les eaux du lac 
d'Annecy. 

! Voir la carte géologique au 1 : 80.000, feuille Annecy. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1913), 48 


394 JULES FAVRE 


CHAPITRE V 


PALÉONTOLOGIE 
PAR 


Jules FAVRE, 


Un assez grand nombre de paléontologistes se sont occupés indirectement de 
la faune fossile du Salève, ainsi qu’on peut s’en rendre compte en consultant la liste 
bibliographique que nous donnons à la fin de notre ouvrage. Il n'existe, par 
contre, qu'un petit nombre de travaux se rapportant exclusivement à cette mon- 
tagne., En 1779, G.-A. DE Luc [2] parle de deux espèces de fossiles qui, dans la 
suite, seront appelés Diceras luci Defr. et Pinnigena saussuri (Desh). Beaucoup 
plus tard, en 1845, A. FAVRE [46] donnne une étude approfondie sur l’une de ces 
espèces. Mais la première monographie, comprenant une faune entière, fut publiée 
en 1861 par DE LORIOL [88] qui décrivit pres de 200 espèces de fossiles de l’'Hau- 
terivien. En 1866, le célèbre paléontologiste genevois [400] s'occupe encore des 
faunes du Barrémien, du Valanginien et du Jurassique supérieur. 

Nous n'avons pas recueilli de matériaux qui permettent de compléter ce qui 
a été dit au sujet du Barrémien et de l’Hauterivien. En revanche, nous avons décou- 
vert des gisements de fossiles assez riches dans le Jurassique supérieur. En outre, 
comme nous sommes arrivé à des vues nouvelles concernant la stratigraphie des 
étages voisins de la limite du Jurassique et du Crétacé, il était nécessaire de 
reprendre l’étude paléontologique du Portlandien, du Purbeckien et de l’Infrava- 
langinien. 

On trouvera à la fin de cette monographie une liste des ouvrages cités d’une 
façon abrégée au cours de cette étude paléontologique. 

Les dessins de sections axiales de Gastéropodes que nous donnons plus loim 
ont été faits de la façon suivante. Les sections des fossiles, une fois polies, ont été 
agrandies à la chambre noire, le verre dépoli étant remplacé par un verre ordi- 
naire recouvert d'un papier transparent sur lequel l’image apparaissait. Le dessin, 
qui a été fait directement sur cette image, présente donc toute l'exactitude dési- 
rable. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 38) 


FAUNE DU TITHONIQUE INFÉRIEUR 


La faune du Jurassique coralligène du Salève a déjà été étudiée par DE LORIOL, 
en 1866, dans sa + Description des fossiles de l'Oolithe corallienne, de l'étage valan- 
ginien et de l'étage urgonien du Mont Salève ». Nous avons déjà montré dans la 
partie stratigraphique de notre monographie (p. 332) qu'on avait confondu jusqu'ici 
deux faunes coralligènes tout à fait distinctes: l’une provenant du « Calcaire coral- 
lien », de À. FAVRE, faisant partie du Jurassique supérieur et ne pouvant être plus 
récente que le portlandien inférieur, l’autre, recueillie dans « l'Oolithe corallienne » 
du même géologue et qui doit se placer à la base de l’Infravalanginien. Nous avons 
vu que les deux niveaux fossilifères en question sont séparés : 

a) par un complexe de calcaires oolitiques, parfois compacts, atteignant 30 
mètres environ, qu'on peut rapporter au Portlandien supérieur. 

b) par le Purbeckien, à facies d'eau douce et marin, mesurant 45 mètres 
d'épaisseur. 

Il y a donc lieu de reprendre les espèces décrites par DE LoRIoL et de cher- 
cher à déterminer pour chacune d’elles son niveau réel. Dans la plupart des cas 
nous avons réussi, Car, le gisement fréquemment indiqué dans la Description des 
fossiles de l'Oolithe corallienne < Carrière de Monnetier » ne peut se rapporter 
qu'à l'Infravalanginien; celui du « bas de la Grande Gorge >», souvent cité aussi, 
est certainement jurassique supérieur, linfravalanginien faisant défaut à cet 
endroit tandis qus le Portlandien inférieur y est assez fossilifère. En outre, la roche 
de l’Infravalanginien, une brèche calcaire zoogène oolitique un peu crayeuse, gris jau- 
nâtre, se distingue toujours facilement des calcaires du Portlandien ou du Kimerid- 
gien supérieur qui sont d’un blane beaucoup plus pur. 

Nous avons pu reconnaître que parmi les espèces signalées au Salève par 
DE LORIOL (loc. cit.) les suivantes proviennent de l’Infravalangien : 


Pyqurus blumenbachi (Koch et Dunk.). Cardium corallinum Leym. 
Desorella icaunensis (Cott.) Natica dejanira d'Orb. 

Pecten rochati de Lor. Cerithium monetierense de Lor. 
Lima comatula Buy. C. nodosostriatum Peters. 
Pinnigena saussuri (Desh.). Pseudomelania clio (d'Orb.). 
Laithodomus luci de Lor. Itieria renevieri de Lor. 

Corbis salevensis de Lor. Nerinea defrancei Desh. 
Diceras escheri de Lor. N. depressa Voltz. 


Diceras luci Defr, 


3806 JULES FAVRE 


Les suivantes proviennent du Jurassique supérieur : 


Cidaris carinifera Ag. Cardita studeriana de Lor. 
Rhynchonella astieriana d'Orb. Patella salevensis de Lor. 
Terebratula insignis Schübl. Neritopsis mortilleti de Lor. 
T!. formosa Sues. Cerithium salevense de Lor. 
T. bieskidensis Zeuschn. Pseudomelania calypso d'Orb. 
T', moravica Glocker Nerinea salevensis de Lor. 
Placunopsis pictetianus de Lor. N. moreana d'Orb. 

Pecten globosus Quenst. N. dilatata d'Orb. 

P. subspinosus Schloth. Itieria renevieri de Lor. 


Lima salevenis de Lor. 


Nous ne pouvons nous prononcer au sujet de Æhynchonella lacunosa (Schoth.) 
dont nous n'avons pas retrouvé le type. 

Toutes ces espèces seront reprises au cours de notre étude, car il est souvent 
nécessaire de vérifier leur détermination et de modifier leurs désignations généri- 
ques. Comme nous avons retrouvé, dans nos gisements fossiliféres, un certain nom- 
bre des espèces décrites par DE LORIOL, nous pourrons aussi parfois compléter ce qui 
a été dit à leur sujet. Quand au contraire, nous n’avons aucune observation nou- 
velle à faire au sujet d’autres espèces déjà signalées au Salève, nous ne les décri- 
vons pas à nouveau et nous n'établissons pas leur synonymie afin de ne pas allon- 
ger notre étude; nous nous sommes alors contenté de préciser l'étage d’où elles 
proviennent. 

Tous les types des espèces que nous décrivons, et qui proviennent de nos 
recherches, sont déposés au Muséum d'histoire naturelle de Genève où se 
trouvent déjà en grande majorité ceux de DE LORIOL. Quelques-uns de ces der- 
niers, cependant, appartiennent à la collection Renevier du Musée de Lausanne. 


ÉCHINODERMES 


THIOLLIERICRINUS HEBERTI (de Lor.). 
(P1. 15, fig. 1à6) 


Pour la synonymie de cette espèce, voir ne Lorror, Pal. française, terr. jurassiques, vol. 11, 
part. 2, p. 545, pl. 298, fig. 1-11 et pl. 229, fig. 1. Il y a lieu d'ajouter : 


1897. T'hiolliericrinus heberti. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 331. 
1905. Thiolliericrinus heberti. Remes, Nachträge zur Fuuna von Stramberg; 6, Crènoidenreste, p. 60, 
pl. 7, fig. 2 et 3. 
Le Thiolliericrinus heberti est assez abondant au Salève, mais comme dans 
les autres gisements qui l’ont fourni, ses calices et les articles de sa tige sont assez 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 387 


fortement roulés. Nous n'avons rien à ajouter à ce que DE LORIOL a dit de cette 
espèce, si ce m'est que le nombre des articles de la tige devait être très petit. 
Nous avons recueilli au hasard les calices et les articles de la tige. Les premiers sont 
au nombre de 31, les seconds au nombre de 43. Dans la collection DE LORIOL nous 
avons constaté une proportion semblable. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis et Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, au haut des Etiollets, à Chavardon, au bas de la Grande Gorge, où il est 
assez abondant. Dans la brèche coralligène rouge du Kimeridgien inférieur, aux 
Etiollets où il est rare. 

Nombre d'exemplaires : T4. 


CIDARIS CARINIFERA Ag. 


Voir pe Lorior, Deser. des foss. de l'Ool. cor., p. 45, pl. F, fig. 11 et Desor et ne Lorior, Echi- 
nologie helvétique, part. 1, Echinides de la période jurassique, p. 58, pl. 8, fig. 15, et p. 391, pl. 60, fig. 11-12. 


Le type de DE LorioL, pl. F, fig. 11, appartient à peu près certainement au 
Portlandien inférieur puisqu'il provient du bas de la Grande Gorge. Le type de la 
collection DE Luc, figuré par DESOR, à une gangue qui permet de le placer dans le 
Jurassique supérieur (Portlandien ou Kimeridgien supérieur). 

Nous n'avons pas retrouvé cette espèce au cours de nos recherches. 


CIDARIS (PLEGIOCIDARIS) GLANDIFERA Münst. 
(PA. 15, fig. 7.) 


Pour la synonymie de cette espèce, voir Correau, 1875-80, Pal. française, vol. 10, part. 1, ÆEchi- 
nides réguliers, p. 191, puis, Correau, 1884, Les Echinides des couches de Stramberg, p. 12 et ajouter : 


1885. Cidaris glandifera. À. Bœum et Lomé, Die Fauna des kelheimer Diceraskalkes, Abth. 3, Echi- 
noïdeen, p. 198. 

1887. Cidaris glandifera. NœrianG, Der Jura am Hermon, p. 45. pl. 6, fig. 11-12. 

1890. = — DE Lorior, Deser. des Echinodermes jurassiques du Portugal, TX, p. 27, pl. 5. 
fig. 1-2. 

1897. Cidaris glandifera. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 330, pl. 8, 
fig. 8 à 10. 

1901. Cidaris glandifera. pe Lorior, Notes pour servir à l’élude des Echinodermes, fase. 9, p. 6, pl. 1, 


fig. 2-5. 
1902. Cidaris (Plegiocidaris) glandifera. SaviN, Cat. raisonné des Échinides foss. de la Savoie, p. 160. 
1902. —  glandifera. ne Lorior, Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, sér. 2, fase. 1, p. 39. 
1905. —  (Plegiocidaris) glandifera. SAviN, Revision des Echinides fossiles du département de ? Isère, 
p. 156. 


Nous avons recueilli une radiole que nous ne pouvons rapporter qu'au Cidaris 
glandifera ; les granulations des côtes sont effacées et ne descendent pas aussi bas 
que d'ordinaire, ce qui est probablement dû à l'usure. 

Gisement. Brèche coralligène rouge du Kimeridgien inférieur, aux Etiollets. 


€ 


388 JULES FAVRE 


PEDINA SALEVENSIS n. Sp. 
(PI. 15, fig. 8, a, b. c.) 


Diamètre du plus grandindiidu "CN CR EN OT 97mm, 
Hauteur par rapport au diamètre. . . . . . . . . . . . . . . 0,050. 


Espèce de grande taille, à face inférieure presque plane et à face supérieure 
en dôme surbaissé, Zones porifères droites, superficielles, trisociées, échelonnées 
par triples paires obliques ne se multipliant pas à l'approche du péristome. Aires 
ambulacraires étroites, munies d’une double rangée de tubercules principaux d’assez 
petite taille, perforés, non crénelés, assez inégaux entre eux dans chaque rangée et 
alternativement forts et faibles, sauf à l’approche du péristome, où ils sont sensi- 
blement égaux. Ces deux rangées occupent presque tout l’espace laissé entre les 
zones porifères, de sorte qu’il reste fort peu de place pour les tubercules secondaires 
et les granules qui sont peu nombreux. Aires interambulacraires trois et demi fois 
plus larges que les aires ambulacraires, munies de deux rangées de tubercules 
principaux sensiblement plus gros que ceux des ambulacres. Les tubercules secon- 
daires sont nombreux, plus petits que les tubercules principaux ; ceux qui sont situés 
entre les rangées de tubercules principaux et les ambulacres sont disposés sans 
ordre; parmi ceux qui sont situés entre les rangées de tubercules principaux, les 
plus grands sont disposés en rangées horizontales assez régulières, cela surtout dans 
la région marginale où l’on voit sur chaque plaque coronale une rangée horizontale 
de trois ou quatre tubereules secondaires. Les granules intermédiaires sont mégaux 
et se confondent avec les plus petits des tubercules secondaires. 

Le test n'étant pas conservé sur la face apicale, le nombre des plaques coro- 
nales interambulacraires ne peut être donné. Toutefois, du péristome jusqu’à l’am- 
bitus on en compte 12 ou 13. Les plaques ambulacraires sont beaucoup plus petites 
et plus nombreuses. Le péristome est petit, et atteint les deux dixièmes du dia- 
mètre, ses entailles sont assez peu pénétrantes. L’apex est inconnu. 

Rapports et différences : Cette grande espèce est voisine de Pedina charmassei 
Cott. Elle en diffère par sa forme beaucoup moins élevée, puis surtout, par ses aires 
ambulacraires où les tubercules principaux sont plus gros et forment deux rangées 
contiguës qui ne laissent pas entre elles, comme dans l’espèce rauracienne, un 
large espace couvert de tubercules secondaires et de granules. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, haut des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : deux ayant perdu leur test à la face apicale, et un 
fragment de test de la région voisine de l’apex d’un troisième. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 389 


PEDINA SUBLAEVIS Ag. 
(PL 15, fig. 9, a, b, c.) 
Pour la bibliographie, voir Correau, Pal. française, Terr. jurassiques, vol. 10, part. 2, p. 646 et 
ajouter : 
1884. Pedina subluevis. Covreau, Les Echinides des couches de Stramberg, p. 35, pl. 5, fig. 15, 16. 
1905. . — _— SaviN, Revision des Echinides foss. du dép. de l'Isère, p. 113. 
1907.  — — VaLerre, Revision des Echinides foss. de l Yonne, pp. 62 et 89, 

Nous avons recueilli un bon échantillon de Pedina sublaevis Ag., qui diffère 
un peu des types décrits par COTTEAU dans la Paléontologie française, mais qui, par 
contre, se rapporte tout à fait à ceux du Tithonique supérieur de Stramberg étudiés 
par le même savant. Comme les échantillons de ce dernier endroit, notre individu 
se distingue parce qu'il est plus épais, plus renflé, ses tubercules, tant principaux 
que secondaires, sont plus volumineux que d'ordinaire sur la face inférieure, tandis 
que dans le voisinage de l’apex, ils sont plus faibles. Il semble donc que dans les 
couches tithoniques Pedina sublaevis prend une forme assez différente de celle des 
individus des couches plus anciennes. Il serait peut-être bon de créer une variété 
nouvelle, cependant les données actuelles sont encore trop peu nombreuses pour 
le faire. 

Grisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, au haut des Etiollets. 


HEMICIDARIS STRAMONIUM Ag. 


Pour la bibliographie, voir Correau, Pal. française, vol. 10, part. 2, pp. 131, 858, 907. 


Le Muséum de Genève possède un individu d’Æemicidaris stramonium déter- 
miné par DE LORIOL. Nous ne pouvons faire mieux que de transcrire l’étiquette 
accompagnant ce fossile : « Cette espèce n'avait pas encore été rencontrée au Salève. 
L’exemplaire, quoique incomplet est bien reconnaissable. Les gros semi-tubercules 
sont alignés un peu plus régulièrement que d'habitude, mais ce caractère varie sur 
un même individu et j'ai vu, sur un exemplaire du Jura bernois, un alignement tout 
aussi régulier. » 

Gisement. Ce fossile peut provenir, d’après sa gangue, soit du Portlandien in- 
férieur, soit du Kimeridgien supérieur. 


PSEUDOCIDARIS (?) SUBCRENULARIS (rauthier. 
(PL. 15, fig. 11, 12). 
1873. Pseudocidaris (2) subcrenularis. Gaurater, dans: PeroN et Gavrmier, Echinides fossiles de l'Algérie, 
p. 24, pl. 20, fig. 34-87. 
1880. Pseudocidaris (?) subcrenularis. Correau, Paléontologie française, Kchinides réguliers, vol. 11, 
part, 2, p. 30, pl. 269. 


Nous possédons une radiole (pl. 15, fig. 12) incomplète qui se rapporte assez 


Le 


390 JULES FAVRE 


exactement aux figures données par GAUTHIER. Sa longueur est de 17%, sa lar- 
geur de 12"; elle est extrêmement large à sa partie distale et s’amincit très 
rapidement dans la direction de la collerette, ce qui lui donne une forme conoïde. 
Elle est ornée de granules verruqueux disposés en séries parallèles à son axe, les- 
quels sont surtout développés sur l’une de ses faces. Un peu avant l'extrémité dis- 
tale de la radiole, il existe une couronne circulaire de tubercules. L'intérieur de 
cette couronne est convexe et couvert de verrucosités. La partie proximale de la 
radiole est usée, néanmoins, il semble que le bord de la face articulaire et l’an- 
neau sont erénelés. Le bouton est très peu développé. 

Une seconde radiole représentée planche 15, figure 11, est un peu usée, et 
s'éloigne un peu plus du type. Ses dimensions sont: longueur 20%, largeur 14m. 
Elle a la même forme générale que la radiole précédente, elle est ornée, sur l’une de 
ses faces seulement, de côtes larges, mais peu accusées, vaguement tuberculées. La 
couronne de l'extrémité distale a été usée, et il en reste de vagues traces; l’espace 
qu'elle circonscrit est occupé par des côtes larges, basses, un peu onduleuses, 
rayonnant du centre. Cette seconde radiole ne répond pas tout à fait à la diagnose 
et aux figures de GAUTHIER, nous croyons cependant qu’elle appartient au Pseudoci- 
daris subcrenularis ; en tout cas nous ne connaissons aucune autre espèce à laquelle 
elle puisse être rapportée. 

Gisement. Les deux radioles proviennent du Portlandien inférieur, couche à 
Matheronia salevensis et à Valletia antiqua; la première a été recueillie à Chavar- 
don, la seconde au bas de la Grande Gorge. 


DIPLOPODIA AROVIENSIS de Lor. (non. Thurm.). 


De Lorior, dans ses Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, 1905, 
sér. 2, fase. 3, p. 27, décrit sous le nom de Diplopodia aroviensis un Echino- 
derme de la collection DE LuC portant comme indication de gisement : Pas de 
l'Echelle. Le sentier qui porte ce nom est taillé exclusivement dans Jes calcaires 
blancs coralligènes du Portlandien ou du Kimeridgien. La gangue de l'Echinoderme 
dont il est question est constituée au contraire par une marne grise donnant un 
très fort résidu d'argile, de grains de quartz et de glauconie. Comme il n’y a au 
Salève que l'Hauterivien inférieur qui soit constitué par de telles marnes, nous 
avons supposé que l'échantillon avait été recueilli par DE Luc non dans la roche en 
place, mais dans les éboulis provenant de l'Hauterivien du Grand Salève. Comme 
le test de cet échantillon est siliceux, e’était une raison de plus de penser qu'il 
appartenait à l'Hauterivien, seul terrain du Salève, avec le Calcaire roux, où les 
fossiles aient subi une silicification. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 391 


En effet, en revisant la détermination de DE LORIOL, nous avons constaté 
que l’Oursin en question n’est pas Diplopodia aroviensis (Thurm.), mais Phymosoma 
peroni (Cott.). Ces deux espèces, bien qu'appartenant à deux genres différents, ont 
il est vrai une assez grande analogie, et comme le caractère essentiel qui les sépare, 
la faible perforation des tubercules, peut disparaitre facilement si le fossile est 
quelque peu usé, il était facile de faire cette confusion. L'arrangement des tuber- 
cules est le même dans les deux espèces, mais l’échantillon du Salève compte au 
moins 16 tubercules dans les rangées de plaques ambulacraires et au moins 14 dans 
les rangées interambulacraires. Pseudodiadema aroviense n’en compte jamais 
autant. Les dimensions du fossile du Salève sont bien celles du Phymosoma peroni : 
diamètre 47%, hauteur 20%, soit, par rapport au diamètre, 0,43. Le Pseudodia- 
dema aroviense n'atteint pas une taille aussi grande et sa hauteur est toujours 
plus faible. 

Il ressort des considérations précédentes que le Diplopodia aroviensis (Thurm.) 
doit être supprimé de la faune jurassique du Salève, par contre Phymosoma peroni 
(Cott.) est une espèce nouvelle pour la faune hauterivienne de cette montagne. 


ACROPELTIS AEQUITUBERCULATA Ag. 


Voir pour la bibliographie Corteau, Paléontologie française. 1883, terr. jurassiques, vol. 10, 
part. 2, p. 562, puis ve Lorior, 1890-91, Description de la faune jurassique du Portugal. Echinodermes, 
p. 93, pl. 16, fig. 4, et ajouter : 


1903. Acropeltis œquituberculata, SAviN, Catal. raisonné des Echinides fossiles du dép. de la Savoie, 
p. 106 x 

1905. Acropeltis æquituberculata. Savin, Révision des Echinides fossiles du dép. de l'Isère, p. 96. 

1907. Acropeltis æquituberculata. Vaxerre, Révision des Échinides fossiles de l Yonne, p. 156. 


Nous avons recueilli un exemplaire d’Acropeltis incomplet, mais qu'on peut 
rapporter sûrement à l’A. æquituberculata. Son mode de fossilisation ne permet 
guère d’en donner une reproduction photographique nette, mais sa détermination 
ne parait cependant pas douteuse. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, au haut des Etiollets. 


CODIOPSIS LORINI Cotteau. 
(PI, 15, fig. 10 a, b, c.) 
Voir la bibliographie de l’espèce dans Savin, 1905, Révision des Echinides fossiles du dép. de 
l'Isère, p. 89, en faisant abstraction du C. alpina À. Gras. Ajouter : 


1903. Codiopsis lorini. Lameerr, Note sur un Codiopsis nouveau de la Craie de Touraine. Bull. Soc. 
géol. France. (4), vol. 3, p. 89. 

1906. Codiopsis lorini. Vauerre, Etude sur la formule porifère d’un certain nombre d'Echinides réqu- 
liers, p. 20. 


MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT DE GENÈVE, VOL. 87 (1913), 49 


399 JULES FAVRE 


Nous possédons un exemplaire de Codiopsis qui a tous les caractères du 
C. lorini Cott. Il est assez bien conservé, mais a cependant perdu ses granules 
cadues. La seule différence qu’il nous ait été possible de découvrir en comparant 
l’exemplaire du Salève à des échantillons de l'Hauterivien de l'Yonne, réside dans 
le fait que ces derniers sont moins déprimés, ce qui ne saurait être suffisant pour 
créer une espèce. 

Il est très curieux de constater, dans le Portlandien inférieur du Salève, la 
présence de cette espèce crétacée qui persiste jusque dans l’Aptien. Les Codiopsis 
jurassiques connus jusqu'à ce jour sont très rares et ne peuvent étre confondus 
avec le Codiopsis lorini. Le ©. pilleti Cott, du Tithonique supérieur, est de taille et 
de proportions toutes différentes; le ©. hoheneggeri de Lor., du même terrain, est 
plus élevé et possède une granulation moins fine et moins serrée, 

Gisement. Nous avons recueilli cette espèce dans la couche à Matheronia 
salevensis et à Valletia antiqua du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. 


STOMECHINUS PERLATUS (Desm.). 


Un échantillon de cette espèce, provenant du Salève, a été étudié par DE Lo- 
RIOL dans ses Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, 1905, seconde série, 
fase. 3, p. 28. Ce Stomechinus, étiqueté par DE Luc « Pas de l’Echelle >, possède 
une gangue formée d’un calcaire zoogène gris brun. Les roches qui forment la 
région où passe le sentier du Pas de l’Echelle sont exclusivement formées par les 
calcaires blancs zoogènes du Portlandien ou du Kimeridgien, tout différents de la 
gange du Stomechinus recueilli par DE Luc. Nous ne connaissons pas au Salève 
de roche analogue à celle qui constitue le fossile en question, de sorte que sa pro- 
venance est tout à fait incertaine. 


ECHINOBRISSUS SALEVENSIS de Loriol. 


VoirpeLorior, Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, sér. 2, fasc. 3, p. 29 et pl. 2, fig. 4. 


Nous n'avons rien à ajouter à ce qu'a dit DE LORIOL au sujet de cette espèce 
dont nous n'avons pas retrouvé de nouveaux exemplaires. La gangue de l'unique 
échantillon connu permet d'attribuer ce fossile soit au Portlandien inférieur, soit au 
Kimeridgien. 

PYRINA ICAUNENSIS (Cott.). 
(PL. 15, fig. 13, 14 et pl. 16, fig. 1, 2.) 


Pour la bibliographie, voir Correau, 1867-74, Paléontologie française, Terrains jurassiques, Echi- 
nides irréguliers, vol. 9, p. 396 et ajouter : 


EL À 


, « ce 
MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 393 
1884. Pyrina icaunensis. Corrkau, Echinides des couches de Stramberg, p. 9, pl. 11, fig. 1-6. 
1888. » » pe Lorior, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Valfin, p. 355- 
1891. » , pe Lorior, Deser. de la faune jurassique du Portugal, Échinodermes, p. 117, 
pl. 24, fig. 1. 


1907. Pyrina icaunensis. Vazerre, Révision des Echinides fossiles de l Yonne, p. 66. 


Cette espèce est assez abondante au Salève et présente nettement les carac- 
tères typiques. On y observe toutefois quelques variations; certains individus sont 
plus allongés, d’autres plus larges que le type, d’autres prennent une forme sub- 
pentagonale (pl. 16, fig. 1). Certains grands individus qui atteignent 4‘ de long 
ont la face inférieure plus pulvinée, leurs sillons ambulacraires sont plus enfoncés. 

DE LORIOL cite déjà cette espèce au Salève (Descr. des fossiles de l'Ool. coral- 
lienne, p. 42, pl. F, fig. 14). Le seul exemplaire que ce savant à eu à sa disposition 
provient des carrières de Monnetier, c’est-à-dire de l’Infravalanginien à ÆHeterodi- 
ceras luci. Comme cet Echinide est dépourvu de son test, il n’est pas très sûr qu'il soit 
bien identique à P. icaunensis, son age étant plus récent. C’est pourquoi il nous à 
paru bon de figurer des exemplaires jurassiques. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, au haut des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 28. 


PSEUDODESORELLA ORBIGNYANA (Cott.) 


(PL. 16, fig. #, 4.) 


Pour la bibliographie, nous renvoyons à Correau, 1884, Echinides des couches de Strambergq, p. 5. 
Ajouter : 


1888. Pseudodesorella orbignyana. ve Lorror, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Val- 
fin, p. 355. 
1907. Pseudodesorella orbignyana. Varerre, Révision des Echinides fossiles de l'Yonne, p. 67. 


Nous ne reviendrons pas sur la description de cette espèce bien connue, et par- 
faitement étudiée par COTTEAU. Les exemplaires du Saleve ne différent pas sensi- 
blement de ceux trouvés en d’autres endroits. Leur forme varie un peu, le rapport 
entre la largeur et la longueur est un peu variable, le bord antérieur peut être 
légèrement convexe (pl. 16, fig. 4), ou présente, au milieu, un faible infléchisse- 
ment (pl. 16, fig. 3). 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien 
inférieur, au haut des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : T. 


394 JULES FAVRE 


BRACHIOPODES 


RHYNCHONELLA ASTIERIANA d'Orb. 


Voir pe Lorior, Description des fossiles de V'Ool. corallienne, p. 388, pl. EF, fig. 1 à 2. 


Les exemplaires figurés par DE LORIOL ne sont pas typiques ; ce sont probable- 
ment de jeunes individus qui pourraient tout aussi bien être rapportés à À. pinguis 
Rœm, Les grands échantillons, parfaitement caractéristiques, à commissure fron- 
tale asymétrique, sont assez abondants au Salève. Nous les possédons de la couche 
à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, du bas de la Grande Gorge, de 
Chavardon, du haut des Etiollets, des rochers de la Balme au-dessus de Pomier. 
Ils se trouvent aussi dans le massif coralligène du Kimeridgien au haut des 
Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 32. 


RHYNCHONELLA LACUNOSA ? (Schloth.). 


Voir pe Lorior, description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 40, pl. F, fig. 6. 


N'ayant pas retrouvé le type, nous ne pouvons préciser de quel étage il pro- 
vient, les indications de gisement données par DE LORIOL étant très vagues. 
Nous avons en outre quelques doutes au sujet de la détermination de cette espèce. 


ZEILLERIA LUGUBRIS (Suess) 
(PL. 16, fig. 5, 6.) 


1859. Waldheimia lugubris. Suess, Die Brachiopoden der stramberger Schichten, p.40 (26), pl. 4, fig. 11-12. 
1871. » » G. GEMMELLARO, Stud) pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 22. 


1897. Zeilleria magadiformis. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 324, 
pl. 7, fig. 7. 


L’exemplaire que nous figurons pl. 16, fig. 5, a, b' c, est tout à fait typique et 
ne diffère en aucune façon des dessins de Suess. L’individu représenté fig. 6, «, b, 
c, est très adulte, par conséquent très épais, la valve inférieure possède une assez 
forte dépression en son milieu, déterminant un bord frontal excavé. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, aux rochers 
de la Balme au-dessus de Pomier, et au bas de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 3. 


de: 


"21e 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 399 


ZEILLERIA MAGASIFORMIS (Zeuschn.). 


(PI. 16, fig. 7, 15, 16.) 


1856. Terebratula magasiformis. Zessner, Geologia do Eathwego projecia zastésowana, p. 233. 

1856. Terebratula czapskiana. ZEssNeR, id., p. 235. 

1857. Terebratula magasiformis. Zeuscuver, Pal. Beitr. zur Kenntniss des weissen Jurakalkes von 
Inwald, p. 16, pl. 4, fig. le à 4e. 

1857. Terebratule czapskiana. Zeusouxer, id., p. 17, pl. 4, fig. 1 f à 4 f. 

1859. Waldheimia magadiformis. Suxss, Die Brachiopoden der Stramberger Schichten, p. 40 (26), pl. 4, 
fig. 13-17. 

1563. Terebratula magadiformis. Oosrer, Pétrifications remarquables des Alpes suisses, Brachiopodes, 
p. 31, pl. 11, fig. 11 à 14. 

1869. Waldheimia magadiformis. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 21, 
pl. 4, fig. 5-6. 

1885. Zeilleria magadiformis. H. Douvizié, Sur quelques Brachiopodes du terrain jurassique, p.96, pl. 4, 
fig. 13. 

1897. Zeilleria lugubris. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 324, pl. 8, fig. 4. 


Nous figurons pl. 16, fig. 7 à, b, c, une Zeilleria différant un peu de la forme 
typique de Z. magasiformis; elle est un peu plus allongée que les individus figurés 
par ZEUSCHNER et SUESS dont elle possède tous les autres caractères et particuliè- 
rement la petite valve aplatie. La figure 15, a, b, c, par contre, représente un petit 
exemplaire parfaitement identique à ceux dessinés par SUESS, fig. 13 et 15. Un 
troisième individu (fig. 16 &, b), moins allongé que le premier, se rapproche davan- 
tage de la forme typique, mais sa valve supérieure légèrement bombée rappelle un 
peu Zeilleria lugubris Suess. 

Gisement. Portlandien inférieur de Chavardon, du bas de la Grande Gorge 
et du Pas de l’'Echelle. 

Nombre d'exemplaires : 3. 


ZEILLERIA HUMERALIS (Roem.). 
(PL. 16, fig. 8 et 9.) 


Pour la bibliographie de lespèce, nous renvoyons à l'ouvrage de H. Douviccé, Sur quelques Bra- 
chiopodes du terrain jurassique, p. 93. Ajouter : 


1905. Waldheimia humeralis. Dacqué, Beiträge zur Geol. Somalilandes, 2er Teil, Oberer Jura, p. 130. 


Nous n’avons rien à ajouter pour ce qui concerne cette espèce assez variable. 
Elle existe au Salève dans le Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) 
du bas de la Grande Gorge. Elle se retrouve plus abondante, mais en mauvais état 
de conservation à la base du Kimeridgien, aux Etiollets près du Coin. 


396 JULES FAVRE 


MEGERLEA PECTUNCULOIDES (Schloth.). 
(PI. 16, fig. 10 et 11.) 


Pour la bibliographie de l'espèce, nous renvoyons à l'ouvrage de ScaLosser, Die Brachiopoden des 
kelheimer Diceras-Kalkes, p. 206 (132). Ajouter : 


1893. Terebratella pectunculoides. Ed. Grerpin, Etude sur les Mollusques des couches coralligènes des 
environs d’'Oberbuchsitten, p. 97, pl. 7, fig. 15, 17, 18. 

1910. Megerlea pectuneuloides. Simioxescu, Studii yeologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lameli- 
branchiatele, p. 64, pl. 7, fig. 12 et 19. _ 


Cette espèce, bien étudiée, est rare au Salève; nous n’en connaissons que deux 
exemplaires, bien caractérisés, il est vrai, et provenant de la couche à Matheronia 
salevensis, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. 


MEGERLEA PETERSI Hohenegger. 
(PI. 16, fig. 12.) 


1858. Megertea petersi. Suess, Die Brachiopoden der stramberger Schichten, p. 48, pl. 5, fig. 10-13. 
1897. Megerlea petersi. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 327, pl. 8, fig. 6. 


Cette espèce est très rare au Salève; nous n’en connaissons qu'un exemplaire 
faisant partie des collections du Muséum d'histoire naturelle de Genève. Il est de 
petite taille, mais correspond parfaitement à la diagnose de Suess et à la figure 11 
que donne cet auteur. Ce fossile possède 10 côtes à la petite valve et 11 à la 
grande; on ne voit pas les côtes secondaires dont parle SUESS, cela tient à la petite 
taille de notre échantillon. Du reste, comme le montrent les figures données par 
ce paléontologiste, le caractère des côtes adventives n’est pas constant. 

G'isement. Au-dessus du Coin; indication assez vague, mais il est presque 
certain que cette espèce provient du Portlandien inférieur (Couche à Matheronia 
salevensis), le gisement le plus riche de cet étage se trouvant au-dessus des éboulis 
du Coin. 


MEGERLEA aff LORYI Pict. 
CPL 16, fig. 13.) 


1868. Megerlea loryi. Picrer, Etude provisoire des fossiles de la Porte-de-France, d’Aizy et de Lémenc, 
p. 271, pl. 41, fig. 12. 

Nous avons sous les yeux une Megerlea aussi large que longue, à contour 

subpentagonal, à crochet assez développé et à la ligne cardinale courbe. Elle est 

munie de 5 côtes principales à la petite valve et de 6 à la grande, les deux externes 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 397 


étant très faibles. Le pli médian de la petite valve, comme aussi la dépression 
médiane de la grande, sont pourvus chacun de 2 petites côtes adventives. On voit 
encore une côte adventive sur chacun des plis adjacents au pli médian et dans les 
sillons qui leur correspondent à la petite valve. Les stries d’accroissement sont 
fortement marquées. 

Cette Megerlea correspond assez bien à la figure que donne PICTET pour sa 
M. loryi. La différence la plus grande réside dans le fait que le pli médian est 
moins fortement marqué dans l'échantillon de Lémenc. 

Gisement. M. GYSIN, qui nous à communiqué cette espèce, l’a trouvée non loin 
de la grotte du Seillon sous l’Evorse, dans le Portlandien inférieur, grosse oolite. 


TEREBRATULA MORAVICA (dlocker. 


Voir pe Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 34. 


Nous n'avons que peu de chose à ajouter à ce que DE LORIOL a dit de cette 
espèce. Terebratula moravica est assez commune dans la couche à Matheronia sale- 
vensis (Portlandien inférieur) ; nous la connaissons du bas de la Grande Gorge, du 
haut des Etiollets, de Chavardon, du Pas de l'Echelle, des rochers de la Balme au- 
dessus de Pomier. 

Nombre d'exemplaires : 25. 


TEREBRATULA FORMOSA Suess. 


Voir pe Lorror, Description des fossiles de l'Ool. corallienne, p. 36. 


Assez commune dans la couche à Matheronia salevensis (Portlandien inférieur). 
Nous l’avons recueillie au pied de la Petite Gorge, au bas de la Grande Gorge, au- 
dessous de la Varappe, entre le Saut (ronet et la gorge de la Mule, à Chavardon, 
au haut des Etiollets, aux rochers de la Balme au-dessus de Pomier. Trois exem- 
plaires du Musée de Genève proviennent du Pas de l’Echelle, 

Nombre d'exemplaires : 16. 


TEREBRATULA INSIGNIS Schübl. 


Voir ne Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 37. 


Cette espèce se trouve dans la couche à Matheronia salevensis (Portlandien 
inférieur) au bas de la Grande Gorge, à Chavardon, aux rochers de la Balmeau- 
dessus de Pomier. 

Nombre d'exemplaires :S8. 


398 JULES FAVRE 


TEREBRATULA BIESKIDENSIS Zeuschn. 
Voir ne Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 35, pl. E, fig. 17. 


Il existe au Muséum de Genève trois échantillons étiquetés par DE LORIOL 
Terebratula bieskidensis et parmi eux le type figuré. Il ne nous semble pas que ces 
trois exemplaires appartiennent à cette espèce; nous les considérons comme des 
Zeilleria appartenant à la forme de Z. humeralis que nous donnons pl. 16, fig. 8-9. 
Ces fossiles proviennent du bas de la Grande Gorge, c’est-à-dire du Portlandien infé- 
rieur très probablement, ou peut-être aussi du Kimeridgien supérieur. 


TEREBRATULINA SUBSTRIATA (Schoth.). 
(PL. 16, fig. 14.) 


Pour la bibliographie nous renvoyons aux ouvrages de pe Lortor, 1878, Monographie paléontologique 
des couches de la zone à Ammonites lenuilobatus de Baden, p. 181 et SoxLosskr, Die Brachiopoden des 
kelheimer Diceras-Kalkes, p. 205. Il y a lieu d’ajouter : 


1893. Terebratulina substriata. En. Greprin, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes d’Ober- 
buchsitten, p. 96, pl. 7, fig. 13, 14, 16, 19, 20. 

1599. Terebratulina substriata. Remes, Beitr. zur Kennt. der Brachiopoden des stramberger Tithon, 
p. 227. 

1905. Terebratulina substriata. Krumeecx, Die Brachiopoden u. Molluskenfauna des Glandarienkalks, 
p. 8N [24], pl 9 [2]. fig. 12-14. 

1910. Terebratulina substriata. Simionescu, Studii yeologice si paleontologice din Dobrogea, 2, Lameli- 
branchiatele, ete, p. 62, pl. 3, fig. 9-11, pl. 7, fig. 15. 


Il existe quelque incertitude au sujet de cette espèce qui a été comprise diffé- 
remment par les auteurs. DE LORIOL (loc. cit.) voit dans la T. substriata des auteurs 
deux espèces, l’une à côtes fines à laquelle il propose de conserver le nom de T. 
substriata, et l’autre à côtes fortes et écartées qui doit recevoir un nom nouveau. 
C’est à cette dernière forme qu'appartiennent les deux petits exemplaires du Salève. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) des rochers 
de la Balme au-dessus de Pomier et Grand Salève au-dessus du Coin. 


MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES 


ALECTRYONIA HASTELLATA (Schloth.). 
(PI. 17, fig. 1-2.) 


Pour la synonymie embrouillée de cette espèce et pour sa discussion, nous renvoyons aux ouvrages 
suivants : 


1881. pe Lorior, Monographie paléontologique des couches à Ammonites tenuilobatus d’ Oberbuchsitten, 
p. 97. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 399 


1892. pe Lortor, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes inférieures du Jura bernois, p. 346. 

1905. Krumeeck, Die Brachiopoden- und Molluskenfauna des Glandarienkalkes, p. 107 [43]. 

1905. Peron, Etudes paléontologiques sur les terrains du département de l Yonne. Les Pélécypodes rau- 
raciens el Séquaniens, p. 215. 

Ajouter : 

1903. Ostrea (Alectryonia) efr. hastellata. Reues, Nachträge zur Fauna der stramberger Schichten, 4, 
Ueber Bivalven der stramberger Schichten, p. 218. 

1910. Ostrea (Alectryonia) hastellata. Simionescu, Studii geologice si paleontogice din Dobrogea, 2, 
Lamelibranchiatele, p. 5, pl. 1, fig. 7. 


Cette espèce, très variable, qui a persisté si longtemps, existe bien caractérisée 
au Salève, quoique peu abondante. 

Gisement. Portlandien inférieur et Kimeridgien supérieur, au haut des Etiol- 
lets et au Pas de l'Echelle. 

Nombre d'exemplaires : 9, dont 4 au Musée d'histoire naturelle (Coll. ROCHAT) 
et 2 à M. GYSIN, étudiant. 


PECTEN aff. NEBRODENSIS G. Gemm et Di Blasi. 
(CP. 17, fig. 7.) 


1371. Pecten nebrodensis. G. GemmeLLaro, Studj. pal. cale. Terebr. Janitor, 3me partie, p. 62, pl. 9, 
fig. 1-3. 

1874. Pecten nebrodensis. G. GemmerLaro et Dr Brast, Pettini del Titonio inferiore, p. 3, pl. 1, fig. 1-3. 

1881. Pecten brancoi. G. Bogum, Bivalven von Kelheim, Zeitschr. deutsch. Geol Gesellschaft, p. 72. 

1881. Pecten aff. nebrodensis. G. Boenm, Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes, Abt. 2, Bivalven, 
p. 184, pl. 40 [24], fig. 6. 

1883. Pecten aff. nebrodensis. G. Bogam, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 608, pl. 67, fig. 30. 

1897. Pecten nebrodensis. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 315, pl. 5, 
fig. 8. 

1903. Pecten aff. nebrodensis. Remes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4, Ueber die Bivalven der 
stramberger. Schichten, p. 201 [17], pl. 19 [2], fig. 4. 

1901. Pecten aff. nebrodensis. Simionescu, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lameli- 
branchiatele, p. 16, pl. 2, fig. 5. 


Les échantillons du Salève se rapportent assez exactement à la description de 
G. GEMMELLARO et Di BLASI, mais comme nos individus sont de grande taille, on 
voit, à partir d’une certaine grandeur, le nombre de côtes augmenter sur les plis (jus- 
qu’à 5). La différence essentielle que nous trouvons avec les exemplaires de Sicile 
est que, dans les sillons, il se trouve plus de 2 côtes, jusqu'à 6, très fines dans le 
voisinage du sommet, mais égalant presque celles des plis dans le voisinage du bord 
palléal. Les stries concentriques sont assez visibles et assez régulières. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : Deux, dont l’un au Muséum d'Histoire naturelle de 
Genève (Coll. A. FAVRE). 


MÉM,. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 50 


400 JULES FAVRE 


PECTEN (SPONDYLOPECTEN) GLOBOSUS Quenst. emend. Philippi. 
(PI. 17, fig. 3-6.) 


1852. Pecten globosus. Quexsrenr, Handbuch 4. Pelref., éd. 1. pl. 40, fig. 45 (non fig. 46), p. 507. 


1858. — Quexsrenr, Der Jura, pl. 78, fig. 2, p. 627. 

1866. - - pe Lorior, Deser. des foss. de l’Ool. cor, p. 30. pl. E. fig. 4. 

1867. — Quexsrepr, Handbuch d. Petref., éd. 2, pl. 51, fig. 45 (non 46), p. 605. 
1869 — — Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 39, pl. 22, fig. 9. 


—  arotoplicus. G. GEMMELLARO, Studj. pal. calc. Terebr. Janitor, part. 3, p. 62, pl. 10, fig. 6-10. 

— — G. GeumezLaro et Dr BLasr, Pettini del Titonio inf., p.10, pl. 2, fig. 6-10. 

— — G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p.609 et 645, pl. 67, fig. 34-35. 

—  globosus. Quexsreor, Handbuch d. Petref., 6d., 3, pp. 772, pl. 59, fig. 35. 

—  cfr. arotoplicus. Neumayr und UnuG, Jura fossilien des Kaukasus, p. 26. 

—  globosus. Roma, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 316, pl. 5, fig. 12. 

—  (Spondylopecten) globosus. Paicrppr, Zeitschr. deutsch. geol. Gesell. Bd 50, p. 620 et 

621, fig. 6-7. 

1899. Pecten arotoplicus. Nezxx, I fossili titonici del monte Judica, p. 55, pl. 2 (1), fig. 14-15. 

1903. — — Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4; Ueber Bivalven der stramber- 
ger Schichten, p.202 [18] 

1903. Pecten rochati. Rewes, idem, p. 202 [13], pl. 19 [2], fig. 5 &, c. 

1903. -—- {Spondylopecten) globosus. Rees, idem, p. 205 [18]. 


Coquille de taille moyenne, triangulaire-circulaire, très renflée dans le jeune 
âge, puis, plus tard, à flancs beaucoup moins bombés, équivalve, équilatérale, ornée 
d’un nombre de côtes variant entre 34 et 39, 34 et 35 étant les nombres normaux. 
Ces côtes sont lisses, car toujours la couche externe du test fait défaut, elles sont 
séparées par des sillons aussi larges ou un peu plus larges qu’elles, dont le fond est 
arrondi. Dans la partie supérieure des valves, de chaque côté du crochet, il existe 
une région excavée, sans côtes, mais à fines stries d'accroissement, plus longue du 
côté anal, mais plus profonde du côté antérieur. Les oreillettes sont inégales. Les 
buccales sont beaucoup plus grandes que les anales, elles montrent quelques côtes 
rayonnantes partant du crochet; la droite présente une forte échancrure byssale ; 
la gauche que nous connaissons imparfaitement, si elle n’est pas entière, est en tout 
cas moins échancrée que la gauche, elle montre sur son bord cardinal une très fine 
denticulation qui n’est visible que sur de très bons échantillons. Les oreillettes 
anales sont petites, obtuses. Il existe un area ligamentaire très distinct, bien 
qu'assez étroit ; il est limité à sa partie inférieure par une rangée de petits tuber- 
cules ovales. Il ne nous à pas été possible de nous rendre compte s’il existait des 
dents de partet d'autre de la fossette ligamentaire. 

Ainsi que G. Bœnm l’a démontré (Die Bivalven der stramberger Schichten, 
p. 645), QUENSTEDT avait compris deux espèces sous le nom de Pecten globosus. 
L'une, la plus globuleuse, à côtes plus nombreuses, a été appelée 2°. (Spondylopecten) 
G. Bœhmi par Parzrepr et l’autre est, pour G. BŒHM, tout à fait identique pour la 


MONOGRAPIIIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE AO 


forme extérieure à ?. arotoplicus G. Gemm. et Di Blasi. I est très probable qu'il y 
a de même identité pour les caractères internes de ces deux espèces, mais jusqu'à 
présent, la charnière et l'aire ligamentaire n’ont pas encore été observées chez les 
exemplaires de Sicile. Or, le Pecten globosus du Salève, qui ne diffère pas de celui de 
Nattheim et qui ne présente avec le ?. arotoplicus G&. Gemm de Sicile que des diffé- 
rences extrémement minimes, possède aussi une aire ligamentaire nette qui se trou- 
vera de même selon toute probabilité chez l'espèce sicilienne. Les différences que 
nous constatons entre les individus du Salève et la description et les figures données 
par le paléontologiste italien, proviennent en général du fait que nos échantillons 
ne possèdent pas la partie externe du test. L'absence des faibles canaliculations 
sur les côtes et des fines stries des dépressions concaves latérales, n’est due qu'à une 
incomplète conservation des fossiles. Les côtes des individus du Salève sont en un 
peu plus grand nombre que ne l’indiquent GEMMELLARO et Dr BLASI, mais d'autre 
part, les figures qu'ils donnent en montrent un nombre égal à celui de nos échan- 
tillons. Dans ces conditions, il nous semble bien qu’on puisse, comme le supposait 
déjà BŒœnHM, réunir les espèces de QUENSTEDT et de GEMMELLARO. 

Les Pecten décrits et figurés par REMES (loc. cit.), pl. 19 [2] fig. 5 «, €, 
p. 202, sous le nom de ?. rochati ne peuvent appartenir à cette espèce dont le 
caractère est de posséder des côtes irrégulièrement plissées et barbelées, ainsi que 
le montre notre fig. 4, pl. 34 Le caractère du nombre de côtes, invoqué par 
ce paléontologiste est insuffisant, car il est très variable. Pour nous, le Pecten en 
question n’est autre chose que le Spondylopecten globosus Quenst. emend. Philippi. 

Gisement. Cette espèce est abondante au Salève, soit dans le Portlandien 
inférieur, soit dans le Kimeridgien supérieur, au haut des Etiollets, au Pas de 
l'Echelle, au bas de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 45. 


PECTEN SUBSPINOSUS (Schloth.). 
Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 28. 


Le gisement et la gangue de cette espèce indiquent qu'elle peut provenir soit 
du Portlandien inférieur, soit, mais moins certainement, du Kimeridgien supérieur. 


SPONDYLUS PICTETIANUS (de Lor.). 
(PI. 17, fig. 17-18.) 
1866. Placunopsis pictetianus. pk Lorior, Deser. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 32, pl. E, fig. 10-11. 


1583. Spondylus tithonius. G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 646, pl. 70, fig. 6-8. 
1883. Hinnites ? G. Bœum, idem, p. 620, pl. 68, fig. 12-14. 


402 JULES FAVRE 


1903. Spondylus tithonius. Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg; 4, Ueber die Bivalven der 
stramberger Schichten, p. 212 [28], pl. 20 [21, fig. 5 a, « 

Les exemplaires figurés par G. Bœum et REMES sous le nom de Spondylus 
tithonius ne différent en aucune façon du Spondylus pictetianus (de Lor.), et doivent 
lui être réunis. Pour appuyer notre manière de voir, nous donnons une figure de 
deux individus que nous avons recueillis. 

Les types de DE LORIOL proviennent du bas de la Grande Gorge, ils appar- 
tiennent done à peu près sûrement au Portlandien inférieur. Nos exemplaires, au 
nombre de 5, ont été trouvés au haut des Etiollets, dans la couche à Matheronia 
salevensis du Portlandien inférieur. 


LIMA (PLAGIOSTOMA) THISBE de Lor. 
(PI, 17, fig. 9-10.) 


1888. Lima thisbe. ne Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 322, pl. 36, fig. 1-4. 
1893. — —  Eï Greppin, Etude sur les Moll. des couches corall. d’Oberbuchsitten, p.75, pl. 5, fig. 9. 

Nous rapportons à cette espèce deux individus dont la forme générale corres- 
pond tout à fait aux figures données par DE LORIOL. Ils ont en grande partie perdu 
la partie extérieure de leur test, mais là où elle est conservée on observe les fines 
côtes rayonnantes caractéristiques de l’espèce. 

Gisement : Haut des Etiollets, dans la couche à Matheronia salevensis, Port- 
landien inférieur. 


LIMA (PLAGIOSTOMA) ERCTENSIS (Gr. Gemm. 


(PI. 17, fig. 8.) 


1871. Lima baylei. G. GEmMELLARO, Studj. pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 55, pl. 8, fig. 7. 
1871. —  erctensis. G. GEMMELLARO, ?d., p. 92. 


Nous possédons 4 individus dont les caractères répondent à la description de 
GEMMELLARO. Leurs stries rayonnantes ne sont développées que dans les régions 
anales et buccales, leur forme générale est la même que chez les types, toutefois ils 
n'atteignent pas une taille aussi considérable qu’en Sicile. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur; au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 


LIMA (LIMATULA) SALEVENSIS de Lor. 
Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 28, pl. D, fig. 10-11. 


La provenance des deux seuls individus connus, comme aussi l'examen de 


MONOGRAPIIHE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 103 


leur gangue, permettent de rapporter cette espèce au Portlandien inférieur ou, 
mais cela est beaucoup moins probable, au Kimeridgien supérieur. 


MYTILUS SUBORNATUS Et. 
(PI. 17, fig. 11-14.) 
1859. Mytilus subornatus. ErALLon, Etudes pal. sur le Haut-Jura; Corallien, 2, p. 111. 
1883. Mytilus moravicus. G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 589, pl. 65, fig. 25-27. 
1885. Mytilus subornatus. DE Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 305, pl. 34, 
fig. 6-8. 

Une dizaine de Mytilus du Salève correspondent bien à la diagnose d'ETALLON 
et surtout à celle de DE LOoRrIoL. Nous n'avons qu'une chose à ajouter, c’est que 
la variabilité est plus grande au Salève, ainsi que le montrent les figures que nous 
donnons des formes extrêmes. 

Nous pensons qu'il faut rattacher A. moravicus G. Bœhm à M. subornatus ; 
il ne nous à pas été possible de trouver une différence sensible entre ces deux 
espèces. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 10. 


PACHYMYTILUS OBTUSUS n. Sp. 


(P1. 17, fig. 15-16 et pl. 18, fig. 1-3.) 


Longueur du plus grand individu . ses ne Done des ton LODMINT, 
Hauteur » » 0 Ts RQ NE Pere LIBTUn: 
Epaisseur » » » AD ES Dj MOT ENCRES Jmm, 


Coquille de grande taille, triangulaire, équivalve, assez méquilatérale. Cro- 
chets peu développés, recourbés. Région antérieure tronquée, délimitée par une 
carène partant des crochets et aboutissant à l'extrémité antérieure de la coquille. 
Cette aire antérieure, elliptique (pl. 18, fig. 2), est plus ou moins concave. Dans son 
intérieur, sous les crochets, on y observe une profonde dépression byssale, ovale, 
qui présente, sur chaque valve, un sillon courbe partant de son fond et aboutis- 
sant aux crochets. La coquille est un peu échancrée à chaque valve, dans le fond 
de cette dépression, pour laisser passer le byssus. Le bord cardinal est droit, plus 
court que les bords antérieur et inférieur; il se relie à ce dernier par un bord posté- 
rieur arrondi, Le plan de la face antérieure tronquée forme toujours un angle obtus 
avec la ligne cardinale. L’épaisseur de ce Mollusque atteint son maximum dans 
le voisinage des extrémités du petit diamètre de cette aire antérieure elliptique ; 


104 JULES FAVRE 


elle décroit graduellement jusqu’à l'extrémité postérieure, en déterminant des flancs 
légèrement convexes. Toute la surface du test est couverte de côtes rayonnantes 
fines et serrées, comme chez ?. petasus (d'Orb.). Il existe en outre des stries 
d’accroissement nombreuses, irrégulières. Nous avons pu préparer deux charnières; 
l’une, droite (pl. 18, fig. 1), montre une saillie antérieure qui est peut-être une dent 
cardinale, suivie d’une très faible dépression; l’autre, gauche (pl. 17, fig. 16), ne 
présente point de dents, ce qui est peut-être attribuable à l’usure. Le sillon liga- 
mentaire est large, pas très profond, rectiligne, une nymphe ligamentaire peu sail- 
lante le borde. 

Nous avons recueilli un moule interne de cette espèce. La face antérieure 
tronquée, loin d’être plane ou concave comme chez la coquille, montre au contraire, 
en son milieu, une forte convexité qui se voit fort bien dans la figure 3 &, pl. 18; 
elle prouve donc que le test est extrêmement épaissi sous les carènes antérieures. 
Entre cette convexité et les crochets, se trouve une dépression ovale très accusée 
correspondant à la dépression byssale de la coquille (fig. 3 b, pl. 18). La partie 
postérieure du moule est brusquement amincie par suite d’un épaississement consi- 
dérable du test. Grâce à cette disposition, les crochets sont assez accusés sur le 
moule. à 

Pachymytilus obtusus est voisine de P. triqueter (Buv.) = P. petasus (d'Orb.), 
et bien que cette dernière espèce soit extrémement variable, nous ne pensons pas 
qu’on puisse encore lui rattacher l'espèce du Salève. Pachymytilus obtusus, en eftet, 
se distingue entre autres par sa taille beaucoup plus considérable, par son diamètre 
antéro-postérieur beaucoup plus grand par rapport à la hauteur que chez P. trique- 
ter ; l'angle formé par le plan de la face antérieure tronquée et le bord cardinal est 
toujours très obtus dans l'espèce du Salève, presque toujours aigu et rarement 
droit dans l'espèce rauracienne. 

Les fossiles incomplets et roulés, figurés par OoSTER, Corallien de Wimmis, 
pl. 20, fig. 1-3 (non 4-6) sous le nom de 7richites mytiliformis, appartiennent à une 
espèce de Pachymytilus voisine de la nôtre; ils sont du reste trop incomplets pour 
être déterminés exactement. 

(isement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etioilets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : T. 


ARCA (BARBATIA) GRACILICOSTATA D. Sp. 
(PL. 18, fig. 4-6.) 


Longueur du plus grand individu connu . . . . . . . . 4O0mm, 
Hauteur par rapport à la longueur ANS CNP 00 08100 


Epaisseur » » Ur Te Re UD EAN DE 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 405 


Coquille allongée, ovale, très inéquilatérale. Région postérieure et région 
antérieure arrondie. Bord inférieur droit ou présentant une légère inflexion vers le 
milieu de sa longueur. Le bord cardinal est légèrement arqué, se raccordant par 
des courbes aux bords voisins. Les crochets sont larges, peu saillants, très peu 
contournés. Les flancs sont pourvus d’un méplat ou d’une large dépression très peu 
profonde partant des crochets et aboutissant au milieu du bord inférieur. 

Toute la surface est ornée de petites côtes rayonnantes extrémement fines, 
égales, coupées par des stries concentriques aussi fines, déterminant ainsi un treil- 
lissage très régulier et très ténu. Près du bord inférieur, les côtes rayonnantes sont 
encore divisées longitudinalement en 2 parties par une très fine strie, On observe 
enfin, de distance en distance, des stries d’accroissement assez irrégulières. 

La charnière est formée de dents s’accroissant de part et d'autre du centre 
du plateau cardinal et devenant obliques à ses extrémités. Les 5 à 6 dernières dents 
postérieures sont épaisses, les 3 antérieures sont au contraire étroites. L’aire 
ligamentaire est très étroite, linéaire. 

Rapports et différences. Arca gracilicostata a une forme identique à À. censo- 
riensis Cott., mais son ornementation radiale est beaucoup plus fine; elle possède 
en outre une ornementation concentrique qui manque chez la seconde espèce. 4. 
subteres de Lor, au contraire, montre une ornementation identique à celle de notre 
espèce, mais son épaisseur est plus faible, ses crochets sont moins larges, moins 
saillants et moins obtus. Les autres espèces qui possèdent quelque analogie avec 
la nôtre sont: À. #hligi G. Bœhm, mais sa longueur est plus grande, ses côtes 
radiales sont fortes et elle n’a pas de côtes concentriques:; À. ferebrans Buv., À. 
texana Quenst. montrent des côtes radiales beaucoup plus grossières. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 12. 


ISOARCA cfr. EMINENS Quenst. 
‘(PL 19, fi. 1-6.) 


Pour la bibliographie de lespèce, voir pe Lorior, Ætudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin 
p. 297. 


Longueur du plus grand individu, . . . . . . . . . . b6mm 
Hauteur par rapport à la longueur . . . . . PC UD TL IUI67 
Epaisseur » , , » : PP 0/0 AAI0/ EN 


Coquille allongée, renflée, très inéquilatérale. Les crochets atteignent ou sur- 
plombent un peu le bord antérieur qui est arrondi chez certains individus, suban- 
guleux chez d’autres au point de jonction avec le bord cardinal. Bord postérieur 


406 JULES FAVRE 


arrondi, bord inférieur légèrement convexe et présentant parfois une très légère 
inflexion en son milieu. Bord cardinal un peu arqué, parallèle ou parfois assez obli- 
que au bord inférieur. Area ligamentaire extrêmement étroite, linéaire. Les dents 
sont courtes au centre de la charnière; elles deviennent progressivement lamel- 
leuses et serrées en atteignant les extrémités du plateau cardinal: les postérieures 
sont obliques par rapport à ce plateau, les antérieures au contraire lui sont per- 
pendiculaires et s'arrêtent avant d'atteindre l'extrémité des crochets. Ces der- 
niers se touchent, ou presque; ils sont épais, renflés, assez peu enroulés ; ils attei- 
gnent ou dépassent un peu le bord antérieur. Les flancs sont très renflés et très 
convexes et présentent en général un méplat s'étendant des crochets jusqu’au 
bord inférieur. L’ornementation est constituée par des stries fines, rayonnantes et 
concentriques, de même intensité, déterminant un treillis régulier. Les stries 
d’accroissement, irrégulières, peu accusées dans la région des crochets devien- 
nent plus fortes vers le bord palléal. 

Les individus de Zsoarca efr. eminens du Salève sont assez variables. Certains 
d’entre eux ont une forme subeylindrique, d’autres, au contraire, ont la partie anté- 
rieure beaucoup plus haute que la postérieure, ce qui provient surtout de leurs cro- 
chets plus ou moins gros et plus ou moins élevés. Le rapport entre leur longueur et 
leur largeur est loin d’être constant. Tous, par contre, sont caractérisés par l'extrème 
inéquilatéralité des valves, les crochets dépassant ou tout au moins atteignant le 
bord antérieur. 

Il est actuellement impossible d'identifier avec une complète sécurité nos Zso- 
arca du Salève avec Z. eminens de Nattheim, dont le type est imparfaitement 
connu. En outre, nos individus diffèrent de ce type en ce qu'ils sont toujours un 
peu moins allongés, et que souvent, les crochets sont plus saillants en hauteur. Il ne 
faudrait toutefois pas attacher une trop grande importance à ces différences, 
car nous ne connaissons rien de la variabilité des individus de Nattheim. Certains 
de nos échantillons aux crochets élevés offrent une certaine analogie avec les for- 
mes allongées d’Z. inflata Et. 

G'isement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, haut des 
Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 15. 


CoRBIS VALFINENSIS de Lor. 
(PI. 19, fig. 7-9.) 


1588. Corbis valfinensis. De Lorioz, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 248, pl. 26, 


fig. 7-9. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 407 


1891. Corbis valfinensis. De LorioL, Etudes sur les Moll. des couches corall. inf. du Jura bernois, p. 196 
pl. 20, fig. 6-8. 
1895, Corbis valfinensis. De Lorror, idem, 1er supplément, p. 32, pl. 5, fig. 3. 


Longueur maximale . ; : 1 36mm 3 
Hauteur par rapport à la longueur. 0,57 
Epaisseur , , . : 0,62 à 0,68 


Nous possédons quelques individus du Salève qui s'accordent presque par- 
faitement avec la diagnose de pE LorioL. Les seules différences que nous consta- 
tons sont l’absence de stries rayonnantes dans la partie anale de la coquille, mais 
cela peut provenir de l'usure. L’épaisseur de nos échantillons, par rapport à la lon- 
eueur est de 0,63 à 0,68 alors que DE LORIOL donne 0,71-0,75; toutefois cette 
dimension prise sur les figures 7 b et 8 b de la planche 26, donne 0,58 et 0,70, 
c’est-à-dire des valeurs entre lesquelles nos mesures sont comprises. 

Gisement. Portlandien inférieur : Couche à Matheronia salevensis, à Chavar- 
don. Grosse oolite de la partie supérieure de la gorge de la Mule. 

Nombre d'échantillons : 5 valves. 


DICERAS SPECIOSUM Munst. 
(PL 19, fig. 10-12, pl. 20, fig. 1-3, pl. 21, fig. 1-5, pl. 22, fig. 1-4. pl. 28, fig. 1-8.) 


1839. Chama (Diceras) speciosa. Münsrer, Beiträge zur Petrefacktenkunde, 1, p. 107. 

1540. Chama speciosa. GoLpreuss, Petrefacta germaniae, p. 205, pl. 139, fig. 1 à, b, c. 

1882, Diceras speciosum var. aequivalvis. G. Boeum, Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes, p. 83, 
pl. 27 [11], fig. 1, 2, pl. 29 [13], fig. 1-2. 

1882. Diceras speciosum var. inaequivalvis. G. Bogam, idem, p. 84, pl. 28 [12] 

1910. » Û LS Û SEMIONESOU, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea. 
2, Lamellibranchiatele, p. 27 


Le Diceras speciosum est très polymorphe. BœHM a déjà montré sa grande 
variabilité dans le développement des crochets. Nous verrons plus loin que, tant par 
la forme extérieure que par certains de ses caractères internes, cette espèce ne 
possède aucune fixité. 

Les Diceras sont fréquents au Salève dans la couche à Matheronia salevensis. 
Au premier abord, ils paraissent appartenir à plusieurs espèces bien distinctes, 
mais, grace à un matériel abondant, nous avons pu constater qu'il s’agit de plu- 
sieurs formes reliées entre elles par des intermédiaires et qu'on peut toutes rap- 
porter à Diceras speciosum. 

La forme typique de cette espèce, telle que l’a décrite BŒHM, existe au Salève 
(PI. 19, fig. 10, 11, 12, pl. 20, fig. 1, pl. 21, fig. 1-2); elle est équivalve ou pres- 
que, les crochets sont médiocrement développés, l'ouverture des valves est presque 
circulaire, cependant un peu plus haute que large. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 51 


108 JULES FAVRE 


La valve droite possède une charnière bien développée. La dent 3 D est très 
grande, arquée, s’élevant d'abord perpendiculairement au plan de commissure des 
valves, puis se courbant un peu vers le bord supéro-postérieur ; à sa partie basale 
inférieure, elle présente un petit bourrelet saïllant qui borde la fossette A Il'. Cette 
fossette est profonde, très variable: peu arquée en général, elle l’est parfois très 
fortement (fig. 7 a, pl. 23). La dent A I est assez développée, très variable dans sa 
forme, plus ou moins allongée dans le sens antéro-postérieur. La lame myophore 
postérieure est très forte et assez éloignée du plateau cardinal sous lequel elle s’en- 
fonce. L'arête myophore antérieure est saillante et s'enfonce dans la cavité umbo- 
nale. L'impression musculaire antérieure est allongée, subquadrangulaire, elle 
présente des stries parallèles entre elles et dirigées parallèlement à l’arête myo- 
phore. L’impression musculaire postérieure, au contraire, est ovale et montre des 
stries concentriques (voir surtout fig. 5, pl. 23). 

La valve gauche est plus caractéristique. La dent A IT est forte, peu arquée, 
présentant à sa face inférieure une large dépression très peu profonde en général, 
la fossette AI’. La fossette 3 D! est très grande, profonde, arquée. À la limite de 
cette fossette et de la dent AIT, existe un léger bourrelet visible surtout dans la 
région postérieure. On observe dans toutes les valves gauches un rudiment de dent 
latérale PIT (voir surtout fig. 12, pl. 19). L’arête myophore antérieure est assez 


Fig.17. — Section horizontale antéro-postérieure d’une valve gauche de Diceras Speciosum, passant par 
le milieu de l'impression musculaire antérieure et la dent latérale postérieure rudimentaire PII. 
p, plateau cardinal; la, arête myophore antérieure; /p, arête myophore postérieure; 30”, fossette 
cardinale postérieure. Gross. x< 1. 

saillante, elle ne présente rien de particulier. Par contre, le caractère fondamental 

de Diceras speciosum est donné par la lame myophore postérieure, qui s’est rap- 

prochée du plancher cardinal jusqu’à se souder à lui. Le bord distal de cette lame 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 109 


reste cependant visible; il forme une arête faisant saillie sous le plateau cardinal 
(fig. 17, texte ; pl 19, fie. 12, pl. 20, fig. 12; pl. 23, fig. 6). L'impression musculaire 
postérieure est donc sur le prolongement du plancher cardinal. 

En dehors de la forme typique, il existe des variations dans plusieurs sens. 

Variété A. L'ouverture de la valve devient plus ovale; l'appareil cardinal 
se raccourcit dans le sens antéro-postérieur. En même temps, les crochets s'accu- 
sent, s’enroulent, et on arrive à un type qui, tout en restant équivalve, a des cro- 
chets fortement développés (pl. 20, fig. 3 a, 3 b; pl. 21, fig. 3). 

Variété B. Inverse de la précédente. La forme de l'ouverture devient cireu- 
laire, puis plus large que haute, l'appareil cardinal s’étire dans le sens antéro-pos- 
térieur, la coquille devient plus mince, les crochets sont très peu développés, peu 
saillants, obtus, la cavité umbonale devient très spacieuse (pl. 21, fig. 4-5; pl. 22, 
fig. 1 à 4). 

Si l’on compare les formes extrêmes des séries A et B, (p. ex. les fig. 3, pl. 20 
et 3, pl. 21, avec les fig. 4, pl. 21 et 2, 4, pl. 22), on peut se rendre compte de 
l'étendue de la variation de cette espèce. Des matériaux insuffisants auraient pu 
conduire à la création de deux espèces en apparence très distinctes. 

Variété C. C’est la plus intéressante, car elle affecte les caractères internes. 
La lame myophore postérieure de la valve droite se rapproche du plancher cardinal, 
puis se soude avec lui, son bord distal restant cependant individualisé et formant 
une arête courant sous le plateau cardinal dans la cavité umbonale, C’est un phéno- 
mène tout à fait semblable à celui qui s'était produit pour la lame myophore posté- 
rieure de la valve gauche. On voit ce processus s'opérer progressivement (pl. 23, 
fig. 1 à 4) et atteindre son maximum chez les individus représentés pl. 23, fig. 5, 7 
et 8. Par ses caractères extérieurs, cette variété est très variable, ses crochets sont 
peu développés, l'ouverture des valves est circulaire parfois, mais en général plus 
haute que large. 

Au point de vue phylogénique, cette variété est intéressante. L'espèce type, 
par son impression myophore gauche arrivant au niveau du plancher cardinal, 
montre déjà un acheminement vers Aeterodiceras. La variété C se rapproche 
extrêmement de ce genre, puisque l'impression musculaire postérieure droite vient 
aussi se relier au plancher cardinal. Le stade Aeterodiceras est ainsi presque 
réalisé, l'impression musculaire antérieure droite, seule, n’a pas encore atteint ke 
plateau cardinal. 

Rapports et difjérences. Par les caractères tout particuliers de sa lame myo- 
phore postérieure gauche, Diceras speciosum ne peut être rapproché que du D. 
beyrichi G. Bœhm, qui présente une disposition un peu analogue. Dans cette der- 
nière espèce, l'impression musculaire postérieure gauche, qui est aussi sur le pro- 


AAO JULES FAVRE 


longement du. plateau cardinal, est située sur la coquille même et non sur une lame 
myophore. Cette impression musculaire est toutefois bordée, à sa partie antérieure, 
par une arête myophore qui est l’homologue de la lame du D. speciosum. 

GEMMELLARO a rapporté à Diceras escheri de Lor., une espèce du Tithonique 
de Sicile qui appartient plutôt à la variété B du D. speciosum, car elle possède 
les mêmes particularités de la lame myophore postérieure gauche, tandis que les 
caractères internes du Diceras escheri sont encore inconnus. 

G. BœM a déjà attiré l'attention sur la nécessité qu’il y a de posséder un 
matériel abondant pour la détermination des Diceras. En effet, la forme extérieure 
est souvent d’un secours presque nul. Les deux valves aussi sont tout à fait néces- 
saires; ainsi, plusieurs de nos valves droites ne peuvent pas être distinguées de 
celles des D. cotteaui Bayle, D. sinistrum Desh., D. beyrichi G. Boehm. 

Grisement. Cette espèce est abondante dans la couche à Matheronia salevensis 
du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets, au bas de la Grande Gorge. On la 
trouve aussi, mais plus disséminée, dans la Grosse oolite à la gorge de la Mule 
et à l'Est de la Petite Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 10 individus bivalves dont 5 ont été cassés pour con- 
naître les rapports existant entre les deux valves. 26 valves droites préparées et 
9 valves gauches préparées. Un certain nombre de valves isolées non préparées. 


MATHERONIA SALEVENSIS n. sp. 


(PI. 24, fig. 1-14.) 


Matheronia de taille moyenne, atteignant une dimension maximale de 6 cen- 
timètres. Test présentant les deux couches caractéristiques reconnues dans ce 
genre, 

Valves très inégales. La gauche, fixée, a un crochet saillant enroulé en 
hélice, pouvant atteindre trois tours et demi (fig. 6, pl. 24), mais n’en comptant 
en moyenne que deux et demi à trois. Elle est carénée chez le jeune seulement, 
et un peu comprimée ; la face du crochet est aplatie et parfois même un peu 
concave (p. ex., pl. 24, fig. 2), la face opposée est arrondie. La carène des pre- 
miers tours parait être due en grande partie à la fixation. L’ornementation est 
constituée par les lamelles transversales d’accroissement, assez peu marquées, et, 
sur la face du crochet, par des côtes longitudinales irrégulières, peu. accusées 

‘ (fig. 7, pl. 24). L’enroulement est un peu variable, les formes à plus grand nom- 
bre de tours s’accroissant en diamètre moins rapidement que les autres (compa- 
rer les figures 1 et 6, pl. 24). 


_itè NAS L' 12 VS v 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE AN 


La valve droite (libre) est operculiforme, légèrement spiralée, à crochet non 
saillant, à carène nulle ou à peine indiquée et côtoyant le bord postérieur. 
Curactères internes : Valve gauche (fixée), (fig. 8-9, pl. 24 et fig. 18 texte). 


Fig. 15, — Valve gauche, fixée, de Matheronia Fig. 19. — Valve droite, libre, de Matheronia 
salevensis, gross. X 1. Al’ et AII, éléments salevensis, gross. X 1. AI et AIT’, éléments 
latéraux antérieurs; 3 b’ fossette cardinale; PZI, latéraux antérieurs; #b, dent cardinale; PI" 
dent latérale postérieure; L, ligament; ma, im- fossette latérale postérieure; pour les autres 
pression musculaire antérieure; #p, impression lettres voir fig. 18. 


musculaire postérieure. 


Cavité umbonale très spacieuse, Dent médiane A II forte, conique, droite, contiguë 
au bord antérieur de la valve. La fossette A L' est creusée dans la partie inféro- 
postérieure de la dent A IT: elle est assez profonde. La fossette 3 b' est très déve- 
loppée et occupe la plus grande partie du plancher cardinal. La dent latérale posté- 
rieure P IT est rudimentaire, elle est représentée par un bourrelet allongé, postérieur 
au ligament. Ce dernier est situé dans une dépression longeant le bord supérieur 
de la commissure des valves. Impression musculaire antérieure oblongue, superfi- 
cielle, n'ayant pas déterminé d’épaississement du test. Impression musculaire posté- 
rieure allongée, plus grande, délimitée chez l’adulte seulement, par une arête très 
obtuse s’enfonçant dans la cavité umbonale, rudiment de lame myophore, qui ne 
s'étend guère au delà de la moitié du dernier tour. 

Valve droite (libre), (fig. 10-14, pl. 24 et fig. 19 texte). Appareil cardinal 
plus puissant que chez toutes les espèces de Matheronia connues; la hauteur du 
plancher cardinal atteint ou dépasse même le tiers du plus grand diamètre de l’ou- 
verture., La dent 3 à est très grande, triangulaire, dirigée obliquement en avant, 
déversée en dehors et courbée de façon à devenir parallèle au plan de commissure 
des valves et à dépasser de beaucoup le bord supérieur; elle présente un méplat 
s'étendant de son sommet jusqu'à la partie postérieure de sa base et elle forme en 
ce point une apophyse peu marquée dominant l'impression musculaire postérieure. 
La dent A I est conique, assez peu développée, mais toutefois plus saillante que 
dans les autres espèces de Matheronia. Entre les deux dents et à la partie anté- 
rieure de leur base est creusée la fossette médiane A Il, conique et assez profonde. 


419 JULES FAVRE 


En arrière de la dent 3 b, il existe une dépression allongée, très peu profonde, P Il”, 
faisant suite au ligament qui est très court et logé dans un sillon étroit situé à la 
partie externe de la base de cette dent 3 b. 

Cavité umbonale relativement profonde, étant donné la forme operculaire de 
la valve (fig. 20 à). 5 

Impression musculaire antérieure allongée (voir surtout fig. 13, pl. 24), s’éten- 


Fig. 20.— Sections verticale-(a) et horizontale (b) de la valve droite de Matheronia salevensis, gross. x 1. 


dant jusqu’à la base de la dent A I; elle est supportée par un épaississement consi- 
dérable du test et est délimitée par une crête mousse de la cavité umbonale (fig. 20 b). 
Impression musculaire postérieure plus petite, ovale, arrivant jusqu’à la base de la 
dent 3 b; elle est supportée par une lame, prolongement du plancher cardinal, qui 
surplombe la cavité umbonale (fig. 20 b). Sauf dans la région ligamentaire, une 
gouttière servant à loger le bord libre du manteau s'étend sur tout le pourtour de 
la va:ve (voir surtout fig. 12 à, pl. 24). 

Rapports et différences. Matheronia salevensis par le développement considé- 
rable de son appareil cardinal ne peut être confondue avec aucune des espèces cré- 
tacées connues. C’est avec M. romani Paq. qu’elle a le plus d’affinités. Elle s’en 
distingue par sa taille plus petite, par sa valve inférieure à crochet beaucoup plus 
enroulé et à tours plus détachés, par le manque de carène dans les derniers tours, 
par la présence d’une dent P IT rudimentaire et d’une faible arête myophore. La 
valve supérieure se distingue de celle de A. romani principalement par sa carène 
qui est rudimentaire ou nulle, par son enroulement en spirale, et par sa dent 3h 
qui est plus longue, déversée. Il faut encore noter que la hauteur du plateau car- 
dinal, qui atteint ou dépasse même le tiers du plus grand diamètre de l’ouverture 
chez l'espèce du Salève, ne mesure que le quart ou le cinquième de ce diamètre chez 
I. romani. 

Matheronia strambergensis (Blaschke), du Tithonique de Stramberg, est très 
incomplètement connue. Elle paraît néanmoins se différencier de l'espèce du Salève 
par sa valve inférieure à crochet moins développé et à tours moins nombreux, par 


RS 


dos 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE A3 


sa valve supérieure moins operculaire et carénée. En outre, les lamelles de la couche 
externe du test sont beaucoup plus fortes. 

Le sous-genre Monnieria créé par PAQUIER!, ne nous parait motivé que par 
des caractères secondaires qui pour la plupart existent dans les Matheronia typi- 
ques du crétacé. Ainsi, la valve droite non spiralée se retrouve chez plusieurs 
espèces crétacées, la carène de la valve inférieure existe par exemple chez A7. vir- 
giniæ À. Gras, et M. aptiensis Math. D'autre part, l'espèce du Salève, plus an- 
cienne pourtant que AZ. romani et fort voisine d'elle par la puissance de son appa- 
reil cardinal, possède contrairement à cette dernière espèce, une valve supérieure 
à carène nulle ou presque et une dent 3 D très longue, déversée. Il ne subsiste done, 
pour caractériser Monnieria, que l'appareil cardinal plus robuste que chez les Ma- 
theronia typiques du Barrémien, caractère qui ne nous parait pas suffisant pour 
créer un sous-genre. 

Gisement. Matheronia salevensis est abondant au Salève, mais localisé dans 
une seule couche appartenant au Portlandien inférieur. Le plus souvent, cette espèce 
est très difhicile à dégager de la roche, ce n’est qu'à de rares endroits, comme au 
haut des Etiollets, à Chavardon, où la roche devient un peu crayeuse, qu'il est pos- 
sible d'en obtenir de bons exemplaires. 

Nombre d'exemplaires : 25 individus complets, 25 valves inférieures dont deux 
préparées et 20 valves supérieures préparées. 


Phylogénie du genre Matheronix. 


L'espèce de ce genre qui se rencontre au Salève présente un assemblage de carac- 
tères assez singulier, qui la rapproche à la fois des Matheronia typiques et du genre 
Hypelasma Paquier. Nous avons même pensé à la classer dans ce dernier genre à 
cause de la présence à sa valve gauche, chez l’adulte, d'un rudiment de lame myo- 
phore. D'autre part, plusieurs caractères l'en éloignent, comme par exemple, sa 
valve supérieure non déjetée vers le bord postérieur, sa fossette A 1! qui est bien 
développée. Par contre, notre espèce, par son port général, par l’ensemble des 
‘aractères de sa charnière, vient se rattacher franchement au genre Matheronia et 
particulièrement à A7. romani Paq. du Tithonique supérieur du Gard. 

Grâce à l’ensemble des caractères que nous avons passés en revue plus haut, 
Matheronia salevensis, qui est du reste l’espèce la plus ancienne actuellement connue 
du genre, doit être la souche : 


! Bull. Soc. géol. France (3), vol. 25, p. 843. 


414 JULES FAVRE 


1° des Matheronia du Tithonique supérieur et du Crétacé qui montrent une 
réduction progressive de l’appareiïl cardinal. 

2° du genre Æypelasma par le développement progressif de la lame myophore 
postérieure de la valve inférieure. 

L'hypothèse émise par PAQUIER, suivant laquelle Toucasia et Apricardia ne 
dériveraient pas, comme il peut sembler au premier abord, de Diceras, mais de for- 
mes comme Âlypelasma, ayant acquis progressivement leurs lames myophores, est 
confirmée par la découverte de Matheronia salevensis chez laquelle cet organe est 
encore fort peu développé. Nous pensons donc pouvoir établir la filiation suivante : 
Matheronia salevensis — Hypelasma — Toucasia — Apricardia. 

Il reste maintenant à établir l’origine du genre Matheronia. En effet, l'espèce 
du Salève possède déjà les caractères très nets du genre et se trouve dans le Port- 
landien inférieur, où le genre Æeterodiceras est seulement en voie de se détacher 
du genre Diceras. En outre, DE LORIOL a figuré! sous le nom de Diceras 
bourgeati, une valve inférieure de Rudiste qui, par sa forme extérieure, appar- 
tient à n’en pas douter au genre que nous étudions. Il n’est donc pas possible de 
chercher l’origine de Matheronia dans le genre /eterodiceras, ainsi que l'ont 
fait H. DOUVILLÉ et PAQUIER. 

Plesiodiceras, par contre, possède les plus grandes affinités avec Matheronia 
salevensis. Le premier de ces genres possède déjà la grande inégalité des valves 
que l’on observe chez le second, la valve inférieure étant très développée et assez for- 
tement enroulée, la valve supérieure, faiblement spiralée, à crochets non saillants, et 
tendant à devenir operculiforme. La dent 3 d de Plesiodiceras (pl. 24, fig. 15-17), 
parallèle au plan de la commissure des valves et même déversée vers l'extérieur, 
triangulaire, à sommet dirigé en avant, présente les mêmes caractères, mais accusés 
dans Matheronia salevensis. Heterodiceras, par contre, ne montre rien de sembla- 
ble, sa dent 3 b étant auriculiforme, arrondie, dirigée obliquement en arrière. La 
plus grande différence qui existe entre Matheronia et Plesiodiceras (comme aussi 
du reste entre /eterodiceras et le premier de ces genres), consiste dans le fait que 
l'impression musculaire postérieure de la valve gauche se trouve sur le prolonge- 
ment du plancher cardinal dans le second de ces genres et sur le test même dans le 
premier. Plesiodiceras montre cependant des caractères transitoires permettant de 
passer à Matheronia. En effet, un certain nombre d'exemplaires de Plesiodiceras 
munstleri, de Valfin, possèdent une lame myophore peu accusée s’enfonçant dans 
la cavité umbonale?. Chez ces individus, le muscle postérieur s’insérait en partie 


! Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Valfin, pl. 29, fig. 2 (non 1). 
? C'est cette particularité qui à déterminé G. Boum (Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes 
p. 160) à créer la nouvelle espèce P. valfinense ; mais, à Valfin, on trouve ensemble des individus qui ont 


re) y TA TS 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE MAS 


sur le prolongement du plateau cardinal, en partie sur le test même. Il nous semble 
donc que rien ne s'oppose à la conclusion que Matheronia dérive de Plesiodiceras. 
Nous donnons (pl. 24.) des figures montrant la grande analogie des valves droites 
de ces deux genres. Les figures 17 et 16 représentent des échantillons de P. 
munsteri du Kimeridgien d’Ambléon (Aïn), aimablement communiqués par M. l'abbé 
RICHARD, de Bellay; la fig. 15 représente la même espèce, du Kimeridgien de 
Silan, près Nantua (Ain); enfin les figures 12, 11, 10 représentent Matheronia 
salevensis. 


VALLETIA ANTIQUA D. Sp. 


(PI. 25, fig. 1-12.) 


Coquille inéquivalve, à valve droite (fixée) plus enroulée et plus développée 
que la gauche. Les deux valves sont fortement carénées, surtout dans le jeune âge, 
La carène détermine deux faces, l’antérieure concave, la postérieure fortement 
convexe. Il n'y à pas d'autre ornementation du test que les stries transversales 
d’accroissement, d’ailleurs assez peu marquées. 

Caractères internes. Valve gauche (libre) (Fig. 4-8, pl. 25 et fig. 21 texte). 
Cavité umbonale assez spacieuse. Il n'existe pas trace de la fossette AT’. La dent 
AIT est très saillante, et s'élève perpendiculairement au plan de commissure des 


Fig. 21.— Valve gauche, libre, de Valketia an- Fig. 22. — Valve droite, fixée, de Valletia anti- 
tiqua, gross. X 1,5. Pour l'explication des let- qua, gross. >< 1,5. Pour l’explication des lettres 
tres, voir les fig. 18 et 19. voir les fig. 18 et 19. 


valves; elle est pointue et présente, sur sa face supérieure, une large rainure héli- 
coïdale. Fossette 3 D’ très vaste et profonde, arquée. Dent PIT assez peu déve- 
loppée, affectant la forme d’un bouton ovale ou arrondi, placée très en avant grâce 
au raccourcissement du ligament. Le sillon ligamentaire naît à la partie antérieure 


cette lame myophore, d’autres qui ne l’ont pas et des formes intermédiaires. Il paraît done douteux que 
l'espèce de Boexm puisse être conservée. 


MÉM. SO0, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 52 


116 JULES FAVRE 


de PII et côtoie de très près le bord commissural des valves; il se continue jus- 
qu’au sommet du crochet. 

Muscle adducteur antérieur s’insérant sur une surface horizontale au niveau 
du plancher cardinal et produite par un épaississement du test. L’impression mus- 
culaire est allongée et s'étend presque jusqu’à l’angle du bord inférieur de la valve. 
Impression musculaire postérieure un peu moins allongée que la précédente, de 
surface à peu près égale, placée sur le plancher cardinal, s’avançant près du 
bord supérieur de la valve, entre la fossette 3 D! et le bord postérieur. 

Valve droite (fixée) (fig. 9 à 12, pl. 25 et fig. 22 texte). Cavité umbonale assez 
spacieuse. La dent AT fait complètement défaut. Fossette AIT profonde, arquée, à 
concavité dirigée vers le bord supérieur de la valve; elle est séparée de la cavité 
umbonale par une mince cloison. La dent 3 D est grande, arquée; elle s’élève 
normalement au plan de commissure des valves. Fossette PII' peu développée, 
circulaire ou ovale. 

Impression musculaire antérieure déclive, très allongée, s'étendant presque 
jusqu'à l'angle du bord inférieur de la valve. Impression musculaire postérieure 
horizontale, située sur le plancher cardinal, pénétrant entre la dent 3 b et le 
bord postérieur et limitée dans la région supérieure par la fossette PI". Elle est 
allongée, sa surface égale ou dépasse un peu celle de l'impression musculaire 
antérieure. 

Rapports et différences. 1 n’est pas possible de confondre Valletia antiqua 
avec les V. tombecki Mun. Chalm., V. pileti Mun. Chalm., V. germamni P. et C., 
V. lorioli P. et C., qui n’ont pas de carène et dont les caractères internes, pour 
autant qu'ils sont connus, diffèrent beaucoup. V. antiqua a beaucoup plus d’affinité 
avec V. michaillensis P. et C. du Barrémien, espèce très polymorphe. On distinguera 
toujours l'espèce du Salève par ses crochets plus volumineux, par la carène des 
valves plus accusée (qui n'existe pas toujours chez W. michaillensis), par sa valve 
inférieure ne présentant pas de tendance au déroulement. Par les caractères 
internes, ces deux espèces se distinguent aussi aisément. La dent 3 b, chez Val- 
letia michaillensis, n'a pas l'aspect auriculiforme de celle de V. antiqua; elle est 
plus longue et plus pointue, les deux dents AIT et PII sont plus égales que dans 
l'espèce du Salève. Par ce dernier caractère, V. michaillensis est intermédiaire 
entre les genres Valletia et Monopleura. 

Gisement. Cette espèce est localisée dans la couche à Matheronia salevensis 
du Portlandien inférieur; nous l'avons recueillie au haut des Etiollets, à Chavar- 
don, au bas de la Grande Gorge, aux rochers de la Balme au-dessus de Pomier. 

Nombre d'exemplaires : 5 individus bivalves, 7 valves droites préparées et 
15 valves gauches préparées. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 417 


Phylogénie de Valletia. 


La découverte d’une Valletia très typique dans le Portlandien inférieur, où les 
Heterodiceras ne sont pas encore connus, ne permet plus de faire dériver le pre- 
mier de ces genres du second, ainsi que l'avait établi H. DOUvILLÉ!. Parmi les 
Rudistes antérieurs au Portlandien, c’est incontestablement Plesiodiceras, connu 
déjà dans le Séquanien supérieur (?. sanctæ verenæ (Thurm.)), qui possède le plus 
d’afhinités avec Valletia. La dent AT de Plesiodiceras, assez peu développée, dispa- 
rait dans Valletia. La dent latérale postérieure PIT apparait rudimentaire chez un 
certain nombre de 2. munsteri que nous avons préparés; elle existe toujours chez 
Valletia, quoique peu développée. Enfin, dans les deux genres, les impressions 
musculaires émigrent entre la dent 3 b ou la fossette 3 b' et le bord postérieur. Ce 
dernier caractère, déjà indiqué par MUNIER CHALMAS, parait très important, car 
il se retrouve chez toutes les formes primitives de la série dite inverse (Gyropleu- 
rinés et Monopleurinés), tandis que Plesiodiceras est le seul Dicératiné qui le pré- 
sente. 

Il existe certainement d’assez notables différences entre Valletia et Plesiodi- 
ceras. Aïnsi, la valve droite de ce dernier genre, qui est libre, tend à devenir 
operculiforme, est très développée et fixée chez le premier. Toutefois, quand on voit 
des phénomènes analogues se produire au sein d’un même genre (Chama), il ne 
semble pas qu'il faille leur accorder une trop grande importance. 

Les considérations qui précèdent permettent, ce nous semble, d'admettre que 
les Rudistes de la série dite improprement inverse, dont Valletia est le premier 
représentant, dérivent de la série normale, non pas de /eterodiceras, mais de 
Plesiodiceras, et cela suivant les deux processus suivants, indiqués déjà, le premier 
par H. DouviLLé et le second par MUNIER CHALMAS : 

1° Régression et disparition de la dent cardinale AT et de la fossette corres- 
pondante Al"; développement progressif de la dent latérale postérieure PTIT. 

20 Emigration des impressions musculaires postérieures entre les dents ou 
fossettes cardinales et le bord postérieur de la valve. 


Phylogénie des Rudistes jurassiques. 


L'origine du genre Diceras est encore très obseure. Il est peu probable qu'il 
dérive, ainsi que le pense G. BœHM*, du genre ?rotodiceras Bœhm, des calcaires 


! Bull. Soc, géol. France. (3), vol. 15, p. 756, 1886-1887. 
? Berichte der Naturforsch. Gesell, Freiburg in Brisgau, vol. 6, part. 2, p. 53, 1891. 


AAS JULES FAVRE 


gris hasiques de Vénétie. Les deux genres ont, il est vrai, une charnière analogue, 
mais il existe un hiatus si grand entre eux qu'il faudrait, tout au moins, trouver 
quelques formes intermédiaires dans le Dogger pour être certain de cette filiation. 
Il peut y avoir, entre ces deux genres, une analogie due seulement à une adapta- 
tion à des conditions semblables, sans qu'il y ait de parenté réelle, d'autant plus 
que, parmi les premières espèces de Diceras connues, certaines d’entre elles 
comme D. kobyi de Lor., sont beaucoup moins spécialisées que Protodiceras. 

La forme la plus primitive, actuellement connue, est certainement Diceras 
Kobyi de Lor., du Rauracien du Jura bernois, car elle a des crochets très peu déve- 
loppés, un test relativement très mince, une charnière peu robuste à dent 3 D beau- 
coup moins développée que chez tous les autres Diceras. Enfin, les impressions 
musculaires ne sont pas portées par de véritables lames myophores, mais elles sont 
seulement limitées, du côté interne, par de simples arêtes obtuses et très peu 
saillantes. 

Dès l'apparition du genre, dans le Rauracien, on constate déjà des espèces 
nombreuses. Les unes sont fixées par la valve gauche (groupe du D. sinistrum) et 
paraissent les plus primitives, puisque c’est parmi elles qu’on trouve les formes les 
moins spécialisées (D. kobyi). Les autres sont fixées par la valve droite (groupe du 
D. arietinum). Tandis que les espèces du premier groupe persistent jusqu'au 
Crétacé inférieur (D. escheri), c'est-à-dire aussi longtemps que le genre lui- 
même, et atteignent leur développement maximal dans le Portlandien, les autres 
disparaissent déjà dans le Kimeridgien, après avoir eu leur plus grand épanouisse- 
ment peu après leur apparition, dans le Rauracien. 

Le premier rameau qui se détache de la souche Diceras a pour tête de ligne 
Piesiodiceras, genre à valve droite presque operculiforme, aux impressions muscu- 
laires sur le prolongement du plateau cardinal et à dent 3 b déversée. Ce genre, 
déjà individualisé dans le Séquanien supérieur (P. sanctæ verenæ), persistera 
jusque dans le Portlandien moyen. La filiation de Plesiodiceras se fait vraisembla- 
blement par l'intermédiaire de formes rauraciennes telles que Diceras moreaui 
Bayle, à valves très inégales, dont l'une tend à devenir operculiforme, à charnière 
présentant déjà des affinités avec Plesiodiceras, comme par exemple sa dent 3 à qui 
prend la forme triangulaire et qui se déverse. Les lames myophores de cette espèce 
s'enfoncent toutefois encore dans la cavité umbonale. Le D. buvignieri Bayle, 
du même étage, paraît également former une transition, sa forme extérieure rappe- 
lant Plesiodiceras, ses impressions musculaires postérieures, comme dans ce der- 
nier genre, étant situées sur le prolongement du plateau cardinal; ses impressions 
musculaires antérieures, par contre, sont encore celles de Diceras. 

Ce premier rameau sera le plus développé; il donnera naissance à la presque 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 119 


totalité des Rudistes. De Pesiodiceras, il est facile, comme nous l'avons vu, de passer 
au genre Matheronia, connu depuis le Ptérocérien, par l'exagération de l'inégalité 
des valves, par la réduction progressive de la dent AT et de la fossette A T' et par 
le grand développement de 3 D qui s’allonge et se déverse. La principale différence 
apparaît dans le fait que Matheronia a les muscles adducteurs de la valve gauche 
non insérés sur le prolongement du plateau cardinal, mais directement sur la coquille 
et sans l’aide de lames myophores. Il est possible de trouver des formes de passage 
dans certains individus de Plesiodiceras munsteri, de Valfin, qui possèdent une arête 
myophore postérieure gauche et dont l'impression musculaire postérieure gauche 
est située à moitié sur le prolongement du plateau cardinal et à moitié sur le test ; 
chez Matheronia salevensis, cette impression musculaire à abandonné le plateau 
cardinal, mais l’arête existe à l’état rudimentaire pour disparaitre complètement 
dans les autres espèces de Matheronia. C’est de ce dernier genre que doivent 
descendre les Requienia, formes très voisines, qui ne diffèrent guère par l’organi- 
sation générale de leur charnière et leur mode d’insertion des muscles adducteurs. 

PAQUIER a déjà émis l'hypothèse que Toucasia, caractérisé par ses lames 
myophores postérieures, pourrait ne pas dériver de Diceras, malgré l’analogie qu'on 
peut observer entre ces deux genres. Les lames myophores, pour cet auteur, sont un 
caractère récemment acquis et l’ancêtre probable de ce genre est Æypelasma, du 
Tithonique, qui possède seulement une arête myophore postérieure gauche. La 
découverte de Matheronia salevensis vient à l'appui de l'hypothèse de PAQUIER, 
car cette espèce possède à la valve gauche, chez l’adulte seulement, un rudiment 
d’arête myophore postérieure. Il semble donc qu'on puisse admettre la filiation sui- 
vante : Plesiodiceras — Matheronia salevensis ou forme voisine — Hypelasma — 
Toucasia. C'est encore de Plesiodiceras que doit descendre la série des Rudistes 
improprement nommée inverse, qui sera si richement représentée dans le Crétacé. 
Cette série diffère du groupe des Dicératinés, ainsi que l’a montré DOUVILLÉ par le 
développement de la dent latérale postérieure et la disparition de la dent cardinale 
A I. Le premier genre de cette série est Valletia, connu actuellement depuisle Port- 
landien inférieur. La transition entre Plesiodiceras et le genre précédent est 
facile à saisir. Les impressions musculaires ont la même disposition caractéristique 
dans les deux genres, où on voit que les postérieures ont émigré entre la dent 3h ou 
sa fossette 3 b' et le bord postérieur. La dent AT, déjà peu développée chez Plesio- 
diceras, disparait chez Valletia, tandis que la dent latérale postérieure P IT, rudi- 
mentaire chez certains individus du premier genre, se développe dans le second, sans 
toutefois atteindre la force de la dent cardinale A IT. Ce n’est que dans les genres 
crétacés, Monopleura et Gyropleura, que l'égalité de taille des dents de la valve 
gauche est acquise. 


420 JULES FAVRE 


L'ancienne souche Diceras donne encore naissance, mais beaucoup plus tar- 
divement, au genre Heterodiceras. Pendant le Kimeridgien supérieur et le Portlan- 
dien inférieur, on voit, chez plusieurs espèces du premier de ces deux genres, les 
lames myophores arriver au niveau du plancher cardinal et souvent se souder à lui. 
Chez D. speciosum Munst., D. beyrichi G. Bœhm, ce processus se produit pour 
la lame myophore postérieure gauche ; chez D. sinuatum G. Gemm., D. affine G. 
Gemm., pour la lame myophore postérieure droite et enfin chez D. speciosum 
variété C du Salève, les deux impressions musculaires postérieures sont sur le pro- 
longement du plateau cardinal, réalisant ainsi la disposition que l’on rencontre chez 
Heterodiceras. Cependant, toutes les espèces de Diceras ont encore l’arête myo- 
phore antérieure droite qui s'enfonce dans la cavité umbonale, caractère qui dispa- 
raitra chez Heterodiceras. 

Il est à remarquer, toutefois, que si par le processus étudié plus haut, le genre 


Barrémien 


Reyuienia 


Loucasia 


Aauterivien 


Valanginien 


Go pu onopleura | 


Porllandien y RCE Meterodic. 


Volletia 


Aeterodiceras 


Malheronia 


KAimeridgien 


L £ Plesiodiceras 
5 éguanien 


Rauracien 
Diceras 


Fig. 23. — Tableau généalogique des Rudistes jurassiques, 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 121 


Diceras, a pu engendrer Æeterodiceras, il est possible également que Plesiodiceras 
ait donné naissance à certaines espèces du genre en question. En effet, ces deux gen- 
res sont très voisins. Leurs muscles adducteurs sont insérés sur le plateau cardinal 
et les éléments de la charnière sont à peu près les mêmes; la dent 3 b cependant 
est triangulaire, pointue et franchement dirigée en avant chez Plesiodiceras, tandis 
qu'elle est auriculiforme et arrondie chez Æeterodiceras. Hs diffèrent encore par 
leur forme extérieure, l’un étant presque équivalve, l’autre possédant la valve droite 
operculaire, et par leurs impressions musculaires postérieures qui chez Plesiodi- 
ceras émigrent entre les dents cardinales et le bord postérieur. Il est donc très 
possible que Æeterodiceras ait une double origine, mais les matériaux que nous 
possédons actuellement sont encore trop insufhisants pour trancher la question. 

Le tableau généalogique, fig. 23, résume tout ce qui vient d’être dit dans les 
pages précédentes. 


CARDIUM (PTEROCARDIA) CORALLINUM Leym. 
(PI. 25, fig. 21 et pl. 34, fig. 1.) 


Pour la bibliographie de l’espèce, voir ve Lorror, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Val- 


. fin, p. 234. Il y a lieu d'ajouter : 


1891. Cardium (Pterocardia) corallinum. ve Lorroz, Etudes sur les Mol. des couches corall. inf. du Jura 
bernois, 3me part.. p. 155, pl. 20, fig. 1-8. 

1897. Cardium corallinum. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 808. 

1903. » , Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4, Ueber Bivalven der stram- 
berger Schichten, p. 189. 

1905. Cardium corallinum. Krumskck, Die Brachiopoden und Molluskenfauna des Glandarienkalkes, 
p. 119 [55], pl. 12 [5], fig. 8. 

1906. Cardium corallinum. PÉRON, Les Pélécypodes rauraciens et séquaniens, p. 65 [33]. 

1910. , » SrMtoNESsOU, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea, 2, Lamelibran- 
chiatele, ete., p. 28, pl. 1, fig. 2. 

1912. Cardium (Pterocardium) valfinense. Rouzrer, Fossiles nouveaux ou peu connus des terrains 
secondaires du Jura, p. 139. 

1912. Cardium (Pterocardium) buvignier:. RozLrer, id. p. 138. 


1912. , , wimmisense. RoLLIER, id. p. 140. 
1912. » , cochleatum. » » p. 140. 
1912. , , alatum. » » p. 140. 


- L'étude de cette espèce si discutée a été reprise récemment par ROLLIER 
(loc. cit.), qui établit 5 espèces au dépens de celle de LEYMERIE. 

C. buvignieri Desh., pour la forme du Rauracien de la Meuse, de l’Aube, de 
l'Yonne et du Jura bernois. 

C. valfinense Rollier, pour la forme du Ptérocérien de Valfin. 

C. wimmisense Rollier, pour celle du Tithonique de Wimmis. 

C. cochleatum Quenst., pour celle du Tithonique de Kelheïm et de Stramberg. 


PE OURS Po) L'ON ET ER PENTIER ST ENTRER 


429 JULES FAVRE 


C. alatum de Luc, pour celle de l’Infranvalanginien à Æeterodiceras luci du 
Salève. 

Il est incontestable, en effet, que le Cardium corallinum des auteurs à subi 
des variations depuis le moment où il apparaît dans le Rauracien, Jusqu'à celui de 
sa disparition dans l’Infravalanginien. Si l’on suit cette espèce d'étage en étage, 
on peut se rendre compte que son évolution se fait approximativement de la façon 
suivante : 


a) La taille augmente; 

b) Le test augmente d'épaisseur ; 

c) L'appareil cardinal se renforce ; 

d) Le nombre des côtes se réduit; 

e) L’aile devient plus ample et ensuite reste stationnaire. 


Mais ces modifications ont lieu si graduellement qu'il ne nous parait guère 
possible de pratiquer des coupures spécifiques dans le C. corallinum tel qu'il a été 
compris par les auteurs. Aussi pensons-nous qu'il est bien préférable de considérer 
comme variétés les espèces peu caractérisées que ROLLIER propose. 

La variété buvignieri Desh., rauracienne, mérite d’être conservée. Elle se 
distingue par sa petite taille, la faible épaisseur du test, par ses nombreuses côtes 
(les échantillons du Musée de Genève en possèdent 52 à 53) et par son aile peu 
développée. 

La variété valfinense Roilier diffère de la précédente par son aile généralement 
plus ample, par sa charnière plus forte, à dent latérale antérieure droite très sail- 
lante et surplombant l'impression musculaire et enfin par son test plus épais. Le 
caractère tiré du nombre de côtes par ROLLIER ne paraît pas avoir de valeur, les 
exemplaires de C. corallinum de Valfin que possède le Musée de Genève nous 
ont donné 52 à 57 côtes, nombre égal ou supérieur même à celui de la variété 
buvignieri. 

Les exemplaires portlandiens du C. corallinum du Salève, au nombre de 6, 
appartiennent à la variété valfinense ; ils sont en général en mauvais état, roulés; 
le petit exemplaire que nous figurons pl. 25, fig. 21, compte 55 côtes; un autre 
exemplaire que nous a communiqué M. le Professeur SCHARDT en compte 52. Nous 
avons recueilli cette espèce dans le Portlandien inférieur, tant dans la couche à 
Matheronia salevensis que dans la Grosse oolite. 

Nous n’avons rien de particulier à dire au sujet de la variété cochleatum 
Quenst., sinon qu’elle est encore fort mal définie. La nouvelle variété wimmisense 
Rollier, incomplètement connue, est probablement identique à la variété de 
QUENSTEDT, dont BŒHM a donné quelques caractères qui peuvent tout aussi bien 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 123 


se rapporter à la variété de Wimmis. En tout cas, le caractère du faible dévelop- 
pement de l'aile, indiqué par ROLLIER pour sa variété, ne peut être invoqué, car 
les exemplaires de Wimmis que possède le Musée de Genève ont cet organe beau- 
coup plus saillant que chez les individus figurés par OOSTER (Corallien de Wimmis), 
et même aussi saillant que dans la var. valfinense. 

Nous pouvons donner quelques renseignements au sujet de la variété alatum 
de Luc, que ROLLIER a rétablie. C’est la forme la plus récente, elle provient de 
l'Infravalanginien à Aeterodiceras luci de Monnetier. Le Musée de (Genève en 
possède 4 exemplaires, dont 3 proviennent de la collection DE Luc. C’est de toutes 
les variétés celle dont le nombre de côtes est le plus faible; ce nombre varie entre 
34 et 37 dans les 4 exemplaires connus; il est de 50 environ pour les variétés buvi- 
gnieri et valfinense, tandis que nous avons compté 43 côtes sur les échantillons de 
Wimmis du Musée de Genève. La forme de la variété alatum est variable: l'individu 
que nous figurons pl. 34, fig. 1, est le plus étroit; le rapport entre sa hauteur et sa 
largeur est de 0,7, tandis que dans l'individu le plus large il atteint 0,81. Le bord, 
palléal dans sa partie inférieure, chez cette variété, est arrondi et non tronqué 
comme c’est le cas dans les individus de Valfin et de Wimmis. Nous n'avons pas 
pu préparer la charnière. Le test parait épais. 


ISOCARDIA BERNARDINA (d’Orb.). 
(PI. 25, fig. 13.) 
Pour la bibliographie, voir ne Lortor, Etude sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 232. 


Deux exemplaires répondent parfaitement à la diagnose et aux figures de 
DE LORIOL. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des 
Etiollets. 


ASTARTE STUDERI (de Lor.). 


Voir pe Lorror, Deser. des foss. de l’'Ool. cor., p. 22, pl. C, fig. 4. 


Le type a été trouvé au bas de la Grande Gorge, il doit donc selon toute pro- 
babilité appartenir au Portlandien inférieur. L'examen de la gangue de 3 échan- 
tillons que possède le Musée de Genève conduit à la même opinion. 


MÉÊM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 53 


42/4 JULES FAVRE 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES 


PLEUROTOMARIA MULTIFORMIS Zitt. 
(PI. 25, fig. 14.) 


1873. Pleurotomaria multiformis. Z1rrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 450, pl. 49, 
fig. 1-7. 

1897, Pleurotomaria multiformis. Roman, Jiecherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 305, 
pl. 4, fig. 13 


Un exemplaire du Salève répond fort bien à la description de ZITTEL; il 
appartient à la forme normale de cette espèce, quoique ses tubercules, sur le dernier 
tour, soient un peu plus développés que de coutume; il peut être considéré comme 
intermédiaire entre les figures 1 et 2 de ZITTEL. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 


DITREMARIA SALEVENSIS n. Sp. 


(P1. 25, fig. 15-17.) 


Hauteur du plus grand individu. , . . . . . . . . . 12,5nm 
Diamètre par rapport à la hauteur. . . . + : . . . : 110à 1,18 
Anple Dir AL EEE NEC TN TE er CP ET ei JU MENYLTONIE 


Coquille subglobuleuse, turbinée, un peu plus large que haute. Les tours sont 
convexes et ne sont séparés que par un faible sillon. Ornementation constituée 
par des cordons spiraux, au nombre de 14 environ; le premier à partir de la suture 
est plus large et perlé, les autres, sont lisses en général, ou coupés par de très fines 
stries axiales obliques, à peine visibles à l’œil nu. Tous ces cordons diminuent gra- 
duellement de largeur jusqu'à la base du tour. La fissure est située entre le 2% et 
le 3%e cordon spiral; la bandelette du sinus est très étroite. 

L'ouverture est étroite,un peu contractée. La callosité de la base est très étendue, 
mais rétrécie considérablement dans le voisinage du bord columellaire; elle montre, à 
partir du faux ombilic, quelques sillons irréguliers et vaguement marqués. La protu- 
bérance centrale est reliée à la protubérance columellaire par un pont; la protu- 
bérance du labre est peu développée. 

Rapports et différences. Cette espèce est très voisine de D. hermitei de Lor., 
mais l’espèce du Salève est un peu plus petite, moins globuleuse, elle ne possède 
qu'un seul cordon perlé au lieu de trois; l’ornernentation axiale des autres cordons 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 425 


spiraux est nulle ou presque. La dépression pseudo-ombilicale est plus profonde et 
plus grande chez D. hermitei, et les protubérances centrale et columellaire y 
sont plus nettement séparées. 

D, salevensis parait être intermédiaire entre D. hermitei et D. striata Zitt. 
Dans cette dernière espèce, de forme semblable aux deux autres quoique plus 
haute, toute ornementation axiale à disparu. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 8. 


DITREMARIA CARINATA Zitt. Var. ELEGANS n. var. 
(PI. 25, fig. 18-20.) 


1873. Ditremaria carinata. Zxrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 459, pl. 50, fig 9. 


Hauteur du plus grand individu. , . . . . . . . . . 21mm 
Diamètre par rapport à la hauteur . . . . . . . . . . 1,07 à 1,12 
ADDICT I ERNEST NE (NE . . environ 80°, 


Coquille un peu plus large que haute, à 6 tours étagés, carénés. La carène, 
située à la partie postérieure des tours, porte la fissure et la bandelette du 
sinus qui est peu visible ; elle est séparée de la suture par une rampe oblique recou- 
verte de deux ou trois cordons spiraux perlés. Le dernier tour est orné, à partir de 
la carène vers l'avant, de onze à douze cordons spiraux diminuant progressivement 
de grandeur en approchant de la callosité basale. Les deux ou trois premiers sont 
ornés de stries axiales obliques, assez fortes, qui leur donnent une apparence perlée. 
La callosité basale est assez étendue et présente, à partir de la dépression pseudo- 
ombilicale, quelques sillons rayonnants, inégaux et irréguliers qui s’effacent à sa 
périphérie, La protubérance columellaire est assez développée, la protubérance du 
labre est peu saillante. 

Rapports et différences. Cette variété diffère de l'espèce tvpe par sa taille plus 
petite, par sa forme un peu plus élevée, par les deux ou trois cordons spiraux anté- 
rieurs à la carène qui sont ornés de stries axiales obliques, et par les sillons rayon- 
nants de la callosité basale qui sont peu nombreux au lieu d’être serrés et fins. 
Enfin, dans la variété, les protubérances columellaire et du labre sont plus marquées. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 4, 


426 JULES FAVRE 


TROCHOTOMA MASTOIDEA (Et.). 


(PL. 26, fig. 1.) 

Pour la bibliographie de l'espèce, voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, 
p. 214. 

Nous possédons 7 échantillons de Trochotoma du Salève que nous avons trouvé 
être identiques aux échantillons de Valfin que possède le Musée de Genève. La 
description de DE LORIOL s'accorde en tous points avec nos exemplaires. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et au bas de la Grande Gorge. 


GENRE TROCHUS 


DISCOTECTUS n. subgen. 


(PL. 26, fig. 2-8.) 


Coquille conique ou un peu conoïde, parfois un peu extraconique dans les 
derniers tours qui sont plans, ou presque, et anguleux à la périphérie. Sutures peu 
marquées. Base plane, non ombiliquée, ouverture beaucoup plus large que haute. 
La columelle est très courte, munie d’un grand pli spiral soudé sur sa plus grande 
étendue avec le labre et ne présentant son bord distal libre que vers l’ouverture. 
Ce pli fait saillie hors de l’ouverture, sous forme d’un hémidisque épais dont le dia- 
mètre dépasse la moitié de la largeur de l'ouverture (fig. 5-7, pl. 26 et fig. 24 du 
texte). Grâce à cette disposition, sur une vue de la base du dernier tour, l’ouverture 
parait présenter une échancrure profonde vers la périphérie. Il n’y a pas de pli au 
labre, ni sur le bord columellaire. 


Fig. 24. — Trochus (Discotectus) massalongoi. Section axiale. Gross. X 2. 


Nous réunissons dans ce nouveau sous-genre quelques petites espèces parais- 
sant être liées aux formations coralligènes du Jurassique et du Crétacé. Discotectus 
se rapproche le plus de Zectus, mais en diffère par le pli columellaire beaucoup plus 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 427 


grand et soudé sur presque toute son étendue au labre. Trochus massalongoi 
G. Gemm, du Tithonique de Sicile, T. crassiplicatus Et. du Ptérocérien de Valfin 
et du Tithozique de Stramberg, T. strambergensis Zitt. du Tithonique, rentrent dans 
ce sous-genre. Il en est de même pour 7! dædalus d'Orb. du Rauracien-Ptérocérien, 
T. frumentum P. et C du Barrémien, et 7. plicato-granulosus Münster de l'Ems- 
chérien, dont l'ouverture complète n’a jamais été figurée; des exemplaires de ces 
espèces appartenant au Muséum de Genève, ont, en effet, l'ouverture si caractéris- 
tique de notre nouveau sous-genre. Il est probable que nombre de Trochus, comme 
T. luciensis d'Orb., T. zenobius d'Orb. du Bathonien, 7! beyrichi Zitt. du Titho- 
nique, dont l’ouverture est mal connue, doivent aussi se classer dans ce nouveau 
sous-genre. 


TROCHUS (DISCOTECTUS) MASSALONGOI G. Gemm.. 
(PI. 26, fig. 2-8.) 


1869. Trochus massalongoi. G. GEMMELLARO, Studÿ pal. cale. Terebr. Janitor, 2me partie, p. 81, pl. 14, 
fig. 13. 


Coquille à galbe conoïde, un peu plus haute que large, à angle spiral variant 
entre 40 et 48° chez l'adulte. Spire composée de 9 à 10 tours plans ou légèrement 
convexes, anguleux à la périphérie, séparés par des sutures peu distinctes, ornés 
de 3 fines stries spirales divisant la surface des tours en 4 bandes à peu près égales. 
Cette ornementation ne persiste pas chez l'adulte dont la coquille est lisse. On voit 
alors disparaitre en premier lieu la strie du milieu du tour. Des stries d’accroisse- 
ment, extrêmement fines et très obliques, s’observent chez les individus très bien 
conservés. La base du dernier tour est presque plane, concave vers le centre, non 
ombiliquée, lisse. L'ouverture est très étroite, à cause du pli columellaire qui la 
rétrécit. Le pli columellaire est soudé sur sa plus grande partie au labre, il fait 
saillie hors de l'ouverture en prenant la forme d’un hémidisque marginé dont le 
diamètre dépasse le tiers de la base du dernier tour. Le profil de l’ouverture, vu sui- 
vant l’axe d’enroulement de la coquille, présente de ce fait une profonde sinuosité 
vers la périphérie du tour (fig. 5-7, pl. 26). A la partie postérieure du péristome, 
près du point de jonction du labre et du bord columellaire, il existe une petite dent 
obsolète (fig. 6, pl. 26). 

L'espèce du Salève appartient à n’en pas douter au 7. massalongoi G. Gemm., 
seulement le célèbre paléontologiste sicilien n'avait à sa disposition que des exem- 
plaires jeunes; les mesures qu'il donne s'appliquent en eftet exactement à nos jeunes 
échantillons. Les individus étudiés par GEMMELLARO ne présentent qu'une seule 


428 JULES FAVRE 


strie spirale ; c’est également la seule qui s’observe sur des individus un peu usés 
du Salève. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 67. 


TURBO (SENECTUS) SALEVENSIS n. Sp. 


(PI. 26, fig. 10-11.) 


Hauteur du plus grand individu 24mm, 
Diamètre par rapport à la hauteur. . . . . HP SUN A .. (0,96 à 1,02 
Anple BPral AE TT M NENINME TRE Ee-NERU 00: 


Coquille turbinée, à peu près aussi large que longue, à ombilic étroit et profond. 
Spire composée de 5 à 6 tours convexes, présentant une rampe plane ou même 
déprimée près de la suture. Cette rampe montre, en son milieu, deux filets spiraux 
très fins et très rapprochés. Le dernier tour est orné, en avant de la rampe, de 
4 côtes spirales, fortes, lamelleuses, séparées par des sillons aussi larges qu'elles, 
puis, à la suite, sur la base du dernier tour, de 5 côtes spirales plus petites, plus 
serrées, séparées par des sillons plus étroits. Enfin, deux fortes côtes spirales, 
séparées par un sillon profond et large, bordent l’ombilic, dans lequel on aperçoit 
encore trois faibles cordons. De très fines stries d’accroissement sont visibles sur 
les exemplaires très bien conservés. 

L'ouverture est à peu près circulaire, un peu anguleuse cependant en arrière. 
Le péristome est presque continu. Le labre est assez mince, le bord columellaire 
recouvre en partie l’ombilic. 

Le T! salevensis est voisin du T. eryæ d'Orb. Il s’en distingue par sa taille 
trois fois plus grande, par ses côtes spirales postérieures plus saillantes et même 
lamelleuses, et par ses deux fortes côtes bordant l’ombilic. Le 7. paschasius Guir. 
et Og. se distingue facilement de notre espèce par sa taille plus petite et par ses 
ornements spiraux qui s’atténuent considérablement chez l'adulte. . 

(risement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), du haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 2. 


OPERCULE INDÉTERMINÉE. 
(PI. 26, fig. 9.) 


Nous avons recueilli un opercule multispiré de 14"" de diamètre et de 2m 
d'épaisseur, que nous n'avons pu rapporter à aucun opercule des genres actuels 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 129 


que nous avons étudiés. C’est sans doute un opercule appartenant au même genre 
que REMES à figuré dans ses Nachträge zur EFauna von Stramberg, S, Ueber 
Grastropoden der stramberger Schichten, p. 191 [15], pl. 9 [2|, fig. 20. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des 
Etiollets. 


NERITA (LISSOCHILUS) TITHONICA n. Sp. 
(PI. 26, fig. 12.) 


1869. Nerita sulcatina. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr, Janitor, part. 2, p. 61, pl. 11, fig. 8-9. 


Coquille à spire très courte, très peu saillante, tours à accroissement extré- 
mement rapide, le dernier étant très grand et déprimé. La surface est ornée de 15 
à 16 côtes spirales, peu saillantes, s’effaçant presque complètement à la partie 
antérieure et à la partie postérieure du tour. L'une d'elles, située au deuxième tiers 
postérieur du tour, est beaucoup plus saillante que les autres. Le péristome est très 
grand, son contour externe est à peu près circulaire. L’ouverture est semi-lunaire. 
La callosité columellaire est très large et lisse, son bord interne est rectiligne, non 
denté. Le labre est épaissi en bourrelet. 

G. GEMMELLARO à rapporté à tort cette espèce à la N. sulcatina Buv. En effet, 
les côtes spirales de l'espèce de BUVIGNIER sont presque deux fois plus nombreuses, 
la largeur de la coquille égale sa hauteur, tandis que dans l’espèce du Salève la 
hauteur est beaucoup plus faible. 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite) de la partie supérieure de Ja 
gorge de la Mule. 


PILEOLUS MINUTUS Zitt. 
(PI. 26, fig. 13-15.) 


1873. Pileolus minutus. Zrrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 427, pl. AT, fig. 22-25. 


Hauteur du plus grand individu. + . . . . . . . . . . 5nm 
Grand diamètre du plus grand individu . . . . . . . . . 6,5 
Hauteur par rapport au grand diamètre de la base. . . 1 07àÀ 08; 


Coquille de petite taille, patelliforme, à base ovale. Le sommet, assez pointu 
dans les individus bien conservés, est rejeté en arrière, en déterminant un côté anté- 
rieur convexe et un côté postérieur concave. La surface est couverte de 23-26 
côtes, pas très égales, assez saillantes, un peu noduleuses. Les dépressions intercos- 
tales sont arrondies, lisses ou rarement occupées par une côte secondaire qui dis- 
parait à une grande distance du sommet. La base est légèrement concave, ovale; 


430 JULES FAVRE 


elle présente une dépression marginale laissant au centre une région circulaire. 
L'ouverture est étroite, semi-lunaire. Le bord columellaire est rectiligne ou légère- 
ment convexe, muni de 6 ou 7 dents. 

Parmi les Pileolus fossiles, c'est du P. minutus que nos individus du Salève 
se rapprochent le plus. Ils en diffèrent par une taille un peu plus grande et par 
l'apparition de rares côtes secondaires. Ce ne sont pas là des caractères permettant 
de créer une nouvelle espèce. ZITTEL semble avoir commis une erreur dans les 
mesures qu'il donne pour son espèce : diamètre 2%, hauteur 2", car le dessin de 
la planche indique au contraire pour le rapport des deux dimensions 0,74, ce qui 
correspond parfaitement à la moyenne donnée par nos échantillons. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, à Cha- 
vardon, au haut des Etiollets et au bas de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 8. 


SCURRIOPSIS SALEVENSIS (de Lor.) 
Voir pe Lorror. Deser. des fossiles de V’Ool. corallienne, p. 20, pl. B, fig. 17. 
Cette espèce, dont nous n'avons pas retrouvé de nouveaux exemplaires, ayant 
été recueillie au bas de la Grande Gorge, appartient presque certainement au Port- 


landien inférieur, couche à Matheronia salevensis. Il se pourrait toutefois qu’elle 
provienne du Kimeridgien supérieur. 


PATELLA MODESTA n. Sp. 


(PI. 26, fig. 16.) 


Grand diamètre de la bases... 10mm 2 
Petit diamètre de la base par rapport au grand. . . . . . . . 0,73 
Hauteur de la coquille par rapport au grand diamètre . . . . . 0,36. 


Coquille conique, à base subquadrangulaire-ovale, à sommet assez surbaissé, 
assez excentrique, droit. Face postérieure, par conséquent, passablement plus longue 
que l’antérieure et légèrement concave. La surface est munie de nombreuses côtes 
concentriques, fines, très faibles, assez irrégulières et de côtes rayonnantes 
nombreuses, peu saillantes, assez irrégulièrement espacées et un peu noduleuses; 
elles atteignent toutes le voisinage du sommet. 

Cette espèce ne peut être comparée qu'à P. haueri Zitt. du Tithonique de 
Stramberg et à P. elegans Buv. du Rauracien de St-Mihiel. Le P. haueri diffère 
de l'espèce du Salève par sa base plus arrondie et non subquadrangulaire, par ses 
côtes rayonnantes dont les principales seules atteignent le sommet, et par l'absence 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 431 


de côtes concentriques. P. elegans est très voisine de ?. modesta, mais sa base 
n’est pas subquadrangulaire, ses côtes rayonnantes sont plus régulières et interrom- 
pues au passage des côtes concentriques ; en outre, la coquille n’est pas extraco- 
nique, mais conoïde. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au-dessus 
du Coin. Musée de Genève (Collection ROCHAT). 

Nombre d'exemplaires : 1. 


NATICA (AMAUROPSIS) FOURNETI Guir. et Og. 


(PI. 26, fig. 17.) 


Voir pour la bibliographie de l’espèce, DE Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, 
p. 155. 


Nous rapportons à N. fourneti un exemplaire de Natica du Salève. La des- 
cription qu'en donne DE LORIOL s’y rapporte assez exactement, comme aussi la 
fig. 10, pl. 16, quoique notre exemplaire ait la spire un peu plus aiguë et un peu 
extraconique. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), à Cha- 
vardon. 


EUNATICINA GUIRANDI de Lor. 
(PI. 26, fig. 18-21.) 


1887. Eunaticina quirandi. ve Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 156, 
pl. 16, fig. 13. 


Les individus de cette espèce recueillis au Salève correspondent fort bien à la 
description et aux figures de DE LORIOL. Nous pouvons ajouter que la variation de 
l'espèce se fait sentir dans la forme de la coquille, mais non dans l’ornementation. 
L’individu figuré par DE LORIOL se rapporte aux individus les plus globuleux qui 
existent au Salève, où on trouve des formes beaucoup plus élancées, l’angle spiral 
variant entre 65 et 85°. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 11. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 54 


432 JULES FAVRE 


EUNATICINA HETEROSTRIATA n. Sp. 


(PI. 26, fig. 22-25.) 


Longueur du plus grand individu. . . . : . . . . . . 34mm, 
Largeur » DANS a RCE TO Ce PEU 
Angle spiral variant entre EN UE CT ET TURC OSES 
AnpleSRTALPTTONEN TEEN ME TR NC CDS UE 2e an TES 


Coquille ovale, à spire conique ou un peu conoïde, assez saillante, composée 
de 6 tours légèrement convexes, séparés par une suture peu marquée au début, 
mais qui s’enfonce dans un sillon assez profond au dernier tour, chez les grands 
individus. Les tours sont ornés de fins filets spiraux anguleux, assez forts et 
inégaux près de la suture et devenant de plus en plus fins lorsqu'ils s’éloignent 
d'elle (fig. 25 b, pl. 26). Les stries d’accroissement, très fines, mais saillantes, 
forment un treillissage avec les ornements spiraux. Le dernier tour est grand, glo- 
buleux et dépasse de beaucoup la longueur du reste de la spire. L'ouverture est 
à peu près deux fois aussi haute que large, arrondie en avant, anguleuse en ar- 
rière. Le labre est tranchant, le bord columellaire est un peu épaissi en avant, très 
mince en arrière. Il n'y a pas de fente ombilicale. 

Eunaticina heterostriata ne diffère guère par la forme de Æ. quirandi; elle 
a cependant une spire généralement plus aiguë. L’ornementation, par contre, est 
bien différente. Dans l'espèce de GUIRAND et OGÉRIEN, les filets spiraux sont égaux 
sur toutes les parties du tour, les stries spirales qui les séparent sont ponctuées, les 
stries d’accroissement sont nulles. Dans notre espèce, les filets spiraux, plus forts, 
anguleux et inégaux vers la suture, deviennent de plus en plus fins en s’éloignant 
d'elle. Les stries d’accroissement, quoique fines, sont très apparentes. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 16. 


NARICA MORTILLETI (de Lor.). 
(PI. 26, fig. 26.) 


Voir ne Lorror, Descer. des foss. de l’Ool. cor, p. 18, pl. B, fig. 9. 


Nous avons retrouvé un exemplaire de Narica mortilleti (de Lor.) à peu près 
identique au type, mais de taille un peu plus grande et à filets spiraux un peu plus 
inégaux. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) au haut 
des Etiollets. Le type de DE LORIOL provient certainement du même niveau car 


MONOGRAPIIIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 133 


il a été trouvé au bas de la Grande Gorge, endroit où la couche à Matheronia est 
fossilifère. 


PSEUDOMELANIA FLEXICOSTATA (Zitt.). 
(PI. 27, fig. 1-3.) 


1873. Chemnitzia flexicostata. Zrrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p.405, pl. 45, fig. 20. 


Les échantillons du Salève correspondent bien à la description et à la figure de 
ZATTEL. 

Par sa forme générale, cette espèce est bien voisine de ?. castor Zïtt. quoi- 
que moins allongée et à tours plus bas, P. pollux d'Orb. s’en rapproche aussi beau- 
coup, mais l'espèce du Salève a les tours plus étagés aux sutures. La forte costu- 
lation axiale de ?. fleæicostala permet de distinguer tres facilement cette espèce 
des deux autres. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 4. 


PSEUDOMELANIA CALYPSO de Lor. (non d'Orb.) 


Voir ve Lorior, Descr, des foss. de l’Ool. cor, p. 14. 


Nous avons retrouvé au Muséum d'histoire naturelle de Genève, l'échantillon 
étudié par DE LORIOL. Il est en mauvais état et se rapporte à l'Oonia amygdaloides 
(Zitt.) que nous allons décrire. Pseudomelania calypso (4'Orb.) doit done être sup- 
primé de la faune du Salève. 


OONIA AMYGDALOIDES (Zitt). 
(PI. 27, fig. 4-10.) 


1873. Actaeonina amygdaloides. Zxrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p.479, pl. 52, fig. 21. 

1896. Nov. gen. amygdaloides. Cossmanx, Etudes sur les Gastr. des terr, jur., Opistobranchiata, p. 56. 

1897. Actaconina picteti. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 287, pl. 2, 
fig. 1, (non 2). 

1897. Actaeonina cfr. amygdaloïdes. Roman, 14. p. 287, pl. 2, fig. 3. 


Coquille ovoïde-conique à diamètre atteignant les 30 à 36 centièmes de la 
longueur, Spire courte à 7 ou S tours un peu convexes, d'abord extraconique ou 
conique puis ensuite conoïde. Sutures peu marquées. Dernier tour très élevé attei- 
gnant les T4 à S0 centièmes de la longueur totale, muni de stries d'accroissement 


131 JULES FAVRE 


assez bien marquées et courbées en forme d’'S. L'ouverture atteint les 55 à 66 cen- 
tièmes de la longueur totale ; elle est assez étroite, arrondie en avant, très rétrécie 
en arrière, Le labre est tranchant, taillé en biseau. Le bord columellaire est 
appliqué étroitement sur la base de la coquille; il est un peu calleux en avant, ce 
qui détermine une petite dépression entre son bord externe et la base de la 
coquille. La columelle est assez mince, surtout si on la compare aux parois des 
tours qui sont très épaisses (fig. 25). 


Fig. 25.— Oonia amygdaloides. Section axiale. Gross. X 1. 


Cette espèce est très variable, ainsi que l’indiquent nos mesures et nos figures. 
Le type de ZITTEL correspond à nos individus les plus étroits et à spire courte. 

ZITTEL avait rangé cette espèce dans le genre Acéæonina d'Orb., mais elle n’en 
possède pas la forme élancée, ni la spire à gradins, ni surtout les stries d’accrois- 
sement droites. Pour nous, l'espèce possède les caractères des Pseudomelanidés, par- 
ticulièrement la sinuosité du labre, et doit être placée dans le genre Oonia. 

CossMANN rapproche cette espèce d'Eulima amphora d'Orb., à cause de sa 
spire extraconique au début et pense même qu’il faut créer pour elle un genre nou- 
veau dont la position systématique est incertaine. Les nombreux échantillons que 
nous possédons montrent qu'il ne faut pas attribuer, dans le cas particulier, une 
grande importance au caractère invoqué par COSSMANN, car, si en général la spire 
de l'espèce en question est extraconique, souvent elle est aussi parfaitement 
conique. 

ROMAN a figuré dans ses-ARecherches pl. ?, fig .1, sous le nom Acfaeonina pic- 
teti, un fossile que nous croyons être l'Oonia amygdaloides, car la grande hauteur 
de son dernier tour, sa grande taille et sa forme générale, l’éloignent de l'espèce 
de GEMMELLARO. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 5 


eo 
{ 


” TOME 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 439 


PURPUROIDEA TSCHANI Ooster. 
(PI. 27, fig. 11-12.) 


1869. Purpuroidea. tschani. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 25, pl. 10, fig. 1-2. 


1897. , , Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 288. 
1906. » , Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 7me livr., p. 25. 
1909, » sp. Remes, Nachträge zur Fauna von Sramberger, 8, Ueber Gastropoden der 


stramberger Schichten, p.181 [5], pL8 [1] fig. 9. 


Coquille de grande taille, assez élancée, dont l'angle spiral mesure 50 à 55°. 
Spire à 5 tours ornés de 9 tubercules tantôt très développés, tantôt peu saillants, 
déterminant, entre eux et la suture, une rampe inclinée pourvue de stries spirales 
bien marquées. Ces stries s’affaiblissent beaucoup dans la région occupée par les 
tubercules, pour redevenir très visibles sur le dernier tour jusqu'au cou. Le dernier 
tour atteint environ les ‘/,, de la longueur totale. I/ouverture n’est pas entière- 
ment conservée; elle est arrondie en avant, rétrécie en arrière et atteint la moitié 
de la longueur totale. 

Nos Purpuroidea du Salève possèdent tout à fait les mêmes proportions que 
P. tschani ; la seule différence que nous ayons constatée est que nos exemplaires 
ont 9 tubercules au lieu de 8. Malgré cette légère différence, nous n’hésitons pas à 
identifier l’espèce du Salève avec celle de Wimmis. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets et au bas du Sarrot. ; 

Nombre d'exemplaires : 7. 


GYMNOCERITHIUM (?) INVOLVENS (Zitt.). 
(PI. 28, fig. 1.) 


73. Cerithium involvens. Zxrrxr, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 385, pl. 44, fig. 14-16. 
7 » , Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 293, pl. 4, fig. 1. 


Nous possédons un exemplaire correspondant parfaitement à l'espèce de 
ZATTEL. 

Il n’est pas possible de déterminer exactement le genre auquel cette espèce 
appartient, son ouverture étant inconnue. Par la forme des tours et l’ornementa- 
tion, c’est de Gymnocerithium Cossm., qu’elle se rapproche le plus. 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), rive droite du bas de la 
Grande Gorge. 


436 JULES FAVRE 


PETERSIA SALEVENSIS n. Sp. 
(PI. 28, fig. 2-4.) 


Coquille turbinée, trapue, à galbe conique, à angle spiral variant entre 65 et 
77°, à S à 9 tours convexes séparés par une dépression suturale assez marquée. 
Des cordons spiraux noduleux ornent les tours; les trois premiers, à partir de la 
suture, sont les plus forts et ne sont pas recouverts par les tours suivants; dans les 
dépressions qu'ils laissent entre eux se trouve un filet spiral plus fin. Des côtes 
axiales assez serrées existent entre le 2% et le 3% cordon spiral, déterminant 
entre eux des espaces quadrangulaires divisés eux-mémes en deux rectangles par le 
fin filet spiral intermédiaire. Ces côtes axiales peuvent se prolonger jusqu'au 4" 
cordon spiral. Sur la base des tours, les cordons spiraux sont d’abord alternative- 
ment fins et épais, puis égaux vers le cou. 


a b 


Fig. 26. — Pelersia salevensis. Section axiale. Gross. X 1. 

L'ouverture n'est pas conservée dans nos exemplaires, ce qui fait que l'on 
peut observer les deux plis de la columelle. L’antérieur existe tout au plus dans 
les deux derniers tours, le postérieur, au contraire, se remarque dans les 3 derniers 
(fig. 26). Chez presque tous nos individus, à une distance de trois quarts de tour de 
l'extrémité du bord columellaire (la partie labiale de l'ouverture ayant été détruite), 
le bord labial présente deux fortes saillies dentiformes, l’antérieure étant plus 
accusée que la postérieure. Vis-à-vis d'elles, sur le plafond du tour, se trouve un 
bourrelet pariétal à 3 côtes spirales. 

Rapports et différences. Nos exemplaires sont fort peu variables, leur angle 
spiral seul n’est pas constant. L'espèce la plus voisine de notre espèce est le P. buc- 
cinoideum Buv. dont les différentes figures connues ne se ressemblent guère; mais 
sa taille est beaucoup plus faible. En outre, les figures données par BUVIGNIER ! 
montrent des filets spiraux plus nombreux et plus égaux; d’autres figures du même 


] 37. 


Statistique géol. Meuse, pl. 27, fig. 33- 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 437 


auteur ! indiquent une coquille beaucoup moins trapue. La phototypie donnée 
par COSSMANN? diffère ainsi de P. salevensis par sa taille plus petite, par ses 
cordons spiraux plus grossiers et moins nombreux; les exemplaires du Jura ber- 
nois sont également plus petits et beaucoup plus élancés. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des 
Etiollets et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 18. 


PETERSIA CORALLINA n. Sp. 
(PI. 28, fig. 5.) 


Espèce de grande taille, à coquille trapue, conique, à angle spiral de 60 à 65°. 
Tours anguleux, séparés par des sutures assez marquées, ornés de S à 10 gros 
tubercules saillants, et d’une douzaine de cordons spiraux. Parmi ces derniers, les 
plus saillants qui sont en même temps les plus serrés, sont situés sur la périphérie 
du tour, où se trouvent les tubercules. Sur la base du tour, ils sont plus espacés, 
moins saillants et variqueux, et s'étendent jusqu’au cou. 

Ouverture à péristome épais. Labre muni d’une gouttière postérieure très 
accusée et d'une gouttière latérale moins profonde qui sont séparées par une cal- 
losité arrondie. Le bord columeilaire, étendu, se relève dans la région du cou et 
forme une lame assez saillante ; il vient se joindre à la partie antérieure du labre 
en déterminant un canal peu large, mais profond, et un bec court. La columelle est 
munie de deux plis qui n'existent que sur une partie du dernier tour (fig. 27); 
l'antérieur est très saillant, le postérieur est peu marqué, arrondi. 


Fig. 27. — Petersia corallina. Section axiale, Gross. x 1, 


Rapports et différences. Cette espèce, par ses plis columellaires peu développés, 
se rapproche du genre Brachytrema. Nous ne connaissons pas d'espèces qui puissent 


1 Mém. Soc. philomatique Verdun, vol. 2, pl. 6, fig, 13-15. 
? Essais de Paléoconchologie comparée, livr. 7, pl. 5, fig. 15-17. 


138 JULES FAVRE 


être confondues avec elle. Deux individus de petite taille se rapportent assez exac- 
tement aux grands qui nous ont servi pour la description; l’un d’eux, toutefois, 
ne possède point de cordons spiraux sur la base du dernier tour. Nous les consi- 
dérons comme étant des jeunes. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 4. 


BRACHYTREMA FILIGRANA n. Sp. 


(PI. 28, fig. 6.) 


Espèce de taille moyenne, trapue, conique, à angle spiral de 60°, à 6 tours 
visibles, arrondis, pourvus de tubercules verruqueux, au nombre de 9-10 par tour, 
très irréguliers, ne croissant pas régulièrement avec les tours, mais tantôt grands, 
tantôt petits. De nombreux filets spiraux, irréguliers, variqueux, ornent les tours 
de la suture jusqu'au cou. Ils sont sensiblement égaux sur toutes les régions des 
tours. L'ouverture, imparfaitement conservée, est dilatée; la gouttière postérieure 
est assez bien marquée, tandis que la latérale est presque nulle. Le bec antérieur, 
court, est creusé d’une sinuosité très accusée. Le labre est dilaté, calleux; le bord 
columellaire ne présente rien de particulier. 

Rapports et différences. B. filigrana est voisine de B. superba Zitt. et pourrait 
être prise pour un jeune de cette dernière espèce. Elle s’en distingue par la grande 
irrégularité des tubercules qui ne se correspondent aucunement d’un tour à l’autre 
et par les filets spiraux qui sont également plus irréguliers. 

B. strambergense Remes est aussi fort voisin de notre espèce ; son angle spiral 
est cependant beaucoup plus fort, ses tubercules beaucoup plus développés, plus 
nombreux et plus réguliers et ils forment, par leur disposition en lignes perpendi- 
culaires aux stries spirales, des sortes de varices qui ne se retrouvent pas dans 
l'espèce du Salève. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 1. 


DITRETUS NODOSOSTRIATUS (Peters). 
(PI. 28, fig. 7-11.) 
1855. Cerithium nodosostriatum. Perers, Nerineen des ob. Jura, p. 364 [31], pl. 4, fig. 6-7. 


4873. — (Eustoma) nodosostriatum. Zarrez, die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 392, 
pl. 45, fig. 1-3. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 439 


1897. Cerithium (Eustoma) nodosostriatum. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, 
p. 290, pl. 2, fig. 9, 10, 11. 

1906. Diatinostoma (Ditretus) nodosostriatum. Cossmanx, Essais de Paléoconchologie comparée, Te livr., 
p. 14. 


Coquille turriculée, conique, étagée aux sutures, angle spiral variant entre 27 
et 34°, Tours bas, plans, ornés immédiatement en avant de la suture d’une série 
de gros tubercules, au nombre de 13 à 16 par tour. En avant de cette rangée de 
tubereules, il existe deux cordons spiraux qui manquent parfois. La base du dernier 
tour est également ornée de fins cordons spiraux, quelquefois très apparents. 

Ouverture ovale, à péristome épais et dilaté, non réfléchi, étalé sur le dernier 
tour, mais n'atteignant pas l’avant-dernier, Le péristome est pourvu, en avant, d’une 
échancrure très profonde et étroite, refermée au bord, donnant ainsi naissance à un 
canal très étroit. Le labre n'est ni bordé, ni réfléchi, il est muni d'une gouttière 
latérale courte, qui est séparée de la paroi du dernier tour par une forte callosité. 
Bord columellaire évasé et étalé sur la base du dernier tour en formant une aile 
courte. 

Grisement. Cette espèce se trouve dans le Portlandien inférieur, soit dans la 
Grosse oolite (bas de la Grande Gorge), soit dans la couche à Matheronia sale- 
vensis (au haut des Etiollets, entre le Saut Gonet et la gorge de la Mule). 

Nombre d'exemplaires : 13. 


DITRETUS CONSOBRINUS n, Sp. 


(PI. 25, fig. 12.) 


Espèce voisine de la précédente, même port général; angle spiral plus faible, 
variant entre 24 et 28°. Les tubercules sont plus petits et plus nombreux (20 à 22), 
formant une rangée beaucoup plus nettement délimitée en avant et en arrière, car 
elle est supportée par un socle assez haut. Filets spiraux nombreux sur la base 
du dernier tour. . 

Ouverture inconnue, mais l’ornementation, si voisine de celle de l'espèce précé- 
dente, permet de supposer que nous avons bien affaire à une espèce du genre 
Ditretus. 

Gisement. Portlandien inférieur, Grosse oolite, à la Gorge de la Mule, au 
pied du Sphinx, au bas de la Grande Gorge, rive droite. 

Nombre d'exemplaires : 5. 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 55 


440 JULES FAVRE 


DITRETUS SALEVENSIS (de Lor.). 


Voir pe Lorro, Description des foss. de l’Ool. corallienne, p. 16, pl. B, fig. 3. 
Ajouter à la bibliographie : 


1909. Cerithium (Eustoma) salevense. Rewes, Nachträge zur Fauna der stramberger Schichten, 8. 
Ucber Gastropoden der stramberger Schichten, p. 184 [8], pl. 9 [2], fig. 6. 
Nous n'avons pas retrouvé cette espèce; mais la gangue du type permet de 
l’'attribuer au Portlandien inférieur. Comme l'ouverture de ce Gastéropode n’est 
pas connue, c’est avec quelque doute que nous le rapportons au genre Ditretus. 


ZITTELIA OPPEL (Et.). 
(PL. 28, fig. 13-14.) 

Pour la bibliographie de l’espèce voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, 
p. 62. Ajouter : 
1904. Columbellina (Zittelia) oppeli. CossmanN, Essais de Paléoconchologie comparée, 6me livr., p. 112, 

pl. 7. fig. 7. à 

Nous avons comparé nos exemplaires avec de nombreux individus provenant 
de Valfin et nous avons constaté qu’il y a identité parfaite. 

Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 4. 


ZATTELIA PICTETI G. Cremm. 
(PI. 28, fig. 15-18.) 
1869. Zittelia picteti. G. GemmeLLaro, Studj pal. calc. Terebr. Janitor, part. 2, p. 87, pl. 15, fig: 4-6. 
1873. Ziltelia gemmellaroi. Zwrrez, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 326, pl. 40, fig. 10. 
1897. Zittelia picteti. Roman, Recherches statigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 287, pl. II, fig. 4. 
1904. Columbellina (Zitlelia) picteti. Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 6me livr., p. 113. 
1909. Zattelia globosa. BRôsAMLEN, Beitrag zur Kenntniss der Gastropoden des schwäbischen Jura, 
p.317, pl:22; fis39; 

Coquille globuleuse chez l'adulte, plus élancée chez le jeune. Spire un peu 
extraconique, à 5-6 tours qui s’accroissent rapidement, sont anguleux en arrière 
près de la suture, renflés dans la partie médiane, et ornés sur l’angle de 12 à 14 
tubercules par tour. Dernier tour très grand, très renflé, couvert de 14 à 16 
cordons spiraux perlés, séparés par des dépressions arrondies de même largeur. 
Ouverture très étroite, linéaire, presque droite chez les adultes, légèrement courbée 
en 5 chez les jeunes, terminée en avant par une gouttière profonde et étroite mais 
très courte, et en arrière par une gouttière analogue, profonde et oblique, surtout 


Man ne 6 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 441 


chez les jeunes. Labre très épais, surtout vers le milieu, et formant une callosité 
lisse ; il n’est pas dilaté, ni réfléchi, sauf à la partie postérieure; son bord interne 
n’est pas crénelé. Bord columellaire largement étalé, assez mince, nettement déli- 
mité chez les jeunes, confondu avec le dernier tour chez les adultes, un peu déta- 
ché en avant et beaucoup plus en arrière, dans la région des gouttières. Il n’est pas 
denté vers l’intérieur de l'ouverture, mais porte à sa partie antérieure la petite 
échancrure caractéristique des Zäittelia. 

Rapports et différences. Cette espèce ne paraît pas varier beaucoup. Les 
jeunes ont une forme beaucoup plus élancée que les adultes, car les derniers tours 
deviennent de plus en plus globuleux, leur ouverture est plus sinueuse et leur bord 
columellaire est détaché sur une plus grande longueur. Nous pensons que c’est 
pour cette espèce jeune que ZITTEL a créé Z. gemellaroi. Z. globosa Brës. ne diffère 
en rien de certains de nos individus un peu usés, dont les perles des cordons ont 
disparu. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des 
Etiollets et Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 25. 


NERINEA BINODOSA Et. 
(PI. 28, fig. 21.) 


Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmann, Contribution à la pal. française des terr. jur. 
Nérinées, p. 48. 

Nous avons recueilli un exemplaire parfaitement conservé que nous rapportons 
à NV. binodosa. Nous l'avons, en effet, comparé aux exemplaires de cette espèce, de 
Valfin, qui appartiennent au Musée de Genève et nous n'avons pas constaté de 
différences. 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la 
Mule. 


NERINEA ROBUSTA D. Sp. 


(PI. 28, fig. 19-20.) 


AMPLES ITA LNEAP  Tarerdn ca en lo: LE0. 
Diamètre du plus grand individu . . . . . . .. . . , . 43mm, 
DOUSUEUTIDTODHDI TN SE IR Ni ete: lT0mm: 


Coquille de grande taille, conique. Tours profondément évidés, dont la hauteur 
ne dépasse pas la moitié de la largeur, prise dans l’évidement ; ils sont séparés par 
un très gros bourrelet tuberculeux divisé par la suture en deux parties inégales. La 


449 JULES FAVRE 


partie antérieure est très large et atteint presque la moitié de la hauteur du tour ; 
elle est munie de gros tubercules peu saillants. La partie postérieure du bourrelet 
est plus étroite, garnie de tubercules plus petits mais plus distincts et plus nom- 
breux. La saillie de la partie postérieure du bourrelet est beaucoup plus accusée 
que celle de la partie antérieure. La partie évidée des tours est pourvue de 
3 à 4 cordonnets spiraux perlés, très peu accusés. La base du dernier tour est 
munie de deux côtes spirales peu marquées divisant le rayon de cette base en 3 
parties à peu près égales. 


à) 


Fig. 28. — Nerinea robusta. Section axiale, Gross. x 1. 


Ouverture inconnue. La columelle est très épaisse et atteint presque le tiers 
de la largeur du tour (prise dans l’évidement). Le pli du labre est très robuste, le 
pli columellaire est moins fort, le pli pariétal est mince, recourbé vers l’exté- 
rieur et situé très en arrière (fig. 28). 

Rapports et différences. Cette espèce est assurément voisine de AN. binodosa 
Et., mais ses tours sont beaucoup plus évidés et le bourrelet sutural est beaucoup 
plus puissant. 

Gisement. Surtout abondante dans la Grosse oolite du Portlandien inférieur; 
au haut de la gorge de la Mule; au pied du Sphinx; au bas de la Grande Gorge, 
rive droite ; au bas de l’Evorse. Plus rare dans la couche à Matheronia salevensis ; 
au haut des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 16. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 443 


NERINEA JEANJEANI Roman. 
(PI. 28, fig. 22, 23.) 


1897. Nerinea jeanjeani. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 299, pl. 3, 
fig. 7, et pl. 5, fig. 1-2. 

1898. Nerinea jeanjeani. Cossmaxx, Contrib. à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 53, pl. 15, 
fig. 10 et 17. 


Nérinée de grande taille, allongée, turriculée, à angle spiral de 11 à 13°. Tours 
assez fortement excavés, surtout vers la base ; leur hauteur atteint environ les 
7/,, de la largeur. L’ornementation comprend à partir de la suture vers l'arrière : 
1° un bourrelet assez accusé, à 12-18 tubereules arrondis ; 2° 5 à 6 cordons spiraux, 
à peine tuberculeux, parfois le 3% est un peu plus saillant que les autres; 3° un 
bourrelet postérieur, moins saillant que l’antérieur, mais plus épais, très indistinc- 
tement tuberculé. Base du dernier tour ornée d’une dizaine de filets spiraux non 
tuberculés, ne s'étendant pas sur le bec. 


D fs 


Fig. 29. — Nerinea jeanjeani. Section axiale, Gross. X 1. 


Ouverture subrhomboïdale, à bec assez développé. Parmi les 3 plis, celui 
du labre est le mieux développé; le pli pariétal, au contraire, est de plus petite 
taille mais plus aigu (fig. 29). 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au bas 
de la Grande Gorge et à Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 7. 


NERINEA SALEVENSIS de Lor. 


Voir pe Lorror, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p.12, pl. A, fig. 15. 
Ajouter à la synonymie : 
1869. Nerinea salevensis. Oosrer, Le coralhien de Wimmis, p. 11, pl. 5, fig. 14. 


Cette espèce que nous n’avons pas retrouvée provient de la Grande Gorge, de 
la Grosse oolite du Portlandien inférieur. 


444 JULES FAVRE 


NERINEA HOHENEGGERI Peters. 
(PL. 29. fig. 1-5.) 


Longueur probable du plus grand individu. . . . . . . . . . 20cm 
Angle spiral : 7-9°, pouvant atteindre 12° chez les jeunes. 


1855. Nerinea hoheneggeri. Perers, Nerineen des oberen Jura, p. 24, pl. 3, fig. 1-2. 


1869. — — G. GEMMELLARO, Stud) pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 30, pl. 5, 
fig. 6-7. 

1869. Nerinea hoheneggeri. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 15, pl. 5, fig. 7-8. 

1873. — — Zarrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 251, pl. 42, fig. 8-10. 

1901. — — Geicer, Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 288. 

1909. — — Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg; 8, Ueber Gastropoden der 


stramberger Schichten, p. 182 [6]. 
1911. Nerinea hoheneggeri. Brascake, Zur Tithonfauna von Stramberg, p. 164. 


Espèce de grande taille, étroite, aciculée, conique. Tours non ou à peine étagés, 
dont la hauteur atteint les 7/,, ou les #/, de la hauteur ; ils sont légèrement con- 
vexes au milieu, très peu excavés en avant et en arrière du bourrelet sutural. On 
observe les ornements suivants à partir de la suture en arrière : 1° un bourrelet 
assez peu saillant muni de tubercules hémisphériques; 2° six cordons spiraux plus 
ou moins perlés, le 4% plus fort et plus tuberculé que les autres; 3° un bourrelet 
lisse bordant la suture ; il est assez large et accusé et présente au sommet de sa 
convexité une ligne spirale très fine délimitant, avec la suture, la bande sinusale. 
Dernier tour muni sur sa région basale d’une dizaine de filets spiraux non tuber- 
culés. Ouverture rhomboïdale, terminée par un bec moyen et oblique. Pl du labre 
très robuste, épais, pli columellaire moyennement développé, pli pariétal, mince, 
saillant, dirigé en dehors (fig. 30). 


Fig. 30. — Nerinea hoheneggeri. Section axiale. Gross. < 1.— a, couche à Matheronia salevensis, bas 
de la Grande Gorge; b, Grosse oolite, gorge de la Mule. 


Observations. I] existe deux formes de N, hoheneggeri au Salève : 
a) L'une qui se trouve dans la couche à Matheronia salevensis (pl. 29, fig. 1), 


VE TU 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE Uu») 


a ses cordons spiraux plus étroits, séparés par des dépressions larges et à fond 
arrondi ; 

b) L'autre (pl. 29, fig. 2-5), abondante dans la Grosse oolite du Portlandien 
inférieur, à ses cordons spiraux Contigus ou presque, de sorte que les dépressions 
qui les séparent sont plus étroites et ont un fond plus aigu. 

Nos échantillons répondent assez bien à la diagnose donnée par PETERS et 
complétée par ZITTEL. Cependant, ces deux auteurs donnent un angle spiral de 
13 à 15°. Nous n'avons constaté, chez nos exemplaires adultes, que 8 à 9°, chez un 
très grand exemplaire, seulement 7°. Chez les jeunes, cet angle atteint 12°. Les 
chiffres donnés par ZITTEL et PETERS ne correspondent du reste pas du tout aux 
angles des figures qu'ils donnent. Les figures de PETERS accusent un angle de 9°, 
celles de ZITTEL aussi, sauf la fig. 10, représentant un jeune individu, où cet angle 
mesure 12°. Nous ne pensons donc pas que la différence entre nos individus et 
ceux de Stramberg soit réelle; l'angle spiral indiqué dans les diagnoses a probable- 
ment été mesuré sur des exemplaires jeunes. Les individus de Sicile, par contre, sont 
tout à fait identiques à ceux du Salève. 

Gisement. Portlandien inférieur ; forme a), dans la couche Matheronia sale- 
vensis au bas de la Grande Gorge; forme b), dans la Grosse oolite, au haut de la 
gorge de la Mule, près du Saut (onet, bas de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 25 de la forme «), 40 de la forme b). 


NERINEA GRATA n,. Sp. 


(PI. 29, fig. 6.) 


API BEA ee Des re DER UE DO NAN DE, ; 
Longueur approximative du plus grand individu . . . . . . . , ÿOcm, 


9° 

Coquille de taille moyenne, de forme turriculée, étroite, conique. Tours peu 
étagés, un peu évidés à leur partie antérieure ; leur hauteur égale les 7/,, de leur 
largeur; ils sont séparés par une suture linéaire. L’ornementation comprend à par- 
tir de la suture vers l'arrière : 1° un bourrelet tuberculé antérieur peu saillant. 
29° cinq cordons spiraux ; le premier, adjacent au bourrelet antérieur, est assez for- 
tement perlé; le second, très faible, non ou presque pas perlé, se trouve au fond 
de l’évidement antérieur des tours; le troisième est le plus saillant, perlé, situé au 
milieu des tours ; les deux derniers sont perlés, mais peu accusés. 3° un bourrelet 
postérieur peu accusé, lisse ou à peine tuberculé. Le pli du labre est fort, épais, 
le pli columellaire obtus, le pli pariétal aigu, recourbé en dehors. 

Cette espèce est voisine de N. hoheneggeri dont elle possède à peu près le 


446 JULES FAVRE 


mode d’ornementation ; elle a cependant des tours plus nettement étagés, et son 
ornementation, qui est beaucoup plus atténuée, lui donne un aspect tout différent. 
Il ne s’agit pas ici d’un effet de l’usure, l’échantillon que nous figurons est d’une 
parfaite conservation. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, à Cha- 
vardon et au bas de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 3. 


NERINEA PAUCICOSTATA n. Sp. 
(PI. 29, fig. 7-8.) 


LANDE RDirALES EN MENT UE De Ne ICE PE AIO 
Longueur approximative du plus grand individu. . . . . . . . . em, 


Espèce de taille moyenne, très étroite, conique. Tours non étagés, un peu 
évidés à leur partie antérieure, dont la hauteur atteint les #/, de la largeur, séparés 


h 


Fig. 31.— Nerinea paucicostata. Section axiale du type figuré pl. 29, fig. 8. Gross. x 2: 


par des sutures linéaires. L’ornementation consiste, à partir de la suture vers 
l'arrière, en un bourrelet tuberculé peu saillant, un filet spiral légèrement perlé, 
situé au fond de l’évidement de la partie antérieure du tour, un cordon perlé faisant 
saillie au milieu du tour, un filet spiral non ou à peine perlé et enfin le bourrelet 
postérieur, lisse, peu saillant. Columelle assez mince, pli du labre fort, pli columel- 
laire situé très en avant, plus faible, pli pariétal aigu, courbé vers l’extérieur. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au bas 
de la Grande Gorge. 

Nombre d'exemplaires : 2. 


dc gl ot 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 447 


NERINEA THURMANNI Et. 
(PI. 29, fig. 9.) 


. Pour la bibliographie, voir Cossmaxx, Contribution à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 42. 


Nous ne répéterons pas les descriptions de DE LORIOL et COSSMANx. Nous 
pouvons cependant les compléter un peu à l’aide de 3 individus du Salève dont la 
section montre que le pli du labre fait défaut ou n’est représenté que par un faible 
épaississement du test. Il s'ensuit que l’individu rapporté à N. thurmanni par 
GEIGER (Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 287) n’a pas de rapport avec 
l'espèce d'ETALLON. 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite). 

Nombre d'exemplaires : 1, appartenant au Muséum de Genève, recueilli au- 
dessus du Coin ; 2 du Musée de Lausanne (Coll. RENEVIER), provenant du pied de 
la Varappe. 


NERINEA (?) DILATATA d’Orb. 
(PI. 30, fig. 19-21.) 


1850. Nerinea dilatata. »'Ormiénx, Pal. fr. T'err. jur., vol. 2, p. 146, pl. 275, fig. 1-3. 


1859. _ —  Erazron, Etudes pal. sur le Haut Jura, Corallien, t.2, p. 29. 
1873. — —  Zavrur, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 366. 
1888 — DE Lorior, Etudes sur les Mollusques des couches corall, de Valfin, p. 87. 


1898, Plygmatis costulata. (p. p.), Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., Gastro- 
podes : Nérinées, p. 82, pl. 7, fig. 6 et 8 (non 7). 


Coquaille conique ou faiblement extraconique, à ombilic assez large. Angle 
spiral très variable, atteignant, suivant les individus, 18 à 26°. La hauteur des tours 


à 
Ale 
Pà 


ST 
Fig. 32, — Nerinea ? dilatata. Section axiale. Gross, x 1 /2. 


est également variable: elle atteint, dans les exemplaires à petit angle spiral, les */, 


9 / 


de la largeur et les ?/; seulement dans ceux à angle très ouvert. Les tours sont 
fortement excavés, carénés en avant; chez les jeunes, le bourrelet antérieur est 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 56 


148 JULES FAVRE 


muni de 7 à 8 tubercules se continuant par des côtes axiales jusqu'au bourrelet 
postérieur. Ces côtes, déterminent 7 ou 8 dépressions par tour, très nettement indi- 
quées. En outre 4 filets spiraux non perlés ornent la surface des tours; ils sont 
un peu plus marqués et ils s’élargissent en passant sur les côtes axiales. Chez 
les adultes, l’ornementation spirale et les tubercules disparaissent complètement 
et les tours sont lisses. L'ouverture est inconnue. Le pli du labre est très peu 
accusé, le pli columellaire est très saillant, le pli pariétal est moins développé que 
le précédent (fig. 32). 

Observations. Cette espèce est intéressante; elle fait partie, avec quelques 
espèces jurassiques comme Nerinea wrosinskiana Zeuschn. et quelques espèces 
crétacées comme N. marcousana d'Orb. et N. valdensis P. et C., d’un groupe de 
Nérinéidés ayant une plication identique à celle de Nerinea s. str. mais un ombilic 
très développé et une ornementation soit très particulière, soit nulle, qui l’éloigne 
de ce dernier genre. 

CossMANN (loc cit.) a réuni à tort N. dilatata d'Orb. et Ptygmatis costulata 
(Et.). Ces deux espèces sont fondamentalement différentes et appartiennent à deux 
genres différents. N. dilatata, comme nous l’avons vu, ne possède que les 3 plis 
caractéristiques du genre Nerinea, tandis que l’espèce d'ETALLON en a 5. La forme 
générale et l'ornementation de ces deux espèces sont en outre toutes différentes. 

La figure de D'ORBIGNY (loc. cit.) est exacte pour la forme générale et pour la 
section. Le célèbre paléontologiste, par contre, n’a pas signalé l’ornementation 
particulière des premiers tours. Il avait probablement à sa disposition de grands 
individus dont le commencement de la spire était usé. Les exemplaires du gise- 
ment d'Oyonnax qui à fourni le type, tant celui figuré par COSSMANN, pl. 7, fig. 8, 
que celui que nous avons examiné au Musée de Genève, montrent l’ornementation 
caractéristique que nous avons signalée. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, du Portlandien inférieur, haut 
des Etiollets et Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 7. 


NERINEA (?) SPHINXI n. Sp. 


(PI. 32, fig. 6-7.) 


Espèce de petite taille, pupoïde, non ombiliquée, composée de 10 tours lisses, 
fortement excavés, surtout dans la partie moyenne de la coquille qui est la plus 
large. La ligne de suture est ondulée; elle est supportée par un bourrelet sutural 
très saillant, ondulé, qui a de ce fait une apparence tuberculée. Le rapport entre la 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 149 


hauteur et la largeur des tours est variable chez le même imdividu ; il est de 0,33 
vers le milieu de la spire, tandis que dans les 2 derniers tours il atteint 0,42 à 
0,44. Ouverture inconnue. Columelle atteignant le tiers ou presque du diamètre de 
la coquille. Il existe un très grand pli pariétal, très saillant, mince, dirigé en dehors 
et un petit pli columellaire placé très en avant. Pas de pli au labre (fig. 33 « et b). 


Fig. 33. — Nerinea(?) sphinæi. a) section axiale d’un jeune individu. b) section de l'individu 
figuré pl. 32, fig. 7. Gross. X 2 lp. 


Observations. Nous sommes un peu embarrassé pour placer cette espèce dans 
un des genres connus de Nérinéidés. Par l'absence d'ombilie, elle pourrait se rap- 
procher de Nerinea, mais par sa plication et par sa forme pupoïde, elle en diffère 
sensiblement. La plication de notre nouvelle espèce rappelle celle de Cryptoplocus ; 
en effet, la disposition du pli pariétal est la même que dans ce dernier genre, mais 
l’analogie cesse pour les caractères tirés de l’ombilic et de la forme générale. I] 
serait peut-être bon de créer une nouvelle coupure générique pour cette espèce 
et quelques autres voisines comme N. conoïdea Peters et N. crispa Zeuschn. 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la 
Mule et au pied du Sphinx. 

Nombre d'exemplaires : 6. 


PHANEROPTYXIS MOREANA (d'Orb.). 
(PL. 29, fig. 10.) 


Pour la bibliographie de lespèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., 
8 pèce, » 1 £ J 
Nérinées, p. 14. Il faut retrancher la citation de Roman qui se rapporte à 2. rugifera. et ajouter : 


1866. Nerinea moreana. ve Lorioz, Descr. des foss. de l'Ool. cor., p. 11. 
1907. Itieria moreana. DeninGer, Die mesozoischen Formationen auf Sardinien, p. 465, pl. 15, fig. 4, a, b. 


450 JULES FAVRE 


Cette espèce est représentée au Salève par des individus à test un peu plus 
épais et à tubercules un peu plus grossiers que chez les formes rauraciennes et 
séquaniennes, mais ces différences sont bien peu sensibles. 


fi 


Fig. 34. — Phaneroptyxis mo- Fig. 35. — Phaneroptyxis mo- 
reana, section axiale, gross. reana, section axiale, gross. 
X 1. Portlandien inférieur X 1. Rauracien de Merry sur 
du Salève, Yonne, 


La section des tours de nos exemplaires du Salève (fig. 34), comme aussi de 
ceux de Sicile et de Kelheim, diffère notablement de celle donnée par D’ORBIGNY 
(pl. 257, fig. 2) dans laquelle, entre autres, le pli columellaire postérieur n'est pas 
indiqué. Nous étions donc tenté de créer une nouvelle espèce pour les formes port- 
landiennes, mais, ayant fait une section de P. moreana du Rauracien de Merry sur 
Yonne, nous avons constaté que c’est la section dessinée par D'ORBIGNY qui ne 
correspond pas à la réalité et que les premiers représentants de cette espèce ont 
une plication identique à celle des individus portlandiens. Nous pensons bien faire 
en donnant le dessin exact que nous avons fait de cette section (fig. 35), d'autant 
plus que c’est un P. moreana de ce gisement de Merry sur Yonne qui à servi à 
COSSMANN pour établir la diagnose de son nouveau genre Phaneroptyis. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis et Grosse 
oolite), au bas de la Grande Gorge, au pied du Sphinx, au-dessus de Bossey. 

Nombre d'exemplaires : T dont 4 appartiennent au Muséum de Genève. 


PHANEROPTYXIS RUGIFERA (Zitt.). 
(PI. 30, fig. 1.) 


? 1863. Jtieria ovalis. G. GEmmeLLaro, Monografia del genere Itieria, p. 7. pl. 1, fig. 1. 
1569. Nerinea moreana. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 6, pl. 10, fig. 3. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 451 


1873. Itieria rugifera. Zwrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 340, pl. 41, fig. 1-8. 

1897. —  n. sp. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 293, pl. 8, fig. 5. 

1902. —  rugifera. Bronx, Ueber die Fauna der Orbitolinen führenden Schichten der untersten 
Kreide in der Krim. p. 609, pl. 1, fig. 4. 

Espèce de grande taille, ovale-allongée. Spire à allongement variable, courte, 
conoïde. Tours fortement embrassants, peu convexes, dont la largeur atteint la 
moitié de la hauteur. Suture assez accusée. La partie postérieure des tours est 
munie de 7 à 8 renflements très obsolètes. Dernier tour subeylindrique, très grand 
et très haut, atteignant dans nos échantillons les */, de la longueur totale. Ouver- 
ture très étroite, canaliculée en arrière, non conservée en avant. La coquille n’est 
pas ombiliquée. Pli labial très peu accusé, un pli columellaire peu saïllant et un pli 
pariétal un peu plus épais et plus long que le précédent (fig. 36). 


Fig. 36. — Phaneroptyxis rugifera, section axiale, Gross. x 1. 


Observations. Cette curieuse forme qui, par l’ensemble de ses caracteres, 
appartient au genre Phaneroptyris Cossm., s’en distingue par l'absence d'ombilic. 

Il est probable que cette espèce devra changer de nom. G. GEMMELLARO (loc. 
cit.), à décrit avant ZITTEL un lhaneroptyxis (P. ovalis) qui, pour nous, est iden- 
tique à 2. rugifera. Mais le paléontologiste sicilien dit, dans sa diagnose, que la 
coquille est ombiliquée. Nous sommes convaincu qu'il s'agit la d’une erreur d’obser- 
vation. Comme nous n'avons pas eu le type de G. GEMMELLARO entre les mains, 
nous laissons provisoirement à l'espèce le nom que ZITTEL lui à donné. 

Le Phaneroptyris que ROMAN à figuré dans ses Recherches (pl. 3, fig. 5) n’est 
autre que le 2. rugifera ; 1 en possède la plication si typique et il n’a pas d’ombilic. 
Il est difhcile, par le seul caractere de l'allongement de la spire, de créer des 
especes dans le genre de Phaneroptyris. De nombreux exemples montrent combien 
est grande, dans le cas particulier, la variabilité de ce caractere. 

Grisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salerensis). au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 


Nombre d'exemplaires : 2 


152 JULES FAVRE 


PHANEROPTYXIS STASZYCI (Zeuschn.) var. TYPICA (Zitt.). 
(PI. 80, fig. 15-16.) 


1849. Acteon slaszyètr. Zeuscaner, Geogn. Beschreibung des Nerincenkalkes von Inwald und Roc- 
zyny, p. 7, pl. 17, fig. 16-19. 

1873. Itieria slaszycii, var. typica. Zxrrec, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 342, pl. 40, 
fig. 19-23. 


Fig. 37. — Phaneroptyxis staszycii var. proboscidea. Section axiale, 8e tour. Gross. x 3. 


Trois Phaneroptyxis du Salève se rapportent assez exactement à l’exemplaire 
figuré par ZITTEL; l'angle spiral, les proportions relatives sont les mêmes. La sec- 
tion des tours (fig. 37) présente une grande analogie avec les exemplaires de 
Stramberg. ; 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la 
Mule. 


PHANEROPTYXIS STASZYCOI (Zeuschn.) 
var. HELVETICA (Zitt.) et var. PROBOSCIDEA Cossm. 
(PI. 30, fig. 2 à 13.) 
1873. Itieria staszycir var. helvetica. Zrrrez, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 343, pl. 40, 
fig. 25,26, 27. 


1898. Phaneroptyæis proboscidea. Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jurassiques ; 
Nérinées, p. 21, pl. 1, fig. 21-22. 


Les Phaneroptyxis, grace à leur extrême variabilité, sont parfois fort embar- 
rassants. Nous avons recueilli une série d'individus de ce genre appartenant sans 
doute à la même espèce, dont nous figurons quelques exemplaires. Les deux formes 
extrêmes, reliées par des intermédiaires, sont très différentes. L’une représentée 
par les figures 12, 13,8, 7, se rapporte exactement à P. staszycii var helvetica , elle 
passe insensiblement à l’autre (fig. 2, 3, 4), qui rappelle tout à fait P. proboscidea. 
Ces formes ont les caractères généraux suivants: dernier tour subglobuleux, un 


a 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 153 


peu moins où un peu plus large que haut. Spire généralement extraconique, par- 
fois conique ou faiblement conoïde, à angle extrémement variable (40-65°). En 
général, les tours sont lisses, cependant quelques individus portent près de la suture 
une rangée d'une douzaine de renfleménts vaguement indiqués. La section des tours, 
faite au S-9% tour, montre (fig. 38-39): 2 plis au labre, simples, minces; 2 plis à 
la columelle, lantérieur très saillant, étranglé à sa base, en forme de T, le posté- 
rieur mince, mais presque aussi saillant; un pli pariétal épais terminé en arrière 
par une apophyse aiguë. 


LS 
Fig. 38. — Phaneroplyxis stas- Fig. 39. — Phaneroptyxis stas- 
zycii var. proboscidea. Section zycii var. helvetica. Section 
axiale, 8e tour. Gross. x 3. axiale, 9e tour. Gross. X 2 !/2. 


Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis et Grosse 
oolite), à Chavardon, au haut des Etiollets, à la partie supérieure de la gorge de 
la Mule. 

Nombre d'exemplaires : 37. 


PHANEROPTYXIS NOGRETI Guir. et Og. 
(PI. 29, fig. 18.) 


Pour la bibliographie de l’espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur. 
P E , ç » 
Nérinées, p. 23. 


Nous rapportons au P. nogreti un petit exemplaire de Phaneroptyxis de forme 
ovoïde-conique, à spire moyennement allongée, à tours étagés possédant à leur 
partie postérieure une carène assez développée. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), à Chavardon. 


PHANEROPTYXIS MULTICORONATA (Zitt.). 
(PI. 29, fig. 19-20.) 


1873. ltieria multicoronata. Zrvver, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 346, pl. 40, fig. 29, 30. 


Nous rapportons au ?. multicoronata 2 exemplaires du Salève dont l'un 
(pl. 29, fig. 20) est intermédiaire entre les deux types figurés par ZITTEL. Les plis 


454 JULES FAVRE 


du labre et de la columelle sont un peu plus robustes chez les échantillons de Stram- 
berg (fig. 40). 


Fig. 40. — Phaneroptyxis mullicoronata. Section axiale, 11e tour. Gross. x 3 


Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut 
des Etiollets et à Chavardon. 


PHANEROPTYXIS RENEVIERI de Lor. 


(PI. 29, fig. 11-17.) 


1866. Ifieria renevieri. ve Lorior, Descr. des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 13, pl. A. fig. 11-12. 
1873. — — Zarrer, Die (astropoden der stramberger Schichten, p. 343, pl. 40, fig. 98. 


Espèce de petite taille à longueur maximale de 29m, Forme très trapue, spire 
courte ou très courte, extraconique. Onze tours au moins, très embrassants, munis 
à leur partie postérieure d’une carène très tranchante et très développée, recour- 
bée vers l'extérieur, ce qui fait que la suture est au fond d’un canal profond. 

L’enroulement est irrégulier et surtout très variable. Tantôt les tours se 
recouvrent très fortement, l'angle spiral atteint alors 120°, tantôt, au contraire, 
ils sont beaucoup plus apparents, l'angle spiral peut alors s’abaisser jusqu'à 65°. 
La hauteur du dernier tour est, par conséquent, très variable ; elle atteint, chez les 
individus à spire très surbaissée, jusqu'aux “/, de la longueur totale, et les ?/, seule- 
ment chez les formes à spire longue. Ce dernier tour, cylindrique dans sa partie 
moyenne, s’arrondit à la partie antérieure, tandis qu'il s’évase en arriere pour for- 
mer la carène postérieure. Il est creusé d’un ombilic assez large. L'ouverture n’est 
jamais complètement conservée; elle devait être anguleuse en arrière, comme aussi 
en avant, l’angle antérieur correspondant à la carène qui borde l’ombilic. Sur la 
section des tours (fig. 41-42), on remarque deux plis peu accusés au labre. Le pli 
columellaire antérieur est épais, anguleux, étranglé à sa base; le pli columellaire 
postérieur est beaucoup plus faible. Le pli pariétal est un peu plus volumineux que 
le précédent. 

Observations. Les deux échantillons qui ont servi à DE LORIOL pour établir 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 455 


son espèce sont très usés ; c’est pourquoi nous ayons jugé bon de reprendre la des- 
cription de ce Phaneroptyxis à l’aide d'échantillons bien conservés que nous avons 
recueillis. Parmi ces deux types, l'un (pl. A, fig. 11, &, b, c), appartient au Port- 
landien inférieur, l’autre (pl. A, fig. 12) à l'Infravalanginien à //eterodiceras luci. 


Fig. 41. — Phaneroptyxis re- Fig. 42. -- Phaneroptyxis re- 
nevieri. Section axiale. Gross. nevieri. Section axiale, 8e tour. 
Dale: Gross. 3 !/2. 


Ce dernier est si mal conservé qu'il n’est pas possible de savoir exactement s’il 
appartient à la même espèce que le premier. Dans ces circonstances, il est néces- 
saire de ne reconnaitre, comme type du ?. Renevieri, que l'individu représenté par 
la figure 11 @. b. e., lequel correspond sûrement à ceux que nous avons décrits ci- 
dessus à nouveau. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des 
Etiollets, bas de la Grande Gorge, Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 30. 


ÎTIERIA CABANETIANA (d’Orb.) var. GLOBOSA n. var. 
(PI. 29, fig. 21; pl. 30, fig. 17-18.) 


Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmaxn, Contribution à la pal. française des terr. jur., 
Nérinées, p. 12. Il faut retrancher la citation de Herricn, 1886 et ajouter : 


1863. Itieria nebrodensis. G. GEemMELLAR0, Monografia del genere Itieria, p. 8, pl. 1, fig. 2. 

1874. Itieria cabanetiana. ve Trirorer, Notes sur les Nérinées, p. 166. 

1907. - —- DexwGer, Die mesosoischen Formationen auf Sardinien, p. 466. 

1909. — — Renes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 8, Ueber Gastropoden der stram- 
berger Schichten, p. 182 [6], pl. 9 [2], fig. 1-2. 


COSSMANN a décrit si complètement la forme extérieure d’Z. cabanetiana à tous 
les àges qu'il est inutile d'y revenir ici. Nous ne sommes cependant pas d'accord 
avec l’éminent paléontologiste quant aux plis intraombilicaux signalés par MATHE- 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DK GENÈVE, VOL. 37 (1913). 57 


456 JULES FAVRE 


RON. Trois sections d'individus du Salève (fig. 43) présentent les plis en question 
d'une manière très accentuée, de sorte que la figure de D’ORBIGNY est d’une exac- 
titude parfaite. Pensant que peut-être les individus rauraciens différaient de 
ceux des étages plus récents par le manque de ces plis intraombilicaux, nous 
avons fait une section d’un individu du Muséum de Genève et provenant du Raura- 
cien de Merry-sur-Yonne. Cette section ne diffère pas de celle de D'ORBIGNY. 


Fig. 43. — Itieria cabanetiana var. globosa. Section axiale, Gross. X 1. 


Tous les individus que nous avons recueillis au Salève, au nombre de 20, sont 
à taille égale, plus globuleux que ceux du Ptérocérien et du Rauracien (comparer, 
par exemple, notre fig. 17, pl. 30, avec la fig. 3, pl. 256 de D'ORBIGNY) ; de plus, 
ils atteignent une taille plus considérable. Nous donnons le nom de globosa à cette 
variété du Salève. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets, à Chavardon, au pied de l’escarpement du Saleve sous le Sarrot. 


Nombre d'exemplaires : 20. 


Pr ne 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 457 


PTYGMATIS MENEGHINI (Gr. Gemm.). 
(PL 31, fig. 4-13.) 


1865. Nerinea meneghini. G. GemmerLaro, Nerinee della ciaca dei dintorni di Palerme, p. 7, pl 1, 


fig. 8-12. 
1569. Nerinea meneghini. G. GemmeLLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 18. 
1873. — _ Zavre, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 350 et 354. 
1878, Plygmatis  — Pinona, Sulla fauna fossile giurese del Monte Cavallo. p. 22, pl. 4, fig. 1 
1886. — — Hergiou, Palacontologische Studien über die Kalkklippen des Siebenbur- 


gischen Erzgebirges, p. 40, pl. 3, fig. 12-13, 16-17, pl. 5, fig. 1-5. 


Espèce de grande taille: le plus grand individu que nous connaissons devait 
atteindre 15°% de longueur. Spire polymorphe, d’abord styloïde dans les premiers 
tours (fig. 9-10, pl. 31), puis conoïde, et enfin plus ou moins extraconique dans les 
derniers tours. Angle spiral de la dernière partie (extraconique) variant entre 13 et 
15°, quelques individus à derniers tours fortement extraconiques (fig. 11, pl. 31) 
atteignent jusqu'à 18°. Tours plans ou parfois très lécèrement excavés, où même, 
dans les derniers tours, chez des individus adultes, très légèrement convexes. En 
arrière de la suture, ils présentent un faible bourrelet nettement délimité du 
côté postérieur par une très faible dépression (fig. 6 et 8, pl. 31); ils sont lisses 
ou munis de fines stries d’accroissement, leur hauteur atteint 35 à 40 centièmes de 
leur largeur, Chez les individus parfaitement conservés, la bande suturale, fort étroite, 
est visible (fig. 6 et 8, pl. 31). Dernier tour anguleux à la périphérie de la 


Fig. 44. — Piygmalis meneghini. Fig. 45. — Ptygmatis meneghini. 
Section axiale. Gross. X 1. Cou- Section axiale, Gross. X< 1. Grosse 
che à Matheronia salerensis. oolite, 


158 JULES FAVRE 


base qui est lisse et en général pourvue d’une faible dépression circaombilicale. 
Ombilic très étroit chez les jeunes, mais s’évasant chez les adultes. Plication com- 
pliquée, analogue à celle de P. pseudobruntrutana. Nous la figurons plutôt que de 
la décrire (fig. 44 et 45). 

Rapports et différences. Cette espèce est très voisine du P. bruntrutanaThurm.. 
mais il est facile de la reconnaitre au polymorphisme de sa spire. Tandis que tous 
les auteurs qui ont parlé de P. bruntrutana ont reconnu à cette espèce une spire 
régulièrement conique ou conoïde dans les derniers tours, nos individus, au nombre 
d'une quarantaine, sont tous plus ou moins extraconiques. Le sommet styloïde puis 
conoïde de la coquille est aussi très typique. 

G. GEMMELLARO, qui a créé l'espèce, n'avait à sa disposition que des individus 
roulés. C’est ce qui lui a fait dire que le dernier tour était arrondi à la périphérie de 


o 


à 


Fig. 46. — Ptygmatis pseudobrun- Fig. 47. — Ptygmatis pseudobrun- 
trutana. Section axiale. Gross. trutana. Section axiale. Gross. 
x 1. Grand exemplaire à ombilic Sens F 


très large. 


sa base. Dans la couche du Portlandien inférieur, que nous avons appelée Grosse 
oolite, où les fossiles sont en général roulés, nous avons trouvé des Péyymatis se 
rapportant exactement aux figures de GEMMELLARO (fig. 12 et 13, pl. 31), mais, 
grâce à la bonne conservation de cette espèce dans la couche à Matheronia sale- 
vensis, nous avons pu compléter la diagnose du paléontologiste sicilien, 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 159 


Gisement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite (Saut Gronet, gorge 
de la Mule, bas de l’Evorse), soit dans la couche à Matheronia salevensis (haut des 
Etiollets, Chavardon, bas de la Grande Gorge). 

Nombre d'exemplaires : 45. 


PTYGMATIS PSEUDOBRUNTRUTANA (Gr. Gemm.). 
(PI. 31, fig. 14-16.) 

Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur. 
Nérinées, p. 75. 

Nous possédons un certain nombre de Pfygmatis qui correspondent parfaitement 
à la diagnose de GEMMELLARO. D’autres ont un angle spiral plus grand, atteignant 
jusqu’à 18°; d’autres encore ne sont pupoïdes que jusqu’à une certaine taille puis 
deviennent coniques et même un peu extraconiques. Malgré ces différences, nous 
n’hésitons pas à les attribuer tous à l’espèce de GEMMELLARO. Nous avons encore 
constaté que, chez les individus très adultes, l’ombilic s’évase considérablement, 
jusqu’à atteindre le !/, de la largeur du tour. La plication est très compliquée et 
un peu variable dans les détails (fig. 46 et 47). 

Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), partie supérieure de la gorge 
de la Mule, Saut Gonet, bas de l’Evorse. 

Nombre d'exemplaires : 25. 


PTYGMATIS QUINQUEPLICATA (G. Gremm.). 
(PI. 31, fig. 1-8.) 


LL 
1865. Nerinea quinqueplicata. G. GEMMELLARO, Nerinee della ciaca dei dintorni di Palermo, p. 23, pl. 3, 
fig. 13-14. 
1869, Nerinea quinqueplicata. G. GEMMELLARO, Stud pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 13, pl. 2 bis, 
fig. 8-10. 
1878. Phygmatis quinqueplicata. PironA, Sulla fauna fossile giurese del Monte Cavallo, p. 24, pl. 5, 
fig. 15-17. 


1898. Ptygmatis quinqueplicata. Cossmanx, Contrib. à la pal. française des lerr. jur., Nérinées, p. 173. 
1907. Nerinea quinqueplicata. DENINGER, Die mesozoischen Formationen auf Sardinien, p. 465. 


Longueur du plus grand individu . . . . . MARÉES ER is 24cm, 
Diamètre maximal du plus grand individu . . . . Te ; 4om, 
Angle spiral chez les jeunes . . . . . . Le ; 16°. 
Augle spiral chez les adultes diminuant jusqu'à. . : x 20: 
Angle sutural des grands exemplaires . 5 ares ; s 802. 
Angle sutural des petits exemplaires . . . . RE D ICE ECTS 


Coquille non ombiliquée, de grande taille, à angle spiral variable avec l'age. 
Chez les jeunes ayant jusqu'à 6-8" de long, cet angle atteint 13 à 16°, puis 


460 JULES FAVRE 


diminue pour mesurer, chez les individus adultes, de 6 à 2°. Tours plans ou très peu 
évidés chez les jeunes et très faiblement bombés chez les adultes, nettement étagés 
chez les jeunes. La hauteur des tours par rapport à leur largeur est de 5 à 6 dixièmes 
chez les jeunes, de 60 à 65 centièmes chez les adultes. Il existe une striation spirale 
très fine sur la surface des tours, elle n’est visible que sur les individus parfaitement 
conservés, Dernier tour un peu contracté dans le voisinage de l’ouverture chez les 
individus très adultes, un peu anguleux à la périphérie de la base, surtout chez les 
jeunes. La base est ornée de très fines stries spirales; elle est bombée. Ouverture 
rhomboïdale, terminée par un bec canaliculé assez court. Les plis (fig. 48, 49) 


Fig. 48. — Ptygmatis quinquepli- Fig. 49. — Ptygmatis quinquepli- 
cata. Section axiale. Gross. x 1!/2. cata. Section axiale d’un grand 
individu. Gross. x 1. 


n'atteignent pas l'ouverture, ils sont au nombre de 5, deux columellaires, un 
pariétal, deux labiaux, tous compliqués, sauf le labial postérieur. Chez les adultes, 
les plis se simplifient légèrement et tendent à perdre leurs appendices lamellaires. 
Columelle dépassant un peu le !/, du diamètre chez les jeunes; elle s’épaissit chez 
les adultes et atteint presque la moitié de ce diamètre. Comme conséquence de 
cette particularité, les adultes ont la section du vide interne des tours plus allongée, 

Rapports et différences. Nos exemplaires permettent de compléter la diagnose 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 461 


donnée par (EMMELLARO grâce à leur grande taille et à la bonne conservation de 
quelques-uns d’entre eux. Le P. quinqueplicata est voisin du P. clio. (d'Orb). Il s’en 
distingue cependant par sa taille plus grande, son angle spiral très variable avec 
l'âge, ses tours moins excavés, nettement étagés chez le jeune. La base du dernier 
tour, chez P. quinqueplicata, est toujours convexe, au lieu qu'elle est concave chez 
P. clio. La plication est très voisine chez les deux espèces et ne diffère que dans le 
détail de la structure des plis. La columelle est un peu plus large chez l’espèce du 
Salève, surtout chez l'adulte. 

Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des 
Etiollets, Chavardon. 

Nombre d'exemplaires : 35. 


CRYPTOPLOCUS DEPRESSUS (Voltz.). 
(PI. 32, fig. 1.) 


Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr, jur., 
p. 158. 


Nous possédons quelques Cryptoplocus dont l'angle spiral est de 18 à 19°; leur 
spire est régulièrement conique. Les tours sont un peu convexes, surtout en avant; 
leur hauteur atteint les 36 à 37 centièmes de leur largeur. L’ombilic est assez 
étroit. Ces échantillons ont le même angle spiral et la même hauteur des tours que 


<) 
À 
à 
6 


Fig. 50, — Cryptoplocus depressus. Section axiale, Gross. X 1. 


alé - T » AE SE TR  — - 


162 s JULES FAVRE 


C. succedens Zitt., mais ils en diffèrent par leur profil, par leur bande suturale 
beaucoup plus mince et par leurs tours non étagés. Ils se rapprochent davantage 
de C. depressus (Volz.), mais d’après les indications de ZITTEL!, qui a eu l'original 
de VoLTz entre les mains, les tours de nos individus sont trop élevés (36 à 37 cen- 
tièmes au lieu de 31). Toutefois comme le célèbre paléontologiste dit que des exem- 
plaires de Valfin correspondent parfaitement au type et que COSSMANN ? figure des 
échantillons du même gisement qui, au contraire, correspondent à nos échantillons, 
nous pensons que l’espèce varie sensiblement et nous y rattachons nos échantillons 
du Salève. 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 3. 


CRYPTOPLOCUS SUCCEDENS Zitt. 
(PI. 32, fig. 2.) 


Pour la bibliographie, voir Cossmanx, Contrib. à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 160. 
Ajouter : % 


1901. Cryploplocus succedens. Gerer, Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 299. 


Trois exemplaires du Salève se rapportent exactement à la description de 
ZxrTeL. Leur angle spiral est de 18-19°, leurs tours sont tout à fait plans, faible- 


Fig, 51. — Cryptoplocus succedens. Section axiale de individu figuré pl. 32, fig 2. Gross. X 1. 


ment étagés, en tout cas dans les derniers tours. La largeur des tours atteint les 
33 centièmes de la hauteur. Nous ne possédons pas d’échantillon suffisamment bien 


! Die Grastropoden der stramberger Schichten, p. 377. 
© Contrib. à la pal. fr. des terr. jur., pl. 12, fig. 4 et 11. 


MONOGRAPIHE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 4163 


conservé pour montrer le caractère de la bande suturale que ZITTEL indique. La 
section axiale ne présente rien de particulier (fig. 51). 

Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut 
des Etiollets. 

Nombre d'exemplaires : 3. 


CRYPTOPLOCUS EXCAVATUS n. Sp. 


(PL. 32, fig. 3.) $ 


Espèce de petite taille, à spire régulièrement conique. Angle spiral mesurant 
21°. Tours lisses, très excavés. Sutures situées par conséquent sur un bourrelet 
assez saillant, La hauteur des tours atteint les 29 centièmes de la largeur, mesure 
prise dans l’évidement, Ombilie assez étroit. Pli pariétal mince, très saillant, dirigé 
vers l'extérieur. Il existe, à une certaine distance de l'ouverture, un léger renflement 
sur la columelle, au point où se trouve le pli columellaire chez les Nérinéinés (fig. 52). 


48 
aie) 
©) 


Fig. 52. — Cryptoplocus excavatus. Section axiale de l'individu figuré pl. 32, fig. 3. Gross. X 1 ‘2. 


Bien que nous ne possédions qu’un seul échantillon de cette forme, nous n’hé- 
sitons pas à en faire une nouvelle espèce, car l’excavation des tours est plus forte 
que dans toutes les espèces connues. Nous ne connaissons pas d'espèce ayant un 
pli pariétal aussi mince et aussi saillant. 

Grisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au bas de 
la Grande Gorge. 


APTYXIELLA (?) RUSTICA n. Sp. 
(PI. 32, fig. 4-6.) 
Espèce de petite taille, étroite, à galbe légèrement conoïdal vers le sommet. 


Angle spiral mesurant 6°. Tours nombreux, ornés de deux fins filets spiraux peu 
visibles, anguleux à la périphérie de leur base et munis en arrière d'un bourrelet 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 58 


AG4 JULES FAVRE 


très saillant surplombant la suture. La hauteur des tonrs atteint les 40 à 46 cen- 
tièmes de leur largeur. La section axiale de la coquille montre que le contour 
interne des tours est subquadrangulaire, sauf au sommet de la coquille, où il est 
circulaire, La plupart des individus ne présentent pas trace de plis; quelques-uns, 
dans leur jeune âge, montrent un pli columellaire rudimentaire (fig. 53 4). La 
coquille n’est pas ombiliquée. La columelle est très épaisse et atteint au moins 
le !/, du diamètre du tour (fig. 53). 


Same 
es 


100000000000 
Vec2000 


Fig. 53, — Aptyriella rustica. Sections axiales. Gross. X 2. 


Rapports et différences. Aptyæiella(£) rustica est voisine de Nerinella (2) cochlea 
G. Gemm., mais elle s’en distingue principalement par l’absence de plication chez 
l'adulte et par sa columelle beaucoup plus épaisse. 

Observations. Cette espèce fait partie du groupe comprenant Nerinella(?) cochlea 
G. Gemm., N. (2) cochleoides Zitt., N.(?) retrogressa Et.! caractérisé par la pré- 
sence d’un seul pli, rudimentaire en général et situé sur la columelle. Tandis que chez 
ces trois dernières espèces, ce pli columellaire est persistant, il n'existe que dans 
le jeune âge et à l’état rudimentaire chez notre espèce qui devrait donc se ranger 
dans le genre Aptyxiella Fisch. Il en résulte que, dans la coupure générique établie 
par FISCHER, rentrent des formes d'origines diverses, puisque COSSMANN à observé 
que certains Aptyæiella (comme À. sexcostata (Q'Orb.)) ne présentent aucune trace 
de pli columellaire, mais par contre un rudiment de pli du labre. Il sera proba- 
blement nécessaire de modifier la classification de ces formes sans plis quand elles 
seront mieux connues. 

G'isement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite, (orge de la Mule, 


1 Nous avons fait des sections de cette espèce provenant de Saint-Joseph près Valfin et appartenant 
au Muséum de Genève, et nous avons constaté un pli peu développé à la columelle. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 16) 


pied du Sphinx, soit dans la couche à Matheronia salevensis, à Chayardon et au 
bas de la Grande Gorge. 
Nombre d'exemplaires : S. 


PSEUDONERINEA CLIO (d'Orb.). 
Pour la bibliographie de lespèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., 
Nérinées, p. 10. Ajouter : 
LL 


1911. Pseudomelania aff. clio. BLasouke, Zur Tithonfauna von Stramberg, p. 166, pl. 4, fig. 6. 


Nous avons recueilli cette espèce dans le Portlandien inférieur (Grosse oolite) 
du bas de l’Evorse. Il s’en trouve aussi un exemplaire au Muséum de Genève, pro- 
venant des éboulis du Coin et qu’on peut également attribuer au Portlandien par 
les caractères de sa gangue. 


MOLLUSQUES CÉPHALOPODES 


BELEMNITES (HIBOLITES) DICERATINUS Et. 
(PI. 32, fig. 8-9.) 


Pour la bibliographie de l'espèce, voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, 
p. 37. Ajouter : 


1868. Belemnites cfr. semisulcatus. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 1, p. 21, pl. 3. 
fig. 2-3. 
7. Belemnites (Hibolites) cfr. semisulcatus. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Lanque- 
doc, p. 280, pl. 1, fig. 3-4. 
1991. Belemnites (Hibolites) semisulcatus ? Kizran et P. Lory, Notices géol. sur divers points des Alpes 
françaises, p. 582. 
1905. Belemnites diceratinus. Verrers, Die Fauna der Juraklippen awischen Donau und Thaya, 
p. 244 [22]. 


18 


DE LORIOL a réuni, avec raison, croyons-nous, sous le nom de Belemnites dice- 
ratinus Et., toutes les Bélemnites du Jurassique supérieur coralligène désignées par 
les auteurs sous le nom de B. cfr. semisulcatus. Cette B. diceratinus est très voisine 
il est vrai, de B. semisulcatus Münster qui en diffère par la pointe de son rostre 
beaucoup plus efhlée. 

Nous possédons quelques fragments de Belemnites du Salève que nous rappro- 
chons de B. diceratinus. Ns en montrent tous les caractères, sauf peut-etre que 
certains d’entre eux ont le rostre plus ventru. 

Gisement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite (gorge de la 
Male), soit dans la couche à Matheronia salevensis (haut des Etiollets). 


Nombre d'exemplaires : T. 


CONCLUSIONS 


La faune coralligène du Jurassique supérieur du Salève comprend actuellement 
92 espèces réparties en deux niveaux séparés par une brèche zoogène récifale attei- 
gnant 25" d'épaisseur environ. Nous avons appelé le niveau inférieur couche à 
Matheronia salevensis, du nom du fossile qui y est le plus abondant et le plus 
caractéristique. Le niveau supérieur, d'aspect très caractéristique, a été appelé 
Grosse oolite ; il est constitué par uné brèche zoogène oolitique dont les éléments, 
roulés, atteignent en moyenne la grosseur d’un pois ou d’une noisette. Ce niveau 
supérieur ne contient du reste que les 17 espèces suivantes : 


Corbis valfinense de Lor. 

Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. 
var valfinense Rollier. 

Nerita (Lissochilus) tithonica n.sp. 

Gymnocerithium (2?) involvens (Zitt.). 

Ditretus nodosostriatus (Peters). 

Ditretus consobrinus n. sp. 

Nerinea binodosa Et. 

N. robusta n.sp. 

N. salevensis de Lor. 


Nerinea hoheneggeri Peters. 

N. thurmanni Et. 

Nerinea(?) sphinæi n. sp. 

Phaneroptyxis staszycii(Zeuschn.) var. ty- 
pica (Zitt.). 

Ptygmatis pseudobruntrutana G. Gemm. 

Aptyxiella rustica n. Sp. 

Pseudonerinea clio (d'Orb.). 

Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. 


dont 7 se retrouvent dans le niveau inférieur à Matheronia salevensis : 


Corbis valfinensis de Lor. Nerineu robusta n. sp. 


Cardium (Pterocardia) corallinum Leym., 
var. valfinense Rollier. 
Ditretus nodosostriatus (Peters). 


N. hoheneggeri Peters. 
Aptyxiella (?) rustica n. sp. 
Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. 


Parmi les 92 espèces de la faune coralligène du Salève, il en est 22 (25 °/;) 
qui n’ont pas été retrouvées ailleurs, ée sont : 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 167 


Pedina salevensis n. sp. 

Lima (Limatula) salevensis de Lor. 
Pachymytilus obtusus n. Sp. 

Arca (Barbatia) gracilicostata n. sp. 
Matheronia salevensis n. sp. 
Valletia antiqua n. sp. 

Ditremaria salevensis n. Sp. 

Turbo (Senectus) salevensis n. sp. 
Scurriopsis salevensis (de Lor). 
Patella modesta n. sp. 

Eunaticina heterostriata n. Sp. 


Narica mortilleti (de Lor.). 
Petersia salevensis n. Sp. 
Petersia corallina n. Sp. 
Brachytrema filigrana n. Sp. 
Ditretus consobrinus n. Sp. 
Nerinea robusta n. Sp. 

— _ grata n. Sp. 

—  paucicostata n. Sp. 
Nerinea (2?) sphinæi n. sp. 
Cryptoplocus excavatus n. Sp. 
Aptyviella (?) rustica n. sp. 


Il en est de même pour les deux variétés suivantes : 


Ditremaria carinata Zitt. var. elegans n. 


var. 


Itieria cabanetiana d'Orb. var. globosa n 
var. 


Les 7 espèces suivantes traversent tout le Malm et n’ont par conséquent pas 
grande valeur pour la détermination stratigraphique : 


Pedina sublaevis Ag. 
Aoropeltis aequituberculata Ag. 


Terebratula insignis Schübl. 
Alectryonia hastellata (Schloth.). 


Pyrina icaunensis (Cott.). 


Phaneroptyxis moreana (4'Orb.). 
Pseudodesorella orbignyana (Cott.\. ; 


Il reste 61 espèces qui peuvent être comparées avec celles des divers gisements 
coralliens du Jurassique supérieur. Nous ne prendrons ici, comme terme de compa- 
raison, que les faunes coralligènes dont le niveau est bien déterminé, sans toutefois 
nous occuper de celles qui sont antérieures au Ptérocérien, la faune du Saleve 
n'étant certainement pas si ancienne, 

Les couches de Stramberg sont certainement tithoniques supérieures, comme 
l'indique leur faune de Céphalopodes : Æoplites (Beriasella) callisto (d'Orb.) Æ. (Be- 
riasella) privasensis Pict., Holcostephanus (Spiticeras) pronus Opp., Perisphinctes 
transitorius Opp., etc. 

Celles du Languedoc sont en partie tithoniques supérieures (Bois de Monnier) 
avec Belemnites (Duvalia) ensifer Opp., B. (Duvalia) tithonius Opp., Perisphinctes 
transitorius Opp., Hoplites periptychus Neum. et Uhlig, Hoplites microcanthus 
Opp., et en partie tithoniques inférieures (Murles) avec Perisphinctes contiquus 
(Catullo), P. richteri Opp., Lissoceras elimatum (Opp.). 

Les gisements de Sicile sont tithoniques inférieurs grace à la présence de 
Aspidoceras longispinum (Sow.), À. cyclotum Opp., Oppelia lithographica (Opp.), 
Perisphinctes eudichotonus (Zitt.), Perisphinctes geron (Zitt.). 


468 JULES FAVRE 


La faune de Kelheiïm est aussi considérée généralement comme portlandienne 
inférieure, bien qu'en dehors des Céphalopodes portlandiens Pachyceras gravesia- 
nus (dOrb.) et P. portlandicus (de Lor.), il se rencontre aussi des espèces kimerid- 
giennes comme Aspidoceras longispinum Sow. et Perisphinctes diceratinus Schloss. 

Les riches gisements de Valfin sont nettement ptérocériens puisqu'ils sont 
situés entre les calcaires séquaniens à Perisphinctes polyplocus Rein. et les couches 
à Exogyra virqula. 

La tabelle de la page 470 indique quelles sont les espèces communes entre 
les faunes coralligènes du Salève et les gisements précédents. Il résulte de la com- 
paraison que parmi les espèces du Salève 

18 sont communes avec la faune de Valfin qui compte 229 sp. ; 


15 » » avec la faune de Kelheiïm qui compte 163 sp. ; 

19 » avec la faune de Sicile qui compte 224 sp. ; 

2 1RR avec la faune tithonique inf. du Languedoc qui compte 64sp.; 
10 » avec la faune tithonique sup. du Languedoc qui compte 50 sp.; 
36 » » avec la faune de Stramberg qui compte 600 sp. 


La faune coralligène du Salève a donc la plus grande affinité avec la faune de 
Stramberg et surtout avec celle du Tithonique inférieur du Languedoc. Les affinités 
sont beaucoup plus faibles avec les gisements du Tithonique inférieur de Sicile, du 
Portlandien de Kelheïm et du Ptérocérien de Valfin. 

Il en résulte que les niveaux coralligènes du Salève peuvent étre considérés 
comme étant d'âge tithonique, Surtout si nous ajoutons que parmi les 60 espèces de 
sa faune qui se retrouvent dans d’autres régions, 32 (qui sont marquées d’un asté- 
risque dans la tabelle), soit plus du 50 ?/,, n'ont pas été constatées dans les niveaux 
inférieurs du Portlandien. 

Les renseignements fournis par un certain nombre d’espèces ou de genres à 
affinités crétacées viennent encore appuyer cette manière de voir. Le genre Codiopsis, 
essentiellement crétacé, fort rare dans le Jurassique, est représenté dans la faune 
du Salève par C. lorini Cott., espèce qui n’était connue jusqu ici que dans le Crétacé 
inférieur. Le genre Matheronia, surtout crétacé, qui apparait dans le Ptérocérien 
tout en y étant fort rare, prend un développement important dans le Tithonique 
supérieur du Languedoc, de l'Echaillon, de Stramberg. Il est également abondant 
au Salève. Valletiu, autre genre de Rudiste, n’était connu jusqu'ici que du Valan- 
ginien. 

La faune coralligène du Salève est donc incontestablement tithonique. Nous 
avons vu, en outre, dans la partie stratigraphique de cette étude et au commence- 
ment de ce chapitre, que des calcaires oolitiques atteignant 30 mêtres d'épaisseur 
et un Purbeckien bien développé représentant le Tithonique supérieur sont super- 


: MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 469 


posés à nos niveaux fossilifères coralligènes. On peut donc certainement attribuer 
à ces derniers un âge tithonique inférieur, ce que l’on pouvait déjà admettre d’après 
certains de leurs caractères, par exemple, la très grande affinité des faunes du Salève 
et du Tithonique inférieur du Languedoc (Murles, etc.), l'absence au Salève comme 
aussi dans le Tithonique inférieur de Murles, de Sicile, de Kelheim, etc., de véri- 
tables /eterodiceras qui existent partout dans le Tithonique supérieur. La pré- 
sence du genre Matheronia semble au premier abord en opposition avec les carac- 
tères précédents, car les gisements du même àâge que ceux du Salève (Sicile, 
Kelheim) n’ont pas fourni ce genre jusqu'à présent. Mais Matheronia salevensis 
montre un degré d'évolution intermédiaire entre le genre Plesiodiceras dont il 
dérive et Matheronia romani Paq. et Hypelasma colloti Paq., du Tithonique supé- 
rieur du Languedoc et de l’Echaillon. Il semble que ce dernier genre de Rudiste ait 
pris naissance et se soit développé dans un espace limité comprenant le Jura méri- 
dional et les régions avoisinantes avant d'avoir une aire de dispersion considérable, 
C’est ce qui expliquerait que, très rare dans le Ptérocérien du Jura méridional, 
ce genre, abondant au Salève dans le Tithonique inférieur, fait défaut à la même 
époque dans les autres gisements connus, tandis qu’on le retrouve sur un espace 
beaucoup plus considérable au Tithonique supérieur (M. romani Paq. à l'Echail- 
lon et dans le Languedoc, AZ. strambergensis Blaschke à Stramberg). 


Salève 


. à Matheronia 
salevensis 
Grosse oolite 


C 


Tithooi- 


inférieur 


Kelheim 


que 


Sicile 
Languedoc 


Languedoc 


Titho- 


Ë 
2 
ES 
& 


supé- 


re 
& 
= 
= 


Stramberg. 


Echinodermes. 
Thiolliericrinus heberti (de Lor.). 
*Cidaris carinifera Ag. 
* Pedina salevensis n. Sp. 
Pedinu sublaevis Ag. 
Hemicidaris stramonium Ag. 
Pseudocidaris subcrenularis Gauth. 
Acropeltis aequituberculata Ag. 
*Codiopsis loréni Cott. 
* Echinobrissus salevensis de Lor. 
Pyrina icaunensis (Cott.). 
Pseudodesorella orbignyana (Cott.). 


Brachiopodes. 


Rhynchonella astieriana d'Orb. 
# Zeilleria lugubris (Suess). 
l *7Z. magasiformis (Zeuschn.). 
Z. humeralis (Rœm.). 
Megerlea pectunculoides (Schloth.). 
* M. Petersi Hohenegger. 
* M. aff. loryi Pict. 
* Terebratula moravica Glock. 
* T! formosa Suess. 
T'. insignis Schübl. 
Terebratulina substriata (Schloth.). 


Lamellibranches. 


Alectryonia hastellata (Schloth.). 
* Pecten aff. nebrodensis Gemm. et di BI. 
* P, (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Philippi. 
P. subspinosus (Schloth.). 
* Spondylus pictetianus (de Lor.). 
Lima (Plagiostoma) thisbe de Lor. 
* L, (Plagiostomu) erctensis G. Gemm. 
* L. (Limatula) salevensis de Lor. 
Mytilus subornatus Et. 
* Pachymytilus obtusus n. Sp. 
* Arca (Burbatia) gracilicostata n. Sp. 
Isoarca cfr. eminens Quenst. 
Corbis valfinensis de Lor. 
Diceras speciosum Münst. 
* Matheronia salevensis n. Sp. 
* Valletia antiqua n. Sp. 
Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. var. valfinense 
Rollier. 
Isocardia bernardina (d'Orb.). 
* Astarte studeri de Lor. 
Gastéropodes. 
* Pleurotomaria multiformis Zitt. 
* Ditremaria salevensis n. Sp. 
* D). carinata Pitt. var. elegans n. var. 
Trochotoma mastoidea Et. 


+ 


HR OO HE HER OURS UE 


LEE 


— 


_. 


++ 


+ 


+ +++ 


++ 
++ 


+ 


+ 
+F+ ++ 


++ 
HE + ++ + 


EE 


1 Les espèces marquées d’un * ne sont connues que du Tithonique ou de terrains plus récents. 


+ 


++ + + 


ee 


3 | Tithoni- | Titho- 
Salève ci pre 
a 5 inférieur ne 
=ol° = |2i=l|2lo2l.a 
55 251818181818 
231$ A EEE 
* Trochus (Discotectus) massalongoi G. Gemm. SUN | + 
* Turbo (Senectus) salevensis n. sp. + | | 
* Nerita (Lissochilus) tithonica n. sp. + + 
* Pileolus minutus Zitt. 12 ai 
| *Seurriopsis salevensis (de Lor.). + 
* Patella modesta n. sp. J + | 
Natica (Amawropsis) PURE Guir. et Og. 3 + 
Eunaticina qguirandi de Lor. + +| | 
* Eunaticina heterostriata n. sp. | + | 
* Narica mortilleti (de Lor.). [RS | | 
* Pseudomelania flexicostata (Zitt.). ie 3 
*Oonia amygdaloides (Zitt.). ie ONE 
* Purpuroidea tschani Ooster. 2 +|+|+ 
| * Gymmocerithium involvens (Zitt.). + +|+ 
* Petersia salevensis n. Sp. di 
* P. corallina n. sp. CE 
* Brachytrema filigrana n. sp. Je 
Ditretus nodosostriatus (Peters). IE ERIC + 
* D. consobrinus n. sp. | 
* D, salevensis (de Lor.). e + 
Zittelia oppeli (Et). ae Je 
*Z. Picteti G. Gemm. ab ++) |+ 
Nerinea binodosa Et. ee jar 
*N. robusta n. Sp. Lol 
* Nerinea jeanjeani Roman. + EH] 
* N. salevensis de Lor. 4 
*N. hoheneggeri Peters. 3 ÊE + +++ + 
*N. grata n. sp. ie 
*N. paucicostata n. sp. il 
N. thurmanni Et. 5e 
N.(?) dilatata d'Orb. ie 3 
*N.(?) sphinæi n. sp. ; + 
Phaneroptyæis moreana (d'Orb.). de +|+ 
* P, rugifera (Zitt.). de Hein 
* P. staszycii (Zeuschn.) var. fypica (Zitt.). ie 3e 3e 
* P, staszycii (Zeuschn.) var. proboscidea Cosmm. ee 
* P, staszycii (Zeuschn.) var. helvetica Zitt. À de 
P. nogreti (Guir. et Og.). | [++ 
* P, multicoronata (Zitt.). + 3e 
* P. renevieri de Lor. + + 
Itieria cabanetiana (4'Orb.) var, globosa n. var. + 
* Plygmatis meneghini G. Gemm. + EE 
P. pseudobruntrutana G. Gemm. + ++) [+ 
*P, quinqueplicata G. Gemm. + + 
Cryptoplocus depressus (Voltz). + + +++ 
*C. succedens (Zitt.). 2e acc) fon 
*C. excavatus n. Sp. He 
*Aptyæiella (?) rustica n. sp. + |+ 
Pseudonerinea clio (d'Orb.). + + 
Céphalopodes. 
Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. + HI 


MÉM. SOC. PHYS, ET HIST., NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 59 


479 JULES FAVRE 


FAUNE DU PURBECKIEN 


FAUNULE MARINE DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DU PURBECKIEN 


CORBULA FORBESI de Lor. 


Deux exemplaires provenant des carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). 


CORBULA INFLEXA Rœm. 


Un exemplaire trouvé entre le Pas de l’Echelle et la Croix. 


NATICA (AMAUROPSIS) FLORAE de Lor. 
(PL 32, fig. 10.) 


1868. Natica florae. de Lorioz, Monographie pal. et géol. de l'étage Portl. du dépt de l Yonne, p. 37, 
pl. 3, fig. 8-10. 


Nous avons recueilli un exemplaire de Natica identique à celui de la figure 10 
de DE LORIOL (loc. cit.). Il provient de la partie tout à fait supérieure du Purbeckien 
des carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). 


NATICA BAROTTEI de Lor. 


Cette espèce, qui n’est connue qu’à l’état de moule interne, est abondante au 
Salève dans la dernière couche purbeckienne, au contact de l’Infravalanginien. 
Nous l'avons recueillie aux carrières d’Aiguebelle (Petit Salève), aux Voütes, au 
Sentier des Büûcherons, à la Varappe, aux Etournelles. 


NATICA (AMPULLINA) HEMISPHERICA Rœm. 


Un moule interne, bien reconnaissable cependant, grâce à la forme toute parti- 
culière de cette espèce. Couche supérieure du Purbeckien de la carrière d'Aigue- 
belle (Petit Salève). 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 173 


PSEUDOMELANIA NANA n. Sp. 


(PL. 32, fig. 17-18.) 


Longueur du plus grand individu . . . . . . . . . . . . 14m, 
Diamètre , , » Has AS selle. .. 4m. 
ACTA EE) CUPOOMAM MOMENT Sr Fu Ur - 07 10-187 


Coquille de petite taille, allongée. Spire conique, sauf à l'extrémité postérieure 
où elle est légerement conoïde, composée de 9 à 10 tours très légèrement bombés 
dont la hauteur atteint les 62 à 69 centièmes de la largeur. Ces tours sont lisses, ou 
munis de stries d’accroissement très peu marquées, non sinueuses ou à peine, et 
parallèles à l'axe de la coquille. Sutures peu marquées. Dernier tour très élevé, 
atteignant les 52 à 59 centièmes de la longueur totale. Ouverture allongée, arrondie 
en avant, graduellement rétrécie en arrière. 

Cette espèce est voisine de P. corallina d'Orb. du Rauracien. Elle s'en 
distingue par sa taille plus petite, par son angle spiral un peu plus faible, par ses 
tours plus aplatis et dont le dernier est beaucoup plus élevé. Les stries d’accroisse- 
ment, assez sinueuses chez P. corallina, sont droites chez notre espèce. P. lævis 
Alth., du calcaire de Nizniow en Galicie est aussi voisine de l'espèce du Salève, 
mais son dernier tour est beaucoup moins élevé. 

Gisement. Purbeckien supérieur, carrière d’Aiguebelle (Petit Saleve). 

Nombre d'exemplaires : 6, dont 2 communiqués par M. PERRIER. 


EXELISSA SEPTEMPLICATA (Rœm.). 
(PI. 32, fig. 19-27.) 


Pour la bibliographie concernant cette espèce, nous renvoyons à l'ouvrage de De LorioL et COPTEAU, 
Monographie pal. et géol. de l'étage Portlandien du dép. de l Yonne, p. 23, en faisant toutefois remar- 
quer que nous ne pensons pas que Æ. supracostata (Buv.) puisse être identifié à Æ. septemplicata (Rœm) 
Ajouter : 


1874. Cerithium septemplicatum. Brauxs, Der obere Jura, p. 194. 

1882. Cerithium seplemplicatum. von Azrx, Die Versteinerungen des Nizniowerkalksteines, p. 256 [54]. 
pl. 22 [5], fig. 15. 

1906. Exelissa septemplicata. Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 7me livr., p. 43. 


Coquille plus ou moins pupoïde, à angle spiral assez variable suivant les indi- 
vidus. Les tours, au nombre de 8 au minimun, sont ornés de 6 à 10 côtes axiales 
fortes, se correspondant en général d’un tour à l’autre. Ces côtes sont coupées par 
10 à 13 cordons spiraux très accentués dans la région antérieure des tours et s’effa- 


A74 JULES FAVRE 


çant dans la région postérieure. Ces cordons, dans la partie moyenne et postérieure 
des tours, sont eux-mêmes très finement striés longitudinalement. L'ouverture n’est 
pas conservée. 

Observations. Nous possédons une cinquantaine d'exemplaires de cette espèce, 
qui montrent une assez grande variabilité. Les côtes axiales sont en nombre variant 
entre 6 à 10 par tour; elles ne se correspondent pas toujours d’un tour à l’autre, 
surtout quand elles sont nombreuses. Les individus qui comptent le plus de côtes 
axiales ont, en outre, un angle spiral plus grand, une forme pupoïde plus accusée, et 
leurs ornements spiraux sont plus fins. Les individus à petit nombre de côtes axiales 
sont très peu pupoïdes, leur angle spiral peut descendre jusqu’à 15°, leurs côtes sont 
fortes, tres régulièrement disposées en séries de façon à donner à la coquille l'aspect 
d'un solide polygonal. Nous n'avons pu nous résoudre à faire plusieurs espèces 
parmi ces formes, en apparence différentes, mais qui se relient les unes aux autres. 

Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d’Aiguebelle 
(Petit Salève). 


NERINEA MINIMA D. Sp. 


(PI. 32, fig. 32-86 et PI. 33, fig. 1-6.) 


Longueur probable du plus grand individu . , . . . . . . . 3bmm 
Diametre duplusera0dOndiVITU EN EN RC REIN 
AMmple Spa l PSE RP RP RCE EE D UE ARR ART TA 280 


Coquille de petite taille, régulièrement conique, non ombiliquée. Tours, au 
nombre de 10 au moins, dont la hauteur atteint la moitié environ de la largeur; 
ils sont plus où moins excavés suivant les individus, mais jamais complètement 
plans, limités en arrière par un bourrelet tuberculeux de force très variable et à la 
partie antérieure par un bourrelet caréné un peu ondulé, recouvert par le bourrelet 
postérieur du tour suivant. La surface est ornée d’un cordon spiral perlé qui dis- 
parait parfois et qui est situé un peu plus en avant du milieu du tour. La base du 
dernier tour est carénée à sa périphérie, munie d’un cordon spiral non ou très fai- 
blement perlé. L'ouverture, imcomplètement conservée, est rhomboïdale, terminée 
par un bec assez long, aigu. Il existe deux plis columellaires à peu près égaux, un 
pli pariétal recourbé en crochet vers l'extérieur et un pli au labre situé au tiers 
antérieur du tour. 

Observations. Cette espèce est très variable, ses tours sont parfois très exca- 
vés, parfois presque plans: le bourrelet tuberculé de la partie postérieure des tours, 
peu développé chez certains individus, est au contraire très saillant et muni de gros 


Li 5e nié ER 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 179 


tubercules chez d’autres. Nous donnons une série de figures montrant les princi- 
pales variations. 

Rapports et différences. Cette espèce, par sa forme générale, son ornementa- 
tion et sa plication, est voisine de Péygmatis nodosa (Volz.) du Rauracien et de 
P. ferruginea Cossm. de lOxfordien, mais elle s’en distingue aisément, ces deux 
dernières espèces étant ombiliquées, d'après COSSMAN. 

Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d'Aiguebelle 
(Petit Salève). 

Nombre d'exemplaires : S5, dont plusieurs communiqués par M. PERRIER. 


NERINEA CONCINNA n. Sp. 


(PI. 32, fig. 28 à #1.) 


Longueur probable du plus grand individu . . . . nt Cl D En 
Diamètre maximum du plus grand individu. Hart . 4nm,7 
AOC EE OO os LE RO TD Duo MUR PE US 


Coquille de petite taille, conique, non ombiliquée. Tours au nombre de 11 au 
moins, dont la hauteur atteint les t/,, de la largeur, peu excavés, limités en arrière 
par un fort bourrelet très saillant portant 11 à 12 tubercules, et en avant par une 
carène assez peu accusée et recouverte par le bourrelet postérieur du tour suivant. 
La surface des tours est ornée d’un cordon spiral perlé, situé à peu près au milieu 
de l’évidement. La base du dernier tour est convexe, faiblement carénée à sa péri- 
phérie ; elle est munie de 2 cordons spiraux granulés, concentriques, placés à pen 
près à chaque tiers du rayon de la base. L'ouverture, incomplètement connue, est 
rhomboïdale, terminée par un bec assez long. Il existe deux plis columellaires courts 
et un pli pariétal droit, dirigé obliquement vers l'extérieur. Pas de pli au labre. 

Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d’'Aiguebelle 
(Petit Salève). 

Nombre d'exemplaires : 6. 


APHANOPTYXIS VARIABILIS n. Sp. 


(PI. 35, fig. 7 à 28.) 


Longueur du plus grand individu . RSR NE le 24mm 
DAME RE ER RS TRE US Le Sr A Er LT 
Angle spiral variant de . . . . . . Sue à Le LO "A2 


Coquille de petite taille, conique. Tours au nombre de 10 au moins, à étage- 
ment très variable. Is ont une hauteur atteignant les 45 à 58 centièmes de leur lar- 
geur et portent à leur bord postérieur un bourrelet plus où moins saillant, müni de 


476 JULES FAVRE 


12 à 15 tubercules plus ou moins gros. Leur bord antérieur porte aussi un bourrelet, 
mais il est beaucoup plus faible et ses tubercules sont de taille beaucoup plus 
petite. Ce bourrelet antérieur est du reste recouvert, dans la plupart des cas, par le 
bourrelet postérieur du tour suivant. La surface des tours, peu évidée, présente 
en général un cordon spiral perlé, placé à peu près au tiers antérieur du tour, rare- 
ment à peu près au milieu. Il peut être suivi de un ou deux cordons beaucoup plus 
fins. Parfois, il existe 3 cordons spiraux égaux; rarement c’est le second qui est le 
plus fort. Le dernier tour est muni à sa périphérie d'un bourrelet peu saillant à 
tubercules faiblement développés. Sa base est ornée de 1 à 5 cordonnets spiraux 
concentriques, égaux ou inégaux, qui en occupent la partie périphérique, de sorte 
que son centre et le cou de la coquille sont lisses. La suture est en général peu 
visible, le bourrelet postérieur recouvrant le bourrelet antérieur du tour précédent. 
Dans certains cas, comme par l'effet d’un étirement, suivant l'axe d’enroulement, les 
deux bourrelets sont séparés et la suture apparaît au fond d’un sillon qui peut être 
assez accusé. À ces formes correspond toujours un angle spiral petit et un faible 
étagement des tours (fig. 23, 24, 26, pl. 33). 

L'ouverture est rhomboïdale, pourvue à sa partie antérieure d’un bec assez 
long et étroit. Pas d’ombilic, pas de plis, même dans les premiers tours. La rétro- 
currence des stries vers la suture étant nettement visible, chez plusieurs individus, 
cette espèce appartient donc bien au genre Aphanoptyxis Cossm. 

Observation. Cet Aphanoptyxis est extrémement variable. Bien que nous ayons 
examiné un très grand nombre d'individus, nous n’en avons pour ainsi dire pas 
trouvé deux qui soient tout à fait semblables. Nous avons déjà indiqué les prinei- 
pales variations dans la diagnose, nous n’y reviendrons pas, préférant donner des 
figures d’un certain nombre de formes. 

Rapports et différences. Cette espèce est voisine de À. pseudoexcavatum (de 
Lor.) du Portlandien supérieur du Boulonnais, elle s’en distingue par son angle spiral 
toujours plus fort et par ses tours qui sont sensiblement plus bas. L° A. sirius (d'Orb.) 
(Turritella excavata Sow. non Brongn.) a les mêmes proportions que l'espèce du 
Salève, mais elle est lisse à en juger par les descriptions et les figures de SOWERBY 
et de DE LORIOL, C’est l'A. nodosus (Rœm.) non Voltz., du Kimeridgien du Hanovre, 
qui a le plus d’affinité avec notre espèce. On distinguera cependant toujours facile- 
ment À. nodosus de la plupart de nos individus qui sont beaucoup plus trapus et 
qui ont un bourrelet tuberculé postérieur beaucoup plus fort. Mais c’est surtout les 
formes élancées du Salève, dont la suture est située au fond d’un sillon (fig. 23, 
24, 26), qui sont voisines de l’À. nodosus ; leur angle spiral est cependant toujours 
de quelques degrés plus fort que chez les individus provenant d’Ahlem que le Musée 
de Lausanne nous à obligeamment prêtés. 


_ dé d 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 477 


Gisement. Partie supérieure du Purbeckien, au Petit Salève, au-dessus du 
passage à niveau d'Aiguebelle, et sporadiquement en plusieurs points du Grand 
Salève, 

Nombre d'exemplaires. Plus de 2000 qui nous ont été donnés par M. PERRIER. 


PERISPHINCTES LORIOLI Zitt. 


Nous devons la détermination de cette espèce à l’amabilité de M. le pro- 
fesseur KILIAN. P. lorioli se rencontre dans la couche supérieure du Purbeckien 
aux carrières d'Aiguebelle (M. PERRIER), aux Voûtes du Petit Salève (M. le profes- 
seur SCHARDT) et au Sentier des Bücherons (Grand Salève). 


a] 


Nombre d'exemplaires : 3. 


La faunule marine de la couche supérieure du Purbeckien contient encore les 
espèces suivantes, qui sont nouvelles, mais insuffisamment conservées pour être 
décrites : 

Opis sp., moule interne, carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). 

Pileolus sp., carrières d’Aiguebelle. 

Nerita sp., carrières d’Aiguebelle. 

Cylindrites (Volvocylindrites) sp., carrières d’Aïguebelle. 


FAUNE D'EAU DOUCE DU PURBECKIEN 


VALVATA HELICOIDES Forbes, 


(PI. 32, fig. 15-16.) 


Purbeckien supérieur à la Grande Varappe et aux Etournelles (Grand Salève), 
39 exemplaires. 
LIOPLAX INFLATA Sandb. 


(PI. 32, fig. 11-14.) 


Exemplaires assez mal conservés, ayant généralement perdu leur test, mais 
identiques à l'échantillon figuré par SANDBERGER! quoique atteignant une taille un 


! Lund- und Süsswasser-Conchylien der Vorwelt, pl. 2, fig. 17. 


A7S AULES FAVRE 
peu plus grande. I’un de nos individus, ayant une partie de son test, montre les 
fines stries spirales signalées par MAILLARD'!. Nous avons recueilli cette espèce 
dans la partie supérieure du Purbeckien, au Sentier des Bûcherons près du pas- 
sage de l’Are, et à la Grande Varappe. 

Nombre d'exemplaires : 22. 


PHYSA WEALDIENSIS Coq. 
(PI. 33, fig. 31 à 34.) 

Cette espèce, dont le test est toujours détruit, se trouve dans la partie supé- 
rieure du Purbeckien, au Sentier de Bücherons dans le voismage du passage de 
l'Arc, à la Grande Varappe et dans les couches verticales de Pierre Longue. 

Nombre d'exemplaires : 28. 


PLANORBIS LORYI Coq. 
(PI. 33, fig. 29-30.) 
Cette espèce bien connue est répandue dans la partie supérieure du Pur- 


beckien. Nous l'avons trouvée à la Grande Varappe, à la gorge de la Mule, aux 
Etournelles, au Sentier des Bûcherons et aux carrières d’Aiguebelle. 


LIMNEA sp. 


(PI. 33, fig 85.) 


Nous avons recueilli au Sentier des Bûcherons, près du passage de l’Are, une 
Limnée n'ayant aucune ressemblance avec les espèces de ce genre connues jusqu'ici 
dans le Purbeckien et le Wealdien. Comme nous ne possédons qu'un seul exem- 
plaire médiocrement conservé, nous nous contentons de le figurer. 


| Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 11, p. 62. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 479 


CONCLUSIONS 


La faune d'eau douce du Purbeckien ne présente pas d'intérêt particulier. 
Les espèces qui la forment se retrouvent partout dans le Jura, exception faite 
toutefois de la Limnée que nous avons figurée et qui paraît nouvelle. Ce sont : 


Valvata helicoides Forbes. Planorbis loryi Coq. 
Lioplazæ inflata Sandb. Limnea Sp. 
Physa wealdiensis Coq. Cypris Sp. 


La faune marine ou saumatre compte les 15 espèces suivantes : 


Corbula forbesi de Lor. Pseudomelania nana n. sp. 

C. inflexza Rœm. Exelissa septemplicata (Rœæm.). 
Opis Sp. Nerinea minima n. sp. 

Pileolus sp. Nerinea concinna n. sp. 

Natica (Amauropsis) florae de Lor. Aphanoptyæis variabilis n.sp. 
Natica barottei de Lor. Cylindrites (Volvocylindrites) Sp. 
N. (Ampullina) hemisphaerica Rœm. Perisphinctes lorioli Zitt. 


Nerita, Sp. 


Cette faunule marine présente un certain intérêt, car la plupart des espèces 
qui la forment sont atteintes de nanisme, ce qui semble indiquer que les conditions 
normales de la vie des organismes marins devaient être modifiées, La salure avait 
sans doute diminué, car cette faune, purement marine au Petit Salève (Aiguebelle), 
se mélange à des animaux ou à des Algues d’eau douce au Grand Salève, ainsi 
que nous l'avons montré dans la partie stratigraphique de ce travail (p. 316). 
L’extrème variabilité que nous avons observée chez toutes les espèces dont nous 
avons pu recueillir un nombre suffisant d'individus (Exelissa septemplicata (Rœm.), 
Nerinea minima n. sp, Aphanoptyæis variabilis n. sp.) est peut-être aussi un autre 
indice des conditions anormales que présentait la mer. 

Mais l'intérêt principal de cette faunule réside surtout dans le fait qu'elle à 
de grandes affinités avec certaines faunes du Kimeridgien et du Portlandien du 
nord de l'Europe centrale. Aïnsi : 

Corbula forbesi de Lor. est abondant dans le Portlandien et le Purbeckien du 
Hanovre. 

Corbula inflexa Rœm. est connu du Kimeridgien supérieur, du Portlandien, 
du Purbeckien du Hanovre et du Portlandien de la Haute-Marne, 

Natica floræ de Lor. a été signalée dans le Portlandien de la Haute-Marne 
et de l'Yonne. 

Natica barottei de Lor. n’est connue que du Kimeridgien de la Haute-Marne. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 60 


AS0 JULES FAVRE 


Natica hemisphærica Rœm. existe dans le Kimeridgien supérieur du Hanovre 
et dans le Portlandien de la Haute-Marne et de l'Yonne. 

Exelissa septemplicata (Ræœm.) est répandue dans le Kimeridgien du Hanovre 
et de Nizniow (Galicie) et dans le Portlandien du Boulonnais et de l'Yonne. 

Enfin Aphanoptyxis variabilis n. sp., a des espèces affines (A. nodosa (Rœm.) 
et À. pseudoexcavata (de Lor.)) dans le Kimeridgien du Hanovre et dans le Port- 
landien du Boulonnais. 

Tandis que, pendant tout le Portlandien, les dépôts marins du Salève ont un 
facies à Rudistes, franchement méridional, une influence nettement septentrionale se 
fait sentir dans les sédiments qui couronnent le Jurassique. L’invasion marine qui 
laissa ces dépôts d’origine septentrionale fut, du reste, extrémement courte, car nous 
verrons réapparaître le facies méditerranéen à Rudistes avec la grande transgression 
crétacée. 


FAUNE DE L’INFRAVALANGINIEN 


1. ASSISE A HETERODICERAS LUCI 


Nous avons vu, au sujet de la faune tithonique du Salève, que DE LORIOL, dans 
sa Description des fossiles de l'Oolite corallienne, de l'étage valanginien et de l'étage 
urgonien, avait confondu deux faunes coralligènes d'âge différent. Nous nous sommes 
occupé déjà de celle dont l’âge est tithonique. L'autre, qui a été recueillie prineipa- 
lement par DE LUC dans une ancienne carrière de Monnetier aujourd’hui comblée, 
appartient certainement à l’Infravalanginien, puisqu'elle est superposée au Purbec- 
kien. Nous allons rapidement passer en revue les quelques organismes qui la com- 
posent. Pendant nos recherches, nous n'avons trouvé aucune espèce à ajouter à cette 
faune. En effet, les couches qui la contiennent ne présentent des fossiles suffisamment 
conservés que dans la carrière, comblée actuellement, dont nous avons parlé. Nous 
avons toutefois pu recueillir quelques valves d’Æeterodiceras luci dans les anciens 
déblais encore visibles de cette carrière. 


PYGURUS BLUMENBACHI (Kock et Dunk.). 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’'Ool. corallienne, p. 41, et Desor et pe Lorior, Æchinologie 
helvétique, 1e part, Échinides de la période jurassique, p. 341. 


L'échantillon dont parle DE LoRIOL est fort incomplet et mal conservé. Il nous 
parait peu susceptible d’être déterminé exactement. La gangue de ce fossile rap- 
pelle tout à fait les calcaires de l'Infravalanginien à Natica leviathan. 1’indication 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 181 


du gisement « chemin des Treize Arbres » permet d’exclure le Jurassique mais peut 
très bien se rapporter aux calcaires à AN. leviathan. 1 serait bien singulier que 
P. blumenbachi se rencontrat à un niveau si élevé. Dans ces conditions, il nous 
parait prudent de supprimer cette espèce de la faune du Salève. 


PYRINA ICAUNENSIS (Cott.). 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 42, pl. F, fig. 14 


Le fossile étudié par DE LORIOL, provenant des carrières de Monnetier, appar- 
tient certainement à l’Infravalanginien à Aeterodiceras luci. Ce serait donc au 
Salève que P. icaunensis atteindrait le niveau le plus élevé. Il y a cependant 
quelques réserves à faire. Le type unique de DE LORIOL, que nous n'avons du reste 
pas retrouvé, correspond bien, par sa forme générale et par la disposition des ambu- 
lacres, au P. icaunensis du Jurassique, mais il ne possède pas son test, de sorte que 
son attribution à l'espèce de COTTEAU sera toujours un peu douteuse. 


RHYNCHONELLA CORALLINA Leym. var. NEOCOMIENSIS Jacob et Fallot. 


Quelques exemplaires de cette variété, provenant des anciennes carrières de 
Monnetier, se trouvent au Muséum de Genève (Collection RocHaT). Deux d’entre 
eux ont été figurés par JACOB et FALLOT! dans leur + Etude sur les Rhynchonelles 
portlandiennes, néocomiennes et mésocrétacées du Sud-Est de la France >», page 50, 
planche 6, figures 9 à 11. 


PECTEN ROCHATI de Lor. : 
(PI. 34, fig. 4.) 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, pl. E, fig. 5-6. 


Cette espèce n’est connue jusqu'à présent que du Salève. Tous les auteurs qui 
l'ont citée comme provenant d’autres régions l'ont confondue avec d’autres espèces 
comme ?. globosus Quenst. Le caractère principal de ?. rochati est donné par ses 
côtes irrégulièrement barbelées et plissées. Nous faisons ressortir ce caractère le 
mieux qu'il est possible dans la fig. 4, pl. 34, qui représente un agrandissement 
d’une partie du test du type figuré par DE LORIOL (loc. cit.), pl E, fig. 5. 

L'autre type, loc. cit., pl. E, fig. 6, appartient au Musée de Lausanne et doit 
ètre rejeté. C’est un moule interne qui, par sa gangue, peut être sûrement rapporté 
au Jurassique supérieur et qui n'est pas autre chose que Pecten (Spondylopecten) 
globosus Quenst. emend. Philippi. Nous avons retrouvé un exemplaire du véritable 
P. rochati de Lor. dans l’assise à Æeterodiceras luci, à Chavardon. 


! Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 39 (1913). 


US Ie, NTOINT ST 


4892 JULES FAVRE 


LIMA (PLAGIOSTOMA) MONETIERI n. Sp. 


(PI. 34, fig. 2-8.) 


1866. Lima comatula. vx Lorioz (non Buv.), Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 27, pl. E, fig. 2-5. 


De Loriol a décrit sous le nom de Lima comatula une espèce du Salève qui 
nous paraît être nouvelle. Voici ses caractères : 


Longueur du plus grand individu. . AE AT CIS e LD SN SU 
Largeur du même individu. . . . . . Bree. Nes Om 
Largeur des individus par rapport à leur longueur . . . . . 0,74 à 0.77. 
Epaisseur par rapport à la longueur. . . . . . . . . . 0,51 à 0,55. 


Nous reproduisons la diagnose de DE LORIOL : 

Coquille presque aussi longue que large, fortement tronquée et presque 
droite du côté buccal, très arrondie du côté anal. Valves assez renflées, surtout 
dans la région des crochets, excavées du côté buccal, ornées sur toute leur surface 
de stries rayonnantes, très nombreuses, très fines, régulièrement et finement ponc- 
tuées jusqu’à une faible distance du bord palléal, onduleuses ou même anguleuses 
à leur rencontre avec les sillons d’accroissement; les exemplaires bien frais mon- 
trent en outre de très fines stries concentriques. Les intervalles, beaucoup plus 
larges, sont aplatis et un peu écailleux près du bord palléal; en approchant des 
extrémités et surtout sur le côté buccal, ils deviennent saillants, presque imbriqués, 
et on ne remarque’plus de ponctuations. Oreillettes courtes, un peu lamelleuses. » 

Quelques points de cette diagnose demandent à être revus. La coquille n’est 
pas presque aussi longue que large, mais, comme le montrent nos figures et nos 
mesures, obliquement ovale. Le type figuré par DE LORIOL que nous reprodui- 
sons du reste pl. 34, fig. 2 @, parait en effet très court, parce que sa partie posté- 
rieure est cassée. Les côtes et les stries rayonnantes s’affaiblissent considéra- 
blement dans la partie médiane des valves, sans toutefois disparaître complètement. 

Cette espèce est voisme de Z. comatula Buv., son ornementation est toute 
pareille. La forme dela coquille, par contre, est bien différente. L'espèce de Buvi- 
GNIER est subeirculaire, sa troncature antérieure est concave tandis que l'espèce du 
Salève est allongée, son bord antérieur tronqué est rectiligne où même un peu 
convexe et proportionnellement plus allongé. Enfin le crochet est plus déjeté vers 
le bord postérieur dans notre espèce. 

Gisement. Les quatre individus que possède le Muséum de (Genève provien- 
nent des anciennes carrières de Monnetier. 


protégé: il Ch Cr ct NER GE 
De 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 1S3 


PINNIGENA SAUSSURI (Desh.). 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 26. 


Nous ne savons pas ce que sont devenus les types de DE Luc figurés dans 
DE SAUSSURE, Voyages dans les Alpes, t. 1, p. 192, pl. 2, fig. 5-6. On sait toutefois 
- qu'ils provenaient des anciennes carrières de Monnetier, c'est-à-dire de l’Infrava- 
langinien à ÆHeterodiceras luci. H se trouve cependant au Muséum de Genève un 
exemplaire en mauvais état de cette espece; il à été recueilli par DE Luc et sa 

gangue montre bien la roche caractéristique de l’assise à Æeterodiceras luci. 


LITHODOMUS LUCI de Lor. 


Voir ne Lorror, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 23, pl. D, fig. 9. 


Le type, provenant de la collection pe LUC, se trouve au Muséum de (renève. 
Sa ganoue permet d'attribuer certainement cette espèce à l’assise à Æeterodiceras 
luci de l'Infravalanginien. 


CORBIS SALEVENSIS de Lor. 


Voir ve Lorto1, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 22, pl. C, fig. 6. 


Nous ne savons pas ce qu'est devenu le type de cette espèce. La gangue d'un 
second individu appartenant au Muséum d'histoire naturelle de Genève, permet 
d'affirmer que l'espèce appartient à l’assise à /eterodiceras luci de lInfravalan- 
ginien. 


DICERAS ESCHERI de Lor. 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 24, pl D. fig. 1, 2, 3, 4, pl E, fig. 1 


Le Diceras escheri provient des anciennes carrières de Monnetier ; il appar- 
tient done à l'Infravalanginien (assise à Aeterodiceras luci). La nature de la 
gangue des types permet de confirmer cette manière de voir. 

Cette espèce est fort mal définie; ses caractères internes sont encore pour la 
plupart inconnus. Le type de pe LoRiOL, pl. D, fig. 2, seul préparé est introuvable 
et nous n'avons pas réussi à préparer d’autres valves. 


ASA JULES FAVRE 


HETERODICERAS LUCI (Defr.). 


1779. G. A. pe Luc, dans : H. B. pe Saussure, Voyages dans les Alpes, T. 1, p. 192, pl. 2, fig. 1-4. 

1819. Diceras luci. Derraxce, Dictionnaire des sciences naturelles, T. 13, p. 177. 

1843, Diceras luci. A. Favre, Observations sur les Diceras, p. 163. pl. 1, fig. 1-2, pl. 2, fig. 1-4, pl. 5, 
fig. 1-3, pl. 4, fig. 1-4, pl. 5, fig. 1. 

1845. Diceras luci. À. Favre, dans: Crenu, Tllustrations conchyliologiques, genre Diceras, p. 2, pl. 1, 
fie. 1-8, pl. 3, fie. 1-6 (non pl. 2, fig. 1-3 nec pl. 4, fig. 1-3). 

1845. Diceras luci. Picrer, Traité de paléontologie, vol. 3, p. 354. pl. 12, fig. 2. 

1855. Diceras luci. Piorer, Trailé de paléontologie, 2e 6d., vol. 3, p. 591, pl. 81, fig. 19. 

866. Diceras luci. ve Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 24. 
39. Diceras (Heterodiceras) luci. Muxier Cuazmas, dans : Heserr, Examen de quelques points de lu 
géologie de la France méridionale. 

Diceras luci. Bayre, Observations sur quelques espèces de Dicerus, p. 141. pl 19, fig. 6. 

Diceras luci. BAYAN, Observations sur les études faites dans les collections de lécole des mines. 

. Helerodiceras luci. Muxier CHaLmas, Etudes critiques sur les Rudistes, p. 477. 

2. Diceras luci. G. Bœn, Ueber die Bezichungen von Pachyrisma, Megalodon, Diceras und Caprina. 

p. 615. 

1883. Diceras luci. G. Bœam, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 520, 523, 525 (non Diceras 
luci var. communis, var, ovalis, var. mirabilis G. Bæœhm.). 

1902. Diceras luci. Bicor et Marre, Catalogue critique de la Collection Defrance, p. 161. 

1909. Heterodiceras luci. Jouxowskx et J. Favre, Sur la position stratigraphique des couches à Hetero- 
diceras luct au Salère, C. R. Acad. Se, 11 octobre 1909. 

1910. Helerodiceras luci. H. Douvirré, Palacontologia umiversalis. fiche 173, fig. 1-4, fiche 173 a, 
fig. 1,2, Het P, fiche 173 b. 


Cette espèce, ayant été décrite à plusieurs reprises, il est inutile que nous 
reprenions l'étude de ses caractères. Nous renvoyons principalement aux travaux 
cités de H. DOUvILLÉ, 1910 et A. FAVRE, 1843, en faisant remarquer que la fig. 1, 
pl. 5 de ce dernier auteur est incomplète. Le type qu'elle représente possède une 
impression musculaire antérieure située sur la coquille même et limitée par une 
arête myophore peu accusée qui s'enfonce dans la cavité umbonale. 

Heterodiceras luci n'est connu jusqu'à présent que de l’Infravalanginien du 
Salève, Tous les Æeterodiceras cités souvent sous le nom de 7 luci dans le Titho- 
nique tant des Carpathes que de Wimmis ou du SE. de la France, diffèrent de 
l'espèce de DEFRANCE. I’espèce de ce genre, la plus voisine de celle du Salève, 
est celle que G. BœHM a désignée sous le nom de Diceras luci avec ses trois variétés 
communs, ovalis, mirabihis. L'espèce du Salève différe cependant par une série de 
caractères de celle de Stramberg de sorte que nous proposons de l'en séparer 
complètement. Nous ne sommes pas suffisamment documenté pour établir s'il faut 
réunir ces 3 variétés sous un seul nouveau nom ou si chacune d'elles doit être 
érigée en espèce. 

’ar sa forme extérieure déjà, l'espèce du Salève peut être facilement distin- 
guée de toutes les autres. Elle est toujours plus carénée que l'espèce de Stramberg. 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 189 


Les deux flancs des valves, déterminés par la carène, forment toujours un angle aigu 
mesurant en moyenne 60-70° (fig. 54 du texte et pl. 34, fig. 5, 6). À Stramberg, les 
Heterodiceras possèdent une carène dont les pans sont exceptionneilement à angle 
droit, mais forment en général un angle obtus; parfois même les valves ne sont 
pas carénées du tout. La valve supérieure, dans l'espèce du Salève, est fortement 
déjetée vers le bord postérieur chez les jeunes, et même déversée chez les adultes, 
comme cela se voit chez Toucasia transversa Paq., de sorte que la carène sur- 
plombe la commissure des valves (fig. 54 du texte et pl. 34, fig. 6). Nous n'avons 
jamais observé ce caractère chez d'autres Æeterodiceras. 


Fig. 54. — Helerodiceras lucr. Section horizontale des valves passant par la région cardinale 
Gross. >< !/e. 


En corrélation avec le caractère de la carène, la forme de l'ouverture est plus 
allongée et plus anguleuse, plus même que dans la variété ovalis de Bœnm. 

La coquille des formes de Stramberg est beaucoup plus massive et épaisse 
que chez /1. luci. La hauteur du plateau cardinal (comptée entre le ligament et le 
bord umbonal du plateau) mesure la moitié environ du plus grand diamètre de 
l'ouverture dans les échantillons figurés par G. BŒHM, tandis que dans les échan- 
tillons du Salève, elle ne dépasse pas le tiers de ce diamètre, La variété ovalis 
de Bœxm fait seule exception, mais, d'autre part, elle possède une carène obtuse ou 
nulle. Grace au grand développement du plateau cardinal, la forme de la cavité 
umbonale est arrondie dans l'espèce de BŒHM, tandis qu’elle est toujours ovale 
allongée dns celle de DEFRANCE. 

Les éléments de la charnière, très massifs dans la première de ces espèces, sont 
beaucoup plus minces et plus distincts chez la seconde. La dent 3b de 71 luci est 
plus lamellaire, plus ample et plus auriculiforme que dans les Æeterodiceras de 
Stramberg et la fossette A IT" est plus profonde, mieux dessinée et en forme de fer 
à cheval. 

Les autres Æeterodiceras du Tithonique, tels que ceux figurés par OOSTER, 


NUITS PER ARE MIE SI ee 


486 JULES FAVRE 


(loc cit., pl. 17, fig. 12, pl. 18, fig. 1-6), par HERBICH (loc cit., pl. 19, fig. 1-2) et que 
MüoNiER CHALMAS a appelés 71. oosteri et enfin #1. zitteli ne peuvent être confondus 
avec 1. luci Defr. 

Gisement. C’est dans les anciennes carrières de Monnetier, aujourd'hui 
comblées par les déblais des nouvelles carrières ouvertes dans l’assise à Natica 
leviathan, que cette espèce à été recueillie par DE Luc. Elle est donc certainement 
infravalanginienne ; nous avons, du reste, encore trouvé quelques exemplaires de 
l'espèce dans les déblais de ces anciennes carrières. /1. luci se rencontre par nids, 
disséminés çà et là; c’est ainsi que nous l'avons observé dans les parois au-dessus 
d’Archamps, au sentier de la Traversière et au-dessus de Pomier, mais si fortement 
empaté dans la roche qu'il n’est pas possible de le préparer. 

Nombre d'exemplaires. Il existe au Muséum de Genève 5 valves droites 
préparées, 2 valves gauches préparées, 11 valves isolées non préparées tant droites 
que gauches, et 10 individus bivalves. Il se trouve aussi quelques valves de cette 
espèce au Musée de Lausanne, dont une valve gauche préparée. 


JARDIUM (PTEROCARDIA) CORALLINUM Leym. var. ALATUM de Luc. 
(PI. 34, fig. 1.) 
Voir px Lorior, Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 21. 


Nous avons parlé de cette variété au chapitre concernant le Jurassique supé- 


rieur, nous y renvoyons le lecteur. 


NATICA DEJANIRA? d'Orb. 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 18. 


L’échantillon que DE LORIOL a eu entre les mains est un moule interne, de sorte 
que sa détermination restera toujours un peu douteuse. Ce moule, d’après sa gangue, 
provient de la couche à Æeterodiceras luci. 


DITRETUS NODOSOSTRIATUS (Peters.). 
Voir pe Lomior, Deser. des foss. de lOol. corallienne, p. 15, pl. B, fig. 5. 
L’échantillon figuré par DE LORIOL est extrémement fruste. Il n’a conservé 


de son test que 4 des tubercules qui bordent la suture. Il n’est donc pas possible de 
le déterminer exactement puisqu'on connait aujourd'hui plusieurs espèces de 


min “at + de Re ad er à 2 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 487 


Ditretus comme D. nodosostriatus Zitt., D. migrans Zitt., ete., qui ne peuvent être 
distingués que par ces tubercules. Il faut donc supprimer de la faune infravalan- 
ginienne le Ditretus nodosostriatus. 


CERITHIUM MONETIERENSE de Lor. 


Voir pe Loror, Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 17, pl. B, fig. 4. 


Le type de cette espèce montre très nettement la rétrocurrence des stries 
d’accroissement vers la suture, et la bande du sinus. Il appartient done au genre 
Pseudonerinea de Lor. et non au groupe des Cérithidés. La forme générale de ce 
type est identique à celle de Pseudonerinea clio (d'Orb.) qu'on trouve dans le même 
gisement à Monnetier (comparer la fig. 1 de la pl. B de l’ouvrage cité avec la fig. 3 
de la même planche). Le canal dessiné dans la figure 3 est exagéré et il provient 
du fait qu'une partie du dernier tour est cassé. C. monetierense est pour nous syno- 
nyme de Pseudonerinea clio. 


NERINEA DEFRANCEI Desh. 


Voir pe Lortor, Descr, des foss. de l’Ool. corallienne, p. 9. 


Nous avons sous les yeux deux échantillons du Muséum de Genève provenant 
des collections A. FAVRE et ROCHAT qui ont été nommés N. defrancei par DE 
LORIOL. L'un d'eux n’est pas déterminable, son test étant trop usé. L'autre, mal 
conservé, n'est en tout cas pas N. defrancei, il se rapproche plutôt de N. fhur- 
manni Et. Nous ne savons ce qu'est devenu le 3% exemplaire cité par DE LORIOL, il 
appartenait à la collection px Luc et était, parait-il, bien conservé, il est peu pro- 
bable que ce soit N. defrancei, nous pensons plutôt que c’est N. posthuma Zitt. 


NERINEA DILATATA ? d'Orb. 
(PI. 34, fig. 7.) 


Voir DE Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 10, pl. A, fig. 13-14. 


DE LORIOL à figuré deux exemplaires sous le nom de N. dilatata. Nous avons 
examiné le type de la fig. 14 et nous avons constaté qu'il n’est pas ombiliqué et 
qu'il ne peut par conséquent pas se rapporter à N. dilatata d'Orb. Le type de la 
fig. 13 n'a pas été retrouvé; s’il a été exactement dessiné, il ne peut être rapporté 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913) 61 


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188 JULES FAVRE 


qu'avec beaucoup de doute à AN. dilatata dont l'angle spiral est beaucoup plus 
grand et dont la base est plus aplatie. 

Nous avons, par contre, retrouvé au Muséum de Genève, dans la collection 
ROGHAT, 2 exemplaires assez mal conservés provenant des anciennes carrières de 


Fig, 55. — Nerinea dilatata. Section axiale. Gross. X 1. 


Monnetier qui peuvent avec plus de certitude être attribués à N. dilatata. Ts ne 
sont cependant pas en assez bon état pour que nous puissions être tout à fait sûr 
de cette détermination (PI. 34, fig. 7 et fig. texte 55). 


PHANEROPTYXIS RENEVIERI ? (de Lor.) 


Nous renvoyons le lecteur à la page 454 où nous avons parlé de cette espèce. 
L'individu figuré par DE LorioL, pl. A, fig. 12, provient bien de l’Infravalanginien 
à Heterodiceras luci, mais il est très douteux qu'il se rapporte au véritable 


P. renevieri. 


CRYPTOPLOCUS DEPRESSUS ? (Volz.). 


Voir ne Lorror, Deser. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 8. 


Tous les échantillons que DE LORIOL à étudiés sont des moules internes qui ne 
permettent plus une détermination exacte puisqu'on connait maintenant plusieurs 
espèces fort voisines qui ne peuvent être différenciées que par les caractères exté- 
rieurs de la coquille. C’est un de ces moules internes que DE LUC a décrit et figuré 
sous le nom de Vis pétrifiée dans le « Journal de Physique », ©. 55, brumaire an 11, 
p. 397, pl. fig. 3. 

Gisement. Anciennes carrières de Monnetier. Ces moules sont donc Infra- 
valanginiens (assise à Heterodiceras luci.). 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 189 


PSEUDONERINEA CLIO (d’Orb.). 


Voir pe Lorior, Descr. des foss. de V'Ool. corallienne, p. 14, pl. B, fig. 1. 


Les exemplaires que DE LORIOL a eus entre les mains et ceux de la collection 
DE LUC proviennent des anciennes carrières de Monnetier, de l’assise à Æeterodi- 
ceras luci de lInfravalangien. Ils différent un peu de la forme typique jurassique 
en ce sens que leurs tours sont très légèrement bombés. 


PROSOPON OXYTHYREIFORME G. (Gremm. 
(PI. 34, fig. 8.) 


1868. Prosopon oxythyreiforme. G. GEmm., Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 1, p. 15, pl. 2, fig. 58 
et pl. 3, fig. 1. 

1897. Prosopon aff. oxythyreiforme. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p.277, 
pl. 8, fig. 12. 

1897. Prosopon oxythyreiforme. Mômoke, Die Crustaceen der stramberger Schichten, p. 57, pl. 6, fig. 10. 


Il existe dans la collection RocHAT, au Muséum de Genève, deux céphalotho- 
rax de Prosopon identiques à celui que GEMMELLARO a figuré loc. cit., pl. 5, fig. 1. 
La seule différence que nous puissions constater est la présence de deux petits sil- 
lons naissant à une petite distance du bord interne des cavités orbitaires et se diri- 
geant en arrière. 

Grisement. Ancienne carrière de Monnetier. 


CONCLUSIONS 


La faune de l’assise à Heterodiceras luci comprend donc les 16 espèces sui- 


vantes : 

Pyrina icaunensis ? (Cott.). Heterodiceras luci (Defr.). 

Rhynchonella corallina Leym. var. neoco- Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. 
miensis Jacob et Fallot. var, alatum de Luc. 

Pecten rochati de Lor. Natica dejanira? d'Orb. 

Lima (Plagiostoma) monetieri n. sp. Nerinea dilatata ? d'Orb. 

Pinnigena saussuri Desh. À Phaneroptyxis renevieri? de Lor. 

Lithodomus luci de Lor. Cryptoplocus depressus ? (Voltz.). 

Corbis salevensis de Lor. Pseudonerinea clio (d'Orb.). 


Diceras escheri de Lor. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm. 


490 


JULES FAVRE 


Parmi elles, les suivantes sont si mal conservées que leur détermination est 


douteuse : 


Pyrina icaunensis ? (Cott.). 
Natiea dejanira ? d'Orb. 
Nerinea dilatata? d'Orb. 


Phaneroptyxis renevieri ? de Lor. 
Cryptoplocus depressus ? (Voltz.). 


Six autres ne sont pas connues ailleurs : 


Pecten rochati de Lor. 

Lima (Plagiostoma) monetiert n. sp. 
Lithodomus luci de Lor. 

Corbis salevensis de Lor. 


Enfin parmi les autres espèces : 
Pinnigena saussuri Desh. 
Pseudonerinea clio (4’Orb.) 


Heterodiceras luci (Defr.). 
Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. 
var, alatum de Luc. 


se retrouvent fréquemment dans les étages supérieurs du Malm. 
Prosopon oxythyreiforme G. Gemm est connu du Tithonique de Sicile et de 


Stramberg et 


Rhynchonella corallina Lieym. var. neocomiensis Jacob et Fallot est signalée 
dans le Crétacé inférieur du SE. de la France. 


2. ASSISE A NATICA LEVIATHAN 


Au Salève, l’assise à Natica leviathan possède une faune qui ne différe pas 
dans son ensemble de celle du Jura. Nous nous bornerons donc à donner la liste 
des espèces qui ont été recueillies sur cette montagne jusqu’à ce jour et à étudier 
plus longuement celles qui présentent un intérêt particulier. 

DE LoORIOL, dans sa Description des fossiles de l'Oolite corallienne, de l'étage 
valanginien et de l'étage urgonien, à décrit les huit espèces suivantes : 


Nerinea favrina P. et C. 
N. marcousana d'Orb. 
N\. funifera P. et C. 


Cerithium ? brotianum de Lor. 


Nous avons en outre recueilli : 


Natica pidanceti Coq. 


Alectryonia tubereulifera (Koch. et Dunk). 


Modiola montmollhini (P. et C.). 
Terebratula valdensis de Lor. 


Natica leviathan P. et C. 
Harpagodes desori P. et C. 
Aporrhais saussureanus de Lor. 
A. valangiensis P. et C. 


T'oxaster granosus d'Orb. 
Plhyllobrissus neocomiensis (Ag.). 
Spirocyclina erratica n. sp. 


enfin 


LA UR e va 


MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 491 


Enfin, M. R. JACCARD, médecin dentiste à Genève, a fait don au Muséum de 
Genève d'une voûte palatine de Pyenodus couloni? Ag. et M. GYSIN, étudiant, nous 
a communiqué un échantillon de Pygurus rostratus Ag. Pour les gisements précis 
de toutes ces espèces, nous renvoyons à la partie stratigraphique de notre mono- 
graphie (p. 332). 

Les deux espèces suivantes, lune nouvelle, l'autre peu connue, méritent 


d'être étudiées. 


SPIROCYCLINA ERRATICA n. Sp. 
(PI. 34, fig. 10-13.) 


Diamètre du plus grand individu . . . SR NP Re le de L OUI 
Epaisseur , » » : Re LA PE CPE CENT LLC US 


Dans le jeune âge et jusqu'à un diamètre de Omn,7 à Omm S environ, cette espèce 
possède un plasmostracum discoïde formé de 6 à S loges disposées en spirale. 
À partir de ce moment, le mode de croissance change complètement; la dernière 
loge du jeune plasmostracum spiralé est recouverte à sa périphérie par des loges 
toujours plus embrassantes qui finissent par se rejoindre à leurs extrémités et à 
entourer complètement la partie centrale spiralée (fig. texte 36 et pl. 34 fig. 13). 
À partir de ce moment, les loges deviennent annulaires, le plasmostracum prend 
alors la forme d’un disque très aplati, rarement plan, mais en général légèrement 


Fig. 56. — Disposition des loges chez Sprrocyclina erralica. Gross. X 10. 


gauche ou ondulé et présentant des côtes concentriques correspondant aux loges 
annulaires. Ces dernières sont au nombre de 16 à 17 pour un individu de 8m de 
diamètre. Le test de cette espèce est arénacé calcaire. Les parois des loges sont 
plus épaisses que le vide qu’elles laissent entre elles, surtout vers la périphérie. Les 
loges ne présentent pas de cloisons proprement dites à leur intérieur, mais comme 


le test est arénacé et muni par conséquent d’aspérités, elles montrent des rétré- 


PRIOR CE" ST RDANENT D 


192 JULES FAVRE 


cissements irréguliers. Nous n'avons pu observer le réseau polygonal constaté chez 
S. choffati Mun. Chalmas, ni les ouvertures de la périphérie du disque. 

Nous n'avons constaté qu'une seule forme chez cette espèce. 

Rapports et différences. Spirocyclina erratica se distingue très aisément de 
S. chofjati Mun. Chalmas. Il est inutile d’insister sur les différences qui séparent 
ces deux espèces. Signalons seulement le caractère qui permet de les distinguer à 
l'œil nu. Les loges annulaires de la seconde espece sont beaucoup plus nombreuses 
et étroites. Ainsi, à un diamètre de 8" l'espèce du Salève compte 16 à 17 loges, 
celle du Portugal une quarantaine. 

Gisement. Cette espèce se rencontre dans une couche marneuse de l’assise à 
Natica leviathan (n° 9 de la coupe fig. 11), en compagnie de Terebratulu valdensis 
de Lor., dans les carrières de Monnetier, sur le versant du Petit Salève où elle est 
assez abondante et sur le versant du Grand Salève où elle est très rare. 

Nombre d'exemplaires : environ 200. 


PYCNODUS COULONI? Ag. 
(PI. 34, fig. 9.) 


Nous figurons ce fragment de palais de Pycnodus afin de le signaler aux 
spécialistes. Il provient de la carrière moyenne de Monnetier. 


LISTE DES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES CONCERNANT 
LA CHAINE DU SALÈVE 


Nous avions l’intention de donner un aperçu historique concernant la géologie 
du Salève; mais comme le nombre des auteurs qui ont parlé de cette montagne est 
considérable, cette étude rétrospective aurait pris des proportions qui ne seraient 
peut-être pas en rapport avec son utilité. C’est pourquoi nous nous sommes bornés 
à donner une simple liste chronologique des ouvrages traitant du Salève. 


= 


. 1779. Saussure (DE), H.-B. Voyage dans les Alpes, vol. 1, chap. 7. Neuchâtel. 

2. 1779. Luc (ne), G.-A. Description de deux coquilles bivalves singulières du Mont Salève 
près de Genève. Dans : De Saussure, Voyage dans les Alpes, vol. 1, p. 192. 

3. 1787. SeneBier. Lettre de M. Senebier aux rédacteurs de ce journal sur les préjugés 

qu'on a contre l'usage du charbon de terre. Journ. Genève, p. 70. 


4. 1794. Anonyme, {ndication de quelques-unes des principales tourbières exploitées ou 
reconnues en France. Journ. Mines, brumaire an 3, vol. 1, n° 2, p. 60. Paris. 
5. 1794. Hassenrrarz. Dans : Mémoire concernant la description minéralogique du dépar- 
tement du Mont-Blanc. Journ. Mines, pluviôse an 3, vol. 1, n° 5, pp. 14 et 17. 
Paris. 
6.1799. Deruc, G.-A. Mémoire sur une vis pétrifiée du Mont Salève. Journ. Phys. 
vol. 49, p. 317. Paris, an 8. 
7. 1800. Berrranp, L. Renouvellement périodique des continents terrestres, pp. 86 et 201. 
Paris, an 8. 
8. 1800. Dezuc, G.-A. Lettre à P. Bertrand. Journ.Phys., vol. 51, p. 253. Paris, an 9. 
9. 1801. Dezuc, G.-A. Mémoire sur le vallon de Monneti et sur les pétrifications qu'on 
y trouve. Journ. Phys., vo!. 52, p. 267. Paris, an 9. 
10. 1802. Beaumoxr, A. Description des Alpes grecques et cottiennes. Part. 1, vol. 2, 
chap. 20, Paris. 
41. 1802. Dezvo, G.-A. Addition au mémoire sur une vis pétrifiée du Mont Salève. 
Journ. Phys., vol. 55, p. 397. Paris, an 11. 
12. 1805. Lamarck (DE), A. Sur la Dicérate, nouveau genre de coquille bivalve. Ann. 
Muséum Hist. nat. vol. 6, p. 298. Paris, 1805. 


ARR ie. D nl à Ne eo) 


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Paris. 

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naturelle des Vers, vol. 2, p. 86. Paris. 

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J Genève et en particulier sur les cailloux calcaires et de grès. Mém. Soc. Phys. 

et Hist. nat. Genève, vol. 5, pp. 89-118. Genève, 

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helv. Sc. nat., 19° session, Lucerne, 1834, p. 93. 

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attribue le transport des blocs erratiques de la Suisse dans su notice sur ce sujet. 
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46. 


47. 


48. 1814 


. 1840. 


. 1540. 
. 1840. 


. 1841. 


. 1841. 
. 1842. 


. 1842. 


. 1842. 


. 1542, 


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1843. 


1843. 


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49 


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51. 


52 


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TT: 
78. 
79. 
80. 
81. 


82. 
83. 
84. 


85. 


86. 
87. 
88. 
89. 
90. 
91. 
92. 
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199. 1904. Reser, B. Une nouvelle stution préhistorique à Veyrier (Haute-Savoie). Rev. 
Ecole Anthropol. Paris. 1904, pp. 196-161. Paris. 

200. 1905. Bussenius, H. Tüerreste a. d. Grotte Aiguebelle am Kleinen Salève. lena. 

204. 1905. Lorioz, (pe), P. Sur quelques Echinides du Mont Salève qui existaient dans la 
collection de Luc et n'ont pas été retrouvés depuis. Notes pour servir à l'étude 
des Echinodermes, sér. 2, fase. 3. Genève. 


PA LORIE - 


DE 


202. 


203. 


204. 


205. 


206. 


207. 


208. 


209. 


210. 


241. 


212. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 503 


1905. Macnacer, K. Der Schweizer Jura. Versuch einer geomorphologischen Mono- 
graphie. Perermanss Mitteilungen, Ergänzungsheft n° 150, pp. 2, 22, 32, 
Gotha. 

1907. Kirax, W. Dans: Frec. Lethaea geognostica. Teil 2. Das Mesozoicum. Bd. 3 
Kreide. 1 Abt.: Untere Kreide (Palaeocretacicum). Stuttgart. 

1909. Jourowsky, E. et J. Favre. Sur la position stratigraphique des couches à Hete- 
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1910. Douvirk, H. Heterodiceras luci Defr. Palaeontologia universalis (3), fase, 15, 
feuilles 173, 173 &, 173 b. 

1910, Révu, J. Géologie des chaînes jurassiennes et subalpines de la Savoie. Mém. 
Acad. Sc. Belles Lettres et Arts Savoie, (5), vol. 1, pp. 472-473, 561, 563. 
Chambéry. 

1911. Kizrax, W. Sur « les seuils de débordement » glaciaires et sur une phase impor- 
tante dans la succession des oscillations glaciaires dans les Alpes françaises. 
Bull. Soc. géol. France (4), vol. 11, p. 33. Paris. 

1911. Kirrax, W. Contribution à l'histoire de la vallée du Rhône à l'époque pléistocène. 
Le défilé de Fort-de-l Ecluse (Ain). Zeitschr. Gletscherkunde, Bd, 6, p. 31. 
Berlin. 

1912. Joukowsky, E. et Jures Favre. Note préliminaire sur la tectonique de la partie 
orientale de la chaîne du Salève. Arch. Sc. phys. et nat. (4 période), vol. 33, 
p. 535. Genève, 

1912. Scuexk, À. La Suisse préhistorique. Le Paléolithique et le Néolithique, pp. 111 
à 123, 376-379. Lausanne, 

1913. Kirrax, W., Réviz, J., Leroux, M. Histoire de la dépression du lac d'Annecy à 
l'époque pléistocène. Bull. Soc. géol. France (4), vol. 13. Compte rendu som- 
maire des séances, 2 juin, 1913, p. 106. Paris. 

1913. Jacor. C. et E. Facror. Etude sur les Rhynchonelles portlandiennes, néoco- 
miennes et mésocrétacées du Sud-Est de la France, p. 50. Mém. Soc. paléontol. 
suisse, vol. 39. Genève. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 63 


504 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS D’UNE FAÇON ABRÉGÉE 


AU COURS DE LA MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 


Arrx (von), A. Die Versteinerungen des nizniover Kalksteines. Beitr. zur Palaeontol. und 
Geol. Oesterreich-Ungarns, Bd. 1. Wien, 1882. 

Bayan, KE. Observation sur les « Etudes faites dans la collection de l’Ecole des Mines sur 
des fossiles nouveaux où mal connus». Bull. Soc. géol., France, (3), vol. 1. 1872-1873, 
p. 196. Paris, 1873. 

BayLe, E. Observations sur quelques espèces du genre Diceras. Dans: K. Bayan. Ætudes 
failes duns la collection de l'Ecole des Mines sur des fossiles nouveaux où mal connus. 
Paris, 1873. 

Biaor, A. et M. Marre. Catalogue critique de la collection Defrance, conservée au Musée 
d'hustoire naturelle de Caen. Bull. Soc. linn. Normandie, (5), vol. 6, année 1902, p. 192. 
Caen, 1903. 

BLascake, KE. Zur Tithonfauna von Stramberg in Mähren. Ann. k. k. nat. Hofmuseum. 
Wien, 1911. 

Bogam, G. Die Bivalven der Schichten des Diceras münsteri (Diceraskalk) von Kelheim. 
Zeitsch. deutschen geol. Gesellsch. Jahrg, 1881, Berlin. 1881. 

Bogum, G. Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes. Abt. 2. Bivalven. Palaeontographica, 
Bd. 28. Cassel, 1882. | 
Bogau, G. Ueber die Beziehungen von Pachyrisma, Megalodon, Diceras und Caprina. 

Zeitsch. deutschen geol. Gesellsch., Jahrg. 1882. Berlin, 1882. 

Bogum, G. Die Bivalven der stramberger Schichten. Palacontographica, Suppl. 2, Abt. 4. 
Cassel, 1883. 

Born, À. und Loriké, J. Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes. Abt. 3. Échinoideen, 
Palacontographica, Bd. 31. Lief. 3-4. Cassel, 1885. 

Brauns, D. Der obere Jura im norduwestlichen Deutschland. Braunschweig, 1874. 

Brortr, K. Ueber die Fauna der Orbitolinen führenden Schichten der untersten Kreide in 
der Krim. Abhandl. math.-phys. Classe bayerischen Akad. Wissensch., Bd. 21. 
München, 1902. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 0) 


BaüsauLen, R. Beitrag zur Kenntnis der Gastropoden des schwäbischen Jura. Palaconto- 
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Cossmanx, M. Essais de paléoconchologie comparée. Paris, 1895-1912. 

CossManx, M. Contribution à la paléontologie française. Etudes sur les ('astropodes des ter- 
rains jurassiques. Opistobranches. Mém. Soc. géol. France. Paléontologie, vol. 6, 
mém, 14. Paris, 1896. 

Cossman, M. Contribution à la paléontologie française des terrains jurassiques. Gastro- 
podes : Nérinées. Mém. Soc. géol. France. Paléontologie, vol. 8, mém. 19. Paris, 1898. 

Correau, G. Paléontologie française. Terrain jurassique, vol. 9, Échinides wréquliers, et 
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Correau, G. Les Echinides des couches de Stramberg. Palaeontographica, Suppl. 2, Abt. 5. 
Cassel, 1884. 

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Denincer, K. Die mesozoischen Formationen auf Sardinien. Neues Jahrb. f. Mineral. Bei- 
lage Bd. 23, pp. 435-473. Stuttgart, 1907. 

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GEMMELLARO, G. G. Nerinee della ciaca dei dintorni di Palermo. Giornale di Se. nat. ed 
economiche, vol. 1. Palermo, 1865. L 


GEMMELLARO, Gr. G. Study paleontologici sulla fauna del caleare a Terebratula Janitor del 
nord di Sicilia. Palermo, 1868-1876. 


GEMMELLARO, G. ed À, p1 BLasr. Pettini del Titonio inferiore del nord di Sicilia. Atti Accad. 
Scienze, Lettere, Belle arti Palermo. Vol. 9. Palermo, 1874. 


Gozpeuss, À. Petrefacta Germaniae. Dusseldorf, 1826-1844. 

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Kia, W.et Lorv, P. Notices géologiques sur divers points des Alpes françaises. Trav. 
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506 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Krumgeck, L. Die Brachiopoden- und Molluskenfauna des Glandarienkalkes. Beiïtr. zur 
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1867. 


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landien du département de l'Yonne. Bull. Soc. Sc. hist. et nat. Yonne, année 1867, vol. 
21. Auxerre, 1868. 


LorroL (pe), P. Monographie paléontologique des couches de la zone à Ammonites tenuilo- 
batus de Baden (Argovie). Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 5 (1878). Genève, 1878. 


Lorioc (pe), P. Monographie paléontologique des couches de la zone à Ammonites tenuilo- 
batus d'Oberbuchsitten et de Wangen (Soleure). Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 8 
(1881). Genève, 1881. 


Lorior (pe), P. Paléontologie française. Terrain jurassique, vol. 11. Paris, 1882-1889. 

Lorior, (pe), P. Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Valfin (Jura). Mém. 
Soc. paléontol. suisse, vol. 13-15. Genève, 1886-1888. 

Lorioz (pe), P. Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes inférieures du Jura 
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LorioL (pe), P. Description de la faune jurassique du Portugal. Embranchement des Echi- 
nodermes. Commission Travaux géol. Portugal. Lisbonne, 1890-1891. 


Lorror (pe), P. Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, sér. 1, fase. 9 et sér. 2, fase. 1 
et 3. Genève, 1901-1905. 


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Mogricke, W. Die Crustaceen der Stramberger Schichten. Palacontographica, Suppl. 2. 
Abt. 6. Stuttgart, 1897. 


Munier CuaLuas. Dans: Hégerr. Examen de quelques points de la géologie de la France 
méridionale. Bull. Soc. géol. France, (2), vol. 27, 1869-1870, p. 107. Paris, 1870. 


Munier Cuarmas. Etudes critiques sur les Rudistes. Bull. Soc. géol. France, (3), vol. 10, 
1881-1882, p. 472. Paris, 1882. 


Muxsrer, G. Beiträge zur Petrefactenkunde. Bayreuth, 1839-1846. 


Nec, B. Fossili titonici del monte Judica nella provincia di Catania. Bull. Soc. geol. ita- 
liana, vol. 18, fase. 1. Florence, 1899. 


Noeruiwe, KE. Der Jura am Hermon. Stuttgart, 1887. 


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podes rauraciens et séquaniens. Bull. Soc. Sc. hist. et nat. Yonne, vol. 59, année 1905. 
Auxerre, 1906. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 307 


Perers, K. FE. Die Nerineen des oberen Jura in Oesterreich. Sitzungsber. mathem. naturw. 
Classe d. k. Akad. Wiss., Bd. 16, Jahrg. 1855. Wien, 1855. 

Picrer. F.-J. Traité de paléontologie. Genève, 1844-1846. 

Picrer. K.-J. Etude provisoire des fossiles de la Porte de France, d'Aizy et de Lémenc. Dans: 
Mélanges paléontologiques, vol. 1. Genève, 1863-1868. 


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vol. 20. Venezia, 1878. 


Quexsrepr, A. F. Handbuch der Petrefaktenkunde. Tübingen, 1852. 
Quexsrepr, K. A. Der Jura. Tübingen, 185$. 


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k. geolog. Reichsanstalt, 1899, Bd. 49, Heft 2. Wien, 1899. 


Remes, M. Nachträge zur Fauna der stramberger Schichten. 4. Ueber Bivalven der stram- 
berger Schichten. Beitr. zur Palacontol. und Geol. Oesterreich-Ungarns. Bd. 15. Wien, 
1903. 


Reues. M. Nachträge zur Fauna von Stramberg. 6. Crinoiden-, Asteriden- und Echinoi- 
denreste aus dem Weissenkalkstein von Stramberg. Beitr. zur Palacontol. und Geol. 
Oesterreich-Ungarns. Bd. 18. Wien, 1905. 


RemeS, M. Nachträge zur Fauna von Stramberg. 8. Ueber Gastropoden der stramberger 
Schichten. Beitr. zur Palaeontol. und Geol. Oesterreich-Ungarns, Bd. 22, Heft 2. Wien, 
1909. 

Rozurrer, L. Fossiles nouveaux où peu connus des terrains secondaires du Jura et des con- 
trées avoisinantes. Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 38, (1912). Genève, 1912. 


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Univ. Lyon, 1897. Lyon, 1897. 

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Hist. nat. Savoie, (2), vol. S, 1902. Chambéry, 1903. 

Savix, L. Revision des Echinides fossiles du département de l'Isère. Bull. Soc. Statistique 
Isère, (4), vol. $, 1905. Grenoble, 1905. 

ScxLosser, M. Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes. Abt. 1. Vertebrata, Crustacea, 
Cephalopoda und Grastropoda. Palaeontographica, Bd. 28. Lief. 2. Cassel, 1882. 

SouLosser, M. Die Brachiopoden des kelheimer Diceras-Kalkes. Palaeontographica, Bd. 28, 
Lief. 4. Cassel, 1882. 

SIMIONESCU, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lamelibranchiatele, Gastero- 
podele. Brachiopodele si Echinodermele din paturile jurasice dela Harsova. Acad. 
romana, n° 25. Bucarest, 1910. 

Suess, E. Die Brachiopoden der stramberger Schichten. Dans: F. Haver, Beiträge zur 
Palaeontographie Bd. 1, Heft. 1. 1859. 

Trisozer (pe), M. Notes sur les Nérinées et les travaux récents dont elles ont été l'objet. 
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Vacerre, À. Æevision des Echinides fossiles de l'Yonne. Bull. Soc. Se. hist. et nat. Yonne, 
vol. 60, année 1906. Auxerre, 1907. 

Vacerre, À. Etude sur la formule porifère d'un certain nombre d'Echinides réguliers. Bull. 
Soc. Sc. hist. et nat. Yonne, année 1905, vol. 39. Auxerre, 1906. 


NE PP RRE" 


08 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Verres, H. Die Fauna der Juraklippen zwischen Donau und Thaya. Die Tithonklippen 
von Niederfellabrunn. Beiträge zur Palaeontol. und Geol. Oesterreich-Ungarns, Bd. 17. 
Wien, 1905, 

Zæuscuxer, L. Geognostische Beschreibung des Nerineenkalkes von Inwald und Roczyny. 
Naturwiss. Abhandl. herausg. von Haiïdinger, Bd. 3. Abt. 1. Wien, 1849. 

Zeuscuner, L. Palueontologische Beiträge zur Kenntnis des weissen Jura-Kalkes von 
Inwald bei Wadowice. Prag, 1857. 

Zxrrez, K. A. Die Gastropoden der stramberger Schichten. Palaeontographica, Suppl. I. 
Abt. 3. Cassel, 1873. 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 


509 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 


BAUMBERGER, E. 334, 335, 
337, 342. 

BLasi (1), A. 399. 

Boum, G. 400, 402, #10, 
hA4, 417. 429, 484. 

BounGear (Abbé). 303, 304, 
310. 

BRoNGNIART, A. 356. 

BRuckNER, E. 352. 

Cuorkar, P. 310, 318. 

CossMaANN, M. 43%, 437, 448, 
450, 455, 462, 464, A7S. 

CoTTEAU, G. 389. 

Docvicsé, H. 414, 417, #19 

Douxam, H. 345, 346, 348. 

Fazcor, E. 481. 

FAVRE, A. 305, 324, 395, 
328, 329, 334 à 337, 341, 
34, 346, 350, 355, 356, 
363, 385, 484. 

GAUTHIER, E. F. 390. 

GEIGER, P. 447. 

GEMMELLARO, G. 399, 410, 
127, 4929, 451, 458. 


GirARDoT, A. 318. 

HauG, E. 342. 

HoLLandEe, D. 323. 

Jacos, Ch. 481. 

KiLtaN, W. 352, 9393, 356, 
383, 477. 

Kogy, F. 328. 

Leroux, M. 383. 

LorioL (be), P. 328, 332, 336, 
339, 340, 344, 384 à 394, 
398, 402, 407, 431, 432, 
154, 480 à 483, 487, 488. 

Lory, C. 363. 

Luc (DE), G. A: 327, 333, 
381, 392, 480, 483, 486, 
488. 

Luc (be), J. A. 355. 

LuGeoN, M. 381 à 383. 

MaizLarD, G. 318 à 325, 345 
à 347, 350, 358, 372, 374 
à 379, 382. 

MATHERON, P. 455. 

MonriLLer (DE), G. 356. 

Munier CHaLmas. 417, 486. 


Ooster, W. A. 404, 4923. 

ORBIGNY (D°), A. 448,450,456. 

PaouiEr, V. 413, 414, 419. 

PERRON, C. 295, 297. 

Peters, K. F. 445. 

PicTeT, F. J. 397. 

QuexsrenT, F. A. 400. 

ReMEs, M. 401, 402, 429. 

REvIL, J. 303, 304, 323, 335, 
383. 

RiaZ (DE), A. 303. 

Rozuier, L. 421 à 493. 

Romax, F. 434, 451. 

SANDBERGER. F. 477. 

SAUSSURE (DE), H. B. 328, 
333, 483. 

ScHaRDT, H. 335, 337, 349, 
344, 358, 372, 379, 379. 

SCHAUDEL, L. 351. 

Suess, E. 395, 396. 

Vorrz, P. L:.462. 

ZeuscaxER, L. 395. 

ZiTTEL (VON), K. A. 430, 434, 
h4A, 445, 451, 462. 


10 E. 


INDEX 


Abergement (l). 348, 351, 
358, 359, 372 à 374. 

Ahlem. 476. 

Aiguebelle. 310, 313 à 318, 
322, 356, 472 à 478. 

Aiguilles Rouges. 354. 

Ain (département de l). 304, 
305. 

Allonzier. 344, 3358, 
DD 022983. 

Ambléon. 415. 

Andilly. É 

Annecy. 333, 379, 383. 

Arc (passage de l). 316, 347, 
478. 

Archamps. 351. 

Archamps (paroi d'). 310,314, 
316,921, 227, 333. 

Arcine. 323. 

Arolla. 353. 

Arve. 352, 381. 

Arzier. 335, 337. 

Avinières. 344, 372, 373. 

Balme (montagne de la). 345, 
347, 358, 399, 377, 870. 

Balme (Petite). 324. 

Balme (rochers de la). 394, 
397, 398, 416. 

Balme de Sillingy. 321, 322. 

Beaumont. 370. 

Beauregard. 297. 

Beulet (le) 300. 

Bornes (les). 354 à 357, 381. 

Bossey. 450. 

Bouillette (la). 368. 

Boulonnais. 480. 

Brandaz. 371. 

Bücherons (sentier 
des). 410, 362. 


375, 


inférieur 


JOUKOWSKY ET J. 


Bücherons (sentier supérieur 
des). 316, 317, 347, 348, 
472, 478. 

Biolay. 383. 

Caille. 374, 375, 382. 

Caille (cluse de la). 341, 3524, 
373, 383. 

Caille (montagne de la). 
359, 376, 383. 

Caille (pont de la), 275. 

Canapé. 309. 

Carpathes. 484 

Cernex. 352. 

Châble de Genevard. 
369, 380, 381. 

Chailles (Cluse de). 335. 

Charly. 3952, 

Charvonnex. 383. 

Chatillon. 353. 

Chaumont. 323. 

Chavardon, 308, 367, 390, 
394 à 397, 402, 404, 407, 
LA3, 416, 425, 4928, 431, 
L3h, 437, 441, 443, LG, 
LES, 451, 453 à 456, 459, 
461, 465, 481. 

Cheminée Margot. 365. 

Chêne (le). 349. 

Chêne-Bourg. 297. 

Chenex. 348. 

Chez Blondin. 349. 

Chez Cocu. 359. 

Chez Fumel. 345. 

Chez Jouvenet. 373, 374. 

Chez Roux. 347. 

Clarnant. 344. 

Coin (le). 303, 351, 359, 363, 
364, 368, 396, 398, 431, 
LAT, 465. 


357, 


368, 


FAVRE 


ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS 


Convers. 371. 

Corniche (sentier de la). 309, 
321, 366. 

Corraterie. 341. 

Cressier. 342. 

Crêt à la Dame. 344, 358, 
359, 375, 377, 382. 

Crevin. 355, 356. 

Croisette. 348, 351, 355, 356, 
367, 368, 380. 

Croix (la). 351, 362, 

Crotte (la). 382. ? 

Cruseilles. 344 à 348, 352, 
357 1, 359,1 3724374, 
380, 383. 

Cuvat. 383. 

Détroit (Petit). 310. 

Echaillon. 310, 468, 469. 

Echelle de Jacob. 341. 

Emollières. 353. 

Eperon (de la Varappe). 305. 

Ertes (les). 353. 

Esery. 354. 

Essert. 344, 349, 355. 

Etiollets. 300 à 303, 367, 395. 

Etiollets (Hautdes). 305, 308, 
387 à 406, 410, 413, 416, 
L23 à 4492, 448, 451, 453 
à 456, 459, 461 à 465. 

Etournelles. 306, 310 à 317, 

72, 477, 478. 

Etrembières. 356, 357. 

Evorse. 308, 309, 321, 327, 
332, 442, 459, 465, 

Faverge. 348. 

Féchy. 353, 373. 

Feu (le). 367. 

Feuillet. 365. 

Fier. 357,398, 377, 382, 383. 


Mol hs 4 it slt 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 511 


Filière (la). 383. 

Foncine. 322. 

Fort Ste-Catherine. 297. 

Gaillard. 356. 

Genève (plaine de). 357. 

Genevois. 342. 

Grande Gorge. 308, 309, 321, 
324, 325, 336, 341, 348, 
351, 361 à 366, 380, 381. 

Grande Gorge (bas de la). 
385, 387, 390, 394 à 398, 
401, 402, 410, 416, 493, 
4926, 430, 433, 435, 439, 
443 à 446, 450, 455, 459, 
463, 465. Ç 

Grange Gros. 297. 

Grange Passey. 363. 

Grillet (plateau du). 348. 

Hanovre. 479, 480. 

Haute-Marne. 479, 480. 

Hauterive. 337. 

Hôpital (ferme de l'). 351. 

Isère (département de l’). 323. 

Joie (la). 347, 349, 253, 354, 
382. 

Jura. 342. 343. 

Jura (département du). 30%, 
305. 

Jura central. 322, 334, 349, 
355, 378. 

Jura méridional. 303, 304, 
322, 323, 349, 355, 378, 
#69. 

Jura neuchâtelois. 351. 

Jura savoisien. 304, 305, 335. 

Jussy (près Mont de Sion). 
3952, 373. 

Jussy (près Pomier). 356, 370. 

Kelheim. 468 à 471. 

Landecy. 297. 

Languedoc. 467 à 471. 

Leclerc. 373. 

Loup (pont du). 355. 

Lovagny (coteau de). 347, 
358, 359, 377, 383. 

Mandalaz. 359, 376, 380. 

Menthonnex-en-Bornes. 297. 

Merry-sur-Yonne. 450. 

Mikerne, 355. 

Molliets (les), 353. 


Moneti. 333. 

Monnetier. 325, 354, 355, 
358, 361 à 363, 380 à 383. 

Monnetier (carrières de). 32%, 
327 à 329, 331 à 333, 383. 
393, 423, 480, 482, 483, 
K87 à 189, 492. 

Monnetier (château de). 325, 
361. 

Monnier (Bois de). 467. 

Mont de Sion. 347, 350, 352, 
393, 399. 

Mont du Chat. 304. 

Mont Gosse. 346, 354. 

Monthoux. 355. 

Mormont. 378. 

Mornex. 346, 348, 356. 

Mornex (Bas). 346, 356. 

Moulin Dunant. 354. 

Mule (gorge de la). 308, 318 à 
322, 365, 378, 380, 397, 
L07, 410, 429, 439 à 449, 
K45, 449, 452, 453, 459, 
164, 465, 478. 

Muraz (la). 297, 359. 

Mure (la), voir la Muraz. 

Murles. 467. 469. 

Néplier (Roc de). 375, 383. 

Neuchâtel. 324, 337, 340. 

Neuchâtel (lac de). 335. 

Nizniow. 480. 

Noiret (le). 374. 

Nozeroy (Plateau de). 335. 

Ollières (les). 383. 

Orjobet. 363, 367. 

Orjobet (grotte d’). 321. 

Oyonnax. 448. 

Palavet. 366, 380. 

Pas-de-l'Echelle. 303, 325, 
390, 392, 395, 397, 399, 
401. 

Petite Balme. 321. 

Petite Gorge. 337, 338, 348, 
361, 364, 380, 397, 410. 

Petites Croix. 370. 

Pierre Longue, 325. 

Pile (la). 355. 

Piton (Grand). 357. 

Pitons (les). 353, 357, 359, 
367, 368, 372. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 


Plan (Pointe du). 355, 370, 
371, 382. 

Plateau suisse. 357. 

Plot (le). 383. 

Point 814. 297. 

Pomier. 303, 317, 321, 355, 
358, 372, 380. 

Pont des Petits Bois. 373. 

Pont-Notre-Dame. 356. 

Poupée (la). 321, 364. 

Praz Foraz. 348. 

Praz Penaz. 348. 

Présillv. 352. 

Ronzier. 349, 333, 373, 374. 

Rossy. 344. 

Russille (la). 343, 34%. 
Saint-Blaise. 350, 352, 356, 
373. ; 
Saint-Martin (nant de). 374, 

383. 

Sainte-Croix. 337. 

Salève (Grand). 327, 441, 
351, 354 à 363, 366, 378, 
380, 477, 479. 

Salève (Petit). 297, 314, 327, 
31, 346, 353, 354, 357, 
359, 361, 366, 479. 

Sappev. 344. 

Sarrot. 332, 366, 380, 435, 
156. 

Saut-Gonel. 308, 309, 348, 
364 à 367, 378 à 381, 
397, 439, 445, 459. 

Savoie. 348. 

Scie (Aiguille de la). 365. 

Sicile. 467 à 471, 490. 

Sierne. 356. 

Silan. 415. 

Sillingy, 321, 322, 353, 358, 
359, 377 à 380, 383. 

Sources (les). 356. 

Sphinx. 308, 439, 442, 449, 
450, 465. 

Sphinx (Portail du), 365, 366. 

Stramberg. 467 à 471, 484, 
490. 

Table (grotte de la). 310. 

Thuile (la). 356, 370. 

Tolav. 383. 

Tour aux Milans. 363, 


64 


512 


Tour des Pitons. 297. 
Tourches (les). 347. 


Traversière (sentier de la). 


327, 333. 


Treize-Arbres, 351, 361, 362. 
Treize-Arbres (chemin des). 


325, 480. 
Troinex. 353, 373. 
Trou de la Tine. 365, 366. 
Trou du Chat. 366. 


Usses (les). 350, 353, 354, 
357, 374 à 476, 382, 383. 


Valais. 352, 353. 


( 


JOUKOWSKY ET J. 


Vallin. 414, 162, 464, 468, 
k70, 471. 

Varappe. 300, 303, 306, 314 
à 317, 321, 322, 326 à 
339, 366, 380, 397, 447, 
472, 477, 478. 

Varappe (Grande). Voir Va- 
rappe. 

Vernay (le). 297. 

Verne (le). 297. 

Vevrier. 325, 356, 362, 363. 

Veyrier (montagne de). 379. 

Viaison. 353 à 395. 


FAVRE 


Villers-le-Lac. 335, 337. 

Voiry. 373, 383. 

Voûtes du Petit-Salève, Voir 
Voütes inférieures. 

Voûtes inférieures (sentier 
des). 321, 325, 472, 477. 

Vovray-en-Bornes. 349. 

Vuache (le). 322, 323, 335, 
337, 342, 379. 

Wimmis. 423, 484. 

Yonne. 392, 479, 480. 


sil 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE )13 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES FOSSILES ! 


Acanthodiseus radiatus (Brug.). 
340. 

Acrosalenia  patella (Ag.). 
329, 332. 

Aclaeon slaszycii Zeuschner. 
452. 
Acropellis  aequituberculata 
Ag. 307, 394, 467, 470. 
Aclaeonina fr. acula d’Orb. 
310. 

Actaeonina amyqdaloides Zi. 
433. 

Aclueonina  picteli Roman. 
433. 

Alectryonia hastellata (Sch- 
loth.). 307, 398, 467, 470. 

Alectryonia rrectangularis 
(Rœm.). 335 à 337. 

A lectryonia tuberculifera (Koch 
et Dunker). 331, 332, 490. 

Amauropsis florae (de Lor.). 
472, 479. 

Amauropsis fourneli (Guir. et 
Og.). 307, 434, 471. 

Ammoniles  cryploceras de 
Lor. 340. 

Ammoniles vandeckii de Lor. 
340. 

À mpullina hemispherica(Rwm.). 
317, 472, 479. 

Aphanoptyris Cossm. 476. 

Aphanoptyxis nodosa (RϾm.). 
476, 480. 

Aphanoplyxis pseudoexcavata 
(de Lor.). 476, 480. 


Aphanoplyxis sirius (d'Orb.). 
476. 

Aphanoplyxis variabilis n. 
Sp. 013,317 475 "279; 
480. 

Aporrhais saussureanus de 
Lor. 332, 490. 

Aporrhais valangiensis P. el 
C. 332, 490. 

Apricardia Guér. 41%. 

Aplyæiella Fischer. 46%. 

Aptyxiella  rustica n. sp. 
307, 308, 463, 166, 467, 
471. 

A plyxiella sexcostata (d'Orb.). 
164. 

Arca censoriensis Cott. 405. 

Arca cornueliana d'Orb. 344. 

Arca dupiniana d'Orb. 344. 

Area gracihicoslata n. sp. 307, 
404, 167, 470. 

Arca marullensis d'Orb. 344. 

Arca subleres de Lor. 405. 

Arca lerebrans Buv. 405. 

Arca lerana Quenst. 405. 

Arca uhligi G. Bæœbm. 405. 

Aspidoceras cyclotum (Opp.). 
467. 

Aspidoceras longispinum (Sow.). 
k67, 468. 

Astarte studeri (de Lor.). 
307, 423, 470. 

Aslieria Pavlow. 337. 

Barbatia gracilicostata n. sp. 
307, 404, 467. 


Belemnites  diceralinus Et. 
307, 308, 465, 466, 471. 

Belemnites dilatatus Blainv. 
340. 

Belemniles ensifer Opp. 467. 

Belemnites_ pistilliformis 
Blainv. 340. 

Belemniles semisulcatus Münst. 
165. 

Belemnites cfr. semisulcatus 
Münst. 465. 

Belemniles Lithonius Opp. 467. 

Berriasella callisto (d'Orb.). 
467. 

Berriase!la privasensis (Pict.). 
467. 

Brachytrema Morr. et Lye. 
437. 

Brachytrema filigranumn.sp. 
307, 438, 467, 471. 

Brachytrema strambergense 
Remes. 438. 

Brachytrema  superbum Zi. 
138. 

Cardita studeriana de Lor. 
386. 

Cardium  corallinum Leym. 
385, 421. 

Cardium corallinum Leym. 
var. alatum de Luc. 328, 
421, 186, 489, 490. 

Cardium  corallinum Leym. 
var. buvignieri Desh. 421. 

Cardium  corallinum Levm. 
var, cochleatum Quenst.421. 


! Les chiffres en caractères gras indiquent les espèces décrites ou dont il est fait une mention spéciale, 


o14 


Cardium  corallinum Leym. 
var. valfinense (Rollier). 
307, 308, 421, 466, 470. 

Cardium  corallinum Leym. 
var. #wimmisense (Rollier). 
21. 

Cardium subhillanum Leym. 
340. 

Cerithium sp. 346. 

Cerilhium ? brotianuwm de Lor. 
332, 490. 

Cerithium involvens Zitt. 435. 

Cerilhium monetierense de Lor. 
385, 487. 

Cerithium nodosostriatum Pe- 
ters. 385, 438. 

Cerithium salevense de Lor. 
386, 440. 

Cerithium septemplicatum 
Rœm. 473. 

Ceromya excentrica (Rœm.). 
304. 

Chama L. &A7. 

Chama speciosa Münst. 407. 

Chara jaccardi Heer. 316. 

Chara sp. 312 à 316, 318, 
321 à 3923. 

Chemnitzia  flexicostuta Zitt. 
433, 

Chorisasbrea glomerata Koby. 
328. 

Cidaris carinifera Ag. 307, 
386, 387, 470. 

Cidaris cornifera Ag. 344. 

Cidaris  glandifera  Münst. 
301, 302, 303, 387. 

Cidaris pretiosa Desor. 336. 

Cidaris  punctalissima Ag. 
340. 

Codiopsis Ag. 468. 

Codiopsis hoheneggeri de Lor. 
392. 

Codiopsis lorini Cott. 307, 
394, 468, 470. 

Codiopsis pilleti Cott. 392. 

Collyrites ovulum  (Desor). 
340. 

Columbellina oppeli(Et.). 440. 

Columbellina picteti (&. Gemm). 
440, 


JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


Corbis salevensis de Lor. 328, 
385, 483, 189, 490. 

Corbis valfinensis de Lor. | 
307, 308, 406, 466, 470. 

Corbula forbesi de Lor. 313, | 
317, 479, 479. 

Corbula inflexa Rœm. 472, 
k79. 

Crioceras duvali Lév. 340. 

Cryploplocus P. et C. 449. 

Cryploplocus depressus(Noltz). 
307, 328, 464, 471, 488 à 
490. 

Cryploplocus excavatus n. sp. 
307, 463, 467, 471. 

Cryptoplocus succedens  Zitt. 
307, 462, 471. 

Cylindrites sp. 347, 477, 479. 

Cyprina  brongniarti Rœm. 
310. 

Cypris sp. 312, 313, 316, 
322, 479. 

Cyrena rugosa (Sow.). 310. 

Desorella icaunensis (Cott.). 
385. 

Diatinostoma nodosostriata 
(Peters). 439. 

Diceras Lm. 414, 417 à 491. 

Diceras affine G. Gemm. 420. 

Diceras arietinum Lm. 418. 

Diceras  beyrichi G. Bæhm. 
109, 410, 420. 

Diceras bourgeati de Lor. 414. 

Diceras buvignieri Bayle.418. 

Diceras cotteaui Bayle. 410. 

Diceras escheri de Lor. 328, 
385, 410, 418, 483, 489. 

Diceras kobyi de Lor. 418. 

Diceras luci Defr. 324, 385, 
184. 

Diceras luci G. Bœhm., var. 
communis G. Bœhm. 484. 

Diceras luci G. Bœhm. var. 
mirabilis G. Bœhm. 484. 

Diceras luci G. Bœhm. var. 
ovalis G. Bæhm. 484, 485. 

Diceras moreaui Bayle. 418. 

Diceras sinistrum Desh. #10. 

Diceras sinuatum G. Gemm. 
420. 


Diceras speciosum Münst. 306 
à 308, 333, 407, 470. 

Diceras speciosum Münst. var. 
aequivalvis G. Bæhm. 407. 

Diceras speciosum Münst var. 
inaequivalvisG.Bæhm. 407, 
420. 

Diplopodia aroviensis de Lor. 
390. 

Discotectus n. subgen. 426. 

Discotectus massalongoi (G. 
Gemm.). 307, 426, 427, 
474. 

Dilremaria carinata Zit. var. 
elegans n. var. 307, 425, 
267, 470. 

Dilremaria hermillei de Lor. 
424. 

Ditremaria salevensis n. sp. 
307, 424, 167, 470. 

Ditremaria striata Zitt. 425. 

Ditretus consobrinus n. sp. 
308, 439, 466, 467, 471. 

Ditretus migrans (Zitt.). 487. 

Ditretus nodosostriatus (Pe- 
ters). 306 à 308, 438,166, 
171, 486. 

Ditretus salevensis (de Lor.). 
307, 440, 471. 

Duvalia dilatata 
340, 343. 

Duvalia ensifer (Opp.). 467. 

Duvalia tithonia (Opp.).467. 

Echinobrissus olfersii (Ag.). 
340. 

Echinobrissus aff. placentula 
(Desor.). 343. 

Echinobrissus  salevensis 
Lor. 307, 392, 470. 

Enallaster oblonqus (Brongn.). 
344, 345. 

Eudesia semistriala (Defr.). 
340. 

Eulima amphora d'Orb. 434. 
Eunaticina quirandi de Lor. 
307, 434, 432, 467, 471. 
Eunaticina  helerostriala n. 
sp. 307, 432, 471. 
Eustoma  nodosostriata 

ters). 438, 


(Blainv.). 


de 


(Pe- 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU 


Eustoma salevense (de Lor.). 
#40. 

Exelissa septemplicata (Rwm.). 
313, 317, 473, 479, 480. 
Errelissa supracostala (Buv.). 

473. 

Exogyra couloni (Defr.). 340. 

Exogyra virqula (Goldf.).30#, 
168. S 

Goniopyqus pellatus Ag. 34%. 

Gymnocerithium (?) inrolvens 
(Zitt.). 308, 435, 466, 
K71. 

Gyropleura H.Douv.#19,420. 

Harpagodes desori (P. et C.). 
332, 490. 

Harpagodes prlagi (Brongn.). 
344, 345. 

Hemicidaris stramonium Ag. 
307, 389, 470. 

Heterodiceras Mun. Uhalm, 
326, 409, 414, 417, 420, 
69. 

Heterodiceras  luci  (Defr.). 
325, 327 à 335, 480, 484, 
489, 490. 

Heterodiceras 
Chalm. 486. 

Heterodiceras 
Chalm. 486. 

Hiboliter  diceratinus (Et). 
307, 308, 465, 466, 471. 

Hibolites pistilliformis (Blair). 
340. 

Hinnites (?). 404. 

Holaster intermedius(Münst.). 
340. 

Holcodiseus intermedius (d'0rb.) 
340, 343. 

Holcostephanus  astierianus 
(d'Orb.). 340. 

Holcostephanus pronus (Opp.). 
167. 

Holectypus macropyqus (Ag). 
340. 

Hoplites callisto W'Orb.). 167. 

Hoplites castellanensis (d'Orb.\. 
340. 

Hopliles clypeiformis (d'Orb.). 
340, 


oosleri Mun. 


zillelhi Mun. 


Hoplites leopoldinus (d'Orb.). 
340. 

Hoplites microcanthus (Opp.). 
467. 

Hoplites pexiplychus Neum. 
et Ublig. 467. 

Hoplites privasensis  (Pict.). 
467. 

Hoplites 
340. 

Hoplites salevensis Kil. 340, 
343. 

Hypelasma Paq. 414, 419, 
420. 

Hypelasma colloti Paq. 469. 

Isoarca cfr. eminens Quenst. 
307, 405, 470. 

Isocardia bernardina (d’'Orb.). 
307, 425, 470. 

Isocardia inflata Et. 406. 

Itieria calaneliana  (d’Orb.) 
var. globosa n. var. 307, 
455, 467, 471. 

Itieria moreana (d'Orb.). 449. 

Itieria  multicoronala Zik. 
153. 

Llieria nebrodensis G. Gemm. 


radiatus  (Brug.). 


455. 
Itivria ovalis G. Gemm. 450. 
Itieria renevieri de Lor. 385, 
386, 454. 
Itieria rugifera Zit. 451. 
Lierin  slaszycii (Zeuschn.) 
var. helvetica Zilt. 452. 
Ilieria  staszycii (Zeuschn.) 
var. lypica Zit. 452. 

Janira atava (Rœm.). 340, 
343. 

Janira 
340. 

Latimaeandra bonanomii Koby. 
328. 

Latimacandra  gresslyr  Koby. 
328. 

Latimaeandra valfinensis Koby. 
328. 

Lalimaeandra variabilis Et. 
328. 

Leopoldia castellanensis(d'Orh.). 
340, 


neocomiensis  d'Orb. 


SALÈVE 


519 


Leopoldia  leopoldi  (d'Orb.). 
340. 

Leplophyllia  fromenteli Et. 
328. 

Lima baylei G. Gemm. 402, 

Lima comatula Buv. 385, 
182. 

Lima comatula de Lor. 482. 

Lima  erclensis G. Gemm. 
307, 402, 470. 

Lima monetieri n. sp. 328, 
482, 189, 490. 

Lima orbignyana Math. 344. 

Lima salevensis de Lor. 307, 
386, 402, 467, 470. 

Lima thisbe de Lor. 307, 
402, 470. 

Limatula salevensis (de Lor.). 
307, 402, 467, 470. 

Limnea sp. 478, 479. 

Lioplax inflatau Sandb. 316, 
4717, 479. 

Lissoceras elimalum (Opp.). 
467. 

Lissoceras grasi(d’Orb.). 340, 
343. 

Lissochilus tithonicus n. sp. 
308, 429, 466, 471. 

Lithodomus luci de Lor. 328, 
385, 483, 189, 490. 

Matheronia Mun. Chalm. #13, 
415, 419, 420, 468, 469. 

Matheronia aptiensis (Math.). 
345, 113. 

Matheronia romani Paq. 12, 
469. 

Matheronia salevensis n. sp. 
306, 307, 334, 410, #13, 
LA9, 467 à 470. 

Matheronia sp. 302, 303. 

Matheronia  shrambergensis 
(Blaschke). 412, 469. 

Matheronta virginiue (A. Gras.). 
113. 

Megerlea af. loryi Pict. 307, 
396, 470. 

Megerlea pectunculoides (Sch- 
loth.). 307, 396, 470. 

Megerlea pelersi Mohenegg. 
307, 396, 470. 


516 E. 


Melanopsis sp. 346. 

Modiola montmollini(P.etC.). 
399, 339, 490. 

Monnieria Paq. 413. 

Monopleura Math. 416, 419. 

Mortoniceras culbratum d'Orb.) 
340, 343. 

Mytilus moravicus G. Bæbm. 
103. 

Mytilus subornalus Et. 307, 
403, 470. 

Narica mortilleti (de Lor.). 
307, 432, 67, 471. 

Natica barottei de Lor. 347, 
472, 479. 

Natica dejanira d'Orb. 328, 
385, 486, :89, 490. 

Natica florae de Lor. 317, 
472, 479. 

Natica fourneli Guir. et Og. 
307, 431, 471. 

Natica  hemispherica  Rœm. 
313, 317, 472, 479, 480. 
Natica leviathan P. et C. 

324, 327 à 332, 334, 400. 
Natica pidanceti Coq. 3929. 
332, 490. 
Natica sp. 312, 346. 
Nautilus neocomiensis d'Orb. 
340. 
Nautilus pseudoelegans d'Orb. 
340. 
Nerinea Defr. 448, 449. 
Nerinea  binodosa Et. 306, 
308, 44, 442, 466, 471. 
Nerinea concinna n. sp. 317, 
475, 479. 

Nerinea  conoidea 
449. 

Nerinea crispa Zeuschn. 

Nerinea defrancei Desh. 
487. 

Nerinea depressa Noltz. 385. 

Nerinea dilatata d'Orb. 307, 
328, 386, 447, 471, 487, 
4:09, 490. 

Nerinea cfr. essertensis P. et 
C. 345. 

Nerinea  favrina P. et C. 
332, 334, 490. 


Peters. 


149. 
385, 


JOUKOWSKY ET J. 


Nerinea  funifera -P. et C. 
332, 490. 

Nerinea yrata n. sp. 
445, 467, 471. 


Nerinea  hoheneggeri Peters. 


307, 


306 à 308, 444 à 446, 
471. 
Nerinea  Jeangeani Roman. 


306, 307, 443, 471. 

Nerimea marcousana d'Orb. 
332, 334, 448, 490. 

Nerinea meneghini G. Gemm. 
457. 

Nerinea minima n. sp. 313, 
347, 474, 479. 

Nerinea moreana d'Orb. 386, 
449. 

Nerinea moreana Ooster. 450. 

Nerinea paucicostata n. sp. 
307, 446, 467, 471. 

Nerinea posthuma Zitt. 487. 

Nerinea  quinqueplicata  G. 
Gemm. 459. 

Nerinea robusla n. sp. 307, 
308, 444, 466, 467, 471. 
Nerinea salrvensis de Lor. 
308, 386, 443, 466, 471. 
Nerinea Sphinxi n. sp. 308, 

448, 166, 467, 471. 
Nerinea urmanni EL. 308. 

447, 166, 471, 487. 
Nerinea b'inodosa Voltz. 310. 


Nevinea valdensis P. et C. 
448. 
Nerinea  wrosinskiana  Zeu- 


schner 448. 

Nerinella cochlea G. Gemm. 
464. 

Nerinella cochleoïdes (Zitt.). 
164. 

Nerinella retrogressa 
4164. 

Nerila sp. 317, 477, 479. 

Nerila sulcatina Buv. 499. 

Nerita sulcatina G. Gemm. 
429. 

Nerita tithonica n. sp. 308, 
429, 166, 471. 

Nerilopsis mortilleli de Lor. 
386. 


(EL.). 


FAVRE 


Nucleolites roberti A. 
345. 

Nucleopyqus roberti Ag. 343 
à 345. 

Vonia  amygdaloides (Zitt.). 
306, 307, 433, 471. 

Opercule indéterminé. 428. 

Opis sp. 317, 477, 479. 

Oppelin lithographica (Opp.). 
467. 

Oppelia 
304. 

Organisme A. 312, 313, 315. 

Organisme B. 311 à 313, 315. 


Gras. 


tenuilobata  (Opp.). 


Ostrea  hastellata  Schloth. 
399. 
Ostrea leymerii d'Orb. 437. 


Ostrea 
342. 

Ostrea lubereulifera Koch et 
Dunker. 344. 

Ostea virqula Goldf. 304. 

Pachyceras gigas (Ziet.). 310. 

Pachyceras  gravesianum 
(d’Orb.). 468. 

Pachyceras portlandicum (de 
Lor.). 468. 

Pachymytilus obtusus n. sp. 
307, 403, 467, 470. 

Pachymytilus aff. oblusus n. 
sp. 302, 303. 

Pachymytilus petasus(d'Orh.). 
404. 

Pachymytilus triqueter (Buv.). 
104. 

Patella vlegans Buy. 430. 

Paltella haueri Zitt. #30. 

Patella modesta n. sp. 307, 


430, 167. 


rectangularis Rœm. 


Patella salevensis de Lor. 
386. 

Pecten  archiacianus d’Orb. 
336. 


Pecten arotoplicus G. Gemm. 
400. 

Pecten 
399. 

Pecten carteronianus d'Orb. 
340. 

Pecten G. BæhmiPhilippi.400, 


brancoi G. Bœhm. 


ner 


hi 2e | 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 


Pecten globosus Quenst. 307, 
387, 400, 470, 481. 

Pecten goldfussi Desh. 340. 

Pecten af. 
Gemm, et di Blasi. 307, 
399, 470. 

Pecten rochati de Lor. 327, 
328, 385, 484, 489, 490. 
Pecten rochati Remes. 400. 
Pecten subspinosus (Schloth.). 

307, 386, 404, 470. 
Pedina charmassei Cott. 388. 
Pedina salevensis n. sp. 307, 

388, 167, 470. 

Pedina sublavvis Ag. 307, 

389, 467, 470. 
Perisphinctes contiquus Ca- 

tullo. 467. 

Perisphinctes diceratinus Sch- 

loss. 468. 

Perisphincetes eudichotomus 

(Zitt.). 467. 
Perisphinctes  geron 

467. 
Perisphinctes  lorioli (Zitt.). 

313, 317, 471. 
Perisphinetes polyplocus (Rein). 

303, 304, 468. 
Perisphinctes richteri (Opp.). 

467. 

Perisphincles  transilorius 

(Opp.). 467. 

Petersia  buccinoïdeum Buy. 

436. 

Petersia corallina n. sp. 307, 

437, 467, 471. 

Petersia salevensis n. sp. 307, 

436, 467, 471. 
Phaneroptyæis Cossm. 451. 
Phaneroptyæis moreana (d'Or ). 

449, 467, 471. 
Phaneroptyxis mullicoronata 

(Zitt.). 307, 453, 471. 
Phaneroplyxis nogreti (Guir. 

et Og.). 307, 453, 471. 
Phaneroptyxis  renevieri (de 

Lor.). 307, 328, 454, 471, 

488, 189, 190. 
Phaneroptyæis rugifera (Zitt.). 

306, 307, 450, 471. 


nebrodensis  G. 


(Zitt.). 


Phaneroptyxis staszycii (Zeu- 
schn.) var. helvetica (Zitt.). 
307, 452, 471. 

Phaneroptyris staszycii (Zeu- 
schner) var. proboscidea 
Cossm. 307, 452, 471. 

Phaneroptyis staszycii (Zitt.) 
var. lypica (Zitt.). 308, 452, 
466, 471. 

Pholadomya elongala Münst. 
var. scaphoidea P. et C. 
332. 

Pholadomya protei (Brongn.). 
304. 

Phyllobrissus alpinus (Ag.). 
340, 

Phyllobrissus  neocomiensis 
(Ag.). 331, 332, 490. 

Phymosoma  peroni (Cott.). 
391. 

Physa wealdiensis Coq. 316, 
325, 478, 479. 

Pileolus minutus Zitt. 307, 
429,471. 

Pileolus sp. 317, 477, 479. 

Pinnigena suussurt Desh. 328, 
385, 483, 489, 490. 

Placunopsis pictetianus de Lor. 
386, 401. 

Plagiostomaerctensis (G.6emm.). 
307, 402, 470. 

Plagiostoma monetieri n. sp. 
482, 489, 490. 

Plagiostoma thisbe (de Lor.). 
307, 402, 470. 

Planorbis loryi (Coq.). 312, 
313, 316, 478, 479. 

Plegiocidaris glandifera 
(Münst.). 387. 

Plesiodiceras Mun. Chalm. 414 
à 421, 469. 

Plesiodiceras munsteri (Goldi.). 
KA1%4 à 419. 

Plesiodiceras sanclae verenae 
(Thurm.). 417, 418. 

Plesiodiceras  valfinense (G. 
Bœhm.). 414. 

Pleuromya neocomiensis (Leym.). 
340. 

Pleuromya aff. voltzi Ag. 327. 


517 


Pleurosmilia genevensis Koby. 
328. 

Pleurotomaria bourqueti Ag. 
336. 

Pleurotomaria mulliformis 
Zitt. 307, 424, 470. 

Pleurotomaria neocomiensis 
d'Orb. 336, 340. 

Prosopon  oæythyreiforme G. 
Gemm. 328, 489, 490. 

Protodiceras Bwhm. 417, 418. 

Pseudocidaris  subcrenularis 
Gauth. 307, 389, 470. 

Pseudodesorella orbignyana 
(Cott.). 307, 393, 467, 
470. 

Pseudodiadema bourqueti (Ag.). 
340. 

Pseudodiadema  carthusiano- 
r'um À. Gras. 345. 

Pseudodiadema rotulare (Ag.). 
340. 

Pseudomelania calypsode Lor. 
433. 

Pseudomelania calypso (d'Orb.). 
386, 433. 
Pseudomelania 

433. 
Pseudomelania clio (d'Orb.). 
385. 
Pseudomelania corallina ('0rb.) 
473. 
Pseudomelania flexicostata 
Zitt. 307, 433, 471. 
Pseudomelania  lævis 
473. 
Pseudomelania nana n. sp. 
317, 473, 479. 
Pseudomelania pollux (d'Orb.). 
433. 
Pseudonerinea de Lor. 487. 
Pseudonerinea clio (d’Orb.). 
307, 308, 328, 465, 466, 
K71, 487, 489, 490. 
Plerocardia corallina (Leym.) 
var. alala (de Luc). 328, 
421, 486, 490. 
Pterocardia corallina (Leym.) 
var. buvignieri  (Desh.). 
421. 


castor  Zitt. 


Alth. 


518 


Pterocardia corallina(Leym.) 


var. cothleala (Quenst.). 
4921. 

Plerocardia corallina (Leym.) 
var. valfinensis  Rollier. 


307, 308, 424, 466. 

Pterocardia corallina (Leym.). 
var. wimmisensis Rollier. 
421. 

Pteroceras oceant (Brongn.). 
304. 

Plygmatis clio (d'Orb.). 461. 

Ptygmalis costulata. Cossm. 
448. 

Ptygmatis ferruginea Cossm. 
k75. 

PlygmatismeneghiniG.Gemm. 
306, 307, 457, 471. 

Ptygmatis nodosa (Voltz).475. 

Ptygmatis pseudobruntrutana 
G. Gemm. 306, 308, 458, 
459, 466, 471. 

Ptygmatis quinqueplicata G. 
Gemm. 307, 459, 471. 

Purpuroidea tschani Ooster. 
307, 435, 471. 

Puzosia ligata (d'Orb.). 340, 
343. 

Pycnodus couloni ? Ag. 332, 
191, 492. 

Pycnodus sp. 312. 

Pyqaulusdesmoulinsi Ag. 345. 

Pyqurus blumenbachr (Koch 
et Dunk.). 385, 480. 

Pyqurus montmollini (Ag.). 
340. 

Pygurus rostratus Ag. 332, 
491. 

Pyrina icaunensis (Cott.).307, 
.328, 392, 467, 470, 484, 
489, 490. 

Pyrina pyqaea (Ag.) Desor. 
337, 343. 

Requienia Math. 419, 420. 

Requienia pellati Paquier. 345. 

Rhipidogyra minima  Koby. 
328. 

Rhynchonella lacunosa (Sch- 
loth.). 386, 394. 

Rhynchonella corallina Leym. 


E. 


JOUKOWSKY ET J. 


var. neocomiensis Jacob et 
Fallot. 327, 328, 330,332, 
481, 189. 

Rynchonella astieriana d'Orb. 
303, 307. 386, 394. 470. 

Rhynchonella mulliformis 
Rœm. 340. 

Rhynchonella parviroshrisKow. 
345. 

Rlhynchonella pinquis Ræœm. 
301. 302, 39%. 

Saynella clypeiformis (d’Orb.). 
340. 

Scurriopsis  salevensis (de 
Lor.). 307, 430, 467, 471. 

Senectus salevensis n.sp.307, 
428, 467. 

Spirocyclina 
Chalm. 492. 

Spirocyclina erralica n. sp. 
329, 331, 332, 490, 494. 

Spiliceras pronum (Opp.).467. 

Spondylopecten G. Bæhmi Phi- 
lippi. 400. 
Spondylopecten globosus (Quenst.). 
303, 307, 400, 470, 481. 
Spondylus pictetianus (de Lor.). 
307, 401, 470. 

Spondylus tithonius G. Bæhm. 
401. 

Stomechinus perlatus Desm. 
392. 

Tectus Montf. 426. 

Terebratula  acuta 
340. 

Terebratula bauhini Et 301, 
302. 

Terebratula bieskidensis Zeu- 
schn. 386, 398. 

Terebratula carteroni d'Orb. 
327. 

Terebratula cotteuui H. Douv. 
302. 

Terebratula czapskiana Zeu- 
schn. 395. 

Terebratula  formosa Suess,. 
302, 307, 386, 397, 470. 

Terebratula insignis Schübl. 
302, 307, 386, 397, 467, 
470. 


choffali Mun. 


Quenst. 


FAVRE 


TU CO 


Terebratulamagasiformis Zeu- 
schn. 395. 

Terebratula moravica Glock. 
307, 386, 397, 470. 

Terebratella pectunculoides 
(Schloth.). 396 

Terebratula praelonga Sow. 
337. 

Terebratula 
Lor. 344. 

Terebratulatichaviensis Suess. 
302. 

Terebratula valdensis de Lor. 
329 à 332, 490. 

Terebratulina substriata (Sch- 
loth.). 307, 398, 470. 

Thamnastrea bourgeati Koby 
328. 

Thamnastrea 
328. 

Thamnastrea genevensis Defr. 
328. 

Thaïnnastrea loryi E. et H. 
328. 

Thiolliericrinus  heberti (de 
Lor.). 301 à 303, 307, 386, 
470. 

Toxaster. 326. 

Toxaster granosus d'Orb. 327, 
329, 330, 332, 490. 

Toxaster efr. granosus d'Orb. 
327. 

Toxaster retusus (Lm.). 337, 
338, 340, 341. 

Toæaster sp. 327. 

Toucasia Mun. Chalm. 
419, 420. 

Toucasia transversa Paq. 485. 

Trichites mytiliformis Ooster. 
40%. 

Lrigonia caudata Ag. 340. 

Trigonia ornata d'Orb. 344. 

Trochotoma mastoidea (Et.). 
307, 426, 470. 

Trochus L. 426. 

Trochus beyrichi Zitt. 427. 

Trochuscrassiplicatus EL. #27. 

Trochus dædalus d'Orb. 427. 

Trochus frumentum P. et C 
427. 


russillensis de 


coquandi Et. 


AUR 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU 


Trochus luciensis d'Orb. 427. 

Trochus massalongoiG.Gemm. 
307, 426, 427, 471. 

Trochus plicatogranulesus 
Münst. 427. 

Trochus strambergensis Zitt. 
427. 

Trochus zenohius d'Orb. 427. 

Turbo eryx d'Orb. 428. 

Turbo paschasius Guir. et Og. 
1928. 

Turbo salevensis n. sp. 307, 
428, 467, 471. 

T'urritella excavata SoW. 476. 

Tylostoma rochatianum P. et 
GHZ 

Valletia Mun. Chalm. #16 à 
420, 468. 

Valletiaantiquan.sp. 306, 307, 
334, 415, M6, 467, 470. 


Valletia german (P. et C.). 
416. 

Valletix lorioli (P. et C.). 
416. 

Valletiamichaillensis (P.etC.). 
416. 

Valletia pilleti Mun. Chalm. 
K16. 

Valletia tombeckiMun. Chalm. 
K16. 

Valvata helicoides Forbes.312, 
313, 316, 477, 479. 

Volvocylindrites sp. SAT, #77, 
479. 

Waldheimia humeralis Rœm. 
395. 

Waldheimia luqubris Suess. 
39%. 

Waldheimia magadiformis 
(Zeuschn.). 395. 


ERRATUM 


| 


SALÈVE 19 


Zeilleria af. hoheneggeri(Suess). 
327. 

Zeilleria humeralis (Rœm.) 
301, 302, 307, 395, 470. 
Zeilleria Roman. 

399. 
Zeilleria  lugubris 
307, 394, 470. 
Zeilleria magasiformis (Zeu- 
schn.). 307, 395, 470. 

Zeilleria pseudojurensis (Leym.). 
340. 

Ziltelia gemmellaroi Zit #40. 

Zittelia  globosa Brüsamlen. 
440. 

Ziltelia oppeli (Et.). 307, 440, 
471. 

Ziltelia picteti G.Gemm. 307, 
440, 471. 


lugqubris 


(Suess). 


Dans le volume 37, les planches VI à XXXIV auraient dû être numérotées 6 à 34, 
conformément à la numérotation arabe en usage dans ces Mémoires. Cette dernière numé- 
rotation a été employée dans le texte du mémoire de MM. E. Joukowsky et J. Favre sur 


le Salève, 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1913) 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE J21 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages 
AVANT PROPOS CA PR Re AT ds denses AND Series die, to 4 AUD 
CHAPITRE PREMIER 

LEVÉS DES CARTES TOPOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. . . . 297 
CHAPITRE II 
STRATIGRAPHIE 
GÉNETALECE RE TP an M ons tr cr 209 
DULTASSI TUE RER TU ES ra Peu ee RU LE LAU Tee ee 7 SÛI 
KIMERIDGIEN 
DÉSORIE ONE Me UE ee np ARR Las te Me "90 
Comparaison avec les régions voisines . . . . . . . . . . . . . . 304 
PORTLANDIEN. 
POCTAN LENTILLE Pr ea Nu: rat ele UD 
(ICT ENTIOUC EE EE ee MR RS M MRC R ATA  CRE PARE TUAOS 
PONT ONENENLDCLIOU TN A EE PT UC D NM 300 
Comparaison avec les régions voisines. . . . . . . . . . . . . . 310 
PURBECKIEN. 
DEÉSÉANONN EE ie LS RMS IPC PRE REC | (0) 
Couches marines de la partie inférieure du Purbeckien. — Les couches d’eau 
douce. — Formations mixtes couronnant l'étage. — Les brèches à cailloux multi- 
colores. — Origine des cailloux. — Mode de formation des brèches 
Distribution du Purbeckien au Salève : + : . … : . . . ....… . :1 320 
Comparaison avec les régions voisines. . . . . . . . . . . . . . 322 
Mode de formation du Purbeckien dans le Jura méridional . . . . . . 523 
Histoire de la découverte du Purbeckien au Salève . . . . . . . . . 324 
CLÉTACE RER TE ME RL PRE nt de As Mn A NT 826 
INFRAVALANGINIEN. 
ASSING AAA BTE TO ICET OS LUC ER DE DEN CC NT AIRE NE rte 1921) 
Assise à Natica leviathan ME “ie 329 
Détermination de l’âge des couches à ete ne us Me ART SSL) 66 


Observations sur les divisions de l'Infravalanginien établies par A. Dan ol 
Comparaison de l'Infravalanginien du Salève avec celui des régions voisines 354 


D922 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 


VALANGINIEN, 


Description Re 
Comparaison avec les régions voisines . 
HAUTERIVIEN. 


Partie inférieure 
Partie supérieure 
Répartition de | nt RTE 
Divisions de l'Hauterivien établies par # Favre 
Comparaison avec les régions voisines . 
BARRÉMIEN. 
Barrémien inférieur 
Barrémien supérieur . 
APTIEN 
ALBIEN 
Tertiaire. 
SIDÉROLITIQUE . 
MoLasse . 
Quaternaire. 
TERRAINS GLACIAIRES FREE DANS NNEE 
Moraine alpine. — Flugio-glaciaire alpin, — Moraine de fond salévienne. — Groise. 
Age des formations glaciaires du Salève . . . . . PNR ERUT 
Région du Mont-de-Sion et de Cruseilles. — KExtrémité nord-orientale du Salève. 


Dérors POST-GLACIAIRES ET ACTUELS . ,. . . . . . .… . 


CHAPITRE I 


TECTONIQUE 
Aperçu topographique L : ae 
Etude tectonique . . . . 5 CMIEURS 
Petit Salève, Grand Sabre et dévrot Pedent a Coin. : 
Dislocations longitudinales. — Dislocations transversales. — Le décrochement du 
Coin. 
Partie nord-orientale des Pitons et décrochement de Pomier . : 
Dislocations longitudinales. — Dislocations transversales. — Le décrochement de 
Pomier. 


Partie sud-occidentale et décrochement de l'Abergement. Région de l’Aber- 
gement et décrochement de Cruseilles 

Région de Cruseilles et décrochement de la Caille. o 
La montagne de la Caille et le Crèt à la Dame, Décrochement de Man dnl 
La montagne de la Balme et le décrochement de Sillingy 
Le coteau de Lovagny 

Ace pes DisLocArIoNs bu SALÈVE. 

HYPOTHÈSE EXPLIQUANT LA SLRUCTURE EN DÉCROCHEMENIS DE LA CHAINE DU 

SALÈVE 


Pages 


339 
337 


308 


MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 


CHAPITRE IV 
MORPHOLOGIE 


Relations entre les formes topographiques actuelles et la tectonique. 
Formes du relief dont l'origine n'est pas due à des causes tectoniques 
Phénomènes de capture . 


CHAPITRE V 
PALÉONTOLOGIE 


Faune pu TITHONIQUE INFÉRIEUR. 
Etudes antérieures 
Echinodermes 
Brachiopodes . . . . 
Mollusques lamellibranches 
Mollusques gastéropodes 
Mollusques céphalopodes 
Conclusions . 

FAUNE Du PURBECKIEN. 

Faunule marine de la partie supérieure du Purbeckien. 
Faune d’eau douce du Purbeckien 
Conclusions 

FAUNE DE L'INFRAVALANGINIEN. 
Assise à Æeterodiceras luci . 
Assise à Vatica leviathan 


LisTE DES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES CONCERNANT LA CHAINE DU SALÈVE 


BIBLIOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE . 
INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 
INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS. 
INDEX ALPHABÉTIQUE DES FOSSILES 
ErRaruM 


323 


Pages 
380 
381 


339 


385 
386 
394 
398 
424 
465 
466 


472 
477 
479 


450 
490 
493 
504 
509 
510 
513 
219 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE VI 


Cette carte, qui est le tirage en noir de la carte géologique, a pour but de faciliter la lecture 
des noms, et permet de se rendre compte des détails topographiques qui disparaissent sous les 
teintes représentant les terrains. Pour tous les signes conventionnels, voir Ja légende de la carte 
en couleurs. | 


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Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VI 


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Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VII 


Feuillet 


Palavet | Saut Gonet 


| | Trou de la Tine 
| Gorge de la Mule 


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ma: Moraine alpine Groise Eboulis Fossiles Failles Sentier 


fa: Fluvio-glaciaire alpin (Formations gla- 
-ciaires locales) 


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Le Grand Salève 


vue prise de Grange Collomb 


Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VII 


Sentier des Bücherons supérieur 
Bücherons Inférieu 


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Les Voëies 


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—caras Loell Catalan 


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Les Pitons 


vue prise de Fort S“-Catherine 
Mémoires de la Société de Physique el d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VIII 


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i Pialeau du Grille 


Cirque du Baule j Ravin des Petites Croix 


Pointe du Pisn 
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Kimoridglen Porllandion inf. Porllandion sy Purbeckien 
P' infravalanginien Valanginien Hauterivion 
Couches À Here Coucher à Natiea CCaleaire rou) 
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Groise 
(Formations glaclaires locales) 


Sidérolitique 
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À + EXPLICATION DE LA PLANCHE X 


Fig. 1. Versant SW. du vallon de Monnetier montrant le gisement classique de lInfravalanginien 
du Salève. 
cs, Carrière supérieure. 
cm, Carrière moyenne. 
ci, Carrière inférieure. 
ue, Déblais de l'ancienne carrière où pe Lue a recueilli ses Helerodicerus luci. 
f.  Failles. Celle de gauche est la faille de la Petite Gorge. 
Po, Portlandien. P, Purbeckien (hr, grande brèche à cailloux multicolores). 
io, Assise à Helerodiceras luci. iv,, Assise à Naltica leviathan. v, Valan- 
ginien (Calcaire roux). L, Hauterivien. 


Fig. 2. Versant NE. de la Petite Gorge. Faille de la Petite Gorge. 
ie,, Assise à Natica leviathan. v, Valanginien (Calcaire roux). L, Hauterivien. 
u, Barrémien (facies urgonien). 
f. Faille. Br, Brèche de friction dans la faille. 


Fig. 3. Versant NE. de la gorge de la Varappe, montrant la série continue des couches, du Pur- 

=. beckien au Valanginien, où ont été relevées les coupes, figures 8 et 9 du texte. 

P, Purbeckien. 0,, Assise à Heterodiceras luci. tr, Assise à Natica leviathan. 
v, Valanginien (Calcaire roux). 


MEM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENEVE. VOL. 37 (1913) 


3 


1 


Fig. 1 


E. Jourowsry et J. Favre. Monographie géologique et paléontologique du Salève. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XI 


Fig. 1. Vue prise de la Tour aux Milans vers le NE. montrant le pli-faille du Grand Salève au- 
dessus des carrières de Veyrier (le point de vue est indiqué sur la planche VID). 


Fig. 2. Vue prise de la Tour aux Milans vers le SW. montrant le pli-faille du Grand Salève près 
de la Petite Gorge. © 
Poi, Portlandien inférieur. Pos, Portlandien supérieur. P, Purbeckien. iv, 
assise à Aelerodiceras luci. in, assise à Natica leviathan. v, Nalan- 
ginien (Calcaire roux). k, Hauterivien. 
f, pli-faille, 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). Pc. XI 


E. Jourowsky et J. Favre. Monographie géologique et paléontologique du Salève. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XII 


Les profils de cette planche ont été tracés en conservant leur position relative dans le sens 
transversal à l'axe du pli. Le rejet des décrochements est à l'échelle de la figure. Les traces des 
profils sont indiquées avec leurs numéros sur la carte géologique. 

Les profils n°$ 11 et 12 sont coudés. 


61 
| 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


md Par Et J',ODIRPRY RENVE NO Ca | 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XII 


. Purbeckien. Coupe mince de calcaire à Chara. N° 22 de la coupe figure 5 du texte. 


Gross. >< 20. 


. Purbeckien. Graine et tiges de Chara. N° 22 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. 


. Purbeckien. Tige de Chara, N° 22 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. 


. Purbeckien. Graine de Chara. N° 16 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. 


. Purbeckien. Graine de Chara. N° 22 de la coupe figure 4 du texte. Gross. x 70. 


. Purbeckien. Graine de Char. N° 16 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XIII 


" 
Fig. 


Fig. 


L. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV 


. Purbeckien. Organisme B constituant à lui seul les oolites du calcaire oolitique n° 4 de la 


coupe figure 5 du texte. Gross. >x< 20. 
Purbeckien. Organisme A. Couche n° 14 de la coupe figure 4 du texte. Gross. X< 20, 


Infravalanginien. Calcaire oolitique à Foraminiferes. Partie inférieure de la couche n° 12 
de la coupe figure 9 du texte. Gross. >< 20. 


Valanginien. Microbrèche zoogène. Partie supérieure de la couche n° 2 de la coupe 
figure 10 du texte. Gross. x 20. 
d, Débris d'organismes. 
q; Quartz. 


. Hauterivien. Mierobrèche zoogène avec Quartz et Glauconie. Couche n° 11 de la coupe 


figure 11 du texte. Gross. >< 20. 
ce, Calcite. 
d, Débris d'organisme avec taches de Glauconie. | 
q;, Quartz. 


ÿ. Hauterivien. Marno-calcaire gréseux très riche en Glauconie. Couche n° 9 de la coupe 


figure 11 du texte. Gross. >< 20. 
y, Glauconie. 
q; Quartz. 


XIV 


CF 


Vol. 37 (1913). 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XV 


Fig. 1.-6. Thiolliericrinus heberti (de Lor.). 1, Calice, face supérieure. 2, Autre calice, face arti- 
culaire. 3 à 5, Articles de la tige. 6, Article de la tige dont les facettes articulaires ont 
la même orientation. Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 7. Cidaris (Plegiocidaris) glandifera Münst., radiole, Kimeridgien inférieur. Etiollets. 


Fig. 8. Pedina salevensis n. sp., 8a, b, gr. nat.; 8e, fragment du test de la face inférieure du même 
individu, gross. x 2. Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 9, a, b, c. Pedina sublaevis Ag., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
Fig. 10, «, b, c. Codiopsis lorini Cott., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 11,12. Pseudocidaris (?) subcrenularis Gauth., radioles, gr. nat., Portlandien inférieur, Cha- 
vardon et bas de la Grande Gorge. 


Fig. 13 et 14. Pyrina icaunensis (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XV 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI 


Fig. 1-2. Pyrina icaunensis (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
Fig. 3-4. Pseudodesorella orbignyana (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 5-6. Zeilleria luqubris (Suess), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 5, des rochers de la Balme 
au-dessus de Pomier : fig. 6. du bas de la Grande Gorge. 


Fig. 7. Zeilleria magasiformis (Zeuschn.), gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 
Fig. 8-9. Zeilleria humeralis (Rœm.), gr. nat, Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 
Fig. 10-11. Megerlea pectunculoides (Schloth.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
Fig. 12. Megerlea pelersi Suess, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 

Fig. 13. Megerlea aff. loryi ? Pict.. gr. nat., Portlandien inférieur. 


Fig. 14. Terebratulina substriata (Sehloth.), gross. >< 2 !},, Portlandien inférieur, rochers de là 
Balme au-dessus de Pomier. 


Fig. 15-16. Zeilleria magasiformis (Zeuschn.), Portlandien inférieur ; fig. 15, gross. >< 1 !/,, haut 
des Etiollets ; fig. 16, gr. nat., Pas de l'Echelle. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PL XVI 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII 


1-2. Alectryonia hastellata (Schloth.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


3-6. Pecten (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Philippi, gr. nat., Portlandien inférieur, 
baut des Etiollets. 


. 7. Pecten aff. nebrodensis G. Gemm. et di Blasi, gross. x 1 ‘/,. Portlandien inférieur, haut 


des Etiollets. 
. 


ig. 8. Lima (Plagiostoma) erctensis G. Gemm., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
. 9-10. Lima (Plagiostomu) thishe de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
. 11-44. Mytilus subornatus Et, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


. 15-46. Pachymytilus oblusus n. sp., gr. nat , Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 15, 


valve gauche d’un individu de taille normale; fig. 16, valve gauche d’un jeune individu. 


. 17-18. Spondylus pictelianus (de Lor.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets ; 


fig. 17, valve droite ; fig. 18, valve gauche. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XVII 


EXLPICATION DE LA PLANCHE XVII 


Fig. 1-3. Pachymytilus obtusus n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 1. 
valve droite; fig. 2, vue antérieure d’un autre individu; fig. 3 a, moule interne, 
empreinte de la valve gauche; fig. 3 b, même moule interne, partie supérieure. 


Fig. 4-6. Arca (Barbatia) gracilicostata n. sp., Portlandien inférieur, haut des Etiollets : fig. ë, 
a, 5b, 6, gr. nat.; fig. 5e, portion du test de l'individu fig. 5, gross. >< 4. 


Lit . 
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Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XIX 


Fig. 1-6. /soarca aff. eminens Quenst., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 1, 2, 34, b, 
4, 5, 6, gr. nat.: fig. 3 c portion du test de l'individu fig. 3, gross. x 4. 


Fig. 7-9. Corbis valfinensis de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 7 et 9, partie supérieure 
de la gorge de la Mule: fig. 8, Chavardon. 


Fig. 10-19. Diceras speciosum Münst., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets, forme 


typique. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XIX 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XX 


Fig. 1-2. Diceras speciosum Münst., forme typique, gr. nat., Porllandien inférieur, haut des 
Etiollets. Vus 


Fig 3. Diceras speciosum Münst., variété À. Portlandien inférieur, à 300" au NE. de la Petite Gorge; 
© 3a, gr. nat.: 30, gross. x !/,. ù 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). 


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4 EXPLICATION DE LA PLANCHE XXI 
Fig. 1-2. Diceras Sspeciosum Münst., forme typique, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des 
Etiollets. y 
À ; Fig. 3. Diceras speciosum Münst., variété A, gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande 
af Gorge. 
Fig. 4-5. Diceras speciosum Münst., variété B, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
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Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXI 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXII 


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Fig. 1-4. Diceras speciosum Münst., variété B, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
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Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXII 


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es. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIII 
Fig. 1-8. Diceras speciosum Münst., variété C, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
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PI. XXII 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIV 


Fig. 1-14. Matheronin salevensis n. sp., gr. nat. Portlandien inférieur, haut des Etiollets et 
Chavardon. 


Fig. 3, 5, 6, individus bivalves. 
Fig. 1, 2, 4, 7, 8, 9, valves gauches (fixées). 
Fig. 10-14, valves droites (libres). 


Fig. 15-17. Plesiodiceras munsteri (Goldf.), gr. nat., Ptérocérien, l'individu représenté fig. 45 
provient de Silan près Nantua (Ain), les autres (fig. 16 et 17) d’Ambléon (Ain). 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXIV 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XXV 
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14 Fig, 1-12. Valletia antiqua n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets et Chavardon. { 
Fig. 1-3, individus bivalves. j 
ù Fig. 4-8, valves gauches (libres). | 
; Fig. 9-12, valves droites (fixées). ) 
“À 4 Fig. 13. /socardia bernardina (d'Orb.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
Fig. 14. Pleurotomaria mulliformis Zitt., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
“e Fig. 13-17. Ditremaria salevensis n. sp., gross. x 2, Portlandien inférieur; l'individu représenté 4 | 
“% fig. 45 provient de Chavardon, ceux représentés fig. 16 et 17 du haut des Etiollets. “AC 
PE ! F à L 
è Fig. 18-20. Ditremaria carinala Zitt. var. elegans n. var., gr. nat., Portlandien inférieur; l'indi- 
. vidu représenté fig. 20 provient de Chavardon, celui représenté fig. 18 et 19 du haut 
EU e'- l des Etiollets. 
\9 Fig. 21. Cardiun (Pterocardia) corallinum Leym. var. valfinense Rollier, gr. nat., Portlandien 
: inférieur, Chavardon. A! 
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Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXV 


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Fig. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVI 


. 1. Trochotoma mastoidea (Et.), Portlandien inférieur, haut des Etiollets ; fig. { 4, gross, >< 2; 
fig. 1 b, gross. x 1 !/,. 


. 2-8. Trochus (Discotectus) massalongoi G. Gemm., Portlandien inférieur; fig. 2-4, gr. nat.; 


fig 5-7, gross. >< 2; fig. 8, gross. x 4. 
. 9. Opercule indéterminé, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
. 10-11. Turbo (Senectus) salevensis n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


. 12. Nerita (Lissochilus) tithonica n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, partie supérieure 
de la gorge de la Mule. 


. 13-15. Pileolus minutus Zitt., gross. << 4, Portlandien inférieur, Chavardon. 
. 16. Patella modesta n. sp., gross. x 3, Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
. 17. Natica (Amauropsis) fourneti de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur, Chavardon. 


. 48-21. Eunaticina quirandi de Lor., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 18-20, 
individus de gr. nat.; fig. 21, partie du test d’un autre individu grossi 4 fois. 


. 22-25. Eunalicina heterostriala n. sp., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; tig. 22, 23, 
24 et 25 a, gr. nat. ; fig. 25 b, fragment du test de l'individu 25 4, grossi 4 fois. 


26. Narica mortilleti (de Lor.), Portlandien inférieur, haut des Etiollets: fig. 26 a, individu 
de grandeur naturelle ; fig. 26 b. même individu grossi 4 fois. 


PI. XXVI 


Vol. 37 (1913). 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. 


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Fig. 1-3. Pseudomelania flexicostata (Zitt.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 4-10. Oonia amygdaloides (Zitt.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 11-12. Purpuroïdea tschani Ooster, gr. nat. Portlandien inférieur ; fig. 44, haut des Etiollets; A | 

j fig. 12, bas de la Grande Gorge. | 1 | 
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Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXVII 


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Fig 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVII 


. 1. Gymnocerithium(?) involvens (Zi), gr. nat. Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 
. 2-4. Pelersia salevensis n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, baut des Etiollets. 


. 5. Pelersia corallina n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


Fig. 6. Brachytrema filigrana n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


. 7-11. Ditretus nodosostriatus (Peters). gr. nat., Portlandien inférieur: fig. 7, 8, 44, haut 
des Etiollets; fig. 1°, entre le Saut Gonet et la gorge de la Mule; fig. 9, bas de la 
Grande Gorge. La figure 11 ne porte point de numéro sur la planche, elle se trouve 
entre les figures 12 et 18a. 


. 12. Dilretus consobrinus n. sp., gr. nal., Portlandien inférieur, partie supcrieure de la gorge 
de la Mule. 


. 13-41%. Zillelia oppeli (EL). gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


. 15-18. Zütllelin picteti G. Gemm., gr. nat., Portlandien inférieur, baut des Etiollets et Cha- 
vardon. 


. 49-20. Nerinea robusta n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 19, pied du Sphinx; 
lig. 20, partie supérieure de la gorge de la Mule. 


g. 21. Nerinea binodosa Et., gr. nat., Portlandien inférieur, partie supérieure de la gorge de la 


Mule. 


- 22-23. Nerinea jeanjeani Roman, gr. nat., Porllandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 


DE Soc Phys ct EN nat Genève. Vol. 37 (1919), PI. XXVIII 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIX 


g. 1-5. Nerinea hoheneggeri Peters, gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 4, bas de la Grande 


Gorge: fig. 2-5, partie supérieure de la gorge de la Mule. 


ig. 6. Nerinea grala n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, Chavardon. 

. 7-8. Nerinea paucicostata n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 
. 9. Nerinea thurmanni EL., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 

. 10. Phaneroptyxis moreana (d'Orb.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 


. 11-17. Phaneroptyxis renevieri (de Lor.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets, 


Chavardon et bas de la Grande Gorge. CAR 


. 18. Phaneroptyris nogreti (Guir. et Og.), gr. nal., Portlandien inférieur. 


. 19-20. Phaneroptyxis multicoronata (Zit.), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 19, Chavardon: 


fig. 20, haut des Etiollets. 


. 21. Ilieria cabanetiana (4'Orb.), var. ylobosa n. var., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des 


Eliollets. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXIX 


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JS £ EXPLICATION DE LA PLANCHE XXX 6 
4 
; , Fig. 1. Phaneroptyris rugifera (Zitt.). gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Le) 
%e Fig. 2-13. Phaneroptyxis staszycit (Zeuschn.), var. prohoscidea Cossm. et var. helvetica (Zitt.), 
gr. nat., Portlandien inférieur: fig. 2, 3, 4, 7, 43, GHvacIone fig. 5, 6, 8, 9, 10, 11, 
12, haut des Etiollets. 
Fig. 14. Phaneroptyxis sp.. gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. Æ 
i 74 
2 Fig. 15-16. Phaneroptyris staszycit (Zeuscbn.), var. typica (Zitt.). gr. nat., Portlardien inférieur; 
#) fig. 15, haut des Etiollets; fig. 16, partie supérieure de la gorge de la Mule. 
4 . Fig. 17-18. Jtieria cabanetiana (d’Orb.) var. globosa n. var., gr. nat., Portlandien inférieur, haut 
Ne des Etiollets. . , 
F4 Fig. 19-21. Nerinea dilatata d'Orb., Portlandien inférieur: fig. 19, gross. x 2, Corus 
: fig. 20-21, gr. nat., haut des Etiollets. 
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PI. XXX 


Vol. 37 (1913). 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXI 


Fig. 1-3. Plygmalis quinqueplicata (G. Gemm.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. L 


Fig. 4-13. Piygmatis meneghini (G. Gemm.), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 4 à 9, haut des 
Etiollets ; fig. 10, Chavardon:; fig. 11, bas de la Grande Gorge: lig. 12, partie Es 
rieure de la gorge de la Mule ; fig. 13, bas de l’Evorse. 


Fig. 44.16. Ptygmatis pseudobruntrutana (G. Gemm.), gr. nat Portlandien on parie HA 
rieure de la gorge de la Mule. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXI 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXII 


ig. 1. Cryploplocus depressus (Noltz.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
ig. 2. Cryploplocus succedens Zit., gr. nal., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 
. 3. Cryploplocus excavatus n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. 


ig. 4-5. Aplyriella rustica n. sp, gr. nat., Porllandien inférieur ; fig. 4, partie supérieure de la 
gorge de la Mule; fig. à, bas de la Grande Gorge. 


. 6-7. Nerinea(?) sphinxt n. sp., gr. nat, Portlandien inférieur, partie supérieure de la gorge 
de la Mule. 


ig. 8-0. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et, gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 8, partie 
supérieure de la gorge de la Mule; fig. 9, haut des Etiollets. 


ig. 10. Natica floræ de Lor., gr. nat., Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. 


ig. 11-14. Lioplax inflata Sandb., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bûcherons supérieur, Grand 
Salève. 


. 15-16. Valvala helicoïdes Forbes., gross. >< 5, Purbeckien, Varappe. 


ig. 17-18. Pseudomelania nana n. sp., gross. X 2!/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit 
Salève. 


ig. 19-27. Exrelissa septemplicata (Ræm.), gross. >< 2'/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, 
Petit Salève. 


- 28-31. Nerinea concinna n. sp., gross. >< 2!/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit 
Salève. 


ig. 32-36. Nerinea minima n. sp., gross. x 21/,, Purbeckien, carrière d'Aiguebelle, Petit 
Salève. | 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXII 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXII 


Fig. 1-6. Nerinea minima n. sp., gross. x 2 !/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. 


Fig. 7-28. Aphanoplyxis variabilis n. sp., gross. X 2!/,, Purbeckien, carrière d'Aiguebelle, : 
Petit Salève. LE Le 


Fig. 29-30. Planorbis loryi Coq., gross. >< 2 !/,, Purbeckien, Varappe. 


Fig. 31-34. Physa wealdiensis Coq., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bücherons supérieur, Grand d | 


Salève. 


Fig. 35. Limnea, sp., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bûcherons supérieur, Grand Salève. 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXIII 


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Fig. 


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Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIV 


4. Cardium (Plerocardia corallinum Leym. var, alatum de Luc., gr. nat., assise à Hetero- 
diceras luci, Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. £ + 


2-3. Lima (Plagiostoma) monelieri n. sp., 24, 3, gr. nat. : 2h, partie du test de 24 grossi 
4 fois; assise à Heterodiceras luci, Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. 


. 4. Pecten rochati de Lor., fragment du test du type de de Loriol, pl. E, fig. [D grossi 4 fois ; Ê ; 


assise à Heterodiceras luci. Infravalanginien, ancienne carrière de LNLLOE 


. 5-6. Heterodiceras luci Defr., gross. >< !/, fig. 5, type figuré par A. Dee 843, 5 ut 


fig. 1-2), vu par le côté ventral pour montrer les carènes des valves; fig. 6, autre 
individu ; Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. 


. 7. Nerinea dilalata ? d'Orb., gr. nat. ; assise à Heterodiceras luci. Infravalanginien, ancienne 
carrière de Monnetier. 
+ 


8. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm., gr. nat., assise à Heterodiceras luci, agen 
ancienne Carrière de Monnetier. 


9. Pycnodus couloni ? Ag., gr. nat., assise à Natica leviathan, Infravalanginien, nouvelles 
carrières de Monnetier. à 


. 10-13. Spérocyclina erratica n. sp. : fig. 40 4, M a, 19, gr. nat. ; fig. 10 4, 11 D, gross. X5:; 
fig. 13, gross. >< 20; assise à Natica leviathan, Infravalanginien, carrière du ver- 
sant SW. du Petit Salève, vallon de Monnetier. i 


Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXIV 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


La Société peut disposer de collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-37 et 
volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. 
(Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: 


au Muséum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


Comptes rendus des séances de la Société (in-5’). Tomes I-XXIX (1884-1912). Prix Fr. 30 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) 


UMR I NE ER RIRE RES TR RCE ARE SC te, 4 


Imprimerie Albert Kundig, Genève. 


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