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MÉMOIRE
Dl! MARÉCHAL DE VAUBAN
Imprimk v\\\ Marcel MOrc.HKI;
A ClioitK.iii).'.
MÉMOIRE
DU
MARÉCHAL DE VAUBAN
SUR LES FORTIFICATIONS
DE CHERBOURG
[1686]
Publié par M. Joachim MENANT.
PARIS
LIBRAIRIE ARCHÉOLOGIQUE DE V. DIDRON, RUE HAUTEFEUILLE, 15.
MDCCCLl
I BlBLiOti-.^-- ^
llGr
NOTICE SUR VACBAN ET LES FORTIFICATIONS
DE L'ANCIEN CHERBOURG.
11 existe des hommes dont le génie a marqué chacune des
^actions de leur longue carrière, et qui se trouvent ainsi environ-
nés d'une auréole d'autant plus éclatante qu'il suffisait peut-être
d'une seule pour assurer leur gloire,
Vauban est un de ces êtres privilégiés. Il n'y a pas une place
forte sur nos frontières où il n'ait laissé des traces de ses tra-
vaux; il n'y a pas un fait mémorable du siècle de Louis XIV où
l'on ne retrouve son nom: 57 années de services, 25 campagnes,
40 blessures, 140 actions de guerre ; 52 sièges, 53 places nou-
velles fortifiées et les anciennes restaurées, voilà pour la gloire
du maréchal (*). Mais ce n'est pas tout, Vauban était non seu»
(*) Voyez V Histoire de Vauban, publiée sans nom d'auteur par L. Lefort^
•éditeur. Lille, 1844.
2 NoriC.K Si:U VAIP.AN
lemcnt un grand capitaine;, mais encore un grand polilique. 11
siillit de lire ces recueils qu'il a niodeslemcnl intitulés : Mes
0/Aii't7t's-,(;t que l'on a nommés si judicieusement depuis Les îlevcs
d'un homme de bien. Son style n'a peut-éire pas la pui-eté, l'é-
légance des grands écrivains du siècle de Louis XIV; c'est le
langage loujoui's claii' et souvent énei'gique du soldat. Ce qui
préoccupe s'utonl l'éciivain, c'est le bien de l'humanité; on dirait
qu'il ne comprend les formidables moyens d'attaque et de défense
qu'il emploie que comme des n<;cessilés qui doivent rendre les
guerres moins sanglantes, en maintenani plus énorgiquement la
paix des nations. Sur le champ de bataille le maréchal n'a pas
d'autre pensée : brûlons de la poudre, disait- il à ses ofiiciers
qui murmuraient des lenteurs du siège, impatients qu'ils étaient
de donner l'assaut, briîlons de la poudre, mais épargnons le
sang des soldats ; et bientôt après il entrait dans la place sans
perdre un seul honmie (*).
Il appartenait à noire siècle, éminemment juste envers les
morts, de rendre hommage à une gloire si pure. Napoléon or-
donna que le cœur deVauban fût transféré sous le dôme des In-
valides à côté de Turenne, où l'Empereur et Iloi devait venir aussi
reposer un jour (**). Cependant, tandis que le lierre environne les
remparts que Vauban avait élevés, tandis que le temps détruit
chaque jour les citadelles qu'il avait solidement construites, on
(*) C'était au siège deCharleroi,en 1693.-- II n'y a pas une parole du
maréchal , qui ne témoigne de sa sollicitude pour épargner le sang dos
soldats. Au siège de Ypres, le Roi voulait donner l'assaut avant d'avoir
couronné le chemin couvert: a Vous y gagnerez un jour, dit Vauban,
mais vous y perdrez mille hommes. » Le lendemain le chemin couvert
fut couronné et la place se rendit.
(**) La cérémonie eut lieu le ?G mai 1808 , jour de l'anniversaire de
I.i prise de Dantzick.
ET LES FORTIFICATIONS DE L'aNCIEN CHERDOURC;. %
île pouvait pas voir tomber en ruine toutes ces places démante-
lées, sans chei'cher à sauver ce qu'il y avait de moins périssable
en elles, le génie qui en avait dicté les plans.
Les œuvres écrites de Vauban ont été nombreuses, elles
formeraient des volumes précieux si on eût pu les recueil-
lir. Malheureusement quand on a songé à les mettre au jour,
la plus grande partie avait disparu (*). Aujourd'hui chaque
feuille sur laquelle on peut reconnaître le nom de Vauban
est devenue précieuse et chacun se la montre avec un saint
respect.
Cherbourg possède quelques-unes de ces pages, elles ont
d'autant plus d'intérêt pour nous qu'elles sont consacrées à
la grandeur de notre pays, et qu'elles se trouvent, pour ainsi
dire, le point de départ de la prospérité moderne de la ville
de Cherbourg.
Mais il convient de reprendre aussi succinctement que pos-
sible l'histoire de notre cité, pour comprendre dans quel état
elle se trouvait lorsque Louis XIV et Vauban soupçonnèrent son
importance future.
Nous n'avons aucune donnée certaine sur l'histoire de notre
presqu'île avant l'invasion des Romains. De vastes forêts sem-
blaient îa couvrir. Çà et là des pierres druidiques nous révèlent
le cuite des anciens habitants, mais ne nous laissent rien soup-
çonner de particulier sur la ville qui plus tard doit porter le
nom de Cherbourg.
Sous la domination romaine , le même vague se prolonge,
et ce vague qui pèse sur toutes les villes qui prirent naissance
(') M. Gorroard, cdilour, a fait imprimer en 1841, IS-îS et 1845, trois
volumes extraits des Oisiveté;; de Vauban , qui n'avaient pas encore été
publiées.
4 NOTICE Sim VALliAN
alors , permoi aux savants toutes los conjectures possibles sur
l'origine de la ville et sur l'élymologic de son nom.
Le cliâteau est le nionunieni le plus ancien dont il soit ques-
tion dans les chroniques qui nous parlent de Cherbourg. Ce
château, de construction romaine, s'élevait sur l'endroit de la
plage le moins exposé aux attaques et dominait un petit hâvie
à l'embouchure d'un filet d'eau. La v;lle s'était groupée autour
à l'ombre de ses remparts.
Le premier fait qui nous révèle l'imporiance de CherJ)ourg
remonte au W" siècle ('). A cette époque , Cui!laume-le-Bâtard
avait épousé Maihiîde, fiUe du comte Baudouin, et sa cousine
germaine ; il fut excommunié pour ce fait par le Pape Léon IX,
et pour racheter son excommunication il fit don à quatre gran-
des villes de la Normandie de la nourriture de cent pauvres ,
pour leur Ilôtel-Oieu. Ces quatre grandes villes étaient Rouen,
Caen, Bayeux et Cherbourg.
Cherbourg avait donc alors une certaine importance , et dès-
lors celte importance suit la marche des événements qui depuis
le XI'= siècle jusqu'à la moitié du XV^ ont signalé les grands
différents de la France et de l'Angleterre, dont la Normandie
était l'enjeu.
L'histoire de Cherbourg pendant cette longue période est
l'histoire de ces grandes luttes des deux puissances rivales (**).
Jetez les yeux sur la carte, vous verrez à l'extrémité de la
presqu'île, Cherbourg s'avancer dans la mer comme un bras
(*) Voyez l'Histoire de la Ville de Cherbonrg , par Voisin-la-Hougue ,
page 14 et suiv.
(**) Voyez Vlîittoire générale de, la Normandie, par Gabriel Dumoulin ,
passim ; cl V Histoire civile et reli(jieuse de Clierbounj , par M. l'alibé DE-
MONS. Manuscrit de la Dibliolhèque de Clierboui'g.
ET LES FORTIFICATIONS DE l' ANCIEN CHEUBOL'RG. S>
pour menacer l'Angleterre ou comme une main amie pour
sanctionner la paix.
Avec la conquête de Guillaume, lorsque le Duc devint Roi,
Cherbourg qu'il avait choisi pour sa résidence subit le sort des
vainqueurs, et la cité Normande devint une ville Anglaise. Plus
tard le Comte de Boulogne conteste à la fille du Conquérant la
possession de la Normandie ; il met le siège devant Cherbourg,
et après deux mois de siège il s'en rend maître en H 39, jusqu'à
ce que le Comte d'Anjou, époux de Mathilde, l'en chasse à son
tour quelques années après. En 1293 Cherbourg est encore
brûlé, détruit en partie par les Anglais, et ce n'est qu'en 1300
que l'on songe à le fortifier sérieusement. Ces fortifications
sauvèrent Cherbourg de l'attaque d'Edouard III, en 1344 ; mais
il fut livré aux Anglais en 1378, par la trahison d'un officier
de Charles-le-Mauvais. Les efforts des Français pour le repren-
dre furent inutiles. Duguesclin échoua dans cette entreprise , en
1378, et ce ne fut qu'en 1394 que Richard II rendit Cherbourg
au roi de France. Lorsque la bataille d'Azincourt eut décidé
encore une fois du sort de la Normandie, Henri V vint assiéger
Cherbourg, qui fut obligé de se rendre en 1418. Il resta alors
32 ans sous la domination des Anglais , ils en furent chassés en
1430, par les prières et les vœux des habitants, puissamment se-
condés par l'artillerie dont on faisait alors les premiers essais (*).
La lutte entre la Fi'ance et l'Angleterre était alors terminée ;
la Normandie appartenait définitivement à la France ; dès-lors
l'importance de Cherbourg disparaît. Il n'en est plus fait men-
(*) Les Anglais quittèrent Cherbourg le vendredi 14 août 14o0. Ce fut
à l'occasion de cette heureuse délivrance qu'un bourgeois de Cherbourg
construisit le tableau mobile de l'Assomption, qui donna son nom. à la
confrérie de Notre-Dame-Montée. Celte confrérie, fondée en 1466, exis-
tait encore au moment de la révolution de 1789.
6 NOTlCi; SUU VAUliAN
tion dans l'histoire, c'est un point oublie ; ii ne lesle plus qu'à
le détruire.
Cherbourg reste près de deux siècles dans cet état d'oubli, et
ses murs , ses remparts ébréchés tombaient chaque jour en rui-
ne. Cependant on comprit un jour que la Normandie n'était,
pour ainsi dire, que le prétexte des luttes de la France et de
l'Angleterre , et qu'au-delà de la possession de cette province ,
il s'agissait entre les nations rivales de quelque chose de plus
sérieux encore. C'était en 1680, Louis XIV et Vauban tourné*
rent leurs regards vers Cherbourg.
Dans quel état se trouvait alors notre pauvre cité? Des pans
de mur gisaient çà et là, le logement du gouverneur ne se sou-
tenait plus qu'à force d'élançons , les cours et les fossés du
château étaient obstrués de décombres, ufiepartie des casernes
était détruite, l'autre était prèle à tomber en ruines, tout enfin
annonçait une ville abandonnée depuis longtemps.
Cependant ces débris, ces ruines témoignaient encore de
l'ancienne résistance dont ils étaient capables , et Louis XIV
voulait les réparer. Vauban fit alors un projet avec un plan h
l'appui. Le plan signé de la main de Vauban existe encore, il
est déposé à la Mairie. Le mémoire original a disparu , il en
existe de nombreuses copies plus ou moins fidèles; cependant
on peut considérer celle qui est conservée dans les archives du
génie militaire comme la plus authentique. Voici , d'après ce
projet , l'idée que nous pouvons nous faire de l'ancien Cher-
bourg.
Le donjon avait quatre tours principales, reliées entre elles
par autant de courtines environnées de murs revêtus à l'an-
tique, de cinq à six pieds d'épaisseur et couronnés de créneaux
et de mâchicoulis. Il était situé vers l'extrémité de la rue Notre-
Dame et de la ru(î des Fossés.
Le château occupait l'espace compiis entre le quai du port,
ET LES FORTIFICATIONS DE L ANCIEN CHERBOURG. /
depuis la place Criquoville jusqu'à la rue Quai-ciu-Bassin ,
la rue du Château cl la rue Nolrc-Dame.
Quanl à l'enceinte de la ville, nous pouvons en retrouver le
iriicé sur les rues actuelles. En parlant de la tour des Sarra-
sins, qui correspondait à la place qui porte aujourd'hui le nom
de place Briqueville, et en montant vers le nord, la contre-escarpe
du fossé suivait directement la rue de la Marine jusqu'en face
la tour de l'Eglise, qui vient d'être démolie. En retournant à
l'ouest, on rencontrait bientôt la tour de Gouberville, et un peu
plus bas vers le sud , la tour Carrée , sur remplacement de la-
quelle l'obélisque en granit de la place d'Armes s'élève aujour-
d'hui. Les fossés suivaient remplacement de la rue des Corderies,
de la place de la Fontaine et de la rue de la Fontaine. Nous avons
l'cucontré à l'angle de la rue des Corderies et de la place de la
Fontaine, la tour Cornette et une porte d'entrée de la ville ; en
nous dirigeant vers l'est, par la rue Corne-de-Gerf , nous pas-
sions sur le bastion Saint-François, qui protégeait la principale
porte de la ville, à l'extrémité de la rue des Portes. La rue des
Tribunaux nous conduit sur le quai du Bassin, à l'emplacement
du bastion du Moulin , et en gagnant vers le nord, après avoir
passé devant la tour du Moulin , nous arrivons à peu de dis-
tance de notre point de départ, sur la place Briqueville.
Telle était l'étendue de Cherbourg il y a deux siècles. Le
port était une espèce de vasièrc qui s'étendait le long du fau-
bourg à l'emplacement des halles et de la prison, avec un quai
en pierres sèches , dont les riverains avaient fait tous les frais.
Joignez à cela quatre ou cinq mille habitants sans commerce ,
sans industrie et voua aurez une idée de l'aspect de Cherbourg
au moment de l'arrivée de Vauban.
Vauban analyse avec un grand soin les travaux à faire pour
l'cmeltre Cherbourg en état de figurer au rang des places fortes
du royaume; il indique tous les changements à faire aux rem-
s NOTU'.K SCR VAL'BAN
paris, il protège chaque lour par un haslion, puis ii soif Iiar-
dinienl de la limite de la ville et il trace une nouvelle enceinte
bastionnée, qui s'étend jusqu'à la rue du Cliantici' d'une part, et
qui de l'autre enveloppe tout l'ancien faubourg. 11 ne paraît pas
que Vauban ait compris que la rade pouvait être fermée, et pour-
tant il ne se méprenait pas sur l'importance maritime de Cher-
bourg. Je ne connais pas déport, dit-il, plus important que celui
de Cherbourg, et il vaudrait mieax que les Anglais eussent fait
descente à Calais ou à Boulogne plutôt que dans notre presqu'île.
Je ne puis m'empécher de faire ici une remaïqtic qui peut
avoir son importance. Ce qui semble préoccuper surtout Vauban
c'est la position audacieuse que Cherbourg occupe à l'extrémité
de la presqu'île. Il considère notre ville comme la clef de voi'ite
du royaume. Une fois maître de cette position, l'ennemi (et c'est
l'Anglais qui est réteruel ennemi de Cherbourg), l'ennemi pourra
s'y fortifier à son tour, prendre tous les établissements qui lui
conviendront et s'avancer ensuite dans l'intérieur sans danger
ni sans résistance. Cherbourg doit tout attendre du courage de
sa garnison. Comment faire venir promplement à son secours
nos armées du centre ou de la frontière? — A l'époque où
Vauban écrivait, le problème était insoluble; mais avec nos
moyens de transport actuels , il est facile de dire que s'il eût
écrit de nos jours le premier moyen de défense qu'il eut demandé
pour Cherbourg, vous l'avez déjà nommé, c'est un chemin de fer.
Enfin , le travail de Vauban renferme le compte exact de la
dépense nécessaire pour remettre les fortifications en état et
pour augmenter la ville d'une manière notable , c'est-à-dire en
lui donnant un développement de 867 toises de pourtour. Ce
devis s'élevait à la somme de 2,102,409' G" 4'' (*).
(*) L'or vali'il on 1688 , 448^ le marc, il vaut maintenant 800^0 marc
ET LES FOnTlFltATIONS DE L ANCIEN CIIERrOURG. 9
Celle somme parât énorme et les projets de Vauban restèrent
dans les cartons. Je n'ai pas besoin de dire ce qui eut lieu
depuis. Quelques années après on rasait ces vieux débris si dis-
pendieux à réparer. Il fallut que la France apprît, par les revers
de la Hougue et les désastres de 1758 , à juger de l'importance
de Cherbourg ('). Aussi, un siè<:le après Vauban^ Louis XVI et
La dépense de 2,402,409' 6* i^ correspond donc aujourd'hui à la somme
de 3,744,501' 13^ 8^ 1/2.
(') Cherbourg avec son ciel brumeux, avec ses formidables tempêtes qui
mugissent l'hiver à nos oreilles , avec sa poussière de granit q\ie le vent
soulève encore au fond de ses immerises bassins, est assurément l'entre-
pnse la plus gigantesque des temps modernes. Ce n'est pas en effet une
ville qui grandit , qui se développe , c'est la création de tout un siècle ,
ce sont les travaux de tout un peuple, c'est la lutte de deux puissances
rivales , c'est le triomphe de l'humanité sur la nature , c'est la plus
«éclatante victoire de l'homme sur les éléments.
Les travaux de la Digue ont été arrêtés en principe dès 1777, ils n'ont
été mis à exécution que quelques années plus tard. Originairement cette '
Digue dont les fondements furent jetés à plus d'une lieue du rivage de-
vait être composée d'une série de cages en bois juxta-posées et remplies
de pierres. Chaque cage ayant la forme d'un cône tronqué se composait
de 90 montants de 124 pieds de hauteur , et couvrait une surface de
17,20u pieils carrés à la base. Il entrait 24.000 pieds cubes de bois dans
la construction de ces cônes qui contenaient 2,700 toises cubes de pierres
et pesaient plus de 100,0(X),000 de livres. — Cependant le système des
cônes ayant été abandonné pour un nouveau mode de construction , l'île
factice de la Digue a été formée par une masse de pierres jetée à fond
perdu qui représente acluellem^t un volume de 3,755,000 mètres
cubes. — On a construit au centre de cette île des casernes, des maisons,
un fort et un phare; puis des deux côtés, la crête de^l'île a été couronnée
dans toute sa longueur par un ouvrage de maçonnerie et les deux extré-
mités de ces bras gigantesques ont été disposées pour recevoir deux forts.
— Aujourd'hui la Digue est à peu près terminée , elle représente un
solide de IJjO mètres de base, 22 mètres de hauteur cl 3,G58 mètres de
long, formant une masse de 4,6io,100 mètres cubes. — Lorsque la
t() XOTICE SL'Ii VALB;V.\.
TS'apolt'on jclcroiil les fondcMuonls (l'un travail qui devait conter
à la France quatre-vingts ans do travaux cl plus de deux cents
millions de dépenses, pour nous donner le Cherbourg que l'on
admire aujourd'hui (').
MENANT.
Octobre 18j0.
Digue sera cnlièrement terminée et année . elle n'aura pas coûté moins
(le 77,000,000 à la France. — Elle fcrnicra alors un immense lac de
■1,000,000 (le toises carrées dont 820,000 propres au mouillage de 60
vaisseaux de haut-liord, sans compter le;; frégates , corvettes, etc. , etc.
— hc port militaire se compose d'un avant-port et de deux bassins prin-
cipaux d'une superficie de GO.OOO toises carrées. — L'avant-port fut
arrêté en projet en 1792: mais il ne fut exécuté que sous l'Empire,
par déci'et du 25 germinal an xi (15 avril 1805) ; il fut creusé dans le
roc à 28 pieds de profondeur au dessous des plus basses marées el à 50
pieds au dessous du sol. — Le travail de la mine a enlevé 1,071, 442
mètres cubes de déblais de l'avanl-port, el il a coûte 17,401,174 <rancs.
Enfin il fut terminé en 1815 après 10 ans de travaux, pendant lesquels
1,500 hommes et 400 chevaux furent constamment employés aux trans-
ports, des déblais. — Le prenîicr bassin moins grand que l'avant-port en su-
perficie, mais creusé avec les mêmes procédés et à la même profondeur ,
n'a coûté que 7,196,517 francs , il a 290 mètres de long sur 217 mètres
de large ; il fut terminé en 1829. — Le second bassin est en voie de
construction , c'est le plus grand , il a 400 mètres de long sur 200 de
large ; lorsqu'il sera terminé il représentera une cavité d'oîi l'on aura ex-
trait 5,621,222 mètres cubes. Ces trois bassins avec les établissements
nécessaires à la construction el l'armement îles vaisseaux , i^ont entourés
de fortifications qui enveloppent un espace de 850,000 mètres carrés sur
un développement de 5,000 mètres de longueur.
(*) Voyez les pages remarquables que M. A. de Tocq'ieville a écrites sur
la Digue el le Port militaire, dans la collection drs Villes de France,
publiée par W. A. Giui-REnT. Tome V-', jiag. 717 et suiv.
MÉMOIRE DE VAUBAIN
SUR LES
FORTIFICATIONS DE CHERBOURG.
(1G8G.)
DESCRIPTION DE CHERBOURG ET DE SA PRESQU ISLE.
Cherbourg, ville de Normandie de l'évêché deCoutances, est
assise sui- le bord de la mer, à 70 lieues de Calais et 80 de
Ouessant, qui sont les deux extrémités de la Manche ; à 21 lieues
de l'île de With et 28 de Portsmouth, l'un des plus considé-
rables ports de l'Angleterre; à 55 lieues du Havre, 31 deSainl-
Malo, 25 de Caen, i8 de Bayeux, H do Carentan , d6 de Cou-
tances, 4 deValognes, 21 de Granville, 15deGersey, 15 de
Garnesey et 10 d'Orney ou Origny, ces trois derniers sont des
fsles angloises; le tout à mesurer en ligne droite d'un lieu à
l'autre , et non en suivant les sinuosités de la nier et des
«iiemins; elle occupe à peu de chose près le milieu de cette
terre de Normandie qui par son avancé dans la Manche, forme
12 MÉMOIUE DE VAUnAN.
une presqu'islc de 11 à 42 lieuts de long (*) s^i 0 à 10 do
largo , dont risllinie se peut prendre depuis Carenlan , jusqu'à
Créances , |)ar un esi)ace de cinq lieues seulenienl ; parce que
la mer monte jusqu'à Carentan , dont la rivière est si profonde
qu'elle porte des bâtiments de mer de 30 à 40 tonneaux , et
celle de Créances a quelques deux lieues et demie de cours, dans
les terres où la mer remonte à toutes les marées. L'espace, entre
ces deux rivières est composé de collines, marécages et petits
bois taillis, entrecoupés de chemins creux, étroits et d'her-
bages fermés de gi'osses haies et fossés. D'ailleurs le cours des
rivières Douves qui poi'lent bateau depuis Saint-Sauveur en
bas, et celle de Carentan, et de Plessis, sont toujoui^s accom-
pagnées de marais extrêmement fangeux quand il a plu, et tout
le pays gias est presque impraticable pour les charrois et la ca-
valerie. Le milieu du pays est bossu et couvert de bois fort épais
par les forets de Valogncs, Saint-Sauveur et Bricquebec; les
deux premières au Roi et la troisième aux héritiers de M. de
Longueville, lesquelles s'étendent jusqu'à un quart de lieue de
Cherbourg, et font une suite de bois qui a 7 à 8 lieues de long
sur -i de large; n'y ayant que très peu dévide entre deux.
L'épaisseur de ces bois jointe à la rudesse naturelle du pays tout
coupé de haut en bas, quelquefois fortroide, ne laissant au
plus que des défilés fort étroits, et très dangereux aux armées
qui auraient à les pénétrer pour aller chercher l'ennemi du côté
de Cherbourg. Le surplus du pays est naturellement coupé de
bois taillis, et de landes qui sont toutes pleines d'eau pendant
l'hiver. Les environs du cap de la llague et fosse d'Omonville
en peuvent être exceptés, bien qu'ils soient mêlés de hauts et
de bas, et de beaucoup de landes. Ce coin de pays est scc et de^
(') Ce boul toutes lioiics de 24 au dcj;ré.
MÉMOIRE DE VAUBAN. 1ô
peu de rapport ; non tant coupé que l'autre, mais il est de petite
étendue.
Quant à la fertilité de cette presqu'isle , on peut dire généra-
lement parlant qu'elle est très-grande ; car les fourrages , blés ,
cidres, bœufs gras, moulons et tous autres bostiaux y abondent
plus qu'en autre pays du royaume : en un mot , c'est un pays
qui , un peu ménagé , pourrait nourrir une armée de trente
mille hommes six mois durant. Du surplus il peut y avoir huit
ou dix tant villes que gros bourgs, et plus de 500 paroisses qui
contiennent [jrès de cent vingt mille âmes.
LA. COTE.
Depuis l'embouchure des rivières de Carentan jusqu'à la Hou-
gue , il y a six à sept lieues de plage platte , mais non propre
aux descentes ; parce que les gros navires n'en sauraient ap-
procher à Irois-quarls de lieue près.
A la Hougue il y a un espace propre aux descentes qui a bien
trois-quarts de lieue de long.
De la Hougue à Barflcur, deux lieues et demie, et un espace
propre aux descentes , vis-à-vis du lieu appelé Maison blanche,
qui a quelques 800 toises de long.
De Barfleur au cap Levy, il y a deux lieues de côte ferrée
dont on ne peut approcher.
Du cap Levy à Cherbourg, 5 lieues de côte platte, mêlée par
endroits do rochers, l'une et l'autre peu propres aux descentes.
De Cherbourg à Querqueville, une lieue de descente, par une
baie de sable d'environ mille toises de côte , où les vaisseaux
peuvent mouiller, côté en travers, à portée de mousquet.
Il MF,.\!0I1\E DE VAUr.AN.
De Qiier(|uevi!l(! à Nac(iiiovillo, descente do trois- qiuuts de
lieue d'étijiukio, que les vaisseaux peuvent soutenir à demi-
poilée de canon.
De Nacqueville ù Omonville, deux lieues de cùîe ferrée , foi t
éiovée et non propre aux descentes.
D'Onionville au ca[) de la Haguc , deux lieues et demie de
côte ferrée et fort saie, où il y a de gi'andes marées et de ter-
ribles courants.
Du cap de la Hague à l'anse de Vauviîle, une bonne lieue.
De l'anse de Vauviîle au cap de Flamanville, deux bonnes
lieues de belle descente, dont les vaisseaux peuvent approcher
à demi- portée de canon, en basse mer, qui est le temps propre
à mettre à terre ; mais toute volée quand elle est haute ; ce
qu'il est bon de remarquer.
A Flamanville, il y a des rochers qui durent une lieue.
De Flamanville au Kozcl , une lieue de côte ferrée , et non
propre aux descentes.
Du Rozel à Carterel, trois lieues de plage oi'i l'on pourroit
descendre, mais avec difficulté, à cause de la violence des cou-
rants.
De Carterel à Sainl-Germain-sur-Ay , deux lieues et demie de
côte de sable, mêlée de rochers, non propre aux descentes.
De Sainl-Germain-sur-Ay à Créances , une lieue et demie. Il
y a près de là deux embouchures de petites rivièKes; et pas de
lieux propres aux descentes.
De Créances à Carentan , c'est l'isthme ou gorge de la pres-
fju'isle, dont la nature et qualité ont été ci-devant expliquées.
Voilà donc cinq endroits bien marqués , à l'enlour de cette
presqu'isle, où l'on peut faire descente avec des armées navales,
outre quoi il y a la rade de la Hougue, qu'on tient la meilleure
lie Fiance , et celle de Cherbourg, qui est d'assez bonne tenue.
MÉMOIRE DE VAUBAN. ïli
CIIERBOUKG EN PARTICULIER.
Quoique je ne voie rien qui marque le temps que Cherbourg
a été bâti , on voit assez manirestemcnt que ça été une forte-
resse des Romains ; car leur manière de bàlir paroît encore
dans les murs du château. Or, que ce!a ait été, on n'en peut
guère douter , vu l'imporlance de son assiette qui a redoublé
de considération dès la première domination des François, à
qui elle servoil de place Irontière et maritime, à cause de l'An-
gleterre dont ils u'étoient pas les maîtres. Cette même consi-
dération passa aux Normands, et ensuite aux Anglois, mais
pour d'autres raisons ; après quoi étant retombée entre les
mains des François , sous le règne de Charles VII , qui la prit
en 1450, elle est demeurée, à fort peu de chose près, en l'é-
tat qu'on la trouva, quoique la consf'îquence en soit plus grande
qu'elle n'a jamais été ; hors les trois pièces ( 1 , 2 et 5) qui va-
lent très-peu de chose , on ne voit rien qui puisse marquer
qu'on ait songé à elle.
Cette place est composée de Viiie , Château et Donjon ; les
uns et les autres revêtus à l'antique avec des murs épais de 5 à
6 pieds mesurés pai* le haut de bonne hauteur ; peu de talus
et couronnés d'un mâchicoulis tout à l'entour, qui est rompu
eu beaucoup d'endroits, avec un petit parapet au devant, d'un
pied d'épaisseur, coupé d'arches et percé de créneaux partout:
il est en beaucoup d'endroits ébréché et en d'autres abattu
tout à fait.
La maçonnerie est apparemment de moellon brut , partie ar-
dcisin et partie d'une espèce de grès de fort bonne qualité ; la
ît) MÉMOTRE DE VAUItAN.
<iiaux en est admirable, el les moriiers non moins excellents
que ceux de Mets.
Le donjon est fermé de 4 tours principales, dont la plus éle-
vée (4) a d6 luises de haut, à mesurer depuis le fond du fossé,
sur 5 toises de diamètre ; celle qui suit après (B) 14 toises sur
la même épaisseur; la 3« (C) -13 toises, et la 4* (D) dl toises et
demie. Les carrées sont plutôt des bâtiments adossés que des
tours de défense. Les rondes ont plusieurs étages , presque
tous voûtés , et la plus grande partie des voûtes en bon état.
Ces tours sont liées les unes aux autres par autant de cour-
tines de il toises de haut chacune: elles étoient , ci-devant,
adossées de trois étages de bâtiments dans lesquels on eût pu
trouver de quoi loger mille hommes, et mettre à couvert les
munitions de guerre et de bouche nécessaires à la défense de la
ville et du château , avec des fours , moulins , puits , prisons et
généralement tout ce qui peut faire besoin à une place de guerre ;
mais tout est tombé , et à quelques voûtes près qui subsistent
encore, il n'y est demeuré sur pied que les gros murs, et la
plus grande quantité de ceux de refend, à la faveur desquels il
serait aisé de rétablir le reste et de le remettre en son premier
état.
Le château est flanqué de 12 tours , y compris 3 du donjon ,
liées par autant de courtines ; toutes ces tours sont de hauteur
inégale , et de structure différente : mais toutes couronnées par
des mâchicoulis , avec un petit parapet au dessus , et les gros
murs d'assez bonne épaisseur pour que la plupart soient bien
sur leurs plombs.
Il y avoit deux ou trois étages à chacune , avec autant de che-
minées, des caves au dessous, et le haut voûté en plate-forme :
ce qui marque que la garnison logeoit dedans; les murs des
courtines sont de même nature que ceux des tours, ayant des mâ-
chicoulis avec des parapets au sommet, un chemin de ronde tout
MZMOIIIE DC VAL'BAN. 17
auloiii', ou des coiiu^.uînicalions au clorijon qui éloient coupées par
dos planclielles.Dans le dedans du châlcau il y a une assez gran-
de et belle chapelle, qui a servi aulreibis d'église paroissiale à la
ville , et où il y a encore des fonds baptismaux. On prétend
qu'il y avoit des rues et des maisons dans la cour ; mais il n'y
paroît plus rien présentement qu'un terrain élevé et assez inégal.
Joignant les mui-ailles, il y a encoi-e quelques vieilles casernes
adossées , à ua étage seulement, doîU partie est tombée et Faulrc
prête à tomber. Le plus bel endroit de ces adossemenis est où
loge le gouverneui', qui est à trois étages; mais les uns et les
autres ne subsistent qu'à force d'étançons. Du surplus, la tour
(£) , où est l'horloge, a 12 toises de haut, la (F) 40 toises d/2
et la (G) 9 toises 1/2. Toutes celles qui restent ont à peu près
cette élévation , et les courtines 2 à 3 toises de moins; tant les
unes que les autres ont assez bien conservé leur aplomb,
et aucunes ne menacent encore de ruine , hors quelques
pièces en adossement qi'.i ne servent de rien à la fortifica-
tion. Au reste il y a beaucoup de petits ébrèchements à tout ce
qui s'appeile petits murs, et des évaseuients aux parapets, cré-
neaux , fenêtres, portes, , embrasures et en un mot tout ce
que l'on trouve ordiuairemenl aux vieux bâtiments qui ont été
longtemps négligés. Ces murs ne sont point terrassés, et je
doute même qu'iis pussent porter un gros rempart. Pour le
fossé, tant du donjon que du château, il a été approfondi , à
peu de chose prés , aussi bas que la basse mer de morte-eau ,
et les bords revêtus : mais comme ce revêtement n'a été fait
qu'à pierres sèches , il en est resté peu sur pied. 11 y a même
21 ou 22 maisons de l« ville qui entrent dans ledit fossé du côté
de (4), qu'on ne peut pas s'empêcher de démolir, si le Koi
prend résolution d'y faire les réparations nécessaires. Du sur-
plus , le château a deux portes; savoir : celle de la ville qui a
un ponl-levis, une porte et une barrière et qui sert actuellement;
f8 MÉMOIRE DE VAUUAN.
et celle (lu havre , forliiiée d'un petit l'avelin fjiiané comme le
ligiiré (T)) doiH la poitc est présentement condamii(''<'.
LA VILLE.
Son rempart enveloppe 1«; château tout à l'entour et lui sert
de fausse-brayc du côté de la mer, avec séparation du reste par
les deux extrémités , coupé par de grosses traverses de maçon-
nerie, en sorte que la partie (1 , 6 , 7, 8 , ) peut demeurer entière-
ment dans la possession du château. La plus vieille enceinte figu-
rée comme la marquée (G, 9, dO, d2, d4,). Depuis on y a ajouté
les trois ravelins (15, 5, 5,) pour couvrir autant de portes; et
ensuite les deux bastions (1, 2,) avec les courtines attenantes.
Les murs de ladite enceinte étaient de même qualité que ceux
du château et du donjon , c'est-à-dire brétessés et machicou-
lissés , assez bien sur leurs pieds, à quelques demi-tours près ,
qui se détachent; ceux-ci sont terrassés presque jusqu'en
haut : mais il n'ont point de parapets , et il n'est jias bien sûr
qu'il les pussent porter, si on les faisait à preuve du canon et
qu'on achevât de les terrasser. Son fossé est assez bon partout,
€t doit avoir été revêtu : mais il y a beaucoup de vases et dé-
combres à nétoyer qui viendraient bj^n à propos pour achever
son rempart.
Au reste comme cette place a été négligée depuis longtemps
on a adossé les maisons contre le derrière du rempart, si près
qu'il en est fort élioil, et de plus les fauxbourgs se sont tellement
approchés du bord du fossé, de tous côtés , qu'on n'y peut faire
de chemin couvert , ni rien de considérable sans en abattre plus
des irois-quaris.
>lÈMOmE DE VAUBAN-. ï'â
l^ PORT.
!1 csl formé par l'cmboiichurc de la petite rivière Divetle , el
dans le plus mauvais élut qu'il peut être; n'ayant point de
jetées qui méritent d'en porter le nom pour empêcher les
sables de le combler, ni aucun fascinage pour en conduire les
courants , ni d'écluse pour le nettoyer ; bien éloigné de cela, la
plus part des bâtiments y déchargent leur leste impunément ,
ce qui achève de le combler ; il y a un méchant quai de pierres
sèches le long du fauxbourg que le Gouverneur y a fait bûlir par
les habitants , et puis c'est tout. Cependant ce port peut être
rendu fort joli et capable de recevoir bon nombre de frégates
de 20 , 24 , 50 et 50 pièces de canon qui seroient là mieux pla-
cées qu'en aucun lieu du royaume pour la course. La mer n'y
monte que de J4 à 15 pieds dans les marées de vive-eau, et le
fond du chenal seroit ferré d'ardoises en beaucoup d'endroits
s'il étoit approfondi de 4 à 5 pieds plus qu'il n'est.
LE PONT.
Il est ruiné de vieillesse, et pour n'avoir pas été entretenu.
Cependant partie des arches , et presque toute la fondation des
piles subsistent encore , de sorte qu'il ne seroit pas mal aisé de
le rétablir.
."20 WÉMOIUE DE VAUttAN.
LA UADE.
Ello osl un peu foraine à la vriiic, mais de si bonne tenue
que do mémoire d'homme, nu dire des gens de mer les plus
onicndus do ce pays-ci, n'y a péri un vaisseau, bien qu'il y en
iiil eu de mouillés dos ! 1 mois entiers.
LES ENVIRONS DE LA PLACE.
A portée du ciinon de la place le long des deux bords de la
flicr , 1(; pays n'A assez uni , mais sur la largeur de 4 à 500
loiscs à niesuio qu'il s'éloigne , il bossillo jusqu'à former des
inonlagnos d'une hauieur considérablo.L'une desquelles, savoir:
la plus prochaine et la moins élevée cùloye la place et l'appro-
che de si près qu'il est foit mal aisé d'éviter que la plus grande
partie de ce que l'on y f(!ra pour l'agrandir n'en soit plongé.
Cette uiéme hauteur a trois défauts désavantageux à la place.
— Le premier est qu'elle forme une portion de cercle qui envi-
ronne la paille qui en doit appi'ocher à moins d'une demi -por-
tée de canon, do sorte qu'il est très dinîcile de rien faire do sou
côté qui n'en soit incommodé ; cependant ce n'est que de relui-ci
qu'on peut s'éîendre. — Le deuxième est que par le côté qu'elle
s'en approche , elle s'abat en pentes douces qui fournissent des
assiettes de batterie à l'ennemi à toutes élévations et pour tant
de canons qu'il en voudra mettre, et qui toutes plongeront le
MEMOir.E DE VAURAN. 21'
rfalaiis do la place, sans que pas un puisse incommoder ses
tranchées qui seront toujours bien au dessous. — Et le troisième,
que son sommet le dérobe aux vues de la ville , de manière
que les camps que l'on melira dessus en seront foi't près , sans
être vus.
L'autre montagne qui est sépan'e de la précédente par la
rivière de la Divette est beaucoup plus élevée , et a le même
défaut; mais elle en est plus éloignée , et ne voit la place que
par une tête étroite. Les abords de celles-ci sont avantagés de
grands bois qui sont d'une profondeur immense, et ceux de
l'autre coupés de grands valions dont les rampes pour gagner
le sommet des montagnes sont roides, et d'un accès diilù-ile du
côté des secours; et ce qui l'est le moins est tellement coup!":
do grosses haies , decheaiins ereu\ , q:i'il est im^tossible que
des troupes y puissent ùire aucun mouvement sans avoir tou-
jours la pioche, la serpe et la hache à la mnin.
Ces deux montagnes sont donc très avantageuses à l'at-
taque à près de moiii(; de la circonva'lation ; mais les deux
extrémités du pays qui aboutissent à la mer la reculent très
considérablement , et ne lui fournissent que des situations très
désavantageuses en ce qu'il est très difficile que l'ennemi puisse
metti'e des camps en lieu où il ne soient crois('S à portée rai-
sonnable du canoii de la place et de celui des hauteurs plus
prochaines qui sont toutes supérieures aux endroits où ils se
pourroicnt mettre , à moins que de les occuper , ce qui l'éloi-
gnera beaucoup do la place. Ce qu'il y a de mieux pour la
défense, c'est que ce pays déjà couvert et coupé de haies et
de fossés en rendra toujoui's l'accès très difficile , et môme on
peut dire que la cavalerie ne peut êtr'c de nul service aux se-
coui'S : et pour peu qu'il y ail de mauvais temps, le canon et
le charrois n'en ap[)rocheront q'.'.'av^'c des peines infinies.
SS? MOO'.RK DE VAUB,\.N
IMPORTANCE DE CnERBOURG.
Elle a été de tout temps très considérable pour ceux qui cn^
ont été les maîtres ; mais infiniment plus présentement que par
le passé, et je puis dire n'en pas cdnnoîlre une dans le royau-
me qui le soit tant eu égard aux malheurs qu'elle pourroit faire
par la piraterie à nos ennemis les plus naturels, si son port était
un peu accommodé , et à l'empécliement qu'elle peut donner à
leurs dessciiîs; car il fout convenir que de tous les endroits du
royaume où ces mêmes ennemis peuvent faire une descent<'. ,
aucun ne leur convient mieux que cette presqu'isle où nous
avons fait remarquer qu'il y en a jusqu'à cinq toutes assurées
pourvu que l'on s'y prenne à marée basse.
D'ailleurs, les meilleurs de leurs ports et de leurs rades sont
si bien situés pour de telles expéditions , qu'ils semblent faits
exprès, vu qu'en moins de buit heures de temps ils peuvent
être de ces porlsà nos càU'.s qu'ils pourroient surprendre, étant
impossible de savoir ce qui se passe chez eux pendant la guerre,
quand ils voudront bien se donner quelques soins pour cela :
joint que , s'ils avoient mis une fois le pied à terre et occupé la
presqu'isle , ce qui peut se faire du soir au malin , il n'y a
point de pays au monde où il soit plus aisé de se maintenir ,
parce qu'il n'est point nécessaire de cavalerie, le pays y étant
moins propre de beaucoup que dans les chàtellenies de Bcrgues
et Fumes. Il n'en est point besoin non plus pour faire le siège
de Cherbourg , puisque les bois n'en sont qu'à un quart de
lieue , et tous les abords aux lignes tellement barrés de forêts ,
çl coupés de fossés et de haies si épaisses, qu'on pont dire que
MEMO'. HE hZ VAUBAÎ<. 23 ■-
chactsnc d'elles vaut un bon rclranchomenl , et d'ailleurs si
fréquentes, qu'à peine un bataillon pourroit y faire un quart de
conversion dans les héritages qui y sont enfermés ; et comme
cela se continue dans toute l'étendue de la presqu'isle, et que
de plus son isthme est traversé de je ne sais combien de rivières
et de marais qui ne se passent qu'en certains endroits, et par
de longs défilés; il est sûr qu'Euic armée ennemie forte en in-
fanterie < campée sur ledit isthme, empécheroit facilement Vcn-
trée de la presqu'isle, à toute autre, et trouveroit abondamment
de quoi subsister devant et derrière pendant fort longtemps.
Pour quoi il y a une chose à considérer, qui est que tout le
Cotentin , et partie de l'évèché de Baycux, sont tous coupés de
haies et de fossés comme la presqu'isle dont nous venons de
parler. On ne peut pas douter que l'Angleterre ne puisse faci-
lement mettre 20, 50 ù AO mille hommes pied à terre, et da-
vantage quand elle sera maîtresse de la mer , ce qui apparem-
ment sera toutes fois et quand nous aurons guerre avec elle ,
n'étant pas croyable qu'elle s'engage jamais seule à rompre avec
nous. Cela supposé comme une chose dont le bon sens ne per-
met pas de douter , et les forces de cet Etat n'élaut pas diver-
ties par les grandes armées de terre, ni par une grande quan-
tité de places-ù garder comme les nôtres, il lui sera très aisé,
non seulement de faire passer tout le monde qu'elle voudra ,
mais encore toutes les munitions de guerre et de bouche dont
elle pourra avoir besoin : à quoi l'on peut ajouter que pour
faire un siège comme celui de Cherbourg , elle ne manquera
pas de monde ni de canon , ni de bombes , ni de mortiers , ni
de rien de ce qui pourroit être nécessaire.
De toutes ces choses nous pouvons tirer plusieurs consé-
quences , dont la première est que s'ils mettent pied ù terre, i!
leur sera très aisé de faire le siège de Cherbourg ; — la deuxième
est que s'ils le font avec !a conduite et la précaution requises,
24 Mr.Moinr-; m: vadijan.
il sera presque impossible de le soeoiiiir; — la Uoisièmc, qu'il
leur sera aisé de subsister dtuis la presqu'isîe , noJamnionJ, s'ils
vienucut à s'euiparer de Carentan; — la quaUicmc, que l'éloi-
gnement de nos armées leur donnera toujours le lemps de faire
tout ee qu'ils voudront, puisque s'il faut (pi'elles viennent d'Al-
lemagne on de Flandre, elles auront des 120 , 150 lieues de
mai'che à faire, pendant quoi il se passera des mois entiers
qui leur donneront le temps de prendre tous les établissements
qui leur conviendront; — la cin(|uième, que par i'oeeupation de
eetlc presqu'isîe, l'ennemi peut s'ouvrir une porledans le cœur
du royaume, d'autant pUis facile, que n'ayant ni place, ni pays
assez coupés, ni difiiciles pour lui empêcher le chemin , il s'en-
suivra que le succès d'une entreprise de celle nature un peu
bien menée peut causer l'abandon de noti-e frontière , nous at-
tirer la guei-re tout d'un coup dans U; niiiicu du i-oyaume , et
causer dos révolutions très dangereuses dans i'Elal,eu même
égard au mécontenlement des nouveaux convertis qui n'est pas
prêt de finir ; joint que cela pourroit donner lieu aux Anglois
de réveiller leurs vieilles prétenlions sur la Normandie et sur
les autres pays de leur ancienne domination , et tout cela sans
qu'il y eut moyen d'empêcher leurs progrès que par l'appari-
tion de ce qu'il y auroit de forces plus considérables dans le
royaume; ce qui ne pouri-oit se faii'e qu'aux dépens de la fron-
tière qui, de celle façon , se rrouveroit abandonnée et réduite
à une très faible défensive. A quoi il faut ajouter que d'avoir à
soutenir la guerre chez soi dans un pays tout ouvert, où il n'y
a pas une ville fermée, pendant que l'ennemi de terre alta-
queroit nos places et perceroit la frontière avec de puissantes
armées, seroit bien à mon avis la plus mauvaise conjoncture
où le l'oyaume pût se trouver.
Je laisse à juger des autres conséquences qu'on peut inférer
de là. Pqur moi je n'en aperçois que de terribles , et si fàcheu-
MEMOIRE DE VAUBAN'. 2o
ses qu'il YniuIroR cent fois miciix que les Anglois eussent fait
descente à Calais ou à Boulogne que dans la presqu'isie de Cher-
bourg , parce que là du moins , ce sont pays ouverts où l'on
l)Ourroit se servir de cavalerie , qui sont d'ailleurs fortifiés de
bonnes places et près de nos armées. Mais ici il n'y a rieu de
tout cela- Au reste, il ne faut pas se récrier sur les exemples de
tout ce qui s'est fait par le passé; et dire puisqu'ils ne l'ont,
pas fait autrefois, ds ne l'ont pas cru bien praticable. Pour se
convaincre là-dessus , il n'y a qu'à se souvenir qu'ils ont eu
Calais 210 ans entre leurs mains, et la Normandie , la Guyen-
ne et le Poitou un fort long temps pendant que tous les pays
de descente ('(aient pour eux ; aujourd'hui qu'ils n'ont plus ni
les uns, ni les autres, ce n'est pas la même chose, et poui-
peu que l'on ait les yeux ouverts, il est aisé de voir qu'auciui
pays ne leur convient préscnlomenl que celui-ci , et ce d'au-
tant plus que Cherbourg, et même Carenlan leur donneroit
lieu d'assurer tous leurs derrières, et d'y (Hablir d'excel-
lentes places d'armes, jusqu'à ce que d'autres progrès leur
eussent donné moyen de se procurer ds plus grands établisse-
ments; enfin la chose parle ici tellement d'elle-même qu'il ne
taui qu'avoir un peu de sens commun pour demeurer convaincu
de ces possibilités.
Tout ce que dessus une fois bien examiné, il n'est pas diffi-
cile de conclure que Cherbourg est une place de la dernière
conséquence, mais qui ne pouvant être secourue que par une
espèce de miracle , il faut la mettre en état de pouvoir tout
attendre de sa constance , et de celle de quelques petits camps
volants que l'on pourra mettre le long des côtes. C'est pour-
quoi mon avis est de la fortifier tout du mieux que l'on pourra ;
d'y mettre quantité de souterrains voûtés, et de magasins à
preuve de bombe?, non seulement en vue d'y mettre une grand(î
quanlitc' de munitions de guerre, mais même de blé cl de mou-
2G MKMiiiiui m; valuan.
lins , cai' il fjul compter que les balleries des hauteurs ne lais-
seront pas une toise de couverture en étal si une fois elle est
assiégée, que les bombes y seront grosses, et leur chute fré-
quente comme la grêle, car c'est ce que les Anglois entendent
le mieux, et même ils en tii'cnt de si grosses, que (!u temps de
Ci'onnvell, assiégeant le château de Garnescy sui' les royalistes,
une seule de leurs bombes étant tûmb;'!e dans un bastion près
de la pointe, jeta les deux faces pai' terre, et y fit une si grande
brèche, qu'elle obligea la garnison de se rendre.
De répondi-e à tout ceci par dire que puisque Cherbourg est
si difficile à secourir, il vaudroit mieux le raser tout à fait que
de le fortifier, ce ne seroit point parler juste, car quand cette-
place ne feroit autre chose que d'amuser l'ennemi un mois ou
cinq semaines, ce seroit toujours rendre un service très consi-
dérable à l'Etat, puisque sa résistance donneroit le temps à nos
armées de s'approcher, à la noblesse et à la milice du pays de
s'assembler, et de prendre quelqu(^s postes pour l'empêcher de
passer outre; joint que le rasemeui de cette place ne fiiroit que
faciliter encore plus les descentes , ù meitre l'ennemi en état
de s'emparer beaucoup plus aisément de la presqu'isle, de se
porter daiis les premiers jours sur l'isthme, et s'emparer de
Carentan , poste très considérable et aisé à fortifier , ensuite de
quoi il pourroit rétablir Cherbourg à son aise , et en faire sa
place d'armes : joint encore que sans une telle retraite, on ne
s'opposera jamais que très nullement aux descentes ; au lieu que
s'il y a une bonne place, cet asile fera que l'on s'y présentera plus
hardiment, d'ailleurs 4,000 hommes de guerre dans celte place et
dans le temps qu'il y aura lieu de craindre, quelques dragons ;
Carentan un peu accommodé , et une petite garnison dans le
château de Valognes ; tout cela, aidé des milices du pays et des
retranchements et redoutes qu'on pourroil faire à loisir vis-à-vis
des descentes, changera entièrement la face du pays : et il y
MÉMOIRE DK VAUOAN. 27"
a bien de l'apparence que s'il rloit en cet état, l'ennemi ne s'y
joneroit pas, ou que s'il le faisoit, il en lireroil peu d'avantage,
quand même il meltroit pied à terre, parce que si l'on avoit la
précaution de faire retirer tout ce qu'il y a de meilleur dans
le dedans du pays, avec les bestiaux , n'y trouvant pas de quoi
subsister, et les mauvais temps pouvant contraindre les navires
à s'éloigner, il seroit obligé de se rembarquer assez vite, ou de
s'exposer à mourir de faim, ou du moins à manquer de toutes
choses, el ce n'est pas ce qu'il faut aux Anglois.
INSTRUCTION GÉNÉRALE
DES RÉFECTIONS ET NOUVEAUX OUVRAGES PROPOSÉS
POUR LA FORTIFICATION DE CHERBOURG (').
ESTIMATION.
Le Donjon. — C'est une vieille forteresse
qui paroît avoir été bâtie du temps des Ro-
mains, et qui a été depuis accrue et augmen-
tée à différents temps. Sa structure élevée est
d'assez grande solidité, sa situation sur le
lîàvre dans l'endroit de la place le moins ex-
posé aux attaques, et le plus reculé du com-
mandement , joint au bon étal de ses gros
(*) Nous avons cru devoir conserver intégralement tous les détails qui,
suivent, d'.ibord par respect pour la mémoire de Vauban, et en second
lieu pour servir do comparaison à des détails analogues dans nos con-
structions acliicllcs.
28 MÉMOinr. uk valiîan.
,imirs, et do ceux de partie de ses logements,
cl à la quantité d'endroits voûtés qu'il y a en-
core, et de couverts qui se peuvent rétablir,
me font cioire qu'il mcrilo d'être raccom-
modé ; parce qu'il peut servir de réduit ou
citadelle très assurée à tout le reste qui ne
l^eut être attaqué que la dernière de toutes ,
cl qu'on y peut faire une ijifinité de couverts
et logements à très bon marché , eu égard
à ce qui reste sur pied , où les poudres et
toutes sortes de munitions seront incompa-
rablement plus en sûreté qu'ailleurs, outre
qu'on y pourroit loger le Gouverneui*, le Lieu-
tenant de Roy de la place; y placer, si l'on
veut , les moulins et boulangeries, même les
boissons : en un mot, la plus grande partie
de lout ce qui peut être nécesf aire à la défense
de la place et au soutien d'un long siège. C'esl-
pouiquoi mon avis est de le lebàtir à très peu
de choses près comme il étoif, tant en ce qui
regarde la rorlilicalion que ses bàlimenls; et
pour cet effet commencer par :
Abattre et défaire tous les lierres qui en-
veloppent le corps du Donjon : les ùter en-
tièrement , rechercher tous les défauts des
murs et de la fondation, la reprendre par
1 dessous où il en sera besoin, la rempiéler d'un
5 .o?sï t'oilr "^^ ""sV pied et demi depuis hors d'œuvre, élevant
ledit rompiètement deux pieds au dessus des
plus grandes marées , et le rejoignant après
Rempiètïmcni, '10(1 loisps
qtiarn-csa 12'. '2880'. au corps du vioux mur et chanti'eui , et en
liaison , observant de faire le parenie;il du-
MÉMOIRE DE VAUBAN. 29
dii i-empièlcQîent , do picM're du Woiûa choi-
sie et épincce, ayaiu du joint et de la queue,
bien assise sur son lit , et en mortiei" com-
]>osc d'un tiers de bonne chaux éteinte d'un
jour sur deux liers de sable, du meil-
leur qui soit en usage dans le pays, l'un et
l'autre éteint et détrempé d'eau douce ; il ne
sera même que très à propos de mettre le
sable en monceaux trois ou quatre mois
avant que de l'employer , afin qu'il ait le
temps de se dessaler : le surplus dudit pare-
ment pourra éire de moellon ardoisin par
assises de hazai'd, l'açonné avec soin, et élevé
jusqu'au chanfrein qu'il faudra encore faire
de pierres du Roule choisies, et proprement
piquées sur les faces, les lits et les joints, et
le tout proprement repris en liaison sous les
parements du vieux mur.
2 Refaire tous les trous et ébrèchements
30ot£".;iar:iesT;^ se trouveront dans les murs de clô-
''"""" ""'*'''• ture , tant des tours quarrées et rondes,
qu<i des courtines entre deux , et ne lais-
ser d'ouvertures en dehors qu'à celles qui
seront nécessaires aux défenses ; fouiller
tous les vieux joints , les remplir , et fouet-
ter de bon mortier depuis le haut jusqu'en
bas.
5 Nétoyer son fossé jusqu'à ce qu'on puisse
Décoicbres (les fossi's pour /• , ••ii' i i '
rapprofondiiMieUpicds^292 i^^' (^ cntrcr SIX pieds d eau dans les marces
tuiscs à 1' 10'. 1314'. 1 , . -1
de morte-eau ; en transporter les vases et
terres qui en proviendront dans les endroits
de la fausse-braye du Château , qui en man-
'SO Ml-.MOiUE Dl' VAUlt.VN.
queront , pour là y tUie arrangées el fairo
pai'lie de son rempart.
■i llevêlir aptes ledit fossé d'un mur t.\û ina-
2u^^«^;u"i^ïï ^Ti: Çonnei-ie de pied el demi d'éi)ais , appuyé
'" '"'** -*'^^'- conlre le bord, auquel on donnera un pied
de talus sur trois de hauteur ; le corps de ce
revêtement sera composé de pierres ardoi-
sincs; et le parement, depuis le fond jus-
qu'au dessus des plus hautes marées , de
pierres tirées de la montagne du Roule, bien-
assimilées , de bonne qualité , posées par as-
sises de hazard , eu mortier bien condi-
tionné , comme ci-devant article premier.
5 Faire le surplus du paremeat de moellon
Compris ci-uessus. ardoisiu qui se trouve ici eh abondance , et
l'élever de celte façon jusqu'au sommet qui
sera arrasé par une assise posée de camp ,
de 12 ou 15 pouces d'épais, mis proprement
en œuvre , avec les joints fichés de petits
éclats de la même pierre, et bien recisés.
6 Faire la même chose par le dedans que
. Le ragréenieni du devant, par le dchors ; et au cas qu'il y ait une des
ÎOOioisesUlOI. 84001.*^ ^ "' , , r- •
leurs quarrées qui paroissent avoir été faite
en adossement qui ne valût rien , et dont les
fondements soient mal assurés , achever de
l'abattre, et si l'on voit qu'elle ait servi au
soutien des vieux murs, substituer un con-
trefoi't à sa place , de 1 2 à 1 o pieds de large
sur 8 à 10 d'épaisseur, élevé autant qu'il
sera nécessaire au soutien des courtines ; en-
suite de quoi le finir doucement en chan-
frein, couvrant son glacis de pierres de taille
MEMOIRE DE VAUUAN. ot
pérées à joints recouverts pour onipèclier
que la pénétration des eaux n'en gâtent la
maçonnerie.
~ A l'égard des icuis rondes , en restituer
imir^!'''""" 73C5T1Ô"'' ^^^^ ^^^ étages voûtés en leur entier , cou-
vrir le dessus des voûtes , notamment ceux
du sommet qu'il faudra découvrir jusqu'au
net de la maçonnerie ; et après l'avoir bien
nétoyé et ensuite arrasé , les maçonner , et
couvrir de carreaux proprement posés en
ciment avec un enduit de 2 pouces d'épais
au dessus, fait à plusieurs reprises , et bien
adouci avec le dos de la truelle, y observant
une pente de 5 à 4 pouces de centre à la
circonférence , et une petite conduite tout
autoui- avec des gargouilles pour porter les
eaux en dehors. Et après que cet enduit
sera bien sec, le couvrii- d'un pied et den)i
de terre bien battue ; ensuite de quoi pour
la plate-forme , de la pierre de taille bien
jointoyée , et proprement mise en œuvre
pour servir de lit au canon.
8 Achever de défaire les petits parapets au-
dessus des mâchicoulis; et les rebâtir après
avec toute la saillie qu'ils ont présentement :
les épaisseurs de 3 pieds et demi ù 4 pieds
pris en dedans , et sur l'épaisseur des gros
murs sur la hauteur de 6 pieds. Les faire
entièrement de pierre ardoisine la plus douce
et bien mise en œuvre, réservant de terminer
tous les sommets, les parements et les fonds
des embrasures par des assises posées de
o:J mkmuire le vauuan.
canij) cl lie bas, de la même iiicrre bien
choisie, cl piquée sur tous les points avec
(l'cxceilent moiiicr, cl le louitellcmeiU sou-
mis à ses pciUes et aligncnicnîs, que l'on y
voie l'ien ijui choque la vue.
0 A chacune des loui's, peicer trois embra-
sures rampantes dans l'épaisseur du parapet
de leur sommet ; les deux pour flanquer le
(loiijon, et l'autre pour voii- à la campagne,
cl leur donner toute la plongée et l'embràse-
meni nécessaire afin qu'elle puisse découvrir
jusqu'au pied des tours plus prochaines,
(s'entend des rondes) et voir le fossé dans
toute sa largeur, observant d'élever la sous-
gorge de ses embrasures de 2 pieds 8 pou-
ces au dessus de la plate-forme sur \o à IG
pouces de plat , et le surplus en rampe pen-
chante de quelques 2 pieds et demi vers le
dehors sur le reste de l'épaisseur; la grande
ouverture de rembr^isure aura 5 pieds , la
plus étroite un pied et demi et le petit em-
brasement 2 pieds, un jieu plus, un peu
moins , selon (pie les découvertes y nécessi-
teront.
10 Uacommoder les portes, cheminées, cl
Ragrécmenis des ciiemi- pavés dcs chambrcs ôo toutcs Ics tours ; cn-
nées , enduit îles rlium- '
bies et biaiKi.issat.'c ti.s (Juife Ic dcdaus , Cl accommodcr leurs jours
et crevasses dont 2 de défense pour servir
de flanc, el 2 pour voir en deîiors , obser-
vant premièrement demi-partie des embià-
sements, c'est-à-dire de les faire partie en
dedans, cl paUie en dehors , à cause que la
MEMOmi', r)E VACP.AN. .->.->
longueur désarmes donl on se sert n'est pas
assez grande pour pouvoir traverser toute
l'épaisseur des murs ; leur donner 6 à 8
pouces d'ouverture dans leur plus étroit,
sur 2 pieds i/^ de haut, i pied à 1 pied 1/2
d'embrasement par devant, et deux fois
autant par dedans, avec des cpaulenients (1)
en rebords (2) comme les figures-cy à costc,
n'oubliant pas de leur donner beaucoup de
plongée, en sorte que de là on puisse aisé-
ment voir le pied des pièces qu'on doit dé-
fendre.
11 Et parce que les chambres pourront servir
Portes, fenêtres , vitres ^^ prisoHS, de logeuicnts OU de magasins, les
Wrraiiles , ia;Ti'>^emoiits du ' ' « o '
pied des bâtiments et poni- gn^uire Cl blauchir par dedans, et recarreler
de moellon ardoisin proprement taillé , et
après posé de camp, en bain de mortier
composé comme cy-devant ; plus , faire de
nouveaux contreforts à leurs cheminées , et
raccommoder les tuyaux, et mettre des vitres
et châssis aux créneaux qui leur doivent ser-
vir de croisées.
*2 Raccommoder les montées de ces tours,
et refaire les noyaux, et remettre de nou-
velles marches à la place de celles qui sont
usées ; plus les bien couvrir , et nétoyer les
décombres de leurs communications , rédui-
sant toutes les couvertures du dehors, et
celles des créneaux précédents, art. 10, du
moins à hauteur du 1*' et 2'' étage.
1^ Nétoyer après cela tous les décombres
Décombres, 500 tiises ru- . i- ^ i i i i •
les a 1' ci.aquc, '2000'. qui remplisscnt les places de ce donjon;
5-i MKMOIRK DE VAUBAN.
reconnaître louios les espèces de maçonne-
rie dont il est composé ; supprimer les bâli-
menls absolument inutiles, et corriger ceux
qui ont des ligures bizarres; les réduire en
quarré tant qu'on pourra, et après en avoir
reclifié les figures par de bons desseins, com-
mencer après le rétablissement des caves; et
au cas qu'il ne s'en trouvât point de voûtées
sous tous ces grands tas de décombres qui
paroissent là, en faire sous tous les bâtiments
qui le pourront souffrir sans en offenser les
murs ni la fondation, rien n'étant plus néces-
saii'e que des caves et des voûtes en ce
lieu.
14 Faire Icsdiies voûtes de moellon ardoisin,
rui.niosvoûTes dMdciix choisî, piqué, et bien esmillé, posé en bon
ginnils corps <!p logis. 112 'il» » i
toises .le maçonniiicuir)'. niorlier avec beaucoup de soin, élevé de
la 10130, 5040'. * '
pied i/2 au-dessus des plus hautes marées,
et de fah'G à toutes de petits écoulements au-
dessous afin que les eaux n'y demeurent
point ; du surplus bien bander les voûtes sur
leurs cintres, et bien ficher les joints, et voû-
ter sur toute l'épaisseur, ce qui sera exacte-
ment observé ù toutes les voûtes qui se
feront dans cette place, lesquelles n'auront
jamais moins de 3 pieds d'épais.
Cela fait, réparer ce qui se trouvera man-
quer aux grands escaliers, et à toutes les
portes et fenêtres; refaire les cheminées
rompues suivant la destination des lieux, et
raccommoder généralement toutes les défec-
tuosités des murs d'entrefond : ensuite de
43
Solives,
ur.h
3' 10'.
,3962'.
Ferronn
crie VI
serrurerie,
OTAL ,
5900
T
83C2'.
MEMOIRE DE VALBAN. 05
quoi refaire de nouveaux planchei's à toutes
les pièces qui le mériteront , et des voûtes
partout. Et parce qu'il y a des endroits où il
est resté de belles voûtes, les raccommoder
et réparer entièrement , en sorte qu'il ne
reste rien dans le donjon qui ne soit en état
de servir à l'usage auquel il est destiné.
Surtout être soigneux de bien choisir les
bois propres à la ciiarpcntei-ie , les prendre
forts et bicîi conditionnés, qu'ils ne soient
ni piqués ni rouUés, ni sur le retour. Et
ceux de la menuiserie comme portes et fenê-
tres, bien secs et de bon emploi , et le tout
bien garni de ses pcnlures et verrous , eu
sorte que toutes les fermetures soient sûres
et bien faites.
16 Observer la même exactitude à l'égard des
couve,.u,es330toiscsqnar- couvertui'es ou'il faudra toutes faire d'ardoise
rees ;i 11' la luise, oOUO . '
de la meilleure qui s'eniploye dans le pays ,
laquelle il faudra toute choisir , et observer
qu'elle n'ait que le moins de pureau que faire
se pourra , et la chauller.
17 Curer le puits et rétablir les fours et la
toue*^'' ^'^ '"''"^.?^]J^ boulangerie; item la place pour les moulins,
et généralement tout ce qui pourra servir
pour ce bàlimeiii, plus parer la cour cl les
issues de la place, à laquelle il faudia l'aire
de nouvelles portes , et un ponl-levis avec
barrière au bout, un corps-de-gardc et une
guérite. S'il y a lieu de faire une planchette
sur le derrière pour communiquer de là à la
fausse-brave du château, il le faudi^a faire, et
5G MKMOII'.li l)i: V.U'IîAN.
la coiidamner après, jusqu'à ce que le besoin
de s'en servir oblige à l'ouvrir.
18 Finaloinent rétablir les deux communica-
iViiis i...pRMis, 11)00'. ,jy,jj, .,„ (.Râteau, et y faire des planciielles,
cl doubles portes.
l'J Le Ch.\teau. — Visiter el rechercher le bas
'.aoTrises'rr"''/'' S'.' ^^^^ tours et courtines, comme il a été pro-
posé pour le donjon : les j'éparer, et empié-
ter ce qui en aura besoin : ragréei' et murer
20 tous les trous et ouvertures qui pouri'oient
uéfeciion dune loiir, 2 1 nuirc aux dcfcnscs et à la sûreté, et rétablir
1/2 cubes, a 100' pour 40'
chaque toise. ges parapcts , chemins de ronde , et eardes-
Ccndauinei- les fenètrages
'"'"'* Tous en leur entier.
Plus raccommoder les tours, comme celle
du donjon, v.\ surtout en ùler tous les i'ené-
irages qui ont des vues en dehors, et toutes
les autres menues commodités qui peuvent
"' les afToiblir. Epaissir autant que faire se
A raccoinnioder les che- ,
minées, 3 toises de maçon- pouri'a Icurs parapets, et y percer des em-
neneàlO', ci 120' .'. ' , ....
Le paiapet , 7 1. biasurcs ct crcneaux, y rétablissant du sur-
audit prix, 280 1 , « A 11 1 ^
uaocommoderies plus toutcs Ics voulcs , planchei's , platcs-
escaliers , portes , o ■ • •
fenêtres , clôtures, iormcs , monlccs , communications, corps-
serrurerie , plan- , , , . , • ■ • . ^
chers, le tout esti- dc-gardc , Cl chcminees qui y eUuenl autre-
nié à 400 » „ . , . . . 1 •
La plate-forme. fois , avcc Icurs joui's nccossaires ; bien
4 toises (luarrées , i i . » '
de pierres de taille, entcudu quc ccux du dchoi's seront perces
à 18' la toise, '!2 » , , i i i » j
Le carreiase ou cu crcncaux : Ct commc dans la plus part de
pavé des vuùlos, 2 . .i , i > . i i i .
toises quarrtes, u CCS tours il n v a dc voulc que dans le haut.
Sable' .sur ladite " ' cu faii'c uiic daiis Ic bas à prcuvc dc Ui bombc,
viille , 1 toite 1/4 , , ,. , .
à 4'. 5 . les murs elani assez lorts pour la porter,
Les poulrcsetcis- i -r > . • i i i .
Us dv; pi ,».her; 1 1 terrassant de o a i pieds au* dessus ; les tours
MEMOIRE DE VAUGAN. Cfi
»oiives2/3ii3'io'. 40 ic en seront plus solides, et on aura autant de
Kiiduit et blaii- ' '
ciiissQjçedesmuis, 35 . petits uiai^asins à poudre très sûrs qui pour-
lotal pour une i o i i i
tour, 'J^^,^''?/ ront servir dans le temps de nécessité.
tt pour les 7 toui'i du (.ha- '
teau ensemble, 1083'. Rempiétcr Ics courtincs qui en auront
besoin ; reboucher tous les trous de boulets
qui sont dans leurs murs, refaire leurs ébré-
chemenls , et rétablir leurs parapets , après
avoir rasé et mis de niveau tout ce qui se
trouve endommagé des vieux; observant de
terminer leurs sommets par un couronne-
ment de pierre ardoisine de pied et demi
d'épais, choisie, et proprement posée de
camp, en mortier composé comme ci-devant,
article premier. Et si quand on bâtira les
casernes en adossement conli-e le mur. on
vouioit faire servir une partie de leurs gre-
niers de chemin de ronde, comme il est
:ut"r^^::L;!^:S5 '«^ parapets des courtines de l'épaisseur des
to^=esMiuairéebùi-2>eha_q.n^^ moyennant quoi ils auront presque
partout G pieds et i/^ d'épais de bonne ma-
çonnerie; ce qui seroit capable de doimer
longtemps de la résistance au canon en-
nemi.
25 Nétoyer le fossé et l'approfondir jusqu'à y
Fossé à nétoyer, 2120 toi- pouvoir mettre G à 7 pieds d'eau, de vive-
ses uul.es Ui'lO". 9510'. ' ^ '
Uevetement du.iit fo.-^^é, eau, ct Ic rcvétir des deux bords, l'extérieur
"95 toises quarrées a 12'
ïi, 9oW'. en adosscment contre le talus , préparé de
terre comme au donjon, en rempiétement de
pied et demi à deux pieds d'i'pais le revête-
ment, tant des tours que des courtines.
22
Ecorclemeiit et rétablisse-
8 MÉMOinF, DE VALBAN.
2i Les Traverses (7, 8, 16) —.Abaisser une par-
au'lr'rrr; 'i ' il;i''.i: ^'^ J" revêlemcm de la ville qui joint la traverse
l^rt'ïr:::^':::^':':; du clmteau au coslé de la mer, et le réduire à
escaliers . 100' jjj hautcui' coiiimuiie du revêtement qui vient
du co&lé de l'église : rompre son grand esca-
lier , et détacher ladite traverse du rempart
de la ville, en sorte qu'elle n'y tienne que par
le vieux revêtement dont le sommet sera taillé
25 en demi-cape de bâtardeau. Rabaisser ensuite
''L'l!i'vatu.M'*de son llï l'evétemont ù toucher ses défenses du costé
ï:^:2^daf.sséjî: de la ville , lui faisant un petit flanc le long
to^l4u"l"sT'i?^ du bord du fossé du donjon, pour défendi-c
eiLiT**"'"" "^^ ""'ÎK lîi Pa«'l'« qui J^'t f^tîe à la ville : le tout sui-
vant le figuré au plan (7).
On pouira redoubler d'une autre traverse
derrière la précédente, et joignant la grosse
tour à la fausse-braye (16) qui ne laissera pas
de bien défendre la tour du coin, l'une des
26 plus exposées, bien qu'elle n'ait pas à beau-
de^dTanf la pol" ^"1"," coup prcs la mcmc découverte que la prccé-
Pour démonter la poit» UCllie.
birfnu au T:::^.e^ KAscr le portail retourné de Tavant-porle
'Là;:t',rettLi!Z'e du château qui est trop avancé, et les bâti-
''pJtumu;a?dè;susdeT:meuts qul sout au-dessus de la porte delà
SsâT5r'^'''""''420': ville qui y font trop de masse, et bâtir une
qSsTÎ5'"'""''llo'.: nouvelle traverse en (8) qui porte les défenses
^Le^...re-plein,6ôloises_a;. ^^^ ^^^^^ ^^ j.^ ^jjj^ ^^^ fUYCUr dU CllâteaU ; Ob-
2ft:T"n"sl'ir servant de faire un fossé au devant, une porte
,ïr"'''"""'""''So!:cochère,et uîi pont-levis. On pourra taire
Uevèlenifnt du lOtî' du pio- ... • „. j , i'.,.,«.,.v ..^.i.'. .1/.
m , lo loiscs .juaims ;. scrvir la traverse qui est de 1 autre cosle de
''total :jîio': la sortie du château au même usage que la (7).
MÉMOIHE DE VAUIÎA^f. 39
Portes du Château. — Renouveler ses
portes , pcnlurcs , ferrures et verrous , y
27 mellrc une herse , coulisse ou des orgues ;
Pour renouveler les poNos. défaire la masse de son pont dormant et la
Lf^writrrot ia"Jilé- l'cbûlir sur chevalet de charpenlcrie, l'abord
'd*' aa I 1, ^o J"**^ • du dehors un peu évase de part et d'autre ,
Pour domoljr la masse qui ' ' '
pstârùté du pont le pont p^yp faciliter l'cntrée des charrois et ôter le
dormant Pl le curps-ue-parde, *
pour le tout, "***' corps-dc-gardc du bout du pont, y mettre
une barrière et une guérite pour la senti-
nelle.
28 Ravelin de la Porte de Secours. — Lui
j.eparnpot.20toises^g, f.jj^g Jpg parapcts (cls Qu'îl Ics avoït aupa-
^u garde-fou , 10 t. qua^i-. j-^yant ; Ics courouncr par des assises réglées,
i^tLr^Z^éepuri'plÀ posées de camp, faisant pente bien unie,
^6 S'iîa 'quarrées** de d'uH pîcd sur six, avcc un petit corridor sur
Tôt; téli^r Tes'pîm?ê; le derrière, porté sur les vieux encorbelle-
tr Kf'dehôrs'Tt 'aiandir Hicnts ; cmbrâscr un peu plus les créneaux
les ^endroit. nécessaU Je ^j^ jjjj,.j ^^ d'aulrc, v mcttrc dcs portcs et
zr8°,rdet":£ii'rur"pr;'l refaire les ponts devant et derrière cette
la porte du ci.à.ean. iw. ^^^^^^^ ^^^^^ ,^ ^^^,1^ ^j^. sccours qu'il y ait au
château, et qui peut donner accès à la terre
et à la mer.
29 Fausse-Bra\e (8, G, 4 G). — Depuis la tra-
.ine!'r.ir2/"3\tortw: vcrsc (7) costé de la mer jusqu'à la grosse
,tot""'""'"''*'ito" tour (17), élever ics gros murs de la cour-
iSrXs'llIt^rSl^'line jusqu'à la hauteur de la platc-formc de
:jo..* '''"'"'• '' ""îlo* latlite tour, et le parapet qu'il faudra percer
de créneaux à l'égal de celui de la même, et
iO WÉ.\i01P.Ii Itr, VAllîAN.
hausser en môme temps ]o lerj-c-plein qu'on
n conimeiiC('' , le derrièie duquel il faudra
soutenir d'un mur d'ardoises plaies, maçon-
nées à ehaux el à sable.
30 La Grosse Tour (17). — Supprimer la
ruS'ïûî'." ''''''"'''"' '2ioî: "moitié de ses embrasures; ouvrir de pied
r::^':if laï-a,l;ZÎ'"s Cl demi au plus élroit toutes celles qui res-
tu.scsh lo'. -270'. (f.,.o„t . pelrancher leurs loîls de plongée, el
refaire le parement du fond de moellon
ardoisin pose de bout et de camp.
Couronner le sommet de son parapet par
une assise de moellon ordinaire, choisi,
pos(> de bout et de camp ; el pour cet effet
le d(''faire jusqu'au pied de son bord exlc-
^i rieur afin de lui préparer une assiette plus
néfetliiin et ncrandisse- ,. , ^ i . • i. • t
ment deCembiàsuits, iuo'. solide , et lo terminer en pente d un pied
i porte à iiétoyer les dé- 111 < •
comines, 50'. vcrs 16 dchors sur toute son épaisseur.
Ouviii- la porte de sortie et r» i • « ^
h. rmuirer de 3 A 4 pieds. Haccommodcr ce qui peut manquer a sa
plate-forme , agrandir les embrasures d'en
bas, el les néloyer et faire une porte à ladite
voûte qui pourra au besoin servir de maga-
sin à mettre des bois à couvert; dégager la
^" sortie et la murer ensuite de 3 à A pieds
Mettre l'embrisurc en état ,, , . ,, ,
et aussi la remiirer;n(toyer d épais pour n cire plus ouvcrte quo daus
les déc-onibres , dégiger la . , , . ,
sortie et faire une batterie, ICS OCCaSlOUS preSSaUlCS d UU SlCgC.
Un rorps-de-garde anpii-s Fairc UU fossé dcvaut ladite tour et les
deux courtines de sa droite et de sa gauche,
de six toises de large sur la profondeur du
bas d'eau des marées de morte-eau , et le
revêtir comme ceux du donjon (Art. i).
elunecuérile , liOO'
MÉMOmE DE VAUBAN. 41
31 Depuis la grosse Touk ( 1 7) jusqu'à la Tour
Mn.«nm.rie . 58 toisot eu (6).— Elcvcr le cfros Hiur delà courline à hau-
ij'ard aux parements, iUoo'. > ' «->
Paiapei, 58 t;^i2'. 09o'. jg^. ^jgg platcs-formes de ces tours, et le pa-
ncvêtemeiJt clu lerre-plein, 1 ' 1
iw »oisesà;ii'. i'>>2'- rapet comme celui de la précédente; le terre-
Pai'tie du raui' a liemoiiler t 1 '
eMe refaire, 30 toi^M^,^ plciu dc mômc Qu'il faudi'a aussî soutcnir d'uii
Murer k porto de fer 15'. îevêtemeiit, ct uc pas oublier de percer tous
Une gtiwuc, 400'. ' i i-
les parapets de créneaux embrasés en de-
dans, et espacés de 10 pieds en 10 pieds , ob-
servant d'en tcruiiner toujours le sommet par
deux assises de moellon choisi, posé de bout
et de camp. Murer la porte de 1er qui sert à
présent de communication à la mer, quand
elle ne sera plus nécessaire aux ouvrages.
5^J La Tour Longue (6). — Réduire le nom-
Pwir faire deux enibrà- brc dc SCS cmbrâsures à cinq , dont deux
sure», 100'. 1 ' 1
Le parapet, 5 toises i pieds coutro Ic ttiontant dcs marccs , deux contre
û30'. 170'. , , , ,...,,
le descendant, et la cmquieme a la campagne,
observant toutes fois de les espacer le plus
également que faire se pourra , leur donner
toutes les façons nécessaires et faire la même
chose à son parapet ; lui faire une plate-
forme ; ragréer et refaire les joints de son
Le pavù delà plate-forme,
4toisesquarréesài5'.G0'. rcmpietement qui en a grand besoin , et les
La vûiUe de sa gorge, coin- . , , , .
pris les pieds droits à rem- ucher partoul do pctits cclats de pierre ar-
piéter, 5 toises à 30'. 150'. , . . . , ,
Le pavé ,;6 toises (juarrées doisine, qui cst plus ppopre a cela que les
aie. 60'. 1 11 ' 1
La porte, (owpris les fer- auti'es ; plus , raccommodcr 1 entrée de sa
rures, 30'. ^ , „ .
voûte, la netoyer et paver , y faire une porte,
ces lieux étant comme autant de bons sou-
terrains qu'il ne faut pas négliger.
Rompre le mur de sa gorge , qui rentre
42 mémoihe dk VAuau<.
37 irop en dedans, et élever le terre-plein du
f«çSÏZx'ra»,fè»'!8Ùi'- den-ière ù hauteur de ladite gorge, avec dos
vant le détail. 480'. ,..^„)pcs à droilc et à gauciu! pour y pouvoir
nioiiler plus iaciienieul le canon ; et inèine
couper son angle afin de lui donner plus de
capacité.
38 Depuis la Tour Longue (6) jusqu'au Pas-
^^Maçonnerie . 2G «ois^e^y TiON (1).— Refaire Ics joints et bien ragréer le
Rev6ieraent du tene-picin. pjed dc cclie courtluc ; kl rechcrcher et ré-
22 toises il 3o'. 0(iO'. ' '
Un escalier de pion-e ar- parcr Ics cudroits dc SOU revôtcnient où il y
doismc, i)0'. ' •'
a quelques défectuosités , et en hausser du
surplus ses gros murs, parapets et terre-plein,
à l'égal de ceux de la précédente , observant
toujours de ménager des montées d'espace
en espace.
5g Bastion (i ) . — Lever de trois pieds et demi
M;K:onneiie dn parapet, par dcvant ct uu par dciTière le gros mur de
des 2 flancs et des 2 f;iccs , „ , ~ i •. i » •. i
23 toises à 3o'. o;'5i. sa face a flanc droit , le terrasser ensuite de
La façon de 5 embrasures ,„, .•ii.'-i ^i. i-
150'. C a sept pieds d épais, haussant le terre-plein
Pour la plale-fornie d'une , i^ • y n ^ • j > j
embrasure , 18 solives de dc cc Bastion ix 6 autrcs pieds près du som-
charpenterie, faisant pour lo .ii-. .'i -i^ »i
erabiùsures i8o salives h 3' mct dudit parapet; elcvcr aussi la face et le
"lôooTi'vres pesant de cioMs flanc gauchc dc mOmo à pareille hauteur,
\-né'y"i'i"é1.'ia pointe' de observant de faire le parapet de ceux-ci de
son angle saillant, ioo'. ^ ^.^^^ ^,.^^,^.^ ^.^^^ terrossement, et de per-
cer trois embrasures bien revêtues dans cha-
cune des faces , et deux ù chaque flanc , ré-
glant bien à propos les décombres des unes
et des autres : plus refaire leui-s joints , et
bien ficher et ragréer le bas dc son revète-
nicnl, et bâtir une guérite sur la pointe ; la
MÉMOIRE DK VAUBAN. 43
même chose des deux tours précédentes dont
il faudra ôler les petites cahutes, et faire un
corps-de-garde auprès de la grande.
iO Depuis le Bastion (1) jusqu'à la première
Haçoniiciie , i3 toises 1 TRAVERSE (22). — Elcver le gros mur à régal
piej, à iiO'. 39o'. ' ^
Maçonnerie du parapet 12 jji rez -dc- chausséc dc \à courtinc : bien
loisesàiU'. 480'.
Revêtement du terre-plein, foueltcr Ics joints , Ics fichcr ct ragréer , et
30 loises 4 pieJs cubes à .1 ' o '
"0'- 920'. lui fyipe un parapet de maçonnerie de toute
l'épaisseur du mur, prolongeant et excavant
son terre-plein à proportion, et suivant
comme il sera expliqué en son lieu.
41 Depuis l'endroit où le vieux mur qui sert
pi^^l'ao'."' ' " '"toô-*. aujourd'hui de retranchement contre la cour-
u^^Zl'lu.fp"^^'' '' line neuve , jusqu'au Ravelin de la Porte :
"pSr, il'.'^^' celte partie qui sert présentement de fausse-
k:4Teme,,tdu terre-pïï; bravc SU Chàtcau, pouvaut aussi servir d'un
'Siur^lisserfa T.alïs'e exceUenl retranchement dans l'endroit de la
:l^\lT:m::\o^''ltv\^ce qui paroîtle plus exposé , à qui elle
'D:puis ladite Traverse ?«s: doii faire officc avaut quB de servir au Châ-
,Y^ue''TaçoYu:'rerrtol! leau; mou avis est que son revêtement soit
'Remuement de la FatÏÏl: élcvé à la hautcur dc cclui du Basliou dc la
rona\S/"*''"t6o-' droite, de lui faire un parapet de toute l'é-
paisseur que pourra porter ledit revêtement,
ct d'élever ensuite son terre-plein derrière,
autant qu'il sera besoin , et même de l'élar-
gir, sans avoir égard au petit mur qui le sou-
tient, étant beaucoup plus à propos d'en re-
faire un autre. Nous dirons le surplus au
chapitre de la ville.
44 MKMOIIIE DE VAUIJA.H.
42 Bâtiments du Château. — Otcr en premier
rou^/ei" jtij'i'il7'8'j?"'t''i8.'s ï'^" lo"S les décombres qui sont dans la cour,
c«besî«3'. 20'ji'. p^ ,.(''duire la place ù l'ancien niveau qu'elle
avoir , qui est celui des deux portes , à pré-
sent de 5 ou A pieds plus basses , et trans-
porter tout ce qui en proviendra à laTausse-
bi'aye et retranchement , pour exhausser et
former les remparts autant que besoin sera ;
cela fait, bien paver ce qui restera de vuide
pour la place, les cours et les rues, et obser-
ver de donner toutes les pentes nécessaires
à l'écoulement des eaux.
Faire en second lieu deux corps-de-garde
aux deux portes , de capacité à pouvoir con-
tenir 50 hommes chaque, non compris l'Offî-
cier, à qui on fera une petite chambre atte-
nant le corps-de-garde ; pour être tels que je
le dis, il faudra leur donner, savoir : ù celui
des soldats, 24 pieds de longueur sur 16 de
^ large dans œuvre , et celui de l'Oflicier, 12
Les rinq corps-de-gai'ile
pour les souiiusetpomi'oi- pieds dans œuvre sur d6 de long ; et seront
liiii'i' , 1800' la pièce, en-
semble : «000'. situés, savoir : celui de la porte de secours
du Château , dans le petit jardin reculé (10),
et celui de la grande porte du côté qui sert
présentement d'écurie au Gouverneur; en-
suite de quoi on fera encore un petit avancé
à chacune des portes pour y pouvoir tenir
une garde de 10 hommes avec un sergent;
savoir : celui de la porte de secours dans le
liavelin (5), et celui de la grande porte der-
rière la Traverse (10), à côté du Passage. Plus
un autre corps-de-garde de nuit sur le pas-
MÉiYIOlRE DE VAlIB.\iV. 43
sag-e de la grande porte, avec des coniniuni-
calions au chemin de ronde.
H Au même temps que l'on vuidera les terres
Poi-.r les huit corps de ca- superllues do la pUice , démolir tout ce qui
sei-iie, ayant iihacuii 8 toises
de long, h 000' la toise .^nu- reste de vieux bâtimenls adossés sur pied
vante, 38400'. '
dans le Château, dont la menuiserie et char-
penterie est toute pourrie, et les murs prêts
à tomber : en vuider les décombres eu môme
temps que les terres de ladite place, et faire
place nette , après quoi , bâtir huit corps de
casernes en adossement contre le gros mur
du Château, depuis la porte de secours jus-
qu'à la grande porte , chaque corps étant
composé de quatre chambres , deux basses
et deux hautes , de 18 pieds de long sur d6
de large dans œuvre, et \\ pieds de haut
sous poutres à l'étage du rez-de-chaussée ,
et 10 à celui de dessus, avec un escalier entre
deux ù double rampe de trois pieds de large
chacune : on feroit fort bien de les voûter
sur poutrelles et leur donner 4 pieds d/2 d'a-
vancement, lesquelles il faudroit canneler et
y faire des cheminées en intention de les
faire servir de logement dans les besoins
pressés, el de greniers quand on n'en auroit
que faire. Des portes et croisées comme aux
autres chambres.
45 Entre ces huit corps de caserne, ménager
i,.s deux estaiiis estimés dcux cscalicrs, pour pouvoir aller au rem-
li:i00' pifre, 600'. ' ' '
part, de 4 pieds 4/2 de large chacun. On en
pourra faire les marches de pierre aidoisine
bien choisie el de bon emploi.
l'our cet iirtiele, OOOO'
4G MÉMOIRK DE VAUBAN.
*<^' Du côt(^ OÙ sonl les logements occupés pré-
j.,'.t,ir::i>;i'*^""'^^^^^^^^^^ P^»- >« Gouverneur, y bâtir une
::!;;rl;:^;;:.';;:.^::a::nu: '"^lison pour lui où le Lieutenant de Uoy, si
I-ied ne i^euvcut servir. J-^,^ f^jj jjj gjg,^„ç ^.^^^ j^ Cj^tCQU, aVCC (ICS
caves voûtées au dessous et des greniers au
dessus; le milieu sera distribué suivant le
dessin qui en sera réglé, observant qu'il y
, faudra faire aussi des écuries, et tout ce qui
sera nécessaire à ces commodités.
^•7 On pourra aussi bâtir quelques logements
d'OfTiciers, attenant celui du Gouverneur, et
en accommoder quelques-uns dans les cham-
bres du milieu de la place.
48 A l'égard de la Chapelle, quoique la vieille
,ot^^:^l^L^oii extrêmement humide, malsaine et mal
en cet article, iooo'. touméc , OU uc laisscra pas de s'en bien ac-
commoder : il faudra seulement faire servir
le vestibule, qui est devant, d'une espèce de
halle pour mettre les soldats ;\ couvert en
monlanl la garde quand il fera mauvais temps,
bien déblayer les environs, reculej" son autel
et l'adosser contre le pignon ; réparer la cou-
verture, et le reblançhir quand les murs se-
ront plus secs.
La Ville. — Depuis la première Traverse
du Château (7), côté de la mer, jusqu'ù la
Tour de l'Eglise (13).
49 Raser le vieux parapet qui est trop bas cl
^^Maçouneiie , OC toUvs^à ,, jp^p ^-^^,^^ d'épaisscur , et le rétablir en lui
donnant 2 pieds 1/2 d'épais sur C de haut,
MÉMOmE DE VAUBAN. 47
le percer de créneaux de 10 pieds en 10
pieds, et de temps en temps y faire des re-
gards en observant de n'y employer que de
bon moellon ardoisin bien choisi.
KO Refaire le pavé du chemin des rondes , de
.l'^iltStu^nett gi-ès posé de camp et de bout , eu bain de
poser (le camp, *^^'^'- morticr, y observant les pentes nécessaires
à l'écoulement des eaux,
r "^^ .1... Faire devant cet ouvrage un fossé de 6
txcavalion , 4blO toises "
à 4' 10' font 16380'. toises de lariçe sur la profondeur de la basse
Ilevètement , /oO toises a o i
*cn X 1 B.^^i^*^"'- mer de morte-eau, en bien unir le fond et en
Sables h enlever, 000 toises '
^^'- '^''"*'- revêtir les bords.
52 Boucher l'embrasure du flanc bas derrière
Pour cet article, lô'. i • • ' i ^ ^ \) '
la maison du cure : la murer sur toute le-
paisseur du mur, et remplir de maçonnerie
la fente qui sépare ce flanc de la
53 La Tour de l'Eglise. — Déboucher ses
Pourfermeries embrasures YQ^^gg gj faire unc cntréc bicu dégafféc , à
nécessaires ; netoyer les voii- o o '
mantVcief '^'^' '""'"'IjQ'i' fermant à clef, ù murer les embrasures ou-
vertes de ladite voûte en dehors, si on recon-
noît qu'il y en ait quelqu'une qui puisse nuire
et n'y laisser d'ouvertures qu'autant qu'il en
faudra pour renouveler l'air renfermé.
Raser les vieux parapets de cette tour qui
ne sont que de mortier de terre , et lui en
^^ faire de nouveaux de pierre ardoisine bleue-
Maçonnerie des parapets , . , ,, . ,
4 toises 4 pieds h 30'. 290'. gHsatre et non d autre , et en termmer le
Maçonnerie du rempart , . • , ,
compris les contreforts , le sommcl par uuo assise dc camp et de bout,
passage des voiMes, 60 luises . . ,. . , p .. .
k3o'. 1800', bien conditionnée, et parlaitement soumise
Murs dc revtîoment à rele- , , . ,
ver,ii loisesàso' 330'. a SCS alignements, lo lout en mortier corn-
48 MÉMOIRE DB VAUHAN.
r.v.^ p,mr b i.!:uc-f>.rmo pyg,'. coiiimc îl u ôlc tUl Cil l'arlifle premier,
i'.,mai.!aMi.i.'sum'sacsa pj^g y j'.jj,.y j-j (M,jj,jiiij; d'eiiibràsiircs iiéces-
gor,',e et le liMii'-iiloiii, JO'. * • '
saires, revêtues cl maçonnées de même , et
réparer après cela les défauts de la plate-
forme de son lei're-plein ot de sa gorge.
^î) Depuis la Toi]u de l'Eglise (15) , jusqu'à
inilernÏÏerâ(il'"^'"Tô-2^ (12). — Faii'e les rempiùiements et ra-
Pou.' fd.;on lie la '«"^'j^,- gréemculs liécessaires au gros revêtement ;
abattre la petite tour du milieu , qui se dé-
tache et ne sert qu'à empêcher les défenses;
substituer une console en sa place, dont par-
lie sera de ce qui restera sur pied de plus
solide de la même Tour.
'ô(i Lui faire des parapets de même qualité,
3/S"h'ïo-.''" ''"%o': Iwuleur et épaisseur que ceux de la tour
i\uuhi.an,!,u.tio.8'2'io-. précédente, avec une banquette de terreau
pied , soutenue de maçonnerie sèche , et
achever delà terrasser, soutenant son terre-
plein par un mur bâti en talus sur le der-
rière, et bien unir la superficie dudit terre-
plein , qu'il faudra après planter de bois,
comme toutes les autres parties de ce rem-
ftcliiyiinenl , pave rt tn-
çoiis des 1.01 les lukessairp.s, Coïilinucr l'aporofondissement de son fos-
500'. ' '
Paiapet, 12 luises ipieiu ^q ^^^351 bas ouc Ui bassc merde morte-eau,
l'av^Mio la piate-fc.imr 10 et Ic rcvêlir par un mur appuyé contre le
toises à !,>'. l.iO', ' 1 l J
Pmu' ùier les aéeomliirs, 'iU' . bord .
tJ8 Rechercher et déboucher aussi les voûtes
Nota, i/apostiiion-dos- ^]^^ ^,^^^^^. 'j'^^,,. \^^^ vuider et très-bien uétoyer
sus h iiT iluit Hk !i 58. ' •'
et les paver ; ensuite de quoi y faire des portes
MÉMOIRE DE VAUBAN. 49
bien garnies de toutes les ferrures qui leur
seront besoin.
^9 Depuis la Tour (12) jusqu'au Poste (5).—
Pour les réfections conte- . » • .• >\ t .• '
m.e5 en cet article suivant le Lgs memcs reparalions qu a la courtine pre-
flétail quien a étéfait. 1322'. .,
cedente.
60 Le Pâté. — Déboucher tous les sous-terrains
Maçonnerie de la voûte • . . r , . .,, , c ' ^
30US ie corps-de-garje , 6 1. Q"' Ont servi uki Vieille porlc, y foire des com-
riihesâiO'. 240'. ... i- '. i a^
Boucher la porte de sortie : municalions, bicn neîoyer les voutes : conli-
nétoyer les voûtes et la cale- ii i • j •
rie et diminuer les créneaux, nuer CClieS dc SOn VlCUX paSSagC , dcpUlS
Une barrière, ferrures eom- l'cntréc dc la porte du costé de la viRc jus-
"'Raocommoder les fenêtres \ qu'^i ^'^ sortic du Pâté , sprès quoi la rccou-
et mettre des lits-de-canip ,•!• '••iii i ».
30>. vrir de cinq a six pieds de terre ; plus voûter
La voiite â faire au passade ■,, -, ..^ . , <
sous le terre-plein, 42 toises I cspaco du pctilpassagc qui cst SOUS Ic corps-
■ de-garde de nuit ; le bien épaissir et ren-
61 forcer ladiîe voûte , le lieu étant parfaitement
Circuit du parapet et du
réduit, 8 toises, épaisseur 5 bien situc pour uu sous-tcrrain.
toises , hauteur 4 toises 3
pieds, 150'. Murer la porte de sortie du flanc droit du
Le petit parapet ; longueur
7 loises â relever de 4 toises Pûtc ct Ics créncaux Irop ouvcrls dc la gale-
d'épaiss'^ur 1 pied 6 pouces - , ,
font 5 toises, w. v\Q d'cu bas, qu'il faudra aussi bien netoyer.
62 Faire un parapet de sept pieds et demi
Terres b déblayer pour
faire la voûte du passage, 88 d'épaîs audït Pûté dc bonnc maçonnerie bien
toises cubes â 3'. 304'. '
Maçonnerie h relever pour conditionnéc dc picrreardoisinc blcuc, assise
les deux flancs , les 3 toises
1 pied h 3o'. 935'. en bain de mortier composé comme cy-devant
Maçonnerie des deux faces
et partie des flancs, 25 toises article premier; plus élever les flancs à l'é-
i» 3o'. 750'. ' ' '
Le petit fossé de la gorge , ctqI (Jq Pj^t^ les tcrrasscr et leur faire des
3o toises â 3'. 105'. ^
Son revêtement : 4 toises cmbrûsurcs dc même que celles des autres
quarrées h 12'. 1C8'.
bouclier louvcriurequisert pièccs , ct femicr la brèchc qu'ou a faite pour
de passage au présent ,2 t.
<>ii)e3h3«' co'. sa communication, substituant une petite
80 MÉMOinK DE VAUDAN.
porte à sa place et séparant le dedans de
ladite pièce par un fossé de 15 pieds de large,
profond de dix à douze et revêtu , afin que
cette même gorge puisse servir de retran-
chement.
63 Depuis le Pâté jusqu'à la Tour Cornette.
Pour les réparations ron- __ Quvrir son Icrraîu , Ic nétover, vuider,
tenues en cet article, suivant j '
le détail qui en a été fau^^ pavcr ct y faîrc des portes, la même chose
de ceux des deux petites tours entre deux.
64 Rempiéter le pied de ce revêtement autant
Rempiéter les sous-terrains ,.i i • ' i „ •„•„»„ u„ ,
de la Tour Corneiio, les né- cju il scra DesoMi , cn ragreer les joints, bou-
t^o^yer, paver et y fàin-^^des ^^^^^ j^^ ^^^^^ ^^ ^^.^^ dCS parapCtS, taUt SUr
porte"'' 16 "'"isef i pîe'.îs Igs tours quc sur les courtines, de maçonne-
Va'l'é, 20 1. h 15'. 300'! rie conditionnée comme ceux de l'article 22,
notamment à la grosse Tour qui devant tenir
lieu de bastion doit avoir le revêtement encore
plus solide que celui des courtines.
65 A l'égard du fossé , le nétoyer et appro-
Appr .fomiissementetéiar- foudir dcvaut celtc partie, et à l'entour du
gisseinent du fossé , 74G6 .
toises 4 pieds cubes h pàié : eu rcdrcsscr les bords , et les revêtir,
4' lu'. 33000'.
Uevétement du fossé. 12S0 obscrvaut touïours de régler sa profondeur
toises quarréosâ 15'. 19200'. '' ,
Rempiètement et ragrée- sur Ic picd d'y mcttrc six picds d'cau en
ment de tout le circuit de la ^ ,
vieille enceinte sur la Ion- maréc dc mortc-Bau , cc qui scra generale-
Rueurde 400 toises, hauteur
3 pieds : 200 1. uio'. 2000'. mcnt observé partout.
gg Depuis la Tour Cornette, jusqu'à la
Nota. Ce que dessus art. PORTE DU RETRANCHEMENT (4 5) AU BaSTION(I).
65 est pour 60. —Elcvcr Ic revêtcuient de la courtine à la
hauteur mi-partie du vieux miu' retranché ,
MÉMOIRE DE VAUBAN. 51
et de la tour Cornette ; hausser en même
temps son terre - plein , le soutenir par
derrière d'un petit revêtement adossé con-
tre, et faire son parapet de même que
les précédents ; plus , creuser , élargir et
revêtir le fossé comme ii a été cy-devant
proposé.
67 Depuis l'endroit du Retranchement (9)
EicavatioD du fossé com- jusqu'au Bastion (1). — Détachcr Ic corps
pris celui du retranchement
sur la ion!.ueur de 9 toises , (Je la dcmic courlinc de Redan (21) par un
largeur b toises , profondeur '
1 toise 1 pieds , faisant 590 fossé de 4 toiscs dc larffe , approfondi aussi
loisesài'lO'. 2G55'. a > tf
bas que celui du retranchement , et le revê-
tir d'un gros mur dans tout le travers. Le-
quel fossé sera traversé d'un pont dormant
porté sur une pile de maçonnerie , et au
bout dudit pont faire une porte cochère
dans la face du Redan pour la communica-
tion des parties de ce rempart.
"° Elever le reste de la courtine à la hauteur
Maçonnerie du revêtement • i i • p • i
et des parapets , 44 toises â prescritc du Dasiion ct lairc son parapet de
30'. 1320'. . , ' , , ,
maçonnerie comme la précédente, a cause
du peu de largeur de son remparî , et haus-
ser son terre-plein h. proportion.
69 Epaissir la traverse de maçonnerie qui est
Maçonnerie, 2G toises eu- joignant le flauc du bastioH , et l'élever jus-
tes â se. 780'.'' ® ' ''
qu'à ce qu'elle défile entièrement la dernière
courtine ; il faudra par la même raison éle-
ver celle de la pointe du Redan , jusqu'à ce
que l'autre partie de la courtine entre celte
pointe et la tour Coniulte en soit défilée ,
52 MÉMOIRE DE VAUBAN.
sinon faire une autre traverse entre deux, et
lui donner au moins C pieds d'épais.
^*^ Régler le rempart qui joint la gorge du
giei*L''m.ii."T7iufj-"iniîâ basliou, ot UG lui laisser que l'épaisseur abso-
corirc du bastion : loiiKUVtii' i , ■ • i mi ■. *
i3 w.ses, largeur 8 toises lumout nccessau'e, achever son ordlon, etsui-
siir 2 toises (le liaiiteiu' font /• >»i* -i» »
208 toises h 3' la toise, 021'. vre SOU flanc gauche tout uni, mais 1 un et
Terre lie rOiillon pour 28. d . i> ' i •» • i i i „ ' i ^„
Circuit de la masse de ro- 1 aiilrc euiouces do opicds plus quc Ics cpaulcs
iiauièur ,Vpi'eds ^d'ïpaL Gt Ics faccs , ù causc du commandement des
i>it'ds font 10 toise» culu s h u* •-.i**'»- j
j(o.. 300'. hauteui's qui est la Ires-mcommode.
Le bastion étant de capacité sufiisante,
71 faire les parapets de ses lîancs et de ses fa-
Terres pour les parapets ^.Q^ Jy 5 toiggj d'épaiSSCUr, COUipriS CCllC dU
des faces et liane du IJaslion : f ' r
longueur 53 toises 3 pieds, revôlement extérieur qui sera au moins de 5
épaisseur 2 toises i luod , »
hauteur 5 pieds, foui 9(u. pj^jg ^ ^^^ ^^gj^j ^j^, derrière de 2 , surmonté
^^T^Tc"-/"'^'!''"'''^'^""'^' de 2 pieds de terre avec une banquette seule-
«><> toises <i pieds ; épaisseur » ^
de maçonnerie du levôt-- „j ,j^j ^J^ 4 pj Jg ^q j^p^g lakiant de 2 pîcds
ment iiilerieiir et extérieur * o ' r
dupaiipet 5 pieds; hauteur, surpied,et uu Icrrc-piein dont le derrière pen-
a pieds, tout d7 toises 1 |ne<!, f 7 ir tr
^ ^'''- *^^^'- chera d'un pied et demi sur toute la largeur,
Elargir le fossé de ce bastion jusqu'à ce
qu'il ait 10 toises de large ou environ de la
72 pointe , augmentant sur les épaules, l'appro-
fondir à peu près d'une toise comme le pré-
cédent article (57) et en revêtir les bords.
Depuis ledit Bastion jusqu'à la pointe
DU DEUXIÈME Hed.\n. — Maintenir la courtine
de la hauteur qu'elle a. Lui faire un parapet
^^ de toute l'épaisseur de son gros mur , et l'a-
Maçonnerie, 50 toises cubes , i i- v i • i i» ' • i i«„ , ,
;, ;jO'. iGsn'. dosser de dix a douze pieds d ej)ais de bonne
Terres, 37 toise» cubes . ,. v.. i .éI •>..
6 3'. 712' lO'. terre bien battue , une banquette derrière et
Maçonnerie des contiel'orts, , , . i- » „
30 toises !; 3o'. 1080'. uïi teiTc-plem accommode a son espace.
MÉMOIRE m VAUBAN. 55
74 De la Pointe du Redan a l'autre Bas-
22"oUe"T3o..'^" ^"'& TiON (2). — Conliimer le parapet de la cour-
2&n1o''''""'G65.: tine comme cy-devant ; faire auparavant des
Revtonënrdu tene-pitiii; conlrc-forts à SOU rcvèlement , dans les en-
82 toi.es cubc^àao'. 2460': ^^^^j^^ ^.^ j, ^^^ ^^jj^ ^^ ^^^,^^^ ^^ j^ teiTasser
au plein ; plus , rempiéter le pied dudit re-
vêtement, le ficher et jointurer : le terrasser
au plein, régler sa largeur, et y faire des pa-
rapets à preuve, percés de toutes les embra-
sures nécessaires.
7b Le Retranchement. — Achever de le for-
MaroMenedesflanM 510 „,gp p^,, l'érectlon des dcux Redaus figurés
toises à dO'. 1C200'. * ^
Revèienient du fos.é 22o commc il est marqué au plan îil— 22. Bien
toises J pieds, a 12'. 2i0o'. ' '
Maçonnerie de la courtine peYctir l'uu ct l'autrc, Ics teiTasser ct élever
uu vieux retraiicneuient.coni- '
pris celle des contreforts et ^ hautcur des vieux mui'S tels qu'ils sont de
(lu petit garde-fou , ob toists '
M '■ . , ''fZ^ chaque costé de h porte. Leur foire des para-
fllaronnerie du parajn;!, 42 ' ' '^
toises audit prix, 12G0'. pg^g ijjg^ ^ prcuvc , et pcrccr deux ou trois
embrasures à chacun , et parce que la cour-
tine du vieux mur retranché n'a d'épaisseur
que son revêtement, faire des contre-forts
par derrière de 4 pieds d'épais sur 6 de long,
espacés de 42 pieds de milieu en milieu , et
les arquer d'un contre-fort i\ l'autre pour
porter un corridor , ou chemin de ronde qui
lui tiendra lieu de terre-plein ; moyennant
quoi on pourra lui faire un parapet de ma-
çonnerie de toute l'épaisseur du gros mur,
composé de moellon ardoisin comme ceux
dont il a été cy-devant parlé.
Régler un fossé devant le dit retranche-
pouces, fuat 405 tuibcs à 5'.
04 MliMOmii DK VAUBAN.
"6 ment de la longueur marquée au plan ; l'ap-
longueur des flancs et faces, pi olontlir jusQU u cc qu aux mai'ees de morte-
'M toises , hauteur 5 toises ,,, • „r».ii, ■ «
opuisseur 2 toises i pied 6 ^^ OU y puissc mcltre 6 pieds d eau, le reve-
■ tir, et démolir le ravelin de la porte (15)
comme une pièce qui rendroit le retranche-
ment inutile si on la laissoit attachée comme
elle est , qui deviendroit trop petit , empé-
cheroit l'action des flancs si on la séparoit
simplement par un fossé comme il est mar-
qué au plan.
Employer les matériaux provenant de cette
démolition , et qui pourroient servir à la
structure des nouveaux murs. Et ceux qui
ne vaudront rien , au comblement de son
"^"^ fossé qu'il faudra remplir en même temps.
Cela fait, ne laisser de largeur au rempart que
celle dont il aura absolument besoin , trans-
porter toutes les terres superflues dans les
12 angles dudit retranchement que Ton pourra
contre-miuer au même temps , aussi bien
que le bastion (2), et les 2 courtines 21 et 22.
78 Portes et Ponts. — Renouveler les fer-
Pour renouveler les portos nielurcs dcs portcs ct pouts-lcvis ; ôter tou-
ou retranchement cl faiio le
contenu de cetartide, 2500'. tcs Ics HKisses dc maçonueric qui peuvent
nuire aux défenses , et faire deux fermetu-
res tant ù chaque porte du retranchement
que du corps de la place. Un pont dormant
à chacune porte sur chevalet de charpente-
lie , sur piles de maçonnerie coupées d'un
pont-levis.
MÉMOIRE DE VAUBAN. 55
79 Tous les passages du corps de la place et
JZJel'' '' '"""'rm' du retranchement sur toute l'épaisseur du
rempart ; en outre les corps-de-garde de jour
et de nuit de ces portes ; en faire encore un
petit à la tête de chacun des ponts, avec une
bonne et forte barrière attenant; et une gué-
rite auprès pour la sentinelle ; quant à la
grandeur et à la capacité de ces corps-de-
garde, on se pourra régler sur ceux du Châ-
teau. (Art. 43.)
80 Sur la gauche de la tour Cornette faire
Déblais de la coupure en unc grande portc ct un pont pour commu-
travers du reinpait pour faire ^
une entrée dans la ville, 192 uiQUcr a la Ville ncuvc ; voutcr soH parapct
toises à 3'. 576'. , , , . /. . 1
Les 2 pieds droits compris SOUS Ic rcmpart , le bien paver , y laire deux
les voûtes , 52 toises à 40'. . , ,,
2080'. fermetures et un pont-levis avec une barrie-
Pour les ornements de la n , a
porte, 1600'. re , un corps-de-garde a la tête , et un en
Pour le corps-de-gnrde de
suit et de jour , la chambre dcdans ; plus uu paviilou au dcssus pour le
des orgues et le pont, 7000'. , , i ■ . , i
corps- de-garde de la nuit et logement des
orgues , et parce qu'il y a un coin de bâti-
ment qui rétrécit les deux rues qui ont là
leur abord , en recouper tout ce qui sera
nécessaire pour rendre le passage des char-
rois libre et dégagé.
8i Faire une autre porte pour la communi-
Pour une autre porte d.ins cation du hâvrc dout il sci'a parlé cy-après,
le vieux rempart, 4000'. ,
et y apporter tous les soins et précautions
énoncés en l'article précédent.
82 Corps -DE -Garde et Guérites. — Il ne
Pour agrandir le corps-de- faudra Qu'agrandlr Ic corps-de-garde du Pâté
garde ct faire 8 guérites, no i o
3000'. où porte de (3); ceux des portes neuves,
MEMOinE DF. VAUBAN.
ei les autres sufliront. A l'égard des guéri-
tes , en faire de maçonnerie sur toutes les
pointes des principales pièces; savoir, sur
les cinq tours (6, 17, 13, 12, 10), le Pâle (.')
et les deux Battions (1 et 2).
83 Portes de Sortie, Egolts, Pavés, etc. —
^Po.:r meure les égrmls^on Ac},gVgp l^jg (i^QUlS . Igg fyjpg nétOyeF et fé-
duire leur issue à 8 ou 40 pouces quarrés
sur un pied de haut ; et si on les ouvre da-
vantage , les griller et traverser de grosses
barres de for, prendre garde que la pente
des ruisseaux des rues soit bien dirigée ; les
pavés remis en étal, et mieux entretenus
qu'ils ne sont présentement.
84 Murer toutes les portes de sortie de la
Peur murer les portes lîc place de 5 ù 4 picds d'épais pour n'être ou-
sorlie, et en faire il'auin's en
*'e<'a"s, 800'. vertes que dans le temps que les nécessités
d'un siège y obligeront , et cependant se
servir de leurs passages comme autant de
sous-terrains à qui il faudra faire de bonnes
portes par dedans.
85 A mesure qu'on achèvera de mcUre quel-
ques parties de celte enceinte en état, planter
les remparts d'arbres à tous les endroits où
il en pourra venir ; leur leuillage ôtera tou-
jours quelques vues au commandement, et
leurs tiges ou branchages fourniront bon
nombre de palissades et fascines pendant un
siège.
MÉMOIRE DE VAUBAN. 57
86 La Ville neuve. — Depuis (25) au Pont
.e.LTf ^oïsaî'uï: (24), tracer le dessin (25,26, 27, 28, 29, 30,
ro:.t.l^t,t''c•ii'uSrIa: ^l) composé de trois Bastions et deux demi;
seVl'Ip.ïî "cVes'/es- observer exactement les défenses et les me-
timés îi ^*^'2*^3^^J°°|3, ^, sures chiffrées sur chaque partie des pièces
qui doivent composer cette enceinte : le tracé
ayant été bien rectifié et tous les repaires
marqués ; faire l'excavation des fondements
et les approfondir jusqu'à ce que l'on ait
trouvé le roc vif, enlevant et défaisant tout
le pourri terreux , trop feuillu ou qui sera
détaché , et quand on sera parvenu au solide
le bien aplanir et mettre de niveau, y tailler
après un enfoncement de 7 à 8 pouces pour
encastrer d'autant l'assiette des fondements
et donnant 5 ou 4 pouces de pente du devant
au dérière sur toute la largeur de la fonda-
tion , pour mieux cramponner son assiette ;
et oîi le roc ne se rencontrera pas à point
nommé , approfondir jusqu'à ce qu'on l'ait
trouvé ou du moins un fond ferme et solide
qui le puisse équivaller. En suite de quoi ,
et quand on sera tout-à-fait assuré, on com-
mencera de fonder le revêlement, dont la
base sera dirigée suivant les différentes hau-
teurs des profils qui seront employés à sa
conduite, observant — premièrement, toutes
les mesures des profils qui seront destinés à
chaque partie de cette ouvrage tant en ce
qui convient aux hauteurs et épaisseurs des
murs que ce qui regarde leurs talus et
aplombs ; — 2*"*"' la qualité de la pierre de
Do MEMOIRE DE VAUBAN.
laillc Cl du moellon , à ce que l'un cl l'autre
soil de bonne qualité , non terreux , bousillé
ni snjcl à la cfclée, et de plus de boiuie as-
sise cl de bon emploi , ayant du lit et de la
queue ; — Ti'"^"^ les mortiers bien condition-
nés et toujours dossés , savoir, d'un tiers de
(;liau\ vive éteinte de 24 heures , sur deux
tiers de sable du meilleur qui soit en usage
dans le pays, l'un et l'autre bien démêlés en
eau douce et dessalée s'il est possible; —
Déblais .le teno pour la ^ment {çg façons bouncs ct lovalcs prcnanl très
lOlKUltulll lUl l'OVOlOlIlClU (lu V 1
corps de la place , G toises soiffueuscmcnt ffardc à la qualité des mor-
ciibes par toise ooiiiaiito , " " ^
font 5202 t. cubes à 4' 10" ijers ; mais qu'ils soient bien dossés et facon-
la toise, atlendu que la mùme
ferre servira h foiinerie rem- nés aboudauts Cl cmplovés dcbouncs mains,
pan ct parapet, CI 23409'. ' "' '
n'y souffrant point de mauvais ouvriers, et à
ce que les maçons ne maçonnent point assez,
mais que leur ouvrage se conduisent assises
toujours arrasées de niveau à chaque deux
pieds de hauteur ; — 5™*"' les parements se-
ront autant que faire se pourra de gros
moellon choisi de la montagne du Roule ,
bien piqué sur les joints et débruti sur les
faces, ayant 10, d 2, 15, 18 pouces de queue,
posé à la main , au bain de mortier conmie
dessus avec les joints fichés , garnis et bien
jointoyés, rasant les premières assises à cha-
(lue pied et demi d'épais avec de grandes
pierres ardoisines pour servir de boutisse à
la maçonnerie et renouvellement d'assiettes;
il suffira que le parement soit fait de pierres
du Uoulc , jusqu'à la hauteur d'un pied au
dessus des plus hautes marées , le surplus
MÉMOIRE DE VAUDAN. 50
sera de moellon ardoisin choisi et bien piqué
sur les faces, ayant de bonnes et longues
_ queues.
87 Revêtiront les angles flanqués de pierre
de taille d'Omonville, choisie de la meilleure
qualité , par assises alternatives de 5 à 4, po-
sées toujours en boutisses, et l'autre en pare-
ment , et faire le cordon de la même pierre ,
i\ qui on donnera 10 pouces de diamètre à 2
de fillet au dessous, remarquant qu'il ne
sera pas nécessaire de pierre de taille aux
orillons et angles rentrants et saillants des
courtines, qui se pourront faire de pierres
ardoisines bien choisies ; mais seulement aux
angles flanqués, et des épaules où il n'y aura
point d'orillons.
88 Régler l'élévation du gros revêtement, en
Maçonnerie des tioux pan- soi-te que sa hautcur commuue soit de 30
des traverses , yM toises h ^
îiiaidedeuxgraSïI: P'^ds à mcsurcr de la retraite au dessus du
tX?hl'iT.'''"''''356i^*^ordon, et 5 du parapet, qui font 35 me-
tr'!verreTti3't.*2T7'""'' ^"''^3 extérieurement et à plomb, observant
'dS;,. 40 toises S\ — premièrement, d'y foire des contre-forts
*8?o.;s-.crrains le lonîïe's espacés ct flgurés commo Ics marqucs au
i576ti^nr;;"nL"r! plan et profil , élevés à plomb depuis la fon-
faço^n des"'voû'e's" ^^caôio'" ^•^^^^'^ ^u cordou, remarquant que ceux des
angles flanqués doivent toujours être doubles
et quelques fois triples, pour pouvoir con-
server les embrasements qu'ils doivent avoir
, avec les autres , et pour fortifier d'autant les
parties toujours faibles des plus exposés; —
— 2""^nt élever trois pieds des bastions dimi-
nuant insensiblement jusqii'à l'angle du flanc
60 iMEMOlUK DE VAUUAN.
Cl de la courliiu! ; — 5'"«"' d'observer ces di-
mensions le long de la longue face , depuis
le point (25) jusqu'au (25) ; — 4'"""' de faire
les deux grandes traverses (52-33) de huit
pieds d'épais chacune et élever jusqu'à par-
fait défilement des hauteurs ; — 5""^'" de faire
encore d'autres traverses de même nature
autant que besoin sera , le long des faces
(25 , 27) et courtines ( 24 , 25 ) ; — G'»'^"' de
bâtir quatre sous-terrains le long des grandes
traverses (32, 35) leur donnant 18 pieds de
large dans œuvre sur la longueur de 30 pieds
de haut depuis le pavé jusqu'à la naissance
de la voûte et 1 pied d/2 d'épaisseur aux
pieds droits d'entre deux, et 6 à ceux qui
doivent soutenir du côté des terres , sur 3 à
4 d'épaisseur aux voûtes qui seront bâties à
plein cintre , bien bondées et fichées avec
tous les soins requis en pareil cas , n'oubliant
pas de leur faire une bonne chape de ciment
de 2 à 3 pouces d'épais avec les pentes, con-
duites et gargouilles nécessaires pour por-
516 toises de pavé â 8' la tcr les caux au dehors , afin d'empêcher la
toise, 4C08'. • •. .• 1 !• » „!»•
8 portes avec leurs ferrures pénétration dcs pluics ; ct parcc que lair
oslimées chacune à 30 '.240'. , a. ^ . • i •j„ „, „„ .
dans ces voûtes est toujours humide et peu
sain , il les faudra paver et faire des évents
en forme de cheminée dans lesquels on puisse
faire du feu et y faire des portes à jour afin
que l'air y puisse passer, et surtout prendre
garde qu'il y ait de la pente du fond à l'ou-
verture ; — et 7'»'^^"' faire aussi d'autres sous-
terrains derrière la longue fosse (38) et dans
MÉMOIRE DE VAUBAN. 61
Puur les petits sous-ter- toiis Igs enclroits marqués (22, 25, 38, 57 ,
rains, H908' 13- i" . . ,. . ,
40) les uns et les autres condilionues comme
les précédents. On ne spécifie pas ici la quan-
tité qu'on doit faire, le plan marque seulement
les endroits où ils seront plus à couvert.
Mais il est bon de savoir qu'on ne saurait
trop avoir de ces sortes de couverts, spécia-
lement dans une place qui comme celle-ci
sera extrêmement exposée aux bombes, et de
surplus faire des descentes à vis et portes de
de sortie sur tous les revers des orillons et
à tous les endroits indiqués au plan (41). Les-
quelles sorties il faut après murer pour n'être
plus ouvertes que dans le temps qu'on pourra
en avoir besoin.
89 Au même temps que le revêtement s'élè»
Excavation du foss(^ du yera travailler à l'exécution des fossés et des
corps (le la place et de ses 2
demi-hnies 26974 toises h tcrrcs OU provcuant, traverses derrière ledit
4' 10' la toise, 1213S3'. * '
revêtement et entre les contre-forts bien
amenuisés, et battre les terres de lit en lit de
8 à 9 pouces d'épais chacune jusqu'à ce qu'ils
soient réduits à 6 ; de deux lits en deux lits de
terre, en poser un de fascines de 7 à 8 ans
de coupe, de toute leur longueur, brin à brin,
le gros bout contre le mur en distance de 5
à 4 doigts l'un de l'autre, n'y laissant que fort
peu d'espace; sera ensuite chargé de deux lits
prern77Ïrt"1ubes po"; de terre battue arrangée l'une après l'autre,
l"£%L":s;roven^^^^^^ lit dc fascincs comme le
%moll6nctTit' lo précédent, continuant de l'élever de la sorte
millier, 3000'. jusqu'à parliiitc hauteur, observant:— l'"^"' de
liiire le parapet de 1S pieds d'épais compris
02 MEMOIRE DE VAUMN.
lo rcvôtemcnl ; 2"'^'" de le soutenir par der-
ri(>re lo petit mur de deux pieds réduits d'é-
pais et élevé à pied et demi piès du sommet,
lequel sera achevé de gazon ou placage ; —
3ment jg fyjpQ y,^g banquette au pied de ce
parapet élevé de pied et demi sur 4 de large
taluantdeôpieds, le sommet de laquelle sera
pavé de menues blocailles de gravier et de
sable ; — 4'""" de donner une pente de pied
et demi au terre-plein du rempart à com-
mencer au pied de la banquette et finir à son
Gazon plat, 1034 toises h bord intérieur; — 5""^'" de lui donner 15
T la toise, 361' 18'. .^ -, , rt , j
pouces de talus sur 12 de haut; — C""^"' de
faire des batteries en barbe sur toutes les
pointes des bastions et demi-lunes de 6 à 7
toises de retour de part et d'autre de l'angle;
— 7n.ent (jg remplir autant que faire se pourra
les dedans des deux bastions (25, 27) à cause
des sous-terrains qu'il faudra recouvrir de 0
à 7 pieds de terre chacun, voire davantage si
l'on peut ; — 8'"*'" de faire des rampes douces
et aisées pour pouvoir monter de la rue au
rempart ; — et 9'"'"" de les semer de foins et
planter d'arbres quand il seront achevés.
90 Faire les fossés de la largeur marquée au
Faireiesfossi^s, maçonne- plan Ics approfoudir asscz pour quc les
lie de reviHcment du grand i » *^
fosséet de ceux des demi- niarécs dc mortc-cau puissent mettre G pieds
luues, 11)20 t. '2 i>. h 12'. '■
i5si0' d'eau. Régler les talus de leur bord sur le
pied de ne leur en donner que le tiers de
la hauteur , et les revêtir en adossemeiils
comme il a été proposé pour ceux du Châ-
teau.
MÉMOIRE DE VAUBAN. 65
91 Tenailles. — Les faire devant les cour-
da?L"irct'ksp"raî!eu!2C2 ^'"^^^ comiiie Ics marquécs au plan ; les sou-
loiscs fuiics à raison iic^^^ jgj^j,. ^Q^^ autoui' pai* un petit revêtement
proportionné au poids de leur parapet et
leur donner simplement l'élévation nécessaire
pour que le terre-plein se trouve élevé d'un
pied au dessus de la superficie de l'eau; en-
suite de quoi, élever de deux banquettes et
d'un parapet, c'est-à-dire de 7 pieds et demi
sur 15 à 16 d'épaisseur ; outre quoi, faire une
coupure à l'eau dans l'angle rentrant de 10
pieds de large revêtu à plomb depuis le fond
jusqu'au sommet du parapet , observant : —
|ment (j'gfj f^jpg y^g semblable dans le derrière
de la demi-lune , mais un peu plus large et
plus enfoncée ; — 2'"«'" de faire une porte de
sortie à fleur d'eau dans le milieu de la cour-
tine , vis-à-vis la coupure de la Tenaille , lui
^ Revùtpmont du diam^tro , donner 6 picds d'ouverture dans le travers
de l'épaisseur du mur, et 15 dans celle du
Revêtement intérieur du rempart, ct la fcrmcr du côté de la place par
parapet, tn t. a 12'. 1104'. ^ * *
une contre-porte à l'extrémité, et un escalier
Maçonnerie de deux portos pour dcsccndre daus Ic fond , lequel sera
de sortie au travers d» rem-
part, GO t. à 40'. 2400'. pavé, et la voûte qui aura 5 pieds, recouverte
par dessus d'une chape de ciment et de toutes
les terres du rempart.
92 Demi-Lunes. — Les former comme les re-
profil rtMluit par les demi- > . - ■ i a • i> i
lunes, 6 1. 4 p. 6 p. 91. par prcscntecs au plan , les revêtir d un mur de
toise courautf! , faisant 140 a .. » i a
toises, pour la longueur des mcme qualitc quc ccux du gros revêtement
faces et des flaucs, 040 toises , , , i • i a r> ■
à 30'. 2S380'. de la place et conduits de même , fixant le
H-i MÉMOIRE DE VAUBAN.
loSTTrio-"''*''?!!''' sommet de leur commune élévation à 18 pieds
Tene-piein et parapei 110 dc liuut , Cl du sui'plus Ic iGiTasscr avcc les
luises iiilifs lie terre lunir . , . , , ,,„ . , ,
lesquelles il ne sera rien souis Cl prccautious enouccs au 89'^ ai'ticle du
eoiiipli^, iiroveiianlde l'exca- > «« » • i i> • t
vaiioi. (les fossés. present Mémoire, observant toutes fois de
^2000 fasciacsi 150' umhu- (jQnnep seulcmcnt 3 toises de large à leur
terre-plein, avec pente de pied et demi comme
à l'autre , du surplus faire les parapets et
banquettes de môme épaisseur que ceux du
corps de la place, et quant à leurs fossés, leur
donner la longueur marquée au plan, et la
même profondeur que celui du corps de la
place, et du surplus revêtus d'un mur adossé
comme ci-devant art. 90.
93 Faire une traverse de maçonnerie en ca-
piJdsTsT''" ' ^^'^ 'sSo'" Pital dans la demi-lune de la porte condition-
née comme celle des bastions et assez élevée
pour couvrir entièrement la face droite contre
le revers des hauteurs. 11 ne serait que très
à propos de faire un petit sous-terrain à chacun
(26, 28) de 13 pieds de profondeur sur 10 à
13 de large.
dA Bien égaler la superficie de leurs chemins
Deux sou3Mcrvains comme couvcrts ct leiH" douucr uu picd dc pcute dc-
Ics précédents, ei (jOOO'. '^ ^
nevètemcnt ,iu parapet .lu p^jg \^ banquctto au picd du fossé, du sur-
chenim couvert ,\)li toises » i •
^Giîcis 2920 u 2' ms' ï^'"^ rcvctir leur parapets comme celui du
corps de la place et leur faire une banquette
de même.
95 Chemin couvert du corps de la Place.
— L'enfoncer d'un pied ou d'un pied et
demi et le bien égaler avec pente de la ban-
Revêtement de 18 travei- — L'cnfonccr d'uu picd OU d'uH pied et
SCS, 3C0t. eub. âl2' i;(20' ^ ^
MÉMOIRE DE VAUBAN. 65
Remblai des traverses 180 quettc Qu fossé , le faire dc quatre toises de
toises h 2" 450' , . , i_ .. •
Gazon plat pouries couvrir large «on compris la banquette qui avec ses
180 toises â 7". C3'. , i- • j r. *••
talus aura neui pieds. Revêtir son parapet
comme celui du rempart , former les places
d'armes et les bien traverser à preuve du
canon , et faire aussi des traverses de même
épaisseur sur les faces prolongées des bas-
tions et demi-lunes, et le revêtir comme les
gros parapets y laissant des passages de 4
pieds et demi de large enfoncés d'autant dans
le parapet , afin que ce parapet serve à cou-
vrir les enfilades ; plus y faire toutes les
rampes et sorties marquées au plan (41-42)
et bien applanir les glacis , lesquels il faudra
rendre parfaitement soumis aux faces du
bastion et demi-lunes de la place.
95 Et parce qu'il y aura des endroits du dit
Pour les traverses qui se chcmiu couvcrt qui scrout cncorc vus des
pourront faire aux endroits , . , .
enfilés, 1000'. hauteurs partout ou ces inconvénients se re-
nouvelleront y faire d'autres traverses fabri-
quées comme les précédentes.
97 Planter après cela la palissade sur le haut
Planter 580 toises â 8 pa- (Jc la banqucttc du chcmin couvert et des
lissades par toises compris
les deux linteaux font 5220 travcrscs, obscrvaut: — 1"'''"' de tenir sa pointe
palissades à 12'. 3132'. ^
de pied et demi plus haut que le sommet du
parapet ; — 2"^"' les éloigner d'autant du dit
sommet; — 3"^"^ de l'espacer assez près pour
que l'on ne puisse passer entre-deux , mais
assez ouvertes pour pouvoir faire passer et
biaiser le mousquet; — 4""*'"' de l'attacher par
un linteau posé de demi pied plus bas que le
sommet du parapet qui sera de quatre pouces
OG MÉMOinE IiE VÀUBAN.
de large sur deux d'épaisseur, taillé en tran-
cliaiit de couteau lenversé afin que l'on ne
puisse appuyer le pied dessus. Le chemillage
fendu et recoigné par le petit bout, et après,
rasé par les deux à fleur de bois.
98 La Villette ou Faubourg. — Diriger le
2m\'ois,Th-£. 'Vu3o"! ^^'^^^ ^^ s=* fortification suivant le tracé (45 ,
sJoo'h'l'to-''' ^TS"^^' ^^' "^^)- O'^servant toutes les mesures
^Maçomurie dectra^verses qui y gQ^t indiquccs, lo sondcr , revélir et
Maçonnerie du p^'g^ft^-jj; lerrasscr avcc les mcmes soins et précautions
?orfè1o"mZ£t^'^'' que le corps de la ville neuve , observant:—
Excavation dn {osJTl. l""' «^^ lui donUCP 50 picdS d'élévatiOU à h
corne, demi-lune et mioute, pointe dcs dcmi-bastions , diminuant de 5
uevètemeni du fossé, ^^^_ picds à l'auglc du retour de l'orillon et du
cEl'"rvert! ""'Toi-o" ^'"'^ q"''' faudra aussi tenir plus bas de trois
ur'iSr^wi^Sn^ut'-es, de sorte que le revêtement de sa
"wrain dans lesTu'x courtinc ct dc SCS dcux flancs n'en aura plus
demi-b.stious de la corne, ^^g 34 ^^ hautcur tout compris ;— 2'"«"' do
uevèiement du cav^uj.' faire d'autrcs dimînutions Cl rctouibés sur Ics
longs côtés de l'ouvrage, jusqu'à ce que la
dite hauteur de l'ouvrage le réduise à 16 ou
18 pieds aux extrémités des ailes (45 , 46) ;
— 5""^"" de faire la quantité des traverses à
preuve de canon (47) sur le long côté , qui
seront nécessaires à son défilement , les pro-
longeant sur toute l'épaisseur du parapet, on
pourra les faire de maçonnerie ou de terre
ainsi qu'il sera jugé plus à propos ; — 4""*°'
de faire seulement un parapet de maçonnerie
de 4 pieds 1/2 d'épais du côté du pori , et
MÉMOIUE DE VAUBAN. 67
soutenir le derrière du terre-plein par «n
mur en adossement, après quoi terrasser
entre-deux et le bien traverser pour empê-
99 cher l'effet des commandements ; — 5'"™"^ de
Maçonnerie 555 toises h fjjjpg y„g porte cochère avcc dcux fcrmeturcs
30'. loboO'. '
et un pont levis de bocalle de ce môme côté
pour communiquer sur le quai qui doit faire
face au port ; — et 6""^'" une grosse palissade
de 8 à 9 pieds quarrés en prolongement de
ce côté à la ville afin que cette partie soit to-
talement fermée.
100 Au même temps qu'on travaillera à l'exé-
RcTètemeut, ii233'. cutioii dc cet ouvrage à corne faire le retran-
La porte et le pont, 6000'.
chement en demi-lune (49) sur le prolonge-
ment de son côté et le revêtir , terrasser et
hausser comme celui de la corne. Observant
de plus de lui donner; — l'"«°' quatre pieds
d'élévation à la pointe plus que sur l'extré-
mité de ses faces , et en tout cas d'assujettir
le sommet au règlement qui en sera fait par
les développements ; — 2'"'="' de faire son
parapet à preuve de canon avec sa banquette
et terre-plein , ce dernier penchant de pied
et demi ; — et 5'"™' de revêtir son fossé et
l'approfondir comme ceux du corps de la
place. Construire la redoute (48) et les demi-
lunes (49), l'une et l'autre terrassées et revê-
tues comme les grandes demi-lunes et obser-
ver tout le côté gauche de la redoute d'un
pied plus que le droit penchant d'autant par
diminution égale de la pointe à l'épaule
gauche ; à l'égard de la demi-lune il lui fau-
Gb' ■ "^ MKMOmE DE VAUBAN.
di'a élever la pointe de 3 pieds et davantage»
s'il est nécessaire plus que les épaules pour
l'enipèelier d'être enfilée.
101 Chemin Couvert , Portes de la Villette
ciiarpemerie, 10000'. g-p ViLLE NEUVE. — DéinoUr le ranar de pe-
tites maisons (50) qui sont basses , mal ali-
gnées et trop près du bord du fossé, les rebâtir
sur l'alignement prolongé de l'autre rue (51)
et en faire une nouvelle (52) de cinq toises
de large avec une grande porte bien voûtée
et accommodée de toutes les fermetures qui
lui conviennent, comme aussi de tous les
ponts-dormants, ponts -levis, barrières et
corps-de-garde tant de la ville où il les faut
doubles que de la demi-lune et le chemin
couvert. Bien raccommoder le pavé des rues,
paver les nouvelles et bonne partie des an-
ciennes, plus faire un chemin couvert à l'en-
tour de cette partie de la ville, figurée comme
le marqué au plan; observant sur toutes choses
de bien placer et élever toutes les traverses
nécessaires de son défilement , et d'en mé-
nager les issues de manière que toules soient
bien couvertes.
IQo Raser aussi toutes les petites maisons du
Arbres thiiompui ta 15'. faubourg (55) ct traccr un nouvel alignement
de places et de rues comme le figuré au plan
dans l'enclos de la ville neuve , bien paver
l'un et l'autre, après quoi ne laisser bàlir à
l'eiitour qu'à la condition d'y taire des caves
105
MÉMOIRE DE VAUBAN. 69
et d'élever à trois étages au dessus , moyen-
nant quoi cette ville quoique fort petite ne
laissera pas de contenir beaucoup de monde,
et les maisons par leur hauteur empêcheront
que les rues ne soient enfilées et couvriront
toujours quelque partie du rempart qu'il fau-
dra aussitôt planter de bois , aussi bien les
talus de terre-plein que le terre-plein lui-
même.
Corps-de-Garde et Guerittes. — Outre
t0corps-de-garde,20ooo'. Ics corps-dc-garde de la place de la ville
15 guerittes de pierre k , , .,, n . , i i
500'. 7500'. neuve et de la villette en faire un dans lebas-
10 guerittes de buis à ;{0'. . , ,,, a . i i i •
300'. tion de 1 hopUal, un autre entre le bastion
de la mer et celui des haies , un autre à la
porte du port de la villette ; et des guerittes
de pierre de taille et de moellon ardoisin bien
choisi à toutes ]es pointes et épaules des bas-
tions du côté de la terre et seulement aux
pointes des deux qui regardent le Havre et
sur celles des deux demi-bastions de la villette;
outre quoi il en faudra faire encore une de
pierre sur le milieu de la longue face de la
ville , en bois devant tous les corps-de-garde
à chacun desquels il ne faudra pas oublier de
faire des galeries en appentis au devant
pour y pouvoir tenir les armes dégagées et
à couvert.
j04^ Faire une douzaine de latrines aux envi-
12 latrines à 400'. h ^gns dc la placc tant à la vieille qu'à la nou-
velle ville , et prendre garde de les toujours
70 MliMOiriEDli VAUU.VN.
placer dans les lieux les plus solitaires et de
les suspendre si avant que les matières n'en
puissent pas gâter le parement des murs et
que tombant dans les fossés elles puissent
être nétoyées par les marées qu'on y lais-
sera aller de temps en temps.
105 Casernes. — Faire huit corps doubles de
^j corps doubles J^*^'j?ser- casomes à 5 étagcs derrière la courtine d'en-
tre les bastions , savoir deux étages entre
poutre et planches et l'autre en galletas et
sous la couverture. Chaque étage contenant
quatre chambres et les trois ensemble, 12
auront escalier,à double rang de trois pieds
de large chacun à tous les paliers nécessaires
au dégagement des chambres,qui auront cha-
cune 18 pieds de longueur sur 16 de large
dans œuvre.
C'est à peu près la quantité qui peut être
nécessaire dans ce lieu pour la garde ordi-
naire. Si le Roy en désire davantage il les
faudra faire à droite et.à gauche de la porte.
406 Les Rues et Places. — Distribuer le sur-
pavés, -20000'. pj^jg çjg l'espace enfermé pour la fortification
de la ville neuve en plan et en quartiers sé-
parés par des rues , les uns et les autres
comme les figurés au plan , donner 5 toises
de large à la principale et 4 à toutes les
autres, les proprcoient paver et observer
MÉMOIRE DE VAUBAN. 71
de faire un ruisseau dans le milieu avec
les pentes nécessaires vers les cgouts qui
ne pouvant avoir d'autres issues que dans
les fossés de la place, il vaudra mieux les
faire par ceux de la vieille ville que par ceux
de la neuve , attendu que ceux-là sont plus
étroits et que les marées y passeront avec
plus de rapidité que dans celui de la ville
neuve ; parce que la pente étant égale elles
auront bien moins de chemin à faire que
Tauire et par des lieux plus étroits et non
tant contrariés d'ansîes.
107 Le Pont qui traverse le Port. — Le ré-
Rétablissemenl Ou pont .ii-. .«>^ii i m i
'20000'. lablir et pour cet eliet allonger les piles de
6 pieds de chaque côté , n'y ayant que leur
peu de longueur qui les ait fait saper à la
superficie d€S flots par leur buttement et par
les glaces , les fonder et bien recintrer les
arcades qu'il faudra achever de démolir et
les rétablir après plus solidement, de pierres
ardoisines bien choisies pour en faire les
poussoires et décharges ; le parement des
piles et des encoignures de pierres d'Omon-
ville , y observant toutes les bonnes façons et
qualités nécessaires et ne pas oublier après
de couvrir les voûtes d'une chape de ciment
de trois pouces d'épais fait avec soin de bonne
chaux vive de pouzolane ou terrasses de
Hollande b/'en pulvérisée ou passée par le
tamis.
72 MÉMOIRE DE VAUBAN.
Ecluses et Batardeaux. — La chape sur
l'oiir la (ligue, COOO'.
les arcades étant bien sèche, achever de gar-
nir les reins des voûtes et après avoir terras-
ser tout ce qui sera nécessaire, élever les
côtés et garde-fous , les paver bien propre-
ment sur bonne forme de sable y observant
les pentes et ruisseaux nécessaires à l'écou-
lement des eaux et y planter autant de bornes
qu'il en faudra pour empêcher les charrois
de trop approcher des garde-fous ; quoi
fait , raccommoder les avenues d'une digue
large de 5 à 6 toises élevées de 3 pieds au
dessus des plus hautes marées et les conduire
jusqu'au terrain élevé et où il sera bon de
continuer les pavés jusqu'à ce qu'ils soient
dans le ferme. Observant du surplus de faire
une clef de conroy ou terre grasse bien bat-
tue dans le milieu de cette digue et le long
de la chaussée qui traversera les sables.
i09 Au même temps qu'on bâtira le pont faire
un bâtardeau entre les piles du dit pont de
bonne et solide maçonnerie à parement de
pieries de taille élevé de deux pieds au dessus
des plus hautes marées pour servit' à les re-
tenir et entre les deux principales piles ou
celles où la fondation conviendra le mieux ,
faire deux barres ou écluses au dessous pour
retenir et lâcher les marées de 12 pieds francs
d'ouverture chacune , observant — i'™"' d'en
bien encastrer la fondation dans le roc ; —
Qment (j'p,^ fj^ij-^ ^qi,<^ i^^g plauchcrs doubles et
d(î bois de chêne bien caltatés et goudronnés,
MÉMOIRE DE VAUBAN. 75
sinon de pierres bien choisies en voûte ren-
versée , arquant de 5 à 4 pouces sur le tout ;
— 5ment toutc la maçonncric à parement de
pierres de taille proprement piqué , ayant
bien du joint du lit & de la queue & toutes
posées par assises réglées en bain de ciment
composé d'un tiers de chaux vive sur un tiers
de pouzolane, ou vieux tuilot bien pulvérisé
& passé au fin tamis de boulanger et ensuite
longtemps battu et démêlé ensemble sur l'é-
paisseur au moins de pied & demi ; — 4'"'^"'^
de bien cramponner toutes les assises ; —
5ment ^q fjjj,.g y^c bomic clef de ciment et de
brique dans le milieu des bajoyers et du ba-
lardeau pour les rendre plus étanches depuis
le bas de la fondation jusqu'au haut et cela
sur toute leur longueur; — 6™""' d'en bien
cirer tous les joints et bien prendre garde
que toule la maçonnerie soit de bonne qua-
lité et façonnée avec beaucoup de soin ; —
et T'"'^'" de faire toute la charpente et menui-
serie des écluses de bois de chêne coupé de
plusieurs années, si faire se peut , en bonne
saison, non roulé ni piqué ni sur les retours
61 prendre garde que les assemblages en
soient bien faits , les ferrures de bon fer et
appliquées comme il faut et les pivots et
pots de cuivre bien placés , tous les mouve-
ments libres et tous les assemblages d'en
haut bien contrebandes. Ces barres, pour
parler à la façon du pays, serviront au net-
loyment du havre, qui n'en n'ayant jamais
74
Pour la redoute, COOO'
MEMOiriE DE VAUBAN.
eu ne laisse pas d'être de quelque utilité ,
puisque les braiments du port de cent ton-
neaux y entrent encore dans les vives eaux.
Cela fait, ne pas mettre l'eau sitôt sur la ma-
çonnerie fraîche , mais lui donner le temps
de sécher quelques mois , pendant quoy la
tenir toujours à sec.
110 On pourra bâtir une petite redoute à mâ-
chicoulis vers la tête de ce pont , du coslé
de Tourlaville, pour mieux s'assurer de ses
abords en temps de guerre et s'en conserver
l'usage aussi longtemps qu'on pourra en
temps de siège.
111 La Fortification par les eaux doit réus-
Pour écluse, COOOO'' SIR A UNE EXCELLENTE DISPOSITION POUR LA
Marine. — Faire une écluse ( 54 ) devant et
au bas de la tour longue ( 6 ) de 52 pieds
d'ouverture et son radier établi tout aussi
bas qu'il sera possible avec des portes poin-
tues qui ouvrent du côté du port , l'une et
l'autre bâties avec toutes les précautions,
bonnes façons et qualités de matériaux re-
quis , prenant garde à ne pas oublier de faire
doubles feuillures au dessus et au dessous ,
afin que s'il était nécessaire d'y clouer des
poutrelles ou de la terre grasse cela ne fisse
aucune peine.
112 Bâtir en même temps une grosse redoute
Maçonnerie, 5835'. (55) ^^ jq j^te dc Kl même éclusc pour la
Corps-(le-gardc, -1200'. ^ ' \
iineguéiiie en bois, 30'. couvrir avec uu corps-de-garde au milieu et
MÉMOIRE DE VAUBAN. 75
Revêtement de la goi{<e, la revt'tii' d'uii foFt gi'os muF de maçonncrie
Terre-plein, 3i8'. de 6 DÎeds pHs aussî élevé que la tour Ionique,
Petite écluse, 1500\ ' ^ ^ ^ '
lui faire un parapet de maçonnerie de 7
pieds d/2 d'épais avec toutes les façons re-
quises et la terrasser de 12 pieds d'épais
seulement non compris sa banquette , le sur-
plus sera le fond dont le bas sera fixé à la
hauteur des bajoyers ; observant de faire une
petite poterne au flanc gauche du côté de la
mer avec de bonnes fermetures dont l'abord
sera défendu par une grosse traverse de pa-
lissade plantée suivant les alignements figu-
rés au plan.
Faire à même temps une autre écluse dans
113
„ , . , le château derrière la gorge de la tour longue
Pour la petite écluse, ^^ o o o
(G) avec un canal bien revêtu , voûté et
pavé en forme de radier et faire tous évase-
ments nécessaires à pouvoir faciliter l'entrée
des eaux et sortie des eaux. Son milieu sera
réglé à douze pieds, frais de passage, et gar-
ni de ventailles et emplacements qui feront
besoin à la direction des eaux. Cette écluse
et son canal seront en un mot bien précau-
tiennes , tant par la qualité des matériaux
que par la bonne façon et solidité de l'ou-
vrage , et ses deux entrées fermeront par de
grosses grilles de fer qui pourront s'ouvrir
et fermer quand on le voudra ; observant de
plus de n'y laisser d'ouverture par le devant
du château que celle qui sera absolu-
ment nécessaire au maniement des éclu-
ses , laquelle il faudra encore boucher
10000'
76
MÉMOIRE DE VAUBAN.
lU
Muçonnerie,
Terre-plein,
par de fausses Irapes qui fermeront à clef.
Cela fait, bàlir une longue muraille depuis
"oi20'! '^ ^^^"^ ^'"'^'^ tle la redoute ( 55 ) jusqu'à l'ex-
tréniilé du pont ( 56 ) élevé de plus de trois
pieds au dessus des plus hautes marées;
observant : — 'ciment ^q j^ fonder partout sur
le bon fond bien assuré; — S""*^"* d'y faire
des contre-forts comme aux revêtements des
bâtiments et demi-lunes; — 5™*°' de régler
leur hauteur et talus par^rapport à son élé-
vation , ce qui se trouvera réglé par le pro-
fd commun; — 4'"'="' de le terrasser par une
toise d'épaisseur de terre grasse , bien con-
ditionné , élevé depuis la fondation jusqu'au
plus haut des marées et le surplus des sables
du lieu.
Plus faire tous les batardeaux , écluses et
2320'. passages d'eau suivant dans les fossés de la
•j.. 1.U..C 120'
Eciub"éd'e chape et maçon- placc ct dcs dcliors , savoîr : un batardeau
1380'! en travers du fossé de la place à gauche en
sortant de la porte pour entrer dans la vil-
lette, coupé de deux ouvertures de 10 pieds
de large chacune qui fermeront avec des por-
tes pointues du costé du fossé (57) ; — un
6820'. deuxième en travers du fossé de la villette à
gauche en sortant de la porte avec des ou-
vertures et des portes comme les précéden-
tes; — un troisième sur l'extrémité delà
demi-lune (58) de 5 à 4 pieds d'épaisseur
115
Maçonnerie
La (lune
nerie,
La traverse,
116
Ci,
117
^^. açonnei le y '^«'"Pj^s^,'» sculemcnt , Hicsuré par le haut afin qu'il soit
plus aisé j de le rompre avec le canon de la
courtine si on n'a pas le temps de le faire
MEMOIRE DE VAUBAN.
77
118
Maçonnerie,
119
autrement ; — un quatrième continué dans le
C60'. fossé de la maçonnerie entre la ville neuve et
la villette, élevé à hauteur de 4 pieds d/2 seu-
lement avec le sommet terminé en dos de
bateau.
Une écluse derrière la tenaille à la porte
120
Maçonnerie,
121
Maçonnerie ,
5C0'
L-éeiuse et les b'itanieaus /75\ ^q ].^ yiUc ueuveavcc uu ffros batardcau
ensemble, 6000'. ^ ' '-'
Celui delà demi-lune, 600'. gj^ travcrs du fossé ct un à l'extrémité de la
face droite de la demi-lune de pareille épais-
seur que celui de la (57).
Un autre batardeau derrière la tenaille
1320'. (23), un autre au travers du fossé de place ,
l'un et l'autre moins forts que les précédents
afin qu'ils soient plus facilement rompus. Il
ne sera pas nécessaire d'en faire un à l'ex-
trémité de la face droite de la demi-lune
comme à la précédente.
A l'égard de l'extrémité du fossé qui dé-
bouche sur l'exiron , il suffira de le fermer
par un petit mur de deux pieds d/2 réduite
d'épais sur toute la profondeur du fossé.
Faire un batardeau dans le fossé de la
vieille ville entre la tour (17) et la traverse (7)
et la percer d'une écluse de 24 pieds d'ou-
verture divisée en deux passages d'eau , sur
chacun desquels on fera des portes pointues
qui fermeront contre le fossé , et au dessous
une ventillerie ou des portes plates suivant
le dessin qui sera donné.
Plus un autre batardeau en travers du
fossé du château en (65) et une écluse et pas-
sage voûté de 0 à 6 pieds d'ouverture par-
122
Batardeau et écluse.
7000'
125
l'ar estimation.
6000
78 MFMOIKE DE VAUbAN.
dessous la fausse braye en (64). Ensuite de
quoy faire un noyeu ou petite écluse de pied
et demi d'ouverture en (65) pour mettre l'eau
dans le fossé du donjon et l'y retenir, ce qui
se fera de soi-même par le moyen d'un clapé
disposé î\ son embouchure lequel sera ouvert
pai' le montant des marées et ferme; par le
descendant. Observant dans la construction
de tous ces batardeaux et écluses : — 1™""
de fonder toujours sur le ferme et par con-
séquent sur le roc partout où il s'en rencon-
trera quelque bas qu'il soit , ou si on ne le
peut trouver sur un fond ferme et solide , et
s'en bien assurer par les plates-formes et
par planches battues au refus du mouton, bien
jointes et assemblées l'une à l'autre dans
leurs rainures et clouées ù une ventrière, en
sorte que le tout joigne bien ; — S""*""' de
L'écluse du vieux fossé et domicr toujours plus d'ouvcrture aux écluses
les porles et ponts de com-
munication h la marine, de fuîtc Qu'à ccllcs de chassc ; — S""*"' de
9500'. * '
faire tous les passages et écluses de pierres
de taille d'Omonville bien choisies, de bonne
qualité et mises en œuvre avec tous les soins
et bonnes façons énoncées au IG"^ article; —
4,ment jjg f^j^g jQ^g jyg parcmcnts des batar-
deaux de la même pierre et de bien cram-
ponner les dernières assises des capelets; —
5ment (Je fairc tous les parements et batardeaux
en mortier de ciment composé comme celui
de l'art. 100 sur l'épaisseur de 12 à 15
pouces ; — G""""' de faire une clef de briques et
de ciment dans le cœur de chacun des balar-
MEMOIRE DE VAUBAN, 79
deaux , qui prenne depuis le fond jusqu'au
sommet de leur longueur ; — 7""'^"' de bien
cramponner toutes les assises de parements
des dites écluses ; — S'"^" de faire tous les
batardeaux de bons embranchements dans
les terres bien glaisée de terre grasse tout
autour;— 9""^°' de faire toute la charpenterie
des écluses de bois de chêne coupé en sai-
son, ù vive arrête sans aubier et qu'il ne soit
piqué, gelé, ni roulé ; finalement faire autant
qu'on pourra tous les radiers de pierres de
taille bien jointes et posées en ciment faisant
contre-voûte bien bondée contre le fond ,
avec des joints d'une ligne d'épaisseur, cou-
lés de ciment et fichés tout le long de petits
coins de chêne aiguisés de plat bien finement
et battre à force dans les joints et ensuite rom-
pues dans les mêmes , ce qui sera continué
tout le long du radier. Cet ouvrage étant
fort considérable, il faudra extrêmement
prendre garde à le bien faire et notamment
à la qualité de la pierre, n'y en souffrant
point qui ne soit bien saine et sans moye,
bousain ni filée, au reste il suffira que le
renversement soit de 3 ou 4 pouces sur toute
la longueur du passage.
^2^ Et afin que la navigation puisse tirer toute
Maçonnerie, 30ooo>. l'utilité possiblc dcs barres (65) et grande
écluse (34) faire un grand pan de muraille
depuis la redoute (33) jusqu'à la vieille jetée
(36) alignée nord et sud et même aussi loin
par delà qu'on le pourra , l'élever de 3 à 4
80 MÉMOIRE DE VAUBAN.
pieds au dessus des plus hautes marées, y
faire dfîs conirc-forts et la terrasser comme
il a clé dit au H 4'' article , à l'exeeplion de la
grosse dont il ne sera pas nécessaire ; j'ai à
observer : — l™»"' de faire le parementde ses
murailles des plus grosses pierres qui sepour-
ront amener de la montagne du Roule et de
la traverser de pied et demi en pied par des
cours de pierres plates ardoisines de 3 à
4 pieds de longueur; — 2""="' de terminer
le sommet par des assises d'un pied à 15
pouces d'épaisseur de grosses pierres posées
de camp et debout , fichées , bien garnies ,
jointoyées et du surplus bandées et conte-
nues par un châssis de charpenterie bois de
chêne, assemblée à queue d'hironde ; — et
125 o""^"' de les élever de deux à trois pieds seu-
Maçonnerie, 30000'. jement au dcssus des plus hautes marées
Jetée de cnarpenuiif a ^
900 la toise 270000'. parallellemcnt à ce mur en dislance de 30 t.
Los eaux Uu jeu des écluses ^
30000'. j)^ji(. u,jg pareille jetée, laquelle sera pro-
longée de quelques 20 toises plus que l'autre,
la fonder sur le roc , et élever avec les mê-
mes matériaux et façons que l'autre , après
quoy et la fondation des gros murs man-
quants, il faudra prolonger jusqu'à la basse
mer de vive-eau avec des jetées de charpen-
terie comme à Dunkerque , fondées sur les
assiettes de moellons, de blocailles qu'on
leur aura préparés et ensuite remplir de
pien-es bien arrangées à la main et non je-
tées au hazard. Dans les joints desquels on
tichera quantité de petites pierres et gros
MÉMOIRE DE VAUBAN. 81
gravier pour empêcher le baloquemenl qui
est ce qui ruine ordinairement la cliarpenle-
rie de toutes les jetées , on pourra aussi se
servir de fassinage à tous les endroits où il
en sera besoin pour contenir les courants et
les empêcher d'aller saper les jetées. Pre-
mièrement que celle du coslé de la ville
pourra servir de quai et que l'espace res-
tant entre la fortification et le bord de ce
quai étant attéré pourra servir à des maga-
sins et quantité d'autres commodités pour
la marine dans l'espace enfermé par les bas-
tions (30, 51),
126 Et au cas qu'il soit besoin d'avoir un quai
p-S7gtd;''"'4ooÏ! au pied des murs de la place, comme il est
représenté au plan, on pourra en faire un de
9 à 10 pieds de large pour aider au tirage
des vaisseaux et servir en même temps de
rempiètemenldu revêtement de la dite place.
127 Bâtir encore un quai devant le long coslé
pnSeSd\'/"'"'&i'! de la villelte de 4à 5 toises de large, le bien
revêtir, le couronner de grosses pierres po-
sées de camp, et planter de grands pilotis es-
passés de toise en toise et tenus par des
ancres et anneaux de fer qui s'empâteront
dans l'épaisseur des murs , et par une ou
deux ventrières auxquelles ils seront forte-
ment cloués et chevillés , ce qui sera aussi
observé à tous les autres quais exposés au
j„28 heurt des vaisseaux.
Fane les bàtardeanx à Fairc fairc aussï une demi-douzaine de
1500' pièce. 9000'. .-. 1 » ' j ui -11 1 f» V rw . 1
petits bateaux a double quille de 8 a 9 pieds
6
82 MKMOIKE UK VAUIUN.
de large chaeiin, sur G à 7 loises de long,
hautes de 6 pieds de bords avec des exlrans
au\ deux bouts , prolongés de 5 pieds en
avant pour servir au détour du courant des
écluses et pour les jeter tantôt sur une partie,
lanlùt sur l'autre, afin d'en emporter les sables.
129 C(!tle disposition de la niaiine achevée , il
^Lïallris ^.r^'^r «« scru Quc bott d'établir une batte.-ie de 8
aXtr.'*''''" '"' coooo'! ^ 10 pièces de canon sur la tète plus avancée
des jetées avec un corps-de-garde pour te-
nir les vaisseaux en respect et les empéciier
d'en approcher si près.
loO Tout ce que dfîssus étant mis en exécu-
tion, il sera nécessaire pour une entière sû-
l'eté de cette place d'abattre et raser tout
ce qui pourra lui être nuisible , non seule-
ment sous la portée du mousquet, mais en-
core du canon , et de n'y laisser que ce qui
pourra être rasé rez pied rez terre, dans une
demi-journée de temps. C'est pourquoi mon
avis est d'aballre les maisons, arracher tou-
tes les grosses bayes , combler les fossés qui
seront aux environs et n'y laisser au surplus
que les arbres fruitiers et jardins, abattre
encore les bords de la mer qui pourront ser-
vir de courant et ôter entièrement la pointe
de terre et de rocher qui avance en (67, 57),
la h-ansporter dans les batteries prochaines.
On fera encore mieux , pour une entière sû-
reté, d'arracher toutes les grosses hayes et
bois qui se trouveront à deux lieues de la
place et n'y laisser au plus que les arbres
MÉMOIRE DE VAUBAN. 83
fruiliers et les petites hayes des jardins; apla-
nir même les endroits raboteux et faciliter en
toute manière les accès des lignes de secours.
J5I Comme il n'est pas possible, vu la grande
quantité d'ouvrages contenus en ce projet et
leur différence , qu'il ne s'y rencontre des
omissions et quelque endroit mal éclairci, si
ceux qui seront chargés de leur exécution en
remarquent quelqu'nnes, en prenant la peine
de m'en informer j'éclaireroi le fait et cori'i-
geroi en même temps ce qui en sera besoin.
132 II y a une pointe de rocher qui avance
».S' '" '""'37910" 10'' considérablement dans la mer , proche la
fosse du galet et qui couvre à toutes les ma-
rées, et qui a vue sur une grande partie de
la rade , sur laquelle bâtissant une batterie
avec une tour pour la soutenir, les vaisseaux
poussés par les corsaires y trouveront leui"
siireté en mouillant au pied ou jetant dans la
dite fosse du Galet , parce que celte batterie
croiseroit devant son entrée avec celle de la
tête des jetées et y auroit commandement
sur le bon mouillage de la rade.
^55 La Fosse d'Omonville à trois lieues d'ici ,
Pour la batterie dOnion- dcmaude la mêuic posscssiou. C'est un petit
vill». 30000'. , , A
anse de refuge qui ne peut servu' qu aux bâ-
timents marchands de menue grandeur pous-
sés des corsaires ou battus de mauvais temps,
Total général. ^u à nos corsaires même quand ils seront
2102100' (.• 4'. pQ^sg^s pc,,. (Je plus forts.
81 MÉMOIRE DE VAUBAN.
RAISON DE CE PROJET.
La pelitesse de la ville qui n'est non plus capable de donner
retroit aux gens de ses faubourgs, que de contenir une garnison
un peu raisonnable soit à la nécessité de faire quelque chose
qui peut produire une bonne défense, est ce qui a donné lieu à
l'invention de ce projet qui ne peut pas avoir moins de capacité
vu l'usage auquel il est destiné.
La longue résistance qu'on en doit attendre et la disposition
naturelle du lieu ont produit tout le reste , et voici comme il
est en premier lieu nécessaire de couvrir la partie de la place
(12, 13) exposée à la mer, parce que étant toute découverte et
sèche la moitié du temps et l'estran ferme comme un pavé, l'en-
nemi pourrait en 24 heures au moyen d'une grosse batterie (67)
abattre les tours (12,15) et faire une forte grande brèche dans
toute l'étendue de celte tête qui n'ayant ni flancs ni fossés ,
seroit facilement emportée en- marée basse , et la vieille ville
en même temps, dont le siège par ce moyen deviendroit une
affaire de quatre jours. On peut dire la même chose de la par-
tie (13, 14) qui a devant soi un assez grand espace de sable (68)
qui ne couvre jamais ; car si de l'autre côté du port il y avoit
une batterie dans les dunes qui eut ouvert le corps de la place
dans quelque partie de cette étendue on pourroit;, à marée basse,
passer à cheval, et, donnant à la brèche en même temps que de
l'autre , emporter la place, ou en tout cas loger un corps consi-
dérable dans cette grande masse de sable. C'est donc la néces-
sité de réparer deux défauts si pernicieux , et qui ne sont pas
moins évidents qu'une démonstration de géométrie qui a produit
la partie de la nouvelle enseinle qui les couvre et qui les étaye
MÉMOIRE DE VAUBAN. 8o
tellement que ce sera cy-après saiis contredit le plus fort de la
place. A cela se sont jointes d'autres petites considérations dont
la première est la nécessité de s'approcher plus du port, qui
étant accommodé peut devenir très utile, c'est d'envelopper les
dunes (68) qui sont là très pernicieuses , et de donner un flanc
très-considérable à la redoute (55) pièce de très grande consé-
quence, tout cela se fait parfaitement sans embarras par la dis-
position de ce dessin.
Quatre bonnes raisons demandent deux écluses en (M) dont
la première regarde simplement la défense de la place par la
grande quantité d'eau que l'on peut retenir dans le port et re-
nouveler à toutes les marées, au moyen desquelles on'peut faire
des courants dans ces fossés. — La deuxième la sûreté de la
dite place depuis la pointe dudit bastion (45) de la corne (44,-4o)
jusqu'à la tour longue (6) ; et encore depuis la tour longue
jusqu'au (40) par le moyen des eaux retenus dans le port et par
le courant qui peut sortir du château. — La troisième regarde
la marine en ce que par le moyen de cette écluse on pourra
convertir toute fois et quante qu'on voudra cette partie du pont
en bassin oii les vaisseaux du port de 400 tonneaux pourront
demeurer à flot. — Et la quatrième le nettoyment du port que le
jeu de l'écluse du château, qui chassant de près sur une grande
penle fera d'un (ort grand effet; de sorte que, au moyen de ces
deux écluses, voilà la place en sûreté contre toute sortes d'at-
taques, depuis la pointe du demi-bastion (45) jusqu'à celle (59)
en tournant par le costé de la mer et du port, c'est-à-dire plus
de nioilié de son circuit, el un très-joli port assuré.
L'augmentation de celte place a trois raisons, la première de
donner retraite à deux fauxbourgs qui sont aussi grands que la
ville, la deuxième celle de donner l'espace à pouvoir logei- des
troupes, faire des magasins, un hospital, etc., etc., la troisième
de redoubler la fortification et de la rendre capable d'une Ion-
86 MKMOIUE DE VAUliAN.
giio résistance. La division do celle augmcnlalion en deux par-
ties a pour raison, 1'"™' la longue j'ésistance, 2'"*'" de fïure que la
prise d'une de ces parties ne ncccssiie point la perle de l'autre,
moyennant quoy il en résultera deux biens, dont l'un est que
l'ennemi après la corne de la ville prise , ne pourra ])as s'ikcn-
dre ù son gré et chercher les endroits plus faibles de la vieille
ville pour y adresser ses attaques, mais sera contraint de les
continuer devant lui , d'où i('îsulte néc(!ssairement la seule de
toutes les difficultés qu'on y peut opposer.
L'autre bien est que la partie qui nous demeurera , fournira
des flancs de très grande considération à la vieille ville , de
l'espace et du logement jusqu'à la même ville, le surplus sera,
expliqué ci-après.
PROPRIÉTÉ DE I,A PLACE
APRES CE DESSIN EXECUTE.
La supposant achevée dans toute la perfection requise tant
en ce qui regarde la marine, que la fortification, abondamment
munie et d'une garnison de 5000 hommes de pied, et 300 che-
vaux ou dragons, le château de Valognes occupé par une com-
pagnie ou deux d'infanterie , Cai"entan en état de faire quelque
résistence et gu^^rre déclarée avec la Hollande, l'Espagne, l'An-
gleterre, ou tous les trois ensemble, voici sur quoy on pourra
très-assur('>ment compter. Il a été prouvé d'une manière claire,
évidente dans le commencement de ce mémoire que de toutes les
côtes de ce royaume exposées aux descentes, aucune ne con-
vient mieux à l'Angleterre que celle-ci eu égard à la proximité
MÉMOIRE DE VAUBAN, 8?
de ses meilleurs poils, et à la facilité de pouvoir mettre à terre
eu plusieurs endroits et par de grands espaces , à l'abondance
du pays, l'un des meilleurs de l'Europe pour la tsubsisteuce des
armées, à sa disposition faite exprès pour l'infanterie ; et la
facilité de s'y pouvoir maintenir par qui auroit occupé la pres-
([u'isle. Joint à l'éloignement des secours, à la faiblesse présente
de ce pays ; à l'épouvantable diversion que causeroit une telle
descente par l'abandon de nos frontières, aux ravages qu'une
armée de secours qui auroit à traverser les meilleurs pays du
royaume y feroil, et enlin au désavantage d'avoir une guerre
chez soi et dans son propre pays , sont toutes raisons d'une
véi'ité incontestable et qui se louchent au doigt et à l'œil sans
qu'il y ait d'autre moyen d"y remédier, que par lu fortification
d'une place si forte qu'elle puisse donner vigueur au soutien
des descentes, le temps nécessaire aux secours de s'en pouvoh*
approcher, et occuper cependant l'ennemi, et l'affoiblir par une
longue résistance. Or c'est ce qui se trouvera pleinement par
l'exécution du dessin proposé pour la fortification de Cherbourg,
que l'on peut assurer être telle qu'il la faut pour faire échouer
leur desseins , et il est vrai de dire que jamais place ne fut
mieux en état de produire cet effet qu'elle le seroit, il y a
même bien de l'apparence que pour peu que l'ennemi en fut
informé il perdroit la pensée des descentes ou que s'il y per-
sistoit il n'y réussiroit qu'à son dommage, et à sa grande perte.
Supposé toutes fois qu'il ait résolu de faire descente dans la
presqu'isle à dessein d'y prendre établissement et de porter la
guerre chez nous. Il est premièrement certain qu'il trouveroit
de l'opposition à la descente, et les communes, même les trou-
pes réglées s'il y en avoit dans la place, se présenleroient dans
la place beaucoup plus hardiment si elles étoienl assurées d'une
telle retraite, ce qui leur causeroit de la perte pour peu que les
gens s'entendissent et qu'il y eût du feu et des retranchements,
88 MÉMOiriË m: vauban.
sans qu'il y eut grand risque pour ceux qui la souliendroienl ,
attendu que l'ennemi n'ayant que de l'infanterie à mettre à
liM'rc, toute mouillée et en désordre, ne seroit pus en étal de
pousser des troupes de cavalerie et d'infanterie qui se retire-
roienl devant elles par des pays à lui inconnus et où l'on pour-
roit à tous moments l'arrêter et le couper.
2nient Qyg gj l'eimeuii met à terre il se donnera bien de garde
de s'evaltonner ni de courrir le pays tout d'abord , encore
moins de laisser Cherbourg derrière lui : ne le laissant point, il
sera obligé de l'assiéger, et de faire tout de ses pieds et de ses
mains, c'est-à-dire camper, faire les ligne?, aller au bois le sac
au cou, mettre le canon à terre et le voiturer à bras d'hommes
aux parcs et aux batteries, y conduire toutes les munitions et
outils et aller aux fascines une grande lieue et demie delà,
toutes choses qui paroissent moralement impossibles à une ar-
mée qui n'auroit que de l'infanterie. Je suis bien persuadé que
par les suites ils mettroient des équipages et de la cavalerie à
terre, mais cela ne se feroit pas du premier jour ni en assez
grande quantité pour pouvoir bien diligenter les affaires d'un
siège. Il y faudroit donc employer bien des allées et des ve-
nues, pendant quoy cette armée ne feroit pas grand progrès, et
il est certain qu'il se passeroit plus de quinze jours de temps
avant qu'elle se piît présenter devant la place , et bien autant
avant l'ouverture de la tranchée qui ne pourroit aller bien vite
s'il n'y avoit que peu de cavalerie et de voilures à la servir.
D'ailleurs cette cavalerie étant peu nombreuse et fort fati-
guée seroit bientôt sur les dénis, ou le siège lireroit de toute
nécessité à longueur. Cependant l'armée s'affoibliroit de jour
en jour par les occasions et fatigues du siège , par les maladies,
par les sorties que l'on feroit sur les fourrageurs, et par la disette
de toute chose, spécialement si on avoit soin de faire retirer les
paysans et les bestiaux dans le dedans du pays, de sorte que
MÉMOIRE DE VAUBAN. 89
les secours approchant et trouvant un ennemi recru et tout
harassé en auroientbien bon marché. Toutes ces difficultés pré-
vues par un ennemi sage et avisé, il est à présumer qu'il ne s'y
commettra pas ; ou que, s'il le fait, il en aura le démenti pour peu
que nous nous acquittions de notre devoir , s'entend à condi-
tion d'une bonne fortification à Cherbourg, bien complelte
et non à demi , parce que si elle étoit telle que l'ennemi
la put prendre en d 2 ou 45 jours, elle ne nous serviroit de
rien, attendu l'éloignement des secours, et cependant l'ennemi y
trouveroit les mêmes avantages après sa prise que si elle étoit
la meilleure du monde.
PRGPRIÉTÉS PARTICULIÈRES DE LA FORTIFICATION.
La face gauche du Bastion (29) sera presque imprenable aux
attaques , parce que le flanc droit de (27) ne pouvant être dé-
monté par le canon sera toujours en état de jeter son feu de ce
ctosé là aussi bien que celui de la tenaille du même costé.
Le demi-bastion de la corne (43) a les mêmes propriétés à
cause du flanc (44); plus le flanc droit de (29) ne peut pas être
battu, non plus que les jeux du pont (50 et 51). Les longs costés
de la corne de la basse ville ne peuvent être attaqués avec suc-
cès à cause des rivets que ces deux grandes lignes ont l'une
sur l'autre.
La corne ne peut être attaquée que par la tête , à cause du
revers d'une part , et de la protection que le bassin du port lui
donnera de l'autre, avantage très considérable.
Le bastion (2) ne peut être attaqué que la demi-lune ne soit
prise , mais cette demi-lune n'est point attaquable que par la
face droite, et la face gauche a toute une face de bastion pour
90 MÉMOIRE DE VAUBAN.
défense prochaine ; d'ailleurs elle doit être revêtue avec un bon
fossé devant elle, et sa communication à la ville neuve derrière
elle , ce qui la mettra en état de tenir long-temps sans que
l'ennemi puisse pendant tout ce temps là attaquer la face droite
dudit bastion, ni faire de batterie contre le flanc de (1) sans
être écliarpé ni travaillé au passage du fossé.
On pourroit faire des retranchements revêtus dans les
deux bastions de la ville neuve plus exposés aux atta-
ques ; et, disposant les casernes derrière la courtine comme les
marquées au plan, y pratiquer un excellent retranchement qui
recevroil entière perfection parles contre-mines que l'on pour-
roit ajouler à ses battei'ies. Si l'ennemi attaque par la corne,
comme il y a bien de l'apparence , parce que là le front est
étroit, les commandements à tous étages , les quartiers près,
et les chemins creux pour approcher très- favorables, toutes rai-
sons pressantes pour ceux qui ne connaîtroient pas bien la
face de cette fortification , ce sera tant pis pour l'ennemi et
tant mieux pour la place; car l'ennemi aura 1"'^"' la demi-lune
(49) à prendre, et par conséquent son fossé pleine d'eau cou-
rante à traverser ; S™*^"' la corne et les courants de son fossé ;
5n.ent |y demi-liuie (45) dont la situation causera bien des diflicul-
tés; 4'"^"' le bastion (2) défendu par les courans, et soutenu de mi-
nes et de retranchements; 5""^"' le retranchement (21 , 22) défendu
par lui-même, et par le plus rapide courant de toute la place ; et
gmcnt ig château, dont la fausse braye étant retranchée et le fossé
encore plein d'eau courante, lui donnera lieu de pouvoir tenirjus-
qu'à brèche ouverte sans bazarder de se faire emporter. Voilà donc
six obstacles à surmonter, tous plus difficiles l'un que l'autre, et
qui, étant sagement ménagés par un gouverneur, sans s'étourdir
ni y faire tuer son monde mal à propos, donneront de l'occupa-
tion à l'ennemi pour plus deux mois de temps , quelque dili-
gence et habileté qu'il puisse apporter à ses attaques.
MÉMOIRE DE VAUBAN. 91.'
L'autre attaque de la place qui pourra balancer celle-ci et
qui paroîtra toujours la plus forte, mais qui effectivement sera
la plus faible, est le front ("25, 27) où l'ennemi aura : 1'"'="' à
prendre la demi-lune qui peut être retranchée par une autre, et
son fossé à passer sec ou plein d'eau courante.
paient Lgg (jgyx baslious à prendre, dont le fossé aura les
mêmes qualités que celui de la demi-lune et le dit front au
flanc que l'on ne peut battre, et des contre-mines et retranche-
ments ù essuyer , ce qui peut beaucoup retarder la prise de
cette tête, où l'on pourra tout opiniàtrer sans bazarder l'affaire
générale.
3meiit La vieille ville à forcer, le fossé de laquelle pourra être
défendu sec et plein d'eau.
Et 4'"™' le château par son plus fort, où il y aura le courant
de son fossé à passer et le feu des traverses de la fausse braye à
essayer, qui seront très incommodes à cause de leur croisées,
réciproques et de la difficulté qu'il y aura de les battre;
voilà donc quatre pièces à prendre et autant de courants à
passer pour cette attaque, avant de se pouvoir dire maî-
tre de la place , toutes bonnes à la vérité et excellentes ;
mais il y en a six de l'autre costé, et cinq courants qui ne le
sont guerre moins, et partant l'attaque de la corne sera moins
redoutable pour la place que celle de la ville neuve, outre que
la prise de celle-ci otera bien plus de commodité à la garnison
que celle de la corne; car il ne faut pas encore une fois s'aller
mettre en tête que la prise de l'une de ces parties nécessite
l'abandon de l'autre, puisque, supposé la corne prise et la demi-
lune (43), il n'y auroit que la redoute (48), la partie du chemin
couvert (09), et le pont delà vieille ville, qu'on fut oblige d'aban-
donner, tout le reste demeurant dans ses droits; l'extrémité de
la grande ligne donneroit une grande prolcclion à la face droite
du bastion (2) qui, aidé du canon et des batteries que l'on
92 MÉMOIIIE DE VAUBAN.
pourra mettre en (70), réduira l'ennemi dans l'impuissance de
se pouvoir attaquer à cette face , avantage qu'on ne peut assez
estimer en cas pareil. Supposé de même que la vieille ville fut
en état d'être forcée. Il faudroit bien se donner de garde d'aban-
donner la corne , mais seulement la redoute (48) partie du
chemin couvert enfilé (69) et du surplus , raser partie du
parapet de la grande aile de la ville neuve (71) et se loger
dans la gorge de la demi-lune (45) et dans l'épaisseur du rem-
part de sa face gauche; moyennant quoy de ces retranchements
et du canon que l'on pourroit mettre en (72, 75) on donnera
une grande protection à toute la partie delà vieille ville (5,10),
ce qui empêchera l'ennemi d'en choisir les attaques avec tant
de liberté.
L'attaque de l'autre front (26, 27) a les mêmes défauts et
avantages que celle de (27, 29), excepté que les bastions (69)
seroient fort incommodés de la corne qui les verroit à revers,
et les attaques plus en prises à l'effet des sorties par ce qu'elles
pourroient tomber par la droite et la gauche sur la tranchée au
lieu que par l'autre elles nepourroientle faire que par un costé.
USAGE DES EAUX EN PARTICULIER.
Premièrement, le grand pont (66), son bàlardeau et ses barres
ou écluses achevées et mises en étal comme il est proposé par
ce projet, elles servi roient à la retenue des marées et au nétoy-
ment de cette partie du port, comprise entre ledit port et
la grande écluse.
Ornent | .j graudc écluse et celle du château servi roient à for-
mer un bassin pour les vaisseaux, et à retenir les marées dans
le port, qui s'y pourront maintenir en tout temps à la hauteur
MÉMOIRE DE VAL'BAN. 93
des vives eaux, au moyen de la rivière Divelte : ce qui produira
un réservoir inépuisable pour les couraus des fossés et de la place.
5ment L'éclusc du cliûleau servira à la disposition et réception
des marées (en cas qu'on fut oblige de terrasser la grande pen-
dant un siège, ou netoyraent du port) et à la déiTense de celle
partie.
4ment ^gg écluscs ct Ics bâtardcaux particuliers de la place
sont préposés pour servir à la direction des courants sui-
vant la manière que les uns et les autres sont disposés : si
on veut que le fossé soit sec, il le sera; si on le veut plein d'eau,
on y en pourra mettre de 9 à 10 pieds ; si on la veut dormante,
on l'aura ; et si on veut, on la fera courir aisément, et même à
l'entour d'une telle pièce que l'on voudra choisir : de sorte que
le fossé de Cherbourg peut devenir le meilleur et le plus par-
fait des places du Roy sans en excepter aucune. En voici l'usage:
si toutes les écluses sont fermées à marée basse , le fossé
n'ayant de profondeur que la basse mer de morte eau, demeu-
rera à sec et il n'y entrera que l'eau qui s'échappera par les
joints des portes ; et pour lors, étant partout roc, il sera aisé d'y
aller et de le traverser. Si on le veut avoir plein d'eau, tenant
les basses écluses (59, 62) fermées , il n'y aura qu'à ouvrir les
hautes (57, 75), en une heure de temps il se remplira. Si on
veut mettre l'eau en mouvement à l'entour de la demi-lune (49),
il n'y aura qu'à tenir la haute écluse (75) fermée, et ouvrir la
basse (62), rompant ou ouvrant le bâtardeau (58) il se fera un
grand profond courant à l'entour.
Si devant la corne, en ouvrant son écluse (75) on continue de
tenir la basse ouverte, il s'y fera aussitôt un courant large et
profond dont la vitesse sera augmentée ou diminuée parle plus
ou moins d'ouverture de la basse écluse.
Si après tous les courants lâchés, on veut remettre tout le
fossé de la ville neuve à sec, et même la plus grande partie de
94" MEMOIRE DE VAUHAN.
la corne, prenant son temps un peu devant à basse mer pour
fermer les écluses (57, 75) et laissant la basse ouvwte , l'eau
s'écoulera et le fossé se videra entièrement.
Si après la corne prise, il est nécessaire de jeter quelques
courants dans le fossé de la ville neuve, il n'y aura qu'à tenir la
basse écluse (74) ouverte, et la basse de la vieille ville (62) fer-
mée, après quoy, ouvrant la grande (57) il se fera un courant,
qui après avoir rempli le fossé de la dite ville jusqu'à la hauteur
de 4 pieds 1/2, passera par dessus le bâtardeau qui joint la corne
à la ville neuve, et prendra son cours tout le long de son fossé.
Si la corne prise, l'ennemi se met en devoir de passer le bas-
tion (2) : tenant la grande écluse (57) ouverte, et levant la basse
(52) il se fera un courant devant ce bastion et tout le long du
fossé de la place d'autant plus rapide qu'il y aura 8, 9 à 10
pieds de pente depuis la haute écluse jusqu'à la basse, lequel
courant se pourra facilement entretenir d'une marée à l'autre,
comme tous les autres.
Si le bastion pris , l'ennemi se met en devoir de passer le
fossé du retranchement : les deux écluses (21 , 22) étant ouver-
tes et la basse (62) fermée, il y aura 8 à 9 pieds d'eau dans le
fossé; mais si on ouvre la basse il s'y fera un courant aussi ra»-
pide que le précédent.
Si le retranchement forcé, l'ennemi se met en devoir d'atta-
quer le château et passer son fossé : ouvrant la haute écluse (76)
et fermant la basse (64) il se remplira; mais, si après c^'a on
ouvre toutes les deux il se fera un courant de l'un à l'autre et
qui fera le tour de ce fossé sur 7 à 8 pieds de pente avec une
grande rapidité.
A l'égard du fossé du donjon il y aura seulement 5 à 6 pieds
d'eau, mais aussi n'esl-il pas nécessaire qu'il y en ait davantage.
On pourra faire courant à l'entour de tontes les pièces de la
ville neuve avec la même facilité, et do cette fiiçon on obtiendra
MÉMOIRE DE VAUBAN. 95
aisément le service qu'on peut espérer des eaux; et cela, sans
.peine, sans embarras et avec une très médiocre dépense.
LA MARINE.
La grande écluse (54) et celle du château (71) étant faites, les
^digues, jetées, fascinage, netoyement du port et du chenal ache-
vés, toutes et quanles fois que l'on tiendra la grande écluse
fermée, il se fera un bassin depuis le port jusques à la dite
écluse où il y aura ordinairement depuis 13 jusqu'à 16 pieds
d'eau sur une étendue capable de contenir plus de 40 navires
du port de 5 à 400 tonneaux ou autant de frégates de 20, 30 à
40 pièces de canon , pour si taillées qu'elles puissent être ; et
par ce que la petite rivière Divette fournit une assez grande
quantité d'eau, en faisant que les écluses soient un peu étan-
chées il ne sera pas impossible d'entretenir la plénitude de ce
bassin, à la hauteur des vives eaux.
Le chenal au-dessus de l'écluse, ou l'avant port, pourra aussi
recevoir des vaisseaux du port de 5 à 600 tonneaux, qui est
tout ce qu'on peut souhaiter d'un lieu dont le fond ni les ma-
rées ne permettent pas d'en espérer davantage. Tout ceci est
d'une évidence d'autant plus certaine que je ne le sais que par
ce que les sondes m'en ont appris.
De ce que dessus et de toute cette disposition il résulte que
un port présentement désert et sans aucun commerce, pourra
devenir non seulement marchand , mais très bon et mieux
situé pour la course qu'aucune autre du royaume ; d'autant que
l'espace de mer qu'il y a d'ici en Angleterre forme un détroit
par où il faut que tout le commerce du Nord passe , à moins
que de faire tout le tour de l'Ecosse qui est long et fort péril-
96 MÉMOIIIE DE VAUBAN.
leux ; d'ailleurs quand ou sort du port de Cherbourg ou n'est
pas à G lieues eu mer qu'on découvre tout ce qui se passe
entre l'Angleterre et nos costes ; d'où s'en suivra que si l'on
tient 7 ou 8 frégates à Chei'bourg , du port de 46, 20, 2i, 30,
56 pièces de canon, bien montées, elles désoleront tout le com-
merce de la Manche, et feront plus de mal aux ennemis que les
20 plus gros navires armés du royaume ; joint que tous nos
marchands, et tous autres bâtiments faisant la course y trouve-
ront un nouveau refuge assuré contre les mauvais temps et les
ennemis.
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La Bibliothèque
Université d'Ottawa
Echéance
The Library
University of Ottawa
Date Due
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