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Full text of "Mémoire du maréchal de Vauban sur les fortifications de Cherbourg <1686>"

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^34-  .^-^-y^c 


MÉMOIRE 

Dl!  MARÉCHAL  DE  VAUBAN 


Imprimk  v\\\  Marcel  MOrc.HKI; 

A  ClioitK.iii).'. 


MÉMOIRE 


DU 


MARÉCHAL  DE  VAUBAN 

SUR  LES  FORTIFICATIONS 

DE  CHERBOURG 

[1686] 
Publié  par  M.  Joachim  MENANT. 


PARIS 

LIBRAIRIE    ARCHÉOLOGIQUE  DE  V.  DIDRON,  RUE   HAUTEFEUILLE,  15. 
MDCCCLl 


I    BlBLiOti-.^--  ^ 


llGr 


NOTICE  SUR  VACBAN  ET  LES  FORTIFICATIONS 
DE  L'ANCIEN  CHERBOURG. 


11  existe  des  hommes  dont  le  génie  a  marqué  chacune  des 
^actions  de  leur  longue  carrière,  et  qui  se  trouvent  ainsi  environ- 
nés d'une  auréole  d'autant  plus  éclatante  qu'il  suffisait  peut-être 
d'une  seule  pour  assurer  leur  gloire, 

Vauban  est  un  de  ces  êtres  privilégiés.  Il  n'y  a  pas  une  place 
forte  sur  nos  frontières  où  il  n'ait  laissé  des  traces  de  ses  tra- 
vaux; il  n'y  a  pas  un  fait  mémorable  du  siècle  de  Louis  XIV  où 
l'on  ne  retrouve  son  nom:  57  années  de  services,  25  campagnes, 
40  blessures,  140  actions  de  guerre  ;  52  sièges,  53  places  nou- 
velles fortifiées  et  les  anciennes  restaurées,  voilà  pour  la  gloire 
du  maréchal  (*).  Mais  ce  n'est  pas  tout,  Vauban  était  non  seu» 


(*)  Voyez  V Histoire  de  Vauban,  publiée  sans  nom  d'auteur  par  L.  Lefort^ 
•éditeur.  Lille,  1844. 


2  NoriC.K    Si:U  VAIP.AN 

lemcnt  un  grand  capitaine;,  mais  encore  un  grand  polilique.  11 
siillit  de  lire  ces  recueils  qu'il  a  niodeslemcnl  intitulés  :  Mes 
0/Aii't7t's-,(;t  que  l'on  a  nommés  si  judicieusement  depuis  Les  îlevcs 
d'un  homme  de  bien.  Son  style  n'a  peut-éire  pas  la  pui-eté,  l'é- 
légance des  grands  écrivains  du  siècle  de  Louis  XIV;  c'est  le 
langage  loujoui's  claii'  et  souvent  énei'gique  du  soldat.  Ce  qui 
préoccupe  s'utonl  l'éciivain,  c'est  le  bien  de  l'humanité;  on  dirait 
qu'il  ne  comprend  les  formidables  moyens  d'attaque  et  de  défense 
qu'il  emploie  que  comme  des  n<;cessilés  qui  doivent  rendre  les 
guerres  moins  sanglantes,  en  maintenani  plus  énorgiquement  la 
paix  des  nations.  Sur  le  champ  de  bataille  le  maréchal  n'a  pas 
d'autre  pensée  :  brûlons  de  la  poudre,  disait- il  à  ses  ofiiciers 
qui  murmuraient  des  lenteurs  du  siège,  impatients  qu'ils  étaient 
de  donner  l'assaut,  briîlons  de  la  poudre,  mais  épargnons  le 
sang  des  soldats  ;  et  bientôt  après  il  entrait  dans  la  place  sans 
perdre  un  seul  honmie  (*). 

Il  appartenait  à  noire  siècle,  éminemment  juste  envers  les 
morts,  de  rendre  hommage  à  une  gloire  si  pure.  Napoléon  or- 
donna que  le  cœur  deVauban  fût  transféré  sous  le  dôme  des  In- 
valides à  côté  de  Turenne,  où  l'Empereur  et  Iloi  devait  venir  aussi 
reposer  un  jour  (**).  Cependant,  tandis  que  le  lierre  environne  les 
remparts  que  Vauban  avait  élevés,  tandis  que  le  temps  détruit 
chaque  jour  les  citadelles  qu'il  avait  solidement  construites,  on 


(*)  C'était  au  siège  deCharleroi,en  1693.--  II  n'y  a  pas  une  parole  du 
maréchal ,  qui  ne  témoigne  de  sa  sollicitude  pour  épargner  le  sang  dos 
soldats.  Au  siège  de  Ypres,  le  Roi  voulait  donner  l'assaut  avant  d'avoir 
couronné  le  chemin  couvert:  a  Vous  y  gagnerez  un  jour,  dit  Vauban, 
mais  vous  y  perdrez  mille  hommes.  »  Le  lendemain  le  chemin  couvert 
fut  couronné  et  la  place  se  rendit. 

(**)  La  cérémonie  eut  lieu  le  ?G  mai  1808  ,  jour  de  l'anniversaire  de 
I.i  prise  de  Dantzick. 


ET  LES  FORTIFICATIONS  DE  L'aNCIEN  CHERDOURC;.  % 

île  pouvait  pas  voir  tomber  en  ruine  toutes  ces  places  démante- 
lées, sans  chei'cher  à  sauver  ce  qu'il  y  avait  de  moins  périssable 
en  elles,  le  génie  qui  en  avait  dicté  les  plans. 

Les  œuvres  écrites  de  Vauban  ont  été  nombreuses,  elles 
formeraient  des  volumes  précieux  si  on  eût  pu  les  recueil- 
lir. Malheureusement  quand  on  a  songé  à  les  mettre  au  jour, 
la  plus  grande  partie  avait  disparu  (*).  Aujourd'hui  chaque 
feuille  sur  laquelle  on  peut  reconnaître  le  nom  de  Vauban 
est  devenue  précieuse  et  chacun  se  la  montre  avec  un  saint 
respect. 

Cherbourg  possède  quelques-unes  de  ces  pages,  elles  ont 
d'autant  plus  d'intérêt  pour  nous  qu'elles  sont  consacrées  à 
la  grandeur  de  notre  pays,  et  qu'elles  se  trouvent,  pour  ainsi 
dire,  le  point  de  départ  de  la  prospérité  moderne  de  la  ville 
de  Cherbourg. 

Mais  il  convient  de  reprendre  aussi  succinctement  que  pos- 
sible l'histoire  de  notre  cité,  pour  comprendre  dans  quel  état 
elle  se  trouvait  lorsque  Louis  XIV  et  Vauban  soupçonnèrent  son 
importance  future. 

Nous  n'avons  aucune  donnée  certaine  sur  l'histoire  de  notre 
presqu'île  avant  l'invasion  des  Romains.  De  vastes  forêts  sem- 
blaient îa  couvrir.  Çà  et  là  des  pierres  druidiques  nous  révèlent 
le  cuite  des  anciens  habitants,  mais  ne  nous  laissent  rien  soup- 
çonner de  particulier  sur  la  ville  qui  plus  tard  doit  porter  le 
nom  de  Cherbourg. 

Sous  la  domination  romaine ,  le  même  vague  se  prolonge, 
et  ce  vague  qui  pèse  sur  toutes  les  villes  qui  prirent  naissance 


(')  M.  Gorroard,  cdilour,  a  fait  imprimer  en  1841,  IS-îS  et  1845,  trois 
volumes  extraits  des  Oisiveté;;  de  Vauban  ,  qui  n'avaient  pas  encore  été 
publiées. 


4  NOTICE  Sim  VALliAN 

alors ,  permoi  aux  savants  toutes  los  conjectures  possibles  sur 
l'origine  de  la  ville  et  sur  l'élymologic  de  son  nom. 

Le  cliâteau  est  le  nionunieni  le  plus  ancien  dont  il  soit  ques- 
tion dans  les  chroniques  qui  nous  parlent  de  Cherbourg.  Ce 
château,  de  construction  romaine,  s'élevait  sur  l'endroit  de  la 
plage  le  moins  exposé  aux  attaques  et  dominait  un  petit  hâvie 
à  l'embouchure  d'un  filet  d'eau.  La  v;lle  s'était  groupée  autour 
à  l'ombre  de  ses  remparts. 

Le  premier  fait  qui  nous  révèle  l'imporiance  de  CherJ)ourg 
remonte  au  W"  siècle  (').  A  cette  époque  ,  Cui!laume-le-Bâtard 
avait  épousé  Maihiîde,  fiUe  du  comte  Baudouin,  et  sa  cousine 
germaine  ;  il  fut  excommunié  pour  ce  fait  par  le  Pape  Léon  IX, 
et  pour  racheter  son  excommunication  il  fit  don  à  quatre  gran- 
des villes  de  la  Normandie  de  la  nourriture  de  cent  pauvres  , 
pour  leur  Ilôtel-Oieu.  Ces  quatre  grandes  villes  étaient  Rouen, 
Caen,  Bayeux  et  Cherbourg. 

Cherbourg  avait  donc  alors  une  certaine  importance  ,  et  dès- 
lors  celte  importance  suit  la  marche  des  événements  qui  depuis 
le  XI'=  siècle  jusqu'à  la  moitié  du  XV^  ont  signalé  les  grands 
différents  de  la  France  et  de  l'Angleterre,  dont  la  Normandie 
était  l'enjeu. 

L'histoire  de  Cherbourg  pendant  cette  longue  période  est 
l'histoire  de  ces  grandes  luttes  des  deux  puissances  rivales  (**). 
Jetez  les  yeux  sur  la  carte,  vous  verrez  à  l'extrémité  de  la 
presqu'île,  Cherbourg  s'avancer  dans  la  mer  comme  un  bras 


(*)  Voyez  l'Histoire  de  la  Ville  de  Cherbonrg ,  par  Voisin-la-Hougue , 
page  14  et  suiv. 

(**)  Voyez  Vlîittoire  générale  de,  la  Normandie,  par  Gabriel  Dumoulin  , 
passim  ;  cl  V Histoire  civile  et  reli(jieuse  de  Clierbounj ,  par  M.  l'alibé  DE- 
MONS. Manuscrit  de  la  Dibliolhèque  de  Clierboui'g. 


ET  LES  FORTIFICATIONS  DE  l' ANCIEN  CHEUBOL'RG.  S> 

pour  menacer  l'Angleterre  ou  comme  une  main  amie  pour 
sanctionner  la  paix. 

Avec  la  conquête  de  Guillaume,  lorsque  le  Duc  devint  Roi, 
Cherbourg  qu'il  avait  choisi  pour  sa  résidence  subit  le  sort  des 
vainqueurs,  et  la  cité  Normande  devint  une  ville  Anglaise.  Plus 
tard  le  Comte  de  Boulogne  conteste  à  la  fille  du  Conquérant  la 
possession  de  la  Normandie  ;  il  met  le  siège  devant  Cherbourg, 
et  après  deux  mois  de  siège  il  s'en  rend  maître  en  H  39,  jusqu'à 
ce  que  le  Comte  d'Anjou,  époux  de  Mathilde,  l'en  chasse  à  son 
tour  quelques  années  après.  En  1293  Cherbourg  est  encore 
brûlé,  détruit  en  partie  par  les  Anglais,  et  ce  n'est  qu'en  1300 
que  l'on  songe  à  le  fortifier  sérieusement.  Ces  fortifications 
sauvèrent  Cherbourg  de  l'attaque  d'Edouard  III,  en  1344  ;  mais 
il  fut  livré  aux  Anglais  en  1378,  par  la  trahison  d'un  officier 
de  Charles-le-Mauvais.  Les  efforts  des  Français  pour  le  repren- 
dre furent  inutiles.  Duguesclin  échoua  dans  cette  entreprise  ,  en 
1378,  et  ce  ne  fut  qu'en  1394  que  Richard  II  rendit  Cherbourg 
au  roi  de  France.  Lorsque  la  bataille  d'Azincourt  eut  décidé 
encore  une  fois  du  sort  de  la  Normandie,  Henri  V  vint  assiéger 
Cherbourg,  qui  fut  obligé  de  se  rendre  en  1418.  Il  resta  alors 
32  ans  sous  la  domination  des  Anglais ,  ils  en  furent  chassés  en 
1430,  par  les  prières  et  les  vœux  des  habitants,  puissamment  se- 
condés par  l'artillerie  dont  on  faisait  alors  les  premiers  essais  (*). 

La  lutte  entre  la  Fi'ance  et  l'Angleterre  était  alors  terminée  ; 
la  Normandie  appartenait  définitivement  à  la  France  ;  dès-lors 
l'importance  de  Cherbourg  disparaît.  Il  n'en  est  plus  fait  men- 


(*)  Les  Anglais  quittèrent  Cherbourg  le  vendredi  14  août  14o0.  Ce  fut 
à  l'occasion  de  cette  heureuse  délivrance  qu'un  bourgeois  de  Cherbourg 
construisit  le  tableau  mobile  de  l'Assomption,  qui  donna  son  nom. à  la 
confrérie  de  Notre-Dame-Montée.  Celte  confrérie,  fondée  en  1466,  exis- 
tait encore  au  moment  de  la  révolution  de  1789. 


6  NOTlCi;   SUU  VAUliAN 

tion  dans  l'histoire,  c'est  un  point  oublie  ;  ii  ne  lesle  plus  qu'à 
le  détruire. 

Cherbourg  reste  près  de  deux  siècles  dans  cet  état  d'oubli,  et 
ses  murs ,  ses  remparts  ébréchés  tombaient  chaque  jour  en  rui- 
ne. Cependant  on  comprit  un  jour  que  la  Normandie  n'était, 
pour  ainsi  dire,  que  le  prétexte  des  luttes  de  la  France  et  de 
l'Angleterre  ,  et  qu'au-delà  de  la  possession  de  cette  province , 
il  s'agissait  entre  les  nations  rivales  de  quelque  chose  de  plus 
sérieux  encore.  C'était  en  1680,  Louis  XIV  et  Vauban  tourné* 
rent  leurs  regards  vers  Cherbourg. 

Dans  quel  état  se  trouvait  alors  notre  pauvre  cité?  Des  pans 
de  mur  gisaient  çà  et  là,  le  logement  du  gouverneur  ne  se  sou- 
tenait plus  qu'à  force  d'élançons ,  les  cours  et  les  fossés  du 
château  étaient  obstrués  de  décombres,  ufiepartie  des  casernes 
était  détruite,  l'autre  était  prèle  à  tomber  en  ruines,  tout  enfin 
annonçait  une  ville  abandonnée  depuis  longtemps. 

Cependant  ces  débris,  ces  ruines  témoignaient  encore  de 
l'ancienne  résistance  dont  ils  étaient  capables ,  et  Louis  XIV 
voulait  les  réparer.  Vauban  fit  alors  un  projet  avec  un  plan  h 
l'appui.  Le  plan  signé  de  la  main  de  Vauban  existe  encore,  il 
est  déposé  à  la  Mairie.  Le  mémoire  original  a  disparu ,  il  en 
existe  de  nombreuses  copies  plus  ou  moins  fidèles;  cependant 
on  peut  considérer  celle  qui  est  conservée  dans  les  archives  du 
génie  militaire  comme  la  plus  authentique.  Voici ,  d'après  ce 
projet ,  l'idée  que  nous  pouvons  nous  faire  de  l'ancien  Cher- 
bourg. 

Le  donjon  avait  quatre  tours  principales,  reliées  entre  elles 
par  autant  de  courtines  environnées  de  murs  revêtus  à  l'an- 
tique, de  cinq  à  six  pieds  d'épaisseur  et  couronnés  de  créneaux 
et  de  mâchicoulis.  Il  était  situé  vers  l'extrémité  de  la  rue  Notre- 
Dame  et  de  la  ru(î  des  Fossés. 

Le  château  occupait  l'espace  compiis  entre  le  quai  du  port, 


ET  LES  FORTIFICATIONS  DE  L  ANCIEN  CHERBOURG.  / 

depuis  la  place  Criquoville  jusqu'à  la  rue  Quai-ciu-Bassin , 
la  rue  du  Château  cl  la  rue  Nolrc-Dame. 

Quanl  à  l'enceinte  de  la  ville,  nous  pouvons  en  retrouver  le 
iriicé  sur  les  rues  actuelles.  En  parlant  de  la  tour  des  Sarra- 
sins, qui  correspondait  à  la  place  qui  porte  aujourd'hui  le  nom 
de  place  Briqueville,  et  en  montant  vers  le  nord, la  contre-escarpe 
du  fossé  suivait  directement  la  rue  de  la  Marine  jusqu'en  face 
la  tour  de  l'Eglise,  qui  vient  d'être  démolie.  En  retournant  à 
l'ouest,  on  rencontrait  bientôt  la  tour  de  Gouberville,  et  un  peu 
plus  bas  vers  le  sud  ,  la  tour  Carrée ,  sur  remplacement  de  la- 
quelle l'obélisque  en  granit  de  la  place  d'Armes  s'élève  aujour- 
d'hui. Les  fossés  suivaient  remplacement  de  la  rue  des  Corderies, 
de  la  place  de  la  Fontaine  et  de  la  rue  de  la  Fontaine.  Nous  avons 
l'cucontré  à  l'angle  de  la  rue  des  Corderies  et  de  la  place  de  la 
Fontaine,  la  tour  Cornette  et  une  porte  d'entrée  de  la  ville  ;  en 
nous  dirigeant  vers  l'est,  par  la  rue  Corne-de-Gerf ,  nous  pas- 
sions sur  le  bastion  Saint-François,  qui  protégeait  la  principale 
porte  de  la  ville,  à  l'extrémité  de  la  rue  des  Portes.  La  rue  des 
Tribunaux  nous  conduit  sur  le  quai  du  Bassin,  à  l'emplacement 
du  bastion  du  Moulin  ,  et  en  gagnant  vers  le  nord,  après  avoir 
passé  devant  la  tour  du  Moulin  ,  nous  arrivons  à  peu  de  dis- 
tance de  notre  point  de  départ,  sur  la  place  Briqueville. 

Telle  était  l'étendue  de  Cherbourg  il  y  a  deux  siècles.  Le 
port  était  une  espèce  de  vasièrc  qui  s'étendait  le  long  du  fau- 
bourg à  l'emplacement  des  halles  et  de  la  prison,  avec  un  quai 
en  pierres  sèches  ,  dont  les  riverains  avaient  fait  tous  les  frais. 
Joignez  à  cela  quatre  ou  cinq  mille  habitants  sans  commerce  , 
sans  industrie  et  voua  aurez  une  idée  de  l'aspect  de  Cherbourg 
au  moment  de  l'arrivée  de  Vauban. 

Vauban  analyse  avec  un  grand  soin  les  travaux  à  faire  pour 
l'cmeltre  Cherbourg  en  état  de  figurer  au  rang  des  places  fortes 
du  royaume;  il  indique  tous  les  changements  à  faire  aux  rem- 


s  NOTU'.K    SCR  VAL'BAN 

paris,  il  protège  chaque  lour  par  un  haslion,  puis  ii  soif  Iiar- 
dinienl  de  la  limite  de  la  ville  et  il  trace  une  nouvelle  enceinte 
bastionnée,  qui  s'étend  jusqu'à  la  rue  du  Cliantici'  d'une  part,  et 
qui  de  l'autre  enveloppe  tout  l'ancien  faubourg.  11  ne  paraît  pas 
que  Vauban  ait  compris  que  la  rade  pouvait  être  fermée,  et  pour- 
tant il  ne  se  méprenait  pas  sur  l'importance  maritime  de  Cher- 
bourg. Je  ne  connais  pas  déport,  dit-il,  plus  important  que  celui 
de  Cherbourg,  et  il  vaudrait  mieax  que  les  Anglais  eussent  fait 
descente  à  Calais  ou  à  Boulogne  plutôt  que  dans  notre  presqu'île. 

Je  ne  puis  m'empécher  de  faire  ici  une  remaïqtic  qui  peut 
avoir  son  importance.  Ce  qui  semble  préoccuper  surtout  Vauban 
c'est  la  position  audacieuse  que  Cherbourg  occupe  à  l'extrémité 
de  la  presqu'île.  Il  considère  notre  ville  comme  la  clef  de  voi'ite 
du  royaume.  Une  fois  maître  de  cette  position,  l'ennemi  (et  c'est 
l'Anglais  qui  est  réteruel  ennemi  de  Cherbourg),  l'ennemi  pourra 
s'y  fortifier  à  son  tour,  prendre  tous  les  établissements  qui  lui 
conviendront  et  s'avancer  ensuite  dans  l'intérieur  sans  danger 
ni  sans  résistance.  Cherbourg  doit  tout  attendre  du  courage  de 
sa  garnison.  Comment  faire  venir  promplement  à  son  secours 
nos  armées  du  centre  ou  de  la  frontière?  —  A  l'époque  où 
Vauban  écrivait,  le  problème  était  insoluble;  mais  avec  nos 
moyens  de  transport  actuels ,  il  est  facile  de  dire  que  s'il  eût 
écrit  de  nos  jours  le  premier  moyen  de  défense  qu'il  eut  demandé 
pour  Cherbourg,  vous  l'avez  déjà  nommé,  c'est  un  chemin  de  fer. 

Enfin ,  le  travail  de  Vauban  renferme  le  compte  exact  de  la 
dépense  nécessaire  pour  remettre  les  fortifications  en  état  et 
pour  augmenter  la  ville  d'une  manière  notable ,  c'est-à-dire  en 
lui  donnant  un  développement  de  867  toises  de  pourtour.  Ce 
devis  s'élevait  à  la  somme  de  2,102,409'  G"  4''  (*). 


(*)  L'or  vali'il  on  1688  ,  448^  le  marc,  il  vaut  maintenant  800^0  marc 


ET  LES  FOnTlFltATIONS  DE  L  ANCIEN  CIIERrOURG.  9 

Celle  somme  parât  énorme  et  les  projets  de  Vauban  restèrent 
dans  les  cartons.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  ce  qui  eut  lieu 
depuis.  Quelques  années  après  on  rasait  ces  vieux  débris  si  dis- 
pendieux à  réparer.  Il  fallut  que  la  France  apprît, par  les  revers 
de  la  Hougue  et  les  désastres  de  1758  ,  à  juger  de  l'importance 
de  Cherbourg  (').  Aussi,  un  siè<:le  après  Vauban^  Louis  XVI  et 


La  dépense  de  2,402,409'  6*  i^  correspond  donc  aujourd'hui  à  la  somme 
de  3,744,501'  13^  8^  1/2. 

(')  Cherbourg  avec  son  ciel  brumeux,  avec  ses  formidables  tempêtes  qui 
mugissent  l'hiver  à  nos  oreilles ,  avec  sa  poussière  de  granit  q\ie  le  vent 
soulève  encore  au  fond  de  ses  immerises  bassins,  est  assurément  l'entre- 
pnse  la  plus  gigantesque  des  temps  modernes.  Ce  n'est  pas  en  effet  une 
ville  qui  grandit ,  qui  se  développe  ,  c'est  la  création  de  tout  un  siècle  , 
ce  sont  les  travaux  de  tout  un  peuple,  c'est  la  lutte  de  deux  puissances 
rivales ,  c'est  le  triomphe  de  l'humanité  sur  la  nature ,  c'est  la  plus 
«éclatante  victoire  de  l'homme  sur  les  éléments. 

Les  travaux  de  la  Digue  ont  été  arrêtés  en  principe  dès  1777,  ils  n'ont 
été  mis  à  exécution  que  quelques  années  plus  tard.  Originairement  cette  ' 
Digue  dont  les  fondements  furent  jetés  à  plus  d'une  lieue  du  rivage  de- 
vait être  composée  d'une  série  de  cages  en  bois  juxta-posées  et  remplies 
de  pierres.  Chaque  cage  ayant  la  forme  d'un  cône  tronqué  se  composait 
de  90  montants  de  124  pieds  de  hauteur ,  et  couvrait  une  surface  de 
17,20u  pieils  carrés  à  la  base.  Il  entrait  24.000  pieds  cubes  de  bois  dans 
la  construction  de  ces  cônes  qui  contenaient  2,700  toises  cubes  de  pierres 
et  pesaient  plus  de  100,0(X),000  de  livres.  —  Cependant  le  système  des 
cônes  ayant  été  abandonné  pour  un  nouveau  mode  de  construction ,  l'île 
factice  de  la  Digue  a  été  formée  par  une  masse  de  pierres  jetée  à  fond 
perdu  qui  représente  acluellem^t  un  volume  de  3,755,000  mètres 
cubes. —  On  a  construit  au  centre  de  cette  île  des  casernes,  des  maisons, 
un  fort  et  un  phare;  puis  des  deux  côtés,  la  crête  de^l'île  a  été  couronnée 
dans  toute  sa  longueur  par  un  ouvrage  de  maçonnerie  et  les  deux  extré- 
mités de  ces  bras  gigantesques  ont  été  disposées  pour  recevoir  deux  forts. 
—  Aujourd'hui  la  Digue  est  à  peu  près  terminée  ,  elle  représente  un 
solide  de  IJjO  mètres  de  base,  22  mètres  de  hauteur  cl  3,G58  mètres  de 
long,  formant  une  masse  de  4,6io,100  mètres  cubes.  —  Lorsque  la 


t()  XOTICE  SL'Ii   VALB;V.\. 

TS'apolt'on  jclcroiil  les  fondcMuonls  (l'un  travail  qui  devait  conter 
à  la  France  quatre-vingts  ans  do  travaux  cl  plus  de  deux  cents 
millions  de  dépenses,  pour  nous  donner  le  Cherbourg  que  l'on 
admire  aujourd'hui  ('). 

MENANT. 

Octobre  18j0. 


Digue  sera  cnlièrement  terminée  et  année .  elle  n'aura  pas  coûté  moins 
(le  77,000,000  à  la  France.  —  Elle  fcrnicra  alors  un  immense  lac  de 
■1,000,000  (le  toises  carrées  dont  820,000  propres  au  mouillage  de  60 
vaisseaux  de  haut-liord,  sans  compter  le;;  frégates  ,  corvettes,  etc. ,  etc. 
—  hc  port  militaire  se  compose  d'un  avant-port  et  de  deux  bassins  prin- 
cipaux d'une  superficie  de  GO.OOO  toises  carrées.  —  L'avant-port  fut 
arrêté  en  projet  en  1792:  mais  il  ne  fut  exécuté  que  sous  l'Empire, 
par  déci'et  du  25  germinal  an  xi  (15  avril  1805)  ;  il  fut  creusé  dans  le 
roc  à  28  pieds  de  profondeur  au  dessous  des  plus  basses  marées  el  à  50 
pieds  au  dessous  du  sol.  —  Le  travail  de  la  mine  a  enlevé  1,071, 442 
mètres  cubes  de  déblais  de  l'avanl-port,  el  il  a  coûte  17,401,174  <rancs. 
Enfin  il  fut  terminé  en  1815  après  10  ans  de  travaux,  pendant  lesquels 
1,500  hommes  et  400  chevaux  furent  constamment  employés  aux  trans- 
ports, des  déblais. — Le  prenîicr  bassin  moins  grand  que  l'avant-port  en  su- 
perficie, mais  creusé  avec  les  mêmes  procédés  et  à  la  même  profondeur , 
n'a  coûté  que  7,196,517  francs  ,  il  a  290  mètres  de  long  sur  217  mètres 
de  large  ;  il  fut  terminé  en  1829.  —  Le  second  bassin  est  en  voie  de 
construction ,  c'est  le  plus  grand ,  il  a  400  mètres  de  long  sur  200  de 
large  ;  lorsqu'il  sera  terminé  il  représentera  une  cavité  d'oîi  l'on  aura  ex- 
trait 5,621,222  mètres  cubes.  Ces  trois  bassins  avec  les  établissements 
nécessaires  à  la  construction  el  l'armement  îles  vaisseaux ,  i^ont  entourés 
de  fortifications  qui  enveloppent  un  espace  de  850,000  mètres  carrés  sur 
un  développement  de  5,000  mètres  de  longueur. 

(*)  Voyez  les  pages  remarquables  que  M.  A.  de  Tocq'ieville  a  écrites  sur 
la  Digue  el  le  Port  militaire,  dans  la  collection  drs  Villes  de  France, 
publiée  par  W.  A.  Giui-REnT.  Tome  V-',  jiag.  717  et  suiv. 


MÉMOIRE  DE   VAUBAIN 

SUR  LES 

FORTIFICATIONS  DE  CHERBOURG. 

(1G8G.) 


DESCRIPTION  DE  CHERBOURG  ET  DE  SA  PRESQU  ISLE. 


Cherbourg,  ville  de  Normandie  de  l'évêché  deCoutances,  est 
assise  sui-  le  bord  de  la  mer,  à  70  lieues  de  Calais  et  80  de 
Ouessant,  qui  sont  les  deux  extrémités  de  la  Manche  ;  à  21  lieues 
de  l'île  de  With  et  28  de  Portsmouth,  l'un  des  plus  considé- 
rables ports  de  l'Angleterre;  à  55  lieues  du  Havre,  31  deSainl- 
Malo,  25  de  Caen,  i8  de  Bayeux,  H  do  Carentan ,  d6  de  Cou- 
tances,  4  deValognes,  21  de  Granville,  15deGersey,  15  de 
Garnesey  et  10  d'Orney  ou  Origny,  ces  trois  derniers  sont  des 
fsles  angloises;  le  tout  à  mesurer  en  ligne  droite  d'un  lieu  à 
l'autre  ,  et  non  en  suivant  les  sinuosités  de  la  nier  et  des 
«iiemins;  elle  occupe  à  peu  de  chose  près  le  milieu  de  cette 
terre  de  Normandie  qui  par  son  avancé  dans  la  Manche,  forme 


12  MÉMOIUE   DE   VAUnAN. 

une  presqu'islc  de  11  à  42  lieuts  de  long  (*)  s^i  0  à  10  do 
largo ,  dont  risllinie  se  peut  prendre  depuis  Carenlan ,  jusqu'à 
Créances  ,  |)ar  un  esi)ace  de  cinq  lieues  seulenienl  ;  parce  que 
la  mer  monte  jusqu'à  Carentan  ,  dont  la  rivière  est  si  profonde 
qu'elle  porte  des  bâtiments  de  mer  de  30  à  40  tonneaux ,  et 
celle  de  Créances  a  quelques  deux  lieues  et  demie  de  cours,  dans 
les  terres  où  la  mer  remonte  à  toutes  les  marées.  L'espace,  entre 
ces  deux  rivières  est  composé  de  collines,  marécages  et  petits 
bois  taillis,  entrecoupés  de  chemins  creux,  étroits  et  d'her- 
bages fermés  de  gi'osses  haies  et  fossés.  D'ailleurs  le  cours  des 
rivières  Douves  qui  poi'lent  bateau  depuis  Saint-Sauveur  en 
bas,  et  celle  de  Carentan,  et  de  Plessis,  sont  toujoui^s  accom- 
pagnées de  marais  extrêmement  fangeux  quand  il  a  plu,  et  tout 
le  pays  gias  est  presque  impraticable  pour  les  charrois  et  la  ca- 
valerie. Le  milieu  du  pays  est  bossu  et  couvert  de  bois  fort  épais 
par  les  forets  de  Valogncs,  Saint-Sauveur  et  Bricquebec;  les 
deux  premières  au  Roi  et  la  troisième  aux  héritiers  de  M.  de 
Longueville,  lesquelles  s'étendent  jusqu'à  un  quart  de  lieue  de 
Cherbourg,  et  font  une  suite  de  bois  qui  a  7  à  8  lieues  de  long 
sur  -i  de  large;  n'y  ayant  que  très  peu  dévide  entre  deux. 
L'épaisseur  de  ces  bois  jointe  à  la  rudesse  naturelle  du  pays  tout 
coupé  de  haut  en  bas,  quelquefois  fortroide,  ne  laissant  au 
plus  que  des  défilés  fort  étroits,  et  très  dangereux  aux  armées 
qui  auraient  à  les  pénétrer  pour  aller  chercher  l'ennemi  du  côté 
de  Cherbourg.  Le  surplus  du  pays  est  naturellement  coupé  de 
bois  taillis,  et  de  landes  qui  sont  toutes  pleines  d'eau  pendant 
l'hiver.  Les  environs  du  cap  de  la  llague  et  fosse  d'Omonville 
en  peuvent  être  exceptés,  bien  qu'ils  soient  mêlés  de  hauts  et 
de  bas,  et  de  beaucoup  de  landes.  Ce  coin  de  pays  est scc  et  de^ 


(')  Ce  boul  toutes  lioiics  de  24  au  dcj;ré. 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  1ô 

peu  de  rapport  ;  non  tant  coupé  que  l'autre,  mais  il  est  de  petite 
étendue. 

Quant  à  la  fertilité  de  cette  presqu'isle ,  on  peut  dire  généra- 
lement parlant  qu'elle  est  très-grande  ;  car  les  fourrages ,  blés , 
cidres,  bœufs  gras,  moulons  et  tous  autres  bostiaux  y  abondent 
plus  qu'en  autre  pays  du  royaume  :  en  un  mot ,  c'est  un  pays 
qui ,  un  peu  ménagé  ,  pourrait  nourrir  une  armée  de  trente 
mille  hommes  six  mois  durant.  Du  surplus  il  peut  y  avoir  huit 
ou  dix  tant  villes  que  gros  bourgs,  et  plus  de  500  paroisses  qui 
contiennent  [jrès  de  cent  vingt  mille  âmes. 


LA.  COTE. 


Depuis  l'embouchure  des  rivières  de  Carentan  jusqu'à  la  Hou- 
gue ,  il  y  a  six  à  sept  lieues  de  plage  platte ,  mais  non  propre 
aux  descentes  ;  parce  que  les  gros  navires  n'en  sauraient  ap- 
procher à  Irois-quarls  de  lieue  près. 

A  la  Hougue  il  y  a  un  espace  propre  aux  descentes  qui  a  bien 
trois-quarts  de  lieue  de  long. 

De  la  Hougue  à  Barflcur,  deux  lieues  et  demie,  et  un  espace 
propre  aux  descentes  ,  vis-à-vis  du  lieu  appelé  Maison  blanche, 
qui  a  quelques  800  toises  de  long. 

De  Barfleur  au  cap  Levy,  il  y  a  deux  lieues  de  côte  ferrée 
dont  on  ne  peut  approcher. 

Du  cap  Levy  à  Cherbourg,  5  lieues  de  côte  platte,  mêlée  par 
endroits  do  rochers,  l'une  et  l'autre  peu  propres  aux  descentes. 

De  Cherbourg  à  Querqueville,  une  lieue  de  descente,  par  une 
baie  de  sable  d'environ  mille  toises  de  côte ,  où  les  vaisseaux 
peuvent  mouiller,  côté  en  travers,  à  portée  de  mousquet. 


Il  MF,.\!0I1\E  DE  VAUr.AN. 

De  Qiier(|uevi!l(!  à  Nac(iiiovillo,  descente  do  trois- qiuuts  de 
lieue  d'étijiukio,  que  les  vaisseaux  peuvent  soutenir  à  demi- 
poilée  de  canon. 

De  Nacqueville  ù  Omonville,  deux  lieues  de  cùîe  ferrée  ,  foi  t 
éiovée  et  non  propre  aux  descentes. 

D'Onionville  au  ca[)  de  la  Haguc ,  deux  lieues  et  demie  de 
côte  ferrée  et  fort  saie,  où  il  y  a  de  gi'andes  marées  et  de  ter- 
ribles courants. 

Du  cap  de  la  Hague  à  l'anse  de  Vauviîle,  une  bonne  lieue. 

De  l'anse  de  Vauviîle  au  cap  de  Flamanville,  deux  bonnes 
lieues  de  belle  descente,  dont  les  vaisseaux  peuvent  approcher 
à  demi- portée  de  canon,  en  basse  mer,  qui  est  le  temps  propre 
à  mettre  à  terre  ;  mais  toute  volée  quand  elle  est  haute  ;  ce 
qu'il  est  bon  de  remarquer. 

A  Flamanville,  il  y  a  des  rochers  qui  durent  une  lieue. 

De  Flamanville  au  Kozcl ,  une  lieue  de  côte  ferrée  ,  et  non 
propre  aux  descentes. 

Du  Rozel  à  Carterel,  trois  lieues  de  plage  oi'i  l'on  pourroit 
descendre,  mais  avec  difficulté,  à  cause  de  la  violence  des  cou- 
rants. 

De  Carterel  à  Sainl-Germain-sur-Ay ,  deux  lieues  et  demie  de 
côte  de  sable,  mêlée  de  rochers,  non  propre  aux  descentes. 

De  Sainl-Germain-sur-Ay  à  Créances  ,  une  lieue  et  demie.  Il 
y  a  près  de  là  deux  embouchures  de  petites  rivièKes;  et  pas  de 
lieux  propres  aux  descentes. 

De  Créances  à  Carentan  ,  c'est  l'isthme  ou  gorge  de  la  pres- 
fju'isle,  dont  la  nature  et  qualité  ont  été  ci-devant  expliquées. 

Voilà  donc  cinq  endroits  bien  marqués ,  à  l'enlour  de  cette 
presqu'isle,  où  l'on  peut  faire  descente  avec  des  armées  navales, 
outre  quoi  il  y  a  la  rade  de  la  Hougue, qu'on  tient  la  meilleure 
lie  Fiance ,  et  celle  de  Cherbourg,  qui  est  d'assez  bonne  tenue. 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  ïli 


CIIERBOUKG  EN   PARTICULIER. 


Quoique  je  ne  voie  rien  qui  marque  le  temps  que  Cherbourg 
a  été  bâti ,  on  voit  assez  manirestemcnt  que  ça  été  une  forte- 
resse des  Romains  ;  car  leur  manière  de  bàlir  paroît  encore 
dans  les  murs  du  château.  Or,  que  ce!a  ait  été,  on  n'en  peut 
guère  douter ,  vu  l'imporlance  de  son  assiette  qui  a  redoublé 
de  considération  dès  la  première  domination  des  François,  à 
qui  elle  servoil  de  place  Irontière  et  maritime,  à  cause  de  l'An- 
gleterre dont  ils  u'étoient  pas  les  maîtres.  Cette  même  consi- 
dération passa  aux  Normands,  et  ensuite  aux  Anglois,  mais 
pour  d'autres  raisons  ;  après  quoi  étant  retombée  entre  les 
mains  des  François ,  sous  le  règne  de  Charles  VII ,  qui  la  prit 
en  1450,  elle  est  demeurée,  à  fort  peu  de  chose  près,  en  l'é- 
tat qu'on  la  trouva,  quoique  la  consf'îquence  en  soit  plus  grande 
qu'elle  n'a  jamais  été  ;  hors  les  trois  pièces  (  1 ,  2  et  5)  qui  va- 
lent très-peu  de  chose ,  on  ne  voit  rien  qui  puisse  marquer 
qu'on  ait  songé  à  elle. 

Cette  place  est  composée  de  Viiie ,  Château  et  Donjon  ;  les 
uns  et  les  autres  revêtus  à  l'antique  avec  des  murs  épais  de  5  à 
6  pieds  mesurés  pai*  le  haut  de  bonne  hauteur  ;  peu  de  talus 
et  couronnés  d'un  mâchicoulis  tout  à  l'entour,  qui  est  rompu 
eu  beaucoup  d'endroits,  avec  un  petit  parapet  au  devant,  d'un 
pied  d'épaisseur,  coupé  d'arches  et  percé  de  créneaux  partout: 
il  est  en  beaucoup  d'endroits  ébréché  et  en  d'autres  abattu 
tout  à  fait. 

La  maçonnerie  est  apparemment  de  moellon  brut ,  partie  ar- 
dcisin  et  partie  d'une  espèce  de  grès  de  fort  bonne  qualité  ;  la 


ît)  MÉMOTRE  DE  VAUItAN. 

<iiaux  en  est  admirable,  el  les  moriiers  non  moins  excellents 
que  ceux  de  Mets. 

Le  donjon  est  fermé  de  4  tours  principales,  dont  la  plus  éle- 
vée (4)  a  d6  luises  de  haut,  à  mesurer  depuis  le  fond  du  fossé, 
sur  5  toises  de  diamètre  ;  celle  qui  suit  après  (B)  14  toises  sur 
la  même  épaisseur;  la  3«  (C)  -13  toises,  et  la  4*  (D)  dl  toises  et 
demie.  Les  carrées  sont  plutôt  des  bâtiments  adossés  que  des 
tours  de  défense.  Les  rondes  ont  plusieurs  étages ,  presque 
tous  voûtés ,  et  la  plus  grande  partie  des  voûtes  en  bon  état. 

Ces  tours  sont  liées  les  unes  aux  autres  par  autant  de  cour- 
tines de  il  toises  de  haut  chacune:  elles  étoient ,  ci-devant, 
adossées  de  trois  étages  de  bâtiments  dans  lesquels  on  eût  pu 
trouver  de  quoi  loger  mille  hommes,  et  mettre  à  couvert  les 
munitions  de  guerre  et  de  bouche  nécessaires  à  la  défense  de  la 
ville  et  du  château ,  avec  des  fours ,  moulins ,  puits ,  prisons  et 
généralement  tout  ce  qui  peut  faire  besoin  à  une  place  de  guerre  ; 
mais  tout  est  tombé ,  et  à  quelques  voûtes  près  qui  subsistent 
encore,  il  n'y  est  demeuré  sur  pied  que  les  gros  murs,  et  la 
plus  grande  quantité  de  ceux  de  refend,  à  la  faveur  desquels  il 
serait  aisé  de  rétablir  le  reste  et  de  le  remettre  en  son  premier 
état. 

Le  château  est  flanqué  de  12  tours  ,  y  compris  3  du  donjon , 
liées  par  autant  de  courtines  ;  toutes  ces  tours  sont  de  hauteur 
inégale ,  et  de  structure  différente  :  mais  toutes  couronnées  par 
des  mâchicoulis ,  avec  un  petit  parapet  au  dessus ,  et  les  gros 
murs  d'assez  bonne  épaisseur  pour  que  la  plupart  soient  bien 
sur  leurs  plombs. 

Il  y  avoit  deux  ou  trois  étages  à  chacune ,  avec  autant  de  che- 
minées, des  caves  au  dessous,  et  le  haut  voûté  en  plate-forme  : 
ce  qui  marque  que  la  garnison  logeoit  dedans;  les  murs  des 
courtines  sont  de  même  nature  que  ceux  des  tours,  ayant  des  mâ- 
chicoulis avec  des  parapets  au  sommet,  un  chemin  de  ronde  tout 


MZMOIIIE  DC  VAL'BAN.  17 

auloiii',  ou  des  coiiu^.uînicalions  au  clorijon  qui  éloient  coupées  par 
dos  planclielles.Dans  le  dedans  du  châlcau  il  y  a  une  assez  gran- 
de et  belle  chapelle,  qui  a  servi  aulreibis  d'église  paroissiale  à  la 
ville ,  et  où  il  y  a  encore  des  fonds  baptismaux.  On  prétend 
qu'il  y  avoit  des  rues  et  des  maisons  dans  la  cour  ;  mais  il  n'y 
paroît  plus  rien  présentement  qu'un  terrain  élevé  et  assez  inégal. 
Joignant  les  mui-ailles,  il  y  a  encoi-e  quelques  vieilles  casernes 
adossées ,  à  ua  étage  seulement,  doîU  partie  est  tombée  et  Faulrc 
prête  à  tomber.  Le  plus  bel  endroit  de  ces  adossemenis  est  où 
loge  le  gouverneui',  qui  est  à  trois  étages;  mais  les  uns  et  les 
autres  ne  subsistent  qu'à  force  d'étançons.  Du  surplus,  la  tour 
(£) ,  où  est  l'horloge,  a  12  toises  de  haut,  la  (F)  40  toises  d/2 
et  la  (G)  9  toises  1/2.  Toutes  celles  qui  restent  ont  à  peu  près 
cette  élévation  ,  et  les  courtines  2  à  3  toises  de  moins;  tant  les 
unes  que  les  autres  ont  assez  bien  conservé  leur  aplomb, 
et  aucunes  ne  menacent  encore  de  ruine ,  hors  quelques 
pièces  en  adossement  qi'.i  ne  servent  de  rien  à  la  fortifica- 
tion. Au  reste  il  y  a  beaucoup  de  petits  ébrèchements  à  tout  ce 
qui  s'appeile  petits  murs,  et  des  évaseuients  aux  parapets,  cré- 
neaux ,  fenêtres,  portes, ,  embrasures  et  en  un  mot  tout  ce 
que  l'on  trouve  ordiuairemenl  aux  vieux  bâtiments  qui  ont  été 
longtemps  négligés.  Ces  murs  ne  sont  point  terrassés,  et  je 
doute  même  qu'iis  pussent  porter  un  gros  rempart.  Pour  le 
fossé,  tant  du  donjon  que  du  château,  il  a  été  approfondi ,  à 
peu  de  chose  prés ,  aussi  bas  que  la  basse  mer  de  morte-eau , 
et  les  bords  revêtus  :  mais  comme  ce  revêtement  n'a  été  fait 
qu'à  pierres  sèches ,  il  en  est  resté  peu  sur  pied.  11  y  a  même 
21  ou  22  maisons  de  l«  ville  qui  entrent  dans  ledit  fossé  du  côté 
de  (4),  qu'on  ne  peut  pas  s'empêcher  de  démolir,  si  le  Koi 
prend  résolution  d'y  faire  les  réparations  nécessaires.  Du  sur- 
plus ,  le  château  a  deux  portes;  savoir  :  celle  de  la  ville  qui  a 
un  ponl-levis,  une  porte  et  une  barrière  et  qui  sert  actuellement; 


f8  MÉMOIRE   DE   VAUUAN. 

et  celle  (lu  havre ,  forliiiée  d'un  petit  l'avelin  fjiiané  comme  le 
ligiiré  (T))  doiH  la  poitc  est  présentement  condamii(''<'. 


LA    VILLE. 


Son  rempart  enveloppe  1«;  château  tout  à  l'entour  et  lui  sert 
de  fausse-brayc  du  côté  de  la  mer,  avec  séparation  du  reste  par 
les  deux  extrémités ,  coupé  par  de  grosses  traverses  de  maçon- 
nerie, en  sorte  que  la  partie  (1 ,  6 ,  7,  8 ,  )  peut  demeurer  entière- 
ment dans  la  possession  du  château.  La  plus  vieille  enceinte  figu- 
rée comme  la  marquée  (G,  9,  dO,  d2,  d4,).  Depuis  on  y  a  ajouté 
les  trois  ravelins  (15,  5,  5,)  pour  couvrir  autant  de  portes;  et 
ensuite  les  deux  bastions  (1,  2,)  avec  les  courtines  attenantes. 

Les  murs  de  ladite  enceinte  étaient  de  même  qualité  que  ceux 
du  château  et  du  donjon ,  c'est-à-dire  brétessés  et  machicou- 
lissés ,  assez  bien  sur  leurs  pieds,  à  quelques  demi-tours  près , 
qui  se  détachent;  ceux-ci  sont  terrassés  presque  jusqu'en 
haut  :  mais  il  n'ont  point  de  parapets  ,  et  il  n'est  jias  bien  sûr 
qu'il  les  pussent  porter,  si  on  les  faisait  à  preuve  du  canon  et 
qu'on  achevât  de  les  terrasser.  Son  fossé  est  assez  bon  partout, 
€t  doit  avoir  été  revêtu  :  mais  il  y  a  beaucoup  de  vases  et  dé- 
combres à  nétoyer  qui  viendraient  bj^n  à  propos  pour  achever 
son  rempart. 

Au  reste  comme  cette  place  a  été  négligée  depuis  longtemps 
on  a  adossé  les  maisons  contre  le  derrière  du  rempart,  si  près 
qu'il  en  est  fort  élioil,  et  de  plus  les  fauxbourgs  se  sont  tellement 
approchés  du  bord  du  fossé,  de  tous  côtés  ,  qu'on  n'y  peut  faire 
de  chemin  couvert ,  ni  rien  de  considérable  sans  en  abattre  plus 
des  irois-quaris. 


>lÈMOmE    DE    VAUBAN-.  ï'â 


l^  PORT. 


!1  csl  formé  par  l'cmboiichurc  de  la  petite  rivière  Divetle  ,  el 
dans  le  plus  mauvais  élut  qu'il  peut  être;  n'ayant  point  de 
jetées  qui  méritent  d'en  porter  le  nom  pour  empêcher  les 
sables  de  le  combler,  ni  aucun  fascinage  pour  en  conduire  les 
courants ,  ni  d'écluse  pour  le  nettoyer  ;  bien  éloigné  de  cela,  la 
plus  part  des  bâtiments  y  déchargent  leur  leste  impunément , 
ce  qui  achève  de  le  combler  ;  il  y  a  un  méchant  quai  de  pierres 
sèches  le  long  du  fauxbourg  que  le  Gouverneur  y  a  fait  bûlir  par 
les  habitants ,  et  puis  c'est  tout.  Cependant  ce  port  peut  être 
rendu  fort  joli  et  capable  de  recevoir  bon  nombre  de  frégates 
de  20 ,  24  ,  50  et  50  pièces  de  canon  qui  seroient  là  mieux  pla- 
cées qu'en  aucun  lieu  du  royaume  pour  la  course.  La  mer  n'y 
monte  que  de  J4  à  15  pieds  dans  les  marées  de  vive-eau,  et  le 
fond  du  chenal  seroit  ferré  d'ardoises  en  beaucoup  d'endroits 
s'il  étoit  approfondi  de  4  à  5  pieds  plus  qu'il  n'est. 


LE  PONT. 


Il  est  ruiné  de  vieillesse,  et  pour  n'avoir  pas  été  entretenu. 
Cependant  partie  des  arches ,  et  presque  toute  la  fondation  des 
piles  subsistent  encore ,  de  sorte  qu'il  ne  seroit  pas  mal  aisé  de 
le  rétablir. 


."20  WÉMOIUE   DE   VAUttAN. 


LA  UADE. 


Ello  osl  un  peu  foraine  à  la  vriiic,  mais  de  si  bonne  tenue 
que  do  mémoire  d'homme,  nu  dire  des  gens  de  mer  les  plus 
onicndus  do  ce  pays-ci,  n'y  a  péri  un  vaisseau,  bien  qu'il  y  en 
iiil  eu  de  mouillés  dos  !  1  mois  entiers. 


LES  ENVIRONS  DE  LA  PLACE. 


A  portée  du  ciinon  de  la  place  le  long  des  deux  bords  de  la 
flicr ,  1(;  pays  n'A  assez  uni ,  mais  sur  la  largeur  de  4  à  500 
loiscs  à  niesuio  qu'il  s'éloigne ,  il  bossillo  jusqu'à  former  des 
inonlagnos  d'une  hauieur  considérablo.L'une desquelles, savoir: 
la  plus  prochaine  et  la  moins  élevée  cùloye  la  place  et  l'appro- 
che de  si  près  qu'il  est  foit  mal  aisé  d'éviter  que  la  plus  grande 
partie  de  ce  que  l'on  y  f(!ra  pour  l'agrandir  n'en  soit  plongé. 
Cette  uiéme  hauteur  a  trois  défauts  désavantageux  à  la  place. 
—  Le  premier  est  qu'elle  forme  une  portion  de  cercle  qui  envi- 
ronne la  paille  qui  en  doit  appi'ocher  à  moins  d'une  demi -por- 
tée de  canon,  do  sorte  qu'il  est  très  dinîcile  de  rien  faire  do  sou 
côté  qui  n'en  soit  incommodé  ;  cependant  ce  n'est  que  de  relui-ci 
qu'on  peut  s'éîendre. —  Le  deuxième  est  que  par  le  côté  qu'elle 
s'en  approche ,  elle  s'abat  en  pentes  douces  qui  fournissent  des 
assiettes  de  batterie  à  l'ennemi  à  toutes  élévations  et  pour  tant 
de  canons  qu'il  en  voudra  mettre,  et  qui  toutes  plongeront  le 


MEMOir.E   DE    VAURAN.  21' 

rfalaiis  do  la  place,  sans  que  pas  un  puisse  incommoder  ses 
tranchées  qui  seront  toujours  bien  au  dessous.  — Et  le  troisième, 
que  son  sommet  le  dérobe  aux  vues  de  la  ville ,  de  manière 
que  les  camps  que  l'on  melira  dessus  en  seront  foi't  près  ,  sans 
être  vus. 

L'autre  montagne  qui  est  sépan'e  de  la  précédente  par  la 
rivière  de  la  Divette  est  beaucoup  plus  élevée ,  et  a  le  même 
défaut;  mais  elle  en  est  plus  éloignée  ,  et  ne  voit  la  place  que 
par  une  tête  étroite.  Les  abords  de  celles-ci  sont  avantagés  de 
grands  bois  qui  sont  d'une  profondeur  immense,  et  ceux  de 
l'autre  coupés  de  grands  valions  dont  les  rampes  pour  gagner 
le  sommet  des  montagnes  sont  roides,  et  d'un  accès  diilù-ile  du 
côté  des  secours;  et  ce  qui  l'est  le  moins  est  tellement  coup!": 
do  grosses  haies ,  decheaiins  ereu\  ,  q:i'il  est  im^tossible  que 
des  troupes  y  puissent  ùire  aucun  mouvement  sans  avoir  tou- 
jours la  pioche,  la  serpe  et  la  hache  à  la  mnin. 

Ces  deux  montagnes  sont  donc  très  avantageuses  à  l'at- 
taque à  près  de  moiii(;  de  la  circonva'lation  ;  mais  les  deux 
extrémités  du  pays  qui  aboutissent  à  la  mer  la  reculent  très 
considérablement ,  et  ne  lui  fournissent  que  des  situations  très 
désavantageuses  en  ce  qu'il  est  très  difficile  que  l'ennemi  puisse 
metti'e  des  camps  en  lieu  où  il  ne  soient  crois('S  à  portée  rai- 
sonnable du  canoii  de  la  place  et  de  celui  des  hauteurs  plus 
prochaines  qui  sont  toutes  supérieures  aux  endroits  où  ils  se 
pourroicnt  mettre ,  à  moins  que  de  les  occuper ,  ce  qui  l'éloi- 
gnera  beaucoup  do  la  place.  Ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  la 
défense,  c'est  que  ce  pays  déjà  couvert  et  coupé  de  haies  et 
de  fossés  en  rendra  toujoui's  l'accès  très  difficile  ,  et  môme  on 
peut  dire  que  la  cavalerie  ne  peut  êtr'c  de  nul  service  aux  se- 
coui'S  :  et  pour  peu  qu'il  y  ail  de  mauvais  temps,  le  canon  et 
le  charrois  n'en  ap[)rocheront  q'.'.'av^'c  des  peines  infinies. 


SS?  MOO'.RK  DE  VAUB,\.N 


IMPORTANCE  DE  CnERBOURG. 


Elle  a  été  de  tout  temps  très  considérable  pour  ceux  qui  cn^ 
ont  été  les  maîtres  ;  mais  infiniment  plus  présentement  que  par 
le  passé,  et  je  puis  dire  n'en  pas  cdnnoîlre  une  dans  le  royau- 
me qui  le  soit  tant  eu  égard  aux  malheurs  qu'elle pourroit  faire 
par  la  piraterie  à  nos  ennemis  les  plus  naturels,  si  son  port  était 
un  peu  accommodé ,  et  à  l'empécliement  qu'elle  peut  donner  à 
leurs  dessciiîs;  car  il  fout  convenir  que  de  tous  les  endroits  du 
royaume  où  ces  mêmes  ennemis  peuvent  faire  une  descent<'. , 
aucun  ne  leur  convient  mieux  que  cette  presqu'isle  où  nous 
avons  fait  remarquer  qu'il  y  en  a  jusqu'à  cinq  toutes  assurées 
pourvu  que  l'on  s'y  prenne  à  marée  basse. 

D'ailleurs,  les  meilleurs  de  leurs  ports  et  de  leurs  rades  sont 
si  bien  situés  pour  de  telles  expéditions ,  qu'ils  semblent  faits 
exprès,  vu  qu'en  moins  de  buit  heures  de  temps  ils  peuvent 
être  de  ces  porlsà  nos  càU'.s  qu'ils  pourroient  surprendre,  étant 
impossible  de  savoir  ce  qui  se  passe  chez  eux  pendant  la  guerre, 
quand  ils  voudront  bien  se  donner  quelques  soins  pour  cela  : 
joint  que ,  s'ils  avoient  mis  une  fois  le  pied  à  terre  et  occupé  la 
presqu'isle ,  ce  qui  peut  se  faire  du  soir  au  malin ,  il  n'y  a 
point  de  pays  au  monde  où  il  soit  plus  aisé  de  se  maintenir , 
parce  qu'il  n'est  point  nécessaire  de  cavalerie,  le  pays  y  étant 
moins  propre  de  beaucoup  que  dans  les  chàtellenies  de  Bcrgues 
et  Fumes.  Il  n'en  est  point  besoin  non  plus  pour  faire  le  siège 
de  Cherbourg  ,  puisque  les  bois  n'en  sont  qu'à  un  quart  de 
lieue ,  et  tous  les  abords  aux  lignes  tellement  barrés  de  forêts  , 
çl  coupés  de  fossés  et  de  haies  si  épaisses,  qu'on  pont  dire  que 


MEMO'. HE  hZ  VAUBAÎ<.  23  ■- 

chactsnc  d'elles  vaut  un  bon  rclranchomenl  ,  et  d'ailleurs  si 
fréquentes,  qu'à  peine  un  bataillon  pourroit  y  faire  un  quart  de 
conversion  dans  les  héritages  qui  y  sont  enfermés  ;  et  comme 
cela  se  continue  dans  toute  l'étendue  de  la  presqu'isle,  et  que 
de  plus  son  isthme  est  traversé  de  je  ne  sais  combien  de  rivières 
et  de  marais  qui  ne  se  passent  qu'en  certains  endroits,  et  par 
de  longs  défilés;  il  est  sûr  qu'Euic  armée  ennemie  forte  en  in- 
fanterie <  campée  sur  ledit  isthme,  empécheroit  facilement  Vcn- 
trée  de  la  presqu'isle,  à  toute  autre,  et  trouveroit  abondamment 
de  quoi  subsister  devant  et  derrière  pendant  fort  longtemps. 
Pour  quoi  il  y  a  une  chose  à  considérer,  qui  est  que  tout  le 
Cotentin ,  et  partie  de  l'évèché  de  Baycux,  sont  tous  coupés  de 
haies  et  de  fossés  comme  la  presqu'isle  dont  nous  venons  de 
parler.  On  ne  peut  pas  douter  que  l'Angleterre  ne  puisse  faci- 
lement mettre  20,  50  ù  AO  mille  hommes  pied  à  terre,  et  da- 
vantage quand  elle  sera  maîtresse  de  la  mer ,  ce  qui  apparem- 
ment sera  toutes  fois  et  quand  nous  aurons  guerre  avec  elle  , 
n'étant  pas  croyable  qu'elle  s'engage  jamais  seule  à  rompre  avec 
nous.  Cela  supposé  comme  une  chose  dont  le  bon  sens  ne  per- 
met pas  de  douter ,  et  les  forces  de  cet  Etat  n'élaut  pas  diver- 
ties par  les  grandes  armées  de  terre,  ni  par  une  grande  quan- 
tité de  places-ù  garder  comme  les  nôtres,  il  lui  sera  très  aisé, 
non  seulement  de  faire  passer  tout  le  monde  qu'elle  voudra , 
mais  encore  toutes  les  munitions  de  guerre  et  de  bouche  dont 
elle  pourra  avoir  besoin  :  à  quoi  l'on  peut  ajouter  que  pour 
faire  un  siège  comme  celui  de  Cherbourg ,  elle  ne  manquera 
pas  de  monde  ni  de  canon ,  ni  de  bombes ,  ni  de  mortiers ,  ni 
de  rien  de  ce  qui  pourroit  être  nécessaire. 

De  toutes  ces  choses  nous  pouvons  tirer  plusieurs  consé- 
quences ,  dont  la  première  est  que  s'ils  mettent  pied  ù  terre,  i! 
leur  sera  très  aisé  de  faire  le  siège  de  Cherbourg  ; — la  deuxième 
est  que  s'ils  le  font  avec  !a  conduite  et  la  précaution  requises, 


24  Mr.Moinr-;  m:  vadijan. 

il  sera  presque  impossible  de  le  soeoiiiir;  —  la  Uoisièmc,  qu'il 
leur  sera  aisé  de  subsister  dtuis  la  presqu'isîe  ,  noJamnionJ,  s'ils 
vienucut  à  s'euiparer  de  Carentan;  —  la  quaUicmc,  que  l'éloi- 
gnement  de  nos  armées  leur  donnera  toujours  le  lemps  de  faire 
tout  ee  qu'ils  voudront,  puisque  s'il  faut  (pi'elles  viennent  d'Al- 
lemagne on  de  Flandre,  elles  auront  des  120  ,  150  lieues  de 
mai'che  à  faire,  pendant  quoi  il  se  passera  des  mois  entiers 
qui  leur  donneront  le  temps  de  prendre  tous  les  établissements 
qui  leur  conviendront; — la  cin(|uième,  que  par  i'oeeupation  de 
eetlc  presqu'isîe,  l'ennemi  peut  s'ouvrir  une  porledans  le  cœur 
du  royaume,  d'autant  pUis  facile,  que  n'ayant  ni  place,  ni  pays 
assez  coupés,  ni  difiiciles  pour  lui  empêcher  le  chemin  ,  il  s'en- 
suivra que  le  succès  d'une  entreprise  de  celle  nature  un  peu 
bien  menée  peut  causer  l'abandon  de  noti-e  frontière  ,  nous  at- 
tirer la  guei-re  tout  d'un  coup  dans  U;  niiiicu  du  i-oyaume ,  et 
causer  dos  révolutions  très  dangereuses  dans  i'Elal,eu  même 
égard  au  mécontenlement  des  nouveaux  convertis  qui  n'est  pas 
prêt  de  finir  ;  joint  que  cela  pourroit  donner  lieu  aux  Anglois 
de  réveiller  leurs  vieilles  prétenlions  sur  la  Normandie  et  sur 
les  autres  pays  de  leur  ancienne  domination  ,  et  tout  cela  sans 
qu'il  y  eut  moyen  d'empêcher  leurs  progrès  que  par  l'appari- 
tion de  ce  qu'il  y  auroit  de  forces  plus  considérables  dans  le 
royaume;  ce  qui  ne  pouri-oit  se  faii'e  qu'aux  dépens  de  la  fron- 
tière qui,  de  celle  façon  ,  se  rrouveroit  abandonnée  et  réduite 
à  une  très  faible  défensive.  A  quoi  il  faut  ajouter  que  d'avoir  à 
soutenir  la  guerre  chez  soi  dans  un  pays  tout  ouvert,  où  il  n'y 
a  pas  une  ville  fermée,  pendant  que  l'ennemi  de  terre  alta- 
queroit  nos  places  et  perceroit  la  frontière  avec  de  puissantes 
armées,  seroit  bien  à  mon  avis  la  plus  mauvaise  conjoncture 
où  le  l'oyaume  pût  se  trouver. 

Je  laisse  à  juger  des  autres  conséquences  qu'on  peut  inférer 
de  là.  Pqur  moi  je  n'en  aperçois  que  de  terribles ,  et  si  fàcheu- 


MEMOIRE   DE  VAUBAN'.  2o 

ses  qu'il  YniuIroR  cent  fois  miciix  que  les  Anglois  eussent  fait 
descente  à  Calais  ou  à  Boulogne  que  dans  la  presqu'isie  de  Cher- 
bourg ,  parce  que  là  du  moins ,  ce  sont  pays  ouverts  où  l'on 
l)Ourroit  se  servir  de  cavalerie  ,  qui  sont  d'ailleurs  fortifiés  de 
bonnes  places  et  près  de  nos  armées.  Mais  ici  il  n'y  a  rieu  de 
tout  cela-  Au  reste,  il  ne  faut  pas  se  récrier  sur  les  exemples  de 
tout  ce  qui  s'est  fait  par  le  passé;  et  dire  puisqu'ils  ne  l'ont, 
pas  fait  autrefois,  ds  ne  l'ont  pas  cru  bien  praticable.  Pour  se 
convaincre  là-dessus ,  il  n'y  a  qu'à  se  souvenir  qu'ils  ont  eu 
Calais  210  ans  entre  leurs  mains,  et  la  Normandie  ,  la  Guyen- 
ne et  le  Poitou  un  fort  long  temps  pendant  que  tous  les  pays 
de  descente  ('(aient  pour  eux  ;  aujourd'hui  qu'ils  n'ont  plus  ni 
les  uns,  ni  les  autres,  ce  n'est  pas  la  même  chose,  et  poui- 
peu  que  l'on  ait  les  yeux  ouverts,  il  est  aisé  de  voir  qu'auciui 
pays  ne  leur  convient  préscnlomenl  que  celui-ci ,  et  ce  d'au- 
tant plus  que  Cherbourg,  et  même  Carenlan  leur  donneroit 
lieu  d'assurer  tous  leurs  derrières,  et  d'y  (Hablir  d'excel- 
lentes places  d'armes,  jusqu'à  ce  que  d'autres  progrès  leur 
eussent  donné  moyen  de  se  procurer  ds  plus  grands  établisse- 
ments; enfin  la  chose  parle  ici  tellement  d'elle-même  qu'il  ne 
taui  qu'avoir  un  peu  de  sens  commun  pour  demeurer  convaincu 
de  ces  possibilités. 

Tout  ce  que  dessus  une  fois  bien  examiné,  il  n'est  pas  diffi- 
cile de  conclure  que  Cherbourg  est  une  place  de  la  dernière 
conséquence,  mais  qui  ne  pouvant  être  secourue  que  par  une 
espèce  de  miracle ,  il  faut  la  mettre  en  état  de  pouvoir  tout 
attendre  de  sa  constance  ,  et  de  celle  de  quelques  petits  camps 
volants  que  l'on  pourra  mettre  le  long  des  côtes.  C'est  pour- 
quoi mon  avis  est  de  la  fortifier  tout  du  mieux  que  l'on  pourra  ; 
d'y  mettre  quantité  de  souterrains  voûtés,  et  de  magasins  à 
preuve  de  bombe?,  non  seulement  en  vue  d'y  mettre  une  grand(î 
quanlitc'  de  munitions  de  guerre,  mais  même  de  blé  cl  de  mou- 


2G  MKMiiiiui  m;  valuan. 

lins ,  cai'  il  fjul  compter  que  les  balleries  des  hauteurs  ne  lais- 
seront pas  une  toise  de  couverture  en  étal  si  une  fois  elle  est 
assiégée,  que  les  bombes  y  seront  grosses,  et  leur  chute  fré- 
quente comme  la  grêle,  car  c'est  ce  que  les  Anglois  entendent 
le  mieux,  et  même  ils  en  tii'cnt  de  si  grosses,  que  (!u  temps  de 
Ci'onnvell,  assiégeant  le  château  de  Garnescy  sui'  les  royalistes, 
une  seule  de  leurs  bombes  étant  tûmb;'!e  dans  un  bastion  près 
de  la  pointe,  jeta  les  deux  faces  pai'  terre,  et  y  fit  une  si  grande 
brèche,  qu'elle  obligea  la  garnison  de  se  rendre. 

De  répondi-e  à  tout  ceci  par  dire  que  puisque  Cherbourg  est 
si  difficile  à  secourir,  il  vaudroit  mieux  le  raser  tout  à  fait  que 
de  le  fortifier,  ce  ne  seroit  point  parler  juste,  car  quand  cette- 
place  ne  feroit  autre  chose  que  d'amuser  l'ennemi  un  mois  ou 
cinq  semaines,  ce  seroit  toujours  rendre  un  service  très  consi- 
dérable à  l'Etat,  puisque  sa  résistance  donneroit  le  temps  à  nos 
armées  de  s'approcher,  à  la  noblesse  et  à  la  milice  du  pays  de 
s'assembler,  et  de  prendre  quelqu(^s  postes  pour  l'empêcher  de 
passer  outre;  joint  que  le  rasemeui  de  cette  place  ne  fiiroit  que 
faciliter  encore  plus  les  descentes ,  ù  meitre  l'ennemi  en  état 
de  s'emparer  beaucoup  plus  aisément  de  la  presqu'isle,  de  se 
porter  daiis  les  premiers  jours  sur  l'isthme,  et  s'emparer  de 
Carentan  ,  poste  très  considérable  et  aisé  à  fortifier ,  ensuite  de 
quoi  il  pourroit  rétablir  Cherbourg  à  son  aise ,  et  en  faire  sa 
place  d'armes  :  joint  encore  que  sans  une  telle  retraite,  on  ne 
s'opposera  jamais  que  très  nullement  aux  descentes  ;  au  lieu  que 
s'il  y  a  une  bonne  place,  cet  asile  fera  que  l'on  s'y  présentera  plus 
hardiment,  d'ailleurs  4,000  hommes  de  guerre  dans  celte  place  et 
dans  le  temps  qu'il  y  aura  lieu  de  craindre,  quelques  dragons  ; 
Carentan  un  peu  accommodé ,  et  une  petite  garnison  dans  le 
château  de  Valognes  ;  tout  cela,  aidé  des  milices  du  pays  et  des 
retranchements  et  redoutes  qu'on  pourroil  faire  à  loisir  vis-à-vis 
des  descentes,  changera  entièrement  la  face  du  pays  :  et  il  y 


MÉMOIRE  DK  VAUOAN.  27" 

a  bien  de  l'apparence  que  s'il  rloit  en  cet  état,  l'ennemi  ne  s'y 
joneroit  pas,  ou  que  s'il  le  faisoit,  il  en  lireroil  peu  d'avantage, 
quand  même  il  meltroit  pied  à  terre,  parce  que  si  l'on  avoit  la 
précaution  de  faire  retirer  tout  ce  qu'il  y  a  de  meilleur  dans 
le  dedans  du  pays,  avec  les  bestiaux ,  n'y  trouvant  pas  de  quoi 
subsister,  et  les  mauvais  temps  pouvant  contraindre  les  navires 
à  s'éloigner,  il  seroit  obligé  de  se  rembarquer  assez  vite,  ou  de 
s'exposer  à  mourir  de  faim,  ou  du  moins  à  manquer  de  toutes 
choses,  el  ce  n'est  pas  ce  qu'il  faut  aux  Anglois. 


INSTRUCTION  GÉNÉRALE 

DES  RÉFECTIONS  ET  NOUVEAUX  OUVRAGES  PROPOSÉS 
POUR  LA  FORTIFICATION  DE  CHERBOURG  ('). 


ESTIMATION. 


Le  Donjon.  —  C'est  une  vieille  forteresse 
qui  paroît  avoir  été  bâtie  du  temps  des  Ro- 
mains, et  qui  a  été  depuis  accrue  et  augmen- 
tée à  différents  temps.  Sa  structure  élevée  est 
d'assez  grande  solidité,  sa  situation  sur  le 
lîàvre  dans  l'endroit  de  la  place  le  moins  ex- 
posé aux  attaques,  et  le  plus  reculé  du  com- 
mandement ,  joint  au  bon  étal  de  ses  gros 


(*)  Nous  avons  cru  devoir  conserver  intégralement  tous  les  détails  qui, 
suivent,  d'.ibord  par  respect  pour  la  mémoire  de  Vauban,  et  en  second 
lieu  pour  servir  do  comparaison  à  des  détails  analogues  dans  nos  con- 
structions acliicllcs. 


28  MÉMOinr.  uk  valiîan. 

,imirs,  et  do  ceux  de  partie  de  ses  logements, 
cl  à  la  quantité  d'endroits  voûtés  qu'il  y  a  en- 
core, et  de  couverts  qui  se  peuvent  rétablir, 
me  font  cioire  qu'il  mcrilo  d'être  raccom- 
modé ;  parce  qu'il  peut  servir  de  réduit  ou 
citadelle  très  assurée  à  tout  le  reste  qui  ne 
l^eut  être  attaqué  que  la  dernière  de  toutes  , 
cl  qu'on  y  peut  faire  une  ijifinité  de  couverts 
et  logements  à  très  bon  marché ,  eu  égard 
à  ce  qui  reste  sur  pied  ,  où  les  poudres  et 
toutes  sortes  de  munitions  seront  incompa- 
rablement plus  en  sûreté  qu'ailleurs,  outre 
qu'on  y  pourroit  loger  le  Gouverneui*,  le  Lieu- 
tenant de  Roy  de  la  place;  y  placer,  si  l'on 
veut ,  les  moulins  et  boulangeries,  même  les 
boissons  :  en  un  mot,  la  plus  grande  partie 
de  lout  ce  qui  peut  être  nécesf  aire  à  la  défense 
de  la  place  et  au  soutien  d'un  long  siège.  C'esl- 
pouiquoi  mon  avis  est  de  le  lebàtir  à  très  peu 
de  choses  près  comme  il  étoif,  tant  en  ce  qui 
regarde  la  rorlilicalion  que  ses  bàlimenls;  et 
pour  cet  effet  commencer  par  : 

Abattre  et  défaire  tous  les  lierres  qui  en- 
veloppent le  corps  du  Donjon  :  les  ùter  en- 
tièrement ,  rechercher  tous  les  défauts  des 
murs  et  de  la  fondation,  la  reprendre  par 
1  dessous  où  il  en  sera  besoin,  la  rempiéler  d'un 

5  .o?sï  t'oilr  "^^  ""sV  pied  et  demi  depuis  hors  d'œuvre,  élevant 
ledit  rompiètement  deux  pieds  au  dessus  des 
plus  grandes  marées  ,  et  le  rejoignant  après 

Rempiètïmcni,  '10(1  loisps 

qtiarn-csa  12'.  '2880'.  au  corps  du  vioux  mur  et  chanti'eui ,  et  en 
liaison  ,  observant  de  faire  le  parenie;il  du- 


MÉMOIRE   DE   VAUBAN.  29 

dii  i-empièlcQîent ,  do  picM're  du  Woiûa  choi- 
sie et  épincce,  ayaiu  du  joint  et  de  la  queue, 
bien  assise  sur  son  lit ,  et  en  mortiei"  com- 
]>osc  d'un  tiers  de  bonne  chaux  éteinte  d'un 
jour  sur  deux  liers  de  sable,  du  meil- 
leur qui  soit  en  usage  dans  le  pays,  l'un  et 
l'autre  éteint  et  détrempé  d'eau  douce  ;  il  ne 
sera  même  que  très  à  propos  de  mettre  le 
sable  en  monceaux  trois  ou  quatre  mois 
avant  que  de  l'employer ,  afin  qu'il  ait  le 
temps  de  se  dessaler  :  le  surplus  dudit  pare- 
ment pourra  éire  de  moellon  ardoisin  par 
assises  de  hazai'd,  l'açonné  avec  soin,  et  élevé 
jusqu'au  chanfrein  qu'il  faudra  encore  faire 
de  pierres  du  Roule  choisies,  et  proprement 
piquées  sur  les  faces,  les  lits  et  les  joints,  et 
le  tout  proprement  repris  en  liaison  sous  les 
parements  du  vieux  mur. 
2  Refaire  tous   les  trous  et  ébrèchements 

30ot£".;iar:iesT;^         se   trouveront  dans  les  murs  de  clô- 
''""""  ""'*'''•  ture  ,  tant  des  tours  quarrées  et  rondes, 

qu<i  des  courtines  entre  deux ,  et  ne  lais- 
ser d'ouvertures  en  dehors  qu'à  celles  qui 
seront  nécessaires  aux  défenses  ;  fouiller 
tous  les  vieux  joints  ,  les  remplir ,  et  fouet- 
ter de  bon  mortier  depuis  le  haut  jusqu'en 
bas. 
5  Nétoyer  son  fossé  jusqu'à  ce  qu'on  puisse 

Décoicbres  (les  fossi's  pour  /•  ,  ••ii'  i  i  ' 

rapprofondiiMieUpicds^292  i^^' (^  cntrcr  SIX  pieds  d  eau  dans  les  marces 

tuiscs  à  1' 10'.  1314'.    1  ,  .  -1 

de  morte-eau  ;  en  transporter  les  vases  et 
terres  qui  en  proviendront  dans  les  endroits 
de  la  fausse-braye  du  Château  ,  qui  en  man- 


'SO  Ml-.MOiUE  Dl'    VAUlt.VN. 

queront ,  pour  là  y  tUie  arrangées  el  fairo 
pai'lie  de  son  rempart. 
■i  llevêlir  aptes  ledit  fossé  d'un  mur  t.\û  ina- 

2u^^«^;u"i^ïï  ^Ti:  Çonnei-ie  de  pied  el  demi  d'éi)ais ,  appuyé 
'"  '"'**  -*'^^'-  conlre  le  bord,  auquel  on  donnera  un  pied 

de  talus  sur  trois  de  hauteur  ;  le  corps  de  ce 
revêtement  sera  composé  de  pierres  ardoi- 
sincs;  et  le  parement,  depuis  le  fond  jus- 
qu'au dessus  des  plus  hautes  marées ,  de 
pierres  tirées  de  la  montagne  du  Roule,  bien- 
assimilées ,  de  bonne  qualité  ,  posées  par  as- 
sises de  hazard  ,  eu  mortier  bien  condi- 
tionné ,  comme  ci-devant  article  premier. 

5  Faire  le  surplus  du  paremeat  de  moellon 
Compris  ci-uessus.         ardoisiu  qui  se  trouve  ici  eh  abondance ,  et 

l'élever  de  celte  façon  jusqu'au  sommet  qui 
sera  arrasé  par  une  assise  posée  de  camp , 
de  12  ou  15 pouces  d'épais,  mis  proprement 
en  œuvre ,  avec  les  joints  fichés  de  petits 
éclats  de  la  même  pierre,  et  bien  recisés. 

6  Faire  la  même  chose  par  le  dedans  que 
.  Le  ragréenieni  du  devant,  par  le  dchors  ;  et  au  cas  qu'il  y  ait  une  des 

ÎOOioisesUlOI.      84001.*^  ^  "'  ,    ,  r-  • 

leurs  quarrées  qui  paroissent  avoir  été  faite 
en  adossement  qui  ne  valût  rien ,  et  dont  les 
fondements  soient  mal  assurés ,  achever  de 
l'abattre,  et  si  l'on  voit  qu'elle  ait  servi  au 
soutien  des  vieux  murs,  substituer  un  con- 
trefoi't  à  sa  place ,  de  1 2  à  1  o  pieds  de  large 
sur  8  à  10  d'épaisseur,  élevé  autant  qu'il 
sera  nécessaire  au  soutien  des  courtines  ;  en- 
suite de  quoi  le  finir  doucement  en  chan- 
frein,  couvrant  son  glacis  de  pierres  de  taille 


MEMOIRE   DE   VAUUAN.  ot 

pérées  à  joints  recouverts  pour   onipèclier 
que  la  pénétration  des  eaux  n'en  gâtent  la 
maçonnerie. 
~  A  l'égard  des  icuis  rondes ,  en  restituer 

imir^!'''"""  73C5T1Ô"''  ^^^^  ^^^  étages  voûtés  en  leur  entier  ,  cou- 
vrir le  dessus  des  voûtes  ,  notamment  ceux 
du  sommet  qu'il  faudra  découvrir  jusqu'au 
net  de  la  maçonnerie  ;  et  après  l'avoir  bien 
nétoyé  et  ensuite  arrasé ,  les  maçonner ,  et 
couvrir  de  carreaux  proprement  posés  en 
ciment  avec  un  enduit  de  2  pouces  d'épais 
au  dessus,  fait  à  plusieurs  reprises ,  et  bien 
adouci  avec  le  dos  de  la  truelle,  y  observant 
une  pente  de  5  à  4  pouces  de  centre  à  la 
circonférence ,  et  une  petite  conduite  tout 
autoui-  avec  des  gargouilles  pour  porter  les 
eaux  en  dehors.  Et  après  que  cet  enduit 
sera  bien  sec,  le  couvrii-  d'un  pied  et  den)i 
de  terre  bien  battue  ;  ensuite  de  quoi  pour 
la  plate-forme ,  de  la  pierre  de  taille  bien 
jointoyée ,  et  proprement  mise  en  œuvre 
pour  servir  de  lit  au  canon. 
8  Achever  de  défaire  les  petits  parapets  au- 

dessus  des  mâchicoulis;  et  les  rebâtir  après 
avec  toute  la  saillie  qu'ils  ont  présentement  : 
les  épaisseurs  de  3  pieds  et  demi  ù  4  pieds 
pris  en  dedans ,  et  sur  l'épaisseur  des  gros 
murs  sur  la  hauteur  de  6  pieds.  Les  faire 
entièrement  de  pierre  ardoisine  la  plus  douce 
et  bien  mise  en  œuvre,  réservant  de  terminer 
tous  les  sommets,  les  parements  et  les  fonds 
des  embrasures  par  des  assises  posées  de 


o:J  mkmuire  le  vauuan. 

canij)  cl  lie  bas,  de  la  même  iiicrre  bien 
choisie,  cl  piquée  sur  tous  les  points  avec 
(l'cxceilent  moiiicr,  cl  le  louitellcmeiU  sou- 
mis à  ses  pciUes  et  aligncnicnîs,  que  l'on  y 
voie  l'ien  ijui  choque  la  vue. 
0  A  chacune  des  loui's,  peicer  trois  embra- 

sures rampantes  dans  l'épaisseur  du  parapet 
de  leur  sommet  ;  les  deux  pour  flanquer  le 
(loiijon,  et  l'autre  pour  voii-  à  la  campagne, 
cl  leur  donner  toute  la  plongée  et  l'embràse- 
meni  nécessaire  afin  qu'elle  puisse  découvrir 
jusqu'au  pied  des  tours  plus  prochaines, 
(s'entend  des  rondes)  et  voir  le  fossé  dans 
toute  sa  largeur,  observant  d'élever  la  sous- 
gorge  de  ses  embrasures  de  2  pieds  8  pou- 
ces au  dessus  de  la  plate-forme  sur  \o  à  IG 
pouces  de  plat ,  et  le  surplus  en  rampe  pen- 
chante de  quelques  2  pieds  et  demi  vers  le 
dehors  sur  le  reste  de  l'épaisseur;  la  grande 
ouverture  de  rembr^isure  aura  5  pieds ,  la 
plus  étroite  un  pied  et  demi  et  le  petit  em- 
brasement 2  pieds,  un  jieu  plus,  un  peu 
moins ,  selon  (pie  les  découvertes  y  nécessi- 
teront. 
10  Uacommoder  les  portes,   cheminées,  cl 

Ragrécmenis  des  ciiemi-  pavés  dcs  chambrcs  ôo  toutcs  Ics  tours  ;  cn- 

nées  ,   enduit    îles     rlium-  ' 

bies  et  biaiKi.issat.'c  ti.s  (Juife  Ic  dcdaus ,  Cl  accommodcr  leurs  jours 
et  crevasses  dont  2  de  défense  pour  servir 
de  flanc,  el  2  pour  voir  en  deîiors  ,  obser- 
vant premièrement  demi-partie  des  embià- 
sements,  c'est-à-dire  de  les  faire  partie  en 
dedans,  cl  paUie  en  dehors ,  à  cause  que  la 


MEMOmi',  r)E   VACP.AN.  .->.-> 

longueur  désarmes  donl  on  se  sert  n'est  pas 
assez  grande  pour  pouvoir  traverser  toute 
l'épaisseur  des  murs  ;  leur  donner  6  à  8 
pouces  d'ouverture  dans  leur  plus  étroit, 
sur  2  pieds  i/^  de  haut,  i  pied  à  1  pied  1/2 
d'embrasement  par  devant,  et  deux  fois 
autant  par  dedans,  avec  des  cpaulenients  (1) 
en  rebords  (2)  comme  les  figures-cy  à  costc, 
n'oubliant  pas  de  leur  donner  beaucoup  de 
plongée,  en  sorte  que  de  là  on  puisse  aisé- 
ment voir  le  pied  des  pièces  qu'on  doit  dé- 
fendre. 
11  Et  parce  que  les  chambres  pourront  servir 

Portes,  fenêtres ,  vitres    ^^  prisoHS,  de  logeuicnts OU  de  magasins,  les 

Wrraiiles ,   ia;Ti'>^emoiits     du  '  '  «  o  ' 

pied  des  bâtiments  et  poni-  gn^uire  Cl  blauchir  par  dedans,  et  recarreler 
de  moellon  ardoisin  proprement  taillé ,  et 
après  posé  de  camp,  en  bain  de  mortier 
composé  comme  cy-devant  ;  plus  ,  faire  de 
nouveaux  contreforts  à  leurs  cheminées  ,  et 
raccommoder  les  tuyaux,  et  mettre  des  vitres 
et  châssis  aux  créneaux  qui  leur  doivent  ser- 
vir de  croisées. 
*2  Raccommoder  les  montées  de  ces  tours, 

et  refaire  les  noyaux,  et  remettre  de  nou- 
velles marches  à  la  place  de  celles  qui  sont 
usées  ;  plus  les  bien  couvrir  ,  et  nétoyer  les 
décombres  de  leurs  communications ,  rédui- 
sant toutes  les  couvertures  du  dehors,  et 
celles  des  créneaux  précédents,  art.  10,  du 
moins  à  hauteur  du  1*'  et  2''  étage. 
1^  Nétoyer  après  cela  tous  les  décombres 

Décombres,  500  tiises  ru-         .  i-  ^     i  i  i  i        • 

les  a  1' ci.aquc,      '2000'.  qui  remplisscnt  les  places   de  ce  donjon; 


5-i  MKMOIRK  DE  VAUBAN. 

reconnaître  louios  les  espèces  de  maçonne- 
rie dont  il  est  composé  ;  supprimer  les  bâli- 
menls  absolument  inutiles,  et  corriger  ceux 
qui  ont  des  ligures  bizarres;  les  réduire  en 
quarré  tant  qu'on  pourra,  et  après  en  avoir 
reclifié  les  figures  par  de  bons  desseins,  com- 
mencer après  le  rétablissement  des  caves;  et 
au  cas  qu'il  ne  s'en  trouvât  point  de  voûtées 
sous  tous  ces  grands  tas  de  décombres  qui 
paroissent  là,  en  faire  sous  tous  les  bâtiments 
qui  le  pourront  souffrir  sans  en  offenser  les 
murs  ni  la  fondation,  rien  n'étant  plus  néces- 
saii'e  que  des  caves  et  des  voûtes  en  ce 
lieu. 
14  Faire  Icsdiies  voûtes  de  moellon  ardoisin, 

rui.niosvoûTes  dMdciix  choisî,  piqué,  et  bien  esmillé,   posé  en  bon 

ginnils  corps  <!p   logis.  112  'il»  »     i 

toises  .le  maçonniiicuir)'.  niorlier  avec  beaucoup  de  soin,  élevé  de 

la  10130,  5040'.  *  ' 

pied  i/2  au-dessus  des  plus  hautes  marées, 
et  de  fah'G  à  toutes  de  petits  écoulements  au- 
dessous  afin  que  les  eaux  n'y  demeurent 
point  ;  du  surplus  bien  bander  les  voûtes  sur 
leurs  cintres,  et  bien  ficher  les  joints,  et  voû- 
ter sur  toute  l'épaisseur,  ce  qui  sera  exacte- 
ment observé  ù  toutes  les  voûtes  qui  se 
feront  dans  cette  place,  lesquelles  n'auront 
jamais  moins  de  3  pieds  d'épais. 

Cela  fait,  réparer  ce  qui  se  trouvera  man- 
quer aux  grands  escaliers,  et  à  toutes  les 
portes  et  fenêtres;  refaire  les  cheminées 
rompues  suivant  la  destination  des  lieux,  et 
raccommoder  généralement  toutes  les  défec- 
tuosités des  murs  d'entrefond  :   ensuite  de 


43 

Solives, 

ur.h 

3'  10'. 

,3962'. 

Ferronn 

crie    VI 

serrurerie, 

OTAL  , 

5900 

T 

83C2'. 

MEMOIRE  DE  VALBAN.  05 

quoi  refaire  de  nouveaux  planchei's  à  toutes 
les  pièces  qui  le  mériteront ,  et  des  voûtes 
partout.  Et  parce  qu'il  y  a  des  endroits  où  il 
est  resté  de  belles  voûtes,  les  raccommoder 
et  réparer  entièrement ,  en  sorte  qu'il  ne 
reste  rien  dans  le  donjon  qui  ne  soit  en  état 
de  servir  à  l'usage  auquel  il  est  destiné. 

Surtout  être  soigneux  de  bien  choisir  les 
bois  propres  à  la  ciiarpcntei-ie  ,  les  prendre 
forts  et  bicîi  conditionnés,  qu'ils  ne  soient 
ni  piqués  ni  rouUés,  ni  sur  le  retour.  Et 
ceux  de  la  menuiserie  comme  portes  et  fenê- 
tres, bien  secs  et  de  bon  emploi ,  et  le  tout 
bien  garni  de  ses  pcnlures  et  verrous ,  eu 
sorte  que  toutes  les  fermetures  soient  sûres 
et  bien  faites. 

16  Observer  la  même  exactitude  à  l'égard  des 
couve,.u,es330toiscsqnar-  couvertui'es  ou'il  faudra  toutes  faire  d'ardoise 

rees  ;i  11'  la  luise,      oOUO  .  ' 

de  la  meilleure  qui  s'eniploye  dans  le  pays , 
laquelle  il  faudra  toute  choisir ,  et  observer 
qu'elle  n'ait  que  le  moins  de  pureau  que  faire 
se  pourra  ,  et  la  chauller. 

17  Curer  le  puits  et  rétablir  les  fours  et  la 
toue*^'' ^'^  '"''"^.?^]J^  boulangerie;  item  la  place  pour  les  moulins, 

et  généralement  tout  ce  qui  pourra  servir 
pour  ce  bàlimeiii,  plus  parer  la  cour  cl  les 
issues  de  la  place,  à  laquelle  il  faudia  l'aire 
de  nouvelles  portes  ,  et  un  ponl-levis  avec 
barrière  au  bout,  un  corps-de-gardc  et  une 
guérite.  S'il  y  a  lieu  de  faire  une  planchette 
sur  le  derrière  pour  communiquer  de  là  à  la 
fausse-brave  du  château,  il  le  faudi^a  faire,  et 


5G  MKMOII'.li   l)i:   V.U'IîAN. 

la  coiidamner  après,  jusqu'à  ce  que  le  besoin 
de  s'en  servir  oblige  à  l'ouvrir. 
18  Finaloinent  rétablir  les  deux  communica- 

iViiis  i...pRMis,    11)00'.  ,jy,jj,  .,„  (.Râteau,  et  y  faire  des  planciielles, 
cl  doubles  portes. 


l'J  Le  Ch.\teau.  —  Visiter  el  rechercher  le  bas 

'.aoTrises'rr"''/''  S'.'  ^^^^  tours  et  courtines,  comme  il  a  été  pro- 
posé pour  le  donjon  :  les  j'éparer,  et  empié- 
ter ce  qui  en  aura  besoin  :  ragréei'  et  murer 
20  tous  les  trous  et  ouvertures  qui  pouri'oient 

uéfeciion dune loiir, 2 1  nuirc  aux  dcfcnscs  et  à  la  sûreté,  et  rétablir 

1/2  cubes,  a  100'  pour    40' 

chaque  toise.  ges  parapcts  ,  chemins  de  ronde ,  et  eardes- 

Ccndauinei-  les  fenètrages 

'"'"'*  Tous  en  leur  entier. 

Plus  raccommoder  les  tours,  comme  celle 

du  donjon,  v.\  surtout  en  ùler  tous  les  i'ené- 

irages  qui  ont  des  vues  en  dehors,  et  toutes 

les  autres  menues  commodités  qui  peuvent 

"'  les   afToiblir.   Epaissir  autant  que  faire  se 

A  raccoinnioder  les  che-  , 

minées,  3  toises  de  maçon-  pouri'a  Icurs  parapets,  et  y  percer  des  em- 

neneàlO',  ci  120'   .'.  '  ,  .... 

Le  paiapet ,  7 1.  biasurcs  ct  crcneaux,  y  rétablissant  du  sur- 

audit prix,  280    1       ,  «  A  11  1   ^ 

uaocommoderies  plus  toutcs  Ics  voulcs ,   planchei's ,  platcs- 

escaliers ,   portes ,  o  ■  •         • 

fenêtres ,  clôtures,  iormcs  ,  monlccs ,  communications,   corps- 

serrurerie  ,    plan-  ,  ,  ,  .      ,  •  ■      •       .         ^ 

chers,  le  tout  esti-  dc-gardc  ,  Cl  chcminees  qui  y  eUuenl  autre- 

nié  à  400     »      „    .  ,  .  .  .  1  • 

La  plate-forme.  fois ,   avcc  Icurs  joui's    nccossaires  ;    bien 

4    toises    (luarrées  ,  i        i    .  »  ' 

de  pierres  de  taille,  entcudu  quc  ccux  du  dchoi's  seront  perces 

à  18'  la  toise,  '!2     »  ,  ,  i  i         i  »    j 

Le  carreiase  ou  cu  crcncaux  :  Ct  commc  dans  la  plus  part  de 

pavé  des  vuùlos,  2  .  .i       ,  i  >  .  i  i     i         . 

toises  quarrtes,  u  CCS  tours  il  n  v  a  dc  voulc  que  dans  le  haut. 

Sable' .sur  ladite  "     '    cu  faii'c  uiic  daiis  Ic  bas  à  prcuvc  dc  Ui  bombc, 

viille  ,  1  toite  1/4  ,  ,  ,.  ,  . 

à  4'.  5   .   les  murs  elani  assez   lorts  pour  la  porter, 

Les  poulrcsetcis-  i      -r    >    .       •     i  i  i        . 

Us  dv;  pi  ,».her;  1 1  terrassant  de  o  a  i  pieds  au*  dessus  ;  les  tours 


MEMOIRE   DE   VAUGAN.  Cfi 

»oiives2/3ii3'io'.  40  ic  en  seront  plus  solides,  et  on  aura  autant  de 

Kiiduit   et  blaii-  '  ' 

ciiissQjçedesmuis,   35   .    petits  uiai^asins  à  poudre  très  sûrs  qui  pour- 

lotal   pour   une  i  o  i  i        i 

tour,  'J^^,^''?/ ront  servir  dans  le  temps  de  nécessité. 

tt  pour  les  7  toui'i  du  (.ha-  ' 

teau  ensemble,  1083'.  Rempiétcr  Ics  courtincs  qui  en  auront 
besoin  ;  reboucher  tous  les  trous  de  boulets 
qui  sont  dans  leurs  murs,  refaire  leurs  ébré- 
chemenls  ,  et  rétablir  leurs  parapets  ,  après 
avoir  rasé  et  mis  de  niveau  tout  ce  qui  se 
trouve  endommagé  des  vieux;  observant  de 
terminer  leurs  sommets  par  un  couronne- 
ment de  pierre  ardoisine  de  pied  et  demi 
d'épais,  choisie,  et  proprement  posée  de 
camp,  en  mortier  composé  comme  ci-devant, 
article  premier.  Et  si  quand  on  bâtira  les 
casernes  en  adossement  conli-e  le  mur.  on 
vouioit  faire  servir  une  partie  de  leurs  gre- 
niers de  chemin   de  ronde,   comme  il  est 

:ut"r^^::L;!^:S5  '«^  parapets  des  courtines  de  l'épaisseur  des 
to^=esMiuairéebùi-2>eha_q.n^^  moyennant  quoi  ils  auront  presque 

partout  G  pieds  et  i/^  d'épais  de  bonne  ma- 
çonnerie; ce  qui  seroit  capable  de  doimer 
longtemps  de  la  résistance  au   canon   en- 
nemi. 
25  Nétoyer  le  fossé  et  l'approfondir  jusqu'à  y 

Fossé  à  nétoyer, 2120  toi- pouvoir  mettre  G  à  7  pieds  d'eau,  de  vive- 

ses  uul.es  Ui'lO".        9510'.   '  ^  ' 

Uevetement  du.iit  fo.-^^é,  eau,  ct  Ic  rcvétir  des  deux  bords,  l'extérieur 

"95   toises    quarrées  a  12' 

ïi,  9oW'.  en  adosscment  contre  le  talus  ,  préparé  de 

terre  comme  au  donjon,  en  rempiétement  de 
pied  et  demi  à  deux  pieds  d'i'pais  le  revête- 
ment, tant  des  tours  que  des  courtines. 


22 

Ecorclemeiit  et  rétablisse- 


8  MÉMOinF,  DE   VALBAN. 

2i  Les  Traverses  (7, 8, 16) —.Abaisser  une par- 

au'lr'rrr; 'i  '  il;i''.i:  ^'^  J"  revêlemcm  de  la  ville  qui  joint  la  traverse 
l^rt'ïr:::^':::^':':;  du  clmteau  au  coslé  de  la  mer,  et  le  réduire  à 
escaliers .  100'  jjj  hautcui'  coiiimuiie  du  revêtement  qui  vient 

du  co&lé  de  l'église  :  rompre  son  grand  esca- 
lier ,  et  détacher  ladite  traverse  du  rempart 
de  la  ville,  en  sorte  qu'elle  n'y  tienne  que  par 
le  vieux  revêtement  dont  le  sommet  sera  taillé 

25  en  demi-cape  de  bâtardeau.  Rabaisser  ensuite 

''L'l!i'vatu.M'*de  son  llï  l'evétemont  ù  toucher  ses  défenses  du  costé 
ï:^:2^daf.sséjî:  de  la  ville ,  lui  faisant  un  petit  flanc  le  long 
to^l4u"l"sT'i?^  du  bord  du  fossé  du  donjon,  pour  défendi-c 
eiLiT**"'""  "^^  ""'ÎK  lîi  Pa«'l'«  qui  J^'t  f^tîe  à  la  ville  :  le  tout  sui- 
vant le  figuré  au  plan  (7). 

On  pouira  redoubler  d'une  autre  traverse 
derrière  la  précédente,  et  joignant  la  grosse 
tour  à  la  fausse-braye  (16)  qui  ne  laissera  pas 
de  bien  défendre  la  tour  du  coin,  l'une  des 

26  plus  exposées,  bien  qu'elle  n'ait  pas  à  beau- 
de^dTanf  la  pol"  ^"1","  coup  prcs  la  mcmc  découverte  que  la  prccé- 

Pour    démonter    la     poit»  UCllie. 

birfnu  au  T:::^.e^  KAscr  le  portail  retourné  de  Tavant-porle 
'Là;:t',rettLi!Z'e  du  château  qui  est  trop  avancé,  et  les  bâti- 
''pJtumu;a?dè;susdeT:meuts  qul  sout  au-dessus  de  la  porte  delà 
SsâT5r'^'''""''420':  ville  qui  y  font  trop  de  masse,  et  bâtir  une 
qSsTÎ5'"'""''llo'.:  nouvelle  traverse  en  (8)  qui  porte  les  défenses 

^Le^...re-plein,6ôloises_a;.  ^^^  ^^^^^  ^^  j.^  ^jjj^  ^^^  fUYCUr  dU  CllâteaU  ;  Ob- 

2ft:T"n"sl'ir  servant  de  faire  un  fossé  au  devant,  une  porte 

,ïr"'''"""'""''So!:cochère,et  uîi  pont-levis.  On  pourra  taire 

Uevèlenifnt  du  lOtî' du  pio-  ...  •      „.    j  ,    i'.,.,«.,.v   ..^.i.'.   .1/. 

m ,  lo  loiscs  .juaims  ;.  scrvir  la  traverse  qui  est  de  1  autre  cosle  de 
''total  :jîio':  la  sortie  du  château  au  même  usage  que  la  (7). 


MÉMOIHE   DE   VAUIÎA^f.  39 

Portes  du  Château.  —  Renouveler  ses 

portes ,  pcnlurcs ,   ferrures  et  verrous ,  y 

27  mellrc  une  herse ,  coulisse  ou  des  orgues  ; 

Pour  renouveler  les poNos.  défaire  la  masse  de  son  pont  dormant  et  la 

Lf^writrrot  ia"Jilé-  l'cbûlir  sur  chevalet  de  charpenlcrie,  l'abord 

'd*'  aa    I    1,  ^o  J"**^  •  du  dehors  un  peu  évase  de  part  et  d'autre  , 

Pour  domoljr  la  masse  qui  '  '  ' 

pstârùté  du  pont  le  pont  p^yp  faciliter  l'cntrée  des  charrois  et  ôter  le 

dormant  Pl  le curps-ue-parde,  * 

pour  le  tout,  "***'  corps-dc-gardc  du  bout  du  pont,  y  mettre 

une  barrière  et  une  guérite  pour  la  senti- 
nelle. 


28  Ravelin  de  la  Porte  de  Secours.  —  Lui 

j.eparnpot.20toises^g,  f.jj^g  Jpg  parapcts  (cls  Qu'îl  Ics  avoït  aupa- 
^u  garde-fou ,  10  t.  qua^i-.  j-^yant  ;  Ics  courouncr  par  des  assises  réglées, 
i^tLr^Z^éepuri'plÀ  posées  de  camp,  faisant  pente  bien  unie, 
^6  S'iîa 'quarrées** de  d'uH  pîcd  sur  six,  avcc  un  petit  corridor  sur 
Tôt;  téli^r  Tes'pîm?ê;  le  derrière,  porté  sur  les  vieux  encorbelle- 
tr  Kf'dehôrs'Tt  'aiandir  Hicnts  ;  cmbrâscr  un  peu  plus  les  créneaux 
les  ^endroit.  nécessaU  Je  ^j^  jjjj,.j  ^^  d'aulrc,  v  mcttrc  dcs  portcs  et 

zr8°,rdet":£ii'rur"pr;'l  refaire  les  ponts  devant  et  derrière  cette 
la  porte  du  ci.à.ean.    iw.  ^^^^^^^  ^^^^^  ,^  ^^^,1^  ^j^.  sccours  qu'il  y  ait  au 

château,  et  qui  peut  donner  accès  à  la  terre 
et  à  la  mer. 


29  Fausse-Bra\e  (8,  G,  4 G).  —  Depuis  la  tra- 

.ine!'r.ir2/"3\tortw:  vcrsc  (7)  costé  de  la  mer  jusqu'à  la  grosse 
,tot""'""'"''*'ito"  tour  (17),  élever  ics  gros  murs  de  la  cour- 
iSrXs'llIt^rSl^'line  jusqu'à  la  hauteur  de  la  platc-formc  de 
:jo..*  '''"'"'•  ''  ""îlo*  latlite  tour,  et  le  parapet  qu'il  faudra  percer 
de  créneaux  à  l'égal  de  celui  de  la  même,  et 


iO  WÉ.\i01P.Ii  Itr,   VAllîAN. 


hausser  en  môme  temps  ]o  lerj-c-plein  qu'on 
n  conimeiiC('' ,  le  derrièie  duquel  il  faudra 
soutenir  d'un  mur  d'ardoises  plaies,  maçon- 
nées à  ehaux  el  à  sable. 


30  La  Grosse  Tour  (17).  —  Supprimer  la 

ruS'ïûî'." ''''''"'''"' '2ioî:  "moitié  de  ses  embrasures;  ouvrir  de  pied 

r::^':if  laï-a,l;ZÎ'"s  Cl  demi  au  plus  élroit  toutes  celles  qui  res- 

tu.scsh  lo'.  -270'.  (f.,.o„t .  pelrancher  leurs  loîls  de  plongée,  el 

refaire  le    parement  du  fond  de  moellon 
ardoisin  pose  de  bout  et  de  camp. 

Couronner  le  sommet  de  son  parapet  par 

une  assise  de  moellon   ordinaire,   choisi, 

pos(>  de  bout  et  de  camp  ;  el  pour  cet  effet 

le  d(''faire  jusqu'au  pied  de  son  bord  exlc- 

^i  rieur  afin  de  lui  préparer  une  assiette  plus 

néfetliiin  et    ncrandisse-        ,.  ,  ^    i       .  •  i.  •     t 

ment  deCembiàsuits,  iuo'.  solide  ,  et  lo  terminer  en  pente  d  un  pied 

i    porte   à  iiétoyer  les  dé-  111  <        • 

comines,  50'.  vcrs  16  dchors  sur  toute  son  épaisseur. 

Ouviii- la  porte  de  sortie  et         r»  i  •  «  ^ 

h.  rmuirer  de  3  A  4  pieds.  Haccommodcr  ce  qui  peut  manquer  a  sa 
plate-forme ,  agrandir  les  embrasures  d'en 
bas,  el  les  néloyer  et  faire  une  porte  à  ladite 
voûte  qui  pourra  au  besoin  servir  de  maga- 
sin à  mettre  des  bois  à  couvert;  dégager  la 
^"  sortie  et  la  murer  ensuite  de  3  à  A  pieds 

Mettre  l'embrisurc  en  état    ,,  ,       .  ,,  , 

et  aussi  la  remiirer;n(toyer  d  épais  pour  n  cire  plus  ouvcrte  quo  daus 

les  déc-onibres  ,   dégiger   la  .  , ,  .  , 

sortie  et  faire  une   batterie,  ICS  OCCaSlOUS  preSSaUlCS  d  UU  SlCgC. 

Un  rorps-de-garde  anpii-s  Fairc  UU  fossé  dcvaut  ladite  tour  et  les 
deux  courtines  de  sa  droite  et  de  sa  gauche, 
de  six  toises  de  large  sur  la  profondeur  du 
bas  d'eau  des  marées  de  morte-eau  ,  et  le 
revêtir  comme  ceux  du  donjon  (Art.  i). 


elunecuérile  ,  liOO' 


MÉMOmE  DE  VAUBAN.  41 

31  Depuis  la  grosse  Touk  (  1 7)  jusqu'à  la  Tour 

Mn.«nm.rie .  58  toisot  eu  (6).— Elcvcr  le  cfros  Hiur  delà  courline  à  hau- 

ij'ard  aux  parements,  iUoo'.   >    '  «-> 

Paiapei,  58  t;^i2'.  09o'.  jg^.  ^jgg  platcs-formes  de  ces  tours,  et  le  pa- 

ncvêtemeiJt  clu  lerre-plein,  1  '  1 

iw  »oisesà;ii'.      i'>>2'-  rapet  comme  celui  de  la  précédente;  le  terre- 

Pai'tie  du  raui'  a  liemoiiler         t  1  ' 

eMe  refaire,  30  toi^M^,^  plciu  dc  mômc Qu'il faudi'a aussî soutcnir d'uii 
Murer  k  porto  de  fer  15'.  îevêtemeiit,  ct  uc  pas  oublier  de  percer  tous 

Une  gtiwuc,  400'.  '  i  i- 

les  parapets  de  créneaux  embrasés  en  de- 
dans, et  espacés  de  10  pieds  en  10  pieds ,  ob- 
servant d'en  tcruiiner  toujours  le  sommet  par 
deux  assises  de  moellon  choisi,  posé  de  bout 
et  de  camp.  Murer  la  porte  de  1er  qui  sert  à 
présent  de  communication  à  la  mer,  quand 
elle  ne  sera  plus  nécessaire  aux  ouvrages. 


5^J  La  Tour  Longue  (6).  —  Réduire  le  nom- 

Pwir  faire  deux  enibrà-  brc  dc  SCS  cmbrâsures  à  cinq ,  dont  deux 

sure»,  100'.  1  '  1 

Le  parapet,  5  toises  i  pieds  coutro  Ic  ttiontant  dcs  marccs ,  deux  contre 
û30'.  170'.  ,     ,  ,  ,...,, 

le  descendant,  et  la  cmquieme  a  la  campagne, 

observant  toutes  fois  de  les  espacer  le  plus 

également  que  faire  se  pourra ,  leur  donner 

toutes  les  façons  nécessaires  et  faire  la  même 

chose  à  son  parapet  ;   lui  faire  une  plate- 

forme  ;  ragréer  et  refaire  les  joints  de  son 

Le  pavù  delà  plate-forme, 

4toisesquarréesài5'.G0'.  rcmpietement  qui  en  a  grand  besoin  ,  et  les 

La  vûiUe  de  sa  gorge,  coin-  .  ,    ,  ,  . 

pris  les  pieds  droits  à  rem-  ucher  partoul  do  pctits  cclats  de  pierre  ar- 

piéter,  5  toises  à  30'.   150'.     ,    .    .  .  ,  , 

Le  pavé  ,;6  toises  (juarrées  doisine,  qui  cst  plus  ppopre  a  cela  que  les 

aie.  60'.  1        11  '        1 

La  porte,  (owpris  les  fer-  auti'es  ;  plus ,  raccommodcr  1  entrée  de  sa 

rures,  30'.         ^  ,  „  . 

voûte,  la  netoyer  et  paver ,  y  faire  une  porte, 
ces  lieux  étant  comme  autant  de  bons  sou- 
terrains qu'il  ne  faut  pas  négliger. 

Rompre  le  mur  de  sa  gorge ,  qui  rentre 


42  mémoihe  dk  VAuau<. 

37  irop  en  dedans,  et  élever  le  terre-plein  du 
f«çSÏZx'ra»,fè»'!8Ùi'-  den-ière  ù  hauteur  de  ladite  gorge,  avec  dos 
vant  le  détail.          480'.  ,..^„)pcs  à  droilc  et  à  gauciu!  pour  y  pouvoir 

nioiiler  plus  iaciienieul  le  canon  ;  et  inèine 
couper  son  angle  afin  de  lui  donner  plus  de 
capacité. 

38  Depuis  la  Tour  Longue  (6)  jusqu'au  Pas- 
^^Maçonnerie .  2G  «ois^e^y  TiON  (1).— Refaire  Ics  joints  et  bien  ragréer  le 

Rev6ieraent  du  tene-picin.  pjed  dc  cclie  courtluc  ;  kl  rechcrcher  et  ré- 

22  toises  il  3o'.  0(iO'.  '  ' 

Un  escalier  de  pion-e  ar-  parcr  Ics  cudroits  dc  SOU  revôtcnient  où  il  y 

doismc,  i)0'.    '  •' 

a  quelques  défectuosités ,  et  en  hausser  du 
surplus  ses  gros  murs,  parapets  et  terre-plein, 
à  l'égal  de  ceux  de  la  précédente ,  observant 
toujours  de  ménager  des  montées  d'espace 
en  espace. 


5g  Bastion  (i  ) .  —  Lever  de  trois  pieds  et  demi 

M;K:onneiie  dn  parapet,  par  dcvant  ct  uu  par  dciTière  le  gros  mur  de 

des  2  flancs   et  des  2  f;iccs ,  „  ,     ~  i       •.       i       »  •.        i 

23  toises  à  3o'.        o;'5i.  sa  face  a  flanc  droit ,  le  terrasser  ensuite  de 

La  façon  de  5  embrasures  ,„,  .•ii.'-i  ^i.  i- 

150'.  C  a  sept  pieds  d  épais,  haussant  le  terre-plein 

Pour  la  plale-fornie   d'une    ,  i^        •  y    n         ^  •    j  >       j 

embrasure ,  18  solives  de  dc  cc  Bastion  ix  6  autrcs  pieds  près  du  som- 

charpenterie,  faisant  pour  lo  .ii-.  .'i  -i^  »i 

erabiùsures  i8o salives  h 3'  mct  dudit  parapet;  elcvcr  aussi  la  face  et  le 
"lôooTi'vres  pesant  de  cioMs  flanc  gauchc  dc  mOmo  à  pareille  hauteur, 
\-né'y"i'i"é1.'ia  pointe' de  observant  de  faire  le  parapet  de  ceux-ci  de 
son  angle  saillant,      ioo'.  ^  ^.^^^  ^,.^^,^.^  ^.^^^  terrossement,  et  de  per- 
cer trois  embrasures  bien  revêtues  dans  cha- 
cune des  faces ,  et  deux  ù  chaque  flanc ,  ré- 
glant bien  à  propos  les  décombres  des  unes 
et  des  autres  :  plus  refaire  leui-s  joints ,  et 
bien  ficher  et  ragréer  le  bas  dc  son  revète- 
nicnl,  et  bâtir  une  guérite  sur  la  pointe  ;  la 


MÉMOIRE  DK  VAUBAN.  43 

même  chose  des  deux  tours  précédentes  dont 
il  faudra  ôler  les  petites  cahutes,  et  faire  un 
corps-de-garde  auprès  de  la  grande. 


iO  Depuis  le  Bastion  (1)  jusqu'à  la  première 

Haçoniiciie ,  i3  toises  1  TRAVERSE  (22).  —  Elcver  le  gros  mur  à  régal 

piej,  à  iiO'.  39o'.  '  ^ 

Maçonnerie  du  parapet  12  jji  rez -dc- chausséc  dc  \à  courtinc  :  bien 

loisesàiU'.  480'. 

Revêtement  du  terre-plein,  foueltcr  Ics  joints ,  Ics  fichcr  ct  ragréer  ,  et 

30  loises   4  pieJs   cubes    à  .1  '  o  ' 

"0'-  920'.  lui  fyipe  un  parapet  de  maçonnerie  de  toute 

l'épaisseur  du  mur,  prolongeant  et  excavant 
son  terre-plein    à   proportion,  et    suivant 
comme  il  sera  expliqué  en  son  lieu. 
41  Depuis  l'endroit  où  le  vieux  mur  qui  sert 

pi^^l'ao'."'  '  "  '"toô-*.  aujourd'hui  de  retranchement  contre  la  cour- 
u^^Zl'lu.fp"^^''  ''    line  neuve ,  jusqu'au  Ravelin  de  la  Porte  : 
"pSr,       il'.'^^'     celte  partie  qui  sert  présentement  de  fausse- 
k:4Teme,,tdu  terre-pïï;  bravc  SU  Chàtcau,  pouvaut  aussi  servir  d'un 
'Siur^lisserfa  T.alïs'e  exceUenl  retranchement  dans  l'endroit  de  la 
:l^\lT:m::\o^''ltv\^ce  qui  paroîtle  plus  exposé ,  à  qui  elle 
'D:puis  ladite  Traverse ?«s:  doii  faire  officc  avaut  quB  de  servir  au  Châ- 
,Y^ue''TaçoYu:'rerrtol!  leau;  mou  avis  est  que  son  revêtement  soit 
'Remuement  de  la  FatÏÏl:  élcvé  à  la  hautcur  dc  cclui  du  Basliou  dc  la 
rona\S/"*''"t6o-'  droite,  de  lui  faire  un  parapet  de  toute  l'é- 
paisseur que  pourra  porter  ledit  revêtement, 
ct  d'élever  ensuite  son  terre-plein  derrière, 
autant  qu'il  sera  besoin  ,  et  même  de  l'élar- 
gir, sans  avoir  égard  au  petit  mur  qui  le  sou- 
tient, étant  beaucoup  plus  à  propos  d'en  re- 
faire un  autre.  Nous  dirons  le  surplus  au 
chapitre  de  la  ville. 


44  MKMOIIIE   DE   VAUIJA.H. 

42  Bâtiments  du  Château.  —  Otcr  en  premier 

rou^/ei"  jtij'i'il7'8'j?"'t''i8.'s  ï'^"  lo"S  les  décombres  qui  sont  dans  la  cour, 
c«besî«3'.  20'ji'.  p^  ,.(''duire  la  place  ù  l'ancien  niveau  qu'elle 

avoir ,  qui  est  celui  des  deux  portes ,  à  pré- 
sent de  5  ou  A  pieds  plus  basses ,  et  trans- 
porter tout  ce  qui  en  proviendra  à  laTausse- 
bi'aye  et  retranchement ,  pour  exhausser  et 
former  les  remparts  autant  que  besoin  sera  ; 
cela  fait,  bien  paver  ce  qui  restera  de  vuide 
pour  la  place,  les  cours  et  les  rues,  et  obser- 
ver de  donner  toutes  les  pentes  nécessaires 
à  l'écoulement  des  eaux. 

Faire  en  second  lieu  deux  corps-de-garde 
aux  deux  portes ,  de  capacité  à  pouvoir  con- 
tenir 50  hommes  chaque,  non  compris  l'Offî- 
cier,  à  qui  on  fera  une  petite  chambre  atte- 
nant le  corps-de-garde  ;  pour  être  tels  que  je 
le  dis,  il  faudra  leur  donner,  savoir  :  ù  celui 
des  soldats,  24  pieds  de  longueur  sur  16  de 
^  large  dans  œuvre  ,  et  celui  de  l'Oflicier,  12 

Les   rinq  corps-de-gai'ile 

pour  les  souiiusetpomi'oi-  pieds  dans  œuvre  sur  d6  de  long  ;  et  seront 

liiii'i'  ,   1800'   la  pièce,  en- 
semble :  «000'.  situés,  savoir  :  celui  de  la  porte  de  secours 

du  Château ,  dans  le  petit  jardin  reculé  (10), 
et  celui  de  la  grande  porte  du  côté  qui  sert 
présentement  d'écurie  au  Gouverneur;  en- 
suite de  quoi  on  fera  encore  un  petit  avancé 
à  chacune  des  portes  pour  y  pouvoir  tenir 
une  garde  de  10  hommes  avec  un  sergent; 
savoir  :  celui  de  la  porte  de  secours  dans  le 
liavelin  (5),  et  celui  de  la  grande  porte  der- 
rière la  Traverse  (10),  à  côté  du  Passage.  Plus 
un  autre  corps-de-garde  de  nuit  sur  le  pas- 


MÉiYIOlRE  DE  VAlIB.\iV.  43 

sag-e  de  la  grande  porte,  avec  des  coniniuni- 
calions  au  chemin  de  ronde. 
H  Au  même  temps  que  l'on  vuidera  les  terres 

Poi-.r  les  huit  corps  de  ca- superllues  do  la  pUice  ,  démolir  tout  ce  qui 

sei-iie,  ayant  iihacuii  8  toises 

de  long,  h  000' la  toise  .^nu- reste  de  vieux  bâtimenls  adossés  sur  pied 

vante,  38400'.  ' 

dans  le  Château,  dont  la  menuiserie  et  char- 
penterie  est  toute  pourrie,  et  les  murs  prêts 
à  tomber  :  en  vuider  les  décombres  eu  môme 
temps  que  les  terres  de  ladite  place,  et  faire 
place  nette  ,  après  quoi ,  bâtir  huit  corps  de 
casernes  en  adossement  contre  le  gros  mur 
du  Château,  depuis  la  porte  de  secours  jus- 
qu'à la  grande  porte  ,  chaque  corps  étant 
composé  de  quatre  chambres ,  deux  basses 
et  deux  hautes  ,  de  18  pieds  de  long  sur  d6 
de  large  dans  œuvre,  et  \\  pieds  de  haut 
sous  poutres  à  l'étage  du  rez-de-chaussée  , 
et  10  à  celui  de  dessus,  avec  un  escalier  entre 
deux  ù  double  rampe  de  trois  pieds  de  large 
chacune  :  on  feroit  fort  bien  de  les  voûter 
sur  poutrelles  et  leur  donner  4  pieds  d/2  d'a- 
vancement, lesquelles  il  faudroit  canneler  et 
y  faire  des  cheminées  en  intention  de  les 
faire  servir  de  logement  dans  les  besoins 
pressés,  el  de  greniers  quand  on  n'en  auroit 
que  faire.  Des  portes  et  croisées  comme  aux 
autres  chambres. 
45  Entre  ces  huit  corps  de  caserne,  ménager 

i,.s deux estaiiis estimés  dcux  cscalicrs,  pour  pouvoir  aller  au  rem- 

li:i00'  pifre,  600'.  '  '  ' 

part,  de  4  pieds  4/2  de  large  chacun.  On  en 
pourra  faire  les  marches  de  pierre  aidoisine 
bien  choisie  el  de  bon  emploi. 


l'our  cet  iirtiele,       OOOO' 


4G  MÉMOIRK  DE  VAUBAN. 

*<^'  Du  côt(^  OÙ  sonl  les  logements  occupés  pré- 

j.,'.t,ir::i>;i'*^""'^^^^^^^^^^  P^»-  >«  Gouverneur,  y  bâtir  une 

::!;;rl;:^;;:.';;:.^::a::nu:  '"^lison  pour  lui  où  le  Lieutenant  de  Uoy,  si 

I-ied  ne  i^euvcut  servir.  J-^,^   f^jj  jjj    gjg,^„ç  ^.^^^  j^  Cj^tCQU,   aVCC  (ICS 

caves  voûtées  au  dessous  et  des  greniers  au 

dessus;  le  milieu  sera  distribué  suivant  le 

dessin  qui  en  sera  réglé,  observant  qu'il  y 

,  faudra  faire  aussi  des  écuries,  et  tout  ce  qui 

sera  nécessaire  à  ces  commodités. 
^•7  On  pourra  aussi  bâtir  quelques  logements 

d'OfTiciers,  attenant  celui  du  Gouverneur,  et 
en  accommoder  quelques-uns  dans  les  cham- 
bres du  milieu  de  la  place. 
48  A  l'égard  de  la  Chapelle,  quoique  la  vieille 

,ot^^:^l^L^oii  extrêmement  humide,  malsaine  et  mal 
en  cet  article,  iooo'.  touméc ,  OU  uc  laisscra  pas  de  s'en  bien  ac- 
commoder :  il  faudra  seulement  faire  servir 
le  vestibule,  qui  est  devant,  d'une  espèce  de 
halle  pour  mettre  les  soldats  ;\  couvert  en 
monlanl  la  garde  quand  il  fera  mauvais  temps, 
bien  déblayer  les  environs,  reculej"  son  autel 
et  l'adosser  contre  le  pignon  ;  réparer  la  cou- 
verture, et  le  reblançhir  quand  les  murs  se- 
ront plus  secs. 


La  Ville.  —  Depuis  la  première  Traverse 

du  Château  (7),  côté  de  la  mer,  jusqu'ù  la 

Tour  de  l'Eglise  (13). 

49  Raser  le  vieux  parapet  qui  est  trop  bas  cl 

^^Maçouneiie ,  OC  toUvs^à  ,,  jp^p  ^-^^,^^  d'épaisscur ,  et  le  rétablir  en  lui 

donnant  2  pieds  1/2  d'épais  sur  C  de  haut, 


MÉMOmE   DE   VAUBAN.  47 

le  percer  de  créneaux  de  10  pieds  en  10 
pieds,  et  de  temps  en  temps  y  faire  des  re- 
gards en  observant  de  n'y  employer  que  de 
bon  moellon  ardoisin  bien  choisi. 
KO  Refaire  le  pavé  du  chemin  des  rondes  ,  de 

.l'^iltStu^nett  gi-ès  posé  de  camp  et  de  bout ,  eu  bain  de 
poser  (le  camp,       *^^'^'- morticr,  y  observant  les  pentes  nécessaires 
à  l'écoulement  des  eaux, 
r         "^^  .1...  Faire  devant  cet  ouvrage  un  fossé  de  6 

txcavalion  ,   4blO  toises  " 

à  4'  10'  font        16380'.  toises  de  lariçe  sur  la  profondeur  de  la  basse 

Ilevètement  ,   /oO  toises  a  o  i 

*cn   X    1       B.^^i^*^"'- mer  de  morte-eau, en  bien  unir  le  fond  et  en 

Sables  h  enlever,  000  toises  ' 

^^'-  '^''"*'-  revêtir  les  bords. 

52  Boucher  l'embrasure  du  flanc  bas  derrière 

Pour  cet  article,  lô'.  i  •  •  '       i  ^       ^     \)  ' 

la  maison  du  cure  :  la  murer  sur  toute  le- 
paisseur  du  mur,  et  remplir  de  maçonnerie 
la  fente  qui  sépare  ce  flanc  de  la 


53  La  Tour  de  l'Eglise.  —  Déboucher  ses 

Pourfermeries  embrasures  YQ^^gg  gj  faire  unc  cntréc  bicu  dégafféc ,  à 

nécessaires  ;  netoyer  les  voii-  o    o        ' 

mantVcief  '^'^'  '""'"'IjQ'i'  fermant  à  clef,  ù  murer  les  embrasures  ou- 
vertes de  ladite  voûte  en  dehors,  si  on  recon- 
noît  qu'il  y  en  ait  quelqu'une  qui  puisse  nuire 
et  n'y  laisser  d'ouvertures  qu'autant  qu'il  en 
faudra  pour  renouveler  l'air  renfermé. 

Raser  les  vieux  parapets  de  cette  tour  qui 
ne  sont  que  de  mortier  de  terre  ,  et  lui  en 

^^  faire  de  nouveaux  de  pierre  ardoisine  bleue- 

Maçonnerie  des  parapets  ,       .   ,  ,,  .  , 

4  toises  4  pieds  h 30'.  290'.  gHsatre  et  non  d  autre  ,  et  en  termmer  le 

Maçonnerie    du    rempart  ,  .  •  ,      , 

compris  les  contreforts ,  le  sommcl  par  uuo  assise  dc  camp  et  de  bout, 

passage  des  voiMes,  60  luises  .  .  ,.  .  ,  p  ..  . 

k3o'.  1800',  bien  conditionnée,  et  parlaitement  soumise 

Murs  dc  revtîoment  à  rele-  ,  , .  , 

ver,ii  loisesàso'    330'.  a  SCS  alignements,  lo  lout  en  mortier  corn- 


48  MÉMOIRE  DB  VAUHAN. 

r.v.^  p,mr  b  i.!:uc-f>.rmo  pyg,'.  coiiimc  îl  u  ôlc  tUl  Cil  l'arlifle  premier, 
i'.,mai.!aMi.i.'sum'sacsa  pj^g  y  j'.jj,.y  j-j  (M,jj,jiiij;  d'eiiibràsiircs  iiéces- 

gor,',e  et  le  liMii'-iiloiii,    JO'.  *  •  ' 

saires,  revêtues  cl  maçonnées  de  même  ,  et 
réparer  après  cela  les  défauts  de  la  plate- 
forme de  son  lei're-plein  ot  de  sa  gorge. 


^î)  Depuis  la  Toi]u  de  l'Eglise  (15) ,  jusqu'à 

inilernÏÏerâ(il'"^'"Tô-2^  (12).  —  Faii'e  les  rempiùiements  et  ra- 
Pou.' fd.;on lie  la  '«"^'j^,-  gréemculs  liécessaires  au  gros  revêtement  ; 
abattre  la  petite  tour  du  milieu  ,  qui  se  dé- 
tache et  ne  sert  qu'à  empêcher  les  défenses; 
substituer  une  console  en  sa  place,  dont  par- 
lie  sera  de  ce  qui  restera  sur  pied  de  plus 
solide  de  la  même  Tour. 
'ô(i  Lui  faire  des  parapets  de  même  qualité, 

3/S"h'ïo-.''"  ''"%o':  Iwuleur  et  épaisseur  que  ceux  de  la  tour 
i\uuhi.an,!,u.tio.8'2'io-.  précédente,  avec  une  banquette  de  terreau 
pied ,  soutenue  de  maçonnerie  sèche  ,  et 
achever  delà  terrasser,  soutenant  son  terre- 
plein  par  un  mur  bâti  en  talus  sur  le  der- 
rière, et  bien  unir  la  superficie  dudit  terre- 
plein  ,  qu'il  faudra  après  planter  de  bois, 
comme  toutes  les  autres  parties  de  ce  rem- 

ftcliiyiinenl  ,  pave    rt    tn- 

çoiis  des  1.01  les  lukessairp.s,      Coïilinucr  l'aporofondissement  de  son  fos- 

500'.  '  ' 

Paiapet,  12 luises  ipieiu  ^q    ^^^351  bas ouc  Ui  bassc  merde  morte-eau, 
l'av^Mio  la  piate-fc.imr  10  et  Ic  rcvêlir  par  un  mur  appuyé  contre  le 

toises  à  !,>'.  l.iO',  '  1  l      J 

Pmu'  ùier  les  aéeomliirs,  'iU' .   bord . 

tJ8  Rechercher  et  déboucher  aussi  les  voûtes 

Nota,  i/apostiiion-dos-  ^]^^  ^,^^^^^.  'j'^^,,.  \^^^  vuider  et  très-bien  uétoyer 

sus  h  iiT  iluit  Hk  !i  58.  '  •' 

et  les  paver  ;  ensuite  de  quoi  y  faire  des  portes 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  49 

bien  garnies  de  toutes  les  ferrures  qui  leur 
seront  besoin. 


^9  Depuis  la  Tour  (12)  jusqu'au  Poste  (5).— 

Pour  les  réfections  conte-  .  »  •  .•  >\    t  .•  ' 

m.e5  en  cet  article  suivant  le  Lgs  memcs  reparalions  qu  a  la  courtine  pre- 

flétail  quien  a  étéfait.  1322'.       ., 

cedente. 


60  Le  Pâté. — Déboucher  tous  les  sous-terrains 

Maçonnerie   de    la   voûte         •        .  .   r  ,       .    .,,  ,  c  '        ^ 

30US  ie  corps-de-garje ,  6 1.  Q"'  Ont  servi  uki  Vieille  porlc,  y  foire  des  com- 

riihesâiO'.  240'.  ...  i-  '.  i  a^ 

Boucher  la  porte  de  sortie  :  municalions,  bicn  neîoyer  les  voutes  :  conli- 

nétoyer  les  voûtes  et  la  cale-  ii  i  •  j  • 

rie  et  diminuer  les  créneaux,  nuer    CClieS    dc    SOn    VlCUX    paSSagC  ,    dcpUlS 

Une  barrière,  ferrures eom-  l'cntréc  dc  la  porte  du  costé  de  la  viRc  jus- 
"'Raocommoder  les  fenêtres  \  qu'^i  ^'^  sortic  du  Pâté ,  sprès  quoi  la  rccou- 

et  mettre  des  lits-de-canip  ,•!•  '••iii  i  ». 

30>.  vrir  de  cinq  a  six  pieds  de  terre  ;  plus  voûter 

La  voiite  â  faire  au  passade  ■,,  -,  ..^  .        ,  < 

sous  le  terre-plein,  42  toises  I  cspaco  du  pctilpassagc  qui  cst  SOUS  Ic  corps- 
■  de-garde  de  nuit  ;  le  bien  épaissir  et  ren- 

61  forcer  ladiîe  voûte  ,  le  lieu  étant  parfaitement 

Circuit  du  parapet  et  du 

réduit,  8  toises,  épaisseur  5  bien  situc  pour  uu  sous-tcrrain. 

toises  ,  hauteur  4   toises  3 

pieds,  150'.      Murer  la  porte  de  sortie  du  flanc  droit  du 

Le  petit  parapet  ;  longueur 

7  loises  â  relever  de 4  toises  Pûtc  ct  Ics  créncaux  Irop  ouvcrls  dc  la  gale- 

d'épaiss'^ur  1  pied  6  pouces  -  ,  , 

font 5 toises,  w.  v\Q  d'cu  bas,  qu'il  faudra  aussi  bien  netoyer. 

62  Faire  un  parapet  de  sept  pieds  et  demi 

Terres  b    déblayer    pour 

faire  la  voûte  du  passage,  88  d'épaîs  audït  Pûté  dc  bonnc  maçonnerie  bien 

toises  cubes  â  3'.  304'.  ' 

Maçonnerie  h  relever  pour  conditionnéc  dc  picrreardoisinc  blcuc,  assise 

les  deux  flancs  ,  les   3  toises 

1  pied  h  3o'.  935'.  en  bain  de  mortier  composé  comme  cy-devant 

Maçonnerie  des  deux  faces 

et  partie  des  flancs,  25  toises  article  premier;  plus  élever  les  flancs  à  l'é- 

i»  3o'.  750'.  '  '    ' 

Le  petit  fossé  de  la  gorge ,  ctqI  (Jq  Pj^t^    les  tcrrasscr  et  leur  faire  des 

3o  toises  â  3'.  105'.  ^ 

Son  revêtement  :  4  toises  cmbrûsurcs  dc  même  que  celles  des  autres 

quarrées  h  12'.  1C8'. 

bouclier louvcriurequisert  pièccs ,  ct  femicr la brèchc qu'ou  a  faite  pour 

de  passage  au  présent  ,2  t. 

<>ii)e3h3«'  co'.  sa  communication,    substituant  une   petite 


80  MÉMOinK  DE  VAUDAN. 


porte  à  sa  place  et  séparant  le  dedans  de 
ladite  pièce  par  un  fossé  de  15  pieds  de  large, 
profond  de  dix  à  douze  et  revêtu ,  afin  que 
cette  même  gorge  puisse  servir  de  retran- 
chement. 


63  Depuis  le  Pâté  jusqu'à  la  Tour  Cornette. 

Pour  les  réparations  ron-  __  Quvrir  son  Icrraîu  ,  Ic  nétover,  vuider, 

tenues  en  cet  article,  suivant  j        ' 

le  détail  qui  en  a  été  fau^^   pavcr  ct  y  faîrc  des  portes,  la  même  chose 
de  ceux  des  deux  petites  tours  entre  deux. 

64  Rempiéter  le  pied  de  ce  revêtement  autant 

Rempiéter les  sous-terrains         ,.i  i  •  '        i    „   •„•„»„     u„  , 

de  la  Tour  Corneiio,  les  né-  cju  il  scra  DesoMi ,  cn  ragreer  les  joints,  bou- 

t^o^yer,  paver  et  y  fàin-^^des  ^^^^^  j^^  ^^^^^  ^^  ^^.^^   dCS  parapCtS,   taUt    SUr 

porte"'' 16  "'"isef  i  pîe'.îs  Igs  tours  quc  sur  les  courtines,  de  maçonne- 

Va'l'é,  20 1.  h  15'.     300'!  rie  conditionnée  comme  ceux  de  l'article  22, 

notamment  à  la  grosse  Tour  qui  devant  tenir 

lieu  de  bastion  doit  avoir  le  revêtement  encore 

plus  solide  que  celui  des  courtines. 

65  A  l'égard  du  fossé ,  le  nétoyer  et  appro- 
Appr  .fomiissementetéiar-  foudir  dcvaut  celtc  partie,  et  à  l'entour  du 

gisseinent    du   fossé  ,   74G6  . 

toises  4  pieds  cubes  h       pàié  :  eu  rcdrcsscr  les  bords ,  et  les  revêtir, 

4'  lu'.  33000'. 

Uevétement  du  fossé.  12S0  obscrvaut  touïours  de  régler  sa  profondeur 

toises  quarréosâ  15'.  19200'.  ''  , 

Rempiètement  et  ragrée-  sur  Ic  picd  d'y  mcttrc  six  picds  d'cau  en 

ment  de  tout  le  circuit  de  la  ^      , 

vieille  enceinte  sur  la  Ion-  maréc  dc  mortc-Bau  ,  cc  qui  scra  generale- 

Rueurde  400  toises,  hauteur 

3  pieds  :  200 1.  uio'.  2000'.  mcnt  observé  partout. 


gg  Depuis  la  Tour  Cornette,  jusqu'à  la 

Nota.  Ce  que  dessus  art.  PORTE  DU  RETRANCHEMENT  (4  5)  AU  BaSTION(I). 

65  est  pour  60.  —Elcvcr  Ic  revêtcuient  de  la  courtine  à  la 

hauteur  mi-partie  du  vieux  miu'  retranché , 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  51 

et  de  la  tour  Cornette  ;  hausser  en  même 
temps  son  terre  -  plein  ,  le  soutenir  par 
derrière  d'un  petit  revêtement  adossé  con- 
tre, et  faire  son  parapet  de  même  que 
les  précédents  ;  plus ,  creuser ,  élargir  et 
revêtir  le  fossé  comme  ii  a  été  cy-devant 
proposé. 


67  Depuis  l'endroit  du  Retranchement  (9) 

EicavatioD  du  fossé  com- jusqu'au  Bastion  (1).  —  Détachcr  Ic  corps 

pris  celui   du  retranchement 


sur  la  ion!.ueur  de  9  toises ,  (Je  la  dcmic  courlinc  de  Redan  (21)  par  un 

largeur  b  toises  ,  profondeur  ' 

1  toise  1  pieds ,  faisant  590  fossé  de  4  toiscs  dc  larffe ,  approfondi  aussi 

loisesài'lO'.  2G55'.  a     >     tf 

bas  que  celui  du  retranchement ,  et  le  revê- 
tir d'un  gros  mur  dans  tout  le  travers.  Le- 
quel fossé  sera  traversé  d'un  pont  dormant 
porté  sur  une  pile  de  maçonnerie ,  et  au 
bout  dudit  pont  faire  une  porte  cochère 
dans  la  face  du  Redan  pour  la  communica- 
tion des  parties  de  ce  rempart. 
"°  Elever  le  reste  de  la  courtine  à  la  hauteur 

Maçonnerie  du  revêtement  •         i      i  •  p   •  i 

et  des  parapets ,  44  toises  â  prescritc  du  Dasiion  ct  lairc  son  parapet  de 

30'.  1320'.  .  ,  '         ,    ,  , 

maçonnerie  comme  la  précédente,  a  cause 
du  peu  de  largeur  de  son  remparî ,  et  haus- 
ser son  terre-plein  h.  proportion. 
69  Epaissir  la  traverse  de  maçonnerie  qui  est 

Maçonnerie,  2G  toises  eu-  joignant  le  flauc  du  bastioH  ,  et  l'élever  jus- 
tes â  se.  780'.''    ®  '  '' 

qu'à  ce  qu'elle  défile  entièrement  la  dernière 
courtine  ;  il  faudra  par  la  même  raison  éle- 
ver celle  de  la  pointe  du  Redan  ,  jusqu'à  ce 
que  l'autre  partie  de  la  courtine  entre  celte 
pointe  et  la  tour  Coniulte  en  soit  défilée , 


52  MÉMOIRE   DE   VAUBAN. 

sinon  faire  une  autre  traverse  entre  deux,  et 
lui  donner  au  moins  C  pieds  d'épais. 
^*^  Régler  le  rempart  qui  joint  la  gorge  du 

giei*L''m.ii."T7iufj-"iniîâ  basliou,  ot  UG  lui  laisser  que  l'épaisseur  abso- 

corirc  du  bastion  :  loiiKUVtii'  i  ,       ■  •  i  mi  ■.        * 

i3  w.ses,  largeur  8  toises  lumout  nccessau'e,  achever  son  ordlon,  etsui- 

siir  2  toises  (le  liaiiteiu'   font  /•  >»i*  -i»  » 

208  toises  h  3' la  toise,  021'.  vre  SOU  flanc  gauche  tout  uni,  mais  1  un  et 

Terre  lie  rOiillon  pour  28.  d       .  i>  '      i     •»     •     i        i  i    „    '  i  ^„ 

Circuit  de  la  masse  de  ro-  1  aiilrc  euiouces  do  opicds  plus  quc Ics  cpaulcs 
iiauièur  ,Vpi'eds  ^d'ïpaL     Gt  Ics  faccs ,  ù  causc  du  commandement  des 

i>it'ds  font  10  toise»  culu  s  h  u*  •-.i**'»-  j 

j(o..  300'.  hauteui's  qui  est  la  Ires-mcommode. 

Le  bastion  étant  de  capacité  sufiisante, 

71  faire  les  parapets  de  ses  lîancs  et  de  ses  fa- 

Terres  pour  les  parapets  ^.Q^  Jy  5  toiggj  d'épaiSSCUr,   COUipriS  CCllC  dU 

des  faces  et  liane  du  IJaslion  :  f  '  r 

longueur  53  toises  3  pieds,  revôlement  extérieur  qui  sera  au  moins  de  5 

épaisseur  2  toises  i    luod  ,  » 

hauteur  5  pieds,  foui  9(u.  pj^jg  ^  ^^^  ^^gj^j  ^j^,  derrière  de  2  ,  surmonté 
^^T^Tc"-/"'^'!''"'''^'^""'^'  de  2  pieds  de  terre  avec  une  banquette  seule- 

«><>  toises  <i  pieds  ;  épaisseur  »  ^ 

de    maçonnerie   du    levôt--  „j  ,j^j  ^J^  4  pj    Jg   ^q  j^p^g      lakiant  de  2  pîcds 

ment    iiilerieiir  et  extérieur  *  o     '  r 

dupaiipet  5 pieds;  hauteur,  surpied,et  uu  Icrrc-piein  dont  le  derrière  pen- 

a  pieds,  tout  d7  toises  1  |ne<!,  f         7  ir  tr 

^  ^'''-  *^^^'-  chera  d'un  pied  et  demi  sur  toute  la  largeur, 

Elargir  le  fossé  de  ce  bastion  jusqu'à  ce 

qu'il  ait  10  toises  de  large  ou  environ  de  la 

72  pointe  ,  augmentant  sur  les  épaules,  l'appro- 
fondir à  peu  près  d'une  toise  comme  le  pré- 
cédent article  (57)  et  en  revêtir  les  bords. 


Depuis  ledit  Bastion  jusqu'à  la  pointe 

DU  DEUXIÈME  Hed.\n.  —  Maintenir  la  courtine 

de  la  hauteur  qu'elle  a.  Lui  faire  un  parapet 

^^  de  toute  l'épaisseur  de  son  gros  mur ,  et  l'a- 

Maçonnerie,  50  toises  cubes    ,  i       i-       v     i  •     i       i»  '       •       i      i«„      ,  , 

;,  ;jO'.  iGsn'.  dosser  de  dix  a  douze  pieds  d  ej)ais  de  bonne 

Terres,      37    toise»  cubes  .  ,.         v..  i  .éI         •>.. 

6  3'.  712'  lO'.  terre  bien  battue ,  une  banquette  derrière  et 

Maçonnerie  des  contiel'orts,  ,  ,    .  i-    »  „ 

30  toises  !;  3o'.       1080'.  uïi  teiTc-plem  accommode  a  son  espace. 


MÉMOIRE  m  VAUBAN.  55 

74  De  la  Pointe  du  Redan  a  l'autre  Bas- 

22"oUe"T3o..'^"  ^"'&  TiON  (2).  —  Conliimer  le  parapet  de  la  cour- 

2&n1o''''""'G65.:  tine  comme  cy-devant  ;  faire  auparavant  des 

Revtonënrdu  tene-pitiii;  conlrc-forts  à  SOU  rcvèlement ,  dans  les  en- 
82  toi.es  cubc^àao'.  2460':  ^^^^j^^  ^.^  j,  ^^^  ^^jj^  ^^  ^^^,^^^  ^^  j^  teiTasser 

au  plein  ;  plus ,  rempiéter  le  pied  dudit  re- 
vêtement, le  ficher  et  jointurer  :  le  terrasser 
au  plein,  régler  sa  largeur,  et  y  faire  des  pa- 
rapets à  preuve,  percés  de  toutes  les  embra- 
sures nécessaires. 


7b  Le  Retranchement.  —  Achever  de  le  for- 

MaroMenedesflanM  510  „,gp  p^,,  l'érectlon  des  dcux  Redaus  figurés 

toises  à  dO'.  1C200'.  *  ^ 

Revèienient  du  fos.é  22o  commc  il  est  marqué  au  plan  îil— 22.  Bien 

toises  J  pieds,  a  12'.  2i0o'.  '  ' 

Maçonnerie  de  la  courtine  peYctir  l'uu  ct  l'autrc,  Ics  teiTasser  ct  élever 

uu  vieux  retraiicneuient.coni-  ' 

pris  celle  des  contreforts  et  ^  hautcur  des  vieux  mui'S  tels  qu'ils  sont  de 

(lu  petit  garde-fou  ,  ob  toists  ' 

M '■      .    ,        ''fZ^  chaque  costé  de  h  porte.  Leur  foire  des  para- 

fllaronnerie  du  parajn;!,  42  '  '  '^ 

toises  audit  prix,  12G0'.  pg^g  ijjg^  ^  prcuvc  ,  et  pcrccr  deux  ou  trois 
embrasures  à  chacun  ,  et  parce  que  la  cour- 
tine du  vieux  mur  retranché  n'a  d'épaisseur 
que  son  revêtement,  faire  des  contre-forts 
par  derrière  de  4  pieds  d'épais  sur  6  de  long, 
espacés  de  42  pieds  de  milieu  en  milieu  ,  et 
les  arquer  d'un  contre-fort  i\  l'autre  pour 
porter  un  corridor ,  ou  chemin  de  ronde  qui 
lui  tiendra  lieu  de  terre-plein  ;  moyennant 
quoi  on  pourra  lui  faire  un  parapet  de  ma- 
çonnerie de  toute  l'épaisseur  du  gros  mur, 
composé  de  moellon  ardoisin  comme  ceux 
dont  il  a  été  cy-devant  parlé. 
Régler  un  fossé  devant  le  dit  retranche- 


pouces,  fuat  405  tuibcs  à  5'. 


04  MliMOmii  DK  VAUBAN. 

"6  ment  de  la  longueur  marquée  au  plan  ;  l'ap- 

longueur  des  flancs  et  faces,  pi  olontlir  jusQU  u  cc  qu  aux  mai'ees  de  morte- 

'M  toises ,  hauteur  5  toises ,,,  •  „r».ii,  ■  « 

opuisseur  2  toises  i  pied  6  ^^  OU  y  puissc  mcltre  6  pieds  d  eau,  le  reve- 
■  tir,  et  démolir  le  ravelin  de  la  porte  (15) 
comme  une  pièce  qui  rendroit  le  retranche- 
ment inutile  si  on  la  laissoit  attachée  comme 
elle  est ,  qui  deviendroit  trop  petit ,  empé- 
cheroit  l'action  des  flancs  si  on  la  séparoit 
simplement  par  un  fossé  comme  il  est  mar- 
qué au  plan. 

Employer  les  matériaux  provenant  de  cette 
démolition ,   et  qui  pourroient  servir  à  la 
structure  des  nouveaux  murs.  Et  ceux  qui 
ne  vaudront  rien ,  au  comblement  de  son 
"^"^  fossé  qu'il  faudra  remplir  en  même  temps. 

Cela  fait,  ne  laisser  de  largeur  au  rempart  que 
celle  dont  il  aura  absolument  besoin ,  trans- 
porter toutes  les  terres  superflues  dans  les 
12  angles  dudit  retranchement  que  Ton  pourra 
contre-miuer  au  même  temps ,  aussi  bien 
que  le  bastion  (2),  et  les  2  courtines  21  et  22. 


78  Portes  et  Ponts.  —  Renouveler  les  fer- 

Pour  renouveler  les  portos  nielurcs  dcs  portcs  ct  pouts-lcvis  ;  ôter  tou- 

ou  retranchement  cl  faiio  le 

contenu  de  cetartide,  2500'.  tcs  Ics  HKisses  dc  maçonueric  qui  peuvent 
nuire  aux  défenses  ,  et  faire  deux  fermetu- 
res tant  ù  chaque  porte  du  retranchement 
que  du  corps  de  la  place.  Un  pont  dormant 
à  chacune  porte  sur  chevalet  de  charpente- 
lie ,  sur  piles  de  maçonnerie  coupées  d'un 
pont-levis. 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  55 

79  Tous  les  passages  du  corps  de  la  place  et 
JZJel''  ''  '"""'rm'  du  retranchement  sur  toute  l'épaisseur  du 

rempart  ;  en  outre  les  corps-de-garde  de  jour 
et  de  nuit  de  ces  portes  ;  en  faire  encore  un 
petit  à  la  tête  de  chacun  des  ponts,  avec  une 
bonne  et  forte  barrière  attenant;  et  une  gué- 
rite auprès  pour  la  sentinelle  ;  quant  à  la 
grandeur  et  à  la  capacité  de  ces  corps-de- 
garde,  on  se  pourra  régler  sur  ceux  du  Châ- 
teau. (Art.  43.) 

80  Sur  la  gauche  de  la  tour  Cornette  faire 
Déblais  de  la  coupure  en  unc  grande  portc  ct  un  pont  pour  commu- 

travers  du  reinpait  pour  faire  ^ 

une  entrée  dans  la  ville,  192  uiQUcr  a  la  Ville  ncuvc  ;  voutcr  soH  parapct 

toises  à  3'.  576'.  ,  ,      ,  .  /.  .  1 

Les  2  pieds  droits  compris  SOUS  Ic  rcmpart ,  le  bien  paver ,  y  laire  deux 

les  voûtes ,  52  toises  à   40'.  .  ,  ,, 

2080'.  fermetures  et  un  pont-levis  avec  une  barrie- 

Pour  les  ornements  de  la  n     ,  a 

porte,  1600'.  re ,  un  corps-de-garde  a  la  tête ,  et  un  en 

Pour  le  corps-de-gnrde  de 

suit  et  de  jour ,  la  chambre  dcdans  ;  plus  uu  paviilou  au  dcssus  pour  le 

des  orgues  et  le  pont,  7000'.  ,  ,        i       ■  .  ,  i 

corps- de-garde  de  la  nuit  et  logement  des 
orgues ,  et  parce  qu'il  y  a  un  coin  de  bâti- 
ment qui  rétrécit  les  deux  rues  qui  ont  là 
leur  abord ,  en  recouper  tout  ce  qui  sera 
nécessaire  pour  rendre  le  passage  des  char- 
rois libre  et  dégagé. 
8i  Faire  une  autre  porte  pour  la  communi- 

Pour  une  autre  porte  d.ins  cation  du  hâvrc  dout  il  sci'a  parlé  cy-après, 

le  vieux  rempart,         4000'.  , 

et  y  apporter  tous  les  soins  et  précautions 
énoncés  en  l'article  précédent. 


82  Corps -DE -Garde  et  Guérites.  —  Il  ne 

Pour  agrandir  le  corps-de-  faudra  Qu'agrandlr  Ic  corps-de-garde  du  Pâté 

garde  ct  faire  8  guérites,  no  i  o 

3000'.  où  porte  de  (3);  ceux  des  portes  neuves, 


MEMOinE  DF.  VAUBAN. 

ei  les  autres  sufliront.  A  l'égard  des  guéri- 
tes ,  en  faire  de  maçonnerie  sur  toutes  les 
pointes  des  principales  pièces;  savoir,  sur 
les  cinq  tours  (6,  17,  13,  12,  10),  le  Pâle  (.') 
et  les  deux  Battions  (1  et  2). 


83  Portes  de  Sortie,  Egolts,  Pavés,  etc.  — 

^Po.:r  meure  les  égrmls^on  Ac},gVgp  l^jg  (i^QUlS  .   Igg    fyjpg    nétOyeF  et    fé- 

duire  leur  issue  à  8  ou  40  pouces  quarrés 
sur  un  pied  de  haut  ;  et  si  on  les  ouvre  da- 
vantage ,  les  griller  et  traverser  de  grosses 
barres  de  for,  prendre  garde  que  la  pente 
des  ruisseaux  des  rues  soit  bien  dirigée  ;  les 
pavés  remis  en  étal,  et  mieux  entretenus 
qu'ils  ne  sont  présentement. 

84  Murer  toutes  les  portes  de  sortie  de  la 
Peur  murer  les  portes  lîc  place  de  5  ù  4  picds  d'épais  pour  n'être  ou- 

sorlie,  et  en  faire  il'auin's  en 

*'e<'a"s,  800'.  vertes  que  dans  le  temps  que  les  nécessités 

d'un  siège  y  obligeront ,  et  cependant  se 
servir  de  leurs  passages  comme  autant  de 
sous-terrains  à  qui  il  faudra  faire  de  bonnes 
portes  par  dedans. 

85  A  mesure  qu'on  achèvera  de  mcUre  quel- 
ques parties  de  celte  enceinte  en  état,  planter 
les  remparts  d'arbres  à  tous  les  endroits  où 
il  en  pourra  venir  ;  leur  leuillage  ôtera  tou- 
jours quelques  vues  au  commandement,  et 
leurs  tiges  ou  branchages  fourniront  bon 
nombre  de  palissades  et  fascines  pendant  un 
siège. 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  57 

86  La  Ville  neuve.  —  Depuis  (25)  au  Pont 

.e.LTf  ^oïsaî'uï:  (24),  tracer  le  dessin  (25,26,  27,  28,  29,  30, 
ro:.t.l^t,t''c•ii'uSrIa:  ^l)  composé  de  trois  Bastions  et  deux  demi; 
seVl'Ip.ïî  "cVes'/es-  observer  exactement  les  défenses  et  les  me- 
timés  îi  ^*^'2*^3^^J°°|3,  ^,  sures  chiffrées  sur  chaque  partie  des  pièces 
qui  doivent  composer  cette  enceinte  :  le  tracé 
ayant  été  bien  rectifié  et  tous  les  repaires 
marqués  ;  faire  l'excavation  des  fondements 
et  les  approfondir  jusqu'à  ce  que  l'on  ait 
trouvé  le  roc  vif,  enlevant  et  défaisant  tout 
le  pourri  terreux ,  trop  feuillu  ou  qui  sera 
détaché ,  et  quand  on  sera  parvenu  au  solide 
le  bien  aplanir  et  mettre  de  niveau,  y  tailler 
après  un  enfoncement  de  7  à  8  pouces  pour 
encastrer  d'autant  l'assiette  des  fondements 
et  donnant  5  ou  4  pouces  de  pente  du  devant 
au  dérière  sur  toute  la  largeur  de  la  fonda- 
tion ,  pour  mieux  cramponner  son  assiette  ; 
et  oîi  le  roc  ne  se  rencontrera  pas  à  point 
nommé  ,  approfondir  jusqu'à  ce  qu'on  l'ait 
trouvé  ou  du  moins  un  fond  ferme  et  solide 
qui  le  puisse  équivaller.  En  suite  de  quoi , 
et  quand  on  sera  tout-à-fait  assuré,  on  com- 
mencera de  fonder  le  revêlement,  dont  la 
base  sera  dirigée  suivant  les  différentes  hau- 
teurs des  profils  qui  seront  employés  à  sa 
conduite,  observant  —  premièrement,  toutes 
les  mesures  des  profils  qui  seront  destinés  à 
chaque  partie  de  cette  ouvrage  tant  en  ce 
qui  convient  aux  hauteurs  et  épaisseurs  des 
murs  que  ce  qui  regarde  leurs  talus  et 
aplombs  ;  —  2*"*"'  la  qualité  de  la  pierre  de 


Do  MEMOIRE  DE  VAUBAN. 

laillc  Cl  du  moellon  ,  à  ce  que  l'un  cl  l'autre 
soil  de  bonne  qualité ,  non  terreux ,  bousillé 
ni  snjcl  à  la  cfclée,  et  de  plus  de  boiuie  as- 
sise cl  de  bon  emploi ,  ayant  du  lit  et  de  la 
queue  ;  —  Ti'"^"^  les  mortiers  bien  condition- 
nés et  toujours  dossés ,  savoir,  d'un  tiers  de 
(;liau\  vive  éteinte  de  24  heures ,  sur  deux 
tiers  de  sable  du  meilleur  qui  soit  en  usage 
dans  le  pays,  l'un  et  l'autre  bien  démêlés  en 
eau  douce  et  dessalée  s'il  est  possible;  — 
Déblais  .le  teno  pour  la  ^ment  {çg  façons  bouncs  ct  lovalcs  prcnanl  très 

lOlKUltulll  lUl    l'OVOlOlIlClU  (lu  V  1 

corps  de  la  place ,  G  toises  soiffueuscmcnt  ffardc  à  la  qualité  des  mor- 

ciibes  par    toise    ooiiiaiito  ,  "  "  ^ 

font  5202  t.  cubes  à  4'  10"  ijers  ;  mais  qu'ils  soient  bien  dossés  et  facon- 

la  toise,  atlendu  que  la  mùme 

ferre  servira  h foiinerie  rem-  nés  aboudauts  Cl  cmplovés  dcbouncs  mains, 

pan  ct  parapet,  CI       23409'.  '        "'  ' 

n'y  souffrant  point  de  mauvais  ouvriers,  et  à 
ce  que  les  maçons  ne  maçonnent  point  assez, 
mais  que  leur  ouvrage  se  conduisent  assises 
toujours  arrasées  de  niveau  à  chaque  deux 
pieds  de  hauteur  ;  —  5™*"'  les  parements  se- 
ront autant  que  faire  se  pourra  de  gros 
moellon  choisi  de  la  montagne  du  Roule , 
bien  piqué  sur  les  joints  et  débruti  sur  les 
faces,  ayant  10,  d  2, 15, 18  pouces  de  queue, 
posé  à  la  main ,  au  bain  de  mortier  conmie 
dessus  avec  les  joints  fichés ,  garnis  et  bien 
jointoyés,  rasant  les  premières  assises  à  cha- 
(lue  pied  et  demi  d'épais  avec  de  grandes 
pierres  ardoisines  pour  servir  de  boutisse  à 
la  maçonnerie  et  renouvellement  d'assiettes; 
il  suffira  que  le  parement  soit  fait  de  pierres 
du  Uoulc  ,  jusqu'à  la  hauteur  d'un  pied  au 
dessus  des  plus  hautes  marées ,  le  surplus 


MÉMOIRE  DE   VAUDAN.  50 

sera  de  moellon  ardoisin  choisi  et  bien  piqué 
sur  les  faces,  ayant  de  bonnes  et  longues 
_  queues. 

87  Revêtiront  les  angles  flanqués  de  pierre 
de  taille  d'Omonville,  choisie  de  la  meilleure 
qualité ,  par  assises  alternatives  de  5  à  4,  po- 
sées toujours  en  boutisses,  et  l'autre  en  pare- 
ment ,  et  faire  le  cordon  de  la  même  pierre , 
i\  qui  on  donnera  10  pouces  de  diamètre  à  2 
de  fillet  au  dessous,  remarquant  qu'il  ne 
sera  pas  nécessaire  de  pierre  de  taille  aux 
orillons  et  angles  rentrants  et  saillants  des 
courtines,  qui  se  pourront  faire  de  pierres 
ardoisines  bien  choisies  ;  mais  seulement  aux 
angles  flanqués,  et  des  épaules  où  il  n'y  aura 
point  d'orillons. 

88  Régler  l'élévation  du  gros  revêtement,  en 
Maçonnerie  des  tioux pan- soi-te  que  sa  hautcur  commuue  soit  de  30 

des  traverses  ,  yM  toises  h  ^ 

îiiaidedeuxgraSïI:  P'^ds  à  mcsurcr  de  la  retraite  au  dessus  du 
tX?hl'iT.'''"''''356i^*^ordon,  et  5  du  parapet,  qui  font  35  me- 
tr'!verreTti3't.*2T7'""''  ^"''^3  extérieurement  et  à  plomb,  observant 
'dS;,.  40  toises  S\  —  premièrement,  d'y  foire  des  contre-forts 
*8?o.;s-.crrains  le  lonîïe's  espacés  ct  flgurés  commo  Ics  marqucs  au 
i576ti^nr;;"nL"r!  plan  et  profil ,  élevés  à  plomb  depuis  la  fon- 
faço^n  des"'voû'e's"  ^^caôio'"  ^•^^^^'^  ^u  cordou,  remarquant  que  ceux  des 
angles  flanqués  doivent  toujours  être  doubles 
et  quelques  fois  triples,  pour  pouvoir  con- 
server les  embrasements  qu'ils  doivent  avoir 
,    avec  les  autres ,  et  pour  fortifier  d'autant  les 
parties  toujours  faibles  des  plus  exposés;  — 
—  2""^nt  élever  trois  pieds  des  bastions  dimi- 
nuant insensiblement  jusqii'à  l'angle  du  flanc 


60  iMEMOlUK   DE   VAUUAN. 

Cl  de  la  courliiu!  ;  —  5'"«"'  d'observer  ces  di- 
mensions le  long  de  la  longue  face ,  depuis 
le  point  (25)  jusqu'au  (25)  ;  —  4'"""'  de  faire 
les  deux  grandes  traverses  (52-33)  de  huit 
pieds  d'épais  chacune  et  élever  jusqu'à  par- 
fait défilement  des  hauteurs  ;  — 5""^'"  de  faire 
encore  d'autres  traverses  de  même  nature 
autant  que  besoin  sera ,  le  long  des  faces 
(25 ,  27)  et  courtines  (  24 ,  25  )  ;  —  G'»'^"'  de 
bâtir  quatre  sous-terrains  le  long  des  grandes 
traverses  (32,  35)  leur  donnant  18  pieds  de 
large  dans  œuvre  sur  la  longueur  de  30  pieds 
de  haut  depuis  le  pavé  jusqu'à  la  naissance 
de  la  voûte  et  1  pied  d/2  d'épaisseur  aux 
pieds  droits  d'entre  deux,  et  6  à  ceux  qui 
doivent  soutenir  du  côté  des  terres ,  sur  3  à 
4  d'épaisseur  aux  voûtes  qui  seront  bâties  à 
plein  cintre ,  bien  bondées  et  fichées  avec 
tous  les  soins  requis  en  pareil  cas ,  n'oubliant 
pas  de  leur  faire  une  bonne  chape  de  ciment 
de  2  à  3  pouces  d'épais  avec  les  pentes,  con- 
duites et  gargouilles  nécessaires  pour  por- 
516  toises  de  pavé  â  8'  la  tcr  les  caux  au  dehors ,  afin  d'empêcher  la 

toise,  4C08'.       •      •.       .•  1  !•  »  „!»• 

8  portes  avec  leurs  ferrures  pénétration  dcs  pluics  ;  ct  parcc  que  lair 

oslimées  chacune  à  30 '.240'.    ,  a.  ^     .       •  i  •j„  „,  „„  . 

dans  ces  voûtes  est  toujours  humide  et  peu 
sain  ,  il  les  faudra  paver  et  faire  des  évents 
en  forme  de  cheminée  dans  lesquels  on  puisse 
faire  du  feu  et  y  faire  des  portes  à  jour  afin 
que  l'air  y  puisse  passer,  et  surtout  prendre 
garde  qu'il  y  ait  de  la  pente  du  fond  à  l'ou- 
verture ;  —  et  7'»'^^"'  faire  aussi  d'autres  sous- 
terrains  derrière  la  longue  fosse  (38)  et  dans 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  61 

Puur  les  petits  sous-ter-  toiis  Igs  enclroits  marqués  (22,  25,  38,  57  , 

rains,  H908' 13-  i"  .  .  ,.  .  , 

40)  les  uns  et  les  autres  condilionues  comme 
les  précédents.  On  ne  spécifie  pas  ici  la  quan- 
tité qu'on  doit  faire,  le  plan  marque  seulement 
les  endroits  où  ils  seront  plus  à  couvert. 

Mais  il  est  bon  de  savoir  qu'on  ne  saurait 
trop  avoir  de  ces  sortes  de  couverts,  spécia- 
lement dans  une  place  qui  comme  celle-ci 
sera  extrêmement  exposée  aux  bombes,  et  de 
surplus  faire  des  descentes  à  vis  et  portes  de 
de  sortie  sur  tous  les  revers  des  orillons  et 
à  tous  les  endroits  indiqués  au  plan  (41).  Les- 
quelles sorties  il  faut  après  murer  pour  n'être 
plus  ouvertes  que  dans  le  temps  qu'on  pourra 
en  avoir  besoin. 
89  Au  même  temps  que  le  revêtement  s'élè» 

Excavation  du  foss(^  du  yera  travailler  à  l'exécution  des  fossés  et  des 

corps  (le  la  place  et  de  ses  2 

demi-hnies  26974  toises  h  tcrrcs  OU  provcuant,  traverses  derrière  ledit 

4'  10'  la  toise,        1213S3'.  *  ' 

revêtement    et  entre  les  contre-forts  bien 

amenuisés,  et  battre  les  terres  de  lit  en  lit  de 

8  à  9  pouces  d'épais  chacune  jusqu'à  ce  qu'ils 

soient  réduits  à  6  ;  de  deux  lits  en  deux  lits  de 

terre,  en  poser  un  de  fascines  de  7  à  8  ans 

de  coupe,  de  toute  leur  longueur,  brin  à  brin, 

le  gros  bout  contre  le  mur  en  distance  de  5 

à  4  doigts  l'un  de  l'autre,  n'y  laissant  que  fort 

peu  d'espace;  sera  ensuite  chargé  de  deux  lits 

prern77Ïrt"1ubes  po";  de  terre  battue  arrangée  l'une  après  l'autre, 

l"£%L":s;roven^^^^^^  lit  dc  fascincs  comme  le 

%moll6nctTit' lo  précédent,  continuant  de  l'élever  de  la  sorte 

millier,  3000'.  jusqu'à parliiitc  hauteur,  observant:— l'"^"'  de 

liiire  le  parapet  de  1S  pieds  d'épais  compris 


02  MEMOIRE  DE  VAUMN. 

lo  rcvôtemcnl  ;  2"'^'"  de  le  soutenir  par  der- 
ri(>re  lo  petit  mur  de  deux  pieds  réduits  d'é- 
pais et  élevé  à  pied  et  demi  piès  du  sommet, 
lequel  sera  achevé  de  gazon  ou  placage  ;  — 
3ment  jg  fyjpQ  y,^g  banquette  au  pied  de  ce 
parapet  élevé  de  pied  et  demi  sur  4  de  large 
taluantdeôpieds,  le  sommet  de  laquelle  sera 
pavé  de  menues  blocailles  de  gravier  et  de 
sable  ;  —  4'"""  de  donner  une  pente  de  pied 
et  demi  au  terre-plein  du  rempart  à  com- 
mencer au  pied  de  la  banquette  et  finir  à  son 
Gazon  plat,  1034  toises  h  bord  intérieur;  —  5""^'"  de  lui  donner  15 

T  la  toise,  361'  18'.  .^    -,      ,  rt       ,   j 

pouces  de  talus  sur  12  de  haut;  —  C""^"'  de 
faire  des  batteries  en  barbe  sur  toutes  les 
pointes  des  bastions  et  demi-lunes  de  6  à  7 
toises  de  retour  de  part  et  d'autre  de  l'angle; 
—  7n.ent  (jg  remplir  autant  que  faire  se  pourra 
les  dedans  des  deux  bastions  (25, 27)  à  cause 
des  sous-terrains  qu'il  faudra  recouvrir  de  0 
à  7  pieds  de  terre  chacun,  voire  davantage  si 
l'on  peut  ;  —  8'"*'"  de  faire  des  rampes  douces 
et  aisées  pour  pouvoir  monter  de  la  rue  au 
rempart  ;  —  et  9'"'""  de  les  semer  de  foins  et 
planter  d'arbres  quand  il  seront  achevés. 
90  Faire  les  fossés  de  la  largeur  marquée  au 

Faireiesfossi^s,  maçonne- plan     Ics  approfoudir  asscz  pour  quc  les 

lie  de  reviHcment  du  grand  i  »  *^ 

fosséet  de  ceux  des  demi-  niarécs  dc  mortc-cau  puissent  mettre  G  pieds 

luues,  11)20  t.  '2  i>.  h  12'.  '■ 

i5si0'  d'eau.  Régler  les  talus  de  leur  bord  sur  le 
pied  de  ne  leur  en  donner  que  le  tiers  de 
la  hauteur ,  et  les  revêtir  en  adossemeiils 
comme  il  a  été  proposé  pour  ceux  du  Châ- 
teau. 


MÉMOIRE  DE   VAUBAN.  65 

91  Tenailles.  —  Les  faire  devant  les  cour- 

da?L"irct'ksp"raî!eu!2C2  ^'"^^^  comiiie  Ics  marquécs  au  plan  ;  les  sou- 
loiscs  fuiics  à  raison  iic^^^   jgj^j,.  ^Q^^  autoui'  pai*  un  petit  revêtement 

proportionné  au  poids  de  leur  parapet  et 
leur  donner  simplement  l'élévation  nécessaire 
pour  que  le  terre-plein  se  trouve  élevé  d'un 
pied  au  dessus  de  la  superficie  de  l'eau;  en- 
suite de  quoi,  élever  de  deux  banquettes  et 
d'un  parapet,  c'est-à-dire  de  7  pieds  et  demi 
sur  15  à  16  d'épaisseur  ;  outre  quoi,  faire  une 
coupure  à  l'eau  dans  l'angle  rentrant  de  10 
pieds  de  large  revêtu  à  plomb  depuis  le  fond 
jusqu'au  sommet  du  parapet ,  observant  :  — 
|ment  (j'gfj  f^jpg  y^g  semblable  dans  le  derrière 
de  la  demi-lune ,  mais  un  peu  plus  large  et 
plus  enfoncée  ;  —  2'"«'"  de  faire  une  porte  de 
sortie  à  fleur  d'eau  dans  le  milieu  de  la  cour- 
tine ,  vis-à-vis  la  coupure  de  la  Tenaille ,  lui 
^  Revùtpmont  du  diam^tro ,  donner  6  picds  d'ouverture  dans  le  travers 
de  l'épaisseur  du  mur,  et  15  dans  celle  du 
Revêtement  intérieur  du  rempart,  ct  la  fcrmcr  du  côté  de  la  place  par 

parapet,  tn  t. a  12'.  1104'.  ^  *  * 

une  contre-porte  à  l'extrémité,  et  un  escalier 

Maçonnerie  de  deux  portos  pour  dcsccndre  daus  Ic  fond  ,  lequel  sera 

de  sortie  au  travers  d»  rem- 
part, GO  t. à  40'.      2400'.  pavé,  et  la  voûte  qui  aura  5  pieds,  recouverte 

par  dessus  d'une  chape  de  ciment  et  de  toutes 

les  terres  du  rempart. 


92  Demi-Lunes.  —  Les  former  comme  les  re- 

profil  rtMluit  par  les  demi-  >  .  -  ■  i  a   •       i>  i 

lunes,  6 1. 4  p.  6  p.  91.  par  prcscntecs  au  plan ,  les  revêtir  d  un  mur  de 

toise  courautf! ,  faisant  140        a  ..    »  i  a 

toises,  pour  la  longueur  des  mcme  qualitc  quc  ccux  du  gros  revêtement 

faces  et  des  flaucs,  040  toises    ,      ,  ,  i    •  i  a  r>  ■ 

à  30'.  2S380'.  de  la  place  et  conduits  de  même ,  fixant  le 


H-i  MÉMOIRE  DE  VAUBAN. 

loSTTrio-"''*''?!!'''  sommet  de  leur  commune  élévation  à  18  pieds 
Tene-piein  et  parapei  110  dc  liuut ,  Cl  du  sui'plus  Ic  iGiTasscr  avcc  les 

luises    iiilifs  lie    terre    lunir         .  ,  .  ,  ,  ,,„  .    ,       , 

lesquelles  il  ne  sera  rien  souis  Cl  prccautious  enouccs  au  89'^  ai'ticle  du 

eoiiipli^,  iiroveiianlde  l'exca-  >  ««  »         •  i  i>   •        t 

vaiioi. (les fossés.  present  Mémoire,  observant  toutes  fois  de 

^2000  fasciacsi  150' umhu- (jQnnep  seulcmcnt  3  toises  de  large  à  leur 
terre-plein,  avec  pente  de  pied  et  demi  comme 
à  l'autre ,  du  surplus  faire  les  parapets  et 
banquettes  de  môme  épaisseur  que  ceux  du 
corps  de  la  place,  et  quant  à  leurs  fossés,  leur 
donner  la  longueur  marquée  au  plan,  et  la 
même  profondeur  que  celui  du  corps  de  la 
place,  et  du  surplus  revêtus  d'un  mur  adossé 
comme  ci-devant  art.  90. 
93  Faire  une  traverse  de  maçonnerie  en  ca- 

piJdsTsT''"  '  ^^'^  'sSo'"  Pital  dans  la  demi-lune  de  la  porte  condition- 
née comme  celle  des  bastions  et  assez  élevée 
pour  couvrir  entièrement  la  face  droite  contre 
le  revers  des  hauteurs.  11  ne  serait  que  très 
à  propos  de  faire  un  petit  sous-terrain  à  chacun 
(26,  28)  de  13  pieds  de  profondeur  sur  10  à 
13  de  large. 
dA  Bien  égaler  la  superficie  de  leurs  chemins 

Deux  sou3Mcrvains comme  couvcrts  ct  leiH"  douucr  uu  picd  dc  pcute  dc- 

Ics  précédents,  ei         (jOOO'.  '^  ^ 

nevètemcnt  ,iu  parapet  .lu  p^jg  \^  banquctto  au  picd  du  fossé,  du  sur- 

chenim   couvert  ,\)li  toises  »  i  • 

^Giîcis  2920  u  2'  ms'  ï^'"^  rcvctir  leur  parapets  comme  celui  du 
corps  de  la  place  et  leur  faire  une  banquette 
de  même. 


95  Chemin  couvert  du  corps  de  la  Place. 

—  L'enfoncer  d'un   pied  ou  d'un  pied  et 
demi  et  le  bien  égaler  avec  pente  de  la  ban- 


Revêtement  de  18  travei-  —  L'cnfonccr  d'uu   picd  OU  d'uH  pied  et 

SCS,  3C0t.  eub.  âl2'    i;(20'  ^  ^ 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  65 

Remblai  des  traverses  180  quettc  Qu  fossé ,  le  faire  dc  quatre  toises  de 

toises  h  2"  450'  ,  .     ,     i_  ..  • 

Gazon  plat  pouries  couvrir  large  «on  compris  la  banquette  qui  avec  ses 

180  toises  â  7".  C3'.       ,  i-      •    j        r.       *•• 

talus  aura  neui  pieds.  Revêtir  son  parapet 
comme  celui  du  rempart ,  former  les  places 
d'armes  et  les  bien  traverser  à  preuve  du 
canon  ,  et  faire  aussi  des  traverses  de  même 
épaisseur  sur  les  faces  prolongées  des  bas- 
tions et  demi-lunes,  et  le  revêtir  comme  les 
gros  parapets  y  laissant  des  passages  de  4 
pieds  et  demi  de  large  enfoncés  d'autant  dans 
le  parapet ,  afin  que  ce  parapet  serve  à  cou- 
vrir les  enfilades  ;  plus  y  faire  toutes  les 
rampes  et  sorties  marquées  au  plan  (41-42) 
et  bien  applanir  les  glacis ,  lesquels  il  faudra 
rendre  parfaitement  soumis  aux  faces  du 
bastion  et  demi-lunes  de  la  place. 
95  Et  parce  qu'il  y  aura  des  endroits  du  dit 

Pour  les  traverses  qui  se  chcmiu  couvcrt  qui  scrout  cncorc   vus  des 

pourront  faire  aux  endroits  ,  .  ,     . 

enfilés,  1000'.  hauteurs  partout  ou  ces  inconvénients  se  re- 

nouvelleront y  faire  d'autres  traverses  fabri- 
quées comme  les  précédentes. 
97  Planter  après  cela  la  palissade  sur  le  haut 

Planter  580  toises  â  8  pa-  (Jc  la  banqucttc  du  chcmin  couvert  et  des 

lissades  par  toises  compris 

les  deux  linteaux  font  5220  travcrscs,  obscrvaut: — 1"'''"'  de  tenir  sa  pointe 

palissades  à  12'.         3132'.  ^ 

de  pied  et  demi  plus  haut  que  le  sommet  du 
parapet  ;  —  2"^"'  les  éloigner  d'autant  du  dit 
sommet;  —  3"^"^  de  l'espacer  assez  près  pour 
que  l'on  ne  puisse  passer  entre-deux  ,  mais 
assez  ouvertes  pour  pouvoir  faire  passer  et 
biaiser  le  mousquet;  —  4""*'"'  de  l'attacher  par 
un  linteau  posé  de  demi  pied  plus  bas  que  le 
sommet  du  parapet  qui  sera  de  quatre  pouces 


OG  MÉMOinE   IiE  VÀUBAN. 


de  large  sur  deux  d'épaisseur,  taillé  en  tran- 
cliaiit  de  couteau  lenversé  afin  que  l'on  ne 
puisse  appuyer  le  pied  dessus. Le  chemillage 
fendu  et  recoigné  par  le  petit  bout,  et  après, 
rasé  par  les  deux  à  fleur  de  bois. 


98  La  Villette  ou  Faubourg.  —  Diriger  le 

2m\'ois,Th-£.  'Vu3o"!  ^^'^^^  ^^  s=*  fortification  suivant  le  tracé  (45 , 
sJoo'h'l'to-'''  ^TS"^^'  ^^'  "^^)-  O'^servant  toutes  les  mesures 
^Maçomurie  dectra^verses  qui  y  gQ^t  indiquccs,  lo  sondcr ,  revélir  et 
Maçonnerie  du  p^'g^ft^-jj;  lerrasscr  avcc  les  mcmes  soins  et  précautions 
?orfè1o"mZ£t^'^''  que  le  corps  de  la  ville  neuve  ,  observant:— 

Excavation  dn  {osJTl.  l""'   «^^    lui  donUCP  50  picdS  d'élévatiOU   à  h 

corne,  demi-lune  et  mioute,  pointe  dcs  dcmi-bastions  ,  diminuant  de  5 
uevètemeni  du  fossé,  ^^^_  picds  à  l'auglc  du  retour  de  l'orillon  et  du 
cEl'"rvert!  ""'Toi-o"  ^'"'^  q"'''  faudra  aussi  tenir  plus  bas  de  trois 
ur'iSr^wi^Sn^ut'-es,  de  sorte  que  le  revêtement  de  sa 
"wrain  dans  lesTu'x  courtinc  ct  dc  SCS  dcux  flancs  n'en  aura  plus 
demi-b.stious  de  la  corne,  ^^g  34  ^^  hautcur  tout  compris  ;—  2'"«"'  do 
uevèiement  du  cav^uj.'   faire  d'autrcs  dimînutions  Cl  rctouibés  sur  Ics 
longs  côtés  de  l'ouvrage,  jusqu'à  ce  que  la 
dite  hauteur  de  l'ouvrage  le  réduise  à  16  ou 
18  pieds  aux  extrémités  des  ailes  (45  ,  46)  ; 
—  5""^""  de  faire  la  quantité  des  traverses  à 
preuve  de  canon  (47)  sur  le  long  côté  ,  qui 
seront  nécessaires  à  son  défilement ,  les  pro- 
longeant sur  toute  l'épaisseur  du  parapet,  on 
pourra  les  faire  de  maçonnerie  ou  de  terre 
ainsi  qu'il  sera  jugé  plus  à  propos  ;  —  4""*°' 
de  faire  seulement  un  parapet  de  maçonnerie 
de  4  pieds  1/2  d'épais  du  côté  du  pori ,  et 


MÉMOIUE   DE  VAUBAN.  67 

soutenir  le  derrière  du  terre-plein  par  «n 
mur  en  adossement,  après  quoi  terrasser 
entre-deux  et  le  bien  traverser  pour  empê- 

99  cher  l'effet  des  commandements  ;  —  5'"™"^  de 
Maçonnerie  555  toises  h  fjjjpg  y„g  porte  cochère  avcc  dcux  fcrmeturcs 

30'.  loboO'.  ' 

et  un  pont  levis  de  bocalle  de  ce  môme  côté 
pour  communiquer  sur  le  quai  qui  doit  faire 
face  au  port  ;  — et  6""^'"  une  grosse  palissade 
de  8  à  9  pieds  quarrés  en  prolongement  de 
ce  côté  à  la  ville  afin  que  cette  partie  soit  to- 
talement fermée. 

100  Au  même  temps  qu'on  travaillera  à  l'exé- 
RcTètemeut,      ii233'.  cutioii  dc  cet  ouvrage  à  corne  faire  le  retran- 

La  porte  et  le  pont,  6000'. 

chement  en  demi-lune  (49)  sur  le  prolonge- 
ment de  son  côté  et  le  revêtir  ,  terrasser  et 
hausser  comme  celui  de  la  corne.  Observant 
de  plus  de  lui  donner;  —  l'"«°'  quatre  pieds 
d'élévation  à  la  pointe  plus  que  sur  l'extré- 
mité de  ses  faces  ,  et  en  tout  cas  d'assujettir 
le  sommet  au  règlement  qui  en  sera  fait  par 
les  développements  ;  —  2'"'="'  de  faire  son 
parapet  à  preuve  de  canon  avec  sa  banquette 
et  terre-plein ,  ce  dernier  penchant  de  pied 
et  demi  ;  —  et  5'"™'  de  revêtir  son  fossé  et 
l'approfondir  comme  ceux  du  corps  de  la 
place.  Construire  la  redoute  (48)  et  les  demi- 
lunes  (49),  l'une  et  l'autre  terrassées  et  revê- 
tues comme  les  grandes  demi-lunes  et  obser- 
ver tout  le  côté  gauche  de  la  redoute  d'un 
pied  plus  que  le  droit  penchant  d'autant  par 
diminution  égale  de  la  pointe  à  l'épaule 
gauche  ;  à  l'égard  de  la  demi-lune  il  lui  fau- 


Gb'  ■      "^  MKMOmE  DE  VAUBAN. 


di'a  élever  la  pointe  de  3  pieds  et  davantage» 
s'il  est  nécessaire  plus  que  les  épaules  pour 
l'enipèelier  d'être  enfilée. 


101  Chemin  Couvert  ,  Portes  de  la  Villette 

ciiarpemerie,  10000'.  g-p  ViLLE  NEUVE.  —  DéinoUr  le  ranar  de  pe- 
tites  maisons  (50)  qui  sont  basses ,  mal  ali- 
gnées et  trop  près  du  bord  du  fossé,  les  rebâtir 
sur  l'alignement  prolongé  de  l'autre  rue  (51) 
et  en  faire  une  nouvelle  (52)  de  cinq  toises 
de  large  avec  une  grande  porte  bien  voûtée 
et  accommodée  de  toutes  les  fermetures  qui 
lui  conviennent,  comme  aussi  de  tous  les 
ponts-dormants,  ponts -levis,  barrières  et 
corps-de-garde  tant  de  la  ville  où  il  les  faut 
doubles  que  de  la  demi-lune  et  le  chemin 
couvert.  Bien  raccommoder  le  pavé  des  rues, 
paver  les  nouvelles  et  bonne  partie  des  an- 
ciennes, plus  faire  un  chemin  couvert  à  l'en- 
tour  de  cette  partie  de  la  ville,  figurée  comme 
le  marqué  au  plan;  observant  sur  toutes  choses 
de  bien  placer  et  élever  toutes  les  traverses 
nécessaires  de  son  défilement ,  et  d'en  mé- 
nager les  issues  de  manière  que  toules  soient 
bien  couvertes. 
IQo  Raser  aussi  toutes  les  petites  maisons  du 

Arbres  thiiompui ta  15'.  faubourg  (55)  ct  traccr  un  nouvel  alignement 
de  places  et  de  rues  comme  le  figuré  au  plan 
dans  l'enclos  de  la  ville  neuve ,  bien  paver 
l'un  et  l'autre,  après  quoi  ne  laisser  bàlir  à 
l'eiitour  qu'à  la  condition  d'y  taire  des  caves 


105 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  69 

et  d'élever  à  trois  étages  au  dessus ,  moyen- 
nant quoi  cette  ville  quoique  fort  petite  ne 
laissera  pas  de  contenir  beaucoup  de  monde, 
et  les  maisons  par  leur  hauteur  empêcheront 
que  les  rues  ne  soient  enfilées  et  couvriront 
toujours  quelque  partie  du  rempart  qu'il  fau- 
dra aussitôt  planter  de  bois ,  aussi  bien  les 
talus  de  terre-plein  que  le  terre-plein  lui- 
même. 


Corps-de-Garde  et  Guerittes.  —  Outre 
t0corps-de-garde,20ooo'.  Ics  corps-dc-garde  de  la  place  de  la  ville 

15   guerittes    de    pierre   k  ,      ,         .,,  n  .  ,  i     i 

500'.  7500'.  neuve  et  de  la  villette  en  faire  un  dans  lebas- 

10  guerittes  de  buis  à  ;{0'.      .  ,      ,,,   a     .     i  i     i         • 

300'.  tion  de  1  hopUal,  un  autre  entre  le  bastion 
de  la  mer  et  celui  des  haies ,  un  autre  à  la 
porte  du  port  de  la  villette  ;  et  des  guerittes 
de  pierre  de  taille  et  de  moellon  ardoisin  bien 
choisi  à  toutes  ]es  pointes  et  épaules  des  bas- 
tions du  côté  de  la  terre  et  seulement  aux 
pointes  des  deux  qui  regardent  le  Havre  et 
sur  celles  des  deux  demi-bastions  de  la  villette; 
outre  quoi  il  en  faudra  faire  encore  une  de 
pierre  sur  le  milieu  de  la  longue  face  de  la 
ville ,  en  bois  devant  tous  les  corps-de-garde 
à  chacun  desquels  il  ne  faudra  pas  oublier  de 
faire  des  galeries  en  appentis  au  devant 
pour  y  pouvoir  tenir  les  armes  dégagées  et 
à  couvert. 
j04^  Faire  une  douzaine  de  latrines  aux  envi- 

12  latrines  à  400'.  h  ^gns  dc  la  placc  tant  à  la  vieille  qu'à  la  nou- 
velle  ville ,  et  prendre  garde  de  les  toujours 


70  MliMOiriEDli   VAUU.VN. 


placer  dans  les  lieux  les  plus  solitaires  et  de 
les  suspendre  si  avant  que  les  matières  n'en 
puissent  pas  gâter  le  parement  des  murs  et 
que  tombant  dans  les  fossés  elles  puissent 
être  nétoyées  par  les  marées  qu'on  y  lais- 
sera aller  de  temps  en  temps. 


105  Casernes.  —  Faire  huit  corps  doubles  de 

^j  corps  doubles  J^*^'j?ser-  casomes  à  5  étagcs  derrière  la  courtine  d'en- 
tre les  bastions ,  savoir  deux  étages  entre 
poutre  et  planches  et  l'autre  en  galletas  et 
sous  la  couverture.  Chaque  étage  contenant 
quatre  chambres  et  les  trois  ensemble,  12 
auront  escalier,à  double  rang  de  trois  pieds 
de  large  chacun  à  tous  les  paliers  nécessaires 
au  dégagement  des  chambres,qui  auront  cha- 
cune 18  pieds  de  longueur  sur  16  de  large 
dans  œuvre. 

C'est  à  peu  près  la  quantité  qui  peut  être 
nécessaire  dans  ce  lieu  pour  la  garde  ordi- 
naire. Si  le  Roy  en  désire  davantage  il  les 
faudra  faire  à  droite  et.à  gauche  de  la  porte. 


406  Les  Rues  et  Places.  —  Distribuer  le  sur- 

pavés,  -20000'.  pj^jg  çjg  l'espace  enfermé  pour  la  fortification 

de  la  ville  neuve  en  plan  et  en  quartiers  sé- 
parés par  des  rues ,  les  uns  et  les  autres 
comme  les  figurés  au  plan ,  donner  5  toises 
de  large  à  la  principale  et  4  à  toutes  les 
autres,  les  proprcoient  paver  et  observer 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  71 

de  faire  un  ruisseau  dans  le  milieu  avec 
les  pentes  nécessaires  vers  les  cgouts  qui 
ne  pouvant  avoir  d'autres  issues  que  dans 
les  fossés  de  la  place,  il  vaudra  mieux  les 
faire  par  ceux  de  la  vieille  ville  que  par  ceux 
de  la  neuve ,  attendu  que  ceux-là  sont  plus 
étroits  et  que  les  marées  y  passeront  avec 
plus  de  rapidité  que  dans  celui  de  la  ville 
neuve  ;  parce  que  la  pente  étant  égale  elles 
auront  bien  moins  de  chemin  à  faire  que 
Tauire  et  par  des  lieux  plus  étroits  et  non 
tant  contrariés  d'ansîes. 


107  Le  Pont  qui  traverse  le  Port.  —  Le  ré- 

Rétablissemenl   Ou    pont     .ii-.  .«>^ii  i  m  i 

'20000'.  lablir  et  pour  cet  eliet  allonger  les  piles  de 
6  pieds  de  chaque  côté ,  n'y  ayant  que  leur 
peu  de  longueur  qui  les  ait  fait  saper  à  la 
superficie  d€S  flots  par  leur  buttement  et  par 
les  glaces ,  les  fonder  et  bien  recintrer  les 
arcades  qu'il  faudra  achever  de  démolir  et 
les  rétablir  après  plus  solidement,  de  pierres 
ardoisines  bien  choisies  pour  en  faire  les 
poussoires  et  décharges  ;  le  parement  des 
piles  et  des  encoignures  de  pierres  d'Omon- 
ville ,  y  observant  toutes  les  bonnes  façons  et 
qualités  nécessaires  et  ne  pas  oublier  après 
de  couvrir  les  voûtes  d'une  chape  de  ciment 
de  trois  pouces  d'épais  fait  avec  soin  de  bonne 
chaux  vive  de  pouzolane  ou  terrasses  de 
Hollande  b/'en  pulvérisée  ou  passée  par  le 
tamis. 


72  MÉMOIRE  DE  VAUBAN. 

Ecluses  et  Batardeaux.  —  La  chape  sur 

l'oiir  la  (ligue,  COOO'. 

les  arcades  étant  bien  sèche,  achever  de  gar- 
nir les  reins  des  voûtes  et  après  avoir  terras- 
ser tout  ce  qui  sera  nécessaire,  élever  les 
côtés  et  garde-fous ,  les  paver  bien  propre- 
ment sur  bonne  forme  de  sable  y  observant 
les  pentes  et  ruisseaux  nécessaires  à  l'écou- 
lement des  eaux  et  y  planter  autant  de  bornes 
qu'il  en  faudra  pour  empêcher  les  charrois 
de  trop  approcher  des  garde-fous  ;  quoi 
fait ,  raccommoder  les  avenues  d'une  digue 
large  de  5  à  6  toises  élevées  de  3  pieds  au 
dessus  des  plus  hautes  marées  et  les  conduire 
jusqu'au  terrain  élevé  et  où  il  sera  bon  de 
continuer  les  pavés  jusqu'à  ce  qu'ils  soient 
dans  le  ferme.  Observant  du  surplus  de  faire 
une  clef  de  conroy  ou  terre  grasse  bien  bat- 
tue dans  le  milieu  de  cette  digue  et  le  long 
de  la  chaussée  qui  traversera  les  sables. 
i09  Au  même  temps  qu'on  bâtira  le  pont  faire 

un  bâtardeau  entre  les  piles  du  dit  pont  de 
bonne  et  solide  maçonnerie  à  parement  de 
pieries  de  taille  élevé  de  deux  pieds  au  dessus 
des  plus  hautes  marées  pour  servit'  à  les  re- 
tenir et  entre  les  deux  principales  piles  ou 
celles  où  la  fondation  conviendra  le  mieux , 
faire  deux  barres  ou  écluses  au  dessous  pour 
retenir  et  lâcher  les  marées  de  12  pieds  francs 
d'ouverture  chacune ,  observant  —  i'™"'  d'en 
bien  encastrer  la  fondation  dans  le  roc  ;  — 
Qment  (j'p,^  fj^ij-^  ^qi,<^  i^^g  plauchcrs  doubles  et 
d(î  bois  de  chêne  bien  caltatés  et  goudronnés, 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  75 

sinon  de  pierres  bien  choisies  en  voûte  ren- 
versée ,  arquant  de  5  à  4  pouces  sur  le  tout  ; 
—  5ment  toutc  la  maçonncric  à  parement  de 
pierres  de  taille  proprement  piqué ,  ayant 
bien  du  joint  du  lit  &  de  la  queue  &  toutes 
posées  par  assises  réglées  en  bain  de  ciment 
composé  d'un  tiers  de  chaux  vive  sur  un  tiers 
de  pouzolane,  ou  vieux  tuilot  bien  pulvérisé 
&  passé  au  fin  tamis  de  boulanger  et  ensuite 
longtemps  battu  et  démêlé  ensemble  sur  l'é- 
paisseur au  moins  de  pied  &  demi  ;  —  4'"'^"'^ 
de  bien  cramponner  toutes  les  assises  ;  — 
5ment  ^q  fjjj,.g  y^c  bomic  clef  de  ciment  et  de 
brique  dans  le  milieu  des  bajoyers  et  du  ba- 
lardeau  pour  les  rendre  plus  étanches  depuis 
le  bas  de  la  fondation  jusqu'au  haut  et  cela 
sur  toute  leur  longueur;  —  6™""'  d'en  bien 
cirer  tous  les  joints  et  bien  prendre  garde 
que  toule  la  maçonnerie  soit  de  bonne  qua- 
lité et  façonnée  avec  beaucoup  de  soin  ;  — 
et  T'"'^'"  de  faire  toute  la  charpente  et  menui- 
serie des  écluses  de  bois  de  chêne  coupé  de 
plusieurs  années,  si  faire  se  peut ,  en  bonne 
saison,  non  roulé  ni  piqué  ni  sur  les  retours 
61  prendre  garde  que  les  assemblages  en 
soient  bien  faits ,  les  ferrures  de  bon  fer  et 
appliquées  comme  il  faut  et  les  pivots  et 
pots  de  cuivre  bien  placés ,  tous  les  mouve- 
ments libres  et  tous  les  assemblages  d'en 
haut  bien  contrebandes.  Ces  barres,  pour 
parler  à  la  façon  du  pays,  serviront  au  net- 
loyment  du  havre,  qui  n'en  n'ayant  jamais 


74 


Pour  la  redoute,    COOO' 


MEMOiriE  DE   VAUBAN. 

eu  ne  laisse  pas  d'être  de  quelque  utilité , 
puisque  les  braiments  du  port  de  cent  ton- 
neaux y  entrent  encore  dans  les  vives  eaux. 
Cela  fait, ne  pas  mettre  l'eau  sitôt  sur  la  ma- 
çonnerie fraîche  ,  mais  lui  donner  le  temps 
de  sécher  quelques  mois ,  pendant  quoy  la 
tenir  toujours  à  sec. 
110  On  pourra  bâtir  une  petite  redoute  à  mâ- 

chicoulis vers  la  tête  de  ce  pont ,  du  coslé 
de  Tourlaville,  pour  mieux  s'assurer  de  ses 
abords  en  temps  de  guerre  et  s'en  conserver 
l'usage  aussi  longtemps  qu'on  pourra  en 
temps  de  siège. 


111  La  Fortification  par  les  eaux  doit  réus- 

Pour  écluse,        COOOO''  SIR    A   UNE   EXCELLENTE   DISPOSITION  POUR  LA 

Marine.  —  Faire  une  écluse  (  54  )  devant  et 
au  bas  de  la  tour  longue  (  6  )  de  52  pieds 
d'ouverture  et  son  radier  établi  tout  aussi 
bas  qu'il  sera  possible  avec  des  portes  poin- 
tues qui  ouvrent  du  côté  du  port ,  l'une  et 
l'autre  bâties  avec  toutes  les  précautions, 
bonnes  façons  et  qualités  de  matériaux  re- 
quis ,  prenant  garde  à  ne  pas  oublier  de  faire 
doubles  feuillures  au  dessus  et  au  dessous  , 
afin  que  s'il  était  nécessaire  d'y  clouer  des 
poutrelles  ou  de  la  terre  grasse  cela  ne  fisse 
aucune  peine. 

112  Bâtir  en  même  temps  une  grosse  redoute 
Maçonnerie,        5835'.  (55)  ^^  jq  j^te  dc  Kl  même  éclusc    pour  la 

Corps-(le-gardc,        -1200'.  ^       '  \ 

iineguéiiie  en  bois,   30'.  couvrir  avec  uu  corps-de-garde  au  milieu  et 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  75 

Revêtement  de  la  goi{<e,     la  revt'tii'  d'uii  foFt  gi'os  muF  de  maçonncrie 
Terre-plein,  3i8'.  de  6  DÎeds  pHs  aussî  élevé  que  la  tour  Ionique, 

Petite  écluse,  1500\  '  ^  ^  ^       ' 

lui  faire  un  parapet  de  maçonnerie  de  7 
pieds  d/2  d'épais  avec  toutes  les  façons  re- 
quises et  la  terrasser  de  12  pieds  d'épais 
seulement  non  compris  sa  banquette  ,  le  sur- 
plus sera  le  fond  dont  le  bas  sera  fixé  à  la 
hauteur  des  bajoyers  ;  observant  de  faire  une 
petite  poterne  au  flanc  gauche  du  côté  de  la 
mer  avec  de  bonnes  fermetures  dont  l'abord 
sera  défendu  par  une  grosse  traverse  de  pa- 
lissade plantée  suivant  les  alignements  figu- 
rés au  plan. 

Faire  à  même  temps  une  autre  écluse  dans 
113 
„     ,      .     ,  le  château  derrière  la  gorge  de  la  tour  longue 

Pour  la  petite  écluse,  ^^  o      o  o 

(G)  avec  un  canal  bien  revêtu ,  voûté  et 
pavé  en  forme  de  radier  et  faire  tous  évase- 
ments  nécessaires  à  pouvoir  faciliter  l'entrée 
des  eaux  et  sortie  des  eaux.  Son  milieu  sera 
réglé  à  douze  pieds,  frais  de  passage,  et  gar- 
ni de  ventailles  et  emplacements  qui  feront 
besoin  à  la  direction  des  eaux.  Cette  écluse 
et  son  canal  seront  en  un  mot  bien  précau- 
tiennes ,  tant  par  la  qualité  des  matériaux 
que  par  la  bonne  façon  et  solidité  de  l'ou- 
vrage ,  et  ses  deux  entrées  fermeront  par  de 
grosses  grilles  de  fer  qui  pourront  s'ouvrir 
et  fermer  quand  on  le  voudra  ;  observant  de 
plus  de  n'y  laisser  d'ouverture  par  le  devant 
du  château  que  celle  qui  sera  absolu- 
ment nécessaire  au  maniement  des  éclu- 
ses ,    laquelle    il  faudra    encore    boucher 


10000' 


76 


MÉMOIRE  DE   VAUBAN. 


lU 


Muçonnerie, 
Terre-plein, 


par  de  fausses  Irapes  qui  fermeront  à  clef. 

Cela  fait,  bàlir une  longue  muraille  depuis 
"oi20'!  '^  ^^^"^  ^'"'^'^  tle  la  redoute  (  55  )  jusqu'à  l'ex- 
tréniilé  du  pont  (  56  )  élevé  de  plus  de  trois 
pieds  au  dessus  des  plus  hautes  marées; 
observant  :  — 'ciment  ^q  j^  fonder  partout  sur 
le  bon  fond  bien  assuré;  —  S""*^"*  d'y  faire 
des  contre-forts  comme  aux  revêtements  des 
bâtiments  et  demi-lunes;  —  5™*°'  de  régler 
leur  hauteur  et  talus  par^rapport  à  son  élé- 
vation ,  ce  qui  se  trouvera  réglé  par  le  pro- 
fd  commun;  —  4'"'="'  de  le  terrasser  par  une 
toise  d'épaisseur  de  terre  grasse ,  bien  con- 
ditionné ,  élevé  depuis  la  fondation  jusqu'au 
plus  haut  des  marées  et  le  surplus  des  sables 
du  lieu. 

Plus  faire  tous  les  batardeaux  ,  écluses  et 
2320'.  passages  d'eau  suivant  dans  les  fossés  de  la 

•j..  1.U..C  120' 

Eciub"éd'e  chape  et  maçon-  placc  ct  dcs  dcliors ,  savoîr  :  un  batardeau 
1380'!  en  travers  du  fossé  de  la  place  à  gauche  en 
sortant  de  la  porte  pour  entrer  dans  la  vil- 
lette,  coupé  de  deux  ouvertures  de  10  pieds 
de  large  chacune  qui  fermeront  avec  des  por- 
tes pointues  du  costé  du  fossé  (57)  ;  —  un 
6820'.  deuxième  en  travers  du  fossé  de  la  villette  à 
gauche  en  sortant  de  la  porte  avec  des  ou- 
vertures et  des  portes  comme  les  précéden- 
tes; —  un  troisième  sur  l'extrémité  delà 
demi-lune  (58)  de  5  à  4  pieds  d'épaisseur 


115 


Maçonnerie 
La  (lune 


nerie, 
La  traverse, 


116 


Ci, 


117 


^^.  açonnei  le  y  '^«'"Pj^s^,'»  sculemcnt ,  Hicsuré  par  le  haut  afin  qu'il  soit 
plus  aisé j  de  le  rompre  avec  le  canon  de  la 
courtine  si  on  n'a  pas  le  temps  de  le  faire 


MEMOIRE  DE  VAUBAN. 


77 


118 

Maçonnerie, 


119 


autrement  ;  —  un  quatrième  continué  dans  le 
C60'.  fossé  de  la  maçonnerie  entre  la  ville  neuve  et 
la  villette,  élevé  à  hauteur  de  4  pieds  d/2  seu- 
lement avec  le  sommet  terminé  en  dos  de 
bateau. 
Une  écluse  derrière  la  tenaille  à  la  porte 


120 

Maçonnerie, 


121 

Maçonnerie , 


5C0' 


L-éeiuse  et  les  b'itanieaus  /75\  ^q  ].^  yiUc  ueuveavcc  uu  ffros  batardcau 

ensemble,  6000'.  ^       '  '-' 

Celui  delà  demi-lune,  600'.  gj^  travcrs  du  fossé  ct  un  à  l'extrémité  de  la 
face  droite  de  la  demi-lune  de  pareille  épais- 
seur que  celui  de  la  (57). 

Un  autre  batardeau  derrière  la  tenaille 
1320'.  (23),  un  autre  au  travers  du  fossé  de  place  , 
l'un  et  l'autre  moins  forts  que  les  précédents 
afin  qu'ils  soient  plus  facilement  rompus.  Il 
ne  sera  pas  nécessaire  d'en  faire  un  à  l'ex- 
trémité de  la  face  droite  de  la  demi-lune 
comme  à  la  précédente. 

A  l'égard  de  l'extrémité  du  fossé  qui  dé- 
bouche sur  l'exiron  ,  il  suffira  de  le  fermer 
par  un  petit  mur  de  deux  pieds  d/2  réduite 
d'épais  sur  toute  la  profondeur  du  fossé. 

Faire  un  batardeau  dans  le  fossé  de  la 
vieille  ville  entre  la  tour  (17)  et  la  traverse  (7) 
et  la  percer  d'une  écluse  de  24  pieds  d'ou- 
verture divisée  en  deux  passages  d'eau  ,  sur 
chacun  desquels  on  fera  des  portes  pointues 
qui  fermeront  contre  le  fossé ,  et  au  dessous 
une  ventillerie  ou  des  portes  plates  suivant 
le  dessin  qui  sera  donné. 

Plus  un  autre  batardeau  en  travers  du 
fossé  du  château  en  (65)  et  une  écluse  et  pas- 
sage voûté  de  0  à  6  pieds  d'ouverture  par- 


122 

Batardeau  et  écluse. 


7000' 


125 

l'ar  estimation. 


6000 


78  MFMOIKE  DE  VAUbAN. 

dessous  la  fausse  braye  en  (64).  Ensuite  de 
quoy  faire  un  noyeu  ou  petite  écluse  de  pied 
et  demi  d'ouverture  en  (65)  pour  mettre  l'eau 
dans  le  fossé  du  donjon  et  l'y  retenir,  ce  qui 
se  fera  de  soi-même  par  le  moyen  d'un  clapé 
disposé  î\  son  embouchure  lequel  sera  ouvert 
pai'  le  montant  des  marées  et  ferme;  par  le 
descendant.  Observant  dans  la  construction 
de  tous  ces  batardeaux  et  écluses  :  —  1™"" 
de  fonder  toujours  sur  le  ferme  et  par  con- 
séquent sur  le  roc  partout  où  il  s'en  rencon- 
trera quelque  bas  qu'il  soit ,  ou  si  on  ne  le 
peut  trouver  sur  un  fond  ferme  et  solide ,  et 
s'en  bien  assurer  par  les  plates-formes  et 
par  planches  battues  au  refus  du  mouton,  bien 
jointes  et  assemblées  l'une  à  l'autre  dans 
leurs  rainures  et  clouées  ù  une  ventrière,  en 
sorte  que  le  tout  joigne  bien  ;  —  S""*""'  de 
L'écluse  du  vieux  fossé  et  domicr  toujours  plus  d'ouvcrture  aux  écluses 

les  porles  et  ponts  de  com- 
munication h  la  marine,      de  fuîtc  Qu'à  ccllcs  de  chassc  ;  —  S""*"'  de 

9500'.  *  ' 

faire  tous  les  passages  et  écluses  de  pierres 
de  taille  d'Omonville  bien  choisies,  de  bonne 
qualité  et  mises  en  œuvre  avec  tous  les  soins 
et  bonnes  façons  énoncées  au  IG"^  article;  — 
4,ment  jjg  f^j^g  jQ^g  jyg  parcmcnts  des  batar- 
deaux de  la  même  pierre  et  de  bien  cram- 
ponner les  dernières  assises  des  capelets;  — 
5ment  (Je  fairc  tous  les  parements  et  batardeaux 
en  mortier  de  ciment  composé  comme  celui 
de  l'art.  100  sur  l'épaisseur  de  12  à  15 
pouces  ;  —  G""""'  de  faire  une  clef  de  briques  et 
de  ciment  dans  le  cœur  de  chacun  des  balar- 


MEMOIRE  DE   VAUBAN,  79 

deaux ,  qui  prenne  depuis  le  fond  jusqu'au 
sommet  de  leur  longueur  ;  —  7""'^"'  de  bien 
cramponner  toutes  les  assises  de  parements 
des  dites  écluses  ;  —  S'"^"  de  faire  tous  les 
batardeaux  de  bons  embranchements  dans 
les  terres  bien  glaisée  de  terre  grasse  tout 
autour;— 9""^°'  de  faire  toute  la  charpenterie 
des  écluses  de  bois  de  chêne  coupé  en  sai- 
son, ù  vive  arrête  sans  aubier  et  qu'il  ne  soit 
piqué,  gelé,  ni  roulé  ;  finalement  faire  autant 
qu'on  pourra  tous  les  radiers  de  pierres  de 
taille  bien  jointes  et  posées  en  ciment  faisant 
contre-voûte  bien  bondée  contre  le  fond , 
avec  des  joints  d'une  ligne  d'épaisseur,  cou- 
lés de  ciment  et  fichés  tout  le  long  de  petits 
coins  de  chêne  aiguisés  de  plat  bien  finement 
et  battre  à  force  dans  les  joints  et  ensuite  rom- 
pues dans  les  mêmes ,  ce  qui  sera  continué 
tout  le  long  du  radier.  Cet  ouvrage  étant 
fort  considérable,  il  faudra  extrêmement 
prendre  garde  à  le  bien  faire  et  notamment 
à  la  qualité  de  la  pierre,  n'y  en  souffrant 
point  qui  ne  soit  bien  saine  et  sans  moye, 
bousain  ni  filée,  au  reste  il  suffira  que  le 
renversement  soit  de  3  ou  4  pouces  sur  toute 
la  longueur  du  passage. 
^2^  Et  afin  que  la  navigation  puisse  tirer  toute 

Maçonnerie,  30ooo>.  l'utilité  possiblc  dcs  barres  (65)  et  grande 
écluse  (34)  faire  un  grand  pan  de  muraille 
depuis  la  redoute  (33)  jusqu'à  la  vieille  jetée 
(36)  alignée  nord  et  sud  et  même  aussi  loin 
par  delà  qu'on  le  pourra  ,  l'élever  de  3  à  4 


80  MÉMOIRE  DE  VAUBAN. 

pieds  au  dessus  des  plus  hautes  marées,  y 
faire  dfîs  conirc-forts  et  la  terrasser  comme 
il  a  clé  dit  au  H  4'' article ,  à  l'exeeplion  de  la 
grosse  dont  il  ne  sera  pas  nécessaire  ;  j'ai  à 
observer  :  —  l™»"'  de  faire  le  parementde  ses 
murailles  des  plus  grosses  pierres  qui  sepour- 
ront  amener  de  la  montagne  du  Roule  et  de 
la  traverser  de  pied  et  demi  en  pied  par  des 
cours  de  pierres  plates  ardoisines  de  3  à 
4  pieds  de  longueur;  —  2""="'  de  terminer 
le  sommet  par  des  assises  d'un  pied  à  15 
pouces  d'épaisseur  de  grosses  pierres  posées 
de  camp  et  debout ,  fichées ,  bien  garnies , 
jointoyées  et  du  surplus  bandées  et  conte- 
nues par  un  châssis  de  charpenterie  bois  de 
chêne,  assemblée  à  queue  d'hironde  ;  —  et 
125  o""^"'  de  les  élever  de  deux  à  trois  pieds  seu- 

Maçonnerie,         30000'.  jement  au  dcssus  des  plus  hautes  marées 

Jetée    de    cnarpenuiif     a  ^ 

900  la  toise        270000'.  parallellemcnt  à  ce  mur  en  dislance  de  30  t. 

Los  eaux  Uu  jeu  des  écluses  ^ 

30000'.  j)^ji(.  u,jg  pareille  jetée,  laquelle  sera  pro- 
longée de  quelques  20  toises  plus  que  l'autre, 
la  fonder  sur  le  roc ,  et  élever  avec  les  mê- 
mes matériaux  et  façons  que  l'autre ,  après 
quoy  et  la  fondation  des  gros  murs  man- 
quants, il  faudra  prolonger  jusqu'à  la  basse 
mer  de  vive-eau  avec  des  jetées  de  charpen- 
terie comme  à  Dunkerque ,  fondées  sur  les 
assiettes  de  moellons,  de  blocailles  qu'on 
leur  aura  préparés  et  ensuite  remplir  de 
pien-es  bien  arrangées  à  la  main  et  non  je- 
tées au  hazard.  Dans  les  joints  desquels  on 
tichera  quantité  de  petites  pierres  et  gros 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  81 

gravier  pour  empêcher  le  baloquemenl  qui 
est  ce  qui  ruine  ordinairement  la  cliarpenle- 
rie  de  toutes  les  jetées ,  on  pourra  aussi  se 
servir  de  fassinage  à  tous  les  endroits  où  il 
en  sera  besoin  pour  contenir  les  courants  et 
les  empêcher  d'aller  saper  les  jetées.  Pre- 
mièrement que  celle  du  coslé  de  la  ville 
pourra  servir  de  quai  et  que  l'espace  res- 
tant entre  la  fortification  et  le  bord  de  ce 
quai  étant  attéré  pourra  servir  à  des  maga- 
sins et  quantité  d'autres  commodités  pour 
la  marine  dans  l'espace  enfermé  par  les  bas- 
tions (30,  51), 

126  Et  au  cas  qu'il  soit  besoin  d'avoir  un  quai 
p-S7gtd;''"'4ooÏ!  au  pied  des  murs  de  la  place,  comme  il  est 

représenté  au  plan,  on  pourra  en  faire  un  de 
9  à  10  pieds  de  large  pour  aider  au  tirage 
des  vaisseaux  et  servir  en  même  temps  de 
rempiètemenldu  revêtement  de  la  dite  place. 

127  Bâtir  encore  un  quai  devant  le  long  coslé 
pnSeSd\'/"'"'&i'!  de  la  villelte  de  4à  5  toises  de  large,  le  bien 

revêtir,  le  couronner  de  grosses  pierres  po- 
sées de  camp,  et  planter  de  grands  pilotis  es- 
passés  de  toise  en  toise  et  tenus  par  des 
ancres  et  anneaux  de  fer  qui  s'empâteront 
dans  l'épaisseur  des  murs ,  et  par  une  ou 
deux  ventrières  auxquelles  ils  seront  forte- 
ment cloués  et  chevillés ,  ce  qui  sera  aussi 
observé  à  tous  les  autres  quais  exposés  au 
j„28  heurt  des  vaisseaux. 

Fane  les  bàtardeanx  à     Fairc  fairc   aussï  une  demi-douzaine  de 

1500' pièce.  9000'.        .-.     1    »  '    j      ui  -11      1     f»  V   rw     .     1 

petits  bateaux  a  double  quille  de  8  a  9  pieds 

6 


82  MKMOIKE  UK  VAUIUN. 

de  large  chaeiin,  sur  G  à  7  loises  de  long, 
hautes  de  6  pieds  de  bords  avec  des  exlrans 
au\  deux  bouts ,  prolongés  de  5  pieds  en 
avant  pour  servir  au  détour  du  courant  des 
écluses  et  pour  les  jeter  tantôt  sur  une  partie, 
lanlùt  sur  l'autre,  afin  d'en  emporter  les  sables. 

129  C(!tle  disposition  de  la  niaiine  achevée  ,  il 

^Lïallris  ^.r^'^r  ««  scru  Quc  bott  d'établir  une  batte.-ie  de  8 
aXtr.'*''''" '"'  coooo'!  ^  10  pièces  de  canon  sur  la  tète  plus  avancée 
des  jetées  avec  un  corps-de-garde  pour  te- 
nir les  vaisseaux  en  respect  et  les  empéciier 
d'en  approcher  si  près. 

loO  Tout  ce  que  dfîssus  étant  mis  en  exécu- 

tion, il  sera  nécessaire  pour  une  entière  sû- 
l'eté  de  cette  place  d'abattre  et  raser  tout 
ce  qui  pourra  lui  être  nuisible ,  non  seule- 
ment sous  la  portée  du  mousquet,  mais  en- 
core du  canon  ,  et  de  n'y  laisser  que  ce  qui 
pourra  être  rasé  rez  pied  rez  terre,  dans  une 
demi-journée  de  temps.  C'est  pourquoi  mon 
avis  est  d'aballre  les  maisons,  arracher  tou- 
tes les  grosses  bayes ,  combler  les  fossés  qui 
seront  aux  environs  et  n'y  laisser  au  surplus 
que  les  arbres  fruitiers  et  jardins,  abattre 
encore  les  bords  de  la  mer  qui  pourront  ser- 
vir de  courant  et  ôter  entièrement  la  pointe 
de  terre  et  de  rocher  qui  avance  en  (67,  57), 
la  h-ansporter  dans  les  batteries  prochaines. 
On  fera  encore  mieux  ,  pour  une  entière  sû- 
reté, d'arracher  toutes  les  grosses  hayes  et 
bois  qui  se  trouveront  à  deux  lieues  de  la 
place  et  n'y  laisser  au  plus  que  les  arbres 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  83 

fruiliers  et  les  petites  hayes  des  jardins;  apla- 
nir même  les  endroits  raboteux  et  faciliter  en 
toute  manière  les  accès  des  lignes  de  secours. 
J5I  Comme  il  n'est  pas  possible,  vu  la  grande 

quantité  d'ouvrages  contenus  en  ce  projet  et 
leur  différence ,  qu'il  ne  s'y  rencontre  des 
omissions  et  quelque  endroit  mal  éclairci,  si 
ceux  qui  seront  chargés  de  leur  exécution  en 
remarquent  quelqu'nnes,  en  prenant  la  peine 
de  m'en  informer  j'éclaireroi  le  fait  et  cori'i- 
geroi  en  même  temps  ce  qui  en  sera  besoin. 

132  II  y  a  une  pointe  de  rocher  qui  avance 

».S'  '"  '""'37910"  10''  considérablement  dans  la  mer ,  proche  la 
fosse  du  galet  et  qui  couvre  à  toutes  les  ma- 
rées, et  qui  a  vue  sur  une  grande  partie  de 
la  rade ,  sur  laquelle  bâtissant  une  batterie 
avec  une  tour  pour  la  soutenir,  les  vaisseaux 
poussés  par  les  corsaires  y  trouveront  leui" 
siireté  en  mouillant  au  pied  ou  jetant  dans  la 
dite  fosse  du  Galet ,  parce  que  celte  batterie 
croiseroit  devant  son  entrée  avec  celle  de  la 
tête  des  jetées  et  y  auroit  commandement 
sur  le  bon  mouillage  de  la  rade. 


^55  La  Fosse  d'Omonville  à  trois  lieues  d'ici , 

Pour  la  batterie  dOnion-  dcmaude  la  mêuic  posscssiou.  C'est  un  petit 

vill».  30000'.  ,  ,  A 

anse  de  refuge  qui  ne  peut  servu'  qu  aux  bâ- 
timents marchands  de  menue  grandeur  pous- 
sés des  corsaires  ou  battus  de  mauvais  temps, 

Total  général.  ^u  à  nos  corsaires  même  quand  ils  seront 

2102100'  (.•  4'.  pQ^sg^s  pc,,.  (Je  plus  forts. 


81  MÉMOIRE  DE  VAUBAN. 


RAISON  DE  CE  PROJET. 


La  pelitesse  de  la  ville  qui  n'est  non  plus  capable  de  donner 
retroit  aux  gens  de  ses  faubourgs,  que  de  contenir  une  garnison 
un  peu  raisonnable  soit  à  la  nécessité  de  faire  quelque  chose 
qui  peut  produire  une  bonne  défense,  est  ce  qui  a  donné  lieu  à 
l'invention  de  ce  projet  qui  ne  peut  pas  avoir  moins  de  capacité 
vu  l'usage  auquel  il  est  destiné. 

La  longue  résistance  qu'on  en  doit  attendre  et  la  disposition 
naturelle  du  lieu  ont  produit  tout  le  reste ,  et  voici  comme  il 
est  en  premier  lieu  nécessaire  de  couvrir  la  partie  de  la  place 
(12,  13)  exposée  à  la  mer,  parce  que  étant  toute  découverte  et 
sèche  la  moitié  du  temps  et  l'estran  ferme  comme  un  pavé,  l'en- 
nemi pourrait  en  24  heures  au  moyen  d'une  grosse  batterie  (67) 
abattre  les  tours  (12,15)  et  faire  une  forte  grande  brèche  dans 
toute  l'étendue  de  celte  tête  qui  n'ayant  ni  flancs  ni  fossés , 
seroit  facilement  emportée  en-  marée  basse ,  et  la  vieille  ville 
en  même  temps,  dont  le  siège  par  ce  moyen  deviendroit  une 
affaire  de  quatre  jours.  On  peut  dire  la  même  chose  de  la  par- 
tie (13,  14)  qui  a  devant  soi  un  assez  grand  espace  de  sable  (68) 
qui  ne  couvre  jamais  ;  car  si  de  l'autre  côté  du  port  il  y  avoit 
une  batterie  dans  les  dunes  qui  eut  ouvert  le  corps  de  la  place 
dans  quelque  partie  de  cette  étendue  on  pourroit;,  à  marée  basse, 
passer  à  cheval,  et,  donnant  à  la  brèche  en  même  temps  que  de 
l'autre ,  emporter  la  place,  ou  en  tout  cas  loger  un  corps  consi- 
dérable dans  cette  grande  masse  de  sable.  C'est  donc  la  néces- 
sité de  réparer  deux  défauts  si  pernicieux  ,  et  qui  ne  sont  pas 
moins  évidents  qu'une  démonstration  de  géométrie  qui  a  produit 
la  partie  de  la  nouvelle  enseinle  qui  les  couvre  et  qui  les  étaye 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  8o 

tellement  que  ce  sera  cy-après  saiis  contredit  le  plus  fort  de  la 
place.  A  cela  se  sont  jointes  d'autres  petites  considérations  dont 
la  première  est  la  nécessité  de  s'approcher  plus  du  port,  qui 
étant  accommodé  peut  devenir  très  utile,  c'est  d'envelopper  les 
dunes  (68)  qui  sont  là  très  pernicieuses ,  et  de  donner  un  flanc 
très-considérable  à  la  redoute  (55)  pièce  de  très  grande  consé- 
quence, tout  cela  se  fait  parfaitement  sans  embarras  par  la  dis- 
position de  ce  dessin. 

Quatre  bonnes  raisons  demandent  deux  écluses  en  (M)  dont 
la  première  regarde  simplement  la  défense  de  la  place  par  la 
grande  quantité  d'eau  que  l'on  peut  retenir  dans  le  port  et  re- 
nouveler à  toutes  les  marées,  au  moyen  desquelles  on'peut  faire 
des  courants  dans  ces  fossés.  —  La  deuxième  la  sûreté  de  la 
dite  place  depuis  la  pointe  dudit  bastion  (45)  de  la  corne  (44,-4o) 
jusqu'à  la  tour  longue  (6)  ;  et  encore  depuis  la  tour  longue 
jusqu'au  (40)  par  le  moyen  des  eaux  retenus  dans  le  port  et  par 
le  courant  qui  peut  sortir  du  château.  —  La  troisième  regarde 
la  marine  en  ce  que  par  le  moyen  de  cette  écluse  on  pourra 
convertir  toute  fois  et  quante  qu'on  voudra  cette  partie  du  pont 
en  bassin  oii  les  vaisseaux  du  port  de  400  tonneaux  pourront 
demeurer  à  flot. — Et  la  quatrième  le  nettoyment  du  port  que  le 
jeu  de  l'écluse  du  château,  qui  chassant  de  près  sur  une  grande 
penle  fera  d'un  (ort  grand  effet;  de  sorte  que,  au  moyen  de  ces 
deux  écluses,  voilà  la  place  en  sûreté  contre  toute  sortes  d'at- 
taques, depuis  la  pointe  du  demi-bastion  (45)  jusqu'à  celle  (59) 
en  tournant  par  le  costé  de  la  mer  et  du  port,  c'est-à-dire  plus 
de  nioilié  de  son  circuit,  el  un  très-joli  port  assuré. 

L'augmentation  de  celte  place  a  trois  raisons,  la  première  de 
donner  retraite  à  deux  fauxbourgs  qui  sont  aussi  grands  que  la 
ville,  la  deuxième  celle  de  donner  l'espace  à  pouvoir  logei-  des 
troupes,  faire  des  magasins,  un  hospital,  etc.,  etc.,  la  troisième 
de  redoubler  la  fortification  et  de  la  rendre  capable  d'une  Ion- 


86  MKMOIUE   DE  VAUliAN. 

giio  résistance.  La  division  do  celle  augmcnlalion  en  deux  par- 
ties a  pour  raison,  1'"™'  la  longue  j'ésistance,  2'"*'"  de  fïure  que  la 
prise  d'une  de  ces  parties  ne  ncccssiie  point  la  perle  de  l'autre, 
moyennant  quoy  il  en  résultera  deux  biens,  dont  l'un  est  que 
l'ennemi  après  la  corne  de  la  ville  prise ,  ne  pourra  ])as  s'ikcn- 
dre  ù  son  gré  et  chercher  les  endroits  plus  faibles  de  la  vieille 
ville  pour  y  adresser  ses  attaques,  mais  sera  contraint  de  les 
continuer  devant  lui ,  d'où  i('îsulte  néc(!ssairement  la  seule  de 
toutes  les  difficultés  qu'on  y  peut  opposer. 

L'autre  bien  est  que  la  partie  qui  nous  demeurera  ,  fournira 
des  flancs  de  très  grande  considération  à  la  vieille  ville ,  de 
l'espace  et  du  logement  jusqu'à  la  même  ville,  le  surplus  sera, 
expliqué  ci-après. 


PROPRIÉTÉ    DE    I,A    PLACE 


APRES  CE  DESSIN  EXECUTE. 


La  supposant  achevée  dans  toute  la  perfection  requise  tant 
en  ce  qui  regarde  la  marine,  que  la  fortification,  abondamment 
munie  et  d'une  garnison  de  5000  hommes  de  pied,  et  300  che- 
vaux ou  dragons,  le  château  de  Valognes  occupé  par  une  com- 
pagnie ou  deux  d'infanterie ,  Cai"entan  en  état  de  faire  quelque 
résistence  et  gu^^rre  déclarée  avec  la  Hollande,  l'Espagne,  l'An- 
gleterre, ou  tous  les  trois  ensemble,  voici  sur  quoy  on  pourra 
très-assur('>ment  compter.  Il  a  été  prouvé  d'une  manière  claire, 
évidente  dans  le  commencement  de  ce  mémoire  que  de  toutes  les 
côtes  de  ce  royaume  exposées  aux  descentes,  aucune  ne  con- 
vient mieux  à  l'Angleterre  que  celle-ci  eu  égard  à  la  proximité 


MÉMOIRE  DE   VAUBAN,  8? 

de  ses  meilleurs  poils,  et  à  la  facilité  de  pouvoir  mettre  à  terre 
eu  plusieurs  endroits  et  par  de  grands  espaces ,  à  l'abondance 
du  pays,  l'un  des  meilleurs  de  l'Europe  pour  la  tsubsisteuce  des 
armées,  à  sa  disposition  faite  exprès  pour  l'infanterie  ;  et  la 
facilité  de  s'y  pouvoir  maintenir  par  qui  auroit  occupé  la  pres- 
([u'isle.  Joint  à  l'éloignement  des  secours,  à  la  faiblesse  présente 
de  ce  pays  ;  à  l'épouvantable  diversion  que  causeroit  une  telle 
descente  par  l'abandon  de  nos  frontières,  aux  ravages  qu'une 
armée  de  secours  qui  auroit  à  traverser  les  meilleurs  pays  du 
royaume  y  feroil,  et  enlin  au  désavantage  d'avoir  une  guerre 
chez  soi  et  dans  son  propre  pays ,  sont  toutes  raisons  d'une 
véi'ité  incontestable  et  qui  se  louchent  au  doigt  et  à  l'œil  sans 
qu'il  y  ait  d'autre  moyen  d"y  remédier,  que  par  lu  fortification 
d'une  place  si  forte  qu'elle  puisse  donner  vigueur  au  soutien 
des  descentes,  le  temps  nécessaire  aux  secours  de  s'en  pouvoh* 
approcher,  et  occuper  cependant  l'ennemi,  et  l'affoiblir  par  une 
longue  résistance.  Or  c'est  ce  qui  se  trouvera  pleinement  par 
l'exécution  du  dessin  proposé  pour  la  fortification  de  Cherbourg, 
que  l'on  peut  assurer  être  telle  qu'il  la  faut  pour  faire  échouer 
leur  desseins ,  et  il  est  vrai  de  dire  que  jamais  place  ne  fut 
mieux  en  état  de  produire  cet  effet  qu'elle  le  seroit,  il  y  a 
même  bien  de  l'apparence  que  pour  peu  que  l'ennemi  en  fut 
informé  il  perdroit  la  pensée  des  descentes  ou  que  s'il  y  per- 
sistoit  il  n'y  réussiroit  qu'à  son  dommage,  et  à  sa  grande  perte. 
Supposé  toutes  fois  qu'il  ait  résolu  de  faire  descente  dans  la 
presqu'isle  à  dessein  d'y  prendre  établissement  et  de  porter  la 
guerre  chez  nous.  Il  est  premièrement  certain  qu'il  trouveroit 
de  l'opposition  à  la  descente,  et  les  communes,  même  les  trou- 
pes réglées  s'il  y  en  avoit  dans  la  place,  se  présenleroient  dans 
la  place  beaucoup  plus  hardiment  si  elles  étoienl  assurées  d'une 
telle  retraite,  ce  qui  leur  causeroit  de  la  perte  pour  peu  que  les 
gens  s'entendissent  et  qu'il  y  eût  du  feu  et  des  retranchements, 


88  MÉMOiriË  m:  vauban. 

sans  qu'il  y  eut  grand  risque  pour  ceux  qui  la  souliendroienl , 
attendu  que  l'ennemi  n'ayant  que  de  l'infanterie  à  mettre  à 
liM'rc,  toute  mouillée  et  en  désordre,  ne  seroit  pus  en  étal  de 
pousser  des  troupes  de  cavalerie  et  d'infanterie  qui  se  retire- 
roienl  devant  elles  par  des  pays  à  lui  inconnus  et  où  l'on  pour- 
roit  à  tous  moments  l'arrêter  et  le  couper. 

2nient  Qyg  gj  l'eimeuii  met  à  terre  il  se  donnera  bien  de  garde 
de  s'evaltonner  ni  de  courrir  le  pays  tout  d'abord ,  encore 
moins  de  laisser  Cherbourg  derrière  lui  :  ne  le  laissant  point,  il 
sera  obligé  de  l'assiéger,  et  de  faire  tout  de  ses  pieds  et  de  ses 
mains,  c'est-à-dire  camper,  faire  les  ligne?,  aller  au  bois  le  sac 
au  cou,  mettre  le  canon  à  terre  et  le  voiturer  à  bras  d'hommes 
aux  parcs  et  aux  batteries,  y  conduire  toutes  les  munitions  et 
outils  et  aller  aux  fascines  une  grande  lieue  et  demie  delà, 
toutes  choses  qui  paroissent  moralement  impossibles  à  une  ar- 
mée qui  n'auroit  que  de  l'infanterie.  Je  suis  bien  persuadé  que 
par  les  suites  ils  mettroient  des  équipages  et  de  la  cavalerie  à 
terre,  mais  cela  ne  se  feroit  pas  du  premier  jour  ni  en  assez 
grande  quantité  pour  pouvoir  bien  diligenter  les  affaires  d'un 
siège.  Il  y  faudroit  donc  employer  bien  des  allées  et  des  ve- 
nues, pendant  quoy  cette  armée  ne  feroit  pas  grand  progrès,  et 
il  est  certain  qu'il  se  passeroit  plus  de  quinze  jours  de  temps 
avant  qu'elle  se  piît  présenter  devant  la  place ,  et  bien  autant 
avant  l'ouverture  de  la  tranchée  qui  ne  pourroit  aller  bien  vite 
s'il  n'y  avoit  que  peu  de  cavalerie  et  de  voilures  à  la  servir. 

D'ailleurs  cette  cavalerie  étant  peu  nombreuse  et  fort  fati- 
guée seroit  bientôt  sur  les  dénis,  ou  le  siège  lireroit  de  toute 
nécessité  à  longueur.  Cependant  l'armée  s'affoibliroit  de  jour 
en  jour  par  les  occasions  et  fatigues  du  siège ,  par  les  maladies, 
par  les  sorties  que  l'on  feroit  sur  les  fourrageurs,  et  par  la  disette 
de  toute  chose,  spécialement  si  on  avoit  soin  de  faire  retirer  les 
paysans  et  les  bestiaux  dans  le  dedans  du  pays,  de  sorte  que 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  89 

les  secours  approchant  et  trouvant  un  ennemi  recru  et  tout 
harassé  en  auroientbien  bon  marché.  Toutes  ces  difficultés  pré- 
vues par  un  ennemi  sage  et  avisé,  il  est  à  présumer  qu'il  ne  s'y 
commettra  pas  ;  ou  que,  s'il  le  fait,  il  en  aura  le  démenti  pour  peu 
que  nous  nous  acquittions  de  notre  devoir ,  s'entend  à  condi- 
tion d'une  bonne  fortification  à  Cherbourg,  bien  complelte 
et  non  à  demi ,  parce  que  si  elle  étoit  telle  que  l'ennemi 
la  put  prendre  en  d 2  ou  45  jours,  elle  ne  nous  serviroit  de 
rien,  attendu  l'éloignement  des  secours,  et  cependant  l'ennemi  y 
trouveroit  les  mêmes  avantages  après  sa  prise  que  si  elle  étoit 
la  meilleure  du  monde. 


PRGPRIÉTÉS  PARTICULIÈRES  DE  LA  FORTIFICATION. 


La  face  gauche  du  Bastion  (29)  sera  presque  imprenable  aux 
attaques ,  parce  que  le  flanc  droit  de  (27)  ne  pouvant  être  dé- 
monté par  le  canon  sera  toujours  en  état  de  jeter  son  feu  de  ce 
ctosé  là  aussi  bien  que  celui  de  la  tenaille  du  même  costé. 

Le  demi-bastion  de  la  corne  (43)  a  les  mêmes  propriétés  à 
cause  du  flanc  (44);  plus  le  flanc  droit  de  (29)  ne  peut  pas  être 
battu,  non  plus  que  les  jeux  du  pont  (50  et  51).  Les  longs  costés 
de  la  corne  de  la  basse  ville  ne  peuvent  être  attaqués  avec  suc- 
cès à  cause  des  rivets  que  ces  deux  grandes  lignes  ont  l'une 
sur  l'autre. 

La  corne  ne  peut  être  attaquée  que  par  la  tête ,  à  cause  du 
revers  d'une  part ,  et  de  la  protection  que  le  bassin  du  port  lui 
donnera  de  l'autre,  avantage  très  considérable. 

Le  bastion  (2)  ne  peut  être  attaqué  que  la  demi-lune  ne  soit 
prise ,  mais  cette  demi-lune  n'est  point  attaquable  que  par  la 
face  droite,  et  la  face  gauche  a  toute  une  face  de  bastion  pour 


90  MÉMOIRE  DE  VAUBAN. 

défense  prochaine  ;  d'ailleurs  elle  doit  être  revêtue  avec  un  bon 
fossé  devant  elle,  et  sa  communication  à  la  ville  neuve  derrière 
elle ,  ce  qui  la  mettra  en  état  de  tenir  long-temps  sans  que 
l'ennemi  puisse  pendant  tout  ce  temps  là  attaquer  la  face  droite 
dudit  bastion,  ni  faire  de  batterie  contre  le  flanc  de  (1)  sans 
être  écliarpé  ni  travaillé  au  passage  du  fossé. 

On  pourroit  faire  des  retranchements  revêtus  dans  les 
deux  bastions  de  la  ville  neuve  plus  exposés  aux  atta- 
ques ;  et,  disposant  les  casernes  derrière  la  courtine  comme  les 
marquées  au  plan,  y  pratiquer  un  excellent  retranchement  qui 
recevroil  entière  perfection  parles  contre-mines  que  l'on  pour- 
roit ajouler  à  ses  battei'ies.  Si  l'ennemi  attaque  par  la  corne, 
comme  il  y  a  bien  de  l'apparence  ,  parce  que  là  le  front  est 
étroit,  les  commandements  à  tous  étages  ,  les  quartiers  près, 
et  les  chemins  creux  pour  approcher  très- favorables,  toutes  rai- 
sons pressantes  pour  ceux  qui  ne  connaîtroient  pas  bien  la 
face  de  cette  fortification ,  ce  sera  tant  pis  pour  l'ennemi  et 
tant  mieux  pour  la  place;  car  l'ennemi  aura  1"'^"'  la  demi-lune 
(49)  à  prendre,  et  par  conséquent  son  fossé  pleine  d'eau  cou- 
rante à  traverser  ;  S™*^"'  la  corne  et  les  courants  de  son  fossé  ; 
5n.ent  |y  demi-liuie (45)  dont  la  situation  causera  bien  des  diflicul- 
tés;  4'"^"'  le  bastion  (2)  défendu  par  les  courans,  et  soutenu  de  mi- 
nes et  de  retranchements;  5""^"'  le  retranchement  (21 ,  22)  défendu 
par  lui-même,  et  par  le  plus  rapide  courant  de  toute  la  place  ;  et 
gmcnt  ig  château,  dont  la  fausse  braye  étant  retranchée  et  le  fossé 
encore  plein  d'eau  courante,  lui  donnera  lieu  de  pouvoir  tenirjus- 
qu'à  brèche  ouverte  sans  bazarder  de  se  faire  emporter.  Voilà  donc 
six  obstacles  à  surmonter,  tous  plus  difficiles  l'un  que  l'autre,  et 
qui,  étant  sagement  ménagés  par  un  gouverneur,  sans  s'étourdir 
ni  y  faire  tuer  son  monde  mal  à  propos,  donneront  de  l'occupa- 
tion à  l'ennemi  pour  plus  deux  mois  de  temps ,  quelque  dili- 
gence et  habileté  qu'il  puisse  apporter  à  ses  attaques. 


MÉMOIRE  DE   VAUBAN.  91.' 

L'autre  attaque  de  la  place  qui  pourra  balancer  celle-ci  et 
qui  paroîtra  toujours  la  plus  forte,  mais  qui  effectivement  sera 
la  plus  faible,  est  le  front  ("25,  27)  où  l'ennemi  aura  :  1'"'="'  à 
prendre  la  demi-lune  qui  peut  être  retranchée  par  une  autre,  et 
son  fossé  à  passer  sec  ou  plein  d'eau  courante. 

paient  Lgg  (jgyx  baslious  à  prendre,  dont  le  fossé  aura  les 
mêmes  qualités  que  celui  de  la  demi-lune  et  le  dit  front  au 
flanc  que  l'on  ne  peut  battre,  et  des  contre-mines  et  retranche- 
ments ù  essuyer ,  ce  qui  peut  beaucoup  retarder  la  prise  de 
cette  tête,  où  l'on  pourra  tout  opiniàtrer  sans  bazarder  l'affaire 
générale. 

3meiit  La  vieille  ville  à  forcer,  le  fossé  de  laquelle  pourra  être 
défendu  sec  et  plein  d'eau. 

Et  4'"™'  le  château  par  son  plus  fort,  où  il  y  aura  le  courant 
de  son  fossé  à  passer  et  le  feu  des  traverses  de  la  fausse  braye  à 
essayer,  qui  seront  très  incommodes  à  cause  de  leur  croisées, 
réciproques  et  de  la  difficulté  qu'il  y  aura  de  les  battre; 
voilà  donc  quatre  pièces  à  prendre  et  autant  de  courants  à 
passer  pour  cette  attaque,  avant  de  se  pouvoir  dire  maî- 
tre de  la  place  ,  toutes  bonnes  à  la  vérité  et  excellentes  ; 
mais  il  y  en  a  six  de  l'autre  costé,  et  cinq  courants  qui  ne  le 
sont  guerre  moins,  et  partant  l'attaque  de  la  corne  sera  moins 
redoutable  pour  la  place  que  celle  de  la  ville  neuve,  outre  que 
la  prise  de  celle-ci  otera  bien  plus  de  commodité  à  la  garnison 
que  celle  de  la  corne;  car  il  ne  faut  pas  encore  une  fois  s'aller 
mettre  en  tête  que  la  prise  de  l'une  de  ces  parties  nécessite 
l'abandon  de  l'autre,  puisque,  supposé  la  corne  prise  et  la  demi- 
lune  (43),  il  n'y  auroit  que  la  redoute  (48),  la  partie  du  chemin 
couvert  (09),  et  le  pont  delà  vieille  ville,  qu'on  fut  oblige  d'aban- 
donner, tout  le  reste  demeurant  dans  ses  droits;  l'extrémité  de 
la  grande  ligne  donneroit  une  grande  prolcclion  à  la  face  droite 
du  bastion  (2)  qui,  aidé  du  canon  et  des  batteries   que  l'on 


92  MÉMOIIIE   DE   VAUBAN. 

pourra  mettre  en  (70),  réduira  l'ennemi  dans  l'impuissance  de 
se  pouvoir  attaquer  à  cette  face ,  avantage  qu'on  ne  peut  assez 
estimer  en  cas  pareil.  Supposé  de  même  que  la  vieille  ville  fut 
en  état  d'être  forcée.  Il  faudroit  bien  se  donner  de  garde  d'aban- 
donner la  corne ,  mais  seulement  la  redoute  (48)  partie  du 
chemin  couvert  enfilé  (69)  et  du  surplus ,  raser  partie  du 
parapet  de  la  grande  aile  de  la  ville  neuve  (71)  et  se  loger 
dans  la  gorge  de  la  demi-lune  (45)  et  dans  l'épaisseur  du  rem- 
part de  sa  face  gauche;  moyennant  quoy  de  ces  retranchements 
et  du  canon  que  l'on  pourroit  mettre  en  (72,  75)  on  donnera 
une  grande  protection  à  toute  la  partie  delà  vieille  ville  (5,10), 
ce  qui  empêchera  l'ennemi  d'en  choisir  les  attaques  avec  tant 
de  liberté. 

L'attaque  de  l'autre  front  (26,  27)  a  les  mêmes  défauts  et 
avantages  que  celle  de  (27,  29),  excepté  que  les  bastions  (69) 
seroient  fort  incommodés  de  la  corne  qui  les  verroit  à  revers, 
et  les  attaques  plus  en  prises  à  l'effet  des  sorties  par  ce  qu'elles 
pourroient  tomber  par  la  droite  et  la  gauche  sur  la  tranchée  au 
lieu  que  par  l'autre  elles  nepourroientle  faire  que  par  un  costé. 


USAGE  DES  EAUX  EN  PARTICULIER. 


Premièrement,  le  grand  pont  (66),  son  bàlardeau  et  ses  barres 
ou  écluses  achevées  et  mises  en  étal  comme  il  est  proposé  par 
ce  projet,  elles  servi roient  à  la  retenue  des  marées  et  au  nétoy- 
ment  de  cette  partie  du  port,  comprise  entre  ledit  port  et 
la  grande  écluse. 

Ornent  |  .j  graudc  écluse  et  celle  du  château  servi  roient  à  for- 
mer un  bassin  pour  les  vaisseaux,  et  à  retenir  les  marées  dans 
le  port,  qui  s'y  pourront  maintenir  en  tout  temps  à  la  hauteur 


MÉMOIRE  DE  VAL'BAN.  93 

des  vives  eaux,  au  moyen  de  la  rivière  Divelte  :  ce  qui  produira 
un  réservoir  inépuisable  pour  les  couraus  des  fossés  et  de  la  place. 

5ment  L'éclusc  du  cliûleau  servira  à  la  disposition  et  réception 
des  marées  (en  cas  qu'on  fut  oblige  de  terrasser  la  grande  pen- 
dant un  siège,  ou  netoyraent  du  port)  et  à  la  déiTense  de  celle 
partie. 

4ment  ^gg  écluscs  ct  Ics  bâtardcaux  particuliers  de  la  place 
sont  préposés  pour  servir  à  la  direction  des  courants  sui- 
vant la  manière  que  les  uns  et  les  autres  sont  disposés  :  si 
on  veut  que  le  fossé  soit  sec,  il  le  sera;  si  on  le  veut  plein  d'eau, 
on  y  en  pourra  mettre  de  9  à  10  pieds  ;  si  on  la  veut  dormante, 
on  l'aura  ;  et  si  on  veut,  on  la  fera  courir  aisément,  et  même  à 
l'entour  d'une  telle  pièce  que  l'on  voudra  choisir  :  de  sorte  que 
le  fossé  de  Cherbourg  peut  devenir  le  meilleur  et  le  plus  par- 
fait des  places  du  Roy  sans  en  excepter  aucune.  En  voici  l'usage: 
si  toutes  les  écluses  sont  fermées  à  marée  basse ,  le  fossé 
n'ayant  de  profondeur  que  la  basse  mer  de  morte  eau,  demeu- 
rera à  sec  et  il  n'y  entrera  que  l'eau  qui  s'échappera  par  les 
joints  des  portes  ;  et  pour  lors,  étant  partout  roc,  il  sera  aisé  d'y 
aller  et  de  le  traverser.  Si  on  le  veut  avoir  plein  d'eau,  tenant 
les  basses  écluses  (59,  62)  fermées ,  il  n'y  aura  qu'à  ouvrir  les 
hautes  (57,  75),  en  une  heure  de  temps  il  se  remplira.  Si  on 
veut  mettre  l'eau  en  mouvement  à  l'entour  de  la  demi-lune  (49), 
il  n'y  aura  qu'à  tenir  la  haute  écluse  (75)  fermée,  et  ouvrir  la 
basse  (62),  rompant  ou  ouvrant  le  bâtardeau  (58)  il  se  fera  un 
grand  profond  courant  à  l'entour. 

Si  devant  la  corne,  en  ouvrant  son  écluse  (75)  on  continue  de 
tenir  la  basse  ouverte,  il  s'y  fera  aussitôt  un  courant  large  et 
profond  dont  la  vitesse  sera  augmentée  ou  diminuée  parle  plus 
ou  moins  d'ouverture  de  la  basse  écluse. 

Si  après  tous  les  courants  lâchés,  on  veut  remettre  tout  le 
fossé  de  la  ville  neuve  à  sec,  et  même  la  plus  grande  partie  de 


94"  MEMOIRE   DE   VAUHAN. 

la  corne,  prenant  son  temps  un  peu  devant  à  basse  mer  pour 
fermer  les  écluses  (57,  75)  et  laissant  la  basse  ouvwte ,  l'eau 
s'écoulera  et  le  fossé  se  videra  entièrement. 

Si  après  la  corne  prise,  il  est  nécessaire  de  jeter  quelques 
courants  dans  le  fossé  de  la  ville  neuve,  il  n'y  aura  qu'à  tenir  la 
basse  écluse  (74)  ouverte,  et  la  basse  de  la  vieille  ville  (62)  fer- 
mée, après  quoy,  ouvrant  la  grande  (57)  il  se  fera  un  courant, 
qui  après  avoir  rempli  le  fossé  de  la  dite  ville  jusqu'à  la  hauteur 
de  4  pieds  1/2,  passera  par  dessus  le  bâtardeau  qui  joint  la  corne 
à  la  ville  neuve,  et  prendra  son  cours  tout  le  long  de  son  fossé. 

Si  la  corne  prise,  l'ennemi  se  met  en  devoir  de  passer  le  bas- 
tion (2)  :  tenant  la  grande  écluse  (57)  ouverte,  et  levant  la  basse 
(52)  il  se  fera  un  courant  devant  ce  bastion  et  tout  le  long  du 
fossé  de  la  place  d'autant  plus  rapide  qu'il  y  aura  8,  9  à  10 
pieds  de  pente  depuis  la  haute  écluse  jusqu'à  la  basse,  lequel 
courant  se  pourra  facilement  entretenir  d'une  marée  à  l'autre, 
comme  tous  les  autres. 

Si  le  bastion  pris ,  l'ennemi  se  met  en  devoir  de  passer  le 
fossé  du  retranchement  :  les  deux  écluses  (21 ,  22)  étant  ouver- 
tes et  la  basse  (62)  fermée,  il  y  aura  8  à  9  pieds  d'eau  dans  le 
fossé;  mais  si  on  ouvre  la  basse  il  s'y  fera  un  courant  aussi  ra»- 
pide  que  le  précédent. 

Si  le  retranchement  forcé,  l'ennemi  se  met  en  devoir  d'atta- 
quer le  château  et  passer  son  fossé  :  ouvrant  la  haute  écluse  (76) 
et  fermant  la  basse  (64)  il  se  remplira;  mais,  si  après  c^'a  on 
ouvre  toutes  les  deux  il  se  fera  un  courant  de  l'un  à  l'autre  et 
qui  fera  le  tour  de  ce  fossé  sur  7  à  8  pieds  de  pente  avec  une 
grande  rapidité. 

A  l'égard  du  fossé  du  donjon  il  y  aura  seulement  5  à  6  pieds 
d'eau,  mais  aussi  n'esl-il  pas  nécessaire  qu'il  y  en  ait  davantage. 

On  pourra  faire  courant  à  l'entour  de  tontes  les  pièces  de  la 
ville  neuve  avec  la  même  facilité,  et  do  cette  fiiçon  on  obtiendra 


MÉMOIRE  DE  VAUBAN.  95 

aisément  le  service  qu'on  peut  espérer  des  eaux;  et  cela,  sans 
.peine,  sans  embarras  et  avec  une  très  médiocre  dépense. 


LA   MARINE. 


La  grande  écluse  (54)  et  celle  du  château  (71)  étant  faites,  les 
^digues,  jetées,  fascinage,  netoyement  du  port  et  du  chenal  ache- 
vés, toutes  et  quanles  fois  que  l'on  tiendra  la  grande  écluse 
fermée,  il  se  fera  un  bassin  depuis  le  port  jusques  à  la  dite 
écluse  où  il  y  aura  ordinairement  depuis  13  jusqu'à  16  pieds 
d'eau  sur  une  étendue  capable  de  contenir  plus  de  40  navires 
du  port  de  5  à  400  tonneaux  ou  autant  de  frégates  de  20,  30  à 
40  pièces  de  canon  ,  pour  si  taillées  qu'elles  puissent  être  ;  et 
par  ce  que  la  petite  rivière  Divette  fournit  une  assez  grande 
quantité  d'eau,  en  faisant  que  les  écluses  soient  un  peu  étan- 
chées  il  ne  sera  pas  impossible  d'entretenir  la  plénitude  de  ce 
bassin,  à  la  hauteur  des  vives  eaux. 

Le  chenal  au-dessus  de  l'écluse,  ou  l'avant  port,  pourra  aussi 
recevoir  des  vaisseaux  du  port  de  5  à  600  tonneaux,  qui  est 
tout  ce  qu'on  peut  souhaiter  d'un  lieu  dont  le  fond  ni  les  ma- 
rées ne  permettent  pas  d'en  espérer  davantage.  Tout  ceci  est 
d'une  évidence  d'autant  plus  certaine  que  je  ne  le  sais  que  par 
ce  que  les  sondes  m'en  ont  appris. 

De  ce  que  dessus  et  de  toute  cette  disposition  il  résulte  que 
un  port  présentement  désert  et  sans  aucun  commerce,  pourra 
devenir  non  seulement  marchand ,  mais  très  bon  et  mieux 
situé  pour  la  course  qu'aucune  autre  du  royaume  ;  d'autant  que 
l'espace  de  mer  qu'il  y  a  d'ici  en  Angleterre  forme  un  détroit 
par  où  il  faut  que  tout  le  commerce  du  Nord  passe ,  à  moins 
que  de  faire  tout  le  tour  de  l'Ecosse  qui  est  long  et  fort  péril- 


96  MÉMOIIIE  DE  VAUBAN. 

leux  ;  d'ailleurs  quand  ou  sort  du  port  de  Cherbourg  ou  n'est 
pas  à  G  lieues  eu  mer  qu'on  découvre  tout  ce  qui  se  passe 
entre  l'Angleterre  et  nos  costes  ;  d'où  s'en  suivra  que  si  l'on 
tient  7  ou  8  frégates  à  Chei'bourg ,  du  port  de  46,  20,  2i,  30, 
56  pièces  de  canon,  bien  montées,  elles  désoleront  tout  le  com- 
merce de  la  Manche,  et  feront  plus  de  mal  aux  ennemis  que  les 
20  plus  gros  navires  armés  du  royaume  ;  joint  que  tous  nos 
marchands,  et  tous  autres  bâtiments  faisant  la  course  y  trouve- 
ront un  nouveau  refuge  assuré  contre  les  mauvais  temps  et  les 
ennemis. 


'      A 


La  Bibliothèque 
Université  d'Ottawa 
Echéance 


The  Library 
University  of  Ottawa 
Date  Due 


3900  3    005  552301 


( 

1 

CE    UG       043C 

.C5V3    1651 

CJO       VAUBAN,    SEBA    MEMOIRE    CU    M 

ACC/^    13015C6 

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