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MÉMOIRES COURONNÉS
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MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS,
PUBLIÉS PAR
L'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
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MÉMOIRES COURONNÉS
ET
MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS,
PUBLIÉS PAR
L’ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
TOME XXV. — 1851-1855.
BRUXELLES,
M. HAYEZ. IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE.
1854.
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4 4
TABLE
DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XXV.
CLASSE DES SCIENCES.
MÉMOIRES COURONNÉS.
Description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg; par MM. F. Cha-
puis et G. Dewalque.
MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS.
Note sur la théorie des résidus quadratiques; par M. Angelo Genocchi.
Recherches sur les médianes; par M. Ernest Quetelet.
Méthode pour déterminer simultanément la latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, par des
passages observés dans deux verticaux; par M. J.-C. Houzeau.
Mémoire sur l'ascension de l’eau et la dépression du mercure dans les tubes capillaires ; par M. Émile
Bède.
Recherches sur la maladie de la vigne et sur le champignon qui l'accompagne; par M. J. Crocq.
CLASSE DES LETTRES.
MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS.
Mémoire sur la ville de Gand, considérée comme place de guerre; par M. P.-C. Van der Meersch.
Essai sur les rapports qui existent entre les apologues de l'Inde et les apologues de la Grèce; par
M. A. Wagener.
MÉMOIRE
EN RÉPONSE A LA QUESTION SUIVANTE :
FAIRE LA DESCRIPTION DES FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DE LA PROVINCE DE LUXEMBOURG,
ET DONNER L'INDICATION PRÉCISE DES LOCALITÉS ET DES SYSTÈMES DE ROCHES DANS LESQUELS
ILS SE TROUVENT ;
FAR
M. F. CHAPUIS,
DOCTEUR EN MÉDECINE ET EN SCIENCES NATURELLES,
ET
M. G. DEWALQUE,
DOCTEUR EN MÉDECINE , PRÉPARATEUR DE PHYSIOLOGIE A L'UNIVERSITE DE LIÉGE.
{Mémoire couronné dans la séance du 15 décembre 18641.)
“ L'esprit ne peut pas suppléer à la connaissance des
faits, et les faits sont, dans les sciences, ce qu'est l'expt
rience dans la vie civile, »
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Tome XXV. il
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PRÉFACE.
Depuis longtemps déjà, des savants distingués de notre pays ont con-
sacré leurs talents et leur zèle à faire connaître les fossiles des terrains
primaires et tertiaires de la Belgique. L’extrémité méridionale de la pro-
vince de Luxembourg est formée de terrains secondaires; et quoique
d'ordinaire les couches jurassiques soient assez riches en fossiles, per-
sonne ne semblait penser à s’en occuper, lorsque l'Académie royale pro-
posa leur étude comme objet de concours. Des difficultés sérieuses, telles
que l'éloignement des centres scientifiques, les communications rares el
difficiles, l'absence de collection un peu complète de ces fossiles avaient
retardé l’accomplissement des désirs de ce corps savant; la question pro-
posée depuis plusieurs années n'avait pas encore reçu de réponse. À
côté de circonstances aussi défavorables, quelques motifs cependant nous
engageaient à faire nos efforts pour combler cette lacune; le cours de
paléontologie , fait d’une manière si savante à l'Université de Liége,
par M. le professeur De Koninck, en nous laissant entrevoir les grands
résultats auxquels cette science doit infailliblement conduire , avait éveillé
en nous le désir de nous occuper des débris des faunes anciennes ; nous
avions aussi pu assister aux développements si clairs et si précis que
M. le professeur Dumont avait exposés, à la même Université, sur la géo-
logie de la Belgique; lui-même s'était occupé des couches liasiques et
jurassiques du Luxembourg, et son mémoire était pour nous un guide
PRÉFACE.
&
sûr et fidèle dans la détermination de l’âge des terrains que nous vou-
lions parcourir. Enfin, enhardis par l’idée de contribuer à faire connaître
une partie des richesses de notre pays, nous avons entrepris ce travail :
c'est le résultat de nos efforts que nous avons eu l'honneur de présenter
à l’Académie, dont l'approbation a été pour nous la récompense la plus
flatteuse et la plus douce.
Tous les fossiles que nous décrivons ont été, à quelques exceptions
près, recueillis par nous sur les lieux , après une détermination attentive
du terrain auquel ils appartiennent; ceux que l’on a bien voulu nous
communiquer ne laissent aucun doute sur leur origine géologique : ils sont
d’ailleurs indiqués dans le courant de ce travail. Nous avons donné une
attention toute particulière à déterminer leur âge, convaincus qu’en cela
au moins, notre travail pourrait avoir quelque utilité; aussi avons-nous
pris soin d'indiquer à chaque article les localités et les systèmes de
roches où nous les avons rencontrés; de cette façon on pourra toujours
sans peine les rapporter à leur époque, quelque opinion que l’on ait de
la classification que nous avons cru devoir suivre. Nous y avons joint les
indications géologiques des auteurs, mais sous leur responsabilité; dans
le plus grand nombre des cas, il nous a été impossible de contrôler ou
de discuter la question de terrain.
Nous décrivons ici 197 espèces, dont 64 sont nouvelles; nous les
avons étudiées sans prévention, et nous avons fait tous nos efforts pour
nous assurer de l'exactitude de nos déterminations; mais des erreurs,
plus nombreuses peut-être que nous ne le pensons , se seront glissées dans
le cours de l'ouvrage, erreurs bien regrettables sans doute, mais que le
mauvais état des fossiles de nos terrains et le manque d'échantillons
étrangers, trop souvent nécessaires à la comparaison, rendront plus
excusables.
Dans les ouvrages de cette nature, on peut adopter pour la disposition
PRÉFACE. 5
des espèces deux marches différentes : l’une zoologique, où les affinités
naturelles sont rigoureusement observées , l’autre stratigraphique, où les
fossiles sont groupés d’après les couches où ils se rencontrent. Nous avons
adopté un terme moyen entre ces deux voies : les espèces d’un même
genre ont été rangées d'après leur âge géologique; quant aux genres,
aux familles, nous avons adopté l’ordre zoologique, en commençant par
les divisions les plus élevées de l'échelle animale. Nous nous sommes
bornés à indiquer en quelques mots les caractères des genres seulement,
pensant que de plus longs détails sur ces groupes, sur les familles, sur
les ordres étaient plutôt du ressort des ouvrages de zoologie que d’une
faune aussi restreinte.
Avant de terminer, qu’on nous permette d'adresser ici des remerciments
bien sincères à M. le docteur De Condé, pour la bienveillance avec laquelle
il a bien voulu mettre sa collection à notre entière disposition.
Liége, le 2 novembre 1852.
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INTRODUCTION.
Les terrains secondaires de la province de Luxembourg forment une
bande assez étroite, dirigée à peu près de l’ouest à l'est, et se rattachant,
par le grand-duché de Luxembourg, au massif des Vosges et du Jura; elle
est limitée au nord par une ligne passant à 2 lieues environ au nord
d’Arlon, à 6 lieues au nord de Virton, à l’ouest et au sud par la fron-
tière française, à l’est par celle du Grand-Duché. Nous n’avons pas l’inten-
tion d’en faire une description géologique détaillée, qui serait déplacée
ici; mais ce que nous dirons de leur classification nous oblige en quelque
sorte à parler de leur composition minéralogique; nous tàcherons de le
faire aussi brièvement que possible.
Ce petit espace appartient en très-grande partie au terrain jurassique;
une bande étroite seulement fait partie du trias, encore disparaît-elle dans
la partie occidentale de la province; on n’y reconnaît distinctement que
les systèmes inférieur et moyen. M. Dumont n’y a pas recueilli de fossiles,
sauf quelques débris indéterminables dans du calcaire conchylien d’AI-
merode; nous avons exploré cette localité sans plus de fruit. À Muno, où
M. Dumont a recueilli quelques fossiles dans du calcaire subordonné au
poudingue du système inférieur, nous n'avons pu voir cette roche en place
et reconnaître sa posilion; mais nous avons trouvé quelques blocs de
calcaire blanc grisätre ou rougeâtre , contenant des débris de fossiles que
nous avons lieu de croire appartenir au lias inférieur.
TERRAIN JURASSIQUE.
Ce terrain, assez riche en fossiles , est beaucoup plus développé que le
8 INTRODUCTION.
trias, et présente une suite assez nombreuse d'étages qui appartiennent au
lias et à l’oolithe inférieur.
Dans un mémoire présenté, en 1841, à l'Académie de Bruxelles !,
M. Dumont y rangeait les étages suivants : 1° marne de Jamoïigne; 2° grès
de Luxembourg (en y comprenant la marne de Strassen et le sable infé-
rieur du macigno); 5° schiste et macigno d’Aubange; 4° marne de Grand-
Cour ; 5° oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin; 6° calcaire de Longwy.
Il rapportait alors les trois premiers au lias, les trois autres à la partie
inférieure du système bathonien de M. d'Omalius.
Depuis plusieurs années déjà, de nouvelles observations l'avaient en-
gagé à modifier cette classification, sans rien changer à la succession des
étages ; il y avait fait rentrer aussi le sable de Martinsart, considéré en
premier lieu comme triasique. Il a fait connaître sa nouvelle classification
dans un rapport? lu, il y a deux ans, à l’Académie de Bruxelles; il y
donne le tableau suivant :
Système bathonien. . . . . . . Calcaire de Longwy.
1 Marne de Grand-Cour.
© ( Sable, schiste et macigno d'Aubange.
Système liasique . . . . 9, | Marne de Strassen.
Sable et grès de Luxembourg.
Marne de Jamoigne.
Sable de Martinsart.
ot
Les résultats auxquels nous sommes parvenus nous déterminent à mo-
difier légèrement cette classification.
Nous retirons du lias supérieur le macigno d’Aubange avec le schiste
et le sable qui en forment la base, pour en constituer le lias moyen,
faisant rentrer la marne de Strassen et le grès de Luxembourg dans le
lias inférieur.
1! Mémoire sur les terrains secondaires du Luxembourg, inséré dans le t. XV des Mémoires de
l'Académie de Bruxelles.
? Rapport sur la carte géologique de Belgique. — Bulletin de l'Académie de Bruæelles, t. XVI,
2° part., p. 551.
Le)
INTRODUCTION.
Comme M. Dumont l’a fait remarquer il y a longtemps, le calcaire de
Longwy appartient au système bathonien dont il forme la base; en effet,
il appartient à l’oolithe inférieur (étage bajocien, d’Orb.) et non à l’oolithe
de Bath, ou grand oolithe. 11 faut probablement y réunir l’oolithe ferru-
gineux de Mont-S'-Martin, petit dépôt que M. Dumont considérait comme
oolithique, quoique quelques personnes paraissent le réunir au lias !.
Nous avons représenté cet arrangement dans le tableau suivant :
{ Calcaire de Longwy.
* } Oolithe ferrug. de Mont-S'-Martin.
s
Supérieur (toarcien, d'Orb.). . Marne et schiste de Grand-Cour.
Moyen (liasien, d'Orb.) . . . Macigno, schiste et sable d’Aubange.
Oolithe inférieur (bajocien, d'Orb.).
Lias.
Marne de Strassen.
Grès de Luxembourg.
Marne de Jamoigne.
Sable et grès de Martinsart.
| Inférieur (sinémurien, d'Orb.).
On pourra se convaincre que cette classification est préférable, en
jetant un coup d’œil sur le tableau stratigraphique des espèces qui se
trouve à la fin de ce mémoire.
SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUR.
1e étage. — Sable et grès de Martinsart.
Cet étage, peu développé, repose en stratification concordante sur les
marnes du trias. Il se compose de sable fin gris jaunâtre et verdâtre, con-
tenant de très-petites paillettes de mica, plus ou moins argileux, et pas-
sant à un grès friable ou parfois très-tenace. En certaines localités, il
renferme un lit de cailloux quartzeux.
M. Dumont n'y a recueilli aucun fossile; nous n’avons guère été plus
heureux; nous avons trouvé, près de Rossignolle, des empreintes d’une
1 M. Levallois, d'après des déterminations de fossiles faites par M. Bayle, rapporte l'oolithe
d'Hayange au lias moyen (marlstone). Si ces déterminations sont exactes, comme on doit le sup-
poser, le terrain dont parle M. Levallois n'est pas notre oolithe ferrugineux, entièrement différent,
sous tous les rapports, du marlstone et tronstone des Anglais. (1852.)
Toue XXV. 2
10 INTRODUCTION.
coquille qui nous paraît être l'Ostrea irregularis, qui se trouve également
dans la marne de Jamoigne.
Cet étage correspond sans doute au grès infra-liasique de Dufrénoy, et
à une partie des Quadersandstein des Allemands. C’est le grès infraliasique
de Sauvage et Buvignier !.
2m étage. — Marne de Jamoigne.
Cet étage se compose de marne ordinairement très-calcarifère, parfois
schistoïde, plus souvent terreuse, plastique et de couleur gris bleuâtre
foncé, plus rarement sableux et jaunâtre; quelquefois noir bleuâtre, mais
non bitumineuse (Chiny); alternant, surtout à la partie supérieure, avec
des bancs plus ou moins nombreux de calcaire argileux gris bleuâtre
foncé ou gris, compacte, et ordinairement extrêmement tenace. Les fos-
siles y sont abondants, surtout vers l’ouest, disséminés dans la marne,
ou à la surface des bancs calcaires ; mais malheureusement ils sont sou-
vent en mauvais état : il est impossible de les dégager du calcaire, et,
dans la marne, ils sont tantôt encroûtés de marne très-calcarifère, tantôt
usés à la surface comme par un dissolvant. Les localités les plus riches
sont Jamoigne, Muno, S“-Cécile, Fontenoille, La Cuisine, Chiny, Izel et
au sud d’Attert.
Ce dépôt, que quelques personnes ont regardé à tort comme supérieur
au grès de Luxembourg, fait partie du lias de Boblaye; c’est le calcaire à
gryphites de d'Omalius, les calcaires et les marnes à gryphites de Sauvage
et Buvignier.
9e étage. — Grès de Luxembourg.
Cet étage se compose à la base de sable quartzeux grisâtre ou jaunâtre,
parfois ferrugineux, calcarifère, légèrement cohérent, ou contenant des
cailloux ou quelques bancs de grès. Ce sable est surmonté du grès de
Luxembourg proprement dit, composé de grains de quartz hyalin gri-
! Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes, 1842.
INTRODUCTION. 11
sätres où blanchätres, et de calcaire de même couleur, en proportion
très-variable, au point que le grès peut passer au calcaire sableux, comme
on le voit surtout dans la partie occidentale de la province, où il est
exploité comme pierre à chaux, à Lambermont, près Florenville (1852).
Parfois il est presque entièrement calcaire, composé de débris de coquilles
et de crinoïdes, possédant une structure grenue, granulo-lamellaire, sub-
lamellaire ou oolithique (Fouche, Guirsch, Orval...).
Les fossiles que l’on y rencontre sont assez nombreux, mais souvent
il n’en reste que le moule ou l'empreinte; sinon le têt est fragile, souvent
spathisé et clivable, difficile à dégager; à la surface des bancs ils sont
usés. Les localités les plus fossilifères sont Guirsch, Eischen, Fouche,
Lime, Lasoye, etc.
C’est le calcaire sableux de Boblaye, le grès de Luxembourg de d’Oma-
lius, de Steininger et de Dumont, le calcaire sableux de Sauvage et Buvi-
gnier !; nous y rapportons le lias 4 de Quenstedt , l’unterer lias Sandstein de
Roemer, le Quadersandstein (partie) des Allemands, le grès liasique de Ter-
quem avec le grès d'Hettange.
Ame étage. — Marne de Strassen.
Cet étage se compose de marne gris bleu, parfois jaunâtre, alternant
avec un calcaire argileux , compacte, tenace, de même couleur, passant
parfois au macigno , d’autres fois contenant une quantité notable de sable.
Il forme aujourd’hui le 4" étage de Dumont : ce sont les marnes
micacées de Boblaye, le calcaire à bélemnites de d’'Omalius, la marne
moyenne de Sauvage et Buvignier ?. Nous le regardons comme le corres-
pondant du lias 8 de Quenstedt, du Liaskalk et du Gryphitenkalk de Roemer
et des Allemands.
‘ A voir les listes de fossiles données par ces géologues, il y aurait une notable différence. Du
reste, nous avons été obligés d'écarter toute liste de fossiles sans description ou figure (1851). —
Le grès de Luxembourg n'est probablement pas l'équivalent de tout le calcaire sableux (1852).
? Nous écrivions ceci en 1851; depuis nous nous sommes convaincus que la marne moyenne
de MM. Sauvage et Buvignier correspond au schiste d'Aubange (1852).
12 INTRODUCTION.
LIAS MOYEN.
bme étage. — Sable, schiste ! et macigno d’Aubange.
5 (
Cet étage se compose : 1° de sable quartzeux ordinairement rouge
brunâtre, contenant parfois des plaques de grès brun très-ferrugineux,
que M. Dumont, en 1841, avait provisoirement laissé avec l’étage du grès
de Luxembourg, mais qu'il place aujourd’hui avec le macigno; 2° de
schiste argileux, non bitumineux, grossièrement schistoïde, se divisant en
fragments irréguliers grisàtres, devenant brun noirâtre par une longue
exposition à l'air; il est peu développé et passe parfois à une glaise
bleuâtre gypsifère; 3° de couches puissantes de macigno, composé de
sable, d'argile et de calcaire en diverses proportions, avec des paillettes
très-fines de mica, et de la limonite qui lui donne une couleur très-variable,
au point qu'on le prendrait parfois pour du minerai de fer. Il est gros-
sièrement schistoide ou stratoïde, grenu et friable, ou tenace; gris
bleuàtre ou brunâtre, brun sur les joints et les fissures et souvent même
assez profondément dans l’intérieur de la roche.
Cet étage est le calcaire ferrugineux et l’oolithe ferrugineux que Bo-
blaye rapportait à l’oolithe inférieur, l’oolithe ferrugineux de Margut
de d’'Omalius, le calcaire ferrugineux ? de Sauvage et Buvignier. Il cor-
respond au lias ; et à de Quenstedt, au Belemnitenschichte de Roemer et des
Allemands, au marlstone et à l’ironstone de Phillips et des Anglais.
Nous avons été amenés par des considérations paléontologiques à re-
garder le macigno d’Aubange comme formant chez nous le lias moyen,
l'étage liasien de M. d'Orbigny, correspondant au marlstone et à l'ironstone
des Anglais, et cette opinion nous paraît pouvoir être soutenue au point
de vue minéralogique; mais nous nous en abstiendrons jusqu'à ce que
1 Après M. Dumont, nous conservons à ce schiste le nom de schiste d'Aubange, quoiqu'il prête
à la confusion : cette couche, peu développée d'ailleurs, et dont nous ne possédons aucun fossile,
étant tout à fait différente du schiste exploité à Aubange, lequel appartient au schiste de Grand-
Cour, placé à la base du lias supérieur.
? Et la marne moyenne (1852).
INTRODUCTION. 15
nous ayons pu étudier le lias hors de notre pays, spécialement en Angle-
terre, où a été établie primitivement cette division du lias en trois étages.
MM. Sauvage et Buvignier regardent le lias moyen comme représenté,
dans les Ardennes, par leur calcaire sableux qui correspond à notre grès
de Luxembourg, mais nous croyons que c’est à tort (à moins que le cal-
caire sableux supérieur ne corresponde au sable de notre étage).
LIAS SUPÉRIEUR.
G° étage. — Schiste et marne de Grand-Cour.
Ce dépôt, peu puissant dans notre pays, est aujourd'hui regardé par
M. Dumont comme formant la partie supérieure du lias. Il se compose,
à la base, de marne schisteuse grise ou noire, bitumineuse, pyritifère,
onctueuse au toucher, se laissant facilement couper au couteau , et assez
tenace pour se laisser diviser en feuillets qui se délitent à l'air. La partie
supérieure est formée de marne terreuse ou schistoïde, plastique, gris
bleuâtre quelquefois mêlé de jaunâtre, renfermant des nodules de calcaire
bleuätre compacte qui contiennent parfois un ou plusieurs fossiles.
Le schiste a été exploité pour en retirer le bitume à Aubange; on y a
trouvé de nombreux fossiles, entre autres beaucoup de poissons et de
poches et osselets de sèche, mais nous n’avons pu nous en procurer.
C’est la terre à foulon de Boblaye, la marne d'Amblimont de d'Oma-
lius, la marne supérieure de Sauvage et Buvignier. Elle correspond au
lias < et au jura brun + de Quenstedt, au Posidonienschiefer de Roemer, à
l'upper lias shale de Phillips. Nous la regardons comme constituant le lias
supérieur. M. Terquem paraîtrait la considérer comme appartenant au lias
moyen (voir plus bas la description de la Lingula longo-viciensis); mais ce se-
rait bien à tort, au point de vue paléontologique, comme au point de
vue géologique.
SYSTÈME BAJOCIEN.
M. d'Omalius a donné le nom de bathonien au système oolithique de
14 INTRODUCTION.
l'Angleterre ; on y comprend habituellement non-seulement le grand
oolithe ou oolithe de Bath, mais encore l’oolithe inférieur. C’est à la base
de ce système que M. Dumont place les deux étages qui suivent. Comme
ce grand ensemble paraît se diviser en deux parties distinctes, comme,
d'autre part, nos étages sont loin de le représenter en entier, mais se rap-
portent à l’oolithe inférieur auquel M. d’Orbigny a donné le nom d'étage
bajocien, nous les rangerons sous ce nom, sans vouloir rien préjuger de
la valeur relative des divers étages de la classification des terrains juras-
siques donnée par ce savant.
1° Ooliühe ferrugineux de Mont-S'-Martin.
Petit dépôt formé à sa partie inférieure de sable ferrugineux et de psam-
mite très-argileux, assez tendre, jaune brunûtre , très-rarement bleuûtre,
et, plus haut, d’oolithe ferrugineux à grains fins, inégaux, bronzés ou
métalloïdes, réunis par un ciment argileux jaunätre ou brun sale, conte-
nant quelquefois des rognons argileux ou calcaires. En masse, il est
grossièrement stratoïde, gris brunâtre à la base, rouge brun à la partie
supérieure.
Les fossiles de cet étage sont rares et en fort mauvais état; ceux que
nous avons pu déterminer sont tous, à un ou deux près, du système ba-
jocien. Ainsi se trouve confirmée l'opinion de M. Dumont qui, pour des
motifs purement géologiques, l'avait placé avec le calcaire de Longwy.
2 Calcaire de Longwy.
Le calcaire de Longwy forme un dépôt puissant, très-peu incliné vers le
sud, reposant en stratification concordante sur l’oolithe ferrugineux ou
sur la marne de Grand-Cour. Sa texture est extrêmement variable, même
dans une seule couche à des distances très-rapprochées, tantôt oolithique,
à oolithes parfois celluleux , à ciment distinct, tantôt crinoïdo-lamel-
laire, ou oolithico-lamellaire; d’autres fois grossière, compacte ou cellu-
leuse; parfois pétrie de fragments de coquilles, ou terreuse, ou alternant
INTRODUCTION. 15
irrégulièrement avec des marnes sableuses jaunes ou gris bleu. Ces der-
nières, que nous avons rencontrées surtout au sommet du plateau de
Longwy, nous ont paru complétement subordonnées au calcaire et ne
pouvant former un étage à part, analogue au Fuller’s Earth. La couleur
du calcaire varie du blanc jaunâtre au jaune sale; les joints et les fissures
sont souvent colorés en brunâtre par de l'argile ferrugineuse.
Les fossiles y sont abondants, mais souvent brisés, empâtés dans la
roche ou à l’état de moules. Les céphalopodes y sont très-rares.
Boblaye le rapportait au grand oolithe, c’est l’oolithe de Montmédy
de d'Omalius, le groupe de loolithe inférieur de Sauvage et Buvignier.
Il correspond à l’oolithe inférieur, au dogger de Sowerby, de Phillips et des
Anglais; au Dogger, unterer Oolith de Roemer, au jura brun £ et ; (et peut-
être 9 partie) de Quenstedt; à l’oolithe ferrugineux de Normandie.
Maintenant que la succession de ces étages et leur classification sont
connues, nous croyons utile de rapporter, comme complément et point de
comparaison, la classification de M. d'Orbigny ! avec les synonymes qu'il
en donne, et que nous n'avons pu rapporter à chacune de nos divisions,
parce qu'ils sont loin d’être de vrais synonymes : souvent ce sont des
systèmes plus ou moins étendus qui doivent rentrer dans ces étages.
TERRAIN JURASSIQUE.
SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUR. — ÉTAGE SINÉMURIEN, d'Orb.
Suivant la position, c’est le lias inférieur de d’Orb., 1842, le lower
lias shale de Phillips, l’infralias de Moreau, de Leymerie, etc., l’'unterer Lias
de Roemer, etc.
Suivant les fossiles, c’est le calcaire à gryphée arquée de Thurmann,
de Dufrénoy et Élie de Beaumont; le calcaire à gryphites de Charbant, le
1 Voy. d'Orbigny, Paléont. franç., Terr. jurass., pp. 604 et suiv. — V. aussi Cours élém. de
paléont. et de géol. stratigr., 1852, 2° vol., pp. 454, 449, 463 et 477.
16 INTRODUCTION.
Gryphitenkalk de Roemer, le Turnerithon et le Sandthonkalk, partie du schwar-
zer Jura de Schmidt.
Suivant la composition minéralogique, c’est le grès infraliasique et le
calcaire à gryphée arquée de Dufrénoy et d'Élie de Beaumont, le grès de
Luxembourg de d’Omalius, le grès liasique de Terquem, le Quadersandstein
(partie) des Allemands, le calcaire de Valognes de de Caumont, le Liaskalk,
le Lias-Sandstein de Roemer, la formation liasique (partie) de M. Huot.
SYSTÈME LIASIQUE MOYEN. — ÉTAGE LIASIEN, d'Orb.
Suivant la position stratigraphique, c’est le lias moyen, d'Orb., 1842,
le lias supérieur (partie), Gressly, l'upper lias shale (partie) de Phillips.
Suivant les fossiles, c’est le calcaire à bélemnites de Simon, de Ter-
quem , le Belemnitenmergel de Mérian, le Belemnitenschichte de Roemer. Ce
sont les calcaires et marnes à Gryphea cymbium de Moreau, le Numisma-
lismergel, V Amalthenthon, partie du schwarzer Jura de Schmidt.
Suivant la composition minéralogique, ce sont les schistes du lias de
M. Mandelsloh, l’ironstone, le marlstone de Phillips, les marnes grises
micacées, les marnes grasses, les marnes feuilletées de Terquem, le ma-
cigno d’Aubange de Dumont et de d’Omalius !, les marnes supra-liasiques
(partie) de Dufrénoy et É. de Beaumont.
SYSTÈME LIASIQUE SUPÉRIEUR. — ÉTAGE TOARCIEN, d'Orb.
Suivant la position stratigraphique, c’est le lias supérieur de d’Orbigny,
1842, l'upper lias shale (partie) de Phillips, l'étage supérieur du lias de
Thiria.
Suivant les fossiles, c’est le Posidonienschiefer de Roemer, partie du
schwarzer Jura de Schmidt, les marnes à posidonies de Mathéon.
! Cest par erreur que M. d'Orbigny (Cours de Paléont., 1852, p. 449) rapporte ce nom à
M. d'Omalius; nous avons vu que le macigno d'Aubange de M. Dumont est l’oolithe ferrugineux
de Margut de M. d'Omalius. — Nous sommes heureux de voir notre opinion sur la position paléon-
tologique de cet étage confirmée par l’autonité de M. d'Orbigny.
INTRODUCTION. 17
Suivant la composition minéralogique, c'est l’oolithe ferrugineux de
Thurman (mais non celui des Normands). Ce sont les marnes supérieures
du lias de Dufrénoy et Élie de Beaumont, le grès supraliasique de Simon,
le lias :, le brauner Jura (partie) de Quenstedt, les marnes bitumineuses
sans bitume, les schistes bitumineux de Charbant, l'opalinusthon, partie
du brauner Jura de Schmidt, l'alum-shale, le withby-shale des Anglais.
ÉTAGE BAJOGIEN d'Orb.
Suivant les fossiles , c’est le calcaire à entroques de Bonnard, Moreau,
Cotteau, le calcaire à polypiers de Marcou (mais non celui des Normands).
Suivant la composition minéralogique, c’est l’oolithe inférieur de d’Orbi-
gny, 1845, l'inferior oolithe de Sowerby, la partie inférieure du système ooli-
thique, les marnes de Pont-en-Bessin de Dufrénoy et Élie de Beaumont,
le cave oolithe, le gray-limestone de Phillips, l'oolithe ferrugineux des Nor-
mands, de Thiria, de Cotteau (mais non celle de Thurmann), l’oolithe de
Bayeux (partie) de Simon, le fuller’s earth de Morris, de Thiria, la terre à
foulon , et les marnes à foulon des géologues français, les marnes interoo-
lithiques de Boyé, le Dogger, l'unterer Oolithe de Roemer, le calcaire Iædo-
nien, le calcaire à polypiers et les marnes vésuliennes de Marcou, le brauner
Jura (partie) de Quenstedt et des Allemands.
Tome XXV. 5
‘ red:
RUN MERS
état
DESCRIPTION
DES
FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG.
MOLLUSQUES CÉPHALOPODES.
Genre BELEMNITES, Enraarr (1727), Lam., BLain., Vourz, D'ORB., etc.
Naunizus BezemnirAa, Gmelin.
Acawas, AcmeLois, Cazcmnor, Cerocis, Carysaor, HyzoziTues, PAGLITES, PoroDRAGUS ,
Tuazanus, de Montfort, 1808.
Norosræmres, Gasrrosipmires, Duval.
Becemnires, Pseunosecus, Blainville, 4827.
Bezeunrra, Fleming, 1828.
Animal ignotum.
Ossiculum internum, anterius explanatum, posterits angustatum et alveolo
loculis transversis, siphone laterali perforatis composito munilum ; alveolus
externè cretaceo rostro plus minusve elongato, obtuso vel aciculato, laevi aut
sulcalo indutus.
Animal inconnu.
Osselet interne, corné, élargi antérieurement, rétréci en arrière, et
terminé postérieurement par un godet conique, alvéolé, plus ou moins
profond, logeant une série de loges aériennes empilées et traversées sur le
20 DESCRIPTION DES FOSSILES
côté interne par un siphon continu, que rétrécit l’étranglement de chaque
loge. Godet postérieur protégé à l'extérieur par un encroûtement crétacé
représentant un rostre épais, pointu ou obtus, généralement allongé.
Ce genre a commencé de paraître dans les couches liasiques infé-
rieures, où déjà il se montre avec un certain développement; il continue
dans les terrains jurassiques et ne s’éteint qu'à la fin de la formation
crétacée.
A. BELEMNITES ACUTUS.
(PI. IN, fig.1,a,b,c.)
BELEMNITES ACUTUS. Miller, 1825, 7rans. of the geol. Soc., vol. 5, pl. 8, fig. 9.
— BREVIS. Blainv., 1827, Bélemn., pl. 5, fig. 1 et 1 a, var. A.
— ACUTUS. Sow., 1828, Min. conch., p. 178, pl. 590, fig. 7, 10.
— BREvIS. Desh., 1850, Encyclop méth., p.151, n° 19.
— LAEVIS. Roemer, 1856, J’erstein., p. 165, n° 4.
— AGuTUS. D'Orb., 1842, Paléont. franç., Terr.jur., p. 94, pLIX, fig. 8-14.
— BREVIS. Quenstedt, 1846-49, Die Cephalopoden, p. 395, tab. XXIII, fig. 17.
— ACTUS. D'Orb., Prodrôme, 1850, I, p. 211.
B. testä brevi, conicä, acuminatà, lateraliter paulisper compressà, apice
sulculo nullo; alveolo apice ventri subappropinquato, anqulo 18-24°.
Dimensions. — Longueur 52 mill.; le grand diamètre de la base est au
petit comme 14 12 est à 15.
Description. — Rostre court, conique, acuminé régulièrement en ar-
rière, très-légèrement comprimé sur les côtés. Sommet conique, aigu, sub-
médian, sans trace de sillon. Base légèrement ovalaire; alvéole formant
un cône, peu comprimé latéralement, d’un angle de 18 à 24°, occupant
un peu plus de la moitié du rostre, à sommet plus rapproché de la région
ventrale.
Rapports et différences. — Par sa forme conique, cette bélemnite se rap-
proche de plusieurs autres espèces de lias, mais elle s’en distingue faci-
lement par son peu de longueur et l’absence de tout sillon à son sommet.
Localités. — Cette espèce caractérise le lias inférieur à gryphée arquée.
M. d'Orbigny la signale, en France, à Ville-Franche, Semur, Avallon,
Nancy; en Angleterre, à Shôrne-Cliff, à Charmouth. Nos échantillons ont
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 21
été trouvés dans la marne de Strassen , entre Clairfontaine et Walzingen.
C'est bien probablement à la même espèce que l’on doit rapporter la
bélemnite que l’on rencontre, mais rarement, dans la marne de Jamoigne
(Hachy) et dans le grès de Luxembourg (environs de Virton); les échantil-
lons que nous possédons se trouvant engagés dans la roche, nous n'avons
pu les déterminer avec certitude.
Observation. — Le côté ventral peut d'ordinaire se distinguer du côté
dorsal, sans voir le siphon, parce que le côté ventral est plus droit, tombe
plus perpendiculairement sur la base. Le sommet est souvent rongé.
C’est la bélemnite la plus ancienne que l’on connaisse.
9, BELEMNITES CLAVATUS.
(PL I,6g.1,a,b,c.)
BELEMNITES CLAVATUS. Blainville, 1827, Bélem., p. 97, pl. 5, fig. 19, a, b, exclus. fig. c.
— PISTILLIFORMIS. Id. id, id, p.98, pl. 5, fig. 15, 16, 17 (14?)
— — Sow., 1898, Min. conch., pl. 589, fig. 3.
— CLAVATUS. Deshayes, 1850, Encyclop., p. 150, n° 24.
— SUBCLAVATUS. Voltz, 1850, Obs. sur les bél., pl. 1, fig. 11.
— — Zieten, 1850, Furtemb., pl. 22, fig. 5.
— PISTILLIFORMIS. Roemer, 1856, Ferstein., p. 168, n° 11.
— CLAVATUS. D'Orb., Pal. Fr., Terr. jur., pl. 11, fig. 19, 20, 21, 22.
— — Quenstedt, 1846-1849, Die Cephal., p. 398, pl. 5, fig. 19.
= = D'Orb., Prodr., 1850, 1. I, p. 223.
B. testä elongatà, clavatä ; basi allenualä, supra medium crassiore et hinc
apicem versùs altenuatà; apice foveolalo, dorso subappropinquato ; alveolo
parvulo.
Dimensions. — Longueur 55 mill. Diamètres?
Description. — Rostre allongé, claviforme, faiblement comprimé laté-
ralement, assez élargi vers l’extrémité alvéolaire; s’amincissant jusqu’au
uers de sa longueur, de là se renflant pour former sa partie la plus large,
et s’atténuant ensuite assez brusquement jusqu’à l'extrémité; sommet légè-
rement relevé vers la région dorsale, ne présentant ni sillons latéraux, ni
médians; partie antérieure médiocrement renflée pour loger un alvéole
peu étendu, à base légèrement ovalaire et à sommet rapproché de la région
ventrale.
22 DESCRIPTION DES FOSSILES
Rapports et différences. — Nulle autre espèce du lias ne présente cette
disposition claviforme, si ce n’est le jeune âge du B. umbilicatus, B1.; mais
on distinguera facilement le clavatus, par sa coupe ovalaire, à centre excen-
trique inférieur, tandis que l’umbilicatus est déprimé.
Localités. — D'après M. d'Orbigny, cette belle espèce serait assez com-
mune dans les marnes liasiques supérieures; en France, il l'indique à
Nancy, Pouillon, Avallon, etc.; en Angleterre, à Charmouth ; en Suisse,
à Vellerat. M. Quenstedt dit qu'on la trouve dans différentes couches,
depuis le lias y jusqu’au lias d, c’est-à-dire dans les couches liasiques infé-
rieures et moyennes. M. Roemer l'indique dans les couches à bélemnites
et à posidonies. Nos échantillons viennent du macigno d’Aubange, et ont
été trouvés entre Virton et La Tour.
Observation. — M. d’Orbigny signale des sillons latéraux à peine tracés;
nous n'avons pu les voir sur aucun exemplaire, et, d'autre part, ni M. Roe-
mer ni M. Quenstedt n’en parlent.
5. BELENNITES ABBREVIATUS.
(PI. II, fig. 2, a, b.)
BELEMNITES ABBREVIATUS. Miller, 1825, Trans. of the geol. Soc., t. I, pl. 7, fig. 9, 10.
— — Blainv., 1827, Bélemn., p. 91, n° 51, pl. 4, fig. 5.
— BREVIS. Id, id, id, p.86, n° 96, pl. 5, fig. 2.
— ABBREVIATUS. Sow., 1828, Min. conch., t. VI, p. 178, pl. 590, fig.
— BREVIFORMIS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., p. 45, pl. 2, fig. 2(),
= — Munster, Zieten, 1850, Wurtemb., pl. 21, fig. 7.
— — Roemer, 1856, Ferstein., p. 161, n° 1, pl. 16, fig. 8, 9.
— ABBREVIATUS. D'Orb., Pal. Fr., Terr. jur., 1842-1844, pl. 9, fig. 1, 7.
— BREVIFORMIS. Quenst., 1846-1849, Die Cephal., p. 404, pl. 24, fig. 21, 25.
9.
4.
5,
9)
B. lestà brevi, conoïided, quadrato-subcylindricä; apice laevi, acuminatà,
dorsum versus plus minusve recurvä; alveolo magno, angulo 25°-28°.
Dimensions. — Longueur 75 à 80 mill. Diamètres de la base égaux entre
eux.
Description. — Rostre court, épais, conique, comprimé et déprimé, ce
qui lui donne une forme quadrangulaire, à angles très-obtus, se rétrécis-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 25
sant assez rapidement vers la partie postérieure et présentant latéralement
deux sillons larges, superficiels et à peine marqués. Sommet assez obtus,
plus ou moins recourbé vers la région dorsale selon les individus. Base
large, quadrangulaire , aussi large que haute, renfermant un alvéole qui
atteint au delà de la moitié de la longueur totale, arrondie et à sommet
fortement incliné vers la région ventrale.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement par
sa forme quadrangulaire, courte et trapue, par son sommet légèrement
recourbé.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le macigno d’Au-
bange, à Halanzy, à Aubange, entre Gorcy et Ville. M. d'Orbigny la signale
dans le lias supérieur ; d’après M. Quenstedt, elle se trouve dans le lias 9.
qui correspond à notre macigno.
4. BELEMNITES COMPRESSUS.
(PL I, fig. 2,a,b,c, d.)
BELEMNITES APICICURVATUS. Blainv., 1827, Bél., p. 76, n° 16, pl. 2, fig. 6. (Var..)
— BICANALICULATUS. Id, id, id, pl. 2, fig. 7; pl. 5, fig. 8, 9.
— COMPRESSUS. Voltz, 1850, Observ. sur les Bél., tab. V, fig. 1, 2.
— CRASSUS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., pl. 7, fig. 8.
= — Zieten, id, Æ#urt., pl. 22, fig. 1.
— APICICURVATUS. Id., id., id, pl. 5, fig. 4.
== COMPRESSUS. Id., id., id, pl. 20, fig. 2.
= TUMIDUS. 1d., id, id, pl. 20, fig. 4.
= COMPRESSUS. Roemer, 1856, p. 171, n° 19.
== — D'Orb., 1842, Pal. fr., Terr. jur., p. 81, pl. 6.
= — Quenst., 1846-49, p. 422, pl. 27, fig. 1.
B. leslä elongatä, conoïideä, compressà, apice rectà, sulcis duobus laterali-
dorsalibus, abbreviatis ; basi ovali; alveolo apice ventri appropinquato, an-
gulo 22-250.
Dimensions, — Longueur : 150 à 140 mill. Le grand diamètre est au
petit comme 19 est à 22.
Description. — Rostre très-allongé, assez épais, légèrement comprimé
sur les côtés; égal sur une grande partie de sa longueur, s’acuminant
24 DESCRIPTION DES FOSSILES
insensiblement vers l'extrémité postérieure; région ventrale un peu plus
large que la région dorsale, à cause de la présence des sillons latéraux
dorsaux. Sommet aigu, effilé, droit, présentant deux sillons latéraux
dorsaux bien marqués, s’élargissant et se perdant insensiblement vers le
quart postérieur du rostre; quelquefois un léger sillon ventral, beau-
coup plus court que les précédents et ressemblant à une strie assez forte
(Quenstedt, p. 425 et 424). Base médiocrement élargie, comprimée, à
coupe ovalaire, logeant un alvéole long, atteignant la moitié de la lon-
gueur du rostre, alvéole dont le sommet est fortement incliné vers la
région ventrale.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-difficile à distinguer du
Bel. tripartitus, surtout lorsqu'elle présente le 5° sillon ventral; on ne peut
guère, dans ce cas, avoir recours qu'à la forme générale, plus massive
dans le compressus, plus régulièrement conique dans le tripartitus.
Localités. — Cette espèce caractérise, d’après MM. d’Orbigny (p: 82)
et Quenstedt (p. 425) les assises les plus supérieures du lias; d’après
M. Roemer (p. 172), les assises moyennes et supérieures de cet étage. Nos
échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour, et ont été trouvés à
Ruette, Grand-Cour, Écouviez, etc.
Variété. — À cette espèce, nous rapportons comme variété un bel échan-
tillon trouvé dans les marnes de Grand-Cour, à Vaux, entre Carignan et
Mouzon. Par sa forme générale, cette variété rappelle les Bel. crassus et
tumidus de Zieten, d’Orb. (pl. 6, fig. 8); ici se montre encore une trace
légère de sillon ventral, et le rostre n’est nullement comprimé; du reste,
cette dénomination de compressus pourrait induire en erreur, car cette
espèce, comme le remarque M. Quenstedt (p. 422), est l’une des moins
comprimées des couches liasiques.
5. BELEMNITES TRIPARTITUS.
(PL. I, fig. 5,a-h.)
BELEMNITES TRIPARTITUS. Schl., 1820, Petref., p. 48.
— APUNCATUS. Miller, 1825, Trans. of the geol. Soc.
— ADUNCATUS. ? Blainv. 1827, Bélemnit., pl. 4, fig. 2.
— oxxconus. Zieten, 1850, Furt., pl. 21, fig. 5.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 25
BELEMNITES TRiISULGATUS. Zieten, 1850, Furt., pl. 24, fig. 5.
— oxyconus. Hehl. Roemer, 1855, De Verst., p. 17.
— TRISULCATUS. Hartm. Roemer, 1856, F’erstein., p. 172.
= TRiparTiTus. Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 419, tab. 26, fig. 11-55.
= TRIPARTITUS. Bronn., 1855-58, Leth. geog., pl. 21, fig. 20.
— = D'Orb., 1851, Prodr., t. I.
B. testä elongalo-conicü, compressiusculà ; apice elongato-acutä, trisul-
catà, sulcis duobus laterali-dorsalibus; ventrali unico profundiore; alveolo
magno, in ventrem inclinalo, angulo 22-24°.
D
Dimensions. — Longueur 100 à 125 millim. Le grand diamètre est au
petit comme 18 à 16.
Description. — Rostre très-allongé, légèrement comprimé dans son
ensemble, le plus souvent très-régulièrement conique depuis la base jus-
qu'à l'extrémité postérieure; quelquefois égal sur une partie de sa lon-
gueur et de là s’'amincissant en une pointe assez aiguë. Sommet aigu,
effilé, quelquefois légèrement recourbé vers la région dorsale, marqué de
trois sillons, peu prolongés; deux latéraux dorsaux peu profonds et se
terminant en s’élargissant; un ventral tantôt bien marqué, tantôt moins
distinct. Base peu élargie, ovalaire, plus haute que large; logeant un
alvéole assez grand, à coupe légèrement ovalaire, à sommet atteignant le
milieu du rostre et incliné vers la région ventrale; son angle est de 22 à 24°.
Rapports et différences. — Cette bélemnite ressemble au B. elongatus de
Miller, qui appartient au lias moyen; l'espèce que nous décrivons s’en
distingue par sa forme conique et non légèrement claviforme (Quenstedt,
pl. 24, fig. 2, 5); mais elle ressemble bien davantage au B. compressus, et,
dans quelques-unes des variétés de ces espèces, il est presque impossible
de les distinguer; généralement, cependant, on peut dire que le compressus
a une forme plus ventrue et le sillon ventral moins marqué lorsqu'il
existe.
Localités. — Cette espèce se rencontre avec le B. acuarius et le B. irregu-
laris dans la partie supérieure du lias. Nous l'avons trouvée dans la marne
de Grand-Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, Grand-Cour, etc.
Variétés. — Nous rapportons à cette espèce des échantillons trouvés
dans le schiste bitumineux exploité à Grand-Cour : ils diffèrent du type par
Tome XXV. 1
26 DESCRIPTION DES FOSSILES
une compression latérale un peu plus forte, un sillon ventral plus faible;
enfin, le sommet de l’alvéole qui paraît se rapprocher du centre.
Comme seconde variété, nous placerons des échantillons trouvés dans
la marne de Grand-Cour, à Grand-Cour, au sud de Ville, entre Rodange et
Mont-S'-Martin; la coupe est presque orbiculaire, très-légèrement aplatie
sur les côtés, à l'endroit où devraient se trouver les sillons latéraux dor-
saux; le centre est médian ou un peu rapproché de la région ventrale.
6. BELEMNITES ACUARIUS.
(PL IT, fig. 1,a,b,c, d.)
BELEMNITES ACUARIUS. Schl., 1820, Petrof., p. 46, n° 2.
— TUBULARIS. Young, 1822, Yorkshire, pl. XII, fig. 6.
= LONGISSIMUS. Miller, Mém. trans. géol. Soc., vol. 2, pl. VIN, fig. 1.
— ACUARIUS. Blainv., 1827, Bélem., p. 96, n° 56, pl. IV, fig. 10.
BELEMNITES LONGISSIMUS.
Blainv., 1827, Bélem., p. 95, n° 55, pl. IV, fig. 7.
PSEUDOBELUS STRIATUS. lent id, p.115, pl. IV, fig. 15.
— LEVIS. Id, id. id, p.112, pl. IV, fig. 14.
BELEMNITES TUPBULARIS. Phill., 1829, Forkshire, pl. XII, fig. 20.
_ LONGISSIMUS. Zieten, 1850, Furt., p. 98, pl XXI, fig. 10 et 11.
— GRACILIS. Hell. Ziet., id, id, p.28, pl. XXII, fig. 2.
— LAGENÆFORMIS. Hartm. Ziet, id, p.55, pl. XXV, fig. 1.
— LONGISCATUS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., p. 57, pl. VE, fig. 1.
— TENUIS. Münst., 1850, Zür. Bel., pl. IL, fig. 5 et 6.
— ACUARIUS. US Ut, id., pl. XI, fig. 45.
— GRACILIS. Roemer, 1856, Ferstein., p. 175.
— LONGISSIMUS. Id, id. id, p.168.
— LONGISULCATUS. Id, id, id, p.174.
— TENUIS. Id; id, id, p.169.
eo ACUARILS. id, id, id, ep: 174
== SEMISTRIATUS. Münst., 1856, Zür Bel., tab. II, fig. &.
— ACUARIUS. D'Orb., 1842, Pal. Fr., Terr. jur., p. 76, pl. V.
— — Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 409, pl. XXV et XXVI
— LONGISSIMUS. D'Orb., Prodr., 1850, pl. I, p. 225.
B test elongatissimä, gracili, paulisper compressd, elongato-conicä, atte-
nuatä; apice longitudinaliter striato-salcutà, aperturà ovali ; alveolo 20-22».
Dimensions. — Longueur 230 mill. (d'Orb.). Le grand diamètre est au
petit comme 18 est à 15.
Description. — Rostre présentant deux formes distinctes selon l’âge.
Pendant une période indéterminée, le rostre est peu allongé, très-légè-
rement comprimé, conique, à sommet obtus et à pointe légèrement
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 27
excentrique; on voit souvent une trace légère de sillon ventral. Base pré-
sentant une coupe ovalaire, à grand diamètre vertical; alvéole, d’un angle
de 20 à 22°, présentant un cône comprimé latéralement, à sommet plus
rapproché du bord ventral.
À un certain âge, le rostre que nous venons de décrire prend un pro-
longement dont l'étendue est tout à fait disproportionnée avec celle du
jeune âge, puisque le rostre atteint à peine 5 à 6 centimètres, tandis que
le prolongement peut en mesurer de 20 à 25. Celui-ci est un long cône,
très-légèrement comprimé sur les côtés, lisse à sa base, se terminant en
un sommet assez aigu; ce sommet présente un sillon ventral, deux sillons
latéraux dorsaux et des stries longitudinales, plus ou moins longues et
marquées; quelquefois ces dernières manquent, et les sillons peuvent
même s’atténuer beaucoup. La base du rostre conserve les mêmes carac-
tères que dans le jeune âge.
Rapports et différences. — Nous avons déjà dit que le rostre du jeune âge
est plus conique que celui du Bel. irregularis; il ne sera pas difficile de
reconnaître l'espèce, lorsque le prolongement sera conservé.
Localités. — La marne de Grand-Cour nous a offert, en différentes loca-
lités, à Écouviez, à Ruette, à Grand-Cour, à Lamorteau, au sud de St-Mard,
une multitude de fragments de cette bélemnite; malheureusement aucun
exemplaire n’est complet. Les jeunes individus, vu leur brièveté, conservent
en général leur sommet. Dans le Prodrome de paléontologie, M. d’Orbigny
indique l'espèce, en France, à S'-Amand, Avallon, Pouilly; en Angleterre,
à Lyme-Regis; dans le Wurtemberg, à Boll.
Observations. — Ces fragments nombreux que nous avons trouvés dans
la marne de Grand-Cour, ne seraient pas regardés de prime abord pour
des restes de bélemnite, parce qu'ils sont à peu près cylindriques et que
leur coupe ne présente pas cette disposition rayonnante que l'on est ha-
bitué de trouver dans ces fossiles. M. D'Orbigny a bien développé cette
structure anomale dans sa Paléontologie française : « À un certain âge,
dit-il, le rostre du B. acuarius est composé, comme les autres, de couches
rayonnantes. Après ce premier âge, on pourrait croire que l'animal qui
le contenait à changé de forme, et que son corps d’obtus qu'il était, prend
©
8 DESCRIPTION DES FOSSILES
un prolongement postérieur, analogue à celui qu'on remarque chez les
mâles du Loligo subulata, et que, dès cet instant, ce prolongement du corps
dépose sur le rostre obtus un prolongement crétacé, conique et très-
allongé; mais ce nouvel appendice, croissant sans doute avec plus de ra-
pidité que le reste, est tubuleux et creux sur presque toute sa longueur,
et d’une contexture tout à fait différente du reste. » Ce prolongement se
brise le plus souvent par la fossilisation, s’il est resté creux; mais il peut
aussi se remplir, et alors on y trouve une matière cristalline et Jamais
fibreuse. C’est aussi ce que nous montrent nos échantillons, dont l’un,
coupé selon l'axe longitudinal, nous a présenté la disposition que
MM. d’Orbigny (pl. V, fig. 4) et Quenstedt (pl. XXV, fig 5) ont parfai-
tement représentée.
7. BELEMNITES IRREGULARIS.
(PI. IN, fig. 5,a,b,c,d,e.)
BELEMNITES IRREGULARIS. Schl., 1815, Zasch., 1.7, p.70, tab. III, fig. 5.
— DIGITALIS. Faure-Biguet, Considér. sur les Bélemn. , 1819.
= IRREGULARIS. Schl., 1820, Die Petref., p. 48, n° 5.
— = Blainv., 1827, Bel., p. 104, n° 46.
= DIGITALIS. BL, id, id, p. 88, n° 98, pl. IL, fig. 5, 6.
— PENICILLATUS. BL, id, id., pl. III, fig. 7 (var.)
— DIGITALIS. Voltz, 1829, Sur les Bel., tab. 2, fig. 5.
= — Zieten, 1850, Fürtemb., p. 51, tab. XXII, fig. 9.
— IRREGULARIS. Ziet., id. id, p.50, tab. XXII, fig. G.
— DIGITALIS. Roem., Verstein., 1850, p. 167, n° 8.
- IRREGULARIS. D'Orb., 1842, Pal. fr., Terr. jur., pl. 4, fig. 2-8.
— DIGITALIS. Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 416, pl. 26, fig. 1 à 11.
— IRREGULARIS. D'Orb., Prodr., 1850,1, p. 244.
B. testà subelongatä, compressä, posticè valdè obtusà, excentricè mucro-
natä vel perforatà ; alveolo basi ovali, angulo 20-22-.
Dimensions. — Longueur 80 mill. Le grand diamètre est au petit comme
20 est à 15.
Description. — Rostre peu allongé, fortement comprimé, presque égal
sur sa longueur, légèrement élargi vers la base; région dorsale souvent
plus large que la région ventrale, disposition exceptionnelle chez les bélem-
nites. Sommet très-obtus, arrondi, incliné vers la région ventrale, plus
comprimé latéralement que le reste de la coquille, présentant une pointe
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 29
ou un trou. Base ovale, moins comprimée latéralement que le reste de la
coquille ; alvéole ovalaire, dépassant en longueur la moitié du rostre, à
sommet oblique vers la région ventrale; angle de 20 à 22°.
Rapports et différences. — Cette bélemnite se distingue de toutes les autres
espèces du lias par sa forte compression latérale et son sommet obtus. On
ne pourrait guère la confondre qu'avec le jeune âge du B. acuarius, mais
celui-ci est un peu plus conique. Du reste, M. d'Orbigny, qui a fait des
études très-approfondies sur les bélemnitidées, a été amené, par analogie
avec ce qu’il a vu chez le Loligo subulata, à penser que le B. irregularis pour-
rait n'être que le rostre des individus femelles du B. acuarius.
Localités. — MM. d'Orbigny, Quenstedt et Roemer s'accordent à dire que
cette espèce se trouve dans les couches supérieures du lias. M. d'Orbigny
la signale, en France, dans les départements de la Moselle, des Deux-
Sèvres, etc., en Angleterre, à Salswick, et dans le Wurtemberg, à Banz,
Ohenden, Holzheim. Nos échantillons proviennent de la marne de Grand-
Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, au sud de Ville, etc.
Variétés. — Cette espèce présente des variétés nombreuses :
« Dans une première, le sommet est très-obtus, arrondi, présentant
une excavation et un sillon ventral court, mais bien marqué (Quenst.,
pl. 26, fig. 1-4). C'est la variété B. de Voltz.
8. Dans une deuxième, le sommet est plus acuminé, ne présente pas
d’excavation, et le sillon ventral est à peine marqué; c’est chez ces indi-
vidus que l’on trouve quelquefois une petite pointe excentrique, recourbée
vers le côté dorsal.
7. Nous rapportons encore comme variété de cette espèce la bélemnite
décrite par Schlotheim et Blainville sous le nom de B. penicillatus. Le rostre
est médiocrement allongé, peu conique et décroissant assez peu rapide-
ment de la base au sommet, moins fortement comprimé que dans le type,
à coupe ovale, à sommet sub-excentrique, obtus, garni de quelques stries
très-courtes; le bord ventral est un peu plus épais que le bord dorsal.
Blainville indique cette espèce aux environs de Nancy et à Gundershofen,
dans le (?) calcaire jurassique. Notre échantillon provient de la marne
de Grand-Cour et a été trouvé aux environs de cette localité.
50 DESCRIPTION DES FOSSILES
8. BELEMNITES GIGANTEUS.
(PL I, fig. 2.)
BELEMNITES GIGANTEUS. Schl., 1815, Taschenb., VII, p.70.
— — Schl., 1820, Petref., p. 45, n°1.
- ELLIPTICUS. Mill, 1825, Trans. of th. geol., vol. 2, pl. VIE, fig. 14, 16.
— QUINQUESULCATUS. Blainv., 1827, Bel., p. 85, pl. IL, fig. 8.
— GLADIUS. Blainv., id, ïd., p.86, pl. Il, fig. 10,
= GIGAS. Blainv., id, id, p.91, pl. V, fig. 20. (£æclusa pl. II, €. 9.)
= COMPRESSUS. Blainv., id, id, pl. X, fig. 9, 9a.
— Sow., 1828, Min. conch., t. NI, pl. 590, fig. 4.
— GLADIUS. Desb., 1830, Encycl., p. 156, n° 18.
— AALENSIS. Voltz, 1830, Obs. sur les Bél., p. 60, pl. IV et VII.
= LONGUS: Voltz, id, id., p. 58, pL II, £ 1.
— AALENSIS. Zieten, id, Wurtemb., pl. XIX.
— QUINQUESULCATUS. Ziet., id., id. , pl. XIX. fig. 5.
= GRANDIS. Schubl. Ziet., 1850, Æurtemb., pl XX, fig. 1.
— ACUMINATUS. Schubl. Ziet., id., id., pl. XX, fig. 5.
-- BIPARTITUS. Hartm.Ziet., id., id, pl. XXIV, fig. 7.
BICANALICULATUS, Hartm. Ziet., id., id, pl XXIV, fig. 9.
— GIGANTEUS. Roemer, 1836, Ferstein., p. 174.
= GLADIUS. Roem., id, id, p.175.
— AALENSIS. Roem., id., id., p.174.
— LONGUS. Roem., id, id., p.174.
— GRANDIS. Roem,, id, id., p.174.
= ACUMINATUS. Roem., id., id, p.175:
= QUINQUESULCATUS. Roem., id., id., p.173.
= GIGANTEUS. D’Orb., Pal. fr., Terr. jur., p. 112, pl. 14, 15.
- = Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 428, tab. XXVIII.
— _ D'Orb., Prodr., 1859, 1, p. 260.
B. testä elongatà, valdè compressä, acuminatà , vel subinflatä ; apice acu-
minato, lateraliter sulcato; basi ovali; alveolo ventrem versüs inclinato:
angulo 20-25.
Dimensions. — Longueur 150 à 160 mill. Le grand diamètre est au
petit comme 28 est à 24.
M. d'Orbigny donne pour la longueur 510 à 400 mill., pour le rap-
port, 47 : 40.
Description. — Rostre plus ou moins allongé, toujours assez forte-
ment comprimé, se renflant peu à peu vers la région antérieure, tantôt
brusquement rétréci à son extrémité postérieure, tantôt fortement pro-
longé. Sommet aigu, conservant encore des restes de la compression
latérale, présentant différents sillons : un sillon dorsal, généralement
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 51
assez faible, deux sillons latéraux dorsaux larges, deux sillons latéraux
ventraux; ces sillons n’occupant que l'extrémité du rostre; de tous, les
sillons latéraux dorsaux sont les mieux marqués et atteignent la plus
grande longueur. Entre ces sillons peuvent encore se trouver des stries
irrégulièrement disposées; quelques individus sont presque lisses. Base
fortement renflée, à compression latérale moins marquée, renfermant un
vaste alvéole de forme légèrement ovalaire, à grand diamètre vertical,
à sommet incliné vers la région ventrale, mesurant un angle de 20 à 25°.
Rapports et différences. — Cette espèce est assez caractérisée par sa grande
taille, sa forte compression latérale et ses sillons. Cependant elle est des
plus variables dans sa forme générale, et la multitude de modifications qui
se sont présentées aux auteurs explique le grand nombre de noms sous
lesquels on l’a désignée. On peut rapporter ces nombreuses variétés à trois
types, correspondant, selon toute probabilité, au jeune âge et aux sexes :
Dans le jeune âge, le rostre est régulièrement conique depuis la
base jusqu’au sommet, et se termine en une pointe aiguë; cette pointe
présente ordinairement plusieurs sillons, un dorsal, deux latéraux dorsaux,
deux latéraux ventraux. À cet âge, M. d’Orbigny distingue déjà les mdi-
vidus femelles des individus mâles, ces derniers ayant le rostre plus lon-
guement conique. Ces variétés ont été désignées par les auteurs sous les
noms de B. quinquesulcatus (Blainv.), aalensis (Voltz), etc., et représentées
par Zieten, pl. XX, fig. 5; par M. d’Orbigny, pl. 14, fig. 2, 4, 5, pl. XV,
fig. 5, 6; par M. Quenstedt, tab. XXVIÏ, fig. 11 , etc. Nous avons sous les
yeux plusieurs exemplaires de cette variété; deux sont des individus femelles
et proviennent du calcaire de Longwy; l’un à été trouvé près de Longwy,
l'autre dans une exploitation au sud de Halanzy; nous possédons aussi le
rostre d’un jeune mäle qui mesure au moins 150 mill.
B. Par les progrès de l’âge, les individus jeunes femelles deviennent
considérablement plus larges; leur pointe devient plus obtuse. (Paléontol. fr.,
pl. XIV, f. 5; Zieten, pl. XX, fig. 5; Quenstedt, tab. XXVIIE, fig. 1.) Plus
tard encore, ils prennent, à leur extrémité postérieure, un prolongement
d’une longueur très-variable (Paléontol. fr., p. 147); d'Orbigny, pl. XV,
fig. 1; Quenstedt, pl. XXVIIE, fig. 25. C’est la variété que M. Quenstedt
52 DESCRIPTION DES FOSSILES
appelle B. giganteus ventricosus. L'oolithe ferrugineux du Mont-S'-Martin
et des environs de Piémont nous a fourni plusieurs exemplaires de cette
variété, et entre eux il s’en trouve précisément plusieurs où l’on voit dis-
tinctement le commencement du prolongement.
. Les individus mâles paraissent conserver, pendant toute leur vie, leur
forme allongée et assez régulièrement conique (Zieten, pl. XX, fig. 1;
d'Orbigny, pl. XV, fig. 7; Quenstedt, tab. XXVIIT, fig. 45.) C’est la variété
B. giganteus procerus de ce dernier auteur. Nous n’avons pu obtenir que des
tronçons de cette variété; nous les avons rencontrés dans le calcaire de
Longwy, au sud de Halanzy, dans la vallée du Coulmy au SO. de Longwv.
Localités. — Cette bélemnite gigantesque caractérise l’oolithe inférieur.
M. d'Orbigny l'indique, en France, à Bayeux, Moutiers, Mamers, Nancy;
en Angleterre, à Dimory, à Sommerset; dans le Wurtemberg, au Steufen-
berg, à Aalen, à Balingen, ete. Nous avons déjà indiqué les localités où
l’on trouvait les différentes variétés de l'espèce; nous nous bornerons à
dire ici qu'elle n’est pas bien rare dans l’oolithe ferrugineux du Mont-
S'-Martin et dans le calcaire de Longwy.
Genre NAUTILUS, BREYN
Cocurea marcaritirera. Rondelet, de testaceis, lib. IH, p. 97.
NauriLus masor sive crassus. Rumphius, 1705, Die amboinsche rarit, p. 57.
NauriLus. Breyn., Linn. Lamk., ete.
Nauniures. Gesner, Schloth., Montf.
Ançuuires, Oceanus, Amwonires. Montf.
Biswwarres. Montf., Féruss., Blainv.
Covcayzioures, Naurizus, Ammonires. Martin.
Ompuazra. De Haan.
Czvuenra, Münster, Phill., d'Archiac et de Vern.
Hawres, sp. Fischer de Waldheim.
Acanies. À. d'Orb. (non Montfort ?).
Exvosienonires. Anstedt.
SvupLeGas. Sow. (non Montf.).
Animal oblongum, pallio membranaceo, in siphone producto opertum :
caput mins distinctum, oculi magni, tentacula 38, simplicia vel fissa, in
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 35
duabus seriebus ordinata, fasciculos 8 formantia; mandibulæ valide, cal-
careo-corneæ; branchiæ quatuor interne.
Testa discoïdea, spiralis, multilocularis, anfractus contiqui, septorum
transversorum symetricorumque margines simplices plus minüsve undulati,
in parte dorsali non lobati; cellula terminalis maxima; sipho continuus vel
interruptus , nunquam dorsalis.
Animal oblong, recouvert d’un manteau membraneux se prolongeant
dans le siphon; tête peu distincte du corps, pourvue d’yeux très-bien déve-
loppés ; un appendice pédiforme servant à la progression; 58 tentacules
prismatiques, simples ou divisés, cirrhifères, placés sur deux rangs et
réunis en 8 faisceaux autour de la bouche; mandibules épaisses, calcaréo-
cornées, entourées de lèvres frangées; un tube excréteur et locomoteur
fendu. Quatre branchies internes.
Coquille discoïdale, enroulée sur le même plan, à tours contigus,
apparents dans l’ombilic ou se recouvrant plus ou moins jusqu’à devenir
complétement embrassants; loges nombreuses séparées par des cloisons
transverses, symétriques, étroites, arquées ou sinueuses, échancrées sur
les côtés. Siphon continu, central, subcentral ou ventral.
Dans le jeune âge, la coquille ressemble à un cône obtus qui se recourbe
souvent sans rejoindre le centre de la spire; elle est ordinairement mar-
quée de stries longitudinales et transverses, qui persistent ou finissent par
disparaître plus tard; quelquefois cependant, elle est lisse, tandis que, chez
l'adulte, elle se couvre de plis transverses plus ou moins profonds.
On rencontre quelquefois, dans les couches qui renferment des nautiles,
des mandibules triangulaires, prolongées en arrière, qui ont certainement
appartenu à des céphalopodes et auxquelles M. d'Orbigny avait donné le
nom de rhyncholithes; aujourd’hui on s'accorde à les considérer avec ce
savant comme des becs de nautile.
La famille des nautilidées s’est montrée sur le globe avec les premiers
animaux, dans les couches siluriennes, sous des formes très-variées; dans
le terrain triasique, le genre nautile subsiste seul, ainsi que dans les ter-
Tome XXV. 5
34 DESCRIPTION DES FOSSILES
rains secondaires et tertiaires; aujourd’hui deux ou trois espèces de nautile
représentent seules cette organisation si singulière.
NAUTILUS AFFINIS. N.
(PL I, fig. 4, a, b.)
N. testä discoïdeä, umbilicata ; dorso lateribusque complanatis, aperturà
subquadratà, compressd ; anfractibus subangulatis, crassis, longitudinaliter
transversimque striatis ; seplis flexuosis, externè sinuosis ; siphunculo interno,
subcentrali?
Dimensions. — Le plus grand diamètre mesure 101 mill.; l'épaisseur 51.
Par rapport au diamètre, largeur du dernier tour %/100, épaisseur 5°/100;
recouvrement des tours 1/00; largeur de l'ombilic 2°/4100. Cette espèce atteint
au moins 5 décimètres de diamètre.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée , assez largement ombi-
liquée; bouche subquadrangulaire, comprimée; tours de spire non com-
plétement embrassants, visibles dans lombilic, assez épais, un peu
anguleux, aplatis sur le dos et les côtés, ornés de stries longitudinales
fortes, nombreuses, presque égales et de stries d’accroissement transver-
sales et moins profondes.
Cloisons peu nombreuses , échancrées vers le tiers externe et sur le dos,
sur les angles duquel elles forment une saillie; siphon presque central?
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par ses stries des
N. striatus et intermedius. Sow.; elle se distingue du premier par ses tours
auguleux; du second par ses tours moins épais et les sinuosités de ses
cloisons, dont la convexité latérale est plus en dehors.
Localités. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et la
marne de Strassen; l’exemplaire figuré vient de la marne de Strassen
des environs d’Arlon. M. le docteur De Condé a trouvé, à Walzingen,
dans la marne de Strassen , un jeune individu que nous rapportons à cette
espèce. Nous l'avons retrouvée à Strassen, et dans le grès près d’Arlon
et à Lime.
Nous possédons encore trois autres nautiles, l’un de la marne de Ja-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 39
moigne, le deuxième de la marne de Grand-Cour, le troisième du calcaire de
Longwy. Le premier est probablement le N. intermedius, Sow.; le deuxième
est nouveau ; le troisième peut-être le N. truncatus, Sow.
Genre AMMONITES, BRUGUIÈRE.
CORNE D'AMMON.
AumoniTes, PLANULITES, OrguuiTes. Lam.
Orsuuires, AmmoniTes. Blainv.
Pranuures, Ecuwsocires, Amazrueus, PeLacuse, Sywpcecane. Montfort.
Auwwonires, EzcipsouiTes. Sowerby.
Naurizus, Arconaura. Reinecke.
Aumonites, PLanuuires, GLogites, CerariTes. De Haan, etc.
Testa multilocularis, discoïdea vel globosa; anfractus contiqui, plus mi-
nusve involuti; septa regulariter lobata, marginesque loborum plus minusve
incisi, sinuati, dentati; sipho continuus, marginalis, dorsalis.
Coquille multiloculaire, discoïdale ou globuleuse, enroulée sur le même
plan; spire embrassante ou non; tours quelquefois à découvert, mais
contigus à tous les âges. Bouche souvent rétrécie, munie de bourrelets et
d’appendices latéraux très-variables, selon les espèces. Cloisons divisées
régulièrement par des lobes profonds, l’un dorsal, l’autre ventral et un
plus ou moins grand nombre de lobes latéraux, toujours digités et aigus.
Ces lobes sont séparés par des selles saillantes également divisées, mais
à sections arrondies. Siphon continu, dorsal, légèrement saillant en avant
de la dernière cloison , et recevant sur ses parois plusieurs digitations du
lobe dorsal.
La première apparition des ammonidées, a eu lieu dans les terrains car-
bonifères, où elles se montrent sous la forme de goniatites, ou ammoni-
dées à cloisons divisées en lobes arrondis ou anguleux toujours entiers et
non digités. C’est dans la formation triasique qu’apparaissent les pre-
mières ammonites, mais elles tiennent encore des goniatites par leurs cloi-
sons, lobées il est vrai, mais à lobes simples et seulement denticulés;
dans les formations suivantes, c’est-à-dire dans les couches jurassiques, les
ammonites se montrent avec des cloisons fortement digitées et ramifiées ;
36 DESCRIPTION DES FOSSILES
en même temps elles atteignent à cette époque leur plus grand développe-
ment numérique. On retrouve encore des ammonites dans les terrains
crétacés, mais en moindre nombre, et elles sont accompagnées d’ammoni-
dées appartenant à d’autres genres, comme les turrilites, les scaphites, les
baculites, etc.; enfin les ammonites s’éteignent complétement dans les
couches supérieures des terrains crétacés.
4. AMMONITES ANGUL{TUS.
(PL IV, fig. 1.)
AMMONITES ANGULATUS. Schl., 1820, Petref.
— — De Haan, Vaut. et Argon., 1825, p. 158.
— — Roemer, 1855, Die Verstein., p. 191, n°21 (non adultus).
= GATENATUS. De la Bèche, d'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 501, pl. 94.
— ANGULATUS. Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 74, pl. IV, fig. 2.
— — Schmidt, 1846, Petrefact-Buch, p. 57, pl. XVII, fig. 1.
A. testä compressä; dorso laevigato, convexo ; anfractibus compressis ; late-
ralibus complanatis, costalis; costis transversis, simplicibus, antrorsm
subarcuatis, in dorso interruptis; aperturd subovali, supernè rotundatä;
septis lateraliter 5-lobatis.
Dimensions. — L'un de nos exemplaires mesure 145 mill. de diamètre,
on en trouve de plus grands encore d’après M. Quenstedt. Par rapport au
diamètre total : hauteur du dernier tour #/100; largeur 15/1003 recouvre-
ment des tours /100 ; largeur de l’ombilic 46/00.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, non carénée, à dos lisse,
convexe et arrondi; à bouche comprimée, ovalaire, arrondie vers le haut,
échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire comprimés
latéralement, médiocrement embrassants, ornés chacun de 40 à 42 côtes
simples, très-légèrement arquées en avant vers leur partie externe; sail-
lantes sur les premiers tours, elles vont s’élargissant et s’affaiblissant beau-
coup sur le dernier ; plus marquées vers la région ventrale des tours, elles
sont interrompues , et s’évanouissent avant d'atteindre la région dorsale.
Cloisons symétriques, composées de 5 lobes et de G selles formés de
parties impaires. Lobe dorsal plus large et un peu plus court que le lobe
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 57
latéral supérieur, divisé en deux parties sur la ligne médiane jusqu’à
la moitié de sa hauteur, présentant deux digitations de chaque côté et une
terminale à trois pointes. Selle dorsale un peu plus large que le lobe
latéral supérieur, terminée par trois festons, divisés eux-mêmes en folioles.
Lobe latéral supérieur présentant de chaque côté trois pointes subdivisées,
et terminé par un lobule ramifié. Selle latérale un peu plus large que le
lobe latéral supérieur, terminée par trois festons subdivisés et dépassant
beaucoup la selle dorsale. Lobe latéral inférieur très-petit, oblique, pré-
sentant en dehors deux lobules ramifiés, et en dedans deux ramifications
simples. Selle auxiliaire aussi large que le lobe latéral inférieur et divisée
à son extrémité en deux parties à peu près égales et ramifiées. On remarque
encore trois autres petits lobes latéraux, étroits, digités sur leurs bords, et
autant de selles. La ligne du rayon central tracée à l'extrémité du lobe
dorsal, coupe les digitations terminales du lobe latéral supérieur, et atteint
aussi les derniers lobes.
Rapports et différences. — Cette ammonite fait partie du groupe des Arietes
et de la subdivision des Arietes non carénés; elle se distingue facilement
de l’Ammonites psilonotus (Quenstedt, p. T5) par ses côtes, sa bouche plus
comprimée, etc.
Localités. — Cette espèce caractérise les couches les plus inférieures du
lias (Quenstedt). Le bel exemplaire qui a servi à notre description pro-
vient des couches inférieures de la marne de Jamoigne, à Chiny. Les
autres viennent du mème étage et ont été trouvés à Jamoigne, Moyen,
Termes, etc., etc.
Observations. — M. Quenstedt fait remarquer que, dans le jeune âge, les
côtes sont plus élevées et passent sur la région dorsale ; cette observation
nous à fait regarder comme appartenant à cette espèce, un échantillon que
nous avions d’abord déterminé comme l'A. catenatus, de la Bèche (d'Or-
bigny, pl. 94), espèce que M. Quenstedt regarde comme bien voisine
ou comme une variété de VA. angulatus : ici les côtes sont un peu plus
flexueuses que dans le type; elles sont inclinées en avant à leur partie
externe et passent en s’affaiblissant sur le dos, pour se rejoindre à leur
correspondante.
38 DESCRIPTION DES FOSSILES
On trouve encore dans les mêmes couches beaucoup de fragments et de
petites ammonites que nous regardons comme le jeune âge de cette espèce.
Dans ces jeunes individus, les côtes sont toujours bien marquées, relative-
ment plus flexueuses, et tantôt se rejoignent en chevron sur le dos, tantôt
disparaissent un peu avant d’arriver à la ligne médiane; dans ce dernier
cas, la région dorsale est plus large. Cette phrase de M. Roemer (Die Ver-
stein., p. 191), « que les côtes viennent se réunir sur le dos presque à angle
droit » appuie encore le rapprochement que nous.avons fait. Ces petites
ammonites sont souvent converties en pyrite, et alors les cloisons y sont
très-distinctes; nous avons pu voir les cinq lobes dont celles-ci sont for-
mées sur un échantillon de 8 mill. de diamètre; mais ces lobes ne présen-
tent pas la complication de ceux des individus adultes.
2, AMMONITES CONDEANUS. N.
(PL IV, fig. 2.)
A. testà compressé, carinalä ; dorso acutè carinato, latè bisulcato ; aperturà
subrotundä, depressä, anticè bisinuatä; anfractibus depressis, rotundatis,
laleribus costatis ; costis numerosis, valdè arcualis, acutis ; septis ?
Dimensions. — Cette espèce atteint au moins 180 mill. Par rapport au
diamètre total : hauteur du dernier tour *6/100; largeur 50/100; recouvre-
ment des tours 13/100.
Description. — Coquille comprimée dans son ensemble, à dos large, très-
obtus, présentant sur la ligne médiane une carène aigue, élevée, accom-
pagnée de chaque côté d’un sillon large et bien dessiné, limité par une
carène latérale moins élevée que la médiane; bouche déprimée, plus large
que haute, présentant à son sommet deux sinuosités formées par les sil-
lons de la carène, et très-peu échancrée à sa base par le retour de la spire.
Tours de spire déprimés, plus larges que hauts, ornés latéralement de 50
à 2 côtes simples, aiguës, élevées, fortement arquées dans toute leur
longueur et venant se terminer insensiblement sur les carènes latérales, à
concavité dirigée en avant, et ne présentant aucune espèce de renflement
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 39
ni de tubercule. Ces tours semblent décroître assez promptement en
dimensions.
Rapports et différences. — Cette ammonite est assez voisine de VA. Helli,
espèce décrite dernièrement par M. Schafhaült (Géog., 1851, p. 107);
elle s’en distingue par une autre disposition des côtes, et surtout par
sa carène élevée et tranchante, la largeur de ses sillons. — L’A. Con-
deanus appartient au groupe des Arietes carénés de De Buch. Nous n'avons
pu la rapporter à aucun des types de ce groupe, déjà si nombreux , sujets
à tant de variations et dont la synonymie devient si difficile. La carène
élevée, aiguë, les sillons latéraux larges et bien marqués, la dépression
des tours de spire, enfin, des côtes nombreuses, simples, arquées, non
tuberculeuses sont les caractères distinctifs qui feront facilement recon-
naître cette grande espèce.
Localité. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et a
été trouvée à Villers devant Orval; le fragment que nous en possédons,
nous a été donné par M. Leroy de Jamoigne.
Nous avons dédié cette nouvelle espèce à M. le docteur De Condé, en
reconnaissance de la bonté qu’il a eue de mettre à notre disposition les
beaux fossiles qu'il a recueillis aux environs d’Arlon.
3. AMMONITES OBTUSUS.
(PI. IV, fig. 5, pl. V, fig. 1.)
AMMONITES OBTUSUS. Sowerby, 1817, Min. conch., t. II, p. 151, pl. 167.
— REDCARENSIS. Yonug et Bird. , 1822, a Geol. survey.
— SMITHIL. Sow., 1825, Min. conch., t. IV ,p. 148, pl. 406.
— — De Haan, 1825, mm. et Gon., p. 118, n° 55.
— OBTUSUS. Phill., 1829, Forks., p. 164.
— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 44, p. 191.
— _ D'Orb., 1850, Prodr.,{. I, p. 211.
A. testà compressé, dorso carinato, carind obtusà, aperturd rotundato-
compressé, supernè bisinuatä; anfractibus subrotundis, lateribus costatis ;
coslis paucis, obtusis, externè evanescentibus ; seplis lateraliter 5-lobatis.
Dimensions. — Cette espèce peut atteindre 2 à 3 décimètres. Pour les
dimensions relatives, calculées d’après notre échantillon et vérifiées sur les
40 DESCRIPTION DES FOSSILES
données de la Paléontologie française, nous trouvons : hauteur du dernier
tour #00; largeur 5%/100; largeur de l’ombilic #/100; recouvrement des
tours 7/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée; dos à quille très-obtuse,
tricarénée, carène médiane large et peu élevée, les latérales à peine sépa-
rées de la médiane par un faible sillon; bouche comprimée, bisinuée à
son sommet, assez fortement échancrée par le retour de la spire. Tours
de spire peu comprimés, arrondis, ornés de côtes transversales, dis-
tantes, obtuses, peu élevées, disparaissant avant d'atteindre la partie
externe.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois
selles, formés de parties impaires. Lobe dorsal très-long et très-large,
divisé sur la ligne médiane jusqu’au tiers de sa hauteur, présentant des
digitations assez nombreuses , surtout en dedans. Selle dorsale aussi large
que le lobe dorsal, ne présentant que des ramifications peu profondes.
Lobe latéral supérieur conique, atteignant à peine la moitié de la hauteur
du lobe dorsal. Selle latérale aussi large, mais plus haute que la selle
dorsale, présentant quelques festons simples, mieux marqués que ceux
de la selle dorsale. Lobe latéral inférieur presque aussi large que le supé-
rieur, présentant des digitations arrondies. Selle auxiliaire, le quart à
peine aussi grande que la selle dorsale, de même forme. Premier lobe auxi-
liaire ne préseñtant que à faibles digitations. La ligne du rayon central
à l'extrémité du lobe dorsal, n’atteint pas le lobe latéral supérieur, et
passe assez près du lobe latéral inférieur.
Rapports et différences. — Cette espèce est assez bien caractérisée par sa
carène médiane obtuse, ses côtes larges et peu nombreuses.
Localités. — Elle caractérise les couches inférieures du lias. M. d'Orbigny
l'indique dans le département de l'Ain, et en Angleterre, à Lyme-Regis.
Notre exemplaire a été trouvé dans le grès de Luxembourg, à Ethe.
Observation. — L'échantillon que nous avons sous les yeux paraît avoir
appartenu à un très-vieil individu; il n’a pas le dos précisément aussi
large que l'indique la figure donnée par M. d'Orbigny; ses côtes sont aussi
un peu moins nombreuses.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. #1
4. AMMONITES STELLARIS.
(PI. V, fig. 2.)
AMMONITES STELLARIS. Sowerby, 1815, Min. conch., t. 1, p. 211, pl. 93.
-- Brooku. Sow., 1816, id, id, t.2, p. 205, pl. 190.
= — De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 109, 14.
= STELLARIS. De Haan, id., id., id., p. 109, n° 15 (?).
— Brook. Ziet., 1850, Wurt., p. 56, pl. XX VII, fig. 2.
- — Roem., 1855, Die Verstein., p. 185, n° 6.
— sTELLARIS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 45.
_ — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 211.
A. testà compressä, carinal&, carinä subacutà ; dorso compresso, carinato,
bisulcato ; aperturà oblongäà, supernè bisinuald ; anfractibus compressis, cos-
talis ; costis subarcualis, externè interruptis; septis lateraliter 4-lobatis.
Dimensions. — Notre exemplaire peut mesurer 110 à 120 mill. (quel-
ques individus peuvent atteindre 420 mill., d'Orb.); par rapport au dia-
mètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur 51/4100; largeur de lombilic
54/1903 recouvrement des tours 1?/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos obtus, un peu
‘ coupé en biseau , présentant une carène médiane, assez élevée, séparée de
deux autres carènes latérales, par des sillons bien marqués; bouche com-
primée, notablement plus haute que large, présentant deux sinus à sa
partie supérieure, et échancrée à sa base. Tours de spire comprimés (leur
plus grande épaisseur se trouve au tiers interne), médiocrement embras-
sants, ornés par tour d'environ 30 côtes simples, aiguës, étroites, légère-
ment arquées, à concavité dirigée en avant, s’atténuant vers le bord externe.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et quatre
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal presque du double plus long
et plus large que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane à
peu près jusqu’à la moitié de sa hauteur, orné sur les côtés de digitations
simples et d’une terminale plus longue. Selle dorsale plus large que le lobe
latéral supérieur, terminée par 3 ou 4 folioles inégales subdivisées elles-
mêmes. Lobe latéral supérieur, court et peu large, un peu en massue,
orné sur ses bords de digitations dont les trois terminales sont ramifiées.
Selle latérale presque aussi large et plus haute que la selle dorsale, présen-
Tome XXV. 6
42 DESCRIPTION DES FOSSILES
tant des folioles plus grandes et mieux divisées du côté externe. Lobe
latéral inférieur à peu près de la grandeur du supérieur, à lobules moins
divisés. Première selle auxiliaire égale en hauteur et en largeur à la moitié
de la selle précédente, à folioles plus petites. Premier lobe auxiliaire pré-
sentant deux digitations principales, une externe et une terminale. On voit
encore une deuxième selle auxiliaire, un lobe et une selle; ces parties
beaucoup plus simples que les précédentes. La ligne du rayon central, à
l'extrémité du lobe dorsal, reste en dessous des différents lobes latéraux.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des autres ammo-
nites du groupe des Arietes carénés par son dos taillé en biseau, ses côtes
simples, arquées, non tuberculeuses et par ses cloisons.
Localités. — Cette espèce caractérise les couches inférieures du lias;
M. d'Orbigny l'indique dans les départements de l'Yonne, du Rhône, de
la Haute-Saône, de l'Isère, du Var, de la Meurthe. En Belgique, elle se
trouve dans le grès de Luxembourg; M. le D' de Condé l’a rencontrée à
Walzingen; on la trouve aussi à Mawez, etc.
5. AMMONITES BISULCATUS.
(PI. V, fig. 3.)
Lançius, 1708, ist. lap., p. 95,t. 24, n° 1.
Bourquer , 1742, Traité des pétrifications , p. 41, n° 270.
AMMONITES BisuLcaTA. Bruguière, 1787, Encyclop. mêth., t. 1, p.39, n° 15.
— — Bosc, Puf. de Déterv., p.176.
- — Lam., 1801, Ænèm. sans vert., p.101.
— Buckcanpi. Sow., 1816, Min. conch., t. 2, pl. 150, p. 69.
_ BISULCATA. Defrance, 1816, Dict. d’hist. nat. , t.2, p. 55.
— ARIETIS. Schloth., 1820, Die Petref., p. 62, n° 4.
PLANITES BISULCATUS. De Haan, 1825, mm. et Goniat., p. 91, n° 25.
AMMONITES Buckcanpr. Keferst., 1829, p. 10.
— — Zieten , 1850, Furtemb., p. 85, pl. XXVII, fig. 1; pl. IL, fig. 2.
_ — Deshayes, 1851, Cog. caract., p. 240, pl. 10, fig. 2.
— — De Buch, 1855, Æmm., n° 10.
— — Roemer, 1856, Ferst., p. 182.
— — Bronn, 1857, Leth. geog., t. XXIL, fig. 1.
— = Murch., Philos. mag., VI, p. 54.
— — D'Orbigny, 1845, Paléont. frang., Terr. juras., p. 187, pl. 45.
A. testä compressd, carinatä; dorso lato, bisulcato; aperturä depressà,
subquadratà, supernè bisinuatà; am ractibus depressis, transversim costatis ;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 45
costis elevatis, externè obtusè tuberculatis, subarcuatis ; septis lateraliter tri
lobatis.
Dimensions. — Quelques exemplaires, que nous avons pu voir, MeESU-
raient au moins 20 centimètres. — Par rapport au diamètre : hauteur du
dernier tour %/100; largeur 50/00; largeur de l’ombilic #3/100; recouvrement
des tours ?2:/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos obtus, rétréci
sur les côtés, c’est-à-dire légèrement en toit, pourvu d’une carène médiane,
assez élevée et arrondie, accompagnée de deux larges sillons, limités
latéralement par deux carènes moins saillantes; bouche déprimée, plus
large que haute, peu échancrée à sa base par le retour de la spire et
bisinuée au sommet. Tours de spire subquadrangulaires , déprimés, peu
nombreux, pourvus de côtes assez saillantes, obtuses, un peu courbées, à
concavité dirigée vers la bouche, se renflant vers leurs deux tiers externes
en un gros tubercule mousse, et disparaissant avant d'atteindre les carènes
latérales ; les côtes sont au nombre de 52 à 34 par tour de spire.
D'après M. d'Orbigny, les cloisons sont symétriques et présentent
de chaque côté trois lobes et trois selles formés de parties impaires : le
lobe dorsal est assez long, les trois lobes latéraux sont courts et formés
de branches ramifiées; la selle dorsale est large et divisée en trois rameaux,
la selle latérale est un peu plus élevée et également divisée en trois
rameaux ; la selle auxiliaire est petite et terminée par deux branches.
Rapports et différences. — Cette espèce, le type du groupe des Aricles,
est sujette à beaucoup de variations pour la forme et le nombre des côtes,
et surtout pour la hauteur des tours de spire, qui sont tantôt plus larges
que hauts et tantôt plus hauts que larges. Elle n’a pas de caractère bien
saillant que l’on puisse assigner pour la reconnaître avec facilité; et les
auteurs l’ont décrite sous des noms divers.
Localités. — L'A. bisulcatus se rencontre assez fréquemment dans le lias
inférieur du Luxembourg; nous l'avons trouvée à Arlon, sur la route de
Guirsch, à Lime, etc. Nous possédons aussi un fragment que nous rappor-
tons à la même espèce et qui a été trouvé dans la marne de Strassen, entre
Autel-Bas et Wolberich. M. d'Orbigny l'indique dans les départements de
DESCRIPTION DES FOSSILES
CS
Sa
l'Ain, du Rhône, de l'Yonne, de la Moselle, de la Côte-d'Or, du Jura,
de la Loire, de la Vendée. Elle est aussi assez commune en Angleterre.
6. AMMONITES CONYBEARI.
(PL. V, fig. 4, pl. VE, fig. 1.)
AmmoniTes ConyBeari. Sow., 1816, Mèn. conch., t. Il, p. 70, pl. 121.
PLANITES — De Haan, 1825, mm. et Goniat., p. 90, n° 22.
A MMONITES = Phill., 1829, Fork., pl. XIII, fig. 5, p. 164.
— —_ Ziet., 1850, Furtemb., tab. XXVI, fig. 2.
— BuckLanDi. Ziel., id., id., tab. Il, fig. 5.
— Coxygeari. Roemer, 1836, Die Verstein., p. 152, n° 4.
— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 50.
— — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., tab. INT, fig. 15.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.211.
A. testà compressä; dorso tricarinato, bisulcato; anfractibus lateraliter
compressis, costalis ; costis numerosis, acutis, externè antrorsüm inflectis ;
aperturà paulisper compressä ; septis lateraliter bilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 42 mill. (il peut atteindre 190, d’Orb.).
Par rapport au diamètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur ?5/100;
largeur de l’ombilic 5°/100; recouvrement des tours ?/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos large et obtus,
tricaréné; carène médiane arrondie, peu élevée, accompagnée de deux
sillons bien marqués, limités par des carènes latérales distinctes; bouche
presque aussi large que haute, très-légèrement échancrée à sa base par le
retour de la spire. Tours de spire subquadrangulaires, peu embrassants,
comprimés sur les côtés; ornés chacun de 38 à 40 côtes simples, éle-
vées, aiguës, droites dans les trois quarts de leur étendue, infléchies en
avant à leur partie externe et venant se terminer sur les carènes latérales.
Cloisons symétriques, formées de deux lobes latéraux et de trois selles.
Lobe dorsal très-long, un peu plus large que le lobe latéral supérieur, ne
présentant de digitations qu’à son bord interne. Selle dorsale, assez
grande, plus large que le lobe latéral supérieur, divisée en deux parties
inégales par un lobe accessoire, parties dont l’externe présente elle-même
deux folioles. Lobe latéral supérieur court, à peine plus long que la moitié
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 45
du lobe dorsal, présentant quelques faibles digitations latérales, et deux
autres plus longues, à peu près égales et terminales. Selle latérale plus
large et plus élevée que la selle dorsale, terminée par trois folioles à peu
près égales. Lobe latéral inférieur court et ne présentant que de faibles
digitations. Selle auxiliaire peu élevée et conique. La ligne du rayon cen-
tral, à l'extrémité du lobe dorsal, n’atteint pas le lobe latéral supérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des autres ammonites
du même groupe par ses tours de spire nombreux , subquadrangulaires ,
ses côtes infléchies en avant, nombreuses et sans tubercules.
Localités. — M. D'Orbigny donne cette espèce comme caractérisant le
lias inférieur à gryphée arquée et l'indique dans les départements du
Cher, du Jura, de l'Ain, de la Meurthe, des Bouches-du-Rhône et de la
Côte-d'Or. Nos échantillons viennent de l'étage du grès de Luxembourg
et ont été trouvés à Walzingen; l’un de ces échantillons nous a été com-
muniqué par M. le D' de Condé.
= Observations. — L’A. Conybeari varie et pour le nombre des côtes et
l'épaisseur des tours. M. d'Orbigny fait remarquer que les individus à
tours élevés ont un plus grand nombre de côtes, tandis que ceux à tours
plus déprimés en ont moins; le nombre des côtes peut varier de 35 à
66 par tour de spire; il pense que cela pourrait tenir à des différences
sexuelles.
7. AMMONITES MULTICOSTATUS.
(PI. VE, fig. 2.)
AMMONITES MULTICOSTATLS. Sow., 1824, Min. conch., 1. V , p.76, pl. 454.
— — Zieten, 1850, Wurtemb., pl. XXVI, fig. 5 (eæcl. sept.)
— — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 78.
A. leslä compressà ; dorso tricarinato ; carinä media elevatäà; apertur& sub]
quadratä, alt, supernè bisinuatä ; anfractibus compressis, subquadratis ,
lateraliter complanatis, transversim costatis ; costis 30-56, elevatis, subrectis ;
seplis lateraliter 5-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre de la coquille 75 mill. (et plus, d’après
les auteurs). Par rapport au diamètre total : hauteur du dernier tour
46 DESCRIPTION DES FOSSILES
2%4/100; largeur %/100; recouvrement des tours 1#/100; largeur de lombilic 53/100.
Description. — Coquille comprimée, à dos large, tricaréné, les deux
carènes latérales très-faibles, et les sillons médiocrement profonds;
bouche quadrangulaire, plus haute que large, présentant à sa partie supé-
rieure deux sinuosités résultant des sillons dorsaux, et faiblement échan-
crée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire comprimés, plus
hauts que larges, présentant chacun 50 à 56 côtes très-régulières, éle-
vées, aiguës, légèrement obliques dans la plus grande partie de leur
étendue, s’infléchissant fortement en avant à leur partie externe pour se
continuer avec les carènes latérales; un peu renflées et relevées à leur
extrémité externe.
Cloisons symétriques découpées de chaque côté en trois lobes et trois
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal profond, moins long que
le lobe latéral supérieur , divisé sur la ligne médiane jusqu’à la moitié de
sa hauteur, présentant à son bord interne quatre digitations simples. Selle
dorsale plus large que le lobe dorsal, divisée à son extrémité en deux
parties inégales par un lobe accessoire, parties dont l’interne est la plus
grande et toutes deux munies de folioles peu marquées. Lobe latéral supé-
rieur aussi large et plus long que le lobe dorsal, un peu en massue, muni
de chaque côté de trois digitations, indépendamment de cinq terminales plus
longues. Selle latérale large, conique, plus élevée que la selle dorsale,
présentant sur tout son pourtour des digitations à peu près égales. Lobe
latéral inférieur petit et conique, atteignant à peine la moitié de la lon-
gueur du lobe latéral supérieur. Selle auxiliaire courte et faiblement di-
visée dans son pourtour. Lobe auxiliaire court et de même forme que le
lobe latéral inférieur. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe
dorsal, coupe l'extrémité du lobe latéral supérieur et passe au-dessous
des autres lobes.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de plusieurs autres du
même groupe; elle se distingue surtout par ses tours de spire quadrangu-
laires, ses côtes élevées, assez distantes, peu fléchies en avant, enfin par
ses cloisons.
Localités. — Sowerby et Zieten indiquent cette espèce dans le lias d’An-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 47
gleterre et d'Allemagne. Elle est assez commune dans l'étage du grès de
Luxembourg, mais rarement bien conservée; nous l'avons trouvée à
Bonnert, Lime, Ethe, etc.
Observations. — 11 nous a été impossible de rapporter cette espèce à
VA. bisulcatus Brug. de M. d'Orbigny, qu'il regarde comme le type des
espèces décrites par les auteurs sous les noms d’A. Bucklandi, arietis, multi-
costatus, etc. Nos échantillons se rapportent mieux à l'espèce figurée par
Zieten (tab. XXVI, fig. 5); nous la distinguerons de l'A. bisulcatus, et nous
lui conserverons le nom de Sowerby. M. Quenstedt (Die Cephal., p. 80) fait
remarquer que deux ammonites très-voisines présentent les mêmes carac-
ières extérieurs et ne se distinguent que par les cloisons. Les cloisons que
donne Zieten (pl. XXVI, fig. 5c) sont les mêmes que celles de l’A. Bucklandi ;
dans VA. multicostatus de Sowerby, le lobe latéral supérieur (Quenstedt,
loc. cit.) est plus long que le lobe dorsal; c’est ce que nous présentent
aussi nos échantillons; nous avons donc toute raison de croire que c’est
bien là l'espèce décrite par Sowerby sous le nom d’A. multicostatus.
8. AMMONITES VALDANI.
(PL. VE, fig. 3.)
AMMONTES Vazpan. D'Orbigny, 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.255, pl. 71.
— - Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., pl. 5, fig. 5, @, b.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 224.
A. testà compressä, carinatä; dorso in carinam angustato ; aperturà
oblongä, supernè coarclatà; anfractibus compressis, lateraliter complanatis,
transversèim costatis ; costis aequalibus , internè externèque tuberculatis ; septis
lateraliler tri-lobatis.
Dimensions. — Diamètre total 60 mill. (95 mill. d’Orb.). Par rapport
au diamètre : hauteur du dernier tour ?/100; largeur 15/10; recouvrement
des tours #/100; largeur de l’ombilic 50/10.
- Description. — Coquille fortement comprimée, discoïdale, carénée et
presque quillée; dos tranchant coupé en biseau , légèrement ondulé sur
la carène; bouche comprimée, sub-pentagonale, presque du double plus
48 DESCRIPTION DES FOSSILES
haute que large, rétrécie à son sommet, légèrement échancrée à sa base.
Tours de spire fortement comprimés, un peu excavés sur les côtés, ornés
chacun de 26 ou 27 côtes simples, commençant au pourtour de lombilic,
où elles s'élèvent en un tubercule arrondi, elles s’abaissent ensuite, puis
se relèvent au pourtour externe en un tubercule pointu; en dehors du
tubercule, elles s’infléchissent en avant et disparaissent promptement.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et moins long
que le lobe latéral supérieur, orné de chaque côté de trois branches,
dont l’inférieure très-grande, pyramidale. Selle dorsale plus large que
le lobe latéral supérieur, formée de deux branches inégales, la plus
large en dedans. Lobe latéral supérieur muni de trois grandes branches
inférieures, les deux latérales formées de deux rameaux. Selle latérale plus
étroite et plus haute que la selle dorsale , divisée en feuilles formant deux
groupes inégaux, le plus grand en dehors. Lobe latéral inférieur muni
de trois branches inégales, la dernière aiguë. Selle auxiliaire oblique ;
lobe auxiliaire formé d’une seule digitation. La ligne du rayon central,
à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral supérieur et passe au-
dessous des lobes auxiliaires.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-remarquable par sa forme
discoïdale et ses côtes bituberculeuses; elle se distingue de VA. Maugenestii
d'Orb., qui possède ces mêmes caractères, par la forte compression de ses
tours de spire.
Localités. — D'après M. d’Orbigny, elle caractérise le lias moyen au-
dessus de la gryphée arquée; on la trouve dans les départements du Cher,
du Calvados, de la Côte-d'Or, de l'Yonne; notre échantillon provient
de la couche sablonneuse qui forme la base du lias moyen, au NO. de
Somme-Thonne.
Observations. — Notre exemplaire présente quelques petites différences
de détail dans les cloisons, différences tenant peut-être au jeune âge ou à
la fossilisation. Comme MM. d'Orbigny et Quenstedt (loc. citat.) donnent
des cloisons parfaitement semblables, nous avons corrigé ce que les nôtres
présentaient d’imparfait.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 49
9. AMMONITES SPINATUS.
(PL. VI, fig. 4.)
AMMONITES SPINATA. Bruguière, 1789, Encyclop. méth., t. 1, p.40, n° 14.
= —- Bose, 1801, Buffon de Déterv., t 1, p.176, n° 15.
INAUTILUS COSTATUS. Reinecke, 1818, Vaut. et Argon., fig. 68, G9.
AMMONITES COSTATUS. Schlotheim , 1820, Die Petref., p.68, n° 12.
= SPINATUS. De Haan, 1825, Ænvm. et Goniat, p.102, n° 1.
— HawsKkERIENSIS. Phill., 1829, Forks., pl. XII, fig. 8.
— COSTATUS. Zieten ,1850 , Furtemb., p.5, pl. IV, fig. 7.
— — Hartman, 1850, Wurt., p. 20.
= nn Roemer, 1856, Ferst., p.188 , n° 16.
= Sn Bronn, 1837, Lethea geog., t. XXII, fig. 12, p. 456.
= SPINATUS. D'Orb., 1845, Paléont. fr., Terr. jur., p. 209, pl. 52.
— COSTATUS. Quenstedt , 1846-49, Die Cephal., pl. V, fig. 10, a, b.
—= SPINATUS. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 225.
A. test compressa; dorso concavo, carinato; carin& nodulosä; apertura
subquadratä, sinuatà ; anfractibus subquadratis, costatis ; costis paucis, valdè
elevatis et externè bituberculatis ; septis lateraliter 4-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 34 mill. (M. d'Orbigny donne 155). Par
rapport au diamètre : hauteur du dernier tour 51400; largeur 51/1400; lar-
geur de l’ombilic #/100; recouvrement des tours 7/10.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos concave, très-
large, marqué au milieu d’une carène assez élevée et ornée de petites
côtes en chevron, à convexité dirigée en avant; bouche quadrangulaire,
présentant deux sinus séparés par la carène médiane, un peu plus large
que haute, légèrement échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours
de spire quadrangulaires, ornés chacun de 22 ou 25 côtes non divisées,
très-légèrement courbées jusqu’à leur partie externe qui présente un tuber-
cule aigu; de là, se dirigeant obliquement en avant, elles présentent un
second tubercule mousse, comprimé; puis prenant une direction plus
oblique encore, elles viennent se terminer dans la dépression qui borde
la carène.
Cloisons symétriques découpées de chaque côté en quatre lobes et trois
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal aussi large et un peu moins
long que le lobe latéral supérieur, formé de deux digitations principales,
Tour XXV. 7
50 DESCRIPTION DES FOSSILES
l'une terminale, l’autre, à son bord interne, un peu plus petite, pourvues
chacune de six ou sept digitations. Selle dorsale plus large que le lobe
latéral supérieur, arrondie en dessus, augmentant de longueur des parties
externes aux parties internes, divisée à son extrémité par trois lobes acces-
soires. Lobe latéral supérieur élargi en bas et orné de trois grandes
branches grêles, une médiane et deux latérales, pourvues de digitations
longues et simples. Selle latérale aussi large que le lobe latéral supérieur,
arrondie, divisée irrégulièrement en six feuilles très-inégales; les deux
lobes accessoires externes les plus longs. Lobe latéral inférieur des trois
quarts plus étroit et beaucoup moins long que le lobe latéral supérieur,
formé d’une seule branclie droite, grêle, pourvue de neuf digitations
simples. Première selle auxiliaire très-étroite, formée de trois folioles.
Premier lobe auxiliaire la moitié du précédent, orné de cinq digitations.
Second lobe auxiliaire encore plus court et formé d’une seule digitation.
La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois
pointes terminales du lobe latéral supérieur, touche le lobe latéral infé-
rieur et passe en dessous des lobes auxiliaires.
Rapports et différences. — Cette charmante espèce fait partie du groupe
des Ammonites Amalthei de de Buch; c’est l’une des mieux caractérisées
parmi les espèces liasiques.
Localités. — Cette espèce caractérise, d’après M. d'Orbigny, les couches
du lias moyen; il l'indique dans les départements du Calvados, du Doubs,
du Jura, du Cher, ete. Notre échantillon provient du macigno d’Aubange,
près d’Athus.
Observations. — Le seul échantillon que nous ayons à notre disposition,
ne présente que de très-faibles restes des cloisons; pour donner une des-
cription complète de cette belle espèce, nous avons eu recours aux planches
de M. d’Orbigny. — Cet auteur donne, dans la synonymie de l’A. spinatus,
l'A. angulatus Schlotheim ; M. Quenstedt (Die Cephal., p. 96) fait remarquer
que Schlotheim dit de son À. angulatus qu’elle est sans carène.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 51
10. AMMONITES MUCRONATUS.
(PL VI, fig. 5.)
AMMONITES MUCRONATUS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 528, pl. 104, 4-8.
_ = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246.
A. testà discoïdeä, compressä; dorso subcomplanato ; apertur& quadrata ;
anfractibus quadratis, transversim costatis ; costis 22-50 simplicibus, acutis,
rectis, externè mucronalis, bi- vel trifurcalis ; septis lateraliter trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre, 26 mill. Par rapport au diamètre : hau-
teur du dernier tour %/100; largeur 50/4100; recouvrement des tours 2100;
largeur de l’ombilic 5?/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée dans son ensemble, à
dos aplati, moins saillant au milieu que les pointes latérales; bouche
carrée, un peu déprimée, à peine entamée par le retour de la spire.
Tours de spire comprimés et subdéprimés, en contact et sans se recou-
vrir; ornés en travers, par tour, de 22 à 50 côtes simples, droites, se
terminant aux côtés du dos en une pointe aiguë; de cette pointe, chaque
côte se bifurque ou se trifurque en passant sur le dos.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus large que le lobe laté-
ral supérieur, orné de trois branches de chaque côté, celles-ci croissant
des supérieures aux inférieures. Selle dorsale le double du lobe latéral
supérieur, divisée très-inégalement en trois feuilles festonnées, la plus
petite externe. Lobe latéral supérieur terminé par trois grandes pointes et
orné sur les côtés de trois petites pointes obtuses. Selle latérale plus large
que le lobe latéral supérieur, inégalement divisée en deux; la partie
interne formant deux feuilles. Lobe latéral inférieur très-oblique, petit,
terminé par deux digitations inégales. Un seul lobe auxiliaire formé d’une
pointe. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, passe bien
au-dessous des lobes latéraux.
Rapports et différences. — Cette espèce, par ses côtes droites et ses
pointes, se rapproche beaucoup de l'A. Braunianus, dont elle se distingue
52 DESCRIPTION DES FOSSILES
néanmoins par ses tours plus carrés, par ses côtes plus espacées, par son
dos aplati.
Localités. — M. d’Orbigny donne cette nouvelle espèce comme caracté-
risant le lias supérieur de l'est et du midi de la France; il l'indique dans
les départements du Jura, de la Côte-d'Or, du Rhône, de l'Ain, de la
Lozère, du Gard, de la Meurthe. Notre échantillon provient de la marne
de Grand-Cour, à Écouviez.
Observations. — Nous ne possédons pas le type décrit ci-dessus, dont
nous empruntons Ja description à M. d’Orbigny; mais nous y rapportons
comme variété une petite ammonite, qui présente l’ensemble des carac-
tères de l'A. mucronatus; seulement les côtes passent sur le dos sans se
diviser pour la plupart; quelques-unes cependant présentent de loin en
loin une bifurcation à l'endroit des tubercules latéraux.
11. AmmoniTEs BRAUNIANUS.
(PI VI, fig. 6, pl. VIT, fig. 2.)
AwMmonires Braunranus. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 527, pl. 104, fig. 1-5.
- — D'Orb., 1850, Prodr., I, p.246.
A. testà discoïdeà, compressä; dorso rotundato; aperturä ovali, paulisper
compressà; anfractibus subcompressis, transversim coslatis; costis 58-64
simplicibus rectis, approximatis, externè mucronatis, bifurcatis ; septis latera-
liter 4-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 45 mill. Par rapport au diamètre :
hauteur du dernier tour %#/100; largeur 2/100; largeur de lombilic %#/100;
recouvrement des tours ?/100.
Description. — Coquille comprimée , discoïdale, à dos convexe, arrondi,
orné de côtes nombreuses ; à bouche comprimée, ovalaire, un peu plus
haute que large; tours de spire arrondis, légèrement aplatis sur les côtés,
ornés de côtes en nombre variable, de 58 à 46 (et jusqu’à 64, d’après
M. d'Orbigny); côtes simples et droites jusqu'aux deux tiers externes, où
elles présentent une pointe saillante et se bifurquent; les deux branches
de la bifurcation forment, en passant sur le dos, une courbure à convexité
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 53
antérieure et vont se réunir de l’autre côté pour reconstituer une côte
simple. Dans quelques échantillons, toutes les côtes ne se divisent pas, mais
on observe une division assez régulière de deux en deux côtes; de sorte
que le dos présente plus de côtes que les régions latérales, mais non
exactement un nombre double.
Cloisons symétriques , découpées de chaque côté en quatre lobes et en
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus large et un peu moins
long que le lobe latéral supérieur, composé de quatre branches, dont les
deux inférieures sont fortement digitées. Selle dorsale aussi grande que le
lobe latéral supérieur, divisée inégalement en deux feuilles bilobées, la
plus grande externe. Lobe latéral supérieur pourvu de quatre digitations
de chaque côté et d’une pointe terminale. Selle latérale égalant la moitié
du lobe latéral supérieur, formée de deux feuilles lobées, la plus grande
interne. Lobe latéral inférieur très-oblique, très-étroit, pourvu de six
pointes. Les deux autres lobes obliques aussi et réduits à une seule pointe.
La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la pointe
du lobe latéral supérieur et passe bien au-dessous des autres.
Rapports et différences. — Pour la forme générale, cette espèce se rap-
proche beaucoup de A. communis; elle s’en distingue par la disposition de
ses côtes et leurs tubercules.
Localités. — Cette espèce est propre au lias supérieur. Nous l'avons
trouvée dans la marne de Grand-Cour, à Écouviez, Lamorteau; elle n’est
pas rare dans les blocs de calcaire bleuàtre qui se trouvent dans cette
couche.
12. AMMONITES RAQUINIANUS.
(PI. VIT, fig. 1.)
AMMONITES HaQuiNranUSs. D’Orb., 1843, Pal. fr., Terr. jur., p. 552, pl. 106.
— _ D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.246.
A. leslä subcompressä, non carinata; dorso lato, convexo; apertura valdè
depressà, anfractibus depressis, lateribus inflatis, tuberculatis, transversim
costalis; costis acutis, simplicibus, externè tuberculatis, bifurcatis; seplis
lateraliter 5-lobatis.
54 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Grand diamètre, 60 mill. Par rapport au diamètre : hau-
teur du dernier tour #/100; largeur %/100, recouvrement des tours 5/100;
largeur de lombilic 55/10.
Description. — Coquille assez épaisse, discoïdale, à dos large, convexe,
à bouche semi-lunaire, déprimée, beaucoup plus large que haute. Tours
de spire très-déprimés, peu embrassants, ornés de côtes en nombre
variable selon les différents tours; l’externe en a de 44 à 48, l’avant-der-
nier de 28 à 50, etc. Ces côtes sont élevées, droites, partent de l’ombilic,
se divisent, après s'être renflées en un tubercule, tantôt en deux, tantôt
en trois côtes qui vont se réunir du côté opposé et former un nouveau
tubercule.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et quatre
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal un peu plus long que large,
orné à son côté interne de trois branches ramifiées, à son côté externe de
deux digitations simples, et d’une terminale à cinq pointes. Selle dorsale
un peu plus large que le lobe dorsal, divisée à son extrémité, par un lobule
accessoire à cinq pointes, en deux folioles, dont l’externe, plus grande, est
elle-même subdivisée. Lobe latéral supérieur moins large que la selle dor-
sale, présentant de chaque côté trois digitations denticulées sur leurs bords
et une terminale plus longue à sept pointes. Selle latérale moins large et
moins haute que la selle dorsale, divisée en deux parties presque égales,
subdivisées elles-mêmes. Lobe latéral inférieur très-oblique vers la base
de la selle latérale, formé de deux pointes. Selle auxiliaire très-courte,
conique. Lobe auxiliaire formé par une seule digitation simple. La ligne
du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral
supérieur et passe bien au-dessous des autres.
Rapports et différences. — Cette espèce est bien caractérisée par sa
bouche fortement déprimée; elle se distingue de VA. Desplacei d'Orb.,
chez laquelle on remarque aussi cette dernière disposition, par ses côtes
simples en dedans des tubercules.
Localités. — Cette espèce caractérise, selon M. d'Orbigny, le lias supé-
rieur; il l'indique dans les départements de Saône-et-Loire, des Deux-
Sèvres, du Rhône, de la Lozère, du Cher, du Calvados, de la Côte-d'Or,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 55
de la Meuse. Elle est assez commune dans la marne de Grand-Cour; nous
l'avons rencontrée à Écouviez, Lamorteau, entre Écouviez et Thonne-la-
Long, etc.
15. AmmoniTes HOLANDREI.
(PI. VIT, fig. 3.)
Awumonires Hocanpret. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 550, pl. 105.
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246.
A. testä compressé, discoïdeü ; dorso convexo ; aperturà compressä, anticè
subangulatà ; anfractibus compressis, transversim costatis ; costis 60 elevatis,
flexuosis, externè bifurcatis ; septis lateraliter trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 90 mill. Par rapport au diamètre : hau-
teur du dernier tour 22/100, largeur 20400; largeur de l'ombilic 65/100; recou-
vrement des tours ?/100.
Description. — Coquille comprimée, non carénée, à dos saillant, à
bouche plus haute que large, rétrécie en haut, peu échancrée par le retour
de la spire. Tours de spire comprimés, peu embrassants, ornés de 50 à
60 côtes flexueuses, obliques en avant, se bifurquant plus ou moins régu-
lièrement à leur tiers externe pour passer sur le dos et se réunir ensuite
de l’autre côté, sans former de tubercule à leur réunion.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus long et plus large que
le lobe latéral supérieur, muni de cinq digitations. Selle dorsale le double
plus large que le lobe latéral supérieur, irrégulièrement divisée en feuilles
déchiquetées. Lobe latéral supérieur pourvu de trois pointes terminales
et de quelques autres latérales moins régulières. Selle latérale aussi large
que le lobe latéral supérieur, divisé irrégulièrement en trois feuilles. Lobe
latéral inférieur très-petit, oblique, réduit à une seule pointe. Premier lobe
auxiliaire formé aussi d’une petite pointe. La ligne du rayon central, à
l'extrémité du lobe dorsal, passe au-dessous des autres lobes.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des A. communis ,
Braunianus et mucronatus; elle se distingue de la première par ses côtes
56 DESCRIPTION DES FOSSILES
ondulées, obliques en avant, ses tours plus étroits, comprimés, par sa
bouche relativement plus haute; et des deux autres par le manque de
pointes à la bifurcation des côtes et par les lobes de ses cloisons. Elle se
rapproche encore de l'A. annulatus, Sow. (d'Orb., pl. 76, A. æquistria-
tus, Zieten, pl. 12, f. 5); mais ses côtes sont bien moins nombreuses et
flexueuses.
Localités. — Nos échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour et
ont été trouvés dans la marne, à Lamorteau, ou dans le schiste exploité à
Grand-Cour, où elle est très-commune; à Amblimont, etc. D’après M. d’Or-
bigny, cette espèce caractérise les assises du lias le plus supérieur; il
l'indique dans les départements du Cher, de la Meurthe, de la Moselle,
de l'Aveyron, de la Vendée, du Rhône, de l'Yonne, etc.
14. AMMONITES COMMUNIS.
(PL VI, fig. 4; pl. VII, fig. 1.)
AMMONITES COMMUNIS. Sow., 1815, Min. conch., t& 2, p.9, pl. 107, fig. 2, 5.
= ANGULATUS. Sow., id., id., pl. 107, fig. 1.
NaurTiLus anNuLaris. Reinecke, 1818, Vaut. et Arg., pl. VI, fig. 56, 57.
AMMONITES ANNULATUS. Schl., 1820, Petref., p. 61, n° 2.
— ANNuLARIS. Schl., id., id., p.87, n° 52.
— communis. Young et Birds, 1822, Geol. Surv., pl. XX, fig. 5.
PLANITES BIFIDUS. De Haan, 1825, Æmm. et Gon., p.86, n°15.
AMMONITES COMMUNIS. Phill., 1829, Forksh., p. 163.
— — Zieten, 1850, Furtemb., pl. VI, fig. 2.
— ANNULARIS. Zieten, id., id., pl. X, fig. 10.
— communis. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 108, p. 556.
— — Quenstedt , 1846-49, Die Cephal., pl. 15, fig. 8.
_ — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 246.
A. testä discoïdeà ; dorso convexo, rotundato; aperturä suborbiculatà ; an-
fractibus rotundatis transversim costatis ; costis elevatis, internè simplicibus ,
externè subregulariter bifurcatis, non tuberculatis ; septis lateraliter trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 88 mill. Par rapport au diamètre :
hauteur du dernier tour 1/100; largeur 2/100; recouvrement des tours ?4/100;
largeur de l’ombilic 62/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos arrondi, convexe;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 57
bouche suborbiëulaire, peu échancrée à sa base par le retour de la spire.
Tours de spire nombreux, arrondis, très-peu embrassants; ornés, le der-
nier de 52, l’avant-dernier de 40, le troisième de 52 côtes transverses,
également espacées, élevées, droites , irrégulièrement bifurquées aux deux
tiers externes, sans trace de tubercule; les deux branches résultant de la
bifurcation, après avoir parcouru la convexité du dos, se réunissent rare-
ment pour former une côte unique de l’autre côté, mais le plus souvent
elles alternent et sont disposées en zigzag; souvent aussi l’une des deux
bifurcations reste isolée pour former la côte de la face opposée.
Cloisons symétriques, découpées en trois lobes et trois selles formés de
parties impaires. Lobe dorsal large et assez profond, divisé sur la ligne mé-
diane jusqu’au tiers de sa hauteur, présentant trois digitations à son bord
interne. Selle dorsale, un peu plus large que le lobe dorsal , divisée à son
extrémité en trois folioles obtuses , séparées par des lobules. Lobe latéral
supérieur aussi long que le lobe dorsal, mais moins large, présentant,
indépendamment de deux digitations de chaque côté, trois pointes termi-
nales plus longues. Selle latérale presque aussi large que la selle dorsale ,
divisée inégalement à son extrémité en deux folioles obtuses, dont l’interne
dépasse un peu en hauteur le sommet de la selle dorsale. Lobe latéral
inférieur oblique, très-court et peu large, terminé par deux digitations
simples. Selle auxiliaire conique, courte. Lobe auxiliaire réduit à une
simple digitation.
Rapports et différences. — Très-voisine de l'A. Braunianus d'Orb., cette
espèce s’en distingue par l'absence de tubercule à la bifurcation des côtes
et la disposition de ces dernières.
Localités. — D'après M. d’Orbigny, cette espèce serait spéciale au lias
supérieur de Whitby, en Angleterre. Elle est assez fréquente dans le lias
supérieur du Luxembourg. Nous l’avons trouvée dans la marne de Grand-
Cour, à Lamorteau, à Écouviez, entre Buré et Grand-Cour, etc.
Observations. — Sous le nom d’Ammonites planulati, on a réuni les es-
pèces présentant les caractères suivants : bouche géhéralement aussi haute
que large, dos arrondi, tours de spire peu embrassants, ornés de côtes
transverses nombreuses, bien marquées, se divisant souvent pour passer
Toue XXV. 8
58 DESCRIPTION DES FOSSILES
sur le dos; aux points de division, souvent des tubercules aigus; lobes
des cloisons formés de digitations courtes, pointues ; lobe latéral inférieur
rejeté obliquement en dehors vers la base de la selle dorsale.
On trouve dans les couches liasiques supérieures du Luxembourg plu-
sieurs ammonites de ce groupe : telles sont les A. Raquinianus, Holandrei,
Braunianus, communis, mucronatus; ces espèces sont voisines et souvent il
est difficile de les séparer ; d’un autre côté, la disposition des côtes est
sujette à tant de variations que l’on pourrait encore multiplier les types :
ainsi l’on peut rapprocher les A. Holandrei et Raquinianus d’une part,
d'autre part les À. communis, Braunianus et mucronatus; si lon compare les
cloisons, on ne trouve que des différences très-légères ; la disposition géné-
rale est la même. Peut-être trouvera-t-on des passages qui feront réunir
plusieurs de ces types. Cependant, pour ne rien préjuger, et puisque des
auteurs de premier mérite en ont fait des espèces distinctes, bornons-
nous à signaler ces rapprochements. Remarquons seulement en terminant
ces observations, combien cette similitude et cette variabilité rendent la
synonymie délicate et incertaine.
15. AMMONITES HETEROPHYLLUS.
(PL VIL, fig. 5.)
AMMONITES HETEROPHYLLUS. SOW., 1820, Min. conch., t. 5, p. 119, pl. 266.
GLOBITES — De Haan, 1825, Anvm. et Goniat., p.148, 14.
AMMONITES — Phill., 1829, Forks., p. 165, pl. XIII, fig. 2.
— — Hartm. Ziet., 1850, Wurt., p. 21.
= — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 359, pl. 109.
— — Quenstedt, Die Cephal., 1846-49 , tabl. VI, fig. 1-6 (var. amaltheus,.
= — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 246.
A. testà compressd ; dorso rotundato, convexo ; carinà nulla ; anfractibus
paucis, transversim striatis, compressis, ullimo maximo; umbilico angus-
tissimo ; aperturä compressä , ovali; septis lateraliter 10-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 140 mill. Par rapport au diamètre:
hauteur du dernier tour 57/10; largeur 5/10; recouvrement des tours
#/400; largeur de l’ombilic #/100.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 59
Description. — Coquille comprimée, non carénée, dos régulièrement
convexe et assez obtus; bouche ovalaire, arrondie à son sommet, profon-
dément échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire peu
nombreux, très-embrassants, comprimés, ornés de fines stries transverses ,
légèrement flexueuses en avant à leur partie externe.
Cloisons symétriques découpées en lobes et en selles formés de par-
ties impaires. Lobe dorsal large et peu profond, divisé sur la ligne mé-
diane jusqu'à la moitié de sa hauteur, présentant du côté externe, une
seule digitation simple, et du côté interne, trois digitations, dont l’infé-
rieure à trois branches. Selle dorsale formée de cinq grandes folioles
arrondies, bvalaires, claviformes, inégales, et une sixième à la base du
côté interne. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe dorsal, pré-
sentant sept digitations, trois de chaque côté, lobulées, inégales et une
terminale, formée de digitations subdivisées elles-mêmes. Selle latérale
de même largeur que la selle dorsale, mais un peu plus élevée, formée
aussi de cinq grandes digitations terminales et de deux autres à la base.
Lobe latéral inférieur moitié plus petit que le supérieur, formé de trois
lobes de chaque côté et d’un terminal, à subdivisions plus simples. Pre-
mière selle auxiliaire formée de cinq digitations terminales et de deux
basales; toutes ces parties plus petites. On remarque encore huit lobes
latéraux auxiliaires séparés par autant de selles, mais toutes ces parties
se simplifient de plus en plus en se rapprochant de lombilic. La ligne du
rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral supé-
rieur dans sa partie terminale et atteint plusieurs des lobes suivants.
Rapports et différences. — On à formé un groupe particulier des ammo-
nites dont les selles des cloisons sont formées de folioles arrondies, ova-
laires ; telles sont les A. Lascombi, Sow., Calypso, d'Orb., et Mimatensis,
d'Orb. (pl. 110), VA. Boblayei, d'Orb. (pl. 69). Ces différentes espèces
se trouvent dans le lias; l'A. heterophyllus s'en distingue par ses fines
stries et le nombre des lobes de ses cloisons ; on en compte 54 : 1 dorsal
et 10 latéraux de chaque côté; 1 ventral et 6 ventraux latéraux de
chaque côté; disposition qui peut se voir dans l'ouverture buccale de la
coquille.
60 DESCRIPTION DES FOSSILES
M. Quenstedt signale une variété, A. heterophyllus posidoniae (lias <), qui
peut atteindre au diamètre de 1 12 pied. Le même auteur fait remarquer
que la région buccale, dessinée dans les planches de la Paléontologie fran-
çaise, est fautive, parce que l’on a figuré sept lobes ventraux latéraux,
tandis qu'il ne doit y en avoir que six. (Quenstedt, p. 99.)
Localités. — D'après M. d'Orbigny, cette espèce caractérise le lias supé-
rieur; on la trouve dans les départements de l’Ain, de la Meuse, du Cal-
vados, de Saône-et-Loire, des Deux-Sèvres, de la Sarthe, de l'Yonne,
du Gard, etc., en Allemagne et en Italie. Nous l'avons trouvée dans la
marne de Grand-Cour à Écouviez.
16. AMMONITES CORNUCOPIAE.
(PI. VIT, fig. 2.)
AMMONITES CORNUCOPIAE. Young et Birds, 1829, 4. geol. survey, pl. 12, fig. 6.
— FIMBRIATUS. Zieten, 1850, Furtemb., pl. XII, fig. 1.
= CORNUCOPIAE. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 316, pl. 99.
> — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 245.
A. testä discoïded; dorso lato, convexo; aperturà depressd ; anfractibus latis,
depressis, transversim longitudinaliterque costellatis; costis fimbriatis; la-
mellis transversis , erectis ; septis lateraliter 5-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 155 mill. Par rapport au diamètre:
hauteur du dernier tour #/100; largeur #/100, largeur de l'ombilic 56/100;
recouvrement des tours °/100.
Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos large, obtus, sans
trace de carène; à bouche déprimée, arrondie, non échancrée à sa base
par le retour de la spire; tours de spire arrondis, déprimés, c’est-à-dire
plus larges que hauts, ornés de nombreuses côtes transverses, petites,
obtuses et de côtes longitudinales, moins nombreuses, moins élevées,
croisant les premières et leur donnant un aspect festonné.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois
selles formés de parties paires. Lobe dorsal assez large, moins long que
le lobe latéral supérieur, présentant au côté externe, deux grandes digita-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 61
tions et une terminale bifide. Selle dorsale irrégulièrement divisée à son
extrémité en deux parties inégales : l’externe, plus élevée, divisée en deux
lobes, l’interne en trois. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe
dorsal, très-large à son extrémité, terminé par trois grandes digitations
espacées, deux fois ramifiées et muni de chaque côté de deux digitations
simples. Selle latérale, plus petite que la selle dorsale, terminée par deux
folioles bifides. Lobe latéral inférieur de même forme et plus petit que le
lobe latéral supérieur, ne présentant que deux digitations principales.
Selle auxiliaire, aussi haute, mais moins large que la selle latérale, ter-
minée par trois digitations. On aperçoit encore un lobe et une deuxième
selle auxiliaire. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal,
coupe les trois grandes digitations du lobe latéral supérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine des À. fimbria-
tus, Sow. et jurensis, Ziet., qui se rencontrent aussi dans le lias; elle s’en
distingue par ses côtes longitudinales mieux marquées et la dépression de
ses tours de spire.
Localités. — Elle se trouve dans la marne de Grand-Cour, à Lamorteau.
Écouviez, entre Couvreux et Grand-Verneuil. D’après M. d’Orbigny, elle
caractérise les assises supérieures du lias; il l'indique dans les départe-
ments de la Lozère, du Gard, du Cher, de l'Aveyron, etc.
47. AMMONITES CONCAVUS.
(PL. VII, fig. 5.)
AMMONITES COnCAvus. Sowerby, 1815, Min. conch., t.1, p. 215, pl. 94 , fig. 2.
_ LYTHENSIS. Phillips, 1829, Geol. Forks., pl. XIIT, fig. 6 (non Bronn, de Buch.)
— EXARATUS. Phill., id, id, id, pl. XIII, fig. 7.
e OvATUS. Phill., id, id, id. pl. XII, fig. 10?
— concavus. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.558, pl. 116 (non De Haan , Roemer).
E — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 247.
A. testà compressà, carinatä; dorso angustato, carinato; aperturä sagit-
talä, compressä, supernè coarctatä; anfractibus altis, compressis, lateribus
complanalis , transversim undalo-costalis ; costis simplicibus, flexuosis ; septis
lateraliter 6-lobatis.
62 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Grand diamètre 28 mill. (75 mill. d'Orb). Par rapport
au diamètre : hauteur du dernier tour #/100; largeur 21/4100; largeur de
l'ombilic ?{/100; recouvrement des tours 21/100.
Description. — Coquille très-comprimée, à dos saillant, aigu, pourvu
d'une quille tranchante; bouche beaucoup plus haute que large, rétrécie
à sa partie supérieure, ce qui lui donne une forme sagittée, fortement
échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire très-com-
primés, aplatis sur les côtés, surtout vers la région dorsale, pourvus de
50 à 56 côtes simples, larges, flexueuses, doublement concaves en avant,
mais à peine marquées dans le premier tiers de leur longueur, formant
un angle obtus un peu en deçà de leur milieu.
Cloisons symétriques, découpées en lobes nombreux, mais peu déve-
loppés et formés de parties impaires; lobe dorsal plus étroit et plus court
que le lobe latéral supérieur, présentant 5 à 4 faibles digitations sur les
côtés ; selle dorsale très-large, élevée, divisée, jusqu’au delà de la moitié
de sa hauteur, en deux parties à peu près égales, l’interne plus haute et
divisée elle-même en trois folioles à son extrémité. Lobe latéral supé-
rieur plus long que le lobe dorsal et de moitié moins large que la selle
dorsale, présentant de chaque côté quatre digitations et une terminale
plus grande; selle latérale aussi large que le lobe latéral supérieur, aussi
haute que la selle dorsale, divisée à son extrémité en deux folioles égales.
Lobe latéral inférieur du quart du lobe latéral supérieur, à digitations peu
développées; après ce lobe viennent encore quatre lobes auxiliaires simples
et formés par une seule digitation, et cinq selles correspondantes. La
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral
supérieur dans ses trois dernières digitations.
Rapports et différences. — Cette espèce du groupe des Ammonites falcifères
se distingue de l'A. complanatus par ses côtes larges et moins flexueuses ;
de VA. serpentinus parla petitesse de son ombilic.
Localités. — Cette belle ammonite appartient au lias supérieur; M. d'Or-
bigny l'indique dans les départements suivants : Jura, Bas-Rhin, Deux-
Sèvres, Sarthe, Aveyron, Charente. Notre échantillon vient de la marne
de Grand-Cour, à Lamorteau.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 65
18. AMMONITES COMENSIS.
(PI VI, fig. 4; pl. IX, fig. 1.)
AMMONITES COMENSIS. De Buch, 1851, Petref. rem., pl. 2, fig. 15.
_ THOUARSENSIS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 222, pl. 57.
— COMENSIS. D'Orb., 1850, Prodr.., 1, p. 245.
À. testà compresst, carinatà ; aperturd compressä, oblongä ; dorso convexo,
carinalo ; carin& obtusà ; anfractibus compressis, intus acutis, transversim
costalis ; costis subobtusis , bisinuatis, antrorsum incurvatis ; seplis lateraliter
trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 85 mill. Par rapport au diamètre : hau-
teur du dernier tour %/100; largeur 17/10; recouvrement des tours 5/10:
largeur de l’ombilic #2/100.
Description. — Coquille comprimée, discoïdale, à dos arrondi, pourvu
d’une quille distincte un peu obtuse, sans sillons latéraux marqués , à
bouche notablement plus haute que large, légèrement échancrée à sa
base par le retour de la spire. Tours de spire médiocrement nombreux ,
comprimés, taillés en biseau vers la région ombilicale, munis chacun de
40 à 46 côtes simples, mieux marquées vers leur partie moyenne , pré-
sentant une forme sigmoïde, leur extrémité interne dirigée en arrière,
l'externe se prolongeant vers la bouche de la coquille et arrivant jusque
vers la carène; à des intervalles inégaux, deux côtes se confondent à leur
partie interne.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en selles
formés de parties impaires. Lobe dorsal aussi large et un peu moins long
que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane jusqu’à la moitié
de sa hauteur, ne présentant à son bord externe que de faibles digita-
tions, et à son bord interne deux autres assez profondes. Selle dorsale
peu élevée, d’un tiers plus large que le lobe latéral supérieur, divisée,
à son extrémité en deux parties, l’externe presque aussi haute, mais de
moitié moins large que l’interne, terminées chacune par deux ou trois
folioles inégales. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe dorsal,
64 DESCRIPTION DES FOSSILES
présentant de chaque côté deux fortes digitations, indépendamment de
trois autres terminales subdivisées. Selle latérale aussi haute que la selle
dorsale, de moitié moins large que cette dernière, divisée à son extré-
mité en deux folioles. Lobe latéral inférieur de moitié moindre en largeur
et en hauteur que le lobe latéral supérieur, présentant de faibles digita-
tions. Selle auxiliaire peu élevée, terminée par trois folioles inégales.
Lobe auxiliaire formé par une seule digitation. La ligne du rayon central,
à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois digitations terminales du
lobe latéral supérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche beaucoup de l'A. ra-
dians, dont elle n’est peut-être qu’une variété locale; on peut cependant
l'en distinguer par sa carène moins tranchante, son dos plus obtus, ses
côtes moins nombreuses.
Localités. — Elle caractérise les couches du lias supérieur; M. d’Orbigny
l'indique dans les départements des Deux-Sèvres, du Rhône, de la Vendée,
de la Sarthe, du Calvados, ete. Notre échantillon vient de la marne de
Grand-Cour, au sud de St-Mard; il nous a été communiqué par M. Kinard,
ingénieur des arts et manufactures.
19. AMMONITES VARIABILIS.
(PI. IV, fig. 2.)
AMMOXITES VARIABILIS. D'Orbigny, 1844, Pal. fr., Terr. jur., p. 552, pl. 115.
A. lestä compressä, carinatä ; carind elevalä ; dorso acuto; aperturä com-
press subovali, supernè acutd ; anfractibus compressis, transversim costatis ;
costis flexuosis subfascicularibus, fasciculis internè tuberculatis ; septis late-
raliter 4-lobatis.
Dimensions. — Diamètre 67 mill. (et jusqu’à 207, d'Orb.). Par rapport
au diamètre; hauteur du dernier tour %/100; largeur 17/1003 recouvrement
des tours %100; largeur de l’ombilic 57/00.
Description. — Coquille discoïdale, fortement comprimée, à dos pourvu
d'une carène saillante, arrondie; bouche comprimée subovalaire, un peu
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 65
rétrécie à son sommet et fortement échancrée à sa base par le retour de
la spire. Tours de spire comprimés, aplatis latéralement, peu nombreux,
embrassants, pourvus de côtes assez serrées, de forme sigmoïde, inflé-
chies vers la bouche, à leur partie externe, où elles sont un peu plus sail-
lantes ; tantôt simples, tantôt réunies à deux ou à trois au bord interne,
où elles présentent un tubercule mousse.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et quatre
selles. Lobe dorsal un peu moins large que la selle dorsale, divisé sur la
ligne médiane jusqu'aux deux cinquièmes de sa hauteur, présentant de
chaque côté tmis pointes et une terminale plus longue. Selle dorsale assez
large, divisée à son extrémité en deux parties inégales, l’interne un peu
plus élevée. Lobe latéral supérieur presque aussi large que la selle précé-
dente, pourvu de chaque côté de quatre lobules peu ramifiés et d’un terminal
à cinq pointes. Selle latérale d’un tiers moins large que la selle dorsale,
partagée à son extrémité en trois rameaux, le médian dépassant en hau-
teur la selle dorsale. Lobe latéral inférieur de moitié à peine du supérieur,
garni de chaque côté de trois lobules et d’un terminal plus grand. Pre-
mière selle auxiliaire conique, irrégulière. Premier lobe auxiliaire formé
d’une seule branche à cinq pointes. Seconde selle auxiliaire obtuse. Second
lobe formé d’une seule digitation. La ligne du rayon central, à l’extré-
mité du lobe dorsal, coupe les trois digitations inférieures du lobe latéral
supérieur, et les extrémités des deux lobes suivants.
Rapports et différences. — Cette belle espèce se distingue facilement de
l'A. Murchisonae, par ses tours de spire, la disposition de ses côtes et ses
cloisons.
Localités. — M. d’Orbigny signale cette espèce dans le lias le plus supé-
rieur; il l'indique dans les départements du Calvados, de Saône-et-Loire,
de la Sarthe, du Rhône, des Deux-Sèvres, de la Vendée, du Gard, du
Jura, etc. Nous l’avons trouvée à Lamorteau, dans la marne de Grand-
Cour.
Tous XXV. 9
66 DESCRIPTION DES FOSSILES
20. AMMONITES BIFRONS.
(PL. IX, fig. 5.)
Bayer, 1708, Oryet. Nor., t.II, fig. 9.
Rumphius, 1759, Thesaurus , tab. 60, fig. D, A. és
Walcott , 1779, Bath. Petref., p. 52, fig. 41.
AMMONITES BIFRONS. Bruguière, 1789, Encyclop. méth., n° 15.
— — Bosc, 1801, Puf]. de Déterv., 1. V, p. 176.
— — Schl., 1815, Taschenb., p. 55.
FF Wazcorrr. Sow., 1816, Min. conch., t. IL, p. 7, pl. 106.
— Hicpensis. Young et Birds, 1822, 4 Geol. survey, pl. XII, fig. 1.
m BIFRONS. De Haan, 1825, 4mm. et Goniat., p. 108, n° 15.
Deshayes, 1851, Coq. caract., p. 2506.
Bronn, 1857, Lethea geog., p. 452, n° 12.
— _ D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.219, pl. 56.
= — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., t. VIL, fig. 15, 14.
— D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 240.
A. testà compressä; dorso tricarinato, bisuleato ; aperturà oblongä, supernè
bisinuatd ; anfractibus compressis, internè longitudinaliter sulcatis, costatis ;
costis flexuosis, in sulculo laterali angulatis ; septis lateraliter trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 78 mill. (200 d’Orb.). Par rapport au
diamètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur %/100; largeur de l’om-
bilic 5/100; recouvrement des tours $/100.
Description. — Coquille très-comprimée, discoïdale, à dos tricaréné, une
carène médiane assez élevée, deux carènes latérales moins hautes, sépa-
rées de la médiane par deux sillons bien marqués; à bouche comprimée,
présentant à son sommet deux légères sinuosités, et à sa base une échan-
crure formée par le retour de la spire. Tours de spire comprimés, pré-
sentant à leur tiers interne un sillon longitudinal assez profond, ornés
par tour de 60 à 70 côtes arquées, à concavité dirigée en avant, bien visi-
bles dans les deux tiers externes de la largeur des tours; le tiers interne
limité extérieurement par le sillon, ne présentant que de légères traces
de côtes, surtout dans la seconde moitié du dernier tour.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et un peu plus
court que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane jusqu’au
tiers seulement de sa hauteur, ne présentant qu’une pointe principale avec
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 67
quelques digitations. Selle dorsale très-large, presque le double du lobe
latéral supérieur, divisée en deux parties inégales par un lobule qui
pénètre jusqu’au tiers de sa longueur, présentant sur ses bords des
folioles obtuses et peu profondément divisées. Lobe latéral supérieur d’un
tiers plus large que le lobe dorsal et un peu plus long, présentant beau-
coup de digitations, dont les cinq médianes munies de digitations secon-
daires. Selle latérale plus étroite, presque aussi haute que la selle dorsale.
Lobe latéral inférieur moitié plus court et moitié moins large que le lobe
latéral supérieur, présentant cinq digitations seulement. Selle auxiliaire
courte et obtüse, à peine moitié aussi longue que la selle latérale , trifoliée.
Lobe auxiliaire très-petit, à trois pointes, une terminale, deux latérales. La
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois der-
nières digitations du lobe latéral supérieur et n’atteint pas les autres lobes.
Rapports et différences. — L’A. bifrons fait partie du groupe des Ammonites
falcifères; elle se rapproche beaucoup de VA. serpentinus, Schl.; aussi
M. Quenstedt la regarde-t-il comme une variété de cette espèce : on peut
cependant indiquer comme présentant des différences assez tranchées, les
carènes dorsales, la profondeur du sillon longitudinal, le développement
des côtes.
Localités. — Cette espèce est très-répandue et se trouve dans les assises
supérieures de lias, en France, en Angleterre et en Allemagne. En France,
M. d'Orbigny l'indique dans un grand nombre de départements : Saône-
et-Loire, Calvados, Lozère, Rhône, Sarthe, Vendée, Isère, Cher, Aude,
Aveyron, Doubs, Ain, Meurthe. En Belgique, elle se rencontre dans la
marne de Grand-Cour, au sud de S'-Mard, à Écouviez, à Lamorteau, etc.
Observation. — Dans le type, les tours de spire présentent une compres-
sion à partir du sillon latéral, de sorte que leur plus grande largeur
se trouve un peu en dedans de ce sillon. Dans quelques exemplaires de la
marne d'Écouviez, cette compression n’existe pas : les tours de spire sont
aussi larges en dehors qu’en dedans du sillon, ce qui rend la région
dorsale notablement plus large que dans le type.
68 DESCRIPTION DES FOSSILES
21. AMMONITES SERPENTINUS.
(PI. IX, fig. 4, pl. X, fig. 1.)
ARGONAUTA SERPENTINUS. Reinecke, 1818, Vaut. et Argon., p. 86, n°2, pl. XIII, fig. 74, 75.
AMMONITES — Schl., 1820, Die Petref., p. 64, n° 6.
— STRANGEwWAYSI. Sow., id, Min. conch., t. III, p. 99, pl. 254, fig. 1, 5.
— FALCIFER. Sow., id., id., t. III, p. 99, pl. 254, fig. 2.
PLANITES SERPENTINUS. De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 89 , n° 20.
AMMONITES — Roem., 1856, Die Verst., p. 185 , n° 10.
— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 215, pl. 55.
— Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., tab. VII, fig. 3.
— = D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 245.
A. test compressd, discoïdeä; dorso declivi carinato ; carinà elevatà , sub-
acutà ; aperturä compressà ; anfractibus compressis, lateribus complanatis,
intüs truncalis, transversèim multi-costatis ; costs undulatis, curvatis, dorsum
versus incrassalis ; septis lateraliter 4-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 104 mill. (La taille est quelquefois
beaucoup plus considérable). Par rapport au diamètre : hauteur du der-
nier tour %/100, largeur 16/100; recouvrement des tours 7/00; largeur de
l’ombilic 52/100.
Description. — Coquille comprimée, discoïdale , à dos fortement caréné,
pourvu d’une quille saillante; à bouche comprimée, oblongue, plane ou
évidée sur les côtés, en biseau tranchant en avant, anguleuse et tronquée
aux extrémités internes. Si l’on en juge par les lignes d’accroissement,
elle paraît se prolonger en bec sur la carène et former une languette
de chaque côté, au point de flexion des côtes. Tours de spire comprimés,
aplatis sur les côtés, avec une trace de sillon longitudinal, ornés en travers
d’un nombre de côtes variable, serrées , simples, très-flexueuses; en par-
tant du pourtour de l’ombilic, elles se dirigent en avant, forment un coude
saillant vers les deux cinquièmes de la largeur des tours, de là s’inflé-
chissent en arrière, pour retourner ensuite en avant, où elles s’avancent
beaucoup sur la carène. La côte commence à la région ombilicale par une
très-fine strie et s'élargit ensuite dans la grande courbure, pour former une
petite côte.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et en
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 69
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et beaucoup
plus court que le lobe latéral supérieur, orné de chaque côté de cinq digi-
tations, d'autant plus longues et plus ramifiées qu’elles sont inférieures ,
les deux dernières formant les deux rameaux d’une seule branche. Selle
dorsale des deux cinquièmes plus large que le lobe latéral supérieur,
divisée en deux grandes branches inégales (la plus grande interne) par un
lobe accessoire moitié moins grand et de même forme que le lobe latéral
inférieur. Lobe latéral supérieur orné de cinq branches de chaque côté,
d'autant plus grandes qu'elles sont inférieures, et d’une grande branche
terminale. Selle latérale moins large que le lobe latéral supérieur, assez
régulière. Lobe latéral inférieur d’un tiers moins large et de moitié moins
long que le lobe latéral supérieur, de forme irrégulière, ayant deux
branches de chaque côté. Première selle auxiliaire, de moitié de la selle
latérale en grandeur, presque de même forme. Des deux lobes auxiliaires,
le premier à peu près semblable au lobe latéral supérieur; le dernier
comme bifide. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal,
coupe la branche inférieure centrale du lobe latéral supérieur et passe
bien au-dessous de tous les autres lobes.
Rapports et différences. — Elle se distingue de l'A. bifrons par ses tours
de spire plus larges, les lobes de ses cloisons, son sillon longitudinal,
qui, s’il existe, est cependant beaucoup moins marqué. Elle se distingue
de l'A. radians, par ses côtes fortement coudées; entin de l'A. complanatus
par ses tours de spire beaucoup moins embrassants.
Localité. — Cette espèce est assez commune dans le schiste bitumineux
exploité à Aubange; on n’y trouve cependant que des empreintes, de sorte
que pour donner les cloisons et ce qui a rapport à l'épaisseur, nous
avons eu recours à la Paléontologie française. MM. Roemer et Quenstedt
indiquent l'A. serpentinus dans le Posidonienschiefer, qui correspond au
schiste bitumineux de Ruette, d’Aubange, etc., et qui fait partie du lias
supérieur.
Observations. — Sur deux de nos exemplaires se trouve, vers la région
buccale, ce que les auteurs avaient appelé des aptychus; on s'accorde
assez généralement maintenant à croire que ce ne sont pas des êtres dis-
70 DESCRIPTION DES FOSSILES
tincts, mais des parties de l'animal de l'ammonite (Quenstedt, p. 306).
Nos échantillons diffèrent en plusieurs points de la description donnée
par M. d'Orbigny. Le rapport de la hauteur du dernier tour au diamètre
est de %%4100; M. d’Orbigny indique 5{/100, mais il fait, en même temps,
observer que les tours sont d'autant plus étroits que l'individu est de plus
grande taille : le nôtre n’a que 104 mill. Cet auteur dit encore que les
côtes sont moins nombreuses que dans VA. complanatus; dans nos exem-
plaires , elles nous semblent plus nombreuses et disposées plus irréguliè-
rement.
29. AMMONITES COMPLANATUS.
(PI. X, fig. 2.)
Langius, tab. 42, fig. 2, tab. 27, fig. 6.
Bourguet, tab. 40, fig. 265; tab. 45, fig. 286, tab. 49, fig. 317.
Knorr et Walch, vol. IT À, fig. 1.
AMMONITES PLANATELLA. Lam., 1815, Ænim. sans vertèb., n° 14.
— COMPLANATA. Brug., 1789, Encyclop. méth., p.38, n° 11.
— — Bosc, 1801, Buff. de Déterv., n° 11.
— — Roissy, Zuff. de Sonn., t. V, p. 24, n° 10.
— ELEGANS. Sow., 1815, Min. conch., 1. 1, p. 215, pl. 94, fig. 1.
INAUTILUS OPALINLS. Reinecke, 1818, Vaut. et Arg., p. 55, n° 1, fig. 1.
AMMONITES ELEGANS. Phill., 1829, Forks., p. 164, n° 44, pl. XIII, fig. 12.
— BICARINATUS. Munst., Ziet., 1859, F'urt., p. 20, tab. XV, fig. 9.
_ — Hartm., Ziet., 1850, Furt., p. 19.
— ELEGANS. Ziet., 1850, id, p.22,tab. XVI, fig. 5.
— COMPLANATUS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 114, p. 555.
— = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246.
A. testà compressä; dorso obtuso, subtricarinato; carinä mediä elevata ;
aperturä compressé, supernè obtusâ; anfractibus altis, compressis, compla-
natis, transversim costatis ; costis angulatis, aequalibus, flexuosis ; septis late-
raliter 6-lobatis.
Dimensions. — Grand diamètre 100 millim. (et plus, d’Orb.). Par
rapport au diamètre : hauteur du dernier tour #5/100; largeur #5/100 ; recou-
vrement des tours 15/100; largeur de l'ombilic 1/100.
Description. — Coquille très-comprimée , pourvue d’une quille saillante,
à dos obtus, en biseau de chaque côté, surmonté d’une carène saillante,
élevée, étroite; à bouche plus haute que large, sagittée, fortement échan-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 71
crée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire aplatis sur les
côtés, pourvus de côtes nombreuses (80 à 90 sur le dernier tour), à peu
près également espacées sur les différents tours, se prolongeant sur la
carène et formant une grande concavité tournée en avant dans leur partie
externe.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en six lobes formés de
parties impaires et en selles, dont les deux premières formées de parties
paires. Lobe dorsal beaucoup plus étroit et plus court que le lobe latéral
supérieur, orné en dehors de deux branches, l’inférieure très-grande,
pourvue de beaucoup de digitations. Selle dorsale aussi large que le lobe
latéral supérieur, divisée en deux feuilles très-inégales à son extrémité, la
plus grande en dedans. Lobe latéral supérieur conique, pourvu de chaque
côté de cinq branches, indépendamment de la terminale, elle-même très-
grande. Selle latérale étroite, divisée en parties semblables, mais plus
petites. Lobe latéral inférieur, la moitié du lobe latéral supérieur, à
rameaux irréguliers dans leur distribution. Premier lobe auxiliaire de
même forme et de moitié en grandeur du lobe latéral supérieur; les trois
autres lobes auxiliaires étroits et très-rapprochés les uns des autres. La
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la pointe du
lobe latéral supérieur et passe au-dessous des autres.
Rapports et différences. — Cette espèce rappelle beaucoup l'A. serpentinus
par ses côtes simples et flexueuses, mais on la reconnaît facilement à la
petitesse de son ombilic.
Localités. — L’A. complanatus se trouve dans la même couche que l'A.
serpentinus; ces deux espèces se rencontrent assez communément dans le
schiste bitumineux exploité à Aubange, et dans la marne de Grand-
Cour, à Lamorteau. Elle est aussi très-commune dans les couches cor-
respondantes du lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France.
Observations. — Sous le nom d’Ammonites falcifères, on a compris un
groupe d'espèces, qui, indépendamment d’autres caractères, se distin-
guent au premier abord par la disposition falciforme de leurs côtes; elles
appartiennent au lias et au jura inférieur : c’est l’une des meilleures fa-
milles de De Buch ; malheureusement, et comme c’est l'ordinaire dans les
72 DESCRIPTION DES FOSSILES
familles bien naturelles, les espèces y sont moins tranchées que partout
ailleurs, et la synonymie en est très-difficile. Dans les falcifères liasiques,
les côtes sont nombreuses, serrées, ne se divisent jamais, commencent
par une strie fine, et s’élargissent ensuite sur les côtés des tours de spire.
Plusieurs espèces de ce groupe se rencontrent en Belgique : telles sont
les Ammonites serpentinus, radians, complanatus , bifrons, concavus, etc.
25. AMMONITES RADIANS.
(PL X, fig. 5; pl. XI, fig. 1.)
INAUTILUS RADIANS. Reinecke, 1818, Naut. et Arg., p. 71, n° 17. pl. IV, fig. 39, 40.
AMMONITES — Schlotheim, 1820, Die Petref., p.78, n° 54.
— STRIATüLUS. Sowerby, 1825, Min. conch., t. V, p. 25, pl. 421, fig. 1.
— RADIANS. De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 112, n° 95.
— — Ziet., 1850, Furt., p.5, pl. IV, fig. 5.
_ LINEATUS. Ziet., id, id, id, pl. IX, fig. 7.
— STRIATULUS. Ziet., id, id, id, pl. XIV, fig. G.
— RADIANS. Roem., 1836, Die Ferstein., p. 185, n° 11.
— — Bronn, 1855-58, Lethea geogn., pl. XXII, fig. 5.
— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.226, pl. 59.
— _ Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., pl. VII, 4,5,6,8.
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, 245.
A. test& compressà, acutè carinatà ; dorso angustato, carinato; aperturd
altä, supernè angustatà ; anfractibus compressis, transversim costalis; costis
simplicibus , bisinuatis, externè antrorsüm, internè relrorsüm inflectis, plus
minüsve approximalis ; seplis lateraliter 4-lobatis.
Dimensions. — Des fragments de tours de spire, que nous avons sous
les yeux, prouvent que cette espèce peut atteindre 3 à 4 décimètres. —
Diamètre d’un petit échantillon 82 mill. Par rapport au diamètre total :
hauteur du dernier tour 5558/4100; largeur 1/10; largeur de l’ombilic 54/100;
recouvrement des tours 12/100.
Description. — Coquille très-comprimée, à dos fortement caréné, ca-
rène élevée et tranchante; à bouche en ogive, rétrécie à sa partie supé-
rieure, assez fortement échancrée à sa base par le retour de la spire,
notablement plus haute que large. Tours de spire très-comprimés, taillés
en biseau à leur côté interne, assez régulièrement convexes, ornés de
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 75
côtes, plus ou moins saillantes, nombreuses, flexueuses, infléchies en avant
à leur partie externe et en arrière à leur partie interne, mais sans former
de coude, comme dans l'A. bifrons.
Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et
cinq selles, formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et plus
court que le lobe latéral supérieur, échancré sur la ligne médiane jus-
qu'au milieu de sa hauteur, présentant de chaque côté trois digitations
et terminé par une pointe impaire. Selle dorsale du double plus large
que le lobe dorsal, divisée, à son extrémité, en deux parties inégales, par
un lobule accessoire à sept pointes, parties dont l’interne est plus large
et plus haute que l’externe et subdivisées en folioles. Lobe latéral supé-
rieur, un peu moins large que la selle dorsale, présentant, du côté externe,
trois digitations, du côté interne quatre, et une impaire; les trois termi-
nales elles-mêmes subdivisées, et la digitation impaire présentant quatre
pointes de chaque côté. Selle latérale presque aussi large que le lobe
latéral supérieur, un peu plus haute que la selle dorsale, terminée par
plusieurs festons à contours arrondis. Lobe latéral inférieur présentant
extérieurement trois fortes branches, intérieurement trois branches plus
petites et terminé par une branche impaire. Selle auxiliaire la moitié à
peine aussi grande que la selle latérale, aussi festonnée. Les deux lobes
auxiliaires très-courts, coniques, légèrement digités sur leurs bords, sépa-
rés par une deuxième selle auxiliaire et limités intérieurement par une
troisième. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe
les trois digitations terminales du lobe latéral supérieur, et atteint aussi
la pointe du lobe latéral inférieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue à peine des 4. Comensis
De Buch (A. thouarsensis, d'Orb., pl. 57) et normannianus, d'Orb. (pl. 88),
seulement la carène est plus tranchante, les côtes plus nombreuses dans
l'A. radians. Quant aux cloisons, les proportions relatives, la forme des
côtes, les différences sont si légères, que le dessin seul peut les faire
saisir.
Localités. — Cette espèce se rencontre dans la marne de Grand-Cour,
s
entre Mont-Quintin et Écouviez, à Lamorteau; dans l’oolithe ferrugineux
Tome XXV. 10
74 DESCRIPTION DES FOSSILES
de Mont-St-Martin, à Mont-S'-Martin, à Piémont, etc. Elle caractérise les
assises supérieures du lias. M. d'Orbigny l'indique dans les départements
suivants : Doubs, Aveyron, Vendée, Sarthe, Bas-Rhin, Aude, Calvados,
Côte-d'Or, Ain, etc.
Observations. — Nous devons observer que des échantillons trouvés dans
l’oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin ont les côtés plus comprimés, des
côtes plus nombreuses, mieux marquées, des cloisons présentant des digi-
tations moins profondes. Elles se rapprochent davantage, par ces caractères,
des figures données par MM. d’Orbigny (pl. 59), Quenstedt (tab. VI, fig. 5),
Zieten (pl. XIV, fig. 6), de l'A. comptus de Reinecke (tab. I, fig. 5). Sur les
grands échantillons, les côtes ont presque complétement disparu.
24. AMMONITES LEVESQUEI.
(PI. XI, fig. 2.)
AMMONITES SOLARIS. Zieten, 1850, Wurtemb., pl. XIV, fig. 7.
— Levesquer. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 60 (sous le nom de solarès , Phill.)
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 245.
A. testä compressä, subcarinatä; dorso convexo, medio carinato; carind
parvä; apertur& compressà; anfractibus compressis, costalis; costis aequa-
libus, simplicibus, rectis internè, externè antrorsim inflectis; septis latera-
liter trilobatis.
Dimensions. — Grand diamètre, 80 mill. Par rapport au diamètre : hau-
teur du dernier tour %/100; largeur 17/100; recouvrement des tours #/100;
largeur de l’ombilic #/100.
Description. — Coquille comprimée, discoïdale, à dos obtus, pourvu
d’une petite quille à peine saillante, non sillonnée sur les côtés; à bouche
comprimée, arrondie à son sommet, peu échancrée à sa base par le retour de
la spire; tours de spire comprimés dans leur ensemble, régulièrement con-
vexes dans leur pourtour, pourvus chacun de 48 à 50 côtes, aiguës, droites
et mieux marquées dans leurs deux tiers internes, infléchies en avant et
moins saillantes dans leur tiers externe, disparaissant avant d'atteindre
la carène.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 75
Cloisons symétriques, découpées en trois lobes et quatre selles formés
de parties impaires. Lobe dorsal large, très-long, présentant sur les côtés
des digitations simples. Selle dorsale d’un tiers plus large que le lobe
dorsal, divisée en plusieurs folioles, dont les deux extrêmes sont peu
inégales. Lobe latéral supérieur du tiers de la selle dorsale, un peu plus
long que le lobe dorsal, présentant cinq digitations principales, dont les
trois dernières sont ramifiées. Selle latérale plus large que le lobe latéral
supérieur, un peu plus élevée que la selle dorsale, terminée par plusieurs
folioles inégales. Lobe latéral inférieur très-oblique, à peine moitié aussi
large que le lobe latéral supérieur et moins long encore, son extrémité
atteignant à peine le milieu de la longueur de la selle latérale. Selle
auxiliaire, disposée aussi obliquement, assez large, mais peu élevée.
Lobe auxiliaire oblique, et formé d’une seule branche principale. La
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe l'extrémité
du lobe latéral supérieur.
Rapports et différences. — Voisine de l'A. radians, elle s’en distingue par
un dos plus obtus, des côtes moins flexueuses, de grandes différences
dans les cloisons.
Localités. — Cette espèce caractérise le lias supérieur. M. d'Orbigny
l'indique dans les départements de Saône-et-Loire et du Jura. L’exem-
plaire qui a servi à cette description provient de l’oolithe ferrugineux, à
Soleure.
DESCRIPTION DES FOSSILES
Cu |
[=]
GASTÉROPODES.
Genre CHEMNITZIA, A. D'OrBiGny.
Toreinires, Martin.
Merana, Sow., Phill., Koch et Dunk.
Paasranezca, Goldf., Keferst.
TeregrA, J. Sow.
Pissoa, V. Leveillé.
TurrirezLA, V. Buch, Münster, Goldf., Kloden, Fleming, d'Arch. et de Vern.
Bucenum et Meraworsis, Fisher.
Cuewnirza, A. d'Orb., de Kon., etc.
Loxoxewa, Phill., d’Arch. et de Vern., Roem., Morr., Portlock, etc.
Animal ignotum.
Testa turrita; anfractus numerosi, tm laeves, tm tuberculis transversis
ornali, saepius longitrorsim striati vel costulati; sutura linearis ; apertura
ovalis vel angulosa, posticè coarctata; labrum acutum ; ombilicum nullum ;
columella recta, subcallosa vel unidentata.
Animal inconnu.
Coquille allongée, turriculée, composée d’un grand nombre de tours
portant de petites côtes longitudinales, ou de gros tubercules allongés
transversalement; d'autres fois, de simples stries transversales; suture
linéaire, ou garnie d’un bourrelet antérieur ordinairement mince; bouche
variable, ovale ou anguleuse, large en avant, rétrécie en arrière. Lèvre
droite, tranchante. Ombilic nul. Columelle droite, légèrement calleuse ou
pourvue d’une dent. Opercule?.
L’axe de la spire, chez l’adulte, coupe transversalement celui de la spire
de l'embryon, de sorte que la coquille du jeune âge se distingue par
l'irrégularité de sa position à l'extrémité de la coquille de l'adulte.
La plupart des auteurs, depuis Sowerby, ont placé les fossiles de ce
genre parmi les Melania, quoique celles-ci soient fluviatiles; ainsi Gold-
fuss en a fait des Phasianella; M. J. Sowerby, des Terebra; MM. Fleming,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 77
de Buch, etc., des Turritella. M. d'Orbigny les a réunies, avec raison,
sous le nom de Chemnitzia. Peu après, M. Phillips proposa le nom de
Loxonema , qui ne peut être conservé.
Ce genre possède des représentants à toutes les périodes géologiques,
mais en nombre assez restreint. Ce sont des coquilles en général de taille
moyenne ou petite. Les espèces vivantes habitent à d’assez grandes pro-
fondeurs le littoral des continents, sous toutes les latitudes.
4. CHEMNITZIA TURBINATA.
(PI. XI, fig. 5.)
CHEMNITZIA TURBINATA. Terquem, 1855, Ms.
C. testä turritä, anfractibus convexis, suturà distinctà sejunctis ; strüis lon-
gitudinalibus crebris, aequalibus, interdüm obsoletis cincta.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; largeur 12 mill.
Description. — Coquille turriculée, d’un angle spiral d'environ 25°,
composée de 8-9 tours convexes, séparés par une suture très-distincte,
marqués de stries longitudinales, parfois peu distinctes, nombreuses, fines,
presque égales, mais inégalement distantes, en nombre variable, pouvant
aller jusqu’à 15. Bouche...
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par sa forme et ses
stries de la Chemnitzia (Melania) Zenkeni, Dunker, à laquelle nous l’avions
d’abord rapportée; mais M. Terquem, à qui nous l’avions communiquée,
après l'avoir comparée avec des exemplaires authentiques de Halberstadt,
l’a trouvée bien distincte, et identique avec celle dont nous lui laissons le
nom; elle nous paraît être un peu plus courte et porter moins de stries
longitudinales que l'espèce de M. Dunker.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne,
à La Cuisine, à Muno et à Jamoigne, où elle paraît rare. Nous y rapportons
avec doute un individu que M. le D' De Condé a rencontré dans la marne
de Strassen, à Waltzingen. M. Terquem l’a découverte dans le grès d'Het-
tange.
78 DESCRIPTION DES FOSSILES
2. CHEMNITZIA ALIENA. N.
(PL XL, fig. 4.)
C. testà ovato-conicà ; spira brevi, angulo 48°, apice acuto ; anfractibus 5-6
anticè subplanis, posticè angulalis, tabulatis, antè angulum subdepressis,
transversim costatis, longitrorsm lineis numerosis notalis; basi convex ;
apertur& ovali.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; longueur du dernier tour 17 mill.
— 0,57 de la longueur totale; angle sutural 64° ; angle spiral 48°.
Description. — Coquille assez épaisse, ovale, conique; spire courte pour
le genre, d’un angle spiral régulier, de 48°, à sommet aigu; formée de 5-6
tours anguleux à leur partie postérieure, planes derrière l'angle, aplatis
en avant, sauf une légère dépression à une petite distance, munis de
côtes transversales nombreuses (55-40 par tour), à concavité peu mar-
quée, dirigée vers la bouche, croisées par 8-10 côtes longitudinales,
peu saillantes et arrondies. Base convexe. Bouche ovale.
Observation. — Cette coquille, qui semblerait d’abord appartenir au
genre Ampullaria, Lam., s’en éloigne par la bouche, dont les bords nous
ont paru désunis; peut-être devrait-on la ranger parmi les Phasianella.
C’est une espèce bien distincte par ses ornements.
Localité.
Nous l'avons rencontrée dans le grès de Luxembourg,
aux environs d'Hopscheiden (grand-duché de Luxembourg), où elle paraît
très-rare ; nous n’en possédons que deux exemplaires incomplets.
5. CHEmniTzia Davipsont. N.
(PL. XL, fig. 5.)
C. testä turritä ; angulo spirae 22; anfractibus subconvexis, laevibus ?; costis
obliquè transversis, rectis ; basi obliqu&, convexa ; aperturd ?.
Dimensions. — Longueur 26 mill.; longueur du dernier tour 8 mill.
=0,50.
Description. — Coquille de petite taille, turriculée; angle spiral de 22°;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 79
angle sutural de 66°. Tours nombreux, planes dans leur partie posté-
rieure , légèrement convexes en avant, lisses, marqués de côtes nombreu-
ses, transverses, obliques d'avant en arrière et de droite à gauche, s’af-
faiblissant et disparaissant avant la partie postérieure. Suture enfoncée.
Base oblique, convexe...
Rapports et différences. — Cette espèce se distinguera sans difficulté des
C. (Melania) semicostata, E. Desl., et Blainvillei, Münst.
Nous prions M. T. Davidson de nous permettre de lui donner son nom.
Localité. — Elle a été découverte par M. le D° de Condé dans le grès de
Luxembourg, près d’Arlon. L'état du test ne permet pas d’affirmer qu’il n’y
ait point de stries d’accroissement.
4. CHEMNITZIA? INGRATA. N.
(PI. XI, fig. 6.)
C. nucleo turrilo abbreviato, angulo spirae 56°, anfractibus compresso-te-
retibus….
Dimensions. — Longueur 110 mill.; longueur du dernier tour 42 —
0,58; largeur 55 — 0,50.
Description. — Coquille inconnue; moule turriculé, à spire relativement
courte; angle spiral de 56°; angle sutural de 60°. Tours convexes, les
antérieurs un peu comprimés.
Localité. — Cette espèce, bien distincte par sa taille et l'ouverture de
l'angle spiral, vient du grès de Luxembourg, à Lime.
5. CHEMNITZIA? NUDA. À.
(PI. XIL, fig. 1.)
C. nucleo turrito, elongato, angulo spirae 16°; anfractibus numerosis,
convexis, medio subangulatis, posticè compressis.
Dimensions. — Longueur 140 mill.; longueur du dernier tour 30 mil).
—10;,21,
80 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Coquille inconnue; moule turriculé, allongé; angle
spiral de 16°; angle sutural de 64°. Tours nombreux, convexes, légère-
ment comprimés dans leur partie postérieure, avec une trace d’angle à la
partie moyenne.
Observation. — Cette espèce est distincte par sa taille et son angle spiral;
mais il se pourrait qu'elle appartint, ainsi que la précédente, au genre
Cerithium, ou Turritella.
Localité. — L'individu figuré s’est trouvé à Huombois, entre Étalle et
Virton, dans le grès de Luxembourg.
Genre NATICA. Apanson.
Narica, Ad.
Nerrra, sp. Lin. et Auct.
Narica, Lam.
Pozvnices, Montf.
Mawca , Schum.
AMpuLLariA, Sp. Lam. et Auct.
Testa subglobosa, umbilicata ; apertura integra semirotunda ; labium obli-
quum, edentulum , callosum , callo umbilicum coarctante, interdüm obtegente;
labrum acutum, intüs laevigatum ; operculum muticum.
Coquille subglobuleuse, à spire déprimée, ombiliquée; bouche entière,
semi-circulaire ; lèvre gauche oblique et sans dents, munie d’une large cal-
losité resserrant ou quelquefois recouvrant l’ombilic ; lèvre droite aigué,
lisse à l’intérieur; opercule mutique, corné ou calcaire.
Animal oval, spiral; pied profondément et transversalement bilobé en
avant et portant en arrière l’opercule sur un lobe appendiculaire ; tête
pourvue de longs tentacules sétacés, aplatis et auriculés à la base; yeux
pédonculés ; bouche armée d’une dent labiale sans langue spirale.
Ce genre se trouve dans les terrains les plus anciens et est encore re-
présenté aujourd’hui. Les espèces vivantes habitent les rivages sablonneux
des mers chaudes et tempérées.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. si
Narica KONINCKANA , N.
(PI. XI, fig. 7.)
N. testà ovato-conicà, crassd ; spirà mediocri; angulo 65-68"; anfractibus 5,
transversim obsoletè striatis, anqulatis, plano-concavis, angulo obtuso ; aper-
turà subsemicireulari; labro acuto ; umbilico nullo.
Description. — Çoquille épaisse, ovale, conique, à spire médiocrement
élevée, à sommet aigu, à angle spiral de 65°-68°, formée de cinq tours
marqués de stries transverses peu distinctes, nombreuses, anguleux en
haut, près de la suture, planes dans le reste de leur surface libre, avec
une légère dépression vers le milieu; angle obtus, séparé de la suture par
une partie plane très-étroite. Bouche ovale-oblongue, presque semi-circu-
laire ; bord droit tranchant; bord gauche épaissi (?) recouvrant lombilic.
Cette espèce s'éloigne des ampullaires par l'épaisseur de son test. Il est
à regretter que tous les échantillons que nous avons vus soient fracturés
ou déformés à la bouche : le meilleur est figuré.
Rapports et différences. — Elle est fort voisine de l’Ampullaria angulata,
Dunker; mais elle s’en distingue aisément par l'angle des tours plus ar-
rondi et plus rapproché de la suture, ainsi que par la dépression de leur
milieu, que l’on remarque plus ou moins sur tous les exemplaires. En
outre, la bouche paraît différente.
Localités. — Nous n'avons rencontré cette espèce que dans le grès de
Luxembourg, à Frassem. M. le D' de Condé l’a trouvée également aux
environs d’Arlon.
Genre TROCHUS , Lné.
Trocuus, Linn. et auct.
Iuegraror , Iruxnigucum, Cazcar, Canrnarines, de Montf.
Trocuurres, Schl.
MançcariraA, Sow.
Tesla conica, tm excelsa, tm depressa; anfractus depressi, carinati vel
angulati; basis saepiùs umbilicata, callo destituta; apertura depressa, ançqu-
Tome XXV. 11
82 DESCRIPTION DES FOSSILES
lata, intès margaritacea; labro integro; columella arcuata, contorta; opercu-
lum plerümque corneum, spirale.
Coquille conique assez épaisse, à spire parfois surbaissée, d’autres fois
élancée , carénée à la circonférence, composée de tours déprimés, angu-
leux ou convexes; base souvent percée d’un ombilic trop petit pour qu'on
puisse apercevoir les tours de spire; pas de callosité; bouche déprimée,
anguleuse, nacrée à l’intérieur, à bord droit tranchant; columelle arquée,
tordue; opercule corné, spiral, à sommet submédian , à tours nombreux
et étroits.
Animal pourvu d’un pied court, triangulaire et d’appendices latéraux
lobés ou filiformes ; tête munie de deux tentacules plus ou moins longs,
portant les yeux sur un renflement saillant de leur base externe ; une ou
deux branchies pectinées.
Ce genre a paru dès les temps les plus anciens, et s’est perpétué jus-
qu'à l’époque actuelle, où il atteint son plus grand développement; les
espèces les plus grandes et les plus remarquables par leurs couleurs vien-
nent des mers des pays chauds, mais on en trouve partout; elles vivent
sur les côtes, entre les rochers, et sont surtout herbivores.
{. TROCHUS ACUMINATUS, A.
(PL XIT, fig. 5.)
T. testà turbinato-conica; anfractibus (7-8?) antè medium angulatis, cari-
nalis, transversim striatis, ad suturam cingillis duobus punctatis ornalis ;
carinà prominente, granulis creberrimis denticulatà ; basi convexä (radiatim
strialà ?) cingillatä ; umbilico nullo.
Dimensions. — Longueur 16 mill. — 100; largeur 9 mill. — 58.
Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet... à angle spiral
de 45°; tours de spire (7-8 ?), anguleux, carénés en avant, plats ou lé-
gèrement convexes de chaque côté de la carène, ornés de stries trans-
verses fines et serrées, et de deux lignes longitudinales ponctuées , situées
près de la suture postérieure; carène aiguë, fortement saillante, couverte
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 85
de granulations serrées, transverses, qui en rendent le tranchant denti-
culé. Base convexe, ornée de cinq lignes saillantes, concentriques (denti-
culées, et de stries d’accroissement rayonnantes ?); ombilic nul; bouche
subtétragone , arrondie en avant.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de la suivante, dont
elle se distingue pourtant avec facilité. Nous n’en possédons qu'un échan-
tillon, dont la partie postérieure est brisée ec le test un peu usé.
Localité. — Ce Trochus ne se rencontre que très-rarement dans la marne
de Jamoigne, dans cette localité.
2, TROCHUS INTERMEDIUS. N.
(PI. XIL, fig. 4.)
T. testà turbinato-conicà; anfractibus 7, antè medium angulatis, ad sutu-
ram granulato-cingulatis ; angulo granulato, granulis acutis, transversis ;
basi cingillatà, ad peripheriam granulis anguli anfractüs radiatim lineatà ;
umbilico nullo.
Dimensions. — Longueur 8 mill.— 100; largeur 5 mill.—65.
Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet aigu, à angle spiral
de 44°, formée de 6-7 tours de spire anguleux vers le tiers antérieur,
planes ou légèrement concaves de chaque côté de l'angle, ornés en long
et près de la suture d’une série de petits granules médiocrement espacés,
à peine réunis par une légère ligne saillante ; angle caréné, portant de
nombreuses granulations aiguës , allongées transversalement. Base con-
vexe, ornée de trois lignes saillantes, concentriques, granulées, et, à la
périphérie, de stries rayonnantes , partant de chaque granulation de l'angle
du dernier tour. Ombilic nul ; bouche transverse, presque trapézoïdale.
Le seul échantillon que nous possédions a la bouche cassée; et le test
un peu usé ne montre plus de stries transverses.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de la précédente, dont
elle se distingue cependant par les caractères suivants : les tours du 7.
acuminatus portent deux séries de points près de la suture; ici nous n’en
voyons qu'une, et les granules sont bien espacés; la carène de la pre-
84 DESCRIPTION DES FOSSILES
mière espèce est beaucoup plus saillante , tranchante ; elle porte des gra-
oulations différentes ; enfin, au lieu de trois stries concentriques , sa base
en porte cinq.
Localité. — L'échantillon figuré a été trouvé à Jamoigne, dans la marne
inférieure du lias.
Genre STRAPAROLUS, Monrr.
SrraparoLus, Montf.
Heuicrres, Mart., Schl., Wahlenb.
Trocuuira, Schl., Wahl.
Evomruazus, Sow., Flem., Goldf., Desh., De Kon., etc.
Cirrus, Sow., Dumont, Davreux, Phill., etc.
Maczurires, Lesueur , Blainv.
Trocaus, Bronn.
Cirrus et Skenea, Flem.
Turso et Owaraxis, Desh.
Birronria, Desh., Nyst.
Soraruw, Blainv., Desh., A. d'Orbig. (non Lam.)
ScizosromA, Bronn, Fisch., ete.
Cenrrirucus, Bronn.
AwpuLLaria et GLoguLus, Sow.
PLeuraromarium, Fisch,
Srirornis , Steininger.
Ixacur sp. Hisinger.
Eccuziowrnazus, Portlock, Morris.
Testa orbicularis plerumque conico-depressa, aliquandd planorbiforms ;
umbilicus latus, ad margines internas laevis vel striatus ; anfractus convexi
vel angulato-depressi ; aperturae angulatae vel subovatae labrum acutum ,
infrà plus minüsve sinuatum.
Coquille orbiculaire, régulièrement conique, ou déprimée et planorbi-
forme; à ombilic très-ouvert, lisse ou simplement strié en travers, jamais
crénelé, laissant apercevoir tous les tours de spire. Spire ordinairement
assez régulière, formée parfois de tours convexes, mais le plus souvent
anguleux et plus ou moins aplatis, soit supérieurement, soit inférieurement.
Bouche ordinairement anguleuse, rarement arrondie. Lèvre extérieure
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 85
tranchante et garnie d'une sinuosité plus ou moins profonde, ne donnant
pas lieu à la formation d’une bande de sinus.
Ce genre, éteint à l’époque actuelle, a des représentants dans la plu-
part des systèmes des diverses périodes géologiques, et c’est dans les
couches anciennes qu'il est le plus répandu.
STRAPAROLUS GLABRATUS , À.
(PL XII, fig. 2.)
S. testà turbinatà, depressä ; anfractibus 5 , teretibus, laevibus ; umbilico
patulo.
Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 14 mill.
Description. — Coquille turbinée, déprimée, formée d'environ cinq tours
bien arrondis, lisses, séparés par une suture profonde; base lisse, bouche
circulaire, ombilic large.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des
autres espèces jurassiques par sa forme générale et ses tours lisses et
arrondis.
Le genre nous laisse quelques doutes; son test lisse et mince l’éloigne
des Delphinula.
Localité. — Cette espèce ne parait point rare aux environs de Longwy,
dans le calcaire; mais seulement à l’état de moule. M. le D' de Condé a
trouvé un individu muni d’une grande partie de son test; il a bien voulu
nous le communiquer.
Genre TURBO, Linné.
Turzo, Lin. et Auct.
Turso et Moxoponra, Lam.
Tunmnires, Schloth.
Testa conoïidea, excelsa vel depressa ; anfractus convexi, lereles vel an-
qulati; basis plerumque umbilicata , nonnunquäm callosa; apertura rolun-
86 DESCRIPTION DES FOSSILES
data vel partm depressa, intùs margaritacea; labrum integrum; columella ar-
cuata, rard contorta, saepiùs dentigera ; operculum calcareum.
Coquille épaisse, conique, plus ou moins élancée ou surbaissée, peu ou
point carénée à sa circonférence. Tours convexes, arrondis ou anguleux;
base ordinairement ombiliquée, parfois munie d’une callosité qui réunit
les bords de la bouche; celle-ci arrondie ou peu déprimée, nacrée à l’in-
térieur, à bord droit tranchant, point ou très-peu anguleux. Columelle
arquée, rarement tordue, souvent terminée par une forte dent. Opercule
calcaire, à tours de spire peu nombreux, à sommet presque latéral.
Animal très-voisin des Trochus. Ces deux genres se lient par des passages
insensibles.
Ce genre a paru avec les premiers mollusques et s’est conservé jus-
qu'aujourd'hui, où il a acquis le plus de développement. Les espèces
sont répandues sous tous les climats ; elles habitent les côtes rocailleuses.
4. Turso Nysni, N.
(PI. XII, fg. 5.)
T. testà turbinatà ; anfractibus 5 , rotundatis, cingillis 5 longitudinalibus
inaequalibus, subalternis, punctatis, lineisque subtilibus, crebris notatis ; basi
confertim cingillatà, radiatim lineatà ; umbilico nullo ; aperturà oblique trans-
versi, ovalt.
Dimensions. — Longueur 10 mill., largeur 8 mill.; longueur da dernier
tour à — 100 : 82 : 50; angle sutural 68.
Description. — Coquille turbinée, à angle spiral de 55°, formée de cinq
tours de spire arrondis, à suture profonde, ornés en long de cinq côtes
inégales, la moyenne et l’inférieure les plus fortes, déterminant sur les
tours deux angles marqués; celle qui les sépare étant la plus faible, à
peine saillante; lignes transversales très-nombreuses, fines, marquant de
points saillants les intersections avec les côtes longitudinales. Base ornée
de même de côtes concentriques nombreuses et de stries rayonnantes; om-
bilic nul; bouche transverse, oblique, ovale.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 87
Nous prions M. Nyst d'accepter la dédicace de cette espèce comme un
hommage rendu aux beaux travaux par lesquels il a fait connaître nos
fossiles tertiaires.
Localité. — Cette espèce a été trouvée dans la marne, Jamoigne.
2. TurBO ATAVUS, N.
(PI. XII, fig. 6.)
€
T. testà turbinato-conicû ; apice acuto ; anfractibus 5, convexis, angulatis
transversim lineatis, cingulis 4, longitudinalibus, punctatis, inaequalibus,
posteriore ad suturam ; basi confertim cingillatä, radiatim str iatà ; umbilico
nullo; aperturà subovatà, longitudinali.
Dimensions. — Longueur 14 mill.; largeur 10 mill.; longueur du der-
nier tour 6— 100 : 66 : 45; angle sutural 75°.
Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet aigu, à angle spiral
de 45°, formée de cinq tours de spire convexes, anguleux, ornés de
quatre fines côtes longitudinales, peu granulées, inégales; les deux anté-
rieures plus fortes, saillantes aux angles des tours; la postérieure la plus
faible, contre la suture; sur les deux derniers tours, au plus, on trouve,
en outre, deux fines côtes ponctuées, intermédiaires entre les premières ;
les intervalles sont munis de lignes transversales très-fines et très-nom-
breuses. Base ornée de même de côtes concentriques et de lignes rayon-
nantes; ombilic nul; bouche ovale, longitudinale.
Rapports et différences. — Cette espèce, dont nous n'avons encore ren-
contré qu’un individu, est très-voisine de la précédente, avec laquelle elle
s’est trouvée; nous avons cru pouvoir l’en séparer par quelques différences
de détail, mais surtout par son angle spiral notablement moindre, et par
sa bouche dont le grand axe semble parallèle à celui de la coquille.
Localité. — L'exemplaire figuré a été trouvé dans la marne de Jamoigne,
de cette localité.
5. Turgo inscuzrrus, N.
(PI. XIL, fig. 9.)
T. leslä conicd; apice oblusiusculo; anfractibus 6, subconvexis, cancel-
88 DESCRIPTION DES FOSSILES
latis, anticè subangulatis ; basi concentricè striatà ; umbilico minimo ; aperturä
subrotundata.
Dimensions. — Longueur 7 mill.; largeur à mill.; longueur du dernier
tour 2 mill.— 100 : 78 : 50; angle sutural 68°.
Description. — Coquille conique, à sommet très-légèrement obtus, à
angle spiral de 48°; formée de six tours légèrement convexes, agréable-
ment treillissés par sept fines côtes longitudinales, croisées par des côtes
transverses un peu plus fortes, obliques de haut en bas, et de droite à
gauche, et formant un point légèrement saillant à chaque intersection;
la côte longitudinale inférieure est située contre la suture, séparée de
l'avant-dernière par un espace plus large sub-canaliculé; celle-ci est plus
forte, plus saillante et rend le bas des tours sub-anguleux. Base légère-
ment convexe, striée concentriquement ; ombilic très-petit (?); bouche sub-
arrondie.
Localité. — Le seul échantillon que nous ayons vu a été trouvé dans la
marne de Strassen, aux environs d’Arlon, par M. le D: de Condé.
4. Turso Buvienieri, N.
(PI. XIL, fig 8.)
T. testà conicä, apice obluso? anfractibus 5 planis, anticè ad suturam
angulatis ; striis longitudinalibus 8, transversisque crebris, obliquis , tenuis-
simis decussatis ; basi convexä, strüs radiantibus et concentricis obsoletè de-
cussatis ; umbilico nullo ; aperturd?
Dimensions. — Longueur 10 mill. — 100; largeur 7 — 70; longueur
du dernier tour 55 = 55; angle sutural 72.
Description. — Coquille conique, à sommet obtus, à angle spiral de 49°;
formée de cinq tours planes, pourvus d’un angle assez marqué à leur
partie antérieure près de la suture, couverts de stries transversales fines,
tres-nombreuses, obliques de haut en bas et de droite à gauche, croisées
par huit stries longitudinales, légèrement ponctuées à l'intersection. Base
convexe, à stries décussées, peu marquées; ombilic nul; bouche?
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 89
Rapports et différences. — Gette espèce est voisine de la précédente, dont
elle se distingue par son sommet obtus, ses tours plans et moins nom-
breux, le dernier plus anguleux vers la base, celle-ci beaucoup plus
convexe; et surtout, par une ornementation différente, beaucoup moins
prononcée.
Localité. — L'échantillon qui nous a servi a été trouvé par M. le D: de
Condé, aux environs d'Arlon, dans la marne de Strassen, où l'espèce
paraît très-rare.
5. TURBO SELECTUS, N.
(PL XIL, fig. 7.)
T. testä conica; anfractibus T depressis, anticè angulatis, costulis 5 longi-
tudinalibus, obsoletè granulalis, strüsque transversis, confertis notatis ; an-
gulo carinato, granulato ; basi confertèm cingillatä ; umbilico nullo.
Dimensions. — Longueur 19 mill. — 100; largeur 12 mill. — 66;
longueur du dernier tour 10 mill. — 0,55; angle sutural 78°.
Description. — Coquille conique à sommet aigu, à angle spiral de 47°;
composée de sept tours de spire déprimés, anguleux dans leur partie anté-
rieure, ornés de stries transverses nombreuses et fines, et de trois côtes
longitudinales égales, peu marquées, distinctement granulées, surtout l'an-
térieure, moins éloignées entre elles que l'antérieure ne l’est de l'angle ;
celui-ci, situé vers le bas des tours, caréné, granulé; suture peu distincte,
longée de chaque côté par une ligne de fines granulations peu marquées.
Base convexe, couverte de stries fines rayonnantes, croisées par plusieurs
(7?) côtes fines, granulées. Ombilic nul. Bouche ovale.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine du T. Escheri Mün-
ster (lias supérieur) (dont l'angle spiral serait, d’après la figure de Goldfuss.
pl. CXCIT, 14, de 40° sur la figure de grandeur naturelle, de 52 sur la
figure grossie). La forme des tours est exactement la même, mais les or-
nements sont différents : l'espèce de Münster possède au-dessus de l’angle
des tours quatre côtes ou bandelettes granulées, alternativement plus
petites et plus grandes; la nôtre n’en a que trois; elles sont égales, et les
Tome XXV. 12
90 DESCRIPTION DES FOSSILES
granulations sont beaucoup moins marquées; de plus, les côtes concen-
triques de la base sont granulées comme les autres.
Localités. — Nous devons encore cette espèce à l’obligeance de M. le
D' de Condé, qui l'a trouvée dans la marne de Strassen, à Walzingen,
où elle est très-rare.
6. Turzo miNax, N.
(PI. XIL, fig. 11.)
T. testà turbinato-depressä, angulo spirae 75°; anfractibus 4, valdè incres-
centibus, subtrigonis, nodulis asperis tricinctis ; basi 4-cingulatà , umbilicatä.
Dimension. — Longueur 9 mill.; largeur 9 mill.
Description. — Coquille de petite taille, mince, turbinée-déprimée, à
sommet obtus (?); angle spiral de 75°. Spire régulière, composée de quatre
tours croissant rapidement, convexes, anguleux, subtrigones dans leur
“partie visible, ornés de fines stries d’accroissement et de trois rangées
longitudinales de tubercules saillants, aigus, l’antérieure contre la suture,
à tubercules plus petits et plus serrés (environ 42 par tour); la moyenne
au milieu des tours, la postérieure près de la suture, ces deux dernières
portant des tubercules plus gros (environ 530 par tour); ceux de la der-
nière parfois atténués en légers plis obliques; suture distincte, séparée
de la rangée antérieure par une ou deux stries fines, peu marquées. Base
ombiliquée, ornée de fines stries d’accroissement et de quatre côtes con-
centriques.
Le moule montre, sur la surface des tours, trois angles distincts cor-
respondant aux trois séries de nœuds, mais les traces de ceux-ci sont très-
peu marquées, surtout en avant.
Nous n’avons trouvé cette espèce qu'à l’état de moule avec son em-
preinte, d’après laquelle nous avons reconstruit l'échantillon figuré. Elle
est très-facile à distinguer de toutes les autres par la forme de ses tours,
et ses trois rangs de tubercules.
Localité. — Cette espèce appartient aux couches supérieures du macigno
d’Aubange. Nous l'avons recueillie à Halanzy, où M. le D' de Condé l’a
également rencontrée; elle paraît y être rare.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 91
7. TurRO cycLosroma.
(PI. XIL, fig. 10.)
TurBO CYCLOSTOMA, Benz., in Ziet., 1850, Wurt., pl. 55, fig. 4.
= —= Roem., 1856, Ool., p.153.
=> — Goldf,, 1844, Petref., pl. 195 , fig. 7.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 248.
T. test ovato-turbinatä; anfractibus 6 teretibus, subtilissimè granulato-
cingillatis, cingillis confertis ; umbilico nullo.
Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 8 mill.
Description. — Coquille mince, ovale-turbinée, à angle spiral de 70°;
formée de cinq à six tours arrondis, couverts de lignes longitudinales
très-fines , très-serrées et très-finement ponctuées; base arrondie, égale-
ment striée ; ombilic nul. Le moule paraît porter des traces des stries de
la coquille.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-distincte par sa forme et
ses ornements. Peut-être faut-il y réunir, avec Goldfuss, le T. cyclostomoïdes,
Koch et Dunker.
Localité. — Elle provient du macigno de Halanzy et d'Aubange, à la
partie supérieure de cet étage. On la trouve dans le Wurtemberg, à Gamels-
hausen; Zieten et M. d’Orbigny la placent dans les marnes supérieures du
lias; Goldfuss l'indique à Quedlimburg, Goslar, Banz, Berg.
8. Tur8o prior , N.
(PL. XIL, fig. 12.)
T. teslä ovatä-turbinat, anfractibus compresso-teretibus, cinqulis; (3-4)
prominentibus, crebrè tuberculatis, obtusis, costisque crebris, transversis, in-
terstitialibus ; basi confertèm noduloso-cingulatà, cancellatä, non umbilicata.
Dimensions. — Longueur 21 mill.; largeur 17 mill. — 100 : 51; lon-
gueur du dernier tour 11 mill. — 0,55 de la longueur totale; angle
sutural 56°.
Description. — Coquille ovale-turbinée, à angle spiral de 68°, à tours (5)
92 DESCRIPTION DES FOSSILES
comprimés, légèrement arrondis, ornés de trois ou quatre bandelettes
longitudinales très-saillantes, rendues onduleuses par des tubercules ou
nœuds allongés transversalement, serrés, obtus, de largeur variable,
séparées par des intervalles quelquefois plus larges, canaliculés, marqués
de côtes transverses , étroites, saillantes, en nombre égal à celui des tuber-
cules qu’elles unissent un à un. Base portant des bandelettes concentriques
analogues, au nombre de cinq ou six, plus rapprochées, et à tubercules
plus serrés, réunis par des côtes rayonnantes. Ombilic nul.
Les premiers tours ne portent que trois bandelettes; le dernier seul
parait en avoir quatre; les intervalles qui séparent celles-ci peuvent varier
considérablement, même sur un seul individu; les bandelettes de la base
portent au moins autant de tubercules que celles du reste du dernier tour ;
la bouche parait ovale, le grand axe à peu près longitudinal.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des T. ornatus, Sow.,
centurio, Münster, praetor, Goldf. et Phillipsü, Morr. et Lyc. Elle se distin-
gue de la première par plusieurs caractères ; ses tours sont moins nom-
breux et le dernier n’a pas de bandelettes secondaires ; les tubercules sont
beaucoup plus serrés, obtus et non aigus, allongés transversalement au lieu
de l'être longitudinalement; enfin, les intervalles entre les bandelettes sont
bien canaliculés, et les côtes transverses sont tout à fait différentes. On la
séparera aussi facilement de la seconde par son angle spiral, par la forme
des tours, qui n’ont pas d’angles marqués, et par celle des tubercules,
des bandelettes et de leurs intervalles. Elle s'éloigne du T. praetor par ses
tours moins arrondis, à sutures moins distinctes et surtout par le nombre
des bandelettes, la forme et la disposition des tubercules, etc. Enfin, le
T. Plullipsü, qui en est le plus rapproché, possède une bandelette de plus
à Ja partie postérieure du dernier tour de spire.
Localité. — Cette espèce a été trouvée près de Ruette, dans le calcaire de
Longwy; elle y est très-rare.
QI
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 9
Genre PLEUROTOMARIA, Derrances.
Heux, sp., Sowerby, Dumont, etc.
Trocaus, sp. Sowerb., Mant.….
ScissureLLA? , A. d'Orb.
Cirnus, Mant., Leym., Ag.
Evompnazus, Pusch.
Heuicia, Sow.
Semzosroma (part.), D'Archiac et de Vern.
RoreLLa (part.), Goldf., Br...
PrycuompnaLus, Ag.
Testa conica vel conoïdea, aliquotiès turrita, subglobosa, depressa vel sub-
discoïdea ; anfractus subconcavi vel valdè prominentes el intermedii, fascià
sinui labri correspondente, nonnunquäm obtectä ornati. Apertura variae
formae; labrum sinu variabili, medio munitum ; umbilicum variabile, haud
rard nullum; columella simplex ; operculum nullum.
Coquille de forme très-variable, ordinairement conique et trochoïde,
parfois turriculée, subglobuleuse ou déprimée au point de devenir tout à
fait discoïde. Tours très-variables, plans ou légèrement concaves, jusqu’à
devenir très-convexes, arrondis ou anguleux, munis d’une bandelette plus
ou moins étroite, correspondant à l’entaille de la lèvre droite dont elle est
la trace, parfois cachée par l’enroulement des tours, et visible seulement
sur le dernier. Bouche de forme très-variable. Lèvre droite mince, inter-
rompue vers le milieu par une entaille plus ou moins étroite, plus ou
moins profonde; lèvre gauche simple, réfléchie, rarement calleuse, quel-
quefois munie inférieurement d’une dépression ou d’une gouttière courte
et peu profonde. Ombilic variable, souvent nul. Columelle simple, droite
ou arquée, très-rarement portant un léger pli oblique. Pas d’opercule.
Ce genre s’est montré, avec les premiers mollusques, dans le terrain
silurien; il a atteint son maximum de développement dans les couches
jurassiques inférieures, pour ne conserver aucun représentant à l’époque
actuelle, sauf peut-être la scissurelle de M. d’Orbigny.
94 DESCRIPTION DES FOSSILES
1. PLEUROTOMARIA PRINCIPALIS. N.
(PI. AH, fig. 2.
P. testä conicä; anfractibus subconvexis ; lineis duabus longitudinalibus
noduliferis, nonnullisque simplicibus, quarum tres inter suturam distinctam
el seriem posteriorem nodulorum ; striis incrementi crebris subtilibus ; fasciä
prominente, carinat@, antè medium anfractuum silà ; basi plan vel subcon-
vexd, concentricè striatà, umbilicatà ; apertur& subelliptica obliqua.
Dimensions. — Longueur 25 mill. et plus; longueur du dernier tour
8 — 100 : 52; angle sutural 54°; angle spiral 72°.
Description. — Coquille conique, médiocrement élevée, à sommet aigu;
tours légèrement convexes, portant deux rangées longitudinales de no-
dules : l’une, antérieure, contre la suture; l’autre postérieure, vers le tiers
postérieur des tours; nodules postérieurs simples, allongés; les antérieurs
bifides ou plutôt doubles ; leur surface porte, en outre, cinq lignes sail-
lantes, longitudinales , simples (dont trois entre la suture et la rangée pos-
térieure de nodules), et des stries transverses fines, inégales, obliques,
très-marquées au-dessus des nœuds postérieurs; entaille large, assez pro-
fonde (?); bandelette peu saillante, fortement carénée au milieu, située à
l'union des deux tiers postérieurs des tours avec l’antérieur, couverte de
stries d’accroissement serrées, fines, obliques en deux sens opposés à
partir de la carène, sur laquelle elles passent en lui donnant un aspect
finement granulé. Dernier tour anguleux vers la base; base noduleuse
vers la périphérie, plane ou légèrement convexe, marquée de stries con-
centriques, plus serrées vers la circonférence, parfois croisées par des
plis rayonnants, peu marqués, irréguliers; ombilic assez grand; bouche
subelliptique, allongée, oblique.
Rapports et différences. — Nous croyons devoir séparer cette espèce du
P. princeps, Koch et Dunker, quoique, au premier abord, elle en paraisse
peu distincte. La spire est beaucoup moins élancée, et ce caractère, peu
important en d’autres circonstances, nous paraît emprunter une certaine
valeur à sa constance dans tous nos échantillons ; ses tours sont légèrement
convexes ; la base n’est pas concave ; l’ombilic est assez grand ; la bande-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 95
lette ne porte qu’une ligne longitudinale carénée et très-saillante; enfin,
on trouve quelques autres différences dans les détails de l’ornementation.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne,
où elle ne paraît pas très-rare, à Jamoigne et à Termes.
2. PLEUROTOMARIA COGNATA. N.
(PL XUI, fig. 1.)
P. testà tenui trochiformi, apice acuto ; anfractibus gradatis, stris longitu-
dinalibus crebris, ad angulum nodulis, ad suturam anteriorem plicis ornatis ;
sinu magno; fascià latà, plan, strüs longitudinalibus validis, inaequalibus ,
el transversis incurvis, crebris, minimis ornatà, antè medium anfractuum
sitä; ultimo anfractu ad basim angulato, nodoso-plicato ; basi subconvexa ,
concentricè Striatà ; striis incrementi tenuissimis plicisque obsoletis decussan-
tibus ; umbilico parvo; aperturd subpentagona, transversa.
Dimensions. — Longueur 54 mill.; longueur du dernier tour, 15 mill.
— 100 : 40; angle sutural 58°; angle spiral 70°.
Description. — Coquille mince, trochiforme, élevée, à sommet aigu.
Tours étagés, carrés, ornés de stries longitudinales nombreuses (20-25),
inégales , souvent alternes, au moins sur les derniers tours, croisées par
des stries d’accroissement très-fines et très-nombreuses, dont quelques-
unes deviennent plus fortes vers la suture postérieure ; couronnés sur
l'angle par un rang de nodules plus ou moins arrondis, et marqués, près
de la suture antérieure, par un autre rang de nœuds, ou plutôt de plis
transverses , n’atteignant pas la bandelette. Entaille grande... ; bandelette
située au milieu de l’espace compris entre la rangée supérieure des nœuds
et la suture, large, plane, faisant légèrement saillie, marquée de trois (sur
les derniers tours) stries longitudinales, inégales, et de stries d’accroisse-
ment courbes, nombreuses et très-fines. Dernier tour anguleux vers la
base , plissé à l'angle. Base légèrement convexe, plane tout à fait près de
la circonférence, ornée de stries concentriques nombreuses, bien mar-
quées , inégales, en général alternativement plus fortes et plus faibles,
croisées par des stries d’accroissement très-fines et très-nombreuses, et
96 DESCRIPTION DES FOSSILES
par des plis rayonnants peu marqués. Ombilic petit. Bouche subpenta-
gonale transverse.
Rapports et différences. — On pourrait rapporter cette espèce au Trochus
anglicus, Sowerby; mais plusieurs sont dans le même cas : la description
incomplète de l’auteur anglais pourrait s'appliquer à des espèces dis-
tinctes; c'est pourquoi nous ne le citons pas comme synonyme. Elle
est très-voisine des P. undosa, et surtout araneosa, Desl.; elle diffère de
la première par sa bandelette plane, par l'existence d’un ombilic, par
son test plus mince, sans espace près de sa bandelette, enfin, par lorne-
mentation. Il n’est guère difficile de la distinguer de la seconde, mais c’est
par des caractères moins importants : par les stries moins nombreuses et
beaucoup plus marquées, les stries d’accroissement bien visibles, parti-
culièrement vers la partie postérieure des tours, et surtout par la bande-
lette saillante et marquée de stries d’accroissement courbes, et de stries
longitudinales fortes et inégales. Quoique possédant beaucoup de carac-
tères en commun avec le P. Buchü, Desl., elle s’en distingue au premier
abord par des tours carrés , un aspect tout différent, etc.
Localités. — Il se trouve dans la marne de Jamoigne, à Chiny, où il est
très-rare, à Fontenoille?
5. PLEUROTOMARIA ROTELLAEFORMIS.
(PL XI, fig. 13.)
PLEUROTOMARIA ROTELLAEFORMIS. Dunker, 1847, Palaeont., t. 1, pl. 15, fig. 12.
— HELICIFORMIS. E. Desl.,1848, Hém. soc. Lin., VIIL, p. 149, pl. 17, fig. 2.
— ROTELLAEFORMIS. D'Orb., 1849, Prodr., 1, 229.
P. testà depressä, heliciformi; apice acutiusculo ; anfractibus 3-4 laevibus ,
rotundatis; sutur& distinctà; sinu mediocri; fascià plan, in medio ultimi
anfractus expansi, rotundati, tantèm conspicud; basi convexä (in medio
subcallosä, ibique plusminusve depressä ; umbilico nullo; aperturà ovatà :
labro sinistro incrassato).
Dimensions. — Longueur 50 mill.; long. du dernier tour 20 mill. —
100 : 67; angle apicial de 122.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 97
Description. — Coquille héliciforme, à spire très-déprimée , à sommet
marqué et même un peu aigu; tours arrondis, peu saillants, lisses; suture
bien marquée, entaille médiocre, (peu profonde); bandelette plane, à peine
marquée de stries transversales, visible sur le dernier tour seulement,
recouverte par la spire sur les autres; dernier tour étalé, renflé et arrondi
du côté de la base. Base convexe, marquée de stries d’accroissement très-
fines , visibles seulement à la loupe; (ombilic nul remplacé par une légère
callosité un peu enfoncée en son centre; bouche ovoïde transversalement;
lèvre gauche un peu épaissie).
Observations. — Le test de l'échantillon qui nous a servi pour cette
description ayant sa surface légèrement altérée et la base presque en-
tière cachée dans la roche, nous avons complété ses caractères d’après
M. E. Deslongchamps, en indiquant ces emprunts par des parenthèses.
Rapports et différences. — La position remarquable de la bandelette
éloigne cette espèce de presque toutes les autres pour la rapprocher des
P. expansa, Sow. sp., et caepa, Desl. Elle se distingue de la première, par
sa taille beaucoup plus considérable, par sa forme, l’absence d’angle
prononcé à la bandelette, par la bouche et surtout par ses tours arrondis
en-dessus ; elle s'éloigne de la seconde par sa forme générale, la convexité
des tours et la bouche.
Localités. — Dans le calcaire subordonné à la marne de Jamoigne, à
Muno. — Halberstadt, Fontaine-Étoupefour. M. d'Orbigny la rapporte
à tort, croyons-nous, à l'étage liasien, au moins cela est certain pour les
individus de Dunker et le nôtre. Quant à M. Deslongchamps, il consi-
dère les marnes de Fontaine-Étoupefour comme appartenant toutes au
lias supérieur, opinion que nous croyons inadmissible.
4. PLEUROTOMARIA EXPANSA.
(PI. XIE, fig. 5.)
HELICINA EXPANSA. Sow., 1821, Min. conch., pl. 275, fig. 1-5.
— SOLARIOIDES. Sow., id. id., pl. 275, fig. 4.
= POLITA. Sow., id, id. pl. 285, fig. 1-5.
— EXPANSA. Ziet, 1850, Wure., pl. 55, fig. 5.
Turso caLLosus. Desh., 1851, Coq. caract., p. 189, pl. 4, fig. 5, G.
Toue XXV. 15
98 DESCRIPTION DES FOSSILES
ROTEILA POLITA. Bronn, 1857, Lethaca, pl. 21, fig. 2.
_ EXPANSA. Goldf., 1859, Petref., pl. 195, fig. 8.
HELICINA = Schmidt, 1846, Petr.-Buch, pl. 16, fig. 5.
PLEUROTOMARIA POLITA. Goldf., 1859, Petref., pl. 186, fig. 4.
— sururaus. E. Desl., 1848, Pleurot., p.147, pl. 17, fig. 5.
— EXPANSA. D'Orb., 1850, Prodr., p. 229.
P. testà heliciformi subdiscoïdeä, apice subacuto; anfractibus planis aut
subeoncavis, laevibus aut striis transversis obsolelissimè notatis, ad suturam
angulatis ; sinu modico, parüm profundo; fasciä sinûs planä, transversim
densè striala, in spirà obtectä, in ultimo anfractu tantivm conspicua ; basi
hemisphaerica, in medio callosà ; umbilico nullo, apertur& subcirculart; labro
sinistro lato reflexo.
Description. — Coquille héliciforme à spire très-déprimée, à sommet
presque aigu; tours ordinairement quelque peu concaves, parfois plans
ou même très-peu convexes, lisses ou marqués transversalement de stries
très-fines, recouvrant la suture par un cordon; entaille médiocre; bande-
lette plane, finement striée transversalement, cachée sur la spire par l’en-
roulement des tours, visible sur le dernier au point de séparation d'avec
la base, point où existe un angle ordinairement très-prononcé, parfois
arrondi; base hémisphérique; ombilic nul, remplacé par une large cal-
losité déprimée au centre; bouche (presque circulaire; lèvre gauche large
et réfléchie).
Rapports et différences. — La position de la bandelette rapproche cette
espèce des P. caepa et heliciformis, E. Deslongchamps; mais elle est nota-
blement plus petite, ses tours sont concaves; sa bouche différente, sa spire
beaucoup plus déprimée, etc.
Observations. — Cette espèce paraît varier beaucoup, comme on peut le
voir, par la synonymie. Pour notre compte, nous en avons trouvé au moins
deux variétés distinctes.
Var. Sorarioïpes.
Dimensions. — Longueur 6 mill.; largeur 16 mill.; — 100 : 266.
Var. testä subdiscoïdeä, anfractibus subconvexis , vel subeoncavis, longi-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 99
trorsüm striatis, ad suturam depressis ; ultimo anfractu ad basim obtusè
angulato vel rotundato; basi concentricè striatä; stris incrementi oculo ar-
mato tantum distinctis.
Description. — Variété subdiscoïde ; tours de spire parfois légèrement
convexes, parfois un peu concaves, toujours déprimés près de la suture,
paraissant avoir été striés longitudinalement ; le dernier est obtusément
anguleux vers la base, parfois plutôt arrondi; base marquée de stries
concentriques bien distinctes, et de stries d’accroissement visibles seule-
ment à la loupe.
Observations. — Cette variété paraît être l’Helicina solarioïdes, Sow.; nous
n’en possédons que des moules avec des fragments de test. Les premiers
tours sont toujours convexes; ils s’aplatissent en grandissant; le défaut
de carène obtuse à l'angle du dernier tour pourrait bien tenir en partie à
ce que le moule ne représente pas fidèlement la forme extérieure, à cause
de l’épaisseur plus grande du test en ce point. Nous ne connaissons pas le
dessin et la forme de la bandelette.
Localités. — Cette variété a été trouvée dans la marne de Jamoigne, à
Jamoigne, à La Cuisine, à Termes; elle n’y paraît pas bien rare, du moins
relativement aux autres espèces du genre.
V'ar. Expansa.
Dimensions. — Longueur 11 mill. ; largeur 22 mill.; — 100 : 200.
Var. testà conicà, depresst, anfractibus subconcavis ; strüs transversis
tenuibus recurvis nolatis, ad suturam depressis, fasciä transversim tenuis-
simè strialô; ultimo anfractu ad basim angulato ; basi hemisphaericä, tu-
midü.
Description. — Variété plus élevée que la précédente, conique; tours
légèrement concaves, déprimés à la suture, marqués de stries transverses,
fines, fortement recourbées en arrière; bandelette très-finement striée
tansversalement; dernier tour anguleux vers la base, qui est très-con-
100 DESCRIPTION DES FOSSILES
vexe, presque hémisphérique , et marquée de stries d’accroissement rayon-
nantes, fines, convexes en arrière.
Localités. — Cette variété est plus rare que la première; elle ne paraît
se trouver que dans la marne de Strassen, près de Waltzing (M. de Condé),
et de Bonnert.
5. PLEUROTOMARIA RUSTICA.
(PL. XIV, fig. 1.)
PLEUROTOMARIA RUSTICA. E. Desl , Hem. sur les Pleur., p. 76, pl. XI, fig. 1.
= — D'Orb., Prodr., 1850, 1. I, p. 250.
P. testà crassissimä, subturritä, apice acuto; anfractibus subquadratis,
gradatis ; plicis crassis, transversis, remotis, necnon sulcis longitudinalibus
ornalis, ad fasciam laevibus ; sinu magno, profundo; fasciä prominente ca-
rinalä, in medio anfractuum sit@; ultimo anfractu ad basim angulato,
crenulato; basi subconvexa, concentricè sulcatä, plicis radiantibus obsoletè
decussatà ; umbilico nullo (in adultis scilicet), foveolà digitali suppleto; aper-
tur& subrhomboïdeä; labro sinistro incrassato.
Dimensions. — Longueur 36 mill.; largeur 52 mill.; longueur du der-
nier tour 15 — 100 : 88 : 58. Angle apicial 65°; angle sutural 60°.
Description. — Coquille très-épaisse, subturriculée, à sommet aigu;
tours presque carrés, échelonnés, à peu près lisses dans leur milieu, mais
ayant en avant et en arrière de gros plis transverses, écartés, inégaux, et
des sillons longitudinaux grossièrement disposés; entaille grande, pro-
fonde; bandelette saillante, carénée, située au milieu des tours; le dernier
est subanguleux et crénelé vers la base, qui est un peu convexe, couverte
de gros plis radiés à peine marqués et de sillons concentriques; ombilic
nul (au moins à l’état adulte), ayant à sa place une dépression digitale
profonde; bouche subrhomboïdale; lèvre gauche épaissie.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des P. undosa, E. Desl.
(an Tr. anglicus? Sow.) par l'épaisseur de son test, par une ornementation
plus grossière, par sa fente ombilicale fermée. Elle se distingue nette-
ment du P. precatoria par la bouche, les sutures et l’ornementation.
Localités. — Fossile de la marne de Strassen, à Walizing, où 1l n'est
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 101
pas très-rare (M. de Condé et nous). — Curcy, Mutrecy, La Caine (Calvados).
D’après M. d'Orbigny, il appartiendrait au lias moyen.
6. PLEUROTOMARIA GYROPLATA.
(PL XIV, fig. 2.)
PLEUROTOMARIA GYROPLATA. E. Deslong., Mém. sur les Pleur., 1848, p. 54, pl. VI, fig. 5, 4.
— ALIMENA. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 268.
P. testé crassiusculä, subturritä, apice acuto; anfractibus planis, longitror-
sim striatis ; Sinu magno, profundo; fasciä pland, transversim densissimè
strialä, in medio anfractuum sità ; ultimo ad basim angulato; basi planä,
parlèim concentricè striatà; umbilico minimo ; aperturà subquadrata.
Dimensions. — Longueur 72 mill.; longueur du dernier tour 21 —
100: 29 ; angle apicial 45°; angle sutural 75°.
Description. — Coquille trochiforme, un peu épaisse, à spire élancée et
presque turriculée, à sommet aigu; tours aplatis, striés longitudinalement ;
entaille grande, profonde; bandelette plane, ne faisant point de saillie; der-
nier tour fortement anguleux vers la base; angle à peine émoussé; base
plane, montrant des stries concentriques sur une partie de sa surface;
ombilic très-petit; bouche quadrilatère.
Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. gyrocycla et
scrobinula, Ë. Deslongchamps. Elle s’en distingue par l’aplatissement des
tours de spire, par la suture moins enfoncée, le test plus mince, la base
plane. L’ombilic, qui est très-petit, la sépare de la première et de quelques
variétés de la seconde, qui n’en ont pas, ainsi que du P. fasciata, variété
platyspira, E. Deslongchamps, qui en a un grand.
Observations. — La surface des tours n’a d’autres ornements que des
stries longitudinales très-petites, serrées, peu profondes, également espa-
cées ou non; quelquefois finement ponctuées, à points enfoncés; quelque-
fois à peu près lisses. Quelques exemplaires n’ont pour ombilic qu’une
sorte de fente, d’autres possèdent un ombilic bien marqué, mais très-étroit.
M. E. Deslongchamps distingue deux variétés dont M. d'Orbigny fait deux
espèces ; notre exemplaire se rapporte à la deuxième variété, acquistriata.
102 DESCRIPTION DES FOSSILES
F. siriis densissimis aequalibus, in ultimo tantüm anfractu ad aperturam
evanescentibus ; basi laevi, cércà umbilicum minimum paucistriata.
Sur notre exemplaire, les stries longitudinales sont croisées par des
stries d’accroissement serrées qui les rendent légèrement granulées; la
bandelette est recouverte de stries longitudinales et transversales égale-
ment ponctuées.
Localité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette
ville. Elle n’est pas rare dans l’oolithe ferrugineux de Normandie.
7. PLEUROTOMARIA MUTABILIS.
(PL. XIV, fig. 5.)
PLEUROTOMARIA MUTABILIS. E. Desl., Mém. sur les Pleur., p.104, pl. X, fig. 12-18; pl. XI, fig. 1 et 2.
— SUBCONOÏDEA. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 268.
P. testà trochiformi, conicà aut subturrità , acutà aut cuspidatä; anfrac-
tibus planis, rarits subconcavis, longitrorsim striatis, necenon saepiùs obli-
què striatis aut plicatis, ad suturam cinqulatis ; fascià anqulo vicinà ; basi
concentricè striatà, umbilico nullo subcallosä ; apertur& rhomboïdali ; labro
sinistro expanso, reflexo, collum plus minüsve obtegente.
Dimensions. — Longueur 75 mill.; longueur du dernier tour 16. —
100 : 22; angle apicial 40°; angle sutural 74.
Description. — « Coquille trochiforme, conique ou subturriculée, à som-
met aigu, rarement cuspidé; tours plans, rarement subconcaves, ornés
de stries longitudinales, et souvent de stries ou de plis obliques qui
s'étendent rarement jusqu’à la bandelette de l’entaille ; un cordon saillant,
souvent tuberculeux et moniliforme, borne antérieurement les tours contre
la suture; entaille médiocre, profonde; bandelette de l'entaille plane,
finement striée dans le sens longitudinal, plus fréquemment dans le sens
transversal, très-rarement saillante et carénée, située près du cordon;
dernier tour anguleux vers la base, qui est ou plane, ou un peu convexe,
ou un peu concave, à stries concentriques, ayant rarement un sillon ou
une simple dépression à sa périphérie; ombilic nul, remplacé par une
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 105
callosité; bouche rhomboïdale; lèvre gauche réfléchie, appliquée sur la
callosité ombilicale qu’elle recouvre presque toujours entièrement, se
terminant souvent, dans sa partie inférieure, par une petite dépression plus
ou moins prononcée, indiquant un commencement de gouttière versante. »
Observations. — M. Deslongchamps a réuni, sous le nom de P. mutabilis,
des formes de pleurotomaires, dont, au premier aspect, on croirait pou-
voir former plusieurs espèces : c’est ce qu'a fait M. d'Orbigny dans son
Prodrome. C’est bien, s’il n’y a pas de passages entre les types donnés
comme variétés : nous ne pouvons décider la question; mais écoutons
M. Deslongchamps : « À moins que d’avoir sous les yeux des centaines
d'exemplaires de cette coquille, on croirait difficilement à l'unité spéci-
fique de toutes les formes disparates qu’elles affectent; les nuances
intermédiaires viennent tout lier, tout confondre... En définitive, à moins
de ne pas tenir compte de l'évidence, on est contraint de réunir toutes
ces formes par une seule formule générale et de n’établir qu'une espèce. »
L’exemplaire que nous possédons est intermédiaire entre les variétés
ambiqua, elongata (Trochus elongatus, Sow.) et mutica, pl. XE, fig. 1, et pl. X,
fig. 14 et 15. Il a le cordon lisse, non noueux, les stries longitudinales
fortes, et pas de stries obliques.
Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy, près
de cette ville. Elle caractérise l’oolithe ferrugineux de Normandie et
l’oolithe inférieur de l'Angleterre; elle y est commune.
8. PLEUROTOMARIA PIE, N.
(PL. XI , fig. 4.)
P. testä trochiformi, conicä; apice obtusiusculo ; anfractibus planis, infrà
fasciam subdepressis, lineis longitudinalibus et transversis punctato-textis :
sinu modico….; fasciä pland, laeviusculà, antè medium anfractuum sità ; an-
fractu ultimo ad basim obtusè angulato ; basi.. ; wmbilico minimo?
Dimensions. — Longueur environ 15 mill.; angle apicial 58°; angle
sutural 57°.
Description. — Coquille trochiforme, conique, à sommet un peu obtus;
104 DESCRIPTION DES FOSSILES
tours plans portant une légère dépression en avant de la bandelette, ornés
de fines lignes longitudinales et transverses, un peu obliques, entre-croi-
sées , légèrement ponctuées à leur entre-croisement; suture marquée, mais
très-peu profonde. Entaille assez large... ; bandelette plane, non saillante,
située un peu en avant du milieu des tours, lisse, sauf les lignes d’ac-
croissement. Dernier tour anguleux vers la base, à angle arrondi. Base
marquée de stries concentriques et rayonnées?; ombilic très-petit.
La dépression qui longe la bandelette occupe environ la moitié de l'es-
pace compris entre celle-ci et la suture.
Rapports et différences. — Cette espèce (dont nous ne possédons qu'un
moule avec l'empreinte bien conservée) se rapproche des P. amoena, fraga
et scrobinula, E. Desl.; la largeur de la bandelette, la dépression qui la
joint, etc., l’éloignent des deux premières; sa position, l'absence de nœuds
la séparent de la dernière. Elle est très-voisine du P. Agassiz, Münst.,
du coral-rag du Wurtemberg; mais elle manque des plis onduleux qui
ornent la partie postérieure des tours de cette dernière.
Localité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette
ville.
Genre CERITHIUM, Apanson.
TURBO APERTUS CANALICULATUS OBLIQUÈ INCURVATUS. Gualtierus.
Cerrrmum, Adanson, Brug., Cuv., Lamk., etc.
Murex et Srrowus (part.), Linn., Gmel.
Piraze et Tecescorium, Montf.
Poramwes, Brong.
Testa turrita, elongata; apertura oblonga, obliqua, anterits canali brevx,
truncato vel recurvalo, posterits canali subdistincto terminata ; labrum sae-
pis incrassatum, sinuosum productumque; operculum corneum, spirale,
circulare.
Animal peu volumineux, à pied médiocre, court, élargi en avant,
rétréci en arrière. Manteau festonné sur ses bords, formant un tube res-
piratoire le plus souvent découpé à son extrémité. Tête médiocre, mufle
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 105
proboscidiforme ; tentacules très-longs, aciculés, portant les yeux au
tiers inférieur de leur partie externe.
Coquille turriculée, allongée, épaisse. Bouche oblongue, oblique, ter-
minée en avant par un canal court, tronqué ou recourbé, et en arrière
par une gouttière plus ou moins marquée. Lobe souvent épaissi, sinueux,
très-projeté en avant à sa partie antérieure; il en résulte que les lignes
d’accroissement sont où parallèles à l’axe spiral, ou obliques d’avant en
arrière et de droite à gauche. Opercule petit, corné, circulaire, à tours
très-rapprochés, ou ovale à tours làches.
Ce genre, que l’on trouve déjà dans le terrain carbonifère, se multiplie
beaucoup dans les formations subséquentes , atteint son plus grand déve-
loppement numérique dans les terrains tertiaires , et possède encore, à
l’époque actuelle, un grand nombre d'espèces ; elles se tiennent au niveau
des marées.
1. CERITHIUM SUBTURRITELLA , Dunk. Sp.
(PL XI, fig. 5.)
MELANIA TURRITELLA. Dunk., 1846, Menke’s Zeitschr. für Malak., p. 169.
= = — 1847, Palaeont., t. 1, p. 109, pl. 15, fig. 5-7.
CERITHIUM SUBTURRITELLA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 215.
T. testä turritä, gracili; anfractibus 10-12 convexis, suturä distinct se-
Junctis, medio bicarinatis ; anfractu ultimo tri- vel quadri-carinato ; aperturà
subrotundata ; columellà arcuatà, basi effusd.
Dimensions.
Longueur 100 mill.; largeur 50 mill.; elle parait attein-
dre 2-3 centimètres. Angle spiral 15°; angle sutural 86°.
Description. — Coquille turriculée, élancée, à angle spiral de 18° à 20°;
formée de 10-12 tours de spire convexes, à suture très-distincte, munis
de deux carènes longitudinales sur leur milieu, et souvent d’une troi-
sième peu distincte supérieure; dernier tour portant trois ou quatre carè-
nes, et souvent deux ou trois autres, beaucoup plus faibles, sur la base ;
stries d’accroissement peu visibles, convexes en arrière. Bouche arrondie ,
columelle arquée, versante.
Nous n'avons point vu la base; nous la décrivons d’après M. Dunker.
Tome XXV. 14
106 DESCRIPTION DES FOSSILES
Rapports et différences. — Cette espèce est facile à reconnaître à sa forme
élancée et à ses côtes rares et en carènes.
Localités. — Nous en avons trouvé des fragments dans la marne de
Jamoigne, à Termes. D’après M. Dunker, elle est fréquente dans le lias
inférieur de Halberstadt.
2. Ceriraium Dumonri, N.
(PI. XIV , fig. 4)
C. test elongato-turritä ; anfractibus supra concavis, infrà convexis, nodu-
lorum serie ad suturam ornalis, laevigatis ; basi obliqué, laevigatà ; aperturd
obovata? ; columella….
Dimensions. — Longueur, 55 mill. environ.
Description. — Coquille turriculée, allongée, à sommet?...; à angle spiral
de 22°; à angle sutural de 60°; formée de tours nombreux, concaves dans
leur moitié postérieure, convexes antérieurement, ornés sur cette partie ,
contre la suture d’une série de nodules nombreux, un peu allongés trans-
versalement; stries d’accroissement peu visibles, convexes en arrière. Base
oblique, lisse; ouverture ovale? ; columelle...
Localité. — Un exemplaire imparfait a été trouvé à Lasoye, dans le
grès de Luxembourg.
En dédiant cette espèce à M. le professeur Dumont, nous ne lui ren-
dons qu'un bien faible hommage pour ses beaux travaux sur la géologie
de la Belgique.
5. CERITHIUM CONFORME. N.
(PI. XIV , fig. 5.)
C. testà turritä; anfractibus posticè subconcavis, anticè convexis, suban-
gulatis, anqgulo tuberculorum seriè notato ; sutur& depressà ; basi.…
Dimensions. — Elle atteint au moins 8 centimètres et arrive peut-être
au double.
Description. — Coquille de moyenne taille, turriculée, à angle spiral de
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 107
22°; tours légèrement concaves dans leur moitié postérieure, convexes et
subanguleux en avant, où ils sont ornés d’une série de gros tubercules
assez nombreux, irréguliers, légèrement obliques; stries d’accroissement
à peine indiquées, à convexité peu marquée, postérieure. Suture enfoncée
dans un léger sillon, bordée en avant par un angle très-peu prononcé.
Base...
Observation. — Cette espèce, ainsi que la précédente, nous paraît bien
se rapporter au genre Cerithium; nous en avons vu une empreinte où la
bouche était munie en avant d’un canal assez long.
Rapports et différences. — Elle avoisine la précédente; mais on trouve
dans Ja forme des tours, le nombre et la forme des tubercules, des ca-
ractères suflisants pour les séparer.
Localité. — Elle provient également du grès de Luxembourg, de Lasoye.
4. CeriTHiuM suBcuRvIcosTATUM. Deslongchamps , sp.
(PL XIII, fig. 6.)
FUSUS CURVICOSTATUS. E. Desl., 1845, Mém. de la Soc. linn. de Norm., t. VI, p. 154, pl. X, fig. 32, 55.
{Non Desh., 1824.)
CERITHIUM SUBCURVICOSTATUM. D’Orb., 1850, Prodr., 1, p. 252.
C. testà parvä, turrità, acutä ; anfractibus rotundatis, longitrorsüm te-
nuiter striatis, costellis crebris, curvatis, transversis, notatis ; apertur& ovatà ;
canali brevi.
Dimensions. — Longueur environ 14 mill.; angle spiral 19°.
Description.
Coquille de petite taille, turriculée, à spire aiguë; trous
de spire arrondis, un peu comprimés, marqués de fines stries longitu-
dinales, serrées et de petites côtes transverses, nombreuses, fortement
courbées, à convexité postérieure; ouverture ovale, allongée.
Localités. — Nous avons trouvé un fragment assez bien conservé de
cette belle espèce dans le macigno d’Aubange, à Halanzy. M. E. Deslong-
champs l'a trouvée à Fontaine, Étoupefour, dans le lias supérieur? (lias
moyen, d'après d'Orbigny), où elle paraît également très-rare.
108 DESCRIPTION DES FOSSILES
GENRE HELCION. Monrtrorr.
Pareura, L. et auct.
Heccion, Montf.
AcmarA, Eschscholtz.
ParecLoïna, Quoy et Gaymard.
Lorria, Gray.
Cariaropsis , Holl.
Testa conica, depressa, scutiformis, tenuis, sublaevis ; apice imperforato,
subcentrali.
Coquille conique, déprimée, scutiforme, mince, presque lisse, ou, au
moins, dépourvue de grosses côtes rayonnantes ; à sommet imperforé et
subcentral.
Animal analogue à celui des patelles, mais très-distinct par son appa-
-reil respiratoire, consistant en un lobe branchial unique, au lieu de bran-
chies disséminées.
On rapporte à ce genre, très-difficile à distinguer par la coquille seule,
les patelles antérieures aux terrains tertiaires. Les espèces vivantes ha-
bitent les côtes rocailleuses au niveau des marées basses.
1. HELGION INFRALIASINA.
(PL XIV, fig. 6.)
HELCION INFRALIASINA. De Ryckholt, 1847, Mélanges paléontol., p. 60, pl. 2, Gg. 26, 27. (Mém. de l’ Acad. de
Belg., t. XXIV, 1852.)
« P. testä tenui, ellipticä, conica , strüs radiantibus, transversis ornatà ;
apicè excentrico, antico; marqine inlegro, acuto. »
Dimensions (d’après les figures de M. de R.). — Longueur 22 mill.;
largeur 15 mill.; hauteur 9 — 100 : 68 : 40.
Description. — « Coquille fragile, elliptique, formant un cône oblique;
sa surface est ornée de stries rayonnantes qui n'apparaissent qu'à une
certaine distance du sommet, et de fins plis concentriques; sommet très-
émoussé et un peu antérieur ; bords entiers et tranchants. »
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 109
Rapports et différences. — « L'Helcion infraliasina se distingue du Patella
ovala, Roemer, du corallien de Hoheneggelsen, par sa forme plus régu-
lièrement elliptique, et une plus grande élévation, toutes proportions
gardées, etc. »
Localités. — « Cette espèce n’est pas rare dans le grès de Luxembourg,
que ses fossiles me font rapporter à l'étage le plus inférieur du terrain
jurassique ou lias inférieur. »
2. HELCION DISCREPANS.
(PI. XIV, fig. 7.)
Hercion piscrePans. De Ryckholt, 1847, Yel. paléont., p. 61, pl. 2, fig. 24, 25. (Mém. de l’ Acad. de Pely ,
t. XXIV, 1852.)
« I. testà crassiusculà, ellipticä, conica, elatä, costulis majoribus et mino-
ribus interpositis, radiatim ornatà; apicè obtuso, excentrico, laevi; margine
dentato. »
Dimensions (d'apres les figures de l'auteur). — Longueur 100; largeur
88 ; hauteur 48.
Description. — « Coquille elliptique, formant un cône oblique assez
élevé; sa surface est ornée en long de grosses côtes espacées qui ne se
montrent qu'à partir d’une certaine distance du sommet; entre ces côtes
prises deux à deux, on en observe une autre plus courte, mais de même
épaisseur que les autres; toutes sont pourvues de nodulations peu mar-
quées, produites probablement par des plis transverses dont très-peu sont
perceptibles; en outre, ces côtes, fort apparentes sur la région postérieure,
le sont beaucoup moins partout ailleurs ; région apiciale lisse; sommet
émoussé et placé au tiers antérieur; péristome crénelé. »
Localité. — « Le gisement de cette helcion est le même que celui de
l'espèce précédente. »
110 DESCRIPTION DES FOSSILES
MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES.
Genre PHOLADOMYA. SowerBy.
Peroncze, Bourgnet.
Bucarnires, Donacres, Schloth.
Myacrres, Schloth., Goldf.
Cannrra, Sow., Nils.
Lurrara, Sow., Goldf., sp.
Carnium, Sow., Mantell.
Hemicarniun, Brongn.
Mya, Zieten.
Puoranowya, Sow., Desh., Goldf., Pusch, Phill., March. (sp.), De Kon.
Triconice (sp.), Lam.
Testa subaequivalvis, inaequilateralis, libera ; saepissimè transversa, te-
nuis; valvae hiantes, imprimis posticè, strigis longitudinalibus costisque
transversis acutis, vel crenulatis vel tuberculatis ornatae ; cardo edentalus,
area cardinalis plàs minüsve distineta ; impressiones musculares duae, antica
major; impressio pallealis porticè valdè sinuosa; ligamentum externum.
Coquille subéquivalve, inéquilatérale, libre, le plus souvent transver-
sale; test très-mince, s’épaississant un peu vers le bord cardinal, formé de
fines lamelles réunies par une lame de nacre; valves plus ou moins bäil-
lantes en avant et surtout en arrière; ornées de rides concentriques plus
ou moins marquées, quelquefois indistinctes, et de côtes transverses, sim-
ples, arrondies ou tranchantes ou crénelées ou tuberculeuses; charnière
simple sans lame ni dent cardinale ; aire cardinale avec la fossette du li-
gament rarement bien distincte; deux impressions musculaires, l'anté-
rieure la plus développée; l'impression palléale partant de l'impression
musculaire antérieure, suit le bord inférieur de la coquille, puis se re-
courbe en haut et en avant, forme une seconde courbure en haut et en
arrière pour gagner le bord inférieur de l'impression musculaire posté-
rieure. Le ligament est externe, flasque, très-faible et laisse facilement
chevaucher les valves.
Le genre Pholodomye avait été caractérisé par Sowerby; M. Agassiz,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 111
dans ses Études critiques (1842-45), a repris l'étude de ce genre ; il vou-
drait n’y faire rentrer que les espèces munies de côtes transverses; M.
Deshayes lui donne beaucoup plus d'extension; voici ce qu’il dit dans son
Traité de conchyliologie (p. 147) : « Il est certain que, quels que soient
les caractères extérieurs d’une coquille bivalve, toutes les fois qu'elle
sera mince, bâillante, que sa charnière sera simple et sans dents, que
l'impression palléale sera sinueuse du côté postérieur, cette coquille sera,
pour nous, une Pholadomye. » Ce genre passe à travers toutes les forma-
tions et vit encore aujourd’hui.
1. PHoLADomyA Desnayesi, N.
(PI. XV, fig. 1.)
Ph. testà elongatä, ventricosà ; anticè breviore, rotundata , cordalü ; pos-
leriùs productà altà ; marqine inferiore subrecto, superiore horizontali; um-
bonibus subanticis, crassis, inflatis, prominulis ; arca distinctà , latà, latera-
liter carinis circumseriptà; valvis concentricè rugoso-striatis, transversim
costatis ; costis 10-11 obliquis, distantibus, minus elevatis, linearibus.
Dimensions. — Longueur 85 mill. : hauteur 56 mill.; largeur 49 mill. ;
400266 517:
Description. — Coquille inéquilatérale, médiocrement ventrue; côté an-
térieur tronqué, obtus, assez élevé, donnant une coupe cordiforme allongée;
côté postérieur fortement prolongé, presque aussi élevé que l’antérieur,
peu comprimé; bord inférieur presque droit dans son milieu, le supé-
rieur horizontal avec une aire cardinale large, circonscrite par de fortes
carènes latérales, paraissant s’élargir vers l'extrémité postérieure; som-
mets situés à l’union du cinquième antérieur avec les #3 postérieurs ,
larges, peu élevés au-dessous de l'aire cardinale, déterminant en avant
une petite lunule allongée; ouverture antérieure étroite , allongée, com-
mençant un peu en dessous des crochets et atteignant la deuxième côte;
la postérieure parait (?) plus fortement bâillante.
Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses : les rides
sont faibles, également marquées sur toute la surface, peut-être un peu
112 DESCRIPTION DES FOSSILES
plus fortes vers le bord inférieur; les côtes transverses, au nombre de
10 ou 11, sont distantes, à peu près égales entre elles, excepté cependant
la première et les deux ou trois dernières qui sont un peu plus faibles :
la première est presque verticale, les autres sont légèrement obliques en
arrière; leur entre-croisement avec les rides ne forment que de légers
tubercules irréguliers, un peu mieux dessinés vers les sommets, ce qui
leur donne un aspect subréticulé.
Rapports et différences. — Cette espèce de grande taille rappelle, pour
la forme générale, la Ph. media du Jura inférieur; elle s’en distingue
cependant nettement, par ses côles transverses plus espacées, par son
côté postérieur plus élevé, enfin par ses sommets relativement moins
proéminents sur l'aire cardinale.
Que le célèbre auteur du Traité élémentaire de conchyliologie nous per-
mette de lui dédier cette espèce.
Localité. — Elle se trouve dans le grès de Luxembourg, à Weyler.
2. Pnocanomia DavrEuxI.
(PL. XV, fig. 2.)
Ph. testä elongatä, inflatà; anticè truncatä, cordatà, posterius productà,
angustatä, rotundatä; margine inferiore arcualo, superiore posticè perpa-
rm declivi; umbonibus subanticis, prominulis ; ared distinct, lateraliter
carinis cireumscriptà; valvis concentricè rugulosis, transversimque costalis ;
costis 14-15 obliquis, undulato-crenulatis, anticis et posticis linearibus.
Dimensions. — Longueur 60 mill. : hauteur 40 mill.; largeur 40 mil. ;
— 100 : 60 : 56.
Description. — Coquille inéquilatérale, assez ventrue; côté antérieur
arrondi, médiocrement obtus, à coupe largement cordiforme, côté pos-
térieur plus long; assez élevé, peu comprimé; bord inférieur arqué, peu
tranchant; bord supérieur presque horizontal, avec une aire cardinale
distincte, plane, circonscrite latéralement par deux carènes bien mar-
quées; sommets placés à l'union du cinquième antérieur avec les #/5 posté-
rieurs, régulièrement arrondis, assez élevés au-dessus de l'aire cardinale.
L'ouverture antérieure commence presque sous les crochets; la postérieure
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 115
paraît peu allongée, ne commence qu’en arrière de la moitié postérieure
de l’aire cardinale, et se termine vers le milieu du bord postérieur.
Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses ; les
rides, régulières dans leur disposition concentrique, sont inégales entre
elles, mieux marquées vers la région médiane de la valve; les côtes sont
au nombre de 14 ou 15, les deux antérieures très-faibles, les suivantes
mieux marquées, les 4 ou 5 postérieures linéaires, et bien distinctes ; leur
entre-croisement avec les rides longitudinales les rend moins tubercu-
leuses que crénelées, surtout vers leur extrémité inférieure.
Rapports et différences. — Cette espèce rappelle les PA. concinna et Voltzu,
d’Ag., pour la forme générale; elle s’en distingue nettement par le nombre
considérable et la forme de ses côtes, qui sont linéaires et souvent effacées
dans la concinna; moins distinctes encore dans la Voltzü. Elle se rapproche
aussi de la Ph. Roemeri, Ag.; dans celle-ci cependant le côté postérieur
est plus haut, les sommets sont plus élevés sur l'aire cardinale, les rides
longitudinales plus marquées et égales, enfin, la Ph. Davreuxi a ses côtes
transverses plus nombreuses et plus élevées.
Nous avons dédié cette espèce à M. Davreux, en hommage de ses lon-
gues et savantes recherches sur la paléontologie de notre pays.
Localité. — Elle provient du grès de Luxembourg, à Hondelange.
5. Paocanomya Nysri.
(PI. XV, fig. 5; pl. XV, fig. 1.)
Ph. test rotundato-trigond, inflatà ; anticè abbreviatà, cordato-compressd,
posterits subelongatä, rotundatä ; margine inferiore semicireulart ; superiore
posticè declivi; umbonibus gracilibus, prominentibus, subuncinatis; areû
parvä ; valvis concentricè sulcato-strialis transversimque 4-5 costalis; costis
subverticalibus, obtusiusculis, subcrenulatis.
Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 53 mill.; largeur 58 mill.;
—(100 : 91 : 65).
Description. — Coquille inéquilatérale, courte, triangulaire, arrondie,
ventrue surtout dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, peu
Toue XXV. 15
114 DESCRIPTION DES FOSSILES
obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur peu prolongé,
diminuant rapidement d'épaisseur et se terminant en une extrémité large
et arrondie; bord inférieur régulier, tranchant, en demi-cercle; bord supé-
rieur fortement déclive; aire cardinale petite, indistincte; sommets placés
à l'union du quart antérieur avec les 5/1 postérieurs, très-élevés au-dessus
du bord cardinal, grêles avec une petite lunule arrondie; ouverture an-
térieure étroite, commençant en dessous des crochets et se prolongeant
presque jusque la première forte côte; la postérieure (?) étroite, peu allon-
gée.
Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses; les rides
sont faibles, peu marquées, irrégulières, plus apparentes vers le bord
inférieur; côtes transverses au nombre de trois ou quatre, presque verti-
cales, légèrement obtuses et à peine entamées par les rides longitudinales.
Rapports et différences. — Cette espèce se reconnaît assez bien à sa forme
courte, arrondie, son épaisseur, mais surtout par ses crochets grêles et
élevés; elle se rapproche quelque peu de la Ph. trigonata. (Ag. pl. 8); elle
est cependant moins prolongée en arrière; ses crochets ne sont pas aussi
antérieurs.
Localité. — Nos échantillons ont été trouvés à Weyler, dans le grès.
Observation. — Nous avons vu deux exemplaires de cette nouvelle espèce,
l'un est légèrement déformé, l’autre a conservé sa forme normale; mais
les dessins de la surface sont peu marqués, à cause de la grossièreté des
grains dont le moule est formé.
4. PHOLADOMYA GLABRA.
(PL. XVI, fig. 2.)
PnOLADOMYA GLABRA. Ag., 1845, Étud. critiq. monog., p. 69, pl. 5.
_ — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 255.
Ph. testà transverst, inflatà ; anticè breviore, truncato-cordatà ; posterius
productä, compressà, rotundatà ; margine inferiore arcuato, subobtuso; su-
periore declivi; umbonibus subanticis, crassis, prominulis; valvis concentricè
rugoso-striatis, transversimque costatis ; costis 4-5 obliquis, vix conspicuis ;
ared concavä, lateraliter carinis cireumscriptä.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 115
Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 58 mill.; largeur 28 mil]. ;
— (100 : 57 : 5).
Description. — Coquille inéquilatérale, ventrue surtout dans la région
des sommets; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe
cordiforme; côté postérieur prolongé , presque aussi élevé que l’antérieur,
arrondi à son extrémité; bord inférieur arqué à ses deux extrémités,
presque droit dans son milieu; le supérieur déclive, avec une aire car-
dinale assez large, circonscrite latéralement par deux faibles carènes.
Sommets placés à l’union du sixième antérieur avec les 5/6 postérieurs,
arrondis, légèrement surbaissés, peu élevés au-dessus de l'aire cardinale.
Ouverture antérieure étroite, petite, placée vers l’angle antérieur-inférieur;
la postérieure assez bâillante, mais peu prolongée et n’occupant que l’an-
gle supérieur-postérieur.
Valves présentant des rides longitudinales et des côtes; les rides sont
très-fortes, régulières et également bien marquées sur toute la coquille;
les côtes transverses, au nombre de quatre ou cinq, sont obliques et peu
marquées; elles ne forment qu’une légère ondulation à l'endroit des rides
longitudinales et apparaissent mieux dans leurs intervalles; elles vont en
diminuant du sommet à la base de la valve.
Rapports et différences. — Cette espèce présente plusieurs analogies avec la
Ph. Roemeri, Ag. (ambiqua. sp. Sow.) avec laquelle elle avait été confondue :
on l’en distinguera facilement par ses rides longitudinales régulières et for-
mant presque des côtes, par le peu d'apparence de ses côtes transverses,
enfin par son prolongement postérieur.
Localités. — Elle se trouve dans la marne de Strassen, du lias inférieur.
L'un des deux échantillons que nous avons sous les yeux, nous a été com-
muniqué par M. le D' de Condé, et a été trouvé à Walzingen; l’autre
provient de la même localité. Cette espèce est signalée à Mulhausen , dans
le département du Bas-Rhin.
5. PHOLADOMYA AMBIGUA.
(PI. XVI, fig. 5.)
Puocanomya ammiGua. Sowerby, 1820, Min. conch., IL, pl. 227.
= = Roemer, 1856, Die Verst., p.127, pl. XV, fig. 1.
= — Goldfuss, 1854-1840, Die Petref., tab. 166, fig. 1.
116 DESCRIPTION DES FOSSILES
Ph. testà elongatà , inflatä; anticè cordiformi, breviore, posterits product,
rotundatä; margine inferiore subarcuato; superiore horizontali; umbonibus
crassis, inflalis, prominulis; valvis concentricè sulcatis, transversim 7-9 cos-
tatis; costis mediocriter elevatis, obliquis, crenulatis ; areä cardinali carinis
lateraliter circumscripta.
Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 37; largeur 54— (100 : 64:58).
Description. — Coquille inéquilatérale, bombée sur les flancs; côté anté-
rieur raccourci, donnant une coupe régulièrement cordiforme; le posté-
rieur prolongé, comprimé latéralement, à peu près de la même hauteur que
l'antérieur; bord inférieur légèrement courbé, le supérieur droit, se rele-
vant même un peu vers l'extrémité postérieure; aire cardinale lancéolée,
assez large et profonde, circonscrite latéralement par deux carènes assez
marquées. Sommets antérieurs, placés à l’union du quart antérieur avec
les 5/1 postérieurs, obtus et renflés , assez élevés au-dessus de l'aire cardi-
nale et formant une petite lunule antérieure. Ouverture antérieure très-
étroite et très-courte, située vers l’angle inférieur; la postérieure plus large,
commençant vers l’angle supérieur-postérieur et atteignent l’inférieur.
Valves présentant de très-fortes rides longitudinales, régulières, bien
marquées vers l'extrémité postérieure et des côtes transverses au nombre
de 7 à 9, obliques, faibles et obtuses, crénelées par l’entre-croisement des
rides ou sillons longitudinaux, mais non tuberculeuses.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, pour la forme géné-
rale, de la Ph. media, Ag.; elle s’en distingue par les carènes de son aire
cardinale , l’obliquité plus grande de ses côtes transverses et ses rides longi-
tudinales mieux marquées. Elle se distingue aussi de la Ph. Hausmanni,
Goldf. (tab. 155, fig. 4), par ses côtes transverses , toutes également dis-
tantes, et ses sommets un peu moins élevés.
Localités. — M. Roemer signale cette espèce dans les couches liasiques
à bélemnites ; l'échantillon que nous avons sous les yeux provient de la
marne de Strassen; il a été trouvé à Walzingen, par M. le D' de Condé,
qui a bien voulu nous le communiquer.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 117
6. PHOLADOMYA FOLIACEA.
(PL XVI, fig. 4.)
PHOLADOMYA FOLIACEA. Agassiz, 1842-1846, Étud. crit. monogr., p. 102, pl. 76, 4-12.
— — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 252.
Ph. testà elongatä, valdè depressä, latà; anticè brevissimä ; posterius pro-
ductä; margine inferiore subarcuato; superiore horizontali et posticè paulisper
recurvo; umbonibus anticis, transvershn valdè inflatis, subprominulis ; valvis
concentricè ruqulosis, transversimque costatis ; costis 8-9, acutiusculis, sub-
crenulatis.
Dimensions. — Longeur 37 mill.; hauteur 15; largeur 26— (100: 40 : 70).
Description. — Coquille tout à fait inéquilatérale, fortement déprimée ;
côté antérieur obtus, tronqué, presque nul; côté postérieur très-pro-
longé; vue d’en haut, la coquille présente une forme ovalaire obtuse, et
de côté, un quadrilatère à angles arrondis ; bord inférieur arqué, le supé-
rieur horizontal légèrement relevé en arrière; aire cardinale large et peu
profonde, se confondant insensiblement avec les flancs; sommets tout à
fait en avant, surplombant le côté antérieur , surbaissés, formant une
très-légère saillie au- dessus du bord cardinal, très-renflés transversale-
ment; ouverture antérieure très-étroite, la postérieure plus large, com-
mençant en arrière de la moitié postérieure du bord cardinal et se ter-
minant vers l'angle inférieur-postérieur.
Valves présentant des rides longitudinales concentriques très-faibles et
nombreuses; des côtes transverses , au nombre de 8 ou 9, rapprochées,
très-obliques , peu élevées, crénelées par l’entre-croisement des rides lon-
gitudinales.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, pour la forme géné-
rale, de la Ph. decorata, Ziet. ; elle s’en distingue par sa forte dépression et
lhorizontalité de son bord cardinal.
Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans le lias de Gunders-
hofen; notre échantillon provient du macigno d'Aubange, et a été trouvé
dans une exploitation au NO. de Bleid.
Observation. — Au premier abord, cette coquille paraît déformée par la
118 DESCRIPTION DES FOSSILES
fossilisation, c’est une remarque que fait aussi M. Agassiz; comme il a pu
observer 5 à 6 exemplaires présentant cet aspect, il en a fait une espèce
distincte et figurée comme telle.
7. PHOLADOMYA DECORATA.
(PI. XVE, fig. 5.)
Paoranomya pEecorara. Hart. Zieten, 1850, Æurtemb., pl. 64, fig. 2.
_ — Roemer, 1856, Perstein., p. 127, n° 2.
— — Bronn, 1855-1858, Leth. geog., tab. 50, fig. 20, a, b.
— _ Goldfuss, 1859, p. 265, Lab. 155, fig. 5, a, b.
= = Agassiz, 1842-1846, Étud. critig. mon., p. 101, pl. 7, 17-18.
= — D'Orb.,1850, Prodr., 1, p. 251.
Ph. testà trigond, inflatà; anticè inflato-cordatà, brevissimä, obtusä ; pos-
terits paulisper productä, subrotundatà ; margine inferiore arcuato ; superiore
declivi; umbonibus anticis, transversim inflatis, altis, acutiusculis, incurvis ;
valvis concentricè rugulosis, transversimque costatis ; costis 7-8 obliquis, acu-
tiusculis, subnodulosis.
Dimensions.— Longueur 46 mill., hauteur 35, largeur 54— (100 : 71 : 74).
Description. —Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, arrondie, plus
épaisse que haute; côté antérieur à coupe cordiforme, arrondie, très-
obtus; le postérieur plus prolongé, encore plus large que haut, arrondi
à son extrémité; bord inférieur très-courbé, le supérieur décline en arrière;
aire cardinale assez large, peu profonde, non distincte des flancs; som-
mets tout à fait antérieurs, assez aigus, élevés, très-renflés transversale-
ment; ouverture antérieure commençant sous les crochets, se continuant
jusqu’au bord inférieur, la postérieure commençant un peu en arrière du
milieu du bord cardinal et se terminant avant d'atteindre l’angle inférieur
postérieur.
Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses : les
rides sont régulières et médiocrement marquées; les côtes, au nombre de
7 à 9, sont très-obliques en arrière, également distantes, s’affaiblissant
des antérieures aux postérieures, aiguës, et subtuberculeuses ou créne-
lées par l’entre-croisement des rides longitudinales.
Rapports et différences. — Cette espèce a beaucoup d’analogie avec la
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 119
Ph. hemicardia, Goldf., tab. 156, fig. 8 (Ph. cingulata, Ag., pl. 6’), du jura
moyen; mais elle s’en distingue par son bord cardinal plus déclive, par ses
sommets moins détachés des flancs de la coquille.
Localités. — M. Roemer indique cette espèce dans les couches à bélem-
nites, Goldfuss dans les couches liasiques et oolithiques inférieures,
M. Agassiz dans les couches à gryphites et à bélemnites; ainsi, on la
trouve, en France, à Asnière (Sarthe); en Allemagne, à Grafenberg; dans
le Wurtemberg, à Villershausen, à Kahlfeld, à Pliensbach : nos échan-
tillons proviennent du macigno d’Aubange, au NO. de Bleid.
8. PHOLADOMYA FIDICULA.
(PL. XVI, fig. 1.)
PuOrADOMYA FIDICULA. Sow., 1820, Min. conch. , t. III, tab. 295.
— — Ag., 1842-1845, Etud. crit. monog., p. 60, pl. 5°, fig. 10-13.
_ — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 274.
Ph. testà elongatä ; anticè inflato-cordatä, brevi; posteriùs productà, ro-
tundatä; margine inferiore arcuato, superiore subhorizontali; umbonibus
subanticis, prominulis ; valvis concentricè et tenuiter striatis, transversimque
multicostatis ; costis aequalibus, approximatis, obliquis.
Dimensions. —Longueur 40 mill.; hauteur 21; largeur 25 —(100 : 52: 62).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, un peu plus large
que haute; côté antérieur renflé cordiforme, fortement tronqué et obtus;
côté postérieur très-prolongé, peu comprimé, arrondi, bord inférieur
arqué; bord supérieur large et presque droit; sommets très-antérieurs,
petits, peu renflés, ne formant qu’une légère saillie au-dessus du bord
cardinal; ouverture antérieure occupant la plus grande partie du côté
antérieur; la postérieure semble plus bâillante.
Valves présentant des stries d’accroissement serrées, concentriques
sur toute la surface et des côtes transverses, nombreuses, 17-18; les pre-
mières sont verticales, les suivantes gagnent peu à peu en obliquité; la
première est faible, les trois suivantes sont les plus marquées; toutes sont
aiguës et à peine entamées par les stries concentriques.
120 DESCRIPTION DES FOSSILES
Rapports et différences. — Cette belle espèce est très-voisine de la P. Zie-
tenü; elle s’en distingue cependant par ses stries concentriques, par sa plus
grande largeur et par ses côtes transverses.
Localités. — Elle est signalée par les auteurs dans l’oolithe inférieur, en
France, à Mietesheim, à Gundershofen (Bas-Rhin), à Nancy, à Metz; en
Suisse, à Durenast; en Allemagne, à Neuhausen. L’échantillon qui a servi
à notre description a été trouvé dans le calcaire de Longwy, aux environs
de cette ville.
Observation. — M. d'Orbigny, dans son Prodrome , réunit deux espèces,
distinguées par M. Agassiz, quoique ce dernier ait pu comparer les deux
types. Nous avons bien reconnu les caractères indiqués par M. Agassiz,
et nous les distinguerons aussi; le défaut d'exemplaires nombreux et bien
conservés ne nous permettant pas de rechercher si ce sont bien des espèces
distinctes ou seulement des variétés, ou bien si les différences tiennent
au bon état de conservation des exemplaires.
9. PHOLADOMYA ZIETENI.
(PL. XVII, fig. 2.
Paoranomya rinicuLa. Zieten, 1850, Furtemb., pl. 65, fig. 2 (non Sow., Roem., Goldf.)
— LYRATA. Sowerby, 1820, Win. conch., II, pl. 225.
— Zierennr. Agassiz, 1842-1845, Étud. crit. monogr., p. 54, pl. 5, fig. 15-15.
Ph. testä elongatäà ; anticè brevi inflato-cordat&, posteriùs productä, subat-
tenuatà, compressd ; margine inferiore subarcuato; superiore subhorizon-
tali; umbonibus anticis, acutiusculis, subprominulis ; valvis transversum
multicostatis ; costis inaequalibus, obliquis, aculis.
Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 22; largeur 20 — (100 :
57 : 52).
Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque aussi large
que haute; côté antérieur raccourci, assez obtus, donnant une coupe ren-
flée-cordiforme ; côté postérieur prolongé, régulièrement comprimé, fai-
blement atténué et arrondi; bord inférieur peu arqué, le supérieur presque
horizontal; sommets antérieurs petits, non renflés, peu élevés au-dessus
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 121
du bord cardinal; aire cardinale non distincte des flancs de la coquille (?);
ouverture antérieure étroite, peu allongée ; la postérieure plus bâillante ,
commençant assez loin des crochets et se terminant à l’angle inférieur-
postérieur.
Valves munies de côtes transverses nombreuses, rapprochées, obliques,
l’antérieure un peu plus faible que les autres. Entre les côtes principales,
il y en a de plus petites commençant vers le milieu des flancs et se conti-
nuant jusqu'au bord inférieur; toutes ces côtes sont aiguës, tranchantes,
plus élevées vers le bord inférieur, manquant complétement au-des-
sus de la ligne tirée des sommets à l'angle inférieur-postérieur , et les
trois ou quatre dernières disparaissant avant d'atteindre le sommet de la
valve.
Rapports et différences. — Cette espèce fait partie de la section des Pho-
ladomyes aiguës ; elle se distingue nettement des Ph. semicostata, Ag. (pl. 3’,
fig. 11, et pl. 2, fig. 1-2), et Ph. multicostata, Ag. (pl. 3’, fig. 10, et pl. 2,
fig. 5-4) (Ph. acuticostata de Roemer, tab. IX, fig. 15), par ses côtes, qui
sont très-obliques, manquent presque entièrement au côté antérieur et
sont entremêlées de petites côtes moins longues.
Localités. — Nous avons trouvé un mauvais échantillon de cette espèce,
aux environs de Longwy, dans le calcaire oolithique. M. Agassiz la signale
dans l’oolithe ferrugineux du canton de Soleure.
10. PHOLADOMYA MEDIA.
(PL. XVIL, fig. 5.)
Pnoranomya mepra. Agassiz, 1842-1845, Étud. critig. monogr., p. 72, pl. 5b, fig. 7-15.
— ogrusa. D'Orb., 1850, Prodr., I, p.274.
Ph. testé elongatà, subquadrilaterd ; anticè alt&, rotundata , cordato-trun-
catä ; posterits productà, attenuaté; margine inferiore arcuato; superiore
recto subdeclivi; ared cardinali angustatà ; umbonibus inflatis, crassis, pro-
minulis ; valvis subliliter concentricè rugulosis, bransversim 6-8 costalis ;
costis irregulariter tuberculosis, approximatis, anticà remotiore, minis
elevala.
Tome XXV. 16
122 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Longueur 65 mill.; hauteur 50 ; largeur 40 ; — (100 :
77 : 62).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, à angles arrondis, assez
épaisse; côté antérieur obtus, élevé, arrondi, donnant une coupe cordi-
forme ; côté postérieur prolongé, d’abord presque aussi haut que l’anté-
rieur, puis s’atténuant légèrement vers l'extrémité; bord inférieur arqué;
le supérieur droit, légèrement déclive; aire cardinale assez longue,
étroite, sans carènes latérales bien distinctes; sommets situés à l’union
du cinquième antérieur avec les #/3 postérieurs , assez élevés sur le bord
cardinal, très-larges dans le sens de l’axe longitudinal, renflés, ne se
distinguant pas du corps de la coquille, circonscrivant en avant une petite
lunule ; ouverture antérieure assez large, commençant sous les crochets;
la postérieure (?) médiocrement bäillante et peu allongée, commençant
assez loin des sommets.
Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses, ce
qui donne un aspect subréticulé; les rides longitudinales sont peu pro-
fondes, assez larges, très-irrégulières et mieux marquées vers la région
antérieure ; les côtes transverses sont fortes, au nombre de 6 à 8, rap-
prochées, l’antérieure faible et éloignée de la deuxième; ces côtes sont
rendues irrégulièrement tuberculeuses par l’entre-croisement des rides
longitudinales.
Rapports et différences. — Elle se distingue facilement des Ph. Murchisoni
et bucardium par son allongement et son aire cardinale.
Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l’oolithe inférieur
du canton de Soleure; nous l’avons trouvée dans le calcaire de Longwy,
au SO. de cette ville.
41. PHozanomya Murcgisoni.
(PL. XVIL, fig. 4.)
PaoLanomya Murcmisonr. Sow., 1820, Min. conch., III, tab. 297, fig. 4.
= — Phill., 1829, Geol. Forksh, pl. 7, fig. 9.
— = Zieten, 1850, Wurt., pl. 65, fig. 4.
— — Roemer, 1856, erstein., pl. 15, fig. 7.
== — Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., pl. 4°, fig. 5-7.
” — D'Orb., 1850, Prodr., I, 305.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125
Ph. testà rotundato-trigonatà, subglobosä; anticè cordato-truncatä, breviore;
posterits angustato-productà, rotundatà ; margine inferiore subarcuato,
superiore subrecto-declivi; umbonibus prominulis, crassis, incurvis ; valvis
concentricè rugulosis, transversimque costalis ; costis 7-8 nodulosis, infernè
acutiusculis, anticà remotiore, minûs elevata.
Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 47 mill.; largeur 41 mil.
— (100 : 85 : 75).
Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire, arrondie , presque
aussi épaisse que haute ; côté antérieur obtus, donnant une coupe renflée
cordiforme ; côté postérieur régulièrement et assez fortement comprimé;
bord inférieur arqué; bord supérieur droit, déclive. Sommets subanté-
rieurs, saillants, épais, arrondis; ouverture antérieure commençant sous
les crochets et se prolongeant sur le bord inférieur; la postérieure large-
ment bâillante, commençant un peu en arrière des sommets, se conti-
nuant sur le bord inférieur et atteignant presque l'ouverture antérieure.
Les valves présentent des rides longitudinales concentriques assez pro-
fondes et régulières, mieux marquées vers la région antérieure et des côtes
transverses, au nombre de 7 ou 8, arrondies, plus élevées vers le bord infé-
rieur, noduleuses et tuberculeuses par leur entre-croisement avec les rides
longitudinales, très-légèrement obliques en arrière du sommet vers le
bord inférieur; la première plus distante de la seconde que les autres ne le
sont entre elles. Dans quelques exemplaires, cette dernière est accom-
pagnée d’une seconde côte moins saillante.
Rapports et différences. — Cette belle pholadomye se distingue assez faci-
lement de toutes les autres par sa forme globuleuse et l’état réticulé de sa
surface.
Localités. — Cette espèce est assez répandue; nous l'avons trouvée
dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. M. Agassiz l'in-
dique dans l’oolithe inférieur de Goldenthal, en Suisse; en Angleterre, elle
se trouve à Brora, à Scarborough; en France, à Marquise, à S'-Aubain.
Observation. — Ce n’est pas la Ph. Murchisoni de Goldf. (tab. 155, fig 2),
ni de Pusch : l'espèce que ces auteurs ont décrite sous ce nom est diffé-
rente et a été nommée Ph. exaltata, par M. Agassiz; elle se distingue par des
124 DESCRIPTION DES FOSSILES
sommets beaucoup plus élevés, par une forme plus courte, par des tuber-
cules plus allongés transversalement, et se trouve dans le Jura moyen,
tandis que la Ph. Murchisoni, décrite et figurée par M. Agassiz, se trouve
dans l’oolithe inférieur.
12. PHOLADOMYA BUCARDIUM.
(PI. XVI, fig. 1.)
PnoranomyA Bucarpiom. Ag., 1842-45, Étud. crit. monog., p. 775; pl. 5, fig. 5-7, pl. 5, fig. 8.
Ph. test rotundato-trigonat&, inflatä ; anticè cordato-truncatà , abbreviatà ;
posterius productà, paulisper compressä, rotundati; margine inferiore
arcualo, superiore lato, fortiter declivi; umbonibus anticis, inflatis, crassis ;
valvis concentricè irrequlariter subrugulosis, transversim 6-7 costatis; costis
subverticalibus, infernè elevatis et incrassatis.
Dimensions. — Longueur 80 mill.; hauteur 71 mill.; largeur 55 mill.;
— (100 : 88 : 68).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire arrondie , très-
épaisse ; côté antérieur obtus, fortement tronqué , donnant une coupe cor-
diforme allongée; coté postérieur comprimé très-légèrement et peu allongé;
bord inférieur arqué; le supérieur très-large, fortement déclive; sommets
très-antérieurs , gonflés, un peu surbaissés et à peine distincts du corps
de la coquille, avec une petite lunule peu marquée : les deux ouvertures
sont fortement bâillantes, l’antérieure commence un peu en-dessous des
sommets et atteint presque le bord inférieur; la postérieure commence
aussi près des sommets et se termine vers la région postérieure-inférieure.
Les valves présentent des rides longitudinales faibles, très-irrégulières,
inégales, mieux marquées vers la région antérieure et sur les sommets; des
côtes transverses, au nombre de à ou 6, grossières, élevées, plus fortement
marquées vers le bord inférieur; croisées par les rides longitudinales, qui
y déterminent quelques tubercules obtus, descendant presque verticalement
des sommets vers la base; la première est plus faible et un peu plus éloi-
gnée de la deuxième, que les autres ne le sont entre elles; la deuxième est
la plus forte et circonscrit le pourtour de la coquille, vue de face; ces côtes
vont en diminuant de la seconde à la dernière, et l'extrémité postérieure en
est dépourvue.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125
Rapports et différences. — Cette espèce a souvent été confondue avec la
Ph. Murchisoni, Sow.; M. Agassiz l’a distinguée et lui a imposé le nom de
bucardium. Plusieurs caractères faciles à saisir la différencient de la Mur-
chisoni : tels sont le rapport de la hauteur à l'épaisseur, l'absence de
rides longitudinales régulières, les côtes grossières, noduleuses, enfin les
sommets notablement plus obtus et moins dégagés du reste de la coquille.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de
Longwy, au SO. de cette ville; M. Agassiz l'indique dans l’oolithe infé-
rieur du Jura suisse.
Genre HOMOMYA , Agassiz.
I. testa aequivalvis (?) inaequilateralis, libera, tenuis; saepiùs magna et
inflata ; cardo edentulus ; area cardinalis minüs distincta; impressiones mus-
culares duae, pallealis posterits sinuosa ; valvae hiantes imprimis posterius ;
striis sulcisque concentricis ornatae; ligamentum externum.
Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, d’une forme généralement
renflée; aire cardinale très-peu développée; crochets épais, enroulés,
contigus, non perforés; valves minces, un peu plus épaisses que dans les
pholadomyes, rarement conservées, ornées de nombreuses stries et plis
d'accroissement très-serrés et régulièrement concentriques : les deux ex-
trémités sont bäillantes, surtout la postérieure.
Les homomyes ne se distinguent guère des pholadomyes que par l'ab-
sence de cotes transverses et un test un peu plus épais; pour le reste, elles
possèdent les caractères de ces dernières, aussi vaudrait-il peut-être mieux
réunir les deux genres. Ce sont pour la plupart des espèces liasiques et
jurassiques.
4. Homomya ALSATICA.
(PI. XVI, fig. 2.)
HomomyA ALSATICA. Agass., 1842-45, Étud. crit. monog., p. 165, pl. 20, fig. 4-9.
IL. testà elongatà, quadrilaterä , ventricosà ; anticè breviore, obtusä, rotun-
daté, cordiformi; posteriüs productà, elevatà, rotundatà ; margine inferiore
126 DESCRIPTION DES FOSSILES
subareuato, superiore recto; umbonibus anticis, crassis, involutis, promi-
nulis ; valvis concentricè et irrequlariter striatis rugulosisque.
Dimensions.—Longueur 80 mill.; hauteur 45; largeur 38;—(100: 56 : 47).
Description. —Coquille inéquilatérale, en quadrilatère allongé, assez gon-
flée dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, obtus, un peu
plus élevé que le postérieur, arrondi, et donnant une coupe cordiforme;
côté postérieur fortement prolongé, comprimé, conservant à peu près la
même hauteur dans toute sa longueur; extrémité large et arrondie; bord
inférieur très-légèrement arqué, le supérieur droit, avec une aire cardinale
peu large, mais séparée des flancs par deux carènes bien dessinées ; som-
mets très-antérieurs, situés à l’union du sixième antérieur avec les 5/6 posté-
rieurs, assez épais, peu enroulés et assez proéminents sur le bord cardinal,
surtout en arrière; l'ouverture antérieure est assez allongée; elle commence
peu en dessous des crochets et atteint le bord inférieur; la postérieure (?).
Les valves présentent des stries et des sillons concentriques, irréguliè-
rement entremêlés.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement des
autres homomyes par sa forme quadrilatérale et son renflement considé-
rable en dessous et un peu en arrière des crochets.
Localités. — M. Agassiz signale cette espèce dans le lias moyen et su-
périeur de Mulhausen ; notre échantillon provient de la marne de Strassen,
entre Clairfontaine et Walzingen.
Observation. — L'exemplaire a conservé une assez grande partie de son
test ; il est extrêmement mince et papyracé sur les flancs; il s’épaissit un
peu vers les sommets et atteint un millimètre d'épaisseur à la région car-
dinale, un peu en dessous et en arrière des crochets; il reste aussi une
partie du ligament de la charnière.
2. Homomya Konineki.
(PL. XIX, fig. 1.)
H. testà elongatä, depressé, valdè inflatä; anticè brevissimä, obtusä, de-
presso-cordiformi; posterius productà, altà rotundatà ; margine inferiore
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 127
arcuato; superiore concavo, poslicè elevalo; umbonibus anticis, involutis .
prominulis ; valvis concentricè crebre-costellatis.
Dimensions. — Longueur 60 mill. (?); hauteur 55; largeur 39.
Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, fortement ventrue
et déprimée; côté antérieur très-raccourci, obtus, fuyant en bas et en ar-
rière, présentant une coupe cordiforme déprimée ; côté postérieur déprimé,
conservant à peu près sa hauteur jusqu’à l'extrémité, qui est arrondie; bord
inférieur convexe, arqué, le supérieur concave, relevé à son extrémité ;
sans aire cardinale distincte; sommets très-antérieurs, enroulés, gonflés
transversalement et assez élevés au-dessus du bord cardinal ; l’ouverture
antérieure commence un peu en dessous des crochets et est assez large; la
postérieure (?) paraît plus large encore et atteint le bord inférieur, de sorte
qu'il se pourrait bien que la coquille fût bäillante dans toute son étendue.
Les valves présentent des côtes concentriques longitudinales régulières,
nombreuses, et sur ces côtes et dans leurs intervalles des stries d’accrois-
sement mieux marquées vers le bord inférieur.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-bien caractérisée par sa
forme déprimée et par ses côtes régulières.
Localité. — Nous avons trouvé cette espèce à Frelange, près d'Arlon,
dans une couche marneuse, dépendante de la marne de Strassen.
Nous avons dédié cette espèce à M. le professeur De Koninck, dont les
savants travaux paléontologiques sont si hautement appréciés.
Observations. — Au premier abord, cette espèce paraît avoir été déformée
par la pression, mais on abandonne cette idée en observant la régularité des
côtes; du reste, cette forme déprimée, pour n’être pas bien fréquente, est
loin cependant de former exception dans la nombreuse famille des pho-
ladomyes.
5. Homomya GIBBOSA.
(PL XIX, fig. 2.)
MACTRA GIBBOSA. Sow., 1815, Min. conch., t. 1, pl. 42.
HomomyA GIBBOSA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 160, pl. 18.
Pnozapomya 6188084. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 504.
H. testà elongatä, inflat ; anticè breviore subobtusä, cordiformi; posterius
128 DESCRIPTION DES FOSSILES
productä, subcompressé, attenuatà ; margine inferiore arcuato; superiore sub-
concavo ; umbonibus anticis, crassis, subinvolutis, prominulis ; valvis laevibus,
irregulariter, parcè rugosis.
Dimensions. — Longueur 110 mill.; hauteur 58; largeur 51 — (100 :
52 : 46).
Description. — Coquille très-inéquilatérale , ventrue ; côté antérieur
très-raccourci, un peu obtus, plus élevé que le côté postérieur, donnant
une coupe cordiforme renflée ; côté postérieur perdant insensiblement en
épaisseur et en hauteur, très-prolongé surtout vers le bord inférieur, ce
qui lui donne un peu l’apparence d’un rostre; bord inférieur légèrement
arqué, se relevant un peu vers l'extrémité postérieure; bord supérieur
beaucoup plus court, légèrement concave; aire cardinale indistincte, non
séparée des flancs ; sommets très-antérieurs , situés à l'union du sixième
antérieur avec les ÿ/6 postérieurs, obtus et recourbés, légèrement proémi-
nents sur le bord cardinal, renflés dans le sens transversal; ouverture
antérieure peu large et assez longue, la postérieure plus bâillante et n’oc-
cupant que l'extrémité du bord supérieur.
Les exemplaires que nous possédons sont des moules, et l’on ne remar-
que sur les flancs que quelques rugosités ou sillons vagues, inégaux,
disposés longitudinalement; un sillon latéral, très-peu marqué, mais assez
large, part des crochets et se dirige en s’élargissant vers le milieu du bord
inférieur.
Rapports et différences. — C’est une espèce de très-grande taille, bien
caractérisée par sa forme fortement renflée en dessous et en arrière des
crochets ; elle se distingue de la Homomya ventricosa , par son côté posté-
rieur atténué en forme de rostre.
Localité. — M. Agassiz indique cette espèce dans les couches oolithiques
inférieures : notre échantillon vient du calcaire de Longwy, près de cette
ville.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 129
4. Homomya TERQUEMI.
(PL XX, fig. 1.)
H. testà elongatä, ventricosâ; anticè breviore, all, rutundatä, compresso-
cordiformi; posterius valdè productà, subattenuatà, rotundatà (?); margine
inferiore arcuato , superiore subrecto, subdeclivi ; umbonibus anticis, vix pro-
minulis ; valvis concentricè irrequlariter striato-rugosis.
Dimensions. — Longueur 126 mill.; hauteur 68 ; largeur 56;— (100 :
DÀ : 45).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, assez ventrue sur une grande
étendue de sa longueur; côté antérieur très-raccourci, arrondi et assez
élevé, présentant une coupe cordiforme allongée; côté postérieur très-
prolongé, légèrement atténué et arrondi (?); bord inférieur arqué, le supé-
rieur droit et légèrement déclive; aire cardinale (?) étroite, limitée par
un large bourrelet partant des sommets; ceux-ci sont très-antérieurs, non
proéminents, peu distincts du corps de la coquille; ouverture antérieure (?);
la postérieure, assez large, occupe l'extrémité et une partie du bord su-
périeur de la coquille.
Valves présentant une multitude de stries d’accroissement, fines eu
égard au volume de la coquille, peu régulières et entremélées de quelques
côtes peu saillantes.
Rapports et différences. — Peu d'espèces atteignent une taille aussi con-
sidérable ; elle se distingue facilement de V'H. gibbosa par ses deux extré-
mités largement arrondies.
On connaît les longues et savantes recherches de M. Terquem sur la
géologie et la paléontologie des terrains jurassiques du nord de la France;
en lui dédiant cette espèce nous ne rendons qu’un faible hommage à son
talent et à son zèle.
Localité. — Notre exemplaire provient du calcaire de Longwy, aux
environs de cette ville.
Observation. — Comme cela arrive si fréquemment pour les pholado-
myes, les valves de notre exemplaire n'ont pas conservé leurs rapports
Toue XX. 17
150 DESCRIPTION DES FOSSILES
normaux ; la valve gauche s’est un peu abaissée et reportée en avant. Le
test, conservé en partie, est assez épais vers les sommets et la région pos-
térieure, ce qui nous ferait douter que cette espèce appartint réellement à
la famille qui nous occupe. Elle pourrait être prise au premier abord pour
l'A. ventricosa, Ag. ; mais elle manque des sillons latéraux mentionnés par
cet auteur; ses sommets sont moins obtus, et son extrémité postérieure
semble plus arrondie.
Genre PLEUROMYA, Agassiz.
Testa aequivalvis (?) inaequilateralis , libera, tenuis, saepits parva; cardo
edentulus, area cardinalis nulla(?); impressiones musculares duae, pallealis
posterits sinuosa ; valvae minüs hiantes, striis regularibus vel costellis ornatae;
sulculus lateralis ab umbone ad marginem inferiorem, plus minüsve distinc-
tus; ligamentum externum.
Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, transversale, de petite ou de
moyenne taille; charnière sans dent; aire cardinale nulle (?) ; impressions
musculaires au nombre de deux; impression palléale rarement visible,
munie d’un large sinus; valves minces, peu bâillantes, ornées de rides con-
centriques régulières, quelquefois de petites côtes, marquées en avant d’un
enfoncement caractéristique, une sorte de sillon très-évasé qui part des
crochets et s'étend en s’élargissant vers le bord inférieur. Les crochets sont
plus ou moins rapprochés du bord antérieur, assez gros, recourbés en
avant et contigus.
M. Agassiz a fondé cette coupe sur des espèces réparties dans plusieurs
genres : Amphidesma, Lutraria, Venus, Unio, Donacites , etc. ; elles ont quelque
chose de commun, un facies particulier, bien distinct de celui des phola-
domyes vraies, mais leurs caractères génériques ne sont pas connus; peut-
être serait-il préférable d'attendre de nouvelles données pour former ce
genre; cependant, puisqu’un savant d’un aussi grand mérite que M. Agassiz
a cru devoir établir cette coupe, nous la conserverons. Les pleuromyes
seront facilement distinguées des pholadomyes par l'absence de côtes trans-
verses, et des céromyes par le manque du sillon cardinal de la valve droite.
Ce genre se montre déjà dans les couches triasiques, se continue dans le
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 151
lias et prend un grand développement dans les terrains jurassiques, où
très-probablement il s'éteint.
1. PLEUROMYA SsINUOSA.
(PL. XVI, fig. 5.)
Lurraria SINUOSA. Roemer, 1856, Die Ferstein., p.42, supp., pl. XIX, fig. 24.
P. testà elongatä, subcylindraced, inflatä; anticè breviore, obtusä, ovato-
cordatà ; posterius product, allà, resupinatä; margine inferiore arcuato;
superiore excavato, postice convexo; umbonibus subanticis, crassis, subpro-
minulis; valvis concentricè irrequlariter striato-sulcatis.
Dimensions. — Longueur 26 mill.; hauteur 17 mill.; largeur 15; —
(100 : 58 : 44).
Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque cylindroïde,
renflée ; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe subova-
laire; côté postérieur très-prolongé, peu comprimé, aussi élevé que l’an-
térieur, arrondi et fortement relevé à son extrémité; bord inférieur arqué,
surtout postérieurement; bord supérieur concave dans sa partie moyenne,
sommets situés à l'union du cinquième antérieur avec les #: postérieurs,
peu enroulés, légèrement distants, proéminents au-dessus du bord car-
dinal ; ouverture antérieure paraissant assez large, la postérieure plus
allongée, occupant l'extrémité et une partie du bord inférieur.
Valves présentant des stries et de faibles côtes longitudinales concen-
triques, irrégulières, peu marquées; on observe un sillon latéral du som-
met à la base, mais faible et un peu oblique en avant; de plus, deux
carènes obtuses partent de sommets et se dirigent obliquement en bas et
en arrière vers l'angle postérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, par sa forme cylin-
droïde de la PI. recurva, Ag., mais s’en distingue suffisamment par le
redressement considérable de son extrémité postérieure.
Localités. — M. Roemer, qui, le premier, a décrit cette espèce, la signale
dans les couches inférieures du coral-rag de Hersum ; notre échantillon
provient du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville.
152 DESCRIPTION DES FOSSILES
2. PLEUROMYA STRIATULA.
(PI. XX, fig. 2.)
PLEUROMYA STRIATULA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 259, pl. 28, fig. 10-14.
PanOPAEA = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 215.
P. testà elongatä, compressä ; anticè attenuato-rotundatä, compresso-cor-
data ; posterits product, compressä, altà, subresupinatà ; margine inferiore
arcualo, imprimis poslicè, superiore reclo, subhorizontali; umbonibus ante-
medianis, parvis, subprominulis ; valvis laevibus.
Dimensions. — Longueur 46 mill.; hauteur 22; largeur 15 mill.; —
(100 : 47 : 52).
Description. — Coquille subinéquilatérale, assez allongée, comprimée;
côté antérieur prolongé, surtout à son angle inférieur, qui est arrondi
et tranchant, à coupe allongée, cordiforme; côté postérieur plus pro-
longé, légèrement comprimé à partir des sommets, plus élevé que le
côté antérieur, arrondi à son extrémité, qui est légèrement relevée; bord
inférieur arqué, un peu plus fortement en arrière; bord supérieur droit
et presque horizontal; sommets presque médians, situés à l’union des
2/5 antérieurs avec les 5/3 postérieurs, petits, peu arqués et ne faisant
qu'une légère saillie au-dessus du bord cardinal. L'ouverture antérieure
paraît nulle; la postérieure est étroite et peu allongée.
Les valves ne présentent ni rides ni côtes; seulement quelques vagues
ondulations, résultant probablement d’arrêts d’accroissement; le sillon
latéral est à peine distinct.
Rapports et différences. — Peu d'espèces de pleuromyes présentent une
forme aussi allongée; sous ce rapport cependant la P. angusta se rap-
proche de la striatula, mais elle est plus comprimée encore et son bord
inférieur est concave.
Localités. — M. Agassiz, qui le premier a fait connaître cette espèce,
la signale dans les couches à gryphée du lias, à Baerschwyl, dans le can-
ton de Soleure; M. d'Orbigny l'indique en France, à Pouilly, à Sémur,
à Lyon et à Nanterre. Notre échantillon a été trouvé à Walzingen, dans la
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155
marne de Strassen, par M. le D' de Condé, qui a bien voulu nous le com-
muniquer.
3. PLEUROMYA UNIOIDES.
(PL XX, fig. 5.)
VENUS UNIOIDES. Roemer, 1855, Die Verstein., p. 109, tab. 8, fig. 6.
? UNiO LIASINUS. Schubler, Zieten, 1830, Wurtemb., tab. 61, fig. 2.
LUTRARIA UNIOIDES. Goldf., Petref., 1854-40, p. 256, tab. 152, fig. 12.
PHocAbomyxa AmBiGuA. Quenstedt, Ælozgebirge Wurt., p. 147.
PLEUROMYA UNIOIDES. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 256, pl. 27, fig. 9-15.
LyonsiA — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 254.
P. testä elongatäà, rotundato-trigonatà , subinflatä ; antice abbreviatà , ro-
tundatä, compresso-cordata ; posterius productà, attenuatà, rotundatä ; mar-
gine inferiore arcuato ; superiore recto, subdeclivi ; umbonibus antemedianis,
crassis, involutis, prominulis; valvis concentricè irrequlariter rugulosis.
Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 55 mill.; largeur 26 mill.;
— (100 : 60 : 47).
Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire à angles arrondis,
assez renflée, la largeur égalant plus des 5/4 de la hauteur; côté antérieur
raccourci, un peu prolongé et arrondi vers l'angle inférieur; côté posté-
rieur prolongé, comprimé, assez élevé jusqu’à son extrémité, qui est
arrondie; bord inférieur arqué, surtout postérieurement; bord supérieur
presque droit, un peu déclive en arrière; sommets placés à l'union du
tiers antérieur avec les ?/3 postérieurs, proéminents sur le bord cardinal,
enroulés et circonscrivant une petite lunule allongée, peu marquée; ou-
verture antérieure étroite, assez longue, la postérieure occupant presque
toute l'extrémité, qui est très-légèrement relevée.
Les valves présentent des sillons concentriques irréguliers, peu mar-
qués; on ne voit pas de sillon latéral.
Rapports et différences. — Cette espèce a la forme générale et la taille de
la P. rostrata; elle s’en distingue néanmoins assez facilement par sa forme
plus renflée, par ses angles plus arrondis, enfin par ses sillons moins
marqués, irréguliers.
Localités. — MM. Zieten, Roemer et Agassiz signalent cette espèce dans
134 DESCRIPTION DES FOSSILES
les couches liasiques; Goldfuss l'indique dans le calcaire liasique d’Amberg,
de Goslar, de Güppingen; M. d'Orbigny, en France, à Chavagnac (Dor-
dogne), à Vieux-Pont (Calvados). Nos échantillons proviennent du macigno
et ont été trouvés près d'Aubange.
Observations. — M. Agassiz dit que cette espèce n'a aucune tendance à
se relever à son extrémité postérieure; nos exemplaires nous montrent
cependant un léger redressement, marqué par la courbure du bord
inférieur, plus forte vers cette région, et le peu de déclivité du bord supé-
rieur à cet endroit. La figure que donne Zieten (tab. 61, fig. 2), sous le
nom d’Unio hasinus, appartient bien probablement à une autre espèce.
4. PLEUROMYA ROSTRATA.
(PL. XXI, fig. 1.)
PLEUROMYA ROSTRATA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 241, pl. 27, fig. 14-16.
PANOPAEA SUBROSTRATA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 215.
PI. testä oblongä , trigonatà ; anticè abbreviatä, compresso-cordatä ; poste-
rius productà, attenuatà, subrotundatà ; margine inferiore paulisper arcuato ;
superiore subrecto, declivi ; umbonibus anticis, subinvolutis, prominulis ,
subincrassatis ; valvis concentricè et regulariter profundè sulcatis.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 52; largeur 21; — (100 :
64 : 42).
Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire , peu renflée, la lar-
geur égalant seulement les ?/ de la hauteur; côté antérieur oblique des
sommets à l’angle inférieur-antérieur, assez raccourci et donnant une coupe
allongée cordiforme ; côté postérieur prolongé, peu comprimé, régulière-
ment atténué jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie; bord inférieur peu
arqué, bord supérieur presque droit, déclive, très-faiblement convexe,
arqué dans sa partie postérieure; sommets subantérieurs, à lunion du
quart antérieur avec les %/1 postérieurs, assez proéminents sur le bord car-
dinal et circonscrivant une petite lunule; ouverture antérieure occupant
seulement l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure peu large et s’avan-
çant un peu sur le bord inférieur.
Les valves présentent des côtes longitudinales concentriques , très-régu-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155
lières, bien marquées sur toute la surface et depuis le sommet jusqu’à
la base. Le sillon latéral est à peine distinct, un peu marqué vers les
sommets et inférieurement par une légère inflexion des côtes.
Rapports et différences. — Cette espèce est nettement caractérisée par sa
forme triangulaire et ses sillons profonds; dans la P. unioides, les con-
tours sont plus arrondis , l'extrémité postérieure plus relevée, les côtes
moins marquées.
Localités. — M. d'Orbigny indique cette espèce à Froschwiller (Alsace),
à Haucourt (Moselle), à Langres; M. Agassiz pense que les échantillons qui
ont servi à sa description proviennent du grès liasique. Nous avons ren-
contré cette espèce dans le macigno d’Aubange, non loin de cette localité.
5. PLeuroMYA HELENA.
(PL. XXI, fig. 2)
P. testà elongatä cylindraced ; anticè brevissimü, obtusä, cordatà ; poste-
rius productà, compressé ; margine inferiore subarcuato, superiore recto,
subdeclivi; umbonibus subanticis, crassis, inflatis, lunulam minüs excava-
tam circumdantibus; valvis concentricè et regulariter costellatis, strisque
radiantibus multis, punctalis, ornatis.
Dimensions. — Longueur 29 mill.; hauteur 16; largeur 14; — (100 :
DD : b1).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, renflée cylindroïde; côté
antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe régulièrement cordi-
forme; côté postérieur très-prolongé, assez élevé, ne présentant qu'un
très-léger redressement à son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur
légèrement arqué, le supérieur presque droit, un peu déclive; sommets
très-antérieurs, situés à l'union du sixième antérieur avec les Ÿ/6 posté-
rieurs , renflés et obtus, ne faisant qu’une légère saillie au-dessus du bord
cardinal, circonscrivant antérieurement une petite lunule, peu excavée ;
ouverture antérieure très-courte et n’occupant que l'extrémité de l'angle
antéro-inférieur; la postérieure qui est peu marquée sur nos exemplai-
res, paraît n’occuper que l'extrémité du bord supérieur.
Les valves présentent des côtes concentriques régulières, bien marquées
156 DESCRIPTION DES FOSSILES
et assez saillantes; au lieu du sillon latéral, on ne voit qu’un léger aplatis-
sement; une carène obtuse partant du sommet vers le bord inférieur-posté-
rieur , sépare les flancs de la coquille de la région cardinale ; on observe
encore sur les valves une multitude des stries rayonnantes très-serrées,
formées de points très-petits, visibles seulement sous un grossissement,
assez distants les uns des autres et non confondus comme dans la Ceromya
strialo-punclata.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par sa forme cylin-
droïde de la P. recurva et de la P. sinuosa, Roem. On la distingue
facilement par ses sommets antérieurs, le peu de redressement de son
extrémité postérieure, mais surtout par ses côtes longitudinales et ses
stries rayonnantes.
Localité. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy et a été
trouvée près de cette ville.
Observations. — Nous possédons deux échantillons de cette charmante
petite espèce : l’un n’est qu’un moule sur lequel on voit encore distincte-
ment les côtes longitudinales; l’autre a conservé sa valve droite et présente
les dessins caractéristiques que nous avons mentionnés.
G. PLEUROMYA TENUISTRIA. me
(PI. XXI, fig. 5.)
LuTRARIA TENUISTRIA. Münster, Goldf., 1854-40, Petref., p. 257, tab. 155, fig. 2.
PLrEeurouYA = Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 245, pl. 24.
PANOPAEA — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 275.
P. testà elongatä, cylindraced; anticè brevissimä, obtusà, truncato-cor-
datä; posterius productà, compressé, subresupinatä; margine inferiore
arcualo, imprimis porticè, superiore reclo, subdeclivi; umbonibus anticis,
crassis, involutis, distantibus, prominulis ; valvis concentricè el tenuè rugoso-
strialis.
Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 20; largeur 18; — (100 :
55 : 50).
Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, triangulaire, arrondie,
subcylindroïde; côté antérieur très-court, coupé obliquement des sommets
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 157
à la base, obtus, donnant une coupe renflée cordiforme; côté postérieur,
prolongé, épais, arrondi à son extrémité, qui est très-légèrement relevée ;
bord inférieur arqué, surtout en arrière; bord supérieur droit, peu déclive;
sommets très-antérieurs, situés à l'union du cinquième antérieur avec les
quatre cinquièmes postérieurs , obtus, peu enroulés et assez saillants au-
dessus du bord cardinal, souvent séparés l’un de l’autre; ouverture anté-
rieure allongée, commençant presque sous les crochets et atteignant le
bord inférieur, la postérieure assez bâillante et occupant l'extrémité de la
coquille.
Valves présentant de très-faibles côtes longitudinales concentriques ; le
sillon latéral des sommets à la base est fortement marqué dans toute sa
longueur.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue surtout par sa forme
cylindroïde, le léger redressement de l'extrémité postérieure et son côté
antérieur.
Localités. — Goldfuss note cette espèce dans l’oolithe inférieur de
Rabenstein, M. Agassiz dans celle de Durenast en Suisse, M. d'Orbigny
l'indique à Mammers, à Moutiers, à Bayeux, etc. Nos échantillons pro-
viennent du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville.
7. PLEUROMYA DECURTATA.
(PL. XXI, fig. 8.)
LoTrarIA DECURTATA. Goldfuss, 1859, Petref., p.257, pl. 155, fig. 5.
PaNOPAEA = D'Orbigny, 1850, Prodr., I, p. 275.
PL test transversä, subtrigonä, crassd ; anticè breviore, truncato-cordata,
posterits attenuatà, rotundalä ; margine inferiore subarcuato, superiore de-
clivi; umbonibus submedianis, crassis, inflatis, introrsüm incurvatis, lunu-
lam latam, minùs excavatam cireumdantibus ; valvis (?) tenuè concentricè
strialis.
Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 25; largeur 18;—(100 : 67 : 48).
Description. — Coquille peu inéquilatérale, légèrement transversale,
triangulaire, à angles arrondis, assez ventrue, sa plus grande largeur se
Towe XXV. 18
158 DESCRIPTION DES FOSSILES
trouve un peu en dessous des crochets; côté antérieur plus court, arrondi
vers l'angle antérieur-inférieur , un peu obtus, donnant une coupe allon-
gée cordiforme; côté postérieur prolongé, fortement atténué en une ex-
trémité arrondie; bord inférieur presque droit, côté supérieur arqué,
déclive; sommets situés à l’union des deux cinquièmes antérieurs avec les
trois cinquièmes postérieurs, assez gros, renflés, recourbés en dedans,
non proéminents, circonscrivant une lunule large et peu profonde; ouver-
ture antérieure commençant un peu en dessous des crochets, et occu-
pant l'angle inférieur; la postérieure paraît être moins allongée.
Valves (?); le moule présente quelques sillons longitudinaux larges et peu
profonds.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue par sa forme rac-
courcie , son épaisseur et la position presque médiane de ses sommets.
Localités. — Goldfuss l'indique dans l’oolithe inférieur de Rabenstein ;
nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy près de cette ville.
Observations. — Notre exemplaire n’est qu'un moule, comme l’étaient
probablement ceux de Goldfuss ; la Lutraria decurtata de cet auteur n’est
pas l’Amphidesma decurtatum de Phillips (Ag., p. 252). M. Agassiz pensait
que la lutraire de Goldfuss était une variété de la PI. tenuistria; les carac-
tères différenciels sont cependant assez tranchés pour pouvoir, à l’exem-
ple de M. d'Orbigny , en faire deux espèces distinctes.
8. PLEUROMYA ELONGATA.
(PL XIX, fig. 3.)
LUTRARIA ELONGATA. Munster, Goldf., 1854-40, Petref., p. 258, pl. 155, fig. 4.
PLEUROMYA — Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 244, pl. 27, fig. 5-8.
PanOPAEA SUBELONGATA. D'Orbig., 1850, Prodr., 1, 272.
Pl. test elongatä; anticè abbreviatä, ovato-cordatà ; posterits productà,
compressa, rotundalà ; margine inferiore prümim recto, dein arcuato ; supe-
riore subhorizontali; umbonibus antemedianis, mediocriter incrassatis et pro-
minulis ; valvis leviter et irrequlariter concentricè striatis.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 159
Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 22; largeur 17; — (100:
D : 47).
Description. — Coquille inéquilatérale , allongée, peu renflée; côté anté-
rieur raccourci, assez prolongé inférieurement; le postérieur plus allongé,
comprimé, relevé vers son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur droit
dans sa moitié antérieure, arqué et relevé dans le reste de son étendue ;
bord supérieur horizontal dans sa plus grande partie, déclive seulement
vers l'extrémité; sommets situés à l'union du tiers antérieur avec les deux
tiers postérieurs, petits, peu enroulés, légèrement arqués en avant, un peu
élevés au-dessus du bord cardinal; ouverture antérieure n’occupant que
l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure plus prolongée, commençant
un peu en arrière du milieu du bord cardinal et occupant le quart du
bord inférieur.
Les valves ne présentent que des ondulations longitudinales, simulant
des côtes obtuses, et disparaissant en s’approchant des crochets ; le sillon
latéral des sommets, vers la base, est large et peu marqué.
Rapports et différences. — La forme allongée de cette espèce, la position
de ses sommets la feront facilement distinguer de ses congénères.
Localités. — Nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy, aux envi-
rons de cette ville; Goldfuss l'indique dans l’oolithe inférieur, près d’Auer-
bach; M. Agassiz dans l’oolithe ferrugineux de Durenast (Soleure), de
Mogroeuve (Moselle); M. d'Orbigny, en France, à Bayeux.
Observations. — Généralement les moules de cette espèce n’ont pas con-
servé de traces des dessins de la coquille, notamment des rides concen-
triques ; Goldfuss n’a probablement eu que des moules lisses; M. Agassiz
ne connaît non plus que deux exemplaires qui aient conservé des rides;
notre échantillon est un moule avec des ondulations et seulement quel-
ques petites côtes.
140 DESCRIPTION DES FOSSILES
9. PLEUROMYA ALDUINI.
(PL. XIX, fig. 4; pl. XX, fig. 4.)
DONACITES ALDUINI. Al. Brongniart, Ann. des mün., t. IV, p.554, tab. 7, fig. 4.
— — Bronn, 1855-58, Leth. geog., p. 578, tab. 20, fig. 17.
LUTRARIA DONACINA. Roemer, 1856, Die Verstein., p. 194, tab. 9, fig. 14.
— Acpuni. Goldf., 1854-40, Petref., 11, p. 254, tab. 152, fig. 8.
PLEUROMYA — Agassiz, 1849-45, Étud. crit. monog., p.242, pl. 22, fig. 10-22.
PanOPAEA BRONGNARTINA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 555.
Pl. testà transversä, subtrigond, crassä; anticè abbreviatä, obtusà, plus
minüsvè cordiformi; posterius productä, altenuatà, rotundati ; margine in-
feriore arcuato, imprimis posticè, superiore primim subrecto, dein declivi;
umbonibus anticis, prominulis, plus minüsvè incrassatis, lunulam latam
minus excavalam cireumdantibus ; valvis concentricè et regulariter striatis
sulcalisque.
Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 27; largeur 20; — (100 :
67 : 50).
Description. — Coquille inéquilatérale, transversale, triangulaire, arron-
die, médiocrement ventrue : la plus grande épaisseur se trouve un peu en
dessous des crochets; côté antérieur court, tronqué obliquement, arrondi
vers l'angle inférieur, et donnant une coupe cordiforme, plus ou moins
renflée selon l’âge; côté postérieur prolongé, atténué, marquant une légère
tendance à se relever; bord inférieur légèrement arqué en avant, plus
fortement en arrière; bord supérieur presque droit et accompagné de
deux sillons parallèles bien marqués; sommets antérieurs, situés à l’u-
nion du quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, faisant légère-
ment saillie au-dessus du bord cardinal, renflés, surtout dans les individus
adultes, peu enroulés en dedans et circonscrivant une lunule large, peu
profonde, assez mal limitée ; l'ouverture antérieure étroite, allongée, com-
mençant dans la lunule, occupant l’angle inférieur-antérieur et une partie
du bord inférieur ; la postérieure occupant l’angle postérieur de la coquille.
Les valves, lorsque le test existe, présentent des rides concentriques
longitudinales, fines, serrées, et des ondulations plus grosses , faiblement
marquées, disposées comme les stries. Lorsque le test a disparu, ces
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 141
ondulations semblent mieux marquées et occupent toute la surface de la
coquille. La dépression des flancs est faible et bon nombre d'exemplaires
n'en conservent aucune trace.
Rapports et différences. —Les sillons longitudinaux de cette espèce la distin-
guent bien de la plupart des pleuromyes, chez lesquelles ils ne sont pas en
général aussi marqués; on les retrouve cependant dans les PI. aequistriata et
rostrata Ag., qui se rencontrent dans les mêmes couches; mais la première
se distingue par sa forme plus raccourcie, la seconde par son extrémité
postérieure plus longue, plus atténuée et la proéminence de ses crochets.
Localités. — Goldfuss signale cette espèce dans le lias d’Altdorf et au
Harz, dans l’oolithe inférieur de l'Alsace, du Wurtemberg; M. Agassiz à
Goldenthal dans le canton de Soleure; M. d'Orbigny en France, à Chau-
four (Sarthe) ; nous l’avons rencontrée dans différentes couches. On trouve
des moules assez bien conservés dans le macigno d’Aubange, à Aubange,
et près de Virton; dans la marne de Grand-Cour, au sud de S'-Mard, on la
trouve dans des blocs de calcaire bleu, et quelques échantillons y conser-
vent leur test; enfin, dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette
ville.
Genre CEROMYA, Acassrz.
Testa inaequivalvis (?) inaequilateralis, libera, ovata vel cordiformis,
tenuis ; impressiones musculares duae, mins profundae; impressio pallealis
posticè valdè sinuosa; cardo simplex, edentulus ; lamella valvae dextrae ab inte-
riore parte ad umbonem obliquè ascendens ; ligamentum externum, anqustum.
Animal inconnu.
Coquille ovale ou cordiforme, très-inéquilatérale (? inéquivalve, la valve
droite un peu plus grande que la gauche). Crochets plus ou moins grands,
rapprochés, opposés. Test très-mince. Impressions musculaires peu sail-
lantes; la postérieure arrondie. Impression palléale largement sinueuse
du côté postérieur; une côte sinueuse remontant obliquement de l’inté-
rieur sur le bord cardinal de la valve droite. Charnière simple et sans
dents, formée sur la valve gauche par une expansion du bord cardinal,
142 DESCRIPTION DES FOSSILES
qui se prolonge au delà du plan des bords de la valve; elle est entaillée
en arrière du crochet, et les bords de l’entaille sont relevés de manière
qu'ils figurent presque deux dents divergentes; cette expansion s’insère
dans l’intérieur de la valve droite, qui en porte une autre plus petite, et
à la partie postérieure seulement. Ligament étroit, allongé, fixé à la valve
gauche, dans une fente extérieure située à la base de l'expansion denti-
forme postérieure, et à la valve droite sur le bord cardinal lui-même,
qui est légèrement cannelé.
Le genre Ceromya a été établi par M. Agassiz pour des espèces confon-
dues à cette époque avec les isocardes. M. Deshayes (Traité élément. de
conch., t. 1, p. 159) y a réuni les gresslyes du même auteur, et les carac-
tères du genre ont été successivement complétés par MM. Deshayes et
Buvignier. Ce dernier, auquel nous avons emprunté le caractéristique ci-
dessus, doute que ces coquilles soient réellement inéquivalves; la mobilité
des valves et le peu de solidité de la charnière le portent à croire que le
plus souvent les valves se sont dérangées dans la fossilisation.
Les céromyes et les gresslyes de M. Agassiz composeront donc le genre
Ceromya, bien distinct du genre Lyonsia, auquel M. d'Orbigny avait voulu le
réunir. Elles appartiennent presque toutes aux terrains jurassiques et ne
se rencontrent guère qu'à l’état de moule.
A. CEROMYA LUNULATA.
(PI. XXL, fig. 7.)
GRESSLYA LUNULATA. Ag. 1845, Étud. crit. monog., pl. 15, fig. 7-10, pl. 15a, fig. 1-4.
7-
— OVATA. Ag, 1845, id. id., pl. 15, fig. 4-6, pl. 15h, fig. 7-9.
LyYONSIA LATIROSTRIS (sp.). D'Orb., Prodr., 1850, 1, p. 505.
C. testà elongatä, inflatà; anticè abbrevialä, cordato-truncatà, posterius
productà, rotundatä; margine inferiore paulisper arcualo, superiore sub-
recto, declivi; sulculo cardinali profundiori; umbonibus anticis, parvis, subin-
volutis, lunulam parvam, excavatam circumdantibus ; valvis concentricè sub-
tiliter striatis.
Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 51 ; largeur 24; — (100 :
64 : 50).
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 145
Description. — Coquille inéquilatérale, ventrue; côté antérieur raccourci,
assez obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur prolongé,
élevé, comprimé, arrondi à son extrémité ; bord inférieur très-peu arqué;
bord supérieur presque droit et peu déclive en arrière; sillon cardinal
bien marqué, courbe et assez allongé; sommets très-antérieurs, petits, fai-
blement enroulés et faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal,
avec une petite lunule un peu excavée; ouverture antérieure étroite, n’oc-
cupant que l'angle antérieur-inférieur de la coquille; la postérieure un
peu plus large, mais peu allongée.
Valves présentant de très-fines stries d’accroissement, irrégulièrement
entremêlées de rides un peu plus fortes.
Rapports et différences. — Cette céromye varie pour la forme générale ;
cependant on la distingue facilement de la C. truncata par sa forme moins
obtuse en avant et ses crochets moins antérieurs; de la C. latior, par sa
longueur relativement plus grande; enfin, de la C. major, parce qu'elle est
moins bombée, que ses sommets sont beaucoup plus petits.
Localités. — M. Agassiz donne cette espèce comme très-commune dans
l'oolithe inférieur du Jura suisse ; M. d’Orbigny la note dans l'étage batho-
nien ; nous en avons rencontré plusieurs exemplaires dans le calcaire de
Longwy, aux environs de cette ville.
Observation. — Nos échantillons se rapportent davantage à la C. ovata
Ag., que cet auteur regarde comme une variété de la lunulata.
2. CEROMYA STRIATO-PUNCTATA.
(PL. XXI, fig. 5)
LUTRARIA STRIATO-PUNCTATA. Munster, Goldf., 1854-40, Die Petref., pl. 152, fig. 11.
GRESSLYA — Agass., 1842-45, Etud. crit. monog., p. 204 et 206.
LyoxsrA — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 274.
C. testà obovalo-rotundatä; anticè cordato-truncatä, posterius productà,
rotundatä; margine inferiore subarcuato, superiore convexo-declivi ; umbo-
nibus subanticis; antrorstm involutis, lunulam parvam, mints excavalam
cireumdantibus; valvis concentricè irrequlariter multistriatis ; lineisque ra-
diantibus subtilissimis, confertis, granulatis.
144 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 50; larg. 25;—(100 : 71 : 54).
Description. — Coquille inéquilatérale , médiocrement ventrue, à con-
tours arrondis; côté antérieur raccourci, arrondi, cordiforme-allongé ,
côté postérieur prolongé, arrondi; bord inférieur tranchant, peu arqué;
bord supérieur convexe et assez déclive en arrière, sans aire cardinale
distincte, avec une lunule assez bien circonscrite, mais peu profonde;
ouverture antérieure occupant tout l’angle antérieur et s’avançant jus-
qu’au tiers antérieur du bord inférieur; la postérieure, si elle existe, est
très-petite.
Les valves présentent une foule de rides et de stries longitudinales
concentriques; on remarque, en outre, de faibles côtes rayonnantes, très-
serrées, granulées : les granulations presque confluentes, visibles seule-
ment à la loupe.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la C. lunulata
pour la forme générale; elle est cependant un peu plus comprimée; elle
se distingue, du reste, parfaitement de toutes les autres espèces par ses
côtes rayonnantes granulées.
Localités. — Goldfuss indique cette espèce dans l’oolithe inférieur du
Wurtemberg; notre échantillon provient du calcaire de Longwy, et a été
trouvé aux environs de cette ville.
Observations. — C’est un moule jaune, ferrugineux, avec quelques restes
de test; il ne présente pas d’impressions musculaires, et nous n'avons pu
y trouver le sillon cardinal de la valve droite.
5. CEROMYA TRUNCATA.
(PI. XXI, fig. 1.)
Uno perrGrinus. Phil, 1829, Forks., p. 115, pl. VIT, fig. 12. ?
GRESSLYA TRUNCATA. Ag., 1842-45, Étud. crit., Monogr., p. 215, pl. 19h, fig. 4-6.
— ROSTRATA. Ag., id. id, id, pl. 12h, fig. 7-9.
LyonsiA PrREGRINA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 505. ?
C. testà elongatä, cuneiformi ; anticè brevissimä , obtusà, cordato-truncata,
posleriùs product, compressé, rotundatà ; margine inferiore subarcuato ;
superiore convexo, posticè declivi ; umbonibus anticis, antrorstm involutis,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 145
lunulam magnam circumdantibus, sulculo cardinali mediocriter obliquo ;
valvis concentricè trregulariter striatis.
Dimensions. — Longueur 54 mill.; hauteur 58; largeur 51; — (100 : 70 :
57).
Description. — Coquille très-inéquilatérale; côté antérieur raccourci, for-
tement obtus, donnant une coupe régulièrement cordiforme; côté posté-
rieur comprimé, en forme de coin, surtout à son extrémité, où les bords
deviennent tranchants:; bord inférieur très-légèrement arqué; le supérieur
un peu convexe derrière les crochets et très-déclive vers l'extrémité posté-
rieure; sillon cardinal bien marqué et peu oblique; sommets antérieurs
assez développés, enroulés en avant et en bas avec une lunule large, cordi-
forme et assez profonde; on ne distingue aucune ouverture antérieure; la
postérieure est peu allongée, peu bâillante et n’occupe que l'extrémité de
la coquille.
Lorsque le test est conservé, on distingue, entre une multitude de fines
stries d’accroissement, d’autres rides concentriques un peu plus fortes, du
reste irrégulières.
Les impressions musculaires sont bien visibles sur l’un de nos exem-
plaires; l'impression postérieure est arrondie; l’antérieure pyriforme,
allongée ; l'impression palléale part de l'extrémité inférieure de cette der-
nière, longe le bord inférieur de la valve, aux quatre cinquièmes posté-
rieurs, se recourbe en haut et en avant jusqu’au delà du milieu, puis forme
une seconde courbure en haut et en arrière pour gagner le bord infé-
rieur de l'impression musculaire postérieure.
Rapports et différences. — Les espèces réunies par M. Agassiz dans son
genre Gresslya ont toutes une forme générale plus ou moins cunéiforme ,
mais dans aucune ce caractère n’est aussi marqué que dans la GC. truncata.
Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l'oolithe inférieur du
département du Bas-Rhin; nos échantillons proviennent d’une faible couche
de marne bleue que l’on trouve au NO. de Longwy, dans le calcaire de
ce nom.
=
Toue XXV. 1
146 DESCRIPTION DES FOSSILES
4. CEROMYA CONFORMIS.
(PL. XXL, fig. 4.)
GrESsLYA CONFORMIS. Agassiz, 1845, Étud. crit. monogr., p. 211 , pl. 15», fig. 4-6.
C. testä elongalä, ovoided ; anticè abbreviatà, truncato-cordatü ; posterits
productà, altà, rotundatä ; margine inferiore arcualo, superiore convexo-
declivi; suleulo cardinali distinclo, minüs obliquo; umbonibus anticis, mi-
nulis, antrorstm subinvolulis, saepiùs disjunctis, lunulam parvam, excava-
tam cèrcumdantibus ; valvis concentricè striatis et irrequlariter costellatis.
Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 27; largeur 19 ; — (100 :
67 : 47).
Description. — Coquille inéquilatérale, oblongue, à contours arrondis ;
côté antérieur raccourci, donnant une coupe allongée cordiforme; côté
postérieur prolongé, assez élevé, légèrement comprimé, arrondi à son
extrémité; bord inférieur assez fortement arqué, tranchant; le supérieur
convexe, déclive en arrière; sillon cardinal distinct, peu profond, très-
faiblement oblique; sommets antérieurs, petits, peu contournés en avant,
le plus souvent disjoints, avec une petite lunule assez profonde; ouverture
antérieure étroite, commençant sous les crochets et se prolongeant jus-
qu’au quart antérieur du bord inférieur; la postérieure un peu plus large
mais moins allongée.
Valves présentant une foule de stries d’accroissement entremélées de
côtes longitudinales concentriques, peu élevées et irrégulières.
Rapports et différences. — Des analogies marquées rapprochent cette
espèce de la C. lunulata, cependant sa forme est plus comprimée, son bord
cardinal est convexe et son côté postérieur plus élevé.
Localités. — M. Agassiz note cette espèce dans l’oolithe inférieur de Nor-
mandie : nos échantillons proviennent du calcaire de Longwy et se rencon-
trent assez fréquemment aux environs de cette localité.
Observation. — Dans le Prodrome de Paléontologie, M. d'Orbigny a
réuni divers types décrits comme espèces distinctes par M. Agassiz, ainsi
ce n’est peut-être pas à tort qu'il réunit les Gresslya latior et conformis, Ag.,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 147
cependant comme nos exemplaires ne sont pas assez nombreux pour nous
montrer les passages, nous les distinguerons comme l’a fait M. Agassiz.
5. CEROMYA GREGARIA.
(PI. XXI, fig. G.)
LuTRARIA GREGARIA. Roemer, 1856, Oolit. F'ersteën., p. 124, pl VIE, fig. IL.
— — Goldfuss, 1854-40, Die Petref., pl. 152, fig. 10.
GRESSLYA — Ag., 1842-45, Étud. crit. monogr., p. 204 (non décrite).
CERoMYA — Desh., 1855-50, Trait. élém. de conch., 1, p. 165, pl. 12h, fig. 5, 4, 5.
C. testä subventricosä; anticè abruptè declivi, truncato-cordiformi; poste-
rius product, subrotundatà; margine inferiore subarcuato ; superiore pri-
miun recto, dein arcuato, magisque declivi; umbonibus subanticis, parvis et
prominulis, lunulam parvam, sub-excavatam circumdantibus ; valvis con-
centricè el irrequlariter striatis.
Dimensions. — Longueur 44 mill.; hauteur 52; largeur 25; — (100 :
72,:,52).
Description. — Coquille peu allongée, médiocrement ventrue ; côté anté-
rieur raccourci, obtus, donnant une coupe allongée cordiforme; côté
postérieur prolongé, fortement comprimé, ce qui rend son bord tranchant;
angle postérieur un peu arrondi; bord inférieur peu arqué, aigü ; bord
supérieur droit et peu déclive dans les trois quarts de sa longueur, arqué
et plus déclive à l'extrémité. Sommets subantérieurs situés à l’union du
quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, assez petits, légèrement
contournés en avant, un peu proéminents au-dessus du bord cardinal et
circonscrivant une petite lunule assez profonde; l’ouverture antérieure
paraît nulle ; la postérieure est étroite et tout à fait postérieure.
Les valves présentent une quantité de fines stries d’accroissement très-
légères et quelques rides plus fortes, entremêlées, mieux marquées vers
la région antérieure.
apports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des autres
céromyes par ses sommets proéminents et la compression de son extré-
mité postérieure.
Localités. — Elle paraît assez répandue dans les couches jurassiques
148 DESCRIPTION DES FOSSILES
inférieures, d’après Goldfuss et M. Roemer : le premier l'indique aussi
dans le lias d’Altdorf. Notre échantillon provient du lias; nous l'avons
trouvé entre Gorey et Ville, dans le macigno d’Aubange.
Observation. — D’après la remarque de M. Agassiz, l'espèce figurée
par Zieten, tab. 64, fig. 1, sous le nom de Lutraria gregaria, ne serait
pas une Gresslya; du reste, elle est bien distincte de l'espèce décrite ci-
dessus.
G. CEROMYA LATIOR, Agassiz.
(PI. XXI, fig. 2.
GRESSLYA LATIOR. Agassiz, Étud. crit. monogr., p. 210, pl. 15b, fig. 10-12, 19h, fig. 11-19.
Lyonsia ABpucrTA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 274.
C. testà transversà, inflatä, subcuneiformi; anticè breviore, obtusü, cor-
datä; posterius productä, altä, compressä ; margine inferiore subrecto ;
superiore convexo-declivi; umbonibus anticis, antrorsüm subinvolutis, crassis,
lunulam mins excavatam circumdantibus ; valvis concentricè leviter striatis.
Dimensions. — Longueur 60 mill.; hauteur 42; largeur 52; = (100 :
70 : 50).
Description. — Coquille très-inéquilatérale , renflée surtout dans la ré-
gion des crochets; côté antérieur obtus, raccourci, donnant une coupe cor-
diforme légèrement allongée; côté postérieur prolongé, assez élevé, com-
primé, angle inférieur-postérieur arrondi; bord inférieur presque droit,
aigu et tranchant; supérieur convexe, arrondi, déclive à sa partie posté-
rieure ; sillon cardinal faible et peu oblique; sommets antérieurs, assez
gros et peu enroulés, avec une petite lunule peu profonde; ouverture anté-
rieure commençant sous les crochets et se prolongeant jusqu’au bord
inférieur; la postérieure plus petite et n’occupant que l'extrémité.
Valves très-finement striées longitudinalement.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la C. truncata,
par son angle antérieur-inférieur plus prolongé, de sorte que les sommets
sont moins antérieurs; elle est plus comprimée, et son extrémité posté-
rieure est moins arrondie.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 149
Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy, aux
environs de cette ville; M. Agassiz l'indique dans l’oolithe inférieur du
Wurtemberg et du département du Bas-Rhin.
Observation. — Cette céromye pourrait bien n'être qu'une variété locale
de la C. lunulata, comme le remarque M. Agassiz lui-même; mais elle
est constamment plus grande, un peu plus renflée et relativement plus
allongée.
Genre ASTARTE, Sowerby.
Venus, Linn., Montagu, Blainv., etc.
Asrante, Sow., Desh., Fér., Goldf., Roem., De Kon., Nyst, etc.
Crassina, Lam.
Testa aequivalvis, inaequilateralis, clausa; cardo dentibus duobus diver-
gentibus subaequalibus, validis in valvä dexträ, antico minuto in altera ;
ligamentum externum in latere longiore; impressiones musculares tres, qua-
rum una minima postlerior ; impressio pallealis simplex.
Animal peu connu.
Coquille équivalve, inéquilatérale, close; charnière ayant deux fortes
dents divergentes et à peu près de même grandeur sur la valve droite; sur
la valve gauche une grosse dent et à côté une autre obsolète. Ligament
extérieur sur le côté le plus long. Trois impressions musculaires sur
chaque valve, deux latérales oblongues, simples ; la troisième très-petite
et postérieure. Impression palléale simple.
Ce genre , nombreux en espèces fossiles, se montre pour la première
fois dans les couches anthraxifères, se continue dans les formations sui-
vantes et subsiste encore à l'époque actuelle.
1. ASTARTE CONSOBRINA.
(PI. XXII, fig. 5.)
A. testä transversd, subletragonä, compressé; anticè rotundata, abbre-
viatä ; poslicè productà, compressä ; umbonibus minulis, subanticis ; lunula
150 DESCRIPTION DES FOSSILES
impressä; area cardinali, lanceolatä ; valvis costis concentricis et irrequla-
ribus ornatis.
Dimensions. — Longueur 22 mill. ; hauteur 16; épaisseur 7 ; — (100 :
15 : 92).
Description. — Coquille transversale, subtétragone, plus longue que
haute, comprimée; côté antérieur très-court, à bord arrondi; côté posté-
rieur allongé, comprimé vers le haut par une dépression partant du
sommet, bord tronqué obliquement, subarrondi; bords inférieur et supé-
rieur à peine convexes, presque parallèles ; sommets très-petits, dirigés en
avant, presque complétement antérieurs; lunule ovale, allongée, plus ou
moins déprimée et carénée sur les bords; aréa lancéolée, limitée par
deux carènes aiguës.
Valves munies de côtes concentriques peu régulières, nombreuses,
(20-25) séparées par des espaces à peu près égaux.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des A. subtetragona et
striato-sulcata. Elle s’en distinguera facilement, par la position de ses som-
mets, sa longueur relative, sa taille, ses côtes, et surtout la dépression
postérieure.
Localités. — Gette espèce n’est pas rare dans la marne de Jamoigne, où
on la rencontre dans beaucoup de localités, Chiny, Izel, S'-Cécile, La
Cuisine, près d’Attert, etc.
Observation. — Elle varie un peu quant à la longueur, à la régularité
des côtes et à la profondeur de la lunule; plus souvent encore on la trouve
accidentellement comprimée, de sorte que le sillon qui s'étend des cro-
chets au bord postérieur s’affaiblit plus où moins.
2. ASTARTE SUBTETRAGONA.
(PL. XXII, fig. 4.)
ASTARTE EXCAVATA. Goldf., 1839 , Petref., I, p. 190, pl. 154, fig. 6 (exclusis a, b.)
— — Roem., 1859, Die V’erstein. Nacht., p. 40 (non Sow.)
= SUBTETRAGONA. Munst. in Roem., de 4st. genere, 1842. p. 15.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 255.
A. teslä convexà, ovalo-subrhomboïdali, anticè truncatà ; umbonibus an-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 151
ticis ; lunul ovali, marginatäà ; valvis costis reqularibus aculis ornatis, inter-
slitiis duplo latioribus.
Dimensions.
20? : 81).
Description. — Coquille convexe, ovale subrhomboïdale, inéquilatérale:
Longueur 25 mill.; largeur 12?; hauteur 20; = (100 :
bord antérieur tronqué presque perpendiculairement; bord postérieur
arrondi; l'inférieur et le supérieur parallèles, presque droits; sommets
antérieurs, aigus, inclinés en avant; lunule ovale, profonde, à bords
relevés; aire cardinale étroite, lancéolée, terminée par des bords aigus.
très-élevés; le ligament n’en occupe que la moitié.
Valves ornées de côtes concentriques régulières, assez aiguës, séparées
par des intervalles au moins deux fois plus larges, légèrement concaves.
Rapports et différences. — Cette coquille est très-distincte de FA. excavata
Sow., par sa forme générale, par son bord supérieur beaucoup moins
convexe, par sa Junule plus ovalaire, par ses côtes moins nombreuses.
Goldfuss et M. Roemer lui attribuent des côtes séparées par des intervalles
quatre fois plus larges qu’elles; nous les trouvons seulement environ deux
fois plus larges, tels qu'ils sont très-bien représentés dans les figures c et
d de Goldfuss. Nous en excluons les figures a et b que ce savant paléonto-
logiste regarde comme de jeunes individus; c’est bien probablement l'A.
complanata , de M. À. Roemer, que Goldfuss donne comme synonyme,
mais que F. Roemer, dans sa monographie du G. Astarte, regarde comme
bien distincte.
Localité. — Cette espèce appartient au lias supérieur; nous l'avons
rencontrée dans le calcaire subordonné à la marne de Grand-Cour, près
de Ville, où elle est rare.
Genre CARDINIA, Agassiz.
Mya, Martin, Hoenighaus, etc.
Uno, Sowerby, Zieten, Roemer, Goldfuss, Koch et Dunker, ete. (sp.).
Cyraeres, Goldf. (sp.).
Pacnyopon, Stutchbury.
Sixemunia , De Christol.
Tesla aequivalvis, inaequilateralis, transversa, non affixa ; impressiones
152 DESCRIPTION DES FOSSILES
musculares profundissimae, antica simplex ; cardo, dente unico in uträque
valva, dens valvae dextrae cardinalis subanticus, foveae valvae sinistrae oppo-
situs; dens valvae sinistrae posticus elongatus, foveae valvae dextrae oppositus ;
pallium integrum ; ligamentum externum.
Coquille équivalve, transverse, inéquilatérale, libre, complétement
fermée; impressions musculaires extrêmement développées de manière à
former des reliefs très-prononcés sur les moules; l'impression antérieure
simple et non munie de faisceaux accessoires, comme dans les Unio, dont
ce genre est très-voisin. Charnière formée d’une dent et d’une fossette sur
chaque valve; dent de la valve droite située un peu en avant des crochets,
correspondant à une fossette de la valve gauche; dent de la valve gauche
postérieure aux crochets, allongée, non canaliculée, comme cela se voit
dans les Unio, correspondant à une fossette de l’autre valve. Impression
palléale entière, ligament externe. Crochets jamais exfoliés.
Ce genre d'animaux marins ne se montre que dans les terrains ju-
rassiques.
1. CARDINIA SUBAEQUILATERALIS.
(PL XXII, fig. 5.)
C. testä elongalo-ovatà ; anticè alt@, rotundatä; posterius productà, mi-
nimè attenuatà, rotundatà ; margine inferiore paulisper arcuato; superiore
subrecto, posterits declivi; umbonibus submedianis, acutis, transversèm in-
flatis, lunulam parvulam cireumdantibus ; valvis concentricè et irregulariter
strialis sulcatisque.
Dimensions. — Longueur 45 mill.; hauteur 20; largeur 15; — (100 :
46 : 55).
Description. — Coquille peu inéquilatérale, fortement allongée, arrondie
à ses deux extrémités; tout le corps de la coquille est assez fortement
bombé; les bords seulement sont amineis. Côté antérieur allongé, plus
haut que le postérieur, se relevant légèrement vers le bord supérieur,
régulièrement arrondi; le côté postérieur est un peu plus long que l’anté-
rieur; il s’atténue très-légèrement vers l’extrémité postérieure, qui est
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155
arrondie; bord inférieur, faiblement arqué, le supérieur droit et un peu
relevé en avant des sommets, convexe et légèrement déclive en arrière.
Sommets presque médians, fortement renflés transversalement, faisant
une légère saillie et circonscrivant une lunule ovale, allongée, étroite et
assez profonde.
Valves présentant une multitude de stries concentriques, et entre elles
quelques sillens mieux marqués, séparant des lamelles minces; latérale-
ment une dépression partant des sommets se dirige en arrière vers le bord
inférieur.
Rapports et différences. — On ne pourrait confondre cette cardinie avec
aucune autre; sa forme allongée, subéquilatérale, la hauteur de son
côté antérieur la distinguent suffisamment.
Localité. — Cette espèce se rencontre dans la marne de Jamoigne, sur la
route de Florenville à La Cuisine. Elle paraît assez rare.
Observations. — Nous ne possédons qu'un seul exemplaire de cette jolie
espèce; il est muni de ses deux valves, et nous n'avons pu voir la char-
nière; mais sa structure, sa dépression latérale ne permettent pas de
douter que ce ne soit une cardinie.
2. Carina Nizsoni.
(PI. XXIL, fig. G.)
Uno Nisoni. Koch, 1857, Beitrag. zür Kennt. Ool., p.18, pl. 1, fig. 1.
Carpinia Nissonr. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 217.
C. testà transverst , subtrigond ; anticè abbreviatà , rotundato-truncat ,
compresso-cordiformi; posticè attenuato-productà ; margine inferiore leviter
arcualo; superiore subrecto, declivi; umbonibus subanticis, prominulis,
lunulam parvam, mints excavatam cireumdantibus ; valvis concentricè et
regulariter sulcalis ; lateraliter levissimè complanatis.
Dimensions. — Longueur 54 mill.; hauteur 20; largeur 12; — (100 :
D8 : 54).
Description. — Coquille inéquilatérale, oblongue, triangulaire, égale-
ment épaisse sur la plus grande partie de sa longueur ; côté antérieur très-
Tower XXV. 20
154 DESCRIPTION DES FOSSILES
raccourci, arrondi, donnant une coupe allongée cordiforme ; côté posté-
rieur prolongé, régulièrement aminci vers l'extrémité postérieure, qui est
arrondie; bord inférieur légèrement courbé, bord supérieur presque
droit et déclive; sommets très-antérieurs, situés à l'union du cinquième
antérieur avec les quatre cinquièmes postérieurs, petits, peu enroulés,
formant le point culminant de la coquille et circonscrivant une petite
lunule allongée, peu profonde.
Les valves présentent 15 ou 16 sillons concentriques, peu profonds,
assez réguliers, limitant des lamelles fines et offrant aussi quelques stries
concentriques : les valves sont très-légèrement aplaties sur la plus grande
partie de leur surface, et forment sur les côtés du bord postérieur des
bourrelets médiocrement épais, non saillants au-dessus du bord, si ce
n’est un peu en arrière des crochets.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des C. Listeri et
hybrida par sa forme triangulaire; mais ici cette forme est plus allongée
et le bord supérieur n’est pas aussi convexe; d’autre part, les bourrelets
des valves sont moins saillants et la dépression latérale bien moins mar-
quée. M. Stutchbury a décrit, sous le nom de Pachyodon cuneatus, une
espèce aussi de forme triangulaire, mais dont le bord inférieur est bien
plus tranchant et, en somme, plus fortement comprimée.
Localités. — D’après Koch, cette espèce se trouve en Allemagne, dans
les marnes liasiques inférieures avec l’Ammonites angulatus. En Belgique,
nous l’avons aussi trouvée avec cette ammonite dans la marne de Ja-
moigne, dans les couches marneuses exploitées aux environs de cette
localité.
5. CARDINIA ANGUSTIPLEXA.
(PI. XXL, fig. 4.)
C. testä transversä, rotundato-trigon&, compressä; anticè abbreviatà ,
ovalo-truncalà ; posterius productä, attenuatà ; margine inferiore subrecto ;
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, parvis, prominulis, lunulam
parvam circumdantibus ; valvis concentricè et regulariter costatis, posticèque
complanatis.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155
Dimensions. — Longueur 47 mill.; hauteur 52; largeur 14; — (100 :
68 : 29).
Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, triangulaire, à angles
arrondis, comprimée, sa plus grande épaisseur se trouve en-dessous et un
peu en arrière des crochets; côté antérieur court, arrondi, donnant une
coupe ovalaire un peu amincie à ses extrémités; côté postérieur plus
allongé, diminuant peu à peu de hauteur, jusqu'à l'extrémité qui est
large, arrondie et placée près du bord inférieur; celui-ci est presque droit,
légèrement courbé à ses deux extrémités; bord supérieur convexe, très-
déclive. Sommets subantérieurs, situés à l’union du tiers antérieur avec
les deux tiers postérieurs, petits, saillants et circonscrivant une lunule
petite et assez profonde.
Les valves présentent 10 à 12 côtes concentriques longitudinales, éga-
lement espacées, très-régulières, égalant en largeur le tiers des espaces
qui les séparent, formées par le soulèvement et le renflement du bord
libre des lamelles d’accroissement : sur ces lamelles on voit encore quel-
ques stries légères, parallèles aux côtes. Un renflement large et aplati
part des sommets et va s’atténuant vers le bord inférieur postérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue nettement des autres
cardinies par la disposition régulière de ses côtes, par son bord inférieur
presque droit et par son renflement latéral.
Localités. — Elle se trouve dans la marne de Jamoigne; nous l'avons
rencontrée à Moyen et à Termes.
4. CARDINIA LAMELLOSA.
(PI. XXII, fig. 8.)
CYTHEREA LAMELLOSA. Goldfuss, 1839, Petref., p. 237, pl. 149, fig. 8, a, b.
CARDINIA SUBLAMELLOSA. D’Orb., 1850, Prodr., 1, p.217.
C. testä transversä, irrequlariter ovoïded, compressä; anticè abbreviatà ,
rotundatà, oblongo-ovatà ; posterits productà, altä; margine inferiore pau-
lisper arcuato ; superiore convexo-declivi ; umbonibus anticis, minutis, acutis,
lunulum parvam circumdantibus; valvis concentricè irrequlariter striatis
sulcatisque.
156 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 25; largeur 7-10; — (100 :
68 : 18-28).
Description. — Coquille inéquilatérale, peu allongée, irrégulièrement
ovoide, fortement comprimée, la plus grande épaisseur se trouvant vers
les sommets ; côté antérieur court, largement arrondi, donnant une coupe
allongée ovalaire, renflée vers le haut; côté postérieur médiocrement pro-
longé, assez élevé et se terminant en un angle large et arrondi; bord infé-
rieur très-légèrement arqué; le supérieur convexe et déclive en arrière.
Sommets subantérieurs, situés à l’union du cinquième antérieur avec les
quatre cinquièmes postérieurs, très-petits, un peu dirigés en avant el
assez aigus, circonscrivant une petite lunule allongée et assez profonde.
Valves présentant des stries d’accroissement nombreuses, légèrement
irrégulières, et, entre ces stries, des sillons plus forts en nombre très-
variable, limitant des lamelles inégales entre elles, un peu soulevées à
leur bord libre, où elles sont parfois légèrement renflées en bourrelet,
surtout vers le bord inférieur des valves. Celles-ci forment sur les côtés
du bord supérieur deux bourrelets épais vers les sommets et un peu en
arrière, de là allant en s’amincissant vers l'angle inférieur postérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la C. unioïdes Ag.
par la position antérieure de ses sommets et sa plus grande épaisseur à la
région des crochets. Elle se rapproche encore de la C. quadrata du même
auteur; cependant, outre que son bord supérieur est moins élevé, son
épaisseur est beaucoup moindre.
Localités. — Goldfuss signale cette espèce dans le lias inférieur du Wur-
temberg; M. d’Orbigny, à Beauregard, dans le département de la Côte-
d'Or. Elle est très-commune dans le lias du Luxembourg et se trouve dans
la marne de Jamoigne; nous l’avons trouvée à S':-Cécile, sur la route de
Florenville, à La Cuisine, à Chiny, à Izel, au moulin de Brevanne,
à Moyen, etc.
Observations. — M. Strickland, qui a étudié dans ces derniers temps les
cardinies de l'Angleterre, pense que l'espèce décrite par M. Agassiz, sous
le nom de C. amygdala, n'est que le jeune âge de la C. lamellosa; nous
n'avons pas rencontré l’amygdala; de sorte que nous nous bornerons à
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 157
signaler ce rapprochement. Dans le Prodrome, l'espèce de Goldfuss est
appelée C. sublamellosa ; l'espèce de Goldfuss nous semble devoir conserver
son nom, d'abord parce qu'il est antérieur et que M. d'Orbigny doute que
la Sanguinolaria lamellosa de Goldfuss soit bien une cardinie.
5. CARDINIA UNIOIDES.
(PL. XXIIE, fig. 4.)
CarDiniaA UMIOIDES. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. Monogr., p. 225, tab. 19, fig. 7-9.
- — D'Orbigny, 1850. Prodr., 1, p. 217.
C. test transversä, ovoïded, compressd ; anticè altà, rotundatä, posterius
subattenuatà, rotundatà; margine inferiore arcuato; superiore convexo, mi-
nus declivi; umbonibus submedianis, minutis, acutis, prominulis ; valvis con-
centricè et subrequlariter striatis sulcatisque.
Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 25; largeur 10; — (100 :
71 : 28).
Description. — Coquille peu inéquilatérale, transversale, comprimée ,
sa plus grande largeur se trouve à peu près à égale distance des crochets
et du bord inférieur; côté antérieur élevé, arrondi, donnant une coupe
ovalaire, amincie à ses deux bouts; côté postérieur prolongé, s’atténuant
régulièrement en une extrémité large et arrondie; bord inférieur arqué,
bord supérieur convexe, légèrement déclive en arrière. Sommets submé-
dians, situés à l'union des deux cinquièmes antérieurs avec les trois cin-
quièmes postérieurs, très-petits, acuminés , faisant légèrement saillie, sans
lunule distincte, seulement dans quelques cas, un léger enfoncement en
dessous des crochets.
Valves présentant sur toute leur surface des stries et des sillons concen-
triques , assez régulièrement entremélés; les lamelles d’accroissement sont
inégales entre elles, moins larges vers les sommets et le bord inférieur;
les valves ne forment pas de bourrelets le long du bord supérieur, de sorte
que la plus grande épaisseur se trouve vers le centre de la coquille.
Rapports et différences. — Cette espèce a le même aspect général que la
C. lamellosa et se trouve communément avec elle; on la distinguera faci-
lement par la position submédiane de ses crochets.
158 DESCRIPTION DES FOSSILES
Localités. — M. Agassiz a reçu d'Angleterre les exemplaires qui ont
servi à sa description; ils proviennent du lias de Cheltenham. Nous avons
trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne, sur la route de Florenville,
à La Cuisine, à St-Cécile, à Izel, etc.
Observations. — M. Strickland pense que les C. cyprina Ag. et unioïdes
Ag. sont identiques; on n’observe, en effet, que des différences bien légères
entre les figures de ces espèces que donne M. Agassiz, tab. 12/’. D'autre
part, elles ne seraient, d’après M. Strickland, rien autre chose que le
Pachyodon ovalis de Stutchbury; ce dernier rapprochement paraît moins
probable, si l’on compare attentivement les figures de ces espèces; pour
décider la question, il serait nécessaire de comparer des séries d’exem-
plaires des diverses localités.
6. CarDiNia DuNKkERI.
(PL. XXL, fig. 2.)
Unio rriGonus. Koch et Dunk., 1857, Beitraeg., pl. 1, fig. 2.
C. testä contractä, subtrigonä, ventricosd ; anticè abbreviatä, rotundatà,
brevi-ovatà ; posterius productà, attenuatà, subrotundatà; margine inferiore
subreclo; superiore convexo, declivi; umbonibus subanticis, subincrassatis,
prominulis, lunulam satis magnam et excavatam cireumdantibus ; valvis
concentricè et irrequlariter striatis lamelloso-sulcatisque.
Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 24; largeur 17; — (100 :
15 : 55).
Description. — Coquille courte, triangulaire, arrondie, assez renflée ; côté
antérieur raccourci, coupé obliquement, légèrement arrondi, donnant une
coupe ovalaire bombée; côté postérieur un peu prolongé, s’atténuant for-
tement et se terminant en une extrémité arrondie; bord inférieur presque
droit, le supérieur convexe, fortement déclive; sommets situés au tiers
antérieur de la coquille, assez gros, saillants et circonscrivant une lunule
large, ovale et fortement excavée.
Les valves présentent de nombreux sillons concentriques, profonds,
non complétement réguliers, séparant des lamelles épaisses, inégales, for-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 159
tement soulevées à leur bord libre; parmi celles-ci trois ou quatre le sont
plus fortement que les autres, et donnent à la coupe de la coquille l'aspect
des degrés d’un escalier; sur ces lamelles, on voit quelques stries légères.
Rapports et différences. — Cette cardinie a des analogies avec les C. sulcata
d’Ag. et quadrata, Ag.; elle se distingue de la première par la position de
ses sommets et de la seconde par son bord supérieur moins convexe; de
toutes deux par la disposition de ses sillons.
Observations. — M. d’Orbigny, dans son Prodrome, pense que l’Unio
trigonus, Kock et Dunker, n’est autre chose que la C. hybrida, Sow.; ces
deux espèces ont certainement de l’analogie; cependant la figure donnée
par les auteurs mentionnés ne montre aucune dépression latérale, carac-
tère qui appartient à l’hybrida. L’échantillon que nous avons sous les yeux ne
ressemble pas non plus à nos exemplaires de la C. hybrida. Nous avons dû
changer le nom de l’espèce, parce que M. Roemer a décrit un Unio trigonus
(tab. VITE, fig. 14); c'est la Cardinia trigona de M. d’Orbigny (Prod., 217),
bien différente ; et Dunker (Paleont., 1846, tab. VI, fig. 7, 8), décrit sous le
nom de C. trigona une espèce bien distincte encore; de sorte que trois espèces
ont reçu le même nom. Nous donnerons à notre espèce le nom de C. Dunkeri.
Localités. — Elle se trouve dans la marne de Jamoigne; nous l'avons
rencontrée à S'-Cécile; mais elle y paraît assez rare.
7. CARDINIA GIBBA.
(PL XXII, fig 7.)
C. testä elongatä, compressä; anticè abbreviatä, rotundatà, ovali; poste-
rius productà, altä, rotundatà ; margine inferiore excavalo-sinualo ; Supe-
rire convexo, forliter declivi; umbonibus anticis, minutis, lunulam par-
vam circumdantibus; valvis concentricè et trrequlariter striatis sulcatisque.
Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 17; largeur 8; —(100 : 55:25).
Description.
Coquille inéquilatérale, oblongue, la plus grande épais-
seur se trouve près du bord supérieur; côté antérieur très-raccourci ,
médiocrement élevé, arrondi, donnant une coupe ovale; côté postérieur
prolongé, s'atténuant légèrement jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie et
160 DESCRIPTION DES FOSSILES
recourbée vers le bord inférieur; celui-ci est sinueux, excavé dans son mi-
lieu; bord supérieur convexe, fortement déclive en arrière. Sommets anté-
rieurs , situés à l'union du cinquième antérieur avec les quatre cinquièmes
postérieurs, petits, non proéminents, circonscrivant une petite lunule ova-
laire assez profonde. |
Valves présentant sur toute leur surface des stries et des sillons concentri-
ques, irrégulièrement entremêlés; les sillons limitant des lamelles inégales
entre elles, moins larges et plus nombreuses vers le bord inférieur. Les val-
ves ne présentent pas de dépression latérale, mais deux bourrelets assez dé-
veloppés sur les trois quarts antérieurs de la longueur du bord supérieur.
Rapports et différences. — Cette espèce nouvelle se distingue facilement
des autres Cardinies par sa forme générale, remarquable surtout par sa
longueur, la sinuosité du bord inférieur et l'épaisseur du bord supérieur.
Localités. — On la rencontre avec les Cardinia lamellosa, uraoïdes , etc. ,
dans la marne de Jamoigne; nous l’avons trouvée à La Cuisine, sur la
route de Florenville à La Cuisine, euc.
8. CARDINIA PORRECTA.
(PI. XXI, fig. 5.)
C. testà transversd, compressä ; anticè abbreviatä, subrotundat&, ovatà ;
posterius productä, atlenualà ; margine inferiore arcuato; superiore convexo,
declivi; umbonibus subanticis, minutis, acutis, lunulam parvam, ovato-elon-
gatam circumdantibus ; valvis concentricè et irrequlariter striatis sulcatisque,
el posticè incrassato-complanatis.
Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 20; largeur 11; — (100 :
47 : 26).
Description. — Coquille inéquilatérale, subovalaire, assez épaisse, la
plus grande épaisseur se trouve en arrière et en dessous des crochets;
côté antérieur raccourci, moins élevé que le postérieur, marquant une
tendance à se recourber vers le haut, et donnant une coupe ovalaire ; côté
postérieur prolongé régulièrement et assez fortement atténué vers l'extré-
mité, qui est un peu en pointe. Bord inférieur assez arqué; le supérieur
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 161
convexe, déclive. Sommets situés à l'union du tiers antérieur, avec les deux
tiers postérieurs, petits, aigus, légèrement proéminents, circonscrivant
une petite lunule assez profonde, limitée sur les côtés par deux arêtes qui
vont se perdre vers le bord antérieur.
Valves présentant des rides concentriques nombreuses, et entre elles
des sillons irréguliers fortement marqués, limitant des lamelles inégales,
plus ou moins relevées à leur bord libre. Un renflement large et aplati
part des sommets et se dirige, en s’atténuant, vers la partie postérieure
du bord inférieur.
Rapports et différences. — Cette espèce présente quelque analogie de
forme avec les C. subaequilateralis et gibba ; on la distinguera cependant de
la première par la longueur relative du côté antérieur comparé au pos-
térieur ; de la seconde, par son bord convexe et non excavé-sinueux.
Localité. — Nous avons rencontré cette espèce dans la marne de Jamoi-
gne, dans un seul endroit, à 2000 mètres au sud d’Attert, sur la route
d'Arlon; elle n’est pas bien rare.
Observations. — Cette espèce est assez variable dans sa forme : tantôt elle
est plus arrondie, plus raccourcie; tantôt, au contraire, notablement plus
longue, plus épaisse, avec des extrémités plus aiguës. Nous n’avons pu
observer la charnière ; mais il n’y a nul doute que ce ne soit bien une
cardinie.
9. CARDINIA SIMILIS.
(PL. XXIV, fig. 6.)
CarDiNIA simiLis. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monogr., p. 230, pl. 12, fig. 25.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 217.
C. testä ovoideä, subcompressä ; anticè rotundatäà, ovali ; posteriùs productä,
alià, rotundatä; margine inferiore arcuato ; superiore convexo , primüm sub-
recto, dein declivi; umbonibus anticis, parvulis, acutis, lunulam parvam,
excavalam cireumdantibus; valvis concentricè et requlariter striato-sulcatis,
sulcis approximatis.
Dimensions. — Longueur 69 mill.; hauteur 46; largeur 20 (?); — (100 :
66 : 29).
Tome XXV. 21
162 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Coquille inéquilatérale , ovalaire, un peu comprimée, la
plus grande épaisseur se trouvant vers le centre de la coquille ; côté anté-
rieur court, assez élevé, largement arrondi, donnant une coupe ovale;
côté postérieur prolongé, sa plus grande hauteur, qui dépasse un peu celle
des sommets, se trouve vers son milieu, de là il va s’atténuant et se ter-
mine en une extrémité large et arrondie; bord inférieur régulièrement
arqué; bord supérieur convexe, presque droit dans sa moitié antérieure,
fortement déclive en arrière; sommets subantérieurs situés à l'union du
cinquième antérieur avec les quatre cinquièmes postérieurs, petits, sub-
obtus, dirigés en avant, circonscrivant une petite lunule assez profonde.
Valves régulièrement bombées sur toute leur surface, présentant des
sillons concentriques nombreux, peu profonds, très-régulièrement dis-
posés , équidistants.
Rapports et différences. — Cette grande cardinie a plusieurs points de
contact avec la C. crassiuscula, Sow.; on la distingue cependant facilement
par son allongement relativement plus considérable, par la régularité et
le nombre des sillons concentriques.
Localité. — M. Agassiz, qui, le premier, a décrit cette belle espèce, la
signale dans le calcaire à gryphée de Baerschwyl, canton de Soleure; en
Belgique, on la rencontre dans le grès de Luxembourg, aux environs
d’Arlon.
10. CARDINIA CRASSIUSGULA, Sowerby.
(PI. XXII, fig. 8.)
Un10 CRASSIUSCULES. Sowerby, 1816, Min. conch., p. 255, pl. 185.
— — Zieten, 1850, Wurtemb., pl. 60, fig. 1 (?).
— TRIGONUS. Roemer, 1856, F’erstein., pl. VIII, fig. 14.
PacnxoDON crassiuscuLus. Stutchbury, 1842, nn. of. nat. hist., p. 485, pl. IX, fig. 8.
CARDINIA CRASSIUSCGULA. Ag., Étud. crit. monogr., 1842-45, p. 292.
- — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 216.
C. test ovali, subcompresst, antieè rotundatà ; posterits producta, altà,
rotundata ; margine inferiore arcuato; superiore convexo, primüm subreclo
dein fortiter declivi; umbonibus subanticis, parvulis, acutis, lunulam exi-
quam, ovalem cireumdantibus ; valvis concentricè sulcatis, sulcis 8-9, distan-
tibus, lamellis levissimè striatis.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 165
Dimensions. — Longueur 62 mill.; hauteur 45; largeur 22 ; — (100 :
12 : 35).
Description. — Coquille inéquilatérale, en ovale raccourci, comprimée,
la plus grande épaisseur se trouve vers le centre de la coquille; côté anté-
rieur court, largement arrondi, donnant une coupe ovale allongée; le
postérieur prolongé, élevé, peu atténué, se terminant par une extrémité
large et obtuse ; bord inférieur arqué; le supérieur convexe, presque droit
dans ses deux tiers antérieurs, très-déclive dans son dernier tiers. Som-
mets antérieurs, situés à l'union du quart antérieur avec les trois quarts
postérieurs, très-petits, aigus, formant une lunule petite, ovalaire, assez
profonde, limitée sur les côtés par deux légères carènes partant des som-
mets et se terminant vers le bord antérieur.
Valves régulièrement convexes sur toute leur surface, présentant huit
ou neuf sillons concentriques fortement marqués, limitant des lamelles iné-
gales en largeur, offrant de légères stries concentriques sur leur surface.
Rapports et différences. — Vu sa grande taille et l’état de sa surface, cette
espèce ne pourrait guère se confondre qu'avec la C. crassissima, de l’oolithe
inférieur ; elle s’en distingue suffisamment par sa moindre épaisseur. On
la confondra moins encore avec la C. similis, à cause de sa forme plus
raccourcie et de ses sillons, moins nombreux.
Localités. — Cette espèce est très-répandue. En Angleterre, elle est
signalée à Langar , à Cheltenham ; en France, à Beauregard, à Lyon; dans
le Wurtemberg, près de Stuttgard. En Belgique, nous l’avons rencontrée
dans le grès de Luxembourg, en diverses localités : à Wolberich, à Arlon,
sur la route de Mersch, à Lasoye, etc.
11. CARDINIA CONGINNA, Sowerby.
(PL XXIV, fig. 7.)
Unio CONGINNUS. Sowerby, 1820, Min. conch., p. 274, pl. 225.
— = Zieten, 1850, Furtemb., pl. 60, fig. 2, 5.
== = Goldfuss , 1854-40, Petref., p. 181, pl. 152, fig. 2, a, b.
SUBPORRECTUS. Roemer, 1856, Ferstein., pl. V, fig. 11, 12.
Pacuyxopon concinnus. Stutchbury, 1842, 4nn. and mag. of nat. hist., p.485, pl. X, fig. 15, 16.
Canpiwia concinva. Ag. 1842-45, Étud. crit. monog., p. 229, fig. 21, 22.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.217.
C. testä transversä, oblongo-ovatà ; anticè abbreviatä, altà ; posterits pro-
164 DESCRIPTION DES FOSSILES
ductä, sensim attenuatà, subrotundatä ; margine inferiore levissime arcuato ,
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, parvis, non prominulis, lu-
nulam exiquam cireumdantibus ; valvis concentricè et densè striatis, sulcisque
nonnullis, ornalis.
Dimensions. — Longueur 87 mill.; hauteur 42 (?).
Description. — Coquille fortement transversale, deux fois aussi longue
que haute , ovale-allongée; côté antérieur raccourci, arrondi, donnant une
coupe ovale peu épaisse; côté postérieur très-prolongé, s’atténuant légè-
rement et se terminant en une extrémité arrondie, bord inférieur presque
droit dans son milieu, arqué à ses extrémités; bord supérieur convexe
dans sa partie antérieure, déclive à son extrémité. Sommets situés très
en avant, petits, légèrement recourbés vers le bas, formant entre eux
une petite lunule allongée.
« Valves marquées sur leur surface de petites stries concentriques,
nombreuses et entre elles quelques sillons plus forts, concentriques et
inéquidistants. » (Auct.)
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des C. similis
et crassiuscula par sa longueur relative beaucoup plus grande.
Localités. — Cette cardinie est signalée dans le lias d'Angleterre, à Cro-
predy près Banbury; dans celui de Wurtemberg, à Gôppingen; en France,
à Beauregard. En Belgique, nous l'avons rencontrée dans le grès de Luxem-
bourg, à Metzert près d’Arlon, à Lime, à Lasoye, etc.
Observations. — Nous ne possédons que le moule de cette espèce, moule
dont la configuration se rapporte bien à celui que donne Goldfuss; seule-
ment l'extrémité postérieure est plus large et plus arrondie, ce qui rap-
procherait davantage ce moule de la figure donnée par Sowerby, pl. 225
12. CarpiniA Konincki.
(PL. XXV, fig. 1.)
C. testä contractà, ovali, subventricosä; anticè abbreviatä, rotundatü,
ovali, posteriüs productà, rotundatà ; margine inferiore arcuato, superiore
convexo, declivi; umbonibus subanticis, parvis, lunulam parvam cirecum-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 165
dantibus; valvis concentricè sulcatis, sulcis reqularibus, inaequidistantibus.
Dimensions. — Longueur 80 mill. (?); hauteur 62; largeur 26 ; — (100:
Hi: 32).
Description. — Coquille inéquilatérale, en ovale raccourci, assez bombée;
sa plus grande épaisseur se trouvant un peu en arrière du centre de la
coquille ; côté antérieur un peu raccourci, assez élevé, largement arrondi,
donnant une coupe ovale ; côté postérieur prolongé, allant en s’atténuant
et se terminant en une extrémité large et arrondie; bord inférieur régu-
lièrement arqué, bord supérieur convexe, déclive; sommets subantérieurs,
situés à l'union du tiers antérieur avec les deux tiers postérieurs, petits
et circonscrivant une très-petite lunule un peu excavée.
Valves présentant de forts sillons concentriques, réguliers, limitant des
lamelles inégales en largeur et couvertes de très-fines côtes concentriques,
bien visibles surtout vers les sommets.
Rapports et différences. — Cette cardinie se rapproche beaucoup par sa
forme générale des GC. crassiuscula et similis; elle s’en distingue surtout par
la position de ses sommets, la convexité de ses valves et la disposition de
ses sillons.
Localité.
Comme les deux espèces précitées, elle se trouve dans le
grès, à Weyler.
Observations. — L'échantillon que nous avons sous les yeux, se trouve
recouvert en partie d’une roche extrèmement tenace et dont nous n’avons
pu la dégager entièrement; de sorte que les appréciations de grandeur
pourraient être un peu inexactes; cependant les caractères indiqués plus
haut ne permettent pas de douter qu’elle ne soit réellement différente de
la C. similis, dont elle se rapproche le plus.
15. CARDINIA COPIDES.
(PL. XXIV, fig. 1.)
SOLEN COPIDES. De Ryckholt, 1847.
CarpiniA corines. De Ryckholt, Mélanges paléontolog., p. 108, pl. VI, fig. 22, 25, Mém. de l Acad. roy. de
Belg., 1, XXIV, 1852.
C. est elongatissimä, subparallelä; anticè brevissimé, rotundatä ; poste-
166 DESCRIPTION DES FOSSILES
rius productà, altä, attenuatä; margine inferiore subrecto, superiore convexo,
primiüm ascendente, dein declivi; umbonibus anticis, exiquis, acutis; valvis
concentricè parcè striato-sulcatis.
Dimensions. — Longueur 85 mill.; hauteur 51; largeur 17; — (100 :
56 : 20). Nous possédons des exemplaires qui mesurent 12 centimètres,
et nous en avons vu qui pouvaient atteindre 15 centimètres.
Description. — Coquille fortement allongée, subparallèle, peu épaisse,
trois fois aussi longue que haute; côté antérieur très-court, peu élevé,
arrondi, donnant une coupe ovalaire; côté postérieur très-prolongé, sa
plus grande hauteur se trouve vers la moitié de sa longueur, de là il s’at-
ténue et se termine en une extrémité assez rétrécie; bord inférieur droit,
légèrement relevé en avant et en arrière, bord supérieur convexe s’élevant
en arrière des crochets, pour devenir ensuite légèrement déclive, puis
plus fortement en arrière; sommets antérieurs situés, dans les grands
exemplaires, à l'union du huitième antérieur avec les sept huitièmes pos-
térieurs, petits, assez aigus; lunule (?).
Valves présentant des sillons concentriques, plus ou moins marqués,
inégalement distants les uns des autres, rares vers les sommets, plus
rapprochés vers le bord inférieur; des sommets partent deux légères
carènes, très-obtuses qui se dirigent vers l'angle postérieur de la coquille.
Rapports et différences. — Cette belle cardinie, nouvelle lorsque nous
avons entrepris ce travail, vient d’être décrite par M. de Ryckholt. Elle
se distingue de la plupart des autres par sa grande longueur ; ce même
caractère, joint au peu de courbure du bord inférieur, la différencie de la
C. securiformis Agassiz, pl. 12. Elle se rapproche davantage de la C. elon-
gata Dunker, pl. VE, fig. 1-6; mais aucun des exemplaires figurés par
cet auteur, n'atteint une aussi grande longueur relative; les sommets ne
sont pas aussi rapprochés du bord antérieur, et enfin, la plus grande hau-
teur de la coquille se trouve notablement en arrière des crochets, ce qui
n'a pas lieu pour la C. elongata. Ce dernier caractère est extrêmement
prononcé dans quelques échantillons.
Localités. — Cette espèce est assez répandue dans le grès de Luxem-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 167
bourg; ainsi nous l'avons trouvée à Metzert, à la Côte-Rouge, à Arlon,
sur la route de Mersch , à Lasoye, à Fouche, etc.
44. Carninia HyBripa.
(PI. XXIIL, fig. 3.)
Uni0 nyBripus. Sow., 1816, Hin. conch., p. 207, pl. 154, fig. 4.
Pacnxopon nygripus. Stutchbury , 1842, {nn of. nat. hist., pl. IX, fig. 5, 4.
CARDINIA HYBRIDA. Agassiz, 1842-45, Etud. crit. monog., p. 225, pl. XII.
— — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 217.
C. testä trigonatü ; anticè subrotundatà, compresso-cordatà ; posterius sub-
productà, crassiore ; marqine inferiore recto, subsinuoso ; superiore convexo,
declivi, crasso; umbonibus subanticis, crassis, paulisper involutis, lunulam
parvam et profundam circumdantibus; valvis concentricè et parcè sulcatis.
lateraliter complanatis vel excavalis.
Dimensions. — Longueur 45 mill.; hauteur 35; largeur 20; — (100 :
17 : 44).
Description. — Coquille inéquilatérale , triangulaire, arrondie ; côté an-
térieur court, comprimé, arrondi vers l'angle inférieur, présentant une
coupe cordiforme allongée; côté postérieur plus long, obtus et se termi-
nant inférieurement en un angle arrondi; bord inférieur horizontal, légè-
rement sinueux ; le supérieur convexe, obtus, fortement déclive en bas
et en arrière. Sommets subantérieurs, situés à l'union du quart antérieur
avec les trois quarts postérieurs, assez gros, faiblement recourbés en bas
et en avant, limitant une petite lunule assez profonde.
Les valves présentent de douze à quinze sillons concentriques, profon-
dément marqués, plus ou moins régulièrement distants, limitant des
lamelles sur lesquelles on voit aussi quelques stries concentriques. Une
dépression large et peu profonde part des sommets et se dirige en bas et
en arrière vers le bord inférieur qu’elle rend sinueux. Sur les côtés du
bord supérieur, les valves forment deux bourrelets épais, surtout près
des sommets, qui vont en s’amincissant vers l'angle inférieur postérieur.
Rapports et différences. — Cette belle espèce se distingue de la plupart
des cardinies par sa forme triangulaire et son épaisseur : la C. Listeri est
165 DESCRIPTION DES FOSSILES
aussi triangulaire; elle se reconnaît à son bord antérieur subvertical ; les
autres espèces de même forme sont plus faciles à reconnaitre.
Localités. — Cette espèce paraît très-fréquente dans le lias d'Angleterre ;
M. Stutchbury la signale à Langres, Nottinghamshire, Cheltenham; M. d'Or-
bigny l’indique en France, à Beauregard , à Sémur; elle se trouve aussi en
Allemagne. Nos échantillons viennent de la marne de Strassen, à Walzingen,
et du grès de Luxembourg, aux environs d’Arlon. Elle se trouve aussi à
Muno.
Observations. — Le savant auteur du Prodrome de paléontologie donne dans
la synonymie de la C. hybrida, Y'Unio trigonus de Koch, 1857, Beitr.,
pl. [, fig. 2, et la Cytherea latiplexa de Goldfuss, pl. 149, fig. 6. La pre-
mière manque de la dépression latérale que l’on trouve dans l’Aybrida; la
deuxième a des côtes Jarges et élevées, tandis que l’hybrida n’a que des sil-
lons. Ce rapprochement nous semble demander de nouvelles observations.
15. CaRDINIA LisTERI.
(PI. XXII, fig. 6.)
Unio ListTERI. Sowerby, 1816, Min. conch., 11, p. 207, pl. 154, fig. 2, 5.
— — Goldfuss, 1834-40, Petref., pl. 152, fig. 1.
Pacnyopon Lisreri. Stutchbury, 1842, 4nn. of nat. hist., PL. IX, fig. 1, 2.
CarDiniA — Agassiz, 1846, Étud. crit. monog., p. 222.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 216.
C. testä contractà, trigonatà; anticè truncatà, brevissimä , obtusa ; poste-
rius subcompressà, infernè rotundalä; margine inferiore leviter arcuato,
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, crassis, antrorsüm el inferius
involutis, lunulam magnam cireumdantibus ; valvis concentricè fortiter sul-
catis , lateraliter complanatis.
Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 37; largeur 26; — (100:
88 : 62).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, raccourcie, triangulaire ,
assez épaisse; le côté antérieur est droit et son bord presque vertical; il
est fortement obtus et donne une coupe allongée cordiforme; le côté pos-
térieur va s’amincissant des sommets vers l’angle inférieur, qui est arrondi;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 169
le bord inférieur légèrement arqué; le supérieur convexe, déclive en
bas et en arrière, logé dans une profonde gouttière formée par l'union
des valves; sommets très-antérieurs surplombant presque la face anté-
rieure épais, et à pointe enroulée en bas et en avant, circonscrivant une
lunule cordiforme assez large et profonde.
Les valves présentent des sillons concentriques profonds, séparant des
lamelles inégales entre elles, plus épaisses et plus rapprochées les unes
des autres vers le bord inférieur. Une forte dépression latérale part des
sommets et se dirige vers l’angle inférieur-postérieur. Sur les côtés du
bord cardinal, les valves forment des bourrelets épais et saillants, de
manière à déterminer une profonde gouttière, où l’on aperçoit le bord
supérieur.
Localités. — Cette espèce appartient au lias inférieur. M. Stutchbury
la signale en Angleterre, à Frethern, dans le Gloucestershire; en France,
M. d'Orbigny l'indique à Beauregard (Côte-d'Or). L'échantillon que nous
avons sous les yeux nous a été communiqué par M. le D° de Condé, qui
l'a trouvé dans la marne de Strassen, aux environs de Walzingen.
Rapports et différences. — La C. Listeri se rapproche beaucoup de l'hybrida;
cette analogie a déjà été signalée et il paraît assez probable que des termes
intermédiaires permettront un jour de les réunir.
Genre TRIGONIA, BRUGUIÈRE.
Triconra. Brug.
Lyrinox. Sow.
Lyriopox. Br.
Lyropox. Goldf.
Doxacires (sp.). Schl.
Triconecuires. Sch.
Testa aequivalvis, inaequilateralis, interdüm suborbicularis; dentes cardi-
nales oblongi, lateribus compressi, divaricati, transversim sulcati, in valva
sinistrà duo, utrinque sulcati ; in alterd quatuor, uno tantum latere sulcati ;
ligamentum externum, marginale; impressiones musculares D (?); impressio
pallealis integra vel subsinuata.
Toue XXV. 22
170 DESCRIPTION DES FOSSILES
Coquille équivalve, inéquilatérale, triangulaire, carrée ou ovale, parfois
suborbiculaire , épaisse, entièrement fermée. Charnière composée de dents
cardinales oblongues, comprimées, latéralement divergentes, sillonnées
transversalement, dont deux sur la valve gauche, quatre sur la valve droite;
celles-ci sillonnées seulement d’un côté. Ligament externe, marginal. Deux
impressions musculaires , une grande et une petite, des deux côtés sur
chaque valve, plus une cinquième sous les crochets. Impression palléale
entière ou légèrement sinueuse.
Animal pourvu d’un manteau ouvert sur les trois quarts de sa circonfé-
rence. Branchies étroites. Appendices buccaux courts. Pied très-allongé,
étroit, coudé au milieu, l'extrémité pouvant se dilater en un disque étroit.
Ce genre paraît avoir commencé avec les terrains carbonifères, dans
lesquels M. d'Orbigny en a décrit une espèce; il reparaît dans le Mus-
chelkack de S'-Cassian, renferme beaucoup d'espèces à l’époque secondaire,
tandis que l’on n’en connaît qu’une à l’époque tertiaire et une moderne.
1. TRIGONIA COSTATA.
(PL XXV, fig. 8.)
CunvirosTrA NON RuGOsA. Lhwyd, 1760, Zith., p. 56, pl. 59, fig. 714.
Knorr, 1775, Vergnüg., IL, pl. B,1, @, fig. 7.
— Supplément, tab. V, c, fig. 5 et 4.
Venus an Donax sULGATA. Herm., Vaturfor., XV, tab. 4, fig. 5, 4,9, 10.
TRIGONIA COSTATA. Park., Org: rem., NI, pl. 12, fig. 4.
— — Sow., 1815, Min. conch., t. 1, pl. 85, p. 195.
DONACITES COSTATUS. Schl., 1816, Petref., p. 195.
— SULCATUS. Schl., Min. Tasch., VI, p. 56.
TRIGONIA COSTATA. Lam., Syst., 2° édit., VI, p. 516.
_ — Lam., Zncyclop. méth., tab. 958, fig. 1-6, b.
— - Ziet., Wurt., 1850, pl. 58, fig. 5.
_ — Roemer, 1855, Die Ferstein., p. 97.
LYRIODON COSTATUM. Bronn, 1856, Leth. géog., 1, p. 564, pl. 20, fig. 4.
LyRODON — Goldfuss, 1858, Petref., pl. 157, fig. 5, a, b, c, e (non à).
T'RIGONIA COSTATA. Ag., 1840, Étud. crit. monog., p.55. pl 5, fig. 12-14.
— LINEOLATA. Ag., 1840, id., id, pl 4,fig. 1-5.
— CGOSTATA. Schmidt, 1846, Pétref.-Buch, p. 97, pl. 59, fig. 5.
en. — Deshayes, 1849, Traité élém. de conch., pl. 52, fig. 12-14.
= — D'Orb., 1850, Prodr , I, p. 278.
T. test trigonä, compressd; anticè inflatä, truncatä ; posterius subpro-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 171
duct@, attenuatà; umbonibus subanticis, retrorsum involutis ; areä latà, reti-
culatä, tricarinatà, carinis lamelloso-tuberculatis ; valvis longitudinaliter
costatis, costis 22-24, elevatis, sinuosis.
Dimensions. — Longueur 60 mill.; hauteur 58; épaisseur 32; — (100 :
97 : 55).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, comprimée,
sensiblement renflée en avant, à peu près aussi haute que large; côté
antérieur court, à bord antérieur presque vertical, peu convexe; côté pos-
térieur un peu allongé, atténué; sommets situés à l'union du tiers anté-
rieur avec les deux tiers postérieurs, assez aigus et recourbés en arrière.
Aréa large, réticulée par l’entrecroisement de lignes saillantes divergentes
et des lignes d’accroissement, tricarénée : carènes marginales fort sail-
lantes, munies de plis en chevron plus nombreux que les côtes; carènes
intermédiaires tuberculeuses, divisant l’aréa de chaque valve en deux par-
ties presque égales; carènes internes également tuberculeuses, mais plus
marquées, se rejoignant un peu en dessous du milieu de la hauteur, cir-
conscrivant un espace marqué de plis d’accroissement saillants.
Valves munies de 22 à 24 côtes élevées, s’abaissant rapidement à peu
de distance du bord antérieur, pour devenir à peu près horizontales sur
les flancs, et de nouveau légèrement infléchies vers le bas en s’approchant
de la carène marginale au bord de laquelle elles cessent tout à coup
avant de l’atteindre.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la Tr. similis par
sa carène intermédiaire bien marquée et les plis qui sillonnent l’espace
circonscrit par les carènes internes; on la distinguera plus facilement
encore des autres espèces de la même section.
Localités. — Elle se rencontre fréquemment dans le calcaire de Longwy,
mais presque toujours en mauvais état; nous l'avons trouvée principale-
ment aux environs de Longwy et au sud de Halanzy. Elle est également
signalée dans l’oolithe inférieur d'Angleterre, d'Allemagne, de Suisse et
de France.
172 DESCRIPTION DES FOSSILES
2, TRIGONIA SIGNATA.
(PL XXVI, fig. 1.)
TRIGONIA CLAVELLATA. Zieten, 1850, Furtemb., pl. 58, fig. 5.
- SIGNATA, Agassiz, 1840, Étud. crit. monog., p.18, pl. UT, fig. 8.
— = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 278.
T. testä elongato-trigont, compressd ; anticè abbreviatä, posterits producta;
areû latä, transversè subplicatà, tricarinata ; valvis 18-20 seriebus tubercu-
lorum ornatis, anticè arcuatis, posticè obliquis, ad carinam marginalem
sub anqulo acuto pertinentibus.
Dimensions. — Longueur 88 mill.; hauteur 60; — (100 : 69).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, allongée, for-
tement comprimée, presque de moitié plus longue que haute; sommets
petits, peu saillants, recourbés en arrière; aréa bien développée, limitée
par une carène marginale bien dessinée, légèrement tuberculeuse, divisée
sur chaque valve en deux parties presque égales par une carène intermé-
diaire bordée d’un léger sillon; les carènes internes se rejoignent vers le
milieu de la hauteur. La surface de l’aréa est couverte de très-légers plis
d'accroissement, transverses et de plus en plus obliques aux carènes.
Valves ornées de dix-huit à vingt séries de tubercules; d’abord légère-
ment arquées en avant, puis fléchies en sens inverse et formant, les posté-
rieures surtout, des angles très-aigus avec la carène marginale; les
tubercules, parfaitement distincts dans les séries antérieures, se rappro-
chent dans les postérieures au point de former des côtes presque continues.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la T. clavellata, dont
M. Agassiz l’a séparée, par son bord antérieur beaucoup moins convexe,
par ses côtes de moitié plus nombreuses, par l’angle, très-aigu, sous lequel
les postérieures atteignent la carène marginale, ou le bord inférieur ou
le bord antérieur, enfin par sa hauteur moindre.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire de Longwy,
près de cette ville, et de S'-Pancré, où elle paraît assez rare. Zieten l’in-
dique au Steufenberg; M. Agassiz, dans les cantons de Soleure et de Bâle;
M. d'Orbigny à Guéret, toujours dans l'étage bajocien.
I
ot
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 1
Genre HETTANGIA, TERQUEM.
Testa aequivalvis, transversa, inaequilateralis, sublrigona, posticè truncata,
hiantula, marginata ; cardo utriusque valvae dente et fossulà lateralibus, nec
non posticè dente vel callo laterali instructus ; aliquando in valvi dexträà dentes
cardinales duo (?); impressio pallealis integra; impressiones musculares ovales,
postlica infra acuta; ligamentum externum, breve.
Coquille équivalve, inéquilatérale , transverse, subtrigone, tronquée en
arrière, bâillante et bordée d’un sillon. Charnière formée sur chaque
valve d’une dent et d’une fossette latérale, et d’une dent ou d’une callo-
sité postérieure; parfois deux dents cardinales sur la valve droite. Im-
pression palléale simple, rejoignant l'impression musculaire postérieure
à sa partie antérieure, en formant une espèce de sinus; impressions mus-
culaires ovales; la postérieure aiguë en dessous. Ligament externe, court.
Ce genre a été établi par M. Terquem pour deux espèces du grès d’Het-
tange, dans un ouvrage qui n’est pas encore terminé. M. Buvignier, en
ayant rencontré trois ou quatre autres espèces dans ce même système près
de Montmédy, a été amené à modifier quelques-uns de ses caractères.
Nous devons la caractéristique précédente à son obligeance. Il considère
ce genre comme se rapprochant, d’un côté, des Lucina et des Cardium,
de l’autre, des Corbis. MM. Morris et Lycett ont annoncé, dans un ouvrage
remarquable, publié récemment sur les fossiles de l’oolithe d'Angleterre,
la découverte de plusieurs coquilles, qu'ils avaient réunies sous le nom
de Tancredia et qui probablement pourront rentrer dans le genre fondé
par M. Terquem.
HerranGiA ovaTa, Terquem (inéd.).
H. testà elongato-trigoné, crassiusculä ; anticè subproductä, posticè oblique
truncatä et valdè hiante; umbonibus submedianis, parvis, subprominulis ;
areä poslicä marginali, depressà, longitudinaliter substriatà; valvis striis
nonnullis concentricis, aliisque radiantibus, crebris, interruptis ornalis.
Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 32; épaisseur 21 ;—(100 :
60 : 40).
174 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire allongée, compri-
mée, largement bâillante en arrière; côté postérieur tronqué obliquement;
côté antérieur prolongé, atténué et se terminant en une extrémité obtuse;
bord inférieur légèrement arqué, le supérieur droit, déclive. Sommets
situés un peu en arrière du tiers postérieur, obtus, peu saillants.
Valves épaisses, lisses et marquées de quelques stries longitudinales
concentriques, et destries rayonnantes faibles et interrompues, présentant,
parallèlement au bord postérieur, un large sillon longitudinalement sub-
strié et qui, partant des sommets, atteint presque le bord inférieur, où
il se termine insensiblement.
Rapports et différences. — Nous ne connaissons encore de ce genre, outre
celle-ci, que quatre espèces figurées par M. Buvignier. L’H. ovata est très-
facile à distinguer par sa grande taille, son bord inférieur convexe, et les
stries dont ses valves sont ornées.
Localités. — Cette espèce se trouve assez fréquemment dans le grès de
Luxembourg; nous l'avons rencontrée à Eichen, Frassem, Lasoye, Fou-
che, etc.
Genre NUCULA , Lamarck.
Anca sp., L. Gm. Brug., etc.
Nucuza. Lam. et auct.
Pozvoroxra. Mühlf.
Lemeucus. Ris.
Yoznra. Moeller.
Testa transversa, ovato-trigona vel oblonga, acequivalvis, inaequilate-
ralis ; area intermedia nulla; cardo linearis, medio fractus, fovea vel cochlea
obliquè producta interruptus ; dentes numerosi (subacuti, saepè ut in pectini-
bus producti); nates contiquae, anticè inflexae; ligamentum marginale, partim
internum, foveae aut cochleae cardinali insertum.
Animal à corps subtriquètre; manteau ouvert dans sa moitié inférieure
seulement, à bords entiers, denticulés dans toute la longueur du dos sans
prolongements postérieurs; pied fort grand, très-mince à sa racine, élargi
en un grand disque ovale dont les bords sont garnis de digitations tenta-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 175
culaires, appareils buccaux antérieurs assez longs, pointus, roides et appli-
qués l’un contre l’autre; les postérieurs également roides et verticaux.
Coquille transversale, ovale, triangulaire ou oblongue, équivalve, iné-
quilatérale ; aréa intermédiaire nulle ; charnière linéaire, brisée vers le
milieu de son étendue et interrompue par une fossette allongée dans un
sens oblique; dents nombreuses (subaiguës, souvent prolongées comme
dans les peignes). Sommets contigus, infléchis en avant; ligament mar-
ginal en partie interne et inséré dans la fossette cardinale. Point de
fossette entre les crochets.
Ce genre, dont on retrouve encore quelques espèces vivantes, a déjà
des représentants dans les couches siluriennes.
1. NucuLa sUBGLOBOSA (?).
(PL. XXIV, fig. 4.)
Nucura suzGroBosa. Roemer, 1856, Die Ferstein., p. 99, pl. VI, fig. 7.
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 255.
N. testà ventricos, trigond ; anticè truncatä, rectà, cordatä; posterits pro-
ductä, attenuaté, rotundatà ; margine cardinali recto, declivi ; basi arcuatà;
umbonibus crassis, antrorsüm incurvis; lunul& cordatä, mins excavatà :
areû lanceolatà ; valvis concentricè striatis.
Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 10; largeur 9; — (100 :
76 : 67).
Description. — Coquille triangulaire, ventrue, tronquée perpendiculai-
rement en avant; côté postérieur allongé, diminuant graduellement de
hauteur et d'épaisseur, terminé par un bord arrondi; bord cardinal droit,
un peu déclive; base arquée. Sommets épais, dirigés en avant; lunule
grande, cordiforme, superficielle; aréa médiocre, lancéolée, enfoncée
entre les sommets, peu limitée postérieurement.
Valves munies de fines stries concentriques.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Grand-
Cour, à Lamorteau. M. d’Orbigny la signale à Nancy, à S-Amand, à Aval-
lon; M. Roemer, près de Goslar, dans l'étage toarcien.
Observations. — I] nous reste quelque doute sur la détermination de
176 DESCRIPTION DES FOSSILES
cette espèce : la lunule est superficielle au lieu d’être excavée, et l’épais-
seur est un peu moindre en arrière que ne le montre la figure donnée par
M. Roemer.
2. NuCULA AMOENA, N.
(PI. XXIV, fig. 5.)
N. testä trigonä, subconvexä ; anticè truncatä , cordata ; posticè producta,
subaltenuatä; margine inferiore arcuato, superiore recto, subdeclivi; umbo-
nibus anticis, crassis, incurvis ; lunulà cordatà ; are profundä, lanceolatà ;
valvis laevibus vel leviter et concentricè striatis.
Dimensions. — Longueur 18 mill.; hauteur 14 ; largeur 10; — (100 :
18 : 54).
Description. — Coquille de forme irrégulièrement triangulaire, tron-
quée en avant, peu allongée, légèrement convexe et un peu atténuée en
arrière; bord postérieur arrondi se continuant avec l’inférieur, qui est
légèrement arqué ; le supérieur est droit et un peu déclive. Sommets tout
à fait antérieurs , assez gros, saillants, un peu dirigés en avant. Lunule
grande, cordée, peu profonde; aréa lancéolée, profondément située entre
les crochets; charnière munie de dents nombreuses, comprimées, pa-
raissant dépourvue de cuilleron cardinal.
Valves lisses, ou présentant quelques stries concentriques peu marquées.
Rapports et différences. — Cette espèce, dont nous n'avons recueilli que
quelques exemplaires, nous paraît bien distincte de celles qu’on a décrites
jusqu'à présent; elle rappelle jusqu’à un certain point, la N. margari-
tacea, Lam., les N. Hammeri, Defr. et Eudorae, d'Orb. (Hammeni, Goldf.);
mais sa forme générale, ses crochets développés, sa hauteur, etc., per-
mettront de la reconnaître facilement.
Localités. — Cette espèce provient de la marne de Grand-Cour; nous
l'avons trouvée à Lamorteau et à Écouviez.
Observations. — On trouve encore dans la marne de Grand-Cour de
petits moules de nucule que l’on pourrait rapporter avec beaucoup de
vraisemblance à la N. trigona, Roemer , qui n’est non plus qu'un moule.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 177
5. Nucuza Omaiusi, N.
(PL XXVI, fig. 2.)
N. subovatä , subconvexd ; anticè compressé, declivi, subacutà ; wumbonibus
antemedianis; lunul& ovato-lanceolatä, utrinque angulati, angulo obtuso ;
ared lineari, subnullà; valvis laevibus.
Dimensions. — Longueur 21 mill.; hauteur 12; épaisseur 8; — (100 :
97 : 41.)
Description. — Coquille de forme irrégulièrement ovalaire, peu con-
vexe; côté antérieur moins développé que le postérieur, un peu comprimé,
atténué en rostre subaigu; bord antérieur déclive, tombant d’abord rapi-
dement, côté postérieur plus épais et plus long, à bord postérieur arrondi,
se confondant insensiblement avec le bord inférieur, qui est à peine con-
vexe et parallèle au bord supérieur. Sommets situés un peu en avant de
la moitié de la longueur, épais, obtus, inclinés en avant; lunule ovale
lancéolée, excavée, surtout en haut, et terminée par deux angles obtus ;
area linéaire, presque nulle.
Valves lisses, ou très-finement striées concentriquement.
Rapports et différences. — Cette nucule, que nous avions d’abord rappor-
tée à la N. ovum des auteurs, en est cependant bien distincte par sa forme
générale et le prolongement de son côté antérieur.
Localités. — Cette nucule appartient au lias supérieur. Elle paraît très-
rare; nous n’en avons recueilli qu’un seul exemplaire dans la marne de
Grand-Cour , entre Buré et Grand-Cour.
Genre ARCA, Linwé.
Arca, L. Gm., Brug., Cuv., Blainv., Desh., Goldf.
Trisis, Oken.
Peroncze, Bourguet.
Cyrnoxis, Rafin.
Cucurrara, Lam et Auct.
Anrcacires, Schl.
Byssoanca , Broderip.
Testa plerümque transversa, aequivalvis, inaequilateralis ; umbones dis-
Toue XXV. 923
178 DESCRIPTION DES FOSSILES
tantes, areû ligamenti separati; cardo linearis rectus vel subrectus, dentibus
serialibus numerosis, alternatim insertis, verticalibus vel divergentibus com-
positus; ligamentum externum, tenue, in areû explanatum; impressiones
musculares duae, ligulà palleali angustà, margini parallelä conjunctae.
Animal plus ou moins épais, assez allongé; manteau ouvert sur toute sa
longueur, un peu prolongé en arrière, et offrant sur ses bords une rangée
de filets tentaculaires ; appareils buccaux fort petits et grêles; pied pédon-
culé, comprimé, court ou tronqué. Bouche pourvue de lèvres peu sail-
lantes mais allongées.
Coquille ordinairement transversale, équivalve ou subéquivalve , iné-
quilatérale, à crochets écartés, séparés par la facette du ligament; char-
nière en ligne droite ou légèrement arquée, et garnie de dents nom-
breuses, sériales et intrantes, verticales ou divergentes. Ligament externe,
mince et étendu sur la facette ligamentaire, celle-ci marquée de sillons
anguleux. Deux impressions musculaires bien distinctes et réunies par
une ligne palléale entière, étroite, peu marquée et parallèle au bord de
la coquille.
Ce genre, extrêmement nombreux en espèces, possède des représentants
dans la plupart des époques géologiques, depuis les couches dévoniennes
jusqu'à nos jours.
1. ARCA ELEGANS.
(PL XXI, fig. 2.)
CucuLrAEA ELEGANS. Roemer, 1856, Oo!., p. 105, pl. 6, fig. 16.
ARCA ELEGANS. Goldf., Petref., 1858, IT, p.146 , pl. 195, fig. 1 (non De Kon.).
— — D'Orb., Prodr., 1850, I, p. 255.
A. testà ovato-trapezoïided , ventricosà , posterits depresso-productà, subca-
rinalä; margine antico subrotundato, postico subanqgulato ; umbonibus pro-
minulis involutis, antemedianis, valdè distantibus ; valvis concentricè lamel-
loso-strialis, lineis radiantibus inaequalibus, anticis majoribus ; areû densè
striatà.
Dimensions. — Longueur 40 mill.; largeur 28; hauteur 24; — (100 :
70 : 60).
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 179
Description. — Coquille de forme ovale, subtrapézoïde, très-large, ren-
flée vers les crochets, comprimée, carénée en arrière; carène très-marquée
vers le haut, rendue obtuse en arrière par un espace légèrement concave;
bord antérieur arrondi, l'inférieur peu convexe, le postérieur tronqué,
subanguleux vers le bas. Sommets saillants, recourbés en dedans et un
peu en avant, très-distants , situés vers le tiers ou le quart antérieur de la
coquille; aréa couverte de fines stries nombreuses ; charnière formée de
10 à 12 dents; celles qui correspondent au sommet presque verticales.
Valves épaisses, couvertes de lamelles concentriques irrégulières, de
fines stries parallèles à celles-ci, et de côtes rayonnantes inégales, irrégu-
lières, plus saillantes en avant et près de la carène.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'A. (cucullaea) can-
cellata de Phill. (non Sow.) par sa forme générale, par son côté postérieur
notablement plus court et par les ornements de sa surface un peu plus
grossiers.
Elle se rapproche davantage de l'A. inaequivalvis, au moins quant à sa
forme; elle se reconnait du reste facilement par ce caractère, de porter
des côtes rayonnantes sur les deux valves, tandis que l'A. inaequivalvis en
présente sur la valve gauche seulement.
Localités. — Cette espèce est caractéristique de la marne de Grand-Cour ;
on la trouve en plusieurs endroits, à Grand-Cour, Écouviez, Lamorteau ;
elle se rencontre dans des couches correspondantes en Allemagne, à Oker-
hütte (Roemer), à Goslar (Goldfuss.).
2. ARCA OBLONGA.
(PI. XXIV, fig. 3.)
CucurLaEA OBLONGA. Sow., 1818, Män. conch., t.IIL, p. 7, pl. 206, fig. 1, 2.
— — Phill., 1855, Forksk., pl. IL, fig. 54.
— — Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 56, fig. 5.
ARCA — Goldf., 1858, Petref., 1, p. 147, pl. 195, fig. 2.
— SUBDEGUSSATA. Munst.,Goldf., Petref., id., id, pl. 195, fig. 4.
— OBLONGA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 280.
CocuLLAEA — Desh. 1850, Trait. élém. de conch., pl. 57, fig. 1, 2.
A. testà ovalo-trapeziformi, fornicalä ; umbonibus antemedianis, valdè
180 DESCRIPTION DES FOSSILES
distantibus ; latere postico truncato, declivi, obtuso, carinato ; valvis striis con-
centricis , lineisque radiantibus geminatis crebris ornalis.
Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 36; épaisseur 18; — (100:
15 : 58.)
Description. — Coquille oblongue, trapéziforme, renflée, obtusément
carénée et comprimée; bord antérieur arrondi; bord postérieur tronqué
obliquement; bord inférieur presque droit; sommets légèrement anté-
rieurs, très-distants chez l'adulte; aire cardinale marquée de 9 à 12 stries
parallèles.
Valves ornées de stries concentriques et de fines côtes rayonnantes nom-
breuses, d’abord simples, puis bifurquées.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'A. elegans, Goldf.,
par ses côtes rayonnantes fines, égales et régulières.
Localités. — Nous avons rencontré cetle espèce dans le calcaire de
Longwy, près de Halanzy; on la retrouve dans les mêmes terrains en
Angleterre, à Dundry (Sow.); en Allemagne, au Stuifenberg (Ziet.), à
Rabenstein (Goldf.); en France, elle n’est pas rare en Normandie, à Dra-
guignan (Var), etc., (d'Orb.).
Observation. — Nous réunissons à cette espèce, l'A. decussata de Munster,
qui ne s’en distingue que par la distance des crochets et les stries simples,
caractères qui sont en rapport avec l’âge et la taille de la coquille.
Genre PINNA.
Jammonneau, Adanson.
Pmxa, L. et Auct.
Cnimagra, Poli.
Oxysma et Curvura, Rafinesque.
Testa subcornea, fibrosa, fragilis, regularis, aequivalvis, transversa ; an-
ticè umbone terminali recto acuta, posticè dilatata, truncata ; cardo dorsalis ,
linearis, edentulus ; ligamentum marginale, elongatum ; impressio muscu-
laris postica magna, antica in umbone vix conspicua.
Coquille subcornée, fibreuse, cassante, régulière, équivalve, longitu-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 181
dinale, pointue antérieurement, au sommet, qui est droit, élargie et
souvent comme tronquée en arrière. Charnière dorsale, longitudinale et
sans dents. Ligament marginal, occupant presque tout le bord dorsal de
la coquille. Une seule impression musculaire très-large en arrière; un
indice de l’antérieure sous le sommet de la coquille.
Animal ovale, allongé, assez épais ; manteau ouvert en dessous, et sur-
tout en arrière, où il forme quelquefois une sorte de tube garni de cirrhes
tentaculaires. Un appendice abdominal flabelliforme, subsillonné, et un
byssus très-développé. Bouche pourvue de lèvres doubles, outre les deux
paires d’appendices labiaux. Deux muscles adducteurs, l’un très-grand,
submédian et subpostérieur ; l’autre très-petit, inséré dans le sommet.
Ce genre, peu nombreux en espèces, a commencé à l’époque carbo-
nifère, et est arrivé jusqu'à l’époque actuelle, où il vit sur les rivages
sablonneux.
1. PINNA Fis54.
(PL. XXVI, fig. 6.)
Pinna rissAa. Goldf., 1858, Petref., pl. 127, fig. 4.
— — D'Orb.,1850, Prodr., I, p. 255.
« P. testà pyramidali, brevi, quadriquetrà ; carinà dorsali fissä ; striis con-
centricis trreqularibus. »
Description. — Coquille de petite taille, de forme pyramidale, à quatre
faces. Valves ornées de stries concentriques irrégulières, fortement flé-
chies près du bord supérieur auquel elles deviennent parallèles en formant
plutôt de légères côtes onduleuses; près du bord inférieur, on aperçoit
quelques traces de stries rayonnantes espacées; la carène médiane des
valves est fendue.
Observation. — La fente de la carène n'appartient qu’à la partie interne
du test; si la partie externe est fendue, cela nous paraît dû à un accident.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue par son test plus
lisse, presque sans trace de côtes rayonnantes, et par sa forme pyramidale
élancée. Nous n’en possédons que des fragments de la grandeur de celui
182 DESCRIPTION DES FOSSILES
que figure Goldfuss; cependant nous ne croyons pas qu’on puisse la con-
sidérer comme le jeune âge d’une autre espèce.
Localités. — Nous l'avons rencontrée dans la marne de Jamoigne, dans
cette localité. Goldfuss l'indique dans le grès liasique d’Altdorf. C’est sans
doute par inadvertance que M. d’Orbigny la place dans son étage toarcien.
2. PinNa sIMILIS.
(PL. XXVL, fig. 8.)
P. testà pyramidali quadriquetrà ; valvis concentricè undulato-striatis, ra-
diatim costalis ; costis anqustis depressis, distantibus, irreqularibus ; carinä
valvarum fissa.
Description. — Coquille de forme pyramidale, à quatre faces, un peu
comprimée en arrière, mais offrant toujours une coupe rhomboïdale ; valves
ornées de stries, ou plutôt de petites côtes concentriques onduleuses, tom-
bant presque perpendiculairement sur le bord inférieur, fortement fléchies
vers le haut et devenant parallèles au bord supérieur; et de quelques lignes
rayonnantes ou côtes étroites, distantes, irrégulières, bien visibles près
du bord, mais peu marquées sur le milieu des valves. Carène des valves
fendue.
Elle peut atteindre plus de 12 centimètres de long.
Rapports et différences. — Voisine de l’espèce suivante, elle s’en dis-
tingue par une coupe rhomboïdale, déprimée en avant, comprimée en
arrière; elle se sépare de la précédente par ses côtes rayonnantes et par
l'ouverture de l'angle formé par les bords supérieur et inférieur. La fente
de la carène paraît n’appartenir qu’à la couche interne.
Localité. — L'échantillon décrit et figuré a été trouvé dans la marne de
Jamoigne, à Muno.
5. Pixna HarTuanni.
(PL XXVI, Gg. 7.)
Pivna Hartmann. Ziet., 1850, Furt., pl. 55, fig. 5.
— — Goldf., 1858, Petref., pl. 197, fig. 5, a.
= D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 218.
P.testà ovato-triangulari, acutä; anticè quadriquetrd, posticè convexo-pland;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 185
valvis concentricè striato-undulatis, radiatim costatis; costis anqustis, de-
pressis, distantibus, undulatis.
Description. — Coquille ovale-triangulaire, aiguë, offrant en avant la
forme d’une pyramide à quatre faces, comprimée en arrière et légère-
ment convexe; valves marquées de légères ondulations concentriques,
irrégulières, et de côtes rayonnantes, onduleuses, étroites, peu marquées
et distantes.
Observation. — L’échantillon unique que nous rapportons à cette espèce,
est conforme à la figure de Goldfuss, 5, a; dans celle de Zieten, les côtes
sont beaucoup plus fortes. Il peut mesurer 11 à 12 centimètres de long.
Localités. — Cette espèce a été trouvée à Hachy, dans la marne de
Jamoigne. Zieten et Goldfuss la signalent en Allemagne, dans le lias infé-
rieur de Vaihingen et de Goeppingen.
4. PINNA DILUVIANA.
(PI. XXX, fig. 2.)
PiNNITES DILUVIANUS? Schloth, 1816, Petref.
PINNA DILUVIANA. Zieten, 1850, Furt., pl. 55, fig. 6, 7.
— Hanrmanni. Goldf., 1858 , Petref., pl. 127, fig. 5, b (partim.)
P. testé amplà, acut&, pyramidali, quadriqueträ, posticè compressä ; valvis
concentricè undulalo-costatis; costis radiantibus, angustis, distantibus sub-
nodosis.
Description. — Coquille de grande taille, présentant la forme d’une pyra-
mide allongée à quatre faces, fort comprimée en arrière; valves ornées de
côtes entrecroisées , les unes concentriques, fortement fléchies en avant
près du bord dorsal, nombreuses et onduleuses; les autres rayonnantes,
étroites, espacées, un peu irrégulières, comme noduleuses à leur intersec-
tion avec les premières. — Moule lisse, ainsi que la couche interne du test.
Elle dépasse 25 centim. de long.
Observation. — Zieten à figuré sous le nom de Pinna diluviana, Schl].,
deux moules que Goldfuss réunit à la P. Hartmanni; mais ils paraissent
s'en distinguer par leur taille et par leur coupe postérieure rhomboïdale.
184 DESCRIPTION DES FOSSILES
Nous réunissons sous ce nom plusieurs moules semblables, munis ou non
de la partie interne du test, et un individu dont le test, bien conservé, nous
offre de fortes côtes semblables à celles de la fig. 3, b, de Goldfuss, mais
bien différentes de la fig. a et des individus que nous y rapportons. Ce-
pendant ce dessin n’est guère différent de celui de la P. Hartmanni, de Zie-
ten; et si celle-ci est bien la même que celle de Goldfuss, nous ne serions
pas éloignés de réunir le tout, à l'exemple de ce savant.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le grès de Luxem-
bourg, où elle n’est pas bien rare, à Lasoye, Fontenoille, Étale; peut-
être se trouve-t-elle aussi dans la marne de Strassen. Les individus de
Zieten proviennent du calcaire liasique de Vaihingen et Degerloch, près
Stuttgard.
5. PINNA INFLATA.
P. testä amplà, pyramidali quadriqueträ ; valvarum parte dorsali inflatà.
convex@ ; costis radiantibus el concentricis decussatis; nucleo laevi.
Description. — Coquille de grande taille; le moule a la forme d’une
pyramide élancée à quatre faces, et les faces correspondantes à la moitié
dorsale des valves sont renflées et convexes, surtout en avant. Le test est
muni de côtes entre-croisées , les unes concentriques et onduleuses, les
autres rayonnantes, étroites, comme noduleuses ; sa face interne, conser-
vée sur une partie de l'échantillon, montre des traces de côtes rayon-
nantes, et des stries d’accroissement à peine visibles ; mais les côtes ont
disparu sur le moule.
Elle atteint une longueur de 50 centimètres au moins.
Différences. — Cette espèce nous a paru bien distincte de toutes celles
avec lesquelles on pourrait la confondre de prime abord, par le renfle-
ment convexe de la moitié dorsale de ses valves.
Localité. — Elle a été trouvée dans les sables inférieurs du lias moyen,
aux environs de Wolkrange; on la retrouve dans la même couche, à Breux
(France).
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 185
Genre MYTILUS, Linwé.
Mynuus, Linn.
Myrnicus, Monroca, Lam.
Testa aequivalvis, inaequilateralis, tenuis, oblonga, anticè acuta vel
obtusa, bysso affixa; umbones terminales vel subterminales ; cardo linearis
saepissimè edentulus ; ligamentum subinternum ; impressio muscularis antica
minima, postica magna elongata; impressio pallealis integra.
Coquille équivalve, très-inéquilatérale, mince, régulière, oblongue,
aiguë ou obtuse en avant, à peine bâillante pour le passage d’un byssus.
Sommets terminaux ou presque terminaux. Charnière linéaire, le plus
souvent sans dents ; ligament longitudinal légèrement interne. Deux impres-
sions musculaires , l’antérieure petite, la postérieure grande, oblongue,
superficielle. Impression palléale entière.
Animal pourvu d’un manteau ouvert sur presque toute sa longueur,
simulant un siphon non extensible, garni de tentacules en arrière seule-
ment. Bouche simple, non papilleuse en dedans, pourvue de deux paires
de lèvres charnues, allongées. Pied long, linguiforme, canaliculé; un byssus
à sa partie postérieure. Deux muscles adducteurs.
Les moules ont commencé à paraître dans les terrains les plus anciens;
on en trouve beaucoup d'espèces dans presque tous les terrains, mais
c'est à l’époque actuelle qu’elles sont le plus nombreuses. Elles vivent en
société, sous toutes les latitudes, fixées par leur byssus, ordinairement
au-dessus des marées basses.
4. Mynizus Hizanoines?
(PL XXV, fig. 5.)
Myrius Hissanus. Goldf., 1858, Petref., pl. 150, fig. 8 (non Sow.).
— Hisranoines. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 340.
M. testà ellipticà, convexà, concentricè striatà; wmbonibus terminalibus ;
margine cardinali recto, brevi, latere inferiore convexo plano, in medio sub-
compresso, anlicè arcualo, brevi.
Tome XXV. 24
A
186 DESCRIPTION DES FOSSILES
Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 17 ; — 100 : 43.
Description. — Coquille elliptique, très-inéquilatérale ; côté antérieur
très-court, terminé par un bord arrondi; côté postérieur allongé; bord
postérieur arrondi; bord inférieur presque droit; bord supérieur droit,
court, et peu oblique vers les sommets, légèrement arqué en arrière.
Sommets grêles, comprimés, presque terminaux. Valves striées concentri-
quement, marquées d’une carène longitudinale obtuse, partant des som-
mets et divisant les valves en deux parties, la supérieure convexe, l’infé-
rieure presque plane, légèrement évidée vers le milieu.
Rapports et différences. — Cette espèce, confondue par Goldfuss avec le
M. hillanus de Sowerby, en a été séparée par M. d'Orbigny; elle s’en dis-
tingue bien par ses sommets moindres, et son bord cardinal beaucoup
moins oblique en arrière des sommets, ce qui rend la coquille moins
haute.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire subor-
donné à la marne de Jamoigne, à Muno; peut-être aussi dans la marne
de Strassen, à Frelange. Goldfuss l'indique dans les marnes liasiques de
Ockerhütte.
Observation. — Nous avons été longtemps dans l’incertitude pour savoir
si nous devions rapporter notre espèce au M. hillanoïdes ou au M. scalprum;
la forme générale surtout nous a décidés pour la première de ces espèces.
2. Myrizus TERQUEMIANUS.
(PL. XXV, fig. 4.)
Myrizus Terquemianus. De Ryckholt, 1850, Mel. paléont., p. 146, pl. 9, fig. 5, 4. (Mém. cour. de l’ Acad. de
Belg., t. XXIV; 1852.)
« AL. testä tenui, utrinquè angustatà, medio dilatatà, inflatä, gibbosä,
sublaevi; latere palleali recto, compresso; latere ligamenti convexo ; apice
exiquo. »
Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, épais-
seur 0,51. » .
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 187
Description. — « Coquille mince, un peu plus rétrécie du côté buccal
que du côté anal, élargie au milieu, émoussée aux extrémités, renflée,
gibbeuse; sa surface est couverte de fines lignes d’accroissement ondu-
leuses, inégalement espacées, qui se pressent vers l'extrémité buccale et
font paraître cette partie légèrement ridée; région palléale droite, forte-
ment comprimée et marquée d'une faible dépression arquée, qui longe
d’abord la gibbosité dorsale et s'arrête avant d’avoir atteint le côté palléal ;
région du ligament uniformément convexe; crochets peu apparents. »
Rapports et différences. — « Il suffira de comparer les figures que nous
donnons de cette coquille à celle de l'espèce suivante et du M. bipartitus,
Sow., pour reconnaître qu’elle est bien distincte de l’une et de l’autre. »
Localité. — « Le M. Terquemianus se trouve avec l'espèce suivante. »
5. MYTILUS PSILINOTUS.
(PL. XXV, fig. 5.)
Myrizus psiziNorus. De Ryckholt, 1850, Mél. paléont., p. 145, pl. 9, fig. 1, 2. (Mém. cour. de l’ Acad. de
Belg., t. XXIV; 1852.)
« AL. testä tenui, subarcuatä, elongato-ovali, gibbosä , valdè inaequilatera ,
laevi; latere buccali brevi, angustiore, obtuso ; latere anali elongato, anticè
obliquè rotundato; latere ligamenti inflato; latere palleali sinuoso, abruptè
compresso ; apice viX CONSPICUO. »
Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, lar-
geur 0,18 ; épaisseur 0,52; longueur du côté anal 17 ‘2 mill. »
Description. — « Coquille mince, légèrement arquée, allongée, un peu
plus étroite en arrière qu’en avant, obtuse aux deux extrémités, gibbeuse
et très-inéquilatérale; sa surface, partagée en deux parties par une carène
longitudinale, oblique et peu tranchante, renseigne de fines lignes d’ac-
croissement inégalement espacées; on observe, en outre, deux plis assez
marqués vers l'extrémité anale, et quelques rides vers le rétrécissement
palléal, formées par l'accumulation des stries d’accroissement; région du
188 DESCRIPTION DES FOSSILES
ligament renflée , région palléale sinueuse, fortement comprimée et dépas-
sant les crochets, qui sont fort petits. »
Rapports et différences. — « Si lon compare notre modiole au Modiola
bipartita, Sow., on trouve que les deux espèces ont les plus grands rap-
ports; cependant la conformation du côté cardinal qui, dans la nôtre, se
dessine en are de cercle régulier, tandis qu'il est tronqué dans l'espèce
de Jaunton, établit entre les deux espèces une différence assez notable;
la compression palléale est aussi plus forte dans la nôtre. M. Sowerby ne
mentionne pas non plus sur les moules qu'il décrit, l'existence d’une
carène tranchante, si prononcée sur ceux de notre coquille; ces caractères,
et quelques autres que la comparaison des deux figures fera aisément
saisir, m'ont porté à la considérer comme espèce distincte. »
« Son côté cardinal plus arrondi, son côté buccal plus rétréci , son côté
palléal plus creusé, distinguent notre coquille du Mod. laevis, Roemer. »
Localité. — « J'ai rencontré cette espèce dans les grès de Luxembourg,
de l’âge du lias inférieur. »
4. MYyTiLus SUB-PARALLELUS , N.
(PL XXV, fig. 6.)
M. testä elongatä, ellipticä, utrinquè rotundatä; margine inferiore recto,
superiore subarcualo ; umbonibus subterminalibus , gracilibus ; valvis concen-
tricè striatis, infrà carinam mediam obtusam plano-convexis, suprà convexis ;
dorso obtuso.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 15; épaisseur 14; — (100 :
30 : 28).
Description. — Coquille elliptique, très-allongée, non arquée; côté anté-
rieur très-petit, atténué, terminé par un bord arrondi; côté postérieur
très-allongé, arrondi et obtus; bord inférieur droit, bord supérieur très-
légèrement arqué, droit et allongé à la région cardinale. Sommets grêles,
comprimés, presque terminaux. Valves ornées de stries concentriques ou
de plis peu marqués, partagées en deux parties par une carène partant
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 189
du sommet, à peine arquée, obtuse, surtout en arrière; la partie inférieure
est légèrement convexe, la partie supérieure l’est davantage, surtout en
avant, où elle se réunit à celle de l’autre valve sous un angle très-obtus,
ce qui donne à la coquille en cet endroit une coupe transversale ayant la
forme d’un triangle isocèle dont les angles semblables seraient arrondis.
Rapports et différences. — Cette espèce diffère du M. plicatus, Goldf., par
l'absence de plis et de courbure au bord cardinal, ainsi que par l’ensemble
de la coquille; elle est fort voisine du M. scalprum, Sow.; mais celle-ci est
toujours plus ou moins arquée, parfois très-fortement , et le bord cardinal
est beaucoup plus court.
Localüés. — Nous l'avons trouvée dans le macigno d’Aubange, à Bleid,
à La Tour, à Aubange et dans les sables inférieurs du lias moyen, à Somme-
Thonne; les moules ne sont pas rares, mais nous n’avons pas encore réussi
à dégager un individu muni de son test. Certains fragments ont appartenu
à des individus de 7 à 8 centimètres de long.
5. MyriLus GiBBosus.
(PL XX, fig. 7.)
MopioLa GIBBOSA. Sow., 1818, Min. conch., t. IT, p. 19, pl. 211, fig. 2.
MyYTuULITES MODIOLATUS. Schl., 1820, Petref., t. I, p. 500, n° 15.
MonioriTEs PaPuANUSs. Krug, 1825, Urw., t. II, p. 440.
MopiOLA CUNEATA. Ziet., 1850, Furt., pl. 59, fig. 8.
— HILLANA. Ziet5 id, xd. id., fig. 4.
MyTILUS GIBBOSUS. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 540.
ML. testà ovato-reniformi, latere antico minimo, postico elongato, obtuso :
marine superiore convexo, inferiore emarginato; umbonibus subtermina-
libus, incurvis, prominulis ; margine cardinali arcuato; valvis concentricè
subtilissimè striatis, parte inferiore anticè ventricosà ; dorso carinato.
Dimensions. — Longueur 44 mill.; hauteur 22; épaisseur 25; — (100 :
D0 : 55).
Description. — Coquille oblongue, réniforme; côté antérieur presque
nul; côté postérieur allongé, terminé en arrière par un bord obtus; bord
inférieur échancré; bord supérieur arqué; bord cardinal oblique, légère-
190 DESCRIPTION DES FOSSILES
ment courbé, caréné. Sommets presque terminaux, saillants, recourbés
en avant et en bas. Valves ornées de stries concentriques très-fines, mar-
quées de deux dépressions longitudinales, l’une supérieure, commençant
près du crochet et limitant la carène formée par le bord cardinal; l’autre
inférieure , plus forte, atteignant le bord inférieur vers le milieu de la lon-
gueur ; la moitié antérieure de la valve paraît par là renflée, gibbeuse.
Cette espèce est fort large; le maximum de largeur se trouve un peu en
avant de la moitié : la plus grande hauteur est située un peu en arrière.
Rapports et différences. — Elle se distingue de la Modiola cuneata, Sow.,
avec laquelle elle à été confondue, par son bord cardinal arqué, le côté
inférieur sensiblement plus échancré et par sa partie postérieure plus
épaisse, moins cunéiforme.
Localités. — Cette espèce, qui n’est pas rare dans le calcaire de Longwy,
à Longwy et au sud de Halanzy, se rencontre, dans le même terrain, dans
un grand nombre de localités, en Angleterre (Bath) et sur le continent :
Bayeux, Guirch, Niort, Geniveaux, (d’Orbigny), Stuifenberg, Braune-
berg, près de Wasseralfingen (Zieten); Hildesheim, Dôrshelf, Eschers-
hausen (Roemer).
Genre LITHODOMUS, Cuvrr.
Mymius (p.), L. Brug., etc.
Moniora (p.), Lam.
Testa aequivalvis, inaequilateralis, oblonga, inflata, anticè obtusa, clausa ;
umbones subterminales, involuti; cardo edentulus ; ligamentum lineare, exter-
num ; impressio muscularis antica parva, postica magna oblonga; impressio
pallealis integra.
Coquille équivalve, très-inéquilatérale, allongée, oblongue, renflée,
comprimée en arrière, obtuse en avant, fermée. Charnière sans dents,
ligament linéaire presque externe. Sommets presque terminaux, contour-
nés. Impressions musculaires au nombre de deux, l’antérieure petite, la
postérieure grande, oblongue, superficielle. Impression palléale entière.
Animal pourvu d’un manteau fermé seulement en avant, prolongé en
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 191
arrière en deux longs tubes extensibles, accolés, dont l’un, anal, est
ouvert seulement à son extrémité, et l’autre fendu dans toute sa lon-
gueur. Branchies en longues lanières, formées de filaments libres. Bouche
munie de lèvres. Pied étroit, assez court, comme bilobé; un byssus en
arrière sur une saillie spéciale. Deux muscles adducteurs.
Les lithodomes paraissent avoir apparu avec les couches liasiques;
assez nombreux déjà dans les terrains jurassiques, ils le sont surtout
dans les terrains crétacés et tertiaires; aujourd’hui, ils vivent principale-
ment dans les mers chaudes et tempérées, au niveau des basses marées
ou en-dessous, et perforent les pierres, les coraux, etc., en tapissant
leur trou d’un tube calcaire plus ou moins prolongé.
Liraopomus WATERKEYNI.
(PL XXH, fig. 7.)
L. test valdè inaequilaterd , oblongä ; anticè obtusd, posticè productà, alta,
compressà, rotundatà ; margine cardinali recto, ascendente, dein arcuato de-
clivi ; inferiore subarcuato; umbonibus anticis, exiquis, subprominulis ; valvis
concentricè et requlariter striatis.
Dimensions. — Longueur 20 mill.; hauteur 9; largeur 7; — (100 :
45 : 59.)
Description. — Coquille très-inéquilatérale, oblongue, presque cylin-
drique à la partie antérieure, qui est obtuse; côté postérieur très-pro-
longé, comprimé, arrondi à son extrémité; la plus grande hauteur se
trouve vers le milieu de la coquille. Bord cardinal droit et ascendant
jusqu’à la moitié de sa longueur; de là légèrement convexe et déclive;
l'inférieur très-faiblement arqué; sommets surplombant le bord antérieur,
petits, ne formant qu’une très-légère saillie.
Valves assez épaisses, présentant de très-fines stries d’accroissement et
quelques sillons concentriques plus marqués, également ou inégalement
distants les uns des autres, selon les individus.
Rapports et différences. — Cette jolie espèce diffère du L. (Modiola) inclusus,
Phill., par sa taille moindre, sa forme moins bombée, et une hauteur
192 DESCRIPTION DES FOSSILES
relative plus faible. Il sera plus facile encore de la distinguer des L. fa-
bella et parasiticus, Deslongchamps.
Localité. — Cette espèce se rencontre dans le calcaire de Longwy, au
sommet du plateau où se trouve cette ville; elle n’y est pas commune, et
se trouve dans des fragments d’astrées indéterminables.
Genre LIMEA, Lamarck.
Testa libera, aequivalvis, inaequilateralis, convexa, auriculata, clausa ; um-
bones aequales, prominentes, areà declivi separati; margo cardinalis rectus,
intüs utrinquè dentibus perpendicularibus vel divergentibus compositus ; fovea
cardinalis mediana; ligamentum internum ; impressio muscularis unica, sub-
mediana.
Coquille libre, équivalve, inéquilatérale, convexe, auriculée, non
bâäillante. Sommets égaux, saillants , séparés par un espace incliné. Char-
nière droite, formée de chaque côté, de dents perpendiculaires ou diver-
gentes. Fossette cardinale médiane triangulaire, recevant un ligament
interne. Une seule impression musculaire presque médiane.
Ce genre, éteint aujourd’hui, ne compte encore que trois espèces, une
du lias moyen, une bajocienne, et celle que nous décrivons.
1. Limea KoniNcKanA, N.
(PI. XXVL, fig. 7.)
L. testä obliqu&, ovato-semicireulari, subtilissimè concentricè striatà ; costis
radiantibus 24-26, acutis, trifariäm granulosis, sulcis conformibus ; lunula
planä, costis granulosis ; margine cardinali recto; utrinquè dentibus 4 exte-
rioribus.
Dimensions. — Longueur 14 mill.; hauteur 15; épaisseur 10; — (100 :
106 : 78).
Description. — Coquille peu oblique, de forme à peu près ovale-semi-
circulaire , bombée, surtout près des sommets, le bord antérieur tombant
très-rapidement. Valves ornées de stries concentriques très-fines et serrées
et de 24-26 côtes rayonnantes, aiguës, carénées , séparées par des sillons
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 195
égaux entre eux et aux côtes, à fond anguleux; chacune de ces côtes
porte trois séries de petites dents ou granules nombreux, une sur l'angle,
les deux autres sur le milieu de chaque côté. Lunule plane, portant 6 ou
7 côtes dentées sur le bord, de plus en plus petites. Oreillette antérieure
un peu plus grande que l’autre. Bord cardinal à peu près droit, dépourvu
de dents; mais, en dehors de l’angle des oreillettes, on compte, en avant
et en arrière, quatre dents bien marquées, les antérieures obliques, les
postérieures presque horizontales. La dent supérieure de chaque côté se
trouve immédiatement à l'extrémité du bord cardinal.
Observation. — La charnière de cette espèce pourra peut-être servir à
former un nouveau genre ; mais ce caractère n’a pas assez d'importance
zoologique pour qu’il soit convenable aujourd'hui de la séparer du peu
d'espèces que l’on connaît.
Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jamoigne; on la
trouve, mais rarement, à Jamoigne et à Termes.
Genre LIMA, BRUGUIÈRE.
Osrrea, sp. Lin.
Gzaucion, Oken.
Lo, Brug., Lam., Desh., Goldf., d'Orb.
Pzaciosroma, Sow., Ziet., Desh., Phill.
Testa obliqua, aequivalvis vel subaequivalvis, inaequilateralis , auriculata ,
inter valvas anticè hians ; winbones divaricati ; cardo edentulus, fovea cardi-
nalis partim extlerna, ligamentum excipiens ; impressio muscularis unica,
centralis, tripartita.
Coquille plus ou moins oblique, équivalve ou presque équivalve, auri-
culée, bâillante en avant, à sommets antérieurs et écartés. Charnière lon-
gitudinale et sans dents. Ligament presque extérieur, inséré dans une fos-
sette en partie extérieure de chaque valve. Impression musculaire centrale,
partagée en trois parties distinctes.
Corps médiocrement comprimé, presque symétrique; manteau fendu
Toue XXV. 25
194 DESCRIPTION DES FOSSILES
dans presque toute sa circonférence, très-finement frangé sur les bords,
sans trace de siphon. Bouche munie de lèvres frangées et de deux paires
d’appendices labiaux ; pied rudimentaire, avec un byssus.
Ce genre, très-nombreux en espèces, a commencé à être représenté
dans le Muschelkalk, et s’est conservé jusqu’aujourd’hui, où on le rencon-
tre dans les mers profondes.
4. Liua Hermann.
(PI. XXVIL, fig. 1.)
Knorr, Suppl. V,d,n, 195, fig. 5.
Lima Hermann. Voltz, in Ziet., 1850, Furt., pl. 51, fig. 2.
— — Goldf., 1856, Petref., pl. 100, fig. 5.
PraciosToma Hermann. Schmidt, 1846, Petr.-Buch, p. 60 et 74, pl. 16, fig. 1.
Lima HERMANN. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 257.
L. testä convexä, semicirculari, anticè truncatäà ; costis crebris, convexis.
inaequalibus , interstitiis lineatis, nonnullis latioribus ; lunul& callosà, hiante.
Dimensions. — Longueur 11 centim.; hauteur 14; épaisseur 6? —
(100 : 127 : 54?).
Description. — Coquille équivalve, de grande taille, convexe, subsemi-
circulaire , à côté antérieur tronqué; sommets peu distincts; lunule dépri-
mée, calleuse, légèrement bâillante. Valves marquées çà et là, surtout vers
le bord, de fortes lignes d’accroissement, portant de nombreuses côtes
rayonnantes, convexes, inégales, assez souvent alternes, parfois interrom-
pues et déplacées par les anneaux d’accroissement, séparées par des
interstices planes, inégaux, souvent plus larges que les côtes, et couverts
de lignes rayonnantes plus ou moins fines.
Observation. — Cette espèce est très-distincte par sa taille et ses orne-
ments. Nos échantillons sont moins longs que celui que figure Goldfuss ,
et la lunule est déprimée, au lieu d’être presque plane, dans le seul indi-
vidu où nous l’apercevions. Nous n'avons pas cru ces caractères suffisants
pour autoriser la séparation spécifique de nos échantillons.
Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jamoigne, où elle est
rare ; nous l'avons rencontrée au nord d’Étale et près de Chiny. En Allema-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 195
gne, on la rencontre à Boll, à Vaihingen et à Degerloch, près Stuttgard
(Ziet.) ; en France, à Metz, et en Alsace, dans le lias moyen? (d’Orb.).
9, Lima Hausmanni.
(PL. XXVIL, fig. 5.)
Lima Hausmanni. Dunk., 1844, in Menke’s Zeitsch. für Malak., p.187.
_ — Dunk., 1846, Palæontogr., I, p. 41, pl 6, fig. 26.
L. testà ovalä, convexä, anticè declivi, concentricè striatä, costisque 20-21 ,
radiantibus ornatä; cardinis margine recto; auriculis parvis, inaequalibus.
Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 15.
Description. — Coquille de petite taille, ovale, médiocrement convexe;
à bord antérieur déclive; lunule plane, striée, sommets médiocres, oreil-
lettes petites , inégales, la postérieure la plus grande. Valves ornées de
stries concentriques très-fines et très-serrées, et de 20 ou 21 côtes convexes,
obtuses, séparées par des sillons de même forme.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine de la suivante ;
elle se distingue par le nombre et la forme de ses côtes, et par l'absence
de côtes intermédiaires.
Localités. — Elle se rencontre, mais très-rarement, dans la marne de
Jamoigne, à S'-Cécile. M. Dunker l’a trouvée dans le lias inférieur près
de Halberstadt, où elle paraît tout aussi rare.
5. LimA FALLAx, N.
(PL XXVIL, fig. 4.)
L. testä ovatä, convex@, anticè declivi, concentricè striaté costisque radian-
tibus 20-22 obtusis notatt, sulcis intermediis conformibus linea notatis ; auri-
culis parvis?.… lunulä plan striata.
Dimensions. — Longueur 14 mill.; hauteur 14 mill.
Description. — Coquille ovale, de petite taille, médiocrement convexe;
bord antérieur déclive, le postérieur arrondi; lunule plane, striée; oreil-
196 DESCRIPTION DES FOSSILES
lettes petites?.... Valves munies de stries concentriques très-nombreuses
et très-fines, et de 20 à 22 côtes simples, égales, convexes-obtuses, sépa-
rées par des sillons semblables dont le fond est occupé par une petite
ligne saillante.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la précédente,
ainsi que des autres qui l’avoisinent, par le nombre et la forme de ses
côtes , et les lignes uniques qui se trouvent au fond des intervalles qui les
séparent.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la marne de Ja-
moigne, à Termes et à Jamoigne; elle y est très-rare.
4. Lima Omauvsi, N.
(PI. XXVII, fig. 2.
L. testä ovatä, convexd, anticè truncata; lunulà magn, plano-concavä ;
stris concentricis, crebris, sublamellosis; costis radiantibus 22-24 convexis ,
r'ugosis ; intersliliis aequalibus plano-concavis, costä minimdä notalis.
Dimensions. — Longueur 58 mill. ; hauteur 45 ; épaisseur 24 ; — (100 :
118 : 65).
Description. — Coquille très-inéquilatérale, ovale, fortement convexe;
côté antérieur tombant rapidement. Lunule grande, un peu excavée,
marquée de stries d’accroissement et de lignes divergentes, dont les supé-
rieures sont peu distinctes. Sommets ... Valves munies de stries d’ac-
croissement grossières , sublamelleuses, et de 22 à 24 côtes rayonnantes,
simples, convexes, rugueuses, séparées par des intervalles presque plans,
égaux ou un peu plus grands, surtout en arrière, que les côtes, et dont
le fond est presque entièrement occupé par une côte intermédiaire, large,
convexe, peu élevée et rugueuse.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des L. pectinoïdes,
duplicata, etc.; elle nous a paru distincte de toutes, soit par le nombre des
côtes principales, soit par celui des côtes secondaires, et surtout par la
grossièreté de ces ornements, due aux stries d’accroissement. C’est peut-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 197
être la même que la L. Hettangiensis de M. Terquem , espèce que ce savant
paléontologiste se propose de décrire prochainement dans son ouvrage sur
les fossiles du grès d'Hettange.
Localité. — Nous n'avons rencontré cette espèce qu’au nord d'Étale,
dans la marne de Jamoigne.
5. Lima PLEBEN, N.
(PI. XXVIIL, fig. 1.)
L. testà subconvexä, subsemicireulari, anticè truncatà; lunul& excavatà ;
umbonibus parvis ; auriculis parvis, inaequalibus ; valvis concentricè subti-
lissimè striatis striisque nonnullis, anticè et posticè divergentibus punctatis
ornatis.
Dimensions. — Longueur 75 mill. ; hauteur 75 ; épaisseur 32; — (100 :
100 : 45).
Description. — Coquille de taille médiocre, peu convexe, subsemi-cir-
culaire, légèremeut bâillante en avant; bord antérieur droit et déclive;
sommets assez petits, mais saillants ; oreillettes petites, inégales. Valves
ornées de stries concentriques extrêmement fines et serrées, très-régu-
lières, et de stries divergentes imperceptibles sur presque toute la sur-
face, mais bien marquées, quoique étroites, en‘avant et en arrière, où elles
sont finement ponctuées. La lunule, profondément excavée, est striée
concentriquement.
Rapports et différences. — Voisine de la L. punctata, Sow., elle s'en dis-
tingue par sa forme peu bombée, sa lunule profonde et sa surface en
grande partie dépourvue de stries divergentes ponctuées. Le test paraît
souvent corné, transparent ou translucide. Quelques échantillons nous
portent à croire que l'espèce ci-dessus pourrait bien être le jeune âge de
la L. gigantea des auteurs; mais de nouvelles observations seraient néces-
saires pour déterminer ce point.
Localités. — Elle est commune dans la marne de Jamoigne, à Jamoigne,
à Izel, à Chiny, à Muno, etc.
198 DESCRIPTION DES FOSSILES
6. Lima DUPLICATA.
(PI. XXX, fig. 3.)
PLAGIOSTOMA DUPLICATA. Sow., 1826, Min. conch., 1. IV, pl. 559, fig. 4, 5, 6.
Lima — Roem., 1856, Ool., p. 75.
— — Goldf., 1858, Petref., pl. 102, Gg. 11.
— — D'Orb., 1850, Prodr.., t. I, p. 541.
L. testä convexd, obliquè ovatà, anticè abruptè declivi; costis 25-27 acutis,
carinatis ; sulcis conformibus linea ornatis ; lunulä pland, striata.
Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 40; épaisseur 22 ; — (100 :
114 : 65).
Description. — Coquille d’assez petite taille, convexe, inéquilatérale,
oblique, subovale; côté antérieur tombant rapidement; valves ornées de
25 à 27 côtes aiguës, carénées, laissant entre elles des sillons semblables
dont le fond est occupé par une seule ligne saillante; couverte, en outre,
de stries concentriques très-fines et très-serrées, et de stries rayonnantes
ordinairement moins distinctes. Lunule plane, ornée de stries rayon-
nantes qui deviennent peu à peu des côtes semblables à celles du reste de
la surface.
Rapports et différences. — Cette espèce paraît bien distincte par le nombre
et la forme de ses côtes et de ses sillons. Nous regrettons beaucoup de n’en
posséder aucun échantillon certain du kelloway-rock; mais, malgré la diffé-
rence de gisement, nous n'avons rien vu qui en séparàt nos individus, si
ce n’est une plus grande taille.
À la synonymie ci-dessus, il faut, sans doute, ajouter le Plagiostoma
duplicatum, Phill., Yorksh., 1829, pl. VE, fig. 2, du kelloway de Scarbo-
rough; mais il est difficile d’y reconnaître l’espèce de Sowerby. MM. Mor-
ris et Lycett (À monogr. of the mollusca fr. the great oolite, 1855, pl. IT,
p- 26), donnent dans la synonymie de cette espèce, le L. alternicosta, Buvig.
(Géol. de la Meuse, t. XNIIE, p. 22, fig. 11-15) et le Plagiostoma pectinoïdes,
Ziet. (Wurt., p. 92, pl. 69, fig. 2); mais celle-ci avec doute.
Localités. — Elle se rencontre 1° dans la marne de Jamoigne, assez
fréquemment à Jamoigne, à Termes, à Chiny, à Izel, à Muno; 2° dans le
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 199
grès de Luxembourg, à Guirsch; 3° dans la marne de Strassen, à Frassem
à Frelange; 4° dans le macigno (?); 5° dans le calcaire de Longwy, à Longwy.
Sowerby l'indique dans l’oolithe corallien de Malton ; M. Foemer dans
le lias et le dogger (oolithe inférieur) du Wurtemberg; Goldfuss, dans le
lias, d’après de Münster, et dans l’oolithe inférieur; tandis que M. d’Or-
bigny la regarde comme propre au callovien, et la cite dans plusieurs
localités de France, et en Angleterre, à Scarborough et à Hackness,
d'après Phillips.
7. LiMA GIGaNTEA.
(PI. XXVIIL, fig. 9, et pl. XXIX, fig. 1.)
Kaorr. B,1,c,n, fig. 2.
Encyclop., pl. 258, fig. 5, a, b.
PLAGIOSTOMA GIGANTEA. Sow., 1814, Min. conch., t. 1, p. 176, pl. 77.
— SEMILUNARE. Lam., 1819, Ænim. sans vert., t. VI, p. 160.
CHAMITES LAEVIS GIGANTEUS. Schl., 1820, Petref., p. 214, Suppl., pl. 54, fig. 2.
PLAGIOSTOMA GIGANTEA. Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 51, fig. 1.
Lima — Desh., 1851, Coq. caract., p.74, pl. 14, fig. 1.
— — Roem., 1856, Ool., p. 75.
_ — Goldf., 1858, Petref., 1. II, p. 80, pl. 101, fig. 1.
PLAGIOSTOMA GIGANTEUM. Schmidt, 1846, Petr.-Buch, p. 60, pl. 16, fig. 2.
LiMA GIGANTEA. Desh., 1849, Trait. de conch., pl. 49, fig. 1.
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 255.
L. testû magnä, convexä, tenui, subsemicirculart, anticè truncaté , striata :
striüs in medio evanescentibus ; lunulà magnä, callosä, hiante; auriculis mi-
nimis, inaequalibus.
Dimensions. — Longueur 15 centim.; hauteur 18; épaisseur 9; — (100 :
120 : 60).
Nos exemplaires sont beaucoup moins longs que celui que figure Gold-
fuss , et l'angle que forment au sommet les bords antérieurs et l'oreillette
postérieure est beaucoup moins ouvert. Ils se rapprochent davantage des
figures de Sowerby et de Deshayes.
Description. — Coquille de grande taille, assez mince, convexe, arron-
die, obliquement subsemi-cireulaire; crochets petits, peu saillants; bord
cardinal presque droit, court, oblique à l’axe; oreillettes petites, l’an-
térieure presque nulle, la postérieure légèrement sinueuse en arrière.
Valves munies d’un grand nombre de stries fines, rayonnantes, inégales ,
200 DESCRIPTION DES FOSSILES
s’affaiblissant à partir des extrémités et disparaissant vers le milieu de la
coquille. Lunule grande, subcordiforme, excavée, bäillante vers le haut,
portant, surtout en dehors, quelques stries plus enfoncées que les autres.
Localités. — Nous avons rencontré cette grande espèce dans le grès de
Luxembourg? près de Stockem, et dans la marne de Strassen, à Wal-
zingen, à Frassem, etc.
D’après Sowerby, elle se trouve dans le lias bleu de Bath, Cardifi-
Castle, Pickeridge-Hill; à Pocklington, et à Staithes, d’après Phillips,
dans le lias inférieur et moyen. M. Deshayes la regarde comme répandue
dans tout le lias. Zieten et Goldfuss l’indiquent dans le calcaire et le grès
liasique de Goslar, de Güppingen, de Vaihingen, etc. M. d’Orbigny la cite
dans le lias supérieur de Fontenay, de Thouars, de Brülon, de Sémur ;
ce savant la regarde comme bornée uniquement à cet étage; mais c’est
probablement à tort. En effet, les synonymes qu’il donne (Ziet. et Goldf.)
n'en proviennent pas, le grès liasique de ces auteurs n'étant pas toarcien.
Il est vrai que M. d’Orbigny indique dans l'étage sinémurien, sous le nom
de L. edula, une nouvelle espèce trouvée aux environs de Luxembourg,
voisine de la L. gigantea, mais lisse au milieu, striée aux extrémüés; or ce
caractère se voit très-bien dans les figures de Zieten et de Goldfuss; et ce
dernier dit : stris in medio evanescentibus. Sowerby, qui place aussi son
espèce dans le lias inférieur, dit que les stries sont souvent peu distinc-
tes, comme effacées.
En résumé, si cette espèce n’est pas répandue dans tout le système
liasique, nous sommes portés à croire, malgré l'autorité de M. d'Orbigny,
qu’elle appartient au lias inférieur.
8. Lima AGIGULATA ?
(PI. XXIX, fig. 5.)
Lima acicuLaTA? Münst., in Goldf., 1856, Petref., pl. 101, fig. 5.
=; — Roem., 1856, Oo!., p. 77.
« EL. lestä convexo-planä, obliquè ovat&, anticè truncatä ; costulis crebris,
reqularibus, depressis ; sulcis angustis, punclatis ; lunulà lanceolatä, exca-
vald. »
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 204
Nous rapportons à cette espèce, malgré la différence de terrain, une
valve incomplète, trouvée à Fouche, dans le grès de Luxembourg. On voit
distinctement la forme oblique, à peine convexe, et les stries étroites,
distantes et ponctuées, que Goldfuss a figurées. Il l'indique dans le Korallen-
kalk de Nattheim et de Streitberg; Roemer, dans le Coral-rag supérieur de
Hoheneggelsen.
9. Lima PUNCTATA.
(PL. XXX, fig. 4.)
PLAGIOSTOMA PUNCTATA. Sow., 1815, Min. conch., t. Il, pl. 115, fig. 1, 2.
— PUNCTATUM. Ziet., 1850, Furtemb., pl. 51, fig. 5.
Lima PUNCTATA. Goldf., 1856, Petref., pl. 101, fig. 2.
— — Roem., 1859, Ool., Suppl, p. 50.
— — Desh., 1849, Tr. de Conchyl., pl. 49, fig. 2-5.
S — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 50.
L. testä convexä, subsemicireulari, anticè declivi excavatà ; striis radian-
tibus confertis punctatis.
Description. — Coquille convexe , subsemicirculaire, bord antérieur tom-
bant assez rapidement; oreillettes petites; lunule excavée. Valves ornées
de stries divergentes nombreuses, plus serrées vers les extrémités , étroites
et marquées de points enfoncés nombreux ; les intervalles sont plans, par-
fois dichotomes, munis de stries concentriques extrêmement fines. La
lunule est striée concentriquement et porte quelques lignes divergentes
ponctuées.
Rapports et différences. — Voisine des L. concentrica, plebeia, etc., cette
espèce se distingue par ses stries étroites, ponctuées et répandues sur toute
la surface.
Localités. — Elle se rencontre chez nous dans la marne de Strassen, à
Waltzing, à Bonnert et à Frelange; mais elle n’y paraît pas commune, et
nous n'avons pu en trouver un individu complet. Elle appartient au lias
inférieur d'Angleterre et d'Allemagne.
Tome XXV. 26
202 DESCRIPTION DES FOSSILES
10. LIMA SEMICIRCGULARIS.
(PI. XXX, fig. 5.)
Lima SEMICIRCULARIS. Goldf., 1856, Petref., pl. 102, fig. 6.
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1.1, p. 283 (non Morr. et Lyc., 1853, Moll. from the great ool.,
pl. 5, fig. 5.)
L. testà convexä, obliquè semicireulari, anticè truncatà, lunulà plano-con-
cavä; costulis divergentibus, crebris, aequalibus, convexis; canalibus inter-
stitialibus angustioribus, concentricè confertim striatis.
Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 57 mill.; épaisseur 51 mill.
— (100 : 100 : 55).
Description. — Coquille de moyenne taille, convexe, inéquilatérale,
obliquement semicirculaire; bord antérieur déclive; lunule légèrement
excavée; oreillettes petites. Valves ornées d’un grand nombre de petites
côtes divergentes, égales, peu convexes, séparées par d’étroits sillons,
marqués de stries concentriques fines et fort serrées.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de
Longwy, à Longwy. Si elle est commune, il est très-rare d’avoir le test.
Goldfuss l’a trouvée à Nattheim, dans le Corallenkalk (?) (bajocien , d'Orb.).
En France, on la rencontre à Bayeux et à Moutiers, dans l’étage bajocien
(d’Orb.).
11. Lima PROBOSGIDEA, Sowerby.
(PL. XXXI, fig. 4.)
Kaorr, tab. D, XI, n° 116, fig. 1.
Lima PROBOSCIDEA. Sow., 1820, Hin. conch., 1. IN, pl. 264.
OSTRACITES PECTINIFORMIS. Schl., 1820, Petref., p. 251, n° 1.
OSTREA — Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 47 , fig. 1.
LiMA PROBOSCIDEA. Roem., 1856, Oo!., p. 78.
— — Goldf., 1856, Petref., pl. 105, fig. 2.
OSTREA PECTINIFORMIS. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 95, pl. 58, fig. 1.
Lima PROBOSCIDEA. Desh., 1849, Tr. de conchyl., pl. 48, fig. 1-2.
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 282, 512, 541 et 571.
L. lestà convexà , ovato-orbiculari, subaequilaterd ; concentricè lamelloso-
rugosä; costis 11-14 convexis noduloso-tubuliferis, canalibus conformibus ;
auriculis anterioribus sinuosis hiantibus ; lunulä nulla.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 205
Dimensions. — Longueur 12 cent.; hauteur 14.
Description. — Coquille de grande taille, équivalve, presque équilaté-
rale, ovale-orbiculaire, ou presque orbiculaire, dépourvue de lunule :
oreillettes inégales, les antérieures sinueuses et bâillantes. Valves couvertes
de stries concentriques lamelleuses, rugueuses, munies de 11-14 côtes
convexes, noduleuses, portant de longs prolongements tubuliformes, et
séparées par des sillons de même forme.
Cette espèce est très-distincte de toutes les autres, et facile à recon-
naître, quoique ses tubes soient presque toujours brisés.
Localités. — Elle se rencontre dans le calcaire de Longwy, aux environs
de cette ville, et à Halanzy. Quelques fragments, trouvés dans l’oolithe
ferrugineux de la vallée de Coulmy, semblent aussi s’y rapporter. On la
trouve en Angleterre, à Clunch-Weymout, etc. (Sow.); en Allemagne, dans
l’oolithe inférieur, au Stuifenberg (Zieten), et dans le Coral-rag, près de
Heersum et de Hildesheim (Roem.). En France, elle se trouve dans l'étage
bajocien, à Bayeux, Niort, Conlie, Avallon, etc.; dans le bathonien de S'-Au-
bin de Nantua; dans le callovien de Poitiers, de Pizieux, de Lifol, etc. ;
dans l’oxfordien de Trouville, de Neuvizi, et d’autres localités (d’Orb).
12. Lima azTicosra, N.
(PI. XXVIN, fig. 5.)
L. testà ovatä-trigonä, convexä, anticè declivi, excavatà ; costis radiantibus
crebris (42-46) altis, dorsatis, interstitiis in fundo plano-concavis, concen-
tricè strialis, inaequalibus.
Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 45 mill.; épaisseur 532 —
100 : 94 : 68.
Description. — Coquille de forme ovale-triangulaire, oblique, convexe;
côté antérieur fort déclive; oreillettes presque égales; lunule médiocre-
ment excavée, ornée de stries concentriques. Valves munies de 42-46
côtes élevées, aussi larges ou plus larges sur leur bord libre que sur leur
bord d'insertion, disparaissant sur les sommets (par usure?), séparées par
des sillons inégaux, tantôt plus étroits , tantôt deux à trois fois plus larges
204 DESCRIPTION DES FOSSILES
que les côtes, généralement plus larges en arrière ; leur fond est légère-
ment concave, finement strié concentriquement.
Rapports et différences. — Cette espèce avoisine les L. sulcata et lyrata,
Münster; mais elle s’en distingue très-bien par le nombre de ses côtes,
la largeur des sillons qui les séparent, et sa forme générale. I] est à
regretter que nous n’en possédions que deux valves; encore ne sont-elles
pas en fort bon état.
Localité. — Elle s’est rencontrée dans les assises inférieures du cal-
caire de Longwy, près de Halanzy.
Genre AVICULA , Kzein.
Concua aztrorms, Gualtieri.
Avicuca, Klein, Brug., Cuv., Desh., etc.
Avicua et MerrAcrina, Lam.
— Marcarira, Leach.
— Monons, Bronn, Goldfuss, Münster.
Testa inaequivalvis, inaequilatera, plerümque tenuis, margaritacea, utrin-
que producta; margo anterior valvae dextrae pro bysso emarginatus ; cardo
transversus, rectus, linearis, dentibus solitaris vel binis callosis, haud rar ob-
soletis munitus ; fovea oblonga triangularis , basi dilatata et canaliculata, liga-
mentum semi-exlernum recipiens ; impressio muscularis unica submediana.
Coquille inéquivalve , ordinairement mince et nacrée , allongée des deux
côtés en espèces d’oreillettes. Bord antérieur de la valve droite échancré
pour le passage d’un byssus. Charnière transverse, droite, linéaire, munie
d’une ou de deux dents ou callosités, fréquemment presque nulles; fos-
sette oblongue, triangulaire, dilatée à la base et canaliculée, recevant un
ligament semi-externe. Une seule impression musculaire presque médiane.
D'après M. d'Orbigny, il y aurait une seconde impression musculaire,
buccale , très-petite.
Animal aplati; lobes du manteau séparés dans toute la longueur; bran-
chies presque égales; bouche ovale, assez grande; pied conique assez
long, vermiforme, portant un byssus grossier médiocrement développé.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 205
Ce genre, très-nombreux en espèces, se rencontre dans tous les ter-
rains, et est encore représenté à l’époque actuelle, où il atteint son maxi-
mum d'espèces; elles appartiennent aux pays chauds, et vivent à une cer-
taine profondeur.
1. AVICULA SINEMURIENSIS.
(PL. XXVI, fig. 4.)
AVICULA INAEQUIVALVIS. Sow., 1819, Han. conch., t. III, p. 78, pl. 244, fig. 2 (excl. var. a).
— — Phill., 1829, Forksh., pl. 14, fig. 4.
— — Zieten, 1850, Furt., pl. 55, fig. 2.
— — Roem., 1856, Oo., p. 86.
—- — Goldf., 1858, Petref., pl. 118, fig. 1.
Moxoris — Schmidt, 1846, Petref.- Buck, pl. 28, fig. 4.
AVICULA SINEMURIENSIS. D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 219.
A. testà ovatà, subobliquà, convexd , inaequivalvi, alà anticä obtusangula ;
posticä falciformi acutà; valvae sinistrae costis radiantibus 12-24 acutis, an-
gustis, lineisque 6-8 interstitialibus ; dexträ minore laevi, radis marginata.
Dimensions. — Longueur 25 mill. ; hauteur 22 — 100 : 88.
Description. — Coquille ovale, légèrement oblique, convexe, très-iné-
quivalve. Valve gauche ornée de stries très-fines concentriques, et de
12 à 24 côtes rayonnantes , aiguës, étroites dont les intervalles sont mar-
qués de 6 à 8 lignes saillantes, inégales, presque alternes, et plus ou
moins fortes. Oreillette antérieure petite et obtuse, la postérieure grande,
aigué et falciforme. Valve droite moitié moindre que l’autre, lisse, portant
seulement quelques faibles côtes rayonnantes sur les bords.
Observations. — Cette espèce , considérée par Sowerby et les auteurs qui
l'ont suivi, comme une simple variété de VA. inaequivalvis du Kelloway-
rock, en a été séparée avec raison par M. d'Orbigny, à cause des lignes
rayonnantes intermédiaires qui la caractérisent; toutefois le nom aurait
pu être mieux choisi, car nous avons rencontré cette espèce aussi dans
le lias moyen, ainsi que Phillips et M. Roemer.
Localités. — Cette espèce se rencontre : 1° dans le grès de Luxembourg,
où elle est assez rare, à Guirsch, à Gérouville, à Bergiwé, etc.; 2° dans
la marne de Strassen, où elle paraît très-rare, à Wolberich près d’Autel-
206 DESCRIPTION DES FOSSILES
Bas; 3° dans le banc de grès ferrugineux de Frelange et dans les sables
inférieurs du macigno, à Ethe, à Houdrigny, à Wolkrange, à S“-Croix;
et 4° dans le macigno, où elle est assez commune, à Aubange, à S'-Mard,
à Bleid, etc. En France, elle paraît assez répandue, mais dans l'étage
sinémurien seulement (d'Orb.), tandis qu’en Angleterre, elle se trouve
dans le liasien (marsltone, Phillips); il en est de même en Allemagne.
Goldfuss l'indique aussi dans l’oolithe ferrugineux.
2. AVICULA SUBSTRIATA.
(PI. XXVI, fig. 5.)
Moxortis sugsrriaATus. Munst., in Leonh. Br., t. Il, p. 8, 406.
— — Ziet., 1850, Wurt., pl. 69, fig. 9.
— — Goldf., 1857, Petref., pl. 140, fig. 7.
_ - Roem., 1856, Ool., p. 75.
AvicuLa sugsrRiATA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 257.
A. testà suborbiculari subobliquà plano-convexà, lineis radiantibus con-
fertis subaequalibus munitä; auriculà obtusangulü.
Dimensions. — Longueur 100 ; hauteur 95 ; épaisseur. ? Elle atteint plus
de 2 centimètres de longueur.
Description. — Coquille suborbiculaire, légèrement oblique, peu convexe,
à sommets petits, aigus et recourbés, à oreillette obtuse. Valves ornées
de nombreuses lignes rayonnantes, serrées, inégales, presque alternes.
Localités. — Cette espèce se rencontre à Aubange, mais très-rarement,
dans le schiste bitumineux qui forme la base de la marne de Grand-Cour ;
elle est plus fréquente dans les assises moyennes et supérieures, surtout
dans le calcaire noduleux subordonné de beaucoup de localités. On la
retrouve dans les couches correspondantes du Würtemberg, de Hildes-
heim, de Baireuth (Roemer), de Banz et d’Altdorf (Goldf.). Zieten l'indique
dans un grès ferrugineux, à la partie supérieure du lias, à Wasseral-
fingen ; nous le regardons comme correspondant à notre oolithe ferrugi-
neux de Mont-S'-Martin; d’un autre côté, M. d’Orbigny, en la citant à
Nancy, la rapporte au lias moyen.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 207
5. AVICULA ECHINATA.
(PI. XXVI, fig. 3.)
AvicuLa ECHINATA. Sow., 1819, t. III, pl. 245.
= = Smith, Sratigr. syst., p.67.
— — — Strata ident., p. 26, Cornbrasch, fig. 8.
— — Morr. et Lyc., 1855, Moll. from the great oo., p.16, pl. 2; fig. 2.
A. testà ovalo-obliqud; auriculis parvis aequalibus ; valvä sinisträ forni-
catä, costulis sub-aequalibus radiantibus, interstitisque tequlatis ; valva
dextrà convexo-plant, obsoletè radiatim lineatà.
Dimensions. — Longueur 19 mill.; hauteur 25; épaisseur 7; — 100 :
150 : 37.
Description. — Coquille ovale, peu oblique, très-inéquivalve, épaisse ;
oreillettes petites et égales. Valve gauche épaisse et ventrue, ornée de
côtes rayonnantes faibles, nombreuses, inégales, n’atteignant pas toutes
le sommet, croisées par de fines stries concentriques, lamelleuses, rele-
vées, surtout sur les côtes, en saillie tranchante. Valve droite à peine
convexe, marquée de quelques lignes rayonnantes peu distinctes.
Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine de l'A. tegulata ,
Goldf.; mais sa valve droite est presque lisse, tandis que celle de l’autre
espèce a les mêmes ornements que la valve gauche.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la partie supérieure
du calcaire de Longwy, près de cette ville, et de Halanzy. Elle se trouve
dans les couches correspondantes de l’oolithe à Metz (Goldfuss); en Angle-
terre, on la trouve depuis le Fullers-earth jusqu’au great oolite.
Genre POSIDONOMYA , Bronx.
Inocerauus (sp), Sow., Goldf., Phill.
Posmoxa, Bronn, Goldf., J. Sow., Phill., Roemer.
Posmonouya, Br., Münst., d'Orb....
Testa subaequilatera, inaequivalvis, clausa, ovato-orbicularis, utrinquè
208 DESCRIPTION DES FOSSILES
subauriculata, auriculis rotundatis, non discretis ; margo cardinalis linearis,
callosus, canali infrà auriculam anteriorem extenso ; umbones aequales, sub-
mediani, subdepressi.
Coquille ordinairement mince et fragile, ridée concentriquement, pres-
que équilatérale, inéquivalve, close, ovale ou orbiculaire, légèrement au-
riculée de chaque côté; auricules arrondies, peu distinctes. Bord cardinal
linéaire, calleux, un canal s'étendant sous l’auricule antérieure. Sommets
égaux, presque médians,. légèrement déprimés. Impression musculaire
arrondie vers le milieu du côté postérieur.
Ce genre a commencé à paraître, sinon dans les couches siluriennes,
au moins à l'époque dévonienne; il ne paraît pas exister après le lias.
Posiponomya BRonNi.
(PI. XXX , fig. 6.)
PosiponiA Brown. Zieten, 1850, Wurt., pl. 57, fig. 4.
- — Goldf., 1858, Petref., t. IL, p. 119, pl. 115, fig. 7.
PosiponomyA Bronni. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 256.
P. testà obliquè ovato-orbiculari, vel ovatä, fornicatä, auriculatä, tenui;
costis concentricis convexis, inlerstiliisque conformibus lineatis.
Dimensions. — Longueur 9 mill.; hauteur 10; elle dépasse beaucoup
cette taille.
Description. — Coquille inéquilatérale, oblique, ovale-orbiculaire ou
ovale, très-convexe, à test mince; oreillettes distinctes; sommets plus
élevés. Valves munies de nombreuses côtes concentriques, convexes, on-
duleuses, séparées par des sillons de même forme, finement striées paral-
lèlement, ainsi que les sillons.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire subor-
donné à la marne de Grand-Cour, à Lamorteau; elle paraît se trouver
aussi dans le schiste à Grand-Cour. C’est une des coquilles les plus carac-
téristiques du lias supérieur, où on la retrouve dans beaucoup de loca-
lités d'Allemagne et de France.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 209
Genre PECTEN, BRUGUIÈRE.
Osrrea, sp. Lin., Cuv...
Pecren, Brug., Lam. et Auct.
Auusiun, Megerle.
Pzeurowecrites, Schl.
Janira, Schum.
Nerruea, Drouet.
Panoora, Muhlenfeld.
Carauys, Bolt.
Testa libera, reqularis, inaequivalvis, aequilateralis vel subaequilateralis.
auriculata ; margo cardinalis transversus, rectus, natibus contiquis ; cardo
edentulus; fovea cardinalis penilùs interna, trigona, ligamentum recipiens.
Coquille libre, régulière, inéquivalve, équilatérale ou presque équi-
latérale, auriculée, à bord cardinal transverse, droit ou presque droit, à
sommets contigus. Charnière dépourvue de dents; fossette cardinale trian-
gulaire, recevant un ligament interne.
Corps plus ou moins comprimé; manteau frangé, garni sur les bords
de cils et de tubercules perlés, pédonculés, régulièrement espacés ; bouche
transverse, à lèvres profondément frangées ; cœur dorsal; anus dorsal et
flottant ; pied petit, rudimentaire, quelquefois byssifère; un muscle ad-
ducteur.
C'est un fort beau genre, très-nombreux en espèces et représenté à
toutes les époques géologiques.
1. PECTEN TEXTORIUS.
(PI. XXXIL, fig. 2.)
Knorr, pl. n° 4, B. 1, fig. 5, 4.
PECTEN rExTORIUS. Schl., 1816, Petref., p. 229.
— — Goldf., 1855, Petref., pl. 89, fig. 9.
- — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 219.
— Paris. D'Orb., tb, p. 257.
P. testà ovato-acutà, plano-convexd, aequivalvi ; costis crebris, subaequali-
bus, minoribusve alternis, lineis concentricis in costarum dorso confertis,
Tome XXV. 97
210 DESCRIPTION DES FOSSILES
noduloso-acutis ; auriculis magnis, inaequalibus, lamelloso-lineatis , anteriore
dextra triradiatà.
Dimensions. — Elle atteint jusqu’à 7-8 centimètres de haut.
Description. — Coquille équivalve, presque équilatérale, ovale-aigué , à
peine convexe; valves ornées de côtes rayonnantes nombreuses , presque
égales ou alternativement plus fortes et plus faibles, et, en ce cas, sou-
vent un peu rapprochées par paires; et de lignes concentriques serrées,
relevées sur le dos des côtes en petits tubercules comprimés , aigus. Oreil-
lettes grandes, inégales, portant des stries concentriques lamelleuses ; l’an-
térieure du côté droit munie de trois lignes rayonnantes.
Observation. — Nous réunissons, au moins provisoirement, dans l'espèce
de Goldfuss, les deux espèces que M. d’Orbigny a séparées, n’apercevant
pas de différences suffisantes dans nos échantillons ; malheureusement les
individus du grès de Luxembourg et de la marne de Strassen sont presque
toujours engagés dans la roche par leur face externe.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce 1° dans le grès de
Luxembourg, à Fouche, à Guirsch, à Lime, à Lasoye; 2° dans la marne
de Strassen , à Waltzing, à Frelange; 5° dans le schiste de Grand-Cour,
à Grand-Cour; 4° dans le calcaire de Longwy, où elle est commune aux
portes de cette ville.
On la rencontre en Allemagne, dans le lias, à Amberg, à Altdorf (Goldf.);
dans l’oolithe inférieur, à Streitberg (Goldf.) et à Willershausen (Roemer).
M. d'Orbigny la regarde comme propre à l'étage sinémurien (P. textorius),
à Pouilly, à Lyon, à Semur, etc. et au toarcien (P. Phillis), à Fontenay,
à Lyon, Sémur, etc.).
93, PFCTEN DiIsCIFORMIS.
(PL XXXI, fig. 5.)
PECTEn pisciFORMIS. Schübl. in Ziet., 1850, W'urtemb., pl. 55, fig. 2.
— CORNEUS. Goldf., 1855, Petref., pl. 98, fig. 11 (non Sow.).
— bemissus. Goldf, ib., 4b., pl. 99, fig. 2 (non Phill.).
_ Schmidt, 1846, Petref- Buch, p. 89, pl. 55, fig. 5.
DISCIFORMIS. D'Orb., 1850, Pr t. 1, p. 259.
P. testà suborbiculari, aequivalvi, aequilaterali, convexo-plant ; valvis con-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 211
centricè subtilissimè striatis; auriculis mediocribus, subrectangulis, confor-
mibusvel anticà valvae dextrae plicata.
Dimensions. — Longueur 49 mill.; hauteur 50 — 100 : 102.
Description. — Coquille presque orbiculaire, équivalve, équilatérale, très-
légèrement convexe, mince, souvent un peu diaphane; valves ornées de
stries concentriques extrêmement fines, marquées à l’intérieur d’un léger
sillon latéral partant du sommet; oreillettes médiocres, presque rectangu-
laires, semblables, ou, plus souvent, l’antérieure de la valve droite mar-
quée de quelques lignes saillantes; bord cardinal, ordinairement droit,
parfois un peu échancré, de manière que les angles extérieurs des oreil-
lettes dépassent les sommets.
Observation. — À l'exemple de M. d'Orbigny, nous croyons devoir
réunir les P. corneus et demissus, Goldfuss, la seule différence consistant
dans la forme des oreillettes, et ce caractère ne paraissant pas très-con-
stant.
Localités. — Cette espèce appartient : 1° au grès de Luxembourg, à Ber-
giwé, à Valansart, à Lasoye, etc.; 2° à la marne de Strassen, à Guirsch,
à Waltzing, à Frelange; 3° aux sables inférieurs du macigno, à Weyler,
à Belmont. En outre, un certain nombre d'individus, du calcaire de Longwy
des environs de cette ville, nous paraissent devoir s’y rapporter.
Ou la trouve en Allemagne, dans le grès et la marne liasique à Altdorf,
à Baireuth, à Thurnau, et dans l’oolithe ferrugineux de Wasseralfingen.
M. d'Orbigny la place dans le lias moyen, et l'indique en France, à Semur,
à Langres, et à Vieux-Pont (Calvados).
5. PECTEN ACUTICOsTA.
(PI, XXXI, fig. 5)
PECTEN ACUTICOSTA. Lam., 1822, An. s. vert., t. VI, p. 180.
— ACUTICOSTATUS. Ziet., 1830, Wurt., pl. 55, fig. G.
— ACUTICOSTA. Roem., 1836, OoL., p. 68.
_ _ D'Orb., 1850, Prodr., 1. I, p. 257.
P. testà ovato-orbiculari, subaequilatera, subaequivalvi, plano-convexä, 20-
212 DESCRIPTION DES FOSSILES
24 costalä, concentricè subtilissimè requlariterque lineatä ; costis elatis, pera-
cutis, angustis, in valvä dexträ obtusis; sulcis duplà latioribus, plano-concavis,
auriculis inaequalibus, decussatis.
Dimensions. — Longueur 42 mill. ; hauteur 47 mill.; épaisseur 10 mill.;
— 100 : 112 : 24.
Description. — Coquille ovale-arrondie, presque équilatérale, presque
équivalve, peu convexe; portant de 20 à 24 côtes élevées, très-aiguës sur
la valve gauche, obtuses sur la valve droite, séparées par des sillons lé-
gèrement concaves, deux fois plus larges, ornés de stries concentriques
régulières, fines et serrées, à peine visibles sur le sommet des côtes. On
compte, en outre, quelques faibles côtes ou lignes divergentes, surtout
en arrière. Oreillettes inégales , striées concentriquement.
Observation. — Cette coquille nous laisse quelques doutes sur sa déter-
mination. L'espèce de Lamarck se distingue, selon M. d’Orbigny, par ses
valves très-inégales ; ce n’est pas le cas ici ; celle que M. Roemer a décrite
comme nouvelle sous le même nom paraît avoir les côtes semblables sur
les deux valves. La nôtre paraît bien être celle de Zieten, sauf les stries
plus serrées.
Localités. — Elle à été trouvée dans le sable inférieur du macigno,
d'Aubange, entre Virton et Belmont. Zieten l'indique dans l’oolithe infé-
rieur de Gamelshausen; Roemer, dans le lias à bélemnites de Kablefeld,
de Willershausen, et de Steinberg, près Mark-Oldendorf. M. d’Orbigny,
qui la cite à Chevillé, à Brülon, à Asnières, la rapporte à l'étage toarcien.
4. PECTEN AEQUIVALVIS.
(PL. XXXII, fig. 1.)
PeCTEN AEQUIVALVIS. Sow., 1816, Min. conch., t. Il, pl. 156, fig. 1.
_ — Ziet., 1850, Furt., p.68, pl. 59, fig. 4.
— — Goldf., 1855, Petref., p. 45, pl. 89, fig. 4.
= Roem., 1856, Ool., p. 67.
== — Desh., 1849, Tr. de conch., pl. 50, fig. 7.
= — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 257.
P. testà oblique orbiculari, convexä, subaequivalui, subtilissimè concentricè
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 2415
striatà ; costis 19-21 aequalibus, convexis; sulcis latioribus, plano-concavis ;
auriculis inaequalibus, lineatis.
Dimensions. — 11 atteint un diamètre de 7 pouces, d’après Sowerby;
notre plus grand échantillon a 12 ou 15 centimètres.
Description. — Coquille orbiculaire, un peu oblique, subéquivalve , con-
vexe; valves très-finement siriées concentriquement, munies de 19-21
côtes divergentes, égales, convexes, séparées par des sillons plus larges ,
légèrement concaves; oreillettes inégales, finement striées concentrique-
ment.
La largeur des sillons parait susceptible de varier beaucoup : Goldfuss
les dit trois fois plus larges que les côtes; nous ne les trouvons pas deux
fois aussi larges. Les stries disparaissent presque entièrement sur les côtes.
Localités. — T1 appartient au macigno d’Aubange, à Aubange, à Halanzy,
à Ville, à Virton, etc. : on le trouve souvent à l’état de moule; plus souvent
encore on ne trouve que des fragments de test. Sowerby l'a rapporté à tort
à l’oolithe inférieur; tous les auteurs le placent dans le lias moyen. On le
trouve en Angleterre, à Withby, en France, dans un grand nombre de
localités, dans le Calvados, le Jura, l'Yonne, la Dordogne; en Allemagne,
à Goslar, à Baireuth, à Altdorf, dans le Wurtemberg, etc.
5. PECTEN ARTIGULATUS.
(PL XXIX, fig. 5.)
Pecrinires AnrTiICULATUS. Schl., 1820, Petref., p. 227.
PECTFN — Goldf., 1855, Petref., pl. 90, fig. 10.
— — Roem., 1856, Ool., p. 68.
= — D'Orb., 1850, Prodr., 1. 1, p. 284.
P. testä ovato-acutà, plano-convexä ; costis acutis, angustis, subaequalibus ,
cingulatis, cingulis acuminalis ; suleis latioribus, concavis , subtilissimè trans-
versum strialis; auriculis inaequalibus, lamelloso-lineatis, costulisque virgatis.
Dimensions. — Elle atteint au moins 6 centimètres de haut.
Description. — Coquille ovale-aiguë, à peine convexe; valves ornées de
214 DESCRIPTION DES FOSSILES
côtes rayonnantes nombreuses, fortes, étroites, assez aiguës, entourées, de
distance en distance, par de fortes lamelles perpendiculaires, triangulaires
et presque pointues ; intervalles concaves, plus larges que les côtes (deux
fois plus larges, Goldf.); stries concentriques fines et nombreuses, bien
marquées dans les intervalles, disparaissant ou à peu près sur les côtes;
oreillettes inégales, ornées de lamelles concentriques et de côtes rayon-
nantes simples.
Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. textorius,
vimineus et subtextorius, mais il n’est pas difficile de la distinguer par ses
fortes lamelles perpendiculaires.
Localités. — Nous n'avons rencontré de cette espèce que quelques frag-
ments sans oreillettes dans le calcaire bajocien de Longwy. Elle paraît
appartenir à cet étage dans lequel on la rencontre en Allemagne, à Nat-
theim (Gold., corallien ?), et près de Hanovre (corallien? Roemer). M. d’Or-
bigny la signale, en France, dans l'étage bajocien d’un grand nombre de
localités, entre autres à Geniveaux (Moselle) et aux environs d’Avallon
(Yonne).
G. PECTEN GERMANIAE.
(PI. XXIX, fig. 2.)
PECGTEN ANNULATUS. Goldf., 1855, Petref., pl. 91, fig. 2 (non Sow..).
— — Roem., 1856, Oo!., p. 70.
— GEnmanæ. D'Orb., 1850, Prodr.,t. I, p. 514.
P. testä obliquè ovato-orbiculari, convexä, lineis radiantibus subtilissimis ,
inaequalibus, arcuatim divergentibus, striis concentricis, distantibus inter-
ruplis; auriculis inaequalibus, striatis.
Dimensions. — Longueur 22 mill.; hauteur 24 mill. — 100 : 110.
Description. — Coquille ovale-orbiculaire, un peu oblique, convexe,
ornée de lignes rayonnantes arquées, inégales, très-fines et très - peu
marquées, très-rarement dichotomes, interrompues par des stries concen-
triques à peine lamelleuses, médiocrement distantes; oreillettes grandes,
inégales, marquées de stries concentriques et de quelques lignes diver-
gentes très-faibles.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 215
Observation. — M. d'Orbigny sépare cette espèce du P. annulatus, Sow.
Effectivement elle nous paraît s’en distinguer par ses stries divergentes,
bien plus nombreuses, ses oreillettes plus finement striées, et surtout
l'absence de lamelles relevées, concentriques, qui sont remplacées par de
simples stries, à peine lamelleuses.
Localités. — Un échantillon a été trouvé dans l’oolithe ferrugineux,
entre Keyl et Esch; un autre, à Longwy, dans le calcaire. En Westphalie,
à Osterkappeln, dans l’oolithe (bathonien d'Orb.).
7. PECTEN SATURNUS.
(PI. XXIX, fig. 4.)
PECTEN SATURNUS. D'Orb , 1850, Prodr., t. I, p. 284.
P. testà ovato-orbiculari, convexd, subaequivalvi, costulis radiantibus, ar-
cuatim divergentibus, creberrimis, hinc indè dichotomis, striis interstitialibus
punctatis ; auriculis inaequalibus, concentricè strialis, radiatim punctato-
strialis.
Dimensions. — Longueur 21 mill.; hauteur 23 mill.
Description. — Coquille subéquivalve, légèrement oblique , ovale-orbi-
culaire, médiocrement convexe; valves ornées de fines côtes divergentes,
arquées, très-nombreuses, rarement dichotomes, séparées par des stries
marquées de points enfoncés; oreillettes inégales, l’antérieure rectangu-
laire, sinueuse à la base, marquée de lignes concentriques peu saillantes ,
croisées par des séries divergentes , parfois dichotomes, de points enfon-
cés , allongés : la postérieure paraît avoir été obtuse et petite; mais nous
n'avons pu en distinguer le dessin.
Quand la partie extérieure du test a disparu, le reste est muni de stries
concentriques très-fines.
Rapports et différences. — Cette espèce diffère du P. arcuatus de la craie
par ses oreillettes et ses côtes divergentes, au moins trois fois plus nom-
breuses. ;
Localités. — Elle a été trouvée à la base du calcaire de Longwy, au sud
216 DESCRIPTION DES FOSSILES
de Halanzy. C’est probablement l'espèce de M. d'Orbigny, laquelle paraît
être commune dans le bajocien à Conlie, à Mamers, à S'-Maixent, à Géni-
veaux, etc.
8. PECTEN PERSONATUS.
(PI. XX VIE, fig. 4.)
PECTEN PUMILUS? Lam., 1819, Ænèm. s. vert., t. VI, p. 185.
— PERSONATUS. Goldf, 1850, in Ziet., Furt., pl. 52, fig. 2.
— PUMILUS® Desh., 1856, in Lam., Anim. s. vert., 2° édit., t. VIT, p. 161.
— persONATUS. Goldf., 1858, Petref., pl. 99, fig. 5.
— parapOxus? Münst., in Goldf. &., pl. 99, fig. 4.
— PUMILUS. D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 257.
— PERSONATUS? Mor. et Lyc., 1855, Moll. fr. great ool., p. 11, pl. 1, fig. 17.
P. testà aequilaterali, subaequivalvi, suborbiculari, subconvexà, tenui;
valvis internè costis radiantibus 11-14 notatis, dextrà concentricè subtilis-
simè strialä, sinistrà concentricè striatà, radiatim costulatä; costis crebris,
inaequalibus ; auriculis inaequalibus, obtusanqulis, concentricè striatis.
Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 14; — 100 : 108.
Description. — Coquille de petite taille, équilatérale, presque équivalve,
peu convexe, suborbiculaire, mince; valves munies de 11 à 14 côtes
internes rayonnantes, la droite lisse, ornée seulement de stries concen-
triques extrêmement fines et serrées; la gauche munie de stries concen-
triques un peu plus marquées que celles de la valve droite, et de petites
côtes rayonnantes, nombreuses, inégales et inégalement distantes, ou par-
fois presque alternes, les plus petites n’arrivant pas jusqu'au sommet;
oreillettes inégales, obtuses, marquées de stries concentriques; la pos-
térieure petite, l’antérieure grande, arrondie en avant, sinueuse à la base,
l’angle antérieur-supérieur dépassant le sommet du corps de la coquille.
On compte environ une trentaine de côtes, remarquables par leur irré-
gularité : en effet, elles diffèrent ordinairement de grosseur, de longueur
et d’espacement; parfois plusieurs se succèdent assez semblables, d’au-
res fois elles alternent, ou bien elles sont rapprochées deux à deux, même
sur une seule valve.
Observations. — Quoique la figure de cette espèce donnée par Zieten ne
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 217
soit pas très-fidèle, et que Goldfuss ne cite pas cet auteur où son espèce à
été décrite pour la première fois, il nous semble impossible de ne pas la
considérer comme appartenant au P. personatus de Goldfuss. Le P. paradoxus,
Münst., s’en distinguerait par une côte interne de moins, des stries concen-
triques beaucoup plus faibles, et quelque différence dans les oreillettes ;
nous pensons cependant qu’on pourrait difficilement l’en séparer, malgré
la différence de terrain : les ornements de la valve gauche de nos échan-
tillons sont moins prononcés que dans la figure que Goldfuss a donnée de
l'espèce que nous venons de décrire; ce rapprochement, d’ailleurs, est
déjà indiqué par M. d’Orbigny. Le P. pumilus, Lam., est probablement
la même espèce, mais il est trop imparfaitement décrit pour que nous
puissions adopter ce nom. Nous séparerions volontiers l'espèce que
MM. Morris et Lycett viennent de décrire, en la rapportant avec doute au
P. personatus.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce tout à fait à la base du
calcaire de Longwy, près de Grand-Cour et de Halanzy. Elle appartient à
cet étage, où elle est mentionnée par Zieten à Wasseralfingen, par Goldfuss,
dans la même localité, à Græfenberg et à Besançon; et au lias supérieur,
où Goldfuss l’a rencontrée à Banz, à Amberg, à Gundershofen. M. d'Or-
bigny la rapporte à l'étage toarcien, et la cite à Saint-Maixent, outre les
localités ci-dessus.
Genre PLICATULA, Lamarck.
Testa affixa, inaequivalvis, inacquilateralis , inauriculata, apice altenuata,
margine infero rotundata, subplicata ; nates inaequales; cardo dentibus duo-
bus validis in uträque valvd ; fovea intermedia ligamentum penitüs internum
recipiens ; impressio muscularis unica, centralis.
Coquille inéquivalve, inéquilatérale, non auriculée, épaisse, adhérente,
rétrécie au sommet, arrondie et légèrement plissée au bord inférieur ;
sommets inégaux; charnière composée de deux fortes dents sur chaque
valve, et d’une fossette intermédiaire recevant un ligament interne; une
impression musculaire centrale ou subcentrale.
Tome XXV. 25
218 DESCRIPTION DES FOSSILES
Ce genre a paru pour la première fois lors de la formation du Mus-
chelkalck de S'-Cassian, et s’est perpétué, toujours pauvre en espèces,
jusqu’à l’époque actuelle, où il est représenté dans les mers d'Amérique.
PLICATULA SPINOSA.
(PI. XXXI, fig. 4)
Harpax. Park., 1811, Org. rem., t. IL, p. 221, pl. 12, fig. 14-18.
PuicarTuLa spinosa. Sow., 1819, Min. conch., t. IL, p. 79, pl. 245.
— — Phill., 1829, Forksh., pl. 14, fig. 15.
Pcacuxa NopuLosa. Ziet., 1850, Wurt., pl. 44.
P£ICATULA _ Roem., 1856, OoL., pl. 74.
— sPiNosa. Goldf., 1857, Petref., t. Il, pl. 107, fig. 1.
= TEGULATA. Münst. in Goldf., +b., fig. 4.
— SPINOSA. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 70, pl. 25, fig. 4.
= — D'Orb., 1850, Prodr.., t. I, p. 220?, 258.
P. testà obliquè ovali, umbone aflixa ; valvä dexträ convexd, sinistrà plana,
uträque concentricè squammosd, lamellis in spinas exeuntibus, costas non-
nunquâm ramosas efformantibus.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 40; épaisseur 14 — 100:
154 : 47.
Description. — Coquille plus ou moins oblique, ovale, élargie vers le
bas, fixée par le sommet; valve supérieure plane, l’inférieure convexe,
toutes deux ornées de côtes concentriques , écailleuses, portant de nom-
breuses épines courtes, plus ou moins imbriquées, plus ou moins sail-
lantes, dont la succession forme des plis rayonnants, irréguliers, souvent
dichotomes, mais sans ordre.
Observations. — Cette espèce varie notablement quant à ses dimensions
relatives et à l'aspect de ses ornements ; tantôt les épines sont faibles et les
côtes concentriques prédominent; tantôt c’est l'inverse, et les plis rayon-
nants sont très-marqués; ceux-ci sont irréguliers et en nombre variable.
Elle est surtout sujette à varier d'épaisseur.
Nous y rapportons avec quelque doute l'espèce figurée par Zieten : les
différences ne nous paraissent pas suffisantes pour l'en séparer. Mais faut-il
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 219
y réunir, avec M. d'Orbigny, les PL. sarcinula et ventricosa, Münst. (in Goldf.),
auxquelles se rapporte peut-être l'espèce de Phillips ?
Localités. —- Cette espèce caractérise la partie supérieure de l'étage du ma-
cigno d’Aubange; on la trouve abondamment dans beaucoup de localités,
à Aubange, à Halanzy, à Ville, à Grand-Cour, à Aïx-sur-Cloix , etc. Sowerby
l'indique dans le lias moyen et supérieur du Gloucestershire et du Nor-
thamptonshire; l'espèce de Phillips provient du lias inférieur de Robin-
’s-Hood-Bay, etc. Goldfuss la signale dans le lias inférieur de Baireuth et
du Wurtemberg; Zieten, dans le lias moyen et supérieur, près de Pliensbach,
de Gross-Eislingen; M. Roemer, dans le lias supérieur près de Goslar.
M. d’Orbigny l'indique dans un grand nombre d’endroits du lias inférieur
et du lias moyen de France; les localités susmentionnées du lias supérieur
étant placées dans le lias moyen, il faut remarquer qu’il y réunit les qua-
tre espèces décrites dans Goldfuss.
Genre OSTREA, LinNé.
Osrnea , Lin.
Osrrea et Grypnara, Lam.
— — et Exocyra, Say.
Testa affixa, irreqularis, inaequivalvis; umbones distantes, aetale valdè im-
pares; cardo edentulus; fovea cardinalis ligamentum semi-internum recipiens,
in valvi inferiore nunnunquäm longior, pariter atque umbo crescens.
Coquille adhérente, irrégulière, inéquivalve, à sommets distants, deve-
nant très-inégaux par l’âge; charnière dépourvue de dents; fossette car-
dinale recevant un ligament demi-interne, quelquefois plus long sur la
valve inférieure, et croissant avec le crochet.
Corps comprimé, plus ou moins orbiculaire; manteau à bords épais,
libres, rétractiles, pourvus de deux rangs de filaments tentaculaires courts
et nombreux; deux paires d’appendices labiaux triangulaires et allongés;
un muscle adducteur subcentral.
Ce genre, dont on retranche aujourd’hui beaucoup d'espèces que Linné
220 DESCRIPTION DES FOSSILES
y comprenait, et auquel nous réunissons, d’après MM. Deshayes, d’Or-
bigny et plusieurs autres savants, les gryphées et les exogyres, contient
encore un grand nombre d'espèces dont la première a apparu à l’époque
carbonifère (M. De Koninck); on en trouve dans tous les terrains plus
récents, et un bon nombre vivent encore dans les mers actuelles.
1. OSTREA IRREGULARIS.
(PL. XXXI, fig. 5.)
OSTREA IRREGULARIS. Münst. in Goldf,, 1855, Petref., pl. 79, fig. 5.
— LAEVIUSCULA. Münst., ib., db., fig. 6.
— UNGULA. Münst., 1855, Zand., 525 (jeune).
— SEMICIRCULARIS. Roem., 1856, Oo!., pl. 5, fig. 9.
— IRREGULARIS. D'Orb., 1850, Prodr., 1. 1, p. 258.
— INTERMEDIA. Terq. (Ms.), 1853.
O. testä admodim variabili, saepiùs concentricè lamelloso-striatà ; valva
inferiore umbone vel ferè totà superficie sessili, lateribus ascendentibus ; valva
superiore plan vel subconvexä.
Description. — Coquille de forme très-variable, ovale-triangulaire, ovale
ou arrondie, couverte de stries d’accroissement parfois très-fortes et lamel-
leuses, parfois peu marquées; valve inférieure fixée par le sommet seu-
lement, et alors médiocrement, ou même peu convexe, ou bien par une
partie plus ou moins grande de sa surface, quelquefois presque par sa
totalité; bords relevés également dans le jeune âge, tandis que, plus tard,
le bord droit prend souvent plus d’accroissement, ce qui rend la coquille
très-irrégulière; valve supérieure ordinairement convexe, surtout près du
sommet, assez souvent plane, parfois même concave; impression du liga-
ment triangulaire, striée transversalement, divisée en trois parties, dont
la moyenne est la plus large.
Observations. — À l'exemple de M. d’Orbigny, nous réunissons les O. irre-
gularis et laeviuscula de Münster. Goldfuss les distingue par la surface lamel-
leuse ou lisse, et la valve supérieure plane ou plane-convexe. Dans les
nombreux individus que nous avons recueillis dans les mêmes couches et
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 291
,
les mêmes localités, nous avons trouvé tant de variétés qu’il est presque
impossible de distinguer par là deux espèces différentes. Quant aux sillons
rayonnants signalés par Goldfuss, nous les avons vus si variables et si peu
marqués, ce savant les dit si imperceptibles, que nous n'avons pu voir là
de caractère spécifique. Les O. semicircularis et intermedia ne sont que des
variétés. Le test est parfois d’une épaisseur considérable, et, surtout alors,
profondément lamelleux.
Localités. — Cette espèce se trouve communément et quelquefois en grande
abondance dans les couches liasiques inférieures de Belgique. Ainsi, nous
l'avons trouvée dans le grès de Martinsart, en empreintes; dans la marne
de Jamoigne, au sud d’Attert, au nord d’Étalle, à Jamoigne, à Moyen, à
Se-Cécile, à Izel, etc.; et dans le grès de Luxembourg, à Lime, à Fouche,
à Guirsch, à Gérouville, etc.; à Hettange (Moselle). On la trouve encore
en France dans le Cher et le Calvados ; M. d'Orbigny la place à tort dans
l'étage liasien, contre l'opinion de Goldfuss et de M. Roemer, le premier
la signalant dans les marnes et les calcaires liasiques de Linz et d’Am-
berg; le second dans les couches inférieures du lias.
2, OSTREA ARCUATA.
(PL XXXIL, fig. 4,5.)
Bourguet, 1742, Petref., pl. 15, fig. 92.
Walcott, 1779, Desc. of. Petref. near Bath, p. 51, fig. 34
Encycl., 1789, pl. 189.
GRYPHAEA ARGUATA. Lam., 1801, Syst. des an. s. v., p. 598.
_ — Park., 1811, Org. rem., t. IL, p.209, pl. 59, fig. 4.
— INCURVA. Sow., 1815, Min. conch., t. II, p. 35, pl. 112, fig. 1, 2.
_ ARCUATA. Lam., 1819, An. s. vert., t. VI, p. 198, n° 4.
— INCURVA, Defr., 1829, Dict. des sc. nat., t. XIX, 556.
— ARCUATA. De Bl., 1825, Malac., pl. 59, fig. 4.
_ axcunva. Ziet., 1850, Wurtemb., p. 65, pl. 49, fig. 1.
— ARCUATA. Desh. 1851, Coq. caract., p. 98, pl. 12, fig. 4-6.
— — Goldf., 1855, Petref., pl. 84, fig. 1, 2.
— = Roem., 1856, Ool., p. 62.
— — Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 61, pl. 18, fig. 5.
OsrREs — Desh., 1849, Tr. de Conch., pl. 56, fig. 8, 9.
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 220.
+ GrypnArA SuILLA. Schl,, Goldf, 1855, pl. 85, Gg. 5, a, b.
222 DESCRIPTION DES FOSSILES
GRYPHAEA SUILLA. Roem., 1856, Ool., p. 65.
_ OVALIS. Ziet., 1850, Furtemb., pl. 49, fig. 1.
? — mcurva, var. lata. Ziet., ib., db., ib., fig. 2.
B — OBLIQUATA. Sow., 1815, Min. conch., 1815, t. II, p. 24, pl. 112, fig. 5.
— Mac-Cuzcocni. Sow., 1826, 4b., 1. VI, pl. 547, fig. 1, 2, 5.
— OBLIQUATA. Goldf., 1854, Petref., t. IT, pl. 85, fig. 2.
— LAEVIUSCULA. Ziet., 1850, F'urtemb., pl. 49, fig. 4.
O. test ovato-oblongä, valdè recurva , subsymmetricä ; apice obliqud, trans-
versim rugosà, anticè sublobalä, sulco laterali distincto intrà apicem excur-
rente; umbone magno, regulari, intorto; valvä superiore minimä, operculari,
pland.
Description. — Coquille épaisse, presque symétrique, ovale-oblongue,
allongée, légèrement oblique; valve inférieure grande, fortement et ré-
gulièrement arquée , presque lobée latéralement par un sillon, ordinaire-
ment bien marqué, partant du crochet; crochet pointu, incliné fortement
en dessus et plus ou moins en avant, contourné, portant ordinairement
une très-petite surface d’adhérence; insertion du ligament triangulaire,
étroite, trilobée, finement striée en travers ; impression musculaire arron-
die; surface extérieure couverte de stries d’accroissement ridées , lamel-
leuses, surtout chez les jeunes individus, tandis que, chez les vieux,
ce sont des sillons irréguliers, sinueux dans la dépression latérale. Valve
supérieure petite, aplatie, operculiforme, irrégulièrement oblongue , peu
épaisse, légèrement concave en dehors; bord supérieur tronqué, épaissi
à la surface d'insertion du ligament, qui est triangulaire, non trilobée,
circonscrite par un sillon; impression musculaire petite, arrondie ; surface
extérieure couverte de stries concentriques lamelleuses; bords un peu
épaissis, coupés perpendiculairement.
Variétés. — Nous y réunissons, comme simples variétés, à cause des
passages, les formes suivantes :
Var. « suilla Schl. Elle est caractérisée par sa forme plus ou moins
orbiculaire, son test mince et surtout par la petitesse de son sommet, qui
est légèrement oblique et tronqué. Nous y rapportons la G. ovalis, Ziet.,
que M. d’Orbigny considère comme synonyme de l'O. cymbium.
Var. 8. obliquata, Sow. Cette variété se distingue du type par une dé-
DES TERRAINS SECONDAIRES DE LUXEMBOURG. 223
pression latérale à peine marquée, et surtout une obliquité prononcée.
Localités. — Cette espèce est assez répandue dans les couches liasiques
inférieures du Luxembourg. Nous l’avons rencontrée 1° dans la marne
de Jamoigne, à Florenville, à Izel, à Muno, etc.; 2° dans le grès de Luxem-
bourg près de Belmont, à Gérouville et à Lime; 5° dans la marne de
Strassen où elle est commune à Waltzing, à Bonnert, à Guirsch, à Fre-
lange, etc. La variété « se trouve surtout dans la marne de Strassen.
L’O. arcuata est une des espèces les plus répandues et les plus carac-
téristiques du lias inférieur, dans lequel on la rencontre dans un grand
nombre de localités de France, d'Angleterre et d'Allemagne.
5. OSTREA CYMBIUM.
(PL. XXXUII, fig. 4, 2; pl. XXXIV, fig. 1.)
Knorr, 1768, Petref., 2° part, B, 1, d, pl. 20, fig. 7
Encyclopédie, 1789, pl. 189, fig. 1, 2.
GRYPHAEA CYMBULA. Lam., 1801, Syst., p. 598.
— CYMBIUM. Lam., 1819, An. s.vert., t VI, p. 198, n°5.
= GIGANTEA. Sow., 1825, Min. conch., t. IV, p. 127, pl. 591.
— DEPRESSA. Phill., 1829, Yorksh., pl. 14, fig. 7.
— Mac-CurLcocan. Ziet., 1850, Wurt., pl. 49, fig. 5, a, b, c.
= CYMBIUM. Desh., 1851, Coq. caract., p. 96, pl. 19, fig. 1, 2.
= — Goldf., 1850, Petref., pl. 84, fig. 5,5.
En — Roem., 1856, Oo!., p. 60.
OSTREA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 258.
GRYPHAEA LOBATA. Buv., 1855, Géol. de la Meuse.
O. test& ovato-oblongä vel suborbiculari; valv& superiore concavä, con-
centricè striatà ; inferiore naviculari, concentricè lineatà et striatà ; sulco
laterali infrà apicem excurrente ; umbone magno, involuto vel unciformi.
Description. — Coquille de forme très-variable, ordinairement ovale-
oblongue, mais parfois large et arrondie, souvent presque équilatérale,
rétrécie vers le sommet; valve supérieure épaisse, concave, striée con-
centriquement ; valve inférieure épaisse, naviculaire, plus ou moins pro-
fonde, à bords amincis, lamelleux, à sommet développé, plus ou moins
recourbé en haut et en avant, au-dessus de la valve supérieure, sans la
toucher; surface d’adhérence de largeur variable, quelquefois à peine
224 DESCRIPTION DES FOSSILES
visible; surface extérieure marquée de stries concentriques lamelleuses,
portant un sillon latéral plus ou moins fort, souvent indistinct, n’attei-
gnant pas le sommet.
Observations. — Cette espèce varie beaucoup, surtout par sa largeur et
par son crochet; parfois ovale-allongée, elle peut devenir presque circu-
laire ; non-seulement le crochet varie de direction en même temps que la
coquille devient plus ou moins inéquilatérale, mais encore sa courbure
est plus ou moins forte, sans que jamais il atteigne la valve supérieure
qu'il dépasse; enfin, la convexité de la grande valve est fort variable.
Rapports et différences. — Les nombreuses variétés de cette espèce pour-
raient quelquefois la faire confondre avec l'O. arcuata et l'O. dilatata ; on
la distinguera de la première par son épaisseur moindre, surtout près du
crochet, qui n’atteint jamais la valve supérieure, et par le sillon latéral,
toujours moins marqué et disparaissant avant d'atteindre le sommet. On
ne la confondra pas avec la seconde, en observant qu’elle est souvent
moins large et moins épaisse vers la région du crochet, et que le bord
antérieur n’est jamais autant dilaté.
Le G. lobata, Buv. ne nous paraît être qu’une variété, de mème que la
G. depressa, Phillips.
Localités. — Cette espèce se rencontre chez nous dans le lias moyen,
depuis le sable inférieur jusqu’à la partie supérieure du macigno d’Au-
bange; on la trouve dans le sable, entre Virton et Belmont, aux environs
de Se-Croix, à Somme-Thonne, etc.; dans le schiste d’Aubange, près
d'Ethe; dans le macigno, à Aubange, à Halanzy, à Virton, etc.
D’après M. d’Orbigny, on la trouve en France dans le lias moyen du
Calvados, du Cher, des Deux-Sèvres, de la Moselle. Sowerby l'indique à
Ilminster, dans l’oolithe inférieur (probablement lias moyen), tandis que
M. Phillips la dit commune dans le lias moyen. En Allemagne, Goldfuss
la cite dans le lias moyen à Banz, à Baireuth, à Altdorf, etc. D'un autre côté,
M. Roemer l'indique dans le Coral-rag près de Heersum ; M. Deshayes,
dans l’oolithe supérieur et, d’après M. Brongniart, dans l'argile de Dives?
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 225
4. OSTREA POLYMORPHA ?
(PL XXXIV, fig. 2.)
GRYPHAEA POLYMORPHA? Munst. in Goldf., 1855, Petref., pl. 86, fig. 1.
OSTREA = D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 285.
O. testä, tenui, suborbiculari, dextrorsum dilatatä, undulato-striatà :
valvä inferiore umbone minore, lobo laterali indistincto; superiore orbicu-
lari, concavä, lamellosä.
Description. — Nous rapportons à cette espèce des coquilles suborbicu-
laires, minces, un peu dilatées à droite; à valve inférieure munie d’un
crochet très-petit, très-peu saillant, à bords légèrement dilatés et lamel-
leux près du sommet, assez régulièrement convexe, légèrement ondulée,
striée; à valve supérieure arrondie, concave extérieurement, lamelleuse
vers les bords, à talon coupé presque perpendiculairement.
Observation. — Nous avons toujours trouvé les deux valves séparées.
Rapports et différences. — Voisine de l'O. dilatata, elle s’en distingue par
sa forme, son test beaucoup moins épais, à bord beaucoup moins dilaté,
et par son crochet très-petit, à peine recourbé.
Localités. — Cette espèce s’est rencontrée dans l’oolithe ferrugineux de
Mont-S'-Martin, à Mont-S'-Martin, à Piedmont et à Coulmy (Moselle).
Goldfuss l'indique dans l’oolithe de Streitberg; M. d’Orbigny, à Mamers,
à Geniveaux, dans l’étage bajocien.
5. OSTREA PHAEDRA.
(PI. XXXV, fig. 1.)
OSsTREA PHAEDRA. D'Orb., Prodr., t. I, p. 285.
O. testé tenut, inaequilaterali; valvd inferiore convexd, obliquè ovato-tri-
gonû, sublamellosä, posticè sulco laterali ab umbone excurrente lobatä ; um-
bone recurvo; valvä superiore subtrigonä, tenui, marginibus incrassatis ,
2 ] »
lamellosis, posticè plicato-lobata.
,
Coquille assez mince, inéquilatérale; valve inférieure convexe, pro-
Tome XXV. 29
226 DESCRIPTION DES FOSSILES
fonde, obliquement ovale-triangulaire, presque lisse? sublamelleuse, à
bord inférieur épaissi; crochet médiocre, mais très-recourbé en haut et
en arrière; une dépression postérieure prononcée part du sommet et dé-
termine une sorte de lobe; impression musculaire presque carrée. Valve
supérieure triangulaire-arrondie, fort mince, à bords coupés perpendi-
culairement et épaissis, surtout au talon; surface extérieure fortement
concave, marquée de stries divergentes, interrompues par des ondula-
tions concentriques, lamelleuse près des bords, relevée en arrière par un
pli très-marqué, partant du sommet, et déterminant un petit lobe légère-
ment concave.
Observation ; localités. — Nous croyons pouvoir rapporter à cette espèce
deux valves inférieures trouvées dans l’oolithe ferrugineux de Mont-S'-
Martin, dans la vallée du Coulmy, non loin de Longwy; et une valve
supérieure trouvée à Piedmont, dans la même couche. M. d’Orbigny l'in-
dique dans l’étage bajocien, à Moutiers, à S'-Maixent , à Draguignan, etc.
G. OSTREA SANDALINA.
(PL. XXX, fig. 7.)
OSTRAGITES sEssiL1s? Schl., Petref., p. 237 (part.).
OSTREA SANDALINA. Gold., 1854, Petref., pl. 79, fig. 9.
— — Roem., 1856, Ool., p. 61.
— = D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 575.
« O. socialis testà variabili, ovatä vel oblongä, tenui, umbone antrorsum
vel retrorsüm incurvo; valvä superiore undulato-rugosü , inferiore lateribus
undulato-striatä, umbone vel totà superficie sessili. »
Description. — Coquille sociale de petite taille, mince, de forme très-
variable, arrondie, ovale ou oblongue, adhérente par toute la valve infé-
rieure , par une partie plus ou moins grande de sa surface, ou seulement
par le sommet; valve supérieure ondulée , rugueuse , l’inférieure ondulée-
striée sur les bords, à sommet très-variable, recourbé en avant ou en
arrière.
Rapports et différences. — Cette espèce est peu distincte de l'O. irregularis;
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 227
elle s’en sépare cependant par sa taille toujours plus petite et par la min-
ceur de son test.
Localités. — Les individus que nous y rapportons ont été trouvés dans
le calcaire de Longwy, près de cette ville, à Romain et à Cosne-(Moselle).
Goldfuss l'indique à Hildesheim et à Goslar, dans l’oolithe inférieur, et
à Streitberg, à Graefenberg, à Thurnau, à Osterkappell et à Lübke (dans le
même terrain?). Roemer rapporte ces localités au Coral-rag supérieur (sans
doute à tort : son Coral-rag ne nous paraît pas correspondre exactement à
celui des auteurs); il la mentionne, en outre, à Knebel, au Golgenberg
et à Wendhausen, et dans l’oolithe inférieur, au pied du Golgenberg.
M. d’Orbigny, qui cite M. Roemer, n'indique aucune de ses localités, et
place celles de Goldfuss dans l’oxfordien, terrain dans lequel il cite cette
espèce à Neuvizi (Ardennes).
7. OSTREA ACUMINATA.
(PI. XXXII, fig. 6.)
OSTREA ACUMINATA. Sow., Min. conch., 1818, t. Il, p. 82, pl. 155, fig. 2, 5.
— — Roem., 1859, Ool., suppl., p. 26, pl. 18, fig. 16.
— — D'Orb., 1850, Prodr.., 1.1, p. 515.
— — Mor. et Lyc., 1855, Moll. from great oolite, p. 5, pl. 1, fig. 1.
O. testé tenui, ovato-oblongä, lateraliter subarcuatà, apice acuminatä,
umbone affixa ; valvd superiore plano-concavt, laevi, marginibus sublamel-
losis, inferiore convexd , laevi, subundulatä, marginibus acutis ; umbonibus
subaequalibus.
Dimensions assez variables. — Longueur 15-20 mill.; largeur 6-10.
— 100 : 40-50.
Description. — Coquille de petite taille, mince, de forme ovale-oblon-
gue, plus ou moins arquée, fixée par le sommet, qui est rétréci. Valve
supérieure plane ou légèrement concave dans sa plus grande partie,
convexe près du sommet; impression du ligament large, enfoncée dans
son milieu; impression musculaire ovale-arrondie, située au-dessus du
milieu et en avant. Valve inférieure peu profonde; bord antérieur droit
ou, plus souvent, concave; bord postérieur ordinairement subsemicireu-
228 DESCRIPTION DES FOSSILES
laire; impression du ligament plus ou moins triangulaire, striée trans-
versalement avec une dépression médiane; impression musculaire arron-
die, située comme dans l’autre valve; surface d’adhérence plus ou moins
petite; sommets des valves presque égaux.
Toute la surface est lisse; les anneaux d’accroissement ne forment que
de légères stries onduleuses, à peine visibles; les bords de la valve infé-
rieure sont minces et tranchants; ceux de l’autre valve, un peu épaissis,
sublamelleux. La courbure de la coquille dans le plan des valves, ordinai-
rement bien marquée, l’est parfois fort peu, et la coquille est presque équi-
latérale; la courbure dans le plan perpendiculaire est le plus souvent nulle.
Localités. — Commune dans le calcaire de Longwy, aux portes de cette
ville, au moins dans les marnes sableuses subordonnées, elle se retrouve
aux environs de cette ville, à Gosne, à S'-Pancré, etc. Elle se rencontre
en Angleterre dans le fuller’s-earth d’Ainhoe, etc. (Sow.) et dans le great
oolite (Mor. et Lyc.); en Allemagne, dans un calcaire ferrugineux (batho-
nien?), à Wetbergen (Roemer); en France, à Plame (Jura), à Marquise
(Pas-de-Calais) et à Nantua (Ain) (d'Orbigny); d’après ce savant, elle
caractériserait l’étage bathonien.
8. OsrRea Marsa.
(PI. XXXIV, fig. 5.)
Knorr, 1755, Petref., pl.8, D, S; n°57, D, 1.
Encyclopédie, 1791, pl. 185, fig. 6-11.
OSTREA DILUVIANA. Park., 1811, Org. rem., t. II, pl. 15, fig. 1.
— Mars. Sow., 1814, Min. conch., t. I, pl. 48.
FLABELLOÏDES. Lam. 1819, An. s. vert. t. VI, p. 215.
OSTRACITES CRISTA-GALLI. Schl., 1820, Petref., S. 242.
Osrrea Marsan? Phill., 1829, Forksh., pp. 112, 116, 125.
— FLABELLOÏDES. Ziet., 1850, Wurt., pl. 46, fig. 1; et 47, fig. 5?
— Marsan. Goldf., 1854, Petref., pl. 75.
— — Roem., 1856, Ool., p. 58.
— SPINOSA. Id, id, éd, pl. 5, fig. 5.
— Marsan. 1. Sow., 1857, Trans. geol. Soc. of London , 2° sér., t. V, p.528; pl. 22, fig. 9.
= = D'Orb., 1850, Prodr.., 1, p.542, eL 575.
O0. subsolitaria, test subaequivalvi, ovato-trigond, convexo-pland , crassd ;
plicis magnis, inaequalibus, acutis, subimbricatis.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 229
Description. — Coquille de grande taille, le plus souvent solitaire, sub-
équivalve, ovale-triangulaire, souvent pourvue d’un appendice rugueux
au côté antérieur près du sommet, très-épaisse, généralement plus haute
que longue. Valves présentant des plis irrégulièrement divergents, sim-
ples ou divisés, en nombre variable, commençant tantôt au sommet, tantôt
à quelque distance, très-forts, inégaux, tranchants, séparés par des sil-
lons anguleux; parfois légèrement arrondis, moins élevés et plus nom-
breux, mais toujours se relevant au bord inférieur, où ils se terminent en
dents aiguës et épaisses, engrenées avec celles de l’autre valve. Des la-
melles d’accroissement, plus ou moins nombreuses, rendent les plis plus
ou moins imbriqués. Les dimensions respectives sont variables, ainsi que
la forme, qui est ovale, triangulaire ou allongée.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'O. subcrenata,
(0. crenata, Goldf. non Gmel.) par ses plis plus nombreux et infiniment
plus forts et plus tranchants. Elle est facile à séparer des autres.
Localités ; observation. — Nous avons rencontré quelques individus dans
le calcaire de Longwy, près de cette ville. Sowerby indique cette espèce
dans le calcaire de Bedfort; mais dans le catalogue ajouté par M. Agassiz
à sa traduction française de la Mineral conchology, elle se trouve rapportée
à l’oolithe inférieur de lYorkshire. Phillips la mentionne dans l'argile
d'Oxford, le corn-brash, et le grand oolithe (gray limestone). Zieten a
figuré, sous le nom d’O. flabelloïdes, Lam., deux variétés provenant de Was-
seralfingen et du Stuifenberg, localités qui appartiennent à l’oolithe infé-
rieur. M. d'Orbigny, n’admettant l'O. Marshü que dans les étages callovien
et oxfordien, rapporte la première à l'O. Marshi dans l'étage callovien de
Wasseralfingen et dans l'étage oxfordien de Wasseralfingen et Stuifen-
berg ; il rapproche la seconde de l'O. subcrenata, Gold., sp., dans l'étage
bajocien de Stuifenberg; mais il a omis de remarquer que Zieten dit expres-
sément que ces deux variétés ont été recueillies dans les mêmes couches
sablonneuses de loolithe inférieur de ces localités. Goldfuss indique cette
espèce à Rabenstein, à Graefenberg, à Banz, à Wasseralfingen, et en Suisse
(non pas à Schweiz, comme on l’a dit), dans l’oolithe ferrugineux inférieur.
M. d'Orbigny replace ces localités dans l'étage callovien (sauf Banz qu'il
250 DESCRIPTION DES FOSSILES
ne cite pas). En France, ce dernier savant la cite à Villers (Calvados), à
Chaumont (Haute-Marne) et à Virieux (Sarthe); ainsi qu’en Angleterre, dans
l'Yorkshire, et dans l'Inde orientale; et à Neuvizi (Ardennes), à Grouville
(Calvados), à Wagnon (Ardennes) dans l'étage oxfordien. Ainsi il paraît
constant que cette espèce passe de l'étage bajocien à l’oxfordien; car, si
l’on veut élever des doutes sur notre détermination, toujours est-il que
Goldfuss et Zieten indiquent l'espèce dans l’oolithe inférieur, et M. d’Or-
bigny reconnaît que c’est bien celle de Sowerby, et, implicitement, que
celle de Zieten est bajocienne.
Genre ANOMIA, BRUGUIÈRE.
Anoma (part.), Mull., L., etc.
Anowa, Brug. et auct.
Ecuiox et Ecmioperma, Pol.
Testa irreqularis, inaequivalvis, operculo adhaerens, rotundata, tenuis
vel pellucida. Valva dextra affixa, plana vel concava, umbone emarginato
vel perforato operculum plerümque testaceum excipiens. V'alva sinistra supe-
rior, libera, convexa. Cardo edentulus; ligamentum breve. Impressio pal-
lealis integra ; impressio muscularis tripartita.
Coquille irrégulière, inéquivalve, operculée, adhérente par son oper-
cule, plus ou moins arrondie, assez mince et souvent translucide. Valve
droite fixe, plane ou concave, munie d’un trou ou d’une échancrure près
du sommet pour recevoir une pièce operculaire calcaire ou cornée. Valve
gauche supérieure, libre, entière, convexe. Charnière sans dent; ligament
court et épais. Impression palléale entière ; impression musculaire divisée
en trois parties.
Animal très-déprimé, ayant les bords du manteau libres et ciliés, recou-
vrant un double rang de branchies; anus libre. Pied rudimentaire, pédon-
culé, dilaté à l'extrémité. Muscle adducteur divisé en trois faisceaux, dont
le plus fort passe par un trou ou une échancrure de la petite valve pour
se fixer aux corps sous-marins par une pièce operculaire.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 251
Ce genre, tel qu'il a été limité par Bruguière, ne paraît pas avoir paru
avant le lias; ses espèces sont peu nombreuses et difficiles à caractériser.
comme le sont si souvent les coquilles fixes.
ANoMIA PELLUCIDA, Terquem. (Ms.)
A. valvä sinistrà depressä, suborbiculari, concentricè striata ; margine
cardinali recto; umbone marginali.
Dimensions. — Elle atteint près de 4 centimètres de longueur.
Description. — Coquille mince, presque circulaire; valve gauche très-
déprimée, marquée de stries ou de légères ondulations concentriques ,
tronquée à la région cardinale; sommet marginal peu marqué; valve
droite inconnue.
Nous en avons trouvé quelques individus fixés à la face interne des
valves d’une Pinna; on voit sur presque tous trois petites saillies inégales
qui sont, sans doute, les impressions musculaires, quoique leur grandeur
relative et leur position ne paraissent pas bien constantes.
Localités. — Nous l'avons rencontrée à Étalle, dans le grès de Luxem-
bourg: nous l'avons reconnue dans la collection de M. Terquem dont nous
acceptons le nom; ses échantillons viennent d'Hettange.
252 DESCRIPTION DES FOSSILES
MOLLUSQUES BRACHIOPODES.
Genre LINGULA. Bruc.
PareziaE (sp.), Linn., Gmel.
Pinna (sp.), Chemnitz.
Lincura, Brug., Lam., Cuv., etc.
Mynius (sp.), Dillwyn.
esta inaequivalvis, aequilateralis, ovata, vel oblonga; valvae plus minüsve
convexae, tenues, wmbones versüs saepits acuminalae, infernè explanatae,
edentulae ; umbones plus minüsve prominuli, minuti, pedunculo carnoso
affioci.
Animal déprimé, ovale ou plus ou moins allongé, compris entre les
deux lobes d’un manteau fendu dans toute sa moitié antérieure ou cépha-
lique, et portant des branchies pectinées adhérant à sa face interne;
bouche simple, ayant de chaque côté un long appendice tentaculaire,
cilié dans tout son bord externe, et se rétractant en spirale dans la
coquille.
Coquille inéquivalve (une valve plus convexe que l’autre), équilatérale,
ovale ou allongée, le plus souvent terminée en pointe vers les sommets,
élargie sur la région palléale, dépourvue de charnière ; valves réunies par
les muscles adducteurs, attachées aux corps sous-marins par un long pédi-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255
cule musculaire, sortant entre les sommets; la grande valve légèrement
échancrée à cet endroit pour sa sortie; bras charnus, sans support écail-
leux; deux impressions musculaires sur l’une des valves, quatre sur
l'autre; structure cornée, couverte par un épiderme.
Ce genre, peu nombreux en espèces, commence à paraître dans les
terrains primaires, se continue dans les formations subséquentes, et pos-
sède encore quelques représentants à l'époque actuelle.
4. Lincuza saccuzus, N.
(PL XXXV, fig. 4.)
L. test ovato-oblongä, subconvexd; marginibus umbones versus acumi-
natis, fronte rotundato ; umbonibus acutis ; valvis concentricè strialis ; striis
irregularibus, subundulatis , lateraliter majoribus.
Dimensions. — Hauteur 20 mill.; largeur 11; épaisseur 4 (?) — 100 :
5 : 20.
Description. — Coquille équilatérale, en ovale acuminé vers les som-
mets, assez convexe, la plus grande épaisseur se trouvant vers le centre
de la coquille; bords latéraux régulièrement et faiblement convexes, se
continuant sans former d’angle avec le bord frontal, qui est arrondi; les
bords latéraux acuminés en se rapprochant des sommets, et formant entre
eux un angle droit; les sommets sont aigus, saillants, dépassant le bord
marginal, un peu renflés vers la ligne médiane de la coquille. Valves peu
épaisses, striées sur toute leur surface; stries fines, irrégulières, un peu
onduleuses, plus fortement marquées vers les régions latérales, qui, par
là, semblent couvertes de fines côtes.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la L. Voltæ,
Terq.; elle s’en distingue par sa forme générale plus arrondie; d'autre
part, M. Terquem dit que la L. Voltzi est lisse près des bords cardinaux,
tandis que la L. sacculus est striée là comme ailleurs; une autre différence
consiste dans l’angle que font les bords cardinaux, manifestement obtus
dans la première, droit dans la seconde.
Toue XXV. 50
254 DESCRIPTION DES FOSSILES
Localité. — Cette espèce se trouve tantôt par valves isolées, tantôt la
coquille entière. Nous l’avons rencontrée dans le macigno d’Aubange, au
nord-ouest de Bleid, dans des blocs exploités comme pierres à paver. Les
valves présentent une couleur brune fortement teinte de violet.
2. LixcuLa LoNGo-viciEnsis.
(PL XXXV, fig. 5.)
LinGuca LoxGo-viciensis. Terquem, 1851, Bull. de la Soc. géol. de Fr., 1° série, t. VIII, p. 12.
L. testä ovatà, subdepressà, lateribus fronteque arcuatis; umbonibus mi-
nimis, Subprominulis; valvis concentricè tenerrimèque striatis, ferè pellu-
cidis.
Dimensions. — Hauteur 5 mill.; largeur 5 ; épaisseur (?).
Description. — Coquille équilatérale, en ovale régulier; bords latéraux
convexes et régulièrement arqués dans toute leur étendue; bord inférieur
ou front, également arrondi, et se continuant avec les bords latéraux sans
former d’angle, comme dans plusieurs autres espèces ; sommets extrême-
ment petits, faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal. Valves
minces, pellucides , légèrement déprimées , marquées sur toute leur sur-
face de stries d’accroissement fines, égales, souvent interrompues, mieux
marquées vers les bords latéraux.
Rapports et différences. — Les autres lingules liasiques, la Voltzü, Terq.
et Metensis, Terq., sont bien plus grandes que la Longo-viciensis, et leur
forme est moins régulièrement ovalaire.
Localités. — « Cette espèce se trouve en très-grande quantité, par
valves isolées, dans des blocs calcaires de la partie moyenne du lias; elle
accompagne le Monotis substriata, les Ammoniles communis, bifrons, Raqui-
mianus, à Gorcy, à Rodange. » (Terquem.) Les ammonites précités ne se
trouvent, en Belgique, que dans la marne de Grand-Cour, qui appartient
bien, dans la division géologique que nous avons suivie, au lias supérieur.
Nous avons rencontré la L. Longo-viciensis dans le schiste bitumineux ex-
ploité à Grand-Cour.
Nos plus grands échantillons mesurent 5 millimètres. M. Terquem dit
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255
qu’elle arrive rarement à 10; elle passerait facilement inaperçue, à cause
de sa petitesse, si sa couleur blanche éclatante ne la faisait trancher for-
tement sur la teinte sombre des feuillets schisteux.
Genre SPIRIFER , Sow.
Axoma, L. Lister.
Anowures, Martin, Wahlenb.
TeresraruuiTes et Hysrerozrrues , Schl.
Srrirer, Sow., Defr., De Buch, De Münst, De Kon.
Cuarisrires, Fisch,
Dezruynis, Dahlm., Kloeden, Goldf., Keferst., Roemer.
Cyr, Dalm., Br.
Tricoxorrera, Kænig, Br., Sandberg.
TereerarTuLa, Lam., Fér., BL, Desh., Nyst.
Propucrus (part.), Desh., Nyst.
Semairera, Phillips.
SririFER, SPIRIFERA , SPIRIFERINA , ete., d'Orb.
Testa inaequivalvis, inaequilaleralis ; valva convexa major, sinu mediano
longitudinali cum umbone nato, valva minor jugo correspondente munita ;
area tlriangularis, decussata, valvä superiore unicù constructa; apertura
triangularis, rard clausa; dentes quatuor, lamellis nunquäm sustentali;
brachia apposita.
Coquille inéquivalve, équilatérale, ordinairement transverse, plus ou
moins trigone et convexe, rarement lisse, le plus souvent munie de stries
ou de côtes. Grande valve convexe, parfois gibbeuse, divisée par un sinus
longitudinal médian, variable en largeur et en profondeur, correspon-
dant à un bourrelet de la petite valve ; crochet aigu et droit, quelquefois
recourbé et obtus, toujours tronqué; aréa triangulaire, plus ou moins
élevée, plane ou concave, formée aux dépens de la grande valve, et divisée
par une ouverture médiane triangulaire, toujours couverte par un delti-
dium échancré à sa base pour le passage des fibres pédonculaires. Petite
valve moins convexe, à bourrelet médian, à sommet peu développé, dé-
passant à peine le bord cardinal, qui est droit; charnière forte, trans-
verse, formée de deux dents divergentes limitant la base de l'ouverture de
256 DESCRIPTION DES FOSSILES
la grande valve, et placées dans des fossettes qui se trouvent de chaque
côté du crochet de la petite valve ; supports internes calcaires, formés de
deux lamelles s’élevant sous le bec de la petite valve, et formant une spi-
rale qui diminue en grandeur sous les angles cardinaux.
Ce genre, qui apparaît dans les couches siluriennes, prend un grand
développement dans les terrains primaires, et n’est plus représenté que
par quelques espèces dans le lias, où il se termine.
1. SpiRiFeR WaALcorri.
(PL XXXV, fig. 7.)
SPIRIFER WVALCOTTI. Sowerby, Min. conch., t. IV, p. 106, pl. 377, fig. 1, 2.
Derrayris OcroPLicaTus. Ziet., 1850, Wurt., pl. 58, fig. G.
— — Desh., 1856, Nouv. éd. de Lam., t. VI, p.374.
— WaLcorrTi. Roem., 1856, OoL., p. 56.
_ — De Buch, 1840, Classif. des Delth., Mém. Soc. géol. de Fr., K'* série, vol. IV., pl. X,
fig. 8.
— — Morris, 1845, Catalogue (fide Dav.).
— — Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 69, pl. 2, 5, fig. 1.
— — Deslong., 1847, Soc. linn. de Norm.
TRIGONOTRETA — Bronn, 1847, Lethaea geog., pl. 18, fig. 14.
TEREBRATULA — Desh., 1849, Tr. de Conch., pl. 59, fig. 9, 10; pl. 60, fig. 1, 2.
SPIRIFERINA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 221.
SPIRIFER — Davidson, 1851, Brit. Brachiop., p. WE, p. 25.
S. test variabili transversà, ventricosà; valv& rostrali in medio profundè
sinuatà , utrinquè 5-plicatä ; rostro plus minüsve incurvo.
Dimensions. — Long. 22 mill.; larg. 28 ; épaiss. 16; — 100 : 127 : 72,
Description. — Coquille de forme variable, plus large que longue,
épaisse, la plus grande largeur étant située à peu de distance de la char-
nière ; crochet plus ou moins recourbé; aréa bien limitée; deltidium de deux
pièces; bras spiraux et cloisons comme dans le S. rostratus; valves à sur-
face ponctuée et épineuse; petite valve munie d’un bourrelet médian et
de quatre plis de chaque côté, arrondis ; la grande valve présente un pro-
fond sinus correspondant et cinq plis de chaque côté.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement du S. ros-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 257
tratus, par son bourrelet et ses plis bien marqués, assez aigus et au nom-
bre de quatre de chaque côté.
Localités. — Ce Spirifer, abondant ailleurs, est assez rare chez nous:
nous l’avons rencontré dans la marne de Strassen, près de Walzingen et
de Bonnert. On le trouve dans le lias inférieur et moyen de France, d’An-
gleterre et d'Allemagne, dans un grand nombre de localités.
2, SPIRIFER ROSTRATUS.
(PL. XXXV, fig. 6.)
TEREBRATULITES ROSTRATUS. Schl., 1822, Nach.zür Petref., pl. XVI.
SPIRIFER ROSTRATA. Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 58, fig. 5.
— HaRTMANNI. Ziet, id. id., id, fig. 1.
= VERRUCOSA. Ziet., id. id., id., fig. 2.
= PINGUIS. Ziet., id. id., id, fig. 5.
DELTHYRIS VERRUCOSA. De Buch, 1851, Pétrif. remarq., pl. VIL, fig. 2.
— — Roemer, 1856, Ool., p. 56.
SPIRIFER MESOLOBA ? Phill. Deslong., 1857, Ann. de la Soc. linnéen. de Normandie.
DELTHYRIS ROSTRATUS. De Buch, 1840, C1. des Delth., Mém. de la Soc. géol. de Fr., 1sér., IV, pl X, fig. 24.
= VERRUCOSUS, De Buch, id., id., id., fig. 50.
— TUMIDUS. De Buch, id, id., id., fig. 29.
HARTMANNI. Quenstedt, 1845, Wurtemb., p. 181.
= VERRUCOSA. Quenstedt, ïd., id, p. 185.
— ROSTRATA. Quenstedt, id. id., p. 186.
SPIRIFER PUNCTATUS:. Buchmann, 1845, Geol. of Cheltenham, pl. X, fig. 7.
— LINGUIFEROÏDES et CHiLieNnsis. Forbes et Darwin, 1846, South Amer., pl. V, fig. 15-18.
— VERRUCOSUS. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 69, pl. 95, fig. 6.
— ROSTRATUS. Dav., 1847, Lond. geol. journ., t. 1, p. 109, pl. XVII, fig. 1-10.
— — Bronn, 1849, /nd. palaeont., p. 1181.
SPIRIFERINA VERRUCOSA. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 221.
— HaARTMANNI. D'Orb;, "10, "td, t. 1, p.239:
SPIRIFER TUMIDUS. Coquand et Bayle, 1850, Bull. de la Soc. géol. de Fr., 2 série, vol. VIE, p. 255.
— ROSTRATUS. Davidson, 1851, Brit. Brachiop., p. WI, p. 20, pl. IL, et pl. I, fig. 1.
S. testà rotundalo-trigont ventricosä ; sinu medio plus minüsve profundo ;
superficie laevi, undulatä vel plicatä; rostro plus mintsve prominente, incurvo
vel recto; ared sanè delimitata.
Dimensions. — Long. 50 mill.; larg. 32; épaiss. 28; — 100 : 106 : 95.
Description. — Coquille de forme très-variable, généralement arrondie
ou subtriangulaire, munie d’un sinus et d’un bourrelet plus ou moins pro-
noncés ; crochet développé, recourbé ou non; deltidium formé de deux
258 DESCRIPTION DES FOSSILES
pièces ; aréa bien limitée ; valves à surface ponctuée et épineuse jusqu'aux
bords de l’aréa, unie, ondulée , ou marquée de plis plus ou moins arron-
dis, qui s'étendent jusqu'aux sommets; trois lamelles dans l’intérieur de
» q q ;
la grande valve, la moyenne plus élevée et terminée en pointe; dans la
, 2
petite deux bras spiraux dirigés en dehors et réunis par une lamelle.
Observation. — Nous n'avons trouvé que quelques moules de cette es-
pèce; nous renvoyons, pour plus de détails sur les diverses formes et
l'intérieur, aux explications et aux magnifiques planches de M. Davidson.
Localités. — Nous n’avons rencontré cette espèce que dans le macigno
q
d’Aubange, à Aix-sur-Cloix et à Virton. On la trouve fréquemment en
S' »
Angleterre, en France, en Allemagne.
Genre TEREBRATULA, Lwhyd.
TereeratuLa (p.), Brug., etc.
Eviwuyrinae , Morris.
Teregratuza, d'Orb., Davidson, etc.
Testa inaequivalvis, punctala vel perforala, ovata vel rotundata, plus
minüsve convexa , laevis, nonnunquäm in adultis plicata vel costata ; libera
peduneulo tantivm carnoso affixa ; valva perforata major, rostrata, imperfo-
rala minor; rostrum truncatum, plus minüsve recurcum et prominens ;
area indistincla; apertura terminalis rotundata, ab alter valva deltidio du-
plici, wnbonem oblegente, sejuncta ; cardo dentibus duobus in imperforatà
valvû, in fossulis allerius intrantibus, et callo mediano prominente, sub del-
tidio inserto.
Coquille inéquivalve, testacée, de contexture ponctuée ou perforée, ovale
ou ronde, bombée ou déprimée, lisse, parfois munie de côtes ou de plis à
l’âge adulte; libre, fixée seulement par un pédoncule tendineux passant à
travers une ouverture de la grande valve. Valve perforée plus grande, l’autre
plus petite, ayant son sommet recouvert par le deltidium de la grande; cro-
chet tronqué transversalement, plus ou moins recourbé et saillant; ouver-
ture ronde, terminale, séparée de l’autre valve par un deltidium de deux
pièces qu'elle échancre plus ou moins; charnière composée de deux dents
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 259
sur la valve inférieure, engrenées dans deux fossettes de l'autre valve,
et d’une callosité médiane, saillant au delà du crochet et s’insérant sous
le deltidium; appareil interne formé sur la petite valve d’une callosité de
chaque côté de la charnière, desquelles partent des supports cartilagineux
ou testacés qui soutiennent les bras, et restent libres sans jamais se joindre
au fond de la valve. On remarque quelquefois une côte médiane longitu-
dinale sur le milieu de la grande valve, et deux impressions longues près
de la charnière.
Animal fixe, souvent déprimé, ayant les bords du manteau minces,
entiers, munis de cils courts; masse abdominale peu volumineuse, symé-
trique; bouche médiane; branchies vasculaires, ramifiées sur le manteau ;
bras ciliés, larges, coudés, libres à leur extrémité près de la bouche, fixés
sur des tiges lestacées ou cartilagineuses , placées en arc formant un appa-
reil apophysaire interne très-symétrique. Un muscle passe par l'ouverture
de la coquille pour la fixer.
Les térébratules sont abondantes dans les terrains paléozoïques ; elles
ont traversé tous les étages, et sont arrivées jusqu'à l’époque actuelle, où
elles vivent dans les mers de toutes les régions, mais toujours à de grandes
profondeurs.
4. TEREBRATULA SUB-PUNCTATA.
(PL. XXXVI, fig. 1.)
TEREPRATULA SUB-PUNCTATA. Dav., 1855, Brit. Brach., 1" part., p. 44, pl. 6, fig. 7-10, 12, 16?
— INGRATA. N., 1851 (MS.)
T. testà ovatà, laevi, medio latiore ; valvä minore parum convex, rostrali
convexû , obtusè carinatà ; umbone magno, rotundato, aperturà magnä trun-
cato, deltidium parvum divisum obtegente; ared mediocri, striatà, non li-
milatd.
Dimensions. — Longueur 50 mill.; largeur 20; épaisseur 15; — 100 :
66 : 50. Elle atteint parfois près de 4 centimètres de long.
Description. — Coquille de moyenne taille, ovale, lisse, finement ponc-
tuée, marquée d’anneaux d’accroissement prononcés. Petite valve ovale-
arrondie, généralement peu convexe, atteignant sa plus grande épaisseur
240 DESCRIPTION DES FOSSILES
vers le tiers de sa longueur, et, de là, s’abaissant rapidement vers le
front; bords latéraux descendant un peu plus bas que le bord frontal, de
sorte que, la coquille étant vue du côté du front, son bord est légèrement
infléchi. Grande valve ovale, convexe, renflée et très-obtusément carénée au
milieu, cette carène, ou plutôt, ce bourrelet s’atténuant insensiblement sur
la moitié frontale; crochet gros, saillant, arrondi, tronqué par une ouver-
ture assez grande, située dans le plan des valves, recourbé et cachant un
deltidium de deux pièces, formant un peu plus du quart du contour de
l'ouverture, moins long, mais plus large; arêtes cardinales se rejoignant
sous un angle d'environ 70°, se continuant insensiblement avec les arêtes
latérales ; assez marquées au sommet, elles deviennent bientôt très-obtu-
ses, et limitent fort mal une fausse aréa assez médiocre, striée. La plus
grande épaisseur est située avant la moitié de la longueur; la plus grande
largeur , vers le milieu.
Rapports et différences. — Cette térébratule nous avait paru distincte par
la faible convexité de sa petite valve, le crochet gros, recourbé, l'espèce
de carène de la grande valve, l'absence de tout pli, etc. Nous la réunis-
sons aujourd'hui à l'espèce décrite naguère par M. Davidson; elle n’en
diffère un peu que par l'épaisseur relative des valves. Nous prions les
personnes à qui nous l'avons communiquée sous le nom de T. ingrata, de
corriger cette dénomination.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans un banc de grès
peu cohérent, très-calcarifère, au sud d’Arlon; elle y est très-nombreuse.
Nous en avons retrouvé quelques échantillons à Weyler. Peut-être passe-
t-elle dans le macigno d’Aubange ; mais nos exemplaires ne nous permet-
tent pas de l’affirmer. Elle se rencontre dans le lias moyen près d'Ilmin-
ster, etc. (Dav.); en France, près de Caen (Dav. et Desl.); et en Espagne
(de Verneuil et de Lorière).
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 241
2, TEREBRATULA CAUSONIANA.
(PL XXXVI, fig. 2.)
TEREBRATULA CAUSONIANA ? D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 221.
T. testà pentagonali, laevi; valvis aequè sed parüm convexis, frontem ver-
sùs sinualo-depressis; fronte sinuato, biangulato ; rostro compressiore, in-
curvo; ared parvd; angulo cardinali 80°.
Dimensions. — Longueur 17 mill.; largeur 14; hauteur 8; largeur du
sinus 8 — 100 : 80 : 48 : 48.
Description. — Coquille lisse, de forme pentagonale, à angles latéraux
arrondis, à angles frontaux saillants. Valve ventrale convexe, atteignant
sa plus grande hauteur vers la moitié de la longueur ou auparavant,
munie de deux côtes peu distinctes sur les trois premiers quarts de la
longueur, fortement accusées vers le front, aux angles duquel elles abou-
tissent, séparées par une petite surface d’abord plane, mais notablement
déprimée vers le front; deux côtes insensibles aboutissant aux angles
latéraux ; arêtes cardinales se réunissant sous un angle de 115°. Grande
valve formant la moitié de l'épaisseur totale, portant des côtes semblables
à celles de la valve ventrale auxquelles elles correspondent. Arêtes cardi-
nales légèrement convexes, formant la moitié de la longueur; arêtes laté-
rales presque droites; arête frontale concave; angle des arêtes cardinales
de 80°; crochet petit, recourbé, aigu, très-comprimé, caréné sur les
côtés, tronqué par une ouverture assez petite, à demi embrassée par un
deltidium de deux pièces, qui n’est pas tout à fait deux fois aussi large
que haut; aréa petite, ne dépassant guère la moitié des arêtes cardinales,
bien limitée vers le crochet.
Observations. — Cette coquille, dont nous n'avons eu que quelques
échantillons, ne dépasse guère 16-17 millimètres de long; un des angles
du front est ordinairement mieux marqué que l’autre.
Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît bien distincte des
T. indentata, Sow., et vicinalis, Schl., par son aréa, par l'angle des arêtes
Tous XXV. 51
242 DESCRIPTION DES FOSSILES
cardinales, son épaisseur moindre et par l'épaisseur relative des valves.
Elle est plus voisine de la 7°. cornuta, Sow., dont elle paraît se distinguer
par son épaisseur, et surtout le crochet plus comprimé. Cest sans doute
l'espèce indiquée par M. d’Orbigny ({. c.), quoique la largeur du sinus
ne soit pas bien considérable.
Localités. — Nous tenons cette espèce de M. de Condé, qui la trouvée
dans la marne de Strassen, près d’Arlon, sur la route de Florenville.
M. d'Orbigny l'indique à Nancy, à Metz, près de Lyon, etc., dans l'étage
sinémurien.
5. TERERRATULA SUBBUCCULENTA , N.
(PI. XXXVI, fig. 4.)
TéREBRATULA BUCCULENTA ? Ziet., 1850, #Wurtemb., pl. 59, fig. 6 (non Sow.).
T. testä obovatä subpentagonä , medio latiore; fronte obtuso, haud emargi-
nalo, marginibus in adultis incrassatis ; valvä minore saepits subconvex ,
nonnunquäm ab umbone subdepressä ; valvä rostrali dorsatä; rostro incurvo,
compresso, truncato; aperturä ab umbone deltidio conspicuo separatà ; area
valdè distincta.
Dimensions moyennes. — Longueur 100; largeur 80; épaisseur 51; elle
atteint à peu près 50 millimètres de long.
Description. — Coquille de forme variable, ovale-subrhomboïdale, lisse,
de moyenne taille, finement ponctuée. Petite valve déprimée, peu épaisse,
parfois marquée d’une très-légère dépression médiane partant du sommet,
s’élevant rapidement jusqu'au tiers environ de sa longueur , atteignant son
maximum de hauteur avant la moitié, et s’abaissant ensuite insensiblement
jusqu’au front; bords à peu près dans un même plan, s’épaississant par
l’âge , les latéraux comme tronqués perpendiculairement, le front oblique-
ment. Grande valve convexe, munie d’un bourrelet marqué, s’atténuant vers
la région frontale, et de deux méplats latéraux, ou même, de deux dépres-
sions prononcées ; arêtes cardinales se rejoignant sous un angle à peu près
droit, se continuant avec les arêtes latérales par un angle arrondi; front
obtus, jamais émarginé; bords tronqués comme à l’autre valve; crochet
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 245
recourbé, comprimé, tronqué par une ouverture médiocre, laissant voir
un deltidium de deux pièces, environ deux fois aussi large que haut, dont
la hauteur égale à peu près le diamètre de l'ouverture; aréa grande, striée,
un peu excavée, limitée vers le dos par une carène tranchante qui se
termine en saillie au crochet, de sorte que l'ouverture semble faire partie
d’une surface cylindrique dont elle occuperait plus de la moitié de la cir-
conférence. La plus grande largeur de la coquille est au milieu de la lon-
gueur; la plus grande épaisseur, au même endroit, ou un peu plus près du
sommet.
Observation. — Nous croyons devoir séparer de la T. bucculenta, Sow...
l'espèce figurée avec doute par Zieten sous ce nom; mais il est moins facile
de dire si elle est la même que celle que nous venons de décrire. Celle-ci
nous paraît distincte des T. bucculenta et emarginata, Sow., quoique bien
voisine surtout de la dernière : elle n’est échancrée, ni sur le front, ni
sur les côtés; ses bords sont épaissis; la carène de la valve dorsale est
très-marquée ; la petite valve encore assez convexe; l’aréa parfaitement
limitée. L'ensemble de ces caractères nous paraît la caractériser suffisam-
ment.
Une variété caractérisée par une largeur moindre et une épaisseur plus
forte (voir fig. 4 d, e, f), se rapproche de la T. lagenalis, Sch]. Elle possède
tous les autres caractères de la forme type avec laquelle elle se trouve, et
diffère de l’espèce de Schlotheim par son crochet moins recourbé, ne
cachant pas le deltidium, et dont les bords sont carénés, limitant très-bien
l'aréa.
Localité. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy. Nous l'avons
rencontrée auprès de cette ville, où elle n’est pas rare, à Cosne, et au sud
de Halanzy. L'espèce de Zieten vient du calcaire jurassique (bajocien ?)
d'Aichelberg.
4. TEREBRATULA PEROVALIS.
(PI. XXXVI, ffg. 3.)
TERPBRATULA PEROVALIS. Sow., 1825, Min. conch., t. V, p. 51; pl. 456, fig. 2,5.
an INTERMEDIA. Ziet., 1850, Wurtemb., p.52; pl. 59, fig. 5.
244 DESCRIPTION DES FOSSILES
TEREBRATULA PEROVALIS. Desl., 1857, Soc. linn. de Norm. (fide Davidson).
— — De Buch, 1858, Térébr., p. 221, pl. 20, fig. 2.
— — Morr., 1845, Catal., p. 155.
— — ? Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 99, pl. 41, fig. 4.
— — Bronn, 1849, Znd. pal., p. 1245.
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 287.
— — Davidson, 1851. Brit. Brach., part. I, p. 51, pl. 10, fig. 1-6.
T. testä ovali, infra medium latiore, lateribus eleganter arcuatis; valva
minore in fronte scilicet costis 2 convexis, plus minüsve obsoletis notata ; valva
rostrali subsinuatä ; umbone incurvo, aperturd magnà truncato, deltidium
plus minüsve obtegente.
Dimensions. — Longueur 100; largeur 77 (82-71); épaisseur 51 (48-
D5). Elle atteint jusqu’à 5 centimètres de long.
Description. — Coquille de forme ovale, plus longue que large , médiocre-
ment épaisse, lisse, à stries d’accroissement peu marquées, sauf sur les
bords, à surface ponctuée. Valve imperforée s’élevant d’abord assez rapide-
ment, atteignant son maximum au premier quart ou un peu au delà, puis
s’abaissant insensiblement vers le front, portant deux plis médiocres ou
faibles, arrondis, séparés vers le front par un petit sinus qui paraît au
plus tôt vers le milieu de la longueur, et invisibles chez les jeunes individus,
où le bord frontal est à peine infléchi au milieu. Valve perforée, convexe,
obtusément carénée, surtout vers le crochet, ne portant de plis qu'après le
milieu, les latéraux étant toujours très-plats; bord frontal légèrement
sinueux ; arêtes cardinales et latérales se continuant en une courbe ovale
régulière; crochet grand, arrondi, recourbé; ouverture grande, presque
horizontale; deltidium de deux pièces, presque caché, beaucoup plus
large que haut et n’embrassant pas le quart de l'ouverture; aréa striée,
petite, mal limitée par des arêtes arrondies. La plus grande épaisseur est
située en avant du milieu de la longueur, et la plus grande largeur au delà.
Observations. — La T. intermedia, Ziet., (pl. 59, fig. 5), appartient sans
doute à cette espèce; elle est plus large et n’a que des traces de plis; la
valve dorsale parait moins carénée; mais nous avons des individus qui
atteignent à peu près cette largeur , ou qui n’ont guère plus de plis. Aussi,
à l'exemple de M. d'Orbigny, nous la réunissons à la T. perovalis. Quant
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 245
à la T. insignis, Schübler et Zieten (pl. 40, fig. 1), nous ne pouvons, avec
M. De Buch, la réunir à l'espèce de Sowerby, dont elle se sépare par
la largeur maximum dans la moitié inférieure, le deltidium d’une seule
pièce , etc.
Localités. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy; elle n'est
pas rare aux environs de cette ville; nous l'avons retrouvée dans le même
terrain à Grand-Cour et à Halanzy. On la rencontre dans les couches cor-
respondantes en Angleterre, à Dundry (Sow.); en France, à Avallon, à
S'-Maixent, à Niort, à Moutiers, à Athis, etc. (d’Orb.); dans le Würtem-
berg, à Wasseralfingen, au Stuifenberg et au Brauneberg (Zieten).
5. TEREBRATULA GLOBATA ? Sow.
Nous nous bornons à indiquer cette espèce dans le calcaire de Longwy ;
les échantillons que nous y rapportons ont été trouvés auprès de cette
ville, mais ils sont en trop mauvais état pour être décrits.
Genre RHYNCHONELLA, Fischer.
TereeraTuLa (p.), auct.
PuyncnonezLa, Fischer, Davids., d'Orb.….
Hvroruvris, Phillips.
Cvecoruyris, M'Coy.
CYcLOTAYRIDAE (p.), Morris.
Testa aequilateralis, inaequivalvis, testacea, fibrosa, pedunculo carnoso
affixa ; costis radiantibus simplicibus, vel plicis magnis, in adultis tantüm
conspicuis ornala; valva perforata major ; imperforata, convexa, arcuata ;
rostrum inlegrum, recurvum, prominens ; area saepits indistincta ; apertura
parva, rotundata vel oblonga, margine incrassato subtubulosa, ab imperfo-
ratà valvà deltidio duplici sejuncta ; cardo dentibus duobus in valvà rostrali ;
lamella interna majoris valvae unica, tenuis, perpendicularis; in minore,
lamellae duae arcuatae, elongatae, extremitatibus dilatatis brachia carnosa
suslentantes.
Coquille équilatérale, inéquivalve, testacée, de contexture fibreuse, fixée
246 DESCRIPTION DES FOSSILES
aux corps sous-marins au moyen d'un pédoncule musculeux sortant par
une ouverture de la grande valve; ornée de côtes rayonnantes simples,
s'étendant du sommet aux bords, ou de gros plis, visibles seulement à
l’état adulte. Valve perforée plus grande, à bord frontal saillant ou échan-
cré; valve imperforée plus petite, bombée, arquée, à sommet enfoncé
dans la valve supérieure; crochet entier, recourbé, saillant ; aréa souvent
indistüincte; ouverture petite, arrondie ou oblongue, placée près du sommet
de la grande valve, entourée, à sa partie inférieure, d’un bourrelet qui la
rend comme tubuleuse ; séparée de la petite valve par un deltidium de deux
pièces. Charnière formée sur la grande valve, de chaque côté, d’une dent
oblique, allongée, entrant dans une rainure de la valve opposée.
Appareil apophysaire formé sur la grande valve d’une lame verticale
mince; sur la petite valve, de deux longues lamelles arquées vers le haut,
plates, situées en dedans de la charnière, et terminées par une partie plus
large qui supportait les bras libres et charnus de l'animal.
Ce genre s’est montré dans les terrains les plus anciens, et se trouve
représenté jusque dans les terrains crétacés, où il s’éteint.
1. RaYNCHONELLA ANGEPs, N.
(PI. XXXVIL, fig. 5.)
R. testä ovalo-trigond, convexä, infrà medium latiore, 12-16 plicatà ;
plicis 5-4 in jugo infrà medium minoris valvae; umbone minimo, subincurvo,
aperturä mediocri ; areä minimä, parüm distinctà.
Dimensions fort variables. — Longueur 15 mill.; largeur 14; épaisseur
7 = 100 : 108 : 54.
Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale-triangulaire
ou triangulaire, à angles latéraux arrondis, médiocrement épaisse. Petite
valve s’élevant d’abord rapidement, atteignant sa plus grande hauteur
vers le milieu, formant au moins les deux tiers de l'épaisseur totale, ornée
de 11-15 plis simples, tranchants, visibles jusqu'au sommet, marquée
d'un bourrelet peu élevé, commençant après le milieu de la longueur,
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 247
portant 5-4 plis à peu près à la même hauteur. Valve rostrale à peine
convexe, parfois obtusément carénée près du sommet, portant 2-3 plis
dans un sinus peu profond, ne commençant pas avant le milieu ; arêtes
cardinales occupant environ la moitié de la longueur; arêtes latérales
régulièrement courbées ; front droit ou peu convexe; crochet très-petit,
aigu, médiocrement recourbé; ouverture modérée, atteignant presque la
petite valve; deltidium embrassant, étroit; aréa très-petite, peu distincte.
La plus grande largeur est en arrière de la moitié de la longueur; l'angle
des arêtes cardinales un peu moindre qu’un droit; stries d’accroissement
très-fines.
Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît distincte par le nombre
et la disposition de ses plis, la position du maximum de largeur, et son
crochet; elle diffère de celle que M. Roemer a décrite sous le nom de
parvirostris, par sa forme beaucoup plus courte, l'épaisseur moindre de la
petite valve et le crochet moins recourbé. Ses plis visibles jusqu'au som-
met, sa fausse aréa l’éloignent de la R. variabilis, Schlotheim, sp.
Localités. — Cette espèce se rencontre : 1° dans la marne de Jamoigne,
où elle est rare , à Jamoïgne et à La Cuisine; 2 dans la marne de Strassen,
à Guirsch, à Waltzing , à Frelange ; elle n’y est pas rare, mais presque tou-
jours brisée ou déformée. Nous n’en possédons aucun échantillon recon-
naissable du grès de Luxembourg.
2, RayNCHONELLA Bucan ?
(PI. XXXVIT, fig. 4.)
TErREBRATULA Bucun? Roemer, 1856, Oo., p. 42, pl. 2, fig. 16.
R. test minuta, ovatä vel ovato-trigonà, plus minüsve ventricosa ; valva
minore convexiore, infra medium latiore; plicis 7-11 obtusis, in medio eva-
nescentibus, 5 medianis in jugo modico circà medium deficiente; rostro mi-
nimo, compresso, incurvo, deltidium obtegente ; aperturä minuta.
Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 8-12; épaisseur 5-7 — 100 :
80-120 : 50-70.
248 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Coquille de petite taille, de forme et de dimensions rela-
tives très-variables, en général orbiculaire, ovale, ou ovale-triangulaire,
plus ou moins renflée. Petite valve beaucoup plus convexe que la grande,
ornée de sept à onze plis obtus, disparaissant à une distance variable du
front, mais rarement au delà de la moitié de la longueur; ordinairement
trois plis sur un bourrelet médiocre, qui lui-même ne dépasse guère cette
limite. Bords des valves se rejoignant sous un angle très-ouvert. Le
maximum de hauteur de la petite valve est ordinairement situé un peu au
delà de la moitié de la longueur ; mais il est sujet à varier considérable-
ment, et on le voit même arriver très-près du front. Crochet toujours très-
petit, recourbé sur le deltidium, comprimé, tronqué par une ouverture
remarquablement petite; aréa presque nulle. Elle dépasse rarement un
centimètre; souvent même elle est beaucoup plus petite.
Rapports et différences. — Nous croyons devoir rapporter les individus
que nous venons de décrire à la T. Buchiü, Roemer; ils sont seulement
plus larges, et portent en général de chaque côté un pli de plus. Cette
espèce se distingue de la T. pulla, Roemer, par le nombre des plis et
le crochet notablement moindre. Peut-être doit-elle être rapportée à la
R. variabilis, Sch]., sp.
Localités. — Nous avons rencontré cette espèce : 1° dans le grès de
Luxembourg, près de Guirsch : elle y est très-rare; 2° dans la marne de
Strassen, où on la trouve communément aux environs d'Arlon, près
de Bonnert, à Waltzing, à Frelange, etc.; 5° dans le sable d’Aubange,
près de Weyler. D’après M. Roemer, elle appartient au lias moyen (?)
(Belemnitenschichte), où on la rencontre près de Willershausen et de
Kahlefeld.
5. RHYNCHONELLA VARIABILIS.
(PI. XXXVI, fig. 5.)
TEREBRATULITES VariaBiLis. Schloth, 1815, Beitr., in Leonhard's Min. Tasch., vol. VIT, pl. 1, fig. 4.
TEREBRATULA TRIPLICATA. Phil, 1855, Forksh., p. 157, pl. 15, fig. 22.
— BIDENS. Phill, id, id., id un EN
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG.
[Re]
PSS
Læ)
TEREBRATULA TRIPLICATA. Desh., 1856, Mouv. éd. de Lam., p. 555.
— VARIABILIS. Pusch, 1857, Polens paleont., p. 11, pl. 5, fig. 2.
_ TRIPLICATA et B1DENS. Desl., 1857, Séance de la Soc. linn.de Norm., p. 50 (fide Davids.).
— De Buch, 1858, Aém. de la Soc. géol. de Fr., vol. IN, p. 140, pl. 14. fig. 9.
— - Schmidt, 1846, Petref.-Buch, pl. 95, fig. 5.
= — Rouilier et Vossinsky, 1847, Ét. sur la paléont. des env. de Moscou, n° 11,
pl. B, fig. 17.
— — Bronn , 1848, Zndeæ , p. 1254 (part, fide Davids.).
RAaYNCHONELLA variABILIS. D'Orb., 1849, Prodr., vol. I, p. 259.
— — Davids., 1852, Brit. Brach., 5° part., p. 78, pl. 16, fig. 1-6, et pl. 15, fig. 8-10.
R. testä variabili, ovato-trigonà; valv minore altiore, usquè ad frontem
adscendente; plicis 3-10 obtusis, evanescentibus, 2-4 medianis in jugo me-
diocri; umbone minimo, compresso, incurvo, deltidium saepiùs obtegente;
aperturä parva; areà limitalä, concavä, valvam minorem haud multi
emarginante.
Dimensions très-variables. — Longueur 22 mill.; largeur 26; épaisseur 20
= 100 : 150 (116-156) : 91 (45-95).
Description. — Coquille très-variable de taille comme de forme, en
général pyramidale, à angles très-arrondis. Petite valve formant plus de
la moitié de l'épaisseur totale, s’élevant d’abord rapidement, puis, par
une convexité régulière jusqu’au front, portant sur sa seconde moitié
5-10 plis, gros, obtus, dont les 2-4 médians occupent un bourrelet qui
commence avec eux, et sont séparés des plis latéraux par un espace assez
large; le pli externe, de chaque côté, est souvent peu distinct. Grande
valve peu convexe, à sinus assez profond, mais commençant seulement
avec les plis vers la seconde moitié de la longueur. Crochet petit, com-
primé, très-recourbé et cachant ordinairement l'ouverture qui est petite,
entourée par les pièces du deltidium, sauf quelquefois un petit espace
complété par la valve imperforée; aréa assez bien limitée, un peu enfon-
cée, échancrant médiocrement la petite valve. La plus grande largeur est
située entre le front et le milieu de la longueur; vue du côté du front,
la coquille possède assez bien la forme d’un triangle isocèle à angles ar-
rondis, mais dont la hauteur est très-variable. \
Observation. — Nous avions décrit seulement la R. bidens, Phill.; aujour-
d'hui (1852), nous nous rangeons entièrement à l'avis de MM. d'Orbigny
Tome XXV. 32
250 DESCRIPTION DES FOSSILES
et Davidson pour réunir cette espèce, avec la R. triplicata sp. du même
auteur, à la R. variabilis, Schl. sp., et nous avons modifié notre descrip-
tion en conséquence, d’après des ‘échantillons recueillis depuis.
Rapports et différences. — Nous indiquons plus bas les analogies que pré-
sente cette espèce avec la R. tetraedra, Sow., sp., et les caractères au moyen
desquels on peut la séparer. Elle diffère de la R. subtetraedra, Dav., du
Kimmeridge-clay, surtout par sa surface lisse.
Localités. — Cette espèce appartient à l'étage du macigno d’Aubange,
hors duquel nous ne l'avons pas rencontrée ; elle se trouve communément
dans les assises supérieures, et varie surtout avec les localités. Jusqu'à
présent, elle est très-rare dans le sable inférieur, et nous ne la possédons
pas du schiste d’Aubange. On la rencontre dans le macigno d’une foule
de localités : Aubange, Halanzy, Ville, Aix-sur-Cloix, etc., ordinairement
dépourvue d’une partie du test, et offrant un aspect presque nacré. Elle
est fréquente dans le lias moyen et supérieur d'Angleterre, d'Allemagne,
de France, etc.
4. RHYNCHONELLA ACUTA.
(PI. XXXVIN, fig. 2.)
Encyclop. méth., pl. 245, fig. 7.
TEREBRATULA ACUTA. Sow., 1816, Min. conch., t. IT, p.115, pl. 150, fig. 1.
ee — Phil, 1829, Forksh., pl. 15, fig. 95.
_ — De Buch, 1834, Ueber Terebr., et 1858, Mém. Soc. géol. de Fr., p. 142, pl. 14, fig. 11.
— — Desh., 1856, Mouv. éd. de Lam., vol. VII, n° 69, p. 555.
RRyNCHONELLA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 259.
— — Davids., 1852, Brit. Brack., p. II, p. 76, pl. 14, fig. 8-9.
R. testä triangulari; valvä minore 5-7 plicatä, plicdä medianä maximd,
reclà, acutà, ascendente, lateralibus minimis ; sinu profundo, trigono, acuto ;
umbone parvo, aculo, incurvo.
Description. — Coquille triangulaire, pyramidale. Petite valve munie
d’un grand pli médian, tranchant, s’élevant en ligne droite jusqu'au front,
sous un angle d'environ 50°, et de 2-5 plis très-petits de chaque côté.
Valve rostrale marquée d’un grand sinus lisse, à fond tranchant, occupant
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 251
presque toute la valve. Crochet aigu, petit, recourbé. Coupe transversale
en forme de triangle équilatéral.
Cette espèce est très-bien caractérisée par son grand pli médian à arête
droite et tranchante, et par le contour équilatéral de la coquille, vue du
côté du front.
Localités. — Nous n’avons rencontré cette espèce qu’au sud de Ville, où
elle est très-rare; elle s’y trouve dans les assises supérieures du macigno
d'Aubange. En Angleterre, Sowerby la mentionne à Staunton, dans l’oolithe
inférieur (?) (probablement lias moyen), M. Phillips à Wilton-Castle et à Bils-
dale, dans le lias moyen, étage où elle est commune, d’après M. Davidson.
M. d’Orbigny la cite en France, dans les mêmes couches, à Landes, à Vieux-
Pont, à Évrecy (Calvados.) Elle ne paraît pas se rencontrer en Allemagne.
5. RHYNCHONELLA TETRAEDRA.
(PI. XXXVIL, fig. 1.)
TEREBRATULA TETRAEDRA. Sow., 1812, Min. conch., vol. I, p. 191, pl. 85, fig. 4.
= MEDIA. Sow., 1815, ëb., ib., p.192, ïb, fig. 5.
= TETRAEDRA. Park., 1822, Org. remains, p. 254.
— — Defr., 1828, Dict. d’hist. nat., vol. LIIT, p. 158.
= — Young and Bird., 1828, Geol. surv. of York. coast, pl. 8, fig. 15.
= — Schlot., 1852, Syst. vers. des Petref.
—= — De Buch, 1854, Ueb. Ter.; et 1858, Mém. Soc. géol. de Fr., t. IT, p. 159, pl. 14,
fig. 8.
— = Desl., 1857, Séance de la Soc. linn. de Norm., p. 50 (fide Dav.).
= = Bronn, 1848, Znd., p. 1255 (Excl. syn. parte , fide Dav.).
— — Desh., 1849, Tr. de conchyl., pl. 60, fig. 20.
Ruyx»CHONELLA — D'Orb., 1849, Prodr., vol. I, p. 258.
= o Davids., 1852, Prit. Brach., 5° part., p.95, pl. 18, fig. 5-10.
R. testä pyramidali ; valvä minore altiore, usquè ad frontem adscendente ;
sinu profundo, saepits 4-6 plicato; lateribus saepiùs 6-7, eliam 4-5 plicatis ;
plicis omnibus saepits aculis ; umbone parvo, acuto, valdè incurvo; aperturà
parvd, saepiüs conspicud ; ared parvd, delimitalä, concav, valvam minorem
plus minüsve emarginante ; altitudine longitudinem subaequante; angulo car-
dinali recto vel majore.
Dimensions. — Longueur 25 mill.; largeur 26 ; épaisseur 25 — 100:115
(130-108) : 100 (110-90).
252 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Coquille de forme un peu variable, tétraédrique, les trois
dimensions à peu près égales, ou la largeur surpassant un peu les autres.
Petite valve s’élevant d’abord très-rapidement, atteignant sa plus grande
hauteur au front (quelquefois un peu en arrière), offrant à la coupe, de
face comme de profil, un triangle équilatéral dont les angles seraient tron-
qués; munie de 18-24 plis simples, aigus, commençant au sommet, dont
4-6 (rarement 5) occupent le bourrelet et s'élèvent à peu près à la même
hauteur; 6-8 s'étendent sur chaque côté en diminuant rapidement de hau-
teur, séparés des premiers par une large surface qui, sur le bord, occupe
quelquefois plus de la moitié de l'épaisseur de la coquille, et sur laquelle
s'étend un pli, d’abord aussi marqué que les autres, mais diminuant
bientôt pour disparaître vers le milieu de la longueur ou un peu plus loin.
Grande valve munie d’un profond sinus, portant 5-5 plis, séparés des
ailes par une surface large occupée par un pli qui se perd vers le milieu de
la longueur; côtés portant 5-8 plis, dont les deux ou, rarement, les trois
premiers sont à peu près à la même hauteur. Crochet aigu, petit, recourbé,
laissant ordinairement apercevoir une petite ouverture et un deltidium
qui l’embrasse presque entièrement ; aréa petite, bien limitée par les côtés
du crochet, un peu enfoncée, striée et munie d’une oreille allongée qui
échancre plus ou moins la petite valve. Arêtes cardinales droites, se réu-
nissant au crochet sous un angle qui dépasse ordinairement un peu 90°,
se continuant un peu au delà de la moitié de la longueur avec les arêtes
latérales, qui sont aussi longues que le front.
Rapports et différences. — La R. tetraedra est fort voisine des R. variabilis,
Schl., obsoleta, Sow., et subtetraedra, Dav., au moins dans quelques-unes de
leurs formes, car elles sont susceptibles de varier beaucoup. On éprouve
surtout des difficultés pour la séparer de la R. variabilis ; toutefois, on peut
dire, en général, que, dans celle-ci, la petite valve est moins échancrée
par les oreilles de la fausse aréa de la grande; que sa convexité est diffé-
rente, moins régulière et souvent moins forte; que les plis sont arrondis,
moins nombreux, et n’arrivent pas au sommet. Cependant nous devons
faire remarquer que M. Davidson à figuré un exemplaire qui ne porte que
trois plis au bourrelet. Elle se distingue de la R. obsoleta par sa forme géné-
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 253
rale, son aréa plus enfoncée, et surtout par ses plis et son crochet plus
recourbé, cachant souvent une ouverture plus petite, etc. Sa surface, dé-
pourvue de stries concentriques, l’éloigne de la R. subtetraedra.
Localités. — Cette espèce appartient à la partie supérieure du macigno
d’Aubange; on la trouve assez communément près de Virton, de Cou-
vreux, etc.; plus rarement à Ville, à Aubange. Nous ne l’avons pas ren-
contrée dans la marne de Grand-Cour. En Angleterre, elle est commune
dans le lias moyen (Phillips), et aussi dans le lias supérieur (Davidson).
Suivant M. de Buch, on la rencontrerait même dans l’oolithe inférieur à
Dundry et à Aynhoe, ce qui est très-douteux : M. Davidson n’en a pas
encore vu d’échantillon authentique. M. Morris la signale depuis loolithe
inférieur jusque dans l’étage callovien de Kelloway, et dans le Fuller’s-earth
de Banbury; mais de tous les nombreux échantillons qu’a vus M. Davidson,
un seul s’y rapporterait, quoiqu'il ne porte que trois plis au bourrelet :
il provient de l’oolithe inférieur de Cheltenham. On la retrouve fréquem-
ment en Allemagne et en France; dans ce dernier pays, M. d'Orbigny la
mentionne à Landes, à Évrecy, à Semur, à Nancy, à Metz; mais il la croit
particulière au lias supérieur.
6. RHyNCHONELLA Davipsont.
(PI. XXXVIL, fig. 6.)
R. testä minulä, transversä, depressä, concentricè striatà, 12-14 plicata ;
plicis omnibus aculis, medianis 3-4 in jugo obsoleto, vel unilateralibus sub-
depressis ; lateralibus subarcuatis , rariùs dichotomis ; rostro mediocri, acuto,
subincurvo; aperturä magn&, subcordiformi, deltidium dividente; are ferè
trianqulari.
Description. — Coquille de petite taille, transverse, déprimée, ornée
de stries concentriques très-fines et très-serrées. Petite valve munie de
12-15, parfois 10, rarement 16 plis aigus, séparés par des sillons sem-
blables, les latéraux légèrement arqués en dehors et parfois dichotomes
près du sommet; bourrelet peu marqué, portant 5-4 plis, souvent nul, les
deux côtés ne se trouvant pas à la même hauteur. Valve rostrale peu con-
254 DESCRIPTION DES FOSSILES
vexe, plissée comme l’autre. Arêtes cardinales se réunissant sous un angle
variable, droit ou assez obtus; celui des arêtes de la petite valve toujours
très-obtus. Crochet assez fort, aigu, peu recourbé; ouverture grande, en
forme de cœur allongé à pointe obtuse, ou plutôt de triangle à angles
arrondis, plus haut que large, divisant le deltidium en deux parties à peu
près aussi larges que hautes. Aréa grande, striée, limitée par le pli ex-
térieur de chaque côté, échancrant très-peu la petite valve, dont les
arêtes terminales, presque en ligne droite, donnent à l’ensemble une
forme qui rappelle celle des Spirifer.
Cette jolie espèce ne paraît pas dépasser 10 millimètres de long; mais
ses dimensions relatives sont très-variables : on en trouve dont la largeur
surpasse la longueur de moitié; quelquefois, elle ne fait que l’égaler. La
même chose a lieu pour l’angle des arêtes cardinales; nous ne croyons
cependant pas pouvoir établir plusieurs espèces.
Rapports et différences. — Cette coquille est fort voisine de la R. minuta,
Buvignier, sp.; elle s’en distingue de suite par son aspect général, par ses
plis tranchants , et surtout par l’aréa et le deltidium. Nous ne croyons pas
qu’il soit possible de la confondre avec la R. Theodori, Schl., sp., même en
laissant de côté la différence de taille. La figure que M. Schmidt donne de
cette espèce (Petref.-Buch) en est plus voisine, mais le nombre des plis est
tout autre; ce n’est pas, d’ailleurs, l'espèce de Schlotheim.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire de Longwy;
elle était commune dans les travaux que l’on exécutait, en 1850 , pour les
fortifications de cette ville; nous l’avons rencontrée, mais rarement, à
Cosne et à Romain (Moselle).
Nous avons dédié cette espèce à M. Davidson, dont les beaux travaux
sur les Brachiopodes sont si hautement appréciés.
7. RHYNCHONELLA PALLAS.
(PL XXXVIL fig. 7.)
R. testé sub-pyramidali, convext, 20-plicatä; plicis simplicibus, acutis,
4 medianis in allo minoris valvae convexioris jugo; marginibus cardinalibus
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255
longioribus, anqulo cardinali 110; rostro mediocri, acuto, incurvo; deltidio
foraminis parvi dimidium amplectente ; are parvd , shrialà.
Dimensions. — Longueur 28 mill.; largeur 55 ; épaisseur 24 — 100 :
195 : 86.
Description. — Coquille de moyenne taille, de forme irrégulièrement
tétraédrique. Petite valve naissant presque à angle droit, décrivant
presque un quart de cercle pour atteindre sa plus grande hauteur au
front où elle arrive en ligne droite, sous un angle très-aigu; munie
d'environ vingt plis simples, forts et tranchants, dont quatre se trou-
vent à peu près à la même hauteur sur un bourrelet élevé, séparé des
ailes par un large espace sur lequel s'étendent 1-2 plis qui se perdent
sur le dernier tiers. Vue du côté du front, elle offre une coupe triangu-
laire isocèle, à angles tronqués et dont les côtés semblables seraient
entamés à côté du bourrelet. Grande valve formant environ le tiers de
l'épaisseur totale, creusée d’un profond sinus portant trois plis et sur les
côtés duquel se trouvent 1-2 plis incomplets. Arêtes cardinales très-lon-
gues, se rejoignant sous un angle de 110°, laissant entre elles et les bords
de la valve une aréa bien limitée, striée, assez grande, échancrant forte-
ment la petite valve; bords épaissis. Crochet assez fort, aigu, médiocrement
recourbé; ouverture petite, à demi embrassée par le deltidium, qui est à
peine deux fois aussi large que haut.
Rapports et différences. — Cette espèce rappelle la R. tetraedra, Sow. ;
mais on la distinguera facilement par le nombre de ses plis et le crochet
qui est tout autre. Ces caractères et le bourrelet la séparent de la R. lacu-
nosa, Schlot., sp.
Localité. — Elle appartient au calcaire de Longwy, dans lequel nous
l'avons rencontrée près de cette ville; nous n’en avons encore vu que deux
échantillons.
8. Rayncnonezza Enwarpst, N.
(PI. XXXVU, fig. 9.)
R. testä ovato-trigoné, convexû , 24-98 plicatä; plicis simplicibus , aculis
256 DESCRIPTION DES FOSSILES
in margines rectè incumbentibus; sinu magno, sat profundo, 5-plicato; um-
bone aculo, incurvo; anqgulo cardinali subrecto.
Dimensions. — Longueur 20 mill. ; largeur 19 ; épaisseur 14 — 100 :
JA:
Description. — Coquille de forme ovale -triangulaire, convexe. Petite
valve formant près des deux tiers de l'épaisseur totale, s’élevant à peu
près à angle droit, arrivant, par une courbe uniforme, vers le milieu
de sa longueur, où elle atteint sa plus grande élévation, s’abaissant, un
peu plus loin, d’abord faiblement, puis, après une brusque courbure,
atteignant le front par un petit espace droit, comme tronqué perpendicu-
lairement au plan des valves; sur les bords latéraux, elle tombe éga-
lement presque verticalement; et, comme la même chose se passe sur
l’autre valve, il en résulte que les deux valves ne se rejoignent pas à
angle aigu, mais en ligne droite. Elle porte 24-28 plis simples, aigus,
les latéraux tombant sur le bord presque perpendiculairement; les 6
médians sont situés presque à la même hauteur sur un bourrelet peu
prononcé, occupant environ la moitié de la largeur. Valve rostrale légè-
rement convexe, munie de plis semblables, à sinus peu marqué, nul dans
plus de la moitié de son étendue. Angle cardinal presque droit. Crochet
aigu, petit, peu recourbé; ouverture médiocre; deltidium embrassant, à
peine deux fois aussi large que long ; sa longueur sur la ligne médiane
n'atteint pas la moitié du diamètre de l'ouverture. Aréa petite, à peine
striée, munie d’une oreille enfoncée, allongée, arrivant jusqu’au milieu
de l’arête cardinale, échancrant assez fortement la petite valve.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la R. concinna,
Sow., sp., par le nombre de ses plis et par son deltidium, séparant de la
petite valve l’ouverture de la grande. Elle nous paraît intermédiaire entre
les R. obsoleta, Sow., sp., et Langleti, N.; elle diffère de la première par la
courbure des valves, par son bourrelet moins saillant et par l'angle sous
lequel s'unissent les bords des valves; son épaisseur et son bourrelet suf-
fisent pour la séparer de la seconde.
Localités. — Nous l'avons rencontrée dans le calcaire de Longwy, aux
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 257
environs de cette ville; mais nous n’avons pu nous en procurer que quel-
ques échantillons.
Que M. Milne Edwards, auquel les sciences zoologiques sont rede-
vables de travaux si précieux, veuille bien nous permettre de lui dédier
cette espèce.
9. RHYNCHONELLA LANGLETI.
(PL XXXVIL fig 8.)
R. testà depressä, ovato-acutà, 26-plicatà; plicis simplicibus, obtusius-
culis, 5 medianis in jugo parvo, supernè obsoleto minoris valvae ; umbone
aculo, aperturd mediocri; are parva, limilatä, strialà ; angulo cardinali 80e.
Dimensions. — Longueur 21 mill. ; largeur 20; épaisseur 10 ; — 100 :
94 : AG.
Description. — Coquille déprimée, ovale -triangulaire, assez aiguë,
arrondie sur les côtés. Petite valve peu épaisse, formant une courbe
uniforme, la plus grande épaisseur étant située vers le milieu de la
longueur; vue du côté du front, elle offre une courbe semblable; elle
est munie d'environ 26 (20-50) plis simples, médiocrement saillants,
subarrondis, dont les cinq médians occupent un bourrelet peu prononcé,
n'apparaissant que vers les deux tiers de la longueur; de sorte qu’on ne
le rencontre que chez les vieux individus; sauf ce bourrelet, les bords
sont dans un même plan. Valve rostrale presque uniformément convexe,
à part un léger sinus portant 4 plis; les bords latéraux et frontal s’unis-
sent à ceux de l’autre valve sous un angle très-aigu. Arèêtes cardinales
longues, se rejoignant sous un angle variable d'environ 80° (71°-87°);
arêtes latérales arrondies; front obtus. Crochet assez fort, mais aigu;
ouverture dans le plan des valves, arrondie, embrassée par un deltidium
court au milieu (!/; du diamètre de l'ouverture), de moitié plus large que
long. Aréa striée, déprimée, bien limitée, surtout vers le crochet, échan-
crant assez profondément la petite valve.
Elle atteint rarement les dimensions indiquées; les plis extrêmes sont
parfois très-peu marqués : il est rare d’y trouver quelque dichotomie; mais
on rencontre des individus où le sinus disparaît par l'élévation ou l’abais-
Tome XXV. 35
258 DESCRIPTION DES FOSSILES
sement d’un des côtés. Sur un très-vieil individu, les bords des valves
tombent plus rapidement.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la R. rostrata, Sow.,
sp., de la craie; elle s’en distingue par son épaisseur moindre, le nombre
des plis du sinus, le front plus obtus, et surtout le crochet beaucoup
moindre. Il est très-facile de la séparer de la R. angulata, Sow., sp. (pl. 502,
sub Ter. acuta).
Nous dédions cette Rhynchonelle à M. Langlet, de Longwy, qui a bien
voulu diriger nos courses aux environs de cette ville, et nous enrichir
d'espèces rares de sa belle collection.
Localités. — Cette espèce appartient au calcaire bajocien de Longwy;
elle n’est pas rare auprès de cette ville, et nous l'avons trouvée dans
le même terrain à Lamorteau.
10. RHYNCHONELLA NIOBE, N.
(PL. XXXVIL, fig. 5.)
R. testä obtusè trigond, subconvex@, infrà medium latiore, concentricè
subtilissimè striatà, 10-15 plicatà; plicis obtusis, primüm obsoletis, medianis 5.
rard 2, in jugo minoris valvae convexioris; umbone mediocri, subacuto ;
deltidio conspicuo ; aperturà magnä ; ared parvä.
Dimensions. — Longueur 14 mill.; largeur 16; épaisseur 8 — 100 :
114 : 56.
Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale, obtusément
triangulaire, arrondie vers le front, peu épaisse, ornée de stries d’ac-
croissement à peine marquées. Petite valve formant plus de la moitié de
l'épaisseur totale, s’élevant d’abord assez rapidement pour atteindre sa
plus grande élévation au bord frontal sous un angle très-aigu; munie de
10-15 plis simples, épais, mousses, peu marqués dans leur première
moitié, dont 5, rarement 2, occupent un bourrelet médiocre, et ordinai-
rement 4 se trouvent sur chaque côté. Grande valve peu convexe, munie
de plis correspondants et d’un sinus qui n’est bien marqué que vers le
front. Arêtes cardinales longues, se réunissant sous un angle à peu près
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 259
droit; arêtes latérales peu convexes; front arrondi. Crochet médiocre,
arrondi , aigu et recourbé; ouverture grande, circulaire, dans le plan des
valves, et dont la moitié est embrassée par un deltidium de deux pièces
beaucoup plus large que long; aréa petite, mal limitée, à peine striée,
échancrant peu ou point la petite valve. La plus grande largeur et la plus
grande épaisseur se trouvent au delà du milieu de la longueur.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de certaines variétés
de la R. variabilis, Schl., sp., mais sa forme est plus ovale, le crochet moins
recourbé et plus arrondi, l'ouverture est plus grande, toujours séparée de
la petite valve, qui n’est pas échancrée par l’aréa. La R. subvariablis, Dav.,
est munie de fortes lignes d’accroissement. La R. Lycetti, Dav., en est
beaucoup plus voisine.
Localité. — Elle se rencontre, mais très-rarement, dans le calcaire de
Longwy, surtout dans les couches marneuses, auprès de cette ville.
11. RHYNCHONELLA OBSOLETA.
(PI. XXXVIL, fig. 10.)
TEREBRATULA OBSOLETA. Sow., 1812, Hin. conch., t. 1, p. 192, pl. 85, fig. 7.
— — Park., 1822, Zntrod. to stud. org. rem., p. 254.
= — Bronn, 1858, Lethaea, p. 289, pl. 18, fig. 5.
= — Morris, 1845, Catal. (f. David).
RHYNCHONELLA — Davidson, 1855, Brit. Brach., & IL, p.90, pl. 15, fig. 1-5.
R. testà subtrigond, convexd, 18-24 plicalä ; plicis simplicibus acutis, 3-6
medianis in jugo minoris valvae, nonnunquäm unilateralibus depressis ;
umbone parvo, acuto, incurvo ; are parvä; deltidio aperturam parvam ferè
totam amplectente.
Dimensions. — Longueur 20 mill.; largeur 18-22; épaisseur 11-14 —
100 : 90-110 : 55-70.
Le plus grand échantillon que nous possédions a 25 millimètres de long.
Description. — Coquille triangulaire à angles arrondis, médiocrement
haute, à peu près aussi longue que large. Petite valve s’élevant plus ou
moins rapidement, atteignant sa plus grande hauteur vers le front, munie
d’un bourrelet assez saillant qui n'apparaît pas avant la moitié de la lon-
gueur, et porte 5-6 plis simples, forts, aigus, séparés des côtés par un
260 DESCRIPTION DES FOSSILES
espace que parcourt un pli incomplet; 7-10 plis sur chaque côté. Grande
valve ornée d’un sinus et de plis semblables; bords latéraux confondus
avec le front en une courbe régulière, raccordés avec les arêtes cardinales,
qui sont droites et se réunissent sous un angle variable, ordinairement
moindre qu’un angle droit. Crochet médiocre, arrondi vers le dos, aigu ,
recourbé; ouverture petite, embrassée presque entièrement par un delti-
dium de deux pièces; aréa à peine striée, bien limitée, avec une petite
auricule enfoncée échancrant fortement la petite valve. Parfois les deux
côtés ne sont pas symétriques, ni situés à la même hauteur.
Cette espèce est fort variable par ses dimensions relatives, surtout par
l’épaisseur et la saillie du bourrelet, qui est parfois peu marqué, par l'angle
plus ou moins aigu sous lequel les valves se réunissent et par le nombre des
plis du bourrelet, qui est généralement de 5-6, parfois de 4 ou même de 5.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par l’une ou l’autre
de ses formes des R. concinna, Sow., tedraedra, Sow., quadriplicata, Zieten, et
Edwardsi, N. On éprouve parfois de grandes difficultés pour la séparer de
certaines variétés de R. tetraedra, du moins lorsque celle-ci porte 5-6 plis
au bourrelet; on observera cependant que le nombre des plis est plus
considérable, l'épaisseur moindre, le bourrelet moins saillant; en outre,
l'espace latéral du bourrelet est notablement moindre; le crochet est sur-
tout plus saillant et moins recourbé; il laisse à découvert un deltidium
qui entoure entièrement ou presque entièrement l'ouverture. Elle se dis-
tingue de la R. concinna par ses dimensions, ses plis moins nombreux et
plus forts, et surtout par le deltidium qui sépare l'ouverture de la petite
valve, et par l'oreillette plus saillante. Enfin, il se pourrait que la R. mul-
tiformis, Roemer, sp., appartint également au même type.
Localités. — C’est la rhynchonelle la plus fréquente dans le calcaire de
Longwy, surtout dans les couches marneuses; nous l'avons rencontrée par-
ticulièrement près de cette ville, puis à Ruette, à Halanzy, etc. En Angle-
terre, on la trouve dans le great oolite près de Bath, de Cirencester , de Fel-
mersham , etc.; dans le Bradford-clay de Bradford, et probablement dans
le corn-brash. En France, on la rencontre dans le grand oolithe, en Nor-
mandie (Davidson).
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 261
ANNÉLIDES.
Genre SERPULA , Linné.
Corpus tubicola elongatum, posticè attenuatum ; segmenti crebri angusti ;
tubi calcarei solitariivel aggregati, plûs minüsve flexi vel variè convoluti, affixi.
1. SERPULA SOCIALIS.
(PL. XXXVUIL, fig. 1.)
Parkinson, 1811, Org. rem., t. IT, pl. 7, fig. 2.
Schrôter, £inleitung , t. IV, pl. 2, fig. 12.
S£rPuLA sOCIALIS. Goldfuss, Petref., 1856, pl. 69, fig. 12.
S. testà filiformi elongatà laevi, pluribus in fasciculum aggregatis.
Description. — Serpule à tube cylindrique, fi liforme, allongé, lisse, peu
flexueux, un plus ou moins grand nombre étant lâchement rassemblés en
faisceau.
Localités. — Elle appartient à la marne de Jamoigne, à Muno, Villers-
sur-Semois , etc.; au grès de Luxembourg, près de Guirsch , et au calcaire
de Longwy. Elle paraîtrait se trouver, d’après Goldfuss, dans le calcaire
eiffélien (?), dans l’oolithe inférieur de Souabe et dans le sable vert de Ratis-
bonne (?).
2. SERPULA LIMAX.
(PL. XXXVIIT, fig. 4.)
SerPura Limax. Goldf., Petref., 1856, pl. 67, fig. 12.
S. testä serpentinâ, anticè tereli, transversim striatä, posticè triquetra ;
carinà rectà, lateribus subconvexis.
Description. — Serpule à tube flexueux, cylindrique en avant et strié
transversalement, triangulaire en arrière, muni d’une carène droite, légè-
rement convexe sur les côtés.
262 DESCRIPTION DES FOSSILES
Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville, où elle est rare;
de l’oolithe inférieur des environs de Baireuth.
5. SERPULA TRICARINATA.
(PL XXXVIN, fig. 5.)
SERPULA TRICARINATA. Goldf, Petref., 1856, pl. 68, fig. 6.
S. testà serpentin& laevi quinqueträ; carinis approximatis, aequalibus,
aculis.
Description. — Serpule à tube lisse, diversement flexueux, à cinq faces,
une adhérente large, deux latérales et deux supérieures étroites, séparées
entre elles et des latérales par trois carènes aiguës, égales et rapprochées.
Localités. — Du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville, où elle
est rare; de l’oolithe ferrugineux de Rabenstein.
4. SERPULA FILARIA.
(PL XXXVIIL, fig. 2.)
SerPuLA FiLARIA. Goldf,, Petref., 1856, pl. G9, fig. 11.
S. testà filiformi, laevi, posticè in spiram discoïdeam convolutà ; anticè
flexuosä , elongatä , sensim incrassatd.
Description. — Serpule à tube cylindrique, filiforme, lisse, enroulé en
arrière en spire discoïde, libre et plus ou moins flexueux en avant, allongé
et insensiblement épaissi.
Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville, et de Halanzy.
De l’oolithe inférieur de Graefenberg; du calcaire jurassique de Streitherg.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 263
POLYPIERS.
Face pes ASTRÉIDES.
Genre MONTLIVALTIA, Lamouroux.
MonruivaLtia, Lamx.
AnTaopayLzLum, Goldf.
Moxruvauria et Tuecopuyzuia, M. Edw. et H., Comptes rendus, t. XXVII; Ann. des se. nat.
1848, 5° sér., t. XI.
LasuoPayLLia ,
EczrsosmiLia (pars),
PErismiL1A , D'Orb., Note sur des Pol. foss. et Prodr.
PozyPuyLuia,
CoNoPnyLua ,
Moxruivauria, M. Edw. et H., Polyp. paléoz. et British fossils corals.
« Polypier simple, fixé ou libre, et subpédicellé; columelle nulle; cloi-
sons nombreuses et serrées, très-larges, droites, débordantes, à bord
supérieur fixement et régulièrement denticulé; muraille recouverte d’une
épithèque membraniforme très-développée. »
Ce genre renferme un grand nombre d'espèces, presque toutes secon-
daires, quelques-unes tertiaires. MM. Milne Edwards et Haime en comptent
71 espèces (y compris les espèces nouvelles indiquées dans le Prodrome
de M. d’Orbigny), auxquelles il faut en ajouter 7 autres décrites dans les
Polypiers fossiles d'Angleterre. Sur ce nombre 10 appartiennent au Muschel-
kalck de S'-Cassian; 4 (5 ?) seulement au lias. Nous en ajouterons une espèce
du lias inférieur.
4. Monrzivazria Hammer, N.
(PI. XXX VII, fig. 5.)
M. subpedunculalä, discoïided, maximè depressà ; calyce saepits convexius-
culo; fossul& centrali parva, orbiculari; septis numerosis , tenuibus, cycla sex
formantibus.
Dimensions. — Diamètre 25 mill.; hauteur 5 à 5 mill.
Description. — Polypier simple, discoïde, déprimé; base très-légère-
ment pédicellée; épithèque assez mince, ridée, s’étendant jusqu’au bord du
264 DESCRIPTION DES FOSSILES
calice, qui est circulaire, peu ou point convexe; fossette centrale petite et
circulaire; cloisons nombreuses , formant six cycles : celles des deux pre-
miers arrivant à peu près jusqu’au centre, différant peu du troisième; celles
du dernier très-petites ; toutes ces cloisons sont minces, à bord fortement
crénelé; celles des deux premiers cycles augmentent légèrement d’épais-
seur à partir du centre jusqu’au quart environ de leur longueur, et de là
diminuent vers la périphérie, où les cloisons de tous les cycles sont à peu
près de même largeur.
Cette espèce est remarquable par sa forme très-déprimée, qui la ferait
prendre pour un cyclolithe; la base est ordinairement un peu convexe, mais
parfois complétement horizontale; cependant cette variation n’amène que
peu de différence dans la hauteur totale, la surface du calice étant plus
bombée lorsque la base est plane. Celle-ci est recouverte d’une épithèque
médiocrement épaisse, parfois érodée, et alors laissant apercevoir les
cloisons.
Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, par le nombre de ses
cycles, des Monilivaltia dispar, trochoïdes, ponderosa, Beaumonti, patellata, sub-
truncata et dilatata, mais elle s’en distingue immédiatement par sa forme
discoïdale très-déprimée. Ce caractère la rapproche des M. depressa, lens,
De la Bechei, orbitolites, deformis et numismalis (Thecophyllia numismalis, d'Orb.,
Prodr., 1850, p. 521). Mais aucune, si ce n’est peut-être la dernière,
n’est aussi déprimée, et les caractères que nous avons indiqués, permet-
tront toujours de la reconnaître.
Nous nous empressons de dédier cette belle espèce à M. J. Haime, l'ha-
bile collaborateur de M. Milne Edwards.
Localités. — Cette espèce n’est pas rare dans la marne de Jamoigne, où
on la trouve dans plusieurs localités, particulièrement à Jamoigne, à Ter-
mes, etc.
2. MONTLIVALTIA GUETTARDI.
(PI. XXXVIL, fig. 6.)
CaryxoPayzLoïpe, ete.? Guettard, 1770, Hém., t. III, p. 468, pl. 26, fig. 4-5.
Monrrvarria Guerrarpi. Blainv., 1850, Dict. des sc. nat., t. LX, p. 502.
— — Id., 1854, Manuel d’Actinol., p. 556.
THEcOPHYLLIA — Edw. et Haime, 1848, Ann. des sc. nat., 5° sér., t. XI, p. 242.
MONTLIVALTIA — Id. 1850, Polyp. paléoz., p. 74.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 265
M. pedunculatä, conicä, plus minüsve depressä, rarius cylindro-conica ;
epithecä usquè ad calycem obtegente; calyce orbiculari, fossulà magnäà con-
formi; septis crenatis, arcuatis, extrorsüm lenuioribus, 5 cycla formantibus.
Dimensions. — Diamètre 50 mill.; hauteur 11 à 50 mill.
Description. — Polypier simple, de forme assez variable, souvent coni-
que, plus ou moins déprimé, rarement cylindro-conique; base assez légè-
rement pédicellée; épithèque fortement ridée, épaisse, s'étendant jusqu’au
bord du calice ; calice circulaire, ordinairement concave, à fossette cir-
culaire médiocre, peu profonde. Cloisons ordinairement minces, à sur-
face granulée, très-fortement dentelées sur leurs bords, qui sont arqués,
diminuant d'épaisseur du centre, ou à peu près, à la périphérie; formant
cinq cycles : celles du second égalent presque celles du premier, et ne
dépassent pas beaucoup celles du troisième; les cloisons du cinquième
sont très-petites.
Cette espèce varie surtout par sa hauteur; elle est parfois légèrement
courbée; la partie adhérente est petite.
Rapports et différences. — Cette coquille se rapproche, par le nombre de
ses cycles, des M. caryophyllata, pateriformis, hippuritiformis, decipiens, etc.
Elle est surtout voisine du M. decipiens (Anthophyllum decipiens, Goldfuss) ;
mais on pourra assez facilement la distinguer à son épithèque arrivant jus-
qu’au calice et à la fossette plus grande.
Localités. — Cette espèce appartient au lias inférieur : nous l'avons trou-
vée dans la marne de Jamoiïigne, à La Cuisine, près de Florenville, etc.;
on l’a retrouve en France, près de Sedan, dans la même couche; enfin,
elle parait se rencontrer aussi dans la marne de Strassen , à Waltzing.
Genre ISASTREA, Milne Edwards et Haime.
ASTREA, auctor.
Prionasrrea (pars), M. Edw. et H., Ann. des sc. nat., 5° série, vol. XI et XII.
— (pars), British fossil corals, 4! part.
— (pars), et Meaxorraruyzzra d'Orb., Note sur les polyp. fossiles.
Isasrnea, M. Edw. et H., Polyp. foss. des terr. paléoz.
— — Brit. corals, A part.
« Polypier en masse convexe ou subgibbeuse, à plateau commun
Towe XXV. 54
266 DESCRIPTION DES FOSSILES
recouvert d’une épithèque mince qui, lorsqu'elle est enlevée, laisse aper-
cevoir des côtes disposées par faisceaux radiés; polypiérites prismatiques,
se multipliant par gemmation calicinale et submarginale, intimement sou-
dés entre eux par leurs murailles, qui sont simples dans toute leur éten-
due; calices polygonaux, à fossette profonde, à bords simples et en arêtes;
columelle rudimentaire ou nulle; cloisons minces, serrées, finement gra-
nulées, et dont le bord libre présente de petites dents serrées et égales :
traverses assez bien développées. »
Ce genre parait avoir commencé à l’époque du Muschelkalk, pour finir
avec les terrains secondaires. Il contient, d’après MM. Milne Edwards et
Haime, quarante espèces, en y comprenant beaucoup de Prionastrea nou-
velles de M. d'Orbigny; aucune n'appartient au lias. Il faut y ajouter cinq
espèces nouvelles décrites dans les British fossil corals, et deux que nous
avons rencontrées dans le lias inférieur du Luxembourg.
1. IsASTREA OrBienyi, N.
(PL XXXVIL, fig. 7.)
I. solidä convexä ; calycibus inaequalibus, oblongis, polygonis, profundis ;
thecarum marginibus reclis, acutis, tenuioribus ; septis 20-58 rectis, tenuibus
nusquâm incrassalis, cycla quatuor formantibus, quarto imperfecto.
Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 4 à 8 mill. ; la
profondeur peut atteindre jusqu’à 2 mill.
Description. — Polypier massif, terminé par une surface irrégulièrement
convexe; calices inégaux, polygonaux, plus ou moins oblongs, assez pro-
fonds, terminés par des bords muraux droits, tranchants, élevés, extrême-
ment minces. Appareil septal irrégulier, composé de 20 à 58 cloisons,
formant quatre cycles, dont l’extérieur est souvent incomplet. Cloisons
droites, très-minces, d’égale épaisseur dans toute leur étendue, ordinaire-
ment opposées à celles des calices voisins; celles des premiers ordres pa-
raissent seules arriver jusqu’au centre.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des 1. helianthoïdes,
Condeana, et surtout de VI. Munsterana ; elle s’en distingue par ses murailles
minces , saillantes , les dimensions des calices, le nombre et l’épaisseur
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 267
faible et régulière de ses cloisons, dont les plus nouvelles ne paraissent
pas arriver jusqu'au centre.
Nous dédions cette espèce à M. d’Orbigny, dont le zèle infatigable et
les vastes connaissances ont tant agrandi le champ de la paléontologie.
Localité. — Nous n'avons rencontré cette espèce que dans une seule
localité de la marne de Jamoigne , à S'-Cécile.
2. IsasTREA CONDEANA , N.
(PL XXXVIL, fig. 8.)
L. solidä, convext ; calycibus inaequalibus, profundis, polygonis ; thecis te-
nuibus, rectis; septis 20-52 rectis, tenuibus, cycla quatuor formantibus, quarto
imperfecto.
Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 4 à 9 mill. ;
leur profondeur dépasse rarement 1 mill.
Description. — Polypier massif terminé par une surface convexe ; calices
inégaux, de grandeur médiocre, peu profonds, polygonaux, terminés par
un bord mural mince, droit et tranchant; cloisons minces, droites, alter-
nant généralement avec celles des calices voisins; au nombre de 20 à 52,
en systèmes irréguliers, formant quatre cycles, dont l'extérieur est in-
complet.
Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine de lL. limitata, dont
elle se distingue par la grandeur et la profondeur de ses calices.
Localités. — Ce polypier appartient au lias inférieur. Nous l'avons ren-
contré dans le grès de Luxembourg, près d’Arlon, sur la route de Mersch,
à Clairfontaine, à Fouche, etc.
5. ISASTREA BERNARDANA.
(PL XXXVIIL, fig. 10)
PrionastReA BernarDiana D'Orb., Prodr., 1850, t. I, p. 295.
ISASTREA BERNARDANA. Milne Edwards et Haime, 1851, Polyp. paléoz., p. 105.
L. solidà, pland; calycibus subinaequalibus, plus minüsve profundis, poly-
gonis ; thecis rectis, tenuibus ; septis 50-50, rectis, tenuibus, crenulalis, cycla
quatuor formantibus, quarlo subimperfecto.
Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 5 à 10 mill.;
la profondeur, de 2 à 5 mill.
268 DESCRIPTION DES FOSSILES
Description. — Polypier massif, terminé par une surface plane; calices
de grandeur médiocre, peu inégaux, polygonaux, de forme très-variable ,
assez profonds, terminés par des bords muraux droits, assez minces.
Appareil septal irrégulier, composé environ de 50 à 50 cloisons, parais-
sant former quatre cycles, dont l'extérieur est souvent incomplet. Les cloi-
sons sont droites, assez minces , d’égale épaisseur dans toute leur étendue,
crénelées à leur bord libre.
Rapports et différences. — Voisine de l’Astrea helianthoïdes, Goldfuss , elle
s’en distingue cependant par ses calices généralement plus grands et sou-
vent plus irréguliers, le nombre des côtés variant de 4 à 7, et surtout par
les cloisons plus nombreuses.
Localités. — Cette espèce se rencontre dans le calcaire de Longwy, aux
environs de cette ville. M. d'Orbigny la cite dans l'étage bajocien de Lan-
grune, de Salins, de Nantua, etc.; MM. Milne Edwards et Haime, à Metz.
4. ISASTREA LIMITATA.
(PI. XXX VUE, fig. 9.)
ASTROIDES , elc. R. Plot., 1676, Wat. hist. of Oxford., pl. 1, fig. 6.
MaprEPoORA. J. Walcott, 1779, Descrip. and fig. of petrif., p. 47, fig. 65.
ASTREA LIMITATA. Larmx. in Michelin, 1846, Zcon. 200ph., pl. 54, fig. 10.
— — M'Coy, 1848, Ann. and mag.uf nat. hist., 2° sér., vol. IT, p. 418.
PRIONASTREA LIMITATA. M. Edw. et H., 1849, nn. des sc. nat., 5° sér., vol. XII, p. 157.
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 522.
ALIMENA. Id., id., id.
— LUCIENSIS. Id., id., id,
ISASTREA LIMITATA. M. Edw. et H., 1851, Polyp. paléoz., p. 105.
— = — — British corals , 2 part, p.114, pl. 95, fig. 9, et pl. 24, fig. 4 et 5.
I. solidä, superficie pland, nonnunquäm gibbosd ; calycibus inaequalibus ,
profundioribus, polygonis; thecarum marginibus tenuibus ; septis 20-50 rec-
lis, tria cycla formantibus, cyclo incomplelo saepiùs adjecto.
Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 5 à 6 mill., leur
plus grande profondeur est d'environ 2 mill.
Description. — Polypier massif terminé par une surface plane ou quel-
quefois gibbeuse; calices presque égaux dans quelques parties, très-iné-
gaux dans d’autres, les plus grands ordinairement situés sur les parties
saillantes ; tous sont polygonaux, pas très-profonds et terminés par un bord
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 269
mural mince et droit. Appareil septal très-irrégulier; vingt cloisons ou
même moins dans les petits calices, trente dans les plus grands, formant,
dans ce cas, trois cycles complets et un quatrième incomplet; cloisons
minces, droites, granulées, présentant des stries rayonnantes sur les sur-
faces latérales, alternant généralement avec celles des calices voisins.
Rapports et différences. — Cette espèce diffère des I. helianthoïdes, Mun-
sterana, Bernardana, ornata et Condeana par la faible dimension de ses calices,
et par ses cloisons plus nombreuses ; des L. polygonalis, oblonga et Michelini
par ses murailles très-minces ; de VI. Guettardana par ses calices moins pro-
fonds et ses cloisons plus fortes et plus nombreuses.
D’après MM. Milne Edwards et Haime, les Prionastrea Alimena et Luciensis
de M. d'Orbigny n’en diffèrent pas sensiblement.
Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire bajocien,
à Longwy. En Angleterre, on la rencontre dans le grand oolithe près
de Bath et à Hampton-Downs; en France, dans le même terrain près de
Caen, à Luc, à Ranville et à Langrune.
Genre THAMNASTREA, Lesauvage.
ASTREA, auct.
Tuaunasrrea, Lesauvage, Ann. des sc. nat., 1"° série, t. XXVI.
— et Syxasrres , M. Edw. et H., Comptes rendus, t. XXVIT.
— — Brit. foss. corals, 1! part.
Cenrrasrres et Porvpayziasrees, d'Orb., Note sur des polyp. foss.
Tuamasrrea, M. Edwards et Haime, Polyp paléoz. et British corals, 2 part.
« Polypier fixe, en général convexe ou subplane, quelquefois gibbeux
ou même subdendroïde ; gemmation submarginale; polypiérites en général
soudés très-intimement par leurs murailles, qui sont très-peu distinctes ;
calices superficiels, bien distincts par le centre, mais confondus vers leur
circonférence ; columelle papilleuse ou tuberculeuse et en général peu dé-
veloppée; cloisons confluentes et se continuant sans interruption d’un
calice à un autre, en débordant et en cachant les murailles qui séparent
les individus; le bord libre de ces cloisons est sensiblement horizontal et
présente des dents peu inégales, mais dont les plus rapprochées de la
columelle paraissent cependant un peu plus fortes; leurs faces latérales
270 DESCRIPTION DES FOSSILES
sont fortement granulées, au point que souvent les grains se rencontrent
avec ceux de la cloison voisine; mais les traverses lamellaires sont peu
développées. »
Ce genre, nombreux en espèces, semble avoir paru pour la première
fois lors de la formation du Muschelkalk: de S'-Cassian, et finit avec l’époque
secondaire, MM. Milne Edwards et Haime en indiquent soixante-dix-neuf
espèces, en y comprenant les espèces nouvelles mentionnées par M. d’Or-
bigny, dans son Prodrome ; depuis, ils en ont décrit huit nouvelles espèces
de l’oolithe d'Angleterre. Sur le nombre total, deux viennent de S'-Cassian;
une troisième vient du grès infra-liasique de Hettange (grès de Luxembourg).
Nous en décrivons une nouvelle espèce du calcaire bajocien de Longwy.
THAMNASTREA Dumonri.
(PI. XXXVHE, fig. 11.)
T. solidä, superficie subpland ; calycibus minutis, profundioribus, approæi-
matis, inaequalibus ; columellä prominente ; septis 28-54 plerumque rectis,
extrorstm incrassalis, saepius valdè inflexis.
Dimensions. — La grande diagonale des calices mesure 2 à 5 mill.
Description. — Polypier massif, terminé par une surface irrégulièrement
aplatie; calices petits, très-profonds, rapprochés, inégaux, disposés sans
ordre les uns par rapport aux autres; fossettes profondes; columelle bien
marquée ; cloisons au nombre de 28 à 54, paraissant former quatre cycles,
généralement droites, brusquement courbées au-dessus des murailles, un
peu amincies vers le centre; les principales atteignent la columelle, les plus
petites souvent rejoignent la cloison voisine.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue d’un grand nombre de
ce genre par la petitesse de ses calices, par leur profondeur et par le grand
nombre des cloisons.
Localités. — Elle se trouve, mais rarement, dans le calcaire de Longwy,
aux environs de cette ville.
Dédiée à M. Dumont par ses disciples reconnaissants, comme un faible
hommage rendu à ses beaux travaux.
D —
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 271
LISTE
DES ESPÈCES DE CHAQUE ÉTAGE, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES (!). NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES (!).
1. Grès de Martinsart.
Ostrea irregularis, Münst. . . . |
|
2. Marne de Jamoigne.
Ammonites angulatus, Schl. Lima plebeia, N. .
Astarte consobrina, N. Limea Koninckana, N.
Belemnites acutus, Mill. . . . . 5?, 4 Montlivaltia Guettardi, BI.
Cardinia angustiplexa, N. — Haimei, N.
— Dunkeri, N. Mytilus Hillanoïdes , N.
gibba, N. Ostrea arcuata, Lam., sp.
hybrida, Sow., sp. +. . € — irregularis, Münst.
lamellosa, Goldf., sp. Pinna fissa, Goldf.
Nilsoni, K. et Dunk., sp. — Hartmanni, Ziet.
porrecta, N. — similis, N.
subaequilateralis, N. Pleurotomaria cognata , N.
unioïdes, Ag. _ expansa, SOW., Sp.
Cerithium subturritella | Dunk., sp — basilica, N.
Chemnitzia turbinata, Terq. . . : — rottellaeformis, Dunk. |
Isastrea Orbignyi, N. Rhynchonella anceps, N.
Lima duplicata, Sow., sp. . . . / Serpula socialis, Goldf.
fallax, N. Trochus acuminatus, N.
Hausmanni, Dunk. — intermedius, N.
Hermanni, Voltz. Turbo atavus, N.
Omaliusi, N. — Nysti,N.
(1) Les étages où passent, chez nous, les espèces mentionnées, sont indiqués par leurs numéros d'ordre , dans
la seconde colonne.
272 DESCRIPTION DES FOSSILES
NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES. | NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES.
3. Grès du Luxembourg.
Ammonites bisulcatus, Brug.
Condeanus, N.
conybeari, Sow.
stellaris, Sow.
Anomia pellucida, Terq.
Avicula sinemuriensis , d'Orb.
? Belemnites acutus, Mill.
Cardinia concinna, Sow., sp.
copides, de Rhyck.
hybrida, Sow., sp.
similis, Ag.
Cerithium Dumonti, N.
— conforme, N.
Chemnitzia aliena, N.
— Davidsoni, N.
Ammonites bisulcatus, Brug.
Ayicula sinemuriensis, dOrb .
Belemnites acutus, Mill.
Cardinia hybrida, Sow., sp. .
— Listeri, Sow., sp.
Homomya alsatica, Ag.
— Konincki, N.
Lima duplicata, Sow., sp.
— gigantea, Sow., sp..
— punctata, Sow.
multicostatus, Sow.
crassiuscula, Sow., sp.
? Chemnitzia turbinata, Terq. .
Chemnitzia nuda, N.
— ingrata, N.
Hettangia ovata, Terq.
Isastrea Condeana, N.
Lima aciculata? Münst.
— duplicata, Sow., sp.
— gigantea, Sow., sp.
— plebeia? N.
Natica Koninckana, N.
Nautilus affinis, N.
Ostrea arcuata, Lam, sp.
— _irregularis , Münst.
Pecten disciformis, Schübl. .
— textorius, Schl.
Pinna diluviana, Ziet.
Rhynchonella Buchii? Roem., sp. .
Serpula socialis, Goldf.
4. Marne de Strassen,
Monilivaltia Guettardi, BI.
Mytilus Hillanoïdes? N.
Nautilus affinis, N.
Ostrea arcuata, Lam. sp.
Pecten disciformis, Schubl. .
— textorius, Schl.
Pholadomya ambigua , Sow.
— glabra, Ag.
Pleuromya striatula, Ag.
Pleurotomaria expansa, Sow., sp. .
4
2,4
1,92
4, 5", 8?
4,5*,5, 6,8.
4,5*
2,8
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG.
NOMS DES ESPÈCES.
Pleurotomaria rustica, E. Des.
Rhynchonella anceps, N.
— Buchii? Roem.
Spirifer Walcotti, Sow.
5". Sable inférieur du
Ammonites multicostatus, Sow.
— obtusus, Sow.
— Valdani, Sow.
Avicula Sinemuriensis, d'Orb.
Cardinia Konincki, N.
Ostrea cymhium, Lam., sp.
Pecten acuticosta, Lam. ?
— disciformis, Schübl.
Ammonites spinatns, Br.
Avicula sinemuriensis, d'Orb.
Belemnites abbreviatus, Mill.
— clavatus, De BI.
Cerithium subeurvicost., E. Desl., sp.
Ceromya gregaria, Roem., sp.
Lingula sacculus , N.
Mytilus subparallelus , N.
Ostrea cymbium, Lam., sp.
Pecten aequivalvis, Sow.
— textorius, Schl.
Pholodomya decorata, Hartm,
Ammonites bifrons, Brug.
— Braunianus, d'Orb.
_ Comensis, de Buch.
(1) Nous avons jugé convenable de faire une liste séparce des fossiles de cette couche;
dans celle du macigno, sauf quelques-uns, qui avaient été rapportés au gres de Luxembourg (1853).
Tome XXV.
|
|
ÉTAGES.
3, 4, 8?
G. Macigno
5,4, 5*
7. Marne de
275
NOMS DES ESPECES.
Terebratula causoniana , d'Orb.
Turbo Buvignieri, N.
iosculptus , N.
selectus, N.
macigno d’'Aubange ('..
Pecten textorius, Schl.
Pholadomya Davreuxi, N.
— Dumonti, N.
— Nysti, N.
Pinna inflata, N.
Rhynchonella Buchii? Roem , sp.
— variabilis, Schl., sp.
Terebratula sub-punctata, Dav.
d'Aubange.
Pholodomya foliacea , Ag.
Pleuromya Alduini, A. Br., sp.
— rostrala, Ag.
— unioides, Roem , sp
Plicatula spinosa, Park.
Rhynchonella acuta, Sow., sp.
— tetraedra, Sow., sp.
variabilis, Schl., sp.
Spirifer rostratus, Schl., sp.
Turbo cyclostoma, Benz.
— minax, N.
Grand-Cour.
Ammonites communis, Sow
complanatus, Brug.
concayus, SUW.
ÉTAGES.
primilivement ils étaient compris
19
En
re
DESCRIPTION DES FOSSILES
NOMS DES ESPÈCES.
Ammonites cornucopiae, Y. et B.
heterophyllus , Sow.
Holandrei, d'Orb.
mucronatus, d'Orb.
radians , Rein.
Raquinianus, d'Orb.
serpentinus, Schl.
variabilis, d'Orb.
Arca elegans , Roem., sp.
Astarte subtetragona, Münst.
Avicula substriata, Münst., sp.
ÉTAGES.
NOMS DES ESPÈCES.
Belemnites acuarius, Schl.
— compressus, Voltz.
— irregularis, Schl.
— tripartitus, Schl.
Lingula Longoviciensis, Terq.
Nucula amoena, N.
— Omaliusi, N.
— subglobosa? Roem.
Pecten textorius, Schl.
Pleuromya Alduini, A. Br., sp.
Posidonomya Bronni, Voltz.
S. Oolithe ferrugineux de Mont-S-Martin.
Ammonites Levesquei, d'Orb.
_ radians, Rein.
Belemnites giganteus, Schl. .
? Lima proboscidea, Sow.
Arca oblonga, Goldf.
Avicula echinata, Sow.
Belemnites giganteus, Schl. .
Ceromya conformis, Ag.
— latior, Ag.
— lunulata, Ag.
— striato-punct., Münst., sp.
— truncata, Ag.
Homomya gibbosa, Sow., sp.
— Terquemi, N.
Lima alticosta, N.
— duplicata, Sow., sp.
— proboscidea, Sow., sp.
— semicireularis, Goldf.
Ostrea phaedra , d'Orb.
— polÿymorpha? Munst.
Pecten Germaniae, d'Orb.
9. Calcaire de Longwy.
RQ
Lithodomus Waterkeyni, N.
Mytilus gibbosus Sow., sp.
Ostrea acuminata , Sow.
— Marshii, Sow.
— sandalina, Goldf.
Pecten articulatus , Schl.
? — disciformis, Schübl. .
— Germaniae, d’Orb.
— personatus, Goldf.
— Saturnus, d’Orb.
— textorius, Schl.
Pholodomya bucardium , Ag.
_ fidicula, Sow.
— media, Ag.
ÉTAGES.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG.
;
NOMS DES ESPÈCES.
Pholadomya Murchisoni, Sow.
— Zieleni , Ag.
Pleuromya Alduini, A. Br., sp
decurtata, Goldf., sp.
elongata , Münst., sp.
Helena, N.
Pleurotomaria gyroplata, E. Des.
— mutabilis, E. Desl.
— Phine, N.
Rhynchonella Davidsoni, N.
— Edwardsi, N.
— Langleti, N.
tenuistria, Münst., sp.
ÉTAGES.
NOMS DES ESPÈCES.
Rhynchonella Niobe, N.
— obsoleta, Sow. sp
— Pallas, N.
Serpula filaria , Goldf.
— limax, Goldf.
— socialis, Goldf.
— tricarinata, Goldf.
Straparolus glabratus , N.
Terebratula perovalis, Sow.
— subbucculenta, N.
Thamnastrea Dumonti, N.
Turbo ditior, N.
ÉTAGES.
275
276
DESCRIPTION DES FOSSILES
TABLEAU SYNOPTIQU
NOMS DES ESPÈCES.
Ammonites angulatus, Schl. .
— bifrons, Brug.
— bisulcatus, Brug.
— Braunianus, d'Orb. .
— Comensis, de Buch. .
— communis, SOW. .
— complanatus, Brug. .
— concavus, Sow.
— Condeanus, N.
— Conybeari, Sow. :
= cornucopiae, Young et
BITES SEAT
— heterophyllus, Sow.
— Holandrei, d’Orb.
= Levesquei, d'Orb.
= mucronatus, d'Orb. .
— multicostatus, Sow. .
— obtusus, Sow.
— radians, Rein.
= Raquinianus, d'Orb. .
e serpentinus, Schl.
— spinatus, Brug.
— stellaris, Sow.
— Valdani, d’Orb.
= variabilis, d’Orb. .
Marne
DE JAMOIGNE.
T
Chiny, Jamoigne, Moy-
en, Termes, etc.
»
Grès
DE LUXEMBOURG.
Lime, Guirsch .
»
Villers devant Orval
Walzingen (envir. de).
Lime .
Walzing., env. Mawez.
”
Marne
DE STRASSEN.
Volberich .
(1) Les localités des sables et grès inférieurs du macigno sont désignées par un astérisque (1853).
Sable et Ma
; &]
D AUB ANGE
Bonnert ‘, B
Belmont *.…
Athus, Bleid
N.-0.de Somi
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 277
ATIGRAPHIQUE DES ESPÈCES.
@olithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
Écouv., S'-Mard.
d; Lamorteau .
au; Grand-Cour,
Ecouviez.
Soleure
Mont-S'-Martin, Pied-
mon.
Calcatre
DE LONGWY.
OBSERVATIONS.
Lias le plus inférieur d'Allemagne.
Lias supérieur de France.
Lias inferieur d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias supérieur de France et d'Allemagne.
_ de France.
d'Angleterre.
de France.
Lias inférieur de France et d'Angleterre.
Lias supérieur de France et d'Allemagne.
_ de France.
Lias inférieur d'Allemagne et d'Angleterre.
— de France et d'Angleterre.
Lias supérieur de France.
— d'Allemagne , de France et d'Angleterre.
Lias moyen de France,
Lias inférieur de France et d'Angleterre.
Lias moyen de France.
Lias supérieur de France et d'Allemagne,
278 DESCRIPTION DES FOSSILES
=
Marne Grès Marne
DE JAMOIGNE. DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN.
Arca elegans, Roem., sp.
— oblonga, Goldf. .
Astarte subtetragona, Münst. . . Û
— consobrina, Nob.. . . . | Chiny, Izel, La Cui-
sine, etc.
Avicula Sinemuriensis, d'Orb. . . » Gérouville, Bergiwé .| Wolberich . . . .|S'-Croix, S=Ma
| bange, Ethe
— substriata, Münst., sp. . » ù » v 4
— echinata, Sow. . . . . " » » D
Belemnites abbreviatus, Miller . . ” ” ” Halanzy, À ban
tre Gorcy etNy
— acuarius, Schl. . . . ” » »
— acutus, Mill . . . . |?Hachy . . . . .|?Lime, près Virton. . | Guirsch, Frelange,
Waltzing.
— clavatus, DeBl . . . » » ” Entre Vi
Tour.
= compressus, Volz. . . » » ù)
— giganteus, Schl. . . . 5 » » LL
_ irregularis, Schl. . . . ù 5 1 4
— ÉDIPAT AUS 0 » » »
Cardinia angustiplexa, Nob. . . | Moyen, Termes.
— concinna, Sow., sp. . . » Metzert, Lime, etc. . »
— copides, de Ryck. . . . ” Metzert, Wolberich,
Guirsch, Lasoye,
Fouche.
— crassiuscula, Sow., sp. . » Wolberich, Arlon (route ”
de Mersch), Lasoye.
A DunkEri NOb IS Cécile. ” '
— gibba, Nob. : ©» . ." ” |'La Cuisine.
— hybrida, Sow., sp. . . | Muno . . . . . .| Environs d'Arlon . .| Waltzing.
— Konincki, Nob. . . . . » n » Weyler *.
— lamellosa, Goldf, sp. . . | S“-Cécile, route de Flo- ” >
renville à La Cuisine,
Chiny, Izel, Moyen,
etc.
Bye
DES TERRAINS SECONDAIRES DU
LUXEMBOURG. 279
RAND-COUR.
; Lamorteau, etc.
“
srand-Cour, La-
Wu, S'-Mard.
| LI
Grand - Cour,
Z.
(p Lamorteau ,
{ S. de Ville.
1, Lamorteau, etc.
M:-S'-Martin,
Oolithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
Piedmont.
Calcaire
DE LONGWY.
Longwy .
Longwy .
Halanzy,Longwy, Coulmy.
OBSERVATIONS.
Lias supérieur d'Allemagne.
Oolithe inférieur de France, d'Allemagne et d'Angleterre.
Lias supérieur de France et d'Allemagne.
Lias inférieur de France (d'Orb.), lias moyen d'Angle-
terre (Phill.) et d'Allemagne (Goldf.).
Lias supér. d'Allemagne; lias moyen de France (d'Orb.).
Oolithe inf. de France et d'Angleterre; grand ool. d’Angl.
Lias supérieur de France (d'Orb.), lias moyen d'Alle-
magne (Quenstedt).
Lias supér, (d'Orb., Pal. Fr.) lias moyen (d'Orb., Prodr.)
de France, d'Angleterre du Wurtemberg.
Lias inférieur de France et d'Angleterre.
Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne; lias
supérieur d'Orb. (Pal. fr. non Prod.), moyen et supé-
rieur, Roemer.
Lias supér. de France et d’Allem. (et lias moyen, Roemer).
Oolithe inférieur de France , d'Allemagne et d'Angleterre.
Lias supérieur d'Allemagne, de France et d'Angleterre.
Lias supérieur d'Allemagne, de France et de Suisse.
Lias inférieur de France, d'Angleterre, d'Allemagne et
de Wurtemberg.
Lias inférieur de France et d'Angleterre.
— d'Allemagne.
Lias inférieur de France et d'Allemagne.
— de France et de Wurtemberg.
280 DESCRIPTION DES FOSSILES
Marne Grès Marne
NOMS DES ESPÈCES.
DE JAMOIGNE. DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN.
Cardinia Listeri, Sow. . . - . » » NYALZIN ES ETATS n
— Nilsoni,KochetDunk.,sp. | Jamoigne. . . . . » » n |
— porrecta, Nob. . . . . |S. d'Attert. |
— similis, Ag. . . . . . » Environs d'Arlon . . ù ù |
— subaequilateralis, Nob. . | Route de Florenville à
La Cuisine.
— unioïdes, Ag. . . . . | Route de Florenville à ” 5 ”
La Cuisine, S“-Cécile,
Izel.
Cerithium conforme, Nob. . . . ” Id.
— Dumonti, Nob. . . . » Lasoye.
— subcurvicost., Desl., sp. » | ” ï Aubange » .
_ subturritella, Dunk., sp. | Termes . . . . . » ù à
Ceromya conformis, Ag. . . . » ” » »
— gregaria, Roem., sp. . . » n à Entre Gorcy.
AN EAN CONS EN ” » »
— Junulata, Ag. . . . . » °
— striato-punel., Müns., sp. » » n
CU ITUN PA AE RCE Q ” #
Chemnitzia aliena, N. . . . . » Hopscheïd.
— Davidsoni,N. . . . . ” Environs d'Arlon
— inpratan Ne (cut ” Lime.
— auda IN AR ARR ® Entre Étalle et Virton.
_- turbinata, Terq. . . . | La Cuisine, Jamoïgne. “ ? Walzing.
Helcion discrepans., de Ryck. . . ù ; F
— infra-liasina, de Ryck. . Û d
Hettangia ovata, Terq. . . . . ’ Eischen, Guirsch, Wol-
berich, Lime, etc.
_ Alsatica, Ag. : . . . 0 £ » Walzing.
|| Homomya gibbosa, Sow. . . . Û . » »
— Konincki, Nob. . . . Û » Frelange.
— Terquemi, Nob. . . . “ » n
Isastrea Bernardana, dOrb., sp. . “ » »
{
=
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 281
Oolithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
Loue XXV.
|
Calcaire
DE LONGWY.
Longwy .
Id.
Id.
Id.
Id.
Longwy .
Id.
Id,
OBSERVATIONS.
Lias inférieur d'Angleterre.
— d'Allemagne.
_ de Suisse.
— d'Angleterre.
Lias supérieur? (Desl.), lias moyen {d'Orb.) de France.
Lias inférieur d'Halberstadt.
Oolithe inferieur de Normandie
Lias (Goldf.) et oolithe infér. (Goldf., Roem.) d'Allemagne.
Oolithe inférieur du Wurtemberg.
| Jura inférieur de Suisse (Ag.), bathonien (d'Orb.).
Oolithe inférieur du Wurtemberg, de France.
— de France.
Lias inférieur de France (Hettange).
Lias moyen et supérieur de France
Oolithe inférieur d'Angleterre.
Oolithe inférieur de France.
30
282
NOMS DES ESPÈCES.
Isastrea Condeana, N.
— Orbignyi, N. .
— Jimitata, Lamx., sp.
Lima alticosta, N. .
— aciculata? Münster.
duplicata, Sow., sp.
fallax, N.
gigantea, Sow., sp.
Hausmanni , Dunker. .
Hermanni, Voltz.
Omaliusi, N..
plebeia , N.
proboscidea , Sow. .
punctata, Sow., sp.
semicircularis, Goldf. .
Limea Koninckana, N.
Lingula Longo-viciensis, Terquem.
— sacculus, N.
Lithodomus Waterkeyni, N.
[| Montlivaltia Guettardi, BL, sp.
— Haimei, N. .
Mytilus hillanoïdes, Goldf., sp.
psilinotus, de Ryck.
gibbosus, Sow., sp.
Terquemianus, de Ryck.
subparallelus, N.
Natica Koninckana, N. .
Nautilus affinis, N.
Nucula amœna, N.
— Omaliusi, N. .
— subglobosa? Roem
DESCRIPTION DES FOSSILES
Marne
DE JAMOIGNE.
S'"-Cécile.
Jamoigne, Chiny, Izel.
| Termes, Jamoigne.
?
S'e-Cécile .
Nord d'Étale, Chiny .
Nord d’Étale.
Jamoig., Termes, Chiny.
Jamoigne.
La Cuisine
Jamoigne, Termes, etc.
Muno .
&rès
DE LUXEMBOURG.
Fouche, Clairfontaine.
Fouche
Arlon (route de Mersch).:
Stockem .
|
Frassem.
Près d’Arlon.
"
Marne
DE STRASSEN.
»
»
Frassem, Frelange .
Waltzing .
»
Waltzing, Frelange
Waltzing?
?Frelange.
Waltzing .
ET MACIGNO D
Du
&
4
À
“RAND-COUR.
Oolithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
? Coulmy.
a
Longwy .
Halnazy.
Longwy
Longwy.
Longwy.
| Longwy .
Calcaire
DE LONGWY.
| Lias inférieur de France.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 285
OBSERVATIONS.
Grand oolithe de France et d'Angleterre
Coralien d'Allemagne.
Oolithe corall. (Sow. |; volithe inférieur et lias (Roemer,
Goldf., Münster); callovien (d'Orb..
Lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France; lias supé-
rieur (d'OUrb.).
Lias inférieur d'Angleterre.
Lias infér. d'Allemagne, lias moyen de France (d'Orb.).
Oolithe infer. d'Allemagne (Ziet.); Coral-Rag (Roemer).
En France, du bathonien à l’oxfordien.
Lias inférieur d'Angleterre et de France.
Oolithe inférieur de France et d'Allemagne.
Lias supérieur de France.
Lias d'Allemagne.
Oolithe infér. d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias supérieur de France et d'Allemagne.
284
DESCRIPTION DES FOSSILES
qe
NOMS DES ESPÈCES.
Ostrea arcuata, Lam. sp.
— acuminata, Sow.
— cymbium, Sow., sp. .
— _irregularis, Münst.
— Marshii, Sow.
— Phaedra, d'Orb. .
— polymorpha? Münst., sp.
— sandalina, Goldf.
Pecten aequivalvis, Sow.
— acuticosta, Lam.?.
— articulatus, Schl. .
— disciformis, Schübler.
— Germaniae, Goldf., sp. .
— personatus, Goldf.
— Saturnus, d'Orb. .
— textorius, Schl.
Pholadomya ambigua, Sow.
— bucardium, Ag.
— decorata, Hartm. .
— Deshayesea, N.
— fidicula, Sow. .
_ foliacea, Ag.
— glabra, Ag... .
_ Davreuxi, N.
— media, Ag.
= Murchisoni, Sow.
— Nysti, N.
— Zieteni, Ag.
Pinna diluviana, Zieten.
— fissa, Goldf.
— Hartmanni, Ziet.
Marne
DE JAMOIGNE.
Izel, La Guisine, etc. .
»
»
Izel, Termes, Chiny
Jamoïgne .
Hachy .
&Grès Marne
DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN.
Metzert, Gérouville. Waltzing, Guirsch, etc.
» n
» n
Fouche, Guirsch . . »
» »
» »
» »
» »
» »
» »
L] »
Bergiwé, Valansart,etc. | Guirsch, Frelange . .
” »
Li »
» 9 =
Fouche, Lime Waltzing, Frelange
» Waltzing .
» »
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» Id.
Lasoye, Étale . . . ÿ
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Sable et M
D'AUBANG]
1
»
Belmont *, Aubt
L]
»
4
Aubange, H
Entre Virton ll
L
Id.
Bleid .
Weyler *,
Bleid . . S
1
ed
Hondelangeb:
»
Fa
Weyler *.
Four «
ss mnt fentes
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 285
Oolithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
Mont-S'-Martin, Coulmy.
Id.
Entre Keyl et Esch
»
Calcaire
DE LONGWY.
Longwy .
Id.
Id.
?Id.
Longwy, Halanzy.
Id.
Halanzy .
Longwy, Halanzy.
»
Longwy .
Id.
Id.
Id.
Id.
OBSERVATIONS.
Lias infér. de France , d'Angleterre et d'Allemagne.
Oolithe infér. d'Allemagne, de France et d'Angleterre.
Lias moy. (d'Orb.); ool. sup.? (Desh.); ool. inf.? (lias moy.)
(Sow.); lias moy. (Phill., Goldf.); Coral-Rag (Roem.).
Lias infer. d'Allemagne (Goldf.); lias moyen? (d'Orb.).
Oolithe infér. d'Allemagne, d'Angleterre et de France;
callov. et oxford. (d'Orb.).
Oolithe inférieur de France.
Oolithe inférieur de France et d'Allemagne.
Oolithe infér. (Goldf.), id. et corallien? (Roemer), oxford.
(d'Orb.).
Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias moyen (Roemer); lias supér. (d'Orb.), oolithe infér.
(Ziet.).
Coral.” d'Allemagne (Goldf., Roemer), bajocien de France
(d'Orbigny).
Oolithe inférieur et lias (1. moy. d'Orb.).
Oolithe inférieur de France et d'Allemagne.
Lias sup. (Goldf,, d'Orb.) et ool. inf. (Goldf., Ziet.).
Bajocien de France (d'Orb.).
Lias et oolithe infér. (Goldf.); lias infér. et super. (d'Orb.,
2 espèces).
Lias moyen (Roemer.).
Oolithe inférieur de Suisse.
Lias moyen (Roemer); lius et oolithe infér, (Goldf.); lias
infér. et moy. (Ag.), toarcien (d'Orb.).
Oolithe infér. de France, de Suisse et d'Allemagne.
Lias (Agasiz), toarcien (d'Orb.).
Lias d'Alsace (Ag.); liasien (d'Orb.).
Oolithe inférieur de Suisse (Ag.).
Oolithe inférieur de Suisse, d'Angleterre et de France.
Oolithe ferrugineux de Suisse.
Lias d'Allemagne.
Lias inférieur d'Allemagne,
Idem.
286
NOMS DES ESPÈCES.
Pinna inflata, N.
— similis, N. Muno.
Pleuromya Alduini, A. Brong., sp.
— decurtata, Goldf,, sp. .
-- elongata, Münst., sp .
— Helena, N. .
== rostrata, Ag.
— striatula , Ag.
— tenuistria, Münst., sp
— unioides, Roem., sp.
Pleurotomaria basilica, N. . Jamoigne.
— cognata, N. . . | Chiny.
_ gyroplata, Desl.
— mutabilis, Desl. .
— Phine, N.
_ rotellaeformis, Dunk. | Muno .
— rustica, Desl.
— expansa, Sow., sp. . | Jamoigne,
Plicatula spinosa, Sow. .
Posidonomya Bronni, Voltz.
Rhynchonella acuta, Sow., sp. .
— anceps, N. . Jamoigne.
_ Buchii? Roem., sp.
_ Davidsoni, N. .
— Edwardsi, N.
_ Langleti, N.
= Niobe, N. .
— obsoleta, Sow., sp.
Pallas, N. .
— tetraedra, SOw., sp. .
— variabilis, Schloth., sp.
Marne
DE JAMOIGNE.
n
La Cuisine.
Guirsch
Grès
DE LUXEMBOURG.
DESCRIPTION DES FOSSILES
Marne
STRASSEN,
Waltzing .
Id.
Id.
Guirch, Waltzing.
Bonnert, Frelange .
»
Volkrange *,
Aubange, Vi
:
»
»
Aubange . …
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG.
287
Oolithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
Calcaire
DE LONGWY.
| Longwy .
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
OBSERVATIONS.
Lias d'Allemagne; oolithe infér. d'Alsace (Goldf.); id. de
Suisse (Ag.), de France (d'Orb.).
Oolithe inferieur du Wurtemberg.
Oolithe inférieur d'Allemagne.
Lias d'Alsace (Agasis), lias inférieur (d'Orb.).
Lias inférieur de Suisse et de France.
Olithe inférieur d'Allemagne.
Lias moyen de France et d'Allemagne.
Oolithe inférieur de France et d'Angleterre.
Idem.
Lias inférieur de France et d'Allemagne.
Lias inférieur de France.
Lias (inférieur?) de France et d'Angleterre.
Lias d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias supérieur d'Allemagne et de France.
Lias moyen d'Angleterre et de France.
Lias moyen d'Allemagne.
Oolithe inférieur d'Angleterre et de France.
Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias inf. et moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
288
NOMS DES ESPÈCES.
Serpula limax, Goldf.
— tricarinata, Goldf. .
— filaria .
— socialis.
Spirifer Walcotti, Sow. .
— rostratus, Schl., sp.
Straparolus glabratus, N.
Terebratula subpunctata, Dav.
— Causoniana, d'Orb.
— perovalis, Sow.
— subbuculenta, N. .
Thamnastrea Dumonti, N. .
Trochus intermedius, N:
— acuminatus, N. .
Turbo atavus, N.
— Buvignieri, N.
— insculptus, N.
— Nysti, N.
— cyclostoma, Benz.
— minax, N.
— selectus, N.
— ditior,N. .
DESCRIPTION DES FOSSILES
Marne
DE JAMOIGNE.
Muno .
Jamoigne.
Id.
Id.
DE LUXEMBOURG.
Guirsch
Grès
Marne
DELSTRASSEN.
”
»
Waltzing, Bonnert.
Frelange .
Environs d’Arlon,
Id,
Waltzing.
»
a
Aix-sur-Croixy
»
S. d’Arlon ‘1
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Halanzy, À
Halanzy.
DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 289
@olithe ferr.
DE MONT-SAINT-MARTIN.
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Calcaire
DE LONGW Y.
Longwy.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Environs de Ruette.
OBSERVATIONS.
Lias infér. et moyen d'Angleterre, de France et d’Alle-
magne.
Oolithe inférieur d'Allemagne.
Idem.
Idem.
Oolithe inférieur; sable vert; cale. de l'Eifel ().
Lias infér. et moy. de France, d'Allemagne et d'Angle-
terre.
Lias d'Angleterre, de France et d'Allemagne.
Lias moy. d'Angleterre, de France et d'Espagne.
Lias inférieur de France.
Oolithe infér. de France, d'Angleterre et d'Allemagne.
?Oolithe inférieur d'Allemagne.
Lias supérieur du Wurtemberg.
AGassiz.
Bayer.
BAYLE.
LISTE DES OUVRAGES CITÉS.
Études critiques sur les Mollusques fossiles, Trigonies, Myes, Car-
dinies ; 1840-45.
"Opuxroypaax Norica, etc.; cum tabb. Norimbergæ, 1708.
(V. Coquand.)
BLaivizce (H. Ducrotay De). Manuel de malacologie et de conchyliologie. Paris, 1825.
BoBLAYE.
Bosc.
Boureuer.
BRANDER.
BRONGNIART.
BRONx.
BRUGUIÈRE.
Bucu (DE).
Mémoire sur les Bélemnites. Paris, 1827.
Manuel d’Actinologie et de zoophytologie. Paris, 1854; 1 vol. avec
atlas.
Mémoire sur la formation jurassique dans le nord de la France.
(Annales des sciences naturelles, t. XVII, 1829.)
Histoire naturelle des coquilles. (Buffon de Déterville); 1802.
Traité des pétrifications; avec figg. Paris, 1742.
Fossilia Kantoniensia collecta et in Musaeo Britannico deposita;
1766.
(Ann. des mines, t. VI.) F
Lethaea geognostica. Stuttgard, 1854-1838.
Index palaeontologicus. Stuttgard , 1847-1848.
Histoire naturelle des vers. (Encyclopédie méthodique) ; 1792, avec
un supplément par Deshayes, etc.
Recueil de planches de pétrifications remarquables, avec la des-
cription. Berlin, 1851.
Ueber Belemniten. (Mémoires de l'Académie des sciences de Berlin,
1852.)
Buca (DE).
Bucamanx.
Bulletins
Buvicnier.
LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 291
Ueber Delthyris, oder Spirifer und Orthis. {Mémoires de l'Aca-
démie des sciences de Berlin , 1858.)
Essai sur une classification des Térébratules. (Mémoires de la So-
cièté géologique de France) ; 1858-59.
Geology of cheltenham.
de l’Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Bel-
gique, t. XVI, p. 551.
de la Société géologique de France; 1850-52.
Mémoire sur quelques fossiles nouveaux des départements de la
Moselle et des Ardennes; 1845. (Mémoires de la Société philo-
matique de Verdun.)
Statistique géologique , minéralogique , minéralurgique et paléon-
tologique du département de la Meuse. Paris, 1852; 1 vol. avec
atlas.
Buvicnier (Sauvace et). Satistique minéralogique et géologique du département des Ar-
CHEeunirz.
Coquanp et BAYLE.
Cuvier (le baron De).
Davison (T.).
DE Haax.
DESHAYES.
dennes; 1842.
Systematische Konchylien Cabinet, vol. IV à XI. Suite à Martini ;
1780-1795.
Note sur les fossiles recueillis dans le Chili, et sur les terrains
auxquels ils appartiennent. (Bulletin de la Société géologique de
France, 1851.)
Règne animal, 5° édition. Bruxelles, 1856.
Monograph of British oolitic and liasic Brachiopoda, 2° et 5° par-
ties. Londres, 1851-52.
Lamark Species of fossil terebratulae. Londres, 1850.
Monographiam Ammonitearum et goniatitearum, etc. Lugduni
Batavorum. Mai 1825.
Encyclopédie méthodique, 1850-1835, faisant suite à Bruguiére.
Description de coquilles caractéristiques des terrains; 1851.
Traité élémentaire de conchyliologie, avec l'application de cette
science à la géognosie. Paris, 1839-1855. (Tome I.)
Desxayes et Mizxe Epwarps. Histoire des animaux sans vertèbres, 8 vol.; 1855-45.
DesLonGcawes (E.).
Dictionnaire
(2° édit. de Lamarck.)
Séance de la Société Linnéenne de Normandie, tenue en 1837.
4 broch. Caen.
Mémoire sur les genres Turritelle, Ranelle et Fuseau , 1845. (Mé-
moires de la Société Linnéenne de Normandie, t. VIT.)
Mémoire sur les Pleurotomaires des terrains secondaires du Cal-
vados; 1848. (Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie,
t. VIIL.)
des sciences naturelles, en 60 vol., avec supplément; 1816-1850.
292
LISTE DES OUVRAGES CITÉS.
Durrénoy et Ecie pe Beaumonr. Mémoires pour servir à une description géologique de la
Dumoxr.
Dunxer et MEvEr.
FaurE-Bicuer.
Férussac (De).
GoLpruss.
GUALTIERI.
GUETTARD.
Koca et Dunxer.
Konincek (DE).
Knorr.
France ; 4 vol. Paris, 1850-1858.
Mémoire sur les terrains secondaires du Luxembourg. (Extrait du
tome XV des Mémoires de l'Académie royale de Belgique.)
Rapport sur la carte géologique de la Belgique. (Bulletin de l'Aca-
démie royale de Belgique, t. XNT, 2° partie, p. 551.)
Paleontographica. Vol. [; 1846-1851.
Considérations sur les Bélemnites; 4819.
Prodrome ou Tableau systématique des animaux mollusques, elas-
sés en familles naturelles; 1822.
Petrefacta Germaniae; 5 vol., avec pl.; 1827-1844.
Index testarum , conchyliarum, ete.; 1742.
Mémoires sur différentes parties des sciences et des arts. Paris,
1770; 5 vol.
Beiträge zür Kentniss des norddeutschen Oolithengebildes und
dessen Versteinerungen; 1857.
Description des animaux fossiles des terrains carbonifères de Bel-
gique; 1842-1851.
Vergnügungen der Augen; 1757-1772.
Lapides diluvii universalis testes , ete.; fol. Nurenberg, 1755-
1775; avec pl.
— et Wazsu. Recueil des monuments des catastrophes que le globe de la terre
KRUGER.
Lamarcx.
LAMouroUx.
LanGrus.
Leonxarp et Bron.
Lister.
Linnæus.
Lun.
MENKE.
MiLLer.
MICHELIN.
a essuiées , etc. 4 vol. avec pl.; 1676-1778.
Geschichte der Urwelt im Umrissen entworfen : 2 part. Quedlim-
burg, 1825.
Système des animaux sans vertèbres; 1801.
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 7 vol.; 1815-1822.
4® édition.
Exposition méthodique des genres de l'ordre des Polypiers; 1821.
Historia lapidum figuratorum Helvetiae. In-4°, cum tabb. 1708.
Jahrbuch fur Mineralogie, Geognosie, Geologie und Petrefakten-
kunde; 1830-1832.
Neues Jahrbueh, etc.; 1855-1850.
Historia animalium Angliae, etc.; 1678.
Systema naturae. Stockholm, 1766-1768; 12° édition.
Lychophylacii Britanniei Iconographia, ete., etc. Londini, 1699;
edit. altera, Oxoniæ, 1760.
Zeitschrift für Malacozoologie ; 1844.
Observations on Belemnites; 1825. (Transactions of the geological
society of London. 2° sér., t. Il, 1826.)
Iconographie zoophytologique; description, par localités et ter-
LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 293
rains, des polypiers fossiles de France et des pays voisins.
Paris, 1841-1846.
Mine Enwarps et Hamme. Recherches sur les Polypiers. (Annales des sciences naturelles ,
Moxrorr (Denis DE).
Morris.
Münsrer. (Graff von)
Omazius D'HALLOY (D).
OrBieny (Alcide D’).
PARKINSON.
Puizzirs.
Puscu.
QUuENSTEDT.
REINECKE.
RoenER (F.-A.).
— (Ferd.).
1. IX, X, XI, XII; 1848-1849.)
Monographie des Polypiers fossiles des terrains paléozoïques; 1851.
(Tome V, Mém. du Muséum.)
A monograph of British fossil corals; 1851 ; 2° partie.
Conchyliologie systématique, 1808; 2 vol.
Histoire naturelle, générale et particulière des mollusques. Paris,
1802-1805; 6 vol.
Catalogue of british fossils; 1844.
Bemerkungen zur näheren Kentniss der Belemniten; 14850.
Coup d'œil sur la géologie de la Belgique; 1842.
Précis de géologie; 1858.
Paléontologie française, terrains jurassiques ; 1840-1851, L. I.
Prodrome de paléontologie stratigraphique; 1850, t. I.
Organic remains of a former world. 1804, 1808, 1811; 5 vol.
Introduction to the study of fossil organie remains, etc.; 1851.
Illustrations of the geology of the Yorkshire coast. London, 1829.
Polens Palaeontologie, ete. Stuttgard, 1856-1837.
Die Cephalopoden. Tubingen , 1849; avec atlas.
Flôzgebirge Wurtembergs.
Maris protogaei nautilos et argonautas, etc. Cobourg, 1818.
Die Versteinerungen des norddeutschen oolithengebirges. Hanno-
ver, 1856 ; suppl., 1859.
De Astartarum genere et speciebus quae à saxis jurassicis atque
cretaceis proveniunt. Berlin, 1842.
Rouizzer et Vossixsky. Etudes progressives sur la paléontologie des environs de Moscou.
Rycxnorr (DE).
RumPHius.
SCHLOTHEIM.
SCHMIDT.
SCHRÔTER.
SMITH.
Mélanges paléontologiques, 1847. (Insérés dans le t. XXIV des
Mémoires des prix de l’Académie royale de Belgique , 1852.)
Thesaurus imaginum piscium , ete.; 1711.
Beiträge zur Naturgeschichte der Versteinerungen; 1816-1817.
(Dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Bavière.)
Die Petrefaktenkunde, etc., ete.; avec pl. Gotha, 1822-1825.
Petrefacten-Buch, oder, etc. 1846.
Vollständige Einleitung in die Kentniss und Geschichte der Steine
und Versteinerungen. Altenburg, 1774.
Stratigraphical system of organised fossils with reference to the
specimens of the original geological collection in the British
Museum. Londres, 1817.
Strata identified by organised fossils, ete. Londres, 1816-1820.
294
STUCHBURY.
SOWERBY.
VoLrz.
WALCOTT.
You and Biro.
ZAETEN.
LISTE DES OUVRAGES CITÉS.
On a new genus of Fossil Bivalve Shells. (Annals and mag. of nat.
hist. 1842, vol. VIIL.)
Mineral conchology of Great-Britain. 1812-1829; 6 vol.
_ = traduction par Agassiz; 1837.
Observations sur les Bélemnites; 1830. (Mémoires de la Société
d'histoire naturelle de Strasbourg, t. I.)
Descriptions and figures of petrifactions found in the quarries, ete.
near Bath. Bath, 1779.
À geological Survey of Yorkshire coast. 1822.
Die Versteinerungen Wurtemberg’s; 1850.
ERRATA ET ADDENDA.
Page 9, ligne 2 de la note, au lieu de d'Hayange, lisez : de Florange.
At 97" A — — marlstone, — marly sandstone.
Ajoutez à cette note : le terrain dont parle M. Levallois est bien notre oolithe ferrugineux de
Mont-Saint-Martin, comme ce savant géologue l’admet lui-même; mais ce marly sandstone
paraît être le marly sandstone de Thurmann ou grès supra-liasique, et non le marlstone
de Phillips et des géologues anglais.
— 92 — 95, au lieu de 1,7, lisez: 1-7.
— 94 — 51 ajoutez: vol. Il, pl. VIII, fig. 6.
— 25 — 2 au lieu de 17, lisez : 175.
— — — G6 ajoutez : p. 244.
— 926 — 11 au lieu de XII, lisez : XIV.
— 98 — 16 — picrrauis, lisez : pierrucus ??, et ajoutez à la fin : p. 55.
— 56 — 9 ajoutez:p.70.
— 39 — 925 au lieu de Yonug et Bird. lisez : Young et Bird.
— 42 — 98 — 1829, lisez: 1829, Vaturg. des Erdkôrp.
— 49 — 10 — 1830, — 1850, in Zieten.
= 2e en) = Lo Too
— 56 — 19 — 87 — 78.
— 66 — 16 — 240 — 245.
68 18 100 > 100
— 76 — 95 _— droite, tranchante, lisez : droite tranchante.
— — — 29 = ainsi, lisez : aussi.
— 81 — 9 — haut, — arrière.
— 86 — 925 _- l'inférieure, lisez : l'antérieure,
— 87 — 4 — Jamoigne, lisez : à Jamoigne.
— 88 — 8 — de haut en bas, lisez : d'avant en arrière.
— — — 10 — inférieure, lisez : antérieure.
— — — 12 — le bas des tours subanguleux, lisez : la partie antérieure des tours subanguleuse.
— — — 28 — de haut en bas, lisez : d'avant en arrière.
— 89 — 21 — le bas, lisez : la partie antérieure.
— 91 — 27 — 17 — A1.
— 94 — 1 — PRINCIPALIS, lisez : BASILICA.
— 95 — 94 — supérieure, — postérieure.
— 101 — G après ALIMENA , ajoutez ; et PL. GyROPLATA.
296 ERRATA ET ADDENDA.
Page 102, ligne 12, après susconoïpEa , ajoutez : et P. ABBREVIATA ; CONOÏDEA ) SUBELONGATA € AGATHA.
__ 105 — 5 au lieu de Lobe, lisez: Labre.
= —, 17 — Menke's , lisez : in Menke’s.
= 55 — 100 mill., largeur 50 mill., lisez : 100, largeur 50.
| — 15°, lisez : 18°.
__ 307 — 99 — Fontaine, Étoupefour, lisez: F ontaine-Étoupefour.
a CG ONG lez 5e
MN AE LEZ 0
GS 5 — 76 — 7.
— 118 — 6 == 64 — GG.
_ 119 — 15 ajoutez: P. FIDICULA, Desh. 1845-50, Tr. de Conch., &. I, p. 157, pl. 5, fig. 5.
__ 492 — 55, au lieu de 4°, lisez : 4°.
= OT — 5 — 5.
— 156 — 26 — porticè, lisez : posticè.
DD A
— 155 — 21 — Koch, — Kochet Dunker.
Es ET ES TARN CE
_ 165 — 5 ajoutez: pl. 12.
__ 475 — 95vis placez : (PL. XXV, fig. 2.)
177 — 7 au lieu de 97, lisez : 57.
__ 185 — 16 ajoutez: Petrefactenk, t. 1, p. 505.
__ 185 — 927 lisez: (V. d'Orbigny, 1850, Prodr,, t. 1, p. 256).
__ 996 — 10 après Br, ajoutez : 1851, Jahrb.
__o51 — Avis, placez: (PL XXXV, fig. 5).
__ 965 — 30 au lieu de: MEANOTROPHYELIA, lisez : MEANDROPHYLLIA.
AMMONITES .
TT
angulatus.
angulatus
annularis
annulatus .
arietis
bicarinatus .
bifrons.
bisulcatus.
Braunianus .
Brookii .
Bucklandi .
catenatus
Comensis .
communis
complanatus.
concavus .
Condeanus
Conybeari
cornucopiae .
costatus .
elegans . . .
eæaratus.
falcifer
fimbriatus .
Hawskeriensis.
heterophyllus
Hildensis
Holandrei.
Levesquei.
lineatus .
Lythensis
multicostatus
mucronatus .
obtusus
OME XXV.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
_.—— —
A.
35 AMMONITES ovatus
56 — planatella
56 — radians
üb. — Raquinianus.
ib. — Redcarensis.
42 — serpentinus .
70 — Smithi .
66 — solaris
42 — spinatus .
52 stellaris
41 — Strangewaysi .
44 — striatulus
56 — thouarsensis
65 — Valdani
56 — variabilis.
70 — Walcotti.
61 ANOMIA . . . . :
58 — pellucida .
44 ARCA.
60 — elegans
49 — oblonga .
70 — subdecussata
61 Argonauta serpentinus .
68 ASTARTE . 5
60 — consobrina
49 — eæcavata.
58 — subtetragona.
66 ZAstrealimitata”." . à Lu: à 06
55 Aubange (sable, schiste et macigno d’).
74 AVICULA. Qu
72 — echinata .
61 — inaequivalvis .
45 — Sinemuriensis .
51 _— substriata.
39
@ «1
1 O1 ho
à
298 TABLE ALPHABÉTIQUE.
B.
Bajocien (système) 15 BELEMNTESIQNACUES. 0 OC 26
BELEXNITES. ; 19 — ATOME De LT store de DO
— Aalensis 50 — XePUlARS eee CR oi Et
— abbreviatus.. 22 _ lagenaeformis . . . . . . . 26
- acuarius. 26 — IGEDES VS CRE NE RD
— acuminatus 50 — longiscatus : =. 0 SELON
— acutus 20 — TONI SNMST SE CURE TONER
— aduncatus . 25 — Tongisnicntus 1 NRC
— -apicicurvalus. S — lONRTUS EE RENE OR NEC
— bicanaliculatus . . . . . . 25, 50 — ODYCONUS AN. ET
— bipartitus . 50 — DEMOIIAIUS TO NL LUS RER
— breviformis 22 — DISONS UN NEA
— DR EVESS ME CRE ere 7.5,:90-22 — quinquesulcatus. . . . . . . 50
— clavatus . 21 — SPONSOR CET
— compressus . 25 — SUDCIQUATUS RNCS DCR
— compressus 50 _ tenus 0e, Ven 1 CSSS CUERRR
— crassus . 25 — TENUSSNIALUS ee CAT EN TRS Or
— digitulus . 28 — tripar tits 20 CARRE TOR
— ellipticus 50 — CTÉSUICOLUSE SERRE OT
— giganteus . tb. — tubularts, CENTRE TRE
— gigas ib. = EURIAUS "EM TEE EEE
— gladius . tb.
C.
EDIT CU... 50. 2 0. AT M TGERTTEIUMSUHCUENICOS AU LEE NL
— " angustiplexa + . à . + +. : A0M64 =Hpsubturritela 5 0 RENE ET 00
— concinNd. -.. 0 rte 0 - 1109 CEROMYA NN OU AUTRE EN SUN A AN ARENNRENNTE ER CET
COPIE ee Det tee ME 9, 04160 7 Cconfonnis te: 0,07 MERE SAR
— I CTASSIUSCU AN 0 UMA ce 102 No auto tube 27:11
1 DORE se 06 082 ARE: 2108), À = HORS NT NN TS
A BIDDAN ECO NEREENN;.ESU) A UT ECC ER RE PE re lc LE ab CE
= hybrides 0e CAT SEA C7 — striato-punetata . . . . . . . . 145
PK ONNCRI,- "0. ne COMMAIGE — Ditruncata Et PL ON EME ET
—1ONIamEOsa) M. PT 0 155 Chamites laevis giganteus . . . . . . . 199
— Ste A De Te NE D LG S CREUSE 20 EN ro MIROIR CN CRE
— MANISONT EN Eee CT AE OM DS —\1saliena ei LCR RE
—, porrectai .2 4, le. EIRE 60 + DAVIdSONI UN UN MES CEE
2, SIMS Ste HUE NE RENE OR ie OO M RO eo Re ‘('
— subaequilateralis. . . . . . 452 OUR NE MEN PE NS PA NE RTES
—. :sublamellosa 2.009", MON" .0M155 = MtUrDiRAtANES er 1 MINES
na ONES 0 + 16: 0 ANR MARE MT Bucullasaeleganst; = : + PONS EENME
GRRTEMUN ER NES TO EC NODIONT AE. 00... ANNEES EE
EHICONOINE, 2.0. 0 106 Cytherealamellosa. - .7 1 NON." , M5
CD OONTIE ES ME CUNe pi]
Delthyris Hartmanni.
— octoplicatus.
= rostratus.
= tumidus -
_— VETTUCOSUS .
Fusus curvicostatus
Globites heterophyllus.
Grand-Cour (marne et schiste de).
Gresslya conformis .
— gregaria
— latior
— lunulata
— ovala .
— rostrata.
— striato-punctala .
— truncata
Gryphaea arcuata.
— cymbium .
MAPDAT, Le dns
HEzciox. DER
— discrepans
— infraliasina .
Helicina expansa.
— polita.
— solarioïdes .
Introduction
ISASTREA. CP
— Bernardana
Jamoigne (marne de)
TABLE ALPHABÉTIQUE.
107
58
15
146
147
148
142
142
144
Um El45
Soon DLL
221
223
218
108
109
108
97
db.
tb.
10
D.
Delthyris W'alcoiti .
Donacites Alduini .
—= costatus .
— sulcatus .
Gryphaea cymbula
— depressa
| — gigantea
— incurva .
— laeviuscula
— lobata .
— Mac-Cullochii
— obliquata .
= ovalis -
— polymorpha .
— suilla
HETTANGIA .
— ovata .
Homomya
— alsatica
— gibbosa
— Konincki .
— Terquemi.
Isasrnea Condeana .
— limitata.
— Orbignyi
J.
| Jurassique (terrain) .
299
7, 15
300 TABLE ALPHABÉTIQUE.
— inférieur .
— moyen.
— supérieur .
— aciculala .
— alticosta
— duplicata .
— fallax .
— gigantea .
— Hausmanni
— Hermanni.
— Omaliusi .
— pectiniformis
— plebeia.
— proboscidea .
— punctata .
— semicircularis
Limea nie
— Koninckana .
LinGura. A LS
— Longo-viciensis .
Mactra giblosa .
Martinsart (grès de) .
Melania turritella .
Monotis inaequivalvis.
— substriatus NAT
Mont-S'-Martin (oolithe ferrugineux de)
MonTLIVALTIA . :
— Guettardi
Narica . SE
— Koninckana
Nauruus
— affinis
— annularis.
— costatus
Ostracites crista-galli .
— pectiniformis .
265
264
80
81
82
354
56
49
L.
| LinGura saceulus .
Liraonomus :
— Waterkeyni .
Longwy (calcaire de)
Lutraria Alduini .
— decurtata.
— donacina .
— elongata .
— gregaria .
— sinuosa
— striato-punctata
— tenuistria.
— unioides .
Luxembourg (grès de) .
Lyonsia abductu.
— latirostris
— peregrina.
— striato-punctata
— unioides .
Lyriodon costatum.
Lyrodon costatum .
NI.
MonrLivartia Haimei
ASTUCE OS Ee
— gibbosus..
— Hillanoïdes .
| — Hillanus
— psilinotus
— subparallelus
N.
NauriLus opalinus .
— radians
Nucura .
-— amæna.
— Omaliusi
— subglobosa.
©.
Ostracites sessilis
OSTREA .
— Terquemianus .
70
72
174
176
177
175
2928
219
OsrRea acuminata
— arcuata
— crista-galli .
— cymbium .
— diluviana
— flabelloïdes .
— intermedia .
— irregularis
— laeviuscula .
Pachyodon concinnus
= crassiusculus
— Listeri.
Panopaea Brongniarti
— decurtata .
= striatula .
— subelongata .
— subrostrata .
— tenuistria.
— acuticosta .
— aculicostatus
— aequivalvis
= annulatus
— articulatus
— corneus
— demissus .
— disciformis
— Germaniae
— paradoæus
—= personatus
— Phillis.
— pumilus .
— Saturnus .
— textorius .
Pectinites articulatus .
PHOLADOMYA . . . .
— ambigua .
— ambiqua .
_ bucardium
_ Davreuxi .
— decorata .
— Deshayesea
— fidicula.
— fidicula
ee foliacea
— gibbosa
— glabra .
TABLE ALPHABÉTIQUE.
19 19 19 1 KW
9 19
œ@ ©
: 9 ND KW
MI]
© a
è &
[2
_—
ë &
P.
OSTREA Marshii
— pectiniformis
— Phaedra .
— polymorpha .
— sandalina .
— semicircularis .
— spinosa .
== ungula
Pholadomya lyrata .
— media .
— Murchisoni
— Nysti
— obtusa .
— Zieteni.
— diluviana .
— fissa.
_— Hartmanni
— Hartmanni .
— inflata .
— similis .
Pinnites diluvianus
Placuna nodulosa .
Plagiostoma duplicatum .
— giganteum
— Hermanni
= punclatum .
— semilunare .
Planites bifidus .
— bisulcatus.
— Conybeari
= serpentinus .
PLEUROMYA 5 à
— Alduini.
— decurtata .
— elongata .
— Helena .
— rostrata
— sinuosa.
— striatula
—_ tenuistria .
— unioïdes
PLEUROTOMARIA 5
— alimena .
— basilica.
= cognata
150
140
157
158
155
154
151
152
156
153
95
101
94
95
502
PLEUROTOMARIA expansa.
— gyroplata .
— heliciformis .
— mutabilis .
— Phine .
— polita .
— rotellaeformis
— rustica .
— subconoïdea .
_ suturalis .
PLICATULA .
Rotella expansa.
— polita.
RayYNCHONELLA .
== acuta .
— anceps
— Buchii
— Davidsoni
Serpula . -
- filaria .
— limax .
— socialis.
—- tricarinata
SPIRIFER SR de
— chiliensis.
— Hartmanni .
— linguiferoides .
— mesoloba .
= pinguis
TEREBRATULA .
= aculta.
— bidens
— bucculenta .
— Buchii .
— Causoniana .
— globata .
— ingrata .
— intermedia .
— media
TABLE
ALPHABÉTIQUE.
97 PLicATuLA spinosa
101 — tequlata .
96 Posidonia Bronni .
102 Posiponomya .
105 — Bronni.
98 Préface . 5
96 Prionastrea alimena.
100 — Bernardana.
102 — limitata .
98 — Luciensis .
9217
KR.
98 Rhynchonella Edwardsi
tb. — Langleti .
245 — Niobe.
950 — obsoleta .
246 - Pallas.
247 — tetraedra.
253 — variabilis .
S.
261 SPiRIFER punctatus
262 — rostratus .
261 — tumidus .
äb. — Verrucosus .
262 — Walcotti .
255 Spiriferina Hartmanni .
937 — verrucosa
äb. — W'alcotti .
üb. STRAPAROLUS . :
tb. — glabratus . :
üib. | Strassen (calcaire et marne de).
T.
938 TEREBRATULA obsoleta .
950 — perovalis.
249 — subbuceulenta .
249 — subpunctata.
247 — tetraedra
241 — triplicata
245 — variabilis .
939 — Walcotti
245 Terebratulites rostratus .
251 — variabilis
255
257
258
259
254
251
249
THANNASTREA . :
= Dumonti .
Thecophyllia Guettardi
Trigonotreta W'alcotti.
TrRiGonIA É
— clavellata.
— costata.
— lineolata .
— signata.
Trocnus.
— acuminatus
Unio concinnus .
— crassiusculus .
— liasinus.
— Listeri .
Venus uniordes .
TABLE ALPHABÉTIQUE.
269
270
264
256
169
172
170
tb.
172
81
82
Trocuus intermedius
| Turso
| = atavus .
| — Buvignieri.
callosus
— cyclostoma.
| — ditior
— insculptus .
— minax .
— Nysti
| - selectus.
Unio Nilsoni.
— peregrinus.
— subporrectus .
— trigonus.
1SS.
155
144
165
162
r Dita arms
; ver
pret Prat
* ; |
ia Core ALL * nie,
# D ia Le
i WMA, Le
gdte ere NES a
ên toit ee Fes
CIE menée 0e
CAL
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE I.
Fig. 4. Belemnites clavatus, De Blainv. — Macigno d’Aubange.
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale.
b. Coupe du même, faite dans la partie renflée.
c. — faite vers l'extrémité de l’alvéole.
Fig. 2. Belemnites compressus, Voltz.' — Marne de Grand-Cour.
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale.
b. Coupe vers le sommet de l'alvéole.
c. — l'extrémité du rostre.
d. Variété.
Fig. 5. Belemnites tripartitus, Schl. — Marne de Grand-Cour.
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région latérale.
b. Coupe du rostre vers l'extrémité de l’alvéole.
ce, d. Deux autres coupes à différentes longueurs.
e, f. Une variété avec sa coupe (schiste de Grand-Cour).
g, h. Autre variété avec sa coupe.
PLANCHE I.
Fig. 1. Belemnites acuarius, Schl. — Marne de Grand-Cour.
a. Rostre d'un individu adulte, brisé dans sa partie moyenne et montrant la naissance
du prolongement.
b. Extrémité du rostre pour montrer les sillons.
c. Coupe du rostre vers les sommet de l'alvéole.
d. Rostre d'un individu jeune, sans prolongement.
Tous XXV. 59
506 EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 2. Belemniles giganteus, Schl. — Caleaire de Longwy.
a. Fragment d'un rostre adulte de grandeur naturelle, vu de côté.
b. __ qu rostre d'un jeune individu mäle, vu de côté.
e, d. Coupes du rostre précédent, à différentes longueurs.
e. Rostre d'un jeune individu femelle, vu de côté, de grandeur naturelle.
g. Fragment d'un rostre pour montrer la naissance du prolongement.
PLANCHE UN.
Fig. 4. Belemnites aculus, Miller. — Marne de Strassen.
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par Ja région dorsale.
b. Coupe à la base de l'alvéole.
e. — vers l'extrémité de l'alvéole.
Fig. 2. Belemnites abbreviatus, Miller. — Macigno d’Aubange.
a. Rostre de grandeur naturelle, vu de côté.
b. Coupe vers le sommet de l'alvéole.
Fig. 3. Belemnites irregularis, Schl. — Marne de Grand-Cour.
a. Bostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale.
b. Sa coupe au sommet de l'alvéole.
c. Le même, vu de côté.
d. Son sommet.
e. Rostre d'une variété.
Fig. 4. Nautilus affinis, N.— Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
PLANCHE IV.
Fig. 4. Ammoniles angulatus, Schl. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille vue de côté, demi-grandeur naturelle.
b. La même, vue par la bouche.
e. Cloison double de grandeur naturelle.
d. Fragment d'un individu plus jeune, de grandeur naturelle.
e. Le même, vu par le dos.
f. Individu très-jeune, vu de côté.
g. Le même, vu par la bouche.
Fig. 2. Ammonites Condeanus, N. — Grès de Luxembourg.
a. Echantillon réduit de moitié, vu de côté.
b. Le même, vu par la partie intérieure du tour de spire.
Fig. =. Ammonites oblusus, Sow. — Sable d’Aubange.
b. Coquille très-réduite, vue par la bouche.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig. 4.
Fig.
Fig.
Fig. 5.
Fig.
Fig. 5.
Fig.
PA
EXPLICATION DES PLANCHES. 5
PLANCHE V.
. Ammoniles obtusus, Sow. — Sable d'Aubange.
a. Coquille vue de côté, très-réduite.
e. Cloison.
. Ammonites stellaris, Sow. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille vue de côté, réduite. ’
b. La même, vue du côté de la bouche.
c. Cloison. .
5. Ammonites bisulcatus, Brug. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen).
a. Coquille réduite, vue de côté.
b. La même, vue par la bouche.
ce. Cloison.
Ammonites Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
PLANCHE VI.
. Ammoniles Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg.
b. Coquille de grandeur naturelle, vue par la bouche.
e. Cloison grossie trois fois.
. Ammoniles mullicostatus, Sow. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
c. Cloison grossie.
Ammoniles Valdani, d'Oxb. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
e. Cloison grossie (d’après MM. d'Orbigny et Quenstedt ).
. Ammonites spinatus, Brug. — Macigno d’Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté (les côtes ne sont pas bien rendues).
b. La même, vue du côté de la bouche.
e. Cloison grossie (d'après M. d'Orbigny).
Ammonites mucronatus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
ec. Cloison grossie.
Ammonites Braunianus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
308 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE VII.
Fig. 1. Ammonites Raquinianus, d'Orb.— Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
ce. Cloison grossie.
Fig. 2. Ammonites Braunianus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour.
c. Cloison grossie.
Fig. 5. Ammonites Holandrei, d'Orb. —Schiste et marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
c. Cloison grossie.
Fig. 4. Ammonites communis, Sow. — Marne de Grand-Cour.
c. Cloison grossie.
Fig. 5. Ammonites heterophyllus, Sow. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille réduite, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
c. Cloison réduite.
PLANCHE VIN.
Fig. 4. Ammonites communis, Sow. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. (En général les côtes ne se bifurquent
pas assez près des tubercules.)
b. La même, vue par la bouche.
Fig. 2. Ammonites cornucopiue, Y. et B. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
ce. Cloison grossie.
Fig. 5. Ammonites concavus. Sow.— Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
ce. Cloison grossie.
Fig. 4. Ammonites Comensis, De Buch.— Marne de Grand-Cour.
b. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche.
e. Cloison grossie.
PLANCHE IX.
Fig. 4. Ammonites Comensis, De Buch.— Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
Fig.
Fig.
Fig. 4.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES. 509
9. Ammonites variabilis, d'Orb. — Marne de Grand-Cour.
rs
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
c. Cloison grossie.
Ammonites bifrons, Brug. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté de la bouche.
ce. Cloison grossie.
Ammonites serpentinus, Rein. — Schiste de Grand-Cour.
e. Cloison, d'après M. d'Orbigny.
PLANCHE X.
. Ammonites serpentinus, Rein. — Schiste de Grand-Cour. Petit individu de grandeur natu-
relle.
2. Ammonites complanatus, Brug. — Schiste et marne de Grand-Cour.
a. Coquille vue de côté, demi-grandeur naturelle.
b. La même, vue de côté de la bouche.
c. Cloison.
5. Ammonites radians, Rein. — Oolithe ferrugimeux de Mont-S!-Martin et marne de Grand-
ce
Cour.
b. Coquille non adulte, vue du côté de la bouche (de l'oolithe ferrugineux).
ce. Cloison, de grandeur naturelle, d'un individu adulte (de la marne de Grand-Cour).
PLANCHE XI.
. Ammonîtes radians, Rein.—Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin (et marne de Grand-
Cour).
Coquille non adulte, vue de côté.
. Ammonites Levesquei, d'Orb.— Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Marun.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue par la bouche.
c. Cloison.
. Chemnitzia turbinata, Terq. — Marne de Jamoigne.
Coquille de grandeur naturelle.
. Chemnitzia aliena, N.— Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté du dos.
. Chemnitzia Davidsoni, N. — Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle.
. Chemnitzia? ingrata, N. — Grès de Luxembourg.
Moule de grandeur naturelle.
. Natica Koninckana, N. — Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté du dos.
310 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XII.
Fig. 1. Chemnitzia? nuda, N. — Grès de Luxembourg.
Moule de grandeur naturelle.
Fig. 2. Straparolus glabratus, N. — Caleaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet.
b. La même, vue par la base.
Fig. 3. Trochus acuminalus , N. — Marne de Jamoïgne.
Coquille grossie trois fois, vue du côté de la bouche.
Fig. 4. Trochus intermedius, N. — Marne de Jamoigne.
Coquille grossie trois fois, vue du côté de la bouche.
.… Turbo Nysti, N.— Marne de Jamoïgne.
Coquille grossie quatre fois, vue du coté de la bouche. (Les côtes longitudinales sont
trop égales.)
Fig. 6. Turbo alavus, N.— Marne de Jamoigne.
Coquille grossie trois fois , vue du côté de la bouche.
Fig. 7. Turbo selectus, N.— Marne de Strassen.
Coquille grossie de moitié, vue du eÿté de la bouche. (Les côtes de la partie postérieure
des tours et celles de la base sont trop fortes.)
Fig. S. Turbo Buvignieri, N.— Marne de Strassen.
Coquille grossie quatre fois, vue du côté de la bouche.
Fig. 9. Turbo inseulptus, N. — Marne de Strassen.
Coquille grossie cinq fois , vue du côté de la bouche.
Fig. 10. Turbo cyclostoma, Benz. — Macigno d’Aubange.
Coquille double de grandeur naturelle.
kiq. A1. Turbo minaæ, N. — Macigno d'Aubange.
a. Coquille grossie trois fois.
b. Moule grossi trois fois. (Tubereules trop marqués.)
Fig. 42. Turbo ditior, N. — Caleaire de Longwy.
Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche.
Fig. A5. Pleurotomaria heliciformis, E. Desl. — Marne de Jamoïgne.
a. Coquille de grandeur naturelle.
b. La même, vue par le sommet.
c. Sa base et sa bouche. (D'après M. Deslongchamps.)
Q =
0
PLANCHE XIII.
Fig. A. Pleurotomaria cognata, N. — Marne de Jamoïigne.
a. Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche.
b. La même, vue du côté de la base.
Fig. 2. Pleurotomaria basilica, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche.
EXPLICATION DES PLANCHES. 51
b. La même, vue par la base.
c. Sa bouche. ;
Fig. 5. Pleurotomaria expansa, Sow. sp. — Marne de Jamoïigne (a-d), et marne de Strassen (e-h)
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté, var. solarioides.
b. La mème, vue par le sommet.
ce. Sa base.
d. Sa bouche.
e. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté; var. expansa.
f. La même, vue par le sommet.
g. Sa base.
h. Sa bouche.
Fig. 4. Pleurotomaria Phine, N. — Calcaire de Longwy.
Coquille grossie quatre fois.
Fig. 5. Cerithium subturritella, Dank. sp. — Marne de Jamoigne.
Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 6. Cerithium sub curvicostatum, E. Desl. sp. — Macigno d’Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle.
b. Le dernier tour grossi. (D'après M. E. Deslongchamps.)
PLANCHE XIV.
Fig. 4. Pleurotomaria rustica, E. Desl. — Marne de Strassen.
a. Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. (Le dernier tour
est trop anguleux vers la base.)
b. La même, vue du côté de la base.
c. Sa bouche.
Fig. 2. Pleurotomaria gyroplata, E. Des. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle.
b. Sa base.
Fig. 5. Pleurotomaria mutabilis, E. Desl. — Calcaire de Longww.
Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 4. Cerithium Dumonti, N. — Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle.
. Cerithium conforme, N. — Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 6. Helcion discrepans, de Ryckh. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet. (D'après M. de RyckholL.)
b. La même, vue de côté.
Fig. 7. Helcion infra-liasina, de Ryckh. — Grès du Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet. (D'après M. de Ryckholt.)
b. La même, vue de côté.
Qt
Fig.
512
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XV.
= Pholadomya Deshayesi, N. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
Ge _— vue par devant.
__ Pholadomya Davreuxi, N. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
— vue par devant.
c.
… Pholadomya Nysti, N. — Sable d'Aubange.
b. Coquille de grandeur naturelle, vue d'en haut.
e. La même, vue par devant.
PLANCHE XVI:
. Pholadomya Nysti, N.— Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
… Pholadomya glabra, Ag. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
pb. La même, vue d'en haut.
ec — vue du côté antérieur.
… Pholadomya ambiqua; Sow. — Marne de Strassen-
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
bp. La même, vue d'en haut.
c __ yue du côté antérieur.
. Pholadomya foliacea, AS: — Macigno d'Aubange.
a. Goquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c — vue du côté antérieur.
. Pholadomya decorata, Hartm. — Macigno d'Aubange:
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
pb. La même, vue d'en haut.
c. __ vue du côté antérieur.
PLANCHE XVII:
. Pholadomya fidicula, Sow. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle , vue de côté.
pb. La même, vue d'en haut.
ce — vue du côté antérieur.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
19
O1
EXPLICATION DES PLANCHES.
. Pholadomya Zieteni, Ziet. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
Ge — vue du côté antérieur.
. Pholadomya media, Ag. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vue du côté antérieur.
. Pholadomya Murchisoni, Sow. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
PLANCHE XVII.
. Pholadomya bucardium , Ag. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut. (Les tubercules sont trop forts.)
d — vue du côté antérieur.
. Homomya alsatica, Ag. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vue du côté antérieur.
. Pleuromya sinuosa, Roem. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
PLANCHE XIX.
. Homomya Konincki, N. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
. Homomya gibbosa, Sow. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vue du côté antérieur.
. Pleuromya elongata, Munst. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c — vue du côté antérieur,
Toue XXV.
n
©Q1
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
19
rs
EXPLICATION DES PLANCHES.
. 4. Pleuromya Alduini, À. Brong. sp.—(Macigno d’Aubange, marne de Grand-CGour et cal-
caire de Longwy.)
Coquille de grandeur naturelle.
PLANCHE XX.
. Homomya Terquemi, N. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
(A — vue du côté antérieur.
. Pleuromya striatula, Ag. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vue du côté antérieur.
. Pleuromya unioïdes, Roem. sp. — Macigno d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue de côté.
€ — vue d'en haut.
. Pleuromya Alduini, À. Brong. sp. — (Macigno d'Aubange, Marne de Grand-Cour et cal-
caire de Longwy.)
Coquille de grandeur naturelle.
PLANCHE XXI.
. Pleuromya rostrata. Ag. — Macigno d’Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
. Pleuromya Helena. N. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
c. — vue du côté antérieur.
d. Fragment de test grossi.
. Pleuromya tenuistria. Münst. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
c. — vue du côté antérieur.
. Ceromya conformis, Ag. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
GE — vue du côté antérieur.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES. 315
. Ceromya striato-punctata, Münst. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vue du côté antérieur.
d. Fragment de test grossi.
. Ceromya gregaria, Roem. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
. Ceromya lunulata, Ag. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
c. — vue du côté antérieur.
. Pleuromya decurtata, Goldf. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
@ _ vue du côté antérieur.
PLANCHE XXII.
. Ceromya truncata, Phill. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. _ vue du côté antérieur.
d. Moule de grandeur naturelle, avec les impressions musculaires et palléale, vue de côté.
e. Le même, vue d'en haut.
f. — vue du côté antérieur.
. Ceromya latior, Ag. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
5 — vue du côté supérieur.
. Astarte consobrina, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut,
€. — vue du côté antérieur.
. Astarte subtetragona, Goldf. sp. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
ce. — vue du côté antérieur.
. Cardinia subæquilateralis, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
516 EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 6. Cardinia Nilsoni, K. et D. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
€. — vue du côté antérieur.
Fig. 7. Cardinia gibbosa, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
Fig. 8. Cardinia lamellosa, Goldf. sp. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. _ vue du côté antérieur.
PLANCHE XXII.
Fig. 1. Cardinia angustiplexa, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
Fig. 2. Cardinia Dunleri, K. et D. sp. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vue du côté antérieur.
Fig. 5. Cardinia porrecta, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
GE — vue du côté antérieur.
Fig. 4. Cardinia unioïdes, Ag. — Marne de Jamoïigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vueen avant.
Fig. 5. Cardinia hybrida, Sow. sp. — Marne de Strassen (et marne de Jamoigne).
a. Goquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut,
c. — vue en ayant.
Fig. 6. Cardinia Listeri, Sow. sp. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
©. — vue en avant.
g. 7. Lithodomus Waterkeyni, N. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. Autre individu, vu du côté.
Fi
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 8. Cardinia crassiuscula, Sow. sp. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
e. — vue en avant.
PLANCHE XXIV.
Fig. 4. Cardinia copides, de Ryckh. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut,
c. Fragment antérieur d'un autre individu, vu de côté.
Fig. 2. Arca elegans, Roem. sp. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. Charnière.
Fig. 3. Arca oblonga, Sow. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Valve droite, de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
Fig. 4. Nucula subglobosa, Roem. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
€. — vyueen avant.
Fig. 5. Nucula amoena, N. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue en avant.
c. — vue d'en haut.
Fig. 6. Cardinia similis, Ag. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. Moule.
Æig. 7. Cardinia concinna, Sow. sp. — Grès de Luxembourg.
Moule de grandeur naturelle, vu de côté.
PLANCHE XXV.
Fig. 1. Cardinia Konincki, N. — Sable d'Aubange.
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
ig. 2. Heltangia ovata, Terq. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
Fig. 3. Mytilus hillanoïdes, Goldf. sp. — Marne de Jamoïgne (et marne de Strassen?)
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
À
=
Qi
Sn |
518 EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 4. Mytilus Terquemianus , de Ryckh.— Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même.
Fig. 3. Mytilus psilinotus, de Ryckh. — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même.
Fig. 6. Mytilus subparallelus, N. — Macigno (et sables) d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
Fig. 7. Mytilus gibbosus, Sow. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d’en haut.
& — vueenavant.
. Trigonia costata, Park. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue en arrière.
c. — vue en avant.
ee]
Fig.
PLANCHE XXVI.
Fig. 1. Trigonia signata, Ag. — Calcaire de Longwy.
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 2. Nucula Omaliusi, N. — Marne de Grand-Cour.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue d'en haut.
c. — vueen avant.
Fig. 5. Avicula echinata, Sow. — Calcaire de Longwy.
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Valve droite, grandeur naturelle, vue de profil.
e. Fragment grossi.
Fig. 4. Avicula sinemuriensis, d'Orb. — Macigno d'Aubange (et sable d'Aubange, marne de Stras-
sen et grès de Luxembourg).
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Valve droite de grandeur naturelle, vue de côté.
c. Fragment grossi.
Fig. 5. Avicula substriata, Benz. — Schiste et marne de Grand-Cour.
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
. Pinna fissa, Gold. — Marne de Jamoiïigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Coupe transversale.
Fig. 7. Pinna Hartmanni, Ziet. — Marne de Jamoiïgne.
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 8. Pinma similis, N.— Marne de Jamoïgne.
Fig.
(=7]
EXPLICATION DES PLANCHES. 319
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b, ce. Coupes transversales.
Fig. 9. Limea Koninckana , N.— Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue en avant.
c. Fragment grossi.
d. Charnière.
PLANCHE XXVIT.
Fig. 1. Lima Hermanni, Noltz. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue en avant.
Fig. 2. Lima Omaliusi, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b, La même, vue en avant.
c. Fragment grossi.
. Lima Hausmanni, Dunk. — Marne de Jamoigne.
* a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, grossie.
Fig. 4. Lima fallax, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Fragment grossi.
Fig.
ot
PLANCHE XXVHI.
Fig. 4. Lima plebeïia, N. — Marne de Jamoigne.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté antérieur.
2. Lima gigantea, Sow. sp. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen).
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté antérieur.
5. Lima allicosta, N. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté antérieur.
c. Coupe d'un fragment de test, pour montrer la disposition des côtes.
Fig. 4. Pecten personatus, Goldf. — Calcaire de Longwy.
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Fragment grossi.
c. Valve droite de grandeur naturelle, vue de côté.
d. Fragment grossi.
2
x
©
2
ne
©
320 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XXIX.
Fig. 1. Lima gigantea, Sow. sp. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen).
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 2. Pecten Germaniæ, Goldf. sp. — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin.
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 5. Pecten articulalus, Sch]l. — Caleaire de Longwy.
Fragment de grandeur naturelle.
. Pecten Saturnus, d'Orb. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle.
b. Fragment grossi.
Fig. 3. Lima aciculata, Münster, — Grès de Luxembourg.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. Fragment grossi.
Es
Fig.
PLANCHE XXX.
Fig. 4. Pinna inflata, N. — Sable d’Aubange.
a. Moule demi-grandeur naturelle, vu de côté.
b, e. Coupes transversales.
. Pinna diluviana, Schl. — Grès de Luxembourg.
Coquille demi-grandeur naturelle, vue de côté.
Big. 3. Lima duplicata, Sow. sp. — Marne de Strassen (et marne de Jamoigne, grès de Luxem-
bourg, sable d'Aubange et calcaire de Longwy).
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté.
b. La même, vue du côté antérieur.
e. Fragment grossi.
Fig. 4. Lima punctata, Sw. sp. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté (d'après Goldfuss).
b. Fragment grossi.
. Lima semicireularis, Goldf. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté antérieur.
ce. Fragment grossi.
Fig. 6. Posidonomya Bronni, Voltz. — Marne de Grand-Cour.
Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
Fig. 7. Ostrea sandalina, Goldf. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle.
b. La même, vue de côté.
c. Intérieur d’une autre.
Fig.
19
Fig.
(4
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fiq.
Fig.
Fig.
Fig. 5
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES. 321
PLANCHE XXXI.
4. Lima proboscidea, Sow. — Calcaire de Longwy.
Coquille de grandeur naturelle.
9. Pecten disciformis, Schübl. — Grès de Luxemhourg (et marne de Strassen, sable d'Au-
bange et calcaire de Longwy?)
Coquille de grandeur naturelle.
. Pecten acuticosta, Lam. — Sable d’Aubange.
a. Valve gauche de grandeur naturelle (les stries sont trop peu serrées).
b. Coupe d'un fragment.
e. Valve droite de grandeur naturelle (les stries sont égalemeut trop peu nombreuses).
d. Coupe d’un fragment.
4. Plicatula spinosa, Park. — Macigno d'Aubange.
a. Valve inférieure, grandeur naturelle.
b. — supérieure, — =
c. Coupe de la coquille.
ot
PLANCHE XXXIIL.
4. Pecten æquivalvis, Sow. — Macigno d’Aubange.
Coquille de grandeur naturelle.
2, Pecten textorius, Schl. — Calcaire de Longwy (marne de Gand-Cour, marne de Strassen
et grès de Luxembourg).
Coquille de grandeur naturelle.
3. Ostrea irregularis, Münster. — Marne de Jamoigne (et grès de Luxembourg).
a. Valve inférieure, grandeur naturelle.
b. Autre valve inférieure, grandeur naturelle.
c. Valve supérieure.
d, Coupe de la coquille.
4. Ostrea arcuata, Lam. sp. — Marne de Strassen (grès de Luxembourg et marne de Ja-
moigne).
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté antérieur.
5. Ostrea arcuala, var. suilla. — Marne de Strassen.
a. Valve inférieure, de grandeur naturelle, vue à l'intérieur.
b. La même, vue à l'extérieur.
c. Sa coupe.
6. Ostreu acuminata, Sow. — Calcaire de Longwy.
a. Valve supérieure, grandeur naturelle, vue à l'extérieur.
b. La même, vue à l'intérieur.
c. Valve inférieure, vue à l'extérieur.
d. La même, vue à l'intérieur,
c. Autre valve inférieure.
Tome XXV.
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NS
19
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XXXHI.
Fig. 1. Ostrea cymbium , Lam. sp. — Macigno d'Aubange.
a. Valve inférieure, vue à l'intérieur.
b. La même, vue à l'extérieur.
c. — vue de profil.
d. Valve supérieure, vue de profil.
Fig. 2. Ostrea cymbium, var. depressa. — Sable d'Aubange.
Coquille , vue de profil.
PLANCHE XXXIV.
Fig. 4. Ostrea cymbium, var. depressa. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par la valve inférieure.
b. La même, vue par valve supérieure.
Fig. 2. Ostrea polymorpha, Münster, — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin.
a. Valve inférieure , vue à l'extérieur.
b. La coupe.
e. Valve supérieure, vue à l'intérieur.
Fig. 5. Ostrea Marshii, SOW. — Caleaire de Longwy.
Coquille de grandeur naturelle.
PLANCHE XXXV.
Fig. 1. Ostrea Phœædra. D'Orb. — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin.
a. Valve inférieure, de grandeur naturelle, vue à l'intérieur.
b. La même vue à l'extérieur.
c. Valve supérieure, vue à l'extérieur.
Fig. 2. Anomia pellucida, Terq. — Grès de Luxembourg.
Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 3. Lingula sacculus. N. — Macigno d’Aubange.
Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 4. Lingula longo-viciensis. Terq. — Schiste (et marne) de Grand-Cour.
Coquille un peu grossie.
Fig 5. Spirifer rostratus. Schl. sp. — Macigno d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
C> — par la petite valve.
Fig. 6. Spirifer Walcotli. Sow. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même vue du côté du front.
c. — par la valve ventrale.
Fig.
Fig.
Fig.
pre
Lig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XXXVI.
Terebratula sub-punctata. Davy. — Sable d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
c. — vue par la petite valve.
. Terebratula Causoniana. d'Orb. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
€. — vue par la petite valve.
. Terebratulu perovalis. Sow. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
c. — vue par la petite valve.
Terebratula sub-bucculenta. N. Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
c. — vue par la petite valve.
d, e, f. Variété plus épaisse.
Rhynchonella variabilis. Sch]. sp. — (Sable et) macigno d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
c. — vue par la petite valve.
d. Variété, vue du côté du front.
e. La même, vue de profil.
f, g- Autre variété, vue de même.
Ter: — —
k. Variété, vue du côté de la petite valve.
L. Petite variété, vue de profil.
im. La même, vue du côté du front.
nn. — vue par la petite valve.
PLANCHE XXXVII.
Rhynchonella tetracdra, Sow. sp. — Macigno d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue du côté du front.
( — vue par la petite valve.
2. Rhynchonella acuta, Sow. sp. — Macigno d'Aubange.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
c. — vue la petite valve.
325
524 EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 5. Rhynchonella anceps.N.—Marne de Jamoïgne (et de Strassen).
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
c. — vue par la petit valve.
Rhynchonella Buchii, Roem. sp. — Marne de Strassen.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
c. — vue par la petite valve.
d. Variété arrondie, vue par le front.
e. La même, vue par la petit valve.
fg. Variété allongée transversalement.
. Rhynchonella Niobe, N. — Calcaire de Longwy.
a. Coquille double de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
c. — vue par la petite valve.
Fig. 6. Rhynchonella Davidsoni, N.— Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
c. — vue par la petite valve.
d. Variété, vue par la petite valve.
e. La même, vue par le front.
f. Autre variété.
&
Fig.
Fig.
[4
Fig. 7. Rhynchonella Pallas, N.— Calcaire de Longwy.
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil.
b. La même, vue par le front.
€. — vue par la petite valve.
Fig. 8. Rhynchonella Langleti, N. — Caleaire de Longwy.
a, b, e. Coquille de grandeur naturelle.
d. Variété.
Fig. 9. Rhynchonella Edwardsi , N. — Calcaire de Longwy.
a,b,c. Coquille de grandeur naturelle.
Fig. 10. Rhynchonella obsoleta, Sow. sp. — Calcaire de Longwy.
a, b, c. Coquille de grandeur naturelle.
PLANCHE XXXVINI.
Fig. 1. Serpula socialis, Goldf.— Calcaire de Longwy (grès de Luxembourg, marne de Jamoigne).
Agrégat de tubes de grandeur naturelle.
Fig. 2. Serpula filaria, Goldf. — Calcaire de Longwy.
Individu de grandeur naturelle.
. Serpula tricarinata, Goldf. — Calcaire de Longwy.
a. Individu de grandeur naturelle.
b. Sa coupe.
Fig.
Qt
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES.
4. Serpula limax, Goldf. — Calcaire de Longwy.
Individu de grandeur naturelle.
d. Montlivaltia Haimei, N. — Marne de Jamoigne.
a. Polypier de grandeur naturelle, vu par le haut.
b. Le même, vu par le bas.
c. Son profil.
d. Fragment grossi.
6. Monitivaltia Guettardi, De BI. — Marne de Jamoigne.
a. Polypier de grandeur naturelle, vu par le haut.
b. Le même, vu par le bas.
Gé — vu de profil.
d. Fragment grossi.
7. Isatrea Orbignyi, N. — Marne de Jamoigne.
a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle.
b. Une partie grossie.
8. Isastrea Condeanu, N. — Grès de Luxembourg.
a. Polypier de grandeur naturelle.
b. Fragment grossi.
9. Isastrea limitata, Lmx. sp. — Calcaire de Longwy.
a. Polypier de grandeur naturelle.
b. Fragment grossi.
Fig. 10. Isastrea Bernardana, d'Orb. sp. — Calcaire de Longwy.
Fig
a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle,
b. Une partie grossie.
. 41. Thamnastrea Dumonti, N. — Calcaire de Longwy.
a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle.
b. Quelques calices grossis.
FIN DE L'EXPLICATION DES PLANCHES.
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VÉRNE
Le
NOTE
SUR
LA THÉORIE DES RÉSIDUS QUADRATIQUES,
M. Ancezo GENOCCHI.
Tous XXVY. Î
NOTE
Dans deux mémoires sur la théorie des résidus quadratiques (Mém. de
l’Acad. royale de Belgique, tom. XXIV et XXV), M. Schaar a donné des for-
mules remarquables, qui conduisent à la loi de réciprocité de Legendre,
et à la détermination des célèbres intégrales finies ou sommes alternées de
M. Gauss, et de plusieurs autres intégrales analytiques. Je montrerai
bientôt dans les Annali delle science Matematiche e fisiche de M. Tortolini,
qu’on peut établir les mêmes formules et aussi une formule plus générale
à l’aide d’une expression de ZF(x), que M. Plana a donnée en 1820,
dans le tom. XXV de l’Académie de Turin, et que M. Schaar a démontrée
de nouveau en 1848 (Mém. couronnés, etc., par l’Acad. royale de Belgique,
tom. XXII, p. 19); mais ayant trouvé une autre démonstration qui m'a
successivement conduit à tirer ces formules de celles de M. Gauss par des
transformations assez simples et sans le secours du calcul intégral, j'ai
pensé qu’il ne serait peut-être pas sans intérêt de faire connaître aussi
mes nouvelles réflexions à ce sujet.
Je ferai d’abord usage de la formule sommatoire de Poisson, à peu
près comme l’a fait M. Schaar dans son mémoire du à août 1848 (Mém.
couronnés, etc., tom. XXIIT), et je commencerai par montrer qu'on peut
SUR LA THÉORIE
ES
arvenir à cette formule d’une manière plus courte que celle dont Poisson
P P 1
s'est servi.
Dans la formule connue
a) + f(—a 1 a 1 _i=® C ir(a—x)
eee fi LE VAE rer os
2 x RL 4
24
—à — 4
faisons 2a— h, a—x—:—c, f(x) = p(2) : il vient
© h Î c+-h D _i=o c+-h Dir(z—0c
era) 2 ES pla) dz + 2 fs pla) papas ES
2 h kh 5=1
(À
Remplaçons ici successivement € par €,, C,, C;, … €,_;, posant en gé-
néral c;, = €, + ih, et ajoutons les équations résultantes : en remarquant
Dir(z—c, Dir(z—c
L o
qu on à cos. RETT RENE — COS. ee Qi et que
ci Ce C3 Cn Cr
CNE a udz + à udz udz + … a udz — udz ,
4 Fe re Cn—1 rs
u étant une fonction quelconque de z, nous trouvons
EU ls CEE D Pm . dise fn | r(ac.)
CR EE = [| ads + 3 fl LU
t
qui est la formule de Poisson.
Si l’on prend c,—0, h — 1, elle devient
r=n en 1—= © ñn
DAAOUES pt = RERO f #@é+25, fra cos. Dirz.
LV BV
9 (x) = pe? e ?
,
m désignant un nombre entier quelconque, positif ou négatif, mais
pair ou impair comme n : on aura 9(n)—=9 (0) = 1, et remplaçant 2 cos. 2irz
par eV LL Vi ji] viendra
z=n n 1=% n ë — 1=® LB CRÉES Lex
2, _,?(x) = f e(2)d +X, 7 es e(e)dz + E_, y ol ‘e(z)dz.
F4 L F1 2 FF Le
o o
o
Éd Re 0 de
ve
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 5
Posons pour abréger m + 2in—a,, 2: + a; =t : nous aurons
Au = y
Ie ? (2) = armé et V—
G à Tai Gi TR —
1e eTEV—i o(z)dz = 7e 0 TE dl;
Da F
ï
dz "TZ dt,
mais
Ta Tm° — Tm°
nn == is — Ti(m4in) Vi = —
e "m — tpm e — £ e
car i(m + in) sera toujours un nombre pair : donc
n : — zm? ai+ ia 7
JA TV 9 (e) dz = En —V— UE 1,
d’où, en vertu de la formule (2), on déduit
i—= © n : TM y, — ZE, —
ss f TV (2) d2 = 3 6 on El
1—1
De même, en posant m— 2in—b,, 2:+ b;, =t, on trouvera
% ae rt bi TE, —
A À arizV = o(c)ds= 3e af eanlmlll,
à 2
É
ù
bi
TL, — TM 7 — — TM y, —
en AE = T° Fi ce in) Vs re ee V 1:
et de là
1= © ñn bo ZE
> 7 ei (z) az 5 He En
“
Enfin, si l’on fait 2: + m—1t, on obtient
AMEN N TE, —
on =
sl e) “Dee
et par suite
in TM? mAH TE
14 p(2)dz=T%te an A an Vi 4
(2 UD
Substituant ces valeurs, il résulte
t=n Le = Lo TÈ = Mm+H-n Et 1 Et
2, z (x) re ein dt el Pr qi + f ev ‘al
%
a]
6 SUR LA THÉORIE
en remettant la valeur de + (x), et observant que b, = m, a, —m + 2n
on aura
=n ZT, ,— TT __Tmè = Eg,—
: SE En Ver 7 nn pit m2 æ 7 V
(>) . . . . Cd” | ñ en et = 3 € ein
On peut déterminer par cette équation la valeur de l'intégrale définie
que renferme le second membre, car en y faisant m—n—1, on trouve
Re = rVe Ve AL
JE pa di op .€ ei —= 92% :
_—
d'où , remplaçant t{ par j=, on tire
œæ zi LE —
sf en ab == 7 s Vn.
Cette valeur étant substituée dans la formule (5), donne
AUS EMTMERE AT LAmN ar D. 4 Va,
équation qui subsistera pour deux nombres entiers m et n quelconques,
pourvu que x soit positif et que m +- x soit un nombre pair.
IL.
La formule (6) suffit pour établir les relations dont j'ai parlé ci-dessus.
Posons en effet n — pq, m — 2qi +-r, et soient p, q deux nombres entiers
positifs quelconques, r un nombre entier, positif ou négatif, mais pair
ou impair comme le produit pq, à un terme de la suite 1, 2, 5 … p:
on aura »%+-n pair, et la formule (6) deviendra
= TL — A, , r\l/= r((eqi+re Pa
ele, Cri Re ET
pm RE == Ty ,— Ærigy—
= € (= er CE Vv— L Re
Sommons les deux membres par rapport à à, de i— 1 à i—p: pour le
“1
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES.
premier membre, on aura
= 270 _ TUE — —
= P Ve Me A eV 1er
Se 1 1e = CARRE EI
Le
ep |
expression, qui se réduit à p, si x est divisible par p, et à zéro dans le
cas contraire, x étant entier : il suffit donc de considérer les valeurs de
æ, qui seront multiples de p, en faisant 4 = kp, k= 1, 2,5, q, et de
multiplier le résultat par p. De cette manière, et en indiquant la somme
du dernier membre prise par rapport à à, on obtient, après avoir divisé
par p,
EN VA or
k=1 € e1 = € NC LE e
relation générale entre trois nombres entiers p, q, r, qui exige seulement
que ces nombres soient tous impairs, ou que r soit pair si l’un des nom-
bres p, q est tel : d’ailleurs » peut être positif ou négatif.
En supposant p et r pairs, on aura la même équation, que M. Schaar
désigne par (5) dans son Mémoire du 5 avril 1850, p. 11, et qui est la
formule fondamentale de ce mémoire. En supposant p pair, et r multi-
ple de 2pq ou nul, on aura la relation qu'il avait trouvée dans son autre
Mémoire du 6 octobre 1849, p. 7. Ainsi ces formules rentrent comme
des cas particuliers dans la précédente équation (7), qui comprend en
outre le cas de p, q, r impairs tous les trois (°).
IE.
Maintenant voyons comment des seules formules de M. Gauss on peut
déduire l'équation (6).
(‘) On pourrait croire que l'équation (5) du dernier mémoire de M. Schaar eût une généralité
plus grande à cause des quantités e,, et p, qu'il désigne comme des constantes réelles (p. 9 et 10);
sans les assujettir à aucune restriction; mais en examinant ses calculs, on verra qu'ils supposent
que 2pe, et P soient des nombres entiers.
8 SUR LA THÉORIE
Les formules de M. Gauss se résument dans celle-ci ,
EME ER
T=N Try, — T V/_x Ty y—
: V= TV
z=1 €
— 4 4 == —4 n
= € 1eme lue
d'où, si x est multiple de 4, on tire
Te FE Ve LAS V2
ou, écrivant 2x au lieu de n,
Sans ce EM 47
z—1
pour toutes les valeurs paires de x. Mais on a
= = 1 eV 1 er 1 = Ve
n étant pair, et par suite
T—2M Tx- V=i T=N Tx- nr
LR Ve 5 =
Dre en =2 2. jen
donc
cn = LA rt =
(O)PAEUENENCES ANNE — €4 Va.
Cela posé, soit m un autre entier : en donnant successivement à x les
valeurs 1, 2, 5, … n, il est clair que la somme m + x deviendra con-
grue, suivant le module » et dans un ordre quelconque, aux mêmes
nombres 1, 2, 5, … n, et qu'ainsi
z=Nn Aron TNT —
J "Vs —V
= ñn
Sr LN EM? z=1 €
car, en désignant par k un entier quelconque, à étant pair, on à
T\kn+x) V= Tr?
e n —= (un
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 9
Développant le carré (m + x}, il vient
AN ay— TN Tin ,— MT l/ =: T=N TX, —
Vs LE Ve ZEUS DEV
(NT 2 en en Re = en ,
et substituant dans l'équation (10), on en conclut
= | > ee T 2
s ñn Ta° = TIME = (Z— 2 Le D.
ñ n “
= e €
qui se réduit à la formule (6), lorsqu'on remplace 2m par m. La formule
(6) est donc démontrée dans le cas où m et n sont deux nombres pairs.
Il: s'ensuit que la formule (7) est aussi démontrée, dans tous les cas où
les nombres pq et r seront pairs, et auxquels se rapportent toutes les
formules de M. Schaar.
En écrivant 4p et 4r à la place de p et r, la formule (7) devient
ui). un EU AV Esir Cr V{ Se TV, ri — |
k=1 0 À e Ta EE “
Cette formule est susceptible d’une transformation remarquable, lors-
que p et q sont des nombres impairs. Alors, dans la somme que renferme
le second membre, les termes correspondants à des valeurs paires de à se
détruisent entre eux, car une moitié de ces valeurs sera de la forme 4x,
et l’autre moitié pourra être représentée par l'expression 4x + 2p, et l'on
aura
__ æÆq(az sp} Ve ær(ax Æ 2p) Ve — (pH ar +an = Tqlax)? V= Ær (4x) =
[A ip (a P = - € 2p e p -
— (pq + age + er) Vs — LA
Quant aux valeurs impaires de à, on pourra les représenter par 2p+ 2x,
en supposant æ— 1, 2, 3, … p, et À— + 1 ou À— +5, de manière
que x prenne deux fois les valeurs 1, 2, … p. On aura
Tq CAP Tr(Ap+ 2x) V= ! Tqp = mV= DS -
e ‘p € p ni ; e e Pq
2T (gx +7) V1 era Vs
pq ,
Tome XXV. 2
10 SUR LA THÉORIE
puisque 2 et 2? sont des formes 2h + 1, 8h + 1 : par suite
—4n FM y y — AN — _(» rè = = ; .® ee:
< LE Ver oe Le =. p = 2 eV à qe Vi
Distinguons ici les valeurs paires des valeurs pt ie x, et dési-
gnons les premières par 2h, en pl ù de A=1àh—"——, les secon-
des par 2h —p, en prenant h de h — PT LE 4 à h=p: comme on aura
La(2h—p) + rP = (2qh +7) + p°q? — 2pq(2qh + r),
= — T NUE 15
; th p}+rP Vi 4 æq(2h—p) V—1 ge pa EVE ee sgh Vs
on en déduira
=) LA Peer ET h=p Æ (eqh = =]
Blu Ent V1 eTEV res > Em (egh +r) Vs 5 eTqh V1
Tr LV =p a7qlè = atrh V=
OC PART UT e p
Donc
i=4p Tqg y — Tri _—7(%+r)V=: h=?p at ,— Trh
= CE
(12). 2_,e 4 est y — 2) (ê+r) ER P AS L
Substituant cette expression dans la formule (11), on obtiendra
.
k— TPhE — TABLES ta és ; arf. =
ce g #7pk = atrk Vu AV __æ(pqæ+er) V= q
ax € 4 eq CE e 4pq +
2 KE p
(15)
Si » est nul ou multiple de pq, celle-ci se réduit à
k=q api — PI—4 — fa
CR RARE e 1 Eye n ri QTRSS
k=1 p h=1
h=?p aTqhè V=
CR ;
et sous cette forme, il est très-facile d’en déduire la loi de réciprocité.
Car si l’on fait tour à tour p—1 et g — 1, elle donne
k=gq ax = qg—1 h=?p ay =
(CIE HORS Æ Eacl Re Var à Tr 1 — rV 77
R—4
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. Ai
d’ailleurs supposant que p et q sont deux nombres impairs, premiers entre
eux, on a, suivant la notation de Jacobi,
D Ve) APR
(16); 2, _,e À =() > =1t 1 ; 2, =; ë P à 2,_, F B
à l’aide des formules (15) et (16), et en faisant m—pq—p—q + 1,
l'équation (14) devient
\ MT à y— \
Pere Ut)
D
(2 2e sa
puisque m = (p— 1) (g—1), e-" V1 =(—1Ÿ. Ainsi la loi de réci-
ou
procité de Legendre, étendue à deux nombres impairs quelconques,
pourvu qu'ils soient premiers entre eux, découlent très-simplement de l’équa-
tion (14).
IV.
Pour démontrer la formule (6), dans le cas où m et n sont deux nom-
bres impairs, on remarquera que
zx He, = TmÈ2
TT: V r CELA Ve n 7m
— en —
Vi Z=(m+e) =
ñn nu ñn er ,
e e = €
et que m + 2x sera congru , suivant le module 2», à l’un quelconque des
nombres 1, 2, 5, 2n. Posons m + 2x — 2hin + i : à sera impair comme
m, et on pourra faire à + n—2h, n étant aussi impair; on fera en même
temps 2k + 1 —2, prenant les signes supérieurs lorsque à ne surpassera
pas , et les inférieurs dans le cas contraire, et l’on aura m+2x—n+2h.
Il en résulte
2n h?
= — + Àh + —,
An 4 n
(m + 2x)?
Fm D JEVS, WMV a er
£ = eù "
e *
puisque À est impair, et 2? de la forme 8i + 1; il est, de plus, visible,
12 SUR LA THÉORIE
qu'en donnant à x les valeurs 1, 2, n, on obtiendra pour k les mêmes
valeurs, quoique dans un ordre différent : donc
Zn A UOTMT),, — ANS ey— TEEN T y— TNË y /—
: _ sc} —1 RS
> en 4 e à = = n # ES San NW: n LA .
œT—4 Lol %
nT h=n rh, ,— =
= —V— RkT V—1
ei ‘3, e n v u e V .
Maintenant nous pouvons distinguer les valeurs paires des valeurs 1m-
paires de k, et représenter les unes par 2# et les autres par 2k—n, de
telle sorte que k prendra les valeurs 1, 2, … n; et comme on a
A Ve @k—n)r V—1 ta V1 71 skr V1
e e e =
e n = à 1e
»
nous en conclurons, d’après les formules (15),
Anh, — — k=n 47k? n—1 E
S FEU rV = dt 5e a EME FE zV 1Vn,
h—=1 mn
et, en substituant, nous obtiendrons la formule (6).
On voit donc que les formules (6) et (7) ne sont que des conséquences
de l'équation (8). ou même de l'équation (9), qui se rapporte au cas par-
ticulier d’un nombre x doublement pair. Quelques autres formules, que
j'avais trouvées par d’autres méthodes, se ramènent également aux pré-
cédentes : j'indiquerai la suivante, où q est supposé impair,
L— > AG 7 — zx My
2 AE: VE COS. — + dl —"e © Vs cos
x—1 p
TT
HN Op. 14 = D PET r(22—1)r
atéailes Le Pos PV 605. rx > KE GE #0
zx
PARC | cos.
V.
On sait que la série
sin. u + Æ sin. 2 + { sin. Su + À sin. Au +
exprime $ r— +u, si u est compris entre zéro et 2, est nulle lorsque
u—0, Ou u—2r, et reprend périodiquement les mêmes valeurs hors de
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 15
ces limites, de telle sorte que la même valeur correspond aux deux sup-
positions u — a et u= a + 2ir, à étant entier, a quelconque. Il s'ensuit
qu’en désignant par v une quantité réelle et positive quelconque, excepté
les nombres entiers, par q le plus grand entier contenu dans v, et par r
le reste, savoir en faisant r—v—4q, on aura
&l=
OU . :
(A7) . . . . r —#%—= (sin. 270 + E sin. 4rv + { sin. 670 + ....),
A8). … . q—v0—#%+— (sin. 270 + FE sin. 4rv + À sin. 670 + ....).
oi
L’équation (18) coïncide avec une formule donnée par M. Schaar, dans
le tome XXIIT des Mém. cour., etc., par l'Acad. roy. de Belgique. Mais il faut
remarquer que cette équation n’a plus lieu lorsque v est un nombre en-
tier, car alors le premier membre q est égal à v, et le second devient
u— +. On en conclut que la série
© . . . n
20 — 1 + = (sin. 270 + : sin. 470 +- + sin. 6x0 + ..…...)
exprime toujours un nombre entier, impair si v est un nombre entier, et
pair dans le cas contraire, puisque, dans le premier cas, elle se réduit à
2v— 1, et dans le second à 2.
Si l’on fait v— Fo a et b désignant deux nombres entiers, les formules
(17) et (18) exprimeront, par des séries infinies, le quotient q et le reste br,
provenant de la division de a par b. Soit b un nombre premier impair :
en supposant v — = et faisant successivement æ— 1, 2, 5, ... b—1,
on obtiendra par la première formule la suite des résidus quadratiques
de b, répétée deux fois; et, en général, supposant v — _ et z — 1,9,
5, … b—1, cette formule donnera n fois la suite des résidus n°” de b.
Mais dans le cas où v — ra a et b étant entiers, on peut transformer en
une suite finie la série infinie que renferment les équations (17) et (18),
ce qui nous conduira à des résultats utiles pour la théorie des résidus
quadratiques.
14 SUR LA THÉORIE
Appelons b' le plus grand entier contenu dans ©
des nombres 1, 2,5, b!, k un entier positif quelconque : tous les ter-
i l'un quelconque
mes de cette série seront compris dans les trois formes
1. (bla A1 . Q(Kb—ijar 41 . 2(Kb+ijer
DUR, sin. SRE ———"
%b b kb—i b * kb+i b
et comme on à
. 2(kb)ar . 2(kbæ+i)ax “ur
Sin. b 0 ST b se Ji Eu ,
il s’ensuit que la même série se transforme dans une somme de produits
de la forme
diar
r É 1 1 1 1 4 |
RE = ER EE S ÉROO Cac
Dents bete Dies MU Met St
k 7e .+ iar
Or, on sait que cette nouvelle série, par laquelle sin. y Se trouve
Mes à 7 iT Te Dre
multiplié, exprime 3 0-5: donc la série primitive aura pour somme
Substituant cette valeur dans l'équation (17), et remplaçant r par Do
on trouvera
- b SOC
(AO) ESA RE TETE Palo ae DA De ET
où r sera le reste de la division de a par b.
Des considérations semblables s'appliquent aux formules
1
Fu sin. u — } sin. 2u + À sin. Su — À sin. {u + ..…,
3 7 = sin. u + À sin. Su + À sin. Du + …,
qui supposent, la première — x < u < r, la deuxième 0 < u < 7; ainsi
qu’à d’autres formules du même genre. On en tirera
(AO) M Ni er ba Gi ON UE
en supposant a pair, et b impair, et p= +[(—1Y7" +1].
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 15
Les équations (19) et (20) exigent que le reste r ne soit pas nul. On peut
les vérifier facilement, comme je vais le montrer pour la première. On à
k= ñ 1
Er HE EAU ENES
k=1 2 sin. £æ
d’où, en différentiant par rapport à x, on tire
LE m cos. (m++)x Sin. nur
> NT OT ie Er PEL
k=—1 2 sin. + æ sin.? Lx
et par suite
kK=B, 9kir b Îr
> k sin NAN cot. —
: Jr L :
en faisant m—b, x — SL Cela change l'équation (19) en
b 1 i=6 k=b Den Dir k
T= = + — }. ue k | cos CAE ) cos. GAS |
2 b 1—=1 k= b b
: Dir(a+k Dir(r+k 2 5 _Q
mais COS. ES — cos, puisque a = bq + r; d’ailleurs la
i=V Dir(r +k ; \ . ue
somme >. COs. = est égale à b', si le nombre r + k est divisible
par b; dans le cas contraire, elle se réduit à — + lorsque b est impair, à
— + + + cos. (r + k)r lorsque b est pair : en remarquant donc que,
pour rendre r + k divisible par b, il faut supposer 5—b—r, et que, pour
rendre r —k divisible par b, il faut supposer £—7, on conclura sans
difficulté, que le second membre de la dernière équation revient à l’une
des expressions
b 1 (6 r) b—A à) r | 1 b—1 : b; >
3-5 EF, | mn: 5) sr CE mn = ]=r. (b impair),
b dir wub b j
lle): on ==" (b pair),
de sorte qu’il devient identique au premier membre.
On peut mettre les équations (20) sous la forme
(21) ' > SL (-1) SID 1) 2 sci dar ; ir
2 2 CNE NP =) one sin an
he sin. 7 CRE b FX E
en faisant »’ — r lorsque le reste r sera un nombre pair, et»! — —(b—r)
lorsque r sera impair.
16 SUR LA THÉORIE
VI.
Pour appliquer ces formules à la théorie des résidus quadratiques,
soit x un nombre premier impair, et faisons b—=n, a = 4x°?, xæ—1, 2,
Fe n—
3
= .— Jiar :
la somme > ar sin. —— sera nulle si le nombre n est de la forme
4k+-A, et sera — (Se + VA, si n est de la forme 4k+ 5. Si donc l’on
{ à n—1 HE È
: on obtiendra pour r les =— résidus quadratiques de n, et
n—1
désigne par f le nombre des résidus quadratiques pairs de n, par g le
n—1
nombre des résidus quadratiques impairs, et par R la somme de ces 5
résidus, l'équation (19) et la deuxième des (21) donneront pour n— #k +1.
B9). . se... R=———, f—g—0,
2
et pour n = 4k +5
n(n—1) == nie) ir € RS ir
93). VS ? | —}) cot. —, = = > ? [ — } tang. —.
( 5) R 4 à s— 1 n / 9 V°n i—4 n © n
Lorsque n — 4h +3, on sait que si » est un résidu quadratique de »,
n— + est un non-résidu, et d’ailleurs
_— Ait?r X =
3° ? sin. — (El: LV:
m—4 n n
donc, en nommant F la somme des résidus quadratiques pairs, et F’ la
somme des non-résidus quadratiques pairs du nombre », on tirera de la
première des formules (21), n étant — 4k +5,
.__n=t 9; \ (__4\
Re Er fe. Fer =yre vue) Re
UE.
n Sin. —
Mais on aura
_i)r ir 2n — Qi 2i
Sn ET CN Re re == = — =
nl n
et par suite on pourra substituer aux valeurs impaires de à des valeurs
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 17
aires : alors, en remplaçant à par 2, il viendra
p'ac I
intl Î
ER Let PR EN PET (5
On a aussi
(n—i) 7 iT (n—i)z ir . 2(n—i)r
0 — — (COL. larie. — —(tang. —, Sin —
n n R n n n
Nr In—i Di
— — Sin. 3 —= ] 4
n n n
à l’aide de cette remarque, en représentant par r les résidus quadrati-
ques de x inférieurs à », et par r’ les non-résidus, on conclura des équa-
tions (25) et (25)
= ER L'5 n(n—1) £ à Tr =
Z cot: = — ze —R), Etang. — = — (f—9) Va,
26). De
(26) rar. e elNES
sin. 7 V°n
dr 1 —1 Tr —
È cot. = = ( LAN 2) , Ztang. ENS (f—9)Vn,
n n 2 n
(27). L j FF"
sin. 27 Va
n
où les sommes = s'étendent à toutes les valeurs de r ou de 7’.
Remarquons encore que
(on +i)r iT (an +i)r ir 2(an+i)r Dr
U : ’
cot. = Co. , lang. — lang. —, sin. — SIN, — ,
n n n n n n
À étant entier, et nous en déduirons que si »m est un nombre entier non
divisible par x, on aura
| MIT nt 4 f[n(n—1) MTT m : ;
k cor, E —["). | = on), 5 tang. — — (?) (f—g)V'n,
n nl n
ushon » |L (Sos
V'n
(28).
Faisant m — 2 dans la première des équations (28), et ayant égard aux
relations connues tang. 9 — cot. y — 2 cot. 29, — — cot. p— cot. 20,
Tous XXV. 5
18 SUR LA THÉORIE
on tirera de cette équation et des équations (26),
TC EEE)
= 2 Re n—1
On aura donc F—F’ —0, lorsque [=] —1, et F—F'— — 2 ni 0 _9R
d n
9
9n
2 ;
=="g}} lorsque (©) — — 1. Il s'ensuit
3
1
(O0) En ets Te Ur MD
ST — QE
Se
si le nombre x est de la forme 8% + 7, et pour n— 8k +5
PA A ne pr Di Eee OUEN
._ 2rr
SIN 2
Le premier de ces résultats a été démontré par M. Morizstern, dans le
tome XV des Mémoires couronnés par l'Acad. roy. de Bruxelles (1° partie,
p. 54); mais il avoue, que, malgré des efforts réitérés, il n’a pu déter-
miner cette somme dans le cas de n = 8k + 3. On voit qu’elle dépend
des nombres entiers /f, g, dont on n’a pas, à la vérité, une expression al-
gébrique en fonction de x, mais qui s’évaluent facilement pour chaque
valeur particulière de ce nombre. Je remarquerai que si (?) — 1, le
double de tout résidu inférieur à = sera un résidu pair inférieur à n, et
qu’au contraire ce double sera un non-résidu, si (2) — — 1; d’où l’on
conclut qu’en désignant par L le nombre des résidus et par L’ le nom-
bre des non-résidus quadratiques de n inférieurs à +, on aura toujours
f—g—{(?) (ha —h'). Or, la différence h — h' est égale au reste qu’on
n—1
n1 n—1
= see a Las —1\—
obtient en divisant par n la somme 1 + 2° + 5° + … + F | 2, ét
2
peut se calculer, comme l’a montré M. Cauchy, au moyen des nombres
de Bernoulli. Il résulte aussi de la première des équations (29) que
cette différence sera multiple de 5 pour tous les nombres n — 8h + 3.
On a aussi évidemment
RMS TR A Eee
SIN.
CC
Ve)
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 1
D'après une autre formule de M. Cauchy, si l’on représente par p tous
les nombres premiers qui sont résidus quadratiques de n, et par p' ceux
qui sont non-résidus, on aura
12 PEU ( | DE
le signe de multiplication IT, s'étendant à tous les p et à tous les p' (voyez
Comptes rendus, etc., tom. X, p. 720) : et par cette équation on voit que
la différence h — h' sera toujours positive. La seconde des (28) donne
—(h—kh) Va, d'où
L'un des nombres fe h' sera pair et l’autre impair, x étant 8447 ou
=!
8k + 5, car h + h'—-—— est un nombre impair. Lorsqu'on sait lequel
est pair ou impair, on a en tirer une conséquence pour le théorème
de Wilson. En effet, il résulte de ce théorème que (1. DD. =} — {|
4
et par suite l’un des nombres
n—1 n—1
est divisible par n : si le premier est divisible, il y aura parmi les entiers
225, —
RUN = n—I\"= ps 0 ;
car la différence | 1. 2.3 …. — E — 1 sera aussi divisible par n; si
4 1\= 1
à — 1 sera divisible
aussi, et par conséquent le nombre des on rdus facteurs du produit
un nombre pair de non-résidus quadratiques de »,
At È U—
le second est divisible, la somme | Eee
ee n—1 à à sé
DNS. +—ÿ Sera impair. Donc le nombre x est diviseur de 1.
= Ed n—1{
) …. 2
+ 1, si h est pair, L' impair, et de 1.2.5 — 1,si h
est LS , h' pair.
On peut démontrer les formules (26), (27) par une autre méthode,
n—1 1
LT
=1 (cos.
ar 2
dont je vais faire une application en déterminant la somme 2
nm }
20 SUR LA THÉORIE
dans le cas où x désigne un nombre premier de la forme #k + 1. En
différentiant par rapport à æ l'équation connue
im . m “s m
: e Sin. 4 sin. 3 DA
5: sin. 7 — !
1=1 sin, x
on trouve
i=m . ' m sin. "T1! > sin? æ Fe
x, COS TI rer EN Tree)
= 9 sin. : x Sin. + ©
n—1 4rz? : AS
d’où, faisant m — FRA Dons et supposant : un entier non divisible
2 4
par n, on tire
! PL) 4riz? di =
Es OU [Ne S — 2 cos le = ;t
À be =), Mais 2 ._,* cos. = J ; V°n #
puisque » est de la forme 4k + 1 : donc
si == / — | 1 2
Fe [ (= 2L m1 |=- #7 él sale
2 2 i F he
Or, on a F) = F) () , et nommant H la somme des résidus quadra-
n n
= n
ee de x inférieurs à;
& il est visible que la somme des valeurs de à Ë | pour 7 — 10/2208
IH’ celle des non-résidus inférieurs aussi à
n—1
0]
sera exprimée par H — H' : d’ailleurs la somme des valeurs de à sera
n—1
Nous en conclurons
(52) = ‘ PE (©) H—H) VA.
2 RU NE pe de 2 = ——— — — — n.
Atos) 3 ñ
Armz*
En supposant x — ns M et 2 deux entiers non divisibles par x, on
eût trouvé
pers l n?—1 2m =
(55) LM NE EST Er = — s| H—H') Vn.
z —1 (cos ds Ÿ 2 n ( )
PAU 1 Ë
On à, en général, es, 1 — tango : donc cette formule donnera
S.* © ; 5
=" / rm? \2 — ! 9 _
(SAS ET her er E [tang, “is | — piiEant à | = (H—H)V nu.
9 n
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. PT
MAÉ
Faisons dans la formule (19) b—n, a—mx, et successivement æ— 1,
9 = n—1 L :
2,5, … —— : on pourra en tirer une expression de la somme des restes
Ce = n—1 Ds
obtenus en divisant par » les nombres m, 2m, 5m, … ——m; désignons
cette somme par M. Supposant m pair, on trouve
— dimaer mir
> ? sin. — — 1 tang, — :
x—1 1 In
v}
oi
au moyen de cette valeur, on aura
n(n—1) — Mir ir
il = — +
4 i=1 9n n
. . n
Soit », le nombre des restes qui surpasseront >, M, leur somme : la
. re ot
somme des restes inférieurs à = sera M—M,; de plus, en retranchant
, n
de n RE des m, restes supérieurs à 5» On obtiendra des nombres in-
férieurs à 3, dont la somme sera mn —M,, et qui, étant réunis aux au-
n—1
tres restes, compléteront la suite 1, 2, 3, … : d’où il résulte
4 n—1 n?— 1
(M—M,)+(mn—M,)=1+2+5 +... + —= —— ,
E 8
el par suite
n2— 1 n—1}? i= "= iT ir
M — s + 2M, — M— 92M, l HD tANISe us cot. sy
8 8 1=1 DATI nu
en substituant la valeur de M. On voit donc que si l’on pose
= a ir ir
(GER EE > Dre = ei: =,
8 en Non n
les nombres m, et à seront tous deux pairs ou tous deux impairs. Or,
: : m\ Mi
suivant un lemme de M. Gauss, on a () —(— 1) ‘sin est un nombre
n
premier impair et m un entier non divisible par n : on aura donc aussi
m , ’ pr à
(”) = (— 1)", et par conséquent le nombre 2, donné par la formule (55),
99 SUR LA THÉORIE
déterminera le caractère quadratique du nombre pair m par rapport au
nombre premier n.
Si le nombre m, dont on demande le caractère quadratique est im-
pair, on n'aura qu'à remplacer » par 4m dans la formule (55), puisque
Am m
ESA
mir -
Prenant m— 2, il vient tang. —— cot. — — 1, et par conséquent
(n— 1} si mn? —1 2 à ee
RSC Sn rein.
n
A l’aide de la formule (19) on peut démontrer deux autres lemimes ,
qui, avec le précédent, ont été employés par M. Gauss dans ses troisième
et cinquième démonstrations de la loi de réciprocité.
Soient, en effet, m et x» deux nombres impairs et premiers entre eux,
et faisons b — mn, à — mx + ny : nous aurons
Diaz Mir Diry Dizy Dir
sin. Sin cos. — + sin. —— cos.
b n m m n
et partant
nu Mir T Diry ir ie . Ziry Dirx
NE MANS: cos. cot. DE sin. cos. à
2 ii ñ m nn i=1 nt n mn
Le n—1
{= —; , et donnons à x toutes
Soient aussi, pour abréger, p —
les valeurs 1,2, 5, q, à y toutes 1 Re 1,2,5, p : la somme des
valeurs de cos. = sera p si à est divisible par m, et — } dans le cas
contraire; de même, la somme des valeurs de cos. Sé sera q si à est di-
visible par n, et — À dans le cas contraire. Or, à, s'étendant de 1 à
mn—1
— mq + p—np + q, aura q valeurs divisibles par m», et p valeurs
divisibles par », et on pourra représenter les premières par mi, les der-
nières par ni. Désignant, de plus, par Zr la somme des pq valeurs de r,
on tirera de l’équation précédente
mn D=q jm Dire ir Y=P 5" Diry iz
Èr = — pq + EE 21 2 Sin, —— co — + 2 D'OTITATEMNe cot. —
2 T1 ii ñ mn y=i iZi m mn
M 1=9 =. Jimrc x n Y=P =? . 2inry ir
== > sin CO. > DT Que ot. —
Q zx=1 i=1 n 11 D y—=1t i=i m m
a —
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 25
Maintenant il est clair que si l’on suppose a < b, le reste de la divi-
sion de a par b sera a; d’où il suit qu'en faisant dans la formule (19)
b— mn, a — mx, et sommant de x = 1 à x — q, on aura
T=q mn ST ET Dirx ir
> mx = — q — DE En cot. —.
z—=1 3 x—1 i=1 n mn
On obtient d’une manière semblable
Ep mn Ye M DiT1) ir
ZE = ny = — p — ? sin. CO
1— 2 m mn
y=1
D'ailleurs, si M désigne la somme des restes qu’on obtient en divisant
par x les nombres mx — m, 2m, 5m, … qgm, et si N est la somme des
restes qu'on obtient en divisant par m les nombres ny—n,?2n, 5n, … pn,
la formule (19) donnera
M n Sue Sy .. Zimrx : Îiz
= —q— sin cot. —,
2 7 = ME" n n
m Y= pp. | Dinry iz
N=-p—3 HAS: EU =
2 y=A1 1 m m
Au moyen de ces équations, on réduira l'expression de >r à
$ mn à [mn Soi : nn IP |
Sr — Fe —_ max L[— p— EE n?
21 9 PIE q PU note = L Y—A y}
mn n [m
M) — = N },
D \? DA
2—=q U—
Y=P 3 à
ou, remplaçant les sommes X _ mx, > ny par leurs valeurs, et rédui-
= —1 y=1
sant,
+ mM + nN.
L 1
OO 257 = mnpg— m LOT ni Plp )
Parmi les restes qui forment la somme M, distinguons ceux qui sur-
passent q, et nommons m, leur nombre, M, leur somme : nous aurons,
comme ci-dessus,
nai 1 +1)
(M—M,) + (mn—M,)— — = AE Fa où M=9M,— mn + ue }
Pareillement, si n, est le nombre et N, la somme de ceux des restes for-
19
Le
SUR LA THÉORIE
= : p+1
mant la somme N qui surpassent p, nous aurons N—2N,—n,m + eips )
D
n
et substituant ces valeurs, l'équation (56) deviendra
25r = mnpq + 2mM, — nm, + 2nN, — mnn,,
d'où il résulte que le nombre mnpq—mnm, —mnn, est pair. Donc le
nombre pq —m,— n, sera pair aussi, puisque mn est impair : donc les
deux nombres m, + n, et pq seront tous deux pairs ou tous deux im-
pairs, ce qui est le lemme dont M. Gauss à fait usage dans le tom. IV des
ER = 6 ; : m :
Com. soc. Gotting. recent. En le combinant avec les équations Hi = (—1}",
n
[n . * . .
F) — (— 1)%, lorsque » et n sont premiers, on a tout de suite la loi
m 1
« . m n
de réciprocité Li Fi — (— 1 )?2.
P n mt ( )
Représentons enfin par P la somme des quotients de mx divisé par n,
æ étant —1,2,5, … q, et par Q la somme des quotients de ny divisé
par m, y étant = 1, 2, 5, p: on aura
T— 4 4 Y=?P
M="> Quxz—nP, N—=E _ ny—mQ.
T—= V1=
D'ailleurs mx + ny sera toujours < mn, et par conséquent le reste » sera
— mx + ny, d'où l’on conclut
= y=r
Zr — S(mx + ny) = p Re ma + q 2e, ny.
On pourra donc transformer l'équation (536) en
= Y=P g(q+1) >(p +1)
(2p—m) E ur + (2q— 0) Z QU = MNpq — mnPl — mnQ —m = RCE ë SE :
z= y= 2 2
ou, mettant les valeurs des sommes indiquées dans le premier membre,
remplaçant 2p—m et 2j —n par — 1, réduisant, et divisant par mn, en
P + Q— pq. Cette formule exprime un autre lemme de M. Gauss, qu'il
a démontré dans le tome XVI des anciennes Commentationes soc. Gotting.,
et que M. Schaar a rappelé dans son mémoire du 5 août 1848 (Mém.
couronnés, etc, par l’Académie roy. de Belgique, tom. XXII).
La formule (19) peut fournir plusieurs autres résultats. En suivant la
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 95
* : d à m—A
même marche, on pourra faire b=mn, a = mx? + nÿ°, p — at:
n—1 A
ES 2—=1,2,...q,y= 1,2, p: or, si l’on suppose que m et n
soient deux nombres premiers de la forme 44 + 5, et que m est un résidu
quadratique de n, en nommant R la somme des résidus quadratiques de
m inférieurs à m, et R, la somme des entiers inférieurs à mn qui sont
résidus de » et non-résidus de m, on trouvera
Dans le même cas, en nommant f le nombre des résidus pairs et g le
nombre des résidus impairs de m inférieurs à m, en distinguant pareille-
ment les nombres pairs et les impairs parmi les entiers inférieurs à mn,
résidus de x et non-résidus de m, et nommant f, le nombre des pairs, 4,
le nombre des impairs, on tirera de la dernière des formules (21)
mt ET (= gi):
Si maintenant on suppose que » est un nombre premier de la forme
4k +5, et n un nombre premier de la forme 4k + 1, et que R désigne
la somme des résidus quadratiques de m inférieurs à m, et r, représente
tous les entiers inférieurs à mn qui sont résidus des deux nombres » et n,
ou non-résidus de l’un et de l’autre, la formule (19) donnera les résul-
tats suivants : dans le cas, où m sera un résidu de », on aura
T7 DR
Z cot. — — — 2V/mn | :
| mn
— »),
en nommant R, la somme des résidus de m et n inférieurs à mn; dans le
cas Où » au contraire sera un non-résidu de », on aura
T7 — F2rR 2R
E cot. —— — — 2V/mn | - pq + » |.
min mu LIL)
R, désignant là somme des non-résidus de m et n inférieurs à mn. Dans
ces deux formules le signe > s'étend à toutes les valeurs de r..
Tone XXV. /
26 SUR LA THÉORIE
VI.
Les formules que nous avons démontrées pour des nombres premiers
peuvent être étendues à des nombres composés. Je vais en donner un
exemple sur la première des formules (26).
Soit x un nombre impair, non divisible par des carrés : les entiers
premiers à x et inférieurs à n vérifieront l’une ou l’autre des conditions
m m rie . rue
-]= +1,(-)=—1, et en désignant par r ceux qui vérifient la pre-
[1 n
miere, par r’ ceux qui vérifient la seconde, et supposant x de la forme
4k © 5, on aura la somme alternée, étendue à tous les r et les 7’.
,
9rx 9r
LT MERE
n
(52) 20 EMMA AUINES EN
n
Si n est de la forme 4% + 1, en posant b— 4n, on pourra partager
en deux groupes les entiers premiers à b et inférieurs à b, de manière que
les nombres d’un groupe étant désignés par r, et les autres par r', l’é-
quation (57) ait lieu pour b, c’est-à-dire en y remplaçant » par b. De plus,
les mêmes choses subsisteront, quelle que soit la forme de n, si l'on
prend b= 8n. Ces propositions ont été démontrées par M. Cauchy dans
le tom. XVII des Mémoires de l’Institut.
Supposons maintenant, que dans la formule (19) la valeur b soit, sui-
vant ces diverses hypothèses, n, 4n, ou 8n, et que celle de a soit r ou r':
la formule (19), dans laquelle on remplacera » par 4, puisque a < b,
peut être mise sous la forme
î=b iar 17
a —(b — a) = — 9 5%, sin Te cot. fe
1=
et nous en déduirons
I Dirr ir
27e (OS PEER (2 sin. cot nt
i=Ù r LES
2r' — E(b—r)——25 ; 2 sin cote
b
Mais remarquons que le nombre b—» sera l’un des ?", et le nombre
+
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 27
b—r', Vun des »; remarquons aussi, que si dans l'équation (57) on sub-
“ . (2 Fa 3 «
à r,r!, le second membre deviendra () V’n, ou zéro, sui-
n
stitue tr, tr!
vant que é sera ou ne sera pas premier à x. D'après ces remarques, en
combinant par soustraction les deux dernières équations, et représentant
par R la somme des r, par R’ la somme des 7’, on obtiendra
R—R——5> ( TETE.
b b
où le signe > doit s'étendre à tous les nombres à compris dans la suite
1, 2, 5, .… L' et premiers à b. On peut étendre ce signe à tous les nombres
1, 2, 5, … b, qui seront premiers à b, en doublant le premier membre, car
on aura
b—i i (b—i)x ir
4 = — | =}, Po EE
et par suile
Mais on aura aussi
se à.
puisqu'on peut supposer r'—b—7+; en outre F) — À. On pourra donc
Pr, j 7 à NT EN
mettre 22 cot. = à la place de = () cot. = , et substituant » à b, il vien-
dra
T7 1
(8). . . . . . . . . Set == = (R—R).
J'ajoute que le symbole () représente dans ce qui précède la quantité
+ 1 lorsque le nombre à appartient au groupe des r, et la quantité
— À lorsqu'il appartient au groupe des »’, et je renvoie au mémoire de
M. Cauchy pour les propositions que j'ai rappelées ci-dessus.
La formule (58) se réduit à la première des (26), si » est un nombre
premier #k + 5, car alors R+R'—1 +2 +5+ ... + (n—1)— ER
; LE?
d’où RTE ant — 9R.
28 SUR LA THÉORIE
Dans la même formule (58) on peut supposer que x soit le produit de
deux nombres premiers, l’un de la forme #k + 5, et l’autre de la forme
4k + E, et alors r désignera les mêmes nombres que nous avons repré-
sentés par », dans les deux dernières formules du numéro précédent. On
tirera donc d’autres équations de la comparaison de ces formules avec (38).
On peut trouver une autre expression de E cot. T.
Nommons + une racine primitive de l'équation à" — 1 —0, et X le pro-
duit de tous les binômes x— 4, æ— 4", formés avec toutes les valeurs
de r et r’ : d’après un théorème de M. Gauss, généralisé par M. Cauchy,
on aura
(0) D NNARQRE AREAS E VERRONT ML LÉ EE EGERR
où X, Y, Z seront des fonctions entières de x à coefficients entiers, »
étant le même nombre que dans la formule (58). (Voyez le tome X des
Comptes rendus). On aura, de plus,
(40) CORTE OR. PACE RFREXRE ü(r—5:) (Tz—4"),
et en déterminant d’une manière convenable le signe du radical
(41). . . | Y+2V=n—=9n(r 0), Y-ZV=n—9n(x — c):
les signes de multiplication IT s'appliquent à tous les > ou 7".
Différentions par rapport à x les équations (41) : il vient
dv dZ 1 dY == 1
ee VV n—2Nn(xz—0). > —, — ——V-n—92n(z—x) >
dx dx x— dx dx
x —&"
Maintenant supposons æ—1, remplaçons »’ par n —r, et désignons
par à le nombre des r, c’est-à-dire la moitié du nombre des entiers pre-
miers à x et inférieurs à ». Nous aurons
n(1—") =" (a — 1) = (—1)h a n(1—0), 2 —
et « " sera — 1, car R, somme des r, sera divisible par » : donc il ré-
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 29
sultera, pour x = 1,
NA ee 1
- _ : V—n — 2n (1—% ). Z i ;
x dx re
(49). à
ENT Tee à
VE TN Ne ee LL
dx dx 1—2
et l'équation (40) donnera aussi
LAN oh et ons a Es 1 CAPE
14
9 : L D —1 Te . :
pair , et la fonction X, étant — use réduira à x pour æ — 1 : dans
5 : es n—1 ;
Or, si n est un nombre premier #k + 5, À sera — ——, nombre im-
ce cas, ajoutant les équations (42), on trouvera
LT
daY il
nn — (=). >
A —
dæ
et de l'équation (45) on tirera I (1 —#)= + V__n; d’ailleurs, si lon
prend
donc
Lis TAN
(CLEMENT EEE
Si x est un nombre composé, à sera pair, et en formant la fonction X
(v. Nouv. ann. par M. Terquem, tom. VIII, p. 552), on verra facilement,
qu’elle se réduit à 1 pour += 1 : donc les formules (42) et (45) donneront
A+
DRE
—V—n=n(1—%).
dx Ë ( que 1— 0
de
d’où, prenant :—e” LA
, Nfi—o) = + 1.
, On conclut
T7 de —
SRE NEO CRU UMA TES COUR
n dx
Par la comparaison de ces formules avec la formule (38), on voit que
la différence R’ — R aura pour valeur, abstraction faite du signe, ce que
: ; à UN
devient l’un des polynômes dérivés
l dZ ;
— , n—,en Ï — {. On peut
AT En Y faisant + — 1. On pa
50 SUR LA THÉORIE
même substituer
Y dY L dZ£
æ—1 dx æ— | dx
car l'équation (59) donne Y—0, Z= + 2, lorsque X— n, et Y — + 2,
Z = 0, lorsque X — 1.
En rapprochant ce résultat avec ceux du n° VI, on conclura que si x
est nombre premier 8k +35 ou 8k + 7, la différence entre le nombre
des résidus et le nombre des non-résidus quadratiques de » inférieurs à
in, sera égale pour n = 8k +7, et triple pour n = 8k + 5, de la valeur
numérique de - 5 xx Correspondante à x— 1.
IX.
Soit x un nombre premier de la forme 4k + 5, et faisons x = V—1
dans les polynômes X, Y, Z de l'équation (59) : soit y + y, V1 ce que
deviendra Y, et + 2, V—1 ce qui deviendra Z.
Posant
2V= Ave FL) — . [sr rs
6: n'en V1, on a nu ge ee LI Vi, 9 V/—1. sin. = ——),
k
et de là
n—1 R7} 7 — n—1 — T7. 17
N(t—a)—92 5%. en "T! e 5 AMEL pan (= Z) 4
: 4 n
: n—1 ne ;
étendant les II aux valeurs de r, faisons pour abréger
n+1 R7 y, — x
GE LAIT eV ! usin Er
4 n
ve AV , ;
K sera une quantité réelle, car e” = +1, R étant muluple de n;
et en substituant dans la formule (41), il viendra
DH
ÿ + y VOTE ee VER TV=,
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. . 31
Maintenant, si » est de la forme 8i + 5, on aura
n—1 — a = ni ; =
es Vi à e TV (= ce e zV= = +1 (— (he
2
et par suite la comparaison des parties réelles et imaginaires donnera
% K =: AE
Er n+zVn=—(- 3:
2
d'où —y+ 2, Vn = y, + 2 Vn. Mais y, y, 3, sont supposés entiers :
donc
Si n est, au contraire, de la forme 8: +7, on aura
1 e GtirV=s =),
VS 4e (==)
É 2
et de même la comparaison des parties réelles et des parties imaginaires
donnera
K = a AK
nn Va MOVE,
d'où y— 2, Vn = y, + z Vn, par conséquent
Y=y, A=—:, Y—=yU+V 1), Z=zi— Vi),
y+sVi= (NT
On a, d’ailleurs,
ge a 4 N(V—1) —" | D
donc l'équation (59), par la substitution des valeurs précédentes, de-
viendra
EVA = pA—V—IR + n2 (1 +V—IP,
dans le cas de n — 8i + 5, c’est-à-dire
MORE RTL Ont En ir
52 SUR LA THÉORIE
et
AVI = pU4LV IR + ne (1 —V—I),
ou bien
eee ct NM BE ATIREle. MUR nr + as
dans celui de n — 8i + 7. Remettant la valeur de K, et abstraction faite
des signes de y et :, on trouve aussi
(AS) ETS ARE ES y+sVr= dns (rs),
qui, par la séparation des termes rationnels et irrationnels, suffit à dé-
terminer y et z. Ainsi la possibilité des équations (46) et (47), en nombres
entiers, est démontrée, et la formule (48) en donne une solution.
Si l’on suppose que » soit de l’une des formes 4% + 1, 4(4k +5),
8 (24 + 1), et nait aucun diviseur carré impair, au lieu des formules (39)
et (41), on aura les suivantes
(49) . . . . . . AX=Y—nZ%, Y+7Vn=92n(r—%"),
dont on peut faire des applications semblables.
En effet, concevons que » soit un nombre premier 4k + 1, et posons
ELA Var rie
z—A, «= er VV: on aura X—
en de A désignant par y, : les
valeurs correspondantes de Y, Z, on obtiendra par la première des équa-
tions (49)
An = ÿ — nz°?,
d’où l’on voit que y et z étant des nombres entiers, y sera divisible par
x; remplaçant donc y par ny, il viendra
(DORE EE US A AURA
En même temps, la deuxième équation (49) donnera ny +- 2 Vn
— 211(1— 4), et on trouvera
7
a = eV x Vin. =, nf) (—92V 1) em VO.
DIT = :
D Sin — — “Je NAn —,
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 55
d'où
2 = re
Vn(yVu+z)—=92?.nsin. —,
n
supprimant le double signe, car les signes de y et z sont ici indifférents.
Or, n étant de la forme 4k + 1, à tout résidu quadratique » de n, qui
ÉAMRE ie Sn « pe . AC
soit inférieur à 3 il correspondra un résidu quadratique n —» supérieur
Un
à 5 et On aura
on pourra donc ne considérer que les valeurs de r inférieures à {n, et
alors la formule précédente deviendra
n+1 —
PUR RE Run sl 2 in sine =.
Cette formule fournira une solution en nombres entiers, de l'équation
indéterminée (50), à l’aide de fonctions circulaires.
Ces solutions trigonométriques des équations (46) et (50) ont été don-
nées sans démonstration par Jacobi, dans les Comptes rendus de l’Acadé-
mie de Berlin (Opusc. mathémat., vol. T, pag. 524).
Si dans l'équation (50), les nombres y et z sont pairs, en faisant y—2v,
z=— Zu, on obtiendra &#?— nm? — — 1. Jacobi a remarqué que lorsque
ces nombres sont impairs, il suffit d'élever l'équation (51) au cube pour
en tirer la solution de l’autre u?— nù?— — 1. Posons, en effet,
(z + yVnÿ = u + 0VAn,
d’où
u—z(2+5nÿ), v—=y(32? + nÿ);
mais l'équation (50) donne
2? + 5ny? — 4(2z? + 5), 32? + ny? — 4(2? + 1),
et +5, # + 1 seront pairs; on voit donc que « et v seront divisibles
par 8. D'ailleurs, nous aurons
(2 —yVnÿ=u—vVn,
Towe XXV. D
34 SUR LA THÉORIE
et par suite
2 — nv? = (22 — ny) = — :
remplaçant u et v par Su et Sv, nous en déduirons u? — nv? — — 1.
Posons encore (u + v Va} =w + y VA : il viendra
u—=u0û + nv, v'—2uv, u?— nv? —{(u —nu°}) — 1.
On peut transformer d’une manière semblable les équations (46) et (47) :
dans ces équations y et : seront impairs, et posant
(y+2Vn) =u+vVn, On trouvera u=ÿ +nz, v— y,
ce qui montre que u et v seront pairs; on aura, de plus,
pP—n—=T+2, u—n°—=(ÿ —n2) = 4,
et faisant u — 2u', v— 2, on en conclura u'?— nv? — 1.
Ainsi les formules obtenues donnent la solution de l'équation célèbre
u?— mn? + 1, dans tous les cas, où n sera nombre premier impair, qu'il
appartienne à l’une ou à l’autre des formes 4k + 1.
X.
Je vais démontrer un autre théorème, énoncé au même endroit par
Jacobi, et qui se rapporte aussi à cette théorie.
Soit n le produit de deux nombres premiers p, q de la forme 4k + 3;
soient 4! et 4! respectivement deux racines primitives des équations
a —1—0, et 2—1—0, et représentons par r' les résidus quadratiques
de p inférieurs à p, et par r’’ les résidus quadratiques de q inférieurs à q:
on pourra tirer toutes les valeurs de r des deux équations # =" 7"
# = a!" x", et les formules (49) deviendront
“
, lam—1) (z —1)
{a —1) (#1)
'TTNEN
Be . +, N+<2Vni= eue 0 0e nue TA))
Posons x — 1, et nommons y, z, les valeurs correspondantes de Y, Z;
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 55
ë M 27 |/_
prenons, en outre, « — e? , æl—et : nous aurons
7 7 _ y ÉTAT 1, 77
(1— nu ) UE Deer 7” J=—=— (a'2r Aa Pr PLU 2
e TT r''7\=2
= [ 2 sin. (= + ==} :
P q
et par suite
— ICE) (rx 1x
(54) . . . gp —pg—=4, y+zVpg—22 ©? . nsin? +),
p q
dont la deuxième fournira des valeurs entières de y et z satisfaisant à la
première. Si y et z sont pairs, on fera y = 2u, z — 2; si y et z sont im-
pairs, on fera (y + VWpq} = 8(u + v Vpq), et, dans tous les cas, on
obtiendra une solution de l’équation 4? = pqu? + 1 en nombres entiers.
Remarquons que, dans cette équation, v sera pair et u impair; car si
v était impair, le binôme pqu° + 1 serait de la forme 4k + 2, qui ne peut
convenir à un carré u?. Il s'ensuit que, dans l'équation ÿ—pq2? — 4, le
nombre y, s’il n’est pas impair, sera double d’un impair.
Remarquons aussi que les deux équations
Y+Z2Vpg =0, Y—2V pq = 0,
n'ayant aucune racine réelle, les polynômes X + Z Vpq, Y —Z Vpq
demeureront positifs pour toute valeur réelle de x, si l’on suppose positif,
ce qui est permis, le coeficient de la plus haute puissance de x en Y:
donc leur demi-somme Y demeurera pareillement positive. D'où l'on con-
clut que la valeur y de Y correspondante à æ— 1 sera positive.
Soient maintenant y’ et 2’ les valeurs de Y et Z correspondantes à æ—— 1:
y! sera positif, et des formules (49), (52), on tirera
HN ENT EE IE ETES z Vpyg=2u (1 +),
le nombre des valeurs de r étant pair. Mais on a
y + 2Vpq=2n (1 — x),
et multipliant cette équation par la deuxième des (55), on obtient
(y + z' Vpq) (y + 3 V pq) = 40 (1—%*).
56 SUR LA THÉORIE
Or, si 2 est compris parmi les », #” prendra les mêmes valeurs que +,
et par conséquent on aura Il ({—=æ)=n(1—4), d'où
(y + 2 Vpg) (y + 2 Vpg) =2(y + 2 Vpa):
cette équation donnera y = 2, 7! — 0.
Si 2 n’est point l'un des nombres r, les valeurs de +" seront toutes
différentes de +, et remplaçant « par &” dans la deuxième équation (49),
on devra changer le signe de Vpq, ce qui donnera
Y—2Vpq—=2n(x—<#"),
et par suite
y—2Vpa=2n( — a") :
dans ce cas, on aura donc
(y + 2 Vpg) (uv + zVpd =2w—2V ps),
et de là on tire
s ; art PMU ÉRTE
yy'+pgzz = y, ya + Yz = — 22, Ve ie
Il en résulte que si y est impair, y' sera de la même forme 8k— 1,
puisque #? sera de la forme 8k + 1; et que si y est pair, y! sera de la
forme 2(164 + 1), puisque ÿ? sera de la forme 4 (8% + 1), y étant alors
double d’un nombre impair.
Faisons encore æ— V—1, et désignons par y, +%: AR RENCET CL |
les valeurs correspondantes de Y,Z:il viendra
Lu. SOUS TV
y + VI + (2, +2, V—1) Vpg =92n h = 21.
Mais prenant
A Ver 7V= FV= eV L :
a — ep" ; NON ALES D pret . eV 1 2V 1 sin. E — =.) o
4 pq
de plus, le nombre des r est 1(p— 1) (g—1), double d’un impair, et
leur somme est divisible par pq; d'où
nl (a 2 —«) = +V—I n|2 sin. (e 2 2)]
à pq
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 57
donc, en séparant les parties réelles et imaginaires, on concelura
HO) SNA NE lu +2, Vm=oufosn(2)].
et y, + a Vpq—o, c'est-à-dire y, —0, z,—0, car y, et z, comme y, et
z, sont supposés entiers ou nuls. Ainsi y, V1 et z V1 seront les
valeurs de Y et Z correspondantes à x — V1, et en les substituant
dans l'équation (52), on trouvera :
RE ME Ne ET ii UUes —— 4:
Cela posé, soit À = +(p—1) (49 — 1), et représentons par
Pin pi el pri Sp:
1
le polinôme Y + Z Vpq, ou le produit 21I(x— 4) : tout coefficient P,
sera un nombre entier, égal au double de la somme des produits formés
en combinant à à à toutes les valeurs de &’. Chacune de ces combinaisons
peut s’obtenir en divisant le produit de toutes les valeurs de par une
combinaison des mêmes valeurs prises 2—i à 2—i, ou bien en le mul-
tipliant par une combinaison semblable, car 4” ou 4/7" prendra les mé-
mes valeurs que 2’; d’ailleurs le produit de toutes les valeurs de 4 est 1,
la somme des valeurs de r étant divisible par pq : donc chaque combinai-
son de à valeurs de 4 sera égale à une combinaison de 2—ài valeurs, et
la somme des combinaisons à à à sera égale à la somme des combinaisons
À— à à À—i. On aura partant P;, = P,_;, c’est-à-dire que dans les poly-
nômes V et Z, les coefficients des termes également distants des extrêmes
seront égaux.
Soit, dans le polynôme Y, A la somme des coefficients des puissances
paires de x, B la somme des coefficients des puissances impaires, B, la
somme des coefficients des puissances dont les exposants seront de la forme
4k + 1, B, celle des coefficients des puissances dont les exposants seront
de la forme 44 + 5 : il est évident qu'on aura
y=A+B, y—A—B, B=B, +B,, y, —B —B,,
58 SUR LA THÉORIE
d'où
Var OP, OR =—Iy 2h
De plus, le terme du milieu, étant affecté de la puissance impaire x?à,
fera partie de la somme B, et comme 2 est de la forme 4k + 2, les nom-
bres à et À— à seront tous deux pairs ou impairs, tous deux de la forme
4k + À ou de la forme 4k + 5 : donc À sera toujours un nombre pair, B
sera pair où impair, comme le coefficient de æ*à, et lorsque ce coefficient
sera pair, B, et B, seront pairs aussi.
Supposons premièrement que le coefficient de x°? soit impair; B, y et
y! seront impairs, la forme de y’ sera 84 — 1, celle de 2B sera 4k + 2,
et par conséquent celle de y = y! + 2B sera 4k + 1.
Supposons, en second lieu, que le coefficient de +2 soit pair; B, et
seront pairs, et comme 7, satisfait à l'équation (57), il sera double d’un
nombre impair; donc y, + 2B, ou B, sera aussi double d’un impair. Dans
la même hypothèse y! sera pair, et partant de la forme 2(16k + 1), k
pouvant se réduire à zéro ; donc y sera de la forme 2(4k + 2), en vertu
de l'équation y = y! + 2B, et puisque B est de la forme 44 + 2.
Concluons que, dans les équations (54), si y est impair, sa forme sera
Al: + 1; s'il est impair, sa forme sera 2 (4h +- 5).
Cela prouve, d’abord, qu’on ne peut avoir y=— 2, :—0, et qu'ainsi
on aura bien une solution en nombres entiers différents de zéro. Mais on
peut en tirer une autre conséquence.
L’équation y? — pq? — 4 donne (y + 2) (y—2) = pq, et les facteurs
y + 2, y —2, dont la différence est 4, ne peuvent avoir de diviseur com-
mun impair. Or, si y — 4k + 1, ces facteurs seront tous les deux de la
forme 4i + 5 et premiers entre eux : donc, ayant pris deux nombres x
et v, dont le produit soit égal à 2, et premiers entre eux, l’un des mêmes
facteurs sera égal à pu? et l’autre à qu?. Posons
LE y+2—=pu, y—2—=qY, z—=u,
d’où
BSD ile CN PR DU AQU A
et
Qy — pu + que, y + 22 V' pq = pu? + qu? + uv V/pq = (u Vp +ouV aq).
VE? (l y PI =P q q
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 59
Substituant cette valeur dans la deuxième (54), et extrayant des deux
membres la racine carrée, on aura
= — : TO 1x
OS C0 2h. uVp +vVg—=292?% ?.u sin. (= +).
p
Si y est pair, 2 sera pair aussi, et posant y — 2(4k +5), :—24", il
viendra 8 (4 + 1) (24 + 1)=pgk"?; donc k’? sera divisible par 8, k' par
4 : soit 4! = 4k!!, d’où
(k + 1) (2% + 1) = 2pqk'?;
de sorte que k + 1 sera divisible par 2. Faisons k + 1 — 24, : on aura
y = 2(8k, —1), y+2—16k, y—2—A(4%, —1),
et ces deux derniers nombres auront 4 pour commun diviseur.
Soit donc décomposé z en deux facteurs, dont le plus grand diviseur
commun soit 2, faisant z2— uv : le nombre y — 2, diviseur de pqu°r?, étant
de la forme 4(4k,—1), sera nécessairement égal à l’un des deux pu?, qu?,
et, par conséquent, l’autre facteur y + 2 sera aussi égal à l’un de ces
nombres. On posera donc y + 2 — pu?, y—2— qu?, et on en déduira,
comme ci-dessus, les équations (38) et (59).
L'équation (59) fournit donc, dans tous les cas, une solution de l’équa-
tion indéterminée (58). C’est le théorème de Jacobi.
En échangeant px? et qu? entre eux, on change le signe du second mem-
bre de l’équation (58). Pour décider, lequel des deux signes doit avoir lieu,
il faut observer que l'équation (58) donne
4—=pu? (mod. 4), 4—=— qu (mod. p):
4 étant carré, il s'ensuit que pu? doit être un résidu quadratique de q,
et —qu?, un résidu quadratique de p; donc p doit être aussi un résidu
quadratique de q, et — q un résidu quadratique de p, ou 4 un non-résidu
quadratique de p, car p est de la forme 4k + 5. Au contraire, l'équation
puË — qu? — — donnerait q résidu de p et p non-résidu de q. On con-
clura de cette observation que le signe cherché dépend du caractère quadru-
tique des nombres p, q, et que l’équation (58) aura lieu, si lon choisit pour
40 SUR LA THÉORIE
p celui des deux nombres qui est résidu quadratique de l’autre : cette
condition à été aussi indiquée par Jacobi.
On peut, en même temps, en conclure, que, p et q étant deux nombres
premiers de la forme 4% + 5, si p est un résidu quadratique de q, q sera
un non-résidu de p, et vice versa; ce qui est un cas de la loi de réciprocité.
Jacobi remarque que si, dans l'équation (59), u et v sont impairs , il
suffit de l'élévation au cube pour en déduire la solution de l’autre équation
pi — qui = 1.
Posons, en effet,
(uVp + 0Vq$ = 8(u,Vp + v, Va),
c’est-à-dire
Su, = pu + 5quu?, Su, = 5pu?v + qu?;
substituant pu? — qu? + 4, et divisant par 4, on obtient
Ju, —tu (qu +1), "01, —v{qu +5),
et qu? + À, qu° +5 étant deux nombres pairs, on voit que u, et v, se-
ront entiers. Or,
2 Î
pui — qui — =
Jai dit ($ VIII) que la fonction X, résultant de la multiplication de
tous les binômes x — ; formés avec les racines primitives de l'équation
æ”" — 1 — 0, n étant un nombre composé, se réduit à 1 lorsqu'on suppose
æ— À : en voici la démonstration.
Désignons par a, les diviseurs premiers différents du nombre n, par
. . a NT . n n . .
a; leurs combinaisons à à à, faisons = De EI b;, et indiquons par
I (”*—1) une multiplication étendue à toutes les valeurs de b,, par I(æ" —1)
une multiplication étendue à toutes les valeurs de b;, c’est-à-dire à toutes
les combinaisons à à à des facteurs premiers inégaux de » : nous aurons
(60) Xi} na 1). n(at— 1). m(ae—1).......:.
Ne» D(xhi—1). D (x's—1) n(xs—1) n(xr—1) ..
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES.
ES
ee
Soit 4 le nombre des a, : comme on a
1
k E(k—41) E(k—1) (4—9)
N. 2m 1.2.5
et par suite
E(k—1) A(F—1) (k— 92) (4—53) COTE)
1 + + 22 À, = 2 LE
1.2 1.2. 5.4 1 1.2.5
il est clair que le nombre des facteurs binômes sera le même au numéra-
teur et au dénominateur de X, et qu’ainsi on pourra y remplacer respec-
tivement
x" —1 ab — 1 æbi — 1
GE = ES
Mais pour x = 1, ces fractions deviennent n, b,, b; : donc X deviendra dans
le même cas
MLD D bi - n n ) n n n n
ou nu D ne..]: T — AE
Hb,. Nb. Db,. Nb, ... Us A dx
Or, ce quotient représente un monôme dans lequel l’exposant de » sera
évidemment
Eh k(k—1) K(&—1) (k—2)
= Le Ken .
l ee 123 = (ip = 6
pareillement l’exposant de l’un quelconque des a, dans ce monôme sera
[ h—1 (&—1)(#—92) (#—1) (£—9) (k—5) ]
ANS 5
Il vient donc X— 1 pour x — 1.
Ainsi on aura I (1—:)—1, le signe de multiplication I s'étendant à
toutes les racines primitives « de l'équation 4" — 1 — 0. Nommons m»m un
entier quelconque, inférieur et premier à », et prenons
mT DE _— mT — Mr
— —V —!1 , NE En ‘ d
“= € V , d'où 1—4—9V 1.0 M . Sin. —;
n
soit à le nombre des m; leur somme sera + »1, car à tout entier m infé-
rieur et premier à », il en correspond un autre de Ja forme n—m : par
Tome XXV. 6
42 SUR LA THÉORIE
conséquent, on trouvera
Pos a ae lie TU
la multiplication s'étendant à tous les entiers m inférieurs et premiers à n.
Vs
Faisant x — e*°”"", on aura
mi —. VU
]=, x —1—9V 1. e"rV l| sin. n27,
TZ = Er. . n27r
ah 194, eV sin. :
di
substituons ces valeurs dans les expressions IT(&— +) et (60) de X. Dans
l'expression Il (&—«), l’'exposant de e7 VX sera à; dans l'expression (60),
il sera
| 1 l 1 f'eRA
n — 5b, + Xb, — Zb, + …—=n(i—2 +Èi——5>x “e) nn (1 =:
a a « a
supprimant donc les diviseurs communs, on obtiendra
: : 27. 127 . Mar
sin. 227. I Sin. —. Il Sin. ——. [1 Sin. — ...
à mi 1 &, a dy
(62) TiIsIn; L2 Re ———
| n 2 . nz7 . NT . NET £ 127
I Sin, ——. Il Sin. . H SIN. ——. II Sin. — ...
a, 3 ay d;
Les propositions précédentes supposent que le nombre n ait des divi-
seurs premiers inégaux. Si » est une puissance d’un nombre premier p,
7 æ"— 1 Ë 5 A
on aura X— -;—, qui pour æ— { devient p, en même temps => (p—1),
æ? —1
et par suite les équations (61) et (62) seront remplacées par les suivantes :
_. Mr p Hu
(CD) PER ET EE SL Sin (s+7 T=
n ——
Il sin. n27
0)" … ns
De la même manière, en faisant successivement x — 1, x = e*
dans l’équation
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 45
on parviendrait aux formules d'Euler,
VRAI Tr MST . (n—1)7 ni
SUN M RE,
n n n n Dr
h : :) 4 <) } | :) : _ sin, 227
SIN. 27. SIND. | 3 + — | 7. SIN. |Z + — | 7. SIN. | Z + — | 7 .… SIN. | Zz + T—= ,
n n ni 2 DST
desquelles on peut déduire aussi les équations (61), (62), (65).
XII.
dd" — 1 ns : L : "ee
La our ae LE (x— 4), en supposant x impair, et faisant
q = — , peut se changer en
Mrs LE k k dE | k k
ET IL, _,(æ—) (a — 4" IEEE?) (x —x").
Soit 8 une autre racine primitive de l'équation 2" — 1 — 0 : n étant
impair, &? sera aussi une racine primitive de cette équation, et on pourra
prendre «—/{?, ce qui donnera
(acte) = (6x6) (8tr— 65"),
et par suite
T'u— A k
=
GA à à à 10, _ (#58) (6x 8)
Maintenant désignons par m un nombre impair premier à #, par z une
racine primitive de l’équation 2" — 1 — 0, et par L lun des nombres
cr m—1 : rs LÉ : 5
1, 2, 5, …. —— faisant x — &/, l'équation (64) deviendra
ah — gr" k
CENTRE = (php) (ah BTE — ah gt),
1— À
Le] ?
2
On obtient d’une manière semblable, en posant p — ”
prk pm h=?p
RE 1 PE
RS + (a BE — oh GE) (ah ft — gh Gt),
Or, en dénotant simplement par la caractéristique IT une multiplica-
/
44 SUR LA THÉORIE
tion étendue aux pq combinaisons des valeurs de k et k, on a
nl (Cm =, B') = (— { jp. n (Ca Bt Te cd 874) :
donc les équations (65) et (66) donneront
R=p [oh — oh = Q | gt —_ g-mi
CIN EURE EE mn (Se
Cette équation renferme un lemme de M. Gauss, que j'ai démontré d’une
autre manière dans le & VIT. En effet, concevons qu'on divise par n tous
les multiples mk en prenant les restes positifs ou négatifs, mais numéri-
quement inférieurs à + n et nommons m, le nombre des restes négatifs :
concevons de même qu’en divisant par m tous les multiples nh, on prenne
les restes numériquement inférieurs à +m, et qu'on désigne par n, le
nombre des restes négatifs : il est visible que l'équation (67) revient à
(—1}" = (— 1) (— 1)", ce qui signifie que m, + n, sera pair ou im-
pair comme pq.
Si m et n sont deux nombres premiers, cela nous ramène à la loi de
réciprocité
Faisant 2— 1 dans l'équation (64), on obtient
k=3Qq
n = (—1}. TE (8 — 84)? :
c'est la formule dont a fait usage M. Liouville pour démontrer la loi de
réciprocité; elle revient à l'équation connue
: L _ à . m— 1
M. Liouville élève les deux membres à la puissance —;— , €t omettant
les multiples de m, obtient
n k= q gx LA. B"4 |
2 PE TANT :
fi) (EN mis | BREST
qui exprime le caractère quadratique de x par rapport à ». En effet,
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 45
on verra par la théorie des fonctions symétriques, que les termes omis
dans le second membre sont entiers et multiples de m». On a par la
même raison
[m LE
FRE)
et de ces expressions comparées avec l'équation (67), on tire la loi de ré-
ciprocité. Ce mode de démonstration, qui dispense de recourir au lemme
F) = (—})", est aussi indiqué par M. Liouville.
Au reste, on peut, sans ce lemme, établir la formule
k= Mk __ fp-mk
(FES 404 RE CRONNNNNER (#) =, EE}
n =1 BE — gr!
m étant un entier quelconque, x un nombre premier impair qui ne divise
; , n—1 : : OS se c à
pas m, q égal à ——, et 5 une racine imaginaire de l'équation 2" — 1 —o.
Il faut se rappeler une propriété des nombres complexes ou polynômes radi-
caux de la forme
ANA DEAR EEE RNA TG
c’est-à-dire que si les coefficients À, A,, ... A,_, sont entiers, et si un
tel polynôme est divisible par 1 —£, la somme de ses coefficients sera
divisible par ». Pour le démontrer, posons
A+AB+A,R +. + A, 8 = (1—8) (B+B,B+B,6 + … + B,_, 28"),
B, B,, … B,_, étant supposés entiers : on aura, en ordonnant,
MB Pielh + B)24 (A+. —B.)2 +. (AB Spip =}:
n—1
et cette équation devra, à un facteur constant K près, être identique à
l’autre
ANECEB TEEN DEN — 0;
car, sans cela, éliminant entre elles £"-", on obtiendrait une équation en
6 d’un degré inférieur à n—1, qui serait satisfaite par les n—1 racines
imaginaires de l'équation æ"—1 —o, et qui, par conséquent, aurait plus de
46 SUR LA THÉORIE
racines que n’en comporte son degré. On en déduira ainsi les x équations
A+B,,—B=K, A,+B—B,—K, À,+B,—B,—K, … À, ,+B,,—B,,—kK,
dont chacune montre que K sera un nombre entier, et dont la somme
donne
AA + A+. ANA. —Kn.
Soit maintenant, pour abréger,
pk ES pTmk
nt = gkm—1) (1 Le g* Fe gx Lt D à paiREAIET D— (8) z(8°) &(6) ge e(8):
e(8) =
remplaçons dans la formule (64) 8 par £", qui sera aussi une racine pri-
mitive, et divisons l'équation résultante, membre à membre, par la même
équation (64) : il viendra
k=q ( Z— BE GE =)
Ré BE — BF
et posant æ— {, on en déduira 1 — P?, et par suite P = p, £ étant l’une
des racines carrées de l'unité. Mais & (£') est un polynôme radical à coeffi-
cients entiers, et, par conséquent, P —, est aussi un polynôme radical
à coefficients entiers ; en outre, P— 2 est divisible par 1 — 5, puisqu'il
est nul; la somme des coefficients de 4 (f") est m, celle de P—, (on
obtient cette somme en faisant 5— 1) est m— », ou me — p : donc
MT — P sera divisible par n, donc Fe = p = P, ce qui est la formule (68).
Soit m — 2. Si k est pair, on a
(—A} (S—8") = 5— 8;
si £ est impair, on a
SU EN mn NT Cor
et ici n— k est pair et plus grand que = k étant < = Étendant k à tou-
tes les valeurs 1, 2, … 2 , et multipliant, on trouve
n?1
(A) (88) (BE) (B—E) = (PE) (88). (81— 8 4),
ce qui réduira l'équation (68) à Fl lle
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES.
CSS
1
La démonstration de M. Liouville peut encore être présentée sous
d’autres formes.
Soient m et n deux nombres premiers impairs, a et b leurs racines pri-
mitives : à l’ordre des termes près, les deux suites
seront identiques, et par suite, x étant quelconque, on aura
FLE | = m—1 , h=p
æ —1 a IL _, (ee IL, _ (x — act) (re — a+"),
= m —1 ; ë
où p — ——. Mais on a aussi 4’ + 1 — 0 (mod. m), et partant a} = — a!
(mod. m), a+} =," : d'ailleurs, on peut remplacer par 2, et l'on a
(x— 2") (æ— 424} Es (2% æ— 4) (ar œ— 0%) ;
s
donc, en substituant, on trouvera
LA h=?p
PDT Ci i —= IL. k (am — 40h) (act p— at),
“À ==, —
d’où, faisant x — 2%", on déduit
gmbk __ p—mbk hk=?p
= Il
(oh pb y—ah G—bk (= ah QDE __ jan Bb).
BE gp ‘h=1
On obtiendra une formule semblable pour n, et comme en étendant
le signe IL aux pq combinaisons des valeurs de k et k, il vient évidemment
el (au Bbk si eu: B=b#) == (—1 LE 1 (ant B—bk — x 1 gb) k
on en conclura
k= q [ 3mbk __ B—mbt h=p [ snah nai
RC 0 1 Les ( je
Bbk _ g—bk
ah — 5; ah
On tirera de cette équation la loi de réciprocité, si l’on démontre cette
autre formule
n k= 3mbE — f—mbt
1. VMS () =u D 1k
RATE ="
48 SUR LA THÉORIE
Or, il y aura un nombre entier i < n, tel que »m = b' (mod. n), et cela
pk LE
pourra le réduire à l'aide de la congruence b! + 1 —0 (mod. »), qui
donnera Gt — G-mk — ÿ . Si l’exposant à + k surpasse q, on
fournit = —1#f, PE I (mod. n), d'où l’on voit que la puis-
sance b'+# changera de signe lorsque à + k sera compris entre q et 2q,
et ne changera pas lorsque à + k£ sera compris entre 2q et 5q. Mainte-
nant, si à € q, la suite à +1, à + 2, … à + q, renfermera les termes
1+q, i+q—1,i+q—2, … i+q—(i—1), dont le nombre est
i et qui seront compris entre q et 2gq; si à > q, les termes de la même
suite compris entre q et 2q seront à + 1, i<+2,.…..i+(2q—i), dont
le nombre est 2q — i. Il s’ensuit qu’en remplaçant 4° par mb”, le produit
11 (6° — fl) ne change pas de valeur absolue, mais un certain nombre
de ses facteurs change de signe, et ce nombre est à lorsque i < q, 2q — à
lorsque à > q. On aura donc, dans tous les cas,
(PE) = SEE eu
et comme d’ailleurs (”) — (— 1), on en conclura la formule (71).
On peut aussi remarquer, que
pit QE DS. DT = D X BE …. b1, D — (— 1) (mod. n),
et qu'ainsi le nombre des puissances qui changent de signe est pair ou
impair comme l’exposant 1.
Faisant æ— 1 dans l'équation (69), on obtient
r—
p
m = (—1}. TRE (ah — qu),
et en élevant les deux membres à la puissance q, et supprimant, à la ma-
nière de M. Liouville, les multiples de x, on en tire
HAS Le ETUI fr") (= ne ne À
n R= A4 À ouh y —ah
n
m
parées avec (70), ou bien la deuxième comparée avec (71), donneront la
On aura une expression semblable de le et ces deux formules com-
loi de réciprocité.
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 49
XIE.
°aT dT, —
- ; : ; ; y LAY= Le
Si, dans l'équation (65), on fait 3 —er Do —er : ", en désignant
ar a un nombre premier à m, et par b un nombre premier à », 1l viendra
P
.. 2anhT
Sin. —— k=q 97 (ar 6 27 (anh — bmk
PR ln mn Meme Manor COR EPP) UE (enRPnE
2ahT k=1 mn mn
sin.
m
Or, en général, sin. 27x est positif, si æ surpasse un nombre entier
d’une quantité inférieure ou égale à +, négatif si, au contraire, il y a un
3- Au moyen
de cette remarque, on déduira de la formule (75) le théorème d’arith-
métique suivant :
nombre entier qui surpasse æ d’une quantité inférieure à
Soient m, n, a, b des nombres entiers positifs ; m et n impairs et pre-
miers entre eux, a premier à m, b premier à n; soit k un nombre déter-
miné quelconque, et k un nombre indéterminé, qui prenne successive-
ment les valeurs 1, 2, 5, LT Divisez par mn toutes les valeurs que
prendront les quantités anh + bmk, anh — bmk, en déterminant les quo-
tients de manière que chaque reste soit numériquement inférieur à + mn, et
soit À le nombre total des restes négatifs. Divisez aussi ah et anh par m, en
prenant les restes numériquement inférieurs à + m; enfin soit q — ——
Cela posé, le nombre q + 2 sera pair, si les restes de ah et anh sont de
1
même signe, impair s'ils sont de signes contraires.
Ce théorème pouvant conduire à la loi de réciprocité, nous allons en
chercher une démonstration directe, en supposant, pour plus de simplicité,
a—14,b—1 et h l'un des termes de la suite 4, 2, 5, … p, p étant = "—
9
Faisons
mn—1
r — = , Uu—=nh—mk, v—=nh+mk—r;
9
u et v, abstraction faite du signe, seront < + mn. Ayant divisé nh par m,
AR : on = m
soit à le quotient, L' le reste positif : nous aurons nh— mi + h", h< 3,
. . m , “ . n Q
et par suite mi < nh <°n+, d'où i < ;; donc mk sera plus petit que nh
Toue XXV. 7
50 SUR LA THÉORIE
pour toutes les valeurs 4 — 1, 2, 5, i, mais pour ces seules valeurs,
de sorte que u aura à valeurs positives. J'observe que les nombres h' et u ne
peuvent être nuls, car nh, étant inférieur à + mn, ne peut être multiple en
même temps de m et de n. Mais nous aurons aussi nh +- mimi k) + h',
:—mq+-p, et, par conséquent, nh+-mk > r pour toutes les valeurs
k—q—i+1, qg—i+2, q—i+5, .…. qg—1, gq,
et aussi pour l’autre valeur £—q—ù, dans le cas de k' > p: en effet q—ù
ne pourra pas être nul dans ce cas, puisque sig—i, il s’ensuivrait
mi + h! > mg +p, ou nh >r, tandis que r est égal à np + q, et que h
m
ri ?
ne surpasse pas p. Ainsi le nombre v aura à valeurs positives si 4° <
et en aura i+ 1, si k' >=: Donc le nombre des valeurs positives de v
égale celui des valeurs positives de u, lorsque le reste 4° est inférieur à
1 m, et le surpasse d’une unité dans le cas contraire : de là résulte le
théorème ci-dessus énoncé.
Maintenant soit { le nombre total des valeurs positives de w, et 4 le
nombre total des valeurs positives de v, en supposant qu'on attribue suc-
cessivement à toutes les valeurs 1, 2, 5, … p, à k toutes les valeurs
1, 2, 5, … q; soit », le nombre des restes supérieurs à + m provenant de
la division des multiples nh par m : on aura évidemment g—f— n,.
Par les mêmes raisons, si /’ désigne le nombre total des valeurs posi-
tives de la quantité u' = mk—nh, et m, le nombre des restes supérieurs
à 4 n provenant de la division des multiples mk par n, on aura g—f"—m,.
Il en résulte 2g—f—f" — m, +n,, et par suite (—1}+T = (—1)"+",
Mais les valeurs positives de w’ sont les négatives de u, car w = —u, et
par conséquent, f + f' est le nombre total des valeurs de u, c’est-à-dire
pq : done (— 1)" = (— 1)"
Enfin, si » et n sont deux nombres premiers, on aura, d’après un
lemme de M. Gauss,
d'où l’on conclut la loi de réciprocité
Ë
n /
(l) ="
mn /
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. ET
J'ignore si cette démonstration élémentaire et très-simple, et sa liaison
avec celle de M. Liouville, aient déjà été signalées.
Le lemme de M. Gauss, que je viens de rappeler, peut être généralisé
ainsi qu'il suit.
Soient m et x deux entiers premiers entre eux; À le nombre des entiers
inférieurs à + x et premiers à n : représentons ces entiers par b, b, … b,,
et divisons par » les multiples b,;m, bsm, ..…. b,m, de manière à avoir des
restes positifs ou négatifs, mais numériquement inférieurs à = n. Si m,
désigne le nombre des restes négatifs , m°—(—1)" sera divisible par ».
Nommons, en effet, k,, h,, … h; les quotients, et k,, k,, … k, les restes
de ces divisions : on aura
bm—=hn+k,, bm—=hn+k,, … b;ym—=hn +k;,
ce qui montre que les restes k,, k,, … k, seront tous premiers à x, car
k;, par exemple, ne pourrait avoir de commun avec x un facteur pre-
mier, qui ne divisat aussi b, ou m, en vertu de l’équation bym— hn + f..
Mais, de plus, ces restes seront tous numériquement inégaux, car si l'on
eût k,— + k,, les équations bm—hn + k;, bym = hyn + k,, donneraient
(b; + b;)m—{(h,; + h;)n, et n, étant premier à m, devrait être diviseur du
nombre b; + b;, tandis que b; et b, sont < £n, et par suite b, + b; est
numériquement inférieur à n. Donc la suite k,, k,, … k, sera composée
des mêmes termes, abstraction faite de leurs signes et de leur ordre,
que l’autre suite b,, b,, … b,, et l'on en déduira 4, k, … k, = (—1)".
b, b, … b,. Or, en multipliant, membres à membres, les à équations
précédentes, et supprimant les multiples de x, on obtiendra
bb, .… b;. mA = k,k, … k; (mod.n) : done b,b, .… b1 [mA —(—1}"] = 0 (mod. n),
c’est-à-dire que x sera diviseur de m°—(—1}", puisque le facteur b,,
b,, … b, est premier à n.
Lorsque » est premier, la suite b,, b,, … b, est celle des nombres na-
n—1
= n—1 n—1 = à: :
; donc alors, m° —(— 1)" est di-
mnnels 12/95. —— 00 a 1—
2 2
UC m
visible par n, d’où (*) — (— 1)".
(1)
52 SUR LA THÉORIE
Dans tous les cas, m°°—1 sera divisible par », car il est le produit
des deux nombres m2 + 1, m°— 1 : théorème d’Euler.
On peut remplacer le lemme de M. Gauss par d’autres propositions
analogues. Au lieu de multiplier » par les entiers inférieurs à +n, on peut
le multiplier par les entiers pairs inférieurs à n, ou par les entiers ämpairs
inférieurs également à n, et diviser les produits par x, en prenant les
restes positifs : dans le premier cas, le nombre des restes impairs, et celui
des restes pairs dans le second, détermineront la valeur de (2) ,
On peut aussi choisir pour multiplicateurs les puissances
n—1
CC CHE 1e
2
: 5 Die B0 m , nur
d’une racine primitive g de n : la valeur de (5 sera déterminée par le
nombre des produits congrus aux autres puissances
n—1 n—14 n—1
— +1 — +2 +5 n—1
(EE We RUE OA Loc VAE
XIV.
Je terminerai en déduisant de la formule (4) une transformation re-
marquable, qui se présente dans la théorie des fonctions elliptiques et
ultra-elliptiques.
Prenons n —®, et o(x) — e"* cos. 2arx, k désignant une quantité
réelle positive, ou une quantité imaginaire dont la partie réelle soit po-
sitive : la formule (4) deviendra
DES Jr # k= = . Le
LH Z er cos. 2arx fe * dz cos. 2arz + 2 ZX ; fe dz cos. 2arz cos. Lirz.
= 1=
0 a
À présent il suffirait de substituer dans le second membre les valeurs
connues des intégrales définies qu’il renferme; mais ces valeurs peuvent
ètre déterminées au moyen de la même équation. Soit
AGE DES p
ÿr CRUE — DL: faisant x? — kz°, on en tire f° et az — Pr
e
o
et différentiant plusieurs fois de suite par rapport à k, on obtient pour
DES RÉSIDUS QUADRATIQUES.
toute valeur entière et positive de m la formule
ce]
pe 1.5.5. ... (2m—1) D
e ONCE — a —
9" k" V’k
ao
de là, en développant cos. r:, on passe à l'intégrale
Ko] a o LI ñ Le
#32 —_kz2 LE kr UF y
fe KE Qz cos. rz — f e "az — e 22 dr + DCE pe
1.2 1.2.3.4
[4 o o o
p L fe 1.3 ne 4.5.5 n°
= = il + = nr = = D = Edo aie All
V’k 1.2 2% 1.2.3.4 (2k)? 1.2 3.4.5.6 (2k)5
et remarquant que généralement
LD ce es CAE EEE
on trouve
co hn p r2 1 fe 1 1 Les ll | p ==
Lz cos, re = | 4 + |) — ES EE:
72 or l elles) vx‘
o
Cette formule donnera la valeur de
2]
va e © dz cos. 2arz,
o
ao
"1 eme dz cos. 2arz cos. 2irz,
o
et aussi celle de
puisque
2 cos. 2arz cos. irz — cos. 2(a+i)rz + cos. (a—i)rz,
et, en les substituant dans l’équation ci-dessus, on aura
T= © - 7] ar? 1= © (a+) 2 (a—
EL + 2 nc art elle + + 3. ET ee SP ee sd :
A V’k 11
Soit a— 0, k — » : cette formule devient
T0 _ se p i= © ra
+ su S} e = MCE I2 2, (a ,
x=1 T 1=
d'où évidemment
#
54 SUR LA THÉORIE DES RÉSIDUS QUADRATIQUES.
Avec cette valeur de p, et faisant k—77, il viendra
x — æ a 1 TT 1=® Ti 2aTi 2a7Ti
(TA). EE e TE ços. Larx = —©> pr [4 AO er. Lee AUTRE Ti 1
&'—A Vr 4)
Cal
(a+i) _ (a—1}* TT TÈ 2aTi 2aTi
r F re r = |! ’ e » (e r + € 1
On trouve d’autres démonstrations de cette formule dans le mémoire
couronné de M. Rosenhain, sur les intégrales ultra-elliptiques (Mém. de
l'Insütut, savants étrangers, tom. XI, pp. 595, 596).
Si l’on suppose
DO RER LPO AUTA ET,
_
et la formule (74) donnera ce théorème de M. Cauchy,
æ2? —40? — 90
\
1 tÆ 1 _pe rt _ 02
(ire +6 + € +.…)=#(ise ALES nl
En même temps nous avons démontré les formules
ile JE STAR 1.3.5 … (2m—1) =
e dz — : JE a de My — — R otre +
2 us QU Jens 2 k
C2 1 Te
VA e © dz cos. rz — 1e V LE
o
Au surplus, la formule (4) peut conduire, d’une manière également
simple, à d’autres transformations semblables d’une série trigonométri-
que en une série d’exponentielles.
RECHERCHES
SUR
LES MÉDIANES,
M. Envesr QUETELET,
OFFICIER DU GÉNIE, ANCIEN ÉLEVE LE L'ÉCOLE MILITAIRE.
Presenté en la seance de l'Académie rovale ,
le 9 octubre 1852
Toue XXV.
DE" Lei | Ai var ETESNRES
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n ‘
RECHERCHES
SUR LES MÉDIANES.
PRÉLIMINAIRES.
1. L'analyse et la géométrie sont deux branches des sciences mathé-
matiques liées l’une à l'autre par tant de points, qu’il paraît désormais
impossible de les désunir; on remarque même que chacune d’elles n’a
commencé à prendre cet immense développement, auquel elles sont arri-
vées aujourd'hui, qu'au temps de Descartes, qui, le premier, reconnut
le puissant secours qu’elles peuvent se prêter l’une à l’autre.
Le but général de l'analyse est l’étude des fonctions; celui de la géométrie,
l'étude des surfaces, ces mots étant pris dans leur acception la plus étendue.
Or, généralement les fonctions sont des équations de surfaces : ainsi tout
théorème de l’une des deux branches répond à une propriété de l’autre.
De plus, comme une même fonction peut, en faisant varier le système des
coordonnées, représenter une infinité de surfaces, et inversement qu’une
même surface peut être exprimée par une infinité de fonctions, il en résulte
des transformations de propriétés extrêmement générales. Seulement, pour
obtenir tous les résultats qu’on peut se proposer par cette voie, il faut faire
marcher de front les deux branches, sans jamais subordonner l’une à
=
RECHERCHES
l'autre ; et c'est de cette façon que l’on peut vraiment dire que l’analyse et
la géométrie se fécondent l’une par l’autre et sont presque inséparables.
Le but de cet écrit est d'établir quelques rapports entre les fonctions
et les surfaces; ces rapports ne sont pas tous nouveaux, mais peut-être
sont-ils présentés d’une façon neuve et avec un ensemble qui permettra
d’en tirer quelques conséquences intéressantes.
Les mathématiques sont une science de comparaison, et les surfaces
comme les fonctions sont étudiées dans leurs rapports avec des surfaces et
des fonctions plus simples. Ainsi, l’on compare généralement les surfaces
avec des plans tangents ou diamétraux, avec des sphères, des cônes, etc.
Pour les fonctions, on recherche une partie de leurs propriétés dans les
dérivées, qui jouent un si grand rôle dans l’analyse moderne. C’est dans
cette voie et en suivant principalement les lois de la symétrie, que nous
avons essayé d'établir quelques liaisons générales entre diverses classes de
surfaces. Sous ce point de vue, une surface n’est jamais isolée, mais elle
est toujours accompagnée d’un cortége de surfaces plus simples, dont les
relations réciproques doivent servir à établir celles de la proposée.
Nous ne nous occuperons ici que des surfaces dites algébriques, c’est-
à-dire de celles qui sont représentées par une fonction algébrique à trois
variables, rationnelle, entière et d’un nombre de termes fini. Quant à
l'interprétation géométrique, nous rapporterons les surfaces à trois plans
non parallèles et pour chacun d’eux par des droites parallèles à l’intersec-
tion des deux autres. C’est le système ordinaire, dit aussi système de
Descartes.
2. La première chose que nous ayons à faire est de chercher les for-
mules propres à passer d’un système de plans à un autre.
Cette transformation se partage, comme on le fait ordinairement, en
déux parties: l’une, où l’on change simplement l’origine en conservant des
plans parallèles; l’autre où, en conservant la même origine, on change
la direction des plans.
5. Nous avons donc deux questions :
1° Une surface algébrique étant rapportée à trois plans, la rapporter à trois
nouveaux plans parallèles aux anciens.
R
SUR LES MÉDIANES. 5
Quand on change un des plans de comparaison en un plan parallèle, il
est clair que toutes les coordonnées relatives à ce plan augmentent ou
diminuent de la même quantité, qui est la partie de ces coordonnées com-
prise entre les deux plans parallèles. Ainsi, nommant x'y'z! ces distances
normales ou obliques, qui sont en même temps, relativement aux trois pre-
miers plans, les coordonnées de la nouvelle origine, on a : X—x + x’,
Y=y+y, Z=2+3; dans ces égalités, X est l’ancienne coordonnée,
æ la nouvelle, x’ la coordonnée constante de la nouvelle origine par rap-
port aux anciens axes. Telles sont les formules de transformation.
Or, étant donnée l'équation à une inconnue 0 = x" + ax" "ba"? ..
+ k, si on diminue toutes les racines de la quantité p, ce qui revient à
changer x en x + p, on sait que la transformée est :
r2 me
T T°
0—=P + P - + P'— .... + pu — à
! 1:2 A2 um
où P, P’, .... P° représentent la fonction et ses dérivées, quand on y a
remplacé x par p.
Soit donc S—0 une fonction algébrique rationnelle, entière, de degré »,
à trois variables , qui représente une surface algébrique d'ordre m. En ap-
pliquant à cette fonction le théorème ci-dessus, on a la transformée de S :
s = el D (E a? = | y Z
rt dl 1 Ÿ \due/ 12 dydz] 41
| v =) y? d | CT
+ (—) = + | — = —
dy} 1 dy} 4.2 dzdx/ 11
E Z 22 ds | T y
+ [—) = + — —
dz lu dz2)N A2 dædy} 4 1
S
(ea) mb, d5S | yÈNz ds ÿs z° dis | TOURS !
> LUE 2 d e 5 ce
T (ax) 123 dy?dz/ 1.2 1 ke dydz?} 4 1.2 v dedydz} A 41
où les fonctions entre parenthèses sont la fonction S et ses dérivées, dans
6 RECHERCHES
lesquelles on a substitué à x y x les coordonnées de la nouvelle origine
| PSC
TYyz.
4. 2 Ayant l'équation d’une surface par rapport à trois axes, trouver son
équation pour trois nouveaux axes, qui se croisent dans la même origine.
En menant par cette origine une perpendiculaire à l’ancien plan des y'z',
on sait que la projection du rayon vecteur, tiré de l’origine au point de
la surface, égale la somme des projections des coordonnées dans chacun
des systèmes, d’où æ'=ax + by + cz, a b c étant des constantes, qui dé-
pendent de l’inclinaison des axes. On a donc les formules :
PORN DYNNCE UC,
x
y — aux + by + cz,
— OUT EN URUR EN CIE.
|
Quand l'axe des z seul change, les points du plan x y conservent les
mêmes coordonnées; faisant donc :— 0, il faut qu'on ait :
/ ’
DD, VU —Y, 20—0 OU A1, D— 0, U—0, Vi, 400, DE T0,
et les formules sont simplement :
0 ’ ’ 1 1!
T=HL+CZ, Y = Y + CZ, 2 —= CZ.
Pour connaître actuellement la transformée de S — 0, prenons le terme
général de S, t=Tzx”?y"1z2/", qui devient T (x +- cz)" (y + c'2)° c’”" x. Prenant
également le terme général de chacun des binômes et multipliant, on a :
T p(p—1)....(p—2+1) a qu A q(g—1).…...(g—6+1)
ADM: & AO 2.2 4
Vars
dat+6 t cz“ céze
—= (4
dt dy 12... a 1.2.6
17
On en conclut qu’on aura la transformée en ajoutant toutes les dérivées
de S suivant x y, depuis la dérivée zéro ou S même jusqu’à toutes les déri-
vées m°”"*; seulement, dans chacune de ces dérivées, on substitue c'/: à Z,
et si une dérivée est -°* pour x, 6°" pour y, elle sera multipliée par
SUR LES MÉDIANES. 7
Par le moyen de ces deux questions, on peut passer d’un système
d’axes à un autre quelconque.
>. Nous poserons ici quelques notations abréviatives qui pourront être
utiles :
ds ds , dS pe
— = 4, =, = & ,;
dx dy dz
ds 2 ŒSINUUES JM GE ds "Las és
ME GANG dude | dydz ‘’ dzdx a dxdy EAU
d5S d5S , ds PUS d5S d5S
— —0) =, = — —— — KE, —"* , = €";
dæxs dy® dzs dy?dz dz?dx dx°dy
ds d5S ._ ds . d5S
in em GNT = PONS —=
dydz°? É dzdx° dx dy? * dxdydz
PREMIÈRE PARTIE.
6. Les surfaces secondaires dont nous cherchons à faire dépendre
l'étude d’une surface quelconque, seront liées à celle-ci par quelque loi
de symétrie. C’est par cette symétrie que l’on peut justifier la dénomina-
tion imposée à ces surfaces.
La droite menée du sommet d’un triangle au milieu de la base porte
le nom de médiane, parce qu’elle contient les milieux de toutes les droites
parallèles à la base et comprises entre les deux côtés. Il semble donc
conséquent de donner ce nom aux lignes ou aux surfaces qui jouissent
de quelque propriété moyenne, comme, par exemple, le lieu des centres
des moyennes distances sur une suite de droites parallèles qui rencontrent
une surface. Et de la même manière que la ligne ou la surface est nommée
médiane, chaque point de celle-ci qui jouit d’une propriété moyenne sur
une des droites, portera avec avantage un nom qui rappelle cette pro-
priété; ce sera le médian de la droite ou transversale; de façon que la
médiane ne sera autre chose que le lieu des médians.
7. Définitions. S — o représente une surface algébrique de l’ordre m,
8 RECHERCHES
rapportée à trois plans non parallèles. Une transversale rectiligne ren-
contrera généralement cette surface en des points réels ou imaginaires,
dont le nombre ne pourra surpasser m.
Cela posé, nous appelons premier médian de la transversale un point
situé sur celle-ci, et tel que la somme de ses distances aux points réels
ou imaginaires où la transversale rencontre la courbe, soit nulle;
deuxième médian de la transversale, un point situé sur celle-ci, et tel
que la somme des produits deux à deux de ses distances aux mêmes
points d’intersection soit nulle.
On voit dès lors ce que seraient les médians 5°, 4", etc., de la trans-
versale relativement à la surface S.
Si la transversale se déplace suivant une loi, les médians engendreront
des lieux géométriques, qui pourront être des lignes ou des surfaces.
Mais, quelle que soit cette loi, les lieux des médians 1‘, 2", etc., seront
définis respectivement médianes 1", 2", etc. de la surface.
Nous distinguerons particulièrement deux des cas les plus simples :
celui où la transversale demeure parallèle à elle-même, et celui où elle
passe toujours par un même point. Quand on se borne à ces conditions,
les médianes sont des surfaces définies, dans le premier cas, surfaces mé-
dianes A", 2%, etc. parallèles, et dans le second, surfaces médianes 1",
2m, etc. polaires. Mais on peut, en outre, se donner d’autres conditions,
par exemple, que les transversales s'appuient sur une courbe où sur une
surface ; alors elles constituent des cylindres ou des cônes, et les médianes
sont de simples courbes.
Nous nous proposons de rechercher les équations des surfaces médianes
parallèles et polaires.
8. Soit la surface S — 0, de l’ordre m, coupée par un système com-
plet de transversales parallèles. Cette surface est rapportée à trois axes
issus d’un même point, celui des z parallèle aux transversales, les deux
autres quelconques. Soit changé + en z + h, ce qui revient à mouvoir
le plan des x y parallèlement à lui-même. La transformée sera :
5 (2e) 2 () z2 = 2"
DNS) NE pa sen re 2
SUR LES MÉDIANES. 9
Une transversale quelconque est donnée par æ—a, y—b. Si on substitue
ces valeurs dans la transformée, les : que donnera celle-ci seront les z des
points où cette transversale rencontre la surface, rapportés au plan mobile
des x y, dont l'équation est z— h. Mais suivant que ce plan rencontre la
transversale en son médian 1°, en son médian 2", etc., le coefficient de
”
2"—", celui de #"-*, etc., doivent être nuls dans la transformée. Ainsi le mé-
dian n°” de la transversale æ— a, y —b est donné, par rapport aux pre-
mn
miers axes, par la valeur de h tirée de ‘
=
dz
par a, b et h. Pour rendre à la transversale sa généralité, il faut remplacer
où x, y et z sont remplacés
a et b par æ et y; alors h sera l’ordonnée variable de la médiane n°" pa-
rallèle de la surface. En représentant cette ordonnée par z, la médiane
mn
dz""
Par conséquent, les médianes 1" parallèles d'une surface algébrique d'ordre m
np'ème a pour équation = 0.
sont des surfaces de 1° ordre; les médianes 2" parallèles, des surfaces de 2° ordre ;
les médianes n°" parallèles, des surfaces de n°" ordre, jusqu’à la médiane n°",
qui est la proposée elle-même.
Observation. — Quand 2" manque dans l'équation S—o, un des m points
d’intersection de la surface avec les transversales parallèles aux + passe à
l'infini, ainsi qu'un des médians de chaque ordre; mais il faut remarquer
alors que les n — 1 points de la médiane n°” situés sur une parallèle aux
z, ont la propriété d’être les médians n—1 des m—1 points de S, situés
sur cette parallèle.
9. Soit une surface S de l’ordre m, coupée par un système complet de
transversales polaires. L'origine des coordonnées est prise au pôle, les
axes étant d’ailleurs quelconques. x — az, y — bz est une transversale.
Substituant ces x et y dans $, celle-ci donnera les z d’intersection de la
transversale avec la surface. Cette équation en z, S’', est du degré m, et en
général le coefficient de z? se compose de l’ensemble des termes du degré
p de S, où x, y et z sont remplacés respectivement par a, b et 1. Soit changé
dans $S', zen z + h; on obtient :
0 = (S') + (e) s + =. LAN +- 122) A2 es
il GEL Fe) (12 hi ALT S RSS m.
dz
Tour XXV. 2
10 RECHERCHES
Cette transformée donne les z de l’intersection , rapportés au plan mobile
: — h. Mais il est aisé de voir que, si ce plan passe par le médian 1°,
2e, etc. de la transversale, le coefficient de z"—*, ou celui de z"—?, etc.
doit être nul. Ainsi le médian »°” de la transversale x — az, y — bz est
donné, par rapport aux premiers axes, par la valeur de k tirée de l'équation
d”"—"S' axe d"-1 / 3 <
= —0, ou par la valeur de : tirée de me Celle-ci contient
encore a et b, qui déterminent la transversale. Éliminant ces deux constan-
tes a =; b— 2, on voit que l’on reconstruit en entier les termes des
divers degrés, puisque a et b, comme constantes, ont gardé partout leurs
exposants; le degré de z seul a partout diminué de m—n unités, de façon
que, pour chasser les dénominateurs, on doit multiplier par 2"; et, de
cette manière, les divers degrés sont reconstruits en entier. La seule chose
à observer, c’est que, à cause de la différentiation, chaque degré est mul-
tiplié par un coefficient. S'il s’agit, par exemple, du degré v, le coefficient
est : uv (v— 1)... [v — (m—n) + 1]. On voit par là que la médiane n°"
polaire n’a pas de terme d’un degré inférieur à m— n.
Par conséquent, les médianes polaires d'une surface algébrique d'ordre m sont
des surfaces du même ordre.
La propriété la plus saillante de ces fonctions est que les divers degrés
ne sont pas altérés, en passant de la proposée à ses diverses médianes po-
laires; mais l'indice du plus faible degré ajouté à l’indice de la médiane
vaut toujours m.
Observation. —D'après le n° 8, une transversale rectiligne qui rencontre en
m points la surface $, a n médians »°"*, tandis que ce numéro donne pour
la médiane »"”* une surface d’ordre m:; cette contradiction apparente tient à
ce que, pour rendre la fonction entière, il a fallu multiplier par 2";
aussi la surface a-t-elle à l’origine un point multiple d'ordre m—n, et
ce sont les » points restants seuls qui sont médians »°”® de la transversale.
10. Remarque. — I est à observer que les diverses médianes parallèles de
S suivant un même axe, sont en même temps médianes les unes des autres,
c'est-à-dire qu’elles sont toutes médianes de celles d'ordre supérieur. Ainsi
PE ; ds ER
la médiane m— 1 de S suivant les z est DS la médiane m—92 deS et la
SUR LES MÉDIANES. 11
ds
GE ds .
médiane m— 2 de 7; sont également :
Z (124
: COTE -
diane m—2 de — suivant les :, on peut la prendre suivant les y, et alors
2 z
+ Mais au lieu de prendre la mé-
2
On a Celle-ci est encore une médiane m — 2; elle appartient aux
médianes m—2 des deux axes z, y. De la même façon, les médianes m—5
155
. . . 0
de trois axes TL, Y, 3 comprennent , AUSSI bien que Fr
dxdydz
En appliquant aux médians d’une transversale l'observation ci-dessus ,
on voit que si l’on prend les n médians n°" de m points en ligne droite,
puis les p médians p°"* de ces n points, les p points seront en même temps
les médians p
ièmes
des m premiers points. Pour trois points, par exemple, on
a généralement deux médians seconds ; le médian premier de ces deux-ci,
qui n’est autre que le point milieu des deux, est en même temps le centre
des moyennes distances des trois premiers points. Il en résulte encore que
la première médiane parallèle d’une surface de troisième ordre (cette
médiane est le plan, lieu des centres des moyennes distances des transver-
sales) est un plan diamétral de la surface de second ordre, qui en est la
médiane deuxième.
11. On peut donner à l'équation des médianes polaires une autre
forme, qui rattache leurs propriétés à celles des médianes parallèles. Voici
comment :
ièmes
Si l’on prend toutes les médianes n°” parallèles de trois axes x, Y, 2, si après
da+b+ces PAGES (a+b+c)
par
dx° dy? dz° 1.2...aX1.2..bX1-2..c
on ajoute tous les produits, on aura l'équation de la médiane polaire n°"° dont le
avoir multiplié chacune des fonctions PAS
pôle est à l’origine.
Soit le terme général S, Tx?y!z". Suivant les dérivées que l’on en pren-
dra, on aura des termes qui appartiendront aux différentes médianes pa-
rallèles n°"#, mais qui, moyennant la multiplication indiquée par +, y et z,
auront tous la partie commune Tx?y!z", et ne différeront donc que par un
facteur constant.
Or, quand on prend toutes les dérivées m — n de x?y'z
qu'en posant p + q +r — v, la somme de tous les coefficients est
v{u— 1)... [v—(m—n) +41]. Ilest seulement à remarquer que plusieurs
Tr
; On trouve
de ces dérivées , ne différant que par l’ordre des différentiations, sont iden-
12 RECHERCHES
tiques; il faut donc multiplier chacune d'elles par un coefficient qu'il est
aisé de déterminer. La même chose pouvant se dire de chaque terme, on
voit que chacun reproduit le terme correspondant de la médiane polaire,
et on en conclut le théorème ci-dessus.
12. En prenant comme exemple la surface du second ordre :
0 = An? + A’? + A2? + Byz + B'zx + B'xy + Cr + C'y + C''z + D.
on trouve les médianes parallèles suivant les trois axes :
o —= 2x + Bz + B'y + C,
0 = 2Â'y + B'x + Bz + C7,
OA ZE By BTE UC,
et multipliant celles-ci par x, y, z, et ajoutant, on a la médiane polaire
dont le pôle est à l’origine :
o — 2 (Ar? + AY? + A2? + Byz + B'zx + B'xy) + Cr + C'y + CZ.
Les médianes parallèles sont des plans diamétraux, et la médiane po-
laire est une surface de second ordre semblable à la première et sembla-
blement placée. Le centre de similitude se trouve sur la droite qui joint
le pôle au point d'intersection des trois plans diamétraux : pour le déter-
miner, il suffit de circonscrire le cône extérieur aux deux surfaces; son
sommet répond à la question. Il y a aussi un centre de similitude inverse,
pour lequel les rayons vecteurs homologues, quoique sur le même aligne-
ment, sont dirigés dans des sens opposés par rapport au centre. Celui-ci
est le sommet du cône intérieur circonscrit; il est situé sur la droite dé-
finie plus haut. Quand le cône manque, en nommant O le centre de
similitude inverse, AA’ les points où cette droite coupe une des surfaces,
BB' les correspondants où elle coupe l’autre, O est déterminé par la rela-
tion OA : OB — AA' : BB’.
15. Nous avons les équations des médianes pour certaines directions
et pour certaine position du pôle; il n’est pas difficile d’en conclure les
équations générales.
SUR LES MÉDIANES. 13
Pour les médianes parallèles d’abord, prenons une direction générale,
celle du nouvel axe des z du n° 4.
La transformée du terme général t est, pour ce nouvel axe,
T(x + cz)? (y + cz) cz";
sa dérivée pour 3 :
Tprrez)sle(ly + caen 20 Tr + cz) q{y + cz)" c'en 77
Tr p ( y € AE dt , dt dt
+ THCa) My Ecr) Nr CE EC ce —:
: dx dy dz
Faisant la même chose pour chaque terme, on voit que la médiane
m— 1 parallèle de $S, suivant le nouvel axe, est :
ds , dS , dS
e— + — + ©! —.
dæ dy dz
O—=
Si de cette surface d'ordre m— 1 on prend la médiane m— 2 suivant
un autre axe €,, c', et c'',, on trouve:
æS ITS : æs æS
O— Ce: ie ROME (CCR IC IC
1x? dy? 2? dxdy
Re) APP RES ds
cc e c'e c
ne à drdz "” dydz
On peut continuer ainsi suivant une loi évidente. Dans le cas où l’on
différentie deux fois sur la même direction, on à :
2 2 2) 2 2 26
Cet to ES Peur æs re ADe ds
dx? ap TE ie 1 dxdy ni 7 MS dydz
0 — €?
et ainsi de suite.
Toutes ces surfaces sont d’ailleurs rapportées aux mêmes axes primitifs
que S—0.
14. Pour les médianes polaires, opérons la transformation du n° 5,
en prenant pour x’, y', z' les coordonnées du nouveau pôle. Nous aurons
la transformée S, donnée dans ce numéro.
14 RECHERCHES
Maintenant, dans le système transformé, la médiane m — 1 polaire est
ds, ds, dS, (5) (À) ()
O—=— EX + — y — 3= 14 | — y | — z | —},
dr dy 4 dz à dæ ci dy s dz
: ds ” ds r, ;
où (à) est la transformée de — due au changement d’axes. Et l’on est
en droit de poser pee uisque, la direction des x n’ayant pas changé
, P dx \dx QPHSqUE SE yantp 6e;
la médiane de la transformée est la transformée de la médiane pour cette
; : à ds : ds
direction. Repassant donc aux anciens axes, [=] redevient may ets
Fe
redeviennent 4—x!, y—y' et :—z/; de plus, l'on a pour équation de la mé-
diane polaire m—1 de S relativement à un pôle aux coordonnées 2’, y, z':
ds 18 ds
O0 — (x—m) + — (y—Y) + Cl UNE
dx dy dz
On trouverait, par le même raisonnement, l'équation de la médiane
!
polaire m— 2 de S au pôle x’, y’, z':
ds Te ds 7 d ne
= — 2 0=— a 7
“ dx? LA ARS dy? RE CRETE à
ds æs ds
2 — x") (y—y') + 2 y—y)(z—z')+92 3— 2) (x—x
dE (x — 2") (y — y") + ayez ) nr ) (æ—x'),
et ainsi de suite.
Mais, dans ce cas, les diverses surfaces ne sont pas, comme dans le cas
précédent, médianes successives les unes des autres.
Nous avons maintenant les équations de toutes les médianes parallèles
ou polaires, et leur inspection nous porte à conclure, comme, du reste,
on devait le voir à priori, que les premières ne sont qu’un cas particu-
lier des secondes.
45. D’après le n° 8, quand $ a un point à l'infini sur une direction,
il en est de même de toutes ses médianes polaires. Nous rechercherons
ici les caractères des points situés à l’infini.
Pour qu’une surface ait des points à l'infini sur la direction des z, il
faut et il suffit que 2” manque dans l'équation de degré m de cette surface;
SUR LES MÉDIANES. 15
et, en général, il y aura autant de points à l'infini sur cette direction, qu'il
manque d'unités jusqu’à » dans le plus haut exposant de x.
Étant donnée la surface S rapportée à trois axes quelconques, on de-
mande sur quelle direction elle à des points à l'infini. Il suffira de changer
la direction des z par la deuxième transformation, et d’exprimer alors que
le coefficient de =" est nul. Mais les termes en 2" de la transformée ne pro-
viennent que des termes de degré m de S, que l’on a différentiés par rap-
port à x et à y, de façon à en faire disparaître ces deux variables. Dès lors,
on voit aisément que le coefficient de 2", dans la transformée, est justement
le degré m de S où x, y et z sont remplacés par c, c' et c’”. Cette équation étant
,
\ . [4 C
homogène en c, c' et c’’, donne une relation entre les rapports — et —.
(4 C
Par conséquent, si, par l’origine, on mène des parallèles à toutes les trans-
versales dont les directions satisfont à cette relation, ces droites détermine-
ront une surface. Pour en avoir l'équation, reprenons les éléments de la
transformation du n° 4, x'=x+ cz, y—yæ-c'z et z —c'':; comme, dans
chaque transformation, on ne considère que les points situés sur le nouvel
axe des z, on a : æ—0 et y—0, d'où æ'—0cz, y/—c'z et 2! — c''2. Aïnsi les
trois coordonnées dans le système primitif sont proportionnelles à €, c'etc/,
et peuvent y être substituées dans la relation homogène ci-dessus, qui alors
se réduit simplement au degré m de S. On en conclut que les directions
suivant lesquelles S— 0 a des points à l'infini, sont données par les génératrices d’un
cône qui est la médiane polaire d’indice zéro.
Quand la courbe a deux points à l'infini sur la direction des z, l’équa-
tion ne doit contenir z qu’au degré m—2 tout au plus. Ainsi les coefficients
1 MA
des quatre termes 2", æ2"—", y2"—", 2" 1 doivent être nuls. En représentant
s £ d,,
par 1, 1, l'ensemble des termes de degré m où m— 1 de S, par = la
Lx
dérivée pour x des termes de degré m, et ainsi de suite, on trouve ici
quatre conditions :
dt, di,
D ==0, nu —0, “FILE 0:
que l’on peut à volonté remplacer par
Er —=0, 0) = 9 = Gi
16 RECHERCHES
Quand il y à trois points à l'infini sur la direction de l'axe ©, c', c'2,
on a les conditions
di dt, den
0 0 0 0 = rte
dx dy dx
10, == |;
dt, dt,
— 0, =
dy dax? dy?
—= 0.
dxdy
Si l’on veut de la symétrie, il est clair que ce système d'équations se
réduit au suivant :
dt dt dl
raies ER ET
dx dy dz
dl dt, de, dt dE, dt,
= = —N0;
= = 0, — —=0,
dx? dy? dz? dxdy dxdz dydz
Mais, sans aller plus loin, on peut voir que les points à l'infini dépen-
dant des degrés complets de l'équation S, sont une conséquence des pro-
priétés des médianes polaires.
16. Nous avons vu que, dans l'équation des médianes polaires, entrent
trois espèces de quantités, d’abord les variables de la médiane, puis les
coordonnées du pôle et enfin des constantes; mais cette équation peut
être envisagée sous un second aspect en regardant comme variables les
coordonnées du pôle. L’équation donne alors le lieu des pôles de toutes
les médianes qui passent par un point. Ce lieu est toujours un cône dont le
centre est au point donné. S'il s’agit de la médiane m—1 polaire, le cône
ordre, si la
me
est un simple plan; mais il est de second, troisième, m—n
médiane est d'ordre m—®,m—5, ….. n.
Ce résultat peut encore se présenter sous une forme différente. Con-
naissant la surface S et ayant un point fixe, on demande le lieu des
transversales que l’on peut mener par ce point fixe, et qui jouissent de
la propriété d’avoir, en ce point, un médian 1®, 2%, n°", Or, les équa-
tions répondent que, si le point doit être un médian 4er, 2me, n°, m—1me,
le lieu des traversales est un cône d’ordre m—1 , un cône d'ordre m—2,
un cône d'ordre m—n, enfin un cône de 1* ordre ou un plan.
Par exemple, dans une surface de troisième ordre, tout point de l’es-
|
… a
SUR LES MÉDIANES. 17
pace est premier médian pour les génératrices d’un cône de second ordre
et deuxième médian pour les droites situées dans un plan.
17. Quand toutes les médianes parallèles #°"* de deux axes passent par
un point, celles qui sont relatives à tout autre axe, parallèle au plan des
deux premiers, passeront par ce même point; et si par celui-ci on mène
un plan parallèle aux transversales, le point sera le médian »°" du plan
ou de la section que ce plan fait dans la surface S. Par exemple, si la
médiane est d'ordre m—1, et que le plan soit o — px + p'y + p''z, tous
les points de la courbe
seront les médians m— 1 des plans parallèles à celui ci-dessus.
Il peut se faire encore (nous l'avons vu au numéro précédent) que des
transversales constituant un cône, aient toutes un médian #"”" en un même
point, le centre du cône; ce point se nomme alors médian n°" de la
courbe à double courbure, qui est l'intersection du cône et de la surface S.
Pour que toutes les médianes parallèles ou polaires d'ordre » passent
par un point, il est nécessaire et suffisant que toutes les médianes n°" pa-
rallèles de trois axes non situés dans un plan passent par ce point. Celui-ci
est alors défini médian »°" de la surface.
Quant aux médianes polaires, si deux polaires m — 1 passent par un
point, toute polaire m — 1 dont le pôle est sur le prolongement des deux
autres, passera par le même point. En général, si m—n + À polaires
n°" dont les pôles sont en ligne droite, passent par un point, toute po-
laire x°”° dont le pôle est sur cette droite passe par ce point.
m—n+1l m—n+92
1 2
médianes x°"* polaires passent par un point, toute polaire n°" passe par
ce point.
On trouverait aussi aisément, qu'en général si
On observera qu'il ne faut pas d’indétermination dans cette question ;
ainsi, par exemple, s’il y avait plus de »—n + 1 points en ligne droite,
quelques-unes des conditions seraient superflues. Enfin, il faut remarquer,
ici, que cette dernière propriété est énoncée ci-dessus d’une manière plus
Tous XXV. 5
18 RECHERCHES
commode et plus aisée pour le calcul, au moyen des médianes parallèles
de crois axes.
18. Après avoir parlé de l'intersection des médianes d’un même ordre
entre elles, il faut dire encore un mot de l'intersection de $ et de ses dif-
férentes médianes.
D'abord l'intersection de S avec une de ses médianes m— 1 parallèles ,
est directement l'intersection d’une surface d'ordre m par une autre d'ordre
m — 1; mais l’intersection de $ avec une de ses médianes polaires m— 1
est l'intersection de deux surfaces d'ordre m; et cependant, par la nature des
deux fonctions, on peut en former une troisième de degré m—1 , et qui
est la conséquence des deux premières. L’intersection appartient donc en-
core à une surface d'ordre m — 1, mais ce n’est plus une médiane ; ce-
pendant, d’après son origine, on pourrait la nommer polaire réduite m—1.
Les médianes parallèles m— 2 coupent $S suivant une courbe qui ap-
partient à une surface d'ordre m — 2, tandis que cette courbe, pour les
médianes polaires m— 2, n'appartient qu’à une surface d'ordre m— 1.
Mais les points où cette dernière courbe rencontre la médiane polaire
m— À, sont sur une surface d'ordre m—2, qu’on nommera polaire ré-
duite m— 2.
De même, s’il y a des points communs à S et à ses médianes polaires
m—14, m—2, m— 5 de même pôle, ces points seront sur une surface
5.
d'ordre m— 5, nommée polaire réduite m
19. La médiane polaire m— 1 a été trouvée :
ds ds / as ,
— (x—x) + (y—Y) + (z2— 2") —= 0.
dx
dy
La polaire réduite m — Î est alors :
ds ds ds
FE TS an y + Fr AE TO cl: — 107
æ y dz
t, ayant la même signification qu'au n° 15. On peut encore écrire pour
abréger :
US ds ds
1 4 —
dx L dy Ga dz
SUR LES MÉDIANES. 19
On voit que toutes les polaires réduites m—-1, qui passent par un point,
ont leurs pôles dans un plan. Et si le pôle décrit le plan z’ — 0, les points
Pré ds ds : <: PTE
communs aux réduites m—-1 sont mn Pr 0: T—0; si le pôle décrit
dx dy
une droite x'—0, y'—o, les réduites m—1 ont une courbe commune
us
0, 0.
dz
Dans le cas du second degré, l'équation de la polaire réduite, consi-
dérée sous ces deux points de vue, donne également un plan, et l’on sait
qu'alors les polaires sont réciproques.
20. Avant de passer à quelques applications, il nous reste à parler des
propriétés numériques qui lient les segments interceptés sur une trans-
versale, à partir de son pôle, par la surface $ et ses diverses médianes.
Prenons cette transversale pour axe des x, et mettons l’origine au pôle;
les points où S rencontre la transversale, sont donnés par les termes en
z de S:
0 = Ag" + Br”-1 + Cr”! Æ Dzr"-5 + Ex”"-t nt LICT + H.
Les points où la transversale est coupée par les médianes 1, 2, 5, etc.,
sont alors :
m
Hi AT B,
m(m—1) m—1
em A LA
422
m(m—1) (m—9)
BrEEiCr,
4 (m—1) (m—92) 1 m2
ES 22 7" Br? + Cx + D,
1295 de 1
et par les polaires réduites m — 1, m — 2, etc. :
Br Gr 5 Dr + AErt 1.
19) 209) 5 Dr 3, Are,
9 PU Et D 9 3 4 Fy"-t
- 2. 9 DYX Rue DA LEP ite
IL est facile d’en déduire, sous forme de théorèmes, diverses relations.
Bornons-nous aux deux suivantes :
Le produit des m segments interceptés par $, vaut le produit des m — 1
segments de la polaire réduite m — 1 par la distance du 1% médian
20 RECHERCHES
(l'origine des segments est toujours au pôle). Pour appliquer cet énoncé
à la sphère de centre G, nommons O le pôle; décrivons sur la droite OC,
comme diamètre, une seconde sphère qui sera la médiane polaire de la
première. Le plan qui passe par l'intersection des deux sphères est la po-
laire réduite. Par O soit menée une transversale quelconque, qui coupe
la sphère de centre C en AA’, la seconde sphère en B et le plan en P; on
aura toujours
DAMMOAG= OBELOP:
La somme des segments inverses (*) de S vaut m fois le segment inverse
de la polaire réduite première; la somme des produits deux à deux des
; m (m—1) ; .
segments inverses de S vaut fois le produit des deux segments
inverses de la polaire réduite deuxième; en général, la somme des produits
m(m—1) … (m—n+1
: : )
n à n des segments inverses de S vaut fois le pro-
Air
duit des x» segments inverses de la polaire réduite n°”.
Ainsi, menant plusieurs droites par un point, si l’on porte sur chacune,
à partir de ce point, une longueur telle que son inverse égale la moyenne
des m segments inverses que cette droite intercepte sur S, toutes les extré-
mités seront dans un même plan.
DEUXIÈME PARTIE.
21. Nous passerons actuellement à quelques applications.
Jusqu'ici, les points où la transversale rencontre la surface n’ont été
assujettis à aucune loi; ces points étant quelconques, on a déterminé
leurs médians et on a cherché à reconnaître quelques-unes de leurs pro-
priétés. Mais il est clair que si les points de rencontre de la transversale
avec $ sont soumis à une loi de distribution, les médians doivent égale-
ment posséder quelques caractères particuliers, desquels on puisse même
conclure les propriétés des points principaux.
() On nomme segment inverse l'unité divisée par la valeur du segment.
SUR LES MÉDIANES. 21
22. Nous ferons donc des hypothèses sur la position des m intersec-
tions de S avec la transversale, et d’abord nous supposerons ces intersec-
tions situées symétriquement par rapport à un point de cette droite. Ce
point sera alors défini le centre de la transversale.
La surface est rapportée à trois axes, dont celui des z est parallèle à
la transversale, celle-ci ayant alors pour équations x—a, y—b.
Effectuons la transformation du n° 5, par rapport à z seulement. Si le
nouveau plan des æ y passe par le centre de la transversale, il faut qu’en
faisant dans la transformée x= a, y—b, celle-ci ne contienne z qu'à des
puissances paires ou à des puissances impaires, ou, en d’autres termes, il
faut que les médianes paires ou les médianes impaires suivant z passent
par ce point.
Donc si une transversale a un centre, ce point doit être médian de tous les
ordres pairs de la transversale, ou médian de tous les ordres impairs.
Du reste, quand une des deux conditions est remplie pour un point,
celui-ci est un centre de la transversale.
On en déduit immédiatement cette autre propriété : Quand les points où
une transversale rencontre S ont un centre, celui-ci est encore un centre pour les
médians de tous les ordres de cette transversale.
On voit donc que les centres de transversales sont de deux genres, les
centres donnés par les médians pairs, et les centres donnés par les mé-
dians impairs. Il en résulte que, pour un système de transversales paral-
lèle ou polaire, on peut avoir des surfaces, des courbes ou de simples
points comme lieux des centres ; ainsi, toutes les transversales formant un
système parallèle ou polaire, peuvent avoir un centre; le lieu de celui-ci
est une surface nommée surface diamétrale parallèle ou polaire, cette
dernière comprenant, comme cas particulier, le centre de la surface. Si
une série de transversales seulement sont douées de centres, le lieu de ces
centres forme une courbe dite courbe diamétrale parallèle, ou courbe dia-
métrale polaire. Enfin, il peut se faire que quelques transversales seule-
ment aient un centre.
Telle est la méthode générale.
Nous ferons observer encore, comme cas particulier, qu’un point peut
22 RECHERCHES
ètre le centre de transversales formant un cône; alors ce point est nommé
le centre de la courbe à double courbure résultant de l'intersection du cône
et de la surface. Le cône peut être un plan; alors le point est le centre
du plan ou de la courbe plane d’intersection.
25. Examinons plus particulièrement le cas des surfaces diamétrales
parallèles. Les z étant pris suivant la direction des transversales, les deux
genres de centres seront donnés par les deux suites
ds “s ds d5s
SO, = — 0) lielic, el —\—,.0
uz? é dz * dz5
—10 ele.
Or, en supposant, comme nous le faisons, que S ne puisse pas se ré-
soudre en facteurs, ce qui entraînerait la dégénération de la surface, on voit
que la première suite ne peut pas donner de surface diamétrale, sauf le
cas où la direction des transversales n'offre qu’une rencontre avec S, et
alors elle est évidemment à elle-même sa diamétrale. Ainsi les surfaces dia-
; 5 ; US RES =
métrales proprement dites sont données par la suite GE etc. Si, dans
S, le plus haut exposant de z est impair, il y a une de ces fonctions qui
est indépendante de :; c’est donc une constante ou un cylindre parallèle
aux z; et dans les deux cas, il n’y a pas de surface diamétrale.
D . A ds d5S u :
L’équation devant satisfaire à ane etc., on voit qu'elle ne peut
2 a z°
contenir z qu'au premier degré, c’est-à-dire que toute parallèle aux trans-
#4
versales ne rencontre la surface diamétrale qu’en un point.
Ainsi il ne faut chercher de surface diamétrale que pour des directions qui ren-
contrent S en un nombre pair de points. L’équation de la surface doit alors satis-
faire aux médianes parallèles m—1, m—5, etc., pour cette direction.
24. Examinons aussi le cas du centre d’une surface; plaçons en ce
point l’origine (n° 5); il ne faut, dans la transformée, que des degrés pairs
ou impairs ; or, le degré m ne peut disparaître, donc c’est le degré m—1
qui disparaîtra. Ainsi le centre se trouve à la fois sur toutes les médianes impaires
de trois axes.
Ceci donne lieu à un rapprochement. Si une surface d'ordre impair
présente à la fois un centre et une surface diamétrale, nous prendrons
le centre pour origine et les z suivant les transversales de la diamétrale.
SUR LES MÉDIANES. 93
Alors, à cause du centre, toutes les médianes impaires de trois axes passent
par l’origine ; de même, à cause de la diamétrale, toutes les médianes paires
suivant z passent par l’origine. Il en résulte que chaque terme de l’équa-
tion contiendra æ ou y (voir n° 5). L’axe des z est donc alors sur la surface.
On en conclut que, si une surface d'ordre impair a un centre, toutes les
droites tirées de ce centre parallèlement aux transversales qui admettent une sur-
face diamétrale, appartiennent à la surface d'ordre impair.
Par le même raisonnement, on trouve qu’une courbe plane d'ordre im-
pair ne peut jamais avoir à la fois un centre et une courbe diamétrale.
Il est aisé de voir encore que le centre d’une surface est situé non-seu-
lement sur toutes les surfaces ou courbes diamétrales de même genre que le
centre, mais encore sur toutes les surfaces ou courbes diamétrales de
genre différent.
25. Comme application de ce qui précède, nous chercherons les centres
de la surface de troisième ordre.
Les centres de transversales de premier genre sont donnés par les
médianes première et troisième; ceux de second genre par les médianes
d'indices deux et zéro. d
Les surfaces diamétrales appartiennent au second genre; on reconnait
que les directions des transversales sont données par Île cône asymptote
ou la médiane zéro, et les surfaces sont du second ordre. Il y a d’ailleurs
une surface pour chacune de ces directions.
Les lieux des centres de premier genre sont des sections planes de la
surface, quelle que soit la direction des transversales. Le plan est le lieu
des centres des moyennes distances pour la direction. Dans le cas où la
direction des transversales est parallèle au cône asymptote, le plan lui-
même est parallèle à cette direction, mais la section de S par ce plan
répond toujours à la question.
On voit donc par là que, sur une même direction, il peut y avoir des
centres de deux genres; un exemple le fera voir mieux encore: soit la surface
ay —=0,
22 + 95 — ayz — 5 — 0 et les deux médianes suivant +, 2x2
æ— 0. Cette surface a une diamétrale pour la direction des z, 2x: == ay;
tandis que, pour les centres de premier genre, on obtient la courbe plane
no
Es
RECHERCHES
x—0, y —ay:—Ù5 = 0; et effectivement, suivant ce plan x — 0, toutes
les parallèles aux 2 ont deux points situés à l'infini.
Quant aux médianes polaires, il n’y a généralement que des courbes ;
dans des cas particuliers seulement, on peut avoir des surfaces. Les cen-
tres de premier genre sont à l'intersection de la proposée du troisième
ordre par une surface du deuxième. Les centres de deuxième genre sont à
l'intersection d’un cône, parallèle au cône asymptote et dont le centre est
au pôle, par une surface de deuxième ordre passant par ce pôle.
26. On peut se poser le problème inverse et se demander : étant donnés
une surface de troisième ordre et un point, trouver le lieu des pôles ou
les directions de transversales qui admettent une courbe ou une surface
diamétrale passant par ce point.
Le premier genre suppose le point donné sur la surface; alors les pôles
ou les directions des transversales forment un cône de second ordre. Ainsi
par chaque point d’une surface troisième, on peut mener une suite de
droites formant un cône de second ordre et telles que la corde inscrite dans
la surface soit divisée en ce point en deux parties égales.
Quant au second genre, les pôles et les directions appartiennent à un
cône mené par le point donné et parallèle au cône asymptote ; ils sont,
d’ailleurs , aussi dans un plan. Ainsi le lieu de ces pôles se réduit à trois
droites situées dans un plan.
Nous prendrons un exemple particulier fort simple :
Dy — 25 + ax? — bÿ + x — 0.
On demande le lieu des transversales qui ont un centre à l’origine. En
regardant, dans les équations des médianes polaires, les coordonnées
du pôle comme variables et égalant à zéro les trois coordonnées x, y, z,
on a les trois surfaces :
[2]
&
ë
ï
]
by
12,7 15
I
Pour le premier genre, le lieu cherché se résout en deux plans pas-
sant par l’axe des z. Toute transversale par l’origine située dans l’un de ces
SUR LES MÉDIANES. 925
plans, rencontre la surface en trois points, dont un, à l’origine, est tou-
jours équidistant des deux autres.
Quant au second genre, pour ce point, il offre deux droites seulement.
Ce sont les axes des x et des y. Ces axes, en effet, ne rencontrent la sur-
face qu’à l’origine.
Si l’on cherche le lieu des centres pour des transversales parallèles
aux +, on n’en trouve pas de second genre; mais la courbe d’intersection
de la surface par le plan æy est une courbe de centres de premier genre,
et l’on reconnaît, en effet, que, si l’on mène par cette courbe un cylindre
parallèle aux z, l'intersection du cylindre avec S denne trois courbes
égales et parallèles, distantes entre elles de la quantité c.
27. On pourrait faire ici quelques recherches particulières, mais cela
entraînerait trop loin.
Bornons-nous à établir qu’en supposant des axes rectangles, les points
de la surface S — 0 d’ordre troisième, pour lesquels le cône du second
ordre, dont nous avons parlé ci-dessus, est de révolution, se trouvent à la
rencontre de S avec la courbe :
947 V9
2 TT ER EE
6 — 6" — =
VA 74
y" y"
DE A — 4 sn 7
TE , FT)
% 74
ces notations étant toujours celles du n° 5.
28. Pour terminer ce qui se rapporte aux centres , il faut encore men-
tionner les plans diamétraux.
L’équation P — o du plan diamétral relatif à la direction des z doit
ds
à Ye 2 : ne dS
satisfaire, avons-nous vu, aux équations des médianes me me
Il faut donc que P soit diviseur de toutes ces dérivées, et que celle de
l'ordre le plus faible se réduise à P lui-même, ou bien se décompose en
deux facteurs, dont l’un soit P et dont l’autre représente un cylindre paral-
lèle aux z.
29. Une seconde circonstance curieuse se présente quand deux ou plu-
sieurs des points où une transversale rencontre S sont confondus. Cest
Toue XXV. 4
6 RECHERCHES
LS
à ce cas-ci qu'appartiennent la théorie des tangentes et celle des points
multiples.
Une transversale est dite avoir un point multiple avec la surface S — 0,
quand plusieurs de ses intersections avec cette surface sont confondues en
un point.
Quand n des m rencontres sont confondues, il résulte de la définition des mé-
dians que ce point doit être à la fois médian m—1, m—2 .... m—n +1
de la transversale, puisque, par rapport à ce point, il n’y a que m—n dis-
tances qui ne sont pas nulles; et, réciproquement, si une rencontre de la
transversale avec S est à la fois médian m—1, m—2....m—n<+1
de Îa transversale, elle sera un point multiple d'ordre n de cette droite.
Ainsi un point multiple n°" sur une transversale doit être situé sur
toutes les médianes m— 1, m— 2 .... m—n + 1 pour des systèmes
de transversales dont celle-ci fait partie. On en déduit en particulier :
Les points de S — o doubles pour des transversales parallèles aux z sont à
ds
dz
Les points de S—0 doubles pour des transversales passant par le point x’, y’, 2
l'intersection des surfaces S — 0,
sont à l'intersection des surfaces
Dans chacun de ces deux cas, le lieu de ces points appartient donc à
une surface inférieure d’un ordre à S.
La médiane m— 1 parallèle, pour tout axe parallèle aux x y, a pour
2 - d ds BR
équation ce + €! FN et cette surface passe évidemment par les
points communs aux médianes m— 1 suivant les x et les y. Aïnsi :
Quand un point de S est double pour deux transversales en ce point, il l'est aussi
pour toute transversale en ce point située dans le plan des deux premières. Ce plan
est dit alors avoir un point double avec la surface S = 0.
Quand un point de S est double pour trois transversales en ce point non situées
dans un plan, il est double aussi pour toute transversale en ce point ; et celui-ci
est dit point double de la surface.
SUR LES MÉDIANES. 27
Observations. — La première propriété démontre analytiquement que
toutes les tangentes en un point d’une surface algébrique constituent un
plan; la deuxième prouve que si trois tangentes en un point de la surface
ne sont pas dans un plan, toute droite passant par ce point est une tan-
gente; et la surface a un point double.
L'intersection de S avec les deux médianes m — 1, dont on a les équa-
tions ci-dessus , sont évidemment les courbes de contact du cylindre ou
du cône tangent menés suivant la direction ou par le point.
90. À propos de tangentes, il est une propriété assez curieuse qu'il
peut être utile de noter ici.
Supposons deux surfaces d'ordre 1m, qui coupent un plan suivant une
même courbe, et qui, de plus, aient les mêmes plans tangents suivant cette
courbe ; alors toute transversale interceptera, à partir du plan, m segments
sur chacune des surfaces; la propriété consiste en ce que la somme des m
segments inverses de l’une égale la somme des m segments inverses de l’autre.
Sans développer la démonstration, qui est fort simple, il suffit de re-
marquer que si le plan est pris pour x y et la transversale pour x, il faut,
d’après les conditions, que, dans les deux équations, les termes qui ne
contiennent pas 2 soient les mêmes. La conséquence alors est immédiate.
Pour en prendre l’exemple le plus simple, soient un cercle et deux
de ses tangentes; soient joints les deux points de contact. Une trans-
versale quelconque coupera la droite de jonction en O, le cercle en GC”,
les tangentes en T T'; et en faisant attention aux signes des segments,
on aura :
1 1 1 I
CHNOTOT or or
51. On à vu que tout point de S a un plan double unique, et que,
ds ds
0,— —0, ——0, tous les plans
D 0 us les plar
qui passent par ces points y sont doubles (”).
les seuls point lesquels © —
our 1eS Seuls points pour 1eSquels =
P points p quels +
Passons aux transversales triples. Le point triple de la transversale
(‘) On appelle, pour abréger, droite double, plan double, la droite ou le plan qui a un point
double avec S.
28 RECHERCHES
e, c!, c'! doit satisfaire aux trois relations .
ds , dS ” 4
S— 0, Cut C + C —,.0!,
dx dy dz
, PS id ES , æS SE ds
PRES QUE CRE CC UC + 90e — —0
dx? dy? dz? dxdy dxdz dydz
Quel que soit le point de S que l’on étudie, il a un plan double, et les x y
seront choisis parallèles à ce plan.
Supposons d’abord que toutes les transversales doubles soient dans un
plan; comme c’est parmi celles-là qu’il faut chercher celles qui sont
ds ds
triples, on aura c''—0, Us 0 CU il reste
æ dy
Si 0 ee AN ee
dx? dy? dxdy
ou n° à
CC CC COCO — 0.
Ainsi, parmi ces transversales doubles, on en aura deux triples, une seule
ou aucune, suivant que
DA EE OU ON ET)
L'expression y"? — 66 étant continue, il s'ensuit que, pour passer d’un
point de S doué de deux transversales triples à un point qui n’en a pas,
on doit rencontrer un point qui n’en a qu'une et qui sert de transition.
Ces points sont donc utiles à déterminer. À cet effet, le plan double en x, y, z
étant à (2—2') + à! (y—y') + o!/'(z—2/)—0, et les deux directions ou axes
parallèles €, c', ce"! et c,, c;', c,!!, on a les deux conditions :
UN "no otr
CCI NCIG 0, CR CE CCE IC MEN),
et la relation y''?— 66! — 0, étant appliquée à ces deux directions géné-
rales, devient :
at
o=[cc,e+ c'eé + c’e/'6" + (ec! + c'e )y" + (c'e! + c'e)» + (c'e, + «)7]
a
—[@6 +076 + 026" + 007" + Q'e!y + 2e'ey'] [dc+c'6 + c'26! + 200, y"
Te
Ho cl yr 000 0 07].
Développant cette équation, en groupant ensemble les termes €?, 66, etc.,
SUR LES MÉDIANES.
ho
=]
on trouve que les coefficients ne renferment que trois espèce de facteurs
c'e!"—c"e, c'e —cc,!', cc; —c'e; proportionnels à &, «, a!’
les deux premières conditions. Éliminant, il reste :
, d’après
D x (>° Et ea ) RAGE (>? Es GP) Ga (y? = ce!)
’
+ Dual (et y"— y") + Oxo! (Ey —y y") + Qw/!a (C'y! — 7").
Cette équation détermine sur $S la courbe dont les points ont une trans-
versale triple. D’un côté de cette courbe, les points de S ont deux trans-
versales triples, de l’autre, ils n’en ont pas.
Comme exemple simple, on peut prendre la surface
3 = (ar? + Lx + c) y + das + ex? + fx + q.
nano EE ol 0 0 270, ettla relation est
a?y2= 0, qui se décompose en deux autres 4/—=0 et y'—0. La première
est impossible , excepté quand : disparaît de l'équation, et dans ce cas, en
effet, on a un cylindre; la seconde donne le plan 2ax + b—0. La courbe
est donc plane, et même c’est une simple droite; en tout autre point de
la surface, il y a deux transversales triples.
Si, dans un plan double, on suppose trois transversales triples, cela en-
traîne 6— 0, 6 —0, y'—0, et alors toute transversale en ce point dans le
plan est triple; le plan lui-même est dit avoir un point triple avec S.
Nous avons supposé les transversales doubles de la surface contenues
dans un plan. Si toutes les transversales en un point de $S sont doubles,
On A «—0, «4 —0, «/—0, et il reste
11
+ e06" + 2cc'y" + Qc'c/y + 2c'ey' = 0.
ji
S— 0, CiÉ-FICES
Ces directions sont celles d’un cône de second ordre. Si, en dehors de ce
cône , il y a d’autres transversales triples en ce point, on à 6 —0, €! —0,
€ — 0, y! — 0, etc., et toute transversale en ce point est triple.
52. On peut aisément pousser plus loin ce qui a été dit sur les points
multiples et faire des applications. Nous n'indiquerons ici qu’une question
particulière. Quand un point de S est double, on a vu que les transver-
50 RECHERCHES
sales triples constituent un cône de second ordre. Pour que ce cône se
réduise à deux plans, il faut que la surface
1 ra
0—(6y +Cy
atpett
6
CUP CE — 2yy'y"
passe par le point double. D'ailleurs, cette condition est suffisante.
55. Nous terminerons par un problème qui touche aux polaires. On
demande dans quel cas on peut faire passer une surface du second ordre
par deux courbes du même ordre.
Quand les plans des deux courbes ne sont point parallèles, prenons-
les pour plans coordonnés des xz et yz, et les deux courbes sont :
2
o— ax +bxz +cez + dx +ez+f
0 = 0 +CYZ + VS + dY + ES + »?,
a, b,etc., «, 6, etc., étant des constantes. Si la surface
o = Ax° + AY + Az + Byz + B'zx + B'xy + Cr + C'y + C'z + D
Ace : : (a e Ë - Ê
satisfait à la question, on aura les relations - — - — La qui expriment que
FRE
les deux points où chacune des courbes rencontre l'axe des z doivent
coïncider avec ceux de l’autre courbe.
Quand les deux plans sont parallèles, les équations des courbes sont :
y = 0, ax® + bxz + cz + dt +ez+f—=0
VEN, XL” + CXZ + V2 + LT +EZ +9 —= 0.
Pour que la surface ci-dessus satisfasse à la question, il faut que
a b C 5 : s as 5 à F
-—-—=-, ce qui exprime que les points à l'infini doivent être sur les
de € y
mêmes directions.
Dans les deux cas, on reconnaît que généralement si une surface de
second ordre passe par les deux courbes, il ÿ en a une infinité qui jouis-
sent de cette propriété. Dans le premier cas, le coefficient de xy est arbi-
traire; dans le deuxième, les coefficients de y? et y sont arbitraires, mais
e AR Ne C’ : :
liés par la relation © # + © + Pr ; A! et C étant respectivement
£ a œ
coefficients de y? et y.
SUR LES MÉDIANES. 51
54. Examinons si, parmi ces surfaces, il peut y avoir des cônes. S'il en
est un, soient x’, y' et z' les coordonnées de son sommet. Portons l’origine
en ce point, et prenons la transformée de la surface. Le degré deuxième
seul doit rester, et on a les quatre équations en B/, æ’, y', 2! :
ds 2A x B’2 By C
D — a = A + B'y +
ds
D = ee — 2À'y + B'x + Bz + C'
dz
0 — (S) — Ax° + Ay? + A’z7+ By'z'
ds
à = Fa — 2A"3 + By + B'x + C”
BTE Br y CT OC'y EC ED:
Cette dernière, combinée avec les précédentes, devient :
o = Cx' + Cy + C2 + 92D.
Éliminons B/' entre les deux premières ; on trouve alors que les coor-
données du sommet, x’, y', z', sont déterminées par les trois équations :
o — 924»? — 9Aÿ? + B'x'z — By'z + Cx' — Cy
Où — D AUZIEE By NB TUE C
0 — Cr + Cy + C7: + 2D;
et, à moins d'indétermination , il ne peut y avoir que deux cônes.
On sait que la polaire réduite pour le pôle x’, y', z' est
ds ds
0 = Cx + C'y + C3 + 2D + à — + y — + 3 —.
dx dy dz
Identifions successivement cette réduite avec les deux plans des x2 et
yz. On à, dans le premier cas, y — 0 pour équation; donc la précédente
doit se vérifier, indépendamment de x et de z, et l’on obtient :
0 — 2Ax + B'z' + By + C
0 = 2A"z' + By! + B'x' + C”
o0— Cr + Cy + C2! + 9D.
52 RECHERCHES SUR LES MÉDIANES.
De même, on a dans le second cas :
0 —= 2A/y. + B'x" + Bz! +
o — 2A"z" + By + B'a' + C”
MOT UC YEN UEZ SCD:
Dans ces trois groupes, les deux dernières équations sont les mêmes
et ne contiennent point B’’.
On en conclut que si, par deux courbes planes fixes de second ordre, on
fait passer des surfaces de même ordre, et que, suivant ces deux courbes ,
on les enveloppe chacune de deux cônes, les sommets de tous ces cônes sont sur
une droite, et que cette droite passe par les sommets des deux cônes que l'on
peut mener par ces deux courbes.
Cette droite est, d’ailleurs, pour toutes les surfaces, la polaire réci-
proque de l'intersection des plans des deux courbes.
FIN.
ERRATA.
Page 6, ligne 5 en remont., au lieu de c’'z à Z, lisez : cz à z,
— 1, — 9 enremont, — général S, lisez : général deS,
— 14, — 7h — de plus, l’on a, lisez : et l’on à.
TABLE DES MATIÈRES.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES. — Système de coordonnées .
PREMIÈRE PARTIE. — Définitions
Équations particulières des médianes Parallèle € et “ee
Relations analytiques entre les équations des médianes INIES et PRRLE
Application au second degré.
-14. Équations générales des médianes lee. et paires |
Des points d’une surface situés à l'infini
Du lieu des pôles pour lesquels la médiane n°" sobre passe . un om donné.
-18. Sur les intersections des médianes .
Des polaires réduites : :
Propriétés numériques entre les segments eue par " re sur une
transversale
DEUXIÈME PARTIE. — Les intersections de la transversale avec la surface
sont distribuées suivant une loi.
. Première hypothèse. — Du centre des rabat Sirnues nee Da
lèles et polaires. Centre d'une surface .
Application à la surface de troisième ordre
27. Sur le lieu des pôles qui admettent une courbe ou une re it nor
par un point donné .
Des plans diamétraux .
Deuxième hypothèse. — Des “ue le bn connerie, De trans-
versales et des plans doubles .
De la transversale à deux surfaces qui se one suivant une ce Je,
. Des transversales triples. Généralement il y en a deux ou il n’y en a aucune en
un point d'une surface. Du lieu des D, d’une surface qui admettent une
transversale triple
Faire passer une surface de second sie. par ee Conie Denes de cet odee
Sur le lieu des sommets des cônes circonscrits à ces surfaces suivant les deux
courbes planes.
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0
MÉTHODE
POUR
DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE,
LONGITUDE, L'HEURE ET L'AZIMUT,
PAR DES PASSAGES OBSERVES DANS DEUX VERTICAUX:
FAR
J.-C. HOUZEAU ,
ANCIEN AIDE À L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES
{Mémoire présenté en la séance du 4 juin 4853 )
Tome XXV. l
nr aaTEAte A9 FPMO: A
'
‘4
NE TIL PRIT
E
:
de PR
è.;
Le
va ou FA
MÉTHODE
FOUR
DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE,
LONGITUDE, L'HEURE ET L’AZIMUT,
PAR DES PASSAGES OBSERVÉS DANS DEUX VERTICAUX.
Les méthodes qui conviennent aux établissements fixes et aux observa-
teurs sédentaires, ne sont pas ordinairement susceptibles d’être employées
par les voyageurs. Dans une course rapide surtout, où l’on n’a que quel-
ques heures de nuit à donner à l'observation des astres, il faut des pro-
cédés expéditifs, et très-simples dans la pratique. Il arrive souvent que la
précision des observations est sacrifiée aux exigences du voyage. Cepen-
dant la sagacité de l’observateur, le choix des méthodes et des instru-
ments, permettraient encore de tirer de quelques heures de travail des
résultats satisfaisants. Au contraire, si l’on agit sans discernement et par
des procédés mal appropriés aux circonstances, les observations seront
généralement perdues. C’est ainsi que l'équation des chronomètres est
restée si souvent indéterminée, parce que les secondes séries des hauteurs
correspondantes avaient manqué.
CS
SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
Exécuter sans fatigue, et dans un court espace de temps, une heure
par exemple, les observations nécessaires pour obtenir simultanément la
latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, serait un résultat utile aux
voyageurs. Mais si l’on parvient à ce résultat avec des instruments très-
simples, avec une grande précision relative et par des calculs peu éten-
dus, l'avantage sera sans doute incontestable. Une lunette plongeante,
munie de fils verticaux propres à observer les passages, et un chronomè-
tre de temps sidéral auquel nous ne demanderons que de courts inter-
valles de temps, vont nous suffire pour remplir ce but. On sait tout le
parti que les astronomes russes ont déjà tiré de la lunette des passages
installée dans le premier vertical. Mais cette méthode exige un certain
séjour dans l'observatoire temporaire. Il faut que l’azimut soit déterminé
avec précision. Nous nous proposons, au contraire, de faire servir à notre
objet des passages observés dans des verticaux quelconques.
Une construction géométrique sur la sphère peut donner immédiate-
ment l’idée de la méthode que nous proposons. Les situations des étoiles
principales sont connues aujourd'hui avec une grande précision : tout
grand cercle qui passerait par deux de ces étoiles serait donc déterminé
en position avec une rigueur très-grande. Que deux cercles semblables
se coupent, et il sera facile de calculer les coordonnées du point d'inter-
section. Or, si ces deux cercles sont des verticaux, le point d’intersection
sera le zénith lui-même, qui pourra être rapporté en distance et en direc-
tion au pôle de la sphère étoilée, c’est-à-dire que l'on aura à la fois la
latitude et l'heure. Si, de plus, l’un des verticaux contenait la lune, l’as-
cension droite de cet astre en résultera, et par suite la longitude du lieu.
En alignant deux étoiles sous un fil à plomb, ou mieux encore en ali-
gnant leurs images directes avec leurs images réfléchies, on déterminerait
déjà un vertical avec une haute précision. Si deux déterminations sem-
blables étaient simultanées et faites dans deux azimuts à peu près rec-
tangulaires entre eux, on aurait une latitude très-exacte sans instrument
d'aucune espèce. C’est à ce procédé que nous allons employer la lunette
des passages, tandis que le chronomètre servira à rétablir, par le calcul,
la simultanéité d'observations qui pourront devenir consécutives.
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 5
1. Détermination de la latitude, de l'azimut et de l'heure.
pire 1. Soient P le pôle, Z le zénith, ZH un ver-
A : TT tical que parcourt le fil du milieu de la lunette
1 ù ù plongeante. L'étoile E', dont l'ascension droite
/ LT 777 Pr est 4! et la déclinaison , coupe ce vertical à
Fe l'heure =’ du chronomètre; de même l’étoile E/’,
EX qui à pour coordonnées 4/! et 2, coupe le
#4
même vertical au temps +/’, corrigé, s’il ya lieu,
de l'avance horaire. Il est facile de voir que l’angle au pôle E'PE”’, compté
dans le sens du mouvement diurne, sera
"1
DL) Or EN HUE HEIN : (1)
Maintenant si l'on abaisse l'arc PQ perpendiculaire sur ZH, et que l’on
pose PQ — i, angle E’PQ —m, le triangle rectangle PQE’ donnera
Lans Cocos NE. Fetes HU Du (2)
et le triangle PQE"’ fournira pareillement
tang à — cot d’’ cos (m—a) . . . . . . . .. (5)
En développant cos (m— a), cette expression pourrait s’écrire
sin m cos m 7
- + COS a - — tang d”’,
tang tang à
sin «a
et en prenant deux nouvelles inconnues X et Y, on aurait l'équation gé-
nérale de condition
Sinia Xe: Cos NV) —;tans 0 AN amine dl uecne (4
Cette équation se prête très-simplement à l'application des moindres
carrés. On pourra donc faire concourir à la détermination des deux in-
connues , toutes les étoiles qui auront été observées dans le même vertical.
Puis on déduira m et à par les formules
; sin m cos m ie
lang — — TMS . .. (à)
X Y
lang M — T'
6 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
Pour la première étoile, qui répond à l’origine du temps, on a tou-
jours a = 0, d'où sin a— 0 et cos a = 1; mais pour toutes les autres
l'angle a prend des valeurs finies, Quand on n’a observé que deux étoiles ,
il est plus simple, par conséquent, de pratiquer l'élimination immédiate
entre les équations (2) et (5), ce qui donne
cot d” il
DO
* cot d’’ sin a
ee COt Ha EE EEE)
2. Traitons d’une manière analogue les observations des étoiles z,, à,
2, 2... faites dans un autre vertical; nous obtiendrons de même l'angle
M et l'arc « qui déterminent ce vertical par rapport au pôle. Pour calculer
le point d'intersection des deux cercles, il ne restera qu'à rapporter au
même instant, c’est-à-dire à la même ligne de foi, les deux directions m
et M. Le premier de ces angles est compté du cercle horaire de l'étoile
2, observée à l'instant +’. Le second a pour point de départ le cercle
horaire de létoile «,, observée au temps 7,, qui appartient à l’autre ver-
tical. Ces deux cercles horaires diffèrent de l'angle
RTE RE RS EE A ER 7)
en sorte que si l’on pose
LP OMR, RTE NT AE PAS)
les deux angles seront mesurés à partir d’un même cercle.
Les déclinaisons © de tous les points du vertical qui a pour éléments
m et i sont données par l'équation
tang p—\eot ji, cos (mt), pe: he ds 0. (0)
en désignant par { l'angle de position autour du pôle. De même les dé-
clinaisons des points du vertical qui a pour éléments y et « sont expri-
mées par
(Ana do == COCO (LC) CRC SET)
Si l’on développe comme nous l'avons fait précédemment, l'équation
générale de condition sera de la forme
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, zrc. 7
ou, en substituant deux autres inconnues Z et V,
SU EH ICOS MEN NAN HI)
Cette expression se prête encore d’une manière très-simple à l'emploi
des moindres carrés. Les équations finales fourniront les valeurs de Z et
de V, d’où l’on tirera ensuite
2 :
OU LORD = = à à NN .1 (49)
Mais si l’on a observé seulement dans deux verticaux, on pourra en-
core opérer l'élimination directe entre les équations (9) et (10), ce qui
donnera pour l’angle de position du zénith
cot à Cos Mm — cot : COS w
tang { —
cot « sin & — cot à sin m (5)
Or, cet angle n’est autre que l’angle horaire de l'étoile E’ à l'instant
de l’observation. Enfin, en mettant cette valeur de & dans les équations
(9) ou (10), on en déduira la déclinaison ; du zénith, c’est-à-dire la
latitude du lieu.
5. Ainsi l’on fait aisément concourir à la détermination de chaque
vertical toutes les étoiles qu'on y a observées, et à la détermination du
zénith, c'est-à-dire de la latitude et de l'angle horaire, tous les verticaux
qu'on à fixés. Il ne reste à déterminer que l’azimut particulier A de cha-
que vertical, et l'avance absolue : du chronomètre. L’un des azimuts peut
appartenir d’ailleurs à un signal terrestre, sur lequel on aurait pointé la
lunette à la nuit tombante.
Le triangle rectangle PQZ fournit la relation
sin À
sin À — À en 2 POV LE SE 2 Lt à cl 1]
COS &
dans laquelle k est compté du méridien inférieur, et dans le sens du
mouvement diurne.
8 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
Quant à l'avance absolue du chronomètre, elle résulte évidemment de
la relation
Er Dre E AIR OU RE STE)
Toutes ces formules sont très-simples. On remarquera surtout la sy-
métrie qui existe entre les formules qui déterminent le zénith et celles qui
déterminent un vertical. Nous ne faisons usage d’aucun élément de cor-
rection. Les passages observés dans les verticaux sont indépendants de
la réfraction et de la parallaxe. On peut employer immédiatement les chif-
fres mêmes des observations , et ceux des tables astronomiques. L’avance
diurne du chronomètre sera même insensible si la duré des observations
n’est pas considérable. Or, quand on est le maître de choisir les azimuts,
on peut faire en sorte que deux étoiles fondamentales passent à très-peu
d'intervalle dans la lunette, et en quelques minutes on a terminé les ob-
servations d’un vertical.
Il. Influence des erreurs d'observation.
4. Il y a dans le problème que nous venons de résoudre des cas d’in-
détermination, comme il y en a qui fournissent un maximum de précision.
On sait, par exemple, qu'un grand cercle restera indéterminé, si les deux
points par lesquels il est assujetti à passer sont éloignés entre eux de 180°.
Il sera bon de choisir, au contraire, dans un même vertical, deux étoiles
distantes d’un quadrant. Il sera prudent aussi de prendre deux verticaux
qui se coupent à peu près à angle droit. Ces circonstances seraient évi-
demment favorables. Mais nous allons chercher, d’une manière générale,
l'influence des erreurs d'observation.
Supposons que la lunette dont on fait usage permette de déterminer
un passage méridien, par la moyenne de tous les fils, et pour une étoile
de l'équateur, entre des limites d'erreur + A9. Cette quantité A9 est ce
que nous appellerons le module de précision de l'instrument.
Nommons encore 6 l’intervalle total des fils, dans le méridien et pour
une étoile équatoriale, T ce même intervalle tiré d’une observation quel-
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, erc. 9
conque, il est clair que le passage + qui aura fourni l'intervalle T pourra
être entaché d’une erreur A7 marquée par les limites
RE ST PRE ee CV (tel cp 2 TT G)
Cependant, si l’on fait attention que la détermination du vertical dé-
pend immédiatement de l'exactitude de chaque pointé, on verra que, quelle
que soit la durée apparente du passage, la précision en arc de grand cer-
cle restera la même. Les points par lesquels on fera passer le vertical
observé, pourront s'éloigner chacun du vertical réel de la petite quantité
A9. Le grand cercle que ces points définiront pourra prendre sur le ver-
tical réel une petite inclinaison », dont il sera facile de calculer les limites.
Soient z’ et z’’ les deux distances zénithales auxquelles les observations
ont été faites. Si les deux points observés sont situés du même côté du
vertical, on aura
1
= 48 ———— \,
F cos & (z'— 2")
et s'ils sont situés de côtés différents
1
Æ
i sin + (z'—z")
On en conclut facilement pour la distance x à laquelle l'arc déterminé
passe du zénith
cos Z(z + z
L'— "A0 É ï
cos X (z — 2")
dans le premier cas, et 2e AE ANR ER
sin ? (2 + 2”
A — NA = = 1
sin £ (z° — z”)
dans le second. Il est clair qu'il faudra choisir la plus grande de ces deux
valeurs, si l’on veut connaître entre quelles limites + x l'arc mené par
les deux points d'observation peut s’écarter du zénith.
En examinant les équations (17), on voit que le cas le plus favorable
est celui dans lequel une des étoiles est située à l'horizon et l'autre au
Tome XXV. 2
10 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
zénith ; et dans ce cas l'incertitude du grand cerele se réduit à x —A5. En
général, si la distance des deux étoiles que l’on observe reste voisine d’un
quadrant, l'erreur x demeurera comprise entre les limites +
\NB;vet
l cos 45° à
comme — — 1,41, on peut admettre qu’elle ne surpassera guère
cos 45° o
dans la pratique + 5 Ag.
5. Supposons que l’on ait déterminé d’une manière analogue l’erreur
: que comporte un second vertical. Comme les quantités x et ë sont fort
petites, on aura sensiblement pour les sommes de leurs projections sur
le méridien et sur le premier vertical,
19/o7
AT TSI EN SIA LU asp ete REPAS)
2
ju GLEN SR nel 208 VENT MSIE
cos »
où À et n représentent les azimuts, et où les sinus et cosinus sont pris
d'une manière absolue, sans considération de leurs signes. A9 est l'erreur
de la distance du pôle au zénith ou de la latitude, et At l'erreur qui peut
affecter l'angle de position du zénith par rapport au pôle, c’est-à-dire
l'angle horaire.
On remarque immédiatement que les sin. et les cos. étant nécessaire-
ment moindres que 1, on peut poser pour limites
27%
A9 VANNES
cos ? |
et en remplaçant x par sa limite dans la pratique, il viendrait, d’une part,
A9 = + 549, et de l’autre, en decà des latitudes de 54°, At= + 5Ag.
Ainsi les observations, dans deux verticaux, de quatre étoiles suffi-
samment distantes deux à deux, feront connaître la latitude avec une in-
certitude qui n’atteindra pas le triple du module. On voudra bien faire
attention que celui-ci ne dépend ni de l'heure absolue ni du méridien
absolu. C’est seulement une relation entre les bissections de l’étoile par
les fils verticaux et le chronomètre. C’est l'erreur moyenne immédiate d’un
passage. Or, dans le méridien, pour une étoile de l'équateur, et avec une
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, rc. 11
lunette à cinq fils, où l’observation est par conséquent cinq fois répétée,
on nous accordera sans doute que cette erreur ne peut guère surpasser
un dixième de seconde de temps, ou 1//,5 en arc. D'où l’on voit que la
latitude serait connue à 4/5.
6. Évaluons enfin les erreurs du temps absolu et de l’azimut. La for-
mule (15) donne d’une manière générale
AE RAT EMA rte Ce it 20 (20)
Or, la prudence commande, dans la détermination du temps, d'éviter
les étoiles dont le mouvement est trop lent dans la lunette; de rejeter, par
: : à T : 7.
exemple, les cas particuliers où le rapport S serait > 2. Les limites de
As resteraient alors comprises entre + 2A9 + 5A9, c’est-à-dire entre + 7A6.
Avec le chiffre admis pour le module, on aurait donc l'heure absolue
à 0,7.
uant à l’azimut, l'équation (14) donne par la différentiation
: léq P
: cos 1
cos h. Ah — sin À tang &. Ag + Aù,
cos ©
l tt 2 l sin p sin o. sin À
et en remplaçant lang œ par sa valeur cos 9 = ER
: PE cos à .
cos À . Ah — sin o sin ÿ. Ag + ——— ai . . . . . . (21)
cos
Cette équation montre déjà que l’azimut le mieux déterminé sera le
méridien, tandis que le plus incertain sera le premier vertical. Elle fait
voir, en outre, que lorsqu'on choisit deux azimuts conjugués, rectangu-
laires, il faut les prendre, toutes les autres conditions restant les mêmes,
à 45° du premier vertical et du méridien.
On peut observer que, par construction, l’arc ? ne surpasse jamais le
complément de +. Ainsi la plus grande valeur du coefficient de A9 serait
sin Ç cos », et celle du coefficient de A, _— Il en résulterait sensi-
blement pour les limites, dans nos latitudes,
cos h. Ah — £ ap + 3 ai;
12 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
et si l’on s’astreint à observer dans des plans verticaux qui ne s’écartent
pas à plus de 45° de part et d'autre du méridien, ces limites deviendront
en nombres ronds ,
Ah 3 Apt DA, EMA OUEN IR ENCENRMEE (20)
Nous connaissons A9 en fonction du module; il ne reste à déterminer
que Ai. Comme l'angle au pôle « résulte de la différence de deux passa-
ges, si chacun de ceux-ci est entaché d’une erreur égale à + 246, on
aura pour les limites de Aa la valeur + 449.
Les équations (2) et (3) donnent par la différentiation et après réduc-
cot 9 cos(m— a)
tion, en observant que — —
cot 0 cos m1
sin (M—a) cos m
Am — ;
: aa.
sin (2n— a)
Substituons cette valeur dans l'expression de Ai tirée de l’équation (2),
Ai = — sin m cos? à cot d' . am,
; tang À 4
et remplaçons cot J’ par sa valeur , nous obtiendrons enfin
cos 7
sin (M — a) sin m
Ai l POMÉANE EN COS EN MAN CINE 0. 0 CR ER CE)
sin (2m — a)
Le dénominateur de la partie fractionnaire du second membre ne de-
vient supérieur au numérateur que dans le voisinage du cas particulier
a — 2m. Or, cette circonstance serait celle où l’on observerait dans les
deux intersections du vertical avec un même petit cercle diurne; ce serait
le cas d’une double observation d’une étoile dans un vertical. Notre sys-
ème consiste, au contraire, à prendre des étoiles différentes et de diffé-
rente déclinaison. Ainsi nous ne tomberons point dans le voisinage du cas
particulier qui rendrait la fraction > 1, et nous pouvons regarder l'unité
, Sin(m—a). sin »
. . SNA à (]
comme la limite supérieure de la quantité ———— dans notre
sin (2m — a)
système d'observation.
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, #rc. 15
Le facteur tang à cos? à ne peut pas lui-même devenir supérieur à
cot & sin? © ou à cos ? sin 9. Ce facteur-limite va en diminuant vers le
pôle et vers l'équateur. D'ailleurs il ne surpassera jamais + Nous pour-
rons donc poser comme limite Ai — — ; Aa, et en remplaçant ce dernier
par sa propre limite, Ai= = 246.
Mettant enfin dans l'équation (22) les valeurs extrêmes que nous avons
trouvées pour A9 et pour Ai, il vient, en nombres ronds, Ah — + 645.
Avec le module que nous avons adopté plus haut, l’azimut (à moins de
45° du méridien) serait déterminé à la précision de 9’.
III. Corrections de l'instrument.
7. Jusqu'ici nous avons supposé que l'instrument dont on fait usage
a son axe de rotation parfaitement horizontal, et son axe optique exacte-
ment perpendiculaire à l’axe de rotation. On pourra généralement détruire
la collimation c par les épreuves du retournement, qui sont faciles à
effectuer dans un instrument portatif; et nous pensons que la meilleure
règle sera, en effet, d'opérer cette correction mécaniquement. Mais l'in-
clinaison s sera difficile à annuler tout à fait : le niveau en donnera la
mesure dans chaque circonstance particulière.
Cherchons la distance à laquelle le cercle décrit par la croisée des fils
passe du zénith vrai. Prenons c positif quand la collimation, projetée sur
l'horizon oriental, tombe dans le sens où les azimuts croissent. Prenons
s positif quand le tourillon le plus septentrional est soulevé. Appelons
enfin z et s les corrections de collimation et d’inclinaison, telles qu'on
doit les appliquer aux observations.
On sait que la correction +, pour une étoile dont la déclinaison est 9,
est réciproque à cos à Hors du méridien, cette correction devient, en
outre, réciproque au cosinus de l'angle E compris entre le cercle horaire
de l'étoile et son vertical. Ainsi
i
cos à cos E
4 = C
14 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
Le premier signe s’applique à la première intersection du cercle diurne
par le vertical, et le second signe à la seconde intersection, dans le sens
du mouvement diurne des étoiles autour du pôle. Mais le triangle sphé-
rique PZE donne
cos d cos E = sin ? sin z — cos » cos = cos h,
en appelant z la distance zénithale. Substituant cette valeur,
|
c— : (24)
sin Sin 3 — Cos y? Cos Z Cos À
Il sera donc facile de calculer la correction de collimation, en fonction
de la distance zénithale, de la latitude approchée et de l’azimut approché.
Dans le méridien, où cos À — + 1, le dénominateur se réduit à sin +
sin 2 + cos ? cos z où à cos (9 + 2); et comme dans ce cas 9 + z — 0,
on retombe sur la formule que l’on a coutume d'appliquer à la lunette
méridienne. Le premier signe y sert alors pour les culminations supé-
rieures, et le second pour les passages inférieurs.
Mais il existe, dans la pratique de notre méthode, une formule géné-
rale beaucoup plus simple, et d’une précision bien suffisante. Nommons
toujours T la durée que l’observation assigne à l'intervalle total des fils,
et @ ce même intervalle pour une étoile de l'équateur et dans le méri-
dien ; il est clair que
1
T = © ———.
cos d cos E
Ainsi lon peut remplacer le coefficient de la collimation par Set
écrire simplement
ic. (25)
Quelque simple que soit cette correction, nous pensons cependant que,
dans un instrument portatif, il sera encore préférable de détruire la col-
limation par les retournements.
Il suffit de rappeler, en outre, que la correction pour l'inégal espace-
ment des fils n’est qu’un élément particulier de collimation. Si la moyenne
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 15
des distances des croisées individuelles à la croisée centrale est exprimée
par €’, la correction qui en résulte est encore
SAN ICR EL UE Lui 0-0 CE DL20)
en sorte que les deux corrections pourraient être réunies dans la formule
L 1 T C2
PASSER REP OIL (27)
8. Quant à la correction ; due à l’inclinaison, on peut la traiter exac-
tement de la même manière, en observant que la distance des points du
vertical réel aux points correspondants du vertical incliné, est propor-
tionnelle à cos z. Ainsi
cos z
= 28
Æ $ — : DE RENE ET)
sin ? SIN Z — COS p COS Z COs À
a
’ » + cos Z
Il en résulte, dans le méridien, la formule connue 5 — + s
-; enfin,
cos 9
en employant l'intervalle des fils tiré directement de l'observation,
T
DES COS NZ RC INC IENOETSEN EE CAES (20)
Il est vrai que l'observation ne fait pas connaître immédiatement l'arc z.
On pourrait le déduire d’un calcul provisoire, en observant que
à sin { cos à =
BIS EE D US OU .00(50)
sin À
1 étant toujours l'angle horaire de l'étoile. Mais il sera bien suffisant, dans
la pratique, de se contenter d’une estimation même grossière de l'arc z.
En effet, si l’on différentie l'équation (29) par rapport à & et à z, on obtient
a 5 SDS (01)
dz (©)
et comme on doit toujours avoir soin d’écarter les étoiles dont le mouve-
1n
pe “ZT n D
ment est trop lent, on peut admettre que le facteur S 1€ Surpassera pas
le nombre 2. Posons donc
do ; =
SRE 26 Sin LE 7 1: 152)
16 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
admettons que l’inclinaison de l'axe s'élève jusqu'à 1’ en arc ou 4° en
temps, et que les observations soient faites jusqu'à 80° de distance zéni-
thale ou jusqu'à 10° de l'horizon. Il faudrait encore près de 44' d’inexac-
titude dans la valeur de z pour produire 05,1 d'erreur dans la correction
du passage. À 45° de hauteur, il faudrait une inexactitude de plus d’un
degré pour rendre incertain le dixième de seconde. Une simple méthode
d'estimation sera donc bien suffisante, de la part de l’observateur ou du
calculateur. On pourrait se borner à mesurer mécaniquement la distance
zénithale sur une sphère.
Au reste, la formule (51) fournira dans chaque cas particulier
et en se donnant pour A5 la limite d'erreur en dedans de laquelle on
prétend rester, on en déduira la limite Az de la précision nécessaire dans
la distance zénithale.
Remarquons, enfin, que toutes nos corrections pourront être compri-
ses dans l'expression générale
CEE) RENE M cn 551)
® | =
(+ +5) = —T
IV. Détermination de la longitude.
9. Pour la détermination de la longitude, nous devons faire remarquer
avant tout combien les culminations de la lune l’emportent en précision
sur les distances de cet astre au soleil ou aux étoiles. Un seul passage au
méridien fixe la longitude aussi exactement qu'une nuit entière d’obser-
vation des distances. On peut s’en convaincre en parcourant les discus-
sions de longitudes que M. Daussy insère presque chaque année dans les
Additions à la Connaissance des temps.
Les culminations ont encore un autre avantage : c’est que les calculs
en sont fort simples et fort expéditifs; tandis que beaucoup de voyageurs
reculent devant une réduction complète et rigoureuse de leurs distances
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, rc. 17
lunaires. En observant des passages de la lune hors du méridien, et dans
le vertical d'étoiles connues, on profite de tous les avantages des culmi-
nations, sans compliquer les calculs d’une manière importante. Rien
n'empêche, en outre, de transporter le vertical avec la marche diurne de
l'astre, et de multiplier les observations. De cette manière, le travail qui
exigeait auparavant plusieurs mois, pourra se faire dans une seule nuit.
Les calculs des passages au vertical n’entraînent pas les mêmes lon-
gueurs que les réductions des distances lunaires, parce qu’ils n’exigent
pas la considération de la réfraction, de la parallaxe ni de l'augmentation
du demi-diamètre. En effet, si nous supposons d’abord la terre sphéri-
que, la verticale va passer par le centre même du globe. L’azimut dans
lequel nous observons la lune ne diffère pas de l’azimut géocentrique qui
correspondait au même instant physique. Nous pouvons regarder, par
conséquent, l'heure du chronomètre comme une donnée relative au cen-
tre de la terre.
10. La latitude étant connue, le passage d’une seule étoile ne pour-
rait donner l’azimut qu’en fonction de l'heure absolue. Appelant toujours
+ l'instant du passage, e l’avance du chronomètre, + l'ascension droite et
t l'angle horaire, on aurait
RERO NS EU A EE, SO NE Eh)
puis, en prenant pour ; un arc auxiliaire,
tang 4 = cot d cos 4,
cot D RC ie (0)
cot h — — + cos (9 + x).
sin %
Mais il sera bien préférable d'observer au moins deux étoiles dans le
vertical de la lune, et de tirer l’azimut h des éléments de ce vertical dé-
terminés par les deux points, comme on le fait dans la formule (14).
Ceci admis, nous raisonnerons comme si nous étions placé au centre
de la terre, et nous chercherons, par le calcul, l'angle horaire géocen-
trique qui répond à l’azimut A. Il est vrai que nous avons besoin de con-
naître la déclinaison 9 de la lune. Mais cette déclinaison ne varie jamais
æ
Tone XXV. 5
18 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
assez rapidement pour que la longitude approchée ne soit bien suffisante
pour l'obtenir. Nous l’interpolerons donc dans les tables de la manière
ordinaire. Puis nous résoudrons le triangle sphérique pôle-zénith-lune,
afin d'en déduire l'angle horaire {. Nommant 4 un arc auxiliaire déter-
miné par la relation
cot y — sin ? lang h,
nous aurons M DS ed. (7)
cos ({— y) — cos ÿ cot + tang 0!
Il est à remarquer que nous employons immédiatement la déclinaison
des tables, précisément parce que nous résolvons le triangle géocentri-
que. Si nous cherchions l'angle horaire vrai, nous devrions corriger cette
déclinaison de la parallaxe, et nous obtiendrions alors une ascension
droite également corrigée du même effet. Mais la simplicité de notre mé-
thode consiste justement à effectuer sur-le-champ le calcul pour le centre
même de la terre.
Maintenant si + était l'instant observé du passage du centre de la lune
par le vertical, il est clair que l'ascension droite + de l’astre était à ce
même moment
CR De SN PR NC ER MR (Ge)
Enfin l’ascension droite de la lune étant déterminée, on en conclura
l'heure dans le premier méridien, et par suite la longitude, au moyen
des calculs connus.
11. On voit que l’on obtiendra autant d’ascensions droites de la lune
que l’on aura de verticaux, et par conséquent de passages de l’astre par
la lunette. À chacune de ces ascensions droites répondra une détermina-
tion simultanée du temps du lieu. Ce seront autant d'observations indi-
viduelles et indépendantes de longitude.
Nous avons seulement supposé que les observations se rapportaient au
centre de la lune, tandis qu’elles s'appliquent en réalité à l’un des bords.
Une correction très-simple va ramener l'observation à notre hypothèse.
Si l’on appelle D la durée du passage du demi-diamètre par le méri-
dien, telle qu’on la prend dans les tables, cette durée devient, pour un
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, erc. 1
L=}
vertical quelconque,
ll se ;
cos E
ou bien
1 =
D'= + D — : : - (59)
sin £. sin À. sin > — cost. cos
ou bien encore, en vertu de la remarque consignée au n° 7,
; L
DE ÉPDE EE COS EN OER -m o0A0)
Le premier signe se rapporte au bord précédent, et l’autre au bord
suivant. ù
On peut se demander si le rapport < tel qu'on le déduit de lobser-
vation, fournit un coefficient assez exact pour une correction aussi grande
que celle du demi-diamètre de la lune. Mais en se plaçant dans l'hypo-
thèse la plus défavorable, celle où la lune est dans le méridien et dans
l'équateur, on aurait encore une précision suffisante. On peut prendre
comme donnée dans la pratique @ — 1205. On peut admettre de même
que l'erreur de T ou de l'intervalle total, résultant, il est vrai, de la sim-
ple comparaison de deux fils, ne dépassera guère 0°,25. Le coefficient de
D sera donc connu à +, et la réduction du demi-diamètre à 0°,15.
Cette quantité est de l’ordre des erreurs que comporte notre détermi-
nation du temps absolu. Il sera permis de la négliger. On pourra se con-
tenter, dans la pratique, de la formule (40). On recourra seulement à
l'expression (59) dans les circonstances qui comporteront une très-grande
exactitude.
12. Il nous reste à considérer l'effet de l’ellipticité de la terre. Dans
le sphéroïde, un plan vertical ne passe pas généralement par le centre,
mais à une petite distance p. Nous pouvons encore transporter au centre
du globe, parallèlement à eux-mêmes, les trois plans du méridien, de
l'horizon et du vertical considéré; mais celui-ci ne passera plus exacte-
ment par la lune. Il faut donc ramener notre observation à ce qu’elle eût
été au centre de la terre; il faut la corriger du temps que l’astre emploie-
20 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
rait à passer de notre vertical à un autre plan parallèle, éloigné de la
distance p. Si l'on appelle 4’ la latitude géocentrique du lieu dont la
latitude géographique est +, on sait que
tang p — (1 — €) tang »,
e désignant l’excentricité de l’ellipse génératrice; d’où l’on tire avec l’a-
platissement de Bessel,
tango 10,995;526 tango; NA)
ou, si l’on veut réduire en série,
p — g— — 11°507,65 sin 2 + 1°16 sin de . . . . . (42)
Le premier terme de cette série suffira constamment à notre objet. On
trouve d’ailleurs des tables toutes calculées de 9 —%. Cette quantité est
toujours de signe contraire à la latitude.
Maintenant, en remplaçant les tangentes des petits arcs par ces arcs
eux-mêmes, on a, pour la plus courte distance du centre de la terre au
vertical, vue du point d'observation,
DNS) Sn PR ER Rr CONAS)
où À représente les azimuts, comptés du méridien, de 0° à 180.
De plus, en nommant 7 la parallaxe horizontale équatoriale de la lune
au moment de l’observation, R le rayon de l’équateur terrestre, p la dis-
tance du lieu d'observation au centre de la terre, il est manifeste que la
distance p vue de la lune deviendra
, P
P Te
Et comme le produit rp est composé de deux petits arcs, et ne s’élèvera
jamais au-dessus de 015!’ en arc ou 1° de temps, on peut très-légitime-
} ROUE 5
PE £ . . Th nor
ment négliger le facteur &, qui provient de l'inégalité des rayons ter-
restres , et écrire
TO NOR D IT ENS 0 LOT ERT Me (LE)
Pour appliquer à l'observation la correction « qui en résulte, il suffira
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 21
de poser, comme dans la collimation,
o = + D + (#— 9) sin à ee ts)
.
Telle est la correction à apporter aux observations, avant tout autre
calcul, du fait de l’ellipticité de la terre. Dans nos climats, cette correction
n'atteindra jamais une seconde et demie en temps. Pour les planètes, on
pourrait la négliger entièrement.
Si l’on réunit dans une seule formule les corrections qui s'appliquent
aux passages lunaires dans un vertical dont l’azimut est h, on a
a
[ÆD.cos dE 7 (y —+) sin A] . . . . . (46)
@I”-
(D' + w) —
Les premiers signes se rapportent au premier bord et à la première in-
tersection par le vertical; les seconds signes, au second bord et à la se-
conde intersection.
15. Cherchons à évaluer, en terminant, l'exactitude dont une déter-
mination individuelle de longitude est susceptible. Nous avons vu (n° 6)
que l’erreur du temps sidéral absolu peut s'élever à 0°,70 ; celle des élé-
ments de réduction à 0,15 (n° 11); celle du passage même de la lune
pourra monter à la même quantité. Il reste enfin une incertitude de 0:,60
sur l’azimut, et cette incertitude se reporte sur l'angle horaire multipliée
Œ sa = Bu 2 : û
par le rapport + Celui-ci peut devenir considérable, il est vrai, dans
[©]
quelques circonstances. Mais on doit éviter, comme on l’a vu, les obser-
vations qui donneraient à l’astre un mouvement trop lent. Dans nos cli-
mats, d’ailleurs, le rapport n’excédera jamais, pour la lune, 1,4. Ainsi
l'angle horaire ne sera pas en erreur, du fait de l’azimut, de plus de 05,85.
Toutes ces erreurs accumulées, en supposant qu'elles concourent, ne
s’élèveraient pas encore à deux secondes entières. Il en résulterait, dans
certains cas, une inexactitude de 55° sur la longitude, tandis que cette
22 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
inexactitude pourrait se réduire à 59°, selon la rapidité du mouvement
de la lune.
Or, comparons une observation individuelle au sextant. Les meilleurs
observateurs, munis d’un bon instrument, ne peuvent pas répondre de
50/' d'arc sur une distance lunaire. Mais acceptons cette limite, et si
toutes les autres sources d’erreurs étaient annulées, il en résulterait en-
cofe 525 à 50° d’inexactitude sur la longitude, suivant la variation horaire
des distances de la lune. On pourrait donc dire que le cas le plus défa-
vorable de notre méthode, celui où toutes les erreurs sont à leur maæi-
mum et s'ajoutent, comporte, pour ainsi dire, autant de précision que
l'observation la plus exacte au sextant.
Or, si l’on considère que les passages de la lune et de deux étoiles par
un vertical ne prennent pas plus de temps qu’une observation de distance
lunaire, accompagnée des mesures de hauteurs qui sont nécessaires aux
réductions ; si l’on fait attention que les passages des étoiles concourent
en même temps à nous donner la latitude, qu’il faudrait obtenir séparé-
ment dans les autres méthodes; — nous pensons qu’on n’hésitera pas à
reconnaître les avantages des observations dans les verticaux.
V. Exemple numérique.
14. Dans le désir de joindre à cette note un exemple numérique, nous
avons fait quelques observations, dans le voisinage de Mons, pendant la
soirée du 18 mai 1855. Nous nous sommes servi d’une lunette plongeante
de 0",59 de foyer et de 0",40 d’axe, munie de cinq fils verticaux. L’inter-
valle @ avait été déterminé seulement par la distance du réticule à l’ob-
jectif; nous l’avons admis de 95,25. Le lieu d'observation était situé,
d’après une opération trigonométrique exacte, 792" au Sud et 1927" à
l'Est du château de Mons. Nous avons calculé récemment les coordonnées
géodésiques de ce dernier point (*), au moyen d’une chaîne de triangles
encadrée entre les positions astronomiques de Dunkerque et de Bruxelles.
(°) Dans le volume actuellement sous presse des Mémoires de la Société des sciences du Hainaut.
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, zrc. 25
La partie occidentale de cette chaîne, depuis Dunkerque jusqu’au triangle
Douai, S'-Amand, Mont-Trinité, appartient à la nouvelle carte de France,
et la partie orientale, à compter du même triangle, aux anciennes opéra-
tions de Cassini. Ces calculs nous avaient donné pour le château de Mons :
latitude — 50°27/17/'; longitude à l'Est de Paris — 1°56/55/’. Il en ré-
sulterait pour les coordonnées géodésiques de notre station
Ci b0N 2651 10/5825 100 1670332;
La collimation ayant été soigneusement corrigée par des retournements,
la pendule fut mise à peu près au temps sidéral. Nous observames, dans
un premier vertical, la Chèvre et + de la Couronne, en ayant soin de lire
chaque fois le niveau. Nous tournàmes ensuite l'instrument dans un azimut
à peu près rectangulaire, où £& du Lion et « du Cygne furent observés.
La lune passa elle-même, un peu plus tard, dans ce dernier vertical, et
nous fournit une observation de longitude. Le tableau qui suit renferme
les données de l'observation et les éléments de réduction. La dernière co-
lonne contient les temps + des passages, corrigés de l’inclinaison de l’axe.
ASTRES. INEURES OBSERVÉES.
miAurigael® 1% 16 14154055s,56
æ Coronaæ . . . . . 14. 41. 55,70
B Leonis.
æ Cygni .
D), bord I.
Nous prenons les éléments des astres dans le Berliner astronomisches
Jahrbuch, et nous interpolons l'ascension droite et la déclinaison de la lune
pour 12" 50" et pour 15" 0" de temps moyen de Berlin, époques qui con-
24 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE
tiendront entre elles l'instant physique de l'observation. Nous avons :
ASTRES, ASC. DROITE — &. DÉCLIN. — d.
Auripae TUE de: 5h 5m48:,48 + 45°50/56"
Coronae CR 15. 28. 29,42
GÉLeonsee LU. - 41. 54,10
GROVE UE -- . 56. 25,93
DAME OR LE MENT 21840755
DiraMSL0 0 Er ReeC .18. 29,0
Ces données admises, on commencera par calculer les éléments indi-
viduels de chaque vertical. On formera préalablement l'angle a par de
simples soustractions, et l’on trouvera, en convertissant le temps en arc,
Pour le premier des verticaux. . . . . . . a— — 153 50° 4,
— 124 92.55;
Pourklerdeuxrème. +0. AIS Re IE AT a
puis on obtiendra par la formule (6), et par les formules (2) ou (5),
m
M
I
Fa
o
19
ca
CS
=
=
|
c
à
&
]
|
]
œ
=
re
ES
ee
|
i]
19
19
Mais pour rapporter l'angle M à la même ligne de foi, au cercle horaire
de la Chèvre à l'instant de son passage, il faut, au moyen des formules
(7) et (8), transformer M en y, ce qui fournit encore par de simples ad-
ditions,
um — — 172 55° 18”.
Les quantités m et i, u et, étant déterminées, il ne reste plus qu'à
combiner les deux verticaux entre eux, afin d’obtenir leur point d'inter-
section, qui est le zénith.
L'expression (13) donne sur-le-champ
= — 1410451" = — 91 27% 0,04,
DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 25
et en introduisant cette quantité dans les équations (9) et (10), on en tire
deux valeurs de +, dont la concordance sert de vérification aux calculs.
Nous obtenons, dans notre exemple,
# — 80° 26 50”,
ce qui donne pour les deux azimuts, par la formule (14) ,
h — 155° 31/26”, y — 63° 18/ 39.
On déduit enfin l'avance absolue de la pendule, sur le temps sidéral,
e — + 1" 465,76.
15. Cest dans l’azimut ; que la lune a été observée. Il faut d’abord
rapporter cette observation au centre de l’astre et au centre de la terre.
Nous admettrons le demi-diamètre de 16/10"’,4, et la parallaxe hori-
zontale équatoriale de 59/21//. On tire de ce demi-diamètre une durée de
1% 195,54 pour son passage par le vertical considéré , d’où résulte le pas-
sage du centre à 16"6"40°,67, et en retranchant l'avance de la pendule,
à 16"4"55°,91 du temps sidéral du lieu.
Quant à la correction pour l’ellipticité de la terre, nous prenons
g — o—=—11/18/',6, et remplaçant tous les petits arcs par leurs sinus,
dont nous tirons immédiatement des tables les logarithmes, nous trouvons
Ainsi le passage de la lune par notre vertical aurait été observé du
centre de la terre 0°,87 plus tard, c’est-à-dire à un instant
r, — 16) 4m 545,78.
Il ne reste plus qu’à calculer l'angle horaire, au moyen des formules
(37), pour déterminer l'ascension droite de la lune au moment de cette
observation.
Cest ici qu'il devient nécessaire de connaître l'heure approchée sous
le premier méridien, afin d'employer une déclinaison sensiblement exacte
Tome XXV. 4
26 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE, erc.
«
de la lune. Or, si nous supposons notre station de 37"40° à l'occident de
Berlin, nous trouverons facilement que le temps sidéral de Mons 7, ré-
pond à 12"56"16° de temps moyen de Berlin; d’où nous tirerons la dé-
clinaison de la lune 3— + 5°55'46/', avec toute l'exactitude suffisante.
Faisant usage de cette valeur de 5, il vient, pour l'angle horaire,
t — — 56° 58° 58" — — 35! 46" 545,5,
et enfin pour l'ascension droite du centre de la lune, à l'instant où ce
centre a traversé notre vertical d'observation,
a—"1921482920:5,
qui répond, à Berlin, à 12°55"56° de temps moyen.
Or, d’après l'observation, le centre de la lune s’est trouvé dans ce
vertical lorsque le temps sidéral à Mons était 16*4"55°,9. Comme l'heure
sidérale au midi moyen de Mons était 5"44"17°,0, il en résulte, pour
l'heure moyenne qui correspond à cet instant, 12*18"35,6. Ainsi
Le temps moyen de Berlin était. . . . . . . 12" 55m56,
et celui de Mons, au même instant physique, . . . 12.18. 56,
d'où l'on tire la longitude . . . . . . . . . 0.37. 20, à l'occident de Berlin,
ou . 0. 6. 54, à l’est de Paris.
Cette observation isolée nous fournit donc la longitude à 21 secondes
de temps.
FIN.
MÉMOIRE
SUR
L'ASCENSION DE L'EAU
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE
LES TUBES CAPILLAIRES;
M. Éure BÈDE,
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MÉMOIRE
L’'ASCENSION DE L'EAU
LA DÉPRESSION DU MERCURE
DANS
LES TUBES CAPILLAIRES.
L'étude des phénomènes capillaires offre un grand intérêt, surtout au
point de vue de la théorie. Ils appartiennent, en effet, à cet ordre de faits
dépendants des actions moléculaires, et qui peuvent nous conduire à con-
naître ces forces fondamentales de la nature. Les phénomènes plus par-
ticuliers d’ascension ou de dépression des liquides dans les tubes étroits
présentaient l'avantage d’être accessibles à la fois à l'analyse et aux expé-
riences précises. Aussi ont-ils été le sujet d’un grand nombre de travaux
des meilleurs géomètres et des plus habiles physiciens. Les physiciens se
sont trouvés d'accord avec les géomètres. L'expérience a vérifié l'analyse.
Tout semble donc devoir faire considérer ce sujet comme épuisé. Fy
suis revenu néanmoins, parce que j'étais convaincu que cet accord, in-
complet du reste, entre la théorie et l'expérience, ne pouvait pas être
rigoureux , même dans les limites admises, et devait provenir de quel-
que inexactitude dans l’une ou dans l’autre, probablement dans toutes
4 SUR L'ASCENSION DE L'EAU
deux. Une considération essentielle avait amené cette conviction, et m'a
engagé à entreprendre ces travaux. La voici :
La théorie part de ce principe que l'attraction moléculaire est insen-
sible à une distance sensible. Ce principe s'accorde mal avec la loi de
continuité : aussi a-t-il été très-contesté et paraît-il encore très-contestable.
Quoi qu'il en soit, en partant de là, on arrive, soit par l’une des deux théo-
ries de Laplace, soit par celle de Poisson, soit par celle de M. Gauss, à
l'équation d'équilibre des liquides dans les tubes capillaires, et de cette
équation on déduit, entre autres conséquences, la loi du rapport inverse
de l’ascension ou de la dépression au diamètre du tube. La théorie de
M. Gauss me paraît la moins sujette aux objections, par cela seul qu’elle
est la plus directe. Or, dans cette théorie, on arrive au résultat fonda-
mental en négligeant deux intégrales quadruples de cette forme :
[IT de ds cos. g. 0 (r).
Vuwer
; ds est un élément de la surface du liquide, aussi
A bien de la surface libre que de celle qui est en
X À at es. CA contact avec le tube, du est la portion de sphère
dot de rayon Î, comprise dans le cône qui a son som-
met en l'élément ds et pour base un autre élément
ds! de la surface du liquide; r est la distance des deux éléments ds, do’; q
l'angle que fait cette distance avec la normale à l'élément ds ; enfin, 6(r)
est une fonction dont la valeur est insensible quand celle de r est sensi-
ble. La seconde intégrale quadruple ne diffère de la première qu'en ce
que les deux éléments, au lieu d’appartenir tous deux à la surface du
liquide, appartiennent l’un à cette surface, l’autre à celle du tube. Ces
deux intégrales sont négligeables, parce que leurs éléments sont tous très-
petits. En effet, si » a une valeur sensible 4(r) est insensible; si, au con-
traire, r a une valeur insensible, si les deux éléments do, ds! sont très-
voisins, leur distance se confond à très-peu près avec la tangente à l’un
ou l’autre des deux éléments: dès lors l’angle q est presque droit et cos. q
très-voisin de 0. Donc, il entre toujours ainsi un facteur très-petit dans les
intégrales précédentes, et il est permis de négliger ces intégrales.
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 5
Il existe cependant un cas où ces considérations cessent d’être exactes :
c'est celui où le liquide forme, le long des parois du tube, une couche
très-mince. Dans ce cas, r peut être insensible sans que l'angle q soit
droit; cet angle pourrait même être nul. Ainsi, il suffit de considérer
deux éléments appartenant l’un à la surface de cette couche, l’autre à
la surface du tube située derrière cette couche sur la normale au pre-
mier élément. La distance r est alors l'épaisseur très-petite de la couche
et l'angle q est nul.
Ainsi donc, la théorie de M. Gauss se trouve en défaut, lorsque le liquide
forme, le long des parois du tube, une couche très-mince. Or, c'est jus-
tement le cas des expériences les plus précises, celles de Gay-Lussac.
Pour éviter les irrégularités provenant de l’adhérence de l'air aux parois
des tubes, Gay-Lussac mouillait entièrement ceux-ci avec le liquide dont
il étudiait l'ascension. IL obtenait ainsi des résultats plus constants.
Ces expériences vérifièrent la loi du rapport inverse de l’ascension au
diamètre.
Les expériences les plus précises et la théorie la plus rigoureuse se trou-
vaient donc d'accord précisément dans le seul cas où cet accord ne devait
pas exister. Dès lors , il y avait inexactitude d’un côté ou de l’autre, et
il fallait de nouveaux travaux pour reconnaître de quel côté elle se trou-
vait. Ces travaux devaient être faits, sans idée préconçue, pour ou contre
la théorie ou l'observation, et dans les circonstances favorables ou con-
traires à l’une ou à l’autre. Ainsi, il fallait opérer avec des tubes mouillés ;
si l'expérience, dans ce cas, ne tenait pas compte de l'exception faite par la
théorie, et établissait, malgré elle, la loi du rapport inverse, il y avait
Opposition et non vérification. Si, au contraire, en opposition avec les expé-
riences précédentes, l'observation repoussait cette loi, elle ôtait à la théorie
une objection, mais en même temps aussi la vérification admise jus-
qu'aujourd'hui.
Ainsi donc, avec cette manière d'opérer, l'expérience ne peut que per-
mettre à la théorie de subsister, mais non assurer son existence. Pour
obtenir une vérification, il fallait expérimenter dans les conditions mêmes
du problème théorique, c’est-à-dire avec des tubes secs. Si la loi du rap-
6 SUR L'ASCENSION DE L'EAU
port inverse ne se vérifiait que dans cette seconde épreuve, la théorie se
confirmait ; dans le cas contraire, celle-ci perdait sa principale condition
de vie.
Je tenais à exposer les motifs qui m'ont fait entreprendre ce travail,
parce qu’il en fallait de graves pour oser s'attaquer à une théorie soute-
nue par des noms tels que Laplace, Poisson, Gauss et Gay-Lussac : sans
le désaccord, latent mais réel, entre ces grandes autorités, je n'aurais
certes pas abordé un tel sujet.
Du reste, M. Simon (de Metz), dans un travail publié récemment !,
avait déjà reconnu l’inexactitude de la loi du rapport inverse de l’ascen-
sion au diamètre. Mais ses expériences, faites d’ailleurs avec beaucoup
de soin et dans des limites très-étendues, ne me paraissent pas suffisam-
ment directes, et leur principe me semble contestable. M. Simon ne me-
sure pas directement la colonne soulevée par la capillarité; il la suppose
égale à la colonne d’eau indiquant l'excès de pression qu’il faut donner
à l’air d’un réservoir communiquant avec le tube pour empêcher l’ascen-
sion de l’eau. Ainsi, supposons l'extrémité inférieure du tube capillaire
afleurant l’eau de l'extrémité supérieure mastiquée dans un réservoir d'air
auquel est adapté un manomètre à eau; si, en comprimant cet air, l'on
refoule la colonne soulevée par la capillarité jusqu’à l'extrémité du tube
(ce qui sera indiqué par l'apparition d’une bulle à cette extrémité), l'excès
de pression de l'air dans le réservoir fera équilibre à la force qui tend à
soulever l’eau, et par suite sera mesurée par une colonne d’eau égale à
celle à laquelle l’eau se serait élevée dans le tube.
Ceci est évident, mais à la condition que l’on ne considère que la pres-
sion de l’air à l’extrémité inférieure du tube et non pas sa pression dans
le réservoir, et ces deux pressions, loin de me sembler égales , me parais-
sent devoir différer d'autant plus que le diamètre du tube est plus petit.
En effet, la pression de l'air du réservoir, pour repousser la colonne d’eau
dans le tube capillaire, doit non-seulement vaincre l'attraction du tube
sur l’eau, mais encore l'attraction du tube sur la colonne d’air qui s’avance
* Annales de physique et de chimie; 1851.
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 7
en repoussant la colonne d’eau. En un mot, l'excès de pression de l'air
du réservoir doit non-seulement vaincre la capillarité de l’eau, mais
encore la capillarité de l'air, en interprétant ce mot de capillarité dans le
sens d’adhérence. Donc la pression de l'air dans le réservoir est plus forte
que la force qui tend à soulever l’eau, et la colonne d’eau du manomètre
est plus considérable que celle qui s’élèverait dans le tube. Et, en effet,
la différence des hauteurs ainsi obtenues par M. Simon, et de celles que
j'ai mesurées directement, va en croissant à mesure que le diamètre de-
vient plus petit. D'ailleurs, le procédé de M. Simon ne pouvait s'appliquer
aux tubes secs, et j'ai montré combien il était important d'opérer sur ces
tubes. J'ai donc préféré opérer de la manière la plus simple et la plus
directe, c’est-à-dire de mesurer les hauteurs soulevées au moyen d’un
cathétomètre. Cette méthode ne permet pas, il est vrai, d'opérer dans des
limites aussi étendues ; cependant j'ai pu faire des observations sur des
tubes dont le diamètre n’était que de 0,07, et c’est déjà une limite
inférieure suffisante.
Je n'ai expérimenté que sur le mercure et sur l’eau; l'étude de la
dépression du mercure et de l'ascension de l’eau m'a paru suffisante pour
contrôler les deux cas principaux de la théorie des phénomènes capil-
laires. La dépression du mercure offrait cet avantage, qu’elle se faisait
forcément dans les conditions de la théorie. Je vais décrire d’abord les
observations faites sur ce sujet.
L'appareil d'observation était aussi simple que possible : c'était un tube
en U, formé d’un tube capillaire et d’un tube de 15 à 20 millimètres de
diamètre, soudés ensemble. J'ai construit vingt-trois systèmes de ce genre.
Quelques mots sur la nature des tubes capillaires employés sont néces-
saires pour prévenir toute objection : vingt de ces tubes étaient en cristal,
trois en verre ordinaire. Onze des tubes en cristal étaient des tubes à ther-
momètres, c’est-à-dire des tubes très-capillaires et à parois épaisses ; six
autres étaient à parois plus minces : c’étaient des tubes tels que ceux que
l'on emploie pour les tiges des thermomètres à alcool. Deux tubes étaient
formés artificiellement en effilant un large tube de cristal. Enfin, le der-
nier tube en cristal était large et à parois épaisse : c'était un tube de ma-
8 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
nomètre. Tous ces tubes avaient été fabriqués le même jour dans une
verrerie de Grenelle. On pouvait donc les regarder comme étant de même
nature. Pour en être plus certain, j'ai pris leurs densités. Elles différaient
assez peu pour que l’on püt attribuer les différences aux erreurs d’obser-
vation. En effet, les valeurs extrêmes de ces densités étaient 3,099 et
5,062. Les trois tubes en verre étaient aussi de même nature, et leurs
densités étaient 2,48, 2,48 et 2,49.
J'ai fixé bien verticalement ces 24 systèmes sur une planche de 4 mètres
de longueur. Aux deux extrémités et au milieu de cette planche étaient
placés des thermomètres, destinés à donner la température au moment
de l'observation. La dépression du mercure dans le tube capillaire se
mesurait au moyen d’un très-bon cathétomètre, dont le vernier donnait
les 20° de millimètre. Il suffisait de mesurer la différence de niveau dans
les deux tubes de chaque système.
Pour connaître le diamètre des tubes, j'ai employé la méthode ordi-
naire, C'est-à-dire que je pesais une colonne de mercure dont la longueur
était mesurée très-exactement au moyen d’une bonne machine à diviser.
Chaque diamètre a été mesuré au moins trois fois, et les différences ne se
sont jamais élevées à un millième de millimètre; pour les tubes très-larges,
cette méthode n'étant pas applicable, je mesurais directement le diamètre
au moyen de la machine à diviser. Il suffisait de couper le tube suivant
deux tranches bien perpendiculaires à l'axe, de placer le tube verticale-
ment sur la table de la machine, et d'amener l’un des fils du réticule
successivement tangent à deux extrémités d’un diamètre de la section.
C’est aussi ce moyen que j'ai employé pour mesurer l'épaisseur des parois,
à laquelle j'avais peine à refuser toute influence.
Pour obtenir une grande précision dans ces expériences, il eût fallu
employer des tubes parfaitement calibrés. Cette condition n’était guère
réalisable ; elle exigeait un choix très-considérable de tubes et beaucoup
de temps. Je me suis assuré par des expériences préliminaires de l'impor-
tance de cette condition. Ayant trouvé un tube parfaitement calibré, j'y
ai observé plusieurs fois la dépression du mercure en faisant varier le
niveau dans le large tube. Les différences que j'ai obtenues étaient très-
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 9
faibles, mais tout à fait irrégulières et, par conséquent, indépendantes
des causes sensibles, telles que la longueur de la colonne dans le tube
et le calibrage de celui-ci. Il y avait, par suite, même pour les tubes par-
faitement calibrés, nécessité de prendre une moyenne entre les dépres-
sions observées dans un même tube. Or, en partant de la loi du rapport
inverse de la dépression au diamètre, on trouve que, pour des tubes dont
le diamètre ne varie que très-légèrement, cette moyenne donne aussi la
dépression correspondante au diamètre moyen, c'est-à-dire celle qui aurait
lieu dans le tube si son diamètre était partout rigoureusement le même,
de telle sorte qu’en prenant la moyenne précédente, on compense tout à
la fois les erreurs provenant des causes accidentelles et celles qui pro-
viendraient des inégalités du diamètre. En d’autres termes, un calcul très-
simple montre que si la loi du rapport inverse de la dépression au dia-
mètre est exacte, la dépression correspondante au diamètre moyen n'est
autre chose que la moyenne des dépressions observées en différents points
du tube, et par suite correspondantes à différents diamètres , de telle sorte
que la loi en question doit se vérifier pour cette moyenne et le diamètre
moyen. En effet, supposons le tube partagé en parties de même longueur !,
et soient r, r', r'!,...... les rayons de ces diflérentes parties ; ceci suppose,
comme on le fait en calibrant un tube, que le diamètre est le même sur
toute une longueur {. Si L est la longueur de la colonne pesée et R le
rayon moyen déduit de cette pesée, on doit avoir
ar + ar + .... —= 7R°L,
et si L—n"1,
TA Se RPEPECMEMR MES RESTE MORE ME PEN Et 0)
Soient maintenant n observations faites en amenant le ménisque de mer-
cure dans les différentes parties précédentes du tube capillaire. 4, h',...
étant les différentes dépressions observées, si l’on admet la loi du rapport
inverse de la dépression au diamètre ou au rayon, on aura :
Tous XXV. 2
10 SUR L’'ASCENSION DE L'EAU
ou
En substituant dans l'équation (1), nous aurons :
( 1 ] R? (2
c E + ne Mt =\ Se = (2)
Soit maintenant H la dépression moyenne, c’est-à-dire :
RSR E LEE
n
Soient aussi :
RNA ON RQ TAPER ET
En remplaçant dans l’équation (2), h, h', . . . par ces valeurs, et négli-
£ £ FA . . .
geant les secondes puissances de : > ;, ...., quantités qui seront toujours
très-petites, à moins que le tube soit très-mal calibré, nous aurons :
er == | nR?.
Or, par cela seul que H est la moyenne de k, h',.....on a:
EE HE + ..,. —10
et 1l nous reste :
x? 5
TT) n —= nR?,
d’où
&
HE
R
Si donc la loi du rapport inverse de la dépression au rayon est vraie,
on devra obtenir cette relation entre la moyenne des dépressions mesu-
rées et le rayon moyen.
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 11
La plus grande incertitude qui règne sur les expériences faites jusqu’au-
jourd’hui est la grande inconstance des résultats. Deux expériences faites
simultanément et dans des circonstances identiques présentent souvent les
résultats les plus différents. [Il existe, en effet, plusieurs résistances varia-
bles au mouvement du mercure dans un tube capillaire. Telles sont l’adhé-
rence de l'air aux parois du tube, et l’'adhérence produite par l’'impureté
du mercure. Ces résistances ne pourraient être écartées qu'avec beaucoup
de peine. On ne pourrait même pas annuler la première, en opérant dans
le vide ; quant à la seconde, il est fort difficile d’avoir du mercure absolu-
ment pur, surtout en très-grande quantité, et j'ai dû employer jusqu’à 20 à
50 kilogrammes de mercure à la fois. D'ailleurs, on se convainc facilement
que ces résistances ne sont en quelque sorte que passagères. Elles peuvent
modifier momentanément l’équilibre, mais les autres forces finissent tou-
jours par l'emporter, et je me suis assuré par un grand nombre d’expé-
riences préliminaires que l’on obtenait des résultats très-constants à con-
dition de laisser à l’équilibre le temps de s'établir. En remplissant de
mercure le large tube, on le voit d’abord s’élever rapidement dans le tube
capillaire jusqu’à une certaine distance au-dessous du niveau dans le pre-
mier tube, puis il semble s'arrêter, mais en le suivant avec la lunette, on
le voit continuer à s'élever lentement avec une vitesse toujours décrois-
sante jusqu'à ce qu'il s'arrête entièrement. Le mercure peut s’élever ainsi
de 14 millimètres après le premier arrêt. Le temps nécessaire pour que
l'équilibre s’établisse complétement varie avec le diamètre du tube. Dans
les tubes larges, il s'établit presque immédiatement. Dans les tubes très-
étroits, ceux dont le diamètre est d'environ -= de millimètre, on voit le
mercure continuer son ascension après plus de 12 heures. Pour l’eau, il
en est absolument de même : seulement l'équilibre s'établit plus rapi-
dement.
On conçoit donc que si l’on fait l’observation immédiatement après
avoir versé le mercure dans l'appareil, on obtiendra des résultats tout à
fait discordants ; on n’aura observé qu'un équilibre momentané existant
sous l'influence de causes essentiellement variables. C’est pourquoi j'ai
opéré de la manière suivante : je versais du mercure dans les 24 tubes à
12 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
la fois, et j'observai 24 heures après. L'observation terminée, au moyen
d’un siphon, je vidais les appareils en partie, jusqu'à ce que le niveau
s’abaissàt dans le tube capillaire , puis je remplissais de nouveau. De cette
manière le niveau dans le tube capillaire devait toujours se relever. J'avais
soin de faire toujours deux expériences consécutives dans les mêmes cir-
constances, c'est-à-dire avec le même niveau dans le large tube. J’ai fait de
cette manière six observations sur le mercure. Elles m'ont donné les ré-
sultats suivants :
DIFFÉRENCES DE NIVEAU OBSERVÉES,
DÉ- DÉ-
RAYONS
ÉPAISSEUR. PRESSIONS | PRESSIONS
11me EXP. me EX IV®e EXP.
1758. 2159.
MOYENS.
MOYENNES. CALCULÉES.
TEMPÉRATURE.
mm. FA mm. mm. à mm. mm.
0,0566 | 156,70 | 154,05 152,70 156,61
0,0472 592 105,40 | 107,70 108,25 105,95
00492 ,25 | 101,55 | 101,10 101,55 101,65
0,0795 É ï » » ° » 62,90
0,111 45,95 | 44,60 44,00 | 44,20 45,05
0,115 5: 5 44,40 | 47,00 46,15 | 46,25 45,49
0,195 3 5 49,65 | 41,25 44,95 | 44,50 40,00
0,154 24,40 | 26,05 24,70 | 924,80 52,45
0,178 25,50 | 925,55 97,10 | 97,15 28.09
0,180 55 5 25,45 | 95,75 25,85 | 94,10 27,78
0,186 7 ; 25,85 | 26,40 24,80 | 24,90 27,55
0,199 5 : 25,40 | 92,95 29,85 | 992,95 25,15
0,466 5 5 10,75 | 10,20 9,65 9,65
0,487 5 7 9,65 | 10,10 9,55 9,40
0,576 6,95 7,60 7,75 7,65
0,621 5 7,15 8,00 8,10 8,20
1,025 ë 4,15 4,00 5,80 4,00
1,595 5 5,00 3,00 2,90 5,15
1,465 7 2,55 2,65 2,70 2,85
1,771 5 1,90 2,95 9,95 2,20
2,140 2,15 1,90 2,20 2,00
2,455 1,05 1,15 1,00 1,05
2,514 7 ; ï 1,25 1,25
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ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 15
J'ai consigné dans ce tableau les températures moyennes des ex-
périences, quoique l'influence de la température paraisse insensible,
ou du moins inférieure aux causes d'erreur. Ainsi dans les expériences
LIT et IV, les températures difiéraient de 2°,7, les niveaux du mercure
dans les tubes larges étaient les mêmes, et ne différaient que très-peu,
par conséquent, dans les tubes capillaires. Les différences de dépressions
ne devaient donc résulter que des causes d'erreur et de la température.
Or, ces différences sont très-irrégulières, de sorte que l'influence de la
température, qui serait nécessairement uniforme, doit être plus faible
que celle des causes d’erreur.
Dans la dernière colonne, j'ai inscrit les dépressions calculées en divi-
sant le nombre 5 par le rayon du tube. Ce nombre à est la moyenne des
produits de la dépression par le rayon dans les trois premiers tubes.
Il faut faire subir aux dépressions observées deux corrections prin-
cipales :
1° Il faut ajouter la dépression qui a lieu dans le grand tube soudé à
chaque tube capillaire. Il suffit de prendre, dans une des tables connues,
les dépressions correspondantes aux diamètres de ces tubes, que nous
indiquerons plus loin;
2 I1 faut ajouter à la hauteur observée le sixième du rayon du tube
capillaire. Cette correction provient de ce que, dans l’observation, on
suppose que le niveau du mercure est le plan horizontal tangent et la sur-
face du ménisque; on diminue donc le poids de la colonne déprimée du
poids de mercure qui serait compris entre la surface du ménisque et le
plan tangent à son sommet.
Gay-Lussac avait indiqué comme correction l'addition du tiers du
rayon. Cette addition suppose que le ménisque est une demi-sphère, que
sa hauteur est donc égale au rayon du tube. Or, il n’en est pas ainsi,
comme on peut le voir en mesurant ces hauteurs. Je les ai mesurées dans
les tubes capillaires, où elles étaient sensibles, et dans les tubes larges
correspondants. Ces hauteurs et les diamètres des tubes sont rapportés
dans le tableau suivant :
14 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
IE.
Hauteur Hauteur
du du
des des MÉNISQUE | MÉNISQUE
DIAMÈT. RAYONS
dans les dans les
LARGES TUBES. | TUBES CAPILL. Ce de
tubes larges. |tubes capillaires}
= =
1
2
5
4
5
6
7
8
9
0
1
2
5
=
En comparant les hauteurs des ménisques aux diamètres ou aux rayons
des tubes, on voit que l’on ne peut établir aucune relation exacte entre
ces quantités. Les hauteurs des ménisques, dans les tubes larges, sont sur-
tout très-irrégulières, et paraissent dépendre de causes inconnues, telles
que l’état de la surface du tube, bien plus que du diamètre. Je ferai observer
cependant que la majeure partie de ces hauteurs est égale au dixième du
diamètre ou au cinquième du rayon. Dans les tubes capillaires, ces hau-
teurs sont également assez irrégulières; cependant si l’on observe que les
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 15
erreurs d'observation peuvent s'élever jusqu'à 0,05, on peut admettre
que ces hauteurs sont égales à la moitié du rayon. Cette relation existe
visiblement dans les tubes 15, 14, 17, 18, 19, 20, 21.
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas admettre que la hauteur du ménis-
que soit égale au rayon. Dès lors l’addition du tiers du rayon à la dépres-
sion observée est une correction trop forte. Il serait plus exact d’ajouter
le tiers de la hauteur du ménisque ou le sixième du rayon. On considére-
rait alors le ménisque comme un demi-ellipsoïde de révolution dont les
axes seraient r, r et k, de sorte que le volume compris entre sa surface et
le plan tangent à son sommet serait
27rr 2h zr 2h
TEE —
3 5
Mais cette correction ne serait pas encore exacte; car il n’est pas cer-
tain que la surface du ménisque soit un ellipsoïde. Nous ne pouvons donc
faire que des corrections très-incertaines, surtout dans les tubes dont le
diamètre est un peu considérable.
La correction que nous avons indiquée d’abord, c’est-à-dire l'addition
de la dépression dans le grand tube, sera plus incertaine encore que celle
que nous venons de discuter, cette dépression devant être modifiée forte-
ment par les causes qui rendent si irrégulières les hauteurs du ménisque
dans ces tubes.
D'un autre côté, si l'on considère quelle est l'importance de ces cor-
rections vagues sur les dépressions faibles, on reconnaît l'extrême difficulté
d'atteindre à des résultats précis dans ces petites dépressions et l’inutilité
d'y faire des corrections capables d'apporter, en sens inverse, des erreurs
au moins égales à celles que l’on voudrait corriger. Nous nous bornerons
donc à la considération des seize premiers tubes dans lesquels les correc-
tions sont plus certaines et ont moins d'importance. Aux dépressions
moyennes observées dans ces tubes, nous ajouterons la dépression qui a
lieu dans le grand tube correspondant, dépression que nous prendrons
dans la table de Laplace, et comme seconde correction le sixième du
rayon, en supposant, d’après ce qui précède, que l’on doive ajouter le
16 SUR L'ASCENSION DE L'EAU
tiers de la hauteur du ménisque, et que cette hauteur soit la moitié du
rayon du tube.
Nous multiplierons ensuite chacune des dépressions ainsi corrigées
par le rayon du tube, afin de reconnaître si le produit est un nombre
constant, comme le veut la loi du rapport inverse de la dépression au dia-
mètre. Nous formerons ainsi le tableau suivant :
XII.
SAxONS DÉPREEIOE DÉPRESSION | DÉPRESSION PRODUITS
dans le
observée. corrigée. DR.
TUBE LARGE.
154,27
106,95
101,45
60,90
44,02
46,19
45,05
95,06
95,58
95,36
95,71
95,81
10,51
9,72
7,46
8,05
1
2
5
4
5
6
7
En écartant pour un moment les nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8,
15, nous remarquerons que les produits précédents diffèrent peu l’un de
l’autre, et que les différences sont irrégulières. En prenant les moyennes
relatives aux six premiers tubes 1,2, 5, 4, 5, 9, et aux six derniers 10,
11, 12,15, 14, 16, on trouve deux nombres, 4,886 et 4,808, qui ne
diffèrent l’un de l’autre que de -%. Nous pouvons donc admettre que, dans
les limites précédentes, l'expérience vérifie la théorie, car nous devons faire
observer ici que l'hypothèse que nous avons faite dans la correction rela-
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 1}
tive au ménisque n’altère pas la loi du rapport inverse de la dépression au
diamètre, c’est-à-dire que cette loi se déduit de la formule de Laplace :
D I :
ra R/°
aussi bien, lorsque l’on suppose que la surface du ménisque est un
ellipsoïde de révolution dont le petit axe est égal à la moitié du rayon du
tube, que lorsqu'on la considère comme une sphère. En effet, on a dans
ce cas,
en appelant a le rayon du tube, d’où
D —
SR
La dépression est la moitié de ce qu’elle serait si le ménisque était une
sphère, mais elle est toujours en raison inverse du rayon du tube.
Pour accorder la théorie et l'expérience, nous avons dû écarter les
nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8, 15, les deux premiers donnant des
nombres beaucoup trop forts, les seconds beaucoup trop faibles. Les deux
premiers étaient des tubes très-épais, ainsi qu’on peut le voir dans le tableau
des épaisseurs. Les seconds étaient formés en efilant des tubes très-larges
de cristal, et leurs épaisseurs étaient tellement faibles que je n’ai pas cher-
ché à les mesurer. Les écarts présentés par ces tubes sont si considérables
et se sont reproduits si constamment dans toutes les observations, qu’ils
me semblent indiquer clairement une influence de l'épaisseur des parois
du tube. Ainsi, la dépression dans le tube 6 est notablement plus forte
que dans le tube 5; cependant le diamètre du premier l'emporte sur celui
du second. Au contraire, la dépression dans le tube 8 est plus faible que
dans le tube 11, quoique le rayon de celui-ci soit environ les £ du rayon
du premier. Dans le tube 15, la différence, bien que sensible, est moins
Towe XXV. 5
18 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
tranchée ; mais il faut observer que ce tube avait un diamètre relativement
considérable, et que, pour l'obtenir, j'avais dû effiler beaucoup moins le
tube de cristal, et par conséquent conserver une épaisseur plus grande.
En présence de telles différences se reproduisant constamment dans des
tubes de la même substance et placés dans les mêmes circonstances que
tous les autres, on a peine à concevoir d’autre cause d’inégalité que les
épaisseurs si différentes de ces tubes.
Mais cette influence a besoin d'être expliquée, car elle semble contraire
à celle que la théorie pourrait indiquer. Dans la dépression du mercure,
trois forces sont en jeu: la pesanteur, l'attraction des molécules du mer-
cure entre elles et l'attraction qu’elles subissent de la part des molécules
du verre. Les deux premières forces agissent de haut en bas, la dernière
de bas en haut. Celle-ci tend donc à diminuer la dépression. Or, si l’in-
fluence de l'épaisseur est réelle, elle ne peut qu’augmenter cette force;
donc elle doit diminuer la dépression. C’est l'effet contraire qui se pro-
duit. Cette anomalie s'explique par la considération des composantes ho-
rizontales de l'attraction du tube. On ne tient généralement pas compte
de ces composantes, parce qu'étant opposées deux à deux, elles doivent
se détruire. Ceci me paraît inexact. Ces composantes, je crois, ne se dé-
truisent nullement, mais produisent une adhérence du mercure au tube,
adhérence qui s'oppose au mouvement ascensionnel du mercure. D’après
cela , la dépression, telle que nous l'avons observée, serait plutôt un phé-
nomène de dynamique qu’un phénomène de statique. Dans notre système
de tubes, le mouvement ascensionnel du mercure, dans le tube capillaire,
est produit par la pression du mercure dans le large tube et par l’attrac-
tion du tube capillaire. En s’élevant, le mercure est soumis à différentes
forces retardatrices qui sont sa pesanteur, sa cohésion et son adhérence
au tube; sa vitesse se détruit peu à peu, et le mercure s'arrête lorsqu'elle
est annulée. Elle le sera d’autant plus vite, et l'élévation du mercure sera
d'autant plus faible que les forces retardatrices, et entre autres ’adhérence
au tube, seront plus puissantes. Si donc l’adhérence horizontale au tube
croît avec l'épaisseur plus rapidement que l'attraction verticale du tube,
l'influence de l'épaisseur sera telle que nous l’avons observée.
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. À
=
Pour m'assurer de la nature de cette influence et la mesurer, si c'était
possible, j'ai opéré en sens inverse, c’est-à-dire que j'ai soulevé le mercure
dans le petit tube au-dessus du niveau dans le grand. Le mercure descen-
dait et l’adhérence au tube agissant encore en sens contraire du mouvement,
devait diminuer la dépression. Malheureusement il m’a été impossible de
rien obtenir d’exact. Les résultats étaient tout à fait discordants. J’ai même
vu dans les tubes les plus capillaires, les tubes 1 et 2, le mercure se
maintenir pendant vingt-quatre heures à un niveau supérieur à celui du
large tube. Il fallait de fortes secousses pour le faire descendre, encore ne
pouvait-on obtenir que de faibles dépressions. Ainsi, la plus forte que j'aie
obtenue après de nombreuses secousses a été de 48"",10 dans le tube 2.
L'autre manière d'opérer m'avait donné 108", Ces expériences, quelque
insignifiants que soient leurs résultats, me paraissent néanmoins mettre
hors de doute l'influence de l’adhérence horizontale, et nous portent
même à considérer cette adhérence comme une des forces dominantes du
phénomène.
Pour étudier l'ascension de l’eau, je me suis servi d’abord des appareils
précédents, après les avoir nettoyés avec soin. J'ai dû seulement démonter
les six premiers tubes, trop capillaires pour être facilement nettoyés sur
place. Jai fait avec ces appareils quatre expériences. Dans ces quatre
expériences , le tube était mouillé par la colonne d’eau que je soulevais,
en aspirant, jusqu'au haut du tube, et que je laissais ensuite redescendre,
toujours pendant 24 heures.
L'observation pouvait se faire plus simplement, en plongeant directe-
ment les tubes capillaires dans l’eau : on évite même ainsi les corrections
relatives aux larges tubes. C’est pour juger de l'importance de ces correc-
tions que j'ai fait les quatre expériences précédentes avant de séparer les
tubes capillaires des tubes larges. Après cette séparation, je plongeai les
tubes, par groupes de quatre, dans six vases. Les tubes étaient fixés ver-
ticalement, au moyen de bouchons, dans des planches percées de six trous;
dans les deux autres trous étaient placés un thermomètre et un tube à
pointe effilée servant à prendre la hauteur du niveau dans le vase. Il suffi-
sait d'amener la pointe en contact avec l’eau, de retirer le vase après
20 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
l'observation des tubes et de viser la pointe. J'ai fait, avec ces appareils,
quatre expériences, deux en mouillant les tubes, comme dans les expé-
riences précédentes, deux autres avec les tubes secs. Les deux premières
m'ont donné, à très-peu près, les mêmes résultats que les quatre expé-
riences précédentes. Je réunis les résultats de ces six expériences dans le
tableau suivant.
LV.
HAUTEURS OBSERVÉES. PRODUITS
HAUTEURS| HAUTEURS| Jjeja
Ile EXP. IVe EXP. Vi® EXP. HAUTEUR MOY,
— moyennes. | calculées.
par
1394 1551
354. 18. 5,1. le rayon.
mm. 0 mm. mn. min. mm. min,
0.0472 " 525,05 520,45 522,75 922,52 15,199
0,0492 : 308,90 | 510,90 | 509,90 | 509,41 | 15,247
0,0508 297,40 | 299,10 | 998,25 | 9299.67 | 15,151
0,0795 : » 189,60 | 189,60 | 191,48 | 15,075
0,111 157,10 | 136,20 | 156,65 | 157,15 | 15,168
0,115 € 140,75 | 140,90 | 158,58 | 132,37 | 15,957
0,149 99,50 | 101,20 | 100,55 | 102,17 | 14,952
0,165 90,40 | 89,55 | 89,98 | 92,26 | 14,847
0,178 7 Ë 85,75 | 83,90 | 82,56 | 85,52 | 14660
0,180 É 85,20 | 85,40 | 82,67 | 84,57 | 14881
0,186 5 80,05 | 80,55 | 80,00 | 81,84 | 14,880
0.199 À 75.20 | 75,00 3 76,50 | 14,796
0,466 5 50,45 | 50,50 | 5 52,67 | 14,252
0,487 30,05 5 29.90 | 29,50 51,26 | 14,600
0,576 ” 5. 24.25 | 24,20 5 | 26,45 | 15,956
0.621 92970 | 292,95 5,25 | 94,51 | 14426
1,025 15,10 ï 12,15 | 12,70 14,85 | 12,825
1,525 Ë ë l 9,15 9,10 11.50 | 12,079
1,465 8 ù ; 8:75 8,80 10,41 | 12,845
1,490 9.25 9,15 10.22 | 15,708
1,771 6,85 7,40 2 8,60 | 11,051
2,140 3,15 4,45 7,11 | 10,700
2,514 6,06 | 9,555
1
2
5
4
5
6
7
8
9
10
11
12
nn © EE = => à =
© © NN E Où D C
1
e
Dans ce tableau figurent quatre nouveaux tubes; ce sont les n° 5, 7,
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 21
8, 20. Ils remplacent quatre des anciens tubes que je n’avais pas pu net-
toyer parfaitement. Ils étaient de plus aussi bien calibrés que possible.
Dans l’avant-dernière colonne, j'ai inscrit les hauteurs, calculées en
divisant le nombre 15,223 par les rayons des tubes. Ce nombre est la
moyenne des produits 15,199 et 15,247 de l'élévation dans les tubes
4 et 2, par les rayons de ces tubes. Dans la dernière colonne, j'ai inscrit
les produits analogues pour tous les tubes. On voit que ces produits dé-
croissent d’une manière à peu près continue avec l’augmentation du dia-
mètre. La décroissance est moins rapide lorsque l’on fait subir, à la hau-
teur observée, la correction indiquée par Gay-Lussac, c’est-à-dire l'addition
du tiers du rayon. Mais lors même que nous ferions cette correction, nous
trouverions encore des nombres s’abaissant de 15,247 pour le tube 2; à
12,661, pour le tube 18, et à 14,556 pour le tube 16, si nous voulons
rester dans les mêmes limites que précédemment. Ce serait là une diffé-
rence assez considérable pour permettre de considérer la loi du rapport
inverse de l'ascension au diamètre comme inexacte, même dans des limites
restreintes.
Mais une observation fort simple et, je crois, tout à fait neuve, qui
m'a été communiquée par M. Plateau, s'oppose à cette conclusion. On sait
que, dans un tube mouillé, l'élévation de l’eau est plutôt produite par
l'attraction de la couche d’eau qui mouille le tube, que par l’attraction
du tube qui ne fait que soutenir cette couche. Dès lors, le vrai tube, dans
lequel se fait l'élévation de l’eau, n’est pas le tube de verre, mais le tube
formé par la couche mouillante, et le rayon de ce tube est égal à celui
du tube de verre, diminué de l’épaisseur de la couche. C’est par ce rayon,
ainsi diminué, qu’il faut multiplier la hauteur observée. Or, l'épaisseur
de la couche est inconnue ; mais on peut la supposer la même dans tous
les tubes. 11 en résulte que l'influence de sa soustraction sera d'autant plus
considérable que le rayon sera plus petit, et il suffira qu’elle ait une très-
faible valeur pour rétablir la constance du produit de la hauteur par le
rayon. En effet, si on la suppose seulement de un millième de millimètre,
on obtient déjà de très-faibles divergences; on peut s’en convaincre par
la considération du tableau suivant, dû à l’obligeance de M. Plateau, qui
22 SUR L’ASCENSION DE L'EAU
n'a pas reculé devant de longs calculs pour me montrer immédiatement
l'importance de sa remarque : ce tableau à été calculé en corrigeant les
rayons par la soustraction de 0,001, épaisseur supposée de la couche,
et les hauteurs par l'addition du tiers du rayon ainsi corrigé. Ces hauteurs
ont été de plus ramenées à une même température moyenne, 14°,6, en
s'appuyant sur la loi donnée par Simon.
RAYONS
PRODUITS.
14,801
14,850
14,867
14,754
14.990
14,815
14,719
14.588
14,809
14.811
14755
14,299
14.648
14,553
1
2
5
4
5
7
8
9
10
= —
1 —
ue
ct
—
ee à
La moyenne générale des produits est 14,727, celles des 7 premiers
tubes est 14,822, celles des 7 derniers 14,652. On voit que l'écart est à
peine de la même valeur que l'écart présenté par le mercure.
Cette observation de M. Plateau rend donc douteux le désaccord entre
l'expérience et la théorie; mais elle ne le transforme pas en accord. Car
rien ne permet de supposer que l'épaisseur de la couche mouillante est
précisément un millième de millimètre. De cette observation il résulte
même que la vérification faite jusqu'aujourd’hui de la loi du rapport in-
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 25
verse devient tout à fait nulle, puisque l’on a toujours opéré avec des tubes
mouillés sans jamais tenir compte de l'épaisseur de la couche mouillante.
Cette vérification devient ainsi une véritable contradiction.
Cette considération s'ajoute à celle que j'ai fait valoir au commence-
ment de ce travail pour exiger que les observations se fassent sur des
tubes secs et non sur des tubes mouillés.
Dans la discussion précédente nous avons encore dû mettre à part les
tubes 6 et 15, qui sont omis dans le tableau précédent. Ces tubes sont
les mêmes que les tubes 6 et 15 du tableau [, le premier est un tube à
parois très-épaisses, le second à parois très-minces : on peut voir, dans le
tableau IV, que l'élévation est trop grande dans le tube 6, trop faible dans
le tube 15. L’anomalie est la même que pour le mercure, et l'influence de
l'épaisseur, si elle existe, doit agir de la même manière, c’est-à-dire aug-
menter l'élévation comme elle augmentait la dépression. C’est qu’en effet,
l’adhérence horizontale que nous avons admise pour le mercure doit agir
ici de la même façon. Nous avons dit que, pour mouiller les tubes, nous
soulevions la colonne d’eau et la laissions ensuite descendre. Dans cette
circonstance, l’adhérence horizontale devait s'opposer au mouvement de
descente , et en l’arrêtant plutôt produire une élévation plus grande.
Les observations sur les tubes mouillés étant terminées, j'ai séché neuf
de ces tubes. Je me suis borné à ce nombre pour rester dans les limites où
les corrections sont à peu près nulles. Ce séchage se faisait simplement en
attachant le tube d’un côté à un tube en U rempli de ponce imbibée
d'acide sulfurique, de l’autre à l'ouverture d’une machine pneumatique.
Après avoir fait le vide, je laissais rentrer l’air à travers le tube en U et
le tube à sécher. Il passait ainsi dans celui-ci un volume d’air sec au
moins égal à un million de fois la capacité du tube, et qui devait entiè-
rement le sécher. J'ai fait deux observations sur les tubes ainsi desséchés.
J'ai obtenu les nombres suivants :
G
CS
SUR L’ASCENSION DE L'EAU
VE.
HAYONS HAUTEURS OBSERVÉES. \
HAUTEURS| PRODUITS
a —
des
moyennes. hr.
TUBES.
F
mm.
10,295
15,155
15,355
mm.
0,0566
0,0472
0,0492
0,0795 11,657
0,111 11,022
0,115 2, ; 5 10,595
0,178 55 9,157
0,186 À À 5: 8,841
0,199 59, 59, 59,65 7,886
Œ QG Gi:
e
@ 19 = 19 0
ee à
= S
© @ NN EE CO à O1 1 =
On voit par ces chiffres que la loi du rapport inverse de l’élévation au
diamètre est loin d’être exacte pour les tubes secs. La décroissance est
bien plus rapide que dans les tubes mouillés. Elle se fait aussi d’une ma-
nière continue , si toutefois on excepte le tube 1, dont le nombre semble
beaucoup trop faible. Je ne puis attribuer ce résultat qu'à ce que la co-
lonne liquide s'élevait à très-peu près jusqu'à l'extrémité du tube dont la
longueur était trop courte.
Nous remarquerons aussi que l’influence de l’épaisseur n’est plus la
même que dans les tubes mouillés. En effet, le tube 6, qui est le tube à
parois épaisses des expériences précédentes, ne présente plus une élévation
trop forte. Au contraire, si l’on relie les différents produits précédents
par une formule d’interpolation quelconque, on trouve que l'élévation
observée dans ce tube est au-dessous de celle que donne la formule. Ceci
s'accorde avec les considérations précédentes sur l'influence de l'épaisseur.
En effet, dans le cas actuel, l’eau en s’élevant dans le tube devait vaincre
l'adhérence horizontale, et par suite s’élever d'autant moins haut que cette
adhérence était plus forte.
En résumé, les conclusions de ce travail semblent être les suivantes :
1° La dépression du mercure dans les tubes capillaires est à très-peu
ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 25
près en raison inverse du diamètre, tant que celui-ci n'excède pas 1";
2° L’épaisseur des parois a une influence sensible sur la dépression;
9° L’ascension de l’eau dans les tubes mouillés ne suit pas exactement
la loi du rapport inverse au diamètre, si l’on ne tient pas compte de
l'épaisseur de la couche mouillante. Mais en supposant cette épaisseur de
0,001 , cette loi se confirme;
4° L'épaisseur des parois a une influence sensible sur l'ascension de
l’eau dans les tubes mouillés ;
5° L’élévation de l’eau dans les tubes secs s’écarte notablement de la
loi du rapport inverse au diamètre, même dans des limites restreintes ;
6e L’épaisseur des parois semble aussi avoir une influence sur cette
élévation; mais elle est moins sensible que sur la dépression du mercure
et sur l’élévation de l’eau dans les tubes mouillés.
En résumant encore ces conclusions, on se trouve dans une grande in-
certitude sur la loi principale des phénomènes capillaires , vérifiée par la
dépression du mercure, contredite par l'ascension de l’eau dans les tubes
secs et ne se vérifiant, pour les tubes mouillés, que dans l'hypothèse d’une
certaine épaisseur de la couche mouillante. Le seul fait de son inexactitude
pour les tubes secs suflirait pour faire rejeter sa généralité, si ce mode
d’expérimentation n’entraînait pas avec lui une cause d’erreur puissante,
savoir la couche d’air sec adhérente au tube et l’altération de la surface
qui en résulte. M. Plateau a bien voulu me communiquer encore, à cet
égard, une observation remarquable. Il m'a rappelé ce fait connu qu'une
goutte d’eau s'étend facilement sur la cassure fraîche d’un morceau de
verre, tandis qu’elle ne peut s'étendre sur une surface de verre moins ré-
cente, quel que soit le soin que l’on ait apporté à la nettoyer. I se pour-
rait donc que, si l’on opérait sur des tubes secs immédiatement après qu'ils
seraient sortis de la verrerie, on obtint des résultats tout différents.
C’est ce que je me propose de vérifier dans un travail postérieur. Je me
propose aussi de revenir sur l'influence de l’épaisseur des parois, cette
question étant trop importante pour qu'on puisse la considérer comme
décidée par les expériences précédentes.
FIN.
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RECHERCHES
SUR
LA MALADIE DE LA VIGNE
LE CHAMPIGNON QUI L'ACCOMPAGNE,
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RECHERCHES
SUR
LA MALADIE DE LA VIGNE
ET SUR
LE CHAMPIGNON QUI L’ACCOMPAGNE.
Nous avons vu apparaître depuis peu une maladie de la vigne tout à
fait inconnue jusqu’à présent. Cette maladie à été signalée pour la pre-
mière fois en Angleterre, par M. Berkeley, en 1845, 1846 et 1847.
MM. Morren et Hannon la constaterent en Belgique, en juillet et août 1850,
et le premier la décrivit dans un remarquable article publié, en sep-
tembre 1850, dans son Journal d'agriculture pratique. Dans cette note, je
me propose d'ajouter quelques données, quelques observations à celles
fournies par ce savant professeur.
Jobservai pour la première fois la maladie en question à la fin de
juillet 1851, sur les vignes de mon jardin, situé au centre de Bruxelles.
En 1850, ces vignes n’avaient rien offert qui indiquât une lésion quel-
conque ; elles n’avaient rien présenté de semblable à ce que nous y re-
marquâmes cette année; leur végétation et leur fructification avaient été
ce qu’elles sont tous les ans. Les vignes des jardins du voisinage ne sem-
blaient pas davantage s’écarter de leur état normal.
A l’époque susmentionnée, je vis les raisins se couvrir d’une poussière
blanche, farineuse, qui m'était entièrement inconnue. La même pous-
RECHERCHES
Le
sière se montra, en même temps, à la face inférieure des feuilles des
jeunes pousses. Elle se répandit de plus en plus sur les grappes, de
facon à les recouvrir entièrement ; elle envahit successivement aussi la
face inférieure des feuilles plus âgées, et même leur face supérieure. Sur
celle-ci, la poussière resta généralement moins abondante; la face supé-
rieure de quelques feuilles en offrait cependant tout autant que leur face
inférieure et les grappes.
Vers le milieu du mois d'août, comme on parlait beaucoup de cette
maladie , et du végétal parasite qui constituait cette poussière, mon père
résolut de faire une expérience. Il frotta quelques grappes au moyen
d’une brosse rude, puis les lava, de façon qu’on n’y apercevait plus de
poussière. Celle-ci, chose remarquable, resta un mois à six semaines avant
de s’y reproduire, et sur plusieurs de ces grappes elle resta toujours
peu abondante.
Vers la fin de septembre, les feuilles attaquées commencèrent à se
dessécher sur leurs bords et à se crisper; les parties sèches prirent
une teinte fauve. Il est à remarquer que les plus vieilles feuilles ne furent
pas atteintes, et que la poussière blanche n’y apparut qu’exceptionnelle-
ment et en petite quantité.
Quant aux raisins, ils furent frappés d’un arrêt de développement,
et n’acquirent que la moitié environ de leur volume normal. Plusieurs
grappes prirent peu à peu une teinte brun-noirâtre, comme si elles allaient
mûrir; la plupart gardèrent une couleur d’un vert plus ou moins foncé.
Quelques raisins se fendillèrent; d’autres pourrirent; le plus grand nombre
est encore actuellement dans l’état que je viens de décrire, offrant une
teinte verte ou brunâtre et une surface lisse et égale. Ceux qui avaient été
brossés et lavés, et sur lesquels la poussière en question ne s’était repro-
duite que tardivement et incomplétement, offrent les mêmes altérations.
Ils ne se sont même pas colorés, sont restés vertes; aussi crûmes-nous un
moment que ceux qui n'avaient pas subi cette opération auraient plus de
chances de mürir.
Ces phénomènes se passaient sur des vignes à gros raisins noirs (dits
Frankenthal), exposées à l’est et au midi. D’autres vignes à raisins blancs
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. ë,
(dits Chasselas blancs) n’offrirent pas ces phénomènes. Quelques jeunes
feuilles seulement étaient recouvertes de poussière blanche à leur face
inférieure; ces feuilles ne se desséchèrent pas. Les grappes ne présente-
rent pas cette poussière; les raisins acquirent leur volume habituel, et
parvinrent à maturité dans la première quinzaine d'octobre. Pourtant,
la plupart de ces raisins se tachèrent et pourrirent avec une rapidité inac-
coutumée, et se couvrirent immédiatement de moisissures de diverses es-
pèces. Nous n’étions pas habitués les autres années à les voir se gâter avec
cette rapidité.
Chez l’un de nos voisins se trouve une vigne à gros raisins noirs (Fran-
kenthal), exposée à l’est; cette vigne touche les nôtres. La maladie
s’y est déclarée avec une intensité beaucoup plus grande : pas une feuille
ne manquait de la poussière blanche dont j'ai parlé; il n’en est pas une
qui ne soit desséchée à partir de ses bords, comme je lai indiqué.
Quant aux grappes, elles en étaient littéralement couvertes. Ces raisins
sont restés plus petits que les nôtres; les uns offrent la même appa-
rence, tandis que les autres, ou bien se sont pourris, ou bien se sont des-
séchés et ratatinés. Il est une remarque que je ne dois pas omettre à ce
propos : cette vigne n'avait été taillée qu’une seule fois, au commencement
du printemps, et avec assez de négligence, de façon qu’elle présente des
branches de nouvelle poussée d’une longueur considérable, disposées
pêle-mêle et sans ordre. Les nôtres, au contraire, ont toujours été entre-
tenues avec beaucoup de soin.
Dans un autre jardin assez éloigné, j'observai une vigne de chasselas
blanc, exposée au midi. La maladie s’y manifesta à la même époque que
chez nous; la poussière blanche s’y montra exactement de la même ma-
nière; mais les raisins furent atteints à un bien plus haut degré. Ces rai-
sins ont le volume d’un petit pois; ils sont brun-rougeätre ou noirûtres,
durs, secs, aplatis, ridés, ratatinés; il s’est développé à leur surface de
nombreuses moisissures. Pourtant, chose remarquable, certaines grappes
offrent deux ou trois grains arrivés normalement à maturité. — Les pédon-
cules sont aussi desséchés et ratatinés.
Voilà comment la maladie s’est développée, et quels ont été ses ellets.
6 RECHERCHES
On a généralement remarqué que l’un de ses caractères constants est l’exis-
tence de cette poussière blanche dont j'ai plusieurs fois parlé. C’est donc
d'elle que je vais maintenant m'occuper.
Le microscope démontre que cette poussière est un champignon.
M. Berkeley l’a rangé dans le genre Oidium (Link), et l'a appelé Oidium Tur-
keri, du nom de M. Turker, qui en a le premier signalé l'existence. Cette
détermination est-elle bien exacte ? C’est ce que je vais examiner dans ce
qui suit:
Lorsqu'on soumet à un grossissement de 50 à 60 fois un raisin ou une
feuille de vigne recouverts de poussière blanche, on y aperçoit des appa-
rences variables. Par réflexion, on y voit des filaments de longueur diverse,
plus ou moins nombreux , enchevêtrés, terminés par des corpuscules ren-
flés; par places ceux-ci sont accumulés en grande quantité. Par réfraction,
toute la. surface paraît tapissée de filaments entre-croisés dans tous les
sens, entrelacés et anastomosés de toutes les manières. On voit quelques-
uns de ces filaments se terminer par des corpuscules renflés, comme je
viens de l'indiquer.
À un grossissement de 90 diamètres, et par réfraction, on commence
à distinguer à ces filaments des contours doubles bien dessinés.
Si de ces grossissements on passe à ceux de 200 à 250 diamètres, les
objets précédemment décrits se présentent sous un nouvel aspect. Les fila-
ments deviennent des tiges creuses, parfaitement bien délimitées; ces tiges
sont tantôt continues, tantôt cloisonnées ou articulées. Elles s’anastomo-
sent entre elles , ou plutôt elles se ramifient; parfois on voit plusieurs tiges
converger vers le même point.
Les corpuscules sont oblongs; ils semblent offrir une cavité remplie de
petits granules. Quelquefois leurs contours, toujours bien dessinés, pa-
raissent assez épais. Quelquefois aussi on voit une ligne plus obscure les
traverser longitudinalement ou obliquement; comme l’a dit M. Morren,
on croirait voir un diaphragme les traverser. Dans certains cas, cette ligne
se bifurque en Y; dans d’autres, on voit deux lignes parallèles ou à peu
près traverser le corpuscule.
Les cavités des tiges et des corpuscules peuvent se démontrer facile-
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 7
ment en ajoutant de l’eau à la préparation ; on les voit alors se gonfler,
se distendre.
Des grossissements de 300 à 400 diamètres viennent confirmer ces
détails. Ils nous montrent des filaments dont les uns sont continus, tandis
que les autres sont articulés, formés de segments juxtaposés bout à
bout. Les filaments continus offrent de véritables ramifications, commu-
niquant avec eux à plein canal. Les segments, au contraire, ne présentent
jamais de semblable disposition; lorsque la partie articulée des filaments
paraît ramifiée, c’est par juxtaposition latérale de nouveaux segments.
On rencontre ainsi quelquefois des tiges articulées qui paraissent toutes
partir d’un même point ou centre commun. Souvent les tiges se terminent
par un, deux ou trois corpuscules, rarement davantage, rangés en ligne.
D’autres fois, deux, trois ou quatre corpuscules constituent une espèce
de grappe autour de l'extrémité d’un rameau; quelquefois il y en à un
plus grand nombre , mais alors on ne distingue plus bien leur groupement.
Les tiges articulées ne m'ont jamais montré cette disposition aciniforme
qui semble propre à la terminaison des tiges non segmentées.
Évidemment les filaments entre-croisés et ramifiés constituent un mycé-
lium, et les corpuscules sont des spores. Celles-ci sont-elles formées par
la transformation des articles terminaux des tiges, comme on le voit dans
les Botrytis, les Torula , les Rhodocephalus, etc.? L'examen des tiges segmen-
tées pourrait le faire croire ; mais l'existence des groupes aciniformes ne
permet pas d'adopter cette opinion. Plus loin, j'expliquerai d’où ces
spores proviennent, et par quel mécanisme elles se développent.
Avec les grossissements que je viens d'indiquer, les spores offrent des
contours foncés, parfaitement nets. Elles ont généralement la forme de
petits barils, ou d’ellipsoïdes allongés tronqués par leurs deux bouts;
souvent elles sont aplaties sur l’une de leurs faces, de sorte qu'en les
faisant mouvoir dans l’eau sur le porte-objet du microscope, on leur voit
en certains moments prendre la forme de bâtonnets. Toutes ne présentent
pas ce phénomène; il en est qui ne sont pas aplaties; quelquefois même
elles sont subcylindriques, n'étant pas renflées en leur milieu, ou l’étant
à peine. Lorsqu'on les fait mouvoir, comme je viens de le dire, on voit
8 RECHERCHES
qu’elles offrent beaucoup de flexibilité et d’élasticité; on les voit se cour-
ber, se replier sur elles-mêmes, se renfler ou s’amincir en certains points.
Je ne puis mieux comparer ces changements de forme qu’à ceux que subis-
sent les globules du sang lorsqu'ils viennent choquer contre un obstacle,
ou lorsqu'ils passent à travers un vaisseau très-petit.
Sur certaines spores, les lignes obscures indiquées précédemment sem-
blent acquérir des doubles contours, lorsqu'on emploie un grossissement
de 400 diamètres.
Pour apprécier parfaitement toutes les particularités d'organisation de
ce singulier végétal, il est nécessaire de l’examiner avec des grossisse-
ments d’au moins 500 diamètres. Ces grossissements confirment tout ce
que nous avons vu précédemment ; mais de plus, ils font apercevoir des
détails aussi curieux qu’inattendus.
Avant de les décrire, je vais indiquer comment il convient de faire les
préparations pour être à même de les constater.
Les observations au moyen de faibles grossissements , à la lumière ré-
fléchie, peuvent se faire sur les raisins ou sur les feuilles. Toutefois , il
faut choisir de préférence des raisins lisses et d’une couleur foncée, bru-
nâtre; les parasites s’y dessinent beaucoup mieux que sur les feuilles et
sur les raisins verts.
A la lumière réfractée, les observations au moyen de grossissements
qui ne dépassent pas 500 diamètres, peuvent se faire sur les feuilles. On
peut amincir celles-ci en usant, avec un grattoir ou une lame de verre, la
surface opposée à celle que l’on examine. Mais au delà du grossissement
que je viens d'indiquer, ces préparations deviennent confuses , par suite
du trop grand nombre de détails qu’elles accumulent.
Pour les grossissements supérieurs, il faut faire usage simultanément
de trois préparations différentes, dont chacune montre plus spécialement
certaines particularités.
La première de ces préparations consiste à enlever, au moyen d’un
petit couteau bien affilé, des pellicules très-minces de la surface des raisins
attaqués par la maladie. Il faut avoir soin de prendre des raisins verts
pour faire cette préparation. Ceux d’une teinte foncée ne conviennent pas ;
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 9
cette teinte absorbe la lumière, et au delà de 3500 diamètres les objets
qu'on veut voir deviennent peu distincts. — On observe ainsi le végétal
sur place.
La seconde préparation consiste à découper ou plutôt à déchirer de
petites lanières en bas du limbe d’une feuille malade. On voit alors très-
bien des tiges faire saillie au delà des bords de ces lanières , et l’on peut
les rendre plus apparentes en ajoutant de l’eau.
Enfin, la troisième préparation consiste à isoler complétement le cryp-
togame de la surface qui le supporte, et à le placer tout seul sur le porte-
objet du microscope. Pour y parvenir, on n’a qu’à secouer les organes
malades sur une plaque de verre , ou les frotter dessus, ou racler leur sur-
face avec la pointe d’une aiguille ou avec la lame d’un petit couteau. Le pre-
mier procédé ne fournit généralement que des spores; les autres four-
nissent en même temps des tiges plus ou moins complètes.
Ces trois préparations suffisent pour examiner tous les détails de struc-
ture du parasite du raisin. Elles peuvent être employées à tous les gros-
sissements, depuis le plus faible jusqu’au plus fort, à la lumière réfléchie
comme à la lumière réfractée.
Cela posé, je passe à la description de ce que fait apercevoir un gros-
sissement de 600 diamètres.
Prenons d’abord les spores. Elles présentent tous les caractères énu-
mérés précédemment. De plus, on voit que les granules qui, à de plus
faibles grossissements, semblent remplir leur cavité, sont à leur tour de
véritables corpuscules creux, de petites cellules en voie de formation. Le
volume et la netteté des contours de ces corpuscules s’accroissent avec
l’âge des spores. On voit quelquefois de ces dernières qui ont seulement
la moitié ou le quart de leur volume définitif : là les corpuscules ne se
distinguent pas des granules moléculaires. À mesure qu’on observe des
spores plus volumineuses, plus avancées en âge, les caractères dont je
viens de parler deviennent plus saillants. Enfin, lorsqu'elles ont acquis
leur entier développement, on distingue à leur intérieur des lignes ou sé-
ries de ces petites cellules réunies bout à bout, absolument comme les
articles des tiges et les spores terminales. Tantôt ces séries sont placées le
Tour XXV. 2
10 RECHERCHES
long des bords de la spore, tantôt elles sont écartées de ceux-ci et traversent
la spore longitudinalement ou obliquement. Ce sont elles qui font parfois
paraître les bords assez épais; ce sont elles qui constituent ces lignes fon-
cées que nous avons observées à des grossissements de 200 à 300 diamè-
tres, et que M. Morren a comparées à des diaphragmes. Ceci explique
comment déjà, avec les grossissements de 300 à 400 diamètres, on leur
distingue des contours doubles. Ainsi se trouve également justifiée et
confirmée l'opinion émise par le savant professeur de Liége sur la na-
ture de ces lignes ou diaphragmes. « Ils indiquent sans doute, dit-il,
» diverses phases de la croissance de ces articles, qui sont évidemment
»._ les corps reproducteurs du champignon parasitique de la vigne. » Leur
apparition indique, en effet, le groupement en séries des jeunes cellules
formées à l’intérieur des spores; et ce groupement est, comme on le verra
bientôt, une des circonstances les plus importantes de leur évolution.
C’est encore le degré de développement plus ou moins avancé de ces jeunes
cellules qui fait paraître certaines parties des spores plus obscures que
d’autres.
Voici les mesures de ces parties, indiquées en fractions de millimètre :
Longueur des spores . . . . . . . . . . 0,0266 à 0,055 (£ à +).
Largeur des spores. . . 0,0116 à 0,017 (as à #)
Épaisseur des spores nt sur une de a files 0,0055 à 0,0066 (à 5):
Diamètre des corpuscules isolés. . . . . - 0,00066 à 0,00195 (5 à +555):
Diamètre des corpuscules agglomérés en ea) . 0,00495 à 0,00165 (x à 65):
Ces dernières mesures ne s’obtiennent bien qu'avec un grossissement
de 800 diamètres. 3
Les tiges sont, comme je l'ai dit, les unes continues, les autres seg-
mentées. La cavité des tiges continues renferme des corpuscules, tantôt
isolés, tantôt agglomérés, en nombre d’ailleurs très-variable. Ces cor-
puscules sont en tout semblables à ceux des spores, et ide en
moyenne 5 de para he de diamètre; on en trouve qui ont +, tandis
que d’autres n’ont que +. Lorsqu'on parvient à poursuivre ces tiges Jus-
qu'à leurs extrémités, on arrive parfois à une spore complète dont la
cavité semble se continuer avec la leur. D’autres fois on arrive tout sim-
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 11
plement à un point obscur d’où partent en divers sens plusieurs tiges, les
unes continues , les autres articulées , et autour duquel on parvient quel-
quefois à apercevoir des corpuscules libres semblables à ceux de l’intérieur
des spores et des tiges. Les tiges non segmentées se ramifient, comme je
l'ai déjà dit, et souvent on les voit, ainsi que leurs ramifications, se ter-
miner par des segments articulés, ou par des spores rangées bout à bout
ou agglomérées en grappes. Quelquefois ces spores elles-mêmes paraissent
être le point de départ de nouvelles tiges, soit continues, soit articulées.
Les tiges segmentées ou articulées sont composées de cellules allongées,
cylindriques, placées bout à bout; les grossissements de 600 à 800 dia-
mètres permettent de voir très-bien leurs doubles parois accolées au point
de jonction. Je n’ai jamais observé, à leur intérieur, de corpuscules sem-
blables à ceux des spores ou des tiges continues; je n’y ai vu que des
granules moléculaires semblables à ceux contenus dans toutes les cellules.
Parfois elles se terminent par des articles semblables aux autres, d’autres
fois par des spores rangées bout à bout. Il faut se garder de prendre pour
des tiges articulées certaines tiges qui ne le sont pas. Cet aspect peut leur
être donné, soit parce que des corpuscules sont accumulés en amas en
un point de leur cavité, soit parce qu’elles sont fléchies ou ployées sur
elles-mêmes. Les grossissements de 600 à 800 diamètres permettent de
distinguer fort bien toutes ces circonstances, surtout si l’on fait mouvoir
légèrement les tiges.
Voici les dimensions de ces diverses parties :
Épaisseur des tiges . . . . . . . 0,0066 à 0,0095 (4 à 4).
)
150 À 300
Longueur des segments ou articles. . 0,10 à 0,0665 (5 à +).
Au premier abord, ces résultats paraissent ne pas trop concorder en-
semble, et l’on n’aperçoit pas bien l'unité, le lien qui doit réunir et ras-
sembler ces données éparses. Pour le saisir, il faut y joindre les résultats
d’une expérience qui vient en donner la clef. Cette expérience, c’est la
germination des spores.
Pour la provoquer, il suffit de laisser sur une plaque de verre, ou entre
deux plaques, des spores parvenues à leur entier degré de développement,
12 RECHERCHES
et offrant à leur intérieur des corpuscules bien distincts. On les place dans
un lieu chaud et humide, et l’on ne tarde pas à les voir germer. Sous
l'influence du froid et de la sécheresse, elles se conservent au contraire
indéfiniment. On peut de cette manière assister à la naissance du végé-
tal parasite, et voir comment ses diverses parties procèdent les unes des
autres.
Au bout de 12 à 24 heures, beaucoup de spores offrent à l’une de leurs
extrémités un prolongement de -& à -! de millimètre de longueur. Le
second jour, ce prolongement s’est allongé, au point d’égaler ou de dé-
passer la longueur de la spore. Son extrémité présente alors une sorte de
dilatation bosselée, ou bien une division irrégulière. Ces phénomènes
s’aperçoivent déjà avec un grossissement de 500 à 400 diamètres. Avec
ceux de 600 à 800 diamètres, on voit que ce prolongement constitue une
tige creuse communiquant avec la cavité de la spore. On distingue à son
intérieur des corpuscules sortis de celle-ci; ils sont surtout abondants
vers l'extrémité, et c’est leur accumulation qui y produit une dilatation ,
un renflement; ce sont eux qui donnent lieu aux bosselures que l’on y
aperçoit. Ils s’y accroissent, et on les voit successivement acquérir un
volume de 4 et de + de millimètre, au lieu de celui de = à
500 qu'ils offrent à l’intérieur de la spore. J’ai remarqué que ce prolon-
gement, qui est une véritable tige, se forme toujours à l’une des extré-
mités de la spore, vers le point offrant la teinte la plus foncée, c’est-à-dire
vers celui où , conformément à ce qu’on a vu précédemment, le dévelop-
pement des corpuscules est le plus avancé. On dirait que la pression
exercée par ceux-ci contre la membrane qui les enveloppe n’est pas sans
influence dans l'acte de la germination.
Par le troisième mode de préparation que j'ai indiqué , on voit souvent
apparaître sur le porte-objet du microscope des spores portant des prolon-
gements tels que je viens de les décrire. Ces prolongements sont quelque-
fois multiples, plusieurs semblent sortir d’une même spore : ils peuvent
acquérir une longueur considérable, se ramifier, se replier sur eux-
mêmes plusieurs fois, et former ainsi un lacis : ils constituent les tiges con-
tinues. Ils se terminent généralement par des corpuscules en nombre plus
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 15
ou moins considérable, disposés tantôt en séries uniques ou multiples,
tantôt en groupes plus ou moins réguliers. On peut observer tous les in-
termédiaires entre le corpuscule de 5 de millimètre de diamètre et la
spore complète, telle que je l’ai décrite. Ainsi, nous les avons vus pré-
senter successivement des diamètres de 5 et de =; lorsqu'ils ont
atteint celui-ci, ils commencent à s’allonger par leurs deux extrémités
opposées, de sorte qu'à un certain moment, ils offrent = de millimètre
de longueur sur + de largeur. À cette époque, en employant un
grossissement de 800 diamètres, on aperçoit déjà à leur intérieur des
granules, points de départ des futurs corpuscules. D’autres présentent
le quart ou la moitié du volume des spores complètes.
Quelquefois, mais assez rarement, ce n’est pas une tige creuse qui part
de la spore, c’est un corpuscule qui semble en sortir directement; d’autres
fois c'est une série de corpuscules, ou même plusieurs séries. On dirait
que les séries formées à l’intérieur des spores se sont allongées et ont
franchi les limites trop étroites de l’enveloppe qui les contenait. Tous ces
phénomènes sont représentés dans les figures jointes à ces recherches.
On comprend d’après cela comment se forment, en procédant de la
spore primitive, et les tiges continues, et les spores diversement groupées
qui les terminent. Il me reste un point à éclaircir : c’est la formation des
tiges articulées.
Il arrive un moment où, par suite du développement progressif des
corpuscules contenus dans sa cavité, la membrane d’enveloppe des spores
disparaît. Alors, les corpuscules apparaissent libres au dehors, les uns
isolés, les autres réunis en séries linéaires ou ramifiées, comme Jje lai
indiqué précédemment. Mais les corpuscules qui composent ces séries ne
sont déjà plus tous globuleux ; quelques-uns d’entre eux se sont accrus
par leurs deux pôles opposés, tout en gardant leur largeur primitive. Il se
forme ainsi des séries de cellules allongées, cylindriques, juxtaposées bout à
bout, et terminées généralement par des corpuscules non modifiés. On peut
ainsi observer toutes les transitions; on peut voir le corpuscule globuleux
4 2
de 55 à 5555 de millimètre de diamètre s’allonger sans gagner en épais-
seur, de façon à acquérir successivement 4, 25, 5% 55 de millimètre
14 RECHERCHES
de longueur; et quelquefois une seule et même série présente ces différents
degrés. Qui ne voit de suite que ces séries constituent des tiges articu-
lées composées de cellules séparées, ajoutées bout à bout?
Ainsi, les corpuscules ou les jeunes cellules qui se forment à l’intérieur
des spores sont susceptibles de subir une double transformation. Tous
tendent à s’allonger par leurs deux pôles opposés. Mais les uns semblent
ae presque exclusivement à she tendance, de façon à acquérir + à
+5 de millimètre de longueur sur + tout au plus d'épaisseur. Les autres
Scan nisEs er à la fois dans les deux sens, de façon que leur longueur
n’est jamais plus que quadruple de leur largeur. Dans les premiers, on ne
voit jamais se former de jeunes cellules susceptibles de transformation ,
comme dans les derniers. Ceux-là sont des organes de végétation, ce sont
les segments des tiges; ceux-ci sont les organes de reproduction, les
spores.
On ne peut donc pas dire rigoureusement que ce sont les derniers seg-
ments des tiges qui se transforment en spores et se détachent. Les segments
et les spores ont chacun leur destination assignée d’avance et leur évolu-
tion propre. C’est ce que confirme Pr la comparaison des pts
sions de ces diverses parties (+ à -+ de millimètre de TER sur + à
+5 de largeur pour les spores; -& à ui de longueur sur ++
seur pour les articles des tiges).
Ces considérations, basées sur l’observation, expliquent toutes les ap-
cts
506
parences que l’on remarque. Il y a des tiges uniquement segmentées ;
elles ont été formées au sein des spores primitives, comme je l'ai dit, et
sont devenues libres par la destruction de celles-ci. Des tiges segmen-
tées semblent sortir des spores, comme on l’a vu pour les tiges continues;
c’est alors qu’une série de corpuscules a forcé son enveloppe, et que
parmi ces corpuscules il en est qui se sont transformés en cellules allon-
gées et cylindriques. Une tige continue ou l’un de ses rameaux peut se
terminer par une ou par plusieurs tiges articulées : c’est que parmi les
corpuscules qui y ont été amenés, il s’en est trouvé qui se sont transformés
en segments. On observe encore quelquefois d’autres apparences, qui
trouvent leur explication dans ce qui précède : ainsi, on voit une spore
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 15
terminant une tige donner naissance à son tour à une nouvelle tige, con-
tinue ou articulée. D’autres fois, c’est une spore encore placée dans la
série dont elle faisait partie, et donnant naissance latéralement à une
tige.
Deux faits capitaux ressortent des observations précédentes.
I. L'évolution de ce végétal reconnaît pour point de départ les corpus-
cules renfermés dans les spores. Ces corpuscules sont de jeunes cellules,
desquelles procèdent, par des transformations diverses, et la cellule végé-
tative, et la cellule reproductive. Elle prend donc sa source dans une
génération intra-cellulaire ou endogène.
IT. Les spores complétement développées donnent naissance à une ou
plusieurs tiges, simples ou ramifiées, destinées à conduire au dehors, au
lieu où elles devront atteindre le terme de leur croissance, une partie des
jeunes cellules formées à leur intérieur. [1 y a une analogie frappante
entre la production de ces tiges et la germination des spores des Confer-
vacées et des Marchantiacées. Il y a une analogie non moins frappante
entre elle et la production du boyau pollinique, telle qu’elle a été décrite
par Schleiden.
Ainsi , une partie des jeunes cellules produites au sein des spores par
génération endogène, continue sur place son développement. Au contraire,
une autre partie, celle sans doute qui s’y trouve en excès, qui s’y sent à
l'étroit, se rend ailleurs pour l’achever.
Ce mode de reproduction et d’accroissement n’est pas celui attribué au
genre Oidium (Link). Ce qui précède ne s'accorde pas avec les caractères
de ce genre, que voici, tels que les a énoncés M. Morren !.
« Flocons biformes, septés, moniliformes et s’évanouissant, droits ou
» décombents, subrameux, articles subglobuleux (ou elliptiques apla-
» tis), pellucides et se détachant facilement, projetant leur matière spora-
» cée. »
Je me crois donc autorisé à faire de ce singulier végétal le type d’un
nouveau genre, que je propose d'appeler Endogenium , à cause de son mode
! Je n'ai pas eu l'occasion de consulter l'ouvrage de Fries (Systema mycologicum).
16 RECHERCHES
particulier de développement et de reproduction. Ce genre est ainsi carac-
térisé 1 :
Mycélium et flocons formés de filaments simples ou rameux, les uns
continus, les autres articulés, terminés par des spores isolées ou disposées
en séries linéaires ou en groupes ?; filaments continus provenant de la
membrane d’enveloppe des spores primitives; spores remplies de jeunes
cellules, dont beaucoup sont rangées en séries linéaires ; spores et segments
des filaments articulés reconnaissant comme point de départ les jeunes
cellules des spores primitives.
Le champignon qui a fait le sujet de mes recherches pourrait donc
être appelé Endogenium vitis, du nom du végétal sur lequel il vit en para-
site. Les caractères spécifiques ressortent suffisamment de la description
que j'ai donnée de ses diverses parties.
Quelques recherches que j'aie faites, je ne suis jamais parvenu à voir
les tiges de l’Endogenium sortir des stomates, comme l'indique M. Morren. Je
les ai, au contraire, constamment vues passer au-dessus de ces organes. Tou-
jours j'ai remarqué que, pour les distinguer, il faut écarter davantage l’ob-
jectif du microscope du porte-objet, que pour voir même la couche super-
ficielle des cellules et les stomates. On voit souvent plusieurs tiges converger
vers un même point, qui paraît plus obscur; mais ce point n’est pas un
stomate : c’est l'endroit qu'’occupait une spore, qui a été détruite après
avoir donné naissance à ces tiges. On y aperçoit même quelquefois encore
des séries de jeunes cellules dont le développement n’est pas complet.
! Je n'ai malheureusement pas pu observer les autres espèces rangées dans le genre Oidium :
mais souvent il m'est arrivé d'examiner des Torula et des espèces appartenant à des genres voisins,
et jamais je n'ai rien vu qui püt faire soupçonner un mode de développement semblable à celui
décrit précédemment. Si done, j'ai donné à ce végétal ce nouveau nom, c’est pour appeler l’atten-
tion sur les faits nouveaux que j'ai signalés et qui reconnaissent pour point de départ le dévelop-
pement endogène des cellules.
? L'apparition de ces groupes n'est-elle pas due à des spores détachées qui sont venues par
hasard se placer autour des tiges? Si mes observations ne se rapportaient qu'à l'âge adulte du
végétal, ce doute pourrait être émis. Mais elles reconnaissent pour point de départ l’âge embryon-
naire, l'époque de la germination des spores, et à cette époque déjà, on voit des corpuscules for-
mant des groupes. Peut-on dès lors considérer ceux-ci comme le produit d'une agglomération
purement accidentelle?
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 17
Je n'ai pas vu non plus les filaments du mycélium s’avancer dans les
chambres pneumatiques ni entre les cellules du diachyme inférieur.
Lorsqu'on a enlevé, par frottement , la poussière blanche d’un raisin ou
d’une feuille, on n’y trouve plus de traces du cryptogame; pourtant, si le
mycélium pénétrait dans le parenchyme de ces parties et s’y ramifiait, le
simple frottement ne l’enlèverait pas, et on devrait l’y retrouver. Enfin, si
l'on compare le volume des spores indiqué précédemment au diamètre des
stomates de la vigne, on ne comprendra pas trop comment elles pour-
raient s’y introduire pour y germer. Toutefois, on conçoit qu’une tige,
ou quelques jeunes cellules isolées, puissent s'engager dans un stomate ;
mais ce doit être un fait entièrement exceptionnel. Je le répète, je ne
l'ai jamais constaté, bien que j'aie fait de très-nombreuses observations
pour m'assurer de l'exactitude, de la constance et des modifications des
phénomènes que j'ai fait connaître précédemment.
Ce champignon parasite est-il, comme le croit M. Morren, la cause de
la maladie qui a attaqué la vigne?
Au premier abord, l'existence constante du parasite donne beaucoup
de vraisemblance à cette opinion. Lorsqu'on examine attentivement les
faits, on trouve pourtant qu’elle laisse à désirer. En effet, rappelons-nous
ce que j'ai dit au commencement de ce travail, et nous y trouverons les
faits suivants :
1° De deux vignes peu éloignées, l’une offrait l’endogenium en grande
quantité, l’autre en présentait à peine. Pourtant, la contagion a dü se
faire et elle s’est faite : la preuve, c’est que par-ci par-là on rencon-
trait, sur cette dernière vigne, une jeune feuille couverte de poussière
blanche. Comment donc les feuilles voisines et les grappes n’en présen-
taient-elles pas?
2° Parmi les grappes de cette dernière vigne, beaucoup se gâtèrent avec
rapidité, plusieurs même avant la maturité, ce qui n’arrivait guère les
autres années. Ces grappes n’offraient d’ailleurs pas de traces du parasite ;
5° Une vigne offre encore actuellement des raisins sur lesquels on ne
constate qu’un simple arrêt de développement. D'ailleurs, leur peau est
Toue XXV. 0)
18 RECHERCHES
lisse et tendue; et je me demande s'ils ne seraient pas arrivés à maturité
sans l'apparition des premiers froids. Sur une autre, qui touche la pre-
mière, les raisins sont moins gros, ridés, plusieurs sont pourris ou des-
séchés. Enfin, sur une troisième, ils sont secs, ratatinés et couverts de
moisissures. Pourtant, sur ces trois vignes, la maladie a débuté à la même
époque; et sur toutes ces grappes la poussière blanche s’est montrée avec
une égale abondance.
4° Sur certaines vignes, toutes les feuilles ont été atteintes ; sur d’au-
tres, les jeunes feuilles seulement l’ont été. On voit des vignes malades
où quelques grappes sont saines, des grappes malades où quelques grains
sont intacts. M. Morren lui-même a cité des faits semblables. Il rapporte
entre autres que, dans une plantation de vignes à l'air, toutes les feuilles
étaient attaquées et mortes, et que pas une grappe n'était atteinte.
d° Des grappes ont été débarrassées du parasite par le brossage et le
lavage; il est resté assez longtemps avant de s’y reproduire ; sur plusieurs
d’entre elles, il est toujours resté peu abondant. Pourtant ces grappes ont
suivi exactement la même marche que celles abandonnées à la nature.
Ces faits sont bien propres à nous inspirer des doutes sur l’étiologie
de la maladie de la vigne. Ne semblerait-il pas plutôt, d’après eux, que,
si l'endogenium se développe sur un organe, c’est que celui-ci tend à deve-
nir malade, ou plutôt qu'il l’est déjà?
Est-ce donc la maladie qui produit le champignon , par une espèce de
génération spontanée? Dieu nous préserve d’admettre de pareilles absur-
dités. Comme tous les êtres vivants, l’endogenium ne peut se développer
que de germes provenant d'êtres semblables à lui, c’est-à-dire de spores.
Ces germes se reproduisent et se succèdent depuis la création de l’espèce.
Mais, pour qu'ils se développent, il leur faut un terrain convenable , et ce
terrain, ce sont des organes atteints dans leur nutrition d’une manière qui
nous est inconnue. Ainsi, laissez tomber ces spores sur une feuille ou sur
une grappe parfaitement saine , le développement n'aura pas lieu, ou bien
il restera incomplet. Laissez-les tomber, au contraire, sur un organe ma-
lade, prédisposé à les recevoir, et il sera bientôt recouvert d’un épais
mycélium,
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 19
Cette manière de voir nous explique tous les faits cités précédemment.
Elle explique comment une vigne peut rester saine à côté d’une autre ma-
lade; comment certaines parties de la même vigne peuvent offrir le para-
site et d’autres pas; comment des raisins ont pu ne subir qu'un simple
arrêt de développement, tandis que d’autres, qui l'ont offert en égale abon-
dance, se sont pourris ou desséchés; et ainsi de suite.
Il est encore d’autres difficultés que cette opinion seule peut résoudre.
En effet, si le champignon est la cause de la maladie, comment celle-ci
n'existe-t-elle pas depuis la création du monde? Comment la vigne dont
Noé fit la première vendange, n’en était-elle pas atteinte? Comment ce fléau
a-t-il attendu jusqu’à l’année 1845 avant d’apparaître? Le seul moyen de
le comprendre, ce serait d'admettre qu’en cette année 1845 a eu lieu, en
Angleterre, une génération spontanée; qu’en cette année, Dieu a effectué
une nouvelle création, et que le dernier chef-d'œuvre sorti de ses mains a
été l’endogenium.
Si, au contraire, on admet que le parasite ne peut se développer que
sur des organes déja malades, dont la végétation est en souffrance, ces
difficultés s’aplanissent d’elles-mêmes. On comprend qu'il a pu exister de
tout temps; que de tout temps il a pu croître et se propager sur les orga-
nes prédisposés à le recevoir. Mais ces organes étaient peu nombreux ;
c'était par-ci par-là une feuille, un raisin, une grappe, peut-être même
une vigne; mais toujours trop peu pour que l’on y fit attention. Ce fut
seulement en 1845 qu’il trouva, sur une plus grande échelle, des condi-
tions favorables à son développement, et qu’il se manifesta aux regards
des observateurs. Si dans un temps donné, l’année prochaine, par exem-
ple, ces conditions n'existent plus, l’endogenium ne se montrera plus non
plus qu'exceptionnellement, jusqu’à ce qu'un temps vienne où il retrouve
les mêmes circonstances.
Examinons maintenant quelques-uns des arguments énoncés par
M. Morren, en faveur de son opinion. Chaque fois que la maladie de la
vigne se déclare, dit-il, on voit apparaître le même champignon, et jamais
un autre. Sans doute; mais je ne vois pas la transition logique qui, de
20 RECHERCHES
cette proposition, nous ferait passer à la relation de cause à effet qu'il
indique. Si, comme je le crois, l’état morbide préexiste , qu'il prédispose
au développement de ce champignon , la même chose doit avoir lieu.
M. Morren cite à l'appui de ses idées la transmission de la maladie
par contagion, par inoculation, si l’on peut ainsi s'exprimer; il la com-
pare à celle de la gale par la dissémination du sarcopte. Mais cette trans-
mission, je crois pouvoir la révoquer en doute. En effet, prenons un
homme atteint de la gale, et supposons qu’on ait laissé à celle-ci son
libre cours. A-t-on jamais vu un homme dans ces conditions offrir un
doigt, une main, un bras épargnés par l’insecte nosogène, tandis que les
autres parties étaient atteintes ? Non, sur tout individu atteint de la gale,
le sarcopte, si l’on n’enraie pas sa propagation, tend à se répandre
indéfiniment , à envahir successivement toutes les parties du corps. Les
faits énumérés précédemment démontrent qu’il n’en est pas de même pour
l'endogenium, attaquant certaines parties d’un végétal et en respectant
d’autres.
Selon M. Morren, le parasite précède l'arrêt de la végétation; on le
suit dans sa marche, et on remarque que ses propres développements
s’'accompagnent des phénomènes qu’on est convenu d’appeler la maladie.
Sans doute; mais cela prouve uniquement qu'il commence à se déve-
lopper dès qu’apparaissent les circonstances favorables créées par la ma-
ladie; celle-ci détermine à la fois et l'apparition du champignon et l'arrêt de
développement. D'ailleurs, comme les faits précédents le prouvent, l’in-
tensité de la maladie n’est pas en rapport direct avec l'abondance du para-
site. C’est pourtant ce qui devrait être dans l'hypothèse de M. Morren.
Je reconnais avec le savant professeur de Liége, que toute maladie est
un effet, et jamais une cause, et que toute maladie suppose un fait anté-
rieur duquel elle dérive. Mais est-ce à dire que nous devions connaître
et indiquer ce fait antérieur ? Parce que ce n’est ni le chaud, ni le froïd,
ni le sec, ni l'humide, ni aucun autre de ces agents auxquels on s’adresse
lorsqu'on ne sait plus à quelle explication se vouer, est-ce nécessaire-
ment un parasite ? La conclusion n’est pas rigoureuse; la seule consé-
quence directe, logique, des ces considérations, c’est que la cause de la
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 21
maladie de la vigne nous est inconnue. Et qu'y at-il d'étonnant à cela ?
Connaissons-nous davantage les causes premières d’une foule de maladies
qui ont dû de tout temps attirer l'attention des hommes, par suite du
large tribut qu’elles prélèvent sur eux? Que savons-nous des causes
productrices de la fièvre typhoïde, du choléra, de la scrofule, de la
tuberculose, du cancer, etc. ?
Ainsi, la cause réelle de la maladie de la vigne nous est inconnue ,
et dans tous les cas elle ne réside pas dans le champignon parasite que
j'ai étudié. Celui-ci n’est qu'un effet de l'état morbide; cet état ne le pro-
duit pas, mais il favorise son développement; il crée les conditions sans
lesquelles son évolution ne s’opérerait pas. Nous voyons d’ailleurs la
même chose avoir lieu pour bien d’autres parasites. Tout le monde sait
combien la misère, la faiblesse de constitution, sont favorables au déve-
loppement et à la multiplication des poux, des ricins, etc. Mais l'influence
des conditions prédisposantes est bien plus frappante encore lorsqu'il
s’agit des vers intestinaux. Si ceux-ci pouvaient se développer dans toutes
les circonstances, chacun de nous en nourrirait une collection. En effet,
ne vivons-nous pas dans le même milieu que d’autres personnes que nous
en voyons atteintes? N’en absorbons-nous pas les germes aussi bien qu’elles?
C’est que ces parasites aussi ne sont pas cause, mais effet; pour qu'ils se
produisent, la muqueuse des organes digestifs doit se trouver dans des
conditions morbides, elle doit offrir un certain degré d’irritation. Voilà
pourquoi on les observe surtout chez les enfants et chez les personnes
dont les voies digestives sont souvent dérangées. Voilà pourquoi certains
aliments semblent en favoriser la production : ces aliments n’engendrent
pas des vers, à coup sûr; mais ce sont des aliments indigestes, ils irritent
le tube digestif, et ils favorisent de cette façon l’évolution des œufs qui
y sont apportés.
C’est de la même manière, je le répète, que je considère la maladie
de la vigne comme le point de départ de la production de l’Endogenium
vitis. Cette maladie, dont la cause est inconnue, ne crée pas un végétal ,
mais fait naître les conditions favorables à son développement, prépare à
ses germes un sol approprié. On comprend d’ailleurs que, une fois pro-
22
RECHERCHES
duit, il doive concourir à entretenir et même à accroître l’état morbide.
En effet, les surfaces vertes des feuilles et des raisins sont destinées à
être librement exposées à l'air, et non à être tapissées par un lacis de fila-
ments. Celui-ci empêche l’abord de l'air et de la lumière, et entretient
une humidité qui est loin d’être favorable. Pour reprendre le parallèle
que j'ai établi tout à l'heure, c'est de la même façon que les vers in-
testinaux tendent à maintenir et à aggraver cet état morbide des intes-
tins sans lequel ils ne se seraient pas développés.
Fig.
EXPLICATION DES FIGURES.
. Grain de raisin recouvert d'endogenium.
. Aspect général de l’'endogenium (mycélium et spores). On voit des tiges sortir de groupes
de spores ou y aboutir, on en voit se terminer par des groupes ou des séries de spores,
ou par des spores isolées. (Grossissement de 90 à 100 diamètres).
. Spores. (Grossissement de 250 à 500 diamètres), offrant des corpuscules à l'intérieur.
a. Spore elliptique à ligne foncée longitudinale.
b. Spore elliptique à ligne foncée en Y.
c. Spore subeylindrique.
d. Spore elliptique aplatie, vu de profil.
e. Spores offrant des inflexions sur elles-mêmes.
. Tige continue ramifiée, d’un diamètre de #5 à 5 de millimètre. (Grossissement de 500
Foû
fois).
a. Spores terminales isolées.
b. Groupes de corpuscules disposés au bout des rameaux.
ce. Corpuscules qu'on aperçoit dans l'intérieur des tiges.
. Tige continue terminée par des spores en grappes ou en séries linéaires. (Grossissement
de 500 diamètres).
. Tiges articulées.
b. Tige articulée terminée par des spores. (Grossissement de 600 diamètres).
. Tige continue terminée par des rameaux articulés, (Grossissement de 400 diamètres).
SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 25
Fig. 8. Tige articulée à aspect ramifiée. Spores encore peu développées. (Grossissement de 600
diamètres.)
9. Spores. (Grossissement de 600 à 700 diamètres.)
a, b. Spores offrant des séries et des amas de corpuscules, qui a des grossissements
moins forts, paraissent comme des lignes ou des points obscurs.
c. Spore où les séries de corpuscules sont tellement nombreuses et rapprochées
que son contenu offre un aspect en quelque sorte tourbillonné.
10. Cinq spores rangées en ligne, offrant chacune deux séries très-apparentes et presque pa-
rallèles de corpuscules. (Grossissement de 700 diamètres.)
b. Les mêmes spores, à 250 diamètres, paraissent traversées, selon leur longueur,
par un double diaphragme.
14. Germination des spores. (Premier jour.)
12. Germination des spores. (Deuxième jour.) Grossissement de 800 diamètres. — On voit
les tiges sortir des spores et les corpuscules s'y avancer; on voit apparaître les origines
des rameaux.
En a, on voit des spores encore rangées en série et déjà en train de germer.
15. Germination des spores. (Troisième jour.) Les corpuscules de l'extrémité des tiges s'ac-
croissent et deviennent plus distincts.
a. Tige offrant une série de corpuscules dans son intérieur.
b. Série de corpuscules s’'échappant directement de la spore.
14. Spores trouvées sur des raisins, et offrant des apparences analogues.
a. Les corpuscules les plus volumineux ont 2; ceux qui les environnent -!:; ceux
de l'intérieur 5 à 545. On voit des séries entières formées dans la tige.
b. Deux tiges s’échappant d'une spore.
c. Corpuseules s’échappant directement. Ils ont 300 de millimètre.
15. Spores donnant naissance à des tiges continues.
a. Tige terminée par une jeune spore de de millimètre de longueur sur 2 de
largeur, contenant déjà des granules.
b. Deux spores donnant naissance à des tiges qui vont se perdre dans des groupes
de jeunes spores.
c. Spore déjà déformée, d'où sort une longue tige semblable à celles des figures
4 et 5.
d. Spore déjà déformée, d'où sortent trois tiges: deux sont tronquées; la troisième
se termine par un bouquet de corpuseules de 4 à 4 de millimètre, La tige
a en moyenne 45 de largeur; les corpuscules qui s'y trouvent ont 550; On en
voit en e un amas qui, à un plus faible grossissement, simulait une articu-
lation.
16. lormation des tiges articulées au sein des spores.
a et b. Spores offrant des séries de corpuscules allongés.
c. Spore déformée offrant des séries de cellules globuleuses et allongées, Celles-
ci offrent en moyenne 4 de millimètre de diamètre sur 3560 À 360 de
longueur.
17. a. Spore donnant naissance à une tige.
b. Spore décomposée, offrant des amas et des séries de corpuseules et de cellules allon-
RECHERCHES SUR LA MALADIE DE LA VIGNE.
gées, et laissant voir tous les degrés de transition. On voit de ces cellules qui ont
depuis 4 jusqu'à & de millimètre de longueur.
c. Jeunes spores de + de longueur sur + de largeur, offrant déjà des granules à
leur intérieur.
Fig. 18. Spore primitive donnant naissance à trois tiges : deux se terminent chacune par une
spore; la troisième se termine par trois spores de chacune desquelles procède une tige
articulée.
19. Spore primitive de laquelle procèdent directement trois chaînons de spores.
Mém.cour. cet Mem des sa. étrang. Tom. XX V. Mem.de M! le Docteur J. Crocq. PL. I.
= Mom.cour. et Mem.des sav. étrang. Tom.XXV, Mem.de M'le Docteur J.Crocq, PAL
EPS 9 oo 0S
Mem. de M! le Docteur.J.C rocq, PL. THE.
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MÉMOIRE
SUR
LA VILLE DE GAND,
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE:
P.-C. VAN DER MEERSCH,
CONSERVATEUR DES ARCHIVES DE L'ÉTAT ET DE LA FLANDRE
ORIENTALE.
(Présenté à la séance du 7 mars 4855 )
Tour XXV,
Le
MÉMOIRE
LA VILLE DE GAND,
CONSIDÉRÉE
COMME PLACE DE GUERRE.
La ville de Gand, dont le rôle a été si glorieux dans l’histoire de la
Flandre, avait autrefois une grande importance militaire; elle la devait
surtout à son admirable situation au confluent de l'Escaut et de la Lys.
Située dans une presqu'île étroite, baignée de tous côtés par les eaux de
ces deux rivières, la nature semblait l'avoir entourée d’une ceinture de
fortifications naturelles. Plus tard, lorsque l'accroissement de sa population
et l'extension que prirent successivement son commerce et son industrie
l'eurent obligée à franchir ses limites primitives, l’art vint au secours de la
nature pour conserver à la ville son importance stratégique, qu’elle con-
serva Jusqu'à l'époque où Joseph IT fit démolir ses remparts, raser ses
fortifications et combler ses fossés.
S'il fallait en croire une tradition dont le souvenir a été conservé, entre
autres, par Pétrarque, César, frappé des nombreux avantages que présen-
tait cette position pour y faire hiverner ses légions, aurait construit un
château fort sur les rives de l’Escaut, à l'endroit où ce fleuve reçoit les
eaux de la Lys, c’est-à-dire à l'extrémité de cette vaste plaine où se dé-
ployèrent dans la suite les immenses constructions de l’abbaye de S-Bavon,
LA VILLE DE GAND
CS
dont quelques ruines imposantes ont échappé jusqu'à ce jour aux ravages
des temps ‘.
A l’appui de cette opinion, on cite, entre autres, ce passage de la Chro-
nique de S'-Bavon de Jean de Thielrode : Iste Gayus Julius construxit orne
CASTRUM ET FAMOSUM supra Scaldam et Legiam propter dicentiam et opportunita-
tem loci in hyeme quiescendum et in estate contra regem Cassibellaunum Britanie
bellandum ?. Le fond de ce passage paraît avoir été emprunté à la Vie de
S'-Bavon, par Thierry, abbé de S'-Trond (1030), où on lit, en effet, ce qui
suit: Tradunt hunc locum Caium Caesarem , Gallia diuturno bello domita , con-
didisse, et ex nomine suo Gandam nomen ei indidisse 5.
Nous sommes loin de vouloir attacher à ce passage de Thielrode plus
d'importance qu'il n’en mérite; mais il prouve tout au moins que la tra-
dition qui attribue aux Romains la fondation du premier château fort,
était déjà accréditée dès le moyen âge.
Une autre tradition, dont Sanderus s’est fait l'écho, porte que deux
lieutenants de César, Caius Fabius et Caius Trebonius, commandaient la
garnison chargée de la défense de cette forteresse, et qu’elle fut occupée,
sans interruption, par les troupes romaines jusqu’à l’époque où Clodion,
fils de Pharamond, s’en rendit maître (445) #.
La question de savoir si la date de la fondation de ce castrum famosum
doit être reculée jusqu’au temps de la conquête romaine, a vivement par-
tagé les auteurs; M. Van Lokeren paraît l'avoir traitée avec beaucoup de
sagacité et l’avoir résolue surtout d’une manière très-heureuse. Selon lui, ni
César, comme l’affirment Thielrode et l'abbé Thierry, ni Agrippa, comme l'a
prétendu un auteur du X° siècle, n’en peuvent avoir été les fondateurs;
M. Van Lokeren le prouve, d’une part, par le texte même des Commen-
taires de César et de Hirtius, son continuateur, et, d'autre part, par le
témoignage négatif de Pline, de Ptolémée et de la Notitia dignitatum , qui
! Pétrarque, en parlant de la ville de Gand, l'appelle Gandavum Caesare conditore superbum.
Voy. Warnkônig, Hist. de Flandre, taduite par Gheldolf, t. IE, p. 10; Gramaye, CX, p.6; De Bast,
De l'ancienneté de la ville de Gand, p. 4.
> Chronique de S'-Buvon de Jean de Thielrode, publiée et annotée par M. Van Lokeren, pp. 5-6.
5 Ghesquière, Acta Sanctorum Belgiüi, t. M, p. 14, n° 10, et Chronique de S'-Bavon, notes, p. 85.
* Sanderus, Verheerlykt Vlaenderen, 1.1. p. 124.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 5
ne font mention d'aucune ville, village, ni même d’une station portant le
nom de Gandavum. Toutefois, il est à remarquer que la découverte en cet
endroit de monnaies impériales , et surtout de poteries en terre sigillée,
permet de conjecturer, avec une grande apparence de fondement, que les
Romains doivent y avoir séjourné.
Ce qui est hors de doute et prouvé par de nombreux témoignages his-
toriques, c’est que, dès le commencement du VIT: siècle, la ville de Gand
était déjà défendue par une forteresse imposante ; car nous voyons dans
la Vie de saiñt Amand, écrite vers la fin du VIT siècle, par Baudemont,
5° abbé de S'-Pierre (658-750), que le courageux missionnaire se rendit
en Flandre, sous le règne du roi Dagobert, vers l’année 651, et qu'il y
fonda, à proximité du confluent de l'Escaut et de la Lys, deux monas-
tères, l’un sur le plateau du mont Blandin, l’autre dans la célèbre forte-
resse du nom de Gand, in castro famoso nomine Gant ?.
L'existence de ce castrum est encore prouvée par le témoignage d’un
autre écrivain qui vivait vers l’année 670 : Allowinus vir Dei... ad Aman-
dum , qui morabatur 1N cASTRO, cujus vocabulum est GanpaAvuM repedavit : quod
videlicet castrum juxta Scaldim, ubi idem amnis Scaldis Legiam recipit, situm est ?.
Du reste, les ruines de ce château, qui se sont en partie conservées jus-
qu'à ce jour, portent le caractère irrécusable de ce genre de maçonnerie
désigné par les archéologues sous le nom d’ouvrage en arêtes de poissons
ou en feuilles de fougères, dont la construction remonte au V° ou au VI:
siècle 5. Ce castrum fut détruit, paraît-il, de fond en comble par les Nor-
mands, qui séjournèrent à Gand pendant l'hiver de 880, et reconstruit
sans doute immédiatement après leur retraite.
Lors du partage de l'empire de Charlemagne entre les petits-fils de ce
prince, par le traité de Verdun (845), l'Escaut servit de limite entre la
Lotharingie ou la France mitoyenne, assignée à Lothaire, et la Neustrie
1 La Vie de saint Amand, dont la bibliothèque de l'Université de Gand possède un manuscrit
du IX° siècle, a été imprimée dans les Acta Sanctorum, février, t. F, pp. 848-854, et dans les Acta
Sanctorum Belgii de Ghesquière, t.IV, pp. 144-258, ainsi que dans Surius, t. I, févr., p. 70. Voy. le
catalogue des manuse. dela biblioth. de l'Université de Gand, par M. le baron deSaint-Genois, n° 149.
2? Ghesquière, Acta Sanctorum Belgii, 1. W, p. 901, n° 8.
5 Chronique de S'-Bavon, notes, p. 96.
6 LA VILLE DE GAND
ou la France occidentale, attribuée à Charles le Chauve. La ville de Gand,
traversée par ce fleuve, tomba ainsi en partage en partie à l'empereur
d'Allemagne, et en partie au roi de France. La défense des marches ou
frontières du royaume de France fut confiée à des chefs qui prirent d’abord
le titre de marquis, ensuite celui de comte.
Pour défendre la ville naissante du côté de l'Empire, et surtout pour
la mettre à l'abri des incursions des Normands, qui, on le sait, marquaient
toujours leur passage par une longue traînée de désastres et de pillages,
Baudouin, surnommé Bras de Fer, premier marquis des Flamands, fit con-
struire, en 867 ou 868 , à peu de distance de la rive gauche de la Lys,
cette formidable forteresse féodale, connue encore aujourd’hui sous le nom
de Château des Comtes (Graevensteen ou Graeven Kasteel), qui a résisté jusqu’à
ce jour, du moins en grande partie, au souffle destructeur des temps. Ce
château fort, dont Sanderus nous a conservé l'aspect général, reçut dans
la suite quelques ouvrages complémentaires, qui s’étendaient depuis le
pont dit Hooft Brugghe jusqu'à l'extrémité de la rue Courte du Château
(de Korte Steen straet), où ils s’'appuyaient sur une porte flanquée de tours,
connue sous le nom de Porte Grise !. Baudouin de Lille y ajouta de nou-
velles fortifications qu'il munit de deux grosses tours, et Philippe d'Alsace
compléta ces travaux en élevant, à l'entrée de la citadelle, une porte ar-
rondie en plein-cintre, surmontée de créneaux étroits (1178).
Le corps de cette forteresse et les ouvrages extérieurs, qui en défen-
daient l'accès, étaient protégés, de l’un côté, par la Lys, et, de l’autre, par
un cours d’eau parallèle à cette rivière.
Quelques écrivains, au nombre desquels se trouve de Bast, se fondant
sur un passage de la Chronique de Jean de Thielrode, prétendent qu'avant
le règne d'Othon, les empereurs d'Allemagne avaient déjà élevé sur le
territoire de l’abbaye de S'-Bavon, à l'endroit où l’'Escaut et la Lys con-
fondent leurs eaux, un château (castellum) destiné à couvrir à la fois les
frontières de l'Empire et l'enceinte du monastère. D'autres écrivains, et
notamment Dieriex, contestent l'existence de cette forteresse, et soutiennent
1 Dieriex, Mémoires sur la ville de Gand, L. 1, p. 456.
“1
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE.
que la citadelle, mentionnée par Thielrode n’était autre que celle que le
comte Baudouin construisit aux bords de la Lys.
Sans vouloir prendre part à ce débat, qui nous obligerait de franchir
les limites que nous nous sommes tracées, nous croyons cependant de-
voir faire remarquer que si l’on admet le passage de Thielrode, on ne
peut raisonnablement rejeter l'existence de deux châteaux forts, car le
chroniqueur dit en termes formels que le castellum dont il s’agit était
situé in libera S° Bavonis possessione, c’est-à-dire sur le territoire même de
l'abbaye; or, on sait que le monastère de S'-Bavon se trouvait en Brabant
(in pago bracbantensi), sur les limites extrèmes de l'Empire, tandis que le
château des comtes fut élevé sur cette partie de la ville de Gand que le
traité de Verdun avait attribuée à la France. Ensuite Jean de Thielrode
ajoute immédiatement après que cette forteresse avait été construite ad
defendendum monasterium et villam Gandenses *. Il résulte de ces termes que
le chäteau devait donc se trouver à proximité du monastère ; et tout porte
à croire qu'il fut construit pour protéger les frontières de l'Empire contre
les envahissements de la France.
Au X° siècle, la ville de Gand avait déjà pris quelque extension par l’in-
corporation de terrains situés sur la rive gauche de la Lys. Cet accrois-
sement de territoire, qui augmentait considérablement la puissance de la
cité, était regardé d’un œil jaloux par les Impériaux qui occupaient tou-
jours la forteresse. Après une longue série d'attaques et de combats, dont
les Gantois sortirent avec avantage, l'empereur Henri II tenta une descente
dans la ville, mais elle fut vigoureusement repoussée. Alors les habitants,
dans l’enivrement de leurs succès, essayèrent de se débarrasser de ce voisin
redoutable dont l'attitude devenait de jour en jour plus menaçante pour
l'indépendance de la cité. Malgré leur habileté dans l’art d’assiéger les
places, ils ne purent se rendre maîtres de la citadelle qu’en la réduisant par
la famine. En 1046, la garnison, dépourvue de vivres, fut forcée, après
un long siége, de se rendre. Depuis lors l’histoire ne fait plus mention de
ce puissant château, qui aura été probablement rasé par les vainqueurs.
1 Chronique de S'-Bavon, notes, pp. 107 et suiv.
S LA VILLE DE GAND
Après la prise de la forteresse d'Othon, la prospérité de la ville de
Gand se développa rapidement. Dès le onzième et le douzième siècle, le
commerce et l’industrie y avaient déjà acquis une importance considérable,
les tarifs des tonlieux en fournissent des preuves irrécusables 1. C’est aussi
de cette époque que datent les relations commerciales que les Flamands
établirent successivement avec l'Allemagne et l'Angleterre ? et la première
organisation politique de la ville de Gand. La commune était administrée
par un collége de treize échevins, investi de toutes les prérogatives judi-
ciaires et seigneuriales dont jouissaient les grands vassaux; elle avait le
droit de posséder un sceau, une cloche, une bannière et d’autres attributs
de la puissance communale. Parmi les priviléges que les bourgeois avaient
obtenus, on comptait, entre autres, celui d’être affranchis du service militaire
et de ne devoir suivre leur comte que dans les expéditions maritimes; de
plus, l’inviolabilité de leur personne et de leurs biens leur était garantie 5.
Cependant, jusque vers la fin du XIL: siècle, la commune n'avait pas
encore obtenu le droit de fortifier la ville, quoique, avant cette époque,
elle fût déjà hérissée d’un grand nombre de maisons flanquées de tours
solides et couronnées de créneaux menaçants, qui avaient l'aspect d’au-
tant de forteresses formidables, comme il est prouvé par les termes du
manifeste que Guillaume, archevêque de Reims, lança, en 1179, contre
la ville de Gand, à la prière de Philippe d'Alsace “.
! M. Warnkônig a publié le texte des plus importants à la fin du t. II de son Histoire de la
Flandre, trad. par Gheldolf.
2 Dès l'année 1104, les Flamands sont compris parmi les marchands étrangers soumis au ton-
lieu de Coblence. — En 1164, Philippe d'Alsace obtient pour ses sujets la pleine liberté d'aller et
venir par tout le territoire de l'Empire. — Une charte de 1175 accorde aux Flamands deux foires
annuelles sur eau, à Duisbourg, et deux autres sur terre, à Aix-la-Chapelle, — L'empereur Frédéric
Barberousse fixe la procédure à suivre par les marchands de Flandre envers leurs débiteurs habi-
tants de l'Empire. — En 1178, l'archevêque de Cologne accorde aux Gantois le droit de continuer
de jouir, comme leurs ancêtres, de la navigation du Rhin.— Dès l’année 1111, les rois d'Angle-
terre cherchent à attirer dans leur royaume des tisserands de laine. Warnkünig, Histoire de
Flandre, trad. par Gheldolf, L. IF, pp. 192 et suiv.
5 Ce serait une erreur de croire que la commune ne fut affranchie que du temps de Philippe
d'Alsace, en 1176 ou en 1178; elle était déjà libre et complétement organisée et administrée par
ses propres échevins dès l'année 41198. Voy. Warnkônig, 1bid., t. IL, p. 25.
# Voici les termes de ce manifeste : Post modum infortunio miserabili, praefato oppido penitus
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 9
Philippe d'Alsace, avant d'entreprendre sa seconde expédition en Pa-
lestine, où il trouva la mort, avait confié l’administration de son comté
à sa femme Mathilde, fille du roi de Portugal. La nouvelle de son décès
fut le signal de discussions interminables; Philippe-Auguste élevait des
prétentions sur le comté de Flandre et avait même déjà envoyé ses grands
officiers pour en prendre possession, comme d’un fief qui devait faire
retour à la France, à défaut d’héritiers mâles; la reine Mathilde récla-
mait de son côté un douaire plus considérable que celui stipulé dans son
contrat de mariage; enfin, Marguerite d'Alsace voulait se faire reconnaître
comme seule et unique héritière du défunt comte.
Les Gantois entrèrent dans le parti de Mathilde, mais ils marchan-
dèrent leur dévouement à la cause de la reine douairière, et profitant de sa
détresse, ils la contraignirent pour ainsi dire à leur accorder la fameuse
charte de 1192, en 56 articles, connue sous le nom de Kalfvel.
Cette keure, qui est un monument de la plus haute importance pour
l'histoire politique et constitutionnelle de la ville de Gand, accorde for-
mellement aux Gantois le droit d’entourer leur cité de murs et de fossés,
et d'y exécuter tels travaux de défense qu’il leur plaira : Spectat etiam ad
libertatem eorum oppidum suum muris, vallis et quacumque voluerint munitione,
ad libitum suum firmare, sic et proprios domos ?.
La paix ayant été conclue entre Baudouin de Hainaut et Marguerite sa
femme, d’une part, et la comtesse douairière de l’autre, Baudouin con-
firma la grande charte de 1192 et y ajouta même quatre nouveaux
articles ?.
Quelques écrivains, et entre autres l’historien Meyer et le chroniqueur
d'Oudegherst, ont prétendu que le comte, afin de pouvoir contester dans
igne consumplo. . . . . multitudo civium propter arridentem sibi divitiarum abundantiam, et ares
DOMORUM CUM TURRIBUS dequipollere, videbantur. Miraeus, Opera diplom., t. I, p. 974. — Il est aussi
fait mention de ces maisons fortifiées dans les tarifs de tonlieux de 1199, publiés par M. Warn-
kônig à la suite de son Æistoire de la Flandre.
1 Cettepièce a été publiée d’une manière très-inexacte par Dieriex, Mém. sur les lois des Gantois,
1. 1, pp. 102-137, D! et D?; elle est aussi imprimée dans Warnkônig, Histoire de la Flandre, trad.
par Gheldolf, t. IE, pp. 226 et suiv.
? Warnkônig, t. IE, p. 65.
Tome XXV. 2
10 LA VILLE DE GAND
la suite la validité du diplôme dépêché à l’occasion de l'octroi ou plutôt
de la confirmation de la grande charte, avait eu soin de ne le sceller ni
de son sceau, ni de celui de sa femme, et de ne pas l'avoir fait revêtir de
la signature des témoins dont les noms figurent dans l'acte; mais il résulte
de l'inventaire des archives de la ville de Gand, dressé en 1432, que cette
pièce, de même que le diplôme original de la reine Mathilde, ont été dûment
scellés des sceaux de Baudouin et de la comtesse douairière.
La mort de Baudouin IX fut le signal de graves événements; le comte,
avant de quitter ses États pour aller prendre part, d’une manière si glo-
rieuse, à la quatrième croisade, qui lui valut le trône impérial de Con-
stantinople, avait confié la tutelle de ses deux filles, Jeanne et Marguerite,
à son frère Philippe de Namur, auquel il adjoignit Guillaume de Château-
Thierry et Bouchard d’Avesnes, un des chevaliers les plus sages de son
siècle. Dès l'instant où la nouvelle de la fin prématurée de Baudouin se
fut répandue en France, Philippe-Auguste, se rappelant les stipulations de
la paix de Péronne, que le comte lui avait arrachées, songea à reprendre
les villes d’Aire et de S'-Omer. Afin de parvenir plus sûrement à son but,
il réclama la garde-noble des deux jeunes princesses, et, grâce à la trahison
de Philippe de Namur, elles furent enlevées du château de Gand et remises
entre les mains du roi.
Fidèle à sa politique, qui consistait à empêcher, à tout prix, que les
filles de Baudouin n’épousassent un prince anglais, le monarque français
contraignit Jeanne à prendre pour époux Ferrand, fils de Sanche, roi de
Portugal, et de Dolcis de Barcelone; ensuite, après que les jeunes époux
eurent fait hommage au roi et consenti à la cession d’Aire et de S'-Omer,
ils prirent le chemin de leur comté; mais l’'ombrageux monarque ne se
fiant pas à leur parole, les fit arrêter à Péronne, pendant que son fils s’em-
parait des deux villes contestées.
Lorsque Ferrand se présenta en Flandre, Courtrai, Ypres et Bruges re-
connurent sans peine son autorité; mais les Gantois refusèrent de le rece-
voir, et le poursuivirent même jusqu'aux portes de Courtrai. Cependant le
comte, qui n'avait souscrit que par contrainte au traité de Pont-à-Wendin,
brülait du désir de tirer une vengeance éclatante de la perfidie du roi;
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 11
l’occasion ne se fit pas longtemps attendre. Philippe-Auguste, prêt à faire
une descente en Angleterre pour y combattre Jean sans Terre, qui avait
été excommunié par le pape, somma ses grands vassaux de venir se ranger
sous sa bannière; Ferrand, qui avait déjà conclu un traité secret avec le
monarque anglais, exigea ,-comme condition préalable à sa coopération,
la restitution des châteaux d’Aire et de S'-Omer. Le roi, renonçant à ses
projets, tourna brusquement ses armes contre la Flandre et s’empara suc-
cessivement de presque tout le pays. Mais Ferrand, qui était parvenu à
s'attacher les Gantois, en leur accordant plusieurs priviléges , et notamment
celui de fortifier leur ville !, soutenu par les Anglais, parvint à détruire,
en grande partie, la flotte française, forte de 1,200 voiles, qui avait jeté
lancre dans le havre de Damme.
Ce n'était là que le prélude de plus grands événements. L'année sui-
vante, il se forma contre la France une coalition formidable dans laquelle
entrèrent, outre le comte de Flandre, le roi d'Angleterre, l’empereur
détrôné Othon IV, les ducs de Brabant et de Limbourg, le comte de
Hollande et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne.
Les confédérés avaient réuni plus de 150,000 hommes, auxquels Philippe-
Auguste, dont les forces étaient en partie tenues en échec par le roi d’An-
gleterre , qui était entré en Poitou, ne pouvait opposer qu’une armée beau-
coup moins nombreuse, mais, par contre, beaucoup plus forte en cavalerie.
Les deux partis se rencontrèrent dans les plaines de Bouvines, entre
Tournai et Lille; après un combat acharné où les deux armées firent des
prodiges de valeur, les Français remportèrent une victoire complète. Fer-
rand, fait prisonnier, fut conduit à Paris et jeté dans la tour du Louvre,
où il gémit pendant douze ans.
1 Voici le texte de ce privilége: £go Ferrandus Flandriae et Hannoniae comes , nec non dilecta
uxor mea, Johanna comitissa, omnibus presens scriplum inspecturis in perpeluum notum facimus ,
quod burgensibus nostris de Gandavo licentiam et potestatem muniendi oppidum Gandense, quocunque
modo voluerint et eis placuerit, dedimus, et ommem terram, quae vulgo Upstal dicitur, infra Ganden-
sem scabinatum jacentem, ad communem utilitatem ipsius oppidi, eisdem burgensibus quiete et in pace
contulimus, sine fine possidendam. Actum anno dominicae incarnationis M. CC. XIII, mense Mayo.
Miraeus, Opera dipl, t. IV, p. 228. Ce diplôme a aussi été imprimé par Dieriex, Mém. sur la ville
de Gand, 1.1, p.204.
12 LA VILLE DE GAND
Pendant tout le temps de sa longue captivité, Jeanne mit vainement
tout en œuvre pour fléchir la colère de Philippe-Auguste, le geôlier de
son mari; mais le roi resta sourd à ses prières. À la mort de ce monarque
implacable, dont le règne fut une longue conspiration contre la Flandre,
les négociations furent reprises et poursuivies avec de plus grandes chan-
ces de succès : Louis VIIT, obsédé de tous côtés, consentit à traiter de la
délivrance de son prisonnier, toutefois les conditions de sa mise en liberté
étaient si dures et si humiliantes pour la Flandre, qu'on les rejeta avec
indignation. En effet, entre autres stipulations du traité de Melun, il était
interdit au comte et à la comtesse d'élever de nouvelles fortifications en
Flandre, en deçà de l’'Escaut, sans l'agrément du roi : Comes et comitissa
non possunt facere novas fortericias, nec veteres inforciare in Flandria, citra
fluvium qui dicitur Escaut , nisi per nos. C'était se mettre entièrement à la
merci de la France. Heureusement le fils de Philippe-Auguste vint à
mourir, et la reine Blanche, mère et tutrice de saint Louis, fit disparaître
les clauses humiliantes du traité de Melun et se contenta du payement
d’une forte amende.
Ce fut pendant cette longue période d’agitation intérieure et de compli-
cations extérieures, qui commencent à la mort de Philippe d'Alsace pour
aboutir à la sanglante bataille de Bouvines (1191-1214), que les Gantois
entourèrent leur ville d’une ceinture de fortifications. Ces ouvrages devaient
déjà être très-avancés en 1213, puisqu’en cette année Philippe-Auguste
et le duc de Brabant, Henri le Guerroyeur, ne purent se rendre maîtres
de la place qu'après un siége opinitre.
Quoi qu’il en soit, l'enceinte fortifiée dont on entoura la ville suivait
toutes les sinuosités de l’Escaut et de la Lys. Depuis le pont du Jugement
jusqu’à la porte Grise, laquelle, comme nous l’avons dit, faisait partie
du système de défense du Château des Comtes, les ouvrages se prolon-
geaient exactement dans la direction du cours de la Lys. A l'endroit dit Bach-
terleye, où la rivière se perdait dans les terres basses du quartier de S'-Sau-
veur et du Nieuland, on construisit un rempart, connu jusqu’à ce jour sous
le nom de Vieux-Rempart (Oude-Veste), qui était relié à la porte de S'-Georges
ou de S'-Bavon par un fossé dont on peut encore voir quelques vestiges.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 15
A l'endroit où la Lys se jette dans l’'Escaut, c’est-à-dire à proximité du
confluent primitif de ces deux rivières, il y avait plusieurs ouvrages
revêtus de maçonnerie, destinés à en défendre les abords. Ils ne furent
démolis qu’en 1541.
Depuis le confluent de l’Escaut et de la Lys, en face de l’ancienne
abbaye de S'-Bavon jusqu’à la porte de Brabant, dite de Braempoorte, qui
se trouvait près du pont du Moulin à eau (de Watermolenbrugge), 11 n’y
avait, pour défendre les deux rives du bas Escaut, que le seul château fort
de Gérard le Diable, arrondi de deux tours. Cet édifice, occupé aujour-
d’hui en partie par l'institut des Orphelins, donne une idée exacte de nos
anciens manoirs féodaux.
Toute la partie de la ville, dont le nom d’Overschelde indique parfaite-
ment la situation, était défendue naturellement par ses bas-fonds et ses
marécages; elle était coupée par une longue digue, qui aboutissait à la
Braempoorte. À peu de distance de là, au coin de la rue des Tanneurs, où
l’Escaut forme un coude, le fleuve était commandé par un autre château
fort, nommé het Wandelaers Casteel, et plus loin par le rempart de S'-Jean
et la Walpoorte, où l’on creusa, vers la fin du XII: siècle, un large fossé
destiné à mettre les eaux de l’Escaut en communication avec celles de
la Lys, à proximité de la Ketelpoorte, ou porte de France. Ce canal de
jonction était défendu, du côté de la ville, par un rempart nommé Kauter-
veste, et du côté de S'-Pierre, par un autre nommé Ketelveste 1.
Vers l’année 1194, on construisit, à l'extrémité du canal de jonction,
dont nous venons d'indiquer la direction, une écluse défendue par deux
grosses tours, auxquelles , à cause de leur forme, on donna le nom de
Cuupen (cuves); l’écluse elle-même reçut le nom de Cuupgat ou Grooten Spey.
Ce fut au moyen de cette écluse qu’on inonda, en 1455, 1578 et 1582,
les bas-fonds qui s’étendaient au nord-ouest de la ville. Nous voyons, par
un acte de bail, passé en 13453, qu'une de ces tours portait le nom de
* Wyckhuus.
Non loin de cette écluse se trouvait le Cuupbrugge (aujourd’hui le pont
1 Voyez un article intéressant intitulé : De la première enceinte fortifiée de La ville de Gand (pa
M. Van Lokeren), dans le Messager des sciences historiques, 1843, pp. 1 et suiv.
14 LA VILLE DE GAND
du Jugement), et, à peu distance de là, la Cuuppoorte, poterne flanquée de
quatre tourelles, construite presqu’en face de la rue de la Vallée, et dé-
molie, en 1542, par ordre de Charles-Quint.
À partir du pont du Jugement, ou Cuupbrugge, on creusa un fossé (le quai
au Bois), d’une largeur d'environ 50 mètres, qui se déchargeait dans la
Liève et dans la Lys, près du pont aux Pommes.
Ce fossé était défendu par une ligne non interrompue d'ouvrages d'art,
que nous pouvons d’autant mieux faire connaître, qu’ils ont été en grande
partie conservés jusqu’à ce jour.
En suivant la direction du fossé, depuis son origine, au pont du Juge-
ment, il y avait d'abord une poterne, dite Zandpoorte, connue aujour-
d’hui sous le nom de porte des Fous; elle était reliée à la porte d’Assaut
(Bestormpoorte), par une haute muraille flanquée, en divers endroits, de
tours solides; ensuite, depuis cette porte jusqu’à celle dite aux Tours (de
Torrebrugghe) , c’est-à-dire sur toute la longueur de la rue d'Angleterre, le
rempart était revêtu d’une épaisse muraille, munie de quatre tours , dont
une se nommait het Cranckhuys. Ces ouvrages furent démolis en 1561, et
les matériaux servirent à la construction d’une écluse au canal du Sas.
Enfin, l'enceinte fortifiée se prolongeait depuis la porte aux Tours, ap-
pelée aussi porta Trunchi et porta Touraltana (porte de Tronchiennes et de
Tourhout), jusqu’au pont aux Pommes, comme nous l'avons dit, où le
canal du quai au Bois se décharge dans la Lys. Cette partie de nos an-
ciennes fortifications a entièrement disparu !.
Tel était le tracé de la première enceinte fortifiée de la ville de Gand;
elle avait un développement d'environ deux mille mètres. Les frais de ces
immenses travaux ne furent pas seulement supportés par les bourgeois
de la cité, mais nous voyons, par un acte de 1253, que les abbayes de
S'-Pierre et de S'-Bavon autorisèrent leurs vassaux à y concourir, parce
que, trouvant de nombreux avantages dans le voisinage de la ville, il était
juste qu’ils contribuassent aux dépenses qu'avait occasionnées sa défense ©.
! Voyez l'article cité sur la première enceinte fortifiée de la ville de Gand.
2 Voici, au sujet de l'intervention de l'abbaye de S'-Pierre dans les dépenses occasionnées par la
construction des fortifications de la ville de Gand, le texte d’une pièce très-intéressante donnée
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 15
Gràce aux progrès de la stratégie moderne, surtout en ce qui concerne
l'attaque des places , la ville de Gand, vu son immense étendue, soutien-
drait difficilement aujourd’hui un siége de quelques jours; mais ces hautes
et épaisses murailles, couronnées de puissantes tours, faisaient autrefois
de la cité une place de guerre si respectable, que, vers la fin du XIIIe siècle,
l'armée que Philippe le Bel avait jetée en Flandre n’osa l’attaquer.
Le côté le plus vulnérable de la ville était, sans contredit, celui fai-
sant face au quartier d'Overschelde; car nous avons fait remarquer qu'il
n'avait pour toute défense que les eaux du bas Escaut et le château de
Gérard le Diable; mais lorsqu’en 1254, la comtesse Marguerite eut cédé
aux Gantois ce vaste terrain sur lequel se déploya, dans la suite, l’im-
mense et populeux quartier de S'-Anne ?, on songea immédiatement à le
par la comtesse Marguerite, en 1255 : Universis presentes lilteras inspecturis scabini Gandenses
salutem in Domino. Noveritis quod, cum nos fortreciam oppidi Gandensis faceremus, quae toti
patriae et hominibus circummanentibus utilis videretur, et ab hominibus et subditis ecclesiae Sancti
Petri Gandensis , propter lucrum et commoda quae ex oppido Gandensi reportant, ad sublevandum
oneru et expensas, quibus occasione dictae fortreciae non modicum oneramur, subsidium nobis
postularemus impendi, dilecti nostri viri religiosi, abbas et conventus ecclesiae supradiclae, nobis
tale subsidium amicabiliter impenderunt : quod illi de villa Sancti Petri Gandensis solvant assi-
siam in ipsà villà de mercationibus, negotiationibus, officiis et omnibus rebus suis sive bonis quae
vendent vel ement extra Gandavum ; sicut ea solvunt ülli qui commorantur Gandavi de mercatio-
nibus suis quas exercent Gandavi et extra : et una dimidietas assisiae praedictae cedet oppido Gan-
densi ad fortreciam suam ex sufférentià et liberalitate dicti abbatis; altera vero dimidietas cedet ad
fortreciam dictae villae Sancti Petri de consilio dominae comitissae et dicti abbatis faciendam, in
quantüm ipsa fortrecia fieri poterit de pecunià quae proveniet ex dimidietate dictae assisiae, ipsam
villam Sancti Petri contingente, prout superits est expressum : salvis in omnibus jure et liberta-
tibus diclae ecclesiae et subditorum suorum, nec non et oppidi Gandensis : hoc notato, quod dicta
ecclesia, et ejus subditi, ad dictam fortreciam villae S. Petri, de suo aliud non apponent infra ter-
minum inferius expressum, quam dimidielatem dictae assisiae; nisi dicta ecclesia hoc facere voluerit
ex gratia special; et durabit assisia predicta, in villa Sancti Petri sumenda, per biennium ; nisi
terminus de consensu abbatis et scabinorum Gandensium, vel dominae comitissae fuerit abbreviatus;
vel per consensum dicti abbatis el nostrum fuerit prorogatus : et per hoc illi de Sanclo Petro de mer-
cationibus, negotiationibus et omnibus alüs de quibus assisia solvitur in Gandavo, non solvent
majorem assisiam in oppido Gandensi, quod illi de Gandavo in villà Sancti Petri. Datum
anno Domini MCCLIII, mense Martio, in die beati Gregorii. Aux Archives de l'État, à Gand.
Voy. Dieriex, Mém. sur la ville de Gand, t. 1, pp. 295 et suiv. Dieriex assure que l'abbé de S'-Bavon
fit, peu de temps après, avec les Gantois, un concordat de la même teneur, p. 278.
1 L'acte de cession de ce quartier est imprimé dans Dieriex, Mémoires sur la ville de Gand, L |
pp- 364-365, d'après l'original conservé aux archives de la ville de Gand.
16 LA VILLE DE GAND
mettre à l’abri d’une surprise, en y élevant une ligne de fortifications
parallèle au Reep. Ces fortifications consistaient en un fossé dit l’étang des
Échevins (Schepenen vivere), couvert par un rempart et deux portes: la porte
aux Vaches (de Koeipoorte), qui se trouvait à l’extrémité du quai de ce nom,
et la Hoyepoorte ou Steenpoorte, située sur la digue de Brabant, près l’an-
cien couvent des capucins. Ces deux portes furent démolies par ordre de
Charles-Quint, en 1540.
Peu d’années après, on prolongea la digue de Brabant dans la direction
de la porte de Bruxelles, et, vers 1290, on creusa à la porte aux Vannes
(de poorte ten Windgaten), un second fossé presque parallèle au Reep; ce
fossé, qui mettait le bas Escaut en communication avec le vieil Escaut,
est connu sous le nom de Æleyn Scheldeken (petit Escaut); il était défendu
par des bastions, des murailles et des casemates, dont les vestiges se voient
encore dans l’enclos du petit béguinage 1. Deux tours, l’une à la porte aux
Vannes (de poorte ten Windgaten), l'autre à la porte d'Eau (de Waterpoorte),
servaient à la défense de cette ligne bastionnée. Enfin, en 1520 et en 1585,
les échevins, autorisés par la commune, acquirent une longue lisière de
terre, qui s’étendait dans la direction où l’on a creusé le Rüietgracht, et y
élevèrent un remblai formant une troisième ligne de fortifications, qui, en
partant de la porte de l'Empereur, venait aboutir à celle de S'-Liévin ?.
Jusqu'au XV: siècle, l’enceinte extérieure de la ville de Gand n’était
défendue par aucun ouvrage important; car, si l’on consulte les anciens
plans, et notamment celui de 15545, on voit que toute la défense exté-
rieure ne consistait qu'en un large fossé, qui, en partant de l’'Escaut, à
proximité de la porte de l'Empereur, allait se jeter dans la Lys, à quel-
ques pas de l'endroit dit t Enderweere. Ce fossé était défendu , en divers en-
droits, par quelques tours crénelées ; toutefois, la partie de la ville de
S'-Bavon, faisant face à la campagne, était entourée d’un mur, et le ter-
rain ouvert compris entre la porte de la Colline et celle de S'-Liévin était
défendu par une ligne non interrompue de palissades. L'intérieur de la
1 Dieriex, Mém. sur la ville de Gand, 1.1, p. 575.
nn LEE 1b., LI, p. 577.
5 Ce plan fait partie de la collection de M. Goedgebuer, à Gand.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 17
ville était, au contraire, dans un état de défense très-respectable : toutes
les portes étaient flanquées de tours solides pouvant résister aux attaques
les plus sérieuses; ainsi, pour ne parler que de cette partie de la ville
connue aujourd’hui sous le nom de quartier de S'-Anne, ou Overschelde,
on ne pouvait, de ce côté, pénétrer dans la ville, qu'après s'être rendu
maître d’abord de la porte fortifiée du pont aux Vannes, ensuite de celle
qui se trouvait à l'endroit nommé Hoye, enfin, d’une porte formidable qui
dominait le haut et le bas Escaut, au pont du Moulin à eau.
Lorsqu’en 1488, l'empereur Frédéric IE, accouru du fond de l'Alle-
magne au secours de son fils Maximilien, qui avait été si durement traité
par les Flamands, et surtout par les Brugeois, vint, à la tête d’une armée
de 40,000 hommes, jeter l'alarme dans la ville de Gand, les habitants,
pour mettre le nord de la ville à l'abri d’un coup de main — car les Impé-
riaux étaient campés à Evergem , —inondèrent les environs sur une grande
étendue, firent construire au rempart de S'-Bavon, à l'endroit où la Liève
pénètre dans la cité, deux grosses tours rondes destinées à protéger les
manœuvres de l’écluse qui s’y trouvait, et les relièrent, au moyen de
quelques ouvrages en terre, à la porte de la Muyde, et de là à celle de
l'Hôpital (de Hospitaelpoorte), près la porte d'Anvers f.
Il paraît que cette ligne fortifiée ne consistait qu’en un large fossé, pro-
tégé par une espèce de parapet ou de remblai gazonné; car sur le plan de
1534, on ne trouve aucune trace d'ouvrages d’art proprement dits ?.
Quoi qu'il en soit, lorsqu’en 1492, les Gantois, fatigués de la lutte qu'ils
soutenaient avec un si fol acharnement contre le père de leur jeune sou-
! tem, in dit jaer (1488) was den eersten steen gheleyt van den niewwen wercke ‘t Rabot an de veste
C'Sente Baefs, welck werck ghenaempt was Tservers rurre, ende de voornoemde veste was ghedolven
van der Spitael poorte tot der Mude poorte. Memoriensoecx ver sran Guexr, publié par P.-C. Van der
Meersch. Gand, 4853, t. I, p. 331.
— ….Doen, ten dien ende, die stede van Ghendt rondomme int watere stellen, alzoo varre alst
mueghelick was, mitsgaders ooc diversche nieuwe bollewerken makenende een thorre buyten's Prin-
cenhof. Despars, Chronycke van Vlaenderen, t. IV, bl. 407.
2? Voyez une transaction entre le magistrat de Gand et la dame Barbe van Vaernewyck, par la-
quelle celle-ci cède à la ville 500 verges de prairies incorporées dans le fossé ten Vogelen Sanck,
creusé en 1484 (in de wutervesten en barmen), avec autorisation d'y élever bollewercken, huysen ,
muren, stakytsen, thuynen, enz. Arch. de la ville de Gand , reg. KK, fol. 315.
Tous XXV. 3
18 LA VILLE DE GAND
verain, songèrent sérieusement à se réconcilier avec lui, Maximilien leur im-
posa, comme condition préalable à tout arrangement, l'obligation de raser
une partie des fortifications élevées pendant les troubles, notamment les
deux tours du Rabot, et de construire, à leurs frais, une forteresse sur
les rives de l'Escaut, à proximité du monastère de S'-Bavon; les députés
chargés d'entrer en négociation reçureut même des instructions formelles
en ce sens; toutefois l’archiduc renonça dans la suite à ces prétentions
exagérées, et la paix de Cadzand, qui fut le gage de la réconciliation, ne
contient à cet égard aucune réserve !.
! Les instructions adressées par Maximilien aux députés chargés d'entrer en négociation avee
les Gantois contiennent des détails très-intéressants sur l'état des fortifications de la ville de Gand
vers la fin du XV° siècle. On nous saura gré de les faire connaître ici : « Pour ce que le Roy a nagaires
entendu par les lettres que Monsieur le chancelier et Messieurs du conseil lui ont escriptes que
ceulx de Gand sont fort pressés et ont grant nécessité de vivres et d’autres choses, et que Monsieur
de Nassau asseure qu'ils n'auront secours ne ayde des Franchois, le plaisir du Roy est, se lesdits
de Gand viennent à parlementer, que l’on les reçoive à merey, moyennant les choses ci-après
déclairées :
» Premiers qu'ils consentiront de rompre, abolyr et mectre au néant l’escluse qui tient l'eau en
leur ville, laquelle ils ont faicte et fortifiée du temps du Roy et que toutes les pierres qui sont et
ont esté mises pour faire ladite escluse et les deux grandes tours qui font ladite escluse, seront
ostées du lieu où elles sont, et apportées en l'hostel du Roy et de Monseigneur audit lieu de Gand.
» Que, pour fortifier ledit hostel, le lieu que l'on dit le Béghinaige, sera rompu et comprins
avec icelui hostel, pour le fortifier à l'encontre de la ville, jusques à la petite rivière qui court en la
rue de la porte de Bruges, et comprendra ladite porte de Bruges dedens ledit fort, qui sera ung
chasteau. Et seront abatuz tous les fors de la ville qui pourroient estre à l'encontre dudit
chasteau.
» Item desdites pierres seront faictes, une douve demy rons et tourelles tout entour dudit chas-
teau au bort des fossés , à l'encontre de la ville, et au dehors à l'encontre du gardin , sans rompre
icelui gardin, et par dedens le Béghinaige jusques à la maison des Lyons, et de ladite maison des
Lyons jusques à la porte de l'Eaue, et aux deux grosses nouvelles tours, de l'un et l'autre costé de la
rivière, nommé le Mourewatre, en quoy seront comprinses les dites deux grosses nouvelles tours;
et derrière ledit hostel, où du temps passé il souloit avoir deux ponts de bois, l'on y fera deux ponts
de pierre, et au bout de la dicgue, que l'on fera bonne et plus grande qu’elle n'est au plain du champs,
sera fait un gros bollewereq, gros et massez, devant la porte qui deffendra contre ceulx de la ville,
et tout entour seront faictes les douves et tours cy-devant déclairées.
» Sera aussi faict ung chasteau à Saint-Bavon, qui se prendra à une tour, qui est au bout dudit
Saint-Bavou sur la rivière de l'Escault, assavoir en yssant hors de Gand , à la main droite et en y
entrant en la main gauche. ;
» Que ladite tour sera fortifiée, et au bout d'icelle sera fait ung pont de pierre sur ladite
rivière de l'Escault, et à l'autre costé de ladite rivière sera fait un groz bolwerc de pierre qui
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 19
Charles-Quint ne se montra pas de si bonne composition ; car, après
avoir comprimé la mémorable révolte qui éclata à Gand, en 1559, il fit
non-seulement construire une citadelle formidable destinée à tenir la tur-
bulente population en respect; — projet, comme nous venons de le dire,
que Maximilien avait formé quelques années avant, et qu'il abandonna en-
suite; — mais , afin d'enlever, le cas échéant, à l'insurrection tout moyen
de défense, il fit raser, niveler ou combler un grand nombre d'ouvrages
fortifiés, tels que portes, tours, murailles, remparts, fossés, etc. Ainsi,
par sa fameuse sentence du 29 avril 1540, il ordonna la démolition de
«Ja tour Rouge, la tour au Trou des Crappaulx que tient Jehan Dinbise,
» avec la muraille de Philippe Bratelman, le Bramporte, la porte des
» Pierres, les cinq Trouz-au-Vent, la Walporte, la Ketelporte, le Cuypgat ,
» Ja Zantporte, la Posterne porte, la porte des Tours, la Grise porte, la
» porte des Vasches et la porte Saint-Georges !. » En outre, il fit combler
aux dépens de la ville « le Rytgracht, et rendre aux particuliers la despence
» qu'ilz ont eu pour le relever, sans jamais le povoir relever, ne faire rele-
» ver par les adhérités ne aultres, et avec ce oster et remplir les douves
gardera ledit pont. Et sur le petit pont par lequel l'on va en la grande ville, au plus près des
murailles de l'abbaye, sera faite une tour et ung pont levis à l'encontre de ladite ville.
Item et au dehors dudit chasteau de Saint-Bavon sera fait ung pout dedans les fossés de la ville
et par dehors ung fort bollewerc de pierre.
» Que le Roy veult et ordonne à mon dit seigneur le chancelier et mes dits seigneurs du conseil,
ou cas que lesdits de Gand deviennent à appointement, que l'on ne se arreste avec eulx à aucune
somme de deniers ne à le nos previléges dedens ladite ville, mais seulement à faire le dit chas-
teaulx et fortificacions à le nos dépens, par le Roy n’est délibéré, leur consentir aucun appointe-
ment que lesdits chasteaulx ne se facent, et se ils sont de ce contens. Il veult que mes dits seigneurs
facent incontinent et à extrême diligence, commancer iceulx chasteaulx et fortificacions aux des-
pens des dits de Gand, et y facent ouvrer tous les jours deux ou trois mil hommes tant de Ja ville
que du quartier. Et moyennant ce le Roy sera content que l'on leur baïlle terme de paier les
deniers qu'ilz doivent par la paix de Tours. Ainsi signé per regem. Ainsi ordonné par le Roy en
sa ville de Wlines (?), le xx° jour de juing, l'an HIJ** XIJ. De Gouvevaucr. » Aux archives de
l'État, à Gand, Analectes historiques, vol. Ier.
1 Gachard, Relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, p. 134.—11 est à remarquer que
tous les ouvrages mentionnés dans la sentence ne furent pas démolis immédiatement; on conserva
la porte de la Poterne; celle de Brabant, appelée Braempoorte, subsista jusqu’en 1562, et la Wai-
poorte, ainsi que la Ketelpoorte, ne furent démolies qu'en 1780. Steur, Mémoire sur les b'oubles
de Gand, p. 135.
20 LA VILLE DE GAND
» et fossés depuis la porte d’Anvers jusques à l’Escault, à leurs despens f. »
Ces travaux furent terminés en octobre 1540.
La construction du château des Espagnols fait époque dans l’histoire
militaire de la ville de Gand. Les événements qui y donnèrent lieu sont
trop connus pour qu’il soit nécessaire de les rappeler même d’une manière
sommaire ; il suffit de dire qu’au mois de mars 1540, c’est-à-dire une
année après l'occupation de la ville, Charles-Quint, accompagné de son
frère Ferdinand, roi des Romains, parcourut la cité en tout sens, afin
de choisir un emplacement convenable pour y élever une forteresse des-
tinée à maintenir désormais dans l’obéissance cette remuante population
gantoise, qui venait encore une fois d’arborer si audacieusement l’éten-
dard de la révolte.
Deux quartiers fixèrent particulièrement l'attention de l'Empereur : celui
de S'-Pierre, situé sur une éminence dominant une grande partie de la
ville, et celui de S'-Bavon. Ce dernier fut préféré, parce que, situé au con-
fluent véritable de l'Escaut et de la Lys, entouré de vastes prairies dont
l'inondation était facile en tout temps, il présentait un point de défense
d'autant plus avantageux, qu’en le mettant en communication avec le Bra-
bant, on assurait ainsi le ravitaillement de la citadelle.
Le 22 avril, Charles-Quint fit jalonner en sa présence le circuit de la
citadelle, et dès le surlendemain quatre mille ouvriers furent mis à l’ou-
vrage. Pedro de Trente et Dominigo Dassimon exécutèrent les travaux,
sous la surintendance de messire Adrien de Croy, comte du Rœulx, et
sous la direction de l'ingénieur Donaes Dibon.
Il résulte des comptes qu’on n’y a exécuté aucun ouvrage de pilotage.
L'absence de ces travaux dans un terrain marécageux , peut-être aussi la
célérité avec laquelle les premières constructions avaient été faites, parais-
sent avoir nui à la solidité de l’ensemble; car, sur le rapport d’un ingé-
nieur que l'Empereur avait fait venir de la Bourgogne, on se vit obligé
de renforcer les fondations autour du château et celle des batteries, parce
qu'elles n’étaient pas assez bien assises, et d'élever les faces des quatre
bastions à la hauteur de 18 pieds.
3 Gachard, ibid., p. 133.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 21
Les travaux de construction du château, commencés en 1540, ne
furent terminés que le 15 janvier 1554; la dépense totale s’élevait alors
à la somme de 411,554 livres 5 sols, la livre comptée à raison de 40
gros, et le sol à 2 gros. Elle fut couverte, en partie, au moyen du pro-
duit de la vente des biens meubles et immeubles confisqués sur les corpo-
rations de la ville.
On entrait au château par trois portes, dont deux étaient ménagées dans
les angles rentrant dans les courtines : l’une conduisait à la porte de Ter-
monde, une autre débouchait à la Pêcherie, la troisième faisait face à la
porte d'Anvers 1.
La citadelle des Espagnols, dont les derniers vestiges sont sur le point
de disparaître, formait un immense carré régulier flanqué de quatre bas-
tions. Chaque bastion avait un nom particulier : ceux tournés vers la
Pécherie portaient le nom de S'-Anne et de S'-Jacques; les deux autres,
situés dans la direction de la campagne, avaient reçu les noms de S'-Marie
et de S'-Charles. Ces ouvrages, casematés sous les deux flancs, à l’excep-
tion de celui de S'-Anne, où fut placée la première pierre, étaient reliés
ensemble par des courtines revêtues de maçonnerie et bordées d’un para-
pet de quelques pieds de hauteur. Il est à remarquer que le corps de la
place n’était protégé par aucun ouvrage extérieur; le retranchement qui
se trouve hors la porte d'Anvers ne fut élevé que sous le gouvernement
du prince de Parme.
En construisant cette formidable forteresse, suspendue sur la ville
comme une menace permanente; en confisquant les priviléges pour le
maintien desquels les Gantois avaient plus d’une fois versé des flots de
sang, en promenant, pendant plusieurs jours, la terreur dans les rues de
Gand, Charles-Quint était sans doute parvenu à comprimer cet esprit d’in-
dépendance et à éteindre cette soif de liberté auxquels la ville avait dû sa
prodigieuse prospérité; mais, en abreuvant les Gantois de toutes sortes d’hu-
miliations, il déposa au fond de leur cœur un germe de désaffection et
1 La plupart de ces détails sont empruntés à l'intéressante notice que M. Van Lokeren à consa-
crée à la citadelle des Espagnols, dans le Messager des sciences historiques, année 1848.
22 LA VILLE DE GAND
de sourde hostilité, que la première occasion eût sans doute fait éclater,
si de plus graves événements n'étaient venus assombrir l'avenir.
En 1555, l'Empereur, après un règne glorieux de quarante années,
pendant lesquelles, comme il le disait lui-même, il n'avait pas goûté un
seul jour de bonheur, déposa le pouvoir entre les mains de son fils. Au
mois de juillet 1559, Philippe IT, avant de retourner en Espagne, se
rendit à Gand, où, entouré d’une cour aussi brillante que nombreuse , il
vint assister à une séance des États-Généraux, qui y étaient précisément
assemblés. Borluut, pensionnaire de la ville, profitant de la présence du
monarque , lui demanda, dans des termes empreints de la plus énergique
franchise , le renvoi des troupes espagnoles, et lui rappela que les Fla-
mands avaient eu de tout temps le privilége de veiller par eux-mêmes à
la défense de leur territoire. Le roi, peu habitué à entendre un pareil
langage, et confondu de rencontrer tant d’audace chez une population
dont il croyait que son père avait à jamais abattu l’orgueilleuse inso-
lence, se retira brusquement sans laisser de doutes sur les sentiments
qui l’assiégeaient.
Philippe If, avant de quitter le pays, qu’il ne devait plus revoir, confia
le gouvernement général des Pays-Bas à Marguerite de Parme, sa sœur
naturelle, et lui adjoignit, pour l’éclairer de ses avis, un conseil d'État,
composé de six membres. À peine ce conseil fut-il institué, qu'il s’y forma:
une sourde opposition, dont Guillaume d'Orange était l’âme. La lutte
s’engagea d’abord sur le renvoi des troupes espagnoles, dont les désor-
dres entretenaient le mécontentement; ensuite sur l'érection des nouveaux
évêchés. Peu de temps après, la grande affaire de la liberté religieuse fit
l'objet de la préoccupation générale ; le nombre des sectaires augmentant
de jour en jour, il devenait urgent ou de laisser faire ou d’agir avec
rigueur contre les partisans des nouvelles doctrines. Ce fut ce dernier
parti qui prévalut. Le roi ordonna de faire exécuter sévèrement les édits
publiés par l'Empereur son père; l'opinion publique s’en émut et provo-
qua cette fameuse protestation par laquelle deux mille nobles s’engagèrent
à s’opposer de tout leur pouvoir à l'établissement de l’inquisition. L'irri-
tation devint bientôt générale, et, à la faveur de l'impunité, l'audace des
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 95
sectaires ne connut plus de bornes. À Gand, les calvinistes préchèrent
publiquement leurs doctrines en présence de plus de 7,000 auditeurs.
Mais ce n’était là que le prélude de plus grands désordres : à l'exemple de
ce qui venait de se passer à Anvers, les iconoclastes, dans leur fureur
sacrilége, commirent à Gand les plus déplorables excès : la plupart des
monuments religieux, et les ornements qui les décoraient, furent saccagés,
brisés, lacérés.
En 1567, la duchesse Marguerite, débordée de tous côtés, et trop fai-
ble pour pouvoir supporter plus longtemps le fardeau de la situation, fut
remplacée par le duc d’Albe. Don Alvarez de Tolède était un capitaine
expérimenté, qui avait vieilli dans les armées de Charles-Quint. Doué
d'une grande énergie de volonté, mais d’un caractère froid et réservé,
ayant la parole brève et hautaine, le cœur sec et dur, il répandait autour
de lui la terreur et l’effroi.
I fit son entrée à Bruxelles le 22 juillet 1567, et, dès le 50 août sui-
vant, il envoya 5,000 hommes de troupes espagnoles, commandés par don
Alonzo de Ulloa, occuper la ville de Gand. Les soldats espagnols y com-
mirent tant d’excès , que beaucoup de familles gantoises préférèrent cher-
cher dans l’émigration le repos et la sécurité que leur refusait la patrie !.
À peine le farouche capitaine avait-il saisi les rênes du gouvernement,
qu'il institua le Conseil des troubles, chargé de connaître de tous les crimes
politiques. Le nombre de victimes que ce Conseil de sang, comme l’appelait
le peuple, fit périr par le fer, le feu ou la corde, est immense.
Le 16 et le 17 janvier 1568, cent quarante-trois bourgeois de Gand
furent sommés de comparaître devant ce tribunal redoutable; ils furent
tous condamnés au dernier supplice; le 29 mars suivant, le conseil avait
déjà prononcé sur le sort de quinze cents personnes. Tous les citoyens
qui se montraient partisans des nouvelles doctrines furent poursuivis avec
la dernière rigueur. Aux termes des édits, les biens de ceux qui refu-
1 On prétend que, depuis l'arrivée du duc d’Albe, plus de 400,000 familles avaient abandonné
les Pays-Bas; la plupart passèrent en Angleterre, où elles obtinrent d'Élisabeth l'autorisation de
se fixer dans quelques villes pauvres, telles que Norwich, Sandwich, Colchester, Southampton,
Maidstone, Canterbury, ete., qui doivent leur développement à ces émigrations religieuses. (Kervyn
de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. VI, p. 248.)
24 LA VILLE DE GAND
saient de recevoir les derniers sacrements furent confisqués et leur corps
ignominieusement enseveli sous les gibets; enfin les maisons où les calvi-
nistes avaient tenu des réunions furent impitoyablement rasées.
Ces mesures, d’une cruauté barbare, glacèrent tout le monde de ter-
reur, et préparèrent une réaction d'autant plus violente, qu’elle puisait sa
force dans le mécontentement du peuple et dans l’état de malaise où se
trouvaient le commerce et l’industrie, qui menaçait de tarir les sources
vives du travail national.
L’odieux supplice des comtes d'Egmont et de Horn augmenta encore
l’exaspération générale. A la nouvelle de cet atroce attentat, Guillaume le
Taciturne, réfugié en Allemagne, mais qui s'était ménagé de nombreuses
relations en Belgique, rassembla à la hâte une armée, qui s’éleva bientôt
à plus de 20,000 hommes, et envahit les Pays-Bas, pendant que son frère,
Louis de Nassau, faisait triompher ses armes en Frise contre le comte
d’Aremberg. |
Le duc d’Albe, en capitaine habile, sut déjouer ce double danger : il
défit complétement le comte Louis et força le Taciturne à repasser le
Rhin; mais il fut moins heureux contre les queux, dont les bandes indis-
ciplinées commettaient partout les plus grands désordres. Les gueux de
mer, commandés par des nobles émigrés, se distinguaient particulièrement
par la rapidité de leurs courses et l'audace de leurs attaques; en 1572,
ils se montrèrent jusqu'à Eecloo, Bouchaute et Assenede, et poussèrent
même leurs incursions jusqu'aux portes de Gand. Les Gantois, afin de leur
résister, s’enrégimentèrent au nombre d'environ 7,200, divisés en huit
bataillons, placés chacun sous le commandement d’un capitaine; et, pour
mettre leur ville à l'abri d’une surprise, ils exécutèrent à la hâte quelques
travaux de défense à la porte de la Muyde, à la tour située à l'endroit dit
1 Enderweere et ailleurs !. À cette occasion, on approfondit le fossé de la ville
! Den 18 july 1572, begonst men aen de Muydepoorte, en den 21 aen den toren ‘x ExnerWeere,
de veste te delven , ten koste van de stadt, met ontrent 150 mannen , die ele wonnen zes stuyvers dags.
De Jonghe, Gendtsche geschiedenissen , t. 1, p. 198.
— Op het eynde van deze maendt wierden in de stadt veel persoonen geprest, om le gaen delven.
De Jonghe, /bid., 1. V, p. 213.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 25
depuis la porte du Sas jusqu’à la tour connue sous le nom de s’Herders
Toren !, on gabionna les portes et on exhaussa, en divers endroits, les para-
pets. Ce ne fut que le rempart compris entre la porte de Bruges et la tour
de ‘ Enderweere qu'on revêtit d’un mur maçonné en briques, flanqué de
plusieurs tours massives : le fossé qui baignait le rempart fut également
approfondi et élargi ?.
1 In dit jaer ruumde men de veste van aen de Mundepoorte tot aen den ouden turre in den Ham,
gheseyt Suervers turre. Memorienboeck der studt Ghent, publié par P.-C. Van der Meersch, année
1572.
— Pour pouvoir éteindre les dettes contractées pour la construction de ces fortifications, le ma-
gistrat obtint, en 1575, l'autorisation de lever, pendant un terme de 42 années, un impôt extraor-
dinaire sur plusieurs objets de consommation. Reg. RR., fol. 190 v°. Aux archives de la ville de Gand.
2 Les fortifications de ‘* Enderweere sont parfaitement indiquées sur un plan précieux de la
ville de Gand , de 1572, par François Hogenbergh. Ce plan, gravé, en 1575, par Philippe Galle, se
trouve dans la curieuse collection de M. Goedgebuer.
Nous avons découvert, aux archives communales de Gand, quelques pièces très-importantes ,
qui font connaître les travaux dont l'exécution était jugée nécessaire pour mettre les fortifications
de la ville de Gand dans un bon état de défense. Nous les reproduisons ici d’après le texte transerit
au registre RR. fol. 7 v° et suiv. :
Noticien van Pieter de Buck, landmeter, de welke hy ghehauden heeft uut laste van E. ende Weerde
Heeren Mynheere Van Assche, voorscepene, ende Guillaume Warenghien, scepene van der kuere der
stede van Ghendt, int doen van der visitatie van de vesten deser stede, den twee en twintichsten
augusty XV° twee en zeventich, mitsgaders int communiceren van eenighe noodzakelicke weercken,
dienende ter fortificatie der zelver stede.
Eerst an ’t Rabot t'Sanders Walle, upt gat daer men de deure upwint, es van noode eene plancke
gheleyt ende wel ende steerck toeghenaghelt, ten fyne men aldaer in den turre niet en gherake,
dwelcke somtyders ghebeurt es, naer rapport.
Item, an de Brugghe aldaer alwaer men uute ende inne deser stede gaen can, waere goet eene
loose poorte, ghemaect ten minsten van houte, tot dies men daer inne anders versien mach.
Item, up de noort zyde van den zelven Rabotte, waere goet eene platteforme ofte bollewerck
van eerde gemaect, hebbende de wydde an alle zyden (ter hoochde van den traghel ofte wylent de
veste), van tsestich handtvoeten, rysende boven den traghel thien ghelycke voeten , recht up ende
incommende ofte docerende boven an allen zyden vyf voeten, zoo dat de superficie boven blyve
vyftich voeten viercant, omme grof gheschut up te legghene, indient van noode waere, welcke
platteforme dient bewalt an de drye syden, wanof deen zyde bewaetert es, zoo datter maer res-
teren en zouden ontrent ellef roeden te graven tot deur den traghel int waeter van der Lieve,
ende de derde zyde en dient maer gherepareert te worden; de syden moeten alle met goeden tayen
plantsoen opgheset zyn ende gheleyt in ghebanden ende gheanckert met syne ryse jeghens het
invallen.
Item, daer den traghel deurgraven zoude zyn, zoude moeten eene optreckende of andere brug-
Tome XXV. 4
LA VILLE DE GAND
Lo
5
En 1575, le duc d’Albe, découragé du peu de succès qu'avait obtenu
son administration, et profondément blessé de la haine que ses mesures
sanguinaires lui avaient attirée, sollicita lui-même son rappel, et fut pres-
que aussitôt remplacé par Louis de Requesens, grand commandeur de
Castille.
Le nouveau gouverneur général inaugura son entrée au pouvoir par
ghe ghemaect worden, omme die drye muelene ende den meerschen Le dienen, ende zouden den
wal van den voorcreven bolleweerck wel twee roeden weyt moeten zyn, up een somerwaeter ende
diepe vyf voeten.
Item, up de zuut zyde van den Rabotte, daer de veste gheel vul ende verlandt es, daer dient de
zelve lanex henen ghedolven, ende verdiept tot den ouden kant ende bodem. Item, metter eerde
daer uut commende zal men de veste verhooghen ende verdicken, makende boven parapecten
ende wandelynghen, om vry van geschut te zyne indient noodt waere; tot welcke weercken van
noode zyn pypegalen ende delve in goeder ghetalle, immers naer de haeste die myne Heeren daer
mede begeeren.
Item, gaende van den bolleweercke naer de Bruchsche poorte, daer dient de veste ghedolven als
vooren van ghelycke parapecten, ghemaect als voorseyt es, ende mits dat dese veste redelick
hooghe es, ende dat men qualick wech zal weten metter eerde daer uute commende, zoo waere
goet de zelve gheemployeert omme an de noord syde van der Bruchsche poorte, een plateforme
ofte bolleweercke van eerde ghemaect te werden van grooten ende hoochte ghelyck ’t voorsyde,
ter defensie van der stede in zelve quartier, daer de hoochde van de lande zeer by der poorten
comt, welck weerck eensdeels cruweerck, ende meest kerreweerck zoude dienen.
Item, dwaechuuseken bi de steene veste by Thenderweere, waere goet ghedect ende gherepareert.
Item, daer de zavele uten veste ghegraven ende ghehaelt es, waere goet wederomme met gryse
ende andersins ghevult ende gheeffent, want de zelve veste anders niet ghebruuckelick en es
aldaer.
Item, commende Thenderweere, daer de veste verdiept es, ende de eerde noch niet gheleyt
z00 de zelve behoort, zal men de zelve moeten doen upcorten ende dyewys legghen ende bewae-
ren van invallen ende instroomen, twelcke goet ghedaen waere, hebbende de opportuniteyt van
t loopen van den plancken t'Sente Baefs.
Item, tusschen de Percellepoorte ende der Leyen, zal de veste moeten verdiept wezen, zoo dat
‘Lwaeter comme tot an de poorte, ende an de poorte een uptreckende brugghe ghemaect.
Item, ontrent den midden van den Eechaute, up de hooghe veste, waere goet eene platte ende
uutstekende forme of bolleweerck van eerde ghemaect, ter defensie van der zelven veste, ende der
hooghe landen daer vooren , ende lanex der veste parapecten ende wandelynghen ghemaect, omme
te voet ende te peerde daerlanex henen te ryden.
Ende omme het overloopen te beletten, en can hy, landtmeter, gheenen beteren middel gheïma-
gineren dan by middel van eenen hooghen ghelende of baerbelcause sluttende alomme jeghens de
poorten ende waeckhuysen.
Item, an thende van der vesten beoosten der Hueverpoorte zoude ooc dienen eene platteforme,
ende eene uptreckende brugghe in de poorte ende voor der poorte totter Schelden, de veste
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 9
“I
des mesures d’indulgence et de douceur; tous ses efforts tendaient à ame-
ner une réconciliation durable en guérissant les blessures faites par l’aveu-
glement insensé de son prédécesseur. Après avoir défait, dans les plaines
de Moock, près de Nimègue, l’armée de Louis et de Henri de Nassau, 1l
fit proposer, aux États assemblés à Bruxelles, une amnistie générale et
sans réserves, l'abolition des nouveaux impôts et la suppression du Conseil
verdiept onder ende verwyt zoo dat ‘t waeter z00 naer der poorte commen, alst moghelick werd.
Item, de veste tusschen der Schelden ende Sente Baefs poorte, item van sente Lievens poorte
totter Keyser poorte, dient verwyt te zyne, midts dat se aldaer zeer cleene wydde heeft, ende zeer
goet es ompasseren ende overgaen.
Eenighe poincten ende articlen concernerende der fortificatie des stede van Ghendt, de welcke Weerde
Myne Heeren scepenen van der kuere overgheeft Pieter de Buck, gheswoorne landtmetere, Weerder
Heeren dienaere, altyts onder correctie ende ?t verbeteren van eenen yghelicken.
Eerst an de Mudepoorte zal men de zelve poorte ghebruucken omme gheschut daer inne ende
boven daer uppe in tyde van noode te legghen, ende de zelve poorte daer toe prepareren, metga-
ders daer uppe makende, in stede van breeder defensie, goede steercke scransen manden ghevult
met eerde.
Van ghelycke sal men oock stellen ghelycke scrans manden up den hooghen muelewal ende
hooghe veste in de stede van eenighen bolleweercken, die men aldaer ten excessiven coste zoude
moghen maken.
Item, de veste gheruumt zynde, waere goet dat alle de zygrachten ghesloten wierden , ende de
baermen , putten by plecken wat ghehoocht, zoo van ghelycke goet waere, dat de cassa van den
turre in den Ham wat gerepareerd wierde, ende dat men daer deuren inne stelde, ende alsdan
een planck waeter in de veste liete, want ’t zelve wel eenen voet en half daer mede hooghen
zoude.
Item, nopende de brugghe an *t Rabbot t Sanders walle, daer de stede openlicht, waere goet eene
poort ghemaect, drye zoo vier voeten dicke, ghestoffeert met busgaeten, dat men de gracht tus-
schen den traeghel ende de meerschen verwydde, tot eene roede en alf wyt in de leechden, ende
metter eerde daer uute commende den traeghel hoochde, ende danof eene nieve ende dobbel veste
maecke, van an de Lieve tot Meerhem, makende jeghens de meerschen zekere baermen, met soen
opgheset vier voeten hooghe, omme daer achter bedect te gaene, ende van Meerhem totter Mudde-
poorte, daer eene aude gracht gheleghen es, dat men die gracht ruumende, ende by dien middel
zoo zoude dat quartier dobbel bevest wesen, stellende ondertusschen up de muelenwalle ende de
hooghe vesten , scransmanden als vooren.
Item, nopende de hooghe vesten an de Hueverpoorte ende Percellepoorte, zal men de henden
ter waeterwaert verdiepen, ende repareren tot an de poorte, ende daer oppe ende oock operveste,
tusschen beede de poorten, zal men waechuysen repareren, ende de gheheele veste met baerbel-
causen versteercken , zoo dat men daer niet uut noch inne gheclemenen en can, z00 de zelve wy-
lent ghewveest heeft, mackende jeghens de zelve baerbelcausen , eenen baerme van eerde vier voe-
28 LA VILLE DE GAND
des troubles ; mais les États exigèrent de plus le renvoi des troupes espa-
gnoles; c'était une prétention à laquelle, vu la situation du pays, Reque-
sens ne pouvait souscrire, et les négociations furent rompues.
À la mort du commandeur de Castille (5 mars 1576), le conseil d’État
prit les rênes du Gouvernement; toutefois son pouvoir ne fut pas de longue
durée : un parti puissant, qui agissait sous l'inspiration du prince d'Orange,
ten hooghe, omme daer achter schuet vry te zyne, effenende ook de zelve veste boven, omme
ghemackelick daer op te gaene ende ryden, met zekere up ende afreden daer toe dienende.
liem, op de platteforme die daer licht ende elders daer tbest zoude moghen dienen, zal men ooc
scransen stellen, als vooren.
liem, van ghelyeke zoude men repareren de waechuusen t'Eckerghem op de eerde veste, up de
veste an Sente Lievenspoorte ende Keyserpoorte, ende oock aldaer stellen de baerbelcausen ende
seransmanden als vooren, verwydende de veste tusschen de Keyserpoorte ende de Schelde.
Item, omme te beletten het afkeeren van den waeteren. In de veste deur de straete an de Keyser-
poorte, indien de poorte niet souffisant en wacre, zoo zoude men aldaer zekere steercke weere mo-
ghen maken van metselrie, streckende veertich of vyftich voeten naer Sente Lievenspoorte.
Visitation faict le deuxiesme daougst XV° soixante douze par M° Jehan, faict en la ville de Gand, pour
le faict de la fortification d'icelle.
Premier. A commenchet à la porte de Mude, auquel fut trouvé estre besoing faire abbatre au
dehors ladite porte ung mollin, et faire transporter la terre de la motte dudit molin, à cause qu'el
nuict grandement à ladicte porte, une petite platteforme de soixante piez quarez, aflin d’en garder
l'enbouchure et entré, moïennant y faire ung bon parapette de diz piet despes, et aussi sembla-
blement au costé droict, continuant ainsy au soing du rempart.
Venant à l'escluse, derier le lougy du Roy, at esté trouvé qu'il est grandement nécessaire faire
au boult du pon dicelle tourre, unque platteforme de soixante pied carrez pour le moingz, afin de
garder l'ennemy qu'y ne se saisy de ladict turre.
Oulte tirant vers la porte de Bruges, a esté trouvé le fosse grandement remply, en quel fossez
est besoïng la faire nettoyer; il est ausy besoing faire faire à ladicte porte de Bruges ung pont-
levys et ung tappecul.
De ladite porte de Bruges, tirant vers la tourre de Tendrouve (Zenderweere), est assez raison-
nablement bon, may les fossez sont aussi ung peu remplye, de quoy l'on les polra aussi faire net-
toyer, son voeult.
Estant à la porte S'-Pierre, a esté trouvé par son fossez sans eaulz, may ayans bons rampars,
sans touteffois estre garde de flancquer ny garandyr dauleuns travers, chose dangereuse, au moyen
de quoy pour à ce obvyer à estre trouvé lieux à droict pour y planter un bon gros baulwareque,
pour deffendre lesdits rempars et portes Saint-Pierre et Dueverporte, bien entendu qu'y fault
aussy lever, au coing de l’entrer de Lescau , le rempars, à telle raison qu'il serve du cavalier pour
flinquiser au long dudict Escau, bien entendu qu'il fault faire ausdietz portes, pons-levys et tapecul.
Venant à la porte S'-Lievins, a esté trouvés en auleuns endroiet bons rampars et en aultre de-
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 29
se forma à Bruxelles et fit jeter en prison la plupart des membres du con-
seil; dès lors les États des provinces s’emparèrent du Gouvernement. A
Gand, ils inaugurèrent leur administration en déclarant les Espagnols
ennemis de la patrie, et prirent la résolution de les chasser du pays 1. Le
château étant occupé par les soldats du roi, on résolut de s’en emparer.
Un retranchement fut élevé hors la porte d'Anvers, et la citadelle fut
investie de ce côté. Les hostilités commencèrent sérieusement le 18 sep-
tembre 1576; les Espagnols ouvrirent le feu contre la ville. Les Gantois,
afin d'empêcher la garnison de faire des sorties, barricadèrent, avec les
débris des maisons démolies, toutes les rues débouchant vers le château;
la porte de S'-Georges et le Papenhuys, qui y était attenante, furent gabionnés,
et on éleva des batteries sur les ponts du Pas et de la Tour-Rouge. La terre
nécessaire pour remplir les gabions fut prise dans la rue de S'-Georges,
qui fut creusée, à cet effet, à une profondeur de 15 pieds. Au moyen de
cette formidable artillerie, les assaillants canonnèrent vigoureusement les
murs de la citadelle, et parvinrent à pratiquer une large brèche au bas-
tion de S'-Jacques, qui se trouvait presque en face du pont du Pas. La gar-
nison, loin de laisser abattre son courage par ce premier échec, fit plu-
sieurs sorties qui firent beaucoup de mal aux assiégeants. Cependant les
travaux du siége furent poussés avec un redoublement de vigueur : toute
la population de la ville, hommes, femmes et enfants, travailla au creuse-
ment des parallèles. Les Gantois obtinrent quelques secours du prince
rompue, ayant les fossez remplie, sauf ung petit canal de Lescau, courant bien estroit partout, est
besoin nécessairement le balargir et mectre les terraulx sur lesdits rempars; y fault aussy faire
abattre près ladicte porte ung mollin, et faire amener la terre pour ce qu'elle domineroit ladicte
porte et seroit cause de sa ruyne.
De ladicte porte Saint-Lievens à la porte de l'Empereur, a esté trouvé bons en raisonnables
rempars, ayant aussi le fossez en tout remplye, sauf ung pety canal venant de Lescau , lequel n’en-
pêcheroit en riens à l'ennemys à passer, par ce est besoing aussi la faire netoyer et mectre la terre
sur les rempars ; à ladicte porte de l'Empereur y faudra tirrer deulx petitte mourailles dung costé
et daultre, affin qu'au boult l'on y mecte ung tapecul, et environ le milau ung pont-leviz. Ce fault
faire, aflin doter à l'ennemys la cognoissance de non rompre l'escluze de ladicte porte, laquel est
de grande import, au ca l’on fera entour lesdiets rempars parapette de quatre pied de hault, affin
de couvrir le soudart contre les ennemys, bien entendue qu'y fauldra allentour de la ville faire
abattre tous arbres, hay et hallot qui empêchent de descouvrir l'ennemys.
! De Jonghe, Gendische geschiedenissen , t. 1, p. 255.
50 LA VILLE DE GAND
d'Orange, et les États armèrent tous les hommes de dix-huit à soixante
ans.
Le 9 novembre, la brèche étant suffisamment large, les assaillants, con-
duits par un certain Penneman, tentèrent l'assaut ; mais ils furent repoussés
avec perte. Enfin, le 11 du même mois, don Antonio d’Avalos Maldonado,
lieutenant de Mondragon, demanda d’ouvrir des conférences pour traiter
de la reddition de la forteresse. La garnison, qui s’était vaillamment dé-
fendue, obtint l'autorisation de se retirer avec ses bagages; mais elle ne
put emporter ses armes, dont la valeur lui fut cependant payée. Le même
jour, la citadelle fut livrée au comte du Rœulx, qui en prit immédiatement
possession.
Le 5 août 1577, les États Généraux décrétèrent la démolition de la
citadelle, qui rappelait aux Gantois de si douloureux souvenirs. Dès le
26 du même mois, on mit la main à l’œuvre; le gouverneur, le sous-baïlli
et un des échevins de la keure détachèrent les premières pierres, et im-
médiatement après, plus de 10,000 bourgeois de la ville, tant hommes,
que femmes et enfants, travaillèrent avec une ardeur sans égale à la dé-
molition de la partie de la citadelle située dans la direction de la ville.
Les historiens assurent que les travailleurs se rendaient à l'ouvrage en-
seignes déployées et au son des tambours et de la musique militaire.
Cependant la ville étant ouverte de tous côtés, et la guerre avec Don
Juan devenant tous les jours de plus en plus imminente, le magistrat
résolut d’entourer la cité d’une enceinte continue de fortifications.
Avant l’année 1554, la ville de Gand, malgré l'accroissement considé-
rable de son territoire par l’incorporation de plusieurs quartiers vastes
et populeux, n'avait pas encore songé à couvrir ses abords. Les seuls
ouvrages d'art — si on peut leur donner ce nom, — qu'on y trouvât, —
nous ne parlons ici que de l'enceinte extérieure, — consistaient en quel-
ques tours isolées situées le long des remparts, telles que le *s Herders torre,
le Rabot, le Beghynen torre, ’t Enderweere torre; en un mur arrondi de
deux tours, depuis la porte de Bruges jusqu’à l'extrémité de l'endroit dit
1 Enderweere; en une levée de terre gazonnée, munie d'une clôture en
fraise ou en palissades joignant les portes de Courtrai et de la Colline,
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 51
et en une autre clôture, également en palissades, qui couvrait la partie de
l’ancienne abbaye de S-Bavon ayant vue sur la campagne !.
Il paraît que toute la défense extérieure de la ville était basée sur le
système des inondations.
En eflet, en fermant les écluses à poutrelles de la porte de Bruges, au
Cuypgat, au Ketelpoorte, etc., on pouvait inonder les environs de la ville
sur une très-grande étendue.
Nous avons vu qu'au commencement du XVI: siècle, la place de Gand
était entourée d'un immense réseau de fossés, qui constituait pour ainsi
dire sa seule défense extérieure. Il partait de l’Escaut, près de l’ancienne
porte de S'-Bavon , un fossé connu sous le nom de Rietgracht ou Bevrydt-
gracht, qui, après avoir passé sous l’ancienne porte de Termonde et avoir
traversé, presque dans toute leur largeur, les prairies d’Oostacker, aboutis-
‘sait à l’ancienne porte de la Muyde, d’où il se prolongeait dans la direction
de la porte de Bruges, pour se jeter dans la Lys, à quelques pas de l’en-
droit dit ’t Enderweere. C'est ce fossé qui fut en partie comblé du temps
de Charles-Quint. Les sinuosités de la Lys, depuis sa jonction avec le Riet-
gracht jusqu’à la porte de Courtrai, et celles de l'Escaut, depuis l’ancienne
porte de S'-Bavon jusqu’à celle de la Colline, défendaient la partie sud-
ouest et sud-est de la ville; il n’y avait donc que le terrain élevé com-
pris entre les portes de la Colline et de Courtrai, qui fût entièrement
ouvert. Pour défendre de ce côté l'entrée dans la ville, on avait élevé
un parapet, garni d’une clôture palissadée.
Avant de commencer les travaux de la nouvelle enceinte bastionnée .
plusieurs ingénieurs furent chargés d’étudier le terrain et de dresser les
plans nécessaires, afin de mettre le magistrat en état de statuer en con-
naissance de cause sur la direction qu’il convenait de donner aux for-
üifications projetées. Il paraît que les hommes de l’art ne purent se
1 Tous ces ouvrages sont parfaitement indiqués sur le tableau représentant la ville de Gand en
1534, appartenant à M. Goedgebuer; on peut consulter aussi le plan de 1550-1552, dessiné par
Jean Hoste, et ceux de 1567 et 1568, qui font partie des éditions italienne et française de Gui-
chardin; ils se trouvent dans la collection de M. Goedgebuer, qui, avee sa complaisance habi-
tuelle, a bien voulu les mettre à notre disposition.
52 LA VILLE DE GAND
mettre d'accord; Pierre de Buck, soutenu par le chapitre de S'-Bavon,
voulait suivre l’ancien tracé des remparts qui entouraient la citadelle des
Espagnols ; les autres ingénieurs, au nombre de cinq ou six, proposaient,
au contraire, de faire passer la ligne fortifiée par le Ham et de resserrer
l'enceinte projetée, afin de rendre ainsi la défense de la ville plus facile.
Cette dernière opinion était partagée par la majorité des habitants !.
Cette divergence de système et les discussions interminables qui en
furent la suite, excitèrent le mécontentement de la population. Le 27 sep-
tembre 1577, les habitants attirèrent l'attention du magistrat sur les con-
séquences désastreuses que ces inconcevables lenteurs pouvaient avoir
pour la sécurité de la ville, et menacèrent d'abandonner les travaux de
démolition de la citadelle, si la question du tracé de la nouvelle enceinte
fortifiée n’était pas promptement résolue. La collace, qu’on crut devoir
consulter à ce sujet, émit l’avis que la ligne projetée devait s'appuyer sur
la citadelle pour aboutir, d’une part, à la porte de l'Empereur et, d’autre
part, à l’angle formé par le Ham, et se prolonger ainsi, par le moulin à
chaux, jusqu’au nouveau fossé creusé près la porte de la Muyde.
La collace s'était prononcée le 2 octobre 1577, et dès le 7 du même
mois, on commença à creuser la partie du fossé comprise entre la forte-
resse et la porte de l'Empereur. Ce fossé devait avoir, dans tout son par-
cours, une profondeur de cinq pieds, sur une largeur de trois verges ?.
Le prince d'Orange visita ces travaux pendant son séjour à Gand, en dé-
cembre 1577. Le creusement du fossé, depuis ’ Enderweere jusqu’à la Bi-
loque, fut commencé le 4 février de l’année suivante 5; toutefois les travaux
ne furent réellement poussés avec vigueur qu’à dater du mois de mai 1378.
Un nombre considérable d'ouvriers travaillèrent alors simultanément sur
différents points : ce fut à cette époque que l’on construisit la nouvelle
porte de Bruges f. On voit, par une ordonnance du 4 mars 1578, que pres-
que tous les habitants, même les religieux , étaient tenus de travailler aux
! De Jonghe, Ghendische geschiedenissen, 1.1, p. 507.
? De Jonghe, t. 1, p. 308.
5 Memorienboeck der stad Ghent, année 1578.
* De Jonghe, t. I, p. 141.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 55
fortifications ; les ménages composés d’au moins quatre personnes devaient
fournir deux hommes; ceux qui en comptaient moins de quatre devaient
en livrer un; les couvents d'hommes et de femmes n'étaient pas exemptés
de ces corvées; les premiers devaient fournir un travailleur pour trois
religieux ; les seconds un pour quatre; ces derniers pouvaient cependant
racheter ces prestations en payant huit sous pour chaque ouvrier f.
Les frais de ces travaux furent couverts au moyen d’un droit d’accise
de 1 gros sur chaque pot de vin, et de 5 gros sur chaque tonne de bière ?,
et de dons volontaires. À cet effet, des délégués furent chargés d'aller
recueillir de maison en maison , les offrandes pour lesquelles chaque habi-
tant consentait à contribuer dans cette dépense extraordinaire. Les uns
s’engageaient à payer hebdomadairement six gros, d’autres quatre ou
deux gros.
_ Ces ouvrages doivent avoir été complétement achevés avant l’année
1581, car la ligne fortifiée est indiquée, pour la première fois, sur le plan
de la ville de Gand inséré dans la deuxième édition italienne de la des-
1 Voici un extrait de cette ordonnance ….« Ende zoo den jeghenwoordigen tyd ende appa-
renten nood wel es verheersschende de fortificatien deser voorseyde stede, met alder vlieticheyt
ende diligentie ghedaen te werdene ende vulcommen te zyne, zo ghebiet van weghen als boven,
dat alle poorters ende inzetenen, gheestelick ende weerlick, niemandt uut ghesteken noch ghe-
exempteert, uut elcken huuse ende huusghezinne die zyn boven de vier persoonen, ghehouden
zullen wesen totter zelver fortificatien te zendene twee persoonen, ende de ghene niet commende
tot vier persoonen zullen ghestaen , midts zendende eenen uut huerlieder huusghezinne, voorzien
van behoorlicken halm, ende uut ele rol te beschicken twee pypegalins. Ende aengaende de eloos-
ters, dat de mans persoonen daer toe zullen employeren den derden persoon, ende de vrouwe
cloosters den vierden persoon; behaudens nochtans dat de vrouwe persoonen ontstaen zullen, midts
betaelende acht stuuvers voor elcken persoon, daer inne oock begrypende alle de ghone woonende
binnen den vrytgracht der stede.
» Lastende te dien oock den dienaers van den ghemeenen aermen deser stede, optenemene alle
vagabonde ende ledichgangers, ‘t zy inzetene ofte vrempde, dezelve anne te tastene ende apprehende-
rene, ende int voorseyde weerck t'employerene, daer vooren dat elck t'zynder theeringhe toegheleyt
zal werden drie stuvers *s daechs, daer van de superintendenten nemen zullen toezicht. Ende de ghone
die deffaillant zullen bevonden wesen, zullen ghehouden zyn te betaelene acht stuvers. Ende latende
de kinderen ghestaen met haerlieder ghewilleghen aerbeyt. Actum den 4 Sporcle 1578. Reg. EE,
fol. 178. Aux archives de la ville de Gand. »
2 Voy. l'octroi du 15 janvier 4577. Reg. RR. fol. 326, et celui du 26 mai 1578. Reg. X , fol. 104,
Aux archives de la ville de Gand.
5 De Jonghe, Ghendische geschiedenissen , t. 1, p. 308.
Toue XXV,
[24
54 LA VILLE DE GAND
cription des Pays-Bas de Guichardin. Elle avait un développement de
plus de deux lieues.
Les plans de cette enceinte bastionnée ayant été conservés, il nous
sera facile de faire connaître exactement le tracé qui a été suivi !.
La partie de la ligne fortifiée comprise entre le château des Espagnols
et la porte de Bruxelles était défendue par deux bastions, dont la partie
saillante se dirigeait vers les prairies de Hernesse; ces deux ouvrages étaient
reliés par des courtines, de l’un côté à la citadelle, et de l’autre à l'Escaut.
Entre la porte de Bruxelles et le pont des Moines, il y avait deux demi-
lunes et un bastion. La première de ces demi-lunes couvrait la porte de
l'Empereur, la seconde la porte de S'-Liévin, le bastion, appelé Leysen
bollewerck, commandait l'Escaut à son entrée en ville. Depuis le pont des
Moines jusqu’à la porte de Courtrai, on comptait deux demi-lunes desti-
nées à défendre respectivement l’entrée de la porte de la Colline et celle
de Courtrai, ainsi que le cours de la Lys, et deux bastions connus sous
le nom de ’s Graven bollewerck et Oranje bollewerck. Derrière l’enclos de la
Biloke, on trouvait deux bastions dont l’un se nommait ’t bollewerck op
1 Biloque veldt; ils servaient à défendre les sinuosités de la Lys; de là
l'enceinte fortifiée se prolongeait en suivant exactement le tracé de la
! Ces plans se trouvent aux archives communales de Gand; ils sont réunis en un volume gr.
in-fol., portant pour titre: Register inhaudende chaerten of descriptien figurative van der fortificatie
int ronde der stede van Ghendt, ende van alle de partien van de gronden van erfven die deur de
zelve fortificatie vermindert ende vercurt zyn; mitsgaders de verbalen daer de voornoemde partien
per numeros in ghedistinquert Staen, accorderende up de zelve descriptien, metter annotatie wat
gronden gherecompenseert zyn gheweest, ende de ghone niet gherecompenseert ; wanof alle de partien
de welcke van deser stede recompense ghehadt hebben, zyn in de chaerten met een selveren linie omme
trocken; de gronden competerende gheestelicke persoonen niet gherecompenscert, zyn met gheluwe
ghecoleurt, ende de gronden van erfven tocbehoorende weerelicke persoonen die gheen recompense
ghehadt en hebben, zyn met een purper veerwe ghecoleurt. Al'twelcke ghemeten, ghecarteert ende op
den corten voet ghestelt es wt laste van de E. Wecrde ende zeer Voorsienighe Heeren Joncheer Ghee-
raert de Blasere, voorscepene, Joncheer Jaques van Zillebeke, gheseyt Takoen, scepene, ende huerlieder
medeghesellen in wette, by Jan de Buck, ghezwoorne landtmeter deser voornoemde slede, metter
assistentie van Joncheer Anthonis van der Schaghen, ontfangher van der stede weerchen, die den
voornoemden landtmeter gheassisteert heeft in ‘t beleeden ende bewysen metten auderlinghen up elck
quartier. Mitsgaders int ondersoucken van al de boucken van der recompense in de maenden van
Augusto, September, October, November ende December van den jare XV° tacgentich. — Nous don-
nons une copie réduite de ces plans.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 35
Nouvelle Promenade jusqu’à l'endroit dit t Enderweere, pour aller aboutir
à la porte de Bruges. Cette partie de l'enceinte était flanquée d’un redan
et de trois bastions : le redan se trouvait derrière l’église d’Ackergem; le
premier bastion portait le nom de bollewerck ’t Enderwecre ; les deux autres,
appelés bollewerck thende mueren et Hembiezen bollewerck, se trouvaient sur
le prolongement de cette ligne.
Depuis la porte de Bruges, les fortifications suivaient le rempart de la
porte de Bruges, ou Beghyne veste, jusqu’à la nouvelle porte de la Muyde,
et de là jusqu’à celle d'Anvers, où elles venaient s'appuyer sur les ou-
vrages de la citadelle des Espagnols. Cette partie importante de l'enceinte
était flanquée de onze bastions, dont celui situé à proximité de l’ancienne
porte d'Anvers avait le nom de Geusen bollewerck. La section comprise entre
la porte de la Muyde et celle d'Anvers fut rasée en 1827, lors du creu-
sement du bassin de commerce.
Les remparts dont nous venons d'indiquer le tracé n'étaient que sim-
plement gazonnés et entourés d’un large fossé; la partie comprise entre
l'Escaut et la Lys, derrière l’ancienne abbaye de S'-Pierre, avait seule un
revêtement en maçonnerie.
Philippe IT était descendu dans la tombe en 1598, après avoir donné
la souveraineté des Pays-Bas à son neveu l’archiduc Albert, cinquième
fils de l’empereur Maximilien IL. Ce prince épousa, le 18 avril 1599,
Isabelle-Claire-Eugénie, fille du monarque espagnol. Cette union ouvrit
à la Belgique une nouvelle ère. À une longue époque d’agitation et de
troubles allait succéder une période de réparation et de calme.
L’affabilité et la franchise de leur caractère, plus encore que la sagesse
et la douceur de leur gouvernement, concilièrent promptement aux archi-
ducs l'affection et la confiance de leurs nouveaux sujets. Malheureuse-
ment Albert et Isabelle moururent sans laisser de descendants, et comme,
dans l'acte de donation, le cas avait été prévu, les provinces Belges firent
retour à l'Espagne.
L’archiduc Albert, malgré des chances diverses, avait réussi à tenir
tête au prince Maurice, et était même parvenu à négocier avec les Pro-
vinces-Unies une trêve de douze ans. Sa mort changea entièrement la face
56 LA VILLE DE GAND
des affaires. Le cardinal de Richelieu, dont la politique astucieuse tendait
à l'abaissement de la maison d’Espagne, avait conclu un traité secret avec
la Hollande, par lequel les deux parties avaient décidé de démembrer les
Pays-Bas et de s’en adjuger les diverses provinces.
Pendant que les Français, sous les ordres des maréchaux de Châtillon
et de Brezé, entrent dans le Luxembourg, les Hollandais, commandés par
le prince Frédéric-Henri de Nassau, pénètrent en Flandre. Le 13 sep-
tembre 1641, le fils de Maurice débarque 15,000 hommes au fort de
Philippine, et s’avance jusqu’au village d’Assenede dans l'intention de s’em-
parer de Gand. La ville ne pouvait pas opposer par elle-même une longue
résistance; mais une vaste inondation qu'on pratiqua autour de son en-
ceinte obligea l'ennemi à renoncer à son entreprise. Au midi, les abords
de la cité furent inondés sur une largeur de plus d’une lieue et de quatre
à cinq cents mètres à l’ouest jusqu’au village de Vinderhaute; ensuite on
forma un troisième bassin de 400 mètres de largeur et de huit lieues de
longueur, côtoyant les villages d'Evergem, de Mendonck, de Wachtebeke,
de Moerbeke et de Stekene jusqu’à la ville d’'Hulst. Le prince d'Orange,
après avoir vainement essayé de rompre cette ligne d'inondation, se vit
forcé de se retirer jusqu'à Bergen-op-Zoom, sans avoir obtenu aucun
avantage marqué.
L'année suivante, il tenta la même manœuvre, sans plus de succès; à
cet effet, il jeta une armée de 10,000 hommes en Flandre, fit une pointe sur
Oost-Eecloo, s’empara même des forts de Roodenhuyzen et de Terdonck,
situés sur le canal du Sas; mais ne pouvant forcer la ligne d'inondation de
la vallée secondaire du Moervaert, il dut rétrograder jusqu'au Sas-de-
Gand , dont il se rendit maître après un siége de quatre semaines.
En 1645, le général hollandais Brederode débarqua au Sas-de-Gand
avec 70 compagnies d'infanterie et 18 de cavalerie, dans le but d'essayer
de nouveau de traverser les inondations du Moervaert. Quoiqu'il réussit
à enlever le village de Wachtebeke, il ne put cependant forcer le défilé
défendu par le général espagnol Becx. Le prince d'Orange, informé du
peu de succès des opérations de son lieutenant, accourut avec le reste
de son armée, qui se trouvait dans ses cantonnements aux environs de
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 3
Eat
Bergen-op-Zoom, se dirigea sur Bruges par Maldegem et Oost-Eecloo,
afin de forcer l'ennemi à sortir de ses positions; mais le général Becx se
contenta de détacher quelques compagnies pour renforcer le corps d’ar-
mée du prince de Lorraine, qui commandait à Bruges.
Frédéric-Henri, voyant de nouveau échouer son entreprise, marcha sur
le village de Mariakerke, situé aux environs de Gand, dans l'intention
de s'emparer de cette ville, où il avait quelques intelligences et qui n’é-
tait défendu que par une faible garnison; mais le duc de Lorraine et les
généraux Becx et Picolomini prévenant son projet, allèrent à la hâte
s’enfermer dans cette place. Alors le prince, tournant la ligne d’inonda-
tion, se porta sur Vinderhaute et de là sur Deynze, où il passa la Lys,
après avoir battu, conjointement avec l’armée française, le corps d'armée
commandé par Becx.
Les Français, qui avaient battu en retraite pour aller couvrir leurs fron-
tières, mirent le prince d'Orange dans une position très-critique : aban-
donné de ses alliés, presque isolé au milieu d’un pays ennemi et séparé
de sa ligne d'opération, son armée courut les plus grands dangers. Il se
retira de cette position en capitaine habile : se rejetant brusquement sur
l'Escaut, il traversa ce fleuve sur un pont de bateaux à Zwynaerde et à
Melle, marcha droit sur Lokeren et alla investir Hulst, qu'il emporta
après un siége de quinze jours.
La paix de Munster (1648) et celle des Pyrénées (1659) mirent fin
aux hostilités; l’une valut aux Provinces-Unies leur indépendance, l’autre
donna à la France un accroissement considérable de territoire.
Les graves événements que nous venons d’esquisser et dont la Flandre
centrale fut principalement le théâtre, démontrent que la ville de Gand
dut plutôt son salut à son heureuse situation, qui lui permettait de cou-
vrir ses abords par une longue ligne d’inondations, qu'à la solidité de
ses remparts. Il est à remarquer que l'enceinte fortifiée qui entourait
la partie élevée de la ville, comprise entre l’Escaut et la Lys, se trou-
vant en dehors de la ligne d'inondation et n'étant protégée par aucun
ouvrage extérieur, ne pouvait offrir une résistance bien sérieuse en cas de
siége, quoiqu’elle fût entièrement revêtue en maçonnerie. C'était un très-
38 LA VILLE DE GAND
grave danger, surtout en cas de guerre avec la France, parce que ce n’é-
tait que de ce côté que l'attaque pouvait être dirigée avec quelque chance de
succès. En 1671, on essaya d'y obvier, en construisant, à environ 500 mè-
tres en dehors de l'enceinte, plusieurs lunettes et demi-lunes, ainsi qu'un
ouvrage à cornes, appelé le fort Monterey, revêtus en maçonnerie et
pourvus de contre-mines. À cette occasion, on entoura de nouvelles for-
tifications les faubourgs du Sas et de Bruges, et la partie Est de la ville
entre l’Escaut supérieur et inférieur.
IL paraît que ces constructions furent faites aux frais du gouvernement
général des Pays-Bas; cependant, la ville de Gand y contribua aussi pour
une somme considérable. Par ordonnances des 30 avril et 15 août 1671,
elle fut autorisée à lever à cet effet un impôt extraordinaire de 60,000
florins sur le papier timbré, et de 70,000 florins sur l’accise du vin !.
Les événements ne tardèrent point à prouver l'utilité de ces précautions.
Le traité des Pyrénées, en sanctionnant le morcellement de la Belgique,
stipula le mariage du jeune Louis XIV avec l’infante Marie-Thérèse.
En épousant la fille aînée de Philippe IV, le monarque français avait dû
renoncer à tous ses droits sur la couronne d’Espagne; à la mort de son
beau-père (1665), il chercha à éluder, du moins en partie, les clauses du
traité des Pyrénées.
Il existait dans les duchés de Brabant et de Limbourg une loi coutu-
mière qui assurait aux enfants du premier lit, à la mort d’un de leurs
parents, le droit de conserver la possession des biens propres du survi-
vant, à l'exclusion des enfants à naître d’un deuxième mariage. Ce droit
était connu sous le nom de droit de dévolution. Louis XIV s’en prévalut
pour réclamer le Brabant du chef de sa femme. C'était évidemment une
prétention imaginaire, car le droit de dévolution n'avait jamais eu un ca-
ractère politique.
Quoi qu'il en soit, le roi de France envahit la Flandre et le Hainaut, et
après s'être emparé d’une grande partie de ces deux provinces, il donna
l'ordre, en 1678, au maréchal d'Humières de mettre le siége devant la
1 Placards de Flandre, &. UK, pp. 182 et 489.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 59
ville de Gand, que le duc de Villa-Hermosa avait dégarnie de troupes.
Don Francisco de Pardo, qui commandait la place, n’avait sous ses ordres
que trois régiments, pour tenir tête à une armée nombreuse et pour dé-
fendre une enceinte qui n'avait pas moins de deux lieues de développe-
ment. Pour engager les habitants à prendre les armes et à concourir à la
défense des remparts, le général espagnol leur promit de nouveaux pri-
viléges ; mais lesprit communal s'était presque entièrement éteint, et la
perspective de nouvelles franchises n’avait plus comme autrefois la magie
d'électriser la bourgeoisie.
La ville étroitement investie par les maréchaux d'Humières, de Luxem-
bourg, de Lorges, de Schomberg et Vauban (ce dernier dirigeait les tra-
vaux du siége), était entourée presque de toutes parts d’une large ceinture
d’eau, et il ne restait aux assiégeants que l'alternative ou de renoncer à
leur projet, ou de diriger l'attaque sur les hauteurs de S'-Pierre. Le
8 mars, à onze heures du soir, fut donné le signal de l'assaut; le duc de
Villeroy et le colonel de Saint-Georges enlevèrent les demi-lunes qui cou-
vraient la porte de Courtrai, et le lendemain de Pardo, voyant l'impossi-
bilité d’opposer une plus longue résistance, capitula après avoir vail-
lamment défendu la place pendant six jours. La ville resta au pouvoir
des Français jusqu’à la paix de Nimègue (1678).
La ville de Gand joua un rôle important dans la guerre de la succes-
sion d'Espagne : elle fut prise tour à tour par les armées françaises et par
les troupes alliées.
On connait l’origine de cette longue lutte, qui fut pour Louis XIV une
série d'humiliations et de désastres, et pour la France une cause d’épui-
sement et de ruine.
Charles IT était monté sur le trône d'Espagne à la mort de Philippe IV;
mais une santé débile et languissante le condamnait à une mort préma-
turée. Ce prince, faible et maladif, n'ayant point d'enfants, sa succession
excitait la convoitise des maisons de France et d'Autriche. Pour main-
tenir l'équilibre européen et éviter la reprise des hostilités, l'Angleterre,
la Hollande et la France conclurent à la Haye, en 1698, un traité secret
par lequel ces puissances partagèrent la monarchie espagnole du vivant
40 LA VILLE DE GAND
même du roi d'Espagne. D’après ce traité, le duché de Lorraine, les royaumes
de Naples et de Sicile et quelques petites principautés d'Italie étaient attri-
bués au dauphin de France; l’archidue Charles obtenait le duché de
Milan, et le prince électeur de Bavière devait succéder au trône d’Es-
pagne.
Charles IT mourut le 1* novembre 1700, et, au grand étonnement de
l'Europe, on trouva un testament, daté du 2 octobre précédent, par lequel
le duc d'Anjou, deuxième fils du dauphin de France, était désigné pour
recueillir l'immense succession du monarque espagnol.
Louis XIV, oubliant l'engagement solennel qu'il avait pris à la Haye,
ne songea qu'à faire valoir les droits de son petit-fils, et se hâta de faire
occuper les Pays-Bas. A cette nouvelle l'Europe s’arma contre la France ;
il se forma à la Haye une ligue formidable, dans laquelle entrèrent outre
la Hollande, l'Angleterre et l'Empereur, la Prusse, le Portugal, les princes
de l'Empire et plus tard le duc de Savoie. Les hostilités commencèrent au
mois de septembre 1702; le duc de Marlborough était à la tête des
troupes alliées, tandis que le prince Eugène dirigeait les opérations en
Italie; le maréchal de Boufflers commandait l’armée française.
Après plusieurs campagnes sans résultats décisifs, la guerre fut portée
en Allemagne. L’électeur de Bavière, appuyé d’un corps de troupes fran-
çaises, avait formé le projet d’envahir l'Autriche; déjà il s'était avancé
jusqu'à Donawert; le duc de Marlborough vola au secours des Impériaux
et parvint à opérer sa jonction avec le prince Eugène; dès ce moment
l'issue de la campagne ne fut plus douteuse : les armées se rencontrèrent
dans les plaines d'Hochstedt, où le maréchal de Tallard, qui commandait
les Français, essuya une sanglante défaite; les alliés y firent près de
50,000 prisonniers et s’emparèrent de plus de 100 bouches à feu.
Cette brillante victoire obligea les Français à se replier sur le Rhin;
ils y furent suivis par les alliés, et la Belgique devint dès lors le principal
théâtre des événements militaires, dont les suites furent si désastreuses
pour la France.
En 1706, Louis XIV avait levé une nouvelle armée de 70,000 hommes,
commandée par le maréchal de Villeroi. Le général français, n’osant se
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 41
hasarder dans la plaine, avait échelonné toutes ses forces derrière la Dyle
du côté de Louvain; le duc de Marlborough, par une manœuvre habile,
le força de sortir de ses retranchements et le défit complétement aux en-
virons de Ramillies, à deux lieues de Jodoigne. Cette défaite mémorable
coûta à la France 20,000 hommes et une grande partie de son artillerie.
L’électeur de Bavière courut à Bruxelles, assembla en toute hâte ses
papiers, ses bijoux et ses meubles les plus précieux et vint se réfugier
sous le canon de Gand !.
La victoire de Ramillies ouvrit au célèbre général anglais les portes de
presque toutes les villes de la Belgique. Il fit successivement son entrée
à Louvain et à Bruxelles, ensuite il se présenta devant la ville de Gand,
d’où les ennemis se retirèrent Le 4* juin, laissant dans le fort de Monterey
deux bataillons espagnols, qui se rendirent presque immédiatement.
Le comte de Nassau, fils du feld-maréchal d'Ouwerkerke, fut nommé
gouverneur de la place.
Les campagnes de 1707 et de 1708 ne commencèrent pas, pour les
alliés, sous de favorables auspices. Louis XIV était parvenu, non sans de
grands sacrifices , à réparer les pertes qu’il avait essuyées en Italie et en
Belgique. Pendant que les Français forçaient le prince Eugène à lever le
siége de Toulon, les ducs de Vendôme et de Bourgogne tenaient les alliés
en échec en Brabant. Cependant Marlborough manifesta l'intention d'aller
assiéger Lille; à cette nouvelle, le duc de Bourgogne, pour faire diver-
sion, résolut de surprendre quelques villes de la Flandre défendues par
de faibles garnisons. À cet effet, il divisa son armée en deux corps, l'un,
sous le commandement du comte de Chemerault, était chargé de se rendre
maître des passages de la Dendre, l'autre, placé sous les ordres du mar-
quis de Grimaldi, qui avait pour lieutenants le baron de Capres et le bri-
gadier Della Faille, ancien grand bailli de Gand, avait mission de sur-
prendre la ville de Gand.
De Grimaldi, après une marche rapide, se présenta devant cette place le
5 juillet, de grand matin, et envoya immédiatement quelques soldats à la
! Rousset, Histoire militaire du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough, t. W, p. 215.
Tous XXV.
42 LA VILLE DE GAND
porte de S'-Liévin, où ils se présentèrent comme déserteurs. Cette porte
n’était gardée que par un piquet de bourgeois. Les prétendus déserteurs
sont bien accueillis et conduits à la grand’garde; chemin faisant, quel-
ques-uns d’entre eux se laissent choir à terre sous prétexte de lassitude,
et demandent de l’eau-de-vie. Pendant ce temps, d’autres faux transfuges se
présentent devant la même porte et vont rejoindre leurs camarades. Alors
le comte Della Faille s’avance à la tête de cent hommes; par hasard, le
soldat qui était en faction, ayant fait partie de son régiment, le reconnait
et le couche en joue; Della Faille lui met quelques pistoles dans la main,
passe outre, suivi de ses hommes et court se rendre maître des portes de
Bruges, de Meulestede et de la Muyde, afin de fermer l'entrée de la ville
au comte de Murray, qui était campé à Mariakerke et à Lovendegem avec
trois ou quatre bataillons d’infanterie et un régiment de dragons.
Pendant que Della Faille exécute ce hardi coup de main, de Grimaldi fait
passer le reste de son détachement par la porte de S'-Liévin et va occuper
militairement les principaux quartiers de la ville. Quand toutes les posi-
tions furent gardées, le brigadier général se rendit à la maison de ville
et présenta au magistrat une lettre de l'électeur de Bavière, datée du
12 mai et portant en substance : « Que, dans l'espoir que la supériorité
» des armes du duc de Bourgogne délivrerait la plupart des villes de
» Flandre du joug des alliés , il avait jugé à propos, avant de partir pour
» le Rhin, de laisser ses ordres pour témoigner en ce cas-là aux magis-
» trats de Gand et au peuple la satisfaction qu’il éprouvait de les voir
» toujours bien intentionnés et zélés pour le roi Philippe, même depuis
» le changement arrivé, et pour les assurer qu’en cas qu’ils fussent remis
» sous l’obéissance du roi, non-seulement on leur confirmerait leurs pri-
» viléges, mais qu’on les augmenterait encore, ainsi qu’il serait jugé à
» propos pour le bien public; et qu’enfin, S. A. E., en qualité de gouver-
» _neur général, accorderait à la ville et à la province même une ammistie
» générale de tout ce qui avait été fait depuis la bataille de Ramillies et
» confirmerait pour deux ans le magistrat de Gand 1. »
! Rousset, Histoire militaire du prince Eugène, t. I, pp. 247-248.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 45
Cependant, le gouverneur de la place, voyant les Français maîtres de
la ville, s'était enfermé dans la citadelle avec 3,000 hommes, dans l’in-
tention d’opposer une vigoureuse résistance. Le marquis de Grimaldi le fit
sommer de se rendre; mais le commandant répondit à cette sommation
par des coups de canon; alors le général français fit immédiatement dresser
quelques batteries contre le château, et avant d’en venir à une attaque
sérieuse, il envoya le magistrat auprès du gouverneur pour lui faire con-
naître l’état réel des choses et l’engager, dans l’intérêt de la ville, à ne
pas prolonger la résistance. La citadelle fut remise aux Français dans la
matinée du 10 juillet.
Ce faible succès ne fut pas de longue durée : le lendemain de la prise
de Gand, les ducs de Bourgogne et de Vendôme essuyèrent une défaite
sanglante aux environs d’Audenarde. Dès cet instant, les Français perdi-
rent une à une toutes les positions dont ils étaient parvenus à s'emparer
au début de la campagne. Les alliés investirent d’abord Lille, qui, malgré
la belle et savante défense du maréchal de Boufflers, fut emporté après
dix semaines de siége; ensuite, malgré la saison avancée — c'était au mois
de décembre —., ils résolurent de bloquer la ville de Gand, qui était une
des dernières places où les Français avaient réussi à se maintenir. Le comte
de la Mothe, qui y commandait, avait sous ses ordres vingt-neuf batail-
lons , plusieurs régiments de dragons, et la ville était abondamment pour-
vue de vivres, d'artillerie et de munitions de toute espèce.
Louis XIV attachait la plus grande importance à la conservation de
cette place, parce qu’elle lui donnait un pied dans le pays; Chamillart
exprimait donc parfaitement les intentions de son maître, quand il écri-
vait la lettre suivante au comte de la Mothe : « La conservation de Gand
» est d’un si grand poids que vous ne sauriez, de concert avec le baron
» de Capres, M. Della Faille, les brigadiers et autres officiers supérieurs,
» vous appliquer avec trop de soins à une longue et vaillante défense,
» dans le cas où les ennemis se résoudraient à vous assiéger. Quoique la
» ville par elle-même ne soit pas forte, elle ne présente aux attaques qu'un
» abord étroit et difficile. Vous avez des troupes assez nombreuses pour
» défendre un chemin couvert et pour faire payer cher aux alliés la prise
» de la ville, s'ils persistent dans le projet de s’en emparer.
LA VILLE DE GAND
CS
CSS
» Après avoir eu le malheur de commander dans la ville d'Ostende, que
» les ennemis ont conquise en peu de jours, après le combat de Winen-
»_dale, où vous n’avez pas été plus heureux, il est de la plus grande impor-
» tance, pour vous comme pour Sa Majesté, que l’occasion qui se pré-
» sente aujourd'hui puisse lui donner une si bonne opinion de vous que
» vous obteniez de Sa Majesté les marques de distinction pour lesquelles
» vous avez si souvent travaillé. Si vous êtes assiégé, vous devez mettre en
» œuvre tous les moyens possibles pour prolonger le siége de telle sorte
» qu'il occasionne de grands frais aux alliés, et leur disputer le terrain
» pied à pied, comme a fait le maréchal de Bouflers. Je connais la diffé-
» rence qui existe entre les fortifications de Lille et celles de Gand.
» Cependant cette dernière ville a un bon chemin couvert, ce qui est d’une
» grande utilité; après six semaines de siége, les ennemis n'étaient pas
» encore entièrement maîtres de celui de Lille, bien que la situation de
» cette ville soit moins forte que la vôtre 1. »
Le duc de Marlborough, qui se trouvait à Beirlegem, quitta ses can-
tonnements le 11 décembre 1708, traversa le village de Melle et vint
planter ses tentes devant le corps de la place; il y fut rejoint le surlen-
demain par le prince Eugène et par le prince d'Orange. À cause de l’état
avancé de la saison, et pour éviter de devoir traîner le siége en longueur,
les alliés résolurent d’attaquer simultanément la place par trois côtés
différents. Le corps d’armée du comte de Lottum était campé sur le pla-
teau, situé entre la route de Courtrai et le haut Escaut, à Zwynaerde,
c’est-à-dire en face du fort Monterey; celui du prince héréditaire de
Hesse-Cassel s’était déployé entre la porte de l'Empereur et le bas Escaut;
le duc de Wurtemberg était chargé de bloquer étroitement le château des
Espagnols. Le 24 et le 25, la tranchée fut ouverte sur les trois points
d'attaque; le lendemain, les assiégés firent une vigoureuse sortie entre
les portes de la Colline et de Courtrai, et mirent en déroute deux régi-
ments anglais; toutefois, quelques autres régiments, accourus pour les dé-
gager , forcèrent les Français à regagner la place. Le 27, les assiégeants
* Voyez l'Histoire de Flandre par M. Kervyn de Lettenhove, VI, pp. 491-492.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 45
emportèrent le Fort-Rouge, où ils firent 200 prisonniers, et se dispo-
saient à faire jouer leur artillerie, qui était nombreuse et avantageuse-
ment établie, lorsque le comte de La Mothe, sous prétexte de vouloir
sauver la ville d’un embrasement imminent, demanda à entrer en négo-
ciations. La capitulation fut signée le 29 décembre, et le 2 janvier sui-
vant, la garnison abandonna la place et se dirigea, avec six pièces de
canon, sur Tournai.
La campagne de 1709 fut aussi désastreuse pour les armes de Louis XIV
que celles qui l'avaient précédée ; les plans en furent arrêtés à Gand, le
12 juin de cette année, entre le duc de Marlborough et le prince Eugène
de Savoie.
Il n'entre pas dans notre sujet de faire connaître les événements mili-
taires qui suivirent la prise de notre ville et qui forment la dernière
phase de cette longue et sanglante lutte pour la succession du trône
ébranlé de Charles IT; disons seulement que les alliés triomphèrent
encore à Malplaquet, mais que la défaite que Villars leur fit essuyer à
Denain, les engagea à traiter avec Louis XIV, et que la paix d'Utrecht
(1715) et le traité de la Barrière, qui firent passer les Pays-Bas espagnols
sous la domination de la maison d'Autriche, mirent fin aux hostilités qui
avaient tenu l'Europe pendant treize années en émoi.
Le nom de la ville de Gand ne paraît plus avec quelque éclat dans l’his-
toire militaire du XVIII: siècle que dans les premières années du règne de
Marie-Thérèse.
L'empereur Charles VI, afin d'assurer à sa fille la paisible possession de
ses États héréditaires, avait fait souscrire par tous ceux qui auraient pu
élever des droits éventuels à sa succession, un pacte de famille par lequel
il était statué que toutes les parties de la monarchie autrichienne devaient
former désormais un tout indivisible, transmissible par droit de primo-
géniture et, à défaut de descendants mâles , à l’aînée des archiduchesses
ses filles.
A peine l'Empereur eut-il fermé les yeux qu’un orage formidable vint
subitement fondre sur la tête de Marie-Thérèse, dont le trône était encore
mal affermi. Attaquée presque simultanément par les rois d'Espagne, des
46 LA VILLE DE GAND
Deux-Siciles, de Sardaigne, de Prusse , de Pologne, et par l'électeur de
Bavière , le trésor épuisé, l’armée réduite à 30,000 hommes, par suite
des dernières guerres que Charles VI avait eu à soutenir contre les Fran-
çais et les Turcs, la jeune souveraine se trouvait dans une position des
plus critiques.
Le bel et noble dévouement des Hongrois et l’héroïque conduite de
Marie-Thérèse sauvèrent la monarchie. Aussi longtemps que l'attitude des
Provinces-Unies pouvait laisser des doutes sur leurs véritables intentions,
la France s'était bornée à appuyer sous main les ennemis de l’Autriche.
mais dès l'instant où l'Angleterre et la Hollande embrassèrent ouvertement
la cause de Marie-Thérèse, Louis XV fit immédiatement déclarer la guerre
à l'Impératrice, et conduisit lui-même en Belgique une armée considéra-
ble, placée sous le commandement du célèbre maréchal de Saxe. Menin,
Ypres et Courtrai tombèrent presque immédiatement au pouvoir des
Français, et la mémorable victoire de Fontenoi leur livra la Flandre et
le Hainaut.
Cependant les Anglais, craignant que les Français n’allassent immédia-
tement investir la ville de Gand, qui renfermait les magasins des alliés,
essayèrent de jeter 6,000 hommes dans cette place; le vicomte de Chayla
les rencontra à Melle, à une lieue de Gand, et les mit dans une déroute
complète. Cette action coûta aux Anglais 500 morts et 1,500 prisonniers.
Louis XV était campé avec son armée à Rooborst, entre Audenarde et
Grammont. Aussitôt que les Gantois apprirent que les Français s’avan-
çaient dans la direction de leur ville, ils élevèrent à la hâte quelques for-
tifications en avant de la place, et pourvurent la citadelle d’un matériel et
des munitions nécessaires pour pouvoir opposer au besoin une vigoureuse
résistance. Malheureusement, la garnison ne se composait que de huit
cents hommes, commandés par le baron de Kiesegem. Le commandant
fit demander au magistrat des instructions sur la manière dont il fallait
pointer les canons qui défendaient la ligne fortifiée en avant du quartier
de S'-Pierre ; car, comme le seul chemin couvert par où on pouvait péné-
trer dans la place se trouvait dans cette direction, on supposait, avec
raison, que l'attaque serait dirigée de ce côté. L’inexpérience du com-
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 4
I
mandant n’était pas de bon augure pour la défense de la ville. En effet,
les Français se présentèrent devant les remparts, le 11 juillet 1745, à
trois heures du matin, et pendant que le vicomte de Chayla, qui s’avan-
çait vers la porte de l'Empereur, envoyait quelques boulets dans la ville,
les troupes du comte de Lowendahl traversèrent à la nage le fossé qui
bordait l’enceinte fortifiée comprise entre les portes de St-Liévin et
de la Colline, et s’'emparèrent, presque sans coup férir, du corps de la
place. Le baron de Kiesegem se retira avec la faible garnison dans le
château qu'il fut bientôt obligé de rendre.
Louis XV, après avoir confié l’intendance générale de la Flandre à de
Sechelles, fit son entrée solennelle dans la ville de Gand, le 25 juillet. Le
corps des échevins, suivi de toutes les confréries et de cent hommes riche-
ment vêtus et portant dans la main un flambeau allumé, allèrent à Ja
rencontre du roi jusqu’à la barrière, hors la porte de la Colline, où le
vin d'honneur lui fut offert, de même qu’au Dauphin, aux ducs de Pen-
thièvres, de Boufflers, etc. Louis XV, après avoir assisté, pendant trois
jours, à des fêtes et à des réjouissances publiques, organisées en son hon-
neur , alla se faire recevoir , avec le même cérémonial, à Bruges.
La ville de Gand resta pendant trois ans au pouvoir des Français; elle
fut rendue à Marie-Thérèse après la conclusion du traité d’Aix-la-Cha-
pelle (1748) !.
Depuis la prise de la ville de Gand par les armées de Louis XV, cette
place perdit insensiblement son importance militaire. En 1781, Joseph I
décréta le démantèlement de plusieurs places fortes de la Belgique et entre
autres de celle de Gand. Voici la dépêche que le duc de Saxe-Teschen, gou-
verneur général, adressa, à ce sujet, aux échevins de la keure : « Chers
» et bien amés ; comme Sa Majesté, après avoir pris une inspection du
» local des provinces des Pays-Bas , a jugé que, pour l'avantage desdites
» provinces , des administrations et de son service, il convient de ne con-
» server dans la plupart des villes que le seul cordon et le fossé capital
» pour prévenir la défraudation des droits et impôts, et qu'en consé-
* Voy. un article sur la prise de Gand, par Louis XV, dans la Revue de Bruxelles, février
1540.
48 LA VILLE DE GAND
» quence, on ferait profit des terrains des différentes fortifications, soit
» de la part des royales finances, soit de la part des villes, selon les
» propriétés respectives; nous vous faisons les présentes pour vous en
» informer, et nous vous prévenons en même temps que le commissaire
» de la chambre des comptes, qui est chargé de l'exécution des souve-
» raines intentions de Sa Majesté à cet égard, vous communiquera ce qui
» concerne la démolition des fortifications de la ville et du château de
» Gand, vous chargeons , en conséquence, d’ajouter entière foi et créance
» à ce que ledit commissaire vous dira, et de concourir, en tout ce qui
» pourra dépendre de vous, à la prompte exécution des volontés de Sa
» Majesté. A tant, chers et bien amés, Dieu vous ait en sa sainte garde.
» De Bruxelles, le 22 novembre 1781 » 1.
Conformément à cette dépêche, tous les terrains militaires qui n'étaient
pas nécessaires pour assurer la perception des droits d'octroi, furent
exposés en vente; cependant comme toutes les parties de nos anciennes
fortifications n'avaient pas la même origine, que les unes, telle que l’en-
ceinte continue, avaient été construites aux frais exclusifs de la ville, que
les autres, notamment les ouvrages extérieurs du château, le fort Mon-
terey, les lunettes et les demi-lunes élevées entre l'Escaut et la Lys, et
les travaux exécutés dans les faubourgs de la porte de Bruges et du Sas,
de même que ceux situés entre l’Escaut supérieur et inférieur, avaient
été établies par le gouvernement général, il fut ordonné de tenir compte
de cette circonstance et de vendre les premières au bénéfice de la caisse
communale et les autres au profit du trésor public ?.
Les terrains appartenant à l'État furent divisés en 69 lots et vendus,
sous la direction du receveur des fortifications van Overloop, les 23 et
25 février 1782, au prix de 45,954 florins. Ils consistaient en plusieurs
lunettes, retranchements, etc., situés devant les faces des contre-gardes
! Aux archives de la ville de Gand.
2 Il existe aux archives de la ville de Gand un dossier qui contient des documents très-intéres-
sants relatifs aux travaux de démolition exécutés en 4782, et notamment plusieurs plans, certifiés
par le capitaine du génie Boulangé, où les terrains appartenant respectivement à l'État et à la ville
sont soigneusement indiqués.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 49
des portes de l'Empereur, de S'-Liévin, de S'-Pierre et de Courtrai, l'ou-
vrage à cornes de Monterey, les fortifications élevées en avant des portes
de Bruges et du Sas, les terre-pleins et les parapets de la face gauche
de la contre-garde des bastions de S'-Marie et de S'-Jacques, hors la porte
d'Anvers, l’esplanade de la citadelle, etc.
Les terrains appartenant à la ville furent divisés en 15 lots et vendus,
le 19 septembre suivant, au prix de 7,568 florins. Les années suivantes,
on exposa en vente publique plusieurs anciennes portes de la ville, quel-
ques canons et un grand nombre d'armes à feu et des munitions de
guerre se trouvant dans les arsenaux !.
Un arrêté du préfet Faipoult, du 21 mai 1806, ordonna à tous les
acquéreurs de terrains militaires de déposer, dans la quinzaine, à la pré-
fecture du département, sous peine de déchéance, les titres en vertu
desquels ils jouissaient, accompagnés des quittances justificatives de leur
libération. Cette formalité fut scrupuleusement remplie ?.
Il est à remarquer que presque tous les terrains provenant des an-
ciennes fortifications, vendus en 1782, étaient situés au delà des fossés
de la ville. Le 27 mars 1787, le magistrat mit en adjudication les
travaux de démolition des murs et des contre-forts et de nivellement
des remparts d'Hembyze, c’est-à-dire de toute la partie de l’ancienne en-
ceinte fortifiée comprise entre la seconde porte de Bruges et le moulin
situé à l'extrémité de l'endroit dit ‘t Enderweere. I résulte du cahier des
1 Les procès-verbaux de ces diverses ventes sont conservés aux archives de la ville de Gand.
2 Voici le texte de cet arrêté : Le préfet, vu la lettre du directeur des domaines, en date du
13 de ce mois, par laquelle il invite le préfet à prendre des mesures pour que les détenteurs ac-
tuels des terrains et bâtiments dépendant des fortifications de la ville de Gand et de la citadelle,
qui se trouvent dans son enceinte, représentent les titres en vertu desquels ils jouissent et les quit-
tances justificatives de leur libération;
Vu le procès-verbal qui a été tenu de la vente de ces propriétés;
Considérant que nonobstant les diverses interpellations qui ont été faites aux détenteurs desdits
biens, à l'effet de produire leurs titres et les quittances de leur libération, ils sont restés jusqu'à
présent en défaut d'y satisfaire;
Considérant qu'il est de l'intérêt du Gouvernement de sassurer que les détenteurs des biens
dont il s'agit jouissent en vertu d'un titre légal, et qu'ils ne doivent plus rien sur le prix des
acquisitions qu'ils ont faites du gouvernement autrichien ;
Tome XXV. 7
50 LA VILLE DE GAND
charges que nous avons sous les yeux, que les ouvrages ne devaient
pas être rasés à fleur de terre, mais que les adjudicataires étaient tenus
d'extraire les fondements des murs à une profondeur de six pieds au-des-
sous du niveau du chemin longeant le fossé, et que, dans les travaux de
nivellement, ils devaient tenir compte de la déclivité du terrain.
Tel était l’état de nos anciennes fortifications à l’époque de l'entrée des
Français. Il nous reste à faire connaître la dernière phase de l’histoire
militaire de notre cité. Cette partie de notre travail, à défaut d’autre
mérite, aura du moins celui de fournir quelques renseignements utiles
sur les diverses dispositions législatives qui ont fait déchoir la ville de
Gand du rang de place de guerre.
La première loi que nous trouvons dans le vaste arsenal législatif que
nous à légué la première révolution française, est celle du 1° décembre
1790, dont l’art. 5 contient la disposition suivante, qu’il est nécessaire
de reproduire pour l'intelligence de ce qui va suivre : « Les murs et les
» fortifications des villes entretenus par l'État et utiles à sa défense font
» partie des domaines nationaux ; il en est de même des anciens murs,
» fossés et remparts, de celles qui ne sont point places fortes, mais les
» villes et communautés qui en ont la jouissance actuelle y seront main-
» tenues, si elles sont fondées en titres ou si leur possession remonte à
» plus de dix ans, et à l'égard de celles dont la possession aurait été
»_troublée ou interrompue depuis quarante ans, elles y seront rétablies. »
Survint la loi du 7 brumaire an IX, ordonnant la remise à l'autorité
Arrète : 4° Tous les détenteurs actuels des murs, fossés, remparts, bâtiments et terrains mili-
taires de la ville de Gand et de sa citadelle, qui ont été vendus par ordre de Joseph IF, le 25 février
1782, sont tenus de remettre à la préfecture, dans la quinzaine qui suivra la signification qui leur
sera faite du présent arrêté, tous les titres en vertu desquels ils jouissent, accompagnés des quit-
tances justificatives de leur libération;
2° Ceux de ces détenteurs qui n'ont pas acquis directement du gouvernement autrichien, seront
tenus de produire indépendamment de leurs titres ceux de l'acquéreur primitif de ces immeubles ,
et d'y joindre la quittance de son entière libération ;
3° Les biens dont il s'agit, possédés par des particuliers qui n'auront pas déposé dans le délai
preserit les pièces qui leur sont demandées, seront mis sous le séquestre par le receveur des do-
maines , à Gand ;
4 Le présent arrêté sera signifié, etc. Fait à Gand, le 21 mai 1806. Signé Farpouzr.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 51
militaire des terrains, fortifications, etc., de la ville de Gand, et celle du
{+ vendémiaire an XII, décrétant la suppression de plusieurs places fortes
de la Belgique, et notamment de celle de Gand (le château seul excepté)
et l'aliénation des fortifications et bâtiments militaires au profit du do-
maine , à l'exception de ceux nécessaires à la garnison, lesquels devaient
être désignés par une commission mixte à nommer à cet effet.
En présence de ces deux lois, dont l’une maintenait, moyennant cer-
taines conditions, les villes dans la jouissance de leurs murs, fossés et
remparts, tandis que l’autre les dépossédait sans aucune compensation,
l'administration communale de Gand réclama énergiquement l'exécution
pure et simple, en sa faveur, de la loi du 1 décembre 1790. A l'appui de
sa juste réclamation, elle produisit un mémoire très-développé, appuyé
d’un grand nombre de titres, extraits de ses archives, dans lequel elle
prouva à la dernière évidence que la ville avait eu non-seulement la jouis-
sance immémoriale et non interrompue de ses murs, fossés et remparts,
mais que même la plus grande partie de son enceinte fortifiée avait été
construite, au XVI: siècle, à ses frais exclusifs.
. Ce mémoire fut adressé au Ministre de la guerre, le 50 brumaire an XI,
par le préfet du département de l’'Escaut, qui y ajouta le rapport suivant :
« J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un mémoire appuyé d’un très-
» grand nombre de pièces que vous adresse le maire de la ville de Gand,
» à l'effet d’être maintenue ou rétablie dans la propriété des fossés et rem-
» parts et autres emplacements militaires de ladite ville (le chàteau excepté).
» Ce mémoire repose sur la propriété de la ville de Gand auxdits ter-
» rains et fortifications, sur sa possession immémoriale, sur les disposi-
» tions de l’art. 5 de la loi du 1% décembre 1790, enfin sur la nécessité
» de conserver à une ville sujette à des dépenses considérables et qui n’a
» d’autres revenus pour y pourvoir que le produit d’un octroi, les seules
» barrières qui lui garantissent ce genre de revenu, sans lesquelles il serait
» paralysé et réduit à rien par la fraude actuellement si bien réprimée ,
» mais toujours prête à se relever au moindre espoir de succès.
» L’exposé du maire de la ville de Gand, les titres à l'appui de sa
réclamation établissent d’une manière si évidente les droits de propriété
52 LA VILLE DE GAND
de ladite ville, que je suis convaincu, citoyen Ministre, qu'une seule
lecture de ces nombreuses pièces suffira pour faire disparaître le moindre
doute que vous pourriez concevoir sur la légitimité de la réclamation
dont il s’agit. Les pièces produites par le maire remontent aux années
1500, et se succèdent jusqu'en prairial an IX, époque de la remise à
l'autorité militaire, conformément à l'arrêté du Gouvernement du 7 bru-
maire an IX, des terrains, fortifications et bâtiments militaires de la
ville de Gand.
» Ces pièces prouvent, les unes le droit de propriété de la ville sur les
objets dont il s’agit, par suite de l'indemnité qu'elle a accordée aux
propriétaires des terrains qui avaient été incorporés dans les fortifica-
tions qu’elle a fait construire à ses frais et par ses habitants en 1371
(1577); d’autres prouvent encore la propriété de cette ville par le fonds
qu’elle a donné, en 1671 , pour étendre et augmenter ses fortifications.
D’autres prouvent sa possession paisible, immémoriale et non inter-
rompue des susdits objets jusqu’en prairial an IX, époque, ainsi qu'il a
été dit plus haut, de leur remise à l'autorité militaire. D'autres, enfin,
prouvent la déférence qu'ont eue pour les droits de propriété de la ville
de Gand, les anciens souverains de ce pays, et notamment Joseph IT,
qui avait ordonné que toutes les places fortes de la Belgique seraient
démantelées, en abandonnant à la ville de Gand le droit de vendre à
son profit les fortifications et terrains militaires construits à l’entour
de son enceinte sur des propriétés qu’elle avait acquises, dans le temps,
au moyen de l'indemnité qu’elle avait accordée aux propriétaires.
» Peu de réclamations sont appuyées de titres aussi respectables par
leur ancienneté et leur authenticité que celle-ci; ils me donnent l'espoir
qu'étant examinés et appréciés par un Ministre aussi éclairé que vous,
la réclamation de la ville de Gand aura tout le succès que mérite une
cause juste et l'intérêt que doit inspirer une des villes les plus impor-
tantes de la République. »
Le Gouvernement français, convaincu du fondement de la réclamation
de l'administration municipale de Gand, prit, le 18 brumaire an XIII, un
décret portant en substance : « Que la partie des murs, fossés et rem-
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 55
» parts qui avaient été construits aux frais de la ville de Gand et sur
» les terrains occupés par elle, lui seraient remis gratuitement en toute
» propriété. Quant aux portions desdits murs, fossés et remparts faits
» aux dépens des Gouvernements antérieurs, et qui avaient été construits
» sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles,
» qu'ils seraient de même cédés en toute propriété à ladite ville, moyen-
» pant d'en verser le montant de la valeur au trésor public !. »
1 Nous croyons devoir reproduire ici le texte de ce décret, qui forme le titre de propriété de la
ville de Gand des terrains militaires dont il s'agit: « Au palais de S'-Cloud, le 13 brumaire an XHE.
Napoléon, empereur des Français, vu, le travail fait par la commission mixte assemblée à Gand,
en exécution de l'art. 3 de l'arrêté du 1° vendémiaire an XII, qui supprime plusieurs places et postes
de guerre, les observations sur le travail de ladite commission , faites par la direction des fortifica-
tions de la direction d'Anvers;
» L’extrait du procès-verbal des séances du conseil municipal de Gand , en date du {°° frimaire
an XIT;
» La réclamation formée par le conseil municipal de la ville de Gand, pour que ladite ville soit
rétablie dans la jouissance et la propriété de ses fossés, remparts et autres emplacements militaires,
son château excepté;
» Sur le rapport du Ministre de la guerre, le conseil d'État entendu, décrète :
» Art. 1%, Le travail de la commission formée pour la ville de Gand, en exécution de l'arrêté du
Gouvernement du 1 vendémiaire an XIE, relatif : 4° aux terrains susceptibles d'être vendus, et à
leur division en lots; 2° aux bâtiments, corps de garde et loges, qu'on peut aussi aliéner au nombre
de 30; 3° aux conditions générales de la vente; 4° aux bâtiments à conserver, conformément à
l'art. 5 de l'arrêté précité; 5° aux bâtiments qui doivent être remis à la ville, en, par elle, rem-
plissant les conditions qui lui seront imposées par l'art. 6 du susdit arrêté et auxquelles elle s'est
assujettie par acte du 1° frimaire an XII;
» Est approuvé, sauf les modifications suivantes :
» 4° Le sixième lot des terrains formé par la commission , et la première partie du cinquième ,
évaluée par elle à 1,460 francs, seront conservés et formeront le champ de Mars de la garnison de
Gand; d
» 2 Sera conservé aussi celui des deux magasins à poudre qui sera jugé le plus propre à con-
tenir la poudre qui sera annuellement nécessaire pour l'instruction de la garnison ;
» 3° Les estimations faites par la commission, tant desdits lots de terrain et des bâtiments, ne
seront regardées que comme une première mise à prix.
» Art. 2. La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville de
Gand et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété; quant
aux portions desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouvernements
antérieurs ou qui ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouvernements ,
soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles , ils seront de même cédés en
toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'estimation qui
en sera faite par des experts, dont l'un sera nommé par le préfet du département de l'Escaut, et
54 LA VILLE DE GAND
En exécution de ce décret, le préfet du département de l'Escaut prit
un arrêté, en date du 28 mars 1806, par lequel la ville de Gand fut mise
en possession de la partie de l'enceinte fortifiée dont elle avait justifié la
propriété au moyen de titres et de documents conservés dans ses archives !;
enfin, le 8 mai 1807 , elle fit l'acquisition de la partie des murs, fossés,
remparts et bâtiments élevés aux dépens des Gouvernements antérieurs,
et qui avaient été construits sur des terrains enlevés aux corporations ecclé-
l'autre par le conseil municipal de la ville de Gand, sans toutefois que, par le fait de ladite exper-
tise, les objets cédés à la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix indiqué par la
commission mixte.
» Art. 5. Quant aux autres objets, tels que bâtiments, terrains, etc., qui seront, par le conseil de
la commune de Gand, jugés nécessaires à la perception de l'octroi, ou à quelque établissement utile
à la commune, elle pourra, dans les trois jours qui suivront l’adjudication, se substituer aux lieu
et place de chacun des adjudicataires, en leur remboursant le prix entier de leur adjudieation.
» Art. 4. Les Ministres de la guerre et du trésor publie sont chargés, chacun en ce qui le con-
cerne, de l'exécution du présent arrêté. Signé Narozéon. Par l'Empereur, le secrétaire d'État,
Signé Hucues B. Marer ; le Ministre de la guerre, Signé Maréchal Berruter. (Aux Archives de la
Flandre orientale.)
« 1 Le préfet, vu la demande du maire de la ville de Gand tendant :
» 4° A ce que le préfet rétablisse ladite ville dans la possession et jouissance des murs, fossés et
remparts qui existent encore autour de son enceinte, sauf le droit des particuliers ayant un titre
légal, à certaines portions dans lesdits murs, fossés et remparts;
» 2 À ce que le préfet nomme un expert pour procéder, contradictoirement avec celui qui sera
nommé par le conseil municipal, à l'estimation des parties des murs, fossés et remparts à acquérir
par la ville, comme provenant d'établissements ecclésiastiques, ladite demande motivée sur l'art. 2
du décret du 18 brumaire an XIE, relatif aux fortifications dont il s'agit;
» Vu les pièces jointes à ladite pétition, et notamment le registre contenant les cartes et indica-
tions figuratives des fortifications de la ville de Gand, formé, en 1590, par l'arpenteur de Buck,
faisant partie des archives de la mairie, lequel registre indique les parties de terrain sur lesquelles
ces fortifications ont été construites, en distinguant celles de ces parties dont les propriétaires
ont été indemnisés par la ville de celles dont les propriétaires ne l’étaient pas à ladite époque
de 1590;
» Vu l'arrêté du Gouvernement du 4% vendémiaire an XI, portant que la ville de Gand cessera
d'être mise au rang des places de guerre;
» Vu le décret impérial , en date du 48 brumaire an XHE, relatif aux fortifications de ladite ville,
portant, art. 2: « La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville
» de Gand, et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété,
» quant aux parties desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouverne-
» ments antérieurs, ou qui ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouverne-
» ments, soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles, ils seront de même
» cédés en toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'esti-
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. BE)
siastiques ou civiles. Le prix en fut fixé, par expertise contradictoire , à
26,155 francs.
Quant aux bâtiments militaires, leur sort fut définitivement fixé de la
manière suivante : après la sécularisation des établissements monastiques,
les édifices provenant des corporations religieuses furent en partie vendus
au profit du domaine et en partie réservés pour être affectés à des services
publics. Un décret impérial du 25 avril 1810 abandonna en toute pro-
» mation qui en sera faite par des experts, dont l’un sera nommé par le préfet du département de
l'Escaut, et l’autre par le conseil municipal de la ville de Gand, sans toutefois que, par le fait
de ladite expertise, les objets cédés à la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix
indiqué par la commission mixte; »
» Vu l'état des parties desdites fortifications à acquérir par la ville de Gand; ledit état présenté
par le maire de ce lieu;
» Vu les observations de M. Bormans, capitaine du génie en chef de ce département, tant sur les
pièces produites pour prouver les droits de propriété de la ville de Gand, que sur l'état précité;
» Vu la réponse donnée à ces observations par le maire de ladite ville;
» Vu, finalement, l'avis du directeur des domaines, en date du 21 de ce mois;
» Considérant que les pièces produites par le maire de Gand prouvent à l'évidence les droits de
cette ville à la propriété de la majeure partie des fortifications construites autour de son enceinte.
» Considérant qu'il résulte de ces pièces que les seules parties des fortifications à acquérir par la
ville sont: 4° la partie du n° 22 incorporée dans les remparts et le n° 25 de la 4° carte; 2° les
n® 7 et 9 de la 4% carte; 5° le n° 1 de la 7° carte ; 4° les n° 1, 6, 7, 9 et 11 de la 9% carte;
5° les n° 44, 12, 15, 14 et 15 de la 11% carte; toutes lesdites cartes contenues dans le registre
de 1590 rappelé ci-dessus;
» Considérant, quant au n° 27 de la 2€ carte dudit registre , que M. le capitaine du génie en chef
croit devoir être acquis par la ville, que le terrain qui en fait l'objet ne provient ni des anciens Gou-
vernements, ni d'une corporation ecclésiastique; qu'il fait partie des propriétés appartenant à l'hos-
pice civil dit Hebbrecht, et qu'ainsi il n’est pas dans le cas de l’art. 2 du décret impérial précité;
» Considérant qu'il en est de même à l'égard des articles 5, 10, 11 et 12 de la 4° carte du même
registre, que le susdit officier croit aussi dans le cas d’être achetés par la ville, puisque le premier
appartient au bureau de bienfaisance de Gand, comme provenant de la table du S'-Esprit de S'-
Nicolas; le second à l'église de St-Martin; le troisième à la commission des hospices de Gand, par
représentation du Béguinage, et le quatrième aux héritiers d'Abraham Van de Velde;
» Considérant, à l'égard des articles 5, 7 et 10 de la 7% carte du susdit registre, que M. le capi-
taine du génie et le directeur des domaines ont également indiqué pour être acquis par la ville,
qu'elle n'a rien à liquider de ce chef avec le Gouvernement, puisque le premier est une propriété
particulière appartenant aux héritiers du chanoine de Hertoghe, et que les deux autres ne font plus
partie de l'enceinte de la ville;
» Considérant, en ce qui concerne le n° 5 de la 9 carte du registre précité, également indiqué
par le capitaine du génie pour être acquis par la ville, que c'est une propriété particulière appar-
tenant aux héritiers Goethals, pour laquelle elle ne doit aucune indemnité au Gouvernement;
56 LA VILLE DE GAND
priété aux villes ceux de ces bâtiments qui avaient été convertis en casernes,
hôpitaux, manutentions, corps de garde, etc., et un décret spécial du 27
juin suivant mit la ville de Gand en possession : 1° de la grande et de la petite
caserne de St-Pierre; 2° du grand et du petit quartier situés dans la rue
de Bruxelles; 5° de l'hôpital militaire; 4° du couvent de S'-Agnès ; 5° d’une
partie de celui des jésuites, rue des Foulons, employé comme magasin de lits
militaires ; 6° d’une partie de l’abbaye de S'-Pierre ; 7° du corps de garde de
la place d'armes. Enfin, par décret impérial du 25 janvier 1812, le Gou-
vernement lui abandonna la propriété de la caserne de S'-Joseph et le
corps de garde de la porte d'entrée du château des Espagnols. Il est à
remarquer que, par un autre décret du 24 décembre 1811, la ville de
Gand avait déjà obtenu la pleine propriété des remparts de l'ancienne cita-
delle, pour les convertir en promenade publique; les bâtiments de ce chà-
teau furent vendus, en 1815, au profit de la caisse d'amortissement.
Il nous reste, pour terminer notre tâche, à dire un mot de la nouvelle
citadelle construite en 1819.
Nous avons vu, que depuis la mise à exécution du décret de Joseph IF,
par lequel le démantèlement de la place de Gand avait été ordonné, la ville
vit successivement disparaître tous les ouvrages fortifiés qui entouraient
» Arrête : 1° M. le maire de Gand est autorisé à se mettre en possession et jouissance, au nom de
ladite ville, des murs, fossés et remparts qui existent autour de son enceinte. Cette mise en pos-
session ne pourra, toutefois, préjudicier aux droits des particuliers qui ont des propriétés faisant
partie des susdites fortifications : ils continueront d'en jouir de la même manière qu'ils en jouis-
saient avant que le Gouvernement se les fût appropriées.
» 2 Le S' de Deken est nommé à l'effet de procéder à l'estimation des parties desdites fortifica-
tions désignées ci-dessus, que la ville est obligée d'acquérir conformément à l'art. 2 du décret
impérial du 48 brumaire an XJIT. Cette estimation sera faite contradictoirement par un expert à
nommer par le conseil municipal de la ville de Gand; elle ne pourra être au-dessous du prix auquel
lesdites parties ont été évaluées par la commission mixte qui avait été instituée par un arrêté du
Gouvernement du 4° vendémiaire an XIL, pour toutes les opérations relatives âux fortifications et
terrains militaires des places de guerre supprimées dans les départements réunis. Les procès-ver-
baux des experts devront être remis à la préfecture pour y être statué, et ayant soin de donner la
consistance de chaque partie de terrain d'une manière détaillée et de faire pour chaeune une éva-
luation particulière.
» 5° M. le maire de Gand est autorisé à convoquer son conseil municipal , à l'effet de nommer un
expert pour procéder, contradictoirement avee M. de Deken, à l'estimation dont il s'agit.
» 4° Copie du présent arrêté sera adressée à M. le maire de la ville de Gand, etc. Signé Fatpourr.
CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 57
son enceinte. En 1815, les hauteurs de S'-Pierre, qui avaient été regardées
de tout temps comme la partie la mieux défendue de la ville, ne présen-
tait que quelques monticules cultivés en jardins. Le duc de Wellington,
convaincu de l'importance de cette position stratégique, avait fait con-
struire, peu de temps avant la bataille de Waterloo, deux petites lunettes
en terre, sur l'emplacement de l'ancien ouvrage à cornes de Monterey,
démoli en 1782. Plus tard, on conçut le projet de reconstruire et de mettre
en état de défense la citadelle des Espagnols, dont le front du côté de la
ville avait été rasé par les patriotes en 1787. L’inspecteur général néerlan-
dais Krayenhoff détourna le général anglais de ce projet, et parvint à faire
prévaloir un autre plan, consistant à élever une nouvelle citadelle sur les
hauteurs de S'-Pierre. Le lieutenant-colonel du génie Gey van Pittius fut
chargé de lever les plans et, dans la suite, de diriger les travaux de
construction de cette forteresse.
Le 25 juillet 1819, il présenta à l'inspecteur général un avant-projet
qui fut accepté, à l'exception de la partie du plan concernant les faces des
bastions à la Bousmard et les réduits courbes casematés pour le feu des
pierriers dans les places d’armes rentrantes des chemins couverts.
Le 19 octobre suivant, le projet, accompagné de tous les profils des
ouvrages et du devis, s’élevant à la somme de 5,175,000 florins, plus
155,250 florins pour l'achat des terrains et des maisons à incorporer, fut
envoyé à l'autorité supérieure.
L'autorisation royale de commencer les travaux ne fut donnée que le
4 octobre 1821 , parce que les plans devaient être préalablement soumis
au duc de Wellington, qui ne vint, à cet effet, à Gand, que le 9 août de
cette année.
Les travaux, commencés le 27 mai 1822, ne furent entièrement ter-
minés qu'après la révolution de 1850. Nous croyons inutile de donner ici
la description de cette belle citadelle, qui a été si favorablement appréciée
par tous les hommes compétents, M. Gey van Pittius l'ayant fait connaître
dans tous ses détails, dans un ouvrage spécial, publié il y a quelques
années !,
! Description de la nouvelle citadelle de Gand. Bréda et Bruxelles, 18453. In-4°.
î
À
RARE REP TS
eMOIreS COUT Memoire de M° Vander M
ENCEINTE FORTIFIÉE DE LA VILLE DE GAND, EN
par Jean de Buck,
d'apres 4444 plat CONSCT LE aux Archives de la oille di
1 Porte de la Wide.
2 Nouvelle Porte de la Miuyde.,
À Mocrvaert,
4 Menu Sas._ Nouvelle celuse.
d Het Tol huys.
0'Voghelen sang.
7 Moulin de Jean vande lutte.
Aet huys ter Lucht,
LEE 7 e 7 TAUX 17
conronnés & M
bete Pieters
2'Lierre)
émoires des savants étrangers Tome NXV
Le lésseherye
Hout Leye À Quai au À
pe strvret.
Mémoire de M° Vander Mecrsch.
ENCEINTE FORTIFIEE DE LA VILLE DE GAND,EN 1590,
par Jean de Buck,
d'après un plan conservé atur Archives de la ville de Gand.
1 Porte de la Muyce.
2 Nouvelle Porte de ln Muyde.
3 Uoervaert.
4 Nivum Sas. Nouvelle étuse.
T Het Lot huys
C'Voghelen sang.
= Hour de Jean vande Lutte.
8 Het huys ter Lucht.
.o Het H'abot où Sanders Mille.
20 Tour dite Beghynen Torre.
u Porte de Bruges.
22 Pastion appelé Hembysen bollewercke,
1) 1. Bollewerchk Lhenden mueren.
1Â A. Bollomerck Thenden were.
23 Leur de T'hencten teen.
16 Eglie d'ek
47 Gvect van Wylent Andries Leys.
vents
18 Bastion appelé Bollewerck op Bloque veut.
19 Porte de Courtrat.
20 Pastion opel Onnge Bllewerch .
21 1. » Craven Bollewerch.
22 Porte de la Colline.
23Pont des Moines.
24 Bastion appelé Leysen Bollewerct
23 Porte de S'Licuur.
26 Porte de Bruxelles.
27 Lorte d'Anvers,
26 l'ont de la Tour rouge.
29 l'ont de J' Georges
Jo Bastion appelé Geuser Bollewer
Memoire de MT Vander Meersch.
Plan du Jrege el des Allagues
de la Ville el Citadelle de
Cr AY MN, 1)?
Isstegee par les Armees des Allies, Le 22 Décemn © 170,
sous læ Conduite du Prince et Duc de
Warlboroug
et rendue le 29 du néme mors.
Attaque devant la forte de St | O Zatterie de 10 pieces de canon.
|
Prerre. |P Patt£ de » obusters ct 3 mortiers.
À Zanchees ouvertes Le 24 Dec. 1706, | Q 2 petits crochets faits le Jo.
B Zanchees ouvertes Le 24 Decemn | R Palterre de 20 pieces.
C x crochet Le 27: |S Pallerte de Smnortcers.
ouronnés él Mémoires de avants étranéc v vi
ang om \V Mémoire de MT Vander Meersch
Trondation
nonwdatraun
voie de. Mettostede
Attaque de SAM
le Due de Wurtenbery
ESSAI SUR LES RAPPORTS
QUI EXISTENT ENTRE
LES APOLOGUES DE L'INDE
LES APOLOGUES DE LA GRÈCE,
A. WAGENER.
EUR AGRÉGÉ A L'UNIVERSITÉ DE
Tone XXV.
INTRODUCTION.
Lorsque vers la fin du siècle précédent, grâce aux travaux des savants
anglais, le sanscrit commença à être connu en Europe, les philologues
ne tardèrent pas à remarquer les analogies frappantes qu'il y a entre cette
langue et celles de la Grèce et de Rome. On se mit alors à étudier, avec
la plus grande ardeur, les monuments littéraires de l'Inde; chaque jour
révéla de nouvelles ressemblances. Bientôt l'imagination s’en mêla, et l'on
finit par croire que la presqu'île de l’Inde avait été le berceau de la civili-
sation ancienne tout entière. Les Grecs, dont jusqu'alors on avait admiré
l'esprit inventif, ne furent plus considérés que comme d’habiles plagiaires.
Mythologie, philosophie, littérature, mathématiques et musique, enfin
tout ce qui constitue la vie intellectuelle d’un peuple, avait été, disait-on ,
emprunté par les Hellènes aux Indiens. Cet enthousiasme passionné pour
la civilisation brahmanique donna bientôt naissance à une réaction éga-
lement exagérée; en effet, quelques philologues allèrent jusqu'à nier
complétement l’affinité, néanmoins incontestable, qui unit le sanscrit aux
deux langues classiques. Peu à peu on en est venu à une appréciation à la
fois plus calme et plus juste, et l’on s’efforce maintenant, par une étude
impartiale et consciencieuse , de reconnaître quels rapports il a pu y avoir
entre la Grèce et l'extrême Orient. L’essai que nous offrons aux lecteurs
est destiné à éclaircir un de ces points, encore assez obscurs, qui sem-
INTRODUCTION.
=
blent rattacher la sagesse hellénique à celle des sectateurs de Brahma.
L'apologue a été et est encore aujourd’hui répandu dans presque tout
l'Orient; on le trouve chez les Hébreux, les Arabes, les Persans et les
Indous. Les fables arabes avaient déjà, depuis longtemps, attiré l'attention
des savants, à cause de la similitude qu'ont quelques-unes d’entre elles
avec certains apologues de la Grèce; et tandis que les uns prétendaient
que la priorité d'invention, sous ce rapport, appartenait aux Arabes, les
autres en faisaient honneur aux Hellènes. Cependant personne ne s’avisa
de faire, à ce sujet, des recherches sérieuses. Au reste, lors même qu'on
l'aurait tenté, il eût été impossible de vider cette question, parce qu'on
ne connaissait encore ni l'original des fables arabes, ni le texte primitif
de celles que, vulgairement, on attribue à Ésope. Ce n’est que depuis quel-
ques années que les originaux de ces deux classes d’apologues ont été
découverts et publiés. Jusqu'à cette époque, il était permis de croire que,
si quelques fables arabes se retrouvent dans les recueils portant le nom
d'Ésope, cette coïncidence provenait de ce qu’au moyen äge les fabulistes
de Byzance avaient pillé ceux de l'Arabie et réciproquement. Mais main-
tenant que nous savons que tous les recueils de fables grecques qui nous
étaient connus dérivent de la collection de Babrius, qu’un heureux hasard
nous à fait retrouver; que, d’un autre côté, nous avons acquis la conviction
que les fables arabes ne sont que la traduction d’un recueil indien qui
a été publié, il y a quelques années; que, de plus, nous pouvons démon-
trer que les auteurs de ces deux collections sont antérieurs à J.-C.; main-
tenant, disons-nous, il n’est plus permis de recourir à de pareilles
hypothèses. Par conséquent, s’il était prouvé que, même dans ces textes
primitifs, il y a des fables qui, de tout point, se ressemblent, il s’ensui-
vrait que déjà plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, il y a eu, entre
l'Inde et la Grèce, quelques rapports, au moins littéraires, qui, jusque
dans ces derniers temps, sont restés couverts d’une profonde obscurité.
INTRODUCTION.
Sr
Telle est la thèse que nous avons essayé d'établir. Nous croyons que le
lecteur, après avoir parcouru notre travail, sera convaincu qu'il y a un
assez grand nombre de fables communes aux Indiens et aux Grecs. —
Mais on comprend facilement qu’un tel résultat ne pouvait nous suffire.
Après avoir établi qu'il y a une affinité incontestable entre les apologues
grecs et indiens, il s'agissait de savoir auxquels d’entre eux revient la
priorité. Cette recherche n’est pas sans difficultés. Quelques-unes des
fables que nous avons recueillies portent un cachet évidemment oriental.
Cette remarque nous portait naturellement à en attribuer l'invention aux
Indiens. Mais d’un autre côté, en prenant en considération qu'Ésope était
regardé généralement comme l'inventeur de la Fable, cette supposition
nous paraissait inadmissible. Nous avons alors examiné scrupuleusement
tout ce que les anciens nous ont rapporté sur le prétendu père de la Fable,
et nous nous sommes convaincu qu'Ésope n’est au fond qu’un person-
nage fictif, que le produit d’un mythe, devant occuper une place à côté
de tant d’autres inventeurs imaginaires qu'avait enfantés le génie de la
Grèce mensongère, pufotéros Ede.
Nous savons que, surtout en Allemagne, on a abusé de cette manière
de voir, et que, pour certains écrivains de ce pays, l’histoire ancienne
presque tout entière est devenue de la mythologie. On a donc raison de
se défier de ce procédé qui consiste, si l’on nous permet cette expression,
à volatiliser la réalité historique. Cependant il est avéré aujourd’hui que
beaucoup de noms, relatifs aux temps les plus reculés de l’histoire des
religions et des arts, ne sont que des produits de l’imagination, derrière
lesquels il serait absurde de vouloir placer des êtres réels. Il faut donc
user de la plus grande circonspection toutes les fois qu'il s’agit de déter-
miner si un personnage très-ancien, au sujet duquel les traditions sont
contradictoires, appartient à la fiction ou à l’histoire.
Nous croyons n'avoir rien à nous reprocher à cet égard. Le lecteur
6 INTRODUCTION.
qui voudra se donner la peine de peser les arguments que nous avons
employés ne considérera plus désormais, nous en sommes convaincu, le
nom d'Ésope comme celui d’un personnage historique. Il y a plus : il
se persuadera facilement avec nous que ce nom n’est autre chose qu’une
allusion à l'origine orientale de la Fable. Ésope veut dire Éthiopien, et jus-
qu’à l’époque d’Eschyle, le nom d’Éthiopiens s’appliquait tout autant aux
habitants de l'extrême Orient qu'à ceux du midi de l'Égypte. On deman-
dera ici de quel droit nous affirmons que les Grecs, en attribuant l’inven-
tion de la Fable aux Éthiopiens, ont eu en vue ceux de l’Asie et non pas
ceux de l'Afrique.
Nous avons répondu à cette question en faisant remarquer que d’abord
Babrius considère les Assyriens comme les inventeurs de l'apologue, et
qu’ensuite il y a des rapports nombreux entre les fables de l'Inde et celles
de la Grèce, tandis qu’il ne nous est rien resté qui nous autorise à
gs
admettre que les Éthiopiens de l'Afrique aient transmis des apologues
la Grèce.
Pour établir la seconde partie de cette preuve, nous avons combattu
longuement l'argumentation d’un savant de la Suisse, M. Zuendell, qui
s'est efforcé d'établir que le nom d'Ésope s’appliquait aux Éthiopiens
africains. Nous avons cru nécessaire de le réfuter en détail, parce que
sa dissertation est écrite avec beaucoup de finesse et d'esprit; ce qui le
prouve, c’est qu'il avait réussi à séduire M. Welcker lui-même, que
l'Allemagne considère, avec raison, comme un des premiers philologues
de l’Europe, et qui avait professé, dans le temps, une opinion tout à fait
différente.
C’est ainsi que le nom d’Ésope, qui d’abord nous empéchait d'attribuer
aux Indiens l'invention de la Fable, comme genre littéraire, a contribué
à nous confirmer encore davantage dans l'opinion que la comparaison
des apologues grecs et indiens avait spontanément fait naître en nous.
INTRODUCTION. 7
Étant arrivé à ce point, nous avions à déterminer comment les fables
indiennes avaient pu pénétrer dans la Grèce. Le lecteur trouvera à la fin
de cet essai les motifs qui nous ont engagé à croire que ce sont les Assy-
riens qui ont transmis les fables indiennes à la Lydie, et que, de là, elles
se sont répandues dans l’Hellade.
Tel est le résumé du travail que nous soumettons au monde savant.
Nous l'avons fait précéder d’un aperçu critique sur les sources auxquelles
nous avons puisé, pour qu'on puisse non-seulement contrôler, mais aussi
poursuivre la comparaison que nous avons commencée, et qui, par un
examen attentif, ne peut manquer de conduire à des résultats plus consi-
dérables que ceux auxquels nous sommes arrivé.
Si nous avons fait entrer dans nos recherches les fables latines, ç'a été
plutôt pour être complet, qu'à cause de l’importance qu'on pourrait leur
attribuer dans cette question.
Nous aurions hésité à présenter notre travail à l’Académie si nous n’y
avions été encouragé par le jugement que la faculté de philosophie et
lettres de l’université de Bonn prononça, il y a trois ans, sur un mémoire
latin que nous lui avions présenté en réponse à la question proposée par
elle sur le même sujet !.
1 Quum ordo postulasset ut « comparatio apologorum indicorum cum Graecis et Latinis ita insti-
tueretur , ut apparerel, utrum communem originem haberent an diversam, et si communis esset,
a quonam populo essent oriundi, » ei una Lantum reddita est seriptio.., sed talis, ut prorsus exspecta-
tioni salisfecerit ; praeclaro enim successu eius auctor in explicanda quaestione satis difficili versatus
est et non solum diligentiae et doctrinae laudem meruit, verum etiam judicii maturitatem probavit.
Primus est, qui apologorum indicorum cum Graecis et Latinis comparationem instiluit Lam aceu-
ratam, ut de communi origine nihil dubitationis supersit, eaque quaestionis pars in clariore Luce
quam ante collocata sit. In altera autem tractanda ideo valde laudandus est, quod inter certiora et
probabiliorabene distinxit. Etenim ostendit, Asiampro patria fabularum aesopiarum habitam fuisse
ab ipsis Graecis, qui eas ex Æthiopum regione ad se migrasse tradunt, sed difficile esse, accuratius
definire, ad quemnam populum hoc nomen referendum sit, quanquam ex causis nonnullis verisimile
fiat, ab Indis inventos fuisse apologos; addit denique etiam de via, qua apologi Indici ad Graecos
0) INTRODUCTION.
Nous avons hâte d'ajouter que ce mémoire est inédit, et qu'il ne s’en
trouve pas de copie à l’université rhénane.
Si les conclusions auxquelles nous sommes arrivé sont conformes à la
vérité, elles justifient d’une manière nouvelle et inattendue le haut intérêt
que, depuis quelques années, on porte partout aux monuments assyÿriens,
et les efforts persévérants des savants de la France, de l'Allemagne et du
Danemark, pour déchiffrer les inscriptions dont ces monuments sont
couverts.
D'un autre côté, elles pourront contribuer pour leur part à déraciner
l'opinion que la civilisation grecque dérive de celle de l'Égypte, opinion
qui est en grande partie la cause de la fausse direction qu'ont prise dans
certains pays les études historiques relatives à l'antiquité.
pervenerint, certius quid statui non posse, maxime lamen esse probabile, eos ab Indis accepisse
Assyrios, ab his Lydos : ad quae merila quum accedat castum et perspicuum dicendi genus, non
q
potuit ordo quin huic scriptioni praemium decerneret.
ESSAI SUR LES RAPPORTS
QUI EXISTENT ENTRE
LES APOLOGUES DE L'INDE
ET
LES APOLOGUES DE LA GRÈCE.
CHAPITRE I.
SOURCES.
S
$ 1. — Des fables grecques.
On s’exposerait à commettre bien des méprises si lon considérait
comme antiques toutes les fables qui, dans les collections ordinaires, sont
indistinctement attribuées à Ésope. Non-seulement il y en a parmi elles
qui sont de beaucoup postérieures à l’époque où l’on prétend que ce
fabuliste a vécu; il s’en rencontre aussi dans ce nombre qui ne sont que
des traductions de fables sanscrites, ou qui ont été fabriquées au moyen
àge par des moines. Nous donnerons donc une énumération aussi complète
que possible de tous les auteurs anciens chez lesquels on rencontre des
fables, parce que c’est là le seul moyen que la critique puisse admettre de
s'assurer de leur ancienneté. Coraï, dans son excellente collection !, nous
1 Mis Airowreloy cuyayæyy. Paris, 1810.
Toue XXV. 2
10 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
a bien déjà, il est vrai, facilité de beaucoup cette tâche. M. Robert ! a
traité également cette matière avec une certaine étendue. Mais comme ils
n'ont été l’un et l’autre ni assez exacts ni assez complets, nous allons
reprendre leurs recherches en sous-œuvre.
A la tête des fabulistes grecs il faut placer Hésiode, qui a raconté dans
ses Opera et dies, v. 185-194, la fable de l'Épervier et du Rossignol. Le
nommer, à cause de cela, l'inventeur de la Fable, ainsi que l’a fait Quinti-
lien, c'est avancer une opinion insoutenable; car de ce qu'IHomère ne
mentionne pas d’apologue, on ne peut pas conclure raisonnablement que
ce genre de récit lui ait été inconnu.
M. Robert ne dit pas un mot d’Archiloque, quoique nous trouvions
jusqu’à trois fables dans les fragments qui nous ont été conservés de ses
œuvres. Le savant Huschke en a parlé longuement ?. Cependant, c’est
à tort, selon nous, qu'il considère ces fables comme des inventions d’Ar-
chiloque. Qui nous garantit, en effet, qu’elles n'avaient pas déjà circulé
longtemps avant lui dans la bouche du peuple ? Ce doute acquiert plus de
consistance, si l’on considère qu’une de ces fables est appelée par le
poëte lui-même ao äÿpru, un récit du peuple. Huschke ne fait mention
que de deux fables d’Archiloque. Mais il est clair que le vers
IX 00 AGE ah Eyivos 2v péye
qui se rencontre parmi ceux qui nous sont restés de lui, est un fragment
de l’apologue raconté par Plutarque dans le traité De solertia animalium ,
chap. 16. Nous faisons remarquer en passant que le poëte Ion avait
rapporté la même fable, et Zénobe nous atteste dans ses Proverbes (cent. V,
pr. 68), qu'Homère avait également traité ce sujet. Comme néanmoins
dans les œuvres de ce poëte, qui nous ont été conservées , il n’y a rien à
quoi le témoignage de Zénobe se puisse appliquer, il paraît que ce qu'il
attribue à Homère appartenait à un poëte cyclique. Car nous savons que
1 Fables inédites des XIXe, XILE et XIVe siècles, t. T, p. x1v et suiv.
= Dans les Miscellanea philologica de Matthiae, t. L, p. 1 et suiv.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 11
jusqu’à une époque relativement très-récente, le cycle épique tout entier
a été considéré parfois comme l'ouvrage d’Homère.
Après Archiloque vient Simonide d’Amorgos, qui, lui aussi, avait in-
séré des fables dans ses iambes 1. Coraï et M. Robert n’en parlent pas du
tout. D'un autre côté, ce dernier range parmi les fabulistes grecs le prêtre
Épiménide, à cause du témoignage de Plutarque ?, qui dit qu'Ésope
pourrait à meilleur droit qu'Épiménide se nommer disciple d'Hésiode,
parce que le langage que celui-ci fait tenir à l’épervier avait donné à Ésope
la première idée de ses fables. Nous ne comprenons pas qu'on puisse
inférer de ces paroles qu'Épiménide ait écrit des apologues. S'il se nom-
mait disciple d'Hésiode, il le faisait, et non sans raison, en tant que poëte
sacré; C'était donc à un tout autre titre qu'Ésope.
À Simonide succède Stésichore , dont Coraï a parlé p. 15, sans s’aper-
cevoir néanmoins que c’est à ce poëte qu'il faut attribuer la fable si
lée par lui-même, p. 1985.
gna-
Trop peu libéral envers Stésichore, Coraï l’a été trop par rapport à
Alcée. Car c’est à tort qu’il lui a attribué une chanson de table #, qui, tout
ancienne qu'elle est, n’a pourtant pas ce poële pour auteur, comme on
peut le voir dans Athénée.
Il n'a pas mentionné non plus la fable d'Ibycus, intitulée le Serpent et
l'Ane, qu'on peut trouver dans le recueil des fragments de ce poëte, mis en
ordre par M. Schneidewin, pages 193-198 ®.
Hérodote nous a rapporté une fable (1, 141) racontée par Cyrus aux
députés ioniens.
Les fables d’Aristophane, d’Achéus d'Érétrie, de Xénophon, de Platon,
d’Aristote, de Plutarque, de Lucien, d’Appien, de Diodore, d'Hermo-
gène, de Galien , de Clément d'Alexandrie, de Maxime de Tyr, de Nicolas
de Damas, de Thémistius, de Libanius, de Dion Chrysostôme, de Théon
1 Voy. les fragm. 8 et 10, dans l'édition des poëtes lyriques de M. Schneidewin.
2 Sept. sap. conv., $ 14.
5 Elle est intitulée : gavres av0pwru. Nous en parlerons dans la suite.
# Nous en parlerons également plus tard.
5 Voy. M. Welcker, Kleine Schriften, 1.1, p. 249.
12 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
et de Grégoire de Naziance, toutes ces fables sont fidèlement reproduites
chez Coraï. Toutefois il en a omis un certain nombre, mais nous ne le
compléterons ici que pour autant que nous en aurons besoin dans la
suite. Démocrite parle chez Stobée, X, 69, p. 155, du chien qui pour-
suit son ombre !. Platon fait allusion à la ? fable de l’Ane couvert de la
peau du lion, et Plutarque à celle du Lion malade 5. Il faut encore ajouter
que Julien * et Libanius 5 ont fait mention de la fable du Lion et de la petite
Souris.
Nous n'avons parlé jusqu'à présent que de fables détachées se trou-
vant çà et là chez les auteurs anciens. Nous passons maintenant aux plus
anciennes collections d’apologues. En premier lieu, demanderons-nous,
Ésope a-t-il fait un recueil de fables? Et d’abord Ésope a-t-il jamais existé?
Nous ne le croyons pas ; mais nous ne voulons pas préjuger ici cette ques-
tion, que nous traiterons plus tard d’une manière détaillée. Nous admet-
tons donc provisoirement qu'Ésope soit un personnage historique. Toujours
est-il qu’il n’a pas composé un recueil d’apologues. La preuve en est fa-
cile à donner. Le recueil d'Ésope devait être ou en prose ou en vers. S'il
eût été en vers, comment Socrate aurait-il pu songer à refaire ce travail?
Car nous savons par Platon qu'il mit en vers élégiaques plusieurs fables
d'Ésope 6. De plus, s’il en était ainsi, à quoi aurait servi plus tard le recueil
de Babrius? Et comment, tandis que nous avons des fragments en vers de
presque tous les poëtes, n’en aurions-nous pas conservé un seul d’un au-
teur aussi fréquemment cité par les anciens? Il est donc évident qu'Ésope
n'a pas mis ses fables en vers. A-1-il écrit en prose? Mais aucune citation
de cette prose ne nous a été transmise non plus par l’antiquité; et ce qui
plus est, comment Démétrius de Phalère aurait-il pu concevoir l’idée
de faire lui-même une collection de fables d'Ésope 7, s’il avait existé avant
! Voy. plus loin.
? Item. Voy. le Cratyle, p. 411.
5 Item. Voy. le traité De prof. in virtute.
* Ep. VIII ad Georg., p. 579.
5 Ep. XLII.
5 Non pas une seule, comme on l'admet communément. Voy. Welcker, ad Theognim, p. Lui.
T Euyxyoyÿ Xyoy Aiswretsy. Voyez Diog. de Laerte, NV, 80. — Au moment où nous écrivions
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 15
lui quelque chose de pareil? Par conséquent il est clair que les collections
de fables grecques que nous possédons maintenant, ne peuvent pas re-
monter à Ésope.
IL est très-regrettable que le recueil de Démétrius se soit perdu. Comme
élève d’Aristote, ce philosophe aura attaché tout autant d'importance que
son maitre aux restes de la sagesse des vieux temps, qu’Aristote croyait
bien plus près de la vérité que les époques plus récentes. Et de même
que celui-ci recueillit avec le zèle le plus consciencieux les proverbes
anciens !, de même aussi Démétrius aura recherché avec soin les plus an-
ciens apologues.
Si nous pouvions admettre que Babrius a fait usage du travail de
Démétrius, nous aurions au moins une certaine compensation de cette
perte. Et en vérité, nous croyons cette hypothèse très-plausible. En effet,
si l’on parvient à prouver que Babrius n’a pas vécu longtemps après
Démétrius de Phalère ; d'autre part, si l’on considère la réputation prodi-
gieuse dont jouissait ce dernier, on ne pourra certes pas affirmer d’une
manière catégorique que Babrius s’est servi du recueil de Démétrius, mais
on pourra du moins le regarder comme très-probable.
Nous ne concevons pas pourquoi M. Bernhardy rejette si loin cette
ces lignes nous ne connaissions pas encore l'opinion émise par un de nos amis, M. Legrand, pro-
fesseur de rhétorique latine à l'athénée de Hasselt, dans le Mémoire sur Démétrius de Phalère,
qui lui valut, ainsi qu’à son collaborateur, M. Tychon, une médaille d'or de la part de l'Académie
royale de Belgique. Cet estimable savant prétend que le recueil de fables de Démétrius était pro-
bablement écrit en vers. Pour le prouver il fait valoir : 4° que ce polygraphe n'était nullement
étranger à la poésie; 2 que Socrate avant lui et Babrius, ainsi que l'anonyme de Suidas après lui,
avaient également donné à leurs fables la forme métrique.
Nous tirons de ce second argument une conclusion tout à fait différente. Si les fables de Démé-
trius avaient été écrites en vers, le travail de Babrius eût été parfaitement inutile. Qu'on n’objecte
pas que les fables de Démétrius n'avaient peut-être pas de valeur poétique; ear M. Legrand nous
apprend que les péans du même auteur semblent avoir eu une très-grande perfection.
Babrius n'a pas non plus fait de fables nouvelles, ce qui justifierait son œuvre après celle de
Démétrius; il nous dit lui-même qu'il n'a fait que mettre en vers les fables d'Ésope. Nous mainte-
nons, par conséquent, notre manière de voir relativement au recueil de Démétrius, ainsi que la
conclusion que nous en avons tirée. (V. Mémoires couronnés de l'Académie de Bruxelles, de 1850-
1851, p. 141 et suiv.) — Voy. Schneïdewin, Praefatio paroemiogr. graec., p. n.
1 Griechische Litteraturgeschichte, H, p. 1047.
14 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
supposition. Îl est vrai qu'il ne partage pas notre manière de voir sur
le temps auquel vécut Babrius. Mais, sous ce rapport, nous croyons pouvoir
le contredire hardiment, et placer ce fabuliste à une époque bien plus
reculée que celle qu'il lui assigne.
Nous sommes sur ce point parfaitement d'accord avec M. Bergk, qui
soutient ! que Babrius doit avoir écrit avant Callimaque. Pour le prouver,
voici à peu près le raisonnement qu'il fait et qui nous semble de tout
point convaincant. Dans la seconde préface de Babrius?, on lit ces mots :
’ " CA) ’ ,
AD) éyo vén pobon
Ad #EP9pd À) XPP5ÉD yawooas
Toy pubaufBoy wonep trnov orAirry
ES
Yr euoÿ Où mectou tic Olpas avaybeons
Eicm) 0e or.
Le poëte, après avoir dit que la Fable fut inventée par les Assyriens,
qu'Ésope, d’abord, et Libyssès, ensuite, la communiquèrent aux Grecs,
ajoute : et moi je viens maintenant, avec une muse nouvelle, manier le’
mythiambe, après lui avoir mis une sous-gorge d’or, comme à un cheval
chargé d'armes pesantes. Mais à peine la porte eut-elle été ouverte par moi,
que d’autres entrèrent.
Babrius se prévaut donc ici d’une innovation que d’autres se hâtèrent
d'imiter. En quoi cette innovation peut-elle consister? Avant lui le cho-
liambe n'avait été employé qu’à formuler des reproches sanglants. Et
comme chez les Grecs chaque genre de poésie avait une ou plusieurs
espèces de vers qui lui appartenaient en propre, ce fut une innovation
véritable que d'employer le choliambe pour écrire des fables. Mais la forme
du vers paraît aussi avoir été quelque peu modifiée dans ce but; car dans
la première préface, il est dit:
* à ; , 0 On L ,
Ov (rGv ui Âicwrei) EXATTOY El poiun co Onzm
Iixpov tipBoy oxrpa xSa Gnhüvas.
1 Voy. Classical Museum, t. NI, p- 126.
? Page 66 de l'édition de Lachmann.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 15
Je graverai dans ta mémoire, dit le poëte à Branchus, toutes les fables
d'Ésope, après avoir adouci les membres si durs des iambes amers. — Ce qu'il
y avait d’original dans la poésie de Babrius, c'était donc d’abord, qu'il
avait adouci la forme trop dure du choliambe, et qu’ensuite, il l'avait fait
servir à raconter des apologues , en créant de cette manière le mythiambe.
Or nous savons que Callimaque avait également traité des fables en
vers choliambiques !. Il est donc de toute évidence que Babrius lui est
antérieur; car supposer que c’est à tort que Babrius s’est attribué l’hon-
neur de l'invention dans ce genre, ainsi que le prétend M. Lewis ?, c’est
faire une hypothèse toute gratuite. Babrius n’est donc postérieur que d’un
demi-siècle environ à Démétrius de Phalère, et le raisonnement que nous
avons fait plus haut se trouve pleinement justifié.
Les fables de Babrius étaient entièrement perdues pour nous, à l’ex-
ception de quelques fragments. Ce n’est qu’en 1844 que Minoides Menas
trouva, dans un couvent du mont Athos, un exemplaire mutilé de ces
fables, arrangées par ordre alphabétique. Ce n’est pourtant pas là la dis-
position primitive; car Suidas nous rapporte que les fables de Babrius
étaient divisées en dix livres; et nous n'avons pas besoin de révoquer en
doute cette indication par le motif qu'Avien, fabuliste d’une époque incon-
nue, restreint ce nombre à deux. Il paraît, en effet, qu'Avien à eu sous
les yeux un exemplaire de Babrius semblable, sous beaucoup de rapports,
à celui que nous avons encore maintenant. Dans cet exemplaire, il se
trouve vers le milieu, au commencement de la lettre M, une seconde
préface dans laquelle on lit ces mots :
Ex deurépos ca tive (GifBloy acid.
On à cru, et Lachmann lui-même est tombé dans cette erreur, que
Babrius voulait dire par là qu’il commençait un second livre de fables, tandis
qu'il est évident, comme l’a vu M. Bergk, qu'il s’agit d’une seconde édition :
je vous récite ce livre, dit le poëte, & dvuréow, une seconde fois. Or, si
! Voy. le fr. 98, chez Bentlei.
= Babrii fab. Edidit Lewis. London, 1846, p. 15.
16 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
Lachmann lui-même s’est trompé sous ce rapport !, il n’est pas étonnant
qu'Avien ait été induit en erreur. Les deux livres de fables dont il parle ne
sont donc pas autre chose que la collection que nous avons encore en
partie, et qu'il faut distinguer de la grande édition en dix livres, men-
tionnée par Suidas.
Il serait assez difficile de dire si c'est à cette grande édition, ou seule-
ment à un extrait, que doivent leur origine les diverses collections en prose
de fables d'Ésope, mises en ordre, pour la plupart, au moyen äge. Dans
cette catégorie viennent se ranger le recueil attribué à Planude, ainsi que
celui que Nevelet fit connaître pour la première fois, et qui paraît être
plus ancien que l’autre. C’est à la même source que doivent être rappor-
tées les fables publiées par le comte de Rochefort? et les 40 tétrastiques
d'Ignatius Magister, qui vécut au IX siècle de notre ère, et qui porte le
nom de Gabrias, ce qui n’est rien qu'une corruption de Babrias®.
Nous ne pensons pas, tant s’en faut, que toutes ces fables, sans excep-
tion, aient été traitées par Babrius; ce que nous tenons à constater, c'est
que, si même quelques-unes d’entre elles ne pouvaient pas être attribuées
à ce fabuliste avec une entière certitude, il serait néanmoins très-possible
qu'il les eût mises en vers; car, d’abord, le recueil qu'a découvert M. Menas
est moins complet que l'édition primitive, et nous ne l’avons que jusqu'à
la lettre O. De plus, M. Bergk a prouvé que Tzetzès avait encore sous les
yeux un exemplaire de Babrius plus complet que le nôtre. Partant, si dans
les recueils en prose il y a telle ou telle fable qui, par le fond ou par la forme,
nous rappelle Babrius, nous sommes dans notre droit en la lui attribuant.
Or, il existe plusieurs manuscrits qui ont conservé dans leur prose
un grand nombre de vers choliambiques. Ceci est vrai surtout d’un ma-
nuscrit de la bibliothèque Bodléenne, dont les fables sont rangées par
ordre alphabétique, et dont la première est aussi la première d’Avien #;
1 M. Duebner dans sa Commentatio de Babrio, p. 5-11 , sans appeler l'attention des lecteurs sur
ce passage, a néanmoins découvert avec beaucoup de sagacité des traces de corrections insérées
dans la seconde édition. — Les objections de Lachmann , p. 16, ne sont pas d'un grand poids.
? Notices et extraits de la bibliothèque du Roi.
5 Voy. Tyrwhitt de Babrio, p. 48.
: Ibid., p. 5 et 22.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 17
ce qui confirme ce que nous disions plus haut, qu'Avien avait probable-
ment sous les yeux une édition de Babrius semblable à la nôtre.
Des 96 fables qu'il renferme, depuis la lettre À jusqu’à O, 81 se retrou-
vent dans le Babrius du mont Athos!, qui ne va pas au delà de cette dernière
lettre. Le manuscrit de la bibliothèque Bodléenne est, par conséquent,
d’une très-haute importance, et nous engageons les savants anglais à le
ürer enfin de la poussière dans laquelle il est depuis si longtemps ense-
veli.
Il y a aussi un autre manuscrit des fables d'Ésope qui a conservé
beaucoup de choliambes intacts : c’est celui de Florence. Furia, qui le
publia en 1809, ne se douta pas même de la chose; Coraï et Schneider
durent appeler sur ce point l’attention du monde savant. Marchant sur
leurs traces, Berger alla si loin qu'il s’avisa de remettre en vers jusqu’à
trois livres entiers. Knoch, qui lui succéda, usa d’une plus grande cir-
conspection.
L’attention des philologues était donc suffisamment attirée sur Babrius,
lorsqu'en 184% le manuscrit du mont Athos fut inopinément découvert.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans toutes les discussions , en partie très-
oiseuses, qu'a provoquées cette découverte. Celui qui désire les connaître
en trouvera un résumé dans l’édition de M. Lewis.
Qu'on nous permette cependant de dire un mot sur le paradoxe de
M. Cobet, l’illustre professeur de l’université de Leyde, qui a soutenu la
thèse ? : que la majeure partie des vers contenus dans le manuscrit nou-
vellement découvert étaient dus à des moines et à des maîtres d'école
ignorants. Sans doute, M. Cobet a eu grandement raison de relever sévè-
rement les incorrections que Lachmann avait laissées subsister dans son
édition ; mais en beaucoup d’autres endroits il attribue à la stupidité des
moines ce qui proprement n’est qu'une faute de copiste et peut être
facilement corrigé.
Du reste, il est évident que le fond même des fables de Babrius, quel-
que mutilée qu’en soit la forme, est bien sûrement antique; et c’est prin-
# Voy. le Musée du Rhin, 1. V, p. 640.
? Oratio de arte interpretandi, LB., 1847, p. 154.
Toue XXV. 3
18 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
cipalement là ce qui nous intéresse dans la question que nous avons entre-
pris de traiter.
$ 2. — Des fables latines.
Si nous n'avions pas voulu rendre nos recherches aussi complètes que
possible, nous n’aurions peut-être pas parlé des fables latines. Car, à peu
d’exceptions près, elles sont toutes calquées sur celles de la Grèce.
Les plus anciennes fables latines que nous ayons pu découvrir se trou-
vent dans Ennius !, Lucilius, Horace? et Tite-Live5. Mais la source prin-
cipale des apologues latins c’est le recueil de Phèdre, affranchi d’Auguste,
qui, selon toute probabilité, n’a pas connu Babrius. Ce fait pourrait
paraître étonnant si nous ne savions également que Sénèque, le savant
Sénèque , ignorait complétement l'existence des apologues de Phèdre. Dans
la plupart des manuscrits ces fables sont divisées en cinq livres. Un sixième
y à été ajouté par M. Dressler #, qui a puisé à cet effet dans le recueil
d’un certain Perrotto. Ce Perrotto, qui vécut en Italie vers le milieu du
XIV: siècle, paraît avoir eu sous les yeux un manuscrit de Phèdre plus
complet que ceux que nous possédons encore; car dans un Epütome fabu-
larum Phaedri et Aviani, qu’il nous a laissé, il se trouve trente-deux fables
qu'il range parmi celles de Phèdre, et que cependant nous ne retrouvons
nulle part ailleurs. Cet épitome fut publié d’abord par Janelli, ensuite
par le cardinal Angelo Mai et provoqua, de la part des savants, de nom-
breuses discussions. Car il s'agissait de savoir si les fables de Perrotto pro-
venaient en effet du fabuliste latin, ou si elles n'étaient qu’une imitation
faite par Perrotto lui-même. Jusqu'à présent on n’est pas encore parvenu
à résoudre cette question d’une manière définitive. Ce qui nous paraît hors
de doute, c’est que ces fables sont d’une très-haute antiquité, et ceci nous
* Aulu-Gelle, N. Att., II, 29.
2 Satir., I, 6, 71; Epitres, 1, 4, 73; 5,19; 7, 29; 40, 54; 17, 50.; Ar't poét., 159.
5 II, 52.
* I a publié une édition de Phèdre en 1838.
5 Classic. auct. nova collectio, édit, HT, p. 307.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 19
amène à conclure qu'il est plus que probable que Phèdre en est bien réel-
lement l’auteur.
Nous laissons de côté quelques fabulistes dont nous ne connaissons que
le nom et nous passons immédiatement au recueil d’Avien. Il serait diffi-
cile d'indiquer d’une façon très-précise à quel siècle appartient cet auteur.
En tout cas il est postérieur à Phèdre dont il cite l'ouvrage. Nous avons
de lui 42 fables, écrites en vers élégiaques, dont 32 sont assez fidèle-
ment calquées sur celles de Babrius; ce qui pourrait nous faire croire
que les 10 autres se trouvaient dans un manuscrit de Babrius plus com-
plet que celui qu'a découvert M. Menas ; en ce cas, nous pourrions consi-
dérer ces 10 fables comme antiques. Mais il est évident que Babrius,
après avoir écrit la fable 95, n’a pas pu en composer lui-même une imita-
tion maladroite, et c’est pourtant ainsi qu'il faut caractériser la fable 30
d'Avien. Ce qui est vrai d’une de ces 10 fables peut être vrai de toutes, et
rien ne nous garantit, par conséquent, qu'elles soient la traduction d’apc-
logues anciens.
Outre ce recueil d’Avien nous avons plusieurs autres collections de
fables latines, dont il faut dire à peu près la mème chose que des collec-
tions grecques. De même que la plupart de celles-ci découlent des cho-
liambes de Babrius, de même aussi celles-là remontent aux trimètres de
Phèdre. Mais elles ont subi les unes et les autres les modifications les
plus variées.
Changées en prose, remises en vers, augmentées, diminuées, disper-
sées, de nouveau réunies avec des additions étrangères, c’est ainsi qu’à
travers le moyen âge ces collections arrivèrent jusqu’à nous.
Un de ces recueils, celui qui était le plus fréquemment employé dans
les écoles, passe pour avoir été fait par un certain Romulus, dont, au
reste, nous ne savons absolument rien, sinon qu'il vécut avant le XII:
siècle de notre ère. Ses ‘fables, au nombre de 80, sont partagées en
quatre livres ?. — Un second recueil analogue fut publié pour la première
fois en 1790. L'auteur en est entièrement inconnu ; on le nomme l’Ano-
1 Publiées en dernier lieu par Lachmann, 1845.
2 Voy. l'édition de Phèdre par Schwabe, 1806, £. IE.
20 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
nyme de Nilant, parce que c'est Nilant qui, le premier, fit imprimer cet
ouvrage. Sur les 60 fables qu'il renferme, 46 se trouvent dans Romulus.
M. Knoch ! s’est trompé fortement en croyant y découvrir une imitation
de Babrius.
Les 60 fables en vers élégiaques, dont l’auteur est désigné communé-
ment sous le nom de |’ Anonyme de Nevelet, et que M. Dressler croit devoir
attribuer à Ugobardus Sulmonensis, écrivain du XII siècle, ces fables ,
disons-nous , ne sont autres que celles de Romulus et de l’'anonyme de
Nilant, mises en vers.
Nous avons déjà dit plus haut que la plupart de ces fables ont été
empruntées à la collection de Phèdre. Ce qui le prouve, c’est que, dans
les recueils qui les contiennent, il s’est conservé un bon nombre de tri-
mètres. Il y a déjà longtemps que, s’attachant à ces vestiges, les savants
ont tâché de reconstruire, au moins en partie, la rédaction primitive.
Burman, par exemple, ajouta à son édition de Phèdre un appendice de
54 fables en vers, que lui et Gudius avaient dégagées de l'enveloppe pro-
saïque qui les couvrait chez Romulus et chez l'Anonyme de Nilant. L’édi-
teur le plus récent que nous connaissions, M. Dressler, a repris en
sous-œuvre le travail de ces savants. Écartant un grand nombre de con-
jectures trop hardies, il s’attacha de préférence aux expressions employées
dans les rédactions en prose; d’un autre côté, il alla plus loin et ajouta
12 fables en vers aux 54 de Burman.
Les fabulistes latins plus récents ne sont d’aucune importance pour le
but que nous nous sommes proposé. Par conséquent, nous n’en parle-
rons pas.
$ 3. — Des fables indiennes.
Les recherches relatives aux apologues de FInde sont épineuses sous
beaucoup de rapports ; car il n'y a rien qui soit plus incertain que la chro-
nologie de la littérature sanscrite. Chose singulière! tandis que tous les
genres de prose et de poésie, depuis la sentence et l’apologue jusqu'à l'é-
1 Voy. son Babrius, p. 89.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 21
popée religieuse, ont été cultivés dans la presqu'île de l'Inde, l'histoire
seule fait exception.
Quel qu’en puisse être le motif, soit que la puissante imagination des
Indous les ait entraînés en dehors de l’ordre réel, soit qu’ils aient trop
mébprisé le présent en comparaison de ces siècles merveilleux qui, d’après
les récits des poëtes, n'étaient remplis que de héros et de dieux, toujours
est-il que l’histoire sérieuse n'a jamais été connue chez eux. Il s'ensuit
que leurs annales littéraires sont plongées dans les mêmes ténèbres.
Les fables sanscrites les plus anciennes que nous ayons pu découvrir,
et qui, nous l’avouons avec plaisir, nous ont été indiquées par M. le pro-
fesseur Lassen, de Bonn, se trouvent dans le Mahä-Bharata, c’est-à-dire
dans cet immense poëme qui est comme le résumé de la civilisation des
brahmanes et un répertoire de toutes leurs sciences, qui est leur code de
religion et de morale, qui, en un mot, comprend presque toutes leurs
idées 1.
De même que les poésies homériques ont été interpolées et changées fré-
quemment, de même aussi le Mahä-Bhärata contient des morceaux de date
très-différente. On ne peut donc pas préciser d’une manière générale l'époque
qu'il lui faut assigner. Tout ce qu'il est possible de faire, c'est de recher-
cher l’époque approximative où quelques-unes de ces parties ont été compo-
sées. C’est ainsi, par exemple, que M. Lassen a dirigé ses recherches sur le
genre de récit qui porte le nom d’itihâsa ?. Il en distingue trois espèces,
dont la première comprend les narrations ou les chants qui donnèrent
naissance à la poésie épique, tandis que la seconde contient cette espèce
de contes que nous nommons ordinairement contes moraux. C'est ici que
viennent se ranger les fables. M. Lassen est d'avis qu'il n’y a rien qui nous
force à considérer ces contes comme postérieurs à Bouddha ; il prouve
que déjà dans les lois de Manou il est fait allusion à l'habitude de
réciter des histoires à l’occasion des sacrifices et des fêtes, et il fait
observer que le style de ces contes est en général simple et dépourvu
1 Voy. les Antiquités de l'Inde, par M. Lassen, t. I, p. 486 et p. 858. (Allemand)
2 Voy. Antiquités de l'Inde, pp. 856 et suiv. Hihâsa est un composé de Lrois mots : üti ha âsa
qui signifient : ainsi il parla.
22 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
d'ornements superflus, ce qui est presque un indice certain de l'antiquité
d'un ouvrage. Si nous en croyons done M. Lassen, et certes il serait
difficile de trouver un juge plus compétent pour toutes ces matières ,
nous pourrons admettre qu'un grand nombre d'itihäsas, et, par consé-
quent, d’apologues, remontent au delà du VI: ou du VII siècle avant
notre ère.
Une troisième espèce d’itihäsas, qui paraît être d’une date plus récente,
comprend ces récits étendus qui racontent les aventures de Nala, de
Rama et d’autres.
Le Mahä-Bhärata contient six apologues portant le nom d'Itihäsa :
t. II, p. 509, un dialogue entre le Chacal et le Tigre; t. LE, p. 565, la
fable du Vautour et du Chacal; t. IT, p. 559, la fable de la Souris et du
Chat; t. IV, p. 15, un dialogue entre le Chacal et le Singe; t. IV, p. 72,
la fable du Héros et de la Colombe; t. IV, p. 204, la fable du Vermisseau
et de Viàsa.
Les autres apologues compris dans cet ouvrage sont : t. [, p. 561,
l’histoire de la cigogne; t. If, p. 285, la fable des Souris qui choisis-
sent le chat pour leur roi; t. HIT, p. 558, la fable des Colombes.
Au Mahà-Bhârata se trouve ordinairement annexé un poëme appelé
Harivança, qui a été traduit en français par M. Langlois. Sans aucun
doute il est d’une date beaucoup plus récente que l'épopée à laquelle il
est joint. Nous y trouvons la fable du Perroquet et du Fils du roi, dont nous
aurons, plus tard, l’occasion de parler.
M. Grimm, dans son Reinhart Fuchs, p. 281 , a cité une fable indienne,
empruntée à un livre Päli, sur lequel nous reviendrons aussi dans la
suite.
Mais les sources principales des apologues sanscrits sont les deux re-
cueils appelés Pantcha-tantra et Hitopadéça.
Le Pantcha-tantra où les cinq livres de morale est l'ouvrage capital pour
les fables indiennes. C’est là que nous puiserons la plupart des récits orien-
taux qui viendront se placer dans la suite de ce mémoire. Il est à regretter
qu'il nous manque des renseignements suffisants pour préciser la date de
sa première rédaction. Car, pour arriver à un pareil résultat, il ne suffit
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 25
pas de s’appuyer sur des passages isolés , attendu que c’est le propre des
écrits de ce genre d’être sujets, dans la suite des siècles, à toutes sortes de
modifications malheureuses !. Voici, par exemple, ce qui est arrivé, sous
ce rapport, au célèbre Colebrooke, qui est ordinairement si exact et si
prudent. Dans une dissertation qui a pour but de fixer l’époque où vécut
l'astronome Varahamihira ?, il fait usage d’un texte du Pantcha-tantra,
dans lequel cet astronome est cité. À cette occasion, il vient à parler
entre autres de la date qu’il faut assigner à ce recueil d’apologues. Nous
savons qu'il a été traduit en pehlvi vers le commencement du VI: siècle
de notre ère. De là Colebrooke tire la double conclusion, d’abord que
Varahamihira a vécu avant cette époque, ensuite que le Pantcha -tantra
doit avoir été composé dans l'intervalle de temps qui s’est écoulé depuis
Varahamihira jusqu'au moment où il fut traduit en pehlvi. Et comme
l’astronome en question ne peut remonter au delà des premiers siècles
de notre ère, nous connaîtrions ainsi les deux termes extrêmes entre
lesquels la composition du Pantcha-tantra devrait être placée. Mais si le
passage sur lequel s’est appuyé Colebrooke était un de ceux qui n’ont
été intercalés que plus tard? — Ce doute n’est que trop fondé, et nous
pouvons presque le convertir en certitude. En effet, il y a deux rédac-
tions principales du Pantcha-tantra 5, dont l’une est plus courte et plus
simple et l’autre plus chargée d’ornements. C’est l'édition la plus simple
qu'a éditée M. Kosegarten , et dans laquelle se trouve la citation signalée
par Colebrooke. Mais ce passage ne se trouve ni dans l'édition plus ornée #,
ni dans la traduction arabe, ni dans le Hitopadèça, qui a emprunté au
Pantcha-tantra Va plupart de ses fables; et ce qui plus est, il n’a même
pu se trouver ni dans le texte qui a servi à la traduction arabe, ni, par
conséquent, dans l'original sanscrit. La chose est facile à comprendre.
1 C'est ce qu'a fait très-bien remarquer M. Kosegarten, qui nous a donné, pour la première fois,
une édition de cet ouvrage , en l'année 4848. Voy. sa préface, p. vi. Voy. aussi l'Anthologie sanscrité
de M. Lassen, p. vu.
? Miscelluneous essais, I, pp. 175 et 482.
5 Voy. Kosegarten, p. 1x.
: Jb., pp. vu et vin.
24 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
Une grue veut engager des poissons à sortir du lac dans lequel ils se tien-
nent. Pour parvenir à ce résultat, elle dit, dans la rédaction moins ornée,
que bientôt il y aura une grande sécheresse, et elle le prouve par une
citation de Varahamihira.
Dans les trois autres versions, la grue s’y prend d’une manière tout à
fait différente. Elle fait accroire aux poissons qu’elle a entendu dire à des
pêcheurs que bientôt ils se rendraient vers leur lac. Il est clair qu'ici le
texte de Varahamihira n'aurait pu venir à propos. Or, laquelle de ces
deux rédactions est la plus ancienne? M. Kosegarten est d'avis (p. 1x) que
c’est l'édition la plus ornée. Dans cette hypothèse il est évident que la cita-
tion de Varahamihira ne peut servir à fixer la limite au delà de laquelle
la première composition du Pantcha-tantra ne saurait être reculée. Dans
l'hypothèse contraire il reste toujours à savoir si le passage de l’astronome
indien n’est pas une addition plus récente.
Nous nous sommes arrêté assez longuement sur ces détails, parce que
nous avons vu que M. Wilson, le célèbre indianiste !, ainsi que Loiseleur
de Longchamps ? ont considéré le raisonnement de Colebrooke comme
péremptoire, tandis que, comme nous venons de le voir, il n’est rien moins
que certain.
Il nous importe néanmoins de connaître d’une manière au moins ap-
proximative l’époque à laquelle le Pantcha-tantra a été composé ; car, sans
cela, on pourrait supposer que les fables d’'Ésope n’ont pas été sans
influence sur celles de l'Inde. Voilà pourquoi nous aurons recours à des
arguments plus sûrs que ceux de Colebrooke, et qui établiront en même
temps que le Pantcha-tantra remonte à une plus haute antiquité que celle
qu'il lui veut assigner; car nous croyons pouvoir démontrer que ce re-
cueil de fables est antérieur à Pànini, grammairien de l'Inde, qui vécut
vers 320 avant J.-C.
En effet, ce grammairien, après avoir donné (IV, 3, 125) une règle en
vertu de laquelle deux mots peuvent être joints de telle manière que le mot
1 Analytical account of the Pantchatantra, vol. 1 des Transactions de la Société Asiatique,
p- 163.
? Essai sur les fables indiennes ; Paris, 1858, p.28, note |,
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 25
composé qui en résulte indique une inimitié entre les deux parties de ce
mot, ce grammairien, disons-nous, Cile comme exemple le composé kako-
lukia. Kaka signifie corneille et uluka hibou; de sorte que hakolukia veut
dire l’inimitié des corneilles et des hibous 1. Or, c’est précisément là le titre
que porte le livre IT du Pantcha-tantra, qui contient le récit détaillé d’une
guerre des hibous et des corneilles. Nous pensons qu’on peut conclure
de là que, si Panini n’avait pas eu le Pantcha-tantra sous les yeux, il n’au-
rait jamais songé à inventer un pareil composé. C’est donc antérieurement
à 550 av. J.-C. que fut fait ce recueil d’apologues.
L'auteur en est appelé Vishnuçarman. Ce nom n’est pas dépourvu d'intérêt.
Il signifie serviteur de Vichnou, et c’est précisément vers le [V* et le Ve siècle
avant l’ère chrétienne que le culte de Vichnou acquit un développement
remarquable ?. De ce côté donc, l'hypothèse qui place avant Pänini la com-
position primitive du Pantcha-tantra reçoit une confirmation nouvelle et
inattendue.
L'introduction appartient à une période plus récente. On y trouve, sur-
tout dans la version la plus ornée, une description détaillée de la ville de
Mihilaropia , située dans le Dekhan. Cette cité, à en croire M. Wilson 5,
florissait dans les premiers siècles après J.-C. C’est alors, ou bientôt après,
que l'introduction doit avoir été écrite. Il suffit de la parcourir pour obte-
nir la conviction qu'elle est moins ancienne que le recueil qu’elle précède.
M. Kosegarten * s’est demandé si le Pantcha-tantra avait été composé
primitivement en vers ou en prose, et il s’est décidé en faveur de la pre-
mière hypothèse. Il est vrai que l’auteur de ce livre, en découvrant dans
le Mahä-Bhärata des fables racontées en vers, devait être excité à imiter
cet exemple. Il est vrai, d'autre part, que de temps en temps nous y trou-
vons des distiques (clôkas), non-seulement, comme cela arrive d'ordinaire,
pour exprimer des sentences morales, mais aussi dans le corps du récit.
Toutefois il ne faut pas perdre de vue que les plus anciens itihäsas étaient
1 Voy. Wilson, L. L., p. 173.
? Voy. Lassen, Antiq. de l'Inde, p. 780.
5 Voy. LL, p. 161.
4 Voy. sa Préface, p. x.
Tous XXV.
=
26 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
écrits en prose !, et qu’en outre, la fable VIT du troisième livre, sur la-
quelle M. Kosegarten s’est surtout appuyé, ne peut pas servir d’argument.
Sans doute, elle est presque entièrement en vers; mais elle est extraite du
Mahä-Bhârata (t. WA, p. 558), ce qui a échappé à M. Wilson lui-même.
L'énumération détaillée des traductions du Pantcha-tantra forme un des
chapitres les plus curieux de l’histoire littéraire. Comme, néanmoins, il
serait difficile d'ajouter encore quelque fait important aux recherches,
aussi judicieuses que savantes, qu'a faites à ce sujet Silvestre de Sacy°, et
comme, de plus, ce qu'il y avait à ajouter l’a déjà été par Loiseleur-Delong-
champs 5, il ne nous reste qu'à donner brièvement le résultat de leurs tra-
Vaux.
Au commencement du VI: siècle de notre ère, le célèbre Chosroës, roi
de Perse, ordonna qu'on fit du Pantcha-tantra une traduction en langue
pehlvi. Cette traduction s’est perdue, à l'exception de quelques traces qui
en sont restées dans la version arabe #; car l’auteur de cette version, qui
date du VIIE siècle, ne recourut pas au texte sanscrit, mais se servit de
l'ouvrage du traducteur persan. La version arabe servit de nouveau de
texte à trois autres : à la version grecque, qui a pour auteur Siméon Seth,
et qui est mieux connue sous le nom de Specimen sapientiae veterum Indo-
rum ; à la version hébraïque qu’on attribue au rabbin Joel, et qui fut tra-
duite (1262) en latin par Jean de Capoue; enfin à la version néo-persanne
qui fut faite au XIe siècle par Nasrallaha. Changée au XVe siècle par Hocein-
Vaez , abrégée d’une part et augmentée de l’autre, cette version servit de
texte à la traduction turque qu’en fit un professeur d’Andrinople, appelé
Ale-Tchelebi. Cette traduction porte le nom d’Homayun-Nameh; c’est elle
que suivirent Cardonne et Galland pour faire connaître au public français
ce qu'ils appelèrent les fables de Bidpaï *.
Nous avons rappelé ici ces détails pour prévenir l'opinion qui pour-
1 Voy. Lassen, 1. L., p. 856.
Mémoire historique sur l'origine du livre Calila et Dimna, pp. 2 et suiv.
Essai, ete., pp. 8 et suiv.
! Voy. Kosegarten, p. xt.
5 Probablement une altération de Vidiapati= Scientiae magister.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 97
rait naître facilement de la comparaison des fables indiennes avec celles
d’Ésope, à savoir, que déjà anciennement le Pantcha-tantra aurait été connu
des Hellènes.
Nous nous y sommes arrêté également par le motif que Le Calilah we
Dimnah — c'est le nom que porte la version arabe — renferme quelques
fables indiennes qui ne se trouvent pas dans l'original. C’est ainsi que la
fable du Chat et de la Souris, dont nous donnerons la traduction dans la
suite, de même que celle du Perroquet et du Prince, qui sont empruntées ,
l’une au Mahä-Bhärata (1. I, p. 35), l’autre au poëme intitulé Harivança ",
sont comprises dans le Calilah we Dimnah, mais non dans les éditions du
Pantcha-tantra, dont nous connaissons le contenu ou le texte.
Nous avons aussi une traduction française de ce recueil d’apologues,
publiée, en 1826, par le missionnaire Dubois. Mais, d’après l’aveu de l'au-
teur lui-même (préf., p. vm), il a omis un grand nombre de fables. De plus,
selon toute probabilité, il n’a eu devant lui qu’une édition de beaucoup
postérieure à celle qu'a publiée M. Kosegarten.
L'auteur du Hitopadéça a emprunté au Pantcha-tantra la plupart de ses
fables. D'après ses propres paroles, c’est à cet ouvrage et à un autre recueil
qu'il est redevable de tous ses récits. Nous ne savons pas quel peut être
cet autre recueil. Il en existe un qui est très-réputé et qui porte le nom
de Vrihatkathä; mais le contenu en est encore inconnu ?.
CHAPITRE Il.
ÉSOPE EST UN PERSONNAGE FICTIF.
Nous connaissons maintenant les sources auxquelles nous aurons à pui-
ser les éléments de la comparaison que nous nous sommes proposé d’éta-
1 T. 1, p. 96 de la traduction de M. Langlois.
? Ayant appris, par M. Lassen, que déjà, dans les lois de Manou, il se trouvait quelques allusions
à des fables, nous avons parcouru cet ouvrage; mais jusqu'à présent , toutes nos recherches à ce
sujet ont été infructueuses.
28 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
blir; mais, avant d'aborder ce sujet, il nous a semblé convenable de con-
sulter les témoignages des anciens sur l'origine et la transmission de leurs
fables. En effet, quoique, dans un grand nombre de circonstances, ces témoi-
gnages soient d’une valeur très-médiocre, quoique bien souventils soient con-
tradictoires et qu’il faille beaucoup de critique et de tact pour démêler ce qu'il
s’y trouve de vrai et de faux, il n’en est pas moins certain que, dans toutes
les questions littéraires, c’est par là qu’il faut commencer ses recherches.
Nous avons déjà fait observer précédemment que l'histoire littéraire de
l'Inde est enveloppée des plus grandes obscurités, attendu qu’en général
les brahmanes et les bouddhistes ne semblent avoir eu aucun goût pour
l’histoire. Aussi les renseignements directs qu'on pourrait être tenté de
chercher de ce côté, relativement au sujet qui nous occupe, se réduisent-
ils presque à rien. Il n’en est pas de même pour la Grèce. Les écrivains
de ce pays nous ont, en effet, transmis sur l’histoire de l’apologue plu-
sieurs témoignages très-précieux. Seulement ces témoignages sont bien
loin de s’accorder parfaitement entre eux. Nous avons donc à les combiner
et à en apprécier la valeur relative pour parvenir à un résultat satisfaisant.
Or, cette combinaison peut se faire de plusieurs manières différentes, et
les savants donneront la préférence soit à l’une, soit à l’autre, selon l’idée
générale qu'ils se seront formée de la culture hellénique. C'est ce qui fait
que, malgré l'exactitude que nous avons apportée à nos recherches et
malgré le soin, peut-être minutieux, que nous avons donné à l’enchaine-
ment des probabilités historiques qui doivent servir à résoudre la question
que nous traitons, nous craignons bien de ne pouvoir compter sur l’as-
sentiment de tous les philologues. Il en est, en effet, qui attachent une
telle importance au témoignage des anciens, qu'il suffit qu'un auteur de
quelque renom ait énoncé une chose pour qu'ils considèrent le moin-
dre doute à l'égard de ses paroles comme une véritable hérésie. On à
beau leur prouver, de la manière la plus évidente, que cet auteur est en
contradiction avec lui-même et avec toutes les données historiques, ils
s’écrieront aussitôt que procéder de la sorte, c'est renverser loutes les
bases de l’histoire, qu'il n'y aura dorénavant rien dont on ne puisse
douter, etc. Ce n’est pas pour cette classe de lecteurs que nous écrivons.
mi ft mit
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 29
Nous ne considérons aucun écrivain classique comme inspiré ni, par con-
séquent, comme infaillible, cet écrivain eût-il nom Hérodote. Et c'est, en
effet, Hérodote dont nous nous sommes proposé d’infirmer le témoignage,
pour autant qu'il nous donne des renseignements sur Ésope. Hérodote est
un historien dont nous faisons le plus grand cas, sous beaucoup de rap-
ports. C’est un auteur plein de naïveté et de grâce; son témoignage est
digne de foi tant qu’il ne fait que rapporter les choses qu'il a vues et exa-
minées par lui-même. Mais ce même écrivain a eu trop de bonhomie pour
ne pas croire souvent à des récits mensongers. Il s’est laissé mystifier par
les prêtres de l'Égypte; il a pris pour de l'histoire presque toute la
mythologie ; en un mot, il n’a pas eu cette critique qui aurait été si néces-
saire de son temps.
Voilà comment nous considérons Hérodote, et c'est à ce point de vue
que nous nous proposons d'examiner les détails qu'il nous a transmis sur
Ésope (L. I, $ 154).
« Rhodopis, dit-il, était esclave d’'Iadmon, fils d'Héphaistopolis, de
» Samos. Ésope, le fabuliste, fut esclave avec elle. En effet, ce qui prouve
» surtout (ox uote) qu'Ésope a été l’esclave d’ladmon, c’est le fait sui-
» vant : Après que les habitants de Delphes eurent fait publier plusieurs
» fois, selon les ordres du dieu, que celui qui réclamerait une rançon
» pour le meurtre d'Ésope l’obtiendrait, personne ne se présenta, à l’ex-
» ception d'Iadmon, petit-fils de l’autre Jadmon; et il obtint la rançon.
» Ainsi donc Ésope fut l’esclave d’Iadmon. »
C’est là le plus ancien témoignage que nous ayons sur Ésope. Comme
il n’est pas entièrement clair, nous tâcherons de le compléter, en emprun-
tant quelques renseignements à des écrivains postérieurs.
D'abord, on voit qu'Hérodote croit nécessaire de prouver qu'Ésope a
été l’esclave d’Iadmon et qu'il n’a pas appartenu à un autre. Ceci nous
indique clairement qu'il cireulait sur le compte d'Ésope d’autres tradi-
tions différentes de celle-ci. En effet, Callimaque ! nomme Ésope un habi-
tant de Sardes : Aïowroc & Zaodvéc; Plutarque et Suidas le font demeurer à
1 Voy. le Dictionnaire d'Apollonius, sv. de.
30 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
la cour de Crésus. Selon le dernier de ces auteurs, il était même le favori
(gdoiue) du roi de Lydie; et cette tradition paraît même remonter à une
plus haute antiquité, puisqu'il est probable que l’auteur comique Alexis,
qui avait composé une pièce intitulée Ésope, y avait fait figurer Crésus et
Solon. Or, les auteurs comiques suivent ordinairement la tradition popu-
laire et commune. Cette tradition était donc, selon toute vraisemblance,
déjà connue du temps d'Hérodote, et c’est en contradiction avec elle qu'il
s'efforce de prouver qu'Ésope était non de Sardes, mais de Samos, non
pas un favori de Crésus, mais un esclave d’Iadmon. Mais, comment le
prouve-t-il? Les habitants de Delphes, dit-il, avaient fait publier qu'ils
payeraient une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclame-
rait, et Tladmon de Samos a obtenu cette rançon. D'abord pourquoi et de
quelle manière Ésope avait-il été tué? Callimaque nous rapporte qu'Ésope
avait récité à ceux de Delphes une fable qui les avait irrités fortement :
Taÿra à Asunos
O ZSapoinvos Eire cv ci Aëdçoi
"Adoyra mov où nas EdéEavto.
et le scoliaste d’Aristophane ( Vesp. 1446 et Pax. 128) nous dit qu'Ésope
avait reproché aux habitants de Delphes de vivre non pas de l’agricul-
ture, mais des revenus de l’oracle. C’est donc pour cette raison qu'ils le
tuèrent. Et de quelle manière cela se fit-11? Aristophane nous raconte
( Vesp. 1446) qu’ils accusèrent le fabuliste d’avoir volé une coupe du dieu :
Dei Ermriovto AËUa Toù eo :
et, d’après le scoliaste, cette accusation fut appuyée de la manière sui-
vante : on cacha la coupe parmi ses effets, on lui reprocha ensuite de l'avoir
volée et on le condamna à mort, après qu’elle eut été trouvée sur lui. La
même chose est rapportée par Héraclide du Pont!, contemporain de
! Si même on considérait les fragments des Polities d'Héraclide comme empruntés aux Polities
d'Aristote, cela ne diminuerait en rien ni l'autorité ni l'antiquité de ce témoignage.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 51
Platon et d’Aristote, et nous avons toute raison de croire que c’est la la
tradition que connaissait Hérodote.
Ce crime odieux ne manqua pas d'appeler la vengeance du dieu. Une
famine exerça ses fureurs sur les descendants de ceux qui avaient si injus-
tement condamné Ésope !, et l’oracle ? leur ordonna de publier qu'ils
payeraient la rançon du meurtre d'Ésope (rw 7% Aisôra duyñe, Hérod.).
Plusieurs fois cette offre fut faite inutilement jusqu'à ce qu'enfin Jadmon
se présentàt, pour obtenir la rançon promise, prétextant qu'Ésope avait
été l’esclave de son grand-père, et l’oracle, fidèle à sa promesse, lui paya
l'argent.
Voilà donc le récit d'Hérodote, analysé jusque dans ses moindres dé-
tails. Les trois conclusions qu’il semble qu'on puisse en tirer, sont les
suivantes : d’abord Ésope a été tué à Delphes; ensuite il a vécu à Samos;
enfin, Jadmon a obtenu la rançon de son meurtre.
I. Ésope a été tué à Delphes, non pas d’une manière obscure, par
exemple, dans une querelle, mais il a été condamné et exécuté publique-
ment comme voleur d'objets sacrés, et ce sont les prêtres eux-mêmes qui
l'ont fait condamner; car ce ne sont qu'eux qui ont pu faire mettre parmi
ses effets une coupe du dieu.
Mais d’abord, un esclave ne pouvait pas, comme un homme libre, être
cité devant le tribunal. On le condamnait et on le punissait sommairement,
sans avoir recours à de semblables formalités. Ensuite, si l’on pouvait
accuser Ésope d’avoir volé une coupe du dieu, il faut qu'il ait été admis
à consulter l'oracle; mais jamais un esclave ne pouvait consulter l’oracle,
ni pour lui-même, ni pour d’autres. En troisième lieu, si les prêtres de
Delphes se fâchent si fort de ce qu’il s’est moqué d’eux, il est bien clair
qu'il a dû le faire en public; mais jamais un esclave n’était admis à parler
en public.
On le voit, les difficultés s'accumulent; les anciens paraissent déjà
l'avoir senti. Pour y remédier, on raconta qu'Ésope avait été affranchi par
son maître; c’est là ce que nous rapporte Héraclide du Pont. Mais ceci,
‘ Voy. Libanius, De ulcise. Jul. nece, vol. NN, p. 53.
? Ex Gorçoriou, d'après Hérodote.
32 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
loin de lever la contradiction qu'il y a dans le récit d'Hérodote, ne fait,
au contraire, que l'augmenter. Car si Ésope a été affranchi, de quel front
Iadmon vient-il, plus tard, réclamer une rançon à laquelle il n'a aucun
droit? Il ne peut pas, en effet, y prétendre, si Esope, au moment de sa
mort, n’était plus l’esclave de son grand-père.
Il est facile de voir, d’après ce qui précède, que la mort d'Ésope, à
Delphes, est très-improbable, du moins si l’on s’en tient au récit d'Héro-
dote.
IT. Que sera-ce maintenant du deuxième point que nous croyions pou-
voir admettre comme certain, d’après le témoignage du père de l'histoire?
Ésope, disions-nous, doit avoir vécu à Samos. Pour prouver cette asser-
tion, Hérodote s’appuie sur le récit d’'Iadmon, lequel constitue le troisième
point que nous avons signalé plus haut.
III. Jadmon a-t-il reçu de l'argent du temple de Delphes? Nous n’en
doutons nullement. Le temple de Delphes a-t-il fait publier qu'il payerait
une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclamerait? Cest
également incontestable. Mais de ce que l’oracle de Delphes fait publier
une chose pareille et de ce qu'Iadmon réclame et obtient la rançon, s’en-
suit-il qu'il faille ajouter foi soit à l'un soit à l’autre? Ce sont là des
questions qu'il convient d'examiner de plus près.
S'il ya une chose dont il faille se défier dans l'antiquité, ce sont certai-
nement les traditions des prêtres païens. L’oracle de Delphes avait de
l'intérêt à ce que l'usage de faire pénitence et de payer rançon pour les
meurtres ne diminuât point. Mais il n’y a rien qui entraîne davantage que
l'exemple. Aussi voyons-nous que, d’après la légende, Apollon lui-même
expie longuement le meurtre de Python, et se fait purifier par Carmanor.
Si donc il se présentait, pour les habitants de Delphes, une occasion écla-
tante de montrer qu'ils payaient volontiers eux-mêmes une rançon pour
les crimes commis chez eux , ils devaient saisir cette occasion avec le plus
grand empressement, pour exciter le reste de la Grèce à imiter leur
exemple. Or, d'après la tradition, Ésope avait été tué à Delphes d'une
manière odieuse et injuste. Faire usage de cette tradition à l’occasion d’une
famine ou d’une peste, et publier qu’on était prêt à payer une rançon à
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 55
qui de droit, c'était suivre une politique digne de tout point de ce que
nous savons d'autre part de l’oracle de Delphes.
On voit donc qu'il ne faut pas attribuer une importance exagérée à
la publication faite par cet oracle. Tout ce qu'on peut en conclure, c’est
qu'il y avait en Grèce une tradition, d’après laquelle Ésope avait été tué
à Delphes.
Ceci nous prouve en même temps qu'il ne faut pas non plus attacher trop
de valeur ni aux prétentions d’'Iadmon, ni au fait qu'il avait obtenu la ran-
çon promise. D’après ce que rapporte Hérodote, nous voyons qu'Iadmon se
piquait d’avoir eu dans sa famille des personnes remarquables. Son grand-
père, disait-il, avait eu pour esclave la célèbre courtisane Rhodopis; il
avait également possédé Ésope, l’illustre fabuliste. Mais quelles preuves
pouvait-il alléguer en faveur de cette dernière prétention ?
Hérodote, auquel il a probablement raconté lui-même la chose, con-
sidère, comme une preuve capitale, le fait que l'oracle lui a payé une
rançon. Toutefois, si Ésope, cet esclave si célèbre, avait réellement appar-
tenu à son grand-père, n’y aurait-il pas eu d’autres preuves manifestes et
indubitables sur lesquelles il aurait pu s'appuyer ?
Tout ce qu'on peut donc inférer des assertions d’'Iadmon, c'est que,
d’après certaines traditions, Ésope a vécu à Samos. Mais vouloir en conclure
qu’en effet, ladmon, le grand-père de celui dont nous parle Hérodote, ait
possédé Ésope comme esclave, c’est aller plus loin que ne le permet une
saine critique.
Pouvons-nous, d’après ces considérations, regarder encore comme
incontestable le deuxième point que nous avons indiqué plus haut, à
savoir qu'Ésope aurait vécu à Samos? Il est évident que nous ne sommes
plus en droit de le faire. Les prétentions d'Iadmon étant réduites à leur
juste valeur, nous voyons que nous n’avons affaire qu'à une tradition
d’une valeur incertaine, puisque déjà les anciens lui en opposaient une
autre. Car tandis que ceux-ci plaçaient Ésope à Samos, ceux-là le faisaient
vivre à la cour de Crésus.
On voit que la question commence à se simplifier. Avant de continuer
nos recherches, tächons de la bien préciser. Nous nous sommes proposé
Tome XXV. pi
54 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
de prouver, non-seulement qu'Ésope n’a pas été l’esclave d'Iadmon , mais
qu’il n’a jamais eu d'existence historique, qu’en un mot, c'est un person-
nage fictif.
Nous ne sommes pas les premiers à énoncer cette opinion en apparence
paradoxale. Des savants éminents, comme Luther, Camerarius, Vico, Creut-
zer et M. Welcker ont douté de l'existence d'Ésope. Ce dernier surtout.
dans une dissertation pleine d’érudition, de bon sens et de finesse, qui a
été insérée d’abord dans le Musée du Rhin, année 1859, vol. VI, pp. 366
et suiv., et qui a été réimprimée plus tard, avec quelques additions, dans
le vol. IL de ses Kleine schrifien, pp. 228 et suiv., a prouvé d’une manière
victorieuse, selon nous, que le personnage d'Ésope doit être rayé désor-
mais de l’histoire littéraire comme individualité historique. C’est à lui,
nous l’avouons volontiers, que nous avons emprunté, en grande partie,
les arguments que nous avons employés jusqu'ici, de même que ceux
dont nous ferons encore usage dans la suite. C’est lui aussi qui a démon-
tré, autant qu'il est possible de le faire, que le témoignage d'Hérodote
ne doit pas nous être un obstacle pour admettre un résultat auquel nous
conduisent tant d’autres arguments. Car c'était surtout Hérodote sur qui
s’appuyaient ceux qui voyaient dans Ésope un personnage réel. Le savant
Jacobs était d'avis que, quelque grande que fût la part de la fiction dans
la vie d'Ésope, telle qu’on la connaît généralement, c'était néanmoins agir
trop arbitrairement que de rejeter le témoignage d’un écrivain d’un aussi
grand poids qu'Hérodote. Un autre savant très-respectable, M. Grauert
qui à traité cette question dans un mémoire couronné !, après avoir re-
jeté, dans sa rédaction primitive, la réalité historique du fabuliste grec,
s’est ravisé dans la suite, et s’est appliqué à démontrer, guidé par les
conseils de Niebuhr, que le témoignage d'Hérodote est tout à fait décisif,
et qu'Ésope a réellement existé.
Si nous avons réussi à prouver que, dans le cas présent, l'autorité
d'Hérodote n’est pas aussi grande qu’on le voudrait faire croire, nous
avons déjà gagné la moitié de notre cause, et il nous sera facile de mon-
‘ De Aesopo et fabulis Aesopiis. Bonnae ,1825.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE.
OI
trer maintenant que toutes les autres traditions, prises ensemble, ne sau-
raient nous convaincre qu'Ésope soit un personnage historique.
La tradition principale, qui circulait à côté de celle que rapporte
Hérodote, consistait à placer Ésope à la cour de Crésus. Envoyé par ce
roi à l’oracle de Delphes, il irrite, par une fable, les habitants de cette
ville, qui, pour se venger de lui, cachent dans ses effets une coupe
d’Apollon, l’accusent ensuite de l'avoir dérobée, le condamnent à mort
et le précipitent de la roche Hyampée !.
Ce genre d'accusation est attribué, dans l'antiquité, à diverses autres
personnes, probablement toutes plus anciennes que l’époque à laquelle
on place ordinairement Ésope. Moïse, dans l’histoire de Joseph (FE, 44),
rapporte sa condamnation avec des circonstances analogues. D'après Héra-
clide du Pont, les fils de l’archonte Phamis, à Magnésie, furent convain-
cus, de la même manière, d’avoir volé des objets appartenant au temple.
Une chose pareille eut lieu dans la ville de Delphes, à une époque, sans
aucun doute, beaucoup plus reculée que celle d'Ésope, si nous en pou-
vons croire Aristote (Pol. 5, 5, 5), Élien (Var. st. I, 5) et Plutarque
(Praec. reip. ger., 52). Selon ces auteurs, Orgilaüs, fils de Phalis, qui
devait épouser la fille de Cratès, ayant eu de mauvais présages, abandonna
sa fiancée et partit avec son père. Cratès, pour se venger d’eux, fit cacher
dans leurs effets un vase d’or du temple; après quoi, il les accusa de
l'avoir enlevé, et les condamna, sans autre formalité , à être précipités du
haut d’un rocher. Plusieurs autres parents et amis d'Orgilaüs furent tués
le même jour. Mais plus tard, les habitants de Delphes assassinèrent
Cratès lui-même, le chassèrent avec tout son parti, et bâtirent une partie
du temple avec leurs biens confisqués. C’est là, dit Aristote, la source et
le commencement des troubles qui agitèrent la ville de Delphes.
Ce récit, qui remonte certainement à une très-haute antiquité, est em-
preint de tous les caractères d’une histoire véritable, et Camerarius ? fait
remarquer, avec raison, qu'on pourrait être tenté de voir dans la mort
d'Orgilaüs l'original du meurtre d’Ésope. En effet, rien n’est plus naturel
1 Plutarque, De sera numinis vindicta, e. 12.
:
= Vila Aesopi, p. 62.
56 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
que d’accumuler sur un personnage connu tous les bons mots et toutes les
anecdotes célèbres qui semblent quelque peu lui pouvoir être appliqués.
Frédéric le Grand et Napoléon, de nos jours, suffisent pour nous le mon-
trer clairement.
En présence des faits que nous venons de signaler, on nous accordera
volontiers, pensons-nous, que l’accusation et la mort d'Ésope deviennent
de plus en plus problématiques. Mais comment, dira-t-on, en est-on venu
à inventer une chose pareille ?
Il convient de faire remarquer que ce sont deux questions différentes
et qu'il faut bien séparer: d’abord une tradition est-elle invraisemblable?
ensuite comment a-t-elle pu naître et prendre consistance? Souvent la pre-
mière de ces choses peut être prouvée, sans que pour cela on puisse
répondre à la seconde question. Dans le cas présent, il n’est pas difficile
de démontrer que le genre d’accusation employé contre Ésope ne présente
qu'une apparence de vérité fort médiocre, tandis que peut-être il est tout
à fait impossible de faire voir clairement de quelle manière cette tradi-
tion à pu lui être appliquée.
Voici, néanmoins, comment on pourrait, par exemple, se figurer que,
dans les récits populaires, Ésope ait été confondu avec Orgilaüs. En
général, en racontant les fables d'Ésope on les lui faisait adapter à sa
propre situation. « Ésope dit aux Corinthiens !, ou aux Athéniens ?, dans
telle et telle circonstance, etc.; » c’est ainsi que les fables commen-
çaient ordinairement. Supposons maintenant qu’on ait voulu faire raconter
à Ésope la fable du Scarabée et de l'Aigle, qui était très-répandue chez les
anciens. Pour parvenir à ce résultat, dans quelle meilleure situation pou-
vait-on le placer que dans celle d’un fils de Phamis ou d’un Orgilaüs?
Aïnsi, l’on conçoit très-bien que quelqu'un ait pu inventer une tournure
semblable à celle que nous a transmise Aristophane (Vesp. 1446) :
Aowroy oi Aeñqce TIOTE
Dreddny Ennriôvro xélou Tob 0eoù
O Dedcéey duroic, dc 0 xavdapéc more, etc.
‘ C'est de cette manière que débute une fable d'Ésope mise en vers par Socrate.
? Callimaque.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 57
Qu'on ne se méprenne pas sur le sens de cette explication. Nous ne
prétendons nullement que les choses se soient passées de la sorte. Nous
avons voulu montrer seulement, par un exemple, qu'il n’est pas impos-
sible qu’une fable ait donné naissance au récit du procès et du meurtre
d'Ésope. Nous le répétons, si cette explication paraissait invraisemblable ,
il n’en resterait pas moins vrai que le récit lui-même n’est pourtant pas
très-croyable.
Cest à Delphes qu'Orgilaüs avait été condamné par suite d’une ruse
criminelle ; et c’est dans la même ville et par la même ruse que plus tard
on se serait débarrassé d’Ésope ! S'il en est ainsi, il faut avouer avec Boi-
leau que
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Si donc le récit de la mort d'Ésope à Delphes ne présente pas de garantie
suffisante, voyons si, du moins, son séjour auprès de Crésus se recom-
mande par plus de probabilité.
Pour être admis à la cour d’un roi si puissant, surtout lorsqu'on était
étranger, il fallait certainement se distinguer par des talents éminents. Or,
quel mérite peut-on attribuer à Ésope? Est-il l'inventeur de la fable? Non:
car Hésiode, Archiloque et Simonide d’Amorgos avaient employé des apo-
logues avant lui? A-t-il écrit un recueil de fables, soit en prose, soit en
vers? Non plus; nous l’avons démontré plus haut. Comment alors, deman-
derons-nous, Ésope a-t-il pu acquérir sa célébrité s’il n’a ni inventé ni
perfectionné la fable par ses écrits? On objectera peut-être que Thalès et
Socrate sont dans le même cas qu'Ésope , qu'ils ne nous ont pas non plus
laissé d'ouvrages, et que cependant on ne peut pas, à cause de cela, con-
tester leur réalité historique. Nous répliquerons que ce cas est tout à fait
différent. Thalès était un astronome distingué; il était, en outre, le père de
la philosophie dont Socrate fut le régénérateur. Mais Ésope qu'’a-t-il fait
de si grand? M. Grauert et d’autres nous répondent qu'il a très-souvent
fait usage de la fable, et qu'il s’en est toujours servi fort à propos. Est-ce
là un si grand titre de gloire? Inventer et raconter quelques fables, est-ce
38 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
là ce qui rend un homme si célèbre et si considéré? Nous avouons que
cette objection nous paraît irréfutable.
Que sont, à côté de cela, les faibles raisons empruntées à l'unanimité
des auteurs grecs et latins qui nous parlent tous d’Ésope comme d’un
personnage réel? M. Robert! croit néanmoins cette considération très-
sérieuse. « Aristophane, dit-il, qui écrivait environ un siècle après lui
» (Ésope), se serait-il permis de le citer tant de fois dans les comédies
» faites pour le peuple d'Athènes? N’aurait-il pas craint de ne pas être
» entendu si le nom et les fables du Phrygien n'avaient pas été générale-
» ment connues. » Assurément ce n’est pas là ce que nous contestons. Il
est clair que, si Hérodote a fait une dissertation sur Ésope, les Athéniens
ont dû connaître son nom. Ses fables étaient certainement répandues dans
la Grèce. Mais s’ensuit-il de là qu'Ésope ne soit point un être de raison?
Alors Hercule a également existé, alors Tartufe est un être réel, alors le
personnage si connu en Belgique et en Allemagne sous le nom d’Uylen-
spiegel doit être considéré aussi comme une réalité historique. Et qu'à
propos de ce dernier, on nous permette une petite digression. Le lecteur
se sera peut-être déja demandé: mais comment se fait-il qu'Hérodote ait
commis une erreur si grave à propos d’un auteur qu'il ne place qu’à un
siècle de lui? Eh bien! M. Philarète Chasles , un des rédacteurs du Journal
des Débats, auteur de plusieurs ouvrages très-connus, professeur au collége
de France, etc., M. Philarète Chasles, dans son Histoire de lu littérature
française au XVF siècle, nous parle gravement d'Uylenspiegel comme d’un
être réel; il sait même nous indiquer l'endroit où il est enterré en Alle-
magne. Et cela se passe au XIX° siècle, qui est si fier de sa judicieuse cri-
tique! Comment donc s'étonner qu'Hérodote se soit trompé, et comment
surtout exiger d'un auteur comique ou d'autres écrivains, qui ne parlent
d'Ésope qu’en passant, qu'ils fassent des réflexions sceptiques quand ils
citent les fables d’'Ésope? Aristote considère Orphée comme un être fictif,
et, en d’autres endroits, il en parle néanmoins tout comme il parle d'Ésope.
Lors même que le nombre des témoignages anciens serait de beaucoup
! Fables inédites , ete., p. xux.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 39
plus considérable, on n’en saurait pas conclure davantage qu'Ésope ait
réellement existé.
On pourrait facilement nous poser encore toutes sortes de questions
relatives au prétendu père de la Fable, et ces questions seraient peut-être
dificiles à résoudre, sans que pour cela la démonstration que nous venons
de donner perdit quelque chose de sa force.
Pourquoi, demandera-t-on, Ésope est-il placé au VE siècle avant J.-C.?
Probablement, dirons-nous, parce qu'à cette époque un grand nombre
de fables, jusqu'alors inconnues, se répandirent dans la Grèce. Pour-
quoi le nomme-t-on Lydien ou habitant de Samos? Parce que, comme
nous le prouverons plus tard, un grand nombre de fables sont venues aux
Grecs de la Lydie, et que Samos ayant subi l'influence immédiate de ce
pays, comme l’histoire nous le montre clairement, il est probable que là
aussi la Fable aura d’abord été plus répandue qu'ailleurs. Ce qui confirme
surtout cette dernière explication, c’est que Simonide d’Amorgos, origi-
naire de Samos, et Ibycus, qui vécut à la cour de Polycrate, ont connu et
employé l’apologue.
Pourquoi est-il nommé Thrace ou Phrygien? Parce qu'il était considéré
comme esclave, et que les esclaves grecs venaient ordinairement de la
Phrygie ou de la Thrace !.
Pourquoi Ésope est-il représenté comme esclave? Parce que, comme
Phèdre l’a déjà indiqué (5% prol., v. 55), il convient à un esclave de ne
! Si, d'après Suidas, un certain Eüyeirey avait appelé Ésope un MecyuBprvé;, nous pensons que
cette donnée peut facilement s'expliquer. En effet, Mesembria était une des villes les plus commer-
gantes de toutes celles qui étaient situées sur le Pont-Euxin. Or, nous savons que les Thraces
venaient dans ces villes pour acheter du sel en échange contre des esclaves, qu'on transportait en-
suie dans les diverses contrées de la Grèce. Les villes du Pont avaient, par conséquent, de grands
marchés d'esclaves, et comme celui de Mesembria était le plus considérable de tous, il était naturel
de dire d'un esclave de la Thrace, que c'était un MeoyuBewvs:. L'auteur qui nous a transmis
celte notice n'est pas connu par d'autres passages. Voilà pourquoi Cuperus (Observatt , LIN, p. 62)
a cru devoir changer Edyeirwy en Eëyaisw. Ce dernier écrivain était de Samos et paraît avoir
vécu antérieurement à Hérodote. Si cette conjecture était suffisamment sûre, ce serait Jà le plus
ancien témoignage sur Ésope; mais comme les noms composés en yeire ne sonl pas du tout
rares , il n’est nullement nécessaire de faire un changement, quoique M. Grauert (p. 67 de son
ouvrage cité plus haut) et M. Muller (Fragmenta historicorum graecorum, 1. M, p. 16) aient adopté
l'opinion de Cuperus
40 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
pas s'exprimer librement, mais d'employer toutes sortes de détours pour
dire la vérité à son maître. Partout où le faible se trouve en présence du
puissant, il doit tâcher , d’une manière ingénieuse et prudente, de ne lui
donner des leçons de morale qu’en termes voilés. Or, pour atteindre ce
but, il n’y a rien qui vaille mieux qu’une fiction; ce moyen est si naturel
qu’on le voit employé à toutes les époques de l’histoire.
C’est ainsi que le prophète Nathan, avant de faire des reproches à
David , lui raconte une fable qui émousse sa fureur. Ainsi il existe, en
vieux flamand, un traité sur le jeu d'échecs, dans lequel nous trouvons
un tyran auquel ses courtisans n’osent pas faire de reproches, mais au-
quel on tâche d’inculquer ses devoirs en lui faisant connaitre les règles
du jeu. C’est au moyen d’une fable qu'Hésiode critique la violence des
rois, que Stésichore avertit ses concitoyens de ne pas se fier à un tyran,
que Ménénius Agrippa calme les fureurs de la plèbe, que souvent l’orateur
grec s’adressait au dux. Tous ces exemples nous font voir clairement qu'il
n'y a aucune condition sociale qui convienne mieux au père de la Fable que
celle dans laquelle la tradition nous le montre en effet.
Nous croyons avoir à peu près épuisé les questions qu'on pourrait nous
poser relativement à Ésope. Il reste cependant encore à expliquer com-
ment et pourquoi on lui a donné son nom. Et quoique l’étymologie des
noms propres soit presque toujours pleine des plus grandes difficultés et
qu'il ne faille jamais trop s’y fier, nous croyons qu'il n’est pas impossible
de résoudre le problème proposé.
Babrius à commencé le second prologue de ses fables par les vers sui-
vants, qui sont de tout point remarquables :
Mes péy, © mai Basihéws AdeËydpou
, ANS (2 1, ’
Zdpoy radou@y écriy Eupeu dvOpérwy
OÙ pi mot noce émi Nivou te xai Bou.
Ilodros À, où, eëxe mousiy Evo
1 P ;
A'sunoc d gopéc * eine al AiBuc twès
Aéyou AuGüoonc !.
‘ Uest là ce que porte le MS. Nous discuterons plus tard la leçon des deux derniers vers.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE.
CS
=
Selon Babrius, la fable est donc une invention des Assyriens; car ce
sont évidemment eux qu'il entend désigner en parlant des « anciens
Syriens qui vivaient sous Ninus et Bel. » Nous ne voulons pas encore
examiner maintenant si Babrius a raison ou tort. Toujours est-il qu’il a
exprimé par ces mots une tradition répandue chez les Grecs. Il n’y aurait
donc rien d'étonnant si l'inventeur de la Fable portait le nom de Syrus ou
d'Assyrius. Or, nous prétendons que le nom d’Aïsur:z; ne doit pas nous
étonner davantage. On sait, en effet, que du temps d'Homère tous les
peuples habitant l'Orient portaient le nom générique d’Éthiopiens, et
cette dénomination-se conserva pendant plusieurs siècles !. Memnon, le
fils de l’Aurore, est appelé roi d'Éthiopie; ce n’est que plus tard que le
même Memnon est désigné par Ctésias comme satrape du roi d’Assyrie.
Par conséquent, si Babrius fait remonter aux Assyriens l'invention de la
Fable, nous pouvons dire également, en nous conformant à une manière
de voir plus ancienne, qu’elle est due aux Éthiopiens, ou bien aussi
que l'inventeur de la Fable est un certain Aït. Or, Aïÿcy signifie noir ;
c'est dans ce sens que l’emploie Méléagre (IT), lorsqu'il se sert des mots
aibion ypôt; ado n’est donc pas autre chose qu'a) ou afuÿ Où afwmos ?.
D'un autre côté, si le 9 est remplacé très-souvent par le o, si Au et Aïauv
ne sont que deux formes différentes du même nom, si, comme M. Welcker
l'a prouvé 5, le poëte Au est le même que Kwx%w, il nous sera permis
de dire qu'Aours est la même chose qu'A’furos. Ésope signifie donc Éthio-
pien. Ilest vrai qu’on n’a jamais donné aux Éthiopiens le nom d’Aswr. Mais
M. Welcker fait observer, avec raison #, que tous ceux qui sont familia-
risés avec la manière dont les Grecs formaient les noms, et surtout les
noms fictifs, savent aussi qu’ils aimaient à en cacher quelque peu la signi-
fication.
Nous ne sachons pas que, depuis que M. Welcker a publié sa disserta-
tion sur Ésope, quelqu'un en ait publiquement contesté les conclusions,
! Elle est encore employée par Eschyle.
2 Voy. Manethon, IV, 168.
5 Cycle épique, X, p. 244.
* Kleine Schriften, W, p.255.
Toue XXV. 6
49 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
du moins quant à la partie générale. Mais dans le vol. V du Nouveau Musée du
Rhin, année 1847, pp. 422 et suiv., un savant de la Suisse, M. Zuendell,
s’est attaché longuement à prouver que si Ésope est en effet un Éthiopien,
il faut appliquer ce nom, non pas, comme le pense M. Welcker, aux Orien-
taux, mais bien aux Éthiopiens de l’Afrique. Nous avons lu et relu son
mémoire, et cependant nous devons déclarer en conscience qu'il ne nous a
nullement persuadé. Afin que toutefois on ne nous accuse pas d’avoir porté
un jugement téméraire, nous allons examiner une à une toutes les preuves
qu'il a alléguées.
C’est une chose ingrate que de réfuter des assertions erronées ; en le
faisant, on court toujours risque de tomber dans une opposition systé-
matique; et lors même qu’on parvient à éviter cet écueil, on a pourtant
toujours l'air de s'occuper plutôt de défendre un préjugé, que de cher-
cher simplement la vérité. Néanmoins, pour parvenir à notre but, qui
est de montrer l’analogie qu’il y a entre les fables de l'Inde et celles de
la Grèce, nous ne pouvons pas laisser de côté une opinion si savamment
défendue, et qui nous paraît cependant radicalement fausse.
D'abord, dit M. Zuendell, il est facile de prouver que les éya Aicwmewr
et Afvorwoi ne sont qu’une seule et même chose. C’est là un fait que nous
lui accordons volontiers, et dont nous ferons même notre profit dans la
suite. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer le fragment des Myr-
midons d'Eschyle, qui se trouve chez Dindorf, sous le numéro 125 :
; :
Os d'en pour Tüv AuBuorumv )6yos
IPyévr érpirte TOËLHG TOY GETOY
;
Eure dôvra uyavny Trepouatos
Tad oùy dm almy dAdx vois épcis nrepoie
‘Aluonéues de.
Il est évident que la fable contenue dans ces vers ressemble de tout
point aux fables d'Ésope. Eschyle n’établit donc aucune différence entre
celles-ci et les fables de la Libye.
Aristote fait absolument la même chose au livre Il de sa Rhétorique ,
SS
©
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE.
chap. XX: «Il y a, dit-il, deux genres d'exemples; l’un d'eux consiste à
raconter des choses qui se sont passées en effet, l’autre à en inventer soi-
même. Ce dernier genre comprend, d’abord, la parabole, ensuite les
fables, par exemple celles d'Ésope et celles de la Libye : 27 d Jéyor des oi
Agir vai AuBuzst. » Et, après avoir fait cette distinction, 1l cite, comme
exemple, deux fables, l’une de Stésichore et l’autre d'Ésope, entre les-
quelles il n’y a aucune différence spécifique.
Il convient d'appuyer là-dessus, parce que M. Bernhardy, dont l’auto-
rité en ces choses est certainement très-considérable, a émis l'opinion ! que,
depuis l’époque d’'Eschyle, on a nommé 2éyx AuBurot toutes sortes de contes
fantastiques et terribles, comme celui de la magicienne Lamia et celui de
Mormo, qui fait peur aux enfants, etc. Il classe dans cette catégorie l'his-
toire du féroce Busiris racontée par Panyasis ?. Ce qui paraît avoir induit
M. Bernhardy en erreur, c’est que Dion Chrysostôme appelle l’histoire de
Lamia, racontée par lui-même, un 59e x Bur6s. Toutefois, M. Lobeck avait
déjà fait très-bien observer dans son Aglaophamos, p. 369, que M. Grauert
avait rangé à tort l’histoire de Lamia parmi les fables libyennes; ce n’est
rien, dit-il, qu'un conte de Libye, comme Élien en raconte un des ser-
pents de la Phrygie, en le disant emprunté aux )éyx Dpiye (Hist. anim. ,
II, 21). Mais ce qui rend désormais le doute impossible, c’est le second
prologue du recueil de Babrius. Nous l'avons déjà transcrit plus haut,
nous réservant de discuter plus tard la leçon des deux derniers vers :
pros À, ou, eîre oui Edrvur
paTtos dE, @ ;
; x ,
Atownoc à copéc‘ eîne xai AtBuc rue
Aéyou Aufdsons.
On voit que ces mots sont corrompus. Il est clair, d’abord, que 24
doit être changé en 2éyaxs, parce qu'il faut que exe ait un régime direct. En-
suite, comme l: de rw# est bref, il est nécessaire de réunir ce mot avec
î Grundriss d. griech. Litteratur, XL, p. 58.
2 Voy.l.ul., p.207.
5 [,p. 188 de l'édition de Reiske.
44 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
le précédent et de former de cette manière Afsr&o. Ces changements
nous paraissent suffisants. Babrius veut faire l’histoire de la Fable dans
la Grèce, et il raconte qu'ayant été inventée par les Assyriens, elle fut
transmise aux Grecs en premier lieu par Ésope, ensuite par le Libyen
Libyssès ; puis il ajoute : 42° éd z. v. À.
D’autres ont fait des conjectures différentes. M. Schneidewin, par exem-
ple, se fondant sur la préface des proverbes de Diogénien, a écrit ? ces
vers de la manière suivante :
eère xa AuBvorivoic
Aéyous KiBioocc.
et M. Welcker ? nomme cette conjecture excellente. Nous ne pouvons
nullement partager l'opinion de ces deux savants ; aussi ce dernier, dans
une discussion que nous avons eue avec lui à ce sujet, a fini par nous
donner raison. Babrius n’a pas à faire l’histoire de la Fable chez les Li-
byens; c’est pourquoi Afvorivas nous paraît une correction inutile. D’après
notre manière d'écrire ces vers, une seule lettre est changée , ce qui est
plus conforme aux règles de la critique philologique.
Quoi qu’il en soit, il est évident que Babrius, tout en distinguant Ésope
du fabuliste libyen, nous indique cependant clairement que les sujets qu’ils
ont traités l’un et l’autre appartiennent au même genre d’écrits ; et M. Ber-
nhardy lui-même semble avoir changé d'opinion dans le Ifw vol. de son
ouvrage précité (p. 1048), qui n’a paru qu'après la découverte de Babrius,
quoiqu'il ne lait pas dit en termes exprès.
On voit donc que, par rapport aux fables libyennes, nous sommes tout
à fait d'accord avec le savant de la Suisse. M. Zuendell a parfaitement
raison en disant que les fables d’Ésope et les fables libyennes peuvent
être considérées comme étant de même nature.
Mais si nous parvenons à démontrer :
a. Que les Grecs ont souvent confondu les choses appartenant aux
! Gütting. gel. Anz., 1845, p. 6.
>? Al. Schr., I, p. 256.
ES
Ca
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE.
peuples orientaux avec celles qui provenaient de la Libye, parce que le
nom d'Éthiopie s’appliquait aussi bien à l'Orient qu'au Midi ;
b. Que dans le Midi, c’est-à-dire dans l'Égypte et dans la Libye, nous
ne rencontrons rien qui nous indique que les peuples de ces contrées aient
transmis des fables aux Grecs ;
c. Qu’au contraire, chez les peuples orientaux nous trouvons un grand
nombre de fables qui nous rappellent exactement celles de la Grèce; — si
nous parvenons, dis-je, à démontrer ces trois points, il n’y aura plus
aucune raison qui nous force d'admettre que la fable grecque doive son
origine à la Libye ou à l'Égypte.
Le premier de ces points est facile à prouver. Les idées que les anciens
avaient sur les Éthiopiens étaient si confuses jusqu’à l'époque d’Alexan-
dre le Grand, que celui-ci, à ce que rapporte Strabon (XV, p. 696), alla
chercher dans l'Inde les sources du Nil. Il n’y a ici rien qui nous doive
étonner. On se figurait l'Éthiopie comme une vaste contrée allant depuis
l'extrême Orient jusqu’à l’ouest de l'Afrique. Il est clair qu'avec de pa-
reilles idées, ce qui appartenait à l'Inde devait être souvent attribué à
l'Afrique, et réciproquement. Aussi des exemples de cette confusion se
présentent-ils en assez grand nombre.
Le peuple appelé Zur est compté, par Scylax, parmi les nations de
l'Inde, tandis qu'Antiphon et le scoliaste d’Aristophane (Aves v. 1552),
le font figurer parmi celles de la Libye. Agatharchide attribue les Cyna-
molges à l'Afrique, quoiqu'il ajoute lui-même qu'ils se nourrissent de
bœufs indiens, et que Ctésias les place dans l'Inde !.
Le martichoras, que Ctésias fait naître dans l'Inde, devient chez Pline
un animal africain. La fabuleuse erocotta, si nous en croyons les anciens,
se trouve également dans l'Égypte et dans l'Inde.
Il faut dire la même chose des pygmées, des psylles, des himantopodes,
des sternophthalmes, des macrobiens, des macrocéphales, etc. ?. Nous
pourrions facilement multiplier ces exemples ; mais nous croyons en avoir
déjà cité suffisamment pour soutenir la thèse que nous avons avancée.
1 Voy. Fricten de Agatharchide, 1848, p. 48 et 49.
2 Voy. Schwanbeck ad Megasthenis indica, p. 2 et suiv.
46 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
Si donc les Grecs nous parlent de fables libyennes, il ne s'ensuit nul-
lement que ces fables soient originaires de la Libye; cette expression peut
signifier la même chose que « fables éthiopiennes » , et, d’après l’étymo-
logie que nous avons donnée plus haut, elle peut avoir également la signi-
fication de « fables d'Ésope. »
Nous venons d’énoncer une possibilité qui, nous l'espérons, deviendra
probable plus tard, lorsque nous aurons fait voir, d’un côté, qu'il ne
nous est point resté de traces de fables libyennes, c’est-à-dire de fables
qui, de la Libye, seraient venues dans la Grèce, et, de l’autre côté, que
chez les Éthiopiens orientaux nous trouvons, au contraire, un grand
nombre d’apologues dont les imitations se retrouvent chez les Grecs.
M. Zuendell attribue à l'Égypte l'invention des fables d'Ésope. Le pre-
mier argument qu'il a fait valoir en faveur de son opinion, c’est-à-dire
que les Grecs prétendent avoir reçu de la Libye une partie de leurs fables ;
cet argument, nous venons de le voir, ne prouve nullement ce qu'il fallait
démontrer. Et pour donner dès maintenant un exemple du mode d’argu-
mentation tout à fait original, employé par M. Zuendell, nous n'avons
besoin que de faire connaître comment il a interprété les vers de Babrius
dont nous avons parlé plus haut. Mig, dit cet auteur, Xipoy ray écrw
édpep” 4yOparo ci Tpiy OT 10& ent Nivou te xai Brihcu.
Ces Syriens, nous l'avons déjà dit, ne sont autres que les Assyriens.
Hérodote nous dit en termes exprès, VIL, 63 : Oùra (oi Acoïger) Où üro pèv
Error éxahéuvro Zôpru, do à Tor BapBäpor ‘Ascpux nina. Ces paroles sont
bien assez claires; si elles avaient besoin de confirmation, on pourrait
renvoyer à l’Épinomis de Platon et à Apollodore, II, 14, 33 !; et si,
pour éviter toute ambiguïté, Babrius ajoute qu’il parle des anciens Xp
du temps de Ninus et de Bel, il est évident qu’il a voulu parler des Assy-
riens.
Mais M. Zuendell suit un tout autre chemin. Zwpx, dit-il, signifie noir”;
Babrius nous a donc conservé la trace d’une ancienne tradition, d’après
laquelle c’étaient des nègres qui avaient inventé la Fable. Pour trouver cela
Voy. Boeckh, Metrologische Untersuchungen , p. A1.
? Les preuves qu'il apporte en faveur de cette traduction sont très-douteuses
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE.
=
“1
dans les paroles de Babrius, il faut, sans doute, être doué d’une grande
puissance d'imagination. Mais, lors même que nous l’admettrions, quelle
conclusion en pourrait-on tirer? Memnon, le roi des Éthiopiens, et Achille,
comme vainqueur de Memnon, sont représentés dans les peintures an-
ciennes avec un nègre au milieu de leur bouclier, ou bien aussi à leur
côté; les Éthiopiens de l'Orient étaient donc également des noirs, d’après
les idées des Grecs, et si Siza voulait dire « des nègres » , cela ne prou-
verait point que, suivant l’opinion des Hellènes, l'invention de la Fable
doive être cherchée en Afrique.
M. Zuendell prétend avoir fait une autre découverte dans les vers sui-
vants du même prologue. Nous avons dit que, dans l'unique manuscrit
de Babrius, on trouve les mots : se ai Aifuc rivès Déyou Aisne.
On n’imaginera pas facilement par quelle conjecture le savant professeur
a cru corriger ces vers. Après avoir réuni, comme nous l'avons fait égale-
ment, Aus et rw, il change Xyw en Xéyw, et pense que cette « embuscade
de la Libye » signifie les habitants du Delta; car, dit-il, dans la fable 56, les
Arabes sont dépeints sous les couleurs les plus noires, et comme toujours
les peuples voisins se haïssent, et que les Arabes n’ont, pour ainsi dire,
pas d’autres voisins que les habitants du Delta, ce ne sont qu'eux que le
poëte a voulu désigner par les mots Xéyw ABÿsme. Si l’on veut appeler cela
une hypothèse ingénieuse, il faudra qu’on avoue néanmoins qu'elle n’a
pas la moindre apparence de vérité.
Nous allons maintenant examiner successivement toutes les preuves qu'a
alléguées le professeur de Lausanne.
Après avoir parlé des fables libyennes, il appelle notre attention sur
un passage de Plutarque !. Le roi d'Éthiopie, nous rapporte cet auteur,
avait proposé à Amasis, roi d'Égypte, la question de savoir comment on
pourrait vider la mer. Or, dans la biographie d'Ésope, attribuée à Planude,
nous trouvons que Xanthus donne le même problème à résoudre au fabu-
liste. Il s'ensuit, à en croire M. Zuendell, que plus nous remontons dans
l’histoire de la Fable et dans celle d’Ésope, plus aussi nous rencontrons de
! Sympos. sept. sapient., p. 151 B.
48 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
traces égyptiennes. Il est vrai que la masse des inventions qu'on attribuait
à Ésope s’accrut de plus en plus dans la suite des siècles. Tandis que
d'abord on ne citait de lui que des fables, il passa, à une époque plus
récente, pour le père d’une infinité de bons mots qu'on désignait par
le nom d’Aisémow yeloia !. Plus tard, on lui fit donner des réponses pi-
quantes et résoudre toutes sortes de problèmes; ce dont on forma une
collection qui est citée par Suidas, et qui portait le nom d'érexpiuata
Aisére. Quoique parmi ces éroxpiuara il ait dû se trouver un bon nombre
d’énigmes, il ne s'ensuit cependant pas du tout qu'il faille les mettre sur
la même ligne que les fables. Il se peut, nous l’accordons, qu'un certain
nombre d’énigmes aient été transmises par l'Égypte à la Grèce; mais insi-
nuer que, par la même raison, on doive admettre l’origine égyptienne de
la Fable, c'est conclure du particulier au général, ce qui n’est pas permis
en bonne logique. En second lieu, nous faisons remarquer que l'énigme
en question se trouve dans un livre indien que nous ne possédons plus, il
est vrai, en sanscrit, mais dont il nous reste une traduction grecque. Cette
traduction porte le nom de Syntipas, et Loiseleur-Delongchamps a prouvé
clairement qu’elle dérive d’une source indienne ?.
Enfin, si Planude, ou l’auteur quel qu’il soit de la vie d'Ésope, attribue
à celui-ci ce que Plutarque raconte d’Amasis, roi d'Égypte, il n’y a abso-
lument rien là-dedans qui soit de quelque importance littéraire. S'il était
constaté que le changement de personnes que nous trouvons chez Pla-
nude se fût déjà fait antérieurement chez les Grecs, alors la remarque de
M. Zuendell aurait du moins l'apparence du vrai. Mais si, comme nous
le croyons, l’auteur de la vie d'Ésope n’a fait que copier Plutarque,
1 Voy. Aristoph. Vesp., v. 566 et 1258.
2 Nous devons une édition de cet ouvrage à M. Boissonade. Loiseleur-Delongehamps, qui, dans
son Essai sur les fables indiennes, p. 125, a fait remarquer l'analogie signalée dans le texte, est
d'avis que Planude a dû nécessairement puiser dans Syntipas. Le passage de Plutarque, ci-dessus
mentionné, nous fait voir qu'il n'en est pas ainsi. — Du reste, si quelqu'un supposait que le tra-
ducteur de Syntipas a fait des emprunts à la Grèce, attendu qu'on y trouve (p. 100, éd. Boisso-
nade) la fable du Serpent et de l'Aigle, qu'Élien attribue à Stésichore (voy. Coraï, p. 198, n° 305),
il suffirait de lui faire observer que cette fable est racontée dans un ouvrage sanscrit qui porte le
nom de Vétélapantchavinçati. Nous reviendrons dans la suite sur ce point.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 49
en y introduisant quelques légers changements, quelle valeur attribuera-
t-on à ce pastiche ? On le voit, jusqu'à présent les arguments de M. Zuen-
dell ne sont pas très-heureux. Continuons notre analyse.
À la page 426, il nous fait observer que le personnel des fables d'Ésope
convient éminemment à l'Égypte; à cet effet, il cite le crocodile, le chat,
le lézard, les médecins, un oculiste, et signale les canaux creusés (éguxroi
gra) dans lesquels se tiennent des grenouilles (Babr., 118, 2). Mais toutes
ces choses se trouvaient dans la Grèce et se rencontraient également dans
presque tout l'Orient, à l'exception du crocodile; or, si nous ne faisons
pas erreur, ce dernier n’est cité nulle part dans tout le recueil de Babrius,
à moins qu’on ne l’aille chercher dans le mot dé» de la fable 40. C’est
aussi là ce qu'a fait M. Zuendell, sans même citer d'exemple à l'appui
de cette traduction hasardée. Cette omission est du reste très-naturelle; il
lui aurait été difficile de trouver les exemples requis, car nous ne croyons
pas qu'il en existe. Ceci peut faire juger de la valeur qu'il faut attribuer à
l'argumentation de la page 427. « Dans la fable de la grenouille qui veut
se faire aussi grosse qu'un bœuf, nous n'avons, dit-il, qu'un changement
malheureux d’un apologue provenant de l'Égypte, et c’est dans la fable 40
de Babrius qu'il en faut chercher la forme primitive. Ici nous trouvons
un lézard qui veut égaler un crocodile en grosseur. L'invention est d’autant
plus naturelle, que le jeune crocodile n’est pas beaucoup plus grand qu'un
lézard (Hérod., tom. IT, p. 68). » Mais tant qu'il ne sera pas prouvé que le
mot dpi signifie crocodile, l'observation de M. Zuendell, qui ne manque
pas de finesse, ne pourra nous servir à rien.
M. Grimm a bien plus raison de considérer la fable du Héron, qui
retire un os du gosier d’un loup, comme provoquée par cette observation
que le trochilus, une espèce de roitelet, mange impunément les sangsues
qui se sont fixées sur la langue du crocodile. Encore faut-il remarquer
deux choses : d’abord que l’analogie est inexacte, puisqu’en agissant comme
il fait, le roitelet trouve une bonne nourriture, et n'a, par conséquent,
besoin d'aucune autre récompense, tandis que la base sur laquelle s’ap-
puie la fable d'Ésope, c’est le refus du loup de payer le prix de sa cure,
c’est l’ingratitude du plus fort à l'égard du plus faible; ensuite, comme
Tome XXV. 7
50 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
M. Grimm l'a fait observer lui-même, la fable grecque se retrouve avec
de légers changements dans un livre Päli!; en conséquence, la fable égyp-
tienne aurait dû, contre toute analogie, se répandre jusque dans l'extrême
Orient.
Dans la suite de sa dissertation, M. Zuendell discute longuement
(pp. 427-455) les analogies qu'il prétend exister entre les apologues de la
Grèce et les Hiéroglyphiques d'Horapollon. Mais on sait que cet ouvrage est
suspect sous beaucoup de rapports. En général, il n’y a personne qui soit
plus partial envers un auteur que celui qui l’a édité, et pourtant le der-
nier éditeur, M. Leemans, dit dans sa préface qu’il est probable qu'Hora-
pollon n’a fait qu'emprunter aux fabulistes et aux naturalistes de la Grèce
tous les symboles qu’il fait passer pour des hiéroglyphes. C’est M. Zuendell
lui-même qui nous l’apprend, et néanmoins, il ne peut s'abstenir d’invo-
quer ce témoignage douteux; encore l’a-t-il fait, parfois, d’une manière
très-malheureuse. 1
Exemple. — HN fait venir (p. 447) les fables de l'Éthiopie à Memphis,
de là à Naucratis, et de là enfin à Samos. Or, Naucratis a été fondée vers
la 57° Olympiade ?. Avant cette époque, les fables égyptiennes ne purent
donc pas, selon lui, pénétrer dans la Grèce; et cependant la signification
du singe, qui se trouve dans Horapollon, M. Zuendell nous la montre dans
les fragments du poëte Archiloque 5, qui vécut vers la 18° Olympiade.
1 Nous transerirons cette fable dans la suite de ce mémoire.
? M. Soldan a prouvé, dans le Musée du Rhin, IV, p. 126 et suiv., que si, dans la chronographie
de S'-Jérôme, il est dit que Naueratis fut bâtie vers la 6° olympiade, c’est là une erreur manifeste.
5 Qu'à propos de ce fragment d'Archiloque on nous permette une observation. Dans sa
fable du Renard et du Singe, Archiloque fait dire au premier: rofyde d'à miâyxe ry muy 2
(fragm. 84, éd. Bergk.). Comment suppléer aux paroles qui manquent? Voici ce qu'écrit Babrius
(fable S0) :
Kepot ridyzoz eyoiv * ÿy pas cr }yy
Euoi rurpuy T'EOTL KATI TUTO.
Kepdb rilÿro Eirey * &: OAI Webdbu
"EAeyxer où Ecvouca Tfc dAylelye.
Peut-on, au moyen de ces vers, compléter le fragment d’Archiloque? La chose est au moins
très-douteuse. En supposant l'affirmative, l'ensemble devra être reconstruit de la manière sui-
vante. Un singe fait devant un renard l'éloge de sa propre beauté, et se vante de ses ancêtres
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 5i
Autre exemple. — La grenouille passait chez les Égyptiens pour le sym-
bole de l’être imparfait (Horap., tom. [, p. 25): omastey à ovfpumoy ypagovres
Girpayer Ewycagem, et dans Babrius, fable 120, nous trouvons qu'une gre-
nouille, qui veut se faire passer pour un médecin, reçoit cette réplique du
renard : za nos chdoy tion GE gayTèy CUT 40/07 cyTe pn cube ;
Si la grenouille est appelée ywé, il est clair, dit le savant de la Suisse,
que c’est là une pensée égyptienne. Les Grecs l’ont si peu pu comprendre
que quelques-uns d’entre eux (chez Corai) ont changé ywk en Popé. Nous
sommes d'avis qu'il n’est nullement nécessaire de recourir aux hiérogly-
phes pour comprendre cette épithète. La grenouille, avec ses bonds iné-
gaux , peut très-bien être appelée boîteuse.
Troisième exemple. — Dans la fable du Scarabée et de l’Aïgle, le premier
se venge du second, parce qu'il n'a pas épargné un lièvre qui s'était ré-
fugié près de lui, et dont il lui avait demandé la grâce. Après une hostilité
prolongée , les deux combattants vont trouver Jupiter, qui donne raison
au plus faible des deux. Le scarabée, dit M. Zuendell, occupe ici la place
de Z:x Etes et, en Égypte, d’après Champollion, il signifiait : le pére des
dieux. Nous ne sommes pas fort sur les hiéroglyphes ; mais à en croire
MM. Bunsen et Birch ( Revue archéologique, déc. 1848), le scarabée veut
dire la forme ou le type. D'après le dernier de ces savants, l'explication de
Champollion est depuis longtemps reconnue inexacte.
Quatrième exemple. — Le mot ap est employé par Babrius (fab. 95),
pour indiquer non le courage mais l'esprit; et chez les Égyptiens, à en
croire Horapollon , le cœur exprimait la même chose. D'un autre côté, si
nous ajoutons foi à ce que dit M. Zuendell, cette signification n’est pas
du tout grecque. Pour convaincre ce savant qu'il se trompe, nous ne le
nombreux. Le renard lui répond : que tu me parles de tes ancêtres, c'est bien; car personne ne
peut te convaincre de mensonge; mais qu'avec une telle tournure (rade d'à ridyxe =ÿy ruyiy Eva)
tu viennes L'enorgueillir de ta beauté, c'est là ce qui est trop impudent. M. Zuendeli, toutefois,
conçoit la chose autrement; il imagine (p. 427 note) que le singe d’Archiloque fait l'éloge de
la beauté de ses ancêtres; mais comment alors justifier l'apostrophe da renard? de beaux ancêtres
peuvent avoir de vilains descendants. Le singe doit ou louer sa propre beaute, ou bien se préva-
loir de ses ancêtres nombreux, ou bien aussi faire à la fois l'un et l'autre; mais il ne peut avoir
aucun motif pour louer la beauté de ses ancêtres.
52 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
renvoyons qu’au dictionnaire de M. Pape. De plus, comme nous le verrons
plus tard , la fable de Babrius, dans laquelle le mot xp94: est employé de
cette manière, a été traitée dans un ouvrage sanscrit.
Mais ne nous arrêtons pas trop longtemps à Horapollon, parce que,
d’après M. Zuendell lui-même, les preuves qu'il lui a empruntées ne sont
pas de tout point certaines.
Voyons donc si, comme il le promet, il réussit à prouver, indépendam-
ment d'Horapollon, que certains animaux apparaissent dans les fables
d'Ésope tout juste comme dans les monuments égyptiens. Pour soutenir
sa thèse, il s'appuie sur quatre arguments .
En premier lieu, le crocodile figure chez Coraï comme un insigne men-
teur. Il se vante que ses ancêtres ont été gymnasiarques. Le renard lui
répond : GX àro Toù Houatés ye quiin We Ex TahcuY ETOY eË Yo Va uÉvos. Or, dans
Clément d'Alexandrie, il est dit que, chez les Égyptiens, le crocodile est
un symbole de l’impudence.
Ainsi donc, dit M. Zuendell, il y a ici une analogie évidente. Mais,
d'abord , ne se voit-il pas forcé d’ajouter lui-même que Plutarque, qui,
comme auteur plus ancien, mérile aussi certainement une plus grande
confiance , met l’hippopotame à la place du crocodile? M. Zuendell croit
cette différence insignifiante; selon nous, elle est ici capitale. Ensuite, la
fable grecque précitée ne se trouve pas dans Babrius ; nous ne pouvons,
par conséquent, en connaître la date, et ce qui semble indiquer qu'elle
n'est pas très-ancienne, c’est qu'elle n’est autre chose qu’une imitation de
lapologue du Renard et du Singe, qui, comme nous l'avons vu plus haut,
a été traité par Archiloque.
En second lieu, M. Zuendell parle longuement du phénix, et compare
ce qu’en disaient les Égyptiens avec les récits des Grecs sur la huppe.
Nous fatiguerions le lecteur en entrant dans tous ces détails. Nous faisons
seulement remarquer que lors même que M. Zuendell aurait raison de
chercher, dans l'histoire du phénix, l'original de celle de la huppe, on
ne pourrait néanmoins en tirer aucune conclusion relative à l’origine de
1 Fable 9.
w
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 55
la Fable. Car l’histoire du phénix n’est qu’une sainte légende ; elle n’a aucun
caractère de l’apologue proprement dit !.
En troisième lieu, M. Zuendell cite, comme exemple de l’analogie des
fables grecques avec les symboles de l'Égypte, la signification du serpent.
Cet animal, à en croire les égyptologues, est employé pour désigner un
gardien; et comme, tant dans les fables que dans la mythologie de la Grèce,
le serpent revêt le même caractère, parfois aussi celui d’un éy26oxiuun,
M. Zuendell croit en pouvoir inférer que les Grecs doivent ce symbole à
l'Égypte. Mais si la fable 42 du manuscrit florentin, sur laquelle le
savant de la Suisse se fonde surtout, se trouve dans le Pantcha-tantra avec
les mêmes détails ?, nous n'avons pas de motifs pour aller chercher plutôt
dans l'Égypte que dans l’Inde, l’origine de la signification du serpent 5.
Enfin M. Zuendell appelle notre attention sur un papyrus qui se trouve
à Turin, et sur lequel sont représentés des animaux imitant les actions de
l'homme, faisant un sacrifice, donnant un concert, etc. Entre autres, nous
y trouvons une scène dans laquelle les chats, retranchés dans leur chà-
teau, sont attaqués par des souris armées. Nous avons ici, dit le profes-
seur de Lausanne, une véritable épopée animale, dans le genre du Roman
du Renard. Les animaux y ont leur caractère bien marqué, ce qui n’a été
! L'histoire de la huppe qui enterre son père dans sa tête, et obtient une crête en mémoire de
cette action, cette histoire que raconte Aristophane (av. 471) et qu'Élien attribue aux Brahmanes,
ne nous semble pas être indienne, quoi qu’en affirme cet auteur. Voici comment il raconte la chose
(Hist. anim., XVI, c. 5) : Un roi de l'Inde avait trois fils, dont les deux aînés méprisaient le cadet et
tourmentaient leurs parents. Ceux-ci, avec le plus jeune de leurs fils, prennent la fuite vers une
autre contrée; mais ils meurent bientôt après, et le fils, ne sachant pas où les enterrer, fend sa tête
au moyen d'un glaive et y ensevelit leur dépouille mortelle. Le soleil ayant vu avec admiration
cette piété filiale, changea le jeune homme en un oiseau, qui est très-beau à voir et dont la vie est
très-longue. Une huppe s'élève au-dessus de sa tête comme un monument de sa noble action. —
Ce qui nous fait douter de l’assertion d'Élien, c’est que non-seulement il n’y a rien dans la littéra-
ture indienne, qui ressemble le moins du monde à cette histoire, mais que de plus, ce n'est pas,
selon les Brahmanes et les Bouddhistes, une récompense que d'être changé en oiseau. Le dogme
de la métempsycose ne fait entrer dans le corps d'un animal que l'âme du méchant.
? M. Zuendell, qui a fait observer ce rapport à la pag. 639, ne paraît avoir eu connaissance
que trop tard du travail de Loiseleur-Delongehamps.
5 C'est une croyance populaire dans l'Inde qu'il se trouve des pierres précieuses dans la tête du
serpent.
RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
A
rs
possible que par une longue suite de fables, depuis longtemps répandues
dans l'Égypte.
Mais d’abord , demanderons-nous, quelle est la date du papyrus de
Turin? s’il ne remonte pas au delà de l’époque des successeurs d’Alexan-
dre, les idées qu’il suppose peuvent très-bien être venues de la Grèce.
Et puis, qui nous garantit que ce ne soit pas un artiste grec qui l'ait
couvert de dessins? Et puis encore, même en admettant l'antiquité du
papyrus en question, même en admettant que les dessins qui le couvrent
aient été faits par une main égyptienne, tout ce qu’il sert à prouver, C’est
qu'il y avait, en Égypte, une épopée d'animaux, et probablement aussi
des fables, dans le genre de celles que nous attribuons à Ésope.
On voit qu'il n’est pas même démontré que les Égyptiens aient connu
l'apologue; car, si lon dit (p. 445) qu’il n’y a qu’un pas du culte des
animaux à l'invention de la fable, on se sert d’un de ces arguments géné-
raux auxquels nous n’accordons qu'une médiocre importance. Néanmoins,
nous voulons admettre qu’il y ait eu des apologues en Égypte; mais qu'entre
ces fables et celles de la Grèce il existe une communauté d’origine, c’est
ce que M. Zuendell n’a pas su nous prouver. En effet, la seconde partie
de sa dissertation, dans laquelle il s'applique à montrer que les énigmes,
contenues dans la biographie d'Ésope, par Planude, portent des traces de
leur origine égyptienne, cette partie ne nous regarde nullement. Car,
déjà plus haut, nous avons fait remarquer que les énigmes et les fables
appartiennent à des genres différents; or, ce n’est qu’à celles-ci que nous
avons affaire.
Nous avons maintenant démontré que, malgré les recherches les plus
minutieuses, il a été impossible de trouver, en Égypte, des traces de
fables rappelant celles de la Grèce. En conséquence, nous prions le lec-
teur de vouloir bien se rappeler ce qui a été dit précédemment à propos
des fables libyennes.
Nous prétendions pouvoir démontrer que, d’abord, il est arrivé très-
souvent que les Grecs ont confondu l’Orient et l'Afrique, parce que
dans l’une et dans l’autre de ces contrées les anciens plaçaient des
Ethiopiens; qu'ensuite, il n’est point resté de traces de fables grecques
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE.
©
©
provenant de l'Afrique; qu'enfin, parmi les fables de l'Inde, il y en a
beaucoup qui nous rappellent celles de la Grèce.
Nous avons fini maintenant avec le deuxième de ces points. Car si les
fables grecques ne sont pas venues de l'Égypte, comment la Libye les aurait-
elle fournies à la Grèce? En effet, il n’y a plus que Cyrène qui pourrait être
considérée comme station intermédiaire, et il est encore beaucoup moins
vraisemblable que lapologue soit venu de ce côté-là. Car il serait réelle-
ment étonnant que les barbares situés à l’ouest de l'Égypte, eussent dû
fournir à la Grèce les arguments de ses fables.
Il ne reste donc plus qu’une seule chose à montrer , l'analogie des fables
grecques et indiennes. Or ceci, nous en sommes convaincu, deviendra
tellement clair dans la suite, que nous demandons la permission au lecteur
de le considérer provisoirement comme prouvé.
Dans cette hypothèse, il est manifeste que si les fables d’Ésope sont des
fables orientales, les fables libyennes, qui n’en diffèrent pas, quant à l’es-
pèce, devront être considérées également comme orientales.
Nous avons donc ici un exemple de plus de cette confusion de l'Orient
avec l'Afrique, que nous avons précédemment signalée.
Les fables d’'Ésope ne furent pas seulement appelées éthiopiennes, on leur
donna également le nom de fables libyennes, et de même qu'Ésope (ou
l'Éthiopien) avait inventé celles-là, de même aussi on désigna Libyssès
(c’est-à-dire le Libyen) comme l'inventeur de celles-ci. Et qu’on ne dise pas
que cette supposition soit trop hardie. Nous trouvons que, dans le sophiste
Théon (Progymn. c. 5), il est parlé ! de Xyo ZuBaprrwoi et Kua; et ailleurs
Osipue et KAË sont cités comme les inventeurs de ces Jéyx. Gsm est un
1 Voici les paroles de Théon : #2oÿvre dè (oi Aéyci) Aiséreio xui AiBuorinct, y EuBapirisot te noi
Dadyio où Kiirior ai Kapirot, Aiydmrio tai Kérpwr. Les Aéyor SuBapreisoi ne sont que des bons mots
et des anecdotes de Sybaris (yea%%. Voy. Aristoph. Vesp., v. 1259); ceux de la Carie et de Cypre
sont des légendes de temple (voy. Diogeniani prov. praef., pp. 179 et 180, éd. Schneidewin). I en
est de même des Aéya Arcw, qui ne peuvent pas être des fables d'Ésope. Nous avons déjà parlé
plus haut des 26yar qeivur, qui ne sont pas nécessairement des fables (voy. Élien, Hist. anim., U,
21). 11 ne reste done plus que les Aéyor Aisérewt, AuBuorimoi et Kiwi, dont les deux premiers sont
identiques, et dont les derniers, nous le verrons plus tard, peuvent très-bien être des fables
d'Ésope.
56 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
habitant de la ville de Thurii , fondée sur les ruines de l’ancienne Sybaris,
et K2ë est un Cilicien. Ou bien quelqu'un s’avisera-t-il de chercher dans
ces noms autre chose qu’une personnification? Or, si Thurios et Cilix
ne sont que des êtres fictifs, dont le nom a été emprunté à deux classes
d’apologues, pourquoi n’en serait-il pas de même pour Libyssès? pourquoi
Esope ne serait-il pas placé sur la même ligne? Nous croyons ce point
suffisamment établi.
CHAPITRE IL.
DES FABLES COMMUNES AUX INDIENS ET AUX GRECS.
Les Grecs avaient une idée tellement haute de leur supériorité sur le
reste des peuples, qu'ils les nommaient tous, sans distinction, des barbares,
et qu'ils prétendaient n’être avec eux dans aucun rapport de dépendance
ni quant à l’origine ni quant à la civilisation. Ils se disaient autochthones,
c’est-à-dire issus du sol où ils avaient leurs demeures, et faisaient découler
leurs sciences et leurs arts d’une source exclusivement grecque.
Il n’y a, à cette règle, que fort peu d’exceptions qui méritent, à cause
de cela même, une attention particulière; car, s’il arrive que, contraire-
ment à leur habitude, les Grecs refusent l’indigénat à telle ou telle chose
en usage chez eux, nous pouvons en conclure qu’il est au moins très-pro-
bable que cette chose leur est, en effet, venue de l'étranger. Or, c’est pré-
cisément là ce qui est arrivé aux fables d'Ésope. Les Grecs eux-mêmes en
attribuent l'invention aux Orientaux. Nous croyons en avoir donné la
preuve; nous n'avons donc aucuh motif pour ne pas les en croire. Et nous
les en croirons bien plus volontiers si nous trouvons que, parmi les fables
orientales, il y en a, et même en assez grand nombre, qui sont exactement
les mêmes que certaines fables de la Grèce.
Malheureusement la comparaison ne peut pas se faire sur une échelle
assez étendue. Les fables n'étaient pas inconnues aux Persans. Nous le
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 57
savons par le témoignage d’Hérodote (1. 1, $ 141); mais nous n'en avons
qu'un exemple unique.
Babrius fait venir l’apologue de chez les Assyriens ; mais nous ne sommes
plus en état de vérifier cette donnée; en un mot, il n’y a que le peuple
indien dont nous connaissions les fables d’une manière détaillée. Il est vrai
que nous avons ici une très-ample moisson; car si, pour dériver de l'Égypte
l'origine de la fable, M. Zuendell, comme nous l'avons vu au chapitre
précédent , devait avoir recours à toutes sortes d’analogies éloignées ,
incertaines et obscures, il en est tout autrement de l'opinion qui fait
venir l’apologue de l'Inde. M. Zuendell n’a pas même su démontrer, d’une
manière irréfragable, que les Égyptiens aient connu l’apologue. Dans
l'Inde, nous trouvons, au contraire, deux grands recueils de fables par-
faitement authentiques , indépendamment de toutes celles qui sont répan-
dues dans d’autres écrits. Dans les fables de l'Inde, on rencontre les mêmes
personnages que dans celles de la Grèce; leur caractère s’y ressemble
de tout point; et qu'on ne prenne pas ceci pour un effet du hasard, et
qu'on ne dise pas que les animaux ayant partout la même nature, ont aussi
naturellement dû revêtir le même caractère dans la fable. Pourquoi, en
effet, demanderons-nous, le renard est-il ministre du lion? pourquoi l’é-
crevisse est-elle la vengeresse du crime? pourquoi, et nous le disons très-
sérieusement, pourquoi l’âne est-il pris chez l’un et chez l’autre peuple
comme le symbole de la stupidité? Il y a plus; nous découvrons, en com-
parant les fables elles-mêmes entre elles, qu’il y en a plusieurs qui sont
calquées exactement les unes sur les autres. Il ne s’agit plus ici de ressem-
blances obscures; tout le monde pourra facilement s’en convaincre en lisant
avec quelque attention les fables que nous transcrirons tout à l'heure.
Mais avant d'établir cette comparaison, qu’on nous permette de nous
étendre encore un peu sur un point que nous avons déjà tantôt signalé ,
savoir que le caractère des principaux personnages de la Fable est exacte-
ment le même dans la Grèce et dans l'Inde.
Un des premiers acteurs de la fable est sans contredit le lion. Or, le
lion est chez les uns et les autres le souverain de toute la gent animale.
Nous nous voyons forcé ici de contredire un des savants les plus respec-
Toue XXV. 8
58 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
tables, M. Grimm, qui, dans son Reinhart Fuchs, p. XLV, a émis l'opinion
qu'avant le deuxième siècle de notre ère, nous ne trouvons pas de trace
certaine de la royauté du lion. En premier lieu, nous avons à lui opposer
le témoignage de Babrius (fab. 95, v. 16), que nous avons démontré,
d’après M. Bergk, être le prédécesseur ou le contemporain de Callimaque.
Il est vrai que, lorsque M. Grimm écrivait son ouvrage, Babrius n’était
pas encore retrouvé.
Mais, même alors, sans qu'il y eût de témoignages écrits, les monuments
de l’art auraient suffi pour prouver que, déjà anciennement, le lion était le
symbole de la puissance royale. Nous avons, en effet, un grand nombre
de peintures de vases antiques qui représentent le jugement de Pâris.
Pour être préférée par le jeune berger, chacune des trois déesses lui fait
des offres brillantes. Minerve veut lui donner la sagesse; Vénus lui promet
la plus belle des femmes; Junon lui offre la puissance royale. Or, pour
indiquer cette dernière circonstance, le peintre a représenté la déesse tenant
dans sa main un lion. Le doute est ici impossible.
Dans une autre peinture de vase qui est d’une très-haute antiquité, et
qui, d’après l’ingénieuse explication de M. Welcker, représente le roi
Arcésilas de Cyrène comme marchand de silphium, le personnage du roi
est indiqué par un lion qui repose sous son trône. Ne pourrait-on pas même
aller plus loin, et voir un indice de la royauté du lion dans la plus ancienne
sculpture qui nous ait été conservée ? On sait qu'il ÿ a encore aujourd'hui
deux lions en pierre au-dessus de la porte de Mycènes, à l'entrée de la
citadelle des Atrides !. Ainsi il est probable que, dès cette époque recu-
lée, le lion à été considéré comme un gardien digne d’un roi. Nous
croyons que, sans être trop hardi dans ses conclusions, on peut en inférer
que, dès lors, le lion était le £ Basdumrare, le symbole de la puissance
royale.
! Ceux qui ont voulu découvrir partout des traces égyptiennes, ont rapporté que les lions de
Mycènes étaient faits de marbre verdâtre, provenant des carrières de l'Égypte. D'après cette donnée,
la royauté du lion devrait être rapportée à l'antique patrie des Pharaons; ce dont M. Zuendell pour-
rait faire son profit. Malheureusement pour lui, M. Welcker, qui a examiné Ja chose de près, nous
assure que les lions de Mycènes sont faits de la même pierre que celle qu'on rencontre partout dans
les environs. (Voy. Mueller, Archéologie de l'art, 5° édit., $ 64, note 2.)
ns
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 59
Quoi qu'il en soit de cette dernière hypothèse, les peintures de vases
que nous avons signalées sont pour nous une preuve manifeste que la
royauté du lion n’est pas en Grèce d’une date aussi récente que M. Grimm
nous le voudrait faire croire.
Dans l'Inde, nous remarquons la même chose. Nous trouvons déjà dans
le Mahä-Bhärata (t. 11, p. 557) les deux distiques suivants : « Les lions, les
tigres, les sangliers, les éléphants, les taureaux et les ours, sont appelés
habitants des forêts; au contraire, la vache, la chèvre, la brebis, l'homme,
le chacal, âne et le mulet, sont des animaux domestiques. L'homme est
le chef de ceux-ci, le lion est le plus puissant de ceux-là. »
Il est vrai qu'ici le lion n’a pas précisément le titre de roi des ani-
maux; mais On voit qu'il en occupe le rang. De plus, dans la même épopée,
il est plusieurs fois comparé à un roi. « De même, y est-il dit (£. Ier, p. 564),
que les animaux vivent sans crainte quand telle est la volonté du lion, de
même aussi toi tu vivras sans danger, quand tel sera le désir des monar-
ques. »
Dans le dictionnaire d’Amara-Sinha, c’est par le lion que commence
l'énumération des diverses classes d'animaux; enfin, le lion est très-sou-
vent nommé expressément mrigarägà, C'est-à-dire littéralement roi des ani-
maux. Ce titre et d’autres semblables lui sont constamment donnés dans le
Pantcha-tantra, et il en est de même dans beaucoup d’autres ouvrages !.
Ce qui est encore plus étonnant, c’est que, dans les fables de l’Inde et
dans celles de la Grèce, le caractère particulier du lion est dépeint de la
même manière.
M. Lassen ? a parfaitement résumé les diverses nuances de ce caractère,
en disant que le lion nous apparaît dans l’apologue sanscrit comme un
monarque souvent dupé et toujours confiant. Or, ceux qui connaissent les
fables d'Ésope seront unanimes à avouer que c’est là exactement le por-
trait du lion chez les Grecs. Il ne brille pas précisément par l'esprit; sa
stupidité lui fait perdre sa proie (Coraï, fab. 224). Il se laisse arracher
les dents et les griffes (Babrius, fab. 98). Malgré toute sa force, il est la dupe
1 Voy.les Antiquités de l'Inde de M. Lassen, 1.1, p. 296.
= Même ouvrage, p. 297.
60 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
du renard, qui doit en toute circonstance lui donner des conseils (Coraï,
fab. 296 et 558).
Le renard aussi a son équivalent dans les fables indiennes ; c’est le
chacal qui, comme on sait, lui ressemble au physique aussi bien qu’au
moral 1.
Le renard est chez les Grecs la personnification de la ruse. Tel est le
caractère que lui donne déjà Archiloque. Comme Philostrate le fait très-
bien observer, il est en quelque sorte le premier acteur de la Fable. Ésope,
dit-11?, se sert dans la plupart de ses fables du ministère du renard ;
le renard est pour la Fable ce qu'est Dave pour la comédie. Il est chez
les deux peuples le premier ministre du lion ÿ, et chez les deux peuples
aussi c’est un fourbe accompli. Le premier livre du Pantcha-tantra ne
contient qu'une série d’embüches dressées par deux renards (carataka et
damanaka, en arabe calilah et dimnah) à un lion et à un taureau.
Toutes ces analogies nous paraissent fort naturelles, parce que, dès notre
tendre jeunesse, nous avons été habitués à voir le renard et le lion vis-
à-vis l’un de l’autre dans un semblable rapport. Il est presque nécessaire
de rappeler au lecteur que c’est pourtant là un rapport tout fictif, que
dans l’histoire naturelle nous ne trouvons rien de pareil. Or, cette circon-
stance unique suffirait déjà à prouver qu'il doit y avoir une aflinité très-
intime entre les fables de l'Inde et celles de la Grèce. Si nous n’en avions
aucun autre indice , nous pourrions inférer de cela seul que nous n'avons
pas affaire ici à un rapport fortuit.
Nous ajouterons quelques autres exemples. L’aigle, l'oiseau de Jupi-
ter, est le roi des oiseaux chez les Grecs; l'oiseau de Vichnou, garuda,
occupe, chez les Indiens, un rang analogue. Rien n’est plus fréquent que
de le voir en combat avec des serpents dans les poëmes de l'Inde #; et
les Grecs, de leur côté, nous montrent très-souvent le serpent aux prises
avec l'aigle.
1 Voy. Grimm, Reinhart Fuchs, p. XX.
? Jmagines, \, 2, édit. de Jacobs.
5 Voy. Babrius, f. 95; Pantcha-tantra, 1. 1, f. 16 et 1. HA, f. 2.
ï Voy. Lassen, Antiq. de l'Inde, 1, p. 787 et Syntipas, édit. Boissonade, p. 109.
ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 6
Pour s’en convaincre, on peut voir Homère, 1. XII, v. 200 et suiv.;
Eschyle, Choéph., v. 244-248; Aristote, Hist. anim. IX, 1; Ovide, Métam.
IV, 562; Pline, Hist. nat. X, 4; Virgile, En. XI, 751; Horace, Od. IV, 4,
4, 10; Cicéron, de Divin. 1, 47; Nicandre, Ther., 448, nolépuoy Dë Eév écru o
dpoircy TPOS TOY GETOY LE
Nous ne sommes pas partisan du paradoxe. Néanmoins, nous nous
sommes demandé bien souvent, pourquoi l'âne est considéré générale-
ment comme le type de la bêtise. Pourquoi? Il serait difficile d’en donner
des motifs. Buffon et Tôppfer ont fait l'apologie de l’âne d’une manière
aussi juste que piquante. Homère compare Ajax à un âne. Et pourtant
il est vrai que les Indiens ? et les Grecs sont d'accord pour nous montrer
le baudet comme l’animal le plus stupide de tous. Il est très-probable, et
nous en sommes convaincu, que nous avons ici devant nous une tradi-
tion orientale 5.
Car, nous le répétons, à moins qu’on ne fasse voir clairement pourquoi
l'âne a été considéré, en même temps, par deux peuples aussi éloignés l’un
de l’autre, comme l'animal stupide par excellence, on ne pourra pas se
dispenser d'admettre qu'il y a ici non-seulement une coïncidence remar-
quable, mais une transmission de peuple à peuple.
! Voy. Coraï, p. 503, voy. en outre Hitopadéça, 1. W, f. 12, et Grimm, L. L., p. xuiv. Les Per-
sans paraissent avoir également considéré l'aigle comme le roi des oiseaux. Ce qui le prouve, c'est
que non-seulement Darius est appelé fils d’un aigle, mais que c'est aussi des Persans que nous est
venu le griffon. Les monuments de Persépolis le représentent souvent (voy. Niebuhr, Voyages,
p. I, tab. 25), et c'est de là que les archéologues les plus distingués (voy. Welcker, Æleine Schr.,
1, p. 370) le font venir dans la Grèce, Or le griffon , comme on sait, n’est autre chose qu'un com-
posé du lion et de l'aigle. Si donc le lion est le roi des animaux, l'aigle doit être considéré comme
étant celui des oiseaux. Mais, dira-t-on, le lion était-il, en effet, le roi des animaux chezles Perses?
Telle est du moins l'opinion d’un grand nombre de savants. Une des scènes qu'on rencontre le
plus fréquemment sur les monuments assyriens et persans, est le combat du roi avec une espèce
de lion. Or, d'après l'explication de M. Grotefend, il faut voir dans ce sujet une représentation
allégorique du combat d'Ahriman et d'Ormuzd. Le principe du bien est représenté par le rot, le
principe du mal par le roi des animaux.
? Pancha-tantra, IN,9, 7; V, 7.
5 La première trace de la stupidité présumée de l'âne que nous ayons rencontrée chez les Grecs
se trouve dans les fragments d'Héraclite (Aristote, £th. Nic., K, 5) : l'âne, dit-il, préférerait une
botte de foin à de l'or.
62 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
Certes, si dans les fables de la Grèce et de l'Inde, nous trouvons que
la perfidie est naturelle au serpent (Coraï, f. 141; Pantchat. MX, 15), ou
bien aussi qu'il dévore des grenouilles !, il serait ridicule de vouloir s'ap-
pesantir sur ces choses, parce qu’elles se trouvent en effet dans la
nature de cet animal. Mais, si nous voyons d’un autre côté qu’il est con-
sidéré comme gardien de trésors et de temples, chez les Indiens ?, les
Latins 5 et les Grecs {, il sera permis de voir, dans cette coïncidence,
autre chose que l'effet du hasard.
Ce qui est plus singulier et ce que nous avons déjà signalé en passant,
c’est que l’écrevisse joue le rôle de vengeresse du crime. Dans le Pantcha-
tantra, cette idée se rencontre deux fois (1. 1, 7, et 1. V, 15). Chez les
Grecs, on la retrouve à la fin de la Batrachomyomachie *, ainsi que dans
une chanson de table, attribuée, quoiqu’à tort, à Alcée, et dont nous au-
rons, plus tard, l’occasion de parler.
Mais hätons-nous d’en venir aux fables elles-mêmes, qui dissiperont
bientôt tous les doutes qui peuvent encore exister sur la communauté
d’origine des apologues indiens et de ceux de la Grèce.
Nous les comparerons, non pas en suivant l'ordre de tel ou de tel
recueil, mais en plaçant sur la première ligne ceux dont l’analogie est le
moins contestable, et en y ajoutant ensuite les autres, comme ils s’y rat-
tacheront le plus naturellement.
Nous mettons en tête la fable de l’Ane couvert de la peau du lion. Elle
se trouve dans le Pantcha-tantra, IN, 7, dans le Hitopadéca, HT, 5, chez
Coraï, p. 169, et dans Phèdre, 1, 11; quoique, chez ce dernier, l'apo-
logue en question ait déjà une tout autre couleur.
1 Pantch., I, 45: IV, 1; Coraï, 1467; Batrach., v. 79 et suiv.; Élien, Hist. anim., XIV, 25.
2 Pantch., WE, 5.
5 Voy. Phèdre, L. IV, f. 19: Draconis speluncam intimam custodiebat qui thesauros abditos.
5 Voy. les fragments d'Ibyeus, édit. de Schneidewin, pp. 195-198, et Coraï, f. 85. On sait que
bien souvent, dans la mythologie grecque , un serpent est préposé à la garde d’une fontaine ou d'un
temple.
5 Composée, comme on sait, par Pigrès, frère d’Artémise , reine de Carie.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 63
(Pantcha-tantra, 1. AV, f. 7.)
« Dans une certaine ville demeurait un blanchisseur appelé Cuddha-
pata (c’est-à-dire habit blanc). Il avait un âne qui, faute de nourriture,
était devenu excessivement maigre. Un jour que le blanchisseur errait
dans la forêt, il découvrit le cadavre d’un tigre, et se dit aussitôt en lui-
même : Voici une excellente trouvaille. Je vais mettre à mon âne la peau
de ce tigre, et je l’enverrai, la nuit, accoutré de cette façon, dans les
champs couverts de blé; car les gardiens des champs le prenant pour un
tigre, n'auront pas le courage de le mettre en fuite. Ce projet fut exécuté,
et désormais notre àne put manger du blé tant qu’il en avait envie. Chaque
matin, le blanchisseur reconduisait son âne chez lui. Le temps se passant
de la sorte, l'âne s’engraissa tellement qu’il ne pouvait plus qu'à peine
rentrer dans son étable. Mais un jour, ayant entendu de loin les cris d’une
ànesse, et la volupté le poussant, il commença, lui aussi, à crier. Les
gardiens des champs remarquant aussitôt qu'ils n'avaient affaire qu'à un
âne couvert d’une peau de tigre, le mirent en fuite avec des flèches et des
pierres. »
M. Wilson (Analyt. acc., etc., p. 181) a rapporté cette fable d’une tout
autre façon. Nous ne savons pas s’il faut en conclure qu’il a eu sous les
yeux une version différente; dans le Hitopodèça, elle est racontée de la
même manière, avec celte seule différence que, dans ce dernier recueil ,
les cris de l’âne sont provoqués par la vue du manteau gris d’un gardien,
que l’âne prend de loin pour une ânesse, tandis que, dans le Pantcha-
tantra, il n’est pas fait mention de cette fiction improbable.
La même fable se trouve très-souvent chez les Grecs. Voici comment
elle est rapportée dans Coraï, p. 169 :
« Un âne s'étant vêtu de la peau d'un lion, fut considéré partout
comme un lion véritable. Les hommes et les animaux, tout s'enfuit. Mais
un coup de vent emporta la peau du lion, et montra à nu notre âne qui
64 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
reçut des gens accourus de toutes parts, force coups de bâton et de
massue. »
Ignatius Magister et Thémistius ont traité cette fable d’une manière
tout à fait analogue. Lucien raconte (ed, 5; Aparer, S 15) que les habi-
tants de la ville de Cumes ne pouvaient pas distinguer un âne d’un lion,
jusqu’à ce qu'un étranger leur eût appris à découvrir la ruse de l'âne. Il
est évident que ce trait a été ajouté par l’ironique écrivain. Mais comme
chez les Grecs il y avait un proverbe dans lequel figurait l'âne de
Cumes !, on peut en conclure que Lucien n’a fabriqué son conte qu’en
se fondant sur une tradition populaire, de sorte que nous ne serons pas
loin de la vérité, en considérant Cumes comme la patrie ou du moins
comme la seconde patrie de cette fable. On verra plus tard quelles conclu-
sions on peut tirer de ce fait. La version grecque, que nous avons suivie
jusqu’à présent, diffère de la fable indienne, surtout en ce qu’il n’y est pas
question des cris par lesquels se trahit la nature de l'âne. Mais dans le
recueil publié par Fr. de Furia, qui, comme nous l’avons montré ci-
dessus, se rapproche considérablement de celui de Babrius, il y a une
version de cette fable où la chose est racontée autrement. Car ici le renard
découvre la ruse de l’âne en l’entendant braire.
Ce trait, qui a été effacé dans les versions postérieures, se trouvait donc
dans la fable antique. La conclusion qu’on peut tirer de ce fait a une grande
importance pour la question qui nous occupe. En effet, nous voyons par
là que plus une fable grecque est antique, plus aussi elle se rapproche,
jusque dans ses moindres détails, de la fable indienne correspondante.
Si quelqu'un mettait en doute l'antiquité de cet apologue, attendu qu'il
ne se trouve pas dans la partie de Babrius qui nous a été conservée,
on pourrait démontrer aisément que, loin d’être postérieure à ce fabuliste,
la fable en question lui est, au contraire, de beaucoup antérieure. Car
Platon, dans le Cratyle, p. 411, À, fait dire à Socrate : « Puisque je me
suis vêtu maintenant de la peau du lion, » et ces mots, comme Heindorf
l'a fait voir, contiennent une allusion évidente à notre fable.
1! Voy. Erasmi Adagia , p. 251.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 65
Peut-être pourra-t-on même lui assigner une date plus reculée, si l’on
considère avec attention l'histoire de Midas, roi de Phrygie. En effet,
d’après le récit de plusieurs écrivains, ce roi tâcha de cacher les oreilles
d'âne qui le défiguraient, en se coiffant d’une immense tiare. Personne n’était
dans le secret, excepté un barbier, à qui il avait été sévèrement défendu
de révéler la chose. Un jour pourtant, n'y tenant plus, il creusa une fosse
profonde et y murmura à voix basse : Midas à des oreilles d'âne. Au
même endroit sortirent plus tard des roseaux, qui, lorsque le vent les
agitait, répétaient les paroles du barbier : Midas a des oreilles d’âne.
Nous devrions nous tromper fortement si cette histoire était autre chose
qu'une variation de la fable de l’Ane couvert de la peau de lion. Voici, en
effet, à quoi elle se réduit: Midas veut en vain cacher ses oreilles d’âne
au moyen d’une tiare (les insignes royaux sont ici l'équivalent de la peau
du lion); car il ne peut empêcher les roseaux et les vents de faire con-
naître au monde sa véritable nature.
Nous ne prétendons nullement que ce conte, tel que nous venons de le
rapporter, soit d'origine phrygienne, et remonte aussi haut que, dans cette
hypothèse, on le pourrait supposer; car, si les Phrygiens, comme on n’en
peut guère douter, se figuraient le roi Midas avec des oreilles d'âne et le
représentaient de même dans leurs peintures, ce n’était là qu’un symbole
mythologique qu’il faut bien se garder de mettre en rapport avec la pré-
tendue stupidité de cet animal. Mais le roi Midas devint de bonne heure
un des principaux personnages de la comédie à Athènes, et c’est aux
auteurs comiques de cette ville qu’il faut attribuer la plupart des facéties
qui circulent dans la littérature grecque sur le compte de ce roi !. L’his-
toriette que nous avons racontée plus haut, et dans laquelle nous avons
reconnu la fable de l’Ane couvert de la peau du lion, doit donc, selon
toute probabilité, être attribuée aux auteurs de la comédie moyenne à
Athènes, laquelle, comme on sait, se distingue en ceci de l’ancienne
comédie et de la comédie nouvelle, qu’elle faisait apparaître sur la scène
toutes sortes de personnages mythologiques.
1 Voy. à ce sujet les savantes recherches de MM. Boettiger (Musée att., f, p. 354) et Welcker
(Nachtr. z. Aeschyl. Trilogie, p. 501).
Toue XXV. 9
66 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
La première fable de Phèdre, qui n’est pas sans analogie avec celles que
nous venons d'examiner, présente cependant, d’un autre côté, trop de
différences essentielles pour que nous croyions devoir la transcrire ici.
Voyez aussi la fable V d’Avien.
Il.
La ressemblance qui existe entre les apologues grecs et indiens se pré-
sente d’une manière encore plus frappante dans la fable du Lion malade.
Voyez Pantcha-tantra, 1. IV, p. 2. « Dans une certaine partie d’une forêt
demeurait un lion appelé Ceralacesara (poil noir). Il avait pour ministre
un chacal appelé Dhusaraka, qui l'accompagnait dans toutes ses courses.
Un jour, un combat s’étant engagé entre un éléphant et le lion, celui-ci
reçut sur tout son corps de si fortes blessures, qu’il lui fut complétement
impossible de marcher. Par suite de la maladie du lion, le chacal devint
tout à fait maigre et chétif; un jour, enfin, il s’adressa au lion et lui dit :
Sire, la faim me tourmente; je ne puis plus faire un seul pas. Comment
désormais vous servir? Le lion répondit : Va-t-en chercher quelque remède
qui puisse me guérir de la langueur dans laquelle je demeure plongé. Le
chacal ayant entendu ces paroles, se rendit au village voisin, et y remarqua
un âne appelé Lambacarna (longue oreille), qui broutait au bord de l'eau
quelques rares brins d’herbe. Le chacal s’approcha de lui et lui dit: Sois
béni et daigne accepter mon salut. Il ÿ a déjà bien longtemps depuis que
je t'ai vu pour la dernière fois : dis-moi, comment se fait-il que tu sois
devenu si infirme? Lambacarna répliqua : O mon ami, pourquoi te con-
terai-je cela? Ce blanchisseur inhumain me charge toujours d’un fardeau
énorme. Mais, pour ce qui est de l'herbe , il ne m'en donne pas même une
poignée. Je ne mange rien que ces quelques brins que tu vois; encore
sont-ils tout sales de poussière. Comment, de cette manière, mon corps
pourrait-il s’engraisser? Le chacal répondit : S'il en est ainsi, écoute
mes paroles. Je connais une contrée dans laquelle abonde une herbe aussi
belle que de l’émeraude, et qui est entrecoupée de délicieuses rivières.
Viens avec moi dans ces lieux, où tu pourras jouir du commerce d’une élo-
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈÉCE. 67
quente société. L’âne reprit: Rien ne s’opposerait à ce que je suivisse ton
conseil, si Je ne craignais pas de devenir la proie des habitants des forêts.
Que viens-tu donc me parler de cette riante contrée? Le chacal répondit:
Cher ami, ne parle donc pas ainsi; car mon bras et mon corps défendent
cette contrée contre les bêtes féroces. Aucun animal dangereux n’y pénètre.
Seulement, il s’y trouve trois àânesses qui, ayant été, comme toi, mal-
traitées par un blanchisseur, sont maintenant privées d’un mari. Pleines
d’une ardeur juvénile, elles se sont adressées à moi et m'ont dit : Si tu
es réellement notre oncle, rends-toi dans quelque village voisin, et tàche
de nous en ramener un époux, afin qu'il puisse se marier avec nous; or,
c'est toi que je veux leur conduire. Lambacarna, après avoir entendu
ces paroles, fut tout étourdi par les feux de l'amour, et il dit au chacal :
Mon ami, s’il en est réellement comme tu le dis, partons, et rendons-nous
en hâte auprès d'elles; car on dit parfaitement bien: « Qu'est-ce que l’am-
broisie ou le poison pour celui qui est en possession d’une épouse à la
taille gracieuse, dont la présence fait naître la vie et dont l’absence équi-
‘vaut à la mort. N'est-ce pas le comble du bonheur que de jouir de la vue
et de la présence de celles dont le nom seul fait naître tous les feux de
l'amour, lors même qu’elles sont absentes et que nous ne pouvons pas les
voir de nos yeux?» Après avoir prononcé ces paroles, Lambacarna se mit
en route avec le chacal, et tous deux se dirigèrent vers la caverne du lion.
Celui-ci, malgré la douleur dont il était accablé, s’élança sur l'âne dès
qu’il eut aperçu; mais l'âne s’enfuit à toutes jambes, quoiqu’en s’échap-
pant il fût blessé par les griffes du lion. Le chacal voyant les efforts du
lion couronnés de si peu de succès, fut enflammé d’une grande colère. A
quoi bon, dit-il, de semblables attaques? Si l’âne lui-même vous surpasse
en puissance, que sera-ce donc si un éléphant vient vous livrer combat?
Le lion répondit au chacal qui se moquait de lui : Hélas! que faire désor-
mais? Jadis aucun éléphant n’échappait à la vigueur de mes étreintes.….;
cependant je n'étais pas préparé. Le chacal répliqua : Je vous promets
qu'aujourd'hui même, et sous peu, je ramènerai l’âne en votre présence.
Mais faites en sorte que cette fois, du moins, vous soyez préparé à le saisir
avec force. Le lion reprit : Comment serait-il possible que celui qui n'a
68 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
une fois vu de ses yeux consentit à retourner vers moi? Ne badine pas, je
ten prie, mais cherche-moi une proie différente. Le chacal répondit :
Pourquoi parlez-vous de la sorte? Prenez seulement les précautions néces-
saires, afin que cette fois-ci vous soyez préparé. Il dit et se mit aussitôt en
route dans la direction qu'avait suivie l’âne fugitif. Celui-ci l'ayant vu s’ap-
procher, lui adressa la parole en ces termes : O toi qui, au lieu de me
conduire dans la région des plaisirs, as failli me livrer à la mort, dis-moi
quel est ce monstre horrible, aux coups foudroyants duquel je me suis
arraché? Le chacal ayant entendu ces mots se mit à rire, et lui dit: O mon
ami, ce n'était rien qu'une ânesse qui, étant devenue grasse par suite du
bonheur dont elle jouit dans la forêt qu’elle habite, s’est élancée vers toi
pour te serrer dans ses bras; car, dès qu’elle t'a vu arriver, l'amour s’est
emparé de son âme. Mais toi, tu t'es enfui comme un poltron. Elle, toute-
fois, ne saurait vivre sans toi. Oui, si tu étais menacé par la mort, elle
étendrait son bras pour te défendre. Viens donc avec moi; car elle veut se
laisser mourir de faim, et m'a dit : Si Lambacarna ne veut pas devenir mon
époux, je chercherai la mort dans les flammes ou dans l’eau, ou bien je
prendrai du poison; car, sans lui, il m'est impossible de vivre. Ainsi donc
qu'il vienne en ces lieux, et qu’il daigne exaucer ma prière. Si tu ne le fais
pas, tu seras le meurtrier d’une femme et tu auras contre toi la colère du
Dieu de l'amour. Ne dit-on pas en effet : « Pour mépriser une belle femme
qui triomphe de Cama (Cupidon) lui-même, il faut être aussi insensé que
ceux qui, habillés tout en rouge, portant sur le front une touffe de che-
veux et une tête de mort dans la main, ne s’attachent qu’à une ombre du
bien !? » L’âne ayant entendu ces paroles, se rendit de nouveau auprès du
lion. En effet, on ne dit pas sans motif : il arrive parfois aux meilleurs de
broncher, et cependant quel méfait pourra-t-on jamais louer, füt-il commis
par qui que ce soit? L’âne, induit en erreur par ce torrent de paroles, se
laissa de nouveau engager à aller trouver le lion, qui, bien préparé cette
fois, saisit et tua Lambacarna. Sur quoi, il chargea le chacal de lui garder
sa proie pendant qu’il se rendrait à la rivière, à l'effet de s’y purifier. Mais
! On voit qu'il est fait allusion ici aux anachorètes de l'Inde.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 69
le chacal, qui était tourmenté par la faim, dévora le cœur et les oreilles
de l'âne, qui fut ainsi abandonné, mutilé, sans oreilles et sans cœur.
Le lion revint, et s'étant aperçu de la chose, il fut transporté d’une
grande colère et, rudoyant le chacal : Fourbe, lui dit-il, quelle action
abominable viens-tu de commettre? Cet âne, dont tu as mangé les oreilles
et le cœur, ne ressemble-t-il pas à une proie ! délaissée? Le chacal répondit
humblement : Sire, ne parlez pas ainsi; cet âne n’a eu ni cœur ni oreilles;
car comment sans cela aurait-il pu revenir, après avoir une fois été mis
en fuite par vous? Le lion, jugeant ces paroles dignes de foi, partagea
avec le chacal, et dévora l’âne de gaieté de cœur. »
Qu'on compare maintenant attentivement cette fable avec la 95 de
Babrius, et l’on se convaincra que, si nous soutenons qu’il y a une analogie
incontestable entre les apologues de l'Inde et ceux de la Grèce, nous ne
nous appuyons pas sur de vagues ressemblances.
« Un lion malade était couché dans le creux d’un rocher; ses membres
fatigués étaient étendus sur la terre; il avait pour compagnon assidu un
renard, auquel il était très-attaché. Un jour, il lui dit : Veux-tu me garder
en vie? J’ai grand faim. Là-bas, sous ces pins sauvages, un cerf habite
un taillis verdoyant; mais je me sens incapable de le poursuivre mainte-
nant. Pourtant, si tu le veux, il tombera sous mes griffes, capté par tes
mielleuses paroles. Le renard s’en alla, et trouva le cerf qui, dans la
sauvage forêt, bondissait sur un tendre gazon. Il commença par l’em-
brasser, et, après lui avoir donné le bon jour, il lui annonça qu'il était
porteur d'excellentes nouvelles. Le lion, dit-il, est, comme tu sais, mon
voisin. Il se porte très-mal et voit la mort s'approcher. Il a donc songé à
se choisir un successeur pour régner après lui sur la gent animale. Le
sanglier est dépourvu de raison, l’ours paresseux et le léopard irascible.
Le tigre est un fanfaron et ne se complaît que dans la solitude. Le lion est
donc d'avis que personne n’est plus digne de régner que le cerf. Son port
est imposant, il vit pendant de longues années; ses cornes, qui s’éten-
dent au loin comme un bois, sont bien autres que celles des taureaux ;
! Dans le Pantch., IV, 40, le lion répudie la proie abandonnée par un autre animal.
70 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
parmi tous les animaux elles répandent la terreur. Pourquoi t'en dirai-je
davantage, si ce n’est que tu as été choisi et désigné par le sort pour
commander à tous les habitants des montagnes? O mon souverain! je suis
venu pour lapporter le premier cette nouvelle. Adieu, mon cher! je
retourne en hâte vers le lion, afin qu’il ne me fasse pas rappeler; car, en
toute chose, il veut avoir mon conseil. Et, je pense, mon enfant, si tu
veux écouter cette tête blanchie par les ans, qu'il convient que toi aussi
tu te rendes près de lui. Viens t'asseoir à ses côtés et console sa fai-
blesse. Les petits soins séduisent le cœur de ceux qui sont à leur dernier
moment; les mourants ont leur âme dans les yeux. Ainsi parla le renard.
A ces paroles artificieuses, le cerf fut tout enflé d’orgueil. 11 se rendit vers
l'antre creux du lion, ne sachant pas quel sort on lui réservait dans ce
lieu. Le lion, emporté par une ardeur imprudente , s’élança de sa couche
et déchira du bout de ses ongles les oreilles de la bête craintive, qui,
franchissant la porte de l’antre, s'enfuit tout droit jusqu’au milieu de la
forêt. Le renard voyant toutes ses peines dépensées en pure perte, se tordit
les mains de dépit. L'autre grinça des dents et poussa un profond soupir;
car il était tourmenté également par la colère et par la faim. Il supplia
alors une seconde fois le renard d’imaginer une ruse qui pût lui fournir
une victime. Le renard ayant sondé toutes les profondeurs de son esprit:
Vous me demandez de nouveau, dit-il, une chose difficile; cependant, je
veux remplir vos désirs. Et, semblable à une chienne intelligente, il se
mit à suivre le cerf à la piste, ourdissant des trames et combinant toutes
ses ressources. Îl demandait à chaque berger qu’il rencontrait s'il n'avait
pas vu s'enfuir un cerf tout sanglant. Tous ceux qui l’avaient aperçu
lui montrèrent le chemin, jusqu’à ce qu’enfin il le trouvàt dans un lieu
ombragé, se rafraîchissant après les fatigues de sa course. Et c’est là que,
dans son effronterie, il alla se poster sans baisser le sourcil; cependant
une froide sueur se répandit sur le dos et les jambes du cerf. Sa poitrine
bouillonnait de colère, et il s’adressa au renard en ces termes : Ainsi
donc tu me poursuis en tous lieux, et c’est en vain que je te fuis! Mais
cette fois-ci, à objet de ma haine! tu n'auras pas à te glorifier, si tu vap-
proches de moi ou m’adresses la parole. Va-t-en tromper d’autres que moi
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 71
qui n'ont encore aucune expérience; prends-en d’autres pour en faire des
rois. Mais le renard sans se déconcerter : Comme tu es poltron, lui dit-il
sournoisement ! que tu es accessible à la crainte ! C’est donc ainsi que tu
as peur de tes amis? Le lion voulant t’être utile et cherchant à te guérir
de ton ancienne mollesse, l’a pris par l'oreille comme un père mourant.
Il se préparait à te donner les instructions nécessaires et à apprendre com-
ment on conserve un empire aussi étendu que le sera le tien. Mais toi, tu
n'as pu supporter les caresses de sa main défaillante, et c’est en te retirant
que tu t'es blessé plus grièvement qu'il ne voulait; et maintenant il est
plus en colère que toi. T’ayant reconnu trop léger et trop peu confiant,
il veut donner, dit-il, le sceptre au loup. O dieux! quel méchant souve-
rain! Tu seras la cause de notre malheur à nous tous. Oh! viens, et ne
sois plus si peureux! Ne tremble pas comme une brebis éloignée du trou-
peau; car, Je te le jure par toutes les feuilles et par toutes les fontaines :
qu'à jamais je devienne ton esclave, s’il a envers toi de mauvaises inten-
tions et s’il n’est pas vrai que, dans sa haute bienveillance, il te donnera
le sceptre du royaume des animaux. Le cerf, cajolé de la sorte, se laissa
engager à retourner vers la fatale demeure. Mais à peine fut-il enfermé
dans un coin du taillis que le lion s’en fit un festin savoureux, mangeant
ses chairs, suçant la moelle de ses os, déchirant ses entrailles. Le pour-
voyeur se tenait là entretemps convoitant une partie de la proie; et, le
cœur du cerf étant tombé, il le déroba et le mangea en cachette. Voilà la
seule récompense qu’il obtint pour toutes ses peines. Cependant le roi
compta les intestins un à un, et ne pouvant découvrir où était resté le
cœur, qui seul lui manquait entre tous, il fouilla sa couche et toute sa
demeure. Mais le renard, par ses trompeuses paroles, sut cacher la vérité,
et dit au lion : Son cœur....: il en était dénué : cessez de chercher vaine-
ment. Comment aurait-il eu un cœur, lui qui est venu jusqu’à deux fois
dans la caverne du lion? »
Il nous a été impossible de découvrir des traces de cette fable anté-
rieures à Babrius, à moins qu'on ne veuille considérer comme telles quel-
ques vers hexamètres cités par Suidas !, qui, d’après l'opinion de Bentlei,
Ÿ Sub, v. y Zpcoacr* à Môdex. « I] ne veut pas du léopard , à cause de son caractère iras-
72 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
ont été composés avant l’époque de ce poëte. Comme, toutefois, l'autorité
de Lachmann ! est contraire à cette supposition, il est au moins permis
de douter. Quant à nous, nous ne partageons pas la manière de voir de
Bentlei; mais, quoi qu'il en soit, nous possédons la garantie que la fable
grecque que nous avons sous les yeux est bien sûrement une fable antique.
Le rapport qu'il y a entre la version grecque et la version sanscrite est
d'autant plus digne de remarque. Il est à peine nécessaire , pensons-nous,
d’insister sur la ressemblance des deux fables, de montrer comment dans
l’une aussi bien que dans l’autre, il s’agit d’un lion malade, ayant un
renard ou un chacal pour ministre, lequel, par des paroles doucereuses,
réussit jusqu'à deux fois à tromper sa victime; de faire voir que, dans lun
et dans l’autre récit, le lion blesse d’abord sa proie sans pouvoir la saisir;
d'appeler enfin l'attention sur la réponse du renard, qui, dans les deux
fables, mange le cœur de la victime et s’en excuse de la même manière.
Les quelques différences qui distinguent les deux fables sont assurément
de peu d'importance. Si l'âne de la fable indienne est remplacé chez
Babrius par le cerf, cela s'explique d’une manière fort naturelle. En
effet, dans toute l’antiquité grecque, non-seulement chez les poëtes, mais
aussi sur d'innombrables peintures de vases, le cerf et la biche sont la
proie ordinaire du lion. Ajoutez à cela que déjà chez Homère on trouve
les mots xgan épuo employés en guise de proverbe, quoique le mot pd
y ait une signification différente de celle qu'il faut lui attribuer dans la
fable; car il est évident que xd ne signifie pas ici le courage, mais
l'esprit, de même que le mot hridaya (cœur; comparez le flam. hart) en
sanscrit ?.
cible. » S. v. Tl224. « I] a dit beaucoup de mal du tigre insolent. » S. v. œyx&. « Le cerf rapide,
trompé par ces avantages. »
! Préface de l'édit. de Babrius, par Lachmann, p. VIII.
? Voy. ci-dessus, p. 110. Tyrwhitt, dans sa dissertation sur Babrius (p.13, note 11), paraît ne
pas avoir connu cette signification du mot #99, quoiqu'elle ne soit nullement rare et se rencontre
dans tous les bons dictionnaires, ce qui nous dispense d'en donner des exemples. Il lui semble que
laconclusion de cette fable est bien peu digne du reste ; elle lui paraît froïde et inexacte. Mais il
est clair, au contraire, que c’est dans la réponse du renard que se trouve toute la morale de la
fable. Il faut être, dit-il, dépourvu de raison pour venir deux fois chez le même ennemi. Du reste,
il ne sera pas sans intérêt de faire observer, à propos de cette même note de Fyrwhitt, combien
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 75
Une seconde différence qu’on aura sans doute remarquée ne présente
pas non plus de difficultés. D'après le récit de Babrius, le renard ne mange
pas les oreilles de la victime, tandis que, dans l’apologue sanscrit, le
renard , après les avoir dévorées, prétend qu’il est impossible que l’âne en
ait eu. Ce trait est d’autant plus piquant, que c’est précisément à cause de
la longueur de ses oreilles que l’âne a reçu le nom de Lambacarna. La cause
de cette différence est facile à trouver. En sanscrit acarna (c’est-à-dire sans
oreilles) veut dire sourd et stupide. À ce point de vue donc, on peut très-bien
dire que l'âne a été un acarna, qu'il a été privé d'oreilles. Mais la langue
grecque n'offre aucune expression analogue, et si le fabuliste grec avait
fait entrer ce trait dans sa fable, ses compatriotes n'auraient pas su le
comprendre.
M. Grimm, dans son Reinhart Fuchs (p. cezxxwi), croit avoir découvert
une troisième différence. Il pense , en effet, que, dans le récit primitif, le
lion voulait se guérir au moyen du cœur et des oreilles de sa proie ; et
c’est ainsi, il le faut avouer, que la chose est rapportée dans la version
anglaise du Calila et Dimna ( Knatchbull, pp. 264-267), dans la traduction
française du Pantcha-tantra (Dubois, p. 199), dans le Specimen Sapientiae
veterum Indorum (pp. 322 et suiv.), ainsi que dans le Bidpaï de Galland (1. VE,
p. 54). Mais si c’est là la version primitive, elle renferme une difficulté
inextricable. Le lion doit se guérir au moyen des oreilles et du cœur de
sa victime, et ce sont précisément ces deux parties que dévore le renard.
Pourquoi cela? Le renard veut-il la mort du lion? ou bien n’est-il pas
content d’une seule victime? Croit-il que le lion en exigera une seconde,
afin de pouvoir, cette fois-là du moins, y trouver des oreilles et un cœur ?
Toutes ces suppositions sont également improbables. Il est vrai que dans
de progrès a faits depuis son époque l'étude de la littérature, tant grecque que sanserite eL arabe.
En effet, d'après l'opinion de ce philologue, la fin de la fable de Babrius a été imitée par l'auteur
du livre arabe intitulé : Calila et Dimna. Car il ne eroit pas pouvoir se ranger du côté de ceux,
qui (comme Starke, dans la préf. du Specimen Sap. vet. Indorum) soutiennent que cet ouvrage à
été traduit en grec trois cents ans avant Alexandre le Grand. Nous savons aujourd'hui que Babrius
n'a pas plus imité l'auteur du Calila et Dimna, que celui-ci n'a pris celui-là pour modèle; nous
savons, de plus, que l'écrivain arabe n'a fait sa traduction de la version pehlvi que vers le VIE siè-
cle de l'ère chrétienne. Et tout ceci nous le savons de science certaine.
Tou£ XXV. 10
74 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
le Bidpai de Galland ces difficultés ont été éludées. C’est le lion et non
pas le renard qui y mange le cœur et les oreilles de l'âne. Mais pour par-
venir à cette solution, il a fallu sacrifier une des plus belles parties de la
fable : la conclusion en est défigurée. Le texte du Pantcha-tantra, tel que
nous l'avons traduit plus haut, nous montre clairement que M. Grimm
s’est trompé. Le chacal mange le cœur et les oreilles de l'âne pour ne pas
être entièrement frustré du prix de ses courses. C’est de la même manière
que Babrius motive la chose : voilà, dit-il, la seule récompense qu'obtint
le renard pour toutes ses peines. Il n’y a qu’un seul point qui nous dé-
plaise dans le récit sanscrit. Le lion, y est-il dit, partagea sa proie avec
le chacal. Babrius a été plus conséquent, et nous ne sommes pas éloigné
de croire que dans l’apologue sanscrit primitif le chacal était forcé de
se dédommager lui-même, et que le lion n’y partageait pas sa proie avec lui.
Cette fable a aussi été traitée en latin par Avien (fab. 50), mais les chan-
gements qu'il y a faits sont des plus malheureux.
« Un paysan avait laissé s'enfuir un sanglier qui dévastait les moissons
et les riches guérets ; mais il lui avait enlevé une oreille, afin qu'emportant
le souvenir de cette douleur, il se gardàt dorénavant de ravager les tendres
moissons des autres. Mais ayant été attrapé de nouveau, pendant qu'il sil-
lonnait les champs, il perdit aussi l’autre oreille, qui avait été épargnée.
Peu de temps après, sa tête mutilée se montra derechef dans les blés. Mais
sa double punition le fit aussitôt reconnaître. Le paysan alors le saisit et le
fit figurer à la table splendide de son maître. Ille coupa en mille morceaux
pour le faire servir à toutes sortes de mets. Le repas terminé et le maître
cherchant le cœur du sanglier, — le cuisinier affamé, disait-on, l'avait pris,
— le paysan calma sa juste colère en soutenant que le stupide animal avait
été privé de cœur. En effet, dit-il, comment sans cela aurait-il pu être
assez insensé pour se faire plus d’une fois mutiler et pour permettre à son
ennemi de l’attraper si souvent? »
On aura remarqué, sans doute, que dans ce récit il est resté une trace
singulière de la fable indienne. Dans celle-ci le chacal dévore les oreilles
de l'âne, dans celle d’Avien les oreilles du sanglier sont coupées par le
paysan et dans Babrius le lion égratigne les oreilles du cerf.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 75
HI.
(Pantcha-tantra , 1. L, fab. 15.)
« Une tortue, appelée Cambugriva (c’est-à-dire portant une chaine au
cou) demeurait dans un lac. Deux oies, appelées Sankata et Vikata (c’est-
à-dire grande et petite), avaient bâti leur nid sur le bord du même lac
et avaient l'habitude de s’entretenir avec cette tortue sur les Dévarshis, les
Rägarshis et les Brähmarshis *. Mais le temps se passant de la sorte, sans
qu'il tombät de la pluie, le lac en question fut bientôt desséché. C’est ce
qui fit que les oïes furent affectées d’une vive douleur , et elles dirent à la
tortue : Chère amie, le lac que tu habites est plein de limon. Qu’adviendra-
t-il de toi ? Nous sommes profondément afligées. Cambugriva répondit : le
manque d'eau me rend ce séjour inhabitable. Cependant ne désespérez pas
pour cela de mon salut. Car « l’homme de bien porte secours à ses parents
et à ses amis , lorsqu'ils sont accablés de malheurs. » Voilà ce que dit la
loi de Manou. Apportez-moi donc une corde solide ou un morceau de bois
d’agallochum ou quelque chose de pareil, et alors nous chercherons en-
semble un lac renfermant une grande quantité d’eau. Car je prendrai ce
bois en travers entre mes dents, et de cette manière vous pourrez me
transporter dans un lac, comme je viens de le dire. Les deux oies répli-
quèrent : Nous ferons ainsi; mais tu dois nous promettre de garder le
silence. La tortue répondit : Je vous jure par tous les dieux, que tant que
je naviguerai dans les airs, jusqu’au moment où nous atteindrons le lac,
je ne proférerai pas un seul mot. Mais pendant que Cambugriva volait dans
les airs, elle remarqua au-dessous d’elle une ville très-considérable. Les
habitants de cette ville, ayant aperçu la tortue, voiturée de la sorte, se
mirent à rire et à pousser des cris : Voyez, voyez, dirent-ils, quel équipage
ces oiseaux conduisent par les airs. Cambugriva ayant entendu ces paroles
1 C'est-à-dire les saintes divinités, les saints rois et les saints brahmanes.
76 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
s’écria : Quelles sont donc ces clameurs ? Mais elle eut à peine prononcé
la moitié de ces mots qu’elle tomba et fut fracassée. Voilà pourquoi je dis :
Quiconque méprise les conseils d’amis bienveillants périra comme la tor-
tue insensée. »
Cette fable est racontée de la même manière dans le Hitopadéça; tous
les personnages y portent les mêmes noms; il n’y a que cette double dif-
férence : d’abord, dans le Pantcha-tantra, c’est la sécheresse qui fait délo-
ger la tortue, tandis que dans le Hitopadéça ce sont des pêcheurs qui se
vantent d'attraper la tortue; ensuite, dans le premier de ces recueils, les
habitants de la ville effraient la tortue, tandis que, dans le second, ils lui
disent des injures auxquelles elle a l’imprudence de répondre.
Babrius a rapporté cet apologue d’une manière un peu différente; mais,
d’un autre côté, les ressemblances des deux versions sont si grandes, qu’il
est impossible d'en méconnaître la commune origine .
« Une tortue paresseuse s’adressa un jour en ces termes à des plon-
geurs de marais, à des mouettes et à des céyx chasseurs : Ah! si quel-
qu’un voulait me donner des ailes!
» Un aigle se trouvant là par hasard : Quel prix, dit-il , veux-tu payer à
l'aigle qui t’'élèvera dans les airs et te rendra légère. Je te donnerai, reprit-
elle, tous les trésors que renferme la mer Érythrée. À ce prix, dit l'aigle,
je veux être ton maître. Et l'ayant saisie par derrière, il alla la cacher
dans les nues, puis de là, il la précipita sur un roc, où l’écaille de son dos
fut entièrement fracassée. En mourant elle prononça ces mots : Jai mérité
ma mort; qu'avais-je, en effet, besoin de voler dans les nues, moi qui ne
pouvais, qu'avec peine, me trainer sur la terre ? »
Il ne faut pas s'étonner que, dans ce dernier récit, l'aigle occupe la
place de l’oie. L’aigle était l'oiseau favori des Grecs. C’était le messager
de Jupiter; il avait enlevé Ganymède, etc. Chez les Indiens, au contraire,
l'oiseau de prédilection des poëtes, c'était l’oie ou plutôt le flamingo
(hansa ).
La disparité est plus grande en ce qui concerne la morale des deux
1 Voy. Babrius, fab]. 415.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 77
fables. Par la première, on veut nous montrer qu’il ne faut faire aucun
cas des discours du vulgaire; tandis que la seconde nous apprend à ne
rien entreprendre qui soit contre notre nature !.
Du reste, il semblera probable que la fable grecque est plus ancienne
que Babrius, si l’on prend en considération ce qu'Élien nous raconte
d'Eschyle ?.
Ce poëte était assis sur une roche, méditant et écrivant selon sa coutume.
Il était entièrement chauve. Un aigle prenant sa tête pour un roc, laissa
_choir sur elle la tortue qu'il avait dans ses serres. Il ne manqua pas son
but, et de cette manière le poëte périt. »
Il est évident que nous n'avons pas affaire ici à de l’histoire. Personne
n'a constaté jusqu'à présent que les aigles usent d’un pareil procédé pour
briser l’écaille des tortues. De plus, il n’y a pas de rochers dans les envi-
rons de l’Etna, où mourut le plus grand des tragiques. Nous avons donc
devant nous une anecdote controuvée, et cette anecdote n’a pu naître que
de la fable que nous venons de traduire. Il ne s’agit donc que de savoir si
ce conte a été inventé avant ou après Babrius ; or, selon toute probabilité,
il lui est antérieur 5.
La fable 7 du 2" livre de Phèdre présente des modifications impor-
tantes. Néanmoins les traces de ressemblance qu’elle a conservées ne per-
mettent pas de douter de la communauté d’origine qui relie cet apologue
aux deux autres que nous avons transcrits.
« Un aigle emporta une tortue dans les airs. Mais elle couvrit si par-
faitement son corps de sa maison d’écaille, qu'il n’y avait pas moyen de
l'attaquer dans sa demeure. Une corneille passant à côté d’eux dans son
! L'épilogue de la fable indienne, tel que nous l'avons rapporté, n’exprime pas la conclusion
qu'elle renferme en effet, Cette remarque n’est pas seulement applicable aux apologues de l'Inde,
elle doit aussi être faite très-souvent par rapport à ceux de la Grèce. Jacobs (Nachtraege zu Sul-
zers Theorie der schoenen Kuenste, 1. V, pp. 295 et suiv.) a très-bien fait voir combien les épilo-
gues des fables grecques sont parfois absurdes.
2 Voy. Hist. anim., |. VII, ch. 47.
* Au moment où nous écrivions ces lignes, M. Welcker faisait imprimer, dans le Musée du Rhin,
une dissertation dans laquelle il démontre clairement que la mort d'Eschyle , telle que la raconte
Élien, est une pure fiction.
78 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
vol : Tu emportes dans tes serres, dit-elle à l'aigle, une proie excellente;
mais à moins que je ne te montre ce que tu dois en faire, elle te fatiguera
en vain par le poids de son corps. Après avoir fait son marché, elle l'exhorta
à jeter du haut des astres sur un rocher cette écaille si dure. Car, dit-
elle, se brisant de la sorte, elle sera pour toi un repas très-facile.
» L'aigle, persuadé par ces paroles, obéit à ce que lui dit la corneille et
lui donna en récompense une large part de sa proie. »
On aura déjà peut-être observé que la fable indienne n’est pas sans
analogie avec celle du Renard et du Corbeau (Babr., f. 77). En effet, c’est
en ouvrant la bouche que, dans celle-ci, le corbeau perd son fromage, et
que, dans celle-là, la tortue perd la vie. Nous doutons qu'une pareille
ressemblance puisse être considérée comme un pur effet du hasard. Nous
ne voulons pourtant pas nous appesantir là-dessus.
Nous aurions pu traduire ici la 2% fable d’Avien. Mais comme elle s’ac-
corde de tout point avec le récit de Babrius , nous avons pensé ne pas devoir
allonger inutilement ce mémoire.
IVe
(Pancha-tantra, 1. AN, £. 7.)
« La femme d’un villageois abandonna son mari pour suivre son amant;
en partant, elle emporta avec elle toutes ses richesses. Étant arrivée au
bord d’une rivière, son ami l’engage à lui remettre tout ce qu'elle a. Je
porterai d’abord, dit-il, vers la rive opposée tes habits et tout ce que tu
as; ensuite je viendrai te chercher toi-même. La femme y consent; lui se
hâte d’emporter tous ses biens, et il la laisse toute nue sur le rivage du
fleuve. Les choses en étant à ce point, un chacal vint au même endroit
près de l’eau; il portait un morceau de chair dans la bouche. S’étant arrêté
et ayant regardé autour de lui, il découvrit un grand poisson qui était
sorti de l’eau et se reposait sur la rive. Dès qu'il l'eut aperçu, il jeta à
terre le morceau qu'il tenait en bouche, et se dirigea vers le poisson.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 79
Entretemps un vautour, descendu des hauteurs de l'air, enleva le morceau
de chair et revola vers les nues, tandis que le poisson, qui avait vu venir
le chacal, se hàta de rentrer dans le fleuve. Le chacal, voyant ainsi ses
espérances frustrées, remarqua seulement alors que son morceau de chair
était devenu la proie d’un vautour. La femme lui dit en souriant : Pourquoi
étonner, à chacal! que tu n’aies ni chair ni poisson? Le vautour a pris
l’une, et l’autre est descendu dans les flots. Le chacal ayant entendu ces
paroles, et voyant qu'elle avait perdu son mari, son amant et ses biens, lui
répondit en riant tout haut : Ta sagesse est de moitié plus grande que la
mienne. Pourquoi t’étonner? Tu n’as maintenant ni mari, ni amant, et tu
es abandonnée toute nue sur le rivage du fleuve. »
Une fable tout à fait analogue se trouve chez Babrius (fabl. 79), et l’on
en rencontre six versions différentes chez Coraï, pp. 155 et 156.
« Un chien avait volé dans une cuisine un morceau de viande. Lon-
geant avec sa proie le bord d’une rivière, il vit que l'ombre qu'elle pro-
jetait dans les flots était beaucoup plus grande que la viande elle-même.
Il la lâcha donc pour s’élancer sur l’image; mais il ne trouva ni l’image
ni la proie, et regagna la rive, l'estomac affamé. »
Toutes les fables correspondantes chez Coraï sont parfaitement sembla-
bles à celle que nous venons de traduire, à l'exception, toutefois, d’une
seule, qui est empruntée au recueil publié, pour la première fois, par
Mathaei, en 1781, sous le nom de Fables de Syntipas 1.
Dans le récit de cet auteur, il est dit que la viande du chien fut enlevée
et mangée par un corbeau qui passait là d'aventure, circonstance qui nous
rappelle la fable indienne.
Le même détail se trouve aussi dans les fables de Locman, ce qui ne
doit pas nous étonner, attendu que, d’après les recherches de M. Grauert?,
les fables de Syntipas et de Locman ne sont que la traduction les unes
des autres 5.
1 Il ne faut pas confondre les fables de Syntipas avec un autre ouvrage dont nous avons parlé
plus haut et qu'on attribue également au persan Syntipas.
2 De Aesopo et fabulis Aesopiis, p. 96.
5 En outre, M. Grauert a rendu très-probable que le fond de ces fables est décidément grec, et
80 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
Phèdre a traité cette fable à l'exemple des Grecs (1. 1, f. 4):
« Un chien traversant un fleuve à la nage, pendant qu'il avait un mor-
ceau de viande dans la gueule, aperçut son image dans le miroir des
eaux ; et, croyant qu'il avait devant lui un autre chien avec une proie dif-
férente, il résolut de la lui arracher. Mais son avidité fut trompée; car il
perdit la nourriture qu'il tenait dans la gueule, sans pouvoir attemdre
celle qu'il avait poursuivie. »
Il y a dans la manière dont cette fable a été traitée par les Grecs et par
Phèdre une circonstance qu’on ne trouve pas dans la version sanscrite ;
car il y est dit que le chien attaque sa propre image. Ce trait si ingénieux
est employé dans une autre fable indienne qu’on nous pardonnera pour
cette raison de transcrire; car une pareille analogie ne saurait être attri-
buée au hasard. Cette fable a été traitée à la fois dans le Pantcha-tantra
(t. I, p. 8) et dans le Hitopadéça (t. IT, p. 11). Puisqu'il ne s’agit ici que
d’un trait accessoire, nous préférons nous en tenir à ce dernier recueil,
dans lequel ce récit est plus bref que dans l’autre.
« Un lion avait fait un traité avec tous les autres animaux. On était con-
venu que chaque jour un animal lui serait donné comme proie. Le lièvre
ayant vu s'approcher pour lui le terme fatal, imagina la ruse suivante :
Il s’avance tout lentement comme s'il avait une blessure. Le lion, irrité,
il pense que la version arabe a été faite sur le texte de Syntipas, dont il attribue la rédaction à
un savant de Byzance. Mais cette dernière opinion n’est nullement sûre. Car pourquoi le livre de
Syntipas ne serait-il pas une traduction de l'arabe? Nous croyons qu’on peut rendre très-plausible
cette seconde hypothèse. En effet, nous venons de voir plus haut que, dans la fable du Chien pour-
suivant l'ombre de sa proie, Syntipas et Locman ont emprunté, l’un et l'autre, un trait aux apologues
de l'Inde. Nous croyons pouvoir en conclure que la priorité doit être accordée à l'auteur arabe.
Car le changement signalé tout à l'heure provient plutôt d’un Arabe que d’un écrivain de Byzance.
Ceci est facile à comprendre. Dès le VIH siècle, le Calila et Dimnu fut connu des Arabes, et il
acquit bientôt chez eux une très-grande renommée, tandis que la traduction grecque qui ‘en fut
faite par Siméon Seth ne date guère que de trois siècles plus tard et n'acquit jamais une grande
publicité. Comment, d'après ces données, ne serait-il pas plus que probable que l'emprunt que
Syntipas et Locman ont fait au Calila et Dimna provient bien plutôt d'un Arabe que d'un Grec
de Constantinople? Or, s'il en est ainsi, voici l'opinion qu'il faudra se faire sur les deux ouvrages
en question : les fables de Loeman sont tirées de celles de la Grèce; mais on y à fait plusieurs
additions qui ne se trouvent pas dans les recueils attribués à Ésope, et c'est sur ce texte arabe,
dit de Locman, qu'a été faite la traduction grecque portant le nom du persan Syntipas.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 81
lui demande pourquoi il arrive avec tant de lenteur; le lièvre répond : Un
autre lion s’est emparé de moi, et n’a voulu me laisser partir qu’à condi-
tion que je jurerais de revenir bientôt chez lui. En quel endroit, dit le
lion, demeure cet insolent? Conduis-moi vers lui. Le lièvre conduisit le
lion vers un puits, et lui faisant contempler son image : C’est ici, dit-il,
qu’il demeure. Le lion, apercevant cette image, s’élança dans le puits où
il trouva la mort. »
Il arrivera plusieurs fois dans la suite que nous verrons qu’une fable
indienne, tout en reposant sur une base différente de celle des apologues
de la Grèce, présente néanmoins, d’un autre côté, sous le rapport des cir-
constances accessoires et des détails secondaires, une analogie telle avec
les fables d'Ésope, qu’il serait impossible de considérer comme fortuit un
rapprochement si singulier.
V.
(Pantcha-tantra, 1. EE, f. 15.)
« Dans une région montagneuse, il y avait un arbre élevé dans lequel
demeurait un oiseau appelé Simbukha, dans les ordures duquel il se trou-
vait de l'or. Un chasseur ayant remarqué cet oiseau, s’approcha de lui.
L'oiseau laissa choir ses ordures, qui aussitôt se changèrent en or. Le chas-
seur ayant vu cela s’écria : Depuis ma tendre jeunesse, pendant quatre-
vingts ans, j'ai pratiqué le métier d’oiseleur, mais jamais je n'ai remarqué
de l'or dans les excréments d’un oiseau. Ayant fait ces réflexions en lui-
même, il plaça ses lacets tout autour de cet arbre. L'oiseau imprudent,
sans aucune crainte de danger, alla s'asseoir à l’endroit qu'il occupait d’or-
dinaire, et fut bientôt engagé dans les lacets. L’oiseleur le plaça dans sa
cage et retourna chez lui. II se mit alors à penser en lui-même : Que ferai-Je
maintenant de cet oiseau? Si jamais quelqu'un s'aperçoit qu'il laisse
tomber de l'or, il ira l’annoncer au roi, et gare alors à ma vie. Je vais
moi-même le lui apporter. Ayant ainsi réfléchi, il exécuta son dessein.
Tome XXV. 11
82 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
» Le roi ayant vu cet oiseau fit de grands yeux, et ouvrant le lotus de
sa bouche !, il dit, plein de joie, à ses gardiens : Donnez à cet oiseau tous
les soins nécessaires. Tâchez de satisfaire tous ses désirs; donnez-lui à
manger et à boire ce qu’il veut. Mais un conseiller dit au roi : Pourquoi
garder cet oiseau que nous ne croyons extraordinaire que sur la foi d’un
oiseleur qui ne mérite aucune confiance? Sur ces paroles du conseiller, on
laissa l'oiseau s'envoler. Il s'enfuit en hâte, alla s'asseoir sur les arceaux
de la porte élevée, y déposa ses ordures dorées, et se mit à chanter : Moi,
le premier, j'ai été insensé, puis l’oiseleur, puis le roi. Nous ne sommes
qu'un troupeau d’insensés. Après quoi, il s’élança dans les airs. »
Qu'on compare avec cette fable celle de la Poule aux œufs d’or, qui se
trouve chez Babrius (f. 125).
« Une poule merveilleuse pondait des œufs d’or. Son possesseur s’ima-
gina que, dans ses entrailles, il devait y avoir un riche trésor. Il la tua
donc pour se rendre maître du tout; mais trouvant qu’elle était exacte-
ment semblable aux autres oiseaux, il gémit longtemps de voir ses espé-
rances frustrées; car le désir de posséder davantage le priva même de ce
qu'il avait d’abord. »
M. Fix à mis en doute l'authenticité de cette fable. Il ne croit pas que
Babrius l'ait écrite. Nous n’imaginons pas quel motif peut lui avoir inspiré
cette opinion; car le style de cet apologue n’est certainement pas indigne
du célèbre fabuliste. De plus, il se rencontre chez Ignatius Magister et
chez Avien, et nous avons fait observer plus haut que ces deux auteurs ont
emprunté à Babrius la plupart de leurs fables. Nous ne croyons donc pas
devoir nous arrêter à cette hypothèse toute gratuite.
L’apologue sanscrit a été également l’objet de différentes critiques.
M. Wilson le trouve fort peu ingénieux. Nous ne prétendons pas nous
poser en défenseur de la beauté de cette fable ; mais on ne peut pas cepen-
dant, pour ce motif, en contester l’origine indienne. Il est vrai que, lors-
qu'une fable est maladroitement racontée, en sorte que le point saillant
soit perdu de vue, on peut très-souvent en conclure qu'elle ne doit cette
! C'est-à-dire sa bouche merveilleuse.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 85
fausse couleur qu'à une imitation malheureuse. C'est ce que Jacobs à
prouvé avec beaucoup de sagacité (1. I, p. 287). Mais si l’on voulait induire
de là que la fable que nous avons sous les yeux n’est pas originaire de
l'Inde, qu'elle a été, par exemple, empruntée aux Grecs, on admettrait
une supposition insoutenable. Nous ne voulons pas contester, néanmoins,
que les Grecs aient conservé la forme primitive de l’apologue en question ;
car dans la fable du Serpent bienfaisant (Pantcha-tantra , t. IX, p. 5), que
nous allons faire connaître à l'instant, cet animal est tué par un brahmane
trop avide, tout juste comme l'oiseau aux œufs d’or est tué d’après ce que
raconte Babrius. Voilà une première circonstance que l’auteur du Pantcha-
tantra nous semble avoir modifiée. Un second détail qui paraît avoir été
altéré dans le récit sanscrit, c’est que, d’après Babrius, l'oiseau mer-
veilleux pond des œufs d’or, tandis que, dans le recueil indien, ce trait
a été changé d’une façon peu heureuse. En effet, des œufs d’or sont men-
tionnés si souvent par les poëtes indiens, qu'on à pu, avec raison, consi-
dérer comme une tradition orientale l'œuf d’argent des poëmes orphiques !.
Nous admettons donc volontiers que la forme sous laquelle cet apologue
a été raconté chez les Grecs est plus primitive que le récit sanscrit. Mais
ceci, loin d'être contraire à ce que nous voulons démontrer, ne fait que
nous y conduire d’une manière plus directe; la ressemblance n’en est que
plus grande.
Nous avons dit plus haut que la fable du Serpent bienfaisant renfer-
mait quelque analogie avec celle de la Poule aux œufs d’or. Comme elle
se rencontre également chez les Latins et les Grecs, nous allons la faire
connaître telle que le Pantcha-tantra la rapporte.
1 Il est vrai que M. Lobeck, dans son Aglaophamos (p. 476), est d'une opinion tout à fait dif-
férente.
84 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
VE
(Pantcha-tantra, 1. HI, f. 5.)
« Dans une certaine contrée demeurait un brahmane appelé Haridatta ;
malgré les soins qu'il vouait à la culture de son champ, il ne pouvait
cependant en retirer aucun profit. Une fois, — c'était un jour d'été, — il
s’endormit, accablé de chaleur, au milieu de son champ, sous l’ombrage
d'un arbre; et il vit en songe un terrible serpent qui était roulé sur une
fourmilière, et sur la tête duquel se dressait une crête superbe. Il songea
alors en lui-même : N'est-ce pas là le dieu et le gardien de mon champ
que jusqu'à présent je n’ai pas encore vénéré, à l'effet d'obtenir que mon
champ soit fertile? Je vais aujourd’hui même lui porter mes offrandes.
Ayant réfléchi de la sorte, il versa du lait dans un vase, et s’écria à haute
voix : O toi! le gardien de mon champ, jusqu'à présent je ne t'ai pas
encore honoré, car j'ignorais que tu fusses en ce lieu; daigne maintenant
m’accorder ton pardon. Ayant alors déposé le lait, il retourna chez lui.
Le lendemain matin étant revenu au même endroit, il trouva un dinara !
sur le sommet de la fourmilière ; et de même il trouvait journellement un
dinara à mesure qu’il offrait du lait au serpent. Un jour, il chargea son fils
d'aller à la fourmilière pour y apporter du lait, car lui-même devait se
rendre en ville. Le fils y ayant apporté et déposé le lait, retourna chez
lui; mais le lendemain ayant vu le dinara, il le prit et songea en lui-même :
Ce monticule pourrait bien être tout plein de dinaras. Si je tue le serpent
qui l’occupe, je pourrai tout emporter à la fois. Ces réflexions faites, le
fils du brahmane brisa le lendemain avec un bâton la tête du serpent.
Celui-ci ne périt pas, — un dieu le protégeait; — mais il mordit avec ses
dents venimeuses le jeune imprudent, qui mourut aussitôt et fut brûlé
! Le dinara est une pièce d'or, dont le nom semble avoir été emprunté au denarius romain.
Cette circonstance prouve de nouveau que la dernière rédaction du Pantcha-tantra est de beau-
coup postérieure à sa composition primitive.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 85
par sa famille réunie autour du bûcher funèbre. Le jour suivant, le père
revint de voyage, et ayant appris de sa famille la mort de son fils, il en
fut profondément aflligé, et alla le lendemain matin trouver de nouveau le
serpent, lui présentant du lait et invoquant à haute voix. Mais le serpent,
après s'être tenu longtemps à l'entrée de son trou, s’adressa en ces termes au
brahmane : Tu es encore plus avare qu’affligé de la mort de ton fils; c’est
l'avarice qui t'a conduit en ces lieux. Ne t'imagine pas que l'amitié puisse
de nouveau nous unir; car ton fils, obsédé d’une aveugle cupidité, m'a
frappé, et je l'ai mordu pour le punir. Comment pourrais-je oublier que
son bâton m'a blessé? et comment pourrais-tu être insensible toi-même à
la douleur que t'a causée la mort de ton fils? Après avoir prononcé ces
paroles, il lui donna un joyau d’une immense valeur; mais garde-toi bien,
lui dit-il, de revenir dans la suite. Il répéta encore une fois ces paroles et
se retira alors dans l’intérieur de son trou. Le brahmane retourna triste-
ment chez lui, déplorant la malheureuse cupidité de son fils. »
Plusieurs philologues ont déjà fait observer qu'il ÿ a une ressemblance
entre cette fable et celle de Coraï, p. 538, qu'il a empruntée au recueil de
Florence !.
« Un serpent, qui avait son gîte devant la porte d’un laboureur, fit
une blessure au pied de son enfant, qui en mourut aussitôt. Les parents
de l'enfant furent affectés d’une vive douleur. Le père, accablé sous le poids
de son malheur, prit une hache et tàcha de mettre à mort l'exécrable ser-
pent. Celui-ci fut à peine sorti de son trou pour aller chercher de la nour-
1 Divers motifs se réunissent pour nous faire croire que cette fable est empruntée à Babrius.
Déjà Corai a fait remarquer : « Qu'il se trouve dans cet apologue un grand nombre de vers dodé-
casyllabiques (c'est-à-dire choliambiques) que le diasceuaste a laissé subsister par impéritie, mé-
langeant ainsi de la prose et des vers. » Mais le MS. de la bibliothèque Bodléenne, dont nous avons
parlé plus haut, et qui a été consulté par Tyrwhitt, présente encore beaucoup plus de traces de la
rédaction métrique primitive. Voici quels sont les premiers mots de cette fable, dans le MS. en
question : Op yecpyob Tpobbpos gwAEday dyéihe) Gurod made ypmioy TÜu:. Le premier de ces vers
peut être corrigé au moyen d'un léger changement indiqué par M. Baiter (voy. Musée du Rhin,
V, p. 640) :
"Ogis vewpyoù Tps Obpoiri poAEUY.
Le second peut rester intact.
86 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
riture, que le laboureur courut après lui, et lui appliqua avec son arme
un coup formidable. Il ne parvint pourtant pas à le tuer, et lui emporta
seulement l'extrémité de la queue. Redoutant alors que le serpent ne le
tuàt lui-même, il prit de la farine, de l’eau et du miel, et pria le serpent de
faire sa paix avec lui. Mais le serpent, qui s'était caché sous un roc,
s’adressa à notre homme du fond de son trou, et lui dit avec un léger
murmure : Dès à présent il n’y a plus aucune amitié entre nous. Car je
suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux plus avoir envers moi
des intentions pacifiques, puisqu'à chaque instant tu vois le tombeau de
ton fils. »
La même chose est racontée avec de légers changements dans la
fable 42 du manuscrit florentin, ainsi que dans la fable 141 du recueil de
Nevelet. Seulement il est dit, dans ces deux versions, que le laboureur
frappe non pas la queue du serpent, mais le roc sous lequel il s’est réfu-
gié. On voit que, dans la fable grecque, comparée à la fable sanscrite,
il manque une circonstance importante, à savoir que le serpent est en
même temps un dieu, c’est-à-dire un é&y«fodæpu. Le laboureur, est-il dit
dans la version grecque que nous avons traduite, a peur que le serpent ne
l'attaque lui-même. Mais la suite du récit nous fait voir que le laboureur
craint la colère d’une divinité offensée. Il lui offre de l’eau, de la farine et
du miel, c’est-à-dire une offrande de tout point semblable à celle qui, dans
l'Odyssée, est présentée par Ulysse aux mânes des défunts. D’après une
autre version (Coraï, p. 141), le laboureur offre au serpent du pain et du
sel. Il est évident, surtout d’après cette dernière tournure, qu'il s’agit
bien moins d’apaiser le serpent en tant qu’animal, en lui donnant à man-
ger, que de calmer sa colère divine.
Il n’y a rien qui soit plus familier aux poésies de la Grèce qu'un ser-
pent sacré, ayant la garde soit d’un jardin, soit d’un temple, soit de toute
autre chose consacrée à un dieu. Perse nous dit dans ses satires ([, 115) :
Pinge duos angues, sacer est locus…
Le serpent qui, comme il est dit dans la fable grecque, avait son gîte
devant la porte d’un laboureur, était donc probablement, dans l’apologue
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 87
grec primitif, un serpent protecteur, ce qui augmente l’analogie entre les
deux fables précitées.
Il est assez remarquable que, dans la fable latine de Romulus (LE, 12),
cette circonstance ait été conservée. Cette fable, quoique écrite en prose,
renferme encore tant de traces de trimètres iambiques, qu’elle peut, à coup
sûr, être considérée comme antique. En voici la traduction :
« Un serpent avait l’habitude de venir dans l'humble demeure d’un
pauvre. Il était admis à sa table et se repaissait amplement des miettes
qu'on lui jetait à terre. Bientôt après, le pauvre étant devenu riche, il s'ir-
rita contre le serpent et le frappa de sa hache. Mais un petit espace de
temps s'étant écoulé, il vit de nouveau revenir son ancienne pauvreté, et
c'est alors seulement qu'il comprit que, si auparavant il s'était enrichi,
c'était au serpent qu'il devait ce bienfait. Il vint donc vers lui et le sup-
plia d’une voix caressante de lui pardonner le crime dont il s'était rendu
coupable. Le serpent répondit : Tu pourras t'en repentir jusqu'à ce que
ma blessure soit guérie. Mais ne crois pas cependant que dorénavant
je sois de tout point ton ami. Je veux me réconcilier avec toi, à condi-
tion que je ne me souvienne plus jamais de ta hache perfide. »
Nous devons faire observer la grande ressemblance qu'il y a, dans les
différents recueils, entre les réponses du serpent. Comment, dit-il dans la
fable indienne, pourrais-je oublier que le bâton de ton fils m'a blessé,
et comment pourrais-tu être insensible toi-même à la douleur que t'a cau-
sée la mort de ton fils? — Voici ce que porte le manuscrit florentin :
« Je suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux pas non plus
avoir envers moi des intentions pacifiques, puisqu’à chaque instant tu vois
le tombeau de ton fils. » — Dans une autre version (Coraï, p. 558) nous
trouvons ce qui suit : « Je ne puis pas me réconcilier avec toi en regar-
dant le rocher dont tu as fait sauter des éclats, et toi tu ne peux pas te
réconcilier avec moi, quand tu jettes les yeux sur le sépulcre de ton fils. »
— Ignatius Magister fait dire au serpent (Coraï, p. 25) :
TGe yévawro oupfBases
ft “ 0 ’ AE SAT 0 »
Eux où Tüufoy révd éyu métpay [Bhero.
88 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
C’est précisément cette réponse qui a donné naissance à une autre fable
indienne, dont le rapport avec celle que nous venons d'analyser n’a pas
échappé à M. Robert !. Elle se trouve non-seulement dans le Cala et
Dimna (HI, p. 95), mais aussi dans cette partie du Mahä-Bhârata, qui porte
le nom de Harivança (t. 1, p. 95, trad. de M. Langlois). Voici comment ces
deux ouvrages rapportent la fable : « Un perroquet, tourmenté par le fils
d’un roi, lui crève les yeux et s'envole. Le roi, malgré sa colère, engage le
perroquet à revenir, lui promettant qu'il ne lui adviendrait aucun mal.
Le perroquet répond qu’il ne pourra jamais oublier ce qui lui a été fait
par le prince, pas plus que le roi ne perdra la souvenance de ce qui est
arrivé à son fils. »
VII.
(Pantcha-tantra, 1. V, f. 15.)
« Dans une certaine contrée demeurait un brahmane, appelé Brahma-
datta. Il devait se rendre pour affaires dans un village voisin. Sa mère lui
dit: Mon cher enfant, pourquoi partir tout seul? Tâche d'emmener avec
toi quelque compagnon de voyage. Le brahmane répondit : Ne craignez
rien, ma mère. Le chemin que j'ai à faire ne présente pas le moindre dan-
ger. Je partirai tout seul pour terminer mes affaires. Sa mère, voyant que
sa résolution était arrêtée, se dirigea vers la source voisine, à côté de
laquelle se trouvait un arbre; et prenant une écrevisse du creux de cet
arbre , elle la donna à son fils, en ajoutant ces mots : Mon fils, si tu as ré-
solu d'aller seul en voyage, emporte du moins l’écrevisse que voici; puisse-
t-elle te tenir lieu d’un ami! :
» Le brahmane, qui avait envers sa mère une piété vraiment filiale ,
accepta des deux mains l’écrevisse, et la plaçant dans du cardamome et du
campbre, il enveloppa le tout d’une peau; après quoi il partit à la hâte.
Chemin faisant, il fut tellement accablé par la chaleur, qu’il alla se reposer
! Fables inédiles, ete., t. I, p. 272 et suiv.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 89
au pied d’un arbre, où un doux sommeil s’appesantit sur ses yeux. Aus-
sitôt un noir serpent s'échappe du creux de l’arbre et se dirige vers lui.
Mais alléché par l'odeur du cardamome et du camphre, il laissa le brah-
mane de côté et dévora avidement l’écrevisse qui, en entrant dans son
gosier, devint la cause de sa mort. Le brahmane s'étant réveillé et ayant
ouvert les yeux, vit à proximité de lui la peau déchirée et le serpent privé
de la vie pour avoir avalé l’écrevisse. Il pensa alors en lui-même : Ma mère
avait bien raison de dire qu'il fallait prendre avec soi au moins un com-
pagnon de voyage, et que jamais on ne devait partir tout seul. Car je puis
le dire sans la moindre hésitation : c’est cette écrevisse qui m'a préservé
de la morsure du serpent. »
On trouve dans Coraï (f. 70) un récit analogue.
« Un serpent passait sa vie en compagnie d’une écrevisse, avec laquelle
il avait fait une alliance d'amitié. L’écrevisse, dont le cœur était droit,
engagea le serpent à renoncer à ses fourberies. Mais celui-ci ne voulut,
en aucune façon, se laisser persuader. Alors l’écrevisse ayant attendu qu'il
fût endormi, le prit par la gorge et lui ôta la vie en le serrant entre ses
pinces. Voyant ensuite le cadavre du serpent étendu tout au long sur la terre,
elle s’adressa à lui en ces termes : C’est ainsi qu'auparavant tu aurais dû
être simple et droit; car, à cette condition, tu aurais échappé à la punition
que tu viens de subir. »
Phèdre à raconté la même chose, quoique d’une manière un peu diffé-
rente (1. IT, f. 25).
« Couvrez-vous de la peau du renard, quand celle du serpent ne peut
plus vous suffire. — Un serpent prit un lézard qu'il rencontra en chemin;
déjà il ouvrait sa gueule pour l’avaler, lorque le lézard ramassa une petite
branche d’arbre qui se trouvait à côté de lui; et la tenant fermement en
travers de la gueule du serpent, il modéra son avidité par cet obstacle
ingénieux, et le força à lâcher une proie inutile. »
Nous devons faire connaître également ici une fable du Hitopadéca (1. AV,
f. 7), qui renferme, il est vrai, des personnages autres que ceux des apologues
traduits ci-dessus, mais qui, d’un autre côté, comme on pourra s'en con-
vaincre, repose sur une base semblable. Nous n’en donnons qu’un résumé.
Tome XXV. 12
90 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
« Une cigogne, affaiblie par l’âge, alla se placer tristement au bord
d’un étang. Une écrevisse lui demandant la cause de sa tristesse, elle ré-
pondit que bientôt des pêcheurs viendraient attraper tous les poissons de
l'étang, et qu’ainsi elle devrait mourir de faim. Les poissons, effrayés par
ces paroles, demandèrent à la cigogne s’il n’y avait pas pour eux un moyen
de salut. Le seul, leur dit-elle, que je connaisse, c’est de s'enfuir dans un
autre étang ; et je vous offre mes services pour vous y porter. Les poissons
consentirent, et la cigogne les dévora naturellement les uns après les autres.
Enfin l’écrevisse demanda aussi à être transportée ; mais apercevant bientôt
les arêtes des poissons éparpillées sur le sol, elle fut saisie d’une grande
frayeur. Toutefois, après un instant de réflexion, la cigogne ayant étendu
son cou pour la tuer, l’écrevisse le lui coupa au moyen de ses pinces. »
La fable du Serpent et de l’Écrevisse doit être d’une grande antiquité
chez les Grecs, puisqu'il y est fait allusion dans une chanson de table,
(cxkéy) assurément très-ancienne, quoique ce soit à tort qu'on l'ait attri-
buée ! à Alcée. Bentlei a émis l’opinion que cette chanson était antérieure à
Ésope. Nous ignorons complétement quels motifs ont pu lui inspirer cette
idée ; mais en tout cas le cou en question doit remonter à une date très-
reculée. Il y a quelque temps que M. Cobet, professeur à l’université de
Leyde, dans son excellente Oratio de arte interpretandi, p. 107 , en a parlé
avec quelque détail, et a proposé de l’écrire de la manière suivante :
ae Be Pete
O À racuivos m9 pal ra|yox rèv oqu af,
Edfèy ph Tov étaïpoy spuey vai un cxcluar povEi.
Cette chanson a-t-elle donné naissance à la fable grecque racontée par
Planude, ou bien, au contraire, fait-elle allusion à une fable déjà existante?
Jacobs a adopté la première de ces deux hypothèses, mais il nous est im-
possible de partager son avis. Comment, en effet, demanderons-nous, ce
ché aurait-il pu être compris, s’il ne s'était rapporté à une fable connue?
I n’y a aucune analogie entre ce que fait et ce que dit l’écrevisse, à moins
qu'on ne se rappelle la narration de Planude. « L’écrevisse prend le ser-
1 C'est ce qu'ont fait de Furia et Coraï. Le #45 est rapporté par Athénée.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 91
pent dans ses pinces et lui dit : La droiture convient à un ami; il faut qu'il
abandonne tout projet artificieux. » Si l’on n’ajoute à cela la circonstance
de la mort du serpent qui est étendu de son long sur le sol, on ne pourra
jamais saisir le sens caché de la chanson. [I n’y a pas jusqu’à l’article défini
(o xaprives, ta ow), qui ne dénote qu’il est fait allusion à un apologue connu.
Nous croyons donc l'opinion de Jacobs tout à fait dénuée de fondement;
la chanson de table, tout antique qu’elle soit, fait néanmoins allusion à
une fable encore plus ancienne.
Il sera à peine nécessaire d'appeler l'attention du lecteur sur l'excellent
bon mot que renferme cette courte chanson. Il s’agit d’une chanson de
table, appelée par les Grecs 544. Or, le poëte avertit ses amis qu’ils ne
doivent pas orouù op: , Ce qui signifie en même temps avoir des projets arti-
ficieux et méditer des chansons de table.
Il y à surtout une chose qui nous intéresse dans la comparaison que
nous avons entreprise. Il s’agit particulièrement de savoir de quel côté les
apologues sont venus à la connaissance des Grecs : s’ils ont été inventés
dans la mère-patrie, ou bien s’ils leur sont arrivés des contrées orientales.
Dans le cas présent, nous sommes à même, par un récit d'Élien (His.
anim., XNI, ch. 58), de constater que c’est de la ville d'Éphèse que les
Grecs reçurent la fable de l'Écrevisse. Car voici littéralement ce que nous
rapporte cet auteur.
« J'ai appris que dans Éphèse, la capitale, il y a un marais, à côté
duquel se trouve une caverne. Dans cette caverne il y a une énorme quan-
tité de serpents formidables, très-grands, et dont la morsure est terrible.
» On rapporte qu'ils sortent de cet antre et qu'ils se dirigent vers le ma-
rais voisin et y nagent, mais que dès qu'ils essaient d'avancer, ils en sont
aussitôt empêchés, parce qu'au moment où ils vont toucher la terre, ils
sont attaqués par de grandes écrevisses qui les prennent entre leurs pinces
et les serrent si fortement, qu’elles les étouffent. C’est pourquoi les ser-
pents, redoutant leurs ennemies, se tiennent en repos. Car ils ne peuvent
pas atteindre la terre ferme, attendu que la garde des écrevisses les effraie,
et qu'ils craignent d’être punis par elles. Et depuis longtemps déjà les
habitants de ces lieux auraient perdu la vie, s’il n’y avait pas une cause
92 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
cachée, retenant les écrevisses sur les bords du marais, pour empêcher
les serpents d’en sortir et pour donner la sécurité à toute cette contrée. »
Nous ne pensons pas que quelqu'un prétende voir dans ce récit autre
chose qu'une fable. Il faudrait , en effet, peu connaître le caractère de la
plupart des contes d’Élien, pour vouloir attribuer la vérité historique à
une narration évidemment controuvée. Nous ne pouvons tirer de tout ceci
qu'une seule conclusion, savoir qu’une pareille tradition existait à Éphèse;
car ce n’est pas là ce que nous contestons à Élien; nous l’admettons au
contraire volontiers, mais pour en inférer que la fable de l'Écrevisse et
du Serpent vint probablement de l'Asie Mineure dans la Grèce, ce qu'il
importe de ne pas oublier.
VIII.
(Pantcha-tantra, 1. TEE, f. 12.)
Comme cette fable contient dans l'original beaucoup de détails super-
flus, ne contribuant nullement à expliquer l’action principale, nous en
élaguerons tout ce qui nous paraît inutile.
« Sur les rives du Gange demeurait un homme marié qui, se baignant
un jour dans ce fleuve, attrapa dans sa main une souris , qui était tombée
du bec d’un faucon. Il la déposa sur une feuille de figuier, et continua à
prendre son bain. Mais bientôt il obtint par sa piété que la souris fût
changée en jeune fille; il la conduisit chez lui, et la présentant à sa femme
qui n'avait pas d'enfants, il lui dit : Veuille adopter cette souris comme
ta fille. Elle grandit sous sa garde soigneuse et parvint ainsi jusqu’à l’âge
de douze ans. Voyant alors qu’elle était nubile, la femme dit à son mari:
N’as-tu pas encore songé à lui choisir un époux? car le temps de la ma-
rier est venu. Assurément, reprit-il, je lui en chercherai un qui ait les sept
qualités suivantes : de la noblesse, de bonnes mœurs , de la fidélité, de la
sagesse, des richesses , un beau corps et de la jeunesse. Je veux donc ap-
peler le soleil, et demander à ma fille s’il lui convient comme mari. Il le
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 95
fit, et le soleil demanda : Qui m'appelle? Le père répondit : Voici ma fille;
si elle fixe son choix sur toi, tu seras son époux. Ensuite, il s’adressa à la
fille et lui dit : Comment te plait le soleil, lui qui habite les trois mondes ?
La fille répondit : IL est trop chaud; je n’en veux pas; j'en désire un meil-
leur. Le père s'adressant au soleil : Qui est plus puissant que toi, lui dit-
il? Le soleil répliqua : La nue, qui ne laisse pas passer mes rayons. La
nue ayant comparu, la fille n’en voulut pas davantage , prétextant qu'elle
était trop noire et trop froide. Le vent fut alors appelé, comme étant plus
puissant que la nue. Mais la jeune fille soutint qu'il était trop inconstant.
Le père fit alors venir une montagne ; car une montagne est plus puissante
que le vent; elle l'empêche d'avancer librement. La jeune fille cependant
se plaignit qu’un tel mari était beaucoup trop dur. Enfin, sur le dire de
la montagne, que les souris la surpassaient en force, puisque son pied
était miné par elles, le père fit comparaître une de ces dernières. À peine
la jeune fille l’eut-elle vue qu’elle s’écria : Voilà le mari de mon choix; et
son père obtint bientôt par ses prières qu’elle fût de nouveau métamor-
phosée en souris. »
Il y a dans le Hitopadèça (1. IV, f. 6) une fable qui présente beaucoup
d’analogie avec celle que nous venons de traduire. Il est vrai que la morale
en est tout à fait différente, mais elle peut servir à prouver que l’idée sur
laquelle repose la fable du Pantcha-tantra est propre aux croyances de l'Inde.
« Dans le bois des pénitents du devin Gautama !, il y avait un saint
appelé Mahâtapas (c’est-à-dire grande ferveur). Un jour il vit non loin de
sa cellule une souris tomber du bec d’un vautour. Plein de compassion il
[la ramassa et] la nourrit de riz. Mais voyant qu'un chat rôdait en tapinois
autour d'elle, il parvint par la puissance de sa pénitence ? à la changer en
chat. Comme cependant le chat craignait le chien, il le métamorphosa
en chien, et celui-ci redoutant le tigre, il fut transformé en tigre. Le
saint ne considérait pas autrement son tigre que comme une souris, el
! Probablement le créateur du bouddhisme.
= Rien n'est plus commun que cette idée chez les bouddhistes. Un pénitent est souvent plus
puissant qu'un dieu, et c'est pour prévenir cette puissance que les dieux inférieurs envoient des
tentations aux saints anachorètes.
94 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
tous ceux qui venaient le voir répétaient : Le saint anachorète a fait un
tigre d’une souris, le tigre fut affligé d'entendre ces paroles, et il pensa en
lui-même : Tant que vivra ce saint homme se perpétuera la tradition de
ma forme primitive, qui néanmoins est honteuse pour moi. Ayant fait ces
réflexions , il voulut tuer le saint. Mais celui-ci pénétra sa pensée, et lui
rendit sa forme primitive en lui disant : Sois de nouveau souris. »
La fable du Pantcha-tantra est racontée avec quelques modifications
assez importantes dans le Calila et Dimna (t. I, p. 586); ces modifications
proviennent néanmoins d’une source indienne, puisqu'elles sont emprun-
tées au poëme appelé Harivança.
M. Robert (1. L., p. cexvi) a fait observer que la seconde partie de la
fable sanscrite s'accorde avec une tradition hébraïque , rapportée par saint
Jérôme et Josèphe, d’après laquelle Abraham fait voir qu’au lieu d’ado-
rer le feu, il conviendrait d’adorer l’eau qui l’éteint, ou plutôt les nuées
qui nourrissent les eaux, ou plutôt le vent qui chasse les nuages, ou
plutôt l’homme qui peut résister au vent, ou plutôt enfin celui qui créa
l'homme, le vent, les nuages, l’eau et le feu.
Nous ne voudrions pas, avec M. Robert, faire remonter cette tradi-
tion à Abraham lui-même, et lui donner ainsi une antiquité de plus
de 4,000 ans. Procéder de la sorte, c'est renverser toute critique his-
torique.
Cette tradition des Hébreux, bien entendu quant au fond, peut tout
aussi bien leur être venue de peuples plus orientaux, qu’avoir été trans-
mise à ceux-ci par le peuple de Dieu. Mais à tout prendre, cette consi-
dération est pour nous d’une importance secondaire, parce que nous ne
nous sommes proposé que de comparer les apologues de l'Inde avec ceux
de la Grèce et de Rome.
En effet, la tradition que nous venons de signaler, peu importe qu’on
la nomme hébraïque ou indienne, est entièrement laissée de côté dans le
récit de Babrius (f. 52), dans lequel nous croyons retrouver la fable
sanscrile.
« Un chat s'étant épris d’un bel homme, l’auguste Cypris, la mère
des désirs, lui accorda la faveur de changer de forme et d’être métamor-
ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 95
phosé en femme. Elle devint une jeune fille charmante, qu’il était impos-
sible de ne pas admirer.
» Notre homme, en la voyant si belle, en devint amoureux, et il allait
l'épouser. Déjà le repas de noces était prêt, lorsqu'une souris traversa la
salle. Soudain la jeune fille se lève de sa couche moelleuse et se met à
poursuivre la souris. Le festin fut interrompu, l'amour n'avait fait qu'un
gentil badinage; la nature reprit le dessus. »
Cette fable doit avoir existé chez les Grecs au moins un siècle et demi
avant Babrius. Car il est dit, dans les proverbes de Zénobe (IF, 25), que
l’auteur comique Alexis (Olymp. 99) y avait fait allusion dans une de
ses pièces. Elle avait donné naissance à plusieurs proverbes ; par exemple,
an jurovoy € où mére yon xpouuréy, dans lesquels on voit qu'il est question
d’un chat orné d’une robe éclatante, probablement d’une robe de noces.
Le même sujet avait aussi été traité en trimètres latins. Gudius qui a
emprunté cette fable, nous ne savons à qui, a tâché de la remettre en
vers !. En voici la traduction :
« Jupiter ayant donné la forme humaine à un renard, cette nouvelle
maîtresse alla se placer à côté de lui sur son trône royal. Mais dès qu’elle
aperçut dans un coin un scarabée qui s’avançait lentement, elle s’élança
en hâte sur sa proie ordinaire. Les dieux se mirent à rire, le père céleste
rougit, et il répudia cette honteuse maîtresse. Va-t-en, dit-il en la chas-
sant, vivre d’une manière digne de toi; car tu es incapable de jouir digne-
ment de mes célestes faveurs. »
La dernière forme de cette fable est , sans contredit, la moins heureuse
de toutes. Mais à travers toutes les modifications qu’elle a subies, on
reconnait pourtant encore la fable indienne. Car il nous paraît impossible
d'admettre que la ressemblance qu’il y a entre les trois récits du Pantcha-
tantra, de Babrius et de Phèdre, soit purement un effet du hasard. Il est
vrai que la remarque d’'Horace :
Naturam expellas furca, tamen usque recurret, est une de celles qu'a dû
faire chaque peuple quelque peu civilisé; mais il y a loin de cette simple
remarque à la manière dont elle a été habillée en fable.
1 Voy. l'édition de Phèdre par M. Dressler, p. x1v.
96 RAPPORT ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE.
IX.
(Pantcha-tantra, t. NX, f. 15.)
« Dans une certaine contrée, non loin de la montagne occidentale, de-
meurait un serpent, appelé Mandavisha (c’est-à-dire poison lent). Il était
déjà avancé en àge, et songea un jour en lui-même : Que ferai-je pour ob-
tenir une bonne nourriture? Ayant réfléchi, il se rendit près d’un lac très-
riche en grenouilles, et fit semblant d’être excessivement dévot. Une gre-
nouille ayant remarqué ses simagrées, s’approcha de la rive et lui dit :
Cher ami, pourquoi n’es-tu pas en course aujourd'hui, comme tu en as
l'habitude, pour chercher à manger? Le serpent répondit : Chère amie,
je n'ai plus aucun désir de manger; car au commencement de Ja nuit
précédente, pendant que je rôdais pour chercher une proie, j'aperçus une
grenouille qui me tenta tellement que, pour l'obtenir, je violai les préceptes
les plus sacrés. En effet, cette grenouille, craignant la mort, alla se réfu-
gier dans la demeure des brahmanes. Je l'y suivis et la cherchai pendant
longtemps; mais en vain. Ceci m'ayant rendu furieux, je blessai le fils d’un
brahmane appelé Dradhika, en lui faisant au doigt une profonde morsure.
Le jeune homme en mourut aussitôt, et c’est pour cela que le père, dans sa
colère, m'a maudit, en prononçant ces paroles : Puisque tu as tué mon
fils, qui ne l'avait fait aucun mal, tu es condamné à servir de monture aux
grenouilles , et ta punition ne finira qu'avec ta vie. —Je suis donc arrivé
en ce lieu, afin que vous vous serviez de moi comme monture. La gre-
nouille ayant entendu ces paroles alla les rapporter à toutes ses com-
pagnes. Pleines de joie, celles-ci se rendirent auprès de leur roi, afin de
lui annoncer cette nouvelle. Le roi, entouré de ses conseillers, s’écria :
Certes, voilà un grand miracle. Et, ayant quitté le lac à la hâte, il sauta
sur la crête du serpent. Les autres imitèrent son exemple et allèrent,
tant bien que mal, se placer sur le dos de Mandavisha. Bref, les gre-
nouilles, après avoir quitté leurs demeures, se mirent à voyager sur le dos
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 97
du serpent, qui, voulant leur procurer du plaisir, les fit avancer de toutes
sortes de manières. Gälapada, qui se plaisait à ce contact du serpent,
s’écriait à haute voix : « Si j'étais à cheval ou en voiture ou en quadrige,
je n'aurais pas le plaisir que j'éprouve à être voituré par ce serpent. » Le
lendemain, le malin serpent s’approcha de nouveau du lac à pas lents et
mesurés. Ayant été remarqué par Gälapada, il lui dit : « Mon très-cher, le
manque de nourriture me rend incapable aujourd'hui de vous conduire
sur mon dos. » Gälapada répliqua : « Tu peux manger de petites gre-
nouilles. » Après avoir entendu ces mots, Mandavisha, transporté de plaisir,
s’écria à haute voix : « Tes paroles sont pour moi comme le serment d’un
brahmane; ta permission me suffit. » Aussitôt il se mit à manger des gre-
nouilles, et s’engraissant lentement, il songeait en lui-même : Parmi toutes
les grenouilles que j'ai mangées, il y en avait bien peu qui fussent aussi
minces qu’un roseau. Mais Gälapada, ayant confiance dans les paroles du
serpent, ne remarqua pas ce qu'il faisait. Un jour cependant, un énorme
serpent arriva dans la même contrée, et voyant que son confrère voitu-
rait les grenouilles, il se mit à rire et lui dit : « Mon ami, nous autres nous
croquons d'ordinaire celles auxquelles toi tu sers de monture. » Mandavisha
répondit : « Je sais pourquoi je me laisse employer ainsi par les grenouilles.
Car à ce prix, j'ai la permission de me nourrir de toutes celles que je
veux. » Gälapada ayant entendu ces mots, fut saisi de frayeur, et il dit au
serpent : « Mon ami, quelles paroles viennent d'échapper de tes lèvres? »
Le serpent, pour écarter le soupçon qu'il venait de faire naître, répliqua :
« Je n'ai rien dit du tout. » Rassuré de nouveau par ces paroles trom-
peuses, Gälapada ne remarqua pas la perfidie du serpent. En un mot, celui-
ci consomma toutes les grenouilles; pas une seule ne fut épargnée. »
Qu'on rapproche cet apologue de la fable 57 du manuscrit florentin
(Coraï, p. 355). — « Les grenouilles, se lassant de leur état d’anarchie,
envoyèrent une députation à Jupiter, pour le supplier de leur donner un
roi. Celui-ci, voyant leur sottise, jeta un soliveau au milieu de leur lac.
Aussitôt les grenouilles tressaillirent de peur et allèrent se réfugier dans
les profondeurs du marécage. De longtemps elles n’osèrent en sortir. Mais
voyant, enfin, que le soliveau ne se remuait pas, elles reprirent courage, et
Tome XXV. 13
98 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
usèrent à son égard d’une si grande insolence qu'elles sautèrent sur lui
et s’y assirent à leur aise. Toutefois ce monarque ne leur convenant pas,
elles allèrent une seconde fois trouver Jupiter, afin qu’il daignàt leur en
donner un autre. Pour le coup, il leur envoya une anguille. Mais les gre-
nouilles la trouvèrent trop bonne et ne voulurent pas l'accepter davantage.
Une troisième ambassade fut députée vers Jupiter pour obtenir un nou-
veau changement. Cette fois-ci, Jupiter , furieux, leur envoya soudain une
hydre, qui s’empara d'elles et les dévora une à une. »
Cette fable est répétée trois fois chez Coraï (p. 101) et se retrouve égale-
ment chez le fabuliste latin ([, 2); ce qui nous prouve suffisamment qu’elle
n’est pas de date récente. Voici les paroles de Phèdre :
« Les grenouilles, qui erraient jusqu'alors librement dans leurs marais,
supplièrent à grands cris Jupiter de leur donner un monarque, qui pût
mettre fin à leurs mœurs dissolues. Le père des dieux sourit et leur en-
voya une poutrelle, qui fit un tel bruit en tombant, qu’elle mit en grande
frayeur la gent peureuse des marais. Depuis longtemps déjà la poutrelle
gisait là, toute couverte de boue, lorsque l’une d'elles s’aventura, enfin, à
élever en tapinois sa tête hors de l’eau; et après avoir examiné le roi, elle
appela toutes ses compagnes. Reprenant alors courage, elles s'avancèrent
à l’envi, et leur troupe à la fin devint si pétulante qu’elles sautèrent jusque
sur la solive. Aucun genre de mépris ne fut épargné à celle-ci, et bientôt
une députation se rendit chez Jupiter pour obtenir un autre monarque, le
premier paraissant inutile. Une hydre leur fut alors envoyée, qui, avec ses
dents cruelles, les dévora une à une; car elles n'étaient pas assez alertes
pour échapper à la mort et n’osaient pas non plus faire entendre de
plainte, etc. »
Il y a sans doute une très-grande différence entre le récit du Pantcha-
tantra et les deux autres que nous lui avons comparés. Mais il y a néan-
moins une circonstance qui les rapproche tellement, que nous croyons y
découvrir une communauté d’origine. Dans l’apologue sanscrit, le serpent
sert de monture aux grenouilles; dans les deux autres, le serpent est rem-
placé par une poutre; mais les grenouilles le font servir à un usage sem-
blable. Le manuscrit florentin s'accorde en ceci avec la version de Phèdre;
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 99
ce trait n'est donc pas accessoire; il existait dans la tradition populaire.
Or, ce trait, il faut en convenir, est très-singulier. Qu'on examine les
choses avec un peu d’attention. Nous avons deux fables devant nous, dans
chacune desquelles il y a des grenouilles et un serpent; dans l’une, ces
grenouilles vont s'asseoir sur le dos du serpent, dans l’autre, elles sautent
sur une poutre qui est, plus tard, remplacée par une hydre. Cette analogie,
nous le répétons, nous paraît si remarquable, que nous avons cru y recon-
naître une trace de plus de l’affinité incontestable que nous avons déjà ren-
contrée si souvent entre les apologues orientaux et ceux de la Grèce. De
même que, dans la fable grecque, les grenouilles demandent un roi, nous
trouvons que, dans le Mahä-Bhärata (W, p. 285), les souris prennent un
chat pour monarque.
Cette dernière fable et celle de la Souris et du Chat (HI, p. 559)
sont les seules dans ce vaste recueil qui aient de l’analogie avec les apo-
logues de la Grèce. Nous allons en transcrire la seconde. Nous pourrions
de beaucoup l'abréger ; mais comme, jusqu’à présent, personne n’a encore
fait connaître une fable empruntée à cet immense poëme; comme, de plus,
elle peut être considérée comme un exemple des nombreux itihâsas qui
s’y trouvent, nous avons préféré nous en tenir à une traduction littérale et
complète. Il est assez étonnant que le Calila et Dimna contienne le sujet de
cette fable; car elle ne se trouve pas dans le recueil sanserit qui lui a servi
de modèle. Il se pourrait qu'il y eût eu un exemplaire du Pantcha-tantra
plus complet que le nôtre; mais attendu que M. Wilson, qui avait sous
les yeux une édition différente, ne mentionne pas non plus l’apologue en
question, on peut admettre, comme plusieurs autres motifs nous le font
supposer, que l’auteur du Calila et Dimna ne s’est pas contenté d’em-
prunter des récits au Pantcha-tantra et au Hitopadésa, mais qu'il a puisé
également à d’autres sources sanscrites.
100 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
X.
(Mahä-Bhäârata, t. HI, p. 559).
« Au milieu d’une forêt s'élevait un très-grand figuier, couvert d'une
multitude de plantes parasites. Il était habité par un grand nombre d’oi-
seaux. Son tronc était considérable. On aurait pu le comparer à un
nuage. Il étendait au loin la fraicheur de son ombre, et ranimait l'esprit
accablé par la chaleur. Il ressemblait, à lui seul, à un bois; ce qui fit
qu'il devint un repaire de bêtes féroces et de toutes sortes d'animaux.
Autour de sa racine, une souris, nommée Palita, issue d’illustres ancé-
tres, avait choisi son domicile, composé de centaines de galeries souter-
raines. Sur une branche du mème arbre, un chat, appelé Lômaça, avait
pris son gîte pour y chasser des oiseaux, et il ÿ passait sa vie dans une
félicité non interrompue. Non loin de là, dans la même forêt, demeurait
un Tchandäla 1, qui s’y était construit une demeure. Il avait l'habitude de
placer journellement des piéges et des lacets faits de boyaux; après quoi,
il rentrait chez lui et dormait doucement jusqu’à l'aurore. Pendant la nuit,
différentes espèces d’animaux donnaient dans le panneau. Un beau jour,
le chat fut également pris. Palita, l'illustre souris, voyant son ennemi,
qui lui tendait des embüûches continuelles, engagé de la sorte, s’avança
aussitôt délivrée de ses craintes. Elle vit de loin la chair qui avait alléché
le chat et s’en promit un friand repas. Étant donc montée pour manger
lamorce, elle jetait autour d’elle un regard dérobé, lorsqu'elle vit s’ap-
procher un second ennemi, un furet aux yeux rouges. Il s'appelait Harita,
et ressemblait à la fleur de la canne à sucre. Attiré par l’odeur de la souris,
il se tenait à terre, le museau élevé, prêt à manger, et se léchant les
lèvres. La souris vit, en outre, s'approcher un autre ennemi, un hibou de
nuit, au bec recourbé. Cudraka, tel était son nom. La souris, voyant ainsi
s’avancer à la fois le hibou et le furet, fut saisie d’une très-grande frayeur,
! C’est le nom qu'on donne à ceux qui sont issus de l'alliance d'un sudra avec une personne des
trois classes supérieures. C'est la classe la plus méprisée de toutes, ses membres sont de véritables
parias.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 101
et elle pensa en elle-même : Dans cette pénible conjoncture, me trouvant
sur le seuil de la mort, entourée de tous côtés d’objets de terreur, que
dois-je faire pour chercher mon salut? Ne voyant nulle part d’issue,
apercevant partout des dangers, à moitié morte de crainte, elle choisit
néanmoins la voie la plus sûre. Car, même dans les plus grands malheurs ,
il ne faut pas abandonner le soin de la vie. Si je descends de l'arbre,
pensa-t-elle en elle-même, je deviendrai la proie du furet; en restant ici,
je n’échapperai pas au hibou, et le chat me croquera si je ronge ses liens.
Il convient que celui qui est doué d’une sagesse pareille à la mienne ne
fasse rien qu'après mûre réflexion. Me confiant à la raison que je possède,
je défendrai ma vie jusqu'à la dernière extrémité. Celui qui est riche
en doctrine et connaît les Nitiçastras , celui-là ne succombera pas, fût-il
entouré des plus grandes et des plus terribles calamités. Après tout, il
n’y a pas d'autre moyen de salut que la délivrance du chat. Mon ennemi
est sous le poids d’une grande infortune, et il a grandement besoin de
moi. Par son aide, j'échapperai aux trois ennemis qui me guettent. Je
délivrerai donc le chat de ses liens. Je lui ferai entrevoir son salut ; car
je connais à fond les Nitiçastras, et je tromperai ainsi cette multitude
d'ennemis. Comme mon adversaire est tombé dans une profonde cala-
mité, il faut que je l'amène à faire un contrat avec moi, dans l'intérêt
de sa propre conservation. Car « il ne faut pas même mépriser l’amitié
d’un ennemi, pourvu qu'il soit doué de force. » Telle a toujours été la
doctrine des atcharias (des sages). Lorsqu'on se trouve dans le malheur,
mieux vaut choisir un sage ennemi qu'un ami insensé. Mon salut dépend
de ce chat qui est mon ennemi; je lui exposerai comment il peut sauver
sa vie. Que celui qui était mon ennemi devienne maintenant mon ami.
Voilà ce que la souris résolut en elle-même de faire, afin de se délivrer de
ses ennemis. Et comme elle était très-versée dans les divers moyens de
salut, et qu’elle savait ce qu’il faut dire et dans la guerre et dans la paix,
elle adressa au chat ces paroles doucereuses : « Mon ami, écoute mes
paroles; est-ce que tu es encore en vie? Notre existence et notre bonheur
? Les Witiçastras contiennent une espèce de philosophie pratique, surtout à l'usage des princes.
102 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
à nous deux dépendent de nous-mêmes. Ne crains rien, mon ami; je te
délivrerai, si tu me promets de ne pas me tuer. Il y a un moyen, mais un
moyen dangereux, de C'arracher à tes liens et d'assurer mon salut; car,
en méditant dans mon esprit, j'ai trouvé un remède capable de nous sauver
l’un et l’autre. Le hibou au regard brillant, qui est assis au sommet de
cet arbre et me regarde en criant, n'inspire une terrible frayeur; cepen-
dant ni le hibou ni le furet, que réunit ici une malveillance commune, ne
parviendront à me nuire, pourvu que tu deviennes mon ami. Quand les
bons se réunissent, leur force est septuple. Je ferai avec toi un contrat par
lequel tu peux être complétement rassuré; sans moi tu ne peux pas échapper
à tes liens; c’est moi qui rongerai les lacets qui ’étreignent, si tu promets
de ne pas me tuer. Faisons une alliance d'amitié, toi qui habites le sommet
de cet arbre et moi qui en occupe la racine; car les sages ne sauraient
louer ceux qui sont agités par une crainte éternelle. Qu’une liaison d'amitié
se fasse donc entre nous et qu’elle nous unisse à jamais. En effet, ceux qui
laissent échapper les circonstances favorables ne sont pas approuvés par les
sages. Tu vois combien une alliance nous serait profitable. Nous nous sau-
verons réciproquement la vie. Quiconque passe un fleuve au moyen d’un
radeau, passe à la fois lui-même et fait passer le radeau. Que pareillement
l'amitié nous unisse; je ferai en sorte que tu échappes à la mort; et moi
aussi j'y échapperai par ton aide. » Le chat aux dents aiguës, et dont
les yeux ressemblaient à du lapis lazuli, après avoir entendu les paroles de
son ennemie, et considérant sa propre situation, s’adressa en ces termes à
l'infortunée souris : « Salut et bonheur à toi, à mon amie! qui désires que
je vive. Si tu connais une voie de salut, sers-t’en sans plus hésiter. Je suis
profondément malheureux; mais toi tu es encore plus malheureuse que moi.
Réunissons-nous donc, nous qu’un revers commun a frappés; ne tergiverse
pas, je t'en prie. Je ferai ce qui est convenable aux circonstances présentes
et ce qui nous conduira au but désiré. Si tu me délivres de mes liens, je
te vouerai une reconnaissance éternelle. Je serai ton humble serviteur et
ton disciple uniquement voué à ton bonheur. Je t'obéis; j'ai confiance en
tes paroles, et je me mets à ta discrétion. Je l’implore donc comme ma
protectrice. »
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 105
La souris, voyant qu'elle avait le chat en son pouvoir, lui répondit :
« Tes paroles ne m'étonnent nullement, lorsque je considère l'état dans
lequel tu te trouves. Écoute maintenant quel expédient j'ai imaginé pour
notre conservation. Je m'approcherai de toi, parce que je redoute fortement
le furet. Préserve-moi contre lui, parce que moi aussi je puis te sauver,
et protége-moi de même contre le hibou que la faim excite à me prendre,
tandis que moi je rongerai les liens qui étreignent ton corps. Lomaça
ayant entendu ces paroles bienveillantes, regarda Palita avec des yeux
pleins de joie, et la salua amicalement. Lorsqu'il l’eut saluée, ils contrac-
tèrent une alliance d'amitié, et après quelques instants : « Puisses-tu, dit
le chat, m'être une amie véritable; qu’un bonheur durable te soit dévolu;
tant que je vivrai je serai ton ami. C’est à ton insigne bonté que je devrai
la conservation de ma vie. Si tu me la sauves, je ferai tout ce que tu me
demanderas , pourvu que cela soit en mon pouvoir. Amie, que notre ami-
tié soit réciproque! Dégagé de ces liens, uni d'amitié avec toi, je me pré-
terai à tout ce qui pourra contribuer à ton salut. Si tu brises ces lacets, je
te récompenserai de ton bienfait, quoique celui qui récompense soit infé-
rieur en mérite à celui qui, le premier, nous accorde un bienfait. Car celui-ci
fait du bien, parce qu’il est naturellement porté à la bienfaisance; tandis
que celui-là ne le fait que pour rendre un bienfait. » La souris ayant de
cette manière amené le chat à rechercher son propre salut, s’'approcha de
lui sans la moindre frayeur. C’est donc ainsi que la sage souris fut engagée
par le chat à se fier à lui et à dormir tranquillement à ses côtés, comme
un père dort auprès d’une mère; tandis que le furet et le hibou, voyant la
souris reposer près du chat et remarquant leur singulière amitié, furent
frappés d’étonnement et de crainte. Comme ils n'étaient pas moins sages
que forts et que leur esprit était très-cultivé, ils retournèrent à la hâte
chez eux, leur sagacité les empêchant d'attaquer la souris. Celle-ci donc,
reposant à côté du chat, commença à ronger ses liens; mais elle le faisait
lentement, n’ignorant pas ce qu'il convient de faire en tout temps et en
tout lieu. Le chat, toutefois, que ces liens étreignaient, voyant que la souris
ne les rongeait qu'avec lenteur, quoiqu'il désirât que cela se fit prompte-
ment, commença à l’encourager en ces termes : « Chère amie, quel motif
104 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
te fait hésiter? N’as-tu pas atteint ton désir, toi qui maintenant m'aban-
donnes? Ronge mes liens avant que le Tchandäla ne vienne. » Après
que le chat eut ainsi exhorté Palita à se hâter, la sage souris répliqua
au chat insensé qui avait parlé uniquement dans un intérêt personnel :
« Silence, mon ami, ne fais pas de bruit, je t'en prie. Je me connais
en matière de temps; il ne nous manquera pas. Tout ce qu'on n’entre-
prend pas au moment convenable n’est pas non plus mené à bonne fin,
tandis qu'on retire de grands avantages des choses qui se font en leur
temps. Si je te délivrais déjà maintenant, tu serais pour moi un objet de
terreur. Attends le moment convenable et ne me presse pas autant. Quand
je verrai s'approcher le Tchandäla, les armes à la main, alors, mettant
toute hésitation de côté, je briserai tes liens. Délivré, tu pourras alors
gagner le sommet de l'arbre et ne songeras qu'à sauver ta vie. Alors aussi
moi je rentrerai dans ma caverne, tremblante et frémissante de peur,
pendant que toi tu monteras vers le haut. » La souris ayant parlé de la
sorte, le chat, qui ne manquait pas d’éloquence, et qu'excitaient le désir
de la vie et l’impatience d’être rendu à la liberté, fit entendre ces mots :
« Les gens de bien ne règlent pas, comme toi, les affaires de leurs amis;
car quoique tu aies été délivrée par mon aide, tu hésites à faire avancer
mon salut. Fais en sorte, je t'en supplie, que nous soyons sauvés lun et
l’autre. Il est convenable que tu penses maintenant au temps qui vient de
s’'écouler. Songe au malheur qui te menaçait alors. Si auparavant j'ai
commis quelque chose contre toi, veuille ne pas m'en garder rancune et
accorde-moi à présent ton pardon. » Mais la souris, qui connaissait les
câstras, répliqua au chat qui venait de prononcer ces paroles : « Tu viens
de parler de ta conservation à toi, écoute aussi ce qui m'est profitable à
moi. Nous devons protéger ce qui nous est cher, comme il faut défendre
sa main contre la morsure d’un serpent. Quiconque se lie d'amitié avec un
puissant, sans songer à son propre salut, celui-là n’en retire pas plus d’a-
vantage que celui qui mange un mets indigeste. Chacun n’est pas l'ami de
chacun, mais c’est l'intérêt qui cimente les amitiés et provoque les haines.
Les intérêts se lient aux intérêts comme les éléphants se joignent aux
éléphants; et lorsque notre but est atteint nous ne faisons pas toujours
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 105
attention à celui qui nous l’a fait atteindre. Toute chose doit être menée à
bout. Tu crains maintenant le lever du soleil, et quand arrivera le Tchan-
dàla, tu t'enfuiras plein de frayeur, de sorte que tu ne me prendras
pas alors. J'ai déjà rongé la plupart de tes liens; je n'en ai laissé
qu’un seul, dont je te délivrerai dès qu'il viendra; n’aie pas peur! »
Pendant que la souris parlait de la sorte, la nuit disparut et la crainte
commença à gagner le chat. Car l'informe Tchandàla, à la large tournure,
au teint noir et rouge à la fois, s'avança les armes à la main. Il s'appelait
Parigha; semblable à un âne par l’énormité de sa bouche, sale et horrible
à voir, il conduisait une meute de chiens. Le chat ayant aperçu cet ètre qui
ressemblait au dieu des enfers, fut saisi de frayeur et se dit : « Que
ferai-je maintenant? » Mais aussitôt la souris rongea le lien par lequel
le chat était encore retenu. Délivré de cette manière de son terrible
ennemi, le chat gagna le sommet de l’arbre, tandis que la souris se diri-
geait vers son trou. Le Tchandäla, se voyant trompé dans son espoir, rentra
dans sa maison. Lomaça, délivré de cette façon de ses craintes et placé au
haut de son arbre, s’adressa ainsi à la souris qui en occupait la racine :
« Après que je t'ai reçue dans mon intimité et que tu as sauvé mes jours,
pourquoi ne viens-tu pas chez moi, puisque nous avons stipulé que nous
nous rendrions des services mutuels? Quiconque ne cultive pas l'amitié
manquera d'amis lorsqu'il sera accablé de malheurs. Tu m'as accordé un
bienfait, daigne aussi jouir de ma reconnaissance. De même que les dis-
ciples honorent leur maître, tu seras honorée par mes parents et mes amis.
Car quiconque connaît ses devoirs ne manque pas d’égards envers celui
qui sauva sa vie. Sois la maîtresse de ma personne et de mes biens, sois
ma conseillère et gouverne-moi comme un père; ne crains rien de ma part.
Tu égales Çukra en sagesse, tandis que moi je me distingue par la force.
Veuille, par tes conseils, régler ma vie, toi à qui j'en suis redevable. »
Lorsque le chat eut fini de parler, la souris, qui possédait un trésor de
sagesse, lui répondit d’une manière amicale : « J'ai entendu les paroles
que tu as prononcées; écoute-moi aussi à ton tour. [l faut connaître ceux
dont il convient qu’on recherche ou qu’on fuie l'amitié. C’est à un prin-
cipe qu'approuvent les sages de ce monde. Car ceux qui semblent être des
Tome XXV. 14
106 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
amis sont souvent des ennemis, et ceux qui paraissent être des ennemis
sont souvent des amis. Ceux avec lesquels on conclut une alliance d’amitié,
lorsque la cupidité ou la colère s’en mêle, on ne les reconnaît plus dans
la suite comme amis. Des forces qui se réunissent pour s’aider, voilà la
base de l'amitié. On reste ami tant qu'aucun danger ne menace. Quiconque
conclut une liaison d'amitié, oubliant ce qui lui est profitable, celui-là
ne sera constant ni dans son amitié, ni dans sa haine. Car il se fiera à
celui qui ne mérite aucune confiance, et se défiera de celui qui en mérite.
Le danger qui naît de trop de confiance détruit amitié jusque dans ses
racines. Les rapports qu'il y a entre le père, la mère, le fils, l'oncle, le
neveu et les autres parents, ne résultent pas de la nature des choses.
Car souvent le père et la mère abandonnent leur fils. Le monde cherche
son propre intérêt. — Ta légèreté l'a fait descendre du figuier; elle est
la cause que tu t'es fait attraper. Comment donc toi, qui es si léger en-
vers toi-même, ne le serais-tu pas envers les autres ? Il n’y a rien qu’une
personne légère ne perde. Tes douces paroles ne me conduiront point
dans tes piéges. Écoute ce qu'il faut observer dans le choix d’un ami.
C'est toujours à cause d’un but déterminé que l'amitié se contracte et que
la haine s’engendre. Il n’est guère possible dans ce monde que chacun
devienne lami de chacun. L'amitié qui existe entre frères utérins et
consanguins, entre le mari et la femme, doit être réciproque et inté-
ressée. Je ne connais aucune amitié qui se fasse sans motif. Car il arrive
que les frères s’irritent contre les frères et que la femme en veuille à son
mari. Des cadeaux , de douces paroles, des sacrifices et des prières, voilà
ce que fait naître l'amitié; jamais elle ne naît sans cause précise. L’al-
liance que nous avons contractée dans un but spécial, ne marchera pas
plus avant; ce but étant atteint maintenant, notre amitié s’est écroulée
aussitôt. Pourquoi donc fais-tu valoir notre amitié antérieure ? D’une part,
tu es désireux de ma chair, d'autre part, je ne suis pas insensée ? Ne viens
pas avec des paroles, comme tu viens d’en prononcer, chez celle qui est
parfaitement au courant des choses qui lui sont salutaires. Le moment
que tu as choisi pour me présenter ton amitié, n’est nullement favorable.
Car je ne suis constante dans la guerre et dans la paix qu'à condition
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 107
que cela me porte profit. De même que les contours des nuages changent
sans cesse, de même celui qui est mon ennemi aujourd’hui sera demain
mon ami, pour redevenir mon ennemi le jour après. Telle est l’incon-
stance des associations. Nous étions liés tant qu'il y avait entre nous un
motif d'amitié. Mais cette amitié s’est évanouie avec la cause qui l'avait
produite. C’est par un motif particulier que tu es devenu mon ami, toi
que la nature m'a donné comme ennemi. Ce motif n’existant plus à pré-
sent, la nature te pousse de nouveau vers l’inimitié. Voilà ce que j'ai
appris dans les Çâstras. Pourquoi courrais-je à ma perte à l’effet de te plaire?
Tu m'as sauvée, comme je t'ai sauvé à mon tour. Nous nous sommes donc
rendu un service mutuel; et, néanmoins, nous ne devons plus dorénavant
nous trouver ensemble. N’avons-nous pas aujourd’hui atteint l’un et l’autre
notre but? Si je venais chez toi tu me mangerais et ne ferais pas autre-
ment. Je serais la nourriture dont tu pourrais te repaître; car tu es fort
et moi je suis faible. Depuis que le danger qui nous menaçait a disparu,
je ne vois pas non plus de cause d'amitié qui pourrait nous lier. Tu ne
me recherches comme amie que pour avoir de la päture. La faim te dévore
et tu te donnes des airs de justice. Ta grande piété n’a-t-elle pas pour but
de parvenir à me manger? L’appétit te tourmente et tu cherches une proie
opportune. C’est par une liaison d'amitié que tu songes à te préparer un
repas. Tu recherches une alliance et veux m’accorder un bienfait, tandis
que tu as une épouse et des fils? Cette épouse et ces fils ne me mange-
ront-ils pas, s'ils me voient liée d’amitié avec toi? Je ne viendrai pas chez
toi, puisqu'il n’existe plus entre nous aucune cause d'amitié. Comment un
sage pourrait-il venir dans la maison d’un ennemi qui n’est pas aria !, qui
est en proie aux horreurs de la faim et qui cherche une proie? Je quitte-
rai plutôt cet endroit, car je te crains même de loin. Cesse de me prier;
car je ne me rendrai pas chez toi. Si tu veux accorder des bienfaits,
cherche des gens à qui ils soient agréables. Les sages désapprouvent la
société des puissants, qu’on y entre de confiance ou avec préméditation.
Le puissant est à craindre, lors même qu’il renonce à ses mauvais
1 C'est le nom que prenaient les premières castes, en opposition aux dernières et aux étrangers.
108 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
instincts. S'il s’agit de faire quelque chose qui te soit profitable, dis-le-
moi sans détour. Je te donnerai tout, à l'exception de moi-même. Car, pour
sauver sa vie, il faut sacrifier jusqu'à sa progéniture, son empire, ses
pierreries et ses trésors. Quand on a perdu tout le reste, la vie doit en-
core être conservée pour elle-même. Pour un ami, il faut abandonner et
puissance et richesses; car il importe de songer à notre existence future.
Mais la perte de la vie ne peut être réparée ni par de l'or, ni par des
pierres précieuses. Nous devons protéger notre vie, cela dût-il nous coû-
ter nos trésors et nos fils. Les hommes qui connaissent les moyens de se
défendre et qui n’agissent qu'après mûre réflexion, n'encourent jamais les
dangers qu’engendre la folie. Ceux qui savent que le fort est l'ennemi
du faible n’ont jamais l'esprit chancelant; car ils trouvent leur appui
dans les Câstras. » Palita ayant prononcé ces paroles, le chat répondit tout
honteux : « J'espère que ce n’est pas en vain que nous nous sommes liés
par serment. Car je ne Lai pas proposé un contrat frauduleux. Ma chère,
tu ne dois pas mal interpréter mes pensées. Je connais mes devoirs et le
chemin de la vertu. Je suis doux envers mes amis, et ton salut m'est
fortement à cœur. Voilà pourquoi je t'engage à renouveler alliance avec
moi et à n'avoir aucune défiance. » La souris toutefois, qui était douée
d’une grande sagesse, répliqua : « J'ai entendu tes paroles, mais il m'est
impossible de me fier à toi comme à un ami. Ni des louanges ni des
monceaux de richesses ne pourraient m'engager à munir avec toi. Ceux
qui sont sages ne s’allient pas avec leurs ennemis sans motif. Car voici
deux sentences d'Uçanas : Quiconque s’allie avec un plus puissant que soi,
dans un but ou contre un ennemi commun, qu'il prenne garde de ne
faire que ce qui est convenable. Ne te fie pas à celui qui ne mérite
aucune confiance, et ne te fie pas trop à celui qui en mérite. Fais en sorte
que les autres se fient à toi, mais toi-même ne te fie pas aux autres.
Celui qui observera ces préceptes sauvera sa vie en toutes circonstances.
La vie est préférable aux richesses et à la progéniture. Le fin mot des Ni-
ticastras le voici : Garde-toi d’une trop grande confiance. La méfiance est
la meilleure voie de salut. Ceux qui sont méfiants, fussent-ils même tout
petits, ne périront pas par la main d’un ennemi, tandis que les forts se-
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 109
ront tués par les faibles, lorsqu'ils sont pleins d’une aveugle confiance.
Contre tes semblables, à chat, il faut que toujours je défende ma vie.
Quant à toi, tu dois défendre la tienne contre les piéges de ce Tchandäla
pervers. » La souris ayant prononcé ces paroles, le chat fut saisi de
frayeur et quitta à la hâte la branche qui le portait. Cependant Palita, qui
avait pénétré jusqu’à la moelle des Cästras, se rendit vers une autre ca-
verne. C’est ainsi que Palita, à elle seule et malgré sa faiblesse, sut échap-
per par sa sagesse à un grand nombre d’ennemis puissants. Que, par
conséquent, le sage ne méprise pas l'alliance d’un ennemi, pourvu qu’elle
lui porte profit : car c’est en se sauvant mutuellement que la souris et le
chat échappèrent à la mort. »
Nous mettons en rapport avec cette fable la 107° de Babrius, dont voici
la traduction : « Un lion allait manger une souris qu’il venait d'attraper.
Mais notre voleur domestique, se voyant près de la mort, adressa au puis-
sant animal ces paroles suppliantes : « Il C'appartient de poursuivre des
cerfs et des taureaux aux cornes élevées; mais il ne convient pas que tu
touches seulement du bout de tes lèvres à un diner composé d’une souris.
De grâce, épargne moi! Peut-être un jour, si petite que je sois, je pourrai
te rendre service pour service. Le lion sourit et laissa la suppliante s’en
aller saine et sauve. Bientôt après, il fut pris dans les rets de jeunes chas-
seurs et fut étreint de liens. La souris alors sauta en tapinois de son trou
et, rongeant les mailles solides avec ses menues dentelettes 1, délivra le lion et
le rendit à la lumière du jour. C’est ainsi qu’elle paya dignement son salut. »
Cette fable est racontée absolument de la même manière par Romulus,
dont la prose a été changée par Burmann en trimètres iambiques, attendu
qu’elle semble avoir été traitée primitivement par Phèdre. (V. l'édition de
Dresslen, 1. VIT, f. 5.)
On nous objectera, peut-être, que l’analogie qu'il y a entre ces fables
est beaucoup trop éloignée pour qu'on puisse en tirer une conclusion
relative à leur commune origine. Mais quoique nous soyons opposé aux
comparaisons louches et aux combinaisons hasardées, nous devons faire
1 Ysopet, f. 18,
110 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
remarquer que, dans le cas présent, la ressemblance nous paraît être trop
grande pour qu’on puisse songer ici à un simple hasard. Voici, en effet,
le trait commun qui rapproche les deux fables. Dans l’une et dans l’autre,
nous voyons une souris qui, pour prix de son salut, sauve un ennemi
beaucoup plus puissant qu’elle, en rongeant les liens dans lesquels il
s'est engagé. Si c’est là un rapprochement fortuit, on devra avouer qu'il
est néanmoins fort remarquable.
XL.
(Pantcha-tantra, 1. V, f. D.)
« Dans une certaine contrée demeuraient quatre brahmanes qu’unis-
sait une étroite amitié. Trois d’entre eux avaient étudié les Câstras sans
acquérir plus d'esprit pour cela; le quatrième faisait peu de cas des çàs-
tras, mais avait, d’un autre côté, beaucoup d’esprit naturel. Un jour qu’ils
étaient réunis, ils se dirent entre eux: « Quel avantage retirons-nous de
toutes nos études? Il faut que notre science amuse les rois, afin que, de
cette manière, nous obtenions des richesses. Rendons-nous donc dans
d’autres pays.» Ils partirent, et chemin faisant, l’aîné des quatre s’adres-
sant aux trois autres, leur dit: «Il y en a un parmi nous qui, tout sage
qu'il est, n’est pourtant pas savant. Or, quand on n’a que de l'esprit sans
posséder de la science, on n'obtient pas la faveur des monarques. Don-
nons-lui donc une partie de notre fortune, et qu'après l'avoir reçue, il
retourne chez lui. » Le deuxième approuva le premier, en disant : «Quelque
grand que soit ton esprit, tu es pourtant pauvre en science; regagne, en
conséquence, ta demeure. » Mais le troisième répliqua : « N’agissons pas
ainsi, cela n’est pas convenable, car nous avons vécu avec lui dès notre
tendre jeunesse; qu’il voyage avec nous. Jusqu'à présent, il a toujours eu
sur nous une très-grande autorité; qu'il participe également aux richesses
que nous allons acquérir. » Son conseil fut approuvé, et les brahmanes
continuèrent leur chemin. Or, en traversant une certaine forêt, ils décou-
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. at
vrirent les ossements d’un lion. L’un d’entre eux dit alors: « Nous avons
ici l’occasion de mettre en œuvre une vieille doctrine, en vertu de laquelle
tout ce qui est mort peut être rappelé à la vie. Nous ferons donc revivre
ce lion, grâce à la science que nous avons dûment acquise. Je recomposerai
ses os, dit le premier; je renouvellerai sa peau, sa chair et son sang,
ajouta le deuxième; et moi, s’écria le troisième, je lui rendrai la vie.
Aussitôt le premier replaça les os dans leur état primitif; le deuxième s’ap-
pliqua à renouveler la peau, la chair et le sang. Mais lorsque le troisième
allait rendre la vie au lion, le quatrième le retint et lui dit: « Si vous
rappelez ce lion à la vie, sachez que vous deviendrez sa proie. » Le savant
répondit : « Je ne souffrirai pas que ma science demeure stérile. » L'autre
répliqua : « Cher ami, attends du moins un peu, je t'en prie, pour que
j'aie le temps de monter sur cet arbre voisin. » A peine le lion fut-il rendu
à la vie qu'il dévora les trois insensés. Mais leur compagnon fut sauvé;
car, ayant attendu que le lion se fût retiré, il descendit de l'arbre et
retourna chez lui. Voilà pourquoi je dis que la sagesse est préférable à la
science; car ceux qui ne possèdent que celle-ci succombent ordinairement
comme ces restaurateurs de lion. »
Nous croyons reconnaître dans cette fable la 150° du manuscrit flo-
rentin. (Coraï, p. 557.)
Le Voyageur et le Serpent.
« Un certain jour d’hiver, un voyageur trouva en chemin un serpent
transi de froid et à moitié mort. Plein de compassion, il le leva de terre
et le réchauffa en le pressant sur son sein. Tant qu'il resta engourdi par
le froid, le serpent se tint tout tranquille; mais à peine fut-il réchauffé qu'il
mordit le voyageur à la poitrine. Au moment de mourir, celui-ci s’écria :
— J'ai mérité mon sort; qu’avais-je besoin, en effet, de soigner un serpent
qui était sur le point de mourir, puisqu'il aurait fallu bien plutôt le tuer,
lors même qu’il eût été plein de vie. »
L’antiquité de cette fable nous est garantie par la version de Phèdre
(L IV, £. 19) que voici:
112 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
« Qui porte secours aux méchants, tôt ou tard le regrette. Quelqu'un
releva un serpent que le froid avait rendu immobile et le réchauffa contre
son sein, miséricordieux à ses propres dépens; car dès qu’il fut revenu à la
vie, le serpent lui fit une blessure mortelle. Un autre serpent lui deman-
dait pourquoi il avait agi de la sorte, il répondit: Afin que personne ne
s’avise de faire du bien aux méchants. »
Il y a sans doute entre ces deux versions de très-grandes différences ;
mais il y a aussi un fond commun qui consiste à prouver qu'il ne faut
pas rappeler à la vie un ennemi dangereux. Or, si l’on admet que les deux
traditions remontent à la même origine, il sera, d’un autre côté, très-
probable que la priorité doit être attribuée à la fable sanscrite. Rien n’est
plus fréquent chez les Indiens que de voir non-seulement les pénitents et
les saints, mais en général tous les brahmanes doués d’une puissance
magique. Il n’en était pas de même chez les Grecs, qui se sont vus forcés,
pour ce motif, de modifier le pouvoir surnaturel qui était mis en œuvre
dans la fable primitive. Mais la modification n’est pas très-heureuse ; elle
est tout aussi prosaïque qu’elle est invraisemblable. Quelle probabilité y
a-t-il, en effet, qu’un voyageur réchauffe contre son sein un serpent engourdi
par le froid, et que, de cette manière, il le rappelle à la vie? Tandis qu’on
peut très-facilement imaginer que, pour éprouver sa puissance magique,
quelqu'un se complaise à restaurer un lion. Certes, on ne peut pas toujours
procéder de la sorte, et de ce qu’une fable est mieux traitée chez un
peuple que chez un autre, en conclure aussitôt qu’elle a été inventée par
celui des deux peuples auquel nous en devons la meilleure rédaction. Nous
avouons que cette conclusion n’est pas toujours admissible; mais elle l'est
du moins dans la plupart des cas, et nous croyons qu’elle l'est toutes les
fois que, chez l’un, l'invention est absurde, lorsque, chez l'autre, elle est
toute naturelle.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 4115
XIL.
(Pantcha-tantra, 1. IV, f. 4.)
« Dans un certain endroit demeurait une lionne qui, étant devenue
mère, mit au monde deux lionceaux. Le lion entre-temps tuait continuelle-
ment des chacals qu’il apportait ensuite à la lionne. Mais un jour, il ne
put rien découvrir; car, pendant qu'il rugissait encore dans la forêt, le
soleil se coucha. Toutefois, en retournant chez lui, il attrapa un tout jeune
chacal, mais il ne voulut point le tuer; car, se dit-il en lui-même, il est
encore si petit! Le prenant donc entre ses dents, il alla l’apporter à la
lionne et dit à celle-ci : — Chère amie, je n’ai rien pu trouver, si ce n’est
ce jeune chacal. Faisant réflexion qu’il était si petit, je n’ai point voulu le
tuer; car on dit : Une femme, un brahmane, un çivarta et un enfant sont
inviolables, lors même que la mort nous menace. Toi, toutefois, tu peux
le manger, car un tel mets convient à ton état; demain je t'en apporterai
un plus grand. Mais la lionne répliqua : Cher ami, tu n’as pas tué ce chacal ;
pourquoi donc moi le tuerais-je pour m'en faire un repas? Ne dit-on pas,
en effet, qu'il ne faut pas sacrifier son devoir? C'est là ce qu’en tout temps
nous prescrit la justice. Qu'il me soit donc comme un troisième enfant. »
C'est ainsi qu’elle parla, et depuis elle nourrit le chacal de son lait. Les
trois nourrissons , ne se doutant pas de la diversité de leur race, parvin-
rent à l'adolescence en suivant le même genre de vie. Mais un jour un
énorme éléphant arriva dans la forêt. Les lionceaux l’eurent à peine aperçu
qu'ils se jetèrent sur lui; cependant le chacal se dit en lui-même: « Get
éléphant est un ennemi de notre race, il ne faut pas que je m’approche
de lui, tandis que les lionceaux, privés des conseils du chacal, se consu-
maient en efforts inutiles. Et après qu'ils furent retournés chez eux, ils
racontèrent à leur père comment le chacal, en voyant de loin venir un
éléphant, s'était mis à fuir. Le chacal ayant entendu ces paroles, fut
enflammé de colère, et, fronçant ses sourcils en trois plis, semblable au
fils de Ravana, sur la tête duquel s'élève une triple touffe de cheveux, les
Tour XXV. 15
114 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
yeux enflammés, il se répandit contre eux en injures menaçantes. Mais la
lionne le conduisit à l’écart et le calma par les paroles suivantes : — Mon
ami, tais-toi, je l'en prie; car ce ne sont pas tes frères. Le chacal furieux
répliqua : Pourquoi se moquent-ils de moi ? Leur suis-je inférieur en cou-
rage, en beauté, en sagesse ou en bonheur? Je les mettrai à mort. » La
lionne sourit en entendant ces paroles; mais comme elle ne voulait pas
que le chacal périt, elle lui dit: « Écoute, mon enfant: C’est par pitié
que je l'ai nourri de mon lait, toi qui es issu d’un chacal. Tant que mes
fils étaient encore tous jeunes, ils ne remarquèrent point que tu étais un
chacal. Mais puisqu'ils sont entrés maintenant dans l'adolescence, hâte-
toi de partir d'ici et de te rendre au milieu des tiens, si tu veux échapper
à la mort. Le chacal, en entendant ces paroles, fut frappé de terreur et
alla trouver ses parents. » Qu'on mette cette fable en rapport avec celle
de Babrius, qui a pour titre le Renard et le Loup (f. 101).
« Il naquit parmi les loups un loup beaucoup plus fort que les autres:
on le surnomma le lion. Incapable, dans sa folie, de supporter sa gloire,
il quitta ses semblables pour fréquenter la société des lions. Un renard se
moqua de lui et lui dit : Que le ciel me préserve de devenir jamais aussi
insensé que tu es enflé d’orgueil. Il est vrai que tu passes pour un lion
dans le peuple des loups; mais tu n’es qu'un loup à côté des lions. »
Nous ne voulons pas trop insister sur la similitude des deux fables que
nous venons de traduire, quoiqu'elle nous ait paru assez remarquable
pour être signalée ici.
XII.
(Œuvriras, édit. de M. Boissonade, p. 109.)
« Quelqu'un ayant préparé un repas somptueux, invita à diner un
grand nombre d'amis. Les invités s’étant assis et étant occupés à manger,
il résolut de leur faire boire du lait. Il n’attendait que le retour de la ser-
vante qu’il avait envoyée au marché pour acheter le lait qu’il voulait leur
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 115
servir. La servante ayant acheté le lait le plaça sur sa tête, comme plu-
sieurs femmes ont l'habitude de le faire, et retourna chez son maitre.
Mais pendant qu’elle marchait, un vautour descendit du haut des airs et
fondit sur un serpent; puis il l’étreignit dans ses serres. En s’envolant,
il passa juste au-dessus du vase que portait la servante, et le serpent
que pressaient vigoureusement les serres du vautour fut obligé de lâcher
son venin, lequel tomba précisément dans l’ouverture du vase. La ser-
vante qui portait le vase sur la tête ne s’aperçut pas de ce qui venait
de se passer. Elle rentra chez elle et distribua le lait aux convives,
qui en burent tous et moururent aussitôt. » Pour se convaincre de lori-
gine indienne de ce conte, il suffit de considérer que le livre de Syntipas
auquel il est emprunté n’est, en définitive, qu'une traduction d’un livre
indien. Car les motifs que Loiseleur-Delonchamps à fait valoir, dans son
Essai sur les fables indiennes, pour appuyer cette opinion, sont tellement
concluants qu’il nous paraît impossible de ne pas l'adopter. Du reste, si
l’on en peut croire cet auteur (pag. 119), la même fable se retrouve dans
un recueil bien évidemment indien, qui porte le nom de Vétalapantcha-
vinçati (c’est-à-dire les vingt-cinq récits d’un vétala). M. Lassen, dans son
Anthologie sanscrite, nous a fait connaître quelques-uns de ces contes;
mais celui dont il est question ici n’est pas compris dans ce nombre.
C’est en vain que nous nous sommes donné toute peine pour nous procu-
rer une copie d’un des manuscrits de cette collection, qui sont assez nom-
breux en Europe. Nous ne doutons nullement que si quelqu'un voulait
nous faire connaître le texte ou la traduction de la fable sanscrite que
nous venons de signaler, on trouverait qu’elle se rapproche encore bien
plus que le récit de Syntipas de la fable de Stésichore avec laquelle nous
allons la mettre en regard. Car ce récit nous paraît fortement tronqué.
Voici la fable de Stésichore, telle qu’elle se trouve dans l’histoire des
animaux d'Élien (1. 17, ch. XXXVIL.)
« Des batteurs en grange, exposés à l’ardeur du soleil et tourmentés
par la soif, envoyèrent l’un d’eux (ils étaient au nombre de seize) cher-
cher de l’eau à une source voisine. 11 s’en alla sa faucille à la main et une
cruche sur l’épaule. Chemin faisant il remarqua un aigle qu'un serpent
116 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
étreignait si fort dans ses nœuds vigoureux que l'oiseau était près d'en
mourir. L'aigle, qui avait attaqué le serpent, était loin de remporter la Vic-
toire; il succombait au contraire à l'attaque qu'il avait si imprudemment
provoquée et ne songeait pas, comme il est dit dans Homère, à apporter
un repas à ses petits; mais engagé dans les liens que son ennemi nouait
autour de son corps, il allait, par Jupiter, non pas tuer, mais être tué. Le
laboureur sachant ou ayant entendu dire que l'aigle est le messager et le
serviteur du père des dieux, sachant aussi que le serpent est un méchant
animal, assomma ce dernier avec sa faucille, en sorte que l'aigle fut déli-
vré des liens en apparence indissolubles dans lesquels il se trouvait enlacé.
Le laboureur, qui n’avait fait ceci qu’en passant, continua son chemin pour
aller chercher de l’eau , et après y avoir mêlé du vin, il en donna à boire
à la ronde. Ils en burent tous à longs traits et à qui mieux mieux. Le por-
teur devait boire après eux; car il se trouvait que pour lors il fût serviteur
et non point convive. Mais au moment qu'il approcha la coupe de ses
lèvres, l'aigle auquel il avait sauvé la vie et qui, par bonheur, se trouvait
encore dans ces lieux, voulant payer sa rançon, se précipita sur la coupe,
la secoua et en répandit toute la liqueur. L'autre, qui était tout altéré, se
mit en colère et lui dit : « Eh quoi, c’est toi-même! — car il avait re-
connu l'oiseau, — et c’est ainsi que tu récompenses ton sauveur? Com-
ment approuver une semblable conduite? Comment désormais quelqu'un
voudra-t-il te faire du bien par respect pour Jupiter qu'on nomme le gar-
dien de la reconnaissance? » Il dit et brülait de soif. Mais en se retour-
nant il remarqua que tous ceux qui avaient bu s’agitaient convulsivement
et luttaient contre la mort. On doit donc supposer que le serpent avait
empoisonné la source en y répandant son venin. C’est ainsi que l’aigle
donna à son sauveur une récompense équivalente au bienfait qu'il en
avait reçu. Cratès de Pergame nous dit que Stésichore avait traité ce sujet
dans un poëme qui n'avait pas reçu une grande publicité. »
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 117
XIV.
(Babrius, {. 94.)
« Un os s'était arrêté dans le gosier d’un loup. Celui-ci promit à un
héron de lui donner une bonne récompense s'il parvenait, en y introdui-
sant son cou, à retirer l'os et à le guérir de ses maux. Le héron retira l'os
et demanda le prix de sa peine. Mais l’autre répliqua ironiquement : C’est
bien assez de salaire pour ta cure que d’avoir retiré ta tête de la gueule
d’un loup, sans qu'il te soit advenu de malheur. »
C'est à cette fable que se rapporte un proverbe rapporté par Zé-
nobe (IL, 48) : & vo otéuares. Nous avons déjà fait remarquer plus haut
qu’on a voulu la faire provenir de l'Égypte, attendu que le trochilus
mange impunément les sangsues qui se trouvent dans la gueule du croco-
dile. Nous n'avons pas voulu contester cela d’une manière absolue, en
faisant toutefois remarquer qu'un récit de tout point analogue se ren-
contre dans un livre indien. En effet, M. Grimm (Reinh. Fuchs, p. coxxx1)
nous à fait connaître un extrait d’un livre écrit en langue pâli ! et conte-
nant la vie de Tevetat, dans lequel nous trouvons la narration suivante :
« Par suite de la transmigration des âmes, il advint que Sommonaco-
dom fut changé en un grand oiseau et que Tevetat revêtit la forme d’un
rachasi ?, dans le gosier duquel, lorsqu'il mangeait de la viande, il s’ar-
rêta un os. Le rachasi pria l'oiseau de retirer cet os; celui-ci s'empressa
de le faire et demanda la récompense promise. Mais le rachasi répondit
que c'était déjà une trop grande faveur pour lui que d’avoir eu la permis-
sion d'introduire son bec dans son gosier et d’en avoir retiré sa tête sans
danger. »
1 Voy. de la Loubère, Royaume de Siam; Amsterdam, 1694, IT, 20.
? M. Grimm avoue qu'il ignore quelle est cette espèce d'animal. Il aurait pu savoir aisément
qu'il ne s'agit pas du tout ici d'un animal, mais d'un rakshas, c'est-à-dire d'un esprit malin, qu'on
rencontre à tout moment dans les écrits de l'Inde.
118 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
XV.
Nous croyons avoir déjà fait observer que, parmi les fables des Indiens
et des Grecs, il y en a plusieurs dont le trait saillant ou la pointe est abso-
lument la même, tandis que le reste du récit ne présente pas une ressem-
blance analogue. C’est ainsi, par exemple, que nous trouvons dans le
Pancha-tantra (1. 1, f. 15) qu’une mouche s’introduit dans l'oreille d’un
éléphant et le tourmente vivement, de même que dans Ésope (Coraï, p. 88)
un moucheron parvient à triompher d’un lion en entrant dans ses narines.
Il est vrai que cette fable ne se trouve pas dans Babrius; mais ce qui
prouve qu'elle n’est pourtant pas d’une date très-récente, c'est que Nicétas
Choniatès y a fait allusion (p. 517) et qu’en outre, elle a été probable-
ment traitée par Phèdre, puisqu'elle se trouve parmi les fables que Bur-
man à mises en trimètres iambiques.
XVI.
Ce que nous venons de dire des deux fables précédentes s'applique
également à trois autres que nous allons mettre sous les yeux du lecteur.
La première de ces trois fables est empruntée au Hitopadèça (1. 1, £. 4) :
« Sur le sommet du mont Arbudha demeurait un lion appelé Mahävi-
krama (c’est-à-dire grande force). Chaque jour, une souris, près du trou
de laquelle il se couchait sur la montagne, venait ronger sa crinière. Le
lion, voyant sa crinière endommagée et ne pouvant pourtant pas attraper
la souris, s’irrita et pensa en lui-même : — Que faudra-t-il faire à présent?
On ne parvient pas par la force à triompher d’un petit ennemi. Le lion
se rendit donc dans le village voisin, et, au moyen de viande et d’autres
friandises, il sut attirer un chat appelé Dadhikarna , qu'il transporta dans
sa caverne. La souris, pleine de frayeur, n’osa plus sortir de son trou,
et le lion put désormais dormir en paix , sans que personne vint lui ronger
la crinière. »
La première partie de cette fable est parfaitement semblable à la 82°
de Babrius :
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 119
« Pendant le sommeil d’un lion, une souris passa en courant sur sa
sauvage crinière. Grande fut la colère du lion, qui s’élança en bondissant
de sa profonde caverne. Cependant, un renard souriait de le voir si ému
contre une souris, lui le souverain de toute la gent animale. Mais le lion
répliqua : — Je ne crains pas, importun, que la souris m'égratigne en
fuyant; ce que je redoutais, c'est qu'elle ne défiguràt ma crinière. »
Nous doutons que, sans le secours de la fable indienne, on puisse
même comprendre la réponse du lion.
La seconde partie de cette fable n’est pas sans analogie avec la 112
de Babrius, intitulée : {a Souris et le Taureau.
« Une souris mordit un taureau. Aïgri par la douleur, celui-ci se mit
à la poursuivre. Mais la souris l’ayant prévenu en se retirant dans le fond
de son trou, le taureau battit de ses cornes le mur devant lequel il dut
s'arrêter, Jusqu'à ce que, tout épuisé de fatigue, il plia les genoux et s’en-
dormit près du trou. La souris alors mit le nez à l'air, s’approcha de lui,
le mordit de nouveau et s'enfuit. Lui se leva tout perplexe et ne sachant
que faire. Mais la souris lui dit en murmurant : — Le plus grand n’est pas
toujours le plus fort; il est des cas où la force appartient au plus petit et
au plus humble. »
XVIL.
Il y a encore un grand nombre de fables semblables que nous ne vou-
lons pas transcrire en entier, parce que le point de rapprochement qui les
unit, quelque réel qu’il nous paraisse, est pourtant trop accessoire pour
justifier des longueurs. Ainsi, par exemple, on trouve dans le Pantcha-tantra
(L V,f. 7) un âne qui apprend à chanter, et que son maître, peu charmé
de ce chant, ramène à la raison à coups de bâton; tandis que, d’un autre
côté, nous savons qu'il y avait un grand nombre de proverbes grecs fai-
sant allusion à un âne jouant de la Iyre (vo Aupi&uw).
Ce trait nous fait souvenir de la 126": fable de Babrius, dans laquelle
un âne, voulant faire le badin, casse un vase d’argile et ne reçoit en récom-
pense que des coups, quoiqu'un singe, qui faisait absolument la même
120 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
chose, eût le privilége de provoquer le rire. Cette fable nous en rappelle
à son tour une autre, qui se trouve dans le Hitopadéça, et que nous croyons
devoir faire connaître intégralement, puisqu'elle n’a pas encore été tra-
duite en français (L. Il, f. 5).
« À Bénarès demeurait un blanchisseur appelé Karpurapata (c'est-à-
dire habit blanc). Un jour, après s’être amusé avec sa jeune maitresse , il
tomba dans un profond sommeil. Entre-temps, des voleurs pénétrèrent
dans sa maison pour lui dérober tout son bien. Mais à l'entrée de la
maison se trouvaient un àne, attaché à sa corde, et un chien, qui s'était
couché par terre. L’àne alors s'adressant au chien : — C’est ton métier,
lui dit-il, pourquoi n’aboies-tu pas avec force, afin d’éveiller notre maitre?
Le chien répondit : — Que viens-tu te mêler de mon emploi ? Tu sais bien
que nuit et jour je veille sur la maison de mon maître.
Voilà pourquoi il est déjà depuis longtemps plein de sécurité. Il
méconnaît mon utilité et ne me donne plus qu'une maigre pitance. Car
lorsque les maîtres ne voient pas de danger, ils ne respectent pas non plus
leurs serviteurs. — L’âne répliqua : Fi donc, barbare que tu es. Celui
qui fait des réclamations au moment de l’adversité, est-ce là un serviteur
où un ami? — Le chien reprit : Celui qui ne respecte pas ses serviteurs,
est-ce là un maître au moment de l’adversité?
« Il n’y a pas de remplaçant pour nourrir les domestiques, pour ser-
vir le maître, pour pratiquer la vertu ou pour engendrer un fils. »
L’âne alors se mit en colère et dit : — Tu es un infâme, toi qui méprises
ton maître dans le malheur. Soit! je veux mettre tout en œuvre, afin que
mon maître s’éveille.
« Il faut vénérer le soleil en se mettant sur le dos, le feu en se cou-
chant sur le ventre, le maître de toutes ses forces, et l’autre monde sans
dissimulation.
Il dit et commença à braire. Le blanchisseur s’éveille à ces cris, se lève
et, transporté de colère, applique à l’âne des coups de bâton, pour le punir
de ce qu'il avait troublé son sommeil. »
Il est impossible, selon nous, de méconnaitre la ressemblance frappante
qu'il y a entre cette fable et la 131° de Babrius, dans laquelle il est ques-
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 121
tion d’un âne qui, pour mériter l’affection de son maître, se met en devoir
de le caresser à l'instar de son petit chien de Mélite.
Nous ajoutons encore, quoique avec toutes les réserves nécessaires, la
fable 119 de Babrius, dans laquelle il est parlé d’un Mercure en bois que
son professeur vénérait tous les jours sans que l’état de sa fortune s’en
amélioràt. Enfin, voyant que toutes ses prières étaient inutiles, notre
homme, furieux, jette son idole par terre. Elle se brise, et de sa tête cassée
il s'échappe de l'or.
Une histoire tout à fait analogue à celle-ci est racontée dans le Pantcha-
tantra (1. V, f. 1), avec cette seule différence que le Mercure en bois y est
remplacé par un Jaina . Mais, comme nous venons de le dire, nous ne
voulons pas insister là-dessus , parce que, d’après l'avis de M. Bernhardy
(Gr. litt., Il, p. 1048), la fable grecque dont il est question ici, n’a pas
pour auteur Babrius, quoiqu’elle soit comprise dans le recueil publié sous
son nom. Selon ce philologue, elle est d’une date beaucoup plus récente et
doit être considérée comme une interpolation maladroite. S'il en était ainsi,
il se pourrait très-bien que la prétendue fable de Babrius ne fût autre
chose qu’une imitation de la fable indienne , faite au moyen âge d’après une
des nombreuses traductions du Pantcha-tantra que nous avons plus haut
signalées.
Nous ne voulons pas non plus nous arrêter longuement sur la fable
du Pantcha-tantra (1. V , £. 2), dans laquelle il est raconté comment un brah-
mane donna cruellement la mort à un furet qui avait défendu son fils
contre les morsures d’un serpent. Ce brahmane, en voyant le furet plein de
sang, S’imagina qu'il avait tué son fils, tandis qu’au contraire, il avait, au
péril de ses jours, empéché le serpent d'exécuter son funeste projet. —
Loiseleur-Delongchamps, à la p. 144 de son Essai sur les fables indiennes,
fait remarquer la grande ressemblance qu’il y a entre ce récit, si souvent
imité dans la suite , et le Culex attribué à Virgile.
‘ Les Jainas forment une secte religieuse, dont l'origine ne remonte pas à une très-haute an-
tiquité.
Touz XXV. 16
122 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
CHAPITRE IV.
DE LA PATRIE DES APOLOGUES.
Nous pensons que désormais il ne sera plus possible de douter qu'il y
ait des rapports d’affinité entre les fables grecques et les fables indiennes.
La comparaison à laquelle nous les avons soumises nous a montré qu'il
y en a au moins une douzaine qui sont communes à la Grèce et à l'Inde.
Nous avons vu que ces fables ne se ressemblent pas seulement par le
fond, par l’idée générale, mais qu’elles offrent aussi, dans la forme et même
dans les moindres détails, des analogies manifestes. En outre, nous nous
sommes convaincu à diverses reprises que plus une fable grecque est
ancienne, plus aussi elle se rapproche de la fable indienne correspondante.
Nous pouvons, ce me semble, tirer de ces faits positifs la conclusion qu'il y a
eu, à une certaine époque, des relations littéraires entre l'Inde et la Grèce, au moins
en ce qui concerne l’apologue. Cette vérité, qui n'avait pas encore été démontrée,
nous paraît avoir une assez grande importance, surtout si l'on prend en
considération que ces relations littéraires remontent au moins au II: siècle
avant notre ère et que très-probablement elles sont encore beaucoup plus
anciennes. Jusqu'à présent nous savions seulement que les savants de l'Inde
avaient fait à ceux de la Grèce quelques emprunts astronomiques , dont
la date est, du reste, bien plus récente. Nous avons donc acquis une base
nouvelle pour comparer les arts et les sciences de l'Inde avec ceux des pays
helléniques.
Il n’est plus permis de supposer avec M. Robert que les fables de Bidpaï,
qui se retrouvent parmi celles d'Ésope, aient été ajoutées à celles-ci par
les Grecs du Bas-Empire. Il faut remonter bien plus haut pour com-
prendre et expliquer de semblables rapports. Déjà, à une époque très-
reculée, les Grecs avaient emprunté aux Indiens un assez grand nombre
de fables, ou bien ceux-ci en avaient reçu de ceux-là, ou bien encore les
uns et les autres les devaient à un peuple différent, dont les fables n’ont
ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 125
pas été conservées. Nous avons donc devant nous trois hypothèses. Mais
pour ce qui concerne la première, elle se détruit par le témoignage des
Grecs eux-mêmes. Babrius, qui probablement a fait usage des recherches
de Démétrius de Phalère, prétend que la Fable est venue de l’Assyrie, et le
nom d’Ésope, comme nous l'avons fait voir, nous indique clairement que,
d’après l'opinion des Hellènes, la patrie de l’apologue doit être cherchée
dans l'Orient. Ceci se confirme de diverses manières. Les fables grecques
les plus anciennes appellent notre attention, du côté de l'Orient, vers l’île
de Samos, vers la Lydie et, en général, vers toute l'Asie Mineure. Dans
les fragments de Callimaque, la dispute du laurier et de l'olivier est trans-
portée sur le mont Tinolus et rapportée « d’après les récits des anciens
Lydiens 1. »
Selon Lucien, l'aventure de l'âne couvert de la peau du lion s’est passée
à Cumes, dans l'Éolie. Dans le Repas des sept sages de Plutarque (IV), Ésope
parle du mulet lydien. Chez Coraï (p. 155), des renards veulent vider
le Méandre. Simonide d’Amorgos ? fait allusion à la fable de l’anguille du
Méandre. Une oie du Méandre figure dans les fragments du même poëte,
Qu'on se rappelle encore ici ce que raconte Élien des écrevisses d’Éphèse 5,
et qu'on songe qu'Ésope passait pour avoir été un habitant de Sardes,
un favori de Crésus.
Pour ce qui regarde la fréquence des fables dans l’île de Samos, il suffit
de prendre en considération que Simonide d’Amorgos était originaire de
cette île, qu'Ibycus y avait vécu chez Polycrate, qu'Ésope est souvent
appelé Samien, et que, d’après Héraclide du Pont (X), il y avait ancien-
nement, dans l’île de Samos, une quantité innombrable d'animaux ‘. Si
nous réunissons toutes ces indications, nous pourrons facilement nous
convaincre que les Grecs ont eu raison d’attribuer l'invention de la Fable
à Ésope, c’est-à-dire à un Éthiopien. Mais lequel des peuples orientaux
1 Voy. Ammonius, $. ©. wivos.
2 Fr. 8 dans Ja collection de M. Bergh.
5 Voy. plus haut, p.91.
# Nous n’appuyons pas fortement là-dessus, parce que cette tradition peut être expliquée au-
trement.
©
124 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE
ou éthiopiens ont-ils entendu désigner? Il n’est pas du tout sûr que ce
soient les Indiens. En effet, il se pourrait très-bien que les Indiens et les
Grecs eussent emprunté la Fable soit aux Assyriens, soit aux Phrygiens ,
soit à un autre peuple de l'Asie Mineure. Néanmoins, il y a plusieurs mo-
tifs qui nous font supposer que les Indiens n'ont pas reçu leurs fables
d’un peuple étranger. Car, d’abord, quoique nos connaissances sur l'Inde
soient encore très-incomplètes, nous avons cependant déjà la certitude
qu'ils n’ont presque rien emprunté aux peuples qui les environnaient !. Et
de même que les Égyptiens, ils n'avaient pas l'habitude de voyager dans des
contrées éloignées ?. De plus, aucun peuple n’était plus propre à créer
l’apologue. Aucun n'avait plus fidèlement observé le caractère des différents
animaux. Ils avaient la croyance que les âmes des pécheurs passaient dans
le corps de toutes sortes d'animaux, et dans l’un des plus anciens monu-
ments de leur littérature, dans les lois de Manou, nous voyons qu’ils
avaient spécifié, avec la plus grande exactitude, à quelle espèce d'animaux
appartiendrait, après leur mort, telle ou telle espèce de coupables 5. Et qu'on
ne nous objecte pas que l'apologue n’aurait pas pu se frayer un chemin à
travers l'Asie jusqu'aux Grecs, puisque nous voyons que d’autres tradi-
tions indiennes ont pénétré jusque-là. Les détails relatifs aux fourmis
gigantesques de l'Inde, creusant la terre et rassemblant de l’or, ont été
connus en Grèce bien avant l’époque d’'Hérodote.
Les contes relatifs à la nation des Amazones, qu'on disait demeurer
vers l'extrême Septentrion, ne sont pas différents de ceux que rapportent
les auteurs indiens sur le royaume des femmes qu’ils appellent Strirâg'a *.
D'un autre côté, Mégasthène donne à juste titre le nom d’Hyperboréens de
l'Inde aux Ottorocorras, dont il est si souvent question dans les ouvrages
sanscrits, qui, d'après la tradition, avaient leurs demeures dans le Nord,
‘ Ils nommaient tous les étrangers des mlétchas , c'est-à-dire des barbares.
2 Voy. M. Lassen, Antiquités de l'Inde, 1, p. 854.
5 Les passages relatifs à cette croyance, que nous avons découverts dans le code de Manou, se
trouvent, en suivant la traduction anglaise, aux pages 77, v. 115; 95, v. 930 ; 414, v. 67; 129,
v. 166: 135, 154, 145, v. 11: 149, 169, v. 164; 555, v. 91 ; 583, v. 132; 401, v. 941; 419,
v. 40-45; A4, 416.
: Voy. les Antiquités de l'Inde, de M. Lassen, I, p. 851.
ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 195
et qui étaient considérés, tant par les Indiens que par les Grecs, comme
le peuple le plus heureux et le plus juste du monde !.
Et pour ne pas trop insister sur des généralités, nous ferons remarquer
que le caractère particulier que revêtent certaines fables communes aux
Indiens et aux Grecs parle tout à fait en faveur de leur origine indienne.
Nous avons déjà fait observer plus haut que la poule qui pond des œufs
d’or nous rappelle les traditions religieuses des livres sanscrits. Il faut dire
la même chose de la fable du Brahmane et du Serpent, dans laquelle nous
trouvons le culte du serpent pratiqué d’une manière inconnue à la Grèce.
Les sectateurs de Bouddha avaient l'habitude de nourrir toute espèce d’ani-
maux, et il suffit d’être un peu versé dans la connaissance des mœurs
bouddhistiques pour être persuadé que cette fable est originaire de l'Inde.
L’apologue des quatre brahmanes qui rappellent un lion à la vie, porte un
cachet éminemment oriental; la magie dont ils font usage n’était pas fami-
lière aux Hellènes. Cette remarque s'applique également à la fable de Ja
Souris métamorphosée en fille.
En combinant toutes ces données, on arrive à la conclusion qu'il est
du moins très-probable qu’il faut chercher dans l'Inde l’origine de la Fable,
considérée comme genre littéraire.
Il ne sera pas sans intérêt de faire encore quelques recherches sur le
chemin qu'ont dû suivre les apologues indiens pour parvenir dans la
Grèce. 11 n’y a, selon nous, pour résoudre cette question, que deux hypo-
thèses plausibles. La Fable a été transmise aux Grecs par les Assyriens, ou
bien elle l’a été par les Perses. L'empire d’'Assyrie, d’après les recherches
les plus récentes, s’étendait jusqu’à la Bactrie et à l'Inde; les guerres que,
selon Ctésias, Sémiramis et Ninus portèrent dans ces deux contrées ne
sont pas dénuées d’un fondement historique ?. D'autre part, cet empire
s’étendait jusqu’au fleuve Halys, l’ancienne limite de la Lydie. En outre,
il y avait entre la Lydie et l’Assyrie bien plus que des relations de voi-
sinage. Les rois de ces deux peuples prétendaient descendre les uns et les
autres d'Hercule. Si donc nous trouvons, d’un côté, des fables dans la
1 Voy. L. L., p. 511, et Schwanbeck, Ad Megasthenis indica, p. 63.
2 Voy. M. Lassen, [. L., p. 858.
126 SUR LES APOLOGUES DE L'INDE ET DE LA GRECE.
Lydie et que, de l’autre, nous en trouvons dans l'Inde; si, de plus, les Assy-
riens ont eu des rapports très-intimes avec les peuples de ces deux con-
trées, si, en outre, Babrius attribue aux Assyriens l'invention de la Fable,
si, enfin, les Ciliciens, qui étaient tributaires des Assyriens!, avaient,
comme le rapporte Théon, des fables à eux, si tout cela, disons-nous, est
incontestable, nous croyons pouvoir en conclure, sans trop de hardiesse,
que les Assyriens ont Joué le rôle d’intermédiaires entre l'Hindostan et la
Grèce, au moins en ce qui concerne l’apologue.
Ce n’est pas qu’on ne puisse aussi faire valoir quelques arguments en
faveur de la seconde hypothèse, d’après laquelle ce seraient les Perses qui
auraient transmis aux Hellènes l’apologue sanscrit. Eux aussi exercèrent,
pendant un certain temps, leur domination depuis l’Inde jusqu'à l'Asie
Mineure. Eux aussi connaissaient la Fable; Hérodote en fait foi ([, 141).
Mais on ne peut pas aller au delà.
Nous avons pensé, pendant quelque temps, que la Fable avait été trans-
mise par les Assyriens aux Babyloniens, par ceux-ci aux Phéniciens et
par ces derniers aux Grecs. Car l’île de Samos avait reçu des colonies
phéniciennes; Archiloque, dans les fragments duquel nous avons trouvé
des fables, était de l’île de Thasus, où il y avait aussi une colonie phéni-
cienne; enfin, Hésiode, l’auteur le plus ancien qui nous ait transmis une
fable, habitait Ascra, où les Phéniciens s'étaient également établis. Mais
toutes ces considérations sont si peu concluantes que nous n’y attachons
nous-même qu'une très-faible importance.
Quoi qu'il en soit de la route qu'ont suivie les apologues pour arriver
dans la Grèce, nous croyons avoir démontré d’une manière irréfragable
qu'il y a de nombreux rapports d’affinité entre les fables de l'Inde et celles
de la Grèce; nous croyons, de plus, avoir rendu très-probable que l’hon-
neur de l'invention doit en être attribué aux Indiens.
Nous espérons que d’autres plus savants que nous feront, sur une échelle
plus vaste, l’histoire comparée des civilisations grecque et indienne. Nous
n'avons fait qu'apporter une pierre à la construction de ce grand édifice.
1 Voy. Niebuhr, Æleine Schriften , V, p. 205.— FRS
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