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Full text of "Mires de la Soci zoologique de France"

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FOR  THE   PEUPLE 

FOR  EDVCATION 

FOR  SCIENCE 

LIBRARY 

OF 

THE  AMERICAN  MUSEUM 

OF 

NATURAL  HISTORY 

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MÉMOIRES 


DE    LA 


SOCIÉTÉ    ZOOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


POUR      L'ANNÉE      1898 


MLLE     —    IMP.    LE    BIGOT    FRERES. 


MÉMOIRES 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  Z00L06I0UE 

DE    FRANCE 

(RECONTMtJE    D'UTIll^ITÉ     PUBLIGiXTE  1 

ANNÉE     1898 


TOME    XI 


PARIS 

AU     SIÈGE     DE     LA     SOCIÉTÉ 

7.  rue  des  Grands-Augustins,  7 

1898 


V  £  /*^^  éû.  ^(yd^yj 


TUNICIERS    RECUEILLIS    EN    1896    PAR    LA    CHAZALIE 
DANS    LA    MER    DES    ANTILLES 


C.    PH.    SLUITER, 

Lector  de  zoologie  à  ITIniverPité  d'Amsterdam. 

(Planches  f  ;i  III). 

La  collectioD  des  Tuniciers  récoltée  par  la  Chazalie  renferme 
36  espèces,  dont  7  sont  des  Thaliacées  et  29  des  Ascidiacées.  Les 
Thaliacées  proviennent  toutes  de  la  Mer  Athintique,  à  l'exception 
seulement  de  deux  échantillons  de  Salpa  cylindrira  Cuv.  obtenus 
près  des  îles  «  los  ïestugos  »,  et  toutes  sont  des  formes  bien  con- 
nues ne  donnant  point  lieu  à  des  remarques  spéciales.  Les  Asci- 
diacées sont  toutes  des  formes  littorales  (la  plus  grande  profondeur 
où  l'on  a  dragué  n'étant  que  de  45  mètres),  et  toutes  provenant  de 
la  Mer  des  Antilles,  à  l'exception  d'une,  seule  espèce  nouvelle 
(Diplosoma  purpuren  n.  sp.),  provenant  des  îles  du  Cap- Vert. 

Quoique  déjà,  à  plusieurs  reprises,  des  Ascidies  de  la  Mer  des 
Antilles  aient  été  décrites,  surtout  par  Heller,  Traustedt,  Verrill, 
Stimpson  et  autrefois  par  Lesueur,  je  n'ai  pu  identifier  que  huit 
espèces  avec  celles  décrites  par  ces  auteurs. 

Du  reste,  pour  la  Chazalie,  le  dragage  et  la  récolte  des  animaux 
marins  n'étaient  pas  le  but  principal  et  c'est  surtout  à  la  bienveil- 
lance et  à  l'intérêt  de  M.  le  comte  de  Dalmas  et  à  l'énergie  de 
M.  J.  Versluys,  jeune  zoologiste  hollandais,  qui,  par  la  complai- 
sance de  M.  le  comte  de  Dalmas,  a  pu  prendre  part  à  l'expédition, 
que  nous  devons  cette  récolte  assez  intéressante. 

Jusqu'à  présent  23  espèces  des  Indes  occidentales  étaient  con- 
nues, sans  compter  les  formes  parfaitement  douteuses.  Ce  sont 
toutes  des  Ascidies  holosomates  (1),  et  seulement  des  formes 
solitaires.  Je  ne  connais  pas  de  formes  composées   ou  sociales, 

(1)  Pour  la  classiflcalion  suivie  dans  ce  travail,  voyez:  ?,imos.  Zoologische 
Forschitngsreisen  in  Australien  und  dein  malayischen  Archipel,  V,  p,  163. 
Tunicaten,  bearbeitet  von  C.  Ph.  Slciter.  Jena.  1895.  —  Weber,  Beitràge  zur 
Kenntniss  der  Fauna  vnn  Siid-Afrika.  —  II.  Sluiter,  Tunicaten.  Zoolog.  Jahr- 
biicher,  X,  p.  1,  1897, 


li  i:.    l'Il.    SLUITKH 

décrites  dans  ces  régioas  spéciales.  Je  doiiue  ci-dessous  la  liste 
de  ces  formes  déjà  connues  : 

*  I .   lihodoaomd  semlniidum  Heller. 
2.    iscidia  curvata  Traust. 

*  ;{.   Ascidid  (itra  Lesueur. 

4,   Ascidid   sli/i'loides  Ti-aus;t. 
;i.  Ascidin  prostata  Heller. 

*  6.   Ascidid  hmgiîubis  Traust. 

7.  Ascidid  tnterrupta  Heller. 

8.  Ascidid  hygomidna  Traust. 

9.  Corcild  minutd  Traust. 

*  10.  Cynthid  lœcûjatd  Heller. 

11.  Cynthid  nodulosa  v.  brasche  (?). 

12.  Cynthid  riissidnu  Traust. 

*  13.  Uhdbdocynthid  pdllidn  Heller. 

14.   Microcosnius  dnchylodeirns  Traust. 

*  15.  Microcosnius  exdspcrdtus  Heller. 

*  16.  Micrucosmus  distdns   Heller. 

17.  Microeosmus  variegdtua    Heller    (existe   aussi   dans 

la   Méditerranée!  ). 

18.  Polycdrpd  spongidhUis  Traust. 

*  19.   Polycdrpd  obtectd  Traust. 

20.  Polycdrpd  tnmida  Heller. 

21.  MoUjuld  Koreni  Traust. 

22.  Molguld  tcndx  Traust. 

23.  Molguld  occidentdlis  Traust. 

Les  numéros  pourvus  d'un  astérisque  sont  aussi  représentés 
dans  la  collection  de  la  Chdzdlie,  mais  celle  ci  renferme  plus  de 
vingt  espèces  nouvelles,  de  manière  que  l'expédition  a  à  peu  près 
doublé  nos  connaissances  des  Ascidies  de  ces  régions.  Ci-joint  la 
liste  de  ces  formes  nouvelles  avec  leur  habitat  e^xact  : 

1.    —    ASCIDIACEA    HOLOSOMATA 

1.  Cinna  abdominalis ,  n.  sp.  —  lie  Tortuga. 

2.  Botrylloidcs  chazdliei,  n.  sp.  —  Ile  Marguerite. 

3.  Styeld  (Polycarpa)  «nsu/sa,  n.  sp.  —  Santa-Marta  (Colombie). 

4.  Styeld  (Polycarpa)  [aligined.  n.  sp.  —  lie  Tortuga. 

5.  Stypla  (Polycarpa)  fridbiUs,  n.  sp.  — Jamaïca  (Kini^ston). 

6.  Styeld  (Polycarpa)  nivosd^  n.  sp.  —  Ile  los  «  Testugos  ». 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES    ANTILLES  7 

7.  Styela    (Polycarpa)    brevipedunculata ,    n.    sp.    —    Curaçao 

(Schottegat). 

8.  Styela    (Polycarpa)    cartilaginta ,    n.    sp.    —    Santa-Marta 

(Colombie). 

9.  Styela  (Polycarpa)  asiphonica;  n.  sp.  —  Rio  Nacha  (Goajira). 

10.  Styela  (Polycarpa)  approplnquata,  n.  sp.  —  Ile  Tortuga. 

11.  Styela  (Polycarpa)  seminnda.n.  sp.   —  Ile  Tortuga. 

12.  Cynthia  torpida,  n.  sp.  —  Santa-Marta  (Colombie). 

13.  Cynthia  chazaliei,  n.  sp.  —  Santa-Marta  (Colombie). 

14.  Cynthia  discrepam,  n.  sp.  —  Santa-Marta  (Colombie). 

15.  Microcosmus  biconwlutus,  n.  sp. —  Curaçao  (Schottegat). 

16.  Molgula  contorta,  n.  sp.  —  Rio  Nacha  (Goajira). 

II.    —    ASCIDIACEA    MEROSOMATA 

17.  PsanimaplidiKin  funginum,  n,  sp.  —  Ile  Tortuga. 

18.  Diplosonia  purpurca,  n.  sp.  —  Branco,  Cap- Vert. 

19.  Leptoclinam  conchyliatum,  n.  sp.  —Curaçao  (Schottegat). 

20.  Leptoclinum  cineraceum,  n.  sp.  —  Jamaïca  (Kingston). 

On  voit  donc  dans  cette  collection  que  les  Ascidies  holosomates 
sont  les  mieux  représentées.  Il  n'y  a  que  cinq  espèces  d'Ascidies 
mérosomates,  dont  quatre  des  Indes  occidentales  et  une  des  îles 
du  Cap-Vert.  Les  Ascidies  sociales  font  complètement  défaut. 

Parmi  les  formes  d'un  intérêt  plus  spécial,  je  signale  les  sui- 
vantes :  la  nouvelle  espèce  Cynthia  discrepans  avec  le  sac  branchial 
perforé  irrégulièjement  et  plus  ou  moins  rudimentaire,  avec  le 
tube  digestif  repoussé  dans  la  partie  postérieure  du  corps  et  avec 
les  gonades  encore  séparés;  la  Molgula  contorta,  n.  sp.,  avec  le  sac 
branchial  comme  chez  le  genre  Eugyra  et  l'entonnoir  vibratile 
aberrant;  la  Ciona  abdominalis,  n.  sp.,  avec  un  abdomen  long  et 
parfaitement  distinct,  représentant  une  forme  intermédiaire  entre 
les  Ascidies  holosomates  et  mérosomates,  et  enfin  le  curieux  Rho- 
dosonia  sefninudum  de  Heller.  Enfin,  j'ai  donné  une  description 
plus  détaillée  de  quelques  espèces  autrefois  décrites  par  Heller, 
mais  trop  superficiellement. 

1.  —  Aseidiacea    holosomata 

ASCIDIA    ATRA    LOSS. 

Traustedt,  Vestindiske  Ascidiae  simplices.  l''*"  Afd.  Vidensk.  Medd. 
fra  nalurh.  Foren.  i  Kj0benhavn,  p.  278,  1881. 


8  C.    PH.    SLl'ITIIt 

Qufitre  échantillons  de  Cmaçao  (S(hottonp:at),  sept  de  la  lagune 
de  Marj^uerita  et  un  de  la  rade  de  Kin^^ston  (Jamaïque),  à  une 
profondeur  de  deux  mèlres.  Le  plus  j,M-and  échantillon  de  celte 
espèce  bien  connue,  provenant  de  Marjïuerita,  avait  11  cm.  de  lon- 
û^ueur  et  G  cm.  de  larj^eui-.  Entre  les  j)apilles  primaires,  à  l'entre- 
croisement des  côtes  longitudinales  et  transversales,  il  n'y  a  pas 
de  papilles  intermédiaires  sur  les  côtes  longitudinales,  comme  on 
les  trouve  constamment  chez  VAscidia  nigra  Sav.  de  la  mer  Rouge 
et  de  l'Océan  Atlantique,  comme  Traustedt  l'a  à  bon  droit  remarqué. 

AsciDiA  LONGiTUBis  Traustedt 

(PI.  I,  (ii:.  1-2) 

Traustedt,  Vestindiftke  Ascidiae  simplice^.  l'«  Afd.  Vidensk.  Meddel. 
fra  den  naturh.  Foren.  i  Kj0benhavn,  p.  283,  1881. 

Un  échantillon  de  l'île  Santa-Marta  (Gairaco)  est  long  de  42mi'>  et 
large  de  SO'»™,  les  deu.x  siphons  mesurent  7»"™.  Le  siphon  buccal 
dirigé  en  avant  et  l'orifice  buccal  ayant  sept  rayons.  Le  siphon 
cloacal  est  à  peu  près  au  milieu  du  corps  et  dirigé  obliquement  en 
arrière;  l'orifice  cloacal  a  six  rayons.  L'animal  est  fixé  sur  la  face 
gauche  et  la  base  au  moyen  de  plusieurs  tractus,  rayonnant  de  sa 
ba.se.  La  surface  est  glabre,  transparente  et  colorée  d'un  blanc- 
grisàtre.  La  paroi  conjonclivo-musculaire  est  pigmentée  d'un  violet 
très  foncé  et  se  laisse  distinguer  au  travers  de  l'enveloppe  transpa- 
rente. Chez  un  autre  échantillon  provenant  de  la  même  localité, 
mais  beaucoup  plus  petit,  le  pigment  était  plus  clair,  d'une  teinte 
rose-violacé.  A  tous  les  autres  points  de  vue,  nos  animaux  corres- 
pondent à  la  description  de  Traustedt.  Seulement  il  faut  remarquer 
que  dans  le  sac  branchial  les  cases  quadrangulaires  sont  souvent 
partagées  en  deux  parties  inégales  par  une  petite  côte  longitudi- 
nale secondaire,  qui  est  encore  réunie  avec  les  côtes  longitudinales 
primaires  par  une  petite  côte  secondaire  transversale.  Aussi,  les 
stigmates  peuvent  se  diviser  en  deux  petits  stigmates.  De  plus,  je 
donne  une  figure  de  l'entonnoir  vibratile,  non  représentée  par 
Traustedt,  et  une  du  raphé  dorsal,  qui  est  étroit  sur  toute  la  lon- 
gueur, lisse  à  la  partie  antérieure,  mais  pourvu  de  petites  dentelles 
à  la  partie  postérieure,  ce  qui  n'est  pas  mentionné  par  Traustedt. 

ClONA    ABDOMINALIS,    n.    Sp. 

(l'i.  I,  ng.  .3-8). 

Caractèreu  extérieurs.  —  Corps  allongé,  cylindrique,  long  de 
3.0"»™,  large  de  IS'"™,  avec  plusieurs  entailles  transversales;  fixé 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    [„\    MER    DES    ANTILLES  9 

avec  la  partie  postérieure.  Les  deux  siphons  assez  rapprochés  l'un 
de  l'autre.  Le  siphon  branchial  terminal  long  de  6™™  et  avec 
l'orifice  à  huit  divisions.  Le  siphon  cloacal  un  peu  en  arrière,  plus 
court  et  avec  l'orifice  à  six  divisions.  Surface  glabre,  blanchâtre, 
plus  ou  moins  vitreuse. 

Tunique  externe  molle,  gélatineuse  et  plus  ou  moins  transpa- 
rente, comme  les  autres  Gionae. 

Tunique  interne  avec  une  musculature  assez  bien  développée, 
mais,  probablement  par  suite  de  la  contraction  du  corps,  les  fais- 
ceaux musculaires  ne  sont  pas  très  distinctement  marqués.  Les 
faisceaux  longitudinaux  sont  assez  étroits,  mais  les  faisceaux 
transversaux  sont  plus  distincts  que  d'ordinaire  chez  les  Cionae. 

Le  sac  branchial  ressemble  beaucoup  à  celui  de  Ciona  FlemirKji 
Herdm.  Les  côtes  transversales  sont  toutes  presque  égales.  Entre 
deux  côtes  longitudinales  se  trouvent  constamment  deux  stigmates 
disposés  en  rangée  horizontale.  Il  n'y  a  pas  de  côtes  transversales 
secondaires  coupant  les  stigmates  ;  il  n'y  a  pas  de  papilles  sur  les 
croisements  des  côtes  transversales  et  longitudinales,  mais  les 
dernières  sont  soutenues  par  des  supports,  comme  ,chez  le  genre 
Ecteinascidi'i .  Endostyle  assez  large  et  avec  le  bord  ent^iillé,  résultat 
probable  de  la  contraction. 

Tubercule  dorsal  oblong,  allongé  longitudinalement.  Orifice  de 
l'entonnoir  vibratile  également  oblong,  non  courbé,  en  forme  de 
fer  à  cheval. 

Raphé  dorsal  en  forme  de  languettes  assez  courtes. 

Tube  digestif  se  prolongeant  beaucoup  derrière  le  sac  branchial, 
formant  un  abdomen  presque  aussi  long  que  le  thorax.  fEsophage 
dirigé  directement  en  arrière;  estomac  dans  la  partie  postérieure 
du  corps,  se  recourbant  et  se  continuant  dans  l'intestin  proprement 
dit,  dirigé  directement  en  avant  mais  sans  croiser  l'œsophage. 
Anus  sur  le  bord  postérieur  du  siphou  cloacal,  par  conséquent 
bien  loin  en  avant.  Presque  tout  l'intestin  est  environné  par  le 
foie,  volumineux. 

Le  cercle  coronal  porte  trente  tentacules  environ,  toutes  presque 
égales. 

Gonades,  comme  d'ordinaire,  dans  la  courbure  de  l'estomac, 
mais  s'étendant  aussi  sur  la  paroi  de  l'intestin. 

Habite  l'île  Tortuga,  à  4£>  mètres  de  profondeur. 

Cette  espèce  ressemble  plus  ou  moins  à  la  Ciona  Flemingi  de 
Herdmann  des  îles  Ganaries(l),   mais  ne  saurait  être  confondue 

(1)  Report  of  H.  M.  S.  Challenger,  VI,  p.  2.35. 


10  C.    l'H.    SLLITER 

avec  elle.  Le  sac  branchial  ressemble  beaucoup  à  celui  de  cette 
espèce,  mais  il  n'y  a  pas  de  papilles  à  l'eutrecroisemenl  des  côtes, 
et  des  supports  assez  lougs,  comme  chez  le  genre  Ecteinascidia. 
Puis  l'entonnoir  vibratile  a  une  forme  très  primitive,  un  seul 
orifice  ovale,  tandis  que  chez  Ciona  Fh'ininqi  il  est  en  forme  de  fer 
à  cheval. 

Bien  remarquable  encore  est  le  tube  digestif,  qui  est  long  et 
placé  entièrement  derrière  le  sac  branchial,  condition  qui  ne  se 
trouve  ainsi  réalisée  que  chez  les  Ascidies  mérosomates  et  chez 
quelques  Ascidies  sociales  (ClateUna,  PoiJoclatella  et  Stereoclarella). 

Rhodosoma  semlnudum  Heller 
(Syn.  Hh.  p«/.rKs  Traustedt) 

Hellkk.  Sitzungsber.  d.  math.  nat.  Classe  d.  Kais.  Ak.  d.  Wissen 

schaften,  LXXVII,  I  Abth.  Wien.  1878,  p.  91. 
Traustedt.   Vesîindiske  Ascidiae  simplices.  Forstf  Afdeling  [Pliallu- 

Kiadae).  Videnskab.  Meddel.  fra  den  naturh.  Foren.  i  Kjôben- 

havn,  1881.  p.  274. 

Deux  échantillons  :  uu,  peut-être  libre,  provenant  de  Gaïraca, 
baie  près  de  Santa-Marta,  et  un  de  Kingston  (Jamaïque),  fixé  sur 
une  Hhabdocynthia  pallida.  Traustedt  a  donné  une  description  très 
exacte  de  cette  espèce,  qui  correspond  sous  tous  les  aspects  aux 
deux  animaux,  recueillis  par  M.  Yersluys  à  Gairaca  et  à  Kingston. 
Toutefois,  je  ue  comprends  p:is  bien  pourquoi  il  doute  de  l'identité 
de  ses  échantillons  de  Saint  Thomas  et  de  Sainte-Croix,  avec  les 
animaux  décrits  par  Heller  et  provenant  des  mêmes  parages.  Il  est 
vrai  que  la  description  de  Heller  est  bien  incomplète,  mais  en  tous 
cas  suffisante  pour  reconnaître  l'espèce,  et  je  ue  vois  pas  la  nécessité 
de  créer  un  autre  nom.  comme  l'a  fait  M.  Traustedt. 

BOTRYLLOÏDES    CHAZAUFI,    U.    Sp. 

Caractère-^  edlérifurs.  —  Les  colonies  forment  de  petites  masses, 
étendues  horizontalement,  irrégulièrement  lobées,  d'une  couleur 
violet  foncé.  Les  systèmes  allongés  ne  se  |ramifient  que  très  peu. 
La  plus  grande  colonie  avait  une  longueur  de  2.^™™  et  une  largeur 
de  lO™°i.  Les  orifices  cloacaux  communs  sont  distincts  et  assez 
nombreux,  circulaires  ou  en  forme  de  fente  étroite,  selon  l'étendue 
des  systèmes.  Les  Asciiliozoides,  longs  de  2.5™°».  perpendiculaires  à 
la  surface  et  larges  de  1,5™™.  Us  ont  l'aspect  des  Botrylloides. 

La  tunique  externe  est  molle,  mais  assez  résistante.  Sur  les 
bords  elle  est  un  peu  moins  colorée  qu'au  centre.  Partout  on  ren- 


TLNICIERS    RECUEILLIS    DAN^    LA    MER    DES    ANTILLES  H 

contre  les  vaisseaux  sanguins  avec  leurs  extrémités  rentlées,  dnns 
lesquelles  s'accumulent  les  grains  de  pigment  violet  foncé.  Dans  la 
matrice  homogène  se  trouvent  des  cellules  très  petites,  arrondies 
ou  en  forme  d'astérisque  (Testa-Zellen). 

La  tunique  interne  est  mince,  mais  peu  transparente  et  pourvue 
d'une  musculature  assez  forte.  Les  faisceaux  musculaires  transver- 
saux sont  plus  forts  que  les  longitudinaux.  Le  pigment  violet  se 
trouve  aussi  dans  la  tunique  interne. 

Le  sac  branchial  est  grand,  s'étend  jusqu'à  la  partie  postérieure 
du  corps.  Il  y  a  quatorze  rangées  de  stigmates,  allongées  et  relati- 
vement grandes.  De  chaque  côté  se  trouvent  quatre  côtes  longitu- 
dinales, et  il  y  a  trois  ou  quatre  stigmates  entre  deux  côtes. 
Endostyle  assez  étroit. 

Le  raplié  dorsal  étroit  et  sans  dentelles  ou  languettes. 

Tube  digestif  typique  des  Botrylloïdes;  estomac  avec  plis  longi- 
tudinaux, situé  dans  la  partie  tout  à  fait  postérieure  du  corps. 

Le  cercle  coroual  porte  huit  tentacules,  quatre  grands,  quatre 
petits. 

Les  gonades  forment  une  glande  lobée  de  chaque  côté  du  corps, 
un  peu  en  avant  du  tube  digestif.  On  ne  trouve  les  ovaires  que  chez 
les  individus  jeunes,  plus  tard  le  testicule  seul  est  développé. 

Habite  la  lagune  de  l'île  Marguerita. 

Deux  colonies  de  la  même  localité  de  ce  Botrylloïde  furent 
recueillies  pendant  l'expédition.  Il  est  bien  ditficile  de  trouver  des 
caractères  spéciaux  pour  distinguer  les  différentes  espèces  de 
Botrylloïdes,  et  ce  n'est  aussi  qu'avec  une  certaine  hésitation  que 
j'ai  décrit  celte  forme  comme  nouvelle,  mais  je  n"ai  pu  l'identifier 
avec  aucune  forme  connue. 

Stvela  (Polycarpa)  obtecta  Traust. 

Traustedt.   Vestimli^ke  Ascidiae  simplices.  Vidensk.  Medd.  fra  deu 
naturh.  Foren.  i  Kjôbenhavn,  1882,  p.  126. 

Deux  échantillons  provenant  de  Santa-Marta  (Colombie)  corres- 
pondent parfaitement  à  la  description  de  Traustedt.  Seulement, 
chez  l'un,  je  trouve  que  le  sac  branchial  n'a  que  quatre  plis  de 
chaque  côté,  tandis  que  chez  l'autre,  il  y  a  quatre  plis  sur  Je 
côté  gauche  et  cinq  sur  le  côté  droit,  comme  cela  est  décrit  par 
Traustedt.  Dans  les  gonades,  les  testicules  sont  distinctement 
séparés,  situés  en  demi-cercle  autour  de  l'ovaire.  Dans  la  figure  de 
Traustedt  il  existe  aussi  quelque  chose  de  semblable,  mais  beau- 
coup moins  distinct. 


12  C.    PH.    SLI'ITF.R 

Styela  (Polycarpa)  nmvosa,  n.  sp. 
(PI.  I,  ti^'.  '.»:  [)i.  III.  fin.  W) 

Caractères  ertcrinirs.  —  (]orps  lonj?  de  3;)™'",  large  de  IS"""  et 
épais  aussi  de  15™™.  La  forme  ijénérale  est  ovoïde,  mais  un  peu 
(enfoncée  à  la  face  dorsale.  Les  deux  siphons  sont  courts,  quoique 
distiucts.  Toute  la  surface  est  couverte  de  petites  branches  de 
corallines,  de  bryozoaires,  de  corail  et  de  di'îbris  de  coquilles. 

La  tunique  externe  est  mince  et  rendue  extrêmement  fragile  par 
les  nombreux  corpuscules  inclus  dans  son  tissu. 

La  tunique  interne  aussi  est  très  mince  et  peu  résistante,  avec 
des  faisceaux  musculaires  assez  faibles. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  chaque  cotô  de  quatre  plis  assez 
larges.  Surchacjue  pli  on  compte  dix  à  douze  cotes  longitudinales. 
Entre  deux  plis,  il  y  a  sept  côtes  longitudinales.  Les  côtes  trans- 
versales sont  inégales,  mais  sans  qu'on  puisse  trouver  une  alter- 
nance régulière.  Tantôt  on  trouve  deux  ou  trois  côtes  grêles  entre 
deux  côtes  de  premier  ordre,  tantôt  on  en  trouve  quatre  ou  même 
cinq.  Dans  chaque  rangée  transversale  se  trouvent,  entre  les  côtes 
longitudinales,  ([uatre  stigmates  allongés.  Ordinairement  des  côtes 
très  grêles  coupent  les  stigmates  en  deux,  quoique  quelquefois 
elles  puissent  faire  défaut.  Il  n'y  a  pas  de  papilles  sur  les  angles  des 
côtes  longitudinales  et  transversales.  Endostyle  peu  proéminenL 

Tubercule  dorsal  et  entonnoir  vibratiie  en  forme  de  fera  cheval. 
L'extrémité  gauche  un  peu  plus  longue  que  l'extrémité  droite  et 
dirigée  en  dedans. 

Raphé  dorsal  étroit  et  à  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  commence  par  un  œsophage  court,  qui  se  con- 
tinue dans  l'estomac,  qui  a  une  forme  ovoïde.  L'intestin  propre- 
ment dit  s'étend  jusqu'à  la  moitié  du  coi-ps,  forme  une  anse  ouverte 
et  s'abouche  dans  l'anus  situé  assez  en  arrière. 

Le  cercle  coronal  porte  vingt-deux  tentacules  filiformes,  de  plus 
grands  et  de  plus  petits  alternant  régulièrement. 

Gonades  en  forme  de  polycarpes  peu  nombreux,  assez  longs  et 
distribués  irrégulièrement  sur  la  tunique  externe. 

Habite  Gairaca,  Santa-Marta,  à  30  mètres  de  profondeur. 

Styela  (Polycarpa)  fultginea,  n.  sp. 

(Pi.  I,  fig.  10:  pi.  III.  fig.  45). 

Caractères  e.rtérievm.  —  Corps  long  de  30""™,  large  de  20™™  et 
épais  de  13™™.  Forme  générale  oblongue,  mais  la  face  dorsale  un 


-.x 


ÏUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES    ANTILLES  13 

peu  concave,  de  sorte  qu'elle  est  plus  ou  moins  réuiforme.  11  n'y  a 
pas  de  siphons  distincts.  Orifice  buccal  terminal  ;  l'orifice  cloacal 
10mm  plus  loin  sur  la  face  dorsale.  Surface  partiellement  recouverte 
de  sable,  sans  former  pourtant  une  couche  continue.  A  la  face  ven- 
trale tractus  ramifiés,  avec  lesquels  l'animal  a  été  attaché.  Coloration 
presque  noire,  avec  un  reflet  brunâtre. 

La  tunique  externe  est  mince,  mais  coriace  et  tenace,  et  tachetée 
en  dedans  de  sépia  sur  un  fond  moins  clair.  Tunique  interne 
épaisse,  mais  peu  résistante,  parce  que  le  système  musculaire  n'est 
que  faiblement  développé.  Les  deux  siphons  très  courts. 

Sac  branchial  ferme  et  coloré  d'un  brun  foncé.  De  chaque  côté, 
quatre  plis  assez  larges.  Entre  deux  plis,  il  y  a  sept  côtes  longitu- 
dinales. Les  côtes  transversales  sont  inégales,  mais  on  ne  saurait 
trouver  quelque  régularité  dans  l'alternance.  Dans  chaque  rangée 
transversale  il  y  a  quatre  ou  cinq  stigmates  allongés.  A  .''extérieur, 
le  sac  branchial  est  étage  par  des  côtes  solides,  qui  saillent  large- 
ment dans  la  cavité  péribranchiale.  Il  n'y  a  pas  de  papilles  sur  les 
angles  des  côtes  longitudinales  et  transversales.  L'endostyle  est 
large  et  très  proéminent,  serpentant  à  la  partie  antérieure. 

Le  tubercule  dorsal  est  volumineux,  en  forme  de  carreau.  Dans 
le  milieu  il  y  a  une  fosse  presque  circulaire,  mais  avec  un  lambeau 
recourbé,  de  sorte  qu'il  en  résulte  une  fosse  en  fer  à  cheval.  L'en- 
tonnoir vibratile  proprement  dit  se  trouve  à  la  base  de  cette  fosse 
et  est  lui-même  aussi  en  forme  de  fer  à  cheval. 

Le  raphé  dorsal  est  étroit  et  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  commence  par  un  œsophage  assez  long,  qui 
se  continue  dans  un  estomac  vaste,  dirigé  obliquement  dorsalement 
et  en  avant,  s'étendant  presque  jusqu'au  milieu  du  corps.  L'intestin 
proprement  dit  forme  une  anse  étroite,  presque  fermée.  Anus 
entier,  situé  sur  le  milieu  du  corps. 

Le  cercle  coronal  porte  vingt  tentacules  filiformes  assez  grands 
et  quelques-uns  de  beaucoup  plus  petite  taille. 

Gonades  en  forme  de  polycarpes  hermaphrodites,  médiocrement 
nombreux  et  distribués  irrégulièrement  sur  la  tunique  interne.  Il 
n'y  a  pas  d'endocarpes. 

Habite  la  mer  des  Antilles,  près  des  ïortugas,  à  45  mètres  de 
profondeur. 

Styela  (Polygarpa)  friabilis,  n.  sp. 
(PI.  1,  fig.  11) 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  3o'""',  large  de  12"""  et 


14  <:.   ru.  st>i  iTKii 

épais  (le  10""".  Forme  j^'éin-rale  ovoïde,  siplious  peu  distincts.  Orifice 
l>ranchial  terminal,  orilice  cloacal  sur  le  milieu  du  ror|ts.  Surface 
couverte  de  déhris  de  cociuilles  et  de  petites  pierres. 

Tunique  externe  mince,  plus  ou  moins  coriace,  mais  assez  fragile, 
par  suite  des  nombreux  corps  étrangers  renfermés  dans  son  tissu. 

La  tunique  interne  assez  épaisse,  mais  la  musculature  n'étant 
que  faiblement  développée,  elle  est  plus  ou  moins  gélatineuse  et 
peu   résistante. 

Le  sac  branchial  a  quatre  plis  de  chaque  côté.  Entre  deux  plis  il 
y  a  quatre  à  cinq  côtes  longitudinales.  Les  cotes  transversales  sont 
inégales;  il  y  a  ordinairement  trois  ou  quelquefois  quatre  côtes 
plus  étroites  entre  deux  côtes  beaucoup  plus  larges  Entre  deux 
côtes  longitudinales  se  trouvent,  dans  chaque  rangée  transversale, 
dix  sligtnates  allongés.  Il  ne  se  trouve  que  très  rarement  des  côtes 
secondaires  très  grêles,  qui  coupent  les  stigmates.  Endostyle 
médiocrement  large. 

Tubercule  dorsal  d'une  forme  assez  irrégulière,  avec  l'entonnoir 
vibratile  également  irrégulier,  quoiqu'on  puisse  déduire  sa  forme 
de  la  forme  typique  en  fer  à  cheval.  L'extrémité  droite  s'étend 
beaucoup  plus  en  avant  que  l'extrémité  gauche  et  est  recourbée 
angulairement.  Extrémité  gauche  recourbée  plus  régulièrement. 

Raphé  dorsal  étroit  et  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  commence  avec  un  œsophage  court.  Estomac  peu 
volumineux  et  dirigé  obliquement  en  avant.  L'intestin  proprement 
dit  forme  une  anse  peu  développée  qui  n'atteint  pas  le  milieu  du 
corps.  Le  rectum,  assez  court,  reste, ainsi  que  l'anus,  aussi  derrière 
le  milieu  du  corps. 

Le  cercle  coronal  porte  environ  trente  tentacules,  parmi  lesquels 
il  n'en  existe  que  quelques-uns  de  plus  petits. 

(ionades  eu  forme  de  polycarpes  ovoïdes  hermaphrodites,  peu 
nombreux,  surtout  développés  dans  la  partie  antérieure  du  corps. 
Il  n'y  a  pas  d'endocarpes. 

Habite  la  rade  de  Kingston  (Jamaïque). 

StYELA   (PoLYCARPa)    INSULSA,    n.    sp. 
(PI.  III,  fig.  43). 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  60™i",  large  de  30'"'"  et 
épais  de  20™™  Surface  ridée,  mais  pour  la  plus  grande  partie 
couverte  de  sable  et  de  débris  calcaires.  Les  parties  nues  de  la 
tunique  sont  d'un  jaune-brunàtre.  Les  siphons  sont  courts,  les  deux 
orifices  quadrilatères,  l'orifice  buccal  terminal,  l'orifice  cloacal  sur 
la  moitié  de  la  longueur  du  corps. 


TUNICIERS   RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DliS    ANTILLES  l.") 

Tunique  externe  épaisse,  ferme,  plus  ou  moins  cartilagineuse  eL 
nacrée  ou  argentée  en  dedans. 

Tunique  interne  également  ferme  et  épaisse,  à  faisceaux  muscu- 
laires peu  distincts  ;  faisceaux  longitudinaux  seulement  séparés 
dans  la  partie  antérieure.  Les  deux  siphons  sont  courts  mais  dis- 
tincts et  très  musculeux. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  quatre  plis  assez  étroits  de  chaque 
côté.  Entre  deux  plis  on  trouve  cinq  ou  six  côtes  longitudinales. 
Les  côtes  transversales  sont  bien  inégales.  Entre  deux  côtes  plus 
larges  il  y  a  ordinairement  trois  ou  quatre  côtes  plus  étroites,  mais 
qui  elles-mêmes  ne  sont  pas  non  plus  égales.  Des  côtes  secondaires, 
qui  coupent  les  stigmates,  font  défaut.  Dans  chaque  rangée  trans- 
versale on  trouve  entre  deux  côtes  longitudinales  voisines  quatre 
ou  cinq  stigmates  allongés.  Point  de  papilles  sur  le  croisement  des 
côtes.  Endostyle  large,  très  étroit. 

Tubercule  dorsal  ovoïde,  grand  et  composé  d'un  tissu  conjonctif 
solide.  Au  milieu  se  trouve  une  fosse  en  forme  de  fer  à  cheval,  à  la 
base  de  laquelle  est  situé  l'entonnoir  vibratile  proprement  dit, 
également  en  forme  de  fer  à  cheval. 

Raphé  dorsal  étroit  et  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  n'occupe  que  le  dernier  tiers  de  la  cavité  du 
corps,  n'est  pas  long,  mais  l'orme  une  anse,  comme  d'ordinaire. 
L'anus  entier,  au  bord  postérieur  du  siphon  cloacal. 

Le  cercle  coronal  porte  vingt-quatre  tentacules  presque  égaux, 
dont  quelques-uns  plus  petits. 

Gonades  en  forme  de  nombreux  polycarpes  ovoïdes,  distribués 
inégalement  sur  la  face  intérieure  de  la  tunique  interne.  De  nom- 
breux endocarpes  répandus  parmi  les  polycarpes. 

Habite  les  îles  de  Los  Testigos. 

Styela  (Polycarpa)  brevipedunculata,  n.  sp. 

(PI.   1,  fig.  12) 

Caractères  extérieure.  —  Corps  long  de  30"'"',  large  de  20'""', 
épais  de  10"^"\  pourvu  d'un  pédoncule  court  et  ayant  une  forme 
irrégulière.  Les  deux  orifices  quadrilatères,  les  siphons  très  courts, 
presque  nuls.  Orifice  branchial  terminal  ;  orifice  cloacal  vers  le 
milieu  du  corps.  Surface  presque  entièrement  dépourvue  de  corps 
étrangers,  irrégulièrement  ridée.  L'unique  échantillon  était  coloré 
par  une  éponge  violette,  de  sorte  que  la  couleur  primitive  était 
méconnaissable. 


16  C.    l'H.    SLUriKK 

ïimique  cxlornt'  assez  iiiiiicc,  coi  ijict;,  mais  \)ou  ferme,  d'un 
hlaiK-  d'ar^^Mit  an  dedans. 

Tuuique  interne  obscure,  probablemeut  aussi  par  suite  de  l'extrait 
d'épongée.  Musculature  médiocrement  développée,  formant  des 
faisceaux  peu  dislincls.  Siplutu  cloacaj  louy  seulement  de  5"'"»  et 
situé  derrière  le  milieu  du  corps. 

Sac  branchial  pourvu  de  quatre  plis  de  chaque  côté.  Entre  l'eu- 
dostyle  et  le  premier  pli  ventral,  de  même  qu'entre  le  raphé  dorsal 
et  le  premier  pli  dorsal,  il  y  a  trois  côtes  longitudinales.  Entre  ces 
deux  plis  et  les  deux  du  milieu  il  y  a  quatre  côtes  longitudinales. 
Les  côtes  transversales  sont  bien  inégales;  ordinairement  on 
trouve  quatre  ou  cinq  côtes  plus  étroites  entre  deux  plus  larges, 
mais  quelquefois  il  y  en  a  aussi  seulement  trois,  et  encore  celles-ci 
ne  sont-elles  pas  égales.  Dans  les  rangées  transversales  de  stigmates 
on  trouve,  entre  deux  côtes  longitudinales,  dix  à  douze  stigmates 
allongés,  de  manière  qu'on  en  trouve  douze  près  du  raphé  dorsal  et 
de  l'endostyle  et  dix  dans  la  partie  centrale  du  sac  branchial.  Il  n'y 
a  pas  de  papilles  sur  le  croisement  des  côtes.  Endostyle  médiocre- 
ment large. 

Tubercule  dorsal  long  et  étroit.  Entonnoir  vibratile  en  forme  de 
fer  à  cheval,  avec  les  deux  extrémités  dirigées  en  dedans,  celle  de 
gauche  contournée  eu  volute,  celle  de  droite  recourbée  seulement 
en  arrière. 

Raphé  dorsal  étroit  et  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  forme  l'anse  ordinaire,  mais  restreinte  dans  le 
tiers  postérieur  du  corps.  Aussi  l'anus  se  trouve  au  bord  postérieur 
du  siphon  cloacal. 

Le  cercle  corojial  porte  environ  soixante  tentacules  filiformes  de 
trois  ordres  :  vingt  grands  alternant  avec  vingt  plus  petits  et  vingt 
très  petits,  et  distribués  bien  irrégulièrement. 

Gonades  en  l'orme  de  nombreux  polycarpes,  distribués  irrégu- 
lièrement contre  la  tunique  interne. 

Habite  la  lagune  «  Schottengat  »  (Curaçao). 

Styela  (Polycarpa)  cartilaginea,  n.  sp. 

(PI.  I,  lig.  13,  14,  15). 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  :22°i™,  large  de  [2^^,  épais 
de  9hi°i,  fixé  avec  la  partie  postérieure. 

Surface  avec  des  protubérances  inégales,  partiellement  recouverte 
de  sable  et  de  débris  de  coquilles.  Les  deux  orifices  quadrilatères, 
éloignés  l'un  de  l'autre  d'environ  1/3  de  la  longueur  du  corps. 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    iMER    DES    ANTILLES  17 

Tunique  externe  plus  cartilagioeuse  à  la  face  extérieure,  plus 
coriace  à  la  face  interne,  médiocrement  épaisse  et  peu  ferme. 

La  tunique  interne  très  peu  transparente,  avec  des  faisceaux 
musculaires  assez  faibles  et  peu  distincts. 

Les  deux  siphons, spécialement  le  siphon  buccal,  deviennent  très 
foncés,  presque  noirs,  à  leurs  extrémités. 

Siphon  cloacal  vers  le  milieu  du  corps. 

Sac  branchial  pourvu  de  quatre  plis.  Entre  deux  plis  les  côtes 
longitudinales  sont  arrangées  de  manière  qu'on  trouve,  à  partir  du 
côté  dorsal,  entre  un  pli  et  la  première  côte  longitudinale,  deux 
stigmates  en  rangée  transversale;  entre  la  première  et  la  seconde 
côte  il  y  a  huit  stigmates,  et  entre  la  seconde  et  la  troisième  côte 
on  trouve  ordinairement  sept  à  huit  stigmates.  Ensuite  on  trouve 
encore  quatre  côtes  longitudinales  beaucoup  plus  rapprochées,  de 
sorte  qu'on  n'observe  qu'un  ou  deux  stigmates  entre  les  côtes.  Les 
plis  eux-mêmes  sont  assez  étroits.  Les  côtes  transversales  sont 
alternativement  plus  étroites  et  plus  larges.  Des  côtes  transver- 
sales secondaires,  coupant  les  stigmates,  font  défaut.  11  n'y  a  pas 
de  papilles  à  l'entrecroisement  des  côtes.  Endostyle  étroit. 

Le  tubercule  dorsal  est  ovoïde,  avec  l'entonnoir  vibratile  en 
forme  de  petit  orifice  circulaire. 

Raphé  dorsal  étroit  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  forme  une  anse  très  étroite,  totalement  fermée. 
L'œsophage,  très  court,  se  continue  dans  l'estomac,  allongé,  sillonné 
longitudinalement  et  dirigé  obliquement,  dorsalenient  et  en  avant, 
atteignant  presque  le  milieu  du  corps.  L'intestin  se  recourbe  et  se 
couche  sur  l'estomac.  Le  rectum  se  recourbe  en  S  et  s'abouche  avec 
l'anus  entier  sur  le  bord  postérieur  du  siphon  cloacal. 

Gonades  sous  forme  de  nombreux  polycarpes  distribués  irrégu- 
lièrement. Point  d'endocarpes. 

Le  cercle  coronal  porte  environ  soixante  tentacules  de  trois 
ordres  :  quinze  grands,  quinze  plus  petits  et  trente  très  petits. 

Habite  Gairaca,  Santa-Marta. 

Styela  (Polycarpa)  asiphonica,  n.  sp. 
(PI.    I.  r\fx.   16.  17,   18) 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  2t)""",  large  de  20"'"'  et 
épais  de  15""",  fixé  avec  la  partie  postérieure  et  ventrale,  prolongée 
en  un  court  pédoncule  qui  se  ramifie  en  plusieurs  branches,  mais 
le  pédoncule,  avec  ses  ramifications,  peut  être  très  peu  développé. 
Orifice  buccal  quadrilatère  et  terminal;  orifice  cloacal  également 

Mém.   Soc.  ZooL  de  Fr.,  1S9S.  xi.  —  2 


IS  C.    l'H.    SLUITKIi 

(|iia(irilaU'ie  el  (iisl;inl  du  premier  d'un    tiers  de  la  lon^Mieui*  du 
corps.  Les  deux  siphons  liés  courts.  Surface  sillounée  très  iiit''|;u 
liéreineut,    plus  ou  moins  couverte  de   corps  étrangers.   (Idulciir 
l)run-j;risàtre. 

Tunique  externe  coriace,  assez  leriiie.  très  épaisse  eu  avant  et 
sur  la  face  dorsale,  naciée  en  dedans. 

Tunique  interne  épaisse,  charnue,  pourvue  d'une  forte  muscu- 
lature. Les  deux  siphons  très  courts,  à  peine  discernables. 

Le  sac  branchial  s'étend  jusqu'à  la  partie  la  plus  postérieure  du 
corps  et  est  pourvu  de  quatre  larges  plis.  Kutre  deux  plis,  il  y  a 
quatre  à  six  côtes  longitudinales  et  entre  celles-ci  se  trouvent  quatre 
stigmates  en  rangée  transversale,  excepté  entre  le  pli  et  la  pre- 
mière côte,  où  se  trouvent  seulement  deux  ou  trois  stigmates.  Côtes 
transversales  de  différents  ordres,  arrangées  régulièrement  de  la 
manière  suivante  :  a-d-c-d-b-d-c-il-a,  en  appelant  a  la  côte  plus 
grande  et  il  la  plus  étroite.  Les  côtes  secondaires,  coupant  les 
stigmates,  font  défaut. 

Endostyle  médiocrement  large. 

Tubercule  dorsal  pyriforme  avec  l'entonnoir  vibratile  en  forme 
de  fente  irrégulière,  au  fond  d'une  dépression  en  forme  d'oreille. 

Raphé  dorsal  médiocrement  large  à  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  comme  dans  l'espèce  précédente, c'est-à-dire  avec 
une  anse  tout  à  fait  fermée. 

Gonades  sous  forme  de  nombreux  polycarpes.  Parmi  ceux-ci  se 
trouvent  aussi  de  nombreux  endocarpes. 

Le  cercle  coronal  porte  environ  soixante  tentacules,  alternative- 
ment plus  grands  et  plus  petits. 

Habite  Rio  Hacha,  Goajira,  à  6  à  7  mètres  de  profondeur. 

Styela  (Polyc.arpa)  appropinquata,  n.  sp. 

(IM.  I,  lig.  19.  -3).  21). 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  25""",  large  de  15™™,  épais 
de  40™™.  fixé  avec  la  plus  grande  partie  de  la  face  postérieure  qui 
est  couverte  de  sable,  La  partie  antérieure,  sillonnée  transversa- 
lement, est  nue  et  de  couleur  brun-jaunàtre,  mais  la  partie  entou- 
rant les  deux  orifices  est  lisse  et  blanchâtre  (peut  être  rougeàtre 
pendant  la  vie).  Les  deux  orifices  distinctement  quadrilatères  et 
éloignés  l'un  de  l'autre  de  o™™  seulement.  H  ny  a  pas  de  siphons. 

Tunique  externe  coriace,  assez  mince  mais  ferme,  lisse  dedans, 
jaunâtre  mais  non  nacrée. 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES    ANTILLES  19 

Tunique  interne  brun-clair,  avec  une  musculature  bien  déve- 
loppée, non  transparente.  Siphons  à  peine  discernables. 

Sac  branchial  pourvu  de  quatre  plis  assez  larges.  Entre  deux  plis 
de  nombreuses  côtes  longitudinales  (vingt  environ),  dont  pourtant 
celles  du  milieu  se  sont  rapprochées  comme  pour  former  un  com- 
mencement de  pli.  Entre  deux  côtes  longitudinales  on  trouve  en 
rangée  transversale  deux  ou  au  plus  trois  stigmates  qui  sont  coupés 
régulièrement  par  des  côtes  transversales  secondaires.  Les  autres 
côtes  transversales  sont  presque  toutes  égales.  Point  de  papilles  à 
l'entrecroisement  des  côtes.  Endostyle  assez  étroit. 

Tubercule  dorsal  circulaire,  et  entonnoir  vibratile  en  forme  d'S. 

Raphé  dorsal  étroit  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  commence  tout  en  arrière  du  corps  par  un  court 
œsophage.  Aussi  l'estomac  est-il  situé  dans  la  région  tout  à  fait 
postérieure  du  corps  et  strié  longitudinalement.  L'intestin  propre- 
ment dit  est  dirigé  en  avant,  ne  formant  qu'une  courbure  assez 
faible,  de  sorte  qu'on  ne  saurait  parler  d'une  anse.  L'anus  à  bord 
entier  situé  en  arrière  du  premier  tiers  du  corps. 

Le  cercle  coronal  porte  onze  tentacules  seulement,  tous  presque 
égaux  ;  mais,  sur  le  côté  gauche,  il  y  a  une  partie  toute  nue,  sans 
tentacules. 

Gonades  sous  forme  de  nombreux  polycarpes,  bien  dilïéreuts 
comme  grandeur,  développés  surtout  dans  la  partie  antérieure  du 
corps.  Dans  la  partie  postérieure  de  nombreux  petits  endocarpes. 

Habite  l'île  de  Tortuga. 

Styela  (Polycaupa)  semi.xuoa,  n.  sp. 

(PL  II,  fig.  22-23) 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  30™™,  large  de  15™°»  et 
épais  de  10™'".  La  plus  grande  partie  du  corps  est  couverte  de 
débris  de  coquilles  et  d'épongés,  seule  la  partie  antérieure  est 
presque  dépourvue  de  corps  étrangers  et  colorée  d'un  brun  foncé 
et  sale.  Orifice  buccal  terminal  :  orilice  cloacal  vers  le  milieu  du 
corps.  Les  deux  orifices  quadrilatères.  Le  corps  fixé  par  des  racines. 

Tunique  externe  mince  et  coriace,  grisâtre  en  dedans. 

Tunique  interne  épaisse,  mais  gélatineuse  et  transparente  parce 
que  la  musculature  n'est  que  faiblement  développée.  Les  deux 
siphons  très  courts  et  pourvus  également  d'une  musculature  faible. 
Sac  branchial  pourvu  de  quatre  plis  larges.  Entre  deux  plis,  on 
compte  cinq  côtes  longitudinales.  Dans  chaque  rangée  transversale 
de  stigmates,  on  trouve  entre  le  pli  et  la  première  côte  de  chaque 


20  <:.   l'H.  -^u  iiKit 

cAlê  ciii(|  «Ml  six  slif^iiialt's,  riitic  les  wiilros  ccMes,  ordinairemenl 
dix.  Les  slij^mates  s«tiU  lon^s  el  étroits.  I^cs  côtos  transversales  sont 
de  trois  ordres,  en  outre  des  côtes  secondaires  (jui  coupent  assez 
réj^ulièrenient  les  stigmates.  Entre  deux  côtes  de  premier  ordre,  il 
en  existe  une  de  second  ordre,  et  entre  celle-ci  et  les  deux  de 
premier  ordre,  on  trouve  constamment  trois  de  troisième  ordre,  de 
manière  qu'il  y  a  huit  rangées  de  stigmates  entre  deux  côtes  de 
premier  ordre.  Il  n'y  i)as  de  papilles  à  l'entrecroisement  des  côtes. 

Kudostyle  assez  large. 

Tubercule  dorsal  ovoïde  avec  eutonnoir  vibratile  en  forme  d'S. 

Raphé  dorsal  étroit  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  forme  uue  anse  ouverte  el  ne  montre  rien  de 
remarquable. 

Le  cercle  coroual  porte  viugl-quatre  tentacules,  qui  sont  alter- 
nativement plus  petits  et  plus  grands. 

Gonades  sous  forme  de  polycarpes  assez  longs,  qui  sont  placés 
en  une  double  rangée  autour  de  la  cavité  cloacale,  tons  dirigés  par 
leur  oritlce  vers  l'orifice  cloacal. 

Habite  l'île  de  Tortuga,  à  45  mètres  de  profondeur. 

Cynthia  L.JiviGAiA  Hellcr  (?) 

C.  Hklleh.  Jieilrà(/r  ziir  niihern  Kciinlniss  ârr  Tu/t/ca/en. Silzungsber. 
der  K.  Akad.  d.  ^Viss.  Wien,  LXXVII,  p.  93,  1878. 

(PI.   II,  iig.  24) 

Caraclères  extérieurs.  —  Corps  plus  ou  moins  ovoïde,  long  de 
35""",  large  de  20""",  fixé  par  la  face  ventrale  droite,  qui  peut  quel- 
quefois se  prolonger  en  un  pédoncule  court  et  peu  distinct.  Surface 
ridée  et  sillonnée  assez  profondément  en  tous  sens,  mais  presque 
sans  corps  étrangers.  Les  deux  siphons  courts  et  peu  proéminents, 
tous  deux  dorsaux;  les  deux  orifices  quadrilatères.  La  coloration 
varie  depuis  le  blanc  jusqu'au  brun-grisâtre. 

Tunique  externe  peu  épaisse,  coriace,  blanchâtre  en  dedans. 

Tunique  interne  avec  des  faisceaux  musculeux  distincts  et  forts 
sur  le  côté  droit,  et  surtout  sur  les  deux  siphons  courts  ainsi  que 
sur  la  face  dorsale  entre  les  deux  siphons,  d'où  rayonnent  des 
faisceaux  sur  les  deux  côtés,  mais  ceux  du  côté  gauche  sont  assez 
faibles  et  la  tunique  de  ce  côté  est  pellucide,  permettant  de  discer- 
ner à  travers  les  gonades  et  le  tube  digestif.  Siphon  buccal  dirigé 
obliquement  eu  avajit;  siphon  cloacal  rectangulaire;  tous  deux 
larges  et  assez  courts. 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES   ANTILLES  2[ 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  six  plis  de  chaque  côté.  Entre 
deux  plis  il  y  a  huit  côtes  longitudinales.  Dans  chaque  rangée 
transversale  se  trouvent  six  à  huit  stigmates  allongés,  qui  sont 
coupés  régulièrement  par  des  côtes  transversales  secondaires  très 
grêles.  Les  autres  côtes  transversales  sont  de  deux  ordres,  de 
manière  qu'entre  deux  côtes  de  premier  ordre  se  trouvent  trois 
côtes  de  second  ordre,  mais  souvent  on  rencontre  des  irrégularités 
dans  cet  arrangement,  Endostyle  assez  étroit. 

Le  tubercule  dorsal  est  en  forme  de  fer  à  cheval,  avec  l'extrémité 
gauche  recourbée  en  dedans,  mais  non  contournée  en  volute. 

Raphé  dorsal  en  forme  de  nombreuses  languettes  très  grêles, 
commençant  immédiatement  en  arrière  du  tubercule  dorsal. 

Tube  digestif  formant  une  anse  largement  ouverte,  atteignant  en 
avant  presque  le  cercle  coronal. 

Rectum  largement  renflé.  Anus  à  trois  divisions  tronquées,  mais 
non  dentées. 

Le  cercle  coronal  porte  dix-huit  tentacules  composés,  dont  douze 
sont  beaucoup  plus  grands  que  les  six  autres. 

Gonades  presque  égaux  des  deux  côtés.  Celui  du  côté  gauche 
occupant  toute  l'anse  de  l'intestin. 

Habite  (Iriraca,  Santa-Marta.  Profondeur.  0.15  mètres. 

J'ai  donne  ci-dessus  une  description  plus  détaillée  de  plusieurs 
Cynthia,  que  je  crois  être  identiques,  avec  la  Ci/nthia  Uemgdta  de 
Heller  provenant  de  la  Jamaïque,  quoique  la  description  que  donne 
Heller  soit  si  courte,  et  qu'il  reste  quelque  doute  sur  l'identité 
Mais,  en  tous  cas,  je  ne  trouve  aucun  caractère  qui  ne  fût  en 
contradiction  avec  la  diagnose  donnée  par  Heller. 

Cynthia  torpida,  n,  sp. 

(Fl.   11,  (ig.  2.^-28). 

Caracth'es  extérieuts.  —  La  taille  de  l'unique  inrlividu  obtenu  est 
de  23""™  sur  Hmm  L'animal  était  fixé  par  une  large  base.nofammeni 
par  la  face  ventrale  qui  se  prolonge  eu  un  bord  plat  de  quelques 
millimètres  de  largeur.  La  face  dor.sale  et  les  flancs  sont  nus,  sans 
corps  étrangers,  mais  ridés  finement  et  assez  régulièrement,  le 
réseau  devenant  plus  lin  près  des  orifices.  Les  deux  orifices  peu  ou 
point  proéminents  ;  tous  deux  quadrilatères  et  situés  sur  la  face 
dorsale.  La  coloration  est  d'un  jaune  ocreux. 

La  tunique  externe  est  peu  épaisse  mais  ferme,  coriace  et  faible- 
ment nacrée  en  dedans. 

La  tunique  interne  aune  charpente  conjonctivo- musculaire  assez 


22  C.    PH.    SLUITEH 

mince  et  diaphaiii',  nermettaot  de  discerner  les  organes  internes. 
Faisceaux  inusciilaircs  distincls  et  anaii^^'s,  coniine  on  le  trouve 
souvent  chez  les  Cyntliia.  Les  siphons  sont  courts  et  situés  sui"  la 
(ace  dorsale  ;  le  siphon  buccal  est  dirigé  ()bli(]uement  en  avant,  le 
siphon  cloacal  forme  un  ani-lc  droit  avec  la  ligne  dorsale. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  six  plis  de  chaque  côté.  Entre 
deux  plis  je  compte  sept  côtes  longitudinales.  Entre  deux  côtes 
voisines  se  trouvent  dans  chatjue  rangée  transversale  trois  ou 
quatre  stigmates  allongés.  Les  côtes  transversales  sont  de  trois 
ordres,  sans  compter  les  côtes  très  grêles  qui  coupent  les  stigmates 
dans  le  riiilieu  de  leur  longueur.  Les  autres  sont  arrangées  réguliè- 
rement, de  manière  qu'entre  deux  côtes  de  premier  ordre  se  trouve 
une  côte  de  second  ordre  et  deux  de  troisième  ordre,  alternant  p;ïr 
ordre  de  succession  :  1-3-2-3-1.  Point  de  pa|)illes  sur  les  angles,  où 
les  côtes  longitudinales  et  transversales  se  coupent. 

Le  tubercule  dorsal  a  une  forme  triangulaire  et  porte  l'entonnoir 
vibratile  en  forme  de  fer  à  cheval  avec  les  deux  extrémités  con- 
tournées en  volutes,  dirigées  toutes  deux  à  gauche  et  en  arrière. 

Le  raphé  dorsal  a  la  forme  des  languettes  grêles,  réunies  à  la 
base  par  une  membrane  étroite. 

Le  tube  digestif  forme  une  anâe,  largement  ouverte,  commençant 
par  un  court  œsophage,  se  continuant  par  l'estomac  qui  n'est  pas 
beaucoup  plus  large  que  l'œsophage.  L'intestin  proprement  dit, 
s'étendant  loin  en  avant,  atteint  à  peu  près  le  cercle  coronal.  Anus 
entier. 

Le  cercle  coronal  porte  vingt-six  tentacules  composés,  dont  seize 
sont  beaucoup  plus  grands  que  les  dix  autres. 

Gonades  presque  égaux  des  deux  côtés.  Les  glandes  bisexuelles, 
encore  distinctement  séparées,  chacune  formant  un  ovaire  sphé- 
rique,  entouré  du  testicule  lobé.  Le  gonade  de  gauche  sous  l'anse 
de  l'intestin. 

Habite  Santa-Marta,  Colombie.  Deux  exemplaires. 

Cynthia  Chazaliei,  n.  sp. 

(PI.  Il,  II-.  29,  30  ) 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  long  de  52mQ\  large  de  25mm^ 
fixé  par  un  court  et  large  pédoncule.  La  surface  irrégulièrement 
ridée,  formant  un  réseau  près  des  orifices,  et  des  rides  longitudi- 
nales au  milieti  du  corps.  Oritice  buccal  sur  un  siphon  assez 
proéminent,  dirigé  eu  avant.  Orifice  cloacal  distant  d'un  tiers  de  la 
longueur  du  corps  en  arrière,  sur  un  siphon  beaucoup  plus  petit. 


TLINICIERS    RECUEILLIS    DANS   LA   MER    DES    ANTILLES  23 

Les  deux  orifices  quadrilatères.  La  coloration  est  d'un  brun  livide. 
Tunique  externe  médiocrement  épaisse,  blanchâtre  en  dedans. 

Tunique  interne  plus  ou  moins  pellucide  ;  faisceaux  musculeux 
(iisfincts,  arrangés  comme  d'ordinaire  chez  les  Cyuthia.  Siphon 
l)uccal  dirigé  en  avant  et  assez  long  ;  siphon  cloacal  vers  le  milieu 
de  la  longueur  de  l'animal,  dirigé  obliquement  en  avant. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  chaque  côté  de  six  plis  assez 
étroits.  Il  y  a  11  côtes  longitudinales  entre  deux  plis,  dont  trois  ou 
quatre  se  sont  rapprochées  beaucoup  plus  que  les  autres.  Dans 
chaque  rangée  transversale  on  trouve  entre  deux  côtes  voisines 
quatre  ou  cinq  stigmates  médiocrement  allongés,  tandis  qu'entre 
les  côtes  plus  rapprochées,  il  n'y  en  a  qu'un  ou  deux.  Les  côtes 
transversales  sont  toutes  à  peu  près  égales,  seulement  les  trémas 
sont  coupés  régulièrement  par  des  côtes  secondaires  très  grêles.  Le 
tubercule  dorsal  a  une  forme  ovoïde  ;  l'entonnoir  vibratile  est  en 
forme  de  fer  à  cheval  avec  les  deu.x  extrémités  contournées  en 
volutes,  toutes  deux  dirigées  en  dedans. 

Raphé  dorsal  en  forme  de  languettes  grêles  au  commencement, 
réunies  seulement  à  la  base.  Le  tube  digestif  forme  une  anse  assez 
étroite,  pour  une  Cyuthia,  ne  s'étendant  que  jusqu'au  milieu  du 
corps,  mais  ne  s'appuyant  pas  sur  lui  même  en  revenant.  Le  rectum 
court,  mais  élargi  au  commencement,  formant  un  ventricule, 
tandis  que  l'estomac  est  mince  et  presque  entièrement  enveloppé 
dans  le  foie.  Anus  entier.  Le  cercle  coronal  porte  environ  trente 
tentacules  composés,  dont  seize  plus  grands,  mais  alternant  irrégu- 
lièrement avec  les  autres  plus  petits. 

Gonades  presque  égaux  des  deux  cotés.  Les  glandes,  encore 
séparées  distinctement,  s'abouchent  chacune  dans  l'oviducte  qui 
suit  du  coté  gauche  l'intestin. 

Habite  Sanla-Marta  (Columbia).  i  ex. 

Cynthia  discrepans,  n.  sp. 

(PI.    II,    Hs-   31-:Vt  .    pi.    III,  fit;.    44.) 

Caractères  extérieurs.  —  Corps  sans  pédoncule,  long  de  45'""', 
large  de  30™™  et  épais  de  lOi^in^.  Les  deux  siphons  assez  longs  et 
distincts.  Siphon  buccal  dirigé  en  avant  ;  siphon  cloacal  un  peu 
avant  le  milieu  du  corps.  Les  deux  orifices  quadrilatères.  Surface 
irrégulièrement  et  assez  lincment  ridée.  Coloration  d'un  brun- 
rougeâtre. 

Tunique  externe  assez  mince,  coriace,  blanchâtre  en  dedans  avec 
un  reflet  brun. 


24  <:.    l'ii.   sr.iiTKK 

Tunique  interne  très  peu  pelluc^ide  avec  une  (.liarpente  coojouc- 
livo musculaire  épaisse.  Les  faisceaux  niusculeux  lonj,'itudinaux 
surtout  sont  lar|xes  et  distinctement  séparés  jusqu'au  cercle  corona!. 
La  musculature  transversale  et  celle  des  siphons  est  uniforme  sans 
faisceaux  séparés.  A  la  face  ventrale,  les  faisceaux  lonj^ritudinaux 
manquent  et  les  fibres  transversales  sont  plus  fortes.  Les  deux 
siphons  loni;s  et  étroits.  Les  sacs  fjénéraleurs  se  laissent  discerner 
sous  la  tunique.  Le  sac  branchial  est  pourvu  de  six  plis  étroits  de 
chaque  côté.  Entre  deux  plis  on  compte  cinq  côtes  longitudinales. 
Les  C()tes  transversales  sont  très  incomplètes  et  même  inconstantes 
et  iiiauquent  souvent  entre  deux  rangées  transversales  de  stigmates. 
Ceux-ci  sont  très  petits,  presque  circulaires,  quoique  un  peu  plus 
longs  que  larges.  Dans  la  partie  antérieure  les  stigmates  sont 
encore  arrangés  régulièrement,  en  rangées  transversales,  de 
manière  qu'on  trouve  quatre  ou  cinq  stigmates  entre  deux  côtes 
longitudinales.  Mais  dans  la  partie  postérieure,  cette  régularité  se 
perd  graduellement,  les  petits  stigmates  sont  répandus  sans  ordre, 
et  il  y  a  des  espaces  où  ils  font  tout  à  fait  défaut.  Dans  les  plis 
mêmes  se  trouvent  d'ordinaire  9  côtes  longitudinales  avec  un  stig- 
mate seulement  entre  deux  côtes.  Eudostyle  assez  large. 

Le  tubercule  dorsal  est  cordi forme,  mais  la  partie  antérieure  est 
recourbée  en  arrière.  L'entonnoir  vibratile  est  en  forme  de  fer  à 
cheval,  suivant  les  bords  du  tubercule,  les  deux  extrémités 
recourbées  en  dedans,  mais  non  contournées  en  volutes.  Le  raphé 
dorsal  en  forme  de  nombreuses  languettes  grêles  commençant 
immédiatement  derrière  le  tubercule  dorsal.  Le  tube  digestif  est 
repoussé  vers  l'extrémité  postérieure  du  corps  et  forme  une  anse 
très  courte  pour  une  Cynthia.  n'atteignant  qu'au  plus  le  tiers  de  la 
longueur  du  corps.  L'anus  sur  le  bord  postérieur  du  siphon  cloacal. 

Le  cercle  coronal  porte  environ  quarante  tentacules,  tous  de  la 
même  longueur. 

Les  gonades  forment  des  petits  sacs  qui,  dans  la  partie  postérieure 
du  corps,  sont  réunis  avec  le  tube  ovarien  et  le  tube  testiculaire. 
chacun  avec  un  canal  spécial,  mais  les  petits  sacs  générateurs, 
dans  la  partie  antérieure,  ne  sont  pas  encore  attachés  et  forment 
des  polycarpes.  comme  chez  les  Styela,  mais  sans  orillces. 

Habite  le  golfe  de  (^ariaco,  Santa-Marta  et  Kingston  (Jamaïque). 

Plusieurs  échantillons  de  cette  espèce,  curieuse  sous  plus  d'un 
aspect,  furent  lecueillis  par  la  Chazalie.  Le  sac  l)raiichial  est  eu 
train  de  se  réduire  comme  fonction.  Les  stigmates  sont  petits 
et,  pour  une  grande  partie,    irrégulièrement  arrangés;   les  côtes 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    L.\    MER    DES    ANTILLES  25 

transversales  sont  devenus  rudimentaires.  La  partie  antérieure  est 
encore  assez  régulière,  mais  la  partie  postérieure  est  perforée  de 
plus  en  plus  irrégulièrement,  et  les  stigmates  y  sont  souvent  bien 
éloignés  l'un  de  l'autre.  Le  tubercule  dorsal  avec  l'entonnoir  vibra- 
tile  montraient,  chez  toutes  les  formes  examinées,  le  même  dessin. 

Le  tube  digestif  aussi  a  une  position  anormale  pour  le  genre 
Cynthia.  Ordinairement  on  le  trouve  en  forme  d'anse  largement 
ouverte  et  se  prolongeant  loin  en  avant.  Chez  notre  Cynthia  discre- 
pans,  le  tube  digestif  est  tout  à  fait  repoussé  dans  la  partie  posté- 
rieure du  corps,  ne  formant  qu'une  anse  bien  petite. 

Enfin  quant  aux  gonades,  plusieurs  d'entre  eux  sont  encore  des 
glandes  séparées,  attachées  à  la  charpente  conjonclivo-musculaire, 
mais  pas  encore  réunies  avec  les  tubes  ovariens  ou  testiculaires. 
Quelques-uns,  plus  rapprochés  de  l'extrémité  des  tubes,  y  sont 
déjà  soudés.  Il  semble  que  la  jonction  se  réalise  seulemeut  peu  à 
peu,  avançant  de  l'extrémité  distale  vers  l'extrémité  proximale. 

Le  cas  communiqué  par  Roule  (l)  pour  la  Cifnlhia  corallina,  où 
les  poches  génératrices  restent  séparées  et  sont  pourvues  chacune 
d'un  vas  deferrens  et  d'un  oviducte,  ne  saurait  être  confondu  avec 
le  cas  présent,  où  les  glandes  se  fusionnent  secondairement  avec 
les  tubes  ovariens  et  testiculaires  communs. 

Rhabdogynthia  pallida  Heller. 

Heller.  Sitzungsber.  d.  k.  Wiss.  Wien,  LXXVII,  p.  96. 
Herdman.  Challenger.  Report  on  ihe  Tuidcala,  p,  143. 

Plusieurs  échantillons,  provenant  de  Kingston  (Jamaïque)  et  un 
de  Curaçao,  du  «  Schottegat  ».  Les  animaux  ressemblent  presque 
complètement  aux  exemplaires  de  Billiton,  que  j'ai  décrits  il  y  a 
douze  ans  [1).  Seulement  la  tunique  externe  des  individus  de 
l'Amérique  est  plus  mince  et  d'une  coloration  d'ocre  plus  foncé  que 
les  exemplaires  de  Billiton,  quoique  parmi  les  exemplaires  de 
l'Amérique,  il  en  existe  un  aussi  blanc  que  ceux  des  Indes.  De 
même  les  siphons  sont  plus  courts  que  dans  les  exemplaires  de 
Billiton.  La  glande  nerveuse  (glande  hypophysaire)  chez  cette 
espèce  est  toujours  d'une  couleur  orange  ou  rose  et  placée  à  la  face 
dorsale  du  ganglion  nerveux,  comme  je  l'ai  décrit  récemment  (3). 

(1)  L.  Roule,  Recherches  sur  les  Ascidies  simples.  Ann.  d.  Sciences  nat. 
Zoologie,  (6),  XX,  fig.  183 

(2)  Sluiter,  Urber  einige  einfachen  Ascidien  von  der  lasel  Billiton.  Natuurk. 
Kydschr.  voor  Nedeii.  Indien.  XLV,  p.  183,  1885. 

(3)  Weber,  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Fauna  von  Sild-Afrika.  II. 
Sluiter,  Die  Tunicaten.  Zool.  Jaiirbucher,  X,  1897. 


26  <:.  l'ii.  si.ciTKU 

MicKorosMi  s  nisTA.vs  llt'llcr 

llii.i.K»,  beilrdin'  nnhern  krnnhiiss  ilnTuiiicatcn. S'\izun\^s\)ev.  d.  K. 
Ak.  (1.  Wiss.  Wini.  LXXMI.  p.  KK),  IS7S. 

Je  (l'ois  devoir  attribuer  liois  écliMiitillons  d'un  Mlirocostniis, 
|irovenanl  de  la  lagune  de  Marguerila,  à  l'espèce  Microcosmus 
dislans  de  lieller.  Pourtant  les  caractères  anatouiiques  que  dooire 
M.  lieller  sont  si  peu  détaillés,  ([u'il  est  bien  dillicile  d'être  certain 
qu'on  a  sous  les  yeux  l'espèce  eu  question.  Sur  l'entonnoir  vibra- 
tile,  lieller  ne  donne  aucun  renseignement  ;  je  le  trouve  en  forme 
tle  fer  à  cbeval  avec  les  deux  extrémités  recourbées  en  dedans  et 
en  arrière,  mais  non  contournées  en  volutes.  Tout  le  tubercule  dorsal 
s'est  éloigné  beaucoup  en  arrière  de  la  gouttière  péricoronale.  Le  sac 
brancbial,  en  outre  des  buit  plis  ordinaires,  en  possède  encore  un 
neuvième,  qui  n'atteint  cependant  pas  l'entrée  de  l'œsopbage  et  qui 
même  peut  être  tout  à  fait  rudimentaire.  Entre  deux  plis  il  y  a  sept 
ou  buit  côtes  longitudinales  et  dans  chaque  rangée  transversale  on 
trouve  quatre  à  cinq  stigmates  fort  petits  et  arrondis,  qui  ne  sont 
coupés  que  rarement  par  des  eûtes  transversales  secondaires.  Les 
autres  côtes  transversales  sont  bien  inégales  mais  sans  alternance 
régulière.  Les  autres  détails  anatomiques  ainsi  que  les  caractères 
extérieurs  correspondent  avec  les  communications  de  M.  C.  Heller. 

Microcosmus  exasperatus  Heller. 

Heller,  Beitriic/e,  etc.  Sitzungsber  d.  K.  Ak.  d.  Wiss.  Wien,  LXXVII, 

p.  99,  1878. 

(PI.  Il,  lig.  :fô). 

Quelques  échantillons,  provenant  de  Kingston  (Jamaïque)  et  un 
de  Santa  Marta  (Bolivie),  correspondent  sous  tous  les  rapports  avec 
la  description  que  donne  M.  Heller  de  cette  espèce.  Outre  les  huit 
plis  (dont  six  seulement  atteignent  l'entrée  de  l'œsophage)  que 
mentionne  Heller,  j'en  trouve  encore  un  neuvième,  qui  ne  s'étend 
que  jusque  la  moitié  du  sac  brancbial.  L'entonnoir  vibratile  est  en 
forme  de  fer  à  cheval,  l'extrémité  gauche  est  contournée  en  volute 
et  dirigée  en  dedans,  Textrémité  droite  se  recourbe  à  gauche  en 
avant  de  la  volute  gauche,  mais  sans  se  contourner  soi-même  en 
volute. 

Microcosmus  biconvolutus,  n.  sp. 

(PI.  Il,  fig.  L6-38). 

Caracfères  extérieurs.  —  Corps  irrégulièrement  arrondi,  long  de 
30mm^  large  de  10™™  et  épais  de  6™°',    distinctement  pédoncule. 


TUNICIERS   RECUEILLIS   DANS    LA   MER    DES    ANTILLES  27 

Seulement  le  pédoncule  et  la  face  gauche  sont  couverts  de  débris 
de  coquilles  et  d'autres  corps  étrangers.  Du  reste  la  surface  est 
ridée,  mais  les  tubercules  eux-mêmes  sont  lisses.  Siphon  buccal 
long  de  10mm  et  pourvu  de  quatre  sillons  longitudinaux.  Siphon 
cloacal  beaucoup  plus  court.  Coloration  blanchâtre  avec  des 
taches  et  des  lignes  jaune-brun. 

Tunique  externe  peu  épaisse  et  coriace,  blanchâtre  en  dedans  et 
faiblement  nacrée.  A  l'origine  des  deux  siphons  un  bord  étroit 
saillant  en  dedans. 

La  tunique  interne  forme  une  charpente  conjonctivo-musculaire 
assez  mince  et  pellucide,  quoique  les  faisceaux  musculeux  soient 
distincts  et  assez  forts.  Le  siphon  buccal  surtout  a  une  musculature 
transversale  bien  développée.  Siphon  buccal  dirigé  en  avant,  siphon 
cloacal  loin  en  arrière,  dirigé  à  angle  droit  avec  le  bord  dorsal. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  huit  plis  de  chaque  côté.  Entre 
deux  plis  il  n'y  a  que  quatres  côtes  longitudinales.  Dans  chaque 
rangée  transversale  de  stigmates,  entre  le  pli  et  la  première  côte, 
il  n'y  a  qu'un  ou  deux  stigmates;  entre  celle-ci  et  la  suivante,  du 
côté  ventral,  il  existe  encore  deux  stigmates,  puis  dans  les  deux 
compartiments  qui  restent  au  milieu  on  trouve  constamment 
■quatre  stigmates.  Tous  les  stigmates  sont  des  fentes  ellipsoïdes 
très  allongées.  Les  côtes  transversales  sont  toutes  presque  égales, 
seulement  les  quatre  stigmates  situés  entre  deux  côtes  longitudi- 
nales sont  coupés  par  des  côtes  secondaires  très  grêles. 

Le  tubercule  dorsal  a  une  forme  ellipsoïdale,  il  est  allongé  sui- 
vant l'axe  longitudinal  du  corps.  Les  deux  extrémités  de  l'enton- 
noir vibratile  contournées  en  volutes  et  toutes  deux  dirigées  à 
gauche,  mais  de  manière  que  la  volute  droite  est  située  en  avant 
de  la  volute  gauche. 

Le  raphé  dorsal  forme  une  lame  étroite  sans  languettes  ou 
dentelles. 

Le  tube  digestif  forme  une  anse  très  étroite,  revient  en  s'ados- 
sant  à  lui-même  et  s'étend  jusqu'à  la  moitié  de  la  longueur  du 
corps,  y  compris  le  siphon  buccal.  Anus  loin  en  arrière,  entier. 

Le  cercle  coronal  porte  vingt  tentacules  composés,  grands,  entre 
lesquels  il  en  existe  encore  de  plus  petits. 

Gonades  encore  peu  développés,  égaux  des  deux  côtés  et  formant 
des  glandes  nettement  séparées. 

Habite  Curaçao,  dans  le  Schottegat. 


28  C.    PH.    SLUITKU 

M(»L(irLA    COMURTA,    II.    S|». 
(PI.  II.  lif;.  :W,  40). 

Caractères  extérieurs.  —  O^rps  spliéiiiiue,  petit,  U'"'"  de  diymètre 
seulement.  Surface  presque  entièrement  couverte  de  petits  grains 
de  sable,  attachés  par  de  longs  filamcnls  très  fins  qui  poussent  de 
la  tunique  externe.  Très  probablement  les  animaux  étaient  libres 
dans  le  sable.  Là  où  le  sable  est  enlevé,  la  tunique  est  transpa- 
rente, de  manière  qu'on  peut  distinguer  les  viscères.  Les  deux 
orifices  quadrilatères,  rapprochés  et  situés  sur  de  courts  siphons 
tronqués. 

La  tunique  externe  très  mince,  gélatineuse,  très  fragile  et  pourvue 
de  nombreux  tilaments. 

La  tunique  interne,  également  très  mince  et  délicate  et  pourvue 
de  faisceaux  musculaires  très  faibles. 

Le  sac  branchial  pourvu  de  sept  plis  de  chaque  côté.  Sur  chaque 
pli  il  existe  quatre  côtes  longitudinales. 

Les  stigmates  sont  arrangés  comme  chez  le  genre  Eugyra  et  la 
Molgula  eiiyyroides  de  Traustedt,c'est-à-(îire  formant  des  infundibula 
qui  correspondent  en  position  avec  les  plis.  Pourtant  laspect  de 
ces  infundibula  n'est  pas  très  net  et  les  circuits  des  spirales  sont 
plus  ou  moins  irréguliers  et  se  divisant  dichotomiquement. 

Le  tubercule  dorsal  est  en  ovale  allongé  avec  l'entonnoir  vibratile 
en  forme  de  fer  à  cheval  court,  mais  l'ouverture  est  tournée  en 
arrière  et  située  sur  le  milieu  du  tubercule.  Le  ganglion  nerveux 
immédiatement  au-dessus  du  tubercule. 

Raphé  dorsal  étroit  et  avec  le  bord  lisse. 

Le  tube  digestif  commence  par  un  œsophage  court,  tout  en 
arrière  du  corps;  l'estomac  étroit,  courbé  vers  le  côté  dorsal,  où 
l'intestin  forme  une  anse  fermée,  se  couche  sur  l'estomac,  qu'il 
quitte  près  de  l'œsophage  pour  se  terminer  en  un  long  rectum. 

Anus  sur  le  bord  de  la  cavité  cloacale. 

Le  cercle  coronal  porte  huit  grands  tentacules  alternant  avec 
huit  plus  petits.  Tous  les  tentacules  avec  des  ramifications  assez 
nombreuses. 

Gonades,  comme  d'ordinaire,  développés  des  deux  côtés,  celui 
de  gauche  dans  la  courbure  de  l'intestin. 

Habite  Rio  Hacha,  Goajira.  à  une  profondeur  de  t»  à  7  mètres. 
Deux  échantillons. 

Cette  espèce  ressemble  sous  plusieurs  aspects  à  la  Molyula  eugy- 


TUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES    ANTILLES  29 

roïdes  Traust.  (1)  de  Baliia.  notamment  dans  la  structure  du  sac 
branchial,  qui  a  tant  de  rapports  avec  le  sac  branchial  du  genre 
Eugyra.  Pourtant  elle  ne  peut  être  confondue  avec  l'espèce  de 
Bahia.  parce  que  le  cours  de  l'intestin  est  bien  différent  et  l'enton- 
noir vibratile  me  semble  bien  curieux,  par  suite  de  l'ouverture  du 
fer  à  cheval,  tournée  en  arrière  au  lieu  de  l'être  en  avant.  De  plus, 
les  deux  siphons  sont  beaucoup  plus  rapprochés  chez  nos  animaux 
de  Cioajira.  Toutefois  il  est  bien  curieux  que  ces  caractères,  rappe- 
lant le  genre  Eugyra,  se  rencontrent  chez  ces  deux  espèces  de 
l'Amérique  occidentale. 

II.    —  Ascidiavea   nierosoinata 

Leptoclinum  conchyuatum,  n.  sp. 
(PI.  III,  lig.  47). 

Caractères  extérieurs.  —  La  colonie  forme  une  masse  assez  mince 
d'une  constitution  plus  ou  moins  coriace  et  calcaire.  La  surface  est 
colorée  en  violet  marbré  plus  ou  moins  foncé,  parsemée  de  points 
beaucoup  plus  clairs.  Ascidiozoïdes  distribués  régulièrement, 
sans  former  des  systèmes.  Il  n'y  pas  d'orifices  cloacaux  communs. 

Les  ascidiozoïdes  sont  perpendiculaires  à  la  surface;  ils  ont 
une  longueur  de  011^9  au  plus,  sont  divisés  distinctement  en 
thorax  et  abdomen,  l'abdomen  étant  un  peu  plus  grand  que  le 
thorax.  Orifice  branchial  avecsix  lèvres.  Tunique  externe  commune 
assez  fragile,  quoique  les  corpuscules  calcaires  ne  soient  pas  assez 
abondants  pour  former  une  couche  continue.  Les  corpuscules 
en  forme  d'astérisques  avec  plusieurs  pointes  aiguës,  ont  un 
diamètre  de  0™°i03.  La  tunique  interne  est  un  peu  transparente  et 
pourvue  d'une  musculature  assez  forte. 

Le  sac  branchial  a  quatre  rangées  de  cinq  ou  six  stigmates  de 
chaque  côté.  Endostyle  très  large  et  avec  les  bords  onduleux. 

Le  tube  digestif  commence  parun  œsophage  court  qui  se  continue 
par  un  estomac  volumineux, situé  dans  l'axe  longitudinal  du  corps. 
L'intestin  se  recourbe  en  avant  et  s'abouche  dans  l'anus  près  de  la 
troisième  rangée  de  stigmates. 

Gonades  comme  d'ordinaire.  Le  vas  deferens  forme  une  spirale 
de  sept  tours. 

Habite  le  u  Schottengot  (Curaçao)  et  Kinston  (Jamaïque). 

(1)  Traustedt,  Vertindiskr  Ascidiae  simplices.  Vidensk.  Meddel.  fra  den 
iiaturh.  Fioren.  i  Kjobenhavn,  1882,  |i.  112. 


30  C.    l'H.    SLUITEK 

Il  est  bien  dillicile  el  peul-otie  impossible  de  se  décider  sur 
l'idenlité  des  difléreules  espèces  de  Irpldcliimm.  Aussi,  dtins  le  cas 
présent,  je  ne  suis  pas  du  tout  certain  que  celte  espèce  ne  soit  iden- 
lique  avec  une  des  espèces  décrites  par  Verril  ou  par  Herdman, 
mais  l'aspect  de  la  colcnie  entière  surtout  ne  ine  semble  pas  corres- 
pondre à  une  des  descriptions  de  ces  auteurs. 

LKPTOr.I.lNUM    GINEHACEUM,    R.    sp. 
(IM.  Il,  fig.  '.I,  '.I"  ;  pi.  111,  li-.  48. 

Caractères  eitérifurs.  —  l.a  colonie  (orme  uni;  masse  mince,  éten- 
due horizontalement,  irrégulièrement  entaillée,  très  fragile  et  de 
couleur  grisâtre. 

On  peut  discerner  à  l'œil  nu  les  ascidiozoïdes  comme  des  taches 
blanches  d'un  i/2'^m  jy  diamètre  environ.  Ils  sont  distribués 
régulièrement,  sans  qu'on  puisse  discerner  de  systèmes  dans  les 
échantillons  conservés  dans  l'alcool.  11  n'y  a  pas  d'orifices  cloacaux 
communs. 

Les  ascidiozoïdes  sont  assez  grands  pour  un  Leptoclinum,  long 
de  \^^D,  perpendiculaires  sur  la  surface,  distinctement  divisés  en 
thorax  et  abdomen,  mais  le  dernier  beaucoup  plus  grand  (presque 
deux  fois),  que  le  thorax.  Un  long  faisceau  de  fibrilles  conjonctives 
attaché  à  la  partie  postérieure  du  thorax  se  relie  au  tissu  de  la 
tunique  externe. 

Tunique  externe  commune  très  fragile,  cartilagineuse.  La  couche 
superficielle  est  tout  à  fait  dépourvue  de  corpuscules  calcaires,  mais 
dans  les  parties  plus  profondes  les  corpuscules  calcaires  ne  sont 
pas  non  plus  très  abondants.  Les  corpuscules  eux-mêmes  sont  des 
astérisques  avec  plusieurs  pointes  aiguës,  comme  dans  l'espèce 
précédente. 

Tunique  interne  très  mince,  avec  une  musculature  très  faible. 

Le  sac  branchial  a  quatre  rangées  de  quatre  ou  cinq  stigmates 
de  chaque  côté.  Endostyle  très  large  et  formant  quatre  courbures 
profondes. 

Le  tube  digestif  commence  par  un  œsophage,  dirigé  en  arrière. 
Estomac  très  grand,  encore  dirigé  en  arrière.  L'intestin  proprement 
dit,  également  très  volumineux,  se  recourbe  en  avant  et  s'abouche 
dans  l'anus,  situé  près  de  la  dernière  rangée  de  stigmates. 

Gonades  comme  chez  la  plupart  des  Leptoclinum  ;  le  vas  deferens 
avec  une  spirale  de  sept  tours. 

Habite  la  rade  de  Kingston  (Jamaïque). 


ÏUNICIERS    RECUEILLIS    DANS    LA    MER    DES    ANTILLES  -'U 

Celte  espèce  est  bieu  ditïérente  de  la  précédente,  aussi  bien  sous 
l'aspect  général  de  la  colonie  que  par  l'anatomie  des  a?cidiozoïdes. 
La  grandeur  du  tube  digestif  surtout  est  bien  caractéristique  pour 
cette  espèce,  que  je  ne  puis  identifier  avec  uue  des  espèces  décrites. 
Il  n'y  a  qu'un  seul  échantillon  assez  grand  de  cette  colonie. 

Leptoclinum  TENUE  Herdui. 
Herdman,  Challenger's  Report  un  ihe  Tunirata,  XIV,  p.  281. 

Plusieurs  petites  colonies  des  îles  Los  Testugos.à  une  profondeur 
de  40  mètres.  Elles  correspondent  sous  tous  les  rapports  avec  la 
description  et  les  figures  de  Herdman. 

Psammaplidium  funginum,  n.  sp. 

Caractères  extérieurs.  —  Les  colonies  forment  de  petites  masses 
cylindriques,  dont  la  plus  grande  n'était  longue  que  de  IS"»"^  et 
large  de  8™™.  La  partie  inférieure  (c'est-à-dire  la  plus  grande 
moitié)  de  chaque  colonie  est  richement  imprégnée  de  grains  de 
sable  et  par  conséquent  d'une  teinte  grisâtre.  La  partie  supérieure 
est  presque  dépourvue  de  grains  de  sable  et  par  conséquent  géla- 
tineuse et  vitreuse,  un  peu  blanchâtre.  Les  ascidiozoïdes  sont 
reconnaissables  comme  de  petites  taches  blanches,  mais  peu  dis- 
tinctes. 

La  tunique  externe  commune  est  gélatineuse,  assez  résistante  et 
imprégnée  de  nombreux  grains  de  sable  diîns  la  plus  grande  moitié 
inférieure,  qui  est  séparée  assez  nettement  de  la  partie  supérieure 
plus  petite, qui  est  presque  entièrement  dépourvue  de  ces  grains. 

Les  ascidiozoïdes  sont  longs  de  7  à  8°i'|',  divisés  en  thorax, 
abdomen  et  postabdomen,  dont  le  dernier  est  aussi  long  que  les 
deux  autres  réunis,  mais  les  limites  de  ces  parties  ne  sont  pas  bien 
marquées  par  des  sillons.  L'orifice  branchial  a  six  lobes,  l'orifice 
cloacal  pourvu  d'une  languette. 

Tunique  interne  assez  mince  avec  une  musculature  faible. 

Sac  branchial  court,  peu  développé.  Il  n'y  a  que  six  rangées  de 
cinq  à  six  stigmates  de  chaque  côté.  Endostyle  médiocrement  large, 
peu  onduleux.  Le  tube  digestif  court,  plus  court  que  le  thorax, 
commence  par  un  œsophage  large,  qui  se  continue  dans  l'estomac, 
à  paroi  lisse,  sans  plis  saillants,  et  non  séparé  distinctement  de 
l'œsophage  et  de  l'intestin  proprement  dit.  Celui  ci  se  recourbe 
en  avant,  est  aussi  très  volumineux  et  s'abouche  dans  l'anus, vers  la 
moitié  du  thorax. 


32  C.    l'H.    smiTKR 

Gonades  situés  dans  le  posl-;il)(l()iii('ii.  coihiih' on  le  Ironveordi- 
uaii-eiiipiit  clu'z  le  fleure  Aiiiaioiiciir.n.  On  tioiive  souvent  dans  la 
cavité  cloacale  un  ou  deux  embryons. 

Habite  l'île  de  Tortuga,  à  45  mètres  de  profondeur. 

DlPLOSO.MA    PIIRI'URE.X,    U.    Sp. 
(l'I.   II.   li-i;.  42;  |.l.  111,  lif,'.  49). 

Caractères  extérieurs.  —  Les  colonies  lormeut  de  petites  masses 
gélatineuses,  de  forme  irrégulière,  longues  tout  au  plus  de  1'=™. 
La  surface  est  glabre,  d'une  couleur  violette  ou  pourpre  foncé, 
quelquefois  plus  clair.  Les  ascidiozoïdes  se  manifestent  comme  de 
petites  taches  blanchâtres.  Les  orifices  branchiaux  sont  pourvus  de 
six  rayons,  ce  qu'on  ne  peut  voir  qu'avec  l'aide  d'une  loupe.  11  n'y 
a  pas  d'orifices  cloacaux  communs.  Les  colonies  étaient  fixées  par 
leur  base  sur  des  débris  calcaires  et  surtout  sur  des  coquilles  de 
globigérines.  La  base  est  aussi  de  couleur  beaucoup  plus  claire. 

Les  ascidiozoïdes  ne  sont  longs  que  de  lmm5  yj  divisés  en  thorax 
et  abdomen  qui  sont  à  peu  près  égaux.  Ils  ont  une  couleur  brun- 
jaunâtre  et  ne  sont  pas  transparents,  de  manière  qu'on  ne  peut 
pas  distinguer  les  viscères. 

Tunique  externe  commune  gélatineuse,  assez  transparente,  mais 
dans  la  partie  inférieure  imprégnée  de  nombreuses  coquilles  de 
globigérines,  qui  se  trouvent  eucore  assez  profondément  dans  le 
tissu  de  la  tunique  externe.  La  structure  de  cette  tunique  est 
remarquable  par  les  nombreuses  cellules  vésiculaires  semblables  à 
celles  que  l'on  trouve  dans  la  tunique  externe  du  genre  Ascidia.  A 
la  surface  de  la  colonie  ces  cellules  vésiculaires  sont  pourvues  de 
granulations  de  pigment  violet  foncé,  au  centre  de  la  tunique  ces 
cellules  en  sont  presque  totalement  dépourvues,  mais  à  la  base  les 
granulations  se  retrouvent.  11  n'y  a  pas  de  corpuscules  calcaires, 
mais  des  coquilles  de  globigérines  et  aussi  de  petits  grains  de  sable 
calcaire  qui  imprègnent  la  masse  gélatineusedela  tunique.  Enfin  on 
rencontre  dans  la  tunique  externe  des  faisceaux  conjonctivo-mus- 
culaires  rétracteurs  et  des  appendices  musculaires  des  ascidio- 
zoïdes. 

La  tunique  interne  est  opaque  et  épaisse,  le  tissu  conjonctif  étant 
très  développé,  quoique  la  musculature  ne  le  soit  que  faiblement. 
Sac  branchial  assez  grand  avec  quatre  rangées  de  stigmates  très 
longs.  Endostyle  médiocrement  large. 

Raphé  dorsal  en  forme  de  languettes. 

Le  tube  digestif  forme  une  anse  double,  presque  immédiatement 


Mcni.  Soc.  Zool.  de  France.  .XL  JS.%\ 


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Mém.Soc.  Zooidc France.  XI.  IS9S. 


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27. 


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Mém.  Soc.  Zool.  de  France .  XI.  1S9S. 


PI.  m. 


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TUNICIERS   RECUEILLIS   DANS   LA   MER   DES   ANTILLES  33 

en  arrière  du  sac  branchial.  Estomac  volumineux  et  sans  plis.  Rec- 
tum long  et  s'embouchant  près  de  rorifice  cloacal.  Gonades   en 
partie  à  côté  de  l'intestin,  en  partie  sur  la  paroi  de  l'intestin.  Vas 
deferens  droit,  sans  courbures. 
Habite  Branco,  Cap  Vert,  à  25  mètres  de  profondeur. 

III.  —  Thaliaeea 

Cyclosalpa  pinnala  Forsk.  — Cinq  échantillons  de  la  Salpe  agrégée. 
Mer  Atlantique,  lat.  37°  51'  N.,  long.  36°  31'  Ouest. 

Salpa  scutigera  confœderata  Cuv.-Forsk.  —  Six  échantillons  de  la 
Salpe  agrégée.  Mer  Atlantique,  lat.  37°  48'  N.,  long.  33°  47'  Ouest. 

Snlpa  cotasta  lilem  Quoy-Gaim.-Cuv.  —  Six  échantillons  de  la 
Salpe  agrégée.  Mer  Atlantique,  lat.  37» 51'  N.,  long.  36°  31'  Ouest. 

Salpa  africana  maxlma  Forsk.  —  Deux  échantillons  de  la  Salpe 
solitaire.  Une  chaîne  d'embryons  peu  développée.  Mer  Atlantique, 
lat.  37^51'  N.,  long.  36«31'  Ouest. 

Salpa  runcinata  fusiformis  Cham.-Cuv.  —  Deux  échantillons  de  la 
Salpe  solitaire.  Mer  Atlantique,  lat.  30°  N.,  long.  70'J  Ouest,  et  sept 
échantillons  de  la  Salpe  agrégée  de  Sauta  Marta,  côte  de  Colombie. 

Salpa  cylindrica  Cuv.  —  Deux  échantillons  ;  une  Salpe  solitaire 
et  une  Salpe  agrégée.  Iles  de  «  los  Testngos  ». 

Salpa  flagellifera  Traustedt.  —  Plusieurs  échantillons  de  la  Salpe 
solitaire.  Mer  Atlantique,  lat.  37°  51'  N.,  long.  36°  31'  Ouest.  Selon 
les  recherches  du  D^  C.  Apstein  (1),  il  faut  considérer  cette  espèce 
comme  une  forme  distincte.  Traustedt  l'avait  décrite  comme  une 
simple  variété  de  la  Salpa  (lemocralica-mucroiiata,  tout  en  supposant 
la  possibilité  qu'elle  fût  une  espèce  bien  distincte. 


EXPLICATION     DES    PLANCHES 
Planche  I 

Fi},',     l.  —  Ascidia  luitgitubis  Traust.  —  Fragment  du  sac  branchial. 

Fig.  2.  —  Idem.  —  Tubercule  dorsal  et  raphé  dorsal  (partie  antérieure  et 
postérieure). 

Fig.     3.  —  Ciona  abdoininalis,  n.  sp.  —  Animal  un  peu  grossi. 

Fig.  4.  —  Idem.  —  Animal  extrait  de  la  tunique  externe  pour  montrer  la 
rouche  musculaire  de  la  tunique  interne. 

Fig,     o.   —  Idem.   —  Sac  branchial  et  tube  digestif. 

Fig.     6.  —  Idem.  —  Fragment  du  sac  branchial. 

Fig.  7.  —  Idem.  —  Partie  du  sac  branchial  plus  fortement  grossie  pour  mon- 
trer les  supports  des  côtes  longitudinales. 

(1)  C.  .\psTEiN.  Die  Salpeii  dey  Berhner  Zoologischcti  Sammliinq .  Archiv  fur 
.Naturgcscliichte,  &)<-'  Jtihrg.,  1,  (i.  4y,  189'i. 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  189.S.  xi.  —  3. 


J4      C.    l'H.   SLUriKU.   —  TUNICIEKS  HKCI  KILLIS  DANS  LA   MKH  DKS  ANTILLES 

Kig.     8.   —  Idem.  —  Tubercule  dorsal. 

V\ii.     'J.  —  Slijela  (Pt)lycarpa)  nivosa,  a.  sp.  —  Tuheniil»'  doisal. 

Fig.   I(».  —  Stijpin  (l'olyciirpn)  fulginea,  n.  sp.  —  Tiil)prciile  doi-sul. 

Kl;;.    11.   —  Stijeld  (PoUjcnrya)  fridhilis,  n.  sp.  —  Tulierciile  dorsiil. 

Kig.   12.   —  Styrlfi  [l'olijrarpa)  hievipcdunculata,  n.  sp.  —  Tubercule  dorsaL 

Fig.  13.  -  Styelu  (l'olyciirpa)  carlilaginra.  n,  sp.  —  Animal  siins  U  tunique 
e.xlerne,  et  tunique  interne  |)artiellement  enlevée  pour  montrer  le  tube  digestif. 

Fig.   14.  —  Idem.  —  Kra;;iniiit  du  sac  bramliial. 

Fig.    lo.    —  Idem.  —  Tubercule  dorsal  avec  quelques  tentacules. 

Fi^'.  l(i  —  Styela  iPolycarpn)  dsi/jlKitiicn,  n.  sp.  —  .\nimal  sans  la  luniquf 
externe,  et  tunique  interne  partiellement  enlevée  pour  montrer  le  tube  digestif. 

Fig.   17.  —  Idem.  —  l'^aument  du  sac  branchial. 

Fig.    I«.   —  Idem.   —  Tubercule  dorsal. 

Fig.  19.  —  Stf/eUt  iPnlycarpa)  nppropiiKiuaUt.  \\.  sp.  —  Animal  sans  la 
tunique  externe. 

Fig.  20.  —  Idem.  —  Animal  coupe  par  la  ligne  ventrale.  Le  sac  branchial  est 
partiellement  enlevé  pour  montrer  le  tube  digestif,  les  polycarpeset  les  endocarpes, 

Fig.  21.  —  Idem.  —  Fragment  du  sac  branchial. 

Planche  II 

Fig.  22.   —  .S(</e/a  (Po/i/car/)«)  .sP//»/«U(/«,  n.  sp.  —  Fragment  du  sac  branchial. 
Fig.   23.  —  Idem.   —  Tubercule  dorsal. 

Fig.  24.  —  Cynthiii  Iscvifjata  Heller.  —  Tubercule  dorsal  et  partie  antérieure 
du  raphé  dorsal. 
Fig.  25.  —  Cynlhiu  torpida,  n.  sp.  —  Animal,  grossi  presque  deux  fois. 
Fig.  26.  —  Idem.  —  Animal  sans  la  tunique  externe. 
Fig.  27.  —  Idem.   —  Fragment  du  sac  branchial. 

Fig.  28.  —  Idem.  —  Tubercule  dorsal  et  |)arlie  antérieure  du  raphé  dorsal. 
Fig.  29.  —  Cynthiu  Chuzaliei,  a.  sp.  —  .\nimal  sans  la  tunique  externe 
Fig.  30.   —  Idem.  —  Tubercule  dorsal  et  partie  antérieure  du  raphé  dorsal. 
Fig.  31.  —  Cynthia  discrepans,  n.  sp.  —  Animal  sans  la  tunique  externe. 
Fig.  32.  —  Idem.  —  Fragment  de  la  partie  postérieure  du  sac  branchial. 
Fig.  33.  —  Idem.  —  Fragment  de  la  partie  antérieure  du  sac  branchial, 
Fig.  34.  —  Idem.  —  Tubercule  dorsal. 

Fig.  35.  —  Microcosmus  exasperatus  Heller.  —Tubercule  dorsal. 
Fig.  36.  —  .tficrocosmus  &îcoftvoiitfris,  n.  sp,— Animal  sans  la  tunique  externe. 
Fig.  37.  —  Idem.  —  Fragment  du  sac  branchial. 
Fig.  38.   —  Mem.  —  Tubercule  dorsal. 

Fig.  39.  —  Molgula  conlorta,  n.  sp.  —  Animal  sans  la  tunique  externe. 
Fig.  40.  —  Idem.  —  Tubercule  dorsal. 

Fig.  4i.  —  Leptochiiium  cineraceum,  n.  sp.  —  Un  ascidiozoïde. 
Fig.  41».  —  Idem.  —  Corpuscule  calcaire  de  la  tunique  externe  commune 
Fig.  42.  —  Diplosoma  purpureri,  n.  sp.  —  Coupe  de  la  tunique  externe. 

Planche    111 

Kig.  43.        Styela  {Poiycarpa)  imtuli^o,  n.  sp. 

Fig.  44.  —  Cynthia  discrepans,  n    sp. 

Fig.  45.  —  Styela  (Polycarpa)  fulginea,  n.  sp. 

Fig.  46.  —  Styela  (Polycarpa)  nivosa,  n.  sp. 

Fig,  47.  —  Leploclinum  conchyliatum,  n.  sp. 

Fig.  48.  —  Leploclinum  cineraceum,  n.  sp, 

Fig.  49.  —  Diplosoma  purpurea,  n.  sp. 


35 


CAMPAGNES  DE  LA  MELITA. 

TANAIDAE  "RtCOhlt?»  PAR  M.  ED.  CHEVREUX  DANS  L'ATLANTIQUE 

ET  DANS  LA  MÉDITERRANÉE 


ADRIEN    DOLLFUS 

M.  Edouard  Chevieux  a  eu  l'obligeance  de  dous  envoyer  les  Iso- 
podes  qu'il  a  dragués  aussi  bien  sur  les  côtes  de  Bretague  que  lors 
des  campagnes  de  la  Melita  dans  l'Atlantique  et  dans  la  Méditer- 
ranée. —  Ces  récolles,  faites  avec  un  soin  extrême,  ont  une  impor- 
tance capitale  pour  l'étude  de  la  faune  Isopodique  m;irine  de  nos 
régions  :  Les  Tanaidae  que  nous  étudions  ci  dessous  nous  ont  pré- 
senté sept  formes  nouvelles;  la  connaissance  de  la  dispersion  géo- 
graphique de  plusieurs  espèces  déjà  décrites  (surtout  dans  les 
beaux  travaux  de  G.-O.  Sars)  est  singulièremeut  précisée  grâce  aux 
nombreux  matériaux  recueillis  par  M.  Chevreux,  auxquels  nous 
joignons  ici  quelques  renseignements  pris  par  nous-mêmes  sur  les 
côtes  atlantiques  et  méditerranéennes  de  la  France. 

Tanais  Cavouinu  Milne-Edwards  (1) 

Tanais  Cavolinii  Milne-Edwards  ("1). 
'fanais  tomentosus  Kr0yer  (3). 
Crossurus  vittatus  Rathke  (4). 

Atlantique.  —  Ile  Dumet,  près  le  Croisic  (Chevreux,  10  août  1887;. 
—  Jetée  du  Croisic,  Eponges  (Dollfus).  —  Guétharry,  pieds  de  Lami- 
naires (DoUfus,  mai  1888).  —  Saint-Jean-de-Luz,  Balanes  (Dollfus, 
mai  1888).  —  Saint-Jean-de-Luz  (Chevreux).  —  Hendaye,  Eponges 
(Dollfus,  mai  1890). 

MÉDITERRANÉE.  —  Banyuls  (Trouessart).  —  Cette,  Algues  dans  le 
Canal  de  l'Etang  (Dollfus,  septembre  1892).  —  Bandol,  Algues  (Che- 
vreux, octobre  1893).  —  Cannes,  draguage  à  5  mètres  (Dollfus).  — 

(1)  Pour  la  synonymie  de  cette  espèce,  voyez  nos  observations  dans  la  Note  pré- 
limin  lire  sur  les  Tanaidae  recueiUis  aux  Açores  yenciant  les  campagnes  de 
THirondelle.  (Bull.  Soc.  zool.  de  France,  Séance  du  9  novembre  1897.  pa.-'e  207). 

(2)  AuDouiN  et  Milne-Edwards,  Précis  d'Entomologie,  I,  pi.  XXXI,  Og.  1,  1828. 
('.i)  KR0YER,  Naturhist    Tidsskr.,  IV,  p.  183.  1842. 

(i)  Rathke,  lieitrag  ziir  Fauiia  Nurwegens.  Aria  Leopoidiua,  11,  p.  :W,  pi.  1,  1843. 


36 


AUUIE.N    DOl.LFUS 


Ilt'-Rousse,  Algues  du  quai  (Chevreux,  Melila,  10  juillet  1891).  — 
Porto- Vecchio,  sur  les  l'inna  (Clievreux,  Mc/ila,  2.1  juillet  1891).  — 
Alger  (Chevreux).  —  S;iint-EugCDe,  Algues  (Chevreux,  Melita , 
19  mai  1893).  —  Lac  de  Bizerle  (Chevreux,  .McliUi,  29  août  1892).  - 
Sousse,  Algues  (Chevreux,  Melita,  28  septembre  1892). 

Tanais  Chevreuxi,  tiova  species. 

Tanais  Camlinii,  G.  0.  Sars??  (1),  non  Miliie-Edwards  ! 
Diaf/nnue  :  9  inconnue. —  (^  Corps  assez  grand,  au  moins  cinq  lois 
plus  long  que  large,  non  pigmenté.  Cejihalosome  un  peu  plus  long 
que  large,  faiblement  proéminent  entre  les  antennes,  à  lobes  ocu- 
laires et  yeux  petits.  Antennes  de  la  première  paire  à  premier  arti- 
cle égalant  les  deux  autres,  à  fouet  rudimentaire 
fortement   pénicillé.   Antennes   de  la   deuxième 
paire  presqu'aussi  longues  que  celles  de  la  pre- 
mière, à  tige  5-articulée,  à  fouet  rudimentaire 
(bi-articulé?)  et   fortement   poilu.    Chélipèdes  à 
propodite  et  dactylopodite  assez  allongés;  le  côté 


Fig.  1.  —  Tanais  Chevreuxi  Dollfus.  -  a,  Cephalosome  cl  premier  segment  pereial 
libre;  b.  Partie  postérieure  du  corps  (derniers  segments  du  pleon,  pleolelson  et 
uropodes)  ;  c,  Chélipède  (partie  antérieure). 

interne  de  la  partie  dactyle  du  propodite  est  munie  d'une  rangée 
de  8  à  10  cils.  Segments  libres  du  pereion  allongés,  à  côtés  obtusé- 
ment  anguleux.  Pleon  large  :  les  trois  premiers  segments  sont 
munis  de  pléopodes  faiblement  poilus  ;  ces  trois  segments  présentent 
sur  la  face  supérieure  deux  fortes  toufïes  de  poils  comme  dans 


(1)  G.  0.  Sars,  Revis,  af.  r/ruppen  Isopocla  Chelifern.  Arch.  Math.  Naturv.,  p.  2:i 
1882. 


TANAIDAE    RECOLTES    PAR    M.    ED.    CHEVREUX 


37 


T.  CavoJmii;  quatrième  segment  beaucoup  moins  développé  que 
les  précédents,  sans  pléopodes,  cinquième  nul.  Pleotelson  pres- 
qu'aussi  long-  que  large,  obtusément  quadrangulaire.  Uropodes 
quadri-articulés,  poilus.  —Dimensions  :  longueur,  8  millimètres  ; 
largeur,  1,7  millimètres. 

Cette  espèce  se  distingue  nettement  du  Tanais  Cavolinii  par  sa 
taille  plus  grande  et  plus  allongée,  labsence  de  pigmentation  grise, 
la  forme  des  chélipèdes  à  propodite  fortement  cilié  et  par  ses  uro- 
podes quadri-articulés  (tri-articulés  chez  7'.  Cavolinii).  —  Ce  dernier 
caractère  la  rapproche  de  la  forme  méditerranéenne  que  G.  0.  Sars 
avait  cru  à  tort  être  le  type  du  T.  Cavolinii  de  Milne-Edwards. 

Atlantique.  —  Deux  exemplaires  cf,  Pen-Chàteau,  fentes  des 
rochers  (Chevreux). 

Tanais  testudinigola,  nova  species. 

Diagnose  :  cf.  —  Corps  environ  quatre  fois  plus  long  que  large, 
pigmenté  de  gris  sur  toute  son  étendue.  Gephalosome  un  peu  plus 
long  que  large,  atténué  en  pointe  antérieurement;  cette  pointe 
dépasse  un  peu  les  lobes  oculaires  qui  sont  bien  développés.  Anten- 
nes de  la  première  paire  à  tige  3  articulée  renflée,  le  premier  arti- 


Fig.  2.  —  Tamiis  t.e.tUidinicola  Dollfus.  —  a,  Gephalosome  et  premier  segment 
pereial  libre;  b,  partie  postérieure  du  corps  (derniers  segments  du  pleon,  pleo- 
telson et  uropodes;  i\  Ciiélipède  (cf):  d,  Chélipède  (partie  antérieure). 


38  AhllIIN    IMILLKUS 

de  plus  long  que  les  deux  dulres  réunis,  fouet  presque  uul,  muui 
d'uu  épais  pinceau  de  poils;  antennes  de  la  deuxième  paire  un  peu 
plus  courtes  que  celles  de  la  première,  à  ti{,^e  5-articulée  et  fouet 
très  court  et  pénicillé.  (^hélipèdes  à  propodile  très  larjj;e  et  robuste, 
processus  dactyliformc  très  écarté  de  la  base  du  daclylopodite  et 
muni  d'une  dent  vers  l'aniile  iiilerne;  daclylo|)odite  très  recourbé. 
Segments  pereiaux  libres  allant  en  s'allongeant  du  piemierau  qua- 
trième, munis  de  quelques  poils.  Pleon  :  trois  premiers  segments 
subégaux,  à  pléo[)odes  longuement  poilus;  ces  trois  segments  pré- 
sentent chacun  deux  faibles  toulïes  de  poils  sur  la  face  dorsale; 
quatrième  et  cinquième  segments  apparents,  mais  très  peu  déve- 
loppés et  sans  pléopodes.  Pleotelsnn  plus  court  que  long,  à  sommet 
subarrondi.  Uropodes  quadri  articulés.  —  Dimensions  :  longueur, 
5  millimètres,  largeur  1,2  millimètres. 

Ç  jdus  petite  et  plus  grêle  que  le  d^.  Antennes  plus  courtes. 
Chélipèdes  à  propodite  moins  large  et  à  dactylopodite  moins 
recourbé.  La  pigmentation  est  plus  pâle  et  plus  concentrée  sur  le 
céphalosome  que  chez  le  c?.  —  Dimensions  :  longueur  4,2  milli- 
mètres, largeur  0,9  millimètre. 

Celte  espèce  se  rapproche  du  genre  Heterotanais  par  l'existence 
de  cinq  segments  apparents  au  pleon;  mais  ces  segments  sont 
dépourvus  de  pléopodes.  —  Du  reste,  la  forme  des  chélipèdes  moins 
aberrante,  chez  le  cf,  et  le  dimorphisme  sexuel  peu  accentué,  suffi- 
sent à  maintenir  cette  intéressante  espèce  dans  le  genre  Tanais. 

Deux  cT,  quatre  9,  —  Récoltés  sur  deux  Tortues  (ThalaHuochelyf! 
Caretta)  pêchées  eu  Méditerranée  entre  les  Baléares  et  la  côte  d'Al- 
gérie :  Station  4,  7  juillet  1892.  Lai.  37°  55'  N.,  longit.  0°40'E.  — 
Station  12,  2  août  1892.  Lat.  37"  26'  N.,  longit.  0"  50"  E. 

Heterotanais  algfricus,  nova  species, 

Diagnose  :  cf.  —  Corps  environ  cinq  lois  plus  long  que  large. 
Céphalosome  allongé,  mais  peu  altéuué  antérieurement.  Lobes  ocu 
laires  longuement  arrondis.  Yeux  très  grands.  Antennes  de  la  pre- 
mière paire  formées  d'une  lige  de  trois  articles  (le  troisième  très 
court),  et  d'un  fouet  8-articulé  muni  de  fortes  touffes  de  poils 
olfactifs.  Antennes  de  la  deuxième  paire  5-articulées  (les  trois  pre 
miers  articles  très  courts).  Chélipèdes  imparfaitement  chélales,  le 
processus  dactyle  du  propodite  étant  réduit  à  une  simple  dent,  le 
propodite  est  muni  du  côté  interne  d'une  rangée  de  poils  spines- 
cents  raides  et  courts;  le  dactylopodite  est  digitiforme  et  un  peu 
plus  court  que  le  propodite.  Le  carpopodite  est  plus  court  que  le 


TANAIDAE    RECOLTES    PAR    U.    EH.    CHEVKEUX 


39 


propodite.  Segments  pereiaux  inégaux,  le  premier  étant  pins  court 
que  les  suivants.  Pleon  normal,  à  cinq  segments  distincts  munis 
de  pléopodes  poilus.  —  Pleotelson  à  sommet  arrondi,  poilu.  Uro- 


Fig.  3.  —  Heteiuta liais  algiriciis,  nova  species.  —  a.  Partie  antérieure  du  corps; 
h,  Chélipède  (propodile  et  dactylopodile),  côté  interne;  c,  pleotelson  et  uropode 
(les  trois  figures  de  profil). 

podes  à  exopodite  très  petit,  formé  de  deux  articles;  endopodite 
très  développé,  o  articulé.  —  Dimensions  :  Longueur  2,5  millimè- 
tres, largeur  0,5  millimètres. 

Un  exemplaire  cf ,  Rade  de  Djidjelli,  Drag.,  23  mètres,  sable.  — 
(Chevreux,  Melita,  13  septembre  1892). 

Heterotanais  PROviNCiALis,  iiova  speciea. 

Diagnose  :  cf.  —  Corps  environ  cinq  fois  plus  long  que  large.  — 
Céphalosome  un  peu  atténué  antérieurement.  Lobes  oculaires  peu 
développés.  Yeux  grands.  Antennes  de  la  première  paire  formées 
d'une  tige  de  trois  articles  (le  troisième  très  court)  et  d'un  fouet 
8-articulé,  muni  de  fortes  touffes  de  poils  olfactifs.  Antennes  de  la 
deuxième  paire  5-articulées  (les  trois  premiers  articles  très  courts). 
Chélipèdes  imparfaitement  chélates ,  le  processus  digitiforme 
du  propodite  étant  réduit  à  une  petite  dent  presqu'invisible; 
le  dactylopodite  est  digitiforme  et  de  longueur  au  moins  égale  à 
celle  du  propodite.  Le  carpopodite  est  aussi  long  et  plus  large  que 


40 


AURIKN    DOLLKUS 


le  propodile.  Segments  pereiaux  inégaux,  le  premier  étant  plus 
court  que  les  suivants.  Pleon  norniai,  à  rinq  segments  distincts 
munis  de  pléopodes  poilus.  Pleotelson  à  sommet  arrondi,  poilu. 
Uropodes  à  exopodite  très  petit,  simple;  endopodite  5  articulé.  — 
Dimensions  :  Longueur  2,5  millimètres,  largeur  0,.j  millimètres. 


Fig.  4.  —  Eeterolanais  provincialis,   nova  species.  —   a.  Partie  antérieure  du 
corps  (çf)  :  b,  Partie  antérieure  du  corps  |^);  <;,  Pleotelson  et  uropode  (çf). 

9.  —  Corps  un  peu  plus  petit  que  le  cf.  —  Céphalosome  court, 
non  prolongé  antérieurement.  Yeux  petits.  Antennes  extérieures 
plus  longues  que  le  céphalosome,  tri-articulées,  à  premier  article 
aussi  long  que  les  deux  autres.  Cliélipèdes  normaux  ;  propodites  et 
dactylopodites  allongés,  sans  dents.  Segments  pereiaux  antérieurs 
très  courts. —  Dimensions:  Longueur  2  millimètres,  largeur  0,4 
millimètres. 

Un  cT  et  une  9.  —  Golfe  de  Saint-Tropez,  chalut  oO  mètres 
(Ghevreux,  Meliia,  18  août  1891). 

Leptochelia  Savignyi  Kr0yer. 

9,  Tanais  Savignyi  Kr^yer  (1).  —  cf,  Tanais  EdwarJsii  (2).    — 

(1)  KRdYEH.  NhI.  Tidsskr..  1842-48,  p.  168. 

(2)  Ibidem,  p.  174. 


TANAIDAE  RÉCOLTES  PAR  M.  El).  GHEVREUX  41 

d^,  Lefttochelia  Edwardsil  (1).  —  Paratanais  Savignyi,  Delage  (2).  — 
Leptochelia  Savignyi,  G,  0.  Sars  (3), 

Atlantique  :  9,  Baie  de  la  Forest  (Bretagne)  (Chevreux.  Il  juin 
1897,  —  Ô,  Dakar  (Sénégal),  chalut,  7  mètres  (Clievreux,  Melita, 
30  février  1890).  — d^  $,  Saint-Jean-fle-Luz,  Éponges  (Dollfus, 
mai  1888). 

Méditerranée  :  d^  9,  Alcudia,  Majorque,  drag.  10  mètres  (Che- 
vreux, Melita,  30  juillet  189îij.  —  a'  Ô,  Bandol  (Id.,  Id.,  octobre 
1893).  —  cf,  Salins  d'Hyères,  sur  une  bouée  (Id.,  Id.,  mai  1891).  — 
9,  Cannes,  drag.  5  mètres  (Dollfus).  —  cT,  La  Garoupe,  près  Anti- 
bes,  faubert  (Chevreux,  mars  1892).  —  d^  6,  Villefranche,  sur 
corps  morts  (Id.;.  —  cT  9,Bône,  drag.  20  mètres  (Chevreux,  Melita, 
8  juin  1897).  —  d^.  Rade  de  la  Calle,  chalut  20  mètres  (Id.,  Id.. 
août  1892).  —  cf  9,  Baie  de  Surkennis,  drag.  10  mètres  et  chalut 
8  mètres  (Id.,  Id.,  15  septembre  1892). 

Leptochellv  algicola  Harger  (4). 

Tanaifi  dubius,  non  Kr^yer  (1).  —  !  Dohrn  (5)  et  G.  0.  Sars  (3). 

Atlantique  :  cT  9,  Banc  de  Houat  (Bretagne)  (Chevreux,  7  mai 
1886).  —  cf.  Courreau  de  Belle-Ile,  18  mètres  (Chevreux,  26  juin 
1888).  —  9,  Baie  de  la  Forest  (Chevreux,  11  juin  1887).  —  9,  Arca- 
chon,  Eponges  fixées  aux  parcs  (Chevreux,  janvier  1888).  —  9  Gué- 
thary,  sur  les  Lichina  (Dollfus,  mai  1888).  —  cT  9,  Saint-Jean  de- 
Luz,  dans  les  Eponges  (Dollfus,  mai  1888).  —  cf,  Sainte-Croix  de 
Ténérifïe,  dragué  15  mètres  (Chevreux,  Melita,  27  décembre  1889). 
—  9,  Dakar  (Sénégal),  chalut,  7  mètres  (Chevreux,  10  février  1890). 

Méditerranée  :  9,  Alcudia  (Majorque)  dragué  10  mètres  (Che- 
vreux, Melita,  30  juillet  1892).  —  9,  Celte,  canal  de  l'Etang  (Dollfus, 
septembre  1892).  —  9,  Bandol  (Chevreux,  octobre  1893).  —  9, 
Salins  d'Hyères,  sur  une  bouée  (Chevreux,  mai  1891).  —  9»  Golfe 
de  Saint-Tropez,  chalut,  50  mètres  (Chevreux,  Melita,  18  août  1891). 

A.  Dohrn  et  G.  0.  Sars  ont  assimilé  l'espèce  brésilienne  décrite 
par  Kr0yer  sous  le  nom  de  Tanais  dubius  à  celle  qui  vit  si  abondam- 
ment sur  nos  côtes.  —  Des  localités  aussi  éloignées  ne  nous  auraient 

(t)  Bate  and  Wistword,  British.  sess.  eyed  Crust.,  1868. 
(2)  Delage,  Contribution  ii  l'élude  de  l'app.  circul.  des  Crustacés  Edriop/itha- 
Itims  marins.  Arch.  Zool.  expérim..  1881. 
(;«)  G.  0.  Sars,  Fev.  af.  gr.  Isop.  Chelif.,  1882. 

(4)  Hargeb,  Rep.  on  the  marine  Isop.  of  N.  England.,  1878. 

(5)  Dohrn,  Unters.  ûber  Bnu  und  Entw.  der  Arthrop.,  1870. 


M  ADRIKN    DOLLFIS 

pas  fait  lu'siter  à  admettre  cette  assimilation,  cai-  nous  avons  vu  à 
quel  point  les  Tannidip  peuvent  avoir  une  dispersion  étendue,  et 
nous  venons  de  citer  nous-mêmes  l'espèce  française  recueillie  au 
Séuétjal  par  M.  Chevreiix.  —  Mais  il  y  a  entre  la  description  et  la 
figure  du  fanais  dulnvs  de  Kr0yer  et  notre  l.eptochelia  une  diffé- 
rence réelle,  qui  consiste  dans  le  moindre  développement  des  uro- 
podes,  dont  l'endopodite  est  formé  de  cinq  articles  chez  Tanais 
diibiiis  et  de  six  articles  dans  l'espèce  qui  nous  occupe  et  que  nous 
considérons  comme  identique  à  l.eptochelia  algicola,  de  Hargei-  — 
(commune  sur  les  côtes  N,  0.  des  Etats-Unis).  Nous  avons  nous- 
mêmes  des  exemplaires  de  Vineyard  Sound  (Mass.)  qui  ne  nous 
laissent  aucun  doute  à  cet  égard,  an  moins  quant  à  la  9  —  le  cf* 
figuré  par  Harger  paraît  se  rapprocher  de  Leptorhelia  Savignyi  (avec 
laquelle  /..  algicola  est  continuellement  mélangée  sur  les  côtes  d'Eu- 
rope), mais  le  développement  du  propodite  des  chélipèdes  paraît 
moindre  dans  la  figure  donnée  par  Harger  que  dans  les  L.  SarAgnyi 
que  nous  avons  examinés. 

Si  nous  croyons  avoir  rectifié  celte  question  de  synonymie,  notre 
opinion  est  encore  hésitante  sur  la  valeur  réelle  de  l'espèce  Lepto- 
chelia  algicola  Harger  (=  dubia  Dohrn  -  G.  0.  Sars),  comparée  à 
L.  Savignyi  Kr0yer  ;  —  et  nos  doutes  proviennent  précisément  du 
grand  nombre  d'exemplaires  recueillis  en  des  endroits  divers  par 
M.  Chevreux.  —  Notons  tout  d'abord  que  ces  deux  espèces  se  trou 
vent  presque  toujours  ensemble  ;  que  certains  caractères,  tels  que 
la  longueur  du  corps  et  le  nombre  d'articles  des  antennes  chez  le 
d^,  sont  éminemment  variables  (nous  avons  constaté  6  à  10  articles 
chez  L.  Savignyi  et  7  à  10  chez  L.  algicola).  —  Il  ne  nous  reste 
comme  caractères  distinctifs  ayant  une  certaine  valeur,  que  les 
suivants  : 

Lcptochelia  Savignyi  Leptochelia  algicola 

cT  Chélipèdes  à  propodite  deux  cf     Chélipèdes     à     propodite 

fois  plus  long  que  chez  /..  algi-      beaucoup  plus  court,  plus  rem- 
cola,  muni  de  dents  très  écartées,      pli,  munis  de  dents  rapprochées. 

9  Corps  généralement  robuste  Ô  Corps    généralement    plus 

et  plus  grand.  Antennes  de  la      petit  et  plus  grêle.  Antennes  de 
première  paire  à  dernier  article      la  première  paire  à  dernier  arti- 
de  la  tige  dédoublé  en  deux  seg-      cle  de  la  tige  simple, 
ments. 

Ces  caractères  (voyez  les  figures  ci-jointes)  paraissent  très  nets. 
Mais  ce  qui  nous  fait  douter  de  leur  valeur,  c'est  que  d'une  part  la 


TANAIDAE  RECOLTES  FAR  M.  KD.  CHEVREUX 


43 


taille,  le  développement  deschélipèdes,  l'écartement  des  dents  chez 
le  cT  est  assez  variable,  et  que  de  l'autre  les  Ô  de  L.  nlgicola  se 
trouvent  très  souvent  en  nombre  considérable  avec  les  d^  de  L. 
Saoigiiyi  (dans  l'Atlantique  comme  dans  la  Méditerranée).  Nous  ne 
serions  pas  surpris  qu'il  n'y  eût  là  en  somme  que  deux  états  de 
développement  ditïérent  ;  /. .  f^avignyi  et  /..  dlgicola  ne  constitue- 
raieut  que  deux  âges  ditïérents  d'une  même  espèce,  dont  /..  SarAgnyi 


Fig.  5.  —  Leptochelia  Savignyi  Kr0ger  et  t.  algicola  Harger.  —  a,  L.  Savignyi  cf, 
Chélipèile  (propodite  Pt  daclylopodite);  b,  L  algicola  cf  (id.);  c,  L.  Savignyi  $, 
Antennes  ;  d,  L.  algicola  9  (id-)- 


serait  l'état  adulte.  —  Ce  n'est  là  qu'une  iiypothèse  qui  sera  ou  non 
confirmée  par  les  récoltes  que  l'on  fera  plus  tard  de  ces  petits 
Isopodes  souvent  si  communs  dans  les  abris  contenant  du  sable 
vaseux.  Nous  ne  saurions  trop  recommander  de  les  recueillir  en 
très  grand  nombre  afin  d'étudier  cette  question. 

Leptochelia  corsica,  species  nova. 

Diagnose  :  cf,  corps  allongé,  grand.  Céphalosome  égalant  environ 
trois  fois  la  longueur  du  premier  segment  pereial.  Yeux  grands. 
Antennes  de  la  première  paire  à  fouet  formé  de  10  articles  munis 


ADRIEN    DOLLFUS 


Fij?.  6.  —  Leptochelia  corsica  DolKns  cf. 
Chélipède  (propodite  et  daetyloporJite). 


de  longs  poils.  Les  "2^  et  .>  articles  de  la  tige  sont  munis  d'un  fort 
poil  spinesceiit.  Cliélipèdes  très  développés  ;  |)ropo(lite  allongé 
(aussi  long  que  rarlicle  précédent)  ;  à  partie  dactyle  muni  de  deux 
dents  rapprochées  ;  dactylopodite  long,  courbé,  muni  du  côté 
interne  de  neuf  «lenticules  serrés  et  poilus.  Pereion  à  |)remier  seg- 
iiicnt  liltre  deux  fois  plus  court  que  le  troisième.  Première  paire  de 

péréiopodes   ambulatoires   à 
propodite    grêle    et  allongé, 
plus  court  cependant  que  le 
dactylopodite   qui   est  d'une 
extrême  longueur.  Pléon  nor- 
mal, pleopodes  à  appendices 
longuement  poilus.  Uropodes 
à  endopodite  6-articulés.  Di 
mensioDS  :  Longueur  o  milli- 
mètres, largeur  1  millimètre. 
9,  Corps  plus  court  que  chez  le  d^.  —  Yeux  petits.  —  Antennes 
de  la  première  paire  à  tige  tri-articulé  et  à  fouet  presqu'invisible. 
Chélipèdes  de  môme  forme  que  chez  L.  algicoUi.  Dimensions  :  Lon- 
gueur 6,2  millimètres,  largeur  1  millimètre. 

cf  9,  Bonifacio,  dragué  10  mètres,  sable  (Chevreux.  Melita,  ^21 
juillet  1890).  —  9.  Bonifacio,  dragué  20  mètres,  vase  (Chevreux, 
Melita).  —  9.  Ile  Rousse,  dragué  12  mètres,  sable  (Chevreux, 
Melita,  10  juillet  1890).  —  6,  Ile  de  Djerha,  marée,  sur  les  Hircinia 
(Chevreux,  Mdita,  21  septembre  1892). 

Cette  espèce  est  bien  voisine  et  n'est  peut-être  qu'une  variété  du 
L.  algicola  avec  laquelle  on  la  trouve  associée  sur  les  côtes  de  Corse. 
Elle  s'en  distingue  surtout  par  le  développement  beaucoup  plus 
grand  de  toutes  ses  parties  :  sa  taille  est  de  plus  du  double.' —  La 
forme  bien  plus  allongée  des  chélipèdes  chez  le  cT,  paraît  cependant 
un  caractère  distinctif  assez  net.  —  Nous  avions  cru  d'abord  pou- 
voir assimiler  cette  espèce  au  Leptochelia  Neapolitana,  décrit  par 
Sars  et  provenant  de  l'Italie  méridionale,  et  qui  présente  aussi  dans 
la  première  paire  de  péniopodes  ambulatoires  un  dactylopodite 
d'une  grande  longueur.  Mais  Sars  dit  que  les  yeux  chez  le  cT  et  la  9 
sont  de  grandeur  égale;  ce  n'est  pas  le  cas  dans  notre  espèce.  Si 
l'hypothèse  que  nous  avon.s  émise  tout  à  l'heure  sur  l'identité  possi- 
ble de  L.  Samgnyi  et  algicola  se  trouvait  justifiée,  il  faudrait  peut- 
être  y  comprendre  aussi  cette  forme  majeure  que  nous  décrivons  ici. 


TANAIDAE   RÉCOLTÉS   PAR   M.    ED.    CHEVRËUX 


45 


Leptochelfa  inermis,  nova  species. 


Diagnose  :  cf ,  Corps  médiocrement  allongé,  de  petite  taille.  Cépha- 
losome  égalant  environ  deux  fois  la  longueur  du  premier  segment 
pereial.  Yeux  un  peu  plus  grands  que  chez  la  $.  Antennes  de  la 
première  paire  à  fouet  5-articulé,  poilu.  Chélipèdes  petits,  à  propo- 
dite  court  et  large,  la  partie  digitiforme  très  large  vers  la  base  et 
pointue  au  sommet , 
présente  du  côté  interne 
deux  dents  rapprochées 
mais  très  peu  apparen- 
tes (bien  moins  déve- 
loppées que  dans  les 
espèces  précédentes  ) . 
Pereion  et  pleon  nor- 
maux. —  Uropodes  à 
endopodite  4- articulé. 
—  Dimensions  :  Lon- 
gueur 2,6  millimètres, 
largeur  0,5  millimètres. 

9,  Corps  de  même 
dimension  que  chez  le 
cf.  —  Yeux  à  peu  près 
de  même  grandeur.  — 
Antennes  de  la  première 
paire  à  tige  tri-articu- 
lée et  à  fouet  rudimentaire.  Chélipèdes  à  propodite  assez  étroit,  à 
bord  interne  non  denté. 

Deux  cT,  deux  $.  —  Dakai,  chalut,  7  mètres  (Chevreux,  Melita, 
février  1890). 

Cette  espèce  est  bien  distiucte  par  la  forme  des  chélipèdes  et  le 
petit  nombre  d'articles  du  fouet  chez  le  cf ,  et  par  ses  uropodes  à 
endopodites  4-articulés. 


Fig.  7.  —  Leptochelia  inermis  Dollfus.  —  a,  Chéli- 
pède,  partie  antérieure  (a')  ;  b,  Chélipède,  partie 
antérieure  (Q);  c,  .\nteanes  (o^)  ;  d,  Pleotelsoa 
et  uropodes  (o^9). 


Paratanais  Batei  g.  0.  Sars  (1). 

Quatre   9.  —  Saint-Jean-de-Luz,  drag.  5  mètres  (sable  vaseux) 
(Dollfus,  mai  1888). 


(1)  G.  0.  Saks,  Revis,  af.  Gruppen  Isop.  Chelif  ,  1882. 


46 


ADRIEN    IJOLLKIS 


Typhlotanais  messinensis,  g.  0.  Sars  (1). 

Une  9.  —  Golfe  de  Saint-Tropez,  chalut  50  mètres  (Clievreux, 
^]elHa,  i8  aoiU  1891). 

Leptognathia  bhevimana  Lilljeborf^. 

Tandis  iremmanus,  Lilljeborg  (2).  Leptognathia  bremmana  G.  0. 
Sars  (1). 

Une  $.  —  Baie  de  la  Forest  (Bretague),  16  juin  1887  (Clievreux). 

Espèce  de  dispersion  très  étendue  :  toute  la  côte  Norvégienne 
jusqu'à  Vadsô,  Danemark,  Méditerranée  à  Messine  (Lilljeborg, 
Meinert,  G.  0.  Sars) 

Leptognathia  crassimana,  nova  species. 

cT.  —  Corps  très  étroit.  —  Céphalosome  assez  court  (très  abimé 
sur  l'exemplaire  examiné).  —  Antennes  de  la  première  paire  à  tige 
tri-articulée  (le  troisième  article  court),  et  à  fouet  (juatri-articulé, 
muni  de  poils  sensilifs  assez  courts.  —  Chélipôdes  courts,  robustes  ; 

propodite  large,  presque  tri- 
quètre,  à  bord  interne  si- 
nueux denté.  Dactylopodite 
étroit,  (lenticule  du  côté  ex- 
terne. Segments  pereiaux 
subégaux,  les  trois  premiers 
un  peu  plus  courts  et  plus 
larges  que  les  suivants.  Pléon 
normal,  pléopodes  bien  déve- 
loppés et  munis  de  poils 
allongés.  Pleotelson  plus  long 
que  les  segments  pléonaux  ; 
uropodes  allongés,  à  endopo- 
dite  triarticulé  (le  premier 
article  très  court)  et  exopo- 
dite  bi-articulé,  grêle,  égalant 
au  moins  la  moitié  de  la  lon- 
gueur de  l'exopodite.  —  Di- 
mensions :  Longueur,  2,8  millimètres,  largeur  0,4  millimètres. 


Fig.  8.—  Leptognathia  craasiwana  DoUfiis 
(c").  —  o.  Chélipède;  b,  Antennes;  c, 
Pleotelson  et  uropode. 


(1)  G.  0.  Sars,  Revision  af  Grvppen  Isop.  Chelif.,  1882. 

(2)  Lii.tJEBOR(i,  Hidr    till.  Kannod.  oui  dr  imm.  Smiqt'  <irli  Noia:e<i.  fijrel;. 
CruHt.  aj  Tfiiiiiidrriiesfaiinlij,  1864. 


TANAfDAK    RÉCOLTÉS    PAR    M.    KO.    CHEVREUX  47 

Un  cf  (mauvais  état),  baie  du  Chalet  (Bretagne),  (Chevreux,  13 
août  1885). 

La  forme  des  uropodes  ne  nous  permet  pas  de  considérer  cette 
espèce  comme  le  d^  de  la  précédente,  qui  est  encore  inconnu. 

Tanaopsis  laticaudata  g.  0.  Sars  d). 

Le  Cioisic,  dragage  sable,  10  mètres  (Chevreux).  —  Id.,  sable 
attaché  aux  Pecten  Jacobœus,  50  brasses  (Chevreux). 

Cette  espèce  paraît  avoir  une  grande  dispersion,  dans  la  zone 
littorale  moyenne  et  profonde.  —  M.  G.  0.  Sars  l'a  signalée  au  Sud 
de  la  Norwège  et  dans  la  Méditerranée  à  Naples  et  à  Messine. 

Anarïhrura  simplex  g.  0.  Sars  (1). 

Un  (f  et  une  9,  Saint-Jean-de-Luz  (Chevreux,  Melita,  4  août  1893). 
Signalés  par  G.  0.  Sars,  sur  les  côtes  0.  et  S.  de  la  Norwège,  à 
des  profondeurs  de  50  à  150  brasses. 

(1)  <i.  O.  Sars,  Revis,  af.  Gruppen  Isop.  Cfielif.,  1882. 


48 


LES  ODONATES  DE  LA  POLOGNE  RUSSE 


LE    0-    JEAN    INGENITZKY, 

de  Sainl-FétiTsbourg. 

La  Russie  occidentale,  dont  font  partie  les  divers  gouvernements 
de  la  Pologne,  est  une  vaste  plaine  entrecoupée  de  forêts,  d'étangs 
et  de  rivières  :  la  faune  des  Odonales  de  cette  région  est  une  des 
plus  riches  de  la  Russie. 

Au  point  de  vue  de  l'étude  des  Libellules,  cette  contrée  peut  être 
considérée  comme  presque  entièrement  inexplorée,  surtout  si  on 
la  compare  aux  contrées  voisines,  la  Silésie  et  la  Galicie,  dont  la 
faune  a  été  étudiée  par  Hagen,  Charpentier,  Dzendzelevicz,  Novizky 
et  Vergeisky.  Déjà,  un  petit  travail,  dû  à  M.  E.  Majevsky,  publié 
en  1882  et  réédité  eu  1885,  a  énuméré  tous  les  Névroptères  trouvés 
dans  les  confins  de  l'ancienne  Poloi-ne,  mais  Dzendzelevicz,  dans 
l'ouvrage  capital  qu'il  a  lui-même  publié,  s'exprime  ainsi  au  sujet 
du  travail  de  Majevsky  :  «  Un  examen  attentif  entraîne  la  conviction 
que  l'auteur  n'a  pas  comparé  les  espèces  citées  par  lui  avec  les 
exemplaires  déterminés  des  collections,  non  plus  qu'avec  les  des- 
criptions des  savants,  car  il  cite  parfois  une  même  espèce  sous 
plusieurs  noms  comme  s'il  s'agissait  d'espèces  différentes.  C'est 
ainsi  qu'il  parle  de  V^Eschna  cyanea  Latr.  et  de  V/Esch.  maculatis- 
sima  Eversm.;  de  Gomphus  pulchellus  Steph.  et  de  G.  flairpes 
Charp.,  etc.  ». 

C'est  cette  faune  que  nous  avons  voulu  étudier,  parcourant,  en 
particulier  pendant  les  années  1891  et  1892,  les  campagnes  de  la 
Pologne,  à  la  recherche  des  Insectes,  élevant  les  larves  et  recevant 
le  produit  des  chasses  de  nombreuses  personnes  qui  ont  bien  voulu 
capturer  pour  nous  des  Odonates  dans  les  diverses  localités  du 
pays. 

Mais,  avant  de  donner  la  liste  des  Odonates  de  la  Pologne,  nous 
voulons  exposer  brièvement  quelques  remarques  biologiques  con- 
cernant leur  apparition  ou  leur  disparition,  leur  mode  d'accouple- 
ment et  leur  manière  de  pondre. 

Dès  le  commencement  de  mai,  apparaissent  Lib.  quacb'imacula  et 
Lib.  depressa,  en  même  temps  que  diverses  espèces  d'Agrions  du 
groupe  ((  puella  »  ;  puis,  successivement,  les  genres  Cordulia,  Gom- 


LES  ODONATES  Dt;  LA  POLUGNE  RUSSE  49 

phus,  Calopteryx,  Hlati/cncnns,  les  grandes  formes,  Ana.r  forniosus  et 
.Eschna  pratcnais,  de  sorte  que,  à  la  mi-juin,  la  faune  des  Odonates 
a  atteint  sa  plus  grande  richesse.  A  la  fin  de  juin  l'état  demeure 
stationuaire,  après  quoi  le  nombre  des  Insectes  diminue  notable- 
ment. A  mesuie  que  disparaissent  les  formes  printanières,  appa- 
raissent les  formes  autouinales.  Les  Diplax  flaieola  et  vulgata 
commencent  à  éclore,  puis  deviennent  abondants  en  juillet  et  août, 
en  même  temps  que  plusieurs  Lestes  et  les  jEschna  yrandis  et  7'ufes- 
œns.  A  la  fin  de  juillet  et  au  commencement  d'août,  on  voit  éclore 
yEschnacyanea,  Diplax  scotica  et  vulgata  ainsi  que  Lestes  sponsa  qui 
durent  jusqu'aux  15  25  octobre  (1891-92).  La  saison  de  chasse  de 
ces  Insectes  peut  donc  se  diviser  en  trois  périodes,  la  première 
comprenant  mai  et  juin,  la  plus  riche,  caractérisée  par  les  L.  qua 
drimaculata  et  depressa,  les  Gomphus,  les  Anax  et  Y/Eschnapratensis. 
La  deuxième,  de  lin  juin  à  la  mi-août,  caractérisée  par  les  Diplax, 
Lestes,  /Eschna  grandis  et  cganea,  au  milieu  desquelles  on  trouve 
encore,  en  quantité  insignifiante,  des  formes  printanières,  telles 
que  Cordulia  inetallira  et  L.  (juadrirnacalata.  La  troisième  est  remar- 
quable par  la  prédominance  des  /Eschna  cyanea,  Diplax  vulgata  et 
Lestes  sponsa. 

Pour  contrôler  ces  époques,  nous  avons  tenté  d'élever  des  larves 
dans  les  aquariuuis  du  cabinet  zooiogique.  Les  larves  recueillies,  à 
la  mi-avril,  dans  les  étangs  des  environs  de  Varsovie,  ont  donné  les 
imagos  de  quadrimaculata  et  depressa,  dans  la  première  quinzaine 
de  mai,  puis  quelques  exemplaires  du  15  au  20  mai;  Epitheca 
bimaculata  est  née  le  27  mai  ;  le  premier  Diplax  vulgata  est  éclos  le 
13  juin;  Lestes  nympha  le  17  août. 

Au  cours  de  nos  excursions,  nous  avons  essayé  de  résoudre  la 
même  question  en  notant  la  capture  des  jeunes  Insectes  fraîchement 
éclos,  reconnaissables  à  leur  coloration  plus  pâle  et  à  la  mollesse 
de  leurs  téguments.  Nous  avons  également  fait  toutes  les  observa- 
tions possibles  relatives  à  la  copulation  et  à  la  ponte  des  œufs. 
Ainsi,  le  17  août  1891,  un  couple  A^ /Eschna  cyanea,  venant  d'une 
forêt,  d'un  vol  rapide,  tomba  dans  l'herbe  au  bord  d'un  étang  :  le 
mâle  tenait  la  femelle  par  l'occiput,  ses  appendices  supérieurs 
étaient  verticalement  placés  des  deux  côtés  de  la  partie  postérieure 
de  la  tète  de  la  femelle,  tandis  que  son  appendice  inférieur  se  trou- 
vait horizontalement  placé  sur  le  triangle  occipital,  entre  les  yeux. 
Le  mâle  ne  touchait  nullement  le  prothorax  de  la  femelle. 

Le  25  juiu,  un  couple  de  Cordulia  senea  se  posa  sur  un  arbuste  : 
le  niàle  tenait  la  femelle  comme  dans  le  cas  précédent,  l'abdomen 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1698.  xi.  —  4 


50  J.    INUKNIT/KY 

redressé,  hiissaril  entre  lui  el  le  corps  <le  l;t  (einclle  nu  espaee  ova- 
laire.  nHréei  à  l'avanl. 

Chez  la  IJb.  pectoralis,  le  proeédé  est  le  même,  avec  la  dilïérence 
(|ue  le  inàle  arque  l'abdomen  vers  le  haut,  de  sorte  que  l'espace 
laissé  entre  sou  corps  et  celui  de  la  femelle  se  rap()roche  de  la  forme 
annulaire. 

Le  2(i  juin,  chez  un  couple  de  l'huncncnils  f/ennipes,  les  appendices 
supérieurs  du  mâle,  s'abaissant  verticalement,  s'appliquaient  sur 
la  partie  |)Ostérieure  du  |)rotlu)i'a.\  de  la  femelle,  tandis  que  les 
appendices  inférieurs  se  trouvaient  dans  une  position  inclinée  sur 
la  partie  antérieure. 

Nos  ol)servations  sur  la  ponte  des  œufs  sont  les  suivantes  :  le  13 
juin,  à  Méua,  au-dessus  d'un  étang,  nous  observâmes  un  grand 
nombre  de  Lib.  pectoralis  en  copulation.  Les  femelles  des  trois  paires 
capturées  commencèrent,  dans  le  filet  même,  à  expulser  des  œufs 
en  abondance.  Le  19  juillet,  mènies  remarques  au  sujet  de  fjb. 
sanquinea,  la  femelle,  l'abdomen  légèrement  recourbé  vers  le  bas, 
laissait  tomber  des  œufs.  Ceux  ci  sortaient  sans  interruption,  l'un 
après  l'autre,  comme  une  chaîne;  l'abdomen  se  contractait  et  se 
dilataitconstamment,chaque  contraction  correspondant  à  l'émission 
d'uii  œuf.  Le  '1  août,  au  bord  d'un  lac.  mêmes  remarques  sur  Lib. 
vulgata  et  santjuinra.  La  direction  suivie  par  les  couples  dans  leur 
vol,  suggérait  l'idée  que  les  mâles  saisissaient  les  femelles  dans  la 
forêt  et  les  entraînaient  vers  le  lac,  en  vue  de  la  ponte. 

Dernièrement,  Rodzianko  s'est  élevé  contre  l'opinion  générale- 
ment admise  que  le  mâle  prend  une  part  active  au  moment  de  la 
ponte.  Le  mâle,  dit-il,  ne  fait  que  suivre  passivement  les  mouve- 
ments de  la  femelle  et  ne  lui  aide  en  aucune  façon  ;  bien  plutôt, 
souvent  il  l'embarrasse  et  est  cause  que  la  ponte  se  fait  eu  des  lieux 
défavorables. 


Famille  Libellulidœ 
Genre  Libkllula  L. 


1.  /..  quaclrimacnlala  L.  —  L'espèce  la  plus  commune  et  la  plus 
abondante  dans  la  contrée.  Apparaissant  au  commencement  de  mai, 
ces  Libellules  prédominent  depuis  mai  jusqu'à  la  mi-juin,  volant 
en  quantité  immense,  non-seulement  au  dessus  des  étangs,  des 
fossés,  des  clairières,  mais  jusque  dans  les  villages  el  les  villes. 
Cest  ainsi  que  dans  les  rues  de  Varsovie,  par  exemple,  pendant  les 


LES  ODOXATES  DE  LA  POLOGNE  RUSSE  51 

journées  ensoleillées  du  mois  de  mai  1892,  on  pouvait  souvent  voir 
voler  des  Libellules  appartenant  à  cette  espèce. 

De  la  fin  mai  à  la  mi-juin,  nous  avons  fréquemment  rencontré  des 
individus  en  copulation,  et  en  juin  nous  avons  observé  la  ponte  des 
œufs. 

Dans  la  seconde  moitié  de  juin,  le  nombre  de  ces  Libellules  com- 
mence à  diminuer  notablement  et  l'espèce  disparait  vers  la  mi- 
juillet. 

En  ce  qui  concerne  les  contrées  voisines,  cette  espèce  est  indiquée 
en  Galicie  (Dzeud.),  dans  la  Prusse  orientale  (Hg.)  et  dans  la  Cour- 
lande  (Kawal).  partout  eu  grande  quantité.  Cette  espèce  est  aussi 
répandue  en  d'autres  localités  de  la  Russie  d'Europe  :à  Pétersbourg 
(PL),  dans  les  gouvernements  de  Moscou  et  de  Riazau  fOul.),  dans 
ceux  de  Charkov  et  de  Poltava  (Rodz.)  et  aussi  dans  la  région  com- 
prise entre  le  Volga  et  l'Oural  (Ev.). 

Var.  L.  pvccnubila  Newm.  —  Relativement  rare.  Nous  l'avons  ren- 
contrée à  Mena  (19  :26  juin)  et  à  Otvotsk  (30  juin). 

L.  quadrimaculata  s'assemble  parfois  en  nombre  incalculable  et 
opère  des  migrations  d'un  lieu  à  l'autre  sous  forme  d'essaim.  Dans 
la  littérature  russe,  de  pareilles  migrations  sont  indiquées  par 
Ivanov  qui  en  a  observé  à  Loupiavok  en  1864  et  1869,  et  par 
Rodzianko  qui  en  a  décrit  une,  observée  par  lui  à  Louben  (gouver- 
nement de  Poltav;i)  le  11  mai  1889. 

M.  Rodzianko  cherche  à  réfuter  l'opinion  communément  reçue 
d'après  laquelle  rinsullisauce  de  nourriture,  l'assèchement  des 
étangs,  etc.,  constitueraient  les  causes  de  ce  phénomène  de  migration. 

Les  migrations  de  L.  quadr.  peuvent  s'expliquer,  suivant  cet 
auteur,  par  une  tendance  à  se  réunir  en  troupe,  particulièrement 
développée  chez  ces  Libellules,  tandis  que  le  déplacement  d'un  lieu 
à  l'autre  est  dans  leur  nature  même,  en  tant  qu'Insectes  aériens, 
annant  le  vol,  et  doit,  par  conséquent,  être  considéré  indépendam- 
ment du  nombre  des  individus  participant  au  vol. 

2.  L.  (Icpressa  L.  —  Beaucoup  moins  abondante  que  la  précédente, 
cette  espèce  n'en  est  pas  moins  fort  commune  dans  la  contrée  et  se 
trouve  même  par  places  en  grande  quantité,  à  la  lisière  des  bois 
ou  dans  les  clairières.  L'Insecte  se  pose  ordinairement  sur  les 
branches  des  arbres,  ou  bien  sur  le  sable,  les  ailes  étendues.  Appa- 
raît au  commencement  de  mai,  ainsi  que  l'espèce  précédente  et 
disparaît  progressivement  vers  le  mois  de  juin.  Trouvée  près  de 
Mitava  et  de  Dorpat  iKv.),  aux  environs  de  Moscou  et  de  Riazan 
(Oui.),  dans  les  gouvernements  de  Charkov  et  de  Poltava. 


l'}'2  .).     INGKNir/.KV 

.■{.  /,.  cdini'llala  L.  -  Vers  le  milieu  de  iiuii  I(S!)2,  (|ijeli|ues  exeiii- 
phiires  scml  sortis,  dans  les  a(|uaiiiiiiis,  de  larves  lécollées  dans  les 
étangs  près  de  Mokotov  (Varsovie)  ;  nous  avons  ensuite  obtenu  cette 
espèce  prise  an  vol  dans  les  gouverti('in(Mits  de  Varsovie  et  de 
Sedletsk 

En  général,  cette  espèce  est  rare  dans  la  contrée,  tandis  (lue,  au 
dire  de  MM.  Ivanov  et  Rodzianko,  elle  est  très  commune  dans  les 
gouvernements  de  Karkov  et  de  Poltava. 

Trouvée  en  outre  en  Courlande  (Kow.),  dans  le  gouvernement 
de  Moscou  (Oui.)  et  par  Eversmann  entre  l'Oural  et  le  Volga. 

4.  /..  pddrnioiilana  Allioni.  --  N'a  été  rencontrée  qu'en  un  seul 
endroit,  au  village  de  Zvola  (gouvernement  de  Sedletsk)  d'où  plu- 
sieurs exemplaires  nous  ont  été  envoyés  par  M.  V.  Proskourine, 
qui.  fait  intéressant,  avait  déjà  rencontré  cette  espèce  rare  exacte- 
ment au  même  endroit,  en  juin  1892  et  en  août  de  la  même  année, 
et  l'y  avait  trouvée  en  abondance  sur  les  collines  voisines. 

Citée  par  Oulianine  dans  le  gouvernement  de  Moscou,  près  de 
Volokamsk,  où  ces  Libellules  volaient  en  grand  nombre  sur  les 
hautes  berges  ensemencées  de  la  rivière  Lama.  Eversmann  l'indique 
sur  le  Volga,  l'Oural  et  Farochevski  dans  le  gouvernement  de 
Kharkov. 

5.  L.  sanyuinea  MiïLL.  —  Assez  répandue  durant  la  période  esti- 
vale, se  rencontre  ordinairement  dans  les  lieux  secs,  éloignés  des 
eaux,  par  exemple  dans  les  petites  forêts,  dans  les  clairières,  sur 
les  blés,  etc. 

Indiquée  dans  les  gouvernements  de  Moscou  et  de  Nijni-Novgorod 
(Oui.)  et  dans  ceux  de  Kharkov  (Iv.  et  Far.)  et  de  Poltava  (Rodz.). 

6.  L.  flavcola  L,  —  Espèce  commune  quoique  plus  rare  que  la 
précédente.  Affectionne  également  les  lieux  secs. 

Pétersbourg  (PI.),  Moscou  (Oui.),  gouvernement  de  Kharkov  (Iv. 
etJar.),  gouvernement  de  Poltava  (Rodz.),  gouvernement  deTambov 
(Oui.),  Volga-Oural  (Evers). 

7.  L.  vulijata.  —  L'espèce  la  plus  répandue  durant  les  saisons 
estivale  et  automnale.  Ainsi  que  les  deux  espèces  précédentes,  se 
rencontre  abondamment  dans  les  lieux  secs  ;  nous  l'avons  trouvée 
en  grande  quantité  dans  les  clairières  des  bois  d'Otrootsk  et  de 
Karelshov,  se  posant  ordinairement  sur  les  branches  des  petits 
pins.  Métamorphose  observée  dans  l'aquarium  le  13  juin  1892;  la 
ponte  des  œufs  dans  la  seconde  moitié  d'août  et  pendant  tout  le 


LES   OnONATKS    DE    LA    POLOGNF.    RUSSE  53 

mois  de  septembre.  Trouvée  clans  toutes  les  localités  où  des  excur- 
sions ont  été  faites  eu  temps  convenable.  Indiquée  aussi  comme 
très  commune  dans  les  contrées  voisines  du  royaume  de  Pologne. 
Gouvernements  dePétersbourg  (PI.),  de  Moscou  (Oul.),deKharkov 
(Iv.  et  Jarocli.),  de  Pollava  (Rodz.).  Volga-Oural  (Evers.). 

8.  L.  striolata  Charp.  —  Trouvée  par  nous  à  Pétrokov  le  26  août  et 
à  Otvotsk  (Varsovie-Gub.)  15,  23,  24  septembre.  Majevsky  l'indique 
dans  les  environs  de  Varsovie,  de  Milosna  et  de  Lublin. 

Environs  de  Pétersbourg  (PI.),  gouvernement  de  Moscou  (Oui.), 
Volga-Oural  (Evers.). 

9.  L.  scotica  Denov.  —  Apparaît  à  la  mi-juillet  et  persiste  jusqu'à 
la  fin  de  l'automne. 

En  juillet,  les  mâles  n'ont  point  de  «  tleur  »  noire  sur  l'abdomen 
et,  de  même  que  les  femelles,  sont  souvent  dépourvus  de  la  tache 
Doire  au  front,  caractère  diagnostique  spécifique. 

En  général,  cette  espèce  se  rencontre  ici  fréquemment,  tandis 
qu'elle  est  très  rare  dans  le  gouvernement  de  Kharkov. 

Dans  le  travail  détaillé  de  Ivaoov,  elle  n'est  pas  indiquée  pour 
Coupianok,  et  ce  nest  que  postérieurement  que  Rodzianko  rappelle 
avoir  reçu  d'Ivanov  quelques  exemplaires  de  cette  espèce. 

Trouvée  en  outre  dans  le  gouvernement  de  Pétersbourg  (PI.), 
dans  ceux  de  Moscou  et  de  Kalouga  (Oul.)et  entre  le  Volga  et  l'Oural 
(Evers.). 

10.  L.  duhia  V.  der  L.  —  Très  rare.  Daus  notre  collection,  nous 
n'avons  qu'un  exemplaire  mâle  recueilli  par  .\.  Rrauner  à  Hjenkav, 
le  28  mai  1892. 

Environs  de  Pétersl»ourg  (PI.),  gouvernement  tie  Moscou  (Oui.) 
et  de  Kasan  (Ev.).  Indiquée  comme  assez  i-are  en  Silésie  et  en  Pomé- 
ranie  (Selijs  et  Hagen). 

11.  /..  ruhiciuula  L.  —  C'est  aussi  une  espèce  rare.  Quelques 
exemplaires  ont  été  capturés  fin  mai  et  commencement  de  juin  à 
Mena  (Varsovie-Gouv.  )  au-dessus  d'un  étang.  Gouvernement  de 
Courlande  (Karv.),  de  Pétersbourg  (PI.)  et  de  Moscou  (Oui.),  V^olga- 
Oural  (Evers. \ 

12.  L.  pectoralin  Charp.  —  A  été  observée  à  la  fin  du  printemps 
en  grande  abondance  sur  les  étangs,  se  livrant  à  de  rapides  évolu- 
tions et  ne  se  posant  que  rarement  sur  les  buissons  riverains. 
Accouplement  ol»servé  dans  la  première  moitié  de  juin  ;  les  couples 
observés  sur  l'étang  arrivaient  ordinairement  des  prés. 


54 


.1.   iN(;i.Nn/KY 


Cettt'  cspi'i'c  H  disparu  en  iik^iik'  liMiips  (|iio  f .  <iit(i(lriiii<inil(itii  et 
L.  depressa.  Trouvée  en  outre  à  (jjilaklii  ((iîj  mai  1891 1  et  à  Kjentkov 
(H  jiiini. 

rioiivernements  de  Coiiriande  (Karv.  ),  de  Pf^tersbourj^  (PI.),  de 
FamiM(\  (Oui.  el  de  Kazau  {K\'.).  Très  rare  dan.s  le.s  iiouverueuients 
(le  (Kliiirkov.  et  de  Pollava  ilv.  el  Uodz.i. 

Genre  Gokduli.v 

13.  C.  metnllica  X .  n.  L.  —  L'espèce  la  |)lus  ré|)andue  dans  la 
conlrée;au  printemps  se  reueontre  toujours  au  dessus  des  eaux 
en  grande  abondance.  Des  individus  isolés  persistent  fort  longtemps; 
il  nous  est  arrivé  ainsi  de  capturer  quelques  exemplaires  les  14  et  21 
^oi\t,  à  Goura  et  à  Karelsdorf  (gouvernennint  de  Varsovie). 

Gouvernements  de  Pélershourg  (PI  ),  Nijni-Novgorod  (Oui.), 
Kharkov  (Iv.  et  Far.),  Poltava  (Rodz.  . 

14.  C.  flavomaculuta  V.  n.  L.  —  Se  rencontre  moins  fréquemment 
que  les  autres  espèces  du  genre  et  apparaît  plus  tardivement  (au 
mois  de  juin).  Un  individu  capturé  par  le  professeur  Nassonov,  le 
16  juin  1892,  se  mit  à  pondre  dans  sa  main. 

Gouvernementsde  .MoseoulOul.),  Kharkov  (Iv.)  et  Pollava  (Rodz.), 
Volga-Oural  (Ev.  i. 

15.  C.  œnea  L.  —  Espèce  commune  au  printemps;  se  rencontre 
comme  les  précédentes  au-dessus  des  étangs  et  des  fossés.  Accou- 
plement observé  le  27  mai. 

Gouvernements  de  Courlande  (Kaw.),  de  Pétersbourg  (PI.),  de 
Moscou,  de  Riazan  et  de  Fambov  (Oui.),  de  Kharkov  (Iv.  et  Far.)  et 
Poltava  (Rodz.),  Volga-Oural  (Ev.). 

10.  Epitheca  himaculata  Gharp.  —  Des  larves  recueillies  dans  les 
étangs  de  Mokotov,  un  exemplaire  est  sorti  le  28  mai  :  un  autre 
exemplaire  femelle  a  été  capturé  par  nous  le  26  juin  à  .Mena  (gou- 
vernement de  Varsovie)  au  bord  (riin  fossé  où  l'Insecle  se  débattait 
dans  riierbe  touffue,  se  préparant  appareinnienl  à  pondre. 

Indiquée  comme  assez  rare  en  Galicie  et  dans  la  Prusse  orientale 
fDzendzelevitsh  et  Hagen);  en  Russie,  trouvé  dans  les  gouverne- 
ments de  Pétersbourg  (PI.),  de  Poltava  (Rodz.)  et  de  Kazan  (Ev.). 


LES    ()DONATi:S    DE    LA    POLOGNE    IIUSSE  55 


Famille  des  ^schnidfie 

Genre  Gomphus 

17.  (/'.  vulgatissimus  L.  —  Galakhi  (gouvernement  de  Varsovie), 
5,  10  juin  ;  Ménia,  27,  29  mai:  Rjentkov,  10  juin. 

Gouvernements  de  Courlande  (Karv.),  Pétersbourg;  (PI.),  Moscou 
(Oui.),  Kliarkov  (Iv.  et  Far.)  etPoltava  (Rodz),  Volga-Oural  (Ev.). 

18.  G.  serpentintis  Chahp. —  Un  exemplaire  capturé  par  M^^^Paulov 
à  Bélian  (près  Varsovie),  en  mai  1889. 

Indiqué  comme  assez  rare  en  Galicie  et  dans  la  Prusse  orientale 
(Dz.  et  Hag.).  En  Russie,  dans  les  gouvernements  de  Pétersbourg 
(PL),  Moscou  (Oui.)  et  Kazan  (Ev.). 

Genre  Anax 

19.  .\na.T  foniwsus  V.  d.  L.  —  Nous  n'avons  eu  sous  les  yeux  qu'uu 
seul  exemplaire  mâle  provenant  de  la  collection  A.  Braûner  et 
recueilli  au  milieu  de  mai  1890  dans  l'île  deSékirki  (près  Varsovie) 
sur  les  buissons  du  rivage. 

Suivant  Dzendzelevitsh,  cette  espèce  est  assez  répandue  à  Fatra, 
mais  ne  se  rencontre  qu'en  petite  quantité  dans  cliaque  localité. 
En  Russie,  a  été  trouvée  dans  les  gouvernements  de  Kharkov,  Pol- 
tava  et  Kazan. 

Genre  ^^Ischna 

20.  .Eschuitpratensis  Mull.  —  C'est  la  plus  commune  des  grandes 
Libellules  printanières.  Nous  l'avons  rencontrée  abondamment 
au-dessus  des  étangs,  ainsi  que  dans  la  forêt,  au  milieu  des  arbres 
et  sur  la  lisière,  Accouplement  observé  à  la  fin  de  mai. 

A  mi-juin,  cette  espèce  disparait,  cédant  la  place  à  d'autres  espèces 
de  ce  genre. 

Galicie  (Dz.), Prusse  orientale  (Hagen).  En  Russie,  n'a  été  trouvée 
jusqu'à  présent  qu'aux  environs  de  Goupiausk  dans  le  gouvernement 
de  Kharkov  (Iv.). 

21.  /E.  cyanea  Mûll.  —  L'espèce  la  plus  commune  et  la  plus 
répandue  dans  la  contrée  ;  se  rencontre  ordinairement  au  dessus 
des  étangs  et  des  marais  entourés  de  forêts.  Les  jeunes  exemplaires, 
munis  de  taches  blanches  sur  le  thorax  et  sur  l'abdomen,  apparais- 


'M\  .1.  i.N(;knii/i<y 

seul  ri  1.1  lin  du  mois  de  jiiillcl  ;  iicroiipli'iiit'iil  (dtstMNé  les  1."»,  :i8aoùl 
t't  7.  Il  st'|ttL'iiil>re;  les  couidt's  planent  (irdiii;iii('iniMil;i  iine^riindc 
hauteur  et  avec  uue  jçiandc  rapidité. 

Narsovie,  Olvolsk.  Kiell/.i,  Mcnlnt',  Pélrokov.  Kaielsliov ,  VIolii. 
Lifllaude  (Karv.j,  gouvcrni-nicnls  de  IN'tersl(Our;j:  (IM.)  Moscou 
(Oui.).  V()l^'a-()ural  (Ev.). 

22.  ./:'.  jiinrca.  —  Doux  exemplaires  eaplurés  le  7  septembre  et  le 
H  octobre  IS!)3,  à  (3tvotsk.  Celte  espèce  se  rencontre  en  Tialicie.  où 
elle  est  peu  répandue,  suivant  Dzendzelevitch. 

Gouvernements  de  Courlande  (Karv.).  Pétersbourg  (PI.),  Moscou, 
Smolentsk  (Ould)  et  Kbarkov  (Iv.),  Volga-Oural  (Ev.). 

23.  /.'.  mlrt'i  Lath.  —  Assez  commune.  .\oût,  septembre.  Kieltsil. 
Otvotsk,  Novo-Alexandria. 

Gouvernements  de  Kharkov(lv.)elde  Poltava(Rodz.),  Volga(Ev.). 

24.  /Ji.  viridiK  Eversm.  ~  Très  rare.  Quelques  exemplaires  nous 
ont  été  fournis  par  M.  A.  Bikov,  provenant  d'Otvotsk  (2  et  27  sep- 
tembre 1892),  aiFisi  que  par  M.  Prjesmitski,  provenant  de  Burjets, 
en  août. 

Donnée  comme  rare  en  Galicie  et  dans  la  Prusse  Orieutrde.  En 
Russie,  trouvée  dans  les  gouvernements  de  Pétersbourg  (PI.),  Moscou 
(Oui.),  Kharkov  (Iv.)  et  Kazan  (Ev.). 

2o.  E.  rufescens  V.  d.  L.  —  Observée  en  quantité  mo<lérée  au- 
dessus  des  étangs  à  la  lin  du  printemps. 

(Jalicie  et  Prusse  Orientale  (rai-e).  Gouvernements  de  Kazau  (Ev), 
Kharkov  (Iv.)  et  Poltava  (Rodz.). 

26.  .^L grandis  L.  —  Assez  fréquente  durant  la  saison  d'été;  moins 
abondante  cependant  (\u\Esclina  cyaiiea. 

A  Otvotsk,  pendant  juillet  et  août  1891,  nous  avons  pu  fréquem- 
ment ob.server,  au  coucher  du  soleil,  le  vol  de  ces  Libellules  dans 
une  percée  de  forêt  de  pins,  non  loin  de  la  rivière  Svidra. 

Apparaît  fin  juin  et  disparaît  vers  mi-septembre.  Le  2  août,  sur 
les  étangs  de  Goura,  nous  avons  observé  quelques  femelles  volant 
sous  uue  saillie  de  la  berge, cherchant  apparemment  un  lieu  couve 
nable  à  la  ponte. 

Gouvernements  de  Nijni-Nojgorod  (Oui.),  Kharkov  (très  rare) 
(Iv.)  et  Poltava  (Rodz.). 


LES  ODONATES  DE  LA  POLOGNE  RUSSE  57 

Famille  des  Agrionidse 
Genre  Calopteryx 

27.  C.  virgo  L.  —  Espèce  commune  durant  les  période  estivale  et 
printanière.  Sur  les  rivières  et  les  fossés. 

Varsovie,  Rjentkov,  Zalouski,  Mena,  Vlotslavsk,  Courlande  et 
Siflande  (Karv.).  Gouvernements  d'Archangel  (Oui.),  Pétersbourg 
(PI.),  Moscou  (Oui.),  Volga-Oural  (Ev.). 

28.  C.  splendens  Harris.  —  Assez  répandue,  surtout  durant  la 
période  printanière;  se  rencontre,  comme  la  précédente,  au-dessus 
des  eaux  courantes,  mais  beaucoup  plus  fréquemment. 

Varsovie.  Otvotsk,  Zalouski,  Mena,  Vlotslavsk,  Mentné,  Bourjets, 
Courlande  et  Siflande  (Karv.).  Gouvernements  de  Moscou,  Fambov 
(Oui.),  Kharkov  (Iv.  et  Jar.)  et  Poltava. 

On  rencontre  aussi,  quoique  moins  fréquemment,  des  individus 
dont  les  ailes  sont  pourvues  d'une  ligne  transversale  plus  large  et 
qui  constituent,  pour  M.  de  Selys,  la  variété  vanthostoma,  Nova- 
Alexandria,  27  juin  (Rodz.). 

Genre  Lestes 

29.  L.  nijmpha  de  Selys.  —  Espèce  estivale,  relativement  rare. 
Un  exemplaire  capturé  le  15  juin  à  Méua  sur  un  étang  :  un  exem- 
plaire pris  le  10  juin  à  la  «  Promenade  ))  près  Varsovie,  sur  un  petit 
marais  desséché.  En  outre,  quelques  exemplaires  nous  ont  été 
fournis  provenant  d'Otvotsk  et  Mentné  (juin-juillet). 

Gouvernements  de  Pétersbourg  (PI.),  .Moscou,  Kalouga  (Oui.), 
Kharkov  (Iv.)  et  Poltava  (Rodz.). 

30.  L.  sponsa  Hansen.  —  Espèce  extrêmement  répandue,  excessi- 
vement abondante  dans  les  lieu.K  humides,  ordinairement  dans 
l'herbe  haute  ou  dans  les  taillis,  où  ces  Libellules  se  posent  sur  les 
feuilles  ou  bien  volent  lentement  de  buisson  en  buisson.  Particu- 
lièrement abondantes  à  la  fin  de  l'été  et  au  commencement  de 
l'automne  sur  les  lacs  et  marais  desséchés,  couverts  d'Acorus. 

Accouplement  intensif  observé  au  commencement  d'octobre. 

Varsovie,  Krachev,  Otvotsk,  Dombrova,  Nova  Alexandria,  Bour- 
jets, Keltsi,  Goura,  Karelshof,Vohi,  Mentné,  gouvernements  de 
Courlande  (Karv.),  Pétersbourg  (PI.),  Moscou  et  Kalouga  (Oui.), 
Kazan  (Ev.),  Karkov  (Iv.  et  Jar.)  et.  Poltava  (Rodz.). 


58  .1.    INCKMTZKV 

31.  /..  nniis  i'.HKHW  Cl'IIc  espèce,  liés  n'|i;iii(liie  ;iussi,  se  reu- 
contre  à  la  même  é|)oque  de  l'auuée  que  la  précédente  maisdispa 
raîl  plus  tôt.  L'habitat  est  le  môuie. 

Otvotsk,  Keltsi,  Varsovii',  Karelsliof,  Goura,  gouvernements  de 
Moscou  (Oui.).  Kliarkov  (Iv.iel  l'ollava  (  Uodz.).  \'ol-a-(liiral  (Kv.). 

;{2.  / .  Ixirlxira  V.ku.  Kspéce  estivale,  comme  la  itréct-dente.  mais 
moins  abondante. 

Varsovie.  Keltsi,  Otvotsk,  (lalicie.  I'rus>«e  orientale  (rare).  Gou- 
vernements de  Pélersbourg  (PI.  s  .Mo.scou  (Oui),  Kazan  (Ev.),  Tau- 
ride  (Oïd.),  Kharkov  (Iv.  et  Jar.)  et  Pollava  (Rodz.). 

33.  /..  fusvti.  —  J'ai  reçu  deu.\  e.xemplaires  de  cette  espèce  de 
M.  Silantiev.  qui  les  avait  capturés  près  d'Oytzov  (i<ouv.  Kielez). 

Genre  Platycnemis 

34.  /'/.  pennipcs  Pallas.  —  Espèce  très  répandue  durant  les  périodes 
estivale  et  printaniére. 

Varsovie.  Galakhi.  Mena.  Rjentkov,  Flanchtsh,  Nova-Alexandria. 
Gouvernements  de  Pétersbouri,^  (PL),  Moscou  (Oui.),  Samara  (Ev.), 
Kazan  (Ev.),  Kharkov  (Iv.  et  Jar.)  et  Poltava  (Rodz.). 

Genre  Agrion 

3.').  .1.  iiaias  Hansk.n.  —  Espèce  printaniére  commune  sur  les 
étangs  et  les  fossés.  Se  pose  ordinairement  sur  les  plantes  aqua- 
tiques. .Accouplement  observé  les  10  et  23  juin. 

.Marivonte.  Ménia,  Kjentkov,  Zalouski.  (îouvernements  de  Péters- 
bourg(Pl.).  Moscou  (Oul.i,  Kliarkov  llv.j,  Poltava  (Rodz.)  et  Cour- 
lande  (Karv.). 

36.  A.ininium  Hauris.  —  Espèce  très  rare.  Un  exemplaire  a  été 
recueilli  à  .Mena,  sur  un  étang,  le  27  mai  ;  le  22  juin,  sur  un  ruisseau 
près  de  Mena,  ont  été  capturés  deux  autres  exemplaires,  mâle  et 
femelle,  volant  l'un  près  de  l'autre. La  femelle  avait  dans  la  bouche 
un  cousin. 

Indiquée  par  Mjevski  à  Fonnine,  près  Lublin. 

Hagen  la  donne  comme  lare  dans  la  Prusse  orientale. 

Dzendzevitsh  la  cite  en  Galicie.  dans  les  Carpathes.  Oulianineen 
a  capturé  un  exemplaire  près  de  Moscou.  C'est  la  seule  indication 
relative  à  cette  espèce  pour  la  Russie  d'Europe. 


LES   ODONATES   DE   LA   POLOGNE    IIUSSE  59 

.37.  A.  elegaiu  \.  DE  L.  —  Médiocrement  répandue  de  mai  en 
septembre. 

38.  A.  pulchplhitnY.  de  L.  —  Espèce  printanière  et  estivale  très 
répandue. 

Varsovie,  Mena,  Rjentkov,  Floutsh,  Zalouslvi.  Gouvernements  de 
Pétersbourg  (Pi.),  Moscou  (Oui.),  Kharkov  (Iv.  et  Jar.)  et  Poltava 
(Rodz.). 

39.  .4.  puella  L.  —  Espèce  très  répandue;  elle  représente,  pour  la 
période  printanière,  ce  que  L.  sponsa  est  pour  la  période  automnale, 
soit  au  point  de  vue  de  l'habitat,  soit  au  point  de  vue  de  l'abon- 
dance. On  rencontre  assez  fréquemment  des  mâles  aberrants  (modi- 
fication de  la  tache  noir-bronzé  du  second  segment  abdominal) 
constituant  diverses  variétés  [Revue  desOdon.,  p.  201). 

Varsovie,  Galakhi,  Mena,  Rjentkov,  Flouchtsh,  Mentné,  Bourjets, 
Sifflande  et  Courlande  (Karv.).  Gouvernements  de  Kharkov  (Iv.  et 
Jar.),  Poltava,  Pétersbourg  (Menetr.),  Volga-Oural  {Revue  des  Odon.. 
p.  203). 

40.  A.  cyathigerum  Charp.  —  Espèce  assez  répandue,  apparaît  au 
printemps  et  prédomine  au  courant  de  l'été,  après  la  disparition  de 
la  précédente. 

Varsovie,  Goura,  Karelshov,  Mentné,  Bourjets,  Vlokhi.  Gouver- 
nements de  Pétersbourg  (PL).  Moscou  et  Galonga  (Oui.),  Kharkov 
(Iv.  et  Far.)  et  Poltava  (Rodz.),  Volga-Oural  {Revue  d'Odon.,  p.  270). 

41.  A.  haslulaluiti  CaxRP.  —  Espèce  commune,  se  rencontre  à  la 
même  époque  de  l'année  que  A.  puella. 

La  forme  des  taches  du  second  segment  abdominal  varie  très 
souvent,  formant  transition  avec  la  forme  cnracléristique  pour  l'es- 
pèce suivante. 

Varsovie,  Mena,  Rjentkov,  Flouchtsh.  Gouvernements  de  Péters- 
bourg (PI  ),  Moscou  (Oui.),  Kazan  (Ev.),  Kharkov  (Iv.)  et  Poltava 
(Rodz.). 

42.  .4.  bmulatum  Charp.  —  Espèce  rare  ;  dans  la  collection,  nous 
ne  trouvons  que  quelques  exemplaires  mâles,  capturés  aux  environs 
de  Varsovie  le  30  mai  et  le  4  juin. 

Dzendzelevitsh  et  Hagen  indiquent  celte  espèce  comme  rare,  en 
Galicie  et  dans  la  Prusse  orientale. 

En  Russie,  n'a  été  indiquée  que  dans  le  gouvernement  de  Poltava 
(Rodz.). 


00  J.    INGKMT/.KV 

Parmi  les  cinq  espèces  signalées  j)ar  Majevski  dans  le  royaume 
de  Pologne,  il  y  eu  a  deux  que  nous  n'avons  pas  rencontrées.  Ce 
sont  :  Libellula  cdiuialis  Gharp. (environs  de  Varsovie)  et  Lestea  viridis 
V.  i>K  L.  (Oitzov.  dans  le  gouverneuient  de  Kailetzki. 

En  tenant  compte  de  ces  deux  esptk-es.  la  fauue  odouatologique 
de  la  contrée  se  trouve  donc,  d'après  les  données  actuellement 
existantes,  représentée  par  44  espèces  et  2  variétés. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

1.  T.  i)K  Charpkntier.  Ubellulinae  europeac.  1840. 

2.  De  Selys-Longchamps.  Monngrapliie  des  Uhellulidees  d'Europe, 
1840. 

3.*De  Selys  Lo.NGCHAMPs  et  Hagen.  Hetne  (les  Odonntes.  18o0. 

4.  De  Selys-Longchamps.  Odoiiates  de  IWsie-Miiieure.  Annales  de 
la  Société  entomologique  de  Belgique,  t.  XXXI.  1887. 

5.  YvANOV.  Description  des  Ijbellulex  île  la  ville  de  Coupiansk,  1876 
(en  russe). 

6.  RoDZiANKo.  Coulributioa  à  la  faune  odonalohgiijue  des  gouver- 
nements de  Karkov  et  de  Poltaia  (en  l'usse).  1888. 

7.  RonziANKc).  Contribulion  à  l'tiistoire  de  la  reproduction  des  Libel- 
lules du  genre  Diplax  (en  russe).  Viestnik  Jestestwoznania,  1891,  n"  I. 

8.  Majevski.  Neuroptera  polonica.  1885. 

9.  DziKNDziEi.EWicz.  HrzegUid  funnij  Krajoicej  owadôic  siatkoskrzyd- 
lych.lSdl. 

10.  NoviCKi,  .M.  Insecta  Halicia  musei  Dziednszyckiani.  186.5. 

11.  Vierzejsri,  a.  Dodatek  do  fauny  sieciônck. Spraw. Kom.  fizyiogr. 
1883. 

12.  Majevski.  Systematyczny  icykaz  ovadôu  Zylkoskr-ydlyrk  pols- 
kich.  1882. 

13.  Brauer.  Neuroptera  anstriaca.  1857. 

14.  Kaval.  Les  Orthoptères  et  les  Névroptères  de  la  Courlande. 

15.  Oulianine.  Liste  des  Névroptères  et  des  Orthoptères  (en  russe). 
Bulletin  de  la  Société  imp.  des  amis  des  sciences  naturelles,  t.  VI, 
liv.  2.  1869. 

16.  Poletaieva.  Olga.  Odonales  de  Pétersbourg  [eu  russe).  Travaux 
de  la  Soc.  entom.  russe,  t.  XI.  1880. 


LES    ODONATES    DE   LA    POLOGNE    RUSSE  61 

17.  EvERSMANN.  lÂbellulinac,  Vol.gaiii  fluviuin  inter  et  montes  Ura- 
lienses  observatae.  Bull,  de  la  Soc.  imp.  des  naturalistes  de  Moscou, 
t.  IX.  1836. 

18.  RoDZiANKO,  V.  N.  Sur  une  migration  de  Libetlula  quddrhnacu- 
lata  L.  observée  en  mai  i 889  près  de  la  ville  de  Loubese,  gouvernement 
de  Poltava,  et  des  migrations  de  Libellules  en  général  (en  russe).  Trav. 
de  la  Soc.  des  nat.  de  S'^-Pétersbour^,  t.  XXIII.  1892. 

19.  Jaroshevski,  V.  A.  Enumération  des  Nécroptères  qui  se  ren- 
contrent dans  le  goucernement  de  KharkoD  (en  russe).  Trav.  de  la 
Soc.  des  nat.  près  l'Univei-sité  de  Kharkov,  t.  XX.  1887. 

20.  SoDziANKO,  V.  N.  Liste  des  Libellules  du  gouvernement  de  Pol- 
tava  (en  russe).  Trav.  de  la  Soc.  des  nat.  près  l'Univ.  de  Kharkov, 
t.  XX.  1887. 

21.  J.  Ingenitzky.  Sur  la  faune  et  l'organisation  des  Odonates  du 
Royaume  de  Pologne.  Bull,  de  l'Uuiv.  de  Varsovie.  1893. 

Les  auteurs  susnommés  sont  désignés  dans  le  texte  par  les  abré- 
viations suivantes  : 

Yv.  Yvanof  ;  Rodz.  Rodzianko  ;  Oui.  Oulianioe;  PI.  Polétaieva  ; 
Ev.  Eversmanu  ;  Karv,  Karval  ;  Far.  Farochevski. 


62 


CONSIDÉRATIONS     SUR     LA     RÉGLEMENTATION 
DE     LA     NOMENCLATURE     ZOOLOGIQUE  (1) 

1>A1« 

M.    C.    PIEPERS 

La  première  cliose  qu'aura  à  faire,  au  quatrième  Congrès  iuter- 
uational  de  zoologie,  la  Commission  chargée  de  rédiger  un  code 
général  de  nomenclature  zoologique,  sera  assurément  de  se  former 
une  connaissance  exacte  de  tous  les  travaux  antérieurs  qui  ont  été 
entrepris  sur  ce  sujet.  Car, ce  n'est  évidemment  qu'après  une  étude 
critique  de  ceux-ci  qu'elle  pourra  en  mettre  à  profit  les  parties  qui 
lui  paraîtront  dignes  d'être  adoptées.  Et  ce  n'est  qu'ainsi  qu'elle 
pourra  arriver  à  réunir  un  ensemble  aussi  complet  que  possible  ; 
ce  n'est  que  par  ce  moyen  qu'elle  parviendra  à  se  mettre  au  courant 
des  divergences  d'opinions.  Elle  aura  donc  à  (ixer  sou  attention 
non  seulement  sur  les  conventions  admises  aux  deux  (longrès  de 
Paris  et  de  Moscou,  ainsi  que  sur  les  divers  avis  qui  y  ont  été 
formulés  ;  mais  aussi  sur  les  vues  isolées  qui,  depuis,  se  sont  fait 
jour  tant  en  Allemagne  qu'en  Angleterre.  Les  lieyeln  fur  die  icissen- 
schaftUche  Benennuny  der  Thiere,  présentées  eu  1894  par  la  Deutsche 
Zoologische  Cesellschaft,  et  les  Rules  (or  rcytilating  noinenclature 
icUli  a  cieic  to  secure  a  strict  applicatiun  of  thc  laïc  of  priurity  in  cnto- 
mological  icork,  publiés  par  Lord  Walsingham  et  John  Hartley 
Durraut  en  1896,  ne  devront  donc  pas  échappera  son  attention. 
Et  certes,  elle  fera  bien  de  ne  pas  négliger  non  plus  les  mémoires 
analogues  qui  ont  été  composés  sur  la  botanique,  par  exemple 
les  JSomendaturreyelu  fur  die  Beainten  des  kiJnUjlichcn  botanischen 
(iartens  und  Muséums  zu  Berlin  (2),  publiés  dans  le  Notizblatt  des 
koniijl.  botanischen  Gartens  und  Muséums  zu  Berlin.  Elle  y  trouvera, 
sur  la  classification  en  zoologie,  mainte  remarque  bien  digne 
d'une  sérieuse  considération.  Mais  elle  ne  se  bornera  pas  à  ces 
sources  d'informations  ;  elle  devra  également  faire  bon  accueil  à 
toutes  les  communications,  à  tous  les  avis  émanant  de  spécialistes 

(1)  Mémoire  présenté  ;iii  iiualriomc  Congrès  inlernalional  de  zoologie,  à  Cambridge 
(Angleterre). 

(2)  Se  Irouve  aussi  dans   la  NatiirwisscnisclKilt licite  W(trlt('ii>icliril't ,  .\ll,  n"  24, 
i:i  juin  1897. 


RÉGLEMENTATION    DE    LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  63 

isolés.  Plus  elle  comptera  de  collaborateurs,  plus  elle  pourra 
espérer  réussir.  Ou  peut  même  affirmer  que  cette  collaboration 
multiple  lui  sera  indispensable,  lorsqu'il  s'agira  de  juger  ce  qui  a 
spécialement  rapport  à  certaines  subdivisions  de  la  zoologie,  par 
exemple  celle  de  l'entomologie  avec  ses  nombreuses  ramifications. 
En  efïet,  ce  n'est  que  par  des  spécialistes  que  les  besoins  spéciaux  de 
chacune  de  ces  dernières  peuvent  être  convenablement  appréciés. 
Ce  n'est  qu'en  s'appuyaiit  sur  leur  collaboration  que  la  Commission 
pourra  se  dire  avec  conliance  qu'elle  a  dûment  tenu  compte  de  tous 
les  détails. 

Toutefois,  ce  n'est  pas  seulement  sur  ce  terrain  spécial  qu'il  lui 
importera  de  pouvoir  connaître  les  idées  d'hommes  compétents. 
On  se  plaît  à  espérer  ({u'elle  voudra  bien  aussi  prêter  l'oreille  à  ces 
considérations  qui  regardent  d'une  manière  plus  générale  le  t^-avail 
qu'on  lui  a  confié. 

Là  du  moins  où  celles-ci  contiennent  des  vues  ou  des  avis  si 
importants,  selon  l'opinion  de  ceux  qui  les  émettent,  qu'ils 
n'hésitent  pas  à  déclarer  que  le  succès  de  ce  travail  devra  dépendre 
en  grande  partie  de  leur  observation.  C'est  donc  afin  d'éclairer  la 
Commission  dans  ce  sens,  en  lui  soumettant  des  considérations  de 
ce  genre,  en  partie  d'un  intérêt  plus  général,  en  partie  d'un  intérêt 
purement  entomologique,  qu'on  a  cru  devoir  appeler  son  attention 
sur  les  paragraphes  qui  suivent. 

I 

Déjà  le  fait  qu'en  dépit  des  règles  de  nomenclature  zoologique 
émises  par  les  Congrès  de  Paris  et  de  Moscou,  les  règlements  indépen- 
dants susmentionnés  ont  vu  le  jour,  fait  voir  à  l'évidence  que  les 
premiers  n'ont  pas  réussi  à  conquérir  chez  les  divers  peuples  l'as- 
sentiment unanime  qu'on  en  avait  espéré.  D'ailleurs,  la  nomination 
d'une  nouvelle  Commission  chargée  de  préparer  un  code  général  là- 
dessus  le  démontre  manifestement.  Mais,  si  l'on  veut  que  ce  nou- 
veau code  atteigne  son  objet,  il  conviendra  de  commencer  par 
s'enquérir  des  causes  probables  des  échecs  précédents,  afin  que  les 
défauts  qui  ont  entaché  les  premiers  essais,  soient  évités  dans 
celui-ci.  On  ne  croit  pas  se  tromper  en  rejetant  cet  insuccès  princi- 
palement sur  ce  que  l'on  n'a  pas  toujours  tenu  en  vue  assez  stricte- 
ment, ce  qui,  en  premier  lieu,  doit  être  le  but  d'une  telle  réglemen- 
tation. C'est  à  cause  de  cela  que  des  développements  superflus  sur 
certains  points  sont  survenus  et  souvent  même  en  ont  fait  négliger 
d'autres  réellement  indispensables.  En  outre,  ou  n'a  pas  suffisamment 


64  M.    c.    l'IKI'EKS 

tenu  coiiiplc  (If  rv  (|iii  pouvjiil  vi\  Jissiircr  l'adoption  dans  le  monde 
scienlili(|ue,  faute  de  ([uoi  toute  K'^lenientation  nouvelle  demeurera 
ut'cessaiiemenl  sans  elïet  pratique  et  sera  mùme  plutôt  nuisible 
qu'utile.  11  semble  donc  extrêmement  désirable  qu'avant  de  con- 
stituer sou  essai  de  législation  zoologique,  la  susdite  Commission 
s'occupe  d'abord  des  principes  (jui  doivent  y  présider,  chose  trop 
négligée,  à  ce  (|u'il  |iarail,  lors  de  la  confection  des  règlements 
antérieurs. 

II 

Tout  législateur  doit  toujours  avoir  nettement  présent  à  l'esprit 
l'objet  qu'il  se  propose  d'atteindre  et  ne  jamais  le  perdre  de  vue 
durant  toute  la  durée  de  sou  travail.  11  ne  saurait  rien  admettre 
(|ui  ne  s'y  rapporte  directement  ou  qui  y  déroge  si  peu  que  ce  soit. 
Une  seule  pensée  doit  pi'ésider  à  l'œuvre  entière,  s'il  veut  produire 
(luelque  chose  de  bon,  d'utile.  En  second  lieu,  le  législateur  se 
gardera  d'oublier  que  son  travail  doit  servir  pour  la  pratique. 
Il  tiendra  donc  toujours  compte  des  circonstances  et  moyens  qui 
peuvent  assurer  la  pratique  de  ses  préceptes.  Là  où  les  circons- 
tances s'y  opposent,  où  les  moyens  font  défaut,  sa  législation  doit 
évidemment  manquer  son  but  ;  il  fera  œuvre  vaine. 

Kt  puis,  il  faut  absolument  (|u'il  ait  bien  arrêté  dans  sa  pensée  le 
système  qu'il  se  propose  de  suivre.  Car  il  y  a  deux  systèmes  :  en 
politique  et  en  jurisprudence,  il  y  a  longtemps  qu'on  les  connaît. 
Or,  cette  différence,  qui  se  retrouve  dans  toute  espèce  de  législa- 
tion, s'applique  parfaitement  à  la  codilication  en  zoologie. 

Dans  l'uQ  d'eux  le  maintien  de  l'ordre  est  l'objectif  principal. 
On  s'y  efforce  de  régler,  de  prescrire  autant  que  possible,  afin 
de  parvenir  ainsi  à  un  état  d'ordre  uniforme.  Les  règlements 
militaires  offrent  l'application  la  plus  étendue  de  ce  système,  bans 
l'autre,  estimant  que  cette  extrême  uniformisation  ne  peut  s'obtenir 
qu'au  prix  de  l'initiative  individuelle,  dont  cependant  la  valeur 
est  au  moins  égale,  on  aime  mieux  moins  réglementer;  on  pré- 
fère se  borner  à  ce  qui  est  indispensable  au  bien  général,  afin 
de  laisser  le  plus  de  champ  possible  à  celte  initiative  privée.  En 
|»olilique,  tel  peuple  donne  la  préférence  au  premier,  tel  autre  au 
second  de  ces  systèmes  ;  mais,  ce  qui  est  certain,  c'est  que,  si  l'on 
veut  être  pratique,  il  faut  opter. 

Pareillement,  le  législateur  zoologique  aura  à  faire  sou  choix.  Et 
une  fois  un  de  ces  deux  systèmes  adopté,  il  devra  y  conformer 
rigoureusement  chacune  de  ses  ordonnances. 


RÉGLt.Vlli.NTATION    DE    LA    NOMENCF.ATCRi:    ZOOLOGIQUE  05 

III 

Le  but  que  se  propose  le  nouveau  code  zoologique  ue  diffère  pas 
de  celui  qu'ont  eu  les  auteurs  des  règlements  déjà  mis  à  l'essai  : 
c'est  d'élever  une  digue  contre  l'arbitraire,  qui  va  de  plus  en  plus 
envahissant  la  nomenclature;  or,  cet  arbitraire  n'amène  que  trop 
souvent  une  confusion  dont  l'influence  pernicieuse  sur  l'étude  de 
la  science  est  bien  connue.  C'est  aussi  surtout  celui  de  mettre  de 
cette  manière  un  terme  à  cette  confusion.  Mais  il  ne  faut  pas  aller 
plus  loin.  Sans  doute,  au  point  de  vue  de  la  beauté,  de  la  commo- 
dité, l'uniformité  peut  souvent  être  recommaudable.  Néanmoins 
cela  ne  représente  pas  pour  la  science  un  intérêt  dont  le  besoin  se 
fasse  généralement  sentir.  Un  tel  intérêt  seul  peut  cependant  justifier 
une  collaboration  internationale. 

Quant  aux  moyens  ou  circonstances  qui  peuvent  assurer  l'obéis- 
sance aux  prescriptions  du  législateur  zoologique,  celui-ci  aura 
toujours  à  se  souvenir  qu'il  ne  dispose  pas  de  mesures  coercitives. 
L'oppression  de  la  minorité  par  la  majorité,  le  boycottage,  métho- 
des qui,  d'ailleurs,  ne  sont  pas  de  mise  dans  les  relations  scientifi 
ques  et  ne  peuveut  évidemment  que  nuire  à  la  science,  ne  sauraient 
même  être  appliqués  ici  ;  surtout  pas  contre  ceux  à  qui  leur 
réputation  scientifique  assure  une  influence  supérieure  sans  doute 
à  celle  de  n'importe  quel  Congrès. 

Si,  dans  des  écrits  d'ailleurs  d'une  réelle  valeur,  un  auteur 
quelconque  s'écarte  des  règles  fixées  par  un  Congrès,  comment 
pourrait-on  pour  cela  les  ignorer  dans  la  science?  Les  travaux  qui 
décèlent  de  brillantes  recherches,  des  vues  sagaces,  auront  tou- 
jours un  prix  supérieur  à  tous  les  préceptes.  Quel  homme  de 
science  se  défendra  de  s'abreuver  à  une  nouvelle  source  intellec- 
tuelle si  rafraîchissante?  Au  reste,  il  ne  le  pourrait,  le  voulût-il. 

Ainsi,  par  exemple,  M.  le  professeur  Weissmann,  dans  ses 
écrits  sur  le  dimorphisme  de  saison  des  Lépidoptères,  néglige 
presque  toujours  de  citer  les  auteurs  des  noms  spécifiques.  L'.lw- 
locharis  Belia  Cram.  var.  simplonica  Freyer,  il  la  désigne  simple- 
ment comme  VAntocharix  simplonica.  Toutefois,  cela  n'empêche 
pas  que  quiconque  voudra  étudier  le  même  sujet  ne  pourra 
jamais  se  dispenser  de  prendre  connaissance  de  ses  mémoires  et 
de  les  citer  à  l'occasion.  Or,  d'un  tel  manque  d'exactitude  surgis- 
sent souvent  des  difficultés  pour  l'étude  ;  celles  que  nous  venons 
de  relever  sont  peu  importantes,  sans  doute,  mais  d'autres  peuvent 
être  beaucoup  plus  embarrassantes.    L'obscurité,  qui  en  résulte, 

Mem.  Soc.  Zool.  de  Fr..  1898.  xi.  —  n 


(i()  .M.    (..     l'Il.l'l.llS 

siitlit  pîiifois  ;i  rendre  iiiipo'^sible  l'exjicte  iiilelli;^nMire  des  observa- 
tions (lu  texte.  Il  est  doiK-  lianteineiil  desiiîiMe  (pie  la  rédaction  du 
code  vise  avant  tout  à  prévenir  tout  ce  (jui  |»cul  causer  de  telles 
confusions.  Mais.  ih)us  l'avons  déjà  dit,  jamais  il  ne  pourra  s'a;,nr 
d'imposer  une  loi  d'autorité.  Les  rt'dacteurs  du  code  devront  iiien 
se  pénétrer  de  ('elle  véritt'.  l'our  ce  motif,  le  choix  du  système  à 
suivre  ne  saurait  être  douteux.  En  t^Cnéral,  sur  le  terrain  de  la 
science, il  convient  ((ue  la  lilterlé  personnelle  soit  restreinte  le  moins 
possible.  Et  même,  ne  fùl-ce  qu'à  cause  de  cela,  un  code  dont  les 
presciiptions  se  bornent  au  strict  nécessaire,  devra  sans  doute 
avoir  la  préférence.  Mais  encore,  comme  nous  l'avons  déjà  démon- 
tré, dans  le  cas  actuel,  c'est  le  seul  système  raisonnable.  Si,  en 
matière  de  politique,  on  peut  opter  pour  l'autre,  cela  tient  à  l'e.xis- 
tence  iKiin  j)ouvoir  ayant  la  force  de  faire  respecter  la  loi  et  d'en 
assurer  l'exécution.  Un  Congrès  zoologique  ne  l'ayant  pas,  devra 
donc  limiter  ses  ordonnancesà  ce  qui  peut  s'obtenir  sans  contrainte. 

IV 

De  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  quant  à  la  législation  zoologique, 
découle  un  principe  capital  dont  on  a  trop  peu  tenu  compte  dans 
les  règlements  coniposés  jusqu'à  ce  jour.  Tout  nom,  une  fois  imposé 
à  un  animal  par  le  premier  qui  l'a  suffisamment  décrit,  doit  être 
maintenu  autant  que  possible.  Ce  n'est  que  dans  des  cas  absolument 
exceptionnels  qu'il  pourra  être  changé.  Ce  n'est  donc  pas  seulement 
sa  priorité,  c'est  aussi  le  nom  même  qu'il  faut  respecter.  Dans 
chacun  de  ces  règlements,  ou  a  donné  une  foule  de  préceptes  dont 
la  justesse  semble  très  contestable  ou  dont  l'observation  exige  au 
moins  des  connaissances  très  spéciales,  ce  qui  ne  peut  manquer 
d'avoir  pour  résultat  que  souvent  la  pratique  s'en  écartera.  Or,  il 
semble  bien  qu'à  présent  toute  personne,  qui  croit  qu'une  dénomi- 
nation nouvelle  donnée  de  la  sorte  ne  se  trouve  pas  conforme  à  ces 
règles,  soit  censée  avoir  le  droit  de  la  modifier  totalement  ou 
partiellement  afin  de  l'y  assujettir.  Car,  quoique  à  la  vérité  le  $  5 
des  Règles  allemandes  susmentionnées  contienne  une  restriction 
à  cet  égard,  celle-ci  est  évidemment  tout  à  fait  insuffisante.  Il  est 
clair  que  le  nom  primitif,  surtout  s'il  est  emprunté  à  un  idiome 
différant  beaucoup  de  ceux  de  l'Europe,  pourra  devenir  ainsi  pres- 
que méconnaissable.  Aussiles  corrections  serontloind'être  toujours 
des  améliorations.  On  y  verra  parfois  de  nouvelles  fautes,  tandis 
que  de  nouveaux  correcteurs  en  ajouteront  d'autres,  soit  à  la  déno- 
mination primitive  soit  aux  corrections  anlérieuies.  Tout  cela  peut 


RÉGLEMENTATION    DE   LA    NOMENCLATURE   ZOOLOGIQUE  67 

amener  cratïreuses  confusions,  c'est-à  dire  produire  justement  le 
contraire  de  ce  que  le  législateur  s'était  proposé.  Et  cela,  parce  que 
la  plupart  des  corrections  ne  viseront  qu'à  l'uniformité  à  tout  prix, 
c'est-à-dire  à  un  iûtérét  purement  secondaire,  lequel  ne  devra 
jamais  prévaloir  dès  que  quelqueohscurité,  si  légère  qu'elle  soit,  en 
peut  résulter.  Quelque  inélégant,  quelque  mal  formé  qu'un  nom 
puisse  être,  pourvu  qu'il  ne  prête  pas  à  la  confusion,  son  change- 
ment ne  saurait  rendre  à  la  science  un  service  comparable  à  celui 
de  bannir  toute  obscurité.  Aussi,  à  notre  avis,  le  code  devra  pres- 
crire formellement  qu'en  principe  un  nom,  une  fois  donné  par 
celui  qui  en  a  le  droit,  doit  être  maintenu  tel  qu'il  est.  Nul  change- 
ment ne  pourra  y  être  apporté,  sauf  ceux  qui  auront  pour  objet 
d'en  rétablir  la  concordance  avec  les  règles  du  code,  et  ceci  encore 
seulement  dans  certains  cas  expressément  spécifiés,  cas  que  l'on 
aura  soin  de  restreindre  le  plus  possible.  Vraiment,  on  ne  croit  pas 
s'abuser  en  répétant  ici  les  paroles  suivantes  du  règlement  botani- 
que berlinois,  sur  lequel  nous  avons  déjà  cru  devoir  appeler 
l'attention  plus  haut: 

((  Fiir  uns  ist  der  Name  der  Pflanzen  nur  ein  Mittel  zum  Zweck, 
nicht  ein  Selbstzweck,  dessen  Betrieb  zum  Sport  geworden  ist,  Wir 
wollen  unsmitHiilfedesselbengegenseitigverstàndigen,  und  wollen 
nicht  erst  besondere  Miihe  darauf  verwendenund  dieZeitverspen- 
den  um  die  unbekannten  Bezeichnungen  in  die  bekannte  Sprache 
7M  iibersetzen.  Desshalbmuss  unserZiel  sein,  môglichstconservativ 
zu  bleiben.  und  bei  einer  Reform  von  dem  friiheren  Restande  zu 
retten  was  nurirgend  môglich  ist.  » 

V 

De  tout  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  sur  l'impossibilité  de  toute 
contrainte,  il  ressort  que  le  législateur  zoologique  doit  tout  d'abord 
s'abstenir  de  toute  réglementation  dont  il  est  à  prévoir  qu'elle  ne 
sera  pas  librement  acceptée  ;  ensuite,  tâcher  de  convaincre  de  la 
haute  importance  de  la  mesure  proposée  ;  qu'il  faut  enfin  éviter 
même  jusqu'à  l'apparence  de  recourir  à  quelque  aulorité.  Pour  cela 
on  se  posera  toujours  en  exécuteur  d'un  besoin  généralement 
reconnu,  non  en  introducteur  de  vues  personnelles  ;  en  représen- 
tant delà  volonté  populaire,  non  en  prince  dictant  sa  volonté  en 
vertu  d'un  droit  divin. 

C'est  ainsi  que  l'on  fera  sagement  de  passer  sous  silence  tous  les 
points  au  sujet  desquels  règne  une  notable  divergence  de  vues 
parmi  les  zoologistes,  sur  lcs(|uels  il  est  à  prévoir  qu'un  règlement 


•i8  M.  c.   l'iiriii- 

(|ij('l(<tiitiin'  vieiicliM  luujoiiis  .se  liciiiU'i'  a  des  npinioiis  op|>nsées, 
(ill^sellt  cclli's  ci  n'j^ti»'  coiiî^idoiôes  (|in'  comine  de  simples  fai 
blesses.  Kt  l'on  a^iia  de  iiit'iin'  l(HS(|iii'  Ion  aiipirhcndera  (jue 
ceilaiiis  groupes  iialionaiix,  plus  ou  moins  inipoilanls.  ne  s'y 
nioulrrnl  hostiles.  .Vinsi  i)ar  e\eni[de  les  Kranvais.  les  lloljaudais, 
peut  (Hie  d'autres  jieuples  encore,  ont  coutunie  d'écrire  par  une 
majuscule  les  noms  spécifiques,  (juand  ceu.x-ci  sont  des  noms 
propres  ou  dérivés  île  noms  propres,  et  par  une  minuscule  dans  le 
cas  contraire  (art.  7  des  règles  adoptées  au  Congrès  de  Moscou). 
Il  y  en  a  aussi  qui  emploient  toujours  la  première.  D'un  autre  côté 
les  Anglais  et  les  Augio  Américains  ainsi  que  la  plupart  des  zoolo- 
gistes allemands  à  leur  exemple,  bien  que  les  botanistes  allemands 
susmentionnés  aient  adopté  l'autre  orthographe  dans  leur  2*^  règle, 
écrivent  toujours  ces  noms  par  une  minuscule.  Selon  ce  que  nous 
apprennent  l'expérience  et  les  »  Deutsche  Regelu  >'  déjà  plusieurs 
fois  citées,  les  zoologistes  allemands  tâchent  même  de  propager 
celte  orthographe.  Eh  bien  !  Qu'on  laisse  simplement  de  côté  ce 
point  de  discorde.  Qu'importe  à  la  science  ce  détail  de  grammaire? 
Tout  le  monde  s'accordant  à  écrire  par  une  capitale  les  noms  géné- 
riques; étant  admis  encore  que  dans  toute  citation  d'un  nom 
spécifique,  ce  dernier  devra  toujours  être  accompagné  de  son  nom 
générique,  ni  l'une  ni  l'autre  orthographe  ne  sauraient  amener  la 
moindre  confusion.  Laissons  donc  à  chacun  le  plaisir  d'enfourcher 
son  dada  national.  C'est  ainsi  que  l'on  évitera  l'écueil  qui  a  été 
cause  que  les  botanistes  susmentionnés  eurent  peur  de  recourir  à 
un  congrès.  Ce  qui  ne  les  a  pas  empêchés  du  reste  d'écrire  dans  la 
léglemeutation  qu'ils  ont  projetée,  les  paroles  suivantes.  (]ui  certes, 
Jionobstant  cette  exagération,  sont  encore  bien  dignes  de  notre 
attention  : 

«  Die  Beamten  des  botanischen  Muséums  zu  Berlin  haben  sich 
die  Regeln  selbst  uur  geselzl  um  eiuem  dringenden  Bediirfniss  zu 
geniigen.  Sie  sind  sich  vôllig  bewust,  dass  eine  einheitliche  Nomen- 
clatur  zu  gewinnen  eine  Unmôglichheit  ist  und  erkennen  auch 
keinen  Schaden  darin,  dass  manche  Abweichungeu  bestehen  und 
bleiben  vverden.  Aus  diesem  Grunde  sind  sie  auch  weit  davon 
entfernt  dièse  Regeln  als  Gesetzeansehen  zu  wollen,  welche  durch 
irgend  eine  Autoritiit  den  iibrigeu  Botanikern  auferlegt  vverden 
solleu.  und  verzichten  deshalb  auch  darauf  gern  sich  dieselben 
durch  einen  sogenannten  allgemeinen  botanischen  Congress  sanc- 
tioniren  zu  lassen.  » 

On  fera  donc  bien  d'énoncer  formellement  dès  le  début  du  code, 


RÉGLEMENTATION    DE    LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  69 

après  avoir  exposé  le  but  général  que  la  nouvelle  réglementation 
se  propose,  qu'elle  a  surtout  en  vue  de  répondre  par  des  règles 
universellement  acceptées  aux  désirs  légitimes  de  quiconque  écrit 
sur  la  science  zoologique,  que  d'abord  le  droit  du  premier  nomen- 
clateur  soit  partout  fermement  maintenu,  puis  que  son  travail 
puisse  toujours  être  parfaitement  entendu  des  zoologistes  étrangers. 
Car  tout  écrivain  aspirant  avant  tout  à  être  compris,  il  importe  de 
faire  ressortir  nettement  que  c'est  aussi  à  cela  que  la  nouvelle 
réglementation  doit  surtout  servir  ;  c'est  ce  qui  pourra  probablement 
portei-  plus  d'un  à  se  conformer  volontairement  à  ses  préceptes.  Et 
enfin,  quant  au  système  à  suivre,  ce  n'est  que  dans  les  cas  de  stricte 
nécessité  que  le  code  devra  se  permettre  de  prescrire  quelque  chose 
qui  ne  soit  déjà  admis  par  l'usage  général,  qui  ne  soit  en  quelque 
sorte  déjà  devenu  loi  de  par  la  puissance  de  la  coutume.  La  Com- 
mission s'attachera  donc  à  recueillir  et  à  formuler  les  règles  exis- 
tantes plutôt  que  d'en  inventer  de  nouvelles.  Aussi,  chaque  fois 
«lu'il  s'agira  de  juger  si  tel  ou  tel  principe  peut  être  admis  comme 
règle,  elle  fera  bien,  en  général,  de  se  décider,  non  d'après  ses  vues 
personnelles,  quelque  éminents  que  soient  quelques-uns  de  ses 
membres,  mais  d'après  le  degré  de  conviction  qu'elle  aura  que  ces 
principes  seront  reconnus  comme  bienfaisants,  que  leur  eodification 
recevra  l'assentiment  général. 

Ce  n'est,  à  notre  avis,  que  dans  un  petit  nombre  de  cas  de  la  der- 
nière urgence  qu'elle  pourra  aller  plus  loin  et  adopter  des  règles 
dont  le  besoin  ne  soit  pas  entièrement  reconnu. 

VI 

Or,  jusqu'où  devra  s'étendre  cette  réglementation  ;  dans  quelles 
limites  devra-t-elle  se  confiner?  Elle  ne  devra  contenir,  outre  ce 
dont  l'usage  a  déjà  fait  une  loi,  que  ce  qui  est  strictement  indis- 
pensable pour  qu'elle  parvienne  au  but  que  nous  lui  avons  assigné. 
Elle  n'inscrira  donc  dans  son  code  que  ce  qui  est  absolument  requis 
pour  prévenir  de  graves  confusions  dans  les  études  zoologiques, 
pour  assurer  autant  que  possible,  que  tous  ceux  qui  s'en  occupenv 
se  comprennent  toujours  parfaitement,  sans  avoir  à  perdre  leur 
temps  dans  des  recherches  spéciales  sur  l'identité  du  nom  de  tel  ou 
tel  animal.  Rien  qui  soit  purement  en  vue  de  l'ordre,  de  la  beauté 
ou  même  de  la  commodité,  à  moins  que  cela  aussi  ne  soit  déjà 
justi-fié  par  un  usage  généralement  reçu.  Les  avis  pouvant  encore 
trop  différer  à  ce  sujet  et  l'adoption  d'un  tel  principe  étant  ainsi 


7U 


.M.    t..    l'IKl'KHS 


douteux,  il  sera  bou.  eu  pareil  cas,  de  s'abstenir,  au  moius  provi- 
soirement. 

\  Il 

L(jr8(|ii('  M.  K.  11.  Scluilzc  f.\|ilii|u;i  an  troisit'iiic  (loiij^rrs  de  /oolo 
gie  sa  pr()|)()sili()ii  de  nouiiner  une  (^oiiiMiissiou  ayaul  pour  but  de 
réunir  dans  un  seul  code,  avec  le  nii^uie  lexte  eu  Iruis  laui,'ues,  les 
règles  de  la  uouienclature  des  animaux,  il  exprima  le  désir  que 
cette  Commission  s'occupât  d'abord  de  rassembler  tout  ce  qui  est 
déjà  universellement  recoiiuu  concernant  ce  sujet,  puis  de  tâcher  de 
tomber  d'accord  quant  aux  principes  sur  lesquels  il  subsiste  encore 
difTérence  d'opinion.  Et,cequi  seraitainsi  décidé  par laCommission, 
il  le  voulait  voir  aussi  reconuu  comme  loi  zooloyiqne  dans  le  code. 
Quant  aux  points  sur  lesquels  la  Commission  n'aurait  pas  pu  se 
mettre  d'accord,  il  désirait  qu'où  en  fit  simplement  mention,  mais  en 
y  ajoutant  qu'ils  sont  encore  controversés.  Mais  il  semble  bien  aller 
là  trop  loin. 

Car,  comme  on  l'a  déjà  fait  observer,  une  telle  décision  ne  saurait 
garantir  eu  aucune  façou  l'assentiment  de  la  totalité  ou  même  de 
la  majorité  des  zoologistes,  tandis  qu'il  est  impossible  aussi  de 
l'obtenir  d'autorité.  Pour  faire  admettre  quelque  principe  dans  le 
code,  il  ne  pourra  donc  sufïire  que  la  Commission  elle-même 
l'approuve;  il  faudra  aussi  que  celle  ci  ait  la  conviction  intime 
qu'une  très  grande  partie  des  zoologistes  seront  d'accord  avec  elle 
à  cet  égard. 

Cependant,  l'idée  de  publier,  en  même  tejnps  que  ce  code,  ces 
points  de  controverse  zoologique,  mérite  bien  l'attention. 

VIII 

Le  système  qui  se  présentait  alors  à  l'esprit  de  M.  Schuize  était 
probablement  celui  des  uHegeln  n  allemandes  dont  il  a  été  question 
ci-dessus.  Dans  celles-ci,  chaque  paragraphe  se  compose  d'une  règle 
imprimée  en  grands  caractères  et  d'éclaircissements,  d'exemples 
et  de  recommandations,  imprimés  en  caractères  plus  petits.  Ce 
système  paraît,  en  efïet,  très  pratique,  pourvu  du  moins  que  l'on  ne 
fasse  entrer  dans  le  gros  texte  que  les  règles  sur  lesquelles  tout  le 
monde  est  d'accord  et  que  l'on  relègue  tout  le  reste  dans  le  petit 
texte.  Et,  pourvu  qu'on  n'oublie  pas,  d'ailleurs,  d'ajouter  que  seule 
l'observation  des  prescriptions  imprimées  en  grands  caractères  a 
été  pour  les  motifs  énoncés  ci-dessus  jugée  absolument  indispensa- 
ble à  l'intérêt  de  la  science. 


RÉGLEMEXTATION    DE    LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  71 

Ainsi,  ce  ne  devrout  être  que  les  périodes  eu  gros  caractères  qui 
constitueront  le  code  obligatoire  :  le  reste  ne  devra  être  considéré 
que  comme  un  simple  avis  sur  ce  qui,  selon  l'opinion  de  savants 
reconnus  couipétents  en  cette  matière,  pourra  servir  le  mieux  aux 
progrès  de  la  science.  De  cette  inaoière,  n'admettant  le  droit  de 
changer  les  noms  zoologiques  que  dans  les  cas  où  ils  sont  formel- 
lement contraires  aux  règles  du  code,  on  pourra  s'opposer  aussi 
avec  force  à  tout  essai  de  modification  inutile. 

Dans  les  éclaircissements,  etc.,  on  pourra  aller  ainsi  plus  loin 
que  le  strict  nécessaire;  toutefois  là  encore,  ou  devra  se  poser  cer- 
taines bornes.  Aiusi,  par  exemple,  on  fera  bien  de  passeï-  sous 
silence  les  points  sur  lesquels  il  règne  une  grande  divergence 
d'opinions,  surtout  entre  les  divers  groupes  nationaux. 

Eu  général,  on  ne  doit,  du  reste,  prescrire  ni  même  recommander 
ce  qui  semble  être  faux,  superflu  ou  impraticable  ;  le  législateur 
aura  soin  de  s'abstenir  de  tout  principe  doctrinal,  qui  ne  doit 
jamais  entrer  dans  une  législation  aspirant  à  un  but  pratique. 
Jamais  non  plus  il  ne  devra  se  servir  de  mots  ou  d'expressions  qui 
ne  soient  pas  encore  autorisés  par  l'usage. 

IX 

A  cet  égard,  les  règlements  existants  semblent  ne  pas  mal  laisser 
à  désirer.  Ainsi,  il  est  absolument  iuexacl  de  parler  avec  les  Congrès 
de  Paris  et  de  Moscou  de  «  Nomenclature  des  êtres  organisés  »,  là 
ou  il  s'agit  exclusivement  d'animaux  et  non  de  |)lantes.  11  est 
superflu  dédire  expressément  comme  il  est  dit  au  §  l'^'  des  a  Regeln  » 
allemandes,  ou  dans  le  premier  article  des  «  Rules  »  anglaises, 
qu'une  nomenclature  zoologique  doit  comprendre  aussi  les  espèces 
éteintes.  Personne  a-t  il  donc  jamais  douté  que  la  zoologie  comprît 
aussi  la  paléozoologie  ?  D'ailleurs,  où  seraient  les  limites  entre  les 
deux  sciences?  Il  existe  encore  à  présent  des  espèces  animales  qui 
ont  vécu  dans  des  périodes  géologiques  antérieures  ;  d'autres  vien- 
nent de  s'éteindre  ou  semblent  destinées  à  disparaître  dans  un 
avenir  prochain.  Dans  quelle  catégorie  faudrait-il  alors  ranger  ces 
dernières?  Le  fait  que  certaines  formes  végétales  ou  animales  sont 
d'une  grande  valeur  pour  l'étude  de  la  géologie,  n'empêche  pourtant 
pas  qu'elles  ne  fassent  partie  de  cet  ensemble  d'êtres  organisés  dont 
l'étude  constitue  la  zoologie  et  la  botanique.  Il  n'en  va  pas  autre- 
ment de  la  circonstance  que,  ainsi  que  plusieurs  autres  subdivi- 
sions de  la  même  science,  elles  peuvent  faire  le  sujet  d'une  étude 
à  pari. 


72  M.    C.     l'IKI'I.U- 

Il  t'sl  piii'cilIciiK'iil  sijp(  rllii  lie  iiiciiliuiiii('i',('oiiiriiH  on  I'h  Iriil  dans 
If  nn'^nu'  ^5  l'"'.  (lu'iine  nointMiclaUirc  /ooloiiicjuc  n'a  aucun  rapport 
avec  les  noms  liolani(|iit's.  (Jimnl  à  la  prescription  conlenuL'  dans 
rarlicle  !«■  des  «  Hules  <\  d'exclure  les  noms  botaniques,  elle  est 
irréalisal)le.Même  le  comnientaire  decev:j  I  '  allemand  va  enecue  trop 
loin  quand  il  donne  en  j^énéral  le  conseil  de  ne  pas  introduire  en  zoo- 
logie des  noms  employés  en  botanique.  Ce  conseil  serait  tout  au  plus 
applicable  aux  noms  généri(iues  et  supérieurs  (d'ordres,  déclasses, 
de  familles).  Ouant  aux  noms  spécifiques,  il  y  en  a  une  masse  qui 
se  retrouvent  dans  les  deux  branches  de  la  biologie;  et  il  en  viendra 
sans  cesse  de  nouveaux.  En  elïet,  les  adjectifs  descriptifs  ou  dérivés 
de  uoms  géographiques,  (jui  forment  une  grande  partie  des  noms 
spécifiques,  doivent  naturellement  être  identiques  dans  l'une  et 
l'autre  branche.  Et  ceci  n'amène  aucun  risque  de  confusion,  les 
appellations  spécifiques  devant  toujours  être  accompagnées  des 
génériques.  L'expérience  l'a  suffisamment  démontré.  Même  en  ce 
qui  concerne  les  noms  des  genres,  l'article  10  des  a  Règles  »  du  Con- 
grès de  Paris  a  justement  fait  remarquer  qu'il  yen  a  (pielques-uns 
d'usités  eu  botanicjue  et  eu  zoologie  sans  qu'il  paraisse  en  résultei- 
des  difficultés  dans  la  pratique.  Or,  comme,  pour  obvier  à  la  confu 
sion,  il  ne  faut  se  décider  à  changer  un  nom  que  dans  le  cas 
d'absolue  nécessité,  il  est  préférable  de  conserver  ces  dénomina- 
tions, tout  en  recommandant  de  ne  plus  suivre  cet  exemple  à 
l'avenir. 

Ainsi  même  ces  appellations,  bien  qu'en  soi  peu  importantes, 
méritent-elles  de  fixer  sérieusement  l'attention.  Et  cela  ne  sera 
pas  moins  nécessaire  dans  la  fixation,  bien  plus  importante,  des 
règles  concernant  la  formation  des  mots  dans  la  nomenclature 
zoologique. 

X 

L'emploi  du  latin  pour  les  noms  zoologiqiies  est  ancien  et  univer- 
sellement i-ecu;  l'article  1  'du  Congrès  de  Paiis,  le^:;  3  des  »  Regein  » 
allemandes  et  l'article  7  des  ((  Ruies  »  anglais  concordant  à  cet 
égard,  on  peut  donc  l'admettre  comme  une  règle  consacrée  par 
l'usage  universel.  Mais  il  ne  faut  pas  sur  ce  point  aller  plus  loin 
que  le  précepte  suivant  de  ces  «  Regelu  »  :  «  Die  irissenschaf'tli- 
chen  t\amen  (jelten  ah  Jatcinischc  W  ôrtci-  ».  Ce  que  dit  le  5;  13  : 
((  Der  stets  als  cin  Wort  zii  hehandelwle  Artname  stdu  grammatisch 
im  Ahhàngigkeitsrerhàltnisse  zum  Gatîunf/snainen  »,  ou  l'addition 
à  l'article  7  des  ((  Rules  »  :  «  or,  if  adopted  from  other  langnages 
must  be  formed  in  ticcordance  with  the  rules  of  Latin  orthography  », 


RÉGLEMENTATION    DE    LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  73 

doit  être  rejetée.  Il  en  est  de  même,  à  plus  forte  raison,  des 
règles  détaillées,  formulées  à  ce  sujet  par  les  Congrès  de  Paris  et 
de  Moscou,  surtout  de  celles  où  ces  dernières,  plus  royalistes  que 
le  roi,  atin  d'assurer  l'emploi  du  latiu,  mis  au  premier  plan  par 
l'article  T  ^  du  Congrès  de  Paris,  par  exemple  dans  l'article  12  I)  en 
adoptant  un  génitif  fixe,  unique,  nou  conforme  aux  règles  de  la 
grammaire  latine,  prescrivent  de  véritables  barbarismes  et  môme 
(comme  nous  l'alious  voir)  vont  jusqu'à  proscrire  un  mode  fort 
pratique  de  formation  de  noms  spécifiques,  depuis  longtemps  en 
usage  dans  une  des  subdivisions  de  la  science  zoologique. 

En  même  temps,  ou  perd  de  vue  que,  pour  pouvoir  se  conformer 
à  de  telles  prescriptions,  celui  qui  voudra  donner  un  nom  scientifi- 
que à  quelque  animal  devra  nécessairement  posséder  une  connais 
sance  au  moins  superficielle  du  latin,  ainsi  que  certaines  notions  des 
lois  de  l'étymologie.  Or,  chez  nombre  d'explorateurs,  d'observateurs 
et  de  descripteurs,  surtout  hors  de  l'Europe  occidentale,  ces  notions 
feront  souvent  défaut.  11  en  résultera  des  déviations  à  ces  règles 
qu'on  ne  pourra  jamais  redresser  à  moins  d'étendre  beaucoup  trop 
les  limites  des  rectifications  permises.  Et  cela  pourquoi?  Ce  n'est 
certes  pas  un  idiome  cicéronien  que  l'on  obtiendra  de  la  sorte.  Les 
règles  latines  de  la  formation  des  mots  sont,  du  reste,  déjà  loin 
d'être  toujours  bien  sûres.  En  voulant  les  appliquer  aveuglément  à 
toutes  sortes  de  langues,  il  est  clair  que  l'on  s'expose  à  eu  faire  un 
emploi  diamétralement  en  opposition  avec  la  nature  de  cette  langue. 
Un  habitant  de  Sardes  s'appelait  en  latin  Sardius  ou  Sanlionus  ;  de 
Gades,  Gaditanus.  Dans  le  latin  de  nos  jours,  l'usage  général  est 
cependant  de  désigner  les  habitants  des  villes,  même  de  celles  qui 
se  terminent  en  es  ou  ess,  par  le  suffixe  cnsis,  ajouté  au  nom  de  la 
ville,  ce  qui  était  aussi  d'un  usage  fort  commun  chez  les  Romains, 
mais  seulement  avec  des  noms  de  villes  ou  de  pays  ayant  d'autres 
terminaisons. 

Ainsi  Athenienùs  àWthenae ;  Acaricensia  d'Avaricuni ;  Hispaniensis 
de  ffispaiiia.  Or,  si  l'on  adopte  cet  usage  pour  les  noms  des  villes 
anglaises  ou  écossaises,  Sheerncss  ou  fnDerni'ss  ou  du  village  hollan- 
dais Eenmea,  il  est  douteux  que  l'on  obtienne  de  bon  latin  ;  et  ceci 
deviendrait  plus  douteux  encore,  si  l'on  voulait  {)rocéder  de  la 
même  manière  poui'  désigner  un  animal  que  l'on  nommerait 
d'après  la  localité  de  Hrehes,  à  .lava.  Car  la  lettre  c  du  mot  javanais 
Brebes  n'a  pas  le  même  son  que  celui  que  l'on  entend  dans  Sardes, 
Gades  ou  Eenines  ;  c'est  \'e  muet  du  français  de,  ou  de  l'anglais  the, 
ou  dans  la  seconde  syllabe  de  l'allemand  Numen.  Au  reste,  il  n'est 


74  M.   C.    l'IKI'KHS 

iiiillcmeiil  iii(lis|K'iis;il(l(i  (|iie  l'on  ;iit  un  latin  imrct  ('h'ijant  ;  ('(;la 
importe  |ieii  à  la  science  ;  ce  i|iii  ini|»(>rle, c'est  le  niainlien  iln  nom 
donné  primitivement,  en  quelque  mauvais  latin  (|ue  ce  soit. 

n'ailleurs.  (|nel  lalin  parfois  (jue  celui  des  zooloi,Msles  !  N'est-ce 
pas  une  coutume  i;éuerale,  (|ue  |)oui'  indiquer  (|u'on  est  l'auteur  du 
nom  scienlilique  de  quelque  animal,  on  fasse  suivre  ce  nom  de  inihi  V 
Kt  pourtant  ce  datif  du  pronou)  personnel  ne  saurait  recevoir  cet 
emploi  en  latin.  Il  vaudrait  toujours  mieux  mettre  m.  a.  {me 
aiictore),  et  encore  ce  ne  serait  pas  là  d'excellent  latin.  I.e  mieux 
serait,  en  ce  (;as,  d'écrire  son  nom  tout  entier,  ou  son  ahréviation. 
si  celle-ci  est  déjà  connue  dans  la  science.  Il  n'y  a  vraiment  [tas  lieu 
de  se  montrer  difïicile  en  zoologie  sur  la  qualité  du  latin. 

D'ailleurs,  ne  trouve-t-on  ])as  dans  toutes  les  langues  des  mots 
tout  à  fait  fautifs,  sans  que  personne  y  prenne  garde?  L'Allemand 
tient  à  ce  que  les  |)oi'lions  qu'on  lui  sert  dans  ce  qu'il  nomnie  d'un 
mot  copié  du  français  une  Ucstauration,  jje  soient  pas  trop  [>etites, 
sans  se  soucier  autrement  que  le  terme  français  soit  ici  restaurant 
et  non  pas  restauration.  C'est  à  la  couufryflanee  des  Anglais  que  la 
contredanse  doit  son  origine.  Cela  a-t-il  jamais  empêché  les  Français, 
même  aux  temps  où  l'animosité  entre  les  deux  peuples  était  le  plus 
forte,  de  s'en  donner  à  cœur  joie  de  ce  quadrille  favori'.^  Et  l'on 
trouve  des  exemples  analogues  dans  toutes  les  langues,  line  signi- 
fication une  fois  donnée  et  admise  ne  saurait  nuire  dans  la  pratique. 
Il  en  est  de  même  des  termes  techniques,  l'ne  fois  qu'ils  ont  reçu 
une  acception  déterminée,  c'esl-à dire,  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  une  fois  qu'ils  ont  été  admis  à  désigner  scientitiquement 
une  espèce  animale  quelconque,  il  n'y  a  plus  aucune  raison  de  les 
changer. 

Ainsi,  quelque  mauvais  latin  que  soit  Eemncnsis  ou  Brebensis, 
adjectifs  dérivés  des  noms  de  lieux  Eemnes  et  Brehes,  ces  termes 
valent  beaucoup  mieux  que  ceux  que  l'on  forgerait  à  nouveau  sur 
le  modèle  de  Sardianusou  de  Gaditanus.  En  effet,  ces  dénominations 
géographiques  ofïrant  l'avantage  de  rappeler  clairement  la  localité 
d'origine  de  l'animal,  répondent  à  cause  de  cela  même  beaucoup 
mieux  au  but  que  l'on  se  i)ropose,  d'en  faire  connaître  la  prove- 
nance. On  n'attachera  donc  pas  trop  d'importance  aux  principes 
étymologiques  là  où  ceux  ci  sont  sans  valeur  pour  la  science,  où 
ils  ne  peuvent  même  fournir  aucune  indication  utile.  Que  l'on  se 
garde  toujours  de  cette  conception  de  la  science  que  les  Français 
nomment  celle  des  savants  en  m  ! 

Au  reste,  ce  qui  paraît  avoir  échappé  à  l'attention,  c'est  que  nom- 


REGLEMKNTATION    DK   LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  /O 

bre  de  noms  barbares  sont  indéclinables  en  bon  latin,  et  qu'il  est 
par  conséquent  bien  plus  conforme  au  génie  de  cette  langue  de 
laisser  intacts  les  noms  spécifiques  ou  même  les  génériques  tirés 
d'idiomes  tels  que  le  chinois  ou  le  japonais,  qui  s'écartent  par  trop 
des  langues  européennes,  que  d'en  forger  des  génitifs  ou  des. adjec- 
tifs barbares.  La  place  même  de  ces  noms,  qui,  d'ailleurs,  resteront 
toujours  exceptionnels,  suffira  pour  prévenir  toute  confusion. 

XI 

Nous  pouvons  encore  moins  nous  rallier  à  ce  qui  a  été  dit  dans 
ces  différents  essais  de  législation  quant  à  la  transcription  des 
noms  empruntés  aux  langues  étrangères,  (^e  que  dit  le  §  3  des 
«  Regeln  »  allemandes,  sous  la  rubrique  a,  à  l'égard  des  noms 
grecs  ne  souffre  guère  de  difficultés,  vu  que  c'est  l'usage  depuis 
longtemps  et  qu'il  est  ainsi  bien  peu  prol)able  qu'où  veuille  s'en 
départir.  On  peut  encore  admettre  que  celui  qui  veut  avoir  recours 
à  des  noms  grecs  ne  sera  pas  tout  à  fait  étranger  à  cet  idiome  ;  il 
devra  au  moins  savoir  lire  les  caractères  helléniques,  c'est-à-dire 
être  plus  ou  moins  lettré,  à  moins  qu'il  n'emprunte  ces  noms  sim- 
plement à  des  transcriptions  latines  en  usage,  ce  qui  se  fait  surtout 
avec  les  noms  composés.  Mais,  si  l'on  veut  admettre  avec  le  Congrès 
de  Moscou  qu'en  transcrivant  des  mots  de  langues  qui  ne  se  servent 
pas  des  caractères  latins  et  qui  ne  possèdent  pas  d'écriture  propre,  on 
doit  suivre  les  règles  établies  par  la  Société  de  géographie  de  Paris, 
on  exige  que  tout  homme  si  étranger  qu'il  soit  à  la  géographie  et  à 
la  langue  française,  connaisse  ces  règles;  on  exige  en  principe  que 
toutes  les  nations  suivent  à  cet  égard  les  préceptes  de  cette  Société 
française.  Si  l'on  prescrit,  avec  h  du  paragraphe  cilé  plus  haut  des 
((  Regeln  »  allemandes,  qu'en  transcrivant  des  mots  de  langues  qui 
ne  possèdent  point  d'orthograplie  latine  fixe,  ou  se  serve  d'un 
alphabet  phonétique,  concordant  avec  l'allemand  ou  l'italien  quant 
à  la  valeur  des  voyelles  et  avec  l'anglais  quant  aux  consonnes,  on 
suppose  par  là  même  que  tout  le  monde  ait  au  moins  quelques 
notions  de  ces  langues.  Ceci  est  aller  trop  loin  et  entraînerait  d'ail- 
leurs beaucoup  de  difilcultés.  Impossible  de  rendre  les  nombreux 
sons  des  langues  étrangères  au  moyeu  des  voyelles  allemandes  ou 
italiennes.  Il  faudrait  les  distinguer  alors  en  y  ajoutant  quautité  de 
signes  spéciaux.  La  simple  lettre  e  doit  s'écrire  évidemment  e,  é  ou 
è,  si  l'on  veut  en  reproduire  le  son  dans  une  langue  étrangère.  Et 
que  de  sons,  dans  les  langues  des  peuples  dont  les  organes  de  la 
parole  diffèrent  notablement  de  ceux  des  nations  de  l'Europe  occi- 


76 


M.  C.  IMKI'KItS 


denlijle,  ne  sauraient  être  rendus  e.xaclcnicnt  de  celle  manière! 
Ainsi,  un  voyajïeur,  un  zoologisle  atiialeui-,  non  linguiste,  (|ui 
colleclionne  et  di^crit  des  animaux  dans  des  parages  habités  par  de 
tels  peuples,  devra  néanmoins  être  bien  au  courant  de  tous  ces 
signes;  sinon,  les  noms,  (|u'il  aura  écrits  comme  il  les  aura  enten- 
dus, courront  grand  risque  d'être  modifiés  par  l'un  ou  l'autre 
correcteur  zoologisle.  Cet  inconvénient  se  produira  d'autant  plus 
fréquemment  que,  chez  des  nations  dilïérentes,  le  même  son  ne  se 
perçoit  pas  toujours  de  la  même  manière.  C'est  ainsi,  par  exemple, 
que  tous  les  Marseillais  et  d'autres  Français  du  Midi  établis  à 
Batavia  prononcent  constamment  le  sou  malais  cr  comme  ar,  ainsi 
que  le  perçoit  leur  oreille  provençale.  Il  pourra  arriver  ainsi  assez 
facilement  soit  qu'un  premier  descripteur  perçoive  mal  quelque 
son,  soit  qu'un  autre,  venant  après  lui,  entende  ce  même  son  autre- 
ment et  s'arroge  le  droit  de  corriger  son  devancier. 

Quant  aux  consonnes,  il  restera  toujours  bien  de  l'incertitude. 
Les  Anglais  se  servent,  par  exemple,  toujours  de  leur  ch  pour  ren- 
dre la  consonne  malaise  (|ue  les  Français,  les  Allemands  et  les 
Hollandais  écrivent  tj,  ce  qui  est  bien  exact.  Le  son  de  cette  lettre 
diffère  certainement  beaucoup  de  celui  que  l'anglais  fait  entendre 
dans  church.  D'un  autre  côté,  le  même  cha,  en  anglais,  un  sou  tout 
dilîérent  dans  champafpie,  champion  ;  de  plus,  on  l'emploie  encore 
pour  rendre  le  x  grec,  ainsi  que  dans  la  transcription  latine  accep- 
tée de  mots  grecs,  avec  cette  dilTéreiice  toutefois  que  ce  rli  sonne 
comme  k  en  chenns(ry  et  n'a  pas  l'aspiration  gutturale  de  cette  lettre 
grecque  en  allemand.  Les  Français  transcrivent  aussi  ce  x  par  ch  ; 
en  le  prouonçant  quelquefois  comme  h\  quelquefois  comme  dans 
chose,  prononciation  qui  se  rapproche  le  |)lus  de  celle  que  l'on  entend 
dans  l'anglais  Champagne,  mais  qui  dilîère  de  celle  du  ch,  dans  church 
par  l'absence  du  son  /,  qui  est  cause  que  les  Anglais  cherchent  à 
rendre  ainsi  le  tj  malais.  Comment  arriver  à  l'uniformité  avec  un 
pareil  amalgame?  Mais  la  substitution  du  ch  ru  tj  malais  offre  un 
autre  inconvénient.  Vu  la  transcription  ofTicielle  hollandaise  des 
noms  de  lieux  sur  tout  le  territoire  de  l'Archipel  Malais,  où  le  carac- 
tère tj  est  d'un  emploi  fréquent,  1res  fréquent  même  dans  l'ouest  de 
Java,  on  se  sert  également  de  ce  tj  sur  les  cartes  ou  dans  les  ouvrages 
d'histoire  naturelle  ou  de  géographie  publiés  en  hollandais  ou 
d'après  des  sources  hollandaises,  de  manière  que  le  changement 
de  /;  en  ch  dans  des  noms  d'animaux  de  ces  contrées  empêchera 
de  reconnaître  avec  certitude  le  terme  primitif  dont  le  nom  est 
dérivé,  ce  qui  était  justement  le  but  d'une  telle  dénomination,  des- 
tinée à  indiquer  ainsi  la  provenance  de  l'animal, 


RÉGLEMENTATION    DF.    LA    NOMENCLATURi:    ZOOLOGIQUE  77 

Veut-on  ol)tenir  une  trauscription  vraiment  exacte,  on  devra  dans 
de  tels  cas  soumettre  les  noms  en  question  à  la  revision  de  quelque 
savant  versé  dans  la  langue  à  laquelle  ils  sont  empruntés  et  dans 
son  orthographe,  bien  que  celle-ci  ne  soit  même  pas  toujours  cons- 
tante, et  que  les  vues  des  philologues  sur  l'orthographe  d'une  telle 
langue,  dont  la  grammaire  n'est  encore  que  peu  étudiée,  puissent 
changer  beaucoup  au  bout  d'un  certain  temps.  Malheureusem.ent,ce 
secours  fera  presque  toujours  défaut  au  premier  descripteur,  et  si 
quelque  correcteur,  désirant  se  servir  d'une  telle  dénomination 
quelques  aonées  plus  tard,  veut  par  hasard  en  profiter,  il  sera  bien 
à  ci'aindre  qu'il  n'en  résulte  un  tel  changement  de  voyelles  et  de 
consonnes  que  l'appellation  primitive  en  deviendra  à  peu  près 
méconnaissable.  C'est  ainsi  que  le  droit  du  premier  descripteur  de 
donner  un  nom  scientifique  à  quelque  animal  sera  rendu  illusoire. 
Et  dans  quel  but?  Quel  avantage  la  zoologie  retire-t-elle  de  pareils 
procédés?  Evidemment  aucun  ;  tout  cela  ne  sert  qu'à  augmenter 
les  chances  de  confusion. 

XII 

En  définitive,  il  y  a  au  fond  de  ce  système  de  transcription  pour 
la  nomenclature  zoologique  un  principe  qui  est  absolument  erroné. 
On  vise  à  arriver  à  ce  que  chaque  zoologiste,  entendant  prononcer 
par  un  autre  un  nom  scientifique  quelconque  d'animal,  le  comprenne 
sur  le-champ  ;  on  s'efforce  dans  ce  but  d'obtenir  une  certaine  uni- 
formité phonétique,  sans  se  douter,  à  ce  qu'il  semble,  que  les  pro- 
nonciations si  différentes  des  diverses  races  rendent  ce  but  irréali- 
sable. Au  reste,  de  quelle  utilité  cela  serait-il? 

Lorsque,  par  exception,  dans  une  de  ces  rares  réunions  interna- 
tionales, il  se  prononce  des  discours  en  français,  en  anglais  ou  en 
allemand,  ceux-ci  ne  seront  jamais  intelligibles  que  pour  ceux 
des  zoologistes  présents  qui  connaissent  la  langue  dont  l'orateur 
fait  usage.  Or,  ces  auditeurs,  étant  pour  la  plupart  des  spécia- 
listes versés  dans  la  matière  traitée,  n'auront  pas  de  peine  non 
plus  à  comprendre  les  noms  d'animaux  cités,  la  prononciation  de 
l'orateur  dût-elle  leur  sembler  tant  soit  peu  étrange. 

En  général,  cependant,  toute  communication  sur  la  zoologie  se 
fait  par  écrit;  donc  il  suillt  que  l'on  puisse  reconnaître  le  mot  par  la 
vue  sans  qu'on  ait  besoin  de  s'occuper  de  sa  prononciation.  C'est 
cette  clarté  aux  yeux  seule,  qui  est  de  rigueur.  Ce  qu'il  faut  au 
zoologiste,  dans  les  termes  techniques  de  sa  nomenclature,  ce  ne 
sont  pas  des  sons,  mais  des  signes  fixes  dont  la  vue  rappelle  sur-le- 
champ  à  la  mémoire  l'objet  signifié. 


78  iM.  <;.  l'iKi'Kii- 

Les  nomhreuses  trilms  qui  li;il)il('iil  lu  vaste  empire  de  la  Chine, 
bien  que  parlaut  de.>  idicjiiies  ou  tlei^  dialecles  dilïérenls  et  ue  pou- 
vant par  coDsé(|uent  senleudie  «le  vive  voix,  se  couipreuueiil  par- 
faitement bien  par  écrit,  jçràce  à  une  écriture  |)lus  ou  moins  idéo- 
;iraplii(|ue,  où  clia(|ue  signe  représente  une  itiée.  i*areillenient,  il 
faut  aux  zoologistes  du  monde  entier,  pour  désif^ner,  pour  uom- 
mer  les  matériaux  de  leur  élude,  des  signes  spéciaux  qui  soient 
compris  de  tous.  Kt  ces  signes  sont  les  termes  scientifiques  de  la 
nomeiiclalui-e  zoologique,  (iuoi(|ue  dans  ce  cas  ils  ne  se  composent 
pas  de  dessins  comme  les  caractères  chinois,  mais  de  lettres,  ran- 
gées et  coordonnées  en  mots,  selon  la  manière  d'écrire  eu  usage  eu 
Europe.  Ainsi,  tout  nom  doit  avoir  la  même  valeur  qu'un  caractère 
chinois  ;  il  doit  avoir  un  seus  fixe  que  tout  zoologiste  puisse  sur-le- 
champ  reconnaître.  De  même,  par  exemple,  que  les  habitants  de  la 
Mandchourie,  du  ïhibet  et  de  Kwanlung  lisent  tout  de  suite  dans 
le  même  signe  l'idée  de  riz,  bien  que  le  mot  que  chacun  d'eu.s  a 
pour  exprimer  cette  idée  dans  son  parler  ue  soit  pas  entendu  des 
autres,  de  même  des  zoologistes  anglais,  russes  el  japonais  doivent 
penser  injmédialement  au  même  animal  eu  lisant  par  exemple  le 
nom  de  Melolontha  mtlgaris  L.,  quoique  chacun  donne  peut-être  à 
cet  animal  un  nom  différent  dans  sa  propre  langue  et  que  même 
à  cause  de  la  dilîérence  de  leurs  organes  vocaux  et  de  leurs  diverses 
façons  d'articuler,  chacuu  d'eux  prononce  ces  mots  latins  d'uue 
telle  manière  (|ue  les  autres  ne  puissent  le  compieudre. 

Ce  qu'il  faut  à  une  nomenclature  zoologique  iuterjialionale,  c'est 
l'unité  d'impression  non  sur  l'oreille,  mais  sur  l'œil.  C'est  pour  cela 
qu'une  fois  une  dénomination  admise,  il  faut,  autant  que  possible, 
s'abstenir  de  la  changer.  Pour  la  même  raison,  il  est  d'un  assez 
mince  intérêt  que  les  noms  soient  grammaticalement  et  étymolo- 
giquement  corrects.  La  formation  du  signe  n'a,  en  zoologie,  qu'une 
valeur  puremeut  accessoire,  tant  qu'il  offre  une  représentation 
nette  et  claire  de  la  chose  signifiée  et  qu'il  exclut  toute  confusion. 

C  est  ainsi  que  les  botanistes  écrivent,  conformément  à  l'épella- 
tiou  anglaise,  Michelia  chainpaca  L.,  pour  indiquer  le  tjempaca,  arbre 
connu  dans  tout  l'Archipel  malais  pour  le  parfum  de  ses  fleurs,  de 
même  que  les  entomologistes  désignent  par  le  nom  de  Dehis  clian- 
dica  Moore,  un  certain  Papillon.  Dans  un  cas  comme  dans  l'autre, 
le  ch  ne  rend  pas  exactement  la  pronouciation  ;  il  gagnerait  à  être 
remplacé  par  //.  Qu'importe?  Que  ces  mots  restent  épelés  tels 
qu'ils  sont  et  que  l'on  accorde  à  l'avenir  pareille  liberté  à  tout 
premier  descripteur  1  Botanistes  et  zoologistes  sauront  bien  tout  de 


RÉGLKMEiNTATlON    DE    LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  79 

suite,  en  lisant  le  mot,  de  quelle  plante,  de  quel  animal  il  est  ques 
t.iou.  C'est  tout  ce  que  l'on  peut  exiger  d'une  nomenclature. 

XIII 

Ni  considérations,  ni  expressions,  ni  divisions  doctrinales,  ne 
sont  à  leur  place  dans  un  code,  toute  législati(m  visant  exclusive- 
ment à  un  but  pratique.  Sans  doute,  celle-ci  est  bien  une  consé- 
quence des  principes;  mais  elle  ne  saurait  prétendre  les  dévelop- 
per. Les  Rules  anglaises  (voir  par  exemple  les  articles  19  et  3o  à  40) 
pèchent  fort  à  cet  égard.  Celui  qui  voudrait  obtempérer  à  leurs 
préceptes,  devrait  faire  des  études  spéciales,  études  peu  ardues 
peut-être  pour  des  zoologistes  de  cabinet,  mais  que  l'on  ne  saurait 
raisonnablement  exiger  d'un  explorateur  non  spécialiste,  d'un  de 
ces  naturalistes  en  plein  air  (ficld-ndtaralist),  à  qm  la  zoologie  est 
redevable  de  tant  d'observations  intéressantes  et  à  qui  ou  ne  sau- 
rait contester  le  droit  de  donner  des  noms  à  leurs  découvertes.  Que 
dire  aussi  de  cette  manie  de  grossir,  sans  que  cela  soit  vraiment 
nécessaire,  la  liste  déjà  si  longue  des  termes  techniques?  Pour  peu 
que  cela  continue,  il  ne  sera  bientôt  plus  possible  de  lire  un 
ouvrage  de  biologie  sans  le  secours  d'un  dictionnaire  spécial.  Il 
est  à  souhaiter  que  les  Congrès  zoologiques  s'élèvent  contre  cet  abus. 

Maint  écrit  ne  deviendra  plus  intelligible  qu'au  zoologiste  de 
profession,  à  l'expérimentateur  de  laboratoire,  au  travailleur  de 
cabinet,  mais  demeurera  parfaitement  inaccessible  à  tout  autre  qui 
cherche  à  étudier  la  nature,  et  en  particulier  au  field-naturuliat.  Et 
pourtant,  n'est-ce  pas  sur  leurs  observations  si  précieuses  que 
repose  la  connaissance  d'une  foule  de  faits  biologiques  ?  Peut  on 
se  priver  des  lumières  de  leur  critique  pour  contrôler  des  théories 
trop  souvent  fondées  sur  des  observations  imparfaites  ou  insutfi- 
santes  ?  Combien  de  fois,  par  exemple,  un  savant  tel  que  le  pro- 
fesseur Weissmann,  ne  s'est-il  pas  appuyé  pour  ses  thèses  sur  des 
faits  de  mimétisme  ?  Et  combien  d'investigations  ne  faudra-t-il 
pas  encore  sur  ce  sujet,  surtout  de  la  part  d'observateurs  directs, 
qui  vont  en  quelque  sorte  surprendre  la  nature  sur  le  fait,  qui 
ne  sont  pas  cependant  des  savants  de  profession  et  qui,  d'ailleurs, 
ne  sauraient  l'être?  En  effet,  ce  n'est  qu'au  moyen  d'exercices 
assidus  et  de  séjours  prolongés  loin  de  toute  vie  civilisée,  prin- 
cipalement dans  les  régions  tropicales,  que  l'on  peut  acquérir 
l'habileté  raquise  pour  ces  sortes  de  travaux.  Or,  tout  cela 
cadre  mal  avec  les  études  auxquelles  se  trouve  astreint  le  vrai 
zoologiste    professionnel.    Quant    à    la   valeur    des    travaux    des 


80  M.  C.     l'iKl'KKS 

hoiîinies  pialiqucs  pour  la  science  îles  véj,a'taux,  les  passages  sui- 
vants, tirés  des  Règles  b()laiii(|nes  allemandes  d«^jà  citées,  parlent 
assez  haut  : 

((  Die  Krliallung  der  friiiieren  Noinenclalur  liai  in  der  Botanik 
eine  gauz  auderc  Bedeutung  wie  in  jeder  auderen  Disciplin  der 
Naturwisseuschaften.  Keine  dersellieu  j;reift  nanilich  so  lief  in  das 
iiewerhliche  uud  burgeiiiche  Lebeu  eiu  wie  die  Botanik.  Wàh- 
rend  bei  jeder  Veriinderung  in  den  Nanien  der  Objecte,  welche 
die  Zoologie.  Minéralogie,  Cliemie  beliandeln,  nur  Facligelehrtc 
betrotïen  werden,  die  in  der  Lage  sind  sicli  jeder  Zeit  die  Hilfs- 
(|uellen  fur  die  EntzilTeruug  der  ihnen  fremden  Dingen  zu  beschaf- 
fen,  und  Liebbaher,  die  ebenso  eifrig  uach  Erkenltnis  sli-eben,  wie 
jene,  greift  die  wissenscliafllicbe  Nomenklatur  der  Botanik  tief  in 
die  Kreise  der  Gartnerei,  Forstwissenschaft,  Landwirthschaft  und 
Arzneikunde  ein  und  jede  Slorung  wird  dort  ujii  so  ('in|)findlicher 
gefiiblt  als  der  ueue  Naine  ihnen  nicht  bloss  frenid  bleiben  muss, 
sondern  auch  jede  Neuerung  verdriessliche  Tauschungen,  ja 
Verluste  bereiten  kanu. 

»  Aus  dem  Zusammenwirken  dieser  practischen  Berufszweige 
mit  der  wisseuschal'llichen  Botanik,  sind  der  letzteren  ausser 
ordenlliche  Vortheile  erwachsen  :  es  sei  daran  erinnert,  welche 
Erweiterung  der  Erkenntnisse  ûber  die  Orchidaceac,  Cactaceae, 
Paimae,  Amcceae,  u.  s.  w.  die  Botanik  den  giirlnerischen  Sammlern 
zu  verdanken  hat.  Heisst  es  denn  aber  nicht  eine  volkommene 
Kluft  zwischen  beiden  erôfînen,  wenn  eine  fortdauernde  Beunru- 
higung  durch  reformatorische  Bestrebungen  in  der  Nomenklatur 
erzeugt  wird,  ja  wenn  eine  volkommene  Révolution  in  der  Benen- 
nungdroht?  » 

Du  reste,  c'est  à  tort  qu'il  est  prétendu  dans  ces  lignes  que  la 
zoologie  n'a  nul  compte  à  tenir  de  ces  praticiens,  qu'il  n'importe 
ainsi  dans  cette  branche  de  la  biologie  si  les  théories  scientifiques 
leur  deviennent  inabordables.  La  zoologie  n'olïre-telle  doue  pas 
d'utilité  pour  la  pêche,  l'élevage  des  bestiaux,  l'agriculture,  l'in- 
dustrie forestière,  la  médecine?  Ne  renseigne-t-elle  pas  sur  l'emploi 
des  Insectes  utiles,  sur  les  moyens  à  employer  pour  la  destruction 
de  ceux  qui  sont  nuisibles? 

Et  est  ce  qu'elle  aussi  n'en  profiterait  pas  à  son  tour?  Celui  qui 
en  douterait,  n'a  qu'à  se  rappeler  l'importance  pratique  qu'a  eue 
pour  Darwin  la  sélection  dans  la  reproduction  des  animaux  domes- 
tiques. La  science  zoologique  ne  peut  donc  elle  non  plus  se  passer 


nÉGLEMENTATIOiN    DE    LA    NOMENCLATURE   ZOOLOGIQUE  81 

de  la  collaboi'citiou  non  seulement  du  field-naturalist,  mais  eucore 
de  l'amateur  et  même  du  simple  collectiouueur. 

XIV 

Nous  rejetons  absolument  le  précepte  qui  se  lit  à  rarlicle  25  des 
Rulea  anglaises  :  «  À  naine  ichich  is  offensice  (ichether  yolitimUy. 
moratly,  or  hy  its  irrévérence)  is  tnvalid  and  should  be  expunyed 
f'rom  zoological  nomenclature.  » 

S'il  arrive  exceptionnellement  qu'un  tel  nom  soit  donné  à 
quelque  animal,  cela  ne  saurait  nuire  à  l'étude  de  la  zoologie  et  la 
pruderie  ne  doit  pas  se  permettre  de  le  changer.  Snellen  van  Vol- 
lenhoven  a  donnée  un  Papillon,  dont  la  partie  des  ailes  inférieures 
qui  se  trouve  près  de  l'extrémité  de  l'abdomen  porte  des  taches 
rouges,  le  nom  de  Pieri'i  hxniorrhiea.  Pour  des  raisons  analogues, 
deux  Lépidoptères  de  la  famille  des  Syntomides  et,  comme  le 
docteur  Everts  me  l'a  obligeamment  communiqué,  rien  que  dans 
la  faune  néerlandaise  et  des  contrées  environnantes,  pas  moins  de 
huit  espèces  de  Coléoptères  appartenant  à  autant  de  familles  diffé- 
rentes portent  encore  le  nom  spécifique  d' hasmorroidaUs . 

Or  un  tel  nom  n'est-il  pas  morally  offensive '>  Si  l'on  croit  que 
non,  que  sera-ce  si  l'on  donnait  par  exemple  à  un  animal  l'appel- 
lation de  men.sf/'»a/is?  N'a-t-on  pas  déjà,  se  fondant  sur  une  cer- 
taine ressemblance,  donné  à  des  genres  botaniques  le  nom  de 
Phallus,  tVOirhis'^  Pareil  cas  s'est  du  reste  déjà  produit  dans  la 
nomenclature  zoologique.  Le  docteur  Staudinger,  entomologiste 
bien  connu,  n'a-t-il  pas  pour  cette  même  raison  donné  à  une  variété 
du  Papillon  Chalocanipa  aetiista  Hb.  le  nom  d'inipn(lira\^  Un  papillon 
se  nomme  Callinaga  Buddha  Moore,  est-ce  que  ce  nom  est  irré- 
cérent'?  Si  non,  que  serait-ce  si  un  zoologue  japonais,  par  exemple, 
donnait  à  quelque  animal  le  nom  spécifique  de  Jésus '^  Qui  est-ce 
qui  tranchera  la  question  ?  Etqui  est-ce  qui  décidera  ce  qui  est  bles- 
sant en  politique?  Les  opinions  politiques  sont  évidemment  encore 
très  peu  internationales  et  ce  qui  paraît  très  permis  sur  ce  sujet  à  un 
certain  peuple,  un  autre  le  trouvera  blessant.  Trouverait-on  un 
seul  zoologiste  compétent  qui  désirât  que  la  fantaisie  indivi- 
duelle pût  justifier  de  pareils  changements?  Que  de  telles  modifica- 
tions ne  devront  être  autorisées  qu'exceptionnellement,  voilà  au 
contraire  ce  qu'on  a  tâché  surtout  de  démontrer. 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Pr.,  1898.  .xi    -  H. 


>>:i  M.    C.    l'IKI'KKS 


XV 


S'il  est  nécessaire  de  défendre  le  principe  conservateur  dans  la 
réi,^leinentation  de  la  nomenclature  zoologi(iue  quant  au  maintien 
du  nom  une  fois  donné  à  un  animal,  il  ne  l'cSt  pas  moins  d'oppo- 
ser une  digue  à  l'accroissement  efiréné  des  noms  spécifiques.  Tous 
les  jours  on  élève  au  rang  d'espèces  des  variétés  que  l'on  pourrait 
tout  au  plus  considérer  comme  des  races  d'espèces  connues. 

Aucun  des  règlements  mentionnés  ci-dessus  ne  s'est  occupé  de 
cette  question.  .\u  contraire,  l'expression  des  Premiss  des  lialts  : 
((  .1  spcrJes  is  not  a  valid  species,  unless  it  cari  he  separafed  spe- 
viaUij  j'roni  ciiertf  otiier  species  »,  semble  reconnaître  la  légitimité 
(le  nouvelles  dénominations  spécifiques  de  cette  sorte,  dès  que  l'on 
peut  apercevoir  la  moindre  difiérence.  Cependant,  il  est  utile  d'appe- 
ler l'attention  sur  ce  point.  Surtout  en  entomologie, cette  manie  de 
créer  de  nouvelles  espèces  est  devenue  un  vrai  fléau,  qui  en  obscur- 
cit et  en  complique  l'étude  au  point  de  produire  souvent  une  nou- 
velle source  de  confusions. 

Trois  facteurs  ont  contribué  à  propager  ce  fléau  : 

1"  La  vanité  humaine,  la  chasse  du  «  mihi.  »  Quant  à  ce  faible, 
il  devra,  dans  ces  cas,  se  tenir  pour  satisfait  d'avoir  l'occasion  de 
créer  un  nouveau  nom  de  variété. 

2°  Les  vues  intéressées  de  certains  naturalistes-commerçants,  qui 
jugent  pouvoir  retirer  un  prix  bien  plus  élevé  d'une  nouvelle 
espèce  que  d'une  simple  variété  d'une  espèce  connue,  parfois  même 
peu  rare.  Ce  facteur  est  évidemment  négligeable. 

30  La  fausse  conception  scientifique  qui  s'est  bientùt  développée 
dans  la  doctrine  évolutionniste  que  la  formation  des  espèces  est 
forcément  liée  à  la  séparation  locale  des  individus,  de  manière  que 
là  où  se  produit  celle-ci,  il  faut  supposer  que  tout  de  suite  aussi 
une  espèce  nouvelle  a  commencé  de  se  former.  Cette  opinion,  qui 
a  fait  attribuer  la  valeur  de  caractères  spécifiques,  non  seulement 
aux  plus  légères  dillérences,  qui,  eussent-elles  été  observées,  par 
exemple,  entre  les  individus  d'une  même  espèce,  dans  des  endroits 
divers  d'une  même  ile,  n'auraient  été  considérées  que  comme  des 
distinctions  locales  de  races,  a  été  jusqu'à  porter  un  auteur  à 
baptiser  du  nom  d'une  espèce  nouvelle  certains  Lépidoptères  du 
geure  ierias,  recueillis  dans  quelque  archipel  de  la  Polynésie;  non 
qu'il  y  eût  constaté  des  caractères  spécifiques  nouveaux,  mais 
parce  que,  se  fondant  sui'  le  fait  qu'ils  provenaient  d'une  autre 


RÉGLEMENTATION    DE   LA    NOMENCLATURE   ZOOLOGIQUE  83 

localité,  il  supposait  qu'ils  devaient  difïérer  spécifiquement  de  la 
Terias  Flecabe  L.,  si  largement  répandue.  Au  point  de  vue  de  la 
science  actuelle,  cette  conception  n'est  cependant  plus  soutenable 
et  ne  mérite  ainsi  plus  aucune  considération. 

Sans  doute,  dans  la  nomenclature  en  zoologie,  il  est  désirable 
que  toutes  les  différences  entre  les  formes  animales  soient  marquées 
avec  toute  l'exactitude  possible;  mais  il  n'est  pas  pour  cela  néces- 
saire d'attribuer  à  ces  formes  une  valeur  que  ne  comporte  point  le 
système  zoologique,  surtout  dans  le  moude  des  Insectes,  si  riche 
en  formes  variées,  cela  complique  inutilement  l'étude. 

Que  l'on  désigne  de  pareilles  différences  sous  le  nom  de  races 
locales,  de  variétés,  ou  de  quelque  chose  d'analogue.  Il  est  vrai  que 
la  science  n'a  pas  encore  netteuient,  définitivement  arrêté  ce  qu'elle 
entend  par  espèce;  que  les  caractères  qui  distinguent  plusieurs 
espèces  sont  encore  douteux.  Néanmoins,  il  ne  parait  pas  impos- 
sible de  parvenir  à  cet  égard  à  une  plus  grande  précision.  Les 
découvertes  faites  dans  ces  dernières  années  touchant  l'impor- 
tance des  caractères  spécifiques  constatés  dans  l'appareil  sexuel 
mâle  des  Lépidoptères  font  bien  voir  qu'à  ce  sujet  sur  aucun  point 
le  dernier  mot  n'a  encore  été  dit.  Ou  reste,  quant  à  la  nomenclature, 
ces  difficultés  ne  sont  pas  d'un  grand  intérêt  pratique.  Ce  dernier 
exige  impérieusement  que,  dans  tous  les  cas  douteux,  on  suive 
l'ancien  usage,  de  considérer  comme  de  simples  variétés  d'animaux 
connus  les  formes  dont  l'indépendance  spécifique  est  encore  incer 
taiue,  plutôt  que  de  céder  à  ce  furor  zoologicus  de  créer  des  espèces 
nouvelles,  auquel  nous  sommes  actuellement  en  proie. 

Ainsi,  tout  en  prescrivant  un  respect  aussi  rigoureux  que  possi- 
ble de  toute  dénomination  justifiée,  il  ne  serait  toutefois  pas  mal 
que  le  code  énonçât  formellement  aussi  ce  principe  que  nul  ne  sera 
tenu  de  reconnaître  une  prétendue  nouvelle  espèce,  tant  que  le 
droit  à  sa  création,  à  son  existence,  ne  lui  paraîtra  pas  suffisam- 
ment démontré.  Jusfiue-Ià  on  se  bornera  à  mentionner  la  nouvelle 
appellation  comme  une  variété;  ou  môme,  comme  un  simple  syno- 
nyme. 

XVI 

Si  tout  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  s'applique  à  la  zoologie  en 
général,  cela  est  d'une  importance  particulière  pour  l'étude  de 
l'entomologie. 

En  effet,  l'extraordinaire  richesse  de  formes  dont  celle-ci  a  à 
s'occu[)er,  ciugmeutc  évideiniiiL'ut  d'autant  le  danger  de  confusion. 


S4  M.   (..    l'Ill'KHS 

Aussi  l'sl-co  bien  dans  \o  doiiuiiiic  de  IV-iilomolo^ic  (jiie  la  fureur 
de  parer  du  nom  d't'spècr  (Je  simples  races  se  fait  le  plus  sentir; 
c'est  l»i»Mi  là  que  la  répartition  du  travail  entre  les  savants  (|ui 
s'occupent  à  classilier  les  Insectes,  ceux  (jui  cherchent  à  en  con- 
naîti'e  surtout  l'anulomie  et  ceux  qui  ('ludienl  leur  hioloj^ie  a 
atteint  ses  dernières  limites.  C'est  aussi  sur  ce  terrain  que  les 
observations  du  franc  tireur  zooloffiste,  du  field-iiaturalist,  simple 
amateur  souvent  plutôt  que  savant,  ont  fourni  les  résultats  les  plus 
importants,  comme  c'est  là  encore  qu'ils  nous  donnent  le  plus  à 
espérer.  Or,  celte  branche  de  la  zoologie,  et  plus  spécialement 
encore  la  lépidoptérologie,  a  été  tellement  attaquée  sur  un  point 
par  les  refiles  admises  aux  Congrès  de  Paris  et  de  Moscou,  que 
l'adoption  de  ces  dernières  en  est  devenue  impossible. 

Depuis  Linné,  il  est  d'usage  en  systématisant  les  Geometrae  et  les 
Mirroptrra  de  les  distinguer  au  moyen  de  suffixes  déterminés.  C'est 
ainsi  (jue  l'on  ajoute  aux  noms  des  Géométrides  la  désinence  arin 
ou  nta\  à  ceux  des  Pyralides  alis;  ana,  quand  il  s'agit  d'un  nom  de 
Tortricide,  mais  oJa,  quand  celui-ci  doit  désigner  une  Tinéide. 
Cette  coutume,  il  est  vrai,  a  été  sujette  dans  le  cours  des  temps  à 
divers  changements;  elle  n'est  d'ailleurs  ni  constante  ni  suivie  par 
tous  les  auteurs.  Cependant,  elle  régit  encore  une  bonne  partie  de 
la  nomenclature  des  Géométrides  et  des  Microptères. 

Et  comme  elle  permet  de  reconnaître  du  premier  coup  d'oeil  la 
famille  à  laquelle  un  animal  donné  appaitient,  cette  méthode  est, 
vu  l'énorme  quantité  des  espèces,  si  essentiellement  pratique,  qu'il 
serait  bien  désirable  que  l'on  en  rendît  à  l'avenir  l'emploi  obliga- 
toire ;  cela  vaudrait  du  moins  mieux  que  d'en  prohiber  l'emploi, 
comme  l'ont  fait  les  règlements  des  Congrès  sus  mentionnés. 

Car  l'addition  de  semblables  afïïxes  au  nom  servant  à  désigner 
l'espèce  —  peu  importe  que  celui-ci  soit  un  adjectif,  un  nom  com- 
mun ou  un  nom  propre  —  ne  concorde  pas  avec  les  règles  que  l'on 
y  donne  touchant  la  formation  des  noms  spécifiques.  Il  est  plus  que 
probable  que  celui  qui  a  rédigé  ces  «  Règles  »,  n'étant  pas  lépidop- 
térologiste,  ne  connaissait  pas  cette  particularité.  Que  ceci  serve 
doncd'avertissement.  Dans  la  confection  du  code  attendu,  il  s'agit 
de  tenir  mieux  compte  des  intérêts  des  subdivisions  zoologiques. 

Veut-on  maintenant,  comme  nous  y  avons  déjà  insisté  plus  haut, 
à  l'instar  des  a  Regeln  »  et  des  «  Rules  »,  et  même  plus  complète- 
ment que  ces  dernières,  s'affranchir  de  toute  préoccupation  étymo- 
logique, on  ne  courra  plus  le  risque  de  tomber  dans  de  semblables 
erreurs.  Ainsi,  cet  exemple  peut  servir  à   montrer  1  importance 


RÉGLEMENTATION    DE    LA    NOMliNCLATURE    ZOOLOGIQUE  85 

d'une  pareille  réserve.  Quant  au  cas,  qui  nous  occupe  en  ce  moment, 
nous  sommes  d'avis,  du  reste,  qu'une  recommandation  insérée  dans 
le  code  de  continuer  à  suivre  cet  usage  ne  serait  pas  hors  de  propos. 
Il  se  peut  fort  bien  qu'il  existe  des  cas  semblables  dans  d'autres 
subdivisions  de  l'entomologie,  peut-être  encore  dans  d'autres  bran- 
ches de  la  zoologie,  ou  que  des  usages  existants  ou  des  desiderata 
réels  aient  été  négligés  dans  les  règles  en  vigueur.  Espérons  donc 
que  les  spécialistes  appelleront  l'attention  sur  ce  point,  comme  on 
l'a  fait  ici  au  sujet  de  la  Lépidoptérologie,  afin  que  la  Commission 
du  Congrès  traite  celte  question  avec  tout  le  soin  qu'elle  réclame. 
Espérons  qu'au  besoin  cette  Commission  ou  bien  le  Congrès  saura 
encore  les  y  inviter. 

XVII 


Les  règles  émanées  de  ces  Congrès  sont  encore  incomplètes  à  un 
autre  point  de  vue,  qui  intéresse  le  domaine  entier  de  la  zoologie, 
mais  en  particulier  celui  de  l'entomologie,  puisque  c'est  dans  cette 
branche  que  ces  lacunes  se  font  surtout  sentir.  Le  Congrès  de  Paris 
(art.  2,  'A  et  4)  ne  connaît  que  le  seul  terme  «  variété  »  pour  désigner 
les  différences  de  forme  entre  les  individus.  Il  est  cependant  haute- 
ment nécessaire,  du  moins  dans  l'intérêt  de  l'entomologie,  de 
désigner  séparément,  comme  dans  les  «  Regeln  »  allemandes  (§17  et 
21),  les  formes  locales  constantes,  les  variétés,  les  races  artificielles 
(Zuchtras^ien),  les  monstruosités,  les  espèces  présentant  le  phéno- 
mène du  dimorphisme  de  saison  ou  du  polymorphisme,  de  même 
que  les  diverses  périodes  de  développement  de  certaines  espèces 
animales.  La  nomenclature  aura  à  faire  ressortir  ces  différences. 

Car,  bien  qu'en  général  le  système  trinaire  de  dénomination 
adopté  par  le  Congrès  de  Paris  suffise  pour  désigner  toutes  ces  for- 
mes, il  y  a  cependant  beaucoup  de  cas  où  il  sera  bon  d'indiquer 
avec  plus  de  précision  la  nature  de  leur  différence.  Or,  ceci  ne  peut 
se  faire  exclusivement  par  l'adjonction  de  var.  Il  faudra  encore 
avoir  recours  à  d'autres  abréviations,  telles  que  celles  qu'énu- 
mèrent  les  «  Regeln  »  :  aberr.,  monstr.,  var.  cuit.,  ou  st.,  auxquelles 
il  convient  d'ajouter  encore  sais,  pour  désigner  les  formes  du 
dimorphisme  de  saison.  Quand  il  s'agit  des  stades  de  développe- 
ment des  larves,  c'est  même  indispensable. 

On  ne  peut  même  qu'approuver  la  distinction  fondée  sur  les 
époques  d'apparition  de  ces  variétés  de  saison  et  indiquée  par  I,  II, 
etc.,  comme  le  proposent  les  «  Hules  »  anglaises;  bien  que  cela  ne 


80  M.  c.  i'ii:i'Ki«s 

puisse  p;is  s'nppliciiicr  ;iii\  forniPs  dos  irisions  tropicales.  Kii  outre, 
il  ne  p:ir;iil  pas  supeilhi  di'  distinguer  les  divers  groupes  d'espèces. 
Ces  groupes  se  composent  de  ces  espèces  dont,  en  raison  de  la 
communauté  d'origine,  la  ressemblance  saute  encore  aux  yeux  et 
les  dislingue  évidemment  des  autres.  Ce  sont  en  réalité  les  geures 
naturels,  lesquels,  les  systèmes  étant  souvent  basés  sur  des  carac- 
tères plus  artiliciels,  ne  concordent  pas  toujours  avec  les  genres 
généralement  reconnus.  Ce  sont  cependant  toujours  des  unités 
zoologiques  dont  l'étude  aura  souvent  à  tenir  compte. 

La  pratique  suivie  par  Wallace.  dans  son  célèbre  mémoire  sur  les 
Papilionides  indo-australiens,  de  désigner  ces  groupes  d'après  l'es- 
pèce la  plus  généraleuusnt  connue,  qui  en  fait  |)ai-lie,  mériterait 
également  d'être  recommandée. 


XVIIl 

Enfin,  il  semble  encore  à  désirei-  que  la  Commission  songea  revi- 
ser et  à  compléter  la  liste  des  abréviations  conventionnelles  des 
noms  d'auteurs,  adoptée  par  le  Congrès  de  Paris.  Celle-ci  n'étant, 
d'ailleurs,  pour  une  bonne  partie  qu'une  reproduction  delà  «  IJstr 
der  Aiitoren  zoologùchen  Art-  und  Gattnngsnamen  zusammenge- 
stellt  von  dm  Zoolor/en  îles  Mu-'^euma  f'iir  Naturhunde  in  Berlin  », 
laquelle  avait  déjà  vu  le  jour  à  Berlin  en  1888,  était  encore  fort 
incomplète.  Elle  a  été  suivie  d'une  autre  édition  de  cette  liste  alle- 
mande parue  en  189G  dans  la  même  ville,  notablement  augmentée, 
et  où  se  trouvent  corrigées  plusieurs  inexactitudes  de  la  liste  de 
Paris;  on  peut  la  considérer  comme  un  travail  parfaitement  réussi. 

Cependant,  elle  n'est  pas  encore  complète.  Comme  il  est  naturel, 
il  surgit  constamment  de  nouveaux  auteurs.  La  liste  a  donc  besoin 
d'être  de  nouveau  mise  à  jour.  Parmi  les  auteurs  cités  s'occupant 
de  Lépidoptérologie  dont  les  noms  manquent,  ou  peut  citer  entre 
autres  : 

W.  r.  c'est  à  dire  le  u  Systematisches  Verzeichnis  der  Sch  met  ter  linge 
der  Wiener  Gegend,  von  Denis  und  Schifîermùller,  1776.  »,  depuis 
longtemps  connu  en  lépidoptérologie  sous  le  nom  de  «  Wiener 
Verzeicitnis  »  et  cité  en  abrégé  comme  il  vient  d'être  dit  plus  baut. 

Toutefois,  les  règles  du  Congrès  de  Paris  semblent  rejeter  des 
abréviations  de  ce  genre;  le  §  9  des  «Regeln  »  allemandes  les  auto- 
rise seulement  quand  l'auteur  n'est  pas  connu.  11  semble  cependant 
que,  quand  l'usage  est  déjà  aucien,  comme  daus  le  cas  que  nous 
venons  de  citer,  on  peut  l'admettre  sans   inconvénient.  Mais  à 


RÉGLEMENTATION    DE   LA    NOMENCLATURE    ZOOLOGIQUE  87 

l'avenir,  on  fera  bien  d'y  renoncer,  sauf  dans  les  cas  nécessaires, 
visés  par  le  paragraphe  cité. 

Maiti  Mailland  a  été  le  premier  descripteur  entre  autres  du 
papillon  Hebomoia  Vossii.  Dès  l86o,  Snelleu  van  VoUenhoven  cite  ce 
nom  sous  cette  forme  abrégée. 

tiatchett,  c'est-à-dire  J.  Hatchett,  qui,  entre  autres,  dans  les  «  Eut. 
Transactions  »  en  1812,  a  le  premier  décrit  et  dénommé  le  Papillon 
Nonagria  geminipunctata. 

Fvesl.,  c'est-à-dire  Fiiesly,  à  qui  IWrcfia  (Invia  est  redevable  de 
sa  dénomination  scientifique. 

(îrosp-Smith,  premier  descripteur  de  plusieurs  Lépidoptères,  par 
exemple  du  Thestias  flacipennis. 

Certainement,  il  y  en  aura  encore  d'autres  ;  il  est  d'ailleurs  plus 
que  probable  que,  dans  les  autres  branches  de  la  Zoologie,  il  y  aura 
également  un  certain  nombre  de  noms  à  ajouter. 

Sur  ce  point  aussi,  la  Commission  pourra  faire  appel  à  la  colla- 
boration des  spécialistes. 


88 


LA     DISTRIBUTION     DES     OPHIDIENS     SUR     LE     GLOBE 


J.    PALACKY, 

Professeur  ;i   II  iiivtrsitc  de   l'raj^iie. 

Nous  allons  tjailer  de  la  distribulloii  des  Ophidiens  sur  le  globe 
sous  le  double  rapport  sysléniatique  (distribution  des  familles)  et 
géograplii(iue  (faunes  des  dillérents  pays).  Pour  éviter  des  répéti- 
tions, désagréables  lorsqu'il  s'agit  de  1600  espèces,  nous  nous 
occuperons  des  genres  dans  la  partie  systématique  et  des  espèces 
dans  la  partie  géographique.  On  verra  qu'il  existe  des  différences 
évidentes  avec  les  lois  de  distribution  des  autres  animaux.  Il  n'y  a 
pas  de  Serpents  arctiques  ou  antarctiques  ;  tous  vivent  dans  les 
contrées  tempérées  ou  chaudes.  Il  n'y  a  que  trois  familles  endémi- 
ques, toutes  paléotropiques  :  Uroplatides,  Homalopsides  et  Hydro- 
phides.  L'époque  actuelle  difïère  peu  des  temps  géologiques  quant 
aux  familles,  mais  il  n'y  a  pas  une  seule  espèce  et  très  peu  de 
genres  communs  aux  deux  hémisphères. 

Les  régions  sclatériennes  si  usuelles  sont  impossibles  ici  où  il 
n'y  a  pas  de  région  paléarctique  ou  néarclique.  Nous  avons  donc 
pris  les  continents  pour  base,  en  dépit  de  l'extrême  pauvreté  de 
l'Europe  ;  mais  ce  sera  plus  pratique  pour  le  géographe.  On 
pourrait  à  la  rigueur  maintenir  la  région  méditerranéenne,  mais 
l'est  et  l'ouest  diffèrent  si  profondément,  qu'il  vaut  mieux  la 
délaisser  entièrement.  La  région  néotropique  possède  de  même  au 
moins  trois  régions  très  différentes.  Le  lecteur  en  jugera  du  reste 
par  lui-même. 

L'Amérique  et  l'Asie  possèdent  environ  chacune  un  tiers  des 
espèces.  L'Afrique  (comme  le  Mexique  et  l'Amérique  centrale) 
possède  les  régions  les  plus  riches  relativement  à  l'étendue.  L'Inde 
transgangétique  est  plus  riche  que  le  Dekan.  L'hémisphère  austral 
et  en  particulier  l'.Australie  possèdent  le  plus  de  Serpents  venimeux  ; 
la  Tasmanie  n'en  a  pas  d'autres.  La  richesse  relative  de  l'Océanie 
occidentale  en  Boïdes  est  frappante. 

En  1896  Boulenger  comptait  1639  Serpents,  mais  décrits  sous 
7.335  noms,  encore  son  catalogue  n'est-il  pas  complet.  Il  lui  manque, 
par  exemple,  la  Lodia  tennis  Baird  et  Girard,  de  l'Orégon  ou  le 
Halsophis  (Dromicus)  Woodi  Cope,  des  Bahamas.  L'Erpétologie  i/éné- 


Encarter  page  88 


J.  PALACKV.  —  La  distribution  des  Ophidiens  sur  le  globe. 
ADDENDA     ET     ERRATA 


P.  90  et  suivantes.  —  Lire  toutes  les  altitudes  en  pieds  anglais  au  lieu  de  mtMres. 

P.  91.  —  llysia  au  lieu  de  Hysia. 

P.  92.  (ii).  —  Ti'opidonotvs  compte  deux  nouvelles  espèces  aux  Célèbes  :  cele- 

hicus  et  Sarasinorum . 
P.  93  (40).  —  Glyphoiycus  possède  une  seconde  espèce  au  Nyassa  (G.  Whilei). 

—  (47).  —  Stegonotus  compte  deux  nouvelles  espèces  à  la  Nouvelle  Guinée 

(S.  Giintheri  et  S.  reticukUus  Boulenger). 
P.  95  (78).  —  Ajouter  VÂporophis  corail ivot Iris  du  Paraguay. 

—  (86).  —  Ajouter  la  Coronella  [Oreophis]  Bouleiigeri  Dugèsde  Guanajuato. 

—  (91).  —  Ajouter  le  Simoles  an(/uUfer  de  Bornéo. 

—  (92).  —  Ajouter  VOligndon  Everetti  de  Bornéo. 

P.  96  (12Î).  —  Ajouter.')  Calamaria  :  hogorensis  et  oariabilis  de  Java,  lateralls 
de  Célèbes  (Sarrasin),  halueiisis  et  EveretU  de  Bornéo  (Houlenger). 

P.  9().  —  Nous  ne  savons  où  placer  Lepidognatlius  rugosus  et  Diadophis 
hipuacLaïus  de  Sumatra.  Nous  avons  donc  en  somme  15  Colubrines  de 
de  plus,  sans  compter  VAcheroglaend  cucuUalo  (près  Zaïnénis)  de 
Bolivie,  nouvellement  ajoutée. 

P.  98  (20).  —  Ajouter  Leptodira  Wenteri  de  l'Usambara. 

P.  100  (67).  —  Ajouter  Aparallactiis  niger  de  Sierra-Leone  et  A.  ubungiensis. 

P.  100.  —  Les  Elapides  comptent  deux  genres  nouveaux  :  Hornea  pulchella  ih^, 
l'Austi'alie  centrale  et  Toxicocalamus  loiigissintus  de  l'ilc  Woodlark 
(Nouvelle  Guinée). 

P.  101  (8).  —  Ajouter  Hoploceplialus  Stiriingi  de  l'Australie  centrale. 

—  (28).  —  Ajouter  Elaps  suntatranus  de  Sumatra  (coll.  Weber). 
P.  102  (5).  —  Ajouter  Leptognathus  Pralti  Medellin. 

P.  104.  —  Euboicus  au  lieu  de  enboicus. .. 

P.  105.  —  C.  levis  au  lieu  de  Rhinechis. 

P.  106.  —  Ajouter  à   la   distribution   géographique  :    Kamerun   57    (Werner)  ; 

Congo  43  (coll.  belge)  ;  le  Schiré  17  (Boulenger)  ;  au  Nyassa  22(Whyte)  ; 

coll.  Donald  son  Smith  17. 
P.  107.  —  Ajouter  :  le  Sahara  libyen  en  compte  deux  (coll.  Rohlfs)  :  Tele.-^copus 

obtusus  et  Viper  a  cérastes. 
P.  108.  —  Vbangensis  au  lieu  de  ubangencis. 
P.  109.  —  Thelnlornis  Kirtlandi  au  lieu  de  Thelotormis,  Kirllandi  ;  Miopis- 

thodon,  Geodipsus,  au  lieu  de  Micropislhodon  geodipsas;  Allvadiiia 

au  lieu  de  AUusdina. 
P.  110  (note  1).  —  Ajouter  :   Bornéo  110  ;    Malaisie    109   (Stanley   Smith),   49 

(coll.  Weber);  Célèbes  47  (8  endémiques,  14  Calamaria);  Caucase  21 

(dont  12  en  ïranscaucasie)  ;  Palawan  16;  Sumatra  81  ;  Java  82. 


1'.  m  (Viuno  1).  —  Pelius  herus  =■  /'.  Renardi. 

—  (I.  ")).  —  Sauroiuatrs,  Parreysi  au  lieu  de  Soromule!<  l'arrcysi. 

—  (I.  11).  —  Cyclophia  fa>>ciatus  (tic  Palosline)  -=  Coiilia. 

—  (I.  15).  —  2  Vipera  {ohlusa  et  cera!ite:<\. 

—  (1.  33).  —  r.  ibenis. 

P.  114.  —  Aspidura  au  lieu  di-  Asidnnt. 
P.  115  (1.  12).  —  8  en  Malaisit^ 

—  (1.  29).  —  Pseudo.rrnndon. 

P.  118  (I.  Oi.  —  TrnpidnriDlvs  [o.nd.  nuchalis,  etc."). 

p.  \\s,  —  A   |;i  Malaisir  ajouter  12  espères  :  .lava  78,  lîorneo  UT,  r.ciehos  IT. 

P.  11!)  (1.  3).  —  Awelhyslinus. 

P.  119.  —  19  Tropidonoius  au  lieu  de  17;  ~  Simoles  (dont  3  i-nd.  à  Hdrnco)  : 
8  Oligodon  (3  à  Bornéo)  ;  Calnmaria  :  13  à  Java,  %)  à  Honno  (dont 
14  end.),  4  à  Célèbes  ;  Helicopsoides  typicus  à  CélMxs. 

P.  120  (1.  ij).  —  23  espèces  endémiques  au  lieu  de  2i. 

—  (1.  6).  —  15  espèces  au  lieu  de  11. 

—  (1.  5  du  bas).  —  58  espèces  en  ajoutant  llorncd  pulcliella  ri  Hoplore- 

ptialus  Stirlingi. 
P.  121  (1.  7).  —  39  espèces  au  lieu  de  '.M't. 

—  (1.  8).  —  4  SLeyonotUs  au  lieu  de  2. 

—  (1.  9).  —  9  Elapides  en  ajoutant  Toxicocalanius. 

—  (1.  15  du  l)as).  —  A  Roluma  au  lieu  de  et  Hotuiua. 

—  (I.  7  du  bas).  —  Neelops  neocaledonicus  (douteux  d'apns  Vaillant). 

!'.  122  (1.  5).  —   Endémique  cl  27  espèces,    au    lieu   de  endemicuir   composé  de 
27  espèces, 
r-     (1.  26).  —  Ajouter  :  Paraguay  24  (Boliisj  ;  Trinidad  31. 

—  (1.  1  du  bas).  —  Grands  lacs  au  lieu  de  Grand  Lac. 
P.  123  (1.  7).  —  36  à  38  espèces  sont  communes. 

P.  125.  —  .\près  Maranon  ajouter  :  le  Chaco  argentin  est  néolropique  (Rerg). 


LA    IJISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE    GLOBE  89 

7'ale  de  Duméril  et  Bibrou  comptait  531  espèces,  Gray  et  Giinther 
{Cat.  Brit.  Mus.,  1858)  544;  Jan,  (laos  VElcnco,  789. 

Il  y  a  754  Colubrides  uoq  venimeux.  Les  Serpents  venimeux  (y 
compris  les  Opisthoglyphes)  comptent  617  espèces.  En  Europe 
septentriouale  ils  constituent  le  tiers  des  espèces  ;  en  Amérique  ils 
sont  211  sur  544,  mais  dans  l'Amérique  du  sud  il  eu  existe  130  sur 
266  (c'est  à  dire  presque  la  moitié]  ;  de  même  en  Afrique  oîi  il  y 
en  a  148  sur  331,  mais  en  Australie  ils  forment  les  deux  tiers  :  61 
sur  94. 

Comme  il  y  a  peu  de  Serpents  fossiles  (environ  une  cinquantaine) 
et  qu'on  ne  les  a  rencontrés  qu'eu  Europe  et  dans  l'Amérique  du 
nord,  il  n'est  pas  possible  de  tracer  leur  histoire  géologique.  Les 
plus  anciens  semblent  être  les  Typhlopides  et  les  Boïdes,  dont 
Boulenger  fait  dériver  les  autres.  Gela  nous  expliquerait  beaucoup 
d'énigmes  aujourd'hui  encore  indéchiffrables  :  par  exemple,  pour- 
quoi les  Serpents  manquent  à  la  Nouvelle  Zélande,  qui  ue  possède 
qu'un  Serpeut  de  mer,  et  jiounjuoi  ils  man(|uent  en  Irlande,  mais 
non  euDauemarU,  qui  out  également  souffert  de  l'époque  glaciaire. 
De  même,  nous  ne  pouvons  expliquer  la  présence  de  deux  Boïdes 
mouotypes,  endémiques  à  l'île  Round  (près  Maurice),  d'une  espèce 
endémique  à  l'île  Rollas  (Guinée),  etc. 


1°  Systématique 

I.  —  Typhlopides. 

Pour  des  raisons  géographiques  et  d'après  les  auteurs  antérieurs 
nous  y  joindrons  les  Glaiiconides  (Sténostomides)  qui  comptent  39 
espèces.  Boulengercompte  145  espèces  de  Typhlopideset  auparavant 
il  y  en  avait  200.  Mais  il  donne  17  synonymes  pour  Tifphlops  punc- 
tatus;,  13  pour  /'.  Ëschrichti  et  autant  pour  /'.  hraniinus.  Depuis,  il  a 
ajouté  T.  flnremis.  Il  y  a  5  genres:  Typhlops,  Glaucoiiia,  Helmintho- 
phis,  Typhlopis e\  Anoinalepis .llsHonttropicâux,  même  subtropicaux; 
ils  existent  là  où  il  n'y  a  pas  eu  d'époque  glaciaire,  uaturellement 
mortelle  pour  ces  êtres  sublerranéens,  sans  défense  contre  le  froid. 
La  frontière  sud  passe  par  la  République  Argentine,  l'Australie  et 
le  Cap  de  bonne  Espérance  ;  la  frontière  nord  passe  par  Gorfou,  la 
Crète,  Conslantinople,  le  Caucase,  l'Himalaya,  la  Chine,  le  Japon, 
la  Californie,  l'Arizona,  le  Texas,  la  Floride,  le  Sénégal  et  l'Egypte. 
Toutefois  si  SimoUophis  Rochehrunei  Sauvage,  de  la  craie  française 


5n  .1.     l'AI.ACK^ 

el  Oiloutomijphis  du  Ouen-y  leur  Jippaiiicnneiit.  ils  s'avançaient 
autrefois  |iliis  an  nord.  Ils  existent  dans  les  plus  petites  îles,  sont 
très  locaux  et  l'on  compte  à  peine  six  espèces  plus  largement 
répandues.  l/es|)èce  la  plus  répandue  est  Ti/phlopa  hratnùius  que 
l'on  rencontre  au  Japon,  en  Chine,  d.ins  l'Inde,  en  Malaisie,  eu 
Araliie.  à  .Madai^asrar,  aux  Comores  et  à  Maurice. 

Ils  fornieut  quatre  j^roupes  :  africain,  asiatique,  australien  et 
iiéotropique.  La  seule  espèce  européenne  est  éj^alemeot  asiatique. 
I/.\frique,  la  plus  riche,  possède  -i.S  espèces,  dont  ;{|  endémiques,  y 
compris  T.  hrainlmis  et  filnucoiiia  inacrorlujncha  de  la  Nubie,  répan- 
dues aussi  en  Mésopotamie.  Ils  manquent  en  Barbarie  et  dans  le 
Sahara.  L'Asie  possède 40 espèceseudémiquesdont  deux  communes 
avec  l'Afrique,  trois  avec  l'Australie  et  TOcéanie  et  T.  vrnnicularis 
avec  l'Europe  orientale  du  sud.  L'Inde  possède  16  espèces,  la 
Malaisie  11,  les  Philippines  6,  la  Chine  2,  la  Perse  1,  l'Arabie  'A, 
l'Asie  .Mineure  2  et  la  Palestine  2.  L'Australie  compte  2,0  espèces 
dont  22  endémiques  communes  avec  l'Océanie.  L'Amérique  en  a  23 
dont  9  Glauconia  et  6  Typhlops. 

IL  —  Boïdes. 

Bouleuger  n'en  compte  que  67  espèces  et  il  semble  peu  probable 
qu'on  puisse  en  trouver  plus.  Ils  appartiennent  aussi  à  la  région 
tropicale  et  ont  en  général  les  mêmes  lois  de  distribution  que  les 
Typblopides,  avec  cette  difïérence  qu'ils  s'avancent  jusque  dans 
rOrégon  et  manquent  en  Chine,  au  Japon,  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance, etc.  On  les  divise  eu  Pytiionidae  (20  espèces)  et  Boinae  (47). 
Les  premiers  habitent  l'Ancien  Monde  (à  l'exception  de  Lo.rocemus 
hicolor  du  Mexique)  et  les  seconds  sont  plutôt  néotropiques  (30  sur 
47j.  Eryx  jacuins  présente  à  peu  près  la  même  distribution  que 
Typhlops  oermicularis,  c'est-à-dire  qu'on  le  rencontre  en  Grèce,  en 
Asie  Mineure,  au  Touran  et  dans  les  steppes  de  la  Russie  méridio- 
nale. Eryx  Johnii  monte  au  Sikkim  jusqu'à  9  800  m.  Les  Boïdes 
sont  très  nombreux  aux  Antilles,  où  il  existe  une  différence  entre 
l'ouest  (Epicrates,  Ungalia)  et  l'est  {CoraUm,  Coa).  L'Amérique  du 
sud  ne  possède  que  II  espèces,  autant  que  l'Océanie;  la  Nouvelle- 
Guinée,  9;  l'Australie,  7.  L'Asie  compte  13  espèces,  dont  7  en 
Malaisie,  4  aux  Indes  et  A'/T/a;  e/ef/an.s  endémique  en  Afghanistan. 
L'Afrique  possède  12  espèces,  dont  6  pour  le  continent  (3  l'y  thon  et 
3  Eryx),  2  monotypes  endémiques  à  l'île  Round,  près  Maurice 
(Casarca  et  Bolieria),  et  2  Boa  et  1  Corallus  (d'affinité  néotropique)  à 
Madagascar. 


LA    DISTRIBUTION    DES   OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  91 

LesBoïdes  forment  aussi  la  majorité  des  Serpents  fossiles  connus  ; 
Zittelen  décrit  15  genres  et  23  espèces.  La  Nardoa  boa  de  la  Nouvelle 
Irlande  et  des  îles  du  duc  d'York,  vivait  pendant  le  Pléislocène  dans 
les  cavernes  de  l'Australie  (Nouvelles  Galles  du  sud).  A  la  même 
époque  le  Python  moluni>;  vivait,  comme  aujourd'hui,  dans  les 
cavernes  de  l'Inde.  Dès  TEocène,  l'Amérique  du  nord  possédait  H 
Boïdes:  Boaniis(3),  Uîliophis,  f.imnophis  (3),  TiLanopkis,  Aphelophn, 
Ogmoplus  et  Calamagras.  En  Europe,  il  y  en  avait  dix  pendant 
l'Eocène  et  l'Oligocène  :  Bolhrophis,  Scaphiophis,  Hetei'opython, 
Palpopythou ,   etc. 

m.  —  Tortricides. 

Il  en  existe  3  genres  et  7  espèces,  tous  indo-malais,  à  l'excep 
lion  de  VHtfsia  scytnir  (Guyane,  Brésil,  Pérou  du  Nord). 

IV.  —  Xénopeltides. 

Une    seule   espèce.    Xenopellis  nnlrolor,  monotype  indo-malais. 

V.  —  Uropeltides. 

C'est  une  petite  famille  endémique  dans  le  Dekan  et  à  Ceylan 
(7  genres  et  42  espèces,  dont  7  pour  Ceylan). 

VI.  —  Colubrides. 

Cette  énorme  famille  renferme,  d'après  Boulenger,  plus  des  deux 
tiers  de  tous  les  Serpents.  Cet  auteur,  en  effet,  y  joint  non  seule- 
ment les  Natricides,  les  Potamophilides,  les  Lycodontides,  les 
Calamarides,  les  Coronellides,  mais  encore  les  Psammophilides,  les 
Scytalides,  les  Dipsadides,  les  Dendrophilides,  les  Elapides,  les 
Homalopsides,  les  Hydrophides,  etc.  Il  la  divise  en  trois  tribus  : 
Aglyphes  (non  vénéneux),  Opisthoglyphes  et  Protéroglyphrs 
(vénéneux). 

Aglyphes 

Comprennent  718  espèces,  qu'il  divise  en  tro's  sous-ordres  : 
Acrochordides,  Colubrines  (plus  de  700  espèces)  et  Rachiodon 
(monotype). 

Acrochordides. 

Ferments  monotypes,  dont  4  asiatiques  (Acrochordus,  Chersydrus, 
Xenodermux,  Stolickaia)  et  un  américain  [Nothopns]. 


\)'2  j.   I'\l\(:kv 


COLUBHINKS 


Eli  y  compreiiiint  les  Nalricides,  les  Potamopliilides,  les  Calarna- 
rides,  les  Coroiiellides  et  les  Lycodoiitides,  ils  reuferment  117 
genres,  auxquels  Bouleniior  on  a  ajouté  lui-même  sept  autres.  Nous 
donnerous  seulement  une  courte  analyse  de  leur  dislrihutiou 
géojj^raphique,  en  renvoyant,  pour  le  reste,  à  la  seconde  partie  de  ce 
travail,  afin  de  ne  pas  nous  répéter. 

1.  l*()lyo(1ontoi)his  ('omple  12  espèces  :  (»  indo malaises,  3  au 
Mexique  et  dans  l'Amérique  centrale,  2  à  .Madagascar  et  1  à  Mayotte. 

2.  Drontlroilri/ns,  2  à  Madagascar. 

3.  Liophiiliuni  irilineatiim,  monotype  de  Madagascar. 

4.  Xenochrophis  cerasogaster,  monotype  indien. 

5.  Tropidonotria  comprend  78  espèces.  Il  est  à  peu  près  cosmo- 
polite ;  il  ne  manque  que  dans  l'Amérique  du  Sud.  l'Australie 
méridionale  et  l'Océanie  orientale  L'Asie  compte  46  espèces  (dont 
30  en  ludo-Malaisie),  le  Mexique  20,  l'Afrique  9,  Madagascar  4, 
l'Europe  3  et  l'Australie  2.  On  le  rencontre  juscju'aux  Louisiades, 
au  Lob-Nor,  au  lac  Baïkal,  au  lac  Winnipeg,  à  Cuba,  etc 

6.  Macropisthodon  (3),  genre  iudo-malais. 

7.  lAohelerodun  (=  Anomahulon,  2),  Madagascar. 

8.  Pseudoxenodon  (3),  genre  iudo-malais. 

9.  Contpsojihis  alhicenlrh  Moquard,  monotype  de  Madagascar. 

10.  Hdicops  compte  1  espèce  dans  l'Iode,  dans  l'Angola  et  9  en 
Amérique  (Floride et  Brésil). 

11 .  Hiidracthinps  mrlaiinf/duter,  monotype  de  l'Afrique  occidentale. 

12.  Tn-lanorhiiius  compte  2  espèces'  dans  l'Amérique  centrale  et 
1  à  Cuba. 

13.  Opisthofropis  comptu  2  espèces  en  Asie  (Houg-Kong,  Bornéo, 
Sumatra)  et  1  dans  l'Afrique  occidentale. 

14.  Ischiioguatinis  (7),  Canada,  Nouvelle- Ecosse,  Mexique  et 
Guatemala. 

15.  Ampliiardis  ijiornntus,  monotype  du  Texas. 

16.  Hahka  striaUila,  monotype  du  Texas  et  de  la  Floride. 

17.  Strcplophonis  (3),  Mexique,  Equateur,  Trinité. 

18.  Chersodromus  Lichmanni.  monotype  du  Mexique  et  du  Guate- 
mala. 

19.  Hydraldabe^  (2).  Bornéo. 

20.  Trachischium(6),  Himalaya,  monts  Kliasia,  Naga. 

21.  Rhdhdops,  1  espèce  au  Dekan  et  l'autre  au  Yunnan,  en  Assam 
et  dans  les  monts  Khasia. 


LA    DISTKIBUTION    DES    OPHFDIKNS    SUR    LE    GLUBE  93 

22.  Plagiopholis  Rlakrimi/i,  monotype  du  pays  des  Sliaii. 

23.  Trichinopholis  nuclialis:,  monotype  des  monts  Khasia. 

24.  Oxyrhahdium  (3),  Philippines. 

25.  Xiflophis  (2),  Dekan. 

26.  Brachyorrhos  alhiis,  monotype  de  .Java  et  Sumatra. 

27.  Achalinus,  2  espèces  en  Chine  et  1  au  Japon. 

28.  Aspidura  (4),  Ceyian. 

29.  Blythia  reticulaîa,  monotype  des  monts  Khasia. 

30.  Pseudoxyrkopus  (7),  Madagascar. 

31 .  Lycognathopsis.  monotype  des  Séchelles. 

32.  Ablabophis,  monotype  de  l'Afrique  méridionale. 

33.  Tetralepis  Frulistorferi,  monotype  de  Java. 

34.  Lamprophis  (4),  Afrique  méridionale. 

35.  Mlcropixthodon  ochmceuK,  monotype  de  Nossi-Bé. 

36.  Goniovotophis  (4),  Afrique  occidentale. 

37.  BothwphthalmuK  lineatus,  monotype  de  la  Guinée. 

38.  Bothrolynis  ater,  monotype  du  Kameroun. 

39.  Cycloconis  lineatus,  monotype  des  Philippines. 

40.  Cflyphotycus  bicolor ,  monotype  de  l'Afrique  centrale  (lac 
Tanganyika). 

41.  Boodnn  (9),  du  Sénégal  et  de  l'Abyssinie  jusqu'au  Cap  de 
Bonne-Espérance  et  aux  Séchelles. 

42.  Lycophidium  (H),  Afrique  tropicale. 

43.  Hormonotus  modestus,  monotype  de  l'Afrique  occidentale. 

44.  Simocephalm  (7),  Guinée  et  Cap  de  Bonne-Espérance. 

45.  Lycodon  (15),  Asie  tropicale  depuis  la  Chine  jusqu'au  détroit 
de  Flores  et  à  Ceyian. 

46.  Dinodon  (=  Ophites  auct.,  5),  Chine,  Japon,  Himalaya,  Corée, 
îles  Liukiu,  Formose. 

47.  Stegonotus  (1),  Nouvelle-Guinée,  Australie,  îles  du  duc 
d'York. 

48.  Dryocalamas  (8),  indo-malais  i Ceyian,  Bornéo,  Cochinchine). 

49.  Pseiidaspis  cana  (=  Cornnclla  chez  Duméril  et  Bibron,  Gûn- 
ther  et  Janj,  monotype  de  l'Angola. 

50.  Zao('î/.ç(6),genre  indo-malais s'étendant  jusqu'aux  Philippines. 

51.  Zamenis  (34)  compte  18  synonymes.  L'Asie  renferme  17 
espèces,  dont  11  pour  les  steppes  de  l'ouest.  L'Afrique  en  compte 
11,  dont  7  endémiques:  2  en  Egypte,  2  dans  le  pays  de  Somalis,  1  à 
Sokotra,  1  au  Sénégal  et  1  dans  les  pays  Berbères.  En  Amérique,  il 
existe  au  Mexique  9  espèces  qui  rayonnent  jusqu'au  Delavvare, 
dans  l'Orégon  et  au  Guatemala.  Enfin  l'Europe  héberge  2  espèces, 


94  .1.    PALACKV 

dont   l'une   i'/..   grniovetials]   commune  avec   l'Asie  occideutjilc  et 
l'aulre  (/.  hippocrrpis)  commune  avec  l'Afrique  septentrionale. 

52.  lAftorlu/nchus  comj)le  2.  espèces  en  Amérique  (Basse  Oalifoinie 
et  .\ri/(>na)  et  3  en  Asie  occidentale,  dont  l'une  (/..  dimivmn)  s'étend 
jusqu'en  Alj^érie. 

53.  Xenelapliis  hcragonatus.  monotype  indo-malais. 

5'jr.  nn/ntobius  (8),  genre  néolropique  s'étendant  du  Texas  au 
Paraguay. 

55.  Phrynonax  (7),  également  néotropique. 

56.  Spilotex  ])ullniiis.  monolypeaméricain  ((iuyane,  Brésil,  Pérou). 

57.  Colnber  (45),  compte  33  synonymes  dans  Boulenger.  Ce  genre 
vit  surtout  dans  les  régions  tempérées  du  nord.  Des  16  espèces 
américaines,  il  y  eu  a  3  au  Mexique  et  dans  l'Amérique  centrale, 
8  aux  Etats-Unis  et  2  au  Brésil.  L'Asie  et  l'Europe  ont  29  espèces 
communes,  dont  5  endémiques:  C.  scalaria  (occident),  C.  leopar- 
(liiius  (Asie  mineure),  ('.  .Esculapii,  C.  quatitorlineafus  (Trans- 
caucasie)  et  C.  dione  (Bussie  et  Japon).  C.  Jaribeni  est  endémique 
à  Celebes  ;  C.  subradiatus  s'étend  jusqu'au  détroit  de  Frores.  L'Asie 
septentrionale  compte  10  espèces,  mais  on  n'en  rencontre  pas  en 
Afrique. 

58.  Synchnlinus  (2),  Buenos-Aires  et  Costa-Bica. 

59.  Goniophis,  monotype  de  Bornéo  et  de  Singapoore. 

60.  Hcrpctodryas  (5),  genre  néotropique  vivant  aux  petites 
Antilles  et  en  Amérique  centrale  (3)  et  s'étendant  jusqu'au  Para- 
guay (2). 

61.  Dendrophis  (10)  genre  indo-malais  :  îles  Peiew,  îles  Salomon, 
Australie  septentrionale,  Philippines,  Louisiades,  îles  du  duc 
d'York,  Ceylan,  Nouvelle-Guinée. 

62.  Dendrdaphu  (6),  Ceylan,  Philippines,  Nouvelle-Guinée. 

63.  Chiorophis  (9-10),  s'étend  de  Khartoum  jusqu'au  Garip,  en 
Gambie  et  même  jusqu'aux  îles  Bissao. 

64.  Philothamnus  (5),  du  Cap  de  Bonne-Espérance  jusqu'en  Gam- 
bie et  au  Tanganîka,  plus  une  espèce  dans  l'île  ïhomé  et  une  dans 
l'Annobon. 

65.  Gastropy.ris  (smaragdina),  monotype  du  Congo. 

66.  lihamnophia  (2)  dont  une  dans  l'Afrique  orientale  et  une  au 
Gabon. 

67.  Hapsidophrys  {lineatvs),  monotype  de  l'Afrique  occidentale. 

68.  Thrasops  [flavignlaris),  monotype  de  l'Afrique  occidentale. 
60.   A.ep?op/ïi6' (14),  huit  dans  l'Amérique  centraleet  six  à  Costa-Rica 

doul  troiss'élendeut  jns(|u'an  Paraguay, au  Guyarfuil  et  au  Mexique. 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  93 

70.  Uromaces  (3),  Saiut-Domingue. 

71.  Hypsirhynchus  (ferox),  monotype  de  Saint-Domiugue. 

72.  Dromicus  (9),  Antilles,  Bahamas,  Galapagos,  Pérou  et  Chili. 

73.  Liophis  (M),  surtout  dans  l'Amérique  du  sud  et  les  Antilles. 

74.  Cyclac/ran,  monotype  du  Brésil,  de  la  Bolivie  et  de  l'Argentine. 

75.  Xenodon  (6),  du  Mexique  au  Paraguay  et  au  Guyaquil. 

76.  Lystrophis  (3)  du  Brésil  au  Chili  et  au  nord  de  la  Patagonie. 

77.  Héterodon,  sud  des  Etats-Unis;  une  espèce  (nasicus)  pénètre 
dans  le  nord  du  Mexique. 

78.  Aporopliis  (o),  de  la  Guyane  à  l'Argentine. 

79.  Rhadinea  {±'fi),  néotropique  ;  16  espèces  dans  l'Amérique  du 
Sud,  3  au  Mexique,  6  dans  l'Amérique  centrale  ;  pénètre  jusqu'au 
Chili. 

80.  Uiolheca  (3),  de  Cuba  et  du  Mexique  au  Brésil. 

81.  Trimclopon  (2),  Costa-Rica. 

82.  Hydromorphfis  [conaAor],  monotype  de  Costa-Hica. 

83.  Dunades  {'2)  dont  une  en  Bolivie  et  une  au  Brésil  et  en  Guyane. 

84.  Hydix)ps  (2),  Brésil,  Guyane,  Pérou. 

83    Sympholis  {lippiens),  monotype  de  Guadalajara. 

86.  Coî'unella  (12  synonymes  et  19  espèces),  dont  12  pour  le 
nord  de  l'Amérique,  3  pour  l'Afrique  tropicale,  2  pour  l'Asie  et  2 
pour  l'Europe. 

87.  Drepavodon  (2),  vallées  du  Maraùon  et  du  Magdalena. 

88 .  Hijpsiglena  (6),  du  Texas  et  de  la  Californie  jusqu'au  Venezuela. 

89.  Rhinocheilus(d),  dont  deux  au  Mexique  et  une  au  Venezuela. 

90.  Ceinaphoraycocciiien),  n\onolY[>ti  delà  Caroline  et  de  la  Floride. 

91.  Simotes  (22),  genre  indo-malais:  Chine,  Ceylan,  Timorlaut, 
Nicobares  et  Philippines. 

92.  OUgodon  (20),  genre  iudo  malais  dont  une  espèce  {metano- 
ccphalum)  vit  en  Syrie  et  Palestine,  au  Sinaï  et  en  Egypte. 

93.  Leptocalamus  (3),  Mexique  et  Amérique  centrale. 

94.  Arrhyton  (3),  Cuba. 

93.  Simophis  (1),  dont  une  au  Paraguay  et  une  au  Brésil. 

96.  Scaphiophu  {albopiinctatits),  monotype  de  l'Abyssinie,  de  la 
Guinée  et  du  Congo. 

97.  Contia  (22  synonymes  et  21  espèces)  dont  13  pour  l'Amérique 
et  8  pour  l'Asie  occidentale.  L'espèce  la  plus  intéressante  est  6'. 
collaris  qui  vit  à  Constantinople,  en  Asie  mineure,  en  Syrie,  en 
Mésopotamie,  dans  le  Caucase  et  la  Palestine  du  nord.  L'Amérique 
fournit  3  espèces  au  Mexique,  3  au  Texas,  1  à  Vancouver,  1  en  Cali- 
fornie et  1  à  Costa-Rica. 


96  .1.    PALACKV 

1)S.    Ficiniit  (.'{),  Mexique,  Texas  et  Arizona. 
1)9.   Siffinphimus  {leuatstoiiiftK),  moiiolypedii  .\Ie.\i(|iie. 
10(1.   l'Iiiliniienw-us  (2),  dont  uue  pour  le  nord-est  du  Me.xitjue  et 
une  dans  la  Nevada  et  lArizoua. 

lui.   llomulosonia  (4),  Afrique  orientale  de  l'Abyssinie  au  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

102.  AblnhcK  (10  synonynu's  et  14  espèces),  Chine,  Japon,  Inde, 
Malaisie,  Ceyian,  îles  Nicobar  et  iles  Liu-Kiu. 

103.  Grayta  (3)  dont  2  au  Congo  et  une  au  Tanganyika. 

104.  Xi'tiufophis  {Civsar),  jnonotype  de  l'Usambara. 

105.  Oli(/olepis  (ttiacrops),  nionotype  de  l'Usambara. 

lOH.    Virginia  (2),  Etats-Unis  (Maryland,  Illinois  et  Texas). 

107.  Abastor  {erytkrograniinns).  monotype  du   Mississipi   et  de 
la  Floride. 

108.  Farancia  (abacura),  monotype  de  la  même  région. 

109.  Fetnlo(/n(i thiis  {nehu laf us) ,  inono\\ pa  du. Mexique  et  du  Brésil. 

110.  Tropidodipsas  (6).  Mexique  et  Amérique  centrale. 

111.  Diroseina  (4),  mêmes  contrées. 

112.  Attraclus  (24)  dont  19  dans  l'Amérique  du  sud,  4 au  Mexique 
et  1  dans  l'Amérique  centrale. 

113.  (jcophis  (13),  dont  7  au  Mexique,  5  dans  l'Amérique  centrale 
et  1  au  Brésil. 

114.  Agrophis  {sarrasinorum),  monotype  de  Celebes. 

115.  Carpophis  (2),  Etals-Unis  (Massachussets,  Illinois,  Pensyl 
vanie). 

116.  Stilosema  [extenuatum),  monotype  de  la  Floride. 

117.  Geagras  {redimitus),  monotype  du  Mexique. 

118.  Macrocalamua  {lateralis),  monotype  des  Molluques. 

119.  Idiopholis  {colla ris),  monotype  de  Bornéo. 

120.  Rabdophidium  {Forslenl),  monotype  de  Celebes. 

121.  Pseudorhabdiuni  (2),  Malacca  et  Celebes. 

122.  Calamaria  (38),  dont  18  à  Bornéo,  11  à  Java,  4  aux  Philip- 
pines, 3  à  Celebes  et  2  dans  l'Inde. 

123.  Tgphlogeopliis  (brevis),  monoty|)e  des  Philippines. 
Boulenger  ne  sait  où  placer  :  Amaslridium  de  Colombie  et  A)w 

plophalius  maculatus  de  Taïti. 

Rachiodon 

124.  Dasypeltis  {scalier),  monotype  africain  s'étendant  du  Sen- 
naar  et  de  la  Guinée  jusqu'au  Cap  de  Bonne-Espérance. 


LA   DISTRIBUTION    DES    Ol'HIDIENS    SUH    LE    GLOBE  'J7 

Opisthoglyphes. 

Colubrides  vénéneux  à  dent  postérieure  perforée.  Boulenger  les 
divise  eu  trois  sous  ordres  :  Homalopsiués;  Dipsadides;  £/ac/iîs- 
todoii  (monotype). 

HOMALOPSINÉS. 

Giinther  et  Jan  les  placent  près  des  Tropidonotus  ;  Cope  y  joint 
des  Colubrides  et  des  Tropidonotides  et  en  compte  29  genres.  Bou- 
lenger coin|)te  10  genres  (dont  8  monotypes)  et  26  espères.  Elles 
sont  indo-malaises  ;  elles  occupent  surtout  l'Inde  transgangé- 
tique  (16),  d'où  elles  rayonnent  en  Malaisie  (10),  dans  l'Inde  anté- 
rieure (o),  à  Ceylan  (3),  eu  Chine  (6),  en  Australie  (4),  aux  Philip- 
pines (2),  en  Nouvelle  Guinée  (3)  et  aux  îles  Nicobar  (1). 

1.  Hypsirhina  (15),  indo-malais;  s'étend  jusqu'en  Chine  et  en 
Australie. 

2.  Homalopsis  {buccata),  monotype  indo-malais  :  Bengale,  Bor- 
néo, Cambodge. 

3.  Cerberus  (3),  une  espèce  aux  Philippines,  une  en  Australie  et 
la  dernière  répandue  de  Ceylan  au  Ceram  et  aux  Iles  Péleu. 

4.  Eurostus  [Dussumieri),  monotype  du  Bengale. 

5.  Myron  [liichafdsoni),  monotype  de  l'Australie. 

6.  Gcrardia  [Prcwsiiana),  Inde  et  Ceylan. 

7.  Fordonia  (leucobalia),  s'étend  du  Bengale  jusqu'en  Australie, 
eu  Nouvelle-Guinée,  eu  Cochinchine,  aux  îles  Nicobar. 

8.  Cantoria  (violacea),  Birmanie,  Singapore  et  Bornéo. 

9.  Hypistes  {hydriuus),  Bangkok,  Pinaug. 

10.  flerpeton  (tentaculalum),  Siam  et  Cochinchine. 

DiFSADIDES. 

Boulenger  les  nomme  Dipsadomorphinées  et  range  Dipsas  parmi 
les  Amblycéphalidées.  Mais  il  vaudrait  peut-être  mieux  débaptiser 
un  genre  qu'une  famille  de  68  genres. 

1.  Geodipsas  (2),  Madagascar. 

2.  Hologerrhum  (philipijinum),  monotype  des  Philippines. 

3.  Ithycyphus  (2),  Madagascar  et  Comores. 

4.  Lanijahd  (3j,  Madagascar. 

5.  Alluaudina  (Bellyi),  monotype  de  Madagascar. 

6.  Ueterûdipsas  (colubriiia) ,  monotype  de  Madagascar  et  de 
Bourbon. 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  18'J8.  xi.   -  7. 


98  .1.   l'ALACKV 

7.  Sletwphis  (5),  Madagascar. 

8.  Heternrus  (3),  Madagascar. 

9.  I.ycotlnjas  (Johannis),  monutype  endémique  de  l'Aujuan 
(Coinoies). 

10.  l*i/thoiio<Ui)sai>  (carinala),  monotype  de  l'Afriijue  méridiouale. 

11.  Ditifpophis  {viv(ix),  mouotype  de  Socotra. 

12.  Tarhophis  (8)  existe  surtout  eu  Afrique  (5  espèces,  dont  3  endé- 
miques) où  il  s'étend  jusqu'au  Zanzibar,  mais  une  espèce  (rhino 
poma)  vit  en  Perse  et  au  Sind,  et  Boulenger  dédouble  le  T.  vivax  en 
T.  iberus  du  Caucase  et  7'.  faUa.r  de  la  Méditerranée  (de  Trieste  à 
l'Asie  Mineure).  T.  Guntheri,  de  l'Afrique  orientale,  existe  aussi  en 
Arabie,  de  même  que  T.Savùjnyi  de  l'Egypte  vit  aussi  en  Palestine. 

Viennent  ensuite  3  genres  néotropiques  : 

13.  Trimorphoilon  (4),  Mexique  (3)  et  Amérique  centrale  (1). 

14.  Lycognathus  (2),  Brésil,  Guyane,  Bolivie,  Trinidad. 

15.  Tiimpanurgos  (compressus),  monotype  de  la  Guyane,  de  la 
Bolivie  et  du  Brésil. 

16.  Dipsas  (22  24) ;  ce  grand  genre  est  surtout  indo  malais  (H). 
Il  s'étend  jusque  dans  l'Afghanistan  et  le  Belutschistan  (1).  On  le 
rencontre  aux  Philippines  (4),  aux  Moluques(l),en  Nouvelle  Guinée, 
aux  Louisiades,  aux  îles  Salomon  et  du  duc  d'York,  en  Australie  (2) 
et  en  Afrique  (2):  pukerulcnta  à  Fernando-Po  et  Blaiidingi  au  Sénégal, 
au  Gabon  et  au  Zanzibar. 

17.  Dipsadobua  (unicolor),  monotype  de  l'Afrique  occidentale. 

18.  Hhinobotryum  {lenîiginosiim),  monotype  de  la  Guyane,  de  la 
Colombie  et  du  Pérou. 

19.  Himantodes{l),  Amérique  centrale  (4)  et  Mexique  d'où  H.  cen- 
choa  s'étend  jusqu'en  Bolivie. 

20.  I.eptodira  (10)  est  surtout  uéolropique  (8)  ;  Amérique  du  Sud 
(2),  Texas  (1),  Amérique  centrale  (3),  Mexique  (5),  Afrique  jnéri- 
dionale  (2). 

21.  Chamaetortus  {aulicus),  monotype  de  l'Afrique  tropicale  (Zam- 
bèse,  Tanganyîka), 

22.  Oxyrhopus  (17)  possède  toutes  ses  espèces  dans  l'Amérique 
du  Sud,  mais  on  le  rencontre  encore  aux  Antilles(l),  au  Mexique  (2) 
et  à  Panama  (1). 

23.  Hhinostoma  (2),  Amérique  du  Sud. 

24.  Thamnodynastes  (2),  Amérique  du  Sud. 

25.  Tachyinenis,  Pérou  (2),  Bolivie  et  Chili  (1). 

26.  Hemirhagerhis  [Kelleri],  monotype  de  l'Afrique  orientale 
(Somalis,  Mombasa,  Uganda,  Ki-Kuyu). 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE    GLOBE  99 

27.  Manolepis  {Putnami),  monotype  du  Mexique. 

28.  Tomodon  (2),  Brésil  et  République  Argentine. 

29.  Conopkis  (3),  Mexique  (2),  Amérique  centrale  (1)  et  Brésil  (1). 

30.  Amplorhinns  (2)  ou  Psammophylax  des  auteurs  ;  Afrique 
méridionale. 

31.  Philodnjas  {{i  syaonymes),  Amérique  méridionale  (13)  jus- 
qu'en Patagonie  et  au  Chili. 

32.  Jaltris  (((orsalis),  monotype  de  Saint-Domingue. 

33.  Triinerorhimis  (3)  ou  Psummophylax  des  auteurs,  vit  dans 
l'Afrique  tropicale. 

34.  Cœlopeltis  (2)  :  monospessalanus  de  la  Méditerranée  (Espague, 
Caucase,  Chiraz,  Barbarie,  Egypte,  Chypre)  et  nwilensis  (Sahara, 
Egypte,  Nubie,  Arabie  méridionale,  Buchire). 

35.  Haniphlopkis  (5).  Afrique  tropicale. 

36.  Drotuophis  (2),  Zanzibar  et  Guinée. 

37.  Taplirometopon  (lineolatus),  monotype  de  la  Sibérie  occiden- 
tale, du  Touran  et  de  l'Afghanistan. 

38.  PsaDiniophis  (17),  genre  déserticole  surtout  africain  (13). 
L'Inde  compte  4  espèces  et  deux  espèces  séparées  par  Boulenger  du 
P.  sihilans  {P.  Sckokari  et  P.  punctatus)  pénètreut  de  l'Afrique 
septentriouale  dans  l'Asie  occidentale. 

39.  Mimophis  (inahfali'iisis),  monotype  de  Madagascar. 

40.  Psaunnodynastcs  (2),  genre  indo-malais  s'éteudant  de  l'Hima- 
laya jusqu'à  Flores  et  aux  Philippines. 

41.  Macroproiodun  {cucnllatus),  monotype  d'Espagne,  des  Baléares 
et  de  l'Afrique  septentrionale. 

42.  Dryopht!<  (8),  genre  indo-malais  :  Ceylan,  Ternate,  Bornéo, 
Philippines. 

43.  Thelotonùs  {Kirtlandi},  monotype  de  l'Afrique  tropicale  (Gui- 
née et  Cafrerie). 

44.  Bucephains  (typus),  monotype  africain. 

45.  Oxybelis  (4),  genre  néotropique  s'éteudant  du  Mexique  au 
Brésil  et  au  Pérou. 

46.  Dryophiops  (2),  Inde  transgangétique,  Malaisie  et  Philippines. 

47.  Chnjsupclcia  (3),  genre  iodo-malais  :  Chine,  Ceylan,  Ceram. 

48.  Erythrolamprim  (9),  Mexique  (6)  et  Amérique  centrale  :  E. 
imperialis  pénètre  jusqu'au  Texas  ;  E.  droiniciformia  jusqu'à  Guaya- 
quil  et  E.  ^EsculapL  du  Mexique  et  des  Antilles  jusqu'au  Brésil  et  eu 
Bolivie. 

49.  Hydroealamus  {quinquecittatus),  monotype  du  Mexique  et  du 
Guateuiala. 


100  .1.    PAl.ACKV 

fiO.  Srolcrojihis  (3),  Mexitiue  [2)  et  (îuiileinala  (I). 
")1.  Huinalocnniiuin  (23),  Aiiit-rique  centrale  (12),   Mexique  (8), 
Amérique  iiiéridiouale  (3)  et  Etats-Unis  (3). 

52.  Oiiinins  (anitns),  inonolype  du  Mexicinc. 

53.  Steiwrhiiia  (Degcnhardti),  nijuotype  s'éleutiaul  du  Mexique  à 
l'Equateur. 

ai.  Xi'tiopholis  (si'al<tri.s),  monotype  de  l'Amérique  méridionale  : 
Equateur,  Brésil,  Bolivie. 

55.  Apostolepis,  Amérique  méridionale. 

56.  ElnpoiiioJHs  {iliniidifilns),  monotype  du  Brésil. 

57.  El(ip<jin(nphH!i  (7),  Auiéri((ue  du  Sud,  Guyane  et  République 
Argentine. 

Les  autres  Dipsadides  sont  africains  : 

58.  Ambhjodipsas  {Diicrophlhalmus),  monotype  du  Mozaml)ique. 

59.  Calamelaps  (3j,  Cafrerie,  Nyassa  et  Afrique  occidentale  tropi- 
cale. 

60.  libinocalamus  {dimidiatus),  monotype  de  l'Ugogo. 

61.  Xenocalamus  (2),  Congo  (1)  et  Zambèse  (1). 

62.  Micrelaps  (2),  wSomalis  (1)  et  Palestine  (1). 

63.  Miodon  (4),  Afrique  occidentale. 

64.  Polemon  {Bartlii),  monotype  de  Guinée. 

65.  Brachiophu  [Revoili],  monotype  du  pays  des  Somalis. 

66.  Macrclaps  (microhpidotas),  monotype  du  Natal. 

67.  Aparallactus  (16),  genre  africain  :  Kameroun,  Sierra-Leone, 
Lado,  Guinée,  Cap  de  Bonne-Espérance. 

68.  Elapops(modestus},  monotype  africain: Guinée, Congo, Uganda. 

Elaschistodon 
Elasclnstodon  [WesternuDun),  monotype  du  Bengale. 

Proteroglyphes 

Serpents  franchement  vénéneux  qui  se  divisent  en  :  Elapides, 
Amblycépiialides,  Vipérides,  Crotalides  et  Hydrophides.lls  forment 
57  genres  et  334  espèces.  Boulenger  les  a  placés  dans  un  ordre  diflé- 
rent  :  il  considère  les  Elapides  commo  les  deruiei's  des  Colubrides 
et  réunit  les  Hydropliides  aux  Vipérides  et  aux  Crotalides. 

Elapides 

(29  {genres  et  138  espèces) 

Us  existent  surtout  dans  rhémisphère  austral  (Australie  et  Amé 
rique  du  Sudj. 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE    OLOBE  101 

1.  Ogmodon  {citvinus),  mouotype  des  îles  Viti. 

2.  Glyphodon  (tristls),  mouotype  de  l'Australie  et  de  la  Nouvelle- 
Guinée. 

3.  Pseudelaps  (S)  \H  eu  Australie;  uue  seule  espèce  {P.  Mûlleri) 
se  rencontre  en  Nouvelle-Guinée,  aux  Moluques,  aux  îles  du  duc 
d'York  et  en  Nouvelle-Bretagne. 

4.  Diemenia  (7),  Australie,  Nouvelle-Guinée  et  île  de  Norfolk. 

5.  Psendechù  (8),  Australie  et  Nouvelle-Guinée. 

6.  Denisonia  (21),  le  genre  le  plus  nombreux  en  Australie  ;  3 
espèces  sont  endémiques  aux  îles  Salomon. 

7.  Micropeclits  (2),  une  espèce  aux  îles  Salomon  et  l'autre  eu 
Nouvelle  Guinée. 

8.  Iloplocephaius  (3),  Australie. 

9.  Tropidechis  (carlnatus),  monotype  de  l'Australie  orientale. 

10.  Notechis  (scutatux),  monotype  d'Australie  et  de  Tasinanie. 

11.  Uhinhoplocephaliis  (hicolor),  monotype  de  l'Australie. 

12.  Brachyaspis  {curta),  monotype  de  l'Australie. 

13.  Acantoijhis  [antarcticus) ,  de  l'Australie  et  de  la  Nouvelle- 
Guinée  jusqu'au  Céram. 

14.  Elapognalhus  ininor  (monotype  de  l'Australie  occidentale). 

15.  Boulengeriva  {Stonnsi),  monotype  du  Tanganyika. 

16.  Ëlapechis  (8),  Afrique  tropicale  (Guinée  et  Cafrerie). 

17.  Rhynchelaps  (4),  Australie. 

18.  Bunyarus  (6),  genre  indoinalaisien  :  Chine,  Ceylan,  Malaisie. 

19.  Naja(iO},  Afrique  (7)  et  Asie  (4).  Le  Naja  haje,  ou  Serpent  des 
charmeurs,  existe  au  Maroc,  au  Mozambique  et  dans  le  sud  de  la 
Palestine. 

20.  Sepedon  [hœmachates),  monotype  de  l'Afrique  méridionale. 

21.  Aspidelaps  (2),  Afrique  méridionale. 

22.  Walterinnesia  {eyyptia),  trouvée  seulement  au  Caire. 

23.  Hemibungarus  (4),  Inde  ^1),  Japon  et  îles  Liu-Kiu  (1),  Philip- 
pines (2). 

24.  Callophis  (5),  Inde,  Chine  et  Malaisie. 

25.  Doliophis  (4),  Philippines  et  Malaisie. 

26.  Furina  (3),  Australie. 

27.  Homorelaps  (2),  Afrique  méridionale. 

28.  Elaps  (28),  genre  néotropique  habitant  surtout  l'Amérique  du 
Sud  (24).  Se  rencontre  aussi  au  Mexique  et  dans  l'Amérique  cen- 
trale (2)  et  aux  Antilles  (2). 

29.  Dendrdspis  (4),  Afrique  tropicale  du  Sénégal  à  la  Cafrerie. 


I(>2  J.   l'ALACK^ 

A.MBLVtÉPHALIDES 
(;>  genres  et  34  espères) 

Us  vivent  (J;ms  les  reliions  m'Otrophinc  <M  iiido  iii.ilaiso  ;  iiii 
seul  ^"^enre  est  coimiiuii  aux  deux. 

1.  Pseii(loi)(tr('as(i),  Pérou  (P.  (ilupicuti)  ttl  llong-Konfjj  (/'.  rdyus). 

2.  Hoplopcllnra  (hoa),  inouotype  de  Pénaiig,  Moluques  et  des 
Fliilippiues. 

3.  Amhlyccphakis  (9),  vit  daus  l'iude  Iransgaugétique  d'où  il  se 
répand  en  Chine,  en  Malaisie,  aux  îles  Mcobar  et  dans  l'Hiinalaya. 

4.  Dipsan  {hucephala),  monotype  de  l'Amérique  du  Sud  (Guyane, 
Bolivie,  Brésil,  Pérou,  Equateur). 

0.  Leptognatlnis  {'H)),  Amérique  du  Sud  (1),  Amérique  centrale  (9) 
et  Mexique  (4). 

VlPÉRIDES 
(î)  genres  et  ^'.i  espèces) 

Ce  sont  des  formes  de  l'Ancien-Monde  ;  ils  manquent  à  Mada- 
gascar et  en  Australie.  Ils  sont  surtout  nombreux  en  Afrique  où 
l'on  compte  7  genres  et  32  es|)èces.  dont  5  genres  et  27  espèces 
endémiques;  ils  existent  égalenient  dans  l'Asie  occidentale  et  en 
Europe.  Celte  dernière,  d'après  Boulenger,  hébergerait  7  espèces. 

1.  Cnusus  (4),  Sennaar  et  Cap  de  Bonne-Espérance. 

2.  Azemiops  {fcae),  monotype  endémique  de  Birmanie. 

3.  Vipera  (10).  V.  Renardi  habite  le  nord  de  la  Russie  ;  V.  herus, 
l'Europe  septentrionale  et  la  Sibérie;  V.  L'rsini,  le  sud-ouest  de 
l'Europe  (France,  Italie,  Hongrie,  Bosnie)  ;  V.  aspis,  la  France  et  la 
Sibérie;  V.  Latastei,  l'Espagne  et  la  Barbarie;  \ .  annnodytes,  les 
Alpes  méridionales,  la  Grèce,  la  Turquie,  l'Asie  Mineure,  la  Syrie 
et  la  ïranscaucasie  ;  V.  liaddei,  l'Arménie  ;  V.  lehetina,  de  Barbarie 
et  d'Asie  Mineure  jusqu'en  Perse  et  au  Beloutschistan  ;  V.  Rukselli, 
à  Ceylan,  dans  l'Inde,  au  Siam  et  à  Java  :  V.  superciliaris,  au  Mozam 
bique. 

4.  Hitis  (8),  genre  africain  s'étendant  du  Cap  de  Bonne-Espérance 
au  Vîaroc  et  au  Kordofan. 

5.  Pseudocera.^fes,  monotype  endémique  de  Perse. 

6.  Cérastes  (2),  Afrique  septentrionale,  Arabie  et  Palestine  méri- 
dionale. 

7.  Echis  (2)  ;  une  espèce  (cannaîa)  s'étend  de  Madras  en  Barbarie  ; 
l'autre (l'o/ora/a)  existe  en  Arabie  et  dans  la  Palestine  méridionale. 

8.  Atheris  (3),  Afrique  tropicale. 

9.  Attractaspis  (13),  du  Cap  Vert  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 


la  distribution  des  ophidiens  sur  le  globe  103 

Grotalides 

(4  genres  et  63  espèces) 

Les  quatre  genres  sont  représentés  en  Amérique  par  38  espèces  ; 
en  Asie  on  ne  trouve  que  deux  genres  :  A  ncistrodon{l)ei  Lachesis  (18). 

1.  Ancistrodon  (10)  est  représenté  par  3  espèces  américaines 
(2  aux  Etats-Unis  et  1  au  Mexique)  et  7  asiatiques  .  celles-ci  sont 
mieux  connues  sous  les  noms  génériques  iVtlalys  (3)  en  Sibérie  et 
de  lAolepis  (2)  aux  Indes. 

2.  Lachesis  (40)  offre  une  semblable  distribution.  Les  22  espèces 
américaines  se  rencontrent  depuis  le  Mexique  jusqu'en  Patagonie. 
Les  espèces  asiatiques  vivent  aux  iles  Liu  Kiu,  en  Chine,  dans 
l'Inde,  aux  Philippines,  à  Ceylan,  en  Malaisie,  aux  iles  Andaman 
et  Nicobar,  au  Tliibet,  à  Célèbes  et  au  Timor. 

3.  Sisîrurus  (3),  Mexique  et  Etats-Unis. 

4.  Crotalus  (il)  vit  aux  Etats-Unis  (9),  au  Mexique  (7)  et  dans 
l'Amérique  méridionale  (1). 

Hydrophides 

(10  genres  et  So  espèces) 

Ils  sont  tous  marins  à  l'exception  de  Hydrophis  Seniperi  qui  vit 
dans  la  lagune  Taal  au  Luzon,  Ils  sont  limités  aux  golfes  de  la 
région  tropicale  du  Grand  Océan  (Océan  Indien,  mer  Rouge,  golfe 
Persique,  etc.).  Ils  ne  dépassent  pas  à  l'est  les  côtes  du  Mexique  et 
de  l'Equateur,  au  nord  les  îles  Liu-Kiu  et  le  Japon  méridional,  au 
sud  la  Nouvelle-Zélande  et  Madagascar. 

1.  Hydrus  (platurus)  que  l'on  rencontre  partout  où  existe  la 
famille. 

2.  Thalassophis  [anomala),  monotype  de  Java. 

3.  Acalyptophis  [Peroni],  monotype  de  Hong-Kong. 

4.  Hydrelaps  [Darwiniensis) ,  monotype  de  l'Australie  septen- 
trionale. 

5.  Enhydrinn  {bengalensis),  monotype  s'étendant  du  golfe  persique 
jusqu'au  Siam  et  à  la  Nouvelle  Guinée. 

6.  Aipysuims  (4),  des  Philippines  en  Australie. 

7.  Enhydris  (2),  des  Indes  au  Japon  et  à  la  Nouvelle-Guinée. 

8.  Platurus  (3),  iles  Liu-Kiu,  Chine,  Inde,  Nouvelle-Zélande, 
Australie,  Tasmanie,  Pacifique  du  Sud. 

9.  Distira  (18),  Océanie,  Malaisie,  Japon,  Australie,  Perse. 

10.  Hydrophis  [22),  Indes  (12),  Malaisie  (4),  Australie  (2),  Nouvelle- 
Bretagne,  Moluques,  Bornéo,  etc. 


104  .1.  I'\i.\(;kv 


'2P  DisTRiBtTiON  r.tocn.M'niQUK. 

Europe.  —  (loimiiti  |)»)ur  les  Oiseaux,  les  l'oissoiis,  les  Tortues, 
les  Batraciens,  l'Europe  est  très  pauvre  en  Serpents  ;  elle  est  njéuje 
plus  pauvre  en  Serpents  qu'en  Lézards.  La  cause  semble  eu  être 
l'époijue  {glaciaire,  car  elle  était  plus  riche  auparavant. 

Schreiber  compte  2\  espèces  pour  toute  rEur()i)e  et  Hoiilenger  26. 
Les  réjîious  méditerranéennes  sont  plus  riches  que  les  autres;  la 
péninsule  ibérienne  compte  16  espèces  (Bosca),  l'Italie  15  (Bette),  la 
Grèce  18(Hettajou  Fi  (Bedriaga),  la  Dalmalie  12  (Kolumbatovilch), 
la  Bosnie  10  (MoUendorfï),  la  Russie  10  (Strauch),  rAlleniague  7,  la 
Suisse  8  (Fatio),  l'Angleterre  3,  la  Norwège  3  (Collett),  la  Hollande 
3,  le  Danemark  2:  il  n'eu  existe  pas  en  Islande.  An  delà  du  5.')"  de 
latitude  nord  on  ne  rencontre  plus  que  3  espèces  :  Corunelld  ans- 
triaca  à  l'ouest,  Tropidonotm  natrix,  et  le  seul  venimeux  au  nord  des 
Alpes,  Pellafi  berus  à  l'est;  celui-ci  s'avance  le  plus  au  nord  (67"  eti 
Suède)  et  monte  en  Suisse  jusqu'à  l'altitude  de  2.750  m.  (Fatio), 
c'est- à  dire  plus  haut  que  les  autres  Serpents.  Les  Serpents  man- 
quent naturellement  dans  les  contrées  arctiques  et  même  dans 
l'Oural  septentrional. 

Le  plus  ancien  Serpent  fossile  connu  paraît  être  Shnoiiophin 
Bochehruiipi  du  Cénomanien  français,  trouvé  avec  un  Halitherium, 
qu'on  rapporte  aux  Typhlopides,  maintenant  tropicaux  et  subtro- 
picaux et  qui  n'ont  plus  en  Europe  (ju'un  seul  représentant  en 
Grèce  (Boulenger). 

Il  existe  des  Serpents  fossiles  dont  la  position  systématique 
est  douteuse,  à  savoir  :  à  Sansan,  Bothrophis  (jaiulnji  et  Scaptopins 
miocenicus  ;  dans  l'Eocène  de  Sheppey,  Pakophis  (Owen),  au  Quercy, 
Scytalophis  Lnfonti  (Filhol),  Homcotyplilus,  Pilcmophis,  Plesiotortrix, 
Tachiophis, Echidna  KargiiRochehvnnejJJphidium  antiquum {Pome\). 

Les  Boïdes,  aujourd'hui  subtropicaux, étaient  très  répandus  dans 
l'ouest  de  l'Europe  tertiaire,  surtout  si  Paleophis  gifianleiis  appartient 
à  cette  famille,  comme  le  pense  Ziltel.  Il  n'existe  plus  actuellement 
qu'un  seul  représentant  :  Eryx  jaculns  des  îles  de  Grèce.  Autrefois 
il  y  avait  à  Kumi  (Eubée)  VHeternpython  enboicus  (Rômer),  à  Sansan 
le  Paleopython  Filholi  (Rochebrune),  au  Quercy  le  Paleopython  rnndur- 
cencis  (Filhol),  dans  TEocène  de  Paris  le  Paleoerijx  dcpressas  (Owen) 
et  dans  l'Eocène  d'Angleterre  le  Paleoeryx  rhomUifer  (Owen). 

Les  Crotalides,  maintenant  relégués  au-delà  du  Volga,  étaient 
représentés  dans   le    Miocène   de  Thessalonique   par  le    Laophis 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SliU    LK    GLOBK  lOj 

crotaloides.  Le  genre  Naja,  aujourd'hui  refoulé  dans  l'Afrique  sep- 
lenlrionale,  avait  dans  le  tertiaire  français  Naja  Saucagei  (Roche- 
brune)  et  dans  le  Miocène  de  Steinheim  Naja  suevicn,  identique, 
suivant  Zittel,  avec  la  Naja  /m/e  actuelle  de  l'Afrique  septentrionale. 

Les  Serpents  fossiles  appartenaient,  pour  la  plupart,  aux  Colu- 
brides  :  Tainnopliis  PoiicheAi  (Rochebrune),  Pylinophis  xanaaniensis 
(Lortet),  Elnphls  fossiUs  (Poniel),  E.  atavui^  (Meyer),  /•:.  Owcni  {Meyer), 
E.  e I on;/ nt Hs  (Trosche]),  Paleœlaphis  (Rochebrune),  Pcriops  pndolicus 
(Meyer)  et  P.  Gervaisi  (Rochebrune). 

Parmi  les  espèces  actuellement  vivantes  nous  rencontrons  Cœlo- 
peltis  insignitus  dans  le  pléistocène  d'Auvergne  et  Tropidonotus 
natrix  dans  les  cavernes  de  Franconie.  Il  existe  un  seul  Dipsadide 
dans  le  sud-ouest  de  l'Europe,  c'est  l'espèce  africaine  Macroprotodon 
cacjiUalns  (Espagne  méridionale  et  Baléares). 

L'Europe  ne  possède  qu'un  seul  Serpent  endémique  :  lihinecfiis 
scalaris  que  l'on  rencontre  de  Nice  à  Coimbre,  sans  compter  les 
petites  espèces,  telles  que  P.  UrainI,  détachées  de  Pi'lias  berm  ou 
de  Vipi'ra  ammodytes. 

Les  Serpents  les  plus  fréquents  sont  :  Pelias  hcrus  dans  le  nord, 
CoronclUi  anstriaca  en  Suisse  (Fatio),  Tropidonotus  natrix  en  Italie 
(Betta),  Tropidonotus  viperinns  en  Espagne  et  Zamenis  mridijkwus 
dans  la  steppe  russe. 

Dans  l'Europe  méridionale  il  existe  une  différence  sensible  entre 
l'ouest  qui  est  surtout  africain  et  l'est  qui  est  surtout  asiatique. 
Huit  espèces  du  nord-ouest  de  l'Afrique  [Macroprotodon,  Coronella 
girundira,  Tihinechis,  Pcriops  hippocrepis)  existent  aussi  en  Europe 
(Espagne,  Italie,  Sardaigne).  Quelques  espèces  sont  répandues 
dans  toute  l'Europe  méridionale,  comme  Zamenis  viridiflavus  (de 
la  Gironde  au  Caucase),  Elaphis  ï^scalapi  (Nantes,  Hartz,  Caucase), 
Tropidonotus  hydrus  (Moselle  et  Volga),  Coluher  quatuor Uneatus 
(Provence  et  Caucase),  Cœlopeltis  insignitus  (Espagne  et  Perse).  Mais 
l'est  possède  également  un  certain  nombre  d'espèces  asiatiques, 
telles  que  :  Tarbophis  inmix  {\sir'\e  et  Caucase),  Colubcr  leopardinus 
(Sicile  et  Crimée),  Contia  collaris  (Conslantinople),  Zamenis  Dahii 
(Dalmatie  et  Perse)  et  Elaphis  dione.  (Russie  méridionale  et  Chine). 

Vipera  ammodytes  est  une  espèce  orientale  (du  Tyrol  à  la  Syrie)  ; 
V.  Latastciesl  occidentale  et  V.  aspis  vit  dans  l'Europe  centrale  (de 
Bretagne  en  Sicile).  Quant  à  V.  Icbetina,  elle  est  commune  à  l'Asie, 
à  l'Afrique  septentrionale  et  aux  îles  de  Grèce. 

En  somme,  l'Europe  occcidentale  rappelle  l'Afrique  septentrio- 
nale par  la  Coî'onella  et  les  Tropidonotus,  tandis  que  l'Europe  orien- 


10(»  .1.    l'ALACKV 

taie  iap[)ellt'  l'Asie  par  iKlaiihis  diuuc,\d  Cunlia,  VKry.c  jaculns  elle 
Ti/phlojis  rrrinindaris,  espèces  de  l'Asie  occidentale. 

Afrique.  —  T/Afiique  n'est  pas  jiussi  pauvre  qu'on  le  croyait.  Ou 
a  décrit  plus  de  Wi)  espèces  et  od  continue  toujours  à  eu  décrire, 
(''est  ainsi  que  VVerner  a  décrit  5  espèces  nouvelles  en  1897. 
Boulenyer  ne  compte  que  331  espèces  terrestres,  dont  l'io  veni- 
meuses. Elles  se  divisent  eu  G;}  Typlilopides,  11  Boides,  1.20  Col u- 
brides  et  Natricides,  35  Coronellides,  2.S  Cala  ma  rides,  50  Lycodon. 
:iU  Psammophides,  ÎK)  Dipsadides,  33  Vipérides  el  25  Elapides.  Les 
Lçenres  essentiellement  africains  sont  :  Dosijpcltis,  Dendraspis, 
At  tracta  apia. 

La  distribution  géographique  est  fort  inégale.  Nous  citerons 
quelques  nombres:  Algérie  18(Gervais),20(Lataste)ou  22(Strauch); 
Sahara  9  (Tristram);  Abyssinie  10  (Blanford);  Cboa  19  (collection 
Ragazzi)  ;  pays  des  Somalis  19(Boulenger)  ;  Egypte  22 (id.)  ;  Afrique 
occidentale  105  (Duméril),  133  (Boulenger)  ;  Angola  74  (Barboza  du 
Bocage)  ;  Afrique  méridionale  32  (Smith),  62  (Boulenger);  Afrique 
orientale  allemande  62  (Torriier)  ;  Madagascar  50  (Boulenger)  ; 
Sokotra  4;  Comores  6  ;  Bourbon  2  (Maillard)  ;  Seychelles  4  ;  Cap 
Vert  1  ;  .\nnobon  1  (coll.  Buchhoitz)  ;  coll.  Decken  52  ;  Congo  3\ 
(Bôttger)  ;  Fernam-Po  15  ;  Principe  3  ;  Saint  Thomé  o  ;  Afrique 
centrale  47  ((iiinther). 

Le  nord  est  très  pauvre  et  ressemble  aux  autres  régions  méditer- 
ranéennes. Il  en  est  de  même  des  déserts  du  sud  et  du  nord.  Les 
espèces  tropicales  commencent  dans  le  Sahara  et  l'Egypte  et  se 
développent  surtout  dans  l'ouest.  Comme  genres  africains  typiques 
nous  citerons  :  Hydracthiops,  Lamprophis,  Gonionotophis,  Bothroph- 
thalmus,  Boodon,  Lycophidium,  Simocephalm,  Cldorophis,  Philotfiam- 
nus,  Gastropyxis,  Ilapsiidophryn,  Tlirasops^  Lrptophis,  l'roaymnd, 
Grayia,  Dasypritla,  Amphrhinus,  Rampliiophis,  Dromophia,  Appara- 
lactus,  Klapechis,  Sepedoii,  Cniisus,  Attractaaplu.  Il  n'existe  d'affinités 
qu'avec  l'Asie  occidentale;  l'Inde  et  l'Amérique  en  diffèrent  essen- 
tiellement. De  la  Nubie  au  Natal,  du  Sénégal  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance  il  y  a  fort  peu  de  différence  ;  l'est  est  simplement  moins 
riche  que  l'ouest. 

Le  nord-ouest  ne  possède  pas  d'espèces  endémiques.  On  y  observe  : 
Ery.r  jnculun,  Tropidonotus  natrix  (Algérie),  '/'.  viperinus,  Zamenis 
algirus,  Z.  hippocrepis  (Sahara).  Z.  diademn  (Tunisie),  Coronelta 
girHndlca,C.Amaliae(OranetT'duger),Liitorhyii(:husdiadema(Saihiirai), 
Psammophis  sihilans  et  P.  Schokari  (Biskra,  Tunisie; ,  Cœlopeltis 
lacertina  et  C.  prodiicta  (Sahara),  Macroprotodon  cucuttatus,  Naja 


LA    niSTIlIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUP,    LE    GLOBE  107 

haje,  Vipera  lehetina.  V.  Latastei,  V.  Avicennae,  Cérastes  vipera, 
C.  cornuta,  Echis  carinata  (désert),  Coroneila  levis  (Atlas  marocain, 
Mogador  et  Bengasi). 

L'Egypte  au  contraire  a  3  espèces  endémiques  :  Stennstoma  cairi, 
Zamenis  Hoqeri  et  le  monotype  Warferinnesld  egi/ptia  (Lataste).  En 
outre,  ou  y  reucoutre  :  Eryx  thehalcus,  E.  jaculus,  Tropidonotns 
tesselatus,  Zamenis  DahU,  Z.  rhodorlinrliis,  Z.  florulcntus,  Z.  num- 
mifer,  Z.diadema,  Tarhopkisohtusas,  Cœtopeltismoilensis,  C.  Uicertina 
(au  nord),  Psammophis  sibilans{ûe  même),  P.  Schokan,  Macroprotodon 
cucuUatus  (Aboukir),  Niija  liaje,  Vipera  lebefina,  Cérastes  cornutus, 
C.  cipera  et  Echis  carinata.  Donc  seulement  10  espèces  berbères, 
répandues  surtout  dans  le  désert  et  au  nord. 

L'Abyssinie  et  le  Ghoa  appartiennent  aux  régions  tropicales,  on 
y  rencontre  :  Typhlops  hlanfordt  (end.),  Eri/x  thehaiciis,  Bucephalus 
typus,  Zamenis  rhodorhachis,  Z.  Smithi,  Boodon  lincatnm,  B.  leninis- 
catum  (end.),  Homalosoma  lutrix  (Blanford),  H.  abyssinicnnt  (end. 
Boul.),  Chlornpliis  net/lectiis,  Tarhnphisobtusus,  Psamniophis  sibilans, 
P.  Schokari,  P.  punctulatas,  P.  biserialiis^  Lycophidiwn  abyssinicum 
(Boul.  end.),  Aparallactus  lunulatus,  Dendraspis  Aatinori,  Scapkiophis 
raffrayi  (end.),  Dasypeltis  abijssinica  (end.),  Attractaspis  irrcqidaris 
et  Echis  arcnicola.  Donc  G  espèces  endémiques  sur  î\. 

La  collectiou  Abbot(18)  de  Larnu,  du  fleuve  Tana,  etc.,  renferme 
comme  espèces  nouvelles  :  Typhlops  mandcnsis,  Simoccphalns 
Chanleri  et  Cousus  nasalis. 

La  faune  de  l'Afrique  allemande  orientale  de  Tornier  possède  : 
9  Typhlopides,  Python  scbae,  G  Vipérides,  /  Dendraspis,  5  Elapides, 
8  Psammophides,  5  Dipsadides,  .j  Uriechis,  1  Tropidonotns  {oliva- 
ceus),  1  Coroneila  (semiornata),  4  Chlorophis,  ',i  Philothnninns,  ,3  Lyco- 
phidiwn, 1  Boodon,  Siniocephnlus,  Prosymna,  Sraphiophis,  Homalosoma 
{lutrix),  Grayia,  Oiiyolepis  et  Dasypeltis  scairra  ei  Leptodira  (  Werneri). 

Nous  connaissons  fort  peu  le  bassin  du  Nil,  sauf  en  Nubie,  qui 
renferme  :  Leptodira  hotatnheia,  Coelopeltis  moilensis.  Naja  haje, 
Cérastes  cornutus  (Wadelai  et  Lado),  Typhlops  punctatus,  T.  Schlegeli, 
Boodon  lineatus,  Chlorophis  emini  (Monbuttu).  Dasypeltis  srabra, 
Dromophis  lineatus,  Psammophis  sibilans,  Uriechis  concolor,  A  Itrac- 
taspis  irregularis  et  A.  alerrinia. 

Giiuther  ne  connaissait  en  1888,  dans  toute  l'Afrique  centrale, 
que  47  espèces  (coll.  DoUo  et  Fischer)  :  Typhlops  Schleyeli , 
Python  sebae,  4  Elapides,  '2  (Àiusus,  Naja  nif/ricoliis,  i  Dendraspis, 
3  Attractaspis,  Vipera arietans,  2  Dasypeltis,  5  Psammophides,  4  Coro- 
neila, 4  Uriechis,  3  Ahactulla,  3  Boodon,  2  Leptodira,  1  Rhinocalamus, 


1'»^  J.    l'VLVCKV 

('nlniitt'l(ii)S,  \hhihrs  llililrhrdiulti  (Momli;is;i  KiliiiiMiidjiUO).  .\t'us(c- 
roiilns,  (irai/id,  Scaphiophis.  liolhroplilhdlmits,  Itun-iilKilns,  Dnjophis, 
Chuinarluitus,  Sinioa'phiilus,  Lffcophidiitni.  Depuis  on  a  ajouté  2 
Typh}nftx,  llniiirlKiiierchis  KvlU'ii  (l'j^anda),  ()li;/(ilepis  tnnrrofis  (mon. 
rnd.  (l'I'saMiljara),  (ili/phallius  hicolor  (mon.  end.  du  Tanganyika), 
Hhnntpltophis  Jakaoni,  Athrris  cenitophonm  (Usambara),  ieptodira 
Wcrneii,  rrosi/nina  Ixirdtjri,  Aparnllacliis  uliaïu/lensis,  etc. 

Mais  la  contrée  la  plus  riche  est  l'Afrique  oi-cideutale,  fjui  compte 
maintenauH40  espèces  connues  (7  depuis  le  calai ojjjue  deBoulenger). 
11  n'y  a  pas  moins  de  28  Typhlopides  (dont  l  sur  les  îles  Thomé  et 
2  sur  Fernando  l'o),  4  Boïdes  :  l'ythaii  rri/nis.  P.  Anc.hietnc,  P.  Seliae 
(end.),  Calaharia  Reinhardti  et  au  moins  87  (.oluhrides.  Nous  notons 
5  Tropidonotus  {depressicrps  end.  Kameroun),  Helicops  hicolor  (end.), 
le  monotype  end.  Hijdraethinps,  1  Opisthotropis,  le  genre  end. 
Gonionolophis  H,  les  mon.  Bot  h  roi  yen  s  et  Bothi'ophthalinus,  4  Boodon 
[lincntns  est  partout),  7  f.ycopliidiinn,  le  mon.  end.  Hornimtotus,  5 
Siniocephalus,  Zamenia  f>orri  (end.  au  Sénéjjjal). 

Puis  ilyaor/(/oro/)/î?s,Iegenre  Pliilotha)nnus{'),âo\\l  Isur  Annobon 
et  1  sur  St.  Thomé),  le  mon.  end.  Gaslropuxis  smararfdinus,  Ilapsi- 
dophrys  lineatns,  Thrasops  flaviçpilaris,  2  Coronella  (co7'onata  et  reyu- 
l(iris),  Proxymna  nudettyris,  P.  Bocuyei  (end.).  Scaphiophis  alhopunc- 
tfilus  (toute  l'Afrique  tropicale),  2  (irayia,  le  monotype  Xfnurophis 
Caesar  et  Dasypeltis  scabra.  Il  n'y  a  pas  d'Homalopsides,  mais  2 
Tarbophis,  2.  Dipsas  (pulrerulenla  et  BUindiuyi),  Dipsadnboa  unirolor, 
Li'ptodira  hotambeia  (16  synon.),  Triinerorhinus  rhondieatus,  1  Ham- 
phiophiii,2  Dromophis,  7  Psamnwphis{sibilans)de  l'Egypte  au  Zanzibar 
et  dans  l'Angola),  Thelotornis  Kirtlandi,  Culamclaps  unicolor,  Xeno- 
calanius  Méchoui,  le  genre  Miodoii  o.  le  monotype  end.  Polemon 
Barthi,  6  Uriechis  et  Elapops  modestus.  11  y  a  3  Aparallactus  nouveaux 
a/finis  (Kameroun),  nhanyencis  et  myer  (S.  Leone).  Enfin  il  y  a  2 
Elapcchin  [llerzi  et  ni(ittrhieiisis),  5  ^aja,  3  Dendraspis  et  16  Vipérides 
(2  Causus,  4  Vipera,  3  Alheris,  7  Attractaspis. 

Les  contrées  et  les  collections  suivantes  sont  très  riches  : 

Libéria  compte  2o  espèces  (Biittikofcr)  ;  le  Togo  35;  Majumba  19  ; 
le  Congo  français  30  (l'«  collection  Brazza);  la  collection  Buttnerl7; 
l'exposition  belge  du  Congo  de  18!J7,  31,  dont  2  espèces  nouvelles. 
Mais  la  contrée  la  plus  riche  paraît  être  l'Angola.  Barboza  du 
Bocage  y  énumère  7i  espèces  terrestres,  dont  44  se  trouvent  aussi 
au  Congo,  35  dans  la  Guinée,  28  dans  r.\frique  orientale  et  20  au 
Cap  de  Bonne- Espérance.  Les  plaines  intérieures  surtout  sont  plus 
riches  que  le  bord  de  la  mer  ou  les  montagnes.  Il  y  a  une  différence 


LA    DISTRIBUTION    DKS    OPHIDIENS    SUR    LE    ULOBE  1()9 

remarquable  entre  le  nord  de  l'Angola  et  le  sud,  qui  passe  peu  à 
peu  à  l'Atrique  méridionale.  Le  nord  est  plus  tropical,  le  sud  res- 
semble au  désert  (Kalihari)  et  le  fleuve  Quanza  en  forme  la  frontière. 
La  pauvreté  de  la  Kalihari  a  déjà  été  reniarquée,  mais  l'Afrique 
méridionale  tout  entière  n'est  pas  riche,  quoique  depuis  Smith  le 
nombre  des  espèces  ait  doublé.  Il  y  a  9  Typhlopides,  dont  un 
7'.  braviiims.  Python  Sebae  (existe  seulement  au  Natal),  35  Colubrides, 
4  à5  Lamprophis.  4  Boodoti,  Lycophkliuni  cape/^s'^  (va  jusqu'au  Congo 
et  au  Nyassa),  Simocephalus  capensis,  Psendaspis  cana,  !2  Chlornphis, 

1  PliUothamnns,  2  Prosijmnu,  puis  Homalosoma  lutrix  et  Dasypeltis 
scahra,  communes  toutes  deux  à  toutes  les  régions  situées  au  sud 
du  Sahara.  Il  y  a  16  Dipsadides  (plutôt  au  nord),  5  Psammopliis, 

2  Triinerorhiiius,  Leptodira  hoUunboia,  Ainplorhimis,  Pythonodipsas, 
Dipsina,  Tiwlotonim,  Kirtlandi,  Bucephalus  typiis,  Calamelaps,  Urie- 
chis,  le  monotype  Macridaps  microlepidotus  (Natal).  Enfin,  il  y  a  8 
Elapides  :  Elapechis  Sundeualli,  2  Honiorelaps  {lacteus  et  dorsalls), 
Naja  flava,  Sepedon  haemachates,  2  Aspidelapa  et  1  Dendraspis ;  puis 
9  Vipérides  :  Caums,  7  Bilis  et  Altraclaspis  Ribroni. 

Il  n'y  a  pas  de  Serpents  antai-cliques. 

Madagascar  est  extrêmement  riche,  nous  connaissons  déjà  oO 
espèces  et  peut  être  en  trouvera  t-on  encore.  Il  y  a  8  Typhlopides 
(le  hraniinaa  de  llnde  et  7  endémiques),  2  Boides  endémiques 
{Pelophilus  madagaficarienm  et  Yipfiosoina  madagascariensis) ,  puis 
le  monotype  endémique  Uophidiinit  trlUneatum,  2  Polyodontophia. 
le  genre  endémique  Droniicodryas  2,  4  Tropidonotm,  le  monotype 
Compsophis  albiventris,  2  Lioheterodon  (end.),  7  Pseudoxyriiopus,  le 
monotype  Micropisthodon  geodipsas,  puis  2  Ithycyphus/S  Langaha,  le 
monotype  Allnsdina,  Etelrodipsas  (à  Bourbon),  Stenophis  et  le  mono- 
type Mimophu:  Psammophis  sibilans  n'est  plus  cité.  Il  y  a  donc 
13  genres  et  44  espèces  endémiques,  plus  que  partout  ailleurs.  La 
petite  île  Round,  près  de  Maurice,  possède  2  genres  endémiques  de 
Boïdes  :  Casarea  dussumierl  et  Bolieria  multicarinata. 

Nous  manquons  de  données  précises  en  ce  qui  concerne  les 
Mascareignes.  Eteirodipsas  colabiina  et  Lgcodon  aalicus  existent 
à  Bourbon,  Typhlops  braminus  à  Maurice. 

Aux  Comores,  nous  notons  2  Typhlops  :  braminus  et  comorensis, 
Polyodontophis  mayottensis,  le  genre  monotype  Lycodryas  Johaniùs 
(Anjuan),  Ithycyphus  miniatus  (Mayotte)  et  Stenophis  Gaimardi.  Les 
Seychelles  nourrissent  Leptoboa  Dussumierl,  Boodon  geoinetricus  et 
Lycognathopsis  (end.).  Socotra  en  compte  4  :  le  genre  monotype 
endémique  Ditypophis  viva.r,  Typhlops  socotranus  (end.),  Zamenis 
socotraiuLs  (end.)  et  Echis  co/orafa  (Boulenger,  p.  507). 


1  l<i  .1.  i'\i.\(  ^^ 

Les  Serpents  auiu(iiient  daus  les  lies  petites  ou  nioclernes  :  Alda- 
bra,  (îloriosa,  Hodrigucz,  Saiiil-Hélèue,  Aroies,  Canaries,  Madère. 
Mais  les  îU;s  du  jçolfe  de  (îuiuée  en  possèdent  :  Annobow  a  sou 
espèce  endéini(|U('  l'Inlalhiniinnsdittinli  :  l'île  du  l'iince  3:  Tijphlops 
l'Icyaiisiend.),  lioodun  (ji'oiiielricas  e[  JlapsiUophrys  sniaragdiniis;  l'île 
San-Tlionié  5  :  Typhlops  cspcus ,  Philotlmninus  thoniensis  (eud.), 
Hooilon  rnpenar,  Dnulnispis  nriili'>  et  I\'fijii  haje. 

La  petite  ile  Rollas  possède  une  espèce  endémique  :  Typhlups 
Scwtoni  et  Fernando-Po  17  espèces  de  la  ('iuinée(uon  endémiques). 

Asie.  —  L'Asie  u'est  pas  plus  homogène  que  l'Afritiue  (1).  Elle  a 
deux  régions  :  une  région  tempérée  au  nord-ouest  et  une  région 
tropicale  au  sud-est  ou  région  indomalaisienne.  Comme  l'Afrique, 
elle  offre  des  rapports  avec  l'Europe.  Comme  en  Europe,  le  nord  est 
appauvri  par  ré|)oque  glaciaire  ;  l'ouest  ressemble  aux  contrées 
méditerranéennes.  11  existe  au  Touran  elau  Belutscliislan  une  faune 
semblable  à  celle  des  steppes  du  Maroc,  avec  une  prééminence 
marquée  des  Vipérides,  Typhlopides  et  Boïdes  au  sud.  Le  Kamt- 
chatka et  peut-être  le  pays  des  Tschuktschesu'eu  ont  pas,  La  richesse 
est  au  moins  égale,  sinon  supérieure,  à  celle  de  l'Amérique.  Bou- 
lenger  compte  530  espèces  terrestres  et  la  plupart  des  espèces 
marines.  Il  y  a  30  Typhlopides,  13  Boïdes,  4  Ilysides,  le  monotype 
Xenopi'Uis,  tous  les  Uropeltides  (41),  28G  Colubrides,  23  Homalop- 
sides,  45  Dipsadides,24Elapides,  H  Amblycéphalides,  11  Vipérides, 
25  (holalides.  Auparavant  on  avait  décrit  720  espèces. 

Les  Uropeltides  présentent  le  singulier  exemple  d'une  famille 
locale  au  Dekan  et  à  Ceyian,  comme  le  mou,  XenopeUis  en  Indoma- 
laisie.  Les  Vipérides  et  les  Homalopsides  distinguent  la  faune 
paléotropique  de  la  faune  néotropique,  qui  ne  possède  pas  de  famille 
qui  lui  soit  propre.  La  faune  des  steppes  est  caractérisée  par  Eryx 
jaciilus,  Typlilups  cennicularis,  Zamenis,  Elaphis  dione,  Aaja,  Taf'ro- 
iiu'topon  et  Echis.  Le  nord-ouest  delà  Sibérie  est  aussi  pauvre  que 
l'Europe  septentrionale.  Finsch  y  connaît  3  espèces  :  Elaphis  diune 

(1)  Ai>ie  antérieure  4u  (Bedriaga):  Perse  134  (Blanford),  2<)  (Hedriaga);  Palestine  .'il 
(Trislram)  ;  Asie  Mineure  22  à  i4  ;  Araliie  2t  ;  Caucase  21  (Sliaucli)  ;  Traiiscaspie  19; 
ïouran  10  (Bôltgcr),  •,(  (Brandi)  ;  Btlulscliistan  7;  Sibérie  du  nord-oue?t  'S  (Kinscli)  ; 
Sibérie  occiilentale  Ki  (Slrauch);  Sibérie  orientale  10;  Mongolie  (i  ;  Himalaya  4U 
(Schlaginlweil)  ;  Asie  centrale  11  (BôUger);  Chine  77  (BôUgerj;  Japon  9  (Hilgeii- 
dorlIJ;  iles  Liukiu  14;  Ilainan  12;  Inde  220  (ïheobald),  180  (Gùnlher),  274  (Bouleuger 
en  1881)  et  284  (Boulenger  en  1895);  Cocbiuchine  87  (Tirant);  Java  (80-lÛ2)(Bleeker); 
Sumatra  76;  Bornéo  78-93  (Giinlher);  Ceyian  40  (Tennent);  Philippines  82  (Bôttger); 
Salanga22:  Andaman  il:  Mcohar  10;  Sind  28  (Murrav)  ;  monts  Khasia  ICI  ;  Birma 
70  (Mason)  ;  Malaisie  178, 


LA   DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS   SUR    LE   GLOBE  111 

(du   Volga  jusqu'au  fleuve  Amour),    Pelias  berus  P.   Renardi  (de 
Zmeinogorsk  jusqu'au  Sachalin)  et  Halys  Intermedia  (Zmeinogorsk). 

Le  Tourau  (d'après  Severtzov,  Brandt,  etc.)  possède  Enjx  jaculus 
(autour  du  Lac  Aral),  Tropidonotus  natrix  (Emba),  Hydrus  tesselatus 
(Kachgar-Kuldja),  Elaphis  dione,  Sauromatcs  Parreysi,  Zamenis 
Karelini,  Z.  Fedachcnkoi  (end.),  Choristodon  sibiricum,  Pelias  berus 
(nord)  et  Trigonophahis  hal^s.  L'expédition  au  Jarkand  y  ajouta 
Zamenis  Racergieri  et  Vipera  euphratica. 

La  Transcaspie  est  plus  riche  (chez  Bôttger)  ;  elle  renferme: 
Typklops  ver miru lavis  (Aschkabadj,  Ëryx  jaculus,  Cijclophis  fasciatus 
(de  la  Palestine-Gontia),  Pseudocyclophis  Walteri  (end.).  Lytorhyn- 
chus  Ridgivayi,  Zamenis  Ravergieri,  Z.  Karelini,  Z.  ventrimaculatus. 
Z.  driadema,  le  Ftyas  mucûsus  de  l'Inde,  les  2  Elaphis  {dione  etsauro- 
niates)  et  Tropidonotus  natrix  (en  Sibérie  jusqu'au  Baikal),  T.  tesse- 
latus, Tafrometopon  lineolatum,  Naja  tripudians  (Aschkabad),  2 
{obtusa  et  Cérastes),  Erhls  urenieola  (très  fréquente),  Halys  Pallasi 
Vipera  (Mangyschlak).  Chez  d'autres  auteurs  on  trouve  encore  Lyco- 
don  striatus  et  Dipsas  trigonata. 

La  collection  de  V Afganislan  boundary  Survey  Commission  diffère 
par  l'absence  des  Tropidonotus,  Elaphis,  Cyclophis  et  Pseudocyclophis , 
Ptyas,  Halys,  Vipera  cérastes  et  la  présence  de  Typhlops  persicus, 
Zamenis  rhodorhachis  et  Psammophis  Leithi. 

La  différence  est  encore  mieux  marquée  en  Perse.  Blanford  a 
observé  le  Typhlops  vermiculuris  à  Lenkoran,  le  7".  persicus  au  Ker- 
man,  Eryx  jaculus  partout,  de  même  que  o  Cyclophis  ;  le  nord 
possède  Coronella  austriaca  (Talysch),  Tropidonotus  natrix  (Enseli), 
tesselatus  (Talysch),  T.  hydrus  (partout),  Elaphis  Esculapi,  E.  sauro- 
matcs, Zamenis  Dahli,  Z.  caspicus,  Z.  centrimaculatus,  Z.  Ravergieri 
(partout),  Z.  Karelini,  Z .  diadema  et  Sphalerosophis  microlepis  au  sud. 
L'est  possède  Psammophis  Leithi  (du  Sind),  Coelopeltis  lacertina  (par- 
tout), moilensis  (Buchire),  Taphrometopon  lineolatum,  Tarbophis 
rhinopoma  (end.).  Le  nord  renferme  Tarbophis  mvax  (Talysch),  celui 
cVUrmia  iberus,  Vipera  lebetina,  V.  euphratica  (partout),  V.  xanthina 
au  nord,  Pseudocerastes  persicus  (mon.  end.  Buchire),  Ecliis  carinata 
à  l'est  et  Halys  Pallasi  au  nord  (Mazenderau). 

Anderson  y  ajoute  Zamenis  persicus,  Z.  caudolineatus  (Ispahan, 
Schiraz)  et  Halys  himalayanus.  Le  Belutschistan  possède  7  Serpents 
de  la  Perse  et  en  plus  l'espèce  endémique  Contia  angusticeps,  Dipsas 
trigonata  (Gwadur),  Psammophis  Schokari  et  VOligodon  griscus  de 
l'Inde.  L'Afghanistan  possède  exclusivement  Eryx  elegans. 
Toute  l'Asie  antérieure  (y  compris  le  Touran  et  l'Afghanistan) 


112  .1.    l'\I.A(.l\1 

compte  chez  lk'(lriaj;a  :  .'{  /'///y/j/o/M- (Khassia  el  l'Affrliaiiistaii),  Eryx 
jaculus,  5  Ahlihrs  (Conlla,  Cyclophis),  (.'orunclla  tiiist) tacd,  i{  ('olalin' 
(Holif'ntib'rieud.eii  Trauscaucasi(3),2  A'/rt///j«s,()/«///t'nix,.S.  microlcpia, 
3  TropiilonotHS,  Coelopellis  Idccrlind,  Taph ro nu-topo n  lineohUnin,  2 
Psaminopliis  [Leithi  et  prodiiclti  en  Arabie),  2  l'arbophis^  i\(ij(i  o.ria)ia, 
A".  Iripudians  (monts  lialkau),  7  Vipi'ra,  2.  Kchis,  llalys  l'allasi. 
Bouleiiger  nie  la  Vipira aspis  eli\']OuiG  V.  liaddci  (Avinéma).  Slraiich 
cite  l'iyas  niucosus  dans  la  Transcau'asie  avec  Vipera  aiinnodytcs, 
Xanieiiis  Uavcryleri,  Z.  Fi'dscliPiikoi,  Z.  Irahalis,  2  Contid,  etc.  ;  du 
Coluhcr  Uoheniikeri  on  ne  connaît  que  5  exemplaires. 

L'Asie  Mineure  est  également  pauvre,  on  y  rencontre  :  Typhlops 
luinhncalis(An<f;ov;\),  (ilauconia  l'^it:in.gen{ei\(i.(\nuH  l'Ile  de  Khodes), 
Kri/x  jaculus  (Lycie),  'à  Tropidonotus  {nalrix,  hydrus  et  titssclatus 
en  Lycie),  3  Coluhcr  {llohenakeri,  Icopardinus  et  nuadrUineatus), 
Eldpliis  sauromaldi  (Angora),  Coronellu  anstridca,  Contia  collaris 
(Smyrne),  ('.  [renata  (Mésopotamie,  seulement  aux  monts  Khasia 
cliez  Boulenger),  Zamcnis  gemonensis,  X.  DahUi,  Z.  venlrimaculatus, 
Z.  yiunniiijrr,  Z.  diadeiini,  Z.  /^ivn'^«>r/ (Kurdistan),  Tarbophis  vivax, 
Coi'lopeltis  luccrlina,  Vipera  aminodylcs  (île  de  Delos,  Tarsus),  V. 
Haddei  et  l^  Ichetina. 

La  Palestine  est  plus  liche  par  suite  dun  mélange  de  ty[)es  médi- 
terranéens, déserticoles  et  subtropicaux.  Klle  possède  2  Typblo- 
pides  :  T.  syriacus  et  Onychocephalus  Simoni  (end.  Jalla  et  Haifa), 
Eryx  jaculus,  lihynchocalainun  inelanocephalus,  Micrclaps  Mulleri, 
Coronella  auslriaca,  o  à  (i  Ablabes  modeatus,  colUiris,coronella{eud.), 
fasciatus,  decemlineatm  (end.  pour  Boulenger  et  A.  rothi  (end.  chez 
Jan),  2  Coluber  {KHcalapi  et  quadrilineatus).  7  Zamenis  {Dahlii,  ven- 
trlniaculal7is;  diadcma,  Havcryierl,  viridiflavu^,  caudaelini'atu.s  et  ahji- 
rus),  3  Tropidonotus  [nalrix,  liydrusel  tessdalua),  CoelopcltU  lactrtina, 
Psannnophis  Schokari,  larbopkis  civax,  Naja  haje  (désert  du  sud), 
Vipera  aniniodytes,  V.  lebetina,  Cérastes  cornutus  et  Ecliis  urenicola 
(autour  de  la  Mer  Morte). 

L'Arabie  est  plus  pauvre:  Typhlops  braininus{Mdskiit),  T.  lumbricalis 
(Sinai),  Glauconia  nursi  (end.  Aden),  Eryx  yajakari  (end.  Maskat), 
'6  Zamenis  [diadema,  Karelini,  rhodorhachls,  ladaccims,  eleyantissimus 
end.  Midian) ,  Lytorhjinchus  diadema  (Maskat),  Rhynchocalamus 
melanoceplialus  (Sinai),  Tarbophis  (idnlheri  (Hadramaut,  Maskat), 
Coelopeliis  molloisls ,  Psammopliis  Schokari  (Aden,  Maskat),  punetatus, 
Cérastes  cornutus  (Smdi,  Midian,  Hadramaut),  Bitis  arietans  (Hadra- 
maut),  Echis  carinata  et  colorata  (ib.). 

Le  Sind,  chez  Murray,  montre  une  faune  déserticole,  mais  plus 


LA   DISTRIBUTION    DES   OPHIDIENS    SUR   LE   GLOBE  113 

indienne  :  Tjiphlops  braminus,  T.  porrectus,  (jlmiconia  Blanfordi, 
Python  molurus,  Eryx  Johni,  E.  conicus,  3  Tropidonotus  [stolatiis  ; 
plumbicolor  et  quincunciatus),  4  Zamenis  [diadema,  venir imaculatus, 
arenarius  et  gracilis),  Cyclophis  frenata,  Cifnophis  Helena,  Ptyas 
mucosns,  OUgodon  subgriseus,  Cerberus  rhynchops,  Psammophis  Leitlii, 
P.  condanarus,  P.  Schokari,  Lycodon  aulicus,  L.  striatus,  Dipsas 
trigonata,  Naja  tripudians,  Bungarus  cœruleus,  Vipera  Russelli  et 
Echis  carinata. 

Passons  maintenant  à  l'autre  extrémité  de  l'Asie,  c'est  à-dire 
au  nord-est.  Chez  Straucli  nous  trouvons  Tropidonotus  vibakari 
(golfe  de  Posjet,  Japon),  T.  tigrinus  (1  ex.  de  Dybowski),  Elaphis 
Schrenki  (Cliingan,  Wladivostok,  Amour),  E.  txniurus  (Posjet, 
Chine),  £.  rf/owe (Posjet,  S-akïmUu),  3  Trigonocephalm:  hnlysk  l'ouest, 
intermedius  (Argun,  Amour,  Tareinor)  et  Bloniho/[i.  Sur  les  rives  de 
l'Amour,  Maak  cite  seulement  Pelias  berus  (au  GO»  1.  n.,  le  seul 
serpent  du  Sachalin,  selon  Nikolski). 

En  Corée,  nous  ne  connaissons  que  3  Coluber  :  Schrenki,  quadri- 
virgatus  ei conspiciUatua  (Japon),  Elaphis  dione,  Tropidonotus  tigrinus, 
Zamenis  spinalis,  Dinodon  rujozonutus.  Le  Japon  lui  même  paraît 
très  pauvre,  il  n'y  a  que  Trigonoccphalus  Bloniho/fi,  outre  les  Colu- 
brides  suivants  :  Tropidonotus  vibakari,  T.  tigrinus,  Coluber  dione, 
C.  conspicillatus,  C.  virgatus,  C.  quadrivirgatus,  Dinodon  japonicus 
(end.),  D.  tesselatus,  Ablabes  seniicarinatus.  Selon  Bouleuger  (III, 395), 
Achalinus  spinalis  (Peters)  et  Callophis  japordcus  proviennent  des  îles 
Liukiu,  beaucoup  plus  riches.  Celles-ci  possèdent  :  un  Typhlops 
indéterminé  (Bottger),  Tropidonotus  Pryeri  (end.),  Ablabs  seniicari- 
natus, A.  henninx  (Bottger  end.),  Coluber  Schmakeri  (Bottger  end.), 
Ptyas  mucosus  (Jan),  Dinodon  rufozonatus,  D.  seniicarinatus  (end), 
Achalinus  spinalis,  Hemibungarus  japonicus,  Callophis  Bôttgeri  (2 
espèces  marines)  et  au  moins  4  Crotalides  :  Ancistodron  Blomhoffi  et  3 
end.  :  Lachesis  luteus  (Bottger),  L.  okinavensis  (Boulenger)et  L.  flavo- 
viridis  (Hallowell). 

L'Asie  centrale  chinoise,  au  contraire,  n'est  pas  aussi  riche.  Elle 
renferme  Eryx  jaculus  (Hami,  Satscheou),  Coluber  rafodorsatus, 
Elaphis  dione  (Kukunor,  Ordos),  Zamenis  spinalis  (AUaschan,  Gobi), 
Tropidonotus  orientalis,  T.  tesselatus,  T.  hydrus  (Lobnor),  Zamenis 
Ravergieri,  Taphrometopon  lineolatum  (Hami),  Vipera  lebetina,  Trime- 
resurus  gramineus  [Ladak), 3  Halys  :  Blomhoffi  [Alaschan],  hi^nalaya- 
nus  (Thibet)  et  intermedius  (Kukunor).  Przewalski  n'a  trouvé  aucun 
Serpent  au  Khotan,  au  Keria  et  à  l'oasis  Nia.  Pratt  ajoute  au  Thibet 
oriental  Halyx  acutus  et  Lachesis  Jerdoni.  Mais  la  collection  Potanin 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  8 


114  J.   PALACKV 

en  didèrc  ih'jà  heaiiooiip  |t;ir  la  nouvelle  dildinaria  licre:ouski, 
Colulirr  ]ih!/tl(>})lns,  /docys  (ihuwiiiades,  Tiopiiloiiotus  litjriuus  (luiie), 
T.  UHici'ophtlinlnius,  Lycodnti  rufozondtus,  Trimeresurus  monticola, 
Halfis  lilanihoffi  est  la  seule  espèce  coniinutie  aux  deux  colhM'tions. 

L'iiule  est  le  centre  de  la  faune  paléotropique  orientale,  (\u\  se 
répand  de  là  en  Malaisie,  en  Chine  et  jusqu'en  Papuasie.  L'Inde 
transiîanjiîétique  est  plus  riche  que  le  Dekan,  et  les  monts  Khasia 
sont  peul-ùtre  le  lieu  le  plus  riche  du  monde  (comme  aussi  le  plus 
pluvieux).  L'Inde  entière  n'a  que  14  Typhlopides,  dont  1  dans  l'île 
de  Cocos  {o(itesii),  i  aux  Andamanes,  2  à  Ceyian.  Une  seule  espèce 
(branihids)  est  répandue  très  loin  :  en  Chine,  en  Malaisie,  en  Arabie, 
à  Madagascar  et  jusqu'au  sud  de  l'Afrique.  L'Inde  transgangétique 
en  a  moins  (3)  que  le  Dekan  (7).  L'Inde  n'a  que  4  Boïdes  :  2  Python 
{reticnlatus  dans  l'Inde  transgangétique  et  molurus  dans  le  Dekan 
et  Ceyian),  Eiijx  conicns  et  E.  Johni  au  Dekan,  au  Sikkim  (Schla- 
gintweit). 

Les  Ilysides  ou  Tortricides  comptent  2  espèces  :  maculatus  à 
Ceyian  et  r?//î/s  dans  l'Inde  transgangétique.  Les  Uropeltides  (au 
moins  40)  appartiennent  exclusivement  au  Dekan  (dans  les  mon- 
tagnes) et  à  Ceyian  (6).  Les  monts  Anaraallay  en  possèdent  15,  les 
Nilagiris  7,  mais  le  nord-ouest  du  Dekan  une  seule  espèce  (Ellioti 
Gray). 

Le  monotype  isolé  Xenopeltis  unicolor  vit  en  Malaisie  et  dans 
l'Inde  transgangétique. 

Boulenger,  dans  la  Faune  Ind.  brit.,  énumère  HO  Colubrides, 
mais  Gûnther  en  distingue  les  Calamaridées,  Lycodontides,  Horaa- 
lopsides,  Psammophides,  Dryophides,  etc. 

D'abord,  il  reconnaît  15  Calamariides  :  2  Calamaria  (le  genre 
appartient  plutôt  à  la  Malaisie),  1  Xylophis,  5  Trachischium,\e  mon. 
end.  Blythia,  4  Asidura  (Ceyian)  et  Uaplocercus  (Ceyian).  Trachis- 
chium  rugosam  monte  à  l'Himalaya  jusqu'à  7.000  m.  La  seconde 
famille,  les  Lycodontides,  compte  5  genres  :  Lycodon  (10),  Ophites, 
Cercaspis,  Hydrophobus  (5).  L'espèce  la  plus  répandue  est  Lycodon 
avlicus  du  Timor,  de  Java  et  des  Pliilippines  jusqu'à  Ceyian  et 
Bourbon  (Mus.  Par.).  Puis  suivent  les  Coronellides,  Natricides  et 
Colubrides  (53  espèces)  dans  l'ordre  suivant  :  4  Polyondontophis, 
7  Ablabes,  1  CoroneUa,  H  Simodes,  9  Oliyodon,  1  Lylorhynchus^  9 
Zamenis,  1  Zaocys,  9  Coluber  et  le  monotype  Xenelaphis. 

Gunther  considère  les  Polyondontophis  comme  des  Ablabes,  sauf 
P.  subpunctatus  qu'il  regarde  comme  un  Oligodon.  Ils  montent  dans 
l'Himalaya  jusqu'à  10.000  m.  (coUaris).  P.  sagittatus  vit  au  Kangra. 


LA   DISTRIBUTION   DES   OPHIDIENS    SUR    LE    GLOBE  115 

P.  bistrigatus  de  la  Birmanie  existe  aussi  aux  Nicobares.  Les  Ablabes 
sont  répandues  partout  ;  A.  frenatus  des  monts  Khasia  existe  même 
en  Mésopotamie  et  dans  l'Afghanistan.  .4.  nicobaricnùs  est  endé- 
mique aux  Nicobares  ;  .1.  porphyracevs  va  de  l'Himalaya  au  Junuan 
et  jusqu'à  Sumatra.  La  seule  Coronella  (brachyura)  vit  au  Dekan. 
Des  Simotes,  trois  espèces  sont  rares  :  S.  planiceps  est  connu  seule- 
ment par  un  exemplaire  (Birma)  ;  S.  splendiilus,  1  exemplaire  au 
Wynaad,  S.  Beddonii,  2  exemplaires  au  Wynaad  et  le  S'.  octoUneatus 
de  la  Malaisie,  trouvé  une  seule  fois  aux  monts  Anamallay.  Il  y  en 
a  8  dans  l'Inde  transgangétique  et  3  au  Dekan.  Ollfjodon,  au  contraire, 
compte  3  espèces  à  Ceylan,  1  aux  monts  Khasia  et  0.  trmancoricus 
dont  un  seul  exemplaire  fut  trouvé  à  Tinevelly(il  y  en  a  7  en  Malai- 
sie). 0.  subgriseus  va  du  Sind  à  Ceylan  et  au  Bengale.  Lytorliynckus 
possède  l'espèce,  déjà  mentionnée,  au  Sind  {paradoxus).  Zamenis 
compte  trois  espèces  endémiques  [arenarius  Sind,  gracilis  Dekan 
et  Sind  et  fasciolatus  Shav\^)  ;  puis  4  déserticoles,  déjà  nommés  : 
ventrimaculatus,  ladacA-nsis,  Karelini,  diadema  et  deux  espèces  tro- 
picales :  Korros  et  mucosus. 

Zaocys  compte  une  espèce  tropicale,  mais  qui  monte  aux  monts 
Khasia  jusqu'à  7.000  m. 

Le  genre  Coluber  compte  deux  espèces  dans  le  nord  :  Hodgsoni 
dans  l'Himalaya  (c'est,  selon  Schlagintweit,  le  Serpent  qui  monte 
le  plus  haut  au  Ladak)  et  tieniurus  (nord-est),  le  reste  est  tropical, 
2  aux  Andamanes,  3  aux  monts  Khasia. 

Le  monotype  Xenelaphis  hexagonatus  appartient  à  l'Inde  trans- 
gangétique et  à  la  Malaisie.  Puis  viennent  6  Dendrophides  (5  Den- 
drophidium  et  1  Dendrelaphù),3  endémiques  à  Ceylan,  3  dans  l'Inde 
transgangétique  (dont  1  end.),  2  au  Dekan  (dont  1  end.). 

Ensuite  il  y  a  20-21  Natricides  :  Tropidonotus  et  1  Pseudocenodon 
dans  l'est,  tous  endémiques  à  l'exception  de  4  Tropidonotus  répandus 
aussi  en  Malaisie  et  en  Chine.  L'Himalaya  en  a  4,  T.  plalyceps  jusqu'à 
10.000  m.St-Johannis  end.  à  Kachemire,  3  aux  monts  Khasia  (dont 
1  end.). 

Ici  se  place  le  monotype  Xenochrophis  cerasogaster  de  l'Inde 
irsLRSgSingéliqueei  Ilelicops  schistosus,  qui  est  partout,  de  Ceylan 
au  Junnan.  Les  Serpents  inolîensifs  finissent  avec  deux  Acrochor- 
dides  :  Stolickaja  khasiensis  (mon.  end.)  et  Chersydrus  granidatus, 
répandu  jusqu'en  Nouvelle  Guinée. 

Les  Serpents  opisthoglyphes  (faiblement  vénéneux)  appartiennent 
à  4  familles  :  Dipsadides  (10),  Psammophides  (3),  Dryophides  (7)  et 
Homalopsides  (10). 


116  .1.   r'ALACKV 

Diysaf!  compte  4  espaces  ;i  Ccylau  (2  end.),  4  au  Dekan,  4  dans 
rinde  transgan^étique.  I).  viullinmculalus  pénètre  dans  la  Chine, 
/).  trignnata  au  Helutcliistan.  Le  monotype  hUascfiislodon  Wester- 
nunini  n'est  connu  (pie  par  i  exem|)laires  (Hanj^'oiin  et  IJengale). 
Psdnnnodyftdsti's  piilcerulcntus  va  de  l'Himalaya  par  l'Inde  transgau- 
{îétique  jusqu'en  Malaisie. 

Des  3  l'sdiinnoiihis,  l'un,  /'.  lontiifroua  n'est  connu  que  par  une 
seule  tète,  P.  Leitlii  estconliné  à  l'ouest  (Kacli,  Kajputanajel  le  seul 
P.  co7idanarus  s'avance  jusqu'au  Pegou.  Des  Dryophides,  4  sont  à 
l'ouest,  2  à  Ceylan,  3  à  l'est  jusqu'en  Birmanie,  seul,  /).  prasinus 
pénètre  dans  la  Malaisie.  Chrysopeleia  ornata  va  de  Ceylan  au  Siani 
et  dans  la  Malaisie. 

Relativement  mieux  représentés  sont  les  Homalopsinées  puisqu'il 
en  existe  7  genres  et  10  espèces,  parmi  lesquelles  6  monotypes  : 
llomalopsis  buccata  (lude  transgangétique,  Malaisie),  Cerherusrhyn- 
c/î(>/).s  (jusque  dans  la  Nouvelle  Guinée),  Fordonia  Icurohalia  (Inde 
transgangétique  jusqu'en  Australie),  Gcrardia  prevostiana  (Pegou), 
Cantoria  viulacea  (Birmanie)  et  Hypistes  hydrinus  (Inde  transgangé- 
tique). Les  4  Hypsirrhinn  sont  toutes  dans  l'Inde  transgangétique 
et  2  aussi  au  Dekan.  C'est  donc  une  famille  qui  olTre  son  maximum 
d'extension  dans  l'Inde. 

Il  y  a  enfin  o  familles  protéroglyphes  :  Hydrophides,  Elapides, 
Amblycéphalides,  Vipérides  et  Crotalides.  Boulenger  énumère  27 
Hydrophides,  dont  15  endémiques,  toutes  marines  (v.  s). 

La  plus  petite  de  ces  familles  est  celle  des  Amblycéphalides  (aupa- 
ravant rangée  parmi  les  Dipsadides),  qui  ne  compte  que  5  espèces, 
dont  4  dans  l'Inde  transgangétique  et  Ambtyœphalus  dans  l'Hima- 
laya oriental  et  aux  Nicobar. 

Les  Elapides  (4  genres  et  15  espèces)  ont  la  part  principale  dans 
les  20.000  décès  annuels  dus  à  la  morsure  des  Serpents  venimeux 
dans  l'Inde.  L'espèce  la  plus  connue  est  Naja  tripudians  Merrem,  le 
Serpent  dansant  des  Charmeurs,  répandu  de  la  Chine  et  de  la  mer 
Caspienne  à  travers  la  Perse  et  l'Inde  jusqu'à  Ceylan  et  aux  Anda- 
maues.  Le  plus  dangereux  Serpent  est  Bungarus  cœruleus,  répandu 
partout  au  Darpiling  même  à  6.800  m.  d'altitude.  Naja  bunqarna 
est  le  plus  long,  il  atteint  jusqu'à  7  m.  et  s'avance  jusqu'aux  Phi- 
lippines. Il  y  a  encore  4  5(/w^an/s  (1  end.  à  Ceylan,  lend.  en  Assam), 
2  AdeniophisilwdÇi  transgangétique,  Malaisie)  et  6CaUophis. 

Il  n'y  a  plus  que  3  genres  et  4  espèces  de  Vipérides  qui  trouvent 
ici  leur  frontière  orientale  :  Vipera  RusseUi  existe  au  Siam  ;  le 
monotype  Azemops  Feae  est  du  pays  des  Kakhyens  ;  Vipera  lebetina 


LA    DISTRIBUTION   DES    OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  117 

et  Fxhis  carwata  appartiennent  seulement  à  l'ouest  (Ketta,  Concan 
et  Bengale). 

Mais  les  Crolalides  comptent  12  espèces  répandues  un  peu  par- 
tout, par  exemple  :  aux  îles  Andaman  et  Nicobar  (1  end),  2  aux 
monts  Anamallay  (  1  end.  ).  Ancistrodon  himalmianus  monte  à  10.000  m.; 
Trimeresarus  grnmineus  au  Ladak  monte  à  11.000  m.,  etc. 

La  richesse  des  contrées  varie  singulièrement  :  Ceylan  n'a  que 
49  espèces  terrestres  chez  Boulenger  (43  chez  Tennent),  dont  2 
Typhlopides  (1  end.),  Cylindrophis  maculahis  end.;  6  Uropeltides 
(1  end.),  mais  pas  de  Calamaria  ;  4  Aspidura  (end.),  Lycodon  cari- 
natus  (end.),  3  Oligodon  (end.),  2  Dendrophis  (end.),  1  Tropidonotus 
(end.),  1  Dipsas  (end.)  et  1  Lachesis  (end.);  en  somme,  22  espèces 
endémiques. 

Le  Dekan  (l'Inde  antérieure  ou  prégangétique) compte  101  espèces, 
dont  41  endémiques  ;  34  Uropeltides,  2  Simotcs,  4  Oligodon,  1  Callo- 
phi  s. 

L'Him  jlaya  compte  54  espèces  (40  chez  Schlagintweit),  dont  2 
endémiques  :  Lycodon  Caniici  (Sikkim)  et  Tropidonotua  Joannis 
(Kacheniire). 

Les  monts  Khasia  ont  101  espèces, dont  17  endémiques  :  Typhlops 
jt'nloni,3  Lycodon,  2  Ahlahes,  4  Simotes,  1  Dendrophis,  4  Tropidonotus, 
le  monotype  endémique  Stolickaja  khasiensis,  Ancistrodon  hima- 
layanus.  L'Inde  transgangétique  en  compte  142  :3  Typhlops, 12  Tro- 
pidonotus, 7  Lycodon,  3  Zamenis,  o  Coluber,  11  Simotes,  4  Calamaria,  3 
Ahlahes,  8  Llipsirhina,  8  Dipsas,  4  Bungarus,  8  AmhUjcephalas,  6 
Lachesis,  etc.  Les  Andamanes  possèdent  11  espèces,  ainsi  que  les 
Nicobares  et  le  Junnan  10. 

La  Chine  ressemble  beaucoup  à  l'Inde  au  sud,  tandis  que  le  nord 
est  paléarctique.  Nous  connaissons  au  moins  80  espèces  terrestres 
certaines  (Bôttger,  en  1887,  en  compte  67).  11  y  a  2  Typhlopides  (le 
braminus  déjà  cité  et  lineatns  de  la  Malaisie),  Python  molurus  et 
Eryx  jaculus  (nord-ouest),  Xenopeltis  unicolor  (à  Peking,  selon  Wai- 
lace).  Des  50  Colubrides,  nous  notons  3  Calamaria  :  siamensis [Canton) 
septentrionalis  (Boulenger)  et  Berezowskii  ;  puis  2Achalinus  :  Bracon- 
nieri  (Sauvage,  end.)  et  rufescens  (Boulenger,  end.).  On  a  des  doutes 
sur  Oligodon  sublineatus  D.  B,  rapporté  par  la  Novara  d'Amoy  (intro- 
duit de  Ceylan).  Il  y  a  6  Sinntes,  mais  les  déterminations  de  Bou- 
lenger diffèrent  de  celles  de  Bôttger  en  ce  qu'il  réunit  3  espèces 
endémiques  :  sicinhonis,  bicatenatus  et  trinotatus  à  d'autres  espèces  ; 
il  en  reste  3  end.  :  chinensis  et  formosanus  (Giinther),  Vaillanti 
(Sauvage).  Outre  VAblabes  major,  il   y    a  au    moins  12  Coluber  : 


lis  .1.   l'ALACKV 

Diaiititinuus,  i/unu(inu'nsi:<,  Ihiriili,  .Utillnulur/fi,  puis  iliniii\  sduro- 
mad's,  riifodorsalKS,  idruinnis,  iiirhniunts  et  nulidtus,  Icorros  et 
mucosus  (Inde),  ariuili.  Au  nord,  il  y  a  2.  /(iiiwnis  {spinalis  et  Hater- 
(jirri). 

Puis  viennent  /aocys  dhumnadcs,  Opitkotropis  Andersoni  (end. 
Hongkong),  2  Pseudo.renodon  (wacrops  end.),  Helicops  schistoaua 
et  il  à  13  Tropiiloiiotiis  (E.  nitchalis,  sirinfiouft,  anniilurin,  hallratus 
(Boul.).  Le  reste  est  indien.  Puis  2.  Lycudun  (auUcus,  Hongkong),  2 
Dinodon,  Hhahdops  bicolor.  Les  deux  Ophiles  manquent  chez  Bou- 
lenger,  qui  a  0.  liiihstrati  sous  le  nom  de  Dinodon  aeptenh'ionalis.  Il 
y  a  au  moins  a  Homalopsides  :  i  Ilypsii  hina  [Bennclli  end.)  et  lluina- 
lopsis  buccata.  Wallace  énumère  aussi  Ferania  Sleboldi.  Il  y  a  au 
moins  7  Dipsadides  {Tapliromi-lopon,  PsamodynasWs  pulverulentna, 
1  Chrysopeleia,  'l  Dendrophis,  Trngopsprasinus,  Dipaas  multiniaculata, 
D.  bubalina).  Boulenger  réunit  ÏEuophrys  modestus  (Gùnlher)  au 
Plulodryas  Scholti  (néotrop.)) 

II  y  a  2  Amblycôphalides  :  Pareas  MoUendorf/i  (end.)  et  Pseudo- 
pareas  vagns  (end.)  (Boulenger  doute  de  la  provenance).  Puis  vien- 
nent 5  Elapides  Naja  tripudians,  Ophiopkayus  etaps,  2  Bungarits,  et  7 
Crotalides  (3  Halys  et  4  Lachesis).  Tout  n'est  pas  encore  connu. 

Les  Philippines  sont  encore  plus  riches  (82  esp.  chez  Boulenger, 
85  chez  Bottger  en  1886  (9  marines),  3  genres  et  36  espèces  endémi- 
ques, c'est-à-dire  presque  la  moitié  des  espèces  terrestres.  On  compte 
6  Typhlopides  (end.),  7  Tropidonotits  (4  end.),  3  O.ryrhabdium,  le 
mon.  end.  Cyclocorus  lineatiis,  3  Lycodon  {i  end.),  3  Stegonotus  (1 
end.),  Zaocys  luzonensis  {end.),  3  Cohiber,  2  Dendrophis,  2  à  3  Den- 
drelaphis,  2  à  3  Simotes  (1  end.),  3  Oligodon  (end.)  2  Paeudorhabdium 
(1  end.),  6  Calamaria  (5  end.)  et  le  mon.  end.  Typhlogeophis  brevis. 

Enfin,  il  y  a  3  Homalopsides  (Cerberus  rhynchops  (end.),  micro- 
lapis  et  Gerardia  Prewstiana),  Psammodynastes  pulceridentiis,  Chry- 
sopeleia  ornata,  Dryophiops  philippina  (Giinther,  end.),  Tragops 
prasinus  et  5  à  6  Dipsas  (Philippina,  guiraonis,  angulata),  3  Naja 
(tripudians,  bungarus,  samarensis),  Ophiophagus  fasciatus  (Peters),  2 
Hemibungariis  end.  (collaris  et  calligaster),  2  boliophis  end.  (bilineatus 
et  phiiippinus] ,  Haplopellura  boa,  4  à  5  Lachesis  (Schadenbergi,  end.) 
et  le  Serpent  de  mer  Hydrophis  Semperi  dans  la  lagune  Taal  (Luzon). 

Enfin,  la  Malaisie,  prise  dans  son  ensemble,  est  très  riche  (178 
espèces),  mais  surtout  les  grandes  îles  de  l'ouest  :  Java  (76),  Bornéo 
(78  à  93),  Sumatra  (76  à  80),  tandis  que  l'est  s'appauvrit  graduelle 
meut. 

Mais  il  n'y  a  pas  beaucoup  d'endémisme,  le  type  est  indien.  Naja 


LA    DISTRIBUTION    DES   OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  119 

tripudians  et  Lycodon  aulicus,  par  exemple,  vont  jusqu'à  Horès.  Il 
y  a  10  Typhlopides  (3  à  Java,  3  à  Sumatra,  2  à  Bornéo,  4  end.). 
Il  n'y  a  que  7  Boides  :  Liasis  Makloti  (Timor),  Python  amethyctinus 
(Timor,  Ceram,  Moluques),  reticulatus  (le  seul  Boïde  de  Bornéo, 
selon  Gùnther,  jusqu'au  Florès),  molariis  (Java),  curtus  (Bornéo  et 
Sumatra),  Enygrus  carinatus  (MoUuques,  Java  2,  Sumatra  2,  Ter- 
nate  4)  ;  Cylindropliis  rufus  (à  l'ouest  jusqu'à  Célèbes),  le  nouveau 
C.  opisthorhodus  Boul.  (end.  à  Lombok);  Xenopeltis  anwolor(à.  l'ouest 
jusqu'au  Nias).  Il  y  a  3  Acrochordides  :  Cheraydrm  granulatus 
(ouest  à  Célèbes),  Xenodermus  javanicus  (Java  et  Sumatra)  et  Acro- 
chordus  javanicus  (Java  et  Bornéo). 

Parmi  les  Colubrides,  il  y  a  :  Polyodontophis  geininatus  (ouest,  à 
Lombok),  17  Tropidonotus,  dont  9  endémiques  :  2à  Halmaheira,  3  à 
Bornéo,  2  à  Célèbes  ;  en  somme,  9  à  Bornéo,  6  à  Java,  4  à  Sumatra. 
Puis  2  Macropisthodon  (ouest),  Pseudoxenodon  inornatus  (Java),  2 
Opisthotropis  (end.,  Bornéo  et  Sumatra)  Bornéo  possède  exclusive- 
ment le  genre  Hydrahtabes  (2).  Brachyorhos  albus  est  en  Java, 
Amboina  à  Timor;  Elapoïdes  fuscus  à  Java  et  à  Sumatra,  Tetralepis 
fruhstorfferi  (mon.  end.)  à  Java.  Il  y  a  5  Lycodon  (stonni,  end.  à 
Célèbes,  albofmcuii  end.  à  Sumatra,  Bornéo,  Nias),  puis  Stegonotus 
batjanensis  (end.),  S.  modestus  au  Céram  et  à  Amboina  ;  Dryocalamus 
mbannulatus  à  Sumatra,  2  Zaocys  (ouest,  fuscus  end.,  Bornéo,  Su- 
matra), 3  Zamenis  {mucosus  Java,  Sumatra;  korros,  de  même), 
dipsas  (end.  à  Célèbes),  Xenelaphis  liexagonotus  (ouest),  8  Coluber 
{janseni  end.  à  Célèbes,  enganensis  à  Sumatra,  subriidiatus  à  Timor 
et  Florès),  enfin  le  monotype  end.  Gonyophis  à  Bornéo  et  à  Singa- 
pore,  4  Dendrophis  (jusqu'à  Florès  et  D.  inornata  à  Sumbawa),  3 
IJendrelaphis  (modestus  end.  à  Ternate). 

Puis  il  y  a  6  Simotes  (2  end.  à  Bornéo),  7  Oligodon  tous  end.  (2  à 
Célèbes,  2  à  Bornéo),  Agrophis  sarasinorum  mon.  end.  à  Célèbes, 
3  à  4  Ablabes  (2  end.),  le  mon.  end.  Idiopholis  coUaris  à  Bornéo,  le 
mon.  end.  Rhabdophidium  Forsteni  à  Célèbes,  1  Pseudorhabdium  et 
la  majorité  des  Calamaria  (27  dont  24  end.,  18  à  Bornéo  (12  end.), 
11  à  Java  (2  end.),  9  à  Sumatra  (1  end.),  3  à  Célèbes. 

Il  y  a  9  Homalopsides  (2  Hypsirhina  end.  à  Sumatra),  puis  17 
Dipsadides  :  8  Dipsas  (3  end.),  Psammodynastes  pukeridentus,  P. 
pictus,  3  Dryophis,  1  Dryophiops,  3  Chrysopeleia.  Nous  trouvons  10 
Elapidcs  :  Pseudelaps  MiUlcri.  (Céram,  Mysol),  Acanthophis  antarcticus 
(Céram),  3  Bungarus  (ouest),  2  Naja  (tripudians  jusqu'à  Flores,  bun- 
garus  à  Bornéo),  Callophis  gracilis  (ouest),  2  Doliophis.  Puis  4 
Amblycéphalides  :    tlaplopeltura  boa  et  3  Amblycephalus  (ouest). 


120  J.   l'ALACKV 

l*:iriiii  les  Vi|K'ii(lt'S,  l;i  seule  \  .  /fusse///  ;"i  Siim;ilr;i.  Kiiliii  il  y  a  8 
(iroliiiitles,  toutes  des /.^/6'//('.s/.s\  à  roxceplion  d'  1  nristrodoii  rlnnlosUmm 
(Java).  /,.  yramturu.ç s'étend  jusqu'à  Florès. 

Les  espères  eudérniques  sont  plus  rares  à  l'est,  Bornéo  compte  3 
genres  et  :24  espèces  en(lénii(iues  ((iiintliei-  en  a  '20),  Sumatra  seule- 
ment 7,  Java  5  (et  1  jçeure),  mais  Célèbes  2  j^enres  et  il  espèces, 
puis  il  yen  a  à  Ternate,  Florès,  Lomhok.  Ilalmaheira,  etc.  .Mais  le 
nombre  absolu  des  espèces  décroît  :  la  colleclion  Kverett  (jui  comp- 
tait 3  nouveautés,  n'avait  que  15  espèces  (Florès,  Lombok,  Sum 
bava,  etc.). 

Ce  sont  surtout  les  Colubrides  qui  disparaissent,  puis  les  Ambly- 
cépbalides  et  les  Vipérides,  mais  les  Typldopides,  les  Boïdes  et  les 
Crotalides  se  maintiennent  aux  confins  de  l'Asie. 

Australie.  —  L'Australie  se  signale  par  une  abondance  extraor- 
dinaire des  Serpents  venimeux  qui  forment  plus  de  la  moitié  et, 
avec  les  Serpents  marins,  les  deux  tiers  des  espèces.  Le  nord  de 
l'Australie,  qui  a  des  Boïdes,  des  Dendroplm,  des  Tropidonotus, 
diffère  du  sud,  où  les  Elapides  dominent  exclusivement,  à  ce 
qu'il  paraît,  en  Tasmanie.  Nous  connaissons  déjà  18  Typhlopides 
(M'Leay  7),  dont  IH  endémiques,  une  aussi  à  Timor,  la  dernière 
aux  Moluques  et  aux  Philippines.  De  même,  nous  notous  7  Boïdes 
(M'Leay  11),  dont  4  et  le  genre  Aspidites  endémiques.  Ces  deux 
familles  sont  plutôt  au  nord,  mais  les  îles  Houtmans  Abrolbos  ont 
le  Python  spiloldi,  qui  est  aussi  en  x\ouvelle-Guinée  ;  Enyyrus  aiis- 
tralis  {Montrouzieri  B.)  est  à  Rotuma.  Les  Colubrides  dans  le  sens 
de  Boulenger,  mais  sans  les  Hydropbides  et  Elapides,  sont  ici  au 
nombre  de  9  (M'Leay  17)  :  Tropidonotm  picturaùus  (M'Leay  È),  Steyo- 
notm  cucullatus,  S.  plumbeus  (Queensl.),  .S.  modestus,  Dendrophis 
pimctulatus,  l).  calligaster  (îles  de  la  Torrestrait;  M'Leay  6),  tous  au 
nord-est  (end.);  Dipsas  fusca  (Essington,  N.  S.  W  ;  M'Leay  3)  et  4 
Homalopsides  (M'Leay  3),  Hypsirhina  M'Leayi  (end.),  Cerberus  aus- 
trnlis  (end.),  Myron  IHckardsoni  (mou.  end.  du  nord-ouest)  et  la 
seule  espèce  indomalaise  Fordonia  leucobalia  (au  nord). 

Chez  Boulenger  il  y  a  10  Hydropbides  (3  espèces  end.),  dont  un 
genre  monotype  :  Hydrelaps  darwiniensis.  M'Leay  en  compte  5. 

Les  Elapides  sont  au  nombre  de  11  genres  et  56  espèces,  dont  51 
endémiques  (M'Leay  57).  Les  espèces  sont  très  locales,  le  Queens- 
land,  par  exemple,  en  a  20,  dont  13  endémiques,  et  plus  nombreuses 
à  l'ouest  (12,  dont  8  end.)  qu'au  sud  (8).  il  n'y  a  pas  d'espèce  com- 
mune à  toute  l'Australie.  Pseudoelaps  diadema  manque   au   sud. 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  121 

Pseudechis  porphyriacus  au  nord.  Les  espèces  non  endémiques  sont, 
en  ïasmanie  :  Notechis  scutatus  et  2  Denisonia  et  en  Nouvelle  Guinée 
les  Boïdes  et  les  Colubrides.  L'île  Norfolk  possède  une  espèce  de 
l'Australie  orientale  :  Diemenia  textilis  D.  B. 

La  Nouvelle-Zélande  n'en  a  pas,  ni  la  Polynésie,  mais  la  Papouasie 
est  relativement  riche,  surtout  la  Nouvelle  Guinée,  qui  ressemble  à 
l'Australie  septentrionale,  mais  compte  36  espèces  terrestres  :  4 
Typhlopides  (1  end.),  9  Boïdes  (1  end.),  15  Colubrides  (end.),  '2 
Stegonotus,  2  Dendrophis,  iJendrelaphis  papuensis)  et  8  Elapides 
(1  end.),  puis  6  espèces  marines.  Il  n'y  a  plus  qu'une  seule  Homa- 
lopside  :  Fordonia  leucohalia  et  une  seule  Dipsadide  :  D.  irregularis, 
mais  4  Stegonotus,  4  Dendrophis  et  plusieurs  espèces  malaises  : 
Brachyorlios  dlbus,  Acrochordus  javanicus,  Chersydrus  granulatus. 

Les  petites  îles  environnantes  elles-mêmes  ne  sont  pas  dépour- 
vues d'Ophidiens  (îles  Kei,  6  espèces),  même  endémiques  {Dipsas 
aruana  Gûnther,  par  exemple). 

Les  îles  du  duc  d"Yorkenont  10  endémiques  :  Typhlops  depressus, 
3  Boïdes,  3  Dendrophis,  Tropidonotus  hypomelas  (même  à  la  Nouvelle- 
Bretagne),  1  Stegonotus  (de  même)  et  une  Elapide  :  Diemenia  Mïilleri. 

Les  îles  Salomon  ressemblent  davantage  à  l'Australie,  car  elles 
ont  4  Elapides  à  côté  d'un  Typhlops  end.  (Salomonis)  et  de  Dipsas 
irregularis  de  la  Nouvelle-Guinée. 

Les  îles  Viti  en  diffèrent,  car  elles  possèdent  un  genre  mono- 
type end.  Ogmodon  vitianus  (Elapide),  un  Ophites  septentrionalis  (de 
Chine),  Dipsas  nuchalis,  Enygrus  Bibroni,  Trimeresurus  Jordani.  La 
limite  septentrionale  paraît  être  aux  îles  Pe\ew -.Typhlops  acuticauda, 
Enygrus  carinatns,  Cerherus  rhynchops,  Dendrophis  lineolntus  et 
Hotuma  ;  la  limite  orientale  possède  des  Enygrus  :  carinatus  (Loui- 
siades,  Nouvelle-Irlande,  Nouvelle-Bretagne);  Bibroni  et  Montron- 
2zm  (îles  de  Tonga,  Nouvelle-Calédonie,  Nouvelle-Irlande,  Loyalty); 
australis  (ile  de  Loyalty,  Samoya);  Nardoa  boa  mon.  end.  en  Nou- 
velle-Irlande. On  ne  sait  ce  qu'est  Megalops  maculatus  Hallowell 
de  Taïti.  Peters  cite  un  Typhlops  angusticeps  en  Nouvelle-Calé- 
donie, où  Bernard  (d'après  Bavay)  nie  l'existence  de  tout  Ophidien 
terrestre.  Trouessart  y  cite  un  Neelaps  neocaledonicus  (d'après 
Vaillant). 

Amérique.  —  L'Amérique  ne  possède  plus  le  maximum  des 
Serpents.  Boulenger  en  énumère  524  espèces  terrestres  et  2  marines, 
mais  auparavant  on  avait  décrit  plus  de  800  espèces  ;  il  y  a  donc  eu 
ici  une  contraction  assez  forte  (par  exemple  Tropidonotus  ordinatus 
a  22 synonymes,  Crotalus  terrificus  17). 


i22  J.  l'ALACKV 

l'ii  fait  exlraonlinaire,  c'est  (|iie  rAiin''ii(|ue  tlii  Sud  ii'csl  pas, 
relaliveiiieiil  à  son  étendue,  aussi  riche  (jue  i'Aincriciut;  C(;nlrale  et 
le  Mexique  qui  sont  relativement  les  pays  les  plus  riches  du  monde. 
On  y  observe  le  maximuu)  d'espèces  endémiques,  par  exemple  à 
Costa  Uica,  qui  a  un  i^enre  endémiciuc  (^omjjosé  de  27  espèces. 

Les  deux  contrées  sus-nommées  ont  170  espèces  et  16  genres 
endémiques,  surtout  des  (lolubrides  (Boni.),  des  Oalamarides  et  des 
Coronellides.  L'expédition  française  du  Mexique  a  décrit  48  Gala- 
marides  (Kabdosominées).  Malheureusement  notre  connaissance 
est  incomplète,  surtout  en  ce  ({ui  concerne  les  frontières  du  nord  et 
du  sud,  mais  certainement  il  n'y  a  pas  de  Serpents  néarcliques  ou 
néantarctiques. 

Nous  donnons  le  nombre  des  espèces  énumérées  par  quelques 
auteurs:  Lac  supérieur  4  (Agassiz)  ;  Canada  19  (Ross);  Maine  11  ; 
Etats-Unis  du  nord  44  (Jordan)  ;  Amérique  du  Nord  112  (Baird  et 
Girard),  14U  (Heilprin),  144  (Cope),  169  (Garman),  98  (Bouleuger)  : 
Californie  30;  Etats-Unis  mexicains  42  {Boinidary  commisaion)  ; 
Dakota  12  {U.  S.  North  Bonnd.  coin.  Cope);  Bahamas  8;  Mexique  et 
Amérique  centrale  315  (Cope),  266  [liiologia  ccutrali  americana), 
287  (Boulenger);  Antilles  60  (Boulenger);  Domingo  15;  Cuba  14; 
Amérique  du  Sud  266;  Guyane  73  (Schomburgk  33)  ;  Brésil  151  ; 
Paraguay  41  (24  Bôttger)  ;  République  Argentine  31(Burnieister  18)  ; 
Uruguay  25;  Amérique  andine  143;  Colombie  37;  Venezuela  36; 
Equateur  58  ;  Pérou  72  (Ischudi  17)  ;  Bolivie  32;  Guyaquil  13  (Bou- 
lenger), 40  coll.  Castelnau,  51  (coll.  d'Orbigny),32(coll.  Page),  11  coll. 
Orton),  41  (2^  coll.  Orton)  ;  Chili  7  (Gay)  ;  Rio  Grande  do  Sud  19. 

Pour  toute  l'Amérique,  Boulenger  énumère  22  Typhlopides,  32 
Boïdes,  Hysia,  1  Acrochordide,  177  Colubrides  non  vénéneux,  123 
Dipsadides,28  EIapides,22  Amblycéphalideset  38  Crotalides(plus  1 
/f?/(//'op/!?s).LesCrotalides  vrais  sontaméricains.  L'Amérique  du  Sud 
possède  le  maximum  des  Dipsadides  et  des  Amblycé|)halides.  11  n'y 
a  pas  d'espèce  commune  avec  l'ancien  monde  et  fort  peu  de  genres 
(Tijphlops,  Glauconia,  Tropidonotus,  Zamenis,  Coronelia,  Coiuber, 
Contia,  Ancistrodon,  Lachesis). 

Il  n'y  a  pas  d'alfiuité  avec  l'Asie  orientale.  Le  Canada  est  seule- 
ment plus  pauvre  que  les  Etats  Unis,  mais  il  n'offre  rien  de  parti- 
culier, par  exemple,  chez  Boulenger  :  Tropidonotus  leptocephalus, 
T.  vagans  (Colombie,  Californie),  T.  ordinatns  (Lac  Winipeg- 
Mexique),  T.  fasciatus  (Canada,  Costa  Rica),  Ischnognathus  Dekayi 
(Canada,  Guatemala),  Coronelia  punctata  (Canada,  Nouvelle-Ecosse, 
Mexique),  Sistrurus  catenatus  (Grand  Lac,  Mexique). 


LA    DISTRIBUTION    DES   OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  123 

Chez  Boulenger,  les  Etats-Unis  ne  comptent  que  98  espèces, 
parce  qu-il  a  réuni  une  foule  d'espèces  à  d'autres  -.Crotalus  horridus 
a  10  synonymes,  C.  confluenlus  14,  etc.  Ils  comptent  62  espèces 
endémiques  et  8  genres  et  pas  moins  de  79  Golubrides,  dont  seule- 
ment 6  vénéneux  (Dipsadides  dans  le  sud).  Les  familles  tropicales 
sont  confinées  dans  le  sud  (Elapides  2,  Typhlopides  2)  ou  dans 
l'ouest  (Boïdes  3  à  5  genres) et  36  à  38  espèces  communes  aux  Etats- 
Unis  et  au  Mexique,  dont  27  s'avancent  jusque  dans  l'Amérique 
centrale. 

Les  Serpents  des  Antilles  sont  très  différents,  de  même  que  ceux 
de  l'Amérique  du  Sud.  Les  familles  caractéristiques  sont  les  Natri- 
cides  (Tropidonotides),  les  Coronellides,  moins  les  Calamarides  et 
Crotalides,  plus  nombreuses  au  Mexique  (12  à  24).  Les  genres  les 
plus  riches  en  espèces  sont  :  l ropidonotus  16,  Coronella  11,  Crotalus 
9,  Coluber  8  et  Contia. 

On  peut  y  distinguer  trois  subrégions  :  le  nord-ouest,  le  sud-est 
et  louest. 

Le  nord-ouest  n'a  pas  de  Typhlopides,  Boïdes,  Dipsadides  et 
Elapides,  mais  une  foule  de  Nalricides,  Coronellides  et  Crotalides, 
surtout  d' Eutainia (Tropidonotus).  Le  sud-est  commence  en  Caroline 
avec  Elaps  fulvius.  Il  n'y  a  pas  de  Boïdes,  2  Glauconia  seulement 
dans  l'ouest,  mais  5  Dipsadides.  Les  genres  typiques  sont  les 
anciennes  Rabdosominées  (Calamarinées).  Le  sud -ouest  renferme  : 
Amphiardn,  Ualdea,  Ficimia,  Heterodon,  Cemapliora,  Virginia,  Abastor, 
Farancia,  Liophis,  Slilosoina. 

L'ouest,  plus  sec,  est  aussi  plus  pauvre,  dès  les  steppes  du  Dakota 
et  du  Nebraska.  L'est  n'a  pas  de  Boïdes  qui  sont  plus  près  de  la 
mer  (Char' ina,  Lichanura).  Le  sud  a  déjà  des  Elapides  [Elaps,  Tri- 
morphodon)  et  des  Typhlopides  [Glauconia). 

11  y  a  fort  peu  d'espèces  très  répandues  comme  Bascanion  cona- 
trictor,  Tropidonotus  sirlalis,  T.  sipedon,  Ophibolus  triangulum,  le 
type  le  plus  ancien,  d'après  Cope,  est  aussi  le  plus  répandu,  puis- 
qu'il a  jusqu'à  8  petits,  mais  il  pai'aît  très  variable  (11  variétés 
décrites  auparavant  comme  des  espèces.  En  somme,  la  variation 
individuelle  parait  considérable. 

Le  Mexique  et  l'Amérique  centrale,  qui  eu  difTèrent  seulement  par 
un  peu  plus  d'espèces  néotropiques,  sont  les  pays  relativement  les 
plus  riches  au  monde  et  ils  possèdent  ensemble  42  espèces.  C'est 
surtout  la  richesse  en  Golubrides  (Boulenger  204,  dont  50  end., 
Cope  215,  Gûuther  (Biologia)  214),  qui  est  étonnante.  Il  y  a  là  19 


124  .J.    l'ALACKV 

Hoinoluntinion,  \:]('oluher,  \2(irnj)ltis,  llli(nlinr(i{C.a\)('),  Tropidonolus 
(|{(>iil('iii;(^r,  (]()|)e  17),  M)  Lcptafiliis. 

Il  y  a  'J  Typlilopides  (Houlenger,  Cope  i^),  G  Boides  (Houlenger, 
Cope  12,  dont  o  au  Mexique),  1  Acrocliordide  (Nothop><is  nn/osus 
mon.  end.  au  Darien),  ^7  Dipsadides.  4  Klapides,  mais  1)  Amblycé- 
phalides  (l.epl(i(iualiis)v{  le  maximum  des  Crotalides  (24).  Le  passage 
au  néotropique  est  très  sensible. 

Les  Antilles  sont  au  contraire  tout  à  fait  néotropiques.  Elles  n'ont 
que  ")9  espèces  et  seulement  24  espèces  et  4  genres  endémiques, 
mais  il  y  a  une  différence  entre  les  iles.Trinidad  formant  la  transi- 
tion à  l'Amérique  du  Sud,  qui  ne  compte  qu'une  seule  espèce 
endémique  sur  IG;  Saint  Domingue  en  a  9  espèces  et  .3  genres  sur  i5 
espèces  ;  Cuba  1  genre  et  10  espèces  sur  14.  Le  nombre  des  espèces 
endémiques  justifie  une  subrégion.  Les  genres  endémiques  sont  • 
Uroniaces  (3  espèces),  falttis  (mon.),  Hypsirhynchus  (mon.),  tous  les 
trois  à  Saint-Domingue,  Arrhyton  {3)  à  Cuba.  Il  y  a  4  Typhlopides 
et  15  Boïdes  (7  Epicratea,  o  Ungalia  (4  end.),  o  Dipsadides,  1  FAaps, 
1  Bothrops  ;  les  autres  sont  des  Colubrides  (8  Dromicns,  7  Uophis), 
même  dans  les  petites  îles.  Sept  espèces  néolropiques  ne  dépassent 
pas  Trinidad.  Tropidonotua  est  représenté  par  une  seule  espèce 
endémique  {anoacopus  Cuba),  les  autres  genres  sont  néotropiques. 

L'Amérique  du  Sud,  la  vraie  région  néotropique,  n'est  pas  riche 
relativement  à  son  étendue  (266  espèces  :  13  Typhlopides,  12  Boïdes, 
1  llysia,  113  Colubrides  non  vénéneux,  73  Dipsadides  (maximum], 
26  Elapides,  15  Amblycéphalides,  15  Crotalides,  1  Hydrophis.  C'est 
la  richesse  des  Dipsadides,  Amblycéphalides  et  Elapides  qui  con- 
traste avec  les  autres  familles.  Il  n'y  a  pas  de  grands  genres,  excepté 
Elaps  (25),  AtU-actus  (18).  Rliadinea  (16),  Lachesis  (13).  Il  n'y  a  qu'en- 
viron 19  espèces  avec  les  Antilles  et  29  avec  l'Amérique  centrale. 
La  contrée  la  plus  pauvre  est  la  Guyane  (63  espèces,  dont  5  endé- 
miques), qui  ressemble  (par  54  espèces  communes)  au  Brésil  (152 
espèces,  dont  39  et  1  genre  Elapoinajus  sont  endémiques).  Là  il  y  a 
44  Dipsadides  et  11  Elapides,  mais  seulement  8  Crotalides  et  près- 
qu'autant  d'Amblycéphalides  (9),  mais  seulement  5  Boïdes  et  6 
Typhlopides. 

Le  nombre  relatif  des  Colubrides  (non  vénéneux)  diminue  relati- 
vement du  nord  au  sud  et  à  l'ouest.  En  Guyane,  28  sur  73;  au  Brésil, 
68  sur  152  ;  dans  le  sud  (Paraguay,  ITruguay,  Argentine)  24  sur  60  ; 
dans  l'ouest  (Colombie,  Chili)  67  sur  143;  mais  la  proportion  des 
Serpents  vénéneux  augmente;  en  Guyane  32,  au  Brésil  72,  au  sud 
28,  à  l'ouest  71,  fait  qu'on  observe  aussi  en  Australie.   Nous  ne 


LA    DISTRIBUTION    DES    OPHIDIENS    SUR    LE   GLOBE  125 

connaissons  pas  la  limite  australe  des  Serpents  :  au  Chili,  c'est 
Lystrophis  Orbignyi;  en  Patagouie,  ce  sont  Lystrophis  semicivctus, 
Pliilodryas  Schokari  (Rio  Negro)  et  Botlirops  patagonicus  (Bahia 
blanca),  qui  constituent  l'arrière-garde.  La  cote  desséchée  du  Pérou 
et  du  Chili  paraît  très  pauvre.  Guyaquil  en  compte  13  et  tout  le 
Chili  5  (chez  Boulenger),  et  le  Pérou  maritime  n'est  pas  beaucoup 
plus  riche  :  Glanconia  alhifnms,  Leptophis  occidentalis,  lihadinea 
Merremi,  Oxyrhopus  Filzlnyeri,  Dromicus  Chaniissoi  (le  seul  Ser- 
pent des  Galopagos),  Tachynienis  peruvianus,  Leptoynathm  Catesbyi, 
Lachesis  picta  (seul  vénéneux,  selon  Tschûdi). 

La  grande  forêt  de  la  vallée  du  Maraâon  paraît  avoir  les  mêmes 
Serpents  partout,  voilà  pourquoi  la  Guyane  a  54  espèces  communes 
avec  le  Brésil  et  le  Pérou  environ  37  ;  le  nombre  est  incertain, 
parce  que  chez  quelques  espèces  la  patrie  est  désignée  seulement 
par  le  haut  Maranon. 

Les  genres  les  plus  typiques  pour  rAmérique  du  sud  sont  Eunec- 
tes,  Ilysia,  Ilelicops,  Drymobim,  Herpetodryas,  SpUotes,  Leptophis, 
Liopilis,  Rhadinea,  Aporophis,  Xenodon,  Urotheca,  Drepanodon,  Attrac- 
tus,  Oxyrhopus,  Tomodon,  Philodryas,  Apostolepis,  Elapomorphiis, 
Elaps,  Leptognathus,  Lachesis. 

Il  y  a  peu  de  genres  endémiques  comme  Eunectes,  llysia,  Cyclagras, 
Lystrophis,  Aporophis,  Dimades,  Uydrops,  Sinwphis,  Lycognathus, 
Philodryas,  Apostolepis,  Elapoitiojus.  Dipsas. 

La  plupart  des  genres  non  endémiques  ne  dépasse  pas  rAmérique 
centrale,  le  iMexique  ou  les  Antilles.  Il  n'y  a  de  distribution  irré- 
gulière que  chez  Helicops  (1  dans  l'Inde),  Leptodira  [Hotambeia.  dans 
l'Afrique  tropicale),  Boa  (Madagascar),  Lachesis  (Asie),  Pseudopareas 
(la  seconde  espèce  à  Hongkong).  Naturellement  les  genres  amphi- 
tropicaux  {Typhlops,  Glauconia)  ou  cosmopolites  [Coluber]  font 
exception,  mais  il  y  en  a  si  peu  !  Il  est  possible  qu'avec  une  meil- 
leure connaissance  de  la  distribution  locale,  on  pourra  en  avoir  une 
idée  tout  autre,  en  prenant  les  forêts  de  l'Amazone  comme  centre, 
ou  peut-être  le  Brésil  ;  dans  cette  question,  c'est  la  Géologie  qui 
décidera,  d'où  rayonnent  les  genres  néotropiques  en  s'affaiblissaut 
peu  à  peu,  mais  aujourd'hui  nous  ne  saurions  défendre  cette  vue, 
faute  de  preuves. 

Il  suffit  de  dire  que  nous  n  y  connaissons  aucun  Serpent  fossile, 
car  les  cavernes  explorées  par  Lund  sont  de  date  incertaine,  peut- 
être  récente,  et  la  République  Argentine  qui  nous  donna  tant  de 
iMammifères  fossiles,  n'en  a  pas  fourni  jusqu'ici. 


126 


ÉTUDE  SUR  LES  RUMINANTS  DE  L  ASIE  CENTRALE  (I: 


EUGENE    DE    POUSARGUES 

Prépaniteur  au  Muséum  d'Iiisloiie  naliiiellc, 
Lauréat  de  rinslitut. 


CONSIDEIIATIONS   GÉNÉRALES 

1"   APERÇU    GEOGRAPHIQUE 

Les  Zoologistes  d'accord  avec  les  Géographes  comprennent  sous 
le  nom  d'Asie  centrale  le  Gobi  et  le  Tibet,  ainsi  que  les  chaînes  de 
montagnes  qui  entourent  ces  deux  vastes  régions  d'une  ceinture  à 
peu  près  ininterrompue  dont  les  pics  les  plus  élevés  se  trouvent 
dans  le  Sud. 

Montagnes  de  Ceinture 

Au  nord,  à  l'ouest  et  au  sud,  cette  ceinture  coïncide  assez  exacte- 
ment avec  les  frontières  politiques  de  l'empire  chinois;  à  l'est,  elle 
sépare  la  Mongolie  et  le  Tibet  de  la  Chine  proprement  dite  et  de  la 
Mandchou  rie. 

Les  différents  systèmes  qui  la  composent  sont  les  suivants  : 

Au  sud,  l'Himalaya  ; 

A  Vouest,  le  Karakoroum,  le  Pauiir,  le  Trans-Alaï,  l'Alaï,  leThian- 
Chan,  le  Boro-Koro  et  l'Ala-Taou  ; 

Au  nord,  le  Tarbagataï,  l'Altaï,  les  monts  Saïan,  l'Ergik-Targak, 
le  massif  du  Mounkou-Sardyk,  les  Alpes  de  Tounka,  le  Khamar- 
Daban,  les  pentes  sud  du  plateau  de  Vilim  et  les  monts  lablonovyi 
jusqu'au  point  où  viennent  confluer  la  Chilka  et  l'Argouu  pour 
former  le  cours  principal  de  l'Amour  ; 

.4  Vei^t,  le  Grand  Khingan,  l'Jn  Chan,  les  montagnes  du  nord  des 
provinces  du  Chan-Si,du  Chen  Si  et  du  Kan-Sou,  bordant  au  sud  le 
pays  des  Ordoset  le  désert  d'Ala-Chan,  enfin  le  chaos  de  montagnes 
qui  s'étend  du  Kan-Sou  jusque  vers  le  coude  du  Brahmapoutre,  et 

(I)  Mémoire  auquel  le  quatrième  Congrès  international  de  Zoologie,  réuni  à 
Cambridge  (Angleterre)  du  23  au  27  août  1898,  a  décerné  le  prix  de  S.  M.  le  Tsar 
Alexandre  III. 


ÉTUDE  SUR   LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE    CENTRALE  127 

que  la  plupart  des  géographes  désignent  aujourd'hui  sous  le  nom 
collectif  d'Alpes  du  Se-Tchouan. 

Les  régions  comprises  à  l'intérieur  de  ce  vaste  périmètre  se 
dressent  au  milieu  de  l'Asie  comme  une  énorme  pyramide  irrégu- 
lièrement quadrangulaire,  à  sommet  tronqué  et  excavé  oblique- 
ment, suivant  une  direction  générale  sud-ouest  nord-est,  et  dont 
les  quatre  faces  ou  versants  principaux  sont  : 

Au  nord,  le  versant  de  l'Océan  glacial  avec  les  grands  fleuves 
sibériens,  l'Obi,  i'iénisei  et  la  Lena; 

A  l'est,  le  versant  du  Pacifique  arrosé  par  l'Amour,  le  fleuve 
Jaune  ou  Hoang-Ho,  le  fleuve  Bleu  ou  Yang-Tze-Kiang  et  le  Mékong  ; 

Ali  sud,  le  versant  de  l'Océan  indien  drainé  par  la  Salouen,  le 
Brahmapoutre  etl'lndus; 

A  l'ouest,  le  versant  des  mers  intérieures  d'Aral  et  de  Balkach, 
celle-ci  nourrie  par  l'ili,  celle-là  servant  de  déversoir  commun  à 
l'Amou-Daria  et  au  Syr-Daria. 

Plateau. 

Le  sommet  tronqué  et  excavé  de  l'énorme  masse  pyramidale 
dont  nous  venons  de  tracer  les  limites,  forme  un  immense  plateau 
ou  mieux  une  immense  cuvette  dont  le  fond  dépasse  de  beaucoup 
en  altitude  le  niveau  du  reste  de  l'Asie.  Cette  cuvette  est  elle-même 
subdivisée  en  une  série  de  terrasses  ou  de  bassins  secondaires, 
descendant  du  sud-ouest  au  nord  est,  et  séparés  par  une  suite  de 
chaînes  courant  parallèlement  l'une  à  l'autre,  suivant  une  direction 
approximative  ouest-est.  La  principale  de  ces  chaînes,  formée  par 
le  Kouen-Lun  occidental,  le  Togouz-Daban,  l'Altyn-Tagh  et  les 
monts  Nan-Ghan,  relie  le  Pamir  et  le  Karakoroum  aux  montagnes 
du  Kan-Sou  et  du  sud  des  Ordos,  et  sert  de  limite  naturelle  entre 
deux  régions  bien  diflérentes  dont  nous  tracerons  rapidement  la 
topographie,  l'une  septentrionale  moins  élevée  mais  plus  vaste,  le 
Gobi,  l'autre  méridionale,  moins  étendue  mais  beaucoup  plus  haute, 
le  Tibet. 

1°  Gobi. 

Le  Gobi  commence  à  être  assez  bien  connu  grâce  aux  nombreux 
explorateurs  qui  depuis  25  ans  ont  couvert  ses  vastes  solitudes  du 
réseau  de  leurs  itinéraires.  C'est  une  région  essentiellement  déser- 
tique qui  s'étend  du  72"ie  au  120'»^  degré  de  longitude  est  et  mesure 
4260  kilomètres  du  Pamir  au  grand  Khingan.  Sa  surface  est  loin 
d'être  plane  ;  eu  certains  points,  son  altitude  s'élève  à  1620  mètres 
(puits  de  Dsere-Chuduk  dans  le  Gobi  mongol,  d'après  Przewalshy, 


128  E.    DK    l'OUSARGUES 

et  niénu'  à  1(180  nirlros  (puits  do  Mii-lan-lrliouaii  dans  le  «lésert  de 
Kliaini,  il'après  Przt'walslv\  )  ;  ailleurs,  au  couliairc,  on  y  reiKMJUlro 
des  dépressions  profondes,  comme  sur  les  bords  du  Lob-Nor  qui 
n'est  (\u'à  ()7I  mètres  d'altitude,  et  (|ui  parfois  s'enfoncent  jusqu'à 
100  et  nu'^me  liiO  mètres  au-dessous  du  niveau  dt;  la  mer  (Toxoun, 
Louktcliin.  Lacs  Bodjaïté  et  Char-Nor,  d'après  Pievtzov,  Grouni- 
Grjimailo,  Roborovsky,  Koziov).  Il  m'est  impossible  d'entrer  à  ce 
sujet  dans  de  grands  détails,  que  l'on  |)Ourra  trouver  d'ailleurs 
consignés  dans  difïérentes  revues  géographiques  (1),  et  je  me  bor- 
nerai à  résumer  les  indications  qui  intéressent  plus  particulière 
meut  la  distribution  géographi(jue  des  Mammifères. 

A  ce  point  de  vue,  on  peut  diviser  le  Gobi  en  trois  parties  princi- 
pales :  le  Gobi  oriental  ou  Gobi  monQol ,  le  Gobi  moyen  ou  central  et  le 
Gobi  occidental  ou  turkestanais.  Deux  chaînes  de  montagnes  ou  de 
replis  de  terrain  assez  élevés  s'éteudant  parallèlement  suivant  une 
direction  générale  O.N.O.  —  E.S.E.  séparent  ces  trois  régions  l'une 
de  l'autre.  La  plus  orientale  de  ces  chaînes  se  détache  de  l'Altaï  méri- 
dional, pour  aller  rejoindre  le  système  de  l'in  Chan  ;  sur  son  par- 
cours, elle  prend  successivement  les  noms  de  Irdyn-Ola,  Artsa- 
Bogdo,  Gourban-Saïkhat,  monts  Kour-Kou,  et  ses  pics  les  plus 
élevés  sont  le  Tsasagtou-Bogdo  et  l'Ike-Bogdo  dont  l'un  atteint  et 
l'autre  dépasse  4000  mètres.  La  seconde  chaîne  plus  occidentale 
émane  du  Thian  Chan,  près  de  Kourla;  elle  court  directement  à 
l'est  sous  les  noms  de  Kourouk-Tagh  et  Soulousin-Tagh  et  par  les 
hauteurs  de  Beï-Chan  se  relie  aux  moûts  Nan-Chan  vers  An-Si. 
D'autre  part,  le  Soulousin-Tagh  émet  un  prolongement  vers  l'est, 
(monts  Ygrai-Oula  et  Tchoukhan  Chan),  qui  par  le  Khan-Oula  elle 
Khara  Naryn-Oula  se  rattache  d'un  côté  aux  monts  Ala-Chan,  de 
l'autre  à  l'In-Chan. 

Un  peu  au  nord  du  Kourouk-Tagh  existe  une  autre  chaîne  paral- 
lèle moins  étendue,  qui  prolonge  vers  l'est  le  Thian-Chan  et  le 
Boro  Koro,  ce  sont  les  monts  Bogdo-Oula,  Edemen  Daban,  et  Kou- 
beti  Daban  qui,  un  peu  au-delà  de  Barkoul  et  de  Khami,  vont  se 
perdre  dans  les  sables.  Entre  le  Bogdo-Oula  et  le  Kuurouk  Tagh  se 
trouve  la  fameuse  dépression  deToxoun-Louktchin  et  du  Char-Nor, 
que  nous  avons  signalée  plus  haut. 

Gobi  oriental  ou  mongol.  —  Cette  partie  est  du  Gobi,  n'est  pas 
aussi  franchement  désertique  que  les  deux  autres.  Elle  comprend  : 
au  nord  la  vallée  de  la  rivière  Kéroulen,  le  Dalaï-Nor  et  leTéraï-Nor. 

(1)  Consultez  sur  ce  point  l'intéressHnl  mémoire  de  M.  J.  Denikkr,  Les  explora- 
tions russes  en  Asie  centrale.  Ann.  de  géographie,  6'=  année,  n»  30,  p.  408,  1897. 


ÉTUDE   SUR    LKS    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  129 

A  son  extrémité  sud-est  se  trouve  l'autre  lac  Dalaï  au  pied  du 
Graud  Kliiiigan.  Vers  son  angle  nord-ouest,  cette  région  perd  son 
aspect  désertique  et  prend  un  caractère  sibérien  dans  la  province 
de  Kobdo  ;  on  y  voit  de  hautes  chaînes  de  montagnes  boisées,  paral- 
lèles à  l'Altaï  méridional,  le  Khangaï,  le  Tanuy-Ola,  le  Khantaï  qui 
limitent  les  vallées  supérieures  de  l'Orkhon,  de  la  Selenga  et  de 
riéniseï,  et  emprisonnent  de  nombreux  lacs  qui  constituent  autant 
de  bassins  fermés. 

Gobi  moyen  ou  central.  —  De  cette  partie  du  Gobi  dépendent  :  le 
pays  sablonneux  des  Ordos  (1)  encerclé  par  la  grande  boucle  du 
Hoang  Ho,  le  plateau  désertique  de  l'Ala-Glian,  arrosé  par  quelques 
rivières  se  terminant  en  lacs,  entre  autres  l'Edziua  aboutissant  au 
Sogo-Nor,  et  enfin  le  Galbyn-Gobi,  le  désert  le  plus  terrible,  parait- 
il,  de  toute  l'Asie  ceatrale.  Vers  le  nord-ouest,  le  Gobi  central 
donne  accès  dans  la  dépression  de  Toxoun-Louktchin,  et  d'autre 
part  communique  largement,  entre  le  Thiau  Ghan  oriental  et  l'Altaï 
méridional,  avec  la  Dzoungarie  et  le  bassin  de  l'Ouroungou.  De  là, 
par  deux  trouées  de  la  ceinture  de  l'Asie  centrale  occupées,  de 
part  et  d'autre  du  Tarbagataï,  par  les  lacs  Zaïzan  et  Ala  Koul,  on 
arrive  presque  de  plain-pied  dans  les  steppes  sibériennes  de 
rirtysch  et  du  lac  Balkach. 

Gobi  occidental  ou  turkestanais.  —  Cette  région,  la  moins  élevée 
du  Gobi  après  la  dépression  de  Toxoun,  est  séparée  de  la  précé- 
dente par  le  Kourouk-Tagh  et  les  hauteurs  arides  du  Gochoum- 
Gobi  et  du  Beï-Chan;  elle  forme  le  vaste  bassin  du  Lob-Nor  et  du 
Tarim  alimenté  par  ses  nombreux  affluents,  les  Tcherchen-Daria, 
Khotan-Daria,  Yarkand-Daria,  Kachgar-Daria,  Aksou-Daria,  qui 
dévalent  des  hauteurs  de  l'Altyn-Tagh,  du  Karakoroum,  du  Pauiir 
et  du  Thian  Chan.  Au  sud  et  à  l'est  du  Tarim  sont  d'immenses 
plaines  sablonneuses  et  désolées,  le  Takla-Makan  et  le  Koum-Tagh, 
et  dans  l'extrême  sud-est  se  trouve  la  vallée  moins  aride  du  Khara- 
Nor  et  du  Boulounghir. 

2"^  Tibet. 
Le  plateau  du  Tibet  nous  est  beaucoup  moins  bien  connu  que  le 
Gobi.  Quelques  voyageurs  ont  festonné  de  leurs  itinéraires  les  bor- 
dures sud  et  nord,  bien  peu  ont  réussi  à  pénétrer  au  cœur  de  ces 
hautes  régions  inhospitalières  dont  l'accès  est  impitoyablement  et 
énergiquement  défendu  par  la  nature  et  par  l'homme.  Nous  devons 

(I)  C'est  à  lorl  (|ue  Wallace  comprenait  le  pays  de»  Ordos  dans  sa  sous-ré}^ion 
mandchourienne.  Géographiquement  et  zoologiquement,  cette  région  sablonneuse 
fait  partie  intégrante  du  Gobi. 

Mém.  Soc.  Zoo),  de  Fr.,  1898.  xi.  -  9 


130  E.    DE   POUSARGUES 

cependant  à  (jnclqnes  explorateurs,  entre  autres  Frzewalsky, 
M.  Bouvalot  et  le  Prince  Henri  d'Orléans,  des  observations  pré- 
cieuses qui  nous  permettront  d'esquisser  dans  ses  grandes  lignes, 
la  topographie gi^nérale  de  ce  sommet  du  centre  de  l'Asie. 

Le  Tibet  est  formé  de  hauts  plateaux  et  de  terrasses,  étages  en 
gradins  successifs,  dont  l'altitude  augmente  graduellement  du  nord 
au  sud,  depuis  l'Altyn-ïagh  et  la  lisière  du  Gobi  jusqu'à  l'Himalaya. 
Des  chaînes  de  montagnes  orientées  de  l'est  à  l'ouest  servent  pour 
ainsi  dire  d'échelons  pour  l'ascension  de  ces  immenses  paliers, 
mais  on  n'en  connaît  guère  que  les  amorces  orientales,  et  l'on  peut 
dire  que  le  centre  et  l'ouest  du  Tibet  sont  encore  terra  ii/nota. 

En  remontant  du  nord-est  au  sud-ouest  on  rencontre  tout  d'abord 
le  massif  alpestre  du  Koukou-Nor,  entourant  de  toutes  parts  le 
vaste  bassin  du  lac  de  même  nom,  flanqué  au  nord  de  l'étroite  vallée 
du  Tatung-gol  ou  Oulau-Mouren  affluent  du  lloang-Ho,  s'appuyant 
à  l'ouest  contre  le  plateau  de  Syrtyn  dont  le  séparent  les  monts 
Ritter,  Au  sud  immédiat  du  Koukou-Nor  se  trouvent  :  vers  l'est  le 
bassin  supérieur  du  fleuve  Jaune  et  la  haute  steppe  d'Odon  Tala 
avec  le  Djaring  Nor  et  l'Oring-Nor;  vers  l'ouest  les  vastes  terres 
salines  du  Tsaïdam  arrosées  par  le  Baian-gol  et  quelques  autres 
rivières  moins  importantes  tributaires  de  quelques  lacs  comme 
les  deux  Tosso-Nor,  les  deux  Chuitum-Nor  et  le  Tsaïdam-Nor. 

Ces  steppes  du  Tsaïdam,  séparées  de  celles  d'Odon-Tala  par  les 
monts  Schouga  et  Bourkhan-Bouddha,  se  prolongent  vers  le  nord- 
ouest  jusqu'au  Tchamen-Tagh  et  à  l'Altyn  Tagh,  et  sont  bornées  au 
sud  par  le  système  du  Kouen-Lun  comprenant  de  l'ouest  à  l'est  les 
monts  Przewalsky,  Marco-Polo  et  Baïan-Khara-Oula.  Cette  dernière 
chaîne  sépare  le  bassin  du  fleuve  Jaune,  vers  sa  source,  de  celui  du 
fleuve  Bleu  et  de  ses  premiers  affluents,  le  Napchitaï-Oulan-Mouren 
et  le  Toktonaï-Oulan-Mouren,  descendus  des  monts  Tang-La.  A 
l'ouest  des  sources  du  fleuve  Bleu  s'étend,  jusqu'au  Karakoroum, 
un  vaste  plateau  encore  inexploré,  limité  au  nord  parle  Kouen-Lun, 
au  sud  par  le  prolongement  des  monts  Tang-La.  En  franchissant 
cette  dernière  chaîne  on  accède  à  une  haute  terrasse  toute  hérissée  de 
pics  sans  nombre  entre  lesquels  serpentent  quelques  rivières  qui, 
après  un  parcours  plus  ou  moins  long  et  mal  connu  du  reste,  vont 
se  jeter  dans  des  lacs  assez  importants  :  ce  sont,  vers  l'est,  le  Tengri- 
Nor  et  le  Boukha-Nor,  berceau  de  la  Salouen,  et  dans  l'extrême 
ouest,  ITke-Namour-Nor  et  le  Bakha-Namour-Nor.  La  bordure 
méridionale  de  ce  haut  plateau  est  formée  par  les  monts  Gangri 
qui  relèvent  du  système  orographique  de  l'Himalaya.  Au  point  de 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   L'aSIE   CENTRALE  131 

vue  zoogéographique,  ce  système  a  trop  d'importance  et  d'intérêt 
pour  être  passé  sous  silence.  Suivant  C.  R.  Markham  (1),  qui  en  a 
donné  une  description  extrêmement  précise  que  nous  résumerons 
brièvement,  l'Himalaya  se  compose  en  réalité  de  trois  grandes 
chaînes  parallèles,  la  première  intérieure  ou  septentrionale,  la 
seconde  intermédiaire  ou  centrale,  la  troisième  extérieure  ou 
méridionale.  La  chaîne  septentrionale  ou  monts  Gangri  n'est  que  la 
continuation  orientale  du  Karakoroum;  sur  ses  pentes  sud,  de 
part  et  d'autre  du  pic  Kailas,  prennent  leurs  sources  trois  grands 
cours  d'eau,  l'Indus,  le  Sutledj  et  le  Brahmapoutre  qui,  pour 
descendre  dans  les  plaines  de  l'Inde,  se  forcent  un  passage  à  tra- 
vers les  chaînes  centrale  et  méridionale  après  les  avoir  longées  au 
nord  sur  un  parcours  plus  ou  moins  long.  La  cliaine  centrale,  bien 
continue,  s'étend  parallèleujent  à  la  précédente  à  l'ouest  et  à  l'est 
du  pic  Kailas;  elle  forme  la  bordure  méridionale  des  hautes  vallées 
de  rindus,  du  Sutledj  et  du  Brahmapoutre,  et  de  son  versant  sud 
naissent  la  plupart  des  rivières  qui,  à  travers  les  gorges  de  la  chaîne 
méridionale  vont  rejoindre  le  Gange  et  le  Brahmapoutre,  dans  la 
vallée  du  nord  de  l'indoustan.  La  chaîne  )iiéridionaleioi'lemei\l  décou- 
pée, n'est  en  réalité  qu'une  succession  de  pics  d'une  extrême  altitude 
alternant  avec  des  gorges  profondes  et  des  vallées  étroitement 
encaissées  qui  se  prolongent  en  remontant  plus  ou  moins  oblique- 
ment vers  le  nord  jusqu'aux  pentes  sud  de  la  chaîne  centrale. 
D'après  ce  rapide  aperçu,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  que 
c'est  cette  chaîne  centrale  qui  en  réalité  forme  l'axe  principal  du 
système  himalayien  et  la  véritable  limite  sud  du  plateau  tibétain; 
la  chaîne  méridionale  peut  être  appelée  l'Himalaya  indien,  la  chaîne 
septentrionale  l'Himalaya  tibétain.  Des  nombreuses  rivières  qui 
descendent  dans  la  péninsule  de  l'indoustan,  nous  n'aurons  à  con- 
sidérer que  rindus,  le  Sutledj  et  le  Brahmapoutre  dans  leur  cours 
supérieur.  Toute  la  partie  du  Kachmir  située  à  l'est  de  la  haute 
vallée  de  l'iudus,  relève  donc  de  l'Asie  centrale  de  même  que  le 
Ladak  elles  provinces  du  grand  Tibet  (Ngari,  Dzang,  Ouïet  Kham); 
le  Népaul  et  le  Sikkim  n'y  attiennent  que  par  quelques  points; 
quant  au  Boutan  il  en  est  totalement  exclu. 

La  limite  orientale  du  plateau  tibétain  et  sa  ligne  de  séparation 
d'avec  la  Chine  proprement  dite  sont  beaucoup  moins  franches,  et 
d'un  tracé  plus  difficile  que  pour  le  reste  de  son  pourtour,  car  nous 
ne  possédons,  sur  cette  région  accidentée  et  à  peine  connue,  que  les 

(l)  G.  R.  Markham,  Narrativ.  Miss,  of  G.  Bogie  and  Journey  of  Th.  Manning. 
Inlroduct.,  pp.  xxiii  à  xxxv,   1876. 


132  K.    DE    l'OUSARGUES 

(lociJineiils  (jue  nous  ont  laiss('s  M.  l'abbé  A.  David  et  les  explora- 
tt'iiis  russes  Polaiiiii  et  Beresowsky.  Du  coude  du  Bralnnapoulre  à 
la  |>rovince  du  Kaii-Sou,  ce  n'est  qu'une  succession  de  vallées  étroites 
l'I  |trofoudes,  et  de  liautes  chaînes  de  niontaj];ues  dont  les  princi- 
pales, orientées  du  nord-ouest  au  sud-est,  sont  les  prolon^^ernents 
de  celles  que  nous  avons  vues  séparant  les  dillércntes  terrasses  du 
Tibet  (monts  Gan^^ri,  Tang-la,  Baïan-Khara-Oula,  Bourkhan-Houd- 
dha,  nioiita^nies  sud  Koukou-Nor). 

Dans  le  récit  de  son  voyage  d'exploration  dans  la  i)rincipaulé  de 
Moupin,  M.  l'abbé  A.  David  (i)  s'exprime  ainsi  :  «  La  vraie  Chine 
linit  et  trouve  ses  limites  naturelles  à  trois  journées  à  l'ouest  de 
Tchentou,  capitale  du  Se-Tchouau.  Kn  dehors  de  la  plaine  de  Tchen- 
tou,  la  fertile  province  du  Se-Tchouan  est  montueuse  partout  mais 
les  grandes  montagnes  sont  seulement  sur  les  limites  du  Houpé, 
du  Chensi,  du  Koukou-Nor  et  du  Tibet  ». 

Pour  le  Kan-Sou,  M.  Biichner  (2)  nous  fait  également  remarquer 
que  cette  province  comporte  deux  faciès  essentiellement  différents 
dénature  etd'aspect;  l'un,  septentrional,  qu'il  nomme  .4/«v/o, formé 
de  hautes  terres  montagneuses,  ne  serait  que  l'extrême  partie  nord- 
est  des  plateaux  du  Tibet  ;  l'autre,  méridional,  formerait  une  région 
de  montagnes,  et  un  réseau  de  chaînes  élevées,  séparées  et  traver- 
sées par  des  vallées  étroites  et  profondes  où  la  végétation  revêt  des 
caractères  mixtes  des  plus  hétérogènes.  En  résumé  l'on  peut  dire 
que  la  limite  géographique  entre  le  Tibet  et  la  Chine  ne  coïncide 
nullement  avec  les  frontières  politiques,  et  qu'elle  traverse  diago- 
nalement,  suivant  une  ligne  sinueuse,  les  provinces  de  Khara,  du 
Se-Tchouan  et  du  Kan-Sou.  Dans  ces  régions,  la  bordure  orientale  du 
plateau  tibétain  forme  comme  une  arête  dentelée  en  scie  qui  n'est 
autre  que  la  continuation,  vers  le  nord-est,  de  la  chaîne  centrale 
ou  axe  principal  de  l'Himalaya.  11  semblerait  que  la  crête  de  cette 
haute  digue,  d'abord  intacte  mais  plus  faible  en  certains  points, 
ait  cédé  (inalement  sous  lelïort  puissant,  sous  la  pression  prolongée 
et  l'action  corrosive  du  trop-plein  des  eaux  accumulées  dans  la 
partie  déclive  des  hauts  plateaux,  et  que,  par  ces  brèches  ouvertes, 
des  torrents  déchaînés,  roulant  impétueusement  sur  ses  longues 
pentes  orientales,  vallonnant  et  ravinant  profondément  le  sol, 
aient  creusé  les  étroites  vallées  abruptes,  au  fond  desquelles  coulent 
actuellement,  d'un  flot  plus  tranquille,  les  grands  fleuves  tibétains. 

(1)  A.  David,  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  VII,  Bullct.  p.  7o-100,  1871. 

(2)  BocHNEK,  Mélang.  biolog.   Bull.  Acad.  Scienc.  Sl-Fétersbourg,  XIII.   liv.  1, 
p.  143.   1890. 


ÉTUDE   SUR   LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  133 

2"   DÉLIMITATION    DE   LA    FAUNE 

Le  mot  Ruminants  est  pris  ici  dans  son  sens  le  plus  large  ;  il  ne 
s'applique  pas  seulement  aux  Artiodactyles  cotylophores,  mais 
désigne  en  général  tous  les  Artiodactyles  qui  ont  l'estomac  conformé 
pour  la  rumination,  qui  ruminent.  C'est  du  reste  la  seule  acception 
sous  laquelle  ce  qualificatif  soit  encore  admis  de  nos  jours,  et  son 
emploi  comme  terme  ordinique  a  été  universellement  rejeté,  comme 
ne  répondant  pas  aux  besoins  de  la  classification. 

Ainsi  entendus,  les  Ruminants  comprennent  trois  sections  des 
Ongulés  Artiodactyles  ;  les  Pecora,  les  Tylopoda  et  les  TraguUna. 
Cette  dernière  section  ne  compte  aucun  représentant  dans  l'Asie 
ceutrale;  les  deux  autres,  au  contraire,  fournissent  à  cette  région 
des  types  génériques  assez  nombreux  qui  peuvent  être  groupés  de 
la  manière  suivante  : 

Tyi.opoda.    Camélidés Camelus  L. 

/    Bovines Bas  L. 

l    Ovines Ovi>i  L. 

)  (  Pseudois  Hodgs. 

,  „         •         /    Caprines }    „  , 

/  BoviHKs.  .{        '  )    Capra  L. 

■^    H       i  [  I  I    Saiga  Gr. 

<      I  \  1    AnUlopinés |   Panlholops  Hodgs. 

{  \  '    Gazella  HIainv. 

Pecora  .  j  Moschidés Mosclius  L. 

,       (   Plésiométacarpiens  .    .   Cerinis  (slr.  s.)  L. 

\  Cervii>es  .|  Téléméfacarpiens.   .  .   Capreolus  H,  Sm. 

La  seule  inspection  de  ce  tableau  montre  que  les  Ruminants  de 
l'Asie  centrale  appartiennent  à  des  genres  pour  la  plupart  paléarc- 
tiques  ou  holarctiques;  deux  seulement  de  ces  genres,  Gazella  et 
Bos,  comptent  des  espèces  éthiopiennes  et  orientales;  mais  encore 
les  formes  spécifiques  des  hautes  régions  de  l'Asie  centrale  se 
distinguent  elles  par  des  caractères  particuliers,  assez  importants 
môme  pour  que  certains  zoologistes  aient  cru  devoir  les  séparer 
génériquement  sous  les  noms  de  Procapra  et  Poephagus;  ce  dernier 
type  soi-disant  générique  étant  d'ailleurs  plus  proche  allié  des 
Bisons  holarctiques  que  des  Bubalus  et  des  Bihos  de  l'Afrique  et  de 
l'Inde.  La  nature  paléarctique  de  la  faune  mammalogique  de  l'Asie 
centrale  et  en  particulier  du  Tibet  n'a,  du  reste,  été  contestée  par 
aucun  zoologiste  sinon  par  A.  von  Pelzeln,  qui  reculait  vers  le 
nord  jusqu'à  la  chaîne  du  Kouen-Lun,  les  limites  septentrionales 
de  sa  région  zoologique  malaise.  Mais  cette  théorie  a  été  victorieu- 
sement combattue  par  le  mammalogiste  le  plus  compétent  et  le 


134  K.  m:  pousarguks 

plus  i'\|i('rl  (le  iiutic  f|i(>(|iif  cil  crllr  iii;ilii'ii\  M.  W.  T.  IU;iii|i>r(l  (i). 
Ce  n'est  pas  toutefois  <|U(',  sur  ((Mtiiins  points  du  périmètre  des 
hauts  plateaux  de  l'Asie,  les  limites  (|ue  l'on  doit  assij^tier  à  la 
faune  mammalogique  soient  bien  tranchées  et  aussi  nettes  f|u'OD 
pourrait  le  souhaiter.  Comme  le  <lit  avec  raisoo  M.  Blanford,  «  ce 
fait  est  dil  en  partie  à  la  loi  de  (lilïnsion  qui  prévaut  constamment 
sur  les  frontières  de  deux  provinces  zooloj^iques  dilléreutes, 
quand  une  barrière  physique  infranchissable  ne  vient  pas  s'in- 
terposer. »  C'est  ce  que  l'on  remanjue  au  sud,  et  plus  particuliè- 
rement au  sud-est  de  l'Asie  centrale:  et  l'on  ne  s'en  étounera  pas 
si  l'on  veut  bien  se  remémorer  les  quelques  détails  que  nous  avons 
donnés  plus  haut  sur  la  constitution  oroijraphique  et  hydrogra- 
phique assez  particulière  de  l'Himalaya  et  du  Tibet  oriental.  En 
effet,  quelques  formes  paléarctiques  descendent  les  hautes  vallées 
des  grands  fleuves  de  l'Inde  et  de  la  Chine  et  de  leurs  premiers 
alTluents,  ce  pendant  que  d'autres  types  de  même  souche  familiale 
ou  générique,  mais  d'origine  méditerranéenne,  himalayienne, 
indienne,  indo-malaise  ou  mandchourienne  les  remontent.  Pour 
en  citer  des  exemples  :  sur  les  confins  du  Kachmir  et  du  Ladak, 
viennent  s'alïronter  VOvis  flodgsoni  et  VOcis  Vit/nci,  le  Pseudois  nahoor 
et  VHcmitrai/ns  jendaicns,  le  Capra  silnrica  et  le  Capra  markhoor, 
et  plus  au  nord  dans  l'Afghanistan  le  Capraiegagnts.  Dans  la  partie 
orientale  de  l'Himalaya  et  surtout  dans  l'est  du  Tibet,  le  Chevreuil 
de  Tartarie,  Capreolus  pygar[/us,  côtoie  certains  Muntjacs,  Cenmlus 
lacrymans,  et  des  Elaphodus  cephalophiis;  des  Cerfs  élaphiens, 
Cercus  a/Jinix,  viennent,  pour  ainsi  dire,  se  mettre  en  contact  avec 
des  formes  Rucervines,  H.  fjuvauceli,  ou  Rusines,  H.  Dcjeani,  et 
plus  au  nord  vers  les  frontières  de  la  Mandchourie,  C.  xanthopygus, 
avec  des  représentants  de  la  section  Pseudaxine,  P.  mantchuricna . 
Enfin,  des  Gazelles  fréquentent  les  mêmes  parages  que  des  Anti- 
lopes Némorhédiens;  ainsi  dans  le  Tibet  oriental  la  Gazeila  picti- 
candata  vit  à  côté  des  Budorcxu  et  des  Ncmorhsedns  {Edicaj'dsi,  gri- 
seus,  cinereus);  de  même  dans  l'In-Chan  la  Gazeila  gnUnrom  s'appro- 
che du  Nemorhsedus  caudatus.  Et  sur  tous  ces  sommets  neutres,  ou 
plutôt  communs  et  interrégionaux,  erre  le  Porte-Musc,  Moschus 
moschifWus,  type  essentiellement  paléarctique  et  boréal. 

On  conçoit  dès  lors  la  difficulté,  pour  ne  pas  dire  l'impossibilité, 
de  tracer  une  ligne  de  démarcation  précise  dans  ce  milieu  hétéro- 
gène. Sur  ces  confins  méridionaux  et  orientaux  de  l'Asie  centrale, 
on  doit  donc  se  contenter  d'admettre  une  zone  frontière  virtuelle 

(1)  w.  T.  Blanford,  P.  Z.  S.,  p.  631,  1876. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   L'aSIE   CENTRALE  133 

sur  laquelle  empiètent  de  part  et  d'autre  les  types  raammalogiques 
des  deux  régions  zoologiques  limitrophes,  et  par  rapport  à  l'Asie 
centrale,  distinguer  les  types  immigrants  des  émigrants,  ou  plutôt 
les  incursionnistes  des  excursionnistes;  ces  derniers  seuls  ayant 
droit  à  une  place  dans  l'étude  systématique  des  espèces  que  nous 
allons  aborder. 


ÉTUDE  SYSTÉMATIQUE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 

Ire  Section.  —  TYLOPODA 
Famille  des  CAMÉLIDÉS 

Dans  l'Ancien  Monde,  cette  famille  ne  compte  que  le  genre 
Camelus,  qui  lui-même  n'est  représenté  dans  l'Asie  centrale  que 
par  l'espèce  à  deux  bosses,  Camelus  bactrianus,  à  l'état  sauvage  ou 
tout  au  moins  libre. 

1.  —  Genre  CAMELUS  Linné. 

1.  —  Camelus  bactrianus  Linné. 

1766.   Camelus  bactrianus  Linné,  System,  naturœ,  édit.  XII,  tome  I, 

p.  90. 
1776.         —  —        Pallas,  Spicileg.  zoolog.,  fasc.  XI,  p.  4. 

1811.         —  —        PALLks,  Zoograph.ross.asiatic,  l,  p.  193. 

1875.  —  —        Przewalsky,    Voyage  en  Mongolie,   texte 

russe,  I,  p.  2!)9. 
1877.        —  —        Przewalsky,  Fo^/a^e en Mow^o//e,  traduct. 

allem.  A.  Kohn,  p.  388. 

1876.  —  —        FiNSCH,  Proc.  zoolog.  Soc.  Lond.,  p.  696. 
1879.        —             —        Przewalsky,  Froni  Kulja  to  Lob-Nor,  pp. 

84,  86,  88  et  166. 
1879.         —  —        Blanford,  Scient,  results,  second  Yarkand 

Miss.  (Mamm.),  pp.  7  et  8. 
1884.        —  —        Przewalsky,  Reise  in   Tibet,  pp.  22,  23, 

26,  55,  88  et  252. 
1892.        —  —        Blanford,  Proceed.  zoolog.  Soc.  London, 

p.  371. 
1894.        —  —        St  George  Littledale,  id. 

p.  446. 


136  K.    DK    POlISAIir.lIES 

Oontrairt'im'iit  à  ropiiiioii  de  lUilïoii  (jiii  cioynil  à  rc.xliiiclioii 
totale  des  Chameaux  h  l'tHat  sauvage,  Pallas  avait,  dès  la  lin  du 
siècle  dernior.  afliiMiit'  leur  exisleucc  daus  les  déserts  de  l'Asie  ceii 
traie,  u  (^aineli,  iu  vaslissiiuis  Asi;e  teuiperala^  desertis,  etiainuuui 
indomiti  vagantur  »  et  il  en  avait  même  doiiué  uue  description  très 
concise  :  ((  celeritate,  uiagniludino  corporis  auiuuxpie  louji;e  nobi- 
liores  domesticis  (pii  in  iinbeiles  moles  degeuerarunt  )).  Os  rensei- 
gnements que  le  grand  zoologiste  tenait  de  trafiquants  boukhariens 
et  de  Nomades  de  l'Asie  ont  été  reconnus  depuis  parfaitement  v6ri- 
diques,  et  il  n'est  pas  jusqu'aux  indications  d'liai)ilat  (jui  n'aient 
été  de  tous  points  confirmées  :  «  circa  Bogdo  monlem  inter  Songaros 

Shongolosf[ue  médium prœcipue  tractus  desertos,  Chinam  a 

septentrione  includentes,  ad  occidentem  Kluvii  Flavi  sitos  ». 

Après  un  siècle,  Przewalsky  en  eut  le  premier  la  confirmation 
quand,  au  cours  de  son  voyage  dans  la  Mongolie  et  le  nord  du 
Tibet,  il  obtint  à  ce  sujet,  des  natifs  de  la  région  du  Tsaidam,  de 
nombreux  documents  qu'il  devait  bientôt  après  mettre  à  profit.  Aussi, 
de  retour  à  Saint-Pétersbourg,  le  célèbre  explorateur  alfirmait-il 
au  D"^  Finsch  qu'il  était  certain  de  rencontrer  le  Chameau  sauvage 
dans  l'expédition  qu'il  projetait  vers  le  Lob-Nor.  Ces  prévisions  se 
réalisèrent  de  point  en  point,  et  dans  le  récit  qu'il  a  publié  de  ce 
voyage,  Przewalsky  nous  a  laissé  des  détails  circonstanciés  et  inté- 
ressants sur  la  forme,  la  livrée,  les  mœurs  et  l'habitat  des  Cha- 
meaux sauvages,  et  sur  les  particularités  qui  les  distinguent  de 
ceux  de  race  domestique.  Przewalsky  eut  encore  l'occasion  pendant 
son  troisième  voyage  au  Tibet  de  compléter  ses  premières  observa- 
tions, et  en  tenant  compte  également  de  quelques  autres  détails 
que  nous  ont  fournis  des  explorateurs  plus  récents,  l'on  peut 
aujourd'hui  tracer  d'une  manière  assez  précise  les  limites  de  l'aire 
d'habitat  des  Chameaux  sauvages.  On  les  rencontre,  mais  en  assez 
petit  nombre,  dans  les  steppes  de  la  Dzoungarie,  aux  environs  de 
Gutchen  et  de  Manas  au  nord  immédiat  de  la  chaîne  du  Bogdo- 
Oula,  comme  l'avait  indiqué  Pallas,  et  jusqu'à  210  kilomètres  au 
sud  de  Zaïzan  (D""  Finsch).  Ces  animaux  fréquentent  également  le 
plateau  situé  entre  le  Bogdo-Oula  et  le  Kourouk-Tagh,  puis  au  sud 
de  cette  dernière  chaîne,  le  bassin  inférieur  du  Tarim  et  le  pour- 
tour du  Lob-Nor. 

Mais  ils  sont  surtout  abondants  dans  le  désert  de  Koum  Tagh, 
entre  Khami  et  l'oasis  de  Sa-Tscheu  sur  les  hauteurs  du  Beï  Chan 
qui  semblent  relier  le  Kourouk-Tagh  aux  montsNan  Chan.  Vers  l'est, 
ils  ne  poussent  pas  plus  loin  que  les  régions  irriguées  par  l'Edzina 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  137 

et  aucun  voyageur  ne  les  a  signalés  dans  les  déserts  de  l'Ala-Clian. 
Pendant  les  chaleurs  excessives  de  l'été,  ils  gravissent  les  pentes 
de  l'Altyn-Tagh,  cherchant  un  peu  de  fraîcheur  dans  les  hautes 
vallées,  jusqu'à  plus  de  3.300  mètres  d'altitude,  croisant  leurs 
pistes  sur  ces  sommets,  avec  celles  de  VOvis  Hodgsoni  el  du  Pseudois 
7(rt/ioor,  puis  passent  sur  le  versant  méridional  et  s'avancent  à  travers 
les  hauts  plateaux  jusqu'au  nord-ouest  du  Tsaïdam  Chuitum-Nor 
(Przewalsky).  Vers  l'ouest  ils  deviennent  de  plus  en  plus  rares,  à 
mesure  que  l'on  remonte  le  cours  du  Tchertchen-Daria,  et  suivant 
Przewalsky,  sont  inconnus  au-delà  de  la  localité  de  Tchertchen, 
dans  la  direction  de  Khotan.  Cependant  le  major  Cumberland  les 
signale  dans  le  Takla-Makan,  et  les  steppes  entre  Khotan  et  le 
Lob-Nor. 

On  a  beaucoup  agité  la  question  de  savoir  si  ces  Chameaux  qui 
errent  ainsi  en  liberté  dans  le  Gobi  sont  réellement  sauvages  et 
constituent  la  souche  des  Chameaux  domestiques,  ou  s'ils  ne  sont 
pas  simplement  des  descendants  de  Chameaux  domestiques 
échappés  autrefois  et  ayant  repris  dans  le  désert  la  vie  et  l'état  de 
nature.  Pallas  admettait  les  deux  hypothèses;  il  ne  considérait 
comme  véritablement  sauvages  «camelos  feros»  que  les  Chameaux 
des  déserts  du  nord  immédiat  de  la  Chine,  et  les  distinguait  de 
ceux  des  steppes  de  la  Dzoungarie  et  du  bassin  de  l'Ili  qui  pour  lui 
n'étaient  que  des  rejetons  de  Chameaux  domestiques  redevenus 
libres  «  quondam  armentis  libertate  donatis  ortum  traxisse  viden- 
tur,  pascales,  potius  quam  spontanei  appellandi  )>.  De  nos  jours  les 
zoologistes  ont  repris  la  question,  espérant  pouvoir  l'élucider  plus 
aisément  par  l'examen  direct  des  dépouilles  encore  rares  rapportées 
en  Europe  par  les  explorateurs;  mais  ces  recherches  comparatives 
n'ont  donné  jusqu'ici  aucun  résultat  bien  probant  ni  dans  un  sens 
ni  dans  l'autre.  A  vrai  dire,  du  reste,  je  doute  que  l'on  puisse  résou- 
dre cet  embarrassant  problème  à  l'aide  des  seules  données  zoolo- 
giques, eût-on  même  à  sa  disposition  tous  les  matériaux  d'étude 
désirables  et  des  séries  bien  complètes  de  crânes  et  d'ossements. 

2me  Section.  —  PECORA. 

Les  Pecora  ont  été  nommés  aussi  Cotylophores  ou  vrais  Ruminants, 
en  raison  de  leur  mode  de  placentation  cotylédonnaire  et  de  la 
forme  de  leur  estomac  plus  compliqué  que  chez  les  Tytopoda  et  les 
Tragulina  qui  d'autre  part  ont  un  placenta  diffus. 

On  a  divisé  les  Pecora  en  cinq  familles  distinctes  dont  deux, 


138  E.    DE    POLSARGLES 

Giro/Jidt-s.  [nlilocapi itles.  lune  américaiue.  l'autre  africaine,  ne 
rentrent  pas  dans  le  cadre  de  ce  travail.  Quant  aux  trois  autres 
familles,  BovuJfs.  Uoschidt's.  Crrtidés,  elles  fournissent  à  l'Asie 
centrale  un  fort  contingent  de  genres  et  d'espèces  caractéristiques. 

1    Famille  des  BOVIDÉS 

Les  Botidéa  appelés  aussi  Cavicornes  on  Ruminants  à  carnes  persis- 
tantes, renferment  un  nombre  considérable  d'espèces  et  de  genres 
qui  ont  été  groupés  en  plusieurs  sous-familles  (Bovines,  Ovines, 
Caprines,  Antilopinési  toutes  représentées  dans  l'Asie  centrale  et 
qui  contribuent  pour  la  plus  large  part  à  peupler  les  hauts  pla- 
teaux et  les  montagnes  de  cette  partie  du  globe. 

Sons-famille  des  BOVINES 

Le  grand  genre  Bos  de  Linné,  qui  forme  à  lui  seul  cette  sous- 
famille,  a  été  morcelé  en  dilïérents  petits  genres  ou  sous-genres 
qui  sont.  Probubnlus,  Buhalns.  Bison.  Pnephagus,  Bibos  et  Bos.  Ces 
distinctions  ne  reposent  en  réalité  que  sur  des  caractères  différen- 
tiels de  faible  importance,  et  le  moins  bien  fondé  peut-être  de  tous 
ces  genres  est  précisément  celui  dont  nous  avons  ici  à  nous  occu- 
per ;  le  genre  Pofpbagus  de  Gray.  A  l'exemple  de  MM.  Flower  et 
Lydekker.  j'ai  préféré  ne  pas  tenir  compte  de  ces  divisions  et  rete- 
nir le  genre  linnéen  Bos  dans  sa  plus  large  acception. 

2.  —  Genre  BOS  Linné. 
2.  —  Bos  GRUNMKNS  Linné. 

176G.   Bos  grunniens  Linné,  Syst.  uatur.,  Edit.  XIL 

1S27.  Bos  poephagusQ.  Smith,  Gri/f. anim.  kingd.  [Mamm).  IV,  p.  404. 

1841.  Bison  poephagus  Hogdsox,  Journ.  asiat.  Soc  Beng.  X,  pt.  I, 

p.  469. 
1843.   Poephagus  grunniens  Gray,  Cat.  Mam.  Brit.  Mus.,  p.  133. 
1850.  Bison  grunniens  Turxer.  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  177. 
1853.  Poephagus  gi^nniens  Gray,  Proc.  zool.  Soc.  Lond.,  p.  191, 

pi.  XXXV  (jeune). 
1858.   Poephagus  grunniens  Leith.  Adams,  Proc.  zool.  Soc.  Lond., 

p.  529. 
1875.  Poephagus  grunniens  Przewalsky,  Voy.  Mong.  (^ texte  russe),  I, 

p.  311  à  321,  pi.  VIII. 
1877.  —  —  Id.  Voy.  Mong.  trad.  allem.  A. 

Kôhn.  p.  404  à  417. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  139 

4879 .   Poi'i)liagu!<(jnmnieiis  Przevvalsky,  Froni  Kuija  tu  Loh-Xor,  p. 07. 
1884.  Poephagus  mutus  Id.  Reis,  in  Tibet,  pp.  72,  110, 

117,  128,  129,  164. 

Gray  considérait  les  Yacks  comme  formant  à  eux  seuls,  parmi 
les  Bovines,  un  genre  ou  sous-genre  spécial  (Poephagus),  mais  cette 
distinction  ne  repose  que  sur  des  bases  peu  solides,  et  comme 
l'avaient  démontré.  Hodgson  d'abord,  Turner  ensuite,  c'est  proche 
des  Bisons  et  dans  le  même  groupe  qu'il  faut  ranger  ces  animaux. 
Par  sa  nature  laineuse,  le  pelage  du  Yack  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  des  Bisons  ;  quant  à  la  présence  des  longues  et  épaisses 
franges  de  poils  qui  garnissent  le  bas  des  flancs,  la  partie  supé- 
rieure des  membres  et  Textrémité  de  la  queue,  et  d'autre  part  aux 
dimensions  plus  réduites  du  rhinarium,  ce  sont  là  des  caractères 
qui  doivent  être  considérés  comme  d'ordre  purement  spécifique. 
Du  reste,  la  structure  de  la  charpente  osseuse  dénote  également  des 
affinités  très  étroites  entre  le  Yack  et  les  Bisons.  Chez  ces  deux 
types  de  Bovines,  il  y  a  même  nombre  de  côtes  (14  paires]  ;  dans  la 
région  scapulaire,  les  apophyses  épineuses  extrêmement  développées 
surélèvent  beaucoup  le  garrot,  mais  la  crête  ainsi  formée,  diminue 
rapidement  en  arrière  et  ne  s'étend  pas  de  beaucoup  aussi  loin  le 
long  du  dos  que  chez  les  Bibos  de  l'Inde.  Les  os  frontaux  sont  vastes, 
bien  développés  en  longueur  comme  en  largeur  et  légèrement 
bombés  dans  leur  partie  supérieure;  les  orbites  sont  saillantes;  le 
plan  occipital  de  forme  triangulaire  présente  de  chaque  côté  une 
échancrure  pariétale  assez  profonde;  enfin,  si  les  cornes  sont  plus 
longues  chez  le  Yack,  elles  ont  du  moins  sensiblement  la  même 
forme  arrondie,  la  même  courbure  et  le  même  mode  d'insertion 
que  chez  les  Bisons.  Cependant  Rutimeyer,  tout  en  supprimant  le 
genre  Poephagus,  range  le  Yack  dans  sa  section  Bibovine,  à  côté  du 
Gaur  et  du  Gayal  (vide  Trolessart,  art.  Bœuf,  grande  Encyclopédie, 
vol.  VIli.  Je  partage  plutôt  l'avis  de  M.  Lydekker,  qui  considère  le 
Yack  comme  un  Bison  tendant  vers  les  Bibos.  Les  arguments  que 
l'on  peut  tirer  du  mode  de  distribution  géographique  de  ces  diffé- 
rents Bovines,  sont  encore  en  faveur  de  cette  thèse;  en  etTet,  les 
vrais  Bibos  sout  confinés  dans  l'Inde  continentale  et  archipéla- 
gique  et  caractéristiques  de  la  région  orientale  de  Wallace,  tandis 
que  les  Bisons  ne  se  rencontrent  que  dans  les  régions  paléarctique 
et  néarctique  (région  holarctique  de  M.  Schartï)  (1);  or  le  Yack  est 
essentiellement  paléarctique. 

(i)  Mémoires  de  la  Soc.  Zoolog.  de  France,  VIII,  p.  436-472,  1895. 


140  K.    OK    POUSARGUES 

Au  point  (le  vuo  spécifique,  la  distinction  proposée  par  Prze- 
walsky  l'iili'c  le  Vack  saiivai^^e  [Poi'iiIkkjus  nintus)  cl  h;  \,n-k  doiiiesti- 
que  (Poephaffus  gntnniens)  me  parait  aussi  dinicileinentacceptable. 
Il  est  prouvé  en  elTet  que  ce  dernier  n'est  qu'une  race  issue  du  pre- 
mier; ses  prétendus  caractères  dilTérentiels  absolument  liclifs  et 
instables  ne  sont  que  les  elTels  d'une  domestication  datant  d'une 
époque  très-reculée. 

Les  Yacks  sauvages  sont  des  animaux  |)ropres  au  Tibet,  et  n'babi- 
lent  exclusivement  que  les  bauts  plateaux  qui  s'étendent  :  du 
sud  au  nord,  de  la  chaîne  centrale  de  l'Himalaya  jusqu'à  l'Altyn- 
Tagb  et  aux  monts  Nau-Cban;  de  l'ouest  à  l'est,  du  Karakoroum  à 
la  crête  des  premières  pentes  orientales  du  Tibet  et  du  Kan-Sou  et 
au  bassin  supérieur  du  fleuve  Jaune.  Vers  l'ouest,  Leitli  Adams 
et  plus  récemment  Kinloch  ont  signalé  les  Yacks  sur  le  versant  sud 
du  Karakoroum,  dans  les  vallées  de  Nobra  et  de  Cliang  Cbenmo  et 
sur  les  hauteurs  du  Ladak;  on  ne  les  a  jamais  vus  sur  le  versant 
méridional  de  l'Himalaya.  Nous  devons  à  Przewalsky  des  indica- 
tions précises  sur  les  limites  que  ces  animaux  atteignent  vers  le 
nord  et  l'est.  Hs  fréquentent,  mais  en  petit  nombre,  le  Kouen  Lun, 
le  Togouz-Daban  et  l'Altyn-Tagh,  deviennent  moins  rares  dans 
les  hautes  vallées  des  monts  Nan-Chan  et  du  Kan-Sou,  près  des 
sources  de  l'Edzina  et  du  Tatung  gol,  mais  évitent  le  bassin  du 
Koukou-Nor  et  les  steppes  salines  du  Tsaïdam.  C'est  surtout  au 
sud  de  ces  régions,  vers  l'origine  des  grands  fleuves  de  la  Chine  et 
de  rindo-Chine,  et  de  là,  vers  l'ouest  jusqu'au  Karakoroum,  vers 
le  sud  jusqu'à  l'Himalaya  que  les  Yacks  sauvages  sont  particuliè- 
rement abondants.  C'est  par  troupeaux  de  plusieurs  centaines  et 
même  de  mille  têtes  que  Przewalsky  les  a  vus  dans  les  parages 
des  monts  Bourkhan-Bouddha,  Baïan-Khara-Oula  et  Schouga,  sur 
les  hauts  plateaux  compris  entre  les  dilîérenfes  chaînes  des  monts 
Marco-Polo,  Koukou-Tschili,  Dumbere  et  Tang-La,  et  enfin  dans 
les  hauts  bassins  du  fleuve  Jaune  et  du  fleuve  Bleu.  Ce  dernier 
cours  d'eau  est  môme  désigné  par  les  Tibétains  sous  le  nom  de 
Dy-tchu  =  Fleuve  des  Vaches,  à  cause  précisément  de  l'aftluence 
extraordinaire  des  Yacks  sauvages  qui  se  rassemblent  le  long  de  ses 
rives. 

Sous-famille   des   OVINES 

Severtzov  divisait  les  Orinés  en  deux  genres  nu  sous  genres  : 
l'un,  Ovis,  comprenant  les  espèces  de  forte  taille,  caractérisées  par 
la  forme  des  cornes  qui,  chez  les  mâles  adultes,  décrivent  un  tour 
de  spire  complet  et  dont  les  extrémités  sont  toujours  dirigées  en 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   L'aSIE    CENTRALE  141 

dehors  et  en  avant  ;  l'autre,  Musimon,  réservé  aux  espèces  de  plus 
petite  taille,  ditïérant  en  outre  des  précédentes  par  leurs  cornes 
qui  ne  forment  jamais  un  tour  de  spire  complet,  et  dont  les  extré- 
mités sont  toujours  dirigées  en  dedans,  et  le  plus  souvent  en 
arrière.  Sans  vouloir  conserver  ces  divisions  subgénériques,  je 
dirai  cependant,  pour  fixer  immédiatement  les  idées,  que  tous  les 
Ovines  de  l'Asie  centrale,  sans  exception,  relèvent  du  sous-genre 
Oins  de  Severtzov;  car,  par  suite  d'observations  récentes,  le  Nahoor 
du  Tibet,  que  l'on  rangeait  autrefois  parmi  les  Musimoncs,  doit 
être  exclu  du  groupe  des  Ovines  et  passer,  comme  genre  spécial 
[Pscudois],  dans  celui  des  Caprines,  ainsi  que  nous  aurons  occasion 
de  le  démontrer. 

Au  même  groupe  des  Ovis  (1)  (str.  s.)  se  rattachent  les  grands 
Moutons  sauvages  de  l'Amérique  du  nord,  0  montana  Desm.,  ceux 
de  l'extrême  nord  et  nord-est  de  l'Asie  :  0.  borealis  Sev.,  Sibérie 
nord,  et  0.  nivkola  Eschl.  des  montagnes  de  Kamtchatka;  mais 
ces  espèces  habitent  en  dehors  de  la  zone  géographique  dont  nous 
nous  sommes  proposé  l'étude,  nous  les  laisserons  donc  pour  n'en- 
visager exclusivement  que  les  types  qui  se  rencontrent  sur  la 
ceinture  de  montagnes  et  les  hauteurs  du  plateau  central  de  l'Asie. 

Voici,  par  ordre  chronologique,  les  espèces  nominales  qui  ont 
été  proposées  et  décrites  par  les  auteurs  pour  cette  seule  région. 

1766.  OcisammoriL.  1873.  Ovis  Hcinsi  Sev. 

1776.  Ovis  argali  Vall.  1873.  0ms  niijri monta 7ia  Sev. 

1840.  Ocis  sculptorum  Blyth.  1873.  Ocis  collium  Sev. 

1840.  Ovis  Poloi  Bl^tu.  1874.  Onis  Brookei  Ward. 

1840.  Ovis  Hodgsoni  BhYTU.  1876.  Ovis  jubata  Pet. 

1841.  Ovis  ammonoides  RoDGs.  1884.  Ocis  Darwini  Przew. 
1873.  Ocis  Blythi  Sew.  1888.  Ocis  Dalai-lamœ  Przew. 
1873.  Ocis  Karelini  Sev.  1892.  Ocis  Henri  A.  M.-Edw. 

Toutes  ces  formes  peuvent  être  ramenées  à  trois  types  spécifiques 
bien  distincts,  Ocis  Poloi,  Ocis  ammon  et  Ocis  Hodijsoni,  dont  nous 
nous  occuperons  successivement. 

3.  —  Genre  OVIS  Linné. 

3.  —  Ovis  PoLoi  Blyth. 
1840.   Ocis  sculptorum  Blyth,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  12. 

(1)  Les  espèces  de  ce  groupe  sont  aussi  désignées  parfois  sous  le  nom  d'Àrgalis, 
du  nom  du  type  le  plus  anciennement  connu. 


142  E.    DE    POUSARGUES 

1840.  OrtK  Poloi  Rlyth,  Proc.  zool.  Soc.  Loiidou,  62. 

1841.  —       —       il).       Aim.  liât.  hist.  (l),  VII,  p.  19o,  pi.  IV,  fig. 

1  et  2. 

1841.  —      —       lu.      .lourn.  ;i.si;it.  Soc.  Beug.,  X,  p'  2,  p.  858. 

1842.  —  —  Id.  Ihid.,  XI,  p^  1,  p.  284. 
1847.  —  —  Id.  Ibid.,  XVI,  p' I,  p.  357. 
187;i.     —      —       Severtzov,   Tiirkest.   .h'm(n,  pi.  11,  111,  V,  (ig.  1 

»'t2,  pi.  VI,  lig.  1. 

1876.     —       —  Id.         Traducl.  Aun.  Mag.  iiat.   hist.,   (4) 

XVIII,  pp.  210, 220. 

1876.   Oris  Karcimi        Id.  Ibid.,  pp.  171, 210, 217,  pi. 

I  et  V,  fig.  3,  pi.  VI,  fig.  3  et  4. 

1876.   Ovis  lleinsil  Id.  Ibid.,  pp.  171, 211,  325. 

1876.   Ovis  nignmoni  a  lia  Id.  Ibid.,  pp.  171,  211,  326. 

iOvis  Polui  ,  ,,   -,  _  i 

^  •    ,       (  /  ^-  V.  Brooke  y,.  ,  o      ,       , 

Ovts  karelun  f  M^roc.  zool.  Soc.  Lond., 

Ovù  Heinsi  \     ^,    J^  l     p.  512  à  518. 

,,  ■       ■     ■        ,  1     B.  Brooke     \ 

()\is  mijvimontana  j  j 

1874.  Ovis  Poloi  D.  Forsyth,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  324. 

1874.  —    —     Stolickza,  ibid.,  p.  425,  pi.  LUI. 

1875.  —  —  BiDDULPH,  ibid.,  p.  157. 
1875.  —  —  Blanford,  ibid.,  p.  540. 
1879.  —  —  BiDDULPH,  Proc.  Asiat.  Soc.  Beng.,  p.  280. 
1879.  —    —     Przewalsky,  From  Kutja  la  Lob-Nor,  p.  45. 

1879.  Ovis   Poloi,        i  Bl\:\ford, Scient. res. sec. Yark. Miss. {Mainm.)^ 

1879.  Ovis  Kareiini,  i      pp.  80-83. 

1881.  Ocis  Poloi,  Scully,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  209. 

1884.  —      —     Blanford,  ibid.,  p.  326. 

Signalé  pour  la  première  fois  dans  le  courant  du  XlIP  siècle  par 
Marco  Polo,  le  Mouton  du  Pamir  fut  reconnu  en  1840  par  Blyth  qui 
dédia  cette  espèce  au  célèbre  voyageur  vénitien  et  fit  paraître  en 
1841  de  bonnes  ligures  des  magnifiques  cornes  qui  lui  avaient  servi 
de  type.  Pendant  plusieurs  années,  Blyth  défendit  la  validité  de 
VOris  Poloi  contre  les  insinuations  incrédules  d'Hodgson,  mais  on 
peut  dire  que  cette  espèce  ne  fut  parfaitement  bien  établie  que  vers 
1873,  époque  à  laquelle  Severtzov  publia  une  description  complète 
et  des  planches  de  l'animal  entier.  S'appuyant  sur  des  différences 
réelles  mais  peu  importantesdansla  longueur  et  la  forme  des  cornes, 
et  le  plus  ou  moins  d'écartement  de  leur  spire,  le  savant  russe  crut 
devoir  distinguer  de  VOvis  Poloi  du  Pamir,  les  Ovines  du  massif  du 


ÉTUDE    SUR    LES   RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  143 

Thian-Chan,  de  l'Ala-Taou  et  du  Kara-Taou  pour  lesquels  il  créa 
les  espèces  0.  Karelini,  0.  Heinsii  et  0.  nigrlmontana.  Actuellement, 
les  auteurs  s'accordent  pour  la  plupart  à  ne  considérer  ces  espèces 
que  comme  des  races  locales  d'un  même  type  Ocis  Poloi.  11  serait 
trop  long  d'entreprendre  ici  la  discussion  des  caractères  différen- 
tiels extrêmement  complexes  et  minutieux  invoqués  et  exposés 
par  Severtzov  avec  un  grand  luxe  de  détails;  il  est  préférable  de 
laisser  la  parole  à  M.  Blanford  qui  a  résumé  et  tranché  la  question 
d'une  façon  très  nette  et  concluante  en  ce  qui  concerne  VOcis  Kare- 
lini. 

«  Les  détails  donnés  par  Sir  V.  Brooke  semblent  indiquer  que  les 
seules  différences  essentielles  entre  ÏO.  Poloi  (Yi\y th.)  et  VO.  Karelini 
(Sev.)  résident  dans  la  forme  des  cornes.  Les  autres  caractères  dis- 
tinctifs  sont  la  plus  grande  taille  de  VO.  Poloi  et  quelques  légères 
différences  dans  la  coloration  du  pelage  que  les  recherches  de 
MM.  Brooke  ont  démontré  n'être  pas  constantes.  Suivant  Severtzov, 
l'os  lacrymal  est  plus  développé  chez  10.  Poloi  que  chez  VO.  Karelini, 
et  il  n'y  a  pas  similitude  pour  les  proportions  des  diverses  parties 
du  crâne;  mais  il  est  douteux  que  ces  distinctions  aient  réellement 
une  valeur  spécifique,  La  différence  de  taille  est  peut-être  plus 
importante  :  VO.  Karelini  n'a  que  1  m.  78  à  1  m.  83  de  longueur  et 
1  m.  07  de  hauteur  au  garrot,  alors  que  chez  VO.  Poloi,  ces  mêmes 
mesures  sont  respectivement  2  m.  et  1  m.  17;  cependant,  il  est  à 
noter  qu'il  existe  des  écarts  aussi  prononcés  entre  certaines  races 
de  Bovidés  sauvages,  tel  que  Capra  œgagrus,  par  exemple.  La  diffé- 
rence la  plus  importante  ne  réside  donc  que  dans  les  cornes.  Celles 
de  l'Oins  Poloi  sont  plus  longues,  et  divergent  beaucoup  plus  de 
chaque  côté  de  la  tête,  aussi  l'écartement  maximum  mesuré  en 
ligne  droite  de  l'extrémité  d'une  corne  à  l'autre  est-il  plus  grand 
relativement  à  la  longueur  de  la  corne  suivant  la  courbure  et  aux 
autres  dimensions  de  l'animal.  Ainsi  pour  quatre  spécimens  adultes 
d'O.  Karelini  mesurés  par  MM.  Brooke,  la  longueur  de  la  corne  sui- 
vant la  courbure  varie  de  42  pouces  1/2  à  48  1/2,  la  moyenne  étant 
de  45,  et  la  distance  en  ligne  droite  de  l'extrémité  d'une  corne  à 
l'autre  oscille  entre  31  et  36  pouces,  la  moyenne  est  donc  de  33  p. 
Pour  6  spécimens  adultes  d'O.  Poloi,  la  longueur  des  cornes,  varie 
de  49  à  63  pouces  (moyenne  55  m.  25),  la  distance  entre  les  extré 
mités,  de  43  pouces  1/2  à  55  pouces,  la  moyenne  étant  de  48,25.  Le 
rapport  moyen  est  donc  pour  l'O.  Karelini -r^et  pour  l'O.  Poloi— ^.  » 
Ces  prémisses  étant  posées,  M.  Blanford  donne  ensuite  les  mesures 
des  cornes  de  11  spécimens  d'O.  Poloi  authentiques,  provenant  tous 


144  E.    DK   POUSAIIGUES 

du  Snrikol  au  sud  esl  du  plateau  du  l'aniir  et  trouve  pour  cette 
série  couune    rapports   extrônies    île    la   ioiij^ueur   à    l'euverj^ure 

-^  et  .  Il  est  iimlilc,  ajoute  M.  Blanford,  de  faire  remarquer 

que  cette  série  de  tiHes  coiiilde  rintervall(M]iii  séjinre  VO.  PoUn  de 
i'O.  Karelini  au  poiut  de  vue  de  la  courbure  des  corues,  et  réunit 
les  deux  espèces. 

Le  savant  zoolofïiste  anglais  continue  : 

«  Les  autres  caractères  distiuctifs  auxquels  Severtzov  attache  de 
l'importance  sont  les  suivants  : 

«  1"  Chez  I'O.  Po/oi,  les  cornes  sont  comprimées  latéralement  et 
excavées,  particulièrement  la  faceorbitaire  ;  chez  I'O.  Kurclini,  cette 
face  est  plane  et  la  face  frontale  très  convexe.  Chez  I'O.  Foloi  tous 
les  angles  sont  arrondis;  ils  le  sont  également  chez  10.  Karelini, 
sauf  le  fronto  nuqual. 

»  Les  détails  donnés  par  MM.  Brooke  montrent  que  ces  diffé- 
rences ne  sont  pas  constantes;  chez  les  deux  formes,  les  faces  et 
les  angles  deviennent  de  plus  en  plus  arrondis  avec  l'âge,  ainsi  que 
l'indique  également  la  série  examinée.  » 

((  2'^  Chez  VO.  Karelini,  l'axe  de  la  portion  terminale  des  cornes 
est  parallèle  à  celui  de  la  portion  basale;  tandis  que  chez  I'O.  Poloi 
l'axe  de  la  portion  terminale  diverge  et  s'écarte  de  la  tête  plus  que 
celui  de  la  portion  basale. 

»  Cette  différence  dépend  essentiellement  du  degré  de  divergence 
des  cornes;  or,  nous  venons  de  voir  que  cette  divergence  varie  et 
passe  par  gradations  insensibles  d'une  espèce  à  l'autre.  » 

((  3°  Chez  I'O.  Karelini,  les  cornes  dessinent  une  spire  s'adaptant 
à  un  cône  dont  la  base  est  tournée  vers  le  crâne;  chez  I'O.  Poloi 
c'est  le  sommet  du  cône  inscrit  dans  la  spire  qui  est  tourné  du 
côté  du  crâne. 

»  Il  est  douteux  que  ce  caractère  ait  quelque  importance  et  Sir 
V.  Brooke  n'en  fait  pas  mention;  du  reste,  s'il  y  a  là  une  différence, 
elle  dépend  probablement,  comme  la  précédente,  du  degré  de  diver- 
gence des  cornes.  » 

«  4°  Chez  VO.  Poloi,  les  cornes  ont  plus  de  quatre  fois  la  longueur 
du  crâne;  elles  ne  l'ont  que  trois  fois  chez  I'O.  Karelini. 

))  Chez  certains  spécimens  d'O.  Karelini  mesurés  par  MM.  Brooke 
chaque  corne  avait  plus  de  trois  fois  et  demie  la  longueur  du 
crâne,  et  parmi  les  têtes  du  Sarikol,  certaines  cornes,  ayant  la 
courbure  de  celles  de  I'O.  Karelini,  mesurent  63  pouces  de  long, 
soit  plus  de  quatre  fois  la  longueur  des  plus  grands  crânes  que 
l'ont  ait  jusqu'ici  mesurés.  » 


ÉTUDE  SUR  LES  RUMINANTS  &E  L'AS^IE  CENTRALE        145 

((  La  seule  coiielusipn  que  l'on  puisse  tirer  est  qu'il  n'y  a  pas  de 
différence  constante  et  d'importance  spécifique  entre  l'O.  Karelini 
et  l'O.  Poloi.  )) 

De  l'espèce  0.  Heinsl  ou  ne  connaît  que  les  cornes  d'individus 
non  adultes,  types  de  la  description  de  Severtzov,  qui  ne  sont  très 
probablement  que  des  jeunes  Ovis  Karelini. 

Quant  à  VOvis  nigrimontana,  il  est  à  présumer  que  ce  n'est  en 
somme  qu'un  diminutif  et  une  race  réduite  de  l'O.  Poloi  du  Pamir, 
localiséedansla  chaîne  moinsélevée  des  monts Kara-Taou.  Severtzov 
n'en  a  décrit  également  que  les  cornes  qui,  par  leur  épaisseur 
basale  assez  forte,  rappellent  un  peu  celles  du  véritable  Argali  0. 
ammon,  auxquelles  M.  Lydekker  les  a  même  assimilées.  Mais  on 
trouve  aussi  des  individus,  appartenant  incontestablement  à  l'es- 
pèce 0.  Poloi,  dont  les  cornes  sont  assez  massives  à  la  base,  témoins 
celles  représentées  par  M.  Blanford,  p.  328,  lîg.  2,  des  Procerdings 
de  1884.  Étant  donnée  d'autre  part  la  situation  géographique  de  l'aire 
d'habitat  de  l'O.  nigrimontana,  passablement  distante  de  celle  de 
l'O.  amnion,  attenante  au  contraire  à  celles  de  l'O.  Heinsi  et  de 
VOvis  Karelini,  je  suis  plutôt  porté  à  admettre  son  identité  spéci- 
fique avec  ces  deu.x  dernières  espèces,  et  partant  avec  l'O.  Poloi. 

En  réunissant  en  une  seule  les  aires  d'habitat  de  ces  différentes 
races,  on  voit  que  l'O.  Poloi  peut  être  nommé  à  juste  titre  l'Argali 
du  Turkestan.  Il  occupe  en  effet  les  montagnes  qui  dominent  au 
nord  et  à  l'ouest  le  bassin  du  Tarim,  c'est-à-dire  le  massif  du  Thian- 
Chan  et  le  plateau  du  Pamir  qui  séparent  naturellement  le  Turkes 
tau  oriental  du  Turkestan  occidental.  Dans  ce  vaste  système  orogra- 
phique sont  englobés  :  la  haute  et  large  cuvette  de  l'Issyk-Koul  et 
les  bassins  supérieurs  de  l'ili,  du  Tchou,  du  Naryn,  du  Syr-Daria, 
de  l'Amou-Daria  et  du  Kachgar-Daria.  Les  points  extrêmes  que 
visite  l'O.  Poloi  sont  :  à  l'est,  les  chaînes  parallèles  du  grand  et  du 
petit  Youldouz,  dernières  ramifications  du  Thian-Chan  dans  le  désert 
de  Gobi  (Przewalsky),  à  l'ouest  la  chaîne  des  monts  Kara-Taou 
jusqu'à  sa  terminaison  occidentale  (Severtzov).  Au  nord,  VO.  Poloi 
ne  dépasse  pas  les  frontières  de  la  Dzoungarie  et  les  hauteurs 
situées  à  l'est  de  Kopal  et  de  la  province  de  Semiretchié;  vers  le 
sud,  il  s'avance  à  travers  le  Pamir,  le  Sarikol,  le  Wakhan  et  le 
Dardistan  pour  ne  s'arrêter  que  sur  les  premières  pentes  du  bassin 
del'lndus,  au  nord  des  districts  de  Gilgit,  Hunza,  Nagar  et  Yassiu 
iScully). 

Przewalsky  avait  aussi  indiqué  la  présence  de  l'O.  Poloi  sur  les 
crêtes  de  l'Altyn-Tagh,  mais  il  y  a  lieu  de  croire  à  une  erreur  de 

Mém.  Soc.  ZooL  de  Fr.,  1898.  xi.  —  10 


146  E.    DE    l'OIiSAROUES 

délerniination  ;  les  Ovines  de  celte  rëtrion  ;i^|);iit!ftin(Mit  iilulAt.  k 
l'espèce  ().  Hodgsoni  que  nous  étudierons  [dus  loin. 

4.  —  Ovis  AMMON  Linnf''. 

1766.   Capra  ammor}  Linné,  Syst.  natur.,  édit.  XIl,  p.  97. 

1776.   Ocis  fera  sihirica  milgo  Argali  Pallas,  Spicil.  zool.,  fasc.  XI, 

pp.  1  à  31,  pi.  1  et  2. 
1811 .  ^goceros  argali  Pallas,  Znograpli.  ross.  asùil.,  I,  p.  231.  i)l.  XX 

et  XXI. 
1840.   Ovis  ammon  Blyth,  Proc.  zool.  Soc.  Londou,  p.  65. 
1862.  /Egoceros  (Ovis)  argali  Radde,  Rets.  Sud.  r.  Ost-Sihir.,  p.  238, 

pi.  IX,  fig.  1  et  2. 

1873.   Ovis  argali  Severtzov,  Turkestansk.  Jeootn.,  pp.  85  et  86. 

.^„„      .  .  ,.  (  vav.  monrjolica)  „  ,,  . , 

18/3.  Oins  aniali  \  ,,  Severtzov,  Ibidem,  p.  154. 

^       (  var.  altaica      )  ' 

1873.   ?  Ovis  collium  Severtzov,  Ibidem,  pp.  86  et  154. 

1876.  Ovis  jubata  Peters,  Mouatsber.  Akad.   Wiss.   Berlin,  XLI, 

p.  177,  pi.  1  à  4. 

1877.  Ovis  argali  Przewalskv,  Reis.  Mongol.,  p.  121-124. 
1884.  Ovis  Darwini  Przewalskv,  Reis.  Tibet,  pp.  252  et  269,  fig. 
1896.   Ovis  ammon  Blanford,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  787. 

L'Ovis  ammon  ou  Argali  proprement  dit  est  le  plus  grand  des 
Ovines  actuels.  Ses  cornes  sont  plus  courtes  et  de  moindre  enver- 
gure que  celles  de  l'O.  Poloi,  mais  elles  sont  beaucoup  plus  épaisses 
dans  leur  partie  basale,  et  vont  en  s'amincissant  graduellement 
jusqu'à  leur  extrémité.  Le  pelage  est  d'un  brun  plus  sombre  et 
les  poils  du  dessous  du  cou,  complètement  ras  en  été,  un  peu  plus 
développés  l'hiver,  ne  forment  jamais  qu'une  frauge  médiocre,  ce 
qui  permet  de  distinguer  facilement  cette  espèce  de  la  précédente 
et  de  la  suivante.  Sur  le  dessus  du  cou  et  principalement  sur  le 
garrot,  les  poils  s'allongent  parfois  en  un  semblant  de  crinière  de 
teinte  plus  claire  que  sur  le  reste  du  corps.  Peters  s'était  principa- 
lement basé  sur  cette  particularité  pour  distinguer  spécifiquement 
les  Argalis  du  nord  de  Pékin  sous  le  nom  d'Ovis  jubata,  et  le  même 
argument  a  été  réédité  ensuite  par  Przewalsky  pour  son  espèce 
Ovis  Darwini  des  monts  Kour-Kou  et  du  désert  de  Galbyn-Gobi.  Je 
doute  que  ce  caractère  ait  réellement  une  importance  spécifique, 
pas  plus  que  les  différences  secondaires  invoquées  par  Peters,  soit 
eu  ce  qui  concerne  les  dimensions  du  disque  circumcaudal,  soit 
pour  la  coloration  de  la  partie  inférieure  des  pattes.  MM.  V.  et  B. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  147 

Brooke  nous  apprennent  en  effet  que,  chez  les  vieux  Argalis,  le 
pelage  se  nuance  fortement  de  gris  sur  le  dessus  du  cou  et  des 
épaules  et  que  le  disque  uropygal,  large  et  nettement  dessiné  pen- 
dant l'hiver,  disparaît  pour  ainsi  dire  complètement  en  été.  Quant 
à  la  partie  inférieure  des  membres,  elle  n'est  pas  toujours,  chez 
les  Argalis  des  monts  Altaï,  d'un  blanc  aussi  pur  que  Pallas  et 
Severtzov  l'ont  représenté  pour  les  spécimens  de  la  Daurie.  Pallas 
lui-même  dit  que  pendant  l'hiver  le  bas  des  pattes  est  légèrement 
nuancé  de  brun;  «  levi  a  calcaneo  fuscescenti  umbra  dilïusa».  Dans 
les  galeries  de  zoologie  du  Muséum  de  Paris,  l'on  peut  voir  des 
Argalis  provenant  de  l'Altaï  (MM.  Chaffanjon  et  Mangini)  dont 
les  pattes  sont  marquées  latéralement  d'un  liseré  sombre  aussi  net 
que  chez  un  autre  spécimen  rapporté  par  M.  l'abbé  A.  David,  des 
montagnes  de  la  Mongolie,  c'est-à-dire  des  mêmes  régions  que  le  type 
de  VOvisjubata.  Sur  cet  exemplaire  les  poils  du  garrot  sont  de  même 
teinte  et  à  peine  plus  longs  que  sur  le  reste  du  corps  et  ne  forment 
pas  une  crinière  bien  évidente;  cependant  l'animal  est  bien  adulte. 
Du  reste  M.  Matschie,  qui  a  pu  examiner  de  près  le  type  de  l'espèce 
O.jiibata,  le  considère  comme  synonyme  probable  de  VOvis  argali. 
Il  convient  d'ajouter  toutefois  que  cet  auteur  distingue  VOvis  argali 
de  Mongolie  de  l'Ovin  ammon  de  l'Altaï;  mais  la  plupart  des  zoolo- 
gistes contemporains  ne  comptent,  avec  raison,  qu'une  espèce 
unique,  Ovis  ammon,  sans  même  admettre,  à  titre  de  variétés,  les 
deux  races  altdica  et  mongollca  créées  par  Severtzov. 

L'aire  d'habitat  de  VOris  ammon  est  aujourd'hui  assez  restreinte 
relativement  à  l'étendue  de  pays  que  cette  espèce  occupait  à  la  fin 
du  siècle  dernier.  Au  temps  de  Pallas,  vers  1772,  les  Argalis  abon- 
daient sur  toutes  les  montagnes  de  la  Transbaïkalie,  particulière 
ment  dans  les  monts  Apfel  et  Adontscholon,  près  du  Téraï-Nor,  et 
peut-être  s'avançaient-ils  vers  l'est  jusqu'au  cours  inférieur  de 
l'Amour,  dans  les  chaînes  du  grand  Khingan,  des  monts  Stanovoï 
et  des  monts  Boureïa. 

Vers  1831,  dit  Radde,  les  Argalis  avaient  déjà  abandonné  ces 
dernières  contrées,  mais  on  en  trouvait  encore  en  assez  grand 
nombre  près  du  Dalaï-Nor,  sur  les  hauteurs  arides  situées  entre 
Soktoui  et  Abagatoui;  l'hiver  rigoureux  de  1831  1832  les  fit  périr 
en  masse  et  les  quelques  rares  survivants  furent  exterminés  par 
les  chasseurs  cosaques  et  mongols.  Depuis  cette  époque,  les  Argalis 
ont  complètement  disparu  de  la  Daurie  russe,  du  massif  du  Kenteï 
et  des  montagnes  du  Baïkal.  On  ne  les  rencontre  plus  actuellement 
qu'au  sud  du  Kenteï,  des  Alpes   de  Tounka  et  de  la  pointe  sud- 


148  K.    DE    l'OUSAIlGUKS 

onost  (lu  \:\r  H;nk;il,  dans  les  hauts  bassins  de  la  Selenga  et  de, 
riénisei,  dans  la  cliaine  ch's  inouïs  Saïan  et  dans  tout  l'Altaï.  De 
là,  en  suivant  les  crêtes  de  l'Altaï  méridional,  les  Ar},'alis  tra- 
versent diagonalcnient  le  désert  de  (îobi  du  nord  ouest  au  sud-est, 
atteignent  les  monts  Kour-Kou  (0.  Dann'ni),  et  se  répandent  dans 
tout  le  système  de  rin-('.hau,au  nord  de  la  boucle  du  lleuve  .lauue. 
Przewalsky  signale  en  etïet  l'Argali  dans  les  monts  Souma-Hada  et 
Khara-iNaryn-Oula,  et  même  dans  l'Ala-Cban.  Vers  l'est,  ils  s'éten- 
dent jusqu'au  nord  immédiat  de  Pékin  (0.  juhata)  Peters;  peut-être 
même  outils  gagné  cette  région  autrefois  en  descendant  directe- 
ment du  nord-est  par  les  monts  Kliingan.  A  l'ouest,  l'Argali  s'ar- 
rête aux  dernières  pentes  occidentales  de  l'Altaï  et  ne  pénètre  pas 
dans  le  Turkestan.  Toutefois,  il  n'est  pas  improbable  (jue  les  Ovines 
signalés  par  Severtzov  dans  les  montages  au  nord  du  lac  Balkach, 
près  de  Karkaralinsk,  ne  soient  également  des  Argalis;  cette  race 
désignée  par  le  savant  russe  sous  le  nom  d'Onis  coUium,  serait  à 
VO.  amiiion  ce  que  l'O.  nigrimontana  est  à  ÏO.  Poloi. 

5.  —  Ovis  HoDGSONi  Blyth. 

1833.   Ovis  ammon  (var.)  Hodgson,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  105. 
1833.    —    /laj/aur  (partim)  Hodgson,  Asiat.  research,  XVIII,  pp.  133, 
134,  pi.  X  (crâne). 

1840.  —    Hodgsonii  Blyth,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  65. 

1841.  —         —         Blyth,  Ann.  nat.  hist.,  vol.  7,  p.  199. 

1841 .  —  —  Blyth,  Journ.  as.  Soc.  Bengal,  X,  pt.  2,  p.  803. 
18il.    —    ammonoid es  Hodgson,  Ibid.  X,  pt.  1,  p.  230, 

pl.  I,  fig.  1. 

1842.  —  —  Hodgson,  Ibid.  XI,  pt.  1,  p.283. 

1846.  —  —  Hodgson,  Ibid.  XV,    p.   338  (3 

planches). 

1847.  —  Hodgsonii  Blyth,  Ibid.  XVI,pt.l,  p.358. 
1847.  —  ammonoides  Hutton,  Ibid.  XVI,pt.l,p.568. 
1847.  —  ammonoides  HohGsoN,  Ibid.  XVI,  pt. 2,  p. 701. 
1858.  Caprovis  argali  LErrn  Adams,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  527. 
1860.  Ovis  Hodgsonii  Ph.  L.  Sclatek,  Ibid.  ,  p.  129. 
1873.  —          —       Severtzov,   Turkestansk.  Jevot nie  {[exte  russe) 

p.  154. 
1873.    —    Btythi        Severtzov,  Ibid.  p.  154. 

1875.    —    Hodgsonii  Sir  V.  Brooke,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  520. 
1875.    —    Poli  Przewalsky,  Mong.  Tang.  Solit.  Xord.  Tibet.  (Texte 
russe),  I,  p.  321-323,  pl.  VI  et  VII. 


ÉTUDE   SUR    LES   RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  149 

1884.   Om  Hodgsoiii  Przewalsky,  Reis.  Tih.  ober.  Lauf.  Gelb.  Fluss, 

pp.  73,  110,  118,  163,  175. 
1888.    —    /)a/aï-/amœ  Przewalsky,  d"^®  voyage  en  Asie  centrale, 

texte  russe,  p.  276  (fig.). 
1892.    —    Henrii  A.  Milne-Edwards,  Rev.  générale  des  Sciences, 

p.  672. 
1896.    —    //Of/^son?  W.  T.  Blanford,  Froc.  zool.  Soc.  London, p.  787. 

L'existence  d'un  véritable  Argali  sur  le  versant  nord  de  la  chaîne 
de  l'Himalaya  fut  signalée  pour  la  première  fois  par  Hodgson  en 
1833.  «  D'après  des  observations  faites  sur  des  spécimens  vivants, 
je  puis  assurer,  dit  ce  zoologiste,  qu'il  existe  deux  espèces  de  Mou- 
tons sauvages  dans  la  région  himalayienne  ;  l'un  est  une  variété  de 
VOvis  ammon,  appelé  Ban-bhêra  par  les  indigènes,  l'autre  est  une 
race  de  VOnis  musmon  nommée  Nayour  ou  Na'hoor.  »  Vers  cette 
époque,  Hodgson  eut  entre  les  mains  des  dépouilles  de  l'un  et 
l'autre  de  ces  deux  Ovines;  le  crâne  et  les  cornes  d'un  jeune 
Ban-bhêra  mâle,  et  la  peau  entière  avec  les  cornes  d'une  femelle  de 
Nahoor.  Trompé  malheureusement  par  la  non  maturité  du  premier 
de  ces  exemplaires,  Hodgson  crut  avoir  affaire  aux  deux  sexes 
d'une  seule  des  deux  formes  sus-mentionnées,  qu'il  confondit  en 
les  décrivant  sous  le  nom  d'Ores  nayaur.  Blyth  ne  tarda  pas  à 
remarquer  cette  méprise  ;  dans  son  remarquable  mémoire  sur  les 
Moutons  sauvages,  publié  successivement  dans  les  Proceedings  de 
Londres  (1840)  dans  les  Anyials  natural  hhtory  et  le  Journal  aMatic 
Society  of  Bengal  (1841),  ce  savant  zoologiste  remit  les  choses  au 
point  et  distingua  spécifiquement  le  Ban-bhêra  sous  le  nom  d'Ocîs 
Hodgsonii.  Entre  temps,  Hodgson  lui-même  reconnaissait  tacitement 
son  erreur  en  dénommant  de  son  côté  l'argali  himalayien  Ovis 
ammonoides,  terme  qui  indique  clairement  les  affinités  de  l'espèce, 
mais  qui  doit  le  céder  pour  l'antériorité  à  celui  qu'avait  déjà  pro- 
posé Blyth. 

Il  faut  reconnaître,  toutefois,  que  c'est  à  Hodgson  que  nous  devons 
les  premiers  détails  précis  sur  les  caractères  de  VO.  Hodgsoni  qu'il 
décrivit  d'une  manière  complète,  eu  1846,  d'après  la  dépouille  d'un 
beau  mâle  de  huit  ans  en  pelage  d'été.  Voici  d'ailleurs  un  résumé 
de  sa  description. 

La  tête  est  haute  et  large  au  niveau  de  l'insertion  des  cornes,  le 
front  concave,  le  chanfrein  droit  ou  à  peine  arqué.  Les  larmiers 
sont  assez  grands,  profonds,  non  mobiles  et  masqués  par  les  poils 
qui  garnissent  leur  cavité  et  leur  orifice.  La  queue  et  les  oreilles 
sont  très  courtes.  Les  cornes  sont  massives  relativement  à  leur 


150  K.    1>K    rOLSAlU;UKS 

louiiueiir;  leur  t'|»;nss('iii' hasilaire  est  double  de  leur  l.iiueur  el  leur 
forme  est  trii^one,  sauf  à  la  base  où  les  anjjles  sont  arroudis  et  la 
section  ovoïde.  La  face  frontale  est  plane,  la  fronto-uuquale  légère- 
ment concave  et  l'orbitaire  nettement  convexe.  Ces  cornes  sont 
marijuéesde  replis  et  de  sillons  transverses  bien  accusés  et  de.ssinent 
une  spire  assez  ample,  mais  d'un  axe  court,  et  serrée  contre  la  tête 
et  l'encolure  ;  aussi  leurs  extrémités  sont-elles  peu  distantes.  En 
élé,  la  livrée  n'a  pas  de  sous-poil  laineux  et  se  compose  uniquement 
de  poils  secs,  rudes  et  cassants,  très  courts  sur  le  corps,  pre.sque 
ras  sur  la  tête  et  les  membres,  plus  lonjçs  sous  le  cou  depuis  la 
gorge  jusqu'au  poitrail,  mais  non  pendants  et  ne  formant  qu'une 
frange  peu  apparente.  I^e  dos  est  d'un  brun  sombre,  cette  teinte  se 
mélange  abondamment  de  gris-blancliàlre  sur  la  tête,  le  cou,  les 
flancs  et  le  devant  des  membres  qui  sont  de  couleur  poivre  et  sel. 
Le  ventre,  la  face  interne  des  membres,  le  derrière  des  cuisses,  la 
queue  et  un  grand  écusson  uropygal  vaguement  délimité  sont 
d'un  blanc  roussàtre.  Sur  les  parties  les  plus  élevées  du  corps,  la 
teinte  très  sombre,  presque  noire,  dessine  comme  une  bande  le 
long  du  dos  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue.  La  robe  d'été  des 
femelles  est  semblable  à  celle  des  mâles;  les  cornes  très  compri- 
mées sont  moitié  moins  fortes,  plus  lisses,  et  s'incurvent  en  haut  et 
en  dehors  eu  décrivant  un  peu  plus  d'un  demi-cercle. 
Les  dimensions  chez  les  deux  sexes  sont  les  suivantes  : 

o'  Q 

Longueur  du  nez  à  l'anus 1"73  l^Ga 

Hauteur  au  garrot 0,%  0,88 

Longueur  ries  cornes  suivant  la  courbure  ...  0.94  0,49 

Circonférence  à  la  base 0,40  0,20 

Largeur  à  la  base 0,087  0,04 

Epaisseur  ries  cornes  à  la  base .  0,15'2  0,070 

Dislance  entre  les  extrémités 0,52  0,40 

Longueur  de  la  queue  sans  les  poils 0,0o8  0,032 

Longueur  rie  la  queue  avec  les  poils 0,083  0,058 

Longueur  ries  oreilles 0,114  0,114 

Nous  trouvons  d'autre  part,  dans  le  mémoire  du  capitaine 
Hutton,  des  détails  complémentaires  sur  la  robe  d'hiver  de  cette 
même  espèce.  Chez  le  mâle,  le  dessus  du  corps  est  d'un  brun  foncé 
mêlé  de  gris,  avec  une  bande  dorsale  plus  sombre  bien  marquée 
qui,  en  arrière,  ne  forme  plus  qu'une  ligne  étroite  traversant  le 
disque  de  la  croupe  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue.  Les  flancs  sont 
d'une  couleur  brune  lavée  de  blanchâtre  ou  de  gris  ardoisé;  le 
disque  uropygal  est  bien  délimité  et  d'un  blanc  sale.  Sous  la  gorge 
et  le  cou  jusqu'au  poitrail,  les  poils,  longs  de  15  à  18  centimètres. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  151 

toiillus  et  pendants,  sont  blancs,  entremêlés  de  quelques  rares  filets 
bruDs.  Sur  le  corps  les  poils  n'ont  pas  plus  de  5  centimètres  de 
loDg,  sur  la  bande  dorsale  7  i/2,  et  sur  la  crête  du  cou  9.  Les  parties 
inférieures  sont  d'un  blanc  sale  avec  une  ligne  médiane  noirâtre. 
Sur  la  face  externe  des  membres  se  voit  uo  liseré  sombre;  les 
lèvres  sont  blanchâtres,  et  la  face  est  d'un  brun  plus  clair  que  le 
corps. 

Les  femelles  sont  plus  claires  et  plus  grises  que  les  mâles.  La 
gorge  et  le  devant  du  cou,  dépourvus  de  la  longue  frange  pendante 
des  mâles,  sont  ardoisés  et  non  pas  blancs.  La  bande  dorsale  sombre 
s'arrête  au  bord  antérieur  du  disque  de  la  croupe,  qui  est  d'un 
blanc  jaunâtre,  comme  la  queue.  Le  long  de  l'arête  du  dessus  du 
cou,  à  partir  de  la  base  des  cornes,  court  une  crête  de  poils  laineux 
longs  de  16  à  17  centimètres,  formant  une  crinière  qui  diminue 
graduellement  pour  se  perdre  dans  le  pelage  rude  de  la  bande 
dorsale.  La  face  externe  des  membres,  d'un  blanc  jaunâtre,  est 
dépourvue  de  liseré  sombre.  Dans  les  deux  sexes,  pendant  la  saison 
d'hiver,  on  trouve  sous  le  poil  une  laine  fine  et  douce,  de  couleur 
souris  claire. 

L'O.  Hodgsoni  est  incontestablement  très  proche  allié  de  l'O. 
ammon;  certains  auteurs  ne  le  considèrent  même  que  comme  une 
race  ou  variété  géographique  de  ce  dernier,  d'autres  au  contraire, 
plus  nombreux,  en  font  une  espèce  bien  distincte.  Pour  Blyth  (1847) 
les  deux  espèces  n'en  faisaient  qu'une  et  les  caractères  sur  lesquels 
on  se  basait  pour  les  distinguer  n'étaient  que  des  différences  indi- 
viduelles dont  on  avait  exagéré  l'importance.  Hutton  (1847)  inclinait 
au  contraire  à  la  distinction  spécifique  eu  s'appuyant  sur  la  forme 
différente  des  cornes.  M.  Sclater  n'a  fait  qu'efïleurer  la  question 
sans  la  résoudre.  Sir  V.  Brooke  admet  sans  conteste  la  dualité 
spécifique,  opinion  qui  est  également  celle  de  Przewalsky.  Ce 
célèbre  voyageur  avait  même  d'abord  confondu  l'Argali  du  Tibet, 
qu'il  nomme  Argali  à  poitrail  blanc,  non  pas  avec  l'O.  ammon,  mais 
avec  l'O.  Poloi,eX  c'est  sous  ce  dernier  nom  qu'il  le  désigne  et  le  figure 
dans  la  narration  de  son  voyage  en  Mongolie  (1875);  mais  quelques 
années  après  (1884),  dans  le  récit  de  son  troisième  voyage  au  Tibet, 
il  lui  restitue  son  véritable  nom,0.  Hodgsoni,  elle  distingue  nette- 
ment de  l'Argali  des  montagnes  du  Nord  de  la  Chine.  Severtzov  va 
plus  loin;  non  seulement  cet  auteur  distingue  l'O.  ammon  de  l'O. 
Hodgsoni,  mais  il  divise  à  son  tour  cette  dernière  espèce  en  deux 
autres,  l'une,  0.  //orf^sonu,  correspondant  au  type  de  Blyth,  l'autre 
qu'il  nomme  0.  Blythi  ou  Argali?  var.  tibetana.   Enfin  tout  récem- 


1.">2  F.    riK    POUSARGUKS 

int'iit,  M.  Bliiiiford,  dont  la  coiiipétence  sur  ce  poiut  est  iudéiiialjle, 
considère  rAru:ali  lihétaiu  comme  bien  distinct  de  \0.  iimmon. 
((  Chez  ce  dernier,  écrit  l'émincmt  zooloj^iste,  les  cornes  sont  plus 
épaisses,  pins  longues  et  beaucoup  plus  tournées  en  dehors  à 
leurs  extrémités,  elles  sont  intermédiaires,  pour  la  courbure, 
entre  celles  de  l'O.  Uodfjnoni  et  celles  de  la  forme  O.  Karelini  de 
l'O.  Poloi.  De  |)lus  on  ne  trouve  pas  sur  les  côtés  et  le  dessous  du 
cou  de  IV).  ammon,  les  poils  allonjçés  en  frange  qui  ornent, 
paraît-il,  en  tontes  saisons,  les  mâles  adultes  de  l'O.  Ilodii^oni.  » 

Le  Tibet  doit  être  considéré  comme  l'habitai  spécial  de  VOms 
Hodgsoni.  Cette  espèce  n'a  jamais  été  vue  sur  le  versant  sud  de 
l'Himalaya.  Dans  le  nord  du  Népaul  ou  la  connaît  sous  le  nom  de 
Ihui  hhèra  ou  Bharal,  c'est  le  i\yan  des  indigènes  du  Boutan  et  le 
Nyen  des  Tibétains.  Leith  Adams  nous  apprend  que  la  frontière 
nord  du  Ladak  et  ses  lacs  forment  la  limite  méridionale  de  l'aire 
d'habitat  de  ces  Moufïlons  qui  errent  par  grands  troupeaux  sur  les 
montagnes  bordant  la  haute  vallée  du  fleuve  Yarkand,  au  nord 
de  la  rivière  Nobra.  De  rares  individus  auraient  été  signalés  près 
des  sources  du  Gange,  et  M.  Sterndale  (1)  cite  un  vieux  mâle  qui 
aurait  été  vu  rôdant  au  sud  de  l'Indus  près  de  Zanskar,  c'est-à-dire 
dans  le  domaine  d'une  autre  espèce,  VOcis  Vignei,  avec  laquelle  il 
aurait  fait  souche.  Nous  verrons  du  reste  plus  loin  ce  qu'il  faut 
penser  de  ce  transfuge.  C'est  à  Przewalsky  surtout  que  nous  devons 
des  renseignements  bien  précis  sur  l'habitat  de  l'Argali  à  poitrail 
blanc.  Au  cours  de  son  premier  voyage  dans  le  nord  du  Tibet,  ce 
hardi  voyageur  rencontra  l'O.  Hodgsoni  dans  les  monts  Bourkhan- 
Bouddha,  la  chaîne  sud  du  Koukou-Noretles  montagnes  du  Kan-Sou, 
près  des  sources  de  l'Edzina.  Quelques  années  plus  tard,  dans  sa 
course  au  Lob-Nor,  il  signala  dans  la  chaîne  de  l'AltynTagh  quel- 
ques rares  Argalis  qu'il  prit  pour  des  O.Po/oi,  mais  qui  appartiennent 
très  probablement  à  l'espèce  qui  nous  occupe  (2).  Enfin  dans  la 
relation  de  son  .>  voyage  dans  le  Tibet  et  le  l)assin  supérieur  du 
Hoang-Ho,  Przewalsky indlcjuc  successivement  la  présence  (ieVOvis 
Hodgsoni  dans  les  monts  Bourkhan-Bouddha  et  Schouga,  puis  sur  les 
rives  du  Nomochum-gol,  dans  la  passe  Tchium-tchium  des  monts 
Marco-Polo,  sur  la  crête  des  moûts  Baïan-Kara-Oula,  Koukou- 
Tschili ,  Tolaï  et  Gurbu  Gundsouga,  et  enfin  dans  les  passes  des  monts 
Dumbere;en  un  mot  dans  tout  ce  chaos  inextricable  de  montagnes  et 
de  pics  qui  constitue  l'extrémité  orientale  de  la  grande  chaîne  du 

(1)  Sterndale.  Pr.  zool.  Soc.  London,  p.  205,  1886. 

(2)  Voir  la  note  additionnelle  (1)  au  bas  de  la  page  suivante. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIK   CENTRALE  153 

Kouen-LuQ(l).  Vers  le  sud-est,  VO.  Hodgsoni  s'avance  dans  le  Tibet 
oriental  jusque  près  des  frontières  du  Se-Tchouan  et  du  Yun-Nan; 
témoin  la  jeune  femelle  prise  dans  ces  parages,  entre  le  Tengri-Nor 
et  Batang  par  M.  Bonvalot  et  le  prince  Henri  d'Orléans,  pour  laquelle 
M.  A.  M  il  ne- Edward  s  avait  proposé  le  nom  d'Ocis  Henrii,  mais  dont 
les  caractères  concordent  avec  ceux  que  Hutton  assigne  aux  femelles 
de  VO.  Hodgsoni  en  pelage  d'hiver. 

En  résumé  l'on  peut  dire  que,  du  sud  au  nord,  VOins  Hodgsoni 
descend  de  terrasse  en  terrasse  à  travers  le  Tibet,  du  versant  nord 
de  l'Himalaya  jusqu'à  la  crête  de  l'Altyn-Tagh.  De  l'ouest  à  l'est, 
il  part  des  hauteurs  du  Karakoroum  (2)  faisant  face  au  Tibet  et  de 
la  haute  vallée  de  l'Yarkand,  longe  la  bordure  nord  du  bassin  de 
rindus,  suit  les  monts  Tang-La  et  Gangri,et  parcourt  toute  la  vallée 
du  Tsan-Po  pour  se  répandre  dans  le  massif  montagneux  du  Tibet 
oriental  et  sur  les  premières  pentes  tournées  vers  la  Chine.  Au 
nord,  les  chaînes  du  TogouzDaban  de  l'Altyn-Tagh  et  du  Kouen- 
Lun  le  conduisent  aux  monts  Nan-Chan,  sur  la  crête  du  bassin  du 
Koukou-Nor  et  dans  le  massif  du  Kan-Sou  jusqu'au  bassin  supé- 
rieur du  fleuve  Jaune, 

Ovis  Brookei  \Vard,  =  0.  Hodgsoni  cf  X  0,  Vignei  9   Sternd, 

1874,   Ovis  Brookei  Edw.  Ward,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  143. 
1873.    —       —      SirV.  Brooke,  Ibid.  p.  321. 

1886.    0.  Hodgsoni  cf  X  0.   Vignei  9  Sternuxle,    Ibid.,     p,  203, 

Sur  les  confins  sud-ouest  de  l'aire  d'habitat  de  VO.  Hodgsoni, 
vivent  d'autres  Ovines,  0.  Vignei  (Blyth)  qui,  vers  l'est,  ne  dépassent 
pas  la  haute  vallée  de  l'Indus  et  le  Ladak  où  on  les  désigne  sous  les 
noms  de  Sha  ou  Shapoo.  De  ces  régions  élevées  ces  Moufïlons  des- 
cendent vers  l'ouest,  gagnent  les   chaînes   du    Soulaïman  et  de 

(1)  Ajoutons  que.  pendant  son  quatrième  voyage  dans  l'Asie  centrale,  Przewalsky 
rencontra  dans  l'Altyn-Tagli,  le  Tchamen-Tagh,  et  dans  la  vallée  du  Kbatyn-Zan 
à  l'ouest  du  versant  sud  de  la  chaîne  du  Tsaïdam,  un  Ovine  qu'il  nomme  Ovis 
Dalaï-lamœ.  Cet  Argali  est,  à  n'en  pas  douter,  le  même  que  celui  nommé  Oois  Poloi 
par  Przewalsky  dans  son  voyage  au  Lob-Nor,  mais  n'est  autre  aussi  que  l'Argali  à 
poitrail  blanc  Orf.s  //or/(/.<on(.  Przewalsky  lui-même  émet  des  doutes  sur  la  validilé 
spécifique  de  \'0.  Dalaï-lamœ,  et  nous  apprend  qu'il  ne  ditïère  de  VO.  Hodgsoni 
que  par  ses  cornes  plus  courtes  et  quelques  indices  de  teinte  sombre  dans  la  région 
préfémorale. 

(2)  Dans  la  direction  nord-ouest,  M.  Blanford  fait  même  remonter  VOvis  Hogdsoni, 
jusqu'à  Taghdumbash  au  nord  de  la  chaîne  du  Karakorum,  sur  les  frontières  du 
Tibet  et  de  la  Kachgarie  (Scient,  results.  Sec.  Yarkand  .^Iiss.  (Mamni.),  p.  84, 1879j. 
D'après  ce  fait  les  aires  d'habitat  del'O.  Poloi  et  de  VO.  Hogdsoni,  seraient  presque 
en  contact  au  sud-est  du  Pamir. 


154  K.    1)K    l'OrSAlUîUES 

riliiidoii-Kmicli  l'I  se  disperst'ul  cliiiis  les  p;irlies  iiionla^ueusos  de 
rA(i,Miiinislan  et  du  Boloiitcliislaii  jiis(|iraiix  frontièn's  (l(;  la  Perse. 
Cette  aire  de  répartition  se  trouve  eu  dehors  des  limites  que  com- 
porte cette  étude,  et  VO.  Vi(jnvl  est  un  de  ces  types  iucursionnistes 
qui  ne  doivent  pas  être  considérés  comme  appartenant  à  la  faune 
de  l'Asie'  centrale.  Il  convient  pourtant  de  si^nialer  incidemment 
cette  espèce  en  raison  des  cas  très  curieux  d'hybridation  observés 
à  l'état  sauvage  entre  un  niAle  du  type  0.  Hodgsoni  égaré  au  sud  de 
rindus  et  des  femelles  d'O.  Vignei,  et  dont  les  produits  se  rattachent 
ainsi  indirectement  à  notre  sujet.  Sir  V.  Urooke  est  d'avis  qu'il 
faut  considérer  comme  un  de  ces  hybrides  lindividu  décrit  sous 
le  nom  d'O.  Hrookri  par  M.  Edwin  Ward  en  1874,  bien  avant  que 
ces  croisements  aient  été  signalés.  Dans  sa  description,  M.  Ward 
avait  d'ailleurs  attiré  l'attention  sur  les  dimensions  et  la  forme 
particulière  du  crâne  et  des  cornes  de  VO.  JirooJxci  dont  les  carac- 
tères mixtes  participaient  à  la  fois  de  ceux  de  Vu.  Hodfisoni  et  de 
ceux  de  VO.  Vignei.  On  eut  l'explication  de  cette  énigme  quand,  en 
1886,  sir  V.  Brooke  fit  connaître  les  intéressantes  observations  de 
M.  Sterndale  qui  expose  les  faits  dans  les  termes  suivants. 

«  Dans  les  montagnes  qui  limitent  au  sud  la  haute  valîée  de 
rindus,  près  de  Lanskar,  on  signala,  durant  quelques  années,  la 
présence  d'un  grand  mâle  d'O.  Hodgsoni  au  milieu  d'un  ti'oupeau 
d'O.  Vignei  dont  les  béliers,  plus  faibles,  furent  successivement 
chassés  par  ce  puissant  rival  qui  accapara  et  s'appropria  leurs 
femelles.  Finalement,  ce  bélier  fut  tué  un  hiver  et  dévoré  par  les 
Loups  Ghanco  du  Tibet;  mais,  pendant  son  séjour,  il  avait  donné 
naissance  à  une  famille  d'hybrides  à  tète  massive,  à  forte  encoruure 
et  dont  les  teintes  de  la  livrée  offraient  une  combinaison  de  celles 
des  deux  parents.  Cependant,  ces  métis  se  croisèrent  à  leur  tour 
avec  des  0.  Vignei  de  sang  pur,  et  ces  produits  de  3°»'' génération 
montrèrent  des  signes  évidents  de  retour  au  type  0.  Vignei  et  de 
dégénérescence  d'avec  la  forme  0.  Hodgsoni  ». 

M.  Sterndale  fait  remarquer  du  reste  que  les  indigènes  eux- 
mêmes  ne  s'étaient  nullement  mépris  sur  l'origine  de  ces  demi- 
sang  et  de  ces  quarterons  qu'ils  nommaient  Nyan-Shapoo,  terme 
composé  des  deux  appellations  respectives  des  parents  (Nyan  =  0. 
Hodgsoni.)  (!>hapoo  =  0.  Vignei.) 

11  ressort  de  ces  faits  bien  précis  que  l'O.  Hodgsoni  peut  se  croiser 
avec  d'autres  espèces  congénériques  (1),  et  donner  naissance  à  des 

(1)  M.  Lydekker  signale  également  un  cas  d'hybridation  entre  Ovis  Vignei  r^  et 
Ovis  Hodgsoni  y.  Ce  produit  ne  diffère  donc  de  VOvis  Brookei  que  par  l'inversion 
des  sexes  des  deux  facteurs.  Royal  natural  history,  II,  p.  220,  1894. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    L'aSIE    CENTRALE  lo5 

produits  féconds.  J'insiste  sur  cette  conclusion,  car  elle  n'est  pas 
sans  importance  au  point  de  vue  de  la  distinction  plus  que  géné- 
rique du  Nahoor  que  nous  devons  étudier  dans  le  chapitre  suivant. 
Ce  type  de  transition  que  l'on  avait  jusqu'ici  rangé  parmi  les  Ovines 
en  le  considérant  soit  comme  un  véritable  Oris,  soit  comme  un 
Mouton  aberrant  Pseudois,  appartient  en  réalité  au  groupe  des 
Caprines,  comme  l'ont  prouvé  les  recherches  récentes  des  zoolo- 
gistes. 

Nous  avons  pu  constater,  d'après  cette  étude,  que  les  trois  espèces 
d'Ovines  de  l'Asie  centrale  occupent  chacune  une  aire  d'habitat 
parfaitement  définie,  à  ce  point  que  l'on  peut  les  désigner  et  les 
distinguer  par  le  nom  des  contrées  dont  elles  caractérisent  la  faune. 

Ainsi  VOvis  Poloi  est  l'Argali  du  Turkestan, 
VOvis  nmmon,  l'Argali  de  Mongolie, 
VOvis  Hodgsoni,  l'Argali  du  Tibet. 

En  considérant  dans  leur  ensemble  ces  aires  de  distribution  par- 
tielles, on  voit  qu'elles  forment  une  vaste  zone  circulaire,  englobant 
tout  le  Tibet,  le  Turkestan  oriental  et  les  parties  occidentale  et  cen- 
trale du  désert  de  Gobi.  Du  coté  du  nord-est,  cette  zone  est  plus 
distante  qu'autrefois  des  régions  occupées  par  l'espèce  congéné- 
rique  du  Kamtchatka  Ocis  nimcola  Esch.;  à  l'ouest,  au  contraire, 
elle  confine  au  domaine  des  Musimones  de  la  région  méditerra- 
néenne. En  effet  l'habitat  de  VOris  Hodgsoni  attient  à  celui  de  l'Ovis 
Vi(/nei  et  d'autres  formes  à  peine  distinctes  de  ce  dernier  Ociscyclo- 
ceros  Hutton  et  Oris  Blanfordi  Hume  ;  d'autre  part  la  patrie  de 
VOvis  Poioi  tend  vers  la  Transcaspie  habitée  par  I'Obis  arfca/  (Br.)  (1) 
espèce  mal  connue,  formant  comme  un  trait  d'union  entre  les  sous- 
genres  Ovis  et  Musimon  de  Severtzov,  et  présentant  des  caractères 
mixtes  dont  la  nature  et  l'origine  n'ont  pas  encore  été  bien  éluci- 
dées, mais  qui  ne  sont  peut  être  que  la  résultante  d'une  hybrida- 
tion analogue  à  celle  dont  VOois  Brookci  Ward  nous  a  offert  un 
exemple  ;  ces  caractères  s'étant  conservés  et  perpétués  par  suite  de 
la  séparation  et  de  la  retraite  des  deux  espèces  souches. 

A  part  ces  quelques  considérations,  il  n'y  a  rien  à  ajouter  aux 
admirables  conclusions  qui  terminent  le  savant  mémoire  de  MM. 
Victor  et  Basil  Brooke,  conclusions  que  les  quelques  nouveaux  faits 
réunis  dans  ce  travail  ne  font  que  confirmer  de  la  manière  la  plus 
complète. 

(1)  Suivant  M.  Daiivergne,  VO.  arkal  (Br.)  et  l'O.  Blanfordi  (Hume)  seraient 
identiques.  Bull.  Mus.  hist.  nal.,  p.  217,  1898. 


156  K.    IIK    l'OlJSARGLKS 

Sous-famille  des  CAPRINES 

Le  lerme  Caprinea  est  soiiveul  l'iiiployé  ilaiis  une  acception  plus 
large  ((ue  celle  que  uous  lui  ullriltuons  ici,  el  bien  des  Zoologistes 
englobent  sous  ce  titre  les  Ovinéa.  Je  crois  cependant  qu'il  serait 
utile  de  maintenir  celte  division.  Il  est  incontestable  que  les  Ovittés 
se  ratlaclienl  par  des  liens  très  étroits  aux  Caprines,  el  l'on  consi- 
dère avec  raison  le  Nalioor  du  Tibet  et  le  Moufïlon  à  maocheltes  de 
Barbarie  comme  un  double  trait  d'union  reliant  ensemble  ces  deux 
sous-familles.  Ces  deux  tyi)es  de  transition  présentent  en  etiel  des 
caractères  réellement  mixtes  et  intermédiaires  dont  on  ne  peut 
niéconnaîlre  l'importance.  Mais  aussi,  ne  tient-on  pas  trop  faible 
compte  de  ceux,  moins  hétérogènes,  moins  hybrides  si  l'on  peut 
dire,  fournis  par  la  nature  el  les  teintes  du  pelage,  par  le  genre  de 
vie,  les  mœurs  et  les  habitudes  de  ces  animaux,  par  cet  air  de 
parenté,  de  famille  qui,  à  défaut  d'autres  indices  plus  sûrs,  ])euvent 
éclairer  sur  les  véritables  afïinilés  des  êtres?  Sous  ce  rapport  le 
Moufïlon  à  manchettes  0.  tragelaphus  n'est-il  pas  plus  0ms  que 
Capra,  et  ne  doit-on  pas  convenir  qu'il  ressemble  à  VO.  cydoceros 
plus  qu'atout  autre  type  caprin?  Les  tendances  du  Nahuor,  au  con- 
traire, ne  sont-elles  pas  visiblement  dirigées  vers  les  Capra  et 
n'est-ce  pas  dans  ce  groupe  des  Caprines  qu'il  doit  être  rangé 
comme  on  l'a  proposé  récemment?  C'est  cette  dernière  question 
que  nous  nous  efforcerons  de  résoudre  dans  ce  chapitre. 

4.  —  Genre  PSEUDOIS  Hodgson. 

6.    —    PsEUDOIS   NAHOOR    HodgSOU. 

1833.  Ovis  na!/ttu?-(  parti  m)  Hodgson  Âsiat.  research.  Calcutta,  XVIU, 

pt.  2,  p.  135,  pi.  9. 

1834.  —    nalioor      Id.        Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  107. 

1841 .    —       —  Id.        Journ.  As.  Soc.  Bengal,  X,  pt.  1,  p.  231, 

pl.I,  fig.  2  et  pi.  II. 
1841.    —       —        Blyth     Ann.nat.  hist.,  VII,  p.  248,  pi.  V,fig.  7. 
1841.    —    burrhel      Id.  Ibid.  pi.  V,  fig.  G. 

1846.  Pseudois  nahoor  Hodgson,  Journ.  as.  Soc.  Bengal,  XV,  p.  343. 

1847.  _  _  Id.  Ibid.,  XVI,  pt.  2, 

p.  702. 
1858.        —  —       LeithAdams,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  527. 

1868-1874.   Ocis  nahoor  A.  Milne-edwards,  Recherch.  s.  les  Manimi- 
fères,  p.  357,  pis.  68  et  69. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   L'aSIE   CENTRALE  157 

1875.   Pseudois  nahoor  Przewalsky,  Reis.  Mongolie,  p.  219  et  392, 

pi.  VI,  fi-.  1. 
1875.   Pseudois  hurrhel  Id.  Ibid.  pi.  V. 

1879.   Pseudo-nnhoor  Przewalsky,  From  Kulja   ta   Lob-Nor,   p.  85- 

1879.  Ovis  nahura    Blanford,  Scient.  Rcsult.  sec.    Yarkand    Miss., 

p.  85,  pi.  XIV. 

1880.  Pseudois  nahoor  Lydekker,  Journ.  as.   Soc.  Bengal.,  XLIX, 

pt.  2,  p.  13i. 
1884.       —  —       Przewalsky,  Reise  in  Tibet,  p^p.  72,  110,  119, 

163,  175,  218,  236. 
1891 .   Ovis  nahoor  W.  L.  Sclater,  Catal.  Mam.  Indian  Muséum,  II, 

Calcutta,  p.  140. 
1896.  Capra?  nayaur  Matschie,   Sitz-  Ber.  Ges.   naturf.    Freunde 

Berlin,  n"  6,  p.  97. 

Le  plus  ancien  nom  donné  à  l'animal  qui  fait  le  sujet  de  ce  cha- 
pitre est  celui  de  Nayaur,  mais  comme  dès  le  début  Hodgson  avait 
par  erreur  attribué  la  même  dénomination  à  l'O.  Ilodgsoni,  il  est 
préférable,  afin  d'éviter  toute  confusion,  d'employer,  ainsi  que  l'ont 
fait  du  reste  la  plupart  des  zoologistes,  le  nom  de  Nahoor  proposé 
ensuite  par  Hodgson.  Le  Nahoor,  appelé  aussi  Bharal,  est  trop  connu 
pour  qu'il  soit  nécessaire  d'insister  ici  sur  les  caractères  de  sa 
livrée  et  la  forme  de  ses  cornes,  et  je  renverrai  pour  cela  aux  des- 
criptions et  aux  nombreuses  figures  publiées  par  les  auteurs  cités 
dans  la  bibliographie.  Il  est  au  contraire  une  autre  question  plus 
intéressante,  controversée  pendant  de  longues  années,  et  dont 
l'étude  n'a  été  reprise  qu'à  une  date  relativement  récente;  c'est 
celle  du  rang  générique  et  sous-familial  du  Nahoor,  qui  nous 
occupera  exclusivement. 

«  Le  Bharal  de  la  région  tibétaine,  écrivait  M.  Lydekker,  est  un 
de  ces  animaux  particulièrement  intéressants,  mais  en  même  temps 
particulièrement  embarrassants  pour  les  naturalistes,  en  raison 
des  affinités  qu'il  présente  avec  deux  groupes  distincts,  et  ce  n'est 
pas  chose  facile  que  de  déterminer  avec  précision  le  rang  qu'il  doit 
occuper  dans  l'échelle  zoologique.  Le  Bharal  présente  en  effet  des 
points  de  ressemblance,  d'une  part  avec  les  Moutons,  d'autre  part 
avec  les  Chèvres  ;  et  ces  caractères  mixtes  semblent  avoir  été  la 
cause  de  l'extrême  divergence  d'opinions  des  naturalistes  con- 
cernant le  genre  auquel  cet  animal  doit  être  rapporté.  » 

Pour  résoudre  définitivement  cette  question,  il  est  nécessaire  d'en 
exposer  complètement  l'historique. 

Quelques  uns  des  caractères  qui  distinguent  le  Nahoor  des  vrais 


1.S8 


K.    PI     l'OUSARGUES 


Ovines  n'avaieut  pas  échappé  à  la  |)erspicacilé  cl'iIO(l};soii  (jui,  peu 
de  temps  a|)rès  avoir  décrit  cet  animal  comme  un  Oris,  proposa  de 
le  distihf^uer  p;énéri(jiiement  sous  le  non»  de  Pseutlois,  en  raison 
de  la  forme  et  de  la  direction  particulière  des  cornes,  de  l'absence 
de  larmiers,  du  manque  de  crinière,  et  de  la  lonjs'ueur  notable  de 
la  queue.  Cette  opinion  fut  partaj^ée  |)ar  certains  auteurs,  entre 
autres  (iray,  Leith  Adams,  Przewalsky,  mais  rejetée  par  le  plus 
grand  nombre.  Le  désaccord  des  zoologistes  sur  ce  point  de  nomen- 
clature durait  depuis  longtemps  et  menaçait  de  s'éterniser,  (fuand 
parut,  en  1880,  une  note  très  documentée  de  M.  Lydekker  sur  ce 
sujet  en  litige.  Dans  ce  travail,  M,  Lydekker  reconnaissait  la  jus- 
tesse des  observations  d'Hodgson,  puis,  reprenant  sous  une  inter- 
prétation nouvelle  les  arguments  émis  par  cet  auteur  et  fournissant 
pour  sa  part  des  preuves  craniologiques  de  première  importance 
et  complètement  inédites,  M.  Lydekker  établissait  un  savant 
parallèle  entre  les  atïinités  ovines  et  caprines  du  Nahoor.  Ce  paral- 
lèle peut  être  résumé  de  la  manière  suivante  : 


CAPRA 


Pas  fie  hinniors. 


PSEUDOIS 


Os  lacrymnl  no  prosontant  aucune  dépression. 


Basi-occipital  de  forme  oblongue,  à  tubercules 
postérieurs  plus  forts  et  plus  proéuiinents  (jue 
les  antérieurs,  mais  situés  sur  la  inén\e  li;.'ne 
antéro-postérieure. 


Cornes  d'un  brun  noirAtre  sombre,  marquées 
seulement  de  fines  stries  transversales,  avec 
ou  sans  nodosités  antérieures  ;  extrémité  de 
la  première  courbure  dirigée  en  arriére  et  en 
haut. 


Queue  relativement  assez  développée  et  garnie  de 
longs  poils. 

Pores  interdigitaux  aux 
membres  antérieurs 
seulement. 


O  VIS 


Des  larmiers. 

Os  lacrymal  présentant 
une  dépression  pro- 
fonde. 

Basi-occipital  beaucoup 
plus  large  en  avant 
qu'en  arriére,  à  tuber- 
cules antérieurs  plus 
forts  et  plus  écartés 
que  les  postérieurs. 

Cornes  d'un  brun  jau- 
nAtre  clair,  marquées 
de  replis  transver- 
saux complets,  extré- 
mité de  la  première 
courbure  dirigée  en 
avant  et  en  bas. 

Queue  très  courte  à 
poils  ras. 


Une  barbe  mentonnière. 
Odeur  caprine. 


Pores    interdigitaux    à  tous  les  membres. 


Pas  de  barbe  mentonnière. 
Pas  d'odeur. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  159 

Comme  on  le  voit,  les  caractères  caprins  l'emportent  en  nombre 
et  surtout  en  importance  sur  les  caractères  de  nature  ovine; 
néanmoins  M.  Lydekker  concluait  à  leur  équivalence;  car,  tout  en 
maintenant  le  genre  Pseudois,  il  ajoutait  : 

((  Le  Nahoor  est  incontestablement  le  véritable  trait  d'union 
entre  les  genres  Ovis  et  Capra,  et  il  est  difficile  de  dire  auquel  des 
deux  il  est  le  plus  étroitement  apparenté  >). 

M.  Lydekker  est  revenu  depuis  sur  cette  manière  de  voir,  et 
renonçant  au  genre  Pseudoi^,  a  replacé  le  Nahoor  parmi  les  Ovis  (1). 
C'est  également  cette  dernière  dénomination  générique  qui  a  été 
adoptée  par  M.  W.  L.  Sclater  dans  son  Catalogue  des  Mammifères 
du  Musée  de  Calcutta;  bien  que,  rééditant  les  arguments  d'Hodgson 
et  de  M.  Lydekker,  ce  savant  zoologiste  insiste  sur  l'extrême  res- 
semblance du  Nahoor  avec  le  Capj'u  cylindricornls  Blyth  (2)  à  tel 
point  que  l'on  peut,  dit-il,  considérer  ce  Bouquetin  comme  repré- 
sentatif du  Nahoor  dans  le  Caucase.  Cette  ressemblance  est  en  efiet 
des  plus  frappantes.  La  taille  et  le  port  du  Nahoor  plus  bas  sur 
pattes  que  les  Moufflons,  la  couleur,  la  forme  et  la  direction  de  ses 
cornes,  les  taches  noires  qui  marquent  sa  livrée  sur  le  chanfrein, 
le  dessous  du  cou,  le  poitrail,  le  bas  des  flancs  et  la  face  antérieure 
des  membres,  sont  autant  de  caractères  qui,  de  prime  abord,  dis- 
tinguent cet  animal  des  Moutons,  et  lui  donnent  un  air  de  parenté 
indéniable  avec  les  Caprines  et  surtout  avec  le  Bouquetin  du  Cau- 
case C.  ciiHndrkornis  et  celui  des  Pyrénées  et  des  montagnes  de 
l'intérieur  de  l'Espagne  C.  pyrenaica  Schinz. 

Tout  récemment,  M.  Matschie  vient  de  donner  à  cette  question 
controversée  un  regain  d'intérêt  et  d'actualité  en  excluant  défini- 
tivement le  Nahoor  du  groupe  des  Ovines  pour  le  ranger  dans  celui 
des  Caprines.  A  l'appui  de  cette  thèse,  M.  Matschie  fait  valoir  la 
prédominance  incontestable  des  caractères  caprins  ci-dessus  indi- 
qués, et  produit  en  outre  de  nouveaux  arguments  dont  on  ne  saurait 
méconnaître  la  valeur. 

Le  savant  mammalogiste  de  Berlin  invoque  ensuite  le  témoignage 
et  l'autorité  de  Przewalsky  eu  ce  qui  concerne  les  mœurs  essen- 

(1)  Mamm.  living  and  extiucl,  p.  35i,  et  Royal  natural  liistory,  II,  p.  2.31. 

(2)  Blyth  avait  tout  d'abord  considéré  ce  Bouquetin  comme  un  véritable  Ot'is 
proche  allié  du  Biirrhel  (Journ.  as.  Soc.  Bengal,  X,  pt  2,  p.  870, 1841). 

Quelques  années  plus  tard,  dans  sa  réplique  à  Hodgson,  Blyth  écrivait  encore: 
<(  Thèse  two  himalayan  species  (Nahoor  et  Burrhel)  instead  of  being  complète 
Mouillons,  are,  so  far  at  least  as  their  horns  are  concerned,  most  pai  ticularly  unlike 
0.  musimon,  and  form  a  lilllegroup  per  se,  unless  0.  cylindricorais  should  prove 
lo  range  with  them.  »  {Jour.  as.  Soc.  Bengal,  XVI,  pt  1,  p.  363^  1847.) 


KiO  K.    I)K    l'Ul  SAHGIKS 

lielleiiHMit  caprines  dos  Nahoois,  (jiii  hiMeiil  comiiu^  des  Bou(|iio- 
tiiis,  siirienl  comme  eux  lorsrm'uii  dauber  les  menace,  se  jjusent 
sur  les  étroites  corniches  des  rochers  et  fjjrinipeut  sur  les  arbres 
inclinés  :  ce  que  ne  font  jamais  les  Mouillons.  Aussi  Przewalsky 
désigne-t-ille  Nahoor  comme  un  Hou<iuetin  (>s7^ni/^ocA-),  à  l'exemple 
des  Moni^ols  qui  le  nomment  Koukon  yanan,  ce  qui  veut  dire  [Houe 
bien).  Enliu  M.  .Matschie  discute  les  conclusions  que  l'on  peut  tirer 
du  mode  de  distribution  géosraphicjue  des  espèces  de  Moulions  et 
de  Bouquetins,  et  démontre  qu'on  ne  trouve  jamais  vivant  dans 
une  même  région  qu'une  seule  espèce  de  Moulllon,  auquel  se  trouve 
souvent  associé  un  Bouquetin. 

Or  le  Nahoor,  considéré  en  tant  qu'Ouînt',  ferait  exception  à  cette 
règle  par  sa  cohabitation  avec  l'O.  Hodgsuiù  dans  le  Tibet;  il  la 
confirme  au  contraire  en  tant  que  Caprine,  et  suivant  cette  dernière 
interprétation,  le  Tibet  posséderait  son  Bouquetin  tout  comme  les 
autres  chaînes  de  l'Asie  centrale. 

A  tontes  les  preuves  que  nous  venons  de  rappeler,  on  peut  en  ajou- 
ter une  dernière.  Sur  le  seul  point  de  son  aire  d'habitat  confinant  à 
celui  d'un  autre  Moufflon,  dans  le  Ladak,  nous  avons  vu  VOvis 
Hodgsoni  s'allier  à  l'O.  Vignei  et  de  ce  commerce  naître  des  pro- 
duits féconds  0.  Brookci ;  d'où  l'on  doit  déduire  la  possibilité  du 
croisement  de  l'O.  Hodgsoni  et  de  l'O.  Vignei  ii\ec  toute  autre  espèce 
véritablement  ovine.  Or  jamais  ce  fait  n'a  été  observé  ni  entre  le 
Nahoor  et  l'O.  Vignei  que  le  D'"  Cayley  affirme  cependant  avoir  vus 
paissant  dans  les  mêmes  vallées  du  Ladak,  ni  entre  le  Nahoor  et 
l'O.  Hodgsoni  qui  pourtant  vivent  cùle  à  côte  sur  toute  l'étendue  du 
Tibet.  Les  assertions  d'Hodgson  sur  ce  dernier  point  sont  formelles  : 
((  Jamais,  écrivait-il,  les  Moutons  sauvages  proprement  dits  ou 
Nyens,  0.  Hodgsoni,  ne  se  mêlent  aux  Nahoors.  »  Et  plus  loin  : 
«  Jamais  les  Nahoors  et  les  Nyens  ne  se  mêlent  ni  ne  s'approchent  ; 
jamais  non  plus  les  Nahoors  mâles  n'ont  eu  de  commerce  sexuel 
avec  les  Moutons  domestiques,  aussi  longtemps  qu'on  ait  pu  les 
faire  vivre  ensemble  eu  parfait  état  de  domesticité.  » 

Que  conclure  de  ces  observations  et  de  tous  ces  faits  significatifs 
sinon  qu'il  y  a  une  difïérence  plus  que  spécifique  entre  les  Ovis  et 
le  Nahoor,  et  déplus  que  ce  dernier,  comme  le  dit  M.  Matschie,  doit 
être  retiré  du  groupe  des  Ovines  pour  être  rangé  dans  celui  des 
Caprines.  Est-ce  à  dire  pour  cela  qu'il  faille  considérer  le  Nahoor 
comme  un  véritable  Capra,  ainsi  que  paraît  l'insinuer  M.  Matschie 
qui  le  nomme  Bouc  du  Tibet  (Steinbock  von  Tibet)  ou  Chèvre  aber 
rante  (etwas  aberrante  Ziegej?  Je  ne  le  crois  pas.  Une  telle  solution 


ETUDE    S[JR   LES    RUMINANTS    DE    L  ASIE    CENTRALE 


JBl 


serait  trop  radicale,  et  cette  ideutificatioD  générique  irait  plus  loin 
que  ne  le  permettent  les  caractères  du  Nahoor  qui  ne  concordent 
pas  tous  absolument  avec  ceux  du  genre  Capra.  Je  proposerais 
plutôt  de  faire  rentrer  le  Nahoor  dans  le  groupe  des  Caprines,  tout 
en  lui  conservant  son  indépendance  générique  {Pseudois).  Ce  groupe 
comprendrait  dès  lors  3  genres  :  l'un  typique,  Capra,  le  second, 
Pseudois,  reliant  les  Caprines  aux  Ovines,  le  troisième,  Hemitragus, 
tendant  vers  les  Némorhédiens  ou  Antilopes-Chèvres.  Ces  trois 
genres  pourraient  être  distingués  de  la  manière  suivante  : 


PSEUDOIS 

CAPRA 

HEMITRAGUS 

1. 

Poies    interdigitaux  à 
tous    les    membres. 

Pores        inlerdigitaux 
aux   membres  anté- 
rieurs seulement. 

Pas  de   pores  interdi- 
gitaux. 

2. 

lieux  mamelles. 

Deux  mamelles. 

Quatre  mamelles. 

3. 

Cornes    très     inégales 
dans  les  deux  sexes. 

Cornes    très     inégales 
dans  les  deux  sexes. 

Cornes  presque  égales 
dans  les  deux  sexes 

4. 

Pas  de  barbe  inenton- 
tonnière. 

Une     barbe     menton- 
nière. 

Pas  de  barbe  menton- 
nière. 

r^. 

Pas  de  rhinarium. 

Pas  de  rhinarium. 

Un  rhinarium. 

6. 

Pas  d'odeur. 

Odeur  caprine. 

Odeur  caprine. 

D'après  ce  tableau,  l'on  peut  se  convaincre  que  le  Nahoor  diffère 
moins  des  Capra  que  V Hemitragus,  et  il  serait  à  désirer  que  des 
essais  de  reproduction  fussent  tentés  eutre  le  Nahoor  et  des  repré- 
sentants du  genre  Capra,  comme  on  l'a  pratiqué  avec  succès  pour 
VHemitragus.  La  réussite  de  cette  contre-épreuve  serait  la  confir- 
mation définitive  des  affinités  et  de  la  nature  caprines  des  Pseudois. 

Le  Nahoor  est  essentiellement  tibétain,  et  l'on  peut  dire  qu'on  le 
rencontre  partout  où  vit  le  Nyen,  Ocis  Hodgsuni.  Son  aire  d'habitat 
est  même  plus  vaste  que  celle  de  l'Argali  du  Tibet  et  s'étend  davan- 
tage vers  le  nord-est  et  le  sud-est. 

A  l'ouest,  le  Nahoor  habite  les  pentes  du  Karakoroum  ;  on  l'a 
signalé  à  Tain,  près  de  Sandjou  (Stolickza),  dans  les  hautes  vallées 
de  l'Yarkand  et  du  Khotan-Daria,  ainsi  que  dans  le  Nobra  et  le 
Ladak  (Leith  Adams).  De  ces  points  les  plus  occidentaux  de  leur 
aire  d'habitat,  les  Nahoors  se  dispersent  à  travers  tout  le  Tibet.  Au 
sud,  ils  suivent  les  hautes  vallées  de  l'indus,  du  Sutledj  et  du 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898. 


XI.  —  li, 


162  E.    DE    POUSARGL'ES 

Tsaii-Po,  et  piircoureiil  le  Népaul,  le  Sikkirn  el  le  Boulîm  sur  les 
deux  versîints  de  la  rhaîne  de  l'Iliunilwya  (Hodjxson,  Blylli,  .Icrdon). 
Au  nord,  les  Nalio(»rs  lonp:eut  les  nioulagues  qui  forment  la  limite 
méridionale  du  Gobi  (Togouz-Dahan,  Altyn-Tagh,  \au  Chan),  d'où 
ils  remontent  par  les  monts  Ala-Chan  et  Khara-Naryn-Oula  jusqu'au 
nord  de  la  grande  boucle  du  Hoang-Ho  et  du  |)ays  des  Ordos 
(Przewalsky).  Entre  ces  deux  limites  extrêmes  nord  et  sud,  ou 
signale  encore  le  Nahoor  sur  les  différentes  chaînes  intermédiaires 
qui  forment  les  échelons  des  principales  teirasses  tibétaines.  Le 
Kouen-Lun  les  amène  jusque  dans  les  montagnes  du  Koukou-Nor, 
du  Kan-Sou  et  de  la  principauté  de  Moupin  (R.  P.  A.  David).  Enfin, 
par  les  monts  Tang-La  et  Gangri,  ils  atteignent  le  massif  du  Tibet 
oriental  et  pénètrent  dans  les  provinces  chinoises  du  Se-Tchouan  et 
du  YuQ-Nan  jusqu'à  Ta-tsien-lou  et  Tsékou,  où  ils  doivent  être 
abondants,  à  en  juger  par  les  nombreuses  dépouilles  que  le  Muséum 
de  Paris  a  reçues  de  ces  localités. 

5.  —  Genre  CAPRA  Linné. 

7.  —  Capra  sibirica  Meyer. 

1776.  Ibejc  alpium  sihiiicarum  Pallas,  Spicil.  zoolog.,  fasc.  XI,  p.  31. 

1794.   Capra  sibirica  Meyer,  Zool.  aun.,  I,  p.  397. 

1811.  /Egoceros  ibex  Pall.,  Zoograph.  ross.-asiat.,  I,  p.  224,  pi.  XV, 

fig.  1  et  2. 
1840.   Himalaga  ibex  Blyth,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  80. 
1842.   Capra  ibex  Hodgs.,  Jouru.  asiat.  Soc.  Bengal.,  IX,  pt  1,  p.  283. 
1842.  Capra  sakeen  Blyth,  Ibidem. 

1844.  .Egoceros sibiricus  Wagner,  Schrrb.  Savyelh.  Sappl.,  IV,  p.  490, 

pi.  281. 
1844.  .Egoceros  skyn  Wagner.  Schreb.  Sàngeth.  SuppL,  p.  491. 
1858.  Capra  himnlayana  Leith.  Aoams,  Proc.  zool.  Soc.  London, 

p.  523. 
1862.  jEgoceros  (Capra)  sibiricus  Radde,  Heis.  im  Sud  u.  Ost-Sibir., 

p.  243,  pi.  X. 

1873.  Capra  sibirica,  Capra  skyn  Severtzov,  Turicest.  Jerotn,,  p.  102. 

1876.  —         —  —      —        Id.  traduct.  Ann.  Mag.  nat. 
hist.,  (4)  XVIII,  p.  334. 

1874.  Capra  sibirica  Jerdon,  Mamm.  of.  India,  p.  292. 

1877.  Capra  sibirica  Lydefîker,  Journ.  as.  Soc.  Beng.,  XLVI,  pt  2, 

p.  286. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  163 

1877.  Capra  sibirica?  Przewalsky,  Reis.  in  Mongolei,  p.  489. 

1879.  Capra  skyn  Przewalsky,  h'rom  Kulja  ta  Lob-Nor,  p.  45. 

1879.  Capra  sibirica  Blanford,  Scient,  res.  sec.  Yark.  Miss.  (Mamm.), 

p.  86. 

1881.  Capra  sibirica  Scully,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  209. 

1884.  Capra  sibirica  Sterndale,  Mamm.  of  India,  p.  444. 

1884.  Capra  sibirica  Przewalsky,  lieis  in  Tibet,  pp.  252,  272. 

1886.  Capra  sibirica  Ph.  L.  Sclater,  Proc.  zool.  Soc.  Londou,  p.  316. 

Pallas  confondait  en  une  seule  et  même  espèce  tous  les  vrais 
Bouquetins  {Ibex)  connus  de  son  temps,  tant  ceux  des  Alpes  que 
ceux  des  monts  Altaï  et  de  l'Himalaya  (les  Bouquetins  d'Egypte  et 
d'Arabie  C.  nubiana  (Cuv.)  et  ceux  d'Abyssiuie  C.  walie  (Rupp)  étaient 
alors  ignorés.  (De  Africa  enin  nondum  constat.)  Spicilegia  1776). 
Nous  lisons  en  effet  dans  la  zoograpliie  russo-asiatique  de  cet  auteur  : 
((  .Egoceros  ibex  in  summis  cacuminibusalpium  sayanensium  prae- 
sertim,  rarius  altaicarum  pascitur. . .  in  summis  jugis,  inter  Son 
gariam  atque  Tarlariam  magnam  finesque  Indiae  et  Tibetum  sitis, 
frequens  esse  dicitur...  in  Helvetia  (juoque  hanc  ipsani  specieiu 
dari. . .  satis  confirmatur  (1811).  » 

Entre  temps,  Meyer  avait  reconnu  dans  les  Bouquetins  du  sud 
de  la  Sibérie  une  espèce  Capra  sibirica  différente  de  celle  des 
Alpes,  et  plus  tard  (1840',  ceux  de  l'Himalaya  furent  à  leur  tour 
distingués  spécifiquement  par  Blyth,  sous  le  nom  de  Capra  sakeen. 
Le  Sakeen  ou  Skyn  de  l'Himalaya,  écrivait  Blytb,  a  la  barbe  rudi- 
mentaire  et  les  teintes  du  Bouquetin  des  Alpes  C.  ibex  L.,  mais 
ses  cornes  sont  plus  longues,  moins  divergentes,  plus  massives  à 
la  base,  plus  grêles  dans  leur  portion  moyenne,  plus  effilées  à  leur 
extrémité  (1840). 

Quant  à  la  distinction  du  Capra  sakeen  d'avec  le  Capra  sibirica, 
Blyth  ne  l'ait  que  l'affirmer  sans  fournir  aucune  preuve  et  se  contente 
de  dire  que  le  Sakeen  diffère  plus  encore  du  Bouquetin  de  Sibérie 
que  ribex  des  montagnes  de  la  Suisse  (1842j.  Depuis  cette  descrip- 
tion bien  insuffisante,  aucun  auteur,  ainsi  que  le  fait  remarquer 
avec  raison  M.  Ph.  L.  Sclater,  n'a  comparé  sérieusement  les  Bou- 
quetins de  l'Himalaya  à  ceux  de  l'Altaï. 

Le  Muséum  de  Paris  ne  possède  malheureusement  aucun  spécimen 
provenant  de  l'Himalaya,  de  sorte  qu'il  m'est  également  impossible, 
faute  de  terme  de  comparaison,  d'établir  si  les  types  himalayieus 
diffèrent  réellement  des  types  sibériens.  Je  me  contenterai  donc 
d'exposer    ici   brièvement   les   diverses  opinions  émises  par   les 


164  E.    DE    POUSARGUKS 

Hiileurs,  et  les  ohsoivalions  que  j';ii  pu  faire  sur  les  exeuiplaires 
sibériens  de  la  collection  du  Muséum  de  Paris. 

\Vai;ner  esl  à  peu  près  le  seul  zoolo:;iste  qui  ail  admis  la  distinc- 
tion des  deux  espèces  de  Bouquetins  asiaticjues;  mais  il  ne  joint 
aucune  preuve  nouvelle  à  la  description  trop  sommaire  de  Blytli 
qu'il  ne  fait  que  reproduire.  Au  cotilraire  la  plupart  des  auteurs, 
entre  autres  ceux  de  l'Inde,  dont  le  temoij;na}j:e  est  ici  d'un  grand 
poids  et  particulièrement  précieux,  ne  partagent  pas  celte  manière 
de  voir. 

Leilli  Atlams,  il  est  vrai,  désigne  le  Bouquetin  de  l'Himalaya  sous 
un  nom  spécial  C.  himalayana,  mais  il  ajoute  avoir  vu  au  Musée 
de  Derby  à  Liverpool  un  spécimen  de  C.sihiriccules  monts  Altaï  qui 
lui  •(  paru  être  identique  à  la  variété  du  Ladak.  (lontrairemenl  à  ce 
qu'avait  énoncé  Blylb,  Jerdon  donne  au  Bouquetin  de  l'Hinifilaya 
une  longue  barbe  (15  à  '20  centimètres),  et  l'assimile  au  C.  aibiriva. 
Toutefois,  cet  auteur  signale  les  spécimens  du  Baltistan  comme 
constituant  une  variété  à  teintes  d'un  brun  sombre  avec,  sur  le 
milieu  du  dos.  une  large  tache  d'un  blanc  jaunâtre  en  forme  de 
selle  traversée  par  la  bande  spinale  plus  foncée,  mais  dont  les 
cornes  ne  diffèrent  en  rien  de  celles  des  individus  de  teinte 
ordinaire.  M.  Blaiiford,  qui  a  pu  comparer  des  peaux  provenant  de 
Kacbgar  et  des  sources  de  l'Yarkand  à  la  description  que  Pallas 
donne  des  Bouquetins  de  Sibérie,  ne  constate  d'autre  difïérenceque 
les  teintes  plus  sombres  du  pelage.  ScuUy  donne  au  Bouquetin  de 
Tiilgit  le  nom  de  C.  sibirica,  et  fait  entendre  que  les  individus  à 
livrée  sombre,  pour  la  plupart  vieux  mâles  en  pelage  d'hiver,  ne 
sont  nullement  localisés  dans  une  région  spéciale.  M.  Sterndale, 
enfin,  confirme  les  assertions  de  Jerdon,  et  ajoute  que  Kinloch, 
l'intrépide  chasseur  des  contrées  himalayienues,  tua  un  jour  au 
nord  d'iskardo,  sur  le  haut  Indus,  un  Bouquetin  mâle  dont  la  livrée 
était  presque  noire. 

Severtzov  signale,  d'une  manière  douteuse,  l'existence  des  deux 
espèces  C.  sibirica  et  C.  skyn  dans  la  chaîne  du  Thian-Chan,  mais  il 
n'étaie  ses  présomptions  que  sur  des  raisons  d'analogie  avec  le 
mode  de  distribution  géographique,  dans  les  mêmes  régions,  des 
différentes  espèces  d'Ovines  créées  par  lui.  Przewalsky  pense  que 
les  Bouquetins  de  la  région  des  Youldouz  doivent  appartenir  à 
l'espèce  C.  skyii,  vu  que  les  cornes  sont  tournées  en  dedans  et 
rapprochées  à  leur  extrémité.  Je  dois  faire  remarquer  immédiate- 
ment que  ce  soi-disant  caractère  est  éminemment  variable,  et  que 
d'ailleurs  on  le  retrouve  tel  que  l'indique  Przewalsky  chez  des  C. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSTE    CENTRALE  165 

sibirica  de  provenance  sibérienne  parfaitement  authentique.  On  lit 

en  effet  dans  la  description  de  Pallas  :  «  Cornua extremo  apice 

paululum  introrsum  declinato  »;  et  dans  le  savant  mémoire  de 
Radde  :  «  Chez  les  vieux  Bouquetins,  les  cornes  ne  sont  pas  toujours 
recourbées  en  faucille  dans  le  même  plan;  j'en  ai  rencontré  chez 
lesquels  elles  divergeaient  dès  la  base,  devenaient  ensuite  parallèles 
dans  leur  plus  grande  portion  moyenne,  puis  s'inclinaient  fortement 
en  dedans  et  convergeaient  à  leur  extrémité.  Lorsque  de  telles  cornes 
étaient  placées  sur  un  plan  du  côté  de  leur  face  externe,  la  partie 
basilaire  se  relevait  ainsi  que  l'extrémité.  »  Enfin  Scully  observe 
que  dans  une  nombreuse  série  de  cornes,  provenant  toutes  du 
district  de  Gilgit  et  de  la  vallée  d'Astor,  les  unes  convergeaient,  les 
autres  divergeaient  au  sommet,  et  que  par  conséquent  ces  variations 
n'impliquent  aucune  différence  spécifique. 

Le  Muséum  de  Paris  possède  une  magnifique  série  de  Bouquetins 
sibériens  provenant  du  récent  voyage  d'exploration  de  MM.  Chaf- 
fanjon  et  Mangini  à  travers  le  nord  de  l'Asie  centrale.  Un  de  ces 
Bouquetins,  mâle  adulte  en  pelage  d'hiver  pris  dans  les  monts 
Altaï,  répond  rigoureusement  à  la  planche  et  à  la  description  si 
complète  publiées  autrefois  par  Radde.  Deux  autres  exemplaires 
mâles  de  la  même  région,  mais  en  robe  d'été,  ont  le  pelage  ras, 
d'un  brun-jaunàtre  uniforme;  la  raie  dorsale  noire  est  très  nette- 
ment dessinée,  mais  les  marques  sombres  de  la  face  antérieure  des 
membres,  du  poitrail  et  de  la  région  scapulaire  ne  sont  que  faible- 
ment estompées.  Le  dessous  du  corps  et  la  face  interne  et  postérieure 
des  membres  sont  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre.  Enfin  trois  autres 
spécimens  (une  femelle  adulte  et  deux  jeunes  mâles)  tués  en  hiver 
dans  le  Ïhian-Chan,  près  du  Tengri,  diffèrent  sensiblement  des 
précédents  par  la  couleur  de  leur  livrée.  Leur  teinte  générale  est 
d'un  brun-jaunàtre  pâle,  à  peine  plus  sombre  le  long  de  la  face 
antérieure  des  membres,  et  passant  au  blanc  presque  pur  sur  le 
dessous  du  corps  et  la  face  interne  et  postérieure  des  pattes.  Sur 
toute  la  région  dorsale,  depuis  le  garrot  jusqu'au  milieu  de  la  croupe, 
se  voit  une  large  zone  d'un  blanc  crémeux,  un  peu  jaunâtre,  qui 
rappelle  les  taches  claires  en  forme  de  selle  signalées  par  Jerdon 
chez  les  spécimens  à  pelage  sombre  du  Baltistan.  J'insiste  sur  cette 
dernière  particularité,  car  elle  éloigne  les  Bouquetins  du  Thian- 
Chan  de  ceux  de  Sibérie,  pour  les  rapprocher  des  individus  du 
Lndak  et  de  l'Himalaya  et  tend  à  prouver  que,  si  le  C.  sibirica  diffère 
réellement  du  C.  sakeen,  la  limite  de  l'aire  d'habitat  de  ce  dernier 
doit  être  reportée  au  nord  jusqu'au  Thian-Chan  et  à  la  bordure 


IGC»  K.   Di:  iMir<AUC.i'KS 

inériditMialc  df  la  l)/()uii;;aiic,  iUnil  lt'>  sli'|i|te.s  .siibltjnueuscs  le 
sépareraient  de  son  conj^'éiière  de  l'Altaï  et  des  monts  Saïau. 

Toutefois,  n'ayant  à  forniulerque  ce  seul  ar^^Minient  hypothétique 
en  faveur  de  la  dualité  spécilique  des  Bouquetins  de  l'Asie  centrale, 
en  opposition  à  toutes  les  considérations  énuniérées  antérieure- 
ment, j'ai  cru  devoir  adopter  ici  les  idées  admises  par  la  plupart 
des  zoolofçistes  actuels,  (jui  fusionnent  le  C.  suL-rm  et  le  C.  sihirica 
en  une  seule  espèce  dont  la  livrée  serait  sujette  à  des  variations 
considéraldes,  suivant  les  lieux  et  les  saisons. 

i.'aire  de  distrihution  géographique  de  l'espèce  C.  sihirim  ainsi 
entendue  est  extrêmement  vaste,  et  les  récentes  explorations  de 
Pr/ewalsky  ont  contribuée  l'étendre  encore  d'une  manière  notahle. 

Je  ne  citerai  ici  que  pour  mémoire  le  fait  encore  inexplifjué  de 
la  présence  d'un  véritable  Ibex  à  longue  barbe  et  à  grandes  cornes 
noueuses  dans  les  monts  Nilghiri  vers  la  pointe  méridionale  de  la 
péninsule  de  l'Hindoustan.  11  est  plus  que  probable  que  celte  indi- 
cation donnée  autrefois  par  Blyth  (1)  repose  sur  une  erreur  d'obser- 
vation. L'on  doit  également  considérer  le  C.  sihirica  comme  exclu 
de  la  i)artie  orientale  de  l'Himalaya  et  du  Tibet,  car  ni  les  asser- 
tions d'Hodgson,  ni  celles  de  M.  Blanford,  qui  signalent  l'existence 
d'un  Bouquetin  dans  les  montagnes  au  nord  de  Lhassa  et  de 
Chigatsee  sur  le  Tsan-Po,  n'ont  été  confirmées. 

L'aire  d'habitat  reconnue  du  C.  sibirica  s'arrête,  vers  le  sud-est, 
au  district  de  Koumaon  et  ne  pénètre  pas  dans  le  Népaul  ;  Hodgson, 
du  moins,  n'indi(iue  pas  ce  Caprine  dans  son  Catalogue  des  Mammi- 
fères de  cette  région.  On  en  trouve  de  rares  individus  près  des 
sources  du  Gange,  mais  ils  deviennent  plus  abondants  dans  les 
hautes  vallées  du  Sutledj  et  de  l'Indus,  dans  le  Ladak,  le  Baltistan, 
la  vallée  d'Astor,  le  district  de  Gilgit  et  les  montagnes  qui  bordent 
à  l'est  et  au  nord  la  vallée  de  Kachmir.  A  l'ouest  de  cette  vallée 
et  de  la  rivière  Djhilam.  dans  le  Pir-Pandjal,  ces  Bouquetins  sont 
remplacés  par  le  Markhor  Capra  ialconeri  \\'agn. 

Du  Kachmir,  les  C.  sibirica  s'avancent  au  nord  à  travers  les 
passes  du  Karakoroum,  poussent  une  pointe  à  l'est  vers  l'amorce 
occidentale  de  la  chaîne  du  Koueu  Lun  et  se  dispersent  sur  les 
pentes  et  dans  les  ravins  où  prennent  leurs  sources  le  Kara-Kach, 
l'Yarkand  et  le  Kachgar-Daria.  Du  côté  du  nord-ouest  ils  s'enga- 
gent dans  le  Sarikol  et  le  Wakhan,  escaladent  le  Pamir  dont  ils  par- 
courent les  hauts  plateaux  et  s'étendent  vers  l'ouest,  par  l'Hindou- 

(1)  Blyth.  Ann.  nat.  hist.,  IX,  p.  62,  1842. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  167 

Kouch    et    les    moûts    Paropaniisades,   jusqu'au    uord   de  Hérat, 
extrême  limite  occidentale  de  leur  aire  de  dispersion. 

Du  Pamir,  de  l'Alaï  et  des  montagnes  à  l'ouest  et  au  nord  de 
Kaclîgar  dominées  par  le  Tchatyr-Koul,  les  Bouquetins  de  l'Himalaya 
pénètrent  dans  les  hauts  bassins  de  l'Aksay  et  du  Naryn,  arrivent 
au  sommet  des  hauteurs  du  Tengri  et  de  la  ceinture  montagneuse 
du  lac  Issyk-Koul,  puis  se  répandent  dans  la  haute  vallée  de  l'Ili 
et  dans  tout  le  massif  du  Thian  Ghan  qu'ils  suivent  à  l'est  jus- 
qu'à l'extrémité  des  Youldouz.  On  retrouve  les  vrais  C.  sibirica 
typiques  au  nord  de  la  Dzoungarie,  dans  l'Altaï,  tout  le  long  des 
frontières  sibériennes,  sur  les  deux  versants  des  monts  Saïan,  de 
la  chaîne  Ergik  Targak,  du  pic  Mounkou-Sardyk,  et  desmontai^nes 
qui  encerclent  le  lac  Koso-gol  au-delà  duquel  on  ne  trouve  plus, 
vers  l'est,  que  de  rares  individus  disséminés.  Enfin,  il  faut  égale- 
ment regarder  comme  appartenant  à  l'espèce  C.  sibirixa  les  Bou- 
quetins vus  par  Przew^alsky  dans  les  monts  Kour-Kou,  en  plein 
désert  de  Gobi,  un  peu  au  nord  de  la  boucle  du  fleuve  Jaune  et  de 
la  chaîne  de  l'In-Chan.  Le  fait  assez  inattendu  de  la  présence  de  ces 
animaux  dans  cette  région  n'est  pas  l'un  des  moins  intéressants 
que  nous  ait  fait  connaître  le  célèbre  explorateur  russe  et  ne 
s'explique,  comme  il  le  dit  lui-même,  qu'en  admettant  la  prolonga- 
tion vers  le  nord-ouest  du  système  orographique  des  monts  Kour- 
Kou,  et  la  continuité  de  cette  chaîne  avec  celles  du  Khangaï  et  de 
l'Altaï  méridional  (1). 

Gette étude  desGaprinésde  l'Asie  centrale  nous  montre  (|ue  toute 
la  partie  nord-est  de  cette  région  que  Ton  peut  appelei-  Mongolie 
orientale  ou  Gobi  mongol  ne  nourrit  aucun  représentant  de  ce 
groupe.  Deux  types  caprins,  appartenant  à  deux  genres  différents 
{Capra,  Pseudois),  se  partagent  le  reste  de  ces  vastes  contrées.  — 
L'un,  véritable  Bouquetin  C.  sibirica,  port  du  Népriul  et  de  l'Hi- 
malaya occidental  et  contourne  à  l'ouest  el  au  nord  lout  le  Gobi, 
depuis  le  Kachmir  jusqu'au  lac  Baïk;il,  poussant  deux  pointes  au 
milieu  du  désert  le  long  des  chaînes  parallèles  du  ThianChan  et 
de  l'Altaï  méridional.  L'autre,  Bouquetin  faux  Mouton  Pseudois 
nahoor,  est  au  contraire  essentiellement  tibétain;  partant  du  Kara- 
koroum  et  du  Kachmir,  il  traverse  tout  le  Tibet  et  le  contourne 
au  sud  et  à  l'est  en  suivant  l'Himalaya  et  le  chaos  de  hautes  mon- 
tagnes et  de  profondes  vallées  qui  séparent  le  Tibet  de  la  Chine  pro 

(1)  Au  dire  des  Mongols,  il  cxisLerait  également  des  Bouquetins,  siu'  les  monts 
Ygrai-Oula,  dans  Tiingle  nord-ouest  du  désert  d'Ala-Chaii  iPrzkwalsky,  Mongolie, 
p.  489). 


168 


DK    l'OlSAIlGUES 


preiiitMil  (iilc  pour  ne  s'arrjMcr  vns  le  nord  (in'.in  sonnnt'l  des  crèles 
montagneuses  qui  forment  lii  limite  méridioii.de  du  (i()l)i  el  le  sépa- 
rent du  Tibet,  (les  deux  types  bien  distincts  viennent  pour  ainsi 
dire  se  mettre  en  contart  et  sitlTiiuder  aux  deux  extrémités  de  leurs 
domaines  respectifs  eu  forme  de  demi-cercles.  Leurs  aires  de  dis- 
persion prises  ensemble  dessinent  une  vaste  zone  circulaire  qui 
enj^lobe  tout  le  Tibet,  le  Turkestan  oriental  el  le  (îobi  occidental  et 
central.  Ce  mode  de  distribution  rappelle  celui  que  nous  ont  déjà 
présenté  les  Argalis.  Si,  grâce  aux  explorations  futures,  la  réelle 
indépendance  spécifique  du  (■apra  aakecn  vient  à  être  conlirmée,  la 
similitude  sera  complète,  el  l'on  pourra  établir  un  parallélisme 
rigoureux  entre  les  Cnprinés  el  les  Ovines  de  l'Asie  centrale  ;  dans 
chaque  système  orograpbique  cohabiteraient  un  Argali  et  un  Bou 
quetin,  comme  on  peut  s'en  rendre  compte  d'après  le  tableau 
suivant. 


Sors- 
Familles 

Pamir,  Thian-Chan 

Ai.TAï,  Mongolie 

TiBKT,   Himalaya 

CAPRINES. 

[  OVINES. 

1 

Caprn  xakeen  Blyili. 
Ovis  Poloi  Blytii. 

Cnpra  sibiricn  Mey. 
Ovis  ammon  L. 

Pseudnix    nuhoor 

HODGS. 

Ovis      Hodgsoni 
Blyth. 

Sous-Famille  des  ANTILOPINÉS 

Cette  sous-famille  ne  fournit  à  l'Asie  centrale  que  3  genres  : 
Sàiga,  Pantholops,  Gazella;  les  deux  premiers  unispécifiques,  le 
troisième  multispécifKiue.  D'autres  Antilopinés  du  groupe  nériio- 
rhédien  vivent  dans  les  montagnes  qui  forment  la  ceinture  méri- 
dionale et  orientale  des  hauts  plateaux  de  l'Asie,  mais  ces  animaux 
d'origine  himalayienne  {Budorcas),  indo-malaisienne  et  mandchou- 
rienne  (Nemorhsedus),  n'ont  rien  de  commun  avec  la  faune  du  Tibet 
et  du  Gobi  ;  ce  sont  de  ces  types  que  nous  avons  appelés  incursion- 
nistes,  venus  des  provinces  zoologiques  limitrophes,  et  que  nous 
avons  de  prime  abord  écartés  de  notre  sujet,  au  même  titre  que  les 
Hemitragus  dans  la  sous-famille  des  Caprines. 


6.  —  Genre  SAÏGA  Gray 

8.  —  Saïga   tatarica    (Linné) 

1766.   Capra  tatarica  Linné,  Syst.  natur.,  édit.  Xll,  p.  97. 
1774.   Antilope  scythica  Pallas,  Spicileg.  zool.,  fasc.  I,  p.  9. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  1G9 

1777.  Anlilope  saïga       Pallas,  SpicUeg.  zooL,  fasc.  12.  p.  21. 
1811.         —         —         Pallas,  Zoograph.  ross.  asiat.,l,  [^.'èd'^. 
1827.         —      colus  H.  Smith,  Griff,  anim.  kittgd.,  IV,  p.  226. 
1841.         —      saiga  Abbott,  Proc.  zoo).  Soc.  Loudon,  p.  70. 
1844 .         —         —     Wagner,  Schreb.  Sàvg.  SuppL.  IV,  p.  420,  pi .  276. 
1850.  Saïga  tatarica  3.-E.  Grav,  Proc.  zool.  Soc.  Londoii,  p.  112. 
1850.   Gazella  coluH  Turner,  ibid.,  p.  168. 

1865.  Antilope  saiga  G.Glitsch,  Bull.Soc.nat.  Moscou,  (2)  XXXVIII, 

pt  1,  p.  213. 
1867.  Saiga  tatarica  Sclater  ,    Proc.   zool.   Soc.   Londou,   p.  240, 

pi.  XVII. 
1870.      —         —        J.  Mûrie,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  451. 
1876.      —         —        Sevërtzov,  Ann.  Mag.  nat.  hist.,  (4)  XVIII, 

p.  171. 
1884.      —        —        Przewalsky,  Rm.  m  r?7/et,  p.  23  et  252. 
1889.      —        —        Radde  et  VValter,  Zoolog.  Jahrljuch.  (Syst.), 

IV,  p.  1061. 

Bien  que  le  Saïga  soit  plutôt  un  habitant  des  steppes  du  sud- 
ouest  de  la  Sibérie,  il  a  droit  cependant  à  une  place  dans  ce  tra- 
vail, car  il  relève  de  la  faune  de  l'Asie  centrale  par  l'extrême  partie 
orientale  de  son  aire  de  dispersion,  la  Dzoungarie,  qui,  dans  un 
avenir  peu  éloigné,  sera  sa  seule  et  dernière  retraite.  L'histoire,  les 
mœurs,  l'habitat,  la  forme  extérieure  et  les  principaux  traits  d'or- 
ganisation interne  de  ce  singulier  animal  ont  été  étudiés  avec  grand 
soin  et  divulgués  pour  la  première  fois  par  Pallas  puis  réobservés, 
bien  longtemps  après,  par  G.  Glitsch  ;  mais  c'est  aux  travaux  plus 
récents  de  James  Mûrie  que  nous  devons  la  connaissance  complète 
des  caractères  auatomiques  et  morphologiques  assez  complexes  et 
hétérogènes  qui  font  du  Saïga  un  type  très  curieux,  mais  en  même 
temps  d'un  classement  des  plus  difficiles.  Pour  les  anciens  auteurs, 
Pallas,  H.  Smith,  Wagner,  le  Saïga  n'était  qu'une  Antilope.  Il 
faut  ajouter  toutefois  que  Pallas  s'était  rendu  parfaitement  compte 
de  sa  nature  aberrante,  car  il  ajoutait  :  «  Saiga  ab  Antilopibus 
reliquis  omnibus  adeo  couspicuis  dilîert  characteribus,  ut  etiam 
Bufïonius  eam  specie  distinguere  haud  dubitaverit.  Nasi  cartila 
ginei,ventricoso-didymi,  extremitate  quasi  truncati  forma  et  ossium 
nasalium  septique  ossei  defectus,  absque  omni  iuter  Ruminantia 
exeraplo  sunt.  A  congenerihus  evidentissime  discrepat,  cornuum 
remoto  situ  et  substantia  pellucide  cornea,  pallida,  pura,  quai  ad 
ovinum  et  bovinum  genus  vergit.  »  Ge  fut  uniquement  en  rééditant 
ces  arguments  de  Pallas  et  pour  les  mieux  faire  ressortir  que  J.  E. 


170 


K.    IIK    l'OllSAROUES 


Giiiy  t'tahlil  le  ^tnire  .Sf/z^r/  (|ij'il  liitliicliail  dailleurs  à  la  famille  des 
Antilopes.  Tiiniercninbatlit  celte  opiuiori;  contestant  l'iinpoitaDce 
que  Gray  altaciiail  à  la  couleur  des  cornes,  et  considérant  la  forme 
particulière  des  chambres  nasales  comme  une  sim[)le  adaptation 
physioloj,n(|ue  insullisante  pour  établir  une  distinction  },^énérique, 
il  fit  du  Saïga  une  Gazelle  (d.  coins).  J.  E.  Gray  défendit  la  raison 
d'être  de  sa  manière  de  voir,  et  son  opinion  avait  été  adoptée  par 
la  plupart  des  zoolo-^Hstes,  quand  parut  le  savant  mémoin;  de 
J.  Mûrie.  Après  avoir  fouillé  jusque  dans  ses  moindres  détails 
l'anatomie  du  Saïj,^a,  et  fait  ressortir  les  affinités  multiples  et  hété- 
rogènes de  son  organisation,  ce  savant  zoologiste  nous  le  montre 
comme  un  animal  bizarre  et  énigmatique  auquel  il  est  difficile 
d'assigner  une  place  bien  définie  dans  l'échelle  des  êtres  ;  il  recon- 
naît que  la  distinction  générique  est  parfaitement  motivée  et  même 
s'impose,  mais  se  déclare  incapable,  malgré  ses  minutieuses  recher- 
ches, d'établir  dans  quel  groupe  naturel  un  tel  genre  pourrait  être 
introduit  sans  en  forcer  le  cadre,  et,  se  refusant  à  créer  pour  lui  seul 
une  sous-famille  spéciale,  il  le  laisse  pour  ainsi  dire  suspendu 
entre  les  Ovines  et  les  Antilopinés.  Pour  les  détails  de  cette  intéres- 
sante question,  je  renverrai  au  remarquable  mémoire  de  J.  Mûrie  ; 
mais  les  conclusions  de  ce  savant  aiiatomiste  sont  trop  intéres- 
santes pour  ne  pas  être  relatées  ici  : 

«  Le  résultat  final  de  cette  accumulation  de  preuves  tirées  de 
l'anatomie  du  Saïga  laisse  encore  des  doutes  sur  la  place  de  cette 
créature  dans  l'un  des  groupes  actuels  des  Bovidés.  On  ne  peut  pas 
dire  que  ce  soit  vraiment  une  Antilope;  bien  que  par  certains  traits 
il  montre  sa  parenté  avec  les  Gazelles,  il  est  impossible  cependant 
de  l'admettre  dans  ce  genre.  Par  beaucoup  d'autres  caractères,  il 
est  plus  étroitement  allié  à  la  tribu  des  Moutons,  néanmoins,  on  ne 
peut  que  l'exclure  des  divers  genres  d'Ovines  établis  par  Gray  (Ovis, 
Caproms,  Pscudocis  et  Annnotragus).  Le  Saïga  semble  balancer  et 
hésiter  entre  ces  deux  sous-familles,  et  masque  sous  une  apparence 
d'Antilope  tout  ce  qui  en  lui  tient  de  la  race  ovine.  D'autre  part  des 
particularités  anatomiques  et  physiologiques  d'une  importance 
réelle  le  rattachent  aux  quadricorues  disparus  (Siva,  Titanotlwre). 

»  La  non-position  du  Saïga,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  dans 
l'un  quelconque  des  groupes  actuels  étant  établie,  reste  la  tache 
difficile  de  lui  assigner  une  place  et  des  caractères  systématiques 
définitifs;  mais  ici  l'on  se  bute  à  l'écueil  de  la  subordination  de  ces 
caractères,  et  à  la  question  de  leur  importance  relative.  Si  l'on  admet 
les  cornes  comme  critérium,  la  place  que  Gray  et  Turner  donnent 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE    CENTRALE  171 

au  Saïga  ne  saurait  être  coutestée.  Si  ou  précouise  avec  Ogilby  la 
forme  de  la  lèvre  supérieure  et  la  distribution  des  glandes  cutanées, 
ou  avec  Sundevall  la  forme  des  sabots,  le  Saïga  peut  prétendre  à  une 
parenté  avec  plusieurs  tribus  extrêmement  disparates.  Si  l'on  prend 
comme  règle  la  dentition  et  la  structure  des  viscères,  le  Saïga  est  de 
famille  inconnue.  Si  c'est  le  squelette,  et  en  particulier  le  crâne 
qui  doivent  décider  de  son  rang,  nous  retrouvons  de  l'équivoque  en 
admettant  cette  priorité. 

»  Ce  que  j'ai  dit  déjà  du  Prongbuck,  Antilocapra  americana  (Ord.) 
est  applicable  au  Saïga  ;  tous  deux  constituent  des  formes  de  posi- 
tion intermédiaire  et  bravent  les  lois  des  systématiciens  qui  pré- 
tendent circonscrire  les  groupes  par  des  barrières  rigides.  Ces  deux 
animaux  proclament  eu  termes  énergiques  combien  les  tribus  et 
sous-tribus  des  Ruminants  se  mêlent  et  se  confondent.  Chaque 
nouveau  fossile  que  l'on  découvre  eu  fournit  la  preuve  irréfutable, 
et  enlève  à  la  délimitation  des  genres  toute  stabilité.  Dans  l'état 
actuel  de  la  science  les  distinctions  génériques  ne  sont  que  des 
conventions  utiles. 

«  A  tout  événement  et  pour  la  commodité,  on  peut  regarderie 
Saïga  comme  un  Moalon  anlilopin.  Ce  n'est  pas  absolument  un 
Mouton,  mais  un  rejeton  dérivé  du  genre  Gazelle,  et  non,  comme 
le  pensait  Turuer,  du  genre  Nemorhxdas. 

1)  Avec  cette  transposition  d'alliance  entre  tribus.on  doit  conserver 
la  distiuction  générique  proposée  par  Cray,  en  y  ajoutant  les  carac- 
tères anatomiques  que  j'ai  signalés  )). 

Ces  conclusions  de  J.  Mûrie  prouvent  que  si,  pour  les  besoins  de 
la  classification,  l'on  range  actuellement  le  Saïga  parmi  les  Antilo- 
pinés,  à  côté  du  genre  Gazella,  comme  l'avait  proposé  Cray,  ce  n'est 
que  par  mesure  provisoire,  faute  de  pouvoir  mieux  faire  jusqu'à  ce 
qu'une  découverte  paléontologique  fournisse  de  nouvelles  données 
qui  permettent  d'éclaircir  davantage  ou  de  résoudre  complètement 
le  problème. 

L'aire  de  dispersion  des  Saïgas,  très  étendue  aux  temps  géologi- 
ques, s'est  considérablement  modifiée  et  réduite  et  n'occupe  plus, 
à  l'heure  actuelle,  qu'un  espace  relativement  restreint.  Durant  la 
période  pleistocène,  ces  animaux  s'étendaient  à  l'ouest  jusqu'aux 
dernières  limites  de  l'Europe;  des  fragments  de  crâne  ont  été 
recueillis  dans  les  cavernes  du  centre  et  du  midi  de  la  France,  dans 
la  Belgique  et  jusqu'en  Angleterre  dans  la  vallée  de  la  Tamise;  le 
professeur  Nehring,de  Berlin,  pense  qu'il  faut  aussi  rapporter  à  ce 
type  spécifique  les  débris  d'Antilopes  trouvés  en  Allemagne  dans 


172  I'.    I»K    IM){  SAIUJUKS 

les  iiionls  ilii  ll;ii/.  et  de  l;i  !•  r;in((iiii('.  ainsi  (|ir('ii  Hongrie  (1).  I)e|»iiis 
les  temps  pr(^historiqiies,  les  Saïf^ns  ont  complètement  disparu  de 
rpiiropo  occidentale  ;  niais,  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  en  1777, 
Fallas  nons  les  montre  peuplant  encore  de  leurs  innombrables 
troupeaux  tout  le  sud  de  la  Russie  à  partir  du  ."i^- degré  de  latitude, 
s'avançanl  à  l'ouest  jusqu'aux  frontières  de  la  Polof^iie  et  de  la 
petite  Russie,  le  lonj^  du  pied  des  Carpathes  et  des  montagnes  du 
cours  inférieur  du  Danube,  et  suivant  au  sud  le  littoral  de  la  mer 
Noire  et  les  premières  pentes  du  Caucase.  De  là.  contournant  la 
Caspienne  et  les  monts  Ourals,  ces  animaux  se  répandaient  en  Asie 
à  travers  les  steppes  kirghizes,  jusqu'aux  monts  Altaï,  remontant 
au  nord  dans  la  Tartarie  jusqu'au  cours  inférieur  de  l'Irtysch, 
arrêtés  au  sud  par  les  montagnes  du  ïurkestau  et  les  sables  des 
déserts  aralo-caspiens.  Mais  déjà  en  1811,  Pallas  lui-même  pouvait 
constater  que  les  limites  occidentales  qu'il  avait  tracées  trente  ans 
auparavant  avaient  notablement  rétrogradé  vers  l'est,  car  il  écrivait  : 
«  Citra  VolgaB  alveum  nunc  rarius  apparet,  populosa  loca  fugiens  ; 
tamen,  vix  ante  decennium,  numerosis  gregibus  per  glaciem  fluvii 
transgressai  biennio  vagabantur  ».  Ce  mouvement  de  retraite  vers 
l'est  n'a  fait  que  s'accentuer  depuis,  et  nous  devons  à  C.  Clitscb 
des  observations  intéressantes  et  extrêmement  précieuses  sur  la 
répartition  de  ces  animaux  en  Europe  vers  l'année  1865.  On  ne 
trouvait  déjà  plus  alors  aucune  trace  des  Saïgas  ni  sur  les  bords 
du  Dnieper,  ni  dans  l'Ukraine,  et  l'on  ne  rencontrait  à  l'ouest  du 
Don  que  de  rares  individus  errants  et  égarés.  Vers  cette  époque 
les  immenses  troupeaux  des  Saïgas  furent  coupés,  entre  l'Oural 
et  le  Volga,  par  les  pasteurs  Kirghiz  qui  couraient  la  steppe  avec 
leur  bétail,  et  les  colons  russes  qui  vinrent  s'établir  le  long  des 
rives  plus  fertiles  de  l'Atchouba.  Un  nombre  assez  considérable 
de  Saïgas  parqués  et  emprisonnés  pour  ainsi  dire  entre  le  Manitsch, 
et  le  cours  inférieur  du  Don  et  du  Volga,  continuèrent  à  vivre  là, 
séparés  du  troupeau  ancestral.  Suivant  les  calculs  de  Clitsch,  cette 
petite  colonie  comptait  encore  eu  1865  environ  10000  tètes;  mais 
ces  malheureux  animaux  de  jour  en  jour  plus  resserrés  dans  cet 
étroit  espace,  décimés  par  les  intempéries  des  hivers  rigoureux 
qu'ils  ne  peuvent  plus  fuir,  et  surtout  poursuivis  à  outrance  et 
impitoyablement  traqués  par  les  chasseurs,  sont  voués  à  une 
complète  destruction  :  aussi  Glitsch  prévoyait-il  dans  un  avenir 
prochain  la  radiation  définitive  des  Saïgas  de  la  liste  des  Mammi- 

(1)  Smith  Woodward.  Proc.  zool.  Soc.  Lon.lon,  p.  613,  1890. 


ÉTUDE    sua    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE    CENTRALE  173 

fères  européens.  Quaul  aux  individus  formant  le  gros  de  la 
troupe  refoulée  en  Asie,  ils  errent  actuellement  dans  les  steppes 
kirghizes,  émigraiit  vers  le  sud  aux  approches  de  l'hiver,  remon- 
tant eu  été  vers  le  nord,  et  poussant  à  l'est  jusque  dans  la  Dzoun- 
garie  et  le  bassin  de  l'Ouroungou  entre  l'Altaï  et  le  Thian-Chan, 
ne  s'arrêtant  qu'à  la  bordure  des  déserts  sableux  du  Gobi  central. 
Bien  que  les  Saïgas  soient  encore  très  nombreux  dans  ces  plaines 
du  sud-ouest  de  la  Sibérie,  il  faut  reconnaître  pourtant,  à  des 
indices  certains,  des  symptômes  non  équivoques  de  décadence 
et  une  réduction  progressive  de  l'étendue  de  leur  aire  d'habitat. 
Ainsi,  en  1841,  le  capitaine  Abbott  signalait  l'existence  de  grands 
troupeaux  de  Saïgas  entre  l'Oxus  et  la  Caspienne;  or,  en  1889  ils 
avaient  disparu  de  cette  région.  Ni  Walter,  ni  Radde  ne  les  indi- 
quent dans  leur  liste  des  Mammifères  transcaspiens,  et  ils  ajoutent 
qu'en  hiver  on  en  voit  encore  sur  le  plateau  d'Oust-Ourt,  mais 
jamais  plus  au  sud.  D'autre  part,  Severtzov  les  dit  assez  communs 
dans  toul  le  Turkestan  jusqu'au  lac  d'Aral,  excepté  cependant  dans 
les  districts  du  Zarav-Chan  et  les  steppes  sablonneuses  du  Kyzyl- 
Koum. 

Progressivement  les  Saïgas  reculent  devant  l'homme;  pendant  le 
dernier  siècle,  l'étendue  de  leur  aire  d'extension  a  diminué  de  plus 
de  moitié,  et  bientôt  ils  seront  acculés  aux  montagnes  qui  forment 
la  ceinture  des  plateaux  de  l'Asie  centrale  ou  refoulés  dans  les 
déserts  inhosi)italiers  du  Gobi.  Dès  qu'il  sera  chassé  de  la  steppe, 
ce  type  zoologique  si  étrange,  mais  en  même  temps  si  intéressant 
aura  vécu. 

7.  —  Genre  PANTHOLOPS  Hodgson 

9.   —  Pantholops  Hodgsoni  Abel 

1827.  Antilope  Hodgsoni  Abel,  Edinb.  Journ.  Se,  p.  163. 

1834.   Pantholops  Hodgsoni  Hodgson,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  80. 

1843.  —  —  Id.,      Journ.  As.  Soc.  Beng.,  p.  256, 

(planche). 
1875.  —  —        Przewalsky,  Koya^.Monyo/.  (Texte  russe 

I.  p.  323-326,  pi.  III). 
1877.  —  —  Id.,  Voyag.  Mongol., {trad.aWem. 

A.  Kohn,  p.  421-424). 
1879.  —  —  Id  ,  Fr.  Kulja  to  Lob-Nor.,85. 

1879.  —  —        Blanford,  Scient,  res.  sec.   Yark.  Miss. 

(il/awm.),  p.  89,  pi.  XVI. 


\1\  E.    DE    POL'SARGUES 

1884.  l'u)iihi)l()ps  floilifsnni  Piizevvalskv,  Heise  in  Tibet,  pp.  109,  118, 
129  et  166. 

(Pour  le  complément  de  la  hiblinifraphie,  je  renrerrai  nu  Mémoire 
(le  M.  nianford). 

Sans  être  aussi  aberrant  que  le  Saï}.!;a,  le  Pantholopa  Hoilijsoni, 
appelé  coMimuuéiiicnt  Orougo  ou  Chiru,  n'en  présente  pas  moins 
un  certain  nombre  de  particularités  importantes,  principalement 
dans  la  structure  du  crâne  et  de  la  dentition,  (|ui  nécessitent  égale- 
ment sa  distinction  générique  d'avec  les  (iazelles. 

Les  orbites  sont  fortement  saillantes;  il  n'y  a  aucune  trace  de 
glandes  lacrymales  ni  de  fosse  correspondante  sur  la  tète  osseuse; 
on  ne  trouve  pas  davantage  de  sinus  préorbitaire,  de  cbaque  côté, 
le  lacrymal,  le  maxillaire  et  le  frontal  convergent  vers  un  même 
point,  et  ces  deux  derniers  os  s'articulent  et  se  soudent  intimement 
au  nasal  sans  laisser  entre  eux  la  moindre  solution  de  continuité. 
Les  prémaxillaires,  élargis  à  leur  extrémité  antérieure,  sont  plus 
développés  que  chez  le  Saïga,  mais  cependant  ne  remontent  pas 
assez  haut  en  arrière  |)Our  arriver  en  contact  avec  les  os  nasaux.  A 
la  mâchoire  inférieure,  les  incisives  et  les  canines,  uniformes 
comme  aspect  et  comme  dimensions,  sont  cylindriques  et  leur  cou- 
ronne ne  s'étale  pas  en  spatule  lamelleuse  ;  de  plus,  par  suite  de 
ce  mode  de  conformation,  elles  ne  divergent  pas  en  éventail  de 
chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  mais  sont  droites  et  dirigées  eo 
avant  et  en  haut  parallèlement  à  l'axe  du  crâne.  Une  autre  jiarticu- 
larité  bien  caractéristique  nous  est  offerte  par  le  nombre  des  molai- 
res dont  la  formule  peut  s'écrire  PM.  2/2.,  M.  3/3;  en  d'autres  termes, 
la  première  prémolaire  manque  en  haut  comme  en  bas,  soit  qu'elle 
n'évolue  pas,  soit  qu'elle  tombe  prématurément.  Chez  le  Saïga,  il 
n'y  a  que  la  première  prémolaire  inférieure  seule,  extrêmement 
réduite  et  d'une  caducité  précoce,  qui  disparaisse  presque  cons- 
tamment chez  les  adultes;  la  formule  des  molaires  pour  ce  genre 
PxM.  3/2,  M.  3/3  s'applique  également,  comme  on  le  sait,  au  Spring- 
bok sud  africain  Gazella  euchore  Licht.,  pour  lequel  Gray  avait 
même  proposé  le  genre  Antidorcas.  Nous  verrous  plus  loin  que, 
sous  ce  rapport,  la  (jazella  picticaudata  Hodgs.  présente  une  cer- 
taine analogie  avec  les  deux  derniers  types  ;  quant  aux  autres 
Gazelles,  elles  obéissent  à  la  règle  et  ont  3  prémolaires  à  chaque 
mâchoire.  Les  cornes  chez  l'Orongo  sont  noires  commes  celles  de 
la  plupart  des  Gazelles,  mais  elles  en  diflèrent  notablement  par 
leur  longueur,  leur  forte  compression  basilaire,  leur  courbure  peu 
sensible  et  leur  direction  presque  verticale.  L'extrémité  du  museau 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS   DE   l'aSIE   CENTRALE  175 

tronqué  carrémeat  et  renflé  latéralement  trahit  au  dehors  la  com- 
plication interne  de  l'appareil  nasal  dont  les  fosses  sont  doublées 
de  chaque  côté  d'un  diverticule  supplémentaire  et  adventif  en  cul- 
de  sac,  caractère  qui  tend  à  rapprocher  l'Orongo  du  Saïga.  Les 
nombreuses  descriptions  et  les  figures  publiées  par  les  auteurs  me 
dispensent  d'insister  sur  les  particularités  du  pelage;  il  me  suffira 
simplement  de  faire  remarquer  ici  que  les  teintes  sombres  et  pres- 
que noires  que  l'on  observe  sur  tout  le  dessus  de  la  tête  et  sur  la 
face  antérieure  des  membres  chez  les  Orongos  mâles  adultes,  sont 
encore  autant  de  traits  particuliers  inconnus  chez  les  Gazelles. 

Comme  les  Saïgas,  les  Panlholops  aiment  les  vastes  espaces 
découverts,  mais  si  les  premiers  ne  fréquentent  que  les  steppes 
kirghizes,  immenses  plaines  basses  à  peine  ondulées  et  d'un  abord 
facile,  les  seconds  habitent  exclusivement  les  plateaux  élevés  et 
presque  inaccessibles  du  Tibet,  accidentés  de  hautes  montagnes  et 
entrecoupés  de  profonds  ravins. 

Suivant  Leith  Adams,  on  trouve  les  Pantholops  par  grands  trou- 
peaux dans  cette  partie  aride  et  déserte  du  Ladak  arrosée  par  la 
Nobra  et  le  Chayok.  Les  habitants  de  ces  contrées  les  nomment 
Sous,  et  prétendent  qu'ils  abondent  aussi  dans  la  haute  vallée  de 
l'Yarkand;  mais  cette  dernière  assertion  n'a  pas  encore  été  confir- 
mée. Le  célèbre  chasseur  Kiuloch  a  également  rencontré  les  Orongos 
un  peu  à  l'est  du  Ladak  dans  la  vallée  de  Chang-Chenmo,  et  l'explo- 
rateur G.  Bogie  (1)  les  a  signalés  au  nord  immédiat  du  Boutan,  à 
l'est  du  Sikkim,  près  des  lacs  Sham  Chou  et  Calo-Chou. 

D'après  M.  Blanford,  ces  animaux  s'étendraient  à  travers  tout 
le  Tibet,  à  l'est  jusqu'aux  environs  de  Lhassa,  au  nord  jusqu'au 
Kouen-Lun.  S'il  faut  en  croire  Przewalsky,  ils  franchiraient  même 
celte  chaîne  et  traversant  les  steppes  salines  du  Tsaïdam,  attein- 
draient le  Tchamen-Tagh  et  rAltyn-Tagh,  limites  septentrionales 
de  leur  aire  d'habitat.  Nous  devons  encore  à  Przewalsky  d'autres 
renseignements  plus  précis,  recueillis  au  cours  de  son  troisième 
voyage  au  Tibet.  Dans  le  récit  de  cette  aventureuse  expédition  si 
féconde  au  point  de  vue  des  sciences  naturelles,  l'Orongo  est  signalé 
à  maintes  reprises  sur  les  hauts  plateaux  du  nord-est  du  Tibet, 
entrecoupés  de  montagnes  abruptes  telles  que  les  chaînes  de  Bour- 
khan-Bouddha,  Shouga,  Marco-Polo,  Koukou-Tschili,  Baïan  Kara- 
Oula,  Dumbere,  et  enfin  près  des  monts  Tang-La,  non  loin  des 
sources  du  fleuve  Bleu. 

Sur  ces  hautes  steppes  désolées  et  inhabitables,  les  Orongos  ont 

(1)  Markham,  Miss.  G.  Hugle  la  Tibet,  p.  72,  1876. 


17(>  K.    lit    l'OlS.VIlOlîKS 

vécu  jusqu'ici  dans  une  sécuiilc  pour  ainsi  diif^  parfaite,  et  point 
n'est  à  craindre  de  longtemps  pour  eux  l'aneanlissenieut  fatal  qui 
nieuace  les  Saïgas. 

S.  —  r.enre  (lAZKM.A  Blainville. 

Plusieurs  zoologistes,  à  la  suite  d'IIodgson,  avaient  distingué 
géuériquement  les  Gazelles  de  l'Asie  centrale  sous  le  nom  de 
Procapra,  en  raison  de  la  forme  particulière  de  la  queue,  de  la 
présence  d'un  disque  circumcaudal,  de  l'absence  de  larmiers,  de 
pores  inguinaux,  de  brosses  aux  genoux,  des  bandes  ordinaires 
de  la  livrée  et,  chez  les  femelles,  de  la  disparition  complète  des 
cornes.  Tous  ces  caractères  sont  très  nets  chez  le  type  procaprin 
par  excellence  Gazella  picticaudata,  mais  nous  verrous,  au  cours 
de  cette  élude,  qu'ils  deviennent  moins  marqués  chez  les  types 
intermédiaires,  Gazella  gutfurom,  Gazella  l'rzeamlskyi,  et  que,  fina- 
lement, le  dernier  seul  subsiste  chez  la  Gazella  subgutturosa,  type 
de  Iransiliou  qui  relie  intimement  les  Gazella  aux  Procapra  et  rend 
absolument  vaine  cette  dernière  distinction  générique. 

L'absence  de  cornes  chez  les  femelles  est  donc  le  seul  caractère 
dislinclif  bien  constant  des  Gazelles  de  l'Asie  centrale.  On  pourrait, 
de  ce  chef,  les  séparer  des  formes  méditerranéennes  et  éthiopiennes 
sous  le  nom  de  Gazelle^i  procaprines,  mais  en  n'attachant  à  ce  qua- 
lificatif que  la  seule  importance  et  l'intérêt  réel  qu'il  présente  au 
point  de  vue  zoogéographique. 

10,    —    GaZKLLA    PIGTIGAUDATA    (HodgSOn) 

1846.  Procapra  picticaudata  Hodgson,  Journ.  As.  Soc.  Beng.,  XV, 

p.  334,  pi.  II. 

1847.  Antilope  picticaudata  Blyth,  Journ.  As.  Soc.  Beng.,  XVf,ptl, 

p.  365. 
1847.   Procapra        —  Hodgson,  Journ.  As.  Soc.  Beng.,  XVI, 

pt  2,  p.  696. 
1850.         —  —  Gray,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  116. 

1867.         —  —  Grav,  ibid.  p.  245, 

iig.  crâne. 
1873.  Gazella  picticaudata   Brooke,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p. 547. 
1875.  Procapra  picticauda  Puzewalsky,  Voy.  en  Mong.  (Texte  russe, 

p.  326-328,  pi.  II). 
1877.         —  —         Przewalsky,  t  o^.  en  Mow^.  (Trad.  allem. 

A.  Kolin,  p.  425-427. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  177 

1884 .   Procapra  picticauda  Przewalsky,  Reùe  in  Tibet,  p.  1 10, 1 18,129. 
1884.   Gazella  picticaudata  Sterndale,  Mamm.  ofindia,  p.  467. 

Cettp  petite  espèce  est,  sans  contredit,  la  moins  Gazelle  de  toutes 
les  Gazelles,  et  celle  qui  se  rapproche  le  plus  du  Pantliolops.  Elle 
ne  possède  ni  glandes  lacrymales,  ni  pores  inguinaux,  ni  brosses 
aux  genoux.  La  queue,  très  courte,  déprimée,  triangulaire,  est 
garnie,  au  dessus  seulement,  de  poils  rayonnants  dont  la  couleur 
noire  tranche  fortement  sur  le  fond  blanc  du  disque  uropygal 
bien  développé,  bordé  d'un  liseré  jaune  orange  clair.  Sur  le  corps, 
la  teinte  générale  est  d'un  gris  finement  tiqueté  de  jaune  passant 
au  blanc  sur  le  haut  de  la  tète,  le  dessous  du  corps  et  les  membres. 
On  ne  voit,  ni  sur  les  flancs,  nisurlaface,  aucunedes  bandes  claires 
ou  sombres  si  caractérisées  chez  les  vraies  Gazelles.  Comme  chez 
rOrongo,  le  chanfrein  est  de  couleur  plus  sombre  que  les  côtés  de 
la  tête,  le  museau  court,  épais  et  comme  tronqué  en  avant.  Hodgson, 
n'ayant  eu  entre  les  mains  que  des  dépouilles  de  ces  Gazelles,  s'était 
mépris  sur  ce  dernier  point  et  avait  indiqué  le  museau  comme 
étant  atténué  et  mince  à  son  extrémité  :  «  The  head  much  attenuated 
to  the  nose  which  is  neither  blulï  nor  bristly  as  in  the  Dseren  and 
Ghiru.  ))  Przewalsky,  qui  eut  si  souvent  l'occasion  de  tuer  de  ces 
animaux  et  d'en  examiner  de  près  des  spécimens  en  chair,  est  d'un 
avis  tout  contraire;  il  décrit  et  figure  la  Gazella  picticaudata  comme 
ayant  le  museau  épais  et  comme  tronqué  (Maul  stumpf,  dick),  il 
signale  une  protubérance  nasale  (die  Nase  und  der  Nasenvorsprung 
dunkelbraun),  et  sur  l'excellente  figure  qu'il  a  publiée,  l'on  peut 
voir,  près  de  la  commissure  des  lèvres,  des  poils  plus  allongés 
dessinant  comme  des  n)Oustaches  qui  exagèrent  encore  la  largeur 
du  museau.  Le  crâne  est  plutôt  conformé  sur  le  type  Gazelle;  les 
prémaxillaires,  très  développés  en  arrière,  s'articulent  largement 
avec  les  os  nasaux  et  se  terminent  en  pointe  en  avant.  Il  existe 
en  outre  une  vacuité  ou  sinus  préorbitaire  entre  le  lacrymal  et  le 
nasal,  mais  il  est  à  noter  que  l'os  lacrymal  ne  présente,  pour 
ainsi  dire,  aucune  dépression.  D'autre  part,  les  cornes  sont  longues 
relativement  à  la  petitesse  du  crâne,  et  à  peu  près  dans  les  mêmes 
proportions  que  chez  l'Orongo.  Comme  chez  ce  dernier,  elles  sont 
fortement  comprimées  latéralement,  à  section  elliptique,  peu  diver- 
gentes; leur  courbure  est  très  prononcée,  mais  ne  rappelle  que 
vaguement,  chez  les  adultes,  la  forme  lyrée  de  celles  de  la  plupart 
des  Gazelles,  elle  peut  être  comparée,  ou,  comme  le  dit  Hodgson,  à 
celle  des  Bouquetins,  ou  bien  encore  à  celle  des  Antilopes  cheva 
Unes,  IJippotragus,  sauf  pour  leur  pointe  légèrement  recourbée  vers 

Méin.    Soc.  ZooL  de  Fr.,  IWlis.  xi.  —  12 


MS  E.    I>K    POI  SARGUES 

le  haut  H  hold  ibox-liko  nirvt\  llic  hisl  iiicli  and  a  lialf  only  lnMiig 
soinewath  rocurvi'd.  .  .  foi-\vanls  nol  iinvards.  n  (Hodj^soii).  En 
réalité  ces  cornes  sont  plutùl  celles  de  l'Oiouj^o,  mais  dirijj'ées  et 
recourbées  en  arrière  dans  leur  tiers  teriniual. 

Euliu,  la  deiililiou  m'a  paru  présenter  un  caractère  (|ui  mérite 
d'être  signalé.  Sur  le  seul  crâne  (|iie  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier, 
celui  d'uu  mâle  dont  les  cornes  lont;ues  de  .'Î2  C(;ntimèlres  étaient 
mar(|uées  de  2o  anneaux,  par  conséquent  |)arfailenient  adulte,  la 
dentition  supérieure  était  normale  (PM.  3  et  M.  3)  soit  0  molaires 
en  pleine  activité  fonctionnelle;  mais  il  n'y  avait  à  la  mâchoire 
inférieure  que  o  molaires  apparentes,  c'est  à-dire  3  vraies  molaires 
et  2  prémolaires;  on  ne  voyait  aucune  trace  de  la  première  prémo- 
laire qui  paraissait  manquer.  Aussi  avais-je  cru  tout  d'abord  à  une 
complète  similitude  avec  le  mode  de  dentition  que  j'ai  fait  remar- 
quer plus  haut  chez  le  Saïga;  extrême  réduction,  atrophie  et  cadu- 
cité précoce  de  la  première  dent  de  la  série.  En  réalité,  il  n'en  était 
rien;  la  première  prémolaire  inférieure  existait  parfaitement  for- 
mée, mais  encore  profondément  enfouie  dans  l'épaisseur  du  maxil- 
laire, complètement  recouverte  par  une  forte  lame  osseuse,  dure, 
ininterrompue,  ne  présentant  aucun  indice  de  dégénérescence  ni 
de  résorption,  et  sans  le  moindre  oritice  indiquant  une  cavité  alvéo- 
laire sous-jacente.  Cette  dent  crypte  ne  trahissait  sa  présence  que 
par  un  léger  renflement  latéral  de  la  mandibule,  et  ce  n'est  qu'en 
détachant  un  éclat  de  la  paroi  mandibulaire  externe  que  je  pus 
la  mettre  à  découvert.  Peut-être  n'est-ce  là  qu'une  anomalie  tout-à- 
fait  individuelle  ;  cependant  si  pareil  fait  était  de  nouveau  observé, 
il  faudrait,  pour  la  Gazella  picticaiidata,  conclure  à  un  phénomène 
inverse  de  celui  qui  se  produit  chez  le  Saïga,  c'est-à-dire  à  l'appari- 
tion tardive,  sinon  à  un  arrêt  complet  dans  l'évolution  de  la  pre- 
mière prémolaire  inférieure  qui  n'émergerait  du  maxillaire  qu'à 
un  âge  avancé,  ou  même  resterait  toujours  cachée  dans  son  épais- 
seur, et  serait  peut-être  résorbée.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  particula- 
rité, anormale  ou  non,  n'en  indique  pas  moins  des  affinités  avec  le 
Saïga  et  le  Pautholops, 

La  Gazella  picticaudata,  Goa  ou  Ragoa  des  Tibétains,  Ada-dseren 
des  Mongols,  peut  être  justement  appelée  la  Gazelle  tibétaine,  et 
caractérise  la  faune  des  hauts  plateaux  qui  descendent  en  terrasses 
depuis  le  versant  sud  de  l'Himalaya  jusqu'au  Kouen-Lun  et  aux 
monts  Nan-Chan.  Vers  l'ouest,  elle  s'arrête  aux  frontières  orien- 
tales du  Kachmir  et  Leith  Adams  ne  la  signale  pas  dans  cette 
contrée  ;   mais  elle  abonde  dans  le  Ladak,  comme  nous  l'apprend 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE    CENTRALE  17D 

Kinlocli  qui  s'est  livré  à  la  chasse  de  ces  Gazelles  sur  le  haut  pla- 
teau situé  au  sud-est  du  lac  Tsomoriri,  sur  les  collines  à  l'est  de 
Haulé  et  dans  la  haute  vallée  de  l'Indus,  depuis  Demchok,  village 
frontière  du  Ladak,  jusqu'à  Nyinia.  Ce  même  explorateur  les  a 
également  aperçues  dans  la  passe  Nakpogoding,  au  nord  du  Tso- 
moriri, et  en  a  trouvé  une  corne  sur  les  rives  du  Sutledj,  au-delà 
de  la  passe  Niti  (Sterndale).  Les  Tibétains  disent  que  le  Goa  fré- 
quente les  plaines  du  Tibet  moyen  et  oriental,  entrecoupées  de 
collines  basses  et  de  profonds  ravins.  Ces  observations  concor 
dent  avec  celles  de  Przewalsky,  qui  écrivait  :  «  Comme  l'Orougo, 
l'Ada  habite  les  plateaux  élevés,  mais  il  préfère  les  vallées  entou- 
rées de  montagnes  où  l'eau  abonde  ». 

L'extrême  point  nord-est  de  son  aire  d'habitat  est  l'étroite  vallée 
du  Talung-gol,  ou  Oulan-Mouren,  affluent  du  Hoang-Ho,  située  au 
nord  du  bassin  du  Koukou-Nor  et  sur  la  limite  du  désert  d'Ala- 
Chan.  Suivant  Przewalsky,  la  (i.  picticaudata  évite  le  Koukou-Nor 
et  le  Tsaidam,  soit  à  cause  des  cristaux  salins  qui  hérissent  le  sol 
et  blesseraient  ses  sabots,  soit  par  impatience  des  piqûres  des 
innombrables  diptères  qui  infestent  cette  dernière  région  à  certaines 
époques  de  Tannée.  Ces  observations  semblent  indiquer  que  l'Ada 
est  plutôt  une  espèce  montagnarde,  et  en  elTet  le  célèbre  explora- 
teur russe  eut  souvent  l'occasion  de  le  rencontrer  dans  les  hautes 
terres  du  Kan-Sou,  sur  les  pentes  des  différentes  chaînes  qui  encais 
sent  les  hauts  bassins  du  lleuve  Jaune,  du  fleuve  Bleu  et  de  leurs 
premiers  affluents,  et  dans  les  monts  Marco-Polo  dont  la  haute 
barrière  sépare  les  steppes  du  Tsaïdam  des  plateaux  du  Tibet. 
Enfin  il  n'y  a  nul  doute  que  l'Ada  ne  s'avance  vers  le  sud-est  dans 
les  provinces  tibétaines  de  Oui  et  de  Kham,  et  qu'il  ne  pénètre 
ménie  assez  loin  dans  le  Se-Tchouan,  comme  le  prouvent  plusieurs 
dépouilles  envoyées  récemmeut  de  cette  province  de  la  Chine  au 
Muséum  de  Paris  par  les  missionnaires  résidant  à  Ta-tsien  lou. 

11.  —  Gazella  gutturosa  (Pallas). 

1777.   Antilope  gutturosa  Pallas,  Spicileg.  soolog.,  fasc.  XII,  p.  46, 

pi.  2. 
1811.         —  —        Pallas,  Zoogroph.  ross.'UMaf.,  l,  p.  2,"il. 

1827.         -  —        U.  Smith,  Griff.  anim.  kingdom,  IV,  p.  229. 

1847.         —  —        Blyth,    Journ.    As.    Soc.    Bengal,   XVI, 

1,  p.  365. 


180  K.    I)i;    l'Ol'SARGUES 

IS'iO.    rniniiirit  i/iittiirosfi  .1.-1'].  (îuay,  I^roc.   zool.  Sor.  Loudon,    p. 

ll.i. 
18G2.     \ntitoj)e  gutlitrusd    Hadkk,  licis.  Sud.  OsISiInr.,   p.   :il\ï,  pi. 

IX,  li^^■7,  pi.  XI,  fij;.  1. 
1S07.   Procdpra  (jullurosa  J.-E.  (Ihav,   IMoc.  /ooI.    Soc.  LoiuIuii,  p. 

:i't5  (lig.  crâne.). 
I87;{.    (iiizt'Ua   f/nlturomi     IJhookk.  Proc.  zool.  Suc  Lundun,  p.  iiiG. 
187.).        —  —  (j)ailiin)    I'hzewalsky,     Voyage    Mongolie 

(texte  russe),  pp.  73,  82,  97,  98,  379. 
1877.        —  —  (parliin)    Piuewalskv,     Voyagi-    Mongolie 

trad.  alliMM.  A.  Kohu,  pp.  89,  101,  120,  121,  495. 

La  livrée  de  la  Gazclla  gutlurom  décrite  avec  grand  soin  par 
l»ad(le,  sous  ses  deux  aspects  d'été  et  d'hiver,  présente  beaucoup 
d'analogie  avec  celle  de  la  Gazella  pieticaudata,  par  l'existence  d'un 
disque  blanc  circumcaudal  bien  dessiné,  parla  forme  de  la  queue 
courte,  large,  déprimée,  garnie  seulement  à  sa  face  supérieure  de 
poils  jaunâtres,  et  enfin  par  l'absence  de  tonte  bande  claire  ou 
sombre  sur  la  face  et  les  flancs.  Aussi,  H.  Smilb  rangeait-il  cette 
espèce  dans  sou  Antelopine  et  non  pas  dans  son  Gazellinp  grnup,  et 
Gray  l'admettait  dans  son  genre  Procnpra.  Par  certains  autres 
caractères,  cependant,  la  (i.  gnttm-osa  est,  si  l'on  peut  dire,  plus 
Gazelle  que  l'Ada.  Ainsi  l'on  remarque  une  légère  tendance  à  la 
formation  de  brosses  aux  genoux.  Suivant  Pallas,  au  niveau  de 
l'articulation  un  coussinet  de  poils  plus  serrés  et  pins  denses,  mais 
à  peine  plus  longs,  suppléerait  à  l'absence  de  brosses  :  «  scopis 

nnllis  instructa  est,  densitate  pilorum  defectum  compensante, 

pilis  in  loco  scoparnm  vix  elongatis  ».  II.  Smith  différencie  égale- 
ment ces  brosses  courtes,  des  longs  pinceaux  de  poils  particuliers 
aux  vraies  Gazelles  ;  a  their  knees  are  furnisbed  with  short  brushes, 
but  not  lenghteued  tufts  as  in  Dorcades  ».  De  plus  il  existe  des 
glandes  lacrymales,  petites  il  est  vrai  et  presque  cachées  par  les 
poils,  et  les  cavités  inguinales  sont  très  apparentes.  Enfin  les  cornes, 
beaucoup  moins  longues  que  chez  r.\da,  petites  même  relativement 
au  volume  du  crâne,  ont  une  courbure  lyriforme  très  nette.  A  ce 
propos,  j'attirerai  l'attention  sur  le  dessin  que  Gray  a  publié  du 
crâne  de  la  (i.  gutturosa,  pour  le  mettre  en  parallèle  avec  celui  de  la 
G.  pieticaudata,  dessin  qui  ne  parait  nullement  correspondre  à  l'es- 
pèce qui  ûous  occupe.  Sur  cette  figure  [Proceedings,  1867,  p.  246, 
fig.  I),  la  longueur,  la  forme,  la  direction  et  la  courbure  des  cornes, 
sont  tout  autres  que  chez  la  G.  gutturosa;  d'autre  part,  le  museau 
est  étroit  et  comme  pincé  latéralement,  le  chanfrein  droit  et  peu 


ÉTUDE    SCR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  181 

élevé,  et  une  ombre  fortement  accusée,  presque  uoire,  semble 
indiquer  une  fosse  lacrymale  profonde.  Or,  chez  la  Gazclla  giittn- 
rosa,  l'os  lacrymal  ne  présente  qu'une  dépression  à  peine  marquée, 
la  ligne  du  chanfrein  est  haute  et  arquée,  enfin  le  museau  est 
large,  épais  et  renflé.  Je  ne  crois  pas  me  tromper  eu  affirmant 
que  ce  dessin  représente  le  crâne  d'une  vraie  Gazelle  de  la  région 
méditerranéenne,  et  je  doute  fort  que  ce  soit  l'une  des  têtes  rappor- 
tées de  Péking  par  le  D''  Lockhart  et  que  Gray  avait  l'intention  de 
faire  figurer.  Il  y  a  eu  là  une  méprise  qui  jusqu'ici  avait  passé 
inaperçue  et  qu'il  importait  de  signaler. 

Au  temps  de  Pallas,  la  Gazella  gutturosa  s'étendait  à  l'est  jusqu'à 
l'océan  Pacifique  ;  la  ligne  limite  nord  de  son  aire  d'habitat  était 
formée  par  les  monts  Altaï  et  Khangaï  et  longeait  ensuite  les  cours 
de  l'Ingoda,  de  la  Chilka  et  de  l'Amour.  Cette  Gazelle  abondait  sur 
les  plateaux  situés  entre  les  rivières  Onon  et  Keroulen  mais  deve- 
nait de  plus  en  plus  rare  vers  l'ouest  dans  le  bassin  de  la  Selenga 
et  aux  approches  des  monts  Saïan  (Pallas  1777). 

Depuis  cette  é|>oque,  la  Gazella  gutturosa  a  disparu  du  territoire 
de  l'Amour  et  de  la  Mandchourie  et  ne  dépasse  plus  à  l'est  la 
chaîne  du  grand  Khingan.  Vers  le  nord,  elle  ne  visite  plus  qu'excep- 
tionnellement la  rive  droite  de  l'Onon  et,  dans  ses  migrations  hiver- 
nales, s'arrête  sur  les  bords  du  Ïeraï-Nor,  du  Dalaï-Nor,  et  de  la 
petite  rivière  Ourouloungoui,  affluent  de  la  Keroulen.  Elle  a  été 
refoulée  depuis  longtemps  hors  de  la  Transbaïkalie  jusqu'au  sud 
des  monts  Apfel  et  du  Keutei,  et  on  ne  la  connaît  plus  guère  que  de 
nom  dans  le  bassin  supérieur  de  la  Selenga  dont  elle  évite  les  pentes 
boisées.  Vers  ce  point  on  ne  la  rencontre  plus  qu'à  375  kilomètres 
au  sud  du  poste  frontière  russe  de  NorounChoroisk  (Radde  1862;. 

En  longeant  les  contreforts  occidentaux  du  grand  Khingan,  ces 
Gazelles  descendent  vers  le  sud  jusqu'au  versant  septentrional  des 
chaînes  de  montagnes  situées  au  nord  de  Pékin  et  de  la  Chine 
proprement  dite.  Ce  sont  elles  que  M.  l'abbé  A.  David  a  vues  en  si 
grande  quantité  au  nord  des  montagnes  près  de  Kalgan  et  dont  les 
innombrables  troupeaux  fréquentent  les  plateaux  des  monts  Suma- 
Hada  et  les  abords  du  Dolon-Nor  et  du  Dalaï-Nor,  dans  l'extrême 
est  de  la  Mongolie  (Przewalsky). 

Si,  grâce  aux  observations  de  ces  différents  explorateurs,  nous 
connaissons  bien  les  frontières  nord,  est  et  sud  de  l'aire  d'ha- 
bitat de  la  G.  gutturosa,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  l'ouest  et 
surtout  le  sud-ouest.  De  ce  côté  vivent  deux  autres  types  congéné- 
riquesqui  nous  restent  à  examiner,  l'un  bien  différent,  G.  subgut- 


182  I  •  i»K  l'orxAiuuiES 

turusii,  l'aulie  ;iu  i'uiili;iiit'.  |)t'iiil;iiil  lonj^U'iiips  coiifomlu  avec  la 
fi.  gutturosa,  et  qui  u'eu  acte  (iisiinirin-  (jiie  depuis  peu  sous  le 
Dom  de  C.  HrzeiraUkyi.  Autant  toutefois  que  l'on  peut  préjuf^er,  il 
est  iiioltahle  que  la  (',.  f/nniini^fi  reste  confinée  dans  la  Mon^^olie 
orientale  ou  (îolii  uionj^ol  et  ({u'elle  ne  dépasse  pas  à  l'ouest  la 
chaîne  qui,  traversant  dia^'onaleuient  le  désert  de  Gol»i,  relie  rAllaï 
méridional  aux  monts  Kour-Kou  et  au  système  de  rin-Chan, 

12.  —  (iAZKLLA  Fhzkwalskyi   Bucliner 

187;j.    Aiililoiir  (^ultnrosa  (partim)   Pkzkwalsky,    Viiif.    en   Mongolie 

(texte  russe),!, pp. 18. 187. 282,341,  pi.  1,  (i-.  1  (pela-ed'été). 
1877.   Anlilopc  gnlturosa  (partim)    I^rzkwalsky,    To//.    en    Mongolie 

(traduct.allem.  A.  Kohn,  pp. 22,  238,  365,  445). 
1884.   Antiloije  gui (urom  Priv.wxl^ky.    lieisen.    in    Tibet,    pp.    178, 

243,252  (lîg.dans  le  texte, pelage  d'été). 
1888.   Antilope  Cuvierl  Przewalsky,  Quatrième  ooy.  en  Asie  centrale 

(texte  russe,  p.  110,  figure  dans  le  texte,  pelage  d'hiver). 
1890.   (kizella  Przenalsliyi  Bûchnkk,  Sdugctii.   Ganssu-Expedit.  Mél. 

biolog.  Bull.  Acad.  Scienc.  S'^-Petersbourg,  XIII,  livr.  I, 

p.  161. 

Cette  Gazelle  n'est  connue  que  depuis  les  mémorables  expéditions 
de  Przewalsky;  cet  explorateur  l'avait  mèmeconfondue  toutd'ahord 
avec  la  précédente  espèce.  Dans  son  premier  et  son  troisième 
voyage,  il  la  désigne  et  la  ligure  comme  Antilope  gutturosa,  et  ce 
n'est  (|u'à  son  quatrième  voyage  qu'il  la  distingue  sous  le  nom 
d'Antilope  Cumeri.  AI.  Biichner  nientionne  également  cette  Gazelle 
dans  son  intéressant  mémoire  sur  les  Mammifères  du  Kan-Sou; 
mais  en  changeant  son  nom  spécifique  en  celui  de  Gazella  Prze- 
nabkgi,  le  terme  Cumeri  ayant  été  appliqué  depuis  longtemps  par 
Ogilby  à  une  Gazelle  d'Algérie.  Le  savant  mammalogiste  de  .Saint- 
Pétersbourg  se  propose  de  faire  connaître  bientôt  complètement 
cette  nouvelle  espèce  d'après  les  dépouilles  provenant  des  expédi- 
tions de  Przewalsky  et  de  Potanin.  Je  lui  laisserai  d'autant  plus 
volontiers  ce  soin,  que  je  ne  saurais  m'en  acquitter  avec  autant  de 
compétence,  car  je  n'ai  encore  pu  examiner  de  cette  Gazelle  qu'un 
seul  exemplaire  femelle  gracieusement  offert  il  y  a  peu  de  temps 
au  Muséum  de  Paris  par  S.  M.  le  Tsar  Nicolas  H.  Je  me  bor- 
nerai donc  à  donner  ici  quelques  détails  très  succincts,  d'après  ce 
spécimen  et  d'après  les  trois  figures  publiées  successivement  par 
Przewalsky. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  183 

La  G.  Przeivalskyi  présente  de  uouibreux  traits  de  ressemblance 
avec  les  deux  espèces  de  l'ancien  genre  Procapra  et  plus  particuliè- 
rement avec  la  G.  picticaudata,  sauf  pour  la  taille  qui  est  un  peu 
plus  élevée.  Les  larmiers  sont  à  peine  visibles  et  l'os  lacrymal 
n'otïre  qu'une  dépression  peu  sensible.  Les  pores  inguinaux 
manquent,  la  queue  est  courte,  élargie,  déprimée;  il  n'y  a  pas  de 
brosses  aux  genoux  et  la  livrée  ne  présente  aucune  trace  de 
bandes  faciales,  latérales  et  pygales.  Cette  livrée  paraît  subir  des 
modifications  assez  importantes  suivant  les  saisons,  autant  du 
moins  qu'on  peut  en  juger  d'après  les  figures  sus-nientionuées.  En 
hiver,  les  poils  de  la  commissure  des  lèvres  et  du  dessous  de  la 
mâchoire  s'allongent  en  une  soi  te  de  barbiche,  le  cou  paraît  garni 
d'une  crinière  plus  sombre  que  le  reste  du  pelage,  enfin  autour  de 
la  queue  se  voit  un  disque  blanc  ou  miroir  assez  étendu  et  bien 
marqué.  Pour  la  robe  d'été,  d'un  jaune  fauve  brillant  assez  intense, 
il  n'y  a  plus  ni  barbiche  ni  crinière,  de  plus  le  disque  circumcaudal 
a  disparu;  les  deux  figures  publiées  par  Przewalsky  n'en  présentent 
aucun  indice  et,  sur  le  spécimen  femelle  du  Muséum  de  Paris,  la 
couleur  blanche  de  la  face  postérieure  des  cuisses  remonte  à 
peine  de  chaque  côté  de  la  racine  de  la  queue  dont  la  face  supé- 
rieure est  en  continuité  de  teinte  avec  la  croupe. 

J'insiste  sur  ce  point,  car  il  indique  une  tendance  indiscutable 
vers  la  livrée  des  Gazelles  ordinaires  typiques.  Quant  aux  cornes 
des  mâles,  elles  sont  moins  longues  mais  plus  épaisses  à  la  base, 
plus  fortes  et  plus  divergentes  que  chez  la  G.  picticaudata  et  leur 
courbui-e  lyriforme  rappelle  celles  de  la  G.  subgutturosa.  En  un 
mot,  la  G.  l'rzeicalskyi  vient  se  placer  tout  naturellement  entre  la 
G.  picticaudata  d'une  pari  et  la  G.  subgutturoaa  de  l'autre,  participant 
des  caractères  de  l'une  et  de  l'autre,  plus  proche  alliée  pourtant  de 
la  première.  Vu  la  proximité  et  même  la  communauté  partielle  des 
aires  d'habitat  de  ces  difïérentes  Gazelles,  on  est  presque  tenté  de 
supposer  entre  les  deux  premières  plus  anciennement  connues  un 
croisement  dont  la  (/.  Przeaalskyl  serait  le  produit.  Ce  n'est  là,  je 
me  hâte  de  l'ajouter,  qu'une  simple  présomption  qui  ne  repose  sur 
aucun  fait  bien  prouvé,  une  liypothèse  toute  gratuite  qui  réclame 
l'appui  d'observations  précises  et  suivies.  La  nature  mixte  des 
caractères  de  l'espèce  qui  nous  occupe  nous  permet  simplement  de 
constater  une  fois  de  plus  combien  l'ancien  genre  Procapra  se  relie 
intimement  et  par  gradations  insensibles  au  genre  Gazella. 

Le  principal  foyer  d'habitat  de  la  G.  Przewalskyi  se  trouve  au  Sud- 
Ouest  de  l'aire  géographique  occupée  par  la  G.  gutturosa.  Suivant 


184  I'.     I»l     l'Ol'SARGlIKS 

M.  Hùclmer,  celle  (iazelle  vit  |»:ir  j,M;m(les  lioiipes  diins  le  sud  du 
plaleau  déserlique  el  sablonneux  du  pays  des  Ordos,  Dans  ces 
mêmes  régions  errent  également  des  (i.  suhi/ulturosa  dont  les  habi- 
tudes diflèreut,  car  elles  ne  vont  jamais  (pie  par  troupes  peu  nom- 
breuses, ou  par  couples,  ou  isolées.  On  rencontre  encore  la  G. 
Frzeiialskiil  dans  le  sud  du  désert  de  l'Ala Clian,  sur  le  plateau 
situé  au  nord  immédiat  de  la  vallée  du  Tchagriu-CJol  ;  elle  pénétre 
enlin  jusque  dans  le  bassin  du  Koukou-Nor  en  traversant  probable- 
ment les  passes  de  la  cliaîne  des  Nan-Clian  et  des  montagnes  du 
nord  du  Kan-Sou;  c'est  de  cette  région  alpestre  que  provient  l'exem- 
plaire du  Muséum  de  Paris  (Expédition  Roborowsky  et  Koslovj. 

Quelle  est  la  limite  nord  de  l'aire  de  dispersion  de  la  fiazelle  de 
Przewalsky?  Il  m'est  impossible  de  l'indiquer,  même  approxima- 
tivement, à  l'aide  des  seuls  matériaux  d'étude  et  des  documents 
dont  je  dispose.  Ne  serait-ce  pas  cependant  ces  Gazelles  que  M.  l'abbé 
A.  David  aurait  aperçues  errant  par  centaines  sur  les  hauts  plateaux 
situés  à  l'ouest  des  montagnes  de  l'Ourato,  et  qui  lui  ont  paru 
d'iififi  couleur  plus  foncée  que  celles  qu'on  vend  à  Pékivg  (1)  ?  Vers  le 
nord-ouest  la  (i.  Przeiralskyi  s'avance  peut-être  jusqu'au  seuil  du 
Galbyn  Gobi  et  jusqu'à  la  chaîne  des  monts  Ygrai-Oula  que  Prze- 
walsky  indique  comme  formant  de  ce  côté  la  lisière  naturelle  du 
plateau  désertique  de  l'Ala-Chan.  Ce  sont  là  autant  de  questions 
que  je  ne  puis  que  poser  sans  les  résoudre,  mais  qui  seront,  sans 
aucun  doute,  élucidées  par  M.  BOchner  dans  ses  Mammalia  Prze- 
uahkiana. 

13.  —  (Iazella  subgutturosa  (Gûldenstàdt) 

A  part  le  manque  de  cornes  chez  les  femelles,  cette  espèce  pré- 
sente tous  les  caractères  des  vraies  Gazelles.  Il  n'existe  pas  de  disque 
blanc  circumcaudal,  la  queue  est  longue  et  grêle,  les  brosses  des 
genoux  bien  développées  sont  formées  de  longues  mèches  de 
poils  d'un  brun  sombre  presque  noir  et  la  livrée  montre  des  indices 
faibles,  mais  évidents  des  bandes  latérales  et  pygales.  Les  bandes 
faciales,  toujours  bien  marquées  dausle  jeune  âge.  sont  persistantes 
ou  fugaces  à  l'état  adulte:  ces  variations  du  masque  jointes  à 
d'autres  différences  dans  la  direction  des  cornes  et  la  localisation 
de  l'habitat  ont  permis  de  distinguer  dans  cette  espèce  deux  formes 
ou  variétés  que  nous  examinerons  successivement;  Tune  ly[)ique, 
Gazella  subguttnrosa  Gûld.,  l'autre  (iazella  subgutturusa,  var.  yarkan- 
densis  Blanf. 

(1)  A.  David,  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  IV,  p.  19,  18(J8. 


KTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'asIE   CENTRALE  183 

a.  —   Gazella  siibguttnrosa  Giildenstàdt. 

Une  bibliographie  très  complète  de  cette  forme  typique  a  été 
donnée  par  Sir  V.  Brooke  jusqu'en  1873.  A  cette  première  liste  on 
peut  ajouter  : 

1778.   Antiloiie  subgutturoaa  GÙLDEJ^STCEDT,  Acta.  Acad.  Petropolit., 

Il,  part.  I,  p.  251,  pi.  9  à  12. 
1873.   Gazella  snhguttiirosa,  Brooke,  Proc.  zool.  Soc.  Loudon.p,  545. 

1875.  —  —  Przewalsky,  Voyage  en  Mongolie  [Texle 

russe,  pp.  141, 143, 187, 21 0,21 1,297);  pi.  l,tig. 2. 
1877.       —  —  PRZEWALSFiY,  Voyage  en  Mongolie  (Trad. 

allem.  A.  Kobn,  pp.  177, 179,  238,  270, 386). 

1876.  -  —  Blanforo,  Eau.  Persia,  p.  91. 

1876.  —  —  Severtzov,  VurA^sf. /etofn.  (Trad.  Ann. 

Mag.  uat.  hist.,  (4),  XVIII,  p.  170). 

1877.  —  —  D.ANFORD   et  Alston,   Proc    zool.  Soc. 

LondoQ,  p.  276. 
1880.       —  —  Danford  et  Alston,  Proc.   zool.  Soc. 

London,  p.  55. 

1889 .  A  ^  îilope  mhgulturosa  Radde  et Walter,  Zoologisch.  Jahrbucli . 

(System.).  IV,  p.  1060. 

1890.  Gazella  auhgutlurosa  Biichner,  !^àug-Ganssu- Exped.  (Mél.  biol. 

Bull.  Acad.  Se.  Saint-Pétersbourg,  XllI,  livr.  I,  p.  160). 

Chez  cette  forme  les  bandes  faciales,  bien  marquées  chez  les 
jeunes,  s'effacent  graduellement  avec  les  progrès  de  l'âge  et  finale- 
ment disparaissent  devant  l'envahissement  de  la  teinte  blanche  : 
((  Hac  fasciïe  quae  in  adultis  junioribns  sat  évidentes  sunt,  in  senio- 
ribus  magis  magisque  evanescunt  adeo  ut  fere  nuUae  sint,  tandem- 
que  in  grandaevis  faciès  tota  uniformiter  albida,  deletis  non  solum 
fasciis,  sed  etiam  extincla  omni  lutei  tiuctura.  »  (Giild.).  Les  cornes 
longues,  massives,  marquées  d'anneaux  largement  espacés,  diver- 
gent fortement  dès  leur  base  jusque  vers  leur  extrémité,  qui  s'in- 
curve en  avant  et  en  dedans. 

L'exposé  de  ces  seuls  caractères  suffît  pour  nous  permettre  de 
distinguer  cette  forme  typique  de  la  variété  d'Yarkand.  Pour  de 
plus  amples  détails  je  renverrai  aux  nombreuses  descriptions  et 
aux  figures  publiées  par  les  auteurs,  et  je  passerai  immédiatement 
à  l'étude  de  la  question  moins  bien  connue  du  mode  de  distribution 
géographique  de  ce  type  intéressant. 

Aucune  Gazelle  n'occupe  une  aire  d'habitat  aussi  étendue  qua  la 


186  K.    |)K    l'OCJSARr.UKS 

(iazfllii  suht/iilliirosd.  ,]usq[iv  dans  ces  (ieniiers  leiups,  on  n'en  coii- 
uaissail  (jup  la  portion  ocridenlale,  et  c'est  enconi  aux  précieuses 
observations  de  Przewalsky  que  nous  devons  de  nombreux  détails 
sur  la  larjje  dissémination  des  re|)résentanls  de  celte  espèce  sur  les 
bauts  plateaux  de  l'Asie  centrale. 

Dans  l'extn^me  ouest  de  leur  aire  de  dispersion,  les  (i.  fnibguttu- 
rosa  s'avancent  le  \01v2:  de  la  base  méridionale  de  la  chaîne  du  Cau- 
case jusqu'aux  environs  de  Tiflis  et  occupent  toute  la  vallée  de 
la  Koura  jusqu'à  son  embouchure  dans  la  mer  Caspienne  dont 
elles  fréquentent  les  côtes  de  IJakou  ù  Lenkoran.  Vers  ce  dernier 
point,  pour  éviter  les  pentes  boisées  des  provinces  persanes  sud- 
caspiennes.  elles  quittent  le  littoral,  et  remontant  le  bassin  infé- 
rieur de  l'Araxe,  se  répandent  dans  la  Perse  |iar  Tabriz.  Suivant 
Danford  et  Alston,  quelques-unes  de  ces  Gazelles  visiteraient  les 
bords  du  Tigre  et  même  la  Mésopotamie  jusqu'à  la  rive  franche  de 
l'Euphrate;  mais  elles  sont  plus  abondantes  sur  les  hauts  plateaux 
désertiques  de  la  Perse  et  de  l'Afghanistan.  Vers  le  sud,  elles  ne 
dépassent  pas  les  montignes  de  Chiraz  et  de  Kirman  et  s'arrêtent 
par  conséquent  à  une  assez  grande  distance  des  côtes  du  golfe  Per- 
sique  et  de  la  mer  d'Oman.  Vers  l'est  elles  viennent  se  heurter,  près 
de  Kandahar  et  de  Kaboul,  contre  les  hauteurs  de  l'Hindou-Kouch 
et  du  plateau  de  Pamir  et  refluent  vers  le  nord  dans  les  districts 
transcaspiens.  Elles  pénètrent  ainsi,  le  long  du  littoral  est  de  la  mer 
Caspienne,  jusque  dans  l'Oust-Ourt,  traversent  les  déserts  du  Kara- 
Koum  et  du  Kyzyl-Koum  et  sillonnent  eu  tous  sens  les  steppes  du 
Turkestan  russe.  Poursuivant  leur  route  vers  le  nord-est  en  lon- 
geant la  base  occidentale  du  Pamir  et  du  massif  du  ThianChan, 
elles  atteignent  les  bords  du  lac  Balkach,  franchissent  le  bassin 
de  rili,  contournent  les  hauteurs  du  Tarbagataï  et  arrivent  jusqu'à 
l'Altaï  près  des  lacs  Zaïzan  et  Oulioungour  (Radde  et  Walter).  Mais 
là  ne  s'arrêtent  pas,  comme  on  l'a  cru  longtemps,  les  incursions  de 
ces  Gazelles  vers  l'est;  elles  continuent  leur  course  à  travers  les 
vastes  étendues  qui  s'ouvrent  devant  elles,  et  en  suivant  les  diverses 
pérégrinations  de  Przewalsky  sur  les  hauts  plateaux  de  l'Asie  cen- 
trale nous  retrouvons  les  G.  subyutturosa  à  chacune  des  étapes  de 
ce  hardi  voyageur  :  d'abord  dans  le  bassin  de  l'Ouroungou,  les 
steppes  de  la  Dzoungarie  et  la  terminaison  orientale  de  la  chaîne 
du  Thian-Chan;  puis  dans  le  désert  de  Gobi,  à  Khami,  près  du 
puits  de  Koufi,  sur  les  deux  rives  du  Boulounghir,  dans  l'oasis  de 
Sa-tscheu  et  jusqu'au  pied  des  monts  Nan-Chan. 

Là,  ces  Gazelles  contournent  sans  y  pénétrer  le  bassin  du  Koukou- 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE    CENTRALE  187 

Nor.  Quelques-unes,  assez  peu  nombreuses,  continuaut  leur  route 
vers  le  sud,  franchissent  les  passes  de  la  chaîne  des  Nan-Chan, 
entre  les  monts  Humboldt  et  l'Altyn-Tagh,  et  par  le  plateau  de 
Syrtyn  se  dispersent  dans  le  Tsaïdam  dont  elles  parcourent  les 
steppes  arides  jusqu'au  Baïan-gol  et  au  Tosso-Nor,  en  dépit  des 
piqûres  d'innombrables  diptères,  et  de  l'action  corrosive  du  sol 
encroûté  de  cristaux  salins.  Mais  la  plupart  de  ces  Gazelles  longent 
le  versant  nord  des  Nan-Chan,  et  poussant  vers  l'est  à  travers  les 
contrées  arrosées  par  l'Edzina  et  ses  affluents,  envahissent  les  déserts 
de  l'Ala-Ghan  et  pénètrent  jusqu'au  fond  du  pays  des  Ordos.  Dans 
toute  cette  région  comprise  dans  la  boucle  du  Hoaug-Ho,  elles 
fréquentent  les  mêmes  pâturages  que  leurt^  congénères  les  Gazella 
Przeicalskyl,  et  remontent  vers  le  nord  jusqu'aux  déserts  sablon- 
neux du  Kousouptchi  sur  la  rive  droite  immédiate  du  fleuve  Jaune. 
Enfin  Przewalsky  les  a  également  rencontrées  sur  la  rive  gauche  de 
ce  grand  cours  d'eau,  dans  les  steppes  de  son  ancien  lit  l'Oulan- 
Chatun  et  jusqu'au  pied  du  versant  sud  des  chaînes  Khara-Naryn- 
Oula  et  Scheiten-Oula,  à  l'ouest  des  montagnes  de  l'Ourato. 

b.  —  Ccizella  subgutturosa,  var.  yarkandensift  Blanford. 

1874.  (iazella  gutturosa,  Douglas  Forsyth,  Proc.  zool.  Soc.  London, 

p.  324. 

1875.  (ïazf'lla  subijuiiurosa.  var.  yarkamlensh  Blanford,  Journ.  As. 

Soc.  Beng.,  XLIV,  pt.  2,  p.  105-11 2. 
1879.   Gazella   suhguilnroan,   var.    iiiuktmdi'naia   Blanford,    Scient. 

resuis.  Sec.  Yai'k.  Miss.  p.  88.  pi.  XV. 
1879.   Antilope  subgutturosa.  Przewalsky,  Froin  Kulja  to  Lob-Nor, 

p.  60  et  160. 

Chez  celte  variété  distinguée  pour  la  première  fois  par  M.  Blan- 
ford, la  taille  est  plus  grande  que  chez  la  forme  typique,  les  cornes 
ont  sensiblement  la  mèiiie  courbure,  mais  sont  beaucoup  moins 
divergentes  ;  le  pelage  est  plus  long  et  plus  grossier,  d'une  teinte 
jaune  moins  brillante  et  fortement  mêlée  de  gris  ;  les  poils  noirs  de 
la  queue  sont  plus  longs  et  plus  fournis,  de  même  ceux  que  l'on 
remarque  entre  les  sabots  et  les  ergots;  enfin  les  bandes  faciales 
restent  nettes  et  bien  marquées  à  tous  les  âges.  La  bande  centrale 
sombre, presque  noire.élargieen  une  tache  oblongue  un  peu  au-dessus 
des  narines,  remonte  en  se  rétrécissant  le  long  du  chanfrein,  puis 
se  bifurque  à  la  hauteur  des  yeux,  chacune  des  branches  se  dirigeant 
vers  la  corne  correspondante  dont  la  base  disparaît  au  milieu  des 


188  K.  DK  l'or^Amii  Ks 

I)«)ils  |)liis  loniïs  cl  |>res(nic  ii()irs  (|iii  rentoiirent.  De  cliafiiif  côté, 
imc  hauile  faciale  claire  dim  hiaiic  jaiiiiàlrc  loiii^e  iiifcrieiiremenl 
la  liainle  centrale  d'un  boni  à  l'aulre;  plus  bas  naît  de  l'angle  anté- 
rieur de  l'd'il  la  bande  faciale  sombre  qui  vient  se  perdre  vers  la 
cuuiniis'^ure  des  lèvres.  Les  mêmes  caiactères  se  remanjuent  cbez 
la  femelle  et  les  branches  de  bifurcation  de  la  bande  centrale  vien- 
nent se  terminer  en  tourbillon  sur  le  dessus  de  la  tête  inerme. 

La  (j(t:.  subijiuttiirosa  var.  yarkandeufiis  abonde  dans  les  environs 
de  Kach<,'ar  (D.  Forsyth),  de  Maralbachi  (Sloliczka)  et  d'Varkand 
(Shaw).  Plus  à  l'est,  entre  Kourla  et  le  Lob-Nor,  Przewalsky  en  a 
relevé  de  nombreuses  pistes,  dans  les  plaines  du  bas  Tarim,  et  c'est 
de  cette  dernière  région  que  proviennent  les  exemplaires  assez 
nombreux  et  admirablement  conservés  que  possède  le  Muséum  de 
Paris  (Bonvalot  et  prince  Henri  d'Orléans).  Il  semble  donc  que  la 
Gazelle  d'Varkand  soit  absolument  localisée  dans  cette  dépression 
occidentale  du  désert  de  (Jobi  arrosée  par  le  Tarim  et  le  Tch(!rchen- 
Daria,  tributaires  du  Lob-Nor.  Cette  vaste  arène  du  Takla-Makan, 
bien  délimitée  au  sud  par  l'Allyn-Tagh,  le  Togouz-Daban  et  le 
Karakoroum,  à  l'ouest  par  le  plateau  du  Pamir,  au  nord  par  le 
massif  du  Thian-Chan,  l'est  beaucoup  moins  du  côté  de  l'est,  et 
communi(iue  largement,  par  le  désert  de  Kouip-Tagli,  avec  les 
parties  orientales  plus  élevées  du  Gobi.  Aussi,  est-il  assez  dilïicile 
de  tracer  d'une  manière  bien  précise  la  limite  orientale  de  disper- 
sion de  la  Gazelle  d'Varkand.  On  peut  présumer  cependant,  de  son 
adaptation  au  régime  climatérique  spécial  et  à  l'altitude  relative- 
ment faible  de  son  principal  foyer  d'habitat,  qu'elle  ne  remonte 
pas  les  pentes  qui  conduisent  vers  les  hauteurs  du  Beï-Chan  signa- 
lées par  Przewalsky  entre  Kbami  et  leNan-Chan.  En  certains  points, 
ce  pli  de  terrain  le  plus  accentué  du  désert  de  Gobi  compte  1130 
mètres  d'altitude,  par  exemple  au  puits  de  Koufi,  et  s'élève  même 
jusqu'à  1680  mètres  au  puits  de  Ma  lan-tchouan.  Or,  l'altitude 
moyenne  de  la  vaste  cuvette  du  Lob  Nor  est  bien  inférieure,  et  sur 
les  bords  du  lac,  le  niveau  s'abaisse  à  671  mètres. 

Si  maintenant  nous  réunissons  en  une  seule  les  aires  partielles 
d'habitat  des  deux  formes  de  la  Cazella  subgutturoso,  nous  obtenons 
une  vaste  zone  du  milieu  de  laquelle  émergent,  presque  comme  un 
îlot,  les  hautes  cimes  de  l'Hindou  Kouch  du  Pamir  et  du  Thian-Chan 
qui  la  divisent  en  deux  parties  à  peu  près  égales  se  reliant  au  nord 
dans  la  Dzoungarie  et  s'étendanl  du  42^  au  108^  degré  de  longitude 
est  et  du  30»^^  au  48«  degré  de  latitude  nord.   Cette  bande  d'une 


ÉTUDE   SUR    LES    HUMINANTS    DE    LASIE   CENTRALE  189 

étendue  immense  s'étale  sur  presque  toute  la  largeur  du  continent 
asiatique,  et  confine  vers  chacune  de  ses  extrémités  aux  domaines 
de  différentes  espèces  congénériques.  En  efiet,  vers  l'est,  la  G.  sub- 
gutturosa  vient  longer  et  même,  sur  certains  points,  entamer  les 
frontières  des  G.  picticaudata,  G.  guttarosa  et  G.  PrzewaUkyi;  vers 
l'ouest,  elle  se  met  pour  ainsi  dire  en  contact  avec  les  G.  Bennetti 
(Syk.)  G.  fuscifrons  (Blanf.)  et  G.  dorais  (L.). 

Géographiquement  aussi  bien  que  zoologiquement,  la  G.  subijut- 
turosa  sert  donc  d'intermédiaire  entre  les  vraies  Gazelles  des  déserts 
de  l'Asie  sud  occidentale  et  de  l'Afrique,  et  les  Gazelles  procaprines 
des  hautes  steppes  de  l'Asie  centrale  ;  elle  constitue  le  véritable  chaî- 
non qui  permet  de  rattacher  ces  forcnes  extrêmes  à  un  même  type 
générique,  Gazella,  dont  l'immense  royaume  s'étend  aujourd'hui, 
sans  interruption,  du  voisinage  de  l'Océan  Pacifique  au  littoral  de 
l'Atlantique,  et  devait  autrefois,  en  suivant  l'Afrique  orientale,  se  pro 
longer  jusqu'au  Cap,  englobant  l'aire  d'habitat  du  Spring-bok  sud- 
africain  G.  euchore  (Licht.)  actuellement  séparé  de  ses  congénères, 
et,  comme  un  rameau  détaché  du  tronc,  menacé  dans  sa  vitalité. 

Famille  des  MOSCHIDÉS 

Les  recherches  de  Gray  (1836)  de  Pucheran  (1852)  (i)  et  surtout 
celles  plus  récentes  de  M.  A.  Milue-Edwards  (1864)  et  de  sir 
W.  Flower  (1875)  ont  permis  de  fixer  exactement  le  rang  zoologique 
des  Chevrotaius  porte-musc.  On  sait  maintenant  que  ces  animaux 
n'ont  que  des  affinités  lointaines  avec  les  autres  Chevrotains  ou 
Tragulidés  et  sont  plus  proche-alliés  des  Cervidés.  D'après  certains 
auteurs,  les  Porte-musc  forment  une  subdivision  particulière  [Mos- 
chinés)  de  la  famille  des  Cervidés;  suivant  d'autres,  ils  constituent 
une  famille  spéciale  (Moschidés)  qui  doit  être  rangée  parallèlement 
à  celle  des  Cervidés,  avec  la  même  valeur  ordinique. 

Cette  famille  ne  renferme  que  le  seul  genre  Moschus,  qui,  jusque 
dans  ces  derniers  temps,  ne  comptait  lui-même  qu'une  seule  espèce 
à  livrée  très  variable,  M.  inoschiferus  {L.)  mais  à  laquelle  il  faut 
adjoindre  aujourd'hui  un  nouveau  type  récemment  décrit  le  M.  sifa- 
nicus  (Bûchn.). 

9.  —  Genre  iMOSCHUS  Linné 

14.  —  MoscHus  MOscHiFERUS  Linné. 

1766.   Moschus  moschiferus  F^inné,  SystPmn  naturpe,l2«éd\L,l,p.9i. 

(1)  FucuEKAN.  Arch.  du  Muséum,  VI,  p.  28.',  1852. 


190  K.    I)K    l'OUSAIlGUES 

I77S.   Mosrhils  sthirinis    P.vllas,  Sjiicil.   zoolut)..   fasc.   Xlll.  p.  ^9, 

pi.  IV. 
1830.         —       (ilinifitx  KscHscHOLTZ,  Isis,  p.  (lUfi. 
183().         —       niutic Inféras  (îuay,  l'roc.  zool.  Soc.  Loodon,  p.  63. 
1842.         —      mtnralus  Hodgson,  Joiirn.  asiat.  Soc.  Beng.,   VI il, 

p.  i03(i8:U)),  XI,  |..  2s:;. 

1842.         —       f/(/'j/.sr;('/f/.s7(7' Hodgson,  Jourii.  asicil.  Soc.  Beng.,  VIII, 

p.  203(1839),  XI,  |).  28:.. 
1S42.         —       leucof/dster  Hodgson,  .lourn.  asiat.  Soc.  Beug.,  VIII, 

p.  203  (1839),  XI,  p.  28.). 

—  kacharensis  HoDGSoy,  Cal.  mauiiscril. 

—  niieiroiter  Hodgson,  Id. 

4839,         —       uionchiferun  OG\LBY,Y{oy\ii.  i\at.  Il ist.  ofUimal.  tnouiit. 

1858.  —  —        Leith-Adams,   Proc.  zooi.  Soc.  Loodon, 

p.  528. 

1859.  —  —        ScHRiiNCK,  /?c«.s.  und  Forarh.   im.  Aninr- 

Land,  pt.  I;  Saiigeth.,  p.  161. 
1862.         —  —       Radde,  liek.  Sud.   von  Ost.  Sihir.  pt  I; 

Saiajetli,  p.  274. 
1864.         —  —       A.  M. -Edwards,  Recherches  sur  1rs  che- 

vroUdns. 
1868-1874.  Moschus  moschiferus  A.  M. -Edwards,  Rech.surles  Mam- 
mifères, p.  176. 

1871.  —  —        A.David,  N.  Arch.  iMuseum,  VII, 

Bullet.  p.  75. 

1872.  —  —        V.  Brooke, Proc.  zool.  Soc.  LoQdon, 

p.  522, 
1875.  —  —        W.  Flower,  Proc.  zool.  Soc.  Lon- 

don,  p.  159. 

1875.  Moschus  moschiferus  (partimj  Przewalsky,   Voy.  en  Mongolie, 

texte  russe,  p.  174,  240. 
1877.        —  —  (partira.)  Przewalsky,   Voy.  en  Mongolie, 

trad.all.A.Kohn,  p. 220,310. 

1876.  —  —  Bell,  Proc.  zool  Soc.  London,  p.  182. 
iS77.        —             —  Gahrod,  Ibidem,  p.  287, 791. 

1877.  —  —  Lydekker,  Journal  asiatic.  Soc.  of.  Ben- 

gal,  XLVI,  pt  2.  p.  286. 

1880.  —  —  Lydekker,  Journal  asiatic.  Soc.  of  Ben- 

gal,  p.  4-6. 

1881.  —  —  ScuLLY,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  209. 

1882.  —  —  Forbes,  Ibidem.  p.  636. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  191 

1884.   Moschus  moschiferus  Przewalsky,  Reis  in  Tibet,  pp.  17o,  202, 

203,  218,  236,  256. 

1890.         —  —  BûGHNER.Mél.biol.Bull.Acad.  Se.  Saint- 

Pétersbourg,  XIII,  p.  163. 

Hodgson,  s'exagérant  riniportance  des  variations  que  l'on  observe 
dans  les  teintes  du  pelage  du  Chevrotain  porte-musc,  avait  créé  de 
nombreuses  espèces  nominales,  doot  la  validité  avait  été  immédia- 
tement mise  en  doute  par  Ogilby.  Mais  c'est  à  mon  savant  et  vénéré 
maître,  M.  A.  Milne-Edwards,  que  revient  l'honneur  d'avoir  complè- 
tement élucidé  cette  question  litigieuse  dans  ses  recherches  si  docu- 
mentées sur  la  famille  des  Chevrotains.  Le  sujet  ayant  été  complè- 
tement épuisé,  il  me  sutFira  de  noter  ici  les  conclusions  de  ce  travail 
auquel  je  renverrai  pour  de  plus  amples  détails. 

((  En  résumé,  dit  M.  A.  Milne-Edwards,  il  me  parait  nécessaire 
de  rayer  de  nos  catalogues  zooiogiques,  toutes  ces  espèces  réputées 
nouvelles,  et  de  réunir  en  un  seul  type  spécifique  tous  les  Chevro- 
tains moschifères  (1).  Cette  espèce  unique  renferme  évidemment 
plusieurs  variétés  que  l'on  pourrait  appeler  la  variété  maculée,  la 
variété  rubanée,  la  variété  cnncolor  et  la  variété  leucogaster  ». 

«  Peut-être  trouvera-ton  que  dans  les  parties  sud  de  la  vaste 
région  habitée  par  ces  animaux,  une  ou  plusieurs  variétés,  la  variété 
concolor  par  exemple,  est  plus  commune  que  dans  le  nord  où  les 
individus  adultes,  conservant  davantage  les  caractères  du  jeune 
âge,  offriraient  plus  souvent  les  particularités  qui  se  trouvent  chez 
la  variété  maculée  ou  la  variété  rubanée ;  mais  il  ne  faudrait  pas 
en  induire  que  ces  variétés  constituent  de  véritables  espèces,  et, 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  les  séparer  spécifiquement  me 
semblerait  contraire  aux  principes  fondamentaux  de  la  zoologie.  » 

L'aire  d'habitat  du  Porte-Musc  est  extrêmement  vaste;  à  l'excep- 
tion des  montagnes  du  Turkestan  (Rarakoroum,  Pamir,  Thian- 
Chan)  elle  couvre  toutes  les  chaînes  qui  encerclent  le  plateau  cen- 
tral de  l'Asie,  et  s'étale  même  assez  loin  le  long  des  contreforts  qui 
s'en  détachent  vers  le  sud-est  et  le  nord-est. 

De  Gilgit,  du  Kachmir  et  du  Ladak  (Scully,  Leith  Adams,  Blan- 
ford),  les  Porte-Musc  suivent  l'Himalaya  (Hodgson.),  le  grand  Tibet 
et  le  bassin  supérieur  du  Brahmapoutre  (Lydekker)  qui  les  conduit 
dans  le  massif  montagneux  du  Tibet  oriental  et  des  provinces  chi- 
noises du  Yun-Nan  et  du  Se-Tchouan.  De  ces  régions,  quelques 

(1)  [1  fniit  excepler,  bien  entendu,  l'espèce  récente,  également  moschifère, 
M.  sifanicus.  dont  nous  traiterons  dans  le  paragraphe  suivant. 


19i  K.    Dli    l'Ol'SAHGUKS 

rares  individus  s'aventuronl  dans  \o  sud  le  lon^^  dos  rhaînes  ()ui  for- 
ment l'ossalure  du  nord  de  la  Birmanie  el  de  l'Assam  (Andersonj  ; 
d'autres,  eu  bien  plus  grand  uombre,  remontent  dans  la  direction 
du  nordesl,  au  milieu  du  chaos  de  montaj^nes  d'où  s'échappent 
les  grands  tleuves  de  l'Indo  Chine  et  de  la  Chine,  dans  le  Moupin, 
le  Koukou-Nor,  le  Kan  Sou  et  les  monts  Nan-Chan  (A.  David, 
Przewalsky,  Herezowski),  et  par  l'Ala-Chan  et  le  Khara-Naryn-Oula, 
gagnent  le  système  orographiqne  de  l'In  (Ihan  el  du  (Jrand-Kliingau, 
en  longeant  le  sud  et  l'est  de  la  Mongolie.  Les  Porte-musc  fré 
quenteut  aussi,  d'ailleurs,  le  nord  des  vastes  plateaux  de  cette 
dernière  région;  partant  de  l'Altaï,  ils  suivent  les  hautes  montagnes 
où  prennent  leurs  sources  les  grands  lleuves  sibériens,  contournent 
le  Baïkal,  se  répandent  dans  la  Transbaikalie  et,  par  les  monts 
Apfel  et  lablonovyi,  rejoignent  le  grand  Khingan.  Poursuivant  leur 
course  vers  l'est,  les  Moscluis  se  dispersent  sur  les  crêtes  du  bassin 
de  l'Amour  et  de  la  Mandchourie,  jusqu'au  littoral  de  la  mer  du 
Japon  (Pallas,  Radde)  et  même  on  les  retrouve  encore  dans  l'Ile 
Sakhalin  (Schrenck).  Plus  au  nord,  ils  paraissent  éviter  les  rivages 
de  la  mer  d'Okhotsk,  mais  dans  l'intérieur,  ils  abondent  dans  les 
monts  Stanovoï  et  les  chaînes  qui,  prolongeant  au  nord  les  monts 
du  Baïkal,  limitent  étroitement  le  cours  moyen  de  la  Lena  jusqu'à 
Iakoutsk.  Eutin,  passant  de  là  dans  les  bassins  supérieurs  de  l'iana 
et  de  rindigirka  (Pallas),  ils  atteignent,  franchissent  même  le 
cercle  polaire  et  pénètrent  jusqu'aux  environs  de  Werkhoïansk 
(amiral  Wrangel)  (1).  Suivant  Pallas  ce  serait  là  l'extrême  limite 
nord-est  de  la  dispersion  des  Porte -musc,  et  ces  animaux  seraient 
inconnus  dans  la  presqu'île  du  Kamtchatka  et  l'angle  oriental 
extrême  du  continent  asiatique. 

lo.  —  MoscHus  siFANicus  Biichner 

Mof;rhiis  sifntucus  Buch.nkr,  Sdugeik.  Gaiissu-Exped .  Mélang.  biolog. 
Bull.  acad.  Scienc.  S'-Pétersbourg,  XIII,  livr.  I,  p.  162,  1890. 

Le  Moschiis  silanicus  n'est  encore  connu  que  par  la  courte  diagnose 
publiée  par  M.  Biichner,  qui  se  propose  d'en  faire  paraître  ultérieu- 
rement une  description  plus  complète.  Voici  dans  quels  termes  le 
savant  zoologiste  russe  expose  les  principaux  caractères  distinclifs 
de  cette  nouvelle  espèce. 

((  L'oreille  du  M.  sifanicus  est  une  fois  et  demie  plus  longue  que 
celle  du  M.  mosclnfenis,  et  d'un  noir  plus  ou  moiris  intense  sur  sa 

(1;  W  RANCEL,  le  ^ord  de  la  Sibene,  II,  p.  341,  1^4;}. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  193 

face  externe,  moins  lextrémité  marquée  d'uue  large  tache  jaunâtre  ; 
à  l'intérieur  elle  est  garnie  près  de  ses  bords  de  poils  jaunâtres 
parfois  lavés  de  roux  et  ourlée,  le  long  du  bord  de  sa  moitié  supé- 
rieure, d'un  liseré  bien  marqué,  noirâtre  ou  noir-brunâtre.  Chez  le 
M.  moschiferus,  au  contraire,  la  face  externe  de  l'oreille  est  de  la 
même  teinte  que  la  tète,  parfois  plus  sombre  et  noirâtre  à  l'ex- 
trémité. Cette  teinte  caractéristique  de  l'oreille  du  M.  sifanicus 
constitue  déjà  à  elle  seule  un  trait  bien  distinctif  de  cette  nouvelle 
espèce  qui,  pour  le  reste,  ressemble  à  la  variété  coocolore  du 
M.  moschiferas.  Le  M.  sifanicus  se  distingue  encore  très  nettement 
du  M .  moschiferus  ipHv  son  crâne  plus  massif  et  beaucoup  plus  long, 
principalement  dans  sa  portion  antérieure.  Les  os  nasaux  du 
M.  sifanicus,  même  les  moins  développés,  sont  incomparablement 
plus  longs  que  chez  le  F'orle-musc  ordinaire  et  se  rétrécissent  à 
peine  en  pénétrant  entre  les  frontaux,  de  telle  sorte  que  leur  bord 
frontal  paraît  être  coupé  carrément.  » 

Jusqu'à  présent  celte  espèce  n'a  été  signalée  que  dans  les  mon- 
tagnes du  Kan-Sou,  qu'habite  également  l'espèce  ordinaire;  c'est 
dans  celte  région  qu'elle  aurait  été  vue  pour  la  première  fois,  en 
1872,  par  Przewalsky  (M.  moschiferus?),  puis  plus  lard  par  le  même 
explorateur  au  cours  de  ses  troisième  et  quatrième  voyages,  et 
enfin  plus  récemment  par  l'expédition  Potanin  et  Berezowski 
(1884  1887). 

Famille  des  CERVIDÉS 

On  sait  que,  d'après  le  mode  de  conformation  des  pattes  anté- 
rieures et  la  position  proximale  ou  distale  des  rudiments  des  méta- 
carpiens latéraux,  les  Cervidés  actuels  ont  été  divisés  par  Sir 
V.  Brooke  en  deux  groupes  ou  sous-familles  distinctes;  les  Plé- 
sioméiacaryiens  et  les  Télémétacarpiens. 

Chacun  de  ces  groupes  est  représenté  dans  l'Asie  centrale  ;  le 
premier  par  plusieurs  espèces  du  genre  Cervus  {str.  s.),  le  second  par 
une  variété  de  l'unique  espèce  du  genre  Capreolus. 

I"     PLÉSIOMÉTACARPIENS 

10.  —  Genre  CERVUS  Linné. 

Les  représentants  de  ce  genre  abondent  sur  les  pentes  boisées 
des  montagnes  qui  bordent  ou  traversent  les  plateaux  de  l'Asie 
centrale.  Ils  appartiennent  tous  au  groupe  élaphien;  ce  sont  donc 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  i:^ 


194  E.    DE    POUSAROUES 

des  Cerfs  |)rnpr(Mîient  dits,  daus  le  sons  restreint  du  mot,  mais  l'on 
peut  reconnaître  parmi  eux  plusieurs  types  parfaitement  dilîé- 
reuciés,  soit  au  point  de  vue  morpliolo^i(|ue,  soit  au  point  de  vue 
géo^^raphiiiue.  i^e  nombre  de  ces  coupes  sitécifiques  a  été  singuliè- 
rement exai^éré  par  les  auteurs.  Depuis  le  commencement  de  ce 
siècle,  et  pour  la  seule  région  qui  doit  nous  occuper  ici,  on  n'a  pas 
décrit  moius  de  quinze  espèces  nominales  (jui,  suivant  l'ordre 
chronologique,  donnent  la  liste  suivante  : 

1811.  Cenus  elaphus,  Pall.  187."^.  Cen-ns  eustephanus,   Rlanf. 

1812.  C.    Wallichi,  Cv\ .  1880.  C.  Luhdorfi,  Holau. 
1839.  C.  cashmeerinnus,  Falc.  1884.  C.  albirontrù,  Pr/.ew. 
1841.  C.  afl'mi'i,  Hodgs.  1884.  C  sellatns,  Przew. 
1850.  C.  tibetanus,  Hodgs.  1892.  C.  yarUandensis,  Blanf. 
18ol.  C.  narijianus,  Hodgs.  1893.  C.  Thoroldi,  Blanf. 
1867.  C.  xantltopiifius,  A.  M.-Edw.  1896.  C  bedfnrdianns,  Lyd. 
1873.  C.  nuirai,  Sev.  (nec  Og.i. 

Il  est  évident,  a  priori,  que  ce  nombre  est  excessif  pour  la  seule 
Asie  centrale,  si  vaste  que  soit  ou  que  l'on  suppose  cette  région. 

Ces  errements  de  la  part  des  zoologistes  ont  eu  pour  cause  prin- 
cipale l'insuffisance  des  descriptions  pour  les  espèces  types,  établies 
souvent  sur  des  documents  ou  des  sujets  d'étude  imparfaits,  tels 
que  dessins,  dépouilles  incomplètes,  ramures  trop  jeunes,  etc. 
Du  reste,  même  à  l'heure  actuelle,  il  est  encore  bien  peu  de  musées 
européens  qui  puissent  montrer  la  série  complète  des  Cervidés  de 
l'Asie  centrale.  Ceci  n'a  rien  de  surprenant,  quand  on  songe  aux 
difficultés  de  pénétration  dans  ces  contrées  défendues  à  la  fois  par 
la  nature  et  par  l'Homme,  et  aux  moyens  de  transport  si  défectueux 
dont  disposent  les  explorateurs  pour  faire  parvenir  en  Europe  des 
dépouilles  d'animaux  d'aussi  grande  taille  que  ces  Cerfs  dont  les 
bois  sont  parfois  énormes  et  encombrants.  D'autre  part  ces  ramures 
elles-mêmes  leur  sont  disputées  avec  un  incroyable  acharnement  par 
les  habitants  du  Céleste  Empire,  pour  on  ne  sait  quelles  préparations 
pharmaceutiques  dont  ils  gardent  le  secret  avec  un  soin  jaloux. 
La  revision  de  toutes  ces  espèces,  commencée  par  M.  Sclater  (1) 
et  continuée  par  Sir  V.  Brooke  (2),  a  été  dans  ces  derniers  temps 
mise  au  point  par  M.  R.  I.ydekker  (3),  qui  en  a  notablement  diminué 
le  nombre.  L'étude  des  spécimens  de  la  collection  du  iMuséum  de 
Paris,  et  en  particulier  du  type  de  l'espèce  C.  xanthopygus,  ra'a 

(1)  Sclater,  Trans.  zool.  Soc.  Loiulon,  VII,  p.  3W,  IS69-1872. 

(2)  Sir  V.  BnooKE,  Proc.  zool.  Soc.  Undon,  p.  S8:î,  1878. 

(3)  U.  Lydekker,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  933,  18%. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   L'aSIE    CENTRALE  195 

permis  d'élucider  quelques  points  restés  obscurs  pour  M.  Lydekker 
et  de  satisfaire  à  quelques  questions  posées  par  ce  savant  zoolo- 
giste. 

De  cette  étude  est  résultée  pour  moi  la  conviction  que  l'on  peut 
encore  pousser  plus  loin  la  simplification  et  la  réduction  des 
espèces;  et  j'aurai  occasion  de  le  démontrer  au  cours  de  ce  travail. 

16.  —  Cervus  Wallichi  Cuvier. 

18i2.   Cervus  Wallichi  G.  Cuvier,  Recherch.  ossem.  fossiles. 

1823.       —  —        F.  Cuvier,  Hist.  nat.  Mammif.  livr.  39,  pi.  356. 

1827 .       —  —        H.  Smith,  Griff.  anim.  kimjd,  IV,  p.  103,  pi.  IX. 

1835.  —  elaphus  (var.)  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  IV, 
p.  648,  pi.  LUI,  (fig.  5,  ramure). 

1838.       —     [Harana]  Wallichi  Hodgson,  Ann.  natur.  hist.,  I,  p.  154. 

1841.  —  affinis  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  X,  pt.  2. 
p.  721. 

1841.  —  Wallichi  Blyth,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  X,  pt.  2, 
p.  745.  pi.  (fig.  7,  ramure  jeune). 

1841.  —  (Pseudocervus)  IV'tt//ïc/ii  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Ben- 
gal, X,  pt.  2,  p.  914. 

1850.  —  al/inis  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  XIX, 
p.  466  pi.  (ramure). 

1850.  —  tibetanus,  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  XIX, 
p.  466  pi.  (ramure). 

1850.  —    a/finis  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  XIX,  p.  518, 

pi.  (tête  et  rainure). 

1851.  —        —    Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  XX,  p.  388, 

pi.  VII  (animal). 
1851.       —    nariyanus  Hodgson,   Journ.   asiat.  Soc.  Bengal,  XX, 

p.  392,  pi.  VIII  (ramure  jeune). 
1852        —     Wallichi  Blyth,  Journ.  asiat.  Soc.  Bengal,  XXI,  p.  341. 
1867.       —     a/finis  Jerdon,  Mamm.  of  India,  p.  251. 
1869-1872.  Cervus allinis  Sclater,  Trans.  zoolog.  Soc.  London,  VU, 
p.  343. 

Ce  Cerf  de  grande  taille  mesure  à  l'âge  adulte  2"'o0  à  2™70  de 
longueur  et  l'"30  à  l'^50  de  hauteur  au  garrot.  La  ramure  grande 
et  forte  peut  atteindre  1di50  de  longueur  suivant  la  courbure,  et 
28  ceutim.  de  circonférence  à  la  base;  elle  présente  nettement  le 
type  élaphien,  mais  ne  compte  normalement  que  cinq  pointes  pour 
chaque  bois,  même  chez  les  vieux  individus,  soit  :  deuxandouillers 


196  i:-    lit    l'eiUSARGUKS 

de  liasc  {hrou-tmc  (-1  hcz-tinc),  un  médian  (rniial)  et  une  couronne 
simplement  bifurquée.  Le  deuxième  andouiller  de  base  est  inva- 
riablement le  plus  lon^  de  tous.  Ces  bois  ont  une  courbure  parti 
culière  très  prononcée;  ils  s'inclinent  tortemeut  en  arrière  et  en 
dehors  dans  leur  moitié  basale  pour  remonter  ensuite  presque 
verticalement  à  partir  du  troisième  andonillcr  en  conservant  leur 
écart  ou  eu  se  rapprochant  plus  ou  moins.  Du  reste,  Hodgson 
signale,  pour  des  individus  de  même  âge  ou  à  peu  près,  de  grandes 
variations  soit  dans  la  longueur,  l'épaisseur  et  l'envergure  des 
perches,  soit  dans  l'écartement  des  deux  andouillers  de  base. 
Ceux-ci  d'ordinaire  sont  distants  de  4  à  5  centimètres,  mais  parfois 
de  lu  dans  des  cas  anormaux  et  principalement  dans  le  jeune  âge; 
témoins  l'un  des  types  du  C.  afj'inis,  et  une  jeune  ramure  pour 
laquelle  Hodgson  avait  créé  l'espèce  C.  nariyanits  qui,  suivant 
Blyth.  n'est  autre  que  le  C.  Wallichi.  Le  rhiuarium  est  étroit  et  plus 
réduit  que  chez  le  Cerf  d'Europe,  la  queue  est  très  courte,  par 
contre  les  oreilles  sont  longues,  étroites,  pointues  et  bien  garnies 
de  poils  à  leur  intérieur. 

Les  pattes  sont  fortes,  les  sabots  larges  et  il  n'y  a  aucune  trace 
apparente  de  brosses  métatarsiennes.  Le  pelage  bien  fourni  n'a 
sur  le  corps  que  5  à  6  centimètres  de  long;  sur  le  cou  les  poils 
prennent  plus  de  développement,  ils  mesurent  de  14  à  15  centi- 
mètres et  forment  une  maigre  crinière.  La  couleur  générale  est 
d'un  brun  terreux  plus  ou  moins  jaunâtre;  la  tête  et  le  cou  ont  la 
même  teinte  que  le  dos,  mais  les  flancs  sont  plus  pâles  et  le  ventre 
est  sombre.  Les  membres  sont  plus  clairs  que  le  dos,  mais  plus 
foncés  que  les  flancs;  la  face  postérieure  des  cuisses  est  blanche  et 
cette  teinte  remonte  sur  le  croupion  pour  former  un  disque  circum 
caudal  d'assez  faibles  dimensions,  mais  bien  visible  par  contraste 
avec  les  teintes  sombres  du  dos.  La  queue  est  également  blanche 
ainsi  que  les  poils  qui  garnissent  l'intérieur  de  l'oreille.  Le  lourdes 
yeux  et  les  lèvres  sont  blanchâtres.  Les  femelles  sont  plus  petites 
que  les  mâles,  leur  crinière  est  moins  développée  et  leurs  teintes 
sont  plus  pâles,  surtout  sur  la  face  inférieure  du  corps  qui  est  blan- 
châtre. Tels  sont  les  caractères  qu'Hodgson  attribue  aux  individus 
adultes  de  cette  espèce  en  pelage  d'hiver. 

Malheureusement  on  ne  connaît  de  ce  grand  Cerf  d'autres  figu- 
res complètes  que  celles  bien  insuffisantes  publiées  autrefois  par 
F.  Cuvier,  H.  Smith  et  Hodgson.  C'est  là  une  lacune  regrettable, 
étant  donnée  la  rareté,  pour  ne  pas  dire  l'absence  presque  totale, 
des  spécimens  dans  les  Musées  d'Europe,  et  qui  explique  pourquoi. 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  197 

depuis  la  polémique  autrefois  engagée  entre  Blyth  et  Hodgsou,  les 
auteurs  ne  sont  pas  tombés  d'accord  sur  la  synonymie  que  l'on 
doit  établir  entre  le  Cerf  figuré  par  Duvaucel  et  décrit  par  les  deux 
Guvier  sous  le  nom  de  C.  Wallichi,  et  le  Shou  tibétain  ou  C.  afpnis 
de  Hodgson. 

H.  Smith  considérait  le  type  du  C.  Wallichi  de  Cuvier  comme  un 
vieux  Cerf  dont  les  bois  déformés  étaient  en  voie  de  dégénéres- 
cence. Cette  opinion  fut  réfutée  par  Blyth,  qui  n'accorde  au  con- 
traire à  l'animal  représenté  par  Duvaucel  que  deux  ou  trois  ans 
d'âge,  et  le  considère  avec  raison  comme  un  jeune  du  C.  afjinis. 
Hodgson  lutta  constamment  contre  cette  assimilation  qu'il  consi- 
dérait comme  erronée,  et  l'àpretédela  discussion  l'entraîna  jusqu'à 
considérer,  contre  toute  évidence,  le  type  du  C.  Wallichi  comme  un 
animal  bien  adulte,  à  ramure  parfaite  et  définitive,  pour  lequel  11 
créa  successivement  les  sous-genres /forana  et  Pseudocermis  caracté- 
risés par  la  forme  des  bois,  ramifiés  à  la  base  comme  dans  le  genre 
Cfirvuset  au  sommet  comme  dans  le  genre  Rusa,  c'est-à-dire  àquatre 
pointes,   Plus   tard,  Hodgson  abandonna  ces   idées  excessives  et 
préconçues  mais  sans  vouloir  admettre  pourtant  la  synonymie  des 
deux  espèces.  «  L'identification  entre  le  C.  Wallichi  et  le  C.  affinis, 
écrivait-il,  est  plus  que  douteuse,  elle  n'est  ni  démontrée,  ni  démon- 
trable avec  les  seuls  matériaux  d'études  qui  existent.  L'espèce  C. 
Wallichi  établie  par  Cuvier  ne  repose  que  sur  un  dessin  ;  on  n'a 
pu,  et  on  ne  pourra  jamais  la  confirmer  qu'en  se  rapportant  à  cette 
seule  paire  de  cornes  qui  manifestement  ne  donne  pas  les  caractères 
de  l'espèce  puisqu'on  l'attribue,  tantôt  à  un  jeune  animal,  tantôt  à 
un  vieux  cerf  décrépit  ».  Ce  statu  quo  fut  adopté  et  maintenu  depuis 
par  la  plupart  des  Zoologistes  qui  se  retranchèrent  derrière   la 
soi-disant   impossibilité  énoncée  par  Hodgson.   Quelques  auteurs 
pourtant,  Jerdon  et   M.  Sclater  entre  autres,  sortirent   de  cette 
réserve  en  inclinant  à  unifier  les  deux  types.  On  peut  invoquer,  à 
l'appui  de  cette  manière  de  voir,  l'opinion  émise  par  Ogilby  et  par 
Blyth;  à  savoir,  qu'il  n'y  a  aucune  raison  pour  admettre  l'existence, 
dans  les  mêmes  régions,  de  deux  espèces  de  Cerfs  du  type  élaphien, 
hypothèse  qui  ne  repose  sur  aucune  base  solide.  D'autre  part,  en 
comparant  attentivement  la  description  du  C.  Wallichi  de  F.  Cuvier 
à  celle  du  C.  ajjinis  de  Hodgson,  on  trouve  des  caractères  parfai- 
tement concordants  :  pelage  d'un  gris-brun  jaunâtre  chez  le  premier, 
d'un  brun  terreux  lavé  de  jaune  chez  le  second  ;  absence  de  brosses 
métatarsiennes,  queue  très  courte  et  blanche  chez  les  deux  types, 
entourée  d'un  disque  de  même  teinte  dont  les  dimensions,  assure 


198  K.   1)1.  l'orsMUJUEs 

Blylli,  oui  t'it'i  cx.i^^fii'ts  |i;ir  niiVMiict'I.  On  coiislale  une  orietifation 
similaire  pour  les  audouillns  (le  liasc  Kiiliii,  chez  le  C.  UdUn-hi,  dit 
F.  Cuvier,  les  bois  s'écartent  à  droite  et  à  2;auche  de  manière  à 
dépasser  heaucoiip  les  rAtés  de  la  tête,  se  renversent  en  arrière 
jiprès  h's  premiers  andonillers,  et  i-emontenl  cnsuile  presque  verti- 
calement, (^elte  disposition  de  la  ramure  dans  le  jeune  à^e,  ne 
fait-elle  pas  pressentir  la  forme  qu'elle  prendra  chez  l'adulte  où, 
comme  l'a  déiîrit  et  figuré  à  maintes  re[trises  Hodf^son  pour  le 
C.  aIJinis,  les  bois  s'étalent  largement  dans  leur  course  ascendante, 
mais  s'inclinent  fortement  en  arrière  avant  de  remonter. 

Le  C.  WaUichl  est,  à  n'en  pas  douter,  une  espèce  essentiellement 
tibétaine,  et  le  terme  spécifique  tihctnnua  proposé  ultérieurement 
par  Hodgson,  lui  serait  parfaitenient  applicable  ;  mais  il  est  encore 
impossible,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  de  tracer  avec  précision 
les  limites  de  son  aire  d'habitat.  L'individu  vu  et  dessiné  par 
Duvaucel  provenait  du  Isépaul,  et  plus  spécialement,  d'après 
Hardwicke,  des  environs  de  .Muktinah,  près  du  mont  Dhavalaghiri. 
L'on  peut  admettre  qu'au  nord  immédiat  de  l'Himalaya,  cette 
espèce  ne  s'étend  pas  beaucoup  plus  loin  vers  l'ouest.  Hodgson 
doute  de  son  existence  dans  le  Ngari,  et  d'après  M.  W,-T.  Blanford, 
cette  province  de  l'ouest  du  Tibet  ne  nourrirait  aucun  Cervidé. 
((  Les  vallées  supérieures  du  Tsan-Po  et  du  Sutledj  qui  forment 
cette  région  ne  sont  qu'un  désert  aride,  sans  arbres,  presque  sans 
buissons  ni  halliers,  dont  la  nature  diffère  essentiellement  de  celle 
des  contrées  que  fréquentent  ordinairement  les  Cerfs  (1).  »  Hodgson 
afTirme  en  outre  que  le  Shou  ne  se  rencontre  dans  aucun  district 
sud  himalayien,  pas  même  dans  la  vallée  de  Chumbi,  comme  il 
l'avait  tout  d'abord  avancé.  Le  Shou,  dit-il,  est  largement  répandu 
dans  le  Tibet,  principalement  dans  les  provinces  de  Dsang  et  de 
Kbam,  et  doit  être  considéré  comme  un  animal  tibétain  et  non 
himalayien.  Cette  assertion  a  été  confirmée  récenimentpar  M.VV.-T. 
Blanford  (2).  Mais  Hodgson  va  plus  loin  dans  ses  déductions  et 
recule  les  limites  de  l'aire  d'habitat  de  celte  espèce  vers  le  nord- 
est  jusqu'à  l'Altaï  et  la  Mandchourie  pour  la  relier  à  celle  du  Wapiti 
canadien  ou  Cerf  du  nord-ouest  américain.  Sans  suivre  aussi  loin 
cet  auteur,  on  peut  admettre  l'existence  du  C.  WalUchi  dans  la 
région  montagneuse  qui  sépare  la  Chine  des  plateaux  du  Tibet,  et 
probablement  le  long  des  contreforts  qui  s'en  détachent  vers  l'ouest. 

(I)  Hi.ANFORi),  Pror.  zool   Soc.  Lonrion,  p.  44S,  1893. 
(t)  Blanford,  Proc.  lo-A.  Soc.  I.ondon,  p.  449,  1893. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    L'aSIE    CENTRALE  199 

Daus  ses  notes  sur  le  Tibet  oriental,  le  D""  Campbell  (1)  signale 
l'existence  d'un  grand  Cerf  nommé  Simoo,  qui  ne  peut  être  que  le 
C.  Wallkhi.  C'est  probablement  à  la  même  espèce  qu'il  faut  rap- 
porter, comme  l'avait  soupçonné  M.  l'abbé  A.  David  (2),  l'un  des 
deux  grands  Cervidés  dont  ce  savant  missionnaire  a  pu  voir  de 
nombreuses  ramures  entre  les  mains  de  voyageurs  traficants  dans 
la  principauté  de  Moupin  et  la  partie  sud-est  du  bassin  du  Koukou- 
Nor,  Enfin,  dans  les  relations  qu'il  a  publiées  de  ses  différents 
voyages,  le  célèbre  explorateur  Przewalsky  (3)  parle  d'un  Cerf, 
qu'il  laisse  indéterminé,  aperçu  à  maintes  reprises  dans  les  monts 
Tang-La  et  Schouga,  près  des  sources  du  fleuve  Jaune,  aux  environs 
de  l'oasis  de  Guidi,  dans  les  montagnes  du  Koukou-Nor,  dans  la 
partie  est  des  monts  NanChan,  et  le  sud-ouest  du  Kan-Sou.  Faut-il 
également  assimiler  au  C.  WaUichi,  ou  rapporter  à  l'espèce  C.  bed- 
fordianus  les  nombreux  Cerfs  qui  vivent  sur  le  versant  ouest  de  la 
chaîne  de  l'Ala-Chau  et  dont  Przewalsky  (4)  a  pu  se  procurer  la 
dépouille  d'un  vieux  maie.  Ce  sont  là  autant  de  questions  que  je 
ne  puis  trancher  d'une  manière  certaine,  faute  de  matériaux 
d'études,  mais  dont  nous  aurons  prochainement  la  solution  dans 
le  magnifique  travail  [Mammalia  Przewahkyana)  que  publie  actuel- 
lement M.  E.  Bûchner. 

47.  —  Cervus  cashmeerianus  Falconer. 

1839.  Cervus  cashmeerianus  Hugh  Falconer,  Manuscrit. 

1840.  —      Walliclii  Blyth,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  79. 

1841.  —  —      Blyth,  Journal  asiatic  Soc.  of  Bengal,  X, 

pt.  2,  p.  747,  pi.,  fig.  8  et  9. 
1858.       —     cashmeriensis  Leith  Adams,  Proc.  Zool.  Soc.  London, 
p.  529. 

1867.  —      WaUichi  [partim)  Jerdon,  Mamm.  Ind.,  p.  250. 

1868.  —     cashmeerianus  H.  Falconer,  Palœont.  mem.,  I,  p.  576, 

fig.  J5et  16. 
1869-72.  —  —  P.-L.  ScLATER,  Trans.  zool.  Soc.   Lon- 

don, VII,  p.  339,  pi.  XXX. 

(1)  D'  A.  Campbell,  Journal  Asialio  Soc.  of  Bengal,  1855. 

(2)  Rév.   P.    A.  David,   Nouvelles   Archives  du   Muséum   de   Paris,   VII,    Bull., 
p.  75-100,  1871. 

(3)  Przewalsky,  Reis.  Tib.  und  nber.  Lauf.  Gelb.  FI.  Traduct.  aliéna.  Slein- 
Nordheim,  1884,  p.  111,  118,  175,  218,  236. 

(4)  Przewalsky,  Mongol.  Tangut  countr .  and  so lit.  Norlh.  Tibet,  I,  p.  261, 1876 


200  i:.   r)K  porsAnr.UKS 

1S77.    <'ri  rus  rdshmrrirnsi!;  f.YDKKKER,  .Idiii'iiiil  :isi;itic  Sor.  of  Ben- 

gal,  XLVI.  |)12,  |).  :iS(;. 
1884,       —      ciixhmiriditiis  Sterndale,  Maviiii.  oj  inihd,  p.  ï)\2,. 
1,S87.       —  —  .1.   SciiLLY.   Anii.   Mn:,'.   Nal.    Ilist.,   (5). 

XX.  p.  388. 

En  r»^iililé,  le  Cerf  du  Kaclmiir  {Ihnti/ool  {)\i  Ihirn  ainghi]  M'a|tpai- 
tient  pas  à  la  faune  de  l'Asie  ceiilrale,  el  sou  hal)itat  est  exclusive- 
meut  sud-hinialayien  ;  si  j'ai  cru  devoir  lui  accorder  une  place 
dans  ce  travail,  c'est  alin  d'insister  sur  sa  distinction  d'avec  l'espèce 
précédente  C.  Walliclii,  à  laquelle  plusieurs  auteurs  l'avaient  autre- 
fois assimilé.  La  publication  tardive  des  nianuscrils  de  Falconer 
jointe  à  la  rareté  des  spécimens  dans  les  collections  (ut  la  cause  de 
cette  confusion  qui  ne  prit  fin  ((u'à  l'époque  où  M.  Ph.  L.  Sclater 
fit  paraître  son  niéinoire  sur  les  Cerfs  d'Asie.  Dans  ce  beau  travail, 
l'historique  du  C.  cashmeerianns  a  été  complètement  débrouillé,  et 
il  me  suffira  de  consigner  ici  quelques  détails  sur  le  pelage,  la 
ramure  et  la  distribution  géographique  de  cette  espèce. 

Comme  le  Shou  tibétain,  le  Cerf  du  Kachmir  est  un  type  fran- 
chement élaphien,  mais  il  est  moins  grand  et  sa  robe  est  plus 
sombre.  D'après  la  planche  coloriée  de  M.  P.  L.  Sclater  qui  corres- 
pond parfaitement  aux  descriptions  de  Falconer  et  de  Leith  Adams, 
le  dessus  du  corps  est  d'un  brun  foncé,  la  face  interne  des  membres 
d'un  roux  jaunâtre,  le  ventre  blanc  ou  blanc  sale.  Le  disque  uropy- 
gal  est  petit  et  pour  ainsi  dire  nul  ;  en  effet,  la  teinte  blanche  de 
la  face  postérieure  des  cuisses  ne  remonte  pas  plus  haut  que  la 
racine  de  la  queue.  Celle-ci,  assez  longue,  ne  présente  qu'un  étroit 
liseré  blanc,  et  la  teinte  sombre  de  la  croupe  se  continue  largement 
sans  interruption  sur  sa  face  supérieure.  Suivant  Leith  Adams,  les 
teintes  de  la  livrée  varieraient  peu  suivant  les  sexes  et  les  saisons  ; 
cependant  d'après  Blyth,  les  dessins  de  Vigne  montrent  une  robe 
d'été  d'un  roux  brillant. 

Sur  ces  mêmes  dessins,  l'on  constate  la  présence  de  brosses  méta- 
tarsiennes longues  et  épaisses.  La  rainure  est  bien  développée,  mais 
diffère  par  certains  caractères  de  celle  du  Shou  du  Thibet.  Les  bois 
se  renversent  beaucoup  moins  en  arrière,  et  les  deux  andouillers 
de  base  sont  plus  relevés.  Suivant  Falconer,  et  d'après  la  figure 
publiée  par  Blyth,  la  couronne  ne  formerait  qu'une  simple  fourche, 
particularité  sur  laquelle  se  basaient  autrefois  les  auteurs  pour 
assimiler  le  Shou  tibétain  au  Cerf  du  Kachmir;  mais  des  observa- 
tions plus  récentes  ont  montré  que  chez  ce  dernier  les  andouillers 
terminaux  se  multipliaient  avec  les  progrès  de  l'âge.  «  Le  capitaine 


ÉTUDE   SUR    LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  201 

Cimningham,  écrivait  Hodgson,  me  dit  que  le  Cerf  du  Kachmir  a 
parfois  une  double  fourche  à  ses  bois,  ce  qui  eu  fait  un  animal  à 
12  cors  ou  Bara-singha  »  (1).  Leilh  Adams,  à  qui  l'on  doit  de  pré- 
cieux renseignements  sur  ce  Cerf,  indique  les  bois  comme  grands, 
très  massifs,  pourvus  de  10  à  15  pointes  et  plus  suivant  l'âge;  sur 
la  plus  grande  ramure  qu'ait  observée  ce  voyageur,  chaque  bois 
mesurait  [^12,  en  suivant  la  courbe,  l'un  avait  7  pointes,  l'autre  6. 
Sur  le  dessin  publié  dans  le  texte  du  travail  de  M.  Ph.  L.  Sclater 
(fig.  5),  l'un  des  bois  porte  6  cors,  l'autre  o.  D'après  Jerdon  enfin, 
on  aurait  vu  des  spécimens  ayant  15,  16  et  même  18  audouillers,  et 
cette  assertion  est  confirmée  par  Sterndale. 

Tous  ces  détails  montrent  que  le  Cerf  du  Kachmir  est  bien 
distinct  du  Cerf  du  Tibet,  et  que,  par  la  forme  de  ses  bois  et  le 
nombre  de  ses  audouillers,  il  montre  au  contraire  des  affinités  plus 
prochaines  avec  le  Cerf  du  Thian-Chan,  C,  eustephanus  (Blanf.)  et 
surtout  avec  le  Cerf  de  Perse  C.  maral  (Og.  nec  Sev.).  Du  reste,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  déjà,  la  zone  d'habitat  du  C.  cashmeerianus  est 
exclusivement  sud-himalayienne,  elle  est  donc  nettement  séparée 
de  celle  du  C.  Wallichi,  et  tend  au  contraire  vers  celle  du  C.  maral. 
«  Le  capitaine  Cunningham,  dit  Hodgson,  m'assure  que  le  Cerf 
du  Kachmir  est  le  même  animal  que  le  Shou  du  Tibet,  mais  Gray 
et  Falconer  jugent  autrement;  et  comme  il  est  avéré  maintenant 
que  le  Shou  ne  se  rencontre  dans  aucun  district  cis-himalayieu, 
pas  même  dans  le  Chumbi  dont  le  climat  est  moitié  hymalayien, 
moitié  tibétain,  je  tiens  également  cette  ideutilication  pour  très 
contestable  ».  Suivant  Leith  Adaras,  les  forêts  qui  couvrent  les  chaî- 
nes de  montagnes  de  l'ouest  du  Kachmir  et  le  versant  nord  du  Pir- 
Paudjal  seraient  le  principal  foyer  d'habitat  du  C.  cashmeerianus. 
Cette  opinion  est  partagée  par  M.  Blanford  qui  assure  qu'au  nord 
de  la  chaîne  qui  sépare  le  Kachmir  du  Ladak,  on  ne  trouve  de 
cette  espèce  que  des  individus  errants,  égarés  et  perdus  (2),  et  que 
son  aire  d'habitat  ne  s'étend  pas,  vers  le  nord-est,  au-delà  de  cette 
chaîne.  Les  reuseigoements  font  presque  entièrement  défaut  en  ce 
qui  concerne  les  limites  de  l'extension  de  ce  Cerf  vers  l'ouest,  et 
nous  ne  pouvons  citer  à  cet  égard  que  le  témoignage  de  Scully  qui 
rapporte  à  l'espèce  C.  cashmirianus,  un  bois  incomplet  et  brisé, 
trouvé  par  le  capitaine  Yate  près  de  Balkh  sur  la  rive  gauche  de 
rOxus,  dans  le  nord  de  l'Afghanistan.  Si  cette  hypothèse  parfaite- 
ment admissible,  mais  n'ayant  encore  pour  b.ise  qu'un  fait  isolé  et 

(1)  Hodgson.  Journ.  asiatic.  Soc    Bengal,  .XX,  p.  393,  1851. 

(2)  Blanford.  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  633,  1876. 


202  F..    DK    l'fKJSARGnES 

peu  probuul,  veuail  à  cire  conlirmee,  il  faudrait  eu  conclure  (jue  le 
Cercus  citslnneerianus  gafçne  vers  le  nord-ouest  le  massif  de  l'HintJou- 
Kouch  cl  de  là  les  inouïs  Paiopauiisiides  d'où  il  descendrait,  sur 
le  versant  noid.  dans  le  bassin  supciieur  de  l'tJxus  ou  Auiou-lJaria 
et  probablement  aussi,  sur  le  versant  sud,  le  long  de  la  cliaîne  de 
Soulaïuian  Dagli,  et  dans  les  baules  valléesoù  pi-ennenl  leurssources 
les  nombreuses  rivières  (jui  arrosent  les  contrées  afghanes,  et  vont 
se  perdre  dans  les  déserts  du  nord  du  Béloulchislan  et  les  maré- 
cages de  Hamoun. 

18.  —  Cervus  varkandensis  Blanford. 

1874.  Cerriis  ap.  Sir  Douglas  Forsyth,  Proc.  zool.  Soc.  London, 

p.  324. 

1875.  —      —  W.  T.  Blanford,  Journ.  As.  Soc.   Beng.,  XLIV, 

pt2.  p.  112. 
1879.       —      —  1d.,  Se.  lies.  .sec.  Yark.  Miss.  (Mamm.),  p.  92. 
1879.       —      maral  Przewalsky,  Fr.  Kulja  ta  Lob-Nor,  p.  166. 
1892.       —      yarkandensis  W.  T.  Blanford,  Proc.  zool.  Soc.  Lon- 
don, p.  116,  fig.  des  bois. 

Le  Muséum  de  Paris  possède  de  cette  espèce  deux  spécimens 
pris  entre  Kourla  et  le  Lob-Nor  par  M.  Bonvalot  et  le  prince  Henri 
d'Orléans.  L'un  d'eux  est  une  femelle  bien  adulte,  l'autre  un  jeune 
mâle  dont  les  bois,  encore  au  stade  Rusa,  ne  présentent  que  trois 
pointes  chacun,  un  andouiller  de  base  et  une  fourche  terminale. 
La  robe  de  ces  deux  individus  est  remarquablement  claire  et  repré- 
sente ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  une  livrée  désertique. 

Chez  la  femelle,  la  tête,  le  cou,  le  dessus  du  corps,  les  flancs  et 
le  haut  de  la  face  externe  des  membres  sont  d'une  teinte  jaune  pâle, 
faiblement  tiquetée  de  brun-jaunàtre  clair,  un  peu  plus  sombre  le 
long  de  la  ligne  médiane  dorsale;  le  dessous  du  corps,  la  face 
interne  et  tout  le  bas  «les  membres  sont  d'un  blanc  légèrement 
lavé  de  jaune.  La  queue  est  très  courte  et  d'un  blanc  jaunâtre.  Le 
disque  circumcaudal  de  même  teinte  est  bien  développé;  sur  le 
dessus  de  la  croupe  il  ne  présente  pas  de  bordure  sombre  bien  évi- 
dente, et  se  perd  insensiblement  dans  la  teinte  jaune  tiquetée  du 
dos,  mais  le  long  de  la  face  postérieure  des  cuisses,  il  est  encadré 
d'une  bordure  assez  large,  d'un  brun  foncé.  Les  oreilles  sont  lon- 
gues; il  n'y  a  aucune  trace  de  brosses  métatarsiennes.  Le  rhina- 
rium  est  réduit;  entre  les  narines  et  la  lèvre  supérieure  il  se  rétré- 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DR    l'aSIE    CENTRALE  203 

cit  notablenieut  el  forme  un  isthme  étroit  qui  s'étale  à  peine  le 
long  du  bord  antérieur  de  l'ouverture  buccale.  La  livrée  du  jeune 
mâle  se  distingue  de  celle  de  la  femelle  par  l'allongement  marqué 
des  poils  du  cou  qui  forment  une  crinière  dont  la  teinte  brunâtre, 
tiquetée  de  jaune  est  plus  foncée  que  sur  le  reste  du  corps.  Sur  le 
front  on  remai-que  une  large  tache  sombre,  brunâtre.  Le  disque 
uropygal  n'est  pas  mieux  délimité  sur  le  dessus  de  la  croupe,  mais 
sa  bordure  post-fémorale  est  large  et  d'un  brun  presque  noir.  La 
face  externe  des  membres  est  également  moins  pâle  et  toute  la 
région  ventrale  médiane  se  sépare  nettement,  par  sa  couleur  d'un 
brun-jaunâtre  sombre,  de  la  teinte  claire  du  bas  des  flancs. 

Les  bois,  longs  de  61  centimètres  eu  suivant  la  courbe,  sont  pâles, 
peu  grenus  et  presque  lisses  ;  leur  courbure,  la  longueur  et  la 
direction  des  andouillers  rappellent  beaucoup  les  bois  du  C. 
nariyanus,  mais  leur  épaisseur  est  moindre,  et  comme  nous  l'avons 
déjà  fait  remarquer,  le  deuxième  andouiller  de  base  [bez-Une]  est 
absent,  particularité  que  l'on  constate  souvent,  comme  on  le  sait, 
pour  la  ramure  des  jeunes  Cerfs  d'Europe.  La  taille  de  ces  deux 
individus  est  grande.  La  femelle  adulte  mesure  1™20  de  hauteur  au 
garrot  et  le  jeune  mâle  1^15;  mais,  d'après  Sir  Douglas  Forsyth, 
cette  mesure  atteindrait  1™3.")  chez  les  mâles  adultes. 

C'est  sans  aucune  hésitation  que  je  rapporte  ces  deux  exemplaires 
à  la  variété  décrite  par  M.  W.  Blanford  sous  le  nom  de  Cermis 
ynrkamhiuis,  mais  cette  variété  n'est-elle  pas  plus  proche  alliée  du 
Shou  tibétain  C.  Wallichi  que  du  Bara-singha  du  Kachmir  C. 
cashmeerianus  ?  La  taille  est  grande  et  la  livrée,  bien  que  plus 
claire,  rappelle  dans  les  détails  de  sa  coloration  celle  décrite  par 
Hogdson  pour  le  C.  nffinis.  Comme  l'avait  tout  d'abord  fait  remar- 
quer M.  Blanford,  les  bois  ressemblent  beaucoup  à  ceux  du  Shou 
du  Tibet,  et  pour  se  convaincre  et  être  frappé  de  cette  similitude, 
il  suffit  de  comparer  la  figure  publiée  par  M.  Blanford  aux  nom- 
breuses planches  des  mémoires  d'Hodgson,  particulièrement  celle 
de  la  page  518  du  volume  19  du  Journal  asiatique  du  Bengale.  Chez 
le  C.  cashmeerianus,  la  couronne  est  multifide  ;  chez  le  C.  Wallichi, 
il  n'y  a  jamais,  même  chez  les  vieux  individus,  qu'une  simple 
fourche  pour  couronne.  Or,  sur  toutes  les  têtes  de  C.  yarkandensis, 
assez  nombreuses  et  parfaitement  semblables  entre  elles,  que 
signale  M.  W.  Blanford,  il  n'y  a  également  que  5  pointes  pour  cha- 
que bois  :  2  andouillers  de  base  {brow  et  hez-tine),  un  andouiller 
médian  (royal)  et  une  bifurcation  apicale;  enfin  l'orientation  verticale 
et  presque  parallèle  des  deux  branches  de  cette  fourche  semble  bien 


iUÏ  i:.    1»K    l'OlJSAMGUKS 

indiquer  une  foniu!  (léfniitive  et  parfnilc  pour  la  couronne.  L'enver- 
gure et  l'expansion  latérale  t\v,s  hoissctnt  moindres  chez  lef.  ijarkaii- 
(lensis,  mais  Hodgson  nous  apprend  que  ce  caractère  est  variable 
chez  l(ï  ('.  Wallichi,  (|ue  les  bois  sont  plus  ou  moins  écartés  suivant 
les  individus,  et  (jue  leurs  extrémités  sont  tantôt  assez  rappi-ochées, 
tantôt  au  contraire  très  distantes.  11  faut  admettre  pourtant  que 
chez  le  Cerf  d'Varkand,  les  perches  se  renversent  moins  en  arrière 
dans  leur  portion  basale  et  c'est  là,  en  somme,  la  seule  particula- 
rité qui  permette  de  les  distinguer  des  bois  du  C.  Wallichi. 

Les  déductions  (jue  l'on  peut  tirer  du  mode  de  distribution  géogra- 
phique de  l'espèce  qui  nous  occupe  ne  sont  pas  moins  suggestives 
et  viennent  à  l'apjjui  de  notre  manière  de  voir. 

Le  Cerf  d'Yarkand  fut  signalé  pour  la  première  fois  par  quelques- 
uns  desofliciers  delà  mission  envoyée  en  1873  par  le  gouvernement 
de  l'Inde,  sous  la  direction  de  Sir  Douglas  Forsyth,  dans  l'Yarkand. 
Ces  explorateurs  le  rencontrèrent  successivement  près  d'Yarkand, 
de  Kachgar  et  de  Maralbachi,  dans  les  hautes  herbes  et  les  forêts 
qui  bordent  le  cours  du  Tarim  au  milieu  de  la  plaine.  Quelques 
années  plus  tard  (187G)  Przewalsky,  et  récemment  (1890)  M.  Bon- 
valot  et  le  prince  Henri  d'Orléans  l'aperçurent  à  maintes  reprises  le 
long  du  cours  inférieur  du  Tarim,  entre  Kourla  et  le  Lob-Nor.  Dans 
les  environs  de  ce  lac  il  est,  parait-il,  très  abondant,  et  de  là  remonte 
sans  doute  la  vallée  du  Tcherchen  Daria  jusqu'à  l'Altyn-Tagh, 
contournant  ainsi  complètement  les  solitudes  arides  et  sablonneuses 
du  désert  de  Takia-Makan,  qu'il  traverse  peut-être  vers  louest  eu 
descendant  le  cours  du  Khotan-Daria.  Le  Cerf  d'Yarkand  est  donc 
l'espèce  propre  au  Turkestan  oriental  et  son  habitat  reconnu  com- 
prend tout  le  bassin  fermé  du  Tarim.  Au  nord,  les  pentes  raides, 
nues  et  désolées  de  la  chaîne  du  Kourouk-Tagh  et  du  Thian-Chan  le 
séparent  de  son  congénère  des  monts  Célestes  Ceivus  emtephamis 
(Blanf.);  à  l'ouest  et  au  sud,  il  vient  se  buter  contre  les  hauteurs 
inaccessibles  du  plateau  de  Pamir  et  les  infranchissables  glaciers 
du  Karakoroum  qui  l'isolent  complètementdu  Cercuscashmeerianus. 
Dans  l'état  actuel  de  la  science,  on  ne  peut  encore  rien  avancer  de 
bien  certain  sur  l'extension  de  cette  espèce  vers  l'orient  ;  cependant 
différentes  cliaînes  parallèles,  relativement  peu  élevées  au-dessus 
du  niveau  des  plateaux  tibétains  (le  Togouz  Daban,  l'Altyn-Tagh, 
le  Kouen  Lun  et  le  Tang-La),  ne  sont-elles  pas  autant  de  voies  prati- 
cables, faciles  et  naturelles  qui  permettraient  au  Cerf  d'Yarkand  de 
gagner  les  chaînes  du  Nan-Chan  et  du  Koukou-Nor  et  d'atteindre  les 
massifs  montagneux  du  Tibet  oriental  qui,  ainsi  que  nous  l'avons 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  205 

VU,  sont  le  domaine  du  Shou  tibétain  C.  Wallichi?  Ou  bien,  inverse- 
ment, ne  peut-on  pas  supposer  une  migration  de  cette  dernière 
espèce  vers  l'ouest,  en  suivant  les  mêmes  voies,  comme  je  le  donnais 
à  entendre  dans  un  précédent  paragraphe  ? 

En  résumé,  étant  donné  le  régime  orographique  de  toute  cette 
partie  de  l'Asie  centrale,  je  ne  trouve  aucun  chaînon,  aucune  passe 
qui  permettent  de  rattacher  le  C.  yarkandensis  au  C.  cashmeerianus, 
tandis  qu'au  contraire  de  nombreux  traits  d'union  le  relient  d'une 
manière  logique  et  naturelle  au  C.  Wallichi.  Les  explorations  et  les 
découvertes  futures  nous  apprendront  qu'il  ne  faut  probablement 
regarder  le  Cerf  du  Tarim  que  comme  une  forme  et  une  variété 
désertique  du  Shou  tibétain. 

19.  —  Cervus  xanthopygus  a.  Miine-Edwards. 

On  peut  considérer  comme  appartenant  à  un  même  type  spéci- 
fique les  nombreux  Cerfs  qui  vivent  tout  le  long  de  la  limite 
méridionale  de  la  Sibérie,  sur  les  deux  versants  des  chaînes  de 
montagnes  qui  séparent  cette  immense  plaine  des  hauts  plateaux 
de  la  Mongolie  et  du  désert  de  Gobi,  depuis  le  massif  du  Thian- 
Chan  à  l'ouest  jusqu'à  la  Mandchourie  et  au  cours  inférieur  de 
l'Amour  à  l'est.  Ces  Cerfs  diffèrent  du  C.  elaphiis  par  leur  robe  plus 
claire,  leur  queue  plus  courte,  leur  taille  plus  grande  et  la  forme 
de  leurs  bois.  Sur  la  tête  et  le  cou,  les  poils  sont  d'un  brun-grisâtre 
assez  sombre  ;  sur  les  épaules,  le  dos,  les  flancs  et  les  cuisses,  ils 
sont  au  contraire  d'un  gris  brunâtre,  plus  ou  moins  lavé  de  jaune 
suivant  les  saisons,  et  beaucoup  plus  clairs  que  sur  le  cou.  La  poi- 
trine, le  ventre  et  les  membres  sont  d'un  brun  franc.  Autour  de  la 
queue,  sur  le  croupion  et  la  face  postérieure  des  cuisses  se  voit  un 
large  disque  dont  la  teinte  peut  varier  du  blanc  jaunâtre  au  jaune 
roussâtre  ;  ce  disque  est  encadré  d'une  bande  d'un  brun-noirâtre 
plus  accusé  latéralement,  et  qui  diminue  graduellement  d'intensité 
d'arrière  en  avant  pour  se  perdre  dans  les  teintes  du  dos  et  des 
cuisses.  La  queue  très  courte  est  de  même  couleur  ou  un  peu  plus 
pâle  que  le  disque.  Les  femelles  n'ont  de  crinière  en  aucune  saison, 
mais  chez  les  mâles  en  hiver,  les  poils  du  cou  s'allongent  notable- 
ment et  forment  une  crinière  qui  disparaît  presque  complètement 
en  été.  La  hauteur  au  garrot  oscille  entre  li^40  et  l^SO  et  la  ramure, 
pour  des  individus  de  même  âge,  varie  également  beaucoup  comme 
force  et  comme  dimensions.  De  même  qu'Hodgson  l'a  constaté 
pour  le  Shou  du  Tibet,  le  maximum  et  le  minimum  de  longueur 


206  K.    I>K    l'UUSARGUES 

des  bois  peuvent  être  entre  eux  connue  :i/l.  Nous  verrons  plus  loin, 
du  reste,  ce  que  l'on  doil  penser  de  ces  dilTérences;  il  nous  suffit 
pour  l'instant  de  faire  reniarcpier  que,  quelles  que  soient  leurs 
dimensions,  les  bois  parfaits  sout  invariablement  conformés  d'après 
le  mode  suivant.  Chacuu  d'eux  porte  deux  andouillers  de  base 
assez  rapprocbés  {hrow  et  hez-lint's.),  un  andouiller  médian  {royal) 
et  une  couronne  de  3  ou  4  pointes:  soit  pour  la  ramure  entière 
12  cors  ou  14  au  maximum.  Les  andouillers  de  la  couronne, 
ordinairement  de  grandeur  décroissante,  sont  disposés  parallèle- 
nient,  à  la  file  et  à  une  assez  grande  distance  les  uns  des  autres, 
dans  un  même  plan  dont  l'orientation  didère  de  celui  des  andouil- 
lers inférieurs;  de  plus,  à  la  naissance  de  chacune  de  ces  pointes 
supérieures,  on  constate  un  aplatissement  et  une  compression 
sensibles  de  l'axe  principal,  et  une  légère  tendance  à  la  palmature. 
C'est  donc  surtout  par  la  forme  de  la  couronne  que  la  ramure  du 
C.  xanthopygus  diffère  de  celle  du  C.  elaphus,  et  par  suite  ce  Cerf 
asiatique  doit  être  raugé  parmi  les  espèces  du  groupe  élaphien 
chez  lesquelles  les  andouillers  de  la  couronne  ne  forment  pas 
coupe  (Section  B.  système  Lydekker)  (1). 

Ces  Cerfs  de  Sibérie  furent  signalés  tout  d'abord  par  les  géogra- 
phes au  commencement  du  siècle  dernier,  puis  étudiés  quelque 
temps  après  par  les  zoologistes  ;  mais  ce  n'est  qu'à  une  date  relative- 
ment récente  que  l'on  a  reconnu  leurs  véritables  atTinités  et  que  les 
auteurs,  en  particulier  M.  A.  Milne-Edwards,  Severtzov  et  M.  Blan- 
ford  ont  mis  en  pleine  lumière  les  particularités  qui  les  distinguent 
du  Cerf  d'Europe  C.  elaphus,  et  les  rapprochent  au  contraire  du 
Wapiti  de  l'Amérique  du  Nord,  C.  canadensis.  Pallas  (1811),  le  pre- 
mier zoologiste  qui  ait  eu  l'occasion  de  les  observer,  les  indique 
comme  étant  de  plus  grande  taille,  mais  de  même  espèce  que  le 
C.  elaphus,  et  les  assimile  aux  Cerfs  du  Caucase,  de  l'Arménie  et 
même  de  l'Inde.  Les  idées  émises  à  ce  sujet  par  H.  Smith  (1828j  et 
Wagner  (1844),  ne  sont  qu'une  répétition  de  celles  de  Pallas.  Pour 
Hodgson  et  Blyth  (1841  à  1851),  les  Cerfs  du  nord  de  l'Asie  étaient 
cospécifiques,  soit  du  C.  Wallichi  du  Tibet,  soit  du  C.  cushineerianus 
du  bassin  moyeu  de  l'Iodus.  Nous  trouvons  plus  de  détails  dans 
les  travaux  de  deux  zoologistes,  Schrenck  (18a8j  et  Radde  (1862) 
qui,  vers  le  milieu  de  ce  siècle,  explorèient  successivement  et  à 
peu  d'intervalle  les  régions  du  sud  et  de  l'est  de  la  Sibérie.  Ces 
auteurs,  néanmoins,  considèrent  encore  le  Cerf  de  ces  contrées 
comme  un  C.  elaphus,  mais  en  faisant  remarquer  toutefois  qu'il  n'en 

(I)  Proci^eil.  zool.  6w.  of  Luiidon,  p.  'J33,  IS'JII. 


ÉTUDE   SUR   LES   RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  207 

diffère  pas  seulement  par  sa  taille,  mais  aussi  par  l'élongation  de 
sa  tête,  la  brièveté  de  sa  queue,  les  teintes  de  sa  livrée,  et  la  forme 
particulière  de  la  couronne  de  ses  bois.  L'importance  réellement 
spécifique  de  ces  caractères  ne  fut  appréciée  à  sa  juste  valeur  qu'en 
1867  par  M.  A.  Milue-Edwards  qui,  ayant  eu  l'occasion  d'examiner 
un  jeune  Cerf  de  Mandchourie  envoyé  au  Muséum  par  M.  Fonta- 
nier,  reconnut  le  type  signalé  par  Schrenck  et  Radde  dans  le  bassin 
de  l'Amour,  et  proposa  de  le  distinguer  du  C.  elaphus  sous  le  nom 
de  C.  xanthopygus.  Enfin,  peu  de  temps  après  (1873),  Severtzov 
sépara  définitivement  le  Cerf  de  Sibérie  de  celui  d'Europe,  en 
démontrant  que  les  caractères  qui  distinguent  la  première  de  ces 
deux  espèces,  qu'il  nomme  C.  maral,  décèlent  des  afTinités  étroites 
et  une  unité  d'origine  avec  le  Wapiti  du  Canada. 

«  Je  pense,  écrit  cet  auteur,  que  le  C.  maral  et  le  C.  canadensis 
ne  formaient  autrefois  qu'une  seule  et  même  espèce  habitant  le 
Nord  de  l'Asie  et  de  l'Amérique,  à  l'époque  où  ces  deux  continents 
étaient  réunis  par  les  régions  aléoutiennes  qui  formaient  alors  une 
longue  et  étroite  langue  de  terre  ininterrompue;  les  particu- 
larités qui  distinguent  actuellement  ces  deux  types  ne  se  sont 
montrées  qu'après  la  séparation  des  deux  continents.  Les  caractères 
qui  différencient  le  C.  maral  d'avec  le  C.  elaphus  sont  d'origine 
plus  ancienne.  Leur  apparition  date  de  l'époque  où  l'Europe  et 
l'Asie  étaient  séparées  par  la  mer  qui,  pendant  la  période  pliocène, 
occupait  les  déserts  actuels  de  la  Perse,  de  la  Turcomanie  et  des 
steppes  kirghizes  et  unissait  entre  eux  l'Océan  arctique  et  l'Océan 
indien.  Il  fut  un  temps  où  l'habitat  du  Cerf  d'Europe  s'étendait 
jusqu'aux  monts  Ourals,  et  à  cette  même  époque,  le  Cerf  maral 
s'avançait  probablement  vers  l'ouest  jusque  dans  les  vallées  du 
Tobol,  du  ïargaï  et  du  Sari-sa.  Puis  vint  l'Élan  qui  se  répandit 
dans  les  immenses  forêts  situées  entre  la  Vistule  et  l'Altaï,  refoulant 
le  C.  elaphus  à  l'ouest  et  au  sud,  vers  la  Baltique  et  la  mer  Noire, 
et  le  C.  maral  du  côté  du  sud-est.  » 

Severtzov  conclut  en  réunissant  en  une  même  espèce  (C.  maral) 
le  Cerf  de  Sibérie  et  le  Cerf  du  Canada,  qu'il  ne  distingue  que 
comme  de  simples  sous-espèces,  l'une  américaine,  l'autre  asiatique. 
Sans  suivre  aussi  loin  le  zoologiste  russe  dans  ses  conclusions,  il 
est  préférable,  je  crois,  de  considérer  les  Cerfs  du  nord  de  l'Asie 
comme  formant  actuellement  une  espèce  distincte  qui,  suivant  la 
loi  de  priorité,  doit  porter  le  nom  de  Cercus  xanthopygus. 

Poursuivant  ses  déductions,  et  s'appuyant  sur  des  différences 
assez  sensibles  dans  la  taille,  la  coloration  du  pelage,  les  dimen- 


208  K.    I)K    l'OlSAMOUKS 

sioiis  (lo  la  ramure,  el  sur  lliahilal  liiuii  disliucl  des  iudividus  qui 
diffèrent  à  cet  égard,  Severtzov  divise  ensuite  son  Maral  asiali(|ue 
en  deux  variétés  :  Tune  pitis  grande,  var.  aonijnrica,  spéciale  aux 
jjautes  régions  niontagneusiîs  du  Miassi[  du  Tliian-dliau  el  des 
chaÎDes  qui  en  dépendent;  l'autre,  var.  sibirica,  plus  faible  mais 
plus  largement  répandue  sur  les  flancs  des  montagnes  (|ui  litnitent 
au  sud  la  grande  plaine  sibérienne.  Il  me  [)araîl  avantageu.x  de 
maintenir  cette  division  subspéciliiiut^  ijui  concorde  parfaitement 
avec  les  faits  et  avec  les  observations  des  explorateurs  tant  anciens 
que  récents. 

Déjà  Strahlenberg  (1)  avait  signalé  très  explicitement  deux 
formes  distinctes  parmi  les  Cerfs  du  sud  de  la  Sibérie,  l'une  qu'il 
nomme  Irbisch  ou  grand  Cerf,  l'autre  Isiibrisseu  ou  Cerf  commun. 
De  même  Atkinson  (2)  paraît  avoir  observé  dans  ces  mêmes  régions 
deux  races  de  Cerfs  qu'il  désigne  chacune  sous  des  noms  différents. 
«  Les  Cerfs  (Deer)  sont  nombreux,  dit- il,  dans  les  vallons  boisés  de 
l'Houchan  entourés  de  hautes  montagnes,  vers  l'extrémité  occiden- 
tale de  l'Altaï  :  plus  haut,  dans  les  montagnes,  vit  un  autre  Cerf  (Sfar/) 
de  grande  taille,  c'est  V Alain  ».  Ailleurs,  Atkinson  revient  sur  cette 
distinction,  et  signale  l'Alain  dans  les  montagnes  delà  Dzoungarie. 
Comme  on  le  voit,  Tlrbisch  de  Strahlenberg  et  l'Alain  d'Alkinson 
correspondent  bien  à  la  variété  i'OH^a?"ica  de  Severtzov,  etl'Isubrissen 
n'est  autre  que  la  variété  sibirica  de  ce  même  zoologiste,  celui 
que  Pallas  et  tout  récemment  M.  le  D'  Bolau  nomment  Isubra. 
Quanta  l'unité  spécifique  de  ces  deux  races,  il  n'y  a  pas  à  en  douter; 
Severtzov  n'a  pas  manqué  d'insister  sur  ce  point  essentiel,  en 
écrivant  :  «  Les  marques  du  pelage,  la  forme  des  bois,  la  disposi- 
tion des  andouillers,  en  un  mot  toutes  les  différences  qui  séparent 
le  C.  maral  du  C.  elaphus  existent  aussi  bien  chez  les  spécimens  de 
Sibérie  que  chez  ceux  du  Thian-Chan  ». 

11  ne  reste  donc  plus  qu'à  préciser  quelles  sont,  parmi  les  déno- 
minations assez  nombreuses  qui  ont  été  proposées,  celles  que  l'on 
doit  choisir  pour  désigner  ces  deux  sous  espèces,  et  à  établir  leurs 
synonymies  respectives.  Sur  ce  point,  je  soumettrai  à  l'approbation 
du  Congrès  la  nomenclature  suivante. 

(1)  Strahlenberg,  HLator.  geofjr.  descript.  of  Nord  and  easl.  jtart^  uf  Europa 
and  Asia,  p.  371,  1738. 

['!)  Atkinson  (fide  Blyth)  .Journ.  asialic  Soc.  I3engal,  XXX,  p.  191,  1801. 


ÉTUDE   SUR    LES    HUMINANTS    DE    LASIE    CENTRALE  209 

a.  —  Cervus  xanthopygus,  var.  typicus  X.  M.  Edwards. 

1738.   Isubrisscn  Strahlenberg,  Historié,  géograph.  descr.  North  and 

east.  parts  Europa  and.  Asia,  p.  371. 
1811.   Cervus  elaphus  (partim.)  Pallas  ([subra  ad  Baicalem.)  Zoogr. 

ross.-asiat.  p.  216. 
1859.  Cerims  elaphus  Schrenck,  Reis.  und  Forscli.  im  Amur-Lande. 

l,  l'^e  part.  Mammif.  p.  171. 
1862.       —  —     Radde,  ReiseSad  v.  Ost-Sibirien,  pt.  I,  Saiigeth., 

p.  284. 
1867.       —      xanthopygus  A.  Milne- Edwards,  Ann.  Se.  natur.,  (5), 

Vlll,  p.  376. 
1868-1874    Cernas  xanthopygus   A.  Milne-Edwards,  Rech.  sur  les 

Mammif.  p.  181,  pi'.  XXI. 
1873.  Cervus  )naral  (B.  asiatica  (a.  sibirica.)  )   Severtzov,    Turkes- 

tanskie  Jewtnie,  p.  103  à  109. 

1876.       —        —       (  —      (  —      ))  Severtzov,    Turkes- 

tanskie  Jevotnie,  traduct.  Ann.  Mag.  nat.  hist.  p.  377.  386. 

1880.   Cerims  Lûhdorfi  D^  Bolau,  Abhandl.  Geb.  Naturwiss.  Ham- 

burg,  p.  33,  pi.  IV. 

Comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  précédemment,  le  spécimen 
qui  a  servi  de  type  à  la  description  de  M.  A.  Milne-Edwards,  était 
loin  d'être  adulte  et  d'avoir  pris  tout  son  développement.  Sa  ramure 
est  faible  et,  comme  il  arrive  fréquemment  dans  le  jeune  âge, 
asymétrique.  L'un  des  bois,  celui  de  droite,  en  est  encore  au  stade 
Rusa,  et  n'a  que  trois  pointes,  un  andouiller  de  base  et  une  fourche 
apicale  à  branches  très  inégales,  la  portion  terminale  de  la  perche 
étant  beaucoup  plus  longue  que  l'andouiller  supérieur;  le  bois 
gauche  présente  au  contraire  la  forme  Pseudaris  et  diffère  de  celui 
de  droite  par  la  présence  d'un  andouiller  de  plus,  peu  développé, 
assez  écarté  de  l'andouiller  de  base,  mais  qui  n'est  autre  incontes- 
tablement qu'un  premier  rudiment  malvenu  du  2*  andouiller  de 
hase  {bez-tine).  Ces  caractères  de  la  ramure  indiquent  bien  clairement 
un  jeune  Cerf  du  type  élaphien  dans  sa  4^  année.  Il  est  également 
nécessaire  de  signaler,  dans  la  planche  qui  accompagne  le  travail 
de  M.  Milne-Edwards  une  inexactitude  assez  grave  qui  seule  a  fait 
naître  les  doutes  émis  par  certains  auteurs  sur  la  validité  de  l'espèce 
C.  xanthopygus.  Sur  cette  ligure,  la  longueur  de  la  queue  a  été 
exagérée;  en  réalité  cet  appendice  est  très  court  et  ne  mesure  que 
8  centimètres  jusqu'à  l'extrémité  des  poils  terminaux.  Cette  con-ec- 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  14 


210  *:.    DF.    l'OrsARGUES 

tiou  iiest  pas  sans  importance  et  répond  précisément  à  la  question 
jxjst'e  tout  réceuinïoiit  p;ir  M.  LydekkiM-  qui,  dans  sa  revision  des 
Cerfs  du  |j;roupe  olapliien,  sexpriuie  connue  il  suit  :  «  Je  présume 
que  la  planche  de  M.  Milne  Edwards  est  exacte  en  ce  qui  concerne 
les  dimensions  de  la  queue  :  sinon  l'espèce  C.  xanthnpifgns  serait 
plus  distincte  du  C.  elnphus  qu'on  ne  l'a  jusiju'ici  supposé  ))  (l).  Ces 
observations  sullisent  également  à  prouver  que  le  Cerf  décrit  il  y  a 
quelque  temps  par. M.  le  D^  Bolau  sous  le  nom  de  Cpitus  l.nhdorfi, 
n'est  autre  qu'un  C.  .ronthopyynsà  un  âge  plus  avancé  que  l'individu 
type  et  que,  chez  ce  dernier,  la  ramure  à  l'Age  bien  adulte  aurait 
été  conforme  à  celle  qui  a  été  décrite  autrefois  par  Schrenck  et 
ligurée  plus  récemment  par  M.  le  D^"  Bolau.  Par  suite,  dans  la  liste 
des  espèces  de  Cerfs  du  groupe  élaphien  de  M.  Lydekker,  le  C. 
.Taniliopygnn  doit  être  retiré  de  la  section  A  pour  être  reporté  dans 
la  section  B  à  la  place  du  C.  Luhdorfi  qui  passe  au  rang  de  synonyme. 
Le  Cerf  Isubra,  suivant  M.  le  Dr  Bolau,  est  intermédiaire,  comme 
taille,  au  Cerf  d'Europe  et  au  Cerf  Wapiti  et  mesure  l'"i2  de  hauteur 
au  garrot  ;  mais  je  doute  que  les  bois  soient  très  développés  propor- 
tionnellement aux  dimensions  du  corps.  D'après  Schrenck  et  Radde 
la  force  et  les  dimensions  de  la  ramure  varieraient  notablement,  et 
ce  dernier  zoologiste  nous  apprend  que,  dans  la  partie  est  des  monts 
Saïau,  elle  est  d'ordinaire  plus  courte  et  plus  massive  chez  les  indi- 
vidus qui  habitent  les  régions  élevées,  plus  longue  et  plus  grêle 
chez  ceux  des  plaines.  D'autre  part,  le  nombre  normal  des  pointes 
chez  les  adultes  ne  paraît  pas  dépasser  6  pour  chaque  bois  ;  c'est 
du  moins  le  nombre  maximum  qu'indiquent  les  auteurs  précités 
(Zicolf-ender)  et  la  couronne  ne  formerait  jamais  qu'une  double 
fourche.  Malheureusement  ni  Schrenck  ni  Radde  ne  donnent  les 
dimensions  des  bois  qu'ils  ont  été  à  même  d'observer  et  le  D"" 
Bolau  se  contente  de  dire  que  ceux  de  son  C.  Liihdorfi  sont  plus 
faibles  et  à  andouillers  plus  rapprochés  que  chez  le  Wapiti.  Le 
Muséum  de  Paris  ne  possède  malheureusement  pas  de  spécimen 
tout-à-fait  adulte  de  cette  espèce  et  je  ne  puis  donner  ici  que  les 
mesures  que  j'ai  pu  prendre  sur  les  bois  du  spécimen  type,  et  sur 
ceux  de  trois  autres  exemplaires  (un  daguet,  un  huit-cors  et  un 
dix-cors)  tués  dans  les  environs  d'Irkoutsk,  et  dont  les  dépouilles 
ont  été  récemment  offertes  au  Muséum  par  M.  H.  Mangini. 

(1)  Voir  à  ce  sujet  les  notes  additionnelles  sur  le  Cervus  hedfordianus,  p.  215 
et  219. 


ETUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE   L  ASIE   CENTRALE 


211 


Longueur  totale  de  la  perche  en  suivant  la 
courbure,  depuis  la  meule  jusqu'à 
la  pointe  terminale. 

Id.  du  premier  andouiller  de  base 
(brow-tine) 

Id.  du  deuxième  andouiller  de  base 
(bez-tine) 

Id.        du  troisième  andouiller  (royal)  .    . 

Id.        du  quatrième  andouiller 

Id.        de  la  portion  terminale  de  la  perche, 

au-dessus  du  dernier  andouiller. 

Circonférence  à  la  base,  au-dessus  de  la  meule. . 

Dix-cors 

liuit-cors 

TYPE 

DAGliET 

H6 

(brisé) 

25 
23 
20 

20 
17 

64 

19 

19 
11 

» 

30 
13 

54 

15 

5 
16 

» 

30 
13 

C-' 

2S 
» 
» 

» 
7 

Comme  oq  le  voit,  la  loDgueur  des  bois  pour  un  Cerf  dix-cors 
n'est  que  de  soixante-six  centimètres,  l'on  peut  présumer,  que  chez 
un  douze-cors,  elle  n'excéderait  pas  quatre-vingt-dix  centimètres. 

L'extrême  limite  occidentale  de  l'aire  d'habitat  du  C.  xantbopygus 
paraît  être  la  terminaison  est  de  rAllaï  proprement  dit.  De  là,  ces 
Cerfs  se  répandent  sur  les  deux  versants  de  la  chaîne  des  monts 
Saïan  et  traversent  les  diflférents  bassins  de  l'Iéniseï,  de  l'Angara  et 
de  la  Selenga:  ils  sont  extrêmement  abondants  dans  les  monts  du 
Baïkal  et  de  la  Transbaikalie,  et  plus  loin  aussi  dans  le  bassin  de 
l'Amour  et  de  ses  affluents  jusqu'au  cours  inférieur  de  ce  grand 
fleuve  et  aux  côtes  de  l'océan  Pacifique.  Au  nord,  la  trop  grande 
abondance  des  neiges  les  arrête,  de  plus  ils  se  butent  de  ce  côté  aux 
Élans  et  aux  Rennes  ;  leur  ligne  limite  polaire  serait  les  chaînes  des 
monts  Stanovoi  et  lablonovyi  et  le  plateau  de  Vitim.  Dans  la  partie 
occidentale  de  leur  aire  de  dispersion,  ces  Cerfs  s'avancent  vers  le 
sud  jusqu'à  la  lisière  des  solitudes  sableuses  du  Gobi,  mais  vers 
l'est  on  est  encore  mal  fixé  sur  leurs  empiétements  dans  celte 
même  direction.  On  les  a  signalés  et  suivis  assez  loin  dans  la 
Mandchourie  et  le  long  de  la  chaîne  du  grand  Ivhingan,  mais 
bientôt  on  perd  leurs  traces  faute  de  documents  et  d'observations 
bien  précises. 

b.  —  C.  xANTHOPYGus,  var.  EUSTEPHANUs  Blauford. 


1738.   Irbiscl)  Strahlenberg,  Hist.-geogr.  descr.  North.  and  east.  parts 
Europa  and  Asia,  p.  371. 


212  K.    I)K    l'OI'SAHGl'ES 

ISJ 1 .    Orriir.  elaphus  (partiin)  I*ai,las,  Zongr.  rnss.  naiat. 

1801.  Alain  Atkinson  ficlr  Blvth,  Joiirn.  As.  wSoc.  Beng.,  XXX, 
p.  191. 

187.'î.  Ccrvus  tnaral  (H. (isintira  (h.songarica))  (  1)  Sevkrtzov,  Turhcsf. 
Jcvotnie,  p.  1U3  à  lUU. 

1876.  Cervus  maral  (B.  asiatica  (b.  songaricti)  )  Sevkhtzov,  traduct. 
Anii.  Mag.  uat.  Iiislory,  j).  377  t!t  380. 

l87o.       —     eiifiti'iihaiiufi  Iîlanford,  Proc.  zool.  Soc.  Loodon,  p.  637. 

1879.       —  —  Id.        Scient,  tesults.  sec.  Yarkand  Mis- 

sion, p.  91. 

1879.   CVr/TazEWALSKY,  rroni  Knlja  tu  Loh-Nor.,  p.  40. 

1895.  Cervus  euslephanus  de  Pousargues,  Bullet.  Muséum  d'Hist. 
liât.,  Paris,  n»  7,  p.  206. 

Cette  variété  occidentale  du  C.  .Tanfhopugus  atteint  une  taille 
supérieure  à  celle  de  la  race  type  de  l'est,  et  le  cède  à  peine  sous 
ce  rapport  au  Wapiti.  Suivant  Severtzov,  les  mâles  adultes  auraient 
5  pieds  anglais  soit  environ  1  m.  52  de  hauteur  au  garrot  et,  d'après 
Przewalsky,  cette  même  mesure  serait  de  1  m.  30  pour  une  biche 
adulte  et  pour  un  jeune  mâle  de  deux  ans.  La  ramure  prend  égale- 
ment des  proportions  colossales.  Les  bois  de  t  m.  25  à  1  m.  30  de 
longueur  ne  sont  pas  rares,  et  quelques-uns  de  ceux  examinés  par 
Severtzov  dépassaient  1  m.  40.  Aussi  ne  saurait-on  trouver  un 
terme  subspécifique  mieux  approprié  que  celui  de  eastrphanus,  pro 
posé  par  M.  Blanford.  Ces  magnifiques  ramures  ont  été  décrites  et 
ligurées  avec  trop  de  soin  par  les  deux  auteurs  précités  pour  qu'il 
soit  utile  d'y  insister,  et  il  suffira  de  noter  la  présence  de  quatre 
pointes  à  la  couronne,  ce  (jui  donne  14  cors  pour  la  ramure  entière. 
Nous  venons  de  voir  qu'on  n'en  a  jusqu'à  présent  signalé  que  12 
pour  le  C.  xanthopygus  typique.  Signalons  enfin  comme  dernier 
caractère  distinclif,  les  teintes  plus  foncées  du  pelage. 

La  variété  C.  xaiitliopijgas  eustephanus  habite  tout  le  massif  du 
Thian-Chan  et  les  chaînes  qui  s'en  détachent;  c'est  à  dire  à  l'ouest, 
la  haute  vallée  du  Naryn,  la  ceinture  du  lac  Issyk-Koul,  les  monts 
Ala-T;iou,  Alexandrowsk  et  Kara-Taou  ;  à  l'est,  les  deux  chaînes 
parallèles  du  grand  et  du  petit  Youldouz.  Vers  le  sud  le  C.  eustepha- 
nus s'arrête  sur  les  crêtes  élevées  des  pentes  abruptes,  désolées  et 
inhospitalières  du  versant  méridional  du  Thian  Chan,  qui  domi- 
nent les  vastes  solitudes  du  désert  de  Takla-Maklan,  domaine  invio- 
lable du  Cerf  d'Yarkand.  Vers  le  nord-est,  il  pousse  au  contraire 

(I)  Voir  plus  loin  la  note  additionnelle,  page  215. 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    LASIE    CENTRALE  213 

jusqu'aux  inouts  Altaï,  en  franchissant  le  bassin  supérieur  de  l'Ili 
et  les  montagnes  qui  encerclent  à  l'ouest  et  au  nord  le  plateau  de 
la  Dzoungarie. 

*  20.  —  Cervus  bedfordianus  Lydekker 

Cervus  bedfordianus  R.  Lydekker,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  930, 
pi.  XLVIII  et  XLIX,  1896. 

Cette  espèce  a  été  établie  provisoirement  vers  la  fin  de  1896  par 
M.  R.  Lydekker  pour  un  Cerf  du  nord  de  la  Chine  qui  est  encore 
actuellement  vivant  et  eu  observation  en  Angleterre  dans  les  parcs 
du  duc  de  Bedford,à  Woburn-Abbey.  Le  pelage  de  ce  Cerf  présente 
des  caractères  tout  particuliers  de  coloration.  En  été,  il  est  d'un 
roux  bai  brillant  uniforme,  sans  aucune  trace  de  crinière  plus 
sombre  ni  de  disque  circumcaudal  plus  clair;  en  hiver  apparaît 
sur  la  croupe  un  large  écussou  jaunâtre,  cependant  que  sur  le 
corps,  le  pelage  passe  au  brun  gris  bleuté  et  que  les  poils  du  cou 
s'allongent  en  une  crinière  tiquetée  de  fauve,  de  noir  et  de  blanc. 
Il  est  à  souhaiter  que  ce  type  intéressant  vive  encore  quelques 
années  pour  permettre  à  M.  Lydekker  de  poursuivre  ses  observa- 
tions sur  la  forme  et  les  dimensions  de  la  ramure  à  l'âge  adulte. 

D'après  la  première  étude  du  savant  zoologiste  anglais,  l'on  peut 
cependant  présumer  déjà  que  le  C.  bedfordianns  est  très  proche 
allié  du  C.  xanthopijgus,  qu'il  n'est  probablement  qu'une  forme 
particulière  et  une  simple  variété  de  cette  dernière  espèce,  n'en 
différant  que  par  la  teinte  uniformément  rousse  de  sa  livrée  et  la 
disparition  du  disque  uropygal  pendant  la  saison  d'été.  Nous  avons 
vu,  en  effet,  dans  l'un  des  articles  précédents,  qu'il  ne  doit  être 
nullement  question  de  différences  dans  les  dimensions  de  la  queue 
qui,  chez  ces  deux  types,  est  d'une  extrême  brièveté. 

D'autre  part,  la  localité  d'où  provient  le  C.  bedfordianus,  capturé 
non  loin  de  Pékin,  se  rattache  orographiquement  du  côté  du  nord- 
est  par  l'intermédiaire  de  la  chaîne  du  grand  Khingan,  aux  régions 
de  l'Amour  et  de  la  Transbaïkalie,  principal  foyer  d'habitat  du 
C.  xanthopygns.  Vers  l'ouest,  le  C.  bedfordianus  s'avance  le  long  des 
chaînes  et  des  terrasses  qui  forment  la  limite  naturelle  entre  les 
plateaux  de  la  Mongolie  et  la  Chine  proprement  dite.  Des  détails 
très  intéressants  que  j'ai  relevés  dans  le  récit  que  M.  l'abbé 
A.  David  (1)  a  publié  de  ses  deux  campagnes  d'exploration  dans 

(1)  R.  P.  A.  David,  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  II,  p.  1  à  83,  1868. 


214  I-.    Ui;    l'ODSARGIÎKS 

l'Uuralu  ou  Uula  (lliaii,  au  iKud  iunucdial  de  la  {^^raude  houclc  du 
fleuve  .lauue  el  du  pays  des  Ordos,  ne  laissent  pas  le  moiodre 
doute  à  cet  éij;ard. 

H  I.'Ourato  occidental,  ('ciit  ic  savant  missionnaire,  nourrit  en 
grand  nombre  le  Chevreuil  et  lu  ijnind  Cerf  {\).  l>). . .  C'est  là  que  se 
rendent  les  chasseurs  pour  tuer  les  (ItTfs  et  s'en  pi-ocurer  les  cornes 
neuves,  qu'ils  vendent  aux  médecins  »  (p.  7).  Plus  loin,  ou  noie 
cette  phrase  suggestive  :  «  Le  Frère  Chevrier  a|»erçoit  un  giand 
Cerf  roux.  »  (7  juillet),  (p.  40). 

Finalement,  l'on  trouve  cette  conclusion  des  plus  significatives  : 
«  Les  Mongols  d'Oula-Chan  me  confirment  encore  que  la  chaîne  de 
ces  montagnes  ne  nourrit  qu'une  seule  espèce  de  Cerf  dont  le  pelage 
est  ruux  eu  été  et  uoirâtrr  en  automne  o  ([).  77). 

Tous  ces  détails  concordent  rigoureusement  avec  les  observations 
de  M.  Lydekker.  C'est  aussi  à  l'espèce  C.  bediordianus  qu'il  faut  dès 
lors  rapporter  les  nombreux  Cerfs  que  Przewalsky  (1)  a  rencontrés 
dans  les  mêmes  régions,  sur  les  pentes  des  diflérenles  chaînes  de 
Muni-Oula,  Scheiten-Oula  et  Khara-Naryn-Oula.  Or,  nous  savons 
par  les  observations  de  l'explorateur  russe  Pievlzov  (2),  que  ces 
différents  systèmes  orogra|)hiques  partiels,  réunis  par  les  géogra- 
phes sous  le  nom  collectif  d'In-Chan,  se  prolongent  vers  le  nord- 
ouest,  à  travers  le  désert  de  Galbyn-Cobi,  jusqu'à  l'Altaï  méridio- 
nal, en  prenant  successivement  les  noms  de  monts  Kour-Kou, 
Gourban-Saïkhat.  Artsa  Bogdo,  Iké-Bodgo  et  Irdyn  Oula. 

De  part  et  d'autre,  comme  on  le  voit,  vers  le  nord-ouest  comme 
du  côté  du  nord-est,  le  domaine  du  C.  bedfordianus  se  relie  intime- 
ment à  celui  du  C.  xanthopijgm.  Aussi,  suis  je  porté  à  croire  qu'il 
en  est  de  ces  deux  espèces  comme  du  C.  yarkandensis  et  du  C.  WaUi- 
chi  et  que  le  premier  n'est  probablement  qu'une  variété  du  second, 
dont  les  couleurs  de  la  livrée  se  seraient  modifiées  sous  l'influence 
du  régime  climatérique  d'une  autre  aire  d'habitat,  de  la  nature 
différente  du  sol  et  des  produits  de  la  végétation,  et  de  la  proximité 
immédiate  des  terres  arides  et  sablonneuses  du  désert  de  Gobi. 

Quant  à  l'identité  des  Cerfs  qui  habitent  le  versant  ouest  de  la 
chaîne  de  l'Ala-Chan  (Przew^alsky)  la  question  reste  pendante  entre 
le  C.  bed[ordia)ius  et  le  C.  Wallichi. 

HI:M ARQL  K  IM PORTANTH 
Depuis  la  rédaction  de  ce  chapitre,  M.  Lydekker  a  publié,  dans  le  der- 

(1)  Przewalsky,  Mongol.  Tangut  countr.,  I,  p.  164. 

(2)  PiEVTzov,  Reis.  Tibet  und  ober  Lauf  des  Gelb.  Fluss,  \>.  268,  4884. 


ÉTUDE    SUR   LES   RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  215 

nier  fascicule  des  Proceedings  de  Londres  de  1897,  paru  seulement  en 
avril  1898(1),  une  note  succincte  dans  laquelle  il  reconnaît  l'identité  spéci- 
fique du  C.  bedfordianus  et  du  C.  xanthopygus,  ce  qui  concorde  entière- 
ment avec  nos  conclusions.  Le  C.  bedfordianus  doit  donc  disparaître  aussi 
bien  comme  variété  que  comme  espèce  et  passer  au  rang  de  synonyme  du 
C.  xanthopygus,  mais  le  temps  nous  a  malheureusement  manqué  pour 
faire  cette  rectification. 

21,   ~   Cervu-s  albirostris  Przewalsky. 

1884.   Cervus albirostris  Przewalsky,  lieis.  Tlb.  ober.  Lauf  Gelb.  Fiuss, 

p.  73et76(fig.). 
1884.   Cervus  sellatus  Id.  Ibidem. 

1889.   Cervm  Dyboivskvi?  W.  L.  Sclater,  Journ.  As.  Soc.  Bengal. 

LVIIl,  pt.  2,  p.  186,  pL  XI. 
1893.   Cervus  Thoroldi  VV.  T.  Blanford,  Proc.  Zool.  Soc.  Lond.,  p. 

444,  pi.  XXXIV. 

1896.  —  -       R.  Lydekker,  Ibidem,        p.  930. 

1897.  —      albirostris  de  Pousargues,  Bullet.  Mus.  d'Hist.  Datur., 
no  7,  p.  284. 

Bien  que  la  découverte  de  ce  Cerf  ne  remonte  qu'à  une  date 
récente,  on  peut  dire  cependant  que  c'est,  de  toutes  les  espèces  qui 
habitent  l'Asie  centrale,  la  mieux  établie  en  raison  des  caractères 
tout  spéciaux  de  sou  pelage  et  de  sa  ramure,  caractères  d'une 
originalité  et  d'une  constauce  telles,  qu'ils  ne  donnent  pas  la  moin- 
dre prise  à  la  confusion.  J'ai  eu  l'occasion,  dans  le  courant  de 
l'année  1897,  de  soulever  et  de  discuter  une  question  de  priorité 
concernant  ce  Cerf,  et  de  faire  observer  qu'il  y  avait  lieu  de  changer 
la  dénomination  spécifique  sous  laquelle  il  était  inscrit  dans  les 
catalogues  zoologiques  ;  il  me  suffira  de  soumettre  à  la  compétence 
du  Congrès,  la  solution  que  j'avais  proposée,  en  reproduisant  l'ar- 
ticle que  j'avais  fait  paraître  à  ce  sujet. 

En  1889,  M.  W.  L.  Sclater  signala  à  l'attention  des  Zoologistes  un 
Cerf  provenant  du  Tibet,  dont  la  ramure  comptait  10  pointes,  et  se 

(t)  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  81.^,  1897. 

Dans  cette  même  note,  M.  Lydekker  considère  le  C.  eustepliaaus  comme  une 
simple  variété  du  Wapili  et  lui  donne  le  nom  de  Cervus  canadensis  asiaiicus. 
L'association  de  ces  deux  termes  n'est  pas  des  plus  heureuses.  Severtzov  lui-même, 
qui,  le  premier,  l'avait  proposée,  en  avait  immédiatement  reconnu  les  inconvénients 
et  avait  eu  soin  d'ajouter  :  «  It  now  seems  to  me  tliat  it  would  be  unadvisable  to 
l'elain  ttie  name  C.  canadensis  var.  asiatica,  and  I  think  it  would  be  more  correct 
to  name  it  C.  nuirai  or.  C.  wapiti  ».  Sur  ce  point  de  nomenclature,  je  renverrai  à 
la  solution  toute  différente  que  je  soumets  à  l'approbation  du  Congrès. 


216  K.    1)1      l'OUSARGUES 

faisait  rt'inaniiicr  par  ralisfiic,»'  des  (leiixirmus  aiidouilk'rs  de  hase 
(hrz-tiiie).  S'a|)piiyant  principaleinenl  sur  ce  dernier  caractère,  et 
n'avîiut  d'ailleurs  à  sa  disposition  qu'une  lAte  isolée,  M.  L.  Selater 
rau^ea  provisoirement  ce  (>er(  dans  le  jçroupe  des  l'>ii>ii(liirlx  en 
rassiniilant  avec  doute  au  Cerviis  Df/hunshii  (Tacz). 

Kn  ISiKi,  M.  \V.  T.  lilanford  reriil  du  1)^  Tliorold  la  dépouille 
complète  d'un  Cerf  tué  dans  le  Tibet,  ilont  la  tête  et  la  ramure  pré- 
sentaient exactement  les  particularités  indiquées  quatre  ans  aupa 
ravant  par  M.  W.  L.  Sclaler.  M.  Blanford  niconnul  dans  ce  Cerf 
une  nouvelle  espèce,  qu'il  nomma  Ccrnis  Tliorolili,  voisine  des  ('. 
cashmirianus  (Kalc.)  et  (\  a///;us  (Hodgson),  appartenant  par  consé- 
quent au  genre  Ccrnis  (str.  s.)  et  n'ayanl,  malgré  l'altsence  des 
deuxièmes  andouillers  de  hase,  aucune  allinilé  avec  les  l'sriida.vis. 
Cette  manière  de  voir,  absolument  correcte,  est  partagée  par  M. 
Lydekker  qui,  dans  sa  classilicalion  des  Cerfs  proprement  dits 
((poupe  élaplnen)  range  le  C.  Thoroldi  pai-mi  les  espèces  dont  les 
andouillers  de  la  couronne  ne  forment  jamais  coupe  ou  chandelier 
et  le  considère  comme  type  d'une  section  spéciale  en  raison  de 
l'absence  constante  des  deuxièmes  andouillers  de  hase. 

Dans  une  courte  diagnose,  M.  Blanford  résume  ainsi  les  princi- 
paux caractères  de  cette  intéressante  espèce. 

«  Le  C.  Thoroldi  est  à  peu  près  de  la  taille  du  C.  elaphiis,  brun, 
sans  taches,  marqué  d'un  champ  circumcaudal  d'un  roux  pâle;  le 
pelage  est  rude,  dressé,  assez  long;  sur  la  ligne  médiane  dorsale  un 
courant  de  poils  se  dirige  en  avant  depuis  la  croupe  jusqu'au 
garrot;  les  cornes  sont  fortement  courbées  et  portent  cinq  andouil- 
lers [la  pointe  terminale  comprise);  le  deuxième  andouiller  est  très 
distant  du  premier  ou  basai  ;  le  troisième  est  le  plus  long  ». 

Ajoutons,  comme  autre  caractère  bien  particulier,  la  couleur 
blanche  du  museau,  du  menton  et  du  dessous  de  la  mâchoire  infé- 
rieure. Malheureusement,  il  ne  me  paraît  pas  possible  de  conserver 
le  nom  spécifique  proposé  par  M.  Blanford;  car,  en  1884,  Prze- 
walsky  avait  déjà  décrit  et  figuré,  sous  le  nom  de  Cervus  alhirostris, 
un  Cerf  des  monts  Nan-Chan  qui  est  certainement  de  même  espèce 
que  le  C.  Thoroldi.  Pour  lever  tous  les  doutes  à  cet  égard  il  me 
suffira  de  traduire  textuellement  la  description  publiée  par  le 
célèbre  explorateur  russe. 

((  Le  cosaque  Kalmynin  tua  un  jour  deux  exemplaires  d'un  Cerf 
nouveau  pour  nous,  que  nous  désignâmes  comme  C.  albiroUris  à 
cause  de  son  museau  blanc.  L'un  d'eux,  bien  adulte,  figure  actuelle- 
ment dans  le  Musée  de  l'Académie  des  sciences  de  St-Pétersbourg. 


ÉTUDK    SUR    LES    RUMINANTS    DK    l'aSIE   CENTRA LK  217 

La  longueur  de  ce  Cerf,  du  bout  du  iimseau  à  rexti-éinité  de   la 
queue,  est  d'environ  2™10,  sa  hauteur  au  garrot  de  l"i28.  La  robe 
d'été  était  d'un  brun  roux,  chaque  poil  étant  d'un  brun  sombre, 
passant  au  roussàtre  à  l'extrémité.   A  partir  du  garrot  jusqu'au 
milieu  du  dos,   se  voyait  un  courant  de  poils  ascendant  dessinant 
comme  une  selle.  Ce  caractère  ne  doit  pas  être  individuel;   aussi 
pourrait-on   encore  désigner  ce  Cerf  comme  Cercus  sellatus.    La 
queue,  longue  de  O^^OS,  était  garnie  de  poils  d'uu  jaune  clair;  le 
miroir  était  formé  de  poils  plus  clairs  avec  une  bordure  noirâtre 
peu  apparente.  La  poitrine  et  le  ventre  étaient  d'un  roux  clair,  la 
moitié   supéro-externe  des  membres   d'un   brun  roux,  leur  face 
interne  de  même  couleur  que  la  poitrine  et  le  ventre,  mais  par 
contre  leur  moitié  inférieure  était  plus  sombre.  La  tête  petite  et 
sombre,  le  museau  et  le  dessous  de  la  gorge  jusqu'à  la  poitrine 
blancs;   sur  les  côtés  de  la  tête  et  autour  des  yeux,  se  voyaient 
aussi  quelques  poils  blancs  épars;  à  35  millimètres  en  arrière  de 
l'angle  externe  de  l'a^il,  se  trouvait  une  tache  blanche.  L'oreille 
sombre,  ourlée  de  blanc.  Les  bois  de  notre  exemplaire  tué  en  juillet 
étaient  recouverts  d'un  épais  velours  gris  sale,  gorgé  de  sang.  Leur 
longueur   suivant   la  courbure  approchait  de  0°"97.    Le  premier 
andouiller  se  trouvait  à  0f"03  au-dessus  de  la  meule,  le  second 
O'"10  plus  haut,  puis  la  perche  se  terminait  par  deux  pointes  ». 
Il  est  inutile  d'insister  sur  la  concordance  pour  ainsi  dire  parfaite 
de  cette  description  avec  celle  du  C.  Thoroldi.  La  saule  ditïérence 
appréciable  est  celle  que  l'on  peut  relever  dans  le  nombre  et  les 
dimensions  des  andouillers;  mais,  dans  le  cas  présent,  elle  est 
absolument  de  nulle  valeur.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en  elïet,  que 
nous  mettons  ici  en  parallèle,  d'un  côté  un  individu,  C.  alhirostris, 
dont  la  ramure  revêtue  de  son  velours  est  en  pleine  croissance  et 
conséquemment    imparfaite,  de   l'autre,  des  exemplaires  à  bois 
finis,  complètement  dénudés,  C.  Thoroldi,  ou  même  usés  et  près  de 
tomber,  C.  Dyboicski  ?  (W.  Sel.).  Le  point  capital  à  noter,  en  ce  qui 
concerne  la  ramure,  est  l'absence  des  deuxièmes  andouillers   de 
bnse  ;  or,  ces  andouillers  manquent  chez  le  C.  albirostris,  car,  au 
stade  de  croissance  où  en  étaient  les  bois  décrits  et  figurés  par 
Przewalsky,  ils  ne  pouvaient  plus  apparaître  ;  toute  la  région  basale 
de  la  ramure  ayant  déjà  pris  sa  forme  définitive,  les  modifications 
ultérieures  n'auraient  porté  que  sur  la  couronne,  qui  du  reste, 
pour  le  nombre  des  andouillers,  concorde  déjà  avec  celle  de  l'un 
des  types  du  C.  Thoroldi.  La  priorité  revient  donc  de  droit  au  terme 
spécifique  albirostris,  plus  particulièrement  choisi  par  Przewalsky  ; 


218  K.    I)K    l'OlJSAHGllES 

les  autres  dénominations,  sellatus,  Tharobli,  passent  au  rani;  île 
syuonyn>es.  Par  suite  de  cette  rectilication,  nous  pouvons  indiquer 
d'une  manière  assez  précise,  du  moins  suivant  la  latitude,  les 
limites  de  l'aire  d'habitat  de  cette  intéressante  espèce.  Le  type  du 
('.  alhirostris  a  été  rencontré  par  Przewalsky  vers  la  terminaison 
occidentale  des  monts  Nan-(llian,au  point  où  cette  chaîne  se  relie  à 
r.Mtyn-Ta^h  et  au  Tchamen-Taj^h  |)ar  l'intermédiaire  des  monts 
Humholdt  et  des  monts  Uitter,  par  environ  SU»  de  latitude  nord  et 
95'  de  longitude  est.  Nous  savons  d'autre  part  que  les  types  du  (\ 
ThoroUU  ont  été  tués  au  noril-est  de  Lhassa,  par  environ  31°40'  de 
latitude  nord  et  93o30'  de  longitude  est,  c'esl-à  dire  près  de  la  rive 
droite  du  Kara-Oussou  (Haute  Salouen  ?).  On  peut  donc  alfirmer  la 
présence  du  ('.  alhirostris  entre  ces  deux  points  extrêmes  bien 
déterminés,  par  conséquent  dans  les  montagnes  qui  ferment  à 
l'ouest  et  au  sud  le  bassin  du  Koukou-Nor,  et  dans  toute  cette  série 
de  chaînes  courant  parallèlement  de  l'ouest  au  sud-est  (Bourkhan- 
Bouddha,  Kouen-Lun  oriental,  Baïan-Kara  Oula,  Tang-La),  où  pren- 
nent naissance  les  grands  tleuves  de  la  Chine  orientale  et  de  l'Indo- 
Chine.  Le  second  des  Cerfs  dont  M.  l'abbé  A.  David  a  vu  des  bois 
entre  les  mains  de  trafiquants  chinois  dans  la  partie  orientale  du 
Koukou-Nor  nappartiendrait-il  pas  plutôt  à  cette  espèce  qu'au 
genre  Jiusa,  comme  le  supposait  ce  savant  missionnaire? 

Pour  résumer  cette  étude  des  Cerfs  de  l'Asie  centrale,  on  peut 
conclure  que  le  nombre  des  espèces  proposées  et  décrites  par  les 
auteurs  doit  être  notablement  réduit.  En  réalité,  toutes  ces  formes 
viennent  se  rallier,  soit  comme  synonymes  certains,  soit  comme 
siujples  variétés  géographiques,  à  trois  types  bien  définis  qui  sont  : 

1°  Cervus  WaUicIn  Cuv.  —  Identique  au  Shou  tibétain,  C.  affinis 
HoDGs..  C.  tihetavns  Hodgs.  Solution  vers  laquelle  incli- 
naient la  plupart  des  zoologistes,  sans  jamais  lavoir  admise 
définitivement.  Habitat  :  Tibet  oriental. 

a.  var.  yarkandensis  Blanf.  —  N'est  probablement  qu'une  forme 
désertique  du  précédent  et  n'a  rien  de  commun  avec  le 
C.  cashmeerianus  Falc.  Habitat  :  Bassin  du  Tarim. 

2<'  Cerxjus  xanthopygtis  A.  M.-Edw. —  Le  plus  proche  allié  du  Wapiti 
ou  C.  canadensis. 

a.  var.  typicus  A.  M.-Edw.  —  Habitat  :  monts  Saïan,  Baïkalie, 
bassin  de  l'Amour,  nord  de  la  Mandchourie  et  du  grand 
Khingan. 


ÉTUDE    SUK    LES    RUMINANTS    DE    LASIE   CENTRALE  219 

b.  var.  hedfordtatiua  Lyd.  (1)  —  Habitat:  Mandchourie  et  Khiu- 

gan  sud?  chaîne  de  l'Iu-Cban. 

c.  var.  eustephanus  Blanf.  —  Habitat  :  Thian-Chaii  et  Altaï. 

30  Cercm  albirostris  Przëw.  —  Type  incoutestablemeut  élaphien 
mais,  par  l'absence  coustaute  du  deuxième  audouiller  de 
base,  formant  la  transition  entre  le  genre  Cernua  et  le  genre 
Pseuda.vis.  —  Habitat  :  Nan-Chan  et  Tang-La,  Tibet  oriental. 

H  est  difTicile  encore,  vu  la  pénurie  des  sujets  d'étude  et  l'insuf- 
fisance des  observations,  d'établir  si  le  C.  cashmcerianus,  dont  nous 
avons  eu  à  nous  entretenir  incidemment,  se  rattache,  soit  au  type 
C.  Tanthopyyus  par  l'intermédiaire  de  la  variété  C.  eustephanua, 
soit  plutôt,  comme  sembleraient  l'indiquer  la  situation  sud-hima- 
layienne  de  son  aire  d'habitat,  la  multiplicité  et  l'orientation  des 
andouillers  de  sa  couronne,  au  C.  maral  (Og.  uecSev.)  de  la  Perse, 
ce  dernier  n'étant  probablement,  suivant  M.  Lydekker,  qu'une 
variété  de  grande  taille  du  C.  elaphus  de  l'Europe  occidentale.  Si 
cette  dernière  hypothèse  venait  à  êlrecoulirmée,  ne  pourrait-on  pas 
considérer  les  hautes  terres  himalayienues  comme  le  berceau  des 
Cervidés  du  groupe  élaphien  (genre  Ct'rous).  D'un  type  ancestral 
deux  espèces  souches  seraient  issues,  dont  les  rejetons-  auraient 
effectué  leurs  migrations  dans  des  directions  opposées,  en  prenant 
graduellement  un  plus  grand  nombre  d'andouillers  à  la  couronne 
de  leur  ramure;  les  formes  les  plus  extrêmes  étaut  les  plus  diffé- 
renciées sous  ce  rapport.  L'une  de  ces' espèces  souches,  C.  Wallichi, 
originaire  du  versant  nord  de  l'extrémité  orientale  de  l'Himalaya, 
se  serait  propagée  vers  le  nord-est,  pour  se  répandre  ensuite  le 
long  des  chaînes  de  montagnes,  autrefois  ininterrompues,  qui  for- 
ment actuellement  l'ossature  des  régions  septentrionales  de  l'Asie 
et  de  l'Amérique,  et  aurait  successivement  donné  naissance  aux 
espèces  C.  xanthopygus  et  C.  canadensis,  par  suite  d'une  différen- 
ciation progressive  d'avec  la  forme  ancestrale.  L'autre  espèce 
souche,  C.  cashmeerionus,  native  du  versant  sud  de  l'extrémité 
occidentale  de  l'Himalaya,  aurait  émigré  vers  l'ouest  jusque  dans 
l'Europe,  largement  reliée  autrefois  à  l'Asie  mineure  par  les  terres 
Egéennes.  De  ce  type,  seraient  sorties  les  formes  C.  maral  (Og.)et 
C.  elaphus  (L.). 

Quant  à  l'espèce  C.  alhirostris,  elle  constitue  actuellement  un 

(1)  On  a  vu  d'après  la  note  ci-dessus  (p.  215),  que  le  C.  bedfordianus  ne  doit 
même  plus  compter  comme  variété  et  passe  au  rang  de  synonyme  du  C.  xantho- 
pygua  typique. 


-li^  K.    IH-:    IMUISAMdUKS 

type /'^/"  .sv,  foiiii.inl  un  de  ces  cliiiiimiis  iiil('r>;t''ii»''ii(|iit's  (Iciiil  l'nri 
giiie  est  toujours  si  dillicile  à  (IcIdouilliT.  mais  |)lus  voisin  du 
('.  W'aUichi  i|ue  ilu  ('.  r(i!<hnicerinnits. 

2»     TELÉMETACARPIENS 

11.   -Genre  CAPREOLUS  H.  Sinilli. 

22.  —  Capkeolus  capr.ka.  var.  pygargus,  Palhis. 

1771.    Cenus  pi/f/anjus  Pallas,  licis.  Ruas,  lieichs.,  I,  p.  117.  app., 

p.  4o;i 

1811.   Cerciis  capieolus  var.  p  Pallas,  /oogr.  ross.-aHÙttic,  I,  p.  221, 

1849.  Capreolva  pi/i/argus  Ciray,  Proc.  zool.  Soc.  London,  p.  65. 

1850.  —  —        Gray.  Ibidem,  p.  236. 
1859.   Cervus  caprcfolus  Schrenck,  lieis.  und  rorsrh.  int  A  mur- Lande, 

p.  163. 
1862.         —  —         Radde,  Heis.  Siid.  cou  Ost.  Sihif  (^dugeth.), 

p.  277. 
1868.   Capreolus  pijgargiis  A.   David,    Vogag.  en   Mongol.  Nouvelles 

Arch.  Mus.,  Bullet.  IV,  pp.  25,  40,  45,  60. 

1876.  Ccrcu.<i  capreoUis pggargu.'<  >'<EyERTAOv,  Ann.  Mag.  nat.  histor., 

(4),  XVIII,  p.  386. 

1877.  Cervus  pygargus  Przkwalsky,  Vog.  en. Mongol,  (traduct.  ail.  A. 

Kolm,  pp.  143,  310). 

1878.  Capreolus  pygargus  V.  Brooke.  Proc.  zool.  Soc.  Loudou,  p.  917. 

1879.  —  —       Blasvorx),  Scwnî.  résulta,  se.  Varliand.  Miss. 
(Manini.),  p.  93. 

1884.   (Jercns  pygargus  Przewalsky,  Heis.  in  Tibet,  \,.  10. 

1891.  Capreolus  caprœa  Buchnkr,  Siiiig.  Ganssu-Exped.  Mél.   biol. 

Bull.  Acad.   Se.   S^  Pétersb.,  XllI,  livr.  I,  p.  101. 
1895.  Capreolus  pygargus  de  Pousargues,  Bullet.  du  Mus.,  w^  7,  p. 

267. 

Les  Glievreuils  de  l'Asie  ceolrale,  appelés  plus  communément 
Chevreuils  de  ïartarie,  méritent  d'être  distingués,  au  moins  à  titre 
de  variété,  des  Chevreuils  ordinaires  d'Europe.  C'est  du  reste  l'opi 
niou  à  laquelle  s'était  rangé  en  second  lieu  Pallas  lui-même  et  à 
propos  de  celte  distinction,  Sundevall  écrivait  :  «  C.  pygargus  a 
C.  europœo  non  minus  dilïert  quani  omnes  Cervi  indici  inter  se  ;  hi 
igitur  non  minus  quam  ille  distinguendi,  sed  rectius  forsan  ut  merae 


ÉTUDE    SUR    LES    RUMINANTS    DE    l'aSIE   CENTRALE  221 

varietates  habendi.  »  Le  Chevreuil  de  Tartarie,  ea  effet,  est  d'une 
taille  bien  supérieure  à  celle  de  son  congénère  d'Europe,  son  disque 
anal  est  plus  étendu,  ses  oreilles  sont  plus  abondamment  velues,  et 
ses  bois,  à  pierrures  extrêmement  fortes  et  saillantes,  sout  bien 
plus  développés  tant  en  longueur  qu'en  épaisseur.  De  plus,  le  nom- 
bre des  andouillers  peut  s'accroître  notablement  avec  les  progrès 
de  l'âge.  Je  ne  veux  pas,  bien  entendu,  mettre  ici  en  question  ces 
ramures  monstrueuses  si  fréquentes  dans  le  genre  Capreobis,  sur 
lesquelles  on  ne  peut  même  plus  discerner  le  plan  typique  fonda- 
mental, où  se  développent  de  toutes  parts  de  nombreuses  pointes, 
et  dont  les  pierrures  atteignent  des  dimensions  aussi  fortes  que  les 
andouillers  véritables,  de  telle  sorte  qu'il  est  parfois  difficile  de  les 
distinguer  les  uns  des  autres.  J'entends  parler  au  contraire  de 
bois  normalement  développés,  parfaitement  symétriques,  montrant 
nettement  la  forme  typique  Capreolus,  mais  avec  une  multiplicité 
de  branches  inconnue  dans  l'espèce  européenne.  De  telles  ramures 
ont  été  signalées  depuis  longtemps  déjà  par  H.  Smith  qui  avait  eu 
l'occasion  d'en  examiner  deux  exemplaires,  Tun  au  Musée  de 
Francfort,  l'autre  au  Musée  de  Prague,  où  ils  existent  probablement 
encore. 

«  Sur  ces  bois,  écrivait  H.  Smith,  l'andouiller  extérieur  naît  à 
l'endroitoù  la  perche  s'incurve  en  arrière  ;  il  est  vertical  et  présente 
à  sa  base  quelques  pierrures.  Le  merrain  se  dirige  ensuite  eu 
dehors  et  se  bifurque;  la  branche  antérieure  se  dichotomise  à  son 
tour,  la  postérieure  se  prolonge  horizontalement  en  arrière  et  en 
dedans  jusqu'à  rencontrer  presque  sa  symétrique  du  côté  opposé 
et  se  termine  également  par  une  extrémité  fourchue.  Ces  spécimens 
démontrent  l'existence,  dans  le  Nord  de  l'Asie,  d'un  Chevreuil  de 
plus  grande  taille  que  celui  d'Europe,  plus  grand  même  que  le 
Daim  et  qui  ne  peut  être  rapportée  à  aucune  autre  espèce  connue 
que  le  Pynargus  de  Pallas.  Dans  ce  cas,  l'individu  figuré  par  ce 
zoologiste  n'aurait  pas  plus  de  quatre  ans  ». 

J'ai  eu  moi-même  l'occasion  de  vérifier  récemment  l'exactitude 
des  assertions  de  H.  Smith  sur  une  magnifique  ramure  recueillie 
par  MM.  Chaiïanjon  et  Mangini  dans  le  massif  du  Thian-Chan  non 
loin  du  lac  Issyk  Koul,  et  dont  j'ai  donné  la  description  suivante  : 
«  L'axe  principal  de  chaque  bois,  largement  aplati  en  arrière, 
caréné  en  avant,  s'élève  du  crâne  en  divergeant  légèrement  mais 
régulièrement  en  dehors  et  en  arrière  et,  à  la  hauteur  de  14  centi- 
mètres, émet  en  avant  son  premier  audouiller  assez  grêle.  Jusque  là, 
rien  ne  distingue  ces  bois  de  ceux  du  C\  caprœa,  que  lewriorme 


222  F.    I)K    POUSAUfiUES 

trifolié  el  leur  jurande  loiii;iieiir.  Au  dessus  du  premier  aiidouiller, 
le  nieiraiu  se  divise  liieulùl,  coinine  d'ordinaire,  en  deux  lirauclies, 
Tune  montante  eontinuaul  l'axe  basai  en  direction,  l'autre  pointant 
en  arrière  et  en  dedans:  mais  ces  deux  branches  à  leur  tour 
émettent,  dans  l'angle  ((u'elles  forment,  chacune  un  andouiller;  de 
telle  sorte  que  chaque  bois  présente  à  sa  couronne  une  double 
fourche  résultant  de  la  bifurcation  des  deux  andouillers  terminaux 
typiques  du  genre  Caiireoliis.  De  [)lus,  ces  quatre  pointes  sont 
réunies  et  enveloppées  à  leur  base  dans  une  large  palmature  qui 
masque  complètement  leurs  points  d'origine,  et  la  branche  mon 
tante  présente  en  avant  une  large  surface  légèrement  concave, 
limitée  en  dedans  et  en  dehors  par  une  arête  vive,  extrêmement 
saillante.  La  parfaite  symétrie  de  cette  ramure  ne  permet  pas  de 
la  considérer  comme  anormale;  ou  peut  seulement  induire  delà 
rareté  du  fait  que  les  bois  ne  présentent  ce  degré  de  complexité 
chez  le  C.  pijgargus,  que  dans  la  vieillesse  ». 

Je  doute  en  effet  que  l'apparition  de  ces  andouillers  complémen- 
taires soit  aussi  régulière  que  chez  les  Cerfs,  et  que  les  Chevreuils 
de  Tartarie,  au-dessus  de  5  ou  (5  ans,  soient  tous  munis  d'une 
ramure  aussi  compliquée  comme  semble  l'insinuer  H.  Smith.  J'ajou- 
terai même  que  cette  exubérance  dans  le  développement  des  bois 
et  le  nombre  des  andouillers  est,  selon  toute  probabilité,  eu  relation 
intime  avec  la  nature,  la  fertilité  et  la  richesse  de  végétation  du  sol 
des  régions  de  pâturage,  et  que  de  tels  Chevreuils  doivent  être  plus 
abondants  et  se  rencontrer  plus  fréquemment  dans  certaines  loca- 
lités que  dans  d'autres.  N'a-t-on  pas  déjà  constaté,  pour  les  Che- 
vreuils de  la  Mandchourie,  une  infériorité  relative  dans  la  taille  et 
dans  le  développement  de  la  ramure,  indiquant  comme  un  retour  à 
la  forme  européenne. 

Quoiqu'il  en  soit,  ces  faits  tendent  à  prouver  que,  dans  la  variété 
pygargus,  le  maximum  normal  des  andouillers  ou  plutôt  des  pointes, 
peut  s'élever  à  o;  en  d'autres  termes,  que  les  Chevreuils  de  Tartarie 
peuvent  être  dix-cors,  ce  que  l'on  n'a  jamais,  que  je  sache,  observé 
chez  les  Chevreuils  d'Europe. 

Le  Chevreuil  de  Tartarie  présente  une  distribution  géographique 
assez  étendue.  A  l'ouest,  c'est  dans  le  Turkestan  qu'on  le  rencontre 
tout  d'abord,  et  suivant  Severtzov,  il  serait  commun  dans  toute 
la  partie  n.-e.  du  Turkestan  russe,  au  dessus  de  2000  m.  d'altitude. 
Il  vit  également  dans  le  Thiau-Chan,  mais  ne  suit  pas  cette  chaîne 
jusqu'à  son  extrémité  orientale,  car  Przewalsky  ne  le  signale  pas 
dans  les  Youldouz.  Nous  retrouvons  ce  Chevreuil  au  nord  de  la  Dzoun- 


ÉTUDE   SUR   LES    RUMINANTS    DE   l'aSIE   CENTRALE  223 

garie,  dansle  bassin  de  l'Ouroungou.  De  là,  il  s'avance  vers  l'est  jus- 
qu'au littoral  de  la  mer  du  Japon  en  suivant  l'Altaï,  les  monts  Saïan, 
les  monts  du  Baïkal  et  de  la  Transbaïkalie,  les  monts  Kenteï,  Apfel 
et  lablonovyi,  et  enfin  les  chaînes  du  bassin  inférieur  de  l'Amour 
et  de  la  Mandchourie.  Schrenck  et  Radde  nous  ont  laissé  des  docu- 
ments très  précis  sur  le  mode  de  vie  et  sur  les  migrations  hivernales 
des  Chevreuils  dans  ces  régions  de  l'extrême  Orient  asiatique.  Sui- 
vant Schrenck,  ils  ne  s'étendent  pas  le  long  du  littoral  jusqu'à  l'em- 
bouchure même  de  l'Amour,  mais,  dans  l'intérieur,  ils  remonte- 
raient jusqu'au  58^  degré  de  latitude  en  suivant  les  montagnes  qui 
bordent  étroitement  le  cours  moyen  de  la  Lena  (Pallas).  Radde 
nous  apprend  que  les  Chevreuils  sont  rares  dans  le  grand  Khingau, 
mais  plus  au  sud,  ils  abondent  dans  tout  le  système  orographique 
de  l'In-Chan  et  de  l'Ourato,  où  M.  l'abbé  A.  David  et  ensuite  Prze- 
walsky  les  ont  rencontrés  pour  ainsi  dire  à  chaque  pas.  Ils  man- 
quent totalement  dans  les  montagnes  de  l'Ala-Chan,  mais  reparais- 
sent en  nombre  dans  celles  du  Kan-Sou  et  dans  le  Nan-Chan  orien- 
tal, qu'ils  ne  peuvent  atteindre  dès  lors  qu'en  contournant  au  sud 
le  pays  des  Ordos,  par  les  montagnes  du  nord  du  Chau-Si  et  du 
Chen  Si.  Enfin,  le  Muséum  de  Paris  possède  plusieurs  spécimens 
capturés  par  nos  missionnaires  dans  la  province  du  Se-Tchouan, 
vers  Ta-tsien-lou,  ce  qui  implique  l'existence  de  ces  animaux  dans 
les  hautes  vallées  boisées  qui  séparent  la  Chine  des  plateaux  du 
Tibet. 


224 


E.   m;  l'oi  sAUc.i  Ks 


Table     Méthodique 


1                       .      -- 

n^ 

f.oiisi(lér:ilioiis  géné- 
rales  

■Vn^ri'ii   L'^cno r>i  1  tli  1(1  iii' ■          ...          .          .     . 

126    i 

Délimilalion  de  la  faune 

i.VA 

STstémaliqne.     Tjiln- 

podn 

(".AMKMitKS  Cniitelus  hnririanus 

13o 

l'eioin .    . 

licniDKS 

BoviNKs  1  Hos  fiiunnietis  .    .    . 

\:\H  ' 

OviNKS.     .          

140 
141 

Ocis  Polni 

0.  nmninn  ..... 

146 

0.  Hodgsoni   .... 

148 

0.  Brookei 

153 

Caprines    

156 

Pseudois  nahoor 

156 

Capra  sibirim  .    .    . 

162 

Antilopinks 

168 

Saiga  tatarica .   .   . 

168 

Pantholops  Hodfisnni 

173 

Cazelta  picticaudata 

176 

G.  gutturosn  .... 

179 

G.  Przeurilsliiii  .    .    . 

182 

G.  mbgutturosa    .    . 

185 

G.    —  garliandensis 

187 

MOSCHIDF.S.     .     .     . 

Moaclius  mosch i férus 

189 

M.  sifanicus  .... 

192 

Cervidés 

PlkSIOMÉTAGARI'IENS 

193 

Cervus 

193 

C.  Wallichi  .... 

195 

C.  cayhmeei'innus.    . 

199 

C.  yarknndensû    .    . 

202 

1 

(\  .ranthopygus    .    . 

205 

G.    —  typicus  .    .   . 

209 

C.     —  eustephamis. 

211 

C.  bedfonlianux    .    . 

213 

C.  albirostris.   .    .    . 

215 

TÉLÉMÉTACAKPIENS 

220 

Capreolvs 

220 

C.  caprœa,  var.  py- 

gargus 

220   1 

223 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES. 

{Première  série). 


E.   TOPSENT, 

Professeur  à  l'Université  de  Rennes. 


L'exploration  des  Açores  par  le  yacht  Princesse- Alice  durant  ces 
trois  dernières  années  (1895  97)  a  fourni  une  riche  collection  de 
Spongiaires  dont  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  m'a  fait  l'honneur 
de  me  confier  l'étude. 

Elle  comprend  naturellement  nue  bonne  proportion  de  types  déjà 
recueillis  dans  ces  mêmes  parages  au  cours  des  campagnes  de 
V Hirondelle;  puis  un  assez  grand  nombre  d'Epongés  connues  qui 
n'avaient  été  signalées  que  dans  des  localités  plus  ou  moins  loin- 
taines; enfin,  une  grande  quantité  de  formes  nouvelles,  dont  beau- 
coup fort  curieuses. 

Parmi  les  plus  intéressantes  des  espèces  de  Vtlirondelle  (t)  retrou- 
vées dans  ces  conditions,  je  citerai  :  Hyalonema  infundibuluin  Tops., 
d'abord  rapportée  à  H.  Thomsoni  Marsh.,  puis  récemment  (2)  con- 
sidérée comme  espèce  distincte,  Calthropella  simplex  Soll.,  Chara- 
cella  Sollasi  Tops.,  Pœcillastra  amygdaloides  (Cart.)  dont  était  syno- 
nyme ma  Pachastrella  debllis,  Erylus  nummulifer  Tops.,  Coppatias 
Johnstoni  var.  incrustans  (nom  ancien  Dorijpleres  iiicrustans) ; 
LatruncuUa  insignis  Tops.,  L.  biannulata  Tops.,  Polumastia  corticata 
Rdl.  et  D.,  Axinella  flustra  Tops.,  Sollasella  hystrix  Tops,  (primiti- 
vement Trackya  hystrix),  Syringella  liuntilis  Tops.,  Suberotelites 
demonstrans  Tops.,  liaspailia  falcifera  Tops.,  Stylostichon  Dendyi 
Tops.,  Hymeraphia  tuberosocapitata  Tops.,  Dendoryx  pectinata  Tops., 
Joyeaxia  inrldis  Tops.,  Esperiopsis  polymorpha  Tops  ,  Gelliodes 
fayalensis  Tops.,  Biemma  Grimaldii  Tops.,  Rhaphisia  spissa  Tops, 
(d'abord  Thrinacophora  ?  spissa),  Metshnikovia  Filholi  Tops.,  Hali- 

(1)  E.  TopsENT,  Contribuiion  à  l'étude  des  Spongiaires  de  l'Allanlique  Nord, 
Monaco,  1892. 

(2)  E.  TopsE^T,  Eponges,  Rcsiiltats  scientifiques  de  la  campagne  du  «  Caudan  » 
dans  le  Golfe  de  Gascogne,  août-seplenibre  189o.  Annales  de  l'Université  de  Lyon, 
1896. 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  .\i.    -  15 


22G  K.    TOI'SBNT 

rhoudriu  Icuconoiilcfi  Tops,  cl  //.  iKirhii'^lrflloKlcs  T(t|is.,  ciiliii,  sous 
un  nspprt  (lilÏÏM-euf,  retroaid  clurnid !  (H;ils.  (liiv.). 

Les  Eponges  connuos,  nouvelles  i)onr  la  faune  des  Armes,  sont  : 
Hrijailn'Ud  plnvni.r  Sclun..  Sffwpaf/rlla  7iu.r  Schm.,  Rhahihpertclla 
tinli)unt.'<  Sclnn.,  Ddiirniclla  aimplcr  Tops.,  Munindrcnia  clarnlrlld 
(Schm.),  l'ihchrold  hirtca  (Cart),  Callliropclld  geoilioidrs  ((/,\rl.), 
ParhastrcUd  ncistcDKild  j.end.,  Sphinclrdla  t/racilis  Soll..  StclIcUa 
/)////.s-.sr/(.s-  Sollas,  Thrtdiihds  iilnissi  ((larlcr)  \';\v.,Spoiif/()soril('!<  placenta 
Tops.,  cliond  Idliyrnithini  Hanc,  Dototia  pnUhcUa  Cart.,  Thoosa 
nrmata  Tops.,  Akxtona  M illari  Cm'l.,  iliimedesmia  tristcllata  Tops., 
Hitlleid  ovifonnis  Dend.,  lihdhdrrcinid  minutula  (Cart.),  Plocdmia 
dinhii/ua  (Bow.),  Anlella  syri/nularia  Sclnn.,  (iuitarra  finibriata 
Cart.,  Acdrnus  lorlilis  Tops.,  Leptosia  lacicmis  Tops,  (primitivement 
Doidorij.r  Juciensis),  Arteniisina  ApoUinii^  Rdl.  et  D.,  Rapeviopsis 
riUom  Carter,  Mel>ih)iikovia  spinispiculum  (Cart.),  lieniera  impirxa 
Schm.,  et  les  deux  curieuses  Espérellines  que  j'ai  décrites  en  1896, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  sous  les  noms  de  Pozziella  clacisippta 
et  (ioinpfwsteyia  loricata. 

Quant  aux  espèces  nouvelles,  j'ai  pris  la  décision  d'en  faire  con- 
naître quelques-unes,  par  séries,  en  attendant  la  publication  du 
volumineux  mémoire  accompagné  de  planches,  qui  sera  consacré 
à  l'ensemble  de  la  collection. 

La  première  série  se  composera  des  douze  espèces  suivantes.  J'y 
ajoute  une  élude  sur  ma  lihaphisia  spis^a,  dont  l'unique  spécimen 
recueilli  eu  4888  ne  m'avait  pas  donné  une  idée  suffisante. 

Genre  Petromica  n.  g. 

.l^or/c<(/at' massives,  en  forme  de  cônes  dressés,  à  surface  conu- 
leuse,  à  pores  dispersés,  à  oscules  membraneux,  à  ectosome  déve- 
loppé aspiculeux,  à  desmas  peu  ornés  et  faiblement  reliés  entre 
eux. 

Petromica  Grimaldii,  n.  sp. 

(Fig.  1.  (t). 

Cette  intéressante  Lithistide  est  commune  dans  la  région  des 
Açores.  Le  yacht  Princesse- Alice  en  a  recueilli  près  de  50  spécimens 
dans  diverses  localités:  auprès  de  Terceira(Stn.  587,  par  597'»  et  Stn. 
866,  par  599™),  deux  spécimens;  dans  le  détroit  entre  Pico  et  Sào 
Jorge  (Stn.  600,  par  349™),  une  douzaine  de  spécimens;  sur  le 
Banc  de  la  Princesse-Alice  (Stn.  899,  par  200™),  une  trentaine  de 
spécimens. 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  227 

En  l'absence  de  microsclères  comme  de  mégasclères  propres  à 
l'ectosQme,  on  voit  d'abord  qu'on  a  affaire  à  une  AnopHa.  Ses 
desmas  mouocrépides  et  ses  oxes  marquent  sa  place  dans  la  famille 
des  Azoricidae  ;  mais  elle  se  distingue  de  tous  les  genres  d'Azori- 
cides  qu'admet  Sollas  à  la  fois  par  ses  caractères  extérieurs,  par 
sa  structure  et  par  les  détails  de  sa  spiculation. 

Petroniica  fîrinialdii  est  une  Eponge  massive,  mais  non  point 
informe.  De  quehjue  lieu  qu'ils  proviennent,  tous  les  spécimens 
ont  même  faciès  :  larges  à  la  base,  ils  vont  s'amincissant  vers  le 
haut;  ce  sont  des  cônes  dressés  tout  droit  sur  le  support,  tantôt 
plus  trapus,  tantôt  plus  élancés. 

Leurs  dimensions  varient  beaucoup.  Les  plus  grands  dépassent 
quatre  centimètres  de  hauteur  et  trois  centimètres  de  diamètre  ; 
les  plus  petits  ont  à  peu  près  la  grosseur  d'une  noisette. 

Plusieurs  ont  pour  base  un  petit  caillou  roulé.  La  plupart  ont 
été  détachés  de  leur  support  par  l'engin,  mais  la  déchirure  s'est 
faite  franchement  et  leur  partie  inférieure  se  montre  plane  ou 
même  un  peu  arrondie. 

La  couleur,  dans  l'alcool,  est  toujours  blanchâtre. 

La  surface,  lorsqu'elle  est  intacte,  se  hérisse  de  conules  raides 
et  pointus,  hauts  de  0"i"\")  à  1™™,  distants  de  1,5  à  2^^. 

Entre  leurs  bases,  l'ectosome  s'étend,  sous  forme  d'une  membrane 
aspiculeuse  et  translucide.  Il  recouvre  ordinairement  un  seul  pore, 
rarement  deux  ou  trois,  dans  chaque  maille  du  réseau  conuleux. 
Ces  orifices,  assez  grands,  inégaux  (0™™o  à  1™™  de  diamètre)  et  de 
contours  irréguliers,  se  percent  ainsi  sur  tout  le  pourtour  du  corps. 
Cependant,  en  plusieurs  endroits,  la  surface  se  creuse  aussi  de 
vallées  longitudinales  profondes  sur  lesquelles  passe,  très  mince, 
la  membrane  ectosomique.  Cela  constitue  autant  de  larges  canaux 
exhalants,  superliciels.  Naissant  à  une  distance  variable  de  la  base, 
ils  s'élèvent  jusqu'au  voisinage  du  sommet  pour  s'ouvrir,  tantôt 
séparément,  tantôt  après  s'être  fusionnés,  par  des  orifices  à  bords 
membraneux,  qui  représentent  par  conséquent  les  oscules. 

L'intérieur  de  l'Eponge  est  compact  à  partir  d'une  certaine  pro- 
fondeur et  ne  contient  plus  de  ces  grands  canaux  aquifères. 

Avant  d'examiner  ses  spicules  au  microscope,  il  est  impossible 
de  prendre  Petromica  Grimaldii  pour  une  Lithislide.  Elle  offre  un 
aspect  tout  différent  de  celui  que  revêtent  d'habitude  les  Eponges 
de  ce  groupe  ;  elle  possède  en  outre  une  consistance  toute  particu- 
lière. On  dirait  plutôt  quelque  iMonaxonide.  Elle  se  laisse  tailler 
au  scalpel,  déchirer  à  la  pince,  tout-à-fait  comme  une  Halichondria , 


228 


K.     lOI'SRNT 


mil'  nrmliiri/r,  un  Drsintiritlon^  pur  cxciiipl»'.  |/illiisif>ii  est  cowi 
pliMt'.  L'cxMiiicn  (le  ses  dosniMs  et  l'rliKh!  dr  leur  riin(!i'  (rimiuii  nous 
foiirnisseiil  l'explication  de  sa  lia^ililé  ;  en  nirnu'  lenips.  ils  nous 
|)(M-nielU'nl  dt^  déclarer  l'.(iriiii(tlilli  un  [xmi  pins  fciinc  (piand  nn^nie 
(jue  plusieurs  autres  Lithistides  également  reniar(|uables  sous  ce 
rapjiorl,  Xeojicltd  iirifrcla  Sclim.,  dont  les  desnias  présentent  des 
lioinls  de  zY^ose  moins  dilïérenciés,  Discoilrniild  dissobila  Sehm.,  a 
desnias  sans  zygose  du  tout,  eiilin  A'(///V;/).s/s  pcriiioUis  Tops.  (I), 
dont  les  desnias  ne  se  louchent  même  pas  entre  eux. 

Spiculalion.  —  I.  Méga.sclères  :  1.  I),'sin(is  monocrépides,  de  forme 


Vi'^.  1.  —  a,  desmas  de  l'elritnnca  Griiiinlilii,  X  •"■';  '',  !>',  "lesmas  de 
iJonocrepidiaiii  ccrmiculaliun,  X  •"■J- 

très  irrégulière,  généralement  ramifiés  dans  tous  les  sens.  Leurs 
branches  sont  longues,  épaisses  (45  a  en  moyenne)  et  lisses;  elles 
ne  produisent  qu'un  petit  nombre  de  ramuscules,  courts  et  grêles 
(15  à  18  [X  d'épaisseur),  dont  la  terminaison  s'orne  de  petits  tuber 
cules  coniques  non  pointus.  Le  canal  axial  du  desma  se  montre 
dans  l'une  des  branches  principales  comme  un  filet  simple,  assez 
court  et  plutôt  mal  marqué.  La  zygose  s'établit  seulement  par 
l'extrémité  d'un  petit  nombre  de  branches  de  chaque  desma;  ces 
extrémités  zygiales  tantôt  s'aplatissent  et   tantôt   s'incurvent   en 


(1)  E.  TopsENT,  Etade.^  de  Spongiaires.  Hevue  biologique  du  Nord  de  la  France 
II,  n»  8,  p.  9,  Lille,  1890. 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  t'IU 

cuilleron;  souvent  lisses,  elles  portent  fi-équemiiient  sur  leurs 
bords  des  sortes  de  denticules,  correspondant  de  toute  évidence  aux 
tubercules  de  ramuscules  qui  auraient  dû  se  développer  à  leur 
place.  La  longueur  et  la  simplicité  des  branches,  le  petit  nombre 
des  extrémités  zygiales  de  chaque  desma  et  la  faiblesse  de  ren;;re- 
nage  aux  points  de  contact,  tout  contribue  à  ne  donner  à  la  char- 
pente squelettique  qu'un  minimum  de  solidité.  Aussi  1  ebullitiou 
d'un  fragment  de  Pi'tromica  dans  l'acide  azotique  amène-t  elle  une 
assez  prompte  dissociation  de  ses  spicules. 

Les  desmas  ne  prennent  pas  part  à  la  constitution  des  conules; 
ils  s'arrêtent,  eu  général,  au  niveau  des  pores. 

2.  0.n-s  lisses,  fusiformes,  légèren^ent  courbés,  à  pointes  gra- 
duellement etlilées.  De  dimensions  variables,  ils  atteignent  1'»™  de 
longueur  sur  25  jx  d'épaisseur  au  centre.  On  les  trouve  par  tout  le 
corps,  dispersés  dans  les  membranes.  Ce  sont  eux  qui  forment 
l'axe  des  conules,  mais,  pour  cette  fonction  spéciale,  ils  subissent 
une  intéressante  modification  :  l'une  de  leurs  pointes  s'alrophie  et 
ils  se  transforment  en  styles  purs  ou  fusiformes,  c'est-à  dire  com- 
plètement ou  par  à  peu  près.  Ils  se  disi)osent  dans  ces  éminences 
superficielles  par  faisceaux  longitudinaux  et  tournent  constamment 
vers  le  haut  leur  pointe  acérée. 

Pas  de  microsclères. 

Genre  MoNocnEpmiLM  n.  g. 

Desmanthidae  encvoùlnuh'^  î\  desmas  mouocrépides,  non  ramifiés, 
diversement  tordus,  charges  de  tubercules  arrondis,  et  à  styles 
lisses  hérissant  la  surface. 

Monocrcpidiitui   rrnniculation  n.  sp. 
(Pig.  1,  hh). 

Trois  représentanis  de  cette  Lithistide,  basés  sur  des  débris  de 
polypiers,  ont  été  recueillis  en  1897  (Stn.  866),  non  loin  de  Terceira, 
par  599'".  de  profondeur. 

Ils  forment  des  croûtes  assez  étendues,  minces  (0™™5),  grises 
dans  l'alcool,  très  hispides,  sur  lesquelles  ne  s'aperçoit  aucun 
orifice  aquifère. 

Leur  spiculalion  est  des  plus  caractéristiques. 

Spiculaiion.  —  1    Mégasclères  :  L  Desmas  de  forme  très  particu- 
lière. Ils  sont  mouocrépides,   nullement  ramifiés,  allongés,  capri 
cieusement  tordus  et  chargés  de  tubercules  nombreux,  arrondis, 


230  K.   roi'SENT 

|u'ii  ('Icvi^s.  Les  lunncs  jtMinos  se  iiKiiiln'iil  lisses  cl  cllih'cs  aux 
deux  bouts.  Lh  canal  axial  demeure  loujouis  siuiple.  Leur  lorsiou 
supplée  les  chutes  absents  et  leur  peiiuet  de  constituer  une  char- 
pente réticulaire.  Los  desnias  avoisinant  la  péri|iliérie  sont  ^énéra- 
leuieiil  (dus  grêles  (jue  ceux  des  couches  profondes.  I^a  zygose 
s'établit  entre  desmas  qui  se  croisent  par  enj^renage  de  leurs 
tubercules  aux  |toinls  de  rencontre;  elle  n'est  pas  extrêmement 
solide,  aussi  rébullition  dans  l'acide  azotique  réussit-elle  à  dissocier 
sans  trop  de  dilhculté  un  certain  nombre  de  ces  spicules.  Leur 
aspect  constant  ne  rappelle  rien  de  ce  (jue  l'on  connaît  jusqu'ici. 
Chez  certaines  Azorica.  on  peut  voir  quelques  desmas  niarquer  une 
tendance  à  s'allonfj;er  dans  un  seul  sens  sans  presque  se  ramilier; 
mais  la  ressemblance  entre  eux  et  les  desmas  de  Monocrcpidium 
reste  bien  lointaine.  Ceux-(M  mesurent,  (juand  ils  sont  bien  déve- 
loppés, environ  ;J00  a  de  longueur  sur  ^2^\  y.  d'épaisseur. 

2.  Styles  lisses,  à  base  ordinairement  courbée,  à  pointe  libre 
acérée.  Ils  ressemblent  tout-à-fait  aux  styles  de  Dcsmanthus  inrnis- 
tans  et  occupent  la  même  position  ([u'eux.  Ils  s'implantent, 
solitaires,  mais  assez  près  les  uns  des  autres,  verticalement  sur  la 
charpente  de  desmas  et  fout  longuement  saillie  au  dehors.  Leurs 
dimensions  varient  b(;aucoup  ;  tantôt  courts  et  gros,  longs  et  grêles, 
longs  et  forts,  ils  mesurent  de  250  [j.  à  1'"'"  de  longueur  et  de  10  à 
25  [JL  d'épaisseur  à  quelque  distance  au-dessus  de  la  base.  Leur 
ensemble  rend  la  surface  du  corps  densémeut  et  inégalement 
hispide. 

Pas  de  microsclères. 

La  découverte  de  Moïiocrepidium  vernuculatum  vient  modifier  mes 
vues  au  sujet  de  la  famille  des  Desmanthidae  que  j'ai  créée  pour 
recevoir  d'abord  Dcstnantltits  incrnstiuis  et  qui  s'enrichit  de  ce  nou- 
veau type. 

Rien  n'est  facile  comme  de  mettre  en  évidence  les  affinités 
étroites  de  ces  deux  Eponges.  Elles  ont  le  même  aspect  et  la  même 
structure.  Elles  possèdent  la  même  spiculatiou.  Elles  manquent  à 
la  fois  de  microsclères  et  de  mégasclères  tétractinaux  propres  à 
l'eclosome  et  prennent,  pour  ce  motif,  place  parmi  les  Anoplia  de 
Sollas  ;  elles  arment  leur  surface  de  styles  lisses  dressés,  sembla- 
bles jusque  dans  le  détail  de  leur  courbure;  elles  Reproduisent 
qu'une  seule  sorte  de  desmas,  car  les  desmas  de  deux  tailles  de 
Desnunillins  iuciuslaiis  ne  peuvent,  à  tout  prendre,  être  considérées 
que  comme  représentant  une  catégorie  unique  de  spicules,  les  plus 


ÉPONGES    NOUVELLES    DIÎS    AÇORKS  231 

grêles  étant  simplement  les  plus  superficiels  ;  enfin,  ces  desmas 
présentent  la  même  ornementation.  Toute  difïérence  entre  elles 
réside  exclusivement  dans  la  forme  de  leurs  desmas  :  ceux  de 
Dt'^manthus  sont  tétracrépides,  avec  rhabdome  et  clades,  ceux  de 
Monocrepidium  sont  monocrépides,  simples,  vermiculoïdes.  Ce 
caractère  constitue,  il  est  vrai,  l'un  des  principaux  éléments  de  la 
classification  des  Lithistides  proposée  par  Sollas  ;  mais,  capital 
dans  un  système  artificiel,  il  peut  bien  diminuer  d'iuiportance 
lorsqu'il  s'agit  d'etïectuer  des  groupements  naturels.  Et,  dans  le  cas 
présent,  je  ne  crois  pas  devoir  lui  reconnaître  plus  qu'une  valeur 
générique. 

Les  Desmanthus  et  Monocrepidium  composent  l'un  de  ces  groupe- 
ments. Ce  sont  des  Anoplla^  distinctes  des  Azoricidac  par  l'infériorité 
de  leur  structuie,  par  la  variabilité  du  type  de  leurs  desmas  et  par 
le  type  mouactiual  de  leurs  mégasclères  de  défense  externe.  Ce 
sont,  en  un  mot,  des  Des  niant  hldac.  définies  comme  suit  : 

Famille  des  Desmanthidaiî.  —  Anoplia  à  desmas  d'une  seule  sorte, 
monocrépides  ou  tétracrépides,  chargés  de  tubercules  arrondis  et 
constituant  une  charpente  réticulaire  sur  laquelle  s'implantent  des 
mégasclères  monacticaux  hérissant  la  surface.  Pas  de  inicrosclères 
ni  de  spicules  tétractinaux  propres  à  l'ectosome. 

Deux  genres  actuellement  conuus  : 

G.  Desmanthus.  —  Desmanlhidae  encroûtantes  à  desmas  tétracré- 
pides présentant  rhabdome  et  cladome  ramifié,  couverts  de  tubercules 
arrondis,  et  à  styles  lisses  hérissant  la  surface.  Type  :  D.  incrustans. 

Ci.  Monocrepidium. —  Desmanlhidae  encroûtantes  à  desmas  mono- 
crépides, non  ramifiés,  diversement  tordus,  couverts  de  tubercules 
arrondis,  et  à  styles  lisses  hérissant  la  surface.  Type  :  M.  termi- 
culatum. 

Genre  Heteroxya  n.  g. 

Aciculida  revêtantes,  sans  microsclères,  à  choanosome  à  peu  près 
aspiculeux,  à  ectosome  en  revanche  ditïérencié  en  une  écorce  solide 
armée  d'oxes  de  deux  sortes  disposés  verticalement  :  les  uns  très 
nombreux  et  serrés,  ornés  d'épines  ;  les  autres,  bien  plus  grands, 
lisses,  solitaires,  se  projetant  au  dehors  sur  une  bonne  partie  de 
leur  longueur  et  déterminant  l'hispidation  de  la  surface. 

Heteroxya  corticata  n.  sp. 
(Fig.  2,  a). 
Il  en  existe  dix  spécimens  dans  la  collection,  dragués  tous  aux 


2;i2 


Kil'SKNT 


Açoros  :  trois  provioiinent  de  la  campagne  dt;  18'.l.)  (Sln.  ;i78,  par 
ll(i:i  ).  ciiui  (le  la  campagne  de  1N%  (Slu.  702,  par  13()0'"),  les 
deux  autres  de  la  campagne  de  1897  (Sln.  801),  près  de  (iraciosa, 
par  124(»'»  de  profondeur). 

Ils  forment  sur  des  pierres  des  plaques  grisâtres,  hispides,  peu 
étendues  et  ne  dépassant  guère  2'"'"  d'épaisseur.   Le  plus  grand 


^viîr 


n 


() 


ë  Qi' 


Fig.  2.—  a,Heleroxya  corlicata,y_  180;  b,  isoch<Mes  épineux  de  Leplosia  Schmidti, 
X  340  ;  c,  toxe  de  Rhap/nsia  spissa,  X  180;  d,  cladotylostyle  do  Tylexocladus 
Joiibini,  X  105;  d',  extrémités  du  même,  X  340:  d",  oxe  centrotylote  de  la 
même  Éponge,  X  340;  e,  acanlhoxe  de  Yvesia  Alecto,  X  340;  e',  passage  de 
l'acantboxe  à  l'aster;  t",  aster  de  Y.  Alecto,  X  340;  h,  petite  discaster; 
/(',  grande  discaster  de  Sceplrintus  Richardi,  X  105;  g,  céroxes  de  Cerbaris 
lorquatus,  X  180;  i,  oxe  des  papilles;  i',  spirasters  épineuses  de  Cliona 
levispira,  X  340. 


atteint  à  peu  près  les  dimensions  d'une  pièce  de  cinq  francs.  La 
surface  est  généralement  souillée  de  vase  retenue  entre  les  pointes 
des  longs  spicules  externes.  Les  orifices  aquifères  sont  partout 
indistincts. 

Le  choanosome,  jaune  pâle  et  mou,  se  fait  remarquer  par  l'ab- 
sence presque  complète  de  charpente  squelettique;  on  y  rencontre 
seulement  de  loin  en  loin,  sans  ordre  appréciable,  quelques  acan- 
thoxes.  Les  tissus  sont  clairs,  non  sarcenchymateux 

L'ectosome,  très  développé,  mesure  bien  à  lui  seul  la  moitié  de 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  233 

l'épaisseur  totale  du  corps;  très  spiculeux,  il  n'est  pas  fibreux,  et, 
par  suite,  se  montre  solide  mais  non  coriace.  Sa  charpente  a  une 
structure  semblable  à  celle  de  Trachi/a  pernucli'ata  Cait.  Elle  se 
compose  d'oxes  de  deux  tailles.  Les  acaiithoxes  ([u'on  a  vus  épars 
dans  le  choanosome  s'y  pressent  en  multitude  et  se  disposent  cote 
à  côte  verticalement;  ils  constituent  ainsi  une  véritable  cuirasse 
dans  laquelle  s'implantent,  solitaires  mais  peu  espacés  et,  par 
suite,  nombreux,  de  grands  oxes  qui  jouent  un  rôle  défensif  à 
distance.  Ces  derniers,  qui  font  complètement  défaut  dans  le 
choanosome,  se  distinguent  facilement  des  autres  par  leur  taille 
bien  supérieure  et  par  leur  état  lisse;  ils  dépassent  la  cuirasse  en 
dedans  et  en  dehors,  mais  tandis  qu'ils  pénètrent  peu  dans  la  chair 
sous-jacente,  ils  font  saillie  à  l'extérieur  sur  les  deux  tiers  au 
moins  de  leur  longueur. 

Spiculation.  —  I.  Mégasclères.  Oxes  de  deux  sortes  :  1.  Acan- 
thoxes.  Ce  sont  des  oxes  variant  de  235  à  420  a  de  longueur  sûr 
12  à  23  [X  d'épaisseur,  à  pointes  acérées  assez  courtes,  à  tige  offrant 
en  son  milieu  une  courbure  brusque  plus  ou  moins  accusée,  quel- 
quefois flexueuse;  ils  s'ornent  d'épines  basses  dont  la  disposition 
n'est  d'ailleurs  pas  quelconque  :  rares  et  parfois  même  absentes 
vers  le  milieu  de  la  tige,  les  épines  manquent  tout  à  fait  aux  deux 
extrémités  après  s'être  surtout  accumulées  à  peu  de  distance  de  là. 
Les  acanthoxes  n'existent  qu'en  nombre  excessivement  restreint 
et  sans  ordre  dans  le  chaonosome;  ils  forment  le  squelette  compact 
de  l'ectosome.  2.  Oxes.  Ces  oxes  sont  lisses,  grands  et  forts,  à  pointes 
acérées  courtes,  à  lige  brusquement  courbée  en  son  milieu,  fré- 
quemment flexueuse  ;  ils  mesurent  Imi^B  à  2°i'"  de  longueur  et,  en 
moyenne,  35  \j.  d'épaisseur.  Ils  se  localisent  dans  l'ectosome  et 
paraissent  résulter  d'une  ditférenciation  des  acanthoxes  dans  un 
but  de  défense  à  distance;  ils  en  ont,  eu  effet,  l'allure  générale  et 
parfois  possèdent  encore  quelques  petites  épines  au  voisinage  de 
leurs  extrémités. 

Pas  de  microsclères. 

Heteroxya  corticata  se  place,  parmi  les  Aciculides,  immédiate- 
ment à  la  suite  des  Trachya.  Elle  ne  possède,  comme  elles,  que  des 
mégasclères  diactinaux  ;  ces  spicules  y  sont  de  deux  tailles  dis- 
tinctes, et,  en  se  serrant  verticalement  à  sa  surface,  ils  lui  consti- 
tuent une  cuirasse  ectosomique.  La  ressemblance  ne  va  cependant 
pas  jusqu'à  permettre  de  la  considérer  simplement  comme  un 
représentant  du  genre  Trachya.  Seule,  l'ornementation  spéciale  de 
ses  spicules  .n'autoriserait  saus  doute  pas  la  création  d'un  genre 


234 


K.     lOPSK.NT 


nouveau;  mais  iiin'  tclli- ((iiiitiirt' s'impose  du  fait  (fiie  sou  choano- 
s<ime  (leiiK^ure  presque  aspiciileux  et  (|ue  les  rares  spiciiles  qu'on 
y  trouve  épars  ne  sont  juslenienl  pas  ré(|uivalenl  <les  j^rands  oxes 
qui  forment  la  charpente  interne  des  Tracin/a  jicrnitcli'dtd  et  T. 
hoiridii. 

(îenre  Anisoxva  u.  '^. 

\rlntli(l(i  revêtantes,  sans  uiicrosclères,  à  ectosome  mince  non 
dilTt'-rencié  en  écorce,  à  clioanosome  caverneux  de  structure  hali- 
chondrioïde,  et  possédant  pour  mégasclèies  des  oxes  de  forme 
simple  et  de  plusieurs  tailles. 

La  nature  de  l'ectosome,  la  structure  du  clioanosome.  le  type  des 
spicules  et  leur  distribution  empêchent  toute  confusion  avec  le 
genre  Spotigosorites. 

Amsoxyu  glabra  n.  sp. 

L'espèce  est  établie  d'après  trois  spécimens  recueillis  aux  Açores  : 
l'un  en  1895  (Stn.  584),  au  S.  E.  de  Terceira,  par  845'",  sur  un 
polypier;  les  deux  autres  en  1807  (Stn.  899),  au  Banc  de  la  f^rin- 
cesse  Alice,  par  200'",  sur  des  SlreplriNtiis  HichariH. 

Ils  s'étalent  en  plaques  plus  ou  moins  étendues,  épaisses  de  2  à 
5mm^  remarquables  par  leur  aspect  luisant  dû  à  l'état  absolument 
glabre  de  leur  surface. 

L'ectosome,  aisément  détachable  par  grands  lambeaux,  est  une 
pellicule  incolore,  sèche,  assez  résistante.  Il  ne  porte  pas  d'oscules 
et  tous  les  elTorts  que  j'ai  tentés  pour  y  découvi'ir  au  microscope 
des  perforations  représentant  les  stomions  sont  demeurés  infruc- 
tueux. Malgré  la  bonne  conservation  des  échantillons,  je  ne  puis 
donc  décrire  les  orifices  aquifères. 

La  membrane  ectosomique  doit  sa  consistance  à  l'abondance  des 
spicules  qu'elle  renferme.  Ce  sont  surtout  de  grands  oxes  lisses,  à 
pointes  longues  et  acérées  et  à  tige  doucement  courbée  vers  le 
centre,  qui  se  disposent  parallèlement  entre  eux  en  de  larges  fais- 
ceaux se  coupant  sous  divers  angles  et  se  couchant  toujours  tan- 
gentiellemeut  à  la  surface.  Il  reste  de  la  sorte  fort  peu  de  place 
entre  eux,  et  les  intervalles  restreints  qui  persisteraient  se  trou- 
vent comblés  par  des  oxes  de  même  type,  mais  beaucoup  plus 
petits,  dispersés  sans  ordre  et  entrecroisés  en  tous  sens. 

Le  choanosome  est  jaune,  maigre,  caverneux,  cassant,  nullement 
friable.  Sa  structure  rappelle  beaucoup  celle  des  portions  basales 
de  Ciocalypta  penicillus,  par  exemple.  Elle  est  halichondrioïde, 
c'est-à-dire  qu'il  y  a  là  une  charpente  irrégulière,  point  serrée, 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  235 

assez  solide,  sans  sponij;ine.  Pour  la  constituer,  les  grands  oxes 
précités  ne  se  disposent  ni  en  libres  ni  en  lignes  continues,  mais 
simplement  par  paquets  d'importance  variable  se  croisant  sans 
régularité.  Autour  de  la  charpente  principale  se  répandent  à 
profusion  dans  tout  le  corps  des  oxes  beaucoup  plus  petits,  sem- 
blables à  ceux  qu'on  voyait  déjà  dans  l'ectosome. 

Spiculation.  —  I.  Mégasclères  :  Ores.  Les  spicules,  tous  de  môme 
type,  oxes  lisses  fusiformes  à  pointes  longues  et  fines,  doucement 
courbés  vers  le  milieu  de  leur  tige,  se  montrent,  comme  il  vient 
d'être  dit,  fort  inégaux  entre  eux.  On  peut  assez  bien,  d'après  leur 
taille,  les  répartir  en  catégories,  entre  lesquelles,  à  vrai  dire,  on 
finit  avec  un  peu  d'atteniiou  par  reconnaître  tous  les  intermédiaires 
possibles.  Il  y  a  d'abord  les  grands  oxes  principaux  de  l'ectosome 
et  de  la  charpente  choanosomique,  qui  vont  de  500  à  930  y.  de  lon- 
gueur sur  13  à  20  [j.  d'épaisseur.  Puis  les  petits  oxes  accessoires, 
répandus  tant  dans  l'ectosome  que  dans  le  choanosome,  et  qui  ont 
pour  dimensions  100  à  200  a  sur  3  à  6  ,a.  Ces  deux  catégories  existent 
seules  dans  le  spécimen  de  la  Stu.  584. 

Dans  les  spécimens  de  la  Stn  899,  la  seconde  catégorie  n'est 
représentée  que  par  une  proportion  bien  moindre  d'oxes  de  100  à 
200  u.  En  revanche.,  il  s'y  en  établit  une  troisième  d'oxes  excessi- 
vement nombreux,  plus  faibles  encore,  [)uisqu'ils  ne  mesurent  que 
50  tJL  sur  1  a  à  1  [x  et  demi. 

De  telles  variations  individuelles  excluent  de  la  définition  du 
genre  toute  formule  plus  précise  que  celle  employée  plus  haut  : 
oxes  de  forme  simple  et  de  plusieurs  tailles. 

Pas  de  microsclères. 

Cliona  levispira  n.  sp. 

(Fig.  2,  H'). 

Cette  Eponge  perforante,  qui,  par  ses  spirasters  lisses,  évoque 
le  souvenir  de  Cliona  veniilfera  Hancock  et  de  C  ahyssoniin  Carter, 
se  distingue  de  toutes  les  (Uloiia  connues  par  l'ensemble  de  sa 
spiculation.  Elle  est  seule,  en  effet,  à  ne  posséder,  avec  des  micro- 
sclères, que  des  mégasclères  diaclinaux.  Elle  représente  donc  un 
groupe  à  part  dans  le  genre  Cliona. 

Dans  ma  Deuxième  contribution  à  l'étude  des  Cllonides  (1),  j'ai 
essayé  de  répartir  en  six  groupes  les  Cliona  décrites.  Le  quatrième 
pntposé  ne  peut  être  maintenu  tel  que  je  le  comprenais  alors, 
parce  que  Cliona  Schinidti  (Ridl.)  doit  en  réalité  rentrer  dans  le 

(1)  Archives  de  Zoologie  expérimentale  et  générale  (2'  série),  IX,  1891. 


236  K.    TOPSKNT 

Iroisit'iiic  j;r()ii|H'.  ;'i  coh'  de  Cliintn  nridis,  ('.  ('a ricri ,  cU'.,  cl  |i;irce 
(|u  il  csl  ;iiij()iii(l'liiii  ;iV(''r(''  (|iie  Clioiiti  .hilinstoni  (Scliiiiidl)  est  iiiie 
Aciciilidc  liliiT  cl  non  [n'ilnrantc,  une  cs|icc<;  du  j,^eiue  Cojij.iUitis. 
Le  (jualricnic  i;r()U|i(^  sera  donc  réservé  aux  Clioncs  du  type  de 
C.  leti>iiiir<i.  dont  la  spiculalion  se  coniijosc  d'oxes  et  de  spiraslers, 

La  rc|)arlili()n  aboutit  en  somme  au  sysicme  suivant  : 

]cr  groupe  :  CHuna  possédant  des  tylostyles,  des  oxes  et  des 
spirasters;  type  C.  vasUfica  liane. 

2*^  j^roupe  :  Cliona  possédant  des  tylostyles  et  des  oxes,  sans 
microsclères  ;   type  C.  punliai  Czern. 

3«  groupe  :  Cliona  possédant  des  tylostyles  et  des  spirasters; 
type  C.  lobata  Hanc. 

4«  groupe  :  Cliona  possédant  des  oxes  et  des  spirasters;  type 
C.  lerispira  n.  sp. 

5e  groupe  :  Cliona  ne  possédant  que  des  tylostyles;  type  C.  qua- 
drata  Hanc. 

6*  groupe  :  Cliona  ne  possédant  que  des  oxes;  lyjje  C.  Idlnjrintlnca 
Haoc. 

Cliona  jiurpunui  Hancock  et  Vioa  lUmcocki  Schinidt  ne  sont  sans 
doute  pas  des  Clionides.  liltaphidhistia  siieckibilis  Carter,  revêtante 
mince,  semble  être  non  pas  une  Cliona  du  (luatrième  groupe,  mais 
bien  plutôt  une  Aciculide. 

Cliona  levispira  paraît  commune  aux  Açores.  Le  yacht  Princesse- 
Alice  en  a  recueilli  dans  plusieurs  localités  éloignées  les  unes  des 
autres  quelques  spécimens  perforant  des  polypiers  divers.  Klle  y 
creuse  des  galeries  divisées  en  compartiments  ou  cellules  de  dia- 
mètre variable  mais  excédant  rarement  3  millimètres.  Elle  commu- 
nique avec  l'extérieur  par  des  papilles  petites  et  peu  nombreuses 
ne  dépassant  pas  la  surface  du  polypier;  les  orifices  dans  lesquels 
elles  s'engagent  ne  mesurent  pour  la  plupart  que  O'"'";")  et  atteignent 
au  plus  l™°i  de  diamètre. 

Blanche  dans  l'alcool,  la  chair  est  molle,  opaque,  granuleuse.  Des 
oxes  fusiformes  assez  grands  et  épais  en  constituent  la  charpente 
très  lâche  et  sans  ordre  apparent.  Des  spirasters  lisses,  très  sinueu- 
ses, s'y  montrent  partout  abondantes  ;  elles  s'accumulent  en  grand 
nombre  au  niveau  des  étranglements  interlobaires  ménagés  dans 
le  calcaire. 

Les  papilles  sont  dures  et  difllciles  à  dissocier  par  suite  de  la 
multitude  de  spicules  qu'elles  renferment.  l\  y  a  là  d'abord,  groupés 
parallèlement  entre  eux  en  un  faisceau  aussi  large  que  la  papille, 
des  mégasclères  spéciaux,  grêles,  diaclinaux,  mais  à  extrémités 


ÉPONGES    NOL'VELLKS    DES    AÇORES  237 

nettemenl  dissemblables,  oxes  dilïérenciés  évideiiiinent  en  vue  du 
rôle  qu'ils  ont  à  jouer.  De  leurs  extrémités,  la  plus  eOilée  se  tourne 
toujours  vers  le  sommet  de  la  papille,  l'autre,  obtuse,  se  place  au 
niveau  de  sa  base,  et,  comme  ils  se  disposent  sur  un  seul  rang,  leur 
longueur  détermine  la  hauteur  de  l'organe.  On  observe  quelquefois 
des  papilles  dont  le  squelette  se  compose  d'un  mélange,  en  propor- 
tions d'ailleurs  inégales,  d'oxes  ditTérenciés  et  d'oxes  normaux,  ces 
derniers  seulement  un  peu  plus  courts  que  de  coutume.  Dans  la 
règle,  les  papilles  possèdent  des  mégasclères  diactinaux  spécialisés 
et  n'en  ont  pas  d'autres.  Puis,  les  spirasters  lisses  s'y  développent 
en  quantité  considérable,  beaucoup  d'entre  elles  y  subissant  une 
réduction  de  taille  très  sensible  et  ne  décrivant  plus  qu'un  tour  ou 
deux  de  spire.  Enfin,  le  sommet  des  papilles  porte  encore  d'autres 
microsclères,  des  spirasters  épineuses,  très  petites  et  droites,  sou- 
vent difïïciles  à  découvrir,  d'autres  fois  abondantes  et  formant 
comme  une  poussière  ténue  entre  les  pointes  libres  des  inéqui-oxes. 
Malgré  leur  exiguïté,  ces  spirasters  ainsi  localisées  offrent  beaucoup 
d'intérêt,  Cliona  levispira  nous  apparaissant  dès  lors  plus  riche  en 
microsclères  que  la  plupart  de  ses  congénères.  Les  spécimens 
dragués  au  N.O.  de  San  Miguel  comme  ceux  recueillis  auprès  de 
Graciosa  ou  de  Florès  s'en  montrent  pourvus. 

Cliona  levispira  est  caractérisée  à  la  fois  par  la  possession  de 
deux  sortes  de  spirasters,  par  le  manque  de  mégasclères  autres 
que  des  oxes,  et  par  la  différenciation  de  ces  oxes  dans  les  papilles. 

En  les  étudiant  avec  un  peu  d'attention,  on  reconnaît  bien  vite 
des  termes  de  passage  entre  les  oxes  de  la  chair  et  ceux  des  papilles. 
La  différenciation  marquée  qui  s'effectue  ainsi  rappelle  celle  qui  se 
produit  sur  les  tylostyles  des  C.  ensifera  et  C.  mucronata  Soll.  Je  ne 
vois  pas  qu'il  en  ait  été  signalé  d'autres  exemples  chez  les  Gliones. 

11  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  combien,  par  ses  oxes 
normaux  et  par  ses  spirasters  lisses,  Cliona  leoispira  offre  de  res- 
semblance avec  C.  abussornin  Cart.  Seulement,  cette  dernière  est 
munie  de  tylostyles  à  tète  ovale,  bien  accusée,  longs  de  785  a,  loca- 
lisés dans  les  papilles.  Je  les  ai  vainement  cherchés  partout  dans 
toutes  les  C.  levispira  que  j'ai  eues  à  ma  disposition  ;  leur  absence 
est  constante  et  toujours  les  oxes  grêles  à  pointes  inégales  en 
tiennent  lieu. 

SpiculaHon.  —  L  Mégasclères  :  1.  Oxes  du  choanosome,  à  tige 
lisse,  épaisse,  très  faiblement  courbée,  à  pointes  semblables,  acé- 
rées, pas  très  longues;  ils  mesurent  330  à  410  (x  sur  15.  2.  Oxes  des 
papilles,  à  tige  lisse,  grêle,  très  légèrement  courbée,  avec  une  pointe 


238  K.     lOI'SK.NT 

tlisliilf  loiij^ue  cl  ;i('«^ré(;  ri  une  ixtiiilc  pioxiiiiiilf  oIjIiisc.  plus  ou 
moins  lr(Hi(|uéi' ;  ils  oui  ciiviioii  2()0  a  de  luiii;uriir  el  .'{  à  4  y.  de 
[lins  ^iJinde  «'[laisseiir. 

II.  MicidsclÏTOS  :  3.  >ij)ini^icrs  lisses,  épaisses,  Irî's  coiiloiirnées, 
décrivant  jusqu'à  r\\\(\  lours  de  spire,  de  diineiisious  fort  variables, 
depuis  15  a  sur  \  jus(|u'à  130  et  uit^nie  loO  [x  sur  S  ;  les  |)lus  gran- 
des se  Irouvenl  surtout  dans  la  cliair,  les  plus  petites  dans  les 
papilles.  4.  Sfiirastcrs  épineuses,  courts  bâtonnets  droits,  longs 
seulement  de  7  à  10  ;x,  épais  de  2  a,  présentant  en  leur  milieu  un 
verlicille  d'épines  relativement  fortes  et  aux  deux  bouts  une  petite 
couroune  d'épines  moins  marquées;  elles  se  continent  sur  le 
plateau  supérieur  des  papilles. 

La  découverte  de  Cliona  Icrispira  jette  un  jour  nouveau  sur  Dotona 
pulcliclla  Carier.  Les  conclusions  que  je  tire  de  leur  comparaison 
sont  d'autant  mieux  fondées  que  le  yacht  Princesse- A  lice  a  recueilli 
aussi  aux  Açores  (Stn.  837,  prof.  880™),  perforant  des  polypiers, 
cette  même  Dotona  pulchella  signalée  jusqu'ici  seulement  dans  le 
golfe  de  Manaar. 

D'après  la  description  et  les  ligures  données  par  Carter,  il  sem- 
blait que  Z>. /Ju/c/jc/Za  fût  pourvue  de  mégasclères  diactinaux  cou- 
verts de  tubercules  disposés  par  bandes  annulaires,  de  microxes 
linéaires  et  d'amphiasters.  Le  rapprocbement  avec  Airctona  Ilifigini 
s'établissait  alors  facilement.  J'avais  été  conduit  de  la  sorte  (1)  à 
supprimer  le  genre  Dotona  au  prolit  du  genre  Alectona. 

En  réalité,  la  spiculation  de  Dotona  pulchella  doit  être  considérée 
d'une  façon  bien  différente.  Les  spicules  diactinaux  à  verticilles  de 
tubercules  sont  des  spirasters,  diversement  courbées  ou  flexueuses 
mais  non  spiralées,  homologues  des  spirasters  lisses  de  Cliona  lecis- 
pira  et  sensiblement  de  même  taille  qu'elles.  Les  spicules  grêles 
acués  correspondent  aux  oxes  modifiés  des  papilles  de  ('.  kmspira- 
plus  grêles  que  leurs  homologues  et  à  pointe  basale  encore  mieux 
effacée,  ils  se  localisent  comme  eux  dans  les  papilles,  côte  à  côte, 
la  pointe  effilée  terminée  en  dehors;  quel(|ues-uns  seulement  se 
montrent  épars  dans  la  chair.  Enfin  les  petits  microsclères  ne  sont 
pas  des  amphiasters  mais  des  spiraster.s,  puisqu'ils  n'ont  qu'un 
seul  cercle  d'épines  et  que  ce  cercle  est  plus  développé  que  les 
couronnes  des  deux  bouts  delà  tige;  par  leur  forme  et  par  leurs 
dimensions  ils  ressemblent  trait  pour  trait  aux  spirasters  épineuses 
de  C.  Icrispira  et,  comme  elles,  se  localisent  pour  la  plupart  sur  le 

(t)  Loc.  cil.,  p.  587, 


ÉPONGES    NOUVELLES   DES    AÇORES  239 

plateau  supérieur  des  papilles.  Le  parallèle  est  donc  tout  tracé. 

Cependant,  Dotona  pulchella  se  distingue  de  Cliona  levispira  par 
un  caractère  qui  conserve  toute  l'importance  d'un  caractère  géné- 
rique :  les  mégasclères  du  choanosome  ont  complètement  disparu. 
Une  telle  constatation  démontre  une  fois  de  plus  combien  les 
Clionidesse  relient  intimement  entre  elles  et  combien  leur  biologie 
spéciale  rend  capricieux  le  développement  des  divers  éléments  de 
leur  spiculation  typique. 

Ainsi  compris,  le  genre  Dotona  comporte  la  définition  suivante  : 
Clionidae,  dont  les  mégasclères  choanosomiques  fout  défaut;  les 
seuls  mégasclères  présents,  destinés  aux  papilles,  sont  des  styles 
grêles,  provenant  d'oxes  par  réduction;  les  microsclères  sont  des 
spirasters  de  deux  sortes,  l'une  d'elles  se  localisant  au  sommet 
des  papilles. 

Les  espèces  du  genre  Alrctona  (.1.  Millari,  A.  Hiijgini,  A.  Wallichi) 
possèdent  au  contraire  des  amphiasters  véritables. 

Genre  Sceptrintus  n.  g. 

SpirastreUidae  massives  dont  la  spiculation  comprend  une  faible 
quantité  de  styles  un  peu  épineux,  plus  ou  moins  fascicules,  ayant 
la  signification  de  mégasclères,  et  se  compose  surtout  de  discasters 
gigantesques  à  verticilles  d'épines  nombreux,  non  dressées  dans 
l'ectosome,  répandues  à  profusion  et  sans  ordre  dans  tout  le  choano- 
some. 

Les  discasters  du  type  Sceptrintus  Richardi  diffèrent  considéra- 
blement de  celles  des  Latranculia  par  leur  taille  et  par  leur  orne- 
mentation. Le  genre  Sceptrintm  est  bien  caractérisé  par  ce  fait  que 
les  discasters  ne  se  localisent  pas  dans  l'ectosome,  ne  s'y  accumu- 
lent pas  en  une  croûte  dense  superficielle  et  ne  s'y  dressent  pas 
verticalement. 

Sceptrintus  Richardi,  n.  sp. 

(Fig.  2,  h,  h'). 

Cinq  spécimens  en  ont  été  recueillis  en  1897  sur  le  Banc  de  la 
Princesse-Alice,  l'un  par  208^  (Stn.  889),  les  autres  par  200°" 
(Stn.  899).  Une  discaster  à  pointes  vives,  retrouvée  dans  une  prépa- 
ration de  spicules  de  Ilalichondria  leuconoides  draguée  par  le  yacht 
l'Hirondelle  en  1888,  par  318^,  au  S.E.  de  Pico  (Stn.  247),  semble 
indiquer  dès  maintenant  que  l'Eponge  ne  se  cantonne  pas  exclusi- 
vement sur  ce  banc. 

Il    s'agit    toujours    d'Epongés    assez    volumineuses,   massives, 


240  K.    TOI'SKNÏ 

iiiloi  iiif-,  ^iiii>  >u|i|i((rl,  iii;iis  |i|t'iiics  de  |(cli|s  iNihris  de  toutes 
sortes  qu'elles  (loivt'iil  iiicoriiorer  eu  eroissiuit  et  eu  |(;iilie  revêtues 
d'iiulres  S|)oui:i;iires  uiiuees.  I-Illes  s'iuiprèi^ueul  diius  toutes  leurs 
parties  d'une  belle  coloration  jaune  d'ocre.  De  structure  (;on)pacle 
et  de  consistance  ferme,  elles  sont  quand  môme  très  friables.  Nulle 
part  on  n'y  découvre  d'orilices  aciuifères.  Leur  surface,  sans  la 
moindre  tMninence  pa|>illiforuie,  se  montre  unie  et  glabre  [tarlout 
où  l'on  peut  la  trouver  libre  et  intacte.  Il  n'y  a  pas  d'ectosome 
détachable.  Le  corps  se  limite  par  une  mince  membrane  où  se 
reconnaissent  des  éléments  cellulaires  ;  par  endroits,  cette  mem- 
brane est  remplacée  par  une  délicate  cuticule  anhiste  et  jaunâtre. 
La  chair  du  choanosome  est  granuleuse  et  jaune. 

La  distribution  des  spicules  paraît  uniforme  dans  tous  le  corps  : 
c'est  partout  un  mélange  de  quelques  styles  fascicules  et  de  très 
nombreuses  discasters  de  toutes  dimensions. 

Seulement,  au  niveau  de  la  membrane  limitante,  les  discasters 
restent  de  taille  plus  faible  et  les  styles  existent  en  proportion  un 
peu  plus  élevée.  Ils  se  couchent  les  uns  et  les  autres  dans  celte 
membrane,  en  tous  sens,  sans  s'y  presser,  ni  sans  nulle  part  la 
dépasser.  L'état  parfaitement  lisse  de  la  surface  dépend  de  cette 
disposition  qui  ne  rappelle  en  rien  ce  qu'on  observe  chez  les 
Latrumulia. 

Dans  la  profondeur  dominent  les  discasters  les  plus  fortes;  plus 
abondantes  que  la  chair  même,  elles  s'y  entrecroisent  sans  ordre  et 
ne  se  relient  entre  elles  par  aucun  lien  de  spongine;  ainsi  s'expli- 
que la  consistance  à  la  fois  ferme  et  friable  de  la  masse. 

11  n'existe  que  deux  sortes  de  spicules,  des  styles  et  des  discas- 
ters. Il  est  à  remarquer  d'ailleurs  que  les  styles  ae  sont  ici  autre 
chose  que  des  discasters  modifiées  pour  jouer  le  rôle  de  mégas- 
clères.  La  transformation  s'accomplit  à  la  fois  par  élongation  de  la 
tige,  par  réduction  du  nombre  des  épines,  par  atténuation  en 
pointe  de  l'une  des  extrémités.  Tous  les  termes  de  passage  se  ren- 
contrent à  souhait.  C'est  à  peine  si  l'on  devrait  parler  ici  de  mégas- 
clères  et  de  microsclères,  tant  ces  derniers  sont  robustes  et  prépon- 
dérants ;  mais,  outre  qu'ils  varient  beaucoup  de  forme  et  de  dimen- 
sions, qu'ils  ne  constituent  aucune  charpente  digne  de  ce  nom  et 
que  pour  servir  de  mégasclères  ils  doivent  se  transfigurer,  leur 
comparaison  avec  les  spicules  de  Spongiaires  de  groupes  divers 
conduit  à  les  considérer  comme  des  microsclères  véritables  et  à  les 
assimiler  aux  discasters  des  Latruncutia.  De  tels  organites,  cylindri- 
ques, ainsi  régulièrement  verticillés,  à  bouts  semblables  et  difïé- 


ÉPONGES    NOUVELLES    DES    AÇORES  241 

renciés  en  un  bouquet  d'épines,  n'existent,  en  effet,  nulle  part 
ailleurs  que  chez  ces  Spirastrellidae.  Il  est  vrai  de  dire  que  les  dis- 
casters  des  Latrunculia  n'atteignent  jamais  de  pareilles  dimensions 
(pas  même  les  amphiclades  de  L.  insignis)  ni  ne  comptent  à  beau- 
coup près  autant  de  verticilles  d'épiues.  Appliqué  aux  longs  micros- 
clères  de  Sceptrintus  Richardi,  le  terme  de  discaster  est  forcément 
impropre.  De  tous  les  spicules  signalés  jusqu'à  ce  jour,  c'est  peut- 
être  celui  de  la  figure  68  du  volume  premier  de  la  monographie  de 
Bowerbank  qui  leur  ressemble  le  plus;  il  provient  malheureuse- 
ment d'une  Eponge  marine  inconnue. 

Spiculation.  —  I.  Mégasclères  :  1.  Styles  longs  et  grêles,  plus  ou 
moins  courbés,  avec  un  bout  (la  base)  arrondi  sans  renflement,  l'au- 
tre bout  en  pointe  graduellement  effilée,  acérée;  jamais  parfaite- 
ment lisses,  ils  portent  au  moins  quelques  faibles  épines  au  voisinage 
de  leur  base  ;  d'habitude  aussi,  des  épines  se  distribuent  sur  leur 
tige,  mais  de  loin  en  loin,  souvent  à  des  intervalles  égaux,  comme 
pour  rappeler  les  verticilles  des  discasters  ;  elles  ne  se  disposent 
réellement  en  verticilles  que  sur  les  styles  les  plus  courts  et,  dans 
ce  cas,  il  arrive  quelquefois  que  la  pointe  du  mégasclère  se  trouve 
remplacée  par  un  bouquet  de  deux  ou  trois  épines  ;  de  la  sorte  le 
passage  des  discasters  grêles  aux  styles  est  réalisé.  Les  dimensions 
des  styles  varient  depuis  300  a  de  longueur  sur  5  [j.  à  peine  d'épais- 
seur jusqu'à  700  jx  et  plus  sur  7  à  10.  Ces  spicules  se  groupent 
généralement  par  petits  faisceaux.  On  les  rencontre  surtout  au  voi- 
sinage de  la  surface  ;  ils  ne  font  pas  saillie  à  l'extérieur. 

II.  Microsclères  :  2.  Discasters.  Ces  spicules,  auxquels  ce  nom  ne 
convient  guère,  sont  sensiblement  cylindriques,  plus  ou  moins 
courbés,  davantage  quand  ils  sont  petits  que  lorsqu'ils  grossissent 
beaucoup,  à  bouts  semblables  armés  d'une  couronne  de  fortes 
épines,  à  tige  couverte  de  verticelles  généralement  équidistants. 
Les  épines  des  verticilles  sont  droites  pour  la  plupart,  ou  bien 
recourbées  mais  sans  orientation  définie  de  leur  pointe  ;  les  épines 
des  deux  bouts  sont  toujours  en  crochet.  Le  nombre  des  verticilles 
varie  ;  il  est  de  6  à  9  sur  les  plus  faibles  discasters  ;  il  monte  à  12, 
15  et  18  sur  les  plus  robustes.  Les  verticilles  se  composent  le  plus 
souvent  de  6  épines  ;  mais  ils  peuvent  n'en  comprendre  que  5  ou 
même  4  seulement.  Le  canal  axial  se  voit  très  bien,  surtout  sur  les 
plus  grosses  discasters  ;  il  s'arrête  de  part  et  d'autre  brusquement 
à  peu  de  distance  des  extrémités.  Les  discasters  les  plus  petites 
mesurent  150  u.  de  longueur  sur  7  a  d'épaisseur,  sans  compter  les 
épines  ;  les  plus  grosses  atteignent  et  dépassent  530  [l  sur  40.  Il  y  a 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,   1898.  xi.  —  16 


l'iZ  K.    TOI'SENT 

des  formes  jrnMes,  à  verlicillcs  ilistanls  el  à  é|)ines  1res  pelilos,  qui 
iiu'snreiil  .'{00  à  .'iOOa  de  longueur  sur  li  à  10  a  il'ép;iisseur  seule- 
ment. Les  variations  sont  donc  infiniment  nomltreuses.  En  règle 
générale,  on  ne  trouve  ([ue  des  discasters  faihles  au  voisinage  de 
la  surface;  dans  la  profondeur,  les  discasiers  énormes  s'y  mêlent 
en  forte  pro|K)rtion.  Nulle  [)arl  elles  ne  prennent  une  disposition 
régulière. 

La  comparaison  du  genre  Sceplri)iiiis  avec  le  genre  Suheroteliles 
écarte  toute  velléité  de  rapprocher  ces  Eponges.  Chez  les  Suhcroff- 
lilcs,  les  spicules  é[)iueux  sont  tous  égaux  entre  eux,  ont  les  deux 
bouts  dissemblables,  ne  se  couvrent  pas  de  verticilles  d'épines  et, 
afïectant  une  disposition  régulière,  constituent  une  charpente  en 
réseau  sur  la(iuelle  s'implantent  des  mégasclères  lisses  de  projec- 
tion; ces  tylostrongyles  épineux  ne  peuvent  donc  pas,  eux,  passer 
pour  des  microsclères. 

Genre  Tylexocladus  n.  g. 

ClavuUda  massives,  sessiies,  sans  papilles,  à  écorce  difïérenciée 
et  à  charpente  rayonnante.  Mégasclères  de  trois  sortes  :  tylostyles 
de  différentes  tailles  suivant  leur  distribution  dans  l'organisme; 
oxes  centrolyles  dispersés  sans  ordre  dans  le  choanosome;  enfin 
dadotyloslyU's  caractéristiques,  dressés  dans  l'écorce,  le  cladome  en 
dehors.  Pas  de  microsclères. 

Far  l'écorce  difïérenciée,  dépourvue  de  microsclères,  et  par  la 
structure  rayonnante  de  la  charpente,  le  genre  Tylexocladus  prend 
place  dans  la  famille  des  Polyniastidde,  à  côté  du  genre  Proteleia, 
dont  il  se  distingue  surtout  par  la  possession  d'oxes  centrotylotes 
et  par  la  qualité  de  ses  spicules  de  défense  externe. 

Tylexocladus  Jouhini  n.  sp. 

[Vï'i.  2,  f/,  (/'  d"^^ 

Cette  espèce  est  établie  d'après  trois  spécimens  recueillis  en  1896 
(Stn.  702),  par  1360™  de  profondeur  (39o  21'  20"  lat.  N.  —  33"  26' 
08"  long.  0.). 

Le  plus  beau  est  une  Eponge  grisâtre,  sessile,  massive,  à  contours 
arrondis,  basée  sur  un  Polypier  dans  toute  son  étendue  et  mesu- 
rant seulement  20"^™  de  longueur,  15™""  de  largeur  et  S"^"  d'épais- 
seur. Il  ne  porte  d'autre  éminence  qu'un  oscule  étroit  (1™"^  de 
diamètre),  demi-clos,  très  légèrement  surélevé.  La  surface,  égale, 
se  montre  finement  hispide  et  souillée  d'impuretés,  sauf  au  voisi- 
nage de  l'oscule  où  elle  devient  parfaitement  glabre.   Les  pores 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  243 

restent  indistincts.  L'ectosome  se  différencie  eu  une  écorce  spicu- 
leuse  coriace;  le  choanosome  est  plutôt  charnu. 

Dans  le  choanosome,  la  charpente  se  compose  surtout  de  fibres 
primaires  polyspiculées,  sans  spongine,  s'élevant  de  la  base  jusqu'à 
l'écorce  et  faites  de  longs  tylostyles  à  pointe  dirigée  vers  la  péri- 
phérie; puis,  croisant  ces  fibres  en  tous  sens,  de  tylostyles  courts 
et  épais,  isolés  ou  groupés  par  deux  ou  par  trois  au  plus;  enfin, 
d'oxes  centrotylotes  de  faibles  dimensions,  bien  plus  abondants  que 
les  tylostyles  trapus,  et  dispersés  sans  ordre  dans  toute  la  chair. 

Dans  l'ectosome,  une  couche  compacte  de  tylostyles  courts  et 
épais,  dressés  verticalement  côte  à  côte,  la  pointe  en  dehors,  est 
traversée  à  des  intervalles  assez  réguliers  par  des  spicules  solitai- 
res, longs  et  gros,  les  cladotylostyles  qui,  d'une  part,  s'implantent 
par  leur  base  assez  profondément  dans  la  chair  au-dessous  de 
l'écorce,  et,  de  l'autre,  font  saillie  hors  de  l'Eponge  sur  un  bon 
tiers  de  leur  longueur,  leur  cladome  assurant  ainsi  une  véritable 
protection  à  distance. 

Au  voisinage  de  l'oscule,  l'écorce  est  soutenue  par  des  tylostyles 
qui  s'allongent  et  se  couchent  presque  tangentielleinent  à  la  sur- 
face ;  les  cladotylostyles  font  défaut  dans  cette  région,  qui,  par 
suite,  paraît  glabre  et  sans  souillures.  Enfin,  les  bords  de  l'oscule 
ont  uniquement  pour  charpente  des  tylostyles  grêles  disposés  ver- 
ticalement la  pointe  en  haut. 

Les  deux  autres  spécimens,  également  fixés  sur  des  Polypiers, 
sont  de  taille  plus  petite  et  ne  possèdent  pas  d'oscule  apparent. 

Spiculation.  —  I.  Mégasclères  :  1.  Tylostyles.  Ils  ont  tous  une  tête 
bien  marquée  et  une  i)()inte  graduellement  effilée  ;  mais  on  peut  les 
répartir  en  trois  catégories.  Ceux  qui  forment  les  lignes  primaires, 
grands,  forts  et  effilés,  ont  une  tête  allongée  et  mesurent  V^^  et 
davantage  de  longueur  et  15  [x  d'épaisseur  maxima.  Ceux  qui  bor- 
dent l'oscule,  grêles  et  effilés,  ont  aussi  une  tête  allongée,  mais  ne 
mesurent  que  375  à  400  |jl  de  longueur  et  5  [x  d'épaisseur.  Ceux  enfin 
qui  se  dressent  côte  à  côte  dan»  l'écorce  et  qui  se  disséminent  dans 
la  chair  entre  les  lignes  ascendantes  polyspiculées,  courts  et  épais, 
ont  une  tête  globuleuse  et  mesurent  seulement  230  à  300  a  de  lon- 
gueur tout  en  atteignant  10  à  12  [x  d'épaisseur.  2.  Cladotylostyles. 
Ces  curieux  spicules  de  défense  externe  représentent  une  modifica- 
tion des  tylostyles  trapus  de  l'écorce  ;  leur  tête,  en  effet,  ressemble 
plus  à  la  leur  qu'à  celle  des  tylostyles  des  lignes  squelettiques. 
Ils  sont  grands  et  gros,  espacés  à  des  intervalles  assez  égaux.  Us 
mesurent  580  à  640  [/.  de  longueur  et  20  à  23  [x  d'épaisseur.   Leur 


244  K.    TOPSINT 

li<;(',  à  son  cxlifinilt'  «listale.  se  rcndo  no  pou  cl  so  découpe  en  une 
dizaine  de  dcnliculcs  poinlus  et  hrcis  dans  chiicun  desquels  se 
ramifie  l'axe  du  spicule;  souvent  ces  branches  de  l'axe  deviennent 
conlliUMitos  et  enii)êchent  alors  de  compter  les  donlicule«;.  La  pro- 
tection assurée  |)ar  ces  exotyles  robustes  doit  ôlre  plus  ellicace 
évidemment  que  celle  (jue  l'rotrleia  Sollasi  doit  à  ses  «  ji;rapnel- 
spicules  ».  3.  Oxrs  renfroti/lotcs.  L'existence  de  cette  sorte  de 
mégasclères  n'avait  encore  été  constatée  chez  aucun  membre  de  la 
famille  des  l*olyinnstitl(ic;  mais  elle  n'est  pas  exceptionnelle  chez 
les  Clafidida,  puisque  beaucoup  de  (Uionidar  possèdent  aussi  des 
oxes.  Conlinés  dans  le  choanosome  de  Tiile.rocladus  Joubini,  oîi  ils 
abondent,  ils  sont  de  petite  (aille,  ne  mesurant  que  70  à  120  |j.  de 
longueur  et  3  à  5  u.  d'épaisseur  :  leur  tige,  faiblement  courbée,  est 
lisse,  présente  constamment  un  renflement  central  plus  ou  moins 
accusé  et  se  termine  en  pointe  acérée  à  ses  deux  extrémités. 
Pas  de  microsclères. 

Si  l'on  emploie,  comme  je  l'ai  proposé,  les  termes  iVexotyles  pour 
désigner  d'une  façon  générale  les  spicules  de  défense  externe  des 
Monaxonides  dont  rextrémité  libre  se  ditlérencie  en  une  boule, 
en  un  plateau,  en  un  groupe  de  muerons  ou  de  crochets,  etc.,  on 
peut  dire  que,  des  Clavulides  connues,  trois  seulement  possèdent 
des  exotyles  :  Prolekia  Sollaai  Dendy  et  Ridiey,  Tylexocladus  Joubini, 
ici  décrite,  et  l'Eponge  qui  a  reçu  de  Vosmar  (1885)  le  nom  de 
Polyinastia  capilata  et  de  Sollas  (1880)  celui  de  liadiella  schœnus. 

Cette  dernière  a  pour  exotyles  des  tylostyles  dont  la  pointe  dislale 
se  renfle  en  une  boule  rugueuse.  C'est,  comme  Proteleia  Sollasi, 
un  proche  parent  des  Polyinastia,  mais  elle  en  ditîère.  elle  aussi, 
par  ses  exotyles  et  mérite  également  pour  ce  caractère  d'en  être 
séparée  génériquement.  Je  propose  donc  de  l'appeler  Sp/jccrof^/us 
capitatus  (Vosm.),  avec  cette  déiiuilion  simple  du  genre  : 

[Sphœrotylus  n.  g.  :=  Polymastidae  massives  pourvues  d'exotyles 
sous  forme  de  sphérotylostyles. 

Genre  Rhaphidorus  n.  g. 

Polymastidae  possédant  dans  le  choanosome  des  oxes  linéaires 
rhaphidiformes,  solitaires  ou  fascicules. 

L'existence  d'oxes  dans  le  choanosome  des  Clavulides  n'a  encore 
été  constatée  que  chez  Tyle.rocladus  Joubini  et  chez  les  Clionidae.  11 
est  à  remarquer  que  chez  Rhaptiidorus  sctosns  ces  spicules  ressem- 


ÉPONGFS  NOUVELLES  DES  AÇORES  245 

blent  par  leur  forme,  leur  taille  et  leur  disposition,  aux  oxes 
linéaires  de  Cliona  celala  (1). 

Hhaphidorus  setosus  n.  sp. 

Le  spécimen-type  provient  de  la  campagne  de  1895.  11  a  été 
recueilli  par4  020ni  de  profondeur  au  large  delà  pointe  orientale 
de  Sào  Miguel.  Il  est  lixé  sur  une  pierre  ponce. 

C'est  une  petite  Eponge  blanche,  ferme,  hispide,  sessile  dépri- 
mée, mesurant  12'"™5  de  longueur,  7mm5  de  largeur  et  2  à  3^'" 
d'épaisseur.  Elle  est  malheureusement  déchirée  du  côté  supérieur 
sur  les  deux  tiers  de  son  étendue,  de  sorte  qu'il  est  impossible  de  dire 
si  elle  possédait  des  papilles  ni  de  parler  de  ses  orifices  aquiîèrcs.  La 
partie  de  sa  surface  restée  intacte  se  couvre  d'une  hispidation  fine 
devenant  un  peu  plus  haute  au  pourtour  de  la  plaque,  de  manière 
à  rappeler  vaguement  ce  qui  se  voit  sur  les  Trlchostemma.  La 
comparaison  vient  à  l'esprit  d'autant  mieux  que  le  corps  de  l'Eponge 
n'est  pas  fixé  au  support  sur  toute  sa  longueur;  la  partie  qui  s'en 
détache  est  lisse  en  dessous  et  spiculeuse,  de  longs  tyloslyles  s'y 
couchant  les  uns  contre  les  autres  tangentiellement  à  la  surface. 

L'écorce  a  une  spiculation  compacte,  faite  de  tylostyles  courts  et 
gros,  dressés  côte  à  côte  la  pointe  en  dehors. 

Le  choanosome  a  une  charpente  de  lignes  rayonnantes  polyspi- 
culées,  faites  de  longs  tylostyles  qui  tournent  tous  leur  pointe  vers 
l'extérieur.  Dans  la  chair,  entre  ces  piliers  squelettiques,  s'entre- 
croisent en  forte  proportion  des  oxes  linéaires,  pour  la  plupart 
groupés  par  faisceaux  d'une  dizaine  ou  davantage. 

La  structure  est  donc  bien  celle  d'une  Polymastide,  avec  addition 
d'oxes  dans  le  choanosome. 

Spiculation.  —  L  Mégasclères  :  1.  Tylostyles.  Il  y  a  lieu  de  les 
diviser  en  deux  catégories  :  d'abord  ceux  des  lignes  primaires  du 
choanosome,  grands  et  relativement  minces,  à  tète  allongée,  ellip- 
tique, à  pointe  effilée,  longs  de  1"'^  à  \mmi,  épais  de  20  à  24  [i.  ;  puis 
ceux  de  l'écorce,  courts  et  épais,  à  tète  globuleuse,  à  tige  fusiforme, 
n'atteignant  en  moyenne  que  300  a  de  longueur  pour  une  épaisseur 
de  12  à  13  [x.  2.  Oxes  linéaires,  lisses,  ordinairement  fascicules, 
légèrement  courbés  ou  flexueux,  à  pointes  acérées,  longs  de  260  a. 

Pas  de  microsclères. 

Hifiginsia  Thielei  n.  sp. 
Jusqu'à  ces  derniers  temps,  le  genre  lliggiiisia  ne  comptait  comme 

(I)  E.  TopsENT.  Contribulion  à  l'élude  des  Clionides.  Arch.  de  Zool.  exp.  et 
gén.  (£'  sér.)  v  bis,  4«  méra.,  p.  22,  1887. 


246  K-    TOPSKNT 

repn''s(>nl;iiits  que  :  //.  cdrdlldKh's  \\\<j^'X\i\  (Aniillcs  cl  Aiisliîilir  iiiéii- 
ilioMiik').  //.  c<)r>tHind(x  viir.  nntalrnsia  (larter  {(]i\[)  de  Honne  Espé- 
ranrc),  //.  cornlloiih-s  var.  massdlix  Carier  (Australie  nirridionale, 
Ainhoine),  II.  liiniitd  Carier  (Australie  inéridiouale)  et  //.  buivnlife.va 
Hidley  el  Dendy  (Cap  de  Honue  Espérance),  celle  dernière  espèce 
établie  connue  type  du  genre  inutile  DriulropKif;  (1). 

J.  Thiele  (:i)  vient  de  faire  connaître  quatre  espèces  nouvelles  des 
côtes  du  Japon  :  //.  clavata,  //.  expansa,  IL  crccta  et  H.  ramosa,  pour 
lesquelles  il  a  proposé  le  genre  Cerntopaif:.  Pour  lui,  les  Crratopsis 
se  distingueraient  de  Dcndropsis,  soit,  par  conséquent,  de  Higijin- 
sia,  parce  que  leurs  microxes  ne  sont  pas  épineux  et  se  confluent 
presque  exclusivement  dans  l'ectosome.  Ces  deux  caractères  peu- 
vent dillicilement  être  acceptés  comme  ayant  une  valeur  générique. 
D'abord,  dans  beaucoup  d'Epongés  possédant  des  microxes,  on  voit 
varier  rornementalion  de  ces  microsclères,  non-seulement  d'une 
espèce  à  l'autre,  mais  souvent  même  d'un  individu  à  l'autre;  on  va 
jusqu'à  trouver  dans  un  même  genre  des  espèces  où  les  microxes 
sont  remplacés  par  des  oxyasters,  comme  je  l'ai  montré  récem- 
ment, sur  de  proches  parents  des  Higginsia  précisément,  sur  les 
Halicncmia  paiera  et  IL  couatellata.  En  second  lieu,  chez  les  IJiggin- 
sia,  les  microxes  ne  font  pas  défaut  dans  l'ectosome.  De  sorte  que 
Thiele  n'a  plus  à  arguer  que  de  la  rareté  relative  de  ces  micros- 
clères dans  le  ciioanosome  des  Ceratopsù,  ce  qui  ne  suffit  évidem- 
ment pas  à  consacrer  une  coupe  générique  nouvelle. 

Vffigginsia  dont  je  vais  parler  a  été  recueillie  à  propos  pour 
appuyer  cette  argumentation.  Ses  microxes  sont  couverts  d'épines 
si  faibles  qu'il  faut  une  certaine  attention  pour  les  découvrir;  de 
plus,  ils  se  distribuent  dans  toutes  les  p:irties  du  corps,  se  mon- 
trant seulement  un  peu  plus  abondants  dans  la  membrane  ectoso- 
mique  que  dans  les  parois  des  canaux  du  choanosome. 

Trois  spécimens  de  celte  Higginsia  Tliielei  ont  été  dragués  aux 
Açores  par  le  yacht  Princesse-Alice;  l'un,  à  l'état  de  fragments, 
près  de  Prainha  de  Pico  (Stn.  597,  1893),  par  523"^  les  deux  autres 
entiers,  sur  le  Banc  de  la  Princesse-Alice  (Stn.  899,  1897),  par 
200"  de  profondeur. 

De  ces  deux  derniers,  l'un  n'a  plus  de  support,  l'autre  est  fixé 
sur  deux  fistules  parallèles  d'un  Oceanapia. 

(1)  Voy.  E.  TopsENT.  Sur  le  genre  Halicnemia  Bow.  Mém.  Soc.  Zool  de  France, 
X,  p.' 248,  1897. 

(2)  .1.  Thiklf,  Studiea  iiber  pazifische  Spongieii.  Zoologica.  Original  Abhandlun- 
geii  aus  dein  Gesammtgebiete  der  Zoologie,  Stuttgart,  1898. 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  247 

Ce  soDt  de  petites  Eponges  massives,  informes,  de  couleur  jaune 
verdâtre  pâle  dans  l'alcool,  à  surface  irrégulière,  entre  les  aspérités 
de  laquelle  se  tend  une  membrane  ectosomique  très  mince,  trans- 
parente. Pas  d'oscules  visibles.  Toucher  rude;  consistance  ferme. 

Des  styles  lisses,  disposés  par  deux  ou  par  trois  de  front, 
forment  pour  soutenir  l'ectosomeun  réseau  assez  solide,  à  grandes 
mailles,  perceptible  à  l'œil  nu.  Ces  spicules  sont  les  mêmes  que 
ceux  du  choanosome;  il  s'en  rencontre  aussi,  en  faible  proportion, 
dont  la  tige  demeure  assez  grêle.  Dans  les  mailles,  la  membrane  se 
perce  de  larges  stomions;  elle  se  charge  en  outre  de  microxes  fine 
ment  épineux,  assez  abondants,  distribués  sans  ordre,  et  de  très 
nombreuses  cellules  sphéruleuses  incolores,  de  15  a  de  diamètre, 
composées  de  sphérules  brillantes  mesurant  2  à  3  [x. 

Le  choanosome  est  ferme,  non  compact.  Sa  charpente  consiste 
en  un  réseau  irrégulier,  très  solide,  de  styles  robustes  disposés  par 
paquets  épais  et  reliés  aux  entrecroisements  par  un  lien  très  faible 
de  spongine  incolore.  11  contient  des  microxes  en  assez  grande 
quantité. 

Spiculation.  —  I.  Mégasclères  :  1.  Styh's  robustes,  lisses,  fusi- 
formes,  courbés  vers  leur  tiers  basilaire,  à  base  à  peine  renflée,  à 
pointe  courte,  acérée  ;  ils  mesurent  600  à  700  a  de  longueur  sur  23 
à  40  a  d'épaisseur  en  leur  milieu.  De  place  en  place,  dans  l'ectosome 
surtout,  on  en  trouve  d'autres  aussi  longs,  mais  dont  l'épaisseur 
n'est  que  de  8  à  12  [x. 

II.  Microsclères  :  2.  Microxes  épineux,  grêles,  paraissant  plutôt 
finement  rugueux  tant  leurs  épines  sont  petites,  courbés  en  leur 
milieu  d'une  façon  plus  ou  moins  brusque,  acérés  aux  deux  bouts, 
longs  de  90  à  100  [x,  épais  de  2  [x  environ. 

On  n'a  pas  encore  signalé  dans  l'Atlantique  d'autre  Higginsiaque 
H.  coralloides,  aux  Antilles.  Il  n'y  a  pas  de  confusion  possible  entre 
elle  et  H.  Thielei,  qui  ne  possède  ni  son  mélange  d'oxes  et  de 
styles  dans  le  choanosome,  ni  surtout  ses  tornotes.  //.  Thielei 
se  rapproche  davantage  de  //.  ramosa  par  la  simplicité  de  son 
squelette  et  par  la  forme  et  les  dimensions  de  ses  spicules  ;  mais 
elle  s'en  écarte  nettement  par  ses  caractères  extérieurs:  dessé- 
ché, un  spécimen  de  //.  Thielei  prendrait  plutôt  un  aspect  compa- 
rable à  celui  d'un  fragment  de  fï.  erecta. 

Genre  Cerbaris  n.  g. 
Buharinae  revêtantes  caractérisées   par  des  spicules  basilaires 


248  É.    TOl'SKNT 

(liaclinaux  de  foiiin-  iiailiciiliiTe,  des  n'roxes,  cousliliiaiil  au  coiilact 
du  supporl  une  croule  d'où  s'élèvent  de  longs  niégasclères  niouac 
tinaux  hérissant  la  surface  libre. 

Chez  Cerharis  tor(iH(itus,  le  premier  représentant  du  genre,  il 
n'existe  ni  niégasclères  propres  de  l'ectosouie,  ni  niicrosclères. 

Les  spicules  présents  sont  de  même  type  et  allectcnt  la  même 
disposition  (jue  chez  liubaris  vrrmiruldtus  ;  mais  les  spicules  basi- 
laires  sont  assez  spéciaux  pour  nécessiter  la  création  d'un  genre  à 
part.  Le  genre  Cerharis  est  évidemment  proche  parent  du  genre 
Hubaris,  stricto  sensu. 

Cerbaris  torquatus  n.  sp. 

(Fig.  2,  g). 

Un  seul  spécimen  en  a  été  recueilli,  en  1897  (Stn.  8iî6),  près  de 
ïerceira,  par  599""  de  profondeur. 

C'est  une  curieuse  petite  Eponge  en  croûte  mince,  hispide,  gri- 
sâtre, pas  plus  grande  qu'une  pièce  de  cinquante  centimes. 

Tout  l'intérêt  qu'elle  offre  réside  dans  sa  spiculation. 

Spiculation.  —  L  Mégasclères  :  1.  Céroxes,  spicules  diactinaux 
entièrement  couverts  d'épines  faibles,  composés  de  deux  branches 
coniques  dressées  du  jnème  côté  et  reliées  en  bas  par  une  tige  aussi 
épaisse  qu'elles,  tordue  en  S  ou,  plus  rarement,  en  spirale.  Les 
deux  branches  droites,  longues  de  115  ;x,  se  tiennent  à  peu  près 
parallèles  ou  fort  peu  divergentes,  distantes  d'environ  80  [j.;  épi- 
neuses jusqu'au  bout,  elles  se  terminent  par  une  pointe  tronquée 
plus  richement  ornée.  La  portion  enroulée  du  céroxe  n'est  pas 
mesurable  dans  sa  longueur;  son  épaisseur  atteint  18  a.  Il  n'existe 
que  de  très  rares  céroxes  lisses, état  grêle  de  cette  sorte  d'organites. 
Fréquemment,  le  canal  axial  s'élargit  et  se  distingue  sur  toute  la 
longueur  du  spicule.  Les  céroxes  s'enchevêtrent  les  uns  dans  les 
autres,  sans  lien  de  spongine,  en  une  croûte  mince  au  contact 
immédiat  du  support.  2.  Subtylostyies  à  tige  lisse  effilée,  à  base  peu 
renflée,  lisse  aussi  ou  parsemée  de  quelques  petites  tubérosités; 
ils  mesurent  lmm5  à  2"^"^  de  longueur  sur  20  a  d'épaisseur  et,  s'im- 
plaulant  verticalement  de  loin  en  loin  parmi  les  céroxes,  ils  déter- 
minent une  hispidation  haute  et  lâche  de  la  surface  générale. 

Pas  de  microsclères. 

Yvesia  Alecto  n.  sp. 
(Fig.  2,  c,  e',  e"). 

C'est  certainement  la  plus  curieuse  des  Yvesia  connues,  à  cause 
de  la  forme  bizarre  de  ses  mégasclères  de  l'eclosome  et  de  la  trans- 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  249 

figuration  qu'ils  subissent  pour  servir  aussi  de  mégasclères  acces- 
soires du  choanosome. 

Pour  le  reste,  elle  présente  bien  tous  les  caractères  des  Yijcsia. 
En  elïet,  les  mégasclères  ectosomiques  sont  épineux,  des  acanthoxes; 
abondants  et  serrés,  entrecroisés  en  tous  sens  dans  la  membrane 
dermique,  ils  s'y  orientent  tous  tangentiellement  à  la  surface  du 
corps,  rendant  cette  membrane  lisse  et  facile  à  détacher.  Les 
mégasclères  propres  du  choanosome  sont  lisses,  diaclinaux,  des 
strongyles,  disposés  en  faisceaux  allongés  qui  constituent  la  char- 
pente principale  de  l'Eponge. 

Il  n'y  a  pas  de  microsclères,  mais  les  spicules  de  l'ectosome  se 
sèment  dans  la  chair  eu  assez  grande  abondance  entre  les  piliers 
des  strongyles  et,  pour  ce  rôle  secondaire,  se  transforment  en  asters. 

Le  spécimen  type  provient  de  la  campagne  de  1897  (Stn.  866, 
profondeur  599™),  auprès  de  Terceira. 

C'est  une  petite  Eponge  établie  à  l'aisselle  de  deux  branches  d'un 
polypier.  Elle  consiste  en  une  peau  grise,  mince,  translucide, 
glabre,  parcheminée,  et  en  une  chair  brunâtre,  caverneuse,  assez 
molle,  peu  épaisse.  Pas  de  papilles  linguiformes.  Pas  d'orifices 
visibles. 

Spiculation.  —  L  Mégasclères  :  1.  Strongyles  lisses,  droits,  longs 
de  540  [JL,  épais  de  7  a;  leurs  deux  extrémités  ne  sont  pas  absolu- 
ment identiques  :  l'un  des  bouts  est  un  peu  plus  gros  que  l'autre 
et  présente  presque  toujours,  à  quelque  distance  de  son  sommet, 
un  léger  renflement  annulaire;  c'est  un  acheminement  vers  leiype 
monactinal  qui  s'accuse  davantage  sur  les  mégasclères  choanoso- 
miques,  styles  mucronés,  de  Ycesia  Gaernei.  Ils  se  localisent  dans 
le  choanosome,  s'y  disposant  en  faisceaux  pour  constituer  les 
lignes  de  la  charpente  principale.  2.  Acanthoxes  de  l'ectosome. 
Ce  sont  des  oxes  plus  ou  moins  coui-bés,  mesurant  en  moyenne 
120  (X  sur  6,  remarquables  parce  que,  au  lieu  de  se  couvrir  simple- 
ment d'épines  comme  les  mégasclères  ectosomiques  des  autres 
Yvesia,  ils  se  chargent  sur  presque  toute  leur  longueur  de  forts 
tubercules  coniques,  droits,  peu  serrés,  inégaux,  et  dont  les  plus 
grands,  qui  atteignent  15  à  18  jx  de  hauteur,  occupent  d'ordinaire 
le  milieu  de  leur  tige.  Ces  tubercules,  eux,  s'ornent  à  leur  som- 
met de  très  faibles  épines  qui  leur  donnent  l'aspect  rugueux. 
Les  deux  pointes  de  l'acanthoxe,  fréquemment  incurvées,  pré- 
sentent la  même  ornementation.  Les  acanthoxes  acquièrent  de 
la  sorte  une  certaine  ressemblance  avec  les  spicules  les  plus 
abondants    de   Alectona  Millari.    Ils   remplissent  l'ectosome,   s'y 


2o()  fS;.    TOPSKNT 

croisaiil  en  lixites  direclioiis,  s;nif  (l;ms  le  sens  île  sou  ('paisseiir. 
3  Asiers  par  déformation  d'acauthoxes.  On  observe  «;;i  et  là  dans 
l'ectosome  quelques  aranllioxes  dont  les  tubercules  médians  ten- 
dent à  devenir  pres(jue  éj^Mux  à  la  moitié  de  la  tij^e  qui  les  porte. 
Dans  le  cboauosome,  on  en  retrouve  de  tout  pareils,  mais,  pour  la 
plupart,  les  acanthoxes  (jui  s'y  sont  formés  se  modifient  davantage  ; 
leur  tige  se  raeeourcit,  (jualre  de  leurs  tubercules  s'allongent  beau- 
coup et  l'ensemble  ligure  une  aster  à  six  actines  pointues,  longues 
de  27  à  30  a  et  couvertes  soit  uniformément  de  très  |)etiles  épines 
qui  les  rendent  rugueuses,  soit  en  même  temps  de  quelques  courts 
tubercules,  sans  qu'on  puisse  distinguer  parmi  elles  à  ce  caractère 
celles  qui  représentent  les  deux  moitiés  de  la  tige  primitive  du 
spicule  diactinal.  Ces  oxyasters  abondent  dans  la  cbair  autour  des 
faisceaux  de  strongyles  et  surtout  au  voisinage  du  support. 

Des  exemples  de  réduction  d'asters  en  spicules  diactinaux  s'obser- 
vent assez  fréquemment  chez  les  Eponges;  l'exemple  de  transfor- 
mation inverse  offert  par  Yresia  Alecto  constitue  une  véritable 
rareté. 

Leptosia  Schmidti  n.  sp. 

(Fig.  2,  h). 

Parmi  les  nombreuses  Leptosia,  pour  la  plupart  nouvelles, 
recueillies  aux  Açores  durant  les  campagnes  du  yacht  (.(  Princes!se- 
Alice)),  Leplosia  Schmidti  se  distingue  parla  singularité  des  micros- 
clères  dont  s'orne  son  ectoson)e. 

Au  premier  abord,  ces  organites  pourraient  être  pris  pour  des 
spirasters  épineuses,  mais  l'existence  d'une  telle  sorte  de  micros- 
clères  chez  une  DencJoricine  serait  tellement  inopinée  que  l'idée 
vient  d'en  chercher  une  autre  interprétation.  Je  me  suis  arrêté, 
pour  les  motifs  que  j'exposerai  plus  loin,  à  celte  opinion  qu'il  s'agit 
d'isochèles  étrangement  modifiés. 

L'espèce  est  établie  d'après  deux  spécimens  s'étendanl  en  croûtes 
blanchâtres,  minces,  lisses,  irrégulières,  sur  des  fistules  û'Oceana- 
pin  recueillies  entre  Pico  et  Sào  Jorge  (Stn.  600,  1895)  par  349"», 
et  près  de  Terceira  (Stn.  866,  1897),  par599m  de  profondeur. 

La  structure  est  bien  celle  des  Leptosia  :  la  charpente  choanoso- 
mique  se  compose  d'acanthoslyles  dressés  isolément  sur  le  support, 
inégaux,  mais  d'une  seule  sorte,  au  contraire  de  ce  qui  existe  chez 
les  Hymeraphia  ;  les  mégasclères  ectosomiques  sont  des  strongyles 
assez  grêles,  plus  ou  moins  fascicules,  couchés  tangentiellement  à 
la  surface. 

Sous  le  rapport  des  microsclères,  je  constate  une  variation  inté- 


ÉPONGES   NOUVELLES    DES    AÇORES  251 

ressante.  Le  spécimen  de  la  Sfn.  600  en  possède  de  deux  sortes 
bien  différentes  et  parfaitement  localisées  :  dans  la  chair,  entre  les 
pointes  des  acanthostyles,  on  y  trouve  en  bonne  quantité  des  iso- 
chèles  d'assez  petite  taille  n'offrant  de  remarqual)le  que  le  nombre 
de  leurs  dents;  dans  l'ectosome  se  localisent  parmi  les  strongyles 
les  microsclères  épineux  caractéristiques. 

Le  spécimen  de  la  Stu.  86G  ne  contient  que  ces  derniers. 

Dans  les  deu.K  cas  ils  abondent,  distribués  dans  la  membrane  à 
des  intervalles  très  faibles  et  presque  égaux,  à  la  façon  des  isochèles 
de  Esperiopais  poliimorpha,  par  exemple,  et,  en  général,  des  Pœci- 
losclérides  qui  en  produisent  beaucoup,  nullement  à  la  manière 
des  spirasters  des  Spirastrellides. 

Cette  disposition  sert  de  premier  indice.  Il  faut  remarquer  en 
second  lieu  que  ces  organites,  fortement  incurvés  eu  U,  restent 
constamment  lisses  du  côté  de  la  coucavité  de  leur  tige,  et  enfin 
que  les  épines  qui  Us  terminent  aux  deux  bouts  se  montrent  par- 
ticulièrement développées. 

On  connaît  déjà  une  Dendoricine  à  isochèles  épineux,  l'Eponge 
du  voisinage  du  Bukenfiord  décrite  par  0.  Schmidt,  en  1875,  sous 
le  nom  de  Deamacido)!  crux.  C'est  même  une  Leptosia  aussi  ;  la  brève 
description  de  Schmidt  et  une  préparation  de  spicules  que  M.  le 
Rév.  A.  M.  Norman  a  bien  voulu  prélever  à  mon  intention  sur  un 
spécimen  par  lui  obtenu  en  1882  sur  la  côte  de  Norvège,  ne  me 
laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  Ses  mégasclères  sont  des  acan- 
thostyles inégaux,  d'une  seule  sorte,  et  des  tornotes  lisses,  plus  ou 
moins  y)olytylotes,  à  pointes  peu  acérées.  Ses  isochèles,  plus  forte- 
ment arqués  que  ne  le  représente  le  dessin  de  Schmidt,  ont  leur 
tige  armée  de  fortes  épines  du  côté  convexe,  lisse,  au  contraire,  du 
côté  concave;  les  trois  dents  de  chaque  extrémité  se  développent 
en  de  larges  cuillerons. 

A  ne  considérer  que  leur  tige,  les  curieux  microsclères  de 
Leptosia  Schmidli  ressemblent  donc  trait  pour  trait  à  ceux  de  sa 
congénère.  La  différence  ne  réside  que  dans  leurs  extrémités.  Je 
suppose  que  les  dents  qu'on  y  devrait  trouver  se  sont  transformées 
en  ces  grosses  épines  terminales,  elles-mêmes  épineuses,  qui, 
observées  d'en  haut,  se  montrent  généralement  au  nombre  de 
trois,  l'une  médiane,  plus  longue,  et  deux  latérales.  Il  s'agirait,  en 
somme,  d'isochèles  tridentés,  de  position  normale,  mais  modifiés 
au  point  de  devenir  presque  méconnaissables. 

f>picvlation.  —  I.  Mégasclères  :  1.  Acanthostyles  courts  et  épais,  à 
tète  renflée,  à  tige  droite  conique,   pointue;  de  longueur  inégale, 


2S2  K.    TOI'SKNT 

(U^piiis  lUO  jus(|irà  :i."»0  a.  ils  ne  (lilTc'iciil  ciiîrc;  l'ux  (|ii'cii  ce  (jue 
les  plus  petits  sont  cpincux  jusqu'au  hoiit,  latulis  (|ue  les  plus 
grands  restent  lisses  sur  le  dernier  tiers  de  leur  li^e;  les  épines, 
robustes  ;"i  la  hase,  vont  en  diminuant  de  force  vei'S  le  haut  et 
accusent  une  tendance  à  se  récurver.  2  Sironfiylrs  lisses,  droits, 
grêles,  à  extrémités  un  peu  dissemblables;  ils  mesurent ':iOO  5  220  [i 
de  longueur  et  'A  a  d'épaisseur. 

11.  —  Mierosclères  :  3.  IsochHrs  epineiu-  de  l'ectosome;  leur  tige 
arquée  eu  U  porte  des  épines  raides  sur  sa  faee  convexe,  reste  lisse 
sur  sa  face  concave  et  se  termine  à  chaque  bout  par  trois  fortes 
épines  composées,  l'une  médiane,  la  plus  longue,  prolongeant 
la  branche  de  l'L',  les  deux  autres  latérales,  obliques;  l'ouverture 
de  riJ  est  de  12  à  14  a;  la  tige,  sans  compter  les  épines,  a  7  |x 
d'épaisseur.  4.  hochèlca  du  choanosome;  assez  faibles,  lisses,  à  tige 
atteignant  moins  de  2  [i  d'épaisseur,  courbée  en  demi-cercle,  et 
portant  à  chaque  extrémité  cinq  dents  acérées  très  grêles;  ils  attei- 
gnent seulement  15  à  17  a  d'envergure;  assez  abondants  chez  cer- 
tains spécimens,  ils  peuvent,  chez  d'autres,  faire  totalement  défaut. 
Il  n'existe  aucun  terme  de  passage  entre  eux  et  les  isochèles  épineux. 

lihaphisia  spissa  Topsent. 
Syn.  Thrinacophora?  spissa  Topsent,  1892. 

(Fig.  2,  c). 

Le  spécimen  type,  recueilli,  durant  la  campagne  du  yacht  Hiron- 
delle aux  Açores,  en  1888,  à  la  pointe  orientale  de  Pico  (Stn.  247, 
profondeur  318™),  n'était  qu'un  fragment  massif,  brunâtre,  impro- 
pre à  fournir  une  connaissance  complète  tant  des  caractères  exté- 
rieurs que  de  la  spiculation  de  celte  Eponge. 

A  titre  provisoire  et  avec  les  restrictions  indispensables,  j'en  fis 
une  Thrinacophora  (1). 

De  nouveaux  spécimens,  obtenus  aux  Açores  également  par  le 
yacht  Princesse- A  lice,  me  permettent  de  combler  les  lacunes  et  de 
rapporter  cette  curieuse  espèce  au  genre  lihaphisia.  Disons  de  suite 
qu'elle  se  distingue  sans  peine  de  ses  congénères  connues  (lî.  laxa 
Tops,  et  H.  anomjma  (Carter)  Dendy)  par  les  détails  de  sa  spicula- 
tion et  principalement  par  la  possession  de  toxes,  qui  m'étaient 
d'aljord  passés  inaperçus  à  cause  de  l'inégalité  de  leur  répartition. 

Le  nom  de  spma  convient  bien  aux  individus  les  mieux  déve- 

(1)  E.  Topsent,  Contrihution  à  l'élude  des  Spongiaires  de  l'Atlantique  Nord 
p.  124,  pi.  VI,  fig.  12,  et  pi.  IX,  fig.  9.  Monaco,  li'dL 


ÉPONGES   NOUVELLES    DES    AÇORES  253 

loppés;  mais  on  constate,  au  point  de  vue  de  la  consistance  de  cette 
Hhaphisia,  des  variations  individuelles  fort  intéressantes. 

Un  spécimen,  pris  en  189o  (Stn.  597),  par  523"!  de  profondeur, 
près  Prainlia  de  Pico,  forme  sur  une  grosse  branche  de  Polypier  un 
revêtement  étendu,  assez  épais,  d'un  blanc  pur,  remarquablement 
glaireux.  Spicules  à  part,  il  ressemble  beaucoup  au  type  de  Rka- 
phisia  la.ra,  de  Banyuls  (Cap  l'Abeille). 

Un  autre,  le  plus  beau  de  tous  ceux  que  j'ai  vus,  dragué  au  cours 
de  la  même  campagne  (Stn.  600)  entre  Pico  et  Sào  Jorge,  par  349'", 
est  massif,  irrégulier,  sans  support,  long  de  48""",  large  de  28,  épais 
de  5  à  20  ;  de  couleur  gris  jaunâtre,  il  a  une  structure  compacte  et 
une  consistance  assez  ferme  ;  on  peut  quand  même  en  déchirer  sans 
le  moindre  effort  des  fragments  avec  une  pince  fine  ;  il  n'est 
visqueux  dans  aucune  de  ses  parties. 

Deux  autres,  provenant  du  Banc  de  la  Princesse-Alice,  ont  été 
recueillis  eu  1897  (Stn.  899),  par  200'»  de  profondeur,  ils  s'étalent 
en  plaques  larges,  assez  minces,  sur  des  pierres.  L'un  d'eux  est 
jaunâtre,  assez  mou  et  gluant  ;  l'autre  est  brunâtre,  visqueux  encore, 
mais  de  structure  moins  lâche  et  un  peu  plus  solide. 

Je  n'ai  pas  observé  de  cellules  sphéruleuses  comparables  à  celles 
de  R.  laxa,  mais  partout  j'ai  trouvé,  comme  dans  cette  Eponge,  une 
substance  fondamentale  claire  parsemée  d'une  multitude  de  sphé- 
rules  incolores  réfringentes,  assez  grosses  (3  [x).  C'est  sans  doute  à 
l'abondance  relative  de  cette  matière  semi-fluide  que  les  spécimens 
doivent  leur  degré  variable  de  viscosité.  Elle  existe  en  de  telles 
proportions  dans  celui  de  Prainha  de  Pico  qu'elle  masque  totale- 
ment la  coloration  jaunâtre  des  éléments  pigmentés  du  choanosome. 

Quant  à  la  consistance  des  individus,  elle  dépend  de  l'agence- 
ment des  mégasclères  en  un  réseau  irrégulier  lâche  ou  plus  ou 
moins  serré,  dont  les  nœuds,  dans  les  cas  de  structure  un  peu 
compacte,  se  renforcent  d'un  faible  lien  de  spongine  incolore. 

Le  spécimen  de  la  Stn.  600  est  le  seul  dont  j'aie  pu  voir  les  orifices 
aquifères,  la  surface  des  autres  se  trouvant  endommagée  ou  chargée 
d'impuretés  qui  nuisent  à  l'observation.  Il  a  servi  de  support  à 
plusieurs  Eponges  revêtantes  qui  l'ont  en  partie  recouvert;  mais 
dans  les  points  où  elle  est  demeurée  libre,  sa  surface  se  montre 
lisse  et  tendue  d'une  pellicule  délicate  ayant  pour  tout  soutien  des 
trichodragmates  extrêmement  nombreux  qui  mesurent  en  moyenne 
70  a  de  longueur  et  30  [i.  d'épaisseur. 

Cette  pellicule  représente  sans  doute  l'ectosome,  car,  en  la  sou- 


254  K.    TilPSKNT 

lev;iiil,  (Ml  iiK'l  à  nu  It's  |>(»ri's  :  ils  ;i|>|)iiiiiisst'iil   coiiinu;  des    poiic- 
lualioiis  inégales  de  0"""2  à  0""»j  de  diamètre. 

Il  n'exisle  qu'au  seul  oscule,  orilice  béaut,  lar^Mi  de  l"""ij,  divisé 
en  deux  par  une  eloison  interne  cl  silué  au  sommet  d'une  l'Uiincnee 
coniiiue  plus  large  que  haute. 

Le  sciueletle  se  compose  île  niégasclères  diaetinaux,  des  oxes,  et 
de  deux  sortes  de  microselères,  des  trieliodragmates  et  des  toxes 
d'une  forme  assez  spéciale. 

A  ne  considérer  que  le  spécimen  de  Prainlia  de  Pico,  il  semble- 
rait y  avoir  uniformité  dans  le  développement  des  oxes  ;  on  n'y 
reucontre,  en  ellel,  dispersés  sans  nul  ordre  ap])arent  au  milieu 
des  tissus  clairs  et  glaireux,  que  des  niégasclères  diaetinaux 
épais  et  assez  grands,  plus  ou  moins  courbés,  à  pointes  toujours 
plus  ou  moins  émoussées,  tels  en  un  mot  que  ceux  dont  j'ai  donné 
la  figure  en  1892. 

Mais  ailleurs  on  découvre  vite,  en  outre  de  ces  oxes,  qui  sont  de 
beaucoup  les  plus  nombreux,  des  oxes  très  grands  et  très  gros, 
fortement  courbés,  à  pointes  acérées,  qui  constituent  dans  le  réseau 
spiculeux  irrégulier  quelque  chose  comme  les  grandes  lignes  de  la 
charpente,  et  aussi,  çà  et  là,  sans  situation  définie,  quelques  oxes 
plus  faibles,  également  à  pointes  acérées. 

Les  trichodragmates  sont  répandus  partout  à  profusion.  Quant 
aux  toxes,  ils  ont  une  distribution  capricieuse,  abondant  dans 
certaines  régions  périphériques  ou  centrales,  manquant  tout-à-fait 
dans  d'autres,  au  point  que  j'avais  d'abord  méconnu  leur  existence 
et  que  j'ai  ûù.  multiplier  les  préparations  pour  me  convaincre  de 
leur  constance. 

Spicidatlon.  —  L  Mégasclères  :  1.  O.vcn.  Dans  les  échantillons  les 
plus  favorables,  ils  se  répartissent  eu  trois  catégories  :  de  grands 
oxes  à  pointes  acérées  atteignant  et  dépassant  1"""  de  longueur  et 
40  {X  d'épaisseur;  des  oxes  moyens,  les  plus  nombreux,  à  pointes 
émoussées,  variant  de  400  p.  sur  15  à  000  [j.  sur  25  ;  enfin  des  oxes 
relativement  grêles,  longs  de  300  à  400  [x,  épais  seulement  de  5  à  8. 

II,  Microselères  :  2.  Trichodragmates  composés  de  rhaphides  très 
fins  en  faisceaux  compacts.  Il  y  en  a  trois  catégories  :  les  ujis, 
grands,  extrêmement  abondajits  et  dispersés  eu  tous  sens  dans  le 
choanosome,  mesurent  110  à  160  [jl  de  longueur  sur  10  à  12  ix  d'épais- 
seur; les  autres,  moyens,  soutenant  en  nombre  considérable  la 
pellicule  ectosomique,  mesurent  70  a  de  long  sur  30  de  large;  d'an- 
tres enfin,  petits,  épars  un  peu  partout,  n'ont  que  20  à  30  a,  sur  7 
à  8  u..  3.  Tuxes.  Ce  sont  ici  des  spicules  à  lige  épaisse,  coudée  une 


ÉPONGES  NOUVELLES  DES  AÇORES  255 

fois  seulement,  à  branches  droites  et  acérées,  longues  de  130  a, 
larges  de  7;  ces  branches  sont  le  plus  souvent  écartées  à  angle 
obtus,  et  l'envergure  mesurée  entre  les  deux  pointes  atteint  jusqu'à 
220  a,  mais  quelquefois  elles  se  rapprochent  bien  davantage.  La 
grosseur  et  la  direction  rectiligne  de  leurs  branches  donnent  à  ces 
toxes  un  aspect  inusité. 

La  découverte  de  toxes  chez  une  Hhaphisia  m'engage,  malgré  la 
critique  de  Dendy  (1),  à  maintenir  ce  genre  auprès  des  Gellins,  où 
je  l'ai  placé  lors  de  sa  création;  les  Hhaphisia  pourraient  presque 
être  considérées  comme  des  GeUius  à  rhaphides  et  sans  sigmales. 


(1)  A.  Dendy,  Catalogue  uf  non-calcareous  Sponges  collected  by  J.  lirace- 
bridge  Wilsnii  in  Ihe  neiglibourhood  of  Port  Philiip  Head.  Proceedings  of  Ihe 
Hoyal  Society  of  Victoria,  VII,  part.  I,  p.  256,  Melljouine,  189o. 


256 


CONTRIBUTION 
A    LA    CONNAISSANCE    DES    MUTILLIDES   DE   L'AUSTRALIE 


ERNEST    ANDRE 

.l'iii  déjà,  (iiins  un  pnMiiier  Iravnil  (1),  étudié  les  Miitillidns 
d'Australie  d'après  les  matériaux  que  je  possédais  alors  et  doul  la 
majeure  partie  avait  été  recueillie  à  Mackay,  dans  le  Queenslaiid, 
par  M.  (iilbert  Ti  rnkr,  qui  m'avait  libéralement  abandonné  ses 
intéressantes  récoltes.  Depuis,  M.Tlrnkr  a  continué  ses  recherches 
dans  le  même  pays  et  m'a  adressé  un  nouveau  lot  de  Mutilles, 
plus  important  que  le  premier  et  contenant  un  certain  nombre 
d'espèces  qui  ne  figuraient  i)as  dans  son  précédent  envoi.  J'ai 
donc  à  faire  connaître  ces  formes  inédites  qui  sont  également 
entrées  dans  ma  collection,  grâce  à  la  générosité  de  mon  aimable 
correspondant,  à  qui  je  renouvelle  mes  plus  sincères  remerciements. 

Je  profiterai  de  l'occasion  pour  comprendre  dans  cette  notice  un 
petit  nombre  d'autres  Mutilles  australiennes  reçues  de  divers  côtés, 
et  je  terminerai  en  donnant  un  tableau  d'ensemble  de  toutes  les 
espèces  d'Australie  et  de  Tasmanie  qui  me  sont  connues  en  nature. 
Ce  Synopsis  facilitera,  je  l'espère,  la  détermination  de  ces  Insectes 
encore  peu  répandus  dans  les  collections,  même  les  plus  impor- 
tantes, bien  que  beaucoup  soient  remarquables  par  l'élégance  de 
leur  dessin  ou  l'éclat  de  leurs  couleurs. 

'  Toutes  les  espèces  nouvelles  ci-après  décrites  font  partie  de  la 
division  caractérisée  par  les  yeux  arrondis,  très  convexes  et  entiers 
chez  les  deux  sexes.  Cette  division  correspond  à  peu  près  au  sous- 
geure  américain  Eplmta  Say  (=  Sphacrophthdhita  Blake),  et  j'avais, 
dans  mon  premier  travail,  employé  cette  dernière  dénomination 
que  je  crois  devoir  abandonner  aujourd'hui,  comme  n'étant  pas 
absolument  justifiée.  En  ellet,  les  véritables  Ephiita  américaines 
ont,  chez  les  deux  sexes,  les  yeux  lisses,  très  luisants,  à  peu 
près  sans  facettes  apparentes,  tandis  que,  chez  la  plupart  des 
espèces  australiennes,    ces  organes   sont   munis   de  facettes   très 

(1)  E.  André,  MuùUidi's  d'Australie  nouvelles  ou  imparfaileiitenl  connues. 
Mém.  Soc.  Zool.  Fr.,  Vlil,  18'.)o,  p.  475-517. 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     257 

distinctes.  D'autre  part,  ce  groupe,  qui  comprendrait  la  presque 
totalité  des  Mutilles  d'Australie,  comme  il  comprend  déjà  plus  des 
quatre  cinquièmes  des  espèces  américaines,  me  semble  beaucoup 
trop  vaste  et  englobe  une  quantité  de  formes  très  disparates.  Il  y 
aurait  donc  lieu  d'établir  uû  certain  nombre  de  subdivisions,  mais 
cette  entreprise  ne  deviendra  possible  qu'au  fur  et  à  mesure  de 
l'avancement  de  nos  connaissances,  surtout  en  ce  qui  concerne  la 
concordance  des  sexes,  encore  ignorée  pour  la  majeure  partie  des 
espèces  du  Nouveau-Monde  et  même  pour  un  grand  nombre  de  nos 
espèces  européennes.  Je  m'abstiendrai  donc  de  tout  essai  de  ce 
genre,  qui  serait  aujourd'hui  prématuré,  et  je  laisserai  aux  ento- 
mologistes de  l'avenir  le  soin  d'établir  ces  coupes  nécessaires  mais 
irréalisables  dans  l'état  actuel  de  la  science. 

1.  Mutilla   BuRKEi   André. 

Mutilla  [Spliœrophthalma]  Burkei  André,  Mém.  Soc.  Zool.  Fr.,  VIII, 
1895,  p.  493  9. 

9  La  taille  de  cette  espèce  varie  dans  d'assez  notables  propor- 
tions, les  plus  petits  individus  dépassant  à  peine  5  mill.,  tandis 
que  d'autres  atteignent  14  mill.,  tout  en  restant  d'ailleurs  parfai- 
tement identiques  les  uns  aux  autres. 

2.  Mutilla  scutifrons  nov.  sp. 

9  Nigra,  abdominis  segmenta  secundo  supra  et  infra  rufo-castaneo. 
Capnt  par  mm,  thorace  multo  angustius,  vertice  argcntco-sericeo, 
fronte  spatio  magno,  eleimto,  scutiformi,  nitido,  rugis  paucis  tran- 
sversis  rude  pHcato  prœdita;  oculis  rotundatis^  eonvexis,  nitidis. 
Thorax  brevis,  antice  et  postice  angustatus,  post  médium  coarctatus, 
dorso  rude  reticulato.  Abdomen  sessile,  segmenta  secundo  vittis  duabus 
longitudinalibus,  arcuatis,  argenteo-sericeis  ornato;  ejusdem  margine 
apicali  segmentisque  3-5  macula  média  argentea-sericea  signatis; 
segmenti  dorsalis  sexli  area  pygidlali  dense  et  longitudinaliter  striata. 
Calcaria  pallide  testacea.  Long.  14  mill. 

Noire,  avec  le  bord  apical  du  premier  segment  de  l'abdomen  et 
la  majeure  partie  du  second  d'un  rouge  brun,  un  peu  moins  foncé 
en  dessous  et  sur  le  disque  de  l'arceau  dorsal;  les  segments  sui- 
vants paraissent  noirs,  mais  montrent  cependant  une  tendance  à 
passer  au  brun  marron.  Vertex  revêtu  en  entier  de  poils  couchés, 
longs  et  serrés,  d'un  blanc  d'argent;  une  pilosité  également  longue 
et  blanche  hérisse  l'occiput,  le  dessous  de  la  tète,  la  saillie  médiane 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  17 


258  E.    ANDHK 

des  (laiics  (lu  tlioiîix,  Iti  dessous  du  corjis  l'I  les  |);ill('s;  le  froiil, 
le  tlessiis  du  lliorax  et  tie  l'abdouien  sont  plus  ou  uioitis  garnis  de 
poils  noirs.  Disijue  du  premier  segment  abdominal  avec  une  tache 
médiane  assez  vague,  second  segment  parcouru  dans  toute  sa 
longueur  par  deux  bandes  artjuées  eu  dehors,  éloignées  l'une  de 
l'autre,  peu  nellement  dessinées,  circonsciivant  un  large  espace 
plus  rouge  que  le  reste  du  segment,  et  formées  de  pubescence  d'un 
blanc  d'argent  ;  des  taches  assez  étroites,  de  môme  pubescence 
argentée,  se  voient  au  milieu  du  bord  apical  du  second  segment  et 
des  trois  suivants,  formant  par  leur  réunion  une  bande  médiane 
longitudinale  ;  les  côtés  des  cinq  premiers  segments  dorsaux  et  le 
boni  apical  des  second  et  troisième  segments  ventraux  longuement 
ciliés  de  poils  blancs.  Pattes  hérissées  de  pilosité  blanche,  épines 
des  tibias  noirâtres,  éperons  d'un  testacé  pâle. 

Forme  robuste  et  trapue.  Tête  petite,  beaucoup  plus  étroite  que 
le  thorax  ;  arêtes  frontales  très  saillantes,  arquées,  se  prolongeant 
jusqu'en  haut  du  bord  interne  des  yeux  et  circonscrivant  une  aire 
scutiforme,  élevée,  arrondie,  luisante,  traversée  par  quatre  à  cinq 
grosses  rides  transverses,  irrégulières  et  sinueuses  ;  yeux  très 
convexes,  arrondis,  luisants,  presque  lisses,  situés  aussi  loin  de 
l'articulation  des  mandibules  que  de  l'occiput  ;  mandibules  étroites, 
acuminées  au  sommet,  peu  distinctement  unidentées  après  le 
milieu  de  leur  bord  interne  ;  troisième  article  des  antennes  à  peine 
plus  long  que  le  quatrième.  Thorax  large  et  court,  peu  rétréci  en 
avant,  beaucoup  plus  en  arrière  après  un  brusque  étranglement 
vers  le  milieu  de  ses  bords  latéraux  ;  pronotum  rectiligne  en  avant 
avec  les  angles  antérieurs  bien  marqués  et  deutiformes;  metanotum 
brusquement  tronqué  en  arrière;  pas  d'onglet  scutellaire;  le  thorax 
est  très  grossièrement  ridé  réticulé  en  dessus,  avec  les  mésopleures 
et  les  métapleures  fortement  concaves,  presque  lisses  et  luisantes  ; 
la  face  tronijuée  du  metanotum  est  densémeut  et  longitudinale- 
ment  ridée-chagriuée.  Abdomen  sessile,  ovale  ;  premier  segment 
aussi  large  que  le  suivant,  sa  carène  ventrale  assez  saillante  eu  son 
milieu  ;  second  segment  grossièrement  et  irrégulièrement  ridé-réti- 
culé sur  le  disque,  dans  la  partie  circonscrite  par  les  deux  bandes 
arquées,  devenant  ponctué-réliculé  sur  les  côtés  et  irrégulièrement 
ponctué  en  dessous;  dernier  segment  faiblement  convexe,  muni 
d'une  aire  pygidiale  bien  limitée  eu  arrière  et  sur  les  côtés  et  dont 
la  surface  est  couverte  de  stries  longitudinales,  régulières,  fines, 
serrées  et  un  peu  divei'gentes  postérieurement. 
Australie,  sans  autre  indication.  Un  seul  individu. 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      259 

Cette  Mutille  est  très  remarquable  par  la  saillie  clypéiforme  de 
soD  front,  qui  suffit  à  la  distinguer  de  toutes  ses  congénères. 

3.  Mutilla  aurata  Fabricius. 

Mutilla  aurata  Fabricius,  Syst.  Ent.  1775,  p.  397  $.  —  Mutilla 
[Sphœroplithalma)  aurata  André,  Mém.  Soc.  Zool.  Fr.,  VIII, 
1895,  p.  489  9. 

$  De  petits  exemplaires  de  cette  espèce,  que  M.  G.  Turner  a  cap- 
turés à  Mackay,  diflèrent  de  ceux  de  son  premier  envoi,  en  dehors 
de  la  taille  plus  faible,  par  la  tête  un  peu  plus  large,  moius  pro- 
longée et  plus  arrondie  derrière  les  yeux,  ainsi  que  par  ces  derniers 
relativement  plus  grands  et  plus  convexes;  mais  tous  les  autres 
caractères  étant  absolument  les  mêmes,  je  ne  puis  attacher  d'im- 
portance à  ces  faibles  divergences,  qui  ne  sont  pas  sans  exemple 
chez  les  grands  et  les  petits  individus  d'une  même  espèce.  La  taillB 
de  l'aurata  doit,  par  suite,  être  indiquée  comme  variant  de  7  à 
14  mi  11. 

4.  Mutilla  Fabricii,  nov.  sp. 

$  Nigra,  vertice  parce  (lavo-pubescente,  abdominis  segmento  primo 
aureo-ciliato,  secundi  dimidio  postico,  tertio,  quarto  et  quinto  totis, 
pubescentia  densa,  aureo-sericea  veUitis.  Caput  haud  thorace  latius  ; 
thorax  subpiriformis ,  metanoti  lateribus  postice  denticulatis.  Abdo- 
men sessile,  ovatum,  segmento  ultiiuo  area  pygidiali  dense  et  longi- 
tndinaliter  rugoso-striata  prœdito.  Calcaria  brunnea.   Long.  9  mill. 

Noire,  avec  les  mandibules  à  peine  rougeâtres  en  leur  milieu  ; 
vertex  éparsement  garni  de  pubescence  d'un  jaune  pâle  ;  premier 
segment  de  l'abdomen  cilié  à  son  bord  postérieur  de  poils  dorés, 
formant  une  bande  étroite  et  un  peu  prolongée  en  pointe  en  son 
milieu  ;  moitié  postérieure  du  second  segment  et  la  totalité  des 
suivants  densément  revêtus  d'une  belle  pubescence  d'un  doré 
soyeux,  laissant  un  peu  à  découvert  les  bords  latéraux  du  second 
segment  et  n'ayant  pas,  sur  ce  même  segment,  de  limite  antérieure 
bien  définie  ;  en  dessous,  les  segments  de  l'abdomen  sont  ciliés  de 
poils  blancs.  Dessus  de  la  tête  et  du  thorax  éparsement  hérissé  de 
poils  noirs;  dessous  et  derrière  de  la  tête,  saillie  médiane  des  flancs 
du  thorax,  face  déclive  du  métalhorax,  devant  du  premier  segment 
abdominal  et  pattes  hérissés  de  longs  poils  blancs;  épines  des  tibias 
noirâtres,  éperons  bruns. 

Tète  de  la  largeur  du  thoi'ax,  arrondie  en  arrière,  densément 


200  E.    ANDHK 

ponctiiéo  réliculôi;  :  yeux  loiid^^.  tics  ((iiivcxt's,  liiisjinls,  assez 
éloignés  de  la  hase  des  mandibules;  aréles  frontales  prolongées 
jusqu'aux  yeux  ;  inandihulos  acuininées  au  sommet  ;  antennes 
robustes,  seeond  article  du  funieule  sensihlemtuit  plus  long  (jue 
le  troisième.  Thorax  assez  court,  suhpiriforme,  un  peu  étranglé 
derrière  son  milieu,  faiblement  rétréci  en  avant,  beaucoup  plus  en 
arrière;  pronotuuï  presque  rectiligne  en  devant,  avec  les  angles 
antérieurs  peu  accusés  ;  metanotum  brusquement  tronqué  en 
arriére,  Tarôte  latérale  de  sa  face  déclive  faiblement  denticulée, 
avec  une  dent  plus  ac<'entuée  eu  dessus,  de  chaque  côté  de  la  tron- 
cature; le  thorax  est  densément  ponctué  réticulé  sur  le  dos  et  sur 
les  saillies  des  lianes,  avec  les  pleures  concaves,  luisantes,  mar- 
quées seulement  de  quelques  points  épars.  Abdomen  sessile;  pre- 
mier segment  ponctué  en  dessus,  muni  en  dessous  d'un  tubercule 
assez  saillant;  second  segment  densément  couvert  en  dessus  de 
points  allongés,  plus  éparsement  ponctué  en  dessous:  dernier  seg- 
ment muni  d'une  aire  pygidiale  plane,  densément  et  longitudinale- 
ment  ridée-striée. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner),  un  seul  exemplaire. 

Par  l'ornementation  de  son  abdomen,  cette  espèce  rappelle  beau- 
coup Vdurata  Fab.,  mais  elle  s'en  écarte  par  sa  couleur  foncière  qui 
est  entièrement  noire,  par  son  thorax  plus  court  et  autrement 
conformé,  par  son  second  segment  ventral  non  transversalement 
impressionné  après  son  milieu,  ainsi  que  par  sou  aire  pygidiale 
striée. 

5.  MUTFLLA   PULCHELLA  Smith. 

Mutilla  puichella  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  29,  9. 

Malgré  la  brièveté  de  la  description  de  Smith,  cette  espèce  est 
parfaitement  recounaissable  aux  caractères  indiqués,  que  je  vais 
rappeler  en  les  complétant. 

9  Tète  et  thorax  ferrugineux,  avec  un  beau  reflet  d'un  violet 
métallique  sous  diverses  incidences;  antennes  ferrugineuses;  pattes 
violettes  ou  ferrugineuses  lavées  de  violacé  ;  le  plus  souvent  les 
hanches,  les  Irochanters,  la  base  des  cuisses  et  l'extrémité  des 
tarses  sont  simplement  ferrugineux  ;  abdomen  d'un  bleu-violacé 
foncé,  avec  le  premier  segment  plus  ou  moins  largement  testacé  en 
arrière  et  cilié  de  poils  jaunâtres  ;  une  large  bande  médiane  et 
longitudinale,  de  pubescence  jaunâtre,  s'étend  du  tiers  antérieur 
du  second  segment  à  l'extrémité  de  l'abdomen.  Pattes  éparsement 
hérissées  de  poils  blanchâtres  ;  éperons  blancs. 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DKS  MUTILLIDKS  DE  l'aUSTRALIE     261 

Forme  liés  allongée  ;  tète  arrondie,  densément  ponctuée,  un  peu 
plus  large  que  le  thorax,  assez  prolongée  derrièreles  yeux  qui  sont 
plutôt  petits,  ronds,  très  convexes,  et  situés  plus  près  de  l'articu- 
lation des  mandibules  que  de  l'occiput  ;  second  article  du  funicule 
des  antennes  environ  une  fois  et  demie  aussi  long  que  le  troisième. 
Thorax  allongé,  piriforme,  convexe  en  dessus,  très  rétréci  en 
arrière,  à  peine  contracté  derrière  son  milieu,  assez  deusément 
ponctué,  non  réticulé  ;  les  pleures  planes,  luisantes,  avec  quelques 
points  épars  ;  metanotum  insensiblement  déclive  en  arrière,  mais 
non  tronqué  et  sans  limite  entre  sa  face  supérieure  et  sa  face  posté- 
rieure ;  abdomen  sessile,  en  ovale  très  allongé,  peu  densément 
ponctué  en  dessus,  plus  éparsement  en  dessous;  second  segment 
ventral  nettement  et  transversalement  impressionné  après  son 
milieu  ;  dernier  segment  dorsal  convexe,  sans  aire  pygidiale,  deusé- 
ment revêtu  de  longs  poils  qui  en  cachent  la  sculpture.  Long, 
6  12  mill. 

Le  type  décrit  par  Smith  provenait  d'Adélaïde  ;  M.  G.  Turner 
m'en  a  envoyé  plusieurs  exemplaires  de  Mackay. 

6.  Mutilla  hospes  Smith. 

Mutilla  hospes  Smith,  Descr,  new  sp.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.,  1879, 
p.  202,  9-  —  Mutilla  (Sphceroplithalma)  hospes  André,  Mém. 
Soc.  Zool.  Fr.,  VIII,  1895,  p.  494,  $. 

9  D'après  de  nouveaux  individus  que  M.  G.  Turner  m'a  envoyés 
de  Mackay,  la  laille  de  cette  espèce  varie  de  7  à  10  mill.,  mais  ses 
autres  caractères  paraissent  assez  constants. 

7.  Mutilla  morosa  Westwood. 

Mutilla  morosa  Westwood,  Arcana  ent.  II,  1843,  p.  19,  pi.  LIV, 
tig.  l,cr. —  Mutilla  (Sphœrophthalma)  morosa  André,  Mém. 
Soc.  Zool.  Fr.,  VIII,  189o,  p.  495,  9  d^. 

9  En  décrivant  la  femelle  de  cette  Mutille,  dont  le  mâle  seul 
avait  été  signalé  par  Westwood,  je  disais  que  la  couleur  des  taches 
abdominales  était  très  variable,  pouvant  passer  d'un  blanc  d'argent 
au  jaune  d'or  et  au  fauve  doré.  Une  série  d'exemplaires  faisant  par- 
tie du  nouvel  envoi  de  M.  Turner  est  venu  me  démontrer  que  cette 
espèce  est  encore  plus  variable  que  je  ne  l'ai  indiqué,  car  non 
seulement  la  couleur  des  taches  mais  leur  forme  et  leur  étendue 
subissent  des  écarts  assez  importants.  C'est  ainsi  que  la  bande 


262  K.     ANDRI'l 

lonj^iUidiiiiilc.  qui  i»;irc(tiirt  le  second  sr^qiiciil.  en  snil  |);iif(»is  toute 
la  longueur  ou  se  laccoiiicil  plus  ou  moins  en  avant,  en  étant 
tantôt  étroite  et  prestjue  linéaire,  et  tanlùt  lieaucoup  jtlus  large, 
surtout  en  arrière.  Chez  les  individus  à  dessin  argenté,  cette  hande 
est  généralenienl  plus  allongée  et  plus  étroite  que  chez  ceux  à 
ornementation  dorée,  où  elle  s'épaissit  et  se  raccourcit  souvent 
d'une  façon  assez  notable.  Mais  tous  les  passages  existent  entre  ces 
extrêmes  et  l'on  ne  peut  douter  qu'ils  appartiennent  bien  à  une 
seule  et  même  esi)èce.  La  taille  oscille  entre  5  et  10  mill. 

c/*  La  grandeur  de  ce  mâle,  dont  j'ai  reçu  également  quelques 
nouveaux  exemplaires,  varie  de  7  à  12  mill. 

Var.  .\LB0CALC.\RATA  nov.  var.  — Trois  n)àles,  que  M.  Turner  m'a 
envoyés  de  Mackay  avec  les  précédents,  se  distinguent  du  type  par 
les  éperons  blancs.  Comme  je  n'ai  pu  trouver  aucune  différence 
entre  eux  et  ceux  à  éperons  noirs,  je  les  considère  comme  consti- 
tuant une  simple  variété  à  huiuelle  je  donne  cependant  une  déno- 
mination particulière  pour  la  signaler  à  l'attention. 

8.    MUTILLA    FALLAX    nOV.    Sp. 

9  Nigra,  tuherculis  antennalllms,  scapi  apice  funiculique  hasi  vix 
rufescenlilms.  Caput  punctato-reticulatum,  post  oaUos  rotundatum, 
thorace  vix  hitius.  Thorax  subtrapfzoidnlis,  antice  reclus,  postice 
angustatus,  supra  rude  punctato-reticulatus,  angulis  anlicis  suh- 
dentatis.  Abdomen  sessile,  primo  segmenta  postice  testaceo  et  aiireo- 
ciliato,  secundo  macula  apicali,  tertio,  quarto  et  quinto  macula  média, 
transversa,  aureo-sericcis  ornatis.  Area  pygidiaUs  longitudinaliter 
striata.  Calcaria  pallida.  Long.  5-S  mill. 

Noire,  tubercules  antennaires,  extrémité  du  scape  et  premier 
article  du  funicule  à  peine  un  peu  rougeàtres,  tarses  brunâtres. 
Premier  segment  de  l'abdomen  avec  le  bord  apical  d'un  lestacé  un 
peu  rougeàtre  et  cilié  de  poils  d'un  jaune  d'or  ou  d'un  fauve  doré; 
second  segment  orné,  au  milieu  de  son  bord  postérieur,  d'une 
assez  grande  tache,  vaguement  triangulaire,  de  semblable  pubes- 
cence,  se  réunissant  à  des  taches  transversales  qui  occupent  le 
milieu  des  troisième,  quatrième  et  cinquième  segments,  pour 
former  une  bande  longitudinale  décroissant  de  largeur  de  la  base 
au  sommet.  Tête  et  thorax  hérissés  de  poils  noirs,  devenant  blan- 
châtres sur  le  métathorax  et  le  premier  segment  abdominal; 
second  segment  de  l'abdomen  assez  densément  revêtu  de  pubes- 
cence  noire,  couchée;  pattes  éparsement  hérissées  de  poils  blancs; 
éperons  d'un  jaune  pâle. 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      2G3 

Tête  faiblement  plus  large  que  le  thorax,  assez  prolongée  en 
avant  des  yeux,  fortement  arrondie  en  arrière,  sans  angles  posté- 
rieurs distincts,  deusément  et  assez  fortement  pooctuée-réticulée 
en  dessus;  yeux  grands,  arrondis,  très  convexes,  éloignés  de  la 
base  des  mandibules  d'uue  longueur  presque  égale  à  leur  diamètre, 
à  facettes  très  fines  et  peu  distinctes.  Fossettes  antennaires  limitées 
en  baut  par  une  arête  fine  qui  s'étend  jusqu'aux  yeux;  second 
article  du  funicule  des  antennes  seulement  un  peu  plus  long  que 
le  troisième.  Thorax  trapézoïdal,  faiblement  rétréci  d'avant  en 
arrière,  à  peine  contracté  derrière  son  milieu,  rectiligne  en  devant 
avec  les  angles  antérieurs  bien  marqués  et  un  peu  dentiformes  ;  il 
est  très  grossièrement  ponctué-réliculé  en  dessus,  avec  les  pleures 
concaves,  peu  luisantes  et  marquées  seulement  de  gros  points 
êpars  ;  métathorax  brusquement  tronqué  en  arrière,  non  denticulé 
sur  les  bords  et  sans  onglet  scutellaire.  Abdomen  sessile,  premier 
segment  large  et  court,  peu  deusément  ponctué  en  dessus,  faible- 
ment caréné  en  dessous  ;  second  segment  deusément  couvert  en 
dessus  de  points  allongés  ;  segment  apical  avec  une  aire  pygidiale 
plane,  finement,  densémeut  et  lougitudinalement  striée. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Cette  espèce  est  très  voisine  de  morosa  Westw.  ;  elle  s'en  distin- 
gue par  la  tête  relativement  plus  large,  plus  brusquement  rétrécie 
et  arrondie  derrière  les  yeux,  plus  fortement  sculptée,  par  le  tho- 
rax moins  court,  plus  étroit,  plus  régulièrement  trapézoïdal,  à 
peine  contracté  derrière  son  milieu,  beaucoup  plus  grossièrement 
ponctué-réticule,  plus  rectiligne  à  son  bord  antérieur  ;  par  son  pre- 
mier segment  abdominal  plus  largement  cilié  à  son  bord  postérieur 
et  par  sou  second  segment  muni  seulement  d'une  tache  apicale  et 
non  d'une  bande  longitudinale  s'avançant  plus  ou  moins  en  avant. 

L'ornementation  de  son  abdomen  la  rapproche  beaucoup  de 
M.  hospes  Sm.,  mais  la  forme  de  son  thorax  est  toute  différente. 

9.  MuTiLLA  Australasiae  Fabricius. 

Mutilla  Australasiac  Fabricius,  Syst.Piez.  1804,  p.  433  9. —  West- 
wood,  Arcana  ent.  II,  1843,  p.  18,  9  =  Mutilla  dorsigera 
Westw.,  loc.  cit.,  p.  18,  pi.  53,  fig.  4,  9. 

9  Je  rapporte  à  M.  Australasiae  Fab.  quelques  individus  de  Tas- 
manie  que  j'ai  vus  dans  la  Collection  du  Muséum  de  Paris  et  qui 
s'accordent  tout-à-fait  avec  la  description  que  j'ai  donnée  de  la  M. 
Edmondi,  alors  que  ïAustralasiae  ne  m'était  pas  connue  en  nature, 


204  K.    ANDUÉ 

niais  toiileluis  aveck's  dilléreiices  déjà  si|:;Malées  par  moi  l'ii  liu  de 
cette  description  et  qui  se  résument  dans  la  couleur  blanche  et  non 
dori'c  (les  l»an<l('s  alidoniiiiales,  dans  la  présence  d'une  bande  sem- 
blable au  bord  apical  du  ciiupiième  segment  et  dans  l'absence  des 
taches  indéterminées  (|ui,  eiiez  Kdmondi,  se  remarquent  au  milieu 
des  qualrièuu'  el  ein(]uième  sei^ments.  Les  cai'actères  jilastiques  de 
ces  deux  espèces  étant  d'ailleurs  absolument  les  mûmes,  il  est  pro- 
bable que  la  .1/.  lùliiKnidi  n'est  (|u'une  variété  dM»<A'rm/asia6,  ce  que 
l'examen  de  nouveaux  exemplaires  d'Kdmondi  arrivera  sans  doute  à 
déujontrer. 

iO.     MUTILLA  HeNRICI  UOV.  Sp. 

9  Nigra,  mandihulis,  ijenis  anticis  et  sœpe  thoracis  disco  rnfo-ferru- 
(jineis.  Caput  subquadratum,  transversum,  thorace  latius,  angulispns- 
ticis  roluudatis.  Thorax  piriformis,  pone  médium  modice  coarclatm, 
pusl'ce  angimtatus  et  oblique  truncatus.  Abdomen  sessile,  primo  seg- 
menta in  medio  postico  pallide  testaceo,  secundi  apice  macula  trans- 
versa, bilobata,  testacea,  pube flacescentc  vestita;  segmentis  S-:")  macula 
média  flam-pubescente  ornatis.  Area  pygldialis  distincta,  plana,  longi- 
tudinaliter  striato-rugosa.  Long.  4-5. ô  mill. 

Tête  noire,  mandibules,  sauf  le  sommet,  qui  est  noir,  extrémité 
des  joues,  souvent  aussi  les  tubercules  aiiteunaires,  l'extrémité  du 
scape  et  le  premier  article  du  funicule  d'un  rouge  ferrugineux; 
thorax  noir,  plus  ou  moins  rougeàtre  en  dessous  et  sur  les  flancs, 
marqué  parfois  sur  son  disque  d'une  tache  plus  ou  moins  grande, 
d'un  rouge  brunâtre.  Pattes  d'un  brun  de  poix,  avec  la  base  des 
cuisses  et  les  tarses  rougeàtres.  Abdomen  noir  en  dessus,  avec  le 
bord  apical  de  son  premier  segment  orné  d'une  large  tache  trans- 
versale d'un  testacé  pâle  ;  sommet  du  second  segment  paré  d'une-^ 
tache  semblable,  mais  plus  grande,  échancrée  en  avant,  ce  qui  la 
fait  paraître  bilobée  ;  ces  taches  sont  formées  par  la  décoloration 
de  la  chitine  et  éparsement  revêtues  de  pubescence  jaunâtre  ;  les 
segments  trois  à  cinq  portent  en  leur  milieu  une  petite  tache 
transversale,  de  pubescence  jaunâtre,  formant  par  leur  réunion  une 
bande  longitudinale  plus  ou  moins  distincte  ;  en  dessous,  le  premier 
segment  et  la  base  du  second  sont  rougeàtres.  Dessus  du  corps 
hérissé  de  poils  courts,  bruns  et  assez  abondants,  entremêlés  de 
quelques-uns  plus  longs  et  plus  épars  ;  pattes  parcimonieusement 
hérissées  de  poils  blanchâtres. 

Tête  subquadrangulaire,  transversale,  plus  large  que  le  thorax 
et  un  peu  plus  large  en  avant  qu'en  arrière,  avec  les  angles  posté- 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCK  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALTE     265 

rieurs  fortement  arrondis  ;  elle  est  densément  et  assez  fortement 
ponctuée-réticulée  ;  fossettes  antennaires  limitées  en  dessus  par 
une  arête  tranchante  qui  s'étend  jusqu'aux  yeux  ;  ces  derniers 
arrondis,  assez  convexes,  à  facettes  bien  distinctes,  situés  plus  près 
de  l'articulation  des  mandibules  que  de  l'occiput;  mandibules  assez 
étroites,  acuminées  au  sommet  ;  antennes  robustes,  second  article 
du  funicule  sensiblement  plus  long  que  le  troisième.  Thorax 
piriforme,  faiblement  étranglé  après  le  milieu,  rétréci  en  arrière, 
son  bord  antérieur  très  faiblement  arqué  avec  les  épaules  distinctes 
et  un  peu  dentiformes,  ses  bords  latéraux  faiblement  crénelés  ; 
métathorax  assez  nettement  et  obliquement  tronqué  en  arrière  avec 
le  bord  supérieur  de  la  troncature  muni  latéralement  de  petites 
dents  aiguës.  Le  thorax  est  densément  et  longiludinalement  ridé- 
réticuléendessus,presquelisseetluisant  surlespleuresqui  sont  assez 
concaves.  Abdomen  sessile,  premier  segment  à  peu  près  aussi  large 
que  la  base  du  suivant,  court,  nettement  tronqué  en  avant,  avec 
une  face  supérieure  plane,  beaucoup  plus  finement  et  plus  den- 
sément ponctuée  que  la  face  antérieure  qui  est  luisante  et  marquée 
de  gros  points  peu  serrés  ;  la  carène  inférieure  est  basse  et  sans 
caractère  particulier.  Second  segment  densément  et  finement  ridé- 
ponctué  eu  dessus,  les  segments  suivants  plus  finement  ponctués. 
Dernier  segment  muni  d'une  aire  pygidiale  plane,  nettement 
circonscrite,  longiludinalement  ridée-striée  à  la  bnse,  finement  et 
densément  chagrinée  au  sommet.  Epines  des  tibias  rougeâtres, 
éperons  blanchâtres. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner).  J'en  ai  vu  un  exemplaire 
étiqueté  d'Australie,  sans  autre  indication,  dans  la  collection  de 
M,  Henri  de  Saussure. 

Cette  espèce  a  beaucoup  de  rapports  avec  M.  carinata  Sm.,  de 
Nouvelle-Guinée,  mais  elle  est  bien  plus  petite,  sa  tête  et  sou 
thorax  ne  sont  pas  métalliques,  le  metanotum  est  beaucoup  plus 
brusquement  tronqué  en  arrière,  le  premier  segment  abdominal 
est  relativement  plus  large,  inerme  en  dessus,  le  segment  apical 
est  muni  d'une  aire  pygidiale  bien  limitée,  ridée  à  la  base,  et  les 
éperons  sont  blancs. 

11.    MUTILLA    RECTANGULICEPS,    UOV.    Sp. 

$  (Japut  et  thorax  nigro-brunnea,  genù,  epistoinate,  mandibulis, 
tuherculis  antennalibus,  antennarum  scapo  et  thoracis  disco  plus 
minusce  rafoferrugineis.  Caput  rectangnlare,  Iransversum,  thorace 
latius,   angulis  postiçis  conspicuis.    Thorax  mbtrapezoidalis,  antiçe 


201) 


K.     A\ni<K 


/•/'('///.s-,  ptnir  mrdiinn  ri.r  nmi  cf'iliis,  po.'tlirf  (iin/iistnl us,  (UkjiiUs;  tnitiris 
iicults,  sidnlcntdtis.  Alxltiiiii'ii  iiii/ii(iii,  si'ssilt\  primo  st't/incnfo  postice 
palliilr  tcsiarcu,  scmuili  npicc  nninild  Innisvefsn,  Irslaccn,  pnhr  flavrs- 
ci'iitc  ri'siitd,  orudlt):  >ii'i)mi'Hti  ijimiîi  iipire  rix  lestacro.  Arcti  pi/giilmlis 
hrris,  nitUhi,  aithdlissintc  pnnriulald.  I.uiuj.  j,.)  .'i  imll. 

Tête  d'un  lirun-noir  un  peu  rouf^eAtie,  joues,  épistome,  maocll- 
biiles,  tubercules  antcnnaires,  scape  des  antennes  et  les  deux 
premiers  articles  du  funicule  d'un  row^c  ferrugineux  ;  thorax  d'un 
brun  noir,  plus  ou  moins  rougeàtre  sur  les  côtés  et  marqué  sur  son 
disque  d'une  grande  tache  mal  définie,  d'un  rouge  ferrugineux. 
Pattes  noirâtres  avec  la  base  des  cuisses  et  les  tarses  rougeàtres. 
Abdomen  noir  en  dessus,  avec  le  bord  apical  de  son  premier  seg- 
ment plus  ou  moins  largement  testacé  ou  ferrugineux  ;  sommet  du 
second  segment  avec  une  tache  transversale  de  même  couleur, 
occupant  le  milieu  du  bord  aj)ical,  formée  comme  la  précédente  par 
une  décoloration  de  la  chitine  et  éparsement  revêtue  de  pubesceuce 
jaunâtre  ;  cinquième  segment  plus  indistinctement  marqué,  au 
milieu  de  son  bord  postérieur,  d'une  semblable  tache  testacée. 
Pilosité  assez  éparse,  noirâtre  sur  la  tête  et  le  thorax,  blanchâtre 
sur  les  côtés  de  la  tête,  le  métathorax,  le  premier  segment  abdo- 
minal et  les  pattes,  noire,  plus  couchée  et  plus  abondante  sur 
l'abdomen. 

Tête  en  rectangle  transverse,  notablement  plus  large  que  le 
thorax,  son  bord  postérieur  et  ses  bords  latéraux  à  peu  près  recti- 
lignes,  avec  les  angles  postérieurs  bien  accusés,  mais  non  denti- 
formes  ;  elle  est  luisante,  densément  ponctuée,  mais  à  peine 
réticulée;  fossettes  autenuaires  limitées  en  dessus  par  une  arête 
tranchante  qui  s'étend  jusqu'aux  yeux;  ces  derniers  arrondis,  assez 
convexes,  à  facettes  fines  mais  distinctes,  situés  beaucoup  plus 
près  de  l'articulation  des  mandibules  que  de  l'occiput  ;  mandi- 
bules étroites,  paraissant  bifides  au  sommet  ;  antennes  robustes, 
second  article  du  funicule  sensiblement  plus  long  que  le  troisième. 
Thorax  trapézoïdal,  à  peine  contracté  après  le  milieu,  rétréci  en 
arrière,  son  bord  antérieur  rectiligne  avec  les  angles  bien  marqués 
et  un  peu  dentiformes,  ses  bords  latéraux  faiblement  crénelés; 
métathorax  obliquement  tronqué  en  arrière  avec  le  bord  supéro- 
latéral  de  la  troncature  muni  de  petits  denlicules  aigus.  Le  thorax 
est  densément  et  longitudinalement  ridé-ponctué  en  dessus,  avec 
les  pleures  lisses,  luisantes  et  assez  concaves.  Abdomen  sessile, 
premier  segment  à  peu  près  aussi  large  que  la  base  du  suivant, 
éparsement  ponctué  et  luisant  en  dessus,  chargé  en  dessous  d'une 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILUDES  DE  L'AUSTRALIE     267 

carène  basse  et  sans  caractère  particulier.  Second  segment  fine- 
ment et  densément  ridé-ponctué  eu  dessus,  les  segments  suivants 
finement  pointillés.  Dernier  segment  muni  d'une  aire  pygidiale 
assez  plane,  lisse,  luisante,  avec  une  ponctuation  extrêmement 
fine  et  peu  serrée.  Epines  des  tibias  rougeâtres,  éperons  blanchâtres. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner);  deux  exemplaires. 

Cette  Mutille  est  extrêmement  voisine  de  la  précédente,  mais 
elle  en  est  cependant  bien  distincte  par  sa  tête  plus  rectangulaire 
avec  les  angles  postéi'ieurs  bien  accentués,  par  son  avant-corps 
plus  luisant,  moins  fortement  sculpté,  par  les  segments  trois  et 
quatre  de  l'abdomen  dépourvus  de  tache  médiane  et  par  l'aire 
pygidiale  lisse,  luisante,  sans  rides  longitudinales. 

12.  MuTiLLA  sANGUiNEicEPs  André. 

Mutilla{Sph3eroplithalma]  sanguineiceps  André, Mém.  Soc.  Zool.  Fr., 
VIII,  1895,  p.  503,  9. 

9  Le  mauvais  état  de  l'abdomen  de  l'unique  exemplaire  sur 
lequel  j'ai  basé  ma  description  ne  m'avait  pas  permis  d'en  recon- 
naître suffisamment  la  vestiture.  Deux  nouveaux  individus  en  très 
bon  état,  que  M.  Turner  m'a  envoyés  de  Mackay,  me  permettent 
aujourd'hui  de  combler  cette  lacune  et  d'ajouter  que  le  second  seg- 
ment de  l'abdomen  est  orné  en  arrière  de  deux  taches  longitudi- 
nales, convergentes  postérieurement  et  se  continuant  sur  les  trois 
segments  suivants  en  une  bande  graduellement  rétrécie  d'avant  en 
arrière;  ces  ornements  sont  formés  depubesceoce  assez  éparse,  d'un 
blanc  d'argent. 

13.  MUTILLA  GiLBERTI  UOV.  Sp. 

9  Caput  et  thorax  rufo-caatanea  vpI  nigro-brunnea,  antennis  fuscis, 
scapo  et  funiculi  baffi  ferriigineis,  pedibus  lerrugineo  et  fusco  variegatis, 
calcaribuH  pallidis;  ahdominis  segmenta  secundo  prope  apicem  vitta 
transversa,  nigra,  nuda,  postice  emarginata  ornato.  Thorax  subpiri- 
formis,  antice  rectas,  postice  angustntus  et  coarctatus;  abdomen  ses- 
sile,  cijUndricum,  postice  attenuatum,  arca  pygidiali  deplanata,  lœvi, 
nitida.  Long.  4-6  mill. 

Tête  et  thorax  d'un  brun  marron  plus  ou  moins  rougeàtreou  noi- 
râtre; antennes  d'un  brun  noir  avec  le  scape  et  la  base  du  funicule 
ferrugineux;  pattes  ferrugineuses  avec  l'extrémité  des  cuisses,  des 
tibias  et  des  tarses  plus  ou  moins  rembrunie  et  les  éperons  blan- 
châtres; abdomen  ferrugineux;  second  segment  orné,   après  son 


ii\S  K.    ANhUK 

milieu,  il  une  liii'^c  Itaiidi;  Ininsvcrsalc,  noii-e,  i;lai)r(3,  irallci^^uant 
pas  le  bord  api«.'al,  aiif^uleuseineiit  échancrée  au  milieu  de  son  bord 
postt'rieur.  IMIosih*  courte  et  (^|tarse,  eu  uiajcuccî  iiailic  lilanclM^; 
pattes  béiissées  de  poils  blancs,  éperons  blaiicliàlres. 

Tète  arrondie,  un  peu  plus  étroite  (jue  le  thorax,  avec  les  angles 
postérieurs  indistiiicis,  fortement  et  densément  [lonctuée  réticu- 
lée ;  yeux  de  {grandeur  moyenne,  arrondis,  assez  convexes,  situés 
vers  le  nnlieu  des  bords  latéraux  ;  antennes  courtes,  très  robustes, 
tous  les  articles  du  funicule  Iransverses,  sauf  le  diTuier,  qui  est  un 
peu  plus  long  que  large;  second  article  pas  plus  long  que  le  troi- 
sième. Thorax  assez  court,  son  bord  antérieur  rectiligne  avec  les 
angles  bien  mar((ués  et  dentiformes  ;  ses  bords  latéraux,  également 
recliligues  sur  leur  première  moitié,  divergent  faiblement  en 
arrière  jusque  vers  le  milieu,  après  lequel  ils  se  contractent  assez 
fortement  pour  redevenir  à  peu  près  parallèles  à  la  partie  rétrécie 
du  metanotum  ;  les  bords  latéraux  sont  munis  d'une  petite  dent 
après  la  contraction  médiane  et  d'une  autre  de  chaque  côté  de  la 
troncature  postérieure  du  metanotum  qui  est  abrupte  et  verticale  ; 
le  thorax  est  densément  ridé-réticulé  en  dessus  et  sur  les  côtés, 
sauf  les  pleures  qui  sont  superficiellement  rugueuses  et  luisantes. 
Abdomen  cylindrique,  atténué  en  arrière,  tout-à-fait  sessile  ;  son 
premier  segment  aussi  large  que  le  suivant,  assez  fortement  ponc- 
tué en  dessus,  sa  carène  ventrale  bien  accentuée  ;  second  segment 
densément  ponctué  en  dessus,  marqué  en  dessous  de  gros  points 
assez  serrés  ;  les  segments  suivants  finement  et  éparsement  ponc- 
tués; dernier  segment  muni  d'une  aire  pygidiale  plane,  lisse  et 
luisante. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Petite  espèce  bien  reconnaissable  à  sa  coloration  et  à  son  abdo- 
men cylindrique,  tout  à-fait  sessile,  dont  le  premier  segment  est 
aussi  large  que  le  second. 

14.    MUTILLA    BIPLAGIATA    UOV.    Sp. 

$  Nigra,  mnndibuHs,  tuberculis  antennalibiis,  sœpc  etiam  scapi 
ajnce  et  funicuU  articulo  primo  fcrrugineis  ;  rarhis  pedihus  obacure 
ruf(hbrunneis  ;  abdoniinis  seg menti  prinii  apice,  secundique  nittis 
duabus  longilndinalibus,  paraUeUs,  antice  et  poatice  abbremutis,  rufo- 
testaceis  aut  rufo-ferrugincis,  nudin,  vel piibe  tenui,  pallida ,  sparsissime 
vestilis;  sogmentis  !2-5  inacula  parca,  apicali,  albo-sericea  ornatis. 
C'iput  thorace  vix  latius;  thorax  subtrapezoidalis,  postice  angustior; 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  L'aUSTRALIE      269 

abdomen  suhpetiolatum ,  segmenti  secundi  dorso  deplanato,  fiegmenti 
ultimi  area  pygidiali  lacvi,  nitida.  Calcaria  alba.  Long.  5-7  mill. 

Noire,  avec  les  mandil>Liles,  les  tubercules  antennaires,  souvent 
aussi  le  sommet  du  scape  et  le  premier  article  du  funicule,  ferru- 
gineux ;  pattes  d'un  noir  brun,  rarement  d'un  brun  rougeâtre. 
Bord  apical  du  premier  segment  de  l'abdomen  ordinairement 
ferrugineux  ;  second  segment  orné  sur  son  disque  de  deux  bandes 
longitudinales,  parallèles,  raccourcies  en  avant  et  en  arrière,  un 
peu  dilatées  en  dehors,  à  leur  sommet,  et  d'une  couleur  ferrugi- 
neuse ou  d'un  lestacé  rougeâtre.  Ces  bandes  sont  nues,  ou  très 
éparsemenl  revêtues  d'une  fine  pubescence  blanchâtre,  et  sont  uu 
peu  plus  éloignées  l'une  de  l'autre  que  chacune  d'elles  du  bord 
externe  du  segment.  Sur  le  milieu  du  bord  apical  du  second 
segment  et  des  trois  suivants  se  voit  une  tache  de  pubescence 
blanche,  dont  la  réunion  forme  une  ligne  médiane,  continue,  à  peu 
près  de  la  largeur  des  bandes  du  second  segment.  Tête  et  thorax 
avec  une  pilosité  noire,  oblique,  assez  courte  et  éparse  ;  face  déclive 
du  métathorax,  dessus  du  premier  segment  abdominal,  côtés  des 
segments  suivants  et  pattes  hérissés  de  longs  poils  blancs  ;  segments 
ventraux  deux  à  cinq  ciliés  de  poils  semblables  ;  épines  des  tibias 
noirâtres,  éperons  blancs. 

Tête  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax  ou  à  peine  plus  large, 
très  arrondie  derrière  les  yeux,  fortement  pouctuée-réliculée;  yeux 
ronds,  très  convexes,  presque  lisses  et  luisants,  situés  vers  le  milieu 
des  côtés  de  la  tête  ;  arêtes  frontales  bien  distinctes  et  prolongées 
jusqu'aux  yeux  ;  mandibules  courtes,  médiocrement  larges,  acu- 
minêes  au  sommet;  antennes  robustes,  second  article  du  funicule 
à  peine  plus  long  que  le  troisième.  Thorax  en  trapèze  allongé, 
plus  étroit  en  arrière,  indistinctement  contracté  après  son  milieu  ; 
pronotura  faiblement  arqué  en  devant,  avec  les  angles  antérieurs 
accentués  et  un  peu  dentiformes  ;  metanotum  brusquement  tron- 
qué en  arrière,  avec  le  bord  supérieur  de  la  troncature  finement 
denliculé,  la  dent  latérale,  de  chaque  côté,  étant  un  peu  plus  forte 
que  les  denticules  médians;  le  thorax  est  grossièrement  et  longi- 
tudinalement  ridé  en-dessus,  plus  ou  moins  réticulé  en  avant  et  sur 
les  côtés,  avec  les  mésopleures  et  les  métapleures  planes,  presque 
lisses  et  luisantes.  Abdomen  subpétiolé;  premier  segment  court, 
beaucoup  plus  étroit  que  le  suivant,  faiblement  contracté  à  son 
articulation  postérieure;  il  est  ponctué  en-dessus  et  muni  en  des- 
sous d'une  carène  assez  élevée  ;  second  segment  subcylindrique, 
peu  convexe  sur  les  côtés,  déprimé  sur  le  dos,  fortement  et  longi- 


270  E.    ANDHK 

liuliiialcint'ul  ponclui'  rt'licuU'  en  dessus,  simplement  ponctué  en- 
dessous;  les  se{4;nienls  suivants  plus  linement  et  plus  éparsement 
ponctués;  dernier  segment  muni  d'une  aire  pyj^idiale  limitée  en 
arrière  et  latéralement,  faiblement  convexe,  lisse  et  très  luisante. 

Mackay,  Queoiisland  (M.  (i.  Turner). 

Hieu  distincte  par  les  deux  bandes  nues,  d'un  jaune  plus  ou 
moins  rougeâtre,  qui  ornent  le  second  segment  abdominal. 

15.  MUTILLA  MIMULA  nOV.  Sp. 

9  Nigra,  mandilnihiruni  parte  média,  (ibdoniinis  priini  scginenli 
apice,  feinorumque  basi  fcrnujincis  ;  abdominu  segmcnto  secundo  vitLis 
ditabus  longitudinalibus.paralkliH,  antice  abbreùatis,  argenteo  sericeis 
ornato;  segment is  quarto  et  quinto  macula  média,  se.rto  macula  basait, 
argenteo-sericea  signatis.  Caput  thorace  vix  latius  ;  thorax  pin  for  mis, 
postice  angustior  ;  abdomen  suhpetiolatum,  segmenti  secundi  dorso 
deplanato,  segmento  apicali  sat  co7ive.ro,  hevi,  nitido,  sine  area  pygi- 
diali  distincta.  Calcaria  pallida.  Long.  ;')-S  mill. 

Noire,  avec  le  milieu  des  mandibules  et  la  base  des  cuisses  ferru- 
gineux. Premier  segment  abdominal  plus  ou  moins  ferrugineux  en 
arrière  et  étroitement  cilié  de  pubescence  argentée  à  son  bord 
apical  ;  second  segment  orné  sur  sou  disque  de  deux  bandes  longi- 
tudinales, parallèles,  à  peine  plus  éloignées  l'une  de  l'autre  que 
chacune  d'elles  du  bord  externe,  raccourcies  en  avant  et  atteignant 
en  arrière  le  bord  apical  du  segment,  où  elles  se  recourbent  faible- 
ment en  pointe  en  se  rapprochant;  quatrième  et  cinquième  seg- 
ments, ainsi  que  la  base  du  sixième,  marqués  en  leur  milieu  d'une 
petite  tache  dont  la  réunion  forme  une  courte  ligue  longitudinale; 
toutes  ces  bandes  et  taches  sont  produites  par  une  pubescence 
soyeuse  d'un  blanc  argenté,  passant  parfois  au  doré  très  pâle.  Tête 
et  thorax,  dessus  de  l'abdomen  et  côtés  des  derniers  segments  épar 
sèment  hérissés  de  poils  noirs;  pattes  hérissées  de  poils  blancs 
mélangés  à  d'autres  plus  foncés  ;  segments  ventraux  deux  à  cinq 
éparsement  ciliés  de  poils  blancs  ;  épines  des  tibias  noirâtres, 
éperons  pâles. 

ïéte  à  peine  plus  large  que  le  thorax,  très  arrondie  derrière  les 
yeux,  densémeut  ponctuée-réticulée;  yeux  arrondis,  très  convexes, 
luisants,  situés  vers  le  milieu  des  côtés  de  la  tète;  arêtes  frontales 
tranchantes  et  prolongées  jusqu'aux  yeux;  mandibules  acumiuées 
au  sommet;  antennes  robustes,  second  article  du  funicule  à  peine 
plus  long  que  le  li-oisième.  Thorax  piri forme,  rétréci  en  arrière, 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      271 

assez  contracté  après  son  milieu;  pronotum  légèrement  arqué  à 
son  bord  antérieur  avec  les  angles  un  peii  dentiformes;  metanotum 
brusquement  tronqué  en  arrière,  finement  denticulé  au  bord  supé- 
rieur de  la  troncature,  avec  la  dent  latérale  de  chaque  côté  plus 
accentuée  que  les  dents  médianes;  le  thorax  est  grossièrement 
ponctué-réticule  sur  le  dos,  avec  les  mésopleures  et  les  méta- 
pleures  un  peu  concaves,  lisses  et  luisantes.  Abdomen  subpétiolé; 
premier  segment  court,  bien  plus  étroit  que  le  suivant,  faiblement 
contracté  à  son  articulation  postérieure,  ponctué  en  dessus,  muni 
en  dessous  d'une  carène  fortement  échancrée  en  son  milieu  et 
rostriforme  en  avant;  second  segment  subcylindrique,  peu  arqué 
sur  les  côtés,  déprimé  sur  le  dos,  ponctué-réticule  en  dessus, 
simplement  ponctué  en  dessous;  segment  apical  assez  convexe, 
lisse,  luisant,  sans  aire  pygidiale  distincte. 

Mackay,  Queenslaud  (M.  G.  Turner). 

Se  rapproche  beaucoup  de  la  précédente,  mais  s'en  distingue 
facilement  par  son  thorax  plus  piriforme,  non  longitudinalement 
ridé  mais  réticulé  en  dessus,  par  les  deux  bandes  dorsales  de 
l'abdomen  formées  de  pubescence  pâle  et  non  produites  par  une 
décoloration  de  la  chitine,  non  raccouicies  en  arrière,  où  elles 
atteignent  le  bord  apical  du  second  segment,  par  ce  même  segment 
et  le  troisième  dépourvus  de  tache  médiane,  et  par  le  dernier  seg- 
ment sans  aire  pygidiale. 

16.  MUTILLA  FRINCEPS  UOV.   Sp. 

$  Caput  îhorace  haud  lalius,  violaceum,  tubercidis  antennalibus, 
epistomate,  genis,  mandibulis,  apice  excepta,  ferrugineis.  Thorax  mola- 
ceus,  in  disco  cijaneus  vcl  viridi-cynneasi,  pone  médium  conlrnctus, 
postice  iiiigustalus.  Peden  rnfo-hrinmel,  femoribnsviokiceis,  calcaribiis 
pallidis.  Abdomen  sub.sessile,  nigruin,  primo  segmento  postice  ferru- 
gineo,  secundo  vitlis  duabua  longitudinalibus,  parallelis,  antice  et 
postice  abbreviatis,  nrgenteo-sericeis,  ornato;  segmentis  3-5  macula 
média,  argcnteo-sericea,  sig7iatis  ;  segmento  ultimo  area  pygidiali  lon- 
gitudinaliter  dense  striataprœdito.  Long.  6-10  mill. 

Variât  thoracis  dorso  viridi,  abdominisque  segmento  secundo  obscure 
cyaneo-virescente. 

Tête  d'un  violet  métallique,  avec  les  tubercules  antennaires, 
l'épistome,  les  joues  et  la  majeure  partie  des  mandibules,  sauf  le 
sommet,  qui  est  noir,  d'un  rouge  ferrugineux;  antennes  brunes, 
plus  ou  moins  rougeàtres,  avec  le  dernier  article  du  funicule  ferru- 


272  K.    ANOHK 

f^iiieiix.  'riioiJix  lilt'ii  ou  il'iiii  lilcu  plus  (mi  moins  vt'rdàtre  sur  son 
disque,  violet  en  avant  «M  sur  1rs  lianes,  l'allés  d'un  brun  plus  ou 
moins  ron|i;eAti'e  avec  les  cuisses  en  majeure  partie;  violacées  et  les 
éperons  d'un  jaunâtre  |>àle.  Alidomeii  noir-,  premier  se<j;nM'nt  ferru- 
gioeux  en  arrière  et  en  dessous;  secoud  segujeul  orné  de  deux 
bandes  lonniludinales,  |»arallèles,  raccourcies  en  avant  et  en  arrière, 
un  peu  |dus  rap[)ro(liées  l'une  de  l'autre  que  chacune  d'elles  i]n  bord 
exlerue  du  segment,  et  formées  d'uue  pubesceuce  soyeuse,  argentée 
ou  d'un  doré  très  pâle;  les  segments  trois  à  cinq  sont  parés  d'une 
taclie  médiane,  transversale,  de  même  pubesceuce,  et  dont  la  réu- 
nion forme  uue  ligne  longitudinale.  Pilosité  du  corps  en  majeure 
partie  noire,  celle  des  |)attes  blancliàtres;  les  segments  ventraux 
deux  et  suivants  de  l'abdomen  éparsemeut  ciliés  de  poils  blancs. 

Tête  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  très  arrondie  derrière 
les  yeux,  densément  ponctuée-réticulée  ;  yeux  grands,  arrondis, 
très  convexes,  luisants,  situés  vers  le  milieu  des  bords  latéraux  ; 
arêtes  frontales  tranchantes,  prolongées  jusqu'aux  yeux  ;  mandi- 
bules de  largeur  moyenne,  acuminées  au  sommet  ;  antennes 
robustes,  second  article  du  funicule  sensiblement  plus  long  que  le 
troisième.  Thorax  large  en  avant,  rétréci  en  arrière,  brusquement 
contracté  après  son  milieu  ;  pronotum  avec  le  bord  antérieur  à 
peine  arqué  et  les  angles  accentués,  faiblement  deuliformes  ;  les 
bords  latéraux  du  pro-mésonotum  sont  presque  rectiligues  et  paral- 
lèles, le  metauotum  est  brusquement  tronqué  en  arriére  et  muni 
de  chaque  côté,  à  la  jonction  de  ses  faces  basale  et  déclive,  de  deux 
épines  aiguës,  bien  distinctes.  Le  thorax  est  grossièrement  ponctué- 
réticule  en  dessus,  lisse  et  luisant  sur  les  pleures  qui  sont  planes 
ou  un  peu  concaves  et  marquées  seulement  de  quelques  points 
épars.  Abdomen  subsessile,  ovale,  son  premier  segment  plus  étroit 
que  le  suivant  mais  non  étranglé  à  son  articulation  postérieure, 
éparsement  ponctué  en  dessus  et  muni  en  dessous  d'une  carène 
échancrée  en  son  milieu  ;  second  segment  densément  et  grossière- 
ment ponctué  en  dessus,  bien  plus  éparsement  en  dessous  ;  dernier 
segment  muni  d'une  aire  pygidiale  nettement,  densément  et  longi- 
tudinalemenl  striée. 

Un  individu,  en  assez  mauvais  état,  se  distingue  du  type  par  son 
thorax  entièrement  d'un  vert  métallique  en  dessus,  et  par  le  second 
segment  de  l'abdomen  d'un  bleu  verdâfre  sombre. 

Mackay,  Queenslaud  (M.  G.  Turner). 

Par  la  disposition  des  dessins  de  son  abdomen,  cette  espèce  se 
rapproche  de  biplagiata  et  de  mimula,  mais  elle  s'en  écarte  complè- 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'auSTRALIE     273 

tement  par  ses  couleurs  métalliques,  par  son  aire  pygidiale  striée 
et  par  beaucoup  d'autres  caractères, 

il.    MUTILLA   BILOBATA,    DOV.    Sp. 

2  Nigro-cyanea.,  mandihulis,  antennis  pedib7isque  plus  minusve 
obscure  rufo-brunneis,  abdominis  omnium  segmentorum  niargine  api- 
cali  macula  média,  incerta,  flavo  sericea  ornato  ;  segmenîo  secundo 
macula  magna  apicali,  antice  bilobata,  testacea,  pubescentia  flava 
sparse  vestita  signato.  Caput  thorace  paulo  latius,  postice  rotundatum  ; 
thorax  elongato-piriforniis,  postice  angustior  ;  abdomen  sessile,  ova- 
tum,  segmenta  ultimo  convexo,  sparse  punctato,  sine  area  pygidiali. 
Calcaria  palUda.  Long.  9  mill. 

Entièrement  d'un  bleu  noir,  luisant;  mandibules,  antennes  et 
pattes  d'un  brun  rougeâtre,  plus  ou  moins  variées  de  brun  noir  ; 
second  segment  de  l'abdomen  orné,  au  milieu  de  sou  bord  apical; 
d'une  grande  tache  bilobée,  affectant  une  apparence  cordiforme  et 
paraissant  résulter  de  la  conjonction  de  deux  taches  rapprochées  et 
réunies  par  le  bas.  Cette  tache  est  de  couleur  foncière  testacée  et 
éparsement  revêtue  de  pubescence  jaunâtre.  Tous  les  segments 
abdominaux  portent  en  outre,  au  milieu  de  leur  bord  apical,  une 
tache  assez  vague,  formée  de  pubescence  jaunâtre,  longue  et  plus 
serrée.  Pilosité  rare,  en  majeure  partie  blanchâtre,  mélangée  à 
quelques  poils  noirs  ;  pattes  hérissées  de  poils  blancs,  éperons  d'un 
jaune  pâle. 

Tête  un  peu  plus  large  que  le  thorax,  assez  brusquement  arrondie 
derrière  les  yeux,  densément  ponctuée-réticulée  ;  yeux  grands, 
presque  circulaires,  très  convexes,  luisants,  situés  vers  le  milieu 
des  bords  latéraux  ;  arêtes  frontales  s'étendant  jusqu'aux  yeux  ; 
mandibules  assez  étroites,  acuminées  au  sommet  et  munies  d'une 
dent  autéapicale;  second  article  du  funicule  des  antennes  au  moins 
deux  fois  aussi  long  que  le  troisième.  Thorax  allongé,  subpiriforme, 
rétréci  en  avant  et  plus  encore  en  arrière,  densément  ponctué-réti- 
cule en  dessus  et  sur  les  côtés,  à  l'exception  des  pleures  qui  sont 
faiblement  concaves,  presque  lisses  et  luisantes  ;  pronotum  assez 
arrondi  aux  épaules;  metanotum  déclive  en  arrière,  mais  non 
brusquement  tronqué,  sans  arête  supérieure  et  sans  onglet  scutel- 
laire.  Abdomen  sessile,  ovalaire  ;  premier  segment  plus  étroit  que 
le  suivant  mais  non  étranglé  à  son  articulation  postérieure,  peu 
densément  ponctué  en  dessus,  muni  en  dessous  d'une  carène  basse, 
échancrée  au  milieu;  second  segment  densément  couvert  en  dessus 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr..  1898.  xi.  —  18 


274  K.    ANDRÉ 

de  poiiils  allonj^ôs,  rpaisciiieiit  iioiicluc  en  dessous  ;  les  siiivîints 
plus  (iuement.  ponctués  ;  dernier  segnuMit  convexe,  éparsemeot 
|)onelii('',  s;ins  ;iire  pyi^idiale. 

Miickay,  Oueeiislaiid  (M.  (i.  Tiiiiier).  un  seul  individu. 

Cette  espèce  se  rapproche  de  M.bicotorata  Sm.,  ifiais  toutlecorps 
est  d'une  couleur  bleuâtre  uniforme  et  le  second  sej^ment  porte  en 
arrière  une  grande  laclie  bilobée,  tandis  que,  chez  Incolorala, 
l'abdomen  est  bronzé  et  le  second  segment  est  orné  de  deux  petittîs 
taches  rondes  et  isolées. 

18.   MuTiLLA  CHRYSOCHLORA  André. 

Mutilla  (Chrysophthalmay.chrysochlora  André,  Mém.  Soc.  Zool.  Kr., 
VIII,  18î)o,  p.  508,  9'. 

9  D'après  de  nouveaux  exemplaires  reçus  de  Mackay,  la  taille 
de  cette  espèce  varie  de  6  à  8  niill. 

19.  Mutilla  lauta  nov.  sp. 

9  Captit  nignan,  gciiis,  epistomate,  tnbcrculis  antennalihus,  man- 
dibulis  antennis<ine  fcrrugineis  ;  thorax  cyoneo-niger,  pectore  et  pedi- 
hus  fcrrugineis ,  plus  minusxte  nigiicantibus .  calcaribns  palliais  ; 
abdomen  obscure  cganro-ivneinn ,  segmenii  secundi  dimidio  poslico 
linea  média  longitudinali,  segmentis  3-5  macula  média  argenteo-serl- 
ceis  ornatis.  Caput  thorace  hund  latins  ;  thorax  brecis,  subpiriformis 
vrl  subtriaiiguhiris,  pof^tice  angustatus  ;  abdomen  sessile,  ovatum, 
segmento  apicali  couvexo,  sine  area  pyguliali.  Long.  4-6  mill. 

Tête  noire,  avec  les  joues,  les  mandibules,  les  fossettes  et  les 
tubercules  antenuaires  ainsi  que  l'épistome  ferrugineux  ;  antennes 
également  ferrugineuses,  souvent  rembrunies  sur  le  scape  et  le 
milieu  du  funicule.  Thorax  d'un  bleu  noir,  avec  la  poitrine  et  partie 
des  flancs  plus  ou  moins  bruns  ou  ferrugineux  ;  pattes  ferrugineuses 
variées  de  brunâtre,  éperons  d'un  testacé  pâle.  Abdomen  d'un 
bronzé  bleuâtre  obscur,  premier  segment  plus  ou  moins  rougeâtre 
en  arrière  et  en  dessous  ;  second  segment  paré,  sur  sa  seconde 
moitié,  d'une  bande  médiane  longitudinale  de  pubescence  argentée, 
soyeuse,  formant  une  ligne  continue  avec  les  taches  médianes  de 
même  pubescence  qui  ornent  les  troisième,  quatrième  et  cinquième 
segments.  Dessus  du  corps  éparsement  hérissé  de  poils  noirs  ; 
pattes  avec  une  pilosité  blanche,  mélangée  de  quelques  poils  noirs. 

Tête  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  assez  arrondie  derrière 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      275 

les  yeux,  densément  ponctuée-réticulée  ;  yeux  grands,  arrondis, 
saillants,  assez  luisants,  médiocrement  éloignés  de  l'articulation 
des  mandibules  ;  arêtes  frontales  prolongées  jusqu'au  niveau  du 
bord  inférieur  des  yeux  ;  mandibules  étroites,  acuminées  au 
sommet;  antennes  robustes,  second  article  du  funicule sensiblement 
plus  long  que  le  troisième.  Thorax  court,  subpiriforme  ou  même 
subtriangulaire,  non  ou  à  peine  rétréci  en  avant,  très  rétréci  en 
arrière  à  partir  du  milieu,  non  étranglé  sur  les  côtés,  son  bord 
antérieur  rectiligne  ou  à  peine  arqué,  avec  les  épaules  indiquées  et 
un  peu  dentiformes,  ses  bords  latéraux  faiblement  crénelés  ; 
metanotum  insensiblement  arqué  d'avant  en  arrière,  sans  limite 
entre  sa  face  supérieure  et  sa  face  déclive.  Le  thorax  est  assez 
fortement  ponctué-réticule  en  dessus  et  sur  les  côtés,  sauf  les  pleures 
qui  sont  presque  lisses  et  luisantes.  Abdomen  ovale,  sessile,  premier 
segment  éparsement  ponctué  en  dessus,  muni  en  dessous  d'une 
carène  saillante  ;  second  segment  densément  couvert  de  points 
allongés  ;  les  suivants  éparsement  ponctués  ;  dernier  segment 
convexe,  sans  aire  pygidiale. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Par  la  ligue  de  pubescence  blanche  qui  parcourt  le  milieu  de 
l'abdomen,  cette  espèce  rappelle  la  chrysochlora  André,  mais  elle 
s'en  éloigne  complètement  par  ses  autres  caractères  et  notamment 
par  sa  taille  plus  petite,  par  son  mode  de  coloration,  par  la  forme 
beaucoup  plus  courte  de  sa  tète  brusquement  arrondie  derrière  les 
yeux,  tandis  que,  chez  chrysochlora,  elle  est  notablement  prolon- 
gée derrière  ceux-ci,  par  son  thorax  beaucoup  plus  large  en  avant, 
non  arrondi  aux  épaules,  et  par  sou  abdomen  moins  allongé. 

20.    MUTILLA    VARIABILIS   UOV.    Sp. 

9  Caput  cyaneuDi,  cel  viridi-cyimeiim,  vel  cyaiieo-violaceum,  vel 
purpareo-violaceum,  tuberculis  antennalibus,  mandibuUsque  ferrugi- 
neis^  antennis  pedibusque  rufo-brunneis ,  partim  nigricantibus ;  thorax 
cyaneus  cel  viridi-cyaneiis,  vel  cyaneo-violaceus  ;  ahdominis  aegmcn- 
tum  primum  nigrum  tel  nigro-œneum,  sœpe  poslice  ferrugineum  ;  seg- 
mentuni.  secundum  viride,  vel  cyaneo-viride,  vel  obscure  nigro-viola- 
ceum,  macula  apicali  argenteo-sericea  ornatiim  ;  segmenta  3-6  nigro- 
cenea,  vel  nigro-purpurea,  3-5  macula  média  argenteo-sericea  ornata. 
Calcarla  pallida.  Caput  thorace  haud  vel  vix  latius  ;  thorax  subtrape- 
zoidalis,  poslice  modice  angustatus,  metanoti  margine  laterali  denti- 
culato;  abdomen  sessile,  ocalum  ,  segmento  apicali  convexiusciilo, 
nilldo.  Long.  4-5  mi  IL 


:i7()  li.    AMMIK 

T«Me  bleue,  parfois  plus  ou  moins  veidAlre  ou  violacct^  ou  môme 
(l'un  violet  pourpré,  avec  les  tubercules  anlennaires  et  les  mandi- 
bules ferru;;ineux  ;  antennes  d'un  brun  rouj^eàtre,  plus  ou  moins 
variées  de  noirâtre  et  de  (erru^nneux  ;  tlioiax  bleu,  parfois  d'un 
bleu  verdûtre  ou  violac»';  pattes  d'un  brun  rouf^eàtre,  plus  ou  moins 
variées  de  brun  noir;  éperons  d'un  testacé  pâle;  premier  segment 
de  l'abdomen  noir  ou  il'un  noir  bronzé,  souvent  f(;rrugineux  en 
arrière,  second  segment  vert,  ou  d'un  vert  bleuâtre,  parfois  d'un 
noir  violacé  obscur,  les  segments  suivants  d'un  noir  bron/é,  avec 
parfois  un  reflet  pourpré;  une  tacbe  médiane  de  pubescence  blanche 
se  voit  au  bord  apical  du  second  siîgment,  et  une  taclie  semblable 
orne  le  milieu  des  trois  segments  suivants.  Corps  éparsement 
hérissé,  ainsi  que  les  pattes,  de  longs  poils  bruns  et  blancs. 

Tète  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  très  arrondie  derrière 
les  yeux,  densément  ponctuée-réticulée  ;  yeux  grands,  ronds,  très 
convexes,  assez  distants  de  la  base  des  mandibules  ;  arêtes  frontales 
prolongées  jusqu'aux  yeux;  mandibules  étroites,  acuminées  au 
sommet  ;  antennes  robustes,  second  article  du  funicule  à  peine  plus 
long  que  le  troisième.  Thorax  assez  long,  subtrapézoïdal,  non  ou  à 
peine  rétréci  eu  avant,  faiblement  rétréci  en  arrière,  un  peu 
contracté  après  son  milieu  ;  pronotum  avec  le  bord  antérieur  légè- 
rement arqué  et  les  angles  antérieurs  un  peu  dentiformes;  meta- 
notum  tronqué  en  arrière,  le  bord  latéral  de  la  troncature  armé  de 
denticules  dont  les  supérieurs  sont  plus  accentués  et  plus  spini- 
formes  ;  le  thorax  est  densément  ponctué-réticule  en  dessus  et  sur 
les  côtés,  sauf  les  pleures  qui  sont  assez  concaves,  presque  lisses  et 
luisantes.  Abdomen  ovale,  sessile,  premier  segment  éparsement 
ponctué  en  dessus,  muni  en  dessous  d'une  carène  peu  saillante  ; 
second  segment  densément  couvert  de  points  allongés,  les  suivants 
finement  et  éparsement  ponctués;  segment  apical  assez  convexe, 
luisant,  aire  pygidiale  limitée  seulement  en  arrière. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turuer). 

Voisine  delauta,  mais  bien  distincte  par  sa  coloration,  parle 
thorax  d'une  autre  forme,  plus  allongé,  bien  moins  rétréci  en 
arrière,  à  bords  latéraux  beaucoup  plus  parallèles,  distinctement 
tronqué  postérieurement,  avec  les  arêtes  latérales  du  metanotum 
denticulées;  elle  s'éloigne  aussi  de  /awîa  par  la  tache  blanche  du 
second  segment,  qui  est  apicale  et  non  en  forme  de  bande  s'avan- 
çant  jusqu'au  milieu  du  segment. 

Elle  a  aussi  beaucoup  d'analogie  avec  M.  amoena  André,  mais  elle 
s'en   écarte  par  sa   coloration,   par  son  thorax  moins  rétréci  en 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     277 

arrière  pouctué-réticulé  comme  la  tête  et  non  ridé-réticulé,  par  le 
metanolum  deuticulé  latéralement  et  par  son  abdomen  sessile  et 
non  subpétiolé. 

21.  MuTiLLA  AMOENA  André. 

Mutilla  (Sphcerophthalma)amoena  André,  Mém.  Soc.  zool.  Fr.  VIIT, 
1895,  p.  509,  9. 

9  D'après  quelques  nouveaux  exemplaires  de  Mackay,  que  m'a 
envoyés  à  nouveau  M.  Turner,  la  taille  de  cette  espèce  varie  de  4  à 
8  mill. 

L'un  des  individus  s'écarte  légèrement  du  type  par  son  thorax  non 
ridé-réticulé,  mais  simplement  ponctué- réticulé  comme  la  tête.  La 
forme,  la  couleur,  la  vestiture  et  les  autres  caractères  étant  d'ailleurs 
conformes  à  ceux  tVamoena,  je  ne  puis  considérer  l'individu  en 
question  que  comme  variété  ou  peut-être  même  comme  anomalie 
individuelle  à  laquelle  il  n'y  a  pas  lieu  d'attacher  d'importance. 

22.  Mutilla  confraterna  nov.  sp. 

9  Caput  et  thorax  rufo-castanea  vel  nigro-castanea,  genis,  tuber- 
culis  antennalibus,  epistoinate  et  mandibulis  feiTugineis,  antennis 
piceis,  scajio  et  basi  funicuU  plus  minusve  ferrugineis,  pedibus  brunneo 
et  ferrugineo  variegatis,  calcaribus  palliais.  Caput  subrotundatuiu, 
thorace  paulo  latins;  thorax  elongato-trapezoidalis,  postice  parum 
angustatus,  angulis  anticis  snbdentatis.  Abdomen  sîibsessile,  elongato- 
ovatum,  primo  segmenta  fusco^  postice  testaceo,  secundo  viridi,  plus 
minnsve  violascentc,  reliquis  aeneis  vel  cupreis  ;  secundo  macula 
apicali  argenteo-sericea,  tertio,  quarto  et  quinto  macula  média  simili 
ornatis,  segmento  apicali  area  pi/gidiaii  dense  et  longitudinaliter 
striata  prœdito.  Long .  .7  mill. 

Tête  et  thorax  d'un  brun  marron  plus  ou  moins  rougeâtre,  avec 
les  joues,  les  lubercules  antennaires,  l'épistome  et  les  mandibules 
ferrugineux  ;  antennes  d'un  brun  noirâtre,  avec  le  scape  et  l;i  base 
du  funicule  plus  ou  moins  ferrugineux  ;  pattes  variées  de  brun  et 
de  ferrugineux,  éperons  d'un  testacé  pâle  ;  abdomen  avec  le  pre- 
mier segment  brun,  assez  largement  testacé  avant  le  sommet; 
second  segment  vert,  plus  ou  moins  lavé  de  violet  surtout  eu  avant 
et  sur  les  côtés  ;  les  segments  suivants  bronzés  ou  cuivreux;  une 
ligne  longitudinale  de  pubescence  soyeuse  d'un  blanc  argenté  est 
formée  par  la  réunion  de  petites  taches  qui  occupent  le  sommet  du 
second  segment  et  le  milieu  des  segments  trois  à  cinq  ;  dessus  du 


278  K.    ANDHK 

corps  parst'iiif  de  pilosiU'»  iiniifiti'f,  s;i  piirtic  iiift'i'iciirc.  ainsi  i|ije 
les  cAli's  (le  rali(l()iii(Mi,  le  devant  du  |iiiMniri'  sci^incnt  ri  les  palIcs, 
liéiiss(''s  de  poils  blancs. 

T(Me  nn  peu  plus  large  (jue  le  thorax,  très  arrondie  en  arrière, 
densément  poncluée-réticulée;  yeux  grands,  roods,  très  convexes, 
situés  vers  le  milieu  des  bords  latéraux  ;  arêtes  frontales  prolon- 
gées jusqu'aux  yeux  ;  mandibules  acnminées  au  sommet  ;  antennes 
avec  le  second  article  du  funicule  à  peine  plus  long  que  le  troisième. 
Thorax  en  trapèze  allongé,  faiblement  rétréci  en  arriére,  ses  bords 
latéraux  presque  rectilignes,  son  bord  antérieur  faiblement  arqué, 
avec  les  épaules  un  peu  denliformes  ;  metanotum  tronqué  en 
arrière  avec  les  bords  de  la  troncature  très  faiblement  denticulés  ; 
le  thorax  est  grossièrement  ponctué-réticule  en  dessus,  passant  au 
ridé-réticulé  en  arrière,  presque  lisse  et  luisant  sur  les  pleures  qui 
sont  faiblement  concaves.  Abdomen  en  ovale  allongé,  subsessile  ; 
premier  segment  beaucoup  plus  étroit  que  le  suivant,  mais  non 
contracté  à  son  articulation  postérieure,  éparsement  ponctué  en 
dessus,  muni  en  dessous  d'une  carène  médiocrement  saillante  ; 
second  segment  densément  couvert  de  points  allongés  ;  les  suivants 
finement  et  éparsement  ponctués  ;  segment  apical  muni  d'une  aire 
pygidiale  plane,  nettement  et  longitudinalement  striée. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner),  deux  exemplaires. 

Ressemble  beaucoup  à  variabilis  pour  la  forme  générale,  mais 
s'en  distingue  par  sa  tête  et  son  thorax  non  métalliques,  par  ce 
dernier  plus  fortement  sculpté,  et  par  son  aire  pygidiale  plane 
et  striée. 

23.    MUTILLA    ^NEIVENTRIS    nOV.    sp. 

9  Caput  et  thorax  cyanea,  mandibulis,  apicc  nigro  excepta,  ferru- 
gineis,  antennis  fmcis,  peiltbus  rufo-bninncis,  calcaribus  albidis. 
Abdomen  cupreoiBneum,  seg  mentis  1-5  macula  média,  apicali,  albido- 
sericea  ornatis.  Thorax  brecis,  robustus,  subtriangularis,  antice  rectus, 
postice  sensim  declims,  haud  trancatus.  Abdomen  sessile,  breniter 
ovatum,  segmento  ultimo  subconvexo,  Isevi,  nitido.  Long.  6  milL 

Tête  et  thorax  d'un  bleu  faiblement  verdàtre,  mandibules  ferru- 
gineuses, sauf  le  sommet  qui  est  noir;  antennes  d'un  brun  noir, 
pattes  d'un  brun  rougeàtre,  variées  de  noirâtre,  éperons  blancs  ; 
abdomen  d'un  bronzé  cuivreux,  premier  segment  orné  au  milieu  de 
son  bord  apical  d'une  tache  de  pu  bescence  soyeuse  d'un  blanc  jaunâtre, 
terminée  en  pointe  en  arrière  ;  second  segment  paré,  au  milieu  de 
son  bord  postérieur,  d'une  tache  de  semblable  pubescence,  formant, 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     279 

avec  d'autres  taches  qui  existent  au  milieu  des  segments  trois  à  cinq, 
une  bande  longitudinale  ininterrompue.  Dessus  du  corps  éparse- 
ment  hérissé  de  poils  noirâtres;  pattes  avec  une  pilosité  blanche. 

Tète  un  peu  plus  étroite  que  le  thorax,  densément  ponctuée-réti- 
culée,  faiblement  prolongée  derrière  les  yeux,  peu  arquée  en  arrière, 
avec  les  angles  postérieurs  marqués,  mais  très  arrondis;  yeux  de 
grandeur  moyenne,  arrondis,  très  convexes,  peu  luisants,  avec  des 
facettes  bien  distinctes,  assez  éloignés  de  la  base  des  mandibules; 
arêtes  frontales  prolongées  jusqu'aux  yeux;  mandibules  bifides  au 
sommet;  second  article  du  funicule  un  peu  plus  long  que  le  troi- 
sième. Thorax  robuste,  court,  subtriangulaire  (vu  en  dessus);  son 
bord  antérieur  presque  rectiligne  avec  les  angles  bien  marqués  et 
un  peu  dentiformes,  ses  bords  latéraux  faiblement  arqués,  conver- 
geant fortement  en  arrière,  inermes;  metanotum  en  déclivité 
arrondie,  non  tronqué  postérieurement,  sans  limite  distincte  entre 
sa  face  supérieure  et  sa  face  postérieure;  le  thorax  est  grossiôre'- 
ment  ponctué-réticule  en  dessus,  devenant  ridé-réticulé  en  arrière; 
les  pleures  sont  superficiellement  rugueuses,  assez  concaves  et 
faiblement  luisantes.  Abdomen  sessile,  en  ovale  court,  convexe  sur 
les  côtés;  premier  segment  large  et  court,  éparsement  ponctué  en 
dessus,  chargé  en  dessous  d'une  carène  basse,  terminée  en  avant 
par  un  tubercule  aigu;  second  segment  assez  densément  ponctué 
en  dessus,  parsemé  en  dessous  de  gros  points  et  chargé  en  son 
milieu  d'une  carène  longitudinale  saillante;  les  segments  suivants 
finement  et  éparsement  ponctués;  dernier  segment  un  peu  con- 
vexe, lisse,  luisant,  sans  aire  pygidiale  nettement  circonscrite. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner)  ;  un  seul  individu. 

Par  sa  forme  générale,  cette  espèce  est  assez  voisine  de  Inuta, 
mais  elle  est  plus  robuste  et  plus  courte;  sa  tète  est  moins  arquée  à 
l'occiput,  avec  les  angles  postérieurs  plus  accentués,  son  thorax  est 
plus  court  et  plus  large,  plus  triangulaire;  son  abdomen  est  égale- 
ment plus  court,  plus  convexe  sur  les  côtés,  de  couleur  dilïérente, 
et  la  tache  médiane  de  son  second  segment  est  apicale  et  ne  remonte 
pas  jusqu'au  milieu  du  segment. 

24.    MUTILLA   AUSTRALIS    DOV.    Sp. 

9  Caput  et  thorax  cyanca,  mandibulis,  apice  nicjro  excepta,  ferru- 
gineis,  antennis  fuscis,  pedibus  ferrugineis,  femorum  apice  fusco- 
violaceo,  calcaribus  palliais.  Abdomen  viridi-œneum,  segmentis  i-5 
vilta  apicali,  sat  lata,  lateraliter  abbreviata,  albido-sericea  ornatis. 


280  E.    ANDHK 

Thorax  l()iuj}iln!<.  miiin-  /vrh/.s,  lalcrihiis  (inlicis  pardlb'lis,  jiosiins 
(•nurrrijciitihiis,  mrttinoto  nensini  decliri,  luntil  truncalo.  Ahilomen 
subpetiolatmn,  >'lont/<HthO€iitum,  sniuiculo  ultimn  conrcxo,  lari,  inliilo. 
Lomj.  H  m  m. 

Tète  el  tlionix  bleus,  ce  dernier  un  peu  viola(;é  en  arrière  et  sur 
les  flancs,  nianiiihules  ferrui;ineuses  avec  l'extréinité  noirâtre  ; 
antennes  brunes,  pattes  ferrugineuses  avec  la  seconde  moitié  des 
cuisses  d'un  brun  lavé  de  violacé;  éperons  d'un  testacé  pâle; 
abdomen  d'un  vert  bronzé,  un  peu  cuivreux  sur  le  premier  sej^ment 
qui  est  orné,  à  son  bord  apical,  d'une  frange  serrée  de  cils  d'un 
blanc  soyeux,  faiblement  avancée  en  pointe  en  son  milieu;  second 
segment  avec  une  large  tache  semicirculaire  de  même  pubescence, 
occupant  le  milieu  de  son  bord  apical  et  formant  une  bande  beau- 
coup plus  large  au  milieu  que  sur  les  côtés  où  elle  se  rétrécit  et 
disparaît  sans  atteindre  le  bord  latéral  du  segment  ;  les  segments 
trois  à  cinq  ornés  de  bandes  transverses  de  semblable  pubescence, 
assez  éparse,  occupant  à  peu  près  toute  la  hauteur  des  segments, 
mais  n'atteignant  pas  leurs  bords  latéraux.  Dessus  du  corps  épar- 
sement  hérissé  de  poils  noirâtres,  côtés  et  derrière  de  la  tète, 
devant  du  premier  segment  abdominal  et  côtés  des  autres  segments 
garnis  de  poils  blancs  ;  pattes  hérissées  de  poils  blancs  mélangés  à 
des  poils  noirs. 

Tête  de  la  largeur  du  thorax,  densément  mais  peu  profondément 
ponctuée-réticulée.  sensiblement  prolongée  derrière  les  yeux,  pres- 
que rectiligne  en  arrière,  avec  les  angles  postérieurs  bien  marqués 
mais  très  arrondis;  yeux  grands,  courtement  elliptiques,  médiocre- 
ment saillants  ;  arêtes  frontales  prolongées  jusqu'aux  yeux  ;  mandi- 
bules acuminées  au  sommet;  antennes  peu  robustes,  second  article 
du  fuuicule  une  fois  et  demie  aussi  long  que  le  troisième.  Thorax 
allongé,  fortement  rétréci  en  arrière,  son  bord  antérieur  rectiligne 
avec  les  épaules  un  peu  dentiformes,  ses  bords  latéraux  parallèles 
dans  leur  première  moitié,  puis  convergeant  ensuite  fortement  en 
arrière,  inermes  ;  metanotum  en  déclivité  arrondie,  non  tronqué 
postérieurement,  sans  limite  distincte  entre  ses  faces  supérieure  et 
postérieure;  le  thorax  est  grossièrement  ponctué-réticule  en  dessus, 
avec  les  pleures  assez  concaves,  superficiellement  rugueuses  ou 
marquées  de  points  épars,  très  luisantes.  Abdomen  subpétiolé, 
premier  segment  étroit,  sensiblement  contracté  à  son  articulation 
postérieure,  chargé  en  dessus  de  gros  points  peu  serrés,  muni  en 
dessous  d'une  carène  peu  élevée;  second  segment  superficiellement 
et  peu  densément  ponctué  en  dessus,  plus  éparsement  en  dessous; 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     281 

les  segments  suivants  finement  et  éparsement  ponctués  ;  dernier 
segment  convexe,  luisant,  sans  aire  pygidiale. 

Australie,  sans  autre  indication  ;  un  seul  individu. 

Cette  espèce  est  voisine  de  ignita  Sm.,  mais  elle  s'en  distingue 
par  la  couleur  de  son  abdomen  qui  est  d'un  vert  bronzé  et  non 
violet  pourpré,  par  les  pattes  en  majeure  partie  ferrugineuses  et 
non  d'un  violet  métalli(iue  comme  chez  ignita,  par  son  abdomen  plus 
pétiole  et  par  sa  taille  plus  grande.  Elle  se  rapproche  aussi  de 
mftallica  Sm.,  mais  la  coloration  de  son  avant-corps  et  celle  de  ses 
pattes  sont  différentes,  son  thorax  n'est  pas  rétréci  en  avant  et  est, 
ainsi  que  l'abdomen,  beaucoup  moins  fortement  sculpté.  Enfin,  sa 
forme  allongée  et  son  abdomen  subpétiolé  ne  permettent  pas  de  la 
confondre  avec  mni'ixentiis  qui  présente  avec  elle  de  grandes  analo- 
gies de  coloration. 

25.  MuTiLLA  TuRNERi  André. 

Mutilla  (Sphserophthalma)   Turneri  André,  Mém.  Soc.  Zool.   Fr., 
VIII,  1895,  p.  506,   9. 

9  De  nouveaux  exemplaires  recueillis  à  Mackay  par  M.  Turner 
sont  semblables  au  type  qui  a  servi  à  ma  description,  mais  leur 
taille  varie  de  5  à  8  niill. 

26.  Mutilla  aurovestita  André. 

Mutilla  (Sphœwphthalma)  aurovestita,  kndré,  Mém.  Soc.  Zool.  Fr., 
VIII,  1895,  p.  502,  cT. 

d^  D'après  de  nouveaux  exemplaires  reçus  de  M.  Turner,  la  taille 
de  cette  espèce  varie  de  7  à  10  mill. 

27.  Mutilla  dentipes  .\ndré. 

Mutilla  (Sphœrophthalma)  dentipes,  André,  Mém.  Soc.  Zool.  Fr., 
VIII,  1895,  p.  511,  cf. 

(^  La  description  de  cette  espèce,  faite  d'après  un  seul  exem- 
plaire en  très  mauvais  état,étaitforcémentécourtée  et  un  peu  défec- 
tueuse. Un  nouvel  individu  mieux  conservé,  recueilli  à  Mackay 
par  M.  Turner,  me  permet  de  la  compléter  et  de  la  rectifier  ainsi  : 

Tête  rétrécie  et  fortement  arrondie  derrière  les  yeux;  Irochan- 
ters  postérieurs  (et  non  la  base  des  cuisses,  comme  je  l'ai  dit  par 
erreur  dans  ma  première  description)  armés  à  leur  extrémité  d'une 


282  E.    ANDHR 

foilt'  (lent  .spiiiifiiniir,  plus  ou  luoins  ai^uc,  cliiij^^re  eu  arrière  eu 
forme  de  crochet.  Ailes  avec  trois  celliihss  cubitales  et  deux  ner- 
vures récuricntes  res|)e('li\  euieul  reçues  vei's  h;  luilieu  de  la  seconde 
cubitale  et  près  de  rexlréuiité  de  la  Iroisièuie. 

Comme  je  lai  dit,  la  forte  dent  dont  sont  armées  ses  pattes  posté- 
rieures suflit  à  distitiguer  cette  espèce  de  toutes  ses  congénères. 

28.   MuTiLLA  ELEGANs  Westwood. 

Mutilla  elcijans  Westwood,  Arcana   eut.   il,  1843,  p.  19,    pi.   (J3, 
lîg.  2,  &. 

cf  J'ai  sous  les  yeux  uu  mule  provenant  d'Australie,  sans  indi- 
cation i)lus  précise,  et  qui  uie  paraît  répoudre  à  la  description  et  à 
la  ligure  de  Westwood.  Je  crois  doue  devoir  le  rapporter  à  Velegtins 
et  je  vais  en  préciser  les  caractères  beaucoup  trop  sommairement 
indiqués  par  l'auteur. 

Toutlecorpsainsi  que  les  pattes  d'un  bleu  foncé,  luisant,  antennes 
et  tarses  roussâtres,  mandibules  ferrugineuses  avant  le  sommet, 
éperons  blancs.  Dessus  de  la  tête  et  du  thorax  assez  abondamment 
hérissé  de  longs  poils  bruns,  côtés  de  la  tète,  épistome,  occiput, 
flancs  du  thorax,  devant  du  premier  segment  abdominal  et  pattes 
hérissés  de  poils  blanchâtres  ;  tous  les  segments  de  l'abdomen 
éparsement  ciliés  en  dessus  de  longs  poils  blancs  mélangés  en 
arrière  à  quelques  poils  noirs  ;  segments  ventraux  2  à  5  ciliés  de 
poils  blanchâtres. 

Tête  quadrangulaire,  de  la  largeur  du  thorax,  notablement  pro- 
longée derrière  les  yeux,  avec  le  bord  postérieur  presque  droit  et 
les  angles  bien  marqués,  mais  arrondis  ;  elle  est  assez  finement  et 
densément  ponctuée  réticulée  ;  yeux  convexes,  entiers,  très  rappro- 
chés de  l'articulation  des  mandibules  qui  sout  inermes  à  leur  bord 
externe  ;  ocelles  petits,  très  groupés  :  antennes  avec  tous  les  articles 
plus  longs  que  larges,  second  article  du  funicule  sensiblement  plus 
court  que  le  troisième.  Thorax  subquadrangulaire,  densément 
ponctué  sur  le  pronotum,  le  mesonotum  et  le  scutellum,  ridé-réticulé 
sur  le  metanotum  ;  pronotum  avec  le  bord  antérieur  rectiligne  et 
les  épaules  bien  accusées,  régulièrement  arqué  à  sou  bord  postérieur; 
mesonotum  sans  sillons  médians  ;  scutellum  plan,  arqué  en  arrière, 
avec  les  lobes  latérau  x  prolongés  de  chaque  côté  en  appendice  denti- 
forme;  écailletles  petites,  lisses,  luisantes,  avec  quelques  points 
épars.  Abdomen  subpéliolé,  premier  segment  peu  allongé,  nodi- 
forme,  bien  plus  étroit  que  le  suivant,  sensiblement  contracté  à  son 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     283 

articulation  postérieure,  fortement  et  assez  densément  ponctué  en 
dessus,  chargé  en  dessous  d'une  carène  dentifornie  en  avant; 
second  segment  finement  et  peu  densément  ponctué  en  dessus  et 
en  dessous,  les  suivants  très  finement  et  éparsement  pointillés. 
Ailes  subhyalines,  faiblement  enfumées  au  sommet;  stigma 
opaque,  cellule  radiale  subtronquée,  trois  cellules  cubitales  et 
deux  nervures  récurrentes  dont  la  première  est  reçue  vers  le 
milieu  de  la  seconde  cellule  cubitale,  et  la  seconde  près  de  l'extré- 
mité de  la  troisième  cubitale.  Long.  10  niill. 

Ce  mâle  se  distingue  facilement  de  mira  André  par  sa  tête  pro- 
longée derrière  les  yeux  d'une  longueur  au  moins  égale  à  leur 
plus  grand  diamètre,  tandis  que,  chez  mira,  les  yeux  touchent 
presque  les  angles  postérieurs;  il  s'écarte  aussi  de  cette  dernière 
espèce  par  son  abdomen  subpétiolé,  par  la  couleur  bien  plus 
obscure  de  son  corps  et  par  sa  sculpture  beaucoup  moins  accentuée. 

29.    MUTILLA    CYANESCENS    UOV,    Sp. 

cf  Cyanea,  capite  et  melanoto  plua  minusve  vircscoitibus,  abdominis 
segmento  primo  postice  testaceo-niarginato,  seg mentis  3-7  nigris, 
secundo  et  tertio  albo-fimbriatis,  quarto,  quinto  et  sexto  nigro-pilosis, 
septimo  albo-cillato ;  antennis  tarsisque  piceis,  calcaribus  albidis. 
Alae  subhyalinae,  apice  fumatae,  cellula  radiali  truncata,  cellulis 
cubitalibus  tribus.  Long.  S-1 1  mill. 

D'un  bleu  foncé  luisant,  tête,  pronotum  et  metauotuni  parfois 
d'un  bleu  verdàtre,  pattes  bleues,  mandibules,  antennes  et  tarses 
noirâtres,  éperons  blancs  ;  premier  segment  de  l'abdomen  bordé 
de  testacé  en  arrière,  segments  trois  et  suivants  noirs,  le  second  et 
le  troisième  assez  éparsement  ciliés  à  leur  bord  apical  de  longs 
poils  blanchâtres,  les  autres  ciliés  de  poils  noirs,  sauf  les  côtés  du 
quatrième  et  le  dessus  du  septième,  qui  portent  quelques  cils  blancs. 
Tout  le  corps,  ainsi  que  les  pattes,  éparsement  hérissés  de  poils 
blancs  mélangés  à  quelques  poils  noirs. 

Tête  transversale,  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  brusque- 
ment et  fortement  arrondie  derrière  les  yeux,  sans  angles  posté- 
rieurs distincts;  elle  est  fortement  ponctuée,  mais  non  réticulée; 
yeux  grands  convexes,  entiers,  assez  voisins  de  l'articulation  des 
mandibules,  qui  sont  acuminées,  un  peu  bifides  au  sommet,  et 
inermes  à  leur  bord  externe;  ocelles  de  grandeur  moyenne; 
antennes  avec  le  second  article  du  funicule  à  peine  plus  long  que 
large  et  un  peu  plus  court  que  le  troisième.  Thorax  ovale,  très 


2S't  K.  AND  m': 

arrondi  pu  avant  avec  les  anjîles  ant('rieiirs  indistincts,  assez  densjV 
ment  ponctué,  mais  non  iN'ticulé  sur  le  pionotum,  le  mesonolum  cl 
le  sculellum,  fortement  ponctué  réticulé  sur  le  metanotum  ;  pro- 
notum  très  arqué,  mais  non  anj^uleux  à  son  hord  postérieur;  meso- 
notum  sans  sillons  médians;  sculellum  plan,  subtriangulaire, 
arrondi  en  arrière,  sans  lohes  latéraux  dcntiformes;  écaillettes  assez 
Jurandes,  lisses,  luisantes,  marquées  de  points  épars.  Abdomen  sub- 
sessile,  premier  segment  assez  étroit,  non  nodiforme,  peu  contracté 
à  son  articulation  postérieare,  fortement  et  assez  den><émenl  ponctué 
en  dessus,  sa  carène  inférieure  peu  saillante;  second  segment  deu- 
sément  ponctué  en  dessus,  plus  éparsementen  dessous,  les  suivants 
finement  et  plus  éparsement  ponctués.  Ailes  subhyalines  à  la  base, 
largement  enfumées  en  arrière;  stigma  opaque,  cellule  radiale 
tronquée  au  sommet;  trois  cellules  cubitales  et  deux  nervures  récur- 
rentes, dont  la  première  est  reçue  vers  le  milieu  de  la  seconde  cel- 
lule cubitale  et  la  seconde  près  de  l'extrémité  de  la  troisième 
cubitale. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Cette  espèce  se  rapproche  par  sa  coloration  de  M.  elegans  Westw., 
mais  elle  en  est  bien  distincte  par  la  forme  de  sa  tête,  brusquement 
rétrécie  en  arrière,  par  son  thorax  fortement  arrondi  en  avant;  par 
les  segments  trois  à  sept  de  son  abdomen  noirs  et  par  la  conforma- 
tion difïérente  du  premier  segment  abdominal. 

30.  MUTILLA  UMBROSA  UOV.  Sp. 

cf  Caput,  proiiotum,  mesonotum,  scatellum  et  squamulae  cyaneu, 
metanotum,  abdomen,  antennac  pedesque  nigra.  Abdomen  sessile,  seg- 
mentis  secundo,  tertio  et  quarto  parce  albido-cilialis,  reliquisi^iigro- 
pilosis.  Calcariaalbida.  Alae  subhyalinae,  apice  fumatae,cellula  radiait 
haud  truncata,  cellulia  cubitalibus  tribus.  Long.  7-8  mill. 

Tête,  pronotum,  mesonotum,  scutellum  et  écaillettes  d'un  bleu 
foncé  luisant,  parfois  avec  des  reflets  verdàtres  sur  la  tête  et  le 
pronotum,  le  reste  du  corps  noir  ainsi  que  les  antennes  et  les  pattes, 
éperons  blancs  ;  premier  segment  de  l'abdomen  étroitement  testacé 
à  sou  bord  postérieur,  le  second,  le  troisième  et  le  quatrième  épar- 
sement ciliés  à  leur  bord  apical  de  longs  poils  blanchâtres,  les 
suivants  ciliés  de  poils  noirs.  Dessus  du  corps  hérissé  de  poils  noirs, 
derrière  de  la  tête,  metanotum  et  devant  du  premier  segment 
abdominal  avec  des  poils  blancs;  pattes  hérissées  de  poils  blancs 
mélangés  à  quelques  poils  noirs. 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     285 

Tête  transversale,  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  brusque- 
ment et  fortement  arrondie  derrière  les  yeux,  sans  angles  posté- 
rieurs distincts,  assez  éparsement  ponctuée  en  dessus;  yeux  grands 
convexes,  entiers,  assez  voisins  de  l'articulation  des  mandibules 
qui  sont  aiguës  à  l'extrémité,  inermes  en  dehors  et  armées  d'une 
dent  subapicale  à  leur  bord  interne;  ocelles  de  grandeur  moyenne  ; 
antennes  avec  le  second  article  du  funicule  un  peu  plus  court  (jue 
le  troisième.  Thorax  très  arrondi  en  avant,  avec  les  angles  anté- 
rieurs indistincts,  assez  éparsement  ponctué  sur  le  pronotum,  le 
mesonolum  et  le  scutelluni,  ridé-réticulé  sur  le  metanotum;  pro- 
notum très  arqué  mais  à  peine  obtusément  anguleux  à  son  bord 
postérieur,  mesonotum  sans  sillons  médians  ;  scutellum  plan,  sub- 
triangulaire, arrondi  en  arrière,  sans  lobes  latéraux  dentiformes  ; 
écailleltes  assez  grandes,  lisses,  luisantes,  avec  quelques  points 
épars.  Abdomen  sessile,  premier  segment  plus  étroit  que  le  suivant 
mais  non  contracté  à  sou  articulation  postérieure,  marqué  en-des- 
sus de  gros  points  peu  serrés,  sa  carène  intérieure  basse  et  sans 
caractère  particulier;  second  segment  densément  ponctué  en-des- 
sus, plus  éparsement  en-dessous,  les  suivants  finement  et  éparse- 
ment ponctués.  Ailes  subhyalines,  largement  enfumées  au  sommet, 
stigma  opaque,  cellule  radiale  courte,  arrondie  au  sommet,  trois 
cellules  cubitales  et  deux  nervures  récurrentes  dont  la  première 
est  reçue  un  peu  avant  le  milieu  de  la  seconde  cellule  cubitale,  et 
la  seconde  près  de  l'extrémité  de  la  troisième  cubitale. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner)  ;  deux  individus. 

Par  sa  forme  générale  cette  espèce  est  très  voisine  de  la  précé- 
dente, mais  elle  s'en  distingue  par  son  métathorax  et  son  abdomen 
entièrement  noirs,  par  la  ponctuation  de  la  tête  et  du  dorsulum 
plus  éparse  et  par  sa  cellule  radiale  non  tronquée  au  sommet. 

31.  Mutilla  viridiceps  André. 

Mutilia  (Sphœrophtalmaj  viridiceps,  André,  Mém.  Soc.  Zool.  Fr., 
VIII,  1895,  p.  515,  cf. 

cT  De  nouveaux  exemplaires,  que  M.   Turner  m'a   envoyés   de 
Mackay,  démontrent  que  la  taille  de  cette  espèce  varie  de  8  à  13  mill. 
J'ajouterai  aussi  que  les  écaillettes,qui  étaient  rongeâtres  chez  l'in 
dividu  typique,  sont  noires  ou  d'un  noir  bleuâtre  chez  ceux  nouvel- 
lement entrés  dans  ma  collection. 


286  K.  ANhUK 

32.  -Mltilla   semicci'hka  nov.  sp. 

cf  Corpus  metallicuni ;  rnpnt  et  thonix  dnise  rcticulnta-piiurtata, 
aureo-cuprm,  purliin  viresccntia;  nntcnnanim  scapo,  feinoribus  tihiis- 
quc  cynyicis,  funiculo  picco,  tarsis  rufo-testaceis,  calcaribus  albis. 
Scutclluni  modicr  cnuve.rnin.  Abdomen  pi'tioltitiim,  primo  segmrnto 
viridi-aiirco,  secundo  cyanro,  cel  l'iriiii-cijanco,  tertio  et  se(iuenlibus 
magis  viï'cscentibus.  Alac  hyalinae,  stigmate  opnco,  nerois  brunneis, 
cellula  radiait  apice  truncata,  cellutis  cubitalibus  tribus,  nervo  récur- 
rente secundo  paulo  post  médium  cellulae  tertiae  cubitalis  inserto. 
Long.  7-9  mi  IL 

Tout  le  corps  de  couleur  méUillique;  tête  et  thorax  d'un  cuivré 
doré  avec  des  reflets  verts  par  places;  mandibules  acurainées,  d'un 
vert  métallique  à  la  base,  rougeâtres  au  sommet,  non  dentées 
extérieurement,  mais  dilatées  sur  leur  premier  tiers  en  un  appen- 
dice lamelliforme.  Antennes  d'un  brun  noir  avec  le  scape  d'un 
bleu  verdàtre.  Pattes  d'un  bleu  foucé  métallique  avec  les  hanches 
d'un  vert  doré  ou  cuivré  et  les  tarses  rougeâtres;  éperons  blancs. 
Premier  segment  de  l'abdomen  d'un  vert  doré  ou  cuivreux,  le 
second  d'un  bleu  passant  parfois  au  verdàtre,  les  suivants  plus 
franchement  verts  en  dessus,  violacés  en  dessous.  Tout  le  corps 
hérissé,  ainsi  que  les  pattes,  de  poils  blancs  assez  longs,  ceux  du 
scutellum  devenant  noirâtres  ainsi  que  ceux  des  second  et  troi- 
sième segments  dorsaux  de  l'abdomen. 

Tête  en  ovale  transverse,  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax  au 
niveau  des  ailes,  fortement  ponctuée-réticulée;  yeux  ronds,  très 
convexes,  entiers,  lisses  et  luisants;  ocelles  médiocres;  antennes 
assez  allongées,  second  article  du  funicule  subégal  au  troisième. 
Thorax  grossièrement  ponctué-réticule,  même  sur  les  flancs,  sauf 
les  mésopleures,qui  sont  étroitement  lisses  et  luisantes;  metanotum 
ridé-réticulé  à  larges  mailles.  Pronotum  à  angles  antérieurs  peu 
marqués,  son  bord  postérieur  échancré  en  angle  obtus  ;  mesono- 
tum  avec  deux  sillons  médians  distincts  seulement  à  la  base  ;  scu- 
tellum peu  convexe;  écaillettes  lisses,  luisantes,  avec  quelques  gros 
points  épars.  Abdomen  pétiole,  premier  segment  beaucoup  plus 
étroit  que  le  suivant,  faiblement  contracté  à  son  articulation  pos- 
térieure, assez  plan  et  grossièrement  ponctué-réticule  en  dessus, 
muni  en  dessous  d'une  faible  carène  indistinctement  crénelée  ; 
second  segment  densément  mais  plus  finement  ponctué-réticule 
en  dessus,  fortement  et  peu  densément  ponctué  en  dessous,  avec  la 
base  assez  gibbeuse;  les  segments  suivants  finement  et  éparsement 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     287 

ponctués.  Ailes  hyalines,  avec  le  stigma  opaque  et  les  nervures 
brunes  ;  cellule  radiale  assez  grande,  nettement  tronquée  au  som- 
met; trois  cellules  cubitales  dont  la  deuxième  et  la  troisième  reçoi- 
vent les  nervures  récurrentes  vers  leur  milieu. 

Nouvelle-Hollande  ;  communiqué  par  M.  Henri  de  Saussure. 

33.    MUTILLA   ALBOCAUDATA    nOV.    Sp. 

cT  Nlgra,  ahilomine  seasile ,  cyaneo,  parum  molascente,  negmentis 
tribus  ultimis  sat  dense  albo-pilosis,  antennis,  pedibus  calcaribusque 
nigris  ;  mandibulis  externe  unidentatis.  Aix  obscurse,  hasi  hyalinœ, 
cellula  radiait  truncata,  cellulis  cubitalibiis  tribus.  Long.  iO  mill. 

Corps  noir,  ainsi  que  les  mandibules,  les  antennes  et  les  pattes 
avec  leurs  éperons;  abdomen  d'un  bleu  foncé,  plus  ou  moins  vio- 
lacé ;  premier  segment  très  éparsement  cilié  de  poils  pâles  à  son 
bord  postérieur,  second,  troisième  et  quatrième  avec  des  poils 
noirs,  les  trois  derniers  assez  densément  ciliés  de  poils  blancs.  Tête 
assez  abondamment  hérissée  de  poils  pâles,  mélangés  à  quelques 
poils  bruns;  dessus  du  thorax  hérissé  de  poils  noirs,  sauf  le  post- 
scutellum  etlemetanotum  qui  portent  quelques  poils  blancs;  pattes 
hérissées  de  poils  blancs,  avec  quelques  poils  noirs  sur  les  cuisses. 

Tète  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  densément  et  fortement 
ponctuée-réticulée,  faiblement  arquée  en  arrière,  sensiblement  pro- 
longée derrière  les  yeux  avec  les  angles  postérieurs  très  arrondis, 
mais  distincts  ;  yeux  grands,  très  convexes,  entiers,  assez  voisins 
de  l'articulation  des  mandibules  qui  sont  de  largeur  moyenne, 
aiguës  à  l'extrémité,  munies  intérieurement  d'uue  dent  subapicale 
et  pourvues  d'une  forte  dent  arrondie  vers  le  milieu  de  leur  bord 
externe;  ocelles  petits,  peu  saillants  et  très  rapprochés  l'un  de 
l'autre;  antennes  robustes,  leurs  articles  pas  ou  à  peine  plus  longs 
que  larges,  second  article  du  funicule  transverse,  un  peu  plus 
court  que  le  troisième.  Thorax  arrondi  en  avant  avec  les  angles 
antérieurs  iiidislincts, densément  ponctué-réticule  sur  le  pronotum, 
le  mesonotum  et  le  scutellum,  ridé-réticulé  sur  le  metanotum  ; 
pronotum  très  arqué,  mais  à  peine  obtusément  anguleux  à  son  bord 
postérieur;  mesonotum  sans  sillons  longitudinaux  sur  son  disque; 
scutellum  plan,  subrectangulaire,  arrondi  en  arrière,  sans  lobes 
latéraux  dentiformes  ;  écaillettes  petites,  lisses,  luisantes,  mar- 
quées de  quelques  gros  points  en  avant.  Abdomen  sessile,  fusi- 
forme,  également  rétréci  en  avant  et  en  arrière:  premier  segment 
étroit,  mais   non  contracté  à  son  articulation  postérieure,   gros- 


288  E.    ANDHÉ 

sièi'ciiM'iil  iKmchic  fil  dessus,  sa  ciirriic  iiift'-riiMiir  hassc  el  sans 
farach're  parliculicr;  second  s('<j:iii('id  dcnsi'mciil  poiiclué  en  (Uîssus, 
moins  denséint'iil  en  dessous,  les  suivants  lineintMit  cl  plus  éparse- 
meut  ponctués.  Ailes  obscures,  uu  peu  violacées,  hyalines  à  leur 
pxtrénu!  base  ;  stignia  opaque  ;  cellule  radiale  longue,  nettement 
tronquée  au  sommet;  trois  cellules  cubitales  et  deux  nervures 
récurrentes  dont  la  première  est  reçue  vers  le  milieu  de  la  seconde 
cellule  cubitale,  et  la  seconde  près  de  l'exlrémité  de  la  troisième 
cubitale;  une  ligne  hyaline,  sinueuse,  traverse  les  trois  cellules 
cubitales  et  se  réunit  à  une  petite  tache  également  hyaline,  située 
eu  haut  de  la  seconde  cellule  discoïdale. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  ïurner)  ;  deux  exemplaires. 

Bien  distincte  des  autres  espèces  à  abdomen  bleu  par  sa  tête  et 
son  thorax  entièrement  noirs,  par  ses  éperons  de  même  couleur, 
par  les  dernieis  segments  de  son  abdomen  seuls  ciliés  de  blanc, 
ainsi  que  par  ses  mandibules  armées  d'une  dent  au  bord  externe. 

34.    IMUTILLA    SENILIS   UOV.    Sp. 

cf  Nigra,  ahdomine  sessilc,  cyaneo,  segmenta  priino  mepe  testaceo- 
marginalo,  segmentis  secundo  et  lerlio  sat  dense  albo-finihriatis,  sequen- 
tibus  parce  albo  el  nigro  pilosis,  antcnnis  pedibusque  nigris,  calcaribus 
albidis,  mandibuUs  externe  unidentatis.  A  lac  sublujalinae,  apice 
fumatae,  cellula  radiali  truncata,  ceUulis  cubitalibus  Irtbus.  Long. 
7-//  mill. 

Corps  noir,  ainsi  que  les  mandibules,  les  antennes  et  les  pattes, 
abdomen  d'un  bleu  foncé,  premier  segment  souvent  marginé  de 
ferrugineux  ou  de  testacé  à  son  bord  postérieur  ;  second  et  troisième 
segments  nettement  et  assez  densément  ciliés  de  poils  blancs  à  leur 
bord  apical,  les  segments  suivants  éparsement  ciliés  de  poils  blancs 
mélangés  à  des  poils  noirs  ;  le  second  et  le  troisième  segments 
ventraux  sont  également  ciliés  de  poils  blancs.  Scape  des  antennes, 
joues  et  épislome  assez  abondamment  hérissés  de  poils  blanchâtres  ; 
angles  postérieurs  de  la  tête  densément  hérissés  de  poils  blancs, 
front  et  vertex  avec  une  pilosité  noirâtre,  éparse;  thorax  avec  le 
dorsulum  hérissé  de  poils  bruns,  le  mélathorax  et  les  flancs  du 
raésothorax  plus  ou  moins  abondamment  garnis  de  poils  blancs; 
pilosité  des  pattes  et  éperons  blancs. 

Tète  à  peu  près  de  la  largeur  du  thorax,  densément  et  fortement 
ponctuée- réticulée,  faiblement  arquée  eu  arrière,  sensiblement 
prolongée  derrière  les  yeux,  avec  les  angles  postérieurs  très  arron- 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCR  DES  MUTILLIDES  DE  LAUSTRALIE      289 

dis,  mais  distincts  ;  yeux  grands,  très  convexes,  entiers,  éloignés 
de  l'articulation  des  mandibules  d'une  distance  moindre  que  leur 
diamètre;  ocelles  médiocres,  assez  convexes  ;  mandibules  de  largeur 
moyenne,  aiguës  à  l'extrémité,  munies  à  leur  bord  interne  d'une 
seule  dent  subapicale,  et  pourvues  d'une  forte  dent  arrondie  vers 
le  milieu  de  leur  bord  externe  ;  antennes  robustes,  les  articles  trois 
et  suivants  du  funicule  faiblement  plus  longs  que  larges,  le  second 
article  un  peu  plus  court  que  le  troisième.  Thorax  arrondi  en 
avant,  avec  les  angles  antérieurs  presque  indistincts,  fortement 
ponctué  réticulé  sur  le  pronotum,  le  mesonotum,  et  le  scutellum, 
devenant  plutôt  ridé-réticulé  sur  le  inetanotum  ;  pronotum  très 
arqué  mais  à  peine  obtusémeut  anguleux  à  son  bord  postérieur; 
mesonotum  sans  sillons  longitudinaux  sur  le  disque;  scutellum 
plan,  subtriangulaire,  arrondi  en  arrière,  sans  lobes  latéraux  den- 
tiformes  ;  écaillettes  assez  petites,  lisses,  luisantes,  marquées  de. 
quelques  gros  points  antérieurement.  Abdomen  sessile,  fusiforme, 
premier  segment  plus  étroit  que  le  suivant,  mais  non  contracté  en 
arrière,  grossièrement  ponctué  en  dessus,  muni  en  dessous  d'une 
carène  plus  ou  moins  crénelée;  second  segment  densément  ponctué 
en  dessus,  plus  éparsement  en  dessous,  les  suivants  finement  et 
éparsement  ponctués.  Ailes  subhyalines,  enfumées  au  sommet, 
stigma  opaque,  cellule  radiale  assez  courte,  nettement  tronquée  au 
sommet  ;  trois  cellules  cubitales  et  deux  nervures  récurrentes 
respectivement  reçues  après  le  milieu  des  deuxième  et  troisième 
cellules  cubitales;  les  cellules  cubitales  non  traversées  par  une 
ligne  claire  bien  distincte. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Très  voisine  de  la  précédente  par  sa  forme  générale  et  son  sys- 
tème de  coloration,  mais  distincte  par  ses  ailes  moins  obscures 
avec  la  cellule  radiale  plus  courte,  et  surtout  par  la  disposition 
différente  des  franges  de  poils  blancs  qui  ornent  les  segments 
abdominaux,  ainsi  que  par  ses  éperons  blancs. 

Je  ne  puis  considérer  que  comme  variétés  de  senilis  les  deux 
formes  suivantes  recueillies  à  Mackay  par  M.  Turner  et  qui  ne  se 
distinguent  du  type  que  par  des  différences  de  coloration  insuffi- 
santes, chez  les  Mutilles,  pour  caractériser  des  espèces.  Je  leur 
donnerai  cependant  des  noms  particuliers  parce  qu'elles  sont 
facilement  reconnaissables  et  que  la  découverte  de  leurs  femelles 
pourrait  peut-être  amener  à  les  regarder  comme  espèces  parti- 
culières. 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  19 


290  K.    ANDUK 

\i\y.  TRANSiKNs  Hov.  viM".  Knli(''i»'iiii'ii I  st'iiil)l;il»lt'  ;iu  lyp»',  sauf 
rabdoinen,  qui  est  noir  et  non  bleu. 

Var.  CAi.CAïuNA  nov.  var.  St>ml)l;ihl('  à  hi  varif'tr  jjrôrr'donte,  mais 
avec  les  éperons  noiis. 

.'^'i.  .MuTii.LA  MiNuscuLA  Audré. 

Miitillii  (!^iih;vropltilialma)  minuscula  André.  Méni.  Soc.  Zool.  Fr., 
VIII,  18î)5.  \).  èiOI,  cf. 

d^  J'ai  décrit  cette  espèce  d'après  un  seul  exemplaire  dont  le 
scutelluin  était  détruit  par  l'épingle,  ce  qui  m'a  empêché  d'en 
donner  les  caractères.  Deux  nouveaux  individus,  que  M.  Turner 
m'a  envoyés  de  Mackay,  me  |)ermettent  de  combler  cette  lacune 
en  disant  que  le  scutellum  est  plan,  triangulaire,  arrondi  en  arrière, 
ponctué  comme  le  mesonotum,  avec  les  lobes  latéraux  non  pro- 
longés en  saillie  deutiforme.  La  taille  varie  de  6  à  8  mill. 

36.    MUTILLA    EMGUA    UOV.    Sp. 

cf  Corpua  nif/ruw,  ititidum,  tuberoilis  anlennalihiis  inandihuUsque, 
apice  excepta,  saepe  fer rugineia.Capul  transcersuni ,  postice  rohmdatum, 
sparse  punctalum,  mandihulis  extus  edentatis.  Thorax  ovatus,  pronoto 
et  metanoto  sparse  punctatis,  metanoto  reticula.to,  scutello  inerme. 
Abdomen  sessile,  sefimentis  sparsissinie  albidu-ciiiatis.  Pedes  fusci, 
albo-pilosi,  calcaribus  albidis.  A  lae  subhyaiinae,  stigmate  opaco,  cellula 
radiali  haud  truncata,  cellulis  cuhitalibus  tribus.  Long.  5-ô,o. 

m 

Noire,  avec  souvent  les  tubercules  antennaires  et  le  milieu  des 
mandibules  plus  ou  moins  ferrugineux  ;  antennes  et  pattes  noires 
ou  d'un  brun  noir,  ces  dernières  hérissées  de  poils  blancs  ;  éperons 
blancs.  Tout  le  corps  luisant,  très  éparsement  hérissé  de  poils 
blanchâtres,  mélangés  à  quelques  poils  noirs  ;  le  bord  apical  des 
segments  abdominaux  à  peine  cilié  de  quelques  poils  blancs. 

Tête  transversale,  immédiatement  arquée  derrière  les  yeux,  sans 
angles  postérieurs  distincts;  elle  est  à  peu  près  de  la  largeur  du 
thorax  ou  à  peine  plus  large  que  lui,  assez  éparsement  ponctuée  ; 
yeux  grands,  arrondis,  convexes,  entiers,  peu  éloignés  de  l'articu- 
lation des  mandibules  ;  ocelles  relativem.ent  grands  et  saillants  ; 
mandibules  aiguës  au  sommet,  munies  à  leur  bord  interne  d'une 
dent  subapicale,  et  inermes  à  leur  bord  externe  ;  antennes  robustes, 
second  article  du  funicule  un  peu  plus  court  que  le  troisième. 
Thorax  ovale,  un  peu  plus  étroit  en  arrière  qu'en  avant;  pronotum 


CONTRIBUTJON  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLLDES  DE  l'aUSTRALIE      291 

avec  les  épaules  presque  eiïacées,  largemeDt  échaocré  en  arc  à  son 
bord  postérieur,  éparsement  ponctué;  mesonotum  très  éparsement 
ponctué  eu  dessus,  avec  les  sillons  médians  fins  mais  distincts  et 
prolongés  jusqu'au  bord  antérieur;  écaillettes  assez  graodes,  lisses, 
luisantes,  parfois  décolorées  en  arrière  et  raarquéesde  quelques  points 
à  leur  bord  interne;  scutellum,  plan,  triangulaire,  arrondi  en  arrière, 
ponctué-réticule  sur  les  côtés,  avec  seulement  quelques  gros  points 
sur  le  disque  ;  lobes  latéraux  non  prolongés  en  saillie  dentiforrae; 
nietanotum  ridé-réticulé  en  dessus.  Abdomen  sessile,  premier  seg- 
ment assez  plan  et  éparsement  ponctuéen  dessus,  sa  carène  inférieure 
terminée  en  avant  par  un  petit  tubercule;  second  segment  assez 
densément  mais  superficiellemeat  ponctué  en  dessus,  plus  éparse- 
ment en  dessous  ;  les  segments  suivants  finement  et  éparsemeat 
ponctués.  Ailes  subhyalines,  faiblement  enfumées  dans  la  région 
caractéristique;  stigma  opaque,  cellule  radiale  arrondie  au  sommet  j 
trois  cellules  cubitales  dont  la  seconde  reçoit  la  nervure  récurrente 
vers  son  milieu  ;  la  seconde  nervure  récurrente  est  interstitiale  avec 
la  troisième  nervure  transverso-cubitale,  ces  deux  nervures  fines  et 
peu  distinctes. 

Mackay,  Queensland  (M.  G.  Turner). 

Cette  espèce  se  reconnaît  facilement  à  sa  petite  taille,  ainsi  qu'à 
son  mesonotum  luisant  et  très  éparsement  ponctué. 


TABLEAU    DES    MUTILLES     D'AUSTRALIE 
qui  me  sont  connues  en  nature 

Comme  je  l'ai  annoncé  dans  l'avant-propos,  je  donne  ici,  sous 
forme  dichotomique,  un  tableau  général  de  toutes  les  Mutilles 
d'Australie  et  de  Tasmanie  qui  me  sont  connues  en  nature,  ce  qui 
représente  à  peu  près  les  deux  tiers  de  celles  signalées  par  les  divers 
auteurs. 

Le  numéro  qui  précède  le  nom  de  certaines  espèces  est  celui  sous 
lequel  elles  sont  décrites  ou  mentionnées  dans  les  pages  précédentes. 

FEMELLES 

1.  Thorax  rectangulaire  ou  subrectangulaire,  non  ou  à 
peine  plus  étroit  en  arrière  qu'en  avant,  à  bords  latéraux 
rectilignes;  yeux  peu  convexes;  abdomen  sessile 2 

—      Thorax  trapéziforme,  piriforme,   cunéiforme,  triangu- 


2n2  K.     ANDIIK 

hiiro  OU  en  tu^iie  ;ill()ii}i;i\  S(!iisil)leiiH'nl  plus  clioil  eu  arrière 
qu'en  avant,  ses  bords  latéraux  rarement  reclili^nes:  yeux 
ordinairement  très  convexes;  abdomen  sessile  on  péliolé.       3 

2.  Tôle  et  thorax  ferrujj;inenx  ;  tôle  jurande,  beaucoup  plus 
larii^eque  le  thorax,  (|ui  est  char^'é  en  dessus  de  cAles  Ion 
jïitudinales  saillantes;  abdomen  noir,  oi-né  de  taches  et  de 
franj^es  de  jnibesi^ence  jaunàtie,  second  segnient  dorsal 
ridé-costulô.  Long.  15  mill.  —  Australie,     multigostata  André. 

—  Tout  le  corps  noir,  sauf  le  disque  du  thorax,  (|ui  est  sou- 
vent rouge;  tùte  arrondie,  pas  plus  large  que  le  thorax; 
abdomen  orné  sur  son  second  segment  de  deux  taches 
rondes,  de  pubescenee  blanche,  et  sur  le  troisième  segment 
d'une  bande  de  même  couleur,  fortement  interrompue  en 
son  milieu.  Long.  8  mill. — Queensland.    .    .    .     Cooki  André. 

3.  Thorax  allongé,  muni  latéralement  d'expansions  denti- 
formes  bien  accentuées;  abdomen  sessile  ou  subsessile; 
taille  relativement  grande 4 

—  Thorax  sans  expansions  latérales,  tout  au  plus  avec  des 
tubercules  peu  saillants,  de  fines  crénelures  ou  de  très 
petites  dents o 

4.  Tout  le  corps  noir,  ainsi  que  les  antennes;  thorax  très 
profondément  sculpté;  abdomen  orné  d'une  rangée  longi- 
tudinale de  six  taches  blanches,  dont  une  sur  le  premier 
segment,  deux  sur  le  second  et  une  sur  chacun  des  trois 
suivants.  Long.  13-17  mill.  —  Queensland,  Nouvelle  Galles 

du  Sud RUGiGOLLis  Wcstwood . 

—  Corps  noir  avec  les  antennes  testacées,  thorax  beaucoup 
moins  fortement  sculpté;  second  segment  de  l'abdomen 
orné  d'une  bande  apicale  sinueuse;  troisième,  quatrième 
et  cinquième  segments  avec  chacun  une  tache  médiane,  le 
tout  formé  de  pubescence  blanche.  Long.  16-18  mill.  — 
Queensland,  Nouvelle-Galles  du  Sud.  .     ruficornis  Fabricius. 

5.  Corps  de  couleur  foncière  noire,  rouge,  brune,  ferrugi- 
neuse, ou  varié  de  ces  couleurs,  sans  parties  bleues,  vertes, 
violettes  ou  métalliques 6 

—  Corps  en  totalité  ou  en  partie  de  couleur  bleue,  verte, 
bronzée,  violette  et  cuivrée 24 

6.  Tête  rectangulaire,  sensiblement  plus  large  que  le  thorax, 
notablement  prolongée  derrière  les  yeux,  avec  les  angles 
postérieurs  bien  marqués,  quoique  souvent  émoussés  ou 
arrondis 7 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DKS  MUTILLIDES  DK  l'aUSTRALIE     293 

—  Tète  pas  plus  large  et  souvent  plus  étroite  que  le  thorax  ; 
dans  le  cas  où  elle  serait  faiblemeut  plus  large,  elle  n'est 
pas  notablement  prolongée  derrière  les  yeux,  mais  rétrécie 
et  arquée  presque  iuimédiatement  après  eux  et  sans 
angles  postérieurs  distincts 9 

7 .  Tête  rouge  ainsi  que  la  majeure  partie  du  second  segment 
de  l'abdomen  ;  tubercules  anteunaires  dentiformes  ;  le  reste 
du  corps  noir,  métathorax  bidenté  en  arrière;  corps  très 
luisant.  Long.  8  mill. —  Queensland.    12.  sanguineiceps  André. 

—  Tète  noire  ou  d'un  brun  rougeàtre,  second  segment  de 
l'abdomen  noir  comme  les  suivants;  tubercules  antennaires 
arrondis  ;  corps  moins  luisant;  taille  plus  petite 8 

8.  Tète  nettement  rectangulaire,  avec  le  bord  postérieur 
rectiligne  et  les  angles  à  peine  émoussés,  d'un  brun  rou- 
geàtre ainsi  que  le  thorax  ;  sommet  du  second  segment 
de  l'abdomen  et  milieu  du  cinquième  ornés  d'une  tache 
transversale  testacée  ;  aire  pygidiale  lisse,  luisante,  non 
ridée.  Long.  4,5-5  mill.  —  Queensland. 

11.    RECTANGULICEPS    UOV.    Sp. 

—  Tète  moins  carrée,  son  bord  postérieur  plus  arqué  et  ses 
angles  beaucou|)  plus  arrondis,  noire  ainsi  que  le  thorax 
dont  parfois  le  disque  est  ferrugineux  ;  sommet  du  second 
segment  et  milieu  des  segments  trois  à  cinq  de  l'abdomen 
ornés  d'une  tache  testacée;  aire  pygidiale  longitudiuale- 
ment  ridée-striée  à  la  base,  chagrinée  au  sommet.  Long. 
4,5-5  mill. — Queensland 10.  Henrici  nov.  sp. 

9.  Tète  beaucoup  plus  étroite  que  le  thorax,  front  muni  d'une 
élévation  scutiforme,  luisante,  chargée  de  quatre  ou  cinq 
grosses  rides  transverses  irrégulières  ;  abdomen  sessile, 
second  segment  orné  de  deux  lignes  longitudinales 
arquées,  et  les  trois  suivants  parés  de  taches  médianes,  le 
tout  formé  de  pubescence  argentée.  Tout  le  corps  d'un  brun 
marron  foncé.  Long.  14  mill.  —  Australie. 

2.  scuTiFRONS  nov.  sp. 

—  Front  sans  élévation  scutiforme 10 

10.       Disque  du  second  segment  de  l'abdomen  orné  de  deux 

bandes  longitudinales  de  couleur  claire,  situées  l'une  à 
côté  de  l'autre  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  ;  corps 
noir  ;  segments  trois  à  cinq  avec  une  série  longitudinale 
de  taches  argentées 11 

—  Second  segment  de  l'abdomen  sans  bande  longitudinale 


294  R.    ANDUK 

OU.  s'il  en  existe  uno,  ello  est  sitii<''e  sur  l;i  lii;iii'  iiiédiaiic.  12 
11.  Bandes  du  secoud  scf^ment  de  couleur  foiicièi'e  ferruj,^- 
neuse,  presque  glabres,  raccourcies  en  avant  et  en  arrière; 
bord  a|)ical  du  second  segment  et  les  trois  suivants  ornés 
en  leur  uiilieu  d'une  tache  d(^  i)ubescenc(î  blanche.  L<Mig. 
5-7  mill.  —  Oueensland 11.  biplagiata  nov.  s|>. 

—  Bandes  du  second  segment  formées  de  pubescence  d'un 
blanc  argenté,  non  raccourcies  en  arrière,  où  elles  attei- 
gnent le  bord  apical  ;  quatrième  et  cinquième  segments, 
ainsi  que  la  base  du  sixième,  marqués  en  leur  milieu 
d'une  tache  de  pubescence  blanche.  Long.  5  8  mill.  — 
Oueensland 15.  mimula  nov.  sp. 

i2.  Corps  noir;  second  segment  de  l'abdomen  paré,  sur  sa 
ligue  médiane,  d'une  bande  de  pubescence  soyeuse,  argen- 
tée ou  dorée,  parcourant  toute  la  longueur  du  segment  ou 
plus  ou  moins  raccourcie  en  avant;  premier  segment 
ainsi  que  les  segments  trois  à  cinq  ornés,  au  milieu  de  leur 
bord  apical,  d'une  tache  pubescenle  de  même  couleur  que 
la  bande  du  second  segment.  Aire  pygidiale  longitudina- 
lement  striée.  Long.  5-10  mill.  —  Queenslaud,  Australie 
Occidentale 7     morosa  Westwood. 

—  Second  segment  de  l'abdomen  sans  bande  longitudinale 

de  pubescence  soyeuse 13 

13.  Second  segment  de  l'abdomen  orné,  sur  sa  ligne  médiane, 
d'une  tache  discoïdale  et  d'une  autre  apicale,  formées  de 
pubescence  argentée;  premier,  troisième,  quatrième  et 
cinquième  segments  ornés  également  d'une  tache  apicale 
de  semblable  pubescence  dont  l'ensemble  forme,  avec 
celles  du  second  segment,  une  série  longitudinale.  Corps 
noir,  tête  moins  large  que  le  thorax,  recouverte  en  dessus 
d'une  belle  pubescence  argentée  ou  dorée 14 

—  Second  segment  de  l'abdomen  sans  tache  discoïdale, 
mais  pouvant  être  orné  ou  non  d'une  tache  apicale.   ...     L5 

14.  Tache  discoïdale  du  second  segment  plus  rapprochée 
de  sa  base  que  de  sou  sommet.  Long.  15  mill.  —  Queens- 
laud     AURicEPS  Smith. 

—  Tache  discoïdale  du  second  segment  plus  rapprochée  de 
son  sommet  que  de  sa  base.  Long.  13  mill.  —  Queens- 
laud   QUEENSLANDiCA  André. 

15.  Bord  apical  du  premier  segment,  la  seconde  moitié  du 
suivant  et  la  presque  totalité  des  segments  trois  à  cinq 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE       295 

recouverts  d'une  belle  pubescence  soyeuse,  d'un  jaune  d  or. 
Corps  noir;  aire  pygidiale  longitudinalement  striée.  Long. 
9  rnill.  —  Queensland 4,  fabricii  nov.  sp. 

—  Abdomen  non  recouvert  en  majeure  partie  de  pubescence 
dorée 16 

16.  Second  segment  de  l'abdomen  orné  d'une  tache  de 
pubescence  pâle  au  milieu  de  son  bord  apical 17 

Second  segment  sans  tache  apicale,  mais  pouvant  être 
pourvu  d'une  bande  transverse  à  son  bord  postérieur.    .    ,     20 

17.  Segments  trois  à  cinq  de  l'abdomen  pourvus  d'une  tache 
médiane  de  pubescence  claire 18 

—  Troisième  et  quatrième  segments  sans  taches,  parfois  le 
cinquième  est  orné,  ainsi  que  le  bord  apical  du  premier  et 
du  second,  d'une  tache  médiane  de  pubescence  blanchâtre 
ou  jaunâtre.  Corps  en  entier  d'un  ferrugineux  sombre  ou 
d'un  brun  marron  ;  second  segment  creusé  en  dessus 
d'un  sillon  médian  longitudinal ,  et  en  dessous  d'une 
impression  transverse  ;  aire  pygidiale  longitudinalement 
striée.  Long.  8-19  mill.— Queensland.    furruginata  Westwood. 

18.  Tranche  latérale  de  la  face  déclive  du  métathora.x  armée 
d'une  série  de  petites  dents  spiniformes  ;  second  segment 
ventral  transversalement  impressionné  en  arrière.  Corps 
noir,  les  cinq  premiers  segments  abdominaux  ornés,  au 
milieu  de  leur  bord  apical,  d'une  tache  de  pubescence 
blanche,  dont  l'ensemble  est  disposé  en  série  longitudinale. 
Eperons  généralement  bruns.  Long.  5-14  mill.  —  Queens- 
land  1.  Burkei  André. 

—  Tranche  latérale  de  la  face  déclive  du  métathorax 
inerme;  second  segment  ventral  non  impressionné  trans- 
versalement; éperons  blanchâtres;  corps  noir 19 

19.  Thorax  piriforme,  fortement  rétréci  en  arrière  et  con- 
tracté en  son  milieu  ;  les  cinq  premiers  segments  de  l'abdo- 
men marqués,  à  leur  bord  apical,  d'une  tache  médiane  de 
pubescen(;e  jaunâtre  dont  l'ensemble  est  disposé  en  série 
longitudinale.  Long.  7-10  mill.  Australie  occidentale, 
Queensland 6.  hospes  Smith. 

—  Thorax  trapéziforme,  faiblement  rétréci  en  arrière  et 
non  contracté  en  son  milieu  ;  premier  segment  abdominal 
cilié  de  poils  dorés,  second  segment  orné,  au  milieu  de  son 
bord  apical,  d'une  assez  grande  tache  qui  se  réunit  à  des 
taches  transverses  occupant  le  milieu  des  troisième,  qua- 


29()  K.    ANMIIK 

trième  et  (,'iii(|iiii'me  sej^meuls,  iioiir  foiiiirr  une  liaiidi-  lon- 
giludiiiali-  lie  i)iibesceiR'e  dortk'.  Loug.  ."i-H  iiiill.  (Jueeus- 

laiid iS.  lALL.vx,  iiov.  sp. 

:iO.  IMcmier  et  second  segments  de  rabdomeii  ornés,  à  leur 
l)i)rd  a|>ir;d,  d'une  étroite  bordure  de  pubescence  claire; 
aire  pyi;idiale  lon^Mtudinalenieut  striée 21 

—  Preniiei-  et  second  segments  de  l'abdomen  non  bordés 
de  pubescence  claire  à  leur  boni  apical  ;  aire  pygidiale  lisse 

et  luisante 23 

21.  Troisième  segment  de  l'abdomen  sans  bande  de  pubes- 
cence claire  à  son  bord  apical;  tête  et  thorax  d'un  brun 
rougeàtre,  abdomen  noir.  Long.  8-10  miil 22 

—  Tout  le  corps  noir  ;  troisième  segment  de  l'abdomen  orné, 
ainsi  que  les  deux  premiers,  d'une  bande  apicale  de  pu- 
bescence dorée.  Long.  4  mill.  Queensland.  trifimbriata  André. 

22.  (linquième  segment  avec  une  bande  apicale,  formée,  ainsi 
que  celle  des  premier  et  se(;ond  segments,  de  pubescence 
argentée  ;  pas  de  tache  indéterminée  sur  le  quatrième  et  le 
cinquième  segments.  —  Tasmanie,  Nouvelle-Galles  du  Sud, 
Nouvelle  Bretagne 9.  Australasiae  Fabricius. 

—  Bandes  abdominales  dorées;  pas  de  bande  sur  le  cin- 
quième segment,  mais  une  tache  indéterminée,  d'un  jaune 
d'or,  sur  les  quatrième  et  cinquième  segments.  —  Australie 
occidentale Edmondi  André, 

23.  Tète  et  thorax  d'un  brun  rougeàtre  ;  abdomen  ovale,  d'un 
brun  noir,  avec  le  troisième  segment  peu  densément  revêtu 
d'une  bande  de  pubescence  cendrée;  corps  luisant.  Long. 

5,0  mill.  —  Queensland Variipes  André. 

—  Tète  et  thorax  d'un  brun  marron  ;  abdomen  cylindrique, 
ferrugineux;  second  segment  orné,  après  son  milieu,  d'une 
large  bande  noire,  glabre,  n'atteignant  pas  le  bord  apical  et 
anguleusement  échancrée  à  son   bord    postérieur.   Long. 

4-0  miil.  —  Queensland 13.  Gilbkrti  nov.  sp. 

24.  Tète  et  thorax  d'un  ferrugineux  clair,  avec  un  beau 
reflet  violet;  abdomen  d'un  bleu  violacé  foncé,  orné  d'une 
large  bande  médiane  de  pubescence  jaunâtre,  qui  s'étend 
du  tiers  antérieur  du  second  segment  à  l'extrémité  de 
l'abdomen.  Long.  6-12  mill.  —  Queensland,  Nouvelle- 
Galles  du  Sud 5.  PuLCHELLA  Smith. 

—  Caractères  difïérents 2o 

25.  Tête  bleue  ou  noire,  thorax  eu  totalité  ou  en  partie  d'un 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DF.S  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      297 

rouge  vif  OU  d'un  ferrugineux  clair  ;  corps  luisant   ....     26 

—  Thorax  autrement  coloré 27 

26.  Tête  noire,  thorax  entièrement  rouge,  abdomen  bleu  sur 
ses  deux  premiers  segments,  les  autres  bruns  ou  rougeâ- 
tres  ;  second  segment  orné  de  deux  bandes  longitudinales 
de  pubesceuce  blanche,  qui  se  continuent  sur  les  segments 
suivants.  Loug.  5-8  mill.  —  Queensland   .     25.  Turnkui  André. 

—  Tète  bleue,  pro  mesonotum  en  majeure  partie  rouge, 
métathorax  bleu,  ainsi  que  les  deux  premiers  segments 
abdominaux,  le  reste  de  l'abdomen  noir;  second  segment 
orné  de  deux  grandes  taches  rouges,  glabres,  luisantes. 
Long.  7  mill.  —  Queensland rubromaculata  André. 

27.  Second  segment  de  l'abdomen  avec  une  ou  deux  taches 
apicales,  de  couleur  foncière  testacée  et  presque  glabres; 
tète  et  thorax  d'un  bleu  plus  ou  moins  foncé,  parfois  ver- 
dâtres 28 

—  Taches  abdominales,  quand  elles  existent,  exclusivement 
formées  de  pubescenceclaire 29 

28.  Abdomen  bronzé-pourpré  avec  le  second  segment  orné,  à 
une  petite  distance  de  son  bord  postérieur,  de  deux  taches 
rondes,  d'un  jaune  pâle.  Long.  10  mill.  —  Queensland, 
Nouvelle-Galles  du  Sud bicolorata  Smith. 

—  Abdomen  d'un  bleu  noir,  comme  le  reste  du  coi-ps ; 
second  segment  orné,  au  milieu  de  son  bord  apical,  d'une 
grande  tache  bilobée,  d'apparence  cordiforme  et  de  cou- 
leur foncière  testacée;  tous  les  segments  portent  en  outre 
une  tache  apicale,  assez  vague,  de  pubescence  jaunâtre. 
Long.  9  mill.  —  Queensland 17.  bilobata  nov.  sp. 

29.  Tête  violette,  thorax  bleu,  plus  ou  moins  varié  de  vert 
ou  de  violet;  abdomen  noir,  second  segment  paré  de  deux 
bandes  longitudinales,  raccourcies  en  avant  et  en  arrière, 
de  pubescence  soyeuse  blanche  ou  jaunâtre;  les  segments 
trois  à  cinq  ornés  d'une  tache  médiane  de  môme  pubes- 
cence. Long.  7-10  mill.  —  Queensland.     16.  princeps  nov.  sp. 

—  Abdomen  avec  une  seule  bande  médiane  ou  sans  banties 
longitudinales  de  pubescence  claire  sur  le  second  segment .     30 

30.  Tèle  et  thorax  d'un  bleu  noir,  abdomen  noir  ou  faible 
ment  bronzé  ;  bordure  apicale  du  premier  segment,  une 
grande  tache  plus  ou  moins  semicirculaire,  occupant  la 
majeure  partie  de  la  moitié  postérieure  du  second  segment, 
et  d'autres  taches  transversales  couvrant  en   partie  les 


298  K.  ANOiu"; 

S(\u;iiienls  siiivaiils,  le  tout  forint'  d'iiiu'  IkîIIc  pulicsccnce 
dorée.  Loii^.  7-14  iiiill.  —  (Jueeuslaïul    .     .'{.  aihata  Fal)rii'ius. 

—  Second  sc^niinit  et  les  suivants  non  recouverts  en  ma 
jeure  partie  d(!  pnhescence  dorée 31 

31.  Second  segment  de  l'abdomen  avec  une  hande  longitu- 
dinale médiane  de  puhescence  claire,  raccourcie  en  avant 

et  se  continuant  sur  les  segments  suivants 32 

—  Second  segment  sans  bande  médiane,  mais  seulement 
avec  une  bordtire  ou  une  petite  tache  apicale  de  pubescence 
claire 33 

32.  Tout  le  corps  en  majeure  partie  d'un  vert  doré,  mélangé 
de  violet,  pattes  rougeàtres,  plus  ou  moins  lavées  de 
violacé  ;  bande  médiane  de  l'abdomen  étroite  et  d'un  jaune 
pâle  ;  tète  notablement  prolongée  derrière  les  yeux,  thorax 
arrondi  aux  épaules,  forme  allongée.  Long.  6-8  mill,  — 
Queeusland 18.  ghrysochlora  André. 

—  Tête  noire,  thorax  d'un  bleu  noirâtre,  pattes  ferrugi- 
neuses, abdomen  d'un  bronzé  bleuâtre,  sa  bande  médiane 
plus  large  et  d'un  blanc  argenté  ;  tète  brusquement  arron- 
die derrière  les  yeux,  thorax  avec  les  épaules  anguleuses, 
forme  courte.  Long.  4-0  mill.  —  Queensland.     19.  lauta  nov.  sp. 

33.  Télé  et  thorax  d'un  brun  marron,  abdomen  avec  le 
second  segment  vert,  plus  ou  moins  violacé,  et  les  suivants 
bronzés  ou  cuivreux  ;  une  série  longitudinale  de  petites 
taches  de  pubescence  blanche  part  du  bord  apical  du 
second  segment  poui*  se  continuer  sur  les  segments  trois  à 
cinq  ;  aire  pygidiale  du  sixième  segment  nettement  et 
longitudinalement  striée.  Long.  5  mill.  —  Queensland. 

22.    CONFRATERNA    nOV.    Sp. 

—  Tète  et  thorax  bleus,  verts,  violets  ou  bronzés  ;  aire 
pygidiale  lisse,  luisante,  ou  nulle 34 

34.  Une  tache  médiane  ou  une  bande  transverse  de  pubes- 
cence claire  se  voit  au  bord  apical  des  segments  deux  à 
cinq  de  l'abdomen  ;  second  segment  ventral  sans  impres- 
sion transverse 35 

—  Bord  apical  du  premier  et  du  second  segment  seuls 
pourvus  d'une  petite  tache  médiane  de  pubescence  blan- 
che; abdomen  subpétiolé,  second  segment  ventral  muni 
d'une  forte  impression  transverse  vers  son  tiers  postérieur. 
Tète  bleue  ou  verte,  thorax  d'un  vert  bronzé,  abdomen 
d'un  vert  doré  pourpré.  Long.  10-12  mill.  Nouvelle-Galles 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      299 

du  Sud METALLiCA  Smith. 

35.  Tête  et  thorax  d'un  violet  pourpré  ou  d'uu  violet  bronzé 
métallique,  abdomen  d'un  bleu  sombre  ;  pattes  ferrugi- 
neuses; une  série  de  quatre  taches  de  pubesceuce  jaunâtres, 
disposée  en  ligne  longitudinale  à  partir  du  sommet  du 
second  segment.  Loog.  4-8  mill.  —  Queensland 

21 .  AMŒNA  André. 

—  Thorax  bleu  ou  vert 36 

36.  Abdomen  d'un  beau  violet  pourpré  ainsi  que  les  pattes; 
tète  et  thorax  bleus,  lavés  de  vert;  bord  apical  des  cinq 
premiers  segments  orné  de  taches  de  pubescence  blanche, 
parfois  peu  apparentes  sur  les  derniers  segments.  Long. 

8-9  mill.  —  Queensland ignita  Smith. 

—  Abdomen  bleu,  vert  ou  bronzé,  pattes  en  grande  partie 
ferrugineuses 37 

37.  Tête  très  arrondie  derrière  les  yeux,  avec  les  angles  pos- 
térieurs indistincts  ;  thorax  subtrapézoïdal,  faiblement 
rétréci  en  arrière  ;  métathorax  avec  le  bord  latéral  de  sa 
troncature  postérieure  denticulé  ;  tête  bleue,  verte  ou  vio 
lette,  thorax  bleu,  verdàtre  ou  violacé,  abdomen  avec  le 
premier  segment  noir,  le  second  vert,  bleuâtre  ou  noirâtre, 
les  suivants  d'un  bronzé  obscur;  une  tache  médiane  de 
pubescence  blanche  orne  le  bord  apical  du  second  segment 
et  des  trois  suivants.  Long.  4-5  mill.  —  Queensland. 

20.  VARiABiLis  nov.  sp. 

—  Tête  non  brusquement  arrondie  mais  un  peu  prolon- 
gée derrière  les  yeux,  avec  les  angles  postérieurs  dis- 
tincts; thorax  subtriangulaire,  fortement  rétréci  en  arrière, 
raetanotum  inerme.  Tète  et  thorax  bleus,  abdomen  bronzé.     38 

38.  Forme  allongée,  abdomen  subpétiolé;  de  grandes  taches 
transverses  de  pubescence  blanche,  en  forme  de  bandes 
raccourcies  latéralement,  occupent  le  bord  postérieur  des 
cinq  premiers  segments.  Long.  11  mill.  —  Australie. 

24.  AUSTRALis  nov.  sp. 

—  Forme  courte,  abdomen  sessile,  orné  de  taches  moins 
larges  de  pubescence  blanchâtre,  formant  une  ligne  lon- 
gitudinale du  sommet  du  second  segment  à  celui  du  cin- 
quième. Long.  6  mill.  —  Queensland.  23.  .eneiventris  nov.  sp. 


300  E.  A. NU  mi 


MALES 


Veux  ;ill()ii|4t's,  iicii  coiivt'xes,  iictlfiiicnl  (''(•liîiiicrt's  à 
li'iir  IkuiI  iiiteruc.  Noir,  avec  les  second  et  tioisii-ine  seg- 
ments (le  rabdoiiieii  et  parfois  aussi  tout  ou  |)artie  tlu 
premier,  rouges;  le  troisième  et  le  (juatritMiie  segments 
ornés,  à  leur  bord  a|)i(al,  d'une  bande  de  pubesceuce  d'un 
blanc  jaunâtre,  fortement  interrompue  au  milieu.  I.ong. 
11-15  mill.  —  Oueensland Cook»  André. 

Yeux  ronds  ou  en  ovale  court,  très  convexes,  non  éclian- 
crés  à  leur  bord  interne 2 

Une  seule  nervure  récurrente  reçue  par  la  seconde 
cellule  cubitale.  Premier  segment  de  l'abdomen  très  long, 
très  étroit,  nettement  en  forme  de  pétiole;  tète  et  abdomen 
lisses,  luisants,  obsolètement  ponctués  ;  pilosité  longue 
et  éparse,  pubescence  nulle.  Tête,  thorax,  antennes,  pattes 
et  premier  segment  de  l'abdomen  testacés,  le  reste  de 
l'abdomen  brun.  Long.  8-9  mill.  —  Nouvelle-Galles  du 
Sud iMBKLLis  André. 

Deux  nervures  récurrentes  reçues  l'une  par  la  seconde, 
l'autre  par  la  troisième  cellules  cubitales.  Parfois  la  seconde 
récurrente  est  faiblement  indiquée,  mais  elle  est  toujours 
visible.  Corps  nettement  et  souvent  fortement  sculpté  ; 
pubescence  toujours  distincte  sur  telle  ou  telle  partie  du 
corps,  formant  souvent  des  bandes  ou  des  taches 3 

Corps  en  totalité  ou  eu  partie  de  couleur  bleue,  verte, 
violette  ou  métallique 4 

Corps  noir,  brun,  rouge,  ferrugineux,  ou  varié  de  ces 
couleurs,  sans  aucune  partie  bleue,  verte,  violette  ou 
métallique 18 

Corps  entièrement  d'un  vert  doré  métallique  ;  le  troisième 
segment  abdominal  et  les  suivants  recouverts  en  dessus 
d'une  longue  villosité  blanche,  assez  épaisse  ;  cuisses  et 
tibias  bleus,  funicule  des  antennes  et  tarses  bruns,  éperons 
blancs.  Long.  10  mill.  —  Australie  .    .    .     vmioiAURKA  André. 

Corps  non  entièrement  d'un  vert  doré  métallique.   ...       5 

Tète  et  thorax  d'un  cuivré  doré  métallique  avec  des 
reflets  verts  par  places  ;  pattes  en  majeure  partie  bleues  ; 
abdomen  pétiole,  son  premier  segment  vert  doré,  le  second 
bleu,  les  suivants  verts;  éperons  blancs.  Tout  le  corps,  sauf 
les  deiniers  segments  de  l'abdomen,  densément  ponctué- 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILUDES  DE  l'aUSTRALIE     301 

réticulé.  Long.  7  9  inill.  —  Australie.     32.  seaiicuprea  nov.  sp. 

—  Thorax  bleu  ou  noir 6 

6.       Thorax  bleu  en  totalité  ou  en  partie 7 

—  Tête  et  thorax  entièrement  noirs  ;  abdomen  bleu.   ...     16 
7         Abdomen  noir  ou  d'un  noir  faiblement  bronzé,  au  moins 

à  partir  de  son  second  segment  inclusivement 8 

—  Abdomen  bleu  ou  violet,  au  moins  sur  les  deux  premiers 
segments 10 

8.  Tête  et  thorax  bleus,  les  quatre  pattes  postérieures  et  le 
premier  segment  de  l'abdomen  ferrugineux,  le  reste  de 
l'abdomen  noir,  ses  trois  ou  quatre  premiers  segments  et 
le  segment  apical  ciliés  de  poils  jaunâtres;  éperons  pâles. 
Long.  12  mill.  ^  Australie,  Tasmanie vivida  Smith. 

—  Pattes  entièrement  noires,  éperons  blancs 9 

9.  Tête,  thorax  et  premier  segment  de  l'abdomen  bleus,  les   - 
autres  segments  d'un  noir  faiblement  bronzé,  le  sommet 
du  second  segment  et  les  trois  suivants  densémeut  ciliés  de 
longs  poils  jaunes.  Long.  8  mill.  —  Queensland . 

SEMICYANEA  André. 

—  Tête,  pronotum,  mesonotum,  scutellum  et  écaillettes 
bleus,  metanotum  et  abdomen  noirs;  premier  segment 
abdominal  étroitement  testacé  à  son  bord  postérieur,  les 
deuxième,  troisième  et  quatrième  segments  ciliés  de  longs 
poils  blancs,  les  suivants  ciliés  de  poils  noirs.  Long.  7- 

8  mill.  —  Queensland 30.  umbrosa  nov.  sp. 

10.  Tête  d'une  belle  couleur  d'or  vert,  thorax  et  premier 
segment  de  l'abdomen  bleus,  les  suivants  d'un  violet 
pourpré.  Le  second  et  le  troisième  segments  sont  ciliés,  à 
leur  bord  apical,  de  poils  blancs,  serrés,  formant  des 
bandes  étroites,  mais  distinctes.  Pattes  violacées,  tarses  et 
éperons  noirs.  Long.  8-13  mill.  —  Queensland. 

31.  viRiDicEPS  André. 

—  Tête  bleue  comme  le  thorax,  rarement  avec  un  faible 
reflet  verdàtre;  éperons  blancs 11 

11.  Trochanters  postérieurs  munis,  à  leur  extrémité  infé- 
rieure, d'une  forte  dent  aiguë.  Corps  d'un  bleu  foncé,  avec 
la  partie  antérieure  du  premier  segment  abdominal  rou- 
geâtre;  sommet  du  second  segment,  ainsi  que  les  segments 
trois  à  cinq  ornés  de  bandes  de  longs  poils  jaunes.  Pattes 
d'un  brun  noir.  Long.  9  mill.  —  Queensland. 

27.  DENTiPES  André. 


302 


E.    ANDRE 


—  TiocliantiMs  poslciiciirs  iiiennes 12 

12.  SecoDd  sepmeiil  dr  rjilxloim'ii  vi  les  suivants  d'un  l»e;iii 
violet  pour|)ré;  trie,  lliorax,  pieinicr  sefjjmoiit  altdoiiiinal 
et  pattes  bleus,  tarses  bruns;  boni  postérieur  des  deux 
premiers  segnieuts  abdominaux,  ainsi  que  le  segment 
apical.  ciliés  de  i)ubescenee  blanche.  Long.  10-12  mill.  — 
Queensland ignita  Smith. 

—  Abdomen  entièrement  bleu,  ou  l)leu  et  noir 13 

13.  Abdomen  entièrement  bleu 14 

—  Les  deux  premiers  segments  de  l'abdomen  seuls  bleus, 
les  autres  noirs.  Tète  et  thorax  bleus,  parfois  lavés  de 
verdàtre,  le  premier  segment  bordé  de  testacé  en  arrière; 
pattes  bleues,  tarses  noirs;  second,  troisième  et  septième 
segments  abdominaux  assez  éparsement  ciliés  de  longs 
poils  blancs.  Long.  8-11  mill.  —  Queensland. 

29.  GYANESCENS  UOV.  Sp. 

14.  Tète  fortement  arrondie  derrière  les  yeux,  avec  les  angles 
postérieurs  nuls;  thorax  également  très  arrondi  en  avant, 
avec  les  épaules  non  marquées;  abdomen  subpétiolé;  pre- 
mier segment  allongé  et  nodiforme.  Corps  d'un  bleu  ver- 
dàtre sombre,  passant  au  noirâtre  sur  le  metanotum  et  les 
pattes.Tous  les  segments  abdominaux  éparsement  ciliés  de 
longs  poils  blancs  entremêlés  de  poils  bruns.  Long.  7  mill. 

—  Queensland aeruginosa  Smith. 

—  Tète  peu  arquée  en  arrière,  plus  ou  moins  prolongée 
derrière  les  yeux,  avec  les  angles  postérieurs  bien  distincts 
quoique  très  arrondis.  Thorax  presque  rectiligne  à  son 
bord  antérieur,  avec  les  angles  huméraux  bien  marqués.     15 

15.  Tète  prolongée  derrière  les  yeux  d'une  longueur  égale 
ou  supérieure  au  grand  diamètre  de  l'œil  ;  pronotum  arqué 
et  non  anguleux  à  son  bord  postérieur  ;  abdomen  subpé- 
tiolé, premier  segment  assez  allongé  et  nodiforme  en 
arrière;  tous  les  segments  éparsement  ciliés  de  poils  blan- 
châtres ;  corps  entièrement  d'un  bleu  foncé,  assez  faible- 
ment sculpté.  Long.  10  mill.  —  Queensland,  Tasmanie. 

28.  ELEGANs  Westwood. 

—  Tète  à  peine  prolongée  derrière  les  yeux  qui  atteignent 
presque  les  angles  postérieurs  ;  pronotum  échancré  en 
angle  obtus  eu  arrière  ;  abdomen  sessile,  avec  le  premier 
segment  court  et  non  nodiforme  ;  tète  et  thorax  d'un  bleu 
azuré,  plus  ou  moins  lavé  de  vert,  abdomen  d'un  beau  bleu, 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  LAUSTKALIE     303 

parfois  un   peu   violacé  ;   tout  le   corps  plus    fortement 
sculpté.  Long.  8-10  mill.  —  Queensland  ....     mira  André. 

16.  Bord  antérieur  du  prothorax  rectiligne,  avec  les  angles 
saillants  et  prolongés  extérieurement  en  une  dent  bien 
accentuée.  Abdomen  subpétiolé,  second  segment  ventral 
marqué,  vers  son  tiers  postérieur,  d'une  forte  impression 
transverse  ;  pattes  annelées  de  pubescence  blanche  et 
noire,  éperons  noirs  ;  front  et  souvent  aussi  le  vertex  densé- 
menl  revêtus  de  pubescence  blanche  ;  côtés  des  second  et 
troisième  segments  abdominaux  el  dessus  du  septième 
ciliés  de  poils  blancs.  Long.  10-13  mill.  —  Queensland. 

RUGicoLLis  Westwood. 

—  Bord  antérieur  du  prothorax  plus  ou  moins  arqué,  ses 
angles  arrondis  et  non  dentiformes.  Abdomen  sessile  ou 
subsessile  ;  second  segment  ventral  sans  impression  trans- 
verse ;  pattes  non  annelées  de  blanc  et  de  noir;  front  et 
vertex  sans  dense  pubescence  blanche 17 

17.  Eperons  uoirs  ;  les  trois  derniers  segments  de  l'abdomen 
densément  ciliés  de  poils  blancs  ;  les  deuxième,  troisième 
et  quatrième  avec  des  poils  noirs.  Long.  10  mill.  — 
Queensland 33.  albocaudata  nov.  sp. 

—  Eperons  blancs  ;  second  et  troisième  segments  de 
l'abdomen  densément  ciliés  de  poils  blancs  à  leur  bord 
apical,  les  suivants  éparsement  ciliés  de  poils  blancs  et  de 
poils   noirs   mélangés.   Long.  7-11    mill.  —  Queensland. 

34.  SENiLis,  nov.  sp. 

18.  Abdomen  orné  d'une  série  longitudinale  de  six  taches  de 
pubescence  blanche  ou  jaunâtre,  dont  nue  sur  le  disque  du 
second  segment,  une  autre  à  son  bord  apical  et  les  quatre 
dernières  au  milieu  du  bord  postérieur  des  quatre  seg- 
ments suivants;  le  second  segment  porte  en  outre  une 
autre  tache  semblable  de  chaque  côté  de  son  bord  apical. 
Front  el  vertex  densément  revêtus  de  pubescence  jaunâtre. 
Corps  entièrement  noir  ainsi  que  les  éperons;  abdomen 
sessile.  Long.  15-16  mill.  —  Queensland.   .     auriceps,  Smith. 

—  Abdomen  sans  série  longitudinale  de  taches  paies  sur  sa 
ligne  médiane 19 

19.  Bord  antérieur  du  prothorax  rectiligne,  avec  les  angles 
saillants  et  prolongés  en  dehors  en  une  dent  bien  accen- 
tuée; front  densément  garni  de  poils  blancs;  éperons  noirs    20 

—  Bord  antérieur  du  prothorax  plus  ou  moins  arqué,  ses 


304  K.    ANDHK 

niijj;l('S   ;iii()ii(lis  et  iioii  (Iciilifdiincs 21 

20.  Corps  iioif.  ;ili(l()iiKMi  suhpëliolé,  second  s('<;tiioiil  ventral 
marqué,  vers  son  lici's  |)osl(''rienr,  d'uno  forte  ini|»r(>ssion 
Iransverse  ;  pattes  annelées  de  |)nbescence  l)lanclie  et 
noire  ;  eûtes  des  second  et  troisiiMue  segments  abrlominaux 
et  dessusdn  seplit'meeiliésde  poils  hianes.  f.ong.  10-1.3  mill. 
Uueensland.        luciicoi.Lis  Weslw.,  var.  obscuiuvknteus  André. 

—  Corps  noir,  sauf  l'abdomen  qui  est  d'un  rouge  marron 
plus  ou  moins  foncé  ;  abdomen  sessile  ou  subsessile,  se 
cond  segment  ventral  marqué  d'une  impression  trausverse 
plus  ou  moins  oi)solète;  pattes  non  annelées  de  noir  et  de 
blanc;  bord  apical  du  premier  segment  abdominal,  celui 
du  second  seulement  sur  les  côtés,  et  le  bord  postérieur  du 
cinquième  segment  et  des  suivants,  ciliés  de  poils  blancs. 
Long.  9-15  mill. — Queensland  .    .    .     castaneiventius  André. 

21.  Les  pattes  ou  les  antennes  ferrugineuses  ou  testacées.   .     22 

—  Pattes  et  antennes  entièrement  noires;  corps  noir  .    .    .     23 

22.  Antennes  testacées;  corps  entièrement  noir,  ainsi  que 
les  pattes  et  les  éperons  ;  abdomen  subsessile,  quatrième  à 
septième  segments  éparsement  ci  liés  de  poils  blancs,  second 
segment  ventral  avec  une  forte  impression  transverse. 
Long.  14-18  mill.  —  Queensland,  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

RUFiGOHNis  Fabricius. 

—  Métathorax,  scape,  premier  arti(;le  du  funicule,  pattes, 
écaillettes  et  premier  segment  de  l'abdomen  d'un  ferrugi- 
neux clair,  éperons  blanchâtres,  le  reste  du  corps  noir; 
second,  troisième  et  septième  segments  de  l'abdomen  ciliés 
de  poils  blancs  ou  jaunâtres.  Second  segment  ventral  sans 
impression  transverse.  Long.  9  mill.  —  Queensland. 

FRAGiLis  Smith. 

23.  Bord  apical  du  second  segment  et  la  totalité  des  seg- 
ments trois  à  six  de  l'abdomen  densément  revêtus  d'une 
longue  pubescence  d'un  jaune  d'or;  éperons  bruns.  Long. 
7-10  mill. — Queensland 26.  aurovestita  André. 

—  Abdomen  avec  des  bandes  ou  des  franges  de  pubescence 
blanche  ou  cendrée,  ou  simplement  cilié  de  poils  blancs, 
parfois  très  épars 24 

24.  Eperons  noirs 25 

—  Eperons  blancs 27 

2o.       Lobes  latéraux  du  scutellum    prolongés  en  arrière   en 

saillie  dentiforme;  premier  segment  abdominal  large,  plus 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE      305 

large  en  arrière  que  long  sur  sa  ligne  médiane.  .....     26 

—  Lobes  latéraux  du  scutellum  non  prolongés  en  saillie 
denliforme;  premier  segment  abdominal  étroit,  pas  plus 
large  en  arrière  que  long  sur  sa  ligne  médiane,  second  et 
troisième  segments  densémeut  ciliés  de  poils  blancs  à 
leur  bord  apical;  les  suivants  éparsemeut  ciliés  de  poils 
blancs  et  de  poils  noirs  mélangés.  Long.  7-11  mill.  — 
Queensland   .   .     34.  senilis  nov.  sp.  var.  calgarina  nov.  var. 

26.  Premier  et  second  segments  de  l'abdomen  ornés,  à  leur 
marge  apicale,  d'une  bordure  étroite,  mais  bien  dessinée, 
de  pubescence  blanche.  Long.  7-12  mill.  —  Queensland, 
Australie  occidentale 7  morosa  Westwood. 

—  Abdomen  beaucoup  plus  éparsement  cilié  de  poils  blan- 
châtres au  bord  apical  des  premier,  cinquième  et  sixième 
segments.  Long.   12  mill.  —  Queensland.    .    .     egena  André. 

27.  Premier  et  second  segments  de  l'abdomen  ornés,  à  leur 
marge  apicale,  d'une  bordure  étroite,  mais  nettement  des- 
sinée, de  pubescence  blanche.  Long.  7-12  mill.  —  Queens- 
land.   ...     7.  MOROSA  Westw.,  var.  albocalcarata  nov.  var. 

—  Premier  segment  abdominal  sans  bordure  nettement 
dessinée  de  pubescence  blanche  à  son  bord  apical.   ...     28 

28.  Abdomen  subpétiolé,  sou  premier  segment  nodiforme, 
sensiblement  contracté  à  son  articulation  postérieure.   .    .     29 

—  Abdomen  sessile  ou  subsessile,  premier  segment  non 
nodiforme  ni  contracté  en  arrière 30 

29.  Premier  segment  de  l'abdomen  nettement  et  assez  lon- 
guement pétiole  en  avant;  bord  postérieur  du  pronotum 
échancré  en  arc  ou  à  peine  anguleux;  bord  apical  des 
second  et  troisième  segments  de  l'abdomen  assez  densé- 
ment  cilié  de  poils  blanchâtres.  Long.  10  mill.  —  Queens- 
land     MISERA  André. 

—  Premier  segment  de  l'abdomen  non  ou  à  peine  pétiole 
en  avant;  bord  postérieur  du  pronotum  échancré  à  angle 
vif  ;  bord  apical  de  tous  les  segments  abdominaux  très 
éparsement  cilié  de  poils  blancs.  Long.  6-8  mill.  — 
Queensland 35.  minuscula  André. 

30.  Pronotum  et  mesonotum  densément  ponctués-réticules  ; 
second  et  troisième  segments  de  l'abdomen  densément  ciliés 
de  poils  blancs  à  leur  bord  apical,  les  suivants  éparsement 
ciliés  de  poils  blancs  et  de  poils  noirs  mélangés.  Long.  7-11 
mill.—  Queensland.  34.  SENiLisnov.sp.,var.  transienshov.  var. 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  20 


:\{M\  K.    ANMHK 

—  l'iunuluiM  el  iiiesoiioluiii  luisants,  liés  cpai-SL'iniMil  ponc- 
tués ;  abdomen  avec  le  bord  apical  de  ses  segments  à  peine 
cilié  de  quelques  poils  blancs. Long.  5,5-5  mill.  —  Queens- 
land 36.   exigua  nov.  sp. 


Aux  espèces  comprises  dans  le  tableau  précédent  il  faut  ajouter 
les  suivantes  qui  ne  me  sont  pas  connues  en  nature  et  dont  je  donne 
le  catalogue  par  ordre  alphabétique  : 

ACicuLATA  Kohi,  Vcrh.  zool.  bot.  Ges.  Wien,  XXXII,  1882,  p.  477, 
9.  —  Australie. 

AFFiNis  Weswood,  Arcana  ent.  II,  1843,  p.  18,  9.  —  Australie. 

ALBOLiNEATA  Suiilh,  Dcscr.  Dew  spec.  Hym.  Coll.  Brit  Mus.,  1879, 
p.  205,  9.  —  Champion  Bay. 

APicALis  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  23,  cf.  —  Nou- 
velle-Galles du  Sud. 

AUROPiLOSA  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.,  1879, 
p.  204,  9  —  Champion  Bay. 

BiPARTiTA  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.,  1879, 
p.  205,  9.  —  Chatnpion  Bay. 

BLANDA  Erichson,  Arch.  Naturg.  VIII,  1842,  p.  262,  9.  —Tas- 
manie. 

CARBONARiA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  111,  1855,  p.  30,  cT.  — 
Tasmanie. 

coNCiNNA  Wesvi^ood,  Arcana  ent.  n,  1843,  p.  19,  Ç,  —  Tasmanie. 

coRDATA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  28,  9.  — 
Australie. 

DEPRKSSA  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.  1879, 
p.  203  9.  —Champion  Bay. 

DisTiNGUENDA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  25,  9  — 
Australie  occidentale. 

Elderi Froggat,  Trans.  Roy.  Soc.  South  Austral.  XVI,  1893,  p.  70. 
Australie. 

FORMiCARiA(l)Fabricius,  Syst.  entom.  1775, p.397,  9-— Australie. 

(1)  Il  est  singulier  que  cette  espèce,  encore  litigieuse,  mais  cinq  fois  décrite  par 
Fabricius  dans  la  série  de  ses  ouvrages,  puis  par  Olivier  dans  l'Encyclopédie 
méthodique,  ait  été  complètement  passée  sous  silence  par  le  D'  von  Délia  Torre 
dans  son  grand  Catalogue  universel  des  Hyménoptères.  Il  ne  semble  pas  moins 
étonnant  que  cette  même  espèce  exclusivement  australienne,  décrite  et  figurée  par 
Westvvood  dans  les  Arcana  enLoiiiologica,  nil  élé.  dans  le  susdit  Catalogue,  réunie 


CONTRIBUTION  A  LA  CONNAISSANCE  DES  MUTILLIDES  DE  l'aUSTRALIE     307 

iNSTABiLis  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  27,  9. — 
Australie. 

jucuNDA  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym,  Coll.  Brit.  Mus.  1879, 
p.  203,  9.  —  Adélaïde. 

LAGiNiA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  lil,  1855,  p.  25,  d^.  —  Aus- 
tralie. 

LATERALis  Westwood,  Arcana,  eut.  II,  1843,  p.  18,  9  •  —  Tasraanie. 

LUTARiA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  25,  9.  —  Aus- 
tralie. 

MACULATA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  28,  9.  —  Aus- 
tralie. 

MODESTA  Smith^  Cat.  Hyui.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  29,  9.  —  Aus- 
tralie. 

NEPHELOPTERA  Kohl,  Vedi.  zool.  bot.  Ges.  Wien,  XXXII,  1882, 
p.  485  cf.  —  Australie. 

NiGROAENEA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  24,  9.— Aus- 
tralie. 

xiTiDissiMA  Dalla  Torre,  Catal.  Hym.  hucusque  descr.  VIII,  1897, 
p.  6(),  9  (=  nitida  Sinith.  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus. 
1879,  p.  205,  9  [nec  Cresson]). —  Champion  Bay. 

NOTABiLis  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.  1879, 
p.  204,  9.  —  Tasmanie. 

PACiFicATRix  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.  1879, 
p.  204,  9.—  Champion  Bay. 

PALLiDicoRNis  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.,  1879, 
p.  202,  9.  —  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

PERPLEXA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  26,  9.  -  Aus- 
tralie. 

QUADRATA  Smith,  Cat.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  1855,  p.  29,  9.  —  Aus- 
tralie. 

QUADRiGEPs  Smith,  Descr.  new  spec.  Hym.  Coll.  Brit.  Mus.,  1879, 
p.  206,  9.  —Adélaïde. 

comme  synonyme  à  la  Methoca  ichnewmonides  Latr.  d'Europe,  avec  laquelle  elle 
n'a  pas  la  plus  légère  analogie. 

Loin  de  moi  la  pensée  de  vouloir  diminuer  en  rien,  par  cette  critique  de  détail,  le 
mérite  du  colossal  et  consciencieux  ouvrage  de  M.  le  D'  von  Délia  Torre,  qui  a  droit 
à  la  juste  reconnaissance  de  tous  les  Hyménoptérologistes  pour  les  services  que 
leur  rend  j  jurnellemeut  son  grand  Catalogue,  mais  il  est  bon,  je  crois,  de  signaler 
à  l'occasion  les  lacunes  ou  les  erreurs  dont  l'œuvre  la  plus  parfaite  ne  peut  jamais 
être  exemple,  surtout  quand  elle  embrasse  un  sujet  aussi  vaste  et  encore  aussi  peu 
connu. 


.108  K.    ANDHK.    —    Miril.l.lDKS    1)1.    l'aISTKAIJE 

HoiJLSTA  Smilli,  Cal.  llyiii.  IJrit.  .Mus.  lll,  185.»,  p.  24,  cf.  —  Ans 
Iralie. 

lUBKi.LA  Siiiilh,  Cal.  Hym.  Hril.  Mus.  III,  IS;).";.  |».  20,  9.  —  Ans- 
Iralie. 

SCABROSA  Sinilh,  I)es(;r.  uew  spcc    ilym.  Coll.  Hril.  Mus.,  IS71), 
p.  202,  9-  —  Auslralie  occidentale. 

scRUTATA  Smilli,  Descr.  uew  spec.   Hym.  Coll.  Hrit.  Mus.,  1870, 
p.  206,  9.  —  Melbourne. 

SOLUTA  Ericlison,  Arch.  Naturg.  VIH,  1841,  p.  201,  9. —  Tasmanie. 

STRiGOSA  Smilli,  Cal.  Hym.  Hril.  Mus.  IH,  IS.kI,  p.  27,  9-  —  Aus- 
lralie. 

VENUSTA  Smilli,  (^at.  Hym.  Mril.  Mus.  III,  1855,  p.  26,  9.  —  Aus- 
lralie. 

viRiDATis  Smith,  Cal.  Hym.  Brit.  Mus.  III,  18oa.  p.  2o,  d^.  —  Aus- 
lralie. 


309 


NOTE  SUR  QUELQUES  ESPÈCES  DU  GENRE  ALPHEUS  Fabr., 

APPARTENANT  A  LA  SECTION 

DONT  L'ALPHEUS  ED  W A  RDS  I  Aud..  EST  LE  REPRÉSENTANT, 


LE  D^  J.-G.   DE  MAN, 

à  lerseke  (Hollande). 

(Planche  IV). 

VAlpheus  Edwardsi  Aud.  est  le  représentant  d'une  section  de  ce 
genre  qui  est  caractérisée  parles  voûtes  orbitaires  ayant  leur  bord 
antérieur  arrondi  et  sans  épine,  par  la  grosse  main  présentant  une 
échancrure  aussi  bini  sur  le  bord  supérieur  que  sur  le  bord  inférieur 
de  la  paume  et  par  les  méropodites  des  pattes  de  la  troisième  et  de  la 
quatrième  paire  n'étant  pas  armés  en  dessous  d'une  épine  préapicale. 
Dans  mon  travail  sur  les  Crustacés  recueillis  par  M.  Brock  deu.x 
espèces  indopacifiques  seules  ont  été  indiquées  comme  appartenant 
à  cette  section,  savoir  VAlpheus  Edwardsi  Aud.  et  VA.  japonicus 
Miers  (  I  ).  Depuis  ce  temps-là  deux  espèces  nouvelles  ont  été  décrites 
par  Orlmann,  une  par  Coulière  et  deux  par  moi-môme,  qui  toutes 
appartiennent  à  cette  section,  c'est-à-dire  VA.  mncrodactylus  Ortm., 
r.4.  dolichodactylus  Ortm.,  VA.  hoplocheles  Coût.,  VA.  Euphrosyne 
de  M.  et  VA.  microrliynchus  de  M.,  tandis  que  M.  Coutière  vient  de 
démontrer  en  outre  que  l'.4.  lobidens  de  H.  et  r.4.  strcnuus  Dana 
sout  de  bonnes  espèces  différentes  de  1*4.  Edwardsi  Aud.  (2).  VA. 
gracilidigiius  Miers,  (|ui  provient  des  îles  Fiji,  de  l'île  Totoya  et  des 
îles  Sandwich,  paraît  appartenir  également  à  cette  section;  malheu- 
reusement Miers  ne  caractérise  cette  espèce  qu'en  quelques  mots,  de 
sorte  quesadiaguose  est  insuffisante,  mais  malgré  cela  il  me  paraît 
prob;ible  que  VA.  gracilidigitus  est  ideutique  avec  r.4.  dolichodac- 
tylus Ortmaun  (3). 

Une  question  reste  douteuse,  à  savoir  si  VA.  Lineifer  Miers  des 
îles  Samoa  appartient  à  cette  section,  parce  que  l'auteur  anglais 

(1)  Miers,  Àrchiv  fiir  Naturgesckichte,  Jahrg.  53,  1888,  p.  498. 

(2)  Coutière,  Noies  froin  tlie  Leyden  Muséum,  XIX,  1897,  p.  199. 

Çi)  Voir  de  Man,  dans:  M.ix  VVehrr,  Zoolog.  Ergebnisse  eiiier  Reise  in  Niederl. 
Ost-lndien,  2,  1892,  p.  40(5,  PI.  XXV,  lig.  32  (pelile  main  du  mâle). 


310  j.-o,  m,  MAN 

jirésmne  querelle  espèce  ne  sernit  en  r<'';ililé  (|iriiii  iiidividti  jeune 
(le  l'A.  parnrostris  Dau;i,  chez  lequel  les  in«''n)|K)(liles  des  pâlies  de 
la  troisième  et  de  la  «luatrième  paire  sonl  armés  d'une  épine  (1). 

Une  nouvelle  étude  des  espèces  de  celle  section  (jui  ont  été 
décrites  \y,\\  de  llaan.  Dana  et  lleller,  me  fait  dcjuter  maintenant  si 
l'on  a  le  droit  de  les  regarder  tontes  comme  des  synonymes  de  l'A. 
Ed ir ardsi  Aud.,  comme  l'a  fait  Miers  dans  l'ouvrage  cité  (p.  28i), 
opinion  partagée  j)lus  tard  par  d'autres  auteurs  et  par  moi-même. 

11  est  à  présent  hors  de  doute  que  chez  qu(!l(|ues  espèces  de  cette 
section  le  âoiqt  mobile  de  la  petite  nidin  présente  une  autre  forme  chez 
le  inàle  et  chez  la  feitielle.  Savigny  déjà  pai-ait  avoir  observé  cette 
différence  sexuelle  :  en  effet  la  figure  /"de  sa  planche  10  représente 
la  petite  pince  du  nulle  de  l'espèce  figurée  par  lui.  En  186y,  Heller 
indique  ce  caractère  dans  la  description  de  son  A.  crassimanus  des 
îles  Nicobares,  en  1881  je  le  soupçonnais  moi-même  pour  l'A. 
Kduardsi  (2),  et  enfin  en  1884  Miers  le  décrit  positivement  pour 
cette  espèce  (3).  Chez  le  mâle  de  ces  Alphées  on  observe  de  chaque 
côté  du  doigt  une  arête  oblique  garnie  de  poils  serrés,  dirigés  en 
bas  ;  les  deux  arêtes  se  rencontrent  sur  le  bord  supérieur  du  pouce, 
à  quelque  distance  de  l'extrémité,  et  constituent  une  pièce  lancéolée 
ou  ovalaire,  qui  couvre  la  plus  grande  partie  du  doigt.  Ces  espèces 
sont  VA.  Edwardai  Aud.,  l'A.  lohidens  de  H.,  1'^.  Euphrosyne  de  M. 
et  VA.  microrhynchus  de  M.  Chez  VA.  macrodnctylus  Ortm.,  espèce 
observée  à  Sydney  et  à  Hué,  le  doigt  mobile  de  la  petite  pince 
n'offre  pas  cette  différence  sexuelle,  le  doigt  a  la  même  forme  chez 
le  mâle  et  chez  la  femelle  et  il  est  dépourvu  des  deux  arêtes  piiifères  : 
chez  1'^.  strenuus  Dana  au  contraire  la  petite  pince  a  également  la 
même  forme  chez  les  deux  sexes,  mais  ici  les  deux  arêtes  piiifères 
garnissent  le  doigt  mobile  tant  du  mâle  que  de  la  femelle  (4).  Pour 
les  autres  espèces,  il  n'y  a  rien  de  certain. 

Quant  à  VA.  bis-iîicisusôe  Haan,  je  veux  remarquer  que  le  rostre, 
d'après  l'auteur  de  la  «  Fauna  Japonica  »,  serait  aplati  en  dessus 
(rostrum  acutum  planum,  trigonum,  basi  oculos  tangens),  ce  que  l'on 
n'observe  pas  chez  l'.l.  Edwardsi  Audouin.  Le  doigt  mobile  de  la 
grosse  pince  paraît  avoir  eu  outre  une  forme  différente.  Je  consi- 

(1)  Miers,  Report  on  the  Zoological  Collections  made  in  llie  Indo  Pacific  Océan 
during  tfte  Voyage  of  H.  M.  S.  «  Alert  »,  London,  1884,  p.  287. 

(2)  De  Man,  Noies  from  Uie  Leyden  Muséum,  1881,  p.  106. 

(3)  Miers,  /.  c,  p.  285. 

(4)  COUTIÉRE,    /.    C,    p.    199. 


NOTE    SUR   QUELQUES    ESPÈCES    DU    GENRE    ALPHFJS   FABR.  311 

dère  VA.  minor  de  Haan  comme  une  espèce  différente  de  VA. 
Edicardsi  Audouin  (1). 

Va.  lerUiscidas  Dana  de  l'île  de  Wakes,  située  dans  la  mer 
Pacifique  septentrionale,  est,  à  ce  qu'il  me  semble,  une  autre 
espèce  que  celle  figurée  par  Savigny.  La  grande  main  et  en  parti- 
culier le  pouce,  ont  une  autre  forme,  le  rostre  est  plus  court  et  les 
antennes  internes  paraissent  un  peu  plus  larges  en  proportion  de 
leur  longueur. 

Va.  paci/icus  Dana  des  îles  Sandwich  diffère  sans  doute  égale- 
ment. Le  rostre  est  plus  court,  les  pédoncules  des  antennes  externes 
dépassent  les  scaphocérites  ;  le  deuxième  article  des  antennes 
internes  est  plus  long  par  rapport  au  premier  et  les  doigts  de  la 
grande  main  ont  une  forme  différente,  de  même  que  la  petite 
pince. 

VA.  crassiinanus  Heller  (1865)  des  îles  Nicobares  doit  être  consi- 
déré probablement  comme  une  variété  de  VA.  Edwardsi  Audouin, 
quoique  la  forme  du  rostre  semble  différer  légèrement  (2).  La  por- 
tion interoculaire  du  rostre  paraît  plus  comprimée,  mais  j'ai  indiqué 
déjà  (3)  que  le  rostre  est  plus  distinctement  caréné  chez  les  vieux 
individus  que  chez  les  jeunes. 

Quoique  je  ne  désire  pas  parler  maintenant  des  espèces  améri- 
caines de  cette  section,  je  veux  seulement  ajouter  que  l'espèce  qui 
habite  les  côtes  des  îles  du  Cap-Vert  et  que  Dana  et  Spence  Bâte 
ont  décrite  et  figurée  sous  le  nom  d'.4.  Edicardsi,  est,  selon  moi, 
différente  de  celle  qui  a  été  figurée  par  Savigny.  La  grande  main  a 
une  forme  un  peu  différente,  les  doigts  sont  notablement  plus  courts, 
seulement  moitié  aussi  longs  que  la  portion  palmaire  et  la  forme  de 
la  petite  pince  est  également  différente  (4). 

A  ce  qu'il  me  semble,  celte  section  du  genre  comprend  par  consé- 
quent les  espèces  suivantes  de  la  Région  indopacifique  : 

1°  Alpheus  Edwardsi  Audouin. 

2°        ))       lohidens  de  Haan.  —  Japon,  océan  Pacifique,  océan 

Indien,  mer  Rouge. 
3®        »       strenuus  Dana.  —  Région  indopacifique. 
4°        »       minor  de  Haan  (=  Haanii  Ortm.).  —  Japon. 

(1)  De  Man,  Zoolng.    Jahrbucher  von   Spcngel,  Ablh.  fur    System.,    IX,  1897, 
p.  751,  pi.  XXXVI,  fig.  Uf). 
(•1)  De  Man,  The  Journal  of  the  Linnean  Soc.  of  London,  XXIF,  1888,  p.  267. 

(3)  Id.,  l.  c,  p.  268. 

(4)  Dana,  p.  542,  pi.  XXXIV,  fig.  2.  —  Spenck  Bâte,  Report  on  the  Macrura  of 
the  Challenger  Expédition,  1888,  p.  542,  pi.  XCVII,  fig.  1. 


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3i2  J-fî-    HK    MAN 

;»"  Alplieiis  pacilicus  Dana.  —  Iles  Saiidwii'li. 

Il"         ))       jiiponicHS  Miers  {=  tungimanus  Sp.  M.).  —  .lapou. 

(/rarili(litjilns  MitM-s.  —  lies  Fiji,  îles  Sandwich. 

macrudacti/lus  Urtiuann.  —  Sydney,  Hué. 

microrhynclius  de  Man.  —  Ponlianak,  Banjjjkok. 

Eiiphrostjni'  de  Man.  —  .Mer  de  Java,  liaugkok. 

Les  deux  espèces  suivantes  sont  encore  douteuses  : 

Alpheus  bis-incisuf!  de  Haan.  —  Japon. 

»       b'i'iuscitlus  Dana.  —  Iles  de  Wakes. 

L' Alpheus  (loHchodactiflus  Ortmann  du  Japon  est  petil-AIre  iden- 
tique avec  r.l.  gracilidigitus  el  VA.  liiieifcr  Miers  a|)partient  peut- 
être  à  la  section  de  VA.  parvirostris  Dana. 

Il  en  résulte  qu'une  revision  des  espèces  de  cette  section  est 
désirable,  mais  dans  ce  cas  une  étude  des  exemplaires  typiques 
existant  encore  et  d'un  grand  nombre  d'individus  provenant  de 
parties  différentes  de  la  Région  indopacifique  me  semble  absolu- 
ment nécessaire.  J'espère  bient(M  donner  une  description  nouvelle 
de  VA.  lohidens  de  Haan  et  de  VA.  strenuns  Dana. 

Alpheus  Edwardsi  Audouiu. 
(Planche  IV,  fig.  1). 

Alpheus  Edwardsi  Audouin  {E.rplic.  sommaire  des  planches  de  Crus- 
tacés de  l'Egypte  et  de  la  Syrie,  publiées  par  J.  C.  Savigny,  p.  274, 
pl.  X,  fig.  1). 

Alpheus  Edwardsi  de  Man  (\otes  from  the  Leyden  Muséum,  III, 
1881 ,  p.  105.  —  The  Journal  ofthe  Linnean  Society  of  l.ondon,  Zoology, 
t.  XXII.  Loudon,  1888,  p.  266.  —  Archiv  fiir  Naturgeschichte,Ji\hrg. 
53.  Berlin,  1888,  p.  516.  —  ZoologischeJahrhilcher  von  Spengel,  Abth. 
fur  System.  T.  IX.  Jena,  1897,  p.  745,  pl.  36,  fig.  64,  e). 

Alpheus  Edwardsi  Miers  {Report  on  the  Zoological  Collections  made 
in  the  Indo-Pacific  Océan  during  the  Voyage  of  H.  M.  S.  Alert,  Lon- 
don,  1884,  p.  284). 

Il  résulte  suffisamment  de  ce  que  j'ai  dit  ci  dessus,  qu'une  descrip- 
tion nouvelle  de  V Alpheus  Edwardsi  n'est  pas  superflue,  c'est 
pourquoi  je  vais  l'écrire  d'après  quelques  individus  de  ma  propre 
collection;  ces  individus  proviennent  des  îles  Mergui  et  faisaient 
partie  de  la  collection  décrite  par  moi  en  1888.  Ces  quatre  exem- 
plaires sont  d'abord  un  mâle  mesurant  33'"i"  de  l'extrémité  du 
rostre  jusqu'au  bout  du  telson,  une  femelle  portant  des  œufs  et 
longue  de  37™™,  un  mâle  de  23™™  et  une  femelle  longue  de  25™™. 


NOTE   SUR    QUELQUES    ESPÈCES    DU   GENRE    ALPIIEUS   FARR.  313 

Cette  espèce  atteint  cependant  une  taille  plus  considérable  :  en  effet 
j'ai  fait  connaître,  dans  deux  mémoires  indiqués  ci-dessus,  un 
exemplaire  recueilli  aux  îles  Mergui  et  qui  mesurait  38™"»  et  un 
autre  provenant  d'Atjeh,  long  de  GS""™,  j^es  individus  figurés  par 
Savigny  étaient  de  taille  moyenne,  ce  qui  résulte  de  la  fig.  1,  1'  ; 
des  individus  mesuraut  60  65™™  sont  évidemment  rares. 

L'Alpheus  Eduardsi  appartient  à  ces  espèces  chez  lesquelles  le 
doigt  mobile  de  la  petite  pince  présente  une  autre  forme  chez  le 
mâle  et  chez  la  femelle;  celui  du  mâle  ressemble  pour  cette  raison 
kVAlpheus  strenuus  î)?iiVc\,  mais  la  petite  pince  paraît  un  peu  plus 
haute  chez  l'espèce  décrite  par  le  savant  américain. 

Dans  le  dernier  de  mes  mémoires  cités  (1),  la  figure  64  p  de  la 
Planche  XXXVI  a  été  empruntée  à  la  femelle  longue  de  37™™.  Le 
rostre  pointu  dépasse  un  peu  le  milieu  du  i^'"  article  des  anteuues 
internes  et  se  continue  en  forme  de  crête  obtuse  jusqu'en  arrière 
des  yeux,  s'élargissant  légèrement.  La  portion  interoculaire  est 
séparée  par  des  sillons  assez  profonds  des  voûtes  orbitaires.  Chez 
les  trois  autres  individus  la  portion  interoculaire  du  rostre  est 
moins  distinctement  carénée,  plus  arrondie  ;  j'ai  déjà  démontré 
auparavant  que  cela  dépend  de  l'âge  (2).  Les  voûtes  orbitaires  qui 
sont  arrondies  et  inermes,  dépassent  notablement  les  parties  laté- 
rales du  bord  antérieur  de  la  carapace,  plus  que  chez  VA.  micro- 
rhynclms,  et  leurs  bords  latéraux  sont  à  peu  près  parallèles. 

Le  telson  de  la  femelle  longue  de  37™™  est  presque  deux  fois 
aussi  long  que  large  à  la  base  ;  la  surface  est  transversalement 
arrondie  et  lisse.  Les  deux  spinules  antérieurs  sont  placés  un  peu 
en  avant  du  milieu  et  les  spinules  postérieurs  sont  un  peu  plus 
rapprochés  que  les  premiers.  Le  telson  des  jeunes  individus  est  un 
peu  plus  court  en  proportion  de  sa  largeur.  L'article  basilaire  des 
uropodes  est  armé  en  dessus  de  deux  épines  pointues,  dirigées  en 
arrière. 

Le  2™e  article  des  antennes  internes  est,  chez  tous  les  individus, 
d'un  tiers  plus  long  que  le  premier,  tandis  que  le  3™^  article  est 
moitié  aussi  long  que  le  second.  Chez  l'.l.  strenuus  Dana,  le  2™^ 
article  est  deux  fois  aussi  long  ([ue  le  premier  (3).  L'épine  basilaire 
atteint  l'extrémité  du  l^^'  article.  L'article  basilaire  des  antennes 
externes  est  armé  d'une  très  petite  épine,  longue  de  1/4  ou  1/3™™  : 
elle  est  placée  sur  le  bord  antérieur  de  la  face  inférieure,  et  n'est  pas 

(1)  De  Man,  Zoologische  .Jalirhiicher. 

(2)  De  Man,  The  Journal  ofthe  Linnean  Soc,  XXII,  '1888,  p.  268. 

(3)  Dana,  pi.  XXXIV,  tlg.  4a. 


314  .1.   (1.     hK    MAN 

visilili'  (I  Vil  haiil.  Che/.  la  femelle  loiii^ue  de  .'{7""",  le  pédcmeiiie  est 
aussi  ioiii;  que  celui  des  auleiines  internes, chez  les  aulres  individus 
il  le  (h'passe  léijft'reinenl.  Le  Ixtrd  externe  des  seaplioeérilxis  est 
concave  au  milieu  et  se  lennine  par  une  épine  pointue  (/ut  dépasse 
leur  l'.iiirmité.  La  largeur  des  scaphocériles  à  leur  base  ne  mesure 
que  deux  cin(|iiiômes  on  nn  tiers  de  leur  lon;;uenr;  ils  se  rétré- 
cissent assez  fortement  V(^rs  leur  extiémité.  de  façon  que  ces 
appendices  présentent  une  autre  forme  <|ue  chez  VA.  Eiiphrosyrie, 
\'A.  wicrorinfnchus  et  l'.l.  macrodactijlus. 

Chez  la  femelle  de  .'17'"™,  les  ()attesniàchoires  externes  s'étendent 
jusqu'au  milieu  du  .*{i">^  article  des  antennes  internes,  chez  les 
auti-es  exemplaires  elles  dépassent  légèrement  le  bout  de  leur 
pédoncule. 

La  grosse  patte  se  trouve  tantôt  au  coté  droit,  tantôt  gauche. 
Le  bord  interne  du  bras  porte  iine  petite  épine  a  pi  cale  ;  le  bras 
de  l'autre  patte  est  éijalentent  armé  d'une  petite  épine  près  de 
l'extrémité  de  son  bord  interne,  mais  celle-ci  est  plus  petite  et 
parfois  même  rudimentaire.  Le  bord  supérieur  aigu  est  inerme  au 
bout.  La  grande  main  est  moitié  aussi  longue  que  le  corps  et  a  la 
même  forme  chez  le  mâle  et  chez  la  femelle  (Fig.  1).  La  largeur  de 
la  main,  c'est-à-dire  de  la  paume,  n'est  que  peu  plus  grande  qu'un 
tiers  de  sa  longueur;  ainsi  la  grande  main  du  mâle  de  33"i"i  est  longue 
de  IH'"""  et  large  de  6^^3/4  ;  celle  de  la  femelle  de  37nim^  longue 
de  17'nm  et  large  de  6m"'l/2;  la  grande  main  du  jeune  individu 
mâle  est  longue  de  IS™"»  et  large  de  5"™,  tandis  qu'elle  est  large 
de  4'»"n3/4  et  longue  de  i^mmi/^  chez  la  jeune  femelle.  La  grande 
main  de  l'A.  strennus  (1)  paraît  un  peu  plus  courte  par  rapport 
à  sa  largeur.  Chez  le  mâle  long  de  33™"^,  les  doigts  mesurent 
deux  cinquièmes  de  la  longueur  de  la  pince,  de  même  que  chez  la 
jeune  femelle;  chez  la  femelle  longue  de  31^^,  les  doigts  ne  sont 
guère  plus  courts  que  la  paume,  la  proportion  étant  la  même  que 
sur  la  ligure  de  Savigny  (lig.  1).  Le  bord  supérieur  de  la  paume 
est  arrondi  et  présente  une  échaucriire  près  de  l'articulation  du 
doigt  mobile  ;  il  se  termine,  au-dessus  de  cette  échancrure,  en 
forme  de  dent  plus  ou  moins  aiguë.  On  observe  au  bord  inférieur 
une  incision  plus  ou  moins  triangulaire  et  le  bord  se  termine,  en 
arrière  de  cette  incision,  aussi  par  une  dent  plus  ou  moins  aiguë. 
L'échancrure  du  bord  supérieur  conduit,  tant  sur  la  face  externe 
que  sur  la  face  interne  de  la  maiu,  dans  une  cavité  peu  profonde; 
celle  de  la  face  externe  est  quadrangulaire  et  occupe  à  peu  près  le 

(1)  Dana,  pi.  XXXIV,  fig.  i  b. 


NOTE   SUR   QUELQUES    ESPÈCES    DU   GENRE    ALI'HFMS  FABR.  315 

tiers  supérieur  de  la  portion  palmaire,  étant  bordée  en  arrière  par 
la  ligne  ovalaire.  La  cavité  interne  est  de  forme  plus  triangulaire  et 
s'étend  moins  loin  en  bas.  On  nobserve  pas,  sur  la  face  interne 
de  la  paume,  la  crête  transversale,  du  reste  peu  marquée,  qui 
existe  chez  r^.  Euphrosyne  et  VA.  microrhynchm.  La  face  interne 
de  l'index,  qui  est  un  peu  plus  court  que  le  doigt  mobile,  paraît 
légèrement  convexe.  Le  bord  externe  fortement  courbé  du  pouce 
est  caréné  et  les  doigts  sont  un  peu  poilus  ;  ils  sont  ensemble  moins 
hauts  que  la  paume.  La  main  est  lisse  aussi  bien  sur  sa  face 
externe  qu'interne,  ce  n'est  que  sur  la  face  interne  du  doigt 
mobile  que  l'on  observe  parfois  quelques  petites  rugosités  près  du 
bord  supérieur.  Ou  voit  par-ci  par-là  quelques  ponctuations,  dans 
lesquelles  les  poils  sont  implantés. 

La  petite  main  du  mâle  (lig.  1  a,  1  h)  est  un  peu  plus  courte  que 
la  grande,  chez  l'exemplaire  long  de  33^™  elle  mesure  les  deux 
tiers,  La  lanjear  {hauteur)  de  la  portion  palmaire  ne  mesure  à  peu 
près  qu'un  cinquième  de  la  longueur  de  la  pince,  de  façon  que 
celle-ci  paraît  assez  grêle.  Chez  VA.  strenuus  Dana  (1)  la  hau- 
teur est  au  moins  un  quart  de  la  longueur.  La  portion  palmaire 
est  environ  aussi  longue  que  les  doigts  qui  sont  en  contact  sur 
toute  leur  longueur  ;  chez  le  mâle  de  33™™  comme  sur  la  ligure  de 
Saviguy,  les  doigts  sont  un  peu  plus  courts,  chez  le  jeune  mâle,  au 
contraire,  un  peu  plus  longs  que  la  paume.  Ordinairement,  la  por- 
tion palmaire  ne  présente  d'échancrure  ni  sur  le  bord  supérieur, 
ni  sur  le  bord  inférieur,  parfois  cependant  on  en  observe  une  sur 
les  deux  bords  et  un  tel  exemplaire  parait  avoir  été  décrit  et  figuré 
par  Heller  sous  le  nom  d'.L  crassimunus  ;  on  observe  cependant 
toutes  les  transitions  entre  cette  forme  et  le  type,  ainsi  nous  n'avons 
affaire  qu'à  une  variété.  La  ligne  ovalaire  sur  la  partie  proximale 
de  la  paume  est  bien  distincte.  La  portion  palmaire,  qui  est  à  peu 
près  cylindrique,  étant  presqu'aussi  épaisse  que  haute,  est  lisse 
partout.  Parfois  il  existe  une  trace  peu  marquée  de  la  cavité 
quadraugulaire  que  l'on  voit  sur  la  face  externe  de  la  grande  main 
au-dessous  de  l'échancrure  de  son  bord  supérieur.  Le  doigt  mobile 
porte  à  chaque  côté  u)te  arête  oblique  s'étendant  de  l'articulation 
vers  le  bord  supérieur;  les  deux  arêtes  qui  sont  garnies  de  poils 
dirigés  en  bas,  constituent  ensemble  une  pièce  de  forme  triangu- 
laire allongée,  plus  ou  moins  lancéolée,  qui  s'étend  au-dessus  de 
deux  tiers  du  doigt  et  qui  est  à  peu  près  trois  fois  aussi  lougue  que 
large  (Fig.  1  b).  La  surface  lisse  en  est  carénée,  la  crête  obtuse 

(1)  Dana,  pi.  XXXIV,  fig.  4  c. 


316  .1.  o.  m;  man 

élJinl  le  hord  sii|iéiieur  du  doi^t  ;  la  partie  externe  de  lu  surface  est 
deux  fois  aussi  larj^e  (|iie  la  partie  interne,  parce  que  le  bord  supé- 
rieur du  doigt  S(>  dirijîe  vers  l'angle  interne  de  l'articulation.  Les 
bords  de  la  face  préhensile  du  doigt  immobile  sont  garnis  de  poils 
et  les  extrémités  courbées  des  doigts  se  croisent.  Quel([ues  poils 
longs  el  fins  sont  distribués  sur  la  face  interne  de  la  pince  et  sur  le 
bord  supérieui-  du  pouce. 

La  petite  main  de  la  femelle  (Fig.  \  c)  a  la  même  longueur  que 
celle  du  niàle  en  proportion  de  la  longueur  de  la  grande,  el  comme 
chez  le  mâle,  la  hauteur  de  la  pince  mesure  un  ciiujnièine  de  sa 
longueur.  Les  doigts  (|ui  sont  eu  contact  sur  toute  leur  longueur, 
sont  tantôt  un  peu  plus  courts,  tantôt  un  peu  plus  longs  que  la 
portion  palmaire;  chez  la  femelle  longue  de  37"^'"  la  portion  pal- 
maire mesure  5'"'"3/4  et  les  doigts  ont  une  longueur  de  6'n"»l/2. 
Chez  la  jeune  femelle  doigts  et  paume  ont  la  même  longueur.  La 
paume  est  cylindrique,  étant  presque  aussi  épaisse  que  haute,  et  il 
n'existe  d'incision  ni  sur  le  bord  supérieur  ni  sur  le  bord  inférieur; 
elle  paraît  tout-à-fait  lisse  et  Ton  ne  voit  que  de  rares  poils  sur  la 
pince. 

Chez  les  individus  typiques,  le  2™*  article  du  carpopodite  des 
pattes  de  la  seconde  paire  est  moitié  aussi  long  que  le  l^r  ou  guère 
plus  long,  à  peu  près  deux  fois  aussi  long  (|ue  le  S™*-'  ou  i^^  article 
et  une  fois  et  demie  aussi  long  que  le  5™«.  La  main  est  presque  deux 
fois  aussi  longue  que  le  dernier  article  du  carpopodite  et  la  portion 
palmaire,  qui  est  plus  courte  que  les  doigts,  est  un  peu  plus  courte 
que  le  5^^  article  du  carpopodite,  justement  comme  l'a  figuré 
Savigny.  Une  variété  que  l'on  voit  (|uelquefois,  se  caractérise 
par  le  S""®  article  du  carpopodite  ayant  presque  la  même  longueur 
que  le  l«^r  (1). 

Les  méropodites  des  pattes  de  la  3'"«  el  4'"«  paire  ne  sont  pas 
armés  d'une  épine  préapicale  au  bout  de  leur  bord  postérieur. 

Les  œufs  sont  petits. 

L'A.  iobidens  de  H.  est  l'espèce  la  plus  voisine  de  l'.l.  Eduanlsi, 
mais  d'après  l'examen  de  la  femelle  d'Amboine  citée  parCoutière(2), 
les  deux  pinces  de  la  première  paire  paraissent  un  pmi  moins  allon- 
gées, à  peu  près  comme  chez  l'.l.  strcnuus  Dana,  et  présentent  quel- 
ques caractères  différents. 

D'après  les  auteurs  cités  à  la  tête  de  cette  description,  les  prin- 
cipales  localités    de    la    distribution    géographique   de   VAlpheus 

(1)  De  M.\N,  The  Journal  of  Ihe  Linnean  Soc.  of  London,   XXII,  1888,  p.  267. 

(2)  COUTIÈKK,  /.  c,  p.   199. 


NOTK    SUR    QUKLQUKS    ESPÈCES    DU    GENRE   ALPHEUS   FABR.  317 

Edwardsi  sont  les  siiivautes  :  mer  Rouge,  océau  Indien  (Zanzibar, 
îles  Seychelles,  îles  Mergui),  archipel  Indien  (mer  de  Java,  Célèbes, 
Amboine,  Florès),  îles  Philippines,  Japon,  océan  Pacifique  (îles 
Sandwich,  Nouvelles-Hébrides,  Tahiti),  côtes  septentrionales  et 
orientales  de  la  Nouvelle  Hollande. 

Alpheus  Euphrosyne  de  Man. 

(Planche  IV,  fig.  2). 

A  Ip  II  eus  Euphrosyne  de  Man  (Zoologische  Jahrbiicher  von  Spengel, 
Abth.  fiir  Systematik,  IX,  1897,  p.  743,  pi.  XXXVI,  fig.  64). 

Un  mâle  de  Bangkok,  appartenant,  comme  les  exemplaires  des 
deux  espèces  suivantes,  décrites  dans  cette  note,  au  Muséum  de 
Paris. 

Cet  exemplaire,  qui  est  de  taille  moyenne,  me  urant  à  peu  près 
34mm  depuis  l'extrémité  du  rostre  jusqu'au  bout  du  telson,  s'accorde 
avec  la  description  originale  faite  d'après  deux  individus  femelles 
de  la  mer  de  Java  ;  ainsi  il  ne  me  reste  à  décrire  que  la  petite  pince. 
Elle  se  trouve  au  côté  droit.  Le  bras  ressemble  à  celui  de  la  petite 
patte  de  la  femelle  et  est  inerme  tant  au  bord  supérieur  qu'au  bord 
interne  de  sa  face  inférieure.  La  main  (fig.  2,  2a),  dont  la  forme 
ressemble  à  celle  de  l'.l.  lohidens  de  Haau  du  Japon,  est  longue  de 
i2™'"l/2  et  mesure  ainsi  à  peu  près  un  tiers  de  la  longueur  du 
corps.  Les  doigts  (7'"™  1/4),  qui  sont  en  contact  dans  leur  longueur 
entière,  sont  presque  une  fois  et  demie  aussi  longs  que  la  portion 
palmaire  (5'"'"I/4).  De  même  que  chez  l'.4.  lobidens  et  chez  d'autres 
espèces  de  cette  section,  une  arête  s'étend,  de  chaque  côté  du  pouce, 
depuis  l'articulation  vers  le  bord  supérieur  ;  ces  deux  arêtes,  qui 
sont  garnies  de  poils  dirigés  en  bas,  constituent  ensemble  une 
pièce  lancéolée  (fig.  2a)  qui  couvre  à  peu  près  trois  cinquièmes  du 
doigt.  Cette  pièce,  qui  est  rétrécie  à  la  base,  paraît  assez  étroite, 
quand  on  la  regarde  d'en  haut,  sa  largeur  ne  mesurant  qu'un  tiers 
de  sa  longueur;  la  face  supérieure  est  lisse.  L'extrémité  pointue  du 
doigt  est  fortement  courbée,  de  même  comme  l'extrémité  du  doigt 
immobile  et  les  pointes  effilées  et  aiguës  des  doigts  se  croisent 
comme  chez  la  femelle.  Les  bords  préhensiles  des  doigts  sont  tran- 
chants et  l'on  voit  de  chaque  côté  les  poils  fins  ordinaires  ;  le  bord 
externe  et  le  bord  interne  de  l'index  sont  garnis  de  poils  depuis 
l'articulation  jusqu'au  milieu.  La  portion  palmaire  est  longue  de 
5™™l/4,  haute  de  2^^4/3  et  épaisse  de  2^^2/3  ;  elle  est  ainsi 
moitié  aussi  haute  que  longue.  Le  bord  supérieur  est  échancré  près  de 
l'articulation  du  pouce  et  le  bord  inférieur  également,  à  peu  près  de 


318  J.   G.    1)K    MAN 

In  inr-iiH'  inaiiièi'c  (|ut'  rhv/.  la  i/rande  |)iiice.  (>uiiiiih^  chez  celle-ci, 
on  voit  tant  sur  lu  face  exlcrue  que  sur  la  face  interne  une  cavité 
peu  iirofoiidc.  triangulaire,  situc^e  au-dessous  de  l'échaiicrure  du 
bord  supérieur  et  eu  ((Uiunuuication  avec  elle;  la  cavité  delà 
face  externe  s'étend,  près  de  l'articulation  des  doij^ls,  juscju'au 
milieu  de  la  main,  mais  l'autre  ne  s'étend  pas  si  loin.  La  face 
interne  de  la  portion  i)almaire  est  finement  <irnnnlée  sur  la  partie 
étranglée  et  cette  line  granulation  s'observe  également  à  la  base 
du  doigt  immobile  tant  au  côté  externe  qu'interne,  mais  pour  le 
reste  la  main  est  lisse.  Ouelques  poils  longs  et  fins  sont  distribués 
sur  la  face  interne  des  doigts  et  de  la  moitié  distale  de  la  paume; 
deux  ou  trois  poils  se  voient  sur  le  bord  supéro-antérieur  du  carpo- 
podite. 

La  grande  pince  est  longue  de  lG"i'",  les  doigts  mesurent  7"""  ;  la 
portion  palmaire  est  longue  de  9f"m^  baute  de  ^'^^[ji  et  épaisse 
de  4'*>™.  (-etle  main  paraît  par  conséquent  un  peu  plus  baute  cq 
proportion  de  sa  longueur  que  chez  la  femelle  adulte  de  la  Mer  de 
Java,  décrite  auparavant. 

Les  articles  du  carpopodite  des  pattes  de  la  seconde  paire  ont  la 
longueur  suivante  :  2™in6,  i^^^l,  0^'^?^,  O'^^SG  et  l^n™,  tandis  que 
la  pince  est  longue  de  2"i"^;  les  doigts  sont  un  peu  plus  longs  que 
la  portion  palmaire. 

La  petite  main  de  VA.  lobidena  de  Haan  (1)  présente  quelque 
ressemblance,  mais  les  doigts  sont  un  peu  plus  courts  que  la 
portion  palmaire  ou,  d'après  de  Haan,  sont  d'égale  longueur 
(manus  minoris  digitus  mobilis  mauus  margini  superiori  aequalis). 
Du  reste  cette  espèce  est  certainement  différente.  Le  rostre,  en 
effet,  se  continue  en  forme  de  crête  obtuse  entre  les  yeux,  séparée 
de  ceux-ci  par  des  espaces  parallèles  et  le  bras  des  deux  pactes 
antérieures  est  armé  d'une  épine  préapicale  à  son  bord  interne. 

Alpheus  microrhynchus  de  Man. 

(Planche  IV,  lig.  .3j. 

Alpheus  sp.  [mkrorhynehus]  de  Man  {Zooloyische  Jahrbiichcr  von 
J. W.  Spengel,  Abth.  fur  System. ,  IX,1897,  p.  752,  pi.  XXXVI,  fig.  65). 

Une  femelle  sans  œufs  provenant  de  Bangkok.  Dans  le  même 
tube  se  trouve  une  patte  antérieure  détachée,  c'est  la  petite  patte 
d'un  mâle. 

Dans  le  travail  cité,  une  espèce  de  ce  genre  a  été  décrite  par  moi 

(1)  Oht.mann,  Zoolu<jUche  Jdlubikher,  V,  181K),  p.  474,  pi.  XXXVI,  (ig.  13. 


NOTE   SUR   QUELQUES    ESPÈCES    DU    GENRE   ALPHEUS   FABR.  319 

d'après  cinq  exemplaires  qui  avaient  été  recueillis  à  Pontianak  et 
dont  deux  étaient  adultes;  ces  exemplaires  avaient  perdu  leurs 
pattes  antérieures,  mais  le  tube  contenait  deux  petites  pinces  d'un 
mâle  et  c'était  dans  l'opinion  que  celles-ci  appartenaient  à  la 
même  espèce,  que  j'ai  proposé  le  nom  de  microrhynchus,  en  cas 
que  cette  espèce  serait  vraiment  nouvelle. 

La  petite  patte  détachée  qui  se  trouve  dans  le  même  tube  est 
égale  à  celle  que  j'ai  décrite  dans  le  mémoire  cité  (1).  La  main  est 
longue  de  17^^1/4,  la  portion  palmaire  est  longue  de  9"!'»  et  haute 
de  3™'n2/3  ;  quoique  cette  pince  soit  ainsi  une  fois  et  demie  aussi 
longue  que  celle  décrite  auparavant,  les  dimensions  présentent 
malgré  cela  les  mêmes  proportions. 

La  femelle  est  adulte  et  mesure  43™°»  depuis  l'extrémité  du  ros- 
tre jusqu'au  bout  du  telson  ;  les  deux  individus  adultes  de  Pon- 
tianak avaient  une  longueur  de  40™™  et  de  38n>m.  Chez  ceux-ci, 
l'article  basilaire  des  antennes  externes  portait  une  très  petite 
épine,  longue  à  peine  de  1/4  de  millim,  sur  le  bord  antérieur  de  sa 
face  inférieure;  chez  la  femelle  de  Bangkok  cette  épine  manque 
complètement,  le  bord  antérieur  étant  arrondi.  Du  reste  cette 
femelle  se  rapporte  tout-à-fait  conformément  à  la  description 
originale. 

Les  deux  pattes  antérieures  sont  présentes,  je  vais  les  décrire, 
parce  qu'elles  faisaient  défaut  chez  les  exemplaires  de  Pontianak. 
La  grosse  patte  se  trouve  au  côté  gauche.  Le  bord  supérieur  du  bras 
est  obtus  et  son  extrémité  est  tronquée,  inerme;  le  bord  interne  est 
également  inerme.  Le  carpopodite,  qui  est  très  petit,  est  arrondi  en 
dessus.  La  main  (fig.  3)  présente  la  forme  et  les  caractères  propres  à 
cette  section  du  genre.  Elle  est  longue  de  23™™l/2,  la  portion 
palmaire  est  longue  de  Vi^^V/i,  haute  de  9™™  et  épaisse  à  peu  près 
de  6™i°.  Il  résulte  de  ces  dimensions  que  la  pince  est  environ  moitié 
aussi  longue  que  le  corps,  qu'elle  est  deux  fois  et  demie  aussi  longue 
que  haute  et  que  la  paume  est  d'un  tiers  plus  longue  que  les  doigts; 
ceux-ci  sont  un  peu  moins  élevés  que  celle-là.  Le  bord  supérieur 
arrondi  présente,  près  de  l'articulation  du  pouce,  une  échancrure 
lisse,  mais  ne  se  termine  pas  au-dessus  de  celle-ci  par  une  dent  ou  épine 
que  l'on  observe  chez  VAlpheus  Edicardsi  Aud.  et  chez  d'autres 
espèces. 

La  cavité  quadrangulaire  sur  la  face  externe  de  la  main  s'étend 
un  peu  plus  loin  que  le  tiers  supérieur  de  la  paume.  Le  bord  infé- 
rieur de  la  pince  présente  au  milieu  une  échancrure  triangulaire, 

(I)  De  Man,  L  c,  fig.  65  a,  65  ft. 


320  J.-<i-     l'K    MAN 

scniblalilc  ;i  ft'llc  inic  Inii  \(»il  clu'/.  1' I  jntafinia  (I).  I.e  hord 
iiift'ilciir  (h'  i;i  icniiiic  est  lioiiquc  t'i  son  cxlréiiiHé  dislah;,  la  face 
l'xleruc  (U'  l'iiulox  a  le  bord  inférieur  arrondi  et  léi^èremeiit  arqué 
el  ce  bord  forme  un  anj^de  aigu  avec  l'exInMiiité  lronqu«'e  tie  la 
portion  palmaire.  La  lij,Mie  ovalain^  est  Itien  ujaniuée.  La  cavité  peu 
profonde  sur  la  face  interne  de  la  main  s'étend  un  [leu  moins 
loin  en  bas  que  l'autre.  On  observe,  à  peu  près  au  milieu  de 
la  face  interne  de  la  paume,  une  crête  surnuméraire  peu  sail- 
lante, obtuse  et  arrondie,  qui  s'étend  de  la  cavité  décrite  vers  le 
bord  inférieur  ;  cette  crête  est  du  reste  peu  marquée.  La  face 
interne  du  doigt  immobile  est  aplatie.  Le  l)ord  externe  du  pouce  est 
fortement  courbé  semi-circulaire,  et  les  extrémités  des  doigts  sont 
assez  aiguës  ;  de  petits  pinceaux  de  poils  sont  implantés  auprès  et 
le  long  du  bord  semi  circulaire  du  pouce.  L'extrémité  de  l'index, 
sur  laquelle  on  observe  également  quelques  petits  pinceaux  de 
poils,  porte  sur  sa  face  interne  une  crête  assez  aiguë,  à  cbaque  côté 
de  laquelle  le  doigt  est  excavé.  La  main  est  partout  parfaitement 
lisse,  polie  et  glabre,  les  ponctuations  inènie  manquent  presque  totale- 
ment ;  je  n'en  observe  que  quelques-unes  fort  rares  sur  le  bord  supé- 
rieur de  la  paume  et  sur  le  bord  inférieur  de  l'index.  La  granula- 
tion fine  que  l'on  remarque  sur  la  grande  pince  de  VAlpIunis  Euphro- 
syne  de  la  mer  de  Java,  manque  absolument. 

Le  bras  de  la  petite  patte,  droite,  est  également  inerwe  (Fig.  3«). 
La  main  ressemble  à  celle  de  VA.  Edu-ardsi,  mais  elle  est  un  peu 
plus  allongée;  elle  est  longue  de  il""^l/2,  la  portion  palmaire  est 
longue  de  Qn^'",  haute  de  3'"™l/4.  Celle-ci  a  ainsi  environ  la  même 
longueur  que  les  doigts  et  est  trois  (ois  aussi  longue  que  haute;  la 
portion  palmaire  est  cylindrique,  presque  aussi  épaisse  que  haute. 
Elle  est  lisse,  à  l'exception  de  quelques  rares  ponctuations  du  bord 
supérieur  et  une  échancrure  'n'existe  ni  sur  celui-ci  ni  sur  le  hord 
inférieur.  Les  doigts  grêles  sont  en  contact  dans  toute  leur  lon- 
gueur, le  bord  supérieur  arrondi  du  doigt  mobile  porte  quelques 
rugosités  très  fines  et  auprès  des  bords  internes  se  voient  les  petits 
poils  ordinaires.  UAlpheus  microrhynchus  appartient  par  conséquent 
à  ces  espèces  chez  lesquelles  la  petite  main  du  mâle  diffère  de  celle  de 
la  femelle,  comme  nous  l'avons  vu  chez  r.4.  AW/rar^^si  Aud.  etl'^. 
Euphrosyne  de  M. 

Les  cinq  articles  du  carpopodite  des  pattes  de  la  seconde  paire  se 
rapportent,  (juant  à  leur  longueur  relative,  comme  chez  les  indivi- 
dus de  Pontianak,   décrits  auparavant.  Chez  la  patte  droite,  ces 

(I)  Dana,  pi.  XXXIV,  fig.  '6d. 


NOTE    SUR    QUELQUES    ESPÈCES    DU    GENRE    ALPHEUS   FABR.  321 

articles  sont  longs  :  4mm3,  Imm^^  OmmS^  0^1^72  et  l"im04,  tandis  que 
la  pince  a  une  longueur  de  lmm78  ;  chez  la  patte  gauche  ces  chiffres 
sont  dans  le  même  ordre  :  4mni,  lmm5^  0°im8,  0mm72,  Immi  et  lmm74. 

Les  autres  pattes  et  la  nageoire  caudale  s'accordent  avec  ma 
description  citée. 

L'exemplaire  porte  un  Bopyrus  au  côté  droit  de  la  carapace. 

M.  Coutière,  du  Muséum  de  Paris,  qui  a  bien  voulu  me  confier  la 
description  de  ces  Alphées,  m'écrit  qu'une  autre  femelle  de  la 
même  espèce  porte  des  œufs  très  gros  et  peu  nombreux. 

L'Àlijheus  microrhynchus  est  par  conséquent  une  bonne  espèce, 
observée  jusqu'à  présent  à  Pontianak  et  à  Bangkok. 

Alpheus  magrodagtylus  Ortmann. 

(Planche  IV,  fig.  4). 

Alpheus  macrodactykis  Ortmann  {Zoologische  Jahrh.  von  J.  W. 
Spengel,  Abth.  fiirSystem.  V,1890,  p.  473,  pi. XXXVI,  fig.  10, 10  1.). 

Un  mâle  adulte  recueilli  à  Hué,  sur  les  côtes  d'Annam.  Cette 
espèce  appartient  également  à  la  section  de  VA.  Edwardsi  Aud., 
mais  se  distingue  des  trois  précédentes  au  premier  coup  d'œil  par 
le  doigt  mobile  de  la  petite  main  ne  présentant  pas  une  différence 
sexuelle,  mais  ayant  la  même  forme  et  les  mêmes  caractères  chez  le 
mâle  et  chez  la  femelle.  M.  Coutière  a  pu  comparer  l'exemplaire 
typique  décrit  par  Ortmann  et  qui  avait  été  recueilli  à  Sydney, 
avec  plusieurs  exemplaires  provenant  de  Hué  et  il  a  pu  constater 
leur  identité.  Le  présent  exemplaire  a  une  longueur  de  42™™  de 
l'extrémité  du  rostre  jusqu'au  bout  du  telson.  Le  rostre  pointu 
s'étend  (fig.  4)  jusqu'au  tiers  antérieur  du  premier  article  des 
antennes  internes  et  n'est  qu'un  peu  plus  long  que  large,  comme 
chez  Va,  Euphrosyne  de  M.;  contrairement  à  ce  que  l'on  voit  chez 
ce  dernier,  le  rostre  se  continue  entre  les  yeux  en  forme  de  crête 
obtuse  qui  est  séparée  des  yeux  par  des  sillons  parallèles.  Les  voûtes 
orbitaires  sont  inermes  et  dépassent  notablement,  comme  chez 
Va.  Edwardsi,  les  parties  latérales  du  bord  antérieur  de  la  cara- 
pace. Le  telson  n'est  guère  plus  d'une  fois  et  demie  aussi  long  que 
large  à  la  base,  les  bords  latéraux  sont  sinueux  et  la  surface,  lisse 
et  glabre,  est  courbée  transversalement;  les  spinules  antérieurs 
se  trouvent  à  la  même  distance  du  bord  antérieur  que  du  bord 
postérieur.  Les  plaques  de  la  nageoire  caudale  paraissent  moins 
larges  en  proportion  de  leur  longueur  que  chez  VA.  Euphrosyne; 
ainsi,  par  exemple,  la  plaque  intermédiaire  est  longue  de  5»»°»  et 

Méra.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  21 


322  J.-<''.    I>K    MAN 

large  de   .'{'"'",    tandis  (pie  chc/,   l'autre  es|)è('e   la    iiroporliori   est 
comme  4  :  3. 

Le  2®  ai"licle  des  ;mteiiiies  iiiteiMies  est  prescjne  deux  fois  aussi  long 
que  la  portion  visiltle  du  premier,  d'après  Orlniann,  à  peu  près  une 
fois  et  demie;  le  2«  article  est  deux  fois  aussi  long  que  large.  Le  3" 
est  i»res(iue  aussi  long  que  le  premier.  L'épine  hasilaire  n'atteint 
pas  l'extrémité  du  i"""  artiele.  L'article  hasilaire  des  antennes 
externes  porte,  au  même  endroit  que  chez  l'A.  Kduanlsi,  c'est-à-dire 
au  bord  antérieur  de  la  face  inférieure,  une  très  petite  épine,  qui 
ne  mesure  que  ()"""2o.  Le  pédoncule  a  la  môme  longueur  (jue 
celui  des  antennes  internes.  Le  bord  latéral  légèrement  concave 
des  scaphocérites  (fig.  4)  se  termine  par  une  épine  très  rowtc,  qui, 
comme  chez  l'.-l.  Euphrosyne,  ne  dépanne  pas  l'extrémité  obtuse  de  ces 
rt/)/)enJ/r<'.s' ;  les  scaphocérites  sont  un  peu  moins  larges  que  chez 
cette  espèce,  leur  largeur  mesurant  à  peine  la  moitié  de  leur 
longueur.  Les  scaphocérites  dépassent  légèrement  les  pédoncules 
des  antennes  internes  et  externes. 

I^es  pattes  mâchoires  externes  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  du 
pédoncule  des  antennes  externes. 

La  grosse  patte  se  trouve  au  côté  gauche.  Le  bord  supérieur  du 
bras  est  inerme  au  bout,  le  bord  interne  est  armé  d'une  petite  épine 
préapicale.  La  main,  longue  de  25™"!,  paraît  un  peu  plus  grande,  en 
comparaison  des  espèces  voisines,  parce  qu'elle  est  plus  que  moitié 
aussi  longue  que  le  corps.  Quant  à  sa  forme  générale,  elle  présente 
quelque  ressemblance  avec  la  grande  main  de  VA.  Edwardsi  Aud., 
mais  les  doigts  ne  sont  pas  plus  courts  qiœ  la  portion  palmaire  et  la 
hauteur  des  doigts  pris  ensemble  est  presque  égale  à  la  hauteur  de  la 
paume.  Comme  chez  VA.  Edwardsi  Aud.,  la  hauteur  (9™™l/3)  de  la 
portion  palmaire  mesure  un  peu  plus  d'un  tiers  de  la  longueur  de  la 
pince  ;  la  paume  est  longue  de  llin"ïl/2,  les  doigts  mesurent  13™'» 
et  sont  ainsi  un  peu  plus  longs  que  la  paume  ;  chez  les  trois  espèces 
précédentes  les  doigts  de  la  grande  main  sont  toujours  plus  courts 
que  la  pauriie.  Le  bord  supérieur  est  obtus  à  son  extrémité,  ne  se 
terminant  pas  par  îme  dent  qui  surmonte  l'échancrure  près  de  l'arti- 
culation du  doigt  mobile  ;  la  cavité  quadrangulaire  de  la  face 
externe  est  semblable  à  celle  de  VA.  Edaardsi  Aud.  La  cavité 
triangulaire  que  l'on  observe  à  la  face  interne  de  la  main,  au  con- 
traire, est  moins  distinctement  limitée  en  dessous  que  chez  l'espèce 
figurée  par  Savigny.  L'incision  au  bord  inférieur  de  la  main  ressem- 
ble à  celle  qui  existe  chez  1'^.  Euphrosyne,  le  bord  inférieur  de  la 
paume  n'aboutissant  pas  en  une  dent,  mais  l'incision  est  limitée  en 


NOTE    SUR    QUELQUES    ESPÈCES    DU    GENRE   ALPHEUS   FABR.  323 

arrière  par  un  bord  tronqué,  comme  chez  VA.  Euphrosyne.  Comme 
chez  celui-ci,  cette  incision  se  prolonge  le  long  du  bord  inférieur 
de  la  paume  en  un  sillon  longitudinal,  tandis  qu'une  cavité  peu 
profonde  sépare  la  portion  palmaire  du  doigt  immobile  ;  le  bord 
postérieur  de  cette  cavité  est  très  finement  granuleux  et  porte  quel- 
ques petits  poils.  Une  granulation  très  fine  se  voit  aussi  sur  la  face 
interne  légèrement  convexe  de  l'index,  surtout  le  long  du  bord  pré- 
hensile poilu,  mais  chez  VA.  FAiphrosyne  la  face  interne  de  ce  doigt 
est  plus  aplatie  et  la  granulation  est  beaucoup  plus  marquée. 

Chez  Va.  Euphrosyne  et  chez  VA.  microrliynchus  on  observe  à  peu 
près  au  milieu  de  la  face  interne  de  la  paume  une  crête  surnumé- 
raire, du  reste  peu  marquée  et  obtuse,  qui  se  dirige  du  bord  infé- 
rieur vers  le  bord  supérieur  ;  cette  crête  surnuméraire  manque 
tout-à-fait  chez  VA.  EdKuirdsi  Aud.  comme  chez  VA.  macrodactylus. 
La  ligne  ovalaire  est  bien  distincte.  La  face  externe  de  la  main  est 
presque  partout  lisse,  ce  n'est  que  sur  la  moitié  inférieure  du  doigt 
immobile  que  l'on  observe  une  très  fine  granulation;  la  face  interne 
de  la  paume  est  également  lisse,  une  granulation  extrêmement  fine 
se  voit,  toujours  moyennant  la  loupe,  à  la  face  interne  du  pouce 
près  de  son  bord  supérieur.  Les  extrémités  des  doigts  sont  un  peu 
poilues. 

Le  bras  de  la  petite  patte  (fig.  4b)  est  un  peu  plus  long,  mais 
moins  large  que  celui  de  l'autre,  le  bord  supérieur  est  inerme  au 
bout,  le  bord  interne  porte  une  très  petite  épine  apicale,  encore 
plus  petite  que  celle  de  la  grosse  patte  (cette  épine  n'est  pas  visible 
sur  la  fig.  4b).  La  petite  main  dont  le  doigt  mobile  a  la  même  forme 
et  les  mêmes  caractères  chez  le  mâle  et  chez  la  femelle,  présente 
quelque  ressemblance  avec  celle  de  la  femelle  de  VA.  Edwardsi 
Aud.  (fig.  le),  mais  les  doigts  sont  un  peu  plus  longs.  La  main  est 
longue  de  lo™in|/2,  les  doigts  ont  une  longueur  de  10™™,  tandis 
que  la  paume  a  une  hauteur  de  2^^4/5  et  une  épaisseur  de  2™™t/2. 
Ces  chiffres  indiquent  que  cette  pince  mesure  trois  cinquièmes  de 
la  longueur  de  la  grande  main  et  un  peu  plus  d'un  tiers  de  la  lon- 
gueur du  corps.  Les  doigts  sont  presque  deux  fois  aussi  longs  que 
la  portion  palmaire.  D'après  Ortmann  les  doigts  seraient  en  contact 
dans  toute  leur  longueur,  mais  chez  le  mâle  de  Hué,  ils  sont  un  peu 
courbés,  laissant  entre  eux  un  espace  vide,  qui,  au  milieu,  est  aussi 
haut  que  les  doigts  eux  mêmes  ;  cet  espace  est  rempli  de  poils 
implantés  sur  les  bords  préhensiles.  Le  doigt  mobile  est  armé  d'un 
lobe  triangulaire  denticulé  et  placé  près  de  l'articulation,  quelques 
petits  denticules  se  voient  à  la  base  de  l'index.  Les  bords  préhensiles 


'.\1\  .i.-c.   i)i;  M.w 

sttiil  liiuicliiiiils  ciilii'  ces  (Iciils  cl  les  ('\li(''iiiiU;s  des  doif^ts  i|iii  se 
critisenl.  La  porlian  palmaire  est  drur  fois  aussi  lonf/nc  (jhc  haute  et 
c\iHn(lri<ine  ;  lea  bonis  smit  entiers  (U  le  bord  inférieur  forini!  une  W'^ne 
c')ii(;;ive.  avec  le  bocd  infciieur  un  pini  courbe  (I(î  l'index.  La  ligne 
ovalaire  est  bien  distincte.  La  petite  patte  est  |)arlonl  lisse;  quelques 
poils  rares  sont  distribués  sur  la  face  interne  de  la  pince,  surtout 
des  doij^ls,  et  l'on  en  voit  (juelques-uns  sur  le  bord  antérieur  du 
carpopodite,  au  bord  interne  et  à  l'extrémité  du  bras. 

Les  pattes  de  la  seconde  paire  s'étendent  jus(ju'à  l'articulation 
des  doigts  de  la  grande  main.  Les  articles  du  carpopodite  ont  la 
longueur  suivante  :  3">"»o,  ^'n^G,  0'"n^8,  ()"""8  et  l'"'"l  ;  le  2""«  article 
est  ainsi  un  peu  plus  court  que  le  premier,  qui  est  trois  fois  aussi 
long  que  le  5™^  et  le  2"™^'  article  est  précisément  aussi  long  que  le 
3™«,  4"i«  et  5""^  pris  ensemble.  La  main,  dont  les  doigts  sont  une 
fois  et  demie  aussi  longs  que  la  paume,  est  presque  deux  fois  aussi 
longue  que  le  dernier  article  du  carpo|)odite  et  un  peu  plus  courte 
que  le  2'ne. 

Les  méropodites  de  la  '6'^'^  paire  sont  cinq  fois  et  demie  aussi 
longs  que  larges  et  inermes  ;  les  carpopodites  ne  sont  guère  plus  que 
moitié  aussi  longs  que  les  méropodites  et  portent  quelques  poils  à 
leur  bord  antérieur.  Les  propodites  légèrement  comprimés  sont 
presque  une  fois  et  demie  aussi  longs  que  les  carpopodites;  leur 
bord  postérieur  un  peu  concave  est  armé  de  4  à  5  spinules  et  légè- 
rement poilu.  Les  doigts  sont  presque  moitié  aussi  longs  que  les 
propodites.  Les  méropodites  de  la  4™®  paire  sont  0  fois  aussi  longs 
que  larges  et  sont  également  glabres  et  inermes;  les  deux  articles 
suivants  se  rapportent  comme  ceux  de  la  3™"  paire,  les  doigts  man- 
quent. Les  pattes  de  la  dernière  paire  présentent  les  caractères 
ordinaires  par  rapport  à  celles  des  deux  paires  précédentes. 

.l'indique  pour  conclusion  quelques  différences  entre  cette  espèce 
etr.4.  gracilKlUjitus  Miers  (1).  ayant  reçu  du  Musée  d'Amsterdam 
le  plus  grand  des  trois  exemplaires  d'origine  inconnue,  décrits  par 
moi  dans  ce  travail.  L'épine  au  bord  antérieur  de  la  face  inférieure 
(le  l'article  basilaire  des  antennes  externes  est  un  peu  plus  longue  et 
la  forme  des  scapliocérites  est  différente;  ces  appendices  sont  plus 
étroits,  leur  largeur  à  la  base  mesurant  à  peine  un  tiers  de  leur 
longueur.  L'épine  terminale  de  leur  bord  externe  est  beaucoup 
plus  grande,  s'étendant  en  arrière  jusqu'au  milieu  des  scaphocérites 

(1)  Voir  de  Man  dans  :  Max  Weber,  Zoologische  Ergebnisse  eiiier  Reise  nach 
Mederlandisch  Oit-Indien,  U,  lSO:i,  p.  'lOfi,  |)1.  XXV,  lig.  M. 


PL  IV. 


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Phototy|ii(-  U"  G.  l'ilarsld 


4.  Alpheus  Edwardsi  Aud.  —  2.  A.  Euphrosyne  de  Man. 

3.  A.  miororhynchus  de  M.  —  4.   A.  macrodactylus  Ortm. 

5.  A.   gracilidigitus  (Miers)  ds  M. 


NOTE    SUR    QUELQUES    ESPÈCES    DU    GENRE    AL/'HEUS   FABR.  325 

et  elle  dépasse  notablement  leur  extrémité  obtuse  (fig.  5).  Le  telson 
est  plus  étroit. 

Les  pattes  antérieures  ont  le  bord  interne  de  leurs  bras  inerme, 
non  armé  d'une  épine  apicale.  La  grande  main  est  plus  courte 
en  proportion  de  sa  largeur  (hauteur),  la  portion  palmaire  est  un 
peu  plus  longue  que  les  doigts,  le  bord  supérieur  se  termine,  en 
arrière  de  l'échaucrure,  par  une  dent  obtuse,  l'incision  au  bord  infé- 
rieur est  triangulaire,  oblique,  plus  profonde  et  s'étend  plus  loin 
en  haut  sur  la  face  externe  de  la  main  (fig.  5a),  La  petite  pince 
(voir  le  travail  cité)  est  presque  aussi  longue  que  la  grande,  la  por- 
tion palmaire,  dont  la  hauteur  égale  la  longueur,  ne  mesure  à  peu  près 
qu'un  quart  de  la  longueur  de  la  main,  de  façon  que  les  doigts  sont 
trois  fois  aussi  longs  que  la  paume. 

Les  articles  du  carpopodite  et  la  pince  des  pattes  de  la  2me  paire 
présentent  les  mêmes  dimensions  que  chez  VA.  macrodactylus.  Les 
propodites  des  pattes  de  la  3"^*'  et  4"ie  paire  enfin  sont  garnis  de 
huit  ou  new/'spinules  le  long  de  leur  bord  postérieur. 

h'Alpheus  macrodactylus  Ortm.  a  été  observé  auparavant  à  Sydney. 


EXPLICATION  DE  LA  PLAiNCHE  IV. 

Fig.  1.  —  Alpheus  Edwardsi  And.,  la  grosse  palte  d'une  femelle  portant  des 
œufs  et  recueillie  aux  îles  Mcrgui,X  2;  la,  \h,  petite  patte  d'un  niàle.long  de  33""" 
et  provenant  de  la  même  localité  (dans  la  fig.  1  b  l'épine  préapicale  du  bras  n'est 
pas  visible),  X  -\  1  <^>  petite  patte  de  la  femelle,  X  2. 

Fig.  2.  —  Alpheus  Euplirosyne  de  M.,  petite  main  d'un  mâle,  recueilli  à  Bangkok, 
X  '^;  2a,  la  petite  patte  du  niftle,  vue  d'en  haut,  X  ^^^ 

Fig.  3  —  Alpheus  inicrorhynchKS  de  M.,  grosse  patte  de  la  femelle  provenant 
de  Bangkok,  X  2;  -Ut,  petite  patte  de  la  même.  X  2. 

Fig.  4.  —  Alpheus  macrodactylus  Ortm.,  mâle  adulte  recueilli  à  Hué,  bord  anté- 
rieur de  la  carapace  et  Hutennes,  X  6;  4a,  grande  palte,  face  externe,  X  2;  4^, 
petite  patte,  face  externe,  X  2,  l'épine  préapicale  très  petite  du  bras  n'est  pas 
visible. 

Fig.  5.  —  Alpheus  gracilidigilus  (Miers)  de  M.,  individu  mâle,  long  de  28"""  et 
provenant  de  l'Archipel  Indien,  bord  antérieur  de  la  carapace  et  antennes,  X  ^'y 
5a,  grosse  patte  du  même  individu,  face  externe,  X  2. 


326 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898 

PENDANT    LA    CAMPAGNE    DU    YACHT    l'  H  l  NC  ES  S  H -A  1. 1 C  E 

{Lo/utcii,   Spitshcri^',   J/cs   liccrcn.    HofW,  de  liarc/its  et   F<eroer) 

PAR 

JULES     RICHARD. 

La  faune  d'eau  douce  des  réj^ions  arctiques,  en  particulier  celle 
du  Spitsberg  et  des  îles  voisines,  est  peu  connue  (1).  Pendant  la 
campaj^ne  scienlifi([ue  accomplie  cet  été  par  le  yacht  l^rinrcsae- 
Alicc,  il  m'a  été  possible,  encouragé  par  S.  A.  le  Prince  Albert  lui- 
même,  de  continuer  mes  recherches  sur  ce  sujet,  dans  tous  les 
points  intéressants  où  le  navire  s'est  arrêté,  ne  fût-ce  que  quelques 
heures.  Jusqu'à  présent,  seule,  une  petite  région  du  Spitsberg  cen- 
tral (la  Sassendal  et  Pointe  Advent)  avait  été  explorée  au  point  de 
vue  qui  nous  occupe.  Ayant  eu  la  chance  de  débarquer  aux  îles 
Beeren,  Hope,  Barents,  Amsterdam  et  des  Danois  (ce  qui  est  sou- 
vent impossible  pour  plusieurs  de  ces  îles),  j"ai  réussi  à  obtenir 
assez  de  matériaux  pour  avoir  une  idée  générale  de  la  faune  des 
eaux  douces  de  ces  régions. 

Bien  que  je  n'aie  guère  étudié  encore  que  les  Crustacés,  je  don- 
nerai cependant  quelques  indications  sur  le  reste  de  la  faune  pour 
en  montrer  la  physionomie  et  le  mode  d'association  des  diverses 
formes  qu'elle  renferme.  Je  dois  remercier  ici  M.  H.  Neuville  qui 
a  bien  voulu  faire,  de  son  côté,  quelques  récoltes  à  mon  intention. 

Comme  on  peut  le  voir  par  le  tableau  donné  plus  loin,  les  Crus 
tacés  d'eau  douce  du  Spitsberg  (et  des  îles  voisines)  sont  peu  nom- 
breux en  espèces  et  en  individus,  malgré  les  nombreuses  récoltes 
faites  partout  où  cela  a  été  possible.  Il  est  évident  que  les  con- 
ditions extérieures  sont  peu  favorables  à  la  vie  dans  des  lacs  on 
dans  des  mares  dont  l'eau  est  gelée  jusqu'au  fond  pendant  plu- 
sieurs mois  de  l'année  et  où  l'eau  doit  être  souvent  courante  au 
moment  de  la  fonte  des  neiges. 

(1)  Voyez  ScouRFiELD,  Contribution!;  to  the  non  marine  fauna  of  Spitsbergen, 
Froc.  zool.  Soc.  London,  1897  (p.  784)  et  J.  Richard,  Entomostracés  recueillis  par 
M.  Ch.  Rabot  à  Jan  Mayeii  et  au  Spitsberg,  Bull.  Soc.  zool.  de  France,  20  oct.  1897 
(p.  193).  Je  renvoie  à  ces  deux  mémoires  pour  divers  détails,  notamment  pour 
la  bibliographie. 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898     327 

D'une  façon  générale,  on  peut  dire  que  la  faune  des  eaux  douces 
des  régions  dont  il  est  question  ici  présente  un  caractère  européen 
bien  marqué.  Néanmoins,  il  s'y  rencontre  deux  formes  spéciales 
qui,  jusqu'ici,  n'ont  pas  été  signalées  ailleurs  et  qui  paraissent 
assez  répandues  :  Euriftemora  a/flnls  liaboti  et  Mesochra  Brucei  u.  sp. 

Trois  autres  espèces  ;  Daphnia  pennata,  D.  longispina  et  Cj/ciops 
viridis  n'avaient  pas  encore  été  trouvées  au  Spitsberg. 

Quant  aux  îles  Beeren,  Barents,  Amsterdam  et  Fœroer,  la  faune 
des  eaux  douces  y  est  étudiée  ici  pour  la  première  fois,  et  toutes 
les  espèces  énumérées  ici  comme  en  provenant  sont  nouvelles  pour 
ces  îles. 

I 

Le  17  juillet  une  pêche  faite  dans  le  lac  où  baigne  le  front 
du  glacier  d'Enga  (Svartis)  dans  le  Holandsfjord,  ne  donne  aucun 
animal. 

II 

Lac  dans  la  montagne,  près  de  Skiolhavn  (Lofoten)  21  juillet. 

Poluphcmus  pi'diculus  TR  (1)  débris. 

Alonopsia  eloniiata  C. 

Pleuraxus  nanus  AR, 

Cyclops  TR,  jeunes  exemplaires  indéterminables. 
Je  puis  signaler  en  outre  Notholca  longispina  à  côté  d'autres  Roti- 
fères  rares  et  indéterminés. 

111 

Ile  Beeren  ou  des  Ours,  entre  la  Norvège  et  le  Spitsberg,  30  juillet. 
Mares  et  petits  lacs  de  la  partie  sud-est  de  l'île.  J'ai  vu  des  étendues 
d'eau  assez  considérables  au  loin  dans  l'intérieur,  mais  trop  tard 
dans  la  journée  pour  pouvoir  les  atteindre. 

1.  Dans  une  mare,  je  trouve  : 

Lepidurus  glacialis  TC. 
Macrothrix  hirsuticornis  arctira  R, 

2.  Une  autre  présente  l'association  suivante  : 

Lepidurus  fjlacialis  R,  débris  de  jeunes  individus  ;  l'un,  en 

chair,  mesure  4^"^ 
Daphnia  longispina  (var.  ?)  R,  carapaces  vides.  Détermination 

de  la  variété  impossible. 
Chydorus  sphœricus  AR. 

(1)  A  =  assez;  T  ==  très;  R  =  rare;  C  =  commun. 


328  .1.    lUCHARD 

Cifck)}js  liiiilis  \{. 

Hrriu'toct/pris  f/lacialls  |{,  jeunes. 

Hoiifhrs  H,  parmi  eux  yolholcd  voisin  de  N.  nruniinata  Klirg. 
dont  il  est  peut  être  une  variété.  Il  a  l'extrémité  posté- 
rieure plus  arrondie  et  moins  prolongée  que  chez  le  type. 
Comme  il  se  retrouvera  dans  la  suite,  je  le  désif^nerai  sous 
le  nom  Ao/Ao/ca', 

Nàidiens  R. 
Sur  l'eau  on  voit  une  assez  grande  quantité  de  Podures. 
."}.    Dans  une  autre  mare  : 

Lepiilunis  glacialis  TC,  carapaces  vides  extrêmement  abon- 
dantes en  certains  points,  groupées  en  amas  près  du  bord 
de  l'eau. 

Macrothrix  hirsuticornis  arciica  TR. 

Chydorus  sphœncus  AC. 

Cyciops  viridis  AR. 

Mesochra  Brucel  n.  sp.  AC,  Copépode  nouveau,  décrit  plus  loin. 

Rotifères,  Nématodes  et  Naïdiens  TR. 
4.   Une  pèche  de  M.  Neuville  contient  : 

Mesochra  Brucci  TR,  1  bel  exemplaire  adulte  et  quelques 
rares  mues  au  milieu  d'algues  filamenteuses,  de  mousses, 
etc.  A  signaler  aussi  quelques  Acariens. 
5-6.  Deux  récoltes  ne  contiennent  que  des  algues. 

IV 

Ile  Hope,  l^ï"  août.  Je  n'ai  vu  que  des  mares  insignifiantes  au 
milieu  de  Mousses.  Je  n'y  ai  recueilli  que  quelques  Podures,  de 
rares  Rotifères  et  un  assez  grand  nombre  de  Tardigrades,  apparte- 
nant la  plupart  à  l'espèce  Macrobiotus  macronyx,  espèce  qui  paraît 
commune  et  se  retrouve  dans  plusieurs  localités  explorées  au  cours 
du  voyage. 

V 

Ile  Rarents  :  limite  du  Storfjord  au  nord-est.  4  août.  Environs  de 
la  Pointe  Changing,  où  était  mouillé  le  yacht. 

1.  Une  mare  donne  :  Lepidurus  (jlaciaUs  G. 

2.  Un  lac  assez  élevé  fournit  : 

Daphnia  pennata  C. 
Mesochra  Brucei  TR. 
Polyarthra  platyptera  R. 
Notholca'^  R. 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898     329 

3.  Un  autre  donne  : 

Daphnia  pennata  TG,  représenté  par  des  éphippiums. 

Mesochra  Brucei  AR. 

Hei'petocypris  glaciaUs  AR. 

En  outre  Polyarthra  plat.yi)tera,  des  Nématodes  et  M.  macro- 
7iyx,  tous  R. 
4  5.  Une  mare  donne  : 

Daphnia  pennata  TR,  éphippiums. 

Polyarthra  platyptera,  M.  niacronyx  et  des  Nétnatodes,  tous  R. 
6-7.  Deux  récoltes  faites  par  M.  Neuville  ne  contiennent  que  des 
Algues  et  des  Tardigrades  (M.  macronyx). 

8.  Une  autre  contient  quelques  rares  M.  Brucei  jeunes,  avec 
quelques  Rotifères,  des  Nématodes  et  des  Tardigrades  jeunes  (M. 
macronyx). 

9.  Une  quatrième  récolte  de  M.  Neuville  contient,  au  milieu  de 
mousses,  un  Naïdien  et  un  Nématode. 

VI 

Gipsdal,  9  août.  Vallée  située  entre  les  baies  Sassen  et  Klaas 
Billen.  Dans  un  lac  creusé  dans  les  éboulis  qui  comblent  la  partie 
gauche  de  la  vallée  : 

Chydorus  sphéericus  R. 

Cyclopx  AC,  exemplaires  très  jeunes  et  indéterminables. 

Polyarthra  platyptera  AG. 

VII 

Ile  Amsterdam.  Ile  formant  la  pointe  nord-ouest  du  Spitsberg. 
15  août. 

A.  —  Pointe  des  Hollandais  :  on  compte  six  lacs  ou  mares  dans 
cette  partie  très  plate  de  l'île.  Les  plus  grands  ne  sont  séparés  de 
la  mer  que  par  une  digue  très  étroite  et  l'eau  doit  y  être  saumàtre, 
soit  par  les  fortes  marées,  soit  par  les  embruns.  Le  lac  le  plus  rap- 
proché de  l'extrémité  communique  même  avec  la  mer  par  un  canal 
assez  large,  l'eau  en  est  d'ailleurs  franchement  salée. 

1.   Lac  saumàtre  situé  près  du  précédent  : 
Eurijtemora  affinia  Rahoti  ?  AG  cf'  TG. 

Très  beaux  exemplaires  de  cette  forme  intéressante  que  j'ai 
décrite  Tannée  dernière  d'après  les  récoltes  de  M.  Gh.  Rabot  qui 
l'avait  trouvée  dans  de  l'eau  également  saumàtre  (baie  de  la  Recher- 
che). J'ai  trouvé  des  femelles  portant  jusqu'à  huit  spermatophores 
fixés  à  l'orifice  génital.  Gomme  on  le  verra  plus  loin  cette  espèce  se 


330  J.     RICHAIU» 

trouve  aussi  ilans  l'eau  absuluinent  douce,  ce  (|ui  arrive  éf^aleuieul 
à  la  foruie  type. 

2.  Dans  des  llaques  voisines  on  trouvt;  le  inùme  Calanide  rare  et 
niélé  à  de  non  moins  rares  Kotifères. 

3-4  5.  Trois  des  autres  lacs  ne  contenaient  guère  (|ue  des  Algues, 
des  Tardigrades  {M.  inarroniix),  des  Rotifères,  des  Nénialodes,  géné- 
ralement |)eu  abondants,  sans  Crustacés,  bien  que  l'eau  y  soit  tout 
à  fait  douce. 

().  Un  des  lacs  ne  contient  guère  que  des  Algues  auxquelles  sont 
mêlées  des  carapaces  assez  abondantes,  mais  vides,  de  jeunes  Har- 
pacticides  que  je  n'ai  pu  déterminer  mais  qui  pourraient  bien  être 
MesQchra  lirncei.  Il  est  à  remarquer  que  je  n'ai  pas  réussi  à  voir  un 
exemplaire  en  chair.  Ave<;  ces  carapaces  de  Copépodes  ou  observe 
un  grand  nombre  d'individus  d'une  variété  A'Anurœa  aculeata  se 
rapportant  à  la  hrecispina  de  Gosse,  mais  beaucoup  de  spécimens 
n  ont  qu'une  épine  postérieure  (d'un  seul  côté),  ou  les  deux  très 
courtes  souvent  inégales  ;  on  voit  même  des  individus  qu'on  ne 
peut  rapporter  à  une  autre  espèce  et  qui  n'ont  plus  d'épines  du  tout. 

On  observe  tous  les  intermédiaires,  il  faut  citer  encore  Volyarthra 
platyptera. 

7.  Une  mare  donne  d'assez  nombreux  individus  d'Herpetocypris 
glaciaUs  avec  quelques  Rotifères. 

B.  Lac  du  glacier  d'Anna.  —  Ce  lac,  où  plonge  le  front  du  glacier 
d'Anna,  est  séparé  de  la  mer  par  une  digue  formée  par  la  moraine 
frontale  du  glacier  et  contient  (dans  de  l'eau  tout  à  fait  douce)  une 
faune  assez  riche,  contrairement  à  ce  qui  arrive  pour  le  lac  du 
glacier  d'Enga  (Svartis)  qui  se  trouve  dans  des  conditions  ana- 
logues. On  y  trouve  : 

Macrothrix  hirsuticornis  arctica  TR. 

Cyclops  AC,  individus  tous  très  jeunes  et  indéterminables, 

paraissant  voisins  de  C.  viridis  à  faciès  pélagique. 
.4  iiuriea  aculeata  TC. 
Notholca  lonyispina  AC. 
Polyarthra  platyptera  AR. 

On  observe  en  outre  quelques  autres  Rotifères. 

VIII 

Ile  des  Danois,  15  août.  M.  Neuville  a  récolté  près  de  la  maison 
de  Pike,  non  loin  des  ruines  du  hangar  qui  abritait  le  ballon 
d'Andrée,  quelques  Tardigrades  {M.  macronyx),  des  Rotifères  et 
des  Nématodes  en  petit  nombre. 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898     331 


IX 

A.  Sassendal.  —  J'ai  exploré  le  24  août  deux  lacs  situés  dans  la 
partie  droite  de  cette  vallée  et  que  S.  A.  le  Prince  Albert  m'avait 
signalés. 

1.  Daphnia  pemiata  G,  représentée  par  des  éphippiums  et  des 

débris  de  carapaces  vides. 
Chydorus  sphœricus  9  C  cT  AC. 
Mesochra  Brucei  AC. 
En  outre  quelques  rares  Nématodes. 

2.  Le  deuxième  lac  abritait,  au  milieu  de  nombreux  débris  végé- 
taux et  de  diatomées  : 

Macrothrix  hirmliœrnis  arctica  AC. 

Chydorus  sphœricus  TR. 

Mesochra  Brucei  TR. 

Herpetocypî'is  glacialis  TR,  débris. 
Quelques  rares  Anurœa  aculcata  brevispina  auxquels  s'appliquent 
les  observations  faites  précédemment,  p.  330. 

Eu  outre  il  y  avait  de  rares  exemplaires  d'un  Anurœaxois'in  de 
A.  scapha  Gosse,  mesurant  0'ûml4  de  longueur,  mais  qui  a  plus  la 
forme  de  Brachionus  rubens  que  de  A.  scapha,  telles  que  ces  deux 
espèces  sont  figurées  dans  la  Monographie  de  Hudson  et  Gosse.  Je 
la  désignerai  sous  le  nom  de  .4.  scapha  var.  ? 

B.  Les  mares  des  collines  du  Colorado,  sur  la  rive  droite  de  la 
Sassendal  contenaient  peu  de  choses  :  des  Rotifères  (A.  scapha 
var.  ?)  des  Algues,  quelques  larves  de  Diptères,  et  déjeunes  Cyclops, 
dont  l'un  (C.  bisctosus  probablement)  hébergeait  un  Cyslicercoïde 
dans  la  région  dorsale  du  thorax. 

X 

A.  Les  flaques  de  la  pointe  Advent  ne  contenaient  guère  que  des 
Algues  et  des  Rotifères,  dont  Nothnlca  spinifera  Gosse  et  ;V.  scapha 
var.  ? 

B.  Ravin  du  Calanide,  26  août.  C'est  le  premier  ravin  ouvert  au 
sud  de  la  pointe  Advent  et  dans  le  fond  duquel  apparaît  un  glacier, 
d'après  M.  Rabot.  A  l'entrée  de  ce  ravin  se  trouvent  des  mares  sépa- 
rées de  la  mer  par  des  amas  de  galets  apportés  par  le  torrent  et 
refoulés  eu  digue  par  la  mer.  Je  me  suis  assuré  à  diverses  reprises 
que  l'eau  de  ces  mares  était  absolument  douce  le  jour  où  j'y  ai 
péché. 


332  .1.     MICMAIU) 

1 .  l/iiiio  (loniKiit  : 

l.('}ii(liirus  </l(ici(ilis  AC.  M.  h»  l'rof.  de  KoioIim'II  avait  recueilli 
cette  espèce  quelques  jours  avant  et  m'en  avait  aiinahleineiil  donné 
des  s[)éciinens  en  m'iniiiquant  la  localKé.  Il  y  avait  eu  outre  (|iicl- 
ques  Hotifères  (X.  acapha  var.  ?). 

2.  1/autie  mare  «-oulenait  un  assez  grand  nombre  d'exemplaires 
de  Eurj/tciiiiira  Il/finis  Habotid^  et  9-  (^'esl  la  présence  de  ceCalanide 
qui  a  fait  donner  à  ce  ravin  le  nom  sous  lequel  je  l'ai  désigné. 

XI 

FoEROER,  10  septembre.  1.  Entre  Sund  et  Tliorshavn,  mares. 
Bosmina  ohtusirostris  9  AC  cf  B. 
Ilyocryptua,  un  fragment. 
Alonop.<ix  elontjuta  9  C  cf  TR. 
Alona  guttata  TR. 
Vleuroxna  excisris  R. 
—        naiiLis  TR. 
Cyclops  viiidis  d^$  AC. 

—      serrulatus  AR. 
Hai'pacticide  TR,   carapaces   vides  de  jeunes   exemplaires, 
indéterminables. 

2.  Hauteurs  au-dessus  du  grand  ravin  demi-circulaire  et  du  côté 
de  Thorshavu. 

Alonopsis  l'iongata  9C  d^C 
Alona  a/finis  TR. 

—     guttata  TR. 
Chydorus  sphn'ricua  TR. 
Cyclops  serrulatus  TR. 
llarpacticideTR  (comme  pour  1). 

3.  Lac  sur  le  cours  de  la  rivière  (qui  occupe  le  fond  du  grand 
ravin  et  qui  aboutit  à  Arge). 

Alonopsis  elongata  AR. 
Alona  a/finis,  débris. 

4.  Flaques  près  d'Arge  (près  Thorsbavu),  11  septembre. 

Pleuroxus  nanus  TR. 

Chydorus  sphsericus  AR. 

Cyclops  serrulatus  R. 
La  même  récolte  contient  des  Algues  diverses  (Desmidiées,  Diato- 
mées, etc.),  de  rares  Rotifères,  (jnelques  Naïdiens,  parmi  lesquels 
j'ai  été  très  surpris  de  trouver  une  espèce  très  remarquable  :  Bohe- 
milla  cornata  Vejdovsky.  Cet  Oligochète  n'était  connu  jusqu'ici 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898 


333 


CRUSTACÉS 

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Amphipodes 

Gainiiiaru^  Diieheni  Lillj 

Phyllopodes 

Lepidurus  glacialis  Krôyer    .... 

Cladocères 

Pnlyphemus  pediculus  de  Geer.  .    . 

Daplinia  pennatd  0.  F.  M 

Daphnia  longispina  (var.?)  0.  F.  M. 
Macrolhrix  hirsulicnrnis  arctica  Lillj. 
llyncrijptus  sp 

Bosmina  obtusirostris  Sacs       .   .   . 

Alonopsis  elongaid  Suis 

Alono,  affinis  Leydig 

Alona  QUttata  Sars.  ...          ... 

+ 

Pleuroxus  excisus  Fischer 

Pleuroxus  nanus  Baird 

Cliy doras  sphfvrLcus  0.  F.  M.   .    .   . 

Copépodes 

Cyclops  biselosus  Hehberg?  .... 

»         viridis  J urine 

»         serrulatus  Fischer 

»         sp.  1 

))         s  p.  2 

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+ 
+ 

+? 

+ 

»       sp.  :j 

Mesochra  Hntcei  n.  sp 

-f- 

+ 

+ 

Harpacticide  indét 

Eurylemora  afjlnis  Raboti  Ricii.  .   . 

Ostracode 

Herpetocypris  glacialis  Sars.   .    .   . 

+ 

+ 

4- 

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+ 

+ 

334 


j.  iiiciiAnu 


(|ir;nix  environs  de  rr;ii;iM'.  df  W'iiiv.hiiii;  fldc  l'iiiis.  .le  l'ai  si};iialé 
vu  clTel  l'année  deriiicic  aux  fiiclies  d'AigremonI  (t) 

.').  Kla(|m'S  d'raii  douces  prés  de  la  fahriquti  d'huile  de  (ilobicé- 
phales,  à  Tliorsiiavn  :  (idiiniKuits  y>j/r^r/(?,  d'après  la  délerniination 
de  M.  (lIieMtMix. 

Mesochha  Buucei  n.  sp. 

9-  —  <''e  Copépode  mesure  Qn'GO  sans  les  soies  c;mdales  et  ()"i70 
fivec  les  soies.  Le  rostre  est  à  j)eu  j)rès  nul.  Le  premier  segment  du 
corps,  dans  la  partie  antérieure  du({uel  on  dislingue  un  petit  d'il 
rouge  carmiu,  est  un  peu  plus  long  que  large  et  aussi  long  que  les 
trois  segments  suivants  réunis.  Ces  derniers  sont  à  peu  près  égaux 
entre  eux.  Le  cinquième  est  le  plus  court. 

Des  quatre  segments  abdominaux  le  premier  est  le  plus  long;  les 
suivants  sont  à  peu  près  égaux.  L'opercule  anal  est  armé  d'environ 
\0  dents  fortes  et  espacées.  Tous  les  segments  de  l'abdomen  portent 
une  rangée  circulaire  d'épines,  continue  sur  le  dos  et  dont  les  extré- 
mités avancent  peu  sur  la  face  ven- 
trale, sauf  à  l'a  vant-dernier  segment 
abdominal,   où  ces  extrémités  se 
rapprochent  davantage  du  milieu. 
En  outre  le  dernier  segment  pré- 
sente à  la  face  ventrale  une  série 
oblique  d'épines  (une  douzaine  de 
cha(iue  coté)  plus  robustes  à  mesure 
qu'elles  se  rapprochent  de  la  ligne 
médiane. 

La  furca  est  allongée,  à  peu  près 
aussi  longue  que  le  dernier  segment 
abdominal  (V^oir  la  fig.  1  pour  les 
détails  de  la  face  dorsale).  La  face 
ventrale  porte,  vers  l'extrémité 
libre,  une  série  d'environ  15  épines 
fortes,  disposées  suivanfune'ligne 
courbe  qui  part  au-dessus  de  la 
naissance  de  la  soie  apicale  externe 
et  remonte  vers  le  côté  interne.  Je 
n'ai  pas  réussi  à  voir  la  petite  soie 
apicale  interne.  Des  deux  grandes  soies  apicales,  l'externe,  garnie 


Fin.  i. 


-  M.   lirucei;  furca,  face 
dorsale.  X  <j20. 


(1)  J.  RicHAHi),  Sur  un  OlUjochèle  et  quelques  Enlomostracés  rares  des  envi- 
rons de  Paris,  liull.  Soc.  Zool.  de  France,  23  nov.  1897  (p.  224). 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898 


335 


de  cils  raides  et  espacés  à  son  côté  externe  seulement,  est  environ 
deux  fois  et  demie  plus  petite  que  l'interne.  Celle-ci  porte  de  chaque 
côté  des  cils  raides  et  espacés. 


Fig.  2.  —  M.  Rrvcei;  pattes  de  la  1"  paire.  X  6^0- 


Les  antennes  antérieures  ont  huit  articles  et  mesurent  0™4  (le 
premier  segment  du  corps  mesurant  0^15),  la  longueur  relative 
des  articles  est 

I  II  m  IV  V  VI         VII  VIII 

Ï5         Ï8  15  il  n  Ï2  II  ¥[ 

Les  antennes  postérieures  sont  très  semblables  à  celles  de  Marse- 


336 


.1.   iii<:i)Aitit 


nohiolii^  \'rjil<iisl:iii  Mra/.ck  (I).  iiiiiis  les  soit's  de  Li  Itiiiiiclii!  acces- 
soire soiil  1111  |'»u  plus  l()iij::ut's.  I.a  lèvre  su[)(''ii<'iin'.  la  mandibule 
et  son  palfie  (petit  honloii  siiniioMlé  de  trois  soies  simples)  et  les 
niaxillipèdes  sont  très  semblaliles  aux  mêmes  a|ipen(lices  de  ,)/, 
Vcjdorsltifi. 

Les  (jiiatre  paires  de  pâlies  natatoires  ont  deux  articles  à  la  bran- 
die interne.  11  y  en  a  également  deux  à  la  branche  externe  des 
pattes  de  la  pi-emière  paire,  tandis  (ni'on  en  tioiive  trois  à  la 
brandie  externe  de  trois  autres  paires.  Dans  la  première  paire,  la 
branche  interne  est  un  peu  jilus  lonj^ue  que  rexterne  (environ  de 
la  demi-longueur  de  son  dernier  article).  Dans  les  trois  autres 
paires,  la  branche  externe  est  beaucoup  jilus  longue  que  l'interne. 


Fig.  3.  —  M.  Brucei  ;  3    ;irl.  de  la  branche  cxlerne  des  pattes  II-IV.  X  •^-O- 

L'article  basilaire  porte  une  forte  épine  de  chaque  côté  dans  la 
première  paire,  une  épine  semblable  du  côté  externe  dans  la 
deuxième  paire  ;  une  longue  soie  à  la  même  place  dans  les  deux 
autres  paires  et  rien  au  côté  interne  dans  les  trois  dernières  paires. 

Dans  les  quatre  paires  de  pattes,  le  premier  article  de  la  branche 
externe  porte  à  l'angle  externe  distal  une  forte  épine  barbelée  et 
de  petites  épines  comme  dans  la  première  patte  (voir  fig.  2).  Le 
deuxième  article,  armé  comme  le  précédent,  porte  en  outre  une 
petite  soie  au  milieu  de  son  bord  interne;  dans  la  deuxième  paire 


(1)  A.  MrAzek,  Britrag  ziir  Kentitniss  der  Hurpaclicidenfauna  des  Siisswas- 
ser,  Zool.  Jahrb.,  VII,  1893. 


SUR  LA  FAUNE  DES  EAUX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  1898     337 

cette  soie  est  uu  peu  plus  longue  ;  elle  part  un  peu  au-delà  du  milieu 
dans  la  troisième  paire  ;  elle  est  beaucoup  plus  longue  et  atteint 
presque  l'extrémité  du  troisième  article  dans  la  quatrième  paire. 


Fig.  4.  —  M.  brucei:  3"  art.  de  la  branche  interne  des  pattes  II-IV.  X  620. 


Pour  le  troisième  article  de  la  branche   externe,  dans  quatre 
paires  de  pattes,  je  renvoie  aux  ligures  2  et  3  (II,  Ili,  IV). 

Pour  les  branches  internes 
dans  les  quatre  paires  de  pattes, 
je  renvoie  le  lecteur  aux  fig.  2 
et  4  (II,  111,  IV). 

La  figure  5  montrera  mieux 
qu'une  description  la  constitu- 
tion des  pattes  de  la  cinquième 
paire.  Quelquefois  on  observe 
sur  le  même  individu,  que  les 
pattes  sont  difïérentes,  et  de  la 
même  façon  que  cela  arrive  chez 
M.  Vrjclovskiii  comme  l'a  vu 
Mrazek.  Tandis  que  la  patte  de 
la  cinquième  paire  d'un  côté  est 
semblable  à  celle  de  la  fig.  5, 
l'autre  montre  4(ou  5)  soies  ciliées 
au  premier  article  et  quatre  (au 
lieu  de  3)  au  deuxième  article  ; 
cette  quatrième  soie  se  trouve 
placée  en  dedans  de  la  soie  barbelée  et  plus  rapprochée  de  la  base. 


Fig.  0.  —  M.  Rrucei  ;  pattes  de  la 
5"  paire.  X  620. 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898. 


338      J.  RICHAni).  —  Sllî   I.A  FAL'NK  DES  KAlIX  DOUCES  EXPLORÉES  EN  181)8 

Mesoclua  liiucci  se  iupj)r()clit'  à  divers  litres  de  M.  Vejdovskyi.  Il 
s'eu  dislingue  de  suile  par  ce  fail  que  les  lignes  d'épines  des  seg- 
nienls  altdoniiniiux  sonl  coiilinuiîs  sur  le  dos  clie/,  M.  Brucci  (le 
conlraire  a  lieu  clie/  l'autre  forme);  la  furca  est  très  didérente  dans 
les  deux  espèces. 

Je  donne  à  cette  espèce  lo  nom  du  D'  VV.  S.  Rruce  dT^dimbourg, 
à  qui  la  science  doit  d'importantes  collections  zooloi;i(|ues  des 
régions  arctiques  el  antarctiques.  Le  D'  Bruce,  invité  par  S.  A.  le 
Prince  Albert  de  Monaco,  a  pris  parla  la  dernière  campagne  de  la 
((  Princesse- Alice  »  et  c'est  eu  souvenir  des  excellentes  excursions 
que  j'ai  eu  le  plaisir  de  faire  avec  lui  au  Spitsberg  que  je  lui  dédie 
cette  forme  intéressante. 


339 


NOUVELLES  RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES 

ET  LES  FLEURS. 

ÉTUDE  SUR  LE  ROLE  DE  QUELQUES  OliGANES  DITS   VEXILLAIRES 


FÉLIX    PLATEAU, 

Professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Chapitre  I 
Observations  sur  la  Salvia  horminum  L. 

i:^  1.  Historique. 

F.  DelpiDo  (i)  énumère  une  série  d'organes  colorés,  autres  que 
des  coioUes,  pouvant,  suivant  lui,  attirer  les  Insectes  par  leur  éclat. 
Il  cite  à  ce  sujet  de  nombreux  cas  de  bractées  à  colorations  plus  ou 
moins  vives,  telles  que  celles  de  Melampyrum  arvense  et  de  Salvia 
horminum. 

11  a  été  suivi  dans  cette  voie  par  plusieurs  naturalistes:  ainsi, 
pour  les  Mdampijrum  :  Errera  et  Gevaert  signalent  le  rôle  vexillaire 
des  bractées  purpurines  du  M.  arvense  et  des  bractées  d'un  bleu 
violacé  du  M.  nemorosum  (2);  Th.  Barrois  (3)  et  P.  Knuth  (4)  indi- 
quent les  deux  mêmes  espèces;  mais,  chose  étrange  qu'on  relève 
à  propos  de  nombre  d'hypothèses  du  même  genre,  ni  Delpino, 
ni  Errera  et  Gewaert,  ni  Barrois,  ni  Knuth  n'ont  cherché  à  vérifier 
si  cette  attraction  par  les  bractées  était  un  fait  réel. 

Enfin  H.  Millier  qui  seul  paraît  avoir  observé  les  Insectes  (Bour- 
dons) qui  fécondent  les  M.  arvense  et  M.  nemorosum,  ne  fait,  dans 

(1)  ¥.  Delpino.  UUerinri  osservazioni  e  considerazinni  sulla  Dicogamia  nel 
regno  végétale.  Atti  délia  Societa  italiana  di  Scienze  naturali,  XVl,  p.  l.*)?, 
Milano  1873. 

(2)  Errera  et  Gev.aeht.  Sur  la  structure  et  les  modes  de  fécondation  des  fleurs 
Bulletin  de  la  Société  royale  de  Botanique  de  Belgique,  XV II,  p.  104,  1878. 

(3)  Barrois.  fio/e  de*'  Insectes  dans  la  fécondation  des  végétaux  (Thèse),  p.  104, 
Paris,  1886. 

(4)  Knuth.  Handbuch  der  liluteubiologie.  I.  p.  101,  10),  1U4,  Lelp/ig,  1898. 


340  I'.     IM.ATI'AII 

son  lîiand  oiiviiii^c  sur  la  féroiidalinn  dos  lleurs  (i),  aucuno  allusion 
à  la  visildliU'  des  i)racl(''es  de  ces  vé<,n'taiix. 

En  ce  qui  concerne  le  rôle  supposé  atlraclif  des  bradées  de 
Siilvia  horminiiw  et  de  (pielques  autres  Sauiçes,  je  n'ai  trouvé  d'indi- 
cations (jue  dans  Deipino  déjà  cité  eldansd.  Correns  (2)  qui  donue 
à  ren;semble  de  ces  bractées  le  nom  de  Schaiiapparat  ;  cependant  ni 
l'un  ni  l'autre,  encore  une  fois,  ne  s'est  donné  la  peine  de  constater, 
par  les  allures  des  Insectes,  si  les  bractées  colorées  attiraient  réelle- 
ment ces  animaux. 

La  question  du  rôle  soi  disant  attractif  des  bractées  à  vives  cou- 
leurs méritait  donc  d'être  étudiée  de  près. 

A  moins d'babiter  la  réi-ion  calcareuseoù  il  pousse  à  l'état  sauvage, 
je  ne  pouvais  guère  songer  à  faire  porter  mes  investigations  sur 
notre  Melampijrum  arcense  ;  la  culture  de  la  Salvia  horminum  étant 
au  contraire  très  facile,  je  me  suis  adressé  à  cette  jolie  Labiée. 

La  première  idée,  je  me  plais  à  le  reconnaître,  m'en  a  été  suggérée 
en  1897  par  mon  savant  collègue  et  ami  J.  Mac  Leod,  professeur  de 
botanique  à  l'Université  de  Gand,  bien  connu  par  ses  patientes 
recherches  sur  la  fécondation  des  fleurs  de  nos  Flandres  et  des 
Pyrénées.  D'après  ce  que  me  signala  ce  consciencieux  observateur, 
les  Abeilles  qui  visitent  la  Sauge  Horminelle  se  rendent  directement 
aux  fleurs  vraies  et  nou  aux  bractées  colorées. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  le  curieux  mécanisme  des  fleurs  des 
Sauges,  aussi,  avant  de  rien  publier,  ai-je  parcouru  ce  que  j'ai  pu 
réunir  de  la  bibliographie  de  cette  question,  afin  de  m'assurer  si 
personne  n'avait  étudié  les  visites  des  Insectes  an  point  de  vue  du 
rôle  spécial  des  bractées.  Je  n'ai  rien  rencontré  d'autre  que  ce  que 
j'ai  cité  plus  haut,  mais  je  n'oserais  cependant  affirmer  être  le  seul 
qui  ait  abordé  le  sujet. 

§  2.  Cahactères  de  la  plante. 

L'espèce  n'étant  guère  connue  que  des  botanistes,  une  descrip- 
tion sommaire  ne  sera  pas  superflue  pour  permettre  de  saisir  exac- 
tement la  portée  des  observations  sur  les  Insectes. 

Outre  les  caractères  généraux  du  genre  Salvia,  la  Sauge  Hormi- 
nelle offre  les  suivants  (fig.  1)  :  les  tiges,  qui  peuvent  atteindre  un 

(i)  MûLLER.  The  Fertilisation  of  Flowers.  Traduction  anglaise  de  D'Arcy  W. 
Thompson,  p.  461,  London,  188  5. 

(2)  Correns.  Zur  Biologie  und  Ànatomie  der  Salvienhliithe.  Pringslieim 
Jalirbiicher  liir  Wissenschaflliclie  Bolanik.  XXII,  p.  235,  1891. 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      341 


peu  plus  d'un  mètre  de  hauteur 
(105  centimètres),  sont  dressées 
verticalement;  les  fleurs  vraies 
relativement  petites  sont  dispo 
sées  en  nombreux  verticilles  suc- 
cessifs, distants  les  uns  des  au- 
tres de  2  à  3  centimètres  ;  chaque 
verticille  est  accompagné  d'une 
paire  de  bractées  vertes;  mais 
au  sommet  de  la  tige,  les  quatre 
dernières  paires  de  bractées, 
cette  fois  sans  fleurs  à  leur  ais- 
selle (bractées  stériles)  sont  vive- 
ment colorées,  formant  un  pana- 
che simulant  une  fleur  du  plus 
bel  effet. 

Il  existe  deux  variétés  de  cette 
espèce  intéressante;  la  plus  com- 
mune a  les  fleurs  d'un  rose  pâle 
et  les  bractées  terminales  d'un 
rose  très  vif;  l'autre,  moins  fré- 
quente, possède  des  fleurs  d'un 
bleu  violacé  et  un  bouquet  de 
bractées  d'un  beau  bleu  foncé 
tirant  sur  le  violet. 

Quelques  autres  Sauges, Sa/rm 
sylvestrls  L.,  S.  sclarea  L.  possè- 
dent aussi  des  bractées  colorées, 
rougeâtres  chez  la  première, 
violacées  chez  la  seconde  ;  mais 
ici  toutes  les  bractées  accompa- 
gnent des  fleurs  et  il  n'existe  pas 
de  panache  terminal.  L'aspect 
général  est  absolument  différent 
de  celui  de  S.  horminum  qui, 
surtout  lorsqu'elle  est  cultivée 
en  masse,  attire  le  regard,  excite 
la  curiosité  et  détermine  l'admi 
ration  des  promeneurs.  Ceux-ci 
ne  remarquant  pas  les  petites 
corolles  vraies  ne  fout  attention 
qu'aux    bouquets    de    bractées 


Fig.  1  (2/3  g.  n.;.  -•  Salvia  horminum  , 
extrémité  d'une  tige  ;  les  iiraclées  ter- 
minales roses  sont  seules  teintées  de 
hachures;  A,  trajet  que  suivraient  les 
Hyménoptères  à  l'arrivée,  s'ils  étaient 
attirés  par  les  bractées  colorées  ;  B, 
trajet  réellement  suivi  à  l'arrivée; 
a,  p,  y,  courbes  décrites  par  l'Insecte 
dans  ses  visites  de  fleur  en  fleur. 


3't^  F.    PLATKAU 

roses  ou  lileues  et  ilfiiiiimlciil  iiiViiriiiMfinent  ce  que  c'est  que  ces 
jolies  lleurs. 

Je  rappelle  celle  queslion  qui  m'a  plusieurs  fois  été  posée  pour 
faire  comprendre  combien  l'illusion  est  faraude.  L'hypothèse  que 
ces  panaches  de  bractées  doivent  servir  d'organes  attractifs  poul- 
ies Insectes  est  donc  toute  naturelle  ;  on  s'est  dit  que,  puisque 
l'homme  se  laisse  aisément  tromper,  les  Insectes  doivent,  h  plus 
forte  raison,  être  induits  en  erreur. 

Parmi  les  plantes  faciles  à  cultiver  sous  nos  climats,  aucune  ne 
|)ouvait  être  mieux  choisie  pour  s'assurer  si  les  organes  exlra- 
lloraux  dits  Vexillaires  possèdent  le  rôle  qu'on  leur  attribue  généra- 
lement. 

§  3.  Conditions  expérimentales  et  observations. 

Mes  observations  ont  été  poursuivies  du  premier  juillet  au  dix 
août,  c'est-à  dire  pendant  presijue  toute  la  période  de  floraison  de 
la  Salvia  horminum.  Interrompues  seulement  par  la  pluie,  elles 
avaient  lieu  chaque  jour  de  beau  temps  pendant  une  heure  ou  une 
heure  et  demie,  aux  moments  les  plus  favorables,  vers  midi  ou  entre 
deux  et  trois  heures,  soit  au  Jardin  botanique  de  Gand,  et  alors  peu 
nombreuses,  les  conditions  y  étant  sujettes  à  objections,  soit  sur 
tout  dans  mon  propre  jardin,  où  une  installation  spéciale  me  mettait 
à  l'abri  des  interprétations  erronées. 

Je  décrirai  d'abord  les  faits  constatés  au  Jardin  botanique;  on 
pourra  utilement  les  comparer  à  ceux  réunis  dans  de  meilleures 
conditions. 

Au  Jardin  botanique,  les  S.  horminum  ont  été  semées  très  serrées. 
Elles  occupent  un  rectangle  de  l™oO  de  large  sur  un  1™  de  long. 
Le  tout  constitue  une  masse  végétale  dense,  surmontée  d'environ 
200  panaches  de  bractées  colorées  fort  rapprochés  les  uns  des  autres. 

Il  résulte  de  cette  disposition  :  1°  que  toute  la  surface  supérieure 
du  rectangle  est  occupée  par  les  bractées  roses,  absolument  comme 
les  épis  occupent  la  surface  supérieure  d'un  champ  de  blé;  2"  que 
les  fleurs  vraies  de  Sabia  ne  sont  guère  visibles  de  l'extérieur  que 
sur  les  faces  latérales  du  massif. 

Les  Insectes  visiteurs  sont  de  nombreuses  Abeilles  (Aj)is  mellifîca 
L.),  des  Anthidium  manicatum  L.  moins  abondants  et,  de  temps  à 
autre,  un  Lépidoptère  diurne  ou  une  Eristale. 

On  compte  à  la  fois  de  20  à  25  Abeilles  et  5  à  6  Anthidium,  soit, 
à  un  instant  donné,  une  trentaine  d'Hyménoptères.  Ces  Insectes 
sont  donc  très  attirés,  mais  par  quoi  ? 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   343 

Un  examen  de  quelques  minutes  (mes  observations  ont  duré  des 
heures)  suffît  pour  convaincre  que  l'attraction  n'est  guère  due  aux 
bractées. 

En  effet,  bien  que  la  réunion  de  celles-ci  constitue  une  grande 
surface  d'un  rose  vif  de  plus  d'un  mètre  carré  et  que  les  fleurs  vraies 
soient,  au  contraire,  situées  plus  bas  et  presque  cachées,  d'une 
manière  générale  les  Hyménoptères  ne  commettent  pas  d'erreurs  à 
l'arrivée  ;  venant  du  rucher  ou  de  leur  nid,  ils  se  précipitent  immé- 
diatement sur  les  fleurs  proprement  dites,  comme  si  les  bractées 
n'existaient  pas. 

Arrivés  et  pendant  qu'ils  butinent,  les  animaux,  encore  une  fois 
d'une  façon  générale,  ne  se  trompent  pas.  Les  seules  erreurs  que 
l'on  constate  de  temps  en  temps  de  la  part  des  Hyménoptères  con- 
sistent en  rares  et  courtes  hésitations,  devant  des  bractées,  durant 
la  visite  ascendante  de  fleur  en  fleur,  ou  devant  des  bourgeons 
de  bractées  non  encore  épanouis  et  simulant  de  petits  boutons 
floraux  roses. 

Les  Lépidoptères  Rhopalocères,  beaucoup  moins  intelligents,  se 
laissent  plus  facilement  illusionner  :  j'ai  été  témoin  d'une  erreur  de 
la  part  d'un  Pieris  napi  L.  et  de  trois  erreurs  successives  commises 
par  un  Rodocera  rhamni  L.  se  posant  sur  les  l)ouquets  de  bractées 
et  ne  partant  qu'après  avoir  vainement  plongé  sa  trompe  au  centre  ; 
mais  c'étaient  là  des  actes  peu  fréquents  posés  par  des  Insectes  à 
perceptions  boruées. 

Pour  en  revenir  aux  Hyménoptères,  j'ai  profité  le  10  août,  au 
Jardin  botanique,  de  ce  qu'un  pied  de  Sauge  horminelle  croissait 
isolé  assez  loin  du  massif  décrit  plus  haut.  Je  pouvais,  dans  ces 
conditions,  suivre  une  Abeille  des  yeux,  compter  le  nombre  de 
fleurs  vraies  qu'elle  visitait  et  le  nombre  d'erreurs,  si  des  erreurs 
étaient  effectuées. 


1 

NOMBRE 

DE     FLEURS 

vraies 
visitées 

NOMBRE 
d'erreurs 

propre- 
ment dites 

NOMBRE 
d'hésitations 

1"  Abeille  ... 

2"»        »        

3°"        »        ..... 

4'°^        » 

o™*         a        

6""        »        

33 
70 
71 
61 
46 
107 

0 
0 
1 
0 
G 
0 

0 
0 
0 
1 
0 
0 

388 

1 

1 

344  F.    PLATKAl' 

Le  résultat  pour  six  Al)eilles  est  donc  seiileiin;iit  :  uiu^  erreur 
vis  à-vis  (l'un  petit  Itourgeon  de  bractées,  non  devant  un  panache, 
et  une  hésitation,  sur  388  lleurs  réelles  visitées. 

Ce  que  je  viens  d'exposer  sullirait,  à  la  rigueur,  pour  permettre 
d'alliriner  que,  dans  l'attraction  des  Insectes  par  la  Sauge  hormi- 
nelle,  les  bractées  colorées  n'ont  pas  ou  n'ont  que  très  peu  d'elTet. 
Cependant  une  objection  en  apparence  sérieuse  pourrait  être  for- 
mulée dans  les  termes  suivants  :  au  Jardin  botanique  la  Salvia 
hormimnn  est  cultivée  à  peu  près  à  la  môme  place  depuis  des 
années;  l'aide-jardinier  qui  habite  au  jardin  est  apiculteur;  les 
Abeilles  observées  ont  donc  pu  faire  leur  éducation,  ont  pu  appren- 
dre à  négliger  les  bractées  qui  ne  leur  offrent  ni  nectar  ni  pollen. 

C'est  afin  d'éviter  ces  conditions  défectueuses  que  j'ai  entrepris 
dans  mon  jardin  la  longue  série  d'observations  dont  je  vais  rendre 
compte.  L'examen  des  faits  y  était  plus  régulier,  plus  facile  et, 
ainsi  que  le  lecteur  le  verra,  les  choses  étaient  disposées  intention- 
nellement pour  obtenir  des  résultats  certains. 

Un  parterre  circulaire  de  quatre  mètres  de  diamètre,  exposé  au 
soleil,  contenait  :  [°  le  long  de  la  circonférence,  une  bordure  de 
fraisiers  sans  fleurs  ;  2"  un  deuxième  cercle  concentrique  à  la  bor- 
dure composé  d'Œillets  des  poètes,  Dianthus  barhatus  L.,  largement 
fleuris,  pourpres,  panachés  ou  blancs,  eu  mélange,  répandant  à 
distance  un  parfum  pénétrant  et,  comme  on  le  sait,  attirant  beau- 
coup d'Insectes  ;  3»  un  troisième  cercle  constitué  par  de  nombreux 
pieds  en  fleurs  de  Salvia  horminum  ;  4°  au  centre,  un  groupe 
encore  très  jeune  et  sans  fleurs  de  Balisiers  [Canna  indica  L.). 

Les  Salvia  horminum,  atteignant  un  mètre  de  hauteur,  dépassaient 
les  Diantlnis.  Elles  dressaient  à  la  fois  plus  de  cent  panaches  termi- 
naux de  bractées  presque  tous  roses;  de  rares  pieds  portaient  des 
bractées  bleues.  Ce  grand  cercle  de  bractées  colorées  s'élevant  au- 
dessus  des  autres  plantes  était  par  conséquent  bien  visible  de  loin. 

Dans  ces  conditions,  les  Insectes  arrivant  des  champs  ou  du  reste 
du  jardin  pouvaient  choisir  entre  trois  espèces  d'organes  colorés  à 
aspect  floral,  les  fleurs  de  Dianthus,  les  fleurs  vraies,  petites  et 
pâles  des  Salvia,  les  bractées  colorées. 

Il  importe  de  remarquer  que  c'était  la  première  fois  que  la  Sauge 
Horminelle  était  cultivée  soit  dans  mon  jardin,  soit  dans  tout  l'en- 
semble de  la  région  avoisiuante.  Les  seuls  autres  pieds  que  je  con- 
nusse existaient,  on  l'a  vu,  au  Jardin  botanique.  Mais  la  distance 
entre  mon  jardin  et  le  Jardin  botanique  est  de  plus  de  2  kilomè- 
tres 1/2  à  vol  d'oiseau  ;  en  outre,  les  deux  jardins  étant  situés  aux 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      S'tO 

extrémités  opposées  de  la  ville,  les  Insectes,  pour  se  rendre,  par 
exemple,  du  Jardin  botanique  chez  moi,  auraient  dû  traverser  toute 
une  grande  cité  industrielle  de  143000  habitants  avec  son  dédale 
de  rues  et  beaucoup  de  hauts  bâtiments. 

II  est  donc  certain  que  pour  les  Insectes  fréquentant  mon  jardin 
la  Sauge  horminelle  était  une  nouveauté  et  que  leur  façon  de  se 
comporter  vis-à  vis  de  cette  plante  ne  pouvait  résulter,  surtout  au 
début,  d'une  expérience  acquise  individuellement  ou  transmise  par 
hérédité. 

Dans  les  observations  du  genre  de  celles  que  j'ai  faites,  il  faut 
éviter  de  prendre  pour  erreurs  de  la  part  des  Insectes  certains  actes 
qui  n'ont  rien  de  commun  avec  l'attraction  par  des  organes  vexil- 
laires.  Tel  est  d'abord  le  fait  fréquent  de  se  poser,  dans  un  but  de 
repos,  sur  des  objets  saillants.  J'ai  vu  ainsi,  par  un  temps  couvert, 
des  Lépidoptères  (Vieria)  posés  les  ailes  fermées,  parfaitement 
immobiles,  sur  des  fleurs  de  Dianthus  ou  des  bractées  de  Salcia.  Ils 
agissaient  comme  les  Vanesses  (Vanesm  polychloros)  qui  se  posent 
les  ailes  fermées,  la  tête  en  bas,  sur  le  tronc  sec  des  arbres,  là  où  il 
n'y  a  aucune  exsudation  et  restent  parfois  dans  cette  attitude  pen- 
dant une  heure  ;  comme  aussi  les  Libellules  {Dipla.r)  qui  se  placent 
sur  le  sommet  de  pieux  ou  de  tuteurs  et  s'y  laissent  capturer  aisé- 
ment, etc. 

Tel  est  ensuite  le  cas  peu  rare  aussi  de  Lépidoptères  diurnes 
femelles  se  posant,  au  soleil,  sur  des  sommités  végétales  pour 
solliciter  l'accouplement  des  mâles  volant  dans  le  voisinage.  Des 
Eristales  agissent  de  même. 

On  doit  négliger  les  façons  d'agir  des  Mouches  domestiques  et 
d'autres  petits  Muscides,  des  Tipules,  etc.,  qui  se  posent  sur 
n'importe  quoi. 

L'ensemble  des  observations  a  été  fait  en  vingt-quatre  jours  et  a 
duré  en  totalité  27  h.  30m. 

Ces  préliminaires  posés,  voici  les  résultats  obtenus  : 

l"*  Les  Insectes  visitant  le  parterre  étaient  fort  nombreux  ;  on 
peut  les  classer  en  quatre  groupes  d'une  importance  plus  ou  moins 
grande  au  point  de  vue  de  la  solution  de  la  question  : 

.4.  Les  Insectes  se  bornant  à  tournoyer  au  vol  sans  se  poser  ni 
sur  les  Dianthus  ni  sur  les  Salvia. 

B.  Les  Insectes  visitant  exclusivement  les  Dianthus  sans  s'iiupiié- 
ter  des  Satcia. 

C.  Les  Insectes  visitant  les  Dianthus  et  commettant  de  temps  à 
autre  quelques  erreurs  vis  à-vis  des  bractées  des  Saloia  voisines. 

D.  Les  Insectes  visitant  exclusivement  les  Salvia, 


346 


F.     l'I.ATKAl' 


3 

iui 

ivid 

us 

7 

)) 

3 

» 

\ 

» 

67 

» 

17 

» 

6 

» 

2 

» 

2"  Les  lusectt'S  du  j^roiipe  t.  se  horiunit  h  tournoyer  :iu  vol.  s^ns 
se  poser  sur  ;iurune  des  plantes  du  parterre  furent  : 

liombus  tf'rrestris 
Vanessa  pnlychloros. 
Vancssa  urticae  . 
IHeria  hrassicar  . 
Picris  rapac  . 
Pivrin  napi    . 
Epincplirle  j(i)ui'(i 
Macroijlussa  stcUatarum 
C'est-à-dire,  en  négliseaut  les  Hourdous,  cent  trois  Lépidoptères. 
Le  fait  que  ces  Papillons  s'en  allaient  ailleurs,  après  avoir  volé 
un  instant  au-dessus  du  parterre,  indique  déjà  Vahscnce  de  séduction 
spéciale  de  la  pari  des  bractées  colorées. 

'S"  Les  Insectes  du  groupe  B,  visitant  exclusivement  les  Dianthus, 
sans  se  préoccuper  des  Salvia,  ont  été  un  peu  plus  abondants  que 
ceux  de  la  catégorie  précédente.  Les  observations,  en  ce  qui  les 
coucerue,  forcément  terminées  le  27  juillet,  avec  la  tloraison  des 
Dianthus  qu'on  a  totalement  arrachés  à  cette  date,  ont  eu  lieu  en 
dix  sept  jours  et  ont  duré,  en  somme,  18  h.  40'. 
Voici  la  liste  de  ces  animaux. 


Hyménoptères 

Bombus  terrestris     .      .     .     . 

9 

individus 

Andrenaparvula. 

2 

Anthophora  pilipes    . 

2 

Megachile  ericetorum     . 

7 

Halictiis  sp.  '? 

1 

Hallctus  sexnotatus  . 

.      2 

Odynerus  parietum   . 

3 

26 

- 

LÉPIDOPTÈRES. 

Vanessa  urticae lOindividus 

Vanessa  atalanta      ....  1 

Aporia  crataegi 8 

Pie  ris  brassicae 6 

Pieris  napi 4 

Pieris  rnpae 12 

Epinephele  janira     ....  5 

Macroglossa  stellatarum      .  3 

^9" 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  LNSECTES  ET  LES  FLEURS      317 


Diptères. 


Volucella  bomhylans. 
Eristalis  diverses 
Syrphus  coi'ollac. 
Syrphus  halteatus 
Syrphus  pyrastri. 


1  individu 

27         )) 
16        » 

1        » 

3        » 


Coléoptères. 


Leptura  tonientosa  . 
Strangalia  armata    . 
Clytiis  arietis 
Trichius  abdominalis 


48 

3  individus 

2  » 

2  » 

9  » 


16 


Si  on  néglige  les  Coléoptères  qui,  eu  aucun  cas,  ne  se  seraient 
adressés  aux  Sauges,  il  reste  un  total  respectable  de  cent  vingt-trois 
Insectes,  Hyménoptères,  Lépidoptères  et  Diptèi'es  qui,  attirés  par 
les  DianthuH  barhatua  et  y  butinant,  n'ont  accordé  aucune  atteution 
aux  Saloia  lionninum,  n'ont  donc  point  été  fascinés  par  l'éclat  des 
bractées. 

J'ajouterai  que,  vu  l'impossibilité  pratique  de  compter  toujours 
exactement  les  Insectes  visitant  le  parterre  à  un  instant  déterminé, 
les  chitïres  pour  les  Hyménoptères  et  les  Diptères  sont  certainement 
inférieurs  aux  chiffres  réels. 

4°  (Groupe  C).  —  Pendant  que  les  individus  renseignés  dans  la 
liste  précédente  ne  se  préoccupaient  que  des  Œillets,  quelques 
autres  visitant  aussi  et  en  môme  temps  les  Dianthus  commirent  des 
erreurs  vis-à-vis  des  bractées  colorées  des  Salvia. 

Voir  aux  pages  348  et  349  le  relevé  de  ces  cas  disposés  sous 
forme  de  tableau. 

Ainsi,  en  17  jours  comprenant  18  h.  40'  d'observation,  je  n'ai  pu 
constater  que  33  erreurs  de  valeurs  fort  inégales  qui,  sauf  pour  un 
individu  û'A7iilrcna  paroula,  ont  toutes  été  effectuées  par  des  Lépi- 
doptères ou  des  Diptères.  Dans  sept  des  observations  d'une  durée 
totale  de  8  h.  15'  je  n'ai  même  relevé  aucune  faute. 

Si  l'on  ajoute  les  21  individus  du  tableau  actuel  aux  123  de  la 
catégorie  B  précédente  qui  butinaient  sur  les  Dianthus,  en  même 
temps  qu'eux,  la  proportion  des  erreurs  est  d'environ  une  par 
quatre  Insectes. 

Cependant  cette  façon  d'interpréter  les  résultats  est  illusoire  et 
de  nature  à  faire  croire  à  un  beaucoup  plus  grand  nombre  d'erreurs 


Tahliai    1.    -  INSKCTKS   \ISH  \\T   LKS   />/ l  .V/7// S.   M  \|S  COMMKTTAN'I 


hATKS 

nUHKK 

il.'  roiisiT- 

v;iti(tn 

in  .Mi;.\(M'Ti;itK.s 

f 

IJ.I'lMui'TKitKS 

Juill<-1 
1 

'"■     1 

1   l'irlns  nipdc 

3 

lh.30'    1 

5 

,„.     j 

i 

(5 

Oh.  30'    j 

8 

H,.          ' 

1  Andrena  paroula  .... 

ii 

1  h.  l.'i' 

11 

1  h.  20' 

1  Macroglossa  slellalarum.     .     . 

15 

Oh.  43'    j 

10 

...          j 

17 

1.          { 

18 

Ih. 

iO 

lh.30'    J 

21 

1  h.  13'    ' 

1  Macroglossa  stPllutaniin.     .     ^ 

1  Pieris  napi 

2  Vanessa  urticae 

'12. 

1  h.  13'    j 

1  Aporia  crataegi 

1 

24 

1  h. 

1  Pieris  rapae 

2o 

1  h.  40'     ' 

1 

1  Vanessa  nrticae     .     .     .     .    m 

1  Pieris  rapae 1 

1  Pieris  rapae  ....... 

1  Macroglossa  stellatarum.         Il 

26 

,„ 

DES  ERREURS  VIS-A-VIS  DES  BRACTÉES  DE  SALV[A   HORMINUM 


DIPTÈRES 

NOMBRE 
D'ERREURS 

NATURE    DES  ERREURS 

1  Syrphus  corollae  ... 

? 
1 

Posé  sur  un  bourttoon  de  Ijractées. 

Vol  a.scendant  devant  une  tifj:e  de  Salina. 

1  Syrphus  pyrastri 

1 

Idem. 

0 

i  Syrphus  Sp.? 

1 

Plane  un  instant  devant  des  bractées  sans 
se  poser. 

1 

Courte  hésitation. 

3  Syrphus  corollae 

3 

Planent  devant  des  bractées  sans  se  poser. 

I 

Courte  erreur  sans  tentative  de  succion. 

0 

0 

0 

0 

0 

1 
1 

2 

Courte  hésitation  douteuse. 

Posé  longtemps  sur  des  bractées. 

Posées  un  instant  sur  des  bractées. 

4 

Sur  des   bractées  basses    rencontrées  en 
visitant  les  Dianthus. 

4 

Posé  en  quatre  bonds  successifs  sur  quatre 
panaches  de  bractées. 

1  Eristalis  arbuslorum. 

1  Eristalis  arbuslorum.     .     . 

1 
1 
5 
3 
2 
1 

Erreur  évidente. 
Posé  un  instant. 
Erreurs  évidentes. 
Erreurs  rapides. 
Erreurs  rapides. 
Posée  un  instant. 

0 

33 

1 

3o0  F.    rLATK.Vl! 

(in'il  lit'  s'en  ('(miiiiL'l  ircIlciiuMil.  Il  faiidiiiil  pouvoir  (It'trriiiiiier  la 
proportion  d'erreurs  vis  à-vis  de  bractées  de  Saloia  par  rapport  du 
noiiihri'  (le  jleurs  réelles  de  Dùintlius  r/.sZ/f'M.  C'est  la  faron  dont  j(; 
me  suis  elTorcé  de  |)rocéder  pour  certains  Insectes  déterminés,  tel 
le  Macroglossa  stcUdluriiDi,  (jui  m'a  donné  ce  qui  suit  : 

Los  naturalistes  qui  ont  (picliiue  peu  ohservé  les  Insectes  vivants 
connaissent  la  vivacité  d'allures  de  ce  Lépido|)lère  qui,  hien  que 
faisant  partie  du  groupe  des  Sphingides,  vole  en  plein  soleil,  plon- 
geant sa  longue  trompe  dans  les  corolles  et  passant  de  l'une  à  l'autre 
avec  une  rapidité  extraordinaire. 

Au  cours  de  mes  investigations,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer 
attentivement  six  individus  dilïérents  visitant  le  cercle  de  Dianthua 
barhatus,  cercle  le  long  duquel  était  plantées  les  Sahia  horminum 
dont  les  panaches  de  bractées  dépassaient  quelque  peu.  Tous,  à 
l'arrivée,  se  précipitaient  directement  sur  les  Dimithiis,  et  si  certains 
d'entre  eux  commirent  soit  une,  soit  quelques  erreurs  relativement 
à  des  bractées  de  Salvia,  ce  ne  fut  qu'en  passant  de  fleur  d'(  H<]illet  en 
fleur  d'OEillet. 

Voici  le  relevé  de  ces  six  cas  : 

0  juillet.  —  Un  Macrogloasa  butine  exclusivement  sur  les  Dianlhus 
et  ne  s'inquiète  pas  des  bractées  de  Sabla. 

14  juillet.  —  Un  individu  butine  de  même  exclusivement  sur  les 
Dianthus  ;  il  exécute  un  seul  crochet  rapide  vers  des  bractées  de 
Salvia  qu'il  abandonne  aussitôt  sans  tentative  de  succion. 

16  juillet.  —  Un  individu  visite  exclusivement  les  Dianthus, 
suçant  un  grand  nombre  de  fleurs  et  ne  se  préoccupe  pas  des  brac- 
tées de  Salvia. 

18  juillet.  —  Un  individu  visite  une  trentaine  d'inflorescences  de 
Dianthus  sans  s'inquiéter  des  Salvia. 

21  juillet.  —  Un  individu  visitant  de  vingt  à  trente  inflorescences 
de  Dianthus  a  paru,  un  instant,  commettre  une  erreur  rapide  à 
l'égard  des  bractées  de  Salvia  ;  mais  j'étais  cette  fois  mal  placé  pour 
bien  voir. 

25  juillet.  — Un  dernier  Macrof/lossa  butinant  sur  les  Dianthus 
commet  trois  erreurs  rapides  vis  à-vis  de  panaches  de  bractées. 

Ainsi,  en  admettant  seulement  vingt  fleurs  de  Dianthus  visitées 
par  cas,  ce  qui  est  inférieur  à  la  vérité,  on  arrive  au  total  de  cinq 
erreurs  ou  mieux  cinq  hésitations  pour  120  fleurs  d'OEillets,  c'est  à- 
dire  une  erreur  sur  vingt-quatre  fleurs  vraies. 

C'est  déjà  peu  pour  un  Papillon  auquel  ou  a  fait  la  réputation  de 


RECHERCHES  SUR  LES  l«.\I>PORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      351 

visiter  des  fleurs  peintes  sur  des  murailles  (1)  ;  mais  d'autres 
Insectes  plus  intelligents  que  les  Lépidoptères,  les  Abeilles,  les 
Anlhidiums,  les  Authophores,  se  laissent  encore  moins  tromper 
par  l'aspect  floral  des  panaches  de  bractées  colorées. 

o"  Le  groupe  D,  composé  en  majeure  partie  d'Hyménoptères  et 
comprenant  les  Insectes  butinant  exclusivement  sur  les  Salcia  hor- 
minum,  est  de  beaucoup  le  plus  intéressant. 

J'exposerai  d'abord  les  résultats  généraux,  puis  je  résumerai  tous 
les  faits  dans  le  tableau  II. 

Les  observations  effectuées  en  vingt-quatre  jours  ont  duré  en 
totalités?  h.  30'. 

Les  Hyménoptères  fort  abondants  étaient  des  Abeilles,  des  Bour- 
dons, des  Anthidiums  et  des  Anthophores.  La  grande  quantité 
d'Abeilles  et  d'Anthidiums  ne  m'a  presque  jamais  permis  de  les 
compter  avec  quelque  exactitude. 

La  manière  de  se  comporter  de  ces  Insectes  dans  mon  jardin,  où 
la  présence  de  la  Salvia  horminum  était  cependant  chose  entière- 
ment nouvelle,  prouva,  d'une  façon  indiscutable,  comme  au  Jardin 
botanique,  que  les  bractées  colorées  ne  les  attirent  pas  ou  les  atti. 
rent  fort  peu. 

En  effet,  si  ces  bractées  possédaient  réellement  une  action 
attractive  sérieuse,  j'aurais  dû  voir  les  Hyménoptères  qui  arrivaient 
au  vol  de  points  éloignés  se  précipiter  d'abord  sur  les  bractées  roses, 
voyantes,  nombreuses,  dépassant  les  autres  plantes,  puis,  l'erreur 
reconnue,  se  porter  seulement  alors  sur  les  fleurs  réelles.  Or,  pres- 
que jamais  (2)  les  faits  ne  se  passent  de  cette  façou. 

Les  Insectes  Hyménoptères  commencent,  au  contraire,  par  aller 
tout  droit  aux  véritables  fleurs  de  Salvia  et  les  courtes  erreurs  ou 
mieux  hésitations,  du  reste  peu  nombreuses,  qu'ils  peuvent  com- 
mettre, n'ont  Heu  que  pendant  leurs  pérégrinations  de  fleur  en 

(1)  Voyez  à  ce  sujet  :  R.  Vallette.  Comptes-rendus  des  séances  de  la  Société 
entomologiquc  de  Belgique,  3  avril  1875. 

R.  Blanchard.  Erreur  des  sens  chez  un  Lépidoptère.  Bulletin  de  la  Société 
zoologique  de  France,  XVI,  p.  23,  1891. 

Bernard  Pérez  dans  J.  Pérez.  Notes  zoologiques.  Actes  de  la  Société  linnéenne 
de  Bordeaux,  série  V,  t.  VII,  p,  246,  1894. 

J.  ScHNABL.  lUustrierte  Wochenschrift  fur  Entomologie.  1  Jahrg.  n°  9,  p.  147, 
1896. 

A.  GoRKA.  Zwei  biologisclie  Erscheinungen.  Rovartani  Lapok.,  IV,  p.  197. 
Analysé  dans  liluslrierte  zeitschrift  fur  Entomologie,  IIF,  p.  270-271,  1898.  Concerne 
une  forme  voisine,  le  Deilephila  elpenor. 

(2)  Sur  des  centaines  d'observations,  je  n"ai  vu  que  trois  fois  en  tout  lAbeille 
domestique  agir  comme  il  vient  d'être  dit. 


352  V      l'LATI.AI' 

tleui- cl  smivt'iil  ;i|iifs  (jn'ils  oui  visilr  un  |^r;iii(l  iiomlucdc  llciirs 
réelles. 

Pour  piTciser  iliiv.iiil.i^c  je  iciivoic  à  l;i  (ij^nrc  1.  Sauf  dans  des 
cas  exccssivonicnl  raies,  rilyni('no|»U''i(;  n'arrive  doue  pas  suivant 
la  ligne  poinlillée  A.  Presque  toujours  il  arrive  suivant  la  trajec- 
toire n,  c'est  à-dire  (ju'il  s'adresse  en  premier  lieu  à  une  fleur  vraie, 
puis  passe  de  Heur  eu  fleur  en  décrivant  des  courbes  la  plupart  du 
temps  ascendantes  a,  p...,  etc.,  et,  continuant  ce  mouvement  en 
quelque  sorte  automatique,  décrit  autour  du  panache  des  bractées 
terminales  une  dernière  courbe  7. 

Cette  courbe  finale  y  n'est  pas  le  résultat  d'une  erreur;  c'est  un 
mouvement  que  l'animal  ellectuera  généralement,  (pi'il  y  ait  des 
bractées  colorées  ou  qu'il  n'y  eu  ait  pas.  En  efïet  : 

a.  Comme  me  l'a  fait  remarquer  J.  Mac  Leod  et  comme  j'ai  pu  le 
constater  moi-même,  les  Hyménoptères  se  comportent  à  très  peu 
près  de  la  même  manière  sur  les  grappes  d'une  autre  Labiée,  le 
Teucnuin  scorodonia  L.  (vulg.  Germandrée),  dont  les  boutons  floraux 
terminaux  absolument  verts  ne  peuvent  jouer  aucun  rôle  attractif 
par  leur  coloration.  Les  Insectes  remontent  de  fleur  en  fleur  et 
exécutent  une  dernière  courbe,  au  vol.  au  bout  de  l'inflorescence. 

b.  Ainsi  que  j'ai  eu  l'occasion  de  l'observer  nettement  sur  quel- 
ques tiges  de  Salvia  horminum  dont  un  accident  avait  supprimé 
l'extrémité  supérieure  et  qui  n'avaient  donc  plus  de  bractées  termi- 
nales, les  Abeilles  visitant  les  fleurs  situées  le  long  de  ces  tiges 
effectuaient  la  même  courbe  caractéristique  autour  de  l'extrémité 
tronquée.  En  moins  d'une  heure  j'ai  assisté  cinq  fois  au  phénomène. 

Le  tableau  11  suivant  qui  contient  le  résumé  de  tous  les  faits 
constatés  montre  combien  les  Hyménoptères  ont  été  peu  trompés 
par  les  bractées  colorées.  En  évaluant  le  nombre  total  de  ces  Insectes 
observés  à  250,  je  suis  certainement  bien  en  dessous  du  chiffre  réel. 
Or  je  n'ai  assisté  de  leur  part  qu'à  24  erreurs  en  tout,  dont  17 
n'étaient  que  de  courtes  hésitations,  ce  qui  donne  la  proportion 
d'une  erreur  ou  hésitation  par  un  peu  plus  de  dix  individus  seule- 
ment ;  manière  de  compter  du  reste  illusoire  comme  je  l'ai  déjà  dit. 

Dans  onze  des  périodes  d'observation  aucune  erreur  n'a  même 
pu  être  relevée. 

Les  Lépidoptères  diurnes  se  sont,  au  contraire,  trompés  fréquem- 
ment, commettant  un  peu  plus  d'une  erreur  par  individu.  La 
proportion  est  analogue  pour  les  Diptères.  Cependant  les  Insectes 
de  ces  deux  derniers  ordres  n'étaient  pas  assez  abondants  pour 
permettre  des  conclusions  certaines. 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   353 

Un  tableau  tel  que  celui  ci-coiitre  ne  peut  renseigner  sur  tous 
les  détails  curieux  dont  l'expérimentateur  a  tenu  note.  C'est  pour- 
quoi j'y  ajouterai  encore  quelques  remarques  à  propos  des  princi- 
paux Hyménoptères. 

L'Abeille  domestique  était,  en  général,  représentée  par  un  assez 
grand  nombre  d'exemplaires  oisUant  chacun  une  longue  série  de 
{leurs  vraies.  Cependant,  en  vingt- trois  heures  d'observation  atten- 
tive durant  lesquelles  j'ai  suivi  les  allures  de  plus  de  cent  individus, 
je  n'ai  vu  commettre  que  huit  erreurs  vis  à-vis  des  bractées  colorées; 
savoir  trois  erreurs  à  l'arrivée  et  cinq  hésitations  pendant  les 
passages  d'une  tige  à  l'autre. 

Chose  importante  à  remarquer,  les  erreurs  à  l'arrivée  n'ont  pas 
eu  lieu  les  premiers  jours,  mais  le  treizième  et  le  dix-huitième  de 
l'apparition  des  Abeilles. 

Je  puis,  en  outre,  signaler  ici  un  autre  fait  probant.  L'ensemble 
de  mes  observations  a  commencé  dans  mon  jardin,  le  l*?!'  juillet, 
premier  beau  jour  succédant  à  une  longue  période  de  pluies  pen- 
dant laquelle  les  Insectes  restaient  cachés.  Les  Abeilles  n'ont  apparu 
sur  les  Sauges  horminelles,  plantes  absolumentnouvelles  pour  elles, 
que  le  o  ;  or,  ce  n'est  ni  le  5,  ni  le  6  que  j'ai  vu  la  première  erreur 
sous  forme  d'hésitation,  mais  le  8.  Ce  qui  montre,  avec  d'autres 
faits,  que  rien  n'autorise  à  considérer  le  faible  nombre  d'erreurs 
comme  résultant  d'une  expérience  acquise. 

L'Anthidium  nianicatum  L.,  bel  Hyménoptère  commun  dans  nos 
environs,  était  encore  plus  abondant  que  l'Abeille.  Ses  allures  sont 
excessivement  rapides,  aussi  les  individus  visitaient-ils  un  grand 
nombre  de  fleurs  de  Sauge  en  un  temps  relativement  court,  ne 
restant  que  quelques  secondes  à  chacune  d'elles. 

J'ai  observé  plus  de  cent  exemplaires  en  quinze  jours,  soit  dix- 
huit  heures  d'examen,  et  n'ai  constaté  en  tout  que  sept  courtes 
hésitations  à  l'égard  des  bractées  ;  jamais  d'erreurs  à  l'arrivée. 
Comme  dans  le  cas  des  Abeilles,  aucun  Antliidium  ne  s'est  posé  sur 
des  bractées  et  n'a  fait  la  moindre  tentative  de  succion.  Comme 
pour  les  Abeilles  aussi,  la  première  erreur  ne  s'est  montrée  que  le 
troisième  jour  de  visite. 

Enfin  l'Anthophora  quadrimaculata  Pz.  (1)  fut  aussi  fort  intéres- 
sante à  observer.  L'Insecte,  d'une  vitesse  de  mouvements  encore 
plus  remarquable  que  celle  des  Anthidiums,  passe  rapidement  de 
fleur  en  Heur.  Comme  il  était  peu  commun  j'ai  pu  compter  assez 

(1)  Anthophora  subglobosa  et  valpina  Kirby,  A.  mixla  Lepeletier  de  Saiat- 
Fargeau. 

Méra.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xii.  —  l'a 


3o4 


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RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   355 


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RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS       357 


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exactement  les  individus.  Kn  dix  heures  et  quarante  minutes,  j'ai 
eu  sous  les  yeux  vin^l-(|uatieexem|)l;iircs  agissant  avec  une  si^relé 
presque  altsolue.    Deux    fois  seulement   j'ai   eonslaté   une  courte 
hésitation. 
J'ai  répété  dans  les  pafj;es  précédentes  que  calculer  la  |»ropoition 

Tableau  III.  —  HYMÉNOPTKHES. 


NOMBRE 

DE     FLEURS 

NOM BU K 
d'erueuiis 

NATURE 

vraies 
visitées 

vis-à-vis 
de  bractées 

DES     ERREURS 

Àpis  mellifica   .... 

24 

1 

Sinipic  hésitatiun. 

Id.            .... 

10 

0 

A n  thidiu m     m  a  n  ica- 

tum 

Id. 

10 
38 

1 
1 

Simple  hésitation. 
Id. 

Bombus  terrestris  .   . 

5 

0 

Id.               .   . 

14 

0 

ht.               .   . 

29 

0 

Id.               .   . 

81 

1 

Simple  liésitation. 

Id.               .   . 

9 

0 

Id.               .   . 

61 

2 

Courtes  hésitations. 

Id. 

14 

0 

Id.               .   . 

4 

0 

Id.               .  . 

17 

0 

Id.               .  . 

30 

0 

Id.               .  . 

61 

2 

Simples  liésitations. 

Àntliophora    quadri- 
maculata.  ..... 

14 

0 

Id. 

29 

0 

Id. 

36 

0 

M. 
Id. 

66 
33 

1 

0 

Hésitation    devant    un 
bourgeon  de  bractées. 

Id. 

46 

0 

Cœlioxys  conica  .   .   . 

30 

3 

Hésitations  devant  des 
bourgeons  de  bractées 

661 

12 

des  erreurs  par  rapport  au  nombre  d'Insectes  était  une  manière 
illusoire  de  compter  faisant  paraître  le  nombre  d'erreurs  beaucoup 
plus  notable  qu'il  n'est  réellement  et  (ju'il  faudrait  calculer  la  pro- 
portion de  ces  erreurs  par  rapport  au  nombre  de  (leurs  vraies  visitées 
par  les  animaux. 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   359 

Oq  a  déjà  vu  plus  haut  un  résultat  approximatif  obtenu  de  cet}e 
façon  pour  le  Mdcroglossa  stellatarum  butinant  sur  les  Dianthus. 

Il  était  impossible  d'employer  ce  procédé  pour  tous  les  Insectes 
bien  trop  nombreux  visitant  les  Salua;  mais  en  m'astreignant  à 
suivre  patiemment  des  yeux  quelques  individus,  je  suis  arrivé  à 
pouvoir  dresser  les  petits  tableaux  ill  et  IV  ci-dessous  concernant 
des  Hyménoptères  et  des  Lépidoptères  Rhopalocères. 


Tableau  IV. 


LEPIDOPTERES  RHOPALOCERES. 


NOMBRE 

NOMBRE 

DE     FLEURS 

d'erreurs 

NATURE 

vraies 

vis-à-vis 

DES     ERREURS 

visitées 

de  bractées 

Pieris  napi 

8 

0   - 

M. 

12 

0 

Id. 

7 

3 

Erreurs  réelles. 

M. 

3 

0 

Id. 

3 

0 

Id. 

8 

0 

Id. 

5 

1 

Simple  hésitation. 

Id. 

9 

0 

Id. 

13 

1 

Erreur  réelle. 

Id. 

2 

1 

Erreur  réelle. 

Id. 

5 

3 

Erreurs  réelles. 

Id. 

1 

0 

Id. 

5 

1 

Erreur  réelle. 

Pieris  rapae 

20 

3 

Erreurs  réelles. 

101 

13 

La  proportion  des  erreurs,  se  réduisant  du  reste  à  des  hésitations, 
n'a  donc  été  cette  fois  pour  les  Hyménoptères  que  de  une  erreur 
sur  cinquante-cinq  fleurs  visitées. 

Au  Jardin  botanique,  en  observant  six  abeilles,  je  n'avais  constaté 
que  deux  erreurs  sur  trois  cent  quatre-vingt-huit  fleurs  visitées,  soit 
une  erreur  sur  cent  quatre-vingt-quatorze  fleurs.  Cette  différence 
résulte  de  ce  que,  de  part  et  d'autre,  les  nombres  d'Hyménoptères 
étaient  trop  peu  considérables.  Cependant,  les  deux  résultats  con- 
cordent pour  prouver,  comme  je  l'ai  déjà  fait  ressortir,  que  les 
Hyménoptères  ne  se  trompent  que  très  rarement. 

Soit  une  erreur  sur  un  peu  plus  de  sept  fleurs  visitées.  Démon- 
trant encore  une  fois,  si  la  chose  était  nécessaire,  que  les  Lépidop- 


360  F.    l'I.ATKAU 

tères  iliiirnes  sont   des  animaux   dont    les    |)er(re|»tious  sont   foit 
inférieures  à  celle  des  HyinénoiJtères. 

§  4.  Conclusions  pour  la  N.i/.r/.i  //ouM/xrM. 

4°  Les  Insectes  libres  de  choisir  entre  les  lleurs  de  Dianthiia  hnr- 
hatus,  les  petites  fleurs  pâles  de  Salvia  hormiiuitn,  enfin  les  bractées 
vivement  colorées  de  cette  plante,  se  sont  simplement  comportés 
comme  s'ils  avaient  le  choix  entre  les  Dianthus  et  une  Salvia  sans 
bractées,  (^'esta-dire  qu'ils  n'ont  pas  été  particulièmnent  attirés 
par  ces  organes. 

2°  Une  partie  assez  notable  des  Insectes,  composée  surtout  de 
Lépidoptères  et  de  Diptères  (1)  (123  individus),  n'a  butiné  que  sur 
les  Dianthus  seuls,  sans  s'inquiéter  des  Salvia. 

3"  Quelque  Lépidoptères  et  Diptères  (2)  (21  individus),  tout  en 
visitant  les  Dianthus,  ont  commis  un  certain  nombre  d'erreurs 
vis-à-vis  des  bractées  voisines. 

4»  Les  Salria  horniitium,  comme  les  Labiées  en  général,  ont  été 
surtout  visitées  par  une  grande  quantité  d'Hyménoptères  (plus  de 
250  individus).  Ceux-ci,  lorsqu'ils  arrivaient  du  nid  ou  de  la  ruche, 
ne  se  sont  jamais,  sauf  dans  des  cas  très  exceptionnels  (3  en  tout), 
précipités  d'abord  sur  les  bractées.  Toujours  et  quoique  les  Sauges 
horminelles  fussent  cultivées  dans  la  localité  pour  la  première 
fois,  ils  se  jetaient,  dès  le  début,  sur  les  fleurs  vraies.  Les  rares 
erreurs  commises,  le  plus  souvent  de  simples  hésitations,  n'avaient 
lieu  que  pendant  les  pérégrinations  de  fleur  en  fleur.  Jamais  aucun 
Hyménoptère  n'a  fait,  sur  les  bractées,  de  tentative  de  succion. 

5°  Les  Lépidoptères  (20  individus)  et  Diptères  (10  individus), 
naturellement  peu  nombreux  sur  des  Labiées,  ont,  au  contraire, 
commis  proportionnellement  des  erreurs  assez  fréquentes. 

6°  11  résulte  de  l'ensemble  des  observations  que  les  Hyménoptères, 
Abeilles,  Bourdons,  Anthophores,  Anthidiums,  etc.,  principaux  et 
presque  exclusifs  fécondateurs  des  Salvia  (3),  sont  si  peu  attirés 
par  les  bractées  colorées  que,  si  ces  organes  soi-disant  vexillaires 
faisaient  défaut,  la  fécondation  de  la  Salvia  horminnm  serait 
cependant  largement  assurée. 

(1)  En  négligeant  les  Coléoptères. 

(2)  En  négligeant  une  seule  Andrena. 

(3)  H.  Mulleh.  The  Ferlitisation  of  Flowers,  etc.,  op.  cit.,  p.  303,  dit  en  elTet  : 
«  chez  les  Lavendula,  Salvia,  Galeohdolon,  Laniiuin...,  les  Abeilles  accomplis- 
sent à  peu  près  tout  le  travail  de  fécondation  (Bées  perform  almost  ail  the  work 
of  fertiiiî-ationl,  quoique  les  Lépidoptères  et  les  Diptères  à  longue  trompe  y  parti- 
cipent aussi.  » 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   361 

Chapitre  II 
Observations  sur  VHydrangea  opiiloides  Lam. 

§  5.  Hlstorique 

Chez  la  Viorne  obier  sauvage,  Vihurnum  opulus  L.,  l'inflorescence 
offre  des  caraclères  intéressants  bien  connus  mais  qu'il  est  néces- 
saire de  rappeler  pour  l'intelligence  du  sujet  :  les  fleurs  sont 
réunies  en  corymbe  plan  ;  celles  de  la  circonférence  sont  grandes, 
aplaties,  blanches,  très  visibles,  irrégulières,  stériles;  celles  de  la 
portion  centrale  sont,  au  contraire,  petites,  campanulées,  d'un 
blanc  jaunâtre,  régulières  et  fertiles. 

II  existe  une  variété  cultivée  dans  les  parcs  et  les  jardins,  var. 
glolmlarls  ou  var.  sterilis,  portant  les  noms  vulgaires  de  Rose  de 
Gueldre  ou  de  Boule  de  neige,  dont  les  fleurs  groupées  en  cyme 
globuleuse  sont  toutes  grandes  et  stériles. 

V Uydrangea  opuloides  Lam.  {H.  hortensis  Sm.,  H.  hortensia  D.C.) 
vulgairement  Hortensia,  nous  présente  des  dispositions  florales  très 
analogues. 

A  l'état  primitif  (figure  2),  les  fleurs  sont  réunies  en  ombelle 
plane  ;  celles  de  la  périphérie  sont  grandes,  bien  visibles,  d'un  rose 
très  pâle,  souvent  stériles;  celles  de  la  région  centrale  sont  petites, 
roses,  munies  de  stigmates  et  d'étamines,  fertiles,  non  ou  très  peu 
nectarifères,  mais  odorantes. 

Comme  pour  le  Viburnum,  il  existe  une  variété  cultivée  partout, 
même  le  seul  état  sous  lequel  le  végétal  soit  connu  du  vulgaire, 
V Hortensia  ou  Hose  du  Japon  des  jardiniers,  dont  les  fleurs  ordinai- 
rement roses,  toutes  grandes  et  presque  toutes  fonctionnellemeut 
stériles,  sont  associées  en  volumineuse  ombelle  globuleuse. 

Ainsi,  quoiqu'elles  appartiennent  à  des  familles  différentes  (1), 
ces  deux  plantes  peuvent,  au  point  de  vue  des  Insectes,  être  étu- 
diées sous  deux  états  ;  l'état  primitif  à  fleurs  centrales  petites,  fer- 
tiles et  à  fleurs  du  pourtour  grandes,  stériles;  l'état  cultivé  où 
toutes  les  fleurs  présentent  la  structure  des  seules  fleurs  périphé- 
riques de  la  forme  sauvage.  Ce  qui  a  été  dit  pour  l'une,  (|uant  à 
l'attraction  des  Insectes,  s'applique  donc  à  l'autre  et  récipro- 
quement. 

(1)  L'Hydrangea  appartient  à  la  famille  des  Saxifragées,  le  Viburnum  à  celle 
des  Caprifoliacées, 


362 


I       l'LATKAI 


.l'ai  riloisi  Vlluilvauçica  pour  mes  observations  personnelles, 
d'ahord  en  raison  de  rrpo(|ue  de  la  lloraison  ;  le  \  ihuniuin  flenris- 
sant  dès  niai,  moment  de  l'année  où,  en  Belj,Mqiie,  les  Insectes  sont 
sonvent  peu  abondants  et  oCi  le  temps  est  fréquemment  pluvieux, 
VllildnuKjt'd  lleurissanl  au  contraire  en  août,  alors  que  les  Insectes 
deviennent  uoM)breux;  ensuite  parée  que  j'avais  la  chance  de  pos- 
séder dans  mon  jardin  un  beau  et  i;rand  |)ied  du  type  primitif  bien 
exposé. 

Le  court  liistori(|ue   ci-dessous   fera  comprendre  l'intérêt  qui 
s'attachait  à  des  observations  attentives. 

C.  K.  Spreugel,  parlant  du  Viburnuiii  sauvai^^^  émit  le  premier 


A 


Fig.  2  (g.  n.).  Hijdriiagea  opulnidea^  typn  primitif.  Ci)upt'  d'une  ombelle.  — 
A,  trajet  que  suivraient  les  Insectes  à  l'arrivée  s'ils  étaient  attirés  par  les 
grandes  lleurs  périphériques  ;  B,  trajet  réellement  suivi  à  l'arrivée. 

l'idée  que  les  grandes  fleurs  stériles  de  la  circonférence,  comme  les 
fleurons  périphériques  du  Centaurea  cyanus;  qu'il  cite  dans  ce  pas- 
sage, auraient  un  rôle  utile  pour  la  communauté,  celui  d'attirer, 
par  leur  visibilité,  les  Insectes  vers  l'inflorescence  (1). 

(1)  Spkengel.  Das  entdekte  Geheiinniss  der  Natur  im  Rau  und  in  der  Befruch- 
tnng  der  Biumen,  p.  l;jî)  de  l'édition  originale,  Berlin,  1793.  —  Fascicule  49, 
p.  10  et  11  de  la  réimpression  dans  les  Ostwald's  Klassiker  dt^r  exaten  Wissens- 
chaften,  Leipzig,  lS9i  —  p.  3S1  de  l'édition  originale  et  fascicule  oO,  p.  93,  de  la 
réimpression,  Sprengel  revient  sur  le  rôle  attractif  des  fleurons  périphériques  du 
Centaurea  qu'il  appelle  Sc/iemblumen  (fleurs  voyantes). 


RECHERCHKS  SUR  LKS  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS       363 

Cette  interprétation,  séduisaote  au  premier  abord,  fut  adoptée  par 
une  série  de  naturalistes  parmi  lesquels  je  citerai  :  H.  Mûller  (1), 
Wm.  Ogle  (2),  F.  Delpino  (3).  G.S.  Boulger  (4),  Th.  Comber  (5), 
Errera  et  Gevaert  (6),  John  Lubbock  (7),  Th.  Barrois  (8),  etc. 

Presque  tous  attribuent  la  même  fonction  vexillaire  aux  fleurs 
périphériques  stériles  duVihiirmim,  de  VHijdra^ifjea  et  du  Centaurea 
cyanus.  Les  termes  employés  étant  généralement  analogues,  je 
me  bornerai  à  emprunter  le  passage  suivant  à  Errera  et  Gevaert  : 
«...  chez  ces  végétaux  il  y  a  une  sorte  de  division  du  travail  :  parmi 
leurs  fleurs,  les  unes  se  chargent  de  la  production  de  pollen  et 
d'ovules;  les  autres  brillantes,  agrandies  aux  dépens  des  organes 
sexuels,  servent  uniquement  à  accroître  l'éclat  de  la  plante  et  à  la 
faire  mieux  apercevoir  des  Insectes.  C'est  le  cas  chez  beaucoup  de 
Composées  {Centaurea),  chez  les  Hydrangea,  Viburmim » 

Lorsqu'on  s'occupe,  non  d'une  façon  hypothétique,  mais  d'une 
manière  réelle  et  expérimentale  des  rapports  entre  les  Insectes  et 
les  fleurs,  on  est  stupéfait  de  la  facilité  avec  laquelle  certaines  idées 
se  sont  incrustées.  Ainsi  la  théorie  de  Sprengel  sur  le  rôle  des  fleurs 
périphériques  du  Viburnum  a  pu  régner  jusqu'en  1894,  sans  que 
personne  se  donnât  la  peine  de  vérifier  si  elle  était  exacte. 

A  cette  date  les  observations  patientes  d'un  naturaliste  conscien- 
cieux, J.  Mac  Leod,  firent  naître  les  premiers  doutes.  Mon  savant 
collègue  s'exprime  comme  suit  :  «  Les  grandes  fleurs  périphériques 
stériles  s'ouvrent  quelque  temps  avant  les  petites  fleurs  centrales 
fertiles;  elles  sont  ainsi  exposées  trop  tôt  à  la  pluie  et  au  vent  sans 
aucune  utilité  pour  la  plante.  Il  a  été  admis  que  les  grandes  fleurs 
ont  pour  rôle  l'attraction  des  Insectes  transportant  le  pollen;  mais 
tant  que  les  fleurs  fertiles  sont  encore  fermées,  les  visiteurs  ne 
peuvent  rendre  aucun  service  au  végétal.  Certaines  inflorescences 
sont  complètement  ou  presque  complètement  dépourvues  de  fleurs 
périphériques  et  n'en  sont  cependant  pas  moins  visitées  par  les 

(1)  Mûller.  The  Fertilisaiion  of  Flowers.  Op.  cit.  p.  291  ot  330. 

(2)  Ogle.  Popular  Science  Review,  april  1870. 

(3)  Delpino.  Ulteriori  osservazioni.  etc.  Op.  cit.  p.  1G4. 

(4)  Boulger.  Colour  in  Flowers  not  due  lo  Insecls.  The  Nature.  X,  p.  520, 
October  29,  1874. 

(3)  Comber.  Même  recueil,  même  date. 

(6;  Errera  et  Gevaert.  Sur  la  struchcre  et  les  modes  de  fécondation,  etc., 
Op.  cit.,  p.  14;). 

(7)  Lubbock.  Les  Insectes  et  les  fleurs  sauvages.  Traduction  française,  p  39, 
129,  130,  Paris,  1879. 

(8)  Barrois.  Rôle  des  Insectes,  etc.,  Op.  cit.  p.  100. 


364  F.    l'I.ATKAU 

Itisecles.   Os  f;iils   ne  c.oiic.oidfiit    pus  avec    l.i   lln'orir  de  Spron 
^'el(l)).. 

Mes  propres  expérieuces  de  1895  sur  les  Dahlias  dont  on  njasque 
les  llenroiis  du  pourtour  par  des  feuilles  vertes  (2),  ainsi  cpie  mes 
expériences  de  IS'.MJsur  \v  Ci'ntaurt'a  rijdnus  (H).  lireut  faire  un  pas 
de  plus. 

Je  ra|i[)ellerai  lirièvenient  ces  dernières,  puisque  des  auteurs  qui 
ont  parlé  du  Vilniniuni  et  de  VUjidnuujea  citent  aussi  le  ('entanrea  à 
l'appui  de  leur  thèse.  On  sait  que,  chez  le  Bleuet  commun,  les  fleu- 
rons centraux,  fort  peu  apparents,  ont  seuls  des  étamines,  un  pislil 
et  une  glande  nectarifère,  tandis  que  les  fleurons  périphériques, 
grands,  iufundibuliformes,  vivement  colorés,  sont  vides.  F^es  dimen- 
sions de  ces  fleurons  de  la  circonférence,  leur  couleur,  leur  posi- 
tion, firent  admettre,  depuis  Sprengel,  qu'ils  servent  d'organes 
attractifs. 

Or,  si  dans  un  groupe  de  Bleuets  semés  serrés,  on  enlève  tous  les 
fleurons  périphériques  à  uu  certain  nombre  d'inllorescence  (dix, 
par  exemple),  disséminées  çà  et  là  au  milieu  de  la  multitude  des 
autres  intactes,  on  voit  les  Hyménoptères  visiter  avidement  les 
inflorescences  privées  de  leurs  fleurons  colorés.  Ces  Insectes  pas- 
sent, comme  si  rien  de  spécial  n'avait  été  effectué,  des  capitules 
intacts  aux  capitules  mutilés. 

Si  les  fleurons  périphériques  avaient  la  fonction  attractive  qui 
leur  a  été  attribuée,  les  Hyménoptères  ne  visiteraient  que  les  capi- 
tules intacts  très  nombreux  et  négligeraient  les  quelques  capitules 
mutilés.  Le  fait  que  les  choses  ne  se  passent  pas  de  cette  manière 
semble  bien  prouver  que  l'existence  ou  la  présence  des  fleurons 
colorés  leur  est  parfaitement  indifïérente. 

Au  point  où  en  était  la  question,  la  théorie  de  Sprengel  se  trou- 
vait donc  entamée.  Cependant,  le  seul  moyeu  de  s'assurer  si  on 
devait  réellement  l'abandonner,  consistait  à  faire  des  observations 
suivies  sur  des  inflorescences  analogues  au  type  Vihurnuin  qu'il 
décrivit.  J'ai  déjà  dit  plus  haut  pour  quels  motifs  j'ai  choisi  Vlhj- 
drangea  opuloideH. 

(I)  Mac  Leod.  Over  de  Becruchliriff  drr  filoejiiei  in  hel  Keinpisch  gedeelle  van 
Vlaanderen,  blz  37:!,  n"  301.  Addenda.  Hotaniscli  Jaarljock  uitfjregcven  door  het 
Kruidkundig  gonootschap  Dodonœa.  Gont,  1894. 

(i)  F.  Plateau.  Comment  les  fleurs  attirent  1rs  Insectes,  première  pariie. 
Bulletins  de  l'Académie  royal  de  Belgique.  3'  série,  XXX,  n°  11,  1893. 

(3)  Id.  Deuxième  partie.  M«^nie  recueil,  XXXII,  n°  11,  1890. 


RECHEKCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      365 


§  6.  Observations  sur  le  type  primitif. 


Le  pied  observé  était  grand  et  unique  dans  la  région.  Non  seu 
lement  il  était  seul  dans  mon  jardin,  mais  il  n'y  en  avait  aucun,  ni 
dans  les  autres  jardins  voisins,  ni  dans  le  parc  public  situé  à  peu 
de  distance  (1):  fait  qui  diminue  de  beaucoup  la  valeur  de  certaines 
objections  possibles  concernant  des  habitudes  prises  par  les 
Insectes,  etc. 

En  pleine  floraison,  il  portait  de  quarante-cinq  à  cinquante 
ombelles. 

L'analyse  quelque  peu  détaillée  d'une  de  ces  inflorescences 
(fig.  2)  est  nécessaire  pour  bien  saisir  la  portée  des  résultats. 

Les  petites  fleurs  centrales  roses  (fig.  3)  ont  environ  o  millimètres 
de  diamètre  ;  elles  sont  presque  toujours  construites  sur  le  type 
cinq,  comprenant  cinq  sépa- 
les (.s)  incolores,  très  courts, 
persistants  ;  cinq  pétales  (p) 
roses  se  recourbant  vers  le 
bas  et  caducs,  c'est  à-dire 
tombant  après  la  féconda- 
tion ;  un  ovaire  (o)  infère  ; 
trois  stigmates,  parfois  qua- 
tre et  généralement  dix  éta- 
mines  dont  les  anthères  pro- 
duisent un  pollen  blanc  légè- 
rement grisâtre.  Mes  recher- 
ches pour  trouver  des  glan- 
des nectarifères  ont  été  vai- 
nes. Pendant  les  heures  chaudes  de  la  journée,  ces  fleurs  émettent 
un  parfum  assez  intense,  rappelant  celui  de  la  Spiraea  almaria  et 
qu'on  aperçoit  à  quelque  distance. 

Bien  que  sous  notre  latitude  les  graines  n'arrivent  que  rarement 
à  maturité,  les  fleurs  centrales  sont  bien  des  fleurs  fertiles  au  sens 
physiologique.  L'ovaire  (figure  3,  B)  gonfle,  devient  piriforme,  vert, 
atteint  plus  de  2  millimètres  de  diamètre  et  les  coupes  y  décèlent 
aisément  des  graines  en  voie  de  développement. 

Tout  autre  est  la  structure  des  grandes  fleurs  périphériques 
(figure  4).  D'un  rose  plus  pâle,  elles  mesurent  chacune  environ  trois 


Fig.  3  (gr.  5).  A,  Petite  fleur  centrale 
û'Hydiangea  ;  s,  sépales;  p,  pétales; 
0,  ovaire  ;  B,  Ovaire  mûr. 


(1)   Le  type  primitif,  passant  pour  laid  au  point  de  vue  horticole,  ne  figure 
guère  que  dans  les  jardins  botaniques. 


3fi() 


F.    l'LATKAI' 


ceiitimùtres  de  (li.iiiK'lie,  c'est  à-dire  (|uo  leur  largeur  ;dtcinl  six 
fois  celle  des  lleurs  centrales.  Elles  sont  souvent  construites  sur  le 
type  quatre.  La  largeur  de  la  fleur  est  due  non  au  développement 
des  pétales,  mais  à  celui  des  sépales.  On  y  compte  donc  ordinaire- 
ment quatre  grands  sépiles  d'un  rose  pale  (.s)  et  (juatre  petits 
pétales  (;/)  restant  aussi  petits  que  dans  les  fleurs  centrales. 

Chez  beaucoup  de  ces  grandes  fleurs,  l'avortement  fonctionnel 
des  élénxMits  reproducteurs  semble,  au  premier  abord,  être  com- 
plet, leur  centre  n'étant  occupé  que  par  un  petit  bouton  sphérique 
à  quatre  secteurs  (fig.  4,  B)  ;  mais  si  l'on  ouvre  ce  bouton,  on  cons- 
tate qu'il  se  compose  des 
quatre  petits  pétales  enve- 
loppant intimement  pistil 
et  étamines. 

Au  bout  de  plusieurs 
jours,  les  pétales  s'écar- 
tent et  les  étamines  diver- 
gent (fig.  4,  A).  Il  n'y  a 
ordinairement  que  deux 
stigmates  et  huit  étami- 
nes ;  celles-ci  produisent 
alors  du  pollen  ;  cependant 
les  grandes  fleurs  restent 
stériles ,  leur  ovaire  ne 
prenant  aucun  accroisse- 
ment (1). 

Il  y  a  ici  un  détail  à 
retenir  pour  interpréter 
sainement  les  visites  des 
Insectes,  c'est  que  toujours 
un  certain  nombre  de  grandes  fleurs  périphériques,  arrivées  à  leur 
développement  complet,  offrent  du  pollen  à  la  convoitise  des 
Hyménoptères  et  des  Diptères. 

Mes  observations  furent  poursuivies  pendant  une  grande  partie 

du  mois  d'août  et  eurent  lieu  cbacun  des  jours  de  beau  temps, 

pendant  une  heure,  tantôt  vers  midi,  tantôt  entre  deux  et  trois 

heures.  V^oici  les  résultats  : 

1°   Les   Insectes   ne  sont  pas  très   abondants,  c'est-à-dire  sont 


Fig.  4  (gr.  2).  —  Gnindos  fleurs  périphériques. 
A,  Fleur  où  les  stigmates  et  les  étamines 
sont  étalés  ;  *',  sépales  ;  p,  pétales;  B,  Fleur 
plus  jeune  privée,  en  apparence,  de  tout 
organe  reproducteur. 


(1)  Vers  la  fin  de  son  existence,  rindoresccnce  subit  une  série  de  changements 
de  coloration  assez  intéressants  mais  dont  la  description  serait  inutile  dans  le 
travail  actuel. 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS       367 

moins  nombreux,  ea  un  temps  donné,  que  sur  des  Composées,  des 
Labiées  ou  des  Ombellifères  ;  ce  qui  explique  les  chiffres  relative- 
ment faibles  du  tableau  V  figurant  plus  loin. 

2°  Par  suite  de  la  pauvreté  en  nectar  ou  de  l'absence  totale  de 
celui-ci,  les  fleurs  d'Hydrangea  ne  sont  visitées  que  par  certains 
Hyménoptères  n'y  venant  que  pour  récolter  du  pollen  (Bombas  (1) 
et  Megachile)  et  par  des  Diptères  Syrphides  (Sjjrphus,  Eristalis  et 
Helophilus)  mangeant  le  même  produit. 

3°  L'Abeille  domestique  restait  absente;  l'unique  visite  signalée 
plus  bas  est  accidentelle. 

40  Les  Lépidoptères  diurnes  que  leur  vol  peut  amener  dans  la 
direction  de  la  plante  se  bornent  à  passer,  ne  se  posent  jamais  et 
montrent  V indifférence  la  plus  complète,  l'éclat  des  grandes  fleurs 
périphériques  ne  les  attirant  pas. 

5<*  La  façon  habituelle  de  se  comporter  soit  des  Insectes  qui  arri- 
vent d'une  certaine  distance,  soit  de  ceux  qui  passent  successive- 
ment d'une  ombelle  à  l'autre,  est  caractéristique.  L'animal,  au  lieu 
de  se  précipiter  d'abord  sur  une  des  grandes  fleurs  périphériques, 
suivant  la  direction  A  (figure  2),  pour  ne  passer  qu'après  aux  petites 
fleurs,  ce  qui  serait  d'accord  avec  la  théorie  de  l'action  attractive 
des  grandes  fleurs  stériles,  agit  tout  autrement;  il  vole  à  côté  ou 
au-dessus  des  grandes  fleurs  comme  si  elles  n'existaient  pas  et  se 
rend  rfw  premier  coup  (suivant  la  direction  B,  fig.  2)  aux  petites 
fleurs  fertiles  centrales. 

6°  Les  erreurs  commises  sont  en  très  petit  nombre  :  pour  les 
Hyménoptères,  une  sur  soixante-dix-neuf  ombelles  visitées;  pour 
les  Diptères,  insectes  moins  intelligents,  une  sur  dix-huit  ombelles 
visitées.  En  combinant  tous  mes  résultats,  je  trouve  une  erreur 

(1)  Les  Bourdons  qui  visitent  les  ombelles  d'Hydrangea  parcourent  chacune 
d'elles,  pendant  un  certain  temps,  en  piétinant  en  cercle,  puis  passent  à  une 
ombelle  voisine  où  ils  répètent  le  même  manège;  ils  en  visitent  ainsi  parfois  un 
grand  nombre,  revenant  même  à  des  indorescences  déjà  explorées.  Ils  récoltent 
le  pollen  avec  avidité  et  les  corbeilles  de  leurs  pattes  postérieures  en  sont  finale- 
ment chargées. 

Afin  de  lever  tous  les  doutes  à  cet  égard,  je  me  suis  assuré  par  une  observa- 
tion microscopique  attentive,  en  comparant  le  pollen  provenant  des  anthères  au 
pollen  qui  garnissait  les  pattes  de  Bourdons  capturés  sur  la  plante,  que  c'était 
bien  le  pollen  d'fli/drangea  que  ces  Hyménoptères  ramassaient  si  soigneusement. 

Cette  constatation  demande  certaines  précautions  :  il  ne  faut  s'emparer  de 
l'Insecte  que  lorsqu'il  a  visité  plusieurs  ombelles  et  qu'on  a  vu  que  ses  corbeilles 
sont  garnies  de  pollen  blanc.  Souvent,  en  effet,  des  Bourdons  déjà  plus  ou  moins 
chargés  de  pollen  (jaune,  par  exemple),  récolté  sur  d'autres  fleurs,  arrivent  aux 
Bydnitujea  pour  comphHer  leur  provision. 


368  F.   I  LA  ri: AU 

poiif  (|ii;ii;mli'  iii'iif  onilx-llcs  Nisilt'es.  Très  souvent,  l'iusecle  n'en 
cominel  iiiicnnc  ;  on  lidiiver;i,  dans  le  talileau  V  suivaot,  les  cas  de 
Bourtions  ayant  visite^  sneressivenienl  IH,  25,  M2,  102  ()mi»elles  sans 
se  laisser  tronipt'r  une  seule  fois  |)ar  le-^  grandes  lleurs. 

L'obsei'vation  atlenlive  montre,  en  outre,  (jue  ces  erieurs  sont 
fort  peu  importantes.  I^es  erreurs  totales  sont  excessivement  rares; 
prescjue  toujours  la  faute  ne  consiste  ou  bien  (ju'en  une  courte  hési- 
tation, ou  bien  dans  le  fait  (jue  l'Insecte  s'est  servi  d'une  des  grandes 
fleurs  comme  point  d'appui  momentané  (1). 

Si  l'erreur,  même  faible,  avait  toujours  lieu  au  moment  de  l'arri- 
vée de  l'animal,  elle  acquerrait  une  certaine  valeur;  mais,  loin  de 
là,  on  ne  la  constate  souvent  que  lorsque  l'Insecte  butinant  depuis 
quelque  temps  a  déjà  exploré  quelques-unes  des  inflorescences. 

On  n'oubliera  pas  non  plus,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué  plus  haut, 
que  plusieurs  des  grandes  fleurs  périphériques  possèdent  des  éla- 
mines  et  produisent  du  pollen.  Des  Diptères  Syrphides  pourront 
parfois  aller  à  ces  fleurs,  mais  à  celles-là  seulement,  pour  dévorer  le 
pollen  en  question.  Je  reviendrai  sur  ce  sujet  dans  le  §  8. 

§  7.  Cas  dks  ombelles  du  type  prlmitif  dont  les  fleurs  centrales 

SONT   encore   en    BOUTONS. 

Les  partisans  de  l'action  vexillaire  des  grandes  fleurs  périphéri- 
ques diront  :  oui  il  résulte  de  vos  recherches  que  de  près  les  grandes 
fleurs  n'attirent  pas  les  Insectes,  mais  c'est  de  loin  que  s'exerce  leur 
action  ;  ce  sont  elles  qui  avertissent  les  Insectes  à  dix,  vingt,  cin- 
quante mètres  de  distance. 

Le  paragraphe  actuel,  ainsi  que  le  suivant,  vont  leur  prouver  qu'ils 
se  trompent. 

J'ai  cité  plus  haut,  §  5,  le  passage  où  J.  Mac  Leod,  parlant  du 
Viburnum  opubis  sauvage,  fait  remarquer  que  les  grandes  lleurs  de 
la  circonférence  s'ouvrent  avant  les  fleurs  centrales  et  qu'il  existe 
ainsi  une  période  durant  laquelle  l'attraction  déterminée  par  les 
grandes  fleurs  périphériques,  si  attraction  il  y  a,  est  sans  utilité. 

Les  mêmes  faits,  peut  être  encore  plus  accusés,  s'observent  chez 
le  type  primitif  dliijdrangea  opuloides. 

Les  grandes  fleurs  du  pourtour,  d'abord  verdàlres,  puis  blanches 
et  enfin  roses,  s'ouvrent  longtemps  avant  les  petites  fleurs  centrales. 
Cet  état  persiste  plusieurs  jours. 

(1)  Absolument  comme  il  se  servirait  de  la  surface  d'une  feuille,  d'une  bractée 
ou  de  la  lèvre  inférieure  d'une  corolle  bi-labiéc,  etc. 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS   369 

Ainsi,  par  exemple,  j'ai  compté,  sur  une  inflorescence  de  dimen- 
sions moyennes,  huit  grandes  fleurs  parfaitement  développées, 
tandis  que  le  centre  de  l'ombelle  comprenait  plus  de  280  petites 
fleurs  fertiles  toutes  en  boutons.  A  compter  du  moment  où  les 
grandes  fleurs  avaient  acquis  leur  aspect  normal,  il  s'est  écoulé 
trois  jours  chauds  et  ensoleillés  avant  qu'aucune  fleur  centrale  ne 
s'ouvrît. 

Tant  que  les  fleurs  du  centre  sont  fermées,  les  fleurs  de  la  circon- 
férence sont  inutilement  étalées.  Les  visites  d'Insectes  font  défaut. 

L'ouverture  des  petites  fleurs  n'a  pas  lieu  simultanément  pour 
un  grand  nombre  d'entre  elles.  Elles  s'ouvrent  au  contraire  fort 
lentement,  une  à  une.  Or,  quand  il  n'y  en  a' encore  qu'une  ou  deux 
d'ouvertes,  étalant  leurs  étamioes,  c'est  sur  celles-là  et  celles-là 
seulement  qu'on  voit  se  précipiter  les  Syrplius. 

Enfin  on  peut  rencontrer  fréquemment  des  ombelles  où  toutes 
les  fleurs  centrales  sont  complètement  fanées,  les  unes  desséchées, 
les  autres  réduites  à  leur  ovaire  vert,  tandis  que  les  grandes  fleurs 
périphériques  sont  encore  assez  fraîches  pour  jouer  leur  prétendu 
rôle  vexillaire. 

§  8.  Observations  sur  le  type  généralement  cultivé 
(Hortensia  ou  Rose  du  Japon  des  jardiniers). 

On  pourrait  opposer  à  ce  que  je  viens  de  dire  dans  le  §  7  précé- 
dent que  les  grandes  fleurs  des  inflorescences  dans  lesquelles  les 
petites  fleurs  sont  encore  fermées  ne  sont  pas  complètement  inutiles, 
qu'elles  servent  à  attirer  les  Insectes,  de  loin,  vers  l'ensemble  de 
la  plante,  au  bénéfice  des  ombelles  plus  avancées. 

Ce  raisonnement  est  démontré  faux  ou,  tout  au  moins,  exagéré 
dans  ses  conclusions,  par  ce  qui  se  passe  à  l'égard  des  Hortensias 
cultivés. 

Chez  cette  variété  bien  connue,  toutes  les  fleurs  sont  grandes, 
stériles  au  point  de  vue  fonctionnel  et  groupées  en  grosses 
ombelles  sphériques  bien  plus  visibles  que  les  inflorescences  du 
type  primitif, 

La  floraison  très  abondante,  ce  qui  fait  rechercher  le  végétal  pour 
la  décoration  des  jardins,  a  pour  résultat  de  produire  des  masses 
florales  roses  volumineuses  et  nombreuses,  s'apercevant  à  de  grandes 
distances. 

Dans  chaque  inflorescence  s'observent,  en  général,  plusieurs 
fleurs  qui,  bien  que  ne  produisant  pas  de  graines,  sont  munies  de 

Mém.  Soc.  Zool,  de  Fr,,  1898.  xii.  —  24 


370  F.    l'I.ATKAU 

sti2:mRtes  ef  d'ëtaniines.  Cette  particularité  explique  les  quelques 
visites  (l'iiisecles  dont  je  vais  parler. 

Le  parfum  est  très  faible,  beaucoup  moias  prononcé  que  chez  le 
type  |)riinitif  et  il  faut  mettre  le  nez  sur  une  ombelle  pour  en  cons- 
tater l'existence. 

Mes  observations  ont  été  faites  à  fiand,  au  Jardin  botanique  et  au 
jardin  de  la  Société  d'ai^^riciilture  et  de  botanique  (vulgairement 
le  Casino)  les  17,  18,  31  août,  ;")  et  7  septembre,  par  beau  temi)S. 

Au  Jardin  botanique,  les  Hydrangea  à  inflorescences  sphériques 
occupent  un  parterre  elliptique  de  7  à  8  mètres  de  longueur  et  de 
3  mètres  de  laige.  Elles  portent  à  la  fois  de  150  à  200  ombelles  en 
fleurs,  le  tout  formant  dans  une  pelouse  une  énorme  masse  rose 
visible  certainement  à  plusieurs  centaines  de  mètres. 

Détail  à  signaler:  à  cinquante  mètres  à  peine  de  ce  parterre  existe 
un  rucher  en  pleine  activité  dont  les  Abeilles  se  répandent  dans 
tout  le  jardin. 

Or,  malgré  l'éclat  des  inflorescences  et  leur  grand  nombre,  la 
surface  du  massif  d'/f//rf/a7î^m  est  relativement  déserte;  ni  Abeilles, 
ni  Bourdons,  sauf,  à  de  longs  intervalles,  un  unique  individu  qui 
s'éloigne  presque  aussitôt,  pas  d'Eristales,  pas  de  Lépidoptères, 
seuls  des  Syrphuii  corollae  et  des  Mclanostoma  mellina,  en  quantité 
minime,  visitent  les  fleurs  à  étamines  et  presque  exclusivement 
celles-là. 

Au  jardin  de  la  Société  d'agriculture  et  de  botanique  les  Hydrangea 
cultivés  sont  plantés  en  ligne  le  long  d'une  des  allées.  Ils  portent 
une  centaine  d'ombelles  dont  soixante-quinze  sont  absolument 
fraîches.  Sans  les  massifs  d'arbres,  le  tout  se  verrait  aisément  de 
l'extrémité  opposée  du  jardin,  qui  mesure  environ  un  hectare. 

Encore  une  fois,  malgré  les  dimensions  des  ombelles  et  leur  cou- 
leur rose,  la  plate-bande  est  à  peu  près  déserte;  pas  un  Hyménop- 
tère,  bien  que  de  nombreux  Bourdons  visitent  les  fleurs  immédia- 
tement voisines  telles  que  celles  des  Hibiscus  syriacus  plantés  en 
retrait  le  long  de  la  bande  d'Hortensias;  pas  de  Lépidoptères  attirés 
par  la  coloration;  quelques  très  rares  Diptères  seulement,  une  ou 
deux  Melanostoma  mellina,  deux  ou  trois  Syrphus  corollae  se  portant 
du  reste  sur  les  seules  fleurs  à  étamines. 

Ces  observations  faciles  que  tout  le  monde  peut  répéter  prouvent 
combien  la  pi'étendue  attraction  à  distance  exercée  par  les  grandes 
fleurs  périphériques  des  Vihurnum  et  des  Hydrangea  a  une  faible 
valeur,  puisque,  dans  les  cas  où  ces  fleurs  se  trouvent  réunies  en 
très  grande  quantité  et  où  la  visibilité  des  inflorescences  atteint  son 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  E:T  LES  FLEURS      371 

maximum,  les  visites  des  Insectes  se  trouvent  réduites  à  un  mini- 
mum à  peu  près  négligeable. 

Les  partisans  du  rôle  vexillaire  m'objecteront  les  habitudes  acqui- 
ses. Les  Insectes,  d'après  eux,  ayant  appris  à  leurs  dépens  que  la 
Boule  de  neige  et  l'Hortensia  cultivé  ne  leur  livreront  que  peu  de 
pollen  et  pas  de  nectar.  Ils  oublient  que  la  plupart  des  Insectes 
n'ont  qu'une  vie  d'une  durée  limitée  et  qu'au  moment  de  la  florai- 
son des  Hortensias,  par  exemple,  les  Hyménoptères,  Diptères  et 
Lépidoptères  sont  souvent  d'autres  individus  que  ceux  de  l'été 
précédent. 

On  devrait  donc,  à  cette  époque  de  l'année,  assister  au  spectacle 
de  nuées  d'Insectes  attirés  par  les  grandes  et  nombreuses  inflores- 
cences colorées,  la  quantité  des  visiteurs  diminuant  ensuite  pour 
finir  par  être  très  faible  lorsque  tous  ceux  d'une  même  région 
auraient  fait  leur  éducation.  Or  je  crois  pouvoir  l'affirmer  et  ces 
naturalistes  le  reconnaîtront  eux-mêmes,  les  choses  ne  se  passent 
pas  ainsi;  les  visites  sont  en  très  petit  nombre  dès  le  début. 

Viendra-ton  avec  cette  réponse  qu'il  s'agit  de  résultats  d'éduca- 
tion transmis  d'une  façon  héréditaire  de  géuération  en  génération? 
Cette  transmission  est  d'autant  moins  probable,  en  ce  qui  con- 
cerne les  Insectes,   qu'elle  n'existe  pas  pour  des  Vertébrés  bien 
autrement  intelligents,  les  Oiseaux. 

En  effet,  F.  Finn,  dans  des  recherches  récentes  et  très  remarquées 
sur  le  rôle  des  couleurs  prémonitrices,  a  constaté,  au  sujet  des 
Oiseaux  insectivores  refusant  les  Lépidoptères  indiens  à  coloration 
voyante  et  à  saveur  désagréable,  que  la  connaissance  des  formes 
non  comestibles  n'est  pas  héréditaire;  chaque  Oiseau  apprend  à  les 
connaître  par  expérieyice  personnelle  (1). 

J'ai  appelé  l'attention  du  lecteur  sur  ce  fait  que  chez  les  Hydrangea 
cultivés  à  inflorescences  sphériques,  le  parfum  était  très  faible, 
tandis  que  chez  les  Hydrangea  du  type  primitif  les  petites  fleurs 
centrales  fertiles  émettent  une  odeur  beaucoup  plus  intense  per- 
ceptible à  distance  et  rappelant  celle  de  la  Spirsea  ulmaria.  Là  se 
trouve,  peut-être,  l'explication  de  la  façon  de  se  comporter  des 
Insectes  sur  lesquels,  je  crois  l'avoir  démontré,  l'éclat  et  les  dimen- 
sions des  grandes  fleurs  n'ont  pour  ainsi  dire  pas  d'effet. 

(1)  F.  Finn.  Journal  of  the  Asiatic  Society  of  Bengal,  LXVII,  part.  2,  n^i,  1897.  — 
The  Nature.  LVIII,  n»  1490,  May  19,  p.  38,  1898.  —  R«vue  Scientidque,  4=  série, 
IX,  1"  semestre,  n"  ii,  28  mai,  p.  696,  1898. 


372 


F.    l'LATEAl] 


Tableau  V 


HYMÉ^ 

OPTÈIiES 

s  «■; 

c 

se     =^     fe     ^: 

£  «.?>■§ 
o5-g 

a        -' 

NAÏUHK 

DES    EHRELHS 

n KM ARQUES 

Bombus  terrestris  .   . 

3 

0 

Id. 

3 

0 

Id. 

3 

1 

hésitation. 

Id. 

3 

0 

Id. 

:w 

1 

hésitation. 

après  avoir  visité  un  tiers 

Id. 

18 

0 

au  moins  des  inflores- 

Id. 

2S 

0 

cences. 

Id. 

'J 

0 

Id. 

8 

0 

Id. 

6 

0 

Id. 

102 

0 

M. 

63 

2 

prises  de  points 

Id. 

82 

0 

d'appui. 

Id. 

3 

0 

Id. 

G 

0 

Bombus  lapidarius. 

8 

0 

Apis  mellifica  .  .   . 

1 

0 

cas  unique,  partie  pres- 

Megachile ericetorum 

8 

0 

que  aussitôt. 

Id. 

3 

1 

à   la   deuxième    ombelle 

Id. 

3 

0 

seulement. 

Odynerus  parietum 

1 

0 

mangeant  le  pollen. 

Id. 

1 

0 

Id. 

397 

0 

DIPTÈRES 

Syrphus  corollae.   .   . 

2 

0 

Id. 

1 

0 

Id. 

1 

0 

Id. 

1 

2 

ht. 

2 

0 

Id. 

2 

0 

Id. 

2 

0 

A  REPOUTER.     .     . 

H 

2 

RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      373 


Report . 

Syrphus  corollae 

Id. 

Ici. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Syrphus  balteatus 

Id. 

Id. 

Syrphus  pyrastri 

Volucella  honihylans 

Eristaiis  arbustonim 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Eristaiis  tenax 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Helophilus  floreus 

Id. 


M    M  -OJ 


11 

2 

1 

2 
1 

4 
1 
2 


93 


NATURE 

DES    ERREURS 


REMARQUES 


courte  hésitation 
légère  hésitation 


erreur  réelle 


374  1'.    PLATKAU 

s^  î).  Conclusions  pour  L'IlvnnANnKA  opuloides. 

1»  Chez  le  type  i)rimilil.  les  grandes  Heurs  périphériques  stériles 
n'ont  pas  de  nMe  allradif  s|)ccial:  les  Insectes  ai-issanl,  en  général, 
comme  si  elles  n'existaient  i)as  et  se  rendant  directement  aux  peti- 
tes Heurs  fertiles  centrales. 

2°  Les  erreurs  que  les  Insectes  commettent  parfois  à  r(''}j;ard  des 
grandes  lleurs  sont  rares  et  peu  importantes  (Tableau  V). 

3"  Lorsque  comme  pour  le  type  cultivé  habituellement  dans  les 
jardins,  les  inflorescences  ne  se  composent  que  de  grandes  lleurs, 
leurs  masses  colorées  n'attirent  presque  pas  les  Insectes.  Les  indi- 
vidus peu  nombreux  qui  s'y  rendent  ne  se  portent  que  sur  celles 
de  ces  fleurs  possédant  des  étamines. 

40  Si,  chez  le  type  primitif,  les  grandes  lleurs  périphériques 
étaient  absentes,  la  fécondation  des  petites  fleurs  centrales  fertiles 
par  les  Insectes  serait  cependant  parfaitement  accomplie. 


Chapitme  111 
Conclusions  générales. 

Cette  étude  sur  le  rôle  de  deux  espèces  d'organes  colorés,  les 
bractées  de  .So/um  horminuiii  et  les  grandes  lleurs  périphériques 
stériles  d'Hydrcmgea  opuloides,  choisis  parmi  les  plus  voyants  et,  en 
apparence  les  plus  attractifs,  a  montré,  pour  tout  esprit  impartial, 
que  ces  parties  végétales  attirent  eu  réalité  si  peu  la  plupart  des 
Insectes,  et  d'une  façon  si  minime  les  Insectes  à  instincts  dévelop- 
pés tels  que  les  Hyménoptères,  que  la  fécondation  des  végétaux 
en  question  ne  souffrirait  aucunement  de  l'absence  de  ces  parties. 

On  n'a  donc  plus  le  droit  de  les  (considérer  comme  enseignes, 
signaux  ou  organes  vexillaires. 

Dans  ce  cas,  quelle  valeur  peuvent  avoir  pour  l'attraction  des 
Insectes  les  organes  voyants  de  moindre  importance,  feuilles  colo- 
rées, pédoncules  colorés,  poils  colorés,  etc.,  cités  par  Delpino  et 
d'autres?  aucune  probablement. 

Les  partisans  des  causes  finales,  et  ils  sont  encore  aujourd'hui  fort 
nombreux,  diront  peut-être  :  ((  Rien  n'est  inutile  dans  la  nature; 
si  les  organes  voyants  colorés  n'ont  pas  pour  but  l'attraction  des 
Insectes  fécondateurs,  à  quoi  servent-ils  ?  » 


RECHERCHES  SUR  LES  RAPPORTS  ENTRE  LES  INSECTES  ET  LES  FLEURS      375 

Je  ne  me  charge  pas  de  répondre,  en  ce  moment,  à  la  question  ; 
j'ai  constaté  qu'ils  ne  possédaient  pas  la  fonction  attractive  prépon- 
dérante qui  leur  a  été  attribuée.  C'est  à  ceux  qui  s'occuperont 
expérimentalement  de  biologie  végétale,  dans  la  suite,  à  déterminer 
si  la  coloration  de  ces  organes  a  une  autre  fonction  et  quelle  elle 
est. 


Sans  entamer  de  polémique,  je  dois  faire  remarquer  que  ce  tra- 
vail répond  accessoirement  à  quelques-unes  des  objections  formu- 
lées contre  mes  recherches  antérieures. 

On  m'a  reproché  d'avoir  basé  plusieurs  de  mes  conclusions  sur 
des  nombres  d'observations  insuffLsants,  c'est-à-dire  de  ne  pas  avoir 
fait  assez  de  statistique  comparative.  Cette  fois  les  observations  se 
rapportant  à  deux  cas  seulement  ont  duré  une  grande  partie  de 
l'été  et  ont  donné  lieu  à  de  multiples  noies  réunies  dans  divers 
tableaux.  Malgré  cela  les  résultats  sont,  dans  leur  ensemble,  abso- 
lument contraires  à  la  théorie  de  ceux  qui  admettent  l'attraction 
dominante  des  Insectes  par  l'éclat  des  organes  colorés. 

On  a  fait,  en  outre,  à  mes  longues  observations  à  l'aide  de  fleurs 
artificielles  qui,  d'une  façon  générale,  n'attirent  pas  les  Insectes, 
l'objection  que  ces  animaux  voyaient  immédiatement  la  différence 
entre  les  fleurs  véritables  et  de  grossières  imitations  en  papier. 

Je  dis  toujours  scrupuleusement  la  vérité,  comme  en  témoignent 
les  descriptions  consciencieuses  d'insuccès  ou  de  cas  défavorables  à 
ma  manière  de  voir,  et  lorsque  j'ai  afTirmé  que  mes  fleurs  artifi- 
cielles (en  tissus  très  divers)  étaient  de  bonnes  copies,  parfois  de 
petits  chefs-d'œuvre  faisant  parfaitement  illusion  pour  l'œil  humain, 
j'exprimais  un  fait  exact  qu'on  n'a  pas  le  droit  de  dénaturer. 

Du  reste,  les  bractées  colorées  de  Salvia  horminum  en  tissu  végé- 
tal réel  et  vivant,  avec  un  aspect  floral  tel  qu'il  trompe  les  per- 
sonnes intelligentes  ne  connaissant  pas  la  plante,  n'attirent  pas 
non  plus,  ou  attirent  fort  peu  les  Insectes. 

Je  n'en  dirai  pas  davantage,  cette  fois,  me  réservant,  par  d'au- 
tres travaux  déjà  entamés,  de  répondre  aussi  par  des  faits  au  reste 
des  critiques. 


376 


CONTRIBUTION  A  LA  MORPHOLOGIE  ET  A  LA  CLASSIFICATION 
DU  GENRE  LIMNODRILUS  CLAPARÈDE  (1) 

PAU 

JOS.    RYBKA 
(Planche  V) 

Dans  les  eaux  douces  du  iMexique  vit  uu  petit  Ver,  dout  on  se 
sert  pour  amorcer  les  Poissons  ;  il  s'y  trouve  en  quantité  tellement 
considérable,  qu'il  suffît  seul  à  cet  usage.  M.  Dugès,  consul  de 
France  au  Mexique,  envoya  ce  Ver,  par  l'entremise  de  M.  le  pro- 
fesseur Blanchard,  de  Paris,  à  M.  le  professeur  Vejdovsky,  de 
Prague,  qui  me  donna  gracieusement  tout  le  matériel  pour  en  faire 
la  description.  Je  présente  donc  ici  le  résultat  de  mes  études  sur  le 
genre  Limnodrilus . 

M.  le  professeur  Vejdovsky,  en  me  remettant  le  matériel,  attira 
mon  attention  sur  la  ressemblance  frappante  avec  les  espèces 
décrites  par  Eisen  sous  le  nom  générique  Camptodrilus. 

Les  questions  controversées  touchaient  surtout  les  organes  géni- 
taux, et  ensuite  la  détermination  d'une  nouvelle  espèce  de  Campto- 
drilus. 

La  structure  des  organes  génitaux  des  Tubifîcides  était  depuis 
longtemps  problématique.  La  voie  que  suivaient  les  œufs  était 
incertaine,  c'est  pourquoi  d'Udekem  et  Claparède  pensaient  déjà 
que  les  œufs  sortaient  du  corps  par  la  même  ouverture  que  les 
spermatozoïdes,  c'est-à-dire  par  l'orifice  des  organes  copulateurs. 

Eisen,  tenant  à  cette  opinion,  décrivit  et  représenta  autour  des 
organes  copulateurs  certaines  membranes,  tenant  lieu  d'oviductes. 
Ainsi,  chez  le  genre  /./mnorfW/us,  il  parle  d'oviducte  simple  etd'ovi- 
ducte  double,  et  chez  l'espèce  qu'il  nomma  Camptodriluii  spiralis,  il 
dit  que  l'intérieur  de  l'oviducte  est  chitineux.  Que  voulait-il  dire 
par  là?  Cela  est  difficile  à  expliquer;  il  n'est  pas  possible  d'admettre 
qu'il  ait  voulu  parler  du  pénis  de  chitine,  car,  plus  loin,  il  parle 
clairement  de  la  gaîue  du  pénis.  De  plus,  ce  tube  de  chitine  est 

(1)  Travail  de  l'Institut  d'Anatumie  et  d(>  Zoolofjie  comparées  de  M.  le  professeur 
Vejdovsk;^,  à  Prague. 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION  DU    GENRE   LIMNODRILfJS         377 

commun  à  toutes  les  espèces,  donc  il  ne  pouvait  pas  le  citer  comme 
un  caractère  spécial. 

Vejdovsky,  qui  ne  pouvait  d'abord  certifier  par  où  les  œufs  sor- 
tent du  corps,  admit  l'opinion  qu'ils  sortent  par  la  même  ouver- 
ture que  les  spermatozoïdes  ;  et  ce  n'est  qu'après  l'observation 
anatomique  et  embryologique  des  Tubificides  de  Bohème  qu'il 
s'éleva  contre  l'opinion  précédente  et  donna  l'unique  bonne  expli- 
cation des  prétendus  oviductes  avoisinant  le  pénis. 

Stolc  (8)  représente  et  décrit  les  oviductes  dont  il  certifie  l'exis- 
tence chez  tous  les  Tubificides  de  la  Bohème.  Voilà  pourquoi  je 
désirais  comprendre  les  rapports  des  organes  sexuels  chez  cette 
espèce  du  Mexique,  apparentée  avec  les  espèces  de  Eisen,  qui  sont 
la  cause  des  confusions.  Il  est  nécessaire  de  rappeler  brièvement 
les  caractères  généraux  des  organes  copulateurs  de  Limnodrilus, 
tels  qu'ils  ont  été  décrits  par  Vejdovsky.  La  partie  la  plus  mar- 
quante est  le  tube  de  chitine  du  pénis,  d'une  grande  longueur,  droit 
ou  différemment  contourné.  La  première  invagination  du  tégument 
forme  au  commencement  un  sac  volumineux,  le  conduit  éjacu- 
lateur,  que  l'on  interprète  comme  étant  la  poche  du  pénis.  Dans 
le  pénis  vient  déboucher  l'atrium.  Tout  cet  organe  est  embrassé 
par  une  forte  couche  musculaire,  dont  j'aurai  à  reparler. 

Je  trouvai  aussi  la  même  disposition  chez  l'espèce  américaine 
(PI.  V,  fig.  4,  de,  pe,  pi,  tr).  J'ajouterai  seulement  quelques  obser- 
vations. 

La  première  partie  de  l'organe  copulateur  me  semble  avoir  été 
nommée  injustement  conduit  éjaculateur  (PI.  V,  fig.  4,  de).  Cette 
partie  n'est  pas  essentiellement  musculaire,  mais  c'est  seulement 
une  invagination  normale  de  toutes  les  couches  du  tégument  et 
outre  cela  elle  ne  remplit  pas  les  fonctions  d'appareil  éjaculateur, 
parce  que  le  pénis  s'évagine  au  dehors  pendant  la  copulation.  C'est 
évidemment  l'invagination  primitive  ainsi  modifiée  et  renflée, 
pour  pouvoir  saisir  l'extrémité  du  pénis. 

La  seconde  observation  touche  le  prétendu  pénis  mou,  que 
Eisen  représente  dans  le  tube  de  pénis  et  que  Vejdovsky  conteste 
dans  son  travail  (9).  Pour  expliquer  ce  fait  je  montre  que  la  couche 
de  chitine  se  sépare,  chez  cette  espèce,  de  la  matrice  ;  voilà  pour- 
quoi le  prétendu  pénis  mou  se  forme  au  milieu  du  tube.  On  ne 
connaît  aucun  orifice  femelle;  les  œufs  sortiraient  par  l'orifice 
mâle  et  de  là  au  dehors.  Je  portai  donc  mon  attention  sur  la 
recherche  des  oviductes  et  des  orifices  sexuels,  mais  sans  aucun 
résultat.  Il  est  facile  d'expliquer  ce  fait  depuis  les  recherches  de 


378  JOS.    RYBKA 

Stolc.  D'uprès  lui,  l'iipp-ueil  feiiKiUe  cllureul  se  forint;  eji  ileruier, 
quand  les  œufs  soûl  déjà  dans  le  dernier  stade  de  maturité.  Or,  les 
orj;anes  uiàles  elléreuls  sout  totalement  dévtdoppés,  les  spermato- 
pliores  sont  pleins  de  spermatozoïdes  à  tous  les  stades  de  déve- 
loppemeul,  et  les  spermatothèques  sout  reniplis  de  spermatophores, 
mais  les  ovaires  se  composent  eu  jurande  partie  de  protoplasme 
iuditlérencié,  et  ce  n'est  seulement  que  sur  les  bords  que  commence 
la  dillérenoialion  des  cellules  ovulaires.  J'ai  trouvé,  d'ailleurs, 
les  mêmes  relations  chez  Limnoilrilus  lluffiiieisteri.  Comme  chez 
tous  les  Tubificides,  les  produits  mâles  mûrissent  et  sortent  de 
l'organe  excréteur,  à  une  autre  époque  que  les  produits  femelles. 
Il  y  a  donc  protandrie. 

J'ai  essayé  aussi  d'étudier  à  cette  occasion  la  structure  du  nou- 
veau genre  Camptodrilus  de  Eisen  :  celui-ci  trouva  que  les  fibres 
musculaires  entourant  la  gaîne  du  pénis  sont  ordonnées  en  un 
faisceau  spiral.  Voilà  pourquoi  il  diagnostiqua  ainsi  le  nouveau 
genre  :  «  The  copulative  organs  are  much  elongated  and  partly 
surrounded  by  spiral  muscles,  one  end  of  which  is  attached  to  the 
exterior  oviduct,  the  olher  to  the  interior  surface  of  the  body  wall, 
near  to  the  génital  porus.  In  other  respects  this  genus  resembles 
Limnodrilus  »,  il  a  doue  aussi  «  only  forked  spines  ».  Assurément, 
il  est  possible  de  douter  que  la  disposition  des  muscles  du  pénis 
soit  un  signe  générique  suffisant. 

Cela  perdit  toute  importance,  quand  Vejdovsky  (9)  constata  à 
la  fois  l'existence  de  muscles  spiraux  et  de  muscles  longitudinaux 
chez  les  Limnodrilus  de  Bohême  et  voilà  pourquoi  il  rapporta  les 
formes  de  Eisen  au  genre  Limnodrilus,  opinion  qui  fut  univer- 
sellement acceptée. 

Vejdovsky  dit  dans  ce  travail  (9,  p.  43)  :  «  Die  Angabe  Eisens 
ist  richtig,  nur  habe  ich  die  Anordnuug  der  Fasern  in  deu  von  mir 
beobachteten  Fàllen  so  gefunden  wie  Tafel  XI,  fig.  3,  4,  o  verans- 
chaulicht».  L'enveloppe  musculaire  du  pénis  de  Limnodrilus  clapa- 
redianus  qu'il  représente  est  entièrement  différente  des  descriptions 
et  tableaux  de  Eisen,  de  manière  que  si  quelqu'un  croyait  à  la 
justesse  des  tableaux  de  Eisen,  ou  eut  l'occasion  de  pouvoir  observer 
une  ordonnance  semblable,  il  inclinerait  facilement  à  l'opinion 
que  le  genre  doit  être  révisé  ou  du  moins  doit  former  un  sous- 
genre  du  genre  Limnodrilus.  C'est  ce  qui  m'arriva.  En  comparant 
les  dissections  de  (  et  organe  et  les  séries  de  coupes,  je  reconnus 
que  la  disposition  des  fibres  musculaires  ne  répond  pas  aux  figures 
de  Vejdovsky,  mais  (lu'elle  est  d'accord  avec  celles  de  Eisen.  Sui- 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION    DU   GENRE   LIMNODRILUS         379 

vant  les  figures  de  Vejdovsky,  les  fibres  forment  autour  du  pénis 
un  sac  compact  parcouru  par  des  fibres  circulaires.  Mais  sur  mes 
préparations  on  voit  que  chaque  faisceau  musculaire  contourne  en 
spirale  la  gaîne  du  pénis  jusqu'à  l'embouchure  de  l'atrium,  puis 
revient  sur  lui-même  en  sens  contraire  en  formant  une  nouvelle 
couche  superposée  à  la  précédente.  Vers  la  moitié  du  pénis  s'insère 
un  faisceau  musculaire  re  qui  va  d'autre  part  s'insérer  à  la  paroi 
du  corps.  Les  fibres  musculaires  spirales  servent  évidemment  à 
l'évagination  du  pénis;  le  muscle  oblique  semble  au  contraire  agir 
comme  rétracteur. 

Il  me  semblait  donc  qu'il  fallut  créer  pour  ces  formes  un  sous- 
genre.  D'ailleurs,  M.  Vejdovsky  disait  lui-même  dans  un  travail 
plus  récent  (Note  sur  un  Tubifex  d'Algérie)  :  «  à  la  première  caté- 
gorie appartiennent  les  genres  Tubife.r . . . .  et,  peut-être  aussi,  les 
genres  Camplodrilus  et  Lophochœta  »,  après  quoi  il  émet  l'opinion 
que  «  ce  genre  est  étroitement  apparenté  avec  le  genre  Limno- 
drilus  ».  Sur  ces  indications  j'essayai  donc  de  me  procurer  quelques 
Limnodrilus  indigènes  pour  en  faire  l'étude  comparative. 

M.  le  Dr  Mràzek  voulut  bien  m'envoyer  quelques  exemplaires 
adultes  du  Limnodrilm  Hoffmeisteri  Claparède,  et,  à  ma  grande  sur- 
prise, j'observai  chez  cette  espèce  la  même  disposition  des  muscles 
que  chez  l'espèce  américaine.  La  figure  5  montre  précisément  la 
coupe  longitudinale  de  l'enveloppe  musculaire.  Chez  les  Limno- 
drilus d'Europe  il  n'y  a  donc  pas  non  plus  de  sac  musculaire  rigide, 
mais  les  faisceaux  musculaires  contournent  simplement  le  pénis 
comme  je  viens  de  le  décrire. 

Le  faisceau  musculaire  du  pénis  se  compose  de  fibres  dont  chacune 
se  présente  sous  la  forme  d'une  cellule  allongée,  avec  un  noyau  au 
milieu.  Est-il  vrai  que  la  fibre  se  compose  d'une  seule  cellule  ou  de 
plusieurs  cellules  se  joignant  pour  former  une  fibre?  Je  ne  puis 
sûrement  résoudre  cette  question,  mais  je  pense  que  plusieurs 
cellules  se  joignent  en  une  fibre,  parce  que,  dans  les  préparations 
colorées,  on  voit  un  grand  uombre  de  noyaux  disproportionné  avec 
le  nombre  des  fibres. 

Le  genre  Camptodrilus  proposé  par  Eisen  ne  peut  donc  être 
accepté,  et  les  formes  décrites  par  Eisen,  comme  appartenant  au 
genre  Camptodrilm  appartiennent  en  réalité  au  vieux  genre  Limno- 
dîilus  de  Claparède. 

J'en  arrive  maintenant  à  la  seconde  partie  de  ce  travail.  Je  vais 
décrire  la  forme  que  je  me  suis  proposé  d'étudier,  mais  je  profi- 
terai naturellement  de  l'occasion  pour  ajouter  quelques  considéra- 


380  .I0><.     KYRKA 

tions  relatives  an  ijenre  l.inin<>drihi>^  en  j^f^néral  et  au  f.imnodrilitt 
llojfmristrri  en  particulier. 

LIMNODRILUS  DUGESI,  n.   sp. 

DÉFINITION.  —  Le  lobe  frontal  n'est  pas  très  allongé  et  est  arrondi 
à  la  partie  antérieure;  le  cerveau  est  plus  large  que  lon^j  avec  une 
incision  profonde  eu  arrière;  le  pharynx  occupe  le  deuxième  et  le 
troisième  segment.  Les  néphridies  situées  en  avant  de  la  ceinture 
sont  pourvues  de  glandes  unicellulaires  dont  manquent  celles  de 
la  région  postérieure.  La  longueur  du  pénis  est  environ  douze  fois 
plus  grande  que  la  largeur,  et  il  est  incurvé  en  son  milieu.  La 
forme  se  rapproche  beaucoup  de  celle  du  lÀmnodriius  Hoffineisteri, 
mais  il  est  toujours  facile  de  l'en  distinguer  par  la  courbure  cons- 
tante et  caractéristique  du  pénis  (fig.  2),  et  par  sa  longueur,  ainsi 
que  par  d'autres  caractères  difïérentiels  que  j'aurai  l'occasion  de 
citer  au  cours  de  ce  travail. 

La  grandeur  du  Ver  adulte  varie  de  4  à  7  cm.  (fig.  1).  Les  seg- 
ments sexuels  peuvent  déjà  se  reconnaître  à  l'examen  macrosco- 
pique. Le  tégument  est  constitué  par  l'hypoderme  formé  de  cellules 
cubiques  peu  élevées,  par  une  mince  couche  de  fibres  musculaires 
circulaires  et  par  une  couche  plus  épaisse  de  fibres  oblongues. 
Dans  l'hypoderme  se  trouve  un  grand  nombre  de  glandes  unicellu- 
laires à  contenu  hyalin  et  à  noyau  rejeté  vers  la  base.  Dans  le  lobe 
frontal  l'hypoderme  est  formé  de  cellules  cylindriques  parmi  les- 
quelles on  observe  beaucoup  de  cellules  sensitives,  ce  qui  tient  à  la 
nature  nerveuse  de  la  région. 

Par  suite  de  la  mauvaise  conservation  des  exemplaires,  je  n'ai 
pu  étudier  les  organes  des  sens. 

Les  relations  des  soies  sont  les  mêmes  que  chez  les  autres  Tubi- 
ficides.  Dans  un  même  sac  se  trouvent  ordinairement  six  soies 
(fig.  2),  mais  on  peut  aussi  en  trouver  cinq  ou  sept.  Chaque  soie 
(fig.  3)  est  grêle,  en  comparaison  des  autres  espèces.  Vers  le  tiers 
antérieur  on  observe  un  renflement  à  arêtes  acérées  ;  l'extrémité 
antérieure  est  divisée  en  deux  portions  :  l'une  grosse  et  courte  et 
l'autre  longue  et  mince,  mais  toutes  deux  légèrement  recourbées. 
Les  soies  dorsales  et  ventrales  sont  identiques  et  je  n'ai  pu  constater 
de  différence  soit  à  l'avant,  soit  à  l'arrière  du  corps. 

Appareil  digkstif.  —  La  bouche  ventrale  se  trouve  au-dessous 
du  lobe  frontal.  Elle  présente  la  forme  d'une  fente  transversale  et 
se  continue  par  un  pharynx  conique  qui  occupe  le  deuxième  et  le 


MORPHOLOGIE^ET   CLASSIFICATION   DU    GENRE   LIMNODRILUS         381 

troisième  segment.  L'organisation  de  ces  parties  est  identique  à  ce 
qui  a  déjà  été  décrit.  Toutefois,  dans  la  couche  musculaire,  outre 
les  fibres  longitudinales  et  les  fibres  circulaires,  il  existe  de  nom- 
breuses fibres  obliques  s'entrecroisaut  en  tous  sens  et  allant  s'insérer 
sur  les  parois  du  corps.  Il  en  résulte  un  système  très  compliqué 
de  protracteurs  et  de  rétracteurs  du  pharynx.  Parmi  ces  derniers, 
le  plus  puissant  est  la  paire  de  muscles  qui  part  de  l'extrémité 
postérieure  du  pharynx  pour  aller  s'insérer  sur  la  paroi  du  corps 
à  la  limite  du  quatrième  et  du  cinquième  segment.  Après  le  pha- 
rynx viennent  l'œsophage  et  l'estomac,  qui  ne  sont  pas  nettement 
séparés. 

Le  premier  segment  de  l'œsophage  (4«  segment  du  corps)  ne 
possède  ni  réseau  vasculaire,  ni  glandes  chloragogènes.  Mais  dans 
le  reste  de  l'œsophage,  réseau  et  glandes  sont  beaucoup  plus  déve- 
loppés qu'au  niveau  de  l'estomac.  Je  crois  donc  que  c'est  au  niveau 
de  l'œsophage  que  s'oxyde  le  sang  d'où  le  développement  du  réseau 
vasculaire  et  en  outre  le  sang  s'y  débarrasserait  par  résorption 
des  substances  déjà  utilisées  et  des  substances  nuisibles,  comme 
semble  le  prouver  l'énorme  développement  des  glandes  chlorago- 
gènes à  ce  niveau. 

Vejdovsky  a  indiqué  le  premier  l'origine  de  ces  glandes  et  leur 
rôle  physiologique.  Il  a  montré  que  ce  sont  de  simples  cellules 
péritouéales  modifiées  qui  absorbent  par  osmose  les  substances 
nuisibles  ou  inutiles  contenues  dans  le  sinus  ou  dans  les  vaisseaux 
lymphatiques  ;  elles  grossissent  alors  et  l'on  peut  observer  à  leur 
intérieur  des  granulations  excrémentitielles  jaunâtres.  Dans  un 
travail  récent  (5),  Kûckenthal  constate  que  c'est  dans  ces  glandes 
qu'on  doit  trouver  l'évolution  terminale  des  cellules  errantes  ou 
phagocytes,  dont  l'origine  se  trouve  dans  les  parois  du  vaisseau 
ventral.  La  seule  différence  est,  on  le  voit,  que  pour  Kiickenthal  la 
cellule  errante  est  un  simple  stade  intermédiaire  entre  la  cellule 
péritonéale  et  la  cellule  chloragogène.  C'est  une  cellule  péritonéale 
qui  devient  amœboïde  pendant  un  certain  temps  et  plus  tard  se 
fixe  de  nouveau  sur  ua  vaisseau  pour  constituer  une  cellule  chlo- 
ragogène. Ce  mode  de  développement  est  très  possible,  mais  de 
grandes  difficultés  s'opposent  à  l'observation  directe  de  cette  migra- 
tion. Il  a  l'avantage  d'expliquer  l'origine  et  le  rôle  des  cellules 
errantes,  et  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  cellules  chlorago- 
gènes proviennent  des  cellules  péritouéales  du  tube  digestif.  J'ai, 
en  effet,  observé  la  transformation  directe  des  cellules  péritouéales 
en  glandes  chloragogènes,  non  seulement  au  niveau  de  la  portion 


382  .lOS.    RYHK.V 

Iprniiii.ile  de  l'intestin,  roninio  Vejdovsky,  mnis  aussi  (l;ins  la  n''p:ion 
moyenne  du  corps.  Le  péritoine  reste  normal,  mais  venlralenieut 
on  voit  quelques  cellules  s'hypertrophier  et  se  remplir  de  corpus- 
cules jaunes  d'excrétion. 

Je  dois  également  faire  mention  des  prétendues  {^landes  unicel- 
lulaires  décrites  par  Stolc  (8)  dans  répitliéliuni  intestinal.  Il  les 
décrit  comme  de  j,^randes  cellules  sphériques  occupées  presque 
entièrement  par  le  noyau.  J'ai  observé  également  des  formes  cor- 
respondantes dans  l'épithélium  intestinal  et  dans  certains  exem- 
plaires je  les  ai  même  trouvées  en  grand  nombre.  Mais  en  me 
servant  de  l'orange  G  et  de  l'bématoxyline,  j'ai  pu  obtenir  les  pré- 
parations représentées  dans  les  figures  7,  8  et  9.  On  observe  deux 
formes  principales:  L'une  (fig.  7)  spbérique,  entourée  d'une  cuticule 
épaisse,  préseule  un  protoplasme  de  coloration  bleu-clair  dans 
lequel  on  observe  des  granulations  bleu-foncé  ;  celles-ci  sont  le 
plus  souvent  périphériques,  mais  on  peut  également  les  observer 
au  centre.  La  seconde  forme  (bg.  8)  est  en  croissant  et  entourée 
également  d'une  enveloppe  cuticulaire;  au  niveau  d'une  zone  claire 
on  observe  de  petites  granulations  bleues.  Mais  une  partie  de  la 
membrane  d'enveloppe  peut  se  détacher  comme  un  clapet  et  le 
corps  se  trouve  mis  en  liberté  dans  l'intestin.  Dans  la  cavité  intes- 
tinale je  n'ai  jamais  trouvé  toutefois  que  des  corps  en  croissant. 
C'est  évidemment  une  forme  parasitaire  dont  je  ne  puis  préciser 
la  place  dans  la  classification,  ne  m'en  étant  pas  autrement  occupé. 
Il  est  possible  que  ce  soit  une  forme  de  Sporozoaire,  comme  ce 
peut  être  aussi  le  stade  d'un  animal  plus  élevé  en  organisation  et 
se  développant  dans  l'intestin  des  Tubificides.  Ce  que  je  puis  du 
moins  affirmer,  c'est  que  de  vraies  glandes  unicellulaires  sphé- 
riques n'existent  ni  chez  Limnodrilus  Dugesi,  ni  chez  les  exemplaires 
très  bien  conservés  de  Limnodrilus  HofJ'meisteri.  Il  est  donc  possible 
que  les  formes  décrites  par  Stolc  comme  glandes  unicellulaires 
soient  des  formes  semblables  à  celles  que  je  viens  de  décrire. 

Système  nerveux.  —  Je  ne  m'attarderai  pas  non  plus  à  la  descrip- 
tion de  ce  système.  Ou  connaîtra  la  forme  du  cerveau  et  de  ses 
lobes  eu  jetant  les  yeux  sur  la  planche  V,  fig.  10.  Je  veux  simple- 
ment ajouter  quelques  mots  au  sujet  de  la  division  du  lobe  antérieur. 
Vejdovsky  a  montré  qu'il  se  divisait  en  deux  branches  :  une  supé- 
rieure et  une  inférieure.  Cette  observation  fut  du  reste  confirmée 
par  Stolc  qui  en  fait  un  caractère  générique  des  Limnodrilus.  Enfin 
j'ai  observé  le  même  fait  aussi  bien  chez  Limnodrilus  Dugesi  que 
chez  Limnodrilus  Hoffmeisteri.  Le  lobe  antérieur  se  divise  dès  son 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION   DU   GENRE   LIMNODRILUS         383 

origine  en  deux  branches  :  la  supérieure  (I)  qui  se  dirige  vers  la 
partie  antérieure  du  lobe  frontal,  et  l'inférieure  (II)  beaucoup  plus 
courte  qui  se  dirige  vers  la  bouche  Ces  deux  branches  sont  réunies 
par  les  commissures  ventrales  {coniA,  corn.-).  Eisen  n'ayant  pas 
mentionné  cette  division,  Bedard  la  considère  comme  caractéristique 
des  espèces  européennes.  Mais  comme  j'ai  observé  aussi  la  division 
chez  mon  espèce  américaine  qui  est  une  forme  très  voisine,  j'estime 
que  la  division  du  lobe  antérieur  est  bien  caractéristique  du  genre 
Limnodrilus,  et  qu'il  y  a  lieu  de  corriger  les  données  de  Eisen  à  cet 
égard. 

On  doit  également  accepter  sous  toutes  réserves  les  données  de 
Eisen  en  ce  qui  concerne  les  lobes  antérieurs  de  quelques  espèces 
qui  se  diviseraient  en  trois  branches,  comme  nous  en  ferons  men- 
tion dans  la  partie  spéciale. 

Je  dois  également  faire  remarquer  que  dans  la  zone  ventrale  du 
Limnodrilus  Dugesi,  il  existe  une  forme  bien  particulière  de  gan- 
glions (fig.  11).  J'ai  cru  au  premier  abord  qu'il  s'agissait  ici  d'une 
analogie  avec  les  ganglions  spinaux.  Ils  sont  piriformes  et  unis  par 
une  large  base  à  la  couche  des  cellules  nerveuses  sous-jacentes.  De 
la  substance  fibrillaire  médiane  part  un  filament  nerveux  qui  tra- 
verse le  ganglion  et  pénètre  immédiatement  dans  l'épaisseur  de 
l'épiderme  où  il  se  ramifie.  Chez  Limnodrilus  Hoffnieisteri  j'ai  pu 
observer  que  les  ganglions  étaient  tout  aussi  nettement  divisés, 
mais  présentaient  une  forme  plus  conoïde  par  suite  de  la  non 
existence  du  pédoncule.  La  forme  des  ganglions  du  Limnodrilus 
Dugesi  provient  donc  de  la  différenciation  plus  parfaite  des  gan- 
glions. 

Organes  d'excrétion.  —  Je  dois  tout  d'abord  faire  connaître  mon 
opinion  sur  ce  que  l'on  nomme  les  glandes  septales.  On  trouve  peu 
de  choses  dans  la  littérature  sur  ces  organes,  chez  les  ïubificides 
et  spécialement  chez  les  Limnodrilus.  Ils  ont  été  bien  décrits,  par 
contre,  chez  les  Enchytraeides  et  les  Lumbriculides  par  Vejdovsky, 
Michaelson  (1)  et  plus  récemment  par  Hesse.  La  première  note  sur 
ces  organes  chez  les  Tubificides  est  de  Stolc,  qui  dit  tout  simple- 
ment qu'ils  se  composent  d'agglomérations  de  grandes  cellules 
piriformes  à  gros  noyau,  et  qui  se  vident  isolément  dans  le  pha- 
rynx, sans  canal  excréteur.  Il  dit  également  que  ces  cellules 
ressemblent  aux  glandes  unicellulaires  des  organes  d'excrétion.  Il 

(i)  Michaelson,  Unlersuchungeii  uber  EnchytrEeus  Mœbii.  Kiel,  1886,  p.  23-24; 
taf.  I,  fig.  13,  ag. 


384  JOS.    HYHKA 

les  conslala  chez  tous  les  Tubilicides  iiv.  Bohi-iiie.  Hesse  montre 
que  ce  sont  des  aj^fg'loinérations  de  glandes  unicellulaires  et  que 
chacune  est  une  cellule  de  l'épitliélium  du  pharynx  qui  s'est 
allongée  et  enfoncée  au-dessous  des  autres.  L'extrémité  distale 
conserve  sa  forme  arrondie,  tandis  que  l'extrémité  proximale 
s'élire  en  un  canal  très  fin  et  très  \on^  qui  reste  en  connexion  avec 
le  pharynx.  Les  cellules  glandulaires  s'appliquent  l'une  contre 
l'autre  comme  les  fleurs  d'un  bouquet,  formant  ainsi  des  masses 
piriformes  occupant  les  deux  ou  trois  segments  qui  suivent  ceux 
du  pharynx.  Mais  dans  un  travail  plus  récent  il  ajoute  :  «  Eine 
derartige  Zusammensetzung  der  Drûseu  konnte  ich  bel  den  von 
mir  untersuchten  Enchytraeiden  ferner  bei  Tnhifcr,  Ps(niion/cti's, 
Limnodrilus  und  bei  Lumbriculus  feststellen.  Fùu  uik  Art  dkr 
AusMiiNDUNG  liefert  mir  ausser  Pachydrilus  auch  Psamoryctes  untrû- 
gliche  Reweise  ».  Il  a  donc  vu  chez  Limnodrilus  des  glandes  de 
même  structure,  mais  sans  avoir  pu  constater,  comme  chez  les 
autres,  leur  mode  de  terminaison. 

Arrivons  maintenant  à  mes  observations.  J'ai  vu  également  dans 
les  7e  et  8«  segments,  aussi  bien  chez  Limnodrilus  Dugesi  que  chez 
L.  Hoffmeisteri,  des  groupes  de  cellules  semblables  à  celles  décrites 
par  Hesse  dans  les  glandes  septales  (fîg.  12).  Dans  ces  glandes  je 
ne  vis  pas  tout  d'abord  de  canaux,  ce  qui  me  fit  croire  que  c'était 
bien  les  glandes  septales  dont  Hesse  avait  fait  mention.  Ces  glandes 
sont  placées  au  niveau  des  dissépiments  des  segments  précédemment 
indiqués,  c'est-à-dire  des  segments  qui  suivent  le  pharynx  chez  les 
espèces  dont  le  pharynx  occupe  aussi  le  5®  segment.  Je  n'étais  pas 
étonné  de  ne  pas  voir  de  canaux  excréteurs,  car  j'étais  convaincu 
que  Hesse  et  moi,  nous  n'avions  pas  su  obtenir  une  conservation 
suffisante  de  ces  canaux  extrêmement  fins.  Je  ne  croyais  pas  que 
ces  glandes  fussent  en  rapport  avec  les  organes  d'excrétions  parce 
que  je  voyais  les  canaux  excréteurs  plus  au-dessous  et  sans 
connexions  avec  elles.  Mon  erreur  s'est  augmentée  de  ce  fait  que 
je  n'ai  vu  rien  de  semblable  dans  les  autres  segments  et  que  je 
supposais,  à  tort,  que  les  glandes  devaient  se  développer  au  niveau 
de  tous  les  organes  excréteurs. 

Mais  après  une  étude  plus  attentive  de  ces  prétendues  glandes 
septales,  et  en  usant  de  grossissements  plus  forts,  je  ne  tardai  pas 
à  apercevoir  dans  ces  glandes  des  canaux  semblables  à  ceux  des 
organes  excréteurs.  Ces  canaux  ne  sont  pas  toutefois  aussi  évidents 
qu'ils  ont  été  représentés  sur  la  fig.  12,  et  on  pourrait  très  bien  ne 
pas  les  remarquer. 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION   DU    GENRE   LIMJ^ODRILUS         385 

Il  est  certain  que  ce  sont  là  les  glandes  unicellulaires  des  organes 
d'excrétion.  On  peut  naturellement  se  demander  si  Hesse  n'a  pas 
été  l'objet  d'une  erreur,  lorsqu'il  a  parlé  de  glandes  septales  chez 
Limnodriliis  sans  avoir  pu  constater  leur  mode  d'excrétion?  Je 
crois  mon  opinion  plus  vraisemblable,  car  je  n'ai  pu  trouver 
aucune  forme  semblable,  malgré  de  nombreuses  recherches.  Or,  le 
grand  développement  de  ces  organes  tels  que  les  ont  décrits  les 
auteurs  précédents,  empêche  qu'un  observateur  puisse  les  perdre 
de  vue  ou  qu'ils  puissent  disparaître  à  la  suite  d'une  mauvaise 
conservation,  ce  qui  du  moins  était  impossible  pour  moi  dans  le 
cas  du  Limnodrilus  Hoffmeisteri .  Je  crois  donc  que  les  auteurs 
n'ont  pas  vu  de  glandes  septales,  mais  ont  décrit  comme  telles  les 
glandes  unicellulaires  des  organes  excréteurs,  qui  ressemblent 
d'ailleurs  beaucoup  aux  glandes  septales. 

D'après  mes  observations,  les  organes  excréteurs  de  Limnodrilus 
Hoffmeisteri  et  de  L.  Dugesi  sont  de  deux  types.  Ceux  du  premier 
type  sont  placés  dans  les  7«  et  8®  segments.  Ceux  du  second  type 
sont  les  néphridies  qui  se  rencontrent  dans  tous  les  segments  à 
partir  du  IS^  segment.  Dans  la  partie  antérieure  du  corps  et  du  9« 
au  12e  segment,  elles  sont  dégénérées.  Les  organes  du  premier 
type  sont  constitués  par  un  entonnoir  vibratile  dépassant  le  dissé- 
piment  du  segment  précédent;  il  se  continue  par  un  canal  à  paroi 
mince  couvert  par  les  glandes  unicellulaires  piriformes  à  gros 
noyau,  agglomérées  en  une  grappe  gélatineuse;  après  de  nombreux 
détours  la  paroi  du  canal  excréteur  s'épaissit  et  celui-ci  se  renfle 
en  une  volumineuse  bourse  contractile  piriforme.  Dans  l'organe 
excréteur  du  second  type  le  canal  excréteur  se  renfle  en  ce  que 
Vejdovsky  a  nommé  une  «  glande  postseptale  »,  puis  il  s'épaissit 
également  et  se  termine  par  une  bourse  contractile.  Je  n'ai  vu  de 
glandes  postseptales  que  chez  Limnodrilus  Dugesi;  L.  Hoffmeisteri 
en  manque.  Enfin,  je  dois  mentionner  que  Eisen  avait  déjà  décrit 
ces  deux  types  d'organes  excréteurs  chez  Campîodrilus  corallinus. 
Il  dit  en  effet  :  «  The  segmentai  organs  in  front  of  the  cingulum 
are  ail  furnished  with  globular  cells,  but  those  in  the  segments 
behind  the  same  hâve  no  globular  cells  ». 

Organes  génitaux.  —  La  position  des  organes  génitaux  est  la 
même  que  chez  tous  les  Tubificides.  Pour  ne  citer  que  le  plus 
important,  je  ne  décrirai  que  les  organes  mâles  et  les  spermathè- 
ques.  L'entonnoir  est  souvent  de  forme  aplatie,  à  cils  courts  mais 
nombreux.  Il  se  continue  par  un  canal  déférent  très  contourné  qui 
débouche  dans  l'atrium  ;  celui-ci  présente  une  forme  caractéristique 
pour  chaque  espèce,  comme  j'ai  pu  du  moins  l'observer  chez  les 

Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi,  —  25 


386  Jos.  nvMKA 

formes  par  moi  (MiKlif'cs.  (Ilioz  l.itiiiiodrilus  DKfji'ni  ratriiim  osf  de 
forme  cylindrique;  le  can;il  déférent  se  rentle  sondain  pour  lui 
donner  naissance,  tandis  qu'il  s'atténue  projçressivement  à  l'autre 
extrémité.  Chez  l.imnotlriliix  IfofJ'tnrisieri  l'atrium  est  fusiforme 
l>arce  qu'il  est  formé  par  le  renllenjenl  j)rO|;ressif  du  canal  déférent 
et  s'atténue  de  même  lentement  vers  l'extrémité  externe.  Chez 
I.innioilrihts  Dxgt'si  l'atrium  forme  un  coude  dans  la  concavité 
duquel  débouchent  les  ^^landes  accessoires.  L'épitliélium  est  très 
modifié  à  cause  de  sa  fonction  glandulaire,  le  protoplasme  et  le 
noyau  se  trouvant  repoussés  vers  la  périphérie.  On  se  trouvera  bien, 
comme  colorants,  du  paracarmin  et  du  carmin  d'alun,  mais  l'orange 
et  l'hématoxyline  donnent  au  contraire  de  mauvais  résultats.  Le 
restant  des  cellules  est  occupé  par  une  substance  linement  granu- 
leuse dans  laquelle  s'entrelacent  de  fins  tractus  protoplasmiques  (zs). 
A  l'état  de  développement  parfait  l'atrium  ne  possède  pas  de  cils 
vibratiles  ;  la  couche  musculaire  est  au  contraire  fortement  déve- 
loppée, surtout  les  muscles  circulaires.  Les  cils  vibratiles  n'eussent 
sans  doute  pas  été  suflisants  pour  faire  avancer  l'épaisse  sécrétion 
et  les  spermatozoïdes  qu'elle  renferme,  aussi  l'atrium  s'est-il  trans- 
formé en  appareil  éjaculateur. 

La  sécrétion  est  poussée  en  avant  par  la  contraction  péristaltique 
de  la  couche  musculaire.  Dans  l'atrium  vient  également  se  déverser 
le  contenu  de  la  glande  accessoire  ou  glande  cémentaire  (cement- 
driise).  Je  vais  faire  mention  de  la  composition  de  cette  glande 
chez  Limnodî'Uus.  Chez  les  deux  espèces  par  moi  observées  c'est 
une  glande  très  grande,  de  forme  inconstante,  mais  toujours  lobée, 
souvent  aussi  digitiforme.  Cette  glande  n'est  pas  recouverte  par 
l'enveloppe  péritonéale  qui  finit  chez  Limnodrilus  Diicjcsi  au  niveau 
de  l'embouchure  de  cette  glande.  Ce  phénomène  frappant  pourrait 
permettre  Tinterprétation,  que  cette  glande  est  d'origine  péri- 
tonéale et  qu'elle  est  correspondante  aux  glandes  de  l'atrium  chez 
les  genres  Stylaria,  lihynchelmù,  etc.,  si  les  travaux  de  Vejdovsky 
n'avaient  montré  avec  certitude  son  origine  épithéliale.  Chez 
Tubifex,  cette  origine  est  très  nette  sur  toutes  les  planches  où  elle 
a  été  représentée. 

Les  cellules  de  l'épithélium  de  l'atrium  se  prolongent  en  perçant 
la  couche  musculaire  et  péritonéale  et  par  la  partie  rétrécie, 
restent  en  rapport  avec  leur  lieu  d'origine,  de  même  que  pour  les 
glandes  hypodermiques  des  Lumbricides. 

La  composition  de  ces  glandes  est  beaucoup  moins  claire  chez 
Limnodrilus .  Ici  les  cellules  sont  disposées  en  lobes  digitiformes  de 
manière  à  limiter  un  petit  canal  qui  ne  se  colore  pas  sur  les  prépa- 


MORPHOLOGIE    ET   CLASSIFICATION    DU    GENRE   LIMNODRILUS         387 

rations.  On  pourrait  donc  croire  à  une  forme  transitoire  vers  les 
vraies  formes  polycellulaires.  C'est  là  l'erreur  de  Nasse,  qui  s'exprime 
ainsi  :  «  Die  Kittdrûse  ist  vielfach  gelapt  ;  jedes  Lappchen  hat  ein 
feines  Lumen,  welches  von  den  stark  granulirten  Driisenzellen 
umgeben  ist.  »  L'opinion  que  professe  Diefïenbach  sur  la  composi- 
tion de  cette  glande  est  également  fausse  lorsqu'il  dit  :  a  Die  Kitt- 
driise  besteht  aus  einzelnen  làngliclieu  Drûsenlappen,  die  von  der 
Mûndungs  stelle  aus  sich  fàcherfôrmig  ausbreiten  uncl  in  deren 
Mitte  ein  feiner  Kanal  und  mit  Kornkorpchen  verschenen  Driisen- 
zellen aufsitzen.  »  Je  n'ai  pu  rien  trouver  d'autre  dans  la  littérature, 
concernant  la  structure  de  cette  glande  chez  Limnodrilus.  Mais  j'ai 
pu  l'étudier  sur  de  bonnes  coupes,  car  dans  ce  que  l'on  croit  être 
la  lumière  des  canaux,  on  peut  voir  de  très  fines  fibrilles  qui  ne 
sont  pas  autre  chose  que  les  canaux  excréteurs  de  chaque  cellule. 
La  glande  n'est  donc  qu'un  simple  amas  de  glandes  unicellulaires. 
Je  n'ai  pu  étudier  directement  le  développement  de  cette  glande, 
mais  selon  toute  vraisemblance,  il  se  fait  de  la  façon  suivante  ;  une 
cellule  de  l'atrium  grossit,  traverse  la  couche  musculaire  et  le 
péritoine  et  s'étire  en  une  longue  cellule  piriforme  présentant  une 
portion  excrétrice  et  une  portion  glandulaire.  Ceci  répond  bien  du 
reste  à  un  fait  déjà  connu,  à  savoir  qu'il  n'existe  pas  de  glandes 
polycellulaires  chez  les  Oligochètes.  Toutes  les  portions  excrétrices 
des  glandes  unicellulaires  se  rassemblent  en  un  faisceau  commun, 
qui  vient  déboucher  dans  l'atrium. 

L'embouchure  de  la  glande  est  bien  particulière  chez  Limno- 
drilus Hoffmeisteri,  où  elle  n'a  pas  encore  été  décrite  (fig.  13).  Sur 
une  coupe  transversale,  nous  voyons  un  diverticule  très  singulier 
d'atrium,  dont  les  parois  sont  formées  par  l'épithélium  glandulaire, 
par  une  forte  couche  musculaire  et  par  une  couche  péritonéale. 
Cette  forme  ressemble  absolument  à  l'organe  décrit  par  Stolc  chez 
Bothrio7ieuron  vejdovskyanum  et  que  Vejdovsky  a  nommé  para- 
trium.  Stolc  pense  que  cet  organe  est  équivalent  à  la  glande  cémen- 
taire  des  Tubifex.  Quand  à  Vejdovsky,  il  dit  :  «  Je  crois  qu'il  est 
raisonnable  de  considérer  les  diverticules  de  l'atrium  comme  des 
organes  particuliers  aux  dépens  desquels  les  glandes  prostatiques 
(glande  du  cément  chez  Tubifex,  etc.)  se  forment  secondairement.  » 
Pour  moi  je  considère  cette  formation  comme  une  simple  évagina- 
tion  latérale  de  la  paroi  de  l'atrium.  En  même  temps  que  certaines 
cellules  s'allongent  pour  donner  la  glande,  on  observe  l'évagina- 
tion  de  la  paroi  voisine  de  l'atrium.  Mais  la  glande  s'étant  déve- 
loppée plus  vite,  a  traversé  les  couches  musculaire  et  péritonéale, 
ce  qui  explique  cette  structure. 


388  JOS.    RVBKA 

L'extrémité  rétrécie  de  ratrimii  vient  déboucher  dans  l'organe 
copulateur.  Le  pénis  de  l.iiiinodhlns  Dut/rsi  est  re(îuiiiijé  paraboli- 
quenieul  de  fa(;on  caractéristique  et  environ  douze  fois  plus  long 
que  large.  L'exlréinité  antérieure  a  une  tout  autre  loiine  que  celle 
que  ligure  A'ejdovsky  chez  Liinnoilrihis  claparcdianns.  11  a  décrit,  en 
etïet,  une  sorte  de  couvercle  qui  peut  venir  protéger  le  pénis  lors- 
qu'il se  retire.  La  lig.  4  nous  montre  en  coupe  la  disposition  de 
rexlrémilé  du  pénis  et  la  fig.  14  nous  la  montre  en  relief.  On  peut 
voir  que  le  tube  de  chitine  se  recourbe  en  un  bord  plat  en  dessous 
et  en  forme  de  capuchon  en  dessus.  Cette  disposition  favorise,  à 
mon  avis,  la  pénétration  du  pénis  dans  les  spermathéques.  La 
partie  inférieure  plate  et  recourbée  en  arrière,  fonctionne  alors 
comme  appareil  fixateur  et  empêche  la  séparation  prématurée  des 
individus.  Eiseu  avait  du  reste  dessiné  déjà  un  appareil  très  sem- 
blable chez  son  Camptodrilus  californicus. 

Je  dois  encore  faire  mention  de  l'assymétrie  des  organes  excré- 
teurs. Ces  organes  sont  trop  volumineux  pour  être  contenus  dans 
le  Xle  segment  seulement,  ce  qui  explique  pourquoi  une  partie  est 
contenue  dans  ce  XI®  segment,  tandis  que  l'atrium  et  la  prostate 
sont  situés  dans  le  XIl«  segment. 

Les  derniers  organes  dont  nous  devons  encore  parler  sont  les 
spermathéques  et  les  spermatophores.  A  l'entrée  de  la  sperma- 
thèque  on  observe  un  curieux  appareil  valvulaire  (fig.  15,  chl)  formé 
par  un  repli  de  l'épithélium  qui  empêche  les  spermatozoïdes  de 
ressortir,  sans  toutefois  les  empêcher  d'entrer.  Le  sac  de  la  sper- 
mathèque  est  constitué  par  un  épithélium  formé  de  cellules  aplaties. 
Autour  s'observent  des  fibres  circulaires  isolées  (fig.  15  et  16),  mais 
pas  de  cellules  glandulaires  comme  j'en  ai  observées  chez  Linino- 
drilus  Hoffmeisteri.  A  quoi  bon  cette  singulière  disposition  des 
fibres  musculaires?  Parce  que  les  spermatophores  ne  pourraient  se 
mouvoir  suffisamment  à  l'intérieur  du  sac  s'ils  n'étaient  mus  que 
par  le  tourbillonnement  des  queues  de  spermatozoïdes.  Ces  grands 
muscles  ont  donc  pour  fonctions,  en  rétrécissant  la  lumière  du  sac, 
de  pousser  son  contenu  vers  le  col  à  travers  la  valvule  et  de  donner 
au  spermatophore  une  forme  constante  (fig.  17  a) 

Le  bord  antérieur  arrondi  se  termine  par  un  bec  allongé.  Sur 
des  coupes  longitudinales  ou  transversales  on  voit  une  cavité  cen- 
trale renfermant  une  substance  granuleuse  (eg)  ;  puis  vient  l'assise 
de  sécrétion  renfermant  les  têtes  des  spermatozoïdes  dont  les 
extrémités  effilées  rayonnent  librememt  autour  du  spermatophore. 
La  fig.  18  (a  et  h)  représente  le  spermatophore  de  Limnodrilus 
Hoffmeisteri  qui  n'était  pas  encore  connu.  11  est  claviforme  avec  un 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION   DU   GENRE    UMyODRlLVS         389 

petit  rostre  émoussé  et  diffère  du  précédent  en  ce  que  les  queues 
des  spermatozoïdes  forment  une  assise  spiralée  et  en  ce  que  le 
spermatophore  est  entourée  d'une  mince  couche  homogène,  non 
colorée.  Le  mécanisme  de  l'origine  des  spermatophores  est  encore 
problématique. 

SYSTÉMATIQUE 

Je  vais  donner  maintenant  la  liste  des  différentes  espèces  du 
genre  Limnodrikts.  La  synthèse  du  genre  a  été  faite  par  Beddard, 
mais  son  travail  n'est  nullement  critique.  On  n'y  trouve  rien  d'ori- 
ginal dans  la  partie  générale  qui  se  base  surtout  sur  l'ouvrage  de 
Vejdovsky  (1)  et  sur  les  travaux  des  autres  savants,  sauf  toutefois 
en  ce  qui  concerue  la  sous-famille  des  Megascolicidae.  Mais  en 
somme  le  travail  manque  de  raisonnement.  La  partie  systématique 
est  tout  aussi  médiocre  en  ce  qui  concerne  la  division  des  familles, 
des  genres  et  des  espèces. 

Il  accepte  sans  réflexion  toutes  les  espèces  placées  par  Eisen  dans 
le  genre  fAmnodrilus  et  dans  le  genre  Camptodrilus.  Or  toutes  les 
espèces  de  Limnodrilus,  saut  trois  espèces  européennes,  ont  été 
faites  par  Eisen.  Mais  il  ne  faut  pas  les  accepter  sans  réserves,  car 
Eisen  les  créa  en  se  basant  sur  des  faits  qui  sont  aujourd'hui  refutés. 

Beddard  accepte  toutes  ces  espèces,  sauf  Camptodrilus  spiralis  et 
C.  caUfoniicus  dont  Vejdovsky  avait  déjà  montré  la  ressemblance 
avec  les  espèces  d'Europe.  Il  essaie  dans  ses  diagnoses  de  prouver 
l'exactitude  des  espèces  d'après  différentes  formations  du  cerveau, 
d'après  la  forme  des  spermathèques  et  d'après  la  longueur  du  pénis. 
Mais  pour  bien  montrer  l'insutTisance  de  ces  diagnoses,  je  montre 
dans  l'édition  tchèque  de  ce  travail  (2),  que  plusieurs  caractères  se 
répètent  chez  plusieurs  espèces  et  que  par  suite  les  diagnoses  de 
Beddard  sont  mauvaises. 

Voilà  pourquoi  je  présente  aussi  une  systématique  personnelle 
du  genre  Limnodrilun.  Je  considère  la  forme  IJmnodrilus  (Campto- 
drilus) corallinus  Eisen  comme  étant  identique  au  Limnodrilus 
Hoffmeisteri  Claparède.  Beddard  citait  comme  seule  différence  la 
présence  de  glandes  monocellulaires  dans  les  organes  excréteurs 
situés  en  avant  de  la  ceinture  de  Camptodrilus  corallinus;  mais 
comme  j'ai  montré  dans  ce  travail  que  le  même  caractère  se  retrouve 
chez  Limnodrilus  Hoffmeisteri,  il  en  résulte  que  la  première  doit 
disparaître. 

(1)  Vejdovsky,  Sijstem  und  Morphologie  der  Oligochseien. 
('2.)  Vëstink  Kràl.  ces.  spolecnosti  nauk  :  Morfologic  a  systém.  rodu  Limno- 
drilus Clap.  1898. 


390  jos.  innKA 

SPECIES     CERTAE 

LiMNODRiLis  UDKKKMiANUs  CljipiiivcJ»'.  —  I.obe  fioutiil  allonj^é; 
phiiryux  allaul  jusqu'au  V"sej,Mneut;  pénis  trois  fois  plus  long  que 
large.  Longueur  de  l'animal  :  .'i  à  6*"'». 

L.  HoFK.MKisTEiu  Clapaiède.  —  Lobe  fronlal  énioussô  ;  cerveau 
présentant  une  petite  échancrure  inférieure.  Pharynx  allant 
jus(iu'au  lir  segment.  Né|)liri(lies  de  la  région  antérieure  du  corps 
munies  de  glandes  uuicellulaires.  Pénis  six  à  sept  fois  plus  long 
que  large.  Longueur  :  2  à  5cin. 

L.  DuGESi  n.  sp.  —  Lobe  frontal  court,  arrondi  et  émoussé  ; 
cerveau  présentant  une  profonde  échancrure  inférieure.  Pharynx 
allant  jusqu'au  III'  segment.  Néphridies  de  la  région  antérieure  du 
corps  munies  de  glandes  uuicellulaires.  Pénis  recourbé  parabo- 
liquemenl,  au  moins  douze  fois  plus  long  que  large. 

L.  CLAPAREDiANUs  Ratzcl.  —  Lobe  frontal  allongé;  cerveau 
présentant  une  échancrure  profonde  de  forme  carrée.  Pharynx 
allant  jusqu'au  ¥<=  segment.  Pénis  droit,  huit  à  dix  fois  plus  long 
que  large.  Longueur  5  à  7cra. 

L.  Sylvam  Eisen.  —  Cerveau  plus  large  que  long,  plus  large  à  la 
partie  inférieure  et  souvent  trilobé  (?j.  Spermathèque  évasée  aux 
deux  extrémités.  Néphridies  avec  glandes  unicellulaires.  Pénis 
trois  à  quatre  fois  plus  long  que  large.  Eisen  cite  deux  variétés  : 
une  grande  dont  nous  venons  de  donner  la  diagnose  et  une  plus 
petite  dont  le  cerveau  est  plus  long  que  large  et  dont  la  partie  infé- 
rieure n'est  jamais  trilobée.  La  première  forme  mesure  18cm  et  la 
seconde  5cm. 

L.  ALPESTRis  Eisen.  —  Cerveau  plus  large  vers  la  région  inférieure 
souvent  trilobée.  Néphridies  avec  glandes  unicellulaires.  Sperma- 
thèque globuleuse  se  terminant  par  une  extrémité  lancéolée  et 
tortillée  en  forme  de  limaçon.  Pénis  huit  fois  plus  long  que  large. 

L.  iGXEUS  Vejdovsky  [Camptodrilus  igneus  Eisen).  —  Cerveau 
présentant  une  profonde  échancrure  inférieure  ;  lobes  antérieurs 
renflés  et  lobes  postérieurs  de  forme  conique.  Pénis  au  moins  dix 
fois  plus  long  que  large. 

Quant  aux  espèces  suivantes  elles  n'offrent  rien  de  certain  et  je 
vais  citer  les  diagnoses  telles  qu'elles  sont  données  par  Eisen  et 
Beddard. 

SPECIES    INCERTAE    SEDIS 

L.  ORNATUS  Eisen.  —  Cerveau  avec  une  échancrure  peu  profonde. 
Spermathèques  piriformes.  Néphridies  avec  cellules  glandulaires. 
Pénis  cinq  à  six  fois  plus  long  que  large.  Longueur:  3cm.  Cette 


MORPHOLOGIE   ET   CLASSIFICATION    DU   GENRE   LIMNODRILUS         391 

espèce  est  peut-être  identique  à  L.  Hoffmeisteri.  La  diagnose  ne 
présentant  évidemment  aucun  caractère  vraiment  spécifique.  11  faut 
citer  aussi  L.  monticola  Eisen  qui  ne  se  distiugue  de  L.  ornatus  que 
par  la  longueur  du  pénis  qui  serait  huit  fois  plus  long  que  large  et 
serait  nettement  sectionné  à  l'extrémité.  Le  caractère  vraiment 
spécifique  pour  Eisen  consisterait  dans  les  concrétions  étoilées 
caractéristiques  que  l'on  observerait  à  l'extrémité  interne  du  pénis 
chez  L.  ornatus. 

L.  Steigerwaldi  Eisen.  —  Cerveau  avec  une  échancrure  profonde  ; 
lobes  antérieurs  trilobés  (?).  Les  autres  caractères  sont  les  mêmes 
que  pour  l'espèce  précédente.  Selon  Eisen  le  caractère  spécifique 
consisterait  dans  le  renflement  globulaire  de  l'extrémité  externe  du 
pénis.  Longueur  :  80^^™. 

Il  est  évident  par  ce  travail  que  les  espèces  de  Eisen,  acceptées 
par  Beddard,  n'oftrent  rien  de  certain  et  qu'il  serait  nécessaire,  pour 
lever  toute  controverse,  d'en  reprendre  l'étude  et  d'en  faire  l'examen 
comparatif  avec  les  espèces  certaines. 

J'adresse  eu  terminant  mes  chaleureux  remerciements  à  M.  le 
prof.  Vejdovsky.  C'est  dans  son  laboratoire  que  ce  travail  a  été  fait 
et  c'est  avec  une  entière  bonne  grâce  qu'il  m'a  toujours  prodigué 
ses  conseils. 


BIBLIOGRAPHIE 

1.  F.  Beddard,  .4  monograph  oftlie  order  of  OHgochseta.  Oxford,  189o. 

2.  VV.  Blaxland  Benham,  Xote  on  some  aquatic  OHgochseta.  Qua- 
terly  Journal  of  microscopical  science. 

3.  G.  Eisen,  Oligochœtolugicat  researchcs.   Annual  report  of  the 
commissioner  of  fish  and  fisheries.  Washington,  1883. 

4.  0.  DiEFFENDACH,    Aïiatomische  und  systematische  Studien  an 
OligochcEtae  iiinicolae.  Inaugural  Dissertation.  Giesseu,  1885. 

5.  KÛKENTHAL,  Ubei'  die  lymphoiden  Zellcn  der  Annelidcn.  Zeitsch, 
fur  iNaturwiss.  XV.lll  und  XIX  1885. 

6.  R.  Hesse,  Uber  die  Sepkildriisen  der  Oligoctiœten.  Zool.  Anzeiger 
Jahrg.  XYII,  5,  317-321. 

7.  D.   Nasse,  Beitrdge  zur  Anatomie  der  Tuhificiden.  Inaugural 
Dissertation,  Bonn,  1882. 

8.  A.  Stolc,  Monografis  ces.  Tubificidû.  Rozpr.k.  ces.  spol.  nauk. 
Praha,  1888. 

9.  F. Vejdovsky,  System  und  Morphologie  der  Oligochœten.  Prag,1884. 
10.         —  Note  sur  un  Tubifex  d'Algérie.  Paris,  1891. 


392  MORPHOLOGIE    KT    CLASSIFICATION    DU    GRNRE    LIMSÛDRILUS 


EXPLICATION   DE   LA    PLANCHE  V 

Fii:.  1.  —  Liinnodrilus  Duijrsi  n.  sp.  (li>  f^Tiimliiu-  Maliir<-lli-. 

Fiu".  i.  —  L;i  partit:  iintrrii'urf  du  inrinc,  vm-  par  la  face  vt-nlralo  et  jrrossie, 
pour  montrer  la  fornu;  du  lobe  frontal  /  et  la  position  des  pénis  Ir  ;  u,  bouche  ; 
op,  oriGcos  niàles;  sp,  sporiiiatiic(iut's;  xt.  sacs  d('s  soies. 

Fif^'.  3.  —  Soie  de  LiiniiDiirilus  DiKjrni,  {grossie. 

Fi^.  4.  —  Ortrane  oxcnHeur  inAlo  ilu  nn'ini'  :  at,  atrium;  eu,  ruticulo;  d,  con- 
duit éjaculatour;  ca,  épitlicliuin  de  l'alriuiu;  ep,  (''pilliéliuui  ;  t'pz,  ('•pithéliuin 
renflé;  hp,  hypodrnnc;  hz,  f,'landi's  unici-liniaircs  de  riiypodormc;  /*,  entonnoir 
vibratile;  pr,  un  inbrano  i-xlemc  du  pénis;  f>i,  membrane  interne  du  pénis;  pr, 
prostatiï;  pi,  ptsritoino:  ri\  muscle  cdiliqucî  du  pénis;  se,  muscles  circulaires;  s/, 
niuscles  (lon,L,'itudinaux)  oblon^rs;  .sr,  jonction  di'  l'atrium  avec  la  pocbe  du  pénis; 
li.  partie  aplatie  de  l'extrémité  du  pénis  ;  ^^^  partie  recourbées  du  pénis;  sp, 
libres  spirales;  rj,  canaux  des  jy:landes  unicellulaires  de  la  prostate;  up,  embou- 
cbure  des  {jlandes  dans  l'atrium;  -s,  traclns  protoplasmiques  dans  la  matière 
filandulaire. 

Fig.  5.  —  Coupe  longitudinale  d'une  assise  musculaire  autour  de  pénis;  ri, 
noyau. 

Fig.  6.  —  Faisceau  de  fibres  musculaires,  spirales  grossies. 

Fig.  7.  —  Partie  d'épithélium  intestinal  ;  ep,  cellules  épithélialos  ;  ep',  cellules 
épithéliales  de  remplacement;  clil,  glandes  cblaragogènes ;  cz,  parasite  enkysté 
dans  l'épithélium  ;  :;/•,  granulations  pigmentaires.     • 

Fig.  8.  —  Partie  d'épithélium  avec  une  forme  parasitaire  en  croissant;  ep, 
épithôlium;  es.  cuticule;  cz,  parasite  avec  un  espace  clair  dv  au  milieu. 

Fig.  9.  —  Formes  parasitaires  du  tube  digestif  :«,  forme  glandulaire;  /),  forme 
en  croissant;  ot,  adhérence  cuticulaire. 

Les  autres  lettres  ont  la  môme  signification  que  dans  les  ligures  7  et  8. 

Fig.  10.  —  Cerveau  de  L.  Dugesi.  1,  branche  supérieure  du  lobe  antérieur; 
II,  branche  inférieure  du  lobe  antérieur;  III,  lobes  postérieurs;  g,  ganglion 
prccerebral;  com^^,  commissure  principale;  com,,  commissure  accessoire;  nr, 
neurochorde;  sv,  substance  flbreuse;  bn,  cellules  nerveuses  ;  iic,  nerf. 

Fig.  11.  —  Partie  de  la  zone  alvéolaire  de  L.  Dugcai  en  coupe  horizontale  et 
longitudinale;  g,  ganglions  isolés  avec  base  rétrécie  bg  ;  nb,  cellules  nerveuses; 
rs,  substance  filireuse;  vn,  branche  nerveuse  au  milieu  du  ganglion. 

Fig.  12.  —  Glandes  unicellulaires  des  organes  excréteurs  en  coupe  transver- 
sale ;  zi,  glande  uniccUulaire  ;  n,  noyau  ;  <?/c,  canaux  excréteurs  à  paroi  mince. 

Fig.  13.  —  Coupe  transversale  de  l'atrium  à  l'embouchure  de  la  prostate  ; 
at,  atrium  ;  di,  diverticule  latéral  de  l'atrium  ;  pt,  péritoine  ;  es,  assise  des 
muscles  circulaires  ;  sp,  le  reste  du  protoplasme  avec  noyaux  ;  pr,  prostate 
composée  de  glandes  unicellulaires  bk,  qui  se  continuent  par  un  fin  canal. 

Fig.  14.  —  Extrémité  du  pénis  vue  en  relief  ;  ti,  partie  inférieure  aplatie  ; 
ts,  partie  supérieure  recourbée  en  forme  de  capuchon. 

Fig.  15.  —  Spermathèquc  en  coupe  longitudinale  ;  ep,  épithélium  ;  se,  mus- 
cles circulaires  ;  .9^,  muscles  oblongs  ;  pi,  péritoine;  ehl,  valvule;  ep',  épithé- 
lium aplati  du  sac  de  la  spermathèque  ;  se',  muscles  circulaires  isolés. 

Fig.  1().  —  Dernière  portion  de  la  spermathèque  vue  en  surface,  pour  mon- 
trer les  muscles  circulaires  se. 

Fig.  17.  —  Spermatophores  de  L.  Dugesi  n.  sp.  :  a,  coupe  longitudinale  ;  h, 
coupe  transversale  ;  eg,  substance  centrale  granulaire  ;  }is,  assise  sécrétrice  où 
sont  placées  les  tètes  des  spermatozoïdes  ;  ks,  extrémités  libres  des  spermato- 
zoïdes ;  ro,  bec  du  spermatophore. 

Fig.  18.  —  Spermatophore  de  L.  Hoffmeisteri  Claparède  ;  ev,  cavité  centrale  ; 
hs.  assise  sécrétrice  avec  têtes  des  spermatozoïdes  ;  ks,  queues  des  spermato- 
zoïdes; pv,  enveloppe  externe  du  spermatophore. 


Mém.  Soc.  Zool.de   France    xi.,  1898. 


VI  ;. 


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Pl.  V. 


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i  genre  Limncdriius. 


393 


ÉTUDES  SUR  LES  FOURMIS,  LES  GUÊPES  ET  LES  ABEILLES. 

(49"'  Note). 

ANATOMIE    DU    CORSELET    DE    LA    MYRMFCA    RUBRA    REIiNE 

PAR 

CHARLES    JANET, 

Vice -Président  de  la  Société. 
(Planche  VI) 


Explications    préliminaires 

Dans  la  7^  Note  de  ces  Études  (1)  j'ai  donné,  pour  la  Myrmica 
rubra  (reine  et  ouvrière),  l'anatomie  du  pétiole,  c'est-à-dire  de 
l'ensemble  de  ces  deux  anneaux,  fortement  contractés,  qui  pré- 
cèdent la  partie  globuleuse  désignée,  chez  les  Fourmis,  sous  le 
nom  d'abdomen. 

Dans  la  présente  Note,  je  donne  la  description  anatomique  de 
la  région  qui  précède  le  pétiole  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de 
corselet. 

Dans  l'Essai  de  Chabrier  ("22)  sur  le  Vol  des  Insectes,  il  y  a  une 
bonne  description  anatomique  du  corselet  du  Bombus  (pi.  10  à  12). 

Lubbock  ("79c)  a  donné  une  description  assez  détaillée  du  cor- 
selet du  Lasius  flamis  ouvrière. 

Dans  un  travail  important  de  Nassonow  ("89),  travail  écrit  en 
russe,  on  trouvera  un  bon  nombre  de  figures  qui  se  rapportent 
également  à  l'anatomie  du  thorax  du  Lasius  flavus. 

Le  corps  de  la  Fourrai,  comme  celui  de  tout  Insecte,  est  morpho- 
logiquement formé  d'un  certain  nombre  de  métamères  ou  anneaux 
compris  entre  une  portion  terminale  orale  [acron]  et  une  portion 
terminale  anale  {telson). 

La  portion  orale,  réunie  aux  cinq  premiers  métamères  (1°  anten- 
naire,  2°  postantennaire,  3°  mandibulaire,  4®  maxillaire,  5"  labial), 

(1)  Études  sur  les  Fourmis,  T  Note,  Sur  l'anatomie  du  pétiole  de  la  Myrmica 
rubra.  Mém.  Soc.  Zool.  de  France,  VII,  1894,  p.  185. 


304  en.    .lANKT 

coustilue  la  ttHc  que  nous  eludierons  procliaineinent  (1).  Cette 
tête  se  termine  par  un  col  rétréci  (pi.  VI)  qui  sert  ù  l'articuler  avec 
la  réi^iou  suivante.  Ce  col  appartient  au  métaiiK're  labial,  mais  la 
membrane  articulaire  qui  lui  fait  suite  ap[)arlieut,  tout  entière, 
au  métamère  suivant  qui  est  le  premier  métamère  postcéphalique 
(Se./)  ou  prothorax. 

La  partie  bien  délimitée  qui,  chez  les  Fourmis,  les  Guêpes  et  les 
Abeilles,  fait  suite  à  la  tête,  est  le  corselet.  Il  est  très  rétréci  en 
avant  pour  s'articuler  avec  la  tète,  et  tri'S  rétréci  en  arrière  pour 
s'articuler  avec  le  pétiole  (pi,  VI).  Morpholoj^iquement,  le  corselet 
est  formé  des  quatre  premiers  métamères  postcéphaliques  (fig.  2, 
Se.  /  à  Se.  4).  Les  trois  premiers  de  ces  anneaux,  le  prothorax,  le 
mésoîhorax  et  le  métalhora.v  sont  caractérisés  par  la  présence  des 
pattes  et  leur  ensemble  est  appelé  thorax.  Le  quatrième  métamère 
est  Vanneau  médiaire  de  Latreille. 

Je  diviserai  la  description  du  corselet  en  deux  parties  se  rappor- 
tant, la  première,  au  squelette  tégumentaire,  la  seconde,  à  l'ana- 
tomie  interne.  J'adopte  comme  position  morphologique  celle  dans 
laquelle  l'axe  longitudinal  du  corselet  est  placé  verticalement, 
c'est-à-dire  la  position  qui  correspond  à  celle  que  j'ai  donnée  jus- 
qu'ici (Note  16,  p.  2,  fig.  1)  à  l'animal  entier. 

Les  parties  du  squelette  tégumentaire  qui  sont  invaginées  vers 
l'intérieur  du  corps,  pour  fournir  aux  muscles  des  surfaces  de 
fixation  suffisamment  vastes  et  des  points  d'attache  amenés  dans 
une  situation  en  rapport  avec  la  direction  dans  laquelle  le  muscle 
correspondant  doit  agir,  constituent  ce  que  l'on  appelle  Vendosque- 
lette  (endocéphale,  endothorax  ;  Audoin). 

On  emploie  souvent  (Kleuker  "83,  p.  6;  Kolbe"93,  p.  350)  les 
noms  de  : 

Apophyses  pour  les  invaginations  squeletliques  sternales. 
Apodèmes  —  —  pleurales. 

Phragma  —  —  notales. 

Au  lieu  de  donner,  ainsi,  au  mot  apophyse  un  sens  spécialisé,  je 
préfère  lui  laisser  la  signification  générale  d'éminence  bien  sail- 
lante, quelconque,  du  squelette. 

De  même,  au  lieu  d'afifecter  spécialement  aux  parties  pleurales 
le  nom  d'apodènie,  je  préfère  lui  laisser  le  sens  général  de  saillie 
endosquelettique    quelconque  formée   par   accolement    des  deux 

(1)  Heymons  {"  95)  a  récemment  publié  un  mémoire  sur  la  constitution  du 
corps  des  Insectes  et  en  particulier  sur  la  constitution  de  la  tête. 


ÉTUDES   SUR   LES   FOURMIS,    LES   GUÊPES   ET   LES   ABEILLES  395 

faces  d'un  repli  invaginé  ou  par  épaississement  d'uiie  lame  ou 
nervure  saillante  vers  l'intérieur  du  corps.  Un  apodème  dont  les 
lames  ne  se  soudent  pas  se  traduit  à  l'extérieur  par  un  sillon.  Le 
sillon  noto-sternal  de  la  Myrmica  (Silt.  n.  s.)  (p.  416,  fig.  10  et  p.  427, 
fig.  17)  en  est  un  exemple.  Ce  sillon  des  MyrnUcinae  devient,  chez 
les  Formicinac,  un  véritable  apodème  à  lames  soudées  (p.  418,  fig.  12, 
Ap.  n.  s.). 

Kirby  and  Spence  ("22,  t.  3,  p.  368)  appellent  ante-,  medi-,  et 
post-furca  les  grands  apodèmes  de  la  région  sagittale  des  arceaux 
sternaux  du  thorax.  J'adopterai  ici  cet  ancien  nom  de  furca  parce 
qu'il  est  bien  en  rapport  avec  la  forme  fourchue  que  ces  parties  pré- 
sentent chez  les  Insectes,  et,  en  particulier,  chez  les  Hyménoptères. 

Ces  mêmes  auteurs  ont  donné  aux  apodèmes  qui  dépendent  des 
parties  dorsales  le  nom  de  phragma  qui  est  à  conserver. 

Squelette  tégumentaire. 
Vue  de  côté  (fig.  l  et  2). 

On  peut  distinguer  dans  le  squelette  tégumentaire  d'un  méta- 
mère  ou  anneau  quelconque  deux  parties  :  un  arceau  sternal  et  un 
arceau  notai  (fig.  2,  prothorax  et  mésothorax,  Ar.  ster.,  Ar.  not.). 

Il  faut  définir  ce  qui  doit  être  attribué  à  chacun  de  ces  arceaux. 
De  nombreuses  observations  m'ont  démontré  que  les  membranes 
articulaires  se  produisent,  secondairement,  là  où  leur  formation  est 
motivée  par  la  nature  particulière  des  mouvements  de  chaque 
anneau,  et,  cela,  en  des  points  morphologiquement  très  variables. 
Au  contraire,  j'ai  trouvé  que  les  insertions  musculaires  occupent 
une  situation  morphologiquement  précise.  Cela  n'est,  certes,  pas 
toujours  facile  à  reconnaître  de  prime  abord,  mais  un  examen 
attentif  de  nombreux  cas  particuliers  m'a  montré  que  chaque 
muscle  continue  à  appartenir,  pendant  toute  la  durée  du  dévelop- 
pement, à  l'anneau  auquel  appartenait  le  mésoderme  qui  l'a  formé, 
et  que  les  grandes  variations  apparentes  de  la  situation  des  inser- 
tions musculaires  sont  dues  simplement  à  l'accroissement,  nul 
dans  certains  cas,  énorme  dans  d'autres  cas,  que  prennent,  pour 
des  causes  physiologiques  variables  dans  chaque  anneau,  les 
régions  tégumentaires  voisines  de  l'aire,  morphologiquement  pré- 
cise, sur  laquelle  s'insère  le  muscle  considéré,  aire  avec  laquelle  le 
muscle  reste  en  rapport  même  dans  le  cas  où  il  y  a  des  phénomènes 
d'histolyse. 

C'est  pour  ces  raisons  que,  dans  la  recherche  des  limites  morpho- 
logiques des  diverses  parties  du  corps,  je  n'attache  qu'une  impor- 


396 


CH.    JANET 


tance  secondaire  à  la  considération  des  membranes  articulaires, 
tandis  que  je  mets  à  contrijjution,  tout  d'abord,  la  situation  des 
insertions  musculaires. 


Fig.  i.  —  IHyrrtiica  ruhra  reine.  Corselet  vu  de  côté.  Gross.  30. 


Commençons  par  rappeler  comment  les  choses  se  passent  dans 
l'abdomen,  d'abord  pour  la  limite  morphologique  de  deux  anneaux 


Fig.  2.  —  Myrmica  rubra  reine.  Corselet  décomposé  en  ses  anneaux, 
et  vu  de  côté.  Gross.  50. 


398  CH.    JANET 

snccossifs,  onsuil{>,  flnns  iiii  nnm';m,  pour  la  limite  morphologique 
(les  deux  arceaux  qui  le  coniitosenl. 

Par  liuiilc  morphologique  de  deux  anneaux  successifs  j'entends 
ce  que  devient  cIhv.  l'imago  la  ligne  s»';parative  virtuelle,  située  dans 
le  fond  du  silUtn  inlerannulaire  qui  sépare  deux  anneaux  du  corps 
des  jeunes  larves,  lesquelles,  déjà  pourvues  d'une  puissante  muscu 
lalure  qui  contribue  à  produire  ce  sillon,  ont  encore  un  tégument 
uniformément  épaissi,  pour  lequel  il  ne  peut  être  question  ni  de 
pièces  squelettiques  rigides,  ni  de  membranes  articulaires. 

Examinons,  par  exemple,  du  côté  dorsal,  la  limite  morpholo- 
gique des  anneaux  poslcéphaliques  dont  le  squelette  tégumentaire 
et  la  musculature  sont  représentés  Note  7,  fig.  1  et  .3,  et  Note  16, 
fig.  3,  4,  7  et  9. 

Chaque  anneau  comprend,  morphologiquement  : 

1"  La  grande  pièce  squoleltique  qui  forme  l'écaillé  dorsale  ; 

2°  La  membrane  articulaire  qui  fait  suite  à  cette  écaille  ; 

3°  Une  bordure  rigide  très  réduite  qui  reçoit  les  insertions  muscu- 
laires et  est  solidaire  de  l'écaillé  rigide  de  l'anneau  suivant.  Cette 
bordure  rigide  peut  être  nulle  ou  assez  développée  comme  on  le 
voit  dans  le  cas  représenté  Note  16,  fig.  4. 

C'est  immédiatement  à  la  suite  de  cet  ensemble  que  se  trouve  la 
limite  morphologique  des  deux  anneaux  successifs. 

Déterminons,  par  analogie,  la  limite  morphologique  qui,  dans  un 
anneau,  sépare  l'arceau  dorsal  et  l'arceau  ventral.  A  l'arceau  dorsal 
j'attribue  (Note  16,  fig.  7)  : 

i°  La  grande  pièce  squelettique  qui  forme  l'écaillé  dorsale  ; 

2°  La  membrane  articulaire  qui  fait  suite  à  cette  écaille  ; 

3°  Une  bordure  rigide  plus  ou  moins  réduite  située  à  l'extrémité 
des  insertions  musculaires  et  solidaire  de  l'écaillé  rigide  (jui  forme 
l'arceau  sternal. 

C'est  immédiatement  à  la  suite  de  cet  ensemble  que  se  trouve  la 
limite  morphologique  des  deux  arceaux  notai  et  sternal  de  l'anneau. 

Si,  des  anneaux  moyens  de  l'abdomen,  où  rien  ne  vient  compli- 
quer la  division  en  un  arceau  notai  et  un  arceau  sternal,  nous 
passons  aux  anneaux  thoraciques,  nous  trouvons,  par  suite  de  la 
présence  des  pattes  et  des  ailes,  une  disposition  beaucoup  moins 
simple. 

Dans  le  prothorax,  j'attribue  à  l'arceau  notai  la  grande  écaille 
qui  forme  la  partie  dorsale  des  coupes  représentées  par  les  figures 
15  A  à  D  (p.  422).  J'attribue  à  l'arceau  sternal  : 

1°  La  surface  comprise  entre  les  articulations  coxales,  surface 


ÉTUDES    SUR    LES   FOURMIS,    LES   GUÊPES    ET   LES   ABEILLES  399 

qui  porte  la  lame  sagittale  et  la  furca,  et  fournit  les  insertions 
musculaires  internes  des  pattes  ; 

2°  Les  pattes  ; 

30  Les  deux  surfaces  comprises  entre  les  pattes  et  la  grande 
écaille  notale,  surfaces  qui  reçoivent  les  insertions  musculaires 
externes  des  pattes. 

La  répartition  se  fait  d'une  façon  tout  à  fait  similaire  dans  le 
mésothorax  (p.  429,  fig.  18  ;  p.  430,  fig.  19)  et  dans  le  métathorax 
(p.  432,  fig.  20). 

Dans  l'anneau  médiaire  la  limite  est  plus  difficile  à  établir.  Elle 
passe  soit  en  arrière  de  la  chambre  de  la  glande  GL  4  (p.  397, 
fig.  2),  soit  (p.  435,  fig.  21)  quelque  part  dans  l'intérieur  de  la 
chambre  aérifère  où  cette  glande  déverse  son  produit. 

L'arceau  notai  du  prothorax  [Se.  i.  :  Ar.  not.),  assez  étroit  dans  le 
sens  longitudinal  du  corps,  est  si  embrassant  de  l'arceau  sternal 
{Ar.  ster.)  qu'il  cache  presque  complètement  ce  dernier  sur  la  vue 
de  côté. 

Une  membrane  articulaire  continue  assure  la  mobilité  du  pro- 
thorax par  rapport  au  mcsothorax.  Cette  mobilité  est  très  prononcée 
pour  l'arceau  sternal  et  très  faible  pour  l'arceau  notai.  Du  côté 
sternal,  la  membrane  articulaire  appartient  morphologiquement  au 
mésothorax  ;  du  côté  notai,  la  membrane  articulaire  appartient 
morphologiquement  au  prothorax  :  cela  résulte  de  l'examen  des 
insertions  musculaires  (pi.  VI). 

Sur  le  mésothorax,  la  limite  des  arceaux  sternal  et  notai  [Se.  2  : 
Ar.ster.  ;  Ar.  not.)  est  marquée  extérieurement  par  un  sillon  [Sill. 
n.  s.),  repli  interne  tout  à  fait  comparable  à  un  apodème  dont  les 
deux  lames  seraient  restées  écartées  (p.  427,  fig.  17  et  suivantes).  Il 
n'y  a,  dans  ce  sillon,  aucune  membrane  articulaire. 

L'arceau  sternal  est  modérément  développé.  La  distinction,  sur 
cet  arceau,  de  plusieurs  parties  (sternum,  epimerum,  etc.),  est 
sans  importance  au  point  de  vue  anatomique.  Cet  arceau  forme, 
ici,  un  tout  rigide  et  il  est  également  uni,  d'une  façon  rigide,  aux 
pleurae  de  l'arceau  notai  correspondant.  Les  deux  arceaux  sont, 
ainsi,  réunis  d'une  façon  rigide  et  c'est  auprès  de  l'aile  que  se 
trouvent  les  parties  membraneuses  qui  permettent  les  mouvements 
relatifs  de  l'ensemble  du  sternum  et  des  pleurae  du  notum  par 
rapport  à  la  portion  médiane  du  notum. 

L'arceau  notai  est,  par  suite  de  la  présence  d'ailes  à  musculature 
puissante,  extrêmement  développé.  L'articulation  del'aile  (.4/.S('.5) 
et  un  sillon  articulaire  dorsal  [Sill.  art.)  justifient,  ici,  la  distinc- 


400  CH.    JANET 

lion  inorplioloi^iciiit»  do  (H\n\re  rt^gioiis  l)ien  (lislincles.  Ce  sont  le 
scutunt,  le  snitrllinii  cl  deux  pleurdc  {Seul.,  SculcIL,  Plr). 

Vers  leur  |iarlie  supérieure  les  pleurae  s'élendenl  cousidérable- 
nienl  vers  l'arceau  slenial  au  point  d'arriver  à  ôlre  visibles  sur  la 
vue  de  la  face  vculrale  (lig.  .'3.  \r.  not.,  Se.'i.).  Ils  porlenl,  près  de 
leur  bordure  supérieure,  un  sillon  que  l'on  peut  appeler  stigma- 
lique  {SïlL  st.)  car,  parlant  de  l'articulation  alaire,  il  passe  sous  le 
premier  stigmate  {St.  Sc.'J),  vers  lecjuel  il  émet  une  ramification  et, 
se  prolongeant  vers  l'arceau  ventral,  il  se  termine,  eu  s'invaginant, 
comme  un  doigt  de  gant,  dans  l'intérieur  du  corps,  pour  former 
ïupuplujsi'  d'insertion  du  muscle  de  fermeture  du  stigmate  (.Apoph. 
ferm.  st.).  Les  stigmates  (St.  Sc.H)  sont  situés  sur  la  bordure  supé- 
rieure des  pleurae,  mais  ils  sont  recouverts  par  un  prolongement 
du  prothorax  (p.  429,  fig.  18).  Les  pleurae  sont  limitées,  en  bas, 
par  le  sillon  articulaire  méso-métathoraci(iue,  et,  dorsalement, 
par  l'articulation  alaire  et  ses  dépendances. 

La  partie  de  l'arceau  notai  qui  est  située  dorsalement  par  rapport 
à  l'articulalion  alaire  est  divisée,  en  deux  parties,  par  un  sillon 
articulaire  (PI.  VI,  Memb.;  fig.  2,  Sill.  art.)  permettant  de  faibles 
mouvements  de  charnière.  Ces  parties  sont  eu  rapport  avec  les 
insertions  des  muscles  vibrateurs  longitudinaux  (pi.  VI,  M.  vib.  /.)  ; 
ce  sont  le  scutum  et  le  sculellum  {Seat.,  Scutell.). 

Le  développement,  si  considérable,  que  ces  parties  montrent  à 
l'extérieur  du  corps  n'est  pas  encore  assez  grand  pour  leur  per- 
mettre de  fournir  aux  muscles  du  vol  des  aires  d'insertion  d'uue 
surface  suffisante  et  d'une  situation  convenable,  et  nous  les  voyons 
émettre,  vers  l'intérieur  du  corps,  des  apodèmes  importants  (fig.  I, 
2  et  PI.  VI).  Le  scutum  émet,  en  haut,  un  apodème  médian  {Phr. 
scut.)  formé  de  deux  lames  soudées  dont  la  lame  supérieure  est, 
morphologiquement,  formée  en  partie  par  l'anneau  prothoracique. 
Le  sculellum  émet,  en  bas,  sur  ses  côtés,  deux  apodèmes  (Phr.  i. 
m.  /.)  qui  se  soudent  en  une  pièce  impaire,  en  forme  de  gouge.  Cette 
pièce  prend  un  développement  considérable  et  s'étend  jusqu'auprès 
de  l'extrémité  inférieure  du  corselet.  Des  deux  lames  soudées  qui 
forment  cet  apodème,  la  lame  inférieure  paraît  être  formée,  au 
moins  en  partie,  par  l'anneau  raétathoracique.  Le  sculellum  est 
raidi  par  une  nervure  interne  {ISerc.)  située  un  peu  au-dessous  du 
sillon  articulaire  {Sill.  art.,  Memb.). 

Les  parties  latérales  des  arceaux  sternal  et  notai  du  mésolhorax 
(Se.  5)sont  séparées  du  métathorax  (Se. 5)  par  un  sillon  accompagné 
d'une  membrane  articulaire  (fig.  1,  SilL  art.). 


ÉTUDES   SUR    LES   FOURMIS,    LES    GUÊPES    ET   LES    ABEILLES  401 

Les  ailes  du  métathorax  reçoivent  leur  mouvement  des  ailes 
mésothoraciques  auxquelles  elles  s'accrochent  et  sont  dépourvues 
de  musculature  :  le  métathorax  subit,  en  conséquence,  une  réduc- 
tion extrêmement  considérable.  La  trace,  visible  de  l'extérieur,  de 
l'invagination  d'une  apophyse  (ipop/i.)  marque  la  limite  qui  sépare 
l'arceau  sternal  de  l'arceau  notai.  L'insertion  alaire  limite  des 
pleurae  à  la  partie  supérieure  desquels  on  voit,  immédiatement 
au-dessous  de  la  limite  méso-métathoracique,  un  stigmate  méta- 
thoracique  [St.  Se.  3)  réduit  au  point  d'avoir  perdu,  chez  les  Myrmi- 
cinae,  son  appareil  de  fermeture.  La  partie  médiane  de  l'arceau 
forme  un  arc  étroit,  plissé  et  très  fortement  chitinisé  qui  donne 
une  grande  raideur  à  cette  région  du  corselet. 

Tandis  que  chez  Vespa  et  chez  Apis  on  voit,  à  la  surface  du  cor- 
selet, la  limite  séparative  du  3«^  et  du  4^  anneau,  cette  limite  n'est 
pas  marquée  chez  Myrmica.  La  ligne  pointillée  suivant  laquelle  ces 
deux  parties  sont  séparées  dans  la  figure  2  a  été  tracée,  approxi- 
mativement, d'après  ce  que  l'on  voit  chez  Vespa.  On  a,  comme  point 
de  repère,  pour  tracer  cette  ligne,  le  point  d'invagination  de  l'apo- 
physe interne  (Apoph.)  qui  se  trouve  vers  l'extrémité  inférieure  de 
la  ligne  séparative  des  arceaux  notai  et  sternal  du  métathorax, 
point  qui  est  très  nettement  marqué  par  une  profonde  dépression 
chez  Vcspa  et  qui  est  encore  assez  net  chez  Myrmica. 

Quant  à  la  limite  séparative  des  deux  arceaux  du  4"  anneau,  elle 
ne  se  traduit,  sur  la  surface  extérieure  du  corselet,  par  aucune 
ligne  visible.  Le  trait  pointillé  par  lequel  je  la  représente  approxi- 
mativement (fig.  2)  part  de  l'extrémité  de  la  limite  séparative  des 
arceaux  du  métathorax,  passe  entre  la  chambre  aérifère  qui  paraît 
appartenir  à  la  partie  latérale  de  l'arceau  sternal  et  le  stigmate  qui 
appartient  à  la  partie  latérale  de  l'arceau  notai,  et,  enfin,  se  dirige 
vers  l'extrémité  de  la  limite  séparative  des  deux  arceaux  de  l'an- 
neau suivant  {Se.  J  :  Ar.  ster.,  Ar.  not.]. 

Face  ventrale 

La  figure  3  représente  le  squelette  chitineux  du  corselet  vu  par 
sa  face  ventrale. 

L'arceau  sternal  du  prothorax,  qui  est  supposé  enlevé  dans  cette 
figure,  est  représenté  à  part  (fig.  4).  Il  est  formé  de  trois  pièces,  à 
savoir  deux  pièces  latérales  [Pis.)  réunies  par  une  membrane 
articulaire  sagittale,  et,  plus  bas,  une  pièce  impaire  qui  porte  une 
robuste  furca  [Furc.  1,  voir  p.  424,  fig.  1(5  E).  La  bordure  inférieure 
de  ces  trois  pièces  squelettiques  forme  la  majeure  partie  du  cadre 

Méni.  Soc.  Zool.  de  Fr„  1898.  xi.  —  2B 


'^(l2  cil.    .lANKI 

articuhiire  tic  la  roxa  i)r(»lli()ra('i(|U('  (C.r.  /).  |,a  vaste  ouverture 
(lij;.  3)  que  l'eiilrviMnenl  de  cet  arceau  produit  sur  le  corselet  y)er- 
niel  de  voir,  au-dessous  de  l'arceau  notai  {Se.  /.  \r.iiol.),  une  lame 
saillante  (jui  esl  le  |)lira^uia  du  seiiluin  (s'r.  -J :  l'hr.  sent.). 


Fiy.  3.  —  Myrinica  ruhra  reine.  Corselet  vu  par  la  face  ventrale.  L'arceau  sternal 
<iu  prolliorax  et  les  trois  paires  de  pattes  sont  enlevés.  Gross.  50. 

A  la  partie  supérieure  du  mésothorax,  le  sillon  transversal  [Sill. 
transi.)  est  interrompu  par  une  cloison  sagittale.  Près  du  point  où 
les  trois  sillons  transversal,  stigmatique  et  uoto-sternal  {Sill.  Iransv.; 
Sill.  st.;  Sill.  n.  à.)  se  réunissent  eu  une  sorte  de  carrefour,  se  trouve 


ETUDES    SUR    LES   FOURMIS,   LES    GUEPES    ET   LES    ABEILLES 


403 


l'apophyse  interne,  en  doigt  de  gant  (Apopli.  j'crm.  st.),  sur  laquelle 
se  fixe  le  muscle  de  fermeture  du  stigmate.  La  furca  mésothora- 
cique  (Furc.  2),  supposée  vue  par  transparence,  montre  ses  deux 
branches  et,  aussi,  l'anneau  qui,  après  avoir  entouré  la  chaîne  ner- 
veuse, porte,  en  arrière,  les  quatre  tendons  des  deux  paires  de 
muscles  M.  .75  et  M.  56,  muscles  mésothoraciques  ventraux  longi- 
tudinaux qui  font  mouvoir  l'arceau  sternal  du  prothorax  (pi.  VI). 
On  voit,  également  en  pointillé,  le  contour  du  vaste  apodème 
{Plii'.  i.  m.  l.)  qui  est  attaché  à  la  limite  inférieure  de  l'arceau  dorsal 
par  ses  deux  cornes  supéro-latérales,  mais  qui  est  libre  sur  tout  le 
reste  de  son  pourtour  (fig.  2,  3,  5  et  pi.  VI). 


Fig.  4.  —  Mynnica  rubra  reine. 
Arceau  sternal  du  pro thorax. 
Gross.  50. 


Fig.  o. —  Myrmica  rubra  reine.  Phragma 
de  la  partie  inférieure  du  mesonotum. 
Gross.  50. 


Le  métathorax  [Se.  3)  nous  montre  un  sillon  sagittal  dont  l'extré- 
mité inférieure  s'invagine  pour  former  la  furca  {Furc.  3)  qui  est 
dépourvue  d'anneau.  L'arceau  sternal  du  métathorax  proémine  vers 
le  bas  de  manière  à  ne  laisser  voir  qu'une  portion  bien  réduite  de 
Vanneau  médiaire  (Se.  4).  La  partie  visible  de  l'arceau  sternal  de  cet 
anneau  médiaire  se  réduit  à  un  petit  triangle  (Ar.  ster.),  au-dessous 
duquel  nous  voyons  d'abord  (à  l'endroit  marqué  Se.  4)  l'ouverture 
laissée  par  l'enlèvement  de  l'anneau  suivant,  puis  la  portion  réflé- 


404  t;».  .iam:t 

cliie  de  l'arceau  uotal  {Ar.  iioL),  partie  (jui  porte  le  lo^eineiil  «le  la 
rotule  articulaire  (voir  p.  397,  (ig.  2)  de  l'arceau  notai  suivant. 

Face  dorsale 

L'exanu'u  de  la  face  dorsale  (llg.  G)  montre  bien  la  réduction 
subie  par  l'arceau  prutliornciquc  dorsal  {Se.  J  :  Ar.  nol.)  qui  u'appa- 
rait  que  comme  une  bordure  entourant  toute  la  partie  supérieure 
de  l'arceau  suivant. 

L'arceau  dorsal  mésothoracique  [Se.  ii  :  Sent.,  Scutell.)  prend  un 
énorme  développement.  En  deliors  des  articulations  des  ailes  (.1/. 
Se.  "2)  on  voit  les  pleurae  (Ph\).  LQscutum(Scut.)  échancré,  dans  ses 
anj^les  latéro-iuférieurs,  par  l'articulation  alaire,  est  limité,  en  bas, 
parle  sillon  (Sill.  art.),  au  fond  duquel  se  trouve  la  membrane  de 
charnière  (pi.  YI,  Memh.)  qui  le  sépare  du  scutellum  (ScutelL).  Ce 
dernier  est  raidi  par  une  nervure  interne  (pi.  VI,  Ncrv.)  et  fournit, 
sur  les  côtés  de  sa  bordure  inférieure,  l'insertion  des  cornes  du 
grand  phragma  {Phr.  i.  m.L). 

C'est  au  milieu  du  dos  que  le  métathorax  (Se.  3)  présente  le 
maximum  de  réduction.  11  est,  là,  refoulé  vers  le  bas,  comme  le  pro- 
thorax est  refoulé  vers  le  haut.  Il  s'élargit  un  peu  sur  les  côtés  où 
se  trouvent  les  insertions  alaires,  près  desquelles  nous  voyous 
commencer  le  sillon  articulaire  [Sill.  art.)  séparateur  du  niéso(Se.  2) 
et  du  métathorax  [Se.  3).  C'est  près  de  l'origine  de  ce  sillon  que  se 
trouve  le  stigmate  atrophié  de  l'anneau  [St.  Se.  3). 

Toutes  les  parties  qui  se  trouvent  sur  le  reste  du  corselet  appar- 
tiennent à  Vanneau  médiaire.  On  y  voit  :  une  paire  de  stigmates  très 
développés  [St.  Se.  4)  situés  sur  de  légères  éminences  ;  plus  ])as,  les 
deux  épines  (i'p.)  qui  limitent  latéralement  le  logement  dans  lequel 
le  premier  nœud  du  pétiole  vient  s'abriter  lorsqu'il  est  relevé  au 
maximum  (lig.  1)  ;  et,  enlin,  plus  bas  encore,  la  bordure  du  cadre 
articulaire  de  l'anneau  suivant  [Se.  5).  Les  deux  mamelons  qui  se 
trouvent  sur  les  côtés  de  la  partie  tout  à  fait  inférieure  du  corselet 
sont  dus  à  la  présence  des  chambres  aérifères  de  la  glande  de  l'an 
neau.  Ces  chambres,  ainsi  que  leurs  cribellums(C'n.),  sont  figurées 
en  pointillé  et  leur  orifice,  en  forme  de  fente  allongée,  se  trouve  en 
/:  Gl.  4  (voir  p.  397,  lig.  2  et  p.  416,  fig.  10). 

Coupe   sagittale 

L'étude  que  nous  venons  de  faire  de  l'extérieur  du  corselet  sera 
utilement  complétée  par  l'examen  d'une  coupe  sagittale  de  son 
squelette  tégumentaire  (planche  VI). 


ÉTUDES    SUR    LES   FOURMIS,   LES   GUEPES    ET    LES   ABEILLES  40o 

La  tête  se  termine  par  un  cou  très  rétréci  qui  appartient  à  l'an- 
neau labial.  La  membrane  articulaire,  à  surface  chagrinée,  qui  lui 
fait  suite,  appartient,  tout  entière,  au  prothorax. 


Fig.  6.  —  Myrmicà  rubrn  reine.  Corselet  vu  par  la  face  dorsale.  Cross.  50. 


406  CH.    .lANET 

lUi  cnfé ventral  du  prothorn.v  la  iiu'mliraiitj  chngrinée  se  prolonge, 
sur  la  ligne  sagittale,  \y<\v  la  membrane  d'artirulation  des  deux 
moitiés  (lu  plastron  de  l'arceau  sternal  (|).  422,  (ig.  I.'i  M  et  iS  (^), 
memhrant'  (pii  ajjoutit  à  celle  qui  horde  la  partie  sii|)(''rieure  et  les 
côtés  de  la  plaque  impaire  qui  porte  la  furca  prolliora(i(|ue  (/^/r.  /) 
et  la  lame  sagittale  (/,.  ///.  /)  sur  laquelle  se  fixeul  les  extenseurs  de 
la  coxa. 

La  membrane  qui  se  trouve  .lu-dessous  de  cette  plaque  appaitient 
tout  entière  au //((fso//(o/7/.r.  Plus  bas,  nous  voyous  le  sillon  trans- 
versal (Sill.  transv.)  couvert  d'un  fin  duvet  de  poils  sensitifs.  La 
coupe  représentée  par  le  dessin  est  supposée,  ici,  légèrement 
écartée  du  plan  sagittal,  car  dans  ce  plan  il  y  a  une  cloison  qui 
iuterrompt  le  sillon  (voir  lig.  3  et  p.  424,  fig.  IG  F).  Le  mésothorax 
présente,  au-dessous  de  ce  sillon,  un  assez  grand  développement, 
parce  qu'il  a  à  fournir,  à  droite  et  à  gauche  delà  lame  sagittale 
{L.  m.  2),  une  vaste  surface  d'insertion  pour  les  muscles  vibrateurs 
transversaux  du  vol  (M.  vib.  t.),  indiqués,  ici,  par  leur  contour  (voir 
aussi  p.  427,  fig.  17).  A  la  partie  inférieure  de  la  lame  sagittale  se 
trouve  la  furca  mésothoracique  {Furc.  'J)  qui  termine  le  mésothorax. 

Dans  le  métathorax,  la  lame  sagittale  L.  m.  3  porte,  en  haut,  une 
lame  transverse  et  aboutit,  eu  bas,  à  la  furca  métathoraci(|ue  qui 
est  formée  à  la  fois  par  le  métathorax  et  par  l'anneau  médiaire. 

A  cet  anneau  médiaire  appartient  :  une  portion  de  la  partie  infé- 
rieure de  la  furca;  la  surface  qui  se  termine  vers  le  bas  par  un 
butoir  ventral,  et,  enfin,  toute  la  membrane  articulaire  qui  fait 
suite  à  ce  butoir. 

Du  côté  dormi  le  prothorax  {Se.  1)  est  très  rétréci.  Sa  partie  supé- 
rieure forme  un  col  protecteur  du  cou  et  de  sou  articulation.  La 
partie  inférieure  repliée,  la  courte  membrane  qui  lui  fait  suite 
et  nue  partie  de  la  face  supérieure  de  l'aitodôme  du  scutum  [Plir. 
scut.)  appartiennent,  morphologiquement,  au  prothorax. 

Le  reste  de  l'apodème  du  scutum  appartient  au  mésothorax  [Se.  5). 
Le  scutum  (SYuî.)est  raidi,  à  sa  partie  inférieure,  par  un  certain 
nombre  de  plissements  longitudinaux. 

Le  scutellum  {Scutcll.)  est  séparé  du  scutum  par  un  sillon  au  fond 
duquel  se  trouve  une  courte  membrane  articulaire  (Meinh.)  et  il  est 
raidi,  vers  sa  partie  supérieure,  par  une  forte  nervure  interne 
(Note  16,  p.  7,  fig.  15).  A  sa  partie  inférieure  il  est  arrondi  en  un 
bourrelet  rugueux.  On  voit  en  coupe  le  grand  phragma  {l*hr.  i.  L) 
qui  appartient,  au  moins  par  sa  face  supérieure,  au  mésothorax. 


ÉTUDES    SUR    LES   FOURMIS,   LES    GUÊPES   ET   LES    ABEILLES 


407 


Le  métathorax  {Se.  3)  est  réduit  à  un  bourrelet,  comprimé  et 
rugueux,  limité,  en  haut  et  en  bas,  par  une  membrane  articulaire. 

L'anneau  médiaire  {Se.  4)  comprend  la  vaste  surface  qui  se  trouve 
au-dessous  du  métanotum  et  le  butoir  dorsal  qui  la  termine  infé- 


Fig.  7.  —  Vespa  germanica  ouvrière.  Coupe  sagittale  du  tégument  dorsal 
du  corselet.  Gross.  22. 


rieuremeut.  La  membrane  articulaire  qui  fait  suite  à  ce  butoir 
appartient  aussi  à  l'anneau  médiaire. 

Vespa,   Apis.  —  La   disposition   que   présentent,  dans  le   plan 
sagittal,  les  parties  qui  forment  le  dos  du  corselet  est,  sauf  quelques 


408 


cil.    .lAMT 


petites  inodincations,  hi  inùmc  clie/  les  Fourmis,  die/  les  (îuêpes 
et  chez  les  Abeilles. 

Chez  la  Guêpe  (lij;.7),  le  itrothoiax  est  encore  très  réduit.  Cunune 
chez  la  Murmica,  la  uieuibraue  articulaire  qui  se  trouve  à  sa  partie 


Fig.  8.  —  Apis  mellifica  ouvrière.  Coupe  sagittale  du  tégument 
dorsal  du  corselet.  Gross.  22. 


supérieure  et  celle  qui  se  trouve  à  sa  partie  inférieure  lui  appar- 
tiennent, morphologiquement,  toutes  les  deux. 

Sur  le  Mésothorax,  le  sillon  qui  sépare  le  scutum  (Scut.)  d'avec  le 
scutellum  {Scutell.)  est  très  accusé,  et  sa  partie  profonde  est  rendue 


ÉTUDES    SUR   LES    FOURMIS,   LES   GUÊPES    ET   LES    ABEILLES  409 

flexible  par  un  amincissement  de  la  chitine.  La  nervure  de  raidis- 
sage  du  scutellum  est  située  tout  près  de  ce  sillon. 

Le  métathorax  est  moins  réduit  et  moins  comprimé  que  chez  la 
Myrmica  mais,  inversement,  Vanneau  médiaire  est  relativement 
plus  petit. 

Chez  l'Abeille  (fig.  8),  la  membrane  d'articutation  de  la  tête  et 
du  corselet,  très  épaisse  et  fortement  chagrinée,  appartient  encore 
tout  entière  au  prothorax.  Quant  à  la  courte  membrane  d'articula- 
tion du  prothorax  et  du  scutum,  elle  s'est  formée  non  pas  au- 
dessus,  comme  chez  les  Myrmica  et  chez  les  Vespa,  mais  au-dessous 
de  la  surface  de  fixation  du  muscle  releveur  médian  de  la  tête. 
Malgré  ce  changement  de  situation  elle  appartient  encore  morpho- 
logiquement au  prothorax. 

Sur  le  mésothorax,  le  scutum  {Scut.)  est  très  développé  et  séparé 
du  scutellum  (Scu/e//.)  par  un  sillon  dont  la  cuticule  est  assez  flexible 
pour  permettre  les  faibles  mouvements  de  charnière  nécessités  par 
les  vibrations  du  vol.  Le  scutellum  est  remarquable  par  son  bom- 
bement beaucoup  plus  accusé  que  chez  la  Murmica.  11  forme  une 
sorte  de  ressort  en  arc  bandé  par  un  muscle  longitudinal  M. 

Le  métathorax,  extrêmement  réduit,  comme  chez  la  Myrmica, 
apparaît  sous  forme  d'une  bande  étroite  et  brillante  sur  le  corselet 
d'une  Abeille  dont  les  poils  ont  été  enlevés  par  le  frottement. 

Vanneau  médiaire  est  bien  développé. 


AnATOMIE      INTERNE 

Coupe  sagittale 

La  tranche  sagittale  (PL  VI),  dans  laquelle  nous  venons  d'exa- 
miner le  squelette  chitineux,  nous  fournit  une  vue  d'ensemble  sur 
la  plupart  des  organes  du  corselet.  Dans  le  cou  passe  un  faisceau 
de  viscères  comprenant  (voir  aussi  p.  420,  fig.  14)  : 

Le  canal  impair  de  la  glande  labiale  {Gl.  Ibi.  can.). 

L'œsophage  {Or.). 

L'aorte  (V.  d.). 

Les  deux  connectifs  de  chaîne  nerveuse  (/V.  c). 

Le  prolongement  du  nerf  récurrent  ou  sympathique  impair 
(iV.  rec). 

Deux  nerfs  sympathiques  pairs  (iV.  symp.),  prolongement  du 
nerf  récurrent. 


410  CM.    JANET 

Deux  filets  iioiNeiix.  satelliles  du  cmikiI  de  la  glaude  labiale,  pro- 
veuaut  d'un  i)i'lit  tîaiiglion  (d.  ijl.  Ihi)  situé  dans  la  tête. 

Deux  troues  trachéeus  iou^itudinaiix  veulraux  (/"/•.  /.  /.  r.). 
Deux  troncs  tracluieus  longitudinaux  dorsaux  ('/'/•.  /.  /.  <l.). 

Sur  la  t'li<i'iiir  nrrri'iisc,  nous  rencontrons,  logés  dans  les  anneaux 
aux<|uels  ils  appartiennent,  un  ganglion  prothoracique  (G.  Se.  1)  et 
un  ganglion  niésolhoracique  {(!.  sv.  l>). 

Les  ganglions, a|)partenant  niorph()logi(|ncnu'nt  aux  trois  anneaux 
suivants  :  (d.  Se,  3,  ganglion  du  niétalhorax;  d.  Se.  1,  de  l'anneau 
niédiaire  ;  G.  Se.  J,  du  i*^^'  nœud),  sont  accolés  en  une  masse  unique 
logée  dans  l'anneau  métathoracique.  Le  ganglion  (G.  Se.  6),  logé 
dans  le  1"  nœud(S(?.  .7),  appartient,  morphologiquement, au  2«  nœud 
(.Se.  0)  qu'il  innerve. 

A  la  partie  antéro-supérieure  de  chacun  des  deux  ganglions  qui 
forment  la  paire  prothoracique,  il  y  a  un  renflement  qui  est  le 
point  de  départ  d'un  prolongement  nerveux  dans  lequel  se  trouvent 
des  corpuscules  scolopaux  et  qui,  par  conséquent,  doit  être  consi- 
déré comme  étant  un  orf/ane  cfioi'dotonaKOrfi.r.).  Cet  organe  aboutit 
aux  côtés  de  la  membrane  d'union  des  deux  moitiés  du  plastron  de 
l'arceau  sternal  du  prothorax  (voir  p.  422,  fig.  45  C), 

De  la  partie  supérieure  de  chaque  ganglion  mésotlioracique  part 
un  nerf  qui  se  bifurque  en  une  branche  verticale  et  une  branche 
horizontale.  Celte  dernière  est  le  nerf  alaire  N.  al  qui  pénètre  dans 
l'espace  compris  entre  les  muscles  vibrateurs  longitudinaux  et  les 
muscles  vibrateurs  transversaux  (p.  ^27,  fig.  17)  et  se  ramifie  pour 
innerver  ces  muscles. 

Trois  petits  ganglions  sympathiques  {G.  symp.)  sont  accolés  à  la 
masse  des  trois  ganglions  logés  dans  le  métathorax. 

Pour  traverser  le  cou,  le  canal  de  la  glande  labiale  [Gl.  Ihi)  se  loge 
entre  les  deux  connectifs  (voir  p.  420,  fig.  14).  Peu  après  son  entrée 
dans  le  prothorax,  il  se  bifurque,  et  ses  branches,  après  être  passées 
chacune  en  avant  de  l'un  des  connectifs  (voir  p.  422,  fig.  15  B), 
reviennent  en  arrière,  en  passant  à  droite  et  à  gauche  de  l'œso- 
phage et  de  l'aorte  et  près  de  deux  corpora  incerta  [Corp.  inc.  2), 
sortes  de  glandes  internes  qui  ont  perdu  toute  relation  avec  l'hypo- 
derme  et  qui  paraissent  dériver,  chez  l'embryon,  de  la  portion 
sternale  de  l'anneau  labial,  comme  les  deux  corpora  incerta  logés 
dans  la  tête  (Crp.inc.  /)  dérivent  de  la  portion  sternale  de  l'anneau 
maxillaire.  Chacune  des  branches  se  ramifie  et  les  rameaux  se  ter- 
minent par  des  petits  groupes  de  cellules  qui  sont  les  acini  de  la 
glande  labiale  (67.  Ibi).  Un  certain  nombre  de  ces  groupes  de  cellu- 


ÉTUDES    SUR    LES    FOURMIS.   LES    GUEPES    ET   LES   ABEILLES  411 

les  se  trouvent  à  peu  de  distance  du  plan  sagittal,  mais  le  plus 
grand  nombre  se  logent  dans  l'espace  libre  situé  en  dehors  des 
muscles  vibrateurs  longitudinaux  [M.  vih.  L),  au-dessus  des  muscles 
vibrateurs  transversaux  (j/.  inb.  t.). 

L'œsophage  {Or),  qui  est  très  étroit  dans  le  trou  œsophagien,  sous 
le  cerveau,  ainsi  que  dans  le  cou,  se  dilate  un  peu  dans  le  corselet 
pour  se  réduire  de  nouveau  au  passage  de  l'articulation  du  corselet 
avec  le  premier  nœud.  Les  muscles  circulaires  qui  l'entourent 
sont  bien  visibles  ainsi  que  les  deux  nerfs  sijnipathiques  (/Y.  symji.) 
qui  l'accompagnent  à  droite  et  à  gauche. 

L'aorte,  caractérisée  par  ses  deux  files  latérales  de  noyaux  est, 
dans  le  prothorax,  accolée  à  la  l'ace  dorsale  de  l'œsophage.  Elle 
passe,  peu  à  peu,  sur  le  côté  droit  de  ce  dernier  et  franchit,  dans 
cette  situation,  l'articulation  inférieure  du  corselet  (fig.  18  à  23), 
mais  elle  ne  tarde  pas  à  reprendre,  daus  le  pétiole,  sa  position 
dorsale  par  rapport  au  tube  digestif. 

Les  deux  troncs  trachéens  ventraux  traversent  le  corselet,  un  peu 
en  arrière  de  l'œsophage,  en  ligne  presque  directe. 

Les  troncs  trachéens  dorsaur,  au  contraire  (fig.  16 à 23),  s'éloignent 
en  arrière,  passent  en  dehors  des  muscles  vibrateurs  longitudinaux, 
entre  ces  derniers  et  les  vibrateurs  transversaux.  Ils  descendent 
ensuite  dans  l'anneau  médiaire  et  viennent,  à  la  partie  tout  à  fait 
inférieure  du  corselet,  se  réunir  aux  troncs  ventraux. 

Les  désignations  ((  tronc  ventral  ))  et  «  tronc  dorsal  »  signihent 
simplement  que  le  premier  tronc  est  placé  ventralement  par  rapport 
au  second  et  que  le  second  est  placé  dorsalement  par  rapport  au 
premier.  Cela  ne  signifie  nullement  que,  au  point  de  vue  morpho- 
logique, un  des  troncs  appartienne  à  l'arceau  ventral  et  l'autre  à 
l'arceau  dorsal.  Les  trachées  ne  sont,  en  définitive,  que  les  ramifi- 
cations, anastomosées,  des  invaginations  métamériqiies  qui  forment 
les  Istiginales,  et  ces  invaginations  se  produisent  sur  une  région  de 
l'hypoderme  qui  est  destinée  à  appartenir  à  l'arceau  notai  :  le 
système  trachéen  appartient  donc,  morphologiquement,  tout  entier 
aux  portions  notales  des  métamères.  H  me  paraît  utile,  dans  les 
descriptions  anatomiques  des  Arthropodes,  d'employer  les  qualifi- 
catifs ventral  et  dorsal  simplement  pour  distinguer,  sur  chaque 
anneau,  les  deux  portions  morphologiquement  variables  qui  sont 
séparées  par  le  contour  apparent  de  l'anneau  vu  de  face,  ainsi  que 
pour  désigner  les  parties  internes  qui,  par  leur  situation,  se  rappro- 
chent plus  ou  moins  de  ces  deux  portions,  taudis  que  les  qualifi- 


412  r,n.  .ianf.t 

califs  stcnial  el  notai  doivciil  Olre  réservés,  avec  une  signilicaliuii 
plus  en  rapport  avec  la  constitution  morpholop^ique  du  niétamère, 
pour  désigner  les  deux  arceaux  que  l'on  peut  distinguer  dans 
chaque  anneau, 

Les  muscles  vibialeiirs  trau^ivcrsau.r  du  vol  sont  situés  sur  les 
côtés  du  corps,  et  aucune  de  leurs  fibres  ne  se  trouve  dans  la 
tranche  sagittale  représentée  par  la  planche  VI  ;  cependant  j'ai 
llguré,  par  deux  lignes  poinlillées,  le  contour  apparent  que  présen- 
tent ces  muscles  dans  les  tranches  voisines.  Quant  aux  muscles 
vih'ateurs  loru/itudinaur  on  voit  bien,  ici,  comment  ils  sont  disposés 
et  quelle  place  énorme  ils  occupent  dans  l'intérieur  du  corselet. 

La  tranche  sagittale  que  nous  examinons  ne  montre,  en  outre 
des  muscles  vibrateurs  longitudinaux,  qu'un  petit  nombre  de 
muscles. 

Examinons  d'abord  ceux  qui  appartiennent  au  prothorax. 

Le  muscle  releveur  de  la  tête  (.1/.  35)  se  fixe  sur  la  face  supérieure 
du  phragma  du  scutum,  face  qui  appartient  morphologiquement 
au  prothorax,  et  s'attache,  par  un  tendon  impair  et  médian,  sur  la 
bordure  inférieure  du  cou. 

Les  muscles  croisés  [M.  40)  sont  extenseurs  des  pattes  prothora- 
ciques.  Le  muscle  de  droite  passe  au-dessus  du  muscle  de  gauche. 
Ils  se  fixent  à  ces  apophyses  latérales  de  la  partie  supérieure  du 
prothorax  qui  fournissent  l'articulation  en  charnière  de  la  tête 
(voir  p.  422,  fig.  15  B  et  15  C).  Ils  s'attachent  sur  le  côté  externe 
du  bord  articulaire  de  la  coxa. 

Un  muscle  abaisseur  de  la  tête  {M.  39)  se  fixe  sur  la  furca  pro- 
thoracique  {Furc.  i)  et  s'attache  sur  la  bordure  articulaire  du  col 
de  la  tète. 

Un  muscle  longitudinal  [M.  il)  s'insère,  d'une  part,  à  l'apophyse 
prothoracique  qui  fournit  l'articulation  en  charnière  de  la  tête,  et, 
d'autre  part,  à  la  furca  [Furc.  1).  Ce  muscle  produit  le  mouvement 
des  pièces  sternales  paires  par  rapport  à  la  pièce  sternale  impaire. 

Enfin,  nous  voyons,  sur  la  partie  inférieure  de  la  furca  {Furc.  1) 
et  sur  la  lame  sternale  sagittale  [L.m.i)  l'insertion  de  muscles 
moteurs  des  pattes  qu'il  sera  plus  facile  d'étudier  dans  les  coupes 
transversales  du  corselet. 

Dans  le  mésothorax,  deux  paires  de  muscles  longitudinaux  [M.  56 
et  M.  53),  se  fixent  sur  la  partie  postérieure  du  collier  chitineux 
qui  entoure  la  chaîne  nerveuse  et  forme  la  base  des  branches  de  la 
furca  mésothoracique  (Furc.  2)  (voir  p.  430,  fig.  19).  Ils  vont  s'at- 
tacher, les  premiers,  à  la  furca  prothoracique  [Furc.  /),  les  seconds. 


ETUDES    SUR   I.ES   FOURMIS,  LES   GUEPES    ET   LES   ABEILLES 


413 


sur  le  bord  inférieur  de  la  pièce  prothoracique  sternale  impaire  qui 
porte  cette  iurca.  La  lame  sternale  sagittale  (L.m.2)  fournit 
une  vaste  surface  d'insertion  aux  muscles  moteurs  des  pattes  méso- 
thoraciques. 

Dans  le  niétathorax,  la  lame  sagittale  est  couverte  par  l'insertion 
des  muscles  moteurs  des  pattes  métathoraciques. 

Dans  l'anneau  médiaire,  ou  voit,  du  côté  ventral,  les  muscles  lon- 
gitudinaux latéraux  (M.  v.  a)  fléchisseurs  et  rotateurs  du  pétiole,  les 
muscles  longitudinaux  médians  {M.  v.  m)  fléchisseurs  du  pétiole  et, 
du  côté  dorsal,  le  muscle  longitudinal  médian  {il.  d.  m)  extenseur 
du  pétiole  (Voir  ces  mêmes  muscles,  chez  l'ouvrière,  Note  16, 
p.  24,  lig.  9). 

Coupes  tangentielles  parallèles  au  plan  sagittal 

C'est  dans  les  tranches  parallèles  au  plan  sagittal,  passant  dans 
le  voisinage  de  l'un  des  côtés  du  corselet,  que  se  trouve  la  majeure 
partie  de  la  musculature  du  méso  et  du  métathorax. 


Fig.  9.  —  Mijrmica  rubra  reine.  Tranche  sensiblement  parallèle  au  plan 
sagittal  et  voisine  de  la  paroi  latérale  du  corps.  Gross.  50. 


Figure  0.  Mésothorax.  —  Sur  la  partie  du  mésonotum  {Not.  2) 
comprise  dans  la  tranche  représentée  par  la  figure  9,  on  voit  la 
membrane  articulaire  [Mb.  a),  qui  unit  le  scutuin  [Scut.)  au  scutel- 
luin  {ScutL'IL).  Ce  dernier  montre  la  nervure  interne  (Nerc.)  qui 


414  ni.    .lANKT 

ni id il  sa  partie  supôriiMirc  cl  les  re|)lis  saillants  transversaux  (pii 
bordent  extérieurement  sa  partie  inférieure. 

Les  (aiseeaux  des  musciesvihraleurs  transversaux  du  V(»l  iM.rih.f) 
se  tixeiit  sur  les  eûtes  du  iiiésosleniiiiii  (s7rr/<.  V)  et  voiil  s'allaclier 
sur  les  ctHés  du  niésouotuin.  Les  libres  inférieures  de  ees  faisceaux 
s'insèreut  à  cheval  sur  la  membrane  articulaire  (j1/. /;.  a)  qui,  en 
léalilé,  forme,  (Mitre  le  seutmii  et  ]i\  seiilelluni.  jilutot  une  simple 
charnière  ((u'une  véritable  membrane  articulaire. 

La  deuxième  coxa  (Cx.  t?)  montre,  sur  la  partie  supérieure  de  son 
col  articulaire,  l'un  des  i,MOupes  d'organes  seosilifs  (0.  .s)  qui  se 
trouvent  dans  cette  région. 

Sur  la  brauche  de  la  furca  mésothoracique  {Furc.  2)  se  fixe  un 
muscle  M.  02  dont  le  long  tendon  part  du  trochanter  et  traverse 
toute  la  coxa.  Ce  muscle  est  fléchisseur  du  fémur. 

Sur  cette  même  branche  de  la  furca  mésothoracique,  mais  du 
coté  opposé,  se  fixent  deux  muscles  dorso-ventraux.  L'un  {M.  S2) 
passe  parallèlement  au-dessous  des  muscles  vibrat(;urs  transver- 
saux et  va  s'attacher  à  la  partie  supérieure  du  sculellum.  L'autre 
(.1/.  Si)  se  fixe  auprès  du  précédent,  mais  va  s'attacher  à  l'extrémité 
de  l'apophyse  crochue  (Apoph.)  qui  termine  latéralement  le  grand 
phragma,  en  forme  de  gouge  (p.  397,  fig.  2,  Phr.  i.  m.  /.),  sur  lequel 
s'insère  l'extrémité  inférieure  du  muscle  vibrateur  longitudinal 
du  vol. 

Le  muscle  M.5S,  qui  se  fixe  à  la  partie  supérieure  de  la  lame 
sagittale  du  mésosternum  et  s'attache  sur  le  bord  supéro-interne  du 
col  de  la  coxa  mésothoracique,  sert  à  porter  la  coxa,  et  par  consé- 
quent la  patte,  en  dedans  et  en  avant. 

Enfin,  un  muscle  mésothoracique  dorso-ventral  (M.  Sô)  se  fixe, 
du  côté  ventral,  sur  la  lame  transverse  qui  forme  apodème  entre 
le  méso  et  le  métasternum  et  s'attache,  du  côté  dorsal,  près  de  la 
bordure  du  cadre  articulaire  qui  entoure  l'aile  mésothoracique. 

Métathorax.  —  Le  stigmate  St.  Se.  3  (deuxième  stigmate  ou 
stigmate  métathoracique)  fournit,  ici,  un  point  de  repère  intéres- 
sant. Comme  il  est  situé  morphologiquement  à  la  partie  supérieure 
des  pleurae  du  métanotum,  les  parties  du  squelette  chitiueux  et 
les  parties  de  la  musculature  qui  se  trouvent  immédiatement  au- 
dessous  de  lui  appartiennent  non  plus  au  méso-,  mais  au  méta- 
thorax. 

Du  côté  dorsal,  le  métanotum  [Not.  3)  est  très  réduit  et  bien 
limité  par  deux  membranes  articulaires  [M h. a).  Du  côté  ventral, 
au-dessous  de  l'apodème  séparatif  (Se.  5,  Se.  3),  le   métasternum 


ÉTUDES   SUR    LES    FOURMIS,  LES    GUÊPES    ET   LES   ABEILLES  415 

fournit  un  butoir  d'arrêt  pour  les  coxa  (Cx.  2)  de  l'anneau  précé- 
dent et  porte,  à  sa  partie  inférieure,  l'encoche  articulaire  de  la 
troisième  patte  (Cx.  3)  dont  nous  voyons  plusieurs  muscles  moteurs. 
Le  muscle  métathoracique  M.  03  est  homostique  du  muscle  M.  62 
du  mésothorax  et  se  fixe  sur  la  furca  [Furc.  3)  située  à  la  partie 
inférieure  du  métasternum.  Ce  muscle  est  fléchisseur  du  fémur. 
Le  muscle  M.  60  correspond,  dans  le  métathorax,  au  muscle  M.  58 
du  mésothorax  et  sert,  comme  lui,  à  porter  les  coxa  en  avant  et 
en  dedans. 

Les  muscles  M.  64  et  ^f.  65  qui  s'attachent,  sur  le  bord  du  col  de 
la  coxa,  en  des  pomts  plus  externes  et  plus  postérieurs  ont,  au 
contraire,  pour  action  de  porter  la  coxa,  et  par  conséquent  la  patte, 
en  arrière  et  en  dehors.  Le  premier  se  fixe  sur  la  région  ventrale 
du  métasternum.  Le  second  se  fixe,  sur  la  région  pleurale  du  métas- 
ternum, en  partie  sur  un  apodème  latéral  (Ap.  plr.  3)  qui  part  de  la 
ligne  de  soudure  du  métasternum  et  du  métanotum,  et  qui  se 
traduit,  à  l'extérieur  du  tégument,  par  une  petite  cavité  d'invagi- 
nation. 

Un  muscle,  réduit,  pour  ainsi  dire,  à  un  ligament  {M. 84),  unit 
l'extrémité  de  la  furca  métathoracique  à  l'apodème  situé  à  la  limite 
du  métasternum  et  du  métanotum.  Ce  muscle  atrophié  est  homos- 
tique du  muscle  si  développé  [M.  83)  que  nous  voyons  dans  la 
figure  19  (p.  430). 

Sur  la  lame  transverse  qui,  du  côté  ventral,  forme  apodème  à  la 
limite  du  méso-  et  du  métathorax  [Se.  2  et  Se.  3)  se  fixe,  à  côté  du 
muscle  mésothoracique  M.  S5,  un  muscle  métathoracique  dorso- 
ventral  (M.  86)  dont  le  long  tendon  passe  au-dessous  du  tronc 
stigmatique  et  va  s'attacher  près  de  la  bordure  supérieure  du  méta- 
notum. Sur  l'apodème  (Ap.  plr.  3)  se  trouve  l'insertion  de  l'un  des 
muscles  dorsaux  du  métathorax  [M.  87)  qui  se  retrouve  dans  la 
figure  20. 

Anneau  médiairc.  —  Dans  l'anneau  médiaire,  le  notum  est  bien 
plus  développé  que  le  sternum.  Sur  le  notum  la  coupe  passe  par 
l'une  de  ces  épines  {Ep.)  qui  limitent,  latéralement,  le  logement 
dans  lequel  le  premier  nœud  vient  s'abriter  lorsqu'il  se  relève 
fortement.  Le  sternum  forme  un  butoir  d'arrêt  (But.)  pour  la  coxa 
métathoracique.  La  coupe  nous  montre  la  glande  [Gl.  Se.  4),  l'appa- 
reil de  fermeture  du  stigmate  St.  Se.  4  et  trois  des  muscles  moteurs 
du  premier  nœud,  à  savoir  :  le  muscle  ventral  longitudinal 
(M.v.}i).4),  le  muscle  dorsal  latéral  {M.d.a.4)  et  le  muscle  dorsal 
longitudinal  [M.d.  m.. 4),  qui  sont  figurés  en  entier,  pour  l'ouvrière, 
Note  16,  p.  24,  fig.  9. 


416 


en.  .iANi;r 


Fiijurc  l(K  Mcsothorti.r.  —  (lettc  (ij^iire  représente  une  IraiiclK!  |)nral- 
lèle  t;l  conligiu' à  la  précédeule.  J.a  nM'nil)rane  arli(ulaii-e(.l//;.a./.i'), 
qui  se  trouve  à  la  partie  supérieure,  appartient  au  inés(>tliorax  et 
sert  à  assurer  la  mobilité  du  protlioiax.  Ouelques  acini  de  la 
glande  labiale  ((il.lhi.)  se  trouvent  dans  sou  voisinaj^e.  Au  pr«'niier 
stigmate  ou  stigmate  mésothoracique  {St.  Se.  :2)  origine  du  tronc 
stigmatique  [T.  si.)  aboutit  un  muscle  de  fermeture  (M.  ferm.).  Du 
stigmate  [)art  le  sillon  (Sill.  s{.)  qui,  s'intlécliissant  vers  le  haut  et 
s'invaginaut  dans  le  corps  avec  une  forme  comparable  à  un  doigt 

de  gant,  fournit  l'apophyse  de 
lixation  du  muscle  de  ferme- 
ture du  stigmate  (Apoph.). 
C'est  au  voisinage  de  cette 
apophyse  que  se  trouve  (voir 
fig.  1  et  3)  le  carrefour  où 
aboutissent  le  sillon  stigma- 
tiqne  (SiU.  st.),  le  sillon  poilu 
transversal  {SiU.  transv.)Gt  le 
sillon  noto-sternal  {Sill.n.  s.). 
Plusieurs  muscles  se  fixent 
sur  ce  dernier,  Ce  sont,  d'a- 
bord, du  côté  ventral,  un 
grand  muscle  {M.  57)  qui  s'at- 
tache sur  la  bordure  externe 
de  la  coxa  mésothoracique  et 
un  muscle  {M.  91)  qui  va  s'at- 
tacher à  une  forte  apophyse 
du  scutum,  au  voisinage  de 
l'articulation  alaire  (voir   p. 

Fig.  10.  —  Mijrmica  rubra  reine.  Corselet.  '     »'       '" 

Tranche  voisine  de  la  précédente,  prise         ^  Y  »,  ensuite,    deux   mus- 

tout  à  fait  sur  le  côté  du  corps.  Gross.  30.    cles  qui  servent  à  la  mise  en 

place  de  l'aile  mésothoraci- 
que :  le  muscle  M.  'JO,  qui  s'attache,  en  avant,  aux  pièces  basales  de 
l'aile,  est  abducteur,  et  sert  à  amener  l'aile  dans  la  position  du 
vol;  le  muscle  à  deux  chefs  {M.  9^,  M.  93),  attaché  plus  en  arrière, 
est,  au  contraire,  adducteur,  et  amène  l'aile  dans  la  position  de 
repos.  Le  chef  M.  92  se  fixe  contre  le  sillon  stigmatique,  tandis  que 
le  chef.]/.  93  se  fixe  contre  le  sillon  noto-sternal. 

Un  grand  muscle,  M.  S3,  qui  s'attache  à  l'extrémité  de  la  furca 
{Furc.  2),  va  se  fixer  (voir  p.  430,  lig.  19)  sur  la  région  pleurale 


ETUDES   SUR    LES   FOURMIS,    LES   GUEPES    ET   LES   ABEILLES 


417 


du  notum,  c'est-à-dire  sur  la  région  située  entre  l'articulation 
alaire  et  le  sillon  noto-sternal. 

Enfin,  à  la  partie  tout  à  fait  inférieure  de  l'anneau,  nous  retrou- 
vons le  muscle  dorso-ventral  {M.  85)  qui  se  fixe  à  l'apodème  situé 
à  la  limite  du  méso-  et  du  métasternum  {Se.  2,  Se.  3)  et  s'attache  au 
notum,  auprès  de  la  partie  inférieure  de  l'articulation  alaire. 

La  coupe  passe  par  la  base  [Apoph.,  Plir.i.m.l.)  de  l'apophyse 
latérale  du  grand  phragma  qui  fournit  l'insertion  inférieure  du 
muscle  vibrateur  longitudinal. 

Métathorax.  — Le  troue  stigmatique(Sî.Sc.^)  nous  fournit  encore 
ici  un  repère  voisin  de  la  limite  supérieure  du  métathorax. 


Fi^'.  II.  —  A,  Formica  rufa  reine.  Tranche  similaire  de  celle  représentée  figure 9 
pour  la  Myrmica.  Gross.  3o.  B,  Formica  rufa  ouvrière.  Glande  de  l'anneau 
inédiairc.  Gross.  70. 

[-e  squelette  interne  nous  montre,  en  outre  de  la  lame  transverse 
ventrale  située  à  la  limite  du  méso-  et  du  métasternum  {Se.  S,  Se 3) 
une  apophyse  métathoracique(4/30j3/î.)  reconnaissable  à  l'extérieur 
du  corps  par  la  trace  de  sa  cavité  d'invagination  et  située  à  la 
limite  du  métasternum  et  du  métauotum. 

Nous  retrouvons  le  muscle  métathoracique  dorso-ventral  M.  86. 
Le  groupe  de  muscles  dorsaux  M.  87,  M.  88,  M.  89  est  moteur  des 
parties  mobiles  du  métauotum  et  le  muscle  à  plusieurs  chefs  M.  65 
est  extenseur  de  la  troisième  coxa. 


Mém.  Soc.  Zooi.  de  Fr.,  1898. 


XI.  —  2,1 


418 


CII.    .lANKT 


Anneait  môilinire.  —  Les  pailics  (}iii  se  Iroiivenl  plus  bas  que  le 
chef  le  plus  long  tlu  muscle  [M.  Ct^t)  apparlieimeiit  U)ul(;s  à  l'anneau 
niédiaire.  C'est  le  muscle  dorsal  latéral  (M .  d.  a.  4)  rotateur  et  rele- 
veur  (lu  i)éliole,  le  sti^nnate  (Sf.  Se.  4),  et,  eulin,  la  glande  (07.  Se.  4) 
et  sa  chambre  aérifère  [Ch). 

Fonitica  rufa  reine.  —  Les  organes  oui  tout  à  fait  la  même  dispo- 
sition chez  les  Formicinae.  Les  ligures  M  el  12  représentent  deux 


Fig.  \i.  —  l<  or  mica  rufa  reine.  Tranche  similaire  de  celle  représentée, 
ligure  10,  pour  la  Myrinica.  Gross.  35. 


tranches  taugentielles  occupant,  dans  le  corselet  de  la  Formicarufa, 
la  même  situation  que  les  tranches  qui  viennent  d'être  décrites 
pour  la  Myrmica  rubra.  Dans  la  figure  12,  nous  constatons  que  le 
stigmate  mésolhoracique  St.  Se.  3  qui,  chez  la  Myrmica,  est  réduit 
à  un  simple  pore  dépourvu,  à  cause  de  sa  ténuité,  d'appareil  de 
fermeture  est,  ici  encore,  très  réduit,  mais  cependant  pas  au  point 
d'avoir  perdu  sou  appareil  de  fermeture. 


ETUDES   SUR    LES    FOURMIS,  LES    GUEPES   ET   LES    ABEILLES 


419 


Chambre  de  la  glande   de  Tanneau  médiaire 

(Mj/r/iiicaj  Lasiiis,  Formica) 

J'ai  décrit,  dans  la  Note  17,  la  disposition  que  présente  cette 
cavité  chez  la  Mynnica  :  ses  parois  portent  un  faisceau  convergent 
de  rigoles  :  elle  est  très  vaste  et  s'ouvre,  au  dehors,  par  un  oriftce 
linéaire  très  étroit.  Je  représente,  ici,  la  disposition,  notablement 
différente ,  que  cette  glande  présente  dans  la  sous-famille  des 
Formicinae,  où  elle  a  déjà  été  examinée  par  Meinert  (  "60,  pi.  3, 
fig.  6,  7,  8,  Lasius  fuliginosus)  et  par  Lubbock  ("  79'=  ,  pi.  12,  fig.  7, 
Lasius  fiai- as). 

Chez  le  Lasius  (ouvrière,  fig.  13),  cette  cavité  (Cb)  est  encore  bien 
développée.  Elle  s'ouvre  largement  à  l'extérieur  et  son  ouverture 
(Or)  est  simplement  protégée 
par  quelques  poils  recourbés 
(P. s.).  Au  fond  de  cette  cham- 
bre on  voit  le  cribellum  (Cri) 
de  la  glande.  Il  est  comme 
coitïéd'une  touffe  de  poils  sen- 
sitifs  dont  l'ensemble  cons- 
titue un  trichode  (Tri.)  en  for- 
me de  pinceau  creux.  Les  cel- 
lules nerveuses  des  poils  de 
ce  pinceau  forment  un  gros 
ganglion  (G.  sens.).  Les  cellu- 
les de  la 'glande  sont  volumi- 
neuses, pourvues  d'un  gros 
noyau  et  serrées  les  unes  con- 
tre les  autres. 


Fig.  13.  —  Lasius  flavus  ouvrière.  Glande  de 
l'anneau  médiaire.  Gross.  160. 


Chez  la  Formica  (ouvrière,  fig.  il  B),  cette  cavité  est  bien  réduite. 
Elle  contient  une  petite  toufïe  de  poils  qui  font  saillie  au  dehors 
{Tri.). 

Cette  glande  qui  se  retrouve,  ainsi,  chez  les  Formicinae  et  chez 
les  Myrmicinae,  avec  des  caractères  différents  dans  chacune  de  ces 
deux  sous-familles,  existe  aussi  bien  chez  les  mâles  que  chez 
les  deux  formes  de  femelles. 

Les  animaux  myrmécoxènes,  et  en  particulier  les  Claviger,  les 
Lomechusa,  les  Atemeles,  etc.,  présentent,  à  la  surface  de  leur 
corps,  des  trichodes  ou  touffes  de  poils,  généralement  jaunes  ou 
rougeàtres,  qui  semblent  avoir  pour  fonction  d'étaler  et  de  faire 


420 


eu.    .lANET 


v;iporiser  un  liiiuidc  qui  pnr;ut  ('^lic  nu  éthor  f;ras  volatil.  I.ep  poils 
(jiii,  chez  les  Foriniciuae,  accompa^ueiil  la  i^land»^  du  corselet, 
rappellent  ces  trichodes  et  semblent  avoir  le  même  but.  Chez  les 
Mi/riiiira  l'organe  semble  avoir  encon^  la  raùme  fonction  évapora- 
trice.  mais  sa  disposition  est  bien  dilTérentc  (voir  Note  17,  p.  10). 

Coupes  transversales 

L'étude  de  tranches  comprises  entre  des  cinipes  transversales  est 
indispensable  pour  donner  une  description  plus  détaillée  de  l'ana- 
tomie  du  corselet.  Les  coupes  de  la  série  que  nous  allons  examiner 
sont  toutes  parallèles  entre  elles.  On  se  rendra  compte  de  la  direc- 
tion qui  m'a  paru  être  la  meilleure,  et  que  j'ai  adoptée,  en  se 
reportant  à  la  ligure  22  (p.  436)  et  à  la  planche  VI.  La  coupe  supé- 
rieure de  la  tranche  représentée  par  la  ligure  22  passe,  du  côté 
dorsal,  entre  la  membrane  {,)femh.)  et  la  nervure  {:\erc.)  qui  se 
trouvent  à  la  partie  supérieure  du  scutellum  et,  du  côté  ventral,  un 
peu  au-dessous  de  la  bordure  supérieure  de  l'arceau  ventral  du 
premier  nœud.  La  direction  des  coupes  se  trouve,  ainsi,  être  celle 

qui  est  représentée,  approximativement, 
par  la  ligne  AB,  dans  la  partie  inférieure 
du  corselet,  sur  la  planche  VI. 

Avant  d'aborder  l'étude  du  corselet 
examiuojis  d'abord  le  cou,  partie  rétrécie 
de  la  tète,  qui  sert  à  articuler  cette  der- 
nière avec  le  corselet  (fig.  14  ).  Le  sque- 
lette chitineux  du  cou  appartient  à  l'an- 
neau labial.  La  région  notale  (Se.  lab.  d) 

ne  présente  rien  de  particulier  et  il  n'y  a 
Fig.  14.  —   Myrinica    rubra  ,  ^-      ^   ■ 

.      ,.        ,  ,    .     aucune  membrane  articu  aire  au  voisi- 

reme.  Coupe  transversale  de 

la  partie  très  rétrécie  qui  nage  de  sa  jonction  avec  l'arceau  sternal 
constitue  le  cou.  Gross.  160.  (Se.  lab.  V.).  Deux  invaginations  fortement 
chitinisées  forment  deux  apophyses  laté- 
rales [Apoph.)  qui  constituent  la  partie  la  plus  importante  pour  la 
consolidation  de  l'articulation  céphalique.  Cette  articulation  permet 
surtout  des  mouvements  de  charnière,  c'est-à-dire  de  relèvement  et 
d'abaissement  de  la  tête.  Quant  aux  mouvements  de  rotation  de  la 
tête,  ils  sont  amplifiés  par  des  mouvements  de  rotation  de  l'en- 
semble de  la  tête  et  de  l'arceau  ventral  du  prothorax.  Auprès  des 
apophyses,  il  y  a,  de  chaque  côté,  une  traverse  tubuleuse  (Trav."^ 
pourvue,  dans  toute  sa  longueur,  d'une  fine  lumière.  Cette  traverse 
correspond  au  tentorium  des  anneaux  précédents.  De  chaque  côté 


ÉTUDES    SUR    LES    FOURMIS,  LES    GUÊPES    ET    LES   ABEILLES  421 

du  plan  sagittal  il  y  a  une  rangée  longitudinale  d'organes  sensitifs 
en  ombrelle  (0.  s.)  et,  plus  extérieurement,  des  poils  sensitifs. 

Les  viscères  qui  traversent  cette  partie  rétrécie  sont,  dans  le 
plan  sagittal:  le  canal  impair  de  la  glande  labiale  [Gl.lfn.  can.), 
l'œsophage  [Oa.)  et  l'aorte  ('/.  f/.).  Les  deux  connectifs  (N.c.)  de  la 
chaîne  nerveuse  passent  de  chaque  côté  de  l'intervalle  compris 
eutre  l'œsophage  et  le  canal  de  la  glande  labiale.  Plus  extérieure- 
ment ou  voit,  à  droite  et  à  gauch  ■  de  l'œsophage,  les  deux  nerfs 
longitudinaux  (A'',  sijmp.)  du  tube  digestif.  L'aorte  est  flanquée  des 
deux  troncs  trachéens  longitudinaux  ventraux  (Tr.?. /.  v.),  tandis 
que  les  deux  troncs  dorsaux  [Tr.t.l.d.)  passent  devant  les 
apophyses. 

Sur  la  bordure  tout  à  fait  inférieure  de  l'arceau  dorsal  s'attachent 
quatre  paires  de  muscles  releveurs  et  rotateurs  de  la  tète,  muscles 
que  nous  retrouverons  dans  les  tranches  suivantes. 

Avec  la  figure  15  A  nous  abordons  le  prothorax. 

Son  arceau  dorsal  (Se./(/.)et  les  deux  demi-plastrons  qui  forment 
la  partie  supérieure  de  son  arceau  ventral  [Se.  I.v.)  se  prolongent 
en  un  col  protecteur  de  la  membrane  d'articulation  du  prothorax 
avec  le  cou.  Chacune  des  deux  parties  de  l'arceau  ventral  émet  une 
apophyse  interne  qui  s'articule,  par  son  sommet  et  par  son  pour- 
tour, avec  l'apophyse  correspondante  du  cou,  apophyse  qui  est 
représentée  dans  la  figure  précédente. 

Les  viscères  occupent  à  peu  près  les  mêmes  positions  relatives 
que  dans  la  partie  inférieure  du  cou. 

Nous  voyons  les  tendons  de  tous  les  muscles  moteurs  qui  agissent 
directement  sur  la  tète,  à  savoir:  une  paire  dorsale  médiane  de 
releveurs  [M.  3Ô)  qui  vont  se  fixer  sur  la  face  supérieure  du 
phragma  du  scuturn  {Phr.  i'cuî.,  pi.  VI,  et  fig.  16  E),  trois  paires 
dorsales  latérales  [M.  30,  M.  37,  M.  3S)  qui,  suivant  leur  mode  d'ac- 
tion, servent  soit  à  relever,  soit  à  faire  tourner,  soit  à  incliner 
latéralement  la  tête;  enfin  une  paire  ventrale  (M.  30)  de  muscles 
abaisseurs  qui  s'attachent  vers  le  milieu  de  la  bordure  ventrale 
du  cou  (pi.  VI). 

La  tranche,  fig.  15  B,  montre  la  membrane  articulaire  sagittale 
qui  unit  les  deux  demi-plastrons  de  l'arceau  prothoracique  ventral 
(Se.  y. y.)  et  aussi  la  membrane  articulaire  qui  unit  cet  arceau  à 
l'arceau  dorsal.  C'est  dans  cette  tranche  que  se  trouve  la  bifurcation 
du  canal  impair  de  la  glande  labiale  {Gl.  Ibi.). 

Les  deux  muscles  M.  30  et  M.  37  des  mouvements  latéraux  de  la 
tête  se  fixent  par  une  vaste  surface  sur  chacun  des  demi-plastrons 


\'\ii.  i;i.  —  Mj/riiiica  ruhra 
n'ino.  Cursflet.  Cette  tigure 
et  les  suivantes  (Flg.  15  k  23) 
donnent  une  série  de  13  tmn- 
chfs  (A  il  M>  comprises  on- 
Irr  (li's  roupt's  transversales 
ayant  approximativement  la 
direction  ilu  plan  transversal 
dont  la  traci'  AU  i-sl  indi- 
quée, à  la  partie  inférieure 
du  corselet,  sur  la  planche 
VI. 

Le  grossissement  do  toutes 
ces  figures  est  70.  La  légen- 
de qui  accompagne  chacune 
d'elles  permet  de  reconnaî- 
tre, en  se  reportant  aux 
figures  1  à  G  et  à  la  planche 
VI,  quelle  est  la  situation 
de  la  tranche  représentée. 

A,  Tranche  passant  par  le 
col  protecteur  de  la  mem- 
brane articulaire  du  cou. 

B,  Tranche  passant  au  ni- 
veau de  la  bifurcation  du 
canal  de  la  crlande  labiale 
{Gl.  Ibi.). 

C,  Tranche  contenant  la 
partie  supérieure  du  gan- 
glion prothoracique  (G. Se  ■!). 

D,  Tranche  passant  par  la 
partie  supérieure  do  l'arti- 
culation dos  coxa  prothora- 
ciques  (Cx.  t.). 


ÉTUDES   SUR   LES   FOURMIS,    LES    GUÊPES   ET   LES   ABEILLES  423 

de  l'arceau  ventral.  On  voit  en  N  les  ramifications  du  nerf  protho- 
racique  qui  innervent  ces  muscles. 

Dans  la  tranche  fig.  15  C,  les  apophyses  {Apoph.)  d'articulation 
de  la  tête  s'infléchissent  en  bas  et  leurs  extrémités  donnent  inser- 
tion à  trois  paires  de  muscles  :  M.  40,  M.  41,  M.4'2.  La  paire  M.  42 
va  s'insérer  sur  l'arceau  dorsal  et  la  paire  M.  41  sur  le  milieu  de 
la  furca  prothoracique  (fig.  16  E).  Les  deux  muscles  qui  constituent 
la  paire  M.  40  se  croisent  entre  l'œsophage  et  la  chaîne  nerveuse 
et  vont  s'attacher  sur  la  bordure  supérieure  du  bord  articulaire 
de  la  coxa.  Les  deux  muscles  M.  44  et  M.  46  sont  également  moteurs 
de  la  coxa.  Cette  tranche  contient,  de  plus,  la  partie  supérieure  du 
ganglion  prothoracique,  l'organe  chordotonal  qui  part  de  la  face 
ventrale  de  ce  ganglion  (pi.  VI)  et  le  nerf  qui  innerve  les  parties 
prothoraciques  autres  que  les  pattes. 

La  tranche  fig.  15  D  passe  par  l'articulation  de  la  coxa  protiiora- 
cique  (C'.r.  /)  et  contient  le  nerf  (N.p.  1)  et  les  deux  troncs  trachéens 
(T.e.ri.cx.,  T.  int.  ex.)  delà  patte.  L'arceau  dorsal  du  squelette 
est  très  embrassant.  On  voit,  encore,  sur  le  côté  externe  de  chaque 
coxa,  la  partie  inférieure  des  demi-plastrons  sternaux  et,  entre  les 
coxa,  la  partie  supérieure  de  la  pièce  impaire  qui  porte  la  lame 
sagittale  (L.  m.  L).  Deux  muscles  (M.  45  et  .)/.  4S)  qui  sont  fixés  sur 
les  côtés  de  l'arceau  dorsal  vont  s'attacher  sur  la  furca  prothora- 
cique (Fnrc.  /,  fig.  IGEetF)  que  le  premier  tire  en  haut  et  eu 
arrière  et  le  second  en  haut  et  en  avant.  Ils  contribuent,  comme 
tous  les  muscles  qui  s'attachent  à  la  furca,  à  mouvoir  un  ensemble 
formé  par  la  tête,  par  l'arceau  sternal  du  prothorax  et  par  les  pre- 
mières pattes.  Cette  tranche  contient  plusieurs  muscles  moteurs 
des  pattes.  Ce  sont  les  muscles  M.  43  et  M.  40  qui  agissent  sur  la 
bordure  de  la  coxa,  le  muscle  M.  47  qui  est  fléchisseur  du  fémur. 
D'autres  muscles  extenseurs  ou  fléchisseurs  du  fémur  se  fixent, 
dans  l'intérieur  de  la  coxa,  à  sa  partie  supérieure.  Près  des  deux 
canaux  de  la  glande  labiale  {Gl.  Ibi.)  se  trouvent  les  deux  corpora 
incerta  {Crp.  inc.  '2)  dont  il  a  été  question  ci-dessus  (p.  410).  On  voit 
l'un  des  groupes  d'organes  sensitifs  (0.  s.)  accompagnés  de  gan- 
glions [G.  s.)  qui  se  trouvent  sur  la  partie  proximale  de  la  coxa. 

Tandis  que  les  quatre  tranches  que  nous  venons  d'examiner  ne 
montrent,  relativement  au  squelette,  que  des  parties  du  prothorax, 
nous  voyons  apparaître,  dans  la  tranche  fig.  16  E.,  le  scutum  [Se. 2. cl., 
Sent.)  et  son  phragma  {Phr.  Scut.).  La  membrane  articulaire  qui 
se  trouve  près  du  phragma  et  la  face  supéro-exterue  du  phragma 


424 


cil.    .lANKT 


l^fÛ.K    Im.  Mr.<  fn, 


ici. Ci.;  SaU 


Fig.  16.  —  E,  Tranche  passant  par  la  furca  prothoracique  {Furc.  ■!)  et  la  partie 
supérieure  ilu  scutuni   tSoit.). 

F,  Tranche  contenant  le  sillon  transversal  (Sill.  Iransv.)  et  l'apophyse  d'inser- 
tion du  muscle  de  fermeture  du  premier  stigmate  ou  stigmate  méso-thoracique 
(Apoph.  ferm.'st.}. 


ÉTUDES    SUR    LES    FOURMIS,   LES    GUEPES    ET    LES    ABEILLES  423 

appartiennent  au  prothorax,  tandis  que  la  face  inféro-interne  du 
phragma  appartient  au  mésothorax.  Cela  résulte  de  l'examen  des 
insertions  musculaires  :  la  face  supérieure  du  phragma,  en  effet, 
fournit  la  surface  de  fixation  du  muscle  releveur  de  la  tète  M.  33, 
qui  est  morphologiquement  un  muscle  prothoracique,  tandis  que 
sa  face  inférieure  fournit  des  surfaces  d'insertion  aux  faisceaux  des 
muscles  vibrateurs  du  vol,  muscles  qui  appartiennent  morpholo- 
giquement au  segment  mésothoracique.  Le  phragma  est  ainsi  pro- 
mésothoracique. 

La  coupe  supérieure  de  la  tranche  passe  par  la  cavité  de  la  furca 
[Furc.i).  Nous  voyons  s'insérer,  sur  cette  furca,  une  série  de  muscles 
que  nous  avons  déjà  rencontrés  dans  les  tranches  précédentes.  Ce 
sont,  eu  partant  du  milieu  du  bord  dorsal  de  la  furca,  les  muscles 
M.  41,  M.  39,  M.  38,  M.  45  et  M.  48.  La  tranche  contient,  en  plus, 
un  muscle  prothoracique  dorso- ventral  {M.  52)  qui  se  fixe  près  de 
la  bordure  pro-mésonotale  et  s'attache  près  de  l'extrémité  distale 
de  la  furca,  et,  s'insérant  également  sur  la  furca,  un  extenseur  et 
un  fléchisseur  de  la  coxa  (M.  flécli.  ex.,  M.  ext.  ex.)  et  un  fléchisseur 
du  fémur  {M.  fléch.  fm.).  Dans  l'intérieur  de  la  coxa  s'insèrent  un 
extenseur  et  un  fléchisseur  du  fémur  {M.  ext.  Jm.,  M.  fléch.  fm.). 

L'insertion  du  muscle  longitudinal  M.  53  (pi.  VI)  se  trouve  sur 
la  partie  externe  de  la  base  de  la  furca  [Furc.  1).  Ce  muscle  traverse 
les  tranches  suivantes  et  son  insertion  inférieure  se  trouve  au 
sommet  de  l'anneau  de  la  furca  mésothoracique  (fig.  19). 

La  partie  supérieure  du  muscle  vibrateur  longitudinal  du  vol 
[M.  vil),  l.)  apparaît,  ici,  sous  la  partie  enlevée  du  phragma  du 
scutum.  Nous  commençons  aussi  à  rencontrer  les  premiers  acini 
de  la  glande  labiale  (G/.  Ibi.).  L'œsophage  s'est  notablement  élargi 
et  l'aorte  est  accolée  à  sa  face  dorsale.  Les  deux  invaginations  qui 
forment  la  furca  sont  venues  se  souder  en  arrière  et  entourent, 
comme  un  anneau,  les  connectifs  vV.c.  de  la  chaîne  ganglionnaire. 
Les  trachées  qui  se  trouvent  au  voisinage  de  ces  connectifs  envoient 
des  ramifications  dans  le  ganglion  prothoracique  qui  se  trouve  au- 
dessus,  et  une  trachée  dans  la  coxa  (fig.  13  D,  G.  Se.  4,  T.int.  ex.). 

La  tranche  fig.  16  F  comprend,  du  côté  dorsal,  la  partie  inférieure 
des  côtés  du  phragma  du  scutum  {Plir.  seul.),  et,  du  côté  ventral, 
le  sillon  transversal  (Sill.  transv.).  Ce  sont  des  repères  qui  per- 
mettent, en  se  reportant  à  la  figure  1,  de  se  rendre  bien  compte  de 
la  direction  des  coupes  entre  lesquelles  la  tranche  est  comprise. 
La  partie  dorsale  du  tégument  est  formée  par  le  scutum  {Se.  2.  d. 
Scut.),  les  côtés,  par  l'arceau  notai  du  prothorax  (Se.-l.d.),  et  la 


426  cil.    JANKT 

partie  vcntiak'  par  l'arceau  stornal  du  mésothorax  (Se.^.  v).  L'apo- 
physe en  forme  de  doii,'t  de  ^^aiit  {Apoph.  ferm.  st.)  qui  fournit  l'in- 
sertion du  muscle  de  fermeture  du  premier  stigmate  ou  stigmate 
mésolhoracique  (Af.  ferm.  at.  /)  marque,  sur  cet  anneau  mésothora- 
cique  j)ar  analogie  avec  ce  qui  se  voit  dans  l'ahdonien,  la  limite 
des  arceaux  notai  (Se.  S.  d)  et  sterual  (.SV*.  2.  v).  Sur  ce  dernier, 
nous  voyons  le  grand  sillon  transversal  qui  est  divisé,  dans  le  plan 
sagittal,  |)ar  une  cloison  médiane,  et  doni  toute  la  surface  est  cou- 
verte de  poils  sensitifs  très  fins. 

La  furca  se  prolonge,  vers  le  bas,  en  une  lame  pleine  (Furc.  1) 
sur  laquelle  s'étendent  les  insertions  de  muscles  vus  dans  la  tranche 
précédente  [M.  39,  M.  iS,  M.e.rt.cx],  Cette  lame  donne,  de  plus, 
insertion  à  un  muscle  longitudinal  mésollioracique  (M.  66}  qui 
converge,  avec  le  muscle  3/.  55,  pour  aller  se  fixer  au  sommet  de 
l'anneau  de  la  furca  mésothoracique  [Furc.  2)  (Voir  p.  430,  lig.  19 
et  pi.  VI). 

Un  muscle  [M.  ô1)8e  fixe,  très  bas,  sur  l'arceau  dorsal  du  pro- 
Ihorax  et  s'attache  à  la  partie  inférieure  du  cadre  articulaire  de  la 
coxa  :  il  contribue  à  porter  la  patte  en  arrière. 

Les  troncs  trachéens  longitudinaux  dorsaux  émettent  de  nom- 
breuses ramifications  [T.  m.  vit.)  sur  les  faisceaux  du  muscle 
vibrateur  longitudinal  du  vol  [M.  vib.  /.).  Les  troncs  trachéens  lon- 
gitudinaux ventraux  (Tr.  t.  l.  v.)  qui  se  raccordent,  un  peu  plus 
bas,  avec  le  tronc  stigmatique  que  nous  verrons  dans  la  tranche 
suivante,  émettent,  ici,  chacun,  une  branche  qui  va  fusionner  avec 
sa  congénère  dans  le  plan  sagittal. 

Les  acini  de  la  glande  labiale,  qui  sont,  en  réalité,  un  peu  plus 
nombreux  que  ne  l'indique  la  figure,  se  logent  dans  l'espace  libre 
qui  se  trouve,  sur  les  côtés  du  muscle  vibrateur  longitudinal,  au- 
dessus  du  muscle  vibrateur  transversal  que  nous  allons  voir  appa- 
raître dans  la  tranche  suivante. 

Dans  la  tranche  représentée  par  la  figure  17,  l'arceau  prothora- 
cique  dorsal  (.S^'.  /.  d)  se  voit  encore  sur  une  petite  partie  des  cotés 
du  corps,  et  la  membrane  articulaire  qui  le  borde  et  qui  lui  appar- 
tient morphologiquement,  est  logée  au  fond  d'une  dépression  pro- 
tégée par  des  saillies  chitineuses.  Tout  le  reste  du  tégument  appar- 
tient à  l'anneau  mésothoracique. 

A  l'arceau  mésothoracique  dorsal  appartiennent  d'abord  le 
scutum  {Se.  2.  d.Scut.)  et  ensuite  deux  portions  pleurales  (Se.2.d) 
qui  s'avancent  jusqu'au  sillon  noto-sternal  [SiU.  n.  s.)  dont  on 
comprendra  bien  la  situation  en  se  reportant  à  la  figure  1.  Ce  sillon, 


ÉTUDES   SUR   LES   FOURMIS,    LES    GUÊPES   ET    LES   ABEILLES  427 

dépourvu  de  toute  membrane  articulaire  flexible,  se  trouve  à  la 
limite  de  l'arceau  notai  et  de  l'arceau  sternal.  C'est  un  véritable 
apodème  dont  les  deux  lames  sont  restées  largement  séparées, 
tandis  qu'elles  sont  accolées,  à  la  façon  habituelle,  chez  d'autres 
Hyménoptères.  Ce  sillon  fournit  une  surface  de  fixation,  du  côté 


Fig.  17.  —  G,  Tranche  contenant  la    partie  supérieure  du   ganglion  mésothora- 
cique  (G.  Se.  2)  et  la  partie  proximale  du  nerf  des  muscles  du  vol  (V.  al). 

dorsal,  au  muscle  M.  92  et,  du  côtéventral,  au  muscle  M.  .>7,  muscles 
que  nous  retrouverons  dans  la  coupe  suivante. 

Dans  le  plan  sagittal,  l'arceau  ventral  (Se.  2.  v.)  porte  une  forte 
lame  médiane  {L.m.  2)  sur  laquelle  se  fixe  le  grand  muscle  M 5S 
moteur  de  la  coxa  mésothoracique. 


428  CM.    .I.VNET 

A  côté  du  tronc  tracli<^en  longitudiual  ventral  {Tr.  i.  l.  i\),  nous 
voyons  le  tronc  sli^'inatique  (Tr.st.)  qui  s'en  est  séparé  un  peu 
plus  haut,  et  le  muscle  qui  ferme  le  stiijjmate  mésothoracique  par 
adducliou  d'un  opercule  visible  dans  la  tranche  suivante.  Près  du 
tronc  sliymatique  se  trouvent  les  derniers  acini  de  la  glande  labiale 
(Gl.  Ihi). 

C'esl  dans  cette  tranche  que  nous  voyons  apparaître,  coupés  un 
peu  obliquement,  les  premiers  faisceaux  des  muscles  vibrateurs 
transversaux  du  vol  {HI.  vih.  t.).  Ces  muscles  se  fixent,  d'un  côté, 
sur  l'arceau  mésothoracique  ventral  {Se.2.v.)  et  s'attachent,  de 
l'autre  côté,  sur  le  scutura  [Scut.]  qu'ils  ont  pour  rôle  de  déprimer. 

Les  troncs  trachéens  longitudinaux  dorsaux  {Tr.  t.  /.  d.)  sont 
coupés  très  obliquement  parce  qu'ils  s'intléchissent  vers  la  région 
dorsale.  Ils  émettent  des  ramifications  (T.  m.  vib.)  du  côté  interne, 
pour  les  muscles  vibrateurs  longitudinaux  et,  du  côté  externe, 
pour  les  muscles  vibrateurs  transversaux. 

Du  côté  ventral,  le  tronc  trachéen  impair,  dont  nous  avons  vu 
l'origine  dans  la  tranche  précédente,  se  ramifie  sur  les  muscles 
moteurs  des  pattes  et,  surtout,  sur  les  muscles  vibrateurs  transver 
saux  du  vol. 

Le  vaisseau  dorsal  qui  est  accolé  à  la  face  dorsale  de  l'œsophage 
tend  à  passer  sur  son  côté  droit. 

La  partie  supérieure  du  ganglion  mésothoracique  [G.Se.  2)  émet 
un  nerf  dont  une  branche,  qui  va  innerver  les  muscles  vibrateurs 
du  vol.  suit  le  trajet  indiqué  dans  la  planche  VI,  tandis  qu'une 
autre  branche,  qui  est  verticale,  innerve  les  autres  parties  du 
mésothorax. 

Dans  la  tranche  représentée  par  la  figure  18  la  partie  dorsale 
appartient  au  scutum  {Se.2d;  seul).  Immédiatement  à  la  suite  du 
scutum  nous  trouvons  encore  une  petite  portion  de  l'arceau  notai 
prothoracique  [Se.  1.  d)  qui  vient  recouvrir  le  premier  stigmate  ou 
stigmate  mésothoracique  {St.  Se.  2)  (Voir  p.  396  et  397,  fig.  I  et  fig.  2). 
Ce  stigmate  qui,  chez  la  larve,  est  bien  nettement  situé  sur  le  méso- 
thorax est,  chez  l'imago,  situé  près  de  la  bordure  supérieure  de 
l'arceau  auquel  il  appartient  et  se  trouve,  comme  nous  venons  de 
le  voir,  complètement  recouvert  par  un  repli  de  l'anneau  précédent 
{Se.  i.  d).  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  on  l'attribue,  parfois,  par 
erreur,  au  prothorax. 

La  partie  du  mésothorax  qui  porte  le  stigmate  et  celle  qui  s'étend 
jusqu'au  sillon  noto-sternal  {Sill.  n.  s.)  appartiennent  à  la  pleura  de 
l'arceau  dorsal. 


ÉTUDES    SUR   LES   FOURMIS,   LES    GUÊPES   ET    LES   ABEILLES 


429 


Toute  la  partie  du  squelette  tégumentaire  située  ventralement  par 
rapport  à  ce  sillon  noto-sternal  appartient  à  l'arceau  sternal  raéso- 
thoracique. 

Sur  le  flaac  dorsal  du  sillon  noto-sternal  (Voir  p.  416,  fig.  10 
{Myrmica)  et  p.  418,  fig.  12  [Formica)  se  fixe  le  muscle  M.  90  qui 


Ch.Jan^t  di-L 


Fig.  Ib.  —  II,  Ti'anclie  passant  par  le  stigmate  mésothoraciquc  S7.  Se.  2. 


sert  à  ameuer  l'aile  mésothoracique  dans  la  position  du  vol.  A  côté 
de  ce  muscle  sont  les  deux  chefs  M.  92  et  M.  93  du  muscle  qui  sert 
à  ramener  l'aile  dans  la  position  de  repos.  Le  muscle  M.  57,  qui  se 
fixe  sur  le  flanc  ventral  du  sillon  iSill.  n.s.)  et  le  muscle  M.  58.  qui 
se  fixe  sur  la  lame  sagittale  mésothoracique  {L.m.2),  sont  deux 
muscles  moteurs  de  la  coxa  mésothoracique. 


430 


CM.    .IANI.T 


Les  muscles  lorii^itinliiiaiix  M.  'l'î  et  M.  HCt,  que  nous  avons  vus 
dans  les  tranohos  pircédentes.  arrivent,  en  converi'eant,  entre 
l'œsophage  {Oe)  et  le  ganglion  niosothoracique  {G.  sv.  'J). 


Fig.  19.  —  I,  Tranche  passant  par  l'articulation  de  Taile  et  par  l'articulation 
de  la  coxa  du  mésothorax,  et  comprenant  l'anneau  fermé  de  la  furca  méso- 
thoracique(Ai.Se.2,  Cx.2,  Furet). 


La  tranche  représentée  par  la  ligure  19  comprend  l'articulation 
de  l'aile  (Al.  Se.  2)  et  l'articulation  de  la  patte  mésothoracique 
(Cx.  2).  Toute  la  partie  dorsale  comprise  entre  les  articulations 
alaires  appartient  au  scutum  (Se.2.d,  SciU).  Au-dessus  de  l'articu 


ÉTUDES   SUR   LES   FOURMIS,    LES   GUEPES    ET   LES   ABEILLES  431 

lation  alaire  se  trouve  une  petite  tégula  protectrice  (7'^^  fortemeut 
convexe. 

L'aile  est  un  véritable  sac  tégunientaire  formé  par  évagiuation 
des  parois  du  corps.  Au  point  de  raccordement  le  tégument  pré- 
sente des  plissements  nombreux  et  compliqués,  localement  épaissis 
et  fortement  chitinisés.  Ces  parties  solides  sont  amenées,  par  les 
muscles  extenseurs  de  mise  en  place  pour  le  vol,  dans  une  position 
telle,  qu'elles  transmettent  intégralement  à  la  nervure  principale 
de  l'aile  les  vibrations  que  les  muscles  vibrateurs  impriment  à 
l'ensemble  du  scutum,  du  scutellum  et  de  l'apodème  qui  est  arti- 
culé aux  côtés  inférieurs  de  ce  dernier. 

Dans  l'intérieur  de  l'aile  on  voit  les  trabécules  qui  relient  l'hypo- 
derme  de  la  face  supérieure  à  l'hypoderme  de  la  face  inférieure  et 
qui,  au  moment  de  l'éclosion,  lorsque  le  sang  est  comprimé  pour 
le  déplissemeut  de  l'aile,  lui  conservent  sa  forme  plane  et  empêchent 
ses  parois  de  s'écarter. 

La  partie  comprise  entre  l'articulation  alaire  et  le  sillon  noto- 
sternal  est  la  pleura  de  l'arceau  dorsal. 

La  partie  située  ventralement  par  rapport  à  ce  sillon,  et  sur 
laquelle  se  trouve  l'articulation  des  pattes,  est  l'arceau  sternal. 

La  furca  [Furc.  'J)  qui  part,  un  peu  plus  haut,  de  la  paroi  du 
corps,  et  qui,  pour  cette  raison,  se  trouve  ici  coupée,  forme  un 
anneau  complet  pourvu  de  deux  grandes  branches  latérales. 

Auprès  de  l'articulation  alaire  nous  retrouvons  le  muscle  M.  90 
et  le  muscle  M.  U2,  M.  i)3  dont  les  deux  chefs  ne  sont  plus  distincts 
dans  le  voisinage  du  tendon. 

Un  muscle  dorso-ventral  il/.  9î  se  fixe  sur  le  sillon  noto-sternal  et 
s'attache  à  une  apophyse  du  scutum  voisine  de  l'articulation 
alaire.  Lorsque  ce  muscle  agit  indépendamment  de  son  symétrique, 
il  produit  un  mouvement  de  bascule  de  la  bordure  articulaire 
alaire  du  scutum  et  du  scutellum.  Comme  ce  mouvement  influe 
certainement  sur  la  direction  des  ailes  et  sur  les  vibrations  qui 
leur  sont  transmises,  la  paire  de  muscles  qui  le  produit  doit  jouer 
un  rôle  important  dans  les  changements  de  direction  que  l'Insecte 
veut  effectuer  pendant  le  vol. 

De  l'extrémité  de  chaque  branche  de  la  furca  part  un  grand 
muscle  M.  83,  qui  va  se  fixer  sur  la  pleura  de  l'arceau  notai.  Sur 
la  partie  proximale  de  la  branche  s'insèrent  :  du  côté  dorsal,  deux 
muscles,  M.  81  et  M.  82,  que  nous  retrouverons  dans  la  tranche 
suivante  et,  du  côté  ventral,  le  muscle  M.  62,  qui  traverse  la  coxa 
et  agit  sur  le  fémur.  Sur  le  sommet  de  l'anneau  de  la  furca  se 


432 


CM.    .lANKT 


trouvent  les  insertions,  sous  forme  de  tendons,  des  deux   paires 
lnnp:itu(linnles  ventrales  M.  ~)S  et  M.  50.  que  nous  avons  vues  tra- 
verser les  tranches  précédentes. 
D'un  apodènie  qui  se  trouve  à  la  limite  des  arceaux  ventraux 


Fig.  20.  —   .F,  Tranche  passant  par  le  stigmate,   la  furca  et   la  coxa  métathora- 
cique  [SI.  Se  5,  Furc.  5,  Cx.  5). 


mésothoracique  et  métathoracique  (Voir  p.  413  et  416,  fig.  9  et  10) 
partent  deux  muscles  do rso- ventraux  :  l'un  mésothoracique  (M.  85), 
qui  va  s'attacher  sur  la  bordure  du  cadre  qui  entoure  l'articulation 


ÉTUDES   SUR    LES   FOURMIS,  LES   GUÊPES   ET   LES    ABEILLES  433 

alaire  semble  jouer  un  rôle  dans  la  direction  du  vol  ;  l'autre,  méta- 
thoracique  {M.S6)  qui  va  s'attacher  sur  la  bordure  supérieure  de 
l'arceau  notai  du  métathorax. 

Les  autres  muscles  :  M.  57,  M.  60,  M.  61  sont  des  muscles  moteurs 
de  la  coxa  mésothoracique. 

Les  connectifs  de  la  chaîne  nerveuse  (iV.  c.)  passent  dans  cette 
sorte  de  bague  que  forme  la  furca  et  nous  voyons,  entre  ces  con- 
nectifs, le  ganglion  sympathique  (G.  symp.)  qui  se  trouve  à  la 
partie  supérieure  du  ganglion  métathoracique. 

Dans  la  coxa  pénètrent  le  nerf  (N.  ex.  2)  et  les  deux  trachées 
{T.ext.cx.2,  T.int.cx.2)  de  la  patte. 

Dans  la  tranche  représentée  par  la  figure  20,  la  partie  tout  à  fait 
dorsale  appartient  encore  au  sculum  {Scut.),  mais  on  voit,  de  plus, 
séparé  de  ce  dernier  par  une  articulation  membraneuse  [Memb.), 
le  scutellum  {Scutell)  et  sonapodème  {Phr.  i.  m.  /,).  Tout  cela  appar- 
tient à  l'arceau  notai  du  raésothorax. 

Sur  la  membrane,  ici  assez  longue  parce  qu'elle  est  coupée 
très  obliquement,  qui  fait  suite  à  l'apodème  du  scutellum,  débouche 
l'orifice,  extrêmement  réduit  et  dépourvu  d'appareil  de  fermeture, 
du  stigmate  métathoracique  [St.  Se.  3).  Cette  membrane  et  la  partie 
du  squelette  qui  va  de  la  saillie  de  recouvrement  du  stigmate  jus- 
qu'à cette  apophyse  qui  se  dirige  à  la  rencontre  de  la  furca  (Fiirc.3) 
appartiennent  au  métanotum  (Se.  3.  d.). 

Toute  la  partie  ventrale  comprise  au-delà  de  cette  apophyse 
appartient  au  métasternum  [Se.  3.  v.)  et  c'est  sur  elle  que  nous 
voyons  l'articulation  de  la  coxa  métathoracique  {Cx.  3). 

La  furca  mésothoracique  est  formée  d'un  tube  bifurqué,  dépourvu 
d'anneau  et  dont  les  branches  s'élargissent  à  leur  extrémité.  Comme 
pour  les  deux  furca  précédentes,  une  certaine  portion  de  sa  face 
inférieure  (anale)  doit  être  considérée  comme  formée  par  des  élé- 
ments tégumentaires  appartenant,  morphologiquement,  à  l'anneau 
suivant,  parce  qu'elle  donne  insertion  à  deux  muscles,  M.  68  et 
M.  69,  qui  appartiennent  à  l'anneau  médiaire  Se.  4  et  sont  moteurs 
du  pétiole  Se.  5. 

Des  deux  muscles  M.  81  et  M.  82  que  nous  avons  vus,  dans  la 
tranche  précédente,  s'insérer  sur  la  branche  de  la  furca  mésotho- 
racique, le  premier  va  s'attacher  sur  une  apophyse  de  l'apodème 
du  scutellum,  tandis  que  le  second  va,  dans  la  tranche  suivante, 
se  fixer  à  la  partie  inférieure  du  scutum.  Tous  deux  sont  ainsi  des 
muscles  dorso- ventraux.  Le  muscle  M.  81  semble,  par  son  action 

Mena.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi.  —  28 


434  CM.    .lANET 

sur  rapodèino  (lu  scutellum,  avoii- ii  jouer  un  certain   rùlc  dans  la 
direction  du  vol. 

Les  tendons  des  muscles  M.  85  (mésothoracique)  et  M.  Sfi  (méta- 
thoracique)  dont  il  a  été  question  précédeniment  passent  :  le  pre 
niier,  au-dessus,  le  second,  au-dessous  du  troue  trachéen  stigma- 
tique  métathoracique  [Tr.  st.). 

Les  muscles  M.  S7  et  M.  8H,  qui  se  fixent  sur  la  lace  dorsale  de 
l'apophyse  noto  sternale  Apoph.,  sont  des  muscles  métathoraciques 
dorsaux  qui  vont  s'attacher  à  la  |)artie  moyenne  de  l'arceau  notai 
et  servent  à  produire  les  mouvements  de  cette  partie  par  rapport  à 
ses  régions  pleurales. 

La  tranche  J  contient  toute  la  musculature  motrice  de  la  coxa 
métathoracique.  Un  muscle  à  tendon  très  développé  {M.  O.'i)  sert  à 
porter  la  coxa  en  avant  et  en  dehors.  Ce  muscle  a  plusieurs  chefs, 
et  l'un  d'eux  se  fixe  sur  les  côtés  de  l'arceau  ventral  et  remonte 
jusqu'à  l'apophyse  noto-sternale  (Apoph.).  Un  muscle  M.  04,  s'at- 
tache auprès  du  précédent  et  se  fixe  sur  la  lame  médiane  sagittale 
qui  précède  la  furca  (pi.  VI,  Lm.  3)  ;  il  est  également  extenseur  de 
la  coxa.  Deux  muscles,.!/.  66^^  et  M.  06^  ,  sont,  au  contraire,  fléchis- 
seurs. Le  muscle  M.  63,  fléchisseur  du  fémur,  se  fixe  vers  l'extré- 
mité de  la  furca,  traverse  la  coxa  et  va  s'attacher  au  fémur. 

Un  muscle  M.  84,  homodyname  du  muscle  M.  83  de  l'anneau 
précédent  (fig.  19),  relie  l'extrémité  de  la  furca  à  l'apophyse  noto- 
sternale  Apoph.  Ce  muscle  est  très  court  et  est,  pour  ainsi  dire, 
réduit  à  un  simple  ligament. 

Les  deux  muscles  M.  68  et  M.  69  qui  se  fixent  aux  parties  infé- 
rieures de  la  furca,  et  appartiennent  morphologiquement  au  segment 
médiaire,  montreront  leurs  tendons  d'attache  dans  la  tranche 
suivante. 

Vers  la  coxa,  se  dirigent,  en  outre  de  la  musculature  que  nous 
venons  d'examiner  :  le  nerf  iV.  ex.  3,  la  trachée  interne  T.  int.  ex.  3, 
la  trachée  externe  T.  ext.  ex.  3  et  enfin,  un  organe  chordotonal 
Org.  e.  que  j'ai  reconnu  bien  nettement,  surtout  chez  l'ouvrière,  à 
ses  corpuscules  scolopaux,  mais  dont  il  m'a  été  impossible  de 
suivre  le  trajet. 

La  partie  de  la  chaîne  ganglionnaire  qui  se  trouve  dans  cette 
tranche  appartient  au  ganglion  qui  va  innerver  le  premier  nœud 
(G.  Se.  .7)  (Voir  pi.  VI).  A  la  partie  tout  à  fait  inférieure  de  ce  gan- 
glion, sur  sa  face  ventrale,  se  trouve  un  petit  ganglion  sympathique 
G.  syinp. 
Dans  la  tranche  K  (fig.  "21)  se  trouve  la  partie  tout  à  fait  inférieure 


ETUDES   SUR    LES    FOURMIS,   LES    GUEPES    ET    LES   ABEILLES 


435 


du  scutuiii  (Scut.),  la  partie  moyenne  (Memh.)  de  sa  charnière  d'ar- 
ticulation avec  le  scutellum  {ScutelL)  et  les  derniers  faisceaux  des 
muscles  vibrateurs  transversaux  (M.  vib.  t.).  Plus  bas,  se  trouve  la 
partie  latérale  de  la  nervure  {Nerc.)  qui  raidit  la  partie  supérieure 


Fig.  21.  —  K,  Tranche  passant  par  l'articulation  de  l'aile  métathoracique  (.4/.  Se.  3) 
et  par  le  cribellum  (Cri)  de  la  glande  de  l'anneau  niédiaire  {(jl.  Se.  4). 


du  scutellum.  La  partie  inférieure  de  ce  dernier  est  encore  plus 
efficacement  raidie  par  un  bourrelet  tubuleux  {ScutelL  t)  dont  nous 
verrons  le  prolongement  dans  les  deux  tranches  suivantes.  A  la 
suite  du  scutellum  vient  son  apodème  (Pkr.  i.  m.  L). 
L'articulation  de  l'aile  métathoracique  se  trouve  près  de  la  limite 


436 


eu.    JANET 


su[)prieiire  du  métîmotuiii.  La  parlie  ventrale;  (|iii  vient  à  la  suite  de 
cette  arlitMilatioii  appartient  d'ahord  à  la  région  pleurale  du  niéta- 
notum,  puisa  l'anueau  raédiaire;  mais  rien  n'indique,  ici,  où  peut 
se  trouver  la  limite  des  deux  anneaux. 


l"-//cei.id.. 


Fig.  22.  —  L,  Tranche  comprenant  la  partie  inférieure  de  l'apodcme  du  scutelluin 
(Phr.  i  m.  L)  et  le  stigmate  de  l'anneau  médiaire  {St.  Se  4).  La  coupe 
supérieure  de  cette  tranche  passe  à  peu  près  par  la  ligne  AB  tracée  à  la  partie 
inférieure  du  corselet  sur  la  planche  VI. 

La  chambre  aérifère  (Chb)  de  la  glande  Gl.  Se.  4  est  coupée  longi- 
tudinalement  et  montre  bien  le  cribellum  (Cri)  des  canaux  glandu- 
laires {Ca7i)  et  la  fente  extrêmement  étroite  qui  livre  passage  aux 
produits  volatilisés  {[.  Gl.  4). 


ÉTUDES   SUR    LES   FOURMIS,   LES    GUÊPES    ET   LES   ABEILLES  437 

La  partie  ventrale  médiane  de  la  figure  appartient  à  l'arceau  ster- 
nal  du  premier  nœud  {Se.  5.  v.). 

Nous  avons,  dans  cette  coupe,  les  tendons  du  muscle  ventral 
longitudinal  M  6S  (pi.  VI,  M.  v.  m.)  et  du  muscle  ventral  latéral  M.  09 
(pi.  VI,  M.  V.  a.). 

La  coupe  supérieure  de  la  tranche  L  (fig.  22)  est  dirigée  suivant 
la  ligne  A  B  tracée  sur  la  planche  VL  La  partie  dorsale  de  cette  tran- 
che appartient  au  scutellum  (Scutell.)  et  montre  encore  sa  nervure 
supérieure  [Nerv.)  et  sa  partie  tubuleuse  inférieure  (Scutell.  î.)  qui 
servent,  toutes  deux,  à  donner  une  grande  raideur  à  cette  région 
du  thorax. 

L'apodème  du  scutellum.  (P/^r.  i.  m.  l.)  montre  toute  sa  partie 
inférieure  coupée  suivant  sa  longueur,  tandis  que  sa  partie  supé- 
rieure se  trouve  dans  la  tranche  suivante.  Nous  voyons  les  faisceaux 
vibrateurs  longitudinaux  venir  se  terminer  sur  ces  deux  parties. 

Le  métathorax  est  fort  réduit  et  replié  en  bourrelet.  L'anneau 
médiaire  est  pourvu  d'un  large  stigmate  St.  Se.  4,  suivi  d'un  puis- 
sant appareil  de  fermeture,  du  type  des  appareils  abdominaux, 
pourvu  d'un  levier  obturateur  sur  lequel  agissent  un  muscle  de 
fermeture  (M.  ferm.)  et  un  muscle  d'ouverture  (M.  ouv.).  Ce  dernier 
passe  contre  la  glande  Gl.  Se.  4.  et  va  se  fixer  en  un  point  du  sque- 
lette chitineux  qui,  par  analogie  avec  ce  qui  existe  dans  l'abdomen, 
doit  être  considéré  comme  appartenant  à  la  bordure  noto-sternale 
de  l'anneau  médiaire. 

Le  muscle  M.  67  (Note  16,  ouvrière,  p.  24,  M.  d.  a.)  se  fixe  sur  les 
côtés  de  l'arceau  notai  (Se.  4.  d.)  et  s'attache  sur  les  côtés  de  la 
bordure  supérieure  de  l'arceau  notai  du  premier  nœud.  Deux  gan- 
glions sensitifs  bien  développés  innervent  les  organes  et  les  poils 
sensitifs  qui  sont  situés  sur  la  partie  supérieure  de  l'arceau  ventral 
du  premier  nœud  et  veillent  à  la  sécurité  de  cette  partie  qui  est  la 
plus  fragile  du  corps  de  la  Fourmi. 

La  tranche  représentée  par  la  figure  23  comprend  encore,  du 
côté  dorsal,  une  partie  du  scutellum  (Scutell.),  de  son  bourrelet 
tubuleux  (Scutell.  t.)  et  de  l'articulation  de  l'apodème  d'insertion  des 
muscles  vibrateurs  longitudinaux  (Phr.  i.  m.  /.). 

Le  métathorax  se  montre,  comme  dans  la  tranche  précédente,  et 
comme  dans  la  tranche  sagittale  (pi.  VI),  extrêmement  réduit. 

L'anneau  médiaire  est  bordé,  à  sa  partie  supérieure,  d'une  ner- 
vure qui  vient,  elle  aussi,  contribuer  au  raidissage  de  cette  partie 
renforcée  du  corps.  La  région  dorsale  de  cet  anneau  fournit  l'inser- 
tion de  l'un  des  muscles  les  plus  importants,  le  muscle  M.  75  rele- 


438 


en.    .ÎANKT 


veur  (lu  premier  nœud  et.  piir  constMincnt,  de  l'ensemble  du  piMiole 
et  de  l'abdomen.  C'est  une  paire  d(^  muscles  à  plusieurs  chefs  dont 
les  deux  tendons.se  fusionnent  eu  un  tendon  impair  attaché  à  la 
saillie  articulaire  de  l'arceau  dorsal  du  premier  nœud  Se,  5.  (Le 

muscle  homologue,  chez  l'ou 
vrière,   est    représenté    Note 
7.  fig.  1,  2  et  3,  A/.  7.7). 

Les  vi.scéres,  que  nous 
avons  vus  si  resserrés  les  uns 
contre  les  autres  dans  l'étroit 
passafi^e  que  leur  fournit  le 
cou,  à  l'endroit  où  ils  arrivent 
dans  le  corselet,  se  sont,  pour 
eu  sortir,  groupés  à  nouveau, 
en  un  faisceau  minuscule  et 
ils  se  sont,  de  plus,  alignés 
dans  un  plan  frontal.  Ils  peu- 
vent, ainsi,  franchir,  sans 
obstruer  la  cavité  générale 
dans  laquelle  passe  le  courant 
descendant  du  sang,  le  rétré- 
cissement si  prononcé  qui  se 
trouve  à  l'articulation  du  cor 
selel  et  du  pétiole,  et,  de 
plus,  ils  peuvent,  sans  être 
tiraillés,  se  prêter  aux  grands 
mouvements  de  charnière  de 
cette  partie,  si  mobile,  du 
corps. 

Dans   la    partie  où  il    est 
appliqué  contre  la  paroi  dor- 


Fig.  23.  —  M,  Tranchf  comprenant  la  partie     sale  du  pédOUCUlc  du  pétiole, 


le  faisceau  viscéral  comprend, 
entre  les  deux  troncs  tra- 
chéens longitudinaux  [Tr.  t. 
/.),  l'aorte  {V.  d.),  les  connec- 
tifs  de  la  chaîne  nerveuse  fu- 
sionnés en  un  seul  cordon 
{;V.  c.)  et  enfin,  l'œsophage  (Oe)  flanqué  de  deux  filets  nerveux  sym- 
pathiques (Y.  symp.). 


dorsale,  tout  à  fait  inférieure,  du  méso- 
thorax (ScutelL),  la  partie  dorsale  média- 
ne, du  métathorax  {Sp.  .'î),  le  grand  muscle 
releveur  du  pétiole  (il/.  7.5)  et  passant  par 
le.  pédoncule  du  premier  nœud  du  pétiolr 
(Se.  S). 


ÉTUDES   SUR    LES   FOURMIS,   LES   GUÊPES    ET   LES   ABEILLES  439 

Avec  l'examen  de  la  tranche  représentée  par  la  figure  23,  nous 
avons  terminé  la  description  du  corselet. 

Complétons  cette  étude  en  montrant,  schématiquement,  comment 
le  mésothorax  se  comporte  pendant  l'acte  du  vol. 

Schéma  des  mouvements  du  squelette   tégumentaire 
DU  mésothorax  pendant  le  vol 

M.  Marey  a  constaté,  expérimentalement,  que  le  mouvement 
imprimé  aux  ailes  des  Insectes,  dans  le  vol,  est  peu  compliqué  : 
c'est  un  simple  mouvement  de  va-et-vieut  dans  un  plan  perpendi- 
culaire à  l'axe  du  corps.  Cette  simple  oscillation  suffit  à  tout 
expliquer,  la  résistance  de  l'air  produisant  la  déviation  en  lemnis- 
cate  de  la  pointe  de  l'aile  et  les  changements  d'inclinaison  de  sa 
partie  membraneuse.  Si  on  enlève  cette  dernière  et  si  l'on  réduit 
l'aile  à  sa  nervure  costale,  on  peut  constater  la  simplicité  de  ce 
mouvement  de  va-et-vient. 

Comment  les  muscles  vibrateurs  du  vol,  qui  s'insèrent  sur  le 
squelette  tégumentaire  du  mésothorax  et  n'agissent  pas  directement 
sur  l'aile,  peuvent-ils  produire  ce  mouvement  de  va-et-vient? 

Chez  les  Hyménoptères,  les  ailes  inférieures  sont  dépourvues  de 
musculature  motrice  et,  pendant  le  vol,  elles  resteraient  immobiles 
si  elles  n'étaient  accrochées  aux  ailes  antérieures  et  entraînées  par 
elles.  Cela  se  voit  bien,  en  particulier,  dans  les  premiers  mouve- 
ments des  ailes  des  Guêpes  qui  viennent  de  quitter  leur  cocon 
(Note  9,  p.  93).  Il  suffit  donc,  pour  l'étude  du  mouvement  des  ailes 
dans  le  vol  chez  les  Hyménoptères,  d'étudier  les  mouvements  des 
ailes  antérieures. 

Ainsi  que  cela  a  été  reconnu  par  les  auteurs  qui  ont  étudié  cette 
question,  et  en  particulier  par  Chabrier  ('  22,  p.  9  et  suiv.),  les 
vibrations  du  scutum  et  du  scutellura,  vibrations  qui  sont  si  sen- 
sibles sous  le  doigt  lorsque  les  ailes  fonctionnent,  jouent  un  rôle 
important  dnus  l'acte  du  vol. 

Si  l'on  expérimente  sur  un  Diptère  ou  sur  un  Hyménoptère 
récemment  mort,  on  constate  que,  lorsque  les  ailes  sont  écartées, 
il  suffit  d'exercer  une  légère  pression  sur  le  milieu  de  la  charnière 
d'union  du  scutum  et  du  scutellum  pour  faire  soulever  les  ailes, 
c'est-à-dire  pour  produire  un  mouvement  à  peu  près  identique  à 
celui  qui,  dans  une  demi  vibration,  est  produit  par  la  constriction 
des  muscles  vibrateurs  dorso-ventraux  (M.  vib.  t.). 

Si,  sur  un  Hyménoptère  vivant,  tel  qu'un  Bombus,  on  enlève  très 


440 


ce.    JANKT 


soigneusement  toute  la  partie  inférieure  de  l'arceau  not;il  de  l'an- 
neau niédiaire,  ou  met  à  découvert  le  grand  pliiagma  (jiii  fournil 
l'insertion  inférieure  des  muscles  vibrateurs  longitudinaux.  Cette 
mutilation  n'empêche  pas  l'animal  de  faire  vibrer  ses  ailes,  et  on 
constate,  lorsque  cela  a  lieu,  (|ue  le  phragma  est  animé  de  fortes 
vibrations. 
Au  repos,  les  ailes  sont  couchées  longitudinalement  le  long  du 


l' ii,'.  24.  —  Squelette  chitineux  du  mésothorax  vu  de  côté.  L'articulation  alaire  est 
schématisée  par  une  plaque  de  forme  allongée  m  n  articulée  sur  tout  son  pour- 
tour. Des  traits  discontinus  et  ponctués  indiquent  le  contour  du  muscle  vibrateur 
longitudinal  M.  vib.  l.  et  du  muscle  vibrateur  transvei'sal  M.  vib.  t.,  ainsi  que  la 
déformation  subie,  par  le  mésothorax,  sous  l'influonco  de  la  contraction  vibra- 
toire alternative  de  ces  deux  paires  de  muscles. 


corps.  Si,  dans  celte  position,  les  muscles  vibrateurs  entrent  en 
fonction,  les  vibrations  du  scutum,  du  sculellum  et  du  grand 
phragma  se  transmettent  bien  aux  ailes,  mais  elles  ne  produisent 
que  des  vibrations  très  faibles. 

Sous  l'influence  des  petits  muscles  de  mise  en  place  que  nous 
avons  vus  dans  notre  étude  anatomique  du  mésothorax,  les  ailes 
peuvent  être  étendues  et  amenées  dans  la  position  voulue  pour  le 


ETUDES   SUR    LES   FOURMIS,   LES   GUEPES   ET   LES   AREILLES 


441 


vol.  Lorsqu'elles  ont  été  amenées  dans  celte  position,  les  vibrations 
du  scutum,  du  scutellum  et  du  grand  phragma  se  transmettent 
aux  ailes  avec  l'amplitude  relativement  considérable  qui  est  néces- 
saire pour  le  vol. 

Cette  transmission  se  fait  par  suite  de  l'engrenage  et  de  la  trac- 
tion de  parties  fortement  chitinisées  et  des  parties  membraneuses 
qui  se  trouvent  à  la  base  des  grandes  nervures  de  l'aile,  et  sur  le 


Fig.  25.  —  Coupe  transversale  du  squelette  chitineux  du  mésothorax  et  des  deux 
paires  de  muscles  vibrateurs  du  vol.  Comme  dans  la  figure  précédente  l'articu- 
lation alaire  est  schématisée  par  une  plaque  mil  articulée  sur  tout  son  pour- 
tour. L'aile  est  schématisée  par  un  axe  rigide  a  b  fixé  sur  cette  plaque. 

pourtour  du  cadre  articulaire  que  le  corselet  forme  pour  les  ailes. 
Ces  parties  fortement  chitinisées  présentent  des  formes  très  com- 
pliquées et  si  on  voulait  reprendre  leur  examen  détaillé  (Bombus, 
Chabrier  "22,  pi.  9  à  11)  on  serait  entraîné  à  une  description 
longue  et  compliquée. 

On  peut  se  rendre  assez  bien  compte  de  la  façon  dont  les  choses 
se  passent  en  représentant  schématiquement  (fig.  24  et  25)  :  1°  l'ar- 
ticulation de  l'aile  étendue,  par  une  plaque  mn  articulée  sur  tout 
son  pourtour;  2°  l'aile,  par  une  tige  ab  solidaire  de  la  plaque  mn. 

Sous  l'influence  de  la  contraction  (fig.  24)  des  muscles  vibrateurs 


442 


CH.    JANET 


longiludinaiix  du  vol  iM.  rlh.l),  grâcfi  A  la  chaniiiTe  gtelk  la 
poussée  vers  l'avant  produite  par  les  deux  cornes  du  phragtna  du 
scutelluni  (l'hr.  i.  ni.  /.),  la  partie  antérieure  du  scutum  et  la  partie 
imstérieure  du  scutellum  se  rapprochent  et  le  contour  rghicd 
devient  c'g'li  k'd'.  Le  résultat  de  cette  déformation,  à  laquelle 
l'élasticité  du  tégument  ne  prend  guère  part  et  qui  se  fait,  à  peu 
près  entièrement,  aux  dépens  de  la  charnière  r//,  est  d'amener  cette 
charnière  en^'r'.  Toute  la  partie  moyenne  de  la  région  dorsale 
du  mésothorax  se  trouve,  ainsi,  soulevée  en  bloc  et  passe  (fig.  2u) 
de  p  7  en  /)'  q\  Ce  soulèvement  entraîne  le  bord  dorsal  de  l'articu- 
lation, l'amène  de  n  en  n'  et  la  ligne  ah  prend  la  position  a  h'  : 
c'est  la  demi-vibration  d'abaissement  de  l'aile. 

Lorsque  les  muscles  longitudinaux  (M.  vib.  I.)  ont  cessé  de  se 
contracter,  les  muscles  transversaux  {M.  vih.  t.)  se  contractent  à 
leur  tour  et,  ramenant  l'articulation  mn  et,  par  conséquent,  la 
ligne  ah  dans  leur  position  primitive,  produisent  la  demi-vibration 
de  soulèvement. 

Chabrier  ("22,  p.  10)  n'attribue  pas  à  la  charnière  gt  l'importance 
que  je  lui  attribue  ici.  Voici  comment  il  explique  les  choses  : 

«  Supposons  une  feuille  de  matière  élastique  quelconque  courbée 
))  en  forme  de  tuile  creuse;  en  cet  état  si  on  veut  la  courber  aussi 
»  d'avant  en  arrière  de  manière  à  rapprocher  ses  extrémités,  il  est 
»  clair  que  la  première  courbure  disparaîtra,  du  moins  en  partie, 
^>  et  surtout  vers  le  milieu  de  la  feuille;  que,  par  conséquent,  les 
»  bords  latéraux  s'écarteront;  c'est  là  précisément  ce  qui  a  lieu  à 
»  l'égard  du  dorsum  des  Insectes  par  l'intermédiaire  des  muscles 
»  du  vol  ;  par  là  et  par  quelques  autres  moyens,  le  corps  est  allerna- 
))  tivement  comprimé  et  dilaté,  et  les  ailes  élevées  et  abaissées  tour 
»  à  tour.  Le  dorsum  tient  en  arrière  au  corps  et  aux  deux  branches 
))  d'une  pièce  demi  circulaire  [scutellum]  exerçant  l'ofïice  de  levier 
))  et  susceptible  de  ressort  à  laquelle  il  est  uni  intimement  dans 
»  tous  les  ordres  d'Insectes,  excepté  dans  quelques  Hyménoptères 
»  où  cette  pièce  peut  être  séparée.  Je  l'appelle  postdorsum  à  cause 
»  de  sa  position  ;  et  quelquefois  bascule  (c'est  l'écusson  dans  quel- 
))  ques  ouvrages),  tant  à  cause  de  son  genre  de  mouvement  que  de 
»  celui  qu'elle  imprime  aux  osselets  de  la  base  des  ailes  »). 

Ainsi  donc  Chabrier  attribue  les  mouvements  de  soulèvement  et 
d'abaissement  des  ailes  de  l'Hyménoptère  à  l'élasticité  d'une  seule 
pièce,  le  dorsum  [scutum],  qui  s'élargirait  transversalement  par 
suite  d'un  ploiement  résultant  du  rapprochement  de  son  extrémité 
antérieure  avec  son  extrémité  postérieure. 


ÉTUDES    SUR   LES   FOURMIS,   LES   GUÊPES    ET   LES    ABEILLES  443 

Pour  moi  le  dorsum  [scutum]  est  rigide  aussi  bien  que  le  scutel- 
lum  qui  lui  fait  suite,  mais  ces  deux  pièces  rigides  sont  mobiles, 
l'une  par  rapport  à  l'autre,  grâce  à  une  charnière  située  entre  elles, 
et  la  contraction  des  muscles  vibrateurs  du  vol  produit  non  pas 
un  élargissement  transversal  de  la  première  de  ces  pièces,  mais  un 
soulèvement  des  deux  extrémités  de  la  charnière  située  entre  elles. 

Chabrier  {"22,,  p.  32)  a  constaté  que,  après  la  mort  récente  d'un 
Insecte,  si  l'une  des  ailes  est  remuée  au  moyen  d'une  action  exté- 
rieure exercée  sur  elle,  ce  mouvement  peut  être  communiqué  au 
dorsum  et  par  suite  à  l'aile  opposée.  On  peut  expliquer  cela  en  se 
reportant  au  schéma  ci-dessus  (fig.  25).  Si  l'aile  a  6  de  gauche  est 
abaissée  en  «'  //  la  surface  articulaire  mn  prend  la  position  m' n', 
le  point  p  est  soulevé  en  //  et  la  charnière  tg  (lig.  2i)  se  ferme  sur 
le  côté  et  se  soulève  de  manière  à  prendre  la  position  t'  g'.  Ce  mou- 
vement de  fermeture  de  la  moitié  gauche  de  la  charnière  entraîne 
la  fermeture  de  la  moitié  opposée,  et,  par  suite,  un  soulèvement 
qui  imprime  ù  la  surface  articulaire  droite  un  mouvement  à  peu 
près  identique  à  celui  qui  a  été  imprimé  à  l'aile  gauche. 

Les  muscles  qui  produisent  l'ensemble  des  mouvements  relatifs 
au  vol  des  Hyménoptères  sont  ainsi  au  nombre  de  9  paires. 

Il  y  a  7  paires  de  muscles,  de  structure  histologique  ordinaire,  que 
l'on  peut  appeler  muscles  de  mise  en  place  des  parties  mobiles  du 
m éso thorax  : 

1°  Une  paire  M  90  qui,  avant  l'acte  du  vol,  amène  les  ailes  dans 
la  position  d'extension  ; 

2"  Une  paire  à  deux  chefs  M  92,  M 93  qui,  après  l'acte  du  vol, 
ramène  les  ailes  dans  la  position  de  repos  ; 

3»  Une  paire  M  85  qui  paraît  jouer  un  certain  rôle  dans  le  main- 
tien de  l'aile  étendue  et  dans  ses  variations  de  position  ; 

4°  Une  paire  M  91  qui  sert  à  enfoncer  ou  à  faire  basculer  latéra- 
lement le  scutum  et  doit  agir  considérablement  sur  la  nature  et  la 
direction  du  vol  ; 

0°  Une  paire  M  S'J  qui  produit  un  effet  analogue  en  agissant  sur 
le  scutellum  ; 

G*»  Une  paire  M  Si  qui  sert  à  modifier  la  position  du  grand 
phragma  qui  fournit  les  insertions  postérieures  des  muscles  vibra- 
teurs longitudinaux  ; 

7»  Une  paire  M  83  qui,  reliant  les  extrémités  des  branches  de  la 
furca  avec  les  côtés  du  mésonotum,  agit  sur  la  position  de  ces 
derniers. 


\ii  CH.    JANET 

Il  y  a  ensuite  deux  énormes  paires  de  muscles  de  structure 
spéciale  produisant  les  vibrations  du  vol,  à  savoir  : 

8»  Une  paire  dorso-ventrale  dont  la  contraction  produit  la  demi- 
vibration  de  soulèvement  de  l'aile  ; 

9*  Une  paire  notale  longitudinale,  dont  la  contraction  produit 
la  demi-vibration  d'abaissement  de  l'aile. 

Dans  une  Note  ultérieure,  j'e.xposerai  le  résultat  de  mes  observa- 
tions sur  les  phénomènes  d'histolyse  que  subissent  les  muscles 
vibrateurs  du  vol  lorsqu'ils  sont  devenus  inutiles,  par  suite  de  la 
chute  des  ailes.  Les  produits  de  l'histolyse  fournissent  pendant  la 
fin  de  la  saison  et  pendant  le  premier  hivernage  une  partie  de  l'ali- 
ment nécessaire  à  la  formation  des  œufs  qui  donnent  les  premières 
ouvrières  de  la  colonie. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  VI 


Myrmica  rubra  reine.  Corselet.  Tranche  comprise  entre  deux  coupes  voisines 
du  plan  sagittal.  Grossissement  80. 

J'ai  représenté,  en  outre  du  corselet,  la  région  postérieure  de  la  tête,  le  pre- 
mier nœud  et  la  partie  antérieure  du  deuxième  nœud.  La  ligne  A  B,  tracée  vers 
la  partie  inférieure  du  corselet,  indique,  approximativement,  la  direction  des 
coupes  qui  ont  fourni  les  tranches  représentées  par  les  figures  il  à  23  intercalées 
dans  le  texte.  La  disposition  des  organes  à  la  partie  inférieure  du  col  de  la  tête 
est  indiquée  par  la  figure  14  ip  420).  La  partie  inférieure  de  la  figure  23  (p.  438) 
indique  la  disposition  relative  des  organes  dans  le  pédoncule  ou  partie  rétrécie 
du  pétiole. 


Mém.  Soc.  Zool.de  France.    XI    1898. 


PL  VI. 


ÉTUDES   SUR   LES   FOURMIS,    LES    GUEPES   ET    LES   ABEILLES 


445 


EXPLICATIONS  DES  ABRÉVIATIONS 

(Les  abréviations  sont  les  mêmes  pour  la  planche  VI  et  pour  toutes  les  figures 
intercalées  dans  le  texte). 


k  •/■.Appareil  de  fermeture  d'un  stigmate. 
Acr.  Portion   terminale  supérieure  du 

corps  (acron)  précédant  le  métamère 

antennaire. 
A  l.  Se.  2.  Aile  mésothoracique. 
Al  Se.  3.  Aile  métathoracique. 
Aj).  Apodème. 

Ap.n.s.  Apodème  noto-sternal. 
Ap.plr.5.  Apodème  pleural  métathora- 
cique. 
Apoph.  Apophyse. 
Apoph.fcrm.st.   Apophyse  d'insertion 

du  muscle  de  fermeture  du  stigmate 

mésothoracique. 
Ar.not.  Arceau  notai. 
Ar.ster.  .Arceau  sternal. 
Aï  t.  al.  2.  Articulation  des  ailes  méso- 

thoraciques. 
Art.  al. ù.  Articulation  des  ailes  méta- 

thoraciques. 
But.  Butoir  d'arrêt. 
Can.  Canaux  excréteurs. 
Cer,  Cerveau. 
Cb.,  Chb.,  ch.  Gl.  4.   Chambre  aerifère 

de  la  glande  Gl.  4. 
Cri.  Cribellum. 
Crp.inc.1.  Corpora  incerta  situés  à  la 

base  du  cerveau. 
Crp.iiic.2.  Corpora  incerta   logés  dans 

le  prothorax. 
Cx.1.  Coxa  de  la    première   paire   de 

pattes. 
Cx.2.  Coxa  de   la   deuxième    paire   de 

pattes. 
Cx.3.  Coxa  de    la    troisième   paire  de 

pattes. 
Ep.  Épines    du    dos   de   l'anneau    mé- 

diaire. 
f.  Gl.  4.  Fente  de  la  chambre  aerifère  de 

la  glande  de  l'anneau  médiaire. 
Fm.  Fémur. 

Furc.  y.  Furca  prothoracique. 
Furc.2.  Furca  mésothoracique. 
Furc.  3.  Furca  métathoracique. 


G.gl.  Ibi.  Ganglion  de  la  glande  labiale. 

G.lbi.  Portion  du  ganglion  sous-œso- 
phagien appartenant  au  métamère 
labial. 

G. S.  Ganglion  sensitif. 

G.  s.  0.  Ganglion  sous-œsophagien. 

G.  Se.  I.  Ganglion  prothoracique. 

G.  Se.  2.  Ganglion  mésothoracique. 

G.  Se.  5.  Ganglion  métathoracique. 

G.  Se.  4.  Ganglion  de  l'anneau  médiaire. 

G.  Se.  3.  Ganglion  du  premier  nœud. 

G.  sens.  Ganglion  sensitif. 

G.  syivp.  Ganglion  sympathique. 

G.  syinp.  p.  Ganglions  situés  à  l'ori- 
gine du  système  nerveux  viscéral 
pair. 

Gl.  Ibi.  Glande  labiale. 

Gl.  Ibi.  can.  Canal  de  la  glande  labiale. 

Gl.  Se.  4.  Glande  de  l'anneau  médiaire 
ou  4'  anneau  du  corselet. 

L.  m.  4.  Lame  sagittale  ventrale  du 
prothorax. 

L.  m.  2.  Lame  sagittale  ventrale  du 
mésothorax. 

L.  m.  5.  Lame  sagittale  ventrale  du 
meta  thorax. 

M.  Muscle. 

M.  d.  a.  II.  Muscle  dorsal  latéral  anté- 
rieur du   n°  anneau  postcéphalique. 

M.  d.  m.  4.  Muscle  dorsal  longitudinal 
du  4«  anneau  postcéphalique. 

M.  d.  p.  II.  Muscle  dorsal  latéral  posté- 
rieur du   n'  anneau  postcéphalique. 

M.  ext.  Muscle  extenseur. 

M.  ferm.  Muscle  de  fermeture. 

M.  ferin.  st.  I.  Muscle  de  fermeture  du 
premier  stigmate  ou  stigmate  méso- 
thoracique. 

M.  fléch.  Muscle  fléchisseur. 

M.  ouv.  Muscle  d'ouverture. 

M.  ph.  dil.  i.  Muscle  dilatateur  infé- 
rieur du  pharynx. 

M.V.m.n.  Muscle  ventral  longitudinal 
du  n'  anneau  postcéphalique. 


446 


CH.    JANET 


M.vih.l.  Musclt"  vibratcur  longitudinal 
du  vol. 

if.  i'»7>.  t.  Musrif  vibralnir  liMnsvtrsal 
du  vol. 

M..")").  Musclo  prnlliorariquf  ilorsal  lon- 
yiluilinal  (impair,  médian)  fixé  prés 
de  la  limite  inférieure  du  prothorax 
et  attaché  à  la  bordure  du  eol  de  la 
tête.  Est  relevcur  de  la  tête. 

M.  .'tii.  Muscle  fixé  très  en  avant  sur 
l'une  des  moitiés  du  pla.^^tron  pro- 
tboracique  et  attaché  à  la  bordure 
inférieure  du  col  de  la  tète.  Est  rele- 
vcur rotateur  de  la  tête. 

M.  57.  Muscle  situé  en  dehors  du  mus- 
cle M.  56  et  ayant  ses  insertions 
auprès  de  celles  de  ce  dernier. 

M.  58.  Muscle  fixé  à  la  furca  prutho- 
racique  et  attaché  à  la  bordure  du 
col  de  la  tète. 

M.  39.  Muscle  abaisseur  de  la  tète.  Se 
fixe  sur  la  furca  prothoracique.  S'at- 
tache sur  la  bordure  articulaire  du 
col  de  la  tète. 

M.  iO.  Paire  de  muscles  croisés,  exten- 
seurs des  pattes  prnthoraciques.  Le 
muscle  de  droite  passe  au-dessus  du 
muscle  de  gauche.  Se  fixent  à  ces 
apophyses  latérales  de  la  partie  supé- 
rieure du  prothorax  qui  fournissent 
l'articulation  en  charnière  de  la  tète. 
S'attachent  sur  le  coté  externe  du 
bord  articulaire  de  la  coxa. 

M.H.  Muscle  prothoracique  longitudi- 
nal s'insérant,  d'une  part,  a  l'apophyse 
prothoracique  qui  fournit  l'articula- 
tion en  charnière  de  la  tête  et,  d'au- 
tre part,  à  la  furca  prothoracique. 

]U.i2.  Muscle  attaché  à  la  partie  inféro- 
postérieure  de  l'apophyse  prothoraci- 
que qui  sert  à  l'articulation  de  la  tète 
et  fixé  sur  la  partie  latérale  de  l'ar- 
ceau dorsal  du  prothorax. 

21.4 i.  Muscle  fixé,  très  en  arrière,  sur 
le  plastron  prothoracique  et  attaché 
sur  le  bord  supéro-externe  du  bord 
articulaire  de  la  coxa  prothoracique. 

il.  43.  Muscle  prothoracique.  Attaché 
sur  l'angle  externe  de  la  furca  pro- 
thoracique et  fixé  sur  le  côté  de  l'ar- 
ceau dorsal  du  prothorax. 


M.  Ui.  Musclo  fixé  sur  la  lame  sagittale 
de  la  pièce  sternale  impaire  du  pro- 
Ihorax  et  attaché  sur  la  partie  externe 
du  bord  articulaire  de  la  coxa. 

M.  il.  Muscle  moteur  de  la  premién- 
patte  fixé  près  du  bord  postérirur  du 
plastron  prothoracique  et  pénétrant 
dans  In  coxa  pour  aller  s'attacher  au 
fémur. 

il.iS.  Muscle  protlinraci(iue  dorso-ven- 
tral  fixé  sur  le  ccHé  antérieur  de  l'ar- 
ceau dorsal  et  attaché  h  l'extrémité 
de  la  furca  prothoracique. 

M.âl.  Muscle  fixé  très  bas  sur  le  côté 
de  l'arceau  dorsal  du  prothorax  et 
attaché  à  la  partie  inférieure  du  bord 
articulaire  de  la  coxa  prothoracique. 
Sert  à  porter  la  patte  du  côté  de  l'ab- 
domen. 

M.  51.  Muscle  prothoracique  dorso-ven- 
trai,  fixé  près  de  la  bordure  latéro- 
inférieure  de  l'arceau  dorsal  du  pro- 
thorax et  attaché  à  l'extrémité  laté- 
rale de  la  furca  prothoracique. 

M. 05.  Muscle  mésothoracique  ventral 
longitudinal  fixé  sur  la  furca  méso- 
thoracique et  attaché  à  la  base  de  la 
furca  prothoracique. 

M.  56.  Muscle  mésothoracique  ventral 
longitudinal  fixé  sur  la  furca  méso- 
thoracique et  attaché  à  la  furca  pro- 
thoracique. 

M.  57.  Extenseur  de  la  coxa;  se  fixe 
auprès  du  sillon  (apodème  ouvert) 
noto-sternai  ;  s'attache  sur  la  bor- 
dure externe  du  trochantinus  méso- 
thoracique. 

M.  58.  Se  fixe  à  la  partie  supérieure  de 
la  lame  sagittale  du  mésosternura  et 
s'attache  sur  le  bord  supéro-externe 
du  cadre  articulaire  de  la  coxa.  Sert 
a  porter  la  patte  en  avant  et  en 
dehors. 

M.  60.  Muscle  fixé  auprès  du  point  de 
bifurcation  de  la  2"  furca  et  attaché  au 
côté  interne  du  bord  articulaire  de  la 
2'  coxa.  Est  fléchisseur   de  la  coxa. 

M.  61.  Muscle  voisin  du  muscle  M.  00 
et  également  fléchisseur  de  la  2* coxa, 
qu'il  fléchit  toutefois  dans  une  direc- 
tion un  peu  différente. 


ÉTUDES   SUR   LES    FOURMIS,   LES   GUÊPES   ET   LES   ABEILLES 


447 


M.  6S.  Muscle  mésothoracique  fixé  sur 
la  branche  de  la  furca  et  attaché  sur 
un  long  tendon  qui  part  du  trochanter 
et  traverse  toute  la  coxa. 
M.  63.  Se  fixe   sur  l'une  des  branches 
de  la  furca  du    meta  thorax  et  s'at- 
tache à  un  long  tendon  qui  part  du 
trochanter  et  traverse  toute  la  coxa. 
M.  64.  Se  fixe  sur  les  côtés  de  la  région 
ventrale  du  métasternura.  S'attache 
sur  la  partie  extérieure  et  postérieure 
de  la  bordure  du  col  de  la  coxa  méta- 
thoracique.  Est  extenseur  de  la  patte. 
M.  65.  Ce  muscle,  extenseur  de  la  coxa 
métathoracique,    comme    le    muscle 
M.  64,  s'attache  au    voisinage   de  ce 
dernier.  Il  se  fixe  sur  la  région  pleu- 
rale du   raétasternum  et  en  particu- 
lier  sur  un  apodème  situé  entre  ce 
dernier  et  le  métanotum. 
il/.  66.  Se  fixe  à  la  lame  transverse  qui 
se  trouve  à  la  partie  supérieure  de 
la    lame    sagittale    métathoracique. 
S'attache  sur  le  bord  supéro-intcrne 
du  col  de   la   coxa   métathoracique. 
Est  fléchisseur  de  la  coxa. 
M.  67.  Muscle  attaché  en  haut  et   sur 
le  côté  de  l'arceau  ventral   du  pre- 
mier nœud,  fixé  sur  la  face  dorsale 
de  l'anneau  médiaire. 
M.  75.  Muscle  attaché  par   un   tendon 
au  milieu  du  bord  supérieur  de  l'ar- 
ceau dorsal  du  premier    nœud,  fixé 
à  l'arceau  dorsal  de  l'anneau  médiaire. 
M.  81.  Muscle  dorso-ventral  (reine)  qui 
se  fixe  sur  la  furca  mésothoracique 
à  côté  du  muscle   M.  8i  et  s'attache 
à  l'extrémité  de  l'apophyse  crochue 
qui  termine    latéralement  le  grand 
apodème,   en    forme   de  gouge,   sur 
lequel  s'insère  l'extrémité  inférieure 
du  muscle  vibrateur  longitudinal  du 
vol. 
M.  8^.  Muscle  dorso-ventral  (reine)  qui 
se  fixe  sur  la  furca   mésothoracique 
et  s'attache  sur  la  partie  supérieure 
du  scutellum  auprès  de  la  charnière 
qui  unit  le  scutum  avec  le  scutellum. 
M.  85.   Muscle    mésothoracique    dorso- 
ventral,  fixé  sur  les  côtés  du  méso- 
notum,   attaché  près  de  l'extx'émité 


de  la  furca   mésothoracique  (reine). 
M.8i.  Muscle    métathoracique    dorso- 
ventral,  fixé  sur  l'apodème  situé  entre 
le    métasternum   et    le    métanotum, 
attaché  à  Textréniité  de  la  furca  méta- 
thoracique (reine). 
M.S5.  Muscle    mésothoracique    dorso- 
ventral,  fixé  du  côté   ventral   sur  la 
lame  transverse  qui  forme  apodème 
entre   le  méso  et  le    métasternum, 
attaché,  du  côté  dorsal,  à  l'une  des 
pièces  chitineuses  de  l'articulation  de 
l'aile  mésothoracique. 
il. 86.  Muscle    métathoracique    dorso- 
ventral,  fixé,  du  côté  ventral,  sur  la 
lame  transverse  qui  forme  apodème 
entre   le    méso  et  le  métasternum, 
attaché,  du  côté  dorsal,  à  l'une  des 
pièces  chitineuses  de  l'articulation  de 
l'aile  métathoracique. 
M. 87.  Muscle    métathoracique    parais- 
sant être  homostique  du  muscle  mé- 
sothoracique dorso-ventral  M.  91. 
M. 88.  eiM.89.  Muscles  métathoraciques 

dorso-ventraux. 
M.  00.  Muscle  extenseur  (abducteur)  de 
l'aile  mésothoracique.  Est  fixé  contre 
le  sillon  noto-sternal. 
M. 9t.  Muscle    mésothoracique    dorso- 
ventral,  fixé  sur  le  sillon  notosternal, 
attaché  à  une  apophyse  du  scutum 
située  au  voisinage  de  l'articulation 
de  l'aile. 
M.  92.  Partie  supérieure  de  l'adducteur 
de  l'aile  mésothoracique.  Se  fixe  près 
du  sillon  stigmalique. 
M.  93.  Partie  inférieure  de  l'adducteur 
de  l'aile  mésothoracique.  Se  fixe  sur 
le  sillon  sterno-notal. 
M.  h.  a.  Membrane  articulaire. 
M.h.a.i.i    Membrane  articulaire  per- 
mettant le  mouvement  du  prothorax 
par  rapport  au  mésothorax. 
N.  al.  Nerf  des  ailes. 
N.  c.  Connectifs  de  la  chaîne  nerveuse. 
N.  œ.  Paire  de  nerfs  accolée  aux  côtés 

de  l'œsophage. 
iV.  rec.  Nerf  récurrent  ou  nerf  impair 
supra-œsophagien  émis  par  le  gan- 
glion frontal. 
N.  Se.  1.  Nerf  du  prothorax. 


448 


CH.    JANET 


M.  syiiiii.  .\rrl  syinpallii<iui'. 

A'err.  Norvun*. 

Nue.  Noy;iu. 

0.  s.  Organe  sonsitif. 

Orell.  OcpIIps. 

Oc.  UKsopliiigc. 

Oi(j.  c.  Organe  clutrdotonal. 

P.  s.  Poils  sensilifs. 

Phr.  Pbrafima. 

Phr.  i.  III.  I.  Phrajjina  d'insertion  de 
la  partie  infériciire  des  muscles  vibra- 
teurs  longitudinaux  du  vol. 

Phr.  sent.  Phragma  situé  à  la  partie 
supérieure  du  scutum  et  fournissant 
une  partie  de  l'insertion  supérieure 
du  muscle  vibra teur  longitudinal  du 
vol. 

Plr.  Pleurae  ou  régions  latérales  des 
arceaux  du   squelette  tégumentaire. 

Pis.  Plastron. 

Seat.  Scutum  (partie  médiane  anté- 
rieure du  mésonotum,  située  en  avant 
de  la  charnière  des  vibrations  du  vol). 

Scutell.  Scutellum  (partie  médiane 
postérieure  du  mésonotum,  située  en 
arrière  de  la  charnière  des  vibrations 
du  vol). 

Se.n.  d.  Arceau  dorsal  de  l'anneau  Se.n. 

Se.  11.  V.  Arceau  ventral  de  l'anneau 
Se.  n. 

Se.  1.  Premier  anneau  postcéphalique 
ou  prothorax. 

Se.  2.  Mésothorax. 

Se.  .3.  iMéta thorax. 

Se.  4.  Quatrième  anneau  postcéplia- 
lique  ou  anneau  médiaire. 

Se.  o.  Premier  nœud  du  pétiole. 

Sill.  Sillon. 

Sill.  art.  Sillon  articulaire. 

Sill.  n.  s.  Sillon  dorso-ventral. 

Sill.  st.  Sillon  stigmatique. 

Sill.  transv.  Sillon  transversal. 


St.  Se.  i.  Stigmate  mésotiiorarique  ou 
premier  stigmate. 

St.  Se.  II.  Stigmate  du  n'  anneau  post- 
céphalique ou  (n-1)*  stigmate. 

Stem.  Sternum. 

Stem.  I.  Prosternum. 

Stem.  i.  Mésosternum. 

Stem.  3.  Mélastcrnum. 

Stern.i.  Sternum  de  l'anneau  médiaire. 

T.  Trachée. 

T.ext.cx.  Trachée  externe  d'une  coxa. 

T.int.c.v.  Trachée  interne  d'une  coxa. 

T.  m.vib.  Ramifications  trachéennes  des 
muscles  vibrateurs  des  ailes. 

T.  st.  Trachée  stigmatique. 

Tent.  Tentoriura. 

Tgl.  Tégula  protectrice  de  l'articulation 
de  l'aile  mésothoracique. 

Tr.  1. 1.  Tronc  trachéen  longitudinal. 

Tr.t.l.d.  Tronc  trachéen  longitudinal 
dorsal. 

Tr.t.  l.v.  Tvonc  trachéen  longitudinal 
ventral. 

Tr.  1. 1.  V.  Tronc  trachéen  transversal 
ventral. 

Trav.  Traverse. 

Tri.  Trichode  ou  toufle  de  poils  située 
au  débouché  d'une  glande. 

Tt.  Trochanter  ou  pièce  proximale  du 
fémur.  Cette  partie  est  séparée  du 
reste  du  fémur  par  un  sillon  qui  est, 
chez  les  Fourmis,  dépourvu  de  mem- 
brane articulaire.  Le  trochanter  porte 
un  groupe  d'organes  sensitifs. 

Tin.  Trochantinus  ou  col  de  la  coxa. 
Le  trochantinus  est  généralement 
pourvu  de  groupes  d'organes  sensitifs 
au  droit  desquels  se  trouvent  des 
ganglions  nerveux  relativement  volu- 
mineux. 

V.fl.  Vaisseau  dorsal. 


ÉTUDES    SUR    LES    FOURMIS,    LES    GUÊPES    ET   LES    ABEILLES  449 


LISTE    DES    AUTEURS    GITES 

''22.     Ghabrier  J.  Essai  sur  le  Vol  des  Insectes.  Paris,  1822. 

"22.     KiRBY  and  Spence.  Introduction  tothe  Entomology.  London. 

■'60.  Meinert  Fr.  Bidrag  til  de  danske  Myrers  Naturhistorie. 
Kjôbenhavn,  1860. 

'79^.  LuBBOGK  John.  On  the  Anatomy  of  Anls.  Trans.  Linn.  Society, 
S.  2,  Zool.,  2,  p.  141. 

"83.  Kleuker  Fr,  Ueber  endoskeletale  Bildungen  bel  Insekten,  Gôt- 
tingen,  1883. 

"89.  HacoHOB'b,  H.  B.  MaTepba.ihi  ao  ecTecTBennoit  iicTopiii 
MypaBbeb'b  (Formicariae)  mockba,  1883. 

*93.  Kolbe  H.  J.  Einfuhrung  in  die  Kenntnis  der  Insekten.  Berlin, 
1893. 

"94-'.  Janet  Charles.  Éludes  sur  les  Fourmis.  7=  Note.  Sur  l'Ana- 
tomie  du  pétiole  de  Myrmica  ruera  L.  Mém.  Soc.  Zool.  de 
France,  7,  p.  185.  Paris,  1894. 

"94'^.  Janet  Charles.  Études  sur  les  Fourmis,  les  Guêpes  et  les  Abeilles. 
9^  Note.  Sur  Vespa  crabro  L.  Histoire  d'un  nid  depuis  son 
origine.  Mém.  Soc.  Zool.  de  France,  8,  p.  1.  Paris,  1895. 

"95.  Heymons  Richard.  Die  Segmentirung  des  Insectenkôrpers . 
Berlin,  1895. 

"98^.  Janet  Charles.  Sur  la  Constitution  morphologique  de  la  tête  de 
V Insecte  arrivé  à  l'état  d'imago.  4«  Congrès  international 
de  Zoologie  tenu  à  Cambridge  en  1898. 


Mém.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1898.  xi     -   25» 


ESPÈCES     ET    GENRES     NOUVEAUX 

DÉCRITS   DANS   LES  MÉMOIRES   DE    1898 


Eponges 


451 


Pages 

Felromica  (n.  ^'.)  Grimaldii  Top- 

sont i-m 

Monocrepidiuni  (n.  g.)  vermicv- 

latuin  T.  ..........    .  -^29 

Heteroxya  (n.  g.)  corticata  T. .   .  2;M 

Anisoxya  (n.  g.)  glabra  T.   .  23i 

Cliona  levispiraT 23;> 


Sceptrintiis  (n.  i,'.)  Richardi  T 
Tylexncladus  (n.  g.)  Joubini  T 
Rhaphidorus  (n.  g.)  setosus  T 
Higginsia  Thielei  T.    .    .    . 

Cerbaris  (n.  g.)  turguatus  T 
l'cesû/.  alecto  T.    ..... 

Leptosia  Scliiiiidli  T .  .   .    . 


239 
242 
244 
245 
247 
248 
250 


Vers 


Limnodrilus  Dugesi  Rybka 


Crustacés 


Tandis  Chevreuxi  A.  Dollfus 
T.  testudinicola  A.  D.  .  .  . 
Heterotanais  algiricus  A.  D 
fl.  provincialis  A.  D 


30  Leptochelia  corsica  A.  D.      ...  43 

37  i.  ineruris  .\.  1) 45 

38  Leptognathia  crassiinana  A.  D.  4G 
39 


ÏUNICIERS 


Ciona  abdoininalis  Sluiter  ...  8 

Botryltoïdes  Chazaliei  S lU 

Styela  {Polycarpa)mvnsaS.    .   .  12 

—  —    j'uliginea  S.  .    .    .  12 

—  —    friabUis  S.    .   .   .  13 

—  —    insulsa  S 14 

—  —    brevipeduiiculataS.  lo 

—  —    cartilaginea  S.    .  1(> 

—  —    asiphonica  S.  .   .  17 

—  —    uppropinquata  S.  18 


Siyela  (Polycarpa)  seniinuda  S 
Cynthia  torpidd  S 

—  Cliazaliei  S 

—  discrepans  S.   .   .  . 
Microcosmus  biconcolutus  S. 

Molgula  conlorta  S 

Leptoclinum  couchyliatuin  S 

—  cineraceum  S. . 

Psammapiidiuni  funginum  S 
Diplosoina  piirpurea  S.    .    . 


19 
21 

22 
23 
26 
28 
29 
30 
31 
32 


M\2. 


TAIJLK    DES    MATIKUES 
PAR    ORDRK    AMMIAI'.KTIOUK    n'AlTHirUS 


K.  Andui;.  —  Ci>nli'il>utitni  à  la  (•onnaissaiirc  des  Mutilliih-s  <h'.  l'Australie,   .     2jG 
A.  Dui.LFUS.  —  Campairncs  dr  la  Mclilii  :  Tanaulac  m-olt<''S  par  M.  K.  Che- 

vrcux  dans  l'Atlantiqui' cl  dans  la  .Méditerranée.        . 'X'» 

J.  iNtUKNiTZKY.  —  Lcs  Odonatcs  d(^  la  Pologne  russe iH 

Cb.  .I.vnet.  —  Etudes  sur  les  Fourmis,  les  Guêpes  et  les  Abeilles  (19*  noie)  : 

Anatomie  du  corselet  de  la  Myrmica  rubra  reine  (PI.  VI)  ...    .     3!W 

.1.  G.  de  M.\N.  —  Note  sur  quelques  espèces  du  genre  Alpheus  Fabr.,  appar- 
tenant à  la  section  dont  V Alpheus  Edwardsi  Aud.  est  le  repr<^sen- 
tant  (PI.  IV) 30{> 

.1.  P.vL.vcKY.  —  La  distribution  des  Ophidiens  sur  le  globe .   .       88 

C.  PiKPEKS.   —  Considérations   sur  la    réglementation   <le   la    nomenclature 

zoologique U2 

F.  Pl.vfeau.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  rapports  entre  les  Insectes  et  les 

fleurs  :  étude  sur  le  rôle  de  quelques  organes  dits  vexillaires.    .    .     339 

E.  de  PousARGUEs.  —  Etude  sur  les  Ruminants  de  l'Asie  centrale 126 

.1.  Richard.  —  Sur  la  laune  des  eau.\  douces  explorées  en  1898  pendant  la 

campagne  du  yacht  Princesse- Alice 326 

J.  Rybka.  —  Contribution  à  la  morphologie  et  à  la  classiQcation  du  genre 

Limnodrilus  Claparéde  (PI.  V) 376 

C.  Ph.  Sluiter.  —  Tuniciers  recueillis  en  189(i  par  la  Chazalie  dans  la  mer 

des  Antilles  (PI.  I  à  III) 5 

E.  ÏOPSENT.  —  Eponges  nouvelles  des  Açores  (première  série) 223 


Le  Secrétaire  général  adjoint,  Le  Secrétaire  général,  Gérant, 

D'  J.  GUIART.  Prof.  R.  BLANCHARD. 


MÉMOIRES 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  ZOOLOGIQUE 

DE     FRANCE 

(RECONNUE      D'UTILITÉ      PUBLIQUE) 

POUR     L'ANNÉE     1898 


TOME     XI 


PARIS 

AU  SIÈGE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ZOOLOGIQUE  DE  FRANCE 

7,  rue  des  Grauds-Augustins,  7 

1898 


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Le  Secrétaire  général  adjoint, 
D'  J.  GUIART. 


Le   Secrétaire   général,    Gérant, 
Prof.  R.  BLANCHARD. 


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