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FOR THE PEUPLE
FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
LIBRARY
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
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MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE
DE FRANCE
POUR L'ANNÉE 1898
MLLE — IMP. LE BIGOT FRERES.
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ Z00L06I0UE
DE FRANCE
(RECONTMtJE D'UTIll^ITÉ PUBLIGiXTE 1
ANNÉE 1898
TOME XI
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
7. rue des Grands-Augustins, 7
1898
V £ /*^^ éû. ^(yd^yj
TUNICIERS RECUEILLIS EN 1896 PAR LA CHAZALIE
DANS LA MER DES ANTILLES
C. PH. SLUITER,
Lector de zoologie à ITIniverPité d'Amsterdam.
(Planches f ;i III).
La collectioD des Tuniciers récoltée par la Chazalie renferme
36 espèces, dont 7 sont des Thaliacées et 29 des Ascidiacées. Les
Thaliacées proviennent toutes de la Mer Athintique, à l'exception
seulement de deux échantillons de Salpa cylindrira Cuv. obtenus
près des îles « los ïestugos », et toutes sont des formes bien con-
nues ne donnant point lieu à des remarques spéciales. Les Asci-
diacées sont toutes des formes littorales (la plus grande profondeur
où l'on a dragué n'étant que de 45 mètres), et toutes provenant de
la Mer des Antilles, à l'exception d'une, seule espèce nouvelle
(Diplosoma purpuren n. sp.), provenant des îles du Cap- Vert.
Quoique déjà, à plusieurs reprises, des Ascidies de la Mer des
Antilles aient été décrites, surtout par Heller, Traustedt, Verrill,
Stimpson et autrefois par Lesueur, je n'ai pu identifier que huit
espèces avec celles décrites par ces auteurs.
Du reste, pour la Chazalie, le dragage et la récolte des animaux
marins n'étaient pas le but principal et c'est surtout à la bienveil-
lance et à l'intérêt de M. le comte de Dalmas et à l'énergie de
M. J. Versluys, jeune zoologiste hollandais, qui, par la complai-
sance de M. le comte de Dalmas, a pu prendre part à l'expédition,
que nous devons cette récolte assez intéressante.
Jusqu'à présent 23 espèces des Indes occidentales étaient con-
nues, sans compter les formes parfaitement douteuses. Ce sont
toutes des Ascidies holosomates (1), et seulement des formes
solitaires. Je ne connais pas de formes composées ou sociales,
(1) Pour la classiflcalion suivie dans ce travail, voyez: ?,imos. Zoologische
Forschitngsreisen in Australien und dein malayischen Archipel, V, p, 163.
Tunicaten, bearbeitet von C. Ph. Slciter. Jena. 1895. — Weber, Beitràge zur
Kenntniss der Fauna vnn Siid-Afrika. — II. Sluiter, Tunicaten. Zoolog. Jahr-
biicher, X, p. 1, 1897,
li i:. l'Il. SLUITKH
décrites dans ces régioas spéciales. Je doiiue ci-dessous la liste
de ces formes déjà connues :
* I . lihodoaomd semlniidum Heller.
2. iscidia curvata Traust.
* ;{. Ascidid (itra Lesueur.
4, Ascidid sli/i'loides Ti-aus;t.
;i. Ascidin prostata Heller.
* 6. Ascidid hmgiîubis Traust.
7. Ascidid tnterrupta Heller.
8. Ascidid hygomidna Traust.
9. Corcild minutd Traust.
* 10. Cynthid lœcûjatd Heller.
11. Cynthid nodulosa v. brasche (?).
12. Cynthid riissidnu Traust.
* 13. Uhdbdocynthid pdllidn Heller.
14. Microcosnius dnchylodeirns Traust.
* 15. Microcosnius exdspcrdtus Heller.
* 16. Micrucosmus distdns Heller.
17. Microeosmus variegdtua Heller (existe aussi dans
la Méditerranée! ).
18. Polycdrpd spongidhUis Traust.
* 19. Polycdrpd obtectd Traust.
20. Polycdrpd tnmida Heller.
21. MoUjuld Koreni Traust.
22. Molguld tcndx Traust.
23. Molguld occidentdlis Traust.
Les numéros pourvus d'un astérisque sont aussi représentés
dans la collection de la Chdzdlie, mais celle ci renferme plus de
vingt espèces nouvelles, de manière que l'expédition a à peu près
doublé nos connaissances des Ascidies de ces régions. Ci-joint la
liste de ces formes nouvelles avec leur habitat e^xact :
1. — ASCIDIACEA HOLOSOMATA
1. Cinna abdominalis , n. sp. — lie Tortuga.
2. Botrylloidcs chazdliei, n. sp. — Ile Marguerite.
3. Styeld (Polycarpa) «nsu/sa, n. sp. — Santa-Marta (Colombie).
4. Styeld (Polycarpa) [aligined. n. sp. — lie Tortuga.
5. Stypla (Polycarpa) fridbiUs, n. sp. — Jamaïca (Kini^ston).
6. Styeld (Polycarpa) nivosd^ n. sp. — Ile los « Testugos ».
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 7
7. Styela (Polycarpa) brevipedunculata , n. sp. — Curaçao
(Schottegat).
8. Styela (Polycarpa) cartilaginta , n. sp. — Santa-Marta
(Colombie).
9. Styela (Polycarpa) asiphonica; n. sp. — Rio Nacha (Goajira).
10. Styela (Polycarpa) approplnquata, n. sp. — Ile Tortuga.
11. Styela (Polycarpa) seminnda.n. sp. — Ile Tortuga.
12. Cynthia torpida, n. sp. — Santa-Marta (Colombie).
13. Cynthia chazaliei, n. sp. — Santa-Marta (Colombie).
14. Cynthia discrepam, n. sp. — Santa-Marta (Colombie).
15. Microcosmus biconwlutus, n. sp. — Curaçao (Schottegat).
16. Molgula contorta, n. sp. — Rio Nacha (Goajira).
II. — ASCIDIACEA MEROSOMATA
17. PsanimaplidiKin funginum, n, sp. — Ile Tortuga.
18. Diplosonia purpurca, n. sp. — Branco, Cap- Vert.
19. Leptoclinam conchyliatum, n. sp. —Curaçao (Schottegat).
20. Leptoclinum cineraceum, n. sp. — Jamaïca (Kingston).
On voit donc dans cette collection que les Ascidies holosomates
sont les mieux représentées. Il n'y a que cinq espèces d'Ascidies
mérosomates, dont quatre des Indes occidentales et une des îles
du Cap-Vert. Les Ascidies sociales font complètement défaut.
Parmi les formes d'un intérêt plus spécial, je signale les sui-
vantes : la nouvelle espèce Cynthia discrepans avec le sac branchial
perforé irrégulièjement et plus ou moins rudimentaire, avec le
tube digestif repoussé dans la partie postérieure du corps et avec
les gonades encore séparés; la Molgula contorta, n. sp., avec le sac
branchial comme chez le genre Eugyra et l'entonnoir vibratile
aberrant; la Ciona abdominalis, n. sp., avec un abdomen long et
parfaitement distinct, représentant une forme intermédiaire entre
les Ascidies holosomates et mérosomates, et enfin le curieux Rho-
dosonia sefninudum de Heller. Enfin, j'ai donné une description
plus détaillée de quelques espèces autrefois décrites par Heller,
mais trop superficiellement.
1. — Aseidiacea holosomata
ASCIDIA ATRA LOSS.
Traustedt, Vestindiske Ascidiae simplices. l''*" Afd. Vidensk. Medd.
fra nalurh. Foren. i Kj0benhavn, p. 278, 1881.
8 C. PH. SLl'ITIIt
Qufitre échantillons de Cmaçao (S(hottonp:at), sept de la lagune
de Marj^uerita et un de la rade de Kin^^ston (Jamaïque), à une
profondeur de deux mèlres. Le plus j,M-and échantillon de celte
espèce bien connue, provenant de Marjïuerita, avait 11 cm. de lon-
û^ueur et G cm. de larj^eui-. Entre les j)apilles primaires, à l'entre-
croisement des côtes longitudinales et transversales, il n'y a pas
de papilles intermédiaires sur les côtes longitudinales, comme on
les trouve constamment chez VAscidia nigra Sav. de la mer Rouge
et de l'Océan Atlantique, comme Traustedt l'a à bon droit remarqué.
AsciDiA LONGiTUBis Traustedt
(PI. I, (ii:. 1-2)
Traustedt, Vestindiftke Ascidiae simplice^. l'« Afd. Vidensk. Meddel.
fra den naturh. Foren. i Kj0benhavn, p. 283, 1881.
Un échantillon de l'île Santa-Marta (Gairaco) est long de 42mi'> et
large de SO'»™, les deu.x siphons mesurent 7»"™. Le siphon buccal
dirigé en avant et l'orifice buccal ayant sept rayons. Le siphon
cloacal est à peu près au milieu du corps et dirigé obliquement en
arrière; l'orifice cloacal a six rayons. L'animal est fixé sur la face
gauche et la base au moyen de plusieurs tractus, rayonnant de sa
ba.se. La surface est glabre, transparente et colorée d'un blanc-
grisàtre. La paroi conjonclivo-musculaire est pigmentée d'un violet
très foncé et se laisse distinguer au travers de l'enveloppe transpa-
rente. Chez un autre échantillon provenant de la même localité,
mais beaucoup plus petit, le pigment était plus clair, d'une teinte
rose-violacé. A tous les autres points de vue, nos animaux corres-
pondent à la description de Traustedt. Seulement il faut remarquer
que dans le sac branchial les cases quadrangulaires sont souvent
partagées en deux parties inégales par une petite côte longitudi-
nale secondaire, qui est encore réunie avec les côtes longitudinales
primaires par une petite côte secondaire transversale. Aussi, les
stigmates peuvent se diviser en deux petits stigmates. De plus, je
donne une figure de l'entonnoir vibratile, non représentée par
Traustedt, et une du raphé dorsal, qui est étroit sur toute la lon-
gueur, lisse à la partie antérieure, mais pourvu de petites dentelles
à la partie postérieure, ce qui n'est pas mentionné par Traustedt.
ClONA ABDOMINALIS, n. Sp.
(l'i. I, ng. .3-8).
Caractèreu extérieurs. — Corps allongé, cylindrique, long de
3.0"»™, large de IS'"™, avec plusieurs entailles transversales; fixé
TUNICIERS RECUEILLIS DANS [„\ MER DES ANTILLES 9
avec la partie postérieure. Les deux siphons assez rapprochés l'un
de l'autre. Le siphon branchial terminal long de 6™™ et avec
l'orifice à huit divisions. Le siphon cloacal un peu en arrière, plus
court et avec l'orifice à six divisions. Surface glabre, blanchâtre,
plus ou moins vitreuse.
Tunique externe molle, gélatineuse et plus ou moins transpa-
rente, comme les autres Gionae.
Tunique interne avec une musculature assez bien développée,
mais, probablement par suite de la contraction du corps, les fais-
ceaux musculaires ne sont pas très distinctement marqués. Les
faisceaux longitudinaux sont assez étroits, mais les faisceaux
transversaux sont plus distincts que d'ordinaire chez les Cionae.
Le sac branchial ressemble beaucoup à celui de Ciona FlemirKji
Herdm. Les côtes transversales sont toutes presque égales. Entre
deux côtes longitudinales se trouvent constamment deux stigmates
disposés en rangée horizontale. Il n'y a pas de côtes transversales
secondaires coupant les stigmates ; il n'y a pas de papilles sur les
croisements des côtes transversales et longitudinales, mais les
dernières sont soutenues par des supports, comme ,chez le genre
Ecteinascidi'i . Endostyle assez large et avec le bord ent^iillé, résultat
probable de la contraction.
Tubercule dorsal oblong, allongé longitudinalement. Orifice de
l'entonnoir vibratile également oblong, non courbé, en forme de
fer à cheval.
Raphé dorsal en forme de languettes assez courtes.
Tube digestif se prolongeant beaucoup derrière le sac branchial,
formant un abdomen presque aussi long que le thorax. fEsophage
dirigé directement en arrière; estomac dans la partie postérieure
du corps, se recourbant et se continuant dans l'intestin proprement
dit, dirigé directement en avant mais sans croiser l'œsophage.
Anus sur le bord postérieur du siphou cloacal, par conséquent
bien loin en avant. Presque tout l'intestin est environné par le
foie, volumineux.
Le cercle coronal porte trente tentacules environ, toutes presque
égales.
Gonades, comme d'ordinaire, dans la courbure de l'estomac,
mais s'étendant aussi sur la paroi de l'intestin.
Habite l'île Tortuga, à 4£> mètres de profondeur.
Cette espèce ressemble plus ou moins à la Ciona Flemingi de
Herdmann des îles Ganaries(l), mais ne saurait être confondue
(1) Report of H. M. S. Challenger, VI, p. 2.35.
10 C. l'H. SLLITER
avec elle. Le sac branchial ressemble beaucoup à celui de cette
espèce, mais il n'y a pas de papilles à l'eutrecroisemenl des côtes,
et des supports assez lougs, comme chez le genre Ecteinascidia.
Puis l'entonnoir vibratile a une forme très primitive, un seul
orifice ovale, tandis que chez Ciona Fh'ininqi il est en forme de fer
à cheval.
Bien remarquable encore est le tube digestif, qui est long et
placé entièrement derrière le sac branchial, condition qui ne se
trouve ainsi réalisée que chez les Ascidies mérosomates et chez
quelques Ascidies sociales (ClateUna, PoiJoclatella et Stereoclarella).
Rhodosoma semlnudum Heller
(Syn. Hh. p«/.rKs Traustedt)
Hellkk. Sitzungsber. d. math. nat. Classe d. Kais. Ak. d. Wissen
schaften, LXXVII, I Abth. Wien. 1878, p. 91.
Traustedt. Vesîindiske Ascidiae simplices. Forstf Afdeling [Pliallu-
Kiadae). Videnskab. Meddel. fra den naturh. Foren. i Kjôben-
havn, 1881. p. 274.
Deux échantillons : uu, peut-être libre, provenant de Gaïraca,
baie près de Santa-Marta, et un de Kingston (Jamaïque), fixé sur
une Hhabdocynthia pallida. Traustedt a donné une description très
exacte de cette espèce, qui correspond sous tous les aspects aux
deux animaux, recueillis par M. Yersluys à Gairaca et à Kingston.
Toutefois, je ue comprends p:is bien pourquoi il doute de l'identité
de ses échantillons de Saint Thomas et de Sainte-Croix, avec les
animaux décrits par Heller et provenant des mêmes parages. Il est
vrai que la description de Heller est bien incomplète, mais en tous
cas suffisante pour reconnaître l'espèce, et je ue vois pas la nécessité
de créer un autre nom. comme l'a fait M. Traustedt.
BOTRYLLOÏDES CHAZAUFI, U. Sp.
Caractère-^ edlérifurs. — Les colonies forment de petites masses,
étendues horizontalement, irrégulièrement lobées, d'une couleur
violet foncé. Les systèmes allongés ne se |ramifient que très peu.
La plus grande colonie avait une longueur de 2.^™™ et une largeur
de lO™°i. Les orifices cloacaux communs sont distincts et assez
nombreux, circulaires ou en forme de fente étroite, selon l'étendue
des systèmes. Les Asciiliozoides, longs de 2.5™°». perpendiculaires à
la surface et larges de 1,5™™. Us ont l'aspect des Botrylloides.
La tunique externe est molle, mais assez résistante. Sur les
bords elle est un peu moins colorée qu'au centre. Partout on ren-
TLNICIERS RECUEILLIS DAN^ LA MER DES ANTILLES H
contre les vaisseaux sanguins avec leurs extrémités rentlées, dnns
lesquelles s'accumulent les grains de pigment violet foncé. Dans la
matrice homogène se trouvent des cellules très petites, arrondies
ou en forme d'astérisque (Testa-Zellen).
La tunique interne est mince, mais peu transparente et pourvue
d'une musculature assez forte. Les faisceaux musculaires transver-
saux sont plus forts que les longitudinaux. Le pigment violet se
trouve aussi dans la tunique interne.
Le sac branchial est grand, s'étend jusqu'à la partie postérieure
du corps. Il y a quatorze rangées de stigmates, allongées et relati-
vement grandes. De chaque côté se trouvent quatre côtes longitu-
dinales, et il y a trois ou quatre stigmates entre deux côtes.
Endostyle assez étroit.
Le raplié dorsal étroit et sans dentelles ou languettes.
Tube digestif typique des Botrylloïdes; estomac avec plis longi-
tudinaux, situé dans la partie tout à fait postérieure du corps.
Le cercle coroual porte huit tentacules, quatre grands, quatre
petits.
Les gonades forment une glande lobée de chaque côté du corps,
un peu en avant du tube digestif. On ne trouve les ovaires que chez
les individus jeunes, plus tard le testicule seul est développé.
Habite la lagune de l'île Marguerita.
Deux colonies de la même localité de ce Botrylloïde furent
recueillies pendant l'expédition. Il est bien ditficile de trouver des
caractères spéciaux pour distinguer les différentes espèces de
Botrylloïdes, et ce n'est aussi qu'avec une certaine hésitation que
j'ai décrit celte forme comme nouvelle, mais je n"ai pu l'identifier
avec aucune forme connue.
Stvela (Polycarpa) obtecta Traust.
Traustedt. Vestimli^ke Ascidiae simplices. Vidensk. Medd. fra deu
naturh. Foren. i Kjôbenhavn, 1882, p. 126.
Deux échantillons provenant de Santa-Marta (Colombie) corres-
pondent parfaitement à la description de Traustedt. Seulement,
chez l'un, je trouve que le sac branchial n'a que quatre plis de
chaque côté, tandis que chez l'autre, il y a quatre plis sur Je
côté gauche et cinq sur le côté droit, comme cela est décrit par
Traustedt. Dans les gonades, les testicules sont distinctement
séparés, situés en demi-cercle autour de l'ovaire. Dans la figure de
Traustedt il existe aussi quelque chose de semblable, mais beau-
coup moins distinct.
12 C. PH. SLI'ITF.R
Styela (Polycarpa) nmvosa, n. sp.
(PI. I, ti^'. '.»: [)i. III. fin. W)
Caractères ertcrinirs. — (]orps lonj? de 3;)™'", large de IS""" et
épais aussi de 15™™. La forme ijénérale est ovoïde, mais un peu
(enfoncée à la face dorsale. Les deux siphons sont courts, quoique
distiucts. Toute la surface est couverte de petites branches de
corallines, de bryozoaires, de corail et de di'îbris de coquilles.
La tunique externe est mince et rendue extrêmement fragile par
les nombreux corpuscules inclus dans son tissu.
La tunique interne aussi est très mince et peu résistante, avec
des faisceaux musculaires assez faibles.
Le sac branchial est pourvu de chaque cotô de quatre plis assez
larges. Surchacjue pli on compte dix à douze cotes longitudinales.
Entre deux plis, il y a sept côtes longitudinales. Les côtes trans-
versales sont inégales, mais sans qu'on puisse trouver une alter-
nance régulière. Tantôt on trouve deux ou trois côtes grêles entre
deux côtes de premier ordre, tantôt on en trouve quatre ou même
cinq. Dans chaque rangée transversale se trouvent, entre les côtes
longitudinales, ([uatre stigmates allongés. Ordinairement des côtes
très grêles coupent les stigmates en deux, quoique quelquefois
elles puissent faire défaut. Il n'y a pas de papilles sur les angles des
côtes longitudinales et transversales. Endostyle peu proéminenL
Tubercule dorsal et entonnoir vibratiie en forme de fera cheval.
L'extrémité gauche un peu plus longue que l'extrémité droite et
dirigée en dedans.
Raphé dorsal étroit et à bord lisse.
Le tube digestif commence par un œsophage court, qui se con-
tinue dans l'estomac, qui a une forme ovoïde. L'intestin propre-
ment dit s'étend jusqu'à la moitié du coi-ps, forme une anse ouverte
et s'abouche dans l'anus situé assez en arrière.
Le cercle coronal porte vingt-deux tentacules filiformes, de plus
grands et de plus petits alternant régulièrement.
Gonades en forme de polycarpes peu nombreux, assez longs et
distribués irrégulièrement sur la tunique externe.
Habite Gairaca, Santa-Marta, à 30 mètres de profondeur.
Styela (Polycarpa) fultginea, n. sp.
(Pi. I, fig. 10: pi. III. fig. 45).
Caractères e.rtérievm. — Corps long de 30""™, large de 20™™ et
épais de 13™™. Forme générale oblongue, mais la face dorsale un
-.x
ÏUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 13
peu concave, de sorte qu'elle est plus ou moins réuiforme. 11 n'y a
pas de siphons distincts. Orifice buccal terminal ; l'orifice cloacal
10mm plus loin sur la face dorsale. Surface partiellement recouverte
de sable, sans former pourtant une couche continue. A la face ven-
trale tractus ramifiés, avec lesquels l'animal a été attaché. Coloration
presque noire, avec un reflet brunâtre.
La tunique externe est mince, mais coriace et tenace, et tachetée
en dedans de sépia sur un fond moins clair. Tunique interne
épaisse, mais peu résistante, parce que le système musculaire n'est
que faiblement développé. Les deux siphons très courts.
Sac branchial ferme et coloré d'un brun foncé. De chaque côté,
quatre plis assez larges. Entre deux plis, il y a sept côtes longitu-
dinales. Les côtes transversales sont inégales, mais on ne saurait
trouver quelque régularité dans l'alternance. Dans chaque rangée
transversale il y a quatre ou cinq stigmates allongés. A .''extérieur,
le sac branchial est étage par des côtes solides, qui saillent large-
ment dans la cavité péribranchiale. Il n'y a pas de papilles sur les
angles des côtes longitudinales et transversales. L'endostyle est
large et très proéminent, serpentant à la partie antérieure.
Le tubercule dorsal est volumineux, en forme de carreau. Dans
le milieu il y a une fosse presque circulaire, mais avec un lambeau
recourbé, de sorte qu'il en résulte une fosse en fer à cheval. L'en-
tonnoir vibratile proprement dit se trouve à la base de cette fosse
et est lui-même aussi en forme de fer à cheval.
Le raphé dorsal est étroit et avec le bord lisse.
Le tube digestif commence par un œsophage assez long, qui
se continue dans un estomac vaste, dirigé obliquement dorsalement
et en avant, s'étendant presque jusqu'au milieu du corps. L'intestin
proprement dit forme une anse étroite, presque fermée. Anus
entier, situé sur le milieu du corps.
Le cercle coronal porte vingt tentacules filiformes assez grands
et quelques-uns de beaucoup plus petite taille.
Gonades en forme de polycarpes hermaphrodites, médiocrement
nombreux et distribués irrégulièrement sur la tunique interne. Il
n'y a pas d'endocarpes.
Habite la mer des Antilles, près des ïortugas, à 45 mètres de
profondeur.
Styela (Polygarpa) friabilis, n. sp.
(PI. 1, fig. 11)
Caractères extérieurs. — Corps long de 3o'""', large de 12""" et
14 <:. ru. st>i iTKii
épais (le 10""". Forme j^'éin-rale ovoïde, siplious peu distincts. Orifice
l>ranchial terminal, orilice cloacal sur le milieu du ror|ts. Surface
couverte de déhris de cociuilles et de petites pierres.
Tunique externe mince, plus ou moins coriace, mais assez fragile,
par suite des nombreux corps étrangers renfermés dans son tissu.
La tunique interne assez épaisse, mais la musculature n'étant
que faiblement développée, elle est plus ou moins gélatineuse et
peu résistante.
Le sac branchial a quatre plis de chaque côté. Entre deux plis il
y a quatre à cinq côtes longitudinales. Les cotes transversales sont
inégales; il y a ordinairement trois ou quelquefois quatre côtes
plus étroites entre deux côtes beaucoup plus larges Entre deux
côtes longitudinales se trouvent, dans chaque rangée transversale,
dix sligtnates allongés. Il ne se trouve que très rarement des côtes
secondaires très grêles, qui coupent les stigmates. Endostyle
médiocrement large.
Tubercule dorsal d'une forme assez irrégulière, avec l'entonnoir
vibratile également irrégulier, quoiqu'on puisse déduire sa forme
de la forme typique en fer à cheval. L'extrémité droite s'étend
beaucoup plus en avant que l'extrémité gauche et est recourbée
angulairement. Extrémité gauche recourbée plus régulièrement.
Raphé dorsal étroit et avec le bord lisse.
Le tube digestif commence avec un œsophage court. Estomac peu
volumineux et dirigé obliquement en avant. L'intestin proprement
dit forme une anse peu développée qui n'atteint pas le milieu du
corps. Le rectum, assez court, reste, ainsi que l'anus, aussi derrière
le milieu du corps.
Le cercle coronal porte environ trente tentacules, parmi lesquels
il n'en existe que quelques-uns de plus petits.
(ionades eu forme de polycarpes ovoïdes hermaphrodites, peu
nombreux, surtout développés dans la partie antérieure du corps.
Il n'y a pas d'endocarpes.
Habite la rade de Kingston (Jamaïque).
StYELA (PoLYCARPa) INSULSA, n. sp.
(PI. III, fig. 43).
Caractères extérieurs. — Corps long de 60™i", large de 30'"'" et
épais de 20™™ Surface ridée, mais pour la plus grande partie
couverte de sable et de débris calcaires. Les parties nues de la
tunique sont d'un jaune-brunàtre. Les siphons sont courts, les deux
orifices quadrilatères, l'orifice buccal terminal, l'orifice cloacal sur
la moitié de la longueur du corps.
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DliS ANTILLES l.")
Tunique externe épaisse, ferme, plus ou moins cartilagineuse eL
nacrée ou argentée en dedans.
Tunique interne également ferme et épaisse, à faisceaux muscu-
laires peu distincts ; faisceaux longitudinaux seulement séparés
dans la partie antérieure. Les deux siphons sont courts mais dis-
tincts et très musculeux.
Le sac branchial est pourvu de quatre plis assez étroits de chaque
côté. Entre deux plis on trouve cinq ou six côtes longitudinales.
Les côtes transversales sont bien inégales. Entre deux côtes plus
larges il y a ordinairement trois ou quatre côtes plus étroites, mais
qui elles-mêmes ne sont pas non plus égales. Des côtes secondaires,
qui coupent les stigmates, font défaut. Dans chaque rangée trans-
versale on trouve entre deux côtes longitudinales voisines quatre
ou cinq stigmates allongés. Point de papilles sur le croisement des
côtes. Endostyle large, très étroit.
Tubercule dorsal ovoïde, grand et composé d'un tissu conjonctif
solide. Au milieu se trouve une fosse en forme de fer à cheval, à la
base de laquelle est situé l'entonnoir vibratile proprement dit,
également en forme de fer à cheval.
Raphé dorsal étroit et avec le bord lisse.
Le tube digestif n'occupe que le dernier tiers de la cavité du
corps, n'est pas long, mais l'orme une anse, comme d'ordinaire.
L'anus entier, au bord postérieur du siphon cloacal.
Le cercle coronal porte vingt-quatre tentacules presque égaux,
dont quelques-uns plus petits.
Gonades en forme de nombreux polycarpes ovoïdes, distribués
inégalement sur la face intérieure de la tunique interne. De nom-
breux endocarpes répandus parmi les polycarpes.
Habite les îles de Los Testigos.
Styela (Polycarpa) brevipedunculata, n. sp.
(PI. 1, fig. 12)
Caractères extérieure. — Corps long de 30"'"', large de 20'""',
épais de 10"^"\ pourvu d'un pédoncule court et ayant une forme
irrégulière. Les deux orifices quadrilatères, les siphons très courts,
presque nuls. Orifice branchial terminal ; orifice cloacal vers le
milieu du corps. Surface presque entièrement dépourvue de corps
étrangers, irrégulièrement ridée. L'unique échantillon était coloré
par une éponge violette, de sorte que la couleur primitive était
méconnaissable.
16 C. l'H. SLUriKK
ïimique cxlornt' assez iiiiiicc, coi ijict;, mais \)ou ferme, d'un
hlaiK- d'ar^^Mit an dedans.
Tuuique interne obscure, probablemeut aussi par suite de l'extrait
d'épongée. Musculature médiocrement développée, formant des
faisceaux peu dislincls. Siplutu cloacaj louy seulement de 5"'"» et
situé derrière le milieu du corps.
Sac branchial pourvu de quatre plis de chaque côté. Entre l'eu-
dostyle et le premier pli ventral, de même qu'entre le raphé dorsal
et le premier pli dorsal, il y a trois côtes longitudinales. Entre ces
deux plis et les deux du milieu il y a quatre côtes longitudinales.
Les côtes transversales sont bien inégales; ordinairement on
trouve quatre ou cinq côtes plus étroites entre deux plus larges,
mais quelquefois il y en a aussi seulement trois, et encore celles-ci
ne sont-elles pas égales. Dans les rangées transversales de stigmates
on trouve, entre deux côtes longitudinales, dix à douze stigmates
allongés, de manière qu'on en trouve douze près du raphé dorsal et
de l'endostyle et dix dans la partie centrale du sac branchial. Il n'y
a pas de papilles sur le croisement des côtes. Endostyle médiocre-
ment large.
Tubercule dorsal long et étroit. Entonnoir vibratile en forme de
fer à cheval, avec les deux extrémités dirigées en dedans, celle de
gauche contournée eu volute, celle de droite recourbée seulement
en arrière.
Raphé dorsal étroit et avec le bord lisse.
Le tube digestif forme l'anse ordinaire, mais restreinte dans le
tiers postérieur du corps. Aussi l'anus se trouve au bord postérieur
du siphon cloacal.
Le cercle corojial porte environ soixante tentacules filiformes de
trois ordres : vingt grands alternant avec vingt plus petits et vingt
très petits, et distribués bien irrégulièrement.
Gonades en l'orme de nombreux polycarpes, distribués irrégu-
lièrement contre la tunique interne.
Habite la lagune « Schottengat » (Curaçao).
Styela (Polycarpa) cartilaginea, n. sp.
(PI. I, lig. 13, 14, 15).
Caractères extérieurs. — Corps long de :22°i™, large de [2^^, épais
de 9hi°i, fixé avec la partie postérieure.
Surface avec des protubérances inégales, partiellement recouverte
de sable et de débris de coquilles. Les deux orifices quadrilatères,
éloignés l'un de l'autre d'environ 1/3 de la longueur du corps.
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA iMER DES ANTILLES 17
Tunique externe plus cartilagioeuse à la face extérieure, plus
coriace à la face interne, médiocrement épaisse et peu ferme.
La tunique interne très peu transparente, avec des faisceaux
musculaires assez faibles et peu distincts.
Les deux siphons, spécialement le siphon buccal, deviennent très
foncés, presque noirs, à leurs extrémités.
Siphon cloacal vers le milieu du corps.
Sac branchial pourvu de quatre plis. Entre deux plis les côtes
longitudinales sont arrangées de manière qu'on trouve, à partir du
côté dorsal, entre un pli et la première côte longitudinale, deux
stigmates en rangée transversale; entre la première et la seconde
côte il y a huit stigmates, et entre la seconde et la troisième côte
on trouve ordinairement sept à huit stigmates. Ensuite on trouve
encore quatre côtes longitudinales beaucoup plus rapprochées, de
sorte qu'on n'observe qu'un ou deux stigmates entre les côtes. Les
plis eux-mêmes sont assez étroits. Les côtes transversales sont
alternativement plus étroites et plus larges. Des côtes transver-
sales secondaires, coupant les stigmates, font défaut. 11 n'y a pas
de papilles à l'entrecroisement des côtes. Endostyle étroit.
Le tubercule dorsal est ovoïde, avec l'entonnoir vibratile en
forme de petit orifice circulaire.
Raphé dorsal étroit avec le bord lisse.
Le tube digestif forme une anse très étroite, totalement fermée.
L'œsophage, très court, se continue dans l'estomac, allongé, sillonné
longitudinalement et dirigé obliquement, dorsalenient et en avant,
atteignant presque le milieu du corps. L'intestin se recourbe et se
couche sur l'estomac. Le rectum se recourbe en S et s'abouche avec
l'anus entier sur le bord postérieur du siphon cloacal.
Gonades sous forme de nombreux polycarpes distribués irrégu-
lièrement. Point d'endocarpes.
Le cercle coronal porte environ soixante tentacules de trois
ordres : quinze grands, quinze plus petits et trente très petits.
Habite Gairaca, Santa-Marta.
Styela (Polycarpa) asiphonica, n. sp.
(PI. I. r\fx. 16. 17, 18)
Caractères extérieurs. — Corps long de 2t)""", large de 20"'"' et
épais de 15""", fixé avec la partie postérieure et ventrale, prolongée
en un court pédoncule qui se ramifie en plusieurs branches, mais
le pédoncule, avec ses ramifications, peut être très peu développé.
Orifice buccal quadrilatère et terminal; orifice cloacal également
Mém. Soc. ZooL de Fr., 1S9S. xi. — 2
IS C. l'H. SLUITKIi
(|iia(irilaU'ie el (iisl;inl du premier d'un tiers de la lon^Mieui* du
corps. Les deux siphons liés courts. Surface sillounée très iiit''|;u
liéreineut, plus ou moins couverte de corps étrangers. (Idulciir
l)run-j;risàtre.
Tunique externe coriace, assez leriiie. très épaisse eu avant et
sur la face dorsale, naciée en dedans.
Tunique interne épaisse, charnue, pourvue d'une forte muscu-
lature. Les deux siphons très courts, à peine discernables.
Le sac branchial s'étend jusqu'à la partie la plus postérieure du
corps et est pourvu de quatre larges plis. Kutre deux plis, il y a
quatre à six côtes longitudinales et entre celles-ci se trouvent quatre
stigmates en rangée transversale, excepté entre le pli et la pre-
mière côte, où se trouvent seulement deux ou trois stigmates. Côtes
transversales de différents ordres, arrangées régulièrement de la
manière suivante : a-d-c-d-b-d-c-il-a, en appelant a la côte plus
grande et il la plus étroite. Les côtes secondaires, coupant les
stigmates, font défaut.
Endostyle médiocrement large.
Tubercule dorsal pyriforme avec l'entonnoir vibratile en forme
de fente irrégulière, au fond d'une dépression en forme d'oreille.
Raphé dorsal médiocrement large à bord lisse.
Le tube digestif comme dans l'espèce précédente, c'est-à-dire avec
une anse tout à fait fermée.
Gonades sous forme de nombreux polycarpes. Parmi ceux-ci se
trouvent aussi de nombreux endocarpes.
Le cercle coronal porte environ soixante tentacules, alternative-
ment plus grands et plus petits.
Habite Rio Hacha, Goajira, à 6 à 7 mètres de profondeur.
Styela (Polyc.arpa) appropinquata, n. sp.
(IM. I, lig. 19. -3). 21).
Caractères extérieurs. — Corps long de 25""", large de 15™™, épais
de 40™™. fixé avec la plus grande partie de la face postérieure qui
est couverte de sable, La partie antérieure, sillonnée transversa-
lement, est nue et de couleur brun-jaunàtre, mais la partie entou-
rant les deux orifices est lisse et blanchâtre (peut être rougeàtre
pendant la vie). Les deux orifices distinctement quadrilatères et
éloignés l'un de l'autre de o™™ seulement. H ny a pas de siphons.
Tunique externe coriace, assez mince mais ferme, lisse dedans,
jaunâtre mais non nacrée.
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 19
Tunique interne brun-clair, avec une musculature bien déve-
loppée, non transparente. Siphons à peine discernables.
Sac branchial pourvu de quatre plis assez larges. Entre deux plis
de nombreuses côtes longitudinales (vingt environ), dont pourtant
celles du milieu se sont rapprochées comme pour former un com-
mencement de pli. Entre deux côtes longitudinales on trouve en
rangée transversale deux ou au plus trois stigmates qui sont coupés
régulièrement par des côtes transversales secondaires. Les autres
côtes transversales sont presque toutes égales. Point de papilles à
l'entrecroisement des côtes. Endostyle assez étroit.
Tubercule dorsal circulaire, et entonnoir vibratile en forme d'S.
Raphé dorsal étroit avec le bord lisse.
Le tube digestif commence tout en arrière du corps par un court
œsophage. Aussi l'estomac est-il situé dans la région tout à fait
postérieure du corps et strié longitudinalement. L'intestin propre-
ment dit est dirigé en avant, ne formant qu'une courbure assez
faible, de sorte qu'on ne saurait parler d'une anse. L'anus à bord
entier situé en arrière du premier tiers du corps.
Le cercle coronal porte onze tentacules seulement, tous presque
égaux ; mais, sur le côté gauche, il y a une partie toute nue, sans
tentacules.
Gonades sous forme de nombreux polycarpes, bien dilïéreuts
comme grandeur, développés surtout dans la partie antérieure du
corps. Dans la partie postérieure de nombreux petits endocarpes.
Habite l'île de Tortuga.
Styela (Polycaupa) semi.xuoa, n. sp.
(PL II, fig. 22-23)
Caractères extérieurs. — Corps long de 30™™, large de 15™°» et
épais de 10™'". La plus grande partie du corps est couverte de
débris de coquilles et d'épongés, seule la partie antérieure est
presque dépourvue de corps étrangers et colorée d'un brun foncé
et sale. Orifice buccal terminal : orilice cloacal vers le milieu du
corps. Les deux orifices quadrilatères. Le corps fixé par des racines.
Tunique externe mince et coriace, grisâtre en dedans.
Tunique interne épaisse, mais gélatineuse et transparente parce
que la musculature n'est que faiblement développée. Les deux
siphons très courts et pourvus également d'une musculature faible.
Sac branchial pourvu de quatre plis larges. Entre deux plis, on
compte cinq côtes longitudinales. Dans chaque rangée transversale
de stigmates, on trouve entre le pli et la première côte de chaque
20 <:. l'H. -^u iiKit
cAlê ciii(| «Ml six slif^iiialt's, riitic les wiilros ccMes, ordinairemenl
dix. Les slij^mates s«tiU lon^s el étroits. I^cs côtos transversales sont
de trois ordres, en outre des côtes secondaires (jui coupent assez
réj^ulièrenient les stigmates. Entre deux côtes de premier ordre, il
en existe une de second ordre, et entre celle-ci et les deux de
premier ordre, on trouve constamment trois de troisième ordre, de
manière qu'il y a huit rangées de stigmates entre deux côtes de
premier ordre. Il n'y i)as de papilles à l'entrecroisement des côtes.
Kudostyle assez large.
Tubercule dorsal ovoïde avec eutonnoir vibratile en forme d'S.
Raphé dorsal étroit avec le bord lisse.
Le tube digestif forme uue anse ouverte el ne montre rien de
remarquable.
Le cercle coroual porte viugl-quatre tentacules, qui sont alter-
nativement plus petits et plus grands.
Gonades sous forme de polycarpes assez longs, qui sont placés
en une double rangée autour de la cavité cloacale, tons dirigés par
leur oritlce vers l'orifice cloacal.
Habite l'île de Tortuga, à 45 mètres de profondeur.
Cynthia L.JiviGAiA Hellcr (?)
C. Hklleh. Jieilrà(/r ziir niihern Kciinlniss ârr Tu/t/ca/en. Silzungsber.
der K. Akad. d. ^Viss. Wien, LXXVII, p. 93, 1878.
(PI. II, iig. 24)
Caraclères extérieurs. — Corps plus ou moins ovoïde, long de
35""", large de 20""", fixé par la face ventrale droite, qui peut quel-
quefois se prolonger en un pédoncule court et peu distinct. Surface
ridée et sillonnée assez profondément en tous sens, mais presque
sans corps étrangers. Les deux siphons courts et peu proéminents,
tous deux dorsaux; les deux orifices quadrilatères. La coloration
varie depuis le blanc jusqu'au brun-grisâtre.
Tunique externe peu épaisse, coriace, blanchâtre en dedans.
Tunique interne avec des faisceaux musculeux distincts et forts
sur le côté droit, et surtout sur les deux siphons courts ainsi que
sur la face dorsale entre les deux siphons, d'où rayonnent des
faisceaux sur les deux côtés, mais ceux du côté gauche sont assez
faibles et la tunique de ce côté est pellucide, permettant de discer-
ner à travers les gonades et le tube digestif. Siphon buccal dirigé
obliquement eu avajit; siphon cloacal rectangulaire; tous deux
larges et assez courts.
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 2[
Le sac branchial est pourvu de six plis de chaque côté. Entre
deux plis il y a huit côtes longitudinales. Dans chaque rangée
transversale se trouvent six à huit stigmates allongés, qui sont
coupés régulièrement par des côtes transversales secondaires très
grêles. Les autres côtes transversales sont de deux ordres, de
manière qu'entre deux côtes de premier ordre se trouvent trois
côtes de second ordre, mais souvent on rencontre des irrégularités
dans cet arrangement, Endostyle assez étroit.
Le tubercule dorsal est en forme de fer à cheval, avec l'extrémité
gauche recourbée en dedans, mais non contournée en volute.
Raphé dorsal en forme de nombreuses languettes très grêles,
commençant immédiatement en arrière du tubercule dorsal.
Tube digestif formant une anse largement ouverte, atteignant en
avant presque le cercle coronal.
Rectum largement renflé. Anus à trois divisions tronquées, mais
non dentées.
Le cercle coronal porte dix-huit tentacules composés, dont douze
sont beaucoup plus grands que les six autres.
Gonades presque égaux des deux côtés. Celui du côté gauche
occupant toute l'anse de l'intestin.
Habite (Iriraca, Santa-Marta. Profondeur. 0.15 mètres.
J'ai donne ci-dessus une description plus détaillée de plusieurs
Cynthia, que je crois être identiques, avec la Ci/nthia Uemgdta de
Heller provenant de la Jamaïque, quoique la description que donne
Heller soit si courte, et qu'il reste quelque doute sur l'identité
Mais, en tous cas, je ne trouve aucun caractère qui ne fût en
contradiction avec la diagnose donnée par Heller.
Cynthia torpida, n, sp.
(Fl. 11, (ig. 2.^-28).
Caracth'es extérieuts. — La taille de l'unique inrlividu obtenu est
de 23""™ sur Hmm L'animal était fixé par une large base.nofammeni
par la face ventrale qui se prolonge eu un bord plat de quelques
millimètres de largeur. La face dor.sale et les flancs sont nus, sans
corps étrangers, mais ridés finement et assez régulièrement, le
réseau devenant plus lin près des orifices. Les deux orifices peu ou
point proéminents ; tous deux quadrilatères et situés sur la face
dorsale. La coloration est d'un jaune ocreux.
La tunique externe est peu épaisse mais ferme, coriace et faible-
ment nacrée en dedans.
La tunique interne aune charpente conjonctivo- musculaire assez
22 C. PH. SLUITEH
mince et diaphaiii', nermettaot de discerner les organes internes.
Faisceaux inusciilaircs distincls et anaii^^'s, coniine on le trouve
souvent chez les Cyntliia. Les siphons sont courts et situés sui" la
(ace dorsale ; le siphon buccal est dirigé ()bli(]uement en avant, le
siphon cloacal forme un ani-lc droit avec la ligne dorsale.
Le sac branchial est pourvu de six plis de chaque côté. Entre
deux plis je compte sept côtes longitudinales. Entre deux côtes
voisines se trouvent dans chatjue rangée transversale trois ou
quatre stigmates allongés. Les côtes transversales sont de trois
ordres, sans compter les côtes très grêles qui coupent les stigmates
dans le riiilieu de leur longueur. Les autres sont arrangées réguliè-
rement, de manière qu'entre deux côtes de premier ordre se trouve
une côte de second ordre et deux de troisième ordre, alternant p;ïr
ordre de succession : 1-3-2-3-1. Point de pa|)illes sur les angles, où
les côtes longitudinales et transversales se coupent.
Le tubercule dorsal a une forme triangulaire et porte l'entonnoir
vibratile en forme de fer à cheval avec les deux extrémités con-
tournées en volutes, dirigées toutes deux à gauche et en arrière.
Le raphé dorsal a la forme des languettes grêles, réunies à la
base par une membrane étroite.
Le tube digestif forme une anâe, largement ouverte, commençant
par un court œsophage, se continuant par l'estomac qui n'est pas
beaucoup plus large que l'œsophage. L'intestin proprement dit,
s'étendant loin en avant, atteint à peu près le cercle coronal. Anus
entier.
Le cercle coronal porte vingt-six tentacules composés, dont seize
sont beaucoup plus grands que les dix autres.
Gonades presque égaux des deux côtés. Les glandes bisexuelles,
encore distinctement séparées, chacune formant un ovaire sphé-
rique, entouré du testicule lobé. Le gonade de gauche sous l'anse
de l'intestin.
Habite Santa-Marta, Colombie. Deux exemplaires.
Cynthia Chazaliei, n. sp.
(PI. Il, II-. 29, 30 )
Caractères extérieurs. — Corps long de 52mQ\ large de 25mm^
fixé par un court et large pédoncule. La surface irrégulièrement
ridée, formant un réseau près des orifices, et des rides longitudi-
nales au milieti du corps. Oritice buccal sur un siphon assez
proéminent, dirigé eu avant. Orifice cloacal distant d'un tiers de la
longueur du corps en arrière, sur un siphon beaucoup plus petit.
TLINICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 23
Les deux orifices quadrilatères. La coloration est d'un brun livide.
Tunique externe médiocrement épaisse, blanchâtre en dedans.
Tunique interne plus ou moins pellucide ; faisceaux musculeux
(iisfincts, arrangés comme d'ordinaire chez les Cyuthia. Siphon
l)uccal dirigé en avant et assez long ; siphon cloacal vers le milieu
de la longueur de l'animal, dirigé obliquement en avant.
Le sac branchial est pourvu de chaque côté de six plis assez
étroits. Il y a 11 côtes longitudinales entre deux plis, dont trois ou
quatre se sont rapprochées beaucoup plus que les autres. Dans
chaque rangée transversale on trouve entre deux côtes voisines
quatre ou cinq stigmates médiocrement allongés, tandis qu'entre
les côtes plus rapprochées, il n'y en a qu'un ou deux. Les côtes
transversales sont toutes à peu près égales, seulement les trémas
sont coupés régulièrement par des côtes secondaires très grêles. Le
tubercule dorsal a une forme ovoïde ; l'entonnoir vibratile est en
forme de fer à cheval avec les deu.x extrémités contournées en
volutes, toutes deux dirigées en dedans.
Raphé dorsal en forme de languettes grêles au commencement,
réunies seulement à la base. Le tube digestif forme une anse assez
étroite, pour une Cyuthia, ne s'étendant que jusqu'au milieu du
corps, mais ne s'appuyant pas sur lui même en revenant. Le rectum
court, mais élargi au commencement, formant un ventricule,
tandis que l'estomac est mince et presque entièrement enveloppé
dans le foie. Anus entier. Le cercle coronal porte environ trente
tentacules composés, dont seize plus grands, mais alternant irrégu-
lièrement avec les autres plus petits.
Gonades presque égaux des deux cotés. Les glandes, encore
séparées distinctement, s'abouchent chacune dans l'oviducte qui
suit du coté gauche l'intestin.
Habite Sanla-Marta (Columbia). i ex.
Cynthia discrepans, n. sp.
(PI. II, Hs- 31-:Vt . pi. III, fit;. 44.)
Caractères extérieurs. — Corps sans pédoncule, long de 45'""',
large de 30™™ et épais de lOi^in^. Les deux siphons assez longs et
distincts. Siphon buccal dirigé en avant ; siphon cloacal un peu
avant le milieu du corps. Les deux orifices quadrilatères. Surface
irrégulièrement et assez lincment ridée. Coloration d'un brun-
rougeâtre.
Tunique externe assez mince, coriace, blanchâtre en dedans avec
un reflet brun.
24 <:. l'ii. sr.iiTKK
Tunique interne très peu pelluc^ide avec une (.liarpente coojouc-
livo musculaire épaisse. Les faisceaux niusculeux lonj,'itudinaux
surtout sont lar|xes et distinctement séparés jusqu'au cercle corona!.
La musculature transversale et celle des siphons est uniforme sans
faisceaux séparés. A la face ventrale, les faisceaux lonj^ritudinaux
manquent et les fibres transversales sont plus fortes. Les deux
siphons loni;s et étroits. Les sacs fjénéraleurs se laissent discerner
sous la tunique. Le sac branchial est pourvu de six plis étroits de
chaque côté. Entre deux plis on compte cinq côtes longitudinales.
Les C()tes transversales sont très incomplètes et même inconstantes
et iiiauquent souvent entre deux rangées transversales de stigmates.
Ceux-ci sont très petits, presque circulaires, quoique un peu plus
longs que larges. Dans la partie antérieure les stigmates sont
encore arrangés régulièrement, en rangées transversales, de
manière qu'on trouve quatre ou cinq stigmates entre deux côtes
longitudinales. Mais dans la partie postérieure, cette régularité se
perd graduellement, les petits stigmates sont répandus sans ordre,
et il y a des espaces où ils font tout à fait défaut. Dans les plis
mêmes se trouvent d'ordinaire 9 côtes longitudinales avec un stig-
mate seulement entre deux côtes. Eudostyle assez large.
Le tubercule dorsal est cordi forme, mais la partie antérieure est
recourbée en arrière. L'entonnoir vibratile est en forme de fer à
cheval, suivant les bords du tubercule, les deux extrémités
recourbées en dedans, mais non contournées en volutes. Le raphé
dorsal en forme de nombreuses languettes grêles commençant
immédiatement derrière le tubercule dorsal. Le tube digestif est
repoussé vers l'extrémité postérieure du corps et forme une anse
très courte pour une Cynthia. n'atteignant qu'au plus le tiers de la
longueur du corps. L'anus sur le bord postérieur du siphon cloacal.
Le cercle coronal porte environ quarante tentacules, tous de la
même longueur.
Les gonades forment des petits sacs qui, dans la partie postérieure
du corps, sont réunis avec le tube ovarien et le tube testiculaire.
chacun avec un canal spécial, mais les petits sacs générateurs,
dans la partie antérieure, ne sont pas encore attachés et forment
des polycarpes. comme chez les Styela, mais sans orillces.
Habite le golfe de (^ariaco, Santa-Marta et Kingston (Jamaïque).
Plusieurs échantillons de cette espèce, curieuse sous plus d'un
aspect, furent lecueillis par la Chazalie. Le sac l)raiichial est eu
train de se réduire comme fonction. Les stigmates sont petits
et, pour une grande partie, irrégulièrement arrangés; les côtes
TUNICIERS RECUEILLIS DANS L.\ MER DES ANTILLES 25
transversales sont devenus rudimentaires. La partie antérieure est
encore assez régulière, mais la partie postérieure est perforée de
plus en plus irrégulièrement, et les stigmates y sont souvent bien
éloignés l'un de l'autre. Le tubercule dorsal avec l'entonnoir vibra-
tile montraient, chez toutes les formes examinées, le même dessin.
Le tube digestif aussi a une position anormale pour le genre
Cynthia. Ordinairement on le trouve en forme d'anse largement
ouverte et se prolongeant loin en avant. Chez notre Cynthia discre-
pans, le tube digestif est tout à fait repoussé dans la partie posté-
rieure du corps, ne formant qu'une anse bien petite.
Enfin quant aux gonades, plusieurs d'entre eux sont encore des
glandes séparées, attachées à la charpente conjonclivo-musculaire,
mais pas encore réunies avec les tubes ovariens ou testiculaires.
Quelques-uns, plus rapprochés de l'extrémité des tubes, y sont
déjà soudés. Il semble que la jonction se réalise seulemeut peu à
peu, avançant de l'extrémité distale vers l'extrémité proximale.
Le cas communiqué par Roule (l) pour la Cifnlhia corallina, où
les poches génératrices restent séparées et sont pourvues chacune
d'un vas deferrens et d'un oviducte, ne saurait être confondu avec
le cas présent, où les glandes se fusionnent secondairement avec
les tubes ovariens et testiculaires communs.
Rhabdogynthia pallida Heller.
Heller. Sitzungsber. d. k. Wiss. Wien, LXXVII, p. 96.
Herdman. Challenger. Report on ihe Tuidcala, p, 143.
Plusieurs échantillons, provenant de Kingston (Jamaïque) et un
de Curaçao, du « Schottegat ». Les animaux ressemblent presque
complètement aux exemplaires de Billiton, que j'ai décrits il y a
douze ans [1). Seulement la tunique externe des individus de
l'Amérique est plus mince et d'une coloration d'ocre plus foncé que
les exemplaires de Billiton, quoique parmi les exemplaires de
l'Amérique, il en existe un aussi blanc que ceux des Indes. De
même les siphons sont plus courts que dans les exemplaires de
Billiton. La glande nerveuse (glande hypophysaire) chez cette
espèce est toujours d'une couleur orange ou rose et placée à la face
dorsale du ganglion nerveux, comme je l'ai décrit récemment (3).
(1) L. Roule, Recherches sur les Ascidies simples. Ann. d. Sciences nat.
Zoologie, (6), XX, fig. 183
(2) Sluiter, Urber einige einfachen Ascidien von der lasel Billiton. Natuurk.
Kydschr. voor Nedeii. Indien. XLV, p. 183, 1885.
(3) Weber, Beitrage zur Kenntniss der Fauna von Sild-Afrika. II.
Sluiter, Die Tunicaten. Zool. Jaiirbucher, X, 1897.
26 <:. l'ii. si.ciTKU
MicKorosMi s nisTA.vs llt'llcr
llii.i.K», beilrdin' nnhern krnnhiiss ilnTuiiicatcn. S'\izun\^s\)ev. d. K.
Ak. (1. Wiss. Wini. LXXMI. p. KK), IS7S.
Je (l'ois devoir attribuer liois écliMiitillons d'un Mlirocostniis,
|irovenanl de la lagune de Marguerila, à l'espèce Microcosmus
dislans de lieller. Pourtant les caractères anatouiiques que dooire
M. lieller sont si peu détaillés, ([u'il est bien dillicile d'être certain
qu'on a sous les yeux l'espèce eu question. Sur l'entonnoir vibra-
tile, lieller ne donne aucun renseignement ; je le trouve en forme
tle fer à cbeval avec les deux extrémités recourbées en dedans et
en arrière, mais non contournées en volutes. Tout le tubercule dorsal
s'est éloigné beaucoup en arrière de la gouttière péricoronale. Le sac
brancbial, en outre des buit plis ordinaires, en possède encore un
neuvième, qui n'atteint cependant pas l'entrée de l'œsopbage et qui
même peut être tout à fait rudimentaire. Entre deux plis il y a sept
ou buit côtes longitudinales et dans chaque rangée transversale on
trouve quatre à cinq stigmates fort petits et arrondis, qui ne sont
coupés que rarement par des eûtes transversales secondaires. Les
autres côtes transversales sont bien inégales mais sans alternance
régulière. Les autres détails anatomiques ainsi que les caractères
extérieurs correspondent avec les communications de M. C. Heller.
Microcosmus exasperatus Heller.
Heller, Beitriic/e, etc. Sitzungsber d. K. Ak. d. Wiss. Wien, LXXVII,
p. 99, 1878.
(PI. Il, lig. :fô).
Quelques échantillons, provenant de Kingston (Jamaïque) et un
de Santa Marta (Bolivie), correspondent sous tous les rapports avec
la description que donne M. Heller de cette espèce. Outre les huit
plis (dont six seulement atteignent l'entrée de l'œsophage) que
mentionne Heller, j'en trouve encore un neuvième, qui ne s'étend
que jusque la moitié du sac brancbial. L'entonnoir vibratile est en
forme de fer à cheval, l'extrémité gauche est contournée en volute
et dirigée en dedans, Textrémité droite se recourbe à gauche en
avant de la volute gauche, mais sans se contourner soi-même en
volute.
Microcosmus biconvolutus, n. sp.
(PI. Il, fig. L6-38).
Caracfères extérieurs. — Corps irrégulièrement arrondi, long de
30mm^ large de 10™™ et épais de 6™°', distinctement pédoncule.
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 27
Seulement le pédoncule et la face gauche sont couverts de débris
de coquilles et d'autres corps étrangers. Du reste la surface est
ridée, mais les tubercules eux-mêmes sont lisses. Siphon buccal
long de 10mm et pourvu de quatre sillons longitudinaux. Siphon
cloacal beaucoup plus court. Coloration blanchâtre avec des
taches et des lignes jaune-brun.
Tunique externe peu épaisse et coriace, blanchâtre en dedans et
faiblement nacrée. A l'origine des deux siphons un bord étroit
saillant en dedans.
La tunique interne forme une charpente conjonctivo-musculaire
assez mince et pellucide, quoique les faisceaux musculeux soient
distincts et assez forts. Le siphon buccal surtout a une musculature
transversale bien développée. Siphon buccal dirigé en avant, siphon
cloacal loin en arrière, dirigé à angle droit avec le bord dorsal.
Le sac branchial est pourvu de huit plis de chaque côté. Entre
deux plis il n'y a que quatres côtes longitudinales. Dans chaque
rangée transversale de stigmates, entre le pli et la première côte,
il n'y a qu'un ou deux stigmates; entre celle-ci et la suivante, du
côté ventral, il existe encore deux stigmates, puis dans les deux
compartiments qui restent au milieu on trouve constamment
■quatre stigmates. Tous les stigmates sont des fentes ellipsoïdes
très allongées. Les côtes transversales sont toutes presque égales,
seulement les quatre stigmates situés entre deux côtes longitudi-
nales sont coupés par des côtes secondaires très grêles.
Le tubercule dorsal a une forme ellipsoïdale, il est allongé sui-
vant l'axe longitudinal du corps. Les deux extrémités de l'enton-
noir vibratile contournées en volutes et toutes deux dirigées à
gauche, mais de manière que la volute droite est située en avant
de la volute gauche.
Le raphé dorsal forme une lame étroite sans languettes ou
dentelles.
Le tube digestif forme une anse très étroite, revient en s'ados-
sant à lui-même et s'étend jusqu'à la moitié de la longueur du
corps, y compris le siphon buccal. Anus loin en arrière, entier.
Le cercle coronal porte vingt tentacules composés, grands, entre
lesquels il en existe encore de plus petits.
Gonades encore peu développés, égaux des deux côtés et formant
des glandes nettement séparées.
Habite Curaçao, dans le Schottegat.
28 C. PH. SLUITKU
M(»L(irLA COMURTA, II. S|».
(PI. II. lif;. :W, 40).
Caractères extérieurs. — O^rps spliéiiiiue, petit, U'"'" de diymètre
seulement. Surface presque entièrement couverte de petits grains
de sable, attachés par de longs filamcnls très fins qui poussent de
la tunique externe. Très probablement les animaux étaient libres
dans le sable. Là où le sable est enlevé, la tunique est transpa-
rente, de manière qu'on peut distinguer les viscères. Les deux
orifices quadrilatères, rapprochés et situés sur de courts siphons
tronqués.
La tunique externe très mince, gélatineuse, très fragile et pourvue
de nombreux tilaments.
La tunique interne, également très mince et délicate et pourvue
de faisceaux musculaires très faibles.
Le sac branchial pourvu de sept plis de chaque côté. Sur chaque
pli il existe quatre côtes longitudinales.
Les stigmates sont arrangés comme chez le genre Eugyra et la
Molgula eiiyyroides de Traustedt,c'est-à-(îire formant des infundibula
qui correspondent en position avec les plis. Pourtant laspect de
ces infundibula n'est pas très net et les circuits des spirales sont
plus ou moins irréguliers et se divisant dichotomiquement.
Le tubercule dorsal est en ovale allongé avec l'entonnoir vibratile
en forme de fer à cheval court, mais l'ouverture est tournée en
arrière et située sur le milieu du tubercule. Le ganglion nerveux
immédiatement au-dessus du tubercule.
Raphé dorsal étroit et avec le bord lisse.
Le tube digestif commence par un œsophage court, tout en
arrière du corps; l'estomac étroit, courbé vers le côté dorsal, où
l'intestin forme une anse fermée, se couche sur l'estomac, qu'il
quitte près de l'œsophage pour se terminer en un long rectum.
Anus sur le bord de la cavité cloacale.
Le cercle coronal porte huit grands tentacules alternant avec
huit plus petits. Tous les tentacules avec des ramifications assez
nombreuses.
Gonades, comme d'ordinaire, développés des deux côtés, celui
de gauche dans la courbure de l'intestin.
Habite Rio Hacha, Goajira. à une profondeur de t» à 7 mètres.
Deux échantillons.
Cette espèce ressemble sous plusieurs aspects à la Molyula eugy-
TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 29
roïdes Traust. (1) de Baliia. notamment dans la structure du sac
branchial, qui a tant de rapports avec le sac branchial du genre
Eugyra. Pourtant elle ne peut être confondue avec l'espèce de
Bahia. parce que le cours de l'intestin est bien différent et l'enton-
noir vibratile me semble bien curieux, par suite de l'ouverture du
fer à cheval, tournée en arrière au lieu de l'être en avant. De plus,
les deux siphons sont beaucoup plus rapprochés chez nos animaux
de Cioajira. Toutefois il est bien curieux que ces caractères, rappe-
lant le genre Eugyra, se rencontrent chez ces deux espèces de
l'Amérique occidentale.
II. — Ascidiavea nierosoinata
Leptoclinum conchyuatum, n. sp.
(PI. III, lig. 47).
Caractères extérieurs. — La colonie forme une masse assez mince
d'une constitution plus ou moins coriace et calcaire. La surface est
colorée en violet marbré plus ou moins foncé, parsemée de points
beaucoup plus clairs. Ascidiozoïdes distribués régulièrement,
sans former des systèmes. Il n'y pas d'orifices cloacaux communs.
Les ascidiozoïdes sont perpendiculaires à la surface; ils ont
une longueur de 011^9 au plus, sont divisés distinctement en
thorax et abdomen, l'abdomen étant un peu plus grand que le
thorax. Orifice branchial avecsix lèvres. Tunique externe commune
assez fragile, quoique les corpuscules calcaires ne soient pas assez
abondants pour former une couche continue. Les corpuscules
en forme d'astérisques avec plusieurs pointes aiguës, ont un
diamètre de 0™°i03. La tunique interne est un peu transparente et
pourvue d'une musculature assez forte.
Le sac branchial a quatre rangées de cinq ou six stigmates de
chaque côté. Endostyle très large et avec les bords onduleux.
Le tube digestif commence parun œsophage court qui se continue
par un estomac volumineux, situé dans l'axe longitudinal du corps.
L'intestin se recourbe en avant et s'abouche dans l'anus près de la
troisième rangée de stigmates.
Gonades comme d'ordinaire. Le vas deferens forme une spirale
de sept tours.
Habite le u Schottengot (Curaçao) et Kinston (Jamaïque).
(1) Traustedt, Vertindiskr Ascidiae simplices. Vidensk. Meddel. fra den
iiaturh. Fioren. i Kjobenhavn, 1882, |i. 112.
30 C. l'H. SLUITEK
Il est bien dillicile el peul-otie impossible de se décider sur
l'idenlité des difléreules espèces de Irpldcliimm. Aussi, dtins le cas
présent, je ne suis pas du tout certain que celte espèce ne soit iden-
lique avec une des espèces décrites par Verril ou par Herdman,
mais l'aspect de la colcnie entière surtout ne ine semble pas corres-
pondre à une des descriptions de ces auteurs.
LKPTOr.I.lNUM GINEHACEUM, R. sp.
(IM. Il, fig. '.I, '.I" ; pi. 111, li-. 48.
Caractères eitérifurs. — l.a colonie (orme uni; masse mince, éten-
due horizontalement, irrégulièrement entaillée, très fragile et de
couleur grisâtre.
On peut discerner à l'œil nu les ascidiozoïdes comme des taches
blanches d'un i/2'^m jy diamètre environ. Ils sont distribués
régulièrement, sans qu'on puisse discerner de systèmes dans les
échantillons conservés dans l'alcool. 11 n'y a pas d'orifices cloacaux
communs.
Les ascidiozoïdes sont assez grands pour un Leptoclinum, long
de \^^D, perpendiculaires sur la surface, distinctement divisés en
thorax et abdomen, mais le dernier beaucoup plus grand (presque
deux fois), que le thorax. Un long faisceau de fibrilles conjonctives
attaché à la partie postérieure du thorax se relie au tissu de la
tunique externe.
Tunique externe commune très fragile, cartilagineuse. La couche
superficielle est tout à fait dépourvue de corpuscules calcaires, mais
dans les parties plus profondes les corpuscules calcaires ne sont
pas non plus très abondants. Les corpuscules eux-mêmes sont des
astérisques avec plusieurs pointes aiguës, comme dans l'espèce
précédente.
Tunique interne très mince, avec une musculature très faible.
Le sac branchial a quatre rangées de quatre ou cinq stigmates
de chaque côté. Endostyle très large et formant quatre courbures
profondes.
Le tube digestif commence par un œsophage, dirigé en arrière.
Estomac très grand, encore dirigé en arrière. L'intestin proprement
dit, également très volumineux, se recourbe en avant et s'abouche
dans l'anus, situé près de la dernière rangée de stigmates.
Gonades comme chez la plupart des Leptoclinum ; le vas deferens
avec une spirale de sept tours.
Habite la rade de Kingston (Jamaïque).
ÏUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES -'U
Celte espèce est bieu ditïérente de la précédente, aussi bien sous
l'aspect général de la colonie que par l'anatomie des a?cidiozoïdes.
La grandeur du tube digestif surtout est bien caractéristique pour
cette espèce, que je ne puis identifier avec uue des espèces décrites.
Il n'y a qu'un seul échantillon assez grand de cette colonie.
Leptoclinum TENUE Herdui.
Herdman, Challenger's Report un ihe Tunirata, XIV, p. 281.
Plusieurs petites colonies des îles Los Testugos.à une profondeur
de 40 mètres. Elles correspondent sous tous les rapports avec la
description et les figures de Herdman.
Psammaplidium funginum, n. sp.
Caractères extérieurs. — Les colonies forment de petites masses
cylindriques, dont la plus grande n'était longue que de IS"»"^ et
large de 8™™. La partie inférieure (c'est-à-dire la plus grande
moitié) de chaque colonie est richement imprégnée de grains de
sable et par conséquent d'une teinte grisâtre. La partie supérieure
est presque dépourvue de grains de sable et par conséquent géla-
tineuse et vitreuse, un peu blanchâtre. Les ascidiozoïdes sont
reconnaissables comme de petites taches blanches, mais peu dis-
tinctes.
La tunique externe commune est gélatineuse, assez résistante et
imprégnée de nombreux grains de sable diîns la plus grande moitié
inférieure, qui est séparée assez nettement de la partie supérieure
plus petite, qui est presque entièrement dépourvue de ces grains.
Les ascidiozoïdes sont longs de 7 à 8°i'|', divisés en thorax,
abdomen et postabdomen, dont le dernier est aussi long que les
deux autres réunis, mais les limites de ces parties ne sont pas bien
marquées par des sillons. L'orifice branchial a six lobes, l'orifice
cloacal pourvu d'une languette.
Tunique interne assez mince avec une musculature faible.
Sac branchial court, peu développé. Il n'y a que six rangées de
cinq à six stigmates de chaque côté. Endostyle médiocrement large,
peu onduleux. Le tube digestif court, plus court que le thorax,
commence par un œsophage large, qui se continue dans l'estomac,
à paroi lisse, sans plis saillants, et non séparé distinctement de
l'œsophage et de l'intestin proprement dit. Celui ci se recourbe
en avant, est aussi très volumineux et s'abouche dans l'anus, vers la
moitié du thorax.
32 C. l'H. smiTKR
Gonades situés dans le posl-;il)(l()iii('ii. coihiih' on le Ironveordi-
uaii-eiiipiit clu'z le fleure Aiiiaioiiciir.n. On tioiive souvent dans la
cavité cloacale un ou deux embryons.
Habite l'île de Tortuga, à 45 mètres de profondeur.
DlPLOSO.MA PIIRI'URE.X, U. Sp.
(l'I. II. li-i;. 42; |.l. 111, lif,'. 49).
Caractères extérieurs. — Les colonies lormeut de petites masses
gélatineuses, de forme irrégulière, longues tout au plus de 1'=™.
La surface est glabre, d'une couleur violette ou pourpre foncé,
quelquefois plus clair. Les ascidiozoïdes se manifestent comme de
petites taches blanchâtres. Les orifices branchiaux sont pourvus de
six rayons, ce qu'on ne peut voir qu'avec l'aide d'une loupe. 11 n'y
a pas d'orifices cloacaux communs. Les colonies étaient fixées par
leur base sur des débris calcaires et surtout sur des coquilles de
globigérines. La base est aussi de couleur beaucoup plus claire.
Les ascidiozoïdes ne sont longs que de lmm5 yj divisés en thorax
et abdomen qui sont à peu près égaux. Ils ont une couleur brun-
jaunâtre et ne sont pas transparents, de manière qu'on ne peut
pas distinguer les viscères.
Tunique externe commune gélatineuse, assez transparente, mais
dans la partie inférieure imprégnée de nombreuses coquilles de
globigérines, qui se trouvent eucore assez profondément dans le
tissu de la tunique externe. La structure de cette tunique est
remarquable par les nombreuses cellules vésiculaires semblables à
celles que l'on trouve dans la tunique externe du genre Ascidia. A
la surface de la colonie ces cellules vésiculaires sont pourvues de
granulations de pigment violet foncé, au centre de la tunique ces
cellules en sont presque totalement dépourvues, mais à la base les
granulations se retrouvent. 11 n'y a pas de corpuscules calcaires,
mais des coquilles de globigérines et aussi de petits grains de sable
calcaire qui imprègnent la masse gélatineusedela tunique. Enfin on
rencontre dans la tunique externe des faisceaux conjonctivo-mus-
culaires rétracteurs et des appendices musculaires des ascidio-
zoïdes.
La tunique interne est opaque et épaisse, le tissu conjonctif étant
très développé, quoique la musculature ne le soit que faiblement.
Sac branchial assez grand avec quatre rangées de stigmates très
longs. Endostyle médiocrement large.
Raphé dorsal en forme de languettes.
Le tube digestif forme une anse double, presque immédiatement
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TUNICIERS RECUEILLIS DANS LA MER DES ANTILLES 33
en arrière du sac branchial. Estomac volumineux et sans plis. Rec-
tum long et s'embouchant près de rorifice cloacal. Gonades en
partie à côté de l'intestin, en partie sur la paroi de l'intestin. Vas
deferens droit, sans courbures.
Habite Branco, Cap Vert, à 25 mètres de profondeur.
III. — Thaliaeea
Cyclosalpa pinnala Forsk. — Cinq échantillons de la Salpe agrégée.
Mer Atlantique, lat. 37° 51' N., long. 36° 31' Ouest.
Salpa scutigera confœderata Cuv.-Forsk. — Six échantillons de la
Salpe agrégée. Mer Atlantique, lat. 37° 48' N., long. 33° 47' Ouest.
Snlpa cotasta lilem Quoy-Gaim.-Cuv. — Six échantillons de la
Salpe agrégée. Mer Atlantique, lat. 37» 51' N., long. 36° 31' Ouest.
Salpa africana maxlma Forsk. — Deux échantillons de la Salpe
solitaire. Une chaîne d'embryons peu développée. Mer Atlantique,
lat. 37^51' N., long. 36«31' Ouest.
Salpa runcinata fusiformis Cham.-Cuv. — Deux échantillons de la
Salpe solitaire. Mer Atlantique, lat. 30° N., long. 70'J Ouest, et sept
échantillons de la Salpe agrégée de Sauta Marta, côte de Colombie.
Salpa cylindrica Cuv. — Deux échantillons ; une Salpe solitaire
et une Salpe agrégée. Iles de « los Testngos ».
Salpa flagellifera Traustedt. — Plusieurs échantillons de la Salpe
solitaire. Mer Atlantique, lat. 37° 51' N., long. 36° 31' Ouest. Selon
les recherches du D^ C. Apstein (1), il faut considérer cette espèce
comme une forme distincte. Traustedt l'avait décrite comme une
simple variété de la Salpa (lemocralica-mucroiiata, tout en supposant
la possibilité qu'elle fût une espèce bien distincte.
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche I
Fi},', l. — Ascidia luitgitubis Traust. — Fragment du sac branchial.
Fig. 2. — Idem. — Tubercule dorsal et raphé dorsal (partie antérieure et
postérieure).
Fig. 3. — Ciona abdoininalis, n. sp. — Animal un peu grossi.
Fig. 4. — Idem. — Animal extrait de la tunique externe pour montrer la
rouche musculaire de la tunique interne.
Fig, o. — Idem. — Sac branchial et tube digestif.
Fig. 6. — Idem. — Fragment du sac branchial.
Fig. 7. — Idem. — Partie du sac branchial plus fortement grossie pour mon-
trer les supports des côtes longitudinales.
(1) C. .\psTEiN. Die Salpeii dey Berhner Zoologischcti Sammliinq . Archiv fur
.Naturgcscliichte, &)<-' Jtihrg., 1, (i. 4y, 189'i.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 189.S. xi. — 3.
J4 C. l'H. SLUriKU. — TUNICIEKS HKCI KILLIS DANS LA MKH DKS ANTILLES
Kig. 8. — Idem. — Tubercule dorsal.
V\ii. 'J. — Slijela (Pt)lycarpa) nivosa, a. sp. — Tuheniil»' doisal.
Fig. I(». — Stijpin (l'olyciirpn) fulginea, n. sp. — Tiil)prciile doi-sul.
Kl;;. 11. — Stijeld (PoUjcnrya) fridhilis, n. sp. — Tulierciile dorsiil.
Kig. 12. — Styrlfi [l'olijrarpa) hievipcdunculata, n. sp. — Tubercule dorsaL
Fig. 13. - Styelu (l'olyciirpa) carlilaginra. n, sp. — Animal siins U tunique
e.xlerne, et tunique interne |)artiellement enlevée pour montrer le tube digestif.
Fig. 14. — Idem. — Kra;;iniiit du sac bramliial.
Fig. lo. — Idem. — Tubercule dorsal avec quelques tentacules.
Fi^'. l(i — Styela iPolycarpn) dsi/jlKitiicn, n. sp. — .\nimal sans la luniquf
externe, et tunique interne partiellement enlevée pour montrer le tube digestif.
Fig. 17. — Idem. — l'^aument du sac branchial.
Fig. I«. — Idem. — Tubercule dorsal.
Fig. 19. — Stf/eUt iPnlycarpa) nppropiiKiuaUt. \\. sp. — Animal sans la
tunique externe.
Fig. 20. — Idem. — Animal coupe par la ligne ventrale. Le sac branchial est
partiellement enlevé pour montrer le tube digestif, les polycarpeset les endocarpes,
Fig. 21. — Idem. — Fragment du sac branchial.
Planche II
Fig. 22. — .S(</e/a (Po/i/car/)«) .sP//»/«U(/«, n. sp. — Fragment du sac branchial.
Fig. 23. — Idem. — Tubercule dorsal.
Fig. 24. — Cynthiii Iscvifjata Heller. — Tubercule dorsal et partie antérieure
du raphé dorsal.
Fig. 25. — Cynlhiu torpida, n. sp. — Animal, grossi presque deux fois.
Fig. 26. — Idem. — Animal sans la tunique externe.
Fig. 27. — Idem. — Fragment du sac branchial.
Fig. 28. — Idem. — Tubercule dorsal et |)arlie antérieure du raphé dorsal.
Fig. 29. — Cynthiu Chuzaliei, a. sp. — .\nimal sans la tunique externe
Fig. 30. — Idem. — Tubercule dorsal et partie antérieure du raphé dorsal.
Fig. 31. — Cynthia discrepans, n. sp. — Animal sans la tunique externe.
Fig. 32. — Idem. — Fragment de la partie postérieure du sac branchial.
Fig. 33. — Idem. — Fragment de la partie antérieure du sac branchial,
Fig. 34. — Idem. — Tubercule dorsal.
Fig. 35. — Microcosmus exasperatus Heller. —Tubercule dorsal.
Fig. 36. — .tficrocosmus &îcoftvoiitfris, n. sp,— Animal sans la tunique externe.
Fig. 37. — Idem. — Fragment du sac branchial.
Fig. 38. — Mem. — Tubercule dorsal.
Fig. 39. — Molgula conlorta, n. sp. — Animal sans la tunique externe.
Fig. 40. — Idem. — Tubercule dorsal.
Fig. 4i. — Leptochiiium cineraceum, n. sp. — Un ascidiozoïde.
Fig. 41». — Idem. — Corpuscule calcaire de la tunique externe commune
Fig. 42. — Diplosoma purpureri, n. sp. — Coupe de la tunique externe.
Planche 111
Kig. 43. Styela {Poiycarpa) imtuli^o, n. sp.
Fig. 44. — Cynthia discrepans, n sp.
Fig. 45. — Styela (Polycarpa) fulginea, n. sp.
Fig. 46. — Styela (Polycarpa) nivosa, n. sp.
Fig, 47. — Leploclinum conchyliatum, n. sp.
Fig. 48. — Leploclinum cineraceum, n. sp,
Fig. 49. — Diplosoma purpurea, n. sp.
35
CAMPAGNES DE LA MELITA.
TANAIDAE "RtCOhlt?» PAR M. ED. CHEVREUX DANS L'ATLANTIQUE
ET DANS LA MÉDITERRANÉE
ADRIEN DOLLFUS
M. Edouard Chevieux a eu l'obligeance de dous envoyer les Iso-
podes qu'il a dragués aussi bien sur les côtes de Bretague que lors
des campagnes de la Melita dans l'Atlantique et dans la Méditer-
ranée. — Ces récolles, faites avec un soin extrême, ont une impor-
tance capitale pour l'étude de la faune Isopodique m;irine de nos
régions : Les Tanaidae que nous étudions ci dessous nous ont pré-
senté sept formes nouvelles; la connaissance de la dispersion géo-
graphique de plusieurs espèces déjà décrites (surtout dans les
beaux travaux de G.-O. Sars) est singulièremeut précisée grâce aux
nombreux matériaux recueillis par M. Chevreux, auxquels nous
joignons ici quelques renseignements pris par nous-mêmes sur les
côtes atlantiques et méditerranéennes de la France.
Tanais Cavouinu Milne-Edwards (1)
Tanais Cavolinii Milne-Edwards ("1).
'fanais tomentosus Kr0yer (3).
Crossurus vittatus Rathke (4).
Atlantique. — Ile Dumet, près le Croisic (Chevreux, 10 août 1887;.
— Jetée du Croisic, Eponges (Dollfus). — Guétharry, pieds de Lami-
naires (DoUfus, mai 1888). — Saint-Jean-de-Luz, Balanes (Dollfus,
mai 1888). — Saint-Jean-de-Luz (Chevreux). — Hendaye, Eponges
(Dollfus, mai 1890).
MÉDITERRANÉE. — Banyuls (Trouessart). — Cette, Algues dans le
Canal de l'Etang (Dollfus, septembre 1892). — Bandol, Algues (Che-
vreux, octobre 1893). — Cannes, draguage à 5 mètres (Dollfus). —
(1) Pour la synonymie de cette espèce, voyez nos observations dans la Note pré-
limin lire sur les Tanaidae recueiUis aux Açores yenciant les campagnes de
THirondelle. (Bull. Soc. zool. de France, Séance du 9 novembre 1897. pa.-'e 207).
(2) AuDouiN et Milne-Edwards, Précis d'Entomologie, I, pi. XXXI, Og. 1, 1828.
('.i) KR0YER, Naturhist Tidsskr., IV, p. 183. 1842.
(i) Rathke, lieitrag ziir Fauiia Nurwegens. Aria Leopoidiua, 11, p. :W, pi. 1, 1843.
36
AUUIE.N DOl.LFUS
Ilt'-Rousse, Algues du quai (Chevreux, Melila, 10 juillet 1891). —
Porto- Vecchio, sur les l'inna (Clievreux, Mc/ila, 2.1 juillet 1891). —
Alger (Chevreux). — S;iint-EugCDe, Algues (Chevreux, Melita ,
19 mai 1893). — Lac de Bizerle (Chevreux, .McliUi, 29 août 1892). -
Sousse, Algues (Chevreux, Melita, 28 septembre 1892).
Tanais Chevreuxi, tiova species.
Tanais Camlinii, G. 0. Sars?? (1), non Miliie-Edwards !
Diaf/nnue : 9 inconnue. — (^ Corps assez grand, au moins cinq lois
plus long que large, non pigmenté. Cejihalosome un peu plus long
que large, faiblement proéminent entre les antennes, à lobes ocu-
laires et yeux petits. Antennes de la première paire à premier arti-
cle égalant les deux autres, à fouet rudimentaire
fortement pénicillé. Antennes de la deuxième
paire presqu'aussi longues que celles de la pre-
mière, à tige 5-articulée, à fouet rudimentaire
(bi-articulé?) et fortement poilu. Chélipèdes à
propodite et dactylopodite assez allongés; le côté
Fig. 1. — Tanais Chevreuxi Dollfus. - a, Cephalosome cl premier segment pereial
libre; b. Partie postérieure du corps (derniers segments du pleon, pleolelson et
uropodes) ; c, Chélipède (partie antérieure).
interne de la partie dactyle du propodite est munie d'une rangée
de 8 à 10 cils. Segments libres du pereion allongés, à côtés obtusé-
ment anguleux. Pleon large : les trois premiers segments sont
munis de pléopodes faiblement poilus ; ces trois segments présentent
sur la face supérieure deux fortes toufïes de poils comme dans
(1) G. 0. Sars, Revis, af. r/ruppen Isopocla Chelifern. Arch. Math. Naturv., p. 2:i
1882.
TANAIDAE RECOLTES PAR M. ED. CHEVREUX
37
T. CavoJmii; quatrième segment beaucoup moins développé que
les précédents, sans pléopodes, cinquième nul. Pleotelson pres-
qu'aussi long- que large, obtusément quadrangulaire. Uropodes
quadri-articulés, poilus. —Dimensions : longueur, 8 millimètres ;
largeur, 1,7 millimètres.
Cette espèce se distingue nettement du Tanais Cavolinii par sa
taille plus grande et plus allongée, labsence de pigmentation grise,
la forme des chélipèdes à propodite fortement cilié et par ses uro-
podes quadri-articulés (tri-articulés chez 7'. Cavolinii). — Ce dernier
caractère la rapproche de la forme méditerranéenne que G. 0. Sars
avait cru à tort être le type du T. Cavolinii de Milne-Edwards.
Atlantique. — Deux exemplaires cf, Pen-Chàteau, fentes des
rochers (Chevreux).
Tanais testudinigola, nova species.
Diagnose : cf. — Corps environ quatre fois plus long que large,
pigmenté de gris sur toute son étendue. Gephalosome un peu plus
long que large, atténué en pointe antérieurement; cette pointe
dépasse un peu les lobes oculaires qui sont bien développés. Anten-
nes de la première paire à tige 3 articulée renflée, le premier arti-
Fig. 2. — Tamiis t.e.tUidinicola Dollfus. — a, Gephalosome et premier segment
pereial libre; b, partie postérieure du corps (derniers segments du pleon, pleo-
telson et uropodes; i\ Ciiélipède (cf): d, Chélipède (partie antérieure).
38 AhllIIN IMILLKUS
de plus long que les deux dulres réunis, fouet presque uul, muui
d'uu épais pinceau de poils; antennes de la deuxième paire un peu
plus courtes que celles de la première, à ti{,^e 5-articulée et fouet
très court et pénicillé. (^hélipèdes à propodile très larjj;e et robuste,
processus dactyliformc très écarté de la base du daclylopodite et
muni d'une dent vers l'aniile iiilerne; daclylo|)odite très recourbé.
Segments pereiaux libres allant en s'allongeant du piemierau qua-
trième, munis de quelques poils. Pleon : trois premiers segments
subégaux, à pléo[)odes longuement poilus; ces trois segments pré-
sentent chacun deux faibles toulïes de poils sur la face dorsale;
quatrième et cinquième segments apparents, mais très peu déve-
loppés et sans pléopodes. Pleotelsnn plus court que long, à sommet
subarrondi. Uropodes quadri articulés. — Dimensions : longueur,
5 millimètres, largeur 1,2 millimètres.
Ç jdus petite et plus grêle que le d^. Antennes plus courtes.
Chélipèdes à propodite moins large et à dactylopodite moins
recourbé. La pigmentation est plus pâle et plus concentrée sur le
céphalosome que chez le c?. — Dimensions : longueur 4,2 milli-
mètres, largeur 0,9 millimètre.
Celte espèce se rapproche du genre Heterotanais par l'existence
de cinq segments apparents au pleon; mais ces segments sont
dépourvus de pléopodes. — Du reste, la forme des chélipèdes moins
aberrante, chez le cf, et le dimorphisme sexuel peu accentué, suffi-
sent à maintenir cette intéressante espèce dans le genre Tanais.
Deux cT, quatre 9, — Récoltés sur deux Tortues (ThalaHuochelyf!
Caretta) pêchées eu Méditerranée entre les Baléares et la côte d'Al-
gérie : Station 4, 7 juillet 1892. Lai. 37° 55' N., longit. 0°40'E. —
Station 12, 2 août 1892. Lat. 37" 26' N., longit. 0" 50" E.
Heterotanais algfricus, nova species,
Diagnose : cf. — Corps environ cinq lois plus long que large.
Céphalosome allongé, mais peu altéuué antérieurement. Lobes ocu
laires longuement arrondis. Yeux très grands. Antennes de la pre-
mière paire formées d'une lige de trois articles (le troisième très
court), et d'un fouet 8-articulé muni de fortes touffes de poils
olfactifs. Antennes de la deuxième paire 5-articulées (les trois pre
miers articles très courts). Chélipèdes imparfaitement chélales, le
processus dactyle du propodite étant réduit à une simple dent, le
propodite est muni du côté interne d'une rangée de poils spines-
cents raides et courts; le dactylopodite est digitiforme et un peu
plus court que le propodite. Le carpopodite est plus court que le
TANAIDAE RECOLTES PAR U. EH. CHEVKEUX
39
propodite. Segments pereiaux inégaux, le premier étant pins court
que les suivants. Pleon normal, à cinq segments distincts munis
de pléopodes poilus. — Pleotelson à sommet arrondi, poilu. Uro-
Fig. 3. — Heteiuta liais algiriciis, nova species. — a. Partie antérieure du corps;
h, Chélipède (propodile et dactylopodile), côté interne; c, pleotelson et uropode
(les trois figures de profil).
podes à exopodite très petit, formé de deux articles; endopodite
très développé, o articulé. — Dimensions : Longueur 2,5 millimè-
tres, largeur 0,5 millimètres.
Un exemplaire cf , Rade de Djidjelli, Drag., 23 mètres, sable. —
(Chevreux, Melita, 13 septembre 1892).
Heterotanais PROviNCiALis, iiova speciea.
Diagnose : cf. — Corps environ cinq fois plus long que large. —
Céphalosome un peu atténué antérieurement. Lobes oculaires peu
développés. Yeux grands. Antennes de la première paire formées
d'une tige de trois articles (le troisième très court) et d'un fouet
8-articulé, muni de fortes touffes de poils olfactifs. Antennes de la
deuxième paire 5-articulées (les trois premiers articles très courts).
Chélipèdes imparfaitement chélates , le processus digitiforme
du propodite étant réduit à une petite dent presqu'invisible;
le dactylopodite est digitiforme et de longueur au moins égale à
celle du propodite. Le carpopodite est aussi long et plus large que
40
AURIKN DOLLKUS
le propodile. Segments pereiaux inégaux, le premier étant plus
court que les suivants. Pleon norniai, à rinq segments distincts
munis de pléopodes poilus. Pleotelson à sommet arrondi, poilu.
Uropodes à exopodite très petit, simple; endopodite 5 articulé. —
Dimensions : Longueur 2,5 millimètres, largeur 0,.j millimètres.
Fig. 4. — Eeterolanais provincialis, nova species. — a. Partie antérieure du
corps (çf) : b, Partie antérieure du corps |^); <;, Pleotelson et uropode (çf).
9. — Corps un peu plus petit que le cf. — Céphalosome court,
non prolongé antérieurement. Yeux petits. Antennes extérieures
plus longues que le céphalosome, tri-articulées, à premier article
aussi long que les deux autres. Cliélipèdes normaux ; propodites et
dactylopodites allongés, sans dents. Segments pereiaux antérieurs
très courts. — Dimensions: Longueur 2 millimètres, largeur 0,4
millimètres.
Un cT et une 9. — Golfe de Saint-Tropez, chalut oO mètres
(Ghevreux, Meliia, 18 août 1891).
Leptochelia Savignyi Kr0yer.
9, Tanais Savignyi Kr^yer (1). — cf, Tanais EdwarJsii (2). —
(1) KRdYEH. NhI. Tidsskr.. 1842-48, p. 168.
(2) Ibidem, p. 174.
TANAIDAE RÉCOLTES PAR M. El). GHEVREUX 41
d^, Lefttochelia Edwardsil (1). — Paratanais Savignyi, Delage (2). —
Leptochelia Savignyi, G, 0. Sars (3),
Atlantique : 9, Baie de la Forest (Bretagne) (Chevreux. Il juin
1897, — Ô, Dakar (Sénégal), chalut, 7 mètres (Clievreux, Melita,
30 février 1890). — d^ $, Saint-Jean-fle-Luz, Éponges (Dollfus,
mai 1888).
Méditerranée : d^ 9, Alcudia, Majorque, drag. 10 mètres (Che-
vreux, Melita, 30 juillet 189îij. — a' Ô, Bandol (Id., Id., octobre
1893). — cf, Salins d'Hyères, sur une bouée (Id., Id., mai 1891). —
9, Cannes, drag. 5 mètres (Dollfus). — cT, La Garoupe, près Anti-
bes, faubert (Chevreux, mars 1892). — d^ 6, Villefranche, sur
corps morts (Id.;. — cT 9,Bône, drag. 20 mètres (Chevreux, Melita,
8 juin 1897). — d^. Rade de la Calle, chalut 20 mètres (Id., Id..
août 1892). — cf 9, Baie de Surkennis, drag. 10 mètres et chalut
8 mètres (Id., Id., 15 septembre 1892).
Leptochellv algicola Harger (4).
Tanaifi dubius, non Kr^yer (1). — ! Dohrn (5) et G. 0. Sars (3).
Atlantique : cT 9, Banc de Houat (Bretagne) (Chevreux, 7 mai
1886). — cf. Courreau de Belle-Ile, 18 mètres (Chevreux, 26 juin
1888). — 9, Baie de la Forest (Chevreux, 11 juin 1887). — 9, Arca-
chon, Eponges fixées aux parcs (Chevreux, janvier 1888). — 9 Gué-
thary, sur les Lichina (Dollfus, mai 1888). — cT 9, Saint-Jean de-
Luz, dans les Eponges (Dollfus, mai 1888). — cf, Sainte-Croix de
Ténérifïe, dragué 15 mètres (Chevreux, Melita, 27 décembre 1889).
— 9, Dakar (Sénégal), chalut, 7 mètres (Chevreux, 10 février 1890).
Méditerranée : 9, Alcudia (Majorque) dragué 10 mètres (Che-
vreux, Melita, 30 juillet 1892). — 9, Celte, canal de l'Etang (Dollfus,
septembre 1892). — 9, Bandol (Chevreux, octobre 1893). — 9,
Salins d'Hyères, sur une bouée (Chevreux, mai 1891). — 9» Golfe
de Saint-Tropez, chalut, 50 mètres (Chevreux, Melita, 18 août 1891).
A. Dohrn et G. 0. Sars ont assimilé l'espèce brésilienne décrite
par Kr0yer sous le nom de Tanais dubius à celle qui vit si abondam-
ment sur nos côtes. — Des localités aussi éloignées ne nous auraient
(t) Bate and Wistword, British. sess. eyed Crust., 1868.
(2) Delage, Contribution ii l'élude de l'app. circul. des Crustacés Edriop/itha-
Itims marins. Arch. Zool. expérim.. 1881.
(;«) G. 0. Sars, Fev. af. gr. Isop. Chelif., 1882.
(4) Hargeb, Rep. on the marine Isop. of N. England., 1878.
(5) Dohrn, Unters. ûber Bnu und Entw. der Arthrop., 1870.
M ADRIKN DOLLFIS
pas fait lu'siter à admettre cette assimilation, cai- nous avons vu à
quel point les Tannidip peuvent avoir une dispersion étendue, et
nous venons de citer nous-mêmes l'espèce française recueillie au
Séuétjal par M. Chevreiix. — Mais il y a entre la description et la
figure du fanais dulnvs de Kr0yer et notre l.eptochelia une diffé-
rence réelle, qui consiste dans le moindre développement des uro-
podes, dont l'endopodite est formé de cinq articles chez Tanais
diibiiis et de six articles dans l'espèce qui nous occupe et que nous
considérons comme identique à l.eptochelia algicola, de Hargei- —
(commune sur les côtes N, 0. des Etats-Unis). Nous avons nous-
mêmes des exemplaires de Vineyard Sound (Mass.) qui ne nous
laissent aucun doute à cet égard, an moins quant à la 9 — le cf*
figuré par Harger paraît se rapprocher de Leptorhelia Savignyi (avec
laquelle /.. algicola est continuellement mélangée sur les côtes d'Eu-
rope), mais le développement du propodite des chélipèdes paraît
moindre dans la figure donnée par Harger que dans les L. SarAgnyi
que nous avons examinés.
Si nous croyons avoir rectifié celte question de synonymie, notre
opinion est encore hésitante sur la valeur réelle de l'espèce Lepto-
chelia algicola Harger (= dubia Dohrn - G. 0. Sars), comparée à
L. Savignyi Kr0yer ; — et nos doutes proviennent précisément du
grand nombre d'exemplaires recueillis en des endroits divers par
M. Chevreux. — Notons tout d'abord que ces deux espèces se trou
vent presque toujours ensemble ; que certains caractères, tels que
la longueur du corps et le nombre d'articles des antennes chez le
d^, sont éminemment variables (nous avons constaté 6 à 10 articles
chez L. Savignyi et 7 à 10 chez L. algicola). — Il ne nous reste
comme caractères distinctifs ayant une certaine valeur, que les
suivants :
Lcptochelia Savignyi Leptochelia algicola
cT Chélipèdes à propodite deux cf Chélipèdes à propodite
fois plus long que chez /.. algi- beaucoup plus court, plus rem-
cola, muni de dents très écartées, pli, munis de dents rapprochées.
9 Corps généralement robuste Ô Corps généralement plus
et plus grand. Antennes de la petit et plus grêle. Antennes de
première paire à dernier article la première paire à dernier arti-
de la tige dédoublé en deux seg- cle de la tige simple,
ments.
Ces caractères (voyez les figures ci-jointes) paraissent très nets.
Mais ce qui nous fait douter de leur valeur, c'est que d'une part la
TANAIDAE RECOLTES FAR M. KD. CHEVREUX
43
taille, le développement deschélipèdes, l'écartement des dents chez
le cT est assez variable, et que de l'autre les Ô de L. nlgicola se
trouvent très souvent en nombre considérable avec les d^ de L.
Saoigiiyi (dans l'Atlantique comme dans la Méditerranée). Nous ne
serions pas surpris qu'il n'y eût là en somme que deux états de
développement ditïérent ; /. . f^avignyi et /.. dlgicola ne constitue-
raieut que deux âges ditïérents d'une même espèce, dont /.. SarAgnyi
Fig. 5. — Leptochelia Savignyi Kr0ger et t. algicola Harger. — a, L. Savignyi cf,
Chélipèile (propodite Pt daclylopodite); b, L algicola cf (id.); c, L. Savignyi $,
Antennes ; d, L. algicola 9 (id-)-
serait l'état adulte. — Ce n'est là qu'une iiypothèse qui sera ou non
confirmée par les récoltes que l'on fera plus tard de ces petits
Isopodes souvent si communs dans les abris contenant du sable
vaseux. Nous ne saurions trop recommander de les recueillir en
très grand nombre afin d'étudier cette question.
Leptochelia corsica, species nova.
Diagnose : cf, corps allongé, grand. Céphalosome égalant environ
trois fois la longueur du premier segment pereial. Yeux grands.
Antennes de la première paire à fouet formé de 10 articles munis
ADRIEN DOLLFUS
Fij?. 6. — Leptochelia corsica DolKns cf.
Chélipède (propodite et daetyloporJite).
de longs poils. Les "2^ et .> articles de la tige sont munis d'un fort
poil spinesceiit. Cliélipèdes très développés ; |)ropo(lite allongé
(aussi long que rarlicle précédent) ; à partie dactyle muni de deux
dents rapprochées ; dactylopodite long, courbé, muni du côté
interne de neuf «lenticules serrés et poilus. Pereion à |)remier seg-
iiicnt liltre deux fois plus court que le troisième. Première paire de
péréiopodes ambulatoires à
propodite grêle et allongé,
plus court cependant que le
dactylopodite qui est d'une
extrême longueur. Pléon nor-
mal, pleopodes à appendices
longuement poilus. Uropodes
à endopodite 6-articulés. Di
mensioDS : Longueur o milli-
mètres, largeur 1 millimètre.
9, Corps plus court que chez le d^. — Yeux petits. — Antennes
de la première paire à tige tri-articulé et à fouet presqu'invisible.
Chélipèdes de môme forme que chez L. algicoUi. Dimensions : Lon-
gueur 6,2 millimètres, largeur 1 millimètre.
cf 9, Bonifacio, dragué 10 mètres, sable (Chevreux. Melita, ^21
juillet 1890). — 9. Bonifacio, dragué 20 mètres, vase (Chevreux,
Melita). — 9. Ile Rousse, dragué 12 mètres, sable (Chevreux,
Melita, 10 juillet 1890). — 6, Ile de Djerha, marée, sur les Hircinia
(Chevreux, Mdita, 21 septembre 1892).
Cette espèce est bien voisine et n'est peut-être qu'une variété du
L. algicola avec laquelle on la trouve associée sur les côtes de Corse.
Elle s'en distingue surtout par le développement beaucoup plus
grand de toutes ses parties : sa taille est de plus du double.' — La
forme bien plus allongée des chélipèdes chez le cT, paraît cependant
un caractère distinctif assez net. — Nous avions cru d'abord pou-
voir assimiler cette espèce au Leptochelia Neapolitana, décrit par
Sars et provenant de l'Italie méridionale, et qui présente aussi dans
la première paire de péniopodes ambulatoires un dactylopodite
d'une grande longueur. Mais Sars dit que les yeux chez le cT et la 9
sont de grandeur égale; ce n'est pas le cas dans notre espèce. Si
l'hypothèse que nous avon.s émise tout à l'heure sur l'identité possi-
ble de L. Samgnyi et algicola se trouvait justifiée, il faudrait peut-
être y comprendre aussi cette forme majeure que nous décrivons ici.
TANAIDAE RÉCOLTÉS PAR M. ED. CHEVRËUX
45
Leptochelfa inermis, nova species.
Diagnose : cf , Corps médiocrement allongé, de petite taille. Cépha-
losome égalant environ deux fois la longueur du premier segment
pereial. Yeux un peu plus grands que chez la $. Antennes de la
première paire à fouet 5-articulé, poilu. Chélipèdes petits, à propo-
dite court et large, la partie digitiforme très large vers la base et
pointue au sommet ,
présente du côté interne
deux dents rapprochées
mais très peu apparen-
tes (bien moins déve-
loppées que dans les
espèces précédentes ) .
Pereion et pleon nor-
maux. — Uropodes à
endopodite 4- articulé.
— Dimensions : Lon-
gueur 2,6 millimètres,
largeur 0,5 millimètres.
9, Corps de même
dimension que chez le
cf. — Yeux à peu près
de même grandeur. —
Antennes de la première
paire à tige tri-articu-
lée et à fouet rudimentaire. Chélipèdes à propodite assez étroit, à
bord interne non denté.
Deux cT, deux $. — Dakai, chalut, 7 mètres (Chevreux, Melita,
février 1890).
Cette espèce est bien distiucte par la forme des chélipèdes et le
petit nombre d'articles du fouet chez le cf , et par ses uropodes à
endopodites 4-articulés.
Fig. 7. — Leptochelia inermis Dollfus. — a, Chéli-
pède, partie antérieure (a') ; b, Chélipède, partie
antérieure (Q); c, .\nteanes (o^) ; d, Pleotelsoa
et uropodes (o^9).
Paratanais Batei g. 0. Sars (1).
Quatre 9. — Saint-Jean-de-Luz, drag. 5 mètres (sable vaseux)
(Dollfus, mai 1888).
(1) G. 0. Saks, Revis, af. Gruppen Isop. Chelif , 1882.
46
ADRIEN IJOLLKIS
Typhlotanais messinensis, g. 0. Sars (1).
Une 9. — Golfe de Saint-Tropez, chalut 50 mètres (Clievreux,
^]elHa, i8 aoiU 1891).
Leptognathia bhevimana Lilljeborf^.
Tandis iremmanus, Lilljeborg (2). Leptognathia bremmana G. 0.
Sars (1).
Une $. — Baie de la Forest (Bretague), 16 juin 1887 (Clievreux).
Espèce de dispersion très étendue : toute la côte Norvégienne
jusqu'à Vadsô, Danemark, Méditerranée à Messine (Lilljeborg,
Meinert, G. 0. Sars)
Leptognathia crassimana, nova species.
cT. — Corps très étroit. — Céphalosome assez court (très abimé
sur l'exemplaire examiné). — Antennes de la première paire à tige
tri-articulée (le troisième article court), et à fouet (juatri-articulé,
muni de poils sensilifs assez courts. — Chélipôdes courts, robustes ;
propodite large, presque tri-
quètre, à bord interne si-
nueux denté. Dactylopodite
étroit, (lenticule du côté ex-
terne. Segments pereiaux
subégaux, les trois premiers
un peu plus courts et plus
larges que les suivants. Pléon
normal, pléopodes bien déve-
loppés et munis de poils
allongés. Pleotelson plus long
que les segments pléonaux ;
uropodes allongés, à endopo-
dite triarticulé (le premier
article très court) et exopo-
dite bi-articulé, grêle, égalant
au moins la moitié de la lon-
gueur de l'exopodite. — Di-
mensions : Longueur, 2,8 millimètres, largeur 0,4 millimètres.
Fig. 8.— Leptognathia craasiwana DoUfiis
(c"). — o. Chélipède; b, Antennes; c,
Pleotelson et uropode.
(1) G. 0. Sars, Revision af Grvppen Isop. Chelif., 1882.
(2) Lii.tJEBOR(i, Hidr till. Kannod. oui dr imm. Smiqt' <irli Noia:e<i. fijrel;.
CruHt. aj Tfiiiiiidrriiesfaiinlij, 1864.
TANAfDAK RÉCOLTÉS PAR M. KO. CHEVREUX 47
Un cf (mauvais état), baie du Chalet (Bretagne), (Chevreux, 13
août 1885).
La forme des uropodes ne nous permet pas de considérer cette
espèce comme le d^ de la précédente, qui est encore inconnu.
Tanaopsis laticaudata g. 0. Sars d).
Le Cioisic, dragage sable, 10 mètres (Chevreux). — Id., sable
attaché aux Pecten Jacobœus, 50 brasses (Chevreux).
Cette espèce paraît avoir une grande dispersion, dans la zone
littorale moyenne et profonde. — M. G. 0. Sars l'a signalée au Sud
de la Norwège et dans la Méditerranée à Naples et à Messine.
Anarïhrura simplex g. 0. Sars (1).
Un (f et une 9, Saint-Jean-de-Luz (Chevreux, Melita, 4 août 1893).
Signalés par G. 0. Sars, sur les côtes 0. et S. de la Norwège, à
des profondeurs de 50 à 150 brasses.
(1) <i. O. Sars, Revis, af. Gruppen Isop. Cfielif., 1882.
48
LES ODONATES DE LA POLOGNE RUSSE
LE 0- JEAN INGENITZKY,
de Sainl-FétiTsbourg.
La Russie occidentale, dont font partie les divers gouvernements
de la Pologne, est une vaste plaine entrecoupée de forêts, d'étangs
et de rivières : la faune des Odonales de cette région est une des
plus riches de la Russie.
Au point de vue de l'étude des Libellules, cette contrée peut être
considérée comme presque entièrement inexplorée, surtout si on
la compare aux contrées voisines, la Silésie et la Galicie, dont la
faune a été étudiée par Hagen, Charpentier, Dzendzelevicz, Novizky
et Vergeisky. Déjà, un petit travail, dû à M. E. Majevsky, publié
en 1882 et réédité eu 1885, a énuméré tous les Névroptères trouvés
dans les confins de l'ancienne Poloi-ne, mais Dzendzelevicz, dans
l'ouvrage capital qu'il a lui-même publié, s'exprime ainsi au sujet
du travail de Majevsky : « Un examen attentif entraîne la conviction
que l'auteur n'a pas comparé les espèces citées par lui avec les
exemplaires déterminés des collections, non plus qu'avec les des-
criptions des savants, car il cite parfois une même espèce sous
plusieurs noms comme s'il s'agissait d'espèces différentes. C'est
ainsi qu'il parle de V^Eschna cyanea Latr. et de V/Esch. maculatis-
sima Eversm.; de Gomphus pulchellus Steph. et de G. flairpes
Charp., etc. ».
C'est cette faune que nous avons voulu étudier, parcourant, en
particulier pendant les années 1891 et 1892, les campagnes de la
Pologne, à la recherche des Insectes, élevant les larves et recevant
le produit des chasses de nombreuses personnes qui ont bien voulu
capturer pour nous des Odonates dans les diverses localités du
pays.
Mais, avant de donner la liste des Odonates de la Pologne, nous
voulons exposer brièvement quelques remarques biologiques con-
cernant leur apparition ou leur disparition, leur mode d'accouple-
ment et leur manière de pondre.
Dès le commencement de mai, apparaissent Lib. quacb'imacula et
Lib. depressa, en même temps que diverses espèces d'Agrions du
groupe (( puella » ; puis, successivement, les genres Cordulia, Gom-
LES ODONATES Dt; LA POLUGNE RUSSE 49
phus, Calopteryx, Hlati/cncnns, les grandes formes, Ana.r forniosus et
.Eschna pratcnais, de sorte que, à la mi-juin, la faune des Odonates
a atteint sa plus grande richesse. A la fin de juin l'état demeure
stationuaire, après quoi le nombre des Insectes diminue notable-
ment. A mesuie que disparaissent les formes printanières, appa-
raissent les formes autouinales. Les Diplax flaieola et vulgata
commencent à éclore, puis deviennent abondants en juillet et août,
en même temps que plusieurs Lestes et les jEschna yrandis et 7'ufes-
œns. A la fin de juillet et au commencement d'août, on voit éclore
yEschnacyanea, Diplax scotica et vulgata ainsi que Lestes sponsa qui
durent jusqu'aux 15 25 octobre (1891-92). La saison de chasse de
ces Insectes peut donc se diviser en trois périodes, la première
comprenant mai et juin, la plus riche, caractérisée par les L. qua
drimaculata et depressa, les Gomphus, les Anax et Y/Eschnapratensis.
La deuxième, de lin juin à la mi-août, caractérisée par les Diplax,
Lestes, /Eschna grandis et cganea, au milieu desquelles on trouve
encore, en quantité insignifiante, des formes printanières, telles
que Cordulia inetallira et L. (juadrirnacalata. La troisième est remar-
quable par la prédominance des /Eschna cyanea, Diplax vulgata et
Lestes sponsa.
Pour contrôler ces époques, nous avons tenté d'élever des larves
dans les aquariuuis du cabinet zooiogique. Les larves recueillies, à
la mi-avril, dans les étangs des environs de Varsovie, ont donné les
imagos de quadrimaculata et depressa, dans la première quinzaine
de mai, puis quelques exemplaires du 15 au 20 mai; Epitheca
bimaculata est née le 27 mai ; le premier Diplax vulgata est éclos le
13 juin; Lestes nympha le 17 août.
Au cours de nos excursions, nous avons essayé de résoudre la
même question en notant la capture des jeunes Insectes fraîchement
éclos, reconnaissables à leur coloration plus pâle et à la mollesse
de leurs téguments. Nous avons également fait toutes les observa-
tions possibles relatives à la copulation et à la ponte des œufs.
Ainsi, le 17 août 1891, un couple A^ /Eschna cyanea, venant d'une
forêt, d'un vol rapide, tomba dans l'herbe au bord d'un étang : le
mâle tenait la femelle par l'occiput, ses appendices supérieurs
étaient verticalement placés des deux côtés de la partie postérieure
de la tète de la femelle, tandis que son appendice inférieur se trou-
vait horizontalement placé sur le triangle occipital, entre les yeux.
Le mâle ne touchait nullement le prothorax de la femelle.
Le 25 juiu, un couple de Cordulia senea se posa sur un arbuste :
le niàle tenait la femelle comme dans le cas précédent, l'abdomen
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1698. xi. — 4
50 J. INUKNIT/KY
redressé, hiissaril entre lui el le corps <le l;t (einclle nu espaee ova-
laire. nHréei à l'avanl.
Chez la IJb. pectoralis, le proeédé est le même, avec la dilïérence
(|ue le inàle arque l'abdomen vers le haut, de sorte que l'espace
laissé entre sou corps et celui de la femelle se rap()roche de la forme
annulaire.
Le 2(i juin, chez un couple de l'huncncnils f/ennipes, les appendices
supérieurs du mâle, s'abaissant verticalement, s'appliquaient sur
la partie |)Ostérieure du |)rotlu)i'a.\ de la femelle, tandis que les
appendices inférieurs se trouvaient dans une position inclinée sur
la partie antérieure.
Nos ol)servations sur la ponte des œufs sont les suivantes : le 13
juin, à Méua, au-dessus d'un étang, nous observâmes un grand
nombre de Lib. pectoralis en copulation. Les femelles des trois paires
capturées commencèrent, dans le filet même, à expulser des œufs
en abondance. Le 19 juillet, mènies remarques au sujet de fjb.
sanquinea, la femelle, l'abdomen légèrement recourbé vers le bas,
laissait tomber des œufs. Ceux ci sortaient sans interruption, l'un
après l'autre, comme une chaîne; l'abdomen se contractait et se
dilataitconstamment,chaque contraction correspondant à l'émission
d'uii œuf. Le '1 août, au bord d'un lac. mêmes remarques sur Lib.
vulgata et santjuinra. La direction suivie par les couples dans leur
vol, suggérait l'idée que les mâles saisissaient les femelles dans la
forêt et les entraînaient vers le lac, en vue de la ponte.
Dernièrement, Rodzianko s'est élevé contre l'opinion générale-
ment admise que le mâle prend une part active au moment de la
ponte. Le mâle, dit-il, ne fait que suivre passivement les mouve-
ments de la femelle et ne lui aide en aucune façon ; bien plutôt,
souvent il l'embarrasse et est cause que la ponte se fait eu des lieux
défavorables.
Famille Libellulidœ
Genre Libkllula L.
1. /.. quaclrimacnlala L. — L'espèce la plus commune et la plus
abondante dans la contrée. Apparaissant au commencement de mai,
ces Libellules prédominent depuis mai jusqu'à la mi-juin, volant
en quantité immense, non-seulement au dessus des étangs, des
fossés, des clairières, mais jusque dans les villages el les villes.
Cest ainsi que dans les rues de Varsovie, par exemple, pendant les
LES ODOXATES DE LA POLOGNE RUSSE 51
journées ensoleillées du mois de mai 1892, on pouvait souvent voir
voler des Libellules appartenant à cette espèce.
De la fin mai à la mi-juin, nous avons fréquemment rencontré des
individus en copulation, et en juin nous avons observé la ponte des
œufs.
Dans la seconde moitié de juin, le nombre de ces Libellules com-
mence à diminuer notablement et l'espèce disparait vers la mi-
juillet.
En ce qui concerne les contrées voisines, cette espèce est indiquée
en Galicie (Dzeud.), dans la Prusse orientale (Hg.) et dans la Cour-
lande (Kawal). partout eu grande quantité. Cette espèce est aussi
répandue en d'autres localités de la Russie d'Europe :à Pétersbourg
(PL), dans les gouvernements de Moscou et de Riazau fOul.), dans
ceux de Charkov et de Poltava (Rodz.) et aussi dans la région com-
prise entre le Volga et l'Oural (Ev.).
Var. L. pvccnubila Newm. — Relativement rare. Nous l'avons ren-
contrée à Mena (19 :26 juin) et à Otvotsk (30 juin).
L. quadrimaculata s'assemble parfois en nombre incalculable et
opère des migrations d'un lieu à l'autre sous forme d'essaim. Dans
la littérature russe, de pareilles migrations sont indiquées par
Ivanov qui en a observé à Loupiavok en 1864 et 1869, et par
Rodzianko qui en a décrit une, observée par lui à Louben (gouver-
nement de Poltav;i) le 11 mai 1889.
M. Rodzianko cherche à réfuter l'opinion communément reçue
d'après laquelle rinsullisauce de nourriture, l'assèchement des
étangs, etc., constitueraient les causes de ce phénomène de migration.
Les migrations de L. quadr. peuvent s'expliquer, suivant cet
auteur, par une tendance à se réunir en troupe, particulièrement
développée chez ces Libellules, tandis que le déplacement d'un lieu
à l'autre est dans leur nature même, en tant qu'Insectes aériens,
annant le vol, et doit, par conséquent, être considéré indépendam-
ment du nombre des individus participant au vol.
2. L. (Icpressa L. — Beaucoup moins abondante que la précédente,
cette espèce n'en est pas moins fort commune dans la contrée et se
trouve même par places en grande quantité, à la lisière des bois
ou dans les clairières. L'Insecte se pose ordinairement sur les
branches des arbres, ou bien sur le sable, les ailes étendues. Appa-
raît au commencement de mai, ainsi que l'espèce précédente et
disparaît progressivement vers le mois de juin. Trouvée près de
Mitava et de Dorpat iKv.), aux environs de Moscou et de Riazan
(Oui.), dans les gouvernements de Charkov et de Poltava.
l'}'2 .). INGKNir/.KV
.■{. /,. cdini'llala L. - Vers le milieu de iiuii I(S!)2, (|ijeli|ues exeiii-
phiires scml sortis, dans les a(|uaiiiiiiis, de larves lécollées dans les
étangs près de Mokotov (Varsovie) ; nous avons ensuite obtenu cette
espèce prise an vol dans les gouverti('in(Mits de Varsovie et de
Sedletsk
En général, cette espèce est rare dans la contrée, tandis (lue, au
dire de MM. Ivanov et Rodzianko, elle est très commune dans les
gouvernements de Karkov et de Poltava.
Trouvée en outre en Courlande (Kow.), dans le gouvernement
de Moscou (Oui.) et par Eversmann entre l'Oural et le Volga.
4. /.. pddrnioiilana Allioni. -- N'a été rencontrée qu'en un seul
endroit, au village de Zvola (gouvernement de Sedletsk) d'où plu-
sieurs exemplaires nous ont été envoyés par M. V. Proskourine,
qui. fait intéressant, avait déjà rencontré cette espèce rare exacte-
ment au même endroit, en juin 1892 et en août de la même année,
et l'y avait trouvée en abondance sur les collines voisines.
Citée par Oulianine dans le gouvernement de Moscou, près de
Volokamsk, où ces Libellules volaient en grand nombre sur les
hautes berges ensemencées de la rivière Lama. Eversmann l'indique
sur le Volga, l'Oural et Farochevski dans le gouvernement de
Kharkov.
5. L. sanyuinea MiïLL. — Assez répandue durant la période esti-
vale, se rencontre ordinairement dans les lieux secs, éloignés des
eaux, par exemple dans les petites forêts, dans les clairières, sur
les blés, etc.
Indiquée dans les gouvernements de Moscou et de Nijni-Novgorod
(Oui.) et dans ceux de Kharkov (Iv. et Far.) et de Poltava (Rodz.).
6. L. flavcola L, — Espèce commune quoique plus rare que la
précédente. Affectionne également les lieux secs.
Pétersbourg (PI.), Moscou (Oui.), gouvernement de Kharkov (Iv.
etJar.), gouvernement de Poltava (Rodz.), gouvernement deTambov
(Oui.), Volga-Oural (Evers).
7. L. vulijata. — L'espèce la plus répandue durant les saisons
estivale et automnale. Ainsi que les deux espèces précédentes, se
rencontre abondamment dans les lieux secs ; nous l'avons trouvée
en grande quantité dans les clairières des bois d'Otrootsk et de
Karelshov, se posant ordinairement sur les branches des petits
pins. Métamorphose observée dans l'aquarium le 13 juin 1892; la
ponte des œufs dans la seconde moitié d'août et pendant tout le
LES OnONATKS DE LA POLOGNF. RUSSE 53
mois de septembre. Trouvée clans toutes les localités où des excur-
sions ont été faites eu temps convenable. Indiquée aussi comme
très commune dans les contrées voisines du royaume de Pologne.
Gouvernements dePétersbourg (PI.), de Moscou (Oul.),deKharkov
(Iv. et Jarocli.), de Pollava (Rodz.). Volga-Oural (Evers.).
8. L. striolata Charp. — Trouvée par nous à Pétrokov le 26 août et
à Otvotsk (Varsovie-Gub.) 15, 23, 24 septembre. Majevsky l'indique
dans les environs de Varsovie, de Milosna et de Lublin.
Environs de Pétersbourg (PI.), gouvernement de Moscou (Oui.),
Volga-Oural (Evers.).
9. L. scotica Denov. — Apparaît à la mi-juillet et persiste jusqu'à
la fin de l'automne.
En juillet, les mâles n'ont point de « tleur » noire sur l'abdomen
et, de même que les femelles, sont souvent dépourvus de la tache
Doire au front, caractère diagnostique spécifique.
En général, cette espèce se rencontre ici fréquemment, tandis
qu'elle est très rare dans le gouvernement de Kharkov.
Dans le travail détaillé de Ivaoov, elle n'est pas indiquée pour
Coupianok, et ce nest que postérieurement que Rodzianko rappelle
avoir reçu d'Ivanov quelques exemplaires de cette espèce.
Trouvée en outre dans le gouvernement de Pétersbourg (PI.),
dans ceux de Moscou et de Kalouga (Oul.)et entre le Volga et l'Oural
(Evers.).
10. L. duhia V. der L. — Très rare. Daus notre collection, nous
n'avons qu'un exemplaire mâle recueilli par .\. Rrauner à Hjenkav,
le 28 mai 1892.
Environs de Pétersl»ourg (PI.), gouvernement tie Moscou (Oui.)
et de Kasan (Ev.). Indiquée comme assez i-are en Silésie et en Pomé-
ranie (Selijs et Hagen).
11. /.. ruhiciuula L. — C'est aussi une espèce rare. Quelques
exemplaires ont été capturés fin mai et commencement de juin à
Mena (Varsovie-Gouv. ) au-dessus d'un étang. Gouvernement de
Courlande (Karv.), de Pétersbourg (PI.) et de Moscou (Oui.), V^olga-
Oural (Evers. \
12. L. pectoralin Charp. — A été observée à la fin du printemps
en grande abondance sur les étangs, se livrant à de rapides évolu-
tions et ne se posant que rarement sur les buissons riverains.
Accouplement ol»servé dans la première moitié de juin ; les couples
observés sur l'étang arrivaient ordinairement des prés.
54
.1. iN(;i.Nn/KY
Cettt' cspi'i'c H disparu en iik^iik' liMiips (|iio f . <iit(i(lriiii<inil(itii et
L. depressa. Trouvée en outre à (jjilaklii ((iîj mai 1891 1 et à Kjentkov
(H jiiini.
rioiivernements de Coiiriande (Karv. ), de Pf^tersbourj^ (PI.), de
FamiM(\ (Oui. el de Kazau {K\'.). Très rare dan.s le.s iiouverueuients
(le (Kliiirkov. et de Pollava ilv. el Uodz.i.
Genre Gokduli.v
13. C. metnllica X . n. L. — L'espèce la |)lus ré|)andue dans la
conlrée;au printemps se reueontre toujours au dessus des eaux
en grande abondance. Des individus isolés persistent fort longtemps;
il nous est arrivé ainsi de capturer quelques exemplaires les 14 et 21
^oi\t, à Goura et à Karelsdorf (gouvernennint de Varsovie).
Gouvernements de Pélershourg (PI ), Nijni-Novgorod (Oui.),
Kharkov (Iv. et Far.), Poltava (Rodz. .
14. C. flavomaculuta V. n. L. — Se rencontre moins fréquemment
que les autres espèces du genre et apparaît plus tardivement (au
mois de juin). Un individu capturé par le professeur Nassonov, le
16 juin 1892, se mit à pondre dans sa main.
Gouvernementsde .MoseoulOul.), Kharkov (Iv.) et Pollava (Rodz.),
Volga-Oural (Ev. i.
15. C. œnea L. — Espèce commune au printemps; se rencontre
comme les précédentes au-dessus des étangs et des fossés. Accou-
plement observé le 27 mai.
Gouvernements de Courlande (Kaw.), de Pétersbourg (PI.), de
Moscou, de Riazan et de Fambov (Oui.), de Kharkov (Iv. et Far.) et
Poltava (Rodz.), Volga-Oural (Ev.).
10. Epitheca himaculata Gharp. — Des larves recueillies dans les
étangs de Mokotov, un exemplaire est sorti le 28 mai : un autre
exemplaire femelle a été capturé par nous le 26 juin à .Mena (gou-
vernement de Varsovie) au bord (riin fossé où l'Insecle se débattait
dans riierbe touffue, se préparant appareinnienl à pondre.
Indiquée comme assez rare en Galicie et dans la Prusse orientale
fDzendzelevitsh et Hagen); en Russie, trouvé dans les gouverne-
ments de Pétersbourg (PI.), de Poltava (Rodz.) et de Kazan (Ev.).
LES ()DONATi:S DE LA POLOGNE IIUSSE 55
Famille des ^schnidfie
Genre Gomphus
17. (/'. vulgatissimus L. — Galakhi (gouvernement de Varsovie),
5, 10 juin ; Ménia, 27, 29 mai: Rjentkov, 10 juin.
Gouvernements de Courlande (Karv.), Pétersbourg; (PI.), Moscou
(Oui.), Kliarkov (Iv. et Far.) etPoltava (Rodz), Volga-Oural (Ev.).
18. G. serpentintis Chahp. — Un exemplaire capturé par M^^^Paulov
à Bélian (près Varsovie), en mai 1889.
Indiqué comme assez rare en Galicie et dans la Prusse orientale
(Dz. et Hag.). En Russie, dans les gouvernements de Pétersbourg
(PL), Moscou (Oui.) et Kazan (Ev.).
Genre Anax
19. .\na.T foniwsus V. d. L. — Nous n'avons eu sous les yeux qu'uu
seul exemplaire mâle provenant de la collection A. Braûner et
recueilli au milieu de mai 1890 dans l'île deSékirki (près Varsovie)
sur les buissons du rivage.
Suivant Dzendzelevitsh, cette espèce est assez répandue à Fatra,
mais ne se rencontre qu'en petite quantité dans cliaque localité.
En Russie, a été trouvée dans les gouvernements de Kharkov, Pol-
tava et Kazan.
Genre ^^Ischna
20. .Eschuitpratensis Mull. — C'est la plus commune des grandes
Libellules printanières. Nous l'avons rencontrée abondamment
au-dessus des étangs, ainsi que dans la forêt, au milieu des arbres
et sur la lisière, Accouplement observé à la fin de mai.
A mi-juin, cette espèce disparait, cédant la place à d'autres espèces
de ce genre.
Galicie (Dz.), Prusse orientale (Hagen). En Russie, n'a été trouvée
jusqu'à présent qu'aux environs de Goupiausk dans le gouvernement
de Kharkov (Iv.).
21. /E. cyanea Mûll. — L'espèce la plus commune et la plus
répandue dans la contrée ; se rencontre ordinairement au dessus
des étangs et des marais entourés de forêts. Les jeunes exemplaires,
munis de taches blanches sur le thorax et sur l'abdomen, apparais-
'M\ .1. i.N(;knii/i<y
seul ri 1.1 lin du mois de jiiillcl ; iicroiipli'iiit'iil (dtstMNé les 1."», :i8aoùl
t't 7. Il st'|ttL'iiil>re; les couidt's planent (irdiii;iii('iniMil;i iine^riindc
hauteur et avec uue jçiandc rapidité.
Narsovie, Olvolsk. Kiell/.i, Mcnlnt', Pélrokov. Kaielsliov , VIolii.
Lifllaude (Karv.j, gouvcrni-nicnls de IN'tersl(Our;j: (IM.) Moscou
(Oui.). V()l^'a-()ural (Ev.).
22. ./:'. jiinrca. — Doux exemplaires eaplurés le 7 septembre et le
H octobre IS!)3, à (3tvotsk. Celte espèce se rencontre en Tialicie. où
elle est peu répandue, suivant Dzendzelevitch.
Gouvernements de Courlande (Karv.). Pétersbourg (PI.), Moscou,
Smolentsk (Ould) et Kbarkov (Iv.), Volga-Oural (Ev.).
23. /.'. mlrt'i Lath. — Assez commune. .\oût, septembre. Kieltsil.
Otvotsk, Novo-Alexandria.
Gouvernements de Kharkov(lv.)elde Poltava(Rodz.), Volga(Ev.).
24. /Ji. viridiK Eversm. ~ Très rare. Quelques exemplaires nous
ont été fournis par M. A. Bikov, provenant d'Otvotsk (2 et 27 sep-
tembre 1892), aiFisi que par M. Prjesmitski, provenant de Burjets,
en août.
Donnée comme rare en Galicie et dans la Prusse Orieutrde. En
Russie, trouvée dans les gouvernements de Pétersbourg (PI.), Moscou
(Oui.), Kharkov (Iv.) et Kazan (Ev.).
2o. E. rufescens V. d. L. — Observée en quantité mo<lérée au-
dessus des étangs à la lin du printemps.
(Jalicie et Prusse Orientale (rai-e). Gouvernements de Kazau (Ev),
Kharkov (Iv.) et Poltava (Rodz.).
26. .^L grandis L. — Assez fréquente durant la saison d'été; moins
abondante cependant (\u\Esclina cyaiiea.
A Otvotsk, pendant juillet et août 1891, nous avons pu fréquem-
ment ob.server, au coucher du soleil, le vol de ces Libellules dans
une percée de forêt de pins, non loin de la rivière Svidra.
Apparaît fin juin et disparaît vers mi-septembre. Le 2 août, sur
les étangs de Goura, nous avons observé quelques femelles volant
sous uue saillie de la berge, cherchant apparemment un lieu couve
nable à la ponte.
Gouvernements de Nijni-Nojgorod (Oui.), Kharkov (très rare)
(Iv.) et Poltava (Rodz.).
LES ODONATES DE LA POLOGNE RUSSE 57
Famille des Agrionidse
Genre Calopteryx
27. C. virgo L. — Espèce commune durant les période estivale et
printanière. Sur les rivières et les fossés.
Varsovie, Rjentkov, Zalouski, Mena, Vlotslavsk, Courlande et
Siflande (Karv.). Gouvernements d'Archangel (Oui.), Pétersbourg
(PI.), Moscou (Oui.), Volga-Oural (Ev.).
28. C. splendens Harris. — Assez répandue, surtout durant la
période printanière; se rencontre, comme la précédente, au-dessus
des eaux courantes, mais beaucoup plus fréquemment.
Varsovie. Otvotsk, Zalouski, Mena, Vlotslavsk, Mentné, Bourjets,
Courlande et Siflande (Karv.). Gouvernements de Moscou, Fambov
(Oui.), Kharkov (Iv. et Jar.) et Poltava.
On rencontre aussi, quoique moins fréquemment, des individus
dont les ailes sont pourvues d'une ligne transversale plus large et
qui constituent, pour M. de Selys, la variété vanthostoma, Nova-
Alexandria, 27 juin (Rodz.).
Genre Lestes
29. L. nijmpha de Selys. — Espèce estivale, relativement rare.
Un exemplaire capturé le 15 juin à Méua sur un étang : un exem-
plaire pris le 10 juin à la « Promenade )) près Varsovie, sur un petit
marais desséché. En outre, quelques exemplaires nous ont été
fournis provenant d'Otvotsk et Mentné (juin-juillet).
Gouvernements de Pétersbourg (PI.), .Moscou, Kalouga (Oui.),
Kharkov (Iv.) et Poltava (Rodz.).
30. L. sponsa Hansen. — Espèce extrêmement répandue, excessi-
vement abondante dans les lieu.K humides, ordinairement dans
l'herbe haute ou dans les taillis, où ces Libellules se posent sur les
feuilles ou bien volent lentement de buisson en buisson. Particu-
lièrement abondantes à la fin de l'été et au commencement de
l'automne sur les lacs et marais desséchés, couverts d'Acorus.
Accouplement intensif observé au commencement d'octobre.
Varsovie, Krachev, Otvotsk, Dombrova, Nova Alexandria, Bour-
jets, Keltsi, Goura, Karelshof,Vohi, Mentné, gouvernements de
Courlande (Karv.), Pétersbourg (PI.), Moscou et Kalouga (Oui.),
Kazan (Ev.), Karkov (Iv. et Jar.) et. Poltava (Rodz.).
58 .1. INCKMTZKV
31. /.. nniis i'.HKHW Cl'IIc espèce, liés n'|i;iii(liie ;iussi, se reu-
contre à la même é|)oque de l'auuée que la précédente maisdispa
raîl plus tôt. L'habitat est le môuie.
Otvotsk, Keltsi, Varsovii', Karelsliof, Goura, gouvernements de
Moscou (Oui.). Kliarkov (Iv.iel l'ollava ( Uodz.). \'ol-a-(liiral (Kv.).
;{2. / . Ixirlxira V.ku. Kspéce estivale, comme la itréct-dente. mais
moins abondante.
Varsovie. Keltsi, Otvotsk, (lalicie. I'rus>«e orientale (rare). Gou-
vernements de Pélersbourg (PI. s .Mo.scou (Oui), Kazan (Ev.), Tau-
ride (Oïd.), Kharkov (Iv. et Jar.) et Pollava (Rodz.).
33. /.. fusvti. — J'ai reçu deu.\ e.xemplaires de cette espèce de
M. Silantiev. qui les avait capturés près d'Oytzov (i<ouv. Kielez).
Genre Platycnemis
34. /'/. pennipcs Pallas. — Espèce très répandue durant les périodes
estivale et printaniére.
Varsovie. Galakhi. Mena. Rjentkov, Flanchtsh, Nova-Alexandria.
Gouvernements de Pétersbouri,^ (PL), Moscou (Oui.), Samara (Ev.),
Kazan (Ev.), Kharkov (Iv. et Jar.) et Poltava (Rodz.).
Genre Agrion
3.'). .1. iiaias Hansk.n. — Espèce printaniére commune sur les
étangs et les fossés. Se pose ordinairement sur les plantes aqua-
tiques. .Accouplement observé les 10 et 23 juin.
.Marivonte. Ménia, Kjentkov, Zalouski. (îouvernements de Péters-
bourg(Pl.). Moscou (Oul.i, Kliarkov llv.j, Poltava (Rodz.) et Cour-
lande (Karv.).
36. A.ininium Hauris. — Espèce très rare. Un exemplaire a été
recueilli à .Mena, sur un étang, le 27 mai ; le 22 juin, sur un ruisseau
près de Mena, ont été capturés deux autres exemplaires, mâle et
femelle, volant l'un près de l'autre. La femelle avait dans la bouche
un cousin.
Indiquée par Mjevski à Fonnine, près Lublin.
Hagen la donne comme lare dans la Prusse orientale.
Dzendzevitsh la cite en Galicie. dans les Carpathes. Oulianineen
a capturé un exemplaire près de Moscou. C'est la seule indication
relative à cette espèce pour la Russie d'Europe.
LES ODONATES DE LA POLOGNE IIUSSE 59
.37. A. elegaiu \. DE L. — Médiocrement répandue de mai en
septembre.
38. A. pulchplhitnY. de L. — Espèce printanière et estivale très
répandue.
Varsovie, Mena, Rjentkov, Floutsh, Zalouslvi. Gouvernements de
Pétersbourg (Pi.), Moscou (Oui.), Kharkov (Iv. et Jar.) et Poltava
(Rodz.).
39. .4. puella L. — Espèce très répandue; elle représente, pour la
période printanière, ce que L. sponsa est pour la période automnale,
soit au point de vue de l'habitat, soit au point de vue de l'abon-
dance. On rencontre assez fréquemment des mâles aberrants (modi-
fication de la tache noir-bronzé du second segment abdominal)
constituant diverses variétés [Revue desOdon., p. 201).
Varsovie, Galakhi, Mena, Rjentkov, Flouchtsh, Mentné, Bourjets,
Sifflande et Courlande (Karv.). Gouvernements de Kharkov (Iv. et
Jar.), Poltava, Pétersbourg (Menetr.), Volga-Oural {Revue des Odon..
p. 203).
40. A. cyathigerum Charp. — Espèce assez répandue, apparaît au
printemps et prédomine au courant de l'été, après la disparition de
la précédente.
Varsovie, Goura, Karelshov, Mentné, Bourjets, Vlokhi. Gouver-
nements de Pétersbourg (PL). Moscou et Galonga (Oui.), Kharkov
(Iv. et Far.) et Poltava (Rodz.), Volga-Oural {Revue d'Odon., p. 270).
41. A. haslulaluiti CaxRP. — Espèce commune, se rencontre à la
même époque de l'année que A. puella.
La forme des taches du second segment abdominal varie très
souvent, formant transition avec la forme cnracléristique pour l'es-
pèce suivante.
Varsovie, Mena, Rjentkov, Flouchtsh. Gouvernements de Péters-
bourg (PI ), Moscou (Oui.), Kazan (Ev.), Kharkov (Iv.) et Poltava
(Rodz.).
42. .4. bmulatum Charp. — Espèce rare ; dans la collection, nous
ne trouvons que quelques exemplaires mâles, capturés aux environs
de Varsovie le 30 mai et le 4 juin.
Dzendzelevitsh et Hagen indiquent celte espèce comme rare, en
Galicie et dans la Prusse orientale.
En Russie, n'a été indiquée que dans le gouvernement de Poltava
(Rodz.).
00 J. INGKMT/.KV
Parmi les cinq espèces signalées j)ar Majevski dans le royaume
de Pologne, il y eu a deux que nous n'avons pas rencontrées. Ce
sont : Libellula cdiuialis Gharp. (environs de Varsovie) et Lestea viridis
V. i>K L. (Oitzov. dans le gouverneuient de Kailetzki.
En tenant compte de ces deux esptk-es. la fauue odouatologique
de la contrée se trouve donc, d'après les données actuellement
existantes, représentée par 44 espèces et 2 variétés.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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LES ODONATES DE LA POLOGNE RUSSE 61
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t. IX. 1836.
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de la Soc. des nat. de S'^-Pétersbour^, t. XXIII. 1892.
19. Jaroshevski, V. A. Enumération des Nécroptères qui se ren-
contrent dans le goucernement de KharkoD (en russe). Trav. de la
Soc. des nat. près l'Univei-sité de Kharkov, t. XX. 1887.
20. SoDziANKO, V. N. Liste des Libellules du gouvernement de Pol-
tava (en russe). Trav. de la Soc. des nat. près l'Univ. de Kharkov,
t. XX. 1887.
21. J. Ingenitzky. Sur la faune et l'organisation des Odonates du
Royaume de Pologne. Bull, de l'Uuiv. de Varsovie. 1893.
Les auteurs susnommés sont désignés dans le texte par les abré-
viations suivantes :
Yv. Yvanof ; Rodz. Rodzianko ; Oui. Oulianioe; PI. Polétaieva ;
Ev. Eversmanu ; Karv, Karval ; Far. Farochevski.
62
CONSIDÉRATIONS SUR LA RÉGLEMENTATION
DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE (1)
1>A1«
M. C. PIEPERS
La première cliose qu'aura à faire, au quatrième Congrès iuter-
uational de zoologie, la Commission chargée de rédiger un code
général de nomenclature zoologique, sera assurément de se former
une connaissance exacte de tous les travaux antérieurs qui ont été
entrepris sur ce sujet. Car, ce n'est évidemment qu'après une étude
critique de ceux-ci qu'elle pourra en mettre à profit les parties qui
lui paraîtront dignes d'être adoptées. Et ce n'est qu'ainsi qu'elle
pourra arriver à réunir un ensemble aussi complet que possible ;
ce n'est que par ce moyen qu'elle parviendra à se mettre au courant
des divergences d'opinions. Elle aura donc à (ixer sou attention
non seulement sur les conventions admises aux deux (longrès de
Paris et de Moscou, ainsi que sur les divers avis qui y ont été
formulés ; mais aussi sur les vues isolées qui, depuis, se sont fait
jour tant en Allemagne qu'en Angleterre. Les lieyeln fur die icissen-
schaftUche Benennuny der Thiere, présentées eu 1894 par la Deutsche
Zoologische Cesellschaft, et les Rules (or rcytilating noinenclature
icUli a cieic to secure a strict applicatiun of thc laïc of priurity in cnto-
mological icork, publiés par Lord Walsingham et John Hartley
Durraut en 1896, ne devront donc pas échappera son attention.
Et certes, elle fera bien de ne pas négliger non plus les mémoires
analogues qui ont été composés sur la botanique, par exemple
les JSomendaturreyelu fur die Beainten des kiJnUjlichcn botanischen
(iartens und Muséums zu Berlin (2), publiés dans le Notizblatt des
koniijl. botanischen Gartens und Muséums zu Berlin. Elle y trouvera,
sur la classification en zoologie, mainte remarque bien digne
d'une sérieuse considération. Mais elle ne se bornera pas à ces
sources d'informations ; elle devra également faire bon accueil à
toutes les communications, à tous les avis émanant de spécialistes
(1) Mémoire présenté ;iii iiualriomc Congrès inlernalional de zoologie, à Cambridge
(Angleterre).
(2) Se Irouve aussi dans la NatiirwisscnisclKilt licite W(trlt('ii>icliril't , .\ll, n" 24,
i:i juin 1897.
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 63
isolés. Plus elle comptera de collaborateurs, plus elle pourra
espérer réussir. Ou peut même affirmer que cette collaboration
multiple lui sera indispensable, lorsqu'il s'agira de juger ce qui a
spécialement rapport à certaines subdivisions de la zoologie, par
exemple celle de l'entomologie avec ses nombreuses ramifications.
En efïet, ce n'est que par des spécialistes que les besoins spéciaux de
chacune de ces dernières peuvent être convenablement appréciés.
Ce n'est qu'en s'appuyaiit sur leur collaboration que la Commission
pourra se dire avec conliance qu'elle a dûment tenu compte de tous
les détails.
Toutefois, ce n'est pas seulement sur ce terrain spécial qu'il lui
importera de pouvoir connaître les idées d'hommes compétents.
On se plaît à espérer ({u'elle voudra bien aussi prêter l'oreille à ces
considérations qui regardent d'une manière plus générale le t^-avail
qu'on lui a confié.
Là du moins où celles-ci contiennent des vues ou des avis si
importants, selon l'opinion de ceux qui les émettent, qu'ils
n'hésitent pas à déclarer que le succès de ce travail devra dépendre
en grande partie de leur observation. C'est donc afin d'éclairer la
Commission dans ce sens, en lui soumettant des considérations de
ce genre, en partie d'un intérêt plus général, en partie d'un intérêt
purement entomologique, qu'on a cru devoir appeler son attention
sur les paragraphes qui suivent.
I
Déjà le fait qu'en dépit des règles de nomenclature zoologique
émises par les Congrès de Paris et de Moscou, les règlements indépen-
dants susmentionnés ont vu le jour, fait voir à l'évidence que les
premiers n'ont pas réussi à conquérir chez les divers peuples l'as-
sentiment unanime qu'on en avait espéré. D'ailleurs, la nomination
d'une nouvelle Commission chargée de préparer un code général là-
dessus le démontre manifestement. Mais, si l'on veut que ce nou-
veau code atteigne son objet, il conviendra de commencer par
s'enquérir des causes probables des échecs précédents, afin que les
défauts qui ont entaché les premiers essais, soient évités dans
celui-ci. On ne croit pas se tromper en rejetant cet insuccès princi-
palement sur ce que l'on n'a pas toujours tenu en vue assez stricte-
ment, ce qui, en premier lieu, doit être le but d'une telle réglemen-
tation. C'est à cause de cela que des développements superflus sur
certains points sont survenus et souvent même en ont fait négliger
d'autres réellement indispensables. En outre, ou n'a pas suffisamment
64 M. c. l'IKI'EKS
tenu coiiiplc (If rv (|iii pouvjiil vi\ Jissiircr l'adoption dans le monde
scienlili(|ue, faute de ([uoi toute K'^lenientation nouvelle demeurera
ut'cessaiiemenl sans elïet pratique et sera mùme plutôt nuisible
qu'utile. 11 semble donc extrêmement désirable qu'avant de con-
stituer sou essai de législation zoologique, la susdite Commission
s'occupe d'abord des principes (jui doivent y présider, chose trop
négligée, à ce (|u'il |iarail, lors de la confection des règlements
antérieurs.
II
Tout législateur doit toujours avoir nettement présent à l'esprit
l'objet qu'il se propose d'atteindre et ne jamais le perdre de vue
durant toute la durée de sou travail. 11 ne saurait rien admettre
(|ui ne s'y rapporte directement ou qui y déroge si peu que ce soit.
Une seule pensée doit pi'ésider à l'œuvre entière, s'il veut produire
(luelque chose de bon, d'utile. En second lieu, le législateur se
gardera d'oublier que son travail doit servir pour la pratique.
Il tiendra donc toujours compte des circonstances et moyens qui
peuvent assurer la pratique de ses préceptes. Là où les circons-
tances s'y opposent, où les moyens font défaut, sa législation doit
évidemment manquer son but ; il fera œuvre vaine.
Kt puis, il faut absolument (|u'il ait bien arrêté dans sa pensée le
système qu'il se propose de suivre. Car il y a deux systèmes : en
politique et en jurisprudence, il y a longtemps qu'on les connaît.
Or, cette différence, qui se retrouve dans toute espèce de législa-
tion, s'applique parfaitement à la codilication en zoologie.
Dans l'uQ d'eux le maintien de l'ordre est l'objectif principal.
On s'y efforce de régler, de prescrire autant que possible, afin
de parvenir ainsi à un état d'ordre uniforme. Les règlements
militaires offrent l'application la plus étendue de ce système, bans
l'autre, estimant que cette extrême uniformisation ne peut s'obtenir
qu'au prix de l'initiative individuelle, dont cependant la valeur
est au moins égale, on aime mieux moins réglementer; on pré-
fère se borner à ce qui est indispensable au bien général, afin
de laisser le plus de champ possible à celte initiative privée. En
|»olilique, tel peuple donne la préférence au premier, tel autre au
second de ces systèmes ; mais, ce qui est certain, c'est que, si l'on
veut être pratique, il faut opter.
Pareillement, le législateur zoologique aura à faire sou choix. Et
une fois un de ces deux systèmes adopté, il devra y conformer
rigoureusement chacune de ses ordonnances.
RÉGLt.Vlli.NTATION DE LA NOMENCF.ATCRi: ZOOLOGIQUE 05
III
Le but que se propose le nouveau code zoologique ue diffère pas
de celui qu'ont eu les auteurs des règlements déjà mis à l'essai :
c'est d'élever une digue contre l'arbitraire, qui va de plus en plus
envahissant la nomenclature; or, cet arbitraire n'amène que trop
souvent une confusion dont l'influence pernicieuse sur l'étude de
la science est bien connue. C'est aussi surtout celui de mettre de
cette manière un terme à cette confusion. Mais il ne faut pas aller
plus loin. Sans doute, au point de vue de la beauté, de la commo-
dité, l'uniformité peut souvent être recommaudable. Néanmoins
cela ne représente pas pour la science un intérêt dont le besoin se
fasse généralement sentir. Un tel intérêt seul peut cependant justifier
une collaboration internationale.
Quant aux moyens ou circonstances qui peuvent assurer l'obéis-
sance aux prescriptions du législateur zoologique, celui-ci aura
toujours à se souvenir qu'il ne dispose pas de mesures coercitives.
L'oppression de la minorité par la majorité, le boycottage, métho-
des qui, d'ailleurs, ne sont pas de mise dans les relations scientifi
ques et ne peuveut évidemment que nuire à la science, ne sauraient
même être appliqués ici ; surtout pas contre ceux à qui leur
réputation scientifique assure une influence supérieure sans doute
à celle de n'importe quel Congrès.
Si, dans des écrits d'ailleurs d'une réelle valeur, un auteur
quelconque s'écarte des règles fixées par un Congrès, comment
pourrait-on pour cela les ignorer dans la science? Les travaux qui
décèlent de brillantes recherches, des vues sagaces, auront tou-
jours un prix supérieur à tous les préceptes. Quel homme de
science se défendra de s'abreuver à une nouvelle source intellec-
tuelle si rafraîchissante? Au reste, il ne le pourrait, le voulût-il.
Ainsi, par exemple, M. le professeur Weissmann, dans ses
écrits sur le dimorphisme de saison des Lépidoptères, néglige
presque toujours de citer les auteurs des noms spécifiques. L'.lw-
locharis Belia Cram. var. simplonica Freyer, il la désigne simple-
ment comme VAntocharix simplonica. Toutefois, cela n'empêche
pas que quiconque voudra étudier le même sujet ne pourra
jamais se dispenser de prendre connaissance de ses mémoires et
de les citer à l'occasion. Or, d'un tel manque d'exactitude surgis-
sent souvent des difficultés pour l'étude ; celles que nous venons
de relever sont peu importantes, sans doute, mais d'autres peuvent
être beaucoup plus embarrassantes. L'obscurité, qui en résulte,
Mem. Soc. Zool. de Fr.. 1898. xi. — n
(i() .M. (.. l'Il.l'l.llS
siitlit pîiifois ;i rendre iiiipo'^sible l'exjicte iiilelli;^nMire des observa-
tions (lu texte. Il est doiK- lianteineiil desiiîiMe (pie la rédaction du
code vise avant tout à prévenir tout ce (jui |»cul causer de telles
confusions. Mais. ih)us l'avons déjà dit, jamais il ne pourra s'a;,nr
d'imposer une loi d'autorité. Les rt'dacteurs du code devront iiien
se pénétrer de ('elle véritt'. l'our ce motif, le choix du système à
suivre ne saurait être douteux. En t^Cnéral, sur le terrain de la
science, il convient ((ue la lilterlé personnelle soit restreinte le moins
possible. Et même, ne fùl-ce qu'à cause de cela, un code dont les
presciiptions se bornent au strict nécessaire, devra sans doute
avoir la préférence. Mais encore, comme nous l'avons déjà démon-
tré, dans le cas actuel, c'est le seul système raisonnable. Si, en
matière de politique, on peut opter pour l'autre, cela tient à l'e.xis-
tence iKiin j)ouvoir ayant la force de faire respecter la loi et d'en
assurer l'exécution. Un Congrès zoologique ne l'ayant pas, devra
donc limiter ses ordonnancesà ce qui peut s'obtenir sans contrainte.
IV
De ce qui a été dit ci-dessus quant à la législation zoologique,
découle un principe capital dont on a trop peu tenu compte dans
les règlements coniposés jusqu'à ce jour. Tout nom, une fois imposé
à un animal par le premier qui l'a suffisamment décrit, doit être
maintenu autant que possible. Ce n'est que dans des cas absolument
exceptionnels qu'il pourra être changé. Ce n'est donc pas seulement
sa priorité, c'est aussi le nom même qu'il faut respecter. Dans
chacun de ces règlements, ou a donné une foule de préceptes dont
la justesse semble très contestable ou dont l'observation exige au
moins des connaissances très spéciales, ce qui ne peut manquer
d'avoir pour résultat que souvent la pratique s'en écartera. Or, il
semble bien qu'à présent toute personne, qui croit qu'une dénomi-
nation nouvelle donnée de la sorte ne se trouve pas conforme à ces
règles, soit censée avoir le droit de la modifier totalement ou
partiellement afin de l'y assujettir. Car, quoique à la vérité le $ 5
des Règles allemandes susmentionnées contienne une restriction
à cet égard, celle-ci est évidemment tout à fait insuffisante. Il est
clair que le nom primitif, surtout s'il est emprunté à un idiome
différant beaucoup de ceux de l'Europe, pourra devenir ainsi pres-
que méconnaissable. Aussiles corrections serontloind'être toujours
des améliorations. On y verra parfois de nouvelles fautes, tandis
que de nouveaux correcteurs en ajouteront d'autres, soit à la déno-
mination primitive soit aux corrections anlérieuies. Tout cela peut
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 67
amener cratïreuses confusions, c'est-à dire produire justement le
contraire de ce que le législateur s'était proposé. Et cela, parce que
la plupart des corrections ne viseront qu'à l'uniformité à tout prix,
c'est-à-dire à un iûtérét purement secondaire, lequel ne devra
jamais prévaloir dès que quelqueohscurité, si légère qu'elle soit, en
peut résulter. Quelque inélégant, quelque mal formé qu'un nom
puisse être, pourvu qu'il ne prête pas à la confusion, son change-
ment ne saurait rendre à la science un service comparable à celui
de bannir toute obscurité. Aussi, à notre avis, le code devra pres-
crire formellement qu'en principe un nom, une fois donné par
celui qui en a le droit, doit être maintenu tel qu'il est. Nul change-
ment ne pourra y être apporté, sauf ceux qui auront pour objet
d'en rétablir la concordance avec les règles du code, et ceci encore
seulement dans certains cas expressément spécifiés, cas que l'on
aura soin de restreindre le plus possible. Vraiment, on ne croit pas
s'abuser en répétant ici les paroles suivantes du règlement botani-
que berlinois, sur lequel nous avons déjà cru devoir appeler
l'attention plus haut:
(( Fiir uns ist der Name der Pflanzen nur ein Mittel zum Zweck,
nicht ein Selbstzweck, dessen Betrieb zum Sport geworden ist, Wir
wollen unsmitHiilfedesselbengegenseitigverstàndigen, und wollen
nicht erst besondere Miihe darauf verwendenund dieZeitverspen-
den um die unbekannten Bezeichnungen in die bekannte Sprache
7M iibersetzen. Desshalbmuss unserZiel sein, môglichstconservativ
zu bleiben. und bei einer Reform von dem friiheren Restande zu
retten was nurirgend môglich ist. »
V
De tout ce qui a été dit ci-dessus sur l'impossibilité de toute
contrainte, il ressort que le législateur zoologique doit tout d'abord
s'abstenir de toute réglementation dont il est à prévoir qu'elle ne
sera pas librement acceptée ; ensuite, tâcher de convaincre de la
haute importance de la mesure proposée ; qu'il faut enfin éviter
même jusqu'à l'apparence de recourir à quelque aulorité. Pour cela
on se posera toujours en exécuteur d'un besoin généralement
reconnu, non en introducteur de vues personnelles ; en représen-
tant delà volonté populaire, non en prince dictant sa volonté en
vertu d'un droit divin.
C'est ainsi que l'on fera sagement de passer sous silence tous les
points au sujet desquels règne une notable divergence de vues
parmi les zoologistes, sur lcs(|uels il est à prévoir qu'un règlement
•i8 M. c. l'iiriii-
(|ij('l(<tiitiin' vieiicliM luujoiiis .se liciiiU'i' a des npinioiis op|>nsées,
(ill^sellt cclli's ci n'j^ti»' coiiî^idoiôes (|in' comine de simples fai
blesses. Kt l'on a^iia de iiit'iin' l(HS(|iii' Ion aiipirhcndera (jue
ceilaiiis groupes iialionaiix, plus ou moins inipoilanls. ne s'y
nioulrrnl hostiles. .Vinsi i)ar e\eni[de les Kranvais. les lloljaudais,
peut (Hie d'autres jieuples encore, ont coutunie d'écrire par une
majuscule les noms spécifiques, (juand ceu.x-ci sont des noms
propres ou dérivés île noms propres, et par une minuscule dans le
cas contraire (art. 7 des règles adoptées au Congrès de Moscou).
Il y en a aussi qui emploient toujours la première. D'un autre côté
les Anglais et les Augio Américains ainsi que la plupart des zoolo-
gistes allemands à leur exemple, bien que les botanistes allemands
susmentionnés aient adopté l'autre orthographe dans leur 2*^ règle,
écrivent toujours ces noms par une minuscule. Selon ce que nous
apprennent l'expérience et les » Deutsche Regelu >' déjà plusieurs
fois citées, les zoologistes allemands tâchent même de propager
celte orthographe. Eh bien ! Qu'on laisse simplement de côté ce
point de discorde. Qu'importe à la science ce détail de grammaire?
Tout le monde s'accordant à écrire par une capitale les noms géné-
riques; étant admis encore que dans toute citation d'un nom
spécifique, ce dernier devra toujours être accompagné de son nom
générique, ni l'une ni l'autre orthographe ne sauraient amener la
moindre confusion. Laissons donc à chacun le plaisir d'enfourcher
son dada national. C'est ainsi que l'on évitera l'écueil qui a été
cause que les botanistes susmentionnés eurent peur de recourir à
un congrès. Ce qui ne les a pas empêchés du reste d'écrire dans la
léglemeutation qu'ils ont projetée, les paroles suivantes. (]ui certes,
Jionobstant cette exagération, sont encore bien dignes de notre
attention :
« Die Beamten des botanischen Muséums zu Berlin haben sich
die Regeln selbst uur geselzl um eiuem dringenden Bediirfniss zu
geniigen. Sie sind sich vôllig bewust, dass eine einheitliche Nomen-
clatur zu gewinnen eine Unmôglichheit ist und erkennen auch
keinen Schaden darin, dass manche Abweichungeu bestehen und
bleiben vverden. Aus diesem Grunde sind sie auch weit davon
entfernt dièse Regeln als Gesetzeansehen zu wollen, welche durch
irgend eine Autoritiit den iibrigeu Botanikern auferlegt vverden
solleu. und verzichten deshalb auch darauf gern sich dieselben
durch einen sogenannten allgemeinen botanischen Congress sanc-
tioniren zu lassen. »
On fera donc bien d'énoncer formellement dès le début du code,
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 69
après avoir exposé le but général que la nouvelle réglementation
se propose, qu'elle a surtout en vue de répondre par des règles
universellement acceptées aux désirs légitimes de quiconque écrit
sur la science zoologique, que d'abord le droit du premier nomen-
clateur soit partout fermement maintenu, puis que son travail
puisse toujours être parfaitement entendu des zoologistes étrangers.
Car tout écrivain aspirant avant tout à être compris, il importe de
faire ressortir nettement que c'est aussi à cela que la nouvelle
réglementation doit surtout servir ; c'est ce qui pourra probablement
portei- plus d'un à se conformer volontairement à ses préceptes. Et
enfin, quant au système à suivre, ce n'est que dans les cas de stricte
nécessité que le code devra se permettre de prescrire quelque chose
qui ne soit déjà admis par l'usage général, qui ne soit en quelque
sorte déjà devenu loi de par la puissance de la coutume. La Com-
mission s'attachera donc à recueillir et à formuler les règles exis-
tantes plutôt que d'en inventer de nouvelles. Aussi, chaque fois
«lu'il s'agira de juger si tel ou tel principe peut être admis comme
règle, elle fera bien, en général, de se décider, non d'après ses vues
personnelles, quelque éminents que soient quelques-uns de ses
membres, mais d'après le degré de conviction qu'elle aura que ces
principes seront reconnus comme bienfaisants, que leur eodification
recevra l'assentiment général.
Ce n'est, à notre avis, que dans un petit nombre de cas de la der-
nière urgence qu'elle pourra aller plus loin et adopter des règles
dont le besoin ne soit pas entièrement reconnu.
VI
Or, jusqu'où devra s'étendre cette réglementation ; dans quelles
limites devra-t-elle se confiner? Elle ne devra contenir, outre ce
dont l'usage a déjà fait une loi, que ce qui est strictement indis-
pensable pour qu'elle parvienne au but que nous lui avons assigné.
Elle n'inscrira donc dans son code que ce qui est absolument requis
pour prévenir de graves confusions dans les études zoologiques,
pour assurer autant que possible, que tous ceux qui s'en occupenv
se comprennent toujours parfaitement, sans avoir à perdre leur
temps dans des recherches spéciales sur l'identité du nom de tel ou
tel animal. Rien qui soit purement en vue de l'ordre, de la beauté
ou même de la commodité, à moins que cela aussi ne soit déjà
justi-fié par un usage généralement reçu. Les avis pouvant encore
trop différer à ce sujet et l'adoption d'un tel principe étant ainsi
7U
.M. t.. l'IKl'KHS
douteux, il sera bou. eu pareil cas, de s'abstenir, au moius provi-
soirement.
\ Il
L(jr8(|ii(' M. K. 11. Scluilzc f.\|ilii|u;i an troisit'iiic (loiij^rrs de /oolo
gie sa pr()|)()sili()ii de nouiiner une (^oiiiMiissiou ayaul pour but de
réunir dans un seul code, avec le nii^uie lexte eu Iruis laui,'ues, les
règles de la uouienclature des animaux, il exprima le désir que
cette Commission s'occupât d'abord de rassembler tout ce qui est
déjà universellement recoiiuu concernant ce sujet, puis de tâcher de
tomber d'accord quant aux principes sur lesquels il subsiste encore
difTérence d'opinion. Et,cequi seraitainsi décidé par laCommission,
il le voulait voir aussi reconuu comme loi zooloyiqne dans le code.
Quant aux points sur lesquels la Commission n'aurait pas pu se
mettre d'accord, il désirait qu'où en fit simplement mention, mais en
y ajoutant qu'ils sont encore controversés. Mais il semble bien aller
là trop loin.
Car, comme on l'a déjà fait observer, une telle décision ne saurait
garantir eu aucune façou l'assentiment de la totalité ou même de
la majorité des zoologistes, tandis qu'il est impossible aussi de
l'obtenir d'autorité. Pour faire admettre quelque principe dans le
code, il ne pourra donc sufïire que la Commission elle-même
l'approuve; il faudra aussi que celle ci ait la conviction intime
qu'une très grande partie des zoologistes seront d'accord avec elle
à cet égard.
Cependant, l'idée de publier, en même tejnps que ce code, ces
points de controverse zoologique, mérite bien l'attention.
VIII
Le système qui se présentait alors à l'esprit de M. Schuize était
probablement celui des uHegeln n allemandes dont il a été question
ci-dessus. Dans celles-ci, chaque paragraphe se compose d'une règle
imprimée en grands caractères et d'éclaircissements, d'exemples
et de recommandations, imprimés en caractères plus petits. Ce
système paraît, en efïet, très pratique, pourvu du moins que l'on ne
fasse entrer dans le gros texte que les règles sur lesquelles tout le
monde est d'accord et que l'on relègue tout le reste dans le petit
texte. Et, pourvu qu'on n'oublie pas, d'ailleurs, d'ajouter que seule
l'observation des prescriptions imprimées en grands caractères a
été pour les motifs énoncés ci-dessus jugée absolument indispensa-
ble à l'intérêt de la science.
RÉGLEMEXTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 71
Ainsi, ce ne devrout être que les périodes eu gros caractères qui
constitueront le code obligatoire : le reste ne devra être considéré
que comme un simple avis sur ce qui, selon l'opinion de savants
reconnus couipétents en cette matière, pourra servir le mieux aux
progrès de la science. De cette inaoière, n'admettant le droit de
changer les noms zoologiques que dans les cas où ils sont formel-
lement contraires aux règles du code, on pourra s'opposer aussi
avec force à tout essai de modification inutile.
Dans les éclaircissements, etc., on pourra aller ainsi plus loin
que le strict nécessaire; toutefois là encore, ou devra se poser cer-
taines bornes. Aiusi, par exemple, on fera bien de passeï- sous
silence les points sur lesquels il règne une grande divergence
d'opinions, surtout entre les divers groupes nationaux.
Eu général, on ne doit, du reste, prescrire ni même recommander
ce qui semble être faux, superflu ou impraticable ; le législateur
aura soin de s'abstenir de tout principe doctrinal, qui ne doit
jamais entrer dans une législation aspirant à un but pratique.
Jamais non plus il ne devra se servir de mots ou d'expressions qui
ne soient pas encore autorisés par l'usage.
IX
A cet égard, les règlements existants semblent ne pas mal laisser
à désirer. Ainsi, il est absolument iuexacl de parler avec les Congrès
de Paris et de Moscou de « Nomenclature des êtres organisés », là
ou il s'agit exclusivement d'animaux et non de |)lantes. 11 est
superflu dédire expressément comme il est dit au § l'^' des a Regeln »
allemandes, ou dans le premier article des « Rules » anglaises,
qu'une nomenclature zoologique doit comprendre aussi les espèces
éteintes. Personne a-t il donc jamais douté que la zoologie comprît
aussi la paléozoologie ? D'ailleurs, où seraient les limites entre les
deux sciences? Il existe encore à présent des espèces animales qui
ont vécu dans des périodes géologiques antérieures ; d'autres vien-
nent de s'éteindre ou semblent destinées à disparaître dans un
avenir prochain. Dans quelle catégorie faudrait-il alors ranger ces
dernières? Le fait que certaines formes végétales ou animales sont
d'une grande valeur pour l'étude de la géologie, n'empêche pourtant
pas qu'elles ne fassent partie de cet ensemble d'êtres organisés dont
l'étude constitue la zoologie et la botanique. Il n'en va pas autre-
ment de la circonstance que, ainsi que plusieurs autres subdivi-
sions de la même science, elles peuvent faire le sujet d'une étude
à pari.
72 M. C. l'IKI'I.U-
Il t'sl piii'cilIciiK'iil sijp( rllii lie iiiciiliuiiii('i',('oiiiriiH on I'h Iriil dans
If nn'^nu' ^5 l'"'. (lu'iine nointMiclaUirc /ooloiiicjuc n'a aucun rapport
avec les noms liolani(|iit's. (Jimnl à la prescription conlenuL' dans
rarlicle !«■ des « Hules <\ d'exclure les noms botaniques, elle est
irréalisal)le.Même le comnientaire decev:j I ' allemand va enecue trop
loin quand il donne en j^énéral le conseil de ne pas introduire en zoo-
logie des noms employés en botanique. Ce conseil serait tout au plus
applicable aux noms généri(iues et supérieurs (d'ordres, déclasses,
de familles). Ouant aux noms spécifiques, il y en a une masse qui
se retrouvent dans les deux branches de la biologie; et il en viendra
sans cesse de nouveaux. En elïet, les adjectifs descriptifs ou dérivés
de uoms géographiques, (jui forment une grande partie des noms
spécifiques, doivent naturellement être identiques dans l'une et
l'autre branche. Et ceci n'amène aucun risque de confusion, les
appellations spécifiques devant toujours être accompagnées des
génériques. L'expérience l'a suffisamment démontré. Même en ce
qui concerne les noms des genres, l'article 10 des a Règles » du Con-
grès de Paris a justement fait remarquer qu'il yen a (pielques-uns
d'usités eu botanicjue et eu zoologie sans qu'il paraisse en résultei-
des difficultés dans la pratique. Or, comme, pour obvier à la confu
sion, il ne faut se décider à changer un nom que dans le cas
d'absolue nécessité, il est préférable de conserver ces dénomina-
tions, tout en recommandant de ne plus suivre cet exemple à
l'avenir.
Ainsi même ces appellations, bien qu'en soi peu importantes,
méritent-elles de fixer sérieusement l'attention. Et cela ne sera
pas moins nécessaire dans la fixation, bien plus importante, des
règles concernant la formation des mots dans la nomenclature
zoologique.
X
L'emploi du latin pour les noms zoologiqiies est ancien et univer-
sellement i-ecu; l'article 1 'du Congrès de Paiis, le^:; 3 des » Regein »
allemandes et l'article 7 des (( Ruies » anglais concordant à cet
égard, on peut donc l'admettre comme une règle consacrée par
l'usage universel. Mais il ne faut pas sur ce point aller plus loin
que le précepte suivant de ces « Regelu » : « Die irissenschaf'tli-
chen t\amen (jelten ah Jatcinischc W ôrtci- ». Ce que dit le 5; 13 :
(( Der stets als cin Wort zii hehandelwle Artname stdu grammatisch
im Ahhàngigkeitsrerhàltnisse zum Gatîunf/snainen », ou l'addition
à l'article 7 des (( Rules » : « or, if adopted from other langnages
must be formed in ticcordance with the rules of Latin orthography »,
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 73
doit être rejetée. Il en est de même, à plus forte raison, des
règles détaillées, formulées à ce sujet par les Congrès de Paris et
de Moscou, surtout de celles où ces dernières, plus royalistes que
le roi, atin d'assurer l'emploi du latiu, mis au premier plan par
l'article T ^ du Congrès de Paris, par exemple dans l'article 12 I) en
adoptant un génitif fixe, unique, nou conforme aux règles de la
grammaire latine, prescrivent de véritables barbarismes et môme
(comme nous l'alious voir) vont jusqu'à proscrire un mode fort
pratique de formation de noms spécifiques, depuis longtemps en
usage dans une des subdivisions de la science zoologique.
En même temps, ou perd de vue que, pour pouvoir se conformer
à de telles prescriptions, celui qui voudra donner un nom scientifi-
que à quelque animal devra nécessairement posséder une connais
sance au moins superficielle du latin, ainsi que certaines notions des
lois de l'étymologie. Or, chez nombre d'explorateurs, d'observateurs
et de descripteurs, surtout hors de l'Europe occidentale, ces notions
feront souvent défaut. 11 en résultera des déviations à ces règles
qu'on ne pourra jamais redresser à moins d'étendre beaucoup trop
les limites des rectifications permises. Et cela pourquoi? Ce n'est
certes pas un idiome cicéronien que l'on obtiendra de la sorte. Les
règles latines de la formation des mots sont, du reste, déjà loin
d'être toujours bien sûres. En voulant les appliquer aveuglément à
toutes sortes de langues, il est clair que l'on s'expose à eu faire un
emploi diamétralement en opposition avec la nature de cette langue.
Un habitant de Sardes s'appelait en latin Sardius ou Sanlionus ; de
Gades, Gaditanus. Dans le latin de nos jours, l'usage général est
cependant de désigner les habitants des villes, même de celles qui
se terminent en es ou ess, par le suffixe cnsis, ajouté au nom de la
ville, ce qui était aussi d'un usage fort commun chez les Romains,
mais seulement avec des noms de villes ou de pays ayant d'autres
terminaisons.
Ainsi Athenienùs àWthenae ; Acaricensia d'Avaricuni ; Hispaniensis
de ffispaiiia. Or, si l'on adopte cet usage pour les noms des villes
anglaises ou écossaises, Sheerncss ou fnDerni'ss ou du village hollan-
dais Eenmea, il est douteux que l'on obtienne de bon latin ; et ceci
deviendrait plus douteux encore, si l'on voulait {)rocéder de la
même manière poui' désigner un animal que l'on nommerait
d'après la localité de Hrehes, à .lava. Car la lettre c du mot javanais
Brebes n'a pas le même son que celui que l'on entend dans Sardes,
Gades ou Eenines ; c'est \'e muet du français de, ou de l'anglais the,
ou dans la seconde syllabe de l'allemand Numen. Au reste, il n'est
74 M. C. l'IKI'KHS
iiiillcmeiil iii(lis|K'iis;il(l(i (|iie l'on ;iit un latin imrct ('h'ijant ; ('(;la
importe |ieii à la science ; ce i|iii ini|»(>rle, c'est le niainlien iln nom
donné primitivement, en quelque mauvais latin (|ue ce soit.
n'ailleurs. (|nel lalin parfois (jue celui des zooloi,Msles ! N'est-ce
pas une coutume i;éuerale, (|ue |)oui' indiquer (|u'on est l'auteur du
nom scienlilique de quelque animal, on fasse suivre ce nom de inihi V
Kt pourtant ce datif du pronou) personnel ne saurait recevoir cet
emploi en latin. Il vaudrait toujours mieux mettre m. a. {me
aiictore), et encore ce ne serait pas là d'excellent latin. I.e mieux
serait, en ce (;as, d'écrire son nom tout entier, ou son ahréviation.
si celle-ci est déjà connue dans la science. Il n'y a vraiment [tas lieu
de se montrer difïicile en zoologie sur la qualité du latin.
D'ailleurs, ne trouve-t-on ])as dans toutes les langues des mots
tout à fait fautifs, sans que personne y prenne garde? L'Allemand
tient à ce que les |)oi'lions qu'on lui sert dans ce qu'il nomnie d'un
mot copié du français une Ucstauration, jje soient pas trop [>etites,
sans se soucier autrement que le terme français soit ici restaurant
et non pas restauration. C'est à la couufryflanee des Anglais que la
contredanse doit son origine. Cela a-t-il jamais empêché les Français,
même aux temps où l'animosité entre les deux peuples était le plus
forte, de s'en donner à cœur joie de ce quadrille favori'.^ Et l'on
trouve des exemples analogues dans toutes les langues, line signi-
fication une fois donnée et admise ne saurait nuire dans la pratique.
Il en est de même des termes techniques, l'ne fois qu'ils ont reçu
une acception déterminée, c'esl-à dire, dans le cas qui nous
occupe, une fois qu'ils ont été admis à désigner scientitiquement
une espèce animale quelconque, il n'y a plus aucune raison de les
changer.
Ainsi, quelque mauvais latin que soit Eemncnsis ou Brebensis,
adjectifs dérivés des noms de lieux Eemnes et Brehes, ces termes
valent beaucoup mieux que ceux que l'on forgerait à nouveau sur
le modèle de Sardianusou de Gaditanus. En effet, ces dénominations
géographiques ofïrant l'avantage de rappeler clairement la localité
d'origine de l'animal, répondent à cause de cela même beaucoup
mieux au but que l'on se i)ropose, d'en faire connaître la prove-
nance. On n'attachera donc pas trop d'importance aux principes
étymologiques là où ceux ci sont sans valeur pour la science, où
ils ne peuvent même fournir aucune indication utile. Que l'on se
garde toujours de cette conception de la science que les Français
nomment celle des savants en m !
Au reste, ce qui paraît avoir échappé à l'attention, c'est que nom-
REGLEMKNTATION DK LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE /O
bre de noms barbares sont indéclinables en bon latin, et qu'il est
par conséquent bien plus conforme au génie de cette langue de
laisser intacts les noms spécifiques ou même les génériques tirés
d'idiomes tels que le chinois ou le japonais, qui s'écartent par trop
des langues européennes, que d'en forger des génitifs ou des. adjec-
tifs barbares. La place même de ces noms, qui, d'ailleurs, resteront
toujours exceptionnels, suffira pour prévenir toute confusion.
XI
Nous pouvons encore moins nous rallier à ce qui a été dit dans
ces différents essais de législation quant à la transcription des
noms empruntés aux langues étrangères, (^e que dit le § 3 des
« Regeln » allemandes, sous la rubrique a, à l'égard des noms
grecs ne souffre guère de difficultés, vu que c'est l'usage depuis
longtemps et qu'il est ainsi bien peu prol)able qu'où veuille s'en
départir. On peut encore admettre que celui qui veut avoir recours
à des noms grecs ne sera pas tout à fait étranger à cet idiome ; il
devra au moins savoir lire les caractères helléniques, c'est-à-dire
être plus ou moins lettré, à moins qu'il n'emprunte ces noms sim-
plement à des transcriptions latines en usage, ce qui se fait surtout
avec les noms composés. Mais, si l'on veut admettre avec le Congrès
de Moscou qu'en transcrivant des mots de langues qui ne se servent
pas des caractères latins et qui ne possèdent pas d'écriture propre, on
doit suivre les règles établies par la Société de géographie de Paris,
on exige que tout homme si étranger qu'il soit à la géographie et à
la langue française, connaisse ces règles; on exige en principe que
toutes les nations suivent à cet égard les préceptes de cette Société
française. Si l'on prescrit, avec h du paragraphe cilé plus haut des
(( Regeln » allemandes, qu'en transcrivant des mots de langues qui
ne possèdent point d'orthograplie latine fixe, ou se serve d'un
alphabet phonétique, concordant avec l'allemand ou l'italien quant
à la valeur des voyelles et avec l'anglais quant aux consonnes, on
suppose par là même que tout le monde ait au moins quelques
notions de ces langues. Ceci est aller trop loin et entraînerait d'ail-
leurs beaucoup de difilcultés. Impossible de rendre les nombreux
sons des langues étrangères au moyeu des voyelles allemandes ou
italiennes. Il faudrait les distinguer alors en y ajoutant quautité de
signes spéciaux. La simple lettre e doit s'écrire évidemment e, é ou
è, si l'on veut en reproduire le son dans une langue étrangère. Et
que de sons, dans les langues des peuples dont les organes de la
parole diffèrent notablement de ceux des nations de l'Europe occi-
76
M. C. IMKI'KItS
denlijle, ne sauraient être rendus e.xaclcnicnt de celle manière!
Ainsi, un voyajïeur, un zoologisle atiialeui-, non linguiste, (|ui
colleclionne et di^crit des animaux dans des parages habités par de
tels peuples, devra néanmoins être bien au courant de tous ces
signes; sinon, les noms, (|u'il aura écrits comme il les aura enten-
dus, courront grand risque d'être modifiés par l'un ou l'autre
correcteur zoologisle. Cet inconvénient se produira d'autant plus
fréquemment que, chez des nations dilïérentes, le même son ne se
perçoit pas toujours de la même manière. C'est ainsi, par exemple,
que tous les Marseillais et d'autres Français du Midi établis à
Batavia prononcent constamment le sou malais cr comme ar, ainsi
que le perçoit leur oreille provençale. Il pourra arriver ainsi assez
facilement soit qu'un premier descripteur perçoive mal quelque
son, soit qu'un autre, venant après lui, entende ce même son autre-
ment et s'arroge le droit de corriger son devancier.
Quant aux consonnes, il restera toujours bien de l'incertitude.
Les Anglais se servent, par exemple, toujours de leur ch pour ren-
dre la consonne malaise (|ue les Français, les Allemands et les
Hollandais écrivent tj, ce qui est bien exact. Le son de cette lettre
diffère certainement beaucoup de celui que l'anglais fait entendre
dans church. D'un autre côté, le même cha, en anglais, un sou tout
dilîérent dans champafpie, champion ; de plus, on l'emploie encore
pour rendre le x grec, ainsi que dans la transcription latine accep-
tée de mots grecs, avec cette dilTéreiice toutefois que ce rli sonne
comme k en chenns(ry et n'a pas l'aspiration gutturale de cette lettre
grecque en allemand. Les Français transcrivent aussi ce x par ch ;
en le prouonçant quelquefois comme h\ quelquefois comme dans
chose, prononciation qui se rapproche le |)lus de celle que l'on entend
dans l'anglais Champagne, mais qui dilîère de celle du ch, dans church
par l'absence du son /, qui est cause que les Anglais cherchent à
rendre ainsi le tj malais. Comment arriver à l'uniformité avec un
pareil amalgame? Mais la substitution du ch ru tj malais offre un
autre inconvénient. Vu la transcription ofTicielle hollandaise des
noms de lieux sur tout le territoire de l'Archipel Malais, où le carac-
tère tj est d'un emploi fréquent, 1res fréquent même dans l'ouest de
Java, on se sert également de ce tj sur les cartes ou dans les ouvrages
d'histoire naturelle ou de géographie publiés en hollandais ou
d'après des sources hollandaises, de manière que le changement
de /; en ch dans des noms d'animaux de ces contrées empêchera
de reconnaître avec certitude le terme primitif dont le nom est
dérivé, ce qui était justement le but d'une telle dénomination, des-
tinée à indiquer ainsi la provenance de l'animal,
RÉGLEMENTATION DF. LA NOMENCLATURi: ZOOLOGIQUE 77
Veut-on ol)tenir une trauscription vraiment exacte, on devra dans
de tels cas soumettre les noms en question à la revision de quelque
savant versé dans la langue à laquelle ils sont empruntés et dans
son orthographe, bien que celle-ci ne soit même pas toujours cons-
tante, et que les vues des philologues sur l'orthographe d'une telle
langue, dont la grammaire n'est encore que peu étudiée, puissent
changer beaucoup au bout d'un certain temps. Malheureusem.ent,ce
secours fera presque toujours défaut au premier descripteur, et si
quelque correcteur, désirant se servir d'une telle dénomination
quelques aonées plus tard, veut par hasard en profiter, il sera bien
à ci'aindre qu'il n'en résulte un tel changement de voyelles et de
consonnes que l'appellation primitive en deviendra à peu près
méconnaissable. C'est ainsi que le droit du premier descripteur de
donner un nom scientifique à quelque animal sera rendu illusoire.
Et dans quel but? Quel avantage la zoologie retire-t-elle de pareils
procédés? Evidemment aucun ; tout cela ne sert qu'à augmenter
les chances de confusion.
XII
En définitive, il y a au fond de ce système de transcription pour
la nomenclature zoologique un principe qui est absolument erroné.
On vise à arriver à ce que chaque zoologiste, entendant prononcer
par un autre un nom scientifique quelconque d'animal, le comprenne
sur le-champ ; on s'efforce dans ce but d'obtenir une certaine uni-
formité phonétique, sans se douter, à ce qu'il semble, que les pro-
nonciations si différentes des diverses races rendent ce but irréali-
sable. Au reste, de quelle utilité cela serait-il?
Lorsque, par exception, dans une de ces rares réunions interna-
tionales, il se prononce des discours en français, en anglais ou en
allemand, ceux-ci ne seront jamais intelligibles que pour ceux
des zoologistes présents qui connaissent la langue dont l'orateur
fait usage. Or, ces auditeurs, étant pour la plupart des spécia-
listes versés dans la matière traitée, n'auront pas de peine non
plus à comprendre les noms d'animaux cités, la prononciation de
l'orateur dût-elle leur sembler tant soit peu étrange.
En général, cependant, toute communication sur la zoologie se
fait par écrit; donc il suillt que l'on puisse reconnaître le mot par la
vue sans qu'on ait besoin de s'occuper de sa prononciation. C'est
cette clarté aux yeux seule, qui est de rigueur. Ce qu'il faut au
zoologiste, dans les termes techniques de sa nomenclature, ce ne
sont pas des sons, mais des signes fixes dont la vue rappelle sur-le-
champ à la mémoire l'objet signifié.
78 iM. <;. l'iKi'Kii-
Les nomhreuses trilms qui li;il)il('iil lu vaste empire de la Chine,
bien que parlaut de.> idicjiiies ou tlei^ dialecles dilïérenls et ue pou-
vant par coDsé(|uent senleudie «le vive voix, se couipreuueiil par-
faitement bien par écrit, jçràce à une écriture |)lus ou moins idéo-
;iraplii(|ue, où clia(|ue signe représente une itiée. i*areillenient, il
faut aux zoologistes du monde entier, pour désif^ner, pour uom-
mer les matériaux de leur élude, des signes spéciaux qui soient
compris de tous. Kt ces signes sont les termes scientifiques de la
nomeiiclalui-e zoologique, (iuoi(|ue dans ce cas ils ne se composent
pas de dessins comme les caractères chinois, mais de lettres, ran-
gées et coordonnées en mots, selon la manière d'écrire eu usage eu
Europe. Ainsi, tout nom doit avoir la même valeur qu'un caractère
chinois ; il doit avoir un seus fixe que tout zoologiste puisse sur-le-
champ reconnaître. De même, par exemple, que les habitants de la
Mandchourie, du ïhibet et de Kwanlung lisent tout de suite dans
le même signe l'idée de riz, bien que le mot que chacun d'eu.s a
pour exprimer cette idée dans son parler ue soit pas entendu des
autres, de même des zoologistes anglais, russes el japonais doivent
penser injmédialement au même animal eu lisant par exemple le
nom de Melolontha mtlgaris L., quoique chacun donne peut-être à
cet animal un nom différent dans sa propre langue et que même
à cause de la dilîérence de leurs organes vocaux et de leurs diverses
façons d'articuler, chacuu d'eux prononce ces mots latins d'uue
telle manière (|ue les autres ne puissent le compieudre.
Ce qu'il faut à une nomenclature zoologique iuterjialionale, c'est
l'unité d'impression non sur l'oreille, mais sur l'œil. C'est pour cela
qu'une fois une dénomination admise, il faut, autant que possible,
s'abstenir de la changer. Pour la même raison, il est d'un assez
mince intérêt que les noms soient grammaticalement et étymolo-
giquement corrects. La formation du signe n'a, en zoologie, qu'une
valeur puremeut accessoire, tant qu'il offre une représentation
nette et claire de la chose signifiée et qu'il exclut toute confusion.
C est ainsi que les botanistes écrivent, conformément à l'épella-
tiou anglaise, Michelia chainpaca L., pour indiquer le tjempaca, arbre
connu dans tout l'Archipel malais pour le parfum de ses fleurs, de
même que les entomologistes désignent par le nom de Dehis clian-
dica Moore, un certain Papillon. Dans un cas comme dans l'autre,
le ch ne rend pas exactement la pronouciation ; il gagnerait à être
remplacé par //. Qu'importe? Que ces mots restent épelés tels
qu'ils sont et que l'on accorde à l'avenir pareille liberté à tout
premier descripteur 1 Botanistes et zoologistes sauront bien tout de
RÉGLKMEiNTATlON DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 79
suite, en lisant le mot, de quelle plante, de quel animal il est ques
t.iou. C'est tout ce que l'on peut exiger d'une nomenclature.
XIII
Ni considérations, ni expressions, ni divisions doctrinales, ne
sont à leur place dans un code, toute législati(m visant exclusive-
ment à un but pratique. Sans doute, celle-ci est bien une consé-
quence des principes; mais elle ne saurait prétendre les dévelop-
per. Les Rules anglaises (voir par exemple les articles 19 et 3o à 40)
pèchent fort à cet égard. Celui qui voudrait obtempérer à leurs
préceptes, devrait faire des études spéciales, études peu ardues
peut-être pour des zoologistes de cabinet, mais que l'on ne saurait
raisonnablement exiger d'un explorateur non spécialiste, d'un de
ces naturalistes en plein air (ficld-ndtaralist), à qm la zoologie est
redevable de tant d'observations intéressantes et à qui ou ne sau-
rait contester le droit de donner des noms à leurs découvertes. Que
dire aussi de cette manie de grossir, sans que cela soit vraiment
nécessaire, la liste déjà si longue des termes techniques? Pour peu
que cela continue, il ne sera bientôt plus possible de lire un
ouvrage de biologie sans le secours d'un dictionnaire spécial. Il
est à souhaiter que les Congrès zoologiques s'élèvent contre cet abus.
Maint écrit ne deviendra plus intelligible qu'au zoologiste de
profession, à l'expérimentateur de laboratoire, au travailleur de
cabinet, mais demeurera parfaitement inaccessible à tout autre qui
cherche à étudier la nature, et en particulier au field-naturuliat. Et
pourtant, n'est-ce pas sur leurs observations si précieuses que
repose la connaissance d'une foule de faits biologiques ? Peut on
se priver des lumières de leur critique pour contrôler des théories
trop souvent fondées sur des observations imparfaites ou insutfi-
santes ? Combien de fois, par exemple, un savant tel que le pro-
fesseur Weissmann, ne s'est-il pas appuyé pour ses thèses sur des
faits de mimétisme ? Et combien d'investigations ne faudra-t-il
pas encore sur ce sujet, surtout de la part d'observateurs directs,
qui vont en quelque sorte surprendre la nature sur le fait, qui
ne sont pas cependant des savants de profession et qui, d'ailleurs,
ne sauraient l'être? En effet, ce n'est qu'au moyen d'exercices
assidus et de séjours prolongés loin de toute vie civilisée, prin-
cipalement dans les régions tropicales, que l'on peut acquérir
l'habileté raquise pour ces sortes de travaux. Or, tout cela
cadre mal avec les études auxquelles se trouve astreint le vrai
zoologiste professionnel. Quant à la valeur des travaux des
80 M. C. l'iKl'KKS
hoiîinies pialiqucs pour la science îles véj,a'taux, les passages sui-
vants, tirés des Règles b()laiii(|nes allemandes d«^jà citées, parlent
assez haut :
(( Die Krliallung der friiiieren Noinenclalur liai in der Botanik
eine gauz auderc Bedeutung wie in jeder auderen Disciplin der
Naturwisseuschaften. Keine dersellieu j;reift nanilich so lief in das
iiewerhliche uud burgeiiiche Lebeu eiu wie die Botanik. Wàh-
rend bei jeder Veriinderung in den Nanien der Objecte, welche
die Zoologie. Minéralogie, Cliemie beliandeln, nur Facligelehrtc
betrotïen werden, die in der Lage sind sicli jeder Zeit die Hilfs-
(|uellen fur die EntzilTeruug der ihnen fremden Dingen zu beschaf-
fen, und Liebbaher, die ebenso eifrig uach Erkenltnis sli-eben, wie
jene, greift die wissenscliafllicbe Nomenklatur der Botanik tief in
die Kreise der Gartnerei, Forstwissenschaft, Landwirthschaft und
Arzneikunde ein und jede Slorung wird dort ujii so ('in|)findlicher
gefiiblt als der ueue Naine ihnen nicht bloss frenid bleiben muss,
sondern auch jede Neuerung verdriessliche Tauschungen, ja
Verluste bereiten kanu.
» Aus dem Zusammenwirken dieser practischen Berufszweige
mit der wisseuschal'llichen Botanik, sind der letzteren ausser
ordenlliche Vortheile erwachsen : es sei daran erinnert, welche
Erweiterung der Erkenntnisse ûber die Orchidaceac, Cactaceae,
Paimae, Amcceae, u. s. w. die Botanik den giirlnerischen Sammlern
zu verdanken hat. Heisst es denn aber nicht eine volkommene
Kluft zwischen beiden erôfînen, wenn eine fortdauernde Beunru-
higung durch reformatorische Bestrebungen in der Nomenklatur
erzeugt wird, ja wenn eine volkommene Révolution in der Benen-
nungdroht? »
Du reste, c'est à tort qu'il est prétendu dans ces lignes que la
zoologie n'a nul compte à tenir de ces praticiens, qu'il n'importe
ainsi dans cette branche de la biologie si les théories scientifiques
leur deviennent inabordables. La zoologie n'olïre-telle doue pas
d'utilité pour la pêche, l'élevage des bestiaux, l'agriculture, l'in-
dustrie forestière, la médecine? Ne renseigne-t-elle pas sur l'emploi
des Insectes utiles, sur les moyens à employer pour la destruction
de ceux qui sont nuisibles?
Et est ce qu'elle aussi n'en profiterait pas à son tour? Celui qui
en douterait, n'a qu'à se rappeler l'importance pratique qu'a eue
pour Darwin la sélection dans la reproduction des animaux domes-
tiques. La science zoologique ne peut donc elle non plus se passer
nÉGLEMENTATIOiN DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 81
de la collaboi'citiou non seulement du field-naturalist, mais eucore
de l'amateur et même du simple collectiouueur.
XIV
Nous rejetons absolument le précepte qui se lit à rarlicle 25 des
Rulea anglaises : « À naine ichich is offensice (ichether yolitimUy.
moratly, or hy its irrévérence) is tnvalid and should be expunyed
f'rom zoological nomenclature. »
S'il arrive exceptionnellement qu'un tel nom soit donné à
quelque animal, cela ne saurait nuire à l'étude de la zoologie et la
pruderie ne doit pas se permettre de le changer. Snellen van Vol-
lenhoven a donnée un Papillon, dont la partie des ailes inférieures
qui se trouve près de l'extrémité de l'abdomen porte des taches
rouges, le nom de Pieri'i hxniorrhiea. Pour des raisons analogues,
deux Lépidoptères de la famille des Syntomides et, comme le
docteur Everts me l'a obligeamment communiqué, rien que dans
la faune néerlandaise et des contrées environnantes, pas moins de
huit espèces de Coléoptères appartenant à autant de familles diffé-
rentes portent encore le nom spécifique d' hasmorroidaUs .
Or un tel nom n'est-il pas morally offensive '> Si l'on croit que
non, que sera-ce si l'on donnait par exemple à un animal l'appel-
lation de men.sf/'»a/is? N'a-t-on pas déjà, se fondant sur une cer-
taine ressemblance, donné à des genres botaniques le nom de
Phallus, tVOirhis'^ Pareil cas s'est du reste déjà produit dans la
nomenclature zoologique. Le docteur Staudinger, entomologiste
bien connu, n'a-t-il pas pour cette même raison donné à une variété
du Papillon Chalocanipa aetiista Hb. le nom d'inipn(lira\^ Un papillon
se nomme Callinaga Buddha Moore, est-ce que ce nom est irré-
cérent'? Si non, que serait-ce si un zoologue japonais, par exemple,
donnait à quelque animal le nom spécifique de Jésus '^ Qui est-ce
qui tranchera la question ? Etqui est-ce qui décidera ce qui est bles-
sant en politique? Les opinions politiques sont évidemment encore
très peu internationales et ce qui paraît très permis sur ce sujet à un
certain peuple, un autre le trouvera blessant. Trouverait-on un
seul zoologiste compétent qui désirât que la fantaisie indivi-
duelle pût justifier de pareils changements? Que de telles modifica-
tions ne devront être autorisées qu'exceptionnellement, voilà au
contraire ce qu'on a tâché surtout de démontrer.
Mém. Soc. Zool. de Pr., 1898. .xi - H.
>>:i M. C. l'IKI'KKS
XV
S'il est nécessaire de défendre le principe conservateur dans la
réi,^leinentation de la nomenclature zoologi(iue quant au maintien
du nom une fois donné à un animal, il ne l'cSt pas moins d'oppo-
ser une digue à l'accroissement efiréné des noms spécifiques. Tous
les jours on élève au rang d'espèces des variétés que l'on pourrait
tout au plus considérer comme des races d'espèces connues.
Aucun des règlements mentionnés ci-dessus ne s'est occupé de
cette question. .\u contraire, l'expression des Premiss des lialts :
(( .1 spcrJes is not a valid species, unless it cari he separafed spe-
viaUij j'roni ciiertf otiier species », semble reconnaître la légitimité
(le nouvelles dénominations spécifiques de cette sorte, dès que l'on
peut apercevoir la moindre difiérence. Cependant, il est utile d'appe-
ler l'attention sur ce point. Surtout en entomologie, cette manie de
créer de nouvelles espèces est devenue un vrai fléau, qui en obscur-
cit et en complique l'étude au point de produire souvent une nou-
velle source de confusions.
Trois facteurs ont contribué à propager ce fléau :
1" La vanité humaine, la chasse du « mihi. » Quant à ce faible,
il devra, dans ces cas, se tenir pour satisfait d'avoir l'occasion de
créer un nouveau nom de variété.
2° Les vues intéressées de certains naturalistes-commerçants, qui
jugent pouvoir retirer un prix bien plus élevé d'une nouvelle
espèce que d'une simple variété d'une espèce connue, parfois même
peu rare. Ce facteur est évidemment négligeable.
30 La fausse conception scientifique qui s'est bientùt développée
dans la doctrine évolutionniste que la formation des espèces est
forcément liée à la séparation locale des individus, de manière que
là où se produit celle-ci, il faut supposer que tout de suite aussi
une espèce nouvelle a commencé de se former. Cette opinion, qui
a fait attribuer la valeur de caractères spécifiques, non seulement
aux plus légères dillérences, qui, eussent-elles été observées, par
exemple, entre les individus d'une même espèce, dans des endroits
divers d'une même ile, n'auraient été considérées que comme des
distinctions locales de races, a été jusqu'à porter un auteur à
baptiser du nom d'une espèce nouvelle certains Lépidoptères du
geure ierias, recueillis dans quelque archipel de la Polynésie; non
qu'il y eût constaté des caractères spécifiques nouveaux, mais
parce que, se fondant sui' le fait qu'ils provenaient d'une autre
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 83
localité, il supposait qu'ils devaient difïérer spécifiquement de la
Terias Flecabe L., si largement répandue. Au point de vue de la
science actuelle, cette conception n'est cependant plus soutenable
et ne mérite ainsi plus aucune considération.
Sans doute, dans la nomenclature en zoologie, il est désirable
que toutes les différences entre les formes animales soient marquées
avec toute l'exactitude possible; mais il n'est pas pour cela néces-
saire d'attribuer à ces formes une valeur que ne comporte point le
système zoologique, surtout dans le moude des Insectes, si riche
en formes variées, cela complique inutilement l'étude.
Que l'on désigne de pareilles différences sous le nom de races
locales, de variétés, ou de quelque chose d'analogue. Il est vrai que
la science n'a pas encore netteuient, définitivement arrêté ce qu'elle
entend par espèce; que les caractères qui distinguent plusieurs
espèces sont encore douteux. Néanmoins, il ne parait pas impos-
sible de parvenir à cet égard à une plus grande précision. Les
découvertes faites dans ces dernières années touchant l'impor-
tance des caractères spécifiques constatés dans l'appareil sexuel
mâle des Lépidoptères font bien voir qu'à ce sujet sur aucun point
le dernier mot n'a encore été dit. Ou reste, quant à la nomenclature,
ces difficultés ne sont pas d'un grand intérêt pratique. Ce dernier
exige impérieusement que, dans tous les cas douteux, on suive
l'ancien usage, de considérer comme de simples variétés d'animaux
connus les formes dont l'indépendance spécifique est encore incer
taiue, plutôt que de céder à ce furor zoologicus de créer des espèces
nouvelles, auquel nous sommes actuellement en proie.
Ainsi, tout en prescrivant un respect aussi rigoureux que possi-
ble de toute dénomination justifiée, il ne serait toutefois pas mal
que le code énonçât formellement aussi ce principe que nul ne sera
tenu de reconnaître une prétendue nouvelle espèce, tant que le
droit à sa création, à son existence, ne lui paraîtra pas suffisam-
ment démontré. Jusfiue-Ià on se bornera à mentionner la nouvelle
appellation comme une variété; ou môme, comme un simple syno-
nyme.
XVI
Si tout ce qui a été dit ci-dessus s'applique à la zoologie en
général, cela est d'une importance particulière pour l'étude de
l'entomologie.
En effet, l'extraordinaire richesse de formes dont celle-ci a à
s'occu[)er, ciugmeutc évideiniiiL'ut d'autant le danger de confusion.
S4 M. (.. l'Ill'KHS
Aussi l'sl-co bien dans \o doiiuiiiic de IV-iilomolo^ic (jiie la fureur
de parer du nom d't'spècr (Je simples races se fait le plus sentir;
c'est l»i»Mi là que la répartition du travail entre les savants (|ui
s'occupent à classilier les Insectes, ceux (jui cherchent à en con-
naîti'e surtout l'anulomie et ceux qui ('ludienl leur hioloj^ie a
atteint ses dernières limites. C'est aussi sur ce terrain que les
observations du franc tireur zooloffiste, du field-iiaturalist, simple
amateur souvent plutôt que savant, ont fourni les résultats les plus
importants, comme c'est là encore qu'ils nous donnent le plus à
espérer. Or, celte branche de la zoologie, et plus spécialement
encore la lépidoptérologie, a été tellement attaquée sur un point
par les refiles admises aux Congrès de Paris et de Moscou, que
l'adoption de ces dernières en est devenue impossible.
Depuis Linné, il est d'usage en systématisant les Geometrae et les
Mirroptrra de les distinguer au moyen de suffixes déterminés. C'est
ainsi (jue l'on ajoute aux noms des Géométrides la désinence arin
ou nta\ à ceux des Pyralides alis; ana, quand il s'agit d'un nom de
Tortricide, mais oJa, quand celui-ci doit désigner une Tinéide.
Cette coutume, il est vrai, a été sujette dans le cours des temps à
divers changements; elle n'est d'ailleurs ni constante ni suivie par
tous les auteurs. Cependant, elle régit encore une bonne partie de
la nomenclature des Géométrides et des Microptères.
Et comme elle permet de reconnaître du premier coup d'oeil la
famille à laquelle un animal donné appaitient, cette méthode est,
vu l'énorme quantité des espèces, si essentiellement pratique, qu'il
serait bien désirable que l'on en rendît à l'avenir l'emploi obliga-
toire ; cela vaudrait du moins mieux que d'en prohiber l'emploi,
comme l'ont fait les règlements des Congrès sus mentionnés.
Car l'addition de semblables afïïxes au nom servant à désigner
l'espèce — peu importe que celui-ci soit un adjectif, un nom com-
mun ou un nom propre — ne concorde pas avec les règles que l'on
y donne touchant la formation des noms spécifiques. Il est plus que
probable que celui qui a rédigé ces « Règles », n'étant pas lépidop-
térologiste, ne connaissait pas cette particularité. Que ceci serve
doncd'avertissement. Dans la confection du code attendu, il s'agit
de tenir mieux compte des intérêts des subdivisions zoologiques.
Veut-on maintenant, comme nous y avons déjà insisté plus haut,
à l'instar des a Regeln » et des « Rules », et même plus complète-
ment que ces dernières, s'affranchir de toute préoccupation étymo-
logique, on ne courra plus le risque de tomber dans de semblables
erreurs. Ainsi, cet exemple peut servir à montrer 1 importance
RÉGLEMENTATION DE LA NOMliNCLATURE ZOOLOGIQUE 85
d'une pareille réserve. Quant au cas, qui nous occupe en ce moment,
nous sommes d'avis, du reste, qu'une recommandation insérée dans
le code de continuer à suivre cet usage ne serait pas hors de propos.
Il se peut fort bien qu'il existe des cas semblables dans d'autres
subdivisions de l'entomologie, peut-être encore dans d'autres bran-
ches de la zoologie, ou que des usages existants ou des desiderata
réels aient été négligés dans les règles en vigueur. Espérons donc
que les spécialistes appelleront l'attention sur ce point, comme on
l'a fait ici au sujet de la Lépidoptérologie, afin que la Commission
du Congrès traite celte question avec tout le soin qu'elle réclame.
Espérons qu'au besoin cette Commission ou bien le Congrès saura
encore les y inviter.
XVII
Les règles émanées de ces Congrès sont encore incomplètes à un
autre point de vue, qui intéresse le domaine entier de la zoologie,
mais en particulier celui de l'entomologie, puisque c'est dans cette
branche que ces lacunes se font surtout sentir. Le Congrès de Paris
(art. 2, 'A et 4) ne connaît que le seul terme « variété » pour désigner
les différences de forme entre les individus. Il est cependant haute-
ment nécessaire, du moins dans l'intérêt de l'entomologie, de
désigner séparément, comme dans les « Regeln » allemandes (§17 et
21), les formes locales constantes, les variétés, les races artificielles
(Zuchtras^ien), les monstruosités, les espèces présentant le phéno-
mène du dimorphisme de saison ou du polymorphisme, de même
que les diverses périodes de développement de certaines espèces
animales. La nomenclature aura à faire ressortir ces différences.
Car, bien qu'en général le système trinaire de dénomination
adopté par le Congrès de Paris suffise pour désigner toutes ces for-
mes, il y a cependant beaucoup de cas où il sera bon d'indiquer
avec plus de précision la nature de leur différence. Or, ceci ne peut
se faire exclusivement par l'adjonction de var. Il faudra encore
avoir recours à d'autres abréviations, telles que celles qu'énu-
mèrent les « Regeln » : aberr., monstr., var. cuit., ou st., auxquelles
il convient d'ajouter encore sais, pour désigner les formes du
dimorphisme de saison. Quand il s'agit des stades de développe-
ment des larves, c'est même indispensable.
On ne peut même qu'approuver la distinction fondée sur les
époques d'apparition de ces variétés de saison et indiquée par I, II,
etc., comme le proposent les « Hules » anglaises; bien que cela ne
80 M. c. i'ii:i'Ki«s
puisse p;is s'nppliciiicr ;iii\ forniPs dos irisions tropicales. Kii outre,
il ne p:ir;iil pas supeilhi di' distinguer les divers groupes d'espèces.
Ces groupes se composent de ces espèces dont, en raison de la
communauté d'origine, la ressemblance saute encore aux yeux et
les dislingue évidemment des autres. Ce sont en réalité les geures
naturels, lesquels, les systèmes étant souvent basés sur des carac-
tères plus artiliciels, ne concordent pas toujours avec les genres
généralement reconnus. Ce sont cependant toujours des unités
zoologiques dont l'étude aura souvent à tenir compte.
La pratique suivie par Wallace. dans son célèbre mémoire sur les
Papilionides indo-australiens, de désigner ces groupes d'après l'es-
pèce la plus généraleuusnt connue, qui en fait |)ai-lie, mériterait
également d'être recommandée.
XVIIl
Enfin, il semble encore à désirei- que la Commission songea revi-
ser et à compléter la liste des abréviations conventionnelles des
noms d'auteurs, adoptée par le Congrès de Paris. Celle-ci n'étant,
d'ailleurs, pour une bonne partie qu'une reproduction delà « IJstr
der Aiitoren zoologùchen Art- und Gattnngsnamen zusammenge-
stellt von dm Zoolor/en îles Mu-'^euma f'iir Naturhunde in Berlin »,
laquelle avait déjà vu le jour à Berlin en 1888, était encore fort
incomplète. Elle a été suivie d'une autre édition de cette liste alle-
mande parue en 189G dans la même ville, notablement augmentée,
et où se trouvent corrigées plusieurs inexactitudes de la liste de
Paris; on peut la considérer comme un travail parfaitement réussi.
Cependant, elle n'est pas encore complète. Comme il est naturel,
il surgit constamment de nouveaux auteurs. La liste a donc besoin
d'être de nouveau mise à jour. Parmi les auteurs cités s'occupant
de Lépidoptérologie dont les noms manquent, ou peut citer entre
autres :
W. r. c'est à dire le u Systematisches Verzeichnis der Sch met ter linge
der Wiener Gegend, von Denis und Schifîermùller, 1776. », depuis
longtemps connu en lépidoptérologie sous le nom de « Wiener
Verzeicitnis » et cité en abrégé comme il vient d'être dit plus baut.
Toutefois, les règles du Congrès de Paris semblent rejeter des
abréviations de ce genre; le § 9 des «Regeln » allemandes les auto-
rise seulement quand l'auteur n'est pas connu. 11 semble cependant
que, quand l'usage est déjà aucien, comme daus le cas que nous
venons de citer, on peut l'admettre sans inconvénient. Mais à
RÉGLEMENTATION DE LA NOMENCLATURE ZOOLOGIQUE 87
l'avenir, on fera bien d'y renoncer, sauf dans les cas nécessaires,
visés par le paragraphe cité.
Maiti Mailland a été le premier descripteur entre autres du
papillon Hebomoia Vossii. Dès l86o, Snelleu van VoUenhoven cite ce
nom sous cette forme abrégée.
tiatchett, c'est-à-dire J. Hatchett, qui, entre autres, dans les « Eut.
Transactions » en 1812, a le premier décrit et dénommé le Papillon
Nonagria geminipunctata.
Fvesl., c'est-à-dire Fiiesly, à qui IWrcfia (Invia est redevable de
sa dénomination scientifique.
(îrosp-Smith, premier descripteur de plusieurs Lépidoptères, par
exemple du Thestias flacipennis.
Certainement, il y en aura encore d'autres ; il est d'ailleurs plus
que probable que, dans les autres branches de la Zoologie, il y aura
également un certain nombre de noms à ajouter.
Sur ce point aussi, la Commission pourra faire appel à la colla-
boration des spécialistes.
88
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE
J. PALACKY,
Professeur ;i II iiivtrsitc de l'raj^iie.
Nous allons tjailer de la distribulloii des Ophidiens sur le globe
sous le double rapport sysléniatique (distribution des familles) et
géograplii(iue (faunes des dillérents pays). Pour éviter des répéti-
tions, désagréables lorsqu'il s'agit de 1600 espèces, nous nous
occuperons des genres dans la partie systématique et des espèces
dans la partie géographique. On verra qu'il existe des différences
évidentes avec les lois de distribution des autres animaux. Il n'y a
pas de Serpents arctiques ou antarctiques ; tous vivent dans les
contrées tempérées ou chaudes. Il n'y a que trois familles endémi-
ques, toutes paléotropiques : Uroplatides, Homalopsides et Hydro-
phides. L'époque actuelle difïère peu des temps géologiques quant
aux familles, mais il n'y a pas une seule espèce et très peu de
genres communs aux deux hémisphères.
Les régions sclatériennes si usuelles sont impossibles ici où il
n'y a pas de région paléarctique ou néarclique. Nous avons donc
pris les continents pour base, en dépit de l'extrême pauvreté de
l'Europe ; mais ce sera plus pratique pour le géographe. On
pourrait à la rigueur maintenir la région méditerranéenne, mais
l'est et l'ouest diffèrent si profondément, qu'il vaut mieux la
délaisser entièrement. La région néotropique possède de même au
moins trois régions très différentes. Le lecteur en jugera du reste
par lui-même.
L'Amérique et l'Asie possèdent environ chacune un tiers des
espèces. L'Afrique (comme le Mexique et l'Amérique centrale)
possède les régions les plus riches relativement à l'étendue. L'Inde
transgangétique est plus riche que le Dekan. L'hémisphère austral
et en particulier l'.Australie possèdent le plus de Serpents venimeux ;
la Tasmanie n'en a pas d'autres. La richesse relative de l'Océanie
occidentale en Boïdes est frappante.
En 1896 Boulenger comptait 1639 Serpents, mais décrits sous
7.335 noms, encore son catalogue n'est-il pas complet. Il lui manque,
par exemple, la Lodia tennis Baird et Girard, de l'Orégon ou le
Halsophis (Dromicus) Woodi Cope, des Bahamas. L'Erpétologie i/éné-
Encarter page 88
J. PALACKV. — La distribution des Ophidiens sur le globe.
ADDENDA ET ERRATA
P. 90 et suivantes. — Lire toutes les altitudes en pieds anglais au lieu de mtMres.
P. 91. — llysia au lieu de Hysia.
P. 92. (ii). — Ti'opidonotvs compte deux nouvelles espèces aux Célèbes : cele-
hicus et Sarasinorum .
P. 93 (40). — Glyphoiycus possède une seconde espèce au Nyassa (G. Whilei).
— (47). — Stegonotus compte deux nouvelles espèces à la Nouvelle Guinée
(S. Giintheri et S. reticukUus Boulenger).
P. 95 (78). — Ajouter VÂporophis corail ivot Iris du Paraguay.
— (86). — Ajouter la Coronella [Oreophis] Bouleiigeri Dugèsde Guanajuato.
— (91). — Ajouter le Simoles an(/uUfer de Bornéo.
— (92). — Ajouter VOligndon Everetti de Bornéo.
P. 96 (12Î). — Ajouter.') Calamaria : hogorensis et oariabilis de Java, lateralls
de Célèbes (Sarrasin), halueiisis et EveretU de Bornéo (Houlenger).
P. 9(). — Nous ne savons où placer Lepidognatlius rugosus et Diadophis
hipuacLaïus de Sumatra. Nous avons donc en somme 15 Colubrines de
de plus, sans compter VAcheroglaend cucuUalo (près Zaïnénis) de
Bolivie, nouvellement ajoutée.
P. 98 (20). — Ajouter Leptodira Wenteri de l'Usambara.
P. 100 (67). — Ajouter Aparallactiis niger de Sierra-Leone et A. ubungiensis.
P. 100. — Les Elapides comptent deux genres nouveaux : Hornea pulchella ih^,
l'Austi'alie centrale et Toxicocalamus loiigissintus de l'ilc Woodlark
(Nouvelle Guinée).
P. 101 (8). — Ajouter Hoploceplialus Stiriingi de l'Australie centrale.
— (28). — Ajouter Elaps suntatranus de Sumatra (coll. Weber).
P. 102 (5). — Ajouter Leptognathus Pralti Medellin.
P. 104. — Euboicus au lieu de enboicus. ..
P. 105. — C. levis au lieu de Rhinechis.
P. 106. — Ajouter à la distribution géographique : Kamerun 57 (Werner) ;
Congo 43 (coll. belge) ; le Schiré 17 (Boulenger) ; au Nyassa 22(Whyte) ;
coll. Donald son Smith 17.
P. 107. — Ajouter : le Sahara libyen en compte deux (coll. Rohlfs) : Tele.-^copus
obtusus et Viper a cérastes.
P. 108. — Vbangensis au lieu de ubangencis.
P. 109. — Thelnlornis Kirtlandi au lieu de Thelotormis, Kirllandi ; Miopis-
thodon, Geodipsus, au lieu de Micropislhodon geodipsas; Allvadiiia
au lieu de AUusdina.
P. 110 (note 1). — Ajouter : Bornéo 110 ; Malaisie 109 (Stanley Smith), 49
(coll. Weber); Célèbes 47 (8 endémiques, 14 Calamaria); Caucase 21
(dont 12 en ïranscaucasie) ; Palawan 16; Sumatra 81 ; Java 82.
1'. m (Viuno 1). — Pelius herus =■ /'. Renardi.
— (I. ")). — Sauroiuatrs, Parreysi au lieu de Soromule!< l'arrcysi.
— (I. 11). — Cyclophia fa>>ciatus (tic Palosline) -= Coiilia.
— (I. 15). — 2 Vipera {ohlusa et cera!ite:<\.
— (1. 33). — r. ibenis.
P. 114. — Aspidura au lieu di- Asidnnt.
P. 115 (1. 12). — 8 en Malaisit^
— (1. 29). — Pseudo.rrnndon.
P. 118 (I. Oi. — TrnpidnriDlvs [o.nd. nuchalis, etc.").
p. \\s, — A |;i Malaisir ajouter 12 espères : .lava 78, lîorneo UT, r.ciehos IT.
P. 11!) (1. 3). — Awelhyslinus.
P. 119. — 19 Tropidonoius au lieu de 17; ~ Simoles (dont 3 i-nd. à Hdrnco) :
8 Oligodon (3 à Bornéo) ; Calnmaria : 13 à Java, %) à Honno (dont
14 end.), 4 à Célèbes ; Helicopsoides typicus à CélMxs.
P. 120 (1. ij). — 23 espèces endémiques au lieu de 2i.
— (1. 6). — 15 espèces au lieu de 11.
— (1. 5 du bas). — 58 espèces en ajoutant llorncd pulcliella ri Hoplore-
ptialus Stirlingi.
P. 121 (1. 7). — 39 espèces au lieu de '.M't.
— (1. 8). — 4 SLeyonotUs au lieu de 2.
— (1. 9). — 9 Elapides en ajoutant Toxicocalanius.
— (1. 15 du l)as). — A Roluma au lieu de et Hotuiua.
— (I. 7 du bas). — Neelops neocaledonicus (douteux d'apns Vaillant).
!'. 122 (1. 5). — Endémique cl 27 espèces, au lieu de endemicuir composé de
27 espèces,
r- (1. 26). — Ajouter : Paraguay 24 (Boliisj ; Trinidad 31.
— (1. 1 du bas). — Grands lacs au lieu de Grand Lac.
P. 123 (1. 7). — 36 à 38 espèces sont communes.
P. 125. — .\près Maranon ajouter : le Chaco argentin est néolropique (Rerg).
LA IJISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 89
7'ale de Duméril et Bibrou comptait 531 espèces, Gray et Giinther
{Cat. Brit. Mus., 1858) 544; Jan, (laos VElcnco, 789.
Il y a 754 Colubrides uoq venimeux. Les Serpents venimeux (y
compris les Opisthoglyphes) comptent 617 espèces. En Europe
septentriouale ils constituent le tiers des espèces ; en Amérique ils
sont 211 sur 544, mais dans l'Amérique du sud il eu existe 130 sur
266 (c'est à dire presque la moitié] ; de même en Afrique oîi il y
en a 148 sur 331, mais en Australie ils forment les deux tiers : 61
sur 94.
Comme il y a peu de Serpents fossiles (environ une cinquantaine)
et qu'on ne les a rencontrés qu'eu Europe et dans l'Amérique du
nord, il n'est pas possible de tracer leur histoire géologique. Les
plus anciens semblent être les Typhlopides et les Boïdes, dont
Boulenger fait dériver les autres. Gela nous expliquerait beaucoup
d'énigmes aujourd'hui encore indéchiffrables : par exemple, pour-
quoi les Serpents manquent à la Nouvelle Zélande, qui ue possède
qu'un Serpeut de mer, et jiounjuoi ils man(|uent en Irlande, mais
non euDauemarU, qui out également souffert de l'époque glaciaire.
De même, nous ne pouvons expliquer la présence de deux Boïdes
mouotypes, endémiques à l'île Round (près Maurice), d'une espèce
endémique à l'île Rollas (Guinée), etc.
1° Systématique
I. — Typhlopides.
Pour des raisons géographiques et d'après les auteurs antérieurs
nous y joindrons les Glaiiconides (Sténostomides) qui comptent 39
espèces. Boulengercompte 145 espèces de Typhlopideset auparavant
il y en avait 200. Mais il donne 17 synonymes pour Tifphlops punc-
tatus;, 13 pour /'. Ëschrichti et autant pour /'. hraniinus. Depuis, il a
ajouté T. flnremis. Il y a 5 genres: Typhlops, Glaucoiiia, Helmintho-
phis, Typhlopis e\ Anoinalepis .llsHonttropicâux, même subtropicaux;
ils existent là où il n'y a pas eu d'époque glaciaire, uaturellement
mortelle pour ces êtres sublerranéens, sans défense contre le froid.
La frontière sud passe par la République Argentine, l'Australie et
le Cap de bonne Espérance ; la frontière nord passe par Gorfou, la
Crète, Conslantinople, le Caucase, l'Himalaya, la Chine, le Japon,
la Californie, l'Arizona, le Texas, la Floride, le Sénégal et l'Egypte.
Toutefois si SimoUophis Rochehrunei Sauvage, de la craie française
5n .1. l'AI.ACK^
el Oiloutomijphis du Ouen-y leur Jippaiiicnneiit. ils s'avançaient
autrefois |iliis an nord. Ils existent dans les plus petites îles, sont
très locaux et l'on compte à peine six espèces plus largement
répandues. l/es|)èce la plus répandue est Ti/phlopa hratnùius que
l'on rencontre au Japon, en Chine, d.ins l'Inde, en Malaisie, eu
Araliie. à .Madai^asrar, aux Comores et à Maurice.
Ils fornieut quatre j^roupes : africain, asiatique, australien et
iiéotropique. La seule espèce européenne est éj^alemeot asiatique.
I/.\frique, la plus riche, possède -i.S espèces, dont ;{| endémiques, y
compris T. hrainlmis et filnucoiiia inacrorlujncha de la Nubie, répan-
dues aussi en Mésopotamie. Ils manquent en Barbarie et dans le
Sahara. L'Asie possède 40 espèceseudémiquesdont deux communes
avec l'Afrique, trois avec l'Australie et TOcéanie et T. vrnnicularis
avec l'Europe orientale du sud. L'Inde possède 16 espèces, la
Malaisie 11, les Philippines 6, la Chine 2, la Perse 1, l'Arabie 'A,
l'Asie .Mineure 2 et la Palestine 2. L'Australie compte 2,0 espèces
dont 22 endémiques communes avec l'Océanie. L'Amérique en a 23
dont 9 Glauconia et 6 Typhlops.
IL — Boïdes.
Bouleuger n'en compte que 67 espèces et il semble peu probable
qu'on puisse en trouver plus. Ils appartiennent aussi à la région
tropicale et ont en général les mêmes lois de distribution que les
Typblopides, avec cette difïérence qu'ils s'avancent jusque dans
rOrégon et manquent en Chine, au Japon, au Cap de Bonne-Espé-
rance, etc. On les divise eu Pytiionidae (20 espèces) et Boinae (47).
Les premiers habitent l'Ancien Monde (à l'exception de Lo.rocemus
hicolor du Mexique) et les seconds sont plutôt néotropiques (30 sur
47j. Eryx jacuins présente à peu près la même distribution que
Typhlops oermicularis, c'est-à-dire qu'on le rencontre en Grèce, en
Asie Mineure, au Touran et dans les steppes de la Russie méridio-
nale. Eryx Johnii monte au Sikkim jusqu'à 9 800 m. Les Boïdes
sont très nombreux aux Antilles, où il existe une différence entre
l'ouest (Epicrates, Ungalia) et l'est {CoraUm, Coa). L'Amérique du
sud ne possède que II espèces, autant que l'Océanie; la Nouvelle-
Guinée, 9; l'Australie, 7. L'Asie compte 13 espèces, dont 7 en
Malaisie, 4 aux Indes et A'/T/a; e/ef/an.s endémique en Afghanistan.
L'Afrique possède 12 espèces, dont 6 pour le continent (3 l'y thon et
3 Eryx), 2 monotypes endémiques à l'île Round, près Maurice
(Casarca et Bolieria), et 2 Boa et 1 Corallus (d'affinité néotropique) à
Madagascar.
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 91
LesBoïdes forment aussi la majorité des Serpents fossiles connus ;
Zittelen décrit 15 genres et 23 espèces. La Nardoa boa de la Nouvelle
Irlande et des îles du duc d'York, vivait pendant le Pléislocène dans
les cavernes de l'Australie (Nouvelles Galles du sud). A la même
époque le Python moluni>; vivait, comme aujourd'hui, dans les
cavernes de l'Inde. Dès TEocène, l'Amérique du nord possédait H
Boïdes: Boaniis(3), Uîliophis, f.imnophis (3), TiLanopkis, Aphelophn,
Ogmoplus et Calamagras. En Europe, il y en avait dix pendant
l'Eocène et l'Oligocène : Bolhrophis, Scaphiophis, Hetei'opython,
Palpopythou , etc.
m. — Tortricides.
Il en existe 3 genres et 7 espèces, tous indo-malais, à l'excep
lion de VHtfsia scytnir (Guyane, Brésil, Pérou du Nord).
IV. — Xénopeltides.
Une seule espèce. Xenopellis nnlrolor, monotype indo-malais.
V. — Uropeltides.
C'est une petite famille endémique dans le Dekan et à Ceylan
(7 genres et 42 espèces, dont 7 pour Ceylan).
VI. — Colubrides.
Cette énorme famille renferme, d'après Boulenger, plus des deux
tiers de tous les Serpents. Cet auteur, en effet, y joint non seule-
ment les Natricides, les Potamophilides, les Lycodontides, les
Calamarides, les Coronellides, mais encore les Psammophilides, les
Scytalides, les Dipsadides, les Dendrophilides, les Elapides, les
Homalopsides, les Hydrophides, etc. Il la divise en trois tribus :
Aglyphes (non vénéneux), Opisthoglyphes et Protéroglyphrs
(vénéneux).
Aglyphes
Comprennent 718 espèces, qu'il divise en tro's sous-ordres :
Acrochordides, Colubrines (plus de 700 espèces) et Rachiodon
(monotype).
Acrochordides.
Ferments monotypes, dont 4 asiatiques (Acrochordus, Chersydrus,
Xenodermux, Stolickaia) et un américain [Nothopns].
\)'2 j. I'\l\(:kv
COLUBHINKS
Eli y compreiiiint les Nalricides, les Potamopliilides, les Calarna-
rides, les Coroiiellides et les Lycodoiitides, ils reuferment 117
genres, auxquels Bouleniior on a ajouté lui-même sept autres. Nous
donnerous seulement une courte analyse de leur dislrihutiou
géojj^raphique, en renvoyant, pour le reste, à la seconde partie de ce
travail, afin de ne pas nous répéter.
1. l*()lyo(1ontoi)his ('omple 12 espèces : (» indo malaises, 3 au
Mexique et dans l'Amérique centrale, 2 à .Madagascar et 1 à Mayotte.
2. Drontlroilri/ns, 2 à Madagascar.
3. Liophiiliuni irilineatiim, monotype de Madagascar.
4. Xenochrophis cerasogaster, monotype indien.
5. Tropidonotria comprend 78 espèces. Il est à peu près cosmo-
polite ; il ne manque que dans l'Amérique du Sud. l'Australie
méridionale et l'Océanie orientale L'Asie compte 46 espèces (dont
30 en ludo-Malaisie), le Mexique 20, l'Afrique 9, Madagascar 4,
l'Europe 3 et l'Australie 2. On le rencontre juscju'aux Louisiades,
au Lob-Nor, au lac Baïkal, au lac Winnipeg, à Cuba, etc
6. Macropisthodon (3), genre iudo-malais.
7. lAohelerodun (= Anomahulon, 2), Madagascar.
8. Pseudoxenodon (3), genre iudo-malais.
9. Contpsojihis alhicenlrh Moquard, monotype de Madagascar.
10. Hdicops compte 1 espèce dans l'Iode, dans l'Angola et 9 en
Amérique (Floride et Brésil).
11 . Hiidracthinps mrlaiinf/duter, monotype de l'Afrique occidentale.
12. Tn-lanorhiiius compte 2 espèces' dans l'Amérique centrale et
1 à Cuba.
13. Opisthofropis comptu 2 espèces en Asie (Houg-Kong, Bornéo,
Sumatra) et 1 dans l'Afrique occidentale.
14. Ischiioguatinis (7), Canada, Nouvelle- Ecosse, Mexique et
Guatemala.
15. Ampliiardis ijiornntus, monotype du Texas.
16. Hahka striaUila, monotype du Texas et de la Floride.
17. Strcplophonis (3), Mexique, Equateur, Trinité.
18. Chersodromus Lichmanni. monotype du Mexique et du Guate-
mala.
19. Hydraldabe^ (2). Bornéo.
20. Trachischium(6), Himalaya, monts Kliasia, Naga.
21. Rhdhdops, 1 espèce au Dekan et l'autre au Yunnan, en Assam
et dans les monts Khasia.
LA DISTKIBUTION DES OPHFDIKNS SUR LE GLUBE 93
22. Plagiopholis Rlakrimi/i, monotype du pays des Sliaii.
23. Trichinopholis nuclialis:, monotype des monts Khasia.
24. Oxyrhahdium (3), Philippines.
25. Xiflophis (2), Dekan.
26. Brachyorrhos alhiis, monotype de .Java et Sumatra.
27. Achalinus, 2 espèces en Chine et 1 au Japon.
28. Aspidura (4), Ceyian.
29. Blythia reticulaîa, monotype des monts Khasia.
30. Pseudoxyrkopus (7), Madagascar.
31 . Lycognathopsis. monotype des Séchelles.
32. Ablabophis, monotype de l'Afrique méridionale.
33. Tetralepis Frulistorferi, monotype de Java.
34. Lamprophis (4), Afrique méridionale.
35. Mlcropixthodon ochmceuK, monotype de Nossi-Bé.
36. Goniovotophis (4), Afrique occidentale.
37. BothwphthalmuK lineatus, monotype de la Guinée.
38. Bothrolynis ater, monotype du Kameroun.
39. Cycloconis lineatus, monotype des Philippines.
40. Cflyphotycus bicolor , monotype de l'Afrique centrale (lac
Tanganyika).
41. Boodnn (9), du Sénégal et de l'Abyssinie jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance et aux Séchelles.
42. Lycophidium (H), Afrique tropicale.
43. Hormonotus modestus, monotype de l'Afrique occidentale.
44. Simocephalm (7), Guinée et Cap de Bonne-Espérance.
45. Lycodon (15), Asie tropicale depuis la Chine jusqu'au détroit
de Flores et à Ceyian.
46. Dinodon (= Ophites auct., 5), Chine, Japon, Himalaya, Corée,
îles Liukiu, Formose.
47. Stegonotus (1), Nouvelle-Guinée, Australie, îles du duc
d'York.
48. Dryocalamas (8), indo-malais i Ceyian, Bornéo, Cochinchine).
49. Pseiidaspis cana (= Cornnclla chez Duméril et Bibron, Gûn-
ther et Janj, monotype de l'Angola.
50. Zao('î/.ç(6),genre indo-malais s'étendant jusqu'aux Philippines.
51. Zamenis (34) compte 18 synonymes. L'Asie renferme 17
espèces, dont 11 pour les steppes de l'ouest. L'Afrique en compte
11, dont 7 endémiques: 2 en Egypte, 2 dans le pays de Somalis, 1 à
Sokotra, 1 au Sénégal et 1 dans les pays Berbères. En Amérique, il
existe au Mexique 9 espèces qui rayonnent jusqu'au Delavvare,
dans l'Orégon et au Guatemala. Enfin l'Europe héberge 2 espèces,
94 .1. PALACKV
dont l'une i'/.. grniovetials] commune avec l'Asie occideutjilc et
l'aulre (/. hippocrrpis) commune avec l'Afrique septentrionale.
52. lAftorlu/nchus comj)le 2. espèces en Amérique (Basse Oalifoinie
et .\ri/(>na) et 3 en Asie occidentale, dont l'une (/.. dimivmn) s'étend
jusqu'en Alj^érie.
53. Xenelapliis hcragonatus. monotype indo-malais.
5'jr. nn/ntobius (8), genre néolropique s'étendant du Texas au
Paraguay.
55. Phrynonax (7), également néotropique.
56. Spilotex ])ullniiis. monolypeaméricain ((iuyane, Brésil, Pérou).
57. Colnber (45), compte 33 synonymes dans Boulenger. Ce genre
vit surtout dans les régions tempérées du nord. Des 16 espèces
américaines, il y eu a 3 au Mexique et dans l'Amérique centrale,
8 aux Etats-Unis et 2 au Brésil. L'Asie et l'Europe ont 29 espèces
communes, dont 5 endémiques: C. scalaria (occident), C. leopar-
(liiius (Asie mineure), ('. .Esculapii, C. quatitorlineafus (Trans-
caucasie) et C. dione (Bussie et Japon). C. Jaribeni est endémique
à Celebes ; C. subradiatus s'étend jusqu'au détroit de Frores. L'Asie
septentrionale compte 10 espèces, mais on n'en rencontre pas en
Afrique.
58. Synchnlinus (2), Buenos-Aires et Costa-Bica.
59. Goniophis, monotype de Bornéo et de Singapoore.
60. Hcrpctodryas (5), genre néotropique vivant aux petites
Antilles et en Amérique centrale (3) et s'étendant jusqu'au Para-
guay (2).
61. Dendrophis (10) genre indo-malais : îles Peiew, îles Salomon,
Australie septentrionale, Philippines, Louisiades, îles du duc
d'York, Ceylan, Nouvelle-Guinée.
62. Dendrdaphu (6), Ceylan, Philippines, Nouvelle-Guinée.
63. Chiorophis (9-10), s'étend de Khartoum jusqu'au Garip, en
Gambie et même jusqu'aux îles Bissao.
64. Philothamnus (5), du Cap de Bonne-Espérance jusqu'en Gam-
bie et au Tanganîka, plus une espèce dans l'île ïhomé et une dans
l'Annobon.
65. Gastropy.ris (smaragdina), monotype du Congo.
66. lihamnophia (2) dont une dans l'Afrique orientale et une au
Gabon.
67. Hapsidophrys {lineatvs), monotype de l'Afrique occidentale.
68. Thrasops [flavignlaris), monotype de l'Afrique occidentale.
60. A.ep?op/ïi6' (14), huit dans l'Amérique centraleet six à Costa-Rica
doul troiss'élendeut jns(|u'an Paraguay, au Guyarfuil et au Mexique.
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 93
70. Uromaces (3), Saiut-Domingue.
71. Hypsirhynchus (ferox), monotype de Saint-Domiugue.
72. Dromicus (9), Antilles, Bahamas, Galapagos, Pérou et Chili.
73. Liophis (M), surtout dans l'Amérique du sud et les Antilles.
74. Cyclac/ran, monotype du Brésil, de la Bolivie et de l'Argentine.
75. Xenodon (6), du Mexique au Paraguay et au Guyaquil.
76. Lystrophis (3) du Brésil au Chili et au nord de la Patagonie.
77. Héterodon, sud des Etats-Unis; une espèce (nasicus) pénètre
dans le nord du Mexique.
78. Aporopliis (o), de la Guyane à l'Argentine.
79. Rhadinea {±'fi), néotropique ; 16 espèces dans l'Amérique du
Sud, 3 au Mexique, 6 dans l'Amérique centrale ; pénètre jusqu'au
Chili.
80. Uiolheca (3), de Cuba et du Mexique au Brésil.
81. Trimclopon (2), Costa-Rica.
82. Hydromorphfis [conaAor], monotype de Costa-Hica.
83. Dunades {'2) dont une en Bolivie et une au Brésil et en Guyane.
84. Hydix)ps (2), Brésil, Guyane, Pérou.
83 Sympholis {lippiens), monotype de Guadalajara.
86. Coî'unella (12 synonymes et 19 espèces), dont 12 pour le
nord de l'Amérique, 3 pour l'Afrique tropicale, 2 pour l'Asie et 2
pour l'Europe.
87. Drepavodon (2), vallées du Maraùon et du Magdalena.
88 . Hijpsiglena (6), du Texas et de la Californie jusqu'au Venezuela.
89. Rhinocheilus(d), dont deux au Mexique et une au Venezuela.
90. Ceinaphoraycocciiien), n\onolY[>ti delà Caroline et de la Floride.
91. Simotes (22), genre indo-malais: Chine, Ceylan, Timorlaut,
Nicobares et Philippines.
92. OUgodon (20), genre iudo malais dont une espèce {metano-
ccphalum) vit en Syrie et Palestine, au Sinaï et en Egypte.
93. Leptocalamus (3), Mexique et Amérique centrale.
94. Arrhyton (3), Cuba.
93. Simophis (1), dont une au Paraguay et une au Brésil.
96. Scaphiophu {albopiinctatits), monotype de l'Abyssinie, de la
Guinée et du Congo.
97. Contia (22 synonymes et 21 espèces) dont 13 pour l'Amérique
et 8 pour l'Asie occidentale. L'espèce la plus intéressante est 6'.
collaris qui vit à Constantinople, en Asie mineure, en Syrie, en
Mésopotamie, dans le Caucase et la Palestine du nord. L'Amérique
fournit 3 espèces au Mexique, 3 au Texas, 1 à Vancouver, 1 en Cali-
fornie et 1 à Costa-Rica.
96 .1. PALACKV
1)S. Ficiniit (.'{), Mexique, Texas et Arizona.
1)9. Siffinphimus {leuatstoiiiftK), moiiolypedii .\Ie.\i(|iie.
10(1. l'Iiiliniienw-us (2), dont uue pour le nord-est du Me.xitjue et
une dans la Nevada et lArizoua.
lui. llomulosonia (4), Afrique orientale de l'Abyssinie au Cap de
Bonne-Espérance.
102. AblnhcK (10 synonynu's et 14 espèces), Chine, Japon, Inde,
Malaisie, Ceyian, îles Nicobar et iles Liu-Kiu.
103. Grayta (3) dont 2 au Congo et une au Tanganyika.
104. Xi'tiufophis {Civsar), jnonotype de l'Usambara.
105. Oli(/olepis (ttiacrops), nionotype de l'Usambara.
lOH. Virginia (2), Etats-Unis (Maryland, Illinois et Texas).
107. Abastor {erytkrograniinns). monotype du Mississipi et de
la Floride.
108. Farancia (abacura), monotype de la même région.
109. Fetnlo(/n(i thiis {nehu laf us) , inono\\ pa du. Mexique et du Brésil.
110. Tropidodipsas (6). Mexique et Amérique centrale.
111. Diroseina (4), mêmes contrées.
112. Attraclus (24) dont 19 dans l'Amérique du sud, 4 au Mexique
et 1 dans l'Amérique centrale.
113. (jcophis (13), dont 7 au Mexique, 5 dans l'Amérique centrale
et 1 au Brésil.
114. Agrophis {sarrasinorum), monotype de Celebes.
115. Carpophis (2), Etals-Unis (Massachussets, Illinois, Pensyl
vanie).
116. Stilosema [extenuatum), monotype de la Floride.
117. Geagras {redimitus), monotype du Mexique.
118. Macrocalamua {lateralis), monotype des Molluques.
119. Idiopholis {colla ris), monotype de Bornéo.
120. Rabdophidium {Forslenl), monotype de Celebes.
121. Pseudorhabdiuni (2), Malacca et Celebes.
122. Calamaria (38), dont 18 à Bornéo, 11 à Java, 4 aux Philip-
pines, 3 à Celebes et 2 dans l'Inde.
123. Tgphlogeopliis (brevis), monoty|)e des Philippines.
Boulenger ne sait où placer : Amaslridium de Colombie et A)w
plophalius maculatus de Taïti.
Rachiodon
124. Dasypeltis {scalier), monotype africain s'étendant du Sen-
naar et de la Guinée jusqu'au Cap de Bonne-Espérance.
LA DISTRIBUTION DES Ol'HIDIENS SUH LE GLOBE 'J7
Opisthoglyphes.
Colubrides vénéneux à dent postérieure perforée. Boulenger les
divise eu trois sous ordres : Homalopsiués; Dipsadides; £/ac/iîs-
todoii (monotype).
HOMALOPSINÉS.
Giinther et Jan les placent près des Tropidonotus ; Cope y joint
des Colubrides et des Tropidonotides et en compte 29 genres. Bou-
lenger coin|)te 10 genres (dont 8 monotypes) et 26 espères. Elles
sont indo-malaises ; elles occupent surtout l'Inde transgangé-
tique (16), d'où elles rayonnent en Malaisie (10), dans l'Inde anté-
rieure (o), à Ceylan (3), eu Chine (6), en Australie (4), aux Philip-
pines (2), en Nouvelle Guinée (3) et aux îles Nicobar (1).
1. Hypsirhina (15), indo-malais; s'étend jusqu'en Chine et en
Australie.
2. Homalopsis {buccata), monotype indo-malais : Bengale, Bor-
néo, Cambodge.
3. Cerberus (3), une espèce aux Philippines, une en Australie et
la dernière répandue de Ceylan au Ceram et aux Iles Péleu.
4. Eurostus [Dussumieri), monotype du Bengale.
5. Myron [liichafdsoni), monotype de l'Australie.
6. Gcrardia [Prcwsiiana), Inde et Ceylan.
7. Fordonia (leucobalia), s'étend du Bengale jusqu'en Australie,
eu Nouvelle-Guinée, eu Cochinchine, aux îles Nicobar.
8. Cantoria (violacea), Birmanie, Singapore et Bornéo.
9. Hypistes {hydriuus), Bangkok, Pinaug.
10. flerpeton (tentaculalum), Siam et Cochinchine.
DiFSADIDES.
Boulenger les nomme Dipsadomorphinées et range Dipsas parmi
les Amblycéphalidées. Mais il vaudrait peut-être mieux débaptiser
un genre qu'une famille de 68 genres.
1. Geodipsas (2), Madagascar.
2. Hologerrhum (philipijinum), monotype des Philippines.
3. Ithycyphus (2), Madagascar et Comores.
4. Lanijahd (3j, Madagascar.
5. Alluaudina (Bellyi), monotype de Madagascar.
6. Ueterûdipsas (colubriiia) , monotype de Madagascar et de
Bourbon.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 18'J8. xi. - 7.
98 .1. l'ALACKV
7. Sletwphis (5), Madagascar.
8. Heternrus (3), Madagascar.
9. I.ycotlnjas (Johannis), monutype endémique de l'Aujuan
(Coinoies).
10. l*i/thoiio<Ui)sai> (carinala), monotype de l'Afriijue méridiouale.
11. Ditifpophis {viv(ix), mouotype de Socotra.
12. Tarhophis (8) existe surtout eu Afrique (5 espèces, dont 3 endé-
miques) où il s'étend jusqu'au Zanzibar, mais une espèce (rhino
poma) vit en Perse et au Sind, et Boulenger dédouble le T. vivax en
T. iberus du Caucase et 7'. faUa.r de la Méditerranée (de Trieste à
l'Asie Mineure). T. Guntheri, de l'Afrique orientale, existe aussi en
Arabie, de même que T.Savùjnyi de l'Egypte vit aussi en Palestine.
Viennent ensuite 3 genres néotropiques :
13. Trimorphoilon (4), Mexique (3) et Amérique centrale (1).
14. Lycognathus (2), Brésil, Guyane, Bolivie, Trinidad.
15. Tiimpanurgos (compressus), monotype de la Guyane, de la
Bolivie et du Brésil.
16. Dipsas (22 24) ; ce grand genre est surtout indo malais (H).
Il s'étend jusque dans l'Afghanistan et le Belutschistan (1). On le
rencontre aux Philippines (4), aux Moluques(l),en Nouvelle Guinée,
aux Louisiades, aux îles Salomon et du duc d'York, en Australie (2)
et en Afrique (2): pukerulcnta à Fernando-Po et Blaiidingi au Sénégal,
au Gabon et au Zanzibar.
17. Dipsadobua (unicolor), monotype de l'Afrique occidentale.
18. Hhinobotryum {lenîiginosiim), monotype de la Guyane, de la
Colombie et du Pérou.
19. Himantodes{l), Amérique centrale (4) et Mexique d'où H. cen-
choa s'étend jusqu'en Bolivie.
20. I.eptodira (10) est surtout uéolropique (8) ; Amérique du Sud
(2), Texas (1), Amérique centrale (3), Mexique (5), Afrique jnéri-
dionale (2).
21. Chamaetortus {aulicus), monotype de l'Afrique tropicale (Zam-
bèse, Tanganyîka),
22. Oxyrhopus (17) possède toutes ses espèces dans l'Amérique
du Sud, mais on le rencontre encore aux Antilles(l), au Mexique (2)
et à Panama (1).
23. Hhinostoma (2), Amérique du Sud.
24. Thamnodynastes (2), Amérique du Sud.
25. Tachyinenis, Pérou (2), Bolivie et Chili (1).
26. Hemirhagerhis [Kelleri], monotype de l'Afrique orientale
(Somalis, Mombasa, Uganda, Ki-Kuyu).
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 99
27. Manolepis {Putnami), monotype du Mexique.
28. Tomodon (2), Brésil et République Argentine.
29. Conopkis (3), Mexique (2), Amérique centrale (1) et Brésil (1).
30. Amplorhinns (2) ou Psammophylax des auteurs ; Afrique
méridionale.
31. Philodnjas {{i syaonymes), Amérique méridionale (13) jus-
qu'en Patagonie et au Chili.
32. Jaltris (((orsalis), monotype de Saint-Domingue.
33. Triinerorhimis (3) ou Psummophylax des auteurs, vit dans
l'Afrique tropicale.
34. Cœlopeltis (2) : monospessalanus de la Méditerranée (Espague,
Caucase, Chiraz, Barbarie, Egypte, Chypre) et nwilensis (Sahara,
Egypte, Nubie, Arabie méridionale, Buchire).
35. Haniphlopkis (5). Afrique tropicale.
36. Drotuophis (2), Zanzibar et Guinée.
37. Taplirometopon (lineolatus), monotype de la Sibérie occiden-
tale, du Touran et de l'Afghanistan.
38. PsaDiniophis (17), genre déserticole surtout africain (13).
L'Inde compte 4 espèces et deux espèces séparées par Boulenger du
P. sihilans {P. Sckokari et P. punctatus) pénètreut de l'Afrique
septentriouale dans l'Asie occidentale.
39. Mimophis (inahfali'iisis), monotype de Madagascar.
40. Psaunnodynastcs (2), genre indo-malais s'éteudant de l'Hima-
laya jusqu'à Flores et aux Philippines.
41. Macroproiodun {cucnllatus), monotype d'Espagne, des Baléares
et de l'Afrique septentrionale.
42. Dryopht!< (8), genre indo-malais : Ceylan, Ternate, Bornéo,
Philippines.
43. Thelotonùs {Kirtlandi}, monotype de l'Afrique tropicale (Gui-
née et Cafrerie).
44. Bucephains (typus), monotype africain.
45. Oxybelis (4), genre néotropique s'éteudant du Mexique au
Brésil et au Pérou.
46. Dryophiops (2), Inde transgangétique, Malaisie et Philippines.
47. Chnjsupclcia (3), genre iodo-malais : Chine, Ceylan, Ceram.
48. Erythrolamprim (9), Mexique (6) et Amérique centrale : E.
imperialis pénètre jusqu'au Texas ; E. droiniciformia jusqu'à Guaya-
quil et E. ^EsculapL du Mexique et des Antilles jusqu'au Brésil et eu
Bolivie.
49. Hydroealamus {quinquecittatus), monotype du Mexique et du
Guateuiala.
100 .1. PAl.ACKV
fiO. Srolcrojihis (3), Mexitiue [2) et (îuiileinala (I).
")1. Huinalocnniiuin (23), Aiiit-rique centrale (12), Mexique (8),
Amérique iiiéridiouale (3) et Etats-Unis (3).
52. Oiiinins (anitns), inonolype du Mexicinc.
53. Steiwrhiiia (Degcnhardti), nijuotype s'éleutiaul du Mexique à
l'Equateur.
ai. Xi'tiopholis (si'al<tri.s), monotype de l'Amérique méridionale :
Equateur, Brésil, Bolivie.
55. Apostolepis, Amérique méridionale.
56. ElnpoiiioJHs {iliniidifilns), monotype du Brésil.
57. El(ip<jin(nphH!i (7), Auiéri((ue du Sud, Guyane et République
Argentine.
Les autres Dipsadides sont africains :
58. Ambhjodipsas {Diicrophlhalmus), monotype du Mozaml)ique.
59. Calamelaps (3j, Cafrerie, Nyassa et Afrique occidentale tropi-
cale.
60. libinocalamus {dimidiatus), monotype de l'Ugogo.
61. Xenocalamus (2), Congo (1) et Zambèse (1).
62. Micrelaps (2), wSomalis (1) et Palestine (1).
63. Miodon (4), Afrique occidentale.
64. Polemon {Bartlii), monotype de Guinée.
65. Brachiophu [Revoili], monotype du pays des Somalis.
66. Macrclaps (microhpidotas), monotype du Natal.
67. Aparallactus (16), genre africain : Kameroun, Sierra-Leone,
Lado, Guinée, Cap de Bonne-Espérance.
68. Elapops(modestus}, monotype africain: Guinée, Congo, Uganda.
Elaschistodon
Elasclnstodon [WesternuDun), monotype du Bengale.
Proteroglyphes
Serpents franchement vénéneux qui se divisent en : Elapides,
Amblycépiialides, Vipérides, Crotalides et Hydrophides.lls forment
57 genres et 334 espèces. Boulenger les a placés dans un ordre diflé-
rent : il considère les Elapides commo les deruiei's des Colubrides
et réunit les Hydropliides aux Vipérides et aux Crotalides.
Elapides
(29 {genres et 138 espèces)
Us existent surtout dans rhémisphère austral (Australie et Amé
rique du Sudj.
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE OLOBE 101
1. Ogmodon {citvinus), mouotype des îles Viti.
2. Glyphodon (tristls), mouotype de l'Australie et de la Nouvelle-
Guinée.
3. Pseudelaps (S) \H eu Australie; uue seule espèce {P. Mûlleri)
se rencontre en Nouvelle-Guinée, aux Moluques, aux îles du duc
d'York et en Nouvelle-Bretagne.
4. Diemenia (7), Australie, Nouvelle-Guinée et île de Norfolk.
5. Psendechù (8), Australie et Nouvelle-Guinée.
6. Denisonia (21), le genre le plus nombreux en Australie ; 3
espèces sont endémiques aux îles Salomon.
7. Micropeclits (2), une espèce aux îles Salomon et l'autre eu
Nouvelle Guinée.
8. Iloplocephaius (3), Australie.
9. Tropidechis (carlnatus), monotype de l'Australie orientale.
10. Notechis (scutatux), monotype d'Australie et de Tasinanie.
11. Uhinhoplocephaliis (hicolor), monotype de l'Australie.
12. Brachyaspis {curta), monotype de l'Australie.
13. Acantoijhis [antarcticus) , de l'Australie et de la Nouvelle-
Guinée jusqu'au Céram.
14. Elapognalhus ininor (monotype de l'Australie occidentale).
15. Boulengeriva {Stonnsi), monotype du Tanganyika.
16. Ëlapechis (8), Afrique tropicale (Guinée et Cafrerie).
17. Rhynchelaps (4), Australie.
18. Bunyarus (6), genre indoinalaisien : Chine, Ceylan, Malaisie.
19. Naja(iO}, Afrique (7) et Asie (4). Le Naja haje, ou Serpent des
charmeurs, existe au Maroc, au Mozambique et dans le sud de la
Palestine.
20. Sepedon [hœmachates), monotype de l'Afrique méridionale.
21. Aspidelaps (2), Afrique méridionale.
22. Walterinnesia {eyyptia), trouvée seulement au Caire.
23. Hemibungarus (4), Inde ^1), Japon et îles Liu-Kiu (1), Philip-
pines (2).
24. Callophis (5), Inde, Chine et Malaisie.
25. Doliophis (4), Philippines et Malaisie.
26. Furina (3), Australie.
27. Homorelaps (2), Afrique méridionale.
28. Elaps (28), genre néotropique habitant surtout l'Amérique du
Sud (24). Se rencontre aussi au Mexique et dans l'Amérique cen-
trale (2) et aux Antilles (2).
29. Dendrdspis (4), Afrique tropicale du Sénégal à la Cafrerie.
I(>2 J. l'ALACK^
A.MBLVtÉPHALIDES
(;> genres et 34 espères)
Us vivent (J;ms les reliions m'Otrophinc <M iiido iii.ilaiso ; iiii
seul ^"^enre est coimiiuii aux deux.
1. Pseii(loi)(tr('as(i), Pérou (P. (ilupicuti) ttl llong-Konfjj (/'. rdyus).
2. Hoplopcllnra (hoa), inouotype de Pénaiig, Moluques et des
Fliilippiues.
3. Amhlyccphakis (9), vit daus l'iude Iransgaugétique d'où il se
répand en Chine, en Malaisie, aux îles Mcobar et dans l'Hiinalaya.
4. Dipsan {hucephala), monotype de l'Amérique du Sud (Guyane,
Bolivie, Brésil, Pérou, Equateur).
0. Leptognatlnis {'H)), Amérique du Sud (1), Amérique centrale (9)
et Mexique (4).
VlPÉRIDES
(î) genres et ^'.i espèces)
Ce sont des formes de l'Ancien-Monde ; ils manquent à Mada-
gascar et en Australie. Ils sont surtout nombreux en Afrique où
l'on compte 7 genres et 32 es|)èces. dont 5 genres et 27 espèces
endémiques; ils existent égalenient dans l'Asie occidentale et en
Europe. Celte dernière, d'après Boulenger, hébergerait 7 espèces.
1. Cnusus (4), Sennaar et Cap de Bonne-Espérance.
2. Azemiops {fcae), monotype endémique de Birmanie.
3. Vipera (10). V. Renardi habite le nord de la Russie ; V. herus,
l'Europe septentrionale et la Sibérie; V. L'rsini, le sud-ouest de
l'Europe (France, Italie, Hongrie, Bosnie) ; V. aspis, la France et la
Sibérie; V. Latastei, l'Espagne et la Barbarie; \ . annnodytes, les
Alpes méridionales, la Grèce, la Turquie, l'Asie Mineure, la Syrie
et la ïranscaucasie ; V. liaddei, l'Arménie ; V. lehetina, de Barbarie
et d'Asie Mineure jusqu'en Perse et au Beloutschistan ; V. Rukselli,
à Ceylan, dans l'Inde, au Siam et à Java : V. superciliaris, au Mozam
bique.
4. Hitis (8), genre africain s'étendant du Cap de Bonne-Espérance
au Vîaroc et au Kordofan.
5. Pseudocera.^fes, monotype endémique de Perse.
6. Cérastes (2), Afrique septentrionale, Arabie et Palestine méri-
dionale.
7. Echis (2) ; une espèce (cannaîa) s'étend de Madras en Barbarie ;
l'autre (l'o/ora/a) existe en Arabie et dans la Palestine méridionale.
8. Atheris (3), Afrique tropicale.
9. Attractaspis (13), du Cap Vert au Cap de Bonne-Espérance.
la distribution des ophidiens sur le globe 103
Grotalides
(4 genres et 63 espèces)
Les quatre genres sont représentés en Amérique par 38 espèces ;
en Asie on ne trouve que deux genres : A ncistrodon{l)ei Lachesis (18).
1. Ancistrodon (10) est représenté par 3 espèces américaines
(2 aux Etats-Unis et 1 au Mexique) et 7 asiatiques . celles-ci sont
mieux connues sous les noms génériques iVtlalys (3) en Sibérie et
de lAolepis (2) aux Indes.
2. Lachesis (40) offre une semblable distribution. Les 22 espèces
américaines se rencontrent depuis le Mexique jusqu'en Patagonie.
Les espèces asiatiques vivent aux iles Liu Kiu, en Chine, dans
l'Inde, aux Philippines, à Ceylan, en Malaisie, aux iles Andaman
et Nicobar, au Tliibet, à Célèbes et au Timor.
3. Sisîrurus (3), Mexique et Etats-Unis.
4. Crotalus (il) vit aux Etats-Unis (9), au Mexique (7) et dans
l'Amérique méridionale (1).
Hydrophides
(10 genres et So espèces)
Ils sont tous marins à l'exception de Hydrophis Seniperi qui vit
dans la lagune Taal au Luzon, Ils sont limités aux golfes de la
région tropicale du Grand Océan (Océan Indien, mer Rouge, golfe
Persique, etc.). Ils ne dépassent pas à l'est les côtes du Mexique et
de l'Equateur, au nord les îles Liu-Kiu et le Japon méridional, au
sud la Nouvelle-Zélande et Madagascar.
1. Hydrus (platurus) que l'on rencontre partout où existe la
famille.
2. Thalassophis [anomala), monotype de Java.
3. Acalyptophis [Peroni], monotype de Hong-Kong.
4. Hydrelaps [Darwiniensis) , monotype de l'Australie septen-
trionale.
5. Enhydrinn {bengalensis), monotype s'étendant du golfe persique
jusqu'au Siam et à la Nouvelle Guinée.
6. Aipysuims (4), des Philippines en Australie.
7. Enhydris (2), des Indes au Japon et à la Nouvelle-Guinée.
8. Platurus (3), iles Liu-Kiu, Chine, Inde, Nouvelle-Zélande,
Australie, Tasmanie, Pacifique du Sud.
9. Distira (18), Océanie, Malaisie, Japon, Australie, Perse.
10. Hydrophis [22), Indes (12), Malaisie (4), Australie (2), Nouvelle-
Bretagne, Moluques, Bornéo, etc.
104 .1. I'\i.\(;kv
'2P DisTRiBtTiON r.tocn.M'niQUK.
Europe. — (loimiiti |)»)ur les Oiseaux, les l'oissoiis, les Tortues,
les Batraciens, l'Europe est très pauvre en Serpents ; elle est njéuje
plus pauvre en Serpents qu'en Lézards. La cause semble eu être
l'époijue {glaciaire, car elle était plus riche auparavant.
Schreiber compte 2\ espèces pour toute rEur()i)e et Hoiilenger 26.
Les réjîious méditerranéennes sont plus riches que les autres; la
péninsule ibérienne compte 16 espèces (Bosca), l'Italie 15 (Bette), la
Grèce 18(Hettajou Fi (Bedriaga), la Dalmalie 12 (Kolumbatovilch),
la Bosnie 10 (MoUendorfï), la Russie 10 (Strauch), rAlleniague 7, la
Suisse 8 (Fatio), l'Angleterre 3, la Norwège 3 (Collett), la Hollande
3, le Danemark 2: il n'eu existe pas en Islande. An delà du 5.')" de
latitude nord on ne rencontre plus que 3 espèces : Corunelld ans-
triaca à l'ouest, Tropidonotm natrix, et le seul venimeux au nord des
Alpes, Pellafi berus à l'est; celui-ci s'avance le plus au nord (67" eti
Suède) et monte en Suisse jusqu'à l'altitude de 2.750 m. (Fatio),
c'est- à dire plus haut que les autres Serpents. Les Serpents man-
quent naturellement dans les contrées arctiques et même dans
l'Oural septentrional.
Le plus ancien Serpent fossile connu paraît être Shnoiiophin
Bochehruiipi du Cénomanien français, trouvé avec un Halitherium,
qu'on rapporte aux Typhlopides, maintenant tropicaux et subtro-
picaux et qui n'ont plus en Europe (ju'un seul représentant en
Grèce (Boulenger).
Il existe des Serpents fossiles dont la position systématique
est douteuse, à savoir : à Sansan, Bothrophis (jaiulnji et Scaptopins
miocenicus ; dans l'Eocène de Sheppey, Pakophis (Owen), au Quercy,
Scytalophis Lnfonti (Filhol), Homcotyplilus, Pilcmophis, Plesiotortrix,
Tachiophis, Echidna KargiiRochehvnnejJJphidium antiquum {Pome\).
Les Boïdes, aujourd'hui subtropicaux, étaient très répandus dans
l'ouest de l'Europe tertiaire, surtout si Paleophis gifianleiis appartient
à cette famille, comme le pense Ziltel. Il n'existe plus actuellement
qu'un seul représentant : Eryx jaculns des îles de Grèce. Autrefois
il y avait à Kumi (Eubée) VHeternpython enboicus (Rômer), à Sansan
le Paleopython Filholi (Rochebrune), au Quercy le Paleopython rnndur-
cencis (Filhol), dans TEocène de Paris le Paleoerijx dcpressas (Owen)
et dans l'Eocène d'Angleterre le Paleoeryx rhomUifer (Owen).
Les Crotalides, maintenant relégués au-delà du Volga, étaient
représentés dans le Miocène de Thessalonique par le Laophis
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SliU LK GLOBK lOj
crotaloides. Le genre Naja, aujourd'hui refoulé dans l'Afrique sep-
lenlrionale, avait dans le tertiaire français Naja Saucagei (Roche-
brune) et dans le Miocène de Steinheim Naja suevicn, identique,
suivant Zittel, avec la Naja /m/e actuelle de l'Afrique septentrionale.
Les Serpents fossiles appartenaient, pour la plupart, aux Colu-
brides : Tainnopliis PoiicheAi (Rochebrune), Pylinophis xanaaniensis
(Lortet), Elnphls fossiUs (Poniel), E. atavui^ (Meyer), /•:. Owcni {Meyer),
E. e I on;/ nt Hs (Trosche]), Paleœlaphis (Rochebrune), Pcriops pndolicus
(Meyer) et P. Gervaisi (Rochebrune).
Parmi les espèces actuellement vivantes nous rencontrons Cœlo-
peltis insignitus dans le pléistocène d'Auvergne et Tropidonotus
natrix dans les cavernes de Franconie. Il existe un seul Dipsadide
dans le sud-ouest de l'Europe, c'est l'espèce africaine Macroprotodon
cacjiUalns (Espagne méridionale et Baléares).
L'Europe ne possède qu'un seul Serpent endémique : lihinecfiis
scalaris que l'on rencontre de Nice à Coimbre, sans compter les
petites espèces, telles que P. UrainI, détachées de Pi'lias berm ou
de Vipi'ra ammodytes.
Les Serpents les plus fréquents sont : Pelias hcrus dans le nord,
CoronclUi anstriaca en Suisse (Fatio), Tropidonotus natrix en Italie
(Betta), Tropidonotus viperinns en Espagne et Zamenis mridijkwus
dans la steppe russe.
Dans l'Europe méridionale il existe une différence sensible entre
l'ouest qui est surtout africain et l'est qui est surtout asiatique.
Huit espèces du nord-ouest de l'Afrique [Macroprotodon, Coronella
girundira, Tihinechis, Pcriops hippocrepis) existent aussi en Europe
(Espagne, Italie, Sardaigne). Quelques espèces sont répandues
dans toute l'Europe méridionale, comme Zamenis viridiflavus (de
la Gironde au Caucase), Elaphis ï^scalapi (Nantes, Hartz, Caucase),
Tropidonotus hydrus (Moselle et Volga), Coluher quatuor Uneatus
(Provence et Caucase), Cœlopeltis insignitus (Espagne et Perse). Mais
l'est possède également un certain nombre d'espèces asiatiques,
telles que : Tarbophis inmix {\sir'\e et Caucase), Colubcr leopardinus
(Sicile et Crimée), Contia collaris (Conslantinople), Zamenis Dahii
(Dalmatie et Perse) et Elaphis dione. (Russie méridionale et Chine).
Vipera ammodytes est une espèce orientale (du Tyrol à la Syrie) ;
V. Latastciesl occidentale et V. aspis vit dans l'Europe centrale (de
Bretagne en Sicile). Quant à V. Icbetina, elle est commune à l'Asie,
à l'Afrique septentrionale et aux îles de Grèce.
En somme, l'Europe occcidentale rappelle l'Afrique septentrio-
nale par la Coî'onella et les Tropidonotus, tandis que l'Europe orien-
10(» .1. l'ALACKV
taie iap[)ellt' l'Asie par iKlaiihis diuuc,\d Cunlia, VKry.c jaculns elle
Ti/phlojis rrrinindaris, espèces de l'Asie occidentale.
Afrique. — T/Afiique n'est pas jiussi pauvre qu'on le croyait. Ou
a décrit plus de Wi) espèces et od continue toujours à eu décrire,
(''est ainsi que VVerner a décrit 5 espèces nouvelles en 1897.
Boulenyer ne compte que 331 espèces terrestres, dont l'io veni-
meuses. Elles se divisent eu G;} Typlilopides, 11 Boides, 1.20 Col u-
brides et Natricides, 35 Coronellides, 2.S Cala ma rides, 50 Lycodon.
:iU Psammophides, ÎK) Dipsadides, 33 Vipérides el 25 Elapides. Les
Lçenres essentiellement africains sont : Dosijpcltis, Dendraspis,
At tracta apia.
La distribution géographique est fort inégale. Nous citerons
quelques nombres: Algérie 18(Gervais),20(Lataste)ou 22(Strauch);
Sahara 9 (Tristram); Abyssinie 10 (Blanford); Cboa 19 (collection
Ragazzi) ; pays des Somalis 19(Boulenger) ; Egypte 22 (id.) ; Afrique
occidentale 105 (Duméril), 133 (Boulenger) ; Angola 74 (Barboza du
Bocage) ; Afrique méridionale 32 (Smith), 62 (Boulenger); Afrique
orientale allemande 62 (Torriier) ; Madagascar 50 (Boulenger) ;
Sokotra 4; Comores 6 ; Bourbon 2 (Maillard) ; Seychelles 4 ; Cap
Vert 1 ; .\nnobon 1 (coll. Buchhoitz) ; coll. Decken 52 ; Congo 3\
(Bôttger) ; Fernam-Po 15 ; Principe 3 ; Saint Thomé o ; Afrique
centrale 47 ((iiinther).
Le nord est très pauvre et ressemble aux autres régions méditer-
ranéennes. Il en est de même des déserts du sud et du nord. Les
espèces tropicales commencent dans le Sahara et l'Egypte et se
développent surtout dans l'ouest. Comme genres africains typiques
nous citerons : Hydracthiops, Lamprophis, Gonionotophis, Bothroph-
thalmus, Boodon, Lycophidium, Simocephalm, Cldorophis, Philotfiam-
nus, Gastropyxis, Ilapsiidophryn, Tlirasops^ Lrptophis, l'roaymnd,
Grayia, Dasypritla, Amphrhinus, Rampliiophis, Dromophia, Appara-
lactus, Klapechis, Sepedoii, Cniisus, Attractaaplu. Il n'existe d'affinités
qu'avec l'Asie occidentale; l'Inde et l'Amérique en diffèrent essen-
tiellement. De la Nubie au Natal, du Sénégal au Cap de Bonne-
Espérance il y a fort peu de différence ; l'est est simplement moins
riche que l'ouest.
Le nord-ouest ne possède pas d'espèces endémiques. On y observe :
Ery.r jnculun, Tropidonotus natrix (Algérie), '/'. viperinus, Zamenis
algirus, Z. hippocrepis (Sahara). Z. diademn (Tunisie), Coronelta
girHndlca,C.Amaliae(OranetT'duger),Liitorhyii(:husdiadema(Saihiirai),
Psammophis sihilans et P. Schokari (Biskra, Tunisie; , Cœlopeltis
lacertina et C. prodiicta (Sahara), Macroprotodon cucuttatus, Naja
LA niSTIlIBUTION DES OPHIDIENS SUP, LE GLOBE 107
haje, Vipera lehetina. V. Latastei, V. Avicennae, Cérastes vipera,
C. cornuta, Echis carinata (désert), Coroneila levis (Atlas marocain,
Mogador et Bengasi).
L'Egypte au contraire a 3 espèces endémiques : Stennstoma cairi,
Zamenis Hoqeri et le monotype Warferinnesld egi/ptia (Lataste). En
outre, ou y reucoutre : Eryx thehalcus, E. jaculus, Tropidonotns
tesselatus, Zamenis DahU, Z. rhodorlinrliis, Z. florulcntus, Z. num-
mifer, Z.diadema, Tarhopkisohtusas, Cœtopeltismoilensis, C. Uicertina
(au nord), Psammophis sibilans{ûe même), P. Schokan, Macroprotodon
cucuUatus (Aboukir), Niija liaje, Vipera lebefina, Cérastes cornutus,
C. cipera et Echis carinata. Donc seulement 10 espèces berbères,
répandues surtout dans le désert et au nord.
L'Abyssinie et le Ghoa appartiennent aux régions tropicales, on
y rencontre : Typhlops hlanfordt (end.), Eri/x thehaiciis, Bucephalus
typus, Zamenis rhodorhachis, Z. Smithi, Boodon lincatnm, B. leninis-
catum (end.), Homalosoma lutrix (Blanford), H. abyssinicnnt (end.
Boul.), Chlornpliis net/lectiis, Tarhnphisobtusus, Psamniophis sibilans,
P. Schokari, P. punctulatas, P. biserialiis^ Lycophidiwn abyssinicum
(Boul. end.), Aparallactus lunulatus, Dendraspis Aatinori, Scapkiophis
raffrayi (end.), Dasypeltis abijssinica (end.), Attractaspis irrcqidaris
et Echis arcnicola. Donc G espèces endémiques sur î\.
La collectiou Abbot(18) de Larnu, du fleuve Tana, etc., renferme
comme espèces nouvelles : Typhlops mandcnsis, Simoccphalns
Chanleri et Cousus nasalis.
La faune de l'Afrique allemande orientale de Tornier possède :
9 Typhlopides, Python scbae, G Vipérides, / Dendraspis, 5 Elapides,
8 Psammophides, 5 Dipsadides, .j Uriechis, 1 Tropidonotns {oliva-
ceus), 1 Coroneila (semiornata), 4 Chlorophis, ',i Philothnninns, ,3 Lyco-
phidiwn, 1 Boodon, Siniocephnlus, Prosymna, Sraphiophis, Homalosoma
{lutrix), Grayia, Oiiyolepis et Dasypeltis scairra ei Leptodira ( Werneri).
Nous connaissons fort peu le bassin du Nil, sauf en Nubie, qui
renferme : Leptodira hotatnheia, Coelopeltis moilensis. Naja haje,
Cérastes cornutus (Wadelai et Lado), Typhlops punctatus, T. Schlegeli,
Boodon lineatus, Chlorophis emini (Monbuttu). Dasypeltis srabra,
Dromophis lineatus, Psammophis sibilans, Uriechis concolor, A Itrac-
taspis irregularis et A. alerrinia.
Giiuther ne connaissait en 1888, dans toute l'Afrique centrale,
que 47 espèces (coll. DoUo et Fischer) : Typhlops Schleyeli ,
Python sebae, 4 Elapides, '2 (Àiusus, Naja nif/ricoliis, i Dendraspis,
3 Attractaspis, Vipera arietans, 2 Dasypeltis, 5 Psammophides, 4 Coro-
neila, 4 Uriechis, 3 Ahactulla, 3 Boodon, 2 Leptodira, 1 Rhinocalamus,
1'»^ J. l'VLVCKV
('nlniitt'l(ii)S, \hhihrs llililrhrdiulti (Momli;is;i KiliiiiMiidjiUO). .\t'us(c-
roiilns, (irai/id, Scaphiophis. liolhroplilhdlmits, Itun-iilKilns, Dnjophis,
Chuinarluitus, Sinioa'phiilus, Lffcophidiitni. Depuis on a ajouté 2
Typh}nftx, llniiirlKiiierchis KvlU'ii (l'j^anda), ()li;/(ilepis tnnrrofis (mon.
rnd. (l'I'saMiljara), (ili/phallius hicolor (mon. end. du Tanganyika),
Hhnntpltophis Jakaoni, Athrris cenitophonm (Usambara), ieptodira
Wcrneii, rrosi/nina Ixirdtjri, Aparnllacliis uliaïu/lensis, etc.
Mais la contrée la plus riche est l'Afrique oi-cideutale, fjui compte
maintenauH40 espèces connues (7 depuis le calai ojjjue deBoulenger).
11 n'y a pas moins de 28 Typhlopides (dont l sur les îles Thomé et
2 sur Fernando l'o), 4 Boïdes : l'ythaii rri/nis. P. Anc.hietnc, P. Seliae
(end.), Calaharia Reinhardti et au moins 87 (.oluhrides. Nous notons
5 Tropidonotus {depressicrps end. Kameroun), Helicops hicolor (end.),
le monotype end. Hijdraethinps, 1 Opisthotropis, le genre end.
Gonionolophis H, les mon. Bot h roi yen s et Bothi'ophthalinus, 4 Boodon
[lincntns est partout), 7 f.ycopliidiinn, le mon. end. Hornimtotus, 5
Siniocephalus, Zamenia f>orri (end. au Sénéjjjal).
Puis ilyaor/(/oro/)/î?s,Iegenre Pliilotha)nnus{'),âo\\l Isur Annobon
et 1 sur St. Thomé), le mon. end. Gaslropuxis smararfdinus, Ilapsi-
dophrys lineatns, Thrasops flaviçpilaris, 2 Coronella (co7'onata et reyu-
l(iris), Proxymna nudettyris, P. Bocuyei (end.). Scaphiophis alhopunc-
tfilus (toute l'Afrique tropicale), 2 (irayia, le monotype Xfnurophis
Caesar et Dasypeltis scabra. Il n'y a pas d'Homalopsides, mais 2
Tarbophis, 2. Dipsas (pulrerulenla et BUindiuyi), Dipsadnboa unirolor,
Li'ptodira hotambeia (16 synon.), Triinerorhinus rhondieatus, 1 Ham-
phiophiii,2 Dromophis, 7 Psamnwphis{sibilans)de l'Egypte au Zanzibar
et dans l'Angola), Thelotornis Kirtlandi, Culamclaps unicolor, Xeno-
calanius Méchoui, le genre Miodoii o. le monotype end. Polemon
Barthi, 6 Uriechis et Elapops modestus. 11 y a 3 Aparallactus nouveaux
a/finis (Kameroun), nhanyencis et myer (S. Leone). Enfin il y a 2
Elapcchin [llerzi et ni(ittrhieiisis), 5 ^aja, 3 Dendraspis et 16 Vipérides
(2 Causus, 4 Vipera, 3 Alheris, 7 Attractaspis.
Les contrées et les collections suivantes sont très riches :
Libéria compte 2o espèces (Biittikofcr) ; le Togo 35; Majumba 19 ;
le Congo français 30 (l'« collection Brazza); la collection Buttnerl7;
l'exposition belge du Congo de 18!J7, 31, dont 2 espèces nouvelles.
Mais la contrée la plus riche paraît être l'Angola. Barboza du
Bocage y énumère 7i espèces terrestres, dont 44 se trouvent aussi
au Congo, 35 dans la Guinée, 28 dans r.\frique orientale et 20 au
Cap de Bonne- Espérance. Les plaines intérieures surtout sont plus
riches que le bord de la mer ou les montagnes. Il y a une différence
LA DISTRIBUTION DKS OPHIDIENS SUR LE ULOBE 1()9
remarquable entre le nord de l'Angola et le sud, qui passe peu à
peu à l'Atrique méridionale. Le nord est plus tropical, le sud res-
semble au désert (Kalihari) et le fleuve Quanza en forme la frontière.
La pauvreté de la Kalihari a déjà été reniarquée, mais l'Afrique
méridionale tout entière n'est pas riche, quoique depuis Smith le
nombre des espèces ait doublé. Il y a 9 Typhlopides, dont un
7'. braviiims. Python Sebae (existe seulement au Natal), 35 Colubrides,
4 à5 Lamprophis. 4 Boodoti, Lycophkliuni cape/^s'^ (va jusqu'au Congo
et au Nyassa), Simocephalus capensis, Psendaspis cana, !2 Chlornphis,
1 PliUothamnns, 2 Prosijmnu, puis Homalosoma lutrix et Dasypeltis
scahra, communes toutes deux à toutes les régions situées au sud
du Sahara. Il y a 16 Dipsadides (plutôt au nord), 5 Psammopliis,
2 Triinerorhiiius, Leptodira hoUunboia, Ainplorhimis, Pythonodipsas,
Dipsina, Tiwlotonim, Kirtlandi, Bucephalus typiis, Calamelaps, Urie-
chis, le monotype Macridaps microlepidotus (Natal). Enfin, il y a 8
Elapides : Elapechis Sundeualli, 2 Honiorelaps {lacteus et dorsalls),
Naja flava, Sepedon haemachates, 2 Aspidelapa et 1 Dendraspis ; puis
9 Vipérides : Caums, 7 Bilis et Altraclaspis Ribroni.
Il n'y a pas de Serpents antai-cliques.
Madagascar est extrêmement riche, nous connaissons déjà oO
espèces et peut être en trouvera t-on encore. Il y a 8 Typhlopides
(le hraniinaa de llnde et 7 endémiques), 2 Boides endémiques
{Pelophilus madagaficarienm et Yipfiosoina madagascariensis) , puis
le monotype endémique Uophidiinit trlUneatum, 2 Polyodontophia.
le genre endémique Droniicodryas 2, 4 Tropidonotm, le monotype
Compsophis albiventris, 2 Lioheterodon (end.), 7 Pseudoxyriiopus, le
monotype Micropisthodon geodipsas, puis 2 Ithycyphus/S Langaha, le
monotype Allnsdina, Etelrodipsas (à Bourbon), Stenophis et le mono-
type Mimophu: Psammophis sibilans n'est plus cité. Il y a donc
13 genres et 44 espèces endémiques, plus que partout ailleurs. La
petite île Round, près de Maurice, possède 2 genres endémiques de
Boïdes : Casarea dussumierl et Bolieria multicarinata.
Nous manquons de données précises en ce qui concerne les
Mascareignes. Eteirodipsas colabiina et Lgcodon aalicus existent
à Bourbon, Typhlops braminus à Maurice.
Aux Comores, nous notons 2 Typhlops : braminus et comorensis,
Polyodontophis mayottensis, le genre monotype Lycodryas Johaniùs
(Anjuan), Ithycyphus miniatus (Mayotte) et Stenophis Gaimardi. Les
Seychelles nourrissent Leptoboa Dussumierl, Boodon geoinetricus et
Lycognathopsis (end.). Socotra en compte 4 : le genre monotype
endémique Ditypophis viva.r, Typhlops socotranus (end.), Zamenis
socotraiuLs (end.) et Echis co/orafa (Boulenger, p. 507).
1 l<i .1. i'\i.\( ^^
Les Serpents auiu(iiient daus les lies petites ou nioclernes : Alda-
bra, (îloriosa, Hodrigucz, Saiiil-Hélèue, Aroies, Canaries, Madère.
Mais les îU;s du jçolfe de (îuiuée en possèdent : Annobow a sou
espèce endéini(|U(' l'Inlalhiniinnsdittinli : l'île du l'iince 3: Tijphlops
l'Icyaiisiend.), lioodun (ji'oiiielricas e[ JlapsiUophrys sniaragdiniis; l'île
San-Tlionié 5 : Typhlops cspcus , Philotlmninus thoniensis (eud.),
Hooilon rnpenar, Dnulnispis nriili'> et I\'fijii haje.
La petite ile Rollas possède une espèce endémique : Typhlups
Scwtoni et Fernando-Po 17 espèces de la ('iuinée(uon endémiques).
Asie. — L'Asie u'est pas plus homogène que l'Afritiue (1). Elle a
deux régions : une région tempérée au nord-ouest et une région
tropicale au sud-est ou région indomalaisienne. Comme l'Afrique,
elle offre des rapports avec l'Europe. Comme en Europe, le nord est
appauvri par ré|)oque glaciaire ; l'ouest ressemble aux contrées
méditerranéennes. 11 existe au Touran elau Belutscliislan une faune
semblable à celle des steppes du Maroc, avec une prééminence
marquée des Vipérides, Typhlopides et Boïdes au sud. Le Kamt-
chatka et peut-être le pays des Tschuktschesu'eu ont pas, La richesse
est au moins égale, sinon supérieure, à celle de l'Amérique. Bou-
lenger compte 530 espèces terrestres et la plupart des espèces
marines. Il y a 30 Typhlopides, 13 Boïdes, 4 Ilysides, le monotype
Xenopi'Uis, tous les Uropeltides (41), 28G Colubrides, 23 Homalop-
sides, 45 Dipsadides,24Elapides, H Amblycéphalides, 11 Vipérides,
25 (holalides. Auparavant on avait décrit 720 espèces.
Les Uropeltides présentent le singulier exemple d'une famille
locale au Dekan et à Ceyian, comme le mou, XenopeUis en Indoma-
laisie. Les Vipérides et les Homalopsides distinguent la faune
paléotropique de la faune néotropique, qui ne possède pas de famille
qui lui soit propre. La faune des steppes est caractérisée par Eryx
jaciilus, Typlilups cennicularis, Zamenis, Elaphis dione, Aaja, Taf'ro-
iiu'topon et Echis. Le nord-ouest delà Sibérie est aussi pauvre que
l'Europe septentrionale. Finsch y connaît 3 espèces : Elaphis diune
(1) Ai>ie antérieure 4u (Bedriaga): Perse 134 (Blanford), 2<) (Hedriaga); Palestine .'il
(Trislram) ; Asie Mineure 22 à i4 ; Araliie 2t ; Caucase 21 (Sliaucli) ; Traiiscaspie 19;
ïouran 10 (Bôltgcr), •,( (Brandi) ; Btlulscliistan 7; Sibérie du nord-oue?t 'S (Kinscli) ;
Sibérie occiilentale Ki (Slrauch); Sibérie orientale 10; Mongolie (i ; Himalaya 4U
(Schlaginlweil) ; Asie centrale 11 (BôUger); Chine 77 (BôUgerj; Japon 9 (Hilgeii-
dorlIJ; iles Liukiu 14; Ilainan 12; Inde 220 (ïheobald), 180 (Gùnlher), 274 (Bouleuger
en 1881) et 284 (Boulenger en 1895); Cocbiuchine 87 (Tirant); Java (80-lÛ2)(Bleeker);
Sumatra 76; Bornéo 78-93 (Giinlher); Ceyian 40 (Tennent); Philippines 82 (Bôttger);
Salanga22: Andaman il: Mcohar 10; Sind 28 (Murrav) ; monts Khasia ICI ; Birma
70 (Mason) ; Malaisie 178,
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 111
(du Volga jusqu'au fleuve Amour), Pelias berus P. Renardi (de
Zmeinogorsk jusqu'au Sachalin) et Halys Intermedia (Zmeinogorsk).
Le Tourau (d'après Severtzov, Brandt, etc.) possède Enjx jaculus
(autour du Lac Aral), Tropidonotus natrix (Emba), Hydrus tesselatus
(Kachgar-Kuldja), Elaphis dione, Sauromatcs Parreysi, Zamenis
Karelini, Z. Fedachcnkoi (end.), Choristodon sibiricum, Pelias berus
(nord) et Trigonophahis hal^s. L'expédition au Jarkand y ajouta
Zamenis Racergieri et Vipera euphratica.
La Transcaspie est plus riche (chez Bôttger) ; elle renferme:
Typklops ver miru lavis (Aschkabadj, Ëryx jaculus, Cijclophis fasciatus
(de la Palestine-Gontia), Pseudocyclophis Walteri (end.). Lytorhyn-
chus Ridgivayi, Zamenis Ravergieri, Z. Karelini, Z. ventrimaculatus.
Z. driadema, le Ftyas mucûsus de l'Inde, les 2 Elaphis {dione etsauro-
niates) et Tropidonotus natrix (en Sibérie jusqu'au Baikal), T. tesse-
latus, Tafrometopon lineolatum, Naja tripudians (Aschkabad), 2
{obtusa et Cérastes), Erhls urenieola (très fréquente), Halys Pallasi
Vipera (Mangyschlak). Chez d'autres auteurs on trouve encore Lyco-
don striatus et Dipsas trigonata.
La collection de V Afganislan boundary Survey Commission diffère
par l'absence des Tropidonotus, Elaphis, Cyclophis et Pseudocyclophis ,
Ptyas, Halys, Vipera cérastes et la présence de Typhlops persicus,
Zamenis rhodorhachis et Psammophis Leithi.
La différence est encore mieux marquée en Perse. Blanford a
observé le Typhlops vermiculuris à Lenkoran, le 7". persicus au Ker-
man, Eryx jaculus partout, de même que o Cyclophis ; le nord
possède Coronella austriaca (Talysch), Tropidonotus natrix (Enseli),
tesselatus (Talysch), T. hydrus (partout), Elaphis Esculapi, E. sauro-
matcs, Zamenis Dahli, Z. caspicus, Z. centrimaculatus, Z. Ravergieri
(partout), Z. Karelini, Z . diadema et Sphalerosophis microlepis au sud.
L'est possède Psammophis Leithi (du Sind), Coelopeltis lacertina (par-
tout), moilensis (Buchire), Taphrometopon lineolatum, Tarbophis
rhinopoma (end.). Le nord renferme Tarbophis mvax (Talysch), celui
cVUrmia iberus, Vipera lebetina, V. euphratica (partout), V. xanthina
au nord, Pseudocerastes persicus (mon. end. Buchire), Ecliis carinata
à l'est et Halys Pallasi au nord (Mazenderau).
Anderson y ajoute Zamenis persicus, Z. caudolineatus (Ispahan,
Schiraz) et Halys himalayanus. Le Belutschistan possède 7 Serpents
de la Perse et en plus l'espèce endémique Contia angusticeps, Dipsas
trigonata (Gwadur), Psammophis Schokari et VOligodon griscus de
l'Inde. L'Afghanistan possède exclusivement Eryx elegans.
Toute l'Asie antérieure (y compris le Touran et l'Afghanistan)
112 .1. l'\I.A(.l\1
compte chez lk'(lriaj;a : .'{ /'///y/j/o/M- (Khassia el l'Affrliaiiistaii), Eryx
jaculus, 5 Ahlihrs (Conlla, Cyclophis), (.'orunclla tiiist) tacd, i{ ('olalin'
(Holif'ntib'rieud.eii Trauscaucasi(3),2 A'/rt///j«s,()/«///t'nix,.S. microlcpia,
3 TropiilonotHS, Coelopellis Idccrlind, Taph ro nu-topo n lineohUnin, 2
Psaminopliis [Leithi et prodiiclti en Arabie), 2 l'arbophis^ i\(ij(i o.ria)ia,
A". Iripudians (monts lialkau), 7 Vipi'ra, 2. Kchis, llalys l'allasi.
Bouleiiger nie la Vipira aspis eli\']OuiG V. liaddci (Avinéma). Slraiich
cite l'iyas niucosus dans la Transcau'asie avec Vipera aiinnodytcs,
Xanieiiis Uavcryleri, Z. Fi'dscliPiikoi, Z. Irahalis, 2 Contid, etc. ; du
Coluhcr Uoheniikeri on ne connaît que 5 exemplaires.
L'Asie Mineure est également pauvre, on y rencontre : Typhlops
luinhncalis(An<f;ov;\), (ilauconia l'^it:in.gen{ei\(i.(\nuH l'Ile de Khodes),
Kri/x jaculus (Lycie), 'à Tropidonotus {nalrix, hydrus et titssclatus
en Lycie), 3 Coluhcr {llohenakeri, Icopardinus et nuadrUineatus),
Eldpliis sauromaldi (Angora), Coronellu anstridca, Contia collaris
(Smyrne), ('. [renata (Mésopotamie, seulement aux monts Khasia
cliez Boulenger), Zamcnis gemonensis, X. DahUi, Z. venlrimaculatus,
Z. yiunniiijrr, Z. diadeiini, Z. /^ivn'^«>r/ (Kurdistan), Tarbophis vivax,
Coi'lopeltis luccrlina, Vipera aminodylcs (île de Delos, Tarsus), V.
Haddei et l^ Ichetina.
La Palestine est plus liche par suite dun mélange de ty[)es médi-
terranéens, déserticoles et subtropicaux. Klle possède 2 Typblo-
pides : T. syriacus et Onychocephalus Simoni (end. Jalla et Haifa),
Eryx jaculus, lihynchocalainun inelanocephalus, Micrclaps Mulleri,
Coronella auslriaca, o à (i Ablabes modeatus, colUiris,coronella{eud.),
fasciatus, decemlineatm (end. pour Boulenger et A. rothi (end. chez
Jan), 2 Coluber {KHcalapi et quadrilineatus). 7 Zamenis {Dahlii, ven-
trlniaculal7is; diadcma, Havcryierl, viridiflavu^, caudaelini'atu.s et ahji-
rus), 3 Tropidonotus [nalrix, liydrusel tessdalua), CoelopcltU lactrtina,
Psannnophis Schokari, larbopkis civax, Naja haje (désert du sud),
Vipera aniniodytes, V. lebetina, Cérastes cornutus et Ecliis urenicola
(autour de la Mer Morte).
L'Arabie est plus pauvre: Typhlops braininus{Mdskiit), T. lumbricalis
(Sinai), Glauconia nursi (end. Aden), Eryx yajakari (end. Maskat),
'6 Zamenis [diadema, Karelini, rhodorhachls, ladaccims, eleyantissimus
end. Midian) , Lytorhjinchus diadema (Maskat), Rhynchocalamus
melanoceplialus (Sinai), Tarbophis (idnlheri (Hadramaut, Maskat),
Coelopeliis molloisls , Psammopliis Schokari (Aden, Maskat), punetatus,
Cérastes cornutus (Smdi, Midian, Hadramaut), Bitis arietans (Hadra-
maut), Echis carinata et colorata (ib.).
Le Sind, chez Murray, montre une faune déserticole, mais plus
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 113
indienne : Tjiphlops braminus, T. porrectus, (jlmiconia Blanfordi,
Python molurus, Eryx Johni, E. conicus, 3 Tropidonotus [stolatiis ;
plumbicolor et quincunciatus), 4 Zamenis [diadema, venir imaculatus,
arenarius et gracilis), Cyclophis frenata, Cifnophis Helena, Ptyas
mucosns, OUgodon subgriseus, Cerberus rhynchops, Psammophis Leitlii,
P. condanarus, P. Schokari, Lycodon aulicus, L. striatus, Dipsas
trigonata, Naja tripudians, Bungarus cœruleus, Vipera Russelli et
Echis carinata.
Passons maintenant à l'autre extrémité de l'Asie, c'est à-dire
au nord-est. Chez Straucli nous trouvons Tropidonotus vibakari
(golfe de Posjet, Japon), T. tigrinus (1 ex. de Dybowski), Elaphis
Schrenki (Cliingan, Wladivostok, Amour), E. txniurus (Posjet,
Chine), £. rf/owe (Posjet, S-akïmUu), 3 Trigonocephalm: hnlysk l'ouest,
intermedius (Argun, Amour, Tareinor) et Bloniho/[i. Sur les rives de
l'Amour, Maak cite seulement Pelias berus (au GO» 1. n., le seul
serpent du Sachalin, selon Nikolski).
En Corée, nous ne connaissons que 3 Coluber : Schrenki, quadri-
virgatus ei conspiciUatua (Japon), Elaphis dione, Tropidonotus tigrinus,
Zamenis spinalis, Dinodon rujozonutus. Le Japon lui même paraît
très pauvre, il n'y a que Trigonoccphalus Bloniho/fi, outre les Colu-
brides suivants : Tropidonotus vibakari, T. tigrinus, Coluber dione,
C. conspicillatus, C. virgatus, C. quadrivirgatus, Dinodon japonicus
(end.), D. tesselatus, Ablabes seniicarinatus. Selon Bouleuger (III, 395),
Achalinus spinalis (Peters) et Callophis japordcus proviennent des îles
Liukiu, beaucoup plus riches. Celles-ci possèdent : un Typhlops
indéterminé (Bottger), Tropidonotus Pryeri (end.), Ablabs seniicari-
natus, A. henninx (Bottger end.), Coluber Schmakeri (Bottger end.),
Ptyas mucosus (Jan), Dinodon rufozonatus, D. seniicarinatus (end),
Achalinus spinalis, Hemibungarus japonicus, Callophis Bôttgeri (2
espèces marines) et au moins 4 Crotalides : Ancistodron Blomhoffi et 3
end. : Lachesis luteus (Bottger), L. okinavensis (Boulenger)et L. flavo-
viridis (Hallowell).
L'Asie centrale chinoise, au contraire, n'est pas aussi riche. Elle
renferme Eryx jaculus (Hami, Satscheou), Coluber rafodorsatus,
Elaphis dione (Kukunor, Ordos), Zamenis spinalis (AUaschan, Gobi),
Tropidonotus orientalis, T. tesselatus, T. hydrus (Lobnor), Zamenis
Ravergieri, Taphrometopon lineolatum (Hami), Vipera lebetina, Trime-
resurus gramineus [Ladak), 3 Halys : Blomhoffi [Alaschan], hi^nalaya-
nus (Thibet) et intermedius (Kukunor). Przewalski n'a trouvé aucun
Serpent au Khotan, au Keria et à l'oasis Nia. Pratt ajoute au Thibet
oriental Halyx acutus et Lachesis Jerdoni. Mais la collection Potanin
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 8
114 J. PALACKV
en didèrc ih'jà heaiiooiip |t;ir la nouvelle dildinaria licre:ouski,
Colulirr ]ih!/tl(>})lns, /docys (ihuwiiiades, Tiopiiloiiotus litjriuus (luiie),
T. UHici'ophtlinlnius, Lycodnti rufozondtus, Trimeresurus monticola,
Halfis lilanihoffi est la seule espèce coniinutie aux deux colhM'tions.
L'iiule est le centre de la faune paléotropique orientale, (\u\ se
répand de là en Malaisie, en Chine et jusqu'en Papuasie. L'Inde
transiîanjiîétique est plus riche que le Dekan, et les monts Khasia
sont peul-ùtre le lieu le plus riche du monde (comme aussi le plus
pluvieux). L'Inde entière n'a que 14 Typhlopides, dont 1 dans l'île
de Cocos {o(itesii), i aux Andamanes, 2 à Ceyian. Une seule espèce
(branihids) est répandue très loin : en Chine, en Malaisie, en Arabie,
à Madagascar et jusqu'au sud de l'Afrique. L'Inde transgangétique
en a moins (3) que le Dekan (7). L'Inde n'a que 4 Boïdes : 2 Python
{reticnlatus dans l'Inde transgangétique et molurus dans le Dekan
et Ceyian), Eiijx conicns et E. Johni au Dekan, au Sikkim (Schla-
gintweit).
Les Ilysides ou Tortricides comptent 2 espèces : maculatus à
Ceyian et r?//î/s dans l'Inde transgangétique. Les Uropeltides (au
moins 40) appartiennent exclusivement au Dekan (dans les mon-
tagnes) et à Ceyian (6). Les monts Anaraallay en possèdent 15, les
Nilagiris 7, mais le nord-ouest du Dekan une seule espèce (Ellioti
Gray).
Le monotype isolé Xenopeltis unicolor vit en Malaisie et dans
l'Inde transgangétique.
Boulenger, dans la Faune Ind. brit., énumère HO Colubrides,
mais Gûnther en distingue les Calamaridées, Lycodontides, Horaa-
lopsides, Psammophides, Dryophides, etc.
D'abord, il reconnaît 15 Calamariides : 2 Calamaria (le genre
appartient plutôt à la Malaisie), 1 Xylophis, 5 Trachischium,\e mon.
end. Blythia, 4 Asidura (Ceyian) et Uaplocercus (Ceyian). Trachis-
chium rugosam monte à l'Himalaya jusqu'à 7.000 m. La seconde
famille, les Lycodontides, compte 5 genres : Lycodon (10), Ophites,
Cercaspis, Hydrophobus (5). L'espèce la plus répandue est Lycodon
avlicus du Timor, de Java et des Pliilippines jusqu'à Ceyian et
Bourbon (Mus. Par.). Puis suivent les Coronellides, Natricides et
Colubrides (53 espèces) dans l'ordre suivant : 4 Polyondontophis,
7 Ablabes, 1 CoroneUa, H Simodes, 9 Oliyodon, 1 Lylorhynchus^ 9
Zamenis, 1 Zaocys, 9 Coluber et le monotype Xenelaphis.
Gunther considère les Polyondontophis comme des Ablabes, sauf
P. subpunctatus qu'il regarde comme un Oligodon. Ils montent dans
l'Himalaya jusqu'à 10.000 m. (coUaris). P. sagittatus vit au Kangra.
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 115
P. bistrigatus de la Birmanie existe aussi aux Nicobares. Les Ablabes
sont répandues partout ; A. frenatus des monts Khasia existe même
en Mésopotamie et dans l'Afghanistan. .4. nicobaricnùs est endé-
mique aux Nicobares ; .1. porphyracevs va de l'Himalaya au Junuan
et jusqu'à Sumatra. La seule Coronella (brachyura) vit au Dekan.
Des Simotes, trois espèces sont rares : S. planiceps est connu seule-
ment par un exemplaire (Birma) ; S. splendiilus, 1 exemplaire au
Wynaad, S. Beddonii, 2 exemplaires au Wynaad et le S'. octoUneatus
de la Malaisie, trouvé une seule fois aux monts Anamallay. Il y en
a 8 dans l'Inde transgangétique et 3 au Dekan. Ollfjodon, au contraire,
compte 3 espèces à Ceylan, 1 aux monts Khasia et 0. trmancoricus
dont un seul exemplaire fut trouvé à Tinevelly(il y en a 7 en Malai-
sie). 0. subgriseus va du Sind à Ceylan et au Bengale. Lytorliynckus
possède l'espèce, déjà mentionnée, au Sind {paradoxus). Zamenis
compte trois espèces endémiques [arenarius Sind, gracilis Dekan
et Sind et fasciolatus Shav\^) ; puis 4 déserticoles, déjà nommés :
ventrimaculatus, ladacA-nsis, Karelini, diadema et deux espèces tro-
picales : Korros et mucosus.
Zaocys compte une espèce tropicale, mais qui monte aux monts
Khasia jusqu'à 7.000 m.
Le genre Coluber compte deux espèces dans le nord : Hodgsoni
dans l'Himalaya (c'est, selon Schlagintweit, le Serpent qui monte
le plus haut au Ladak) et tieniurus (nord-est), le reste est tropical,
2 aux Andamanes, 3 aux monts Khasia.
Le monotype Xenelaphis hexagonatus appartient à l'Inde trans-
gangétique et à la Malaisie. Puis viennent 6 Dendrophides (5 Den-
drophidium et 1 Dendrelaphù),3 endémiques à Ceylan, 3 dans l'Inde
transgangétique (dont 1 end.), 2 au Dekan (dont 1 end.).
Ensuite il y a 20-21 Natricides : Tropidonotus et 1 Pseudocenodon
dans l'est, tous endémiques à l'exception de 4 Tropidonotus répandus
aussi en Malaisie et en Chine. L'Himalaya en a 4, T. plalyceps jusqu'à
10.000 m.St-Johannis end. à Kachemire, 3 aux monts Khasia (dont
1 end.).
Ici se place le monotype Xenochrophis cerasogaster de l'Inde
irsLRSgSingéliqueei Ilelicops schistosus, qui est partout, de Ceylan
au Junnan. Les Serpents inolîensifs finissent avec deux Acrochor-
dides : Stolickaja khasiensis (mon. end.) et Chersydrus granidatus,
répandu jusqu'en Nouvelle Guinée.
Les Serpents opisthoglyphes (faiblement vénéneux) appartiennent
à 4 familles : Dipsadides (10), Psammophides (3), Dryophides (7) et
Homalopsides (10).
116 .1. r'ALACKV
Diysaf! compte 4 espaces ;i Ccylau (2 end.), 4 au Dekan, 4 dans
rinde transgan^étique. I). viullinmculalus pénètre dans la Chine,
/). trignnata au Helutcliistan. Le monotype hUascfiislodon Wester-
nunini n'est connu (pie par i exem|)laires (Hanj^'oiin et IJengale).
Psdnnnodyftdsti's piilcerulcntus va de l'Himalaya par l'Inde transgau-
{îétique jusqu'en Malaisie.
Des 3 l'sdiinnoiihis, l'un, /'. lontiifroua n'est connu que par une
seule tète, P. Leitlii estconliné à l'ouest (Kacli, Kajputanajel le seul
P. co7idanarus s'avance jusqu'au Pegou. Des Dryophides, 4 sont à
l'ouest, 2 à Ceylan, 3 à l'est jusqu'en Birmanie, seul, /). prasinus
pénètre dans la Malaisie. Chrysopeleia ornata va de Ceylan au Siani
et dans la Malaisie.
Relativement mieux représentés sont les Homalopsinées puisqu'il
en existe 7 genres et 10 espèces, parmi lesquelles 6 monotypes :
llomalopsis buccata (lude transgangétique, Malaisie), Cerherusrhyn-
c/î(>/).s (jusque dans la Nouvelle Guinée), Fordonia Icurohalia (Inde
transgangétique jusqu'en Australie), Gcrardia prevostiana (Pegou),
Cantoria viulacea (Birmanie) et Hypistes hydrinus (Inde transgangé-
tique). Les 4 Hypsirrhinn sont toutes dans l'Inde transgangétique
et 2 aussi au Dekan. C'est donc une famille qui olTre son maximum
d'extension dans l'Inde.
Il y a enfin o familles protéroglyphes : Hydrophides, Elapides,
Amblycéphalides, Vipérides et Crotalides. Boulenger énumère 27
Hydrophides, dont 15 endémiques, toutes marines (v. s).
La plus petite de ces familles est celle des Amblycéphalides (aupa-
ravant rangée parmi les Dipsadides), qui ne compte que 5 espèces,
dont 4 dans l'Inde transgangétique et Ambtyœphalus dans l'Hima-
laya oriental et aux Nicobar.
Les Elapides (4 genres et 15 espèces) ont la part principale dans
les 20.000 décès annuels dus à la morsure des Serpents venimeux
dans l'Inde. L'espèce la plus connue est Naja tripudians Merrem, le
Serpent dansant des Charmeurs, répandu de la Chine et de la mer
Caspienne à travers la Perse et l'Inde jusqu'à Ceylan et aux Anda-
maues. Le plus dangereux Serpent est Bungarus cœruleus, répandu
partout au Darpiling même à 6.800 m. d'altitude. Naja bunqarna
est le plus long, il atteint jusqu'à 7 m. et s'avance jusqu'aux Phi-
lippines. Il y a encore 4 5(/w^an/s (1 end. à Ceylan, lend. en Assam),
2 AdeniophisilwdÇi transgangétique, Malaisie) et 6CaUophis.
Il n'y a plus que 3 genres et 4 espèces de Vipérides qui trouvent
ici leur frontière orientale : Vipera RusseUi existe au Siam ; le
monotype Azemops Feae est du pays des Kakhyens ; Vipera lebetina
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 117
et Fxhis carwata appartiennent seulement à l'ouest (Ketta, Concan
et Bengale).
Mais les Crolalides comptent 12 espèces répandues un peu par-
tout, par exemple : aux îles Andaman et Nicobar (1 end), 2 aux
monts Anamallay ( 1 end. ). Ancistrodon himalmianus monte à 10.000 m.;
Trimeresarus grnmineus au Ladak monte à 11.000 m., etc.
La richesse des contrées varie singulièrement : Ceylan n'a que
49 espèces terrestres chez Boulenger (43 chez Tennent), dont 2
Typhlopides (1 end.), Cylindrophis maculahis end.; 6 Uropeltides
(1 end.), mais pas de Calamaria ; 4 Aspidura (end.), Lycodon cari-
natus (end.), 3 Oligodon (end.), 2 Dendrophis (end.), 1 Tropidonotus
(end.), 1 Dipsas (end.) et 1 Lachesis (end.); en somme, 22 espèces
endémiques.
Le Dekan (l'Inde antérieure ou prégangétique) compte 101 espèces,
dont 41 endémiques ; 34 Uropeltides, 2 Simotcs, 4 Oligodon, 1 Callo-
phi s.
L'Him jlaya compte 54 espèces (40 chez Schlagintweit), dont 2
endémiques : Lycodon Caniici (Sikkim) et Tropidonotua Joannis
(Kacheniire).
Les monts Khasia ont 101 espèces, dont 17 endémiques : Typhlops
jt'nloni,3 Lycodon, 2 Ahlahes, 4 Simotes, 1 Dendrophis, 4 Tropidonotus,
le monotype endémique Stolickaja khasiensis, Ancistrodon hima-
layanus. L'Inde transgangétique en compte 142 :3 Typhlops, 12 Tro-
pidonotus, 7 Lycodon, 3 Zamenis, o Coluber, 11 Simotes, 4 Calamaria, 3
Ahlahes, 8 Llipsirhina, 8 Dipsas, 4 Bungarus, 8 AmhUjcephalas, 6
Lachesis, etc. Les Andamanes possèdent 11 espèces, ainsi que les
Nicobares et le Junnan 10.
La Chine ressemble beaucoup à l'Inde au sud, tandis que le nord
est paléarctique. Nous connaissons au moins 80 espèces terrestres
certaines (Bôttger, en 1887, en compte 67). 11 y a 2 Typhlopides (le
braminus déjà cité et lineatns de la Malaisie), Python molurus et
Eryx jaculus (nord-ouest), Xenopeltis unicolor (à Peking, selon Wai-
lace). Des 50 Colubrides, nous notons 3 Calamaria : siamensis [Canton)
septentrionalis (Boulenger) et Berezowskii ; puis 2Achalinus : Bracon-
nieri (Sauvage, end.) et rufescens (Boulenger, end.). On a des doutes
sur Oligodon sublineatus D. B, rapporté par la Novara d'Amoy (intro-
duit de Ceylan). Il y a 6 Sinntes, mais les déterminations de Bou-
lenger diffèrent de celles de Bôttger en ce qu'il réunit 3 espèces
endémiques : sicinhonis, bicatenatus et trinotatus à d'autres espèces ;
il en reste 3 end. : chinensis et formosanus (Giinther), Vaillanti
(Sauvage). Outre VAblabes major, il y a au moins 12 Coluber :
lis .1. l'ALACKV
Diaiititinuus, i/unu(inu'nsi:<, Ihiriili, .Utillnulur/fi, puis iliniii\ sduro-
mad's, riifodorsalKS, idruinnis, iiirhniunts et nulidtus, Icorros et
mucosus (Inde), ariuili. Au nord, il y a 2. /(iiiwnis {spinalis et Hater-
(jirri).
Puis viennent /aocys dhumnadcs, Opitkotropis Andersoni (end.
Hongkong), 2 Pseudo.renodon (wacrops end.), Helicops schistoaua
et il à 13 Tropiiloiiotiis (E. nitchalis, sirinfiouft, anniilurin, hallratus
(Boul.). Le reste est indien. Puis 2. Lycudun (auUcus, Hongkong), 2
Dinodon, Hhahdops bicolor. Les deux Ophiles manquent chez Bou-
lenger, qui a 0. liiihstrati sous le nom de Dinodon aeptenh'ionalis. Il
y a au moins a Homalopsides : i Ilypsii hina [Bennclli end.) et lluina-
lopsis buccata. Wallace énumère aussi Ferania Sleboldi. Il y a au
moins 7 Dipsadides {Tapliromi-lopon, PsamodynasWs pulverulentna,
1 Chrysopeleia, 'l Dendrophis, Trngopsprasinus, Dipaas multiniaculata,
D. bubalina). Boulenger réunit ÏEuophrys modestus (Gùnlher) au
Plulodryas Scholti (néotrop.))
II y a 2 Amblycôphalides : Pareas MoUendorf/i (end.) et Pseudo-
pareas vagns (end.) (Boulenger doute de la provenance). Puis vien-
nent 5 Elapides Naja tripudians, Ophiopkayus etaps, 2 Bungarits, et 7
Crotalides (3 Halys et 4 Lachesis). Tout n'est pas encore connu.
Les Philippines sont encore plus riches (82 esp. chez Boulenger,
85 chez Bottger en 1886 (9 marines), 3 genres et 36 espèces endémi-
ques, c'est-à-dire presque la moitié des espèces terrestres. On compte
6 Typhlopides (end.), 7 Tropidonotits (4 end.), 3 O.ryrhabdium, le
mon. end. Cyclocorus lineatiis, 3 Lycodon {i end.), 3 Stegonotus (1
end.), Zaocys luzonensis {end.), 3 Cohiber, 2 Dendrophis, 2 à 3 Den-
drelaphis, 2 à 3 Simotes (1 end.), 3 Oligodon (end.) 2 Paeudorhabdium
(1 end.), 6 Calamaria (5 end.) et le mon. end. Typhlogeophis brevis.
Enfin, il y a 3 Homalopsides (Cerberus rhynchops (end.), micro-
lapis et Gerardia Prewstiana), Psammodynastes pulceridentiis, Chry-
sopeleia ornata, Dryophiops philippina (Giinther, end.), Tragops
prasinus et 5 à 6 Dipsas (Philippina, guiraonis, angulata), 3 Naja
(tripudians, bungarus, samarensis), Ophiophagus fasciatus (Peters), 2
Hemibungariis end. (collaris et calligaster), 2 boliophis end. (bilineatus
et phiiippinus] , Haplopellura boa, 4 à 5 Lachesis (Schadenbergi, end.)
et le Serpent de mer Hydrophis Semperi dans la lagune Taal (Luzon).
Enfin, la Malaisie, prise dans son ensemble, est très riche (178
espèces), mais surtout les grandes îles de l'ouest : Java (76), Bornéo
(78 à 93), Sumatra (76 à 80), tandis que l'est s'appauvrit graduelle
meut.
Mais il n'y a pas beaucoup d'endémisme, le type est indien. Naja
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 119
tripudians et Lycodon aulicus, par exemple, vont jusqu'à Horès. Il
y a 10 Typhlopides (3 à Java, 3 à Sumatra, 2 à Bornéo, 4 end.).
Il n'y a que 7 Boides : Liasis Makloti (Timor), Python amethyctinus
(Timor, Ceram, Moluques), reticulatus (le seul Boïde de Bornéo,
selon Gùnther, jusqu'au Florès), molariis (Java), curtus (Bornéo et
Sumatra), Enygrus carinatus (MoUuques, Java 2, Sumatra 2, Ter-
nate 4) ; Cylindropliis rufus (à l'ouest jusqu'à Célèbes), le nouveau
C. opisthorhodus Boul. (end. à Lombok); Xenopeltis anwolor(à. l'ouest
jusqu'au Nias). Il y a 3 Acrochordides : Cheraydrm granulatus
(ouest à Célèbes), Xenodermus javanicus (Java et Sumatra) et Acro-
chordus javanicus (Java et Bornéo).
Parmi les Colubrides, il y a : Polyodontophis geininatus (ouest, à
Lombok), 17 Tropidonotus, dont 9 endémiques : 2à Halmaheira, 3 à
Bornéo, 2 à Célèbes ; en somme, 9 à Bornéo, 6 à Java, 4 à Sumatra.
Puis 2 Macropisthodon (ouest), Pseudoxenodon inornatus (Java), 2
Opisthotropis (end., Bornéo et Sumatra) Bornéo possède exclusive-
ment le genre Hydrahtabes (2). Brachyorhos albus est en Java,
Amboina à Timor; Elapoïdes fuscus à Java et à Sumatra, Tetralepis
fruhstorfferi (mon. end.) à Java. Il y a 5 Lycodon (stonni, end. à
Célèbes, albofmcuii end. à Sumatra, Bornéo, Nias), puis Stegonotus
batjanensis (end.), S. modestus au Céram et à Amboina ; Dryocalamus
mbannulatus à Sumatra, 2 Zaocys (ouest, fuscus end., Bornéo, Su-
matra), 3 Zamenis {mucosus Java, Sumatra; korros, de même),
dipsas (end. à Célèbes), Xenelaphis liexagonotus (ouest), 8 Coluber
{janseni end. à Célèbes, enganensis à Sumatra, subriidiatus à Timor
et Florès), enfin le monotype end. Gonyophis à Bornéo et à Singa-
pore, 4 Dendrophis (jusqu'à Florès et D. inornata à Sumbawa), 3
IJendrelaphis (modestus end. à Ternate).
Puis il y a 6 Simotes (2 end. à Bornéo), 7 Oligodon tous end. (2 à
Célèbes, 2 à Bornéo), Agrophis sarasinorum mon. end. à Célèbes,
3 à 4 Ablabes (2 end.), le mon. end. Idiopholis coUaris à Bornéo, le
mon. end. Rhabdophidium Forsteni à Célèbes, 1 Pseudorhabdium et
la majorité des Calamaria (27 dont 24 end., 18 à Bornéo (12 end.),
11 à Java (2 end.), 9 à Sumatra (1 end.), 3 à Célèbes.
Il y a 9 Homalopsides (2 Hypsirhina end. à Sumatra), puis 17
Dipsadides : 8 Dipsas (3 end.), Psammodynastes pukeridentus, P.
pictus, 3 Dryophis, 1 Dryophiops, 3 Chrysopeleia. Nous trouvons 10
Elapidcs : Pseudelaps MiUlcri. (Céram, Mysol), Acanthophis antarcticus
(Céram), 3 Bungarus (ouest), 2 Naja (tripudians jusqu'à Flores, bun-
garus à Bornéo), Callophis gracilis (ouest), 2 Doliophis. Puis 4
Amblycéphalides : tlaplopeltura boa et 3 Amblycephalus (ouest).
120 J. l'ALACKV
l*:iriiii les Vi|K'ii(lt'S, l;i seule \ . /fusse/// ;"i Siim;ilr;i. Kiiliii il y a 8
(iroliiiitles, toutes des /.^/6'//('.s/.s\ à roxceplion d' 1 nristrodoii rlnnlosUmm
(Java). /,. yramturu.ç s'étend jusqu'à Florès.
Les espères eudérniques sont plus rares à l'est, Bornéo compte 3
genres et :24 espèces en(lénii(iues ((iiintliei- en a '20), Sumatra seule-
ment 7, Java 5 (et 1 jçeure), mais Célèbes 2 j^enres et il espèces,
puis il yen a à Ternate, Florès, Lomhok. Ilalmaheira, etc. .Mais le
nombre absolu des espèces décroît : la colleclion Kverett (jui comp-
tait 3 nouveautés, n'avait que 15 espèces (Florès, Lombok, Sum
bava, etc.).
Ce sont surtout les Colubrides qui disparaissent, puis les Ambly-
cépbalides et les Vipérides, mais les Typldopides, les Boïdes et les
Crotalides se maintiennent aux confins de l'Asie.
Australie. — L'Australie se signale par une abondance extraor-
dinaire des Serpents venimeux qui forment plus de la moitié et,
avec les Serpents marins, les deux tiers des espèces. Le nord de
l'Australie, qui a des Boïdes, des Dendroplm, des Tropidonotus,
diffère du sud, où les Elapides dominent exclusivement, à ce
qu'il paraît, en Tasmanie. Nous connaissons déjà 18 Typhlopides
(M'Leay 7), dont IH endémiques, une aussi à Timor, la dernière
aux Moluques et aux Philippines. De même, nous notous 7 Boïdes
(M'Leay 11), dont 4 et le genre Aspidites endémiques. Ces deux
familles sont plutôt au nord, mais les îles Houtmans Abrolbos ont
le Python spiloldi, qui est aussi en x\ouvelle-Guinée ; Enyyrus aiis-
tralis {Montrouzieri B.) est à Rotuma. Les Colubrides dans le sens
de Boulenger, mais sans les Hydropbides et Elapides, sont ici au
nombre de 9 (M'Leay 17) : Tropidonotm picturaùus (M'Leay È), Steyo-
notm cucullatus, S. plumbeus (Queensl.), .S. modestus, Dendrophis
pimctulatus, l). calligaster (îles de la Torrestrait; M'Leay 6), tous au
nord-est (end.); Dipsas fusca (Essington, N. S. W ; M'Leay 3) et 4
Homalopsides (M'Leay 3), Hypsirhina M'Leayi (end.), Cerberus aus-
trnlis (end.), Myron IHckardsoni (mou. end. du nord-ouest) et la
seule espèce indomalaise Fordonia leucobalia (au nord).
Chez Boulenger il y a 10 Hydropbides (3 espèces end.), dont un
genre monotype : Hydrelaps darwiniensis. M'Leay en compte 5.
Les Elapides sont au nombre de 11 genres et 56 espèces, dont 51
endémiques (M'Leay 57). Les espèces sont très locales, le Queens-
land, par exemple, en a 20, dont 13 endémiques, et plus nombreuses
à l'ouest (12, dont 8 end.) qu'au sud (8). il n'y a pas d'espèce com-
mune à toute l'Australie. Pseudoelaps diadema manque au sud.
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 121
Pseudechis porphyriacus au nord. Les espèces non endémiques sont,
en ïasmanie : Notechis scutatus et 2 Denisonia et en Nouvelle Guinée
les Boïdes et les Colubrides. L'île Norfolk possède une espèce de
l'Australie orientale : Diemenia textilis D. B.
La Nouvelle-Zélande n'en a pas, ni la Polynésie, mais la Papouasie
est relativement riche, surtout la Nouvelle Guinée, qui ressemble à
l'Australie septentrionale, mais compte 36 espèces terrestres : 4
Typhlopides (1 end.), 9 Boïdes (1 end.), 15 Colubrides (end.), '2
Stegonotus, 2 Dendrophis, iJendrelaphis papuensis) et 8 Elapides
(1 end.), puis 6 espèces marines. Il n'y a plus qu'une seule Homa-
lopside : Fordonia leucohalia et une seule Dipsadide : D. irregularis,
mais 4 Stegonotus, 4 Dendrophis et plusieurs espèces malaises :
Brachyorlios dlbus, Acrochordus javanicus, Chersydrus granulatus.
Les petites îles environnantes elles-mêmes ne sont pas dépour-
vues d'Ophidiens (îles Kei, 6 espèces), même endémiques {Dipsas
aruana Gûnther, par exemple).
Les îles du duc d"Yorkenont 10 endémiques : Typhlops depressus,
3 Boïdes, 3 Dendrophis, Tropidonotus hypomelas (même à la Nouvelle-
Bretagne), 1 Stegonotus (de même) et une Elapide : Diemenia Mïilleri.
Les îles Salomon ressemblent davantage à l'Australie, car elles
ont 4 Elapides à côté d'un Typhlops end. (Salomonis) et de Dipsas
irregularis de la Nouvelle-Guinée.
Les îles Viti en diffèrent, car elles possèdent un genre mono-
type end. Ogmodon vitianus (Elapide), un Ophites septentrionalis (de
Chine), Dipsas nuchalis, Enygrus Bibroni, Trimeresurus Jordani. La
limite septentrionale paraît être aux îles Pe\ew -.Typhlops acuticauda,
Enygrus carinatns, Cerherus rhynchops, Dendrophis lineolntus et
Hotuma ; la limite orientale possède des Enygrus : carinatus (Loui-
siades, Nouvelle-Irlande, Nouvelle-Bretagne); Bibroni et Montron-
2zm (îles de Tonga, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Irlande, Loyalty);
australis (ile de Loyalty, Samoya); Nardoa boa mon. end. en Nou-
velle-Irlande. On ne sait ce qu'est Megalops maculatus Hallowell
de Taïti. Peters cite un Typhlops angusticeps en Nouvelle-Calé-
donie, où Bernard (d'après Bavay) nie l'existence de tout Ophidien
terrestre. Trouessart y cite un Neelaps neocaledonicus (d'après
Vaillant).
Amérique. — L'Amérique ne possède plus le maximum des
Serpents. Boulenger en énumère 524 espèces terrestres et 2 marines,
mais auparavant on avait décrit plus de 800 espèces ; il y a donc eu
ici une contraction assez forte (par exemple Tropidonotus ordinatus
a 22 synonymes, Crotalus terrificus 17).
i22 J. l'ALACKV
l'ii fait exlraonlinaire, c'est (|iie rAiin''ii(|ue tlii Sud ii'csl pas,
relaliveiiieiil à son étendue, aussi riche (jue i'Aincriciut; C(;nlrale et
le Mexique qui sont relativement les pays les plus riches du monde.
On y observe le maximuu) d'espèces endémiques, par exemple à
Costa Uica, qui a un i^enre endémiciuc (^omjjosé de 27 espèces.
Les deux contrées sus-nommées ont 170 espèces et 16 genres
endémiques, surtout des (lolubrides (Boni.), des Oalamarides et des
Coronellides. L'expédition française du Mexique a décrit 48 Gala-
marides (Kabdosominées). Malheureusement notre connaissance
est incomplète, surtout en ce ({ui concerne les frontières du nord et
du sud, mais certainement il n'y a pas de Serpents néarcliques ou
néantarctiques.
Nous donnons le nombre des espèces énumérées par quelques
auteurs: Lac supérieur 4 (Agassiz) ; Canada 19 (Ross); Maine 11 ;
Etats-Unis du nord 44 (Jordan) ; Amérique du Nord 112 (Baird et
Girard), 14U (Heilprin), 144 (Cope), 169 (Garman), 98 (Bouleuger) :
Californie 30; Etats-Unis mexicains 42 {Boinidary commisaion) ;
Dakota 12 {U. S. North Bonnd. coin. Cope); Bahamas 8; Mexique et
Amérique centrale 315 (Cope), 266 [liiologia ccutrali americana),
287 (Boulenger); Antilles 60 (Boulenger); Domingo 15; Cuba 14;
Amérique du Sud 266; Guyane 73 (Schomburgk 33) ; Brésil 151 ;
Paraguay 41 (24 Bôttger) ; République Argentine 31(Burnieister 18) ;
Uruguay 25; Amérique andine 143; Colombie 37; Venezuela 36;
Equateur 58 ; Pérou 72 (Ischudi 17) ; Bolivie 32; Guyaquil 13 (Bou-
lenger), 40 coll. Castelnau, 51 (coll. d'Orbigny),32(coll. Page), 11 coll.
Orton), 41 (2^ coll. Orton) ; Chili 7 (Gay) ; Rio Grande do Sud 19.
Pour toute l'Amérique, Boulenger énumère 22 Typhlopides, 32
Boïdes, Hysia, 1 Acrochordide, 177 Colubrides non vénéneux, 123
Dipsadides,28 EIapides,22 Amblycéphalideset 38 Crotalides(plus 1
/f?/(//'op/!?s).LesCrotalides vrais sontaméricains. L'Amérique du Sud
possède le maximum des Dipsadides et des Amblycé|)halides. 11 n'y
a pas d'espèce commune avec l'ancien monde et fort peu de genres
(Tijphlops, Glauconia, Tropidonotus, Zamenis, Coronelia, Coiuber,
Contia, Ancistrodon, Lachesis).
Il n'y a pas d'alfiuité avec l'Asie orientale. Le Canada est seule-
ment plus pauvre que les Etats Unis, mais il n'offre rien de parti-
culier, par exemple, chez Boulenger : Tropidonotus leptocephalus,
T. vagans (Colombie, Californie), T. ordinatns (Lac Winipeg-
Mexique), T. fasciatus (Canada, Costa Rica), Ischnognathus Dekayi
(Canada, Guatemala), Coronelia punctata (Canada, Nouvelle-Ecosse,
Mexique), Sistrurus catenatus (Grand Lac, Mexique).
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 123
Chez Boulenger, les Etats-Unis ne comptent que 98 espèces,
parce qu-il a réuni une foule d'espèces à d'autres -.Crotalus horridus
a 10 synonymes, C. confluenlus 14, etc. Ils comptent 62 espèces
endémiques et 8 genres et pas moins de 79 Golubrides, dont seule-
ment 6 vénéneux (Dipsadides dans le sud). Les familles tropicales
sont confinées dans le sud (Elapides 2, Typhlopides 2) ou dans
l'ouest (Boïdes 3 à 5 genres) et 36 à 38 espèces communes aux Etats-
Unis et au Mexique, dont 27 s'avancent jusque dans l'Amérique
centrale.
Les Serpents des Antilles sont très différents, de même que ceux
de l'Amérique du Sud. Les familles caractéristiques sont les Natri-
cides (Tropidonotides), les Coronellides, moins les Calamarides et
Crotalides, plus nombreuses au Mexique (12 à 24). Les genres les
plus riches en espèces sont : l ropidonotus 16, Coronella 11, Crotalus
9, Coluber 8 et Contia.
On peut y distinguer trois subrégions : le nord-ouest, le sud-est
et louest.
Le nord-ouest n'a pas de Typhlopides, Boïdes, Dipsadides et
Elapides, mais une foule de Nalricides, Coronellides et Crotalides,
surtout d' Eutainia (Tropidonotus). Le sud-est commence en Caroline
avec Elaps fulvius. Il n'y a pas de Boïdes, 2 Glauconia seulement
dans l'ouest, mais 5 Dipsadides. Les genres typiques sont les
anciennes Rabdosominées (Calamarinées). Le sud -ouest renferme :
Amphiardn, Ualdea, Ficimia, Heterodon, Cemapliora, Virginia, Abastor,
Farancia, Liophis, Slilosoina.
L'ouest, plus sec, est aussi plus pauvre, dès les steppes du Dakota
et du Nebraska. L'est n'a pas de Boïdes qui sont plus près de la
mer (Char' ina, Lichanura). Le sud a déjà des Elapides [Elaps, Tri-
morphodon) et des Typhlopides [Glauconia).
11 y a fort peu d'espèces très répandues comme Bascanion cona-
trictor, Tropidonotus sirlalis, T. sipedon, Ophibolus triangulum, le
type le plus ancien, d'après Cope, est aussi le plus répandu, puis-
qu'il a jusqu'à 8 petits, mais il pai'aît très variable (11 variétés
décrites auparavant comme des espèces. En somme, la variation
individuelle parait considérable.
Le Mexique et l'Amérique centrale, qui eu difTèrent seulement par
un peu plus d'espèces néotropiques, sont les pays relativement les
plus riches au monde et ils possèdent ensemble 42 espèces. C'est
surtout la richesse en Golubrides (Boulenger 204, dont 50 end.,
Cope 215, Gûuther (Biologia) 214), qui est étonnante. Il y a là 19
124 .J. l'ALACKV
Hoinoluntinion, \:]('oluher, \2(irnj)ltis, llli(nlinr(i{C.a\)('), Tropidonolus
(|{(>iil('iii;(^r, (]()|)e 17), M) Lcptafiliis.
Il y a 'J Typlilopides (Houlenger, Cope i^), G Boides (Houlenger,
Cope 12, dont o au Mexique), 1 Acrocliordide (Nothop><is nn/osus
mon. end. au Darien), ^7 Dipsadides. 4 Klapides, mais 1) Amblycé-
phalides (l.epl(i(iualiis)v{ le maximum des Crotalides (24). Le passage
au néotropique est très sensible.
Les Antilles sont au contraire tout à fait néotropiques. Elles n'ont
que ")9 espèces et seulement 24 espèces et 4 genres endémiques,
mais il y a une différence entre les iles.Trinidad formant la transi-
tion à l'Amérique du Sud, qui ne compte qu'une seule espèce
endémique sur IG; Saint Domingue en a 9 espèces et .3 genres sur i5
espèces ; Cuba 1 genre et 10 espèces sur 14. Le nombre des espèces
endémiques justifie une subrégion. Les genres endémiques sont •
Uroniaces (3 espèces), falttis (mon.), Hypsirhynchus (mon.), tous les
trois à Saint-Domingue, Arrhyton {3) à Cuba. Il y a 4 Typhlopides
et 15 Boïdes (7 Epicratea, o Ungalia (4 end.), o Dipsadides, 1 FAaps,
1 Bothrops ; les autres sont des Colubrides (8 Dromicns, 7 Uophis),
même dans les petites îles. Sept espèces néolropiques ne dépassent
pas Trinidad. Tropidonotua est représenté par une seule espèce
endémique {anoacopus Cuba), les autres genres sont néotropiques.
L'Amérique du Sud, la vraie région néotropique, n'est pas riche
relativement à son étendue (266 espèces : 13 Typhlopides, 12 Boïdes,
1 llysia, 113 Colubrides non vénéneux, 73 Dipsadides (maximum],
26 Elapides, 15 Amblycéphalides, 15 Crotalides, 1 Hydrophis. C'est
la richesse des Dipsadides, Amblycéphalides et Elapides qui con-
traste avec les autres familles. Il n'y a pas de grands genres, excepté
Elaps (25), AtU-actus (18). Rliadinea (16), Lachesis (13). Il n'y a qu'en-
viron 19 espèces avec les Antilles et 29 avec l'Amérique centrale.
La contrée la plus pauvre est la Guyane (63 espèces, dont 5 endé-
miques), qui ressemble (par 54 espèces communes) au Brésil (152
espèces, dont 39 et 1 genre Elapoinajus sont endémiques). Là il y a
44 Dipsadides et 11 Elapides, mais seulement 8 Crotalides et près-
qu'autant d'Amblycéphalides (9), mais seulement 5 Boïdes et 6
Typhlopides.
Le nombre relatif des Colubrides (non vénéneux) diminue relati-
vement du nord au sud et à l'ouest. En Guyane, 28 sur 73; au Brésil,
68 sur 152 ; dans le sud (Paraguay, ITruguay, Argentine) 24 sur 60 ;
dans l'ouest (Colombie, Chili) 67 sur 143; mais la proportion des
Serpents vénéneux augmente; en Guyane 32, au Brésil 72, au sud
28, à l'ouest 71, fait qu'on observe aussi en Australie. Nous ne
LA DISTRIBUTION DES OPHIDIENS SUR LE GLOBE 125
connaissons pas la limite australe des Serpents : au Chili, c'est
Lystrophis Orbignyi; en Patagouie, ce sont Lystrophis semicivctus,
Pliilodryas Schokari (Rio Negro) et Botlirops patagonicus (Bahia
blanca), qui constituent l'arrière-garde. La cote desséchée du Pérou
et du Chili paraît très pauvre. Guyaquil en compte 13 et tout le
Chili 5 (chez Boulenger), et le Pérou maritime n'est pas beaucoup
plus riche : Glanconia alhifnms, Leptophis occidentalis, lihadinea
Merremi, Oxyrhopus Filzlnyeri, Dromicus Chaniissoi (le seul Ser-
pent des Galopagos), Tachynienis peruvianus, Leptoynathm Catesbyi,
Lachesis picta (seul vénéneux, selon Tschûdi).
La grande forêt de la vallée du Maraâon paraît avoir les mêmes
Serpents partout, voilà pourquoi la Guyane a 54 espèces communes
avec le Brésil et le Pérou environ 37 ; le nombre est incertain,
parce que chez quelques espèces la patrie est désignée seulement
par le haut Maranon.
Les genres les plus typiques pour rAmérique du sud sont Eunec-
tes, Ilysia, Ilelicops, Drymobim, Herpetodryas, SpUotes, Leptophis,
Liopilis, Rhadinea, Aporophis, Xenodon, Urotheca, Drepanodon, Attrac-
tus, Oxyrhopus, Tomodon, Philodryas, Apostolepis, Elapomorphiis,
Elaps, Leptognathus, Lachesis.
Il y a peu de genres endémiques comme Eunectes, llysia, Cyclagras,
Lystrophis, Aporophis, Dimades, Uydrops, Sinwphis, Lycognathus,
Philodryas, Apostolepis, Elapoitiojus. Dipsas.
La plupart des genres non endémiques ne dépasse pas rAmérique
centrale, le iMexique ou les Antilles. Il n'y a de distribution irré-
gulière que chez Helicops (1 dans l'Inde), Leptodira [Hotambeia. dans
l'Afrique tropicale), Boa (Madagascar), Lachesis (Asie), Pseudopareas
(la seconde espèce à Hongkong). Naturellement les genres amphi-
tropicaux {Typhlops, Glauconia) ou cosmopolites [Coluber] font
exception, mais il y en a si peu ! Il est possible qu'avec une meil-
leure connaissance de la distribution locale, on pourra en avoir une
idée tout autre, en prenant les forêts de l'Amazone comme centre,
ou peut-être le Brésil ; dans cette question, c'est la Géologie qui
décidera, d'où rayonnent les genres néotropiques en s'affaiblissaut
peu à peu, mais aujourd'hui nous ne saurions défendre cette vue,
faute de preuves.
Il suffit de dire que nous n y connaissons aucun Serpent fossile,
car les cavernes explorées par Lund sont de date incertaine, peut-
être récente, et la République Argentine qui nous donna tant de
iMammifères fossiles, n'en a pas fourni jusqu'ici.
126
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L ASIE CENTRALE (I:
EUGENE DE POUSARGUES
Prépaniteur au Muséum d'Iiisloiie naliiiellc,
Lauréat de rinslitut.
CONSIDEIIATIONS GÉNÉRALES
1" APERÇU GEOGRAPHIQUE
Les Zoologistes d'accord avec les Géographes comprennent sous
le nom d'Asie centrale le Gobi et le Tibet, ainsi que les chaînes de
montagnes qui entourent ces deux vastes régions d'une ceinture à
peu près ininterrompue dont les pics les plus élevés se trouvent
dans le Sud.
Montagnes de Ceinture
Au nord, à l'ouest et au sud, cette ceinture coïncide assez exacte-
ment avec les frontières politiques de l'empire chinois; à l'est, elle
sépare la Mongolie et le Tibet de la Chine proprement dite et de la
Mandchou rie.
Les différents systèmes qui la composent sont les suivants :
Au sud, l'Himalaya ;
A Vouest, le Karakoroum, le Pauiir, le Trans-Alaï, l'Alaï, leThian-
Chan, le Boro-Koro et l'Ala-Taou ;
Au nord, le Tarbagataï, l'Altaï, les monts Saïan, l'Ergik-Targak,
le massif du Mounkou-Sardyk, les Alpes de Tounka, le Khamar-
Daban, les pentes sud du plateau de Vilim et les monts lablonovyi
jusqu'au point où viennent confluer la Chilka et l'Argouu pour
former le cours principal de l'Amour ;
.4 Vei^t, le Grand Khingan, l'Jn Chan, les montagnes du nord des
provinces du Chan-Si,du Chen Si et du Kan-Sou, bordant au sud le
pays des Ordoset le désert d'Ala-Chan, enfin le chaos de montagnes
qui s'étend du Kan-Sou jusque vers le coude du Brahmapoutre, et
(I) Mémoire auquel le quatrième Congrès international de Zoologie, réuni à
Cambridge (Angleterre) du 23 au 27 août 1898, a décerné le prix de S. M. le Tsar
Alexandre III.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 127
que la plupart des géographes désignent aujourd'hui sous le nom
collectif d'Alpes du Se-Tchouan.
Les régions comprises à l'intérieur de ce vaste périmètre se
dressent au milieu de l'Asie comme une énorme pyramide irrégu-
lièrement quadrangulaire, à sommet tronqué et excavé oblique-
ment, suivant une direction générale sud-ouest nord-est, et dont
les quatre faces ou versants principaux sont :
Au nord, le versant de l'Océan glacial avec les grands fleuves
sibériens, l'Obi, i'iénisei et la Lena;
A l'est, le versant du Pacifique arrosé par l'Amour, le fleuve
Jaune ou Hoang-Ho, le fleuve Bleu ou Yang-Tze-Kiang et le Mékong ;
Ali sud, le versant de l'Océan indien drainé par la Salouen, le
Brahmapoutre etl'lndus;
A l'ouest, le versant des mers intérieures d'Aral et de Balkach,
celle-ci nourrie par l'ili, celle-là servant de déversoir commun à
l'Amou-Daria et au Syr-Daria.
Plateau.
Le sommet tronqué et excavé de l'énorme masse pyramidale
dont nous venons de tracer les limites, forme un immense plateau
ou mieux une immense cuvette dont le fond dépasse de beaucoup
en altitude le niveau du reste de l'Asie. Cette cuvette est elle-même
subdivisée en une série de terrasses ou de bassins secondaires,
descendant du sud-ouest au nord est, et séparés par une suite de
chaînes courant parallèlement l'une à l'autre, suivant une direction
approximative ouest-est. La principale de ces chaînes, formée par
le Kouen-Lun occidental, le Togouz-Daban, l'Altyn-Tagh et les
monts Nan-Ghan, relie le Pamir et le Karakoroum aux montagnes
du Kan-Sou et du sud des Ordos, et sert de limite naturelle entre
deux régions bien diflérentes dont nous tracerons rapidement la
topographie, l'une septentrionale moins élevée mais plus vaste, le
Gobi, l'autre méridionale, moins étendue mais beaucoup plus haute,
le Tibet.
1° Gobi.
Le Gobi commence à être assez bien connu grâce aux nombreux
explorateurs qui depuis 25 ans ont couvert ses vastes solitudes du
réseau de leurs itinéraires. C'est une région essentiellement déser-
tique qui s'étend du 72"ie au 120'»^ degré de longitude est et mesure
4260 kilomètres du Pamir au grand Khingan. Sa surface est loin
d'être plane ; eu certains points, son altitude s'élève à 1620 mètres
(puits de Dsere-Chuduk dans le Gobi mongol, d'après Przewalshy,
128 E. DK l'OUSARGUES
et niénu' à 1(180 nirlros (puits do Mii-lan-lrliouaii dans le «lésert de
Kliaini, il'après Przt'walslv\ ) ; ailleurs, au couliairc, on y reiKMJUlro
des dépressions profondes, comme sur les bords du Lob-Nor qui
n'est (\u'à ()7I mètres d'altitude, et (|ui parfois s'enfoncent jusqu'à
100 et nu'^me liiO mètres au-dessous du niveau dt; la mer (Toxoun,
Louktcliin. Lacs Bodjaïté et Char-Nor, d'après Pievtzov, Grouni-
Grjimailo, Roborovsky, Koziov). Il m'est impossible d'entrer à ce
sujet dans de grands détails, que l'on |)Ourra trouver d'ailleurs
consignés dans difïérentes revues géographiques (1), et je me bor-
nerai à résumer les indications qui intéressent plus particulière
meut la distribution géographi(jue des Mammifères.
A ce point de vue, on peut diviser le Gobi en trois parties princi-
pales : le Gobi oriental ou Gobi monQol , le Gobi moyen ou central et le
Gobi occidental ou turkestanais. Deux chaînes de montagnes ou de
replis de terrain assez élevés s'éteudant parallèlement suivant une
direction générale O.N.O. — E.S.E. séparent ces trois régions l'une
de l'autre. La plus orientale de ces chaînes se détache de l'Altaï méri-
dional, pour aller rejoindre le système de l'in Chan ; sur son par-
cours, elle prend successivement les noms de Irdyn-Ola, Artsa-
Bogdo, Gourban-Saïkhat, monts Kour-Kou, et ses pics les plus
élevés sont le Tsasagtou-Bogdo et l'Ike-Bogdo dont l'un atteint et
l'autre dépasse 4000 mètres. La seconde chaîne plus occidentale
émane du Thian Chan, près de Kourla; elle court directement à
l'est sous les noms de Kourouk-Tagh et Soulousin-Tagh et par les
hauteurs de Beï-Chan se relie aux moûts Nan-Chan vers An-Si.
D'autre part, le Soulousin-Tagh émet un prolongement vers l'est,
(monts Ygrai-Oula et Tchoukhan Chan), qui par le Khan-Oula elle
Khara Naryn-Oula se rattache d'un côté aux monts Ala-Chan, de
l'autre à l'In-Chan.
Un peu au nord du Kourouk-Tagh existe une autre chaîne paral-
lèle moins étendue, qui prolonge vers l'est le Thian-Chan et le
Boro Koro, ce sont les monts Bogdo-Oula, Edemen Daban, et Kou-
beti Daban qui, un peu au-delà de Barkoul et de Khami, vont se
perdre dans les sables. Entre le Bogdo-Oula et le Kuurouk Tagh se
trouve la fameuse dépression deToxoun-Louktchin et du Char-Nor,
que nous avons signalée plus haut.
Gobi oriental ou mongol. — Cette partie est du Gobi, n'est pas
aussi franchement désertique que les deux autres. Elle comprend :
au nord la vallée de la rivière Kéroulen, le Dalaï-Nor et leTéraï-Nor.
(1) Consultez sur ce point l'intéressHnl mémoire de M. J. Denikkr, Les explora-
tions russes en Asie centrale. Ann. de géographie, 6'= année, n» 30, p. 408, 1897.
ÉTUDE SUR LKS RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 129
A son extrémité sud-est se trouve l'autre lac Dalaï au pied du
Graud Kliiiigan. Vers son angle nord-ouest, cette région perd son
aspect désertique et prend un caractère sibérien dans la province
de Kobdo ; on y voit de hautes chaînes de montagnes boisées, paral-
lèles à l'Altaï méridional, le Khangaï, le Tanuy-Ola, le Khantaï qui
limitent les vallées supérieures de l'Orkhon, de la Selenga et de
riéniseï, et emprisonnent de nombreux lacs qui constituent autant
de bassins fermés.
Gobi moyen ou central. — De cette partie du Gobi dépendent : le
pays sablonneux des Ordos (1) encerclé par la grande boucle du
Hoang Ho, le plateau désertique de l'Ala-Glian, arrosé par quelques
rivières se terminant en lacs, entre autres l'Edziua aboutissant au
Sogo-Nor, et enfin le Galbyn-Gobi, le désert le plus terrible, parait-
il, de toute l'Asie ceatrale. Vers le nord-ouest, le Gobi central
donne accès dans la dépression de Toxoun-Louktchin, et d'autre
part communique largement, entre le Thiau Ghan oriental et l'Altaï
méridional, avec la Dzoungarie et le bassin de l'Ouroungou. De là,
par deux trouées de la ceinture de l'Asie centrale occupées, de
part et d'autre du Tarbagataï, par les lacs Zaïzan et Ala Koul, on
arrive presque de plain-pied dans les steppes sibériennes de
rirtysch et du lac Balkach.
Gobi occidental ou turkestanais. — Cette région, la moins élevée
du Gobi après la dépression de Toxoun, est séparée de la précé-
dente par le Kourouk-Tagh et les hauteurs arides du Gochoum-
Gobi et du Beï-Chan; elle forme le vaste bassin du Lob-Nor et du
Tarim alimenté par ses nombreux affluents, les Tcherchen-Daria,
Khotan-Daria, Yarkand-Daria, Kachgar-Daria, Aksou-Daria, qui
dévalent des hauteurs de l'Altyn-Tagh, du Karakoroum, du Pauiir
et du Thian Chan. Au sud et à l'est du Tarim sont d'immenses
plaines sablonneuses et désolées, le Takla-Makan et le Koum-Tagh,
et dans l'extrême sud-est se trouve la vallée moins aride du Khara-
Nor et du Boulounghir.
2"^ Tibet.
Le plateau du Tibet nous est beaucoup moins bien connu que le
Gobi. Quelques voyageurs ont festonné de leurs itinéraires les bor-
dures sud et nord, bien peu ont réussi à pénétrer au cœur de ces
hautes régions inhospitalières dont l'accès est impitoyablement et
énergiquement défendu par la nature et par l'homme. Nous devons
(I) C'est à lorl (|ue Wallace comprenait le pays de» Ordos dans sa sous-ré}^ion
mandchourienne. Géographiquement et zoologiquement, cette région sablonneuse
fait partie intégrante du Gobi.
Mém. Soc. Zoo), de Fr., 1898. xi. - 9
130 E. DE POUSARGUES
cependant à (jnclqnes explorateurs, entre autres Frzewalsky,
M. Bouvalot et le Prince Henri d'Orléans, des observations pré-
cieuses qui nous permettront d'esquisser dans ses grandes lignes,
la topographie gi^nérale de ce sommet du centre de l'Asie.
Le Tibet est formé de hauts plateaux et de terrasses, étages en
gradins successifs, dont l'altitude augmente graduellement du nord
au sud, depuis l'Altyn-ïagh et la lisière du Gobi jusqu'à l'Himalaya.
Des chaînes de montagnes orientées de l'est à l'ouest servent pour
ainsi dire d'échelons pour l'ascension de ces immenses paliers,
mais on n'en connaît guère que les amorces orientales, et l'on peut
dire que le centre et l'ouest du Tibet sont encore terra ii/nota.
En remontant du nord-est au sud-ouest on rencontre tout d'abord
le massif alpestre du Koukou-Nor, entourant de toutes parts le
vaste bassin du lac de même nom, flanqué au nord de l'étroite vallée
du Tatung-gol ou Oulau-Mouren affluent du lloang-Ho, s'appuyant
à l'ouest contre le plateau de Syrtyn dont le séparent les monts
Ritter, Au sud immédiat du Koukou-Nor se trouvent : vers l'est le
bassin supérieur du fleuve Jaune et la haute steppe d'Odon Tala
avec le Djaring Nor et l'Oring-Nor; vers l'ouest les vastes terres
salines du Tsaïdam arrosées par le Baian-gol et quelques autres
rivières moins importantes tributaires de quelques lacs comme
les deux Tosso-Nor, les deux Chuitum-Nor et le Tsaïdam-Nor.
Ces steppes du Tsaïdam, séparées de celles d'Odon-Tala par les
monts Schouga et Bourkhan-Bouddha, se prolongent vers le nord-
ouest jusqu'au Tchamen-Tagh et à l'Altyn Tagh, et sont bornées au
sud par le système du Kouen-Lun comprenant de l'ouest à l'est les
monts Przewalsky, Marco-Polo et Baïan-Khara-Oula. Cette dernière
chaîne sépare le bassin du fleuve Jaune, vers sa source, de celui du
fleuve Bleu et de ses premiers affluents, le Napchitaï-Oulan-Mouren
et le Toktonaï-Oulan-Mouren, descendus des monts Tang-La. A
l'ouest des sources du fleuve Bleu s'étend, jusqu'au Karakoroum,
un vaste plateau encore inexploré, limité au nord parle Kouen-Lun,
au sud par le prolongement des monts Tang-La. En franchissant
cette dernière chaîne on accède à une haute terrasse toute hérissée de
pics sans nombre entre lesquels serpentent quelques rivières qui,
après un parcours plus ou moins long et mal connu du reste, vont
se jeter dans des lacs assez importants : ce sont, vers l'est, le Tengri-
Nor et le Boukha-Nor, berceau de la Salouen, et dans l'extrême
ouest, ITke-Namour-Nor et le Bakha-Namour-Nor. La bordure
méridionale de ce haut plateau est formée par les monts Gangri
qui relèvent du système orographique de l'Himalaya. Au point de
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 131
vue zoogéographique, ce système a trop d'importance et d'intérêt
pour être passé sous silence. Suivant C. R. Markham (1), qui en a
donné une description extrêmement précise que nous résumerons
brièvement, l'Himalaya se compose en réalité de trois grandes
chaînes parallèles, la première intérieure ou septentrionale, la
seconde intermédiaire ou centrale, la troisième extérieure ou
méridionale. La chaîne septentrionale ou monts Gangri n'est que la
continuation orientale du Karakoroum; sur ses pentes sud, de
part et d'autre du pic Kailas, prennent leurs sources trois grands
cours d'eau, l'Indus, le Sutledj et le Brahmapoutre qui, pour
descendre dans les plaines de l'Inde, se forcent un passage à tra-
vers les chaînes centrale et méridionale après les avoir longées au
nord sur un parcours plus ou moins long. La cliaine centrale, bien
continue, s'étend parallèleujent à la précédente à l'ouest et à l'est
du pic Kailas; elle forme la bordure méridionale des hautes vallées
de rindus, du Sutledj et du Brahmapoutre, et de son versant sud
naissent la plupart des rivières qui, à travers les gorges de la chaîne
méridionale vont rejoindre le Gange et le Brahmapoutre, dans la
vallée du nord de l'indoustan. La chaîne )iiéridionaleioi'lemei\l décou-
pée, n'est en réalité qu'une succession de pics d'une extrême altitude
alternant avec des gorges profondes et des vallées étroitement
encaissées qui se prolongent en remontant plus ou moins oblique-
ment vers le nord jusqu'aux pentes sud de la chaîne centrale.
D'après ce rapide aperçu, il est facile de se rendre compte que
c'est cette chaîne centrale qui en réalité forme l'axe principal du
système himalayien et la véritable limite sud du plateau tibétain;
la chaîne méridionale peut être appelée l'Himalaya indien, la chaîne
septentrionale l'Himalaya tibétain. Des nombreuses rivières qui
descendent dans la péninsule de l'indoustan, nous n'aurons à con-
sidérer que rindus, le Sutledj et le Brahmapoutre dans leur cours
supérieur. Toute la partie du Kachmir située à l'est de la haute
vallée de l'iudus, relève donc de l'Asie centrale de même que le
Ladak elles provinces du grand Tibet (Ngari, Dzang, Ouïet Kham);
le Népaul et le Sikkim n'y attiennent que par quelques points;
quant au Boutan il en est totalement exclu.
La limite orientale du plateau tibétain et sa ligne de séparation
d'avec la Chine proprement dite sont beaucoup moins franches, et
d'un tracé plus difficile que pour le reste de son pourtour, car nous
ne possédons, sur cette région accidentée et à peine connue, que les
(l) G. R. Markham, Narrativ. Miss, of G. Bogie and Journey of Th. Manning.
Inlroduct., pp. xxiii à xxxv, 1876.
132 K. DE l'OUSARGUES
(lociJineiils (jue nous ont laiss('s M. l'abbé A. David et les explora-
tt'iiis russes Polaiiiii et Beresowsky. Du coude du Bralnnapoulre à
la |>rovince du Kaii-Sou, ce n'est qu'une succession de vallées étroites
l'I |trofoudes, et de liautes chaînes de niontaj];ues dont les princi-
pales, orientées du nord-ouest au sud-est, sont les prolon^^ernents
de celles que nous avons vues séparant les dillércntes terrasses du
Tibet (monts Gan^^ri, Tang-la, Baïan-Khara-Oula, Bourkhan-Houd-
dha, nioiita^nies sud Koukou-Nor).
Dans le récit de son voyage d'exploration dans la i)rincipaulé de
Moupin, M. l'abbé A. David (i) s'exprime ainsi : « La vraie Chine
linit et trouve ses limites naturelles à trois journées à l'ouest de
Tchentou, capitale du Se-Tchouau. Kn dehors de la plaine de Tchen-
tou, la fertile province du Se-Tchouan est montueuse partout mais
les grandes montagnes sont seulement sur les limites du Houpé,
du Chensi, du Koukou-Nor et du Tibet ».
Pour le Kan-Sou, M. Biichner (2) nous fait également remarquer
que cette province comporte deux faciès essentiellement différents
dénature etd'aspect; l'un, septentrional, qu'il nomme .4/«v/o, formé
de hautes terres montagneuses, ne serait que l'extrême partie nord-
est des plateaux du Tibet ; l'autre, méridional, formerait une région
de montagnes, et un réseau de chaînes élevées, séparées et traver-
sées par des vallées étroites et profondes où la végétation revêt des
caractères mixtes des plus hétérogènes. En résumé l'on peut dire
que la limite géographique entre le Tibet et la Chine ne coïncide
nullement avec les frontières politiques, et qu'elle traverse diago-
nalement, suivant une ligne sinueuse, les provinces de Khara, du
Se-Tchouan et du Kan-Sou. Dans ces régions, la bordure orientale du
plateau tibétain forme comme une arête dentelée en scie qui n'est
autre que la continuation, vers le nord-est, de la chaîne centrale
ou axe principal de l'Himalaya. 11 semblerait que la crête de cette
haute digue, d'abord intacte mais plus faible en certains points,
ait cédé (inalement sous lelïort puissant, sous la pression prolongée
et l'action corrosive du trop-plein des eaux accumulées dans la
partie déclive des hauts plateaux, et que, par ces brèches ouvertes,
des torrents déchaînés, roulant impétueusement sur ses longues
pentes orientales, vallonnant et ravinant profondément le sol,
aient creusé les étroites vallées abruptes, au fond desquelles coulent
actuellement, d'un flot plus tranquille, les grands fleuves tibétains.
(1) A. David, Nouvelles Archives du Muséum, VII, Bullct. p. 7o-100, 1871.
(2) BocHNEK, Mélang. biolog. Bull. Acad. Scienc. Sl-Fétersbourg, XIII. liv. 1,
p. 143. 1890.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 133
2" DÉLIMITATION DE LA FAUNE
Le mot Ruminants est pris ici dans son sens le plus large ; il ne
s'applique pas seulement aux Artiodactyles cotylophores, mais
désigne en général tous les Artiodactyles qui ont l'estomac conformé
pour la rumination, qui ruminent. C'est du reste la seule acception
sous laquelle ce qualificatif soit encore admis de nos jours, et son
emploi comme terme ordinique a été universellement rejeté, comme
ne répondant pas aux besoins de la classification.
Ainsi entendus, les Ruminants comprennent trois sections des
Ongulés Artiodactyles ; les Pecora, les Tylopoda et les TraguUna.
Cette dernière section ne compte aucun représentant dans l'Asie
ceutrale; les deux autres, au contraire, fournissent à cette région
des types génériques assez nombreux qui peuvent être groupés de
la manière suivante :
Tyi.opoda. Camélidés Camelus L.
/ Bovines Bas L.
l Ovines Ovi>i L.
) ( Pseudois Hodgs.
, „ • / Caprines } „ ,
/ BoviHKs. .{ ' ) Capra L.
■^ H i [ I I Saiga Gr.
< I \ 1 AnUlopinés | Panlholops Hodgs.
{ \ ' Gazella HIainv.
Pecora . j Moschidés Mosclius L.
, ( Plésiométacarpiens . . Cerinis (slr. s.) L.
\ Cervii>es .| Téléméfacarpiens. . . Capreolus H, Sm.
La seule inspection de ce tableau montre que les Ruminants de
l'Asie centrale appartiennent à des genres pour la plupart paléarc-
tiques ou holarctiques; deux seulement de ces genres, Gazella et
Bos, comptent des espèces éthiopiennes et orientales; mais encore
les formes spécifiques des hautes régions de l'Asie centrale se
distinguent elles par des caractères particuliers, assez importants
môme pour que certains zoologistes aient cru devoir les séparer
génériquement sous les noms de Procapra et Poephagus; ce dernier
type soi-disant générique étant d'ailleurs plus proche allié des
Bisons holarctiques que des Bubalus et des Bihos de l'Afrique et de
l'Inde. La nature paléarctique de la faune mammalogique de l'Asie
centrale et en particulier du Tibet n'a, du reste, été contestée par
aucun zoologiste sinon par A. von Pelzeln, qui reculait vers le
nord jusqu'à la chaîne du Kouen-Lun, les limites septentrionales
de sa région zoologique malaise. Mais cette théorie a été victorieu-
sement combattue par le mammalogiste le plus compétent et le
134 K. m: pousarguks
plus i'\|i('rl (le iiutic f|i(>(|iif cil crllr iii;ilii'ii\ M. W. T. IU;iii|i>r(l (i).
Ce n'est pas toutefois <|U(', sur ((Mtiiins points du périmètre des
hauts plateaux de l'Asie, les limites (|ue l'on doit assij^tier à la
faune mammalogique soient bien tranchées et aussi nettes f|u'OD
pourrait le souhaiter. Comme le <lit avec raisoo M. Blanford, « ce
fait est dil en partie à la loi de (lilïnsion qui prévaut constamment
sur les frontières de deux provinces zooloj^iques dilléreutes,
quand une barrière physique infranchissable ne vient pas s'in-
terposer. » C'est ce que l'on remanjue au sud, et plus particuliè-
rement au sud-est de l'Asie centrale: et l'on ne s'en étounera pas
si l'on veut bien se remémorer les quelques détails que nous avons
donnés plus haut sur la constitution oroijraphique et hydrogra-
phique assez particulière de l'Himalaya et du Tibet oriental. En
effet, quelques formes paléarctiques descendent les hautes vallées
des grands fleuves de l'Inde et de la Chine et de leurs premiers
alTluents, ce pendant que d'autres types de même souche familiale
ou générique, mais d'origine méditerranéenne, himalayienne,
indienne, indo-malaise ou mandchourienne les remontent. Pour
en citer des exemples : sur les confins du Kachmir et du Ladak,
viennent s'alïronter VOvis flodgsoni et VOcis Vit/nci, le Pseudois nahoor
et VHcmitrai/ns jendaicns, le Capra silnrica et le Capra markhoor,
et plus au nord dans l'Afghanistan le Capraiegagnts. Dans la partie
orientale de l'Himalaya et surtout dans l'est du Tibet, le Chevreuil
de Tartarie, Capreolus pygar[/us, côtoie certains Muntjacs, Cenmlus
lacrymans, et des Elaphodus cephalophiis; des Cerfs élaphiens,
Cercus a/Jinix, viennent, pour ainsi dire, se mettre en contact avec
des formes Rucervines, H. fjuvauceli, ou Rusines, H. Dcjeani, et
plus au nord vers les frontières de la Mandchourie, C. xanthopygus,
avec des représentants de la section Pseudaxine, P. mantchuricna .
Enfin, des Gazelles fréquentent les mêmes parages que des Anti-
lopes Némorhédiens; ainsi dans le Tibet oriental la Gazeila picti-
candata vit à côté des Budorcxu et des Ncmorhsedns {Edicaj'dsi, gri-
seus, cinereus); de même dans l'In-Chan la Gazeila gnUnrom s'appro-
che du Nemorhsedus caudatus. Et sur tous ces sommets neutres, ou
plutôt communs et interrégionaux, erre le Porte-Musc, Moschus
moschifWus, type essentiellement paléarctique et boréal.
On conçoit dès lors la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité,
de tracer une ligne de démarcation précise dans ce milieu hétéro-
gène. Sur ces confins méridionaux et orientaux de l'Asie centrale,
on doit donc se contenter d'admettre une zone frontière virtuelle
(1) w. T. Blanford, P. Z. S., p. 631, 1876.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 133
sur laquelle empiètent de part et d'autre les types raammalogiques
des deux régions zoologiques limitrophes, et par rapport à l'Asie
centrale, distinguer les types immigrants des émigrants, ou plutôt
les incursionnistes des excursionnistes; ces derniers seuls ayant
droit à une place dans l'étude systématique des espèces que nous
allons aborder.
ÉTUDE SYSTÉMATIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES
Ire Section. — TYLOPODA
Famille des CAMÉLIDÉS
Dans l'Ancien Monde, cette famille ne compte que le genre
Camelus, qui lui-même n'est représenté dans l'Asie centrale que
par l'espèce à deux bosses, Camelus bactrianus, à l'état sauvage ou
tout au moins libre.
1. — Genre CAMELUS Linné.
1. — Camelus bactrianus Linné.
1766. Camelus bactrianus Linné, System, naturœ, édit. XII, tome I,
p. 90.
1776. — — Pallas, Spicileg. zoolog., fasc. XI, p. 4.
1811. — — PALLks, Zoograph.ross.asiatic, l, p. 193.
1875. — — Przewalsky, Voyage en Mongolie, texte
russe, I, p. 2!)9.
1877. — — Przewalsky, Fo^/a^e en Mow^o//e, traduct.
allem. A. Kohn, p. 388.
1876. — — FiNSCH, Proc. zoolog. Soc. Lond., p. 696.
1879. — — Przewalsky, Froni Kulja to Lob-Nor, pp.
84, 86, 88 et 166.
1879. — — Blanford, Scient, results, second Yarkand
Miss. (Mamm.), pp. 7 et 8.
1884. — — Przewalsky, Reise in Tibet, pp. 22, 23,
26, 55, 88 et 252.
1892. — — Blanford, Proceed. zoolog. Soc. London,
p. 371.
1894. — — St George Littledale, id.
p. 446.
136 K. DK POlISAIir.lIES
Oontrairt'im'iit à ropiiiioii de lUilïoii (jiii cioynil à rc.xliiiclioii
totale des Chameaux h l'tHat sauvage, Pallas avait, dès la lin du
siècle dernior. afliiMiit' leur exisleucc daus les déserts de l'Asie ceii
traie, u (^aineli, iu vaslissiiuis Asi;e teuiperala^ desertis, etiainuuui
indomiti vagantur » et il en avait même doiiué uue description très
concise : (( celeritate, uiagniludino corporis auiuuxpie louji;e nobi-
liores domesticis (pii in iinbeiles moles degeuerarunt )). Os rensei-
gnements que le grand zoologiste tenait de trafiquants boukhariens
et de Nomades de l'Asie ont été reconnus depuis parfaitement v6ri-
diques, et il n'est pas jusqu'aux indications d'liai)ilat (jui n'aient
été de tous points confirmées : « circa Bogdo monlem inter Songaros
Shongolosf[ue médium prœcipue tractus desertos, Chinam a
septentrione includentes, ad occidentem Kluvii Flavi sitos ».
Après un siècle, Przewalsky en eut le premier la confirmation
quand, au cours de son voyage dans la Mongolie et le nord du
Tibet, il obtint à ce sujet, des natifs de la région du Tsaidam, de
nombreux documents qu'il devait bientôt après mettre à profit. Aussi,
de retour à Saint-Pétersbourg, le célèbre explorateur alfirmait-il
au D"^ Finsch qu'il était certain de rencontrer le Chameau sauvage
dans l'expédition qu'il projetait vers le Lob-Nor. Ces prévisions se
réalisèrent de point en point, et dans le récit qu'il a publié de ce
voyage, Przewalsky nous a laissé des détails circonstanciés et inté-
ressants sur la forme, la livrée, les mœurs et l'habitat des Cha-
meaux sauvages, et sur les particularités qui les distinguent de
ceux de race domestique. Przewalsky eut encore l'occasion pendant
son troisième voyage au Tibet de compléter ses premières observa-
tions, et en tenant compte également de quelques autres détails
que nous ont fournis des explorateurs plus récents, l'on peut
aujourd'hui tracer d'une manière assez précise les limites de l'aire
d'habitat des Chameaux sauvages. On les rencontre, mais en assez
petit nombre, dans les steppes de la Dzoungarie, aux environs de
Gutchen et de Manas au nord immédiat de la chaîne du Bogdo-
Oula, comme l'avait indiqué Pallas, et jusqu'à 210 kilomètres au
sud de Zaïzan (D"" Finsch). Ces animaux fréquentent également le
plateau situé entre le Bogdo-Oula et le Kourouk-Tagh, puis au sud
de cette dernière chaîne, le bassin inférieur du Tarim et le pour-
tour du Lob-Nor.
Mais ils sont surtout abondants dans le désert de Koum Tagh,
entre Khami et l'oasis de Sa-Tscheu sur les hauteurs du Beï Chan
qui semblent relier le Kourouk-Tagh aux montsNan Chan. Vers l'est,
ils ne poussent pas plus loin que les régions irriguées par l'Edzina
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 137
et aucun voyageur ne les a signalés dans les déserts de l'Ala-Clian.
Pendant les chaleurs excessives de l'été, ils gravissent les pentes
de l'Altyn-Tagh, cherchant un peu de fraîcheur dans les hautes
vallées, jusqu'à plus de 3.300 mètres d'altitude, croisant leurs
pistes sur ces sommets, avec celles de VOvis Hodgsoni el du Pseudois
7(rt/ioor, puis passent sur le versant méridional et s'avancent à travers
les hauts plateaux jusqu'au nord-ouest du Tsaïdam Chuitum-Nor
(Przewalsky). Vers l'ouest ils deviennent de plus en plus rares, à
mesure que l'on remonte le cours du Tchertchen-Daria, et suivant
Przewalsky, sont inconnus au-delà de la localité de Tchertchen,
dans la direction de Khotan. Cependant le major Cumberland les
signale dans le Takla-Makan, et les steppes entre Khotan et le
Lob-Nor.
On a beaucoup agité la question de savoir si ces Chameaux qui
errent ainsi en liberté dans le Gobi sont réellement sauvages et
constituent la souche des Chameaux domestiques, ou s'ils ne sont
pas simplement des descendants de Chameaux domestiques
échappés autrefois et ayant repris dans le désert la vie et l'état de
nature. Pallas admettait les deux hypothèses; il ne considérait
comme véritablement sauvages «camelos feros» que les Chameaux
des déserts du nord immédiat de la Chine, et les distinguait de
ceux des steppes de la Dzoungarie et du bassin de l'Ili qui pour lui
n'étaient que des rejetons de Chameaux domestiques redevenus
libres « quondam armentis libertate donatis ortum traxisse viden-
tur, pascales, potius quam spontanei appellandi )>. De nos jours les
zoologistes ont repris la question, espérant pouvoir l'élucider plus
aisément par l'examen direct des dépouilles encore rares rapportées
en Europe par les explorateurs; mais ces recherches comparatives
n'ont donné jusqu'ici aucun résultat bien probant ni dans un sens
ni dans l'autre. A vrai dire, du reste, je doute que l'on puisse résou-
dre cet embarrassant problème à l'aide des seules données zoolo-
giques, eût-on même à sa disposition tous les matériaux d'étude
désirables et des séries bien complètes de crânes et d'ossements.
2me Section. — PECORA.
Les Pecora ont été nommés aussi Cotylophores ou vrais Ruminants,
en raison de leur mode de placentation cotylédonnaire et de la
forme de leur estomac plus compliqué que chez les Tytopoda et les
Tragulina qui d'autre part ont un placenta diffus.
On a divisé les Pecora en cinq familles distinctes dont deux,
138 E. DE POLSARGLES
Giro/Jidt-s. [nlilocapi itles. lune américaiue. l'autre africaine, ne
rentrent pas dans le cadre de ce travail. Quant aux trois autres
familles, BovuJfs. Uoschidt's. Crrtidés, elles fournissent à l'Asie
centrale un fort contingent de genres et d'espèces caractéristiques.
1 Famille des BOVIDÉS
Les Botidéa appelés aussi Cavicornes on Ruminants à carnes persis-
tantes, renferment un nombre considérable d'espèces et de genres
qui ont été groupés en plusieurs sous-familles (Bovines, Ovines,
Caprines, Antilopinési toutes représentées dans l'Asie centrale et
qui contribuent pour la plus large part à peupler les hauts pla-
teaux et les montagnes de cette partie du globe.
Sons-famille des BOVINES
Le grand genre Bos de Linné, qui forme à lui seul cette sous-
famille, a été morcelé en dilïérents petits genres ou sous-genres
qui sont. Probubnlus, Buhalns. Bison. Pnephagus, Bibos et Bos. Ces
distinctions ne reposent en réalité que sur des caractères différen-
tiels de faible importance, et le moins bien fondé peut-être de tous
ces genres est précisément celui dont nous avons ici à nous occu-
per ; le genre Pofpbagus de Gray. A l'exemple de MM. Flower et
Lydekker. j'ai préféré ne pas tenir compte de ces divisions et rete-
nir le genre linnéen Bos dans sa plus large acception.
2. — Genre BOS Linné.
2. — Bos GRUNMKNS Linné.
176G. Bos grunniens Linné, Syst. uatur., Edit. XIL
1S27. Bos poephagusQ. Smith, Gri/f. anim. kingd. [Mamm). IV, p. 404.
1841. Bison poephagus Hogdsox, Journ. asiat. Soc Beng. X, pt. I,
p. 469.
1843. Poephagus grunniens Gray, Cat. Mam. Brit. Mus., p. 133.
1850. Bison grunniens Turxer. Proc. zool. Soc. London, p. 177.
1853. Poephagus gi^nniens Gray, Proc. zool. Soc. Lond., p. 191,
pi. XXXV (jeune).
1858. Poephagus grunniens Leith. Adams, Proc. zool. Soc. Lond.,
p. 529.
1875. Poephagus grunniens Przewalsky, Voy. Mong. (^ texte russe), I,
p. 311 à 321, pi. VIII.
1877. — — Id. Voy. Mong. trad. allem. A.
Kôhn. p. 404 à 417.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 139
4879 . Poi'i)liagu!<(jnmnieiis Przevvalsky, Froni Kuija tu Loh-Xor, p. 07.
1884. Poephagus mutus Id. Reis, in Tibet, pp. 72, 110,
117, 128, 129, 164.
Gray considérait les Yacks comme formant à eux seuls, parmi
les Bovines, un genre ou sous-genre spécial (Poephagus), mais cette
distinction ne repose que sur des bases peu solides, et comme
l'avaient démontré. Hodgson d'abord, Turner ensuite, c'est proche
des Bisons et dans le même groupe qu'il faut ranger ces animaux.
Par sa nature laineuse, le pelage du Yack a beaucoup d'analogie
avec celui des Bisons ; quant à la présence des longues et épaisses
franges de poils qui garnissent le bas des flancs, la partie supé-
rieure des membres et Textrémité de la queue, et d'autre part aux
dimensions plus réduites du rhinarium, ce sont là des caractères
qui doivent être considérés comme d'ordre purement spécifique.
Du reste, la structure de la charpente osseuse dénote également des
affinités très étroites entre le Yack et les Bisons. Chez ces deux
types de Bovines, il y a même nombre de côtes (14 paires] ; dans la
région scapulaire, les apophyses épineuses extrêmement développées
surélèvent beaucoup le garrot, mais la crête ainsi formée, diminue
rapidement en arrière et ne s'étend pas de beaucoup aussi loin le
long du dos que chez les Bibos de l'Inde. Les os frontaux sont vastes,
bien développés en longueur comme en largeur et légèrement
bombés dans leur partie supérieure; les orbites sont saillantes; le
plan occipital de forme triangulaire présente de chaque côté une
échancrure pariétale assez profonde; enfin, si les cornes sont plus
longues chez le Yack, elles ont du moins sensiblement la même
forme arrondie, la même courbure et le même mode d'insertion
que chez les Bisons. Cependant Rutimeyer, tout en supprimant le
genre Poephagus, range le Yack dans sa section Bibovine, à côté du
Gaur et du Gayal (vide Trolessart, art. Bœuf, grande Encyclopédie,
vol. VIli. Je partage plutôt l'avis de M. Lydekker, qui considère le
Yack comme un Bison tendant vers les Bibos. Les arguments que
l'on peut tirer du mode de distribution géographique de ces diffé-
rents Bovines, sont encore en faveur de cette thèse; en etTet, les
vrais Bibos sout confinés dans l'Inde continentale et archipéla-
gique et caractéristiques de la région orientale de Wallace, tandis
que les Bisons ne se rencontrent que dans les régions paléarctique
et néarctique (région holarctique de M. Schartï) (1); or le Yack est
essentiellement paléarctique.
(i) Mémoires de la Soc. Zoolog. de France, VIII, p. 436-472, 1895.
140 K. OK POUSARGUES
Au point (le vuo spécifique, la distinction proposée par Prze-
walsky l'iili'c le Vack saiivai^^e [Poi'iiIkkjus nintus) cl h; \,n-k doiiiesti-
que (Poephaffus gntnniens) me parait aussi dinicileinentacceptable.
Il est prouvé en elTet que ce dernier n'est qu'une race issue du pre-
mier; ses prétendus caractères dilTérentiels absolument liclifs et
instables ne sont que les elTels d'une domestication datant d'une
époque très-reculée.
Les Yacks sauvages sont des animaux |)ropres au Tibet, et n'babi-
lent exclusivement que les bauts plateaux qui s'étendent : du
sud au nord, de la chaîne centrale de l'Himalaya jusqu'à l'Altyn-
Tagb et aux monts Nau-Cban; de l'ouest à l'est, du Karakoroum à
la crête des premières pentes orientales du Tibet et du Kan-Sou et
au bassin supérieur du fleuve Jaune. Vers l'ouest, Leitli Adams
et plus récemment Kinloch ont signalé les Yacks sur le versant sud
du Karakoroum, dans les vallées de Nobra et de Cliang Cbenmo et
sur les hauteurs du Ladak; on ne les a jamais vus sur le versant
méridional de l'Himalaya. Nous devons à Przewalsky des indica-
tions précises sur les limites que ces animaux atteignent vers le
nord et l'est. Hs fréquentent, mais en petit nombre, le Kouen Lun,
le Togouz-Daban et l'Altyn-Tagh, deviennent moins rares dans
les hautes vallées des monts Nan-Chan et du Kan-Sou, près des
sources de l'Edzina et du Tatung gol, mais évitent le bassin du
Koukou-Nor et les steppes salines du Tsaïdam. C'est surtout au
sud de ces régions, vers l'origine des grands fleuves de la Chine et
de rindo-Chine, et de là, vers l'ouest jusqu'au Karakoroum, vers
le sud jusqu'à l'Himalaya que les Yacks sauvages sont particuliè-
rement abondants. C'est par troupeaux de plusieurs centaines et
même de mille têtes que Przewalsky les a vus dans les parages
des monts Bourkhan-Bouddha, Baïan-Khara-Oula et Schouga, sur
les hauts plateaux compris entre les dilîérenfes chaînes des monts
Marco-Polo, Koukou-Tschili, Dumbere et Tang-La, et enfin dans
les hauts bassins du fleuve Jaune et du fleuve Bleu. Ce dernier
cours d'eau est môme désigné par les Tibétains sous le nom de
Dy-tchu = Fleuve des Vaches, à cause précisément de l'aftluence
extraordinaire des Yacks sauvages qui se rassemblent le long de ses
rives.
Sous-famille des OVINES
Severtzov divisait les Orinés en deux genres nu sous genres :
l'un, Ovis, comprenant les espèces de forte taille, caractérisées par
la forme des cornes qui, chez les mâles adultes, décrivent un tour
de spire complet et dont les extrémités sont toujours dirigées en
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 141
dehors et en avant ; l'autre, Musimon, réservé aux espèces de plus
petite taille, ditïérant en outre des précédentes par leurs cornes
qui ne forment jamais un tour de spire complet, et dont les extré-
mités sont toujours dirigées en dedans, et le plus souvent en
arrière. Sans vouloir conserver ces divisions subgénériques, je
dirai cependant, pour fixer immédiatement les idées, que tous les
Ovines de l'Asie centrale, sans exception, relèvent du sous-genre
Oins de Severtzov; car, par suite d'observations récentes, le Nahoor
du Tibet, que l'on rangeait autrefois parmi les Musimoncs, doit
être exclu du groupe des Ovines et passer, comme genre spécial
[Pscudois], dans celui des Caprines, ainsi que nous aurons occasion
de le démontrer.
Au même groupe des Ovis (1) (str. s.) se rattachent les grands
Moutons sauvages de l'Amérique du nord, 0 montana Desm., ceux
de l'extrême nord et nord-est de l'Asie : 0. borealis Sev., Sibérie
nord, et 0. nivkola Eschl. des montagnes de Kamtchatka; mais
ces espèces habitent en dehors de la zone géographique dont nous
nous sommes proposé l'étude, nous les laisserons donc pour n'en-
visager exclusivement que les types qui se rencontrent sur la
ceinture de montagnes et les hauteurs du plateau central de l'Asie.
Voici, par ordre chronologique, les espèces nominales qui ont
été proposées et décrites par les auteurs pour cette seule région.
1766. OcisammoriL. 1873. Ovis Hcinsi Sev.
1776. Ovis argali Vall. 1873. 0ms niijri monta 7ia Sev.
1840. Ocis sculptorum Blyth. 1873. Ocis collium Sev.
1840. Ovis Poloi Bl^tu. 1874. Onis Brookei Ward.
1840. Ovis Hodgsoni BhYTU. 1876. Ovis jubata Pet.
1841. Ovis ammonoides RoDGs. 1884. Ocis Darwini Przew.
1873. Ocis Blythi Sew. 1888. Ocis Dalai-lamœ Przew.
1873. Ocis Karelini Sev. 1892. Ocis Henri A. M.-Edw.
Toutes ces formes peuvent être ramenées à trois types spécifiques
bien distincts, Ocis Poloi, Ocis ammon et Ocis Hodijsoni, dont nous
nous occuperons successivement.
3. — Genre OVIS Linné.
3. — Ovis PoLoi Blyth.
1840. Ocis sculptorum Blyth, Proc. zool. Soc. London, p. 12.
(1) Les espèces de ce groupe sont aussi désignées parfois sous le nom d'Àrgalis,
du nom du type le plus anciennement connu.
142 E. DE POUSARGUES
1840. OrtK Poloi Rlyth, Proc. zool. Soc. Loiidou, 62.
1841. — — il). Aim. liât. hist. (l), VII, p. 19o, pi. IV, fig.
1 et 2.
1841. — — lu. .lourn. ;i.si;it. Soc. Beug., X, p' 2, p. 858.
1842. — — Id. Ihid., XI, p^ 1, p. 284.
1847. — — Id. Ibid., XVI, p' I, p. 357.
187;i. — — Severtzov, Tiirkest. .h'm(n, pi. 11, 111, V, (ig. 1
»'t2, pi. VI, lig. 1.
1876. — — Id. Traducl. Aun. Mag. iiat. hist., (4)
XVIII, pp. 210, 220.
1876. Oris Karcimi Id. Ibid., pp. 171, 210, 217, pi.
I et V, fig. 3, pi. VI, fig. 3 et 4.
1876. Ovis lleinsil Id. Ibid., pp. 171, 211, 325.
1876. Ovis nignmoni a lia Id. Ibid., pp. 171, 211, 326.
iOvis Polui , ,, -, _ i
^ • , ( / ^- V. Brooke y,. , o , ,
Ovts karelun f M^roc. zool. Soc. Lond.,
Ovù Heinsi \ ^, J^ l p. 512 à 518.
,, ■ ■ ■ , 1 B. Brooke \
()\is mijvimontana j j
1874. Ovis Poloi D. Forsyth, Proc. zool. Soc. London, p. 324.
1874. — — Stolickza, ibid., p. 425, pi. LUI.
1875. — — BiDDULPH, ibid., p. 157.
1875. — — Blanford, ibid., p. 540.
1879. — — BiDDULPH, Proc. Asiat. Soc. Beng., p. 280.
1879. — — Przewalsky, From Kutja la Lob-Nor, p. 45.
1879. Ovis Poloi, i Bl\:\ford, Scient. res. sec. Yark. Miss. {Mainm.)^
1879. Ovis Kareiini, i pp. 80-83.
1881. Ocis Poloi, Scully, Proc. zool. Soc. London, p. 209.
1884. — — Blanford, ibid., p. 326.
Signalé pour la première fois dans le courant du XlIP siècle par
Marco Polo, le Mouton du Pamir fut reconnu en 1840 par Blyth qui
dédia cette espèce au célèbre voyageur vénitien et fit paraître en
1841 de bonnes ligures des magnifiques cornes qui lui avaient servi
de type. Pendant plusieurs années, Blyth défendit la validité de
VOris Poloi contre les insinuations incrédules d'Hodgson, mais on
peut dire que cette espèce ne fut parfaitement bien établie que vers
1873, époque à laquelle Severtzov publia une description complète
et des planches de l'animal entier. S'appuyant sur des différences
réelles mais peu importantesdansla longueur et la forme des cornes,
et le plus ou moins d'écartement de leur spire, le savant russe crut
devoir distinguer de VOvis Poloi du Pamir, les Ovines du massif du
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 143
Thian-Chan, de l'Ala-Taou et du Kara-Taou pour lesquels il créa
les espèces 0. Karelini, 0. Heinsii et 0. nigrlmontana. Actuellement,
les auteurs s'accordent pour la plupart à ne considérer ces espèces
que comme des races locales d'un même type Ocis Poloi. 11 serait
trop long d'entreprendre ici la discussion des caractères différen-
tiels extrêmement complexes et minutieux invoqués et exposés
par Severtzov avec un grand luxe de détails; il est préférable de
laisser la parole à M. Blanford qui a résumé et tranché la question
d'une façon très nette et concluante en ce qui concerne VOcis Kare-
lini.
« Les détails donnés par Sir V. Brooke semblent indiquer que les
seules différences essentielles entre ÏO. Poloi (Yi\y th.) et VO. Karelini
(Sev.) résident dans la forme des cornes. Les autres caractères dis-
tinctifs sont la plus grande taille de VO. Poloi et quelques légères
différences dans la coloration du pelage que les recherches de
MM. Brooke ont démontré n'être pas constantes. Suivant Severtzov,
l'os lacrymal est plus développé chez 10. Poloi que chez VO. Karelini,
et il n'y a pas similitude pour les proportions des diverses parties
du crâne; mais il est douteux que ces distinctions aient réellement
une valeur spécifique, La différence de taille est peut-être plus
importante : VO. Karelini n'a que 1 m. 78 à 1 m. 83 de longueur et
1 m. 07 de hauteur au garrot, alors que chez VO. Poloi, ces mêmes
mesures sont respectivement 2 m. et 1 m. 17; cependant, il est à
noter qu'il existe des écarts aussi prononcés entre certaines races
de Bovidés sauvages, tel que Capra œgagrus, par exemple. La diffé-
rence la plus importante ne réside donc que dans les cornes. Celles
de l'Oins Poloi sont plus longues, et divergent beaucoup plus de
chaque côté de la tête, aussi l'écartement maximum mesuré en
ligne droite de l'extrémité d'une corne à l'autre est-il plus grand
relativement à la longueur de la corne suivant la courbure et aux
autres dimensions de l'animal. Ainsi pour quatre spécimens adultes
d'O. Karelini mesurés par MM. Brooke, la longueur de la corne sui-
vant la courbure varie de 42 pouces 1/2 à 48 1/2, la moyenne étant
de 45, et la distance en ligne droite de l'extrémité d'une corne à
l'autre oscille entre 31 et 36 pouces, la moyenne est donc de 33 p.
Pour 6 spécimens adultes d'O. Poloi, la longueur des cornes, varie
de 49 à 63 pouces (moyenne 55 m. 25), la distance entre les extré
mités, de 43 pouces 1/2 à 55 pouces, la moyenne étant de 48,25. Le
rapport moyen est donc pour l'O. Karelini -r^et pour l'O. Poloi— ^. »
Ces prémisses étant posées, M. Blanford donne ensuite les mesures
des cornes de 11 spécimens d'O. Poloi authentiques, provenant tous
144 E. DK POUSAIIGUES
du Snrikol au sud esl du plateau du l'aniir et trouve pour cette
série couune rapports extrônies île la ioiij^ueur à l'euverj^ure
-^ et . Il est iimlilc, ajoute M. Blanford, de faire remarquer
que cette série de tiHes coiiilde rintervall(M]iii séjinre VO. PoUn de
i'O. Karelini au poiut de vue de la courbure des corues, et réunit
les deux espèces.
Le savant zoolofïiste anglais continue :
« Les autres caractères distiuctifs auxquels Severtzov attache de
l'importance sont les suivants :
« 1" Chez I'O. Po/oi, les cornes sont comprimées latéralement et
excavées, particulièrement la faceorbitaire ; chez I'O. Kurclini, cette
face est plane et la face frontale très convexe. Chez I'O. Foloi tous
les angles sont arrondis; ils le sont également chez 10. Karelini,
sauf le fronto nuqual.
» Les détails donnés par MM. Brooke montrent que ces diffé-
rences ne sont pas constantes; chez les deux formes, les faces et
les angles deviennent de plus en plus arrondis avec l'âge, ainsi que
l'indique également la série examinée. »
(( 2'^ Chez VO. Karelini, l'axe de la portion terminale des cornes
est parallèle à celui de la portion basale; tandis que chez I'O. Poloi
l'axe de la portion terminale diverge et s'écarte de la tête plus que
celui de la portion basale.
» Cette différence dépend essentiellement du degré de divergence
des cornes; or, nous venons de voir que cette divergence varie et
passe par gradations insensibles d'une espèce à l'autre. »
(( 3° Chez I'O. Karelini, les cornes dessinent une spire s'adaptant
à un cône dont la base est tournée vers le crâne; chez I'O. Poloi
c'est le sommet du cône inscrit dans la spire qui est tourné du
côté du crâne.
» Il est douteux que ce caractère ait quelque importance et Sir
V. Brooke n'en fait pas mention; du reste, s'il y a là une différence,
elle dépend probablement, comme la précédente, du degré de diver-
gence des cornes. »
« 4° Chez VO. Poloi, les cornes ont plus de quatre fois la longueur
du crâne; elles ne l'ont que trois fois chez I'O. Karelini.
)) Chez certains spécimens d'O. Karelini mesurés par MM. Brooke
chaque corne avait plus de trois fois et demie la longueur du
crâne, et parmi les têtes du Sarikol, certaines cornes, ayant la
courbure de celles de I'O. Karelini, mesurent 63 pouces de long,
soit plus de quatre fois la longueur des plus grands crânes que
l'ont ait jusqu'ici mesurés. »
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS &E L'AS^IE CENTRALE 145
(( La seule coiielusipn que l'on puisse tirer est qu'il n'y a pas de
différence constante et d'importance spécifique entre l'O. Karelini
et l'O. Poloi. ))
De l'espèce 0. Heinsl ou ne connaît que les cornes d'individus
non adultes, types de la description de Severtzov, qui ne sont très
probablement que des jeunes Ovis Karelini.
Quant à VOvis nigrimontana, il est à présumer que ce n'est en
somme qu'un diminutif et une race réduite de l'O. Poloi du Pamir,
localiséedansla chaîne moinsélevée des monts Kara-Taou. Severtzov
n'en a décrit également que les cornes qui, par leur épaisseur
basale assez forte, rappellent un peu celles du véritable Argali 0.
ammon, auxquelles M. Lydekker les a même assimilées. Mais on
trouve aussi des individus, appartenant incontestablement à l'es-
pèce 0. Poloi, dont les cornes sont assez massives à la base, témoins
celles représentées par M. Blanford, p. 328, lîg. 2, des Procerdings
de 1884. Étant donnée d'autre part la situation géographique de l'aire
d'habitat de l'O. nigrimontana, passablement distante de celle de
l'O. amnion, attenante au contraire à celles de l'O. Heinsi et de
VOvis Karelini, je suis plutôt porté à admettre son identité spéci-
fique avec ces deu.x dernières espèces, et partant avec l'O. Poloi.
En réunissant en une seule les aires d'habitat de ces différentes
races, on voit que l'O. Poloi peut être nommé à juste titre l'Argali
du Turkestan. Il occupe en effet les montagnes qui dominent au
nord et à l'ouest le bassin du Tarim, c'est-à-dire le massif du Thian-
Chan et le plateau du Pamir qui séparent naturellement le Turkes
tau oriental du Turkestan occidental. Dans ce vaste système orogra-
phique sont englobés : la haute et large cuvette de l'Issyk-Koul et
les bassins supérieurs de l'ili, du Tchou, du Naryn, du Syr-Daria,
de l'Amou-Daria et du Kachgar-Daria. Les points extrêmes que
visite l'O. Poloi sont : à l'est, les chaînes parallèles du grand et du
petit Youldouz, dernières ramifications du Thian-Chan dans le désert
de Gobi (Przewalsky), à l'ouest la chaîne des monts Kara-Taou
jusqu'à sa terminaison occidentale (Severtzov). Au nord, VO. Poloi
ne dépasse pas les frontières de la Dzoungarie et les hauteurs
situées à l'est de Kopal et de la province de Semiretchié; vers le
sud, il s'avance à travers le Pamir, le Sarikol, le Wakhan et le
Dardistan pour ne s'arrêter que sur les premières pentes du bassin
del'lndus, au nord des districts de Gilgit, Hunza, Nagar et Yassiu
iScully).
Przewalsky avait aussi indiqué la présence de l'O. Poloi sur les
crêtes de l'Altyn-Tagh, mais il y a lieu de croire à une erreur de
Mém. Soc. ZooL de Fr., 1898. xi. — 10
146 E. DE l'OIiSAROUES
délerniination ; les Ovines de celte rëtrion ;i^|);iit!ftin(Mit iilulAt. k
l'espèce (). Hodgsoni que nous étudierons [dus loin.
4. — Ovis AMMON Linnf''.
1766. Capra ammor} Linné, Syst. natur., édit. XIl, p. 97.
1776. Ocis fera sihirica milgo Argali Pallas, Spicil. zool., fasc. XI,
pp. 1 à 31, pi. 1 et 2.
1811 . ^goceros argali Pallas, Znograpli. ross. asùil., I, p. 231. i)l. XX
et XXI.
1840. Ovis ammon Blyth, Proc. zool. Soc. Londou, p. 65.
1862. /Egoceros (Ovis) argali Radde, Rets. Sud. r. Ost-Sihir., p. 238,
pi. IX, fig. 1 et 2.
1873. Ovis argali Severtzov, Turkestansk. Jeootn., pp. 85 et 86.
.^„„ . . ,. ( vav. monrjolica) „ ,, . ,
18/3. Oins aniali \ ,, Severtzov, Ibidem, p. 154.
^ ( var. altaica ) '
1873. ? Ovis collium Severtzov, Ibidem, pp. 86 et 154.
1876. Ovis jubata Peters, Mouatsber. Akad. Wiss. Berlin, XLI,
p. 177, pi. 1 à 4.
1877. Ovis argali Przewalskv, Reis. Mongol., p. 121-124.
1884. Ovis Darwini Przewalskv, Reis. Tibet, pp. 252 et 269, fig.
1896. Ovis ammon Blanford, Proc. zool. Soc. London, p. 787.
L'Ovis ammon ou Argali proprement dit est le plus grand des
Ovines actuels. Ses cornes sont plus courtes et de moindre enver-
gure que celles de l'O. Poloi, mais elles sont beaucoup plus épaisses
dans leur partie basale, et vont en s'amincissant graduellement
jusqu'à leur extrémité. Le pelage est d'un brun plus sombre et
les poils du dessous du cou, complètement ras en été, un peu plus
développés l'hiver, ne forment jamais qu'une frauge médiocre, ce
qui permet de distinguer facilement cette espèce de la précédente
et de la suivante. Sur le dessus du cou et principalement sur le
garrot, les poils s'allongent parfois en un semblant de crinière de
teinte plus claire que sur le reste du corps. Peters s'était principa-
lement basé sur cette particularité pour distinguer spécifiquement
les Argalis du nord de Pékin sous le nom d'Ovis jubata, et le même
argument a été réédité ensuite par Przewalsky pour son espèce
Ovis Darwini des monts Kour-Kou et du désert de Galbyn-Gobi. Je
doute que ce caractère ait réellement une importance spécifique,
pas plus que les différences secondaires invoquées par Peters, soit
eu ce qui concerne les dimensions du disque circumcaudal, soit
pour la coloration de la partie inférieure des pattes. MM. V. et B.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 147
Brooke nous apprennent en effet que, chez les vieux Argalis, le
pelage se nuance fortement de gris sur le dessus du cou et des
épaules et que le disque uropygal, large et nettement dessiné pen-
dant l'hiver, disparaît pour ainsi dire complètement en été. Quant
à la partie inférieure des membres, elle n'est pas toujours, chez
les Argalis des monts Altaï, d'un blanc aussi pur que Pallas et
Severtzov l'ont représenté pour les spécimens de la Daurie. Pallas
lui-même dit que pendant l'hiver le bas des pattes est légèrement
nuancé de brun; « levi a calcaneo fuscescenti umbra dilïusa». Dans
les galeries de zoologie du Muséum de Paris, l'on peut voir des
Argalis provenant de l'Altaï (MM. Chaffanjon et Mangini) dont
les pattes sont marquées latéralement d'un liseré sombre aussi net
que chez un autre spécimen rapporté par M. l'abbé A. David, des
montagnes de la Mongolie, c'est-à-dire des mêmes régions que le type
de VOvisjubata. Sur cet exemplaire les poils du garrot sont de même
teinte et à peine plus longs que sur le reste du corps et ne forment
pas une crinière bien évidente; cependant l'animal est bien adulte.
Du reste M. Matschie, qui a pu examiner de près le type de l'espèce
O.jiibata, le considère comme synonyme probable de VOvis argali.
Il convient d'ajouter toutefois que cet auteur distingue VOvis argali
de Mongolie de l'Ovin ammon de l'Altaï; mais la plupart des zoolo-
gistes contemporains ne comptent, avec raison, qu'une espèce
unique, Ovis ammon, sans même admettre, à titre de variétés, les
deux races altdica et mongollca créées par Severtzov.
L'aire d'habitat de VOris ammon est aujourd'hui assez restreinte
relativement à l'étendue de pays que cette espèce occupait à la fin
du siècle dernier. Au temps de Pallas, vers 1772, les Argalis abon-
daient sur toutes les montagnes de la Transbaïkalie, particulière
ment dans les monts Apfel et Adontscholon, près du Téraï-Nor, et
peut-être s'avançaient-ils vers l'est jusqu'au cours inférieur de
l'Amour, dans les chaînes du grand Khingan, des monts Stanovoï
et des monts Boureïa.
Vers 1831, dit Radde, les Argalis avaient déjà abandonné ces
dernières contrées, mais on en trouvait encore en assez grand
nombre près du Dalaï-Nor, sur les hauteurs arides situées entre
Soktoui et Abagatoui; l'hiver rigoureux de 1831 1832 les fit périr
en masse et les quelques rares survivants furent exterminés par
les chasseurs cosaques et mongols. Depuis cette époque, les Argalis
ont complètement disparu de la Daurie russe, du massif du Kenteï
et des montagnes du Baïkal. On ne les rencontre plus actuellement
qu'au sud du Kenteï, des Alpes de Tounka et de la pointe sud-
148 K. DE l'OUSAIlGUKS
onost (lu \:\r H;nk;il, dans les hauts bassins de la Selenga et de,
riénisei, dans la cliaine ch's inouïs Saïan et dans tout l'Altaï. De
là, en suivant les crêtes de l'Altaï méridional, les Ar},'alis tra-
versent diagonalcnient le désert de (îobi du nord ouest au sud-est,
atteignent les monts Kour-Kou (0. Dann'ni), et se répandent dans
tout le système de rin-('.hau,au nord de la boucle du lleuve .lauue.
Przewalsky signale en etïet l'Argali dans les monts Souma-Hada et
Khara-iNaryn-Oula, et même dans l'Ala-Cban. Vers l'est, ils s'éten-
dent jusqu'au nord immédiat de Pékin (0. juhata) Peters; peut-être
même outils gagné cette région autrefois en descendant directe-
ment du nord-est par les monts Kliingan. A l'ouest, l'Argali s'ar-
rête aux dernières pentes occidentales de l'Altaï et ne pénètre pas
dans le Turkestan. Toutefois, il n'est pas improbable (jue les Ovines
signalés par Severtzov dans les montages au nord du lac Balkach,
près de Karkaralinsk, ne soient également des Argalis; cette race
désignée par le savant russe sous le nom d'Onis coUium, serait à
VO. amiiion ce que l'O. nigrimontana est à ÏO. Poloi.
5. — Ovis HoDGSONi Blyth.
1833. Ovis ammon (var.) Hodgson, Proc. zool. Soc. London, p. 105.
1833. — /laj/aur (partim) Hodgson, Asiat. research, XVIII, pp. 133,
134, pi. X (crâne).
1840. — Hodgsonii Blyth, Proc. zool. Soc. London, p. 65.
1841. — — Blyth, Ann. nat. hist., vol. 7, p. 199.
1841 . — — Blyth, Journ. as. Soc. Bengal, X, pt. 2, p. 803.
18il. — ammonoid es Hodgson, Ibid. X, pt. 1, p. 230,
pl. I, fig. 1.
1842. — — Hodgson, Ibid. XI, pt. 1, p.283.
1846. — — Hodgson, Ibid. XV, p. 338 (3
planches).
1847. — Hodgsonii Blyth, Ibid. XVI,pt.l, p.358.
1847. — ammonoides Hutton, Ibid. XVI,pt.l,p.568.
1847. — ammonoides HohGsoN, Ibid. XVI, pt. 2, p. 701.
1858. Caprovis argali LErrn Adams, Proc. zool. Soc. London, p. 527.
1860. Ovis Hodgsonii Ph. L. Sclatek, Ibid. , p. 129.
1873. — — Severtzov, Turkestansk. Jevot nie {[exte russe)
p. 154.
1873. — Btythi Severtzov, Ibid. p. 154.
1875. — Hodgsonii Sir V. Brooke, Proc. zool. Soc. London, p. 520.
1875. — Poli Przewalsky, Mong. Tang. Solit. Xord. Tibet. (Texte
russe), I, p. 321-323, pl. VI et VII.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 149
1884. Om Hodgsoiii Przewalsky, Reis. Tih. ober. Lauf. Gelb. Fluss,
pp. 73, 110, 118, 163, 175.
1888. — /)a/aï-/amœ Przewalsky, d"^® voyage en Asie centrale,
texte russe, p. 276 (fig.).
1892. — Henrii A. Milne-Edwards, Rev. générale des Sciences,
p. 672.
1896. — //Of/^son? W. T. Blanford, Froc. zool. Soc. London, p. 787.
L'existence d'un véritable Argali sur le versant nord de la chaîne
de l'Himalaya fut signalée pour la première fois par Hodgson en
1833. « D'après des observations faites sur des spécimens vivants,
je puis assurer, dit ce zoologiste, qu'il existe deux espèces de Mou-
tons sauvages dans la région himalayienne ; l'un est une variété de
VOvis ammon, appelé Ban-bhêra par les indigènes, l'autre est une
race de VOnis musmon nommée Nayour ou Na'hoor. » Vers cette
époque, Hodgson eut entre les mains des dépouilles de l'un et
l'autre de ces deux Ovines; le crâne et les cornes d'un jeune
Ban-bhêra mâle, et la peau entière avec les cornes d'une femelle de
Nahoor. Trompé malheureusement par la non maturité du premier
de ces exemplaires, Hodgson crut avoir affaire aux deux sexes
d'une seule des deux formes sus-mentionnées, qu'il confondit en
les décrivant sous le nom d'Ores nayaur. Blyth ne tarda pas à
remarquer cette méprise ; dans son remarquable mémoire sur les
Moutons sauvages, publié successivement dans les Proceedings de
Londres (1840) dans les Anyials natural hhtory et le Journal aMatic
Society of Bengal (1841), ce savant zoologiste remit les choses au
point et distingua spécifiquement le Ban-bhêra sous le nom d'Ocîs
Hodgsonii. Entre temps, Hodgson lui-même reconnaissait tacitement
son erreur en dénommant de son côté l'argali himalayien Ovis
ammonoides, terme qui indique clairement les affinités de l'espèce,
mais qui doit le céder pour l'antériorité à celui qu'avait déjà pro-
posé Blyth.
Il faut reconnaître, toutefois, que c'est à Hodgson que nous devons
les premiers détails précis sur les caractères de VO. Hodgsoni qu'il
décrivit d'une manière complète, eu 1846, d'après la dépouille d'un
beau mâle de huit ans en pelage d'été. Voici d'ailleurs un résumé
de sa description.
La tête est haute et large au niveau de l'insertion des cornes, le
front concave, le chanfrein droit ou à peine arqué. Les larmiers
sont assez grands, profonds, non mobiles et masqués par les poils
qui garnissent leur cavité et leur orifice. La queue et les oreilles
sont très courtes. Les cornes sont massives relativement à leur
150 K. 1>K rOLSAlU;UKS
louiiueiir; leur t'|»;nss('iii' hasilaire est double de leur l.iiueur el leur
forme est trii^one, sauf à la base où les anjjles sont arroudis et la
section ovoïde. La face frontale est plane, la fronto-uuquale légère-
ment concave et l'orbitaire nettement convexe. Ces cornes sont
marijuéesde replis et de sillons transverses bien accusés et de.ssinent
une spire assez ample, mais d'un axe court, et serrée contre la tête
et l'encolure ; aussi leurs extrémités sont-elles peu distantes. En
élé, la livrée n'a pas de sous-poil laineux et se compose uniquement
de poils secs, rudes et cassants, très courts sur le corps, pre.sque
ras sur la tête et les membres, plus lonjçs sous le cou depuis la
gorge jusqu'au poitrail, mais non pendants et ne formant qu'une
frange peu apparente. I^e dos est d'un brun sombre, cette teinte se
mélange abondamment de gris-blancliàlre sur la tête, le cou, les
flancs et le devant des membres qui sont de couleur poivre et sel.
Le ventre, la face interne des membres, le derrière des cuisses, la
queue et un grand écusson uropygal vaguement délimité sont
d'un blanc roussàtre. Sur les parties les plus élevées du corps, la
teinte très sombre, presque noire, dessine comme une bande le
long du dos jusqu'à l'extrémité de la queue. La robe d'été des
femelles est semblable à celle des mâles; les cornes très compri-
mées sont moitié moins fortes, plus lisses, et s'incurvent en haut et
en dehors eu décrivant un peu plus d'un demi-cercle.
Les dimensions chez les deux sexes sont les suivantes :
o' Q
Longueur du nez à l'anus 1"73 l^Ga
Hauteur au garrot 0,% 0,88
Longueur ries cornes suivant la courbure ... 0.94 0,49
Circonférence à la base 0,40 0,20
Largeur à la base 0,087 0,04
Epaisseur ries cornes à la base . 0,15'2 0,070
Dislance entre les extrémités 0,52 0,40
Longueur de la queue sans les poils 0,0o8 0,032
Longueur rie la queue avec les poils 0,083 0,058
Longueur ries oreilles 0,114 0,114
Nous trouvons d'autre part, dans le mémoire du capitaine
Hutton, des détails complémentaires sur la robe d'hiver de cette
même espèce. Chez le mâle, le dessus du corps est d'un brun foncé
mêlé de gris, avec une bande dorsale plus sombre bien marquée
qui, en arrière, ne forme plus qu'une ligne étroite traversant le
disque de la croupe jusqu'à l'extrémité de la queue. Les flancs sont
d'une couleur brune lavée de blanchâtre ou de gris ardoisé; le
disque uropygal est bien délimité et d'un blanc sale. Sous la gorge
et le cou jusqu'au poitrail, les poils, longs de 15 à 18 centimètres.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 151
toiillus et pendants, sont blancs, entremêlés de quelques rares filets
bruDs. Sur le corps les poils n'ont pas plus de 5 centimètres de
loDg, sur la bande dorsale 7 i/2, et sur la crête du cou 9. Les parties
inférieures sont d'un blanc sale avec une ligne médiane noirâtre.
Sur la face externe des membres se voit uo liseré sombre; les
lèvres sont blanchâtres, et la face est d'un brun plus clair que le
corps.
Les femelles sont plus claires et plus grises que les mâles. La
gorge et le devant du cou, dépourvus de la longue frange pendante
des mâles, sont ardoisés et non pas blancs. La bande dorsale sombre
s'arrête au bord antérieur du disque de la croupe, qui est d'un
blanc jaunâtre, comme la queue. Le long de l'arête du dessus du
cou, à partir de la base des cornes, court une crête de poils laineux
longs de 16 à 17 centimètres, formant une crinière qui diminue
graduellement pour se perdre dans le pelage rude de la bande
dorsale. La face externe des membres, d'un blanc jaunâtre, est
dépourvue de liseré sombre. Dans les deux sexes, pendant la saison
d'hiver, on trouve sous le poil une laine fine et douce, de couleur
souris claire.
L'O. Hodgsoni est incontestablement très proche allié de l'O.
ammon; certains auteurs ne le considèrent même que comme une
race ou variété géographique de ce dernier, d'autres au contraire,
plus nombreux, en font une espèce bien distincte. Pour Blyth (1847)
les deux espèces n'en faisaient qu'une et les caractères sur lesquels
on se basait pour les distinguer n'étaient que des différences indi-
viduelles dont on avait exagéré l'importance. Hutton (1847) inclinait
au contraire à la distinction spécifique eu s'appuyant sur la forme
différente des cornes. M. Sclater n'a fait qu'efïleurer la question
sans la résoudre. Sir V. Brooke admet sans conteste la dualité
spécifique, opinion qui est également celle de Przewalsky. Ce
célèbre voyageur avait même d'abord confondu l'Argali du Tibet,
qu'il nomme Argali à poitrail blanc, non pas avec l'O. ammon, mais
avec l'O. Poloi,eX c'est sous ce dernier nom qu'il le désigne et le figure
dans la narration de son voyage en Mongolie (1875); mais quelques
années après (1884), dans le récit de son troisième voyage au Tibet,
il lui restitue son véritable nom,0. Hodgsoni, elle distingue nette-
ment de l'Argali des montagnes du Nord de la Chine. Severtzov va
plus loin; non seulement cet auteur distingue l'O. ammon de l'O.
Hodgsoni, mais il divise à son tour cette dernière espèce en deux
autres, l'une, 0. //orf^sonu, correspondant au type de Blyth, l'autre
qu'il nomme 0. Blythi ou Argali? var. tibetana. Enfin tout récem-
1.">2 F. riK POUSARGUKS
int'iit, M. Bliiiiford, dont la coiiipétence sur ce poiut est iudéiiialjle,
considère rAru:ali lihétaiu comme bien distinct de \0. iimmon.
(( Chez ce dernier, écrit l'émincmt zooloj^iste, les cornes sont plus
épaisses, pins longues et beaucoup plus tournées en dehors à
leurs extrémités, elles sont intermédiaires, pour la courbure,
entre celles de l'O. Uodfjnoni et celles de la forme O. Karelini de
l'O. Poloi. De |)lus on ne trouve pas sur les côtés et le dessous du
cou de IV). ammon, les poils allonjçés en frange qui ornent,
paraît-il, en tontes saisons, les mâles adultes de l'O. Ilodii^oni. »
Le Tibet doit être considéré comme l'habitai spécial de VOms
Hodgsoni. Cette espèce n'a jamais été vue sur le versant sud de
l'Himalaya. Dans le nord du Népaul ou la connaît sous le nom de
Ihui hhèra ou Bharal, c'est le i\yan des indigènes du Boutan et le
Nyen des Tibétains. Leith Adams nous apprend que la frontière
nord du Ladak et ses lacs forment la limite méridionale de l'aire
d'habitat de ces Moufïlons qui errent par grands troupeaux sur les
montagnes bordant la haute vallée du fleuve Yarkand, au nord
de la rivière Nobra. De rares individus auraient été signalés près
des sources du Gange, et M. Sterndale (1) cite un vieux mâle qui
aurait été vu rôdant au sud de l'Indus près de Zanskar, c'est-à-dire
dans le domaine d'une autre espèce, VOcis Vignei, avec laquelle il
aurait fait souche. Nous verrons du reste plus loin ce qu'il faut
penser de ce transfuge. C'est à Przewalsky surtout que nous devons
des renseignements bien précis sur l'habitat de l'Argali à poitrail
blanc. Au cours de son premier voyage dans le nord du Tibet, ce
hardi voyageur rencontra l'O. Hodgsoni dans les monts Bourkhan-
Bouddha, la chaîne sud du Koukou-Noretles montagnes du Kan-Sou,
près des sources de l'Edzina. Quelques années plus tard, dans sa
course au Lob-Nor, il signala dans la chaîne de l'AltynTagh quel-
ques rares Argalis qu'il prit pour des O.Po/oi, mais qui appartiennent
très probablement à l'espèce qui nous occupe (2). Enfin dans la
relation de son .> voyage dans le Tibet et le l)assin supérieur du
Hoang-Ho, Przewalsky indlcjuc successivement la présence (ieVOvis
Hodgsoni dans les monts Bourkhan-Bouddha et Schouga, puis sur les
rives du Nomochum-gol, dans la passe Tchium-tchium des monts
Marco-Polo, sur la crête des moûts Baïan-Kara-Oula, Koukou-
Tschili , Tolaï et Gurbu Gundsouga, et enfin dans les passes des monts
Dumbere;en un mot dans tout ce chaos inextricable de montagnes et
de pics qui constitue l'extrémité orientale de la grande chaîne du
(1) Sterndale. Pr. zool. Soc. London, p. 205, 1886.
(2) Voir la note additionnelle (1) au bas de la page suivante.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIK CENTRALE 153
Kouen-LuQ(l). Vers le sud-est, VO. Hodgsoni s'avance dans le Tibet
oriental jusque près des frontières du Se-Tchouan et du Yun-Nan;
témoin la jeune femelle prise dans ces parages, entre le Tengri-Nor
et Batang par M. Bonvalot et le prince Henri d'Orléans, pour laquelle
M. A. M il ne- Edward s avait proposé le nom d'Ocis Henrii, mais dont
les caractères concordent avec ceux que Hutton assigne aux femelles
de VO. Hodgsoni en pelage d'hiver.
En résumé l'on peut dire que, du sud au nord, VOins Hodgsoni
descend de terrasse en terrasse à travers le Tibet, du versant nord
de l'Himalaya jusqu'à la crête de l'Altyn-Tagh. De l'ouest à l'est,
il part des hauteurs du Karakoroum (2) faisant face au Tibet et de
la haute vallée de l'Yarkand, longe la bordure nord du bassin de
rindus, suit les monts Tang-La et Gangri,et parcourt toute la vallée
du Tsan-Po pour se répandre dans le massif montagneux du Tibet
oriental et sur les premières pentes tournées vers la Chine. Au
nord, les chaînes du TogouzDaban de l'Altyn-Tagh et du Kouen-
Lun le conduisent aux monts Nan-Chan, sur la crête du bassin du
Koukou-Nor et dans le massif du Kan-Sou jusqu'au bassin supé-
rieur du fleuve Jaune,
Ovis Brookei \Vard, = 0. Hodgsoni cf X 0, Vignei 9 Sternd,
1874, Ovis Brookei Edw. Ward, Proc. zool. Soc. London, p. 143.
1873. — — SirV. Brooke, Ibid. p. 321.
1886. 0. Hodgsoni cf X 0. Vignei 9 Sternuxle, Ibid., p, 203,
Sur les confins sud-ouest de l'aire d'habitat de VO. Hodgsoni,
vivent d'autres Ovines, 0. Vignei (Blyth) qui, vers l'est, ne dépassent
pas la haute vallée de l'Indus et le Ladak où on les désigne sous les
noms de Sha ou Shapoo. De ces régions élevées ces Moufïlons des-
cendent vers l'ouest, gagnent les chaînes du Soulaïman et de
(1) Ajoutons que. pendant son quatrième voyage dans l'Asie centrale, Przewalsky
rencontra dans l'Altyn-Tagli, le Tchamen-Tagh, et dans la vallée du Kbatyn-Zan
à l'ouest du versant sud de la chaîne du Tsaïdam, un Ovine qu'il nomme Ovis
Dalaï-lamœ. Cet Argali est, à n'en pas douter, le même que celui nommé Oois Poloi
par Przewalsky dans son voyage au Lob-Nor, mais n'est autre aussi que l'Argali à
poitrail blanc Orf.s //or/(/.<on(. Przewalsky lui-même émet des doutes sur la validilé
spécifique de \'0. Dalaï-lamœ, et nous apprend qu'il ne ditïère de VO. Hodgsoni
que par ses cornes plus courtes et quelques indices de teinte sombre dans la région
préfémorale.
(2) Dans la direction nord-ouest, M. Blanford fait même remonter VOvis Hogdsoni,
jusqu'à Taghdumbash au nord de la chaîne du Karakorum, sur les frontières du
Tibet et de la Kachgarie (Scient, results. Sec. Yarkand .^Iiss. (Mamni.), p. 84, 1879j.
D'après ce fait les aires d'habitat del'O. Poloi et de VO. Hogdsoni, seraient presque
en contact au sud-est du Pamir.
154 K. 1)K l'OrSAlUîUES
riliiidoii-Kmicli l'I se disperst'ul cliiiis les p;irlies iiionla^ueusos de
rA(i,Miiinislan et du Boloiitcliislaii jiis(|iraiix frontièn's (l(; la Perse.
Cette aire de répartition se trouve eu dehors des limites que com-
porte cette étude, et VO. Vi(jnvl est un de ces types iucursionnistes
qui ne doivent pas être considérés comme appartenant à la faune
de l'Asie' centrale. Il convient pourtant de si^nialer incidemment
cette espèce en raison des cas très curieux d'hybridation observés
à l'état sauvage entre un niAle du type 0. Hodgsoni égaré au sud de
rindus et des femelles d'O. Vignei, et dont les produits se rattachent
ainsi indirectement à notre sujet. Sir V. Urooke est d'avis qu'il
faut considérer comme un de ces hybrides lindividu décrit sous
le nom d'O. Hrookri par M. Edwin Ward en 1874, bien avant que
ces croisements aient été signalés. Dans sa description, M. Ward
avait d'ailleurs attiré l'attention sur les dimensions et la forme
particulière du crâne et des cornes de VO. JirooJxci dont les carac-
tères mixtes participaient à la fois de ceux de Vu. Hodfisoni et de
ceux de VO. Vignei. On eut l'explication de cette énigme quand, en
1886, sir V. Brooke fit connaître les intéressantes observations de
M. Sterndale qui expose les faits dans les termes suivants.
« Dans les montagnes qui limitent au sud la haute valîée de
rindus, près de Lanskar, on signala, durant quelques années, la
présence d'un grand mâle d'O. Hodgsoni au milieu d'un ti'oupeau
d'O. Vignei dont les béliers, plus faibles, furent successivement
chassés par ce puissant rival qui accapara et s'appropria leurs
femelles. Finalement, ce bélier fut tué un hiver et dévoré par les
Loups Ghanco du Tibet; mais, pendant son séjour, il avait donné
naissance à une famille d'hybrides à tète massive, à forte encoruure
et dont les teintes de la livrée offraient une combinaison de celles
des deux parents. Cependant, ces métis se croisèrent à leur tour
avec des 0. Vignei de sang pur, et ces produits de 3°»'' génération
montrèrent des signes évidents de retour au type 0. Vignei et de
dégénérescence d'avec la forme 0. Hodgsoni ».
M. Sterndale fait remarquer du reste que les indigènes eux-
mêmes ne s'étaient nullement mépris sur l'origine de ces demi-
sang et de ces quarterons qu'ils nommaient Nyan-Shapoo, terme
composé des deux appellations respectives des parents (Nyan = 0.
Hodgsoni.) (!>hapoo = 0. Vignei.)
11 ressort de ces faits bien précis que l'O. Hodgsoni peut se croiser
avec d'autres espèces congénériques (1), et donner naissance à des
(1) M. Lydekker signale également un cas d'hybridation entre Ovis Vignei r^ et
Ovis Hodgsoni y. Ce produit ne diffère donc de VOvis Brookei que par l'inversion
des sexes des deux facteurs. Royal natural history, II, p. 220, 1894.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE lo5
produits féconds. J'insiste sur cette conclusion, car elle n'est pas
sans importance au point de vue de la distinction plus que géné-
rique du Nahoor que nous devons étudier dans le chapitre suivant.
Ce type de transition que l'on avait jusqu'ici rangé parmi les Ovines
en le considérant soit comme un véritable Oris, soit comme un
Mouton aberrant Pseudois, appartient en réalité au groupe des
Caprines, comme l'ont prouvé les recherches récentes des zoolo-
gistes.
Nous avons pu constater, d'après cette étude, que les trois espèces
d'Ovines de l'Asie centrale occupent chacune une aire d'habitat
parfaitement définie, à ce point que l'on peut les désigner et les
distinguer par le nom des contrées dont elles caractérisent la faune.
Ainsi VOvis Poloi est l'Argali du Turkestan,
VOvis nmmon, l'Argali de Mongolie,
VOvis Hodgsoni, l'Argali du Tibet.
En considérant dans leur ensemble ces aires de distribution par-
tielles, on voit qu'elles forment une vaste zone circulaire, englobant
tout le Tibet, le Turkestan oriental et les parties occidentale et cen-
trale du désert de Gobi. Du coté du nord-est, cette zone est plus
distante qu'autrefois des régions occupées par l'espèce congéné-
rique du Kamtchatka Ocis nimcola Esch.; à l'ouest, au contraire,
elle confine au domaine des Musimones de la région méditerra-
néenne. En effet l'habitat de VOris Hodgsoni attient à celui de l'Ovis
Vi(/nei et d'autres formes à peine distinctes de ce dernier Ociscyclo-
ceros Hutton et Oris Blanfordi Hume ; d'autre part la patrie de
VOvis Poioi tend vers la Transcaspie habitée par I'Obis arfca/ (Br.) (1)
espèce mal connue, formant comme un trait d'union entre les sous-
genres Ovis et Musimon de Severtzov, et présentant des caractères
mixtes dont la nature et l'origine n'ont pas encore été bien éluci-
dées, mais qui ne sont peut être que la résultante d'une hybrida-
tion analogue à celle dont VOois Brookci Ward nous a offert un
exemple ; ces caractères s'étant conservés et perpétués par suite de
la séparation et de la retraite des deux espèces souches.
A part ces quelques considérations, il n'y a rien à ajouter aux
admirables conclusions qui terminent le savant mémoire de MM.
Victor et Basil Brooke, conclusions que les quelques nouveaux faits
réunis dans ce travail ne font que confirmer de la manière la plus
complète.
(1) Suivant M. Daiivergne, VO. arkal (Br.) et l'O. Blanfordi (Hume) seraient
identiques. Bull. Mus. hist. nal., p. 217, 1898.
156 K. IIK l'OlJSARGLKS
Sous-famille des CAPRINES
Le lerme Caprinea est soiiveul l'iiiployé ilaiis une acception plus
large ((ue celle que uous lui ullriltuons ici, el bien des Zoologistes
englobent sous ce titre les Ovinéa. Je crois cependant qu'il serait
utile de maintenir celte division. Il est incontestable que les Ovittés
se ratlaclienl par des liens très étroits aux Caprines, el l'on consi-
dère avec raison le Nalioor du Tibet et le Moufïlon à maocheltes de
Barbarie comme un double trait d'union reliant ensemble ces deux
sous-familles. Ces deux tyi)es de transition présentent en etiel des
caractères réellement mixtes et intermédiaires dont on ne peut
niéconnaîlre l'importance. Mais aussi, ne tient-on pas trop faible
compte de ceux, moins hétérogènes, moins hybrides si l'on peut
dire, fournis par la nature el les teintes du pelage, par le genre de
vie, les mœurs et les habitudes de ces animaux, par cet air de
parenté, de famille qui, à défaut d'autres indices plus sûrs, ])euvent
éclairer sur les véritables afïinilés des êtres? Sous ce rapport le
Moufïlon à manchettes 0. tragelaphus n'est-il pas plus 0ms que
Capra, et ne doit-on pas convenir qu'il ressemble à VO. cydoceros
plus qu'atout autre type caprin? Les tendances du Nahuor, au con-
traire, ne sont-elles pas visiblement dirigées vers les Capra et
n'est-ce pas dans ce groupe des Caprines qu'il doit être rangé
comme on l'a proposé récemment? C'est cette dernière question
que nous nous efforcerons de résoudre dans ce chapitre.
4. — Genre PSEUDOIS Hodgson.
6. — PsEUDOIS NAHOOR HodgSOU.
1833. Ovis na!/ttu?-( parti m) Hodgson Âsiat. research. Calcutta, XVIU,
pt. 2, p. 135, pi. 9.
1834. — nalioor Id. Proc. zool. Soc. London, p. 107.
1841 . — — Id. Journ. As. Soc. Bengal, X, pt. 1, p. 231,
pl.I, fig. 2 et pi. II.
1841. — — Blyth Ann.nat. hist., VII, p. 248, pi. V,fig. 7.
1841. — burrhel Id. Ibid. pi. V, fig. G.
1846. Pseudois nahoor Hodgson, Journ. as. Soc. Bengal, XV, p. 343.
1847. _ _ Id. Ibid., XVI, pt. 2,
p. 702.
1858. — — LeithAdams, Proc. zool. Soc. London, p. 527.
1868-1874. Ocis nahoor A. Milne-edwards, Recherch. s. les Manimi-
fères, p. 357, pis. 68 et 69.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 157
1875. Pseudois nahoor Przewalsky, Reis. Mongolie, p. 219 et 392,
pi. VI, fi-. 1.
1875. Pseudois hurrhel Id. Ibid. pi. V.
1879. Pseudo-nnhoor Przewalsky, From Kulja ta Lob-Nor, p. 85-
1879. Ovis nahura Blanford, Scient. Rcsult. sec. Yarkand Miss.,
p. 85, pi. XIV.
1880. Pseudois nahoor Lydekker, Journ. as. Soc. Bengal., XLIX,
pt. 2, p. 13i.
1884. — — Przewalsky, Reise in Tibet, p^p. 72, 110, 119,
163, 175, 218, 236.
1891 . Ovis nahoor W. L. Sclater, Catal. Mam. Indian Muséum, II,
Calcutta, p. 140.
1896. Capra? nayaur Matschie, Sitz- Ber. Ges. naturf. Freunde
Berlin, n" 6, p. 97.
Le plus ancien nom donné à l'animal qui fait le sujet de ce cha-
pitre est celui de Nayaur, mais comme dès le début Hodgson avait
par erreur attribué la même dénomination à l'O. Ilodgsoni, il est
préférable, afin d'éviter toute confusion, d'employer, ainsi que l'ont
fait du reste la plupart des zoologistes, le nom de Nahoor proposé
ensuite par Hodgson. Le Nahoor, appelé aussi Bharal, est trop connu
pour qu'il soit nécessaire d'insister ici sur les caractères de sa
livrée et la forme de ses cornes, et je renverrai pour cela aux des-
criptions et aux nombreuses figures publiées par les auteurs cités
dans la bibliographie. Il est au contraire une autre question plus
intéressante, controversée pendant de longues années, et dont
l'étude n'a été reprise qu'à une date relativement récente; c'est
celle du rang générique et sous-familial du Nahoor, qui nous
occupera exclusivement.
« Le Bharal de la région tibétaine, écrivait M. Lydekker, est un
de ces animaux particulièrement intéressants, mais en même temps
particulièrement embarrassants pour les naturalistes, en raison
des affinités qu'il présente avec deux groupes distincts, et ce n'est
pas chose facile que de déterminer avec précision le rang qu'il doit
occuper dans l'échelle zoologique. Le Bharal présente en effet des
points de ressemblance, d'une part avec les Moutons, d'autre part
avec les Chèvres ; et ces caractères mixtes semblent avoir été la
cause de l'extrême divergence d'opinions des naturalistes con-
cernant le genre auquel cet animal doit être rapporté. »
Pour résoudre définitivement cette question, il est nécessaire d'en
exposer complètement l'historique.
Quelques uns des caractères qui distinguent le Nahoor des vrais
1.S8
K. PI l'OUSARGUES
Ovines n'avaieut pas échappé à la |)erspicacilé cl'iIO(l};soii (jui, peu
de temps a|)rès avoir décrit cet animal comme un Oris, proposa de
le distihf^uer p;énéri(jiiement sous le non» de Pseutlois, en raison
de la forme et de la direction particulière des cornes, de l'absence
de larmiers, du manque de crinière, et de la lonjs'ueur notable de
la queue. Cette opinion fut partaj^ée |)ar certains auteurs, entre
autres (iray, Leith Adams, Przewalsky, mais rejetée par le plus
grand nombre. Le désaccord des zoologistes sur ce point de nomen-
clature durait depuis longtemps et menaçait de s'éterniser, (fuand
parut, en 1880, une note très documentée de M. Lydekker sur ce
sujet en litige. Dans ce travail, M, Lydekker reconnaissait la jus-
tesse des observations d'Hodgson, puis, reprenant sous une inter-
prétation nouvelle les arguments émis par cet auteur et fournissant
pour sa part des preuves craniologiques de première importance
et complètement inédites, M. Lydekker établissait un savant
parallèle entre les atïinités ovines et caprines du Nahoor. Ce paral-
lèle peut être résumé de la manière suivante :
CAPRA
Pas fie hinniors.
PSEUDOIS
Os lacrymnl no prosontant aucune dépression.
Basi-occipital de forme oblongue, à tubercules
postérieurs plus forts et plus proéuiinents (jue
les antérieurs, mais situés sur la inén\e li;.'ne
antéro-postérieure.
Cornes d'un brun noirAtre sombre, marquées
seulement de fines stries transversales, avec
ou sans nodosités antérieures ; extrémité de
la première courbure dirigée en arriére et en
haut.
Queue relativement assez développée et garnie de
longs poils.
Pores interdigitaux aux
membres antérieurs
seulement.
O VIS
Des larmiers.
Os lacrymal présentant
une dépression pro-
fonde.
Basi-occipital beaucoup
plus large en avant
qu'en arriére, à tuber-
cules antérieurs plus
forts et plus écartés
que les postérieurs.
Cornes d'un brun jau-
nAtre clair, marquées
de replis transver-
saux complets, extré-
mité de la première
courbure dirigée en
avant et en bas.
Queue très courte à
poils ras.
Une barbe mentonnière.
Odeur caprine.
Pores interdigitaux à tous les membres.
Pas de barbe mentonnière.
Pas d'odeur.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 159
Comme on le voit, les caractères caprins l'emportent en nombre
et surtout en importance sur les caractères de nature ovine;
néanmoins M. Lydekker concluait à leur équivalence; car, tout en
maintenant le genre Pseudois, il ajoutait :
(( Le Nahoor est incontestablement le véritable trait d'union
entre les genres Ovis et Capra, et il est difficile de dire auquel des
deux il est le plus étroitement apparenté >).
M. Lydekker est revenu depuis sur cette manière de voir, et
renonçant au genre Pseudoi^, a replacé le Nahoor parmi les Ovis (1).
C'est également cette dernière dénomination générique qui a été
adoptée par M. W. L. Sclater dans son Catalogue des Mammifères
du Musée de Calcutta; bien que, rééditant les arguments d'Hodgson
et de M. Lydekker, ce savant zoologiste insiste sur l'extrême res-
semblance du Nahoor avec le Capj'u cylindricornls Blyth (2) à tel
point que l'on peut, dit-il, considérer ce Bouquetin comme repré-
sentatif du Nahoor dans le Caucase. Cette ressemblance est en efiet
des plus frappantes. La taille et le port du Nahoor plus bas sur
pattes que les Moufflons, la couleur, la forme et la direction de ses
cornes, les taches noires qui marquent sa livrée sur le chanfrein,
le dessous du cou, le poitrail, le bas des flancs et la face antérieure
des membres, sont autant de caractères qui, de prime abord, dis-
tinguent cet animal des Moutons, et lui donnent un air de parenté
indéniable avec les Caprines et surtout avec le Bouquetin du Cau-
case C. ciiHndrkornis et celui des Pyrénées et des montagnes de
l'intérieur de l'Espagne C. pyrenaica Schinz.
Tout récemment, M. Matschie vient de donner à cette question
controversée un regain d'intérêt et d'actualité en excluant défini-
tivement le Nahoor du groupe des Ovines pour le ranger dans celui
des Caprines. A l'appui de cette thèse, M. Matschie fait valoir la
prédominance incontestable des caractères caprins ci-dessus indi-
qués, et produit en outre de nouveaux arguments dont on ne saurait
méconnaître la valeur.
Le savant mammalogiste de Berlin invoque ensuite le témoignage
et l'autorité de Przewalsky eu ce qui concerne les mœurs essen-
(1) Mamm. living and extiucl, p. 35i, et Royal natural liistory, II, p. 2.31.
(2) Blyth avait tout d'abord considéré ce Bouquetin comme un véritable Ot'is
proche allié du Biirrhel (Journ. as. Soc. Bengal, X, pt 2, p. 870, 1841).
Quelques années plus tard, dans sa réplique à Hodgson, Blyth écrivait encore:
<( Thèse two himalayan species (Nahoor et Burrhel) instead of being complète
Mouillons, are, so far at least as their horns are concerned, most pai ticularly unlike
0. musimon, and form a lilllegroup per se, unless 0. cylindricorais should prove
lo range with them. » {Jour. as. Soc. Bengal, XVI, pt 1, p. 363^ 1847.)
KiO K. I)K l'Ul SAHGIKS
lielleiiHMit caprines dos Nahoois, (jiii hiMeiil comiiu^ des Bou(|iio-
tiiis, siirienl comme eux lorsrm'uii dauber les menace, se jjusent
sur les étroites corniches des rochers et fjjrinipeut sur les arbres
inclinés : ce que ne font jamais les Mouillons. Aussi Przewalsky
désigne-t-ille Nahoor comme un Hou<iuetin (>s7^ni/^ocA-), à l'exemple
des Moni^ols qui le nomment Koukon yanan, ce qui veut dire [Houe
bien). Enliu M. .Matschie discute les conclusions que l'on peut tirer
du mode de distribution géosraphicjue des espèces de Moulions et
de Bouquetins, et démontre qu'on ne trouve jamais vivant dans
une même région qu'une seule espèce de Moulllon, auquel se trouve
souvent associé un Bouquetin.
Or le Nahoor, considéré en tant qu'Ouînt', ferait exception à cette
règle par sa cohabitation avec l'O. Hodgsuiù dans le Tibet; il la
confirme au contraire en tant que Caprine, et suivant cette dernière
interprétation, le Tibet posséderait son Bouquetin tout comme les
autres chaînes de l'Asie centrale.
A tontes les preuves que nous venons de rappeler, on peut en ajou-
ter une dernière. Sur le seul point de son aire d'habitat confinant à
celui d'un autre Moufflon, dans le Ladak, nous avons vu VOvis
Hodgsoni s'allier à l'O. Vignei et de ce commerce naître des pro-
duits féconds 0. Brookci ; d'où l'on doit déduire la possibilité du
croisement de l'O. Hodgsoni et de l'O. Vignei ii\ec toute autre espèce
véritablement ovine. Or jamais ce fait n'a été observé ni entre le
Nahoor et l'O. Vignei que le D'" Cayley affirme cependant avoir vus
paissant dans les mêmes vallées du Ladak, ni entre le Nahoor et
l'O. Hodgsoni qui pourtant vivent cùle à côte sur toute l'étendue du
Tibet. Les assertions d'Hodgson sur ce dernier point sont formelles :
(( Jamais, écrivait-il, les Moutons sauvages proprement dits ou
Nyens, 0. Hodgsoni, ne se mêlent aux Nahoors. » Et plus loin :
« Jamais les Nahoors et les Nyens ne se mêlent ni ne s'approchent ;
jamais non plus les Nahoors mâles n'ont eu de commerce sexuel
avec les Moutons domestiques, aussi longtemps qu'on ait pu les
faire vivre ensemble eu parfait état de domesticité. »
Que conclure de ces observations et de tous ces faits significatifs
sinon qu'il y a une difïérence plus que spécifique entre les Ovis et
le Nahoor, et déplus que ce dernier, comme le dit M. Matschie, doit
être retiré du groupe des Ovines pour être rangé dans celui des
Caprines. Est-ce à dire pour cela qu'il faille considérer le Nahoor
comme un véritable Capra, ainsi que paraît l'insinuer M. Matschie
qui le nomme Bouc du Tibet (Steinbock von Tibet) ou Chèvre aber
rante (etwas aberrante Ziegej? Je ne le crois pas. Une telle solution
ETUDE S[JR LES RUMINANTS DE L ASIE CENTRALE
JBl
serait trop radicale, et cette ideutificatioD générique irait plus loin
que ne le permettent les caractères du Nahoor qui ne concordent
pas tous absolument avec ceux du genre Capra. Je proposerais
plutôt de faire rentrer le Nahoor dans le groupe des Caprines, tout
en lui conservant son indépendance générique {Pseudois). Ce groupe
comprendrait dès lors 3 genres : l'un typique, Capra, le second,
Pseudois, reliant les Caprines aux Ovines, le troisième, Hemitragus,
tendant vers les Némorhédiens ou Antilopes-Chèvres. Ces trois
genres pourraient être distingués de la manière suivante :
PSEUDOIS
CAPRA
HEMITRAGUS
1.
Poies interdigitaux à
tous les membres.
Pores inlerdigitaux
aux membres anté-
rieurs seulement.
Pas de pores interdi-
gitaux.
2.
lieux mamelles.
Deux mamelles.
Quatre mamelles.
3.
Cornes très inégales
dans les deux sexes.
Cornes très inégales
dans les deux sexes.
Cornes presque égales
dans les deux sexes
4.
Pas de barbe inenton-
tonnière.
Une barbe menton-
nière.
Pas de barbe menton-
nière.
r^.
Pas de rhinarium.
Pas de rhinarium.
Un rhinarium.
6.
Pas d'odeur.
Odeur caprine.
Odeur caprine.
D'après ce tableau, l'on peut se convaincre que le Nahoor diffère
moins des Capra que V Hemitragus, et il serait à désirer que des
essais de reproduction fussent tentés eutre le Nahoor et des repré-
sentants du genre Capra, comme on l'a pratiqué avec succès pour
VHemitragus. La réussite de cette contre-épreuve serait la confir-
mation définitive des affinités et de la nature caprines des Pseudois.
Le Nahoor est essentiellement tibétain, et l'on peut dire qu'on le
rencontre partout où vit le Nyen, Ocis Hodgsuni. Son aire d'habitat
est même plus vaste que celle de l'Argali du Tibet et s'étend davan-
tage vers le nord-est et le sud-est.
A l'ouest, le Nahoor habite les pentes du Karakoroum ; on l'a
signalé à Tain, près de Sandjou (Stolickza), dans les hautes vallées
de l'Yarkand et du Khotan-Daria, ainsi que dans le Nobra et le
Ladak (Leith Adams). De ces points les plus occidentaux de leur
aire d'habitat, les Nahoors se dispersent à travers tout le Tibet. Au
sud, ils suivent les hautes vallées de l'indus, du Sutledj et du
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898.
XI. — li,
162 E. DE POUSARGL'ES
Tsaii-Po, et piircoureiil le Népaul, le Sikkirn el le Boulîm sur les
deux versîints de la rhaîne de l'Iliunilwya (Hodjxson, Blylli, .Icrdon).
Au nord, les Nalio(»rs lonp:eut les nioulagues qui forment la limite
méridionale du Gobi (Togouz-Dahan, Altyn-Tagh, \au Chan), d'où
ils remontent par les monts Ala-Chan et Khara-Naryn-Oula jusqu'au
nord de la grande boucle du Hoang-Ho et du |)ays des Ordos
(Przewalsky). Entre ces deux limites extrêmes nord et sud, ou
signale encore le Nahoor sur les différentes chaînes intermédiaires
qui forment les échelons des principales teirasses tibétaines. Le
Kouen-Lun les amène jusque dans les montagnes du Koukou-Nor,
du Kan-Sou et de la principauté de Moupin (R. P. A. David). Enfin,
par les monts Tang-La et Gangri, ils atteignent le massif du Tibet
oriental et pénètrent dans les provinces chinoises du Se-Tchouan et
du YuQ-Nan jusqu'à Ta-tsien-lou et Tsékou, où ils doivent être
abondants, à en juger par les nombreuses dépouilles que le Muséum
de Paris a reçues de ces localités.
5. — Genre CAPRA Linné.
7. — Capra sibirica Meyer.
1776. Ibejc alpium sihiiicarum Pallas, Spicil. zoolog., fasc. XI, p. 31.
1794. Capra sibirica Meyer, Zool. aun., I, p. 397.
1811. /Egoceros ibex Pall., Zoograph. ross.-asiat., I, p. 224, pi. XV,
fig. 1 et 2.
1840. Himalaga ibex Blyth, Proc. zool. Soc. London, p. 80.
1842. Capra ibex Hodgs., Jouru. asiat. Soc. Bengal., IX, pt 1, p. 283.
1842. Capra sakeen Blyth, Ibidem.
1844. .Egoceros sibiricus Wagner, Schrrb. Savyelh. Sappl., IV, p. 490,
pi. 281.
1844. .Egoceros skyn Wagner. Schreb. Sàngeth. SuppL, p. 491.
1858. Capra himnlayana Leith. Aoams, Proc. zool. Soc. London,
p. 523.
1862. jEgoceros (Capra) sibiricus Radde, Heis. im Sud u. Ost-Sibir.,
p. 243, pi. X.
1873. Capra sibirica, Capra skyn Severtzov, Turicest. Jerotn,, p. 102.
1876. — — — — Id. traduct. Ann. Mag. nat.
hist., (4) XVIII, p. 334.
1874. Capra sibirica Jerdon, Mamm. of. India, p. 292.
1877. Capra sibirica Lydefîker, Journ. as. Soc. Beng., XLVI, pt 2,
p. 286.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 163
1877. Capra sibirica? Przewalsky, Reis. in Mongolei, p. 489.
1879. Capra skyn Przewalsky, h'rom Kulja ta Lob-Nor, p. 45.
1879. Capra sibirica Blanford, Scient, res. sec. Yark. Miss. (Mamm.),
p. 86.
1881. Capra sibirica Scully, Proc. zool. Soc. London, p. 209.
1884. Capra sibirica Sterndale, Mamm. of India, p. 444.
1884. Capra sibirica Przewalsky, lieis in Tibet, pp. 252, 272.
1886. Capra sibirica Ph. L. Sclater, Proc. zool. Soc. Londou, p. 316.
Pallas confondait en une seule et même espèce tous les vrais
Bouquetins {Ibex) connus de son temps, tant ceux des Alpes que
ceux des monts Altaï et de l'Himalaya (les Bouquetins d'Egypte et
d'Arabie C. nubiana (Cuv.) et ceux d'Abyssiuie C. walie (Rupp) étaient
alors ignorés. (De Africa enin nondum constat.) Spicilegia 1776).
Nous lisons en effet dans la zoograpliie russo-asiatique de cet auteur :
(( .Egoceros ibex in summis cacuminibusalpium sayanensium prae-
sertim, rarius altaicarum pascitur. . . in summis jugis, inter Son
gariam atque Tarlariam magnam finesque Indiae et Tibetum sitis,
frequens esse dicitur... in Helvetia (juoque hanc ipsani specieiu
dari. . . satis confirmatur (1811). »
Entre temps, Meyer avait reconnu dans les Bouquetins du sud
de la Sibérie une espèce Capra sibirica différente de celle des
Alpes, et plus tard (1840', ceux de l'Himalaya furent à leur tour
distingués spécifiquement par Blyth, sous le nom de Capra sakeen.
Le Sakeen ou Skyn de l'Himalaya, écrivait Blytb, a la barbe rudi-
mentaire et les teintes du Bouquetin des Alpes C. ibex L., mais
ses cornes sont plus longues, moins divergentes, plus massives à
la base, plus grêles dans leur portion moyenne, plus effilées à leur
extrémité (1840).
Quant à la distinction du Capra sakeen d'avec le Capra sibirica,
Blyth ne l'ait que l'affirmer sans fournir aucune preuve et se contente
de dire que le Sakeen diffère plus encore du Bouquetin de Sibérie
que ribex des montagnes de la Suisse (1842j. Depuis cette descrip-
tion bien insuffisante, aucun auteur, ainsi que le fait remarquer
avec raison M. Ph. L. Sclater, n'a comparé sérieusement les Bou-
quetins de l'Himalaya à ceux de l'Altaï.
Le Muséum de Paris ne possède malheureusement aucun spécimen
provenant de l'Himalaya, de sorte qu'il m'est également impossible,
faute de terme de comparaison, d'établir si les types himalayieus
diffèrent réellement des types sibériens. Je me contenterai donc
d'exposer ici brièvement les diverses opinions émises par les
164 E. DE POUSARGUKS
Hiileurs, et les ohsoivalions que j';ii pu faire sur les exeuiplaires
sibériens de la collection du Muséum de Paris.
\Vai;ner esl à peu près le seul zoolo:;iste qui ail admis la distinc-
tion des deux espèces de Bouquetins asiaticjues; mais il ne joint
aucune preuve nouvelle à la description trop sommaire de Blytli
qu'il ne fait que reproduire. Au cotilraire la plupart des auteurs,
entre autres ceux de l'Inde, dont le temoij;na}j:e est ici d'un grand
poids et particulièrement précieux, ne partagent pas celte manière
de voir.
Leilli Atlams, il est vrai, désigne le Bouquetin de l'Himalaya sous
un nom spécial C. himalayana, mais il ajoute avoir vu au Musée
de Derby à Liverpool un spécimen de C.sihiriccules monts Altaï qui
lui •( paru être identique à la variété du Ladak. (lontrairemenl à ce
qu'avait énoncé Blylb, Jerdon donne au Bouquetin de l'Hinifilaya
une longue barbe (15 à '20 centimètres), et l'assimile au C. aibiriva.
Toutefois, cet auteur signale les spécimens du Baltistan comme
constituant une variété à teintes d'un brun sombre avec, sur le
milieu du dos. une large tache d'un blanc jaunâtre en forme de
selle traversée par la bande spinale plus foncée, mais dont les
cornes ne diffèrent en rien de celles des individus de teinte
ordinaire. M. Blaiiford, qui a pu comparer des peaux provenant de
Kacbgar et des sources de l'Yarkand à la description que Pallas
donne des Bouquetins de Sibérie, ne constate d'autre difïérenceque
les teintes plus sombres du pelage. ScuUy donne au Bouquetin de
Tiilgit le nom de C. sibirica, et fait entendre que les individus à
livrée sombre, pour la plupart vieux mâles en pelage d'hiver, ne
sont nullement localisés dans une région spéciale. M. Sterndale,
enfin, confirme les assertions de Jerdon, et ajoute que Kinloch,
l'intrépide chasseur des contrées himalayienues, tua un jour au
nord d'iskardo, sur le haut Indus, un Bouquetin mâle dont la livrée
était presque noire.
Severtzov signale, d'une manière douteuse, l'existence des deux
espèces C. sibirica et C. skyn dans la chaîne du Thian-Chan, mais il
n'étaie ses présomptions que sur des raisons d'analogie avec le
mode de distribution géographique, dans les mêmes régions, des
différentes espèces d'Ovines créées par lui. Przewalsky pense que
les Bouquetins de la région des Youldouz doivent appartenir à
l'espèce C. skyii, vu que les cornes sont tournées en dedans et
rapprochées à leur extrémité. Je dois faire remarquer immédiate-
ment que ce soi-disant caractère est éminemment variable, et que
d'ailleurs on le retrouve tel que l'indique Przewalsky chez des C.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSTE CENTRALE 165
sibirica de provenance sibérienne parfaitement authentique. On lit
en effet dans la description de Pallas : « Cornua extremo apice
paululum introrsum declinato »; et dans le savant mémoire de
Radde : « Chez les vieux Bouquetins, les cornes ne sont pas toujours
recourbées en faucille dans le même plan; j'en ai rencontré chez
lesquels elles divergeaient dès la base, devenaient ensuite parallèles
dans leur plus grande portion moyenne, puis s'inclinaient fortement
en dedans et convergeaient à leur extrémité. Lorsque de telles cornes
étaient placées sur un plan du côté de leur face externe, la partie
basilaire se relevait ainsi que l'extrémité. » Enfin Scully observe
que dans une nombreuse série de cornes, provenant toutes du
district de Gilgit et de la vallée d'Astor, les unes convergeaient, les
autres divergeaient au sommet, et que par conséquent ces variations
n'impliquent aucune différence spécifique.
Le Muséum de Paris possède une magnifique série de Bouquetins
sibériens provenant du récent voyage d'exploration de MM. Chaf-
fanjon et Mangini à travers le nord de l'Asie centrale. Un de ces
Bouquetins, mâle adulte en pelage d'hiver pris dans les monts
Altaï, répond rigoureusement à la planche et à la description si
complète publiées autrefois par Radde. Deux autres exemplaires
mâles de la même région, mais en robe d'été, ont le pelage ras,
d'un brun-jaunàtre uniforme; la raie dorsale noire est très nette-
ment dessinée, mais les marques sombres de la face antérieure des
membres, du poitrail et de la région scapulaire ne sont que faible-
ment estompées. Le dessous du corps et la face interne et postérieure
des membres sont d'un blanc un peu jaunâtre. Enfin trois autres
spécimens (une femelle adulte et deux jeunes mâles) tués en hiver
dans le Ïhian-Chan, près du Tengri, diffèrent sensiblement des
précédents par la couleur de leur livrée. Leur teinte générale est
d'un brun-jaunàtre pâle, à peine plus sombre le long de la face
antérieure des membres, et passant au blanc presque pur sur le
dessous du corps et la face interne et postérieure des pattes. Sur
toute la région dorsale, depuis le garrot jusqu'au milieu de la croupe,
se voit une large zone d'un blanc crémeux, un peu jaunâtre, qui
rappelle les taches claires en forme de selle signalées par Jerdon
chez les spécimens à pelage sombre du Baltistan. J'insiste sur cette
dernière particularité, car elle éloigne les Bouquetins du Thian-
Chan de ceux de Sibérie, pour les rapprocher des individus du
Lndak et de l'Himalaya et tend à prouver que, si le C. sibirica diffère
réellement du C. sakeen, la limite de l'aire d'habitat de ce dernier
doit être reportée au nord jusqu'au Thian-Chan et à la bordure
IGC» K. Di: iMir<AUC.i'KS
inériditMialc df la l)/()uii;;aiic, iUnil lt'> sli'|i|te.s .siibltjnueuscs le
sépareraient de son conj^'éiière de l'Altaï et des monts Saïau.
Toutefois, n'ayant à forniulerque ce seul ar^^Minient hypothétique
en faveur de la dualité spécilique des Bouquetins de l'Asie centrale,
en opposition à toutes les considérations énuniérées antérieure-
ment, j'ai cru devoir adopter ici les idées admises par la plupart
des zoolofçistes actuels, (jui fusionnent le C. suL-rm et le C. sihirica
en une seule espèce dont la livrée serait sujette à des variations
considéraldes, suivant les lieux et les saisons.
i.'aire de distrihution géographique de l'espèce C. sihirim ainsi
entendue est extrêmement vaste, et les récentes explorations de
Pr/ewalsky ont contribuée l'étendre encore d'une manière notahle.
Je ne citerai ici que pour mémoire le fait encore inexplifjué de
la présence d'un véritable Ibex à longue barbe et à grandes cornes
noueuses dans les monts Nilghiri vers la pointe méridionale de la
péninsule de l'Hindoustan. 11 est plus que probable que celte indi-
cation donnée autrefois par Blyth (1) repose sur une erreur d'obser-
vation. L'on doit également considérer le C. sihirica comme exclu
de la i)artie orientale de l'Himalaya et du Tibet, car ni les asser-
tions d'Hodgson, ni celles de M. Blanford, qui signalent l'existence
d'un Bouquetin dans les montagnes au nord de Lhassa et de
Chigatsee sur le Tsan-Po, n'ont été confirmées.
L'aire d'habitat reconnue du C. sibirica s'arrête, vers le sud-est,
au district de Koumaon et ne pénètre pas dans le Népaul ; Hodgson,
du moins, n'indi(iue pas ce Caprine dans son Catalogue des Mammi-
fères de cette région. On en trouve de rares individus près des
sources du Gange, mais ils deviennent plus abondants dans les
hautes vallées du Sutledj et de l'Indus, dans le Ladak, le Baltistan,
la vallée d'Astor, le district de Gilgit et les montagnes qui bordent
à l'est et au nord la vallée de Kachmir. A l'ouest de cette vallée
et de la rivière Djhilam. dans le Pir-Pandjal, ces Bouquetins sont
remplacés par le Markhor Capra ialconeri \\'agn.
Du Kachmir, les C. sibirica s'avancent au nord à travers les
passes du Karakoroum, poussent une pointe à l'est vers l'amorce
occidentale de la chaîne du Koueu Lun et se dispersent sur les
pentes et dans les ravins où prennent leurs sources le Kara-Kach,
l'Yarkand et le Kachgar-Daria. Du côté du nord-ouest ils s'enga-
gent dans le Sarikol et le Wakhan, escaladent le Pamir dont ils par-
courent les hauts plateaux et s'étendent vers l'ouest, par l'Hindou-
(1) Blyth. Ann. nat. hist., IX, p. 62, 1842.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 167
Kouch et les moûts Paropaniisades, jusqu'au uord de Hérat,
extrême limite occidentale de leur aire de dispersion.
Du Pamir, de l'Alaï et des montagnes à l'ouest et au nord de
Kaclîgar dominées par le Tchatyr-Koul, les Bouquetins de l'Himalaya
pénètrent dans les hauts bassins de l'Aksay et du Naryn, arrivent
au sommet des hauteurs du Tengri et de la ceinture montagneuse
du lac Issyk-Koul, puis se répandent dans la haute vallée de l'Ili
et dans tout le massif du Thian Ghan qu'ils suivent à l'est jus-
qu'à l'extrémité des Youldouz. On retrouve les vrais C. sibirica
typiques au nord de la Dzoungarie, dans l'Altaï, tout le long des
frontières sibériennes, sur les deux versants des monts Saïan, de
la chaîne Ergik Targak, du pic Mounkou-Sardyk, et desmontai^nes
qui encerclent le lac Koso-gol au-delà duquel on ne trouve plus,
vers l'est, que de rares individus disséminés. Enfin, il faut égale-
ment regarder comme appartenant à l'espèce C. sibirixa les Bou-
quetins vus par Przew^alsky dans les monts Kour-Kou, en plein
désert de Gobi, un peu au nord de la boucle du fleuve Jaune et de
la chaîne de l'In-Chan. Le fait assez inattendu de la présence de ces
animaux dans cette région n'est pas l'un des moins intéressants
que nous ait fait connaître le célèbre explorateur russe et ne
s'explique, comme il le dit lui-même, qu'en admettant la prolonga-
tion vers le nord-ouest du système orographique des monts Kour-
Kou, et la continuité de cette chaîne avec celles du Khangaï et de
l'Altaï méridional (1).
Gette étude desGaprinésde l'Asie centrale nous montre (|ue toute
la partie nord-est de cette région que Ton peut appelei- Mongolie
orientale ou Gobi mongol ne nourrit aucun représentant de ce
groupe. Deux types caprins, appartenant à deux genres différents
{Capra, Pseudois), se partagent le reste de ces vastes contrées. —
L'un, véritable Bouquetin C. sibirica, port du Népriul et de l'Hi-
malaya occidental et contourne à l'ouest el au nord lout le Gobi,
depuis le Kachmir jusqu'au lac Baïk;il, poussant deux pointes au
milieu du désert le long des chaînes parallèles du ThianChan et
de l'Altaï méridional. L'autre, Bouquetin faux Mouton Pseudois
nahoor, est au contraire essentiellement tibétain; partant du Kara-
koroum et du Kachmir, il traverse tout le Tibet et le contourne
au sud et à l'est en suivant l'Himalaya et le chaos de hautes mon-
tagnes et de profondes vallées qui séparent le Tibet de la Chine pro
(1) Au dire des Mongols, il cxisLerait également des Bouquetins, siu' les monts
Ygrai-Oula, dans Tiingle nord-ouest du désert d'Ala-Chaii iPrzkwalsky, Mongolie,
p. 489).
168
DK l'OlSAIlGUES
preiiitMil (iilc pour ne s'arrjMcr vns le nord (in'.in sonnnt'l des crèles
montagneuses qui forment lii limite méridioii.de du (i()l)i el le sépa-
rent du Tibet, (les deux types bien distincts viennent pour ainsi
dire se mettre en contart et sitlTiiuder aux deux extrémités de leurs
domaines respectifs eu forme de demi-cercles. Leurs aires de dis-
persion prises ensemble dessinent une vaste zone circulaire qui
enj^lobe tout le Tibet, le Turkestan oriental el le (îobi occidental et
central. Ce mode de distribution rappelle celui que nous ont déjà
présenté les Argalis. Si, grâce aux explorations futures, la réelle
indépendance spécifique du (■apra aakecn vient à être conlirmée, la
similitude sera complète, el l'on pourra établir un parallélisme
rigoureux entre les Cnprinés el les Ovines de l'Asie centrale ; dans
chaque système orograpbique cohabiteraient un Argali et un Bou
quetin, comme on peut s'en rendre compte d'après le tableau
suivant.
Sors-
Familles
Pamir, Thian-Chan
Ai.TAï, Mongolie
TiBKT, Himalaya
CAPRINES.
[ OVINES.
1
Caprn xakeen Blyili.
Ovis Poloi Blytii.
Cnpra sibiricn Mey.
Ovis ammon L.
Pseudnix nuhoor
HODGS.
Ovis Hodgsoni
Blyth.
Sous-Famille des ANTILOPINÉS
Cette sous-famille ne fournit à l'Asie centrale que 3 genres :
Sàiga, Pantholops, Gazella; les deux premiers unispécifiques, le
troisième multispécifKiue. D'autres Antilopinés du groupe nériio-
rhédien vivent dans les montagnes qui forment la ceinture méri-
dionale et orientale des hauts plateaux de l'Asie, mais ces animaux
d'origine himalayienne {Budorcas), indo-malaisienne et mandchou-
rienne (Nemorhsedus), n'ont rien de commun avec la faune du Tibet
et du Gobi ; ce sont de ces types que nous avons appelés incursion-
nistes, venus des provinces zoologiques limitrophes, et que nous
avons de prime abord écartés de notre sujet, au même titre que les
Hemitragus dans la sous-famille des Caprines.
6. — Genre SAÏGA Gray
8. — Saïga tatarica (Linné)
1766. Capra tatarica Linné, Syst. natur., édit. Xll, p. 97.
1774. Antilope scythica Pallas, Spicileg. zool., fasc. I, p. 9.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 1G9
1777. Anlilope saïga Pallas, SpicUeg. zooL, fasc. 12. p. 21.
1811. — — Pallas, Zoograph. ross. asiat.,l, [^.'èd'^.
1827. — colus H. Smith, Griff, anim. kittgd., IV, p. 226.
1841. — saiga Abbott, Proc. zoo). Soc. Loudon, p. 70.
1844 . — — Wagner, Schreb. Sàvg. SuppL. IV, p. 420, pi . 276.
1850. Saïga tatarica 3.-E. Grav, Proc. zool. Soc. Londoii, p. 112.
1850. Gazella coluH Turner, ibid., p. 168.
1865. Antilope saiga G.Glitsch, Bull.Soc.nat. Moscou, (2) XXXVIII,
pt 1, p. 213.
1867. Saiga tatarica Sclater , Proc. zool. Soc. Londou, p. 240,
pi. XVII.
1870. — — J. Mûrie, Proc. zool. Soc. London, p. 451.
1876. — — Sevërtzov, Ann. Mag. nat. hist., (4) XVIII,
p. 171.
1884. — — Przewalsky, Rm. m r?7/et, p. 23 et 252.
1889. — — Radde et VValter, Zoolog. Jahrljuch. (Syst.),
IV, p. 1061.
Bien que le Saïga soit plutôt un habitant des steppes du sud-
ouest de la Sibérie, il a droit cependant à une place dans ce tra-
vail, car il relève de la faune de l'Asie centrale par l'extrême partie
orientale de son aire de dispersion, la Dzoungarie, qui, dans un
avenir peu éloigné, sera sa seule et dernière retraite. L'histoire, les
mœurs, l'habitat, la forme extérieure et les principaux traits d'or-
ganisation interne de ce singulier animal ont été étudiés avec grand
soin et divulgués pour la première fois par Pallas puis réobservés,
bien longtemps après, par G. Glitsch ; mais c'est aux travaux plus
récents de James Mûrie que nous devons la connaissance complète
des caractères auatomiques et morphologiques assez complexes et
hétérogènes qui font du Saïga un type très curieux, mais en même
temps d'un classement des plus difficiles. Pour les anciens auteurs,
Pallas, H. Smith, Wagner, le Saïga n'était qu'une Antilope. Il
faut ajouter toutefois que Pallas s'était rendu parfaitement compte
de sa nature aberrante, car il ajoutait : « Saiga ab Antilopibus
reliquis omnibus adeo couspicuis dilîert characteribus, ut etiam
Bufïonius eam specie distinguere haud dubitaverit. Nasi cartila
ginei,ventricoso-didymi, extremitate quasi truncati forma et ossium
nasalium septique ossei defectus, absque omni iuter Ruminantia
exeraplo sunt. A congenerihus evidentissime discrepat, cornuum
remoto situ et substantia pellucide cornea, pallida, pura, quai ad
ovinum et bovinum genus vergit. » Ge fut uniquement en rééditant
ces arguments de Pallas et pour les mieux faire ressortir que J. E.
170
K. IIK l'OllSAROUES
Giiiy t'tahlil le ^tnire .Sf/z^r/ (|ij'il liitliicliail dailleurs à la famille des
Antilopes. Tiiniercninbatlit celte opiuiori; contestant l'iinpoitaDce
que Gray altaciiail à la couleur des cornes, et considérant la forme
particulière des chambres nasales comme une sim[)le adaptation
physioloj,n(|ue insullisante pour établir une distinction },^énérique,
il fit du Saïga une Gazelle (d. coins). J. E. Gray défendit la raison
d'être de sa manière de voir, et son opinion avait été adoptée par
la plupart des zoolo-^Hstes, quand parut le savant mémoin; de
J. Mûrie. Après avoir fouillé jusque dans ses moindres détails
l'anatomie du Saïj,^a, et fait ressortir les affinités multiples et hété-
rogènes de son organisation, ce savant zoologiste nous le montre
comme un animal bizarre et énigmatique auquel il est difficile
d'assigner une place bien définie dans l'échelle des êtres ; il recon-
naît que la distinction générique est parfaitement motivée et même
s'impose, mais se déclare incapable, malgré ses minutieuses recher-
ches, d'établir dans quel groupe naturel un tel genre pourrait être
introduit sans en forcer le cadre, et, se refusant à créer pour lui seul
une sous-famille spéciale, il le laisse pour ainsi dire suspendu
entre les Ovines et les Antilopinés. Pour les détails de cette intéres-
sante question, je renverrai au remarquable mémoire de J. Mûrie ;
mais les conclusions de ce savant aiiatomiste sont trop intéres-
santes pour ne pas être relatées ici :
« Le résultat final de cette accumulation de preuves tirées de
l'anatomie du Saïga laisse encore des doutes sur la place de cette
créature dans l'un des groupes actuels des Bovidés. On ne peut pas
dire que ce soit vraiment une Antilope; bien que par certains traits
il montre sa parenté avec les Gazelles, il est impossible cependant
de l'admettre dans ce genre. Par beaucoup d'autres caractères, il
est plus étroitement allié à la tribu des Moutons, néanmoins, on ne
peut que l'exclure des divers genres d'Ovines établis par Gray (Ovis,
Caproms, Pscudocis et Annnotragus). Le Saïga semble balancer et
hésiter entre ces deux sous-familles, et masque sous une apparence
d'Antilope tout ce qui en lui tient de la race ovine. D'autre part des
particularités anatomiques et physiologiques d'une importance
réelle le rattachent aux quadricorues disparus (Siva, Titanotlwre).
» La non-position du Saïga, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans
l'un quelconque des groupes actuels étant établie, reste la tache
difficile de lui assigner une place et des caractères systématiques
définitifs; mais ici l'on se bute à l'écueil de la subordination de ces
caractères, et à la question de leur importance relative. Si l'on admet
les cornes comme critérium, la place que Gray et Turner donnent
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 171
au Saïga ne saurait être coutestée. Si ou précouise avec Ogilby la
forme de la lèvre supérieure et la distribution des glandes cutanées,
ou avec Sundevall la forme des sabots, le Saïga peut prétendre à une
parenté avec plusieurs tribus extrêmement disparates. Si l'on prend
comme règle la dentition et la structure des viscères, le Saïga est de
famille inconnue. Si c'est le squelette, et en particulier le crâne
qui doivent décider de son rang, nous retrouvons de l'équivoque en
admettant cette priorité.
» Ce que j'ai dit déjà du Prongbuck, Antilocapra americana (Ord.)
est applicable au Saïga ; tous deux constituent des formes de posi-
tion intermédiaire et bravent les lois des systématiciens qui pré-
tendent circonscrire les groupes par des barrières rigides. Ces deux
animaux proclament eu termes énergiques combien les tribus et
sous-tribus des Ruminants se mêlent et se confondent. Chaque
nouveau fossile que l'on découvre eu fournit la preuve irréfutable,
et enlève à la délimitation des genres toute stabilité. Dans l'état
actuel de la science les distinctions génériques ne sont que des
conventions utiles.
« A tout événement et pour la commodité, on peut regarderie
Saïga comme un Moalon anlilopin. Ce n'est pas absolument un
Mouton, mais un rejeton dérivé du genre Gazelle, et non, comme
le pensait Turuer, du genre Nemorhxdas.
1) Avec cette transposition d'alliance entre tribus.on doit conserver
la distiuction générique proposée par Cray, en y ajoutant les carac-
tères anatomiques que j'ai signalés )).
Ces conclusions de J. Mûrie prouvent que si, pour les besoins de
la classification, l'on range actuellement le Saïga parmi les Antilo-
pinés, à côté du genre Gazella, comme l'avait proposé Cray, ce n'est
que par mesure provisoire, faute de pouvoir mieux faire jusqu'à ce
qu'une découverte paléontologique fournisse de nouvelles données
qui permettent d'éclaircir davantage ou de résoudre complètement
le problème.
L'aire de dispersion des Saïgas, très étendue aux temps géologi-
ques, s'est considérablement modifiée et réduite et n'occupe plus,
à l'heure actuelle, qu'un espace relativement restreint. Durant la
période pleistocène, ces animaux s'étendaient à l'ouest jusqu'aux
dernières limites de l'Europe; des fragments de crâne ont été
recueillis dans les cavernes du centre et du midi de la France, dans
la Belgique et jusqu'en Angleterre dans la vallée de la Tamise; le
professeur Nehring,de Berlin, pense qu'il faut aussi rapporter à ce
type spécifique les débris d'Antilopes trouvés en Allemagne dans
172 I'. I»K IM){ SAIUJUKS
les iiionls ilii ll;ii/. et de l;i !• r;in((iiii('. ainsi (|ir('ii Hongrie (1). I)e|»iiis
les temps pr(^historiqiies, les Saïf^ns ont complètement disparu de
rpiiropo occidentale ; niais, vers la fin du siècle dernier, en 1777,
Fallas nons les montre peuplant encore de leurs innombrables
troupeaux tout le sud de la Russie à partir du ."i^- degré de latitude,
s'avançanl à l'ouest jusqu'aux frontières de la Polof^iie et de la
petite Russie, le lonj^ du pied des Carpathes et des montagnes du
cours inférieur du Danube, et suivant au sud le littoral de la mer
Noire et les premières pentes du Caucase. De là. contournant la
Caspienne et les monts Ourals, ces animaux se répandaient en Asie
à travers les steppes kirghizes, jusqu'aux monts Altaï, remontant
au nord dans la Tartarie jusqu'au cours inférieur de l'Irtysch,
arrêtés au sud par les montagnes du ïurkestau et les sables des
déserts aralo-caspiens. Mais déjà en 1811, Pallas lui-même pouvait
constater que les limites occidentales qu'il avait tracées trente ans
auparavant avaient notablement rétrogradé vers l'est, car il écrivait :
« Citra VolgaB alveum nunc rarius apparet, populosa loca fugiens ;
tamen, vix ante decennium, numerosis gregibus per glaciem fluvii
transgressai biennio vagabantur ». Ce mouvement de retraite vers
l'est n'a fait que s'accentuer depuis, et nous devons à C. Clitscb
des observations intéressantes et extrêmement précieuses sur la
répartition de ces animaux en Europe vers l'année 1865. On ne
trouvait déjà plus alors aucune trace des Saïgas ni sur les bords
du Dnieper, ni dans l'Ukraine, et l'on ne rencontrait à l'ouest du
Don que de rares individus errants et égarés. Vers cette époque
les immenses troupeaux des Saïgas furent coupés, entre l'Oural
et le Volga, par les pasteurs Kirghiz qui couraient la steppe avec
leur bétail, et les colons russes qui vinrent s'établir le long des
rives plus fertiles de l'Atchouba. Un nombre assez considérable
de Saïgas parqués et emprisonnés pour ainsi dire entre le Manitsch,
et le cours inférieur du Don et du Volga, continuèrent à vivre là,
séparés du troupeau ancestral. Suivant les calculs de Clitsch, cette
petite colonie comptait encore eu 1865 environ 10000 tètes; mais
ces malheureux animaux de jour en jour plus resserrés dans cet
étroit espace, décimés par les intempéries des hivers rigoureux
qu'ils ne peuvent plus fuir, et surtout poursuivis à outrance et
impitoyablement traqués par les chasseurs, sont voués à une
complète destruction : aussi Glitsch prévoyait-il dans un avenir
prochain la radiation définitive des Saïgas de la liste des Mammi-
(1) Smith Woodward. Proc. zool. Soc. Lon.lon, p. 613, 1890.
ÉTUDE sua LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 173
fères européens. Quaul aux individus formant le gros de la
troupe refoulée en Asie, ils errent actuellement dans les steppes
kirghizes, émigraiit vers le sud aux approches de l'hiver, remon-
tant eu été vers le nord, et poussant à l'est jusque dans la Dzoun-
garie et le bassin de l'Ouroungou entre l'Altaï et le Thian-Chan,
ne s'arrêtant qu'à la bordure des déserts sableux du Gobi central.
Bien que les Saïgas soient encore très nombreux dans ces plaines
du sud-ouest de la Sibérie, il faut reconnaître pourtant, à des
indices certains, des symptômes non équivoques de décadence
et une réduction progressive de l'étendue de leur aire d'habitat.
Ainsi, en 1841, le capitaine Abbott signalait l'existence de grands
troupeaux de Saïgas entre l'Oxus et la Caspienne; or, en 1889 ils
avaient disparu de cette région. Ni Walter, ni Radde ne les indi-
quent dans leur liste des Mammifères transcaspiens, et ils ajoutent
qu'en hiver on en voit encore sur le plateau d'Oust-Ourt, mais
jamais plus au sud. D'autre part, Severtzov les dit assez communs
dans toul le Turkestan jusqu'au lac d'Aral, excepté cependant dans
les districts du Zarav-Chan et les steppes sablonneuses du Kyzyl-
Koum.
Progressivement les Saïgas reculent devant l'homme; pendant le
dernier siècle, l'étendue de leur aire d'extension a diminué de plus
de moitié, et bientôt ils seront acculés aux montagnes qui forment
la ceinture des plateaux de l'Asie centrale ou refoulés dans les
déserts inhosi)italiers du Gobi. Dès qu'il sera chassé de la steppe,
ce type zoologique si étrange, mais en même temps si intéressant
aura vécu.
7. — Genre PANTHOLOPS Hodgson
9. — Pantholops Hodgsoni Abel
1827. Antilope Hodgsoni Abel, Edinb. Journ. Se, p. 163.
1834. Pantholops Hodgsoni Hodgson, Proc. zool. Soc. London, p. 80.
1843. — — Id., Journ. As. Soc. Beng., p. 256,
(planche).
1875. — — Przewalsky, Koya^.Monyo/. (Texte russe
I. p. 323-326, pi. III).
1877. — — Id., Voyag. Mongol., {trad.aWem.
A. Kohn, p. 421-424).
1879. — — Id , Fr. Kulja to Lob-Nor.,85.
1879. — — Blanford, Scient, res. sec. Yark. Miss.
(il/awm.), p. 89, pi. XVI.
\1\ E. DE POL'SARGUES
1884. l'u)iihi)l()ps floilifsnni Piizevvalskv, Heise in Tibet, pp. 109, 118,
129 et 166.
(Pour le complément de la hiblinifraphie, je renrerrai nu Mémoire
(le M. nianford).
Sans être aussi aberrant que le Saï}.!;a, le Pantholopa Hoilijsoni,
appelé coMimuuéiiicnt Orougo ou Chiru, n'en présente pas moins
un certain nombre de particularités importantes, principalement
dans la structure du crâne et de la dentition, (|ui nécessitent égale-
ment sa distinction générique d'avec les (iazelles.
Les orbites sont fortement saillantes; il n'y a aucune trace de
glandes lacrymales ni de fosse correspondante sur la tète osseuse;
on ne trouve pas davantage de sinus préorbitaire, de cbaque côté,
le lacrymal, le maxillaire et le frontal convergent vers un même
point, et ces deux derniers os s'articulent et se soudent intimement
au nasal sans laisser entre eux la moindre solution de continuité.
Les prémaxillaires, élargis à leur extrémité antérieure, sont plus
développés que chez le Saïga, mais cependant ne remontent pas
assez haut en arrière |)Our arriver en contact avec les os nasaux. A
la mâchoire inférieure, les incisives et les canines, uniformes
comme aspect et comme dimensions, sont cylindriques et leur cou-
ronne ne s'étale pas en spatule lamelleuse ; de plus, par suite de
ce mode de conformation, elles ne divergent pas en éventail de
chaque côté de la ligne médiane, mais sont droites et dirigées eo
avant et en haut parallèlement à l'axe du crâne. Une autre jiarticu-
larité bien caractéristique nous est offerte par le nombre des molai-
res dont la formule peut s'écrire PM. 2/2., M. 3/3; en d'autres termes,
la première prémolaire manque en haut comme en bas, soit qu'elle
n'évolue pas, soit qu'elle tombe prématurément. Chez le Saïga, il
n'y a que la première prémolaire inférieure seule, extrêmement
réduite et d'une caducité précoce, qui disparaisse presque cons-
tamment chez les adultes; la formule des molaires pour ce genre
PxM. 3/2, M. 3/3 s'applique également, comme on le sait, au Spring-
bok sud africain Gazella euchore Licht., pour lequel Gray avait
même proposé le genre Antidorcas. Nous verrous plus loin que,
sous ce rapport, la (jazella picticaudata Hodgs. présente une cer-
taine analogie avec les deux derniers types ; quant aux autres
Gazelles, elles obéissent à la règle et ont 3 prémolaires à chaque
mâchoire. Les cornes chez l'Orongo sont noires commes celles de
la plupart des Gazelles, mais elles en diflèrent notablement par
leur longueur, leur forte compression basilaire, leur courbure peu
sensible et leur direction presque verticale. L'extrémité du museau
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 175
tronqué carrémeat et renflé latéralement trahit au dehors la com-
plication interne de l'appareil nasal dont les fosses sont doublées
de chaque côté d'un diverticule supplémentaire et adventif en cul-
de sac, caractère qui tend à rapprocher l'Orongo du Saïga. Les
nombreuses descriptions et les figures publiées par les auteurs me
dispensent d'insister sur les particularités du pelage; il me suffira
simplement de faire remarquer ici que les teintes sombres et pres-
que noires que l'on observe sur tout le dessus de la tête et sur la
face antérieure des membres chez les Orongos mâles adultes, sont
encore autant de traits particuliers inconnus chez les Gazelles.
Comme les Saïgas, les Panlholops aiment les vastes espaces
découverts, mais si les premiers ne fréquentent que les steppes
kirghizes, immenses plaines basses à peine ondulées et d'un abord
facile, les seconds habitent exclusivement les plateaux élevés et
presque inaccessibles du Tibet, accidentés de hautes montagnes et
entrecoupés de profonds ravins.
Suivant Leith Adams, on trouve les Pantholops par grands trou-
peaux dans cette partie aride et déserte du Ladak arrosée par la
Nobra et le Chayok. Les habitants de ces contrées les nomment
Sous, et prétendent qu'ils abondent aussi dans la haute vallée de
l'Yarkand; mais cette dernière assertion n'a pas encore été confir-
mée. Le célèbre chasseur Kiuloch a également rencontré les Orongos
un peu à l'est du Ladak dans la vallée de Chang-Chenmo, et l'explo-
rateur G. Bogie (1) les a signalés au nord immédiat du Boutan, à
l'est du Sikkim, près des lacs Sham Chou et Calo-Chou.
D'après M. Blanford, ces animaux s'étendraient à travers tout
le Tibet, à l'est jusqu'aux environs de Lhassa, au nord jusqu'au
Kouen-Lun. S'il faut en croire Przewalsky, ils franchiraient même
celte chaîne et traversant les steppes salines du Tsaïdam, attein-
draient le Tchamen-Tagh et rAltyn-Tagh, limites septentrionales
de leur aire d'habitat. Nous devons encore à Przewalsky d'autres
renseignements plus précis, recueillis au cours de son troisième
voyage au Tibet. Dans le récit de cette aventureuse expédition si
féconde au point de vue des sciences naturelles, l'Orongo est signalé
à maintes reprises sur les hauts plateaux du nord-est du Tibet,
entrecoupés de montagnes abruptes telles que les chaînes de Bour-
khan-Bouddha, Shouga, Marco-Polo, Koukou-Tschili, Baïan Kara-
Oula, Dumbere, et enfin près des monts Tang-La, non loin des
sources du fleuve Bleu.
Sur ces hautes steppes désolées et inhabitables, les Orongos ont
(1) Markham, Miss. G. Hugle la Tibet, p. 72, 1876.
17(> K. lit l'OlS.VIlOlîKS
vécu jusqu'ici dans une sécuiilc pour ainsi diif^ parfaite, et point
n'est à craindre de longtemps pour eux l'aneanlissenieut fatal qui
nieuace les Saïgas.
S. — r.enre (lAZKM.A Blainville.
Plusieurs zoologistes, à la suite d'IIodgson, avaient distingué
géuériquement les Gazelles de l'Asie centrale sous le nom de
Procapra, en raison de la forme particulière de la queue, de la
présence d'un disque circumcaudal, de l'absence de larmiers, de
pores inguinaux, de brosses aux genoux, des bandes ordinaires
de la livrée et, chez les femelles, de la disparition complète des
cornes. Tous ces caractères sont très nets chez le type procaprin
par excellence Gazella picticaudata, mais nous verrous, au cours
de cette élude, qu'ils deviennent moins marqués chez les types
intermédiaires, Gazella gutfurom, Gazella l'rzeamlskyi, et que, fina-
lement, le dernier seul subsiste chez la Gazella subgutturosa, type
de Iransiliou qui relie intimement les Gazella aux Procapra et rend
absolument vaine cette dernière distinction générique.
L'absence de cornes chez les femelles est donc le seul caractère
dislinclif bien constant des Gazelles de l'Asie centrale. On pourrait,
de ce chef, les séparer des formes méditerranéennes et éthiopiennes
sous le nom de Gazelle^i procaprines, mais en n'attachant à ce qua-
lificatif que la seule importance et l'intérêt réel qu'il présente au
point de vue zoogéographique.
10, — GaZKLLA PIGTIGAUDATA (HodgSOn)
1846. Procapra picticaudata Hodgson, Journ. As. Soc. Beng., XV,
p. 334, pi. II.
1847. Antilope picticaudata Blyth, Journ. As. Soc. Beng., XVf,ptl,
p. 365.
1847. Procapra — Hodgson, Journ. As. Soc. Beng., XVI,
pt 2, p. 696.
1850. — — Gray, Proc. zool. Soc. London, p. 116.
1867. — — Grav, ibid. p. 245,
iig. crâne.
1873. Gazella picticaudata Brooke, Proc. zool. Soc. London, p. 547.
1875. Procapra picticauda Puzewalsky, Voy. en Mong. (Texte russe,
p. 326-328, pi. II).
1877. — — Przewalsky, t o^. en Mow^. (Trad. allem.
A. Kolin, p. 425-427.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 177
1884 . Procapra picticauda Przewalsky, Reùe in Tibet, p. 1 10, 1 18,129.
1884. Gazella picticaudata Sterndale, Mamm. ofindia, p. 467.
Cettp petite espèce est, sans contredit, la moins Gazelle de toutes
les Gazelles, et celle qui se rapproche le plus du Pantliolops. Elle
ne possède ni glandes lacrymales, ni pores inguinaux, ni brosses
aux genoux. La queue, très courte, déprimée, triangulaire, est
garnie, au dessus seulement, de poils rayonnants dont la couleur
noire tranche fortement sur le fond blanc du disque uropygal
bien développé, bordé d'un liseré jaune orange clair. Sur le corps,
la teinte générale est d'un gris finement tiqueté de jaune passant
au blanc sur le haut de la tète, le dessous du corps et les membres.
On ne voit, ni sur les flancs, nisurlaface, aucunedes bandes claires
ou sombres si caractérisées chez les vraies Gazelles. Comme chez
rOrongo, le chanfrein est de couleur plus sombre que les côtés de
la tête, le museau court, épais et comme tronqué en avant. Hodgson,
n'ayant eu entre les mains que des dépouilles de ces Gazelles, s'était
mépris sur ce dernier point et avait indiqué le museau comme
étant atténué et mince à son extrémité : « The head much attenuated
to the nose which is neither blulï nor bristly as in the Dseren and
Ghiru. )) Przewalsky, qui eut si souvent l'occasion de tuer de ces
animaux et d'en examiner de près des spécimens en chair, est d'un
avis tout contraire; il décrit et figure la Gazella picticaudata comme
ayant le museau épais et comme tronqué (Maul stumpf, dick), il
signale une protubérance nasale (die Nase und der Nasenvorsprung
dunkelbraun), et sur l'excellente figure qu'il a publiée, l'on peut
voir, près de la commissure des lèvres, des poils plus allongés
dessinant comme des n)Oustaches qui exagèrent encore la largeur
du museau. Le crâne est plutôt conformé sur le type Gazelle; les
prémaxillaires, très développés en arrière, s'articulent largement
avec les os nasaux et se terminent en pointe en avant. Il existe
en outre une vacuité ou sinus préorbitaire entre le lacrymal et le
nasal, mais il est à noter que l'os lacrymal ne présente, pour
ainsi dire, aucune dépression. D'autre part, les cornes sont longues
relativement à la petitesse du crâne, et à peu près dans les mêmes
proportions que chez l'Orongo. Comme chez ce dernier, elles sont
fortement comprimées latéralement, à section elliptique, peu diver-
gentes; leur courbure est très prononcée, mais ne rappelle que
vaguement, chez les adultes, la forme lyrée de celles de la plupart
des Gazelles, elle peut être comparée, ou, comme le dit Hodgson, à
celle des Bouquetins, ou bien encore à celle des Antilopes cheva
Unes, IJippotragus, sauf pour leur pointe légèrement recourbée vers
Méin. Soc. ZooL de Fr., IWlis. xi. — 12
MS E. I>K POI SARGUES
le haut H hold ibox-liko nirvt\ llic hisl iiicli and a lialf only lnMiig
soinewath rocurvi'd. . . foi-\vanls nol iinvards. n (Hodj^soii). En
réalité ces cornes sont plutùl celles de l'Oiouj^o, mais dirijj'ées et
recourbées en arrière dans leur tiers teriniual.
Euliu, la deiililiou m'a paru présenter un caractère (|ui mérite
d'être signalé. Sur le seul crâne (|iie j'ai eu l'occasion d'étudier,
celui d'uu mâle dont les cornes lont;ues de .'Î2 C(;ntimèlres étaient
mar(|uées de 2o anneaux, par conséquent |)arfailenient adulte, la
dentition supérieure était normale (PM. 3 et M. 3) soit 0 molaires
en pleine activité fonctionnelle; mais il n'y avait à la mâchoire
inférieure que o molaires apparentes, c'est à-dire 3 vraies molaires
et 2 prémolaires; on ne voyait aucune trace de la première prémo-
laire qui paraissait manquer. Aussi avais-je cru tout d'abord à une
complète similitude avec le mode de dentition que j'ai fait remar-
quer plus haut chez le Saïga; extrême réduction, atrophie et cadu-
cité précoce de la première dent de la série. En réalité, il n'en était
rien; la première prémolaire inférieure existait parfaitement for-
mée, mais encore profondément enfouie dans l'épaisseur du maxil-
laire, complètement recouverte par une forte lame osseuse, dure,
ininterrompue, ne présentant aucun indice de dégénérescence ni
de résorption, et sans le moindre oritice indiquant une cavité alvéo-
laire sous-jacente. Cette dent crypte ne trahissait sa présence que
par un léger renflement latéral de la mandibule, et ce n'est qu'en
détachant un éclat de la paroi mandibulaire externe que je pus
la mettre à découvert. Peut-être n'est-ce là qu'une anomalie tout-à-
fait individuelle ; cependant si pareil fait était de nouveau observé,
il faudrait, pour la Gazella picticaiidata, conclure à un phénomène
inverse de celui qui se produit chez le Saïga, c'est-à-dire à l'appari-
tion tardive, sinon à un arrêt complet dans l'évolution de la pre-
mière prémolaire inférieure qui n'émergerait du maxillaire qu'à
un âge avancé, ou même resterait toujours cachée dans son épais-
seur, et serait peut-être résorbée. Quoi qu'il en soit, cette particula-
rité, anormale ou non, n'en indique pas moins des affinités avec le
Saïga et le Pautholops,
La Gazella picticaudata, Goa ou Ragoa des Tibétains, Ada-dseren
des Mongols, peut être justement appelée la Gazelle tibétaine, et
caractérise la faune des hauts plateaux qui descendent en terrasses
depuis le versant sud de l'Himalaya jusqu'au Kouen-Lun et aux
monts Nan-Chan. Vers l'ouest, elle s'arrête aux frontières orien-
tales du Kachmir et Leith Adams ne la signale pas dans cette
contrée ; mais elle abonde dans le Ladak, comme nous l'apprend
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 17D
Kinlocli qui s'est livré à la chasse de ces Gazelles sur le haut pla-
teau situé au sud-est du lac Tsomoriri, sur les collines à l'est de
Haulé et dans la haute vallée de l'Indus, depuis Demchok, village
frontière du Ladak, jusqu'à Nyinia. Ce même explorateur les a
également aperçues dans la passe Nakpogoding, au nord du Tso-
moriri, et en a trouvé une corne sur les rives du Sutledj, au-delà
de la passe Niti (Sterndale). Les Tibétains disent que le Goa fré-
quente les plaines du Tibet moyen et oriental, entrecoupées de
collines basses et de profonds ravins. Ces observations concor
dent avec celles de Przewalsky, qui écrivait : « Comme l'Orougo,
l'Ada habite les plateaux élevés, mais il préfère les vallées entou-
rées de montagnes où l'eau abonde ».
L'extrême point nord-est de son aire d'habitat est l'étroite vallée
du Talung-gol, ou Oulan-Mouren, affluent du Hoang-Ho, située au
nord du bassin du Koukou-Nor et sur la limite du désert d'Ala-
Chan. Suivant Przewalsky, la (i. picticaudata évite le Koukou-Nor
et le Tsaidam, soit à cause des cristaux salins qui hérissent le sol
et blesseraient ses sabots, soit par impatience des piqûres des
innombrables diptères qui infestent cette dernière région à certaines
époques de Tannée. Ces observations semblent indiquer que l'Ada
est plutôt une espèce montagnarde, et en elTet le célèbre explora-
teur russe eut souvent l'occasion de le rencontrer dans les hautes
terres du Kan-Sou, sur les pentes des différentes chaînes qui encais
sent les hauts bassins du lleuve Jaune, du fleuve Bleu et de leurs
premiers affluents, et dans les monts Marco-Polo dont la haute
barrière sépare les steppes du Tsaïdam des plateaux du Tibet.
Enfin il n'y a nul doute que l'Ada ne s'avance vers le sud-est dans
les provinces tibétaines de Oui et de Kham, et qu'il ne pénètre
ménie assez loin dans le Se-Tchouan, comme le prouvent plusieurs
dépouilles envoyées récemmeut de cette province de la Chine au
Muséum de Paris par les missionnaires résidant à Ta-tsien lou.
11. — Gazella gutturosa (Pallas).
1777. Antilope gutturosa Pallas, Spicileg. soolog., fasc. XII, p. 46,
pi. 2.
1811. — — Pallas, Zoogroph. ross.'UMaf., l, p. 2,"il.
1827. - — U. Smith, Griff. anim. kingdom, IV, p. 229.
1847. — — Blyth, Journ. As. Soc. Bengal, XVI,
1, p. 365.
180 K. I)i; l'Ol'SARGUES
IS'iO. rniniiirit i/iittiirosfi .1.-1']. (îuay, I^roc. zool. Sor. Loudon, p.
ll.i.
18G2. \ntitoj)e gutlitrusd Hadkk, licis. Sud. OsISiInr., p. :il\ï, pi.
IX, li^^■7, pi. XI, fij;. 1.
1S07. Procdpra (jullurosa J.-E. (Ihav, IMoc. /ooI. Soc. LoiuIuii, p.
:i't5 (lig. crâne.).
I87;{. (iiizt'Ua f/nlturomi IJhookk. Proc. zool. Suc Lundun, p. iiiG.
187.). — — (j)ailiin) I'hzewalsky, Voyage Mongolie
(texte russe), pp. 73, 82, 97, 98, 379.
1877. — — (parliin) Piuewalskv, Voyagi- Mongolie
trad. alliMM. A. Kohu, pp. 89, 101, 120, 121, 495.
La livrée de la Gazclla gutlurom décrite avec grand soin par
l»ad(le, sous ses deux aspects d'été et d'hiver, présente beaucoup
d'analogie avec celle de la Gazella pieticaudata, par l'existence d'un
disque blanc circumcaudal bien dessiné, parla forme de la queue
courte, large, déprimée, garnie seulement à sa face supérieure de
poils jaunâtres, et enfin par l'absence de tonte bande claire ou
sombre sur la face et les flancs. Aussi, H. Smilb rangeait-il cette
espèce dans sou Antelopine et non pas dans son Gazellinp grnup, et
Gray l'admettait dans son genre Procnpra. Par certains autres
caractères, cependant, la (i. gnttm-osa est, si l'on peut dire, plus
Gazelle que l'Ada. Ainsi l'on remarque une légère tendance à la
formation de brosses aux genoux. Suivant Pallas, au niveau de
l'articulation un coussinet de poils plus serrés et pins denses, mais
à peine plus longs, suppléerait à l'absence de brosses : « scopis
nnllis instructa est, densitate pilorum defectum compensante,
pilis in loco scoparnm vix elongatis ». II. Smith différencie égale-
ment ces brosses courtes, des longs pinceaux de poils particuliers
aux vraies Gazelles ; a their knees are furnisbed with short brushes,
but not lenghteued tufts as in Dorcades ». De plus il existe des
glandes lacrymales, petites il est vrai et presque cachées par les
poils, et les cavités inguinales sont très apparentes. Enfin les cornes,
beaucoup moins longues que chez r.\da, petites même relativement
au volume du crâne, ont une courbure lyriforme très nette. A ce
propos, j'attirerai l'attention sur le dessin que Gray a publié du
crâne de la (i. gutturosa, pour le mettre en parallèle avec celui de la
G. pieticaudata, dessin qui ne parait nullement correspondre à l'es-
pèce qui ûous occupe. Sur cette figure [Proceedings, 1867, p. 246,
fig. I), la longueur, la forme, la direction et la courbure des cornes,
sont tout autres que chez la G. gutturosa; d'autre part, le museau
est étroit et comme pincé latéralement, le chanfrein droit et peu
ÉTUDE SCR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 181
élevé, et une ombre fortement accusée, presque uoire, semble
indiquer une fosse lacrymale profonde. Or, chez la Gazclla giittn-
rosa, l'os lacrymal ne présente qu'une dépression à peine marquée,
la ligne du chanfrein est haute et arquée, enfin le museau est
large, épais et renflé. Je ne crois pas me tromper eu affirmant
que ce dessin représente le crâne d'une vraie Gazelle de la région
méditerranéenne, et je doute fort que ce soit l'une des têtes rappor-
tées de Péking par le D'' Lockhart et que Gray avait l'intention de
faire figurer. Il y a eu là une méprise qui jusqu'ici avait passé
inaperçue et qu'il importait de signaler.
Au temps de Pallas, la Gazella gutturosa s'étendait à l'est jusqu'à
l'océan Pacifique ; la ligne limite nord de son aire d'habitat était
formée par les monts Altaï et Khangaï et longeait ensuite les cours
de l'Ingoda, de la Chilka et de l'Amour. Cette Gazelle abondait sur
les plateaux situés entre les rivières Onon et Keroulen mais deve-
nait de plus en plus rare vers l'ouest dans le bassin de la Selenga
et aux approches des monts Saïan (Pallas 1777).
Depuis cette é|>oque, la Gazella gutturosa a disparu du territoire
de l'Amour et de la Mandchourie et ne dépasse plus à l'est la
chaîne du grand Khingan. Vers le nord, elle ne visite plus qu'excep-
tionnellement la rive droite de l'Onon et, dans ses migrations hiver-
nales, s'arrête sur les bords du Ïeraï-Nor, du Dalaï-Nor, et de la
petite rivière Ourouloungoui, affluent de la Keroulen. Elle a été
refoulée depuis longtemps hors de la Transbaïkalie jusqu'au sud
des monts Apfel et du Keutei, et on ne la connaît plus guère que de
nom dans le bassin supérieur de la Selenga dont elle évite les pentes
boisées. Vers ce point on ne la rencontre plus qu'à 375 kilomètres
au sud du poste frontière russe de NorounChoroisk (Radde 1862;.
En longeant les contreforts occidentaux du grand Khingan, ces
Gazelles descendent vers le sud jusqu'au versant septentrional des
chaînes de montagnes situées au nord de Pékin et de la Chine
proprement dite. Ce sont elles que M. l'abbé A. David a vues en si
grande quantité au nord des montagnes près de Kalgan et dont les
innombrables troupeaux fréquentent les plateaux des monts Suma-
Hada et les abords du Dolon-Nor et du Dalaï-Nor, dans l'extrême
est de la Mongolie (Przewalsky).
Si, grâce aux observations de ces différents explorateurs, nous
connaissons bien les frontières nord, est et sud de l'aire d'ha-
bitat de la G. gutturosa, il n'en est pas de même pour l'ouest et
surtout le sud-ouest. De ce côté vivent deux autres types congéné-
riquesqui nous restent à examiner, l'un bien différent, G. subgut-
182 I • i»K l'orxAiuuiES
turusii, l'aulie ;iu i'uiili;iiit'. |)t'iiil;iiil lonj^U'iiips coiifomlu avec la
fi. gutturosa, et qui u'eu acte (iisiinirin- (jiie depuis peu sous le
Dom de C. HrzeiraUkyi. Autant toutefois que l'on peut préjuf^er, il
est iiioltahle que la (',. f/nniini^fi reste confinée dans la Mon^^olie
orientale ou (îolii uionj^ol et ({u'elle ne dépasse pas à l'ouest la
chaîne qui, traversant dia^'onaleuient le désert de Gol»i, relie rAllaï
méridional aux monts Kour-Kou et au système de rin-Chan,
12. — (iAZKLLA Fhzkwalskyi Bucliner
187;j. Aiililoiir (^ultnrosa (partim) Pkzkwalsky, Viiif. en Mongolie
(texte russe),!, pp. 18. 187. 282,341, pi. 1, (i-. 1 (pela-ed'été).
1877. Anlilopc gnlturosa (partim) I^rzkwalsky, To//. en Mongolie
(traduct.allem. A. Kohn, pp. 22, 238, 365, 445).
1884. Antiloije gui (urom Priv.wxl^ky. lieisen. in Tibet, pp. 178,
243,252 (lîg.dans le texte, pelage d'été).
1888. Antilope Cuvierl Przewalsky, Quatrième ooy. en Asie centrale
(texte russe, p. 110, figure dans le texte, pelage d'hiver).
1890. (kizella Przenalsliyi Bûchnkk, Sdugctii. Ganssu-Expedit. Mél.
biolog. Bull. Acad. Scienc. S'^-Petersbourg, XIII, livr. I,
p. 161.
Cette Gazelle n'est connue que depuis les mémorables expéditions
de Przewalsky; cet explorateur l'avait mèmeconfondue toutd'ahord
avec la précédente espèce. Dans son premier et son troisième
voyage, il la désigne et la ligure comme Antilope gutturosa, et ce
n'est (|u'à son quatrième voyage qu'il la distingue sous le nom
d'Antilope Cumeri. AI. Biichner nientionne également cette Gazelle
dans son intéressant mémoire sur les Mammifères du Kan-Sou;
mais en changeant son nom spécifique en celui de Gazella Prze-
nabkgi, le terme Cumeri ayant été appliqué depuis longtemps par
Ogilby à une Gazelle d'Algérie. Le savant mammalogiste de .Saint-
Pétersbourg se propose de faire connaître bientôt complètement
cette nouvelle espèce d'après les dépouilles provenant des expédi-
tions de Przewalsky et de Potanin. Je lui laisserai d'autant plus
volontiers ce soin, que je ne saurais m'en acquitter avec autant de
compétence, car je n'ai encore pu examiner de cette Gazelle qu'un
seul exemplaire femelle gracieusement offert il y a peu de temps
au Muséum de Paris par S. M. le Tsar Nicolas H. Je me bor-
nerai donc à donner ici quelques détails très succincts, d'après ce
spécimen et d'après les trois figures publiées successivement par
Przewalsky.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 183
La G. Przeivalskyi présente de uouibreux traits de ressemblance
avec les deux espèces de l'ancien genre Procapra et plus particuliè-
rement avec la G. picticaudata, sauf pour la taille qui est un peu
plus élevée. Les larmiers sont à peine visibles et l'os lacrymal
n'otïre qu'une dépression peu sensible. Les pores inguinaux
manquent, la queue est courte, élargie, déprimée; il n'y a pas de
brosses aux genoux et la livrée ne présente aucune trace de
bandes faciales, latérales et pygales. Cette livrée paraît subir des
modifications assez importantes suivant les saisons, autant du
moins qu'on peut en juger d'après les figures sus-nientionuées. En
hiver, les poils de la commissure des lèvres et du dessous de la
mâchoire s'allongent en une soi te de barbiche, le cou paraît garni
d'une crinière plus sombre que le reste du pelage, enfin autour de
la queue se voit un disque blanc ou miroir assez étendu et bien
marqué. Pour la robe d'été, d'un jaune fauve brillant assez intense,
il n'y a plus ni barbiche ni crinière, de plus le disque circumcaudal
a disparu; les deux figures publiées par Przewalsky n'en présentent
aucun indice et, sur le spécimen femelle du Muséum de Paris, la
couleur blanche de la face postérieure des cuisses remonte à
peine de chaque côté de la racine de la queue dont la face supé-
rieure est en continuité de teinte avec la croupe.
J'insiste sur ce point, car il indique une tendance indiscutable
vers la livrée des Gazelles ordinaires typiques. Quant aux cornes
des mâles, elles sont moins longues mais plus épaisses à la base,
plus fortes et plus divergentes que chez la G. picticaudata et leur
courbui-e lyriforme rappelle celles de la G. subgutturosa. En un
mot, la G. l'rzeicalskyi vient se placer tout naturellement entre la
G. picticaudata d'une pari et la G. subgutturoaa de l'autre, participant
des caractères de l'une et de l'autre, plus proche alliée pourtant de
la première. Vu la proximité et même la communauté partielle des
aires d'habitat de ces difïérentes Gazelles, on est presque tenté de
supposer entre les deux premières plus anciennement connues un
croisement dont la (/. Przeaalskyl serait le produit. Ce n'est là, je
me hâte de l'ajouter, qu'une simple présomption qui ne repose sur
aucun fait bien prouvé, une liypothèse toute gratuite qui réclame
l'appui d'observations précises et suivies. La nature mixte des
caractères de l'espèce qui nous occupe nous permet simplement de
constater une fois de plus combien l'ancien genre Procapra se relie
intimement et par gradations insensibles au genre Gazella.
Le principal foyer d'habitat de la G. Przewalskyi se trouve au Sud-
Ouest de l'aire géographique occupée par la G. gutturosa. Suivant
184 I'. I»l l'Ol'SARGlIKS
M. Hùclmer, celle (iazelle vit |»:ir j,M;m(les lioiipes diins le sud du
plaleau déserlique el sablonneux du pays des Ordos, Dans ces
mêmes régions errent également des (i. suhi/ulturosa dont les habi-
tudes diflèreut, car elles ne vont jamais (pie par troupes peu nom-
breuses, ou par couples, ou isolées. On rencontre encore la G.
Frzeiialskiil dans le sud du désert de l'Ala Clian, sur le plateau
situé au nord immédiat de la vallée du Tchagriu-CJol ; elle pénétre
enlin jusque dans le bassin du Koukou-Nor en traversant probable-
ment les passes de la cliaîne des Nan-Clian et des montagnes du
nord du Kan-Sou; c'est de cette région alpestre que provient l'exem-
plaire du Muséum de Paris (Expédition Roborowsky et Koslovj.
Quelle est la limite nord de l'aire de dispersion de la fiazelle de
Przewalsky? Il m'est impossible de l'indiquer, même approxima-
tivement, à l'aide des seuls matériaux d'étude et des documents
dont je dispose. Ne serait-ce pas cependant ces Gazelles que M. l'abbé
A. David aurait aperçues errant par centaines sur les hauts plateaux
situés à l'ouest des montagnes de l'Ourato, et qui lui ont paru
d'iififi couleur plus foncée que celles qu'on vend à Pékivg (1) ? Vers le
nord-ouest la (i. Przeiralskyi s'avance peut-être jusqu'au seuil du
Galbyn Gobi et jusqu'à la chaîne des monts Ygrai-Oula que Prze-
walsky indique comme formant de ce côté la lisière naturelle du
plateau désertique de l'Ala-Chan. Ce sont là autant de questions
que je ne puis que poser sans les résoudre, mais qui seront, sans
aucun doute, élucidées par M. BOchner dans ses Mammalia Prze-
uahkiana.
13. — (Iazella subgutturosa (Gûldenstàdt)
A part le manque de cornes chez les femelles, cette espèce pré-
sente tous les caractères des vraies Gazelles. Il n'existe pas de disque
blanc circumcaudal, la queue est longue et grêle, les brosses des
genoux bien développées sont formées de longues mèches de
poils d'un brun sombre presque noir et la livrée montre des indices
faibles, mais évidents des bandes latérales et pygales. Les bandes
faciales, toujours bien marquées dausle jeune âge. sont persistantes
ou fugaces à l'état adulte: ces variations du masque jointes à
d'autres différences dans la direction des cornes et la localisation
de l'habitat ont permis de distinguer dans cette espèce deux formes
ou variétés que nous examinerons successivement; Tune ly[)ique,
Gazella subguttnrosa Gûld., l'autre (iazella subgutturusa, var. yarkan-
densis Blanf.
(1) A. David, Nouvelles Archives du Muséum, IV, p. 19, 18(J8.
KTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'asIE CENTRALE 183
a. — Gazella siibguttnrosa Giildenstàdt.
Une bibliographie très complète de cette forme typique a été
donnée par Sir V. Brooke jusqu'en 1873. A cette première liste on
peut ajouter :
1778. Antiloiie subgutturoaa GÙLDEJ^STCEDT, Acta. Acad. Petropolit.,
Il, part. I, p. 251, pi. 9 à 12.
1873. Gazella snhguttiirosa, Brooke, Proc. zool. Soc. Loudon.p, 545.
1875. — — Przewalsky, Voyage en Mongolie [Texle
russe, pp. 141, 143, 187, 21 0,21 1,297); pi. l,tig. 2.
1877. — — PRZEWALSFiY, Voyage en Mongolie (Trad.
allem. A. Kobn, pp. 177, 179, 238, 270, 386).
1876. - — Blanforo, Eau. Persia, p. 91.
1876. — — Severtzov, VurA^sf. /etofn. (Trad. Ann.
Mag. uat. hist., (4), XVIII, p. 170).
1877. — — D.ANFORD et Alston, Proc zool. Soc.
LondoQ, p. 276.
1880. — — Danford et Alston, Proc. zool. Soc.
London, p. 55.
1889 . A ^ îilope mhgulturosa Radde et Walter, Zoologisch. Jahrbucli .
(System.). IV, p. 1060.
1890. Gazella auhgutlurosa Biichner, !^àug-Ganssu- Exped. (Mél. biol.
Bull. Acad. Se. Saint-Pétersbourg, XllI, livr. I, p. 160).
Chez cette forme les bandes faciales, bien marquées chez les
jeunes, s'effacent graduellement avec les progrès de l'âge et finale-
ment disparaissent devant l'envahissement de la teinte blanche :
(( Hac fasciïe quae in adultis junioribns sat évidentes sunt, in senio-
ribus magis magisque evanescunt adeo ut fere nuUae sint, tandem-
que in grandaevis faciès tota uniformiter albida, deletis non solum
fasciis, sed etiam extincla omni lutei tiuctura. » (Giild.). Les cornes
longues, massives, marquées d'anneaux largement espacés, diver-
gent fortement dès leur base jusque vers leur extrémité, qui s'in-
curve en avant et en dedans.
L'exposé de ces seuls caractères suffît pour nous permettre de
distinguer cette forme typique de la variété d'Yarkand. Pour de
plus amples détails je renverrai aux nombreuses descriptions et
aux figures publiées par les auteurs, et je passerai immédiatement
à l'étude de la question moins bien connue du mode de distribution
géographique de ce type intéressant.
Aucune Gazelle n'occupe une aire d'habitat aussi étendue qua la
186 K. |)K l'OCJSARr.UKS
(iazfllii suht/iilliirosd. ,]usq[iv dans ces (ieniiers leiups, on n'en coii-
uaissail (jup la portion ocridenlale, et c'est enconi aux précieuses
observations de Przewalsky que nous devons de nombreux détails
sur la larjje dissémination des re|)résentanls de celte espèce sur les
bauts plateaux de l'Asie centrale.
Dans l'extn^me ouest de leur aire de dispersion, les (i. fnibguttu-
rosa s'avancent le \01v2: de la base méridionale de la chaîne du Cau-
case jusqu'aux environs de Tiflis et occupent toute la vallée de
la Koura jusqu'à son embouchure dans la mer Caspienne dont
elles fréquentent les côtes de IJakou ù Lenkoran. Vers ce dernier
point, pour éviter les pentes boisées des provinces persanes sud-
caspiennes. elles quittent le littoral, et remontant le bassin infé-
rieur de l'Araxe, se répandent dans la Perse |iar Tabriz. Suivant
Danford et Alston, quelques-unes de ces Gazelles visiteraient les
bords du Tigre et même la Mésopotamie jusqu'à la rive franche de
l'Euphrate; mais elles sont plus abondantes sur les hauts plateaux
désertiques de la Perse et de l'Afghanistan. Vers le sud, elles ne
dépassent pas les montignes de Chiraz et de Kirman et s'arrêtent
par conséquent à une assez grande distance des côtes du golfe Per-
sique et de la mer d'Oman. Vers l'est elles viennent se heurter, près
de Kandahar et de Kaboul, contre les hauteurs de l'Hindou-Kouch
et du plateau de Pamir et refluent vers le nord dans les districts
transcaspiens. Elles pénètrent ainsi, le long du littoral est de la mer
Caspienne, jusque dans l'Oust-Ourt, traversent les déserts du Kara-
Koum et du Kyzyl-Koum et sillonnent eu tous sens les steppes du
Turkestan russe. Poursuivant leur route vers le nord-est en lon-
geant la base occidentale du Pamir et du massif du ThianChan,
elles atteignent les bords du lac Balkach, franchissent le bassin
de rili, contournent les hauteurs du Tarbagataï et arrivent jusqu'à
l'Altaï près des lacs Zaïzan et Oulioungour (Radde et Walter). Mais
là ne s'arrêtent pas, comme on l'a cru longtemps, les incursions de
ces Gazelles vers l'est; elles continuent leur course à travers les
vastes étendues qui s'ouvrent devant elles, et en suivant les diverses
pérégrinations de Przewalsky sur les hauts plateaux de l'Asie cen-
trale nous retrouvons les G. subyutturosa à chacune des étapes de
ce hardi voyageur : d'abord dans le bassin de l'Ouroungou, les
steppes de la Dzoungarie et la terminaison orientale de la chaîne
du Thian-Chan; puis dans le désert de Gobi, à Khami, près du
puits de Koufi, sur les deux rives du Boulounghir, dans l'oasis de
Sa-tscheu et jusqu'au pied des monts Nan-Chan.
Là, ces Gazelles contournent sans y pénétrer le bassin du Koukou-
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 187
Nor. Quelques-unes, assez peu nombreuses, continuaut leur route
vers le sud, franchissent les passes de la chaîne des Nan-Chan,
entre les monts Humboldt et l'Altyn-Tagh, et par le plateau de
Syrtyn se dispersent dans le Tsaïdam dont elles parcourent les
steppes arides jusqu'au Baïan-gol et au Tosso-Nor, en dépit des
piqûres d'innombrables diptères, et de l'action corrosive du sol
encroûté de cristaux salins. Mais la plupart de ces Gazelles longent
le versant nord des Nan-Chan, et poussant vers l'est à travers les
contrées arrosées par l'Edzina et ses affluents, envahissent les déserts
de l'Ala-Ghan et pénètrent jusqu'au fond du pays des Ordos. Dans
toute cette région comprise dans la boucle du Hoaug-Ho, elles
fréquentent les mêmes pâturages que leurt^ congénères les Gazella
Przeicalskyl, et remontent vers le nord jusqu'aux déserts sablon-
neux du Kousouptchi sur la rive droite immédiate du fleuve Jaune.
Enfin Przewalsky les a également rencontrées sur la rive gauche de
ce grand cours d'eau, dans les steppes de son ancien lit l'Oulan-
Chatun et jusqu'au pied du versant sud des chaînes Khara-Naryn-
Oula et Scheiten-Oula, à l'ouest des montagnes de l'Ourato.
b. — Ccizella subgutturosa, var. yarkandensift Blanford.
1874. (iazella gutturosa, Douglas Forsyth, Proc. zool. Soc. London,
p. 324.
1875. (ïazf'lla subijuiiurosa. var. yarkamlensh Blanford, Journ. As.
Soc. Beng., XLIV, pt. 2, p. 105-11 2.
1879. Gazella suhguilnroan, var. iiiuktmdi'naia Blanford, Scient.
resuis. Sec. Yai'k. Miss. p. 88. pi. XV.
1879. Antilope subgutturosa. Przewalsky, Froin Kulja to Lob-Nor,
p. 60 et 160.
Chez celte variété distinguée pour la première fois par M. Blan-
ford, la taille est plus grande que chez la forme typique, les cornes
ont sensiblement la mèiiie courbure, mais sont beaucoup moins
divergentes ; le pelage est plus long et plus grossier, d'une teinte
jaune moins brillante et fortement mêlée de gris ; les poils noirs de
la queue sont plus longs et plus fournis, de même ceux que l'on
remarque entre les sabots et les ergots; enfin les bandes faciales
restent nettes et bien marquées à tous les âges. La bande centrale
sombre, presque noire.élargieen une tache oblongue un peu au-dessus
des narines, remonte en se rétrécissant le long du chanfrein, puis
se bifurque à la hauteur des yeux, chacune des branches se dirigeant
vers la corne correspondante dont la base disparaît au milieu des
188 K. DK l'or^Amii Ks
I)«)ils |)liis loniïs cl |>res(nic ii()irs (|iii rentoiirent. De cliafiiif côté,
imc hauile faciale claire dim hiaiic jaiiiiàlrc loiii^e iiifcrieiiremenl
la liainle centrale d'un boni à l'aulre; plus bas naît de l'angle anté-
rieur de l'd'il la bande faciale sombre qui vient se perdre vers la
cuuiniis'^ure des lèvres. Les mêmes caiactères se remanjuent cbez
la femelle et les branches de bifurcation de la bande centrale vien-
nent se terminer en tourbillon sur le dessus de la tête inerme.
La (j(t:. subijiuttiirosa var. yarkandeufiis abonde dans les environs
de Kach<,'ar (D. Forsyth), de Maralbachi (Sloliczka) et d'Varkand
(Shaw). Plus à l'est, entre Kourla et le Lob-Nor, Przewalsky en a
relevé de nombreuses pistes, dans les plaines du bas Tarim, et c'est
de cette dernière région que proviennent les exemplaires assez
nombreux et admirablement conservés que possède le Muséum de
Paris (Bonvalot et prince Henri d'Orléans). Il semble donc que la
Gazelle d'Varkand soit absolument localisée dans cette dépression
occidentale du désert de (Jobi arrosée par le Tarim et le Tch(!rchen-
Daria, tributaires du Lob-Nor. Cette vaste arène du Takla-Makan,
bien délimitée au sud par l'Allyn-Tagh, le Togouz-Daban et le
Karakoroum, à l'ouest par le plateau du Pamir, au nord par le
massif du Thian-Chan, l'est beaucoup moins du côté de l'est, et
communi(iue largement, par le désert de Kouip-Tagli, avec les
parties orientales plus élevées du Gobi. Aussi, est-il assez dilïicile
de tracer d'une manière bien précise la limite orientale de disper-
sion de la Gazelle d'Varkand. On peut présumer cependant, de son
adaptation au régime climatérique spécial et à l'altitude relative-
ment faible de son principal foyer d'habitat, qu'elle ne remonte
pas les pentes qui conduisent vers les hauteurs du Beï-Chan signa-
lées par Przewalsky entre Kbami et leNan-Chan. En certains points,
ce pli de terrain le plus accentué du désert de Gobi compte 1130
mètres d'altitude, par exemple au puits de Koufi, et s'élève même
jusqu'à 1680 mètres au puits de Ma lan-tchouan. Or, l'altitude
moyenne de la vaste cuvette du Lob Nor est bien inférieure, et sur
les bords du lac, le niveau s'abaisse à 671 mètres.
Si maintenant nous réunissons en une seule les aires partielles
d'habitat des deux formes de la Cazella subgutturoso, nous obtenons
une vaste zone du milieu de laquelle émergent, presque comme un
îlot, les hautes cimes de l'Hindou Kouch du Pamir et du Thian-Chan
qui la divisent en deux parties à peu près égales se reliant au nord
dans la Dzoungarie et s'étendanl du 42^ au 108^ degré de longitude
est et du 30»^^ au 48« degré de latitude nord. Cette bande d'une
ÉTUDE SUR LES HUMINANTS DE LASIE CENTRALE 189
étendue immense s'étale sur presque toute la largeur du continent
asiatique, et confine vers chacune de ses extrémités aux domaines
de différentes espèces congénériques. En efiet, vers l'est, la G. sub-
gutturosa vient longer et même, sur certains points, entamer les
frontières des G. picticaudata, G. guttarosa et G. PrzewaUkyi; vers
l'ouest, elle se met pour ainsi dire en contact avec les G. Bennetti
(Syk.) G. fuscifrons (Blanf.) et G. dorais (L.).
Géographiquement aussi bien que zoologiquement, la G. subijut-
turosa sert donc d'intermédiaire entre les vraies Gazelles des déserts
de l'Asie sud occidentale et de l'Afrique, et les Gazelles procaprines
des hautes steppes de l'Asie centrale ; elle constitue le véritable chaî-
non qui permet de rattacher ces forcnes extrêmes à un même type
générique, Gazella, dont l'immense royaume s'étend aujourd'hui,
sans interruption, du voisinage de l'Océan Pacifique au littoral de
l'Atlantique, et devait autrefois, en suivant l'Afrique orientale, se pro
longer jusqu'au Cap, englobant l'aire d'habitat du Spring-bok sud-
africain G. euchore (Licht.) actuellement séparé de ses congénères,
et, comme un rameau détaché du tronc, menacé dans sa vitalité.
Famille des MOSCHIDÉS
Les recherches de Gray (1836) de Pucheran (1852) (i) et surtout
celles plus récentes de M. A. Milue-Edwards (1864) et de sir
W. Flower (1875) ont permis de fixer exactement le rang zoologique
des Chevrotaius porte-musc. On sait maintenant que ces animaux
n'ont que des affinités lointaines avec les autres Chevrotains ou
Tragulidés et sont plus proche-alliés des Cervidés. D'après certains
auteurs, les Porte-musc forment une subdivision particulière [Mos-
chinés) de la famille des Cervidés; suivant d'autres, ils constituent
une famille spéciale (Moschidés) qui doit être rangée parallèlement
à celle des Cervidés, avec la même valeur ordinique.
Cette famille ne renferme que le seul genre Moschus, qui, jusque
dans ces derniers temps, ne comptait lui-même qu'une seule espèce
à livrée très variable, M. inoschiferus {L.) mais à laquelle il faut
adjoindre aujourd'hui un nouveau type récemment décrit le M. sifa-
nicus (Bûchn.).
9. — Genre iMOSCHUS Linné
14. — MoscHus MOscHiFERUS Linné.
1766. Moschus moschiferus F^inné, SystPmn naturpe,l2«éd\L,l,p.9i.
(1) FucuEKAN. Arch. du Muséum, VI, p. 28.', 1852.
190 K. I)K l'OUSAIlGUES
I77S. Mosrhils sthirinis P.vllas, Sjiicil. zoolut).. fasc. Xlll. p. ^9,
pi. IV.
1830. — (ilinifitx KscHscHOLTZ, Isis, p. (lUfi.
183(). — niutic Inféras (îuay, l'roc. zool. Soc. Loodon, p. 63.
1842. — mtnralus Hodgson, Joiirn. asiat. Soc. Beng., VI il,
p. i03(i8:U)), XI, |.. 2s:;.
1842. — f/(/'j/.sr;('/f/.s7(7' Hodgson, Jourii. asicil. Soc. Beng., VIII,
p. 203(1839), XI, |). 28:..
1S42. — leucof/dster Hodgson, .lourn. asiat. Soc. Beug., VIII,
p. 203 (1839), XI, p. 28.).
— kacharensis HoDGSoy, Cal. mauiiscril.
— niieiroiter Hodgson, Id.
4839, — uionchiferun OG\LBY,Y{oy\ii. i\at. Il ist. ofUimal. tnouiit.
1858. — — Leith-Adams, Proc. zooi. Soc. Loodon,
p. 528.
1859. — — ScHRiiNCK, /?c«.s. und Forarh. im. Aninr-
Land, pt. I; Saiigeth., p. 161.
1862. — — Radde, liek. Sud. von Ost. Sihir. pt I;
Saiajetli, p. 274.
1864. — — A. M. -Edwards, Recherches sur 1rs che-
vroUdns.
1868-1874. Moschus moschiferus A. M. -Edwards, Rech.surles Mam-
mifères, p. 176.
1871. — — A.David, N. Arch. iMuseum, VII,
Bullet. p. 75.
1872. — — V. Brooke, Proc. zool. Soc. LoQdon,
p. 522,
1875. — — W. Flower, Proc. zool. Soc. Lon-
don, p. 159.
1875. Moschus moschiferus (partimj Przewalsky, Voy. en Mongolie,
texte russe, p. 174, 240.
1877. — — (partira.) Przewalsky, Voy. en Mongolie,
trad.all.A.Kohn, p. 220,310.
1876. — — Bell, Proc. zool Soc. London, p. 182.
iS77. — — Gahrod, Ibidem, p. 287, 791.
1877. — — Lydekker, Journal asiatic. Soc. of. Ben-
gal, XLVI, pt 2. p. 286.
1880. — — Lydekker, Journal asiatic. Soc. of Ben-
gal, p. 4-6.
1881. — — ScuLLY, Proc. zool. Soc. London, p. 209.
1882. — — Forbes, Ibidem. p. 636.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 191
1884. Moschus moschiferus Przewalsky, Reis in Tibet, pp. 17o, 202,
203, 218, 236, 256.
1890. — — BûGHNER.Mél.biol.Bull.Acad. Se. Saint-
Pétersbourg, XIII, p. 163.
Hodgson, s'exagérant riniportance des variations que l'on observe
dans les teintes du pelage du Chevrotain porte-musc, avait créé de
nombreuses espèces nominales, doot la validité avait été immédia-
tement mise en doute par Ogilby. Mais c'est à mon savant et vénéré
maître, M. A. Milne-Edwards, que revient l'honneur d'avoir complè-
tement élucidé cette question litigieuse dans ses recherches si docu-
mentées sur la famille des Chevrotains. Le sujet ayant été complè-
tement épuisé, il me sutFira de noter ici les conclusions de ce travail
auquel je renverrai pour de plus amples détails.
(( En résumé, dit M. A. Milne-Edwards, il me parait nécessaire
de rayer de nos catalogues zooiogiques, toutes ces espèces réputées
nouvelles, et de réunir en un seul type spécifique tous les Chevro-
tains moschifères (1). Cette espèce unique renferme évidemment
plusieurs variétés que l'on pourrait appeler la variété maculée, la
variété rubanée, la variété cnncolor et la variété leucogaster ».
« Peut-être trouvera-ton que dans les parties sud de la vaste
région habitée par ces animaux, une ou plusieurs variétés, la variété
concolor par exemple, est plus commune que dans le nord où les
individus adultes, conservant davantage les caractères du jeune
âge, offriraient plus souvent les particularités qui se trouvent chez
la variété maculée ou la variété rubanée ; mais il ne faudrait pas
en induire que ces variétés constituent de véritables espèces, et,
dans l'état actuel de la science, les séparer spécifiquement me
semblerait contraire aux principes fondamentaux de la zoologie. »
L'aire d'habitat du Porte-Musc est extrêmement vaste; à l'excep-
tion des montagnes du Turkestan (Rarakoroum, Pamir, Thian-
Chan) elle couvre toutes les chaînes qui encerclent le plateau cen-
tral de l'Asie, et s'étale même assez loin le long des contreforts qui
s'en détachent vers le sud-est et le nord-est.
De Gilgit, du Kachmir et du Ladak (Scully, Leith Adams, Blan-
ford), les Porte-Musc suivent l'Himalaya (Hodgson.), le grand Tibet
et le bassin supérieur du Brahmapoutre (Lydekker) qui les conduit
dans le massif montagneux du Tibet oriental et des provinces chi-
noises du Yun-Nan et du Se-Tchouan. De ces régions, quelques
(1) [1 fniit excepler, bien entendu, l'espèce récente, également moschifère,
M. sifanicus. dont nous traiterons dans le paragraphe suivant.
19i K. Dli l'Ol'SAHGUKS
rares individus s'aventuronl dans \o sud le lon^^ dos rhaînes ()ui for-
ment l'ossalure du nord de la Birmanie el de l'Assam (Andersonj ;
d'autres, eu bien plus grand uombre, remontent dans la direction
du nordesl, au milieu du chaos de montaj^nes d'où s'échappent
les grands tleuves de l'Indo Chine et de la Chine, dans le Moupin,
le Koukou-Nor, le Kan Sou et les monts Nan-Chan (A. David,
Przewalsky, Herezowski), et par l'Ala-Chan et le Khara-Naryn-Oula,
gagnent le système orographiqne de l'In (Ihan el du (Jrand-Kliingau,
en longeant le sud et l'est de la Mongolie. Les Porte-musc fré
quenteut aussi, d'ailleurs, le nord des vastes plateaux de cette
dernière région; partant de l'Altaï, ils suivent les hautes montagnes
où prennent leurs sources les grands lleuves sibériens, contournent
le Baïkal, se répandent dans la Transbaikalie et, par les monts
Apfel et lablonovyi, rejoignent le grand Khingan. Poursuivant leur
course vers l'est, les Moscluis se dispersent sur les crêtes du bassin
de l'Amour et de la Mandchourie, jusqu'au littoral de la mer du
Japon (Pallas, Radde) et même on les retrouve encore dans l'Ile
Sakhalin (Schrenck). Plus au nord, ils paraissent éviter les rivages
de la mer d'Okhotsk, mais dans l'intérieur, ils abondent dans les
monts Stanovoï et les chaînes qui, prolongeant au nord les monts
du Baïkal, limitent étroitement le cours moyen de la Lena jusqu'à
Iakoutsk. Eutin, passant de là dans les bassins supérieurs de l'iana
et de rindigirka (Pallas), ils atteignent, franchissent même le
cercle polaire et pénètrent jusqu'aux environs de Werkhoïansk
(amiral Wrangel) (1). Suivant Pallas ce serait là l'extrême limite
nord-est de la dispersion des Porte -musc, et ces animaux seraient
inconnus dans la presqu'île du Kamtchatka et l'angle oriental
extrême du continent asiatique.
lo. — MoscHus siFANicus Biichner
Mof;rhiis sifntucus Buch.nkr, Sdugeik. Gaiissu-Exped . Mélang. biolog.
Bull. acad. Scienc. S'-Pétersbourg, XIII, livr. I, p. 162, 1890.
Le Moschiis silanicus n'est encore connu que par la courte diagnose
publiée par M. Biichner, qui se propose d'en faire paraître ultérieu-
rement une description plus complète. Voici dans quels termes le
savant zoologiste russe expose les principaux caractères distinclifs
de cette nouvelle espèce.
(( L'oreille du M. sifanicus est une fois et demie plus longue que
celle du M. mosclnfenis, et d'un noir plus ou moiris intense sur sa
(1; W RANCEL, le ^ord de la Sibene, II, p. 341, 1^4;}.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 193
face externe, moins lextrémité marquée d'uue large tache jaunâtre ;
à l'intérieur elle est garnie près de ses bords de poils jaunâtres
parfois lavés de roux et ourlée, le long du bord de sa moitié supé-
rieure, d'un liseré bien marqué, noirâtre ou noir-brunâtre. Chez le
M. moschiferus, au contraire, la face externe de l'oreille est de la
même teinte que la tète, parfois plus sombre et noirâtre à l'ex-
trémité. Cette teinte caractéristique de l'oreille du M. sifanicus
constitue déjà à elle seule un trait bien distinctif de cette nouvelle
espèce qui, pour le reste, ressemble à la variété coocolore du
M. moschiferas. Le M. sifanicus se distingue encore très nettement
du M . moschiferus ipHv son crâne plus massif et beaucoup plus long,
principalement dans sa portion antérieure. Les os nasaux du
M. sifanicus, même les moins développés, sont incomparablement
plus longs que chez le F'orle-musc ordinaire et se rétrécissent à
peine en pénétrant entre les frontaux, de telle sorte que leur bord
frontal paraît être coupé carrément. »
Jusqu'à présent celte espèce n'a été signalée que dans les mon-
tagnes du Kan-Sou, qu'habite également l'espèce ordinaire; c'est
dans celte région qu'elle aurait été vue pour la première fois, en
1872, par Przewalsky (M. moschiferus?), puis plus lard par le même
explorateur au cours de ses troisième et quatrième voyages, et
enfin plus récemment par l'expédition Potanin et Berezowski
(1884 1887).
Famille des CERVIDÉS
On sait que, d'après le mode de conformation des pattes anté-
rieures et la position proximale ou distale des rudiments des méta-
carpiens latéraux, les Cervidés actuels ont été divisés par Sir
V. Brooke en deux groupes ou sous-familles distinctes; les Plé-
sioméiacaryiens et les Télémétacarpiens.
Chacun de ces groupes est représenté dans l'Asie centrale ; le
premier par plusieurs espèces du genre Cervus {str. s.), le second par
une variété de l'unique espèce du genre Capreolus.
I" PLÉSIOMÉTACARPIENS
10. — Genre CERVUS Linné.
Les représentants de ce genre abondent sur les pentes boisées
des montagnes qui bordent ou traversent les plateaux de l'Asie
centrale. Ils appartiennent tous au groupe élaphien; ce sont donc
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — i:^
194 E. DE POUSAROUES
des Cerfs |)rnpr(Mîient dits, daus le sons restreint du mot, mais l'on
peut reconnaître parmi eux plusieurs types parfaitement dilîé-
reuciés, soit au point de vue morpliolo^i(|ue, soit au point de vue
géo^^raphiiiue. i^e nombre de ces coupes sitécifiques a été singuliè-
rement exai^éré par les auteurs. Depuis le commencement de ce
siècle, et pour la seule région qui doit nous occuper ici, on n'a pas
décrit moius de quinze espèces nominales (jui, suivant l'ordre
chronologique, donnent la liste suivante :
1811. Cenus elaphus, Pall. 187."^. Cen-ns eustephanus, Rlanf.
1812. C. Wallichi, Cv\ . 1880. C. Luhdorfi, Holau.
1839. C. cashmeerinnus, Falc. 1884. C. albirontrù, Pr/.ew.
1841. C. afl'mi'i, Hodgs. 1884. C sellatns, Przew.
1850. C. tibetanus, Hodgs. 1892. C. yarUandensis, Blanf.
18ol. C. narijianus, Hodgs. 1893. C. Thoroldi, Blanf.
1867. C. xantltopiifius, A. M.-Edw. 1896. C bedfnrdianns, Lyd.
1873. C. nuirai, Sev. (nec Og.i.
Il est évident, a priori, que ce nombre est excessif pour la seule
Asie centrale, si vaste que soit ou que l'on suppose cette région.
Ces errements de la part des zoologistes ont eu pour cause prin-
cipale l'insuffisance des descriptions pour les espèces types, établies
souvent sur des documents ou des sujets d'étude imparfaits, tels
que dessins, dépouilles incomplètes, ramures trop jeunes, etc.
Du reste, même à l'heure actuelle, il est encore bien peu de musées
européens qui puissent montrer la série complète des Cervidés de
l'Asie centrale. Ceci n'a rien de surprenant, quand on songe aux
difficultés de pénétration dans ces contrées défendues à la fois par
la nature et par l'Homme, et aux moyens de transport si défectueux
dont disposent les explorateurs pour faire parvenir en Europe des
dépouilles d'animaux d'aussi grande taille que ces Cerfs dont les
bois sont parfois énormes et encombrants. D'autre part ces ramures
elles-mêmes leur sont disputées avec un incroyable acharnement par
les habitants du Céleste Empire, pour on ne sait quelles préparations
pharmaceutiques dont ils gardent le secret avec un soin jaloux.
La revision de toutes ces espèces, commencée par M. Sclater (1)
et continuée par Sir V. Brooke (2), a été dans ces derniers temps
mise au point par M. R. I.ydekker (3), qui en a notablement diminué
le nombre. L'étude des spécimens de la collection du iMuséum de
Paris, et en particulier du type de l'espèce C. xanthopygus, ra'a
(1) Sclater, Trans. zool. Soc. Loiulon, VII, p. 3W, IS69-1872.
(2) Sir V. BnooKE, Proc. zool. Soc. Undon, p. S8:î, 1878.
(3) U. Lydekker, Proc. zool. Soc. London, p. 933, 18%.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 195
permis d'élucider quelques points restés obscurs pour M. Lydekker
et de satisfaire à quelques questions posées par ce savant zoolo-
giste.
De cette étude est résultée pour moi la conviction que l'on peut
encore pousser plus loin la simplification et la réduction des
espèces; et j'aurai occasion de le démontrer au cours de ce travail.
16. — Cervus Wallichi Cuvier.
18i2. Cervus Wallichi G. Cuvier, Recherch. ossem. fossiles.
1823. — — F. Cuvier, Hist. nat. Mammif. livr. 39, pi. 356.
1827 . — — H. Smith, Griff. anim. kimjd, IV, p. 103, pi. IX.
1835. — elaphus (var.) Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, IV,
p. 648, pi. LUI, (fig. 5, ramure).
1838. — [Harana] Wallichi Hodgson, Ann. natur. hist., I, p. 154.
1841. — affinis Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, X, pt. 2.
p. 721.
1841. — Wallichi Blyth, Journ. asiat. Soc. Bengal, X, pt. 2,
p. 745. pi. (fig. 7, ramure jeune).
1841. — (Pseudocervus) IV'tt//ïc/ii Hodgson, Journ. asiat. Soc. Ben-
gal, X, pt. 2, p. 914.
1850. — al/inis Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, XIX,
p. 466 pi. (ramure).
1850. — tibetanus, Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, XIX,
p. 466 pi. (ramure).
1850. — a/finis Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, XIX, p. 518,
pi. (tête et rainure).
1851. — — Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, XX, p. 388,
pi. VII (animal).
1851. — nariyanus Hodgson, Journ. asiat. Soc. Bengal, XX,
p. 392, pi. VIII (ramure jeune).
1852 — Wallichi Blyth, Journ. asiat. Soc. Bengal, XXI, p. 341.
1867. — a/finis Jerdon, Mamm. of India, p. 251.
1869-1872. Cervus allinis Sclater, Trans. zoolog. Soc. London, VU,
p. 343.
Ce Cerf de grande taille mesure à l'âge adulte 2"'o0 à 2™70 de
longueur et l'"30 à l'^50 de hauteur au garrot. La ramure grande
et forte peut atteindre 1di50 de longueur suivant la courbure, et
28 ceutim. de circonférence à la base; elle présente nettement le
type élaphien, mais ne compte normalement que cinq pointes pour
chaque bois, même chez les vieux individus, soit : deuxandouillers
196 i:- lit l'eiUSARGUKS
de liasc {hrou-tmc (-1 hcz-tinc), un médian (rniial) et une couronne
simplement bifurquée. Le deuxième andouiller de base est inva-
riablement le plus lon^ de tous. Ces bois ont une courbure parti
culière très prononcée; ils s'inclinent tortemeut en arrière et en
dehors dans leur moitié basale pour remonter ensuite presque
verticalement à partir du troisième andonillcr en conservant leur
écart ou eu se rapprochant plus ou moins. Du reste, Hodgson
signale, pour des individus de même âge ou à peu près, de grandes
variations soit dans la longueur, l'épaisseur et l'envergure des
perches, soit dans l'écartement des deux andouillers de base.
Ceux-ci d'ordinaire sont distants de 4 à 5 centimètres, mais parfois
de lu dans des cas anormaux et principalement dans le jeune âge;
témoins l'un des types du C. afj'inis, et une jeune ramure pour
laquelle Hodgson avait créé l'espèce C. nariyanits qui, suivant
Blyth. n'est autre que le C. Wallichi. Le rhiuarium est étroit et plus
réduit que chez le Cerf d'Europe, la queue est très courte, par
contre les oreilles sont longues, étroites, pointues et bien garnies
de poils à leur intérieur.
Les pattes sont fortes, les sabots larges et il n'y a aucune trace
apparente de brosses métatarsiennes. Le pelage bien fourni n'a
sur le corps que 5 à 6 centimètres de long; sur le cou les poils
prennent plus de développement, ils mesurent de 14 à 15 centi-
mètres et forment une maigre crinière. La couleur générale est
d'un brun terreux plus ou moins jaunâtre; la tête et le cou ont la
même teinte que le dos, mais les flancs sont plus pâles et le ventre
est sombre. Les membres sont plus clairs que le dos, mais plus
foncés que les flancs; la face postérieure des cuisses est blanche et
cette teinte remonte sur le croupion pour former un disque circum
caudal d'assez faibles dimensions, mais bien visible par contraste
avec les teintes sombres du dos. La queue est également blanche
ainsi que les poils qui garnissent l'intérieur de l'oreille. Le lourdes
yeux et les lèvres sont blanchâtres. Les femelles sont plus petites
que les mâles, leur crinière est moins développée et leurs teintes
sont plus pâles, surtout sur la face inférieure du corps qui est blan-
châtre. Tels sont les caractères qu'Hodgson attribue aux individus
adultes de cette espèce en pelage d'hiver.
Malheureusement on ne connaît de ce grand Cerf d'autres figu-
res complètes que celles bien insuffisantes publiées autrefois par
F. Cuvier, H. Smith et Hodgson. C'est là une lacune regrettable,
étant donnée la rareté, pour ne pas dire l'absence presque totale,
des spécimens dans les Musées d'Europe, et qui explique pourquoi.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 197
depuis la polémique autrefois engagée entre Blyth et Hodgsou, les
auteurs ne sont pas tombés d'accord sur la synonymie que l'on
doit établir entre le Cerf figuré par Duvaucel et décrit par les deux
Guvier sous le nom de C. Wallichi, et le Shou tibétain ou C. afpnis
de Hodgson.
H. Smith considérait le type du C. Wallichi de Cuvier comme un
vieux Cerf dont les bois déformés étaient en voie de dégénéres-
cence. Cette opinion fut réfutée par Blyth, qui n'accorde au con-
traire à l'animal représenté par Duvaucel que deux ou trois ans
d'âge, et le considère avec raison comme un jeune du C. afjinis.
Hodgson lutta constamment contre cette assimilation qu'il consi-
dérait comme erronée, et l'àpretédela discussion l'entraîna jusqu'à
considérer, contre toute évidence, le type du C. Wallichi comme un
animal bien adulte, à ramure parfaite et définitive, pour lequel 11
créa successivement les sous-genres /forana et Pseudocermis caracté-
risés par la forme des bois, ramifiés à la base comme dans le genre
Cfirvuset au sommet comme dans le genre Rusa, c'est-à-dire àquatre
pointes, Plus tard, Hodgson abandonna ces idées excessives et
préconçues mais sans vouloir admettre pourtant la synonymie des
deux espèces. « L'identification entre le C. Wallichi et le C. affinis,
écrivait-il, est plus que douteuse, elle n'est ni démontrée, ni démon-
trable avec les seuls matériaux d'études qui existent. L'espèce C.
Wallichi établie par Cuvier ne repose que sur un dessin ; on n'a
pu, et on ne pourra jamais la confirmer qu'en se rapportant à cette
seule paire de cornes qui manifestement ne donne pas les caractères
de l'espèce puisqu'on l'attribue, tantôt à un jeune animal, tantôt à
un vieux cerf décrépit ». Ce statu quo fut adopté et maintenu depuis
par la plupart des Zoologistes qui se retranchèrent derrière la
soi-disant impossibilité énoncée par Hodgson. Quelques auteurs
pourtant, Jerdon et M. Sclater entre autres, sortirent de cette
réserve en inclinant à unifier les deux types. On peut invoquer, à
l'appui de cette manière de voir, l'opinion émise par Ogilby et par
Blyth; à savoir, qu'il n'y a aucune raison pour admettre l'existence,
dans les mêmes régions, de deux espèces de Cerfs du type élaphien,
hypothèse qui ne repose sur aucune base solide. D'autre part, en
comparant attentivement la description du C. Wallichi de F. Cuvier
à celle du C. ajjinis de Hodgson, on trouve des caractères parfai-
tement concordants : pelage d'un gris-brun jaunâtre chez le premier,
d'un brun terreux lavé de jaune chez le second ; absence de brosses
métatarsiennes, queue très courte et blanche chez les deux types,
entourée d'un disque de même teinte dont les dimensions, assure
198 K. 1)1. l'orsMUJUEs
Blylli, oui t'it'i cx.i^^fii'ts |i;ir niiVMiict'I. On coiislale une orietifation
similaire pour les audouillns (le liasc Kiiliii, chez le C. UdUn-hi, dit
F. Cuvier, les bois s'écartent à droite et à 2;auche de manière à
dépasser heaucoiip les rAtés de la tête, se renversent en arrière
jiprès h's premiers andonillers, et i-emontenl cnsuile presque verti-
calement, (^elte disposition de la ramure dans le jeune à^e, ne
fait-elle pas pressentir la forme qu'elle prendra chez l'adulte où,
comme l'a déiîrit et figuré à maintes re[trises Hodf^son pour le
C. aIJinis, les bois s'étalent largement dans leur course ascendante,
mais s'inclinent fortement en arrière avant de remonter.
Le C. WaUichl est, à n'en pas douter, une espèce essentiellement
tibétaine, et le terme spécifique tihctnnua proposé ultérieurement
par Hodgson, lui serait parfaitenient applicable ; mais il est encore
impossible, dans l'état actuel de la science, de tracer avec précision
les limites de son aire d'habitat. L'individu vu et dessiné par
Duvaucel provenait du Isépaul, et plus spécialement, d'après
Hardwicke, des environs de .Muktinah, près du mont Dhavalaghiri.
L'on peut admettre qu'au nord immédiat de l'Himalaya, cette
espèce ne s'étend pas beaucoup plus loin vers l'ouest. Hodgson
doute de son existence dans le Ngari, et d'après M. W,-T. Blanford,
cette province de l'ouest du Tibet ne nourrirait aucun Cervidé.
(( Les vallées supérieures du Tsan-Po et du Sutledj qui forment
cette région ne sont qu'un désert aride, sans arbres, presque sans
buissons ni halliers, dont la nature diffère essentiellement de celle
des contrées que fréquentent ordinairement les Cerfs (1). » Hodgson
afTirme en outre que le Shou ne se rencontre dans aucun district
sud himalayien, pas même dans la vallée de Chumbi, comme il
l'avait tout d'abord avancé. Le Shou, dit-il, est largement répandu
dans le Tibet, principalement dans les provinces de Dsang et de
Kbam, et doit être considéré comme un animal tibétain et non
himalayien. Cette assertion a été confirmée récenimentpar M.VV.-T.
Blanford (2). Mais Hodgson va plus loin dans ses déductions et
recule les limites de l'aire d'habitat de celte espèce vers le nord-
est jusqu'à l'Altaï et la Mandchourie pour la relier à celle du Wapiti
canadien ou Cerf du nord-ouest américain. Sans suivre aussi loin
cet auteur, on peut admettre l'existence du C. WalUchi dans la
région montagneuse qui sépare la Chine des plateaux du Tibet, et
probablement le long des contreforts qui s'en détachent vers l'ouest.
(I) Hi.ANFORi), Pror. zool Soc. Lonrion, p. 44S, 1893.
(t) Blanford, Proc. lo-A. Soc. I.ondon, p. 449, 1893.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE L'aSIE CENTRALE 199
Daus ses notes sur le Tibet oriental, le D"" Campbell (1) signale
l'existence d'un grand Cerf nommé Simoo, qui ne peut être que le
C. Wallkhi. C'est probablement à la même espèce qu'il faut rap-
porter, comme l'avait soupçonné M. l'abbé A. David (2), l'un des
deux grands Cervidés dont ce savant missionnaire a pu voir de
nombreuses ramures entre les mains de voyageurs traficants dans
la principauté de Moupin et la partie sud-est du bassin du Koukou-
Nor, Enfin, dans les relations qu'il a publiées de ses différents
voyages, le célèbre explorateur Przewalsky (3) parle d'un Cerf,
qu'il laisse indéterminé, aperçu à maintes reprises dans les monts
Tang-La et Schouga, près des sources du fleuve Jaune, aux environs
de l'oasis de Guidi, dans les montagnes du Koukou-Nor, dans la
partie est des monts NanChan, et le sud-ouest du Kan-Sou. Faut-il
également assimiler au C. WaUichi, ou rapporter à l'espèce C. bed-
fordianus les nombreux Cerfs qui vivent sur le versant ouest de la
chaîne de l'Ala-Chau et dont Przewalsky (4) a pu se procurer la
dépouille d'un vieux maie. Ce sont là autant de questions que je
ne puis trancher d'une manière certaine, faute de matériaux
d'études, mais dont nous aurons prochainement la solution dans
le magnifique travail [Mammalia Przewahkyana) que publie actuel-
lement M. E. Bûchner.
47. — Cervus cashmeerianus Falconer.
1839. Cervus cashmeerianus Hugh Falconer, Manuscrit.
1840. — Walliclii Blyth, Proc. zool. Soc. London, p. 79.
1841. — — Blyth, Journal asiatic Soc. of Bengal, X,
pt. 2, p. 747, pi., fig. 8 et 9.
1858. — cashmeriensis Leith Adams, Proc. Zool. Soc. London,
p. 529.
1867. — WaUichi [partim) Jerdon, Mamm. Ind., p. 250.
1868. — cashmeerianus H. Falconer, Palœont. mem., I, p. 576,
fig. J5et 16.
1869-72. — — P.-L. ScLATER, Trans. zool. Soc. Lon-
don, VII, p. 339, pi. XXX.
(1) D' A. Campbell, Journal Asialio Soc. of Bengal, 1855.
(2) Rév. P. A. David, Nouvelles Archives du Muséum de Paris, VII, Bull.,
p. 75-100, 1871.
(3) Przewalsky, Reis. Tib. und nber. Lauf. Gelb. FI. Traduct. aliéna. Slein-
Nordheim, 1884, p. 111, 118, 175, 218, 236.
(4) Przewalsky, Mongol. Tangut countr . and so lit. Norlh. Tibet, I, p. 261, 1876
200 i:. r)K porsAnr.UKS
1S77. <'ri rus rdshmrrirnsi!; f.YDKKKER, .Idiii'iiiil :isi;itic Sor. of Ben-
gal, XLVI. |)12, |). :iS(;.
1884, — ciixhmiriditiis Sterndale, Maviiii. oj inihd, p. ï)\2,.
1,S87. — — .1. SciiLLY. Anii. Mn:,'. Nal. Ilist., (5).
XX. p. 388.
En r»^iililé, le Cerf du Kaclmiir {Ihnti/ool {)\i Ihirn ainghi] M'a|tpai-
tient pas à la faune de l'Asie ceiilrale, el sou hal)itat est exclusive-
meut sud-hinialayien ; si j'ai cru devoir lui accorder une place
dans ce travail, c'est alin d'insister sur sa distinction d'avec l'espèce
précédente C. Walliclii, à laquelle plusieurs auteurs l'avaient autre-
fois assimilé. La publication tardive des nianuscrils de Falconer
jointe à la rareté des spécimens dans les collections (ut la cause de
cette confusion qui ne prit fin ((u'à l'époque où M. Ph. L. Sclater
fit paraître son niéinoire sur les Cerfs d'Asie. Dans ce beau travail,
l'historique du C. cashmeerianns a été complètement débrouillé, et
il me suffira de consigner ici quelques détails sur le pelage, la
ramure et la distribution géographique de cette espèce.
Comme le Shou tibétain, le Cerf du Kachmir est un type fran-
chement élaphien, mais il est moins grand et sa robe est plus
sombre. D'après la planche coloriée de M. P. L. Sclater qui corres-
pond parfaitement aux descriptions de Falconer et de Leith Adams,
le dessus du corps est d'un brun foncé, la face interne des membres
d'un roux jaunâtre, le ventre blanc ou blanc sale. Le disque uropy-
gal est petit et pour ainsi dire nul ; en effet, la teinte blanche de
la face postérieure des cuisses ne remonte pas plus haut que la
racine de la queue. Celle-ci, assez longue, ne présente qu'un étroit
liseré blanc, et la teinte sombre de la croupe se continue largement
sans interruption sur sa face supérieure. Suivant Leith Adams, les
teintes de la livrée varieraient peu suivant les sexes et les saisons ;
cependant d'après Blyth, les dessins de Vigne montrent une robe
d'été d'un roux brillant.
Sur ces mêmes dessins, l'on constate la présence de brosses méta-
tarsiennes longues et épaisses. La rainure est bien développée, mais
diffère par certains caractères de celle du Shou du Thibet. Les bois
se renversent beaucoup moins en arrière, et les deux andouillers
de base sont plus relevés. Suivant Falconer, et d'après la figure
publiée par Blyth, la couronne ne formerait qu'une simple fourche,
particularité sur laquelle se basaient autrefois les auteurs pour
assimiler le Shou tibétain au Cerf du Kachmir; mais des observa-
tions plus récentes ont montré que chez ce dernier les andouillers
terminaux se multipliaient avec les progrès de l'âge. « Le capitaine
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 201
Cimningham, écrivait Hodgson, me dit que le Cerf du Kachmir a
parfois une double fourche à ses bois, ce qui eu fait un animal à
12 cors ou Bara-singha » (1). Leilh Adams, à qui l'on doit de pré-
cieux renseignements sur ce Cerf, indique les bois comme grands,
très massifs, pourvus de 10 à 15 pointes et plus suivant l'âge; sur
la plus grande ramure qu'ait observée ce voyageur, chaque bois
mesurait [^12, en suivant la courbe, l'un avait 7 pointes, l'autre 6.
Sur le dessin publié dans le texte du travail de M. Ph. L. Sclater
(fig. 5), l'un des bois porte 6 cors, l'autre o. D'après Jerdon enfin,
on aurait vu des spécimens ayant 15, 16 et même 18 audouillers, et
cette assertion est confirmée par Sterndale.
Tous ces détails montrent que le Cerf du Kachmir est bien
distinct du Cerf du Tibet, et que, par la forme de ses bois et le
nombre de ses audouillers, il montre au contraire des affinités plus
prochaines avec le Cerf du Thian-Chan, C, eustephanus (Blanf.) et
surtout avec le Cerf de Perse C. maral (Og. nec Sev.). Du reste, ainsi
que nous l'avons dit déjà, la zone d'habitat du C. cashmeerianus est
exclusivement sud-himalayienne, elle est donc nettement séparée
de celle du C. Wallichi, et tend au contraire vers celle du C. maral.
« Le capitaine Cunningham, dit Hodgson, m'assure que le Cerf
du Kachmir est le même animal que le Shou du Tibet, mais Gray
et Falconer jugent autrement; et comme il est avéré maintenant
que le Shou ne se rencontre dans aucun district cis-himalayieu,
pas même dans le Chumbi dont le climat est moitié hymalayien,
moitié tibétain, je tiens également cette ideutilication pour très
contestable ». Suivant Leith Adaras, les forêts qui couvrent les chaî-
nes de montagnes de l'ouest du Kachmir et le versant nord du Pir-
Paudjal seraient le principal foyer d'habitat du C. cashmeerianus.
Cette opinion est partagée par M. Blanford qui assure qu'au nord
de la chaîne qui sépare le Kachmir du Ladak, on ne trouve de
cette espèce que des individus errants, égarés et perdus (2), et que
son aire d'habitat ne s'étend pas, vers le nord-est, au-delà de cette
chaîne. Les reuseigoements font presque entièrement défaut en ce
qui concerne les limites de l'extension de ce Cerf vers l'ouest, et
nous ne pouvons citer à cet égard que le témoignage de Scully qui
rapporte à l'espèce C. cashmirianus, un bois incomplet et brisé,
trouvé par le capitaine Yate près de Balkh sur la rive gauche de
rOxus, dans le nord de l'Afghanistan. Si cette hypothèse parfaite-
ment admissible, mais n'ayant encore pour b.ise qu'un fait isolé et
(1) Hodgson. Journ. asiatic. Soc Bengal, .XX, p. 393, 1851.
(2) Blanford. Proc. zool. Soc. London, p. 633, 1876.
202 F.. DK l'fKJSARGnES
peu probuul, veuail à cire conlirmee, il faudrait eu conclure (jue le
Cercus citslnneerianus gafçne vers le nord-ouest le massif de l'HintJou-
Kouch cl de là les inouïs Paiopauiisiides d'où il descendrait, sur
le versant noid. dans le bassin supciieur de l'tJxus ou Auiou-lJaria
et probablement aussi, sur le versant sud, le long de la cliaîne de
Soulaïuian Dagli, et dans les baules valléesoù pi-ennenl leurssources
les nombreuses rivières (jui arrosent les contrées afghanes, et vont
se perdre dans les déserts du nord du Béloulchislan et les maré-
cages de Hamoun.
18. — Cervus varkandensis Blanford.
1874. Cerriis ap. Sir Douglas Forsyth, Proc. zool. Soc. London,
p. 324.
1875. — — W. T. Blanford, Journ. As. Soc. Beng., XLIV,
pt2. p. 112.
1879. — — 1d., Se. lies. .sec. Yark. Miss. (Mamm.), p. 92.
1879. — maral Przewalsky, Fr. Kulja ta Lob-Nor, p. 166.
1892. — yarkandensis W. T. Blanford, Proc. zool. Soc. Lon-
don, p. 116, fig. des bois.
Le Muséum de Paris possède de cette espèce deux spécimens
pris entre Kourla et le Lob-Nor par M. Bonvalot et le prince Henri
d'Orléans. L'un d'eux est une femelle bien adulte, l'autre un jeune
mâle dont les bois, encore au stade Rusa, ne présentent que trois
pointes chacun, un andouiller de base et une fourche terminale.
La robe de ces deux individus est remarquablement claire et repré-
sente ce que l'on est convenu d'appeler une livrée désertique.
Chez la femelle, la tête, le cou, le dessus du corps, les flancs et
le haut de la face externe des membres sont d'une teinte jaune pâle,
faiblement tiquetée de brun-jaunàtre clair, un peu plus sombre le
long de la ligne médiane dorsale; le dessous du corps, la face
interne et tout le bas «les membres sont d'un blanc légèrement
lavé de jaune. La queue est très courte et d'un blanc jaunâtre. Le
disque circumcaudal de même teinte est bien développé; sur le
dessus de la croupe il ne présente pas de bordure sombre bien évi-
dente, et se perd insensiblement dans la teinte jaune tiquetée du
dos, mais le long de la face postérieure des cuisses, il est encadré
d'une bordure assez large, d'un brun foncé. Les oreilles sont lon-
gues; il n'y a aucune trace de brosses métatarsiennes. Le rhina-
rium est réduit; entre les narines et la lèvre supérieure il se rétré-
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DR l'aSIE CENTRALE 203
cit notablenieut el forme un isthme étroit qui s'étale à peine le
long du bord antérieur de l'ouverture buccale. La livrée du jeune
mâle se distingue de celle de la femelle par l'allongement marqué
des poils du cou qui forment une crinière dont la teinte brunâtre,
tiquetée de jaune est plus foncée que sur le reste du corps. Sur le
front on remai-que une large tache sombre, brunâtre. Le disque
uropygal n'est pas mieux délimité sur le dessus de la croupe, mais
sa bordure post-fémorale est large et d'un brun presque noir. La
face externe des membres est également moins pâle et toute la
région ventrale médiane se sépare nettement, par sa couleur d'un
brun-jaunâtre sombre, de la teinte claire du bas des flancs.
Les bois, longs de 61 centimètres eu suivant la courbe, sont pâles,
peu grenus et presque lisses ; leur courbure, la longueur et la
direction des andouillers rappellent beaucoup les bois du C.
nariyanus, mais leur épaisseur est moindre, et comme nous l'avons
déjà fait remarquer, le deuxième andouiller de base [bez-Une] est
absent, particularité que l'on constate souvent, comme on le sait,
pour la ramure des jeunes Cerfs d'Europe. La taille de ces deux
individus est grande. La femelle adulte mesure 1™20 de hauteur au
garrot et le jeune mâle 1^15; mais, d'après Sir Douglas Forsyth,
cette mesure atteindrait 1™3.") chez les mâles adultes.
C'est sans aucune hésitation que je rapporte ces deux exemplaires
à la variété décrite par M. W. Blanford sous le nom de Cermis
ynrkamhiuis, mais cette variété n'est-elle pas plus proche alliée du
Shou tibétain C. Wallichi que du Bara-singha du Kachmir C.
cashmeerianus ? La taille est grande et la livrée, bien que plus
claire, rappelle dans les détails de sa coloration celle décrite par
Hogdson pour le C. nffinis. Comme l'avait tout d'abord fait remar-
quer M. Blanford, les bois ressemblent beaucoup à ceux du Shou
du Tibet, et pour se convaincre et être frappé de cette similitude,
il suffit de comparer la figure publiée par M. Blanford aux nom-
breuses planches des mémoires d'Hodgson, particulièrement celle
de la page 518 du volume 19 du Journal asiatique du Bengale. Chez
le C. cashmeerianus, la couronne est multifide ; chez le C. Wallichi,
il n'y a jamais, même chez les vieux individus, qu'une simple
fourche pour couronne. Or, sur toutes les têtes de C. yarkandensis,
assez nombreuses et parfaitement semblables entre elles, que
signale M. W. Blanford, il n'y a également que 5 pointes pour cha-
que bois : 2 andouillers de base {brow et hez-tine), un andouiller
médian (royal) et une bifurcation apicale; enfin l'orientation verticale
et presque parallèle des deux branches de cette fourche semble bien
iUÏ i:. 1»K l'OlJSAMGUKS
indiquer une foniu! (léfniitive et parfnilc pour la couronne. L'enver-
gure et l'expansion latérale t\v,s hoissctnt moindres chez lef. ijarkaii-
(lensis, mais Hodgson nous apprend que ce caractère est variable
chez l(ï ('. Wallichi, (|ue les bois sont plus ou moins écartés suivant
les individus, et (jue leurs extrémités sont tantôt assez rappi-ochées,
tantôt au contraire très distantes. 11 faut admettre pourtant que
chez le Cerf d'Varkand, les perches se renversent moins en arrière
dans leur portion basale et c'est là, en somme, la seule particula-
rité qui permette de les distinguer des bois du C. Wallichi.
Les déductions (jue l'on peut tirer du mode de distribution géogra-
phique de l'espèce qui nous occupe ne sont pas moins suggestives
et viennent à l'apjjui de notre manière de voir.
Le Cerf d'Yarkand fut signalé pour la première fois par quelques-
uns desofliciers delà mission envoyée en 1873 par le gouvernement
de l'Inde, sous la direction de Sir Douglas Forsyth, dans l'Yarkand.
Ces explorateurs le rencontrèrent successivement près d'Yarkand,
de Kachgar et de Maralbachi, dans les hautes herbes et les forêts
qui bordent le cours du Tarim au milieu de la plaine. Quelques
années plus tard (187G) Przewalsky, et récemment (1890) M. Bon-
valot et le prince Henri d'Orléans l'aperçurent à maintes reprises le
long du cours inférieur du Tarim, entre Kourla et le Lob-Nor. Dans
les environs de ce lac il est, parait-il, très abondant, et de là remonte
sans doute la vallée du Tcherchen Daria jusqu'à l'Altyn-Tagh,
contournant ainsi complètement les solitudes arides et sablonneuses
du désert de Takia-Makan, qu'il traverse peut-être vers louest eu
descendant le cours du Khotan-Daria. Le Cerf d'Yarkand est donc
l'espèce propre au Turkestan oriental et son habitat reconnu com-
prend tout le bassin fermé du Tarim. Au nord, les pentes raides,
nues et désolées de la chaîne du Kourouk-Tagh et du Thian-Chan le
séparent de son congénère des monts Célestes Ceivus emtephamis
(Blanf.); à l'ouest et au sud, il vient se buter contre les hauteurs
inaccessibles du plateau de Pamir et les infranchissables glaciers
du Karakoroum qui l'isolent complètementdu Cercuscashmeerianus.
Dans l'état actuel de la science, on ne peut encore rien avancer de
bien certain sur l'extension de cette espèce vers l'orient ; cependant
différentes cliaînes parallèles, relativement peu élevées au-dessus
du niveau des plateaux tibétains (le Togouz Daban, l'Altyn-Tagh,
le Kouen Lun et le Tang-La), ne sont-elles pas autant de voies prati-
cables, faciles et naturelles qui permettraient au Cerf d'Yarkand de
gagner les chaînes du Nan-Chan et du Koukou-Nor et d'atteindre les
massifs montagneux du Tibet oriental qui, ainsi que nous l'avons
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 205
VU, sont le domaine du Shou tibétain C. Wallichi? Ou bien, inverse-
ment, ne peut-on pas supposer une migration de cette dernière
espèce vers l'ouest, en suivant les mêmes voies, comme je le donnais
à entendre dans un précédent paragraphe ?
En résumé, étant donné le régime orographique de toute cette
partie de l'Asie centrale, je ne trouve aucun chaînon, aucune passe
qui permettent de rattacher le C. yarkandensis au C. cashmeerianus,
tandis qu'au contraire de nombreux traits d'union le relient d'une
manière logique et naturelle au C. Wallichi. Les explorations et les
découvertes futures nous apprendront qu'il ne faut probablement
regarder le Cerf du Tarim que comme une forme et une variété
désertique du Shou tibétain.
19. — Cervus xanthopygus a. Miine-Edwards.
On peut considérer comme appartenant à un même type spéci-
fique les nombreux Cerfs qui vivent tout le long de la limite
méridionale de la Sibérie, sur les deux versants des chaînes de
montagnes qui séparent cette immense plaine des hauts plateaux
de la Mongolie et du désert de Gobi, depuis le massif du Thian-
Chan à l'ouest jusqu'à la Mandchourie et au cours inférieur de
l'Amour à l'est. Ces Cerfs diffèrent du C. elaphiis par leur robe plus
claire, leur queue plus courte, leur taille plus grande et la forme
de leurs bois. Sur la tête et le cou, les poils sont d'un brun-grisâtre
assez sombre ; sur les épaules, le dos, les flancs et les cuisses, ils
sont au contraire d'un gris brunâtre, plus ou moins lavé de jaune
suivant les saisons, et beaucoup plus clairs que sur le cou. La poi-
trine, le ventre et les membres sont d'un brun franc. Autour de la
queue, sur le croupion et la face postérieure des cuisses se voit un
large disque dont la teinte peut varier du blanc jaunâtre au jaune
roussâtre ; ce disque est encadré d'une bande d'un brun-noirâtre
plus accusé latéralement, et qui diminue graduellement d'intensité
d'arrière en avant pour se perdre dans les teintes du dos et des
cuisses. La queue très courte est de même couleur ou un peu plus
pâle que le disque. Les femelles n'ont de crinière en aucune saison,
mais chez les mâles en hiver, les poils du cou s'allongent notable-
ment et forment une crinière qui disparaît presque complètement
en été. La hauteur au garrot oscille entre li^40 et l^SO et la ramure,
pour des individus de même âge, varie également beaucoup comme
force et comme dimensions. De même qu'Hodgson l'a constaté
pour le Shou du Tibet, le maximum et le minimum de longueur
206 K. I>K l'UUSARGUES
des bois peuvent être entre eux connue :i/l. Nous verrons plus loin,
du reste, ce que l'on doil penser de ces dilTérences; il nous suffit
pour l'instant de faire reniarcpier que, quelles que soient leurs
dimensions, les bois parfaits sout invariablement conformés d'après
le mode suivant. Chacuu d'eux porte deux andouillers de base
assez rapprocbés {hrow et hez-lint's.), un andouiller médian {royal)
et une couronne de 3 ou 4 pointes: soit pour la ramure entière
12 cors ou 14 au maximum. Les andouillers de la couronne,
ordinairement de grandeur décroissante, sont disposés parallèle-
nient, à la file et à une assez grande distance les uns des autres,
dans un même plan dont l'orientation didère de celui des andouil-
lers inférieurs; de plus, à la naissance de chacune de ces pointes
supérieures, on constate un aplatissement et une compression
sensibles de l'axe principal, et une légère tendance à la palmature.
C'est donc surtout par la forme de la couronne que la ramure du
C. xanthopygus diffère de celle du C. elaphus, et par suite ce Cerf
asiatique doit être raugé parmi les espèces du groupe élaphien
chez lesquelles les andouillers de la couronne ne forment pas
coupe (Section B. système Lydekker) (1).
Ces Cerfs de Sibérie furent signalés tout d'abord par les géogra-
phes au commencement du siècle dernier, puis étudiés quelque
temps après par les zoologistes ; mais ce n'est qu'à une date relative-
ment récente que l'on a reconnu leurs véritables atTinités et que les
auteurs, en particulier M. A. Milne-Edwards, Severtzov et M. Blan-
ford ont mis en pleine lumière les particularités qui les distinguent
du Cerf d'Europe C. elaphus, et les rapprochent au contraire du
Wapiti de l'Amérique du Nord, C. canadensis. Pallas (1811), le pre-
mier zoologiste qui ait eu l'occasion de les observer, les indique
comme étant de plus grande taille, mais de même espèce que le
C. elaphus, et les assimile aux Cerfs du Caucase, de l'Arménie et
même de l'Inde. Les idées émises à ce sujet par H. Smith (1828j et
Wagner (1844), ne sont qu'une répétition de celles de Pallas. Pour
Hodgson et Blyth (1841 à 1851), les Cerfs du nord de l'Asie étaient
cospécifiques, soit du C. Wallichi du Tibet, soit du C. cushineerianus
du bassin moyeu de l'Iodus. Nous trouvons plus de détails dans
les travaux de deux zoologistes, Schrenck (18a8j et Radde (1862)
qui, vers le milieu de ce siècle, explorèient successivement et à
peu d'intervalle les régions du sud et de l'est de la Sibérie. Ces
auteurs, néanmoins, considèrent encore le Cerf de ces contrées
comme un C. elaphus, mais en faisant remarquer toutefois qu'il n'en
(I) Proci^eil. zool. 6w. of Luiidon, p. 'J33, IS'JII.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 207
diffère pas seulement par sa taille, mais aussi par l'élongation de
sa tête, la brièveté de sa queue, les teintes de sa livrée, et la forme
particulière de la couronne de ses bois. L'importance réellement
spécifique de ces caractères ne fut appréciée à sa juste valeur qu'en
1867 par M. A. Milue-Edwards qui, ayant eu l'occasion d'examiner
un jeune Cerf de Mandchourie envoyé au Muséum par M. Fonta-
nier, reconnut le type signalé par Schrenck et Radde dans le bassin
de l'Amour, et proposa de le distinguer du C. elaphus sous le nom
de C. xanthopygus. Enfin, peu de temps après (1873), Severtzov
sépara définitivement le Cerf de Sibérie de celui d'Europe, en
démontrant que les caractères qui distinguent la première de ces
deux espèces, qu'il nomme C. maral, décèlent des afTinités étroites
et une unité d'origine avec le Wapiti du Canada.
« Je pense, écrit cet auteur, que le C. maral et le C. canadensis
ne formaient autrefois qu'une seule et même espèce habitant le
Nord de l'Asie et de l'Amérique, à l'époque où ces deux continents
étaient réunis par les régions aléoutiennes qui formaient alors une
longue et étroite langue de terre ininterrompue; les particu-
larités qui distinguent actuellement ces deux types ne se sont
montrées qu'après la séparation des deux continents. Les caractères
qui différencient le C. maral d'avec le C. elaphus sont d'origine
plus ancienne. Leur apparition date de l'époque où l'Europe et
l'Asie étaient séparées par la mer qui, pendant la période pliocène,
occupait les déserts actuels de la Perse, de la Turcomanie et des
steppes kirghizes et unissait entre eux l'Océan arctique et l'Océan
indien. Il fut un temps où l'habitat du Cerf d'Europe s'étendait
jusqu'aux monts Ourals, et à cette même époque, le Cerf maral
s'avançait probablement vers l'ouest jusque dans les vallées du
Tobol, du ïargaï et du Sari-sa. Puis vint l'Élan qui se répandit
dans les immenses forêts situées entre la Vistule et l'Altaï, refoulant
le C. elaphus à l'ouest et au sud, vers la Baltique et la mer Noire,
et le C. maral du côté du sud-est. »
Severtzov conclut en réunissant en une même espèce (C. maral)
le Cerf de Sibérie et le Cerf du Canada, qu'il ne distingue que
comme de simples sous-espèces, l'une américaine, l'autre asiatique.
Sans suivre aussi loin le zoologiste russe dans ses conclusions, il
est préférable, je crois, de considérer les Cerfs du nord de l'Asie
comme formant actuellement une espèce distincte qui, suivant la
loi de priorité, doit porter le nom de Cercus xanthopygus.
Poursuivant ses déductions, et s'appuyant sur des différences
assez sensibles dans la taille, la coloration du pelage, les dimen-
208 K. I)K l'OlSAMOUKS
sioiis (lo la ramure, el sur lliahilal liiuii disliucl des iudividus qui
diffèrent à cet égard, Severtzov divise ensuite son Maral asiali(|ue
en deux variétés : Tune pitis grande, var. aonijnrica, spéciale aux
jjautes régions niontagneusiîs du Miassi[ du Tliian-dliau el des
chaÎDes qui en dépendent; l'autre, var. sibirica, plus faible mais
plus largement répandue sur les flancs des montagnes (|ui litnitent
au sud la grande plaine sibérienne. Il me [)araîl avantageu.x de
maintenir cette division subspéciliiiut^ ijui concorde parfaitement
avec les faits et avec les observations des explorateurs tant anciens
que récents.
Déjà Strahlenberg (1) avait signalé très explicitement deux
formes distinctes parmi les Cerfs du sud de la Sibérie, l'une qu'il
nomme Irbisch ou grand Cerf, l'autre Isiibrisseu ou Cerf commun.
De même Atkinson (2) paraît avoir observé dans ces mêmes régions
deux races de Cerfs qu'il désigne chacune sous des noms différents.
« Les Cerfs (Deer) sont nombreux, dit- il, dans les vallons boisés de
l'Houchan entourés de hautes montagnes, vers l'extrémité occiden-
tale de l'Altaï : plus haut, dans les montagnes, vit un autre Cerf (Sfar/)
de grande taille, c'est V Alain ». Ailleurs, Atkinson revient sur cette
distinction, et signale l'Alain dans les montagnes delà Dzoungarie.
Comme on le voit, Tlrbisch de Strahlenberg et l'Alain d'Alkinson
correspondent bien à la variété i'OH^a?"ica de Severtzov, etl'Isubrissen
n'est autre que la variété sibirica de ce même zoologiste, celui
que Pallas et tout récemment M. le D' Bolau nomment Isubra.
Quanta l'unité spécifique de ces deux races, il n'y a pas à en douter;
Severtzov n'a pas manqué d'insister sur ce point essentiel, en
écrivant : « Les marques du pelage, la forme des bois, la disposi-
tion des andouillers, en un mot toutes les différences qui séparent
le C. maral du C. elaphus existent aussi bien chez les spécimens de
Sibérie que chez ceux du Thian-Chan ».
11 ne reste donc plus qu'à préciser quelles sont, parmi les déno-
minations assez nombreuses qui ont été proposées, celles que l'on
doit choisir pour désigner ces deux sous espèces, et à établir leurs
synonymies respectives. Sur ce point, je soumettrai à l'approbation
du Congrès la nomenclature suivante.
(1) Strahlenberg, HLator. geofjr. descript. of Nord and easl. jtart^ uf Europa
and Asia, p. 371, 1738.
['!) Atkinson (fide Blyth) .Journ. asialic Soc. I3engal, XXX, p. 191, 1801.
ÉTUDE SUR LES HUMINANTS DE LASIE CENTRALE 209
a. — Cervus xanthopygus, var. typicus X. M. Edwards.
1738. Isubrisscn Strahlenberg, Historié, géograph. descr. North and
east. parts Europa and. Asia, p. 371.
1811. Cervus elaphus (partim.) Pallas ([subra ad Baicalem.) Zoogr.
ross.-asiat. p. 216.
1859. Cerims elaphus Schrenck, Reis. und Forscli. im Amur-Lande.
l, l'^e part. Mammif. p. 171.
1862. — — Radde, ReiseSad v. Ost-Sibirien, pt. I, Saiigeth.,
p. 284.
1867. — xanthopygus A. Milne- Edwards, Ann. Se. natur., (5),
Vlll, p. 376.
1868-1874 Cernas xanthopygus A. Milne-Edwards, Rech. sur les
Mammif. p. 181, pi'. XXI.
1873. Cervus )naral (B. asiatica (a. sibirica.) ) Severtzov, Turkes-
tanskie Jewtnie, p. 103 à 109.
1876. — — ( — ( — )) Severtzov, Turkes-
tanskie Jevotnie, traduct. Ann. Mag. nat. hist. p. 377. 386.
1880. Cerims Lûhdorfi D^ Bolau, Abhandl. Geb. Naturwiss. Ham-
burg, p. 33, pi. IV.
Comme je l'ai déjà fait remarquer précédemment, le spécimen
qui a servi de type à la description de M. A. Milne-Edwards, était
loin d'être adulte et d'avoir pris tout son développement. Sa ramure
est faible et, comme il arrive fréquemment dans le jeune âge,
asymétrique. L'un des bois, celui de droite, en est encore au stade
Rusa, et n'a que trois pointes, un andouiller de base et une fourche
apicale à branches très inégales, la portion terminale de la perche
étant beaucoup plus longue que l'andouiller supérieur; le bois
gauche présente au contraire la forme Pseudaris et diffère de celui
de droite par la présence d'un andouiller de plus, peu développé,
assez écarté de l'andouiller de base, mais qui n'est autre incontes-
tablement qu'un premier rudiment malvenu du 2* andouiller de
hase {bez-tine). Ces caractères de la ramure indiquent bien clairement
un jeune Cerf du type élaphien dans sa 4^ année. Il est également
nécessaire de signaler, dans la planche qui accompagne le travail
de M. Milne-Edwards une inexactitude assez grave qui seule a fait
naître les doutes émis par certains auteurs sur la validité de l'espèce
C. xanthopygus. Sur cette ligure, la longueur de la queue a été
exagérée; en réalité cet appendice est très court et ne mesure que
8 centimètres jusqu'à l'extrémité des poils terminaux. Cette con-ec-
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 14
210 *:. DF. l'OrsARGUES
tiou iiest pas sans importance et répond précisément à la question
jxjst'e tout réceuinïoiit p;ir M. LydekkiM- qui, dans sa revision des
Cerfs du |j;roupe olapliien, sexpriuie connue il suit : « Je présume
que la planche de M. Milne Edwards est exacte en ce qui concerne
les dimensions de la queue : sinon l'espèce C. xanthnpifgns serait
plus distincte du C. elnphus qu'on ne l'a jusiju'ici supposé )) (l). Ces
observations sullisent également à prouver que le Cerf décrit il y a
quelque temps par. M. le D^ Bolau sous le nom de Cpitus l.nhdorfi,
n'est autre qu'un C. .ronthopyynsà un âge plus avancé que l'individu
type et que, chez ce dernier, la ramure à l'Age bien adulte aurait
été conforme à celle qui a été décrite autrefois par Schrenck et
ligurée plus récemment par M. le D^" Bolau. Par suite, dans la liste
des espèces de Cerfs du groupe élaphien de M. Lydekker, le C.
.Taniliopygnn doit être retiré de la section A pour être reporté dans
la section B à la place du C. Luhdorfi qui passe au rang de synonyme.
Le Cerf Isubra, suivant M. le Dr Bolau, est intermédiaire, comme
taille, au Cerf d'Europe et au Cerf Wapiti et mesure l'"i2 de hauteur
au garrot ; mais je doute que les bois soient très développés propor-
tionnellement aux dimensions du corps. D'après Schrenck et Radde
la force et les dimensions de la ramure varieraient notablement, et
ce dernier zoologiste nous apprend que, dans la partie est des monts
Saïau, elle est d'ordinaire plus courte et plus massive chez les indi-
vidus qui habitent les régions élevées, plus longue et plus grêle
chez ceux des plaines. D'autre part, le nombre normal des pointes
chez les adultes ne paraît pas dépasser 6 pour chaque bois ; c'est
du moins le nombre maximum qu'indiquent les auteurs précités
(Zicolf-ender) et la couronne ne formerait jamais qu'une double
fourche. Malheureusement ni Schrenck ni Radde ne donnent les
dimensions des bois qu'ils ont été à même d'observer et le D""
Bolau se contente de dire que ceux de son C. Liihdorfi sont plus
faibles et à andouillers plus rapprochés que chez le Wapiti. Le
Muséum de Paris ne possède malheureusement pas de spécimen
tout-à-fait adulte de cette espèce et je ne puis donner ici que les
mesures que j'ai pu prendre sur les bois du spécimen type, et sur
ceux de trois autres exemplaires (un daguet, un huit-cors et un
dix-cors) tués dans les environs d'Irkoutsk, et dont les dépouilles
ont été récemment offertes au Muséum par M. H. Mangini.
(1) Voir à ce sujet les notes additionnelles sur le Cervus hedfordianus, p. 215
et 219.
ETUDE SUR LES RUMINANTS DE L ASIE CENTRALE
211
Longueur totale de la perche en suivant la
courbure, depuis la meule jusqu'à
la pointe terminale.
Id. du premier andouiller de base
(brow-tine)
Id. du deuxième andouiller de base
(bez-tine)
Id. du troisième andouiller (royal) . .
Id. du quatrième andouiller
Id. de la portion terminale de la perche,
au-dessus du dernier andouiller.
Circonférence à la base, au-dessus de la meule. .
Dix-cors
liuit-cors
TYPE
DAGliET
H6
(brisé)
25
23
20
20
17
64
19
19
11
»
30
13
54
15
5
16
»
30
13
C-'
2S
»
»
»
7
Comme oq le voit, la loDgueur des bois pour un Cerf dix-cors
n'est que de soixante-six centimètres, l'on peut présumer, que chez
un douze-cors, elle n'excéderait pas quatre-vingt-dix centimètres.
L'extrême limite occidentale de l'aire d'habitat du C. xantbopygus
paraît être la terminaison est de rAllaï proprement dit. De là, ces
Cerfs se répandent sur les deux versants de la chaîne des monts
Saïan et traversent les diflférents bassins de l'Iéniseï, de l'Angara et
de la Selenga: ils sont extrêmement abondants dans les monts du
Baïkal et de la Transbaikalie, et plus loin aussi dans le bassin de
l'Amour et de ses affluents jusqu'au cours inférieur de ce grand
fleuve et aux côtes de l'océan Pacifique. Au nord, la trop grande
abondance des neiges les arrête, de plus ils se butent de ce côté aux
Élans et aux Rennes ; leur ligne limite polaire serait les chaînes des
monts Stanovoi et lablonovyi et le plateau de Vitim. Dans la partie
occidentale de leur aire de dispersion, ces Cerfs s'avancent vers le
sud jusqu'à la lisière des solitudes sableuses du Gobi, mais vers
l'est on est encore mal fixé sur leurs empiétements dans celte
même direction. On les a signalés et suivis assez loin dans la
Mandchourie et le long de la chaîne du grand Ivhingan, mais
bientôt on perd leurs traces faute de documents et d'observations
bien précises.
b. — C. xANTHOPYGus, var. EUSTEPHANUs Blauford.
1738. Irbiscl) Strahlenberg, Hist.-geogr. descr. North. and east. parts
Europa and Asia, p. 371.
212 K. I)K l'OI'SAHGl'ES
ISJ 1 . Orriir. elaphus (partiin) I*ai,las, Zongr. rnss. naiat.
1801. Alain Atkinson ficlr Blvth, Joiirn. As. wSoc. Beng., XXX,
p. 191.
187.'î. Ccrvus tnaral (H. (isintira (h.songarica)) ( 1) Sevkrtzov, Turhcsf.
Jcvotnie, p. 1U3 à lUU.
1876. Cervus maral (B. asiatica (b. songaricti) ) Sevkhtzov, traduct.
Anii. Mag. uat. Iiislory, j). 377 t!t 380.
l87o. — eiifiti'iihaiiufi Iîlanford, Proc. zool. Soc. Loodon, p. 637.
1879. — — Id. Scient, tesults. sec. Yarkand Mis-
sion, p. 91.
1879. CVr/TazEWALSKY, rroni Knlja tu Loh-Nor., p. 40.
1895. Cervus euslephanus de Pousargues, Bullet. Muséum d'Hist.
liât., Paris, n» 7, p. 206.
Cette variété occidentale du C. .Tanfhopugus atteint une taille
supérieure à celle de la race type de l'est, et le cède à peine sous
ce rapport au Wapiti. Suivant Severtzov, les mâles adultes auraient
5 pieds anglais soit environ 1 m. 52 de hauteur au garrot et, d'après
Przewalsky, cette même mesure serait de 1 m. 30 pour une biche
adulte et pour un jeune mâle de deux ans. La ramure prend égale-
ment des proportions colossales. Les bois de t m. 25 à 1 m. 30 de
longueur ne sont pas rares, et quelques-uns de ceux examinés par
Severtzov dépassaient 1 m. 40. Aussi ne saurait-on trouver un
terme subspécifique mieux approprié que celui de eastrphanus, pro
posé par M. Blanford. Ces magnifiques ramures ont été décrites et
ligurées avec trop de soin par les deux auteurs précités pour qu'il
soit utile d'y insister, et il suffira de noter la présence de quatre
pointes à la couronne, ce (jui donne 14 cors pour la ramure entière.
Nous venons de voir qu'on n'en a jusqu'à présent signalé que 12
pour le C. xanthopygus typique. Signalons enfin comme dernier
caractère distinclif, les teintes plus foncées du pelage.
La variété C. xaiitliopijgas eustephanus habite tout le massif du
Thian-Chan et les chaînes qui s'en détachent; c'est à dire à l'ouest,
la haute vallée du Naryn, la ceinture du lac Issyk-Koul, les monts
Ala-T;iou, Alexandrowsk et Kara-Taou ; à l'est, les deux chaînes
parallèles du grand et du petit Youldouz. Vers le sud le C. eustepha-
nus s'arrête sur les crêtes élevées des pentes abruptes, désolées et
inhospitalières du versant méridional du Thian Chan, qui domi-
nent les vastes solitudes du désert de Takla-Maklan, domaine invio-
lable du Cerf d'Yarkand. Vers le nord-est, il pousse au contraire
(I) Voir plus loin la note additionnelle, page 215.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE LASIE CENTRALE 213
jusqu'aux inouts Altaï, en franchissant le bassin supérieur de l'Ili
et les montagnes qui encerclent à l'ouest et au nord le plateau de
la Dzoungarie.
* 20. — Cervus bedfordianus Lydekker
Cervus bedfordianus R. Lydekker, Proc. zool. Soc. London, p. 930,
pi. XLVIII et XLIX, 1896.
Cette espèce a été établie provisoirement vers la fin de 1896 par
M. R. Lydekker pour un Cerf du nord de la Chine qui est encore
actuellement vivant et eu observation en Angleterre dans les parcs
du duc de Bedford,à Woburn-Abbey. Le pelage de ce Cerf présente
des caractères tout particuliers de coloration. En été, il est d'un
roux bai brillant uniforme, sans aucune trace de crinière plus
sombre ni de disque circumcaudal plus clair; en hiver apparaît
sur la croupe un large écussou jaunâtre, cependant que sur le
corps, le pelage passe au brun gris bleuté et que les poils du cou
s'allongent en une crinière tiquetée de fauve, de noir et de blanc.
Il est à souhaiter que ce type intéressant vive encore quelques
années pour permettre à M. Lydekker de poursuivre ses observa-
tions sur la forme et les dimensions de la ramure à l'âge adulte.
D'après la première étude du savant zoologiste anglais, l'on peut
cependant présumer déjà que le C. bedfordianns est très proche
allié du C. xanthopijgus, qu'il n'est probablement qu'une forme
particulière et une simple variété de cette dernière espèce, n'en
différant que par la teinte uniformément rousse de sa livrée et la
disparition du disque uropygal pendant la saison d'été. Nous avons
vu, en effet, dans l'un des articles précédents, qu'il ne doit être
nullement question de différences dans les dimensions de la queue
qui, chez ces deux types, est d'une extrême brièveté.
D'autre part, la localité d'où provient le C. bedfordianus, capturé
non loin de Pékin, se rattache orographiquement du côté du nord-
est par l'intermédiaire de la chaîne du grand Khingan, aux régions
de l'Amour et de la Transbaïkalie, principal foyer d'habitat du
C. xanthopygns. Vers l'ouest, le C. bedfordianus s'avance le long des
chaînes et des terrasses qui forment la limite naturelle entre les
plateaux de la Mongolie et la Chine proprement dite. Des détails
très intéressants que j'ai relevés dans le récit que M. l'abbé
A. David (1) a publié de ses deux campagnes d'exploration dans
(1) R. P. A. David, Nouvelles Archives du Muséum, II, p. 1 à 83, 1868.
214 I-. Ui; l'ODSARGIÎKS
l'Uuralu ou Uula (lliaii, au iKud iunucdial de la {^^raude houclc du
fleuve .lauue el du pays des Ordos, ne laissent pas le moiodre
doute à cet éij;ard.
H I.'Ourato occidental, ('ciit ic savant missionnaire, nourrit en
grand nombre le Chevreuil et lu ijnind Cerf {\). l>). . . C'est là que se
rendent les chasseurs pour tuer les (ItTfs et s'en pi-ocurer les cornes
neuves, qu'ils vendent aux médecins » (p. 7). Plus loin, ou noie
cette phrase suggestive : « Le Frère Chevrier a|»erçoit un giand
Cerf roux. » (7 juillet), (p. 40).
Finalement, l'on trouve cette conclusion des plus significatives :
« Les Mongols d'Oula-Chan me confirment encore que la chaîne de
ces montagnes ne nourrit qu'une seule espèce de Cerf dont le pelage
est ruux eu été et uoirâtrr en automne o ([). 77).
Tous ces détails concordent rigoureusement avec les observations
de M. Lydekker. C'est aussi à l'espèce C. bediordianus qu'il faut dès
lors rapporter les nombreux Cerfs que Przewalsky (1) a rencontrés
dans les mêmes régions, sur les pentes des diflérenles chaînes de
Muni-Oula, Scheiten-Oula et Khara-Naryn-Oula. Or, nous savons
par les observations de l'explorateur russe Pievlzov (2), que ces
différents systèmes orogra|)hiques partiels, réunis par les géogra-
phes sous le nom collectif d'In-Chan, se prolongent vers le nord-
ouest, à travers le désert de Galbyn-Cobi, jusqu'à l'Altaï méridio-
nal, en prenant successivement les noms de monts Kour-Kou,
Gourban-Saïkhat. Artsa Bogdo, Iké-Bodgo et Irdyn Oula.
De part et d'autre, comme on le voit, vers le nord-ouest comme
du côté du nord-est, le domaine du C. bedfordianus se relie intime-
ment à celui du C. xanthopijgm. Aussi, suis je porté à croire qu'il
en est de ces deux espèces comme du C. yarkandensis et du C. WaUi-
chi et que le premier n'est probablement qu'une variété du second,
dont les couleurs de la livrée se seraient modifiées sous l'influence
du régime climatérique d'une autre aire d'habitat, de la nature
différente du sol et des produits de la végétation, et de la proximité
immédiate des terres arides et sablonneuses du désert de Gobi.
Quant à l'identité des Cerfs qui habitent le versant ouest de la
chaîne de l'Ala-Chan (Przew^alsky) la question reste pendante entre
le C. bed[ordia)ius et le C. Wallichi.
HI:M ARQL K IM PORTANTH
Depuis la rédaction de ce chapitre, M. Lydekker a publié, dans le der-
(1) Przewalsky, Mongol. Tangut countr., I, p. 164.
(2) PiEVTzov, Reis. Tibet und ober Lauf des Gelb. Fluss, \>. 268, 4884.
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 215
nier fascicule des Proceedings de Londres de 1897, paru seulement en
avril 1898(1), une note succincte dans laquelle il reconnaît l'identité spéci-
fique du C. bedfordianus et du C. xanthopygus, ce qui concorde entière-
ment avec nos conclusions. Le C. bedfordianus doit donc disparaître aussi
bien comme variété que comme espèce et passer au rang de synonyme du
C. xanthopygus, mais le temps nous a malheureusement manqué pour
faire cette rectification.
21, ~ Cervu-s albirostris Przewalsky.
1884. Cervus albirostris Przewalsky, lieis. Tlb. ober. Lauf Gelb. Fiuss,
p. 73et76(fig.).
1884. Cervus sellatus Id. Ibidem.
1889. Cervm Dyboivskvi? W. L. Sclater, Journ. As. Soc. Bengal.
LVIIl, pt. 2, p. 186, pL XI.
1893. Cervus Thoroldi VV. T. Blanford, Proc. Zool. Soc. Lond., p.
444, pi. XXXIV.
1896. — - R. Lydekker, Ibidem, p. 930.
1897. — albirostris de Pousargues, Bullet. Mus. d'Hist. Datur.,
no 7, p. 284.
Bien que la découverte de ce Cerf ne remonte qu'à une date
récente, on peut dire cependant que c'est, de toutes les espèces qui
habitent l'Asie centrale, la mieux établie en raison des caractères
tout spéciaux de sou pelage et de sa ramure, caractères d'une
originalité et d'une constauce telles, qu'ils ne donnent pas la moin-
dre prise à la confusion. J'ai eu l'occasion, dans le courant de
l'année 1897, de soulever et de discuter une question de priorité
concernant ce Cerf, et de faire observer qu'il y avait lieu de changer
la dénomination spécifique sous laquelle il était inscrit dans les
catalogues zoologiques ; il me suffira de soumettre à la compétence
du Congrès, la solution que j'avais proposée, en reproduisant l'ar-
ticle que j'avais fait paraître à ce sujet.
En 1889, M. W. L. Sclater signala à l'attention des Zoologistes un
Cerf provenant du Tibet, dont la ramure comptait 10 pointes, et se
(t) Proc. zool. Soc. London, p. 81.^, 1897.
Dans cette même note, M. Lydekker considère le C. eustepliaaus comme une
simple variété du Wapili et lui donne le nom de Cervus canadensis asiaiicus.
L'association de ces deux termes n'est pas des plus heureuses. Severtzov lui-même,
qui, le premier, l'avait proposée, en avait immédiatement reconnu les inconvénients
et avait eu soin d'ajouter : « It now seems to me tliat it would be unadvisable to
l'elain ttie name C. canadensis var. asiatica, and I think it would be more correct
to name it C. nuirai or. C. wapiti ». Sur ce point de nomenclature, je renverrai à
la solution toute différente que je soumets à l'approbation du Congrès.
216 K. 1)1 l'OUSARGUES
faisait rt'inaniiicr par ralisfiic,»' des (leiixirmus aiidouilk'rs de hase
(hrz-tiiie). S'a|)piiyant principaleinenl sur ce dernier caractère, et
n'avîiut d'ailleurs à sa disposition qu'une lAte isolée, M. L. Selater
rau^ea provisoirement ce (>er( dans le jçroupe des l'>ii>ii(liirlx en
rassiniilant avec doute au Cerviis Df/hunshii (Tacz).
Kn ISiKi, M. \V. T. lilanford reriil du 1)^ Tliorold la dépouille
complète d'un Cerf tué dans le Tibet, ilont la tête et la ramure pré-
sentaient exactement les particularités indiquées quatre ans aupa
ravant par M. W. L. Sclaler. M. Blanford niconnul dans ce Cerf
une nouvelle espèce, qu'il nomma Ccrnis Tliorolili, voisine des ('.
cashmirianus (Kalc.) et (\ a///;us (Hodgson), appartenant par consé-
quent au genre Ccrnis (str. s.) et n'ayanl, malgré l'altsence des
deuxièmes andouillers de hase, aucune allinilé avec les l'sriida.vis.
Cette manière de voir, absolument correcte, est partagée par M.
Lydekker qui, dans sa classilicalion des Cerfs proprement dits
((poupe élaplnen) range le C. Thoroldi pai-mi les espèces dont les
andouillers de la couronne ne forment jamais coupe ou chandelier
et le considère comme type d'une section spéciale en raison de
l'absence constante des deuxièmes andouillers de hase.
Dans une courte diagnose, M. Blanford résume ainsi les princi-
paux caractères de cette intéressante espèce.
« Le C. Thoroldi est à peu près de la taille du C. elaphiis, brun,
sans taches, marqué d'un champ circumcaudal d'un roux pâle; le
pelage est rude, dressé, assez long; sur la ligne médiane dorsale un
courant de poils se dirige en avant depuis la croupe jusqu'au
garrot; les cornes sont fortement courbées et portent cinq andouil-
lers [la pointe terminale comprise); le deuxième andouiller est très
distant du premier ou basai ; le troisième est le plus long ».
Ajoutons, comme autre caractère bien particulier, la couleur
blanche du museau, du menton et du dessous de la mâchoire infé-
rieure. Malheureusement, il ne me paraît pas possible de conserver
le nom spécifique proposé par M. Blanford; car, en 1884, Prze-
walsky avait déjà décrit et figuré, sous le nom de Cervus alhirostris,
un Cerf des monts Nan-Chan qui est certainement de même espèce
que le C. Thoroldi. Pour lever tous les doutes à cet égard il me
suffira de traduire textuellement la description publiée par le
célèbre explorateur russe.
(( Le cosaque Kalmynin tua un jour deux exemplaires d'un Cerf
nouveau pour nous, que nous désignâmes comme C. albiroUris à
cause de son museau blanc. L'un d'eux, bien adulte, figure actuelle-
ment dans le Musée de l'Académie des sciences de St-Pétersbourg.
ÉTUDK SUR LES RUMINANTS DK l'aSIE CENTRA LK 217
La longueur de ce Cerf, du bout du iimseau à rexti-éinité de la
queue, est d'environ 2™10, sa hauteur au garrot de l"i28. La robe
d'été était d'un brun roux, chaque poil étant d'un brun sombre,
passant au roussàtre à l'extrémité. A partir du garrot jusqu'au
milieu du dos, se voyait un courant de poils ascendant dessinant
comme une selle. Ce caractère ne doit pas être individuel; aussi
pourrait-on encore désigner ce Cerf comme Cercus sellatus. La
queue, longue de O^^OS, était garnie de poils d'uu jaune clair; le
miroir était formé de poils plus clairs avec une bordure noirâtre
peu apparente. La poitrine et le ventre étaient d'un roux clair, la
moitié supéro-externe des membres d'un brun roux, leur face
interne de même couleur que la poitrine et le ventre, mais par
contre leur moitié inférieure était plus sombre. La tête petite et
sombre, le museau et le dessous de la gorge jusqu'à la poitrine
blancs; sur les côtés de la tête et autour des yeux, se voyaient
aussi quelques poils blancs épars; à 35 millimètres en arrière de
l'angle externe de l'a^il, se trouvait une tache blanche. L'oreille
sombre, ourlée de blanc. Les bois de notre exemplaire tué en juillet
étaient recouverts d'un épais velours gris sale, gorgé de sang. Leur
longueur suivant la courbure approchait de 0°"97. Le premier
andouiller se trouvait à 0f"03 au-dessus de la meule, le second
O'"10 plus haut, puis la perche se terminait par deux pointes ».
Il est inutile d'insister sur la concordance pour ainsi dire parfaite
de cette description avec celle du C. Thoroldi. La saule ditïérence
appréciable est celle que l'on peut relever dans le nombre et les
dimensions des andouillers; mais, dans le cas présent, elle est
absolument de nulle valeur. Il ne faut pas oublier, en elïet, que
nous mettons ici en parallèle, d'un côté un individu, C. alhirostris,
dont la ramure revêtue de son velours est en pleine croissance et
conséquemment imparfaite, de l'autre, des exemplaires à bois
finis, complètement dénudés, C. Thoroldi, ou même usés et près de
tomber, C. Dyboicski ? (W. Sel.). Le point capital à noter, en ce qui
concerne la ramure, est l'absence des deuxièmes andouillers de
bnse ; or, ces andouillers manquent chez le C. albirostris, car, au
stade de croissance où en étaient les bois décrits et figurés par
Przewalsky, ils ne pouvaient plus apparaître ; toute la région basale
de la ramure ayant déjà pris sa forme définitive, les modifications
ultérieures n'auraient porté que sur la couronne, qui du reste,
pour le nombre des andouillers, concorde déjà avec celle de l'un
des types du C. Thoroldi. La priorité revient donc de droit au terme
spécifique albirostris, plus particulièrement choisi par Przewalsky ;
218 K. I)K l'OlJSAHGllES
les autres dénominations, sellatus, Tharobli, passent au rani; île
syuonyn>es. Par suite de cette rectilication, nous pouvons indiquer
d'une manière assez précise, du moins suivant la latitude, les
limites de l'aire d'habitat de cette intéressante espèce. Le type du
('. alhirostris a été rencontré par Przewalsky vers la terminaison
occidentale des monts Nan-(llian,au point où cette chaîne se relie à
r.Mtyn-Ta^h et au Tchamen-Taj^h |)ar l'intermédiaire des monts
Humholdt et des monts Uitter, par environ SU» de latitude nord et
95' de longitude est. Nous savons d'autre part que les types du (\
ThoroUU ont été tués au noril-est de Lhassa, par environ 31°40' de
latitude nord et 93o30' de longitude est, c'esl-à dire près de la rive
droite du Kara-Oussou (Haute Salouen ?). On peut donc alfirmer la
présence du ('. alhirostris entre ces deux points extrêmes bien
déterminés, par conséquent dans les montagnes qui ferment à
l'ouest et au sud le bassin du Koukou-Nor, et dans toute cette série
de chaînes courant parallèlement de l'ouest au sud-est (Bourkhan-
Bouddha, Kouen-Lun oriental, Baïan-Kara Oula, Tang-La), où pren-
nent naissance les grands tleuves de la Chine orientale et de l'Indo-
Chine. Le second des Cerfs dont M. l'abbé A. David a vu des bois
entre les mains de trafiquants chinois dans la partie orientale du
Koukou-Nor nappartiendrait-il pas plutôt à cette espèce qu'au
genre Jiusa, comme le supposait ce savant missionnaire?
Pour résumer cette étude des Cerfs de l'Asie centrale, on peut
conclure que le nombre des espèces proposées et décrites par les
auteurs doit être notablement réduit. En réalité, toutes ces formes
viennent se rallier, soit comme synonymes certains, soit comme
siujples variétés géographiques, à trois types bien définis qui sont :
1° Cervus WaUicIn Cuv. — Identique au Shou tibétain, C. affinis
HoDGs.. C. tihetavns Hodgs. Solution vers laquelle incli-
naient la plupart des zoologistes, sans jamais lavoir admise
définitivement. Habitat : Tibet oriental.
a. var. yarkandensis Blanf. — N'est probablement qu'une forme
désertique du précédent et n'a rien de commun avec le
C. cashmeerianus Falc. Habitat : Bassin du Tarim.
2<' Cerxjus xanthopygtis A. M.-Edw. — Le plus proche allié du Wapiti
ou C. canadensis.
a. var. typicus A. M.-Edw. — Habitat : monts Saïan, Baïkalie,
bassin de l'Amour, nord de la Mandchourie et du grand
Khingan.
ÉTUDE SUK LES RUMINANTS DE LASIE CENTRALE 219
b. var. hedfordtatiua Lyd. (1) — Habitat: Mandchourie et Khiu-
gan sud? chaîne de l'Iu-Cban.
c. var. eustephanus Blanf. — Habitat : Thian-Chaii et Altaï.
30 Cercm albirostris Przëw. — Type incoutestablemeut élaphien
mais, par l'absence coustaute du deuxième audouiller de
base, formant la transition entre le genre Cernua et le genre
Pseuda.vis. — Habitat : Nan-Chan et Tang-La, Tibet oriental.
H est difTicile encore, vu la pénurie des sujets d'étude et l'insuf-
fisance des observations, d'établir si le C. cashmcerianus, dont nous
avons eu à nous entretenir incidemment, se rattache, soit au type
C. Tanthopyyus par l'intermédiaire de la variété C. eustephanua,
soit plutôt, comme sembleraient l'indiquer la situation sud-hima-
layienne de son aire d'habitat, la multiplicité et l'orientation des
andouillers de sa couronne, au C. maral (Og. uecSev.) de la Perse,
ce dernier n'étant probablement, suivant M. Lydekker, qu'une
variété de grande taille du C. elaphus de l'Europe occidentale. Si
cette dernière hypothèse venait à êlrecoulirmée, ne pourrait-on pas
considérer les hautes terres himalayienues comme le berceau des
Cervidés du groupe élaphien (genre Ct'rous). D'un type ancestral
deux espèces souches seraient issues, dont les rejetons- auraient
effectué leurs migrations dans des directions opposées, en prenant
graduellement un plus grand nombre d'andouillers à la couronne
de leur ramure; les formes les plus extrêmes étaut les plus diffé-
renciées sous ce rapport. L'une de ces' espèces souches, C. Wallichi,
originaire du versant nord de l'extrémité orientale de l'Himalaya,
se serait propagée vers le nord-est, pour se répandre ensuite le
long des chaînes de montagnes, autrefois ininterrompues, qui for-
ment actuellement l'ossature des régions septentrionales de l'Asie
et de l'Amérique, et aurait successivement donné naissance aux
espèces C. xanthopygus et C. canadensis, par suite d'une différen-
ciation progressive d'avec la forme ancestrale. L'autre espèce
souche, C. cashmeerionus, native du versant sud de l'extrémité
occidentale de l'Himalaya, aurait émigré vers l'ouest jusque dans
l'Europe, largement reliée autrefois à l'Asie mineure par les terres
Egéennes. De ce type, seraient sorties les formes C. maral (Og.)et
C. elaphus (L.).
Quant à l'espèce C. alhirostris, elle constitue actuellement un
(1) On a vu d'après la note ci-dessus (p. 215), que le C. bedfordianus ne doit
même plus compter comme variété et passe au rang de synonyme du C. xantho-
pygua typique.
-li^ K. IH-: IMUISAMdUKS
type /'^/" .sv, foiiii.inl un de ces cliiiiimiis iiil('r>;t''ii»''ii(|iit's (Iciiil l'nri
giiie est toujours si dillicile à (IcIdouilliT. mais |)lus voisin du
('. W'aUichi i|ue ilu ('. r(i!<hnicerinnits.
2» TELÉMETACARPIENS
11. -Genre CAPREOLUS H. Sinilli.
22. — Capkeolus capr.ka. var. pygargus, Palhis.
1771. Cenus pi/f/anjus Pallas, licis. Ruas, lieichs., I, p. 117. app.,
p. 4o;i
1811. Cerciis capieolus var. p Pallas, /oogr. ross.-aHÙttic, I, p. 221,
1849. Capreolva pi/i/argus Ciray, Proc. zool. Soc. London, p. 65.
1850. — — Gray. Ibidem, p. 236.
1859. Cervus caprcfolus Schrenck, lieis. und rorsrh. int A mur- Lande,
p. 163.
1862. — — Radde, Heis. Siid. cou Ost. Sihif (^dugeth.),
p. 277.
1868. Capreolus pijgargiis A. David, Vogag. en Mongol. Nouvelles
Arch. Mus., Bullet. IV, pp. 25, 40, 45, 60.
1876. Ccrcu.<i capreoUis pggargu.'< >'<EyERTAOv, Ann. Mag. nat. histor.,
(4), XVIII, p. 386.
1877. Cervus pygargus Przkwalsky, Vog. en. Mongol, (traduct. ail. A.
Kolm, pp. 143, 310).
1878. Capreolus pygargus V. Brooke. Proc. zool. Soc. Loudou, p. 917.
1879. — — Blasvorx), Scwnî. résulta, se. Varliand. Miss.
(Manini.), p. 93.
1884. (Jercns pygargus Przewalsky, Heis. in Tibet, \,. 10.
1891. Capreolus caprœa Buchnkr, Siiiig. Ganssu-Exped. Mél. biol.
Bull. Acad. Se. S^ Pétersb., XllI, livr. I, p. 101.
1895. Capreolus pygargus de Pousargues, Bullet. du Mus., w^ 7, p.
267.
Les Glievreuils de l'Asie ceolrale, appelés plus communément
Chevreuils de ïartarie, méritent d'être distingués, au moins à titre
de variété, des Chevreuils ordinaires d'Europe. C'est du reste l'opi
niou à laquelle s'était rangé en second lieu Pallas lui-même et à
propos de celte distinction, Sundevall écrivait : « C. pygargus a
C. europœo non minus dilïert quani omnes Cervi indici inter se ; hi
igitur non minus quam ille distinguendi, sed rectius forsan ut merae
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 221
varietates habendi. » Le Chevreuil de Tartarie, ea effet, est d'une
taille bien supérieure à celle de son congénère d'Europe, son disque
anal est plus étendu, ses oreilles sont plus abondamment velues, et
ses bois, à pierrures extrêmement fortes et saillantes, sout bien
plus développés tant en longueur qu'en épaisseur. De plus, le nom-
bre des andouillers peut s'accroître notablement avec les progrès
de l'âge. Je ne veux pas, bien entendu, mettre ici en question ces
ramures monstrueuses si fréquentes dans le genre Capreobis, sur
lesquelles on ne peut même plus discerner le plan typique fonda-
mental, où se développent de toutes parts de nombreuses pointes,
et dont les pierrures atteignent des dimensions aussi fortes que les
andouillers véritables, de telle sorte qu'il est parfois difficile de les
distinguer les uns des autres. J'entends parler au contraire de
bois normalement développés, parfaitement symétriques, montrant
nettement la forme typique Capreolus, mais avec une multiplicité
de branches inconnue dans l'espèce européenne. De telles ramures
ont été signalées depuis longtemps déjà par H. Smith qui avait eu
l'occasion d'en examiner deux exemplaires, Tun au Musée de
Francfort, l'autre au Musée de Prague, où ils existent probablement
encore.
« Sur ces bois, écrivait H. Smith, l'andouiller extérieur naît à
l'endroitoù la perche s'incurve en arrière ; il est vertical et présente
à sa base quelques pierrures. Le merrain se dirige ensuite eu
dehors et se bifurque; la branche antérieure se dichotomise à son
tour, la postérieure se prolonge horizontalement en arrière et en
dedans jusqu'à rencontrer presque sa symétrique du côté opposé
et se termine également par une extrémité fourchue. Ces spécimens
démontrent l'existence, dans le Nord de l'Asie, d'un Chevreuil de
plus grande taille que celui d'Europe, plus grand même que le
Daim et qui ne peut être rapportée à aucune autre espèce connue
que le Pynargus de Pallas. Dans ce cas, l'individu figuré par ce
zoologiste n'aurait pas plus de quatre ans ».
J'ai eu moi-même l'occasion de vérifier récemment l'exactitude
des assertions de H. Smith sur une magnifique ramure recueillie
par MM. Chaiïanjon et Mangini dans le massif du Thian-Chan non
loin du lac Issyk Koul, et dont j'ai donné la description suivante :
« L'axe principal de chaque bois, largement aplati en arrière,
caréné en avant, s'élève du crâne en divergeant légèrement mais
régulièrement en dehors et en arrière et, à la hauteur de 14 centi-
mètres, émet en avant son premier audouiller assez grêle. Jusque là,
rien ne distingue ces bois de ceux du C\ caprœa, que lewriorme
222 F. I)K POUSAUfiUES
trifolié el leur jurande loiii;iieiir. Au dessus du premier aiidouiller,
le nieiraiu se divise liieulùl, coinine d'ordinaire, en deux lirauclies,
Tune montante eontinuaul l'axe basai en direction, l'autre pointant
en arrière et en dedans: mais ces deux branches à leur tour
émettent, dans l'angle ((u'elles forment, chacune un andouiller; de
telle sorte que chaque bois présente à sa couronne une double
fourche résultant de la bifurcation des deux andouillers terminaux
typiques du genre Caiireoliis. De [)lus, ces quatre pointes sont
réunies et enveloppées à leur base dans une large palmature qui
masque complètement leurs points d'origine, et la branche mon
tante présente en avant une large surface légèrement concave,
limitée en dedans et en dehors par une arête vive, extrêmement
saillante. La parfaite symétrie de cette ramure ne permet pas de
la considérer comme anormale; ou peut seulement induire delà
rareté du fait que les bois ne présentent ce degré de complexité
chez le C. pijgargus, que dans la vieillesse ».
Je doute en effet que l'apparition de ces andouillers complémen-
taires soit aussi régulière que chez les Cerfs, et que les Chevreuils
de Tartarie, au-dessus de 5 ou (5 ans, soient tous munis d'une
ramure aussi compliquée comme semble l'insinuer H. Smith. J'ajou-
terai même que cette exubérance dans le développement des bois
et le nombre des andouillers est, selon toute probabilité, eu relation
intime avec la nature, la fertilité et la richesse de végétation du sol
des régions de pâturage, et que de tels Chevreuils doivent être plus
abondants et se rencontrer plus fréquemment dans certaines loca-
lités que dans d'autres. N'a-t-on pas déjà constaté, pour les Che-
vreuils de la Mandchourie, une infériorité relative dans la taille et
dans le développement de la ramure, indiquant comme un retour à
la forme européenne.
Quoiqu'il en soit, ces faits tendent à prouver que, dans la variété
pygargus, le maximum normal des andouillers ou plutôt des pointes,
peut s'élever à o; en d'autres termes, que les Chevreuils de Tartarie
peuvent être dix-cors, ce que l'on n'a jamais, que je sache, observé
chez les Chevreuils d'Europe.
Le Chevreuil de Tartarie présente une distribution géographique
assez étendue. A l'ouest, c'est dans le Turkestan qu'on le rencontre
tout d'abord, et suivant Severtzov, il serait commun dans toute
la partie n.-e. du Turkestan russe, au dessus de 2000 m. d'altitude.
Il vit également dans le Thiau-Chan, mais ne suit pas cette chaîne
jusqu'à son extrémité orientale, car Przewalsky ne le signale pas
dans les Youldouz. Nous retrouvons ce Chevreuil au nord de la Dzoun-
ÉTUDE SUR LES RUMINANTS DE l'aSIE CENTRALE 223
garie, dansle bassin de l'Ouroungou. De là, il s'avance vers l'est jus-
qu'au littoral de la mer du Japon en suivant l'Altaï, les monts Saïan,
les monts du Baïkal et de la Transbaïkalie, les monts Kenteï, Apfel
et lablonovyi, et enfin les chaînes du bassin inférieur de l'Amour
et de la Mandchourie. Schrenck et Radde nous ont laissé des docu-
ments très précis sur le mode de vie et sur les migrations hivernales
des Chevreuils dans ces régions de l'extrême Orient asiatique. Sui-
vant Schrenck, ils ne s'étendent pas le long du littoral jusqu'à l'em-
bouchure même de l'Amour, mais, dans l'intérieur, ils remonte-
raient jusqu'au 58^ degré de latitude en suivant les montagnes qui
bordent étroitement le cours moyen de la Lena (Pallas). Radde
nous apprend que les Chevreuils sont rares dans le grand Khingau,
mais plus au sud, ils abondent dans tout le système orographique
de l'In-Chan et de l'Ourato, où M. l'abbé A. David et ensuite Prze-
walsky les ont rencontrés pour ainsi dire à chaque pas. Ils man-
quent totalement dans les montagnes de l'Ala-Chan, mais reparais-
sent en nombre dans celles du Kan-Sou et dans le Nan-Chan orien-
tal, qu'ils ne peuvent atteindre dès lors qu'en contournant au sud
le pays des Ordos, par les montagnes du nord du Chau-Si et du
Chen Si. Enfin, le Muséum de Paris possède plusieurs spécimens
capturés par nos missionnaires dans la province du Se-Tchouan,
vers Ta-tsien-lou, ce qui implique l'existence de ces animaux dans
les hautes vallées boisées qui séparent la Chine des plateaux du
Tibet.
224
E. m; l'oi sAUc.i Ks
Table Méthodique
1 . --
n^
f.oiisi(lér:ilioiis géné-
rales
■Vn^ri'ii L'^cno r>i 1 tli 1(1 iii' ■ ... . . .
126 i
Délimilalion de la faune
i.VA
STstémaliqne. Tjiln-
podn
(".AMKMitKS Cniitelus hnririanus
13o
l'eioin . .
licniDKS
BoviNKs 1 Hos fiiunnietis . . .
\:\H '
OviNKS. .
140
141
Ocis Polni
0. nmninn .....
146
0. Hodgsoni ....
148
0. Brookei
153
Caprines
156
Pseudois nahoor
156
Capra sibirim . . .
162
Antilopinks
168
Saiga tatarica . . .
168
Pantholops Hodfisnni
173
Cazelta picticaudata
176
G. gutturosn ....
179
G. Przeurilsliiii . . .
182
G. mbgutturosa . .
185
G. — garliandensis
187
MOSCHIDF.S. . . .
Moaclius mosch i férus
189
M. sifanicus ....
192
Cervidés
PlkSIOMÉTAGARI'IENS
193
Cervus
193
C. Wallichi ....
195
C. cayhmeei'innus. .
199
C. yarknndensû . .
202
1
(\ .ranthopygus . .
205
G. — typicus . . .
209
C. — eustephamis.
211
C. bedfonlianux . .
213
C. albirostris. . . .
215
TÉLÉMÉTACAKPIENS
220
Capreolvs
220
C. caprœa, var. py-
gargus
220 1
223
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES.
{Première série).
E. TOPSENT,
Professeur à l'Université de Rennes.
L'exploration des Açores par le yacht Princesse- Alice durant ces
trois dernières années (1895 97) a fourni une riche collection de
Spongiaires dont S. A. S. le Prince de Monaco m'a fait l'honneur
de me confier l'étude.
Elle comprend naturellement nue bonne proportion de types déjà
recueillis dans ces mêmes parages au cours des campagnes de
V Hirondelle; puis un assez grand nombre d'Epongés connues qui
n'avaient été signalées que dans des localités plus ou moins loin-
taines; enfin, une grande quantité de formes nouvelles, dont beau-
coup fort curieuses.
Parmi les plus intéressantes des espèces de Vtlirondelle (t) retrou-
vées dans ces conditions, je citerai : Hyalonema infundibuluin Tops.,
d'abord rapportée à H. Thomsoni Marsh., puis récemment (2) con-
sidérée comme espèce distincte, Calthropella simplex Soll., Chara-
cella Sollasi Tops., Pœcillastra amygdaloides (Cart.) dont était syno-
nyme ma Pachastrella debllis, Erylus nummulifer Tops., Coppatias
Johnstoni var. incrustans (nom ancien Dorijpleres iiicrustans) ;
LatruncuUa insignis Tops., L. biannulata Tops., Polumastia corticata
Rdl. et D., Axinella flustra Tops., Sollasella hystrix Tops, (primiti-
vement Trackya hystrix), Syringella liuntilis Tops., Suberotelites
demonstrans Tops., liaspailia falcifera Tops., Stylostichon Dendyi
Tops., Hymeraphia tuberosocapitata Tops., Dendoryx pectinata Tops.,
Joyeaxia inrldis Tops., Esperiopsis polymorpha Tops , Gelliodes
fayalensis Tops., Biemma Grimaldii Tops., Rhaphisia spissa Tops,
(d'abord Thrinacophora ? spissa), Metshnikovia Filholi Tops., Hali-
(1) E. TopsENT, Contribuiion à l'étude des Spongiaires de l'Allanlique Nord,
Monaco, 1892.
(2) E. TopsE^T, Eponges, Rcsiiltats scientifiques de la campagne du « Caudan »
dans le Golfe de Gascogne, août-seplenibre 189o. Annales de l'Université de Lyon,
1896.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. .\i. - 15
22G K. TOI'SBNT
rhoudriu Icuconoiilcfi Tops, cl //. iKirhii'^lrflloKlcs T(t|is., ciiliii, sous
un nspprt (lilÏÏM-euf, retroaid clurnid ! (H;ils. (liiv.).
Les Eponges connuos, nouvelles i)onr la faune des Armes, sont :
Hrijailn'Ud plnvni.r Sclun.. Sffwpaf/rlla 7iu.r Schm., Rhahihpertclla
tinli)unt.'< Sclnn., Ddiirniclla aimplcr Tops., Munindrcnia clarnlrlld
(Schm.), l'ihchrold hirtca (Cart), Callliropclld geoilioidrs ((/,\rl.),
ParhastrcUd ncistcDKild j.end., Sphinclrdla t/racilis Soll.. StclIcUa
/)////.s-.sr/(.s- Sollas, Thrtdiihds iilnissi ((larlcr) \';\v.,Spoiif/()soril('!< placenta
Tops., cliond Idliyrnithini Hanc, Dototia pnUhcUa Cart., Thoosa
nrmata Tops., Akxtona M illari Cm'l., iliimedesmia tristcllata Tops.,
Hitlleid ovifonnis Dend., lihdhdrrcinid minutula (Cart.), Plocdmia
dinhii/ua (Bow.), Anlella syri/nularia Sclnn., (iuitarra finibriata
Cart., Acdrnus lorlilis Tops., Leptosia lacicmis Tops, (primitivement
Doidorij.r Juciensis), Arteniisina ApoUinii^ Rdl. et D., Rapeviopsis
riUom Carter, Mel>ih)iikovia spinispiculum (Cart.), lieniera impirxa
Schm., et les deux curieuses Espérellines que j'ai décrites en 1896,
dans le Bulletin de la Société sous les noms de Pozziella clacisippta
et (ioinpfwsteyia loricata.
Quant aux espèces nouvelles, j'ai pris la décision d'en faire con-
naître quelques-unes, par séries, en attendant la publication du
volumineux mémoire accompagné de planches, qui sera consacré
à l'ensemble de la collection.
La première série se composera des douze espèces suivantes. J'y
ajoute une élude sur ma lihaphisia spis^a, dont l'unique spécimen
recueilli eu 4888 ne m'avait pas donné une idée suffisante.
Genre Petromica n. g.
.l^or/c<(/at' massives, en forme de cônes dressés, à surface conu-
leuse, à pores dispersés, à oscules membraneux, à ectosome déve-
loppé aspiculeux, à desmas peu ornés et faiblement reliés entre
eux.
Petromica Grimaldii, n. sp.
(Fig. 1. (t).
Cette intéressante Lithistide est commune dans la région des
Açores. Le yacht Princesse- Alice en a recueilli près de 50 spécimens
dans diverses localités: auprès de Terceira(Stn. 587, par 597'» et Stn.
866, par 599™), deux spécimens; dans le détroit entre Pico et Sào
Jorge (Stn. 600, par 349™), une douzaine de spécimens; sur le
Banc de la Princesse-Alice (Stn. 899, par 200™), une trentaine de
spécimens.
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 227
En l'absence de microsclères comme de mégasclères propres à
l'ectosQme, on voit d'abord qu'on a affaire à une AnopHa. Ses
desmas mouocrépides et ses oxes marquent sa place dans la famille
des Azoricidae ; mais elle se distingue de tous les genres d'Azori-
cides qu'admet Sollas à la fois par ses caractères extérieurs, par
sa structure et par les détails de sa spiculation.
Petroniica fîrinialdii est une Eponge massive, mais non point
informe. De quehjue lieu qu'ils proviennent, tous les spécimens
ont même faciès : larges à la base, ils vont s'amincissant vers le
haut; ce sont des cônes dressés tout droit sur le support, tantôt
plus trapus, tantôt plus élancés.
Leurs dimensions varient beaucoup. Les plus grands dépassent
quatre centimètres de hauteur et trois centimètres de diamètre ;
les plus petits ont à peu près la grosseur d'une noisette.
Plusieurs ont pour base un petit caillou roulé. La plupart ont
été détachés de leur support par l'engin, mais la déchirure s'est
faite franchement et leur partie inférieure se montre plane ou
même un peu arrondie.
La couleur, dans l'alcool, est toujours blanchâtre.
La surface, lorsqu'elle est intacte, se hérisse de conules raides
et pointus, hauts de 0"i"\") à 1™™, distants de 1,5 à 2^^.
Entre leurs bases, l'ectosome s'étend, sous forme d'une membrane
aspiculeuse et translucide. Il recouvre ordinairement un seul pore,
rarement deux ou trois, dans chaque maille du réseau conuleux.
Ces orifices, assez grands, inégaux (0™™o à 1™™ de diamètre) et de
contours irréguliers, se percent ainsi sur tout le pourtour du corps.
Cependant, en plusieurs endroits, la surface se creuse aussi de
vallées longitudinales profondes sur lesquelles passe, très mince,
la membrane ectosomique. Cela constitue autant de larges canaux
exhalants, superliciels. Naissant à une distance variable de la base,
ils s'élèvent jusqu'au voisinage du sommet pour s'ouvrir, tantôt
séparément, tantôt après s'être fusionnés, par des orifices à bords
membraneux, qui représentent par conséquent les oscules.
L'intérieur de l'Eponge est compact à partir d'une certaine pro-
fondeur et ne contient plus de ces grands canaux aquifères.
Avant d'examiner ses spicules au microscope, il est impossible
de prendre Petromica Grimaldii pour une Lithislide. Elle offre un
aspect tout différent de celui que revêtent d'habitude les Eponges
de ce groupe ; elle possède en outre une consistance toute particu-
lière. On dirait plutôt quelque iMonaxonide. Elle se laisse tailler
au scalpel, déchirer à la pince, tout-à-fait comme une Halichondria ,
228
K. lOI'SRNT
mil' nrmliiri/r, un Drsintiritlon^ pur cxciiipl»'. |/illiisif>ii est cowi
pliMt'. L'cxMiiicn (le ses dosniMs et l'rliKh! dr leur riin(!i' (rimiuii nous
foiirnisseiil l'explication de sa lia^ililé ; en nirnu' lenips. ils nous
|)(M-nielU'nl dt^ déclarer l'.(iriiii(tlilli un [xmi pins fciinc (piand nn^nie
(jue plusieurs autres Lithistides également reniar(|uables sous ce
rapjiorl, Xeojicltd iirifrcla Sclim., dont les desnias présentent des
lioinls de zY^ose moins dilïérenciés, Discoilrniild dissobila Sehm., a
desnias sans zygose du tout, eiilin A'(///V;/).s/s pcriiioUis Tops. (I),
dont les desnias ne se louchent même pas entre eux.
Spiculalion. — I. Méga.sclères : 1. I),'sin(is monocrépides, de forme
Vi'^. 1. — a, desmas de l'elritnnca Griiiinlilii, X •"■'; '', !>', "lesmas de
iJonocrepidiaiii ccrmiculaliun, X •"■J-
très irrégulière, généralement ramifiés dans tous les sens. Leurs
branches sont longues, épaisses (45 a en moyenne) et lisses; elles
ne produisent qu'un petit nombre de ramuscules, courts et grêles
(15 à 18 [X d'épaisseur), dont la terminaison s'orne de petits tuber
cules coniques non pointus. Le canal axial du desma se montre
dans l'une des branches principales comme un filet simple, assez
court et plutôt mal marqué. La zygose s'établit seulement par
l'extrémité d'un petit nombre de branches de chaque desma; ces
extrémités zygiales tantôt s'aplatissent et tantôt s'incurvent en
(1) E. TopsENT, Etade.^ de Spongiaires. Hevue biologique du Nord de la France
II, n» 8, p. 9, Lille, 1890.
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES t'IU
cuilleron; souvent lisses, elles portent fi-équemiiient sur leurs
bords des sortes de denticules, correspondant de toute évidence aux
tubercules de ramuscules qui auraient dû se développer à leur
place. La longueur et la simplicité des branches, le petit nombre
des extrémités zygiales de chaque desma et la faiblesse de ren;;re-
nage aux points de contact, tout contribue à ne donner à la char-
pente squelettique qu'un minimum de solidité. Aussi 1 ebullitiou
d'un fragment de Pi'tromica dans l'acide azotique amène-t elle une
assez prompte dissociation de ses spicules.
Les desmas ne prennent pas part à la constitution des conules;
ils s'arrêtent, eu général, au niveau des pores.
2. 0.n-s lisses, fusiformes, légèren^ent courbés, à pointes gra-
duellement etlilées. De dimensions variables, ils atteignent 1'»™ de
longueur sur 25 jx d'épaisseur au centre. On les trouve par tout le
corps, dispersés dans les membranes. Ce sont eux qui forment
l'axe des conules, mais, pour cette fonction spéciale, ils subissent
une intéressante modification : l'une de leurs pointes s'alrophie et
ils se transforment en styles purs ou fusiformes, c'est-à dire com-
plètement ou par à peu près. Ils se disi)osent dans ces éminences
superficielles par faisceaux longitudinaux et tournent constamment
vers le haut leur pointe acérée.
Pas de microsclères.
Genre MoNocnEpmiLM n. g.
Desmanthidae encvoùlnuh'^ î\ desmas mouocrépides, non ramifiés,
diversement tordus, charges de tubercules arrondis, et à styles
lisses hérissant la surface.
Monocrcpidiitui rrnniculation n. sp.
(Pig. 1, hh).
Trois représentanis de cette Lithistide, basés sur des débris de
polypiers, ont été recueillis en 1897 (Stn. 866), non loin de Terceira,
par 599'". de profondeur.
Ils forment des croûtes assez étendues, minces (0™™5), grises
dans l'alcool, très hispides, sur lesquelles ne s'aperçoit aucun
orifice aquifère.
Leur spiculalion est des plus caractéristiques.
Spiculaiion. — 1 Mégasclères : L Desmas de forme très particu-
lière. Ils sont mouocrépides, nullement ramifiés, allongés, capri
cieusement tordus et chargés de tubercules nombreux, arrondis,
230 K. roi'SENT
|u'ii ('Icvi^s. Les lunncs jtMinos se iiKiiiln'iil lisses cl cllih'cs aux
deux bouts. Lh canal axial demeure loujouis siuiple. Leur lorsiou
supplée les chutes absents et leur peiiuet de constituer une char-
pente réticulaire. Los desnias avoisinant la péri|iliérie sont ^énéra-
leuieiil (dus grêles (jue ceux des couches profondes. I^a zygose
s'établit entre desmas qui se croisent par enj^renage de leurs
tubercules aux |toinls de rencontre; elle n'est pas extrêmement
solide, aussi rébullition dans l'acide azotique réussit-elle à dissocier
sans trop de dilhculté un certain nombre de ces spicules. Leur
aspect constant ne rappelle rien de ce (jue l'on connaît jusqu'ici.
Chez certaines Azorica. on peut voir quelques desmas niarquer une
tendance à s'allonfj;er dans un seul sens sans presque se ramilier;
mais la ressemblance entre eux et les desmas de Monocrcpidium
reste bien lointaine. Ceux-(M mesurent, (juand ils sont bien déve-
loppés, environ ;J00 a de longueur sur ^2^\ y. d'épaisseur.
2. Styles lisses, à base ordinairement courbée, à pointe libre
acérée. Ils ressemblent tout-à-fait aux styles de Dcsmanthus inrnis-
tans et occupent la même position ([u'eux. Ils s'implantent,
solitaires, mais assez près les uns des autres, verticalement sur la
charpente de desmas et fout longuement saillie au dehors. Leurs
dimensions varient b(;aucoup ; tantôt courts et gros, longs et grêles,
longs et forts, ils mesurent de 250 [j. à 1'"'" de longueur et de 10 à
25 [JL d'épaisseur à quelque distance au-dessus de la base. Leur
ensemble rend la surface du corps densémeut et inégalement
hispide.
Pas de microsclères.
La découverte de Moïiocrepidium vernuculatum vient modifier mes
vues au sujet de la famille des Desmanthidae que j'ai créée pour
recevoir d'abord Dcstnantltits incrnstiuis et qui s'enrichit de ce nou-
veau type.
Rien n'est facile comme de mettre en évidence les affinités
étroites de ces deux Eponges. Elles ont le même aspect et la même
structure. Elles possèdent la même spiculatiou. Elles manquent à
la fois de microsclères et de mégasclères tétractinaux propres à
l'eclosome et prennent, pour ce motif, place parmi les Anoplia de
Sollas ; elles arment leur surface de styles lisses dressés, sembla-
bles jusque dans le détail de leur courbure; elles Reproduisent
qu'une seule sorte de desmas, car les desmas de deux tailles de
Desnunillins iuciuslaiis ne peuvent, à tout prendre, être considérées
que comme représentant une catégorie unique de spicules, les plus
ÉPONGES NOUVELLES DIÎS AÇORKS 231
grêles étant simplement les plus superficiels ; enfin, ces desmas
présentent la même ornementation. Toute difïérence entre elles
réside exclusivement dans la forme de leurs desmas : ceux de
Dt'^manthus sont tétracrépides, avec rhabdome et clades, ceux de
Monocrepidium sont monocrépides, simples, vermiculoïdes. Ce
caractère constitue, il est vrai, l'un des principaux éléments de la
classification des Lithistides proposée par Sollas ; mais, capital
dans un système artificiel, il peut bien diminuer d'iuiportance
lorsqu'il s'agit d'etïectuer des groupements naturels. Et, dans le cas
présent, je ne crois pas devoir lui reconnaître plus qu'une valeur
générique.
Les Desmanthus et Monocrepidium composent l'un de ces groupe-
ments. Ce sont des Anoplla^ distinctes des Azoricidac par l'infériorité
de leur structuie, par la variabilité du type de leurs desmas et par
le type mouactiual de leurs mégasclères de défense externe. Ce
sont, en un mot, des Des niant hldac. définies comme suit :
Famille des Desmanthidaiî. — Anoplia à desmas d'une seule sorte,
monocrépides ou tétracrépides, chargés de tubercules arrondis et
constituant une charpente réticulaire sur laquelle s'implantent des
mégasclères monacticaux hérissant la surface. Pas de inicrosclères
ni de spicules tétractinaux propres à l'ectosome.
Deux genres actuellement conuus :
G. Desmanthus. — Desmanlhidae encroûtantes à desmas tétracré-
pides présentant rhabdome et cladome ramifié, couverts de tubercules
arrondis, et à styles lisses hérissant la surface. Type : D. incrustans.
Ci. Monocrepidium. — Desmanlhidae encroûtantes à desmas mono-
crépides, non ramifiés, diversement tordus, couverts de tubercules
arrondis, et à styles lisses hérissant la surface. Type : M. termi-
culatum.
Genre Heteroxya n. g.
Aciculida revêtantes, sans microsclères, à choanosome à peu près
aspiculeux, à ectosome en revanche ditïérencié en une écorce solide
armée d'oxes de deux sortes disposés verticalement : les uns très
nombreux et serrés, ornés d'épines ; les autres, bien plus grands,
lisses, solitaires, se projetant au dehors sur une bonne partie de
leur longueur et déterminant l'hispidation de la surface.
Heteroxya corticata n. sp.
(Fig. 2, a).
Il en existe dix spécimens dans la collection, dragués tous aux
2;i2
Kil'SKNT
Açoros : trois provioiinent de la campagne dt; 18'.l.) (Sln. ;i78, par
ll(i:i ). ciiui (le la campagne de 1N% (Slu. 702, par 13()0'"), les
deux autres de la campagne de 1897 (Sln. 801), près de (iraciosa,
par 124(»'» de profondeur).
Ils forment sur des pierres des plaques grisâtres, hispides, peu
étendues et ne dépassant guère 2'"'" d'épaisseur. Le plus grand
^viîr
n
()
ë Qi'
Fig. 2.— a,Heleroxya corlicata,y_ 180; b, isoch<Mes épineux de Leplosia Schmidti,
X 340 ; c, toxe de Rhap/nsia spissa, X 180; d, cladotylostyle do Tylexocladus
Joiibini, X 105; d', extrémités du même, X 340: d", oxe centrotylote de la
même Éponge, X 340; e, acanlhoxe de Yvesia Alecto, X 340; e', passage de
l'acantboxe à l'aster; t", aster de Y. Alecto, X 340; h, petite discaster;
/(', grande discaster de Sceplrintus Richardi, X 105; g, céroxes de Cerbaris
lorquatus, X 180; i, oxe des papilles; i', spirasters épineuses de Cliona
levispira, X 340.
atteint à peu près les dimensions d'une pièce de cinq francs. La
surface est généralement souillée de vase retenue entre les pointes
des longs spicules externes. Les orifices aquifères sont partout
indistincts.
Le choanosome, jaune pâle et mou, se fait remarquer par l'ab-
sence presque complète de charpente squelettique; on y rencontre
seulement de loin en loin, sans ordre appréciable, quelques acan-
thoxes. Les tissus sont clairs, non sarcenchymateux
L'ectosome, très développé, mesure bien à lui seul la moitié de
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 233
l'épaisseur totale du corps; très spiculeux, il n'est pas fibreux, et,
par suite, se montre solide mais non coriace. Sa charpente a une
structure semblable à celle de Trachi/a pernucli'ata Cait. Elle se
compose d'oxes de deux tailles. Les acaiithoxes ([u'on a vus épars
dans le choanosome s'y pressent en multitude et se disposent cote
à côte verticalement; ils constituent ainsi une véritable cuirasse
dans laquelle s'implantent, solitaires mais peu espacés et, par
suite, nombreux, de grands oxes qui jouent un rôle défensif à
distance. Ces derniers, qui font complètement défaut dans le
choanosome, se distinguent facilement des autres par leur taille
bien supérieure et par leur état lisse; ils dépassent la cuirasse en
dedans et en dehors, mais tandis qu'ils pénètrent peu dans la chair
sous-jacente, ils font saillie à l'extérieur sur les deux tiers au
moins de leur longueur.
Spiculation. — I. Mégasclères. Oxes de deux sortes : 1. Acan-
thoxes. Ce sont des oxes variant de 235 à 420 a de longueur sûr
12 à 23 [X d'épaisseur, à pointes acérées assez courtes, à tige offrant
en son milieu une courbure brusque plus ou moins accusée, quel-
quefois flexueuse; ils s'ornent d'épines basses dont la disposition
n'est d'ailleurs pas quelconque : rares et parfois même absentes
vers le milieu de la tige, les épines manquent tout à fait aux deux
extrémités après s'être surtout accumulées à peu de distance de là.
Les acanthoxes n'existent qu'en nombre excessivement restreint
et sans ordre dans le chaonosome; ils forment le squelette compact
de l'ectosome. 2. Oxes. Ces oxes sont lisses, grands et forts, à pointes
acérées courtes, à lige brusquement courbée en son milieu, fré-
quemment flexueuse ; ils mesurent Imi^B à 2°i'" de longueur et, en
moyenne, 35 \j. d'épaisseur. Ils se localisent dans l'ectosome et
paraissent résulter d'une ditférenciation des acanthoxes dans un
but de défense à distance; ils en ont, eu effet, l'allure générale et
parfois possèdent encore quelques petites épines au voisinage de
leurs extrémités.
Pas de microsclères.
Heteroxya corticata se place, parmi les Aciculides, immédiate-
ment à la suite des Trachya. Elle ne possède, comme elles, que des
mégasclères diactinaux ; ces spicules y sont de deux tailles dis-
tinctes, et, en se serrant verticalement à sa surface, ils lui consti-
tuent une cuirasse ectosomique. La ressemblance ne va cependant
pas jusqu'à permettre de la considérer simplement comme un
représentant du genre Trachya. Seule, l'ornementation spéciale de
ses spicules .n'autoriserait saus doute pas la création d'un genre
234
K. lOPSK.NT
nouveau; mais iiin' tclli- ((iiiitiirt' s'impose du fait (fiie sou choano-
s<ime (leiiK^ure presque aspiciileux et (|ue les rares spiciiles qu'on
y trouve épars ne sont juslenienl pas ré(|uivalenl <les j^rands oxes
qui forment la charpente interne des Tracin/a jicrnitcli'dtd et T.
hoiridii.
(îenre Anisoxva u. '^.
\rlntli(l(i revêtantes, sans uiicrosclères, à ectosome mince non
dilTt'-rencié en écorce, à clioanosome caverneux de structure hali-
chondrioïde, et possédant pour mégasclèies des oxes de forme
simple et de plusieurs tailles.
La nature de l'ectosome, la structure du clioanosome. le type des
spicules et leur distribution empêchent toute confusion avec le
genre Spotigosorites.
Amsoxyu glabra n. sp.
L'espèce est établie d'après trois spécimens recueillis aux Açores :
l'un en 1895 (Stn. 584), au S. E. de Terceira, par 845'", sur un
polypier; les deux autres en 1807 (Stn. 899), au Banc de la f^rin-
cesse Alice, par 200'", sur des SlreplriNtiis HichariH.
Ils s'étalent en plaques plus ou moins étendues, épaisses de 2 à
5mm^ remarquables par leur aspect luisant dû à l'état absolument
glabre de leur surface.
L'ectosome, aisément détachable par grands lambeaux, est une
pellicule incolore, sèche, assez résistante. Il ne porte pas d'oscules
et tous les elTorts que j'ai tentés pour y découvi'ir au microscope
des perforations représentant les stomions sont demeurés infruc-
tueux. Malgré la bonne conservation des échantillons, je ne puis
donc décrire les orifices aquifères.
La membrane ectosomique doit sa consistance à l'abondance des
spicules qu'elle renferme. Ce sont surtout de grands oxes lisses, à
pointes longues et acérées et à tige doucement courbée vers le
centre, qui se disposent parallèlement entre eux en de larges fais-
ceaux se coupant sous divers angles et se couchant toujours tan-
gentiellemeut à la surface. Il reste de la sorte fort peu de place
entre eux, et les intervalles restreints qui persisteraient se trou-
vent comblés par des oxes de même type, mais beaucoup plus
petits, dispersés sans ordre et entrecroisés en tous sens.
Le choanosome est jaune, maigre, caverneux, cassant, nullement
friable. Sa structure rappelle beaucoup celle des portions basales
de Ciocalypta penicillus, par exemple. Elle est halichondrioïde,
c'est-à-dire qu'il y a là une charpente irrégulière, point serrée,
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 235
assez solide, sans sponij;ine. Pour la constituer, les grands oxes
précités ne se disposent ni en libres ni en lignes continues, mais
simplement par paquets d'importance variable se croisant sans
régularité. Autour de la charpente principale se répandent à
profusion dans tout le corps des oxes beaucoup plus petits, sem-
blables à ceux qu'on voyait déjà dans l'ectosome.
Spiculation. — I. Mégasclères : Ores. Les spicules, tous de môme
type, oxes lisses fusiformes à pointes longues et fines, doucement
courbés vers le milieu de leur tige, se montrent, comme il vient
d'être dit, fort inégaux entre eux. On peut assez bien, d'après leur
taille, les répartir en catégories, entre lesquelles, à vrai dire, on
finit avec un peu d'atteniiou par reconnaître tous les intermédiaires
possibles. Il y a d'abord les grands oxes principaux de l'ectosome
et de la charpente choanosomique, qui vont de 500 à 930 y. de lon-
gueur sur 13 à 20 [j. d'épaisseur. Puis les petits oxes accessoires,
répandus tant dans l'ectosome que dans le choanosome, et qui ont
pour dimensions 100 à 200 a sur 3 à 6 ,a. Ces deux catégories existent
seules dans le spécimen de la Stu. 584.
Dans les spécimens de la Stn 899, la seconde catégorie n'est
représentée que par une proportion bien moindre d'oxes de 100 à
200 u. En revanche., il s'y en établit une troisième d'oxes excessi-
vement nombreux, plus faibles encore, [)uisqu'ils ne mesurent que
50 tJL sur 1 a à 1 [x et demi.
De telles variations individuelles excluent de la définition du
genre toute formule plus précise que celle employée plus haut :
oxes de forme simple et de plusieurs tailles.
Pas de microsclères.
Cliona levispira n. sp.
(Fig. 2, H').
Cette Eponge perforante, qui, par ses spirasters lisses, évoque
le souvenir de Cliona veniilfera Hancock et de C ahyssoniin Carter,
se distingue de toutes les (Uloiia connues par l'ensemble de sa
spiculation. Elle est seule, en effet, à ne posséder, avec des micro-
sclères, que des mégasclères diaclinaux. Elle représente donc un
groupe à part dans le genre Cliona.
Dans ma Deuxième contribution à l'étude des Cllonides (1), j'ai
essayé de répartir en six groupes les Cliona décrites. Le quatrième
pntposé ne peut être maintenu tel que je le comprenais alors,
parce que Cliona Schinidti (Ridl.) doit en réalité rentrer dans le
(1) Archives de Zoologie expérimentale et générale (2' série), IX, 1891.
236 K. TOPSKNT
Iroisit'iiic j;r()ii|H'. ;'i coh' de Cliintn nridis, ('. ('a ricri , cU'., cl |i;irce
(|u il csl ;iiij()iii(l'liiii ;iV(''r('' (|iie Clioiiti .hilinstoni (Scliiiiidl) est iiiie
Aciciilidc liliiT cl non [n'ilnrantc, une cs|icc<; du j,^eiue Cojij.iUitis.
Le (jualricnic i;r()U|i(^ sera donc réservé aux Clioncs du type de
C. leti>iiiir<i. dont la spiculalion se coniijosc d'oxes et de spiraslers,
La rc|)arlili()n aboutit en somme au sysicme suivant :
]cr groupe : CHuna possédant des tylostyles, des oxes et des
spirasters; type C. vasUfica liane.
2*^ j^roupe : Cliona possédant des tylostyles et des oxes, sans
microsclères ; type C. punliai Czern.
3« groupe : Cliona possédant des tylostyles et des spirasters;
type C. lobata Hanc.
4« groupe : Cliona possédant des oxes et des spirasters; type
C. lerispira n. sp.
5e groupe : Cliona ne possédant que des tylostyles; type C. qua-
drata Hanc.
6* groupe : Cliona ne possédant que des oxes; lyjje C. Idlnjrintlnca
Haoc.
Cliona jiurpunui Hancock et Vioa lUmcocki Schinidt ne sont sans
doute pas des Clionides. liltaphidhistia siieckibilis Carter, revêtante
mince, semble être non pas une Cliona du (luatrième groupe, mais
bien plutôt une Aciculide.
Cliona levispira paraît commune aux Açores. Le yacht Princesse-
Alice en a recueilli dans plusieurs localités éloignées les unes des
autres quelques spécimens perforant des polypiers divers. Klle y
creuse des galeries divisées en compartiments ou cellules de dia-
mètre variable mais excédant rarement 3 millimètres. Elle commu-
nique avec l'extérieur par des papilles petites et peu nombreuses
ne dépassant pas la surface du polypier; les orifices dans lesquels
elles s'engagent ne mesurent pour la plupart que O'"'";") et atteignent
au plus l™°i de diamètre.
Blanche dans l'alcool, la chair est molle, opaque, granuleuse. Des
oxes fusiformes assez grands et épais en constituent la charpente
très lâche et sans ordre apparent. Des spirasters lisses, très sinueu-
ses, s'y montrent partout abondantes ; elles s'accumulent en grand
nombre au niveau des étranglements interlobaires ménagés dans
le calcaire.
Les papilles sont dures et difllciles à dissocier par suite de la
multitude de spicules qu'elles renferment. l\ y a là d'abord, groupés
parallèlement entre eux en un faisceau aussi large que la papille,
des mégasclères spéciaux, grêles, diaclinaux, mais à extrémités
ÉPONGES NOL'VELLKS DES AÇORES 237
nettemenl dissemblables, oxes dilïérenciés évideiiiinent en vue du
rôle qu'ils ont à jouer. De leurs extrémités, la plus eOilée se tourne
toujours vers le sommet de la papille, l'autre, obtuse, se place au
niveau de sa base, et, comme ils se disposent sur un seul rang, leur
longueur détermine la hauteur de l'organe. On observe quelquefois
des papilles dont le squelette se compose d'un mélange, en propor-
tions d'ailleurs inégales, d'oxes ditTérenciés et d'oxes normaux, ces
derniers seulement un peu plus courts que de coutume. Dans la
règle, les papilles possèdent des mégasclères diactinaux spécialisés
et n'en ont pas d'autres. Puis, les spirasters lisses s'y développent
en quantité considérable, beaucoup d'entre elles y subissant une
réduction de taille très sensible et ne décrivant plus qu'un tour ou
deux de spire. Enfin, le sommet des papilles porte encore d'autres
microsclères, des spirasters épineuses, très petites et droites, sou-
vent difïïciles à découvrir, d'autres fois abondantes et formant
comme une poussière ténue entre les pointes libres des inéqui-oxes.
Malgré leur exiguïté, ces spirasters ainsi localisées offrent beaucoup
d'intérêt, Cliona levispira nous apparaissant dès lors plus riche en
microsclères que la plupart de ses congénères. Les spécimens
dragués au N.O. de San Miguel comme ceux recueillis auprès de
Graciosa ou de Florès s'en montrent pourvus.
Cliona levispira est caractérisée à la fois par la possession de
deux sortes de spirasters, par le manque de mégasclères autres
que des oxes, et par la différenciation de ces oxes dans les papilles.
En les étudiant avec un peu d'attention, on reconnaît bien vite
des termes de passage entre les oxes de la chair et ceux des papilles.
La différenciation marquée qui s'effectue ainsi rappelle celle qui se
produit sur les tylostyles des C. ensifera et C. mucronata Soll. Je ne
vois pas qu'il en ait été signalé d'autres exemples chez les Gliones.
11 n'est pas inutile de faire remarquer combien, par ses oxes
normaux et par ses spirasters lisses, Cliona leoispira offre de res-
semblance avec C. abussornin Cart. Seulement, cette dernière est
munie de tylostyles à tète ovale, bien accusée, longs de 785 a, loca-
lisés dans les papilles. Je les ai vainement cherchés partout dans
toutes les C. levispira que j'ai eues à ma disposition ; leur absence
est constante et toujours les oxes grêles à pointes inégales en
tiennent lieu.
SpiculaHon. — L Mégasclères : 1. Oxes du choanosome, à tige
lisse, épaisse, très faiblement courbée, à pointes semblables, acé-
rées, pas très longues; ils mesurent 330 à 410 (x sur 15. 2. Oxes des
papilles, à tige lisse, grêle, très légèrement courbée, avec une pointe
238 K. lOI'SK.NT
tlisliilf loiij^ue cl ;i('«^ré(; ri une ixtiiilc pioxiiiiiilf oIjIiisc. plus ou
moins lr(Hi(|uéi' ; ils oui ciiviioii 2()0 a de luiii;uriir el .'{ à 4 y. de
[lins ^iJinde «'[laisseiir.
II. MicidsclÏTOS : 3. >ij)ini^icrs lisses, épaisses, Irî's coiiloiirnées,
décrivant jusqu'à r\\\(\ lours de spire, de diineiisious fort variables,
depuis 15 a sur \ jus(|u'à 130 et uit^nie loO [x sur S ; les |)lus gran-
des se Irouvenl surtout dans la cliair, les plus petites dans les
papilles. 4. Sfiirastcrs épineuses, courts bâtonnets droits, longs
seulement de 7 à 10 ;x, épais de 2 a, présentant en leur milieu un
verlicille d'épines relativement fortes et aux deux bouts une petite
couroune d'épines moins marquées; elles se continent sur le
plateau supérieur des papilles.
La découverte de Cliona Icrispira jette un jour nouveau sur Dotona
pulcliclla Carier. Les conclusions que je tire de leur comparaison
sont d'autant mieux fondées que le yacht Princesse- A lice a recueilli
aussi aux Açores (Stn. 837, prof. 880™), perforant des polypiers,
cette même Dotona pulchella signalée jusqu'ici seulement dans le
golfe de Manaar.
D'après la description et les ligures données par Carter, il sem-
blait que Z>. /Ju/c/jc/Za fût pourvue de mégasclères diactinaux cou-
verts de tubercules disposés par bandes annulaires, de microxes
linéaires et d'amphiasters. Le rapprocbement avec Airctona Ilifigini
s'établissait alors facilement. J'avais été conduit de la sorte (1) à
supprimer le genre Dotona au prolit du genre Alectona.
En réalité, la spiculation de Dotona pulchella doit être considérée
d'une façon bien différente. Les spicules diactinaux à verticilles de
tubercules sont des spirasters, diversement courbées ou flexueuses
mais non spiralées, homologues des spirasters lisses de Cliona lecis-
pira et sensiblement de même taille qu'elles. Les spicules grêles
acués correspondent aux oxes modifiés des papilles de ('. kmspira-
plus grêles que leurs homologues et à pointe basale encore mieux
effacée, ils se localisent comme eux dans les papilles, côte à côte,
la pointe effilée terminée en dehors; quel(|ues-uns seulement se
montrent épars dans la chair. Enfin les petits microsclères ne sont
pas des amphiasters mais des spiraster.s, puisqu'ils n'ont qu'un
seul cercle d'épines et que ce cercle est plus développé que les
couronnes des deux bouts delà tige; par leur forme et par leurs
dimensions ils ressemblent trait pour trait aux spirasters épineuses
de C. Icrispira et, comme elles, se localisent pour la plupart sur le
(t) Loc. cil., p. 587,
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 239
plateau supérieur des papilles. Le parallèle est donc tout tracé.
Cependant, Dotona pulchella se distingue de Cliona levispira par
un caractère qui conserve toute l'importance d'un caractère géné-
rique : les mégasclères du choanosome ont complètement disparu.
Une telle constatation démontre une fois de plus combien les
Clionidesse relient intimement entre elles et combien leur biologie
spéciale rend capricieux le développement des divers éléments de
leur spiculation typique.
Ainsi compris, le genre Dotona comporte la définition suivante :
Clionidae, dont les mégasclères choanosomiques fout défaut; les
seuls mégasclères présents, destinés aux papilles, sont des styles
grêles, provenant d'oxes par réduction; les microsclères sont des
spirasters de deux sortes, l'une d'elles se localisant au sommet
des papilles.
Les espèces du genre Alrctona (.1. Millari, A. Hiijgini, A. Wallichi)
possèdent au contraire des amphiasters véritables.
Genre Sceptrintus n. g.
SpirastreUidae massives dont la spiculation comprend une faible
quantité de styles un peu épineux, plus ou moins fascicules, ayant
la signification de mégasclères, et se compose surtout de discasters
gigantesques à verticilles d'épines nombreux, non dressées dans
l'ectosome, répandues à profusion et sans ordre dans tout le choano-
some.
Les discasters du type Sceptrintus Richardi diffèrent considéra-
blement de celles des Latranculia par leur taille et par leur orne-
mentation. Le genre Sceptrintm est bien caractérisé par ce fait que
les discasters ne se localisent pas dans l'ectosome, ne s'y accumu-
lent pas en une croûte dense superficielle et ne s'y dressent pas
verticalement.
Sceptrintus Richardi, n. sp.
(Fig. 2, h, h').
Cinq spécimens en ont été recueillis en 1897 sur le Banc de la
Princesse-Alice, l'un par 208^ (Stn. 889), les autres par 200°"
(Stn. 899). Une discaster à pointes vives, retrouvée dans une prépa-
ration de spicules de Ilalichondria leuconoides draguée par le yacht
l'Hirondelle en 1888, par 318^, au S.E. de Pico (Stn. 247), semble
indiquer dès maintenant que l'Eponge ne se cantonne pas exclusi-
vement sur ce banc.
Il s'agit toujours d'Epongés assez volumineuses, massives,
240 K. TOI'SKNÏ
iiiloi iiif-, ^iiii> >u|i|i((rl, iii;iis |i|t'iiics de |(cli|s iNihris de toutes
sortes qu'elles (loivt'iil iiicoriiorer eu eroissiuit et eu |(;iilie revêtues
d'iiulres S|)oui:i;iires uiiuees. I-Illes s'iuiprèi^ueul diius toutes leurs
parties d'une belle coloration jaune d'ocre. De structure (;on)pacle
et de consistance ferme, elles sont quand môme très friables. Nulle
part on n'y découvre d'orilices aciuifères. Leur surface, sans la
moindre tMninence pa|>illiforuie, se montre unie et glabre [tarlout
où l'on peut la trouver libre et intacte. Il n'y a pas d'ectosome
détachable. Le corps se limite par une mince membrane où se
reconnaissent des éléments cellulaires ; par endroits, cette mem-
brane est remplacée par une délicate cuticule anhiste et jaunâtre.
La chair du choanosome est granuleuse et jaune.
La distribution des spicules paraît uniforme dans tous le corps :
c'est partout un mélange de quelques styles fascicules et de très
nombreuses discasters de toutes dimensions.
Seulement, au niveau de la membrane limitante, les discasters
restent de taille plus faible et les styles existent en proportion un
peu plus élevée. Ils se couchent les uns et les autres dans celte
membrane, en tous sens, sans s'y presser, ni sans nulle part la
dépasser. L'état parfaitement lisse de la surface dépend de cette
disposition qui ne rappelle en rien ce qu'on observe chez les
Latrumulia.
Dans la profondeur dominent les discasters les plus fortes; plus
abondantes que la chair même, elles s'y entrecroisent sans ordre et
ne se relient entre elles par aucun lien de spongine; ainsi s'expli-
que la consistance à la fois ferme et friable de la masse.
11 n'existe que deux sortes de spicules, des styles et des discas-
ters. Il est à remarquer d'ailleurs que les styles ae sont ici autre
chose que des discasters modifiées pour jouer le rôle de mégas-
clères. La transformation s'accomplit à la fois par élongation de la
tige, par réduction du nombre des épines, par atténuation en
pointe de l'une des extrémités. Tous les termes de passage se ren-
contrent à souhait. C'est à peine si l'on devrait parler ici de mégas-
clères et de microsclères, tant ces derniers sont robustes et prépon-
dérants ; mais, outre qu'ils varient beaucoup de forme et de dimen-
sions, qu'ils ne constituent aucune charpente digne de ce nom et
que pour servir de mégasclères ils doivent se transfigurer, leur
comparaison avec les spicules de Spongiaires de groupes divers
conduit à les considérer comme des microsclères véritables et à les
assimiler aux discasters des Latruncutia. De tels organites, cylindri-
ques, ainsi régulièrement verticillés, à bouts semblables et difïé-
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 241
renciés en un bouquet d'épines, n'existent, en effet, nulle part
ailleurs que chez ces Spirastrellidae. Il est vrai de dire que les dis-
casters des Latrunculia n'atteignent jamais de pareilles dimensions
(pas même les amphiclades de L. insignis) ni ne comptent à beau-
coup près autant de verticilles d'épiues. Appliqué aux longs micros-
clères de Sceptrintus Richardi, le terme de discaster est forcément
impropre. De tous les spicules signalés jusqu'à ce jour, c'est peut-
être celui de la figure 68 du volume premier de la monographie de
Bowerbank qui leur ressemble le plus; il provient malheureuse-
ment d'une Eponge marine inconnue.
Spiculation. — I. Mégasclères : 1. Styles longs et grêles, plus ou
moins courbés, avec un bout (la base) arrondi sans renflement, l'au-
tre bout en pointe graduellement effilée, acérée; jamais parfaite-
ment lisses, ils portent au moins quelques faibles épines au voisinage
de leur base ; d'habitude aussi, des épines se distribuent sur leur
tige, mais de loin en loin, souvent à des intervalles égaux, comme
pour rappeler les verticilles des discasters ; elles ne se disposent
réellement en verticilles que sur les styles les plus courts et, dans
ce cas, il arrive quelquefois que la pointe du mégasclère se trouve
remplacée par un bouquet de deux ou trois épines ; de la sorte le
passage des discasters grêles aux styles est réalisé. Les dimensions
des styles varient depuis 300 a de longueur sur 5 [j. à peine d'épais-
seur jusqu'à 700 jx et plus sur 7 à 10. Ces spicules se groupent
généralement par petits faisceaux. On les rencontre surtout au voi-
sinage de la surface ; ils ne font pas saillie à l'extérieur.
II. Microsclères : 2. Discasters. Ces spicules, auxquels ce nom ne
convient guère, sont sensiblement cylindriques, plus ou moins
courbés, davantage quand ils sont petits que lorsqu'ils grossissent
beaucoup, à bouts semblables armés d'une couronne de fortes
épines, à tige couverte de verticelles généralement équidistants.
Les épines des verticilles sont droites pour la plupart, ou bien
recourbées mais sans orientation définie de leur pointe ; les épines
des deux bouts sont toujours en crochet. Le nombre des verticilles
varie ; il est de 6 à 9 sur les plus faibles discasters ; il monte à 12,
15 et 18 sur les plus robustes. Les verticilles se composent le plus
souvent de 6 épines ; mais ils peuvent n'en comprendre que 5 ou
même 4 seulement. Le canal axial se voit très bien, surtout sur les
plus grosses discasters ; il s'arrête de part et d'autre brusquement
à peu de distance des extrémités. Les discasters les plus petites
mesurent 150 u. de longueur sur 7 a d'épaisseur, sans compter les
épines ; les plus grosses atteignent et dépassent 530 [l sur 40. Il y a
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 16
l'iZ K. TOI'SENT
des formes jrnMes, à verlicillcs ilistanls el à é|)ines 1res pelilos, qui
iiu'snreiil .'{00 à .'iOOa de longueur sur li à 10 a il'ép;iisseur seule-
ment. Les variations sont donc infiniment nomltreuses. En règle
générale, on ne trouve ([ue des discasters faihles au voisinage de
la surface; dans la profondeur, les discasiers énormes s'y mêlent
en forte pro|K)rtion. Nulle [)arl elles ne prennent une disposition
régulière.
La comparaison du genre Sceplri)iiiis avec le genre Suheroteliles
écarte toute velléité de rapprocher ces Eponges. Chez les Suhcroff-
lilcs, les spicules é[)iueux sont tous égaux entre eux, ont les deux
bouts dissemblables, ne se couvrent pas de verticilles d'épines et,
afïectant une disposition régulière, constituent une charpente en
réseau sur la(iuelle s'implantent des mégasclères lisses de projec-
tion; ces tylostrongyles épineux ne peuvent donc pas, eux, passer
pour des microsclères.
Genre Tylexocladus n. g.
ClavuUda massives, sessiies, sans papilles, à écorce difïérenciée
et à charpente rayonnante. Mégasclères de trois sortes : tylostyles
de différentes tailles suivant leur distribution dans l'organisme;
oxes centrolyles dispersés sans ordre dans le choanosome; enfin
dadotyloslyU's caractéristiques, dressés dans l'écorce, le cladome en
dehors. Pas de microsclères.
Far l'écorce difïérenciée, dépourvue de microsclères, et par la
structure rayonnante de la charpente, le genre Tylexocladus prend
place dans la famille des Polyniastidde, à côté du genre Proteleia,
dont il se distingue surtout par la possession d'oxes centrotylotes
et par la qualité de ses spicules de défense externe.
Tylexocladus Jouhini n. sp.
[Vï'i. 2, f/, (/' d"^^
Cette espèce est établie d'après trois spécimens recueillis en 1896
(Stn. 702), par 1360™ de profondeur (39o 21' 20" lat. N. — 33" 26'
08" long. 0.).
Le plus beau est une Eponge grisâtre, sessile, massive, à contours
arrondis, basée sur un Polypier dans toute son étendue et mesu-
rant seulement 20"^™ de longueur, 15™"" de largeur et S"^" d'épais-
seur. Il ne porte d'autre éminence qu'un oscule étroit (1™"^ de
diamètre), demi-clos, très légèrement surélevé. La surface, égale,
se montre finement hispide et souillée d'impuretés, sauf au voisi-
nage de l'oscule où elle devient parfaitement glabre. Les pores
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 243
restent indistincts. L'ectosome se différencie eu une écorce spicu-
leuse coriace; le choanosome est plutôt charnu.
Dans le choanosome, la charpente se compose surtout de fibres
primaires polyspiculées, sans spongine, s'élevant de la base jusqu'à
l'écorce et faites de longs tylostyles à pointe dirigée vers la péri-
phérie; puis, croisant ces fibres en tous sens, de tylostyles courts
et épais, isolés ou groupés par deux ou par trois au plus; enfin,
d'oxes centrotylotes de faibles dimensions, bien plus abondants que
les tylostyles trapus, et dispersés sans ordre dans toute la chair.
Dans l'ectosome, une couche compacte de tylostyles courts et
épais, dressés verticalement côte à côte, la pointe en dehors, est
traversée à des intervalles assez réguliers par des spicules solitai-
res, longs et gros, les cladotylostyles qui, d'une part, s'implantent
par leur base assez profondément dans la chair au-dessous de
l'écorce, et, de l'autre, font saillie hors de l'Eponge sur un bon
tiers de leur longueur, leur cladome assurant ainsi une véritable
protection à distance.
Au voisinage de l'oscule, l'écorce est soutenue par des tylostyles
qui s'allongent et se couchent presque tangentielleinent à la sur-
face ; les cladotylostyles font défaut dans cette région, qui, par
suite, paraît glabre et sans souillures. Enfin, les bords de l'oscule
ont uniquement pour charpente des tylostyles grêles disposés ver-
ticalement la pointe en haut.
Les deux autres spécimens, également fixés sur des Polypiers,
sont de taille plus petite et ne possèdent pas d'oscule apparent.
Spiculation. — I. Mégasclères : 1. Tylostyles. Ils ont tous une tête
bien marquée et une i)()inte graduellement effilée ; mais on peut les
répartir en trois catégories. Ceux qui forment les lignes primaires,
grands, forts et effilés, ont une tête allongée et mesurent V^^ et
davantage de longueur et 15 [x d'épaisseur maxima. Ceux qui bor-
dent l'oscule, grêles et effilés, ont aussi une tête allongée, mais ne
mesurent que 375 à 400 |jl de longueur et 5 [x d'épaisseur. Ceux enfin
qui se dressent côte à côte dan» l'écorce et qui se disséminent dans
la chair entre les lignes ascendantes polyspiculées, courts et épais,
ont une tête globuleuse et mesurent seulement 230 à 300 a de lon-
gueur tout en atteignant 10 à 12 [x d'épaisseur. 2. Cladotylostyles.
Ces curieux spicules de défense externe représentent une modifica-
tion des tylostyles trapus de l'écorce ; leur tête, en effet, ressemble
plus à la leur qu'à celle des tylostyles des lignes squelettiques.
Ils sont grands et gros, espacés à des intervalles assez égaux. Us
mesurent 580 à 640 [/. de longueur et 20 à 23 [x d'épaisseur. Leur
244 K. TOPSINT
li<;(', à son cxlifinilt' «listale. se rcndo no pou cl so découpe en une
dizaine de dcnliculcs poinlus et hrcis dans chiicun desquels se
ramifie l'axe du spicule; souvent ces branches de l'axe deviennent
conlliUMitos et enii)êchent alors de compter les donlicule«;. La pro-
tection assurée |)ar ces exotyles robustes doit ôlre plus ellicace
évidemment que celle (jue l'rotrleia Sollasi doit à ses « ji;rapnel-
spicules ». 3. Oxrs renfroti/lotcs. L'existence de cette sorte de
mégasclères n'avait encore été constatée chez aucun membre de la
famille des l*olyinnstitl(ic; mais elle n'est pas exceptionnelle chez
les Clafidida, puisque beaucoup de (Uionidar possèdent aussi des
oxes. Conlinés dans le choanosome de Tiile.rocladus Joubini, oîi ils
abondent, ils sont de petite (aille, ne mesurant que 70 à 120 |j. de
longueur et 3 à 5 u. d'épaisseur : leur tige, faiblement courbée, est
lisse, présente constamment un renflement central plus ou moins
accusé et se termine en pointe acérée à ses deux extrémités.
Pas de microsclères.
Si l'on emploie, comme je l'ai proposé, les termes iVexotyles pour
désigner d'une façon générale les spicules de défense externe des
Monaxonides dont rextrémité libre se ditlérencie en une boule,
en un plateau, en un groupe de muerons ou de crochets, etc., on
peut dire que, des Clavulides connues, trois seulement possèdent
des exotyles : Prolekia Sollaai Dendy et Ridiey, Tylexocladus Joubini,
ici décrite, et l'Eponge qui a reçu de Vosmar (1885) le nom de
Polyinastia capilata et de Sollas (1880) celui de liadiella schœnus.
Cette dernière a pour exotyles des tylostyles dont la pointe dislale
se renfle en une boule rugueuse. C'est, comme Proteleia Sollasi,
un proche parent des Polyinastia, mais elle en ditîère. elle aussi,
par ses exotyles et mérite également pour ce caractère d'en être
séparée génériquement. Je propose donc de l'appeler Sp/jccrof^/us
capitatus (Vosm.), avec cette déiiuilion simple du genre :
[Sphœrotylus n. g. := Polymastidae massives pourvues d'exotyles
sous forme de sphérotylostyles.
Genre Rhaphidorus n. g.
Polymastidae possédant dans le choanosome des oxes linéaires
rhaphidiformes, solitaires ou fascicules.
L'existence d'oxes dans le choanosome des Clavulides n'a encore
été constatée que chez Tyle.rocladus Joubini et chez les Clionidae. 11
est à remarquer que chez Rhaptiidorus sctosns ces spicules ressem-
ÉPONGFS NOUVELLES DES AÇORES 245
blent par leur forme, leur taille et leur disposition, aux oxes
linéaires de Cliona celala (1).
Hhaphidorus setosus n. sp.
Le spécimen-type provient de la campagne de 1895. 11 a été
recueilli par4 020ni de profondeur au large delà pointe orientale
de Sào Miguel. Il est lixé sur une pierre ponce.
C'est une petite Eponge blanche, ferme, hispide, sessile dépri-
mée, mesurant 12'"™5 de longueur, 7mm5 de largeur et 2 à 3^'"
d'épaisseur. Elle est malheureusement déchirée du côté supérieur
sur les deux tiers de son étendue, de sorte qu'il est impossible de dire
si elle possédait des papilles ni de parler de ses orifices aquiîèrcs. La
partie de sa surface restée intacte se couvre d'une hispidation fine
devenant un peu plus haute au pourtour de la plaque, de manière
à rappeler vaguement ce qui se voit sur les Trlchostemma. La
comparaison vient à l'esprit d'autant mieux que le corps de l'Eponge
n'est pas fixé au support sur toute sa longueur; la partie qui s'en
détache est lisse en dessous et spiculeuse, de longs tyloslyles s'y
couchant les uns contre les autres tangentiellement à la surface.
L'écorce a une spiculation compacte, faite de tylostyles courts et
gros, dressés côte à côte la pointe en dehors.
Le choanosome a une charpente de lignes rayonnantes polyspi-
culées, faites de longs tylostyles qui tournent tous leur pointe vers
l'extérieur. Dans la chair, entre ces piliers squelettiques, s'entre-
croisent en forte proportion des oxes linéaires, pour la plupart
groupés par faisceaux d'une dizaine ou davantage.
La structure est donc bien celle d'une Polymastide, avec addition
d'oxes dans le choanosome.
Spiculation. — L Mégasclères : 1. Tylostyles. Il y a lieu de les
diviser en deux catégories : d'abord ceux des lignes primaires du
choanosome, grands et relativement minces, à tète allongée, ellip-
tique, à pointe effilée, longs de 1"'^ à \mmi, épais de 20 à 24 [i. ; puis
ceux de l'écorce, courts et épais, à tète globuleuse, à tige fusiforme,
n'atteignant en moyenne que 300 a de longueur pour une épaisseur
de 12 à 13 [x. 2. Oxes linéaires, lisses, ordinairement fascicules,
légèrement courbés ou flexueux, à pointes acérées, longs de 260 a.
Pas de microsclères.
Hifiginsia Thielei n. sp.
Jusqu'à ces derniers temps, le genre lliggiiisia ne comptait comme
(I) E. TopsENT. Contribulion à l'élude des Clionides. Arch. de Zool. exp. et
gén. (£' sér.) v bis, 4« méra., p. 22, 1887.
246 K- TOPSKNT
repn''s(>nl;iiits que : //. cdrdlldKh's \\\<j^'X\i\ (Aniillcs cl Aiisliîilir iiiéii-
ilioMiik'). //. c<)r>tHind(x viir. nntalrnsia (larter {(]i\[) de Honne Espé-
ranrc), //. cornlloiih-s var. massdlix Carier (Australie nirridionale,
Ainhoine), II. liiniitd Carier (Australie inéridiouale) et //. buivnlife.va
Hidley el Dendy (Cap de Honue Espérance), celle dernière espèce
établie connue type du genre inutile DriulropKif; (1).
J. Thiele (:i) vient de faire connaître quatre espèces nouvelles des
côtes du Japon : //. clavata, //. expansa, IL crccta et H. ramosa, pour
lesquelles il a proposé le genre Cerntopaif:. Pour lui, les Crratopsis
se distingueraient de Dcndropsis, soit, par conséquent, de Higijin-
sia, parce que leurs microxes ne sont pas épineux et se confluent
presque exclusivement dans l'ectosome. Ces deux caractères peu-
vent dillicilement être acceptés comme ayant une valeur générique.
D'abord, dans beaucoup d'Epongés possédant des microxes, on voit
varier rornementalion de ces microsclères, non-seulement d'une
espèce à l'autre, mais souvent même d'un individu à l'autre; on va
jusqu'à trouver dans un même genre des espèces où les microxes
sont remplacés par des oxyasters, comme je l'ai montré récem-
ment, sur de proches parents des Higginsia précisément, sur les
Halicncmia paiera et IL couatellata. En second lieu, chez les IJiggin-
sia, les microxes ne font pas défaut dans l'ectosome. De sorte que
Thiele n'a plus à arguer que de la rareté relative de ces micros-
clères dans le ciioanosome des Ceratopsù, ce qui ne suffit évidem-
ment pas à consacrer une coupe générique nouvelle.
Vffigginsia dont je vais parler a été recueillie à propos pour
appuyer cette argumentation. Ses microxes sont couverts d'épines
si faibles qu'il faut une certaine attention pour les découvrir; de
plus, ils se distribuent dans toutes les p:irties du corps, se mon-
trant seulement un peu plus abondants dans la membrane ectoso-
mique que dans les parois des canaux du choanosome.
Trois spécimens de celte Higginsia Tliielei ont été dragués aux
Açores par le yacht Princesse-Alice; l'un, à l'état de fragments,
près de Prainha de Pico (Stn. 597, 1893), par 523"^ les deux autres
entiers, sur le Banc de la Princesse-Alice (Stn. 899, 1897), par
200" de profondeur.
De ces deux derniers, l'un n'a plus de support, l'autre est fixé
sur deux fistules parallèles d'un Oceanapia.
(1) Voy. E. TopsENT. Sur le genre Halicnemia Bow. Mém. Soc. Zool de France,
X, p.' 248, 1897.
(2) .1. Thiklf, Studiea iiber pazifische Spongieii. Zoologica. Original Abhandlun-
geii aus dein Gesammtgebiete der Zoologie, Stuttgart, 1898.
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 247
Ce soDt de petites Eponges massives, informes, de couleur jaune
verdâtre pâle dans l'alcool, à surface irrégulière, entre les aspérités
de laquelle se tend une membrane ectosomique très mince, trans-
parente. Pas d'oscules visibles. Toucher rude; consistance ferme.
Des styles lisses, disposés par deux ou par trois de front,
forment pour soutenir l'ectosomeun réseau assez solide, à grandes
mailles, perceptible à l'œil nu. Ces spicules sont les mêmes que
ceux du choanosome; il s'en rencontre aussi, en faible proportion,
dont la tige demeure assez grêle. Dans les mailles, la membrane se
perce de larges stomions; elle se charge en outre de microxes fine
ment épineux, assez abondants, distribués sans ordre, et de très
nombreuses cellules sphéruleuses incolores, de 15 a de diamètre,
composées de sphérules brillantes mesurant 2 à 3 [x.
Le choanosome est ferme, non compact. Sa charpente consiste
en un réseau irrégulier, très solide, de styles robustes disposés par
paquets épais et reliés aux entrecroisements par un lien très faible
de spongine incolore. 11 contient des microxes en assez grande
quantité.
Spiculation. — I. Mégasclères : 1. Styh's robustes, lisses, fusi-
formes, courbés vers leur tiers basilaire, à base à peine renflée, à
pointe courte, acérée ; ils mesurent 600 à 700 a de longueur sur 23
à 40 a d'épaisseur en leur milieu. De place en place, dans l'ectosome
surtout, on en trouve d'autres aussi longs, mais dont l'épaisseur
n'est que de 8 à 12 [x.
II. Microsclères : 2. Microxes épineux, grêles, paraissant plutôt
finement rugueux tant leurs épines sont petites, courbés en leur
milieu d'une façon plus ou moins brusque, acérés aux deux bouts,
longs de 90 à 100 [x, épais de 2 [x environ.
On n'a pas encore signalé dans l'Atlantique d'autre Higginsiaque
H. coralloides, aux Antilles. Il n'y a pas de confusion possible entre
elle et H. Thielei, qui ne possède ni son mélange d'oxes et de
styles dans le choanosome, ni surtout ses tornotes. //. Thielei
se rapproche davantage de //. ramosa par la simplicité de son
squelette et par la forme et les dimensions de ses spicules ; mais
elle s'en écarte nettement par ses caractères extérieurs: dessé-
ché, un spécimen de //. Thielei prendrait plutôt un aspect compa-
rable à celui d'un fragment de fï. erecta.
Genre Cerbaris n. g.
Buharinae revêtantes caractérisées par des spicules basilaires
248 É. TOl'SKNT
(liaclinaux de foiiin- iiailiciiliiTe, des n'roxes, cousliliiaiil au coiilact
du supporl une croule d'où s'élèvent de longs niégasclères niouac
tinaux hérissant la surface libre.
Chez Cerharis tor(iH(itus, le premier représentant du genre, il
n'existe ni niégasclères propres de l'ectosouie, ni niicrosclères.
Les spicules présents sont de même type et allectcnt la même
disposition (jue chez liubaris vrrmiruldtus ; mais les spicules basi-
laires sont assez spéciaux pour nécessiter la création d'un genre à
part. Le genre Cerharis est évidemment proche parent du genre
Hubaris, stricto sensu.
Cerbaris torquatus n. sp.
(Fig. 2, g).
Un seul spécimen en a été recueilli, en 1897 (Stn. 8iî6), près de
ïerceira, par 599"" de profondeur.
C'est une curieuse petite Eponge en croûte mince, hispide, gri-
sâtre, pas plus grande qu'une pièce de cinquante centimes.
Tout l'intérêt qu'elle offre réside dans sa spiculation.
Spiculation. — L Mégasclères : 1. Céroxes, spicules diactinaux
entièrement couverts d'épines faibles, composés de deux branches
coniques dressées du jnème côté et reliées en bas par une tige aussi
épaisse qu'elles, tordue en S ou, plus rarement, en spirale. Les
deux branches droites, longues de 115 ;x, se tiennent à peu près
parallèles ou fort peu divergentes, distantes d'environ 80 [j.; épi-
neuses jusqu'au bout, elles se terminent par une pointe tronquée
plus richement ornée. La portion enroulée du céroxe n'est pas
mesurable dans sa longueur; son épaisseur atteint 18 a. Il n'existe
que de très rares céroxes lisses, état grêle de cette sorte d'organites.
Fréquemment, le canal axial s'élargit et se distingue sur toute la
longueur du spicule. Les céroxes s'enchevêtrent les uns dans les
autres, sans lien de spongine, en une croûte mince au contact
immédiat du support. 2. Subtylostyies à tige lisse effilée, à base peu
renflée, lisse aussi ou parsemée de quelques petites tubérosités;
ils mesurent lmm5 à 2"^"^ de longueur sur 20 a d'épaisseur et, s'im-
plaulant verticalement de loin en loin parmi les céroxes, ils déter-
minent une hispidation haute et lâche de la surface générale.
Pas de microsclères.
Yvesia Alecto n. sp.
(Fig. 2, c, e', e").
C'est certainement la plus curieuse des Yvesia connues, à cause
de la forme bizarre de ses mégasclères de l'eclosome et de la trans-
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 249
figuration qu'ils subissent pour servir aussi de mégasclères acces-
soires du choanosome.
Pour le reste, elle présente bien tous les caractères des Yijcsia.
En elïet, les mégasclères ectosomiques sont épineux, des acanthoxes;
abondants et serrés, entrecroisés en tous sens dans la membrane
dermique, ils s'y orientent tous tangentiellement à la surface du
corps, rendant cette membrane lisse et facile à détacher. Les
mégasclères propres du choanosome sont lisses, diaclinaux, des
strongyles, disposés en faisceaux allongés qui constituent la char-
pente principale de l'Eponge.
Il n'y a pas de microsclères, mais les spicules de l'ectosome se
sèment dans la chair eu assez grande abondance entre les piliers
des strongyles et, pour ce rôle secondaire, se transforment en asters.
Le spécimen type provient de la campagne de 1897 (Stn. 866,
profondeur 599™), auprès de Terceira.
C'est une petite Eponge établie à l'aisselle de deux branches d'un
polypier. Elle consiste en une peau grise, mince, translucide,
glabre, parcheminée, et en une chair brunâtre, caverneuse, assez
molle, peu épaisse. Pas de papilles linguiformes. Pas d'orifices
visibles.
Spiculation. — L Mégasclères : 1. Strongyles lisses, droits, longs
de 540 [JL, épais de 7 a; leurs deux extrémités ne sont pas absolu-
ment identiques : l'un des bouts est un peu plus gros que l'autre
et présente presque toujours, à quelque distance de son sommet,
un léger renflement annulaire; c'est un acheminement vers leiype
monactinal qui s'accuse davantage sur les mégasclères choanoso-
miques, styles mucronés, de Ycesia Gaernei. Ils se localisent dans
le choanosome, s'y disposant en faisceaux pour constituer les
lignes de la charpente principale. 2. Acanthoxes de l'ectosome.
Ce sont des oxes plus ou moins coui-bés, mesurant en moyenne
120 (X sur 6, remarquables parce que, au lieu de se couvrir simple-
ment d'épines comme les mégasclères ectosomiques des autres
Yvesia, ils se chargent sur presque toute leur longueur de forts
tubercules coniques, droits, peu serrés, inégaux, et dont les plus
grands, qui atteignent 15 à 18 jx de hauteur, occupent d'ordinaire
le milieu de leur tige. Ces tubercules, eux, s'ornent à leur som-
met de très faibles épines qui leur donnent l'aspect rugueux.
Les deux pointes de l'acanthoxe, fréquemment incurvées, pré-
sentent la même ornementation. Les acanthoxes acquièrent de
la sorte une certaine ressemblance avec les spicules les plus
abondants de Alectona Millari. Ils remplissent l'ectosome, s'y
2o() fS;. TOPSKNT
croisaiil en lixites direclioiis, s;nif (l;ms le sens île sou ('paisseiir.
3 Asiers par déformation d'acauthoxes. On observe «;;i et là dans
l'ectosome quelques aranllioxes dont les tubercules médians ten-
dent à devenir pres(jue éj^Mux à la moitié de la tij^e qui les porte.
Dans le cboauosome, on en retrouve de tout pareils, mais, pour la
plupart, les acanthoxes (jui s'y sont formés se modifient davantage ;
leur tige se raeeourcit, (jualre de leurs tubercules s'allongent beau-
coup et l'ensemble ligure une aster à six actines pointues, longues
de 27 à 30 a et couvertes soit uniformément de très |)etiles épines
qui les rendent rugueuses, soit en même temps de quelques courts
tubercules, sans qu'on puisse distinguer parmi elles à ce caractère
celles qui représentent les deux moitiés de la tige primitive du
spicule diactinal. Ces oxyasters abondent dans la cbair autour des
faisceaux de strongyles et surtout au voisinage du support.
Des exemples de réduction d'asters en spicules diactinaux s'obser-
vent assez fréquemment chez les Eponges; l'exemple de transfor-
mation inverse offert par Yresia Alecto constitue une véritable
rareté.
Leptosia Schmidti n. sp.
(Fig. 2, h).
Parmi les nombreuses Leptosia, pour la plupart nouvelles,
recueillies aux Açores durant les campagnes du yacht (.( Princes!se-
Alice)), Leplosia Schmidti se distingue parla singularité des micros-
clères dont s'orne son ectoson)e.
Au premier abord, ces organites pourraient être pris pour des
spirasters épineuses, mais l'existence d'une telle sorte de micros-
clères chez une DencJoricine serait tellement inopinée que l'idée
vient d'en chercher une autre interprétation. Je me suis arrêté,
pour les motifs que j'exposerai plus loin, à celte opinion qu'il s'agit
d'isochèles étrangement modifiés.
L'espèce est établie d'après deux spécimens s'étendanl en croûtes
blanchâtres, minces, lisses, irrégulières, sur des fistules û'Oceana-
pin recueillies entre Pico et Sào Jorge (Stn. 600, 1895) par 349"»,
et près de Terceira (Stn. 866, 1897), par599m de profondeur.
La structure est bien celle des Leptosia : la charpente choanoso-
mique se compose d'acanthoslyles dressés isolément sur le support,
inégaux, mais d'une seule sorte, au contraire de ce qui existe chez
les Hymeraphia ; les mégasclères ectosomiques sont des strongyles
assez grêles, plus ou moins fascicules, couchés tangentiellement à
la surface.
Sous le rapport des microsclères, je constate une variation inté-
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 251
ressante. Le spécimen de la Sfn. 600 en possède de deux sortes
bien différentes et parfaitement localisées : dans la chair, entre les
pointes des acanthostyles, on y trouve en bonne quantité des iso-
chèles d'assez petite taille n'offrant de remarqual)le que le nombre
de leurs dents; dans l'ectosome se localisent parmi les strongyles
les microsclères épineux caractéristiques.
Le spécimen de la Stu. 86G ne contient que ces derniers.
Dans les deu.K cas ils abondent, distribués dans la membrane à
des intervalles très faibles et presque égaux, à la façon des isochèles
de Esperiopais poliimorpha, par exemple, et, en général, des Pœci-
losclérides qui en produisent beaucoup, nullement à la manière
des spirasters des Spirastrellides.
Cette disposition sert de premier indice. Il faut remarquer en
second lieu que ces organites, fortement incurvés eu U, restent
constamment lisses du côté de la coucavité de leur tige, et enfin
que les épines qui Us terminent aux deux bouts se montrent par-
ticulièrement développées.
On connaît déjà une Dendoricine à isochèles épineux, l'Eponge
du voisinage du Bukenfiord décrite par 0. Schmidt, en 1875, sous
le nom de Deamacido)! crux. C'est même une Leptosia aussi ; la brève
description de Schmidt et une préparation de spicules que M. le
Rév. A. M. Norman a bien voulu prélever à mon intention sur un
spécimen par lui obtenu en 1882 sur la côte de Norvège, ne me
laissent aucun doute à cet égard. Ses mégasclères sont des acan-
thostyles inégaux, d'une seule sorte, et des tornotes lisses, plus ou
moins y)olytylotes, à pointes peu acérées. Ses isochèles, plus forte-
ment arqués que ne le représente le dessin de Schmidt, ont leur
tige armée de fortes épines du côté convexe, lisse, au contraire, du
côté concave; les trois dents de chaque extrémité se développent
en de larges cuillerons.
A ne considérer que leur tige, les curieux microsclères de
Leptosia Schmidli ressemblent donc trait pour trait à ceux de sa
congénère. La différence ne réside que dans leurs extrémités. Je
suppose que les dents qu'on y devrait trouver se sont transformées
en ces grosses épines terminales, elles-mêmes épineuses, qui,
observées d'en haut, se montrent généralement au nombre de
trois, l'une médiane, plus longue, et deux latérales. Il s'agirait, en
somme, d'isochèles tridentés, de position normale, mais modifiés
au point de devenir presque méconnaissables.
f>picvlation. — I. Mégasclères : 1. Acanthostyles courts et épais, à
tète renflée, à tige droite conique, pointue; de longueur inégale,
2S2 K. TOI'SKNT
(U^piiis lUO jus(|irà :i."»0 a. ils ne (lilTc'iciil ciiîrc; l'ux (|ii'cii ce (jue
les plus petits sont cpincux jusqu'au hoiit, latulis (|ue les plus
grands restent lisses sur le dernier tiers de leur li^e; les épines,
robustes ;"i la hase, vont en diminuant de force vei'S le haut et
accusent une tendance à se récurver. 2 Sironfiylrs lisses, droits,
grêles, à extrémités un peu dissemblables; ils mesurent ':iOO 5 220 [i
de longueur et 'A a d'épaisseur.
11. — Mierosclères : 3. IsochHrs epineiu- de l'ectosome; leur tige
arquée eu U porte des épines raides sur sa faee convexe, reste lisse
sur sa face concave et se termine à chaque bout par trois fortes
épines composées, l'une médiane, la plus longue, prolongeant
la branche de l'L', les deux autres latérales, obliques; l'ouverture
de riJ est de 12 à 14 a; la tige, sans compter les épines, a 7 |x
d'épaisseur. 4. hochèlca du choanosome; assez faibles, lisses, à tige
atteignant moins de 2 [i d'épaisseur, courbée en demi-cercle, et
portant à chaque extrémité cinq dents acérées très grêles; ils attei-
gnent seulement 15 à 17 a d'envergure; assez abondants chez cer-
tains spécimens, ils peuvent, chez d'autres, faire totalement défaut.
Il n'existe aucun terme de passage entre eux et les isochèles épineux.
lihaphisia spissa Topsent.
Syn. Thrinacophora? spissa Topsent, 1892.
(Fig. 2, c).
Le spécimen type, recueilli, durant la campagne du yacht Hiron-
delle aux Açores, en 1888, à la pointe orientale de Pico (Stn. 247,
profondeur 318™), n'était qu'un fragment massif, brunâtre, impro-
pre à fournir une connaissance complète tant des caractères exté-
rieurs que de la spiculation de celte Eponge.
A titre provisoire et avec les restrictions indispensables, j'en fis
une Thrinacophora (1).
De nouveaux spécimens, obtenus aux Açores également par le
yacht Princesse- A lice, me permettent de combler les lacunes et de
rapporter cette curieuse espèce au genre lihaphisia. Disons de suite
qu'elle se distingue sans peine de ses congénères connues (lî. laxa
Tops, et H. anomjma (Carter) Dendy) par les détails de sa spicula-
tion et principalement par la possession de toxes, qui m'étaient
d'aljord passés inaperçus à cause de l'inégalité de leur répartition.
Le nom de spma convient bien aux individus les mieux déve-
(1) E. Topsent, Contrihution à l'élude des Spongiaires de l'Atlantique Nord
p. 124, pi. VI, fig. 12, et pi. IX, fig. 9. Monaco, li'dL
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 253
loppés; mais on constate, au point de vue de la consistance de cette
Hhaphisia, des variations individuelles fort intéressantes.
Un spécimen, pris en 189o (Stn. 597), par 523"! de profondeur,
près Prainlia de Pico, forme sur une grosse branche de Polypier un
revêtement étendu, assez épais, d'un blanc pur, remarquablement
glaireux. Spicules à part, il ressemble beaucoup au type de Rka-
phisia la.ra, de Banyuls (Cap l'Abeille).
Un autre, le plus beau de tous ceux que j'ai vus, dragué au cours
de la même campagne (Stn. 600) entre Pico et Sào Jorge, par 349'",
est massif, irrégulier, sans support, long de 48""", large de 28, épais
de 5 à 20 ; de couleur gris jaunâtre, il a une structure compacte et
une consistance assez ferme ; on peut quand même en déchirer sans
le moindre effort des fragments avec une pince fine ; il n'est
visqueux dans aucune de ses parties.
Deux autres, provenant du Banc de la Princesse-Alice, ont été
recueillis eu 1897 (Stn. 899), par 200'» de profondeur, ils s'étalent
en plaques larges, assez minces, sur des pierres. L'un d'eux est
jaunâtre, assez mou et gluant ; l'autre est brunâtre, visqueux encore,
mais de structure moins lâche et un peu plus solide.
Je n'ai pas observé de cellules sphéruleuses comparables à celles
de R. laxa, mais partout j'ai trouvé, comme dans cette Eponge, une
substance fondamentale claire parsemée d'une multitude de sphé-
rules incolores réfringentes, assez grosses (3 [x). C'est sans doute à
l'abondance relative de cette matière semi-fluide que les spécimens
doivent leur degré variable de viscosité. Elle existe en de telles
proportions dans celui de Prainha de Pico qu'elle masque totale-
ment la coloration jaunâtre des éléments pigmentés du choanosome.
Quant à la consistance des individus, elle dépend de l'agence-
ment des mégasclères en un réseau irrégulier lâche ou plus ou
moins serré, dont les nœuds, dans les cas de structure un peu
compacte, se renforcent d'un faible lien de spongine incolore.
Le spécimen de la Stn. 600 est le seul dont j'aie pu voir les orifices
aquifères, la surface des autres se trouvant endommagée ou chargée
d'impuretés qui nuisent à l'observation. Il a servi de support à
plusieurs Eponges revêtantes qui l'ont en partie recouvert; mais
dans les points où elle est demeurée libre, sa surface se montre
lisse et tendue d'une pellicule délicate ayant pour tout soutien des
trichodragmates extrêmement nombreux qui mesurent en moyenne
70 a de longueur et 30 [i. d'épaisseur.
Cette pellicule représente sans doute l'ectosome, car, en la sou-
254 K. TilPSKNT
lev;iiil, (Ml iiK'l à nu It's |>(»ri's : ils ;i|>|)iiiiiisst'iil coiiinu; des poiic-
lualioiis inégales de 0"""2 à 0""»j de diamètre.
Il n'exisle qu'au seul oscule, orilice béaut, lar^Mi de l"""ij, divisé
en deux par une eloison interne cl silué au sommet d'une l'Uiincnee
coniiiue plus large que haute.
Le sciueletle se compose île niégasclères diaetinaux, des oxes, et
de deux sortes de microselères, des trieliodragmates et des toxes
d'une forme assez spéciale.
A ne considérer que le spécimen de Prainlia de Pico, il semble-
rait y avoir uniformité dans le développement des oxes ; on n'y
reucontre, en ellel, dispersés sans nul ordre ap])arent au milieu
des tissus clairs et glaireux, que des niégasclères diaetinaux
épais et assez grands, plus ou moins courbés, à pointes toujours
plus ou moins émoussées, tels en un mot que ceux dont j'ai donné
la figure en 1892.
Mais ailleurs on découvre vite, en outre de ces oxes, qui sont de
beaucoup les plus nombreux, des oxes très grands et très gros,
fortement courbés, à pointes acérées, qui constituent dans le réseau
spiculeux irrégulier quelque chose comme les grandes lignes de la
charpente, et aussi, çà et là, sans situation définie, quelques oxes
plus faibles, également à pointes acérées.
Les trichodragmates sont répandus partout à profusion. Quant
aux toxes, ils ont une distribution capricieuse, abondant dans
certaines régions périphériques ou centrales, manquant tout-à-fait
dans d'autres, au point que j'avais d'abord méconnu leur existence
et que j'ai ûù. multiplier les préparations pour me convaincre de
leur constance.
Spicidatlon. — L Mégasclères : 1. O.vcn. Dans les échantillons les
plus favorables, ils se répartissent eu trois catégories : de grands
oxes à pointes acérées atteignant et dépassant 1""" de longueur et
40 {X d'épaisseur; des oxes moyens, les plus nombreux, à pointes
émoussées, variant de 400 p. sur 15 à 000 [j. sur 25 ; enfin des oxes
relativement grêles, longs de 300 à 400 [x, épais seulement de 5 à 8.
II, Microselères : 2. Trichodragmates composés de rhaphides très
fins en faisceaux compacts. Il y en a trois catégories : les ujis,
grands, extrêmement abondajits et dispersés eu tous sens dans le
choanosome, mesurent 110 à 160 [jl de longueur sur 10 à 12 ix d'épais-
seur; les autres, moyens, soutenant en nombre considérable la
pellicule ectosomique, mesurent 70 a de long sur 30 de large; d'an-
tres enfin, petits, épars un peu partout, n'ont que 20 à 30 a, sur 7
à 8 u.. 3. Tuxes. Ce sont ici des spicules à lige épaisse, coudée une
ÉPONGES NOUVELLES DES AÇORES 255
fois seulement, à branches droites et acérées, longues de 130 a,
larges de 7; ces branches sont le plus souvent écartées à angle
obtus, et l'envergure mesurée entre les deux pointes atteint jusqu'à
220 a, mais quelquefois elles se rapprochent bien davantage. La
grosseur et la direction rectiligne de leurs branches donnent à ces
toxes un aspect inusité.
La découverte de toxes chez une Hhaphisia m'engage, malgré la
critique de Dendy (1), à maintenir ce genre auprès des Gellins, où
je l'ai placé lors de sa création; les Hhaphisia pourraient presque
être considérées comme des GeUius à rhaphides et sans sigmales.
(1) A. Dendy, Catalogue uf non-calcareous Sponges collected by J. lirace-
bridge Wilsnii in Ihe neiglibourhood of Port Philiip Head. Proceedings of Ihe
Hoyal Society of Victoria, VII, part. I, p. 256, Melljouine, 189o.
256
CONTRIBUTION
A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE L'AUSTRALIE
ERNEST ANDRE
.l'iii déjà, (iiins un pnMiiier Iravnil (1), étudié les Miitillidns
d'Australie d'après les matériaux que je possédais alors et doul la
majeure partie avait été recueillie à Mackay, dans le Queenslaiid,
par M. (iilbert Ti rnkr, qui m'avait libéralement abandonné ses
intéressantes récoltes. Depuis, M.Tlrnkr a continué ses recherches
dans le même pays et m'a adressé un nouveau lot de Mutilles,
plus important que le premier et contenant un certain nombre
d'espèces qui ne figuraient i)as dans son précédent envoi. J'ai
donc à faire connaître ces formes inédites qui sont également
entrées dans ma collection, grâce à la générosité de mon aimable
correspondant, à qui je renouvelle mes plus sincères remerciements.
Je profiterai de l'occasion pour comprendre dans cette notice un
petit nombre d'autres Mutilles australiennes reçues de divers côtés,
et je terminerai en donnant un tableau d'ensemble de toutes les
espèces d'Australie et de Tasmanie qui me sont connues en nature.
Ce Synopsis facilitera, je l'espère, la détermination de ces Insectes
encore peu répandus dans les collections, même les plus impor-
tantes, bien que beaucoup soient remarquables par l'élégance de
leur dessin ou l'éclat de leurs couleurs.
' Toutes les espèces nouvelles ci-après décrites font partie de la
division caractérisée par les yeux arrondis, très convexes et entiers
chez les deux sexes. Cette division correspond à peu près au sous-
geure américain Eplmta Say (= Sphacrophthdhita Blake), et j'avais,
dans mon premier travail, employé cette dernière dénomination
que je crois devoir abandonner aujourd'hui, comme n'étant pas
absolument justifiée. En ellet, les véritables Ephiita américaines
ont, chez les deux sexes, les yeux lisses, très luisants, à peu
près sans facettes apparentes, tandis que, chez la plupart des
espèces australiennes, ces organes sont munis de facettes très
(1) E. André, MuùUidi's d'Australie nouvelles ou imparfaileiitenl connues.
Mém. Soc. Zool. Fr., Vlil, 18'.)o, p. 475-517.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 257
distinctes. D'autre part, ce groupe, qui comprendrait la presque
totalité des Mutilles d'Australie, comme il comprend déjà plus des
quatre cinquièmes des espèces américaines, me semble beaucoup
trop vaste et englobe une quantité de formes très disparates. Il y
aurait donc lieu d'établir uû certain nombre de subdivisions, mais
cette entreprise ne deviendra possible qu'au fur et à mesure de
l'avancement de nos connaissances, surtout en ce qui concerne la
concordance des sexes, encore ignorée pour la majeure partie des
espèces du Nouveau-Monde et même pour un grand nombre de nos
espèces européennes. Je m'abstiendrai donc de tout essai de ce
genre, qui serait aujourd'hui prématuré, et je laisserai aux ento-
mologistes de l'avenir le soin d'établir ces coupes nécessaires mais
irréalisables dans l'état actuel de la science.
1. Mutilla BuRKEi André.
Mutilla [Spliœrophthalma] Burkei André, Mém. Soc. Zool. Fr., VIII,
1895, p. 493 9.
9 La taille de cette espèce varie dans d'assez notables propor-
tions, les plus petits individus dépassant à peine 5 mill., tandis
que d'autres atteignent 14 mill., tout en restant d'ailleurs parfai-
tement identiques les uns aux autres.
2. Mutilla scutifrons nov. sp.
9 Nigra, abdominis segmenta secundo supra et infra rufo-castaneo.
Capnt par mm, thorace multo angustius, vertice argcntco-sericeo,
fronte spatio magno, eleimto, scutiformi, nitido, rugis paucis tran-
sversis rude pHcato prœdita; oculis rotundatis^ eonvexis, nitidis.
Thorax brevis, antice et postice angustatus, post médium coarctatus,
dorso rude reticulato. Abdomen sessile, segmenta secundo vittis duabus
longitudinalibus, arcuatis, argenteo-sericeis ornato; ejusdem margine
apicali segmentisque 3-5 macula média argentea-sericea signatis;
segmenti dorsalis sexli area pygidlali dense et longitudinaliter striata.
Calcaria pallide testacea. Long. 14 mill.
Noire, avec le bord apical du premier segment de l'abdomen et
la majeure partie du second d'un rouge brun, un peu moins foncé
en dessous et sur le disque de l'arceau dorsal; les segments sui-
vants paraissent noirs, mais montrent cependant une tendance à
passer au brun marron. Vertex revêtu en entier de poils couchés,
longs et serrés, d'un blanc d'argent; une pilosité également longue
et blanche hérisse l'occiput, le dessous de la tète, la saillie médiane
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 17
258 E. ANDHK
des (laiics (lu tlioiîix, Iti dessous du corjis l'I les |);ill('s; le froiil,
le tlessiis du lliorax et tie l'abdouien sont plus ou uioitis garnis de
poils noirs. Disijue du premier segment abdominal avec une tache
médiane assez vague, second segment parcouru dans toute sa
longueur par deux bandes artjuées eu dehors, éloignées l'une de
l'autre, peu nellement dessinées, circonsciivant un large espace
plus rouge que le reste du segment, et formées de pubescence d'un
blanc d'argent ; des taches assez étroites, de môme pubescence
argentée, se voient au milieu du bord apical du second segment et
des trois suivants, formant par leur réunion une bande médiane
longitudinale ; les côtés des cinq premiers segments dorsaux et le
boni apical des second et troisième segments ventraux longuement
ciliés de poils blancs. Pattes hérissées de pilosité blanche, épines
des tibias noirâtres, éperons d'un testacé pâle.
Forme robuste et trapue. Tête petite, beaucoup plus étroite que
le thorax ; arêtes frontales très saillantes, arquées, se prolongeant
jusqu'en haut du bord interne des yeux et circonscrivant une aire
scutiforme, élevée, arrondie, luisante, traversée par quatre à cinq
grosses rides transverses, irrégulières et sinueuses ; yeux très
convexes, arrondis, luisants, presque lisses, situés aussi loin de
l'articulation des mandibules que de l'occiput ; mandibules étroites,
acuminées au sommet, peu distinctement unidentées après le
milieu de leur bord interne ; troisième article des antennes à peine
plus long que le quatrième. Thorax large et court, peu rétréci en
avant, beaucoup plus en arrière après un brusque étranglement
vers le milieu de ses bords latéraux ; pronotum rectiligne en avant
avec les angles antérieurs bien marqués et deutiformes; metanotum
brusquement tronqué en arrière; pas d'onglet scutellaire; le thorax
est très grossièrement ridé réticulé en dessus, avec les mésopleures
et les métapleures fortement concaves, presque lisses et luisantes ;
la face tronijuée du metanotum est densémeut et longitudinale-
ment ridée-chagriuée. Abdomen sessile, ovale ; premier segment
aussi large que le suivant, sa carène ventrale assez saillante eu son
milieu ; second segment grossièrement et irrégulièrement ridé-réti-
culé sur le disque, dans la partie circonscrite par les deux bandes
arquées, devenant ponctué-réliculé sur les côtés et irrégulièrement
ponctué en dessous; dernier segment faiblement convexe, muni
d'une aire pygidiale bien limitée eu arrière et sur les côtés et dont
la surface est couverte de stries longitudinales, régulières, fines,
serrées et un peu divei'gentes postérieurement.
Australie, sans autre indication. Un seul individu.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 259
Cette Mutille est très remarquable par la saillie clypéiforme de
soD front, qui suffit à la distinguer de toutes ses congénères.
3. Mutilla aurata Fabricius.
Mutilla aurata Fabricius, Syst. Ent. 1775, p. 397 $. — Mutilla
[Sphœroplithalma) aurata André, Mém. Soc. Zool. Fr., VIII,
1895, p. 489 9.
$ De petits exemplaires de cette espèce, que M. G. Turner a cap-
turés à Mackay, diflèrent de ceux de son premier envoi, en dehors
de la taille plus faible, par la tête un peu plus large, moius pro-
longée et plus arrondie derrière les yeux, ainsi que par ces derniers
relativement plus grands et plus convexes; mais tous les autres
caractères étant absolument les mêmes, je ne puis attacher d'im-
portance à ces faibles divergences, qui ne sont pas sans exemple
chez les grands et les petits individus d'une même espèce. La taillB
de l'aurata doit, par suite, être indiquée comme variant de 7 à
14 mi 11.
4. Mutilla Fabricii, nov. sp.
$ Nigra, vertice parce (lavo-pubescente, abdominis segmento primo
aureo-ciliato, secundi dimidio postico, tertio, quarto et quinto totis,
pubescentia densa, aureo-sericea veUitis. Caput haud thorace latius ;
thorax subpiriformis , metanoti lateribus postice denticulatis. Abdo-
men sessile, ovatum, segmento ultiiuo area pygidiali dense et longi-
tndinaliter rugoso-striata prœdito. Calcaria brunnea. Long. 9 mill.
Noire, avec les mandibules à peine rougeâtres en leur milieu ;
vertex éparsement garni de pubescence d'un jaune pâle ; premier
segment de l'abdomen cilié à son bord postérieur de poils dorés,
formant une bande étroite et un peu prolongée en pointe en son
milieu ; moitié postérieure du second segment et la totalité des
suivants densément revêtus d'une belle pubescence d'un doré
soyeux, laissant un peu à découvert les bords latéraux du second
segment et n'ayant pas, sur ce même segment, de limite antérieure
bien définie ; en dessous, les segments de l'abdomen sont ciliés de
poils blancs. Dessus de la tête et du thorax éparsement hérissé de
poils noirs; dessous et derrière de la tête, saillie médiane des flancs
du thorax, face déclive du métalhorax, devant du premier segment
abdominal et pattes hérissés de longs poils blancs; épines des tibias
noirâtres, éperons bruns.
Tète de la largeur du thoi'ax, arrondie en arrière, densément
200 E. ANDHK
ponctiiéo réliculôi; : yeux loiid^^. tics ((iiivcxt's, liiisjinls, assez
éloignés de la hase des mandibules; aréles frontales prolongées
jusqu'aux yeux ; inandihulos acuininées au sommet ; antennes
robustes, seeond article du funieule sensihlemtuit plus long (jue
le troisième. Thorax assez court, suhpiriforme, un peu étranglé
derrière son milieu, faiblement rétréci en avant, beaucoup plus en
arrière; pronotuuï presque rectiligne en devant, avec les angles
antérieurs peu accusés ; metanotum brusquement tronqué en
arriére, Tarôte latérale de sa face déclive faiblement denticulée,
avec une dent plus ac<'entuée eu dessus, de chaque côté de la tron-
cature; le thorax est densément ponctué réticulé sur le dos et sur
les saillies des lianes, avec les pleures concaves, luisantes, mar-
quées seulement de quelques points épars. Abdomen sessile; pre-
mier segment ponctué en dessus, muni en dessous d'un tubercule
assez saillant; second segment densément couvert en dessus de
points allongés, plus éparsement ponctué en dessous: dernier seg-
ment muni d'une aire pygidiale plane, densément et longitudinale-
ment ridée-striée.
Mackay, Queensland (M. G. Turner), un seul exemplaire.
Par l'ornementation de son abdomen, cette espèce rappelle beau-
coup Vdurata Fab., mais elle s'en écarte par sa couleur foncière qui
est entièrement noire, par son thorax plus court et autrement
conformé, par son second segment ventral non transversalement
impressionné après son milieu, ainsi que par sou aire pygidiale
striée.
5. MUTFLLA PULCHELLA Smith.
Mutilla puichella Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 29, 9.
Malgré la brièveté de la description de Smith, cette espèce est
parfaitement recounaissable aux caractères indiqués, que je vais
rappeler en les complétant.
9 Tète et thorax ferrugineux, avec un beau reflet d'un violet
métallique sous diverses incidences; antennes ferrugineuses; pattes
violettes ou ferrugineuses lavées de violacé ; le plus souvent les
hanches, les Irochanters, la base des cuisses et l'extrémité des
tarses sont simplement ferrugineux ; abdomen d'un bleu-violacé
foncé, avec le premier segment plus ou moins largement testacé en
arrière et cilié de poils jaunâtres ; une large bande médiane et
longitudinale, de pubescence jaunâtre, s'étend du tiers antérieur
du second segment à l'extrémité de l'abdomen. Pattes éparsement
hérissées de poils blanchâtres ; éperons blancs.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DKS MUTILLIDKS DE l'aUSTRALIE 261
Forme liés allongée ; tète arrondie, densément ponctuée, un peu
plus large que le thorax, assez prolongée derrièreles yeux qui sont
plutôt petits, ronds, très convexes, et situés plus près de l'articu-
lation des mandibules que de l'occiput ; second article du funicule
des antennes environ une fois et demie aussi long que le troisième.
Thorax allongé, piriforme, convexe en dessus, très rétréci en
arrière, à peine contracté derrière son milieu, assez deusément
ponctué, non réticulé ; les pleures planes, luisantes, avec quelques
points épars ; metanotum insensiblement déclive en arrière, mais
non tronqué et sans limite entre sa face supérieure et sa face posté-
rieure ; abdomen sessile, en ovale très allongé, peu densément
ponctué en dessus, plus éparsement en dessous; second segment
ventral nettement et transversalement impressionné après son
milieu ; dernier segment dorsal convexe, sans aire pygidiale, deusé-
ment revêtu de longs poils qui en cachent la sculpture. Long,
6 12 mill.
Le type décrit par Smith provenait d'Adélaïde ; M. G. Turner
m'en a envoyé plusieurs exemplaires de Mackay.
6. Mutilla hospes Smith.
Mutilla hospes Smith, Descr, new sp. Hym. Coll. Brit. Mus., 1879,
p. 202, 9- — Mutilla (Sphceroplithalma) hospes André, Mém.
Soc. Zool. Fr., VIII, 1895, p. 494, $.
9 D'après de nouveaux individus que M. G. Turner m'a envoyés
de Mackay, la laille de cette espèce varie de 7 à 10 mill., mais ses
autres caractères paraissent assez constants.
7. Mutilla morosa Westwood.
Mutilla morosa Westwood, Arcana ent. II, 1843, p. 19, pi. LIV,
tig. l,cr. — Mutilla (Sphœrophthalma) morosa André, Mém.
Soc. Zool. Fr., VIII, 189o, p. 495, 9 d^.
9 En décrivant la femelle de cette Mutille, dont le mâle seul
avait été signalé par Westwood, je disais que la couleur des taches
abdominales était très variable, pouvant passer d'un blanc d'argent
au jaune d'or et au fauve doré. Une série d'exemplaires faisant par-
tie du nouvel envoi de M. Turner est venu me démontrer que cette
espèce est encore plus variable que je ne l'ai indiqué, car non
seulement la couleur des taches mais leur forme et leur étendue
subissent des écarts assez importants. C'est ainsi que la bande
262 K. ANDRI'l
lonj^iUidiiiiilc. qui i»;irc(tiirt le second sr^qiiciil. en snil |);iif(»is toute
la longueur ou se laccoiiicil plus ou moins en avant, en étant
tantôt étroite et prestjue linéaire, et tanlùt lieaucoup jtlus large,
surtout en arrière. Chez les individus à dessin argenté, cette hande
est généralenienl plus allongée et plus étroite que chez ceux à
ornementation dorée, où elle s'épaissit et se raccourcit souvent
d'une façon assez notable. Mais tous les passages existent entre ces
extrêmes et l'on ne peut douter qu'ils appartiennent bien à une
seule et même esi)èce. La taille oscille entre 5 et 10 mill.
c/* La grandeur de ce mâle, dont j'ai reçu également quelques
nouveaux exemplaires, varie de 7 à 12 mill.
Var. .\LB0CALC.\RATA nov. var. — Trois n)àles, que M. Turner m'a
envoyés de Mackay avec les précédents, se distinguent du type par
les éperons blancs. Comme je n'ai pu trouver aucune différence
entre eux et ceux à éperons noirs, je les considère comme consti-
tuant une simple variété à huiuelle je donne cependant une déno-
mination particulière pour la signaler à l'attention.
8. MUTILLA FALLAX nOV. Sp.
9 Nigra, tuherculis antennalllms, scapi apice funiculique hasi vix
rufescenlilms. Caput punctato-reticulatum, post oaUos rotundatum,
thorace vix hitius. Thorax subtrapfzoidnlis, antice reclus, postice
angustatus, supra rude punctato-reticulatus, angulis anlicis suh-
dentatis. Abdomen sessile, primo segmenta postice testaceo et aiireo-
ciliato, secundo macula apicali, tertio, quarto et quinto macula média,
transversa, aureo-sericcis ornatis. Area pygidiaUs longitudinaliter
striata. Calcaria pallida. Long. 5-S mill.
Noire, tubercules antennaires, extrémité du scape et premier
article du funicule à peine un peu rougeàtres, tarses brunâtres.
Premier segment de l'abdomen avec le bord apical d'un lestacé un
peu rougeàtre et cilié de poils d'un jaune d'or ou d'un fauve doré;
second segment orné, au milieu de son bord postérieur, d'une
assez grande tache, vaguement triangulaire, de semblable pubes-
cence, se réunissant à des taches transversales qui occupent le
milieu des troisième, quatrième et cinquième segments, pour
former une bande longitudinale décroissant de largeur de la base
au sommet. Tête et thorax hérissés de poils noirs, devenant blan-
châtres sur le métathorax et le premier segment abdominal;
second segment de l'abdomen assez densément revêtu de pubes-
cence noire, couchée; pattes éparsement hérissées de poils blancs;
éperons d'un jaune pâle.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 2G3
Tête faiblement plus large que le thorax, assez prolongée en
avant des yeux, fortement arrondie en arrière, sans angles posté-
rieurs distincts, deusément et assez fortement pooctuée-réticulée
en dessus; yeux grands, arrondis, très convexes, éloignés de la
base des mandibules d'uue longueur presque égale à leur diamètre,
à facettes très fines et peu distinctes. Fossettes antennaires limitées
en baut par une arête fine qui s'étend jusqu'aux yeux; second
article du funicule des antennes seulement un peu plus long que
le troisième. Thorax trapézoïdal, faiblement rétréci d'avant en
arrière, à peine contracté derrière son milieu, rectiligne en devant
avec les angles antérieurs bien marqués et un peu dentiformes ; il
est très grossièrement ponctué-réliculé en dessus, avec les pleures
concaves, peu luisantes et marquées seulement de gros points
êpars ; métathorax brusquement tronqué en arrière, non denticulé
sur les bords et sans onglet scutellaire. Abdomen sessile, premier
segment large et court, peu deusément ponctué en dessus, faible-
ment caréné en dessous ; second segment deusément couvert en
dessus de points allongés ; segment apical avec une aire pygidiale
plane, finement, densémeut et lougitudinalement striée.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Cette espèce est très voisine de morosa Westw. ; elle s'en distin-
gue par la tête relativement plus large, plus brusquement rétrécie
et arrondie derrière les yeux, plus fortement sculptée, par le tho-
rax moins court, plus étroit, plus régulièrement trapézoïdal, à
peine contracté derrière son milieu, beaucoup plus grossièrement
ponctué-réticule, plus rectiligne à son bord antérieur ; par son pre-
mier segment abdominal plus largement cilié à son bord postérieur
et par sou second segment muni seulement d'une tache apicale et
non d'une bande longitudinale s'avançant plus ou moins en avant.
L'ornementation de son abdomen la rapproche beaucoup de
M. hospes Sm., mais la forme de son thorax est toute différente.
9. MuTiLLA Australasiae Fabricius.
Mutilla Australasiac Fabricius, Syst.Piez. 1804, p. 433 9. — West-
wood, Arcana ent. II, 1843, p. 18, 9 = Mutilla dorsigera
Westw., loc. cit., p. 18, pi. 53, fig. 4, 9.
9 Je rapporte à M. Australasiae Fab. quelques individus de Tas-
manie que j'ai vus dans la Collection du Muséum de Paris et qui
s'accordent tout-à-fait avec la description que j'ai donnée de la M.
Edmondi, alors que ïAustralasiae ne m'était pas connue en nature,
204 K. ANDUÉ
niais toiileluis aveck's dilléreiices déjà si|:;Malées par moi l'ii liu de
cette description et qui se résument dans la couleur blanche et non
dori'c (les l»an<l('s alidoniiiiales, dans la présence d'une bande sem-
blable au bord apical du ciiupiième segment et dans l'absence des
taches indéterminées (|ui, eiiez Kdmondi, se remarquent au milieu
des qualrièuu' el ein(]uième sei^ments. Les cai'actères jilastiques de
ces deux espèces étant d'ailleurs absolument les mûmes, il est pro-
bable que la .1/. lùliiKnidi n'est (|u'une variété dM»<A'rm/asia6, ce que
l'examen de nouveaux exemplaires d'Kdmondi arrivera sans doute à
déujontrer.
iO. MUTILLA HeNRICI UOV. Sp.
9 Nigra, mandihulis, ijenis anticis et sœpe thoracis disco rnfo-ferru-
(jineis. Caput subquadratum, transversum, thorace latius, angulispns-
ticis roluudatis. Thorax piriformis, pone médium modice coarclatm,
pusl'ce angimtatus et oblique truncatus. Abdomen sessile, primo seg-
menta in medio postico pallide testaceo, secundi apice macula trans-
versa, bilobata, testacea, pube flacescentc vestita; segmentis S-:") macula
média flam-pubescente ornatis. Area pygldialis distincta, plana, longi-
tudinaliter striato-rugosa. Long. 4-5. ô mill.
Tête noire, mandibules, sauf le sommet, qui est noir, extrémité
des joues, souvent aussi les tubercules aiiteunaires, l'extrémité du
scape et le premier article du funicule d'un rouge ferrugineux;
thorax noir, plus ou moins rougeàtre en dessous et sur les flancs,
marqué parfois sur son disque d'une tache plus ou moins grande,
d'un rouge brunâtre. Pattes d'un brun de poix, avec la base des
cuisses et les tarses rougeàtres. Abdomen noir en dessus, avec le
bord apical de son premier segment orné d'une large tache trans-
versale d'un testacé pâle ; sommet du second segment paré d'une-^
tache semblable, mais plus grande, échancrée en avant, ce qui la
fait paraître bilobée ; ces taches sont formées par la décoloration
de la chitine et éparsement revêtues de pubescence jaunâtre ; les
segments trois à cinq portent en leur milieu une petite tache
transversale, de pubescence jaunâtre, formant par leur réunion une
bande longitudinale plus ou moins distincte ; en dessous, le premier
segment et la base du second sont rougeàtres. Dessus du corps
hérissé de poils courts, bruns et assez abondants, entremêlés de
quelques-uns plus longs et plus épars ; pattes parcimonieusement
hérissées de poils blanchâtres.
Tête subquadrangulaire, transversale, plus large que le thorax
et un peu plus large en avant qu'en arrière, avec les angles posté-
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCK DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALTE 265
rieurs fortement arrondis ; elle est densément et assez fortement
ponctuée-réticulée ; fossettes antennaires limitées en dessus par
une arête tranchante qui s'étend jusqu'aux yeux ; ces derniers
arrondis, assez convexes, à facettes bien distinctes, situés plus près
de l'articulation des mandibules que de l'occiput; mandibules assez
étroites, acuminées au sommet ; antennes robustes, second article
du funicule sensiblement plus long que le troisième. Thorax
piriforme, faiblement étranglé après le milieu, rétréci en arrière,
son bord antérieur très faiblement arqué avec les épaules distinctes
et un peu dentiformes, ses bords latéraux faiblement crénelés ;
métathorax assez nettement et obliquement tronqué en arrière avec
le bord supérieur de la troncature muni latéralement de petites
dents aiguës. Le thorax est densément et longiludinalement ridé-
réticuléendessus,presquelisseetluisant surlespleuresqui sont assez
concaves. Abdomen sessile, premier segment à peu près aussi large
que la base du suivant, court, nettement tronqué en avant, avec
une face supérieure plane, beaucoup plus finement et plus den-
sément ponctuée que la face antérieure qui est luisante et marquée
de gros points peu serrés ; la carène inférieure est basse et sans
caractère particulier. Second segment densément et finement ridé-
ponctué eu dessus, les segments suivants plus finement ponctués.
Dernier segment muni d'une aire pygidiale plane, nettement
circonscrite, longiludinalement ridée-striée à la bnse, finement et
densément chagrinée au sommet. Epines des tibias rougeâtres,
éperons blanchâtres.
Mackay, Queensland (M. G. Turner). J'en ai vu un exemplaire
étiqueté d'Australie, sans autre indication, dans la collection de
M, Henri de Saussure.
Cette espèce a beaucoup de rapports avec M. carinata Sm., de
Nouvelle-Guinée, mais elle est bien plus petite, sa tête et sou
thorax ne sont pas métalliques, le metanotum est beaucoup plus
brusquement tronqué en arrière, le premier segment abdominal
est relativement plus large, inerme en dessus, le segment apical
est muni d'une aire pygidiale bien limitée, ridée à la base, et les
éperons sont blancs.
11. MUTILLA RECTANGULICEPS, UOV. Sp.
$ (Japut et thorax nigro-brunnea, genù, epistoinate, mandibulis,
tuherculis antennalibus, antennarum scapo et thoracis disco plus
minusce rafoferrugineis. Caput rectangnlare, Iransversum, thorace
latius, angulis postiçis conspicuis. Thorax mbtrapezoidalis, antiçe
201)
K. A\ni<K
/•/'('///.s-, ptnir mrdiinn ri.r nmi cf'iliis, po.'tlirf (iin/iistnl us, (UkjiiUs; tnitiris
iicults, sidnlcntdtis. Alxltiiiii'ii iiii/ii(iii, si'ssilt\ primo st't/incnfo postice
palliilr tcsiarcu, scmuili npicc nninild Innisvefsn, Irslaccn, pnhr flavrs-
ci'iitc ri'siitd, orudlt): >ii'i)mi'Hti ijimiîi iipire rix lestacro. Arcti pi/giilmlis
hrris, nitUhi, aithdlissintc pnnriulald. I.uiuj. j,.) .'i imll.
Tête d'un lirun-noir un peu rouf^eAtie, joues, épistome, maocll-
biiles, tubercules antcnnaires, scape des antennes et les deux
premiers articles du funicule d'un row^c ferrugineux ; thorax d'un
brun noir, plus ou moins rougeàtre sur les côtés et marqué sur son
disque d'une grande tache mal définie, d'un rouge ferrugineux.
Pattes noirâtres avec la base des cuisses et les tarses rougeàtres.
Abdomen noir en dessus, avec le bord apical de son premier seg-
ment plus ou moins largement testacé ou ferrugineux ; sommet du
second segment avec une tache transversale de même couleur,
occupant le milieu du bord aj)ical, formée comme la précédente par
une décoloration de la chitine et éparsement revêtue de pubesceuce
jaunâtre ; cinquième segment plus indistinctement marqué, au
milieu de son bord postérieur, d'une semblable tache testacée.
Pilosité assez éparse, noirâtre sur la tête et le thorax, blanchâtre
sur les côtés de la tête, le métathorax, le premier segment abdo-
minal et les pattes, noire, plus couchée et plus abondante sur
l'abdomen.
Tête en rectangle transverse, notablement plus large que le
thorax, son bord postérieur et ses bords latéraux à peu près recti-
lignes, avec les angles postérieurs bien accusés, mais non denti-
formes ; elle est luisante, densément ponctuée, mais à peine
réticulée; fossettes autenuaires limitées en dessus par une arête
tranchante qui s'étend jusqu'aux yeux; ces derniers arrondis, assez
convexes, à facettes fines mais distinctes, situés beaucoup plus
près de l'articulation des mandibules que de l'occiput ; mandi-
bules étroites, paraissant bifides au sommet ; antennes robustes,
second article du funicule sensiblement plus long que le troisième.
Thorax trapézoïdal, à peine contracté après le milieu, rétréci en
arrière, son bord antérieur rectiligne avec les angles bien marqués
et un peu dentiformes, ses bords latéraux faiblement crénelés;
métathorax obliquement tronqué en arrière avec le bord supéro-
latéral de la troncature muni de petits denlicules aigus. Le thorax
est densément et longitudinalement ridé-ponctué en dessus, avec
les pleures lisses, luisantes et assez concaves. Abdomen sessile,
premier segment à peu près aussi large que la base du suivant,
éparsement ponctué et luisant en dessus, chargé en dessous d'une
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILUDES DE L'AUSTRALIE 267
carène basse et sans caractère particulier. Second segment fine-
ment et densément ridé-ponctué eu dessus, les segments suivants
finement pointillés. Dernier segment muni d'une aire pygidiale
assez plane, lisse, luisante, avec une ponctuation extrêmement
fine et peu serrée. Epines des tibias rougeâtres, éperons blanchâtres.
Mackay, Queensland (M. G. Turner); deux exemplaires.
Cette Mutille est extrêmement voisine de la précédente, mais
elle en est cependant bien distincte par sa tête plus rectangulaire
avec les angles postéi'ieurs bien accentués, par son avant-corps
plus luisant, moins fortement sculpté, par les segments trois et
quatre de l'abdomen dépourvus de tache médiane et par l'aire
pygidiale lisse, luisante, sans rides longitudinales.
12. MuTiLLA sANGUiNEicEPs André.
Mutilla{Sph3eroplithalma] sanguineiceps André, Mém. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 1895, p. 503, 9.
9 Le mauvais état de l'abdomen de l'unique exemplaire sur
lequel j'ai basé ma description ne m'avait pas permis d'en recon-
naître suffisamment la vestiture. Deux nouveaux individus en très
bon état, que M. Turner m'a envoyés de Mackay, me permettent
aujourd'hui de combler cette lacune et d'ajouter que le second seg-
ment de l'abdomen est orné en arrière de deux taches longitudi-
nales, convergentes postérieurement et se continuant sur les trois
segments suivants en une bande graduellement rétrécie d'avant en
arrière; ces ornements sont formés depubesceoce assez éparse, d'un
blanc d'argent.
13. MUTILLA GiLBERTI UOV. Sp.
9 Caput et thorax rufo-caatanea vpI nigro-brunnea, antennis fuscis,
scapo et funiculi baffi ferriigineis, pedibus lerrugineo et fusco variegatis,
calcaribuH pallidis; ahdominis segmenta secundo prope apicem vitta
transversa, nigra, nuda, postice emarginata ornato. Thorax subpiri-
formis, antice rectas, postice angustntus et coarctatus; abdomen ses-
sile, cijUndricum, postice attenuatum, arca pygidiali deplanata, lœvi,
nitida. Long. 4-6 mill.
Tête et thorax d'un brun marron plus ou moins rougeàtreou noi-
râtre; antennes d'un brun noir avec le scape et la base du funicule
ferrugineux; pattes ferrugineuses avec l'extrémité des cuisses, des
tibias et des tarses plus ou moins rembrunie et les éperons blan-
châtres; abdomen ferrugineux; second segment orné, après son
ii\S K. ANhUK
milieu, il une liii'^c Itaiidi; Ininsvcrsalc, noii-e, i;lai)r(3, irallci^^uant
pas le bord api«.'al, aiif^uleuseineiit échancrée au milieu de son bord
postt'rieur. IMIosih* courte et (^|tarse, eu uiajcuccî iiailic lilanclM^;
pattes béiissées de poils blancs, éperons blaiicliàlres.
Tète arrondie, un peu plus étroite (jue le thorax, avec les angles
postérieurs indistiiicis, fortement et densément [lonctuée réticu-
lée ; yeux de {grandeur moyenne, arrondis, assez convexes, situés
vers le nnlieu des bords latéraux ; antennes courtes, très robustes,
tous les articles du funicule Iransverses, sauf le diTuier, qui est un
peu plus long que large; second article pas plus long que le troi-
sième. Thorax assez court, son bord antérieur rectiligne avec les
angles bien mar((ués et dentiformes ; ses bords latéraux, également
recliligues sur leur première moitié, divergent faiblement en
arrière jusque vers le milieu, après lequel ils se contractent assez
fortement pour redevenir à peu près parallèles à la partie rétrécie
du metanotum ; les bords latéraux sont munis d'une petite dent
après la contraction médiane et d'une autre de chaque côté de la
troncature postérieure du metanotum qui est abrupte et verticale ;
le thorax est densément ridé-réticulé en dessus et sur les côtés,
sauf les pleures qui sont superficiellement rugueuses et luisantes.
Abdomen cylindrique, atténué en arrière, tout-à-fait sessile ; son
premier segment aussi large que le suivant, assez fortement ponc-
tué en dessus, sa carène ventrale bien accentuée ; second segment
densément ponctué en dessus, marqué en dessous de gros points
assez serrés ; les segments suivants finement et éparsement ponc-
tués; dernier segment muni d'une aire pygidiale plane, lisse et
luisante.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Petite espèce bien reconnaissable à sa coloration et à son abdo-
men cylindrique, tout à-fait sessile, dont le premier segment est
aussi large que le second.
14. MUTILLA BIPLAGIATA UOV. Sp.
$ Nigra, mnndibuHs, tuberculis antennalibiis, sœpc etiam scapi
ajnce et funicuU articulo primo fcrrugineis ; rarhis pedihus obacure
ruf(hbrunneis ; abdoniinis seg menti prinii apice, secundique nittis
duabus longilndinalibus, paraUeUs, antice et poatice abbremutis, rufo-
testaceis aut rufo-ferrugincis, nudin, vel piibe tenui, pallida , sparsissime
vestilis; sogmentis !2-5 inacula parca, apicali, albo-sericea ornatis.
C'iput thorace vix latius; thorax subtrapezoidalis, postice angustior;
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE L'aUSTRALIE 269
abdomen suhpetiolatum , segmenti secundi dorso deplanato, fiegmenti
ultimi area pygidiali lacvi, nitida. Calcaria alba. Long. 5-7 mill.
Noire, avec les mandil>Liles, les tubercules antennaires, souvent
aussi le sommet du scape et le premier article du funicule, ferru-
gineux ; pattes d'un noir brun, rarement d'un brun rougeâtre.
Bord apical du premier segment de l'abdomen ordinairement
ferrugineux ; second segment orné sur son disque de deux bandes
longitudinales, parallèles, raccourcies en avant et en arrière, un
peu dilatées en dehors, à leur sommet, et d'une couleur ferrugi-
neuse ou d'un lestacé rougeâtre. Ces bandes sont nues, ou très
éparsemenl revêtues d'une fine pubescence blanchâtre, et sont uu
peu plus éloignées l'une de l'autre que chacune d'elles du bord
externe du segment. Sur le milieu du bord apical du second
segment et des trois suivants se voit une tache de pubescence
blanche, dont la réunion forme une ligne médiane, continue, à peu
près de la largeur des bandes du second segment. Tête et thorax
avec une pilosité noire, oblique, assez courte et éparse ; face déclive
du métathorax, dessus du premier segment abdominal, côtés des
segments suivants et pattes hérissés de longs poils blancs ; segments
ventraux deux à cinq ciliés de poils semblables ; épines des tibias
noirâtres, éperons blancs.
Tête à peu près de la largeur du thorax ou à peine plus large,
très arrondie derrière les yeux, fortement pouctuée-réliculée; yeux
ronds, très convexes, presque lisses et luisants, situés vers le milieu
des côtés de la tête ; arêtes frontales bien distinctes et prolongées
jusqu'aux yeux ; mandibules courtes, médiocrement larges, acu-
minêes au sommet; antennes robustes, second article du funicule
à peine plus long que le troisième. Thorax en trapèze allongé,
plus étroit en arrière, indistinctement contracté après son milieu ;
pronotura faiblement arqué en devant, avec les angles antérieurs
accentués et un peu dentiformes ; metanotum brusquement tron-
qué en arrière, avec le bord supérieur de la troncature finement
denliculé, la dent latérale, de chaque côté, étant un peu plus forte
que les denticules médians; le thorax est grossièrement et longi-
tudinalement ridé en-dessus, plus ou moins réticulé en avant et sur
les côtés, avec les mésopleures et les métapleures planes, presque
lisses et luisantes. Abdomen subpétiolé; premier segment court,
beaucoup plus étroit que le suivant, faiblement contracté à son
articulation postérieure; il est ponctué en-dessus et muni en des-
sous d'une carène assez élevée ; second segment subcylindrique,
peu convexe sur les côtés, déprimé sur le dos, fortement et longi-
270 E. ANDHK
liuliiialcint'ul ponclui' rt'licuU' en dessus, simplement ponctué en-
dessous; les se{4;nienls suivants plus linement et plus éparsement
ponctués; dernier segment muni d'une aire pyj^idiale limitée en
arrière et latéralement, faiblement convexe, lisse et très luisante.
Mackay, Queoiisland (M. (i. Turner).
Hieu distincte par les deux bandes nues, d'un jaune plus ou
moins rougeâtre, qui ornent le second segment abdominal.
15. MUTILLA MIMULA nOV. Sp.
9 Nigra, mandilnihiruni parte média, (ibdoniinis priini scginenli
apice, feinorumque basi fcrnujincis ; abdominu segmcnto secundo vitLis
ditabus longitudinalibus.paralkliH, antice abbreùatis, argenteo sericeis
ornato; segment is quarto et quinto macula média, se.rto macula basait,
argenteo-sericea signatis. Caput thorace vix latius ; thorax pin for mis,
postice angustior ; abdomen suhpetiolatum, segmenti secundi dorso
deplanato, segmento apicali sat co7ive.ro, hevi, nitido, sine area pygi-
diali distincta. Calcaria pallida. Long. ;')-S mill.
Noire, avec le milieu des mandibules et la base des cuisses ferru-
gineux. Premier segment abdominal plus ou moins ferrugineux en
arrière et étroitement cilié de pubescence argentée à son bord
apical ; second segment orné sur sou disque de deux bandes longi-
tudinales, parallèles, à peine plus éloignées l'une de l'autre que
chacune d'elles du bord externe, raccourcies en avant et atteignant
en arrière le bord apical du segment, où elles se recourbent faible-
ment en pointe en se rapprochant; quatrième et cinquième seg-
ments, ainsi que la base du sixième, marqués en leur milieu d'une
petite tache dont la réunion forme une courte ligue longitudinale;
toutes ces bandes et taches sont produites par une pubescence
soyeuse d'un blanc argenté, passant parfois au doré très pâle. Tête
et thorax, dessus de l'abdomen et côtés des derniers segments épar
sèment hérissés de poils noirs; pattes hérissées de poils blancs
mélangés à d'autres plus foncés ; segments ventraux deux à cinq
éparsement ciliés de poils blancs ; épines des tibias noirâtres,
éperons pâles.
ïéte à peine plus large que le thorax, très arrondie derrière les
yeux, densémeut ponctuée-réticulée; yeux arrondis, très convexes,
luisants, situés vers le milieu des côtés de la tète; arêtes frontales
tranchantes et prolongées jusqu'aux yeux; mandibules acumiuées
au sommet; antennes robustes, second article du funicule à peine
plus long que le li-oisième. Thorax piri forme, rétréci en arrière,
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 271
assez contracté après son milieu; pronotum légèrement arqué à
son bord antérieur avec les angles un peii dentiformes; metanotum
brusquement tronqué en arrière, finement denticulé au bord supé-
rieur de la troncature, avec la dent latérale de chaque côté plus
accentuée que les dents médianes; le thorax est grossièrement
ponctué-réticule sur le dos, avec les mésopleures et les méta-
pleures un peu concaves, lisses et luisantes. Abdomen subpétiolé;
premier segment court, bien plus étroit que le suivant, faiblement
contracté à son articulation postérieure, ponctué en dessus, muni
en dessous d'une carène fortement échancrée en son milieu et
rostriforme en avant; second segment subcylindrique, peu arqué
sur les côtés, déprimé sur le dos, ponctué-réticule en dessus,
simplement ponctué en dessous; segment apical assez convexe,
lisse, luisant, sans aire pygidiale distincte.
Mackay, Queenslaud (M. G. Turner).
Se rapproche beaucoup de la précédente, mais s'en distingue
facilement par son thorax plus piriforme, non longitudinalement
ridé mais réticulé en dessus, par les deux bandes dorsales de
l'abdomen formées de pubescence pâle et non produites par une
décoloration de la chitine, non raccouicies en arrière, où elles
atteignent le bord apical du second segment, par ce même segment
et le troisième dépourvus de tache médiane, et par le dernier seg-
ment sans aire pygidiale.
16. MUTILLA FRINCEPS UOV. Sp.
$ Caput îhorace haud lalius, violaceum, tubercidis antennalibus,
epistomate, genis, mandibulis, apice excepta, ferrugineis. Thorax mola-
ceus, in disco cijaneus vcl viridi-cynneasi, pone médium conlrnctus,
postice iiiigustalus. Peden rnfo-hrinmel, femoribnsviokiceis, calcaribiis
pallidis. Abdomen sub.sessile, nigruin, primo segmento postice ferru-
gineo, secundo vitlis duabua longitudinalibus, parallelis, antice et
postice abbreviatis, nrgenteo-sericeis, ornato; segmentis 3-5 macula
média, argcnteo-sericea, sig7iatis ; segmento ultimo area pygidiali lon-
gitudinaliter dense striataprœdito. Long. 6-10 mill.
Variât thoracis dorso viridi, abdominisque segmento secundo obscure
cyaneo-virescente.
Tête d'un violet métallique, avec les tubercules antennaires,
l'épistome, les joues et la majeure partie des mandibules, sauf le
sommet, qui est noir, d'un rouge ferrugineux; antennes brunes,
plus ou moins rougeàtres, avec le dernier article du funicule ferru-
272 K. ANOHK
f^iiieiix. 'riioiJix lilt'ii ou il'iiii lilcu plus (mi moins vt'rdàtre sur son
disque, violet en avant «M sur 1rs lianes, l'allés d'un brun plus ou
moins ron|i;eAti'e avec les cuisses en majeure partie; violacées et les
éperons d'un jaunâtre |>àle. Alidomeii noir-, premier se<j;nM'nt ferru-
gioeux en arrière et en dessous; secoud segujeul orné de deux
bandes lonniludinales, |»arallèles, raccourcies en avant et en arrière,
un peu |dus rap[)ro(liées l'une de l'autre que chacune d'elles i]n bord
exlerue du segment, et formées d'uue pubesceuce soyeuse, argentée
ou d'un doré très pâle; les segments trois à cinq sont parés d'une
taclie médiane, transversale, de même pubesceuce, et dont la réu-
nion forme uue ligne longitudinale. Pilosité du corps en majeure
partie noire, celle des |)attes blancliàtres; les segments ventraux
deux et suivants de l'abdomen éparsemeut ciliés de poils blancs.
Tête à peu près de la largeur du thorax, très arrondie derrière
les yeux, densément ponctuée-réticulée ; yeux grands, arrondis,
très convexes, luisants, situés vers le milieu des bords latéraux ;
arêtes frontales tranchantes, prolongées jusqu'aux yeux ; mandi-
bules de largeur moyenne, acuminées au sommet ; antennes
robustes, second article du funicule sensiblement plus long que le
troisième. Thorax large en avant, rétréci en arrière, brusquement
contracté après son milieu ; pronotum avec le bord antérieur à
peine arqué et les angles accentués, faiblement deuliformes ; les
bords latéraux du pro-mésonotum sont presque rectiligues et paral-
lèles, le metauotum est brusquement tronqué en arriére et muni
de chaque côté, à la jonction de ses faces basale et déclive, de deux
épines aiguës, bien distinctes. Le thorax est grossièrement ponctué-
réticule en dessus, lisse et luisant sur les pleures qui sont planes
ou un peu concaves et marquées seulement de quelques points
épars. Abdomen subsessile, ovale, son premier segment plus étroit
que le suivant mais non étranglé à son articulation postérieure,
éparsement ponctué en dessus et muni en dessous d'une carène
échancrée en son milieu ; second segment densément et grossière-
ment ponctué en dessus, bien plus éparsement en dessous ; dernier
segment muni d'une aire pygidiale nettement, densément et longi-
tudinalemenl striée.
Un individu, en assez mauvais état, se distingue du type par son
thorax entièrement d'un vert métallique en dessus, et par le second
segment de l'abdomen d'un bleu verdâfre sombre.
Mackay, Queenslaud (M. G. Turner).
Par la disposition des dessins de son abdomen, cette espèce se
rapproche de biplagiata et de mimula, mais elle s'en écarte complè-
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'auSTRALIE 273
tement par ses couleurs métalliques, par son aire pygidiale striée
et par beaucoup d'autres caractères,
il. MUTILLA BILOBATA, DOV. Sp.
2 Nigro-cyanea., mandihulis, antennis pedib7isque plus minusve
obscure rufo-brunneis, abdominis omnium segmentorum niargine api-
cali macula média, incerta, flavo sericea ornato ; segmenîo secundo
macula magna apicali, antice bilobata, testacea, pubescentia flava
sparse vestita signato. Caput thorace paulo latius, postice rotundatum ;
thorax elongato-piriforniis, postice angustior ; abdomen sessile, ova-
tum, segmenta ultimo convexo, sparse punctato, sine area pygidiali.
Calcaria palUda. Long. 9 mill.
Entièrement d'un bleu noir, luisant; mandibules, antennes et
pattes d'un brun rougeâtre, plus ou moins variées de brun noir ;
second segment de l'abdomen orné, au milieu de sou bord apical;
d'une grande tache bilobée, affectant une apparence cordiforme et
paraissant résulter de la conjonction de deux taches rapprochées et
réunies par le bas. Cette tache est de couleur foncière testacée et
éparsement revêtue de pubescence jaunâtre. Tous les segments
abdominaux portent en outre, au milieu de leur bord apical, une
tache assez vague, formée de pubescence jaunâtre, longue et plus
serrée. Pilosité rare, en majeure partie blanchâtre, mélangée à
quelques poils noirs ; pattes hérissées de poils blancs, éperons d'un
jaune pâle.
Tête un peu plus large que le thorax, assez brusquement arrondie
derrière les yeux, densément ponctuée-réticulée ; yeux grands,
presque circulaires, très convexes, luisants, situés vers le milieu
des bords latéraux ; arêtes frontales s'étendant jusqu'aux yeux ;
mandibules assez étroites, acuminées au sommet et munies d'une
dent autéapicale; second article du funicule des antennes au moins
deux fois aussi long que le troisième. Thorax allongé, subpiriforme,
rétréci en avant et plus encore en arrière, densément ponctué-réti-
cule en dessus et sur les côtés, à l'exception des pleures qui sont
faiblement concaves, presque lisses et luisantes ; pronotum assez
arrondi aux épaules; metanotum déclive en arrière, mais non
brusquement tronqué, sans arête supérieure et sans onglet scutel-
laire. Abdomen sessile, ovalaire ; premier segment plus étroit que
le suivant mais non étranglé à son articulation postérieure, peu
densément ponctué en dessus, muni en dessous d'une carène basse,
échancrée au milieu; second segment densément couvert en dessus
Mém. Soc. Zool. de Fr.. 1898. xi. — 18
274 K. ANDRÉ
de poiiils allonj^ôs, rpaisciiieiit iioiicluc en dessous ; les siiivîints
plus (iuement. ponctués ; dernier segnuMit convexe, éparsemeot
|)onelii('', s;ins ;iire pyi^idiale.
Miickay, Oueeiislaiid (M. (i. Tiiiiier). un seul individu.
Cette espèce se rapproche de M.bicotorata Sm., ifiais toutlecorps
est d'une couleur bleuâtre uniforme et le second sej^ment porte en
arrière une grande laclie bilobée, tandis que, chez Incolorala,
l'abdomen est bronzé et le second segment est orné de deux petittîs
taches rondes et isolées.
18. MuTiLLA CHRYSOCHLORA André.
Mutilla (Chrysophthalmay.chrysochlora André, Mém. Soc. Zool. Kr.,
VIII, 18î)o, p. 508, 9'.
9 D'après de nouveaux exemplaires reçus de Mackay, la taille
de cette espèce varie de 6 à 8 niill.
19. Mutilla lauta nov. sp.
9 Captit nignan, gciiis, epistomate, tnbcrculis antennalihus, man-
dibulis antennis<ine fcrrugineis ; thorax cyoneo-niger, pectore et pedi-
hus fcrrugineis , plus minusxte nigiicantibus . calcaribns palliais ;
abdomen obscure cganro-ivneinn , segmenii secundi dimidio poslico
linea média longitudinali, segmentis 3-5 macula média argenteo-serl-
ceis ornatis. Caput thorace hund latins ; thorax brecis, subpiriformis
vrl subtriaiiguhiris, pof^tice angustatus ; abdomen sessile, ovatum,
segmento apicali couvexo, sine area pyguliali. Long. 4-6 mill.
Tête noire, avec les joues, les mandibules, les fossettes et les
tubercules antenuaires ainsi que l'épistome ferrugineux ; antennes
également ferrugineuses, souvent rembrunies sur le scape et le
milieu du funicule. Thorax d'un bleu noir, avec la poitrine et partie
des flancs plus ou moins bruns ou ferrugineux ; pattes ferrugineuses
variées de brunâtre, éperons d'un testacé pâle. Abdomen d'un
bronzé bleuâtre obscur, premier segment plus ou moins rougeâtre
en arrière et en dessous ; second segment paré, sur sa seconde
moitié, d'une bande médiane longitudinale de pubescence argentée,
soyeuse, formant une ligne continue avec les taches médianes de
même pubescence qui ornent les troisième, quatrième et cinquième
segments. Dessus du corps éparsement hérissé de poils noirs ;
pattes avec une pilosité blanche, mélangée de quelques poils noirs.
Tête à peu près de la largeur du thorax, assez arrondie derrière
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 275
les yeux, densément ponctuée-réticulée ; yeux grands, arrondis,
saillants, assez luisants, médiocrement éloignés de l'articulation
des mandibules ; arêtes frontales prolongées jusqu'au niveau du
bord inférieur des yeux ; mandibules étroites, acuminées au
sommet; antennes robustes, second article du funicule sensiblement
plus long que le troisième. Thorax court, subpiriforme ou même
subtriangulaire, non ou à peine rétréci en avant, très rétréci en
arrière à partir du milieu, non étranglé sur les côtés, son bord
antérieur rectiligne ou à peine arqué, avec les épaules indiquées et
un peu dentiformes, ses bords latéraux faiblement crénelés ;
metanotum insensiblement arqué d'avant en arrière, sans limite
entre sa face supérieure et sa face déclive. Le thorax est assez
fortement ponctué-réticule en dessus et sur les côtés, sauf les pleures
qui sont presque lisses et luisantes. Abdomen ovale, sessile, premier
segment éparsement ponctué en dessus, muni en dessous d'une
carène saillante ; second segment densément couvert de points
allongés ; les suivants éparsement ponctués ; dernier segment
convexe, sans aire pygidiale.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Par la ligue de pubescence blanche qui parcourt le milieu de
l'abdomen, cette espèce rappelle la chrysochlora André, mais elle
s'en éloigne complètement par ses autres caractères et notamment
par sa taille plus petite, par son mode de coloration, par la forme
beaucoup plus courte de sa tète brusquement arrondie derrière les
yeux, tandis que, chez chrysochlora, elle est notablement prolon-
gée derrière ceux-ci, par son thorax beaucoup plus large en avant,
non arrondi aux épaules, et par sou abdomen moins allongé.
20. MUTILLA VARIABILIS UOV. Sp.
9 Caput cyaneuDi, cel viridi-cyimeiim, vel cyaiieo-violaceum, vel
purpareo-violaceum, tuberculis antennalibus, mandibuUsque ferrugi-
neis^ antennis pedibusque rufo-brunneis , partim nigricantibus ; thorax
cyaneus cel viridi-cyaneiis, vel cyaneo-violaceus ; ahdominis aegmcn-
tum primum nigrum tel nigro-œneum, sœpe poslice ferrugineum ; seg-
mentuni. secundum viride, vel cyaneo-viride, vel obscure nigro-viola-
ceum, macula apicali argenteo-sericea ornatiim ; segmenta 3-6 nigro-
cenea, vel nigro-purpurea, 3-5 macula média argenteo-sericea ornata.
Calcarla pallida. Caput thorace haud vel vix latius ; thorax subtrape-
zoidalis, poslice modice angustatus, metanoti margine laterali denti-
culato; abdomen sessile, ocalum , segmento apicali convexiusciilo,
nilldo. Long. 4-5 mi IL
:i7() li. AMMIK
T«Me bleue, parfois plus ou moins veidAlre ou violacct^ ou môme
(l'un violet pourpré, avec les tubercules anlennaires et les mandi-
bules ferru;;ineux ; antennes d'un brun rouj^eàtre, plus ou moins
variées de noirâtre et de (erru^nneux ; tlioiax bleu, parfois d'un
bleu verdûtre ou violac»'; pattes d'un brun rouf^eàtre, plus ou moins
variées de brun noir; éperons d'un testacé pâle; premier segment
de l'abdomen noir ou il'un noir bronzé, souvent f(;rrugineux en
arrière, second segment vert, ou d'un vert bleuâtre, parfois d'un
noir violacé obscur, les segments suivants d'un noir bron/é, avec
parfois un reflet pourpré; une tacbe médiane de pubescence blanche
se voit au bord apical du second siîgment, et une taclie semblable
orne le milieu des trois segments suivants. Corps éparsement
hérissé, ainsi que les pattes, de longs poils bruns et blancs.
Tète à peu près de la largeur du thorax, très arrondie derrière
les yeux, densément ponctuée-réticulée ; yeux grands, ronds, très
convexes, assez distants de la base des mandibules ; arêtes frontales
prolongées jusqu'aux yeux; mandibules étroites, acuminées au
sommet ; antennes robustes, second article du funicule à peine plus
long que le troisième. Thorax assez long, subtrapézoïdal, non ou à
peine rétréci eu avant, faiblement rétréci en arrière, un peu
contracté après son milieu ; pronotum avec le bord antérieur légè-
rement arqué et les angles antérieurs un peu dentiformes; meta-
notum tronqué en arrière, le bord latéral de la troncature armé de
denticules dont les supérieurs sont plus accentués et plus spini-
formes ; le thorax est densément ponctué-réticule en dessus et sur
les côtés, sauf les pleures qui sont assez concaves, presque lisses et
luisantes. Abdomen ovale, sessile, premier segment éparsement
ponctué en dessus, muni en dessous d'une carène peu saillante ;
second segment densément couvert de points allongés, les suivants
finement et éparsement ponctués; segment apical assez convexe,
luisant, aire pygidiale limitée seulement en arrière.
Mackay, Queensland (M. G. Turuer).
Voisine delauta, mais bien distincte par sa coloration, parle
thorax d'une autre forme, plus allongé, bien moins rétréci en
arrière, à bords latéraux beaucoup plus parallèles, distinctement
tronqué postérieurement, avec les arêtes latérales du metanotum
denticulées; elle s'éloigne aussi de /awîa par la tache blanche du
second segment, qui est apicale et non en forme de bande s'avan-
çant jusqu'au milieu du segment.
Elle a aussi beaucoup d'analogie avec M. amoena André, mais elle
s'en écarte par sa coloration, par son thorax moins rétréci en
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 277
arrière pouctué-réticulé comme la tête et non ridé-réticulé, par le
metanolum deuticulé latéralement et par son abdomen sessile et
non subpétiolé.
21. MuTiLLA AMOENA André.
Mutilla (Sphcerophthalma)amoena André, Mém. Soc. zool. Fr. VIIT,
1895, p. 509, 9.
9 D'après quelques nouveaux exemplaires de Mackay, que m'a
envoyés à nouveau M. Turner, la taille de cette espèce varie de 4 à
8 mill.
L'un des individus s'écarte légèrement du type par son thorax non
ridé-réticulé, mais simplement ponctué- réticulé comme la tête. La
forme, la couleur, la vestiture et les autres caractères étant d'ailleurs
conformes à ceux tVamoena, je ne puis considérer l'individu en
question que comme variété ou peut-être même comme anomalie
individuelle à laquelle il n'y a pas lieu d'attacher d'importance.
22. Mutilla confraterna nov. sp.
9 Caput et thorax rufo-castanea vel nigro-castanea, genis, tuber-
culis antennalibus, epistoinate et mandibulis feiTugineis, antennis
piceis, scajio et basi funicuU plus minusve ferrugineis, pedibus brunneo
et ferrugineo variegatis, calcaribus palliais. Caput subrotundatuiu,
thorace paulo latins; thorax elongato-trapezoidalis, postice parum
angustatus, angulis anticis snbdentatis. Abdomen sîibsessile, elongato-
ovatum, primo segmenta fusco^ postice testaceo, secundo viridi, plus
minnsve violascentc, reliquis aeneis vel cupreis ; secundo macula
apicali argenteo-sericea, tertio, quarto et quinto macula média simili
ornatis, segmento apicali area pi/gidiaii dense et longitudinaliter
striata prœdito. Long . .7 mill.
Tête et thorax d'un brun marron plus ou moins rougeâtre, avec
les joues, les lubercules antennaires, l'épistome et les mandibules
ferrugineux ; antennes d'un brun noirâtre, avec le scape et l;i base
du funicule plus ou moins ferrugineux ; pattes variées de brun et
de ferrugineux, éperons d'un testacé pâle ; abdomen avec le pre-
mier segment brun, assez largement testacé avant le sommet;
second segment vert, plus ou moins lavé de violet surtout eu avant
et sur les côtés ; les segments suivants bronzés ou cuivreux; une
ligne longitudinale de pubescence soyeuse d'un blanc argenté est
formée par la réunion de petites taches qui occupent le sommet du
second segment et le milieu des segments trois à cinq ; dessus du
278 K. ANDHK
corps parst'iiif de pilosiU'» iiniifiti'f, s;i piirtic iiift'i'iciirc. ainsi i|ije
les cAli's (le rali(l()iii(Mi, le devant du |iiiMniri' sci^incnt ri les palIcs,
liéiiss(''s de poils blancs.
T(Me nn peu plus large (jue le thorax, très arrondie en arrière,
densément poncluée-réticulée; yeux grands, roods, très convexes,
situés vers le milieu des bords latéraux ; arêtes frontales prolon-
gées jusqu'aux yeux ; mandibules acnminées au sommet ; antennes
avec le second article du funicule à peine plus long que le troisième.
Thorax en trapèze allongé, faiblement rétréci en arriére, ses bords
latéraux presque rectilignes, son bord antérieur faiblement arqué,
avec les épaules un peu denliformes ; metanotum tronqué en
arrière avec les bords de la troncature très faiblement denticulés ;
le thorax est grossièrement ponctué-réticule en dessus, passant au
ridé-réticulé en arrière, presque lisse et luisant sur les pleures qui
sont faiblement concaves. Abdomen en ovale allongé, subsessile ;
premier segment beaucoup plus étroit que le suivant, mais non
contracté à son articulation postérieure, éparsement ponctué en
dessus, muni en dessous d'une carène médiocrement saillante ;
second segment densément couvert de points allongés ; les suivants
finement et éparsement ponctués ; segment apical muni d'une aire
pygidiale plane, nettement et longitudinalement striée.
Mackay, Queensland (M. G. Turner), deux exemplaires.
Ressemble beaucoup à variabilis pour la forme générale, mais
s'en distingue par sa tête et son thorax non métalliques, par ce
dernier plus fortement sculpté, et par son aire pygidiale plane
et striée.
23. MUTILLA ^NEIVENTRIS nOV. sp.
9 Caput et thorax cyanea, mandibulis, apicc nigro excepta, ferru-
gineis, antennis fmcis, peiltbus rufo-bninncis, calcaribus albidis.
Abdomen cupreoiBneum, seg mentis 1-5 macula média, apicali, albido-
sericea ornatis. Thorax brecis, robustus, subtriangularis, antice rectus,
postice sensim declims, haud trancatus. Abdomen sessile, breniter
ovatum, segmento ultimo subconvexo, Isevi, nitido. Long. 6 milL
Tête et thorax d'un bleu faiblement verdàtre, mandibules ferru-
gineuses, sauf le sommet qui est noir; antennes d'un brun noir,
pattes d'un brun rougeàtre, variées de noirâtre, éperons blancs ;
abdomen d'un bronzé cuivreux, premier segment orné au milieu de
son bord apical d'une tache de pu bescence soyeuse d'un blanc jaunâtre,
terminée en pointe en arrière ; second segment paré, au milieu de
son bord postérieur, d'une tache de semblable pubescence, formant,
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 279
avec d'autres taches qui existent au milieu des segments trois à cinq,
une bande longitudinale ininterrompue. Dessus du corps éparse-
ment hérissé de poils noirâtres; pattes avec une pilosité blanche.
Tète un peu plus étroite que le thorax, densément ponctuée-réti-
culée, faiblement prolongée derrière les yeux, peu arquée en arrière,
avec les angles postérieurs marqués, mais très arrondis; yeux de
grandeur moyenne, arrondis, très convexes, peu luisants, avec des
facettes bien distinctes, assez éloignés de la base des mandibules;
arêtes frontales prolongées jusqu'aux yeux; mandibules bifides au
sommet; second article du funicule un peu plus long que le troi-
sième. Thorax robuste, court, subtriangulaire (vu en dessus); son
bord antérieur presque rectiligne avec les angles bien marqués et
un peu dentiformes, ses bords latéraux faiblement arqués, conver-
geant fortement en arrière, inermes; metanotum en déclivité
arrondie, non tronqué postérieurement, sans limite distincte entre
sa face supérieure et sa face postérieure; le thorax est grossiôre'-
ment ponctué-réticule en dessus, devenant ridé-réticulé en arrière;
les pleures sont superficiellement rugueuses, assez concaves et
faiblement luisantes. Abdomen sessile, en ovale court, convexe sur
les côtés; premier segment large et court, éparsement ponctué en
dessus, chargé en dessous d'une carène basse, terminée en avant
par un tubercule aigu; second segment assez densément ponctué
en dessus, parsemé en dessous de gros points et chargé en son
milieu d'une carène longitudinale saillante; les segments suivants
finement et éparsement ponctués; dernier segment un peu con-
vexe, lisse, luisant, sans aire pygidiale nettement circonscrite.
Mackay, Queensland (M. G. Turner) ; un seul individu.
Par sa forme générale, cette espèce est assez voisine de Inuta,
mais elle est plus robuste et plus courte; sa tète est moins arquée à
l'occiput, avec les angles postérieurs plus accentués, son thorax est
plus court et plus large, plus triangulaire; son abdomen est égale-
ment plus court, plus convexe sur les côtés, de couleur dilïérente,
et la tache médiane de son second segment est apicale et ne remonte
pas jusqu'au milieu du segment.
24. MUTILLA AUSTRALIS DOV. Sp.
9 Caput et thorax cyanca, mandibulis, apice nicjro excepta, ferru-
gineis, antennis fuscis, pedibus ferrugineis, femorum apice fusco-
violaceo, calcaribus palliais. Abdomen viridi-œneum, segmentis i-5
vilta apicali, sat lata, lateraliter abbreviata, albido-sericea ornatis.
280 E. ANDHK
Thorax l()iuj}iln!<. miiin- /vrh/.s, lalcrihiis (inlicis pardlb'lis, jiosiins
(•nurrrijciitihiis, mrttinoto nensini decliri, luntil truncalo. Ahilomen
subpetiolatmn, >'lont/<HthO€iitum, sniuiculo ultimn conrcxo, lari, inliilo.
Lomj. H m m.
Tète el tlionix bleus, ce dernier un peu viola(;é en arrière et sur
les flancs, nianiiihules ferrui;ineuses avec l'extréinité noirâtre ;
antennes brunes, pattes ferrugineuses avec la seconde moitié des
cuisses d'un brun lavé de violacé; éperons d'un testacé pâle;
abdomen d'un vert bronzé, un peu cuivreux sur le premier sej^ment
qui est orné, à son bord apical, d'une frange serrée de cils d'un
blanc soyeux, faiblement avancée en pointe en son milieu; second
segment avec une large tache semicirculaire de même pubescence,
occupant le milieu de son bord apical et formant une bande beau-
coup plus large au milieu que sur les côtés où elle se rétrécit et
disparaît sans atteindre le bord latéral du segment ; les segments
trois à cinq ornés de bandes transverses de semblable pubescence,
assez éparse, occupant à peu près toute la hauteur des segments,
mais n'atteignant pas leurs bords latéraux. Dessus du corps épar-
sement hérissé de poils noirâtres, côtés et derrière de la tète,
devant du premier segment abdominal et côtés des autres segments
garnis de poils blancs ; pattes hérissées de poils blancs mélangés à
des poils noirs.
Tête de la largeur du thorax, densément mais peu profondément
ponctuée-réticulée. sensiblement prolongée derrière les yeux, pres-
que rectiligne en arrière, avec les angles postérieurs bien marqués
mais très arrondis; yeux grands, courtement elliptiques, médiocre-
ment saillants ; arêtes frontales prolongées jusqu'aux yeux ; mandi-
bules acuminées au sommet; antennes peu robustes, second article
du fuuicule une fois et demie aussi long que le troisième. Thorax
allongé, fortement rétréci en arrière, son bord antérieur rectiligne
avec les épaules un peu dentiformes, ses bords latéraux parallèles
dans leur première moitié, puis convergeant ensuite fortement en
arrière, inermes ; metanotum en déclivité arrondie, non tronqué
postérieurement, sans limite distincte entre ses faces supérieure et
postérieure; le thorax est grossièrement ponctué-réticule en dessus,
avec les pleures assez concaves, superficiellement rugueuses ou
marquées de points épars, très luisantes. Abdomen subpétiolé,
premier segment étroit, sensiblement contracté à son articulation
postérieure, chargé en dessus de gros points peu serrés, muni en
dessous d'une carène peu élevée; second segment superficiellement
et peu densément ponctué en dessus, plus éparsement en dessous;
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 281
les segments suivants finement et éparsement ponctués ; dernier
segment convexe, luisant, sans aire pygidiale.
Australie, sans autre indication ; un seul individu.
Cette espèce est voisine de ignita Sm., mais elle s'en distingue
par la couleur de son abdomen qui est d'un vert bronzé et non
violet pourpré, par les pattes en majeure partie ferrugineuses et
non d'un violet métalli(iue comme chez ignita, par son abdomen plus
pétiole et par sa taille plus grande. Elle se rapproche aussi de
mftallica Sm., mais la coloration de son avant-corps et celle de ses
pattes sont différentes, son thorax n'est pas rétréci en avant et est,
ainsi que l'abdomen, beaucoup moins fortement sculpté. Enfin, sa
forme allongée et son abdomen subpétiolé ne permettent pas de la
confondre avec mni'ixentiis qui présente avec elle de grandes analo-
gies de coloration.
25. MuTiLLA TuRNERi André.
Mutilla (Sphserophthalma) Turneri André, Mém. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 1895, p. 506, 9.
9 De nouveaux exemplaires recueillis à Mackay par M. Turner
sont semblables au type qui a servi à ma description, mais leur
taille varie de 5 à 8 niill.
26. Mutilla aurovestita André.
Mutilla (Sphœwphthalma) aurovestita, kndré, Mém. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 1895, p. 502, cT.
d^ D'après de nouveaux exemplaires reçus de M. Turner, la taille
de cette espèce varie de 7 à 10 mill.
27. Mutilla dentipes .\ndré.
Mutilla (Sphœrophthalma) dentipes, André, Mém. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 1895, p. 511, cf.
(^ La description de cette espèce, faite d'après un seul exem-
plaire en très mauvais état,étaitforcémentécourtée et un peu défec-
tueuse. Un nouvel individu mieux conservé, recueilli à Mackay
par M. Turner, me permet de la compléter et de la rectifier ainsi :
Tête rétrécie et fortement arrondie derrière les yeux; Irochan-
ters postérieurs (et non la base des cuisses, comme je l'ai dit par
erreur dans ma première description) armés à leur extrémité d'une
282 E. ANDHR
foilt' (lent .spiiiifiiniir, plus ou luoins ai^uc, cliiij^^re eu arrière eu
forme de crochet. Ailes avec trois celliihss cubitales et deux ner-
vures récuricntes res|)e('li\ euieul reçues vei's h; luilieu de la seconde
cubitale et près de rexlréuiité de la Iroisièuie.
Comme je lai dit, la forte dent dont sont armées ses pattes posté-
rieures suflit à distitiguer cette espèce de toutes ses congénères.
28. MuTiLLA ELEGANs Westwood.
Mutilla elcijans Westwood, Arcana eut. il, 1843, p. 19, pi. (J3,
lîg. 2, &.
cf J'ai sous les yeux uu mule provenant d'Australie, sans indi-
cation i)lus précise, et qui uie paraît répoudre à la description et à
la ligure de Westwood. Je crois doue devoir le rapporter à Velegtins
et je vais en préciser les caractères beaucoup trop sommairement
indiqués par l'auteur.
Toutlecorpsainsi que les pattes d'un bleu foncé, luisant, antennes
et tarses roussâtres, mandibules ferrugineuses avant le sommet,
éperons blancs. Dessus de la tête et du thorax assez abondamment
hérissé de longs poils bruns, côtés de la tète, épistome, occiput,
flancs du thorax, devant du premier segment abdominal et pattes
hérissés de poils blanchâtres ; tous les segments de l'abdomen
éparsement ciliés en dessus de longs poils blancs mélangés en
arrière à quelques poils noirs ; segments ventraux 2 à 5 ciliés de
poils blanchâtres.
Tête quadrangulaire, de la largeur du thorax, notablement pro-
longée derrière les yeux, avec le bord postérieur presque droit et
les angles bien marqués, mais arrondis ; elle est assez finement et
densément ponctuée réticulée ; yeux convexes, entiers, très rappro-
chés de l'articulation des mandibules qui sout inermes à leur bord
externe ; ocelles petits, très groupés : antennes avec tous les articles
plus longs que larges, second article du funicule sensiblement plus
court que le troisième. Thorax subquadrangulaire, densément
ponctué sur le pronotum, le mesonotum et le scutellum, ridé-réticulé
sur le metanotum ; pronotum avec le bord antérieur rectiligne et
les épaules bien accusées, régulièrement arqué à sou bord postérieur;
mesonotum sans sillons médians ; scutellum plan, arqué en arrière,
avec les lobes latérau x prolongés de chaque côté en appendice denti-
forme; écailletles petites, lisses, luisantes, avec quelques points
épars. Abdomen subpéliolé, premier segment peu allongé, nodi-
forme, bien plus étroit que le suivant, sensiblement contracté à son
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 283
articulation postérieure, fortement et assez densément ponctué en
dessus, chargé en dessous d'une carène dentifornie en avant;
second segment finement et peu densément ponctué en dessus et
en dessous, les suivants très finement et éparsement pointillés.
Ailes subhyalines, faiblement enfumées au sommet; stigma
opaque, cellule radiale subtronquée, trois cellules cubitales et
deux nervures récurrentes dont la première est reçue vers le
milieu de la seconde cellule cubitale, et la seconde près de l'extré-
mité de la troisième cubitale. Long. 10 niill.
Ce mâle se distingue facilement de mira André par sa tête pro-
longée derrière les yeux d'une longueur au moins égale à leur
plus grand diamètre, tandis que, chez mira, les yeux touchent
presque les angles postérieurs; il s'écarte aussi de cette dernière
espèce par son abdomen subpétiolé, par la couleur bien plus
obscure de son corps et par sa sculpture beaucoup moins accentuée.
29. MUTILLA CYANESCENS UOV, Sp.
cf Cyanea, capite et melanoto plua minusve vircscoitibus, abdominis
segmento primo postice testaceo-niarginato, seg mentis 3-7 nigris,
secundo et tertio albo-fimbriatis, quarto, quinto et sexto nigro-pilosis,
septimo albo-cillato ; antennis tarsisque piceis, calcaribus albidis.
Alae subhyalinae, apice fumatae, cellula radiali truncata, cellulis
cubitalibus tribus. Long. S-1 1 mill.
D'un bleu foncé luisant, tête, pronotum et metauotuni parfois
d'un bleu verdàtre, pattes bleues, mandibules, antennes et tarses
noirâtres, éperons blancs ; premier segment de l'abdomen bordé
de testacé en arrière, segments trois et suivants noirs, le second et
le troisième assez éparsement ciliés à leur bord apical de longs
poils blanchâtres, les autres ciliés de poils noirs, sauf les côtés du
quatrième et le dessus du septième, qui portent quelques cils blancs.
Tout le corps, ainsi que les pattes, éparsement hérissés de poils
blancs mélangés à quelques poils noirs.
Tête transversale, à peu près de la largeur du thorax, brusque-
ment et fortement arrondie derrière les yeux, sans angles posté-
rieurs distincts; elle est fortement ponctuée, mais non réticulée;
yeux grands convexes, entiers, assez voisins de l'articulation des
mandibules, qui sont acuminées, un peu bifides au sommet, et
inermes à leur bord externe; ocelles de grandeur moyenne;
antennes avec le second article du funicule à peine plus long que
large et un peu plus court que le troisième. Thorax ovale, très
2S't K. AND m':
arrondi pu avant avec les anjîles ant('rieiirs indistincts, assez densjV
ment ponctué, mais non iN'ticulé sur le pionotum, le mesonolum cl
le sculellum, fortement ponctué réticulé sur le metanotum ; pro-
notum très arqué, mais non anj^uleux à son hord postérieur; meso-
notum sans sillons médians; sculellum plan, subtriangulaire,
arrondi en arrière, sans lohes latéraux dcntiformes; écaillettes assez
Jurandes, lisses, luisantes, marquées de points épars. Abdomen sub-
sessile, premier segment assez étroit, non nodiforme, peu contracté
à son articulation postérieare, fortement et assez den><émenl ponctué
en dessus, sa carène inférieure peu saillante; second segment deu-
sément ponctué en dessus, plus éparsementen dessous, les suivants
finement et plus éparsement ponctués. Ailes subhyalines à la base,
largement enfumées en arrière; stigma opaque, cellule radiale
tronquée au sommet; trois cellules cubitales et deux nervures récur-
rentes, dont la première est reçue vers le milieu de la seconde cel-
lule cubitale et la seconde près de l'extrémité de la troisième
cubitale.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Cette espèce se rapproche par sa coloration de M. elegans Westw.,
mais elle en est bien distincte par la forme de sa tête, brusquement
rétrécie en arrière, par son thorax fortement arrondi en avant; par
les segments trois à sept de son abdomen noirs et par la conforma-
tion difïérente du premier segment abdominal.
30. MUTILLA UMBROSA UOV. Sp.
cf Caput, proiiotum, mesonotum, scatellum et squamulae cyaneu,
metanotum, abdomen, antennac pedesque nigra. Abdomen sessile, seg-
mentis secundo, tertio et quarto parce albido-cilialis, reliquisi^iigro-
pilosis. Calcariaalbida. Alae subhyalinae, apice fumatae,cellula radiait
haud truncata, cellulia cubitalibus tribus. Long. 7-8 mill.
Tête, pronotum, mesonotum, scutellum et écaillettes d'un bleu
foncé luisant, parfois avec des reflets verdàtres sur la tête et le
pronotum, le reste du corps noir ainsi que les antennes et les pattes,
éperons blancs ; premier segment de l'abdomen étroitement testacé
à sou bord postérieur, le second, le troisième et le quatrième épar-
sement ciliés à leur bord apical de longs poils blanchâtres, les
suivants ciliés de poils noirs. Dessus du corps hérissé de poils noirs,
derrière de la tête, metanotum et devant du premier segment
abdominal avec des poils blancs; pattes hérissées de poils blancs
mélangés à quelques poils noirs.
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 285
Tête transversale, à peu près de la largeur du thorax, brusque-
ment et fortement arrondie derrière les yeux, sans angles posté-
rieurs distincts, assez éparsement ponctuée en dessus; yeux grands
convexes, entiers, assez voisins de l'articulation des mandibules
qui sont aiguës à l'extrémité, inermes en dehors et armées d'une
dent subapicale à leur bord interne; ocelles de grandeur moyenne ;
antennes avec le second article du funicule un peu plus court (jue
le troisième. Thorax très arrondi en avant, avec les angles anté-
rieurs indistincts, assez éparsement ponctué sur le pronotum, le
mesonolum et le scutelluni, ridé-réticulé sur le metanotum; pro-
notum très arqué mais à peine obtusément anguleux à son bord
postérieur, mesonotum sans sillons médians ; scutellum plan, sub-
triangulaire, arrondi en arrière, sans lobes latéraux dentiformes ;
écailleltes assez grandes, lisses, luisantes, avec quelques points
épars. Abdomen sessile, premier segment plus étroit que le suivant
mais non contracté à sou articulation postérieure, marqué en-des-
sus de gros points peu serrés, sa carène intérieure basse et sans
caractère particulier; second segment densément ponctué en-des-
sus, plus éparsement en-dessous, les suivants finement et éparse-
ment ponctués. Ailes subhyalines, largement enfumées au sommet,
stigma opaque, cellule radiale courte, arrondie au sommet, trois
cellules cubitales et deux nervures récurrentes dont la première
est reçue un peu avant le milieu de la seconde cellule cubitale, et
la seconde près de l'extrémité de la troisième cubitale.
Mackay, Queensland (M. G. Turner) ; deux individus.
Par sa forme générale cette espèce est très voisine de la précé-
dente, mais elle s'en distingue par son métathorax et son abdomen
entièrement noirs, par la ponctuation de la tête et du dorsulum
plus éparse et par sa cellule radiale non tronquée au sommet.
31. Mutilla viridiceps André.
Mutilia (Sphœrophtalmaj viridiceps, André, Mém. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 1895, p. 515, cf.
cT De nouveaux exemplaires, que M. Turner m'a envoyés de
Mackay, démontrent que la taille de cette espèce varie de 8 à 13 mill.
J'ajouterai aussi que les écaillettes,qui étaient rongeâtres chez l'in
dividu typique, sont noires ou d'un noir bleuâtre chez ceux nouvel-
lement entrés dans ma collection.
286 K. ANhUK
32. -Mltilla semicci'hka nov. sp.
cf Corpus metallicuni ; rnpnt et thonix dnise rcticulnta-piiurtata,
aureo-cuprm, purliin viresccntia; nntcnnanim scapo, feinoribus tihiis-
quc cynyicis, funiculo picco, tarsis rufo-testaceis, calcaribus albis.
Scutclluni modicr cnuve.rnin. Abdomen pi'tioltitiim, primo segmrnto
viridi-aiirco, secundo cyanro, cel l'iriiii-cijanco, tertio et se(iuenlibus
magis viï'cscentibus. Alac hyalinae, stigmate opnco, nerois brunneis,
cellula radiait apice truncata, cellutis cubitalibus tribus, nervo récur-
rente secundo paulo post médium cellulae tertiae cubitalis inserto.
Long. 7-9 mi IL
Tout le corps de couleur méUillique; tête et thorax d'un cuivré
doré avec des reflets verts par places; mandibules acurainées, d'un
vert métallique à la base, rougeâtres au sommet, non dentées
extérieurement, mais dilatées sur leur premier tiers en un appen-
dice lamelliforme. Antennes d'un brun noir avec le scape d'un
bleu verdàtre. Pattes d'un bleu foucé métallique avec les hanches
d'un vert doré ou cuivré et les tarses rougeâtres; éperons blancs.
Premier segment de l'abdomen d'un vert doré ou cuivreux, le
second d'un bleu passant parfois au verdàtre, les suivants plus
franchement verts en dessus, violacés en dessous. Tout le corps
hérissé, ainsi que les pattes, de poils blancs assez longs, ceux du
scutellum devenant noirâtres ainsi que ceux des second et troi-
sième segments dorsaux de l'abdomen.
Tête en ovale transverse, à peu près de la largeur du thorax au
niveau des ailes, fortement ponctuée-réticulée; yeux ronds, très
convexes, entiers, lisses et luisants; ocelles médiocres; antennes
assez allongées, second article du funicule subégal au troisième.
Thorax grossièrement ponctué-réticule, même sur les flancs, sauf
les mésopleures,qui sont étroitement lisses et luisantes; metanotum
ridé-réticulé à larges mailles. Pronotum à angles antérieurs peu
marqués, son bord postérieur échancré en angle obtus ; mesono-
tum avec deux sillons médians distincts seulement à la base ; scu-
tellum peu convexe; écaillettes lisses, luisantes, avec quelques gros
points épars. Abdomen pétiole, premier segment beaucoup plus
étroit que le suivant, faiblement contracté à son articulation pos-
térieure, assez plan et grossièrement ponctué-réticule en dessus,
muni en dessous d'une faible carène indistinctement crénelée ;
second segment densément mais plus finement ponctué-réticule
en dessus, fortement et peu densément ponctué en dessous, avec la
base assez gibbeuse; les segments suivants finement et éparsement
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 287
ponctués. Ailes hyalines, avec le stigma opaque et les nervures
brunes ; cellule radiale assez grande, nettement tronquée au som-
met; trois cellules cubitales dont la deuxième et la troisième reçoi-
vent les nervures récurrentes vers leur milieu.
Nouvelle-Hollande ; communiqué par M. Henri de Saussure.
33. MUTILLA ALBOCAUDATA nOV. Sp.
cT Nlgra, ahilomine seasile , cyaneo, parum molascente, negmentis
tribus ultimis sat dense albo-pilosis, antennis, pedibus calcaribusque
nigris ; mandibulis externe unidentatis. Aix obscurse, hasi hyalinœ,
cellula radiait truncata, cellulis cubitalibiis tribus. Long. iO mill.
Corps noir, ainsi que les mandibules, les antennes et les pattes
avec leurs éperons; abdomen d'un bleu foncé, plus ou moins vio-
lacé ; premier segment très éparsement cilié de poils pâles à son
bord postérieur, second, troisième et quatrième avec des poils
noirs, les trois derniers assez densément ciliés de poils blancs. Tête
assez abondamment hérissée de poils pâles, mélangés à quelques
poils bruns; dessus du thorax hérissé de poils noirs, sauf le post-
scutellum etlemetanotum qui portent quelques poils blancs; pattes
hérissées de poils blancs, avec quelques poils noirs sur les cuisses.
Tète à peu près de la largeur du thorax, densément et fortement
ponctuée-réticulée, faiblement arquée en arrière, sensiblement pro-
longée derrière les yeux avec les angles postérieurs très arrondis,
mais distincts ; yeux grands, très convexes, entiers, assez voisins
de l'articulation des mandibules qui sont de largeur moyenne,
aiguës à l'extrémité, munies intérieurement d'uue dent subapicale
et pourvues d'une forte dent arrondie vers le milieu de leur bord
externe; ocelles petits, peu saillants et très rapprochés l'un de
l'autre; antennes robustes, leurs articles pas ou à peine plus longs
que larges, second article du funicule transverse, un peu plus
court que le troisième. Thorax arrondi en avant avec les angles
antérieurs iiidislincts, densément ponctué-réticule sur le pronotum,
le mesonotum et le scutellum, ridé-réticulé sur le metanotum ;
pronotum très arqué, mais à peine obtusément anguleux à son bord
postérieur; mesonotum sans sillons longitudinaux sur son disque;
scutellum plan, subrectangulaire, arrondi en arrière, sans lobes
latéraux dentiformes ; écaillettes petites, lisses, luisantes, mar-
quées de quelques gros points en avant. Abdomen sessile, fusi-
forme, également rétréci en avant et en arrière: premier segment
étroit, mais non contracté à son articulation postérieure, gros-
288 E. ANDHÉ
sièi'ciiM'iil iKmchic fil dessus, sa ciirriic iiift'-riiMiir hassc el sans
farach're parliculicr; second s('<j:iii('id dcnsi'mciil poiiclué en (Uîssus,
moins denséint'iil en dessous, les suivants lineintMit cl plus éparse-
meut ponctués. Ailes obscures, uu peu violacées, hyalines à leur
pxtrénu! base ; stignia opaque ; cellule radiale longue, nettement
tronquée au sommet; trois cellules cubitales et deux nervures
récurrentes dont la première est reçue vers le milieu de la seconde
cellule cubitale, et la seconde près de l'exlrémité de la troisième
cubitale; une ligne hyaline, sinueuse, traverse les trois cellules
cubitales et se réunit à une petite tache également hyaline, située
eu haut de la seconde cellule discoïdale.
Mackay, Queensland (M. G. ïurner) ; deux exemplaires.
Bien distincte des autres espèces à abdomen bleu par sa tête et
son thorax entièrement noirs, par ses éperons de même couleur,
par les dernieis segments de son abdomen seuls ciliés de blanc,
ainsi que par ses mandibules armées d'une dent au bord externe.
34. IMUTILLA SENILIS UOV. Sp.
cf Nigra, ahdomine sessilc, cyaneo, segmenta priino mepe testaceo-
marginalo, segmentis secundo et lerlio sat dense albo-finihriatis, sequen-
tibus parce albo el nigro pilosis, antcnnis pedibusque nigris, calcaribus
albidis, mandibuUs externe unidentatis. A lac sublujalinae, apice
fumatae, cellula radiali truncata, ceUulis cubitalibus Irtbus. Long.
7-// mill.
Corps noir, ainsi que les mandibules, les antennes et les pattes,
abdomen d'un bleu foncé, premier segment souvent marginé de
ferrugineux ou de testacé à son bord postérieur ; second et troisième
segments nettement et assez densément ciliés de poils blancs à leur
bord apical, les segments suivants éparsement ciliés de poils blancs
mélangés à des poils noirs ; le second et le troisième segments
ventraux sont également ciliés de poils blancs. Scape des antennes,
joues et épislome assez abondamment hérissés de poils blanchâtres ;
angles postérieurs de la tête densément hérissés de poils blancs,
front et vertex avec une pilosité noirâtre, éparse; thorax avec le
dorsulum hérissé de poils bruns, le mélathorax et les flancs du
raésothorax plus ou moins abondamment garnis de poils blancs;
pilosité des pattes et éperons blancs.
Tète à peu près de la largeur du thorax, densément et fortement
ponctuée- réticulée, faiblement arquée eu arrière, sensiblement
prolongée derrière les yeux, avec les angles postérieurs très arron-
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCR DES MUTILLIDES DE LAUSTRALIE 289
dis, mais distincts ; yeux grands, très convexes, entiers, éloignés
de l'articulation des mandibules d'une distance moindre que leur
diamètre; ocelles médiocres, assez convexes ; mandibules de largeur
moyenne, aiguës à l'extrémité, munies à leur bord interne d'une
seule dent subapicale, et pourvues d'une forte dent arrondie vers
le milieu de leur bord externe ; antennes robustes, les articles trois
et suivants du funicule faiblement plus longs que larges, le second
article un peu plus court que le troisième. Thorax arrondi en
avant, avec les angles antérieurs presque indistincts, fortement
ponctué réticulé sur le pronotum, le mesonotum, et le scutellum,
devenant plutôt ridé-réticulé sur le inetanotum ; pronotum très
arqué mais à peine obtusémeut anguleux à son bord postérieur;
mesonotum sans sillons longitudinaux sur le disque; scutellum
plan, subtriangulaire, arrondi en arrière, sans lobes latéraux den-
tiformes ; écaillettes assez petites, lisses, luisantes, marquées de.
quelques gros points antérieurement. Abdomen sessile, fusiforme,
premier segment plus étroit que le suivant, mais non contracté en
arrière, grossièrement ponctué en dessus, muni en dessous d'une
carène plus ou moins crénelée; second segment densément ponctué
en dessus, plus éparsement en dessous, les suivants finement et
éparsement ponctués. Ailes subhyalines, enfumées au sommet,
stigma opaque, cellule radiale assez courte, nettement tronquée au
sommet ; trois cellules cubitales et deux nervures récurrentes
respectivement reçues après le milieu des deuxième et troisième
cellules cubitales; les cellules cubitales non traversées par une
ligne claire bien distincte.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Très voisine de la précédente par sa forme générale et son sys-
tème de coloration, mais distincte par ses ailes moins obscures
avec la cellule radiale plus courte, et surtout par la disposition
différente des franges de poils blancs qui ornent les segments
abdominaux, ainsi que par ses éperons blancs.
Je ne puis considérer que comme variétés de senilis les deux
formes suivantes recueillies à Mackay par M. Turner et qui ne se
distinguent du type que par des différences de coloration insuffi-
santes, chez les Mutilles, pour caractériser des espèces. Je leur
donnerai cependant des noms particuliers parce qu'elles sont
facilement reconnaissables et que la découverte de leurs femelles
pourrait peut-être amener à les regarder comme espèces parti-
culières.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 19
290 K. ANDUK
\i\y. TRANSiKNs Hov. viM". Knli(''i»'iiii'ii I st'iiil)l;il»lt' ;iu lyp»', sauf
rabdoinen, qui est noir et non bleu.
Var. CAi.CAïuNA nov. var. St>ml)l;ihl(' à hi varif'tr jjrôrr'donte, mais
avec les éperons noiis.
.'^'i. .MuTii.LA MiNuscuLA Audré.
Miitillii (!^iih;vropltilialma) minuscula André. Méni. Soc. Zool. Fr.,
VIII, 18î)5. \). èiOI, cf.
d^ J'ai décrit cette espèce d'après un seul exemplaire dont le
scutelluin était détruit par l'épingle, ce qui m'a empêché d'en
donner les caractères. Deux nouveaux individus, que M. Turner
m'a envoyés de Mackay, me |)ermettent de combler cette lacune
en disant que le scutellum est plan, triangulaire, arrondi en arrière,
ponctué comme le mesonotum, avec les lobes latéraux non pro-
longés en saillie deutiforme. La taille varie de 6 à 8 mill.
36. MUTILLA EMGUA UOV. Sp.
cf Corpua nif/ruw, ititidum, tuberoilis anlennalihiis inandihuUsque,
apice excepta, saepe fer rugineia.Capul transcersuni , postice rohmdatum,
sparse punctalum, mandihulis extus edentatis. Thorax ovatus, pronoto
et metanoto sparse punctatis, metanoto reticula.to, scutello inerme.
Abdomen sessile, sefimentis sparsissinie albidu-ciiiatis. Pedes fusci,
albo-pilosi, calcaribus albidis. A lae subhyaiinae, stigmate opaco, cellula
radiali haud truncata, cellulis cuhitalibus tribus. Long. 5-ô,o.
m
Noire, avec souvent les tubercules antennaires et le milieu des
mandibules plus ou moins ferrugineux ; antennes et pattes noires
ou d'un brun noir, ces dernières hérissées de poils blancs ; éperons
blancs. Tout le corps luisant, très éparsement hérissé de poils
blanchâtres, mélangés à quelques poils noirs ; le bord apical des
segments abdominaux à peine cilié de quelques poils blancs.
Tête transversale, immédiatement arquée derrière les yeux, sans
angles postérieurs distincts; elle est à peu près de la largeur du
thorax ou à peine plus large que lui, assez éparsement ponctuée ;
yeux grands, arrondis, convexes, entiers, peu éloignés de l'articu-
lation des mandibules ; ocelles relativem.ent grands et saillants ;
mandibules aiguës au sommet, munies à leur bord interne d'une
dent subapicale, et inermes à leur bord externe ; antennes robustes,
second article du funicule un peu plus court que le troisième.
Thorax ovale, un peu plus étroit en arrière qu'en avant; pronotum
CONTRIBUTJON A LA CONNAISSANCE DES MUTILLLDES DE l'aUSTRALIE 291
avec les épaules presque eiïacées, largemeDt échaocré en arc à son
bord postérieur, éparsement ponctué; mesonotum très éparsement
ponctué eu dessus, avec les sillons médians fins mais distincts et
prolongés jusqu'au bord antérieur; écaillettes assez graodes, lisses,
luisantes, parfois décolorées en arrière et raarquéesde quelques points
à leur bord interne; scutellum, plan, triangulaire, arrondi en arrière,
ponctué-réticule sur les côtés, avec seulement quelques gros points
sur le disque ; lobes latéraux non prolongés en saillie dentiforrae;
nietanotum ridé-réticulé en dessus. Abdomen sessile, premier seg-
ment assez plan et éparsement ponctuéen dessus, sa carène inférieure
terminée en avant par un petit tubercule; second segment assez
densément mais superficiellemeat ponctué en dessus, plus éparse-
ment en dessous ; les segments suivants finement et éparsemeat
ponctués. Ailes subhyalines, faiblement enfumées dans la région
caractéristique; stigma opaque, cellule radiale arrondie au sommet j
trois cellules cubitales dont la seconde reçoit la nervure récurrente
vers son milieu ; la seconde nervure récurrente est interstitiale avec
la troisième nervure transverso-cubitale, ces deux nervures fines et
peu distinctes.
Mackay, Queensland (M. G. Turner).
Cette espèce se reconnaît facilement à sa petite taille, ainsi qu'à
son mesonotum luisant et très éparsement ponctué.
TABLEAU DES MUTILLES D'AUSTRALIE
qui me sont connues en nature
Comme je l'ai annoncé dans l'avant-propos, je donne ici, sous
forme dichotomique, un tableau général de toutes les Mutilles
d'Australie et de Tasmanie qui me sont connues en nature, ce qui
représente à peu près les deux tiers de celles signalées par les divers
auteurs.
Le numéro qui précède le nom de certaines espèces est celui sous
lequel elles sont décrites ou mentionnées dans les pages précédentes.
FEMELLES
1. Thorax rectangulaire ou subrectangulaire, non ou à
peine plus étroit en arrière qu'en avant, à bords latéraux
rectilignes; yeux peu convexes; abdomen sessile 2
— Thorax trapéziforme, piriforme, cunéiforme, triangu-
2n2 K. ANDIIK
hiiro OU en tu^iie ;ill()ii}i;i\ S(!iisil)leiiH'nl plus clioil eu arrière
qu'en avant, ses bords latéraux rarement reclili^nes: yeux
ordinairement très convexes; abdomen sessile on péliolé. 3
2. Tôle et thorax ferrujj;inenx ; tôle jurande, beaucoup plus
larii^eque le thorax, (|ui est char^'é en dessus de cAles Ion
jïitudinales saillantes; abdomen noir, oi-né de taches et de
franj^es de jnibesi^ence jaunàtie, second segnient dorsal
ridé-costulô. Long. 15 mill. — Australie, multigostata André.
— Tout le corps noir, sauf le disque du thorax, (|ui est sou-
vent rouge; tùte arrondie, pas plus large que le thorax;
abdomen orné sur son second segment de deux taches
rondes, de pubescenee blanche, et sur le troisième segment
d'une bande de même couleur, fortement interrompue en
son milieu. Long. 8 mill. — Queensland. . . . Cooki André.
3. Thorax allongé, muni latéralement d'expansions denti-
formes bien accentuées; abdomen sessile ou subsessile;
taille relativement grande 4
— Thorax sans expansions latérales, tout au plus avec des
tubercules peu saillants, de fines crénelures ou de très
petites dents o
4. Tout le corps noir, ainsi que les antennes; thorax très
profondément sculpté; abdomen orné d'une rangée longi-
tudinale de six taches blanches, dont une sur le premier
segment, deux sur le second et une sur chacun des trois
suivants. Long. 13-17 mill. — Queensland, Nouvelle Galles
du Sud RUGiGOLLis Wcstwood .
— Corps noir avec les antennes testacées, thorax beaucoup
moins fortement sculpté; second segment de l'abdomen
orné d'une bande apicale sinueuse; troisième, quatrième
et cinquième segments avec chacun une tache médiane, le
tout formé de pubescence blanche. Long. 16-18 mill. —
Queensland, Nouvelle-Galles du Sud. . ruficornis Fabricius.
5. Corps de couleur foncière noire, rouge, brune, ferrugi-
neuse, ou varié de ces couleurs, sans parties bleues, vertes,
violettes ou métalliques 6
— Corps en totalité ou en partie de couleur bleue, verte,
bronzée, violette et cuivrée 24
6. Tête rectangulaire, sensiblement plus large que le thorax,
notablement prolongée derrière les yeux, avec les angles
postérieurs bien marqués, quoique souvent émoussés ou
arrondis 7
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DKS MUTILLIDES DK l'aUSTRALIE 293
— Tète pas plus large et souvent plus étroite que le thorax ;
dans le cas où elle serait faiblemeut plus large, elle n'est
pas notablement prolongée derrière les yeux, mais rétrécie
et arquée presque iuimédiatement après eux et sans
angles postérieurs distincts 9
7 . Tête rouge ainsi que la majeure partie du second segment
de l'abdomen ; tubercules anteunaires dentiformes ; le reste
du corps noir, métathorax bidenté en arrière; corps très
luisant. Long. 8 mill. — Queensland. 12. sanguineiceps André.
— Tète noire ou d'un brun rougeàtre, second segment de
l'abdomen noir comme les suivants; tubercules antennaires
arrondis ; corps moins luisant; taille plus petite 8
8. Tète nettement rectangulaire, avec le bord postérieur
rectiligne et les angles à peine émoussés, d'un brun rou-
geàtre ainsi que le thorax ; sommet du second segment
de l'abdomen et milieu du cinquième ornés d'une tache
transversale testacée ; aire pygidiale lisse, luisante, non
ridée. Long. 4,5-5 mill. — Queensland.
11. RECTANGULICEPS UOV. Sp.
— Tète moins carrée, son bord postérieur plus arqué et ses
angles beaucou|) plus arrondis, noire ainsi que le thorax
dont parfois le disque est ferrugineux ; sommet du second
segment et milieu des segments trois à cinq de l'abdomen
ornés d'une tache testacée; aire pygidiale longitudiuale-
ment ridée-striée à la base, chagrinée au sommet. Long.
4,5-5 mill. — Queensland 10. Henrici nov. sp.
9. Tète beaucoup plus étroite que le thorax, front muni d'une
élévation scutiforme, luisante, chargée de quatre ou cinq
grosses rides transverses irrégulières ; abdomen sessile,
second segment orné de deux lignes longitudinales
arquées, et les trois suivants parés de taches médianes, le
tout formé de pubescence argentée. Tout le corps d'un brun
marron foncé. Long. 14 mill. — Australie.
2. scuTiFRONS nov. sp.
— Front sans élévation scutiforme 10
10. Disque du second segment de l'abdomen orné de deux
bandes longitudinales de couleur claire, situées l'une à
côté de l'autre de chaque côté de la ligne médiane ; corps
noir ; segments trois à cinq avec une série longitudinale
de taches argentées 11
— Second segment de l'abdomen sans bande longitudinale
294 R. ANDUK
OU. s'il en existe uno, ello est sitii<''e sur l;i lii;iii' iiiédiaiic. 12
11. Bandes du secoud scf^ment de couleur foiicièi'e ferruj,^-
neuse, presque glabres, raccourcies en avant et en arrière;
bord a|)ical du second segment et les trois suivants ornés
en leur uiilieu d'une tache d(^ i)ubescenc(î blanche. L<Mig.
5-7 mill. — Oueensland 11. biplagiata nov. s|>.
— Bandes du second segment formées de pubescence d'un
blanc argenté, non raccourcies en arrière, où elles attei-
gnent le bord apical ; quatrième et cinquième segments,
ainsi que la base du sixième, marqués en leur milieu
d'une tache de pubescence blanche. Long. 5 8 mill. —
Oueensland 15. mimula nov. sp.
i2. Corps noir; second segment de l'abdomen paré, sur sa
ligue médiane, d'une bande de pubescence soyeuse, argen-
tée ou dorée, parcourant toute la longueur du segment ou
plus ou moins raccourcie en avant; premier segment
ainsi que les segments trois à cinq ornés, au milieu de leur
bord apical, d'une tache pubescenle de même couleur que
la bande du second segment. Aire pygidiale longitudina-
lement striée. Long. 5-10 mill. — Queenslaud, Australie
Occidentale 7 morosa Westwood.
— Second segment de l'abdomen sans bande longitudinale
de pubescence soyeuse 13
13. Second segment de l'abdomen orné, sur sa ligne médiane,
d'une tache discoïdale et d'une autre apicale, formées de
pubescence argentée; premier, troisième, quatrième et
cinquième segments ornés également d'une tache apicale
de semblable pubescence dont l'ensemble forme, avec
celles du second segment, une série longitudinale. Corps
noir, tête moins large que le thorax, recouverte en dessus
d'une belle pubescence argentée ou dorée 14
— Second segment de l'abdomen sans tache discoïdale,
mais pouvant être orné ou non d'une tache apicale. ... L5
14. Tache discoïdale du second segment plus rapprochée
de sa base que de sou sommet. Long. 15 mill. — Queens-
laud AURicEPS Smith.
— Tache discoïdale du second segment plus rapprochée de
son sommet que de sa base. Long. 13 mill. — Queens-
laud QUEENSLANDiCA André.
15. Bord apical du premier segment, la seconde moitié du
suivant et la presque totalité des segments trois à cinq
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 295
recouverts d'une belle pubescence soyeuse, d'un jaune d or.
Corps noir; aire pygidiale longitudinalement striée. Long.
9 rnill. — Queensland 4, fabricii nov. sp.
— Abdomen non recouvert en majeure partie de pubescence
dorée 16
16. Second segment de l'abdomen orné d'une tache de
pubescence pâle au milieu de son bord apical 17
Second segment sans tache apicale, mais pouvant être
pourvu d'une bande transverse à son bord postérieur. . , 20
17. Segments trois à cinq de l'abdomen pourvus d'une tache
médiane de pubescence claire 18
— Troisième et quatrième segments sans taches, parfois le
cinquième est orné, ainsi que le bord apical du premier et
du second, d'une tache médiane de pubescence blanchâtre
ou jaunâtre. Corps en entier d'un ferrugineux sombre ou
d'un brun marron ; second segment creusé en dessus
d'un sillon médian longitudinal , et en dessous d'une
impression transverse ; aire pygidiale longitudinalement
striée. Long. 8-19 mill.— Queensland. furruginata Westwood.
18. Tranche latérale de la face déclive du métathora.x armée
d'une série de petites dents spiniformes ; second segment
ventral transversalement impressionné en arrière. Corps
noir, les cinq premiers segments abdominaux ornés, au
milieu de leur bord apical, d'une tache de pubescence
blanche, dont l'ensemble est disposé en série longitudinale.
Eperons généralement bruns. Long. 5-14 mill. — Queens-
land 1. Burkei André.
— Tranche latérale de la face déclive du métathorax
inerme; second segment ventral non impressionné trans-
versalement; éperons blanchâtres; corps noir 19
19. Thorax piriforme, fortement rétréci en arrière et con-
tracté en son milieu ; les cinq premiers segments de l'abdo-
men marqués, à leur bord apical, d'une tache médiane de
pubescen(;e jaunâtre dont l'ensemble est disposé en série
longitudinale. Long. 7-10 mill. Australie occidentale,
Queensland 6. hospes Smith.
— Thorax trapéziforme, faiblement rétréci en arrière et
non contracté en son milieu ; premier segment abdominal
cilié de poils dorés, second segment orné, au milieu de son
bord apical, d'une assez grande tache qui se réunit à des
taches transverses occupant le milieu des troisième, qua-
29() K. ANMIIK
trième et (,'iii(|iiii'me sej^meuls, iioiir foiiiirr une liaiidi- lon-
giludiiiali- lie i)iibesceiR'e dortk'. Loug. ."i-H iiiill. (Jueeus-
laiid iS. lALL.vx, iiov. sp.
:iO. IMcmier et second segments de rabdomeii ornés, à leur
l)i)rd a|>ir;d, d'une étroite bordure de pubescence claire;
aire pyi;idiale lon^Mtudinalenieut striée 21
— Preniiei- et second segments de l'abdomen non bordés
de pubescence claire à leur boni apical ; aire pygidiale lisse
et luisante 23
21. Troisième segment de l'abdomen sans bande de pubes-
cence claire à son bord apical; tête et thorax d'un brun
rougeàtre, abdomen noir. Long. 8-10 miil 22
— Tout le corps noir ; troisième segment de l'abdomen orné,
ainsi que les deux premiers, d'une bande apicale de pu-
bescence dorée. Long. 4 mill. Queensland. trifimbriata André.
22. (linquième segment avec une bande apicale, formée, ainsi
que celle des premier et se(;ond segments, de pubescence
argentée ; pas de tache indéterminée sur le quatrième et le
cinquième segments. — Tasmanie, Nouvelle-Galles du Sud,
Nouvelle Bretagne 9. Australasiae Fabricius.
— Bandes abdominales dorées; pas de bande sur le cin-
quième segment, mais une tache indéterminée, d'un jaune
d'or, sur les quatrième et cinquième segments. — Australie
occidentale Edmondi André,
23. Tète et thorax d'un brun rougeàtre ; abdomen ovale, d'un
brun noir, avec le troisième segment peu densément revêtu
d'une bande de pubescence cendrée; corps luisant. Long.
5,0 mill. — Queensland Variipes André.
— Tète et thorax d'un brun marron ; abdomen cylindrique,
ferrugineux; second segment orné, après son milieu, d'une
large bande noire, glabre, n'atteignant pas le bord apical et
anguleusement échancrée à son bord postérieur. Long.
4-0 miil. — Queensland 13. Gilbkrti nov. sp.
24. Tète et thorax d'un ferrugineux clair, avec un beau
reflet violet; abdomen d'un bleu violacé foncé, orné d'une
large bande médiane de pubescence jaunâtre, qui s'étend
du tiers antérieur du second segment à l'extrémité de
l'abdomen. Long. 6-12 mill. — Queensland, Nouvelle-
Galles du Sud 5. PuLCHELLA Smith.
— Caractères difïérents 2o
25. Tête bleue ou noire, thorax eu totalité ou en partie d'un
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DF.S MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 297
rouge vif OU d'un ferrugineux clair ; corps luisant .... 26
— Thorax autrement coloré 27
26. Tête noire, thorax entièrement rouge, abdomen bleu sur
ses deux premiers segments, les autres bruns ou rougeâ-
tres ; second segment orné de deux bandes longitudinales
de pubesceuce blanche, qui se continuent sur les segments
suivants. Loug. 5-8 mill. — Queensland . 25. Turnkui André.
— Tète bleue, pro mesonotum en majeure partie rouge,
métathorax bleu, ainsi que les deux premiers segments
abdominaux, le reste de l'abdomen noir; second segment
orné de deux grandes taches rouges, glabres, luisantes.
Long. 7 mill. — Queensland rubromaculata André.
27. Second segment de l'abdomen avec une ou deux taches
apicales, de couleur foncière testacée et presque glabres;
tète et thorax d'un bleu plus ou moins foncé, parfois ver-
dâtres 28
— Taches abdominales, quand elles existent, exclusivement
formées de pubescenceclaire 29
28. Abdomen bronzé-pourpré avec le second segment orné, à
une petite distance de son bord postérieur, de deux taches
rondes, d'un jaune pâle. Long. 10 mill. — Queensland,
Nouvelle-Galles du Sud bicolorata Smith.
— Abdomen d'un bleu noir, comme le reste du coi-ps ;
second segment orné, au milieu de son bord apical, d'une
grande tache bilobée, d'apparence cordiforme et de cou-
leur foncière testacée; tous les segments portent en outre
une tache apicale, assez vague, de pubescence jaunâtre.
Long. 9 mill. — Queensland 17. bilobata nov. sp.
29. Tête violette, thorax bleu, plus ou moins varié de vert
ou de violet; abdomen noir, second segment paré de deux
bandes longitudinales, raccourcies en avant et en arrière,
de pubescence soyeuse blanche ou jaunâtre; les segments
trois à cinq ornés d'une tache médiane de môme pubes-
cence. Long. 7-10 mill. — Queensland. 16. princeps nov. sp.
— Abdomen avec une seule bande médiane ou sans banties
longitudinales de pubescence claire sur le second segment . 30
30. Tèle et thorax d'un bleu noir, abdomen noir ou faible
ment bronzé ; bordure apicale du premier segment, une
grande tache plus ou moins semicirculaire, occupant la
majeure partie de la moitié postérieure du second segment,
et d'autres taches transversales couvrant en partie les
298 K. ANOiu";
S(\u;iiienls siiivaiils, le tout forint' d'iiiu' IkîIIc pulicsccnce
dorée. Loii^. 7-14 iiiill. — (Jueeuslaïul . .'{. aihata Fal)rii'ius.
— Second sc^niinit et les suivants non recouverts en ma
jeure partie d(! pnhescence dorée 31
31. Second segment de l'abdomen avec une hande longitu-
dinale médiane de puhescence claire, raccourcie en avant
et se continuant sur les segments suivants 32
— Second segment sans bande médiane, mais seulement
avec une bordtire ou une petite tache apicale de pubescence
claire 33
32. Tout le corps en majeure partie d'un vert doré, mélangé
de violet, pattes rougeàtres, plus ou moins lavées de
violacé ; bande médiane de l'abdomen étroite et d'un jaune
pâle ; tète notablement prolongée derrière les yeux, thorax
arrondi aux épaules, forme allongée. Long. 6-8 mill, —
Queeusland 18. ghrysochlora André.
— Tête noire, thorax d'un bleu noirâtre, pattes ferrugi-
neuses, abdomen d'un bronzé bleuâtre, sa bande médiane
plus large et d'un blanc argenté ; tète brusquement arron-
die derrière les yeux, thorax avec les épaules anguleuses,
forme courte. Long. 4-0 mill. — Queensland. 19. lauta nov. sp.
33. Télé et thorax d'un brun marron, abdomen avec le
second segment vert, plus ou moins violacé, et les suivants
bronzés ou cuivreux ; une série longitudinale de petites
taches de pubescence blanche part du bord apical du
second segment poui* se continuer sur les segments trois à
cinq ; aire pygidiale du sixième segment nettement et
longitudinalement striée. Long. 5 mill. — Queensland.
22. CONFRATERNA nOV. Sp.
— Tète et thorax bleus, verts, violets ou bronzés ; aire
pygidiale lisse, luisante, ou nulle 34
34. Une tache médiane ou une bande transverse de pubes-
cence claire se voit au bord apical des segments deux à
cinq de l'abdomen ; second segment ventral sans impres-
sion transverse 35
— Bord apical du premier et du second segment seuls
pourvus d'une petite tache médiane de pubescence blan-
che; abdomen subpétiolé, second segment ventral muni
d'une forte impression transverse vers son tiers postérieur.
Tète bleue ou verte, thorax d'un vert bronzé, abdomen
d'un vert doré pourpré. Long. 10-12 mill. Nouvelle-Galles
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 299
du Sud METALLiCA Smith.
35. Tête et thorax d'un violet pourpré ou d'uu violet bronzé
métallique, abdomen d'un bleu sombre ; pattes ferrugi-
neuses; une série de quatre taches de pubesceuce jaunâtres,
disposée en ligne longitudinale à partir du sommet du
second segment. Loog. 4-8 mill. — Queensland
21 . AMŒNA André.
— Thorax bleu ou vert 36
36. Abdomen d'un beau violet pourpré ainsi que les pattes;
tète et thorax bleus, lavés de vert; bord apical des cinq
premiers segments orné de taches de pubescence blanche,
parfois peu apparentes sur les derniers segments. Long.
8-9 mill. — Queensland ignita Smith.
— Abdomen bleu, vert ou bronzé, pattes en grande partie
ferrugineuses 37
37. Tête très arrondie derrière les yeux, avec les angles pos-
térieurs indistincts ; thorax subtrapézoïdal, faiblement
rétréci en arrière ; métathorax avec le bord latéral de sa
troncature postérieure denticulé ; tête bleue, verte ou vio
lette, thorax bleu, verdàtre ou violacé, abdomen avec le
premier segment noir, le second vert, bleuâtre ou noirâtre,
les suivants d'un bronzé obscur; une tache médiane de
pubescence blanche orne le bord apical du second segment
et des trois suivants. Long. 4-5 mill. — Queensland.
20. VARiABiLis nov. sp.
— Tête non brusquement arrondie mais un peu prolon-
gée derrière les yeux, avec les angles postérieurs dis-
tincts; thorax subtriangulaire, fortement rétréci en arrière,
raetanotum inerme. Tète et thorax bleus, abdomen bronzé. 38
38. Forme allongée, abdomen subpétiolé; de grandes taches
transverses de pubescence blanche, en forme de bandes
raccourcies latéralement, occupent le bord postérieur des
cinq premiers segments. Long. 11 mill. — Australie.
24. AUSTRALis nov. sp.
— Forme courte, abdomen sessile, orné de taches moins
larges de pubescence blanchâtre, formant une ligne lon-
gitudinale du sommet du second segment à celui du cin-
quième. Long. 6 mill. — Queensland. 23. .eneiventris nov. sp.
300 E. A. NU mi
MALES
Veux ;ill()ii|4t's, iicii coiivt'xes, iictlfiiicnl (''(•liîiiicrt's à
li'iir IkuiI iiiteruc. Noir, avec les second et tioisii-ine seg-
ments (le rabdoiiieii et parfois aussi tout ou |)artie tlu
premier, rouges; le troisième et le (juatritMiie segments
ornés, à leur bord a|)i(al, d'une bande de pubesceuce d'un
blanc jaunâtre, fortement interrompue au milieu. I.ong.
11-15 mill. — Oueensland Cook» André.
Yeux ronds ou en ovale court, très convexes, non éclian-
crés à leur bord interne 2
Une seule nervure récurrente reçue par la seconde
cellule cubitale. Premier segment de l'abdomen très long,
très étroit, nettement en forme de pétiole; tète et abdomen
lisses, luisants, obsolètement ponctués ; pilosité longue
et éparse, pubescence nulle. Tête, thorax, antennes, pattes
et premier segment de l'abdomen testacés, le reste de
l'abdomen brun. Long. 8-9 mill. — Nouvelle-Galles du
Sud iMBKLLis André.
Deux nervures récurrentes reçues l'une par la seconde,
l'autre par la troisième cellules cubitales. Parfois la seconde
récurrente est faiblement indiquée, mais elle est toujours
visible. Corps nettement et souvent fortement sculpté ;
pubescence toujours distincte sur telle ou telle partie du
corps, formant souvent des bandes ou des taches 3
Corps en totalité ou eu partie de couleur bleue, verte,
violette ou métallique 4
Corps noir, brun, rouge, ferrugineux, ou varié de ces
couleurs, sans aucune partie bleue, verte, violette ou
métallique 18
Corps entièrement d'un vert doré métallique ; le troisième
segment abdominal et les suivants recouverts en dessus
d'une longue villosité blanche, assez épaisse ; cuisses et
tibias bleus, funicule des antennes et tarses bruns, éperons
blancs. Long. 10 mill. — Australie . . . vmioiAURKA André.
Corps non entièrement d'un vert doré métallique. ... 5
Tète et thorax d'un cuivré doré métallique avec des
reflets verts par places ; pattes en majeure partie bleues ;
abdomen pétiole, son premier segment vert doré, le second
bleu, les suivants verts; éperons blancs. Tout le corps, sauf
les deiniers segments de l'abdomen, densément ponctué-
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILUDES DE l'aUSTRALIE 301
réticulé. Long. 7 9 inill. — Australie. 32. seaiicuprea nov. sp.
— Thorax bleu ou noir 6
6. Thorax bleu en totalité ou en partie 7
— Tête et thorax entièrement noirs ; abdomen bleu. ... 16
7 Abdomen noir ou d'un noir faiblement bronzé, au moins
à partir de son second segment inclusivement 8
— Abdomen bleu ou violet, au moins sur les deux premiers
segments 10
8. Tête et thorax bleus, les quatre pattes postérieures et le
premier segment de l'abdomen ferrugineux, le reste de
l'abdomen noir, ses trois ou quatre premiers segments et
le segment apical ciliés de poils jaunâtres; éperons pâles.
Long. 12 mill. ^ Australie, Tasmanie vivida Smith.
— Pattes entièrement noires, éperons blancs 9
9. Tête, thorax et premier segment de l'abdomen bleus, les -
autres segments d'un noir faiblement bronzé, le sommet
du second segment et les trois suivants densémeut ciliés de
longs poils jaunes. Long. 8 mill. — Queensland .
SEMICYANEA André.
— Tête, pronotum, mesonotum, scutellum et écaillettes
bleus, metanotum et abdomen noirs; premier segment
abdominal étroitement testacé à son bord postérieur, les
deuxième, troisième et quatrième segments ciliés de longs
poils blancs, les suivants ciliés de poils noirs. Long. 7-
8 mill. — Queensland 30. umbrosa nov. sp.
10. Tête d'une belle couleur d'or vert, thorax et premier
segment de l'abdomen bleus, les suivants d'un violet
pourpré. Le second et le troisième segments sont ciliés, à
leur bord apical, de poils blancs, serrés, formant des
bandes étroites, mais distinctes. Pattes violacées, tarses et
éperons noirs. Long. 8-13 mill. — Queensland.
31. viRiDicEPS André.
— Tête bleue comme le thorax, rarement avec un faible
reflet verdàtre; éperons blancs 11
11. Trochanters postérieurs munis, à leur extrémité infé-
rieure, d'une forte dent aiguë. Corps d'un bleu foncé, avec
la partie antérieure du premier segment abdominal rou-
geâtre; sommet du second segment, ainsi que les segments
trois à cinq ornés de bandes de longs poils jaunes. Pattes
d'un brun noir. Long. 9 mill. — Queensland.
27. DENTiPES André.
302
E. ANDRE
— TiocliantiMs poslciiciirs iiiennes 12
12. SecoDd sepmeiil dr rjilxloim'ii vi les suivants d'un l»e;iii
violet pour|)ré; trie, lliorax, pieinicr sefjjmoiit altdoiiiinal
et pattes bleus, tarses bruns; boni postérieur des deux
premiers segnieuts abdominaux, ainsi que le segment
apical. ciliés de i)ubescenee blanche. Long. 10-12 mill. —
Queensland ignita Smith.
— Abdomen entièrement bleu, ou l)leu et noir 13
13. Abdomen entièrement bleu 14
— Les deux premiers segments de l'abdomen seuls bleus,
les autres noirs. Tète et thorax bleus, parfois lavés de
verdàtre, le premier segment bordé de testacé en arrière;
pattes bleues, tarses noirs; second, troisième et septième
segments abdominaux assez éparsement ciliés de longs
poils blancs. Long. 8-11 mill. — Queensland.
29. GYANESCENS UOV. Sp.
14. Tète fortement arrondie derrière les yeux, avec les angles
postérieurs nuls; thorax également très arrondi en avant,
avec les épaules non marquées; abdomen subpétiolé; pre-
mier segment allongé et nodiforme. Corps d'un bleu ver-
dàtre sombre, passant au noirâtre sur le metanotum et les
pattes.Tous les segments abdominaux éparsement ciliés de
longs poils blancs entremêlés de poils bruns. Long. 7 mill.
— Queensland aeruginosa Smith.
— Tète peu arquée en arrière, plus ou moins prolongée
derrière les yeux, avec les angles postérieurs bien distincts
quoique très arrondis. Thorax presque rectiligne à son
bord antérieur, avec les angles huméraux bien marqués. 15
15. Tète prolongée derrière les yeux d'une longueur égale
ou supérieure au grand diamètre de l'œil ; pronotum arqué
et non anguleux à son bord postérieur ; abdomen subpé-
tiolé, premier segment assez allongé et nodiforme en
arrière; tous les segments éparsement ciliés de poils blan-
châtres ; corps entièrement d'un bleu foncé, assez faible-
ment sculpté. Long. 10 mill. — Queensland, Tasmanie.
28. ELEGANs Westwood.
— Tète à peine prolongée derrière les yeux qui atteignent
presque les angles postérieurs ; pronotum échancré en
angle obtus eu arrière ; abdomen sessile, avec le premier
segment court et non nodiforme ; tète et thorax d'un bleu
azuré, plus ou moins lavé de vert, abdomen d'un beau bleu,
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE LAUSTKALIE 303
parfois un peu violacé ; tout le corps plus fortement
sculpté. Long. 8-10 mill. — Queensland .... mira André.
16. Bord antérieur du prothorax rectiligne, avec les angles
saillants et prolongés extérieurement en une dent bien
accentuée. Abdomen subpétiolé, second segment ventral
marqué, vers son tiers postérieur, d'une forte impression
transverse ; pattes annelées de pubescence blanche et
noire, éperons noirs ; front et souvent aussi le vertex densé-
menl revêtus de pubescence blanche ; côtés des second et
troisième segments abdominaux el dessus du septième
ciliés de poils blancs. Long. 10-13 mill. — Queensland.
RUGicoLLis Westwood.
— Bord antérieur du prothorax plus ou moins arqué, ses
angles arrondis et non dentiformes. Abdomen sessile ou
subsessile ; second segment ventral sans impression trans-
verse ; pattes non annelées de blanc et de noir; front et
vertex sans dense pubescence blanche 17
17. Eperons uoirs ; les trois derniers segments de l'abdomen
densément ciliés de poils blancs ; les deuxième, troisième
et quatrième avec des poils noirs. Long. 10 mill. —
Queensland 33. albocaudata nov. sp.
— Eperons blancs ; second et troisième segments de
l'abdomen densément ciliés de poils blancs à leur bord
apical, les suivants éparsement ciliés de poils blancs et de
poils noirs mélangés. Long. 7-11 mill. — Queensland.
34. SENiLis, nov. sp.
18. Abdomen orné d'une série longitudinale de six taches de
pubescence blanche ou jaunâtre, dont nue sur le disque du
second segment, une autre à son bord apical et les quatre
dernières au milieu du bord postérieur des quatre seg-
ments suivants; le second segment porte en outre une
autre tache semblable de chaque côté de son bord apical.
Front el vertex densément revêtus de pubescence jaunâtre.
Corps entièrement noir ainsi que les éperons; abdomen
sessile. Long. 15-16 mill. — Queensland. . auriceps, Smith.
— Abdomen sans série longitudinale de taches paies sur sa
ligne médiane 19
19. Bord antérieur du prothorax rectiligne, avec les angles
saillants et prolongés en dehors en une dent bien accen-
tuée; front densément garni de poils blancs; éperons noirs 20
— Bord antérieur du prothorax plus ou moins arqué, ses
304 K. ANDHK
niijj;l('S ;iii()ii(lis et iioii (Iciilifdiincs 21
20. Corps iioif. ;ili(l()iiKMi suhpëliolé, second s('<;tiioiil ventral
marqué, vers son lici's |)osl(''rienr, d'uno forte ini|»r(>ssion
Iransverse ; pattes annelées de |)nbescence l)lanclie et
noire ; eûtes des second et troisiiMue segments abrlominaux
et dessusdn seplit'meeiliésde poils hianes. f.ong. 10-1.3 mill.
Uueensland. luciicoi.Lis Weslw., var. obscuiuvknteus André.
— Corps noir, sauf l'abdomen qui est d'un rouge marron
plus ou moins foncé ; abdomen sessile ou subsessile, se
cond segment ventral marqué d'une impression trausverse
plus ou moins oi)solète; pattes non annelées de noir et de
blanc; bord apical du premier segment abdominal, celui
du second seulement sur les côtés, et le bord postérieur du
cinquième segment et des suivants, ciliés de poils blancs.
Long. 9-15 mill. — Queensland . . . castaneiventius André.
21. Les pattes ou les antennes ferrugineuses ou testacées. . 22
— Pattes et antennes entièrement noires; corps noir . . . 23
22. Antennes testacées; corps entièrement noir, ainsi que
les pattes et les éperons ; abdomen subsessile, quatrième à
septième segments éparsement ci liés de poils blancs, second
segment ventral avec une forte impression transverse.
Long. 14-18 mill. — Queensland, Nouvelle-Galles du Sud.
RUFiGOHNis Fabricius.
— Métathorax, scape, premier arti(;le du funicule, pattes,
écaillettes et premier segment de l'abdomen d'un ferrugi-
neux clair, éperons blanchâtres, le reste du corps noir;
second, troisième et septième segments de l'abdomen ciliés
de poils blancs ou jaunâtres. Second segment ventral sans
impression transverse. Long. 9 mill. — Queensland.
FRAGiLis Smith.
23. Bord apical du second segment et la totalité des seg-
ments trois à six de l'abdomen densément revêtus d'une
longue pubescence d'un jaune d'or; éperons bruns. Long.
7-10 mill. — Queensland 26. aurovestita André.
— Abdomen avec des bandes ou des franges de pubescence
blanche ou cendrée, ou simplement cilié de poils blancs,
parfois très épars 24
24. Eperons noirs 25
— Eperons blancs 27
2o. Lobes latéraux du scutellum prolongés en arrière en
saillie dentiforme; premier segment abdominal large, plus
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 305
large en arrière que long sur sa ligne médiane. ..... 26
— Lobes latéraux du scutellum non prolongés en saillie
denliforme; premier segment abdominal étroit, pas plus
large en arrière que long sur sa ligne médiane, second et
troisième segments densémeut ciliés de poils blancs à
leur bord apical; les suivants éparsemeut ciliés de poils
blancs et de poils noirs mélangés. Long. 7-11 mill. —
Queensland . . 34. senilis nov. sp. var. calgarina nov. var.
26. Premier et second segments de l'abdomen ornés, à leur
marge apicale, d'une bordure étroite, mais bien dessinée,
de pubescence blanche. Long. 7-12 mill. — Queensland,
Australie occidentale 7 morosa Westwood.
— Abdomen beaucoup plus éparsement cilié de poils blan-
châtres au bord apical des premier, cinquième et sixième
segments. Long. 12 mill. — Queensland. . . egena André.
27. Premier et second segments de l'abdomen ornés, à leur
marge apicale, d'une bordure étroite, mais nettement des-
sinée, de pubescence blanche. Long. 7-12 mill. — Queens-
land. ... 7. MOROSA Westw., var. albocalcarata nov. var.
— Premier segment abdominal sans bordure nettement
dessinée de pubescence blanche à son bord apical. ... 28
28. Abdomen subpétiolé, sou premier segment nodiforme,
sensiblement contracté à son articulation postérieure. . . 29
— Abdomen sessile ou subsessile, premier segment non
nodiforme ni contracté en arrière 30
29. Premier segment de l'abdomen nettement et assez lon-
guement pétiole en avant; bord postérieur du pronotum
échancré en arc ou à peine anguleux; bord apical des
second et troisième segments de l'abdomen assez densé-
ment cilié de poils blanchâtres. Long. 10 mill. — Queens-
land MISERA André.
— Premier segment de l'abdomen non ou à peine pétiole
en avant; bord postérieur du pronotum échancré à angle
vif ; bord apical de tous les segments abdominaux très
éparsement cilié de poils blancs. Long. 6-8 mill. —
Queensland 35. minuscula André.
30. Pronotum et mesonotum densément ponctués-réticules ;
second et troisième segments de l'abdomen densément ciliés
de poils blancs à leur bord apical, les suivants éparsement
ciliés de poils blancs et de poils noirs mélangés. Long. 7-11
mill.— Queensland. 34. SENiLisnov.sp.,var. transienshov. var.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 20
:\{M\ K. ANMHK
— l'iunuluiM el iiiesoiioluiii luisants, liés cpai-SL'iniMil ponc-
tués ; abdomen avec le bord apical de ses segments à peine
cilié de quelques poils blancs. Long. 5,5-5 mill. — Queens-
land 36. exigua nov. sp.
Aux espèces comprises dans le tableau précédent il faut ajouter
les suivantes qui ne me sont pas connues en nature et dont je donne
le catalogue par ordre alphabétique :
ACicuLATA Kohi, Vcrh. zool. bot. Ges. Wien, XXXII, 1882, p. 477,
9. — Australie.
AFFiNis Weswood, Arcana ent. II, 1843, p. 18, 9. — Australie.
ALBOLiNEATA Suiilh, Dcscr. Dew spec. Hym. Coll. Brit Mus., 1879,
p. 205, 9. — Champion Bay.
APicALis Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 23, cf. — Nou-
velle-Galles du Sud.
AUROPiLOSA Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus., 1879,
p. 204, 9 — Champion Bay.
BiPARTiTA Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus., 1879,
p. 205, 9. — Chatnpion Bay.
BLANDA Erichson, Arch. Naturg. VIII, 1842, p. 262, 9. —Tas-
manie.
CARBONARiA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. 111, 1855, p. 30, cT. —
Tasmanie.
coNCiNNA Wesvi^ood, Arcana ent. n, 1843, p. 19, Ç, — Tasmanie.
coRDATA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 28, 9. —
Australie.
DEPRKSSA Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus. 1879,
p. 203 9. —Champion Bay.
DisTiNGUENDA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 25, 9 —
Australie occidentale.
Elderi Froggat, Trans. Roy. Soc. South Austral. XVI, 1893, p. 70.
Australie.
FORMiCARiA(l)Fabricius, Syst. entom. 1775, p.397, 9-— Australie.
(1) Il est singulier que cette espèce, encore litigieuse, mais cinq fois décrite par
Fabricius dans la série de ses ouvrages, puis par Olivier dans l'Encyclopédie
méthodique, ait été complètement passée sous silence par le D' von Délia Torre
dans son grand Catalogue universel des Hyménoptères. Il ne semble pas moins
étonnant que cette même espèce exclusivement australienne, décrite et figurée par
Westvvood dans les Arcana enLoiiiologica, nil élé. dans le susdit Catalogue, réunie
CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES MUTILLIDES DE l'aUSTRALIE 307
iNSTABiLis Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 27, 9. —
Australie.
jucuNDA Smith, Descr. new spec. Hym, Coll. Brit. Mus. 1879,
p. 203, 9. — Adélaïde.
LAGiNiA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. lil, 1855, p. 25, d^. — Aus-
tralie.
LATERALis Westwood, Arcana, eut. II, 1843, p. 18, 9 • — Tasraanie.
LUTARiA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 25, 9. — Aus-
tralie.
MACULATA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 28, 9. — Aus-
tralie.
MODESTA Smith^ Cat. Hyui. Brit. Mus. III, 1855, p. 29, 9. — Aus-
tralie.
NEPHELOPTERA Kohl, Vedi. zool. bot. Ges. Wien, XXXII, 1882,
p. 485 cf. — Australie.
NiGROAENEA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 24, 9.— Aus-
tralie.
xiTiDissiMA Dalla Torre, Catal. Hym. hucusque descr. VIII, 1897,
p. 6(), 9 (= nitida Sinith. Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus.
1879, p. 205, 9 [nec Cresson]). — Champion Bay.
NOTABiLis Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus. 1879,
p. 204, 9. — Tasmanie.
PACiFicATRix Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus. 1879,
p. 204, 9.— Champion Bay.
PALLiDicoRNis Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus., 1879,
p. 202, 9. — Nouvelle-Galles du Sud.
PERPLEXA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 26, 9. - Aus-
tralie.
QUADRATA Smith, Cat. Hym. Brit. Mus. III, 1855, p. 29, 9. — Aus-
tralie.
QUADRiGEPs Smith, Descr. new spec. Hym. Coll. Brit. Mus., 1879,
p. 206, 9. —Adélaïde.
comme synonyme à la Methoca ichnewmonides Latr. d'Europe, avec laquelle elle
n'a pas la plus légère analogie.
Loin de moi la pensée de vouloir diminuer en rien, par cette critique de détail, le
mérite du colossal et consciencieux ouvrage de M. le D' von Délia Torre, qui a droit
à la juste reconnaissance de tous les Hyménoptérologistes pour les services que
leur rend j jurnellemeut son grand Catalogue, mais il est bon, je crois, de signaler
à l'occasion les lacunes ou les erreurs dont l'œuvre la plus parfaite ne peut jamais
être exemple, surtout quand elle embrasse un sujet aussi vaste et encore aussi peu
connu.
.108 K. ANDHK. — Miril.l.lDKS 1)1. l'aISTKAIJE
HoiJLSTA Smilli, Cal. llyiii. IJrit. .Mus. lll, 185.», p. 24, cf. — Ans
Iralie.
lUBKi.LA Siiiilh, Cal. Hym. Hril. Mus. III, IS;).";. |». 20, 9. — Ans-
Iralie.
SCABROSA Sinilh, I)es(;r. uew spcc ilym. Coll. Hril. Mus., IS71),
p. 202, 9- — Auslralie occidentale.
scRUTATA Smilli, Descr. uew spec. Hym. Coll. Hrit. Mus., 1870,
p. 206, 9. — Melbourne.
SOLUTA Ericlison, Arch. Naturg. VIH, 1841, p. 201, 9. — Tasmanie.
STRiGOSA Smilli, Cal. Hym. Hril. Mus. IH, IS.kI, p. 27, 9- — Aus-
lralie.
VENUSTA Smilli, (^at. Hym. Mril. Mus. III, 1855, p. 26, 9. — Aus-
lralie.
viRiDATis Smith, Cal. Hym. Brit. Mus. III, 18oa. p. 2o, d^. — Aus-
lralie.
309
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPHEUS Fabr.,
APPARTENANT A LA SECTION
DONT L'ALPHEUS ED W A RDS I Aud.. EST LE REPRÉSENTANT,
LE D^ J.-G. DE MAN,
à lerseke (Hollande).
(Planche IV).
VAlpheus Edwardsi Aud. est le représentant d'une section de ce
genre qui est caractérisée parles voûtes orbitaires ayant leur bord
antérieur arrondi et sans épine, par la grosse main présentant une
échancrure aussi bini sur le bord supérieur que sur le bord inférieur
de la paume et par les méropodites des pattes de la troisième et de la
quatrième paire n'étant pas armés en dessous d'une épine préapicale.
Dans mon travail sur les Crustacés recueillis par M. Brock deu.x
espèces indopacifiques seules ont été indiquées comme appartenant
à cette section, savoir VAlpheus Edwardsi Aud. et VA. japonicus
Miers ( I ). Depuis ce temps-là deux espèces nouvelles ont été décrites
par Orlmann, une par Coulière et deux par moi-môme, qui toutes
appartiennent à cette section, c'est-à-dire VA. mncrodactylus Ortm.,
r.4. dolichodactylus Ortm., VA. hoplocheles Coût., VA. Euphrosyne
de M. et VA. microrliynchus de M., tandis que M. Coutière vient de
démontrer en outre que l'.4. lobidens de H. et r.4. strcnuus Dana
sout de bonnes espèces différentes de 1*4. Edwardsi Aud. (2). VA.
gracilidigiius Miers, (|ui provient des îles Fiji, de l'île Totoya et des
îles Sandwich, paraît appartenir également à cette section; malheu-
reusement Miers ne caractérise cette espèce qu'en quelques mots, de
sorte quesadiaguose est insuffisante, mais malgré cela il me paraît
prob;ible que VA. gracilidigitus est ideutique avec r.4. dolichodac-
tylus Ortmaun (3).
Une question reste douteuse, à savoir si VA. Lineifer Miers des
îles Samoa appartient à cette section, parce que l'auteur anglais
(1) Miers, Àrchiv fiir Naturgesckichte, Jahrg. 53, 1888, p. 498.
(2) Coutière, Noies froin tlie Leyden Muséum, XIX, 1897, p. 199.
Çi) Voir de Man, dans: M.ix VVehrr, Zoolog. Ergebnisse eiiier Reise in Niederl.
Ost-lndien, 2, 1892, p. 40(5, PI. XXV, lig. 32 (pelile main du mâle).
310 j.-o, m, MAN
jirésmne querelle espèce ne sernit en r<'';ililé (|iriiii iiidividti jeune
(le l'A. parnrostris Dau;i, chez lequel les in«''n)|K)(liles des pâlies de
la troisième et de la «luatrième paire sonl armés d'une épine (1).
Une nouvelle étude des espèces de celle section (jui ont été
décrites \y,\\ de llaan. Dana et lleller, me fait dcjuter maintenant si
l'on a le droit de les regarder tontes comme des synonymes de l'A.
Ed ir ardsi Aud., comme l'a fait Miers dans l'ouvrage cité (p. 28i),
opinion partagée j)lus tard par d'autres auteurs et par moi-même.
11 est à présent hors de doute que chez qu(!l(|ues espèces de cette
section le âoiqt mobile de la petite nidin présente une autre forme chez
le inàle et chez la feitielle. Savigny déjà pai-ait avoir observé cette
différence sexuelle : en effet la figure /"de sa planche 10 représente
la petite pince du nulle de l'espèce figurée par lui. En 186y, Heller
indique ce caractère dans la description de son A. crassimanus des
îles Nicobares, en 1881 je le soupçonnais moi-même pour l'A.
Kduardsi (2), et enfin en 1884 Miers le décrit positivement pour
cette espèce (3). Chez le mâle de ces Alphées on observe de chaque
côté du doigt une arête oblique garnie de poils serrés, dirigés en
bas ; les deux arêtes se rencontrent sur le bord supérieur du pouce,
à quelque distance de l'extrémité, et constituent une pièce lancéolée
ou ovalaire, qui couvre la plus grande partie du doigt. Ces espèces
sont VA. Edwardai Aud., l'A. lohidens de H., 1'^. Euphrosyne de M.
et VA. microrhynchus de M. Chez VA. macrodnctylus Ortm., espèce
observée à Sydney et à Hué, le doigt mobile de la petite pince
n'offre pas cette différence sexuelle, le doigt a la même forme chez
le mâle et chez la femelle et il est dépourvu des deux arêtes piiifères :
chez 1'^. strenuus Dana au contraire la petite pince a également la
même forme chez les deux sexes, mais ici les deux arêtes piiifères
garnissent le doigt mobile tant du mâle que de la femelle (4). Pour
les autres espèces, il n'y a rien de certain.
Quant à VA. bis-iîicisusôe Haan, je veux remarquer que le rostre,
d'après l'auteur de la « Fauna Japonica », serait aplati en dessus
(rostrum acutum planum, trigonum, basi oculos tangens), ce que l'on
n'observe pas chez l'.l. Edwardsi Audouin. Le doigt mobile de la
grosse pince paraît avoir eu outre une forme différente. Je consi-
(1) Miers, Report on the Zoological Collections made in llie Indo Pacific Océan
during tfte Voyage of H. M. S. « Alert », London, 1884, p. 287.
(2) De Man, Noies from Uie Leyden Muséum, 1881, p. 106.
(3) Miers, /. c, p. 285.
(4) COUTIÉRE, /. C, p. 199.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPHFJS FABR. 311
dère VA. minor de Haan comme une espèce différente de VA.
Edicardsi Audouin (1).
Va. lerUiscidas Dana de l'île de Wakes, située dans la mer
Pacifique septentrionale, est, à ce qu'il me semble, une autre
espèce que celle figurée par Savigny. La grande main et en parti-
culier le pouce, ont une autre forme, le rostre est plus court et les
antennes internes paraissent un peu plus larges en proportion de
leur longueur.
Va. paci/icus Dana des îles Sandwich diffère sans doute égale-
ment. Le rostre est plus court, les pédoncules des antennes externes
dépassent les scaphocérites ; le deuxième article des antennes
internes est plus long par rapport au premier et les doigts de la
grande main ont une forme différente, de même que la petite
pince.
VA. crassiinanus Heller (1865) des îles Nicobares doit être consi-
déré probablement comme une variété de VA. Edwardsi Audouin,
quoique la forme du rostre semble différer légèrement (2). La por-
tion interoculaire du rostre paraît plus comprimée, mais j'ai indiqué
déjà (3) que le rostre est plus distinctement caréné chez les vieux
individus que chez les jeunes.
Quoique je ne désire pas parler maintenant des espèces améri-
caines de cette section, je veux seulement ajouter que l'espèce qui
habite les côtes des îles du Cap-Vert et que Dana et Spence Bâte
ont décrite et figurée sous le nom d'.4. Edicardsi, est, selon moi,
différente de celle qui a été figurée par Savigny. La grande main a
une forme un peu différente, les doigts sont notablement plus courts,
seulement moitié aussi longs que la portion palmaire et la forme de
la petite pince est également différente (4).
A ce qu'il me semble, celte section du genre comprend par consé-
quent les espèces suivantes de la Région indopacifique :
1° Alpheus Edwardsi Audouin.
2° )) lohidens de Haan. — Japon, océan Pacifique, océan
Indien, mer Rouge.
3® » strenuus Dana. — Région indopacifique.
4° » minor de Haan (= Haanii Ortm.). — Japon.
(1) De Man, Zoolng. Jahrbucher von Spcngel, Ablh. fur System., IX, 1897,
p. 751, pi. XXXVI, fig. Uf).
(•1) De Man, The Journal of the Linnean Soc. of London, XXIF, 1888, p. 267.
(3) Id., l. c, p. 268.
(4) Dana, p. 542, pi. XXXIV, fig. 2. — Spenck Bâte, Report on the Macrura of
the Challenger Expédition, 1888, p. 542, pi. XCVII, fig. 1.
/"
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9°
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»
3i2 J-fî- HK MAN
;»" Alplieiis pacilicus Dana. — Iles Saiidwii'li.
Il" )) jiiponicHS Miers {= tungimanus Sp. M.). — .lapou.
(/rarili(litjilns MitM-s. — lies Fiji, îles Sandwich.
macrudacti/lus Urtiuann. — Sydney, Hué.
microrhynclius de Man. — Ponlianak, Banjjjkok.
Eiiphrostjni' de Man. — .Mer de Java, liaugkok.
Les deux espèces suivantes sont encore douteuses :
Alpheus bis-incisuf! de Haan. — Japon.
» b'i'iuscitlus Dana. — Iles de Wakes.
L' Alpheus (loHchodactiflus Ortmann du Japon est petil-AIre iden-
tique avec r.l. gracilidigitus el VA. liiieifcr Miers a|)partient peut-
être à la section de VA. parvirostris Dana.
Il en résulte qu'une revision des espèces de cette section est
désirable, mais dans ce cas une étude des exemplaires typiques
existant encore et d'un grand nombre d'individus provenant de
parties différentes de la Région indopacifique me semble absolu-
ment nécessaire. J'espère bient(M donner une description nouvelle
de VA. lohidens de Haan et de VA. strenuns Dana.
Alpheus Edwardsi Audouiu.
(Planche IV, fig. 1).
Alpheus Edwardsi Audouin {E.rplic. sommaire des planches de Crus-
tacés de l'Egypte et de la Syrie, publiées par J. C. Savigny, p. 274,
pl. X, fig. 1).
Alpheus Edwardsi de Man (\otes from the Leyden Muséum, III,
1881 , p. 105. — The Journal ofthe Linnean Society of l.ondon, Zoology,
t. XXII. Loudon, 1888, p. 266. — Archiv fiir Naturgeschichte,Ji\hrg.
53. Berlin, 1888, p. 516. — ZoologischeJahrhilcher von Spengel, Abth.
fur System. T. IX. Jena, 1897, p. 745, pl. 36, fig. 64, e).
Alpheus Edwardsi Miers {Report on the Zoological Collections made
in the Indo-Pacific Océan during the Voyage of H. M. S. Alert, Lon-
don, 1884, p. 284).
Il résulte suffisamment de ce que j'ai dit ci dessus, qu'une descrip-
tion nouvelle de V Alpheus Edwardsi n'est pas superflue, c'est
pourquoi je vais l'écrire d'après quelques individus de ma propre
collection; ces individus proviennent des îles Mergui et faisaient
partie de la collection décrite par moi en 1888. Ces quatre exem-
plaires sont d'abord un mâle mesurant 33'"i" de l'extrémité du
rostre jusqu'au bout du telson, une femelle portant des œufs et
longue de 37™™, un mâle de 23™™ et une femelle longue de 25™™.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPIIEUS FARR. 313
Cette espèce atteint cependant une taille plus considérable : en effet
j'ai fait connaître, dans deux mémoires indiqués ci-dessus, un
exemplaire recueilli aux îles Mergui et qui mesurait 38™"» et un
autre provenant d'Atjeh, long de GS""™, j^es individus figurés par
Savigny étaient de taille moyenne, ce qui résulte de la fig. 1, 1' ;
des individus mesuraut 60 65™™ sont évidemment rares.
L'Alpheus Eduardsi appartient à ces espèces chez lesquelles le
doigt mobile de la petite pince présente une autre forme chez le
mâle et chez la femelle; celui du mâle ressemble pour cette raison
kVAlpheus strenuus î)?iiVc\, mais la petite pince paraît un peu plus
haute chez l'espèce décrite par le savant américain.
Dans le dernier de mes mémoires cités (1), la figure 64 p de la
Planche XXXVI a été empruntée à la femelle longue de 37™™. Le
rostre pointu dépasse un peu le milieu du i^'" article des anteuues
internes et se continue en forme de crête obtuse jusqu'en arrière
des yeux, s'élargissant légèrement. La portion interoculaire est
séparée par des sillons assez profonds des voûtes orbitaires. Chez
les trois autres individus la portion interoculaire du rostre est
moins distinctement carénée, plus arrondie ; j'ai déjà démontré
auparavant que cela dépend de l'âge (2). Les voûtes orbitaires qui
sont arrondies et inermes, dépassent notablement les parties laté-
rales du bord antérieur de la carapace, plus que chez VA. micro-
rhynclms, et leurs bords latéraux sont à peu près parallèles.
Le telson de la femelle longue de 37™™ est presque deux fois
aussi long que large à la base ; la surface est transversalement
arrondie et lisse. Les deux spinules antérieurs sont placés un peu
en avant du milieu et les spinules postérieurs sont un peu plus
rapprochés que les premiers. Le telson des jeunes individus est un
peu plus court en proportion de sa largeur. L'article basilaire des
uropodes est armé en dessus de deux épines pointues, dirigées en
arrière.
Le 2™e article des antennes internes est, chez tous les individus,
d'un tiers plus long que le premier, tandis que le 3™^ article est
moitié aussi long que le second. Chez l'.l. strenuus Dana, le 2™^
article est deux fois aussi long ([ue le premier (3). L'épine basilaire
atteint l'extrémité du l^^' article. L'article basilaire des antennes
externes est armé d'une très petite épine, longue de 1/4 ou 1/3™™ :
elle est placée sur le bord antérieur de la face inférieure, et n'est pas
(1) De Man, Zoologische .Jalirhiicher.
(2) De Man, The Journal ofthe Linnean Soc, XXII, '1888, p. 268.
(3) Dana, pi. XXXIV, tlg. 4a.
314 .1. (1. hK MAN
visilili' (I Vil haiil. Che/. la femelle loiii^ue de .'{7""", le pédcmeiiie est
aussi ioiii; que celui des auleiines internes, chez les aulres individus
il le (h'passe léijft'reinenl. Le Ixtrd externe des seaplioeérilxis est
concave au milieu et se lennine par une épine pointue (/ut dépasse
leur l'.iiirmité. La largeur des scaphocériles à leur base ne mesure
que deux cin(|iiiômes on nn tiers de leur lon;;uenr; ils se rétré-
cissent assez fortement V(^rs leur extiémité. de façon que ces
appendices présentent une autre forme <|ue chez VA. Eiiphrosyrie,
\'A. wicrorinfnchus et l'.l. macrodactijlus.
Chez la femelle de .'17'"™, les ()attesniàchoires externes s'étendent
jusqu'au milieu du .*{i">^ article des antennes internes, chez les
auti-es exemplaires elles dépassent légèrement le bout de leur
pédoncule.
La grosse patte se trouve tantôt au coté droit, tantôt gauche.
Le bord interne du bras porte iine petite épine a pi cale ; le bras
de l'autre patte est éijalentent armé d'une petite épine près de
l'extrémité de son bord interne, mais celle-ci est plus petite et
parfois même rudimentaire. Le bord supérieur aigu est inerme au
bout. La grande main est moitié aussi longue que le corps et a la
même forme chez le mâle et chez la femelle (Fig. 1). La largeur de
la main, c'est-à-dire de la paume, n'est que peu plus grande qu'un
tiers de sa longueur; ainsi la grande main du mâle de 33"i"i est longue
de IH'""" et large de 6^^3/4 ; celle de la femelle de 37nim^ longue
de 17'nm et large de 6m"'l/2; la grande main du jeune individu
mâle est longue de IS™"» et large de 5"™, tandis qu'elle est large
de 4'»"n3/4 et longue de i^mmi/^ chez la jeune femelle. La grande
main de l'A. strennus (1) paraît un peu plus courte par rapport
à sa largeur. Chez le mâle long de 33™"^, les doigts mesurent
deux cinquièmes de la longueur de la pince, de même que chez la
jeune femelle; chez la femelle longue de 31^^, les doigts ne sont
guère plus courts que la paume, la proportion étant la même que
sur la ligure de Savigny (lig. 1). Le bord supérieur de la paume
est arrondi et présente une échaucriire près de l'articulation du
doigt mobile ; il se termine, au-dessus de cette échancrure, en
forme de dent plus ou moins aiguë. On observe au bord inférieur
une incision plus ou moins triangulaire et le bord se termine, en
arrière de cette incision, aussi par une dent plus ou moins aiguë.
L'échancrure du bord supérieur conduit, tant sur la face externe
que sur la face interne de la maiu, dans une cavité peu profonde;
celle de la face externe est quadrangulaire et occupe à peu près le
(1) Dana, pi. XXXIV, fig. i b.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALI'HFMS FABR. 315
tiers supérieur de la portion palmaire, étant bordée en arrière par
la ligne ovalaire. La cavité interne est de forme plus triangulaire et
s'étend moins loin en bas. On nobserve pas, sur la face interne
de la paume, la crête transversale, du reste peu marquée, qui
existe chez r^. Euphrosyne et VA. microrhynchm. La face interne
de l'index, qui est un peu plus court que le doigt mobile, paraît
légèrement convexe. Le bord externe fortement courbé du pouce
est caréné et les doigts sont un peu poilus ; ils sont ensemble moins
hauts que la paume. La main est lisse aussi bien sur sa face
externe qu'interne, ce n'est que sur la face interne du doigt
mobile que l'on observe parfois quelques petites rugosités près du
bord supérieur. Ou voit par-ci par-là quelques ponctuations, dans
lesquelles les poils sont implantés.
La petite main du mâle (lig. 1 a, 1 h) est un peu plus courte que
la grande, chez l'exemplaire long de 33^™ elle mesure les deux
tiers, La lanjear {hauteur) de la portion palmaire ne mesure à peu
près qu'un cinquième de la longueur de la pince, de façon que
celle-ci paraît assez grêle. Chez VA. strenuus Dana (1) la hau-
teur est au moins un quart de la longueur. La portion palmaire
est environ aussi longue que les doigts qui sont en contact sur
toute leur longueur ; chez le mâle de 33™™ comme sur la ligure de
Saviguy, les doigts sont un peu plus courts, chez le jeune mâle, au
contraire, un peu plus longs que la paume. Ordinairement, la por-
tion palmaire ne présente d'échancrure ni sur le bord supérieur,
ni sur le bord inférieur, parfois cependant on en observe une sur
les deux bords et un tel exemplaire parait avoir été décrit et figuré
par Heller sous le nom d'.L crassimunus ; on observe cependant
toutes les transitions entre cette forme et le type, ainsi nous n'avons
affaire qu'à une variété. La ligne ovalaire sur la partie proximale
de la paume est bien distincte. La portion palmaire, qui est à peu
près cylindrique, étant presqu'aussi épaisse que haute, est lisse
partout. Parfois il existe une trace peu marquée de la cavité
quadraugulaire que l'on voit sur la face externe de la grande main
au-dessous de l'échancrure de son bord supérieur. Le doigt mobile
porte à chaque côté u)te arête oblique s'étendant de l'articulation
vers le bord supérieur; les deux arêtes qui sont garnies de poils
dirigés en bas, constituent ensemble une pièce de forme triangu-
laire allongée, plus ou moins lancéolée, qui s'étend au-dessus de
deux tiers du doigt et qui est à peu près trois fois aussi lougue que
large (Fig. 1 b). La surface lisse en est carénée, la crête obtuse
(1) Dana, pi. XXXIV, fig. 4 c.
316 .1. o. m; man
élJinl le hord sii|iéiieur du doi^t ; la partie externe de lu surface est
deux fois aussi larj^e (|iie la partie interne, parce que le bord supé-
rieur du doigt S(> dirijîe vers l'angle interne de l'articulation. Les
bords de la face préhensile du doigt immobile sont garnis de poils
et les extrémités courbées des doigts se croisent. Quel([ues poils
longs el fins sont distribués sur la face interne de la pince et sur le
bord supérieui- du pouce.
La petite main de la femelle (Fig. \ c) a la même longueur que
celle du niàle en proportion de la longueur de la grande, el comme
chez le mâle, la hauteur de la pince mesure un ciiujnièine de sa
longueur. Les doigts (|ui sont eu contact sur toute leur longueur,
sont tantôt un peu plus courts, tantôt un peu plus longs que la
portion palmaire; chez la femelle longue de 37"^'" la portion pal-
maire mesure 5'"'"3/4 et les doigts ont une longueur de 6'n"»l/2.
Chez la jeune femelle doigts et paume ont la même longueur. La
paume est cylindrique, étant presque aussi épaisse que haute, et il
n'existe d'incision ni sur le bord supérieur ni sur le bord inférieur;
elle paraît tout-à-fait lisse et Ton ne voit que de rares poils sur la
pince.
Chez les individus typiques, le 2™* article du carpopodite des
pattes de la seconde paire est moitié aussi long que le l^r ou guère
plus long, à peu près deux fois aussi long (|ue le S™*-' ou i^^ article
et une fois et demie aussi long que le 5™«. La main est presque deux
fois aussi longue que le dernier article du carpopodite et la portion
palmaire, qui est plus courte que les doigts, est un peu plus courte
que le 5^^ article du carpopodite, justement comme l'a figuré
Savigny. Une variété que l'on voit (|uelquefois, se caractérise
par le S""® article du carpopodite ayant presque la même longueur
que le l«^r (1).
Les méropodites des pattes de la 3'"« el 4'"« paire ne sont pas
armés d'une épine préapicale au bout de leur bord postérieur.
Les œufs sont petits.
L'A. iobidens de H. est l'espèce la plus voisine de l'.l. Eduanlsi,
mais d'après l'examen de la femelle d'Amboine citée parCoutière(2),
les deux pinces de la première paire paraissent un pmi moins allon-
gées, à peu près comme chez l'.l. strcnuus Dana, et présentent quel-
ques caractères différents.
D'après les auteurs cités à la tête de cette description, les prin-
cipales localités de la distribution géographique de VAlpheus
(1) De M.\N, The Journal of Ihe Linnean Soc. of London, XXII, 1888, p. 267.
(2) COUTIÈKK, /. c, p. 199.
NOTK SUR QUKLQUKS ESPÈCES DU GENRE ALPHEUS FABR. 317
Edwardsi sont les siiivautes : mer Rouge, océau Indien (Zanzibar,
îles Seychelles, îles Mergui), archipel Indien (mer de Java, Célèbes,
Amboine, Florès), îles Philippines, Japon, océan Pacifique (îles
Sandwich, Nouvelles-Hébrides, Tahiti), côtes septentrionales et
orientales de la Nouvelle Hollande.
Alpheus Euphrosyne de Man.
(Planche IV, fig. 2).
A Ip II eus Euphrosyne de Man (Zoologische Jahrbiicher von Spengel,
Abth. fiir Systematik, IX, 1897, p. 743, pi. XXXVI, fig. 64).
Un mâle de Bangkok, appartenant, comme les exemplaires des
deux espèces suivantes, décrites dans cette note, au Muséum de
Paris.
Cet exemplaire, qui est de taille moyenne, me urant à peu près
34mm depuis l'extrémité du rostre jusqu'au bout du telson, s'accorde
avec la description originale faite d'après deux individus femelles
de la mer de Java ; ainsi il ne me reste à décrire que la petite pince.
Elle se trouve au côté droit. Le bras ressemble à celui de la petite
patte de la femelle et est inerme tant au bord supérieur qu'au bord
interne de sa face inférieure. La main (fig. 2, 2a), dont la forme
ressemble à celle de l'.l. lohidens de Haau du Japon, est longue de
i2™'"l/2 et mesure ainsi à peu près un tiers de la longueur du
corps. Les doigts (7'"™ 1/4), qui sont en contact dans leur longueur
entière, sont presque une fois et demie aussi longs que la portion
palmaire (5'"'"I/4). De même que chez l'.4. lobidens et chez d'autres
espèces de cette section, une arête s'étend, de chaque côté du pouce,
depuis l'articulation vers le bord supérieur ; ces deux arêtes, qui
sont garnies de poils dirigés en bas, constituent ensemble une
pièce lancéolée (fig. 2a) qui couvre à peu près trois cinquièmes du
doigt. Cette pièce, qui est rétrécie à la base, paraît assez étroite,
quand on la regarde d'en haut, sa largeur ne mesurant qu'un tiers
de sa longueur; la face supérieure est lisse. L'extrémité pointue du
doigt est fortement courbée, de même comme l'extrémité du doigt
immobile et les pointes effilées et aiguës des doigts se croisent
comme chez la femelle. Les bords préhensiles des doigts sont tran-
chants et l'on voit de chaque côté les poils fins ordinaires ; le bord
externe et le bord interne de l'index sont garnis de poils depuis
l'articulation jusqu'au milieu. La portion palmaire est longue de
5™™l/4, haute de 2^^4/3 et épaisse de 2^^2/3 ; elle est ainsi
moitié aussi haute que longue. Le bord supérieur est échancré près de
l'articulation du pouce et le bord inférieur également, à peu près de
318 J. G. 1)K MAN
In inr-iiH' inaiiièi'c (|ut' rhv/. la i/rande |)iiice. (>uiiiiih^ chez celle-ci,
on voit tant sur lu face exlcrue que sur la face interne une cavité
peu iirofoiidc. triangulaire, situc^e au-dessous de l'échaiicrure du
bord supérieur et eu ((Uiunuuication avec elle; la cavité delà
face externe s'étend, près de l'articulation des doij^ls, juscju'au
milieu de la main, mais l'autre ne s'étend pas si loin. La face
interne de la portion i)almaire est finement <irnnnlée sur la partie
étranglée et cette line granulation s'observe également à la base
du doigt immobile tant au côté externe qu'interne, mais pour le
reste la main est lisse. Ouelques poils longs et fins sont distribués
sur la face interne des doigts et de la moitié distale de la paume;
deux ou trois poils se voient sur le bord supéro-antérieur du carpo-
podite.
La grande pince est longue de lG"i'", les doigts mesurent 7""" ; la
portion palmaire est longue de 9f"m^ baute de ^'^^[ji et épaisse
de 4'*>™. (-etle main paraît par conséquent un peu plus baute cq
proportion de sa longueur que chez la femelle adulte de la Mer de
Java, décrite auparavant.
Les articles du carpopodite des pattes de la seconde paire ont la
longueur suivante : 2™in6, i^^^l, 0^'^?^, O'^^SG et l^n™, tandis que
la pince est longue de 2"i"^; les doigts sont un peu plus longs que
la portion palmaire.
La petite main de VA. lobidena de Haan (1) présente quelque
ressemblance, mais les doigts sont un peu plus courts que la
portion palmaire ou, d'après de Haan, sont d'égale longueur
(manus minoris digitus mobilis mauus margini superiori aequalis).
Du reste cette espèce est certainement différente. Le rostre, en
effet, se continue en forme de crête obtuse entre les yeux, séparée
de ceux-ci par des espaces parallèles et le bras des deux pactes
antérieures est armé d'une épine préapicale à son bord interne.
Alpheus microrhynchus de Man.
(Planche IV, lig. .3j.
Alpheus sp. [mkrorhynehus] de Man {Zooloyische Jahrbiichcr von
J. W. Spengel, Abth. fur System. , IX,1897, p. 752, pi. XXXVI, fig. 65).
Une femelle sans œufs provenant de Bangkok. Dans le même
tube se trouve une patte antérieure détachée, c'est la petite patte
d'un mâle.
Dans le travail cité, une espèce de ce genre a été décrite par moi
(1) Oht.mann, Zoolu<jUche Jdlubikher, V, 181K), p. 474, pi. XXXVI, (ig. 13.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPHEUS FABR. 319
d'après cinq exemplaires qui avaient été recueillis à Pontianak et
dont deux étaient adultes; ces exemplaires avaient perdu leurs
pattes antérieures, mais le tube contenait deux petites pinces d'un
mâle et c'était dans l'opinion que celles-ci appartenaient à la
même espèce, que j'ai proposé le nom de microrhynchus, en cas
que cette espèce serait vraiment nouvelle.
La petite patte détachée qui se trouve dans le même tube est
égale à celle que j'ai décrite dans le mémoire cité (1). La main est
longue de 17^^1/4, la portion palmaire est longue de 9"!'» et haute
de 3™'n2/3 ; quoique cette pince soit ainsi une fois et demie aussi
longue que celle décrite auparavant, les dimensions présentent
malgré cela les mêmes proportions.
La femelle est adulte et mesure 43™°» depuis l'extrémité du ros-
tre jusqu'au bout du telson ; les deux individus adultes de Pon-
tianak avaient une longueur de 40™™ et de 38n>m. Chez ceux-ci,
l'article basilaire des antennes externes portait une très petite
épine, longue à peine de 1/4 de millim, sur le bord antérieur de sa
face inférieure; chez la femelle de Bangkok cette épine manque
complètement, le bord antérieur étant arrondi. Du reste cette
femelle se rapporte tout-à-fait conformément à la description
originale.
Les deux pattes antérieures sont présentes, je vais les décrire,
parce qu'elles faisaient défaut chez les exemplaires de Pontianak.
La grosse patte se trouve au côté gauche. Le bord supérieur du bras
est obtus et son extrémité est tronquée, inerme; le bord interne est
également inerme. Le carpopodite, qui est très petit, est arrondi en
dessus. La main (fig. 3) présente la forme et les caractères propres à
cette section du genre. Elle est longue de 23™™l/2, la portion
palmaire est longue de Vi^^V/i, haute de 9™™ et épaisse à peu près
de 6™i°. Il résulte de ces dimensions que la pince est environ moitié
aussi longue que le corps, qu'elle est deux fois et demie aussi longue
que haute et que la paume est d'un tiers plus longue que les doigts;
ceux-ci sont un peu moins élevés que celle-là. Le bord supérieur
arrondi présente, près de l'articulation du pouce, une échancrure
lisse, mais ne se termine pas au-dessus de celle-ci par une dent ou épine
que l'on observe chez VAlpheus Edicardsi Aud. et chez d'autres
espèces.
La cavité quadrangulaire sur la face externe de la main s'étend
un peu plus loin que le tiers supérieur de la paume. Le bord infé-
rieur de la pince présente au milieu une échancrure triangulaire,
(I) De Man, L c, fig. 65 a, 65 ft.
320 J.-<i- l'K MAN
scniblalilc ;i ft'llc inic Inii \(»il clu'/. 1' I jntafinia (I). I.e hord
iiift'ilciir (h' i;i icniiiic est lioiiquc t'i son cxlréiiiHé dislah;, la face
l'xleruc (U' l'iiulox a le bord inférieur arrondi et léi^èremeiit arqué
el ce bord forme un anj^de aigu avec l'exInMiiité lronqu«'e tie la
portion palmaire. La lij,Mie ovalain^ est Itien ujaniuée. La cavité peu
profonde sur la face interne de la main s'étend un [leu moins
loin en bas que l'autre. On observe, à peu près au milieu de
la face interne de la paume, une crête surnuméraire peu sail-
lante, obtuse et arrondie, qui s'étend de la cavité décrite vers le
bord inférieur ; cette crête est du reste peu marquée. La face
interne du doigt immobile est aplatie. Le l)ord externe du pouce est
fortement courbé semi-circulaire, et les extrémités des doigts sont
assez aiguës ; de petits pinceaux de poils sont implantés auprès et
le long du bord semi circulaire du pouce. L'extrémité de l'index,
sur laquelle on observe également quelques petits pinceaux de
poils, porte sur sa face interne une crête assez aiguë, à cbaque côté
de laquelle le doigt est excavé. La main est partout parfaitement
lisse, polie et glabre, les ponctuations inènie manquent presque totale-
ment ; je n'en observe que quelques-unes fort rares sur le bord supé-
rieur de la paume et sur le bord inférieur de l'index. La granula-
tion fine que l'on remarque sur la grande pince de VAlpIunis Euphro-
syne de la mer de Java, manque absolument.
Le bras de la petite patte, droite, est également inerwe (Fig. 3«).
La main ressemble à celle de VA. Edu-ardsi, mais elle est un peu
plus allongée; elle est longue de il""^l/2, la portion palmaire est
longue de Qn^'", haute de 3'"™l/4. Celle-ci a ainsi environ la même
longueur que les doigts et est trois (ois aussi longue que haute; la
portion palmaire est cylindrique, presque aussi épaisse que haute.
Elle est lisse, à l'exception de quelques rares ponctuations du bord
supérieur et une échancrure 'n'existe ni sur celui-ci ni sur le hord
inférieur. Les doigts grêles sont en contact dans toute leur lon-
gueur, le bord supérieur arrondi du doigt mobile porte quelques
rugosités très fines et auprès des bords internes se voient les petits
poils ordinaires. UAlpheus microrhynchus appartient par conséquent
à ces espèces chez lesquelles la petite main du mâle diffère de celle de
la femelle, comme nous l'avons vu chez r.4. AW/rar^^si Aud. etl'^.
Euphrosyne de M.
Les cinq articles du carpopodite des pattes de la seconde paire se
rapportent, (juant à leur longueur relative, comme chez les indivi-
dus de Pontianak, décrits auparavant. Chez la patte droite, ces
(I) Dana, pi. XXXIV, fig. '6d.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPHEUS FABR. 321
articles sont longs : 4mm3, Imm^^ OmmS^ 0^1^72 et l"im04, tandis que
la pince a une longueur de lmm78 ; chez la patte gauche ces chiffres
sont dans le même ordre : 4mni, lmm5^ 0°im8, 0mm72, Immi et lmm74.
Les autres pattes et la nageoire caudale s'accordent avec ma
description citée.
L'exemplaire porte un Bopyrus au côté droit de la carapace.
M. Coutière, du Muséum de Paris, qui a bien voulu me confier la
description de ces Alphées, m'écrit qu'une autre femelle de la
même espèce porte des œufs très gros et peu nombreux.
L'Àlijheus microrhynchus est par conséquent une bonne espèce,
observée jusqu'à présent à Pontianak et à Bangkok.
Alpheus magrodagtylus Ortmann.
(Planche IV, fig. 4).
Alpheus macrodactykis Ortmann {Zoologische Jahrh. von J. W.
Spengel, Abth. fiirSystem. V,1890, p. 473, pi. XXXVI, fig. 10, 10 1.).
Un mâle adulte recueilli à Hué, sur les côtes d'Annam. Cette
espèce appartient également à la section de VA. Edwardsi Aud.,
mais se distingue des trois précédentes au premier coup d'œil par
le doigt mobile de la petite main ne présentant pas une différence
sexuelle, mais ayant la même forme et les mêmes caractères chez le
mâle et chez la femelle. M. Coutière a pu comparer l'exemplaire
typique décrit par Ortmann et qui avait été recueilli à Sydney,
avec plusieurs exemplaires provenant de Hué et il a pu constater
leur identité. Le présent exemplaire a une longueur de 42™™ de
l'extrémité du rostre jusqu'au bout du telson. Le rostre pointu
s'étend (fig. 4) jusqu'au tiers antérieur du premier article des
antennes internes et n'est qu'un peu plus long que large, comme
chez Va, Euphrosyne de M.; contrairement à ce que l'on voit chez
ce dernier, le rostre se continue entre les yeux en forme de crête
obtuse qui est séparée des yeux par des sillons parallèles. Les voûtes
orbitaires sont inermes et dépassent notablement, comme chez
Va. Edwardsi, les parties latérales du bord antérieur de la cara-
pace. Le telson n'est guère plus d'une fois et demie aussi long que
large à la base, les bords latéraux sont sinueux et la surface, lisse
et glabre, est courbée transversalement; les spinules antérieurs
se trouvent à la même distance du bord antérieur que du bord
postérieur. Les plaques de la nageoire caudale paraissent moins
larges en proportion de leur longueur que chez VA. Euphrosyne;
ainsi, par exemple, la plaque intermédiaire est longue de 5»»°» et
Méra. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 21
322 J.-<''. I>K MAN
large de .'{'"'", tandis (pie chc/, l'autre es|)è('e la iiroporliori est
comme 4 : 3.
Le 2® ai"licle des ;mteiiiies iiiteiMies est prescjne deux fois aussi long
que la portion visiltle du premier, d'après Orlniann, à peu près une
fois et demie; le 2« article est deux fois aussi long que large. Le 3"
est i»res(iue aussi long que le premier. L'épine hasilaire n'atteint
pas l'extrémité du i""" artiele. L'article hasilaire des antennes
externes porte, au même endroit que chez l'A. Kduanlsi, c'est-à-dire
au bord antérieur de la face inférieure, une très petite épine, qui
ne mesure que ()"""2o. Le pédoncule a la môme longueur (jue
celui des antennes internes. Le bord latéral légèrement concave
des scaphocérites (fig. 4) se termine par une épine très rowtc, qui,
comme chez l'.-l. Euphrosyne, ne dépanne pas l'extrémité obtuse de ces
rt/)/)enJ/r<'.s' ; les scaphocérites sont un peu moins larges que chez
cette espèce, leur largeur mesurant à peine la moitié de leur
longueur. Les scaphocérites dépassent légèrement les pédoncules
des antennes internes et externes.
I^es pattes mâchoires externes s'étendent jusqu'à l'extrémité du
pédoncule des antennes externes.
La grosse patte se trouve au côté gauche. Le bord supérieur du
bras est inerme au bout, le bord interne est armé d'une petite épine
préapicale. La main, longue de 25™"!, paraît un peu plus grande, en
comparaison des espèces voisines, parce qu'elle est plus que moitié
aussi longue que le corps. Quant à sa forme générale, elle présente
quelque ressemblance avec la grande main de VA. Edwardsi Aud.,
mais les doigts ne sont pas plus courts qiœ la portion palmaire et la
hauteur des doigts pris ensemble est presque égale à la hauteur de la
paume. Comme chez VA. Edwardsi Aud., la hauteur (9™™l/3) de la
portion palmaire mesure un peu plus d'un tiers de la longueur de la
pince ; la paume est longue de llin"ïl/2, les doigts mesurent 13™'»
et sont ainsi un peu plus longs que la paume ; chez les trois espèces
précédentes les doigts de la grande main sont toujours plus courts
que la pauriie. Le bord supérieur est obtus à son extrémité, ne se
terminant pas par îme dent qui surmonte l'échancrure près de l'arti-
culation du doigt mobile ; la cavité quadrangulaire de la face
externe est semblable à celle de VA. Edaardsi Aud. La cavité
triangulaire que l'on observe à la face interne de la main, au con-
traire, est moins distinctement limitée en dessous que chez l'espèce
figurée par Savigny. L'incision au bord inférieur de la main ressem-
ble à celle qui existe chez 1'^. Euphrosyne, le bord inférieur de la
paume n'aboutissant pas en une dent, mais l'incision est limitée en
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE ALPHEUS FABR. 323
arrière par un bord tronqué, comme chez VA. Euphrosyne. Comme
chez celui-ci, cette incision se prolonge le long du bord inférieur
de la paume en un sillon longitudinal, tandis qu'une cavité peu
profonde sépare la portion palmaire du doigt immobile ; le bord
postérieur de cette cavité est très finement granuleux et porte quel-
ques petits poils. Une granulation très fine se voit aussi sur la face
interne légèrement convexe de l'index, surtout le long du bord pré-
hensile poilu, mais chez VA. FAiphrosyne la face interne de ce doigt
est plus aplatie et la granulation est beaucoup plus marquée.
Chez Va. Euphrosyne et chez VA. microrliynchus on observe à peu
près au milieu de la face interne de la paume une crête surnumé-
raire, du reste peu marquée et obtuse, qui se dirige du bord infé-
rieur vers le bord supérieur ; cette crête surnuméraire manque
tout-à-fait chez VA. EdKuirdsi Aud. comme chez VA. macrodactylus.
La ligne ovalaire est bien distincte. La face externe de la main est
presque partout lisse, ce n'est que sur la moitié inférieure du doigt
immobile que l'on observe une très fine granulation; la face interne
de la paume est également lisse, une granulation extrêmement fine
se voit, toujours moyennant la loupe, à la face interne du pouce
près de son bord supérieur. Les extrémités des doigts sont un peu
poilues.
Le bras de la petite patte (fig. 4b) est un peu plus long, mais
moins large que celui de l'autre, le bord supérieur est inerme au
bout, le bord interne porte une très petite épine apicale, encore
plus petite que celle de la grosse patte (cette épine n'est pas visible
sur la fig. 4b). La petite main dont le doigt mobile a la même forme
et les mêmes caractères chez le mâle et chez la femelle, présente
quelque ressemblance avec celle de la femelle de VA. Edwardsi
Aud. (fig. le), mais les doigts sont un peu plus longs. La main est
longue de lo™in|/2, les doigts ont une longueur de 10™™, tandis
que la paume a une hauteur de 2^^4/5 et une épaisseur de 2™™t/2.
Ces chiffres indiquent que cette pince mesure trois cinquièmes de
la longueur de la grande main et un peu plus d'un tiers de la lon-
gueur du corps. Les doigts sont presque deux fois aussi longs que
la portion palmaire. D'après Ortmann les doigts seraient en contact
dans toute leur longueur, mais chez le mâle de Hué, ils sont un peu
courbés, laissant entre eux un espace vide, qui, au milieu, est aussi
haut que les doigts eux mêmes ; cet espace est rempli de poils
implantés sur les bords préhensiles. Le doigt mobile est armé d'un
lobe triangulaire denticulé et placé près de l'articulation, quelques
petits denticules se voient à la base de l'index. Les bords préhensiles
'.\1\ .i.-c. i)i; M.w
sttiil liiuicliiiiils ciilii' ces (Iciils cl les ('\li(''iiiiU;s des doif^ts i|iii se
critisenl. La porlian palmaire est drur fois aussi lonf/nc (jhc haute et
c\iHn(lri<ine ; lea bonis smit entiers (U le bord inférieur forini! une W'^ne
c')ii(;;ive. avec le bocd infciieur un pini courbe (I(î l'index. La ligne
ovalaire est bien distincte. La petite patte est |)arlonl lisse; quelques
poils rares sont distribués sur la face interne de la pince, surtout
des doij^ls, et l'on en voit (juelques-uns sur le bord antérieur du
carpopodite, au bord interne et à l'extrémité du bras.
Les pattes de la seconde paire s'étendent jus(ju'à l'articulation
des doigts de la grande main. Les articles du carpopodite ont la
longueur suivante : 3">"»o, ^'n^G, 0'"n^8, ()"""8 et l'"'"l ; le 2""« article
est ainsi un peu plus court que le premier, qui est trois fois aussi
long que le 5™^ et le 2"™^' article est précisément aussi long que le
3™«, 4"i« et 5""^ pris ensemble. La main, dont les doigts sont une
fois et demie aussi longs que la paume, est presque deux fois aussi
longue que le dernier article du carpo|)odite et un peu plus courte
que le 2'ne.
Les méropodites de la '6'^'^ paire sont cinq fois et demie aussi
longs que larges et inermes ; les carpopodites ne sont guère plus que
moitié aussi longs que les méropodites et portent quelques poils à
leur bord antérieur. Les propodites légèrement comprimés sont
presque une fois et demie aussi longs que les carpopodites; leur
bord postérieur un peu concave est armé de 4 à 5 spinules et légè-
rement poilu. Les doigts sont presque moitié aussi longs que les
propodites. Les méropodites de la 4™® paire sont 0 fois aussi longs
que larges et sont également glabres et inermes; les deux articles
suivants se rapportent comme ceux de la 3™" paire, les doigts man-
quent. Les pattes de la dernière paire présentent les caractères
ordinaires par rapport à celles des deux paires précédentes.
.l'indique pour conclusion quelques différences entre cette espèce
etr.4. gracilKlUjitus Miers (1). ayant reçu du Musée d'Amsterdam
le plus grand des trois exemplaires d'origine inconnue, décrits par
moi dans ce travail. L'épine au bord antérieur de la face inférieure
(le l'article basilaire des antennes externes est un peu plus longue et
la forme des scapliocérites est différente; ces appendices sont plus
étroits, leur largeur à la base mesurant à peine un tiers de leur
longueur. L'épine terminale de leur bord externe est beaucoup
plus grande, s'étendant en arrière jusqu'au milieu des scaphocérites
(1) Voir de Man dans : Max Weber, Zoologische Ergebnisse eiiier Reise nach
Mederlandisch Oit-Indien, U, lSO:i, p. 'lOfi, |)1. XXV, lig. M.
PL IV.
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Phototy|ii(- U" G. l'ilarsld
4. Alpheus Edwardsi Aud. — 2. A. Euphrosyne de Man.
3. A. miororhynchus de M. — 4. A. macrodactylus Ortm.
5. A. gracilidigitus (Miers) ds M.
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES DU GENRE AL/'HEUS FABR. 325
et elle dépasse notablement leur extrémité obtuse (fig. 5). Le telson
est plus étroit.
Les pattes antérieures ont le bord interne de leurs bras inerme,
non armé d'une épine apicale. La grande main est plus courte
en proportion de sa largeur (hauteur), la portion palmaire est un
peu plus longue que les doigts, le bord supérieur se termine, en
arrière de l'échaucrure, par une dent obtuse, l'incision au bord infé-
rieur est triangulaire, oblique, plus profonde et s'étend plus loin
en haut sur la face externe de la main (fig. 5a), La petite pince
(voir le travail cité) est presque aussi longue que la grande, la por-
tion palmaire, dont la hauteur égale la longueur, ne mesure à peu près
qu'un quart de la longueur de la main, de façon que les doigts sont
trois fois aussi longs que la paume.
Les articles du carpopodite et la pince des pattes de la 2me paire
présentent les mêmes dimensions que chez VA. macrodactylus. Les
propodites des pattes de la 3"^*' et 4"ie paire enfin sont garnis de
huit ou new/'spinules le long de leur bord postérieur.
h'Alpheus macrodactylus Ortm. a été observé auparavant à Sydney.
EXPLICATION DE LA PLAiNCHE IV.
Fig. 1. — Alpheus Edwardsi And., la grosse palte d'une femelle portant des
œufs et recueillie aux îles Mcrgui,X 2; la, \h, petite patte d'un niàle.long de 33"""
et provenant de la même localité (dans la fig. 1 b l'épine préapicale du bras n'est
pas visible), X -\ 1 <^> petite patte de la femelle, X 2.
Fig. 2. — Alpheus Euplirosyne de M., petite main d'un mâle, recueilli à Bangkok,
X '^; 2a, la petite patte du niftle, vue d'en haut, X ^^^
Fig. 3 — Alpheus inicrorhynchKS de M., grosse patte de la femelle provenant
de Bangkok, X 2; -Ut, petite patte de la même. X 2.
Fig. 4. — Alpheus macrodactylus Ortm., mâle adulte recueilli à Hué, bord anté-
rieur de la carapace et Hutennes, X 6; 4a, grande palte, face externe, X 2; 4^,
petite patte, face externe, X 2, l'épine préapicale très petite du bras n'est pas
visible.
Fig. 5. — Alpheus gracilidigilus (Miers) de M., individu mâle, long de 28""" et
provenant de l'Archipel Indien, bord antérieur de la carapace et antennes, X ^'y
5a, grosse patte du même individu, face externe, X 2.
326
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898
PENDANT LA CAMPAGNE DU YACHT l' H l NC ES S H -A 1. 1 C E
{Lo/utcii, Spitshcri^', J/cs liccrcn. HofW, de liarc/its et F<eroer)
PAR
JULES RICHARD.
La faune d'eau douce des réj^ions arctiques, en particulier celle
du Spitsberg et des îles voisines, est peu connue (1). Pendant la
campaj^ne scienlifi([ue accomplie cet été par le yacht l^rinrcsae-
Alicc, il m'a été possible, encouragé par S. A. le Prince Albert lui-
même, de continuer mes recherches sur ce sujet, dans tous les
points intéressants où le navire s'est arrêté, ne fût-ce que quelques
heures. Jusqu'à présent, seule, une petite région du Spitsberg cen-
tral (la Sassendal et Pointe Advent) avait été explorée au point de
vue qui nous occupe. Ayant eu la chance de débarquer aux îles
Beeren, Hope, Barents, Amsterdam et des Danois (ce qui est sou-
vent impossible pour plusieurs de ces îles), j"ai réussi à obtenir
assez de matériaux pour avoir une idée générale de la faune des
eaux douces de ces régions.
Bien que je n'aie guère étudié encore que les Crustacés, je don-
nerai cependant quelques indications sur le reste de la faune pour
en montrer la physionomie et le mode d'association des diverses
formes qu'elle renferme. Je dois remercier ici M. H. Neuville qui
a bien voulu faire, de son côté, quelques récoltes à mon intention.
Comme on peut le voir par le tableau donné plus loin, les Crus
tacés d'eau douce du Spitsberg (et des îles voisines) sont peu nom-
breux en espèces et en individus, malgré les nombreuses récoltes
faites partout où cela a été possible. Il est évident que les con-
ditions extérieures sont peu favorables à la vie dans des lacs on
dans des mares dont l'eau est gelée jusqu'au fond pendant plu-
sieurs mois de l'année et où l'eau doit être souvent courante au
moment de la fonte des neiges.
(1) Voyez ScouRFiELD, Contribution!; to the non marine fauna of Spitsbergen,
Froc. zool. Soc. London, 1897 (p. 784) et J. Richard, Entomostracés recueillis par
M. Ch. Rabot à Jan Mayeii et au Spitsberg, Bull. Soc. zool. de France, 20 oct. 1897
(p. 193). Je renvoie à ces deux mémoires pour divers détails, notamment pour
la bibliographie.
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898 327
D'une façon générale, on peut dire que la faune des eaux douces
des régions dont il est question ici présente un caractère européen
bien marqué. Néanmoins, il s'y rencontre deux formes spéciales
qui, jusqu'ici, n'ont pas été signalées ailleurs et qui paraissent
assez répandues : Euriftemora a/flnls liaboti et Mesochra Brucei u. sp.
Trois autres espèces ; Daphnia pennata, D. longispina et Cj/ciops
viridis n'avaient pas encore été trouvées au Spitsberg.
Quant aux îles Beeren, Barents, Amsterdam et Fœroer, la faune
des eaux douces y est étudiée ici pour la première fois, et toutes
les espèces énumérées ici comme en provenant sont nouvelles pour
ces îles.
I
Le 17 juillet une pêche faite dans le lac où baigne le front
du glacier d'Enga (Svartis) dans le Holandsfjord, ne donne aucun
animal.
II
Lac dans la montagne, près de Skiolhavn (Lofoten) 21 juillet.
Poluphcmus pi'diculus TR (1) débris.
Alonopsia eloniiata C.
Pleuraxus nanus AR,
Cyclops TR, jeunes exemplaires indéterminables.
Je puis signaler en outre Notholca longispina à côté d'autres Roti-
fères rares et indéterminés.
111
Ile Beeren ou des Ours, entre la Norvège et le Spitsberg, 30 juillet.
Mares et petits lacs de la partie sud-est de l'île. J'ai vu des étendues
d'eau assez considérables au loin dans l'intérieur, mais trop tard
dans la journée pour pouvoir les atteindre.
1. Dans une mare, je trouve :
Lepidurus glacialis TC.
Macrothrix hirsuticornis arctira R,
2. Une autre présente l'association suivante :
Lepidurus fjlacialis R, débris de jeunes individus ; l'un, en
chair, mesure 4^"^
Daphnia longispina (var. ?) R, carapaces vides. Détermination
de la variété impossible.
Chydorus sphœricus AR.
(1) A = assez; T == très; R = rare; C = commun.
328 .1. lUCHARD
Cifck)}js liiiilis \{.
Hrriu'toct/pris f/lacialls |{, jeunes.
Hoiifhrs H, parmi eux yolholcd voisin de N. nruniinata Klirg.
dont il est peut être une variété. Il a l'extrémité posté-
rieure plus arrondie et moins prolongée que chez le type.
Comme il se retrouvera dans la suite, je le désif^nerai sous
le nom Ao/Ao/ca',
Nàidiens R.
Sur l'eau on voit une assez grande quantité de Podures.
."}. Dans une autre mare :
Lepiilunis glacialis TC, carapaces vides extrêmement abon-
dantes en certains points, groupées en amas près du bord
de l'eau.
Macrothrix hirsuticornis arciica TR.
Chydorus sphœncus AC.
Cyciops viridis AR.
Mesochra Brucel n. sp. AC, Copépode nouveau, décrit plus loin.
Rotifères, Nématodes et Naïdiens TR.
4. Une pèche de M. Neuville contient :
Mesochra Brucci TR, 1 bel exemplaire adulte et quelques
rares mues au milieu d'algues filamenteuses, de mousses,
etc. A signaler aussi quelques Acariens.
5-6. Deux récoltes ne contiennent que des algues.
IV
Ile Hope, l^ï" août. Je n'ai vu que des mares insignifiantes au
milieu de Mousses. Je n'y ai recueilli que quelques Podures, de
rares Rotifères et un assez grand nombre de Tardigrades, apparte-
nant la plupart à l'espèce Macrobiotus macronyx, espèce qui paraît
commune et se retrouve dans plusieurs localités explorées au cours
du voyage.
V
Ile Rarents : limite du Storfjord au nord-est. 4 août. Environs de
la Pointe Changing, où était mouillé le yacht.
1. Une mare donne : Lepidurus (jlaciaUs G.
2. Un lac assez élevé fournit :
Daphnia pennata C.
Mesochra Brucei TR.
Polyarthra platyptera R.
Notholca'^ R.
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898 329
3. Un autre donne :
Daphnia pennata TG, représenté par des éphippiums.
Mesochra Brucei AR.
Hei'petocypris glaciaUs AR.
En outre Polyarthra plat.yi)tera, des Nématodes et M. macro-
7iyx, tous R.
4 5. Une mare donne :
Daphnia pennata TR, éphippiums.
Polyarthra platyptera, M. niacronyx et des Nétnatodes, tous R.
6-7. Deux récoltes faites par M. Neuville ne contiennent que des
Algues et des Tardigrades (M. macronyx).
8. Une autre contient quelques rares M. Brucei jeunes, avec
quelques Rotifères, des Nématodes et des Tardigrades jeunes (M.
macronyx).
9. Une quatrième récolte de M. Neuville contient, au milieu de
mousses, un Naïdien et un Nématode.
VI
Gipsdal, 9 août. Vallée située entre les baies Sassen et Klaas
Billen. Dans un lac creusé dans les éboulis qui comblent la partie
gauche de la vallée :
Chydorus sphéericus R.
Cyclopx AC, exemplaires très jeunes et indéterminables.
Polyarthra platyptera AG.
VII
Ile Amsterdam. Ile formant la pointe nord-ouest du Spitsberg.
15 août.
A. — Pointe des Hollandais : on compte six lacs ou mares dans
cette partie très plate de l'île. Les plus grands ne sont séparés de
la mer que par une digue très étroite et l'eau doit y être saumàtre,
soit par les fortes marées, soit par les embruns. Le lac le plus rap-
proché de l'extrémité communique même avec la mer par un canal
assez large, l'eau en est d'ailleurs franchement salée.
1. Lac saumàtre situé près du précédent :
Eurijtemora affinia Rahoti ? AG cf' TG.
Très beaux exemplaires de cette forme intéressante que j'ai
décrite Tannée dernière d'après les récoltes de M. Gh. Rabot qui
l'avait trouvée dans de l'eau également saumàtre (baie de la Recher-
che). J'ai trouvé des femelles portant jusqu'à huit spermatophores
fixés à l'orifice génital. Gomme on le verra plus loin cette espèce se
330 J. RICHAIU»
trouve aussi ilans l'eau absuluinent douce, ce (|ui arrive éf^aleuieul
à la foruie type.
2. Dans des llaques voisines on trouvt; le inùme Calanide rare et
niélé à de non moins rares Kotifères.
3-4 5. Trois des autres lacs ne contenaient guère (|ue des Algues,
des Tardigrades {M. inarroniix), des Rotifères, des Nénialodes, géné-
ralement |)eu abondants, sans Crustacés, bien que l'eau y soit tout
à fait douce.
(). Un des lacs ne contient guère que des Algues auxquelles sont
mêlées des carapaces assez abondantes, mais vides, de jeunes Har-
pacticides que je n'ai pu déterminer mais qui pourraient bien être
MesQchra lirncei. Il est à remarquer que je n'ai pas réussi à voir un
exemplaire en chair. Ave<; ces carapaces de Copépodes ou observe
un grand nombre d'individus d'une variété A'Anurœa aculeata se
rapportant à la hrecispina de Gosse, mais beaucoup de spécimens
n ont qu'une épine postérieure (d'un seul côté), ou les deux très
courtes souvent inégales ; on voit même des individus qu'on ne
peut rapporter à une autre espèce et qui n'ont plus d'épines du tout.
On observe tous les intermédiaires, il faut citer encore Volyarthra
platyptera.
7. Une mare donne d'assez nombreux individus d'Herpetocypris
glaciaUs avec quelques Rotifères.
B. Lac du glacier d'Anna. — Ce lac, où plonge le front du glacier
d'Anna, est séparé de la mer par une digue formée par la moraine
frontale du glacier et contient (dans de l'eau tout à fait douce) une
faune assez riche, contrairement à ce qui arrive pour le lac du
glacier d'Enga (Svartis) qui se trouve dans des conditions ana-
logues. On y trouve :
Macrothrix hirsuticornis arctica TR.
Cyclops AC, individus tous très jeunes et indéterminables,
paraissant voisins de C. viridis à faciès pélagique.
.4 iiuriea aculeata TC.
Notholca lonyispina AC.
Polyarthra platyptera AR.
On observe en outre quelques autres Rotifères.
VIII
Ile des Danois, 15 août. M. Neuville a récolté près de la maison
de Pike, non loin des ruines du hangar qui abritait le ballon
d'Andrée, quelques Tardigrades {M. macronyx), des Rotifères et
des Nématodes en petit nombre.
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898 331
IX
A. Sassendal. — J'ai exploré le 24 août deux lacs situés dans la
partie droite de cette vallée et que S. A. le Prince Albert m'avait
signalés.
1. Daphnia pemiata G, représentée par des éphippiums et des
débris de carapaces vides.
Chydorus sphœricus 9 C cT AC.
Mesochra Brucei AC.
En outre quelques rares Nématodes.
2. Le deuxième lac abritait, au milieu de nombreux débris végé-
taux et de diatomées :
Macrothrix hirmliœrnis arctica AC.
Chydorus sphœricus TR.
Mesochra Brucei TR.
Herpetocypî'is glacialis TR, débris.
Quelques rares Anurœa aculcata brevispina auxquels s'appliquent
les observations faites précédemment, p. 330.
Eu outre il y avait de rares exemplaires d'un Anurœaxois'in de
A. scapha Gosse, mesurant 0'ûml4 de longueur, mais qui a plus la
forme de Brachionus rubens que de A. scapha, telles que ces deux
espèces sont figurées dans la Monographie de Hudson et Gosse. Je
la désignerai sous le nom de .4. scapha var. ?
B. Les mares des collines du Colorado, sur la rive droite de la
Sassendal contenaient peu de choses : des Rotifères (A. scapha
var. ?) des Algues, quelques larves de Diptères, et déjeunes Cyclops,
dont l'un (C. bisctosus probablement) hébergeait un Cyslicercoïde
dans la région dorsale du thorax.
X
A. Les flaques de la pointe Advent ne contenaient guère que des
Algues et des Rotifères, dont Nothnlca spinifera Gosse et ;V. scapha
var. ?
B. Ravin du Calanide, 26 août. C'est le premier ravin ouvert au
sud de la pointe Advent et dans le fond duquel apparaît un glacier,
d'après M. Rabot. A l'entrée de ce ravin se trouvent des mares sépa-
rées de la mer par des amas de galets apportés par le torrent et
refoulés eu digue par la mer. Je me suis assuré à diverses reprises
que l'eau de ces mares était absolument douce le jour où j'y ai
péché.
332 .1. MICMAIU)
1 . l/iiiio (loniKiit :
l.('}ii(liirus </l(ici(ilis AC. M. h» l'rof. de KoioIim'II avait recueilli
cette espèce quelques jours avant et m'en avait aiinahleineiil donné
des s[)éciinens en m'iniiiquant la localKé. Il y avait eu outre (|iicl-
ques Hotifères (X. acapha var. ?).
2. 1/autie mare «-oulenait un assez grand nombre d'exemplaires
de Eurj/tciiiiira Il/finis Habotid^ et 9- (^'esl la présence de ceCalanide
qui a fait donner à ce ravin le nom sous lequel je l'ai désigné.
XI
FoEROER, 10 septembre. 1. Entre Sund et Tliorshavn, mares.
Bosmina ohtusirostris 9 AC cf B.
Ilyocryptua, un fragment.
Alonop.<ix elontjuta 9 C cf TR.
Alona guttata TR.
Vleuroxna excisris R.
— naiiLis TR.
Cyclops viiidis d^$ AC.
— serrulatus AR.
Hai'pacticide TR, carapaces vides de jeunes exemplaires,
indéterminables.
2. Hauteurs au-dessus du grand ravin demi-circulaire et du côté
de Thorshavu.
Alonopsis l'iongata 9C d^C
Alona a/finis TR.
— guttata TR.
Chydorus sphn'ricua TR.
Cyclops serrulatus TR.
llarpacticideTR (comme pour 1).
3. Lac sur le cours de la rivière (qui occupe le fond du grand
ravin et qui aboutit à Arge).
Alonopsis elongata AR.
Alona a/finis, débris.
4. Flaques près d'Arge (près Thorsbavu), 11 septembre.
Pleuroxus nanus TR.
Chydorus sphsericus AR.
Cyclops serrulatus R.
La même récolte contient des Algues diverses (Desmidiées, Diato-
mées, etc.), de rares Rotifères, (jnelques Naïdiens, parmi lesquels
j'ai été très surpris de trouver une espèce très remarquable : Bohe-
milla cornata Vejdovsky. Cet Oligochète n'était connu jusqu'ici
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898
333
CRUSTACÉS
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+
+
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+
+
+
Amphipodes
Gainiiiaru^ Diieheni Lillj
Phyllopodes
Lepidurus glacialis Krôyer ....
Cladocères
Pnlyphemus pediculus de Geer. . .
Daplinia pennatd 0. F. M
Daphnia longispina (var.?) 0. F. M.
Macrolhrix hirsulicnrnis arctica Lillj.
llyncrijptus sp
Bosmina obtusirostris Sacs . . .
Alonopsis elongaid Suis
Alono, affinis Leydig
Alona QUttata Sars. ... ...
+
Pleuroxus excisus Fischer
Pleuroxus nanus Baird
Cliy doras sphfvrLcus 0. F. M. . . .
Copépodes
Cyclops biselosus Hehberg? ....
» viridis J urine
» serrulatus Fischer
» sp. 1
)) s p. 2
+
+
+
+?
+
» sp. :j
Mesochra Hntcei n. sp
-f-
+
+
Harpacticide indét
Eurylemora afjlnis Raboti Ricii. . .
Ostracode
Herpetocypris glacialis Sars. . . .
+
+
4-
+
+
+
334
j. iiiciiAnu
(|ir;nix environs de rr;ii;iM'. df W'iiiv.hiiii; fldc l'iiiis. .le l'ai si};iialé
vu clTel l'année deriiicic aux fiiclies d'AigremonI (t)
.'). Kla(|m'S d'raii douces prés de la fahriquti d'huile de (ilobicé-
phales, à Tliorsiiavn : (idiiniKuits y>j/r^r/(?, d'après la délerniination
de M. (lIieMtMix.
Mesochha Buucei n. sp.
9- — <''e Copépode mesure Qn'GO sans les soies c;mdales et ()"i70
fivec les soies. Le rostre est à j)eu j)rès nul. Le premier segment du
corps, dans la partie antérieure du({uel on dislingue un petit d'il
rouge carmiu, est un peu plus long que large et aussi long que les
trois segments suivants réunis. Ces derniers sont à peu près égaux
entre eux. Le cinquième est le plus court.
Des quatre segments abdominaux le premier est le plus long; les
suivants sont à peu près égaux. L'opercule anal est armé d'environ
\0 dents fortes et espacées. Tous les segments de l'abdomen portent
une rangée circulaire d'épines, continue sur le dos et dont les extré-
mités avancent peu sur la face ven-
trale, sauf à l'a vant-dernier segment
abdominal, où ces extrémités se
rapprochent davantage du milieu.
En outre le dernier segment pré-
sente à la face ventrale une série
oblique d'épines (une douzaine de
cha(iue coté) plus robustes à mesure
qu'elles se rapprochent de la ligne
médiane.
La furca est allongée, à peu près
aussi longue que le dernier segment
abdominal (V^oir la fig. 1 pour les
détails de la face dorsale). La face
ventrale porte, vers l'extrémité
libre, une série d'environ 15 épines
fortes, disposées suivanfune'ligne
courbe qui part au-dessus de la
naissance de la soie apicale externe
et remonte vers le côté interne. Je
n'ai pas réussi à voir la petite soie
apicale interne. Des deux grandes soies apicales, l'externe, garnie
Fin. i.
- M. lirucei; furca, face
dorsale. X <j20.
(1) J. RicHAHi), Sur un OlUjochèle et quelques Enlomostracés rares des envi-
rons de Paris, liull. Soc. Zool. de France, 23 nov. 1897 (p. 224).
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898
335
de cils raides et espacés à son côté externe seulement, est environ
deux fois et demie plus petite que l'interne. Celle-ci porte de chaque
côté des cils raides et espacés.
Fig. 2. — M. Rrvcei; pattes de la 1" paire. X 6^0-
Les antennes antérieures ont huit articles et mesurent 0™4 (le
premier segment du corps mesurant 0^15), la longueur relative
des articles est
I II m IV V VI VII VIII
Ï5 Ï8 15 il n Ï2 II ¥[
Les antennes postérieures sont très semblables à celles de Marse-
336
.1. iii<:i)Aitit
nohiolii^ \'rjil<iisl:iii Mra/.ck (I). iiiiiis les soit's de Li Itiiiiiclii! acces-
soire soiil 1111 |'»u plus l()iij::ut's. I.a lèvre su[)(''ii<'iin'. la mandibule
et son palfie (petit honloii siiniioMlé de trois soies simples) et les
niaxillipèdes sont très semblaliles aux mêmes a|ipen(lices de ,)/,
Vcjdorsltifi.
Les (jiiatre paires de pâlies natatoires ont deux articles à la bran-
die interne. 11 y en a également deux à la branche externe des
pattes de la pi-emière paire, tandis (ni'on en tioiive trois à la
brandie externe de trois autres paires. Dans la première paire, la
branche interne est un peu jilus lonj^ue que rexterne (environ de
la demi-longueur de son dernier article). Dans les trois autres
paires, la branche externe est beaucoup jilus longue que l'interne.
Fig. 3. — M. Brucei ; 3 ;irl. de la branche cxlerne des pattes II-IV. X •^-O-
L'article basilaire porte une forte épine de chaque côté dans la
première paire, une épine semblable du côté externe dans la
deuxième paire ; une longue soie à la même place dans les deux
autres paires et rien au côté interne dans les trois dernières paires.
Dans les quatre paires de pattes, le premier article de la branche
externe porte à l'angle externe distal une forte épine barbelée et
de petites épines comme dans la première patte (voir fig. 2). Le
deuxième article, armé comme le précédent, porte en outre une
petite soie au milieu de son bord interne; dans la deuxième paire
(1) A. MrAzek, Britrag ziir Kentitniss der Hurpaclicidenfauna des Siisswas-
ser, Zool. Jahrb., VII, 1893.
SUR LA FAUNE DES EAUX DOUCES EXPLORÉES EN 1898 337
cette soie est uu peu plus longue ; elle part un peu au-delà du milieu
dans la troisième paire ; elle est beaucoup plus longue et atteint
presque l'extrémité du troisième article dans la quatrième paire.
Fig. 4. — M. brucei: 3" art. de la branche interne des pattes II-IV. X 620.
Pour le troisième article de la branche externe, dans quatre
paires de pattes, je renvoie aux ligures 2 et 3 (II, Ili, IV).
Pour les branches internes
dans les quatre paires de pattes,
je renvoie le lecteur aux fig. 2
et 4 (II, 111, IV).
La figure 5 montrera mieux
qu'une description la constitu-
tion des pattes de la cinquième
paire. Quelquefois on observe
sur le même individu, que les
pattes sont difïérentes, et de la
même façon que cela arrive chez
M. Vrjclovskiii comme l'a vu
Mrazek. Tandis que la patte de
la cinquième paire d'un côté est
semblable à celle de la fig. 5,
l'autre montre 4(ou 5) soies ciliées
au premier article et quatre (au
lieu de 3) au deuxième article ;
cette quatrième soie se trouve
placée en dedans de la soie barbelée et plus rapprochée de la base.
Fig. 0. — M. Rrucei ; pattes de la
5" paire. X 620.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898.
338 J. RICHAni). — Sllî I.A FAL'NK DES KAlIX DOUCES EXPLORÉES EN 181)8
Mesoclua liiucci se iupj)r()clit' à divers litres de M. Vejdovskyi. Il
s'eu dislingue de suile par ce fail que les lignes d'épines des seg-
nienls altdoniiniiux sonl coiilinuiîs sur le dos clie/, M. Brucci (le
conlraire a lieu clie/ l'autre forme); la furca est très didérente dans
les deux espèces.
Je donne à cette espèce lo nom du D' VV. S. Rruce dT^dimbourg,
à qui la science doit d'importantes collections zooloi;i(|ues des
régions arctiques el antarctiques. Le D' Bruce, invité par S. A. le
Prince Albert de Monaco, a pris parla la dernière campagne de la
(( Princesse- Alice » et c'est eu souvenir des excellentes excursions
que j'ai eu le plaisir de faire avec lui au Spitsberg que je lui dédie
cette forme intéressante.
339
NOUVELLES RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES
ET LES FLEURS.
ÉTUDE SUR LE ROLE DE QUELQUES OliGANES DITS VEXILLAIRES
FÉLIX PLATEAU,
Professeur à l'Université de Gand.
Chapitre I
Observations sur la Salvia horminum L.
i:^ 1. Historique.
F. DelpiDo (i) énumère une série d'organes colorés, autres que
des coioUes, pouvant, suivant lui, attirer les Insectes par leur éclat.
Il cite à ce sujet de nombreux cas de bractées à colorations plus ou
moins vives, telles que celles de Melampyrum arvense et de Salvia
horminum.
11 a été suivi dans cette voie par plusieurs naturalistes: ainsi,
pour les Mdampijrum : Errera et Gevaert signalent le rôle vexillaire
des bractées purpurines du M. arvense et des bractées d'un bleu
violacé du M. nemorosum (2); Th. Barrois (3) et P. Knuth (4) indi-
quent les deux mêmes espèces; mais, chose étrange qu'on relève
à propos de nombre d'hypothèses du même genre, ni Delpino,
ni Errera et Gewaert, ni Barrois, ni Knuth n'ont cherché à vérifier
si cette attraction par les bractées était un fait réel.
Enfin H. Millier qui seul paraît avoir observé les Insectes (Bour-
dons) qui fécondent les M. arvense et M. nemorosum, ne fait, dans
(1) ¥. Delpino. UUerinri osservazioni e considerazinni sulla Dicogamia nel
regno végétale. Atti délia Societa italiana di Scienze naturali, XVl, p. l.*)?,
Milano 1873.
(2) Errera et Gev.aeht. Sur la structure et les modes de fécondation des fleurs
Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, XV II, p. 104, 1878.
(3) Barrois. fio/e de*' Insectes dans la fécondation des végétaux (Thèse), p. 104,
Paris, 1886.
(4) Knuth. Handbuch der liluteubiologie. I. p. 101, 10), 1U4, Lelp/ig, 1898.
340 I'. IM.ATI'AII
son lîiand oiiviiii^c sur la féroiidalinn dos lleurs (i), aucuno allusion
à la visildliU' des i)racl(''es de ces vé<,n'taiix.
En ce qui concerne le rôle supposé atlraclif des bradées de
Siilvia horminiiw et de (pielques autres Sauiçes, je n'ai trouvé d'indi-
cations (jue dans Deipino déjà cité eldansd. Correns (2) qui donue
à ren;semble de ces bractées le nom de Schaiiapparat ; cependant ni
l'un ni l'autre, encore une fois, ne s'est donné la peine de constater,
par les allures des Insectes, si les bractées colorées attiraient réelle-
ment ces animaux.
La question du rôle soi disant attractif des bractées à vives cou-
leurs méritait donc d'être étudiée de près.
A moins d'babiter la réi-ion calcareuseoù il pousse à l'état sauvage,
je ne pouvais guère songer à faire porter mes investigations sur
notre Melampijrum arcense ; la culture de la Salvia horminum étant
au contraire très facile, je me suis adressé à cette jolie Labiée.
La première idée, je me plais à le reconnaître, m'en a été suggérée
en 1897 par mon savant collègue et ami J. Mac Leod, professeur de
botanique à l'Université de Gand, bien connu par ses patientes
recherches sur la fécondation des fleurs de nos Flandres et des
Pyrénées. D'après ce que me signala ce consciencieux observateur,
les Abeilles qui visitent la Sauge Horminelle se rendent directement
aux fleurs vraies et nou aux bractées colorées.
On a beaucoup écrit sur le curieux mécanisme des fleurs des
Sauges, aussi, avant de rien publier, ai-je parcouru ce que j'ai pu
réunir de la bibliographie de cette question, afin de m'assurer si
personne n'avait étudié les visites des Insectes an point de vue du
rôle spécial des bractées. Je n'ai rien rencontré d'autre que ce que
j'ai cité plus haut, mais je n'oserais cependant affirmer être le seul
qui ait abordé le sujet.
§ 2. Cahactères de la plante.
L'espèce n'étant guère connue que des botanistes, une descrip-
tion sommaire ne sera pas superflue pour permettre de saisir exac-
tement la portée des observations sur les Insectes.
Outre les caractères généraux du genre Salvia, la Sauge Hormi-
nelle offre les suivants (fig. 1) : les tiges, qui peuvent atteindre un
(i) MûLLER. The Fertilisation of Flowers. Traduction anglaise de D'Arcy W.
Thompson, p. 461, London, 188 5.
(2) Correns. Zur Biologie und Ànatomie der Salvienhliithe. Pringslieim
Jalirbiicher liir Wissenschaflliclie Bolanik. XXII, p. 235, 1891.
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 341
peu plus d'un mètre de hauteur
(105 centimètres), sont dressées
verticalement; les fleurs vraies
relativement petites sont dispo
sées en nombreux verticilles suc-
cessifs, distants les uns des au-
tres de 2 à 3 centimètres ; chaque
verticille est accompagné d'une
paire de bractées vertes; mais
au sommet de la tige, les quatre
dernières paires de bractées,
cette fois sans fleurs à leur ais-
selle (bractées stériles) sont vive-
ment colorées, formant un pana-
che simulant une fleur du plus
bel effet.
Il existe deux variétés de cette
espèce intéressante; la plus com-
mune a les fleurs d'un rose pâle
et les bractées terminales d'un
rose très vif; l'autre, moins fré-
quente, possède des fleurs d'un
bleu violacé et un bouquet de
bractées d'un beau bleu foncé
tirant sur le violet.
Quelques autres Sauges, Sa/rm
sylvestrls L., S. sclarea L. possè-
dent aussi des bractées colorées,
rougeâtres chez la première,
violacées chez la seconde ; mais
ici toutes les bractées accompa-
gnent des fleurs et il n'existe pas
de panache terminal. L'aspect
général est absolument différent
de celui de S. horminum qui,
surtout lorsqu'elle est cultivée
en masse, attire le regard, excite
la curiosité et détermine l'admi
ration des promeneurs. Ceux-ci
ne remarquant pas les petites
corolles vraies ne fout attention
qu'aux bouquets de bractées
Fig. 1 (2/3 g. n.;. -• Salvia horminum ,
extrémité d'une tige ; les iiraclées ter-
minales roses sont seules teintées de
hachures; A, trajet que suivraient les
Hyménoptères à l'arrivée, s'ils étaient
attirés par les bractées colorées ; B,
trajet réellement suivi à l'arrivée;
a, p, y, courbes décrites par l'Insecte
dans ses visites de fleur en fleur.
3't^ F. PLATKAU
roses ou lileues et ilfiiiiimlciil iiiViiriiiMfinent ce que c'est que ces
jolies lleurs.
Je rappelle celle queslion qui m'a plusieurs fois été posée pour
faire comprendre combien l'illusion est faraude. L'hypothèse que
ces panaches de bractées doivent servir d'organes attractifs poul-
ies Insectes est donc toute naturelle ; on s'est dit que, puisque
l'homme se laisse aisément tromper, les Insectes doivent, h plus
forte raison, être induits en erreur.
Parmi les plantes faciles à cultiver sous nos climats, aucune ne
|)ouvait être mieux choisie pour s'assurer si les organes exlra-
lloraux dits Vexillaires possèdent le rôle qu'on leur attribue généra-
lement.
§ 3. Conditions expérimentales et observations.
Mes observations ont été poursuivies du premier juillet au dix
août, c'est-à dire pendant presijue toute la période de floraison de
la Salvia horminum. Interrompues seulement par la pluie, elles
avaient lieu chaque jour de beau temps pendant une heure ou une
heure et demie, aux moments les plus favorables, vers midi ou entre
deux et trois heures, soit au Jardin botanique de Gand, et alors peu
nombreuses, les conditions y étant sujettes à objections, soit sur
tout dans mon propre jardin, où une installation spéciale me mettait
à l'abri des interprétations erronées.
Je décrirai d'abord les faits constatés au Jardin botanique; on
pourra utilement les comparer à ceux réunis dans de meilleures
conditions.
Au Jardin botanique, les S. horminum ont été semées très serrées.
Elles occupent un rectangle de l™oO de large sur un 1™ de long.
Le tout constitue une masse végétale dense, surmontée d'environ
200 panaches de bractées colorées fort rapprochés les uns des autres.
Il résulte de cette disposition : 1° que toute la surface supérieure
du rectangle est occupée par les bractées roses, absolument comme
les épis occupent la surface supérieure d'un champ de blé; 2" que
les fleurs vraies de Sabia ne sont guère visibles de l'extérieur que
sur les faces latérales du massif.
Les Insectes visiteurs sont de nombreuses Abeilles (Aj)is mellifîca
L.), des Anthidium manicatum L. moins abondants et, de temps à
autre, un Lépidoptère diurne ou une Eristale.
On compte à la fois de 20 à 25 Abeilles et 5 à 6 Anthidium, soit,
à un instant donné, une trentaine d'Hyménoptères. Ces Insectes
sont donc très attirés, mais par quoi ?
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 343
Un examen de quelques minutes (mes observations ont duré des
heures) suffît pour convaincre que l'attraction n'est guère due aux
bractées.
En effet, bien que la réunion de celles-ci constitue une grande
surface d'un rose vif de plus d'un mètre carré et que les fleurs vraies
soient, au contraire, situées plus bas et presque cachées, d'une
manière générale les Hyménoptères ne commettent pas d'erreurs à
l'arrivée ; venant du rucher ou de leur nid, ils se précipitent immé-
diatement sur les fleurs proprement dites, comme si les bractées
n'existaient pas.
Arrivés et pendant qu'ils butinent, les animaux, encore une fois
d'une façon générale, ne se trompent pas. Les seules erreurs que
l'on constate de temps en temps de la part des Hyménoptères con-
sistent en rares et courtes hésitations, devant des bractées, durant
la visite ascendante de fleur en fleur, ou devant des bourgeons
de bractées non encore épanouis et simulant de petits boutons
floraux roses.
Les Lépidoptères Rhopalocères, beaucoup moins intelligents, se
laissent plus facilement illusionner : j'ai été témoin d'une erreur de
la part d'un Pieris napi L. et de trois erreurs successives commises
par un Rodocera rhamni L. se posant sur les l)ouquets de bractées
et ne partant qu'après avoir vainement plongé sa trompe au centre ;
mais c'étaient là des actes peu fréquents posés par des Insectes à
perceptions boruées.
Pour en revenir aux Hyménoptères, j'ai profité le 10 août, au
Jardin botanique, de ce qu'un pied de Sauge horminelle croissait
isolé assez loin du massif décrit plus haut. Je pouvais, dans ces
conditions, suivre une Abeille des yeux, compter le nombre de
fleurs vraies qu'elle visitait et le nombre d'erreurs, si des erreurs
étaient effectuées.
1
NOMBRE
DE FLEURS
vraies
visitées
NOMBRE
d'erreurs
propre-
ment dites
NOMBRE
d'hésitations
1" Abeille ...
2"» »
3°" » .....
4'°^ »
o™* a
6"" »
33
70
71
61
46
107
0
0
1
0
G
0
0
0
0
1
0
0
388
1
1
344 F. PLATKAl'
Le résultat pour six Al)eilles est donc seiileiin;iit : uiu^ erreur
vis à-vis (l'un petit Itourgeon de bractées, non devant un panache,
et une hésitation, sur 388 lleurs réelles visitées.
Ce que je viens d'exposer sullirait, à la rigueur, pour permettre
d'alliriner que, dans l'attraction des Insectes par la Sauge hormi-
nelle, les bractées colorées n'ont pas ou n'ont que très peu d'elTet.
Cependant une objection en apparence sérieuse pourrait être for-
mulée dans les termes suivants : au Jardin botanique la Salvia
hormimnn est cultivée à peu près à la môme place depuis des
années; l'aide-jardinier qui habite au jardin est apiculteur; les
Abeilles observées ont donc pu faire leur éducation, ont pu appren-
dre à négliger les bractées qui ne leur offrent ni nectar ni pollen.
C'est afin d'éviter ces conditions défectueuses que j'ai entrepris
dans mon jardin la longue série d'observations dont je vais rendre
compte. L'examen des faits y était plus régulier, plus facile et,
ainsi que le lecteur le verra, les choses étaient disposées intention-
nellement pour obtenir des résultats certains.
Un parterre circulaire de quatre mètres de diamètre, exposé au
soleil, contenait : [° le long de la circonférence, une bordure de
fraisiers sans fleurs ; 2" un deuxième cercle concentrique à la bor-
dure composé d'Œillets des poètes, Dianthus barhatus L., largement
fleuris, pourpres, panachés ou blancs, eu mélange, répandant à
distance un parfum pénétrant et, comme on le sait, attirant beau-
coup d'Insectes ; 3» un troisième cercle constitué par de nombreux
pieds en fleurs de Salvia horminum ; 4° au centre, un groupe
encore très jeune et sans fleurs de Balisiers [Canna indica L.).
Les Salvia horminum, atteignant un mètre de hauteur, dépassaient
les Diantlnis. Elles dressaient à la fois plus de cent panaches termi-
naux de bractées presque tous roses; de rares pieds portaient des
bractées bleues. Ce grand cercle de bractées colorées s'élevant au-
dessus des autres plantes était par conséquent bien visible de loin.
Dans ces conditions, les Insectes arrivant des champs ou du reste
du jardin pouvaient choisir entre trois espèces d'organes colorés à
aspect floral, les fleurs de Dianthus, les fleurs vraies, petites et
pâles des Salvia, les bractées colorées.
Il importe de remarquer que c'était la première fois que la Sauge
Horminelle était cultivée soit dans mon jardin, soit dans tout l'en-
semble de la région avoisiuante. Les seuls autres pieds que je con-
nusse existaient, on l'a vu, au Jardin botanique. Mais la distance
entre mon jardin et le Jardin botanique est de plus de 2 kilomè-
tres 1/2 à vol d'oiseau ; en outre, les deux jardins étant situés aux
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS S'tO
extrémités opposées de la ville, les Insectes, pour se rendre, par
exemple, du Jardin botanique chez moi, auraient dû traverser toute
une grande cité industrielle de 143000 habitants avec son dédale
de rues et beaucoup de hauts bâtiments.
II est donc certain que pour les Insectes fréquentant mon jardin
la Sauge horminelle était une nouveauté et que leur façon de se
comporter vis-à vis de cette plante ne pouvait résulter, surtout au
début, d'une expérience acquise individuellement ou transmise par
hérédité.
Dans les observations du genre de celles que j'ai faites, il faut
éviter de prendre pour erreurs de la part des Insectes certains actes
qui n'ont rien de commun avec l'attraction par des organes vexil-
laires. Tel est d'abord le fait fréquent de se poser, dans un but de
repos, sur des objets saillants. J'ai vu ainsi, par un temps couvert,
des Lépidoptères (Vieria) posés les ailes fermées, parfaitement
immobiles, sur des fleurs de Dianthus ou des bractées de Salcia. Ils
agissaient comme les Vanesses (Vanesm polychloros) qui se posent
les ailes fermées, la tête en bas, sur le tronc sec des arbres, là où il
n'y a aucune exsudation et restent parfois dans cette attitude pen-
dant une heure ; comme aussi les Libellules {Dipla.r) qui se placent
sur le sommet de pieux ou de tuteurs et s'y laissent capturer aisé-
ment, etc.
Tel est ensuite le cas peu rare aussi de Lépidoptères diurnes
femelles se posant, au soleil, sur des sommités végétales pour
solliciter l'accouplement des mâles volant dans le voisinage. Des
Eristales agissent de même.
On doit négliger les façons d'agir des Mouches domestiques et
d'autres petits Muscides, des Tipules, etc., qui se posent sur
n'importe quoi.
L'ensemble des observations a été fait en vingt-quatre jours et a
duré en totalité 27 h. 30m.
Ces préliminaires posés, voici les résultats obtenus :
l"* Les Insectes visitant le parterre étaient fort nombreux ; on
peut les classer en quatre groupes d'une importance plus ou moins
grande au point de vue de la solution de la question :
.4. Les Insectes se bornant à tournoyer au vol sans se poser ni
sur les Dianthus ni sur les Salvia.
B. Les Insectes visitant exclusivement les Dianthus sans s'iiupiié-
ter des Satcia.
C. Les Insectes visitant les Dianthus et commettant de temps à
autre quelques erreurs vis à-vis des bractées des Saloia voisines.
D. Les Insectes visitant exclusivement les Salvia,
346
F. l'I.ATKAl'
3
iui
ivid
us
7
))
3
»
\
»
67
»
17
»
6
»
2
»
2" Les lusectt'S du j^roiipe t. se horiunit h tournoyer :iu vol. s^ns
se poser sur ;iurune des plantes du parterre furent :
liombus tf'rrestris
Vanessa pnlychloros.
Vancssa urticae .
IHeria hrassicar .
Picris rapac .
Pivrin napi .
Epincplirle j(i)ui'(i
Macroijlussa stcUatarum
C'est-à-dire, en négliseaut les Hourdous, cent trois Lépidoptères.
Le fait que ces Papillons s'en allaient ailleurs, après avoir volé
un instant au-dessus du parterre, indique déjà Vahscnce de séduction
spéciale de la pari des bractées colorées.
'S" Les Insectes du groupe B, visitant exclusivement les Dianthus,
sans se préoccuper des Salvia, ont été un peu plus abondants que
ceux de la catégorie précédente. Les observations, en ce qui les
coucerue, forcément terminées le 27 juillet, avec la tloraison des
Dianthus qu'on a totalement arrachés à cette date, ont eu lieu en
dix sept jours et ont duré, en somme, 18 h. 40'.
Voici la liste de ces animaux.
Hyménoptères
Bombus terrestris . . . .
9
individus
Andrenaparvula.
2
Anthophora pilipes .
2
Megachile ericetorum .
7
Halictiis sp. '?
1
Hallctus sexnotatus .
. 2
Odynerus parietum .
3
26
-
LÉPIDOPTÈRES.
Vanessa urticae lOindividus
Vanessa atalanta .... 1
Aporia crataegi 8
Pie ris brassicae 6
Pieris napi 4
Pieris rnpae 12
Epinephele janira .... 5
Macroglossa stellatarum . 3
^9"
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES LNSECTES ET LES FLEURS 317
Diptères.
Volucella bomhylans.
Eristalis diverses
Syrphus coi'ollac.
Syrphus halteatus
Syrphus pyrastri.
1 individu
27 ))
16 »
1 »
3 »
Coléoptères.
Leptura tonientosa .
Strangalia armata .
Clytiis arietis
Trichius abdominalis
48
3 individus
2 »
2 »
9 »
16
Si on néglige les Coléoptères qui, eu aucun cas, ne se seraient
adressés aux Sauges, il reste un total respectable de cent vingt-trois
Insectes, Hyménoptères, Lépidoptères et Diptèi'es qui, attirés par
les DianthuH barhatua et y butinant, n'ont accordé aucune atteution
aux Saloia lionninum, n'ont donc point été fascinés par l'éclat des
bractées.
J'ajouterai que, vu l'impossibilité pratique de compter toujours
exactement les Insectes visitant le parterre à un instant déterminé,
les chitïres pour les Hyménoptères et les Diptères sont certainement
inférieurs aux chiffres réels.
4° (Groupe C). — Pendant que les individus renseignés dans la
liste précédente ne se préoccupaient que des Œillets, quelques
autres visitant aussi et en môme temps les Dianthus commirent des
erreurs vis-à-vis des bractées colorées des Salvia.
Voir aux pages 348 et 349 le relevé de ces cas disposés sous
forme de tableau.
Ainsi, en 17 jours comprenant 18 h. 40' d'observation, je n'ai pu
constater que 33 erreurs de valeurs fort inégales qui, sauf pour un
individu û'A7iilrcna paroula, ont toutes été effectuées par des Lépi-
doptères ou des Diptères. Dans sept des observations d'une durée
totale de 8 h. 15' je n'ai même relevé aucune faute.
Si l'on ajoute les 21 individus du tableau actuel aux 123 de la
catégorie B précédente qui butinaient sur les Dianthus, en même
temps qu'eux, la proportion des erreurs est d'environ une par
quatre Insectes.
Cependant cette façon d'interpréter les résultats est illusoire et
de nature à faire croire à un beaucoup plus grand nombre d'erreurs
Tahliai 1. - INSKCTKS \ISH \\T LKS />/ l .V/7// S. M \|S COMMKTTAN'I
hATKS
nUHKK
il.' roiisiT-
v;iti(tn
in .Mi;.\(M'Ti;itK.s
f
IJ.I'lMui'TKitKS
Juill<-1
1
'"■ 1
1 l'irlns nipdc
3
lh.30' 1
5
,„. j
i
(5
Oh. 30' j
8
H,. '
1 Andrena paroula ....
ii
1 h. l.'i'
11
1 h. 20'
1 Macroglossa slellalarum. . .
15
Oh. 43' j
10
... j
17
1. {
18
Ih.
iO
lh.30' J
21
1 h. 13' '
1 Macroglossa stPllutaniin. . ^
1 Pieris napi
2 Vanessa urticae
'12.
1 h. 13' j
1 Aporia crataegi
1
24
1 h.
1 Pieris rapae
2o
1 h. 40' '
1
1 Vanessa nrticae . . . . m
1 Pieris rapae 1
1 Pieris rapae .......
1 Macroglossa stellatarum. Il
26
,„
DES ERREURS VIS-A-VIS DES BRACTÉES DE SALV[A HORMINUM
DIPTÈRES
NOMBRE
D'ERREURS
NATURE DES ERREURS
1 Syrphus corollae ...
?
1
Posé sur un bourttoon de Ijractées.
Vol a.scendant devant une tifj:e de Salina.
1 Syrphus pyrastri
1
Idem.
0
i Syrphus Sp.?
1
Plane un instant devant des bractées sans
se poser.
1
Courte hésitation.
3 Syrphus corollae
3
Planent devant des bractées sans se poser.
I
Courte erreur sans tentative de succion.
0
0
0
0
0
1
1
2
Courte hésitation douteuse.
Posé longtemps sur des bractées.
Posées un instant sur des bractées.
4
Sur des bractées basses rencontrées en
visitant les Dianthus.
4
Posé en quatre bonds successifs sur quatre
panaches de bractées.
1 Eristalis arbuslorum.
1 Eristalis arbuslorum. . .
1
1
5
3
2
1
Erreur évidente.
Posé un instant.
Erreurs évidentes.
Erreurs rapides.
Erreurs rapides.
Posée un instant.
0
33
1
3o0 F. rLATK.Vl!
(in'il lit' s'en ('(miiiiL'l ircIlciiuMil. Il faiidiiiil pouvoir (It'trriiiiiier la
proportion d'erreurs vis à-vis de bractées de Saloia par rapport du
noiiihri' (le jleurs réelles de Dùintlius r/.sZ/f'M. C'est la faron dont j(;
me suis elTorcé de |)rocéder pour certains Insectes déterminés, tel
le Macroglossa stcUdluriiDi, (jui m'a donné ce qui suit :
Los naturalistes qui ont (picliiue peu ohservé les Insectes vivants
connaissent la vivacité d'allures de ce Lépido|)lère qui, hien que
faisant partie du groupe des Sphingides, vole en plein soleil, plon-
geant sa longue trompe dans les corolles et passant de l'une à l'autre
avec une rapidité extraordinaire.
Au cours de mes investigations, j'ai eu l'occasion d'observer
attentivement six individus dilïérents visitant le cercle de Dianthua
barhatus, cercle le long duquel était plantées les Sahia horminum
dont les panaches de bractées dépassaient quelque peu. Tous, à
l'arrivée, se précipitaient directement sur les Dimithiis, et si certains
d'entre eux commirent soit une, soit quelques erreurs relativement
à des bractées de Salvia, ce ne fut qu'en passant de fleur d'( H<]illet en
fleur d'OEillet.
Voici le relevé de ces six cas :
0 juillet. — Un Macrogloasa butine exclusivement sur les Dianlhus
et ne s'inquiète pas des bractées de Sabla.
14 juillet. — Un individu butine de même exclusivement sur les
Dianthus ; il exécute un seul crochet rapide vers des bractées de
Salvia qu'il abandonne aussitôt sans tentative de succion.
16 juillet. — Un individu visite exclusivement les Dianthus,
suçant un grand nombre de fleurs et ne se préoccupe pas des brac-
tées de Salvia.
18 juillet. — Un individu visite une trentaine d'inflorescences de
Dianthus sans s'inquiéter des Salvia.
21 juillet. — Un individu visitant de vingt à trente inflorescences
de Dianthus a paru, un instant, commettre une erreur rapide à
l'égard des bractées de Salvia ; mais j'étais cette fois mal placé pour
bien voir.
25 juillet. — Un dernier Macrof/lossa butinant sur les Dianthus
commet trois erreurs rapides vis à-vis de panaches de bractées.
Ainsi, en admettant seulement vingt fleurs de Dianthus visitées
par cas, ce qui est inférieur à la vérité, on arrive au total de cinq
erreurs ou mieux cinq hésitations pour 120 fleurs d'OEillets, c'est à-
dire une erreur sur vingt-quatre fleurs vraies.
C'est déjà peu pour un Papillon auquel ou a fait la réputation de
RECHERCHES SUR LES l«.\I>PORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 351
visiter des fleurs peintes sur des murailles (1) ; mais d'autres
Insectes plus intelligents que les Lépidoptères, les Abeilles, les
Anlhidiums, les Authophores, se laissent encore moins tromper
par l'aspect floral des panaches de bractées colorées.
o" Le groupe D, composé en majeure partie d'Hyménoptères et
comprenant les Insectes butinant exclusivement sur les Salcia hor-
minum, est de beaucoup le plus intéressant.
J'exposerai d'abord les résultats généraux, puis je résumerai tous
les faits dans le tableau II.
Les observations effectuées en vingt-quatre jours ont duré en
totalités? h. 30'.
Les Hyménoptères fort abondants étaient des Abeilles, des Bour-
dons, des Anthidiums et des Anthophores. La grande quantité
d'Abeilles et d'Anthidiums ne m'a presque jamais permis de les
compter avec quelque exactitude.
La manière de se comporter de ces Insectes dans mon jardin, où
la présence de la Salvia horminum était cependant chose entière-
ment nouvelle, prouva, d'une façon indiscutable, comme au Jardin
botanique, que les bractées colorées ne les attirent pas ou les atti.
rent fort peu.
En effet, si ces bractées possédaient réellement une action
attractive sérieuse, j'aurais dû voir les Hyménoptères qui arrivaient
au vol de points éloignés se précipiter d'abord sur les bractées roses,
voyantes, nombreuses, dépassant les autres plantes, puis, l'erreur
reconnue, se porter seulement alors sur les fleurs réelles. Or, pres-
que jamais (2) les faits ne se passent de cette façou.
Les Insectes Hyménoptères commencent, au contraire, par aller
tout droit aux véritables fleurs de Salvia et les courtes erreurs ou
mieux hésitations, du reste peu nombreuses, qu'ils peuvent com-
mettre, n'ont Heu que pendant leurs pérégrinations de fleur en
(1) Voyez à ce sujet : R. Vallette. Comptes-rendus des séances de la Société
entomologiquc de Belgique, 3 avril 1875.
R. Blanchard. Erreur des sens chez un Lépidoptère. Bulletin de la Société
zoologique de France, XVI, p. 23, 1891.
Bernard Pérez dans J. Pérez. Notes zoologiques. Actes de la Société linnéenne
de Bordeaux, série V, t. VII, p, 246, 1894.
J. ScHNABL. lUustrierte Wochenschrift fur Entomologie. 1 Jahrg. n° 9, p. 147,
1896.
A. GoRKA. Zwei biologisclie Erscheinungen. Rovartani Lapok., IV, p. 197.
Analysé dans liluslrierte zeitschrift fur Entomologie, IIF, p. 270-271, 1898. Concerne
une forme voisine, le Deilephila elpenor.
(2) Sur des centaines d'observations, je n"ai vu que trois fois en tout lAbeille
domestique agir comme il vient d'être dit.
352 V l'LATI.AI'
tleui- cl smivt'iil ;i|iifs (jn'ils oui visilr un |^r;iii(l iiomlucdc llciirs
réelles.
Pour piTciser iliiv.iiil.i^c je iciivoic à l;i (ij^nrc 1. Sauf dans des
cas exccssivonicnl raies, rilyni('no|»U''i(; n'arrive doue pas suivant
la ligne poinlillée A. Presque toujours il arrive suivant la trajec-
toire n, c'est à-dire (ju'il s'adresse en premier lieu à une fleur vraie,
puis passe de Heur eu fleur en décrivant des courbes la plupart du
temps ascendantes a, p..., etc., et, continuant ce mouvement en
quelque sorte automatique, décrit autour du panache des bractées
terminales une dernière courbe 7.
Cette courbe finale y n'est pas le résultat d'une erreur; c'est un
mouvement que l'animal ellectuera généralement, (pi'il y ait des
bractées colorées ou qu'il n'y eu ait pas. En efïet :
a. Comme me l'a fait remarquer J. Mac Leod et comme j'ai pu le
constater moi-même, les Hyménoptères se comportent à très peu
près de la même manière sur les grappes d'une autre Labiée, le
Teucnuin scorodonia L. (vulg. Germandrée), dont les boutons floraux
terminaux absolument verts ne peuvent jouer aucun rôle attractif
par leur coloration. Les Insectes remontent de fleur en fleur et
exécutent une dernière courbe, au vol. au bout de l'inflorescence.
b. Ainsi que j'ai eu l'occasion de l'observer nettement sur quel-
ques tiges de Salvia horminum dont un accident avait supprimé
l'extrémité supérieure et qui n'avaient donc plus de bractées termi-
nales, les Abeilles visitant les fleurs situées le long de ces tiges
effectuaient la même courbe caractéristique autour de l'extrémité
tronquée. En moins d'une heure j'ai assisté cinq fois au phénomène.
Le tableau 11 suivant qui contient le résumé de tous les faits
constatés montre combien les Hyménoptères ont été peu trompés
par les bractées colorées. En évaluant le nombre total de ces Insectes
observés à 250, je suis certainement bien en dessous du chiffre réel.
Or je n'ai assisté de leur part qu'à 24 erreurs en tout, dont 17
n'étaient que de courtes hésitations, ce qui donne la proportion
d'une erreur ou hésitation par un peu plus de dix individus seule-
ment ; manière de compter du reste illusoire comme je l'ai déjà dit.
Dans onze des périodes d'observation aucune erreur n'a même
pu être relevée.
Les Lépidoptères diurnes se sont, au contraire, trompés fréquem-
ment, commettant un peu plus d'une erreur par individu. La
proportion est analogue pour les Diptères. Cependant les Insectes
de ces deux derniers ordres n'étaient pas assez abondants pour
permettre des conclusions certaines.
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 353
Un tableau tel que celui ci-coiitre ne peut renseigner sur tous
les détails curieux dont l'expérimentateur a tenu note. C'est pour-
quoi j'y ajouterai encore quelques remarques à propos des princi-
paux Hyménoptères.
L'Abeille domestique était, en général, représentée par un assez
grand nombre d'exemplaires oisUant chacun une longue série de
{leurs vraies. Cependant, en vingt- trois heures d'observation atten-
tive durant lesquelles j'ai suivi les allures de plus de cent individus,
je n'ai vu commettre que huit erreurs vis à-vis des bractées colorées;
savoir trois erreurs à l'arrivée et cinq hésitations pendant les
passages d'une tige à l'autre.
Chose importante à remarquer, les erreurs à l'arrivée n'ont pas
eu lieu les premiers jours, mais le treizième et le dix-huitième de
l'apparition des Abeilles.
Je puis, en outre, signaler ici un autre fait probant. L'ensemble
de mes observations a commencé dans mon jardin, le l*?!' juillet,
premier beau jour succédant à une longue période de pluies pen-
dant laquelle les Insectes restaient cachés. Les Abeilles n'ont apparu
sur les Sauges horminelles, plantes absolumentnouvelles pour elles,
que le o ; or, ce n'est ni le 5, ni le 6 que j'ai vu la première erreur
sous forme d'hésitation, mais le 8. Ce qui montre, avec d'autres
faits, que rien n'autorise à considérer le faible nombre d'erreurs
comme résultant d'une expérience acquise.
L'Anthidium nianicatum L., bel Hyménoptère commun dans nos
environs, était encore plus abondant que l'Abeille. Ses allures sont
excessivement rapides, aussi les individus visitaient-ils un grand
nombre de fleurs de Sauge en un temps relativement court, ne
restant que quelques secondes à chacune d'elles.
J'ai observé plus de cent exemplaires en quinze jours, soit dix-
huit heures d'examen, et n'ai constaté en tout que sept courtes
hésitations à l'égard des bractées ; jamais d'erreurs à l'arrivée.
Comme dans le cas des Abeilles, aucun Antliidium ne s'est posé sur
des bractées et n'a fait la moindre tentative de succion. Comme
pour les Abeilles aussi, la première erreur ne s'est montrée que le
troisième jour de visite.
Enfin l'Anthophora quadrimaculata Pz. (1) fut aussi fort intéres-
sante à observer. L'Insecte, d'une vitesse de mouvements encore
plus remarquable que celle des Anthidiums, passe rapidement de
fleur en Heur. Comme il était peu commun j'ai pu compter assez
(1) Anthophora subglobosa et valpina Kirby, A. mixla Lepeletier de Saiat-
Fargeau.
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RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 355
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RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 357
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V. l'LATKAU
exactement les individus. Kn dix heures et quarante minutes, j'ai
eu sous les yeux vin^l-(|uatieexem|)l;iircs agissant avec une si^relé
presque altsolue. Deux fois seulement j'ai eonslaté une courte
hésitation.
J'ai répété dans les pafj;es précédentes que calculer la |»ropoition
Tableau III. — HYMÉNOPTKHES.
NOMBRE
DE FLEURS
NOM BU K
d'erueuiis
NATURE
vraies
visitées
vis-à-vis
de bractées
DES ERREURS
Àpis mellifica ....
24
1
Sinipic hésitatiun.
Id. ....
10
0
A n thidiu m m a n ica-
tum
Id.
10
38
1
1
Simple hésitation.
Id.
Bombus terrestris . .
5
0
Id. . .
14
0
ht. . .
29
0
Id. . .
81
1
Simple liésitation.
Id. . .
9
0
Id. . .
61
2
Courtes hésitations.
Id.
14
0
Id. . .
4
0
Id. . .
17
0
Id. . .
30
0
Id. . .
61
2
Simples liésitations.
Àntliophora quadri-
maculata. .....
14
0
Id.
29
0
Id.
36
0
M.
Id.
66
33
1
0
Hésitation devant un
bourgeon de bractées.
Id.
46
0
Cœlioxys conica . . .
30
3
Hésitations devant des
bourgeons de bractées
661
12
des erreurs par rapport au nombre d'Insectes était une manière
illusoire de compter faisant paraître le nombre d'erreurs beaucoup
plus notable qu'il n'est réellement et (ju'il faudrait calculer la pro-
portion de ces erreurs par rapport au nombre de (leurs vraies visitées
par les animaux.
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 359
Oq a déjà vu plus haut un résultat approximatif obtenu de cet}e
façon pour le Mdcroglossa stellatarum butinant sur les Dianthus.
Il était impossible d'employer ce procédé pour tous les Insectes
bien trop nombreux visitant les Salua; mais en m'astreignant à
suivre patiemment des yeux quelques individus, je suis arrivé à
pouvoir dresser les petits tableaux ill et IV ci-dessous concernant
des Hyménoptères et des Lépidoptères Rhopalocères.
Tableau IV.
LEPIDOPTERES RHOPALOCERES.
NOMBRE
NOMBRE
DE FLEURS
d'erreurs
NATURE
vraies
vis-à-vis
DES ERREURS
visitées
de bractées
Pieris napi
8
0 -
M.
12
0
Id.
7
3
Erreurs réelles.
M.
3
0
Id.
3
0
Id.
8
0
Id.
5
1
Simple hésitation.
Id.
9
0
Id.
13
1
Erreur réelle.
Id.
2
1
Erreur réelle.
Id.
5
3
Erreurs réelles.
Id.
1
0
Id.
5
1
Erreur réelle.
Pieris rapae
20
3
Erreurs réelles.
101
13
La proportion des erreurs, se réduisant du reste à des hésitations,
n'a donc été cette fois pour les Hyménoptères que de une erreur
sur cinquante-cinq fleurs visitées.
Au Jardin botanique, en observant six abeilles, je n'avais constaté
que deux erreurs sur trois cent quatre-vingt-huit fleurs visitées, soit
une erreur sur cent quatre-vingt-quatorze fleurs. Cette différence
résulte de ce que, de part et d'autre, les nombres d'Hyménoptères
étaient trop peu considérables. Cependant, les deux résultats con-
cordent pour prouver, comme je l'ai déjà fait ressortir, que les
Hyménoptères ne se trompent que très rarement.
Soit une erreur sur un peu plus de sept fleurs visitées. Démon-
trant encore une fois, si la chose était nécessaire, que les Lépidop-
360 F. l'I.ATKAU
tères iliiirnes sont des animaux dont les |)er(re|»tious sont foit
inférieures à celle des HyinénoiJtères.
§ 4. Conclusions pour la N.i/.r/.i //ouM/xrM.
4° Les Insectes libres de choisir entre les lleurs de Dianthiia hnr-
hatus, les petites fleurs pâles de Salvia hormiiuitn, enfin les bractées
vivement colorées de cette plante, se sont simplement comportés
comme s'ils avaient le choix entre les Dianthus et une Salvia sans
bractées, (^'esta-dire qu'ils n'ont pas été particulièmnent attirés
par ces organes.
2° Une partie assez notable des Insectes, composée surtout de
Lépidoptères et de Diptères (1) (123 individus), n'a butiné que sur
les Dianthus seuls, sans s'inquiéter des Salvia.
3" Quelque Lépidoptères et Diptères (2) (21 individus), tout en
visitant les Dianthus, ont commis un certain nombre d'erreurs
vis-à-vis des bractées voisines.
4» Les Salria horniitium, comme les Labiées en général, ont été
surtout visitées par une grande quantité d'Hyménoptères (plus de
250 individus). Ceux-ci, lorsqu'ils arrivaient du nid ou de la ruche,
ne se sont jamais, sauf dans des cas très exceptionnels (3 en tout),
précipités d'abord sur les bractées. Toujours et quoique les Sauges
horminelles fussent cultivées dans la localité pour la première
fois, ils se jetaient, dès le début, sur les fleurs vraies. Les rares
erreurs commises, le plus souvent de simples hésitations, n'avaient
lieu que pendant les pérégrinations de fleur en fleur. Jamais aucun
Hyménoptère n'a fait, sur les bractées, de tentative de succion.
5° Les Lépidoptères (20 individus) et Diptères (10 individus),
naturellement peu nombreux sur des Labiées, ont, au contraire,
commis proportionnellement des erreurs assez fréquentes.
6° 11 résulte de l'ensemble des observations que les Hyménoptères,
Abeilles, Bourdons, Anthophores, Anthidiums, etc., principaux et
presque exclusifs fécondateurs des Salvia (3), sont si peu attirés
par les bractées colorées que, si ces organes soi-disant vexillaires
faisaient défaut, la fécondation de la Salvia horminnm serait
cependant largement assurée.
(1) En négligeant les Coléoptères.
(2) En négligeant une seule Andrena.
(3) H. Mulleh. The Ferlitisation of Flowers, etc., op. cit., p. 303, dit en elTet :
« chez les Lavendula, Salvia, Galeohdolon, Laniiuin..., les Abeilles accomplis-
sent à peu près tout le travail de fécondation (Bées perform almost ail the work
of fertiiiî-ationl, quoique les Lépidoptères et les Diptères à longue trompe y parti-
cipent aussi. »
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 361
Chapitre II
Observations sur VHydrangea opiiloides Lam.
§ 5. Hlstorique
Chez la Viorne obier sauvage, Vihurnum opulus L., l'inflorescence
offre des caraclères intéressants bien connus mais qu'il est néces-
saire de rappeler pour l'intelligence du sujet : les fleurs sont
réunies en corymbe plan ; celles de la circonférence sont grandes,
aplaties, blanches, très visibles, irrégulières, stériles; celles de la
portion centrale sont, au contraire, petites, campanulées, d'un
blanc jaunâtre, régulières et fertiles.
II existe une variété cultivée dans les parcs et les jardins, var.
glolmlarls ou var. sterilis, portant les noms vulgaires de Rose de
Gueldre ou de Boule de neige, dont les fleurs groupées en cyme
globuleuse sont toutes grandes et stériles.
V Uydrangea opuloides Lam. {H. hortensis Sm., H. hortensia D.C.)
vulgairement Hortensia, nous présente des dispositions florales très
analogues.
A l'état primitif (figure 2), les fleurs sont réunies en ombelle
plane ; celles de la périphérie sont grandes, bien visibles, d'un rose
très pâle, souvent stériles; celles de la région centrale sont petites,
roses, munies de stigmates et d'étamines, fertiles, non ou très peu
nectarifères, mais odorantes.
Comme pour le Viburnum, il existe une variété cultivée partout,
même le seul état sous lequel le végétal soit connu du vulgaire,
V Hortensia ou Hose du Japon des jardiniers, dont les fleurs ordinai-
rement roses, toutes grandes et presque toutes fonctionnellemeut
stériles, sont associées en volumineuse ombelle globuleuse.
Ainsi, quoiqu'elles appartiennent à des familles différentes (1),
ces deux plantes peuvent, au point de vue des Insectes, être étu-
diées sous deux états ; l'état primitif à fleurs centrales petites, fer-
tiles et à fleurs du pourtour grandes, stériles; l'état cultivé où
toutes les fleurs présentent la structure des seules fleurs périphé-
riques de la forme sauvage. Ce qui a été dit pour l'une, (|uant à
l'attraction des Insectes, s'applique donc à l'autre et récipro-
quement.
(1) L'Hydrangea appartient à la famille des Saxifragées, le Viburnum à celle
des Caprifoliacées,
362
I l'LATKAI
.l'ai riloisi Vlluilvauçica pour mes observations personnelles,
d'ahord en raison de rrpo(|ue de la lloraison ; le \ ihuniuin flenris-
sant dès niai, moment de l'année où, en Belj,Mqiie, les Insectes sont
sonvent peu abondants et oCi le temps est fréquemment pluvieux,
VllildnuKjt'd lleurissanl au contraire en août, alors que les Insectes
deviennent uoM)breux; ensuite parée que j'avais la chance de pos-
séder dans mon jardin un beau et i;rand |)ied du type primitif bien
exposé.
Le court liistori(|ue ci-dessous fera comprendre l'intérêt qui
s'attachait à des observations attentives.
C. K. Spreugel, parlant du Viburnuiii sauvai^^^ émit le premier
A
Fig. 2 (g. n.). Hijdriiagea opulnidea^ typn primitif. Ci)upt' d'une ombelle. —
A, trajet que suivraient les Insectes à l'arrivée s'ils étaient attirés par les
grandes lleurs périphériques ; B, trajet réellement suivi à l'arrivée.
l'idée que les grandes fleurs stériles de la circonférence, comme les
fleurons périphériques du Centaurea cyanus; qu'il cite dans ce pas-
sage, auraient un rôle utile pour la communauté, celui d'attirer,
par leur visibilité, les Insectes vers l'inflorescence (1).
(1) Spkengel. Das entdekte Geheiinniss der Natur im Rau und in der Befruch-
tnng der Biumen, p. l;jî) de l'édition originale, Berlin, 1793. — Fascicule 49,
p. 10 et 11 de la réimpression dans les Ostwald's Klassiker dt^r exaten Wissens-
chaften, Leipzig, lS9i — p. 3S1 de l'édition originale et fascicule oO, p. 93, de la
réimpression, Sprengel revient sur le rôle attractif des fleurons périphériques du
Centaurea qu'il appelle Sc/iemblumen (fleurs voyantes).
RECHERCHKS SUR LKS RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 363
Cette interprétation, séduisaote au premier abord, fut adoptée par
une série de naturalistes parmi lesquels je citerai : H. Mûller (1),
Wm. Ogle (2), F. Delpino (3). G.S. Boulger (4), Th. Comber (5),
Errera et Gevaert (6), John Lubbock (7), Th. Barrois (8), etc.
Presque tous attribuent la même fonction vexillaire aux fleurs
périphériques stériles duVihiirmim, de VHijdra^ifjea et du Centaurea
cyanus. Les termes employés étant généralement analogues, je
me bornerai à emprunter le passage suivant à Errera et Gevaert :
«... chez ces végétaux il y a une sorte de division du travail : parmi
leurs fleurs, les unes se chargent de la production de pollen et
d'ovules; les autres brillantes, agrandies aux dépens des organes
sexuels, servent uniquement à accroître l'éclat de la plante et à la
faire mieux apercevoir des Insectes. C'est le cas chez beaucoup de
Composées {Centaurea), chez les Hydrangea, Viburmim »
Lorsqu'on s'occupe, non d'une façon hypothétique, mais d'une
manière réelle et expérimentale des rapports entre les Insectes et
les fleurs, on est stupéfait de la facilité avec laquelle certaines idées
se sont incrustées. Ainsi la théorie de Sprengel sur le rôle des fleurs
périphériques du Viburnum a pu régner jusqu'en 1894, sans que
personne se donnât la peine de vérifier si elle était exacte.
A cette date les observations patientes d'un naturaliste conscien-
cieux, J. Mac Leod, firent naître les premiers doutes. Mon savant
collègue s'exprime comme suit : « Les grandes fleurs périphériques
stériles s'ouvrent quelque temps avant les petites fleurs centrales
fertiles; elles sont ainsi exposées trop tôt à la pluie et au vent sans
aucune utilité pour la plante. Il a été admis que les grandes fleurs
ont pour rôle l'attraction des Insectes transportant le pollen; mais
tant que les fleurs fertiles sont encore fermées, les visiteurs ne
peuvent rendre aucun service au végétal. Certaines inflorescences
sont complètement ou presque complètement dépourvues de fleurs
périphériques et n'en sont cependant pas moins visitées par les
(1) Mûller. The Fertilisaiion of Flowers. Op. cit. p. 291 ot 330.
(2) Ogle. Popular Science Review, april 1870.
(3) Delpino. Ulteriori osservazioni. etc. Op. cit. p. 1G4.
(4) Boulger. Colour in Flowers not due lo Insecls. The Nature. X, p. 520,
October 29, 1874.
(3) Comber. Même recueil, même date.
(6; Errera et Gevaert. Sur la struchcre et les modes de fécondation, etc.,
Op. cit., p. 14;).
(7) Lubbock. Les Insectes et les fleurs sauvages. Traduction française, p 39,
129, 130, Paris, 1879.
(8) Barrois. Rôle des Insectes, etc., Op. cit. p. 100.
364 F. l'I.ATKAU
Itisecles. Os f;iils ne c.oiic.oidfiit pus avec l.i lln'orir de Spron
^'el(l))..
Mes propres expérieuces de 1895 sur les Dahlias dont on njasque
les llenroiis du pourtour par des feuilles vertes (2), ainsi cpie mes
expériences de IS'.MJsur \v Ci'ntaurt'a rijdnus (H). lireut faire un pas
de plus.
Je ra|i[)ellerai lirièvenient ces dernières, puisque des auteurs qui
ont parlé du Vilniniuni et de VUjidnuujea citent aussi le ('entanrea à
l'appui de leur thèse. On sait que, chez le Bleuet commun, les fleu-
rons centraux, fort peu apparents, ont seuls des étamines, un pislil
et une glande nectarifère, tandis que les fleurons périphériques,
grands, iufundibuliformes, vivement colorés, sont vides. F^es dimen-
sions de ces fleurons de la circonférence, leur couleur, leur posi-
tion, firent admettre, depuis Sprengel, qu'ils servent d'organes
attractifs.
Or, si dans un groupe de Bleuets semés serrés, on enlève tous les
fleurons périphériques à uu certain nombre d'inllorescence (dix,
par exemple), disséminées çà et là au milieu de la multitude des
autres intactes, on voit les Hyménoptères visiter avidement les
inflorescences privées de leurs fleurons colorés. Ces Insectes pas-
sent, comme si rien de spécial n'avait été effectué, des capitules
intacts aux capitules mutilés.
Si les fleurons périphériques avaient la fonction attractive qui
leur a été attribuée, les Hyménoptères ne visiteraient que les capi-
tules intacts très nombreux et négligeraient les quelques capitules
mutilés. Le fait que les choses ne se passent pas de cette manière
semble bien prouver que l'existence ou la présence des fleurons
colorés leur est parfaitement indifïérente.
Au point où en était la question, la théorie de Sprengel se trou-
vait donc entamée. Cependant, le seul moyeu de s'assurer si on
devait réellement l'abandonner, consistait à faire des observations
suivies sur des inflorescences analogues au type Vihurnuin qu'il
décrivit. J'ai déjà dit plus haut pour quels motifs j'ai choisi Vlhj-
drangea opuloideH.
(I) Mac Leod. Over de Becruchliriff drr filoejiiei in hel Keinpisch gedeelle van
Vlaanderen, blz 37:!, n" 301. Addenda. Hotaniscli Jaarljock uitfjregcven door het
Kruidkundig gonootschap Dodonœa. Gont, 1894.
(i) F. Plateau. Comment les fleurs attirent 1rs Insectes, première pariie.
Bulletins de l'Académie royal de Belgique. 3' série, XXX, n° 11, 1893.
(3) Id. Deuxième partie. M«^nie recueil, XXXII, n° 11, 1890.
RECHEKCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 365
§ 6. Observations sur le type primitif.
Le pied observé était grand et unique dans la région. Non seu
lement il était seul dans mon jardin, mais il n'y en avait aucun, ni
dans les autres jardins voisins, ni dans le parc public situé à peu
de distance (1): fait qui diminue de beaucoup la valeur de certaines
objections possibles concernant des habitudes prises par les
Insectes, etc.
En pleine floraison, il portait de quarante-cinq à cinquante
ombelles.
L'analyse quelque peu détaillée d'une de ces inflorescences
(fig. 2) est nécessaire pour bien saisir la portée des résultats.
Les petites fleurs centrales roses (fig. 3) ont environ o millimètres
de diamètre ; elles sont presque toujours construites sur le type
cinq, comprenant cinq sépa-
les (.s) incolores, très courts,
persistants ; cinq pétales (p)
roses se recourbant vers le
bas et caducs, c'est à-dire
tombant après la féconda-
tion ; un ovaire (o) infère ;
trois stigmates, parfois qua-
tre et généralement dix éta-
mines dont les anthères pro-
duisent un pollen blanc légè-
rement grisâtre. Mes recher-
ches pour trouver des glan-
des nectarifères ont été vai-
nes. Pendant les heures chaudes de la journée, ces fleurs émettent
un parfum assez intense, rappelant celui de la Spiraea almaria et
qu'on aperçoit à quelque distance.
Bien que sous notre latitude les graines n'arrivent que rarement
à maturité, les fleurs centrales sont bien des fleurs fertiles au sens
physiologique. L'ovaire (figure 3, B) gonfle, devient piriforme, vert,
atteint plus de 2 millimètres de diamètre et les coupes y décèlent
aisément des graines en voie de développement.
Tout autre est la structure des grandes fleurs périphériques
(figure 4). D'un rose plus pâle, elles mesurent chacune environ trois
Fig. 3 (gr. 5). A, Petite fleur centrale
û'Hydiangea ; s, sépales; p, pétales;
0, ovaire ; B, Ovaire mûr.
(1) Le type primitif, passant pour laid au point de vue horticole, ne figure
guère que dans les jardins botaniques.
3fi()
F. l'LATKAI'
ceiitimùtres de (li.iiiK'lie, c'est à-dire (|uo leur largeur ;dtcinl six
fois celle des lleurs centrales. Elles sont souvent construites sur le
type quatre. La largeur de la fleur est due non au développement
des pétales, mais à celui des sépales. On y compte donc ordinaire-
ment quatre grands sépiles d'un rose pale (.s) et (juatre petits
pétales (;/) restant aussi petits que dans les fleurs centrales.
Chez beaucoup de ces grandes fleurs, l'avortement fonctionnel
des élénxMits reproducteurs semble, au premier abord, être com-
plet, leur centre n'étant occupé que par un petit bouton sphérique
à quatre secteurs (fig. 4, B) ; mais si l'on ouvre ce bouton, on cons-
tate qu'il se compose des
quatre petits pétales enve-
loppant intimement pistil
et étamines.
Au bout de plusieurs
jours, les pétales s'écar-
tent et les étamines diver-
gent (fig. 4, A). Il n'y a
ordinairement que deux
stigmates et huit étami-
nes ; celles-ci produisent
alors du pollen ; cependant
les grandes fleurs restent
stériles , leur ovaire ne
prenant aucun accroisse-
ment (1).
Il y a ici un détail à
retenir pour interpréter
sainement les visites des
Insectes, c'est que toujours
un certain nombre de grandes fleurs périphériques, arrivées à leur
développement complet, offrent du pollen à la convoitise des
Hyménoptères et des Diptères.
Mes observations furent poursuivies pendant une grande partie
du mois d'août et eurent lieu cbacun des jours de beau temps,
pendant une heure, tantôt vers midi, tantôt entre deux et trois
heures. V^oici les résultats :
1° Les Insectes ne sont pas très abondants, c'est-à-dire sont
Fig. 4 (gr. 2). — Gnindos fleurs périphériques.
A, Fleur où les stigmates et les étamines
sont étalés ; *', sépales ; p, pétales; B, Fleur
plus jeune privée, en apparence, de tout
organe reproducteur.
(1) Vers la fin de son existence, rindoresccnce subit une série de changements
de coloration assez intéressants mais dont la description serait inutile dans le
travail actuel.
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 367
moins nombreux, ea un temps donné, que sur des Composées, des
Labiées ou des Ombellifères ; ce qui explique les chiffres relative-
ment faibles du tableau V figurant plus loin.
2° Par suite de la pauvreté en nectar ou de l'absence totale de
celui-ci, les fleurs d'Hydrangea ne sont visitées que par certains
Hyménoptères n'y venant que pour récolter du pollen (Bombas (1)
et Megachile) et par des Diptères Syrphides (Sjjrphus, Eristalis et
Helophilus) mangeant le même produit.
3° L'Abeille domestique restait absente; l'unique visite signalée
plus bas est accidentelle.
40 Les Lépidoptères diurnes que leur vol peut amener dans la
direction de la plante se bornent à passer, ne se posent jamais et
montrent V indifférence la plus complète, l'éclat des grandes fleurs
périphériques ne les attirant pas.
5<* La façon habituelle de se comporter soit des Insectes qui arri-
vent d'une certaine distance, soit de ceux qui passent successive-
ment d'une ombelle à l'autre, est caractéristique. L'animal, au lieu
de se précipiter d'abord sur une des grandes fleurs périphériques,
suivant la direction A (figure 2), pour ne passer qu'après aux petites
fleurs, ce qui serait d'accord avec la théorie de l'action attractive
des grandes fleurs stériles, agit tout autrement; il vole à côté ou
au-dessus des grandes fleurs comme si elles n'existaient pas et se
rend rfw premier coup (suivant la direction B, fig. 2) aux petites
fleurs fertiles centrales.
6° Les erreurs commises sont en très petit nombre : pour les
Hyménoptères, une sur soixante-dix-neuf ombelles visitées; pour
les Diptères, insectes moins intelligents, une sur dix-huit ombelles
visitées. En combinant tous mes résultats, je trouve une erreur
(1) Les Bourdons qui visitent les ombelles d'Hydrangea parcourent chacune
d'elles, pendant un certain temps, en piétinant en cercle, puis passent à une
ombelle voisine où ils répètent le même manège; ils en visitent ainsi parfois un
grand nombre, revenant même à des indorescences déjà explorées. Ils récoltent
le pollen avec avidité et les corbeilles de leurs pattes postérieures en sont finale-
ment chargées.
Afin de lever tous les doutes à cet égard, je me suis assuré par une observa-
tion microscopique attentive, en comparant le pollen provenant des anthères au
pollen qui garnissait les pattes de Bourdons capturés sur la plante, que c'était
bien le pollen d'fli/drangea que ces Hyménoptères ramassaient si soigneusement.
Cette constatation demande certaines précautions : il ne faut s'emparer de
l'Insecte que lorsqu'il a visité plusieurs ombelles et qu'on a vu que ses corbeilles
sont garnies de pollen blanc. Souvent, en effet, des Bourdons déjà plus ou moins
chargés de pollen (jaune, par exemple), récolté sur d'autres fleurs, arrivent aux
Bydnitujea pour comphHer leur provision.
368 F. I LA ri: AU
poiif (|ii;ii;mli' iii'iif onilx-llcs Nisilt'es. Très souvent, l'iusecle n'en
cominel iiiicnnc ; on lidiiver;i, dans le talileau V suivaot, les cas de
Bourtions ayant visite^ sneressivenienl IH, 25, M2, 102 ()mi»elles sans
se laisser tronipt'r une seule fois |)ar le-^ grandes lleurs.
L'obsei'vation atlenlive montre, en outre, (jue ces erieurs sont
fort peu importantes. I^es erreurs totales sont excessivement rares;
prescjue toujours la faute ne consiste ou bien (ju'en une courte hési-
tation, ou bien dans le fait (jue l'Insecte s'est servi d'une des grandes
fleurs comme point d'appui momentané (1).
Si l'erreur, même faible, avait toujours lieu au moment de l'arri-
vée de l'animal, elle acquerrait une certaine valeur; mais, loin de
là, on ne la constate souvent que lorsque l'Insecte butinant depuis
quelque temps a déjà exploré quelques-unes des inflorescences.
On n'oubliera pas non plus, ainsi que je l'ai indiqué plus haut,
que plusieurs des grandes fleurs périphériques possèdent des éla-
mines et produisent du pollen. Des Diptères Syrphides pourront
parfois aller à ces fleurs, mais à celles-là seulement, pour dévorer le
pollen en question. Je reviendrai sur ce sujet dans le § 8.
§ 7. Cas dks ombelles du type prlmitif dont les fleurs centrales
SONT encore en BOUTONS.
Les partisans de l'action vexillaire des grandes fleurs périphéri-
ques diront : oui il résulte de vos recherches que de près les grandes
fleurs n'attirent pas les Insectes, mais c'est de loin que s'exerce leur
action ; ce sont elles qui avertissent les Insectes à dix, vingt, cin-
quante mètres de distance.
Le paragraphe actuel, ainsi que le suivant, vont leur prouver qu'ils
se trompent.
J'ai cité plus haut, § 5, le passage où J. Mac Leod, parlant du
Viburnum opubis sauvage, fait remarquer que les grandes lleurs de
la circonférence s'ouvrent avant les fleurs centrales et qu'il existe
ainsi une période durant laquelle l'attraction déterminée par les
grandes fleurs périphériques, si attraction il y a, est sans utilité.
Les mêmes faits, peut être encore plus accusés, s'observent chez
le type primitif dliijdrangea opuloides.
Les grandes fleurs du pourtour, d'abord verdàlres, puis blanches
et enfin roses, s'ouvrent longtemps avant les petites fleurs centrales.
Cet état persiste plusieurs jours.
(1) Absolument comme il se servirait de la surface d'une feuille, d'une bractée
ou de la lèvre inférieure d'une corolle bi-labiéc, etc.
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 369
Ainsi, par exemple, j'ai compté, sur une inflorescence de dimen-
sions moyennes, huit grandes fleurs parfaitement développées,
tandis que le centre de l'ombelle comprenait plus de 280 petites
fleurs fertiles toutes en boutons. A compter du moment où les
grandes fleurs avaient acquis leur aspect normal, il s'est écoulé
trois jours chauds et ensoleillés avant qu'aucune fleur centrale ne
s'ouvrît.
Tant que les fleurs du centre sont fermées, les fleurs de la circon-
férence sont inutilement étalées. Les visites d'Insectes font défaut.
L'ouverture des petites fleurs n'a pas lieu simultanément pour
un grand nombre d'entre elles. Elles s'ouvrent au contraire fort
lentement, une à une. Or, quand il n'y en a' encore qu'une ou deux
d'ouvertes, étalant leurs étamioes, c'est sur celles-là et celles-là
seulement qu'on voit se précipiter les Syrplius.
Enfin on peut rencontrer fréquemment des ombelles où toutes
les fleurs centrales sont complètement fanées, les unes desséchées,
les autres réduites à leur ovaire vert, tandis que les grandes fleurs
périphériques sont encore assez fraîches pour jouer leur prétendu
rôle vexillaire.
§ 8. Observations sur le type généralement cultivé
(Hortensia ou Rose du Japon des jardiniers).
On pourrait opposer à ce que je viens de dire dans le § 7 précé-
dent que les grandes fleurs des inflorescences dans lesquelles les
petites fleurs sont encore fermées ne sont pas complètement inutiles,
qu'elles servent à attirer les Insectes, de loin, vers l'ensemble de
la plante, au bénéfice des ombelles plus avancées.
Ce raisonnement est démontré faux ou, tout au moins, exagéré
dans ses conclusions, par ce qui se passe à l'égard des Hortensias
cultivés.
Chez cette variété bien connue, toutes les fleurs sont grandes,
stériles au point de vue fonctionnel et groupées en grosses
ombelles sphériques bien plus visibles que les inflorescences du
type primitif,
La floraison très abondante, ce qui fait rechercher le végétal pour
la décoration des jardins, a pour résultat de produire des masses
florales roses volumineuses et nombreuses, s'apercevant à de grandes
distances.
Dans chaque inflorescence s'observent, en général, plusieurs
fleurs qui, bien que ne produisant pas de graines, sont munies de
Mém. Soc. Zool, de Fr,, 1898. xii. — 24
370 F. l'I.ATKAU
sti2:mRtes ef d'ëtaniines. Cette particularité explique les quelques
visites (l'iiisecles dont je vais parler.
Le parfum est très faible, beaucoup moias prononcé que chez le
type |)riinitif et il faut mettre le nez sur une ombelle pour en cons-
tater l'existence.
Mes observations ont été faites à fiand, au Jardin botanique et au
jardin de la Société d'ai^^riciilture et de botanique (vulgairement
le Casino) les 17, 18, 31 août, ;") et 7 septembre, par beau temi)S.
Au Jardin botanique, les Hydrangea à inflorescences sphériques
occupent un parterre elliptique de 7 à 8 mètres de longueur et de
3 mètres de laige. Elles portent à la fois de 150 à 200 ombelles en
fleurs, le tout formant dans une pelouse une énorme masse rose
visible certainement à plusieurs centaines de mètres.
Détail à signaler: à cinquante mètres à peine de ce parterre existe
un rucher en pleine activité dont les Abeilles se répandent dans
tout le jardin.
Or, malgré l'éclat des inflorescences et leur grand nombre, la
surface du massif d'/f//rf/a7î^m est relativement déserte; ni Abeilles,
ni Bourdons, sauf, à de longs intervalles, un unique individu qui
s'éloigne presque aussitôt, pas d'Eristales, pas de Lépidoptères,
seuls des Syrphuii corollae et des Mclanostoma mellina, en quantité
minime, visitent les fleurs à étamines et presque exclusivement
celles-là.
Au jardin de la Société d'agriculture et de botanique les Hydrangea
cultivés sont plantés en ligne le long d'une des allées. Ils portent
une centaine d'ombelles dont soixante-quinze sont absolument
fraîches. Sans les massifs d'arbres, le tout se verrait aisément de
l'extrémité opposée du jardin, qui mesure environ un hectare.
Encore une fois, malgré les dimensions des ombelles et leur cou-
leur rose, la plate-bande est à peu près déserte; pas un Hyménop-
tère, bien que de nombreux Bourdons visitent les fleurs immédia-
tement voisines telles que celles des Hibiscus syriacus plantés en
retrait le long de la bande d'Hortensias; pas de Lépidoptères attirés
par la coloration; quelques très rares Diptères seulement, une ou
deux Melanostoma mellina, deux ou trois Syrphus corollae se portant
du reste sur les seules fleurs à étamines.
Ces observations faciles que tout le monde peut répéter prouvent
combien la pi'étendue attraction à distance exercée par les grandes
fleurs périphériques des Vihurnum et des Hydrangea a une faible
valeur, puisque, dans les cas où ces fleurs se trouvent réunies en
très grande quantité et où la visibilité des inflorescences atteint son
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES E:T LES FLEURS 371
maximum, les visites des Insectes se trouvent réduites à un mini-
mum à peu près négligeable.
Les partisans du rôle vexillaire m'objecteront les habitudes acqui-
ses. Les Insectes, d'après eux, ayant appris à leurs dépens que la
Boule de neige et l'Hortensia cultivé ne leur livreront que peu de
pollen et pas de nectar. Ils oublient que la plupart des Insectes
n'ont qu'une vie d'une durée limitée et qu'au moment de la florai-
son des Hortensias, par exemple, les Hyménoptères, Diptères et
Lépidoptères sont souvent d'autres individus que ceux de l'été
précédent.
On devrait donc, à cette époque de l'année, assister au spectacle
de nuées d'Insectes attirés par les grandes et nombreuses inflores-
cences colorées, la quantité des visiteurs diminuant ensuite pour
finir par être très faible lorsque tous ceux d'une même région
auraient fait leur éducation. Or je crois pouvoir l'affirmer et ces
naturalistes le reconnaîtront eux-mêmes, les choses ne se passent
pas ainsi; les visites sont en très petit nombre dès le début.
Viendra-ton avec cette réponse qu'il s'agit de résultats d'éduca-
tion transmis d'une façon héréditaire de géuération en génération?
Cette transmission est d'autant moins probable, en ce qui con-
cerne les Insectes, qu'elle n'existe pas pour des Vertébrés bien
autrement intelligents, les Oiseaux.
En effet, F. Finn, dans des recherches récentes et très remarquées
sur le rôle des couleurs prémonitrices, a constaté, au sujet des
Oiseaux insectivores refusant les Lépidoptères indiens à coloration
voyante et à saveur désagréable, que la connaissance des formes
non comestibles n'est pas héréditaire; chaque Oiseau apprend à les
connaître par expérieyice personnelle (1).
J'ai appelé l'attention du lecteur sur ce fait que chez les Hydrangea
cultivés à inflorescences sphériques, le parfum était très faible,
tandis que chez les Hydrangea du type primitif les petites fleurs
centrales fertiles émettent une odeur beaucoup plus intense per-
ceptible à distance et rappelant celle de la Spirsea ulmaria. Là se
trouve, peut-être, l'explication de la façon de se comporter des
Insectes sur lesquels, je crois l'avoir démontré, l'éclat et les dimen-
sions des grandes fleurs n'ont pour ainsi dire pas d'effet.
(1) F. Finn. Journal of the Asiatic Society of Bengal, LXVII, part. 2, n^i, 1897. —
The Nature. LVIII, n» 1490, May 19, p. 38, 1898. — R«vue Scientidque, 4= série,
IX, 1" semestre, n" ii, 28 mai, p. 696, 1898.
372
F. l'LATEAl]
Tableau V
HYMÉ^
OPTÈIiES
s «■;
c
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£ «.?>■§
o5-g
a -'
NAÏUHK
DES EHRELHS
n KM ARQUES
Bombus terrestris . .
3
0
Id.
3
0
Id.
3
1
hésitation.
Id.
3
0
Id.
:w
1
hésitation.
après avoir visité un tiers
Id.
18
0
au moins des inflores-
Id.
2S
0
cences.
Id.
'J
0
Id.
8
0
Id.
6
0
Id.
102
0
M.
63
2
prises de points
Id.
82
0
d'appui.
Id.
3
0
Id.
G
0
Bombus lapidarius.
8
0
Apis mellifica . . .
1
0
cas unique, partie pres-
Megachile ericetorum
8
0
que aussitôt.
Id.
3
1
à la deuxième ombelle
Id.
3
0
seulement.
Odynerus parietum
1
0
mangeant le pollen.
Id.
1
0
Id.
397
0
DIPTÈRES
Syrphus corollae. . .
2
0
Id.
1
0
Id.
1
0
Id.
1
2
ht.
2
0
Id.
2
0
Id.
2
0
A REPOUTER. . .
H
2
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 373
Report .
Syrphus corollae
Id.
Ici.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Syrphus balteatus
Id.
Id.
Syrphus pyrastri
Volucella honihylans
Eristaiis arbustonim
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Eristaiis tenax
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Helophilus floreus
Id.
M M -OJ
11
2
1
2
1
4
1
2
93
NATURE
DES ERREURS
REMARQUES
courte hésitation
légère hésitation
erreur réelle
374 1'. PLATKAU
s^ î). Conclusions pour L'IlvnnANnKA opuloides.
1» Chez le type i)rimilil. les grandes Heurs périphériques stériles
n'ont pas de nMe allradif s|)ccial: les Insectes ai-issanl, en général,
comme si elles n'existaient i)as et se rendant directement aux peti-
tes Heurs fertiles centrales.
2° Les erreurs que les Insectes commettent parfois à r(''}j;ard des
grandes lleurs sont rares et peu importantes (Tableau V).
3" Lorsque comme pour le type cultivé habituellement dans les
jardins, les inflorescences ne se composent que de grandes lleurs,
leurs masses colorées n'attirent presque pas les Insectes. Les indi-
vidus peu nombreux qui s'y rendent ne se portent que sur celles
de ces fleurs possédant des étamines.
40 Si, chez le type primitif, les grandes lleurs périphériques
étaient absentes, la fécondation des petites fleurs centrales fertiles
par les Insectes serait cependant parfaitement accomplie.
Chapitme 111
Conclusions générales.
Cette étude sur le rôle de deux espèces d'organes colorés, les
bractées de .So/um horminuiii et les grandes lleurs périphériques
stériles d'Hydrcmgea opuloides, choisis parmi les plus voyants et, en
apparence les plus attractifs, a montré, pour tout esprit impartial,
que ces parties végétales attirent eu réalité si peu la plupart des
Insectes, et d'une façon si minime les Insectes à instincts dévelop-
pés tels que les Hyménoptères, que la fécondation des végétaux
en question ne souffrirait aucunement de l'absence de ces parties.
On n'a donc plus le droit de les (considérer comme enseignes,
signaux ou organes vexillaires.
Dans ce cas, quelle valeur peuvent avoir pour l'attraction des
Insectes les organes voyants de moindre importance, feuilles colo-
rées, pédoncules colorés, poils colorés, etc., cités par Delpino et
d'autres? aucune probablement.
Les partisans des causes finales, et ils sont encore aujourd'hui fort
nombreux, diront peut-être : (( Rien n'est inutile dans la nature;
si les organes voyants colorés n'ont pas pour but l'attraction des
Insectes fécondateurs, à quoi servent-ils ? »
RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES INSECTES ET LES FLEURS 375
Je ne me charge pas de répondre, en ce moment, à la question ;
j'ai constaté qu'ils ne possédaient pas la fonction attractive prépon-
dérante qui leur a été attribuée. C'est à ceux qui s'occuperont
expérimentalement de biologie végétale, dans la suite, à déterminer
si la coloration de ces organes a une autre fonction et quelle elle
est.
Sans entamer de polémique, je dois faire remarquer que ce tra-
vail répond accessoirement à quelques-unes des objections formu-
lées contre mes recherches antérieures.
On m'a reproché d'avoir basé plusieurs de mes conclusions sur
des nombres d'observations insuffLsants, c'est-à-dire de ne pas avoir
fait assez de statistique comparative. Cette fois les observations se
rapportant à deux cas seulement ont duré une grande partie de
l'été et ont donné lieu à de multiples noies réunies dans divers
tableaux. Malgré cela les résultats sont, dans leur ensemble, abso-
lument contraires à la théorie de ceux qui admettent l'attraction
dominante des Insectes par l'éclat des organes colorés.
On a fait, en outre, à mes longues observations à l'aide de fleurs
artificielles qui, d'une façon générale, n'attirent pas les Insectes,
l'objection que ces animaux voyaient immédiatement la différence
entre les fleurs véritables et de grossières imitations en papier.
Je dis toujours scrupuleusement la vérité, comme en témoignent
les descriptions consciencieuses d'insuccès ou de cas défavorables à
ma manière de voir, et lorsque j'ai afTirmé que mes fleurs artifi-
cielles (en tissus très divers) étaient de bonnes copies, parfois de
petits chefs-d'œuvre faisant parfaitement illusion pour l'œil humain,
j'exprimais un fait exact qu'on n'a pas le droit de dénaturer.
Du reste, les bractées colorées de Salvia horminum en tissu végé-
tal réel et vivant, avec un aspect floral tel qu'il trompe les per-
sonnes intelligentes ne connaissant pas la plante, n'attirent pas
non plus, ou attirent fort peu les Insectes.
Je n'en dirai pas davantage, cette fois, me réservant, par d'au-
tres travaux déjà entamés, de répondre aussi par des faits au reste
des critiques.
376
CONTRIBUTION A LA MORPHOLOGIE ET A LA CLASSIFICATION
DU GENRE LIMNODRILUS CLAPARÈDE (1)
PAU
JOS. RYBKA
(Planche V)
Dans les eaux douces du iMexique vit uu petit Ver, dout on se
sert pour amorcer les Poissons ; il s'y trouve en quantité tellement
considérable, qu'il suffît seul à cet usage. M. Dugès, consul de
France au Mexique, envoya ce Ver, par l'entremise de M. le pro-
fesseur Blanchard, de Paris, à M. le professeur Vejdovsky, de
Prague, qui me donna gracieusement tout le matériel pour en faire
la description. Je présente donc ici le résultat de mes études sur le
genre Limnodrilus .
M. le professeur Vejdovsky, en me remettant le matériel, attira
mon attention sur la ressemblance frappante avec les espèces
décrites par Eisen sous le nom générique Camptodrilus.
Les questions controversées touchaient surtout les organes géni-
taux, et ensuite la détermination d'une nouvelle espèce de Campto-
drilus.
La structure des organes génitaux des Tubifîcides était depuis
longtemps problématique. La voie que suivaient les œufs était
incertaine, c'est pourquoi d'Udekem et Claparède pensaient déjà
que les œufs sortaient du corps par la même ouverture que les
spermatozoïdes, c'est-à-dire par l'orifice des organes copulateurs.
Eisen, tenant à cette opinion, décrivit et représenta autour des
organes copulateurs certaines membranes, tenant lieu d'oviductes.
Ainsi, chez le genre /./mnorfW/us, il parle d'oviducte simple etd'ovi-
ducte double, et chez l'espèce qu'il nomma Camptodriluii spiralis, il
dit que l'intérieur de l'oviducte est chitineux. Que voulait-il dire
par là? Cela est difficile à expliquer; il n'est pas possible d'admettre
qu'il ait voulu parler du pénis de chitine, car, plus loin, il parle
clairement de la gaîue du pénis. De plus, ce tube de chitine est
(1) Travail de l'Institut d'Anatumie et d(> Zoolofjie comparées de M. le professeur
Vejdovsk;^, à Prague.
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILfJS 377
commun à toutes les espèces, donc il ne pouvait pas le citer comme
un caractère spécial.
Vejdovsky, qui ne pouvait d'abord certifier par où les œufs sor-
tent du corps, admit l'opinion qu'ils sortent par la même ouver-
ture que les spermatozoïdes ; et ce n'est qu'après l'observation
anatomique et embryologique des Tubificides de Bohème qu'il
s'éleva contre l'opinion précédente et donna l'unique bonne expli-
cation des prétendus oviductes avoisinant le pénis.
Stolc (8) représente et décrit les oviductes dont il certifie l'exis-
tence chez tous les Tubificides de la Bohème. Voilà pourquoi je
désirais comprendre les rapports des organes sexuels chez cette
espèce du Mexique, apparentée avec les espèces de Eisen, qui sont
la cause des confusions. Il est nécessaire de rappeler brièvement
les caractères généraux des organes copulateurs de Limnodrilus,
tels qu'ils ont été décrits par Vejdovsky. La partie la plus mar-
quante est le tube de chitine du pénis, d'une grande longueur, droit
ou différemment contourné. La première invagination du tégument
forme au commencement un sac volumineux, le conduit éjacu-
lateur, que l'on interprète comme étant la poche du pénis. Dans
le pénis vient déboucher l'atrium. Tout cet organe est embrassé
par une forte couche musculaire, dont j'aurai à reparler.
Je trouvai aussi la même disposition chez l'espèce américaine
(PI. V, fig. 4, de, pe, pi, tr). J'ajouterai seulement quelques obser-
vations.
La première partie de l'organe copulateur me semble avoir été
nommée injustement conduit éjaculateur (PI. V, fig. 4, de). Cette
partie n'est pas essentiellement musculaire, mais c'est seulement
une invagination normale de toutes les couches du tégument et
outre cela elle ne remplit pas les fonctions d'appareil éjaculateur,
parce que le pénis s'évagine au dehors pendant la copulation. C'est
évidemment l'invagination primitive ainsi modifiée et renflée,
pour pouvoir saisir l'extrémité du pénis.
La seconde observation touche le prétendu pénis mou, que
Eisen représente dans le tube de pénis et que Vejdovsky conteste
dans son travail (9). Pour expliquer ce fait je montre que la couche
de chitine se sépare, chez cette espèce, de la matrice ; voilà pour-
quoi le prétendu pénis mou se forme au milieu du tube. On ne
connaît aucun orifice femelle; les œufs sortiraient par l'orifice
mâle et de là au dehors. Je portai donc mon attention sur la
recherche des oviductes et des orifices sexuels, mais sans aucun
résultat. Il est facile d'expliquer ce fait depuis les recherches de
378 JOS. RYBKA
Stolc. D'uprès lui, l'iipp-ueil feiiKiUe cllureul se forint; eji ileruier,
quand les œufs soûl déjà dans le dernier stade de maturité. Or, les
orj;anes uiàles elléreuls sout totalement dévtdoppés, les spermato-
pliores sont pleins de spermatozoïdes à tous les stades de déve-
loppemeul, et les spermatothèques sout reniplis de spermatophores,
mais les ovaires se composent eu jurande partie de protoplasme
iuditlérencié, et ce n'est seulement que sur les bords que commence
la dillérenoialion des cellules ovulaires. J'ai trouvé, d'ailleurs,
les mêmes relations chez Limnoilrilus lluffiiieisteri. Comme chez
tous les Tubificides, les produits mâles mûrissent et sortent de
l'organe excréteur, à une autre époque que les produits femelles.
Il y a donc protandrie.
J'ai essayé aussi d'étudier à cette occasion la structure du nou-
veau genre Camptodrilus de Eisen : celui-ci trouva que les fibres
musculaires entourant la gaîne du pénis sont ordonnées en un
faisceau spiral. Voilà pourquoi il diagnostiqua ainsi le nouveau
genre : « The copulative organs are much elongated and partly
surrounded by spiral muscles, one end of which is attached to the
exterior oviduct, the olher to the interior surface of the body wall,
near to the génital porus. In other respects this genus resembles
Limnodrilus », il a doue aussi « only forked spines ». Assurément,
il est possible de douter que la disposition des muscles du pénis
soit un signe générique suffisant.
Cela perdit toute importance, quand Vejdovsky (9) constata à
la fois l'existence de muscles spiraux et de muscles longitudinaux
chez les Limnodrilus de Bohême et voilà pourquoi il rapporta les
formes de Eisen au genre Limnodrilus, opinion qui fut univer-
sellement acceptée.
Vejdovsky dit dans ce travail (9, p. 43) : « Die Angabe Eisens
ist richtig, nur habe ich die Anordnuug der Fasern in deu von mir
beobachteten Fàllen so gefunden wie Tafel XI, fig. 3, 4, o verans-
chaulicht». L'enveloppe musculaire du pénis de Limnodrilus clapa-
redianus qu'il représente est entièrement différente des descriptions
et tableaux de Eisen, de manière que si quelqu'un croyait à la
justesse des tableaux de Eisen, ou eut l'occasion de pouvoir observer
une ordonnance semblable, il inclinerait facilement à l'opinion
que le genre doit être révisé ou du moins doit former un sous-
genre du genre Limnodrilus. C'est ce qui m'arriva. En comparant
les dissections de ( et organe et les séries de coupes, je reconnus
que la disposition des fibres musculaires ne répond pas aux figures
de Vejdovsky, mais (lu'elle est d'accord avec celles de Eisen. Sui-
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILUS 379
vant les figures de Vejdovsky, les fibres forment autour du pénis
un sac compact parcouru par des fibres circulaires. Mais sur mes
préparations on voit que chaque faisceau musculaire contourne en
spirale la gaîne du pénis jusqu'à l'embouchure de l'atrium, puis
revient sur lui-même en sens contraire en formant une nouvelle
couche superposée à la précédente. Vers la moitié du pénis s'insère
un faisceau musculaire re qui va d'autre part s'insérer à la paroi
du corps. Les fibres musculaires spirales servent évidemment à
l'évagination du pénis; le muscle oblique semble au contraire agir
comme rétracteur.
Il me semblait donc qu'il fallut créer pour ces formes un sous-
genre. D'ailleurs, M. Vejdovsky disait lui-même dans un travail
plus récent (Note sur un Tubifex d'Algérie) : « à la première caté-
gorie appartiennent les genres Tubife.r . . . . et, peut-être aussi, les
genres Camplodrilus et Lophochœta », après quoi il émet l'opinion
que « ce genre est étroitement apparenté avec le genre Limno-
drilus ». Sur ces indications j'essayai donc de me procurer quelques
Limnodrilus indigènes pour en faire l'étude comparative.
M. le Dr Mràzek voulut bien m'envoyer quelques exemplaires
adultes du Limnodrilm Hoffmeisteri Claparède, et, à ma grande sur-
prise, j'observai chez cette espèce la même disposition des muscles
que chez l'espèce américaine. La figure 5 montre précisément la
coupe longitudinale de l'enveloppe musculaire. Chez les Limno-
drilus d'Europe il n'y a donc pas non plus de sac musculaire rigide,
mais les faisceaux musculaires contournent simplement le pénis
comme je viens de le décrire.
Le faisceau musculaire du pénis se compose de fibres dont chacune
se présente sous la forme d'une cellule allongée, avec un noyau au
milieu. Est-il vrai que la fibre se compose d'une seule cellule ou de
plusieurs cellules se joignant pour former une fibre? Je ne puis
sûrement résoudre cette question, mais je pense que plusieurs
cellules se joignent en une fibre, parce que, dans les préparations
colorées, on voit un grand uombre de noyaux disproportionné avec
le nombre des fibres.
Le genre Camptodrilus proposé par Eisen ne peut donc être
accepté, et les formes décrites par Eisen, comme appartenant au
genre Camptodrilm appartiennent en réalité au vieux genre Limno-
dîilus de Claparède.
J'en arrive maintenant à la seconde partie de ce travail. Je vais
décrire la forme que je me suis proposé d'étudier, mais je profi-
terai naturellement de l'occasion pour ajouter quelques considéra-
380 .I0><. KYRKA
tions relatives an ijenre l.inin<>drihi>^ en j^f^néral et au f.imnodrilitt
llojfmristrri en particulier.
LIMNODRILUS DUGESI, n. sp.
DÉFINITION. — Le lobe frontal n'est pas très allongé et est arrondi
à la partie antérieure; le cerveau est plus large que lon^j avec une
incision profonde eu arrière; le pharynx occupe le deuxième et le
troisième segment. Les néphridies situées en avant de la ceinture
sont pourvues de glandes unicellulaires dont manquent celles de
la région postérieure. La longueur du pénis est environ douze fois
plus grande que la largeur, et il est incurvé en son milieu. La
forme se rapproche beaucoup de celle du lÀmnodriius Hoffineisteri,
mais il est toujours facile de l'en distinguer par la courbure cons-
tante et caractéristique du pénis (fig. 2), et par sa longueur, ainsi
que par d'autres caractères difïérentiels que j'aurai l'occasion de
citer au cours de ce travail.
La grandeur du Ver adulte varie de 4 à 7 cm. (fig. 1). Les seg-
ments sexuels peuvent déjà se reconnaître à l'examen macrosco-
pique. Le tégument est constitué par l'hypoderme formé de cellules
cubiques peu élevées, par une mince couche de fibres musculaires
circulaires et par une couche plus épaisse de fibres oblongues.
Dans l'hypoderme se trouve un grand nombre de glandes unicellu-
laires à contenu hyalin et à noyau rejeté vers la base. Dans le lobe
frontal l'hypoderme est formé de cellules cylindriques parmi les-
quelles on observe beaucoup de cellules sensitives, ce qui tient à la
nature nerveuse de la région.
Par suite de la mauvaise conservation des exemplaires, je n'ai
pu étudier les organes des sens.
Les relations des soies sont les mêmes que chez les autres Tubi-
ficides. Dans un même sac se trouvent ordinairement six soies
(fig. 2), mais on peut aussi en trouver cinq ou sept. Chaque soie
(fig. 3) est grêle, en comparaison des autres espèces. Vers le tiers
antérieur on observe un renflement à arêtes acérées ; l'extrémité
antérieure est divisée en deux portions : l'une grosse et courte et
l'autre longue et mince, mais toutes deux légèrement recourbées.
Les soies dorsales et ventrales sont identiques et je n'ai pu constater
de différence soit à l'avant, soit à l'arrière du corps.
Appareil digkstif. — La bouche ventrale se trouve au-dessous
du lobe frontal. Elle présente la forme d'une fente transversale et
se continue par un pharynx conique qui occupe le deuxième et le
MORPHOLOGIE^ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILUS 381
troisième segment. L'organisation de ces parties est identique à ce
qui a déjà été décrit. Toutefois, dans la couche musculaire, outre
les fibres longitudinales et les fibres circulaires, il existe de nom-
breuses fibres obliques s'entrecroisaut en tous sens et allant s'insérer
sur les parois du corps. Il en résulte un système très compliqué
de protracteurs et de rétracteurs du pharynx. Parmi ces derniers,
le plus puissant est la paire de muscles qui part de l'extrémité
postérieure du pharynx pour aller s'insérer sur la paroi du corps
à la limite du quatrième et du cinquième segment. Après le pha-
rynx viennent l'œsophage et l'estomac, qui ne sont pas nettement
séparés.
Le premier segment de l'œsophage (4« segment du corps) ne
possède ni réseau vasculaire, ni glandes chloragogènes. Mais dans
le reste de l'œsophage, réseau et glandes sont beaucoup plus déve-
loppés qu'au niveau de l'estomac. Je crois donc que c'est au niveau
de l'œsophage que s'oxyde le sang d'où le développement du réseau
vasculaire et en outre le sang s'y débarrasserait par résorption
des substances déjà utilisées et des substances nuisibles, comme
semble le prouver l'énorme développement des glandes chlorago-
gènes à ce niveau.
Vejdovsky a indiqué le premier l'origine de ces glandes et leur
rôle physiologique. Il a montré que ce sont de simples cellules
péritouéales modifiées qui absorbent par osmose les substances
nuisibles ou inutiles contenues dans le sinus ou dans les vaisseaux
lymphatiques ; elles grossissent alors et l'on peut observer à leur
intérieur des granulations excrémentitielles jaunâtres. Dans un
travail récent (5), Kûckenthal constate que c'est dans ces glandes
qu'on doit trouver l'évolution terminale des cellules errantes ou
phagocytes, dont l'origine se trouve dans les parois du vaisseau
ventral. La seule différence est, on le voit, que pour Kiickenthal la
cellule errante est un simple stade intermédiaire entre la cellule
péritonéale et la cellule chloragogène. C'est une cellule péritonéale
qui devient amœboïde pendant un certain temps et plus tard se
fixe de nouveau sur ua vaisseau pour constituer une cellule chlo-
ragogène. Ce mode de développement est très possible, mais de
grandes difficultés s'opposent à l'observation directe de cette migra-
tion. Il a l'avantage d'expliquer l'origine et le rôle des cellules
errantes, et ce qu'il y a de certain, c'est que les cellules chlorago-
gènes proviennent des cellules péritouéales du tube digestif. J'ai,
en effet, observé la transformation directe des cellules péritouéales
en glandes chloragogènes, non seulement au niveau de la portion
382 .lOS. RYHK.V
Iprniiii.ile de l'intestin, roninio Vejdovsky, mnis aussi (l;ins la n''p:ion
moyenne du corps. Le péritoine reste normal, mais venlralenieut
on voit quelques cellules s'hypertrophier et se remplir de corpus-
cules jaunes d'excrétion.
Je dois également faire mention des prétendues {^landes unicel-
lulaires décrites par Stolc (8) dans répitliéliuni intestinal. Il les
décrit comme de j,^randes cellules sphériques occupées presque
entièrement par le noyau. J'ai observé également des formes cor-
respondantes dans l'épithélium intestinal et dans certains exem-
plaires je les ai même trouvées en grand nombre. Mais en me
servant de l'orange G et de l'bématoxyline, j'ai pu obtenir les pré-
parations représentées dans les figures 7, 8 et 9. On observe deux
formes principales: L'une (fig. 7) spbérique, entourée d'une cuticule
épaisse, préseule un protoplasme de coloration bleu-clair dans
lequel on observe des granulations bleu-foncé ; celles-ci sont le
plus souvent périphériques, mais on peut également les observer
au centre. La seconde forme (bg. 8) est en croissant et entourée
également d'une enveloppe cuticulaire; au niveau d'une zone claire
on observe de petites granulations bleues. Mais une partie de la
membrane d'enveloppe peut se détacher comme un clapet et le
corps se trouve mis en liberté dans l'intestin. Dans la cavité intes-
tinale je n'ai jamais trouvé toutefois que des corps en croissant.
C'est évidemment une forme parasitaire dont je ne puis préciser
la place dans la classification, ne m'en étant pas autrement occupé.
Il est possible que ce soit une forme de Sporozoaire, comme ce
peut être aussi le stade d'un animal plus élevé en organisation et
se développant dans l'intestin des Tubificides. Ce que je puis du
moins affirmer, c'est que de vraies glandes unicellulaires sphé-
riques n'existent ni chez Limnodrilus Dugesi, ni chez les exemplaires
très bien conservés de Limnodrilus HofJ'meisteri. Il est donc possible
que les formes décrites par Stolc comme glandes unicellulaires
soient des formes semblables à celles que je viens de décrire.
Système nerveux. — Je ne m'attarderai pas non plus à la descrip-
tion de ce système. Ou connaîtra la forme du cerveau et de ses
lobes eu jetant les yeux sur la planche V, fig. 10. Je veux simple-
ment ajouter quelques mots au sujet de la division du lobe antérieur.
Vejdovsky a montré qu'il se divisait en deux branches : une supé-
rieure et une inférieure. Cette observation fut du reste confirmée
par Stolc qui en fait un caractère générique des Limnodrilus. Enfin
j'ai observé le même fait aussi bien chez Limnodrilus Dugesi que
chez Limnodrilus Hoffmeisteri. Le lobe antérieur se divise dès son
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILUS 383
origine en deux branches : la supérieure (I) qui se dirige vers la
partie antérieure du lobe frontal, et l'inférieure (II) beaucoup plus
courte qui se dirige vers la bouche Ces deux branches sont réunies
par les commissures ventrales {coniA, corn.-). Eisen n'ayant pas
mentionné cette division, Bedard la considère comme caractéristique
des espèces européennes. Mais comme j'ai observé aussi la division
chez mon espèce américaine qui est une forme très voisine, j'estime
que la division du lobe antérieur est bien caractéristique du genre
Limnodrilus, et qu'il y a lieu de corriger les données de Eisen à cet
égard.
On doit également accepter sous toutes réserves les données de
Eisen en ce qui concerne les lobes antérieurs de quelques espèces
qui se diviseraient en trois branches, comme nous en ferons men-
tion dans la partie spéciale.
Je dois également faire remarquer que dans la zone ventrale du
Limnodrilus Dugesi, il existe une forme bien particulière de gan-
glions (fig. 11). J'ai cru au premier abord qu'il s'agissait ici d'une
analogie avec les ganglions spinaux. Ils sont piriformes et unis par
une large base à la couche des cellules nerveuses sous-jacentes. De
la substance fibrillaire médiane part un filament nerveux qui tra-
verse le ganglion et pénètre immédiatement dans l'épaisseur de
l'épiderme où il se ramifie. Chez Limnodrilus Hoffnieisteri j'ai pu
observer que les ganglions étaient tout aussi nettement divisés,
mais présentaient une forme plus conoïde par suite de la non
existence du pédoncule. La forme des ganglions du Limnodrilus
Dugesi provient donc de la différenciation plus parfaite des gan-
glions.
Organes d'excrétion. — Je dois tout d'abord faire connaître mon
opinion sur ce que l'on nomme les glandes septales. On trouve peu
de choses dans la littérature sur ces organes, chez les ïubificides
et spécialement chez les Limnodrilus. Ils ont été bien décrits, par
contre, chez les Enchytraeides et les Lumbriculides par Vejdovsky,
Michaelson (1) et plus récemment par Hesse. La première note sur
ces organes chez les Tubificides est de Stolc, qui dit tout simple-
ment qu'ils se composent d'agglomérations de grandes cellules
piriformes à gros noyau, et qui se vident isolément dans le pha-
rynx, sans canal excréteur. Il dit également que ces cellules
ressemblent aux glandes unicellulaires des organes d'excrétion. Il
(i) Michaelson, Unlersuchungeii uber EnchytrEeus Mœbii. Kiel, 1886, p. 23-24;
taf. I, fig. 13, ag.
384 JOS. HYHKA
les conslala chez tous les Tubilicides iiv. Bohi-iiie. Hesse montre
que ce sont des aj^fg'loinérations de glandes unicellulaires et que
chacune est une cellule de l'épitliélium du pharynx qui s'est
allongée et enfoncée au-dessous des autres. L'extrémité distale
conserve sa forme arrondie, tandis que l'extrémité proximale
s'élire en un canal très fin et très \on^ qui reste en connexion avec
le pharynx. Les cellules glandulaires s'appliquent l'une contre
l'autre comme les fleurs d'un bouquet, formant ainsi des masses
piriformes occupant les deux ou trois segments qui suivent ceux
du pharynx. Mais dans un travail plus récent il ajoute : « Eine
derartige Zusammensetzung der Drûseu konnte ich bel den von
mir untersuchten Enchytraeiden ferner bei Tnhifcr, Ps(niion/cti's,
Limnodrilus und bei Lumbriculus feststellen. Fùu uik Art dkr
AusMiiNDUNG liefert mir ausser Pachydrilus auch Psamoryctes untrû-
gliche Reweise ». Il a donc vu chez Limnodrilus des glandes de
même structure, mais sans avoir pu constater, comme chez les
autres, leur mode de terminaison.
Arrivons maintenant à mes observations. J'ai vu également dans
les 7e et 8« segments, aussi bien chez Limnodrilus Dugesi que chez
L. Hoffmeisteri, des groupes de cellules semblables à celles décrites
par Hesse dans les glandes septales (fîg. 12). Dans ces glandes je
ne vis pas tout d'abord de canaux, ce qui me fit croire que c'était
bien les glandes septales dont Hesse avait fait mention. Ces glandes
sont placées au niveau des dissépiments des segments précédemment
indiqués, c'est-à-dire des segments qui suivent le pharynx chez les
espèces dont le pharynx occupe aussi le 5® segment. Je n'étais pas
étonné de ne pas voir de canaux excréteurs, car j'étais convaincu
que Hesse et moi, nous n'avions pas su obtenir une conservation
suffisante de ces canaux extrêmement fins. Je ne croyais pas que
ces glandes fussent en rapport avec les organes d'excrétions parce
que je voyais les canaux excréteurs plus au-dessous et sans
connexions avec elles. Mon erreur s'est augmentée de ce fait que
je n'ai vu rien de semblable dans les autres segments et que je
supposais, à tort, que les glandes devaient se développer au niveau
de tous les organes excréteurs.
Mais après une étude plus attentive de ces prétendues glandes
septales, et en usant de grossissements plus forts, je ne tardai pas
à apercevoir dans ces glandes des canaux semblables à ceux des
organes excréteurs. Ces canaux ne sont pas toutefois aussi évidents
qu'ils ont été représentés sur la fig. 12, et on pourrait très bien ne
pas les remarquer.
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMJ^ODRILUS 385
Il est certain que ce sont là les glandes unicellulaires des organes
d'excrétion. On peut naturellement se demander si Hesse n'a pas
été l'objet d'une erreur, lorsqu'il a parlé de glandes septales chez
Limnodriliis sans avoir pu constater leur mode d'excrétion? Je
crois mon opinion plus vraisemblable, car je n'ai pu trouver
aucune forme semblable, malgré de nombreuses recherches. Or, le
grand développement de ces organes tels que les ont décrits les
auteurs précédents, empêche qu'un observateur puisse les perdre
de vue ou qu'ils puissent disparaître à la suite d'une mauvaise
conservation, ce qui du moins était impossible pour moi dans le
cas du Limnodrilus Hoffmeisteri . Je crois donc que les auteurs
n'ont pas vu de glandes septales, mais ont décrit comme telles les
glandes unicellulaires des organes excréteurs, qui ressemblent
d'ailleurs beaucoup aux glandes septales.
D'après mes observations, les organes excréteurs de Limnodrilus
Hoffmeisteri et de L. Dugesi sont de deux types. Ceux du premier
type sont placés dans les 7« et 8® segments. Ceux du second type
sont les néphridies qui se rencontrent dans tous les segments à
partir du IS^ segment. Dans la partie antérieure du corps et du 9«
au 12e segment, elles sont dégénérées. Les organes du premier
type sont constitués par un entonnoir vibratile dépassant le dissé-
piment du segment précédent; il se continue par un canal à paroi
mince couvert par les glandes unicellulaires piriformes à gros
noyau, agglomérées en une grappe gélatineuse; après de nombreux
détours la paroi du canal excréteur s'épaissit et celui-ci se renfle
en une volumineuse bourse contractile piriforme. Dans l'organe
excréteur du second type le canal excréteur se renfle en ce que
Vejdovsky a nommé une « glande postseptale », puis il s'épaissit
également et se termine par une bourse contractile. Je n'ai vu de
glandes postseptales que chez Limnodrilus Dugesi; L. Hoffmeisteri
en manque. Enfin, je dois mentionner que Eisen avait déjà décrit
ces deux types d'organes excréteurs chez Campîodrilus corallinus.
Il dit en effet : « The segmentai organs in front of the cingulum
are ail furnished with globular cells, but those in the segments
behind the same hâve no globular cells ».
Organes génitaux. — La position des organes génitaux est la
même que chez tous les Tubificides. Pour ne citer que le plus
important, je ne décrirai que les organes mâles et les spermathè-
ques. L'entonnoir est souvent de forme aplatie, à cils courts mais
nombreux. Il se continue par un canal déférent très contourné qui
débouche dans l'atrium ; celui-ci présente une forme caractéristique
pour chaque espèce, comme j'ai pu du moins l'observer chez les
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi, — 25
386 Jos. nvMKA
formes par moi (MiKlif'cs. (Ilioz l.itiiiiodrilus DKfji'ni ratriiim osf de
forme cylindrique; le can;il déférent se rentle sondain pour lui
donner naissance, tandis qu'il s'atténue projçressivement à l'autre
extrémité. Chez l.imnotlriliix IfofJ'tnrisieri l'atrium est fusiforme
l>arce qu'il est formé par le renllenjenl j)rO|;ressif du canal déférent
et s'atténue de même lentement vers l'extrémité externe. Chez
I.innioilrihts Dxgt'si l'atrium forme un coude dans la concavité
duquel débouchent les ^^landes accessoires. L'épitliélium est très
modifié à cause de sa fonction glandulaire, le protoplasme et le
noyau se trouvant repoussés vers la périphérie. On se trouvera bien,
comme colorants, du paracarmin et du carmin d'alun, mais l'orange
et l'hématoxyline donnent au contraire de mauvais résultats. Le
restant des cellules est occupé par une substance linement granu-
leuse dans laquelle s'entrelacent de fins tractus protoplasmiques (zs).
A l'état de développement parfait l'atrium ne possède pas de cils
vibratiles ; la couche musculaire est au contraire fortement déve-
loppée, surtout les muscles circulaires. Les cils vibratiles n'eussent
sans doute pas été suflisants pour faire avancer l'épaisse sécrétion
et les spermatozoïdes qu'elle renferme, aussi l'atrium s'est-il trans-
formé en appareil éjaculateur.
La sécrétion est poussée en avant par la contraction péristaltique
de la couche musculaire. Dans l'atrium vient également se déverser
le contenu de la glande accessoire ou glande cémentaire (cement-
driise). Je vais faire mention de la composition de cette glande
chez Limnodî'Uus. Chez les deux espèces par moi observées c'est
une glande très grande, de forme inconstante, mais toujours lobée,
souvent aussi digitiforme. Cette glande n'est pas recouverte par
l'enveloppe péritonéale qui finit chez Limnodrilus Diicjcsi au niveau
de l'embouchure de cette glande. Ce phénomène frappant pourrait
permettre Tinterprétation, que cette glande est d'origine péri-
tonéale et qu'elle est correspondante aux glandes de l'atrium chez
les genres Stylaria, lihynchelmù, etc., si les travaux de Vejdovsky
n'avaient montré avec certitude son origine épithéliale. Chez
Tubifex, cette origine est très nette sur toutes les planches où elle
a été représentée.
Les cellules de l'épithélium de l'atrium se prolongent en perçant
la couche musculaire et péritonéale et par la partie rétrécie,
restent en rapport avec leur lieu d'origine, de même que pour les
glandes hypodermiques des Lumbricides.
La composition de ces glandes est beaucoup moins claire chez
Limnodrilus . Ici les cellules sont disposées en lobes digitiformes de
manière à limiter un petit canal qui ne se colore pas sur les prépa-
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILUS 387
rations. On pourrait donc croire à une forme transitoire vers les
vraies formes polycellulaires. C'est là l'erreur de Nasse, qui s'exprime
ainsi : « Die Kittdrûse ist vielfach gelapt ; jedes Lappchen hat ein
feines Lumen, welches von den stark granulirten Driisenzellen
umgeben ist. » L'opinion que professe Diefïenbach sur la composi-
tion de cette glande est également fausse lorsqu'il dit : a Die Kitt-
driise besteht aus einzelnen làngliclieu Drûsenlappen, die von der
Mûndungs stelle aus sich fàcherfôrmig ausbreiten uncl in deren
Mitte ein feiner Kanal und mit Kornkorpchen verschenen Driisen-
zellen aufsitzen. » Je n'ai pu rien trouver d'autre dans la littérature,
concernant la structure de cette glande chez Limnodrilus. Mais j'ai
pu l'étudier sur de bonnes coupes, car dans ce que l'on croit être
la lumière des canaux, on peut voir de très fines fibrilles qui ne
sont pas autre chose que les canaux excréteurs de chaque cellule.
La glande n'est donc qu'un simple amas de glandes unicellulaires.
Je n'ai pu étudier directement le développement de cette glande,
mais selon toute vraisemblance, il se fait de la façon suivante ; une
cellule de l'atrium grossit, traverse la couche musculaire et le
péritoine et s'étire en une longue cellule piriforme présentant une
portion excrétrice et une portion glandulaire. Ceci répond bien du
reste à un fait déjà connu, à savoir qu'il n'existe pas de glandes
polycellulaires chez les Oligochètes. Toutes les portions excrétrices
des glandes unicellulaires se rassemblent en un faisceau commun,
qui vient déboucher dans l'atrium.
L'embouchure de la glande est bien particulière chez Limno-
drilus Hoffmeisteri, où elle n'a pas encore été décrite (fig. 13). Sur
une coupe transversale, nous voyons un diverticule très singulier
d'atrium, dont les parois sont formées par l'épithélium glandulaire,
par une forte couche musculaire et par une couche péritonéale.
Cette forme ressemble absolument à l'organe décrit par Stolc chez
Bothrio7ieuron vejdovskyanum et que Vejdovsky a nommé para-
trium. Stolc pense que cet organe est équivalent à la glande cémen-
taire des Tubifex. Quand à Vejdovsky, il dit : « Je crois qu'il est
raisonnable de considérer les diverticules de l'atrium comme des
organes particuliers aux dépens desquels les glandes prostatiques
(glande du cément chez Tubifex, etc.) se forment secondairement. »
Pour moi je considère cette formation comme une simple évagina-
tion latérale de la paroi de l'atrium. En même temps que certaines
cellules s'allongent pour donner la glande, on observe l'évagina-
tion de la paroi voisine de l'atrium. Mais la glande s'étant déve-
loppée plus vite, a traversé les couches musculaire et péritonéale,
ce qui explique cette structure.
388 JOS. RVBKA
L'extrémité rétrécie de ratrimii vient déboucher dans l'organe
copulateur. Le pénis de l.iiiinodhlns Dut/rsi est re(îuiiiijé paraboli-
quenieul de fa(;on caractéristique et environ douze fois plus long
que large. L'exlréinité antérieure a une tout autre loiine que celle
que ligure A'ejdovsky chez Liinnoilrihis claparcdianns. 11 a décrit, en
etïet, une sorte de couvercle qui peut venir protéger le pénis lors-
qu'il se retire. La lig. 4 nous montre en coupe la disposition de
rexlrémilé du pénis et la fig. 14 nous la montre en relief. On peut
voir que le tube de chitine se recourbe en un bord plat en dessous
et en forme de capuchon en dessus. Cette disposition favorise, à
mon avis, la pénétration du pénis dans les spermathéques. La
partie inférieure plate et recourbée en arrière, fonctionne alors
comme appareil fixateur et empêche la séparation prématurée des
individus. Eiseu avait du reste dessiné déjà un appareil très sem-
blable chez son Camptodrilus californicus.
Je dois encore faire mention de l'assymétrie des organes excré-
teurs. Ces organes sont trop volumineux pour être contenus dans
le Xle segment seulement, ce qui explique pourquoi une partie est
contenue dans ce XI® segment, tandis que l'atrium et la prostate
sont situés dans le XIl« segment.
Les derniers organes dont nous devons encore parler sont les
spermathéques et les spermatophores. A l'entrée de la sperma-
thèque on observe un curieux appareil valvulaire (fig. 15, chl) formé
par un repli de l'épithélium qui empêche les spermatozoïdes de
ressortir, sans toutefois les empêcher d'entrer. Le sac de la sper-
mathèque est constitué par un épithélium formé de cellules aplaties.
Autour s'observent des fibres circulaires isolées (fig. 15 et 16), mais
pas de cellules glandulaires comme j'en ai observées chez Linino-
drilus Hoffmeisteri. A quoi bon cette singulière disposition des
fibres musculaires? Parce que les spermatophores ne pourraient se
mouvoir suffisamment à l'intérieur du sac s'ils n'étaient mus que
par le tourbillonnement des queues de spermatozoïdes. Ces grands
muscles ont donc pour fonctions, en rétrécissant la lumière du sac,
de pousser son contenu vers le col à travers la valvule et de donner
au spermatophore une forme constante (fig. 17 a)
Le bord antérieur arrondi se termine par un bec allongé. Sur
des coupes longitudinales ou transversales on voit une cavité cen-
trale renfermant une substance granuleuse (eg) ; puis vient l'assise
de sécrétion renfermant les têtes des spermatozoïdes dont les
extrémités effilées rayonnent librememt autour du spermatophore.
La fig. 18 (a et h) représente le spermatophore de Limnodrilus
Hoffmeisteri qui n'était pas encore connu. 11 est claviforme avec un
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE UMyODRlLVS 389
petit rostre émoussé et diffère du précédent en ce que les queues
des spermatozoïdes forment une assise spiralée et en ce que le
spermatophore est entourée d'une mince couche homogène, non
colorée. Le mécanisme de l'origine des spermatophores est encore
problématique.
SYSTÉMATIQUE
Je vais donner maintenant la liste des différentes espèces du
genre Limnodrikts. La synthèse du genre a été faite par Beddard,
mais son travail n'est nullement critique. On n'y trouve rien d'ori-
ginal dans la partie générale qui se base surtout sur l'ouvrage de
Vejdovsky (1) et sur les travaux des autres savants, sauf toutefois
en ce qui concerue la sous-famille des Megascolicidae. Mais en
somme le travail manque de raisonnement. La partie systématique
est tout aussi médiocre en ce qui concerne la division des familles,
des genres et des espèces.
Il accepte sans réflexion toutes les espèces placées par Eisen dans
le genre fAmnodrilus et dans le genre Camptodrilus. Or toutes les
espèces de Limnodrilus, saut trois espèces européennes, ont été
faites par Eisen. Mais il ne faut pas les accepter sans réserves, car
Eisen les créa en se basant sur des faits qui sont aujourd'hui refutés.
Beddard accepte toutes ces espèces, sauf Camptodrilus spiralis et
C. caUfoniicus dont Vejdovsky avait déjà montré la ressemblance
avec les espèces d'Europe. Il essaie dans ses diagnoses de prouver
l'exactitude des espèces d'après différentes formations du cerveau,
d'après la forme des spermathèques et d'après la longueur du pénis.
Mais pour bien montrer l'insutTisance de ces diagnoses, je montre
dans l'édition tchèque de ce travail (2), que plusieurs caractères se
répètent chez plusieurs espèces et que par suite les diagnoses de
Beddard sont mauvaises.
Voilà pourquoi je présente aussi une systématique personnelle
du genre Limnodrilun. Je considère la forme IJmnodrilus (Campto-
drilus) corallinus Eisen comme étant identique au Limnodrilus
Hoffmeisteri Claparède. Beddard citait comme seule différence la
présence de glandes monocellulaires dans les organes excréteurs
situés en avant de la ceinture de Camptodrilus corallinus; mais
comme j'ai montré dans ce travail que le même caractère se retrouve
chez Limnodrilus Hoffmeisteri, il en résulte que la première doit
disparaître.
(1) Vejdovsky, Sijstem und Morphologie der Oligochseien.
('2.) Vëstink Kràl. ces. spolecnosti nauk : Morfologic a systém. rodu Limno-
drilus Clap. 1898.
390 jos. innKA
SPECIES CERTAE
LiMNODRiLis UDKKKMiANUs CljipiiivcJ»'. — I.obe fioutiil allonj^é;
phiiryux allaul jusqu'au V"sej,Mneut; pénis trois fois plus long que
large. Longueur de l'animal : .'i à 6*"'».
L. HoFK.MKisTEiu Clapaiède. — Lobe fronlal énioussô ; cerveau
présentant une petite échancrure inférieure. Pharynx allant
jus(iu'au lir segment. Né|)liri(lies de la région antérieure du corps
munies de glandes uuicellulaires. Pénis six à sept fois plus long
que large. Longueur : 2 à 5cin.
L. DuGESi n. sp. — Lobe frontal court, arrondi et émoussé ;
cerveau présentant une profonde échancrure inférieure. Pharynx
allant jusqu'au III' segment. Néphridies de la région antérieure du
corps munies de glandes uuicellulaires. Pénis recourbé parabo-
liquemenl, au moins douze fois plus long que large.
L. CLAPAREDiANUs Ratzcl. — Lobe frontal allongé; cerveau
présentant une échancrure profonde de forme carrée. Pharynx
allant jusqu'au ¥<= segment. Pénis droit, huit à dix fois plus long
que large. Longueur 5 à 7cra.
L. Sylvam Eisen. — Cerveau plus large que long, plus large à la
partie inférieure et souvent trilobé (?j. Spermathèque évasée aux
deux extrémités. Néphridies avec glandes unicellulaires. Pénis
trois à quatre fois plus long que large. Eisen cite deux variétés :
une grande dont nous venons de donner la diagnose et une plus
petite dont le cerveau est plus long que large et dont la partie infé-
rieure n'est jamais trilobée. La première forme mesure 18cm et la
seconde 5cm.
L. ALPESTRis Eisen. — Cerveau plus large vers la région inférieure
souvent trilobée. Néphridies avec glandes unicellulaires. Sperma-
thèque globuleuse se terminant par une extrémité lancéolée et
tortillée en forme de limaçon. Pénis huit fois plus long que large.
L. iGXEUS Vejdovsky [Camptodrilus igneus Eisen). — Cerveau
présentant une profonde échancrure inférieure ; lobes antérieurs
renflés et lobes postérieurs de forme conique. Pénis au moins dix
fois plus long que large.
Quant aux espèces suivantes elles n'offrent rien de certain et je
vais citer les diagnoses telles qu'elles sont données par Eisen et
Beddard.
SPECIES INCERTAE SEDIS
L. ORNATUS Eisen. — Cerveau avec une échancrure peu profonde.
Spermathèques piriformes. Néphridies avec cellules glandulaires.
Pénis cinq à six fois plus long que large. Longueur: 3cm. Cette
MORPHOLOGIE ET CLASSIFICATION DU GENRE LIMNODRILUS 391
espèce est peut-être identique à L. Hoffmeisteri. La diagnose ne
présentant évidemment aucun caractère vraiment spécifique. 11 faut
citer aussi L. monticola Eisen qui ne se distiugue de L. ornatus que
par la longueur du pénis qui serait huit fois plus long que large et
serait nettement sectionné à l'extrémité. Le caractère vraiment
spécifique pour Eisen consisterait dans les concrétions étoilées
caractéristiques que l'on observerait à l'extrémité interne du pénis
chez L. ornatus.
L. Steigerwaldi Eisen. — Cerveau avec une échancrure profonde ;
lobes antérieurs trilobés (?). Les autres caractères sont les mêmes
que pour l'espèce précédente. Selon Eisen le caractère spécifique
consisterait dans le renflement globulaire de l'extrémité externe du
pénis. Longueur : 80^^™.
Il est évident par ce travail que les espèces de Eisen, acceptées
par Beddard, n'oftrent rien de certain et qu'il serait nécessaire, pour
lever toute controverse, d'en reprendre l'étude et d'en faire l'examen
comparatif avec les espèces certaines.
J'adresse eu terminant mes chaleureux remerciements à M. le
prof. Vejdovsky. C'est dans son laboratoire que ce travail a été fait
et c'est avec une entière bonne grâce qu'il m'a toujours prodigué
ses conseils.
BIBLIOGRAPHIE
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10. — Note sur un Tubifex d'Algérie. Paris, 1891.
392 MORPHOLOGIE KT CLASSIFICATION DU GRNRE LIMSÛDRILUS
EXPLICATION DE LA PLANCHE V
Fii:. 1. — Liinnodrilus Duijrsi n. sp. (li> f^Tiimliiu- Maliir<-lli-.
Fiu". i. — L;i partit: iintrrii'urf du inrinc, vm- par la face vt-nlralo et jrrossie,
pour montrer la fornu; du lobe frontal / et la position des pénis Ir ; u, bouche ;
op, oriGcos niàles; sp, sporiiiatiic(iut's; xt. sacs d('s soies.
Fif^'. 3. — Soie de LiiniiDiirilus DiKjrni, {grossie.
Fi^. 4. — Ortrane oxcnHeur inAlo ilu nn'ini' : at, atrium; eu, ruticulo; d, con-
duit éjaculatour; ca, épitlicliuin de l'alriuiu; ep, (''pilliéliuui ; t'pz, ('•pithéliuin
renflé; hp, hypodrnnc; hz, f,'landi's unici-liniaircs de riiypodormc; /*, entonnoir
vibratile; pr, un inbrano i-xlemc du pénis; f>i, membrane interne du pénis; pr,
prostatiï; pi, ptsritoino: ri\ muscle cdiliqucî du pénis; se, muscles circulaires; s/,
niuscles (lon,L,'itudinaux) oblon^rs; .sr, jonction di' l'atrium avec la pocbe du pénis;
li. partie aplatie de l'extrémité du pénis ; ^^^ partie recourbées du pénis; sp,
libres spirales; rj, canaux des jy:landes unicellulaires de la prostate; up, embou-
cbure des {jlandes dans l'atrium; -s, traclns protoplasmiques dans la matière
filandulaire.
Fig. 5. — Coupe longitudinale d'une assise musculaire autour de pénis; ri,
noyau.
Fig. 6. — Faisceau de fibres musculaires, spirales grossies.
Fig. 7. — Partie d'épithélium intestinal ; ep, cellules épithélialos ; ep', cellules
épithéliales de remplacement; clil, glandes cblaragogènes ; cz, parasite enkysté
dans l'épithélium ; :;/•, granulations pigmentaires. •
Fig. 8. — Partie d'épithélium avec une forme parasitaire en croissant; ep,
épithôlium; es. cuticule; cz, parasite avec un espace clair dv au milieu.
Fig. 9. — Formes parasitaires du tube digestif :«, forme glandulaire; /), forme
en croissant; ot, adhérence cuticulaire.
Les autres lettres ont la môme signification que dans les ligures 7 et 8.
Fig. 10. — Cerveau de L. Dugesi. 1, branche supérieure du lobe antérieur;
II, branche inférieure du lobe antérieur; III, lobes postérieurs; g, ganglion
prccerebral; com^^, commissure principale; com,, commissure accessoire; nr,
neurochorde; sv, substance flbreuse; bn, cellules nerveuses ; iic, nerf.
Fig. 11. — Partie de la zone alvéolaire de L. Dugcai en coupe horizontale et
longitudinale; g, ganglions isolés avec base rétrécie bg ; nb, cellules nerveuses;
rs, substance filireuse; vn, branche nerveuse au milieu du ganglion.
Fig. 12. — Glandes unicellulaires des organes excréteurs en coupe transver-
sale ; zi, glande uniccUulaire ; n, noyau ; <?/c, canaux excréteurs à paroi mince.
Fig. 13. — Coupe transversale de l'atrium à l'embouchure de la prostate ;
at, atrium ; di, diverticule latéral de l'atrium ; pt, péritoine ; es, assise des
muscles circulaires ; sp, le reste du protoplasme avec noyaux ; pr, prostate
composée de glandes unicellulaires bk, qui se continuent par un fin canal.
Fig. 14. — Extrémité du pénis vue en relief ; ti, partie inférieure aplatie ;
ts, partie supérieure recourbée en forme de capuchon.
Fig. 15. — Spermathèquc en coupe longitudinale ; ep, épithélium ; se, mus-
cles circulaires ; .9^, muscles oblongs ; pi, péritoine; ehl, valvule; ep', épithé-
lium aplati du sac de la spermathèque ; se', muscles circulaires isolés.
Fig. 1(). — Dernière portion de la spermathèque vue en surface, pour mon-
trer les muscles circulaires se.
Fig. 17. — Spermatophores de L. Dugesi n. sp. : a, coupe longitudinale ; h,
coupe transversale ; eg, substance centrale granulaire ; }is, assise sécrétrice où
sont placées les tètes des spermatozoïdes ; ks, extrémités libres des spermato-
zoïdes ; ro, bec du spermatophore.
Fig. 18. — Spermatophore de L. Hoffmeisteri Claparède ; ev, cavité centrale ;
hs. assise sécrétrice avec têtes des spermatozoïdes ; ks, queues des spermato-
zoïdes; pv, enveloppe externe du spermatophore.
Mém. Soc. Zool.de France xi., 1898.
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393
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES.
(49"' Note).
ANATOMIE DU CORSELET DE LA MYRMFCA RUBRA REIiNE
PAR
CHARLES JANET,
Vice -Président de la Société.
(Planche VI)
Explications préliminaires
Dans la 7^ Note de ces Études (1) j'ai donné, pour la Myrmica
rubra (reine et ouvrière), l'anatomie du pétiole, c'est-à-dire de
l'ensemble de ces deux anneaux, fortement contractés, qui pré-
cèdent la partie globuleuse désignée, chez les Fourmis, sous le
nom d'abdomen.
Dans la présente Note, je donne la description anatomique de
la région qui précède le pétiole et que je désigne sous le nom de
corselet.
Dans l'Essai de Chabrier ("22) sur le Vol des Insectes, il y a une
bonne description anatomique du corselet du Bombus (pi. 10 à 12).
Lubbock ("79c) a donné une description assez détaillée du cor-
selet du Lasius flamis ouvrière.
Dans un travail important de Nassonow ("89), travail écrit en
russe, on trouvera un bon nombre de figures qui se rapportent
également à l'anatomie du thorax du Lasius flavus.
Le corps de la Fourrai, comme celui de tout Insecte, est morpho-
logiquement formé d'un certain nombre de métamères ou anneaux
compris entre une portion terminale orale [acron] et une portion
terminale anale {telson).
La portion orale, réunie aux cinq premiers métamères (1° anten-
naire, 2° postantennaire, 3° mandibulaire, 4® maxillaire, 5" labial),
(1) Études sur les Fourmis, T Note, Sur l'anatomie du pétiole de la Myrmica
rubra. Mém. Soc. Zool. de France, VII, 1894, p. 185.
304 en. .lANKT
coustilue la ttHc que nous eludierons procliaineinent (1). Cette
tête se termine par un col rétréci (pi. VI) qui sert ù l'articuler avec
la réi^iou suivante. Ce col appartient au métaiiK're labial, mais la
membrane articulaire qui lui fait suite ap[)arlieut, tout entière,
au métamère suivant qui est le premier métamère postcéphalique
(Se./) ou prothorax.
La partie bien délimitée qui, chez les Fourmis, les Guêpes et les
Abeilles, fait suite à la tête, est le corselet. Il est très rétréci en
avant pour s'articuler avec la tète, et tri'S rétréci en arrière pour
s'articuler avec le pétiole (pi, VI). Morpholoj^iquement, le corselet
est formé des quatre premiers métamères postcéphaliques (fig. 2,
Se. / à Se. 4). Les trois premiers de ces anneaux, le prothorax, le
mésoîhorax et le métalhora.v sont caractérisés par la présence des
pattes et leur ensemble est appelé thorax. Le quatrième métamère
est Vanneau médiaire de Latreille.
Je diviserai la description du corselet en deux parties se rappor-
tant, la première, au squelette tégumentaire, la seconde, à l'ana-
tomie interne. J'adopte comme position morphologique celle dans
laquelle l'axe longitudinal du corselet est placé verticalement,
c'est-à-dire la position qui correspond à celle que j'ai donnée jus-
qu'ici (Note 16, p. 2, fig. 1) à l'animal entier.
Les parties du squelette tégumentaire qui sont invaginées vers
l'intérieur du corps, pour fournir aux muscles des surfaces de
fixation suffisamment vastes et des points d'attache amenés dans
une situation en rapport avec la direction dans laquelle le muscle
correspondant doit agir, constituent ce que l'on appelle Vendosque-
lette (endocéphale, endothorax ; Audoin).
On emploie souvent (Kleuker "83, p. 6; Kolbe"93, p. 350) les
noms de :
Apophyses pour les invaginations squeletliques sternales.
Apodèmes — — pleurales.
Phragma — — notales.
Au lieu de donner, ainsi, au mot apophyse un sens spécialisé, je
préfère lui laisser la signification générale d'éminence bien sail-
lante, quelconque, du squelette.
De même, au lieu d'afifecter spécialement aux parties pleurales
le nom d'apodènie, je préfère lui laisser le sens général de saillie
endosquelettique quelconque formée par accolement des deux
(1) Heymons {" 95) a récemment publié un mémoire sur la constitution du
corps des Insectes et en particulier sur la constitution de la tête.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 395
faces d'un repli invaginé ou par épaississement d'uiie lame ou
nervure saillante vers l'intérieur du corps. Un apodème dont les
lames ne se soudent pas se traduit à l'extérieur par un sillon. Le
sillon noto-sternal de la Myrmica (Silt. n. s.) (p. 416, fig. 10 et p. 427,
fig. 17) en est un exemple. Ce sillon des MyrnUcinae devient, chez
les Formicinac, un véritable apodème à lames soudées (p. 418, fig. 12,
Ap. n. s.).
Kirby and Spence ("22, t. 3, p. 368) appellent ante-, medi-, et
post-furca les grands apodèmes de la région sagittale des arceaux
sternaux du thorax. J'adopterai ici cet ancien nom de furca parce
qu'il est bien en rapport avec la forme fourchue que ces parties pré-
sentent chez les Insectes, et, en particulier, chez les Hyménoptères.
Ces mêmes auteurs ont donné aux apodèmes qui dépendent des
parties dorsales le nom de phragma qui est à conserver.
Squelette tégumentaire.
Vue de côté (fig. l et 2).
On peut distinguer dans le squelette tégumentaire d'un méta-
mère ou anneau quelconque deux parties : un arceau sternal et un
arceau notai (fig. 2, prothorax et mésothorax, Ar. ster., Ar. not.).
Il faut définir ce qui doit être attribué à chacun de ces arceaux.
De nombreuses observations m'ont démontré que les membranes
articulaires se produisent, secondairement, là où leur formation est
motivée par la nature particulière des mouvements de chaque
anneau, et, cela, en des points morphologiquement très variables.
Au contraire, j'ai trouvé que les insertions musculaires occupent
une situation morphologiquement précise. Cela n'est, certes, pas
toujours facile à reconnaître de prime abord, mais un examen
attentif de nombreux cas particuliers m'a montré que chaque
muscle continue à appartenir, pendant toute la durée du dévelop-
pement, à l'anneau auquel appartenait le mésoderme qui l'a formé,
et que les grandes variations apparentes de la situation des inser-
tions musculaires sont dues simplement à l'accroissement, nul
dans certains cas, énorme dans d'autres cas, que prennent, pour
des causes physiologiques variables dans chaque anneau, les
régions tégumentaires voisines de l'aire, morphologiquement pré-
cise, sur laquelle s'insère le muscle considéré, aire avec laquelle le
muscle reste en rapport même dans le cas où il y a des phénomènes
d'histolyse.
C'est pour ces raisons que, dans la recherche des limites morpho-
logiques des diverses parties du corps, je n'attache qu'une impor-
396
CH. JANET
tance secondaire à la considération des membranes articulaires,
tandis que je mets à contrijjution, tout d'abord, la situation des
insertions musculaires.
Fig. i. — IHyrrtiica ruhra reine. Corselet vu de côté. Gross. 30.
Commençons par rappeler comment les choses se passent dans
l'abdomen, d'abord pour la limite morphologique de deux anneaux
Fig. 2. — Myrmica rubra reine. Corselet décomposé en ses anneaux,
et vu de côté. Gross. 50.
398 CH. JANET
snccossifs, onsuil{>, flnns iiii nnm';m, pour la limite morphologique
(les deux arceaux qui le coniitosenl.
Par liuiilc morphologique de deux anneaux successifs j'entends
ce que devient cIhv. l'imago la ligne s»';parative virtuelle, située dans
le fond du silUtn inlerannulaire qui sépare deux anneaux du corps
des jeunes larves, lesquelles, déjà pourvues d'une puissante muscu
lalure qui contribue à produire ce sillon, ont encore un tégument
uniformément épaissi, pour lequel il ne peut être question ni de
pièces squelettiques rigides, ni de membranes articulaires.
Examinons, par exemple, du côté dorsal, la limite morpholo-
gique des anneaux poslcéphaliques dont le squelette tégumentaire
et la musculature sont représentés Note 7, fig. 1 et .3, et Note 16,
fig. 3, 4, 7 et 9.
Chaque anneau comprend, morphologiquement :
1" La grande pièce squoleltique qui forme l'écaillé dorsale ;
2° La membrane articulaire qui fait suite à cette écaille ;
3° Une bordure rigide très réduite qui reçoit les insertions muscu-
laires et est solidaire de l'écaillé rigide de l'anneau suivant. Cette
bordure rigide peut être nulle ou assez développée comme on le
voit dans le cas représenté Note 16, fig. 4.
C'est immédiatement à la suite de cet ensemble que se trouve la
limite morphologique des deux anneaux successifs.
Déterminons, par analogie, la limite morphologique qui, dans un
anneau, sépare l'arceau dorsal et l'arceau ventral. A l'arceau dorsal
j'attribue (Note 16, fig. 7) :
i° La grande pièce squelettique qui forme l'écaillé dorsale ;
2° La membrane articulaire qui fait suite à cette écaille ;
3° Une bordure rigide plus ou moins réduite située à l'extrémité
des insertions musculaires et solidaire de l'écaillé rigide (jui forme
l'arceau sternal.
C'est immédiatement à la suite de cet ensemble que se trouve la
limite morphologique des deux arceaux notai et sternal de l'anneau.
Si, des anneaux moyens de l'abdomen, où rien ne vient compli-
quer la division en un arceau notai et un arceau sternal, nous
passons aux anneaux thoraciques, nous trouvons, par suite de la
présence des pattes et des ailes, une disposition beaucoup moins
simple.
Dans le prothorax, j'attribue à l'arceau notai la grande écaille
qui forme la partie dorsale des coupes représentées par les figures
15 A à D (p. 422). J'attribue à l'arceau sternal :
1° La surface comprise entre les articulations coxales, surface
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 399
qui porte la lame sagittale et la furca, et fournit les insertions
musculaires internes des pattes ;
2° Les pattes ;
30 Les deux surfaces comprises entre les pattes et la grande
écaille notale, surfaces qui reçoivent les insertions musculaires
externes des pattes.
La répartition se fait d'une façon tout à fait similaire dans le
mésothorax (p. 429, fig. 18 ; p. 430, fig. 19) et dans le métathorax
(p. 432, fig. 20).
Dans l'anneau médiaire la limite est plus difficile à établir. Elle
passe soit en arrière de la chambre de la glande GL 4 (p. 397,
fig. 2), soit (p. 435, fig. 21) quelque part dans l'intérieur de la
chambre aérifère où cette glande déverse son produit.
L'arceau notai du prothorax [Se. i. : Ar. not.), assez étroit dans le
sens longitudinal du corps, est si embrassant de l'arceau sternal
{Ar. ster.) qu'il cache presque complètement ce dernier sur la vue
de côté.
Une membrane articulaire continue assure la mobilité du pro-
thorax par rapport au mcsothorax. Cette mobilité est très prononcée
pour l'arceau sternal et très faible pour l'arceau notai. Du côté
sternal, la membrane articulaire appartient morphologiquement au
mésothorax ; du côté notai, la membrane articulaire appartient
morphologiquement au prothorax : cela résulte de l'examen des
insertions musculaires (pi. VI).
Sur le mésothorax, la limite des arceaux sternal et notai [Se. 2 :
Ar.ster. ; Ar. not.) est marquée extérieurement par un sillon [Sill.
n. s.), repli interne tout à fait comparable à un apodème dont les
deux lames seraient restées écartées (p. 427, fig. 17 et suivantes). Il
n'y a, dans ce sillon, aucune membrane articulaire.
L'arceau sternal est modérément développé. La distinction, sur
cet arceau, de plusieurs parties (sternum, epimerum, etc.), est
sans importance au point de vue anatomique. Cet arceau forme,
ici, un tout rigide et il est également uni, d'une façon rigide, aux
pleurae de l'arceau notai correspondant. Les deux arceaux sont,
ainsi, réunis d'une façon rigide et c'est auprès de l'aile que se
trouvent les parties membraneuses qui permettent les mouvements
relatifs de l'ensemble du sternum et des pleurae du notum par
rapport à la portion médiane du notum.
L'arceau notai est, par suite de la présence d'ailes à musculature
puissante, extrêmement développé. L'articulation del'aile (.4/.S('.5)
et un sillon articulaire dorsal [Sill. art.) justifient, ici, la distinc-
400 CH. JANET
lion inorplioloi^iciiit» do (H\n\re rt^gioiis l)ien (lislincles. Ce sont le
scutunt, le snitrllinii cl deux pleurdc {Seul., SculcIL, Plr).
Vers leur |iarlie supérieure les pleurae s'élendenl cousidérable-
nienl vers l'arceau slenial au point d'arriver à ôlre visibles sur la
vue de la face vculrale (lig. .'3. \r. not., Se.'i.). Ils porlenl, près de
leur bordure supérieure, un sillon que l'on peut appeler stigma-
lique {SïlL st.) car, parlant de l'articulation alaire, il passe sous le
premier stigmate {St. Sc.'J), vers lecjuel il émet une ramification et,
se prolongeant vers l'arceau ventral, il se termine, eu s'invaginant,
comme un doigt de gant, dans l'intérieur du corps, pour former
ïupuplujsi' d'insertion du muscle de fermeture du stigmate (.Apoph.
ferm. st.). Les stigmates (St. Sc.H) sont situés sur la bordure supé-
rieure des pleurae, mais ils sont recouverts par un prolongement
du prothorax (p. 429, fig. 18). Les pleurae sont limitées, en bas,
par le sillon articulaire méso-métathoraci(iue, et, dorsalement,
par l'articulation alaire et ses dépendances.
La partie de l'arceau notai qui est située dorsalement par rapport
à l'articulalion alaire est divisée, en deux parties, par un sillon
articulaire (PI. VI, Memb.; fig. 2, Sill. art.) permettant de faibles
mouvements de charnière. Ces parties sont eu rapport avec les
insertions des muscles vibrateurs longitudinaux (pi. VI, M. vib. /.) ;
ce sont le scutum et le sculellum {Seat., Scutell.).
Le développement, si considérable, que ces parties montrent à
l'extérieur du corps n'est pas encore assez grand pour leur per-
mettre de fournir aux muscles du vol des aires d'insertion d'uue
surface suffisante et d'une situation convenable, et nous les voyons
émettre, vers l'intérieur du corps, des apodèmes importants (fig. I,
2 et PI. VI). Le scutum émet, en haut, un apodème médian {Phr.
scut.) formé de deux lames soudées dont la lame supérieure est,
morphologiquement, formée en partie par l'anneau prothoracique.
Le sculellum émet, en bas, sur ses côtés, deux apodèmes (Phr. i.
m. /.) qui se soudent en une pièce impaire, en forme de gouge. Cette
pièce prend un développement considérable et s'étend jusqu'auprès
de l'extrémité inférieure du corselet. Des deux lames soudées qui
forment cet apodème, la lame inférieure paraît être formée, au
moins en partie, par l'anneau raétathoracique. Le sculellum est
raidi par une nervure interne {ISerc.) située un peu au-dessous du
sillon articulaire {Sill. art., Memb.).
Les parties latérales des arceaux sternal et notai du mésolhorax
(Se. 5)sont séparées du métathorax (Se. 5) par un sillon accompagné
d'une membrane articulaire (fig. 1, SilL art.).
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 401
Les ailes du métathorax reçoivent leur mouvement des ailes
mésothoraciques auxquelles elles s'accrochent et sont dépourvues
de musculature : le métathorax subit, en conséquence, une réduc-
tion extrêmement considérable. La trace, visible de l'extérieur, de
l'invagination d'une apophyse (ipop/i.) marque la limite qui sépare
l'arceau sternal de l'arceau notai. L'insertion alaire limite des
pleurae à la partie supérieure desquels on voit, immédiatement
au-dessous de la limite méso-métathoracique, un stigmate méta-
thoracique [St. Se. 3) réduit au point d'avoir perdu, chez les Myrmi-
cinae, son appareil de fermeture. La partie médiane de l'arceau
forme un arc étroit, plissé et très fortement chitinisé qui donne
une grande raideur à cette région du corselet.
Tandis que chez Vespa et chez Apis on voit, à la surface du cor-
selet, la limite séparative du 3«^ et du 4^ anneau, cette limite n'est
pas marquée chez Myrmica. La ligne pointillée suivant laquelle ces
deux parties sont séparées dans la figure 2 a été tracée, approxi-
mativement, d'après ce que l'on voit chez Vespa. On a, comme point
de repère, pour tracer cette ligne, le point d'invagination de l'apo-
physe interne (Apoph.) qui se trouve vers l'extrémité inférieure de
la ligne séparative des arceaux notai et sternal du métathorax,
point qui est très nettement marqué par une profonde dépression
chez Vcspa et qui est encore assez net chez Myrmica.
Quant à la limite séparative des deux arceaux du 4" anneau, elle
ne se traduit, sur la surface extérieure du corselet, par aucune
ligne visible. Le trait pointillé par lequel je la représente approxi-
mativement (fig. 2) part de l'extrémité de la limite séparative des
arceaux du métathorax, passe entre la chambre aérifère qui paraît
appartenir à la partie latérale de l'arceau sternal et le stigmate qui
appartient à la partie latérale de l'arceau notai, et, enfin, se dirige
vers l'extrémité de la limite séparative des deux arceaux de l'an-
neau suivant {Se. J : Ar. ster., Ar. not.].
Face ventrale
La figure 3 représente le squelette chitineux du corselet vu par
sa face ventrale.
L'arceau sternal du prothorax, qui est supposé enlevé dans cette
figure, est représenté à part (fig. 4). Il est formé de trois pièces, à
savoir deux pièces latérales [Pis.) réunies par une membrane
articulaire sagittale, et, plus bas, une pièce impaire qui porte une
robuste furca [Furc. 1, voir p. 424, fig. 1(5 E). La bordure inférieure
de ces trois pièces squelettiques forme la majeure partie du cadre
Méni. Soc. Zool. de Fr„ 1898. xi. — 2B
'^(l2 cil. .lANKI
articuhiire tic la roxa i)r(»lli()ra('i(|U(' (C.r. /). |,a vaste ouverture
(lij;. 3) que l'eiilrviMnenl de cet arceau produit sur le corselet y)er-
niel de voir, au-dessous de l'arceau notai {Se. /. \r.iiol.), une lame
saillante (jui esl le |)lira^uia du seiiluin (s'r. -J : l'hr. sent.).
Fiy. 3. — Myrinica ruhra reine. Corselet vu par la face ventrale. L'arceau sternal
<iu prolliorax et les trois paires de pattes sont enlevés. Gross. 50.
A la partie supérieure du mésothorax, le sillon transversal [Sill.
transi.) est interrompu par une cloison sagittale. Près du point où
les trois sillons transversal, stigmatique et uoto-sternal {Sill. Iransv.;
Sill. st.; Sill. n. à.) se réunissent eu une sorte de carrefour, se trouve
ETUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
403
l'apophyse interne, en doigt de gant (Apopli. j'crm. st.), sur laquelle
se fixe le muscle de fermeture du stigmate. La furca mésothora-
cique (Furc. 2), supposée vue par transparence, montre ses deux
branches et, aussi, l'anneau qui, après avoir entouré la chaîne ner-
veuse, porte, en arrière, les quatre tendons des deux paires de
muscles M. .75 et M. 56, muscles mésothoraciques ventraux longi-
tudinaux qui font mouvoir l'arceau sternal du prothorax (pi. VI).
On voit, également en pointillé, le contour du vaste apodème
{Plii'. i. m. l.) qui est attaché à la limite inférieure de l'arceau dorsal
par ses deux cornes supéro-latérales, mais qui est libre sur tout le
reste de son pourtour (fig. 2, 3, 5 et pi. VI).
Fig. 4. — Mynnica rubra reine.
Arceau sternal du pro thorax.
Gross. 50.
Fig. o. — Myrmica rubra reine. Phragma
de la partie inférieure du mesonotum.
Gross. 50.
Le métathorax [Se. 3) nous montre un sillon sagittal dont l'extré-
mité inférieure s'invagine pour former la furca {Furc. 3) qui est
dépourvue d'anneau. L'arceau sternal du métathorax proémine vers
le bas de manière à ne laisser voir qu'une portion bien réduite de
Vanneau médiaire (Se. 4). La partie visible de l'arceau sternal de cet
anneau médiaire se réduit à un petit triangle (Ar. ster.), au-dessous
duquel nous voyons d'abord (à l'endroit marqué Se. 4) l'ouverture
laissée par l'enlèvement de l'anneau suivant, puis la portion réflé-
404 t;». .iam:t
cliie de l'arceau uotal {Ar. iioL), partie (jui porte le lo^eineiil «le la
rotule articulaire (voir p. 397, (ig. 2) de l'arceau notai suivant.
Face dorsale
L'exanu'u de la face dorsale (llg. G) montre bien la réduction
subie par l'arceau prutliornciquc dorsal {Se. J : Ar. nol.) qui u'appa-
rait que comme une bordure entourant toute la partie supérieure
de l'arceau suivant.
L'arceau dorsal mésothoracique [Se. ii : Sent., Scutell.) prend un
énorme développement. En deliors des articulations des ailes (.1/.
Se. "2) on voit les pleurae (Ph\). LQscutum(Scut.) échancré, dans ses
anj^les latéro-iuférieurs, par l'articulation alaire, est limité, en bas,
parle sillon (Sill. art.), au fond duquel se trouve la membrane de
charnière (pi. YI, Memh.) qui le sépare du scutellum (ScutelL). Ce
dernier est raidi par une nervure interne (pi. VI, Ncrv.) et fournit,
sur les côtés de sa bordure inférieure, l'insertion des cornes du
grand phragma {Phr. i. m.L).
C'est au milieu du dos que le métathorax (Se. 3) présente le
maximum de réduction. 11 est, là, refoulé vers le bas, comme le pro-
thorax est refoulé vers le haut. Il s'élargit un peu sur les côtés où
se trouvent les insertions alaires, près desquelles nous voyous
commencer le sillon articulaire [Sill. art.) séparateur du niéso(Se. 2)
et du métathorax [Se. 3). C'est près de l'origine de ce sillon que se
trouve le stigmate atrophié de l'anneau [St. Se. 3).
Toutes les parties qui se trouvent sur le reste du corselet appar-
tiennent à Vanneau médiaire. On y voit : une paire de stigmates très
développés [St. Se. 4) situés sur de légères éminences ; plus ])as, les
deux épines (i'p.) qui limitent latéralement le logement dans lequel
le premier nœud du pétiole vient s'abriter lorsqu'il est relevé au
maximum (lig. 1) ; et, enlin, plus bas encore, la bordure du cadre
articulaire de l'anneau suivant [Se. 5). Les deux mamelons qui se
trouvent sur les côtés de la partie tout à fait inférieure du corselet
sont dus à la présence des chambres aérifères de la glande de l'an
neau. Ces chambres, ainsi que leurs cribellums(C'n.), sont figurées
en pointillé et leur orifice, en forme de fente allongée, se trouve en
/: Gl. 4 (voir p. 397, lig. 2 et p. 416, fig. 10).
Coupe sagittale
L'étude que nous venons de faire de l'extérieur du corselet sera
utilement complétée par l'examen d'une coupe sagittale de son
squelette tégumentaire (planche VI).
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES 40o
La tête se termine par un cou très rétréci qui appartient à l'an-
neau labial. La membrane articulaire, à surface chagrinée, qui lui
fait suite, appartient, tout entière, au prothorax.
Fig. 6. — Myrmicà rubrn reine. Corselet vu par la face dorsale. Cross. 50.
406 CH. .lANET
lUi cnfé ventral du prothorn.v la iiu'mliraiitj chngrinée se prolonge,
sur la ligne sagittale, \y<\v la membrane d'artirulation des deux
moitiés (lu plastron de l'arceau sternal (|). 422, (ig. I.'i M et iS (^),
memhrant' (pii ajjoutit à celle qui horde la partie sii|)(''rieure et les
côtés de la plaque impaire qui porte la furca prolliora(i(|ue (/^/r. /)
et la lame sagittale (/,. ///. /) sur laquelle se fixeul les extenseurs de
la coxa.
La membrane qui se trouve .lu-dessous de cette plaque appaitient
tout entière au //((fso//(o/7/.r. Plus bas, nous voyous le sillon trans-
versal (Sill. transv.) couvert d'un fin duvet de poils sensitifs. La
coupe représentée par le dessin est supposée, ici, légèrement
écartée du plan sagittal, car dans ce plan il y a une cloison qui
iuterrompt le sillon (voir lig. 3 et p. 424, fig. IG F). Le mésothorax
présente, au-dessous de ce sillon, un assez grand développement,
parce qu'il a à fournir, à droite et à gauche delà lame sagittale
{L. m. 2), une vaste surface d'insertion pour les muscles vibrateurs
transversaux du vol (M. vib. t.), indiqués, ici, par leur contour (voir
aussi p. 427, fig. 17). A la partie inférieure de la lame sagittale se
trouve la furca mésothoracique {Furc. 'J) qui termine le mésothorax.
Dans le métathorax, la lame sagittale L. m. 3 porte, en haut, une
lame transverse et aboutit, eu bas, à la furca métathoraci(|ue qui
est formée à la fois par le métathorax et par l'anneau médiaire.
A cet anneau médiaire appartient : une portion de la partie infé-
rieure de la furca; la surface qui se termine vers le bas par un
butoir ventral, et, enfin, toute la membrane articulaire qui fait
suite à ce butoir.
Du côté dormi le prothorax {Se. 1) est très rétréci. Sa partie supé-
rieure forme un col protecteur du cou et de sou articulation. La
partie inférieure repliée, la courte membrane qui lui fait suite
et nue partie de la face supérieure de l'aitodôme du scutum [Plir.
scut.) appartiennent, morphologiquement, au prothorax.
Le reste de l'apodème du scutum appartient au mésothorax [Se. 5).
Le scutum (SYuî.)est raidi, à sa partie inférieure, par un certain
nombre de plissements longitudinaux.
Le scutellum {Scutcll.) est séparé du scutum par un sillon au fond
duquel se trouve une courte membrane articulaire (Meinh.) et il est
raidi, vers sa partie supérieure, par une forte nervure interne
(Note 16, p. 7, fig. 15). A sa partie inférieure il est arrondi en un
bourrelet rugueux. On voit en coupe le grand phragma {l*hr. i. L)
qui appartient, au moins par sa face supérieure, au mésothorax.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES
407
Le métathorax {Se. 3) est réduit à un bourrelet, comprimé et
rugueux, limité, en haut et en bas, par une membrane articulaire.
L'anneau médiaire {Se. 4) comprend la vaste surface qui se trouve
au-dessous du métanotum et le butoir dorsal qui la termine infé-
Fig. 7. — Vespa germanica ouvrière. Coupe sagittale du tégument dorsal
du corselet. Gross. 22.
rieuremeut. La membrane articulaire qui fait suite à ce butoir
appartient aussi à l'anneau médiaire.
Vespa, Apis. — La disposition que présentent, dans le plan
sagittal, les parties qui forment le dos du corselet est, sauf quelques
408
cil. .lAMT
petites inodincations, hi inùmc clie/ les Fourmis, die/ les (îuêpes
et chez les Abeilles.
Chez la Guêpe (lij;.7), le itrothoiax est encore très réduit. Cunune
chez la Murmica, la uieuibraue articulaire qui se trouve à sa partie
Fig. 8. — Apis mellifica ouvrière. Coupe sagittale du tégument
dorsal du corselet. Gross. 22.
supérieure et celle qui se trouve à sa partie inférieure lui appar-
tiennent, morphologiquement, toutes les deux.
Sur le Mésothorax, le sillon qui sépare le scutum (Scut.) d'avec le
scutellum {Scutell.) est très accusé, et sa partie profonde est rendue
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 409
flexible par un amincissement de la chitine. La nervure de raidis-
sage du scutellum est située tout près de ce sillon.
Le métathorax est moins réduit et moins comprimé que chez la
Myrmica mais, inversement, Vanneau médiaire est relativement
plus petit.
Chez l'Abeille (fig. 8), la membrane d'articutation de la tête et
du corselet, très épaisse et fortement chagrinée, appartient encore
tout entière au prothorax. Quant à la courte membrane d'articula-
tion du prothorax et du scutum, elle s'est formée non pas au-
dessus, comme chez les Myrmica et chez les Vespa, mais au-dessous
de la surface de fixation du muscle releveur médian de la tête.
Malgré ce changement de situation elle appartient encore morpho-
logiquement au prothorax.
Sur le mésothorax, le scutum {Scut.) est très développé et séparé
du scutellum (Scu/e//.) par un sillon dont la cuticule est assez flexible
pour permettre les faibles mouvements de charnière nécessités par
les vibrations du vol. Le scutellum est remarquable par son bom-
bement beaucoup plus accusé que chez la Murmica. 11 forme une
sorte de ressort en arc bandé par un muscle longitudinal M.
Le métathorax, extrêmement réduit, comme chez la Myrmica,
apparaît sous forme d'une bande étroite et brillante sur le corselet
d'une Abeille dont les poils ont été enlevés par le frottement.
Vanneau médiaire est bien développé.
AnATOMIE INTERNE
Coupe sagittale
La tranche sagittale (PL VI), dans laquelle nous venons d'exa-
miner le squelette chitineux, nous fournit une vue d'ensemble sur
la plupart des organes du corselet. Dans le cou passe un faisceau
de viscères comprenant (voir aussi p. 420, fig. 14) :
Le canal impair de la glande labiale {Gl. Ibi. can.).
L'œsophage {Or.).
L'aorte (V. d.).
Les deux connectifs de chaîne nerveuse (/V. c).
Le prolongement du nerf récurrent ou sympathique impair
(iV. rec).
Deux nerfs sympathiques pairs (iV. symp.), prolongement du
nerf récurrent.
410 CM. JANET
Deux filets iioiNeiix. satelliles du cmikiI de la glaude labiale, pro-
veuaut d'un i)i'lit tîaiiglion (d. ijl. Ihi) situé dans la tête.
Deux troues trachéeus iou^itudinaiix veulraux (/"/•. /. /. r.).
Deux troncs tracluieus longitudinaux dorsaux ('/'/•. /. /. <l.).
Sur la t'li<i'iiir nrrri'iisc, nous rencontrons, logés dans les anneaux
aux<|uels ils appartiennent, un ganglion prothoracique (G. Se. 1) et
un ganglion niésolhoracique {(!. sv. l>).
Les ganglions, a|)partenant niorph()logi(|ncnu'nt aux trois anneaux
suivants : (d. Se, 3, ganglion du niétalhorax; d. Se. 1, de l'anneau
niédiaire ; G. Se. J, du i*^^' nœud), sont accolés en une masse unique
logée dans l'anneau métathoracique. Le ganglion (G. Se. 6), logé
dans le 1" nœud(S(?. .7), appartient, morphologiquement, au 2« nœud
(.Se. 0) qu'il innerve.
A la partie antéro-supérieure de chacun des deux ganglions qui
forment la paire prothoracique, il y a un renflement qui est le
point de départ d'un prolongement nerveux dans lequel se trouvent
des corpuscules scolopaux et qui, par conséquent, doit être consi-
déré comme étant un orf/ane cfioi'dotonaKOrfi.r.). Cet organe aboutit
aux côtés de la membrane d'union des deux moitiés du plastron de
l'arceau sternal du prothorax (voir p. 422, fig. 45 C),
De la partie supérieure de chaque ganglion mésotlioracique part
un nerf qui se bifurque en une branche verticale et une branche
horizontale. Celte dernière est le nerf alaire N. al qui pénètre dans
l'espace compris entre les muscles vibrateurs longitudinaux et les
muscles vibrateurs transversaux (p. ^27, fig. 17) et se ramifie pour
innerver ces muscles.
Trois petits ganglions sympathiques {G. symp.) sont accolés à la
masse des trois ganglions logés dans le métathorax.
Pour traverser le cou, le canal de la glande labiale [Gl. Ihi) se loge
entre les deux connectifs (voir p. 420, fig. 14). Peu après son entrée
dans le prothorax, il se bifurque, et ses branches, après être passées
chacune en avant de l'un des connectifs (voir p. 422, fig. 15 B),
reviennent en arrière, en passant à droite et à gauche de l'œso-
phage et de l'aorte et près de deux corpora incerta [Corp. inc. 2),
sortes de glandes internes qui ont perdu toute relation avec l'hypo-
derme et qui paraissent dériver, chez l'embryon, de la portion
sternale de l'anneau labial, comme les deux corpora incerta logés
dans la tête (Crp.inc. /) dérivent de la portion sternale de l'anneau
maxillaire. Chacune des branches se ramifie et les rameaux se ter-
minent par des petits groupes de cellules qui sont les acini de la
glande labiale (67. Ibi). Un certain nombre de ces groupes de cellu-
ÉTUDES SUR LES FOURMIS. LES GUEPES ET LES ABEILLES 411
les se trouvent à peu de distance du plan sagittal, mais le plus
grand nombre se logent dans l'espace libre situé en dehors des
muscles vibrateurs longitudinaux [M. vih. L), au-dessus des muscles
vibrateurs transversaux (j/. inb. t.).
L'œsophage {Or), qui est très étroit dans le trou œsophagien, sous
le cerveau, ainsi que dans le cou, se dilate un peu dans le corselet
pour se réduire de nouveau au passage de l'articulation du corselet
avec le premier nœud. Les muscles circulaires qui l'entourent
sont bien visibles ainsi que les deux nerfs sijnipathiques (/Y. symji.)
qui l'accompagnent à droite et à gauche.
L'aorte, caractérisée par ses deux files latérales de noyaux est,
dans le prothorax, accolée à la l'ace dorsale de l'œsophage. Elle
passe, peu à peu, sur le côté droit de ce dernier et franchit, dans
cette situation, l'articulation inférieure du corselet (fig. 18 à 23),
mais elle ne tarde pas à reprendre, daus le pétiole, sa position
dorsale par rapport au tube digestif.
Les deux troncs trachéens ventraux traversent le corselet, un peu
en arrière de l'œsophage, en ligne presque directe.
Les troncs trachéens dorsaur, au contraire (fig. 16 à 23), s'éloignent
en arrière, passent en dehors des muscles vibrateurs longitudinaux,
entre ces derniers et les vibrateurs transversaux. Ils descendent
ensuite dans l'anneau médiaire et viennent, à la partie tout à fait
inférieure du corselet, se réunir aux troncs ventraux.
Les désignations (( tronc ventral )) et « tronc dorsal » signihent
simplement que le premier tronc est placé ventralement par rapport
au second et que le second est placé dorsalement par rapport au
premier. Cela ne signifie nullement que, au point de vue morpho-
logique, un des troncs appartienne à l'arceau ventral et l'autre à
l'arceau dorsal. Les trachées ne sont, en définitive, que les ramifi-
cations, anastomosées, des invaginations métamériqiies qui forment
les Istiginales, et ces invaginations se produisent sur une région de
l'hypoderme qui est destinée à appartenir à l'arceau notai : le
système trachéen appartient donc, morphologiquement, tout entier
aux portions notales des métamères. H me paraît utile, dans les
descriptions anatomiques des Arthropodes, d'employer les qualifi-
catifs ventral et dorsal simplement pour distinguer, sur chaque
anneau, les deux portions morphologiquement variables qui sont
séparées par le contour apparent de l'anneau vu de face, ainsi que
pour désigner les parties internes qui, par leur situation, se rappro-
chent plus ou moins de ces deux portions, taudis que les qualifi-
412 r,n. .ianf.t
califs stcnial el notai doivciil Olre réservés, avec une signilicaliuii
plus en rapport avec la constitution morpholop^ique du niétamère,
pour désigner les deux arceaux que l'on peut distinguer dans
chaque anneau,
Les muscles vibialeiirs trau^ivcrsau.r du vol sont situés sur les
côtés du corps, et aucune de leurs fibres ne se trouve dans la
tranche sagittale représentée par la planche VI ; cependant j'ai
llguré, par deux lignes poinlillées, le contour apparent que présen-
tent ces muscles dans les tranches voisines. Quant aux muscles
vih'ateurs loru/itudinaur on voit bien, ici, comment ils sont disposés
et quelle place énorme ils occupent dans l'intérieur du corselet.
La tranche sagittale que nous examinons ne montre, en outre
des muscles vibrateurs longitudinaux, qu'un petit nombre de
muscles.
Examinons d'abord ceux qui appartiennent au prothorax.
Le muscle releveur de la tête (.1/. 35) se fixe sur la face supérieure
du phragma du scutum, face qui appartient morphologiquement
au prothorax, et s'attache, par un tendon impair et médian, sur la
bordure inférieure du cou.
Les muscles croisés [M. 40) sont extenseurs des pattes prothora-
ciques. Le muscle de droite passe au-dessus du muscle de gauche.
Ils se fixent à ces apophyses latérales de la partie supérieure du
prothorax qui fournissent l'articulation en charnière de la tête
(voir p. 422, fig. 15 B et 15 C). Ils s'attachent sur le côté externe
du bord articulaire de la coxa.
Un muscle abaisseur de la tête {M. 39) se fixe sur la furca pro-
thoracique {Furc. i) et s'attache sur la bordure articulaire du col
de la tète.
Un muscle longitudinal [M. il) s'insère, d'une part, à l'apophyse
prothoracique qui fournit l'articulation en charnière de la tête, et,
d'autre part, à la furca [Furc. 1). Ce muscle produit le mouvement
des pièces sternales paires par rapport à la pièce sternale impaire.
Enfin, nous voyons, sur la partie inférieure de la furca {Furc. 1)
et sur la lame sternale sagittale [L.m.i) l'insertion de muscles
moteurs des pattes qu'il sera plus facile d'étudier dans les coupes
transversales du corselet.
Dans le mésothorax, deux paires de muscles longitudinaux [M. 56
et M. 53), se fixent sur la partie postérieure du collier chitineux
qui entoure la chaîne nerveuse et forme la base des branches de la
furca mésothoracique (Furc. 2) (voir p. 430, fig. 19). Ils vont s'at-
tacher, les premiers, à la furca prothoracique [Furc. /), les seconds.
ETUDES SUR I.ES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
413
sur le bord inférieur de la pièce prothoracique sternale impaire qui
porte cette iurca. La lame sternale sagittale (L.m.2) fournit
une vaste surface d'insertion aux muscles moteurs des pattes méso-
thoraciques.
Dans le niétathorax, la lame sagittale est couverte par l'insertion
des muscles moteurs des pattes métathoraciques.
Dans l'anneau médiaire, ou voit, du côté ventral, les muscles lon-
gitudinaux latéraux (M. v. a) fléchisseurs et rotateurs du pétiole, les
muscles longitudinaux médians {M. v. m) fléchisseurs du pétiole et,
du côté dorsal, le muscle longitudinal médian {il. d. m) extenseur
du pétiole (Voir ces mêmes muscles, chez l'ouvrière, Note 16,
p. 24, lig. 9).
Coupes tangentielles parallèles au plan sagittal
C'est dans les tranches parallèles au plan sagittal, passant dans
le voisinage de l'un des côtés du corselet, que se trouve la majeure
partie de la musculature du méso et du métathorax.
Fig. 9. — Mijrmica rubra reine. Tranche sensiblement parallèle au plan
sagittal et voisine de la paroi latérale du corps. Gross. 50.
Figure 0. Mésothorax. — Sur la partie du mésonotum {Not. 2)
comprise dans la tranche représentée par la figure 9, on voit la
membrane articulaire [Mb. a), qui unit le scutuin [Scut.) au scutel-
luin {ScutL'IL). Ce dernier montre la nervure interne (Nerc.) qui
414 ni. .lANKT
ni id il sa partie supôriiMirc cl les re|)lis saillants transversaux (pii
bordent extérieurement sa partie inférieure.
Les (aiseeaux des musciesvihraleurs transversaux du V(»l iM.rih.f)
se tixeiit sur les eûtes du iiiésosleniiiiii (s7rr/<. V) et voiil s'allaclier
sur les ctHés du niésouotuin. Les libres inférieures de ees faisceaux
s'insèreut à cheval sur la membrane articulaire (j1/. /;. a) qui, en
léalilé, forme, (Mitre le seutmii et ]i\ seiilelluni. jilutot une simple
charnière ((u'une véritable membrane articulaire.
La deuxième coxa (Cx. t?) montre, sur la partie supérieure de son
col articulaire, l'un des i,MOupes d'organes seosilifs (0. .s) qui se
trouvent dans cette région.
Sur la brauche de la furca mésothoracique {Furc. 2) se fixe un
muscle M. 02 dont le long tendon part du trochanter et traverse
toute la coxa. Ce muscle est fléchisseur du fémur.
Sur cette même branche de la furca mésothoracique, mais du
coté opposé, se fixent deux muscles dorso-ventraux. L'un {M. S2)
passe parallèlement au-dessous des muscles vibrat(;urs transver-
saux et va s'attacher à la partie supérieure du sculellum. L'autre
(.1/. Si) se fixe auprès du précédent, mais va s'attacher à l'extrémité
de l'apophyse crochue (Apoph.) qui termine latéralement le grand
phragma, en forme de gouge (p. 397, fig. 2, Phr. i. m. /.), sur lequel
s'insère l'extrémité inférieure du muscle vibrateur longitudinal
du vol.
Le muscle M.5S, qui se fixe à la partie supérieure de la lame
sagittale du mésosternum et s'attache sur le bord supéro-interne du
col de la coxa mésothoracique, sert à porter la coxa, et par consé-
quent la patte, en dedans et en avant.
Enfin, un muscle mésothoracique dorso-ventral (M. Sô) se fixe,
du côté ventral, sur la lame transverse qui forme apodème entre
le méso et le métasternum et s'attache, du côté dorsal, près de la
bordure du cadre articulaire qui entoure l'aile mésothoracique.
Métathorax. — Le stigmate St. Se. 3 (deuxième stigmate ou
stigmate métathoracique) fournit, ici, un point de repère intéres-
sant. Comme il est situé morphologiquement à la partie supérieure
des pleurae du métanotum, les parties du squelette chitiueux et
les parties de la musculature qui se trouvent immédiatement au-
dessous de lui appartiennent non plus au méso-, mais au méta-
thorax.
Du côté dorsal, le métanotum [Not. 3) est très réduit et bien
limité par deux membranes articulaires [M h. a). Du côté ventral,
au-dessous de l'apodème séparatif (Se. 5, Se. 3), le métasternum
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 415
fournit un butoir d'arrêt pour les coxa (Cx. 2) de l'anneau précé-
dent et porte, à sa partie inférieure, l'encoche articulaire de la
troisième patte (Cx. 3) dont nous voyons plusieurs muscles moteurs.
Le muscle métathoracique M. 03 est homostique du muscle M. 62
du mésothorax et se fixe sur la furca [Furc. 3) située à la partie
inférieure du métasternum. Ce muscle est fléchisseur du fémur.
Le muscle M. 60 correspond, dans le métathorax, au muscle M. 58
du mésothorax et sert, comme lui, à porter les coxa en avant et
en dedans.
Les muscles M. 64 et ^f. 65 qui s'attachent, sur le bord du col de
la coxa, en des pomts plus externes et plus postérieurs ont, au
contraire, pour action de porter la coxa, et par conséquent la patte,
en arrière et en dehors. Le premier se fixe sur la région ventrale
du métasternum. Le second se fixe, sur la région pleurale du métas-
ternum, en partie sur un apodème latéral (Ap. plr. 3) qui part de la
ligne de soudure du métasternum et du métanotum, et qui se
traduit, à l'extérieur du tégument, par une petite cavité d'invagi-
nation.
Un muscle, réduit, pour ainsi dire, à un ligament {M. 84), unit
l'extrémité de la furca métathoracique à l'apodème situé à la limite
du métasternum et du métanotum. Ce muscle atrophié est homos-
tique du muscle si développé [M. 83) que nous voyons dans la
figure 19 (p. 430).
Sur la lame transverse qui, du côté ventral, forme apodème à la
limite du méso- et du métathorax [Se. 2 et Se. 3) se fixe, à côté du
muscle mésothoracique M. S5, un muscle métathoracique dorso-
ventral (M. 86) dont le long tendon passe au-dessous du tronc
stigmatique et va s'attacher près de la bordure supérieure du méta-
notum. Sur l'apodème (Ap. plr. 3) se trouve l'insertion de l'un des
muscles dorsaux du métathorax [M. 87) qui se retrouve dans la
figure 20.
Anneau médiairc. — Dans l'anneau médiaire, le notum est bien
plus développé que le sternum. Sur le notum la coupe passe par
l'une de ces épines {Ep.) qui limitent, latéralement, le logement
dans lequel le premier nœud vient s'abriter lorsqu'il se relève
fortement. Le sternum forme un butoir d'arrêt (But.) pour la coxa
métathoracique. La coupe nous montre la glande [Gl. Se. 4), l'appa-
reil de fermeture du stigmate St. Se. 4 et trois des muscles moteurs
du premier nœud, à savoir : le muscle ventral longitudinal
(M.v.}i).4), le muscle dorsal latéral {M.d.a.4) et le muscle dorsal
longitudinal [M.d. m.. 4), qui sont figurés en entier, pour l'ouvrière,
Note 16, p. 24, fig. 9.
416
en. .iANi;r
Fiijurc l(K Mcsothorti.r. — (lettc (ij^iire représente une IraiiclK! |)nral-
lèle t;l conligiu' à la précédeule. J.a nM'nil)rane arli(ulaii-e(.l//;.a./.i'),
qui se trouve à la partie supérieure, appartient au inés(>tliorax et
sert à assurer la mobilité du protlioiax. Ouelques acini de la
glande labiale ((il.lhi.) se trouvent dans sou voisinaj^e. Au pr«'niier
stigmate ou stigmate mésothoracique {St. Se. :2) origine du tronc
stigmatique [T. si.) aboutit un muscle de fermeture (M. ferm.). Du
stigmate [)art le sillon (Sill. s{.) qui, s'intlécliissant vers le haut et
s'invaginaut dans le corps avec une forme comparable à un doigt
de gant, fournit l'apophyse de
lixation du muscle de ferme-
ture du stigmate (Apoph.).
C'est au voisinage de cette
apophyse que se trouve (voir
fig. 1 et 3) le carrefour où
aboutissent le sillon stigma-
tiqne (SiU. st.), le sillon poilu
transversal {SiU. transv.)Gt le
sillon noto-sternal {Sill.n. s.).
Plusieurs muscles se fixent
sur ce dernier, Ce sont, d'a-
bord, du côté ventral, un
grand muscle {M. 57) qui s'at-
tache sur la bordure externe
de la coxa mésothoracique et
un muscle {M. 91) qui va s'at-
tacher à une forte apophyse
du scutum, au voisinage de
l'articulation alaire (voir p.
Fig. 10. — Mijrmica rubra reine. Corselet. ' »' '"
Tranche voisine de la précédente, prise ^ Y », ensuite, deux mus-
tout à fait sur le côté du corps. Gross. 30. cles qui servent à la mise en
place de l'aile mésothoraci-
que : le muscle M. 'JO, qui s'attache, en avant, aux pièces basales de
l'aile, est abducteur, et sert à amener l'aile dans la position du
vol; le muscle à deux chefs {M. 9^, M. 93), attaché plus en arrière,
est, au contraire, adducteur, et amène l'aile dans la position de
repos. Le chef M. 92 se fixe contre le sillon stigmatique, tandis que
le chef.]/. 93 se fixe contre le sillon noto-sternal.
Un grand muscle, M. S3, qui s'attache à l'extrémité de la furca
{Furc. 2), va se fixer (voir p. 430, lig. 19) sur la région pleurale
ETUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
417
du notum, c'est-à-dire sur la région située entre l'articulation
alaire et le sillon noto-sternal.
Enfin, à la partie tout à fait inférieure de l'anneau, nous retrou-
vons le muscle dorso-ventral {M. 85) qui se fixe à l'apodème situé
à la limite du méso- et du métasternum {Se. 2, Se. 3) et s'attache au
notum, auprès de la partie inférieure de l'articulation alaire.
La coupe passe par la base [Apoph., Plir.i.m.l.) de l'apophyse
latérale du grand phragma qui fournit l'insertion inférieure du
muscle vibrateur longitudinal.
Métathorax. — Le troue stigmatique(Sî.Sc.^) nous fournit encore
ici un repère voisin de la limite supérieure du métathorax.
Fi^'. II. — A, Formica rufa reine. Tranche similaire de celle représentée figure 9
pour la Myrmica. Gross. 3o. B, Formica rufa ouvrière. Glande de l'anneau
inédiairc. Gross. 70.
[-e squelette interne nous montre, en outre de la lame transverse
ventrale située à la limite du méso- et du métasternum {Se. S, Se 3)
une apophyse métathoracique(4/30j3/î.) reconnaissable à l'extérieur
du corps par la trace de sa cavité d'invagination et située à la
limite du métasternum et du métauotum.
Nous retrouvons le muscle métathoracique dorso-ventral M. 86.
Le groupe de muscles dorsaux M. 87, M. 88, M. 89 est moteur des
parties mobiles du métauotum et le muscle à plusieurs chefs M. 65
est extenseur de la troisième coxa.
Mém. Soc. Zooi. de Fr., 1898.
XI. — 2,1
418
CII. .lANKT
Anneait môilinire. — Les pailics (}iii se Iroiivenl plus bas que le
chef le plus long tlu muscle [M. Ct^t) apparlieimeiit U)ul(;s à l'anneau
niédiaire. C'est le muscle dorsal latéral (M . d. a. 4) rotateur et rele-
veur (lu i)éliole, le sti^nnate (Sf. Se. 4), et, eulin, la glande (07. Se. 4)
et sa chambre aérifère [Ch).
Fonitica rufa reine. — Les organes oui tout à fait la même dispo-
sition chez les Formicinae. Les ligures M el 12 représentent deux
Fig. \i. — l< or mica rufa reine. Tranche similaire de celle représentée,
ligure 10, pour la Myrinica. Gross. 35.
tranches taugentielles occupant, dans le corselet de la Formicarufa,
la même situation que les tranches qui viennent d'être décrites
pour la Myrmica rubra. Dans la figure 12, nous constatons que le
stigmate mésolhoracique St. Se. 3 qui, chez la Myrmica, est réduit
à un simple pore dépourvu, à cause de sa ténuité, d'appareil de
fermeture est, ici encore, très réduit, mais cependant pas au point
d'avoir perdu sou appareil de fermeture.
ETUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
419
Chambre de la glande de Tanneau médiaire
(Mj/r/iiicaj Lasiiis, Formica)
J'ai décrit, dans la Note 17, la disposition que présente cette
cavité chez la Mynnica : ses parois portent un faisceau convergent
de rigoles : elle est très vaste et s'ouvre, au dehors, par un oriftce
linéaire très étroit. Je représente, ici, la disposition, notablement
différente , que cette glande présente dans la sous-famille des
Formicinae, où elle a déjà été examinée par Meinert ( "60, pi. 3,
fig. 6, 7, 8, Lasius fuliginosus) et par Lubbock (" 79'= , pi. 12, fig. 7,
Lasius fiai- as).
Chez le Lasius (ouvrière, fig. 13), cette cavité (Cb) est encore bien
développée. Elle s'ouvre largement à l'extérieur et son ouverture
(Or) est simplement protégée
par quelques poils recourbés
(P. s.). Au fond de cette cham-
bre on voit le cribellum (Cri)
de la glande. Il est comme
coitïéd'une touffe de poils sen-
sitifs dont l'ensemble cons-
titue un trichode (Tri.) en for-
me de pinceau creux. Les cel-
lules nerveuses des poils de
ce pinceau forment un gros
ganglion (G. sens.). Les cellu-
les de la 'glande sont volumi-
neuses, pourvues d'un gros
noyau et serrées les unes con-
tre les autres.
Fig. 13. — Lasius flavus ouvrière. Glande de
l'anneau médiaire. Gross. 160.
Chez la Formica (ouvrière, fig. il B), cette cavité est bien réduite.
Elle contient une petite toufïe de poils qui font saillie au dehors
{Tri.).
Cette glande qui se retrouve, ainsi, chez les Formicinae et chez
les Myrmicinae, avec des caractères différents dans chacune de ces
deux sous-familles, existe aussi bien chez les mâles que chez
les deux formes de femelles.
Les animaux myrmécoxènes, et en particulier les Claviger, les
Lomechusa, les Atemeles, etc., présentent, à la surface de leur
corps, des trichodes ou touffes de poils, généralement jaunes ou
rougeàtres, qui semblent avoir pour fonction d'étaler et de faire
420
eu. .lANET
v;iporiser un liiiuidc qui pnr;ut ('^lic nu éthor f;ras volatil. I.ep poils
(jiii, chez les Foriniciuae, accompa^ueiil la i^land»^ du corselet,
rappellent ces trichodes et semblent avoir le même but. Chez les
Mi/riiiira l'organe semble avoir encon^ la raùme fonction évapora-
trice. mais sa disposition est bien dilTérentc (voir Note 17, p. 10).
Coupes transversales
L'étude de tranches comprises entre des cinipes transversales est
indispensable pour donner une description plus détaillée de l'ana-
tomie du corselet. Les coupes de la série que nous allons examiner
sont toutes parallèles entre elles. On se rendra compte de la direc-
tion qui m'a paru être la meilleure, et que j'ai adoptée, en se
reportant à la ligure 22 (p. 436) et à la planche VI. La coupe supé-
rieure de la tranche représentée par la ligure 22 passe, du côté
dorsal, entre la membrane {,)femh.) et la nervure {:\erc.) qui se
trouvent à la partie supérieure du scutellum et, du côté ventral, un
peu au-dessous de la bordure supérieure de l'arceau ventral du
premier nœud. La direction des coupes se trouve, ainsi, être celle
qui est représentée, approximativement,
par la ligne AB, dans la partie inférieure
du corselet, sur la planche VI.
Avant d'aborder l'étude du corselet
examiuojis d'abord le cou, partie rétrécie
de la tète, qui sert à articuler cette der-
nière avec le corselet (fig. 14 ). Le sque-
lette chitineux du cou appartient à l'an-
neau labial. La région notale (Se. lab. d)
ne présente rien de particulier et il n'y a
Fig. 14. — Myrinica rubra , ^- ^ ■
. ,. , , . aucune membrane articu aire au voisi-
reme. Coupe transversale de
la partie très rétrécie qui nage de sa jonction avec l'arceau sternal
constitue le cou. Gross. 160. (Se. lab. V.). Deux invaginations fortement
chitinisées forment deux apophyses laté-
rales [Apoph.) qui constituent la partie la plus importante pour la
consolidation de l'articulation céphalique. Cette articulation permet
surtout des mouvements de charnière, c'est-à-dire de relèvement et
d'abaissement de la tête. Quant aux mouvements de rotation de la
tête, ils sont amplifiés par des mouvements de rotation de l'en-
semble de la tête et de l'arceau ventral du prothorax. Auprès des
apophyses, il y a, de chaque côté, une traverse tubuleuse (Trav."^
pourvue, dans toute sa longueur, d'une fine lumière. Cette traverse
correspond au tentorium des anneaux précédents. De chaque côté
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 421
du plan sagittal il y a une rangée longitudinale d'organes sensitifs
en ombrelle (0. s.) et, plus extérieurement, des poils sensitifs.
Les viscères qui traversent cette partie rétrécie sont, dans le
plan sagittal: le canal impair de la glande labiale [Gl.lfn. can.),
l'œsophage [Oa.) et l'aorte ('/. f/.). Les deux connectifs (N.c.) de la
chaîne nerveuse passent de chaque côté de l'intervalle compris
eutre l'œsophage et le canal de la glande labiale. Plus extérieure-
ment ou voit, à droite et à gauch ■ de l'œsophage, les deux nerfs
longitudinaux (A'', sijmp.) du tube digestif. L'aorte est flanquée des
deux troncs trachéens longitudinaux ventraux (Tr.?. /. v.), tandis
que les deux troncs dorsaux [Tr.t.l.d.) passent devant les
apophyses.
Sur la bordure tout à fait inférieure de l'arceau dorsal s'attachent
quatre paires de muscles releveurs et rotateurs de la tète, muscles
que nous retrouverons dans les tranches suivantes.
Avec la figure 15 A nous abordons le prothorax.
Son arceau dorsal (Se./(/.)et les deux demi-plastrons qui forment
la partie supérieure de son arceau ventral [Se. I.v.) se prolongent
en un col protecteur de la membrane d'articulation du prothorax
avec le cou. Chacune des deux parties de l'arceau ventral émet une
apophyse interne qui s'articule, par son sommet et par son pour-
tour, avec l'apophyse correspondante du cou, apophyse qui est
représentée dans la figure précédente.
Les viscères occupent à peu près les mêmes positions relatives
que dans la partie inférieure du cou.
Nous voyons les tendons de tous les muscles moteurs qui agissent
directement sur la tète, à savoir: une paire dorsale médiane de
releveurs [M. 3Ô) qui vont se fixer sur la face supérieure du
phragma du scuturn {Phr. i'cuî., pi. VI, et fig. 16 E), trois paires
dorsales latérales [M. 30, M. 37, M. 3S) qui, suivant leur mode d'ac-
tion, servent soit à relever, soit à faire tourner, soit à incliner
latéralement la tête; enfin une paire ventrale (M. 30) de muscles
abaisseurs qui s'attachent vers le milieu de la bordure ventrale
du cou (pi. VI).
La tranche, fig. 15 B, montre la membrane articulaire sagittale
qui unit les deux demi-plastrons de l'arceau prothoracique ventral
(Se. y. y.) et aussi la membrane articulaire qui unit cet arceau à
l'arceau dorsal. C'est dans cette tranche que se trouve la bifurcation
du canal impair de la glande labiale {Gl. Ibi.).
Les deux muscles M. 30 et M. 37 des mouvements latéraux de la
tête se fixent par une vaste surface sur chacun des demi-plastrons
\'\ii. i;i. — Mj/riiiica ruhra
n'ino. Cursflet. Cette tigure
et les suivantes (Flg. 15 k 23)
donnent une série de 13 tmn-
chfs (A il M> comprises on-
Irr (li's roupt's transversales
ayant approximativement la
direction ilu plan transversal
dont la traci' AU i-sl indi-
quée, à la partie inférieure
du corselet, sur la planche
VI.
Le grossissement do toutes
ces figures est 70. La légen-
de qui accompagne chacune
d'elles permet de reconnaî-
tre, en se reportant aux
figures 1 à G et à la planche
VI, quelle est la situation
de la tranche représentée.
A, Tranche passant par le
col protecteur de la mem-
brane articulaire du cou.
B, Tranche passant au ni-
veau de la bifurcation du
canal de la crlande labiale
{Gl. Ibi.).
C, Tranche contenant la
partie supérieure du gan-
glion prothoracique (G. Se ■!).
D, Tranche passant par la
partie supérieure do l'arti-
culation dos coxa prothora-
ciques (Cx. t.).
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 423
de l'arceau ventral. On voit en N les ramifications du nerf protho-
racique qui innervent ces muscles.
Dans la tranche fig. 15 C, les apophyses {Apoph.) d'articulation
de la tête s'infléchissent en bas et leurs extrémités donnent inser-
tion à trois paires de muscles : M. 40, M. 41, M.4'2. La paire M. 42
va s'insérer sur l'arceau dorsal et la paire M. 41 sur le milieu de
la furca prothoracique (fig. 16 E). Les deux muscles qui constituent
la paire M. 40 se croisent entre l'œsophage et la chaîne nerveuse
et vont s'attacher sur la bordure supérieure du bord articulaire
de la coxa. Les deux muscles M. 44 et M. 46 sont également moteurs
de la coxa. Cette tranche contient, de plus, la partie supérieure du
ganglion prothoracique, l'organe chordotonal qui part de la face
ventrale de ce ganglion (pi. VI) et le nerf qui innerve les parties
prothoraciques autres que les pattes.
La tranche fig. 15 D passe par l'articulation de la coxa protiiora-
cique (C'.r. /) et contient le nerf (N.p. 1) et les deux troncs trachéens
(T.e.ri.cx., T. int. ex.) delà patte. L'arceau dorsal du squelette
est très embrassant. On voit, encore, sur le côté externe de chaque
coxa, la partie inférieure des demi-plastrons sternaux et, entre les
coxa, la partie supérieure de la pièce impaire qui porte la lame
sagittale (L. m. L). Deux muscles (M. 45 et .)/. 4S) qui sont fixés sur
les côtés de l'arceau dorsal vont s'attacher sur la furca prothora-
cique (Fnrc. /, fig. IGEetF) que le premier tire en haut et eu
arrière et le second en haut et en avant. Ils contribuent, comme
tous les muscles qui s'attachent à la furca, à mouvoir un ensemble
formé par la tête, par l'arceau sternal du prothorax et par les pre-
mières pattes. Cette tranche contient plusieurs muscles moteurs
des pattes. Ce sont les muscles M. 43 et M. 40 qui agissent sur la
bordure de la coxa, le muscle M. 47 qui est fléchisseur du fémur.
D'autres muscles extenseurs ou fléchisseurs du fémur se fixent,
dans l'intérieur de la coxa, à sa partie supérieure. Près des deux
canaux de la glande labiale {Gl. Ibi.) se trouvent les deux corpora
incerta {Crp. inc. '2) dont il a été question ci-dessus (p. 410). On voit
l'un des groupes d'organes sensitifs (0. s.) accompagnés de gan-
glions [G. s.) qui se trouvent sur la partie proximale de la coxa.
Tandis que les quatre tranches que nous venons d'examiner ne
montrent, relativement au squelette, que des parties du prothorax,
nous voyons apparaître, dans la tranche fig. 16 E., le scutum [Se. 2. cl.,
Sent.) et son phragma {Phr. Scut.). La membrane articulaire qui
se trouve près du phragma et la face supéro-exterue du phragma
424
cil. .lANKT
l^fÛ.K Im. Mr.< fn,
ici. Ci.; SaU
Fig. 16. — E, Tranche passant par la furca prothoracique {Furc. ■!) et la partie
supérieure ilu scutuni tSoit.).
F, Tranche contenant le sillon transversal (Sill. Iransv.) et l'apophyse d'inser-
tion du muscle de fermeture du premier stigmate ou stigmate méso-thoracique
(Apoph. ferm.'st.}.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES 423
appartiennent au prothorax, tandis que la face inféro-interne du
phragma appartient au mésothorax. Cela résulte de l'examen des
insertions musculaires : la face supérieure du phragma, en effet,
fournit la surface de fixation du muscle releveur de la tète M. 33,
qui est morphologiquement un muscle prothoracique, tandis que
sa face inférieure fournit des surfaces d'insertion aux faisceaux des
muscles vibrateurs du vol, muscles qui appartiennent morpholo-
giquement au segment mésothoracique. Le phragma est ainsi pro-
mésothoracique.
La coupe supérieure de la tranche passe par la cavité de la furca
[Furc.i). Nous voyons s'insérer, sur cette furca, une série de muscles
que nous avons déjà rencontrés dans les tranches précédentes. Ce
sont, eu partant du milieu du bord dorsal de la furca, les muscles
M. 41, M. 39, M. 38, M. 45 et M. 48. La tranche contient, en plus,
un muscle prothoracique dorso- ventral {M. 52) qui se fixe près de
la bordure pro-mésonotale et s'attache près de l'extrémité distale
de la furca, et, s'insérant également sur la furca, un extenseur et
un fléchisseur de la coxa (M. flécli. ex., M. ext. ex.) et un fléchisseur
du fémur {M. fléch. fm.). Dans l'intérieur de la coxa s'insèrent un
extenseur et un fléchisseur du fémur {M. ext. Jm., M. fléch. fm.).
L'insertion du muscle longitudinal M. 53 (pi. VI) se trouve sur
la partie externe de la base de la furca [Furc. 1). Ce muscle traverse
les tranches suivantes et son insertion inférieure se trouve au
sommet de l'anneau de la furca mésothoracique (fig. 19).
La partie supérieure du muscle vibrateur longitudinal du vol
[M. vil), l.) apparaît, ici, sous la partie enlevée du phragma du
scutum. Nous commençons aussi à rencontrer les premiers acini
de la glande labiale (G/. Ibi.). L'œsophage s'est notablement élargi
et l'aorte est accolée à sa face dorsale. Les deux invaginations qui
forment la furca sont venues se souder en arrière et entourent,
comme un anneau, les connectifs vV.c. de la chaîne ganglionnaire.
Les trachées qui se trouvent au voisinage de ces connectifs envoient
des ramifications dans le ganglion prothoracique qui se trouve au-
dessus, et une trachée dans la coxa (fig. 13 D, G. Se. 4, T.int. ex.).
La tranche fig. 16 F comprend, du côté dorsal, la partie inférieure
des côtés du phragma du scutum {Plir. seul.), et, du côté ventral,
le sillon transversal (Sill. transv.). Ce sont des repères qui per-
mettent, en se reportant à la figure 1, de se rendre bien compte de
la direction des coupes entre lesquelles la tranche est comprise.
La partie dorsale du tégument est formée par le scutum {Se. 2. d.
Scut.), les côtés, par l'arceau notai du prothorax (Se.-l.d.), et la
426 cil. JANKT
partie vcntiak' par l'arceau stornal du mésothorax (Se.^. v). L'apo-
physe en forme de doii,'t de ^^aiit {Apoph. ferm. st.) qui fournit l'in-
sertion du muscle de fermeture du premier stigmate ou stigmate
mésolhoracique (Af. ferm. at. /) marque, sur cet anneau mésothora-
cique j)ar analogie avec ce qui se voit dans l'ahdonien, la limite
des arceaux notai (Se. S. d) et sterual (.SV*. 2. v). Sur ce dernier,
nous voyons le grand sillon transversal qui est divisé, dans le plan
sagittal, |)ar une cloison médiane, et doni toute la surface est cou-
verte de poils sensitifs très fins.
La furca se prolonge, vers le bas, en une lame pleine (Furc. 1)
sur laquelle s'étendent les insertions de muscles vus dans la tranche
précédente [M. 39, M. iS, M.e.rt.cx], Cette lame donne, de plus,
insertion à un muscle longitudinal mésollioracique (M. 66} qui
converge, avec le muscle 3/. 55, pour aller se fixer au sommet de
l'anneau de la furca mésothoracique [Furc. 2) (Voir p. 430, lig. 19
et pi. VI).
Un muscle [M. ô1)8e fixe, très bas, sur l'arceau dorsal du pro-
Ihorax et s'attache à la partie inférieure du cadre articulaire de la
coxa : il contribue à porter la patte en arrière.
Les troncs trachéens longitudinaux dorsaux émettent de nom-
breuses ramifications [T. m. vit.) sur les faisceaux du muscle
vibrateur longitudinal du vol [M. vib. /.). Les troncs trachéens lon-
gitudinaux ventraux (Tr. t. l. v.) qui se raccordent, un peu plus
bas, avec le tronc stigmatique que nous verrons dans la tranche
suivante, émettent, ici, chacun, une branche qui va fusionner avec
sa congénère dans le plan sagittal.
Les acini de la glande labiale, qui sont, en réalité, un peu plus
nombreux que ne l'indique la figure, se logent dans l'espace libre
qui se trouve, sur les côtés du muscle vibrateur longitudinal, au-
dessus du muscle vibrateur transversal que nous allons voir appa-
raître dans la tranche suivante.
Dans la tranche représentée par la figure 17, l'arceau prothora-
cique dorsal (.S^'. /. d) se voit encore sur une petite partie des cotés
du corps, et la membrane articulaire qui le borde et qui lui appar-
tient morphologiquement, est logée au fond d'une dépression pro-
tégée par des saillies chitineuses. Tout le reste du tégument appar-
tient à l'anneau mésothoracique.
A l'arceau mésothoracique dorsal appartiennent d'abord le
scutum {Se. 2. d.Scut.) et ensuite deux portions pleurales (Se.2.d)
qui s'avancent jusqu'au sillon noto-sternal [SiU. n. s.) dont on
comprendra bien la situation en se reportant à la figure 1. Ce sillon,
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 427
dépourvu de toute membrane articulaire flexible, se trouve à la
limite de l'arceau notai et de l'arceau sternal. C'est un véritable
apodème dont les deux lames sont restées largement séparées,
tandis qu'elles sont accolées, à la façon habituelle, chez d'autres
Hyménoptères. Ce sillon fournit une surface de fixation, du côté
Fig. 17. — G, Tranche contenant la partie supérieure du ganglion mésothora-
cique (G. Se. 2) et la partie proximale du nerf des muscles du vol (V. al).
dorsal, au muscle M. 92 et, du côtéventral, au muscle M. .>7, muscles
que nous retrouverons dans la coupe suivante.
Dans le plan sagittal, l'arceau ventral (Se. 2. v.) porte une forte
lame médiane {L.m. 2) sur laquelle se fixe le grand muscle M 5S
moteur de la coxa mésothoracique.
428 CM. .I.VNET
A côté du tronc tracli<^en longitudiual ventral {Tr. i. l. i\), nous
voyons le tronc sli^'inatique (Tr.st.) qui s'en est séparé un peu
plus haut, et le muscle qui ferme le stiijjmate mésothoracique par
adducliou d'un opercule visible dans la tranche suivante. Près du
tronc sliymatique se trouvent les derniers acini de la glande labiale
(Gl. Ihi).
C'esl dans cette tranche que nous voyons apparaître, coupés un
peu obliquement, les premiers faisceaux des muscles vibrateurs
transversaux du vol {HI. vih. t.). Ces muscles se fixent, d'un côté,
sur l'arceau mésothoracique ventral {Se.2.v.) et s'attachent, de
l'autre côté, sur le scutura [Scut.] qu'ils ont pour rôle de déprimer.
Les troncs trachéens longitudinaux dorsaux {Tr. t. /. d.) sont
coupés très obliquement parce qu'ils s'intléchissent vers la région
dorsale. Ils émettent des ramifications (T. m. vib.) du côté interne,
pour les muscles vibrateurs longitudinaux et, du côté externe,
pour les muscles vibrateurs transversaux.
Du côté ventral, le tronc trachéen impair, dont nous avons vu
l'origine dans la tranche précédente, se ramifie sur les muscles
moteurs des pattes et, surtout, sur les muscles vibrateurs transver
saux du vol.
Le vaisseau dorsal qui est accolé à la face dorsale de l'œsophage
tend à passer sur son côté droit.
La partie supérieure du ganglion mésothoracique [G.Se. 2) émet
un nerf dont une branche, qui va innerver les muscles vibrateurs
du vol. suit le trajet indiqué dans la planche VI, tandis qu'une
autre branche, qui est verticale, innerve les autres parties du
mésothorax.
Dans la tranche représentée par la figure 18 la partie dorsale
appartient au scutum {Se.2d; seul). Immédiatement à la suite du
scutum nous trouvons encore une petite portion de l'arceau notai
prothoracique [Se. 1. d) qui vient recouvrir le premier stigmate ou
stigmate mésothoracique {St. Se. 2) (Voir p. 396 et 397, fig. I et fig. 2).
Ce stigmate qui, chez la larve, est bien nettement situé sur le méso-
thorax est, chez l'imago, situé près de la bordure supérieure de
l'arceau auquel il appartient et se trouve, comme nous venons de
le voir, complètement recouvert par un repli de l'anneau précédent
{Se. i. d). C'est ce qui explique pourquoi on l'attribue, parfois, par
erreur, au prothorax.
La partie du mésothorax qui porte le stigmate et celle qui s'étend
jusqu'au sillon noto-sternal {Sill. n. s.) appartiennent à la pleura de
l'arceau dorsal.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES
429
Toute la partie du squelette tégumentaire située ventralement par
rapport à ce sillon noto-sternal appartient à l'arceau sternal raéso-
thoracique.
Sur le flaac dorsal du sillon noto-sternal (Voir p. 416, fig. 10
{Myrmica) et p. 418, fig. 12 [Formica) se fixe le muscle M. 90 qui
Ch.Jan^t di-L
Fig. Ib. — II, Ti'anclie passant par le stigmate mésothoraciquc S7. Se. 2.
sert à ameuer l'aile mésothoracique dans la position du vol. A côté
de ce muscle sont les deux chefs M. 92 et M. 93 du muscle qui sert
à ramener l'aile dans la position de repos. Le muscle M. 57, qui se
fixe sur le flanc ventral du sillon iSill. n.s.) et le muscle M. 58. qui
se fixe sur la lame sagittale mésothoracique {L.m.2), sont deux
muscles moteurs de la coxa mésothoracique.
430
CM. .IANI.T
Les muscles lorii^itinliiiaiix M. 'l'î et M. HCt, que nous avons vus
dans les tranohos pircédentes. arrivent, en converi'eant, entre
l'œsophage {Oe) et le ganglion niosothoracique {G. sv. 'J).
Fig. 19. — I, Tranche passant par l'articulation de Taile et par l'articulation
de la coxa du mésothorax, et comprenant l'anneau fermé de la furca méso-
thoracique(Ai.Se.2, Cx.2, Furet).
La tranche représentée par la ligure 19 comprend l'articulation
de l'aile (Al. Se. 2) et l'articulation de la patte mésothoracique
(Cx. 2). Toute la partie dorsale comprise entre les articulations
alaires appartient au scutum (Se.2.d, SciU). Au-dessus de l'articu
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES 431
lation alaire se trouve une petite tégula protectrice (7'^^ fortemeut
convexe.
L'aile est un véritable sac tégunientaire formé par évagiuation
des parois du corps. Au point de raccordement le tégument pré-
sente des plissements nombreux et compliqués, localement épaissis
et fortement chitinisés. Ces parties solides sont amenées, par les
muscles extenseurs de mise en place pour le vol, dans une position
telle, qu'elles transmettent intégralement à la nervure principale
de l'aile les vibrations que les muscles vibrateurs impriment à
l'ensemble du scutum, du scutellum et de l'apodème qui est arti-
culé aux côtés inférieurs de ce dernier.
Dans l'intérieur de l'aile on voit les trabécules qui relient l'hypo-
derme de la face supérieure à l'hypoderme de la face inférieure et
qui, au moment de l'éclosion, lorsque le sang est comprimé pour
le déplissemeut de l'aile, lui conservent sa forme plane et empêchent
ses parois de s'écarter.
La partie comprise entre l'articulation alaire et le sillon noto-
sternal est la pleura de l'arceau dorsal.
La partie située ventralement par rapport à ce sillon, et sur
laquelle se trouve l'articulation des pattes, est l'arceau sternal.
La furca [Furc. 'J) qui part, un peu plus haut, de la paroi du
corps, et qui, pour cette raison, se trouve ici coupée, forme un
anneau complet pourvu de deux grandes branches latérales.
Auprès de l'articulation alaire nous retrouvons le muscle M. 90
et le muscle M. U2, M. i)3 dont les deux chefs ne sont plus distincts
dans le voisinage du tendon.
Un muscle dorso-ventral il/. 9î se fixe sur le sillon noto-sternal et
s'attache à une apophyse du scutum voisine de l'articulation
alaire. Lorsque ce muscle agit indépendamment de son symétrique,
il produit un mouvement de bascule de la bordure articulaire
alaire du scutum et du scutellum. Comme ce mouvement influe
certainement sur la direction des ailes et sur les vibrations qui
leur sont transmises, la paire de muscles qui le produit doit jouer
un rôle important dans les changements de direction que l'Insecte
veut effectuer pendant le vol.
De l'extrémité de chaque branche de la furca part un grand
muscle M. 83, qui va se fixer sur la pleura de l'arceau notai. Sur
la partie proximale de la branche s'insèrent : du côté dorsal, deux
muscles, M. 81 et M. 82, que nous retrouverons dans la tranche
suivante et, du côté ventral, le muscle M. 62, qui traverse la coxa
et agit sur le fémur. Sur le sommet de l'anneau de la furca se
432
CM. .lANKT
trouvent les insertions, sous forme de tendons, des deux paires
lnnp:itu(linnles ventrales M. ~)S et M. 50. que nous avons vues tra-
verser les tranches précédentes.
D'un apodènie qui se trouve à la limite des arceaux ventraux
Fig. 20. — .F, Tranche passant par le stigmate, la furca et la coxa métathora-
cique [SI. Se 5, Furc. 5, Cx. 5).
mésothoracique et métathoracique (Voir p. 413 et 416, fig. 9 et 10)
partent deux muscles do rso- ventraux : l'un mésothoracique (M. 85),
qui va s'attacher sur la bordure du cadre qui entoure l'articulation
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 433
alaire semble jouer un rôle dans la direction du vol ; l'autre, méta-
thoracique {M.S6) qui va s'attacher sur la bordure supérieure de
l'arceau notai du métathorax.
Les autres muscles : M. 57, M. 60, M. 61 sont des muscles moteurs
de la coxa mésothoracique.
Les connectifs de la chaîne nerveuse (iV. c.) passent dans cette
sorte de bague que forme la furca et nous voyons, entre ces con-
nectifs, le ganglion sympathique (G. symp.) qui se trouve à la
partie supérieure du ganglion métathoracique.
Dans la coxa pénètrent le nerf (N. ex. 2) et les deux trachées
{T.ext.cx.2, T.int.cx.2) de la patte.
Dans la tranche représentée par la figure 20, la partie tout à fait
dorsale appartient encore au sculum {Scut.), mais on voit, de plus,
séparé de ce dernier par une articulation membraneuse [Memb.),
le scutellum {Scutell) et sonapodème {Phr. i. m. /,). Tout cela appar-
tient à l'arceau notai du raésothorax.
Sur la membrane, ici assez longue parce qu'elle est coupée
très obliquement, qui fait suite à l'apodème du scutellum, débouche
l'orifice, extrêmement réduit et dépourvu d'appareil de fermeture,
du stigmate métathoracique [St. Se. 3). Cette membrane et la partie
du squelette qui va de la saillie de recouvrement du stigmate jus-
qu'à cette apophyse qui se dirige à la rencontre de la furca (Fiirc.3)
appartiennent au métanotum (Se. 3. d.).
Toute la partie ventrale comprise au-delà de cette apophyse
appartient au métasternum [Se. 3. v.) et c'est sur elle que nous
voyons l'articulation de la coxa métathoracique {Cx. 3).
La furca mésothoracique est formée d'un tube bifurqué, dépourvu
d'anneau et dont les branches s'élargissent à leur extrémité. Comme
pour les deux furca précédentes, une certaine portion de sa face
inférieure (anale) doit être considérée comme formée par des élé-
ments tégumentaires appartenant, morphologiquement, à l'anneau
suivant, parce qu'elle donne insertion à deux muscles, M. 68 et
M. 69, qui appartiennent à l'anneau médiaire Se. 4 et sont moteurs
du pétiole Se. 5.
Des deux muscles M. 81 et M. 82 que nous avons vus, dans la
tranche précédente, s'insérer sur la branche de la furca mésotho-
racique, le premier va s'attacher sur une apophyse de l'apodème
du scutellum, tandis que le second va, dans la tranche suivante,
se fixer à la partie inférieure du scutum. Tous deux sont ainsi des
muscles dorso- ventraux. Le muscle M. 81 semble, par son action
Mena. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi. — 28
434 CM. .lANET
sur rapodèino (lu scutellum, avoii- ii jouer un certain rùlc dans la
direction du vol.
Les tendons des muscles M. 85 (mésothoracique) et M. Sfi (méta-
thoracique) dont il a été question précédeniment passent : le pre
niier, au-dessus, le second, au-dessous du troue trachéen stigma-
tique métathoracique [Tr. st.).
Les muscles M. S7 et M. 8H, qui se fixent sur la lace dorsale de
l'apophyse noto sternale Apoph., sont des muscles métathoraciques
dorsaux qui vont s'attacher à la |)artie moyenne de l'arceau notai
et servent à produire les mouvements de cette partie par rapport à
ses régions pleurales.
La tranche J contient toute la musculature motrice de la coxa
métathoracique. Un muscle à tendon très développé {M. O.'i) sert à
porter la coxa en avant et en dehors. Ce muscle a plusieurs chefs,
et l'un d'eux se fixe sur les côtés de l'arceau ventral et remonte
jusqu'à l'apophyse noto-sternale (Apoph.). Un muscle M. 04, s'at-
tache auprès du précédent et se fixe sur la lame médiane sagittale
qui précède la furca (pi. VI, Lm. 3) ; il est également extenseur de
la coxa. Deux muscles,.!/. 66^^ et M. 06^ , sont, au contraire, fléchis-
seurs. Le muscle M. 63, fléchisseur du fémur, se fixe vers l'extré-
mité de la furca, traverse la coxa et va s'attacher au fémur.
Un muscle M. 84, homodyname du muscle M. 83 de l'anneau
précédent (fig. 19), relie l'extrémité de la furca à l'apophyse noto-
sternale Apoph. Ce muscle est très court et est, pour ainsi dire,
réduit à un simple ligament.
Les deux muscles M. 68 et M. 69 qui se fixent aux parties infé-
rieures de la furca, et appartiennent morphologiquement au segment
médiaire, montreront leurs tendons d'attache dans la tranche
suivante.
Vers la coxa, se dirigent, en outre de la musculature que nous
venons d'examiner : le nerf iV. ex. 3, la trachée interne T. int. ex. 3,
la trachée externe T. ext. ex. 3 et enfin, un organe chordotonal
Org. e. que j'ai reconnu bien nettement, surtout chez l'ouvrière, à
ses corpuscules scolopaux, mais dont il m'a été impossible de
suivre le trajet.
La partie de la chaîne ganglionnaire qui se trouve dans cette
tranche appartient au ganglion qui va innerver le premier nœud
(G. Se. .7) (Voir pi. VI). A la partie tout à fait inférieure de ce gan-
glion, sur sa face ventrale, se trouve un petit ganglion sympathique
G. syinp.
Dans la tranche K (fig. "21) se trouve la partie tout à fait inférieure
ETUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
435
du scutuiii (Scut.), la partie moyenne (Memh.) de sa charnière d'ar-
ticulation avec le scutellum {ScutelL) et les derniers faisceaux des
muscles vibrateurs transversaux (M. vib. t.). Plus bas, se trouve la
partie latérale de la nervure {Nerc.) qui raidit la partie supérieure
Fig. 21. — K, Tranche passant par l'articulation de l'aile métathoracique (.4/. Se. 3)
et par le cribellum (Cri) de la glande de l'anneau niédiaire {(jl. Se. 4).
du scutellum. La partie inférieure de ce dernier est encore plus
efficacement raidie par un bourrelet tubuleux {ScutelL t) dont nous
verrons le prolongement dans les deux tranches suivantes. A la
suite du scutellum vient son apodème (Pkr. i. m. L).
L'articulation de l'aile métathoracique se trouve près de la limite
436
eu. JANET
su[)prieiire du métîmotuiii. La parlie ventrale; (|iii vient à la suite de
cette arlitMilatioii appartient d'ahord à la région pleurale du niéta-
notum, puisa l'anueau raédiaire; mais rien n'indique, ici, où peut
se trouver la limite des deux anneaux.
l"-//cei.id..
Fig. 22. — L, Tranche comprenant la partie inférieure de l'apodcme du scutelluin
(Phr. i m. L) et le stigmate de l'anneau médiaire {St. Se 4). La coupe
supérieure de cette tranche passe à peu près par la ligne AB tracée à la partie
inférieure du corselet sur la planche VI.
La chambre aérifère (Chb) de la glande Gl. Se. 4 est coupée longi-
tudinalement et montre bien le cribellum (Cri) des canaux glandu-
laires {Ca7i) et la fente extrêmement étroite qui livre passage aux
produits volatilisés {[. Gl. 4).
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 437
La partie ventrale médiane de la figure appartient à l'arceau ster-
nal du premier nœud {Se. 5. v.).
Nous avons, dans cette coupe, les tendons du muscle ventral
longitudinal M 6S (pi. VI, M. v. m.) et du muscle ventral latéral M. 09
(pi. VI, M. V. a.).
La coupe supérieure de la tranche L (fig. 22) est dirigée suivant
la ligne A B tracée sur la planche VL La partie dorsale de cette tran-
che appartient au scutellum (Scutell.) et montre encore sa nervure
supérieure [Nerv.) et sa partie tubuleuse inférieure (Scutell. î.) qui
servent, toutes deux, à donner une grande raideur à cette région
du thorax.
L'apodème du scutellum. (P/^r. i. m. l.) montre toute sa partie
inférieure coupée suivant sa longueur, tandis que sa partie supé-
rieure se trouve dans la tranche suivante. Nous voyons les faisceaux
vibrateurs longitudinaux venir se terminer sur ces deux parties.
Le métathorax est fort réduit et replié en bourrelet. L'anneau
médiaire est pourvu d'un large stigmate St. Se. 4, suivi d'un puis-
sant appareil de fermeture, du type des appareils abdominaux,
pourvu d'un levier obturateur sur lequel agissent un muscle de
fermeture (M. ferm.) et un muscle d'ouverture (M. ouv.). Ce dernier
passe contre la glande Gl. Se. 4. et va se fixer en un point du sque-
lette chitineux qui, par analogie avec ce qui existe dans l'abdomen,
doit être considéré comme appartenant à la bordure noto-sternale
de l'anneau médiaire.
Le muscle M. 67 (Note 16, ouvrière, p. 24, M. d. a.) se fixe sur les
côtés de l'arceau notai (Se. 4. d.) et s'attache sur les côtés de la
bordure supérieure de l'arceau notai du premier nœud. Deux gan-
glions sensitifs bien développés innervent les organes et les poils
sensitifs qui sont situés sur la partie supérieure de l'arceau ventral
du premier nœud et veillent à la sécurité de cette partie qui est la
plus fragile du corps de la Fourmi.
La tranche représentée par la figure 23 comprend encore, du
côté dorsal, une partie du scutellum (Scutell.), de son bourrelet
tubuleux (Scutell. t.) et de l'articulation de l'apodème d'insertion des
muscles vibrateurs longitudinaux (Phr. i. m. /.).
Le métathorax se montre, comme dans la tranche précédente, et
comme dans la tranche sagittale (pi. VI), extrêmement réduit.
L'anneau médiaire est bordé, à sa partie supérieure, d'une ner-
vure qui vient, elle aussi, contribuer au raidissage de cette partie
renforcée du corps. La région dorsale de cet anneau fournit l'inser-
tion de l'un des muscles les plus importants, le muscle M. 75 rele-
438
en. .ÎANKT
veur (lu premier nœud et. piir constMincnt, de l'ensemble du piMiole
et de l'abdomen. C'est une paire d(^ muscles à plusieurs chefs dont
les deux tendons.se fusionnent eu un tendon impair attaché à la
saillie articulaire de l'arceau dorsal du premier nœud Se, 5. (Le
muscle homologue, chez l'ou
vrière, est représenté Note
7. fig. 1, 2 et 3, A/. 7.7).
Les vi.scéres, que nous
avons vus si resserrés les uns
contre les autres dans l'étroit
passafi^e que leur fournit le
cou, à l'endroit où ils arrivent
dans le corselet, se sont, pour
eu sortir, groupés à nouveau,
en un faisceau minuscule et
ils se sont, de plus, alignés
dans un plan frontal. Ils peu-
vent, ainsi, franchir, sans
obstruer la cavité générale
dans laquelle passe le courant
descendant du sang, le rétré-
cissement si prononcé qui se
trouve à l'articulation du cor
selel et du pétiole, et, de
plus, ils peuvent, sans être
tiraillés, se prêter aux grands
mouvements de charnière de
cette partie, si mobile, du
corps.
Dans la partie où il est
appliqué contre la paroi dor-
Fig. 23. — M, Tranchf comprenant la partie sale du pédOUCUlc du pétiole,
le faisceau viscéral comprend,
entre les deux troncs tra-
chéens longitudinaux [Tr. t.
/.), l'aorte {V. d.), les connec-
tifs de la chaîne nerveuse fu-
sionnés en un seul cordon
{;V. c.) et enfin, l'œsophage (Oe) flanqué de deux filets nerveux sym-
pathiques (Y. symp.).
dorsale, tout à fait inférieure, du méso-
thorax (ScutelL), la partie dorsale média-
ne, du métathorax {Sp. .'î), le grand muscle
releveur du pétiole (il/. 7.5) et passant par
le. pédoncule du premier nœud du pétiolr
(Se. S).
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 439
Avec l'examen de la tranche représentée par la figure 23, nous
avons terminé la description du corselet.
Complétons cette étude en montrant, schématiquement, comment
le mésothorax se comporte pendant l'acte du vol.
Schéma des mouvements du squelette tégumentaire
DU mésothorax pendant le vol
M. Marey a constaté, expérimentalement, que le mouvement
imprimé aux ailes des Insectes, dans le vol, est peu compliqué :
c'est un simple mouvement de va-et-vieut dans un plan perpendi-
culaire à l'axe du corps. Cette simple oscillation suffit à tout
expliquer, la résistance de l'air produisant la déviation en lemnis-
cate de la pointe de l'aile et les changements d'inclinaison de sa
partie membraneuse. Si on enlève cette dernière et si l'on réduit
l'aile à sa nervure costale, on peut constater la simplicité de ce
mouvement de va-et-vient.
Comment les muscles vibrateurs du vol, qui s'insèrent sur le
squelette tégumentaire du mésothorax et n'agissent pas directement
sur l'aile, peuvent-ils produire ce mouvement de va-et-vient?
Chez les Hyménoptères, les ailes inférieures sont dépourvues de
musculature motrice et, pendant le vol, elles resteraient immobiles
si elles n'étaient accrochées aux ailes antérieures et entraînées par
elles. Cela se voit bien, en particulier, dans les premiers mouve-
ments des ailes des Guêpes qui viennent de quitter leur cocon
(Note 9, p. 93). Il suffit donc, pour l'étude du mouvement des ailes
dans le vol chez les Hyménoptères, d'étudier les mouvements des
ailes antérieures.
Ainsi que cela a été reconnu par les auteurs qui ont étudié cette
question, et en particulier par Chabrier (' 22, p. 9 et suiv.), les
vibrations du scutum et du scutellura, vibrations qui sont si sen-
sibles sous le doigt lorsque les ailes fonctionnent, jouent un rôle
important dnus l'acte du vol.
Si l'on expérimente sur un Diptère ou sur un Hyménoptère
récemment mort, on constate que, lorsque les ailes sont écartées,
il suffit d'exercer une légère pression sur le milieu de la charnière
d'union du scutum et du scutellum pour faire soulever les ailes,
c'est-à-dire pour produire un mouvement à peu près identique à
celui qui, dans une demi vibration, est produit par la constriction
des muscles vibrateurs dorso-ventraux (M. vib. t.).
Si, sur un Hyménoptère vivant, tel qu'un Bombus, on enlève très
440
ce. JANKT
soigneusement toute la partie inférieure de l'arceau not;il de l'an-
neau niédiaire, ou met à découvert le grand pliiagma (jiii fournil
l'insertion inférieure des muscles vibrateurs longitudinaux. Cette
mutilation n'empêche pas l'animal de faire vibrer ses ailes, et on
constate, lorsque cela a lieu, (|ue le phragma est animé de fortes
vibrations.
Au repos, les ailes sont couchées longitudinalement le long du
l' ii,'. 24. — Squelette chitineux du mésothorax vu de côté. L'articulation alaire est
schématisée par une plaque de forme allongée m n articulée sur tout son pour-
tour. Des traits discontinus et ponctués indiquent le contour du muscle vibrateur
longitudinal M. vib. l. et du muscle vibrateur transvei'sal M. vib. t., ainsi que la
déformation subie, par le mésothorax, sous l'influonco de la contraction vibra-
toire alternative de ces deux paires de muscles.
corps. Si, dans celte position, les muscles vibrateurs entrent en
fonction, les vibrations du scutum, du sculellum et du grand
phragma se transmettent bien aux ailes, mais elles ne produisent
que des vibrations très faibles.
Sous l'influence des petits muscles de mise en place que nous
avons vus dans notre étude anatomique du mésothorax, les ailes
peuvent être étendues et amenées dans la position voulue pour le
ETUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES AREILLES
441
vol. Lorsqu'elles ont été amenées dans celte position, les vibrations
du scutum, du scutellum et du grand phragma se transmettent
aux ailes avec l'amplitude relativement considérable qui est néces-
saire pour le vol.
Cette transmission se fait par suite de l'engrenage et de la trac-
tion de parties fortement chitinisées et des parties membraneuses
qui se trouvent à la base des grandes nervures de l'aile, et sur le
Fig. 25. — Coupe transversale du squelette chitineux du mésothorax et des deux
paires de muscles vibrateurs du vol. Comme dans la figure précédente l'articu-
lation alaire est schématisée par une plaque mil articulée sur tout son pour-
tour. L'aile est schématisée par un axe rigide a b fixé sur cette plaque.
pourtour du cadre articulaire que le corselet forme pour les ailes.
Ces parties fortement chitinisées présentent des formes très com-
pliquées et si on voulait reprendre leur examen détaillé (Bombus,
Chabrier "22, pi. 9 à 11) on serait entraîné à une description
longue et compliquée.
On peut se rendre assez bien compte de la façon dont les choses
se passent en représentant schématiquement (fig. 24 et 25) : 1° l'ar-
ticulation de l'aile étendue, par une plaque mn articulée sur tout
son pourtour; 2° l'aile, par une tige ab solidaire de la plaque mn.
Sous l'influence de la contraction (fig. 24) des muscles vibrateurs
442
CH. JANET
longiludinaiix du vol iM. rlh.l), grâcfi A la chaniiiTe gtelk la
poussée vers l'avant produite par les deux cornes du phragtna du
scutelluni (l'hr. i. ni. /.), la partie antérieure du scutum et la partie
imstérieure du scutellum se rapprochent et le contour rghicd
devient c'g'li k'd'. Le résultat de cette déformation, à laquelle
l'élasticité du tégument ne prend guère part et qui se fait, à peu
près entièrement, aux dépens de la charnière r//, est d'amener cette
charnière en^'r'. Toute la partie moyenne de la région dorsale
du mésothorax se trouve, ainsi, soulevée en bloc et passe (fig. 2u)
de p 7 en /)' q\ Ce soulèvement entraîne le bord dorsal de l'articu-
lation, l'amène de n en n' et la ligne ah prend la position a h' :
c'est la demi-vibration d'abaissement de l'aile.
Lorsque les muscles longitudinaux (M. vib. I.) ont cessé de se
contracter, les muscles transversaux {M. vih. t.) se contractent à
leur tour et, ramenant l'articulation mn et, par conséquent, la
ligne ah dans leur position primitive, produisent la demi-vibration
de soulèvement.
Chabrier ("22, p. 10) n'attribue pas à la charnière gt l'importance
que je lui attribue ici. Voici comment il explique les choses :
« Supposons une feuille de matière élastique quelconque courbée
)) en forme de tuile creuse; en cet état si on veut la courber aussi
» d'avant en arrière de manière à rapprocher ses extrémités, il est
» clair que la première courbure disparaîtra, du moins en partie,
^> et surtout vers le milieu de la feuille; que, par conséquent, les
» bords latéraux s'écarteront; c'est là précisément ce qui a lieu à
» l'égard du dorsum des Insectes par l'intermédiaire des muscles
» du vol ; par là et par quelques autres moyens, le corps est allerna-
)) tivement comprimé et dilaté, et les ailes élevées et abaissées tour
» à tour. Le dorsum tient en arrière au corps et aux deux branches
)) d'une pièce demi circulaire [scutellum] exerçant l'ofïice de levier
)) et susceptible de ressort à laquelle il est uni intimement dans
» tous les ordres d'Insectes, excepté dans quelques Hyménoptères
» où cette pièce peut être séparée. Je l'appelle postdorsum à cause
» de sa position ; et quelquefois bascule (c'est l'écusson dans quel-
)) ques ouvrages), tant à cause de son genre de mouvement que de
» celui qu'elle imprime aux osselets de la base des ailes »).
Ainsi donc Chabrier attribue les mouvements de soulèvement et
d'abaissement des ailes de l'Hyménoptère à l'élasticité d'une seule
pièce, le dorsum [scutum], qui s'élargirait transversalement par
suite d'un ploiement résultant du rapprochement de son extrémité
antérieure avec son extrémité postérieure.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 443
Pour moi le dorsum [scutum] est rigide aussi bien que le scutel-
lum qui lui fait suite, mais ces deux pièces rigides sont mobiles,
l'une par rapport à l'autre, grâce à une charnière située entre elles,
et la contraction des muscles vibrateurs du vol produit non pas
un élargissement transversal de la première de ces pièces, mais un
soulèvement des deux extrémités de la charnière située entre elles.
Chabrier {"22,, p. 32) a constaté que, après la mort récente d'un
Insecte, si l'une des ailes est remuée au moyen d'une action exté-
rieure exercée sur elle, ce mouvement peut être communiqué au
dorsum et par suite à l'aile opposée. On peut expliquer cela en se
reportant au schéma ci-dessus (fig. 25). Si l'aile a 6 de gauche est
abaissée en «' // la surface articulaire mn prend la position m' n',
le point p est soulevé en // et la charnière tg (lig. 2i) se ferme sur
le côté et se soulève de manière à prendre la position t' g'. Ce mou-
vement de fermeture de la moitié gauche de la charnière entraîne
la fermeture de la moitié opposée, et, par suite, un soulèvement
qui imprime ù la surface articulaire droite un mouvement à peu
près identique à celui qui a été imprimé à l'aile gauche.
Les muscles qui produisent l'ensemble des mouvements relatifs
au vol des Hyménoptères sont ainsi au nombre de 9 paires.
Il y a 7 paires de muscles, de structure histologique ordinaire, que
l'on peut appeler muscles de mise en place des parties mobiles du
m éso thorax :
1° Une paire M 90 qui, avant l'acte du vol, amène les ailes dans
la position d'extension ;
2" Une paire à deux chefs M 92, M 93 qui, après l'acte du vol,
ramène les ailes dans la position de repos ;
3» Une paire M 85 qui paraît jouer un certain rôle dans le main-
tien de l'aile étendue et dans ses variations de position ;
4° Une paire M 91 qui sert à enfoncer ou à faire basculer latéra-
lement le scutum et doit agir considérablement sur la nature et la
direction du vol ;
0° Une paire M S'J qui produit un effet analogue en agissant sur
le scutellum ;
G*» Une paire M Si qui sert à modifier la position du grand
phragma qui fournit les insertions postérieures des muscles vibra-
teurs longitudinaux ;
7» Une paire M 83 qui, reliant les extrémités des branches de la
furca avec les côtés du mésonotum, agit sur la position de ces
derniers.
\ii CH. JANET
Il y a ensuite deux énormes paires de muscles de structure
spéciale produisant les vibrations du vol, à savoir :
8» Une paire dorso-ventrale dont la contraction produit la demi-
vibration de soulèvement de l'aile ;
9* Une paire notale longitudinale, dont la contraction produit
la demi-vibration d'abaissement de l'aile.
Dans une Note ultérieure, j'e.xposerai le résultat de mes observa-
tions sur les phénomènes d'histolyse que subissent les muscles
vibrateurs du vol lorsqu'ils sont devenus inutiles, par suite de la
chute des ailes. Les produits de l'histolyse fournissent pendant la
fin de la saison et pendant le premier hivernage une partie de l'ali-
ment nécessaire à la formation des œufs qui donnent les premières
ouvrières de la colonie.
EXPLICATION DE LA PLANCHE VI
Myrmica rubra reine. Corselet. Tranche comprise entre deux coupes voisines
du plan sagittal. Grossissement 80.
J'ai représenté, en outre du corselet, la région postérieure de la tête, le pre-
mier nœud et la partie antérieure du deuxième nœud. La ligne A B, tracée vers
la partie inférieure du corselet, indique, approximativement, la direction des
coupes qui ont fourni les tranches représentées par les figures il à 23 intercalées
dans le texte. La disposition des organes à la partie inférieure du col de la tête
est indiquée par la figure 14 ip 420). La partie inférieure de la figure 23 (p. 438)
indique la disposition relative des organes dans le pédoncule ou partie rétrécie
du pétiole.
Mém. Soc. Zool.de France. XI 1898.
PL VI.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUEPES ET LES ABEILLES
445
EXPLICATIONS DES ABRÉVIATIONS
(Les abréviations sont les mêmes pour la planche VI et pour toutes les figures
intercalées dans le texte).
k •/■.Appareil de fermeture d'un stigmate.
Acr. Portion terminale supérieure du
corps (acron) précédant le métamère
antennaire.
A l. Se. 2. Aile mésothoracique.
Al Se. 3. Aile métathoracique.
Aj). Apodème.
Ap.n.s. Apodème noto-sternal.
Ap.plr.5. Apodème pleural métathora-
cique.
Apoph. Apophyse.
Apoph.fcrm.st. Apophyse d'insertion
du muscle de fermeture du stigmate
mésothoracique.
Ar.not. Arceau notai.
Ar.ster. .Arceau sternal.
Aï t. al. 2. Articulation des ailes méso-
thoraciques.
Art. al. ù. Articulation des ailes méta-
thoraciques.
But. Butoir d'arrêt.
Can. Canaux excréteurs.
Cer, Cerveau.
Cb., Chb., ch. Gl. 4. Chambre aerifère
de la glande Gl. 4.
Cri. Cribellum.
Crp.inc.1. Corpora incerta situés à la
base du cerveau.
Crp.iiic.2. Corpora incerta logés dans
le prothorax.
Cx.1. Coxa de la première paire de
pattes.
Cx.2. Coxa de la deuxième paire de
pattes.
Cx.3. Coxa de la troisième paire de
pattes.
Ep. Épines du dos de l'anneau mé-
diaire.
f. Gl. 4. Fente de la chambre aerifère de
la glande de l'anneau médiaire.
Fm. Fémur.
Furc. y. Furca prothoracique.
Furc.2. Furca mésothoracique.
Furc. 3. Furca métathoracique.
G.gl. Ibi. Ganglion de la glande labiale.
G.lbi. Portion du ganglion sous-œso-
phagien appartenant au métamère
labial.
G. S. Ganglion sensitif.
G. s. 0. Ganglion sous-œsophagien.
G. Se. I. Ganglion prothoracique.
G. Se. 2. Ganglion mésothoracique.
G. Se. 5. Ganglion métathoracique.
G. Se. 4. Ganglion de l'anneau médiaire.
G. Se. 3. Ganglion du premier nœud.
G. sens. Ganglion sensitif.
G. syivp. Ganglion sympathique.
G. syinp. p. Ganglions situés à l'ori-
gine du système nerveux viscéral
pair.
Gl. Ibi. Glande labiale.
Gl. Ibi. can. Canal de la glande labiale.
Gl. Se. 4. Glande de l'anneau médiaire
ou 4' anneau du corselet.
L. m. 4. Lame sagittale ventrale du
prothorax.
L. m. 2. Lame sagittale ventrale du
mésothorax.
L. m. 5. Lame sagittale ventrale du
meta thorax.
M. Muscle.
M. d. a. II. Muscle dorsal latéral anté-
rieur du n° anneau postcéphalique.
M. d. m. 4. Muscle dorsal longitudinal
du 4« anneau postcéphalique.
M. d. p. II. Muscle dorsal latéral posté-
rieur du n' anneau postcéphalique.
M. ext. Muscle extenseur.
M. ferm. Muscle de fermeture.
M. ferin. st. I. Muscle de fermeture du
premier stigmate ou stigmate méso-
thoracique.
M. fléch. Muscle fléchisseur.
M. ouv. Muscle d'ouverture.
M. ph. dil. i. Muscle dilatateur infé-
rieur du pharynx.
M.V.m.n. Muscle ventral longitudinal
du n' anneau postcéphalique.
446
CH. JANET
M.vih.l. Musclt" vibratcur longitudinal
du vol.
if. i'»7>. t. Musrif vibralnir liMnsvtrsal
du vol.
M..")"). Musclo prnlliorariquf ilorsal lon-
yiluilinal (impair, médian) fixé prés
de la limite inférieure du prothorax
et attaché à la bordure du eol de la
tête. Est relevcur de la tête.
M. .'tii. Muscle fixé très en avant sur
l'une des moitiés du pla.^^tron pro-
tboracique et attaché à la bordure
inférieure du col de la tète. Est rele-
vcur rotateur de la tête.
M. 57. Muscle situé en dehors du mus-
cle M. 56 et ayant ses insertions
auprès de celles de ce dernier.
M. 58. Muscle fixé à la furca prutho-
racique et attaché à la bordure du
col de la tète.
M. 39. Muscle abaisseur de la tète. Se
fixe sur la furca prothoracique. S'at-
tache sur la bordure articulaire du
col de la tète.
M. iO. Paire de muscles croisés, exten-
seurs des pattes prnthoraciques. Le
muscle de droite passe au-dessus du
muscle de gauche. Se fixent à ces
apophyses latérales de la partie supé-
rieure du prothorax qui fournissent
l'articulation en charnière de la tète.
S'attachent sur le coté externe du
bord articulaire de la coxa.
M.H. Muscle prothoracique longitudi-
nal s'insérant, d'une part, a l'apophyse
prothoracique qui fournit l'articula-
tion en charnière de la tête et, d'au-
tre part, à la furca prothoracique.
]U.i2. Muscle attaché à la partie inféro-
postérieure de l'apophyse prothoraci-
que qui sert à l'articulation de la tète
et fixé sur la partie latérale de l'ar-
ceau dorsal du prothorax.
21.4 i. Muscle fixé, très en arrière, sur
le plastron prothoracique et attaché
sur le bord supéro-externe du bord
articulaire de la coxa prothoracique.
il. 43. Muscle prothoracique. Attaché
sur l'angle externe de la furca pro-
thoracique et fixé sur le côté de l'ar-
ceau dorsal du prothorax.
M. Ui. Musclo fixé sur la lame sagittale
de la pièce sternale impaire du pro-
Ihorax et attaché sur la partie externe
du bord articulaire de la coxa.
M. il. Muscle moteur de la premién-
patte fixé près du bord postérirur du
plastron prothoracique et pénétrant
dans In coxa pour aller s'attacher au
fémur.
il.iS. Muscle protlinraci(iue dorso-ven-
tral fixé sur le ccHé antérieur de l'ar-
ceau dorsal et attaché h l'extrémité
de la furca prothoracique.
M.âl. Muscle fixé très bas sur le côté
de l'arceau dorsal du prothorax et
attaché à la partie inférieure du bord
articulaire de la coxa prothoracique.
Sert à porter la patte du côté de l'ab-
domen.
M. 51. Muscle prothoracique dorso-ven-
trai, fixé près de la bordure latéro-
inférieure de l'arceau dorsal du pro-
thorax et attaché à l'extrémité laté-
rale de la furca prothoracique.
M. 05. Muscle mésothoracique ventral
longitudinal fixé sur la furca méso-
thoracique et attaché à la base de la
furca prothoracique.
M. 56. Muscle mésothoracique ventral
longitudinal fixé sur la furca méso-
thoracique et attaché à la furca pro-
thoracique.
M. 57. Extenseur de la coxa; se fixe
auprès du sillon (apodème ouvert)
noto-sternai ; s'attache sur la bor-
dure externe du trochantinus méso-
thoracique.
M. 58. Se fixe à la partie supérieure de
la lame sagittale du mésosternura et
s'attache sur le bord supéro-externe
du cadre articulaire de la coxa. Sert
a porter la patte en avant et en
dehors.
M. 60. Muscle fixé auprès du point de
bifurcation de la 2" furca et attaché au
côté interne du bord articulaire de la
2' coxa. Est fléchisseur de la coxa.
M. 61. Muscle voisin du muscle M. 00
et également fléchisseur de la 2* coxa,
qu'il fléchit toutefois dans une direc-
tion un peu différente.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES
447
M. 6S. Muscle mésothoracique fixé sur
la branche de la furca et attaché sur
un long tendon qui part du trochanter
et traverse toute la coxa.
M. 63. Se fixe sur l'une des branches
de la furca du meta thorax et s'at-
tache à un long tendon qui part du
trochanter et traverse toute la coxa.
M. 64. Se fixe sur les côtés de la région
ventrale du métasternura. S'attache
sur la partie extérieure et postérieure
de la bordure du col de la coxa méta-
thoracique. Est extenseur de la patte.
M. 65. Ce muscle, extenseur de la coxa
métathoracique, comme le muscle
M. 64, s'attache au voisinage de ce
dernier. Il se fixe sur la région pleu-
rale du raétasternum et en particu-
lier sur un apodème situé entre ce
dernier et le métanotum.
il/. 66. Se fixe à la lame transverse qui
se trouve à la partie supérieure de
la lame sagittale métathoracique.
S'attache sur le bord supéro-intcrne
du col de la coxa métathoracique.
Est fléchisseur de la coxa.
M. 67. Muscle attaché en haut et sur
le côté de l'arceau ventral du pre-
mier nœud, fixé sur la face dorsale
de l'anneau médiaire.
M. 75. Muscle attaché par un tendon
au milieu du bord supérieur de l'ar-
ceau dorsal du premier nœud, fixé
à l'arceau dorsal de l'anneau médiaire.
M. 81. Muscle dorso-ventral (reine) qui
se fixe sur la furca mésothoracique
à côté du muscle M. 8i et s'attache
à l'extrémité de l'apophyse crochue
qui termine latéralement le grand
apodème, en forme de gouge, sur
lequel s'insère l'extrémité inférieure
du muscle vibrateur longitudinal du
vol.
M. 8^. Muscle dorso-ventral (reine) qui
se fixe sur la furca mésothoracique
et s'attache sur la partie supérieure
du scutellum auprès de la charnière
qui unit le scutum avec le scutellum.
M. 85. Muscle mésothoracique dorso-
ventral, fixé sur les côtés du méso-
notum, attaché près de l'extx'émité
de la furca mésothoracique (reine).
M.8i. Muscle métathoracique dorso-
ventral, fixé sur l'apodème situé entre
le métasternum et le métanotum,
attaché à Textréniité de la furca méta-
thoracique (reine).
M.S5. Muscle mésothoracique dorso-
ventral, fixé du côté ventral sur la
lame transverse qui forme apodème
entre le méso et le métasternum,
attaché, du côté dorsal, à l'une des
pièces chitineuses de l'articulation de
l'aile mésothoracique.
il. 86. Muscle métathoracique dorso-
ventral, fixé, du côté ventral, sur la
lame transverse qui forme apodème
entre le méso et le métasternum,
attaché, du côté dorsal, à l'une des
pièces chitineuses de l'articulation de
l'aile métathoracique.
M. 87. Muscle métathoracique parais-
sant être homostique du muscle mé-
sothoracique dorso-ventral M. 91.
M. 88. eiM.89. Muscles métathoraciques
dorso-ventraux.
M. 00. Muscle extenseur (abducteur) de
l'aile mésothoracique. Est fixé contre
le sillon noto-sternal.
M. 9t. Muscle mésothoracique dorso-
ventral, fixé sur le sillon notosternal,
attaché à une apophyse du scutum
située au voisinage de l'articulation
de l'aile.
M. 92. Partie supérieure de l'adducteur
de l'aile mésothoracique. Se fixe près
du sillon stigmalique.
M. 93. Partie inférieure de l'adducteur
de l'aile mésothoracique. Se fixe sur
le sillon sterno-notal.
M. h. a. Membrane articulaire.
M.h.a.i.i Membrane articulaire per-
mettant le mouvement du prothorax
par rapport au mésothorax.
N. al. Nerf des ailes.
N. c. Connectifs de la chaîne nerveuse.
N. œ. Paire de nerfs accolée aux côtés
de l'œsophage.
iV. rec. Nerf récurrent ou nerf impair
supra-œsophagien émis par le gan-
glion frontal.
N. Se. 1. Nerf du prothorax.
448
CH. JANET
M. syiiiii. .\rrl syinpallii<iui'.
A'err. Norvun*.
Nue. Noy;iu.
0. s. Organe sonsitif.
Orell. OcpIIps.
Oc. UKsopliiigc.
Oi(j. c. Organe clutrdotonal.
P. s. Poils sensilifs.
Phr. Pbrafima.
Phr. i. III. I. Phrajjina d'insertion de
la partie infériciire des muscles vibra-
teurs longitudinaux du vol.
Phr. sent. Phragma situé à la partie
supérieure du scutum et fournissant
une partie de l'insertion supérieure
du muscle vibra teur longitudinal du
vol.
Plr. Pleurae ou régions latérales des
arceaux du squelette tégumentaire.
Pis. Plastron.
Seat. Scutum (partie médiane anté-
rieure du mésonotum, située en avant
de la charnière des vibrations du vol).
Scutell. Scutellum (partie médiane
postérieure du mésonotum, située en
arrière de la charnière des vibrations
du vol).
Se.n. d. Arceau dorsal de l'anneau Se.n.
Se. 11. V. Arceau ventral de l'anneau
Se. n.
Se. 1. Premier anneau postcéphalique
ou prothorax.
Se. 2. Mésothorax.
Se. .3. iMéta thorax.
Se. 4. Quatrième anneau postcéplia-
lique ou anneau médiaire.
Se. o. Premier nœud du pétiole.
Sill. Sillon.
Sill. art. Sillon articulaire.
Sill. n. s. Sillon dorso-ventral.
Sill. st. Sillon stigmatique.
Sill. transv. Sillon transversal.
St. Se. i. Stigmate mésotiiorarique ou
premier stigmate.
St. Se. II. Stigmate du n' anneau post-
céphalique ou (n-1)* stigmate.
Stem. Sternum.
Stem. I. Prosternum.
Stem. i. Mésosternum.
Stem. 3. Mélastcrnum.
Stern.i. Sternum de l'anneau médiaire.
T. Trachée.
T.ext.cx. Trachée externe d'une coxa.
T.int.c.v. Trachée interne d'une coxa.
T. m.vib. Ramifications trachéennes des
muscles vibrateurs des ailes.
T. st. Trachée stigmatique.
Tent. Tentoriura.
Tgl. Tégula protectrice de l'articulation
de l'aile mésothoracique.
Tr. 1. 1. Tronc trachéen longitudinal.
Tr.t.l.d. Tronc trachéen longitudinal
dorsal.
Tr.t. l.v. Tvonc trachéen longitudinal
ventral.
Tr. 1. 1. V. Tronc trachéen transversal
ventral.
Trav. Traverse.
Tri. Trichode ou toufle de poils située
au débouché d'une glande.
Tt. Trochanter ou pièce proximale du
fémur. Cette partie est séparée du
reste du fémur par un sillon qui est,
chez les Fourmis, dépourvu de mem-
brane articulaire. Le trochanter porte
un groupe d'organes sensitifs.
Tin. Trochantinus ou col de la coxa.
Le trochantinus est généralement
pourvu de groupes d'organes sensitifs
au droit desquels se trouvent des
ganglions nerveux relativement volu-
mineux.
V.fl. Vaisseau dorsal.
ÉTUDES SUR LES FOURMIS, LES GUÊPES ET LES ABEILLES 449
LISTE DES AUTEURS GITES
''22. Ghabrier J. Essai sur le Vol des Insectes. Paris, 1822.
"22. KiRBY and Spence. Introduction tothe Entomology. London.
■'60. Meinert Fr. Bidrag til de danske Myrers Naturhistorie.
Kjôbenhavn, 1860.
'79^. LuBBOGK John. On the Anatomy of Anls. Trans. Linn. Society,
S. 2, Zool., 2, p. 141.
"83. Kleuker Fr, Ueber endoskeletale Bildungen bel Insekten, Gôt-
tingen, 1883.
"89. HacoHOB'b, H. B. MaTepba.ihi ao ecTecTBennoit iicTopiii
MypaBbeb'b (Formicariae) mockba, 1883.
*93. Kolbe H. J. Einfuhrung in die Kenntnis der Insekten. Berlin,
1893.
"94-'. Janet Charles. Éludes sur les Fourmis. 7= Note. Sur l'Ana-
tomie du pétiole de Myrmica ruera L. Mém. Soc. Zool. de
France, 7, p. 185. Paris, 1894.
"94'^. Janet Charles. Études sur les Fourmis, les Guêpes et les Abeilles.
9^ Note. Sur Vespa crabro L. Histoire d'un nid depuis son
origine. Mém. Soc. Zool. de France, 8, p. 1. Paris, 1895.
"95. Heymons Richard. Die Segmentirung des Insectenkôrpers .
Berlin, 1895.
"98^. Janet Charles. Sur la Constitution morphologique de la tête de
V Insecte arrivé à l'état d'imago. 4« Congrès international
de Zoologie tenu à Cambridge en 1898.
Mém. Soc. Zool. de Fr., 1898. xi - 25»
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX
DÉCRITS DANS LES MÉMOIRES DE 1898
Eponges
451
Pages
Felromica (n. ^'.) Grimaldii Top-
sont i-m
Monocrepidiuni (n. g.) vermicv-
latuin T. .......... . -^29
Heteroxya (n. g.) corticata T. . . 2;M
Anisoxya (n. g.) glabra T. . 23i
Cliona levispiraT 23;>
Sceptrintiis (n. i,'.) Richardi T
Tylexncladus (n. g.) Joubini T
Rhaphidorus (n. g.) setosus T
Higginsia Thielei T. . . .
Cerbaris (n. g.) turguatus T
l'cesû/. alecto T. .....
Leptosia Scliiiiidli T . . . .
239
242
244
245
247
248
250
Vers
Limnodrilus Dugesi Rybka
Crustacés
Tandis Chevreuxi A. Dollfus
T. testudinicola A. D. . . .
Heterotanais algiricus A. D
fl. provincialis A. D
30 Leptochelia corsica A. D. ... 43
37 i. ineruris .\. 1) 45
38 Leptognathia crassiinana A. D. 4G
39
ÏUNICIERS
Ciona abdoininalis Sluiter ... 8
Botryltoïdes Chazaliei S lU
Styela {Polycarpa)mvnsaS. . . 12
— — j'uliginea S. . . . 12
— — friabUis S. . . . 13
— — insulsa S 14
— — brevipeduiiculataS. lo
— — cartilaginea S. . 1(>
— — asiphonica S. . . 17
— — uppropinquata S. 18
Siyela (Polycarpa) seniinuda S
Cynthia torpidd S
— Cliazaliei S
— discrepans S. . . .
Microcosmus biconcolutus S.
Molgula conlorta S
Leptoclinum couchyliatuin S
— cineraceum S. .
Psammapiidiuni funginum S
Diplosoina piirpurea S. . .
19
21
22
23
26
28
29
30
31
32
M\2.
TAIJLK DES MATIKUES
PAR ORDRK AMMIAI'.KTIOUK n'AlTHirUS
K. Andui;. — Ci>nli'il>utitni à la (•onnaissaiirc des Mutilliih-s <h'. l'Australie, . 2jG
A. Dui.LFUS. — Campairncs dr la Mclilii : Tanaulac m-olt<''S par M. K. Che-
vrcux dans l'Atlantiqui' cl dans la .Méditerranée. . 'X'»
J. iNtUKNiTZKY. — Lcs Odonatcs d(^ la Pologne russe iH
Cb. .I.vnet. — Etudes sur les Fourmis, les Guêpes et les Abeilles (19* noie) :
Anatomie du corselet de la Myrmica rubra reine (PI. VI) ... . 3!W
.1. G. de M.\N. — Note sur quelques espèces du genre Alpheus Fabr., appar-
tenant à la section dont V Alpheus Edwardsi Aud. est le repr<^sen-
tant (PI. IV) 30{>
.1. P.vL.vcKY. — La distribution des Ophidiens sur le globe . . 88
C. PiKPEKS. — Considérations sur la réglementation <le la nomenclature
zoologique U2
F. Pl.vfeau. — Nouvelles recherches sur les rapports entre les Insectes et les
fleurs : étude sur le rôle de quelques organes dits vexillaires. . . 339
E. de PousARGUEs. — Etude sur les Ruminants de l'Asie centrale 126
.1. Richard. — Sur la laune des eau.\ douces explorées en 1898 pendant la
campagne du yacht Princesse- Alice 326
J. Rybka. — Contribution à la morphologie et à la classiQcation du genre
Limnodrilus Claparéde (PI. V) 376
C. Ph. Sluiter. — Tuniciers recueillis en 189(i par la Chazalie dans la mer
des Antilles (PI. I à III) 5
E. ÏOPSENT. — Eponges nouvelles des Açores (première série) 223
Le Secrétaire général adjoint, Le Secrétaire général, Gérant,
D' J. GUIART. Prof. R. BLANCHARD.
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE
DE FRANCE
(RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE)
POUR L'ANNÉE 1898
TOME XI
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
7, rue des Grauds-Augustins, 7
1898
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Le Secrétaire général adjoint,
D' J. GUIART.
Le Secrétaire général, Gérant,
Prof. R. BLANCHARD.
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