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Full text of "Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers / Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles"

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MÉMOIRES COURONNÉS 


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MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS, 


PUBLIÉS PAR 
L'ACADÉMIE ROYALE 


DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


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MÉMOIRES COURONNÉS 


ET 


MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS, 


PUBLIÉS PAR 


L’ACADÉMIE ROYALE 


DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


TOME XXV. — 1851-1855. 


BRUXELLES, 


M. HAYEZ. IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


1854. 


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TABLE 


DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XXV. 


CLASSE DES SCIENCES. 


MÉMOIRES COURONNÉS. 


Description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg; par MM. F. Cha- 
puis et G. Dewalque. 


MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. 


Note sur la théorie des résidus quadratiques; par M. Angelo Genocchi. 

Recherches sur les médianes; par M. Ernest Quetelet. 

Méthode pour déterminer simultanément la latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, par des 
passages observés dans deux verticaux; par M. J.-C. Houzeau. 

Mémoire sur l'ascension de l’eau et la dépression du mercure dans les tubes capillaires ; par M. Émile 
Bède. 

Recherches sur la maladie de la vigne et sur le champignon qui l'accompagne; par M. J. Crocq. 


CLASSE DES LETTRES. 


MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. 


Mémoire sur la ville de Gand, considérée comme place de guerre; par M. P.-C. Van der Meersch. 
Essai sur les rapports qui existent entre les apologues de l'Inde et les apologues de la Grèce; par 
M. A. Wagener. 


MÉMOIRE 


EN RÉPONSE A LA QUESTION SUIVANTE : 


FAIRE LA DESCRIPTION DES FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DE LA PROVINCE DE LUXEMBOURG, 
ET DONNER L'INDICATION PRÉCISE DES LOCALITÉS ET DES SYSTÈMES DE ROCHES DANS LESQUELS 
ILS SE TROUVENT ; 


FAR 


M. F. CHAPUIS, 


DOCTEUR EN MÉDECINE ET EN SCIENCES NATURELLES, 


ET 


M. G. DEWALQUE, 


DOCTEUR EN MÉDECINE , PRÉPARATEUR DE PHYSIOLOGIE A L'UNIVERSITE DE LIÉGE. 


{Mémoire couronné dans la séance du 15 décembre 18641.) 


“ L'esprit ne peut pas suppléer à la connaissance des 
faits, et les faits sont, dans les sciences, ce qu'est l'expt 
rience dans la vie civile, » 

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Tome XXV. il 


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PRÉFACE. 


Depuis longtemps déjà, des savants distingués de notre pays ont con- 
sacré leurs talents et leur zèle à faire connaître les fossiles des terrains 
primaires et tertiaires de la Belgique. L’extrémité méridionale de la pro- 
vince de Luxembourg est formée de terrains secondaires; et quoique 
d'ordinaire les couches jurassiques soient assez riches en fossiles, per- 
sonne ne semblait penser à s’en occuper, lorsque l'Académie royale pro- 
posa leur étude comme objet de concours. Des difficultés sérieuses, telles 
que l'éloignement des centres scientifiques, les communications rares el 
difficiles, l'absence de collection un peu complète de ces fossiles avaient 
retardé l’accomplissement des désirs de ce corps savant; la question pro- 
posée depuis plusieurs années n'avait pas encore reçu de réponse. À 
côté de circonstances aussi défavorables, quelques motifs cependant nous 
engageaient à faire nos efforts pour combler cette lacune; le cours de 
paléontologie , fait d’une manière si savante à l'Université de Liége, 
par M. le professeur De Koninck, en nous laissant entrevoir les grands 
résultats auxquels cette science doit infailliblement conduire , avait éveillé 
en nous le désir de nous occuper des débris des faunes anciennes ; nous 
avions aussi pu assister aux développements si clairs et si précis que 
M. le professeur Dumont avait exposés, à la même Université, sur la géo- 
logie de la Belgique; lui-même s'était occupé des couches liasiques et 


jurassiques du Luxembourg, et son mémoire était pour nous un guide 


PRÉFACE. 


& 


sûr et fidèle dans la détermination de l’âge des terrains que nous vou- 
lions parcourir. Enfin, enhardis par l’idée de contribuer à faire connaître 
une partie des richesses de notre pays, nous avons entrepris ce travail : 
c'est le résultat de nos efforts que nous avons eu l'honneur de présenter 
à l’Académie, dont l'approbation a été pour nous la récompense la plus 
flatteuse et la plus douce. 

Tous les fossiles que nous décrivons ont été, à quelques exceptions 
près, recueillis par nous sur les lieux , après une détermination attentive 
du terrain auquel ils appartiennent; ceux que l’on a bien voulu nous 
communiquer ne laissent aucun doute sur leur origine géologique : ils sont 
d’ailleurs indiqués dans le courant de ce travail. Nous avons donné une 
attention toute particulière à déterminer leur âge, convaincus qu’en cela 
au moins, notre travail pourrait avoir quelque utilité; aussi avons-nous 
pris soin d'indiquer à chaque article les localités et les systèmes de 
roches où nous les avons rencontrés; de cette façon on pourra toujours 
sans peine les rapporter à leur époque, quelque opinion que l’on ait de 
la classification que nous avons cru devoir suivre. Nous y avons joint les 
indications géologiques des auteurs, mais sous leur responsabilité; dans 
le plus grand nombre des cas, il nous a été impossible de contrôler ou 
de discuter la question de terrain. 

Nous décrivons ici 197 espèces, dont 64 sont nouvelles; nous les 
avons étudiées sans prévention, et nous avons fait tous nos efforts pour 
nous assurer de l'exactitude de nos déterminations; mais des erreurs, 
plus nombreuses peut-être que nous ne le pensons , se seront glissées dans 
le cours de l'ouvrage, erreurs bien regrettables sans doute, mais que le 
mauvais état des fossiles de nos terrains et le manque d'échantillons 
étrangers, trop souvent nécessaires à la comparaison, rendront plus 


excusables. 


Dans les ouvrages de cette nature, on peut adopter pour la disposition 


PRÉFACE. 5 


des espèces deux marches différentes : l’une zoologique, où les affinités 
naturelles sont rigoureusement observées , l’autre stratigraphique, où les 
fossiles sont groupés d’après les couches où ils se rencontrent. Nous avons 
adopté un terme moyen entre ces deux voies : les espèces d’un même 
genre ont été rangées d'après leur âge géologique; quant aux genres, 
aux familles, nous avons adopté l’ordre zoologique, en commençant par 
les divisions les plus élevées de l'échelle animale. Nous nous sommes 
bornés à indiquer en quelques mots les caractères des genres seulement, 
pensant que de plus longs détails sur ces groupes, sur les familles, sur 
les ordres étaient plutôt du ressort des ouvrages de zoologie que d’une 
faune aussi restreinte. 

Avant de terminer, qu’on nous permette d'adresser ici des remerciments 
bien sincères à M. le docteur De Condé, pour la bienveillance avec laquelle 


il a bien voulu mettre sa collection à notre entière disposition. 


Liége, le 2 novembre 1852. 


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LIEN 
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INTRODUCTION. 


Les terrains secondaires de la province de Luxembourg forment une 
bande assez étroite, dirigée à peu près de l’ouest à l'est, et se rattachant, 
par le grand-duché de Luxembourg, au massif des Vosges et du Jura; elle 
est limitée au nord par une ligne passant à 2 lieues environ au nord 
d’Arlon, à 6 lieues au nord de Virton, à l’ouest et au sud par la fron- 
tière française, à l’est par celle du Grand-Duché. Nous n’avons pas l’inten- 
tion d’en faire une description géologique détaillée, qui serait déplacée 
ici; mais ce que nous dirons de leur classification nous oblige en quelque 
sorte à parler de leur composition minéralogique; nous tàcherons de le 
faire aussi brièvement que possible. 

Ce petit espace appartient en très-grande partie au terrain jurassique; 
une bande étroite seulement fait partie du trias, encore disparaît-elle dans 
la partie occidentale de la province; on n’y reconnaît distinctement que 
les systèmes inférieur et moyen. M. Dumont n’y a pas recueilli de fossiles, 
sauf quelques débris indéterminables dans du calcaire conchylien d’AI- 
merode; nous avons exploré cette localité sans plus de fruit. À Muno, où 
M. Dumont a recueilli quelques fossiles dans du calcaire subordonné au 
poudingue du système inférieur, nous n'avons pu voir cette roche en place 
et reconnaître sa posilion; mais nous avons trouvé quelques blocs de 
calcaire blanc grisätre ou rougeâtre , contenant des débris de fossiles que 
nous avons lieu de croire appartenir au lias inférieur. 


TERRAIN JURASSIQUE. 


Ce terrain, assez riche en fossiles , est beaucoup plus développé que le 


8 INTRODUCTION. 


trias, et présente une suite assez nombreuse d'étages qui appartiennent au 
lias et à l’oolithe inférieur. 

Dans un mémoire présenté, en 1841, à l'Académie de Bruxelles !, 
M. Dumont y rangeait les étages suivants : 1° marne de Jamoïigne; 2° grès 
de Luxembourg (en y comprenant la marne de Strassen et le sable infé- 
rieur du macigno); 5° schiste et macigno d’Aubange; 4° marne de Grand- 
Cour ; 5° oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin; 6° calcaire de Longwy. 
Il rapportait alors les trois premiers au lias, les trois autres à la partie 
inférieure du système bathonien de M. d'Omalius. 

Depuis plusieurs années déjà, de nouvelles observations l'avaient en- 
gagé à modifier cette classification, sans rien changer à la succession des 
étages ; il y avait fait rentrer aussi le sable de Martinsart, considéré en 
premier lieu comme triasique. Il a fait connaître sa nouvelle classification 
dans un rapport? lu, il y a deux ans, à l’Académie de Bruxelles; il y 
donne le tableau suivant : 


Système bathonien. . . . . . . Calcaire de Longwy. 
1 Marne de Grand-Cour. 
© ( Sable, schiste et macigno d'Aubange. 


Système liasique . . . . 9, | Marne de Strassen. 
Sable et grès de Luxembourg. 
Marne de Jamoigne. 


Sable de Martinsart. 


ot 


Les résultats auxquels nous sommes parvenus nous déterminent à mo- 
difier légèrement cette classification. 

Nous retirons du lias supérieur le macigno d’Aubange avec le schiste 
et le sable qui en forment la base, pour en constituer le lias moyen, 


faisant rentrer la marne de Strassen et le grès de Luxembourg dans le 
lias inférieur. 


1! Mémoire sur les terrains secondaires du Luxembourg, inséré dans le t. XV des Mémoires de 
l'Académie de Bruxelles. 


? Rapport sur la carte géologique de Belgique. — Bulletin de l'Académie de Bruæelles, t. XVI, 
2° part., p. 551. 


Le) 


INTRODUCTION. 


Comme M. Dumont l’a fait remarquer il y a longtemps, le calcaire de 
Longwy appartient au système bathonien dont il forme la base; en effet, 
il appartient à l’oolithe inférieur (étage bajocien, d’Orb.) et non à l’oolithe 
de Bath, ou grand oolithe. 11 faut probablement y réunir l’oolithe ferru- 
gineux de Mont-S'-Martin, petit dépôt que M. Dumont considérait comme 
oolithique, quoique quelques personnes paraissent le réunir au lias !. 

Nous avons représenté cet arrangement dans le tableau suivant : 


{ Calcaire de Longwy. 
* } Oolithe ferrug. de Mont-S'-Martin. 
s 


Supérieur (toarcien, d'Orb.). . Marne et schiste de Grand-Cour. 
Moyen (liasien, d'Orb.) . . . Macigno, schiste et sable d’Aubange. 


Oolithe inférieur (bajocien, d'Orb.). 


Lias. 
Marne de Strassen. 


Grès de Luxembourg. 
Marne de Jamoigne. 
Sable et grès de Martinsart. 


| Inférieur (sinémurien, d'Orb.). 


On pourra se convaincre que cette classification est préférable, en 
jetant un coup d’œil sur le tableau stratigraphique des espèces qui se 
trouve à la fin de ce mémoire. 


SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUR. 
1e étage. — Sable et grès de Martinsart. 


Cet étage, peu développé, repose en stratification concordante sur les 
marnes du trias. Il se compose de sable fin gris jaunâtre et verdâtre, con- 
tenant de très-petites paillettes de mica, plus ou moins argileux, et pas- 
sant à un grès friable ou parfois très-tenace. En certaines localités, il 
renferme un lit de cailloux quartzeux. 

M. Dumont n'y a recueilli aucun fossile; nous n’avons guère été plus 
heureux; nous avons trouvé, près de Rossignolle, des empreintes d’une 


1 M. Levallois, d'après des déterminations de fossiles faites par M. Bayle, rapporte l'oolithe 
d'Hayange au lias moyen (marlstone). Si ces déterminations sont exactes, comme on doit le sup- 
poser, le terrain dont parle M. Levallois n'est pas notre oolithe ferrugineux, entièrement différent, 
sous tous les rapports, du marlstone et tronstone des Anglais. (1852.) 


Toue XXV. 2 


10 INTRODUCTION. 


coquille qui nous paraît être l'Ostrea irregularis, qui se trouve également 
dans la marne de Jamoigne. 

Cet étage correspond sans doute au grès infra-liasique de Dufrénoy, et 
à une partie des Quadersandstein des Allemands. C’est le grès infraliasique 
de Sauvage et Buvignier !. 


2m étage. — Marne de Jamoigne. 


Cet étage se compose de marne ordinairement très-calcarifère, parfois 
schistoïde, plus souvent terreuse, plastique et de couleur gris bleuâtre 
foncé, plus rarement sableux et jaunâtre; quelquefois noir bleuâtre, mais 
non bitumineuse (Chiny); alternant, surtout à la partie supérieure, avec 
des bancs plus ou moins nombreux de calcaire argileux gris bleuâtre 
foncé ou gris, compacte, et ordinairement extrêmement tenace. Les fos- 
siles y sont abondants, surtout vers l’ouest, disséminés dans la marne, 
ou à la surface des bancs calcaires ; mais malheureusement ils sont sou- 
vent en mauvais état : il est impossible de les dégager du calcaire, et, 
dans la marne, ils sont tantôt encroûtés de marne très-calcarifère, tantôt 
usés à la surface comme par un dissolvant. Les localités les plus riches 
sont Jamoigne, Muno, S“-Cécile, Fontenoille, La Cuisine, Chiny, Izel et 
au sud d’Attert. 

Ce dépôt, que quelques personnes ont regardé à tort comme supérieur 
au grès de Luxembourg, fait partie du lias de Boblaye; c’est le calcaire à 
gryphites de d'Omalius, les calcaires et les marnes à gryphites de Sauvage 
et Buvignier. 


9e étage. — Grès de Luxembourg. 


Cet étage se compose à la base de sable quartzeux grisâtre ou jaunâtre, 
parfois ferrugineux, calcarifère, légèrement cohérent, ou contenant des 
cailloux ou quelques bancs de grès. Ce sable est surmonté du grès de 
Luxembourg proprement dit, composé de grains de quartz hyalin gri- 


! Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes, 1842. 


INTRODUCTION. 11 


sätres où blanchätres, et de calcaire de même couleur, en proportion 
très-variable, au point que le grès peut passer au calcaire sableux, comme 
on le voit surtout dans la partie occidentale de la province, où il est 
exploité comme pierre à chaux, à Lambermont, près Florenville (1852). 
Parfois il est presque entièrement calcaire, composé de débris de coquilles 
et de crinoïdes, possédant une structure grenue, granulo-lamellaire, sub- 
lamellaire ou oolithique (Fouche, Guirsch, Orval...). 

Les fossiles que l’on y rencontre sont assez nombreux, mais souvent 
il n’en reste que le moule ou l'empreinte; sinon le têt est fragile, souvent 
spathisé et clivable, difficile à dégager; à la surface des bancs ils sont 
usés. Les localités les plus fossilifères sont Guirsch, Eischen, Fouche, 
Lime, Lasoye, etc. 

C’est le calcaire sableux de Boblaye, le grès de Luxembourg de d’Oma- 
lius, de Steininger et de Dumont, le calcaire sableux de Sauvage et Buvi- 
gnier !; nous y rapportons le lias 4 de Quenstedt , l’unterer lias Sandstein de 
Roemer, le Quadersandstein (partie) des Allemands, le grès liasique de Ter- 
quem avec le grès d'Hettange. 


Ame étage. — Marne de Strassen. 


Cet étage se compose de marne gris bleu, parfois jaunâtre, alternant 
avec un calcaire argileux , compacte, tenace, de même couleur, passant 
parfois au macigno , d’autres fois contenant une quantité notable de sable. 

Il forme aujourd’hui le 4" étage de Dumont : ce sont les marnes 
micacées de Boblaye, le calcaire à bélemnites de d’'Omalius, la marne 
moyenne de Sauvage et Buvignier ?. Nous le regardons comme le corres- 
pondant du lias 8 de Quenstedt, du Liaskalk et du Gryphitenkalk de Roemer 
et des Allemands. 


‘ A voir les listes de fossiles données par ces géologues, il y aurait une notable différence. Du 
reste, nous avons été obligés d'écarter toute liste de fossiles sans description ou figure (1851). — 
Le grès de Luxembourg n'est probablement pas l'équivalent de tout le calcaire sableux (1852). 

? Nous écrivions ceci en 1851; depuis nous nous sommes convaincus que la marne moyenne 
de MM. Sauvage et Buvignier correspond au schiste d'Aubange (1852). 


12 INTRODUCTION. 


LIAS MOYEN. 
bme étage. — Sable, schiste ! et macigno d’Aubange. 
5 ( 


Cet étage se compose : 1° de sable quartzeux ordinairement rouge 
brunâtre, contenant parfois des plaques de grès brun très-ferrugineux, 
que M. Dumont, en 1841, avait provisoirement laissé avec l’étage du grès 
de Luxembourg, mais qu'il place aujourd’hui avec le macigno; 2° de 
schiste argileux, non bitumineux, grossièrement schistoïde, se divisant en 
fragments irréguliers grisàtres, devenant brun noirâtre par une longue 
exposition à l'air; il est peu développé et passe parfois à une glaise 
bleuâtre gypsifère; 3° de couches puissantes de macigno, composé de 
sable, d'argile et de calcaire en diverses proportions, avec des paillettes 
très-fines de mica, et de la limonite qui lui donne une couleur très-variable, 
au point qu'on le prendrait parfois pour du minerai de fer. Il est gros- 
sièrement schistoide ou stratoïde, grenu et friable, ou tenace; gris 
bleuàtre ou brunâtre, brun sur les joints et les fissures et souvent même 
assez profondément dans l’intérieur de la roche. 

Cet étage est le calcaire ferrugineux et l’oolithe ferrugineux que Bo- 
blaye rapportait à l’oolithe inférieur, l’oolithe ferrugineux de Margut 
de d’'Omalius, le calcaire ferrugineux ? de Sauvage et Buvignier. Il cor- 
respond au lias ; et à de Quenstedt, au Belemnitenschichte de Roemer et des 
Allemands, au marlstone et à l’ironstone de Phillips et des Anglais. 

Nous avons été amenés par des considérations paléontologiques à re- 
garder le macigno d’Aubange comme formant chez nous le lias moyen, 
l'étage liasien de M. d'Orbigny, correspondant au marlstone et à l'ironstone 
des Anglais, et cette opinion nous paraît pouvoir être soutenue au point 
de vue minéralogique; mais nous nous en abstiendrons jusqu'à ce que 


1 Après M. Dumont, nous conservons à ce schiste le nom de schiste d'Aubange, quoiqu'il prête 
à la confusion : cette couche, peu développée d'ailleurs, et dont nous ne possédons aucun fossile, 
étant tout à fait différente du schiste exploité à Aubange, lequel appartient au schiste de Grand- 
Cour, placé à la base du lias supérieur. 

? Et la marne moyenne (1852). 


INTRODUCTION. 15 


nous ayons pu étudier le lias hors de notre pays, spécialement en Angle- 
terre, où a été établie primitivement cette division du lias en trois étages. 

MM. Sauvage et Buvignier regardent le lias moyen comme représenté, 
dans les Ardennes, par leur calcaire sableux qui correspond à notre grès 
de Luxembourg, mais nous croyons que c’est à tort (à moins que le cal- 
caire sableux supérieur ne corresponde au sable de notre étage). 


LIAS SUPÉRIEUR. 
G° étage. — Schiste et marne de Grand-Cour. 


Ce dépôt, peu puissant dans notre pays, est aujourd'hui regardé par 
M. Dumont comme formant la partie supérieure du lias. Il se compose, 
à la base, de marne schisteuse grise ou noire, bitumineuse, pyritifère, 
onctueuse au toucher, se laissant facilement couper au couteau , et assez 
tenace pour se laisser diviser en feuillets qui se délitent à l'air. La partie 
supérieure est formée de marne terreuse ou schistoïde, plastique, gris 
bleuâtre quelquefois mêlé de jaunâtre, renfermant des nodules de calcaire 
bleuätre compacte qui contiennent parfois un ou plusieurs fossiles. 

Le schiste a été exploité pour en retirer le bitume à Aubange; on y a 
trouvé de nombreux fossiles, entre autres beaucoup de poissons et de 
poches et osselets de sèche, mais nous n’avons pu nous en procurer. 

C’est la terre à foulon de Boblaye, la marne d'Amblimont de d'Oma- 
lius, la marne supérieure de Sauvage et Buvignier. Elle correspond au 
lias < et au jura brun + de Quenstedt, au Posidonienschiefer de Roemer, à 
l'upper lias shale de Phillips. Nous la regardons comme constituant le lias 
supérieur. M. Terquem paraîtrait la considérer comme appartenant au lias 
moyen (voir plus bas la description de la Lingula longo-viciensis); mais ce se- 
rait bien à tort, au point de vue paléontologique, comme au point de 
vue géologique. 


SYSTÈME BAJOCIEN. 


M. d'Omalius a donné le nom de bathonien au système oolithique de 


14 INTRODUCTION. 


l'Angleterre ; on y comprend habituellement non-seulement le grand 
oolithe ou oolithe de Bath, mais encore l’oolithe inférieur. C’est à la base 
de ce système que M. Dumont place les deux étages qui suivent. Comme 
ce grand ensemble paraît se diviser en deux parties distinctes, comme, 
d'autre part, nos étages sont loin de le représenter en entier, mais se rap- 
portent à l’oolithe inférieur auquel M. d’Orbigny a donné le nom d'étage 
bajocien, nous les rangerons sous ce nom, sans vouloir rien préjuger de 
la valeur relative des divers étages de la classification des terrains juras- 
siques donnée par ce savant. 


1° Ooliühe ferrugineux de Mont-S'-Martin. 


Petit dépôt formé à sa partie inférieure de sable ferrugineux et de psam- 
mite très-argileux, assez tendre, jaune brunûtre , très-rarement bleuûtre, 
et, plus haut, d’oolithe ferrugineux à grains fins, inégaux, bronzés ou 
métalloïdes, réunis par un ciment argileux jaunätre ou brun sale, conte- 
nant quelquefois des rognons argileux ou calcaires. En masse, il est 
grossièrement stratoïde, gris brunâtre à la base, rouge brun à la partie 
supérieure. 

Les fossiles de cet étage sont rares et en fort mauvais état; ceux que 
nous avons pu déterminer sont tous, à un ou deux près, du système ba- 
jocien. Ainsi se trouve confirmée l'opinion de M. Dumont qui, pour des 
motifs purement géologiques, l'avait placé avec le calcaire de Longwy. 


2 Calcaire de Longwy. 


Le calcaire de Longwy forme un dépôt puissant, très-peu incliné vers le 
sud, reposant en stratification concordante sur l’oolithe ferrugineux ou 
sur la marne de Grand-Cour. Sa texture est extrêmement variable, même 
dans une seule couche à des distances très-rapprochées, tantôt oolithique, 
à oolithes parfois celluleux , à ciment distinct, tantôt crinoïdo-lamel- 
laire, ou oolithico-lamellaire; d’autres fois grossière, compacte ou cellu- 
leuse; parfois pétrie de fragments de coquilles, ou terreuse, ou alternant 


INTRODUCTION. 15 


irrégulièrement avec des marnes sableuses jaunes ou gris bleu. Ces der- 
nières, que nous avons rencontrées surtout au sommet du plateau de 
Longwy, nous ont paru complétement subordonnées au calcaire et ne 
pouvant former un étage à part, analogue au Fuller’s Earth. La couleur 
du calcaire varie du blanc jaunâtre au jaune sale; les joints et les fissures 
sont souvent colorés en brunâtre par de l'argile ferrugineuse. 

Les fossiles y sont abondants, mais souvent brisés, empâtés dans la 
roche ou à l’état de moules. Les céphalopodes y sont très-rares. 

Boblaye le rapportait au grand oolithe, c’est l’oolithe de Montmédy 
de d'Omalius, le groupe de loolithe inférieur de Sauvage et Buvignier. 
Il correspond à l’oolithe inférieur, au dogger de Sowerby, de Phillips et des 
Anglais; au Dogger, unterer Oolith de Roemer, au jura brun £ et ; (et peut- 
être 9 partie) de Quenstedt; à l’oolithe ferrugineux de Normandie. 

Maintenant que la succession de ces étages et leur classification sont 
connues, nous croyons utile de rapporter, comme complément et point de 
comparaison, la classification de M. d'Orbigny ! avec les synonymes qu'il 
en donne, et que nous n'avons pu rapporter à chacune de nos divisions, 
parce qu'ils sont loin d’être de vrais synonymes : souvent ce sont des 
systèmes plus ou moins étendus qui doivent rentrer dans ces étages. 


TERRAIN JURASSIQUE. 


SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUR. — ÉTAGE SINÉMURIEN, d'Orb. 


Suivant la position, c’est le lias inférieur de d’Orb., 1842, le lower 
lias shale de Phillips, l’infralias de Moreau, de Leymerie, etc., l’'unterer Lias 
de Roemer, etc. 

Suivant les fossiles, c’est le calcaire à gryphée arquée de Thurmann, 
de Dufrénoy et Élie de Beaumont; le calcaire à gryphites de Charbant, le 


1 Voy. d'Orbigny, Paléont. franç., Terr. jurass., pp. 604 et suiv. — V. aussi Cours élém. de 
paléont. et de géol. stratigr., 1852, 2° vol., pp. 454, 449, 463 et 477. 


16 INTRODUCTION. 


Gryphitenkalk de Roemer, le Turnerithon et le Sandthonkalk, partie du schwar- 
zer Jura de Schmidt. 

Suivant la composition minéralogique, c’est le grès infraliasique et le 
calcaire à gryphée arquée de Dufrénoy et d'Élie de Beaumont, le grès de 
Luxembourg de d’Omalius, le grès liasique de Terquem, le Quadersandstein 
(partie) des Allemands, le calcaire de Valognes de de Caumont, le Liaskalk, 
le Lias-Sandstein de Roemer, la formation liasique (partie) de M. Huot. 


SYSTÈME LIASIQUE MOYEN. — ÉTAGE LIASIEN, d'Orb. 


Suivant la position stratigraphique, c’est le lias moyen, d'Orb., 1842, 
le lias supérieur (partie), Gressly, l'upper lias shale (partie) de Phillips. 

Suivant les fossiles, c’est le calcaire à bélemnites de Simon, de Ter- 
quem , le Belemnitenmergel de Mérian, le Belemnitenschichte de Roemer. Ce 
sont les calcaires et marnes à Gryphea cymbium de Moreau, le Numisma- 
lismergel, V Amalthenthon, partie du schwarzer Jura de Schmidt. 

Suivant la composition minéralogique, ce sont les schistes du lias de 
M. Mandelsloh, l’ironstone, le marlstone de Phillips, les marnes grises 
micacées, les marnes grasses, les marnes feuilletées de Terquem, le ma- 
cigno d’Aubange de Dumont et de d’Omalius !, les marnes supra-liasiques 
(partie) de Dufrénoy et É. de Beaumont. 


SYSTÈME LIASIQUE SUPÉRIEUR. — ÉTAGE TOARCIEN, d'Orb. 


Suivant la position stratigraphique, c’est le lias supérieur de d’Orbigny, 
1842, l'upper lias shale (partie) de Phillips, l'étage supérieur du lias de 
Thiria. 

Suivant les fossiles, c’est le Posidonienschiefer de Roemer, partie du 
schwarzer Jura de Schmidt, les marnes à posidonies de Mathéon. 


! Cest par erreur que M. d'Orbigny (Cours de Paléont., 1852, p. 449) rapporte ce nom à 
M. d'Omalius; nous avons vu que le macigno d'Aubange de M. Dumont est l’oolithe ferrugineux 
de Margut de M. d'Omalius. — Nous sommes heureux de voir notre opinion sur la position paléon- 
tologique de cet étage confirmée par l’autonité de M. d'Orbigny. 


INTRODUCTION. 17 


Suivant la composition minéralogique, c'est l’oolithe ferrugineux de 
Thurman (mais non celui des Normands). Ce sont les marnes supérieures 
du lias de Dufrénoy et Élie de Beaumont, le grès supraliasique de Simon, 
le lias :, le brauner Jura (partie) de Quenstedt, les marnes bitumineuses 
sans bitume, les schistes bitumineux de Charbant, l'opalinusthon, partie 
du brauner Jura de Schmidt, l'alum-shale, le withby-shale des Anglais. 


ÉTAGE BAJOGIEN d'Orb. 


Suivant les fossiles , c’est le calcaire à entroques de Bonnard, Moreau, 
Cotteau, le calcaire à polypiers de Marcou (mais non celui des Normands). 

Suivant la composition minéralogique, c’est l’oolithe inférieur de d’Orbi- 
gny, 1845, l'inferior oolithe de Sowerby, la partie inférieure du système ooli- 
thique, les marnes de Pont-en-Bessin de Dufrénoy et Élie de Beaumont, 
le cave oolithe, le gray-limestone de Phillips, l'oolithe ferrugineux des Nor- 
mands, de Thiria, de Cotteau (mais non celle de Thurmann), l’oolithe de 
Bayeux (partie) de Simon, le fuller’s earth de Morris, de Thiria, la terre à 
foulon , et les marnes à foulon des géologues français, les marnes interoo- 
lithiques de Boyé, le Dogger, l'unterer Oolithe de Roemer, le calcaire Iædo- 
nien, le calcaire à polypiers et les marnes vésuliennes de Marcou, le brauner 
Jura (partie) de Quenstedt et des Allemands. 


Tome XXV. 5 


‘ red: 
RUN MERS 


état 


DESCRIPTION 


DES 


FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 


MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. 


Genre BELEMNITES, Enraarr (1727), Lam., BLain., Vourz, D'ORB., etc. 


Naunizus BezemnirAa, Gmelin. 

Acawas, AcmeLois, Cazcmnor, Cerocis, Carysaor, HyzoziTues, PAGLITES, PoroDRAGUS , 
Tuazanus, de Montfort, 1808. 

Norosræmres, Gasrrosipmires, Duval. 

Becemnires, Pseunosecus, Blainville, 4827. 

Bezeunrra, Fleming, 1828. 


Animal ignotum. 


Ossiculum internum, anterius explanatum, posterits angustatum et alveolo 
loculis transversis, siphone laterali perforatis composito munilum ; alveolus 
externè cretaceo rostro plus minusve elongato, obtuso vel aciculato, laevi aut 
sulcalo indutus. 


Animal inconnu. 

Osselet interne, corné, élargi antérieurement, rétréci en arrière, et 
terminé postérieurement par un godet conique, alvéolé, plus ou moins 
profond, logeant une série de loges aériennes empilées et traversées sur le 


20 DESCRIPTION DES FOSSILES 


côté interne par un siphon continu, que rétrécit l’étranglement de chaque 
loge. Godet postérieur protégé à l'extérieur par un encroûtement crétacé 
représentant un rostre épais, pointu ou obtus, généralement allongé. 

Ce genre a commencé de paraître dans les couches liasiques infé- 
rieures, où déjà il se montre avec un certain développement; il continue 
dans les terrains jurassiques et ne s’éteint qu'à la fin de la formation 
crétacée. 


A. BELEMNITES ACUTUS. 


(PI. IN, fig.1,a,b,c.) 


BELEMNITES ACUTUS. Miller, 1825, 7rans. of the geol. Soc., vol. 5, pl. 8, fig. 9. 
— BREVIS. Blainv., 1827, Bélemn., pl. 5, fig. 1 et 1 a, var. A. 
— ACUTUS. Sow., 1828, Min. conch., p. 178, pl. 590, fig. 7, 10. 
— BREvIS. Desh., 1850, Encyclop méth., p.151, n° 19. 
— LAEVIS. Roemer, 1856, J’erstein., p. 165, n° 4. 
— AGuTUS. D'Orb., 1842, Paléont. franç., Terr.jur., p. 94, pLIX, fig. 8-14. 
— BREVIS. Quenstedt, 1846-49, Die Cephalopoden, p. 395, tab. XXIII, fig. 17. 
— ACTUS. D'Orb., Prodrôme, 1850, I, p. 211. 


B. testä brevi, conicä, acuminatà, lateraliter paulisper compressà, apice 
sulculo nullo; alveolo apice ventri subappropinquato, anqulo 18-24°. 


Dimensions. — Longueur 52 mill.; le grand diamètre de la base est au 
petit comme 14 12 est à 15. 

Description. — Rostre court, conique, acuminé régulièrement en ar- 
rière, très-légèrement comprimé sur les côtés. Sommet conique, aigu, sub- 
médian, sans trace de sillon. Base légèrement ovalaire; alvéole formant 
un cône, peu comprimé latéralement, d’un angle de 18 à 24°, occupant 
un peu plus de la moitié du rostre, à sommet plus rapproché de la région 
ventrale. 

Rapports et différences. — Par sa forme conique, cette bélemnite se rap- 
proche de plusieurs autres espèces de lias, mais elle s’en distingue faci- 
lement par son peu de longueur et l’absence de tout sillon à son sommet. 

Localités. — Cette espèce caractérise le lias inférieur à gryphée arquée. 
M. d'Orbigny la signale, en France, à Ville-Franche, Semur, Avallon, 
Nancy; en Angleterre, à Shôrne-Cliff, à Charmouth. Nos échantillons ont 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 21 


été trouvés dans la marne de Strassen , entre Clairfontaine et Walzingen. 

C'est bien probablement à la même espèce que l’on doit rapporter la 
bélemnite que l’on rencontre, mais rarement, dans la marne de Jamoigne 
(Hachy) et dans le grès de Luxembourg (environs de Virton); les échantil- 
lons que nous possédons se trouvant engagés dans la roche, nous n'avons 
pu les déterminer avec certitude. 

Observation. — Le côté ventral peut d'ordinaire se distinguer du côté 
dorsal, sans voir le siphon, parce que le côté ventral est plus droit, tombe 
plus perpendiculairement sur la base. Le sommet est souvent rongé. 

C’est la bélemnite la plus ancienne que l’on connaisse. 


9, BELEMNITES CLAVATUS. 


(PL I,6g.1,a,b,c.) 


BELEMNITES CLAVATUS. Blainville, 1827, Bélem., p. 97, pl. 5, fig. 19, a, b, exclus. fig. c. 
— PISTILLIFORMIS. Id. id, id, p.98, pl. 5, fig. 15, 16, 17 (14?) 
— — Sow., 1898, Min. conch., pl. 589, fig. 3. 
— CLAVATUS. Deshayes, 1850, Encyclop., p. 150, n° 24. 


— SUBCLAVATUS.  Voltz, 1850, Obs. sur les bél., pl. 1, fig. 11. 

— — Zieten, 1850, Furtemb., pl. 22, fig. 5. 

— PISTILLIFORMIS. Roemer, 1856, Ferstein., p. 168, n° 11. 

— CLAVATUS. D'Orb., Pal. Fr., Terr. jur., pl. 11, fig. 19, 20, 21, 22. 
— — Quenstedt, 1846-1849, Die Cephal., p. 398, pl. 5, fig. 19. 
= = D'Orb., Prodr., 1850, 1. I, p. 223. 


B. testä elongatà, clavatä ; basi allenualä, supra medium crassiore et hinc 
apicem versùs altenuatà; apice foveolalo, dorso subappropinquato ; alveolo 
parvulo. 


Dimensions. — Longueur 55 mill. Diamètres? 

Description. — Rostre allongé, claviforme, faiblement comprimé laté- 
ralement, assez élargi vers l’extrémité alvéolaire; s’amincissant jusqu’au 
uers de sa longueur, de là se renflant pour former sa partie la plus large, 
et s’atténuant ensuite assez brusquement jusqu’à l'extrémité; sommet légè- 
rement relevé vers la région dorsale, ne présentant ni sillons latéraux, ni 
médians; partie antérieure médiocrement renflée pour loger un alvéole 
peu étendu, à base légèrement ovalaire et à sommet rapproché de la région 
ventrale. 


22 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Rapports et différences. — Nulle autre espèce du lias ne présente cette 
disposition claviforme, si ce n’est le jeune âge du B. umbilicatus, B1.; mais 
on distinguera facilement le clavatus, par sa coupe ovalaire, à centre excen- 
trique inférieur, tandis que l’umbilicatus est déprimé. 

Localités. — D'après M. d'Orbigny, cette belle espèce serait assez com- 
mune dans les marnes liasiques supérieures; en France, il l'indique à 
Nancy, Pouillon, Avallon, etc.; en Angleterre, à Charmouth ; en Suisse, 
à Vellerat. M. Quenstedt dit qu'on la trouve dans différentes couches, 
depuis le lias y jusqu’au lias d, c’est-à-dire dans les couches liasiques infé- 
rieures et moyennes. M. Roemer l'indique dans les couches à bélemnites 
et à posidonies. Nos échantillons viennent du macigno d’Aubange, et ont 
été trouvés entre Virton et La Tour. 

Observation. — M. d’Orbigny signale des sillons latéraux à peine tracés; 
nous n'avons pu les voir sur aucun exemplaire, et, d'autre part, ni M. Roe- 
mer ni M. Quenstedt n’en parlent. 


5. BELENNITES ABBREVIATUS. 


(PI. II, fig. 2, a, b.) 


BELEMNITES ABBREVIATUS. Miller, 1825, Trans. of the geol. Soc., t. I, pl. 7, fig. 9, 10. 
— — Blainv., 1827, Bélemn., p. 91, n° 51, pl. 4, fig. 5. 
— BREVIS. Id, id, id, p.86, n° 96, pl. 5, fig. 2. 
— ABBREVIATUS. Sow., 1828, Min. conch., t. VI, p. 178, pl. 590, fig. 
— BREVIFORMIS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., p. 45, pl. 2, fig. 2(), 
= — Munster, Zieten, 1850, Wurtemb., pl. 21, fig. 7. 
— — Roemer, 1856, Ferstein., p. 161, n° 1, pl. 16, fig. 8, 9. 
— ABBREVIATUS. D'Orb., Pal. Fr., Terr. jur., 1842-1844, pl. 9, fig. 1, 7. 
— BREVIFORMIS. Quenst., 1846-1849, Die Cephal., p. 404, pl. 24, fig. 21, 25. 


9. 
4. 


5, 
9) 


B. lestà brevi, conoïided, quadrato-subcylindricä; apice laevi, acuminatà, 
dorsum versus plus minusve recurvä; alveolo magno, angulo 25°-28°. 


Dimensions. — Longueur 75 à 80 mill. Diamètres de la base égaux entre 
eux. 

Description. — Rostre court, épais, conique, comprimé et déprimé, ce 
qui lui donne une forme quadrangulaire, à angles très-obtus, se rétrécis- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 25 


sant assez rapidement vers la partie postérieure et présentant latéralement 
deux sillons larges, superficiels et à peine marqués. Sommet assez obtus, 
plus ou moins recourbé vers la région dorsale selon les individus. Base 
large, quadrangulaire , aussi large que haute, renfermant un alvéole qui 
atteint au delà de la moitié de la longueur totale, arrondie et à sommet 
fortement incliné vers la région ventrale. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement par 
sa forme quadrangulaire, courte et trapue, par son sommet légèrement 
recourbé. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le macigno d’Au- 
bange, à Halanzy, à Aubange, entre Gorcy et Ville. M. d'Orbigny la signale 
dans le lias supérieur ; d’après M. Quenstedt, elle se trouve dans le lias 9. 
qui correspond à notre macigno. 


4. BELEMNITES COMPRESSUS. 


(PL I, fig. 2,a,b,c, d.) 


BELEMNITES APICICURVATUS.  Blainv., 1827, Bél., p. 76, n° 16, pl. 2, fig. 6. (Var..) 
— BICANALICULATUS. Id, id, id, pl. 2, fig. 7; pl. 5, fig. 8, 9. 


— COMPRESSUS. Voltz, 1850, Observ. sur les Bél., tab. V, fig. 1, 2. 
— CRASSUS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., pl. 7, fig. 8. 

= — Zieten, id, Æ#urt., pl. 22, fig. 1. 

— APICICURVATUS. Id., id., id, pl. 5, fig. 4. 

== COMPRESSUS. Id., id., id, pl. 20, fig. 2. 

= TUMIDUS. 1d., id, id, pl. 20, fig. 4. 

= COMPRESSUS. Roemer, 1856, p. 171, n° 19. 


== — D'Orb., 1842, Pal. fr., Terr. jur., p. 81, pl. 6. 
= — Quenst., 1846-49, p. 422, pl. 27, fig. 1. 


B. leslä elongatä, conoïideä, compressà, apice rectà, sulcis duobus laterali- 
dorsalibus, abbreviatis ; basi ovali; alveolo apice ventri appropinquato, an- 


gulo 22-250. 


Dimensions, — Longueur : 150 à 140 mill. Le grand diamètre est au 
petit comme 19 est à 22. 

Description. — Rostre très-allongé, assez épais, légèrement comprimé 
sur les côtés; égal sur une grande partie de sa longueur, s’acuminant 


24 DESCRIPTION DES FOSSILES 


insensiblement vers l'extrémité postérieure; région ventrale un peu plus 
large que la région dorsale, à cause de la présence des sillons latéraux 
dorsaux. Sommet aigu, effilé, droit, présentant deux sillons latéraux 
dorsaux bien marqués, s’élargissant et se perdant insensiblement vers le 
quart postérieur du rostre; quelquefois un léger sillon ventral, beau- 
coup plus court que les précédents et ressemblant à une strie assez forte 
(Quenstedt, p. 425 et 424). Base médiocrement élargie, comprimée, à 
coupe ovalaire, logeant un alvéole long, atteignant la moitié de la lon- 
gueur du rostre, alvéole dont le sommet est fortement incliné vers la 
région ventrale. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-difficile à distinguer du 
Bel. tripartitus, surtout lorsqu'elle présente le 5° sillon ventral; on ne peut 
guère, dans ce cas, avoir recours qu'à la forme générale, plus massive 
dans le compressus, plus régulièrement conique dans le tripartitus. 

Localités. — Cette espèce caractérise, d’après MM. d’Orbigny (p: 82) 
et Quenstedt (p. 425) les assises les plus supérieures du lias; d’après 
M. Roemer (p. 172), les assises moyennes et supérieures de cet étage. Nos 
échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour, et ont été trouvés à 
Ruette, Grand-Cour, Écouviez, etc. 

Variété. — À cette espèce, nous rapportons comme variété un bel échan- 
tillon trouvé dans les marnes de Grand-Cour, à Vaux, entre Carignan et 
Mouzon. Par sa forme générale, cette variété rappelle les Bel. crassus et 
tumidus de Zieten, d’Orb. (pl. 6, fig. 8); ici se montre encore une trace 
légère de sillon ventral, et le rostre n’est nullement comprimé; du reste, 
cette dénomination de compressus pourrait induire en erreur, car cette 
espèce, comme le remarque M. Quenstedt (p. 422), est l’une des moins 
comprimées des couches liasiques. 


5. BELEMNITES TRIPARTITUS. 
(PL. I, fig. 5,a-h.) 


BELEMNITES TRIPARTITUS. Schl., 1820, Petref., p. 48. 
— APUNCATUS. Miller, 1825, Trans. of the geol. Soc. 
— ADUNCATUS. ? Blainv. 1827, Bélemnit., pl. 4, fig. 2. 
— oxxconus.  Zieten, 1850, Furt., pl. 21, fig. 5. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 25 


BELEMNITES TRiISULGATUS. Zieten, 1850, Furt., pl. 24, fig. 5. 

— oxyconus.  Hehl. Roemer, 1855, De Verst., p. 17. 

— TRISULCATUS. Hartm. Roemer, 1856, F’erstein., p. 172. 

= TRiparTiTus. Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 419, tab. 26, fig. 11-55. 

= TRIPARTITUS. Bronn., 1855-58, Leth. geog., pl. 21, fig. 20. 

— = D'Orb., 1851, Prodr., t. I. 

B. testä elongalo-conicü, compressiusculà ; apice elongato-acutä, trisul- 

catà, sulcis duobus laterali-dorsalibus; ventrali unico profundiore; alveolo 
magno, in ventrem inclinalo, angulo 22-24°. 


D 


Dimensions. — Longueur 100 à 125 millim. Le grand diamètre est au 
petit comme 18 à 16. 

Description. — Rostre très-allongé, légèrement comprimé dans son 
ensemble, le plus souvent très-régulièrement conique depuis la base jus- 
qu'à l'extrémité postérieure; quelquefois égal sur une partie de sa lon- 
gueur et de là s’'amincissant en une pointe assez aiguë. Sommet aigu, 
effilé, quelquefois légèrement recourbé vers la région dorsale, marqué de 
trois sillons, peu prolongés; deux latéraux dorsaux peu profonds et se 
terminant en s’élargissant; un ventral tantôt bien marqué, tantôt moins 
distinct. Base peu élargie, ovalaire, plus haute que large; logeant un 
alvéole assez grand, à coupe légèrement ovalaire, à sommet atteignant le 
milieu du rostre et incliné vers la région ventrale; son angle est de 22 à 24°. 

Rapports et différences. — Cette bélemnite ressemble au B. elongatus de 
Miller, qui appartient au lias moyen; l'espèce que nous décrivons s’en 
distingue par sa forme conique et non légèrement claviforme (Quenstedt, 
pl. 24, fig. 2, 5); mais elle ressemble bien davantage au B. compressus, et, 
dans quelques-unes des variétés de ces espèces, il est presque impossible 
de les distinguer; généralement, cependant, on peut dire que le compressus 
a une forme plus ventrue et le sillon ventral moins marqué lorsqu'il 
existe. 

Localités. — Cette espèce se rencontre avec le B. acuarius et le B. irregu- 
laris dans la partie supérieure du lias. Nous l'avons trouvée dans la marne 
de Grand-Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, Grand-Cour, etc. 

Variétés. — Nous rapportons à cette espèce des échantillons trouvés 
dans le schiste bitumineux exploité à Grand-Cour : ils diffèrent du type par 


Tome XXV. 1 


26 DESCRIPTION DES FOSSILES 


une compression latérale un peu plus forte, un sillon ventral plus faible; 
enfin, le sommet de l’alvéole qui paraît se rapprocher du centre. 
Comme seconde variété, nous placerons des échantillons trouvés dans 
la marne de Grand-Cour, à Grand-Cour, au sud de Ville, entre Rodange et 
Mont-S'-Martin; la coupe est presque orbiculaire, très-légèrement aplatie 
sur les côtés, à l'endroit où devraient se trouver les sillons latéraux dor- 
saux; le centre est médian ou un peu rapproché de la région ventrale. 


6. BELEMNITES ACUARIUS. 
(PL IT, fig. 1,a,b,c, d.) 


BELEMNITES ACUARIUS. Schl., 1820, Petrof., p. 46, n° 2. 


— TUBULARIS. Young, 1822, Yorkshire, pl. XII, fig. 6. 
= LONGISSIMUS. Miller, Mém. trans. géol. Soc., vol. 2, pl. VIN, fig. 1. 
— ACUARIUS. Blainv., 1827, Bélem., p. 96, n° 56, pl. IV, fig. 10. 


BELEMNITES LONGISSIMUS. 


Blainv., 1827, Bélem., p. 95, n° 55, pl. IV, fig. 7. 


PSEUDOBELUS STRIATUS. lent id, p.115, pl. IV, fig. 15. 
— LEVIS. Id, id. id, p.112, pl. IV, fig. 14. 
BELEMNITES TUPBULARIS. Phill., 1829, Forkshire, pl. XII, fig. 20. 
_ LONGISSIMUS.  Zieten, 1850, Furt., p. 98, pl XXI, fig. 10 et 11. 
— GRACILIS. Hell. Ziet., id, id, p.28, pl. XXII, fig. 2. 
— LAGENÆFORMIS. Hartm. Ziet, id, p.55, pl. XXV, fig. 1. 


— LONGISCATUS. Voltz, 1850, Obs. sur les Bél., p. 57, pl. VE, fig. 1. 


— TENUIS. Münst., 1850, Zür. Bel., pl. IL, fig. 5 et 6. 

— ACUARIUS. US Ut, id., pl. XI, fig. 45. 

— GRACILIS. Roemer, 1856, Ferstein., p. 175. 

— LONGISSIMUS. Id, id. id, p.168. 

— LONGISULCATUS. Id, id, id, p.174. 

— TENUIS. Id; id, id, p.169. 

eo ACUARILS. id, id, id, ep: 174 

== SEMISTRIATUS.  Münst., 1856, Zür Bel., tab. II, fig. &. 

— ACUARIUS. D'Orb., 1842, Pal. Fr., Terr. jur., p. 76, pl. V. 
— — Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 409, pl. XXV et XXVI 
— LONGISSIMUS. D'Orb., Prodr., 1850, pl. I, p. 225. 


B test elongatissimä, gracili, paulisper compressd, elongato-conicä, atte- 
nuatä; apice longitudinaliter striato-salcutà, aperturà ovali ; alveolo 20-22». 


Dimensions. — Longueur 230 mill. (d'Orb.). Le grand diamètre est au 
petit comme 18 est à 15. 

Description. — Rostre présentant deux formes distinctes selon l’âge. 

Pendant une période indéterminée, le rostre est peu allongé, très-légè- 


rement comprimé, conique, à sommet obtus et à pointe légèrement 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 27 


excentrique; on voit souvent une trace légère de sillon ventral. Base pré- 
sentant une coupe ovalaire, à grand diamètre vertical; alvéole, d’un angle 
de 20 à 22°, présentant un cône comprimé latéralement, à sommet plus 
rapproché du bord ventral. 

À un certain âge, le rostre que nous venons de décrire prend un pro- 
longement dont l'étendue est tout à fait disproportionnée avec celle du 
jeune âge, puisque le rostre atteint à peine 5 à 6 centimètres, tandis que 
le prolongement peut en mesurer de 20 à 25. Celui-ci est un long cône, 
très-légèrement comprimé sur les côtés, lisse à sa base, se terminant en 
un sommet assez aigu; ce sommet présente un sillon ventral, deux sillons 
latéraux dorsaux et des stries longitudinales, plus ou moins longues et 
marquées; quelquefois ces dernières manquent, et les sillons peuvent 
même s’atténuer beaucoup. La base du rostre conserve les mêmes carac- 
tères que dans le jeune âge. 

Rapports et différences. — Nous avons déjà dit que le rostre du jeune âge 
est plus conique que celui du Bel. irregularis; il ne sera pas difficile de 
reconnaître l'espèce, lorsque le prolongement sera conservé. 

Localités. — La marne de Grand-Cour nous a offert, en différentes loca- 
lités, à Écouviez, à Ruette, à Grand-Cour, à Lamorteau, au sud de St-Mard, 
une multitude de fragments de cette bélemnite; malheureusement aucun 
exemplaire n’est complet. Les jeunes individus, vu leur brièveté, conservent 
en général leur sommet. Dans le Prodrome de paléontologie, M. d’Orbigny 
indique l'espèce, en France, à S'-Amand, Avallon, Pouilly; en Angleterre, 
à Lyme-Regis; dans le Wurtemberg, à Boll. 

Observations. — Ces fragments nombreux que nous avons trouvés dans 
la marne de Grand-Cour, ne seraient pas regardés de prime abord pour 
des restes de bélemnite, parce qu'ils sont à peu près cylindriques et que 
leur coupe ne présente pas cette disposition rayonnante que l'on est ha- 
bitué de trouver dans ces fossiles. M. D'Orbigny a bien développé cette 
structure anomale dans sa Paléontologie française : « À un certain âge, 
dit-il, le rostre du B. acuarius est composé, comme les autres, de couches 
rayonnantes. Après ce premier âge, on pourrait croire que l'animal qui 
le contenait à changé de forme, et que son corps d’obtus qu'il était, prend 


© 


8 DESCRIPTION DES FOSSILES 


un prolongement postérieur, analogue à celui qu'on remarque chez les 
mâles du Loligo subulata, et que, dès cet instant, ce prolongement du corps 
dépose sur le rostre obtus un prolongement crétacé, conique et très- 
allongé; mais ce nouvel appendice, croissant sans doute avec plus de ra- 
pidité que le reste, est tubuleux et creux sur presque toute sa longueur, 
et d’une contexture tout à fait différente du reste. » Ce prolongement se 
brise le plus souvent par la fossilisation, s’il est resté creux; mais il peut 
aussi se remplir, et alors on y trouve une matière cristalline et Jamais 
fibreuse. C’est aussi ce que nous montrent nos échantillons, dont l’un, 
coupé selon l'axe longitudinal, nous a présenté la disposition que 
MM. d’Orbigny (pl. V, fig. 4) et Quenstedt (pl. XXV, fig 5) ont parfai- 
tement représentée. 


7. BELEMNITES IRREGULARIS. 
(PI. IN, fig. 5,a,b,c,d,e.) 


BELEMNITES IRREGULARIS. Schl., 1815, Zasch., 1.7, p.70, tab. III, fig. 5. 
— DIGITALIS. Faure-Biguet, Considér. sur les Bélemn. , 1819. 
= IRREGULARIS. Schl., 1820, Die Petref., p. 48, n° 5. 
— = Blainv., 1827, Bel., p. 104, n° 46. 
= DIGITALIS. BL, id, id, p. 88, n° 98, pl. IL, fig. 5, 6. 
— PENICILLATUS. BL, id, id., pl. III, fig. 7 (var.) 
— DIGITALIS. Voltz, 1829, Sur les Bel., tab. 2, fig. 5. 
= — Zieten, 1850, Fürtemb., p. 51, tab. XXII, fig. 9. 
— IRREGULARIS. Ziet., id. id, p.50, tab. XXII, fig. G. 
— DIGITALIS. Roem., Verstein., 1850, p. 167, n° 8. 
- IRREGULARIS. D'Orb., 1842, Pal. fr., Terr. jur., pl. 4, fig. 2-8. 
— DIGITALIS. Quenst., 1846-49, Die Cephal., p. 416, pl. 26, fig. 1 à 11. 
— IRREGULARIS. D'Orb., Prodr., 1850,1, p. 244. 


B. testà subelongatä, compressä, posticè valdè obtusà, excentricè mucro- 
natä vel perforatà ; alveolo basi ovali, angulo 20-22-. 


Dimensions. — Longueur 80 mill. Le grand diamètre est au petit comme 
20 est à 15. 

Description. — Rostre peu allongé, fortement comprimé, presque égal 
sur sa longueur, légèrement élargi vers la base; région dorsale souvent 
plus large que la région ventrale, disposition exceptionnelle chez les bélem- 
nites. Sommet très-obtus, arrondi, incliné vers la région ventrale, plus 
comprimé latéralement que le reste de la coquille, présentant une pointe 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 29 


ou un trou. Base ovale, moins comprimée latéralement que le reste de la 
coquille ; alvéole ovalaire, dépassant en longueur la moitié du rostre, à 
sommet oblique vers la région ventrale; angle de 20 à 22°. 

Rapports et différences. — Cette bélemnite se distingue de toutes les autres 
espèces du lias par sa forte compression latérale et son sommet obtus. On 
ne pourrait guère la confondre qu'avec le jeune âge du B. acuarius, mais 
celui-ci est un peu plus conique. Du reste, M. d'Orbigny, qui a fait des 
études très-approfondies sur les bélemnitidées, a été amené, par analogie 
avec ce qu’il a vu chez le Loligo subulata, à penser que le B. irregularis pour- 
rait n'être que le rostre des individus femelles du B. acuarius. 

Localités. — MM. d'Orbigny, Quenstedt et Roemer s'accordent à dire que 
cette espèce se trouve dans les couches supérieures du lias. M. d'Orbigny 
la signale, en France, dans les départements de la Moselle, des Deux- 
Sèvres, etc., en Angleterre, à Salswick, et dans le Wurtemberg, à Banz, 
Ohenden, Holzheim. Nos échantillons proviennent de la marne de Grand- 
Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, au sud de Ville, etc. 

Variétés. — Cette espèce présente des variétés nombreuses : 

« Dans une première, le sommet est très-obtus, arrondi, présentant 
une excavation et un sillon ventral court, mais bien marqué (Quenst., 
pl. 26, fig. 1-4). C'est la variété B. de Voltz. 

8. Dans une deuxième, le sommet est plus acuminé, ne présente pas 
d’excavation, et le sillon ventral est à peine marqué; c’est chez ces indi- 
vidus que l’on trouve quelquefois une petite pointe excentrique, recourbée 
vers le côté dorsal. 

7. Nous rapportons encore comme variété de cette espèce la bélemnite 
décrite par Schlotheim et Blainville sous le nom de B. penicillatus. Le rostre 
est médiocrement allongé, peu conique et décroissant assez peu rapide- 
ment de la base au sommet, moins fortement comprimé que dans le type, 
à coupe ovale, à sommet sub-excentrique, obtus, garni de quelques stries 
très-courtes; le bord ventral est un peu plus épais que le bord dorsal. 
Blainville indique cette espèce aux environs de Nancy et à Gundershofen, 
dans le (?) calcaire jurassique. Notre échantillon provient de la marne 
de Grand-Cour et a été trouvé aux environs de cette localité. 


50 DESCRIPTION DES FOSSILES 


8. BELEMNITES GIGANTEUS. 


(PL I, fig. 2.) 


BELEMNITES GIGANTEUS. Schl., 1815, Taschenb., VII, p.70. 
— — Schl., 1820, Petref., p. 45, n°1. 
- ELLIPTICUS. Mill, 1825, Trans. of th. geol., vol. 2, pl. VIE, fig. 14, 16. 
— QUINQUESULCATUS. Blainv., 1827, Bel., p. 85, pl. IL, fig. 8. 
— GLADIUS. Blainv., id, ïd., p.86, pl. Il, fig. 10, 
= GIGAS. Blainv., id, id, p.91, pl. V, fig. 20. (£æclusa pl. II, €. 9.) 
= COMPRESSUS. Blainv., id, id, pl. X, fig. 9, 9a. 
— Sow., 1828, Min. conch., t. NI, pl. 590, fig. 4. 

— GLADIUS. Desb., 1830, Encycl., p. 156, n° 18. 
— AALENSIS. Voltz, 1830, Obs. sur les Bél., p. 60, pl. IV et VII. 
= LONGUS: Voltz, id, id., p. 58, pL II, £ 1. 
— AALENSIS. Zieten, id, Wurtemb., pl. XIX. 
— QUINQUESULCATUS. Ziet.,  id., id. , pl. XIX. fig. 5. 
= GRANDIS. Schubl. Ziet., 1850, Æurtemb., pl XX, fig. 1. 
— ACUMINATUS. Schubl. Ziet., id., id., pl. XX, fig. 5. 
-- BIPARTITUS.  Hartm.Ziet., id., id, pl. XXIV, fig. 7. 
BICANALICULATUS, Hartm. Ziet., id., id, pl XXIV, fig. 9. 
— GIGANTEUS. Roemer, 1836, Ferstein., p. 174. 

= GLADIUS. Roem., id, id, p.175. 
— AALENSIS. Roem., id., id., p.174. 
— LONGUS. Roem., id, id., p.174. 
— GRANDIS. Roem,, id, id., p.174. 

= ACUMINATUS. Roem., id., id, p.175: 

= QUINQUESULCATUS. Roem.,  id., id., p.173. 
= GIGANTEUS. D’Orb., Pal. fr., Terr. jur., p. 112, pl. 14, 15. 


- = Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 428, tab. XXVIII. 
— _ D'Orb., Prodr., 1859, 1, p. 260. 


B. testä elongatà, valdè compressä, acuminatà , vel subinflatä ; apice acu- 
minato, lateraliter sulcato; basi ovali; alveolo ventrem versüs inclinato: 
angulo 20-25. 


Dimensions. — Longueur 150 à 160 mill. Le grand diamètre est au 
petit comme 28 est à 24. 

M. d'Orbigny donne pour la longueur 510 à 400 mill., pour le rap- 
port, 47 : 40. 

Description. — Rostre plus ou moins allongé, toujours assez forte- 
ment comprimé, se renflant peu à peu vers la région antérieure, tantôt 
brusquement rétréci à son extrémité postérieure, tantôt fortement pro- 
longé. Sommet aigu, conservant encore des restes de la compression 
latérale, présentant différents sillons : un sillon dorsal, généralement 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 51 


assez faible, deux sillons latéraux dorsaux larges, deux sillons latéraux 
ventraux; ces sillons n’occupant que l'extrémité du rostre; de tous, les 
sillons latéraux dorsaux sont les mieux marqués et atteignent la plus 
grande longueur. Entre ces sillons peuvent encore se trouver des stries 
irrégulièrement disposées; quelques individus sont presque lisses. Base 
fortement renflée, à compression latérale moins marquée, renfermant un 
vaste alvéole de forme légèrement ovalaire, à grand diamètre vertical, 
à sommet incliné vers la région ventrale, mesurant un angle de 20 à 25°. 

Rapports et différences. — Cette espèce est assez caractérisée par sa grande 
taille, sa forte compression latérale et ses sillons. Cependant elle est des 
plus variables dans sa forme générale, et la multitude de modifications qui 
se sont présentées aux auteurs explique le grand nombre de noms sous 
lesquels on l’a désignée. On peut rapporter ces nombreuses variétés à trois 
types, correspondant, selon toute probabilité, au jeune âge et aux sexes : 

Dans le jeune âge, le rostre est régulièrement conique depuis la 
base jusqu’au sommet, et se termine en une pointe aiguë; cette pointe 
présente ordinairement plusieurs sillons, un dorsal, deux latéraux dorsaux, 
deux latéraux ventraux. À cet âge, M. d’Orbigny distingue déjà les mdi- 
vidus femelles des individus mâles, ces derniers ayant le rostre plus lon- 
guement conique. Ces variétés ont été désignées par les auteurs sous les 
noms de B. quinquesulcatus (Blainv.), aalensis (Voltz), etc., et représentées 
par Zieten, pl. XX, fig. 5; par M. d’Orbigny, pl. 14, fig. 2, 4, 5, pl. XV, 
fig. 5, 6; par M. Quenstedt, tab. XXVIÏ, fig. 11 , etc. Nous avons sous les 
yeux plusieurs exemplaires de cette variété; deux sont des individus femelles 
et proviennent du calcaire de Longwy; l’un à été trouvé près de Longwy, 
l'autre dans une exploitation au sud de Halanzy; nous possédons aussi le 
rostre d’un jeune mäle qui mesure au moins 150 mill. 

B. Par les progrès de l’âge, les individus jeunes femelles deviennent 
considérablement plus larges; leur pointe devient plus obtuse. (Paléontol. fr., 
pl. XIV, f. 5; Zieten, pl. XX, fig. 5; Quenstedt, tab. XXVIIE, fig. 1.) Plus 
tard encore, ils prennent, à leur extrémité postérieure, un prolongement 
d’une longueur très-variable (Paléontol. fr., p. 147); d'Orbigny, pl. XV, 
fig. 1; Quenstedt, pl. XXVIIE, fig. 25. C’est la variété que M. Quenstedt 


52 DESCRIPTION DES FOSSILES 


appelle B. giganteus ventricosus. L'oolithe ferrugineux du Mont-S'-Martin 
et des environs de Piémont nous a fourni plusieurs exemplaires de cette 
variété, et entre eux il s’en trouve précisément plusieurs où l’on voit dis- 
tinctement le commencement du prolongement. 

. Les individus mâles paraissent conserver, pendant toute leur vie, leur 
forme allongée et assez régulièrement conique (Zieten, pl. XX, fig. 1; 
d'Orbigny, pl. XV, fig. 7; Quenstedt, tab. XXVIIT, fig. 45.) C’est la variété 
B. giganteus procerus de ce dernier auteur. Nous n’avons pu obtenir que des 
tronçons de cette variété; nous les avons rencontrés dans le calcaire de 
Longwy, au sud de Halanzy, dans la vallée du Coulmy au SO. de Longwv. 

Localités. — Cette bélemnite gigantesque caractérise l’oolithe inférieur. 
M. d'Orbigny l'indique, en France, à Bayeux, Moutiers, Mamers, Nancy; 
en Angleterre, à Dimory, à Sommerset; dans le Wurtemberg, au Steufen- 
berg, à Aalen, à Balingen, ete. Nous avons déjà indiqué les localités où 
l’on trouvait les différentes variétés de l'espèce; nous nous bornerons à 
dire ici qu'elle n’est pas bien rare dans l’oolithe ferrugineux du Mont- 
S'-Martin et dans le calcaire de Longwy. 


Genre NAUTILUS, BREYN 


Cocurea marcaritirera. Rondelet, de testaceis, lib. IH, p. 97. 
NauriLus masor sive crassus. Rumphius, 1705, Die amboinsche rarit, p. 57. 
NauriLus. Breyn., Linn. Lamk., ete. 

Nauniures. Gesner, Schloth., Montf. 

Ançuuires, Oceanus, Amwonires. Montf. 

Biswwarres. Montf., Féruss., Blainv. 

Covcayzioures, Naurizus, Ammonires. Martin. 

Ompuazra. De Haan. 

Czvuenra, Münster, Phill., d'Archiac et de Vern. 

Hawres, sp. Fischer de Waldheim. 

Acanies. À. d'Orb. (non Montfort ?). 

Exvosienonires. Anstedt. 

SvupLeGas. Sow. (non Montf.). 


Animal oblongum, pallio membranaceo, in siphone producto opertum : 
caput mins distinctum, oculi magni, tentacula 38, simplicia vel fissa, in 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 35 


duabus seriebus ordinata, fasciculos 8 formantia; mandibulæ valide, cal- 
careo-corneæ; branchiæ quatuor interne. 


Testa discoïdea, spiralis, multilocularis, anfractus contiqui, septorum 
transversorum symetricorumque margines simplices plus minüsve undulati, 
in parte dorsali non lobati; cellula terminalis maxima; sipho continuus vel 
interruptus , nunquam dorsalis. 


Animal oblong, recouvert d’un manteau membraneux se prolongeant 
dans le siphon; tête peu distincte du corps, pourvue d’yeux très-bien déve- 
loppés ; un appendice pédiforme servant à la progression; 58 tentacules 
prismatiques, simples ou divisés, cirrhifères, placés sur deux rangs et 
réunis en 8 faisceaux autour de la bouche; mandibules épaisses, calcaréo- 
cornées, entourées de lèvres frangées; un tube excréteur et locomoteur 
fendu. Quatre branchies internes. 

Coquille discoïdale, enroulée sur le même plan, à tours contigus, 
apparents dans l’ombilic ou se recouvrant plus ou moins jusqu’à devenir 
complétement embrassants; loges nombreuses séparées par des cloisons 
transverses, symétriques, étroites, arquées ou sinueuses, échancrées sur 
les côtés. Siphon continu, central, subcentral ou ventral. 

Dans le jeune âge, la coquille ressemble à un cône obtus qui se recourbe 
souvent sans rejoindre le centre de la spire; elle est ordinairement mar- 
quée de stries longitudinales et transverses, qui persistent ou finissent par 
disparaître plus tard; quelquefois cependant, elle est lisse, tandis que, chez 
l'adulte, elle se couvre de plis transverses plus ou moins profonds. 

On rencontre quelquefois, dans les couches qui renferment des nautiles, 
des mandibules triangulaires, prolongées en arrière, qui ont certainement 
appartenu à des céphalopodes et auxquelles M. d'Orbigny avait donné le 
nom de rhyncholithes; aujourd’hui on s'accorde à les considérer avec ce 
savant comme des becs de nautile. 

La famille des nautilidées s’est montrée sur le globe avec les premiers 
animaux, dans les couches siluriennes, sous des formes très-variées; dans 


le terrain triasique, le genre nautile subsiste seul, ainsi que dans les ter- 
Tome XXV. 5 


34 DESCRIPTION DES FOSSILES 


rains secondaires et tertiaires; aujourd’hui deux ou trois espèces de nautile 
représentent seules cette organisation si singulière. 


NAUTILUS AFFINIS. N. 


(PL I, fig. 4, a, b.) 


N. testä discoïdeä, umbilicata ; dorso lateribusque complanatis, aperturà 
subquadratà, compressd ; anfractibus subangulatis, crassis, longitudinaliter 
transversimque striatis ; seplis flexuosis, externè sinuosis ; siphunculo interno, 
subcentrali? 


Dimensions. — Le plus grand diamètre mesure 101 mill.; l'épaisseur 51. 
Par rapport au diamètre, largeur du dernier tour %/100, épaisseur 5°/100; 
recouvrement des tours 1/00; largeur de l'ombilic 2°/4100. Cette espèce atteint 
au moins 5 décimètres de diamètre. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée , assez largement ombi- 
liquée; bouche subquadrangulaire, comprimée; tours de spire non com- 
plétement embrassants, visibles dans lombilic, assez épais, un peu 
anguleux, aplatis sur le dos et les côtés, ornés de stries longitudinales 
fortes, nombreuses, presque égales et de stries d’accroissement transver- 
sales et moins profondes. 

Cloisons peu nombreuses , échancrées vers le tiers externe et sur le dos, 
sur les angles duquel elles forment une saillie; siphon presque central? 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par ses stries des 
N. striatus et intermedius. Sow.; elle se distingue du premier par ses tours 
auguleux; du second par ses tours moins épais et les sinuosités de ses 
cloisons, dont la convexité latérale est plus en dehors. 

Localités. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et la 
marne de Strassen; l’exemplaire figuré vient de la marne de Strassen 
des environs d’Arlon. M. le docteur De Condé a trouvé, à Walzingen, 
dans la marne de Strassen , un jeune individu que nous rapportons à cette 
espèce. Nous l'avons retrouvée à Strassen, et dans le grès près d’Arlon 
et à Lime. 

Nous possédons encore trois autres nautiles, l’un de la marne de Ja- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 39 


moigne, le deuxième de la marne de Grand-Cour, le troisième du calcaire de 
Longwy. Le premier est probablement le N. intermedius, Sow.; le deuxième 
est nouveau ; le troisième peut-être le N. truncatus, Sow. 


Genre AMMONITES, BRUGUIÈRE. 


CORNE D'AMMON. 

AumoniTes, PLANULITES, OrguuiTes. Lam. 

Orsuuires, AmmoniTes. Blainv. 

Pranuures, Ecuwsocires, Amazrueus, PeLacuse, Sywpcecane. Montfort. 
Auwwonires, EzcipsouiTes. Sowerby. 

Naurizus, Arconaura. Reinecke. 

Aumonites, PLanuuires, GLogites, CerariTes. De Haan, etc. 


Testa multilocularis, discoïdea vel globosa; anfractus contiqui, plus mi- 
nusve involuti; septa regulariter lobata, marginesque loborum plus minusve 
incisi, sinuati, dentati; sipho continuus, marginalis, dorsalis. 


Coquille multiloculaire, discoïdale ou globuleuse, enroulée sur le même 
plan; spire embrassante ou non; tours quelquefois à découvert, mais 
contigus à tous les âges. Bouche souvent rétrécie, munie de bourrelets et 
d’appendices latéraux très-variables, selon les espèces. Cloisons divisées 
régulièrement par des lobes profonds, l’un dorsal, l’autre ventral et un 
plus ou moins grand nombre de lobes latéraux, toujours digités et aigus. 
Ces lobes sont séparés par des selles saillantes également divisées, mais 
à sections arrondies. Siphon continu, dorsal, légèrement saillant en avant 
de la dernière cloison , et recevant sur ses parois plusieurs digitations du 
lobe dorsal. 

La première apparition des ammonidées, a eu lieu dans les terrains car- 
bonifères, où elles se montrent sous la forme de goniatites, ou ammoni- 
dées à cloisons divisées en lobes arrondis ou anguleux toujours entiers et 
non digités. C’est dans la formation triasique qu’apparaissent les pre- 
mières ammonites, mais elles tiennent encore des goniatites par leurs cloi- 
sons, lobées il est vrai, mais à lobes simples et seulement denticulés; 
dans les formations suivantes, c’est-à-dire dans les couches jurassiques, les 
ammonites se montrent avec des cloisons fortement digitées et ramifiées ; 


36 DESCRIPTION DES FOSSILES 


en même temps elles atteignent à cette époque leur plus grand développe- 
ment numérique. On retrouve encore des ammonites dans les terrains 
crétacés, mais en moindre nombre, et elles sont accompagnées d’ammoni- 
dées appartenant à d’autres genres, comme les turrilites, les scaphites, les 
baculites, etc.; enfin les ammonites s’éteignent complétement dans les 
couches supérieures des terrains crétacés. 


4. AMMONITES ANGUL{TUS. 


(PL IV, fig. 1.) 


AMMONITES ANGULATUS. Schl., 1820, Petref. 
— — De Haan, Vaut. et Argon., 1825, p. 158. 
— — Roemer, 1855, Die Verstein., p. 191, n°21 (non adultus). 
= GATENATUS. De la Bèche, d'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 501, pl. 94. 
— ANGULATUS. Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 74, pl. IV, fig. 2. 
— — Schmidt, 1846, Petrefact-Buch, p. 57, pl. XVII, fig. 1. 


A. testä compressä; dorso laevigato, convexo ; anfractibus compressis ; late- 
ralibus complanatis, costalis; costis transversis, simplicibus, antrorsm 
subarcuatis, in dorso interruptis; aperturd subovali, supernè rotundatä; 
septis lateraliter 5-lobatis. 


Dimensions. — L'un de nos exemplaires mesure 145 mill. de diamètre, 
on en trouve de plus grands encore d’après M. Quenstedt. Par rapport au 
diamètre total : hauteur du dernier tour #/100; largeur 15/1003 recouvre- 
ment des tours /100 ; largeur de l’ombilic 46/00. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, non carénée, à dos lisse, 
convexe et arrondi; à bouche comprimée, ovalaire, arrondie vers le haut, 
échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire comprimés 
latéralement, médiocrement embrassants, ornés chacun de 40 à 42 côtes 
simples, très-légèrement arquées en avant vers leur partie externe; sail- 
lantes sur les premiers tours, elles vont s’élargissant et s’affaiblissant beau- 
coup sur le dernier ; plus marquées vers la région ventrale des tours, elles 
sont interrompues , et s’évanouissent avant d'atteindre la région dorsale. 

Cloisons symétriques, composées de 5 lobes et de G selles formés de 
parties impaires. Lobe dorsal plus large et un peu plus court que le lobe 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 57 


latéral supérieur, divisé en deux parties sur la ligne médiane jusqu’à 
la moitié de sa hauteur, présentant deux digitations de chaque côté et une 
terminale à trois pointes. Selle dorsale un peu plus large que le lobe 
latéral supérieur, terminée par trois festons, divisés eux-mêmes en folioles. 
Lobe latéral supérieur présentant de chaque côté trois pointes subdivisées, 
et terminé par un lobule ramifié. Selle latérale un peu plus large que le 
lobe latéral supérieur, terminée par trois festons subdivisés et dépassant 
beaucoup la selle dorsale. Lobe latéral inférieur très-petit, oblique, pré- 
sentant en dehors deux lobules ramifiés, et en dedans deux ramifications 
simples. Selle auxiliaire aussi large que le lobe latéral inférieur et divisée 
à son extrémité en deux parties à peu près égales et ramifiées. On remarque 
encore trois autres petits lobes latéraux, étroits, digités sur leurs bords, et 
autant de selles. La ligne du rayon central tracée à l'extrémité du lobe 
dorsal, coupe les digitations terminales du lobe latéral supérieur, et atteint 
aussi les derniers lobes. 

Rapports et différences. — Cette ammonite fait partie du groupe des Arietes 
et de la subdivision des Arietes non carénés; elle se distingue facilement 
de l’Ammonites psilonotus (Quenstedt, p. T5) par ses côtes, sa bouche plus 
comprimée, etc. 

Localités. — Cette espèce caractérise les couches les plus inférieures du 
lias (Quenstedt). Le bel exemplaire qui a servi à notre description pro- 
vient des couches inférieures de la marne de Jamoigne, à Chiny. Les 
autres viennent du mème étage et ont été trouvés à Jamoigne, Moyen, 
Termes, etc., etc. 

Observations. — M. Quenstedt fait remarquer que, dans le jeune âge, les 
côtes sont plus élevées et passent sur la région dorsale ; cette observation 
nous à fait regarder comme appartenant à cette espèce, un échantillon que 
nous avions d’abord déterminé comme l'A. catenatus, de la Bèche (d'Or- 
bigny, pl. 94), espèce que M. Quenstedt regarde comme bien voisine 
ou comme une variété de VA. angulatus : ici les côtes sont un peu plus 
flexueuses que dans le type; elles sont inclinées en avant à leur partie 
externe et passent en s’affaiblissant sur le dos, pour se rejoindre à leur 
correspondante. 


38 DESCRIPTION DES FOSSILES 


On trouve encore dans les mêmes couches beaucoup de fragments et de 
petites ammonites que nous regardons comme le jeune âge de cette espèce. 
Dans ces jeunes individus, les côtes sont toujours bien marquées, relative- 
ment plus flexueuses, et tantôt se rejoignent en chevron sur le dos, tantôt 
disparaissent un peu avant d’arriver à la ligne médiane; dans ce dernier 
cas, la région dorsale est plus large. Cette phrase de M. Roemer (Die Ver- 
stein., p. 191), « que les côtes viennent se réunir sur le dos presque à angle 
droit » appuie encore le rapprochement que nous.avons fait. Ces petites 
ammonites sont souvent converties en pyrite, et alors les cloisons y sont 
très-distinctes; nous avons pu voir les cinq lobes dont celles-ci sont for- 
mées sur un échantillon de 8 mill. de diamètre; mais ces lobes ne présen- 
tent pas la complication de ceux des individus adultes. 


2, AMMONITES CONDEANUS. N. 


(PL IV, fig. 2.) 


A. testà compressé, carinalä ; dorso acutè carinato, latè bisulcato ; aperturà 
subrotundä, depressä, anticè bisinuatä; anfractibus depressis, rotundatis, 
laleribus costatis ; costis numerosis, valdè arcualis, acutis ; septis ? 


Dimensions. — Cette espèce atteint au moins 180 mill. Par rapport au 
diamètre total : hauteur du dernier tour *6/100; largeur 50/100; recouvre- 
ment des tours 13/100. 

Description. — Coquille comprimée dans son ensemble, à dos large, très- 
obtus, présentant sur la ligne médiane une carène aigue, élevée, accom- 
pagnée de chaque côté d’un sillon large et bien dessiné, limité par une 
carène latérale moins élevée que la médiane; bouche déprimée, plus large 
que haute, présentant à son sommet deux sinuosités formées par les sil- 
lons de la carène, et très-peu échancrée à sa base par le retour de la spire. 
Tours de spire déprimés, plus larges que hauts, ornés latéralement de 50 
à 2 côtes simples, aiguës, élevées, fortement arquées dans toute leur 
longueur et venant se terminer insensiblement sur les carènes latérales, à 
concavité dirigée en avant, et ne présentant aucune espèce de renflement 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 39 


ni de tubercule. Ces tours semblent décroître assez promptement en 
dimensions. 

Rapports et différences. — Cette ammonite est assez voisine de VA. Helli, 
espèce décrite dernièrement par M. Schafhaült (Géog., 1851, p. 107); 
elle s’en distingue par une autre disposition des côtes, et surtout par 
sa carène élevée et tranchante, la largeur de ses sillons. — L’A. Con- 
deanus appartient au groupe des Arietes carénés de De Buch. Nous n'avons 
pu la rapporter à aucun des types de ce groupe, déjà si nombreux , sujets 
à tant de variations et dont la synonymie devient si difficile. La carène 
élevée, aiguë, les sillons latéraux larges et bien marqués, la dépression 
des tours de spire, enfin, des côtes nombreuses, simples, arquées, non 
tuberculeuses sont les caractères distinctifs qui feront facilement recon- 
naître cette grande espèce. 

Localité. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et a 
été trouvée à Villers devant Orval; le fragment que nous en possédons, 
nous a été donné par M. Leroy de Jamoigne. 

Nous avons dédié cette nouvelle espèce à M. le docteur De Condé, en 
reconnaissance de la bonté qu’il a eue de mettre à notre disposition les 
beaux fossiles qu'il a recueillis aux environs d’Arlon. 

3. AMMONITES OBTUSUS. 


(PI. IV, fig. 5, pl. V, fig. 1.) 


AMMONITES OBTUSUS. Sowerby, 1817, Min. conch., t. II, p. 151, pl. 167. 
— REDCARENSIS. Yonug et Bird. , 1822, a Geol. survey. 
— SMITHIL. Sow., 1825, Min. conch., t. IV ,p. 148, pl. 406. 
— — De Haan, 1825, mm. et Gon., p. 118, n° 55. 
— OBTUSUS. Phill., 1829, Forks., p. 164. 


— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 44, p. 191. 
— _ D'Orb., 1850, Prodr.,{. I, p. 211. 


A. testà compressé, dorso carinato, carind obtusà, aperturd rotundato- 
compressé, supernè bisinuatä; anfractibus subrotundis, lateribus costatis ; 
coslis paucis, obtusis, externè evanescentibus ; seplis lateraliter 5-lobatis. 


Dimensions. — Cette espèce peut atteindre 2 à 3 décimètres. Pour les 
dimensions relatives, calculées d’après notre échantillon et vérifiées sur les 


40 DESCRIPTION DES FOSSILES 


données de la Paléontologie française, nous trouvons : hauteur du dernier 
tour #00; largeur 5%/100; largeur de l’ombilic #/100; recouvrement des 
tours 7/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée; dos à quille très-obtuse, 
tricarénée, carène médiane large et peu élevée, les latérales à peine sépa- 
rées de la médiane par un faible sillon; bouche comprimée, bisinuée à 
son sommet, assez fortement échancrée par le retour de la spire. Tours 
de spire peu comprimés, arrondis, ornés de côtes transversales, dis- 
tantes, obtuses, peu élevées, disparaissant avant d'atteindre la partie 
externe. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois 
selles, formés de parties impaires. Lobe dorsal très-long et très-large, 
divisé sur la ligne médiane jusqu’au tiers de sa hauteur, présentant des 
digitations assez nombreuses , surtout en dedans. Selle dorsale aussi large 
que le lobe dorsal, ne présentant que des ramifications peu profondes. 
Lobe latéral supérieur conique, atteignant à peine la moitié de la hauteur 
du lobe dorsal. Selle latérale aussi large, mais plus haute que la selle 
dorsale, présentant quelques festons simples, mieux marqués que ceux 
de la selle dorsale. Lobe latéral inférieur presque aussi large que le supé- 
rieur, présentant des digitations arrondies. Selle auxiliaire, le quart à 
peine aussi grande que la selle dorsale, de même forme. Premier lobe auxi- 
liaire ne préseñtant que à faibles digitations. La ligne du rayon central 
à l'extrémité du lobe dorsal, n’atteint pas le lobe latéral supérieur, et 
passe assez près du lobe latéral inférieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce est assez bien caractérisée par sa 
carène médiane obtuse, ses côtes larges et peu nombreuses. 

Localités. — Elle caractérise les couches inférieures du lias. M. d'Orbigny 
l'indique dans le département de l'Ain, et en Angleterre, à Lyme-Regis. 
Notre exemplaire a été trouvé dans le grès de Luxembourg, à Ethe. 

Observation. — L'échantillon que nous avons sous les yeux paraît avoir 
appartenu à un très-vieil individu; il n’a pas le dos précisément aussi 
large que l'indique la figure donnée par M. d'Orbigny; ses côtes sont aussi 
un peu moins nombreuses. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. #1 


4. AMMONITES STELLARIS. 
(PI. V, fig. 2.) 


AMMONITES STELLARIS. Sowerby, 1815, Min. conch., t. 1, p. 211, pl. 93. 


-- Brooku. Sow., 1816, id, id, t.2, p. 205, pl. 190. 
= — De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 109, 14. 
= STELLARIS. De Haan, id., id., id., p. 109, n° 15 (?). 


— Brook. Ziet., 1850, Wurt., p. 56, pl. XX VII, fig. 2. 
- — Roem., 1855, Die Verstein., p. 185, n° 6. 
— sTELLARIS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 45. 

_ — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 211. 


A. testà compressä, carinal&, carinä subacutà ; dorso compresso, carinato, 
bisulcato ; aperturà oblongäà, supernè bisinuald ; anfractibus compressis, cos- 
talis ; costis subarcualis, externè interruptis; septis lateraliter 4-lobatis. 


Dimensions. — Notre exemplaire peut mesurer 110 à 120 mill. (quel- 
ques individus peuvent atteindre 420 mill., d'Orb.); par rapport au dia- 
mètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur 51/4100; largeur de lombilic 
54/1903 recouvrement des tours 1?/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos obtus, un peu 
‘ coupé en biseau , présentant une carène médiane, assez élevée, séparée de 
deux autres carènes latérales, par des sillons bien marqués; bouche com- 
primée, notablement plus haute que large, présentant deux sinus à sa 
partie supérieure, et échancrée à sa base. Tours de spire comprimés (leur 
plus grande épaisseur se trouve au tiers interne), médiocrement embras- 
sants, ornés par tour d'environ 30 côtes simples, aiguës, étroites, légère- 
ment arquées, à concavité dirigée en avant, s’atténuant vers le bord externe. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et quatre 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal presque du double plus long 
et plus large que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane à 
peu près jusqu’à la moitié de sa hauteur, orné sur les côtés de digitations 
simples et d’une terminale plus longue. Selle dorsale plus large que le lobe 
latéral supérieur, terminée par 3 ou 4 folioles inégales subdivisées elles- 
mêmes. Lobe latéral supérieur, court et peu large, un peu en massue, 
orné sur ses bords de digitations dont les trois terminales sont ramifiées. 


Selle latérale presque aussi large et plus haute que la selle dorsale, présen- 
Tome XXV. 6 


42 DESCRIPTION DES FOSSILES 


tant des folioles plus grandes et mieux divisées du côté externe. Lobe 
latéral inférieur à peu près de la grandeur du supérieur, à lobules moins 
divisés. Première selle auxiliaire égale en hauteur et en largeur à la moitié 
de la selle précédente, à folioles plus petites. Premier lobe auxiliaire pré- 
sentant deux digitations principales, une externe et une terminale. On voit 
encore une deuxième selle auxiliaire, un lobe et une selle; ces parties 
beaucoup plus simples que les précédentes. La ligne du rayon central, à 
l'extrémité du lobe dorsal, reste en dessous des différents lobes latéraux. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des autres ammo- 
nites du groupe des Arietes carénés par son dos taillé en biseau, ses côtes 
simples, arquées, non tuberculeuses et par ses cloisons. 

Localités. — Cette espèce caractérise les couches inférieures du lias; 
M. d'Orbigny l'indique dans les départements de l'Yonne, du Rhône, de 
la Haute-Saône, de l'Isère, du Var, de la Meurthe. En Belgique, elle se 
trouve dans le grès de Luxembourg; M. le D' de Condé l’a rencontrée à 
Walzingen; on la trouve aussi à Mawez, etc. 


5. AMMONITES BISULCATUS. 


(PI. V, fig. 3.) 


Lançius, 1708, ist. lap., p. 95,t. 24, n° 1. 
Bourquer , 1742, Traité des pétrifications , p. 41, n° 270. 
AMMONITES BisuLcaTA. Bruguière, 1787, Encyclop. mêth., t. 1, p.39, n° 15. 
— — Bosc, Puf. de Déterv., p.176. 
- — Lam., 1801, Ænèm. sans vert., p.101. 
— Buckcanpi. Sow., 1816, Min. conch., t. 2, pl. 150, p. 69. 
_ BISULCATA. Defrance, 1816, Dict. d’hist. nat. , t.2, p. 55. 
— ARIETIS. Schloth., 1820, Die Petref., p. 62, n° 4. 
PLANITES BISULCATUS. De Haan, 1825, mm. et Goniat., p. 91, n° 25. 
AMMONITES Buckcanpr. Keferst., 1829, p. 10. 
— — Zieten , 1850, Furtemb., p. 85, pl. XXVII, fig. 1; pl. IL, fig. 2. 
_ — Deshayes, 1851, Cog. caract., p. 240, pl. 10, fig. 2. 
— — De Buch, 1855, Æmm., n° 10. 
— — Roemer, 1856, Ferst., p. 182. 
— — Bronn, 1857, Leth. geog., t. XXIL, fig. 1. 
— = Murch., Philos. mag., VI, p. 54. 
— — D'Orbigny, 1845, Paléont. frang., Terr. juras., p. 187, pl. 45. 


A. testä compressd, carinatä; dorso lato, bisulcato; aperturä depressà, 
subquadratà, supernè bisinuatà; am ractibus depressis, transversim costatis ; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 45 


costis elevatis, externè obtusè tuberculatis, subarcuatis ; septis lateraliter tri 
lobatis. 


Dimensions. — Quelques exemplaires, que nous avons pu voir, MeESU- 
raient au moins 20 centimètres. — Par rapport au diamètre : hauteur du 
dernier tour %/100; largeur 50/00; largeur de l’ombilic #3/100; recouvrement 
des tours ?2:/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos obtus, rétréci 
sur les côtés, c’est-à-dire légèrement en toit, pourvu d’une carène médiane, 
assez élevée et arrondie, accompagnée de deux larges sillons, limités 
latéralement par deux carènes moins saillantes; bouche déprimée, plus 
large que haute, peu échancrée à sa base par le retour de la spire et 
bisinuée au sommet. Tours de spire subquadrangulaires , déprimés, peu 
nombreux, pourvus de côtes assez saillantes, obtuses, un peu courbées, à 
concavité dirigée vers la bouche, se renflant vers leurs deux tiers externes 
en un gros tubercule mousse, et disparaissant avant d'atteindre les carènes 
latérales ; les côtes sont au nombre de 52 à 34 par tour de spire. 

D'après M. d'Orbigny, les cloisons sont symétriques et présentent 
de chaque côté trois lobes et trois selles formés de parties impaires : le 
lobe dorsal est assez long, les trois lobes latéraux sont courts et formés 
de branches ramifiées; la selle dorsale est large et divisée en trois rameaux, 
la selle latérale est un peu plus élevée et également divisée en trois 
rameaux ; la selle auxiliaire est petite et terminée par deux branches. 

Rapports et différences. — Cette espèce, le type du groupe des Aricles, 
est sujette à beaucoup de variations pour la forme et le nombre des côtes, 
et surtout pour la hauteur des tours de spire, qui sont tantôt plus larges 
que hauts et tantôt plus hauts que larges. Elle n’a pas de caractère bien 
saillant que l’on puisse assigner pour la reconnaître avec facilité; et les 
auteurs l’ont décrite sous des noms divers. 

Localités. — L'A. bisulcatus se rencontre assez fréquemment dans le lias 
inférieur du Luxembourg; nous l'avons trouvée à Arlon, sur la route de 
Guirsch, à Lime, etc. Nous possédons aussi un fragment que nous rappor- 
tons à la même espèce et qui a été trouvé dans la marne de Strassen, entre 
Autel-Bas et Wolberich. M. d'Orbigny l'indique dans les départements de 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


CS 
Sa 


l'Ain, du Rhône, de l'Yonne, de la Moselle, de la Côte-d'Or, du Jura, 
de la Loire, de la Vendée. Elle est aussi assez commune en Angleterre. 


6. AMMONITES CONYBEARI. 


(PL. V, fig. 4, pl. VE, fig. 1.) 


AmmoniTes ConyBeari. Sow., 1816, Mèn. conch., t. Il, p. 70, pl. 121. 


PLANITES — De Haan, 1825, mm. et Goniat., p. 90, n° 22. 
A MMONITES = Phill., 1829, Fork., pl. XIII, fig. 5, p. 164. 
— —_ Ziet., 1850, Furtemb., tab. XXVI, fig. 2. 
— BuckLanDi. Ziel., id., id., tab. Il, fig. 5. 


— Coxygeari. Roemer, 1836, Die Verstein., p. 152, n° 4. 

— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 50. 

— — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., tab. INT, fig. 15. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.211. 


A. testà compressä; dorso tricarinato, bisulcato; anfractibus lateraliter 
compressis, costalis ; costis numerosis, acutis, externè antrorsüm inflectis ; 
aperturà paulisper compressä ; septis lateraliter bilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 42 mill. (il peut atteindre 190, d’Orb.). 
Par rapport au diamètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur ?5/100; 
largeur de l’ombilic 5°/100; recouvrement des tours ?/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos large et obtus, 
tricaréné; carène médiane arrondie, peu élevée, accompagnée de deux 
sillons bien marqués, limités par des carènes latérales distinctes; bouche 
presque aussi large que haute, très-légèrement échancrée à sa base par le 
retour de la spire. Tours de spire subquadrangulaires, peu embrassants, 
comprimés sur les côtés; ornés chacun de 38 à 40 côtes simples, éle- 
vées, aiguës, droites dans les trois quarts de leur étendue, infléchies en 
avant à leur partie externe et venant se terminer sur les carènes latérales. 

Cloisons symétriques, formées de deux lobes latéraux et de trois selles. 
Lobe dorsal très-long, un peu plus large que le lobe latéral supérieur, ne 
présentant de digitations qu’à son bord interne. Selle dorsale, assez 
grande, plus large que le lobe latéral supérieur, divisée en deux parties 
inégales par un lobe accessoire, parties dont l’externe présente elle-même 
deux folioles. Lobe latéral supérieur court, à peine plus long que la moitié 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 45 


du lobe dorsal, présentant quelques faibles digitations latérales, et deux 
autres plus longues, à peu près égales et terminales. Selle latérale plus 
large et plus élevée que la selle dorsale, terminée par trois folioles à peu 
près égales. Lobe latéral inférieur court et ne présentant que de faibles 
digitations. Selle auxiliaire peu élevée et conique. La ligne du rayon cen- 
tral, à l'extrémité du lobe dorsal, n’atteint pas le lobe latéral supérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des autres ammonites 
du même groupe par ses tours de spire nombreux , subquadrangulaires , 
ses côtes infléchies en avant, nombreuses et sans tubercules. 

Localités. — M. D'Orbigny donne cette espèce comme caractérisant le 
lias inférieur à gryphée arquée et l'indique dans les départements du 
Cher, du Jura, de l'Ain, de la Meurthe, des Bouches-du-Rhône et de la 
Côte-d'Or. Nos échantillons viennent de l'étage du grès de Luxembourg 
et ont été trouvés à Walzingen; l’un de ces échantillons nous a été com- 
muniqué par M. le D' de Condé. 
= Observations. — L’A. Conybeari varie et pour le nombre des côtes et 
l'épaisseur des tours. M. d'Orbigny fait remarquer que les individus à 
tours élevés ont un plus grand nombre de côtes, tandis que ceux à tours 
plus déprimés en ont moins; le nombre des côtes peut varier de 35 à 
66 par tour de spire; il pense que cela pourrait tenir à des différences 
sexuelles. 

7. AMMONITES MULTICOSTATUS. 
(PI. VE, fig. 2.) 
AMMONITES MULTICOSTATLS. Sow., 1824, Min. conch., 1. V , p.76, pl. 454. 


— — Zieten, 1850, Wurtemb., pl. XXVI, fig. 5 (eæcl. sept.) 
— — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 78. 


A. leslä compressà ; dorso tricarinato ; carinä media elevatäà; apertur& sub] 
quadratä, alt, supernè bisinuatä ; anfractibus compressis, subquadratis , 
lateraliter complanatis, transversim costatis ; costis 30-56, elevatis, subrectis ; 
seplis lateraliter 5-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre de la coquille 75 mill. (et plus, d’après 
les auteurs). Par rapport au diamètre total : hauteur du dernier tour 


46 DESCRIPTION DES FOSSILES 


2%4/100; largeur %/100; recouvrement des tours 1#/100; largeur de lombilic 53/100. 

Description. — Coquille comprimée, à dos large, tricaréné, les deux 
carènes latérales très-faibles, et les sillons médiocrement profonds; 
bouche quadrangulaire, plus haute que large, présentant à sa partie supé- 
rieure deux sinuosités résultant des sillons dorsaux, et faiblement échan- 
crée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire comprimés, plus 
hauts que larges, présentant chacun 50 à 56 côtes très-régulières, éle- 
vées, aiguës, légèrement obliques dans la plus grande partie de leur 
étendue, s’infléchissant fortement en avant à leur partie externe pour se 
continuer avec les carènes latérales; un peu renflées et relevées à leur 
extrémité externe. 

Cloisons symétriques découpées de chaque côté en trois lobes et trois 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal profond, moins long que 
le lobe latéral supérieur , divisé sur la ligne médiane jusqu’à la moitié de 
sa hauteur, présentant à son bord interne quatre digitations simples. Selle 
dorsale plus large que le lobe dorsal, divisée à son extrémité en deux 
parties inégales par un lobe accessoire, parties dont l’interne est la plus 
grande et toutes deux munies de folioles peu marquées. Lobe latéral supé- 
rieur aussi large et plus long que le lobe dorsal, un peu en massue, muni 
de chaque côté de trois digitations, indépendamment de cinq terminales plus 
longues. Selle latérale large, conique, plus élevée que la selle dorsale, 
présentant sur tout son pourtour des digitations à peu près égales. Lobe 
latéral inférieur petit et conique, atteignant à peine la moitié de la lon- 
gueur du lobe latéral supérieur. Selle auxiliaire courte et faiblement di- 
visée dans son pourtour. Lobe auxiliaire court et de même forme que le 
lobe latéral inférieur. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe 
dorsal, coupe l'extrémité du lobe latéral supérieur et passe au-dessous 
des autres lobes. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de plusieurs autres du 
même groupe; elle se distingue surtout par ses tours de spire quadrangu- 
laires, ses côtes élevées, assez distantes, peu fléchies en avant, enfin par 
ses cloisons. 


Localités. — Sowerby et Zieten indiquent cette espèce dans le lias d’An- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 47 


gleterre et d'Allemagne. Elle est assez commune dans l'étage du grès de 
Luxembourg, mais rarement bien conservée; nous l'avons trouvée à 
Bonnert, Lime, Ethe, etc. 

Observations. — 11 nous a été impossible de rapporter cette espèce à 
VA. bisulcatus Brug. de M. d'Orbigny, qu'il regarde comme le type des 
espèces décrites par les auteurs sous les noms d’A. Bucklandi, arietis, multi- 
costatus, etc. Nos échantillons se rapportent mieux à l'espèce figurée par 
Zieten (tab. XXVI, fig. 5); nous la distinguerons de l'A. bisulcatus, et nous 
lui conserverons le nom de Sowerby. M. Quenstedt (Die Cephal., p. 80) fait 
remarquer que deux ammonites très-voisines présentent les mêmes carac- 
ières extérieurs et ne se distinguent que par les cloisons. Les cloisons que 
donne Zieten (pl. XXVI, fig. 5c) sont les mêmes que celles de l’A. Bucklandi ; 
dans VA. multicostatus de Sowerby, le lobe latéral supérieur (Quenstedt, 
loc. cit.) est plus long que le lobe dorsal; c’est ce que nous présentent 
aussi nos échantillons; nous avons donc toute raison de croire que c’est 
bien là l'espèce décrite par Sowerby sous le nom d’A. multicostatus. 


8. AMMONITES VALDANI. 
(PL. VE, fig. 3.) 
AMMONTES Vazpan. D'Orbigny, 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.255, pl. 71. 


— - Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., pl. 5, fig. 5, @, b. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 224. 


A. testà compressä, carinatä; dorso in carinam angustato ; aperturà 
oblongä, supernè coarclatà; anfractibus compressis, lateraliter complanatis, 
transversèim costatis ; costis aequalibus , internè externèque tuberculatis ; septis 
lateraliler tri-lobatis. 


Dimensions. — Diamètre total 60 mill. (95 mill. d’Orb.). Par rapport 
au diamètre : hauteur du dernier tour ?/100; largeur 15/10; recouvrement 
des tours #/100; largeur de l’ombilic 50/10. 

- Description. — Coquille fortement comprimée, discoïdale, carénée et 
presque quillée; dos tranchant coupé en biseau , légèrement ondulé sur 
la carène; bouche comprimée, sub-pentagonale, presque du double plus 


48 DESCRIPTION DES FOSSILES 


haute que large, rétrécie à son sommet, légèrement échancrée à sa base. 
Tours de spire fortement comprimés, un peu excavés sur les côtés, ornés 
chacun de 26 ou 27 côtes simples, commençant au pourtour de lombilic, 
où elles s'élèvent en un tubercule arrondi, elles s’abaissent ensuite, puis 
se relèvent au pourtour externe en un tubercule pointu; en dehors du 
tubercule, elles s’infléchissent en avant et disparaissent promptement. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et moins long 
que le lobe latéral supérieur, orné de chaque côté de trois branches, 
dont l’inférieure très-grande, pyramidale. Selle dorsale plus large que 
le lobe latéral supérieur, formée de deux branches inégales, la plus 
large en dedans. Lobe latéral supérieur muni de trois grandes branches 
inférieures, les deux latérales formées de deux rameaux. Selle latérale plus 
étroite et plus haute que la selle dorsale , divisée en feuilles formant deux 
groupes inégaux, le plus grand en dehors. Lobe latéral inférieur muni 
de trois branches inégales, la dernière aiguë. Selle auxiliaire oblique ; 
lobe auxiliaire formé d’une seule digitation. La ligne du rayon central, 
à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral supérieur et passe au- 
dessous des lobes auxiliaires. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-remarquable par sa forme 
discoïdale et ses côtes bituberculeuses; elle se distingue de VA. Maugenestii 
d'Orb., qui possède ces mêmes caractères, par la forte compression de ses 
tours de spire. 

Localités. — D'après M. d’Orbigny, elle caractérise le lias moyen au- 
dessus de la gryphée arquée; on la trouve dans les départements du Cher, 
du Calvados, de la Côte-d'Or, de l'Yonne; notre échantillon provient 
de la couche sablonneuse qui forme la base du lias moyen, au NO. de 
Somme-Thonne. 

Observations. — Notre exemplaire présente quelques petites différences 
de détail dans les cloisons, différences tenant peut-être au jeune âge ou à 
la fossilisation. Comme MM. d'Orbigny et Quenstedt (loc. citat.) donnent 
des cloisons parfaitement semblables, nous avons corrigé ce que les nôtres 
présentaient d’imparfait. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 49 


9. AMMONITES SPINATUS. 


(PL. VI, fig. 4.) 

AMMONITES SPINATA. Bruguière, 1789, Encyclop. méth., t. 1, p.40, n° 14. 

= —- Bose, 1801, Buffon de Déterv., t 1, p.176, n° 15. 
INAUTILUS COSTATUS. Reinecke, 1818, Vaut. et Argon., fig. 68, G9. 
AMMONITES COSTATUS. Schlotheim , 1820, Die Petref., p.68, n° 12. 

= SPINATUS. De Haan, 1825, Ænvm. et Goniat, p.102, n° 1. 

— HawsKkERIENSIS. Phill., 1829, Forks., pl. XII, fig. 8. 

— COSTATUS. Zieten ,1850 , Furtemb., p.5, pl. IV, fig. 7. 


— — Hartman, 1850, Wurt., p. 20. 
= nn Roemer, 1856, Ferst., p.188 , n° 16. 
= Sn Bronn, 1837, Lethea geog., t. XXII, fig. 12, p. 456. 


= SPINATUS. D'Orb., 1845, Paléont. fr., Terr. jur., p. 209, pl. 52. 
— COSTATUS. Quenstedt , 1846-49, Die Cephal., pl. V, fig. 10, a, b. 
—= SPINATUS. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 225. 


A. test compressa; dorso concavo, carinato; carin& nodulosä; apertura 
subquadratä, sinuatà ; anfractibus subquadratis, costatis ; costis paucis, valdè 
elevatis et externè bituberculatis ; septis lateraliter 4-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 34 mill. (M. d'Orbigny donne 155). Par 
rapport au diamètre : hauteur du dernier tour 51400; largeur 51/1400; lar- 
geur de l’ombilic #/100; recouvrement des tours 7/10. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos concave, très- 
large, marqué au milieu d’une carène assez élevée et ornée de petites 
côtes en chevron, à convexité dirigée en avant; bouche quadrangulaire, 
présentant deux sinus séparés par la carène médiane, un peu plus large 
que haute, légèrement échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours 
de spire quadrangulaires, ornés chacun de 22 ou 25 côtes non divisées, 
très-légèrement courbées jusqu’à leur partie externe qui présente un tuber- 
cule aigu; de là, se dirigeant obliquement en avant, elles présentent un 
second tubercule mousse, comprimé; puis prenant une direction plus 
oblique encore, elles viennent se terminer dans la dépression qui borde 
la carène. 

Cloisons symétriques découpées de chaque côté en quatre lobes et trois 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal aussi large et un peu moins 
long que le lobe latéral supérieur, formé de deux digitations principales, 

Tour XXV. 7 


50 DESCRIPTION DES FOSSILES 


l'une terminale, l’autre, à son bord interne, un peu plus petite, pourvues 
chacune de six ou sept digitations. Selle dorsale plus large que le lobe 
latéral supérieur, arrondie en dessus, augmentant de longueur des parties 
externes aux parties internes, divisée à son extrémité par trois lobes acces- 
soires. Lobe latéral supérieur élargi en bas et orné de trois grandes 
branches grêles, une médiane et deux latérales, pourvues de digitations 
longues et simples. Selle latérale aussi large que le lobe latéral supérieur, 
arrondie, divisée irrégulièrement en six feuilles très-inégales; les deux 
lobes accessoires externes les plus longs. Lobe latéral inférieur des trois 
quarts plus étroit et beaucoup moins long que le lobe latéral supérieur, 
formé d’une seule branclie droite, grêle, pourvue de neuf digitations 
simples. Première selle auxiliaire très-étroite, formée de trois folioles. 
Premier lobe auxiliaire la moitié du précédent, orné de cinq digitations. 
Second lobe auxiliaire encore plus court et formé d’une seule digitation. 
La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois 
pointes terminales du lobe latéral supérieur, touche le lobe latéral infé- 
rieur et passe en dessous des lobes auxiliaires. 

Rapports et différences. — Cette charmante espèce fait partie du groupe 
des Ammonites Amalthei de de Buch; c’est l’une des mieux caractérisées 
parmi les espèces liasiques. 

Localités. — Cette espèce caractérise, d’après M. d'Orbigny, les couches 
du lias moyen; il l'indique dans les départements du Calvados, du Doubs, 
du Jura, du Cher, ete. Notre échantillon provient du macigno d’Aubange, 
près d’Athus. 

Observations. — Le seul échantillon que nous ayons à notre disposition, 
ne présente que de très-faibles restes des cloisons; pour donner une des- 
cription complète de cette belle espèce, nous avons eu recours aux planches 
de M. d’Orbigny. — Cet auteur donne, dans la synonymie de l’A. spinatus, 
l'A. angulatus Schlotheim ; M. Quenstedt (Die Cephal., p. 96) fait remarquer 
que Schlotheim dit de son À. angulatus qu’elle est sans carène. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 51 


10. AMMONITES MUCRONATUS. 
(PL VI, fig. 5.) 


AMMONITES MUCRONATUS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 528, pl. 104, 4-8. 
_ = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246. 


A. testà discoïdeä, compressä; dorso subcomplanato ; apertur& quadrata ; 
anfractibus quadratis, transversim costatis ; costis 22-50 simplicibus, acutis, 
rectis, externè mucronalis, bi- vel trifurcalis ; septis lateraliter trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre, 26 mill. Par rapport au diamètre : hau- 
teur du dernier tour %/100; largeur 50/4100; recouvrement des tours 2100; 
largeur de l’ombilic 5?/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée dans son ensemble, à 
dos aplati, moins saillant au milieu que les pointes latérales; bouche 
carrée, un peu déprimée, à peine entamée par le retour de la spire. 
Tours de spire comprimés et subdéprimés, en contact et sans se recou- 
vrir; ornés en travers, par tour, de 22 à 50 côtes simples, droites, se 
terminant aux côtés du dos en une pointe aiguë; de cette pointe, chaque 
côte se bifurque ou se trifurque en passant sur le dos. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus large que le lobe laté- 
ral supérieur, orné de trois branches de chaque côté, celles-ci croissant 
des supérieures aux inférieures. Selle dorsale le double du lobe latéral 
supérieur, divisée très-inégalement en trois feuilles festonnées, la plus 
petite externe. Lobe latéral supérieur terminé par trois grandes pointes et 
orné sur les côtés de trois petites pointes obtuses. Selle latérale plus large 
que le lobe latéral supérieur, inégalement divisée en deux; la partie 
interne formant deux feuilles. Lobe latéral inférieur très-oblique, petit, 
terminé par deux digitations inégales. Un seul lobe auxiliaire formé d’une 
pointe. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, passe bien 
au-dessous des lobes latéraux. 

Rapports et différences. — Cette espèce, par ses côtes droites et ses 
pointes, se rapproche beaucoup de l'A. Braunianus, dont elle se distingue 


52 DESCRIPTION DES FOSSILES 


néanmoins par ses tours plus carrés, par ses côtes plus espacées, par son 
dos aplati. 

Localités. — M. d’Orbigny donne cette nouvelle espèce comme caracté- 
risant le lias supérieur de l'est et du midi de la France; il l'indique dans 
les départements du Jura, de la Côte-d'Or, du Rhône, de l'Ain, de la 
Lozère, du Gard, de la Meurthe. Notre échantillon provient de la marne 
de Grand-Cour, à Écouviez. 

Observations. — Nous ne possédons pas le type décrit ci-dessus, dont 
nous empruntons Ja description à M. d’Orbigny; mais nous y rapportons 
comme variété une petite ammonite, qui présente l’ensemble des carac- 
tères de l'A. mucronatus; seulement les côtes passent sur le dos sans se 
diviser pour la plupart; quelques-unes cependant présentent de loin en 
loin une bifurcation à l'endroit des tubercules latéraux. 


11. AmmoniTEs BRAUNIANUS. 
(PI VI, fig. 6, pl. VIT, fig. 2.) 


AwMmonires Braunranus. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 527, pl. 104, fig. 1-5. 
- — D'Orb., 1850, Prodr., I, p.246. 


A. testà discoïdeà, compressä; dorso rotundato; aperturä ovali, paulisper 
compressà; anfractibus subcompressis, transversim coslatis; costis 58-64 
simplicibus rectis, approximatis, externè mucronatis, bifurcatis ; septis latera- 
liter 4-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 45 mill. Par rapport au diamètre : 
hauteur du dernier tour %#/100; largeur 2/100; largeur de lombilic %#/100; 
recouvrement des tours ?/100. 

Description. — Coquille comprimée , discoïdale, à dos convexe, arrondi, 
orné de côtes nombreuses ; à bouche comprimée, ovalaire, un peu plus 
haute que large; tours de spire arrondis, légèrement aplatis sur les côtés, 
ornés de côtes en nombre variable, de 58 à 46 (et jusqu’à 64, d’après 
M. d'Orbigny); côtes simples et droites jusqu'aux deux tiers externes, où 
elles présentent une pointe saillante et se bifurquent; les deux branches 
de la bifurcation forment, en passant sur le dos, une courbure à convexité 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 53 


antérieure et vont se réunir de l’autre côté pour reconstituer une côte 
simple. Dans quelques échantillons, toutes les côtes ne se divisent pas, mais 
on observe une division assez régulière de deux en deux côtes; de sorte 
que le dos présente plus de côtes que les régions latérales, mais non 
exactement un nombre double. 

Cloisons symétriques , découpées de chaque côté en quatre lobes et en 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus large et un peu moins 
long que le lobe latéral supérieur, composé de quatre branches, dont les 
deux inférieures sont fortement digitées. Selle dorsale aussi grande que le 
lobe latéral supérieur, divisée inégalement en deux feuilles bilobées, la 
plus grande externe. Lobe latéral supérieur pourvu de quatre digitations 
de chaque côté et d’une pointe terminale. Selle latérale égalant la moitié 
du lobe latéral supérieur, formée de deux feuilles lobées, la plus grande 
interne. Lobe latéral inférieur très-oblique, très-étroit, pourvu de six 
pointes. Les deux autres lobes obliques aussi et réduits à une seule pointe. 
La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la pointe 
du lobe latéral supérieur et passe bien au-dessous des autres. 

Rapports et différences. — Pour la forme générale, cette espèce se rap- 
proche beaucoup de A. communis; elle s’en distingue par la disposition de 
ses côtes et leurs tubercules. 

Localités. — Cette espèce est propre au lias supérieur. Nous l'avons 
trouvée dans la marne de Grand-Cour, à Écouviez, Lamorteau; elle n’est 
pas rare dans les blocs de calcaire bleuàtre qui se trouvent dans cette 
couche. 


12. AMMONITES RAQUINIANUS. 


(PI. VIT, fig. 1.) 


AMMONITES HaQuiNranUSs. D’Orb., 1843, Pal. fr., Terr. jur., p. 552, pl. 106. 
— _ D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.246. 


A. leslä subcompressä, non carinata; dorso lato, convexo; apertura valdè 
depressà, anfractibus depressis, lateribus inflatis, tuberculatis, transversim 
costalis; costis acutis, simplicibus, externè tuberculatis, bifurcatis; seplis 
lateraliter 5-lobatis. 


54 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Grand diamètre, 60 mill. Par rapport au diamètre : hau- 
teur du dernier tour #/100; largeur %/100, recouvrement des tours 5/100; 
largeur de lombilic 55/10. 

Description. — Coquille assez épaisse, discoïdale, à dos large, convexe, 
à bouche semi-lunaire, déprimée, beaucoup plus large que haute. Tours 
de spire très-déprimés, peu embrassants, ornés de côtes en nombre 
variable selon les différents tours; l’externe en a de 44 à 48, l’avant-der- 
nier de 28 à 50, etc. Ces côtes sont élevées, droites, partent de l’ombilic, 
se divisent, après s'être renflées en un tubercule, tantôt en deux, tantôt 
en trois côtes qui vont se réunir du côté opposé et former un nouveau 
tubercule. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et quatre 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal un peu plus long que large, 
orné à son côté interne de trois branches ramifiées, à son côté externe de 
deux digitations simples, et d’une terminale à cinq pointes. Selle dorsale 
un peu plus large que le lobe dorsal, divisée à son extrémité, par un lobule 
accessoire à cinq pointes, en deux folioles, dont l’externe, plus grande, est 
elle-même subdivisée. Lobe latéral supérieur moins large que la selle dor- 
sale, présentant de chaque côté trois digitations denticulées sur leurs bords 
et une terminale plus longue à sept pointes. Selle latérale moins large et 
moins haute que la selle dorsale, divisée en deux parties presque égales, 
subdivisées elles-mêmes. Lobe latéral inférieur très-oblique vers la base 
de la selle latérale, formé de deux pointes. Selle auxiliaire très-courte, 
conique. Lobe auxiliaire formé par une seule digitation simple. La ligne 
du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral 
supérieur et passe bien au-dessous des autres. 

Rapports et différences. — Cette espèce est bien caractérisée par sa 
bouche fortement déprimée; elle se distingue de VA. Desplacei d'Orb., 
chez laquelle on remarque aussi cette dernière disposition, par ses côtes 
simples en dedans des tubercules. 

Localités. — Cette espèce caractérise, selon M. d'Orbigny, le lias supé- 
rieur; il l'indique dans les départements de Saône-et-Loire, des Deux- 
Sèvres, du Rhône, de la Lozère, du Cher, du Calvados, de la Côte-d'Or, 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 55 


de la Meuse. Elle est assez commune dans la marne de Grand-Cour; nous 
l'avons rencontrée à Écouviez, Lamorteau, entre Écouviez et Thonne-la- 


Long, etc. 


15. AmmoniTes HOLANDREI. 


(PI. VIT, fig. 3.) 


Awumonires Hocanpret. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 550, pl. 105. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246. 


A. testä compressé, discoïdeü ; dorso convexo ; aperturà compressä, anticè 
subangulatà ; anfractibus compressis, transversim costatis ; costis 60 elevatis, 
flexuosis, externè bifurcatis ; septis lateraliter trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 90 mill. Par rapport au diamètre : hau- 
teur du dernier tour 22/100, largeur 20400; largeur de l'ombilic 65/100; recou- 
vrement des tours ?/100. 

Description. — Coquille comprimée, non carénée, à dos saillant, à 
bouche plus haute que large, rétrécie en haut, peu échancrée par le retour 
de la spire. Tours de spire comprimés, peu embrassants, ornés de 50 à 
60 côtes flexueuses, obliques en avant, se bifurquant plus ou moins régu- 
lièrement à leur tiers externe pour passer sur le dos et se réunir ensuite 
de l’autre côté, sans former de tubercule à leur réunion. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus long et plus large que 
le lobe latéral supérieur, muni de cinq digitations. Selle dorsale le double 
plus large que le lobe latéral supérieur, irrégulièrement divisée en feuilles 
déchiquetées. Lobe latéral supérieur pourvu de trois pointes terminales 
et de quelques autres latérales moins régulières. Selle latérale aussi large 
que le lobe latéral supérieur, divisé irrégulièrement en trois feuilles. Lobe 
latéral inférieur très-petit, oblique, réduit à une seule pointe. Premier lobe 
auxiliaire formé aussi d’une petite pointe. La ligne du rayon central, à 
l'extrémité du lobe dorsal, passe au-dessous des autres lobes. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des A. communis , 
Braunianus et mucronatus; elle se distingue de la première par ses côtes 


56 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ondulées, obliques en avant, ses tours plus étroits, comprimés, par sa 
bouche relativement plus haute; et des deux autres par le manque de 
pointes à la bifurcation des côtes et par les lobes de ses cloisons. Elle se 
rapproche encore de l'A. annulatus, Sow. (d'Orb., pl. 76, A. æquistria- 
tus, Zieten, pl. 12, f. 5); mais ses côtes sont bien moins nombreuses et 
flexueuses. 

Localités. — Nos échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour et 
ont été trouvés dans la marne, à Lamorteau, ou dans le schiste exploité à 
Grand-Cour, où elle est très-commune; à Amblimont, etc. D’après M. d’Or- 
bigny, cette espèce caractérise les assises du lias le plus supérieur; il 
l'indique dans les départements du Cher, de la Meurthe, de la Moselle, 
de l'Aveyron, de la Vendée, du Rhône, de l'Yonne, etc. 


14. AMMONITES COMMUNIS. 


(PL VI, fig. 4; pl. VII, fig. 1.) 


AMMONITES COMMUNIS. Sow., 1815, Min. conch., t& 2, p.9, pl. 107, fig. 2, 5. 

= ANGULATUS. Sow., id., id., pl. 107, fig. 1. 
NaurTiLus anNuLaris.  Reinecke, 1818, Vaut. et Arg., pl. VI, fig. 56, 57. 
AMMONITES ANNULATUS. Schl., 1820, Petref., p. 61, n° 2. 

— ANNuLARIS. Schl., id., id., p.87, n° 52. 

— communis. Young et Birds, 1822, Geol. Surv., pl. XX, fig. 5. 
PLANITES BIFIDUS. De Haan, 1825, Æmm. et Gon., p.86, n°15. 
AMMONITES COMMUNIS. Phill., 1829, Forksh., p. 163. 

— — Zieten, 1850, Furtemb., pl. VI, fig. 2. 

— ANNULARIS. Zieten, id., id., pl. X, fig. 10. 

— communis. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 108, p. 556. 

— — Quenstedt , 1846-49, Die Cephal., pl. 15, fig. 8. 

_ — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 246. 


A. testä discoïdeà ; dorso convexo, rotundato; aperturä suborbiculatà ; an- 
fractibus rotundatis transversim costatis ; costis elevatis, internè simplicibus , 
externè subregulariter bifurcatis, non tuberculatis ; septis lateraliter trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 88 mill. Par rapport au diamètre : 
hauteur du dernier tour 1/100; largeur 2/100; recouvrement des tours ?4/100; 
largeur de l’ombilic 62/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos arrondi, convexe; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 57 


bouche suborbiëulaire, peu échancrée à sa base par le retour de la spire. 
Tours de spire nombreux, arrondis, très-peu embrassants; ornés, le der- 
nier de 52, l’avant-dernier de 40, le troisième de 52 côtes transverses, 
également espacées, élevées, droites , irrégulièrement bifurquées aux deux 
tiers externes, sans trace de tubercule; les deux branches résultant de la 
bifurcation, après avoir parcouru la convexité du dos, se réunissent rare- 
ment pour former une côte unique de l’autre côté, mais le plus souvent 
elles alternent et sont disposées en zigzag; souvent aussi l’une des deux 
bifurcations reste isolée pour former la côte de la face opposée. 

Cloisons symétriques, découpées en trois lobes et trois selles formés de 
parties impaires. Lobe dorsal large et assez profond, divisé sur la ligne mé- 
diane jusqu’au tiers de sa hauteur, présentant trois digitations à son bord 
interne. Selle dorsale, un peu plus large que le lobe dorsal , divisée à son 
extrémité en trois folioles obtuses , séparées par des lobules. Lobe latéral 
supérieur aussi long que le lobe dorsal, mais moins large, présentant, 
indépendamment de deux digitations de chaque côté, trois pointes termi- 
nales plus longues. Selle latérale presque aussi large que la selle dorsale , 
divisée inégalement à son extrémité en deux folioles obtuses, dont l’interne 
dépasse un peu en hauteur le sommet de la selle dorsale. Lobe latéral 
inférieur oblique, très-court et peu large, terminé par deux digitations 
simples. Selle auxiliaire conique, courte. Lobe auxiliaire réduit à une 
simple digitation. 

Rapports et différences. — Très-voisine de l'A. Braunianus d'Orb., cette 
espèce s’en distingue par l'absence de tubercule à la bifurcation des côtes 
et la disposition de ces dernières. 

Localités. — D'après M. d’Orbigny, cette espèce serait spéciale au lias 
supérieur de Whitby, en Angleterre. Elle est assez fréquente dans le lias 
supérieur du Luxembourg. Nous l’avons trouvée dans la marne de Grand- 
Cour, à Lamorteau, à Écouviez, entre Buré et Grand-Cour, etc. 

Observations. — Sous le nom d’Ammonites planulati, on a réuni les es- 
pèces présentant les caractères suivants : bouche géhéralement aussi haute 
que large, dos arrondi, tours de spire peu embrassants, ornés de côtes 


transverses nombreuses, bien marquées, se divisant souvent pour passer 
Toue XXV. 8 


58 DESCRIPTION DES FOSSILES 


sur le dos; aux points de division, souvent des tubercules aigus; lobes 
des cloisons formés de digitations courtes, pointues ; lobe latéral inférieur 
rejeté obliquement en dehors vers la base de la selle dorsale. 

On trouve dans les couches liasiques supérieures du Luxembourg plu- 
sieurs ammonites de ce groupe : telles sont les A. Raquinianus, Holandrei, 
Braunianus, communis, mucronatus; ces espèces sont voisines et souvent il 
est difficile de les séparer ; d’un autre côté, la disposition des côtes est 
sujette à tant de variations que l’on pourrait encore multiplier les types : 
ainsi l’on peut rapprocher les A. Holandrei et Raquinianus d’une part, 
d'autre part les À. communis, Braunianus et mucronatus; si lon compare les 
cloisons, on ne trouve que des différences très-légères ; la disposition géné- 
rale est la même. Peut-être trouvera-t-on des passages qui feront réunir 
plusieurs de ces types. Cependant, pour ne rien préjuger, et puisque des 
auteurs de premier mérite en ont fait des espèces distinctes, bornons- 
nous à signaler ces rapprochements. Remarquons seulement en terminant 
ces observations, combien cette similitude et cette variabilité rendent la 
synonymie délicate et incertaine. 


15. AMMONITES HETEROPHYLLUS. 
(PL VIL, fig. 5.) 


AMMONITES HETEROPHYLLUS. SOW., 1820, Min. conch., t. 5, p. 119, pl. 266. 
GLOBITES — De Haan, 1825, Anvm. et Goniat., p.148, 14. 
AMMONITES — Phill., 1829, Forks., p. 165, pl. XIII, fig. 2. 
— — Hartm. Ziet., 1850, Wurt., p. 21. 
= — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 359, pl. 109. 
— — Quenstedt, Die Cephal., 1846-49 , tabl. VI, fig. 1-6 (var. amaltheus,. 
= — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 246. 


A. testà compressd ; dorso rotundato, convexo ; carinà nulla ; anfractibus 
paucis, transversim striatis, compressis, ullimo maximo; umbilico angus- 
tissimo ; aperturä compressä , ovali; septis lateraliter 10-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 140 mill. Par rapport au diamètre: 
hauteur du dernier tour 57/10; largeur 5/10; recouvrement des tours 
#/400; largeur de l’ombilic #/100. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 59 


Description. — Coquille comprimée, non carénée, dos régulièrement 
convexe et assez obtus; bouche ovalaire, arrondie à son sommet, profon- 
dément échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire peu 
nombreux, très-embrassants, comprimés, ornés de fines stries transverses , 
légèrement flexueuses en avant à leur partie externe. 

Cloisons symétriques découpées en lobes et en selles formés de par- 
ties impaires. Lobe dorsal large et peu profond, divisé sur la ligne mé- 
diane jusqu'à la moitié de sa hauteur, présentant du côté externe, une 
seule digitation simple, et du côté interne, trois digitations, dont l’infé- 
rieure à trois branches. Selle dorsale formée de cinq grandes folioles 
arrondies, bvalaires, claviformes, inégales, et une sixième à la base du 
côté interne. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe dorsal, pré- 
sentant sept digitations, trois de chaque côté, lobulées, inégales et une 
terminale, formée de digitations subdivisées elles-mêmes. Selle latérale 
de même largeur que la selle dorsale, mais un peu plus élevée, formée 
aussi de cinq grandes digitations terminales et de deux autres à la base. 
Lobe latéral inférieur moitié plus petit que le supérieur, formé de trois 
lobes de chaque côté et d’un terminal, à subdivisions plus simples. Pre- 
mière selle auxiliaire formée de cinq digitations terminales et de deux 
basales; toutes ces parties plus petites. On remarque encore huit lobes 
latéraux auxiliaires séparés par autant de selles, mais toutes ces parties 
se simplifient de plus en plus en se rapprochant de lombilic. La ligne du 
rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral supé- 
rieur dans sa partie terminale et atteint plusieurs des lobes suivants. 

Rapports et différences. — On à formé un groupe particulier des ammo- 
nites dont les selles des cloisons sont formées de folioles arrondies, ova- 
laires ; telles sont les A. Lascombi, Sow., Calypso, d'Orb., et Mimatensis, 
d'Orb. (pl. 110), VA. Boblayei, d'Orb. (pl. 69). Ces différentes espèces 
se trouvent dans le lias; l'A. heterophyllus s'en distingue par ses fines 
stries et le nombre des lobes de ses cloisons ; on en compte 54 : 1 dorsal 
et 10 latéraux de chaque côté; 1 ventral et 6 ventraux latéraux de 
chaque côté; disposition qui peut se voir dans l'ouverture buccale de la 


coquille. 


60 DESCRIPTION DES FOSSILES 


M. Quenstedt signale une variété, A. heterophyllus posidoniae (lias <), qui 
peut atteindre au diamètre de 1 12 pied. Le même auteur fait remarquer 
que la région buccale, dessinée dans les planches de la Paléontologie fran- 
çaise, est fautive, parce que l’on a figuré sept lobes ventraux latéraux, 
tandis qu'il ne doit y en avoir que six. (Quenstedt, p. 99.) 

Localités. — D'après M. d'Orbigny, cette espèce caractérise le lias supé- 
rieur; on la trouve dans les départements de l’Ain, de la Meuse, du Cal- 
vados, de Saône-et-Loire, des Deux-Sèvres, de la Sarthe, de l'Yonne, 
du Gard, etc., en Allemagne et en Italie. Nous l'avons trouvée dans la 
marne de Grand-Cour à Écouviez. 


16. AMMONITES CORNUCOPIAE. 
(PI. VIT, fig. 2.) 
AMMONITES CORNUCOPIAE. Young et Birds, 1829, 4. geol. survey, pl. 12, fig. 6. 
— FIMBRIATUS. Zieten, 1850, Furtemb., pl. XII, fig. 1. 


= CORNUCOPIAE. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 316, pl. 99. 
> — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 245. 


A. testä discoïded; dorso lato, convexo; aperturà depressd ; anfractibus latis, 
depressis, transversim longitudinaliterque costellatis; costis fimbriatis; la- 
mellis transversis , erectis ; septis lateraliter 5-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 155 mill. Par rapport au diamètre: 
hauteur du dernier tour #/100; largeur #/100, largeur de l'ombilic 56/100; 
recouvrement des tours °/100. 

Description. — Coquille discoïdale, comprimée, à dos large, obtus, sans 
trace de carène; à bouche déprimée, arrondie, non échancrée à sa base 
par le retour de la spire; tours de spire arrondis, déprimés, c’est-à-dire 
plus larges que hauts, ornés de nombreuses côtes transverses, petites, 
obtuses et de côtes longitudinales, moins nombreuses, moins élevées, 
croisant les premières et leur donnant un aspect festonné. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois 
selles formés de parties paires. Lobe dorsal assez large, moins long que 
le lobe latéral supérieur, présentant au côté externe, deux grandes digita- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 61 


tions et une terminale bifide. Selle dorsale irrégulièrement divisée à son 
extrémité en deux parties inégales : l’externe, plus élevée, divisée en deux 
lobes, l’interne en trois. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe 
dorsal, très-large à son extrémité, terminé par trois grandes digitations 
espacées, deux fois ramifiées et muni de chaque côté de deux digitations 
simples. Selle latérale, plus petite que la selle dorsale, terminée par deux 
folioles bifides. Lobe latéral inférieur de même forme et plus petit que le 
lobe latéral supérieur, ne présentant que deux digitations principales. 
Selle auxiliaire, aussi haute, mais moins large que la selle latérale, ter- 
minée par trois digitations. On aperçoit encore un lobe et une deuxième 
selle auxiliaire. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, 
coupe les trois grandes digitations du lobe latéral supérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine des À. fimbria- 
tus, Sow. et jurensis, Ziet., qui se rencontrent aussi dans le lias; elle s’en 
distingue par ses côtes longitudinales mieux marquées et la dépression de 
ses tours de spire. 

Localités. — Elle se trouve dans la marne de Grand-Cour, à Lamorteau. 
Écouviez, entre Couvreux et Grand-Verneuil. D’après M. d’Orbigny, elle 
caractérise les assises supérieures du lias; il l'indique dans les départe- 
ments de la Lozère, du Gard, du Cher, de l'Aveyron, etc. 


47. AMMONITES CONCAVUS. 


(PL. VII, fig. 5.) 


AMMONITES COnCAvus. Sowerby, 1815, Min. conch., t.1, p. 215, pl. 94 , fig. 2. 
_ LYTHENSIS. Phillips, 1829, Geol. Forks., pl. XIIT, fig. 6 (non Bronn, de Buch.) 
— EXARATUS. Phill., id, id, id, pl. XIII, fig. 7. 
e OvATUS.  Phill., id, id, id. pl. XII, fig. 10? 
— concavus. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.558, pl. 116 (non De Haan , Roemer). 
E — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 247. 


A. testà compressà, carinatä; dorso angustato, carinato; aperturä sagit- 
talä, compressä, supernè coarctatä; anfractibus altis, compressis, lateribus 
complanalis , transversim undalo-costalis ; costis simplicibus, flexuosis ; septis 
lateraliter 6-lobatis. 


62 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Grand diamètre 28 mill. (75 mill. d'Orb). Par rapport 
au diamètre : hauteur du dernier tour #/100; largeur 21/4100; largeur de 
l'ombilic ?{/100; recouvrement des tours 21/100. 

Description. — Coquille très-comprimée, à dos saillant, aigu, pourvu 
d'une quille tranchante; bouche beaucoup plus haute que large, rétrécie 
à sa partie supérieure, ce qui lui donne une forme sagittée, fortement 
échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire très-com- 
primés, aplatis sur les côtés, surtout vers la région dorsale, pourvus de 
50 à 56 côtes simples, larges, flexueuses, doublement concaves en avant, 
mais à peine marquées dans le premier tiers de leur longueur, formant 
un angle obtus un peu en deçà de leur milieu. 

Cloisons symétriques, découpées en lobes nombreux, mais peu déve- 
loppés et formés de parties impaires; lobe dorsal plus étroit et plus court 
que le lobe latéral supérieur, présentant 5 à 4 faibles digitations sur les 
côtés ; selle dorsale très-large, élevée, divisée, jusqu’au delà de la moitié 
de sa hauteur, en deux parties à peu près égales, l’interne plus haute et 
divisée elle-même en trois folioles à son extrémité. Lobe latéral supé- 
rieur plus long que le lobe dorsal et de moitié moins large que la selle 
dorsale, présentant de chaque côté quatre digitations et une terminale 
plus grande; selle latérale aussi large que le lobe latéral supérieur, aussi 
haute que la selle dorsale, divisée à son extrémité en deux folioles égales. 
Lobe latéral inférieur du quart du lobe latéral supérieur, à digitations peu 
développées; après ce lobe viennent encore quatre lobes auxiliaires simples 
et formés par une seule digitation, et cinq selles correspondantes. La 
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe le lobe latéral 
supérieur dans ses trois dernières digitations. 

Rapports et différences. — Cette espèce du groupe des Ammonites falcifères 
se distingue de l'A. complanatus par ses côtes larges et moins flexueuses ; 
de VA. serpentinus parla petitesse de son ombilic. 

Localités. — Cette belle ammonite appartient au lias supérieur; M. d'Or- 
bigny l'indique dans les départements suivants : Jura, Bas-Rhin, Deux- 
Sèvres, Sarthe, Aveyron, Charente. Notre échantillon vient de la marne 
de Grand-Cour, à Lamorteau. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 65 


18. AMMONITES COMENSIS. 


(PI VI, fig. 4; pl. IX, fig. 1.) 


AMMONITES COMENSIS. De Buch, 1851, Petref. rem., pl. 2, fig. 15. 
_ THOUARSENSIS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 222, pl. 57. 
— COMENSIS. D'Orb., 1850, Prodr.., 1, p. 245. 


À. testà compresst, carinatà ; aperturd compressä, oblongä ; dorso convexo, 
carinalo ; carin& obtusà ; anfractibus compressis, intus acutis, transversim 
costalis ; costis subobtusis , bisinuatis, antrorsum incurvatis ; seplis lateraliter 
trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 85 mill. Par rapport au diamètre : hau- 
teur du dernier tour %/100; largeur 17/10; recouvrement des tours 5/10: 
largeur de l’ombilic #2/100. 

Description. — Coquille comprimée, discoïdale, à dos arrondi, pourvu 
d’une quille distincte un peu obtuse, sans sillons latéraux marqués , à 
bouche notablement plus haute que large, légèrement échancrée à sa 
base par le retour de la spire. Tours de spire médiocrement nombreux , 
comprimés, taillés en biseau vers la région ombilicale, munis chacun de 
40 à 46 côtes simples, mieux marquées vers leur partie moyenne , pré- 
sentant une forme sigmoïde, leur extrémité interne dirigée en arrière, 
l'externe se prolongeant vers la bouche de la coquille et arrivant jusque 
vers la carène; à des intervalles inégaux, deux côtes se confondent à leur 
partie interne. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en selles 
formés de parties impaires. Lobe dorsal aussi large et un peu moins long 
que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane jusqu’à la moitié 
de sa hauteur, ne présentant à son bord externe que de faibles digita- 
tions, et à son bord interne deux autres assez profondes. Selle dorsale 
peu élevée, d’un tiers plus large que le lobe latéral supérieur, divisée, 
à son extrémité en deux parties, l’externe presque aussi haute, mais de 
moitié moins large que l’interne, terminées chacune par deux ou trois 
folioles inégales. Lobe latéral supérieur plus long que le lobe dorsal, 


64 DESCRIPTION DES FOSSILES 


présentant de chaque côté deux fortes digitations, indépendamment de 
trois autres terminales subdivisées. Selle latérale aussi haute que la selle 
dorsale, de moitié moins large que cette dernière, divisée à son extré- 
mité en deux folioles. Lobe latéral inférieur de moitié moindre en largeur 
et en hauteur que le lobe latéral supérieur, présentant de faibles digita- 
tions. Selle auxiliaire peu élevée, terminée par trois folioles inégales. 
Lobe auxiliaire formé par une seule digitation. La ligne du rayon central, 
à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois digitations terminales du 
lobe latéral supérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche beaucoup de l'A. ra- 
dians, dont elle n’est peut-être qu’une variété locale; on peut cependant 
l'en distinguer par sa carène moins tranchante, son dos plus obtus, ses 
côtes moins nombreuses. 

Localités. — Elle caractérise les couches du lias supérieur; M. d’Orbigny 
l'indique dans les départements des Deux-Sèvres, du Rhône, de la Vendée, 
de la Sarthe, du Calvados, ete. Notre échantillon vient de la marne de 
Grand-Cour, au sud de St-Mard; il nous a été communiqué par M. Kinard, 
ingénieur des arts et manufactures. 


19. AMMONITES VARIABILIS. 


(PI. IV, fig. 2.) 


AMMOXITES VARIABILIS. D'Orbigny, 1844, Pal. fr., Terr. jur., p. 552, pl. 115. 


A. lestä compressä, carinatä ; carind elevalä ; dorso acuto; aperturä com- 
press subovali, supernè acutd ; anfractibus compressis, transversim costatis ; 
costis flexuosis subfascicularibus, fasciculis internè tuberculatis ; septis late- 
raliter 4-lobatis. 


Dimensions. — Diamètre 67 mill. (et jusqu’à 207, d'Orb.). Par rapport 
au diamètre; hauteur du dernier tour %/100; largeur 17/1003 recouvrement 
des tours %100; largeur de l’ombilic 57/00. 

Description. — Coquille discoïdale, fortement comprimée, à dos pourvu 
d'une carène saillante, arrondie; bouche comprimée subovalaire, un peu 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 65 


rétrécie à son sommet et fortement échancrée à sa base par le retour de 
la spire. Tours de spire comprimés, aplatis latéralement, peu nombreux, 
embrassants, pourvus de côtes assez serrées, de forme sigmoïde, inflé- 
chies vers la bouche, à leur partie externe, où elles sont un peu plus sail- 
lantes ; tantôt simples, tantôt réunies à deux ou à trois au bord interne, 
où elles présentent un tubercule mousse. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et quatre 
selles. Lobe dorsal un peu moins large que la selle dorsale, divisé sur la 
ligne médiane jusqu'aux deux cinquièmes de sa hauteur, présentant de 
chaque côté tmis pointes et une terminale plus longue. Selle dorsale assez 
large, divisée à son extrémité en deux parties inégales, l’interne un peu 
plus élevée. Lobe latéral supérieur presque aussi large que la selle précé- 
dente, pourvu de chaque côté de quatre lobules peu ramifiés et d’un terminal 
à cinq pointes. Selle latérale d’un tiers moins large que la selle dorsale, 
partagée à son extrémité en trois rameaux, le médian dépassant en hau- 
teur la selle dorsale. Lobe latéral inférieur de moitié à peine du supérieur, 
garni de chaque côté de trois lobules et d’un terminal plus grand. Pre- 
mière selle auxiliaire conique, irrégulière. Premier lobe auxiliaire formé 
d’une seule branche à cinq pointes. Seconde selle auxiliaire obtuse. Second 
lobe formé d’une seule digitation. La ligne du rayon central, à l’extré- 
mité du lobe dorsal, coupe les trois digitations inférieures du lobe latéral 
supérieur, et les extrémités des deux lobes suivants. 

Rapports et différences. — Cette belle espèce se distingue facilement de 
l'A. Murchisonae, par ses tours de spire, la disposition de ses côtes et ses 
cloisons. 

Localités. — M. d’Orbigny signale cette espèce dans le lias le plus supé- 
rieur; il l'indique dans les départements du Calvados, de Saône-et-Loire, 
de la Sarthe, du Rhône, des Deux-Sèvres, de la Vendée, du Gard, du 
Jura, etc. Nous l’avons trouvée à Lamorteau, dans la marne de Grand- 
Cour. 


Tous XXV. 9 


66 DESCRIPTION DES FOSSILES 


20. AMMONITES BIFRONS. 


(PL. IX, fig. 5.) 
Bayer, 1708, Oryet. Nor., t.II, fig. 9. 
Rumphius, 1759, Thesaurus , tab. 60, fig. D, A. és 
Walcott , 1779, Bath. Petref., p. 52, fig. 41. 
AMMONITES BIFRONS. Bruguière, 1789, Encyclop. méth., n° 15. 


— — Bosc, 1801, Puf]. de Déterv., 1. V, p. 176. 

— — Schl., 1815, Taschenb., p. 55. 

FF Wazcorrr. Sow., 1816, Min. conch., t. IL, p. 7, pl. 106. 

— Hicpensis. Young et Birds, 1822, 4 Geol. survey, pl. XII, fig. 1. 

m BIFRONS. De Haan, 1825, 4mm. et Goniat., p. 108, n° 15. 

Deshayes, 1851, Coq. caract., p. 2506. 

Bronn, 1857, Lethea geog., p. 452, n° 12. 

— _ D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.219, pl. 56. 

= — Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., t. VIL, fig. 15, 14. 
— D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 240. 


A. testà compressä; dorso tricarinato, bisuleato ; aperturà oblongä, supernè 
bisinuatd ; anfractibus compressis, internè longitudinaliter sulcatis, costatis ; 
costis flexuosis, in sulculo laterali angulatis ; septis lateraliter trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 78 mill. (200 d’Orb.). Par rapport au 
diamètre : hauteur du dernier tour %/100; largeur %/100; largeur de l’om- 
bilic 5/100; recouvrement des tours $/100. 

Description. — Coquille très-comprimée, discoïdale, à dos tricaréné, une 
carène médiane assez élevée, deux carènes latérales moins hautes, sépa- 
rées de la médiane par deux sillons bien marqués; à bouche comprimée, 
présentant à son sommet deux légères sinuosités, et à sa base une échan- 
crure formée par le retour de la spire. Tours de spire comprimés, pré- 
sentant à leur tiers interne un sillon longitudinal assez profond, ornés 
par tour de 60 à 70 côtes arquées, à concavité dirigée en avant, bien visi- 
bles dans les deux tiers externes de la largeur des tours; le tiers interne 
limité extérieurement par le sillon, ne présentant que de légères traces 
de côtes, surtout dans la seconde moitié du dernier tour. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois 
selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et un peu plus 
court que le lobe latéral supérieur, divisé sur la ligne médiane jusqu’au 
tiers seulement de sa hauteur, ne présentant qu’une pointe principale avec 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 67 


quelques digitations. Selle dorsale très-large, presque le double du lobe 
latéral supérieur, divisée en deux parties inégales par un lobule qui 
pénètre jusqu’au tiers de sa longueur, présentant sur ses bords des 
folioles obtuses et peu profondément divisées. Lobe latéral supérieur d’un 
tiers plus large que le lobe dorsal et un peu plus long, présentant beau- 
coup de digitations, dont les cinq médianes munies de digitations secon- 
daires. Selle latérale plus étroite, presque aussi haute que la selle dorsale. 
Lobe latéral inférieur moitié plus court et moitié moins large que le lobe 
latéral supérieur, présentant cinq digitations seulement. Selle auxiliaire 
courte et obtüse, à peine moitié aussi longue que la selle latérale , trifoliée. 
Lobe auxiliaire très-petit, à trois pointes, une terminale, deux latérales. La 
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les trois der- 
nières digitations du lobe latéral supérieur et n’atteint pas les autres lobes. 

Rapports et différences. — L’A. bifrons fait partie du groupe des Ammonites 
falcifères; elle se rapproche beaucoup de VA. serpentinus, Schl.; aussi 
M. Quenstedt la regarde-t-il comme une variété de cette espèce : on peut 
cependant indiquer comme présentant des différences assez tranchées, les 
carènes dorsales, la profondeur du sillon longitudinal, le développement 
des côtes. 

Localités. — Cette espèce est très-répandue et se trouve dans les assises 
supérieures de lias, en France, en Angleterre et en Allemagne. En France, 
M. d'Orbigny l'indique dans un grand nombre de départements : Saône- 
et-Loire, Calvados, Lozère, Rhône, Sarthe, Vendée, Isère, Cher, Aude, 
Aveyron, Doubs, Ain, Meurthe. En Belgique, elle se rencontre dans la 
marne de Grand-Cour, au sud de S'-Mard, à Écouviez, à Lamorteau, etc. 

Observation. — Dans le type, les tours de spire présentent une compres- 
sion à partir du sillon latéral, de sorte que leur plus grande largeur 
se trouve un peu en dedans de ce sillon. Dans quelques exemplaires de la 
marne d'Écouviez, cette compression n’existe pas : les tours de spire sont 
aussi larges en dehors qu’en dedans du sillon, ce qui rend la région 
dorsale notablement plus large que dans le type. 


68 DESCRIPTION DES FOSSILES 


21. AMMONITES SERPENTINUS. 


(PI. IX, fig. 4, pl. X, fig. 1.) 


ARGONAUTA SERPENTINUS.  Reinecke, 1818, Vaut. et Argon., p. 86, n°2, pl. XIII, fig. 74, 75. 


AMMONITES — Schl., 1820, Die Petref., p. 64, n° 6. 
— STRANGEwWAYSI. Sow., id, Min. conch., t. III, p. 99, pl. 254, fig. 1, 5. 
— FALCIFER. Sow., id., id., t. III, p. 99, pl. 254, fig. 2. 
PLANITES SERPENTINUS. De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 89 , n° 20. 
AMMONITES — Roem., 1856, Die Verst., p. 185 , n° 10. 


— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p. 215, pl. 55. 
— Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., tab. VII, fig. 3. 
— = D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 245. 


A. test compressd, discoïdeä; dorso declivi carinato ; carinà elevatà , sub- 
acutà ; aperturä compressà ; anfractibus compressis, lateribus complanatis, 
intüs truncalis, transversèim multi-costatis ; costs undulatis, curvatis, dorsum 
versus incrassalis ; septis lateraliter 4-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 104 mill. (La taille est quelquefois 
beaucoup plus considérable). Par rapport au diamètre : hauteur du der- 
nier tour %/100, largeur 16/100; recouvrement des tours 7/00; largeur de 
l’ombilic 52/100. 

Description. — Coquille comprimée, discoïdale , à dos fortement caréné, 
pourvu d’une quille saillante; à bouche comprimée, oblongue, plane ou 
évidée sur les côtés, en biseau tranchant en avant, anguleuse et tronquée 
aux extrémités internes. Si l’on en juge par les lignes d’accroissement, 
elle paraît se prolonger en bec sur la carène et former une languette 
de chaque côté, au point de flexion des côtes. Tours de spire comprimés, 
aplatis sur les côtés, avec une trace de sillon longitudinal, ornés en travers 
d’un nombre de côtes variable, serrées , simples, très-flexueuses; en par- 
tant du pourtour de l’ombilic, elles se dirigent en avant, forment un coude 
saillant vers les deux cinquièmes de la largeur des tours, de là s’inflé- 
chissent en arrière, pour retourner ensuite en avant, où elles s’avancent 
beaucoup sur la carène. La côte commence à la région ombilicale par une 
très-fine strie et s'élargit ensuite dans la grande courbure, pour former une 
petite côte. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et en 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 69 


selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et beaucoup 
plus court que le lobe latéral supérieur, orné de chaque côté de cinq digi- 
tations, d'autant plus longues et plus ramifiées qu’elles sont inférieures , 
les deux dernières formant les deux rameaux d’une seule branche. Selle 
dorsale des deux cinquièmes plus large que le lobe latéral supérieur, 
divisée en deux grandes branches inégales (la plus grande interne) par un 
lobe accessoire moitié moins grand et de même forme que le lobe latéral 
inférieur. Lobe latéral supérieur orné de cinq branches de chaque côté, 
d'autant plus grandes qu'elles sont inférieures, et d’une grande branche 
terminale. Selle latérale moins large que le lobe latéral supérieur, assez 
régulière. Lobe latéral inférieur d’un tiers moins large et de moitié moins 
long que le lobe latéral supérieur, de forme irrégulière, ayant deux 
branches de chaque côté. Première selle auxiliaire, de moitié de la selle 
latérale en grandeur, presque de même forme. Des deux lobes auxiliaires, 
le premier à peu près semblable au lobe latéral supérieur; le dernier 
comme bifide. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, 
coupe la branche inférieure centrale du lobe latéral supérieur et passe 
bien au-dessous de tous les autres lobes. 

Rapports et différences. — Elle se distingue de l'A. bifrons par ses tours 
de spire plus larges, les lobes de ses cloisons, son sillon longitudinal, 
qui, s’il existe, est cependant beaucoup moins marqué. Elle se distingue 
de l'A. radians, par ses côtes fortement coudées; entin de l'A. complanatus 
par ses tours de spire beaucoup moins embrassants. 

Localité. — Cette espèce est assez commune dans le schiste bitumineux 
exploité à Aubange; on n’y trouve cependant que des empreintes, de sorte 
que pour donner les cloisons et ce qui a rapport à l'épaisseur, nous 
avons eu recours à la Paléontologie française. MM. Roemer et Quenstedt 
indiquent l'A. serpentinus dans le Posidonienschiefer, qui correspond au 
schiste bitumineux de Ruette, d’Aubange, etc., et qui fait partie du lias 
supérieur. 

Observations. — Sur deux de nos exemplaires se trouve, vers la région 
buccale, ce que les auteurs avaient appelé des aptychus; on s'accorde 
assez généralement maintenant à croire que ce ne sont pas des êtres dis- 


70 DESCRIPTION DES FOSSILES 


tincts, mais des parties de l'animal de l'ammonite (Quenstedt, p. 306). 

Nos échantillons diffèrent en plusieurs points de la description donnée 
par M. d'Orbigny. Le rapport de la hauteur du dernier tour au diamètre 
est de %%4100; M. d’Orbigny indique 5{/100, mais il fait, en même temps, 
observer que les tours sont d'autant plus étroits que l'individu est de plus 
grande taille : le nôtre n’a que 104 mill. Cet auteur dit encore que les 
côtes sont moins nombreuses que dans VA. complanatus; dans nos exem- 
plaires , elles nous semblent plus nombreuses et disposées plus irréguliè- 
rement. 


29. AMMONITES COMPLANATUS. 
(PI. X, fig. 2.) 


Langius, tab. 42, fig. 2, tab. 27, fig. 6. 

Bourguet, tab. 40, fig. 265; tab. 45, fig. 286, tab. 49, fig. 317. 

Knorr et Walch, vol. IT À, fig. 1. 

AMMONITES PLANATELLA. Lam., 1815, Ænim. sans vertèb., n° 14. 
— COMPLANATA. Brug., 1789, Encyclop. méth., p.38, n° 11. 
— — Bosc, 1801, Buff. de Déterv., n° 11. 
— — Roissy, Zuff. de Sonn., t. V, p. 24, n° 10. 


— ELEGANS. Sow., 1815, Min. conch., 1. 1, p. 215, pl. 94, fig. 1. 
INAUTILUS  OPALINLS. Reinecke, 1818, Vaut. et Arg., p. 55, n° 1, fig. 1. 
AMMONITES ELEGANS. Phill., 1829, Forks., p. 164, n° 44, pl. XIII, fig. 12. 


— BICARINATUS. Munst., Ziet., 1859, F'urt., p. 20, tab. XV, fig. 9. 
_ — Hartm., Ziet., 1850, Furt., p. 19. 

— ELEGANS. Ziet., 1850, id, p.22,tab. XVI, fig. 5. 
— COMPLANATUS. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 114, p. 555. 
— = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 246. 


A. testà compressä; dorso obtuso, subtricarinato; carinä mediä elevata ; 
aperturä compressé, supernè obtusâ; anfractibus altis, compressis, compla- 
natis, transversim costatis ; costis angulatis, aequalibus, flexuosis ; septis late- 
raliter 6-lobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre 100 millim. (et plus, d’Orb.). Par 
rapport au diamètre : hauteur du dernier tour #5/100; largeur #5/100 ; recou- 
vrement des tours 15/100; largeur de l'ombilic 1/100. 

Description. — Coquille très-comprimée , pourvue d’une quille saillante, 
à dos obtus, en biseau de chaque côté, surmonté d’une carène saillante, 
élevée, étroite; à bouche plus haute que large, sagittée, fortement échan- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 71 


crée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire aplatis sur les 
côtés, pourvus de côtes nombreuses (80 à 90 sur le dernier tour), à peu 
près également espacées sur les différents tours, se prolongeant sur la 
carène et formant une grande concavité tournée en avant dans leur partie 
externe. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en six lobes formés de 
parties impaires et en selles, dont les deux premières formées de parties 
paires. Lobe dorsal beaucoup plus étroit et plus court que le lobe latéral 
supérieur, orné en dehors de deux branches, l’inférieure très-grande, 
pourvue de beaucoup de digitations. Selle dorsale aussi large que le lobe 
latéral supérieur, divisée en deux feuilles très-inégales à son extrémité, la 
plus grande en dedans. Lobe latéral supérieur conique, pourvu de chaque 
côté de cinq branches, indépendamment de la terminale, elle-même très- 
grande. Selle latérale étroite, divisée en parties semblables, mais plus 
petites. Lobe latéral inférieur, la moitié du lobe latéral supérieur, à 
rameaux irréguliers dans leur distribution. Premier lobe auxiliaire de 
même forme et de moitié en grandeur du lobe latéral supérieur; les trois 
autres lobes auxiliaires étroits et très-rapprochés les uns des autres. La 
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la pointe du 
lobe latéral supérieur et passe au-dessous des autres. 

Rapports et différences. — Cette espèce rappelle beaucoup l'A. serpentinus 
par ses côtes simples et flexueuses, mais on la reconnaît facilement à la 
petitesse de son ombilic. 

Localités. — L’A. complanatus se trouve dans la même couche que l'A. 
serpentinus; ces deux espèces se rencontrent assez communément dans le 
schiste bitumineux exploité à Aubange, et dans la marne de Grand- 
Cour, à Lamorteau. Elle est aussi très-commune dans les couches cor- 
respondantes du lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France. 

Observations. — Sous le nom d’Ammonites falcifères, on a compris un 
groupe d'espèces, qui, indépendamment d’autres caractères, se distin- 
guent au premier abord par la disposition falciforme de leurs côtes; elles 
appartiennent au lias et au jura inférieur : c’est l’une des meilleures fa- 
milles de De Buch ; malheureusement, et comme c’est l'ordinaire dans les 


72 DESCRIPTION DES FOSSILES 


familles bien naturelles, les espèces y sont moins tranchées que partout 
ailleurs, et la synonymie en est très-difficile. Dans les falcifères liasiques, 
les côtes sont nombreuses, serrées, ne se divisent jamais, commencent 
par une strie fine, et s’élargissent ensuite sur les côtés des tours de spire. 
Plusieurs espèces de ce groupe se rencontrent en Belgique : telles sont 
les Ammonites serpentinus, radians, complanatus , bifrons, concavus, etc. 


25. AMMONITES RADIANS. 
(PL X, fig. 5; pl. XI, fig. 1.) 


INAUTILUS  RADIANS. Reinecke, 1818, Naut. et Arg., p. 71, n° 17. pl. IV, fig. 39, 40. 


AMMONITES — Schlotheim, 1820, Die Petref., p.78, n° 54. 
— STRIATüLUS. Sowerby, 1825, Min. conch., t. V, p. 25, pl. 421, fig. 1. 
— RADIANS. De Haan, 1825, Amm. et Goniat., p. 112, n° 95. 


— — Ziet., 1850, Furt., p.5, pl. IV, fig. 5. 

_ LINEATUS.  Ziet., id, id, id, pl. IX, fig. 7. 

— STRIATULUS. Ziet., id, id, id, pl. XIV, fig. G. 

— RADIANS. Roem., 1836, Die Ferstein., p. 185, n° 11. 

— — Bronn, 1855-58, Lethea geogn., pl. XXII, fig. 5. 
— — D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., p.226, pl. 59. 
— _ Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., pl. VII, 4,5,6,8. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, 245. 


A. test& compressà, acutè carinatà ; dorso angustato, carinato; aperturd 
altä, supernè angustatà ; anfractibus compressis, transversim costalis; costis 
simplicibus , bisinuatis, externè antrorsüm, internè relrorsüm inflectis, plus 
minüsve approximalis ; seplis lateraliter 4-lobatis. 


Dimensions. — Des fragments de tours de spire, que nous avons sous 
les yeux, prouvent que cette espèce peut atteindre 3 à 4 décimètres. — 
Diamètre d’un petit échantillon 82 mill. Par rapport au diamètre total : 
hauteur du dernier tour 5558/4100; largeur 1/10; largeur de l’ombilic 54/100; 
recouvrement des tours 12/100. 

Description. — Coquille très-comprimée, à dos fortement caréné, ca- 
rène élevée et tranchante; à bouche en ogive, rétrécie à sa partie supé- 
rieure, assez fortement échancrée à sa base par le retour de la spire, 
notablement plus haute que large. Tours de spire très-comprimés, taillés 
en biseau à leur côté interne, assez régulièrement convexes, ornés de 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 75 


côtes, plus ou moins saillantes, nombreuses, flexueuses, infléchies en avant 
à leur partie externe et en arrière à leur partie interne, mais sans former 
de coude, comme dans l'A. bifrons. 

Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et 
cinq selles, formés de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et plus 
court que le lobe latéral supérieur, échancré sur la ligne médiane jus- 
qu'au milieu de sa hauteur, présentant de chaque côté trois digitations 
et terminé par une pointe impaire. Selle dorsale du double plus large 
que le lobe dorsal, divisée, à son extrémité, en deux parties inégales, par 
un lobule accessoire à sept pointes, parties dont l’interne est plus large 
et plus haute que l’externe et subdivisées en folioles. Lobe latéral supé- 
rieur, un peu moins large que la selle dorsale, présentant, du côté externe, 
trois digitations, du côté interne quatre, et une impaire; les trois termi- 
nales elles-mêmes subdivisées, et la digitation impaire présentant quatre 
pointes de chaque côté. Selle latérale presque aussi large que le lobe 
latéral supérieur, un peu plus haute que la selle dorsale, terminée par 
plusieurs festons à contours arrondis. Lobe latéral inférieur présentant 
extérieurement trois fortes branches, intérieurement trois branches plus 
petites et terminé par une branche impaire. Selle auxiliaire la moitié à 
peine aussi grande que la selle latérale, aussi festonnée. Les deux lobes 
auxiliaires très-courts, coniques, légèrement digités sur leurs bords, sépa- 
rés par une deuxième selle auxiliaire et limités intérieurement par une 
troisième. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe 
les trois digitations terminales du lobe latéral supérieur, et atteint aussi 
la pointe du lobe latéral inférieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue à peine des 4. Comensis 
De Buch (A. thouarsensis, d'Orb., pl. 57) et normannianus, d'Orb. (pl. 88), 
seulement la carène est plus tranchante, les côtes plus nombreuses dans 
l'A. radians. Quant aux cloisons, les proportions relatives, la forme des 
côtes, les différences sont si légères, que le dessin seul peut les faire 
saisir. 

Localités. — Cette espèce se rencontre dans la marne de Grand-Cour, 


s 


entre Mont-Quintin et Écouviez, à Lamorteau; dans l’oolithe ferrugineux 
Tome XXV. 10 


74 DESCRIPTION DES FOSSILES 


de Mont-St-Martin, à Mont-S'-Martin, à Piémont, etc. Elle caractérise les 
assises supérieures du lias. M. d'Orbigny l'indique dans les départements 
suivants : Doubs, Aveyron, Vendée, Sarthe, Bas-Rhin, Aude, Calvados, 
Côte-d'Or, Ain, etc. 

Observations. — Nous devons observer que des échantillons trouvés dans 
l’oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin ont les côtés plus comprimés, des 
côtes plus nombreuses, mieux marquées, des cloisons présentant des digi- 
tations moins profondes. Elles se rapprochent davantage, par ces caractères, 
des figures données par MM. d’Orbigny (pl. 59), Quenstedt (tab. VI, fig. 5), 
Zieten (pl. XIV, fig. 6), de l'A. comptus de Reinecke (tab. I, fig. 5). Sur les 
grands échantillons, les côtes ont presque complétement disparu. 


24. AMMONITES LEVESQUEI. 
(PI. XI, fig. 2.) 
AMMONITES SOLARIS. Zieten, 1850, Wurtemb., pl. XIV, fig. 7. 


— Levesquer. D'Orb., 1845, Pal. fr., Terr. jur., pl. 60 (sous le nom de solarès , Phill.) 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 245. 


A. testä compressä, subcarinatä; dorso convexo, medio carinato; carind 
parvä; apertur& compressà; anfractibus compressis, costalis; costis aequa- 
libus, simplicibus, rectis internè, externè antrorsim inflectis; septis latera- 
liter trilobatis. 


Dimensions. — Grand diamètre, 80 mill. Par rapport au diamètre : hau- 
teur du dernier tour %/100; largeur 17/100; recouvrement des tours #/100; 
largeur de l’ombilic #/100. 

Description. — Coquille comprimée, discoïdale, à dos obtus, pourvu 
d’une petite quille à peine saillante, non sillonnée sur les côtés; à bouche 
comprimée, arrondie à son sommet, peu échancrée à sa base par le retour de 
la spire; tours de spire comprimés dans leur ensemble, régulièrement con- 
vexes dans leur pourtour, pourvus chacun de 48 à 50 côtes, aiguës, droites 
et mieux marquées dans leurs deux tiers internes, infléchies en avant et 


moins saillantes dans leur tiers externe, disparaissant avant d'atteindre 
la carène. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 75 


Cloisons symétriques, découpées en trois lobes et quatre selles formés 
de parties impaires. Lobe dorsal large, très-long, présentant sur les côtés 
des digitations simples. Selle dorsale d’un tiers plus large que le lobe 
dorsal, divisée en plusieurs folioles, dont les deux extrêmes sont peu 
inégales. Lobe latéral supérieur du tiers de la selle dorsale, un peu plus 
long que le lobe dorsal, présentant cinq digitations principales, dont les 
trois dernières sont ramifiées. Selle latérale plus large que le lobe latéral 
supérieur, un peu plus élevée que la selle dorsale, terminée par plusieurs 
folioles inégales. Lobe latéral inférieur très-oblique, à peine moitié aussi 
large que le lobe latéral supérieur et moins long encore, son extrémité 
atteignant à peine le milieu de la longueur de la selle latérale. Selle 
auxiliaire, disposée aussi obliquement, assez large, mais peu élevée. 
Lobe auxiliaire oblique, et formé d’une seule branche principale. La 
ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe l'extrémité 
du lobe latéral supérieur. 

Rapports et différences. — Voisine de l'A. radians, elle s’en distingue par 
un dos plus obtus, des côtes moins flexueuses, de grandes différences 
dans les cloisons. 

Localités. — Cette espèce caractérise le lias supérieur. M. d'Orbigny 
l'indique dans les départements de Saône-et-Loire et du Jura. L’exem- 
plaire qui a servi à cette description provient de l’oolithe ferrugineux, à 
Soleure. 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


Cu | 
[=] 


GASTÉROPODES. 


Genre CHEMNITZIA, A. D'OrBiGny. 


Toreinires, Martin. 

Merana, Sow., Phill., Koch et Dunk. 

Paasranezca, Goldf., Keferst. 

TeregrA, J. Sow. 

Pissoa, V. Leveillé. 

TurrirezLA, V. Buch, Münster, Goldf., Kloden, Fleming, d'Arch. et de Vern. 
Bucenum et Meraworsis, Fisher. 

Cuewnirza, A. d'Orb., de Kon., etc. 

Loxoxewa, Phill., d’Arch. et de Vern., Roem., Morr., Portlock, etc. 


Animal ignotum. 

Testa turrita; anfractus numerosi, tm laeves, tm tuberculis transversis 
ornali, saepius longitrorsim striati vel costulati; sutura linearis ; apertura 
ovalis vel angulosa, posticè coarctata; labrum acutum ; ombilicum nullum ; 
columella recta, subcallosa vel unidentata. 


Animal inconnu. 

Coquille allongée, turriculée, composée d’un grand nombre de tours 
portant de petites côtes longitudinales, ou de gros tubercules allongés 
transversalement; d'autres fois, de simples stries transversales; suture 
linéaire, ou garnie d’un bourrelet antérieur ordinairement mince; bouche 
variable, ovale ou anguleuse, large en avant, rétrécie en arrière. Lèvre 
droite, tranchante. Ombilic nul. Columelle droite, légèrement calleuse ou 
pourvue d’une dent. Opercule?. 

L’axe de la spire, chez l’adulte, coupe transversalement celui de la spire 
de l'embryon, de sorte que la coquille du jeune âge se distingue par 
l'irrégularité de sa position à l'extrémité de la coquille de l'adulte. 

La plupart des auteurs, depuis Sowerby, ont placé les fossiles de ce 
genre parmi les Melania, quoique celles-ci soient fluviatiles; ainsi Gold- 
fuss en a fait des Phasianella; M. J. Sowerby, des Terebra; MM. Fleming, 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 77 


de Buch, etc., des Turritella. M. d'Orbigny les a réunies, avec raison, 
sous le nom de Chemnitzia. Peu après, M. Phillips proposa le nom de 
Loxonema , qui ne peut être conservé. 

Ce genre possède des représentants à toutes les périodes géologiques, 
mais en nombre assez restreint. Ce sont des coquilles en général de taille 
moyenne ou petite. Les espèces vivantes habitent à d’assez grandes pro- 
fondeurs le littoral des continents, sous toutes les latitudes. 


4. CHEMNITZIA TURBINATA. 
(PI. XI, fig. 5.) 


CHEMNITZIA TURBINATA. Terquem, 1855, Ms. 


C. testä turritä, anfractibus convexis, suturà distinctà sejunctis ; strüis lon- 
gitudinalibus crebris, aequalibus, interdüm obsoletis cincta. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; largeur 12 mill. 

Description. — Coquille turriculée, d’un angle spiral d'environ 25°, 
composée de 8-9 tours convexes, séparés par une suture très-distincte, 
marqués de stries longitudinales, parfois peu distinctes, nombreuses, fines, 
presque égales, mais inégalement distantes, en nombre variable, pouvant 
aller jusqu’à 15. Bouche... 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par sa forme et ses 
stries de la Chemnitzia (Melania) Zenkeni, Dunker, à laquelle nous l’avions 
d’abord rapportée; mais M. Terquem, à qui nous l’avions communiquée, 
après l'avoir comparée avec des exemplaires authentiques de Halberstadt, 
l’a trouvée bien distincte, et identique avec celle dont nous lui laissons le 
nom; elle nous paraît être un peu plus courte et porter moins de stries 
longitudinales que l'espèce de M. Dunker. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne, 
à La Cuisine, à Muno et à Jamoigne, où elle paraît rare. Nous y rapportons 
avec doute un individu que M. le D' De Condé a rencontré dans la marne 
de Strassen, à Waltzingen. M. Terquem l’a découverte dans le grès d'Het- 
tange. 


78 DESCRIPTION DES FOSSILES 


2. CHEMNITZIA ALIENA. N. 
(PL XL, fig. 4.) 


C. testà ovato-conicà ; spira brevi, angulo 48°, apice acuto ; anfractibus 5-6 
anticè subplanis, posticè angulalis, tabulatis, antè angulum subdepressis, 
transversim costatis, longitrorsm lineis numerosis notalis; basi convex ; 
apertur& ovali. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; longueur du dernier tour 17 mill. 
— 0,57 de la longueur totale; angle sutural 64° ; angle spiral 48°. 

Description. — Coquille assez épaisse, ovale, conique; spire courte pour 
le genre, d’un angle spiral régulier, de 48°, à sommet aigu; formée de 5-6 
tours anguleux à leur partie postérieure, planes derrière l'angle, aplatis 
en avant, sauf une légère dépression à une petite distance, munis de 
côtes transversales nombreuses (55-40 par tour), à concavité peu mar- 
quée, dirigée vers la bouche, croisées par 8-10 côtes longitudinales, 
peu saillantes et arrondies. Base convexe. Bouche ovale. 

Observation. — Cette coquille, qui semblerait d’abord appartenir au 
genre Ampullaria, Lam., s’en éloigne par la bouche, dont les bords nous 
ont paru désunis; peut-être devrait-on la ranger parmi les Phasianella. 
C’est une espèce bien distincte par ses ornements. 

Localité. 


Nous l'avons rencontrée dans le grès de Luxembourg, 
aux environs d'Hopscheiden (grand-duché de Luxembourg), où elle paraît 
très-rare ; nous n’en possédons que deux exemplaires incomplets. 


5. CHEmniTzia Davipsont. N. 
(PL. XL, fig. 5.) 


C. testä turritä ; angulo spirae 22; anfractibus subconvexis, laevibus ?; costis 
obliquè transversis, rectis ; basi obliqu&, convexa ; aperturd ?. 


Dimensions. — Longueur 26 mill.; longueur du dernier tour 8 mill. 
=0,50. 


Description. — Coquille de petite taille, turriculée; angle spiral de 22°; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 79 


angle sutural de 66°. Tours nombreux, planes dans leur partie posté- 
rieure , légèrement convexes en avant, lisses, marqués de côtes nombreu- 
ses, transverses, obliques d'avant en arrière et de droite à gauche, s’af- 
faiblissant et disparaissant avant la partie postérieure. Suture enfoncée. 
Base oblique, convexe... 

Rapports et différences. — Cette espèce se distinguera sans difficulté des 
C. (Melania) semicostata, E. Desl., et Blainvillei, Münst. 

Nous prions M. T. Davidson de nous permettre de lui donner son nom. 

Localité. — Elle a été découverte par M. le D° de Condé dans le grès de 
Luxembourg, près d’Arlon. L'état du test ne permet pas d’affirmer qu’il n’y 
ait point de stries d’accroissement. 


4. CHEMNITZIA? INGRATA. N. 


(PI. XI, fig. 6.) 


C. nucleo turrilo abbreviato, angulo spirae 56°, anfractibus compresso-te- 
retibus…. 


Dimensions. — Longueur 110 mill.; longueur du dernier tour 42 — 
0,58; largeur 55 — 0,50. 

Description. — Coquille inconnue; moule turriculé, à spire relativement 
courte; angle spiral de 56°; angle sutural de 60°. Tours convexes, les 
antérieurs un peu comprimés. 

Localité. — Cette espèce, bien distincte par sa taille et l'ouverture de 
l'angle spiral, vient du grès de Luxembourg, à Lime. 


5. CHEMNITZIA? NUDA. À. 


(PI. XIL, fig. 1.) 


C. nucleo turrito, elongato, angulo spirae 16°; anfractibus numerosis, 
convexis, medio subangulatis, posticè compressis. 


Dimensions. — Longueur 140 mill.; longueur du dernier tour 30 mil). 
—10;,21, 


80 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Coquille inconnue; moule turriculé, allongé; angle 
spiral de 16°; angle sutural de 64°. Tours nombreux, convexes, légère- 
ment comprimés dans leur partie postérieure, avec une trace d’angle à la 
partie moyenne. 

Observation. — Cette espèce est distincte par sa taille et son angle spiral; 
mais il se pourrait qu'elle appartint, ainsi que la précédente, au genre 
Cerithium, ou Turritella. 

Localité. — L'individu figuré s’est trouvé à Huombois, entre Étalle et 
Virton, dans le grès de Luxembourg. 


Genre NATICA. Apanson. 


Narica, Ad. 

Nerrra, sp. Lin. et Auct. 
Narica, Lam. 

Pozvnices, Montf. 

Mawca , Schum. 

AMpuLLariA, Sp. Lam. et Auct. 


Testa subglobosa, umbilicata ; apertura integra semirotunda ; labium obli- 
quum, edentulum , callosum , callo umbilicum coarctante, interdüm obtegente; 
labrum acutum, intüs laevigatum ; operculum muticum. 


Coquille subglobuleuse, à spire déprimée, ombiliquée; bouche entière, 
semi-circulaire ; lèvre gauche oblique et sans dents, munie d’une large cal- 
losité resserrant ou quelquefois recouvrant l’ombilic ; lèvre droite aigué, 
lisse à l’intérieur; opercule mutique, corné ou calcaire. 

Animal oval, spiral; pied profondément et transversalement bilobé en 
avant et portant en arrière l’opercule sur un lobe appendiculaire ; tête 
pourvue de longs tentacules sétacés, aplatis et auriculés à la base; yeux 
pédonculés ; bouche armée d’une dent labiale sans langue spirale. 

Ce genre se trouve dans les terrains les plus anciens et est encore re- 
présenté aujourd’hui. Les espèces vivantes habitent les rivages sablonneux 
des mers chaudes et tempérées. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. si 


Narica KONINCKANA , N. 
(PI. XI, fig. 7.) 


N. testà ovato-conicà, crassd ; spirà mediocri; angulo 65-68"; anfractibus 5, 
transversim obsoletè striatis, anqulatis, plano-concavis, angulo obtuso ; aper- 
turà subsemicireulari; labro acuto ; umbilico nullo. 


Description. — Çoquille épaisse, ovale, conique, à spire médiocrement 
élevée, à sommet aigu, à angle spiral de 65°-68°, formée de cinq tours 
marqués de stries transverses peu distinctes, nombreuses, anguleux en 
haut, près de la suture, planes dans le reste de leur surface libre, avec 
une légère dépression vers le milieu; angle obtus, séparé de la suture par 
une partie plane très-étroite. Bouche ovale-oblongue, presque semi-circu- 
laire ; bord droit tranchant; bord gauche épaissi (?) recouvrant lombilic. 

Cette espèce s'éloigne des ampullaires par l'épaisseur de son test. Il est 
à regretter que tous les échantillons que nous avons vus soient fracturés 
ou déformés à la bouche : le meilleur est figuré. 

Rapports et différences. — Elle est fort voisine de l’Ampullaria angulata, 
Dunker; mais elle s’en distingue aisément par l'angle des tours plus ar- 
rondi et plus rapproché de la suture, ainsi que par la dépression de leur 
milieu, que l’on remarque plus ou moins sur tous les exemplaires. En 
outre, la bouche paraît différente. 

Localités. — Nous n'avons rencontré cette espèce que dans le grès de 
Luxembourg, à Frassem. M. le D' de Condé l’a trouvée également aux 
environs d’Arlon. 


Genre TROCHUS , Lné. 


Trocuus, Linn. et auct. 

Iuegraror , Iruxnigucum, Cazcar, Canrnarines, de Montf. 
Trocuurres, Schl. 

MançcariraA, Sow. 


Tesla conica, tm excelsa, tm depressa; anfractus depressi, carinati vel 
angulati; basis saepiùs umbilicata, callo destituta; apertura depressa, ançqu- 


Tome XXV. 11 


82 DESCRIPTION DES FOSSILES 


lata, intès margaritacea; labro integro; columella arcuata, contorta; opercu- 
lum plerümque corneum, spirale. 


Coquille conique assez épaisse, à spire parfois surbaissée, d’autres fois 
élancée , carénée à la circonférence, composée de tours déprimés, angu- 
leux ou convexes; base souvent percée d’un ombilic trop petit pour qu'on 
puisse apercevoir les tours de spire; pas de callosité; bouche déprimée, 
anguleuse, nacrée à l’intérieur, à bord droit tranchant; columelle arquée, 
tordue; opercule corné, spiral, à sommet submédian , à tours nombreux 
et étroits. 

Animal pourvu d’un pied court, triangulaire et d’appendices latéraux 
lobés ou filiformes ; tête munie de deux tentacules plus ou moins longs, 
portant les yeux sur un renflement saillant de leur base externe ; une ou 
deux branchies pectinées. 

Ce genre a paru dès les temps les plus anciens, et s’est perpétué jus- 
qu'à l’époque actuelle, où il atteint son plus grand développement; les 
espèces les plus grandes et les plus remarquables par leurs couleurs vien- 
nent des mers des pays chauds, mais on en trouve partout; elles vivent 
sur les côtes, entre les rochers, et sont surtout herbivores. 


{. TROCHUS ACUMINATUS, A. 


(PL XIT, fig. 5.) 


T. testà turbinato-conica; anfractibus (7-8?) antè medium angulatis, cari- 
nalis, transversim striatis, ad suturam cingillis duobus punctatis ornalis ; 
carinà prominente, granulis creberrimis denticulatà ; basi convexä (radiatim 
strialà ?) cingillatä ; umbilico nullo. 


Dimensions. — Longueur 16 mill. — 100; largeur 9 mill. — 58. 

Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet... à angle spiral 
de 45°; tours de spire (7-8 ?), anguleux, carénés en avant, plats ou lé- 
gèrement convexes de chaque côté de la carène, ornés de stries trans- 
verses fines et serrées, et de deux lignes longitudinales ponctuées , situées 
près de la suture postérieure; carène aiguë, fortement saillante, couverte 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 85 


de granulations serrées, transverses, qui en rendent le tranchant denti- 
culé. Base convexe, ornée de cinq lignes saillantes, concentriques (denti- 
culées, et de stries d’accroissement rayonnantes ?); ombilic nul; bouche 
subtétragone , arrondie en avant. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de la suivante, dont 
elle se distingue pourtant avec facilité. Nous n’en possédons qu'un échan- 
tillon, dont la partie postérieure est brisée ec le test un peu usé. 

Localité. — Ce Trochus ne se rencontre que très-rarement dans la marne 


de Jamoigne, dans cette localité. 


2, TROCHUS INTERMEDIUS. N. 
(PI. XIL, fig. 4.) 


T. testà turbinato-conicà; anfractibus 7, antè medium angulatis, ad sutu- 
ram granulato-cingulatis ; angulo granulato, granulis acutis, transversis ; 
basi cingillatà, ad peripheriam granulis anguli anfractüs radiatim lineatà ; 
umbilico nullo. 


Dimensions. — Longueur 8 mill.— 100; largeur 5 mill.—65. 

Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet aigu, à angle spiral 
de 44°, formée de 6-7 tours de spire anguleux vers le tiers antérieur, 
planes ou légèrement concaves de chaque côté de l'angle, ornés en long 
et près de la suture d’une série de petits granules médiocrement espacés, 
à peine réunis par une légère ligne saillante ; angle caréné, portant de 
nombreuses granulations aiguës , allongées transversalement. Base con- 
vexe, ornée de trois lignes saillantes, concentriques, granulées, et, à la 
périphérie, de stries rayonnantes , partant de chaque granulation de l'angle 
du dernier tour. Ombilic nul ; bouche transverse, presque trapézoïdale. 

Le seul échantillon que nous possédions a la bouche cassée; et le test 
un peu usé ne montre plus de stries transverses. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de la précédente, dont 
elle se distingue cependant par les caractères suivants : les tours du 7. 
acuminatus portent deux séries de points près de la suture; ici nous n’en 
voyons qu'une, et les granules sont bien espacés; la carène de la pre- 


84 DESCRIPTION DES FOSSILES 


mière espèce est beaucoup plus saillante , tranchante ; elle porte des gra- 
oulations différentes ; enfin, au lieu de trois stries concentriques , sa base 
en porte cinq. 

Localité. — L'échantillon figuré a été trouvé à Jamoigne, dans la marne 
inférieure du lias. 


Genre STRAPAROLUS, Monrr. 


SrraparoLus, Montf. 

Heuicrres, Mart., Schl., Wahlenb. 

Trocuuira, Schl., Wahl. 

Evomruazus, Sow., Flem., Goldf., Desh., De Kon., etc. 
Cirrus, Sow., Dumont, Davreux, Phill., etc. 
Maczurires, Lesueur , Blainv. 

Trocaus, Bronn. 

Cirrus et Skenea, Flem. 

Turso et Owaraxis, Desh. 

Birronria, Desh., Nyst. 

Soraruw, Blainv., Desh., A. d'Orbig. (non Lam.) 
ScizosromA, Bronn, Fisch., ete. 

Cenrrirucus, Bronn. 

AwpuLLaria et GLoguLus, Sow. 

PLeuraromarium, Fisch, 

Srirornis , Steininger. 

Ixacur sp. Hisinger. 

Eccuziowrnazus, Portlock, Morris. 


Testa orbicularis plerumque conico-depressa, aliquandd planorbiforms ; 
umbilicus latus, ad margines internas laevis vel striatus ; anfractus convexi 
vel angulato-depressi ; aperturae angulatae vel subovatae labrum acutum , 
infrà plus minüsve sinuatum. 


Coquille orbiculaire, régulièrement conique, ou déprimée et planorbi- 
forme; à ombilic très-ouvert, lisse ou simplement strié en travers, jamais 
crénelé, laissant apercevoir tous les tours de spire. Spire ordinairement 
assez régulière, formée parfois de tours convexes, mais le plus souvent 
anguleux et plus ou moins aplatis, soit supérieurement, soit inférieurement. 
Bouche ordinairement anguleuse, rarement arrondie. Lèvre extérieure 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 85 


tranchante et garnie d'une sinuosité plus ou moins profonde, ne donnant 
pas lieu à la formation d’une bande de sinus. 

Ce genre, éteint à l’époque actuelle, a des représentants dans la plu- 
part des systèmes des diverses périodes géologiques, et c’est dans les 
couches anciennes qu'il est le plus répandu. 


STRAPAROLUS GLABRATUS , À. 


(PL XII, fig. 2.) 


S. testà turbinatà, depressä ; anfractibus 5 , teretibus, laevibus ; umbilico 
patulo. 


Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 14 mill. 

Description. — Coquille turbinée, déprimée, formée d'environ cinq tours 
bien arrondis, lisses, séparés par une suture profonde; base lisse, bouche 
circulaire, ombilic large. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des 
autres espèces jurassiques par sa forme générale et ses tours lisses et 
arrondis. 

Le genre nous laisse quelques doutes; son test lisse et mince l’éloigne 
des Delphinula. 

Localité. — Cette espèce ne parait point rare aux environs de Longwy, 
dans le calcaire; mais seulement à l’état de moule. M. le D' de Condé a 
trouvé un individu muni d’une grande partie de son test; il a bien voulu 
nous le communiquer. 


Genre TURBO, Linné. 


Turzo, Lin. et Auct. 
Turso et Moxoponra, Lam. 
Tunmnires, Schloth. 


Testa conoïidea, excelsa vel depressa ; anfractus convexi, lereles vel an- 
qulati; basis plerumque umbilicata , nonnunquäm callosa; apertura rolun- 


86 DESCRIPTION DES FOSSILES 


data vel partm depressa, intùs margaritacea; labrum integrum; columella ar- 
cuata, rard contorta, saepiùs dentigera ; operculum calcareum. 


Coquille épaisse, conique, plus ou moins élancée ou surbaissée, peu ou 
point carénée à sa circonférence. Tours convexes, arrondis ou anguleux; 
base ordinairement ombiliquée, parfois munie d’une callosité qui réunit 
les bords de la bouche; celle-ci arrondie ou peu déprimée, nacrée à l’in- 
térieur, à bord droit tranchant, point ou très-peu anguleux. Columelle 
arquée, rarement tordue, souvent terminée par une forte dent. Opercule 
calcaire, à tours de spire peu nombreux, à sommet presque latéral. 

Animal très-voisin des Trochus. Ces deux genres se lient par des passages 
insensibles. 

Ce genre a paru avec les premiers mollusques et s’est conservé jus- 
qu'aujourd'hui, où il a acquis le plus de développement. Les espèces 
sont répandues sous tous les climats ; elles habitent les côtes rocailleuses. 


4. Turso Nysni, N. 


(PI. XII, fg. 5.) 


T. testà turbinatà ; anfractibus 5 , rotundatis, cingillis 5 longitudinalibus 
inaequalibus, subalternis, punctatis, lineisque subtilibus, crebris notatis ; basi 
confertim cingillatà, radiatim lineatà ; umbilico nullo ; aperturà oblique trans- 
versi, ovalt. 


Dimensions. — Longueur 10 mill., largeur 8 mill.; longueur da dernier 
tour à — 100 : 82 : 50; angle sutural 68. 

Description. — Coquille turbinée, à angle spiral de 55°, formée de cinq 
tours de spire arrondis, à suture profonde, ornés en long de cinq côtes 
inégales, la moyenne et l’inférieure les plus fortes, déterminant sur les 
tours deux angles marqués; celle qui les sépare étant la plus faible, à 
peine saillante; lignes transversales très-nombreuses, fines, marquant de 
points saillants les intersections avec les côtes longitudinales. Base ornée 
de même de côtes concentriques nombreuses et de stries rayonnantes; om- 
bilic nul; bouche transverse, oblique, ovale. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 87 


Nous prions M. Nyst d'accepter la dédicace de cette espèce comme un 
hommage rendu aux beaux travaux par lesquels il a fait connaître nos 
fossiles tertiaires. 

Localité. — Cette espèce a été trouvée dans la marne, Jamoigne. 


2. TurBO ATAVUS, N. 


(PI. XII, fig. 6.) 


€ 


T. testà turbinato-conicû ; apice acuto ; anfractibus 5, convexis, angulatis 
transversim lineatis, cingulis 4, longitudinalibus, punctatis, inaequalibus, 
posteriore ad suturam ; basi confertim cingillatä, radiatim str iatà ; umbilico 
nullo; aperturà subovatà, longitudinali. 


Dimensions. — Longueur 14 mill.; largeur 10 mill.; longueur du der- 
nier tour 6— 100 : 66 : 45; angle sutural 75°. 

Description. — Coquille turbinée, conique, à sommet aigu, à angle spiral 
de 45°, formée de cinq tours de spire convexes, anguleux, ornés de 
quatre fines côtes longitudinales, peu granulées, inégales; les deux anté- 
rieures plus fortes, saillantes aux angles des tours; la postérieure la plus 
faible, contre la suture; sur les deux derniers tours, au plus, on trouve, 
en outre, deux fines côtes ponctuées, intermédiaires entre les premières ; 
les intervalles sont munis de lignes transversales très-fines et très-nom- 
breuses. Base ornée de même de côtes concentriques et de lignes rayon- 
nantes; ombilic nul; bouche ovale, longitudinale. 

Rapports et différences. — Cette espèce, dont nous n'avons encore ren- 
contré qu’un individu, est très-voisine de la précédente, avec laquelle elle 
s’est trouvée; nous avons cru pouvoir l’en séparer par quelques différences 
de détail, mais surtout par son angle spiral notablement moindre, et par 
sa bouche dont le grand axe semble parallèle à celui de la coquille. 

Localité. — L'exemplaire figuré a été trouvé dans la marne de Jamoigne, 
de cette localité. 


5. Turgo inscuzrrus, N. 


(PI. XIL, fig. 9.) 


T. leslä conicd; apice oblusiusculo; anfractibus 6, subconvexis, cancel- 


88 DESCRIPTION DES FOSSILES 


latis, anticè subangulatis ; basi concentricè striatà ; umbilico minimo ; aperturä 
subrotundata. 


Dimensions. — Longueur 7 mill.; largeur à mill.; longueur du dernier 
tour 2 mill.— 100 : 78 : 50; angle sutural 68°. 
Description. — Coquille conique, à sommet très-légèrement obtus, à 


angle spiral de 48°; formée de six tours légèrement convexes, agréable- 
ment treillissés par sept fines côtes longitudinales, croisées par des côtes 
transverses un peu plus fortes, obliques de haut en bas, et de droite à 
gauche, et formant un point légèrement saillant à chaque intersection; 
la côte longitudinale inférieure est située contre la suture, séparée de 
l'avant-dernière par un espace plus large sub-canaliculé; celle-ci est plus 
forte, plus saillante et rend le bas des tours sub-anguleux. Base légère- 
ment convexe, striée concentriquement ; ombilic très-petit (?); bouche sub- 
arrondie. 

Localité. — Le seul échantillon que nous ayons vu a été trouvé dans la 
marne de Strassen, aux environs d’Arlon, par M. le D: de Condé. 


4. Turso Buvienieri, N. 


(PI. XIL, fig 8.) 


T. testà conicä, apice obluso? anfractibus 5 planis, anticè ad suturam 
angulatis ; striis longitudinalibus 8, transversisque crebris, obliquis , tenuis- 
simis decussatis ; basi convexä, strüs radiantibus et concentricis obsoletè de- 
cussatis ; umbilico nullo ; aperturd? 


Dimensions. — Longueur 10 mill. — 100; largeur 7 — 70; longueur 
du dernier tour 55 = 55; angle sutural 72. 

Description. — Coquille conique, à sommet obtus, à angle spiral de 49°; 
formée de cinq tours planes, pourvus d’un angle assez marqué à leur 
partie antérieure près de la suture, couverts de stries transversales fines, 
tres-nombreuses, obliques de haut en bas et de droite à gauche, croisées 
par huit stries longitudinales, légèrement ponctuées à l'intersection. Base 
convexe, à stries décussées, peu marquées; ombilic nul; bouche? 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 89 


Rapports et différences. — Gette espèce est voisine de la précédente, dont 
elle se distingue par son sommet obtus, ses tours plans et moins nom- 
breux, le dernier plus anguleux vers la base, celle-ci beaucoup plus 
convexe; et surtout, par une ornementation différente, beaucoup moins 
prononcée. 

Localité. — L'échantillon qui nous a servi a été trouvé par M. le D: de 
Condé, aux environs d'Arlon, dans la marne de Strassen, où l'espèce 
paraît très-rare. 


5. TURBO SELECTUS, N. 


(PL XIL, fig. 7.) 


T. testä conica; anfractibus T depressis, anticè angulatis, costulis 5 longi- 
tudinalibus, obsoletè granulalis, strüsque transversis, confertis notatis ; an- 
gulo carinato, granulato ; basi confertèm cingillatä ; umbilico nullo. 


Dimensions. — Longueur 19 mill. — 100; largeur 12 mill. — 66; 
longueur du dernier tour 10 mill. — 0,55; angle sutural 78°. 
Description. — Coquille conique à sommet aigu, à angle spiral de 47°; 


composée de sept tours de spire déprimés, anguleux dans leur partie anté- 
rieure, ornés de stries transverses nombreuses et fines, et de trois côtes 
longitudinales égales, peu marquées, distinctement granulées, surtout l'an- 
térieure, moins éloignées entre elles que l'antérieure ne l’est de l'angle ; 
celui-ci, situé vers le bas des tours, caréné, granulé; suture peu distincte, 
longée de chaque côté par une ligne de fines granulations peu marquées. 
Base convexe, couverte de stries fines rayonnantes, croisées par plusieurs 
(7?) côtes fines, granulées. Ombilic nul. Bouche ovale. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine du T. Escheri Mün- 
ster (lias supérieur) (dont l'angle spiral serait, d’après la figure de Goldfuss. 
pl. CXCIT, 14, de 40° sur la figure de grandeur naturelle, de 52 sur la 
figure grossie). La forme des tours est exactement la même, mais les or- 
nements sont différents : l'espèce de Münster possède au-dessus de l’angle 
des tours quatre côtes ou bandelettes granulées, alternativement plus 


petites et plus grandes; la nôtre n’en a que trois; elles sont égales, et les 
Tome XXV. 12 


90 DESCRIPTION DES FOSSILES 


granulations sont beaucoup moins marquées; de plus, les côtes concen- 
triques de la base sont granulées comme les autres. 

Localités. — Nous devons encore cette espèce à l’obligeance de M. le 
D' de Condé, qui l'a trouvée dans la marne de Strassen, à Walzingen, 
où elle est très-rare. 


6. Turzo miNax, N. 
(PI. XIL, fig. 11.) 


T. testà turbinato-depressä, angulo spirae 75°; anfractibus 4, valdè incres- 
centibus, subtrigonis, nodulis asperis tricinctis ; basi 4-cingulatà , umbilicatä. 


Dimension. — Longueur 9 mill.; largeur 9 mill. 

Description. — Coquille de petite taille, mince, turbinée-déprimée, à 
sommet obtus (?); angle spiral de 75°. Spire régulière, composée de quatre 
tours croissant rapidement, convexes, anguleux, subtrigones dans leur 
“partie visible, ornés de fines stries d’accroissement et de trois rangées 
longitudinales de tubercules saillants, aigus, l’antérieure contre la suture, 
à tubercules plus petits et plus serrés (environ 42 par tour); la moyenne 
au milieu des tours, la postérieure près de la suture, ces deux dernières 
portant des tubercules plus gros (environ 530 par tour); ceux de la der- 
nière parfois atténués en légers plis obliques; suture distincte, séparée 
de la rangée antérieure par une ou deux stries fines, peu marquées. Base 
ombiliquée, ornée de fines stries d’accroissement et de quatre côtes con- 
centriques. 

Le moule montre, sur la surface des tours, trois angles distincts cor- 
respondant aux trois séries de nœuds, mais les traces de ceux-ci sont très- 
peu marquées, surtout en avant. 

Nous n’avons trouvé cette espèce qu'à l’état de moule avec son em- 
preinte, d’après laquelle nous avons reconstruit l'échantillon figuré. Elle 
est très-facile à distinguer de toutes les autres par la forme de ses tours, 
et ses trois rangs de tubercules. 

Localité. — Cette espèce appartient aux couches supérieures du macigno 
d’Aubange. Nous l'avons recueillie à Halanzy, où M. le D' de Condé l’a 
également rencontrée; elle paraît y être rare. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 91 


7. TurRO cycLosroma. 
(PI. XIL, fig. 10.) 
TurBO CYCLOSTOMA, Benz., in Ziet., 1850, Wurt., pl. 55, fig. 4. 
= —= Roem., 1856, Ool., p.153. 


=> — Goldf,, 1844, Petref., pl. 195 , fig. 7. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 248. 


T. test ovato-turbinatä; anfractibus 6 teretibus, subtilissimè granulato- 
cingillatis, cingillis confertis ; umbilico nullo. 


Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 8 mill. 

Description. — Coquille mince, ovale-turbinée, à angle spiral de 70°; 
formée de cinq à six tours arrondis, couverts de lignes longitudinales 
très-fines , très-serrées et très-finement ponctuées; base arrondie, égale- 
ment striée ; ombilic nul. Le moule paraît porter des traces des stries de 
la coquille. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-distincte par sa forme et 
ses ornements. Peut-être faut-il y réunir, avec Goldfuss, le T. cyclostomoïdes, 
Koch et Dunker. 

Localité. — Elle provient du macigno de Halanzy et d'Aubange, à la 
partie supérieure de cet étage. On la trouve dans le Wurtemberg, à Gamels- 
hausen; Zieten et M. d’Orbigny la placent dans les marnes supérieures du 
lias; Goldfuss l'indique à Quedlimburg, Goslar, Banz, Berg. 


8. Tur8o prior , N. 
(PL. XIL, fig. 12.) 


T. teslä ovatä-turbinat, anfractibus compresso-teretibus, cinqulis; (3-4) 
prominentibus, crebrè tuberculatis, obtusis, costisque crebris, transversis, in- 
terstitialibus ; basi confertèm noduloso-cingulatà, cancellatä, non umbilicata. 


Dimensions. — Longueur 21 mill.; largeur 17 mill. — 100 : 51; lon- 
gueur du dernier tour 11 mill. — 0,55 de la longueur totale; angle 
sutural 56°. 


Description. — Coquille ovale-turbinée, à angle spiral de 68°, à tours (5) 


92 DESCRIPTION DES FOSSILES 


comprimés, légèrement arrondis, ornés de trois ou quatre bandelettes 
longitudinales très-saillantes, rendues onduleuses par des tubercules ou 
nœuds allongés transversalement, serrés, obtus, de largeur variable, 
séparées par des intervalles quelquefois plus larges, canaliculés, marqués 
de côtes transverses , étroites, saillantes, en nombre égal à celui des tuber- 
cules qu’elles unissent un à un. Base portant des bandelettes concentriques 
analogues, au nombre de cinq ou six, plus rapprochées, et à tubercules 
plus serrés, réunis par des côtes rayonnantes. Ombilic nul. 

Les premiers tours ne portent que trois bandelettes; le dernier seul 
parait en avoir quatre; les intervalles qui séparent celles-ci peuvent varier 
considérablement, même sur un seul individu; les bandelettes de la base 
portent au moins autant de tubercules que celles du reste du dernier tour ; 
la bouche parait ovale, le grand axe à peu près longitudinal. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des T. ornatus, Sow., 
centurio, Münster, praetor, Goldf. et Phillipsü, Morr. et Lyc. Elle se distin- 
gue de la première par plusieurs caractères ; ses tours sont moins nom- 
breux et le dernier n’a pas de bandelettes secondaires ; les tubercules sont 
beaucoup plus serrés, obtus et non aigus, allongés transversalement au lieu 
de l'être longitudinalement; enfin, les intervalles entre les bandelettes sont 
bien canaliculés, et les côtes transverses sont tout à fait différentes. On la 
séparera aussi facilement de la seconde par son angle spiral, par la forme 
des tours, qui n’ont pas d’angles marqués, et par celle des tubercules, 
des bandelettes et de leurs intervalles. Elle s'éloigne du T. praetor par ses 
tours moins arrondis, à sutures moins distinctes et surtout par le nombre 
des bandelettes, la forme et la disposition des tubercules, etc. Enfin, le 
T. Plullipsü, qui en est le plus rapproché, possède une bandelette de plus 
à Ja partie postérieure du dernier tour de spire. 

Localité. — Cette espèce a été trouvée près de Ruette, dans le calcaire de 
Longwy; elle y est très-rare. 


QI 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 9 


Genre PLEUROTOMARIA, Derrances. 


Heux, sp., Sowerby, Dumont, etc. 
Trocaus, sp. Sowerb., Mant.…. 
ScissureLLA? , A. d'Orb. 

Cirnus, Mant., Leym., Ag. 

Evompnazus, Pusch. 

Heuicia, Sow. 

Semzosroma (part.), D'Archiac et de Vern. 
RoreLLa (part.), Goldf., Br... 
PrycuompnaLus, Ag. 


Testa conica vel conoïdea, aliquotiès turrita, subglobosa, depressa vel sub- 
discoïdea ; anfractus subconcavi vel valdè prominentes el intermedii, fascià 
sinui labri correspondente, nonnunquäm obtectä ornati. Apertura variae 
formae; labrum sinu variabili, medio munitum ; umbilicum variabile, haud 
rard nullum; columella simplex ; operculum nullum. 


Coquille de forme très-variable, ordinairement conique et trochoïde, 
parfois turriculée, subglobuleuse ou déprimée au point de devenir tout à 
fait discoïde. Tours très-variables, plans ou légèrement concaves, jusqu’à 
devenir très-convexes, arrondis ou anguleux, munis d’une bandelette plus 
ou moins étroite, correspondant à l’entaille de la lèvre droite dont elle est 
la trace, parfois cachée par l’enroulement des tours, et visible seulement 
sur le dernier. Bouche de forme très-variable. Lèvre droite mince, inter- 
rompue vers le milieu par une entaille plus ou moins étroite, plus ou 
moins profonde; lèvre gauche simple, réfléchie, rarement calleuse, quel- 
quefois munie inférieurement d’une dépression ou d’une gouttière courte 
et peu profonde. Ombilic variable, souvent nul. Columelle simple, droite 
ou arquée, très-rarement portant un léger pli oblique. Pas d’opercule. 

Ce genre s’est montré, avec les premiers mollusques, dans le terrain 
silurien; il a atteint son maximum de développement dans les couches 
jurassiques inférieures, pour ne conserver aucun représentant à l’époque 
actuelle, sauf peut-être la scissurelle de M. d’Orbigny. 


94 DESCRIPTION DES FOSSILES 


1. PLEUROTOMARIA PRINCIPALIS. N. 


(PI. AH, fig. 2. 


P. testä conicä; anfractibus subconvexis ; lineis duabus longitudinalibus 
noduliferis, nonnullisque simplicibus, quarum tres inter suturam distinctam 
el seriem posteriorem nodulorum ; striis incrementi crebris subtilibus ; fasciä 
prominente, carinat@, antè medium anfractuum silà ; basi plan vel subcon- 
vexd, concentricè striatà, umbilicatà ; apertur& subelliptica obliqua. 


Dimensions. — Longueur 25 mill. et plus; longueur du dernier tour 
8 — 100 : 52; angle sutural 54°; angle spiral 72°. 
Description. — Coquille conique, médiocrement élevée, à sommet aigu; 


tours légèrement convexes, portant deux rangées longitudinales de no- 
dules : l’une, antérieure, contre la suture; l’autre postérieure, vers le tiers 
postérieur des tours; nodules postérieurs simples, allongés; les antérieurs 
bifides ou plutôt doubles ; leur surface porte, en outre, cinq lignes sail- 
lantes, longitudinales , simples (dont trois entre la suture et la rangée pos- 
térieure de nodules), et des stries transverses fines, inégales, obliques, 
très-marquées au-dessus des nœuds postérieurs; entaille large, assez pro- 
fonde (?); bandelette peu saillante, fortement carénée au milieu, située à 
l'union des deux tiers postérieurs des tours avec l’antérieur, couverte de 
stries d’accroissement serrées, fines, obliques en deux sens opposés à 
partir de la carène, sur laquelle elles passent en lui donnant un aspect 
finement granulé. Dernier tour anguleux vers la base; base noduleuse 
vers la périphérie, plane ou légèrement convexe, marquée de stries con- 
centriques, plus serrées vers la circonférence, parfois croisées par des 
plis rayonnants, peu marqués, irréguliers; ombilic assez grand; bouche 
subelliptique, allongée, oblique. 

Rapports et différences. — Nous croyons devoir séparer cette espèce du 
P. princeps, Koch et Dunker, quoique, au premier abord, elle en paraisse 
peu distincte. La spire est beaucoup moins élancée, et ce caractère, peu 
important en d’autres circonstances, nous paraît emprunter une certaine 
valeur à sa constance dans tous nos échantillons ; ses tours sont légèrement 
convexes ; la base n’est pas concave ; l’ombilic est assez grand ; la bande- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 95 


lette ne porte qu’une ligne longitudinale carénée et très-saillante; enfin, 
on trouve quelques autres différences dans les détails de l’ornementation. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne, 
où elle ne paraît pas très-rare, à Jamoigne et à Termes. 


2. PLEUROTOMARIA COGNATA. N. 


(PL XUI, fig. 1.) 


P. testà tenui trochiformi, apice acuto ; anfractibus gradatis, stris longitu- 
dinalibus crebris, ad angulum nodulis, ad suturam anteriorem plicis ornatis ; 
sinu magno; fascià latà, plan, strüs longitudinalibus validis, inaequalibus , 
el transversis incurvis, crebris, minimis ornatà, antè medium anfractuum 
sitä; ultimo anfractu ad basim angulato, nodoso-plicato ; basi subconvexa , 
concentricè Striatà ; striis incrementi tenuissimis plicisque obsoletis decussan- 
tibus ; umbilico parvo; aperturd subpentagona, transversa. 


Dimensions. — Longueur 54 mill.; longueur du dernier tour, 15 mill. 
— 100 : 40; angle sutural 58°; angle spiral 70°. 
Description. — Coquille mince, trochiforme, élevée, à sommet aigu. 


Tours étagés, carrés, ornés de stries longitudinales nombreuses (20-25), 
inégales , souvent alternes, au moins sur les derniers tours, croisées par 
des stries d’accroissement très-fines et très-nombreuses, dont quelques- 
unes deviennent plus fortes vers la suture postérieure ; couronnés sur 
l'angle par un rang de nodules plus ou moins arrondis, et marqués, près 
de la suture antérieure, par un autre rang de nœuds, ou plutôt de plis 
transverses , n’atteignant pas la bandelette. Entaille grande... ; bandelette 
située au milieu de l’espace compris entre la rangée supérieure des nœuds 
et la suture, large, plane, faisant légèrement saillie, marquée de trois (sur 
les derniers tours) stries longitudinales, inégales, et de stries d’accroisse- 
ment courbes, nombreuses et très-fines. Dernier tour anguleux vers la 
base , plissé à l'angle. Base légèrement convexe, plane tout à fait près de 
la circonférence, ornée de stries concentriques nombreuses, bien mar- 
quées , inégales, en général alternativement plus fortes et plus faibles, 
croisées par des stries d’accroissement très-fines et très-nombreuses, et 


96 DESCRIPTION DES FOSSILES 


par des plis rayonnants peu marqués. Ombilic petit. Bouche subpenta- 
gonale transverse. 

Rapports et différences. — On pourrait rapporter cette espèce au Trochus 
anglicus, Sowerby; mais plusieurs sont dans le même cas : la description 
incomplète de l’auteur anglais pourrait s'appliquer à des espèces dis- 
tinctes; c'est pourquoi nous ne le citons pas comme synonyme. Elle 
est très-voisine des P. undosa, et surtout araneosa, Desl.; elle diffère de 
la première par sa bandelette plane, par l'existence d’un ombilic, par 
son test plus mince, sans espace près de sa bandelette, enfin, par lorne- 
mentation. Il n’est guère difficile de la distinguer de la seconde, mais c’est 
par des caractères moins importants : par les stries moins nombreuses et 
beaucoup plus marquées, les stries d’accroissement bien visibles, parti- 
culièrement vers la partie postérieure des tours, et surtout par la bande- 
lette saillante et marquée de stries d’accroissement courbes, et de stries 
longitudinales fortes et inégales. Quoique possédant beaucoup de carac- 
tères en commun avec le P. Buchü, Desl., elle s’en distingue au premier 
abord par des tours carrés , un aspect tout différent, etc. 

Localités. — Il se trouve dans la marne de Jamoigne, à Chiny, où il est 
très-rare, à Fontenoille? 


5. PLEUROTOMARIA ROTELLAEFORMIS. 


(PL XI, fig. 13.) 


PLEUROTOMARIA ROTELLAEFORMIS. Dunker, 1847, Palaeont., t. 1, pl. 15, fig. 12. 
— HELICIFORMIS. E. Desl.,1848, Hém. soc. Lin., VIIL, p. 149, pl. 17, fig. 2. 
— ROTELLAEFORMIS. D'Orb., 1849, Prodr., 1, 229. 


P. testà depressä, heliciformi; apice acutiusculo ; anfractibus 3-4 laevibus , 
rotundatis; sutur& distinctà; sinu mediocri; fascià plan, in medio ultimi 
anfractus expansi, rotundati, tantèm conspicud; basi convexä (in medio 
subcallosä, ibique plusminusve depressä ; umbilico nullo; aperturà ovatà : 
labro sinistro incrassato). 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; long. du dernier tour 20 mill. — 
100 : 67; angle apicial de 122. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 97 


Description. — Coquille héliciforme, à spire très-déprimée , à sommet 
marqué et même un peu aigu; tours arrondis, peu saillants, lisses; suture 
bien marquée, entaille médiocre, (peu profonde); bandelette plane, à peine 
marquée de stries transversales, visible sur le dernier tour seulement, 
recouverte par la spire sur les autres; dernier tour étalé, renflé et arrondi 
du côté de la base. Base convexe, marquée de stries d’accroissement très- 
fines , visibles seulement à la loupe; (ombilic nul remplacé par une légère 
callosité un peu enfoncée en son centre; bouche ovoïde transversalement; 
lèvre gauche un peu épaissie). 

Observations. — Le test de l'échantillon qui nous a servi pour cette 
description ayant sa surface légèrement altérée et la base presque en- 
tière cachée dans la roche, nous avons complété ses caractères d’après 
M. E. Deslongchamps, en indiquant ces emprunts par des parenthèses. 

Rapports et différences. — La position remarquable de la bandelette 
éloigne cette espèce de presque toutes les autres pour la rapprocher des 
P. expansa, Sow. sp., et caepa, Desl. Elle se distingue de la première, par 
sa taille beaucoup plus considérable, par sa forme, l’absence d’angle 
prononcé à la bandelette, par la bouche et surtout par ses tours arrondis 
en-dessus ; elle s'éloigne de la seconde par sa forme générale, la convexité 
des tours et la bouche. 

Localités. — Dans le calcaire subordonné à la marne de Jamoigne, à 
Muno. — Halberstadt, Fontaine-Étoupefour. M. d'Orbigny la rapporte 
à tort, croyons-nous, à l'étage liasien, au moins cela est certain pour les 
individus de Dunker et le nôtre. Quant à M. Deslongchamps, il consi- 
dère les marnes de Fontaine-Étoupefour comme appartenant toutes au 
lias supérieur, opinion que nous croyons inadmissible. 


4. PLEUROTOMARIA EXPANSA. 


(PI. XIE, fig. 5.) 
HELICINA EXPANSA. Sow., 1821, Min. conch., pl. 275, fig. 1-5. 
— SOLARIOIDES. Sow., id. id., pl. 275, fig. 4. 
= POLITA. Sow., id, id. pl. 285, fig. 1-5. 
— EXPANSA. Ziet, 1850, Wure., pl. 55, fig. 5. 
Turso caLLosus. Desh., 1851, Coq. caract., p. 189, pl. 4, fig. 5, G. 


Toue XXV. 15 


98 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ROTEILA POLITA. Bronn, 1857, Lethaca, pl. 21, fig. 2. 

_ EXPANSA. Goldf., 1859, Petref., pl. 195, fig. 8. 
HELICINA = Schmidt, 1846, Petr.-Buch, pl. 16, fig. 5. 
PLEUROTOMARIA POLITA. Goldf., 1859, Petref., pl. 186, fig. 4. 


— sururaus. E. Desl., 1848, Pleurot., p.147, pl. 17, fig. 5. 
— EXPANSA.  D'Orb., 1850, Prodr., p. 229. 


P. testà heliciformi subdiscoïdeä, apice subacuto; anfractibus planis aut 
subeoncavis, laevibus aut striis transversis obsolelissimè notatis, ad suturam 
angulatis ; sinu modico, parüm profundo; fasciä sinûs planä, transversim 
densè striala, in spirà obtectä, in ultimo anfractu tantivm conspicua ; basi 
hemisphaerica, in medio callosà ; umbilico nullo, apertur& subcirculart; labro 
sinistro lato reflexo. 


Description. — Coquille héliciforme à spire très-déprimée, à sommet 
presque aigu; tours ordinairement quelque peu concaves, parfois plans 
ou même très-peu convexes, lisses ou marqués transversalement de stries 
très-fines, recouvrant la suture par un cordon; entaille médiocre; bande- 
lette plane, finement striée transversalement, cachée sur la spire par l’en- 
roulement des tours, visible sur le dernier au point de séparation d'avec 
la base, point où existe un angle ordinairement très-prononcé, parfois 
arrondi; base hémisphérique; ombilic nul, remplacé par une large cal- 
losité déprimée au centre; bouche (presque circulaire; lèvre gauche large 
et réfléchie). 

Rapports et différences. — La position de la bandelette rapproche cette 
espèce des P. caepa et heliciformis, E. Deslongchamps; mais elle est nota- 
blement plus petite, ses tours sont concaves; sa bouche différente, sa spire 
beaucoup plus déprimée, etc. 

Observations. — Cette espèce paraît varier beaucoup, comme on peut le 
voir, par la synonymie. Pour notre compte, nous en avons trouvé au moins 
deux variétés distinctes. 


Var. Sorarioïpes. 


Dimensions. — Longueur 6 mill.; largeur 16 mill.; — 100 : 266. 


Var. testä subdiscoïdeä, anfractibus subconvexis , vel subeoncavis, longi- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 99 


trorsüm striatis, ad suturam depressis ; ultimo anfractu ad basim obtusè 
angulato vel rotundato; basi concentricè striatä; stris incrementi oculo ar- 
mato tantum distinctis. 


Description. — Variété subdiscoïde ; tours de spire parfois légèrement 
convexes, parfois un peu concaves, toujours déprimés près de la suture, 
paraissant avoir été striés longitudinalement ; le dernier est obtusément 
anguleux vers la base, parfois plutôt arrondi; base marquée de stries 
concentriques bien distinctes, et de stries d’accroissement visibles seule- 
ment à la loupe. 

Observations. — Cette variété paraît être l’Helicina solarioïdes, Sow.; nous 
n’en possédons que des moules avec des fragments de test. Les premiers 
tours sont toujours convexes; ils s’aplatissent en grandissant; le défaut 
de carène obtuse à l'angle du dernier tour pourrait bien tenir en partie à 
ce que le moule ne représente pas fidèlement la forme extérieure, à cause 
de l’épaisseur plus grande du test en ce point. Nous ne connaissons pas le 
dessin et la forme de la bandelette. 

Localités. — Cette variété a été trouvée dans la marne de Jamoigne, à 
Jamoigne, à La Cuisine, à Termes; elle n’y paraît pas bien rare, du moins 
relativement aux autres espèces du genre. 


V'ar. Expansa. 


Dimensions. — Longueur 11 mill. ; largeur 22 mill.; — 100 : 200. 


Var. testà conicà, depresst, anfractibus subconcavis ; strüs transversis 
tenuibus recurvis nolatis, ad suturam depressis, fasciä transversim tenuis- 
simè strialô; ultimo anfractu ad basim angulato ; basi hemisphaericä, tu- 
midü. 


Description. — Variété plus élevée que la précédente, conique; tours 
légèrement concaves, déprimés à la suture, marqués de stries transverses, 
fines, fortement recourbées en arrière; bandelette très-finement striée 
tansversalement; dernier tour anguleux vers la base, qui est très-con- 


100 DESCRIPTION DES FOSSILES 


vexe, presque hémisphérique , et marquée de stries d’accroissement rayon- 
nantes, fines, convexes en arrière. 

Localités. — Cette variété est plus rare que la première; elle ne paraît 
se trouver que dans la marne de Strassen, près de Waltzing (M. de Condé), 
et de Bonnert. 


5. PLEUROTOMARIA RUSTICA. 
(PL. XIV, fig. 1.) 


PLEUROTOMARIA RUSTICA. E. Desl , Hem. sur les Pleur., p. 76, pl. XI, fig. 1. 
= — D'Orb., Prodr., 1850, 1. I, p. 250. 


P. testà crassissimä, subturritä, apice acuto; anfractibus subquadratis, 
gradatis ; plicis crassis, transversis, remotis, necnon sulcis longitudinalibus 
ornalis, ad fasciam laevibus ; sinu magno, profundo; fasciä prominente ca- 
rinalä, in medio anfractuum sit@; ultimo anfractu ad basim angulato, 
crenulato; basi subconvexa, concentricè sulcatä, plicis radiantibus obsoletè 
decussatà ; umbilico nullo (in adultis scilicet), foveolà digitali suppleto; aper- 
tur& subrhomboïdeä; labro sinistro incrassato. 


Dimensions. — Longueur 36 mill.; largeur 52 mill.; longueur du der- 
nier tour 15 — 100 : 88 : 58. Angle apicial 65°; angle sutural 60°. 
Description. — Coquille très-épaisse, subturriculée, à sommet aigu; 


tours presque carrés, échelonnés, à peu près lisses dans leur milieu, mais 
ayant en avant et en arrière de gros plis transverses, écartés, inégaux, et 
des sillons longitudinaux grossièrement disposés; entaille grande, pro- 
fonde; bandelette saillante, carénée, située au milieu des tours; le dernier 
est subanguleux et crénelé vers la base, qui est un peu convexe, couverte 
de gros plis radiés à peine marqués et de sillons concentriques; ombilic 
nul (au moins à l’état adulte), ayant à sa place une dépression digitale 
profonde; bouche subrhomboïdale; lèvre gauche épaissie. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des P. undosa, E. Desl. 
(an Tr. anglicus? Sow.) par l'épaisseur de son test, par une ornementation 
plus grossière, par sa fente ombilicale fermée. Elle se distingue nette- 
ment du P. precatoria par la bouche, les sutures et l’ornementation. 


Localités. — Fossile de la marne de Strassen, à Walizing, où 1l n'est 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 101 


pas très-rare (M. de Condé et nous). — Curcy, Mutrecy, La Caine (Calvados). 
D’après M. d'Orbigny, il appartiendrait au lias moyen. 


6. PLEUROTOMARIA GYROPLATA. 
(PL XIV, fig. 2.) 


PLEUROTOMARIA GYROPLATA. E. Deslong., Mém. sur les Pleur., 1848, p. 54, pl. VI, fig. 5, 4. 
— ALIMENA.  D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 268. 


P. testé crassiusculä, subturritä, apice acuto; anfractibus planis, longitror- 
sim striatis ; Sinu magno, profundo; fasciä pland, transversim densissimè 
strialä, in medio anfractuum sità ; ultimo ad basim angulato; basi planä, 
parlèim concentricè striatà; umbilico minimo ; aperturà subquadrata. 


Dimensions. — Longueur 72 mill.; longueur du dernier tour 21 — 
100: 29 ; angle apicial 45°; angle sutural 75°. 

Description. — Coquille trochiforme, un peu épaisse, à spire élancée et 
presque turriculée, à sommet aigu; tours aplatis, striés longitudinalement ; 
entaille grande, profonde; bandelette plane, ne faisant point de saillie; der- 
nier tour fortement anguleux vers la base; angle à peine émoussé; base 
plane, montrant des stries concentriques sur une partie de sa surface; 
ombilic très-petit; bouche quadrilatère. 

Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. gyrocycla et 
scrobinula, Ë. Deslongchamps. Elle s’en distingue par l’aplatissement des 
tours de spire, par la suture moins enfoncée, le test plus mince, la base 
plane. L’ombilic, qui est très-petit, la sépare de la première et de quelques 
variétés de la seconde, qui n’en ont pas, ainsi que du P. fasciata, variété 
platyspira, E. Deslongchamps, qui en a un grand. 

Observations. — La surface des tours n’a d’autres ornements que des 
stries longitudinales très-petites, serrées, peu profondes, également espa- 
cées ou non; quelquefois finement ponctuées, à points enfoncés; quelque- 
fois à peu près lisses. Quelques exemplaires n’ont pour ombilic qu’une 
sorte de fente, d’autres possèdent un ombilic bien marqué, mais très-étroit. 
M. E. Deslongchamps distingue deux variétés dont M. d'Orbigny fait deux 
espèces ; notre exemplaire se rapporte à la deuxième variété, acquistriata. 


102 DESCRIPTION DES FOSSILES 


F. siriis densissimis aequalibus, in ultimo tantüm anfractu ad aperturam 
evanescentibus ; basi laevi, cércà umbilicum minimum paucistriata. 


Sur notre exemplaire, les stries longitudinales sont croisées par des 
stries d’accroissement serrées qui les rendent légèrement granulées; la 
bandelette est recouverte de stries longitudinales et transversales égale- 
ment ponctuées. 

Localité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette 
ville. Elle n’est pas rare dans l’oolithe ferrugineux de Normandie. 


7. PLEUROTOMARIA MUTABILIS. 
(PL. XIV, fig. 5.) 


PLEUROTOMARIA MUTABILIS.  E. Desl., Mém. sur les Pleur., p.104, pl. X, fig. 12-18; pl. XI, fig. 1 et 2. 
— SUBCONOÏDEA. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 268. 


P. testà trochiformi, conicà aut subturrità , acutà aut cuspidatä; anfrac- 
tibus planis, rarits subconcavis, longitrorsim striatis, necenon saepiùs obli- 
què striatis aut plicatis, ad suturam cinqulatis ; fascià anqulo vicinà ; basi 
concentricè striatà, umbilico nullo subcallosä ; apertur& rhomboïdali ; labro 
sinistro expanso, reflexo, collum plus minüsve obtegente. 


Dimensions. — Longueur 75 mill.; longueur du dernier tour 16. — 
100 : 22; angle apicial 40°; angle sutural 74. 

Description. — « Coquille trochiforme, conique ou subturriculée, à som- 
met aigu, rarement cuspidé; tours plans, rarement subconcaves, ornés 
de stries longitudinales, et souvent de stries ou de plis obliques qui 
s'étendent rarement jusqu’à la bandelette de l’entaille ; un cordon saillant, 
souvent tuberculeux et moniliforme, borne antérieurement les tours contre 
la suture; entaille médiocre, profonde; bandelette de l'entaille plane, 
finement striée dans le sens longitudinal, plus fréquemment dans le sens 
transversal, très-rarement saillante et carénée, située près du cordon; 
dernier tour anguleux vers la base, qui est ou plane, ou un peu convexe, 
ou un peu concave, à stries concentriques, ayant rarement un sillon ou 
une simple dépression à sa périphérie; ombilic nul, remplacé par une 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 105 


callosité; bouche rhomboïdale; lèvre gauche réfléchie, appliquée sur la 
callosité ombilicale qu’elle recouvre presque toujours entièrement, se 
terminant souvent, dans sa partie inférieure, par une petite dépression plus 
ou moins prononcée, indiquant un commencement de gouttière versante. » 

Observations. — M. Deslongchamps a réuni, sous le nom de P. mutabilis, 
des formes de pleurotomaires, dont, au premier aspect, on croirait pou- 
voir former plusieurs espèces : c’est ce qu'a fait M. d'Orbigny dans son 
Prodrome. C’est bien, s’il n’y a pas de passages entre les types donnés 
comme variétés : nous ne pouvons décider la question; mais écoutons 
M. Deslongchamps : « À moins que d’avoir sous les yeux des centaines 
d'exemplaires de cette coquille, on croirait difficilement à l'unité spéci- 
fique de toutes les formes disparates qu’elles affectent; les nuances 
intermédiaires viennent tout lier, tout confondre... En définitive, à moins 
de ne pas tenir compte de l'évidence, on est contraint de réunir toutes 
ces formes par une seule formule générale et de n’établir qu'une espèce. » 
L’exemplaire que nous possédons est intermédiaire entre les variétés 
ambiqua, elongata (Trochus elongatus, Sow.) et mutica, pl. XE, fig. 1, et pl. X, 
fig. 14 et 15. Il a le cordon lisse, non noueux, les stries longitudinales 
fortes, et pas de stries obliques. 

Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy, près 
de cette ville. Elle caractérise l’oolithe ferrugineux de Normandie et 
l’oolithe inférieur de l'Angleterre; elle y est commune. 


8. PLEUROTOMARIA PIE, N. 
(PL. XI , fig. 4.) 


P. testä trochiformi, conicä; apice obtusiusculo ; anfractibus planis, infrà 
fasciam subdepressis, lineis longitudinalibus et transversis punctato-textis : 
sinu modico….; fasciä pland, laeviusculà, antè medium anfractuum sità ; an- 
fractu ultimo ad basim obtusè angulato ; basi.. ; wmbilico minimo? 


Dimensions. — Longueur environ 15 mill.; angle apicial 58°; angle 
sutural 57°. 


Description. — Coquille trochiforme, conique, à sommet un peu obtus; 


104 DESCRIPTION DES FOSSILES 


tours plans portant une légère dépression en avant de la bandelette, ornés 
de fines lignes longitudinales et transverses, un peu obliques, entre-croi- 
sées , légèrement ponctuées à leur entre-croisement; suture marquée, mais 
très-peu profonde. Entaille assez large... ; bandelette plane, non saillante, 
située un peu en avant du milieu des tours, lisse, sauf les lignes d’ac- 
croissement. Dernier tour anguleux vers la base, à angle arrondi. Base 
marquée de stries concentriques et rayonnées?; ombilic très-petit. 

La dépression qui longe la bandelette occupe environ la moitié de l'es- 
pace compris entre celle-ci et la suture. 

Rapports et différences. — Cette espèce (dont nous ne possédons qu'un 
moule avec l'empreinte bien conservée) se rapproche des P. amoena, fraga 
et scrobinula, E. Desl.; la largeur de la bandelette, la dépression qui la 
joint, etc., l’éloignent des deux premières; sa position, l'absence de nœuds 
la séparent de la dernière. Elle est très-voisine du P. Agassiz, Münst., 
du coral-rag du Wurtemberg; mais elle manque des plis onduleux qui 
ornent la partie postérieure des tours de cette dernière. 

Localité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette 
ville. 


Genre CERITHIUM, Apanson. 


TURBO APERTUS CANALICULATUS OBLIQUÈ INCURVATUS. Gualtierus. 
Cerrrmum, Adanson, Brug., Cuv., Lamk., etc. 

Murex et Srrowus (part.), Linn., Gmel. 

Piraze et Tecescorium, Montf. 

Poramwes, Brong. 


Testa turrita, elongata; apertura oblonga, obliqua, anterits canali brevx, 
truncato vel recurvalo, posterits canali subdistincto terminata ; labrum sae- 
pis incrassatum, sinuosum productumque; operculum corneum, spirale, 
circulare. 


Animal peu volumineux, à pied médiocre, court, élargi en avant, 
rétréci en arrière. Manteau festonné sur ses bords, formant un tube res- 
piratoire le plus souvent découpé à son extrémité. Tête médiocre, mufle 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 105 


proboscidiforme ; tentacules très-longs, aciculés, portant les yeux au 
tiers inférieur de leur partie externe. 

Coquille turriculée, allongée, épaisse. Bouche oblongue, oblique, ter- 
minée en avant par un canal court, tronqué ou recourbé, et en arrière 
par une gouttière plus ou moins marquée. Lobe souvent épaissi, sinueux, 
très-projeté en avant à sa partie antérieure; il en résulte que les lignes 
d’accroissement sont où parallèles à l’axe spiral, ou obliques d’avant en 
arrière et de droite à gauche. Opercule petit, corné, circulaire, à tours 
très-rapprochés, ou ovale à tours làches. 

Ce genre, que l’on trouve déjà dans le terrain carbonifère, se multiplie 
beaucoup dans les formations subséquentes , atteint son plus grand déve- 
loppement numérique dans les terrains tertiaires , et possède encore, à 
l’époque actuelle, un grand nombre d'espèces ; elles se tiennent au niveau 
des marées. 


1. CERITHIUM SUBTURRITELLA , Dunk. Sp. 
(PL XI, fig. 5.) 


MELANIA TURRITELLA. Dunk., 1846, Menke’s Zeitschr. für Malak., p. 169. 
= = — 1847, Palaeont., t. 1, p. 109, pl. 15, fig. 5-7. 
CERITHIUM SUBTURRITELLA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 215. 


T. testä turritä, gracili; anfractibus 10-12 convexis, suturä distinct se- 
Junctis, medio bicarinatis ; anfractu ultimo tri- vel quadri-carinato ; aperturà 
subrotundata ; columellà arcuatà, basi effusd. 


Dimensions. 


Longueur 100 mill.; largeur 50 mill.; elle parait attein- 
dre 2-3 centimètres. Angle spiral 15°; angle sutural 86°. 

Description. — Coquille turriculée, élancée, à angle spiral de 18° à 20°; 
formée de 10-12 tours de spire convexes, à suture très-distincte, munis 
de deux carènes longitudinales sur leur milieu, et souvent d’une troi- 
sième peu distincte supérieure; dernier tour portant trois ou quatre carè- 
nes, et souvent deux ou trois autres, beaucoup plus faibles, sur la base ; 
stries d’accroissement peu visibles, convexes en arrière. Bouche arrondie , 
columelle arquée, versante. 

Nous n'avons point vu la base; nous la décrivons d’après M. Dunker. 

Tome XXV. 14 


106 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Rapports et différences. — Cette espèce est facile à reconnaître à sa forme 
élancée et à ses côtes rares et en carènes. 

Localités. — Nous en avons trouvé des fragments dans la marne de 
Jamoigne, à Termes. D’après M. Dunker, elle est fréquente dans le lias 
inférieur de Halberstadt. 


2. Ceriraium Dumonri, N. 
(PI. XIV , fig. 4) 


C. test elongato-turritä ; anfractibus supra concavis, infrà convexis, nodu- 
lorum serie ad suturam ornalis, laevigatis ; basi obliqué, laevigatà ; aperturd 
obovata? ; columella…. 


Dimensions. — Longueur, 55 mill. environ. 

Description. — Coquille turriculée, allongée, à sommet?...; à angle spiral 
de 22°; à angle sutural de 60°; formée de tours nombreux, concaves dans 
leur moitié postérieure, convexes antérieurement, ornés sur cette partie , 
contre la suture d’une série de nodules nombreux, un peu allongés trans- 
versalement; stries d’accroissement peu visibles, convexes en arrière. Base 
oblique, lisse; ouverture ovale? ; columelle... 

Localité. — Un exemplaire imparfait a été trouvé à Lasoye, dans le 
grès de Luxembourg. 

En dédiant cette espèce à M. le professeur Dumont, nous ne lui ren- 
dons qu'un bien faible hommage pour ses beaux travaux sur la géologie 


de la Belgique. 


5. CERITHIUM CONFORME. N. 


(PI. XIV , fig. 5.) 


C. testà turritä; anfractibus posticè subconcavis, anticè convexis, suban- 
gulatis, anqgulo tuberculorum seriè notato ; sutur& depressà ; basi.… 


Dimensions. — Elle atteint au moins 8 centimètres et arrive peut-être 
au double. 


Description. — Coquille de moyenne taille, turriculée, à angle spiral de 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 107 


22°; tours légèrement concaves dans leur moitié postérieure, convexes et 
subanguleux en avant, où ils sont ornés d’une série de gros tubercules 
assez nombreux, irréguliers, légèrement obliques; stries d’accroissement 
à peine indiquées, à convexité peu marquée, postérieure. Suture enfoncée 
dans un léger sillon, bordée en avant par un angle très-peu prononcé. 
Base... 

Observation. — Cette espèce, ainsi que la précédente, nous paraît bien 
se rapporter au genre Cerithium; nous en avons vu une empreinte où la 
bouche était munie en avant d’un canal assez long. 

Rapports et différences. — Elle avoisine la précédente; mais on trouve 
dans Ja forme des tours, le nombre et la forme des tubercules, des ca- 
ractères suflisants pour les séparer. 

Localité. — Elle provient également du grès de Luxembourg, de Lasoye. 


4. CeriTHiuM suBcuRvIcosTATUM. Deslongchamps , sp. 


(PL XIII, fig. 6.) 


FUSUS CURVICOSTATUS. E. Desl., 1845, Mém. de la Soc. linn. de Norm., t. VI, p. 154, pl. X, fig. 32, 55. 
{Non Desh., 1824.) 
CERITHIUM SUBCURVICOSTATUM. D’Orb., 1850, Prodr., 1, p. 252. 


C. testà parvä, turrità, acutä ; anfractibus rotundatis, longitrorsüm te- 
nuiter striatis, costellis crebris, curvatis, transversis, notatis ; apertur& ovatà ; 
canali brevi. 


Dimensions. — Longueur environ 14 mill.; angle spiral 19°. 
Description. 


Coquille de petite taille, turriculée, à spire aiguë; trous 
de spire arrondis, un peu comprimés, marqués de fines stries longitu- 
dinales, serrées et de petites côtes transverses, nombreuses, fortement 
courbées, à convexité postérieure; ouverture ovale, allongée. 

Localités. — Nous avons trouvé un fragment assez bien conservé de 
cette belle espèce dans le macigno d’Aubange, à Halanzy. M. E. Deslong- 
champs l'a trouvée à Fontaine, Étoupefour, dans le lias supérieur? (lias 
moyen, d'après d'Orbigny), où elle paraît également très-rare. 


108 DESCRIPTION DES FOSSILES 


GENRE HELCION. Monrtrorr. 


Pareura, L. et auct. 

Heccion, Montf. 

AcmarA, Eschscholtz. 
ParecLoïna, Quoy et Gaymard. 
Lorria, Gray. 

Cariaropsis , Holl. 


Testa conica, depressa, scutiformis, tenuis, sublaevis ; apice imperforato, 
subcentrali. 


Coquille conique, déprimée, scutiforme, mince, presque lisse, ou, au 
moins, dépourvue de grosses côtes rayonnantes ; à sommet imperforé et 
subcentral. 

Animal analogue à celui des patelles, mais très-distinct par son appa- 

-reil respiratoire, consistant en un lobe branchial unique, au lieu de bran- 
chies disséminées. 

On rapporte à ce genre, très-difficile à distinguer par la coquille seule, 
les patelles antérieures aux terrains tertiaires. Les espèces vivantes ha- 
bitent les côtes rocailleuses au niveau des marées basses. 


1. HELGION INFRALIASINA. 
(PL XIV, fig. 6.) 


HELCION INFRALIASINA. De Ryckholt, 1847, Mélanges paléontol., p. 60, pl. 2, Gg. 26, 27. (Mém. de l’ Acad. de 
Belg., t. XXIV, 1852.) 


« P. testä tenui, ellipticä, conica , strüs radiantibus, transversis ornatà ; 
apicè excentrico, antico; marqine inlegro, acuto. » 


Dimensions (d’après les figures de M. de R.). — Longueur 22 mill.; 
largeur 15 mill.; hauteur 9 — 100 : 68 : 40. 
Description. — « Coquille fragile, elliptique, formant un cône oblique; 


sa surface est ornée de stries rayonnantes qui n'apparaissent qu'à une 
certaine distance du sommet, et de fins plis concentriques; sommet très- 
émoussé et un peu antérieur ; bords entiers et tranchants. » 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 109 


Rapports et différences. — « L'Helcion infraliasina se distingue du Patella 
ovala, Roemer, du corallien de Hoheneggelsen, par sa forme plus régu- 
lièrement elliptique, et une plus grande élévation, toutes proportions 
gardées, etc. » 

Localités. — « Cette espèce n’est pas rare dans le grès de Luxembourg, 
que ses fossiles me font rapporter à l'étage le plus inférieur du terrain 


jurassique ou lias inférieur. » 


2. HELCION DISCREPANS. 
(PI. XIV, fig. 7.) 


Hercion piscrePans. De Ryckholt, 1847, Yel. paléont., p. 61, pl. 2, fig. 24, 25. (Mém. de l’ Acad. de Pely , 
t. XXIV, 1852.) 


« I. testà crassiusculà, ellipticä, conica, elatä, costulis majoribus et mino- 
ribus interpositis, radiatim ornatà; apicè obtuso, excentrico, laevi; margine 
dentato. » 


Dimensions (d'apres les figures de l'auteur). — Longueur 100; largeur 
88 ; hauteur 48. 
Description. — « Coquille elliptique, formant un cône oblique assez 


élevé; sa surface est ornée en long de grosses côtes espacées qui ne se 
montrent qu'à partir d’une certaine distance du sommet; entre ces côtes 
prises deux à deux, on en observe une autre plus courte, mais de même 
épaisseur que les autres; toutes sont pourvues de nodulations peu mar- 
quées, produites probablement par des plis transverses dont très-peu sont 
perceptibles; en outre, ces côtes, fort apparentes sur la région postérieure, 
le sont beaucoup moins partout ailleurs ; région apiciale lisse; sommet 
émoussé et placé au tiers antérieur; péristome crénelé. » 

Localité. — « Le gisement de cette helcion est le même que celui de 


l'espèce précédente. » 


110 DESCRIPTION DES FOSSILES 


MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES. 


Genre PHOLADOMYA. SowerBy. 


Peroncze, Bourgnet. 

Bucarnires, Donacres, Schloth. 

Myacrres, Schloth., Goldf. 

Cannrra, Sow., Nils. 

Lurrara, Sow., Goldf., sp. 

Carnium, Sow., Mantell. 

Hemicarniun, Brongn. 

Mya, Zieten. 

Puoranowya, Sow., Desh., Goldf., Pusch, Phill., March. (sp.), De Kon. 


Triconice (sp.), Lam. 


Testa subaequivalvis, inaequilateralis, libera ; saepissimè transversa, te- 
nuis; valvae hiantes, imprimis posticè, strigis longitudinalibus costisque 
transversis acutis, vel crenulatis vel tuberculatis ornatae ; cardo edentalus, 
area cardinalis plàs minüsve distineta ; impressiones musculares duae, antica 
major; impressio pallealis porticè valdè sinuosa; ligamentum externum. 


Coquille subéquivalve, inéquilatérale, libre, le plus souvent transver- 
sale; test très-mince, s’épaississant un peu vers le bord cardinal, formé de 
fines lamelles réunies par une lame de nacre; valves plus ou moins bäil- 
lantes en avant et surtout en arrière; ornées de rides concentriques plus 
ou moins marquées, quelquefois indistinctes, et de côtes transverses, sim- 
ples, arrondies ou tranchantes ou crénelées ou tuberculeuses; charnière 
simple sans lame ni dent cardinale ; aire cardinale avec la fossette du li- 
gament rarement bien distincte; deux impressions musculaires, l'anté- 
rieure la plus développée; l'impression palléale partant de l'impression 
musculaire antérieure, suit le bord inférieur de la coquille, puis se re- 
courbe en haut et en avant, forme une seconde courbure en haut et en 
arrière pour gagner le bord inférieur de l'impression musculaire posté- 
rieure. Le ligament est externe, flasque, très-faible et laisse facilement 
chevaucher les valves. 

Le genre Pholodomye avait été caractérisé par Sowerby; M. Agassiz, 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 111 


dans ses Études critiques (1842-45), a repris l'étude de ce genre ; il vou- 
drait n’y faire rentrer que les espèces munies de côtes transverses; M. 
Deshayes lui donne beaucoup plus d'extension; voici ce qu’il dit dans son 
Traité de conchyliologie (p. 147) : « Il est certain que, quels que soient 
les caractères extérieurs d’une coquille bivalve, toutes les fois qu'elle 
sera mince, bâillante, que sa charnière sera simple et sans dents, que 
l'impression palléale sera sinueuse du côté postérieur, cette coquille sera, 
pour nous, une Pholadomye. » Ce genre passe à travers toutes les forma- 
tions et vit encore aujourd’hui. 


1. PHoLADomyA Desnayesi, N. 


(PI. XV, fig. 1.) 


Ph. testà elongatä, ventricosà ; anticè breviore, rotundata , cordalü ; pos- 
leriùs productà altà ; marqine inferiore subrecto, superiore horizontali; um- 
bonibus subanticis, crassis, inflatis, prominulis ; arca distinctà , latà, latera- 
liter carinis circumseriptà; valvis concentricè rugoso-striatis, transversim 
costatis ; costis 10-11 obliquis, distantibus, minus elevatis, linearibus. 


Dimensions. — Longueur 85 mill. : hauteur 56 mill.; largeur 49 mill. ; 
400266 517: 

Description. — Coquille inéquilatérale, médiocrement ventrue; côté an- 
térieur tronqué, obtus, assez élevé, donnant une coupe cordiforme allongée; 
côté postérieur fortement prolongé, presque aussi élevé que l’antérieur, 
peu comprimé; bord inférieur presque droit dans son milieu, le supé- 
rieur horizontal avec une aire cardinale large, circonscrite par de fortes 
carènes latérales, paraissant s’élargir vers l'extrémité postérieure; som- 
mets situés à l’union du cinquième antérieur avec les #3 postérieurs , 
larges, peu élevés au-dessous de l'aire cardinale, déterminant en avant 
une petite lunule allongée; ouverture antérieure étroite , allongée, com- 
mençant un peu en dessous des crochets et atteignant la deuxième côte; 
la postérieure parait (?) plus fortement bâillante. 

Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses : les rides 
sont faibles, également marquées sur toute la surface, peut-être un peu 


112 DESCRIPTION DES FOSSILES 


plus fortes vers le bord inférieur; les côtes transverses, au nombre de 
10 ou 11, sont distantes, à peu près égales entre elles, excepté cependant 
la première et les deux ou trois dernières qui sont un peu plus faibles : 
la première est presque verticale, les autres sont légèrement obliques en 
arrière; leur entre-croisement avec les rides ne forment que de légers 
tubercules irréguliers, un peu mieux dessinés vers les sommets, ce qui 
leur donne un aspect subréticulé. 

Rapports et différences. — Cette espèce de grande taille rappelle, pour 
la forme générale, la Ph. media du Jura inférieur; elle s’en distingue 
cependant nettement, par ses côles transverses plus espacées, par son 
côté postérieur plus élevé, enfin par ses sommets relativement moins 
proéminents sur l'aire cardinale. 

Que le célèbre auteur du Traité élémentaire de conchyliologie nous per- 
mette de lui dédier cette espèce. 

Localité. — Elle se trouve dans le grès de Luxembourg, à Weyler. 


2. Pnocanomia DavrEuxI. 
(PL. XV, fig. 2.) 

Ph. testä elongatä, inflatà; anticè truncatä, cordatà, posterius productà, 
angustatä, rotundatä; margine inferiore arcualo, superiore posticè perpa- 
rm declivi; umbonibus subanticis, prominulis ; ared distinct, lateraliter 
carinis cireumscriptà; valvis concentricè rugulosis, transversimque costalis ; 
costis 14-15 obliquis, undulato-crenulatis, anticis et posticis linearibus. 


Dimensions. — Longueur 60 mill. : hauteur 40 mill.; largeur 40 mil. ; 
— 100 : 60 : 56. 

Description. — Coquille inéquilatérale, assez ventrue; côté antérieur 
arrondi, médiocrement obtus, à coupe largement cordiforme, côté pos- 
térieur plus long; assez élevé, peu comprimé; bord inférieur arqué, peu 
tranchant; bord supérieur presque horizontal, avec une aire cardinale 
distincte, plane, circonscrite latéralement par deux carènes bien mar- 
quées; sommets placés à l'union du cinquième antérieur avec les #/5 posté- 
rieurs, régulièrement arrondis, assez élevés au-dessus de l'aire cardinale. 
L'ouverture antérieure commence presque sous les crochets; la postérieure 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 115 


paraît peu allongée, ne commence qu’en arrière de la moitié postérieure 
de l’aire cardinale, et se termine vers le milieu du bord postérieur. 

Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses ; les 
rides, régulières dans leur disposition concentrique, sont inégales entre 
elles, mieux marquées vers la région médiane de la valve; les côtes sont 
au nombre de 14 ou 15, les deux antérieures très-faibles, les suivantes 
mieux marquées, les 4 ou 5 postérieures linéaires, et bien distinctes ; leur 
entre-croisement avec les rides longitudinales les rend moins tubercu- 
leuses que crénelées, surtout vers leur extrémité inférieure. 

Rapports et différences. — Cette espèce rappelle les PA. concinna et Voltzu, 
d’Ag., pour la forme générale; elle s’en distingue nettement par le nombre 
considérable et la forme de ses côtes, qui sont linéaires et souvent effacées 
dans la concinna; moins distinctes encore dans la Voltzü. Elle se rapproche 
aussi de la Ph. Roemeri, Ag.; dans celle-ci cependant le côté postérieur 
est plus haut, les sommets sont plus élevés sur l'aire cardinale, les rides 
longitudinales plus marquées et égales, enfin, la Ph. Davreuxi a ses côtes 
transverses plus nombreuses et plus élevées. 

Nous avons dédié cette espèce à M. Davreux, en hommage de ses lon- 
gues et savantes recherches sur la paléontologie de notre pays. 

Localité. — Elle provient du grès de Luxembourg, à Hondelange. 


5. Paocanomya Nysri. 
(PI. XV, fig. 5; pl. XV, fig. 1.) 


Ph. test rotundato-trigond, inflatà ; anticè abbreviatà, cordato-compressd, 
posterits subelongatä, rotundatä ; margine inferiore semicireulart ; superiore 
posticè declivi; umbonibus gracilibus, prominentibus, subuncinatis;  areû 
parvä ; valvis concentricè sulcato-strialis transversimque 4-5 costalis; costis 
subverticalibus, obtusiusculis, subcrenulatis. 


Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 53 mill.; largeur 58 mill.; 
—(100 : 91 : 65). 

Description. — Coquille inéquilatérale, courte, triangulaire, arrondie, 
ventrue surtout dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, peu 


Toue XXV. 15 


114 DESCRIPTION DES FOSSILES 


obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur peu prolongé, 
diminuant rapidement d'épaisseur et se terminant en une extrémité large 
et arrondie; bord inférieur régulier, tranchant, en demi-cercle; bord supé- 
rieur fortement déclive; aire cardinale petite, indistincte; sommets placés 
à l'union du quart antérieur avec les 5/1 postérieurs, très-élevés au-dessus 
du bord cardinal, grêles avec une petite lunule arrondie; ouverture an- 
térieure étroite, commençant en dessous des crochets et se prolongeant 
presque jusque la première forte côte; la postérieure (?) étroite, peu allon- 
gée. 

Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses; les rides 
sont faibles, peu marquées, irrégulières, plus apparentes vers le bord 
inférieur; côtes transverses au nombre de trois ou quatre, presque verti- 
cales, légèrement obtuses et à peine entamées par les rides longitudinales. 

Rapports et différences. — Cette espèce se reconnaît assez bien à sa forme 
courte, arrondie, son épaisseur, mais surtout par ses crochets grêles et 
élevés; elle se rapproche quelque peu de la Ph. trigonata. (Ag. pl. 8); elle 
est cependant moins prolongée en arrière; ses crochets ne sont pas aussi 
antérieurs. 

Localité. — Nos échantillons ont été trouvés à Weyler, dans le grès. 

Observation. — Nous avons vu deux exemplaires de cette nouvelle espèce, 
l'un est légèrement déformé, l’autre a conservé sa forme normale; mais 
les dessins de la surface sont peu marqués, à cause de la grossièreté des 
grains dont le moule est formé. 


4. PHOLADOMYA GLABRA. 
(PL. XVI, fig. 2.) 


PnOLADOMYA GLABRA. Ag., 1845, Étud. critiq. monog., p. 69, pl. 5. 
_ — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 255. 


Ph. testà transverst, inflatà ; anticè breviore, truncato-cordatà ; posterius 
productä, compressà, rotundatà ; margine inferiore arcuato, subobtuso; su- 
periore declivi; umbonibus subanticis, crassis, prominulis; valvis concentricè 
rugoso-striatis, transversimque costatis ; costis 4-5 obliquis, vix conspicuis ; 
ared concavä, lateraliter carinis cireumscriptä. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 115 


Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 58 mill.; largeur 28 mil]. ; 
— (100 : 57 : 5). 

Description. — Coquille inéquilatérale, ventrue surtout dans la région 
des sommets; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe 
cordiforme; côté postérieur prolongé , presque aussi élevé que l’antérieur, 
arrondi à son extrémité; bord inférieur arqué à ses deux extrémités, 
presque droit dans son milieu; le supérieur déclive, avec une aire car- 
dinale assez large, circonscrite latéralement par deux faibles carènes. 
Sommets placés à l’union du sixième antérieur avec les 5/6 postérieurs, 
arrondis, légèrement surbaissés, peu élevés au-dessus de l'aire cardinale. 
Ouverture antérieure étroite, petite, placée vers l’angle antérieur-inférieur; 
la postérieure assez bâillante, mais peu prolongée et n’occupant que l’an- 
gle supérieur-postérieur. 

Valves présentant des rides longitudinales et des côtes; les rides sont 
très-fortes, régulières et également bien marquées sur toute la coquille; 
les côtes transverses, au nombre de quatre ou cinq, sont obliques et peu 
marquées; elles ne forment qu’une légère ondulation à l'endroit des rides 
longitudinales et apparaissent mieux dans leurs intervalles; elles vont en 
diminuant du sommet à la base de la valve. 

Rapports et différences. — Cette espèce présente plusieurs analogies avec la 
Ph. Roemeri, Ag. (ambiqua. sp. Sow.) avec laquelle elle avait été confondue : 
on l’en distinguera facilement par ses rides longitudinales régulières et for- 
mant presque des côtes, par le peu d'apparence de ses côtes transverses, 
enfin par son prolongement postérieur. 

Localités. — Elle se trouve dans la marne de Strassen, du lias inférieur. 
L'un des deux échantillons que nous avons sous les yeux, nous a été com- 
muniqué par M. le D' de Condé, et a été trouvé à Walzingen; l’autre 
provient de la même localité. Cette espèce est signalée à Mulhausen , dans 
le département du Bas-Rhin. 


5. PHOLADOMYA AMBIGUA. 
(PI. XVI, fig. 5.) 
Puocanomya ammiGua. Sowerby, 1820, Min. conch., IL, pl. 227. 
= = Roemer, 1856, Die Verst., p.127, pl. XV, fig. 1. 
= — Goldfuss, 1854-1840, Die Petref., tab. 166, fig. 1. 


116 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Ph. testà elongatà , inflatä; anticè cordiformi, breviore, posterits product, 
rotundatä; margine inferiore subarcuato; superiore horizontali; umbonibus 
crassis, inflalis, prominulis; valvis concentricè sulcatis, transversim 7-9 cos- 
tatis; costis mediocriter elevatis, obliquis, crenulatis ; areä cardinali carinis 
lateraliter circumscripta. 


Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 37; largeur 54— (100 : 64:58). 

Description. — Coquille inéquilatérale, bombée sur les flancs; côté anté- 
rieur raccourci, donnant une coupe régulièrement cordiforme; le posté- 
rieur prolongé, comprimé latéralement, à peu près de la même hauteur que 
l'antérieur; bord inférieur légèrement courbé, le supérieur droit, se rele- 
vant même un peu vers l'extrémité postérieure; aire cardinale lancéolée, 
assez large et profonde, circonscrite latéralement par deux carènes assez 
marquées. Sommets antérieurs, placés à l’union du quart antérieur avec 
les 5/1 postérieurs, obtus et renflés , assez élevés au-dessus de l'aire cardi- 
nale et formant une petite lunule antérieure. Ouverture antérieure très- 
étroite et très-courte, située vers l’angle inférieur; la postérieure plus large, 
commençant vers l’angle supérieur-postérieur et atteignent l’inférieur. 

Valves présentant de très-fortes rides longitudinales, régulières, bien 
marquées vers l'extrémité postérieure et des côtes transverses au nombre 
de 7 à 9, obliques, faibles et obtuses, crénelées par l’entre-croisement des 
rides ou sillons longitudinaux, mais non tuberculeuses. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, pour la forme géné- 
rale, de la Ph. media, Ag.; elle s’en distingue par les carènes de son aire 
cardinale , l’obliquité plus grande de ses côtes transverses et ses rides longi- 
tudinales mieux marquées. Elle se distingue aussi de la Ph. Hausmanni, 
Goldf. (tab. 155, fig. 4), par ses côtes transverses , toutes également dis- 
tantes, et ses sommets un peu moins élevés. 

Localités. — M. Roemer signale cette espèce dans les couches liasiques 
à bélemnites ; l'échantillon que nous avons sous les yeux provient de la 
marne de Strassen; il a été trouvé à Walzingen, par M. le D' de Condé, 
qui a bien voulu nous le communiquer. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 117 


6. PHOLADOMYA FOLIACEA. 
(PL XVI, fig. 4.) 


PHOLADOMYA FOLIACEA. Agassiz, 1842-1846, Étud. crit. monogr., p. 102, pl. 76, 4-12. 
— — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 252. 


Ph. testà elongatä, valdè depressä, latà; anticè brevissimä ; posterius pro- 
ductä; margine inferiore subarcuato; superiore horizontali et posticè paulisper 
recurvo; umbonibus anticis, transvershn valdè inflatis, subprominulis ; valvis 
concentricè ruqulosis, transversimque costatis ; costis 8-9, acutiusculis, sub- 
crenulatis. 


Dimensions. — Longeur 37 mill.; hauteur 15; largeur 26— (100: 40 : 70). 

Description. — Coquille tout à fait inéquilatérale, fortement déprimée ; 
côté antérieur obtus, tronqué, presque nul; côté postérieur très-pro- 
longé; vue d’en haut, la coquille présente une forme ovalaire obtuse, et 
de côté, un quadrilatère à angles arrondis ; bord inférieur arqué, le supé- 
rieur horizontal légèrement relevé en arrière; aire cardinale large et peu 
profonde, se confondant insensiblement avec les flancs; sommets tout à 
fait en avant, surplombant le côté antérieur , surbaissés, formant une 
très-légère saillie au- dessus du bord cardinal, très-renflés transversale- 
ment; ouverture antérieure très-étroite, la postérieure plus large, com- 
mençant en arrière de la moitié postérieure du bord cardinal et se ter- 
minant vers l'angle inférieur-postérieur. 

Valves présentant des rides longitudinales concentriques très-faibles et 
nombreuses; des côtes transverses , au nombre de 8 ou 9, rapprochées, 
très-obliques , peu élevées, crénelées par l’entre-croisement des rides lon- 
gitudinales. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, pour la forme géné- 
rale, de la Ph. decorata, Ziet. ; elle s’en distingue par sa forte dépression et 
lhorizontalité de son bord cardinal. 

Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans le lias de Gunders- 
hofen; notre échantillon provient du macigno d'Aubange, et a été trouvé 
dans une exploitation au NO. de Bleid. 

Observation. — Au premier abord, cette coquille paraît déformée par la 


118 DESCRIPTION DES FOSSILES 


fossilisation, c’est une remarque que fait aussi M. Agassiz; comme il a pu 
observer 5 à 6 exemplaires présentant cet aspect, il en a fait une espèce 
distincte et figurée comme telle. 


7. PHOLADOMYA DECORATA. 
(PI. XVE, fig. 5.) 


Paoranomya pEecorara. Hart. Zieten, 1850, Æurtemb., pl. 64, fig. 2. 
_ — Roemer, 1856, Perstein., p. 127, n° 2. 
— — Bronn, 1855-1858, Leth. geog., tab. 50, fig. 20, a, b. 
— _ Goldfuss, 1859, p. 265, Lab. 155, fig. 5, a, b. 
= = Agassiz, 1842-1846, Étud. critig. mon., p. 101, pl. 7, 17-18. 
= —  D'Orb.,1850, Prodr., 1, p. 251. 

Ph. testà trigond, inflatà; anticè inflato-cordatà, brevissimä, obtusä ; pos- 
terits paulisper productä, subrotundatà ; margine inferiore arcuato ; superiore 
declivi; umbonibus anticis, transversim inflatis, altis, acutiusculis, incurvis ; 
valvis concentricè rugulosis, transversimque costatis ; costis 7-8 obliquis, acu- 
tiusculis, subnodulosis. 


Dimensions.— Longueur 46 mill., hauteur 35, largeur 54— (100 : 71 : 74). 

Description. —Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, arrondie, plus 
épaisse que haute; côté antérieur à coupe cordiforme, arrondie, très- 
obtus; le postérieur plus prolongé, encore plus large que haut, arrondi 
à son extrémité; bord inférieur très-courbé, le supérieur décline en arrière; 
aire cardinale assez large, peu profonde, non distincte des flancs; som- 
mets tout à fait antérieurs, assez aigus, élevés, très-renflés transversale- 
ment; ouverture antérieure commençant sous les crochets, se continuant 
jusqu’au bord inférieur, la postérieure commençant un peu en arrière du 
milieu du bord cardinal et se terminant avant d'atteindre l’angle inférieur 
postérieur. 

Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses : les 
rides sont régulières et médiocrement marquées; les côtes, au nombre de 
7 à 9, sont très-obliques en arrière, également distantes, s’affaiblissant 
des antérieures aux postérieures, aiguës, et subtuberculeuses ou créne- 
lées par l’entre-croisement des rides longitudinales. 

Rapports et différences. — Cette espèce a beaucoup d’analogie avec la 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 119 


Ph. hemicardia, Goldf., tab. 156, fig. 8 (Ph. cingulata, Ag., pl. 6’), du jura 
moyen; mais elle s’en distingue par son bord cardinal plus déclive, par ses 
sommets moins détachés des flancs de la coquille. 

Localités. — M. Roemer indique cette espèce dans les couches à bélem- 
nites, Goldfuss dans les couches liasiques et oolithiques inférieures, 
M. Agassiz dans les couches à gryphites et à bélemnites; ainsi, on la 
trouve, en France, à Asnière (Sarthe); en Allemagne, à Grafenberg; dans 
le Wurtemberg, à Villershausen, à Kahlfeld, à Pliensbach : nos échan- 
tillons proviennent du macigno d’Aubange, au NO. de Bleid. 


8. PHOLADOMYA FIDICULA. 
(PL. XVI, fig. 1.) 


PuOrADOMYA FIDICULA. Sow., 1820, Min. conch. , t. III, tab. 295. 
— — Ag., 1842-1845, Etud. crit. monog., p. 60, pl. 5°, fig. 10-13. 
_ — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 274. 


Ph. testà elongatä ; anticè inflato-cordatä, brevi; posteriùs productà, ro- 
tundatä; margine inferiore arcuato, superiore subhorizontali; umbonibus 
subanticis, prominulis ; valvis concentricè et tenuiter striatis, transversimque 
multicostatis ; costis aequalibus, approximatis, obliquis. 


Dimensions. —Longueur 40 mill.; hauteur 21; largeur 25 —(100 : 52: 62). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, un peu plus large 
que haute; côté antérieur renflé cordiforme, fortement tronqué et obtus; 
côté postérieur très-prolongé, peu comprimé, arrondi, bord inférieur 
arqué; bord supérieur large et presque droit; sommets très-antérieurs, 
petits, peu renflés, ne formant qu’une légère saillie au-dessus du bord 
cardinal; ouverture antérieure occupant la plus grande partie du côté 
antérieur; la postérieure semble plus bâillante. 

Valves présentant des stries d’accroissement serrées, concentriques 
sur toute la surface et des côtes transverses, nombreuses, 17-18; les pre- 
mières sont verticales, les suivantes gagnent peu à peu en obliquité; la 
première est faible, les trois suivantes sont les plus marquées; toutes sont 
aiguës et à peine entamées par les stries concentriques. 


120 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Rapports et différences. — Cette belle espèce est très-voisine de la P. Zie- 
tenü; elle s’en distingue cependant par ses stries concentriques, par sa plus 
grande largeur et par ses côtes transverses. 

Localités. — Elle est signalée par les auteurs dans l’oolithe inférieur, en 
France, à Mietesheim, à Gundershofen (Bas-Rhin), à Nancy, à Metz; en 
Suisse, à Durenast; en Allemagne, à Neuhausen. L’échantillon qui a servi 
à notre description a été trouvé dans le calcaire de Longwy, aux environs 
de cette ville. 

Observation. — M. d'Orbigny, dans son Prodrome , réunit deux espèces, 
distinguées par M. Agassiz, quoique ce dernier ait pu comparer les deux 
types. Nous avons bien reconnu les caractères indiqués par M. Agassiz, 
et nous les distinguerons aussi; le défaut d'exemplaires nombreux et bien 
conservés ne nous permettant pas de rechercher si ce sont bien des espèces 
distinctes ou seulement des variétés, ou bien si les différences tiennent 
au bon état de conservation des exemplaires. 


9. PHOLADOMYA ZIETENI. 


(PL. XVII, fig. 2. 


Paoranomya rinicuLa. Zieten, 1850, Furtemb., pl. 65, fig. 2 (non Sow., Roem., Goldf.) 
— LYRATA. Sowerby, 1820, Win. conch., II, pl. 225. 
— Zierennr. Agassiz, 1842-1845, Étud. crit. monogr., p. 54, pl. 5, fig. 15-15. 


Ph. testä elongatäà ; anticè brevi inflato-cordat&, posteriùs productä, subat- 
tenuatà, compressd ; margine inferiore subarcuato; superiore subhorizon- 
tali; umbonibus anticis, acutiusculis, subprominulis ; valvis transversum 
multicostatis ; costis inaequalibus, obliquis, aculis. 


Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 22; largeur 20 — (100 : 
57 : 52). 

Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque aussi large 
que haute; côté antérieur raccourci, assez obtus, donnant une coupe ren- 
flée-cordiforme ; côté postérieur prolongé, régulièrement comprimé, fai- 
blement atténué et arrondi; bord inférieur peu arqué, le supérieur presque 
horizontal; sommets antérieurs petits, non renflés, peu élevés au-dessus 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 121 


du bord cardinal; aire cardinale non distincte des flancs de la coquille (?); 
ouverture antérieure étroite, peu allongée ; la postérieure plus bâillante , 
commençant assez loin des crochets et se terminant à l’angle inférieur- 
postérieur. 

Valves munies de côtes transverses nombreuses, rapprochées, obliques, 
l’antérieure un peu plus faible que les autres. Entre les côtes principales, 
il y en a de plus petites commençant vers le milieu des flancs et se conti- 
nuant jusqu'au bord inférieur; toutes ces côtes sont aiguës, tranchantes, 
plus élevées vers le bord inférieur, manquant complétement au-des- 
sus de la ligne tirée des sommets à l'angle inférieur-postérieur , et les 
trois ou quatre dernières disparaissant avant d'atteindre le sommet de la 
valve. 

Rapports et différences. — Cette espèce fait partie de la section des Pho- 
ladomyes aiguës ; elle se distingue nettement des Ph. semicostata, Ag. (pl. 3’, 
fig. 11, et pl. 2, fig. 1-2), et Ph. multicostata, Ag. (pl. 3’, fig. 10, et pl. 2, 
fig. 5-4) (Ph. acuticostata de Roemer, tab. IX, fig. 15), par ses côtes, qui 
sont très-obliques, manquent presque entièrement au côté antérieur et 
sont entremêlées de petites côtes moins longues. 

Localités. — Nous avons trouvé un mauvais échantillon de cette espèce, 
aux environs de Longwy, dans le calcaire oolithique. M. Agassiz la signale 
dans l’oolithe ferrugineux du canton de Soleure. 


10. PHOLADOMYA MEDIA. 


(PL. XVIL, fig. 5.) 


Pnoranomya mepra. Agassiz, 1842-1845, Étud. critig. monogr., p. 72, pl. 5b, fig. 7-15. 
— ogrusa. D'Orb., 1850, Prodr., I, p.274. 


Ph. testé elongatà, subquadrilaterd ; anticè alt&, rotundata , cordato-trun- 
catä ; posterits productà, attenuaté; margine inferiore arcuato; superiore 
recto subdeclivi; ared cardinali angustatà ; umbonibus inflatis, crassis, pro- 
minulis ; valvis subliliter concentricè rugulosis, bransversim 6-8 costalis ; 
costis irregulariter tuberculosis, approximatis, anticà remotiore, minis 
elevala. 


Tome XXV. 16 


122 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Longueur 65 mill.; hauteur 50 ; largeur 40 ; — (100 : 
77 : 62). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, à angles arrondis, assez 
épaisse; côté antérieur obtus, élevé, arrondi, donnant une coupe cordi- 
forme ; côté postérieur prolongé, d’abord presque aussi haut que l’anté- 
rieur, puis s’atténuant légèrement vers l'extrémité; bord inférieur arqué; 
le supérieur droit, légèrement déclive; aire cardinale assez longue, 
étroite, sans carènes latérales bien distinctes; sommets situés à l’union 
du cinquième antérieur avec les #/3 postérieurs , assez élevés sur le bord 
cardinal, très-larges dans le sens de l’axe longitudinal, renflés, ne se 
distinguant pas du corps de la coquille, circonscrivant en avant une petite 
lunule ; ouverture antérieure assez large, commençant sous les crochets; 
la postérieure (?) médiocrement bäillante et peu allongée, commençant 
assez loin des sommets. 

Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses, ce 
qui donne un aspect subréticulé; les rides longitudinales sont peu pro- 
fondes, assez larges, très-irrégulières et mieux marquées vers la région 
antérieure ; les côtes transverses sont fortes, au nombre de 6 à 8, rap- 
prochées, l’antérieure faible et éloignée de la deuxième; ces côtes sont 
rendues irrégulièrement tuberculeuses par l’entre-croisement des rides 
longitudinales. 

Rapports et différences. — Elle se distingue facilement des Ph. Murchisoni 
et bucardium par son allongement et son aire cardinale. 

Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l’oolithe inférieur 
du canton de Soleure; nous l’avons trouvée dans le calcaire de Longwy, 
au SO. de cette ville. 


41. PHozanomya Murcgisoni. 
(PL. XVIL, fig. 4.) 


PaoLanomya Murcmisonr. Sow., 1820, Min. conch., III, tab. 297, fig. 4. 
= — Phill., 1829, Geol. Forksh, pl. 7, fig. 9. 
— = Zieten, 1850, Wurt., pl. 65, fig. 4. 
— — Roemer, 1856, erstein., pl. 15, fig. 7. 
== — Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., pl. 4°, fig. 5-7. 
” — D'Orb., 1850, Prodr., I, 305. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125 


Ph. testà rotundato-trigonatà, subglobosä; anticè cordato-truncatä, breviore; 
posterits angustato-productà, rotundatà ; margine inferiore subarcuato, 
superiore subrecto-declivi; umbonibus prominulis, crassis, incurvis ; valvis 
concentricè rugulosis, transversimque costalis ; costis 7-8 nodulosis, infernè 
acutiusculis, anticà remotiore, minûs elevata. 


Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 47 mill.; largeur 41 mil. 
— (100 : 85 : 75). 

Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire, arrondie , presque 
aussi épaisse que haute ; côté antérieur obtus, donnant une coupe renflée 
cordiforme ; côté postérieur régulièrement et assez fortement comprimé; 
bord inférieur arqué; bord supérieur droit, déclive. Sommets subanté- 
rieurs, saillants, épais, arrondis; ouverture antérieure commençant sous 
les crochets et se prolongeant sur le bord inférieur; la postérieure large- 
ment bâillante, commençant un peu en arrière des sommets, se conti- 
nuant sur le bord inférieur et atteignant presque l'ouverture antérieure. 

Les valves présentent des rides longitudinales concentriques assez pro- 
fondes et régulières, mieux marquées vers la région antérieure et des côtes 
transverses, au nombre de 7 ou 8, arrondies, plus élevées vers le bord infé- 
rieur, noduleuses et tuberculeuses par leur entre-croisement avec les rides 
longitudinales, très-légèrement obliques en arrière du sommet vers le 
bord inférieur; la première plus distante de la seconde que les autres ne le 
sont entre elles. Dans quelques exemplaires, cette dernière est accom- 
pagnée d’une seconde côte moins saillante. 

Rapports et différences. — Cette belle pholadomye se distingue assez faci- 
lement de toutes les autres par sa forme globuleuse et l’état réticulé de sa 
surface. 

Localités. — Cette espèce est assez répandue; nous l'avons trouvée 
dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. M. Agassiz l'in- 
dique dans l’oolithe inférieur de Goldenthal, en Suisse; en Angleterre, elle 
se trouve à Brora, à Scarborough; en France, à Marquise, à S'-Aubain. 

Observation. — Ce n’est pas la Ph. Murchisoni de Goldf. (tab. 155, fig 2), 
ni de Pusch : l'espèce que ces auteurs ont décrite sous ce nom est diffé- 
rente et a été nommée Ph. exaltata, par M. Agassiz; elle se distingue par des 


124 DESCRIPTION DES FOSSILES 


sommets beaucoup plus élevés, par une forme plus courte, par des tuber- 
cules plus allongés transversalement, et se trouve dans le Jura moyen, 
tandis que la Ph. Murchisoni, décrite et figurée par M. Agassiz, se trouve 
dans l’oolithe inférieur. 


12. PHOLADOMYA BUCARDIUM. 
(PI. XVI, fig. 1.) 


PnoranomyA Bucarpiom. Ag., 1842-45, Étud. crit. monog., p. 775; pl. 5, fig. 5-7, pl. 5, fig. 8. 

Ph. test rotundato-trigonat&, inflatä ; anticè cordato-truncatà , abbreviatà ; 
posterius productà, paulisper compressä, rotundati; margine inferiore 
arcualo, superiore lato, fortiter declivi; umbonibus anticis, inflatis, crassis ; 
valvis concentricè irrequlariter subrugulosis, transversim 6-7 costatis; costis 
subverticalibus, infernè elevatis et incrassatis. 

Dimensions. — Longueur 80 mill.; hauteur 71 mill.; largeur 55 mill.; 
— (100 : 88 : 68). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire arrondie , très- 
épaisse ; côté antérieur obtus, fortement tronqué , donnant une coupe cor- 
diforme allongée; coté postérieur comprimé très-légèrement et peu allongé; 
bord inférieur arqué; le supérieur très-large, fortement déclive; sommets 
très-antérieurs , gonflés, un peu surbaissés et à peine distincts du corps 
de la coquille, avec une petite lunule peu marquée : les deux ouvertures 
sont fortement bâillantes, l’antérieure commence un peu en-dessous des 
sommets et atteint presque le bord inférieur; la postérieure commence 
aussi près des sommets et se termine vers la région postérieure-inférieure. 

Les valves présentent des rides longitudinales faibles, très-irrégulières, 
inégales, mieux marquées vers la région antérieure et sur les sommets; des 
côtes transverses, au nombre de à ou 6, grossières, élevées, plus fortement 
marquées vers le bord inférieur; croisées par les rides longitudinales, qui 
y déterminent quelques tubercules obtus, descendant presque verticalement 
des sommets vers la base; la première est plus faible et un peu plus éloi- 
gnée de la deuxième, que les autres ne le sont entre elles; la deuxième est 
la plus forte et circonscrit le pourtour de la coquille, vue de face; ces côtes 
vont en diminuant de la seconde à la dernière, et l'extrémité postérieure en 
est dépourvue. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125 


Rapports et différences. — Cette espèce a souvent été confondue avec la 
Ph. Murchisoni, Sow.; M. Agassiz l’a distinguée et lui a imposé le nom de 
bucardium. Plusieurs caractères faciles à saisir la différencient de la Mur- 
chisoni : tels sont le rapport de la hauteur à l'épaisseur, l'absence de 
rides longitudinales régulières, les côtes grossières, noduleuses, enfin les 
sommets notablement plus obtus et moins dégagés du reste de la coquille. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de 
Longwy, au SO. de cette ville; M. Agassiz l'indique dans l’oolithe infé- 
rieur du Jura suisse. 


Genre HOMOMYA , Agassiz. 


I. testa aequivalvis (?) inaequilateralis, libera, tenuis; saepiùs magna et 
inflata ; cardo edentulus ; area cardinalis minüs distincta; impressiones mus- 
culares duae, pallealis posterits sinuosa ; valvae hiantes imprimis posterius ; 
striis sulcisque concentricis ornatae; ligamentum externum. 


Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, d’une forme généralement 
renflée; aire cardinale très-peu développée; crochets épais, enroulés, 
contigus, non perforés; valves minces, un peu plus épaisses que dans les 
pholadomyes, rarement conservées, ornées de nombreuses stries et plis 
d'accroissement très-serrés et régulièrement concentriques : les deux ex- 
trémités sont bäillantes, surtout la postérieure. 

Les homomyes ne se distinguent guère des pholadomyes que par l'ab- 
sence de cotes transverses et un test un peu plus épais; pour le reste, elles 
possèdent les caractères de ces dernières, aussi vaudrait-il peut-être mieux 
réunir les deux genres. Ce sont pour la plupart des espèces liasiques et 
jurassiques. 


4. Homomya ALSATICA. 
(PI. XVI, fig. 2.) 


HomomyA ALSATICA. Agass., 1842-45, Étud. crit. monog., p. 165, pl. 20, fig. 4-9. 


IL. testà elongatà, quadrilaterä , ventricosà ; anticè breviore, obtusä, rotun- 
daté, cordiformi; posteriüs productà, elevatà, rotundatà ; margine inferiore 


126 DESCRIPTION DES FOSSILES 


subareuato, superiore recto; umbonibus anticis, crassis, involutis, promi- 
nulis ; valvis concentricè et irrequlariter striatis rugulosisque. 


Dimensions.—Longueur 80 mill.; hauteur 45; largeur 38;—(100: 56 : 47). 

Description. —Coquille inéquilatérale, en quadrilatère allongé, assez gon- 
flée dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, obtus, un peu 
plus élevé que le postérieur, arrondi, et donnant une coupe cordiforme; 
côté postérieur fortement prolongé, comprimé, conservant à peu près la 
même hauteur dans toute sa longueur; extrémité large et arrondie; bord 
inférieur très-légèrement arqué, le supérieur droit, avec une aire cardinale 
peu large, mais séparée des flancs par deux carènes bien dessinées ; som- 
mets très-antérieurs, situés à l’union du sixième antérieur avec les 5/6 posté- 
rieurs, assez épais, peu enroulés et assez proéminents sur le bord cardinal, 
surtout en arrière; l'ouverture antérieure est assez allongée; elle commence 
peu en dessous des crochets et atteint le bord inférieur; la postérieure (?). 

Les valves présentent des stries et des sillons concentriques, irréguliè- 
rement entremêlés. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement des 
autres homomyes par sa forme quadrilatérale et son renflement considé- 
rable en dessous et un peu en arrière des crochets. 

Localités. — M. Agassiz signale cette espèce dans le lias moyen et su- 
périeur de Mulhausen ; notre échantillon provient de la marne de Strassen, 
entre Clairfontaine et Walzingen. 

Observation. — L'exemplaire a conservé une assez grande partie de son 
test ; il est extrêmement mince et papyracé sur les flancs; il s’épaissit un 
peu vers les sommets et atteint un millimètre d'épaisseur à la région car- 
dinale, un peu en dessous et en arrière des crochets; il reste aussi une 
partie du ligament de la charnière. 


2. Homomya Konineki. 
(PL. XIX, fig. 1.) 


H. testà elongatä, depressé, valdè inflatä; anticè brevissimä, obtusä, de- 
presso-cordiformi; posterius productà, altà rotundatà ; margine inferiore 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 127 


arcuato; superiore concavo, poslicè elevalo; umbonibus anticis, involutis . 
prominulis ; valvis concentricè crebre-costellatis. 


Dimensions. — Longueur 60 mill. (?); hauteur 55; largeur 39. 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, fortement ventrue 
et déprimée; côté antérieur très-raccourci, obtus, fuyant en bas et en ar- 
rière, présentant une coupe cordiforme déprimée ; côté postérieur déprimé, 
conservant à peu près sa hauteur jusqu’à l'extrémité, qui est arrondie; bord 
inférieur convexe, arqué, le supérieur concave, relevé à son extrémité ; 
sans aire cardinale distincte; sommets très-antérieurs, enroulés, gonflés 
transversalement et assez élevés au-dessus du bord cardinal ; l’ouverture 
antérieure commence un peu en dessous des crochets et est assez large; la 
postérieure (?) paraît plus large encore et atteint le bord inférieur, de sorte 
qu'il se pourrait bien que la coquille fût bäillante dans toute son étendue. 

Les valves présentent des côtes concentriques longitudinales régulières, 
nombreuses, et sur ces côtes et dans leurs intervalles des stries d’accrois- 
sement mieux marquées vers le bord inférieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-bien caractérisée par sa 
forme déprimée et par ses côtes régulières. 

Localité. — Nous avons trouvé cette espèce à Frelange, près d'Arlon, 
dans une couche marneuse, dépendante de la marne de Strassen. 

Nous avons dédié cette espèce à M. le professeur De Koninck, dont les 
savants travaux paléontologiques sont si hautement appréciés. 

Observations. — Au premier abord, cette espèce paraît avoir été déformée 
par la pression, mais on abandonne cette idée en observant la régularité des 
côtes; du reste, cette forme déprimée, pour n’être pas bien fréquente, est 
loin cependant de former exception dans la nombreuse famille des pho- 
ladomyes. 

5. Homomya GIBBOSA. 
(PL XIX, fig. 2.) 


MACTRA GIBBOSA. Sow., 1815, Min. conch., t. 1, pl. 42. 
HomomyA GIBBOSA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 160, pl. 18. 
Pnozapomya 6188084. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 504. 


H. testà elongatä, inflat ; anticè breviore subobtusä, cordiformi; posterius 


128 DESCRIPTION DES FOSSILES 


productä, subcompressé, attenuatà ; margine inferiore arcuato; superiore sub- 
concavo ; umbonibus anticis, crassis, subinvolutis, prominulis ; valvis laevibus, 
irregulariter, parcè rugosis. 


Dimensions. — Longueur 110 mill.; hauteur 58; largeur 51 — (100 : 
52 : 46). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale , ventrue ; côté antérieur 
très-raccourci, un peu obtus, plus élevé que le côté postérieur, donnant 
une coupe cordiforme renflée ; côté postérieur perdant insensiblement en 
épaisseur et en hauteur, très-prolongé surtout vers le bord inférieur, ce 
qui lui donne un peu l’apparence d’un rostre; bord inférieur légèrement 
arqué, se relevant un peu vers l'extrémité postérieure; bord supérieur 
beaucoup plus court, légèrement concave; aire cardinale indistincte, non 
séparée des flancs ; sommets très-antérieurs , situés à l'union du sixième 
antérieur avec les ÿ/6 postérieurs, obtus et recourbés, légèrement proémi- 
nents sur le bord cardinal, renflés dans le sens transversal; ouverture 
antérieure peu large et assez longue, la postérieure plus bâillante et n’oc- 
cupant que l'extrémité du bord supérieur. 

Les exemplaires que nous possédons sont des moules, et l’on ne remar- 
que sur les flancs que quelques rugosités ou sillons vagues, inégaux, 
disposés longitudinalement; un sillon latéral, très-peu marqué, mais assez 
large, part des crochets et se dirige en s’élargissant vers le milieu du bord 
inférieur. 

Rapports et différences. — C’est une espèce de très-grande taille, bien 
caractérisée par sa forme fortement renflée en dessous et en arrière des 
crochets ; elle se distingue de la Homomya ventricosa , par son côté posté- 
rieur atténué en forme de rostre. 

Localité. — M. Agassiz indique cette espèce dans les couches oolithiques 
inférieures : notre échantillon vient du calcaire de Longwy, près de cette 
ville. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 129 


4. Homomya TERQUEMI. 


(PL XX, fig. 1.) 


H. testà elongatä, ventricosâ; anticè breviore, all, rutundatä, compresso- 
cordiformi; posterius valdè productà, subattenuatà, rotundatà (?); margine 
inferiore arcuato , superiore subrecto, subdeclivi ; umbonibus anticis, vix pro- 
minulis ; valvis concentricè irrequlariter striato-rugosis. 


Dimensions. — Longueur 126 mill.; hauteur 68 ; largeur 56;— (100 : 
DÀ : 45). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, assez ventrue sur une grande 
étendue de sa longueur; côté antérieur très-raccourci, arrondi et assez 
élevé, présentant une coupe cordiforme allongée; côté postérieur très- 
prolongé, légèrement atténué et arrondi (?); bord inférieur arqué, le supé- 
rieur droit et légèrement déclive; aire cardinale (?) étroite, limitée par 
un large bourrelet partant des sommets; ceux-ci sont très-antérieurs, non 
proéminents, peu distincts du corps de la coquille; ouverture antérieure (?); 
la postérieure, assez large, occupe l'extrémité et une partie du bord su- 
périeur de la coquille. 

Valves présentant une multitude de stries d’accroissement, fines eu 
égard au volume de la coquille, peu régulières et entremélées de quelques 
côtes peu saillantes. 

Rapports et différences. — Peu d'espèces atteignent une taille aussi con- 
sidérable ; elle se distingue facilement de V'H. gibbosa par ses deux extré- 
mités largement arrondies. 

On connaît les longues et savantes recherches de M. Terquem sur la 
géologie et la paléontologie des terrains jurassiques du nord de la France; 
en lui dédiant cette espèce nous ne rendons qu’un faible hommage à son 
talent et à son zèle. 

Localité. — Notre exemplaire provient du calcaire de Longwy, aux 
environs de cette ville. 

Observation. — Comme cela arrive si fréquemment pour les pholado- 


myes, les valves de notre exemplaire n'ont pas conservé leurs rapports 
Toue XX. 17 


150 DESCRIPTION DES FOSSILES 


normaux ; la valve gauche s’est un peu abaissée et reportée en avant. Le 
test, conservé en partie, est assez épais vers les sommets et la région pos- 
térieure, ce qui nous ferait douter que cette espèce appartint réellement à 
la famille qui nous occupe. Elle pourrait être prise au premier abord pour 
l'A. ventricosa, Ag. ; mais elle manque des sillons latéraux mentionnés par 
cet auteur; ses sommets sont moins obtus, et son extrémité postérieure 
semble plus arrondie. 


Genre PLEUROMYA, Agassiz. 


Testa aequivalvis (?) inaequilateralis , libera, tenuis, saepits parva; cardo 
edentulus, area cardinalis nulla(?); impressiones musculares duae, pallealis 
posterits sinuosa ; valvae minüs hiantes, striis regularibus vel costellis ornatae; 
sulculus lateralis ab umbone ad marginem inferiorem, plus minüsve distinc- 
tus; ligamentum externum. 


Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, transversale, de petite ou de 
moyenne taille; charnière sans dent; aire cardinale nulle (?) ; impressions 
musculaires au nombre de deux; impression palléale rarement visible, 
munie d’un large sinus; valves minces, peu bâillantes, ornées de rides con- 
centriques régulières, quelquefois de petites côtes, marquées en avant d’un 
enfoncement caractéristique, une sorte de sillon très-évasé qui part des 
crochets et s'étend en s’élargissant vers le bord inférieur. Les crochets sont 
plus ou moins rapprochés du bord antérieur, assez gros, recourbés en 
avant et contigus. 

M. Agassiz a fondé cette coupe sur des espèces réparties dans plusieurs 
genres : Amphidesma, Lutraria, Venus, Unio, Donacites , etc. ; elles ont quelque 
chose de commun, un facies particulier, bien distinct de celui des phola- 
domyes vraies, mais leurs caractères génériques ne sont pas connus; peut- 
être serait-il préférable d'attendre de nouvelles données pour former ce 
genre; cependant, puisqu’un savant d’un aussi grand mérite que M. Agassiz 
a cru devoir établir cette coupe, nous la conserverons. Les pleuromyes 
seront facilement distinguées des pholadomyes par l'absence de côtes trans- 
verses, et des céromyes par le manque du sillon cardinal de la valve droite. 

Ce genre se montre déjà dans les couches triasiques, se continue dans le 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 151 


lias et prend un grand développement dans les terrains jurassiques, où 
très-probablement il s'éteint. 


1. PLEUROMYA SsINUOSA. 


(PL. XVI, fig. 5.) 
Lurraria SINUOSA. Roemer, 1856, Die Ferstein., p.42, supp., pl. XIX, fig. 24. 


P. testà elongatä, subcylindraced, inflatä; anticè breviore, obtusä, ovato- 
cordatà ; posterius product, allà, resupinatä; margine inferiore arcuato; 
superiore excavato, postice convexo; umbonibus subanticis, crassis, subpro- 
minulis; valvis concentricè irrequlariter striato-sulcatis. 


Dimensions. — Longueur 26 mill.; hauteur 17 mill.; largeur 15; — 
(100 : 58 : 44). 

Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque cylindroïde, 
renflée ; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe subova- 
laire; côté postérieur très-prolongé, peu comprimé, aussi élevé que l’an- 
térieur, arrondi et fortement relevé à son extrémité; bord inférieur arqué, 
surtout postérieurement; bord supérieur concave dans sa partie moyenne, 
sommets situés à l'union du cinquième antérieur avec les #: postérieurs, 
peu enroulés, légèrement distants, proéminents au-dessus du bord car- 
dinal ; ouverture antérieure paraissant assez large, la postérieure plus 
allongée, occupant l'extrémité et une partie du bord inférieur. 

Valves présentant des stries et de faibles côtes longitudinales concen- 
triques, irrégulières, peu marquées; on observe un sillon latéral du som- 
met à la base, mais faible et un peu oblique en avant; de plus, deux 
carènes obtuses partent de sommets et se dirigent obliquement en bas et 
en arrière vers l'angle postérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, par sa forme cylin- 
droïde de la PI. recurva, Ag., mais s’en distingue suffisamment par le 
redressement considérable de son extrémité postérieure. 

Localités. — M. Roemer, qui, le premier, a décrit cette espèce, la signale 
dans les couches inférieures du coral-rag de Hersum ; notre échantillon 
provient du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. 


152 DESCRIPTION DES FOSSILES 


2. PLEUROMYA STRIATULA. 


(PI. XX, fig. 2.) 


PLEUROMYA STRIATULA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 259, pl. 28, fig. 10-14. 
PanOPAEA = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 215. 


P. testà elongatä, compressä ; anticè attenuato-rotundatä, compresso-cor- 
data ; posterits product, compressä, altà, subresupinatà ; margine inferiore 
arcualo, imprimis poslicè, superiore reclo, subhorizontali; umbonibus ante- 
medianis, parvis, subprominulis ; valvis laevibus. 


Dimensions. — Longueur 46 mill.; hauteur 22; largeur 15 mill.; — 
(100 : 47 : 52). 

Description. — Coquille subinéquilatérale, assez allongée, comprimée; 
côté antérieur prolongé, surtout à son angle inférieur, qui est arrondi 
et tranchant, à coupe allongée, cordiforme; côté postérieur plus pro- 
longé, légèrement comprimé à partir des sommets, plus élevé que le 
côté antérieur, arrondi à son extrémité, qui est légèrement relevée; bord 
inférieur arqué, un peu plus fortement en arrière; bord supérieur droit 
et presque horizontal; sommets presque médians, situés à l’union des 
2/5 antérieurs avec les 5/3 postérieurs, petits, peu arqués et ne faisant 
qu'une légère saillie au-dessus du bord cardinal. L'ouverture antérieure 
paraît nulle; la postérieure est étroite et peu allongée. 

Les valves ne présentent ni rides ni côtes; seulement quelques vagues 
ondulations, résultant probablement d’arrêts d’accroissement; le sillon 
latéral est à peine distinct. 

Rapports et différences. — Peu d'espèces de pleuromyes présentent une 
forme aussi allongée; sous ce rapport cependant la P. angusta se rap- 
proche de la striatula, mais elle est plus comprimée encore et son bord 
inférieur est concave. 

Localités. — M. Agassiz, qui le premier a fait connaître cette espèce, 
la signale dans les couches à gryphée du lias, à Baerschwyl, dans le can- 
ton de Soleure; M. d'Orbigny l'indique en France, à Pouilly, à Sémur, 
à Lyon et à Nanterre. Notre échantillon a été trouvé à Walzingen, dans la 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155 


marne de Strassen, par M. le D' de Condé, qui a bien voulu nous le com- 


muniquer. 
3. PLEUROMYA UNIOIDES. 
(PL XX, fig. 5.) 
VENUS UNIOIDES. Roemer, 1855, Die Verstein., p. 109, tab. 8, fig. 6. 
? UNiO LIASINUS. Schubler, Zieten, 1830, Wurtemb., tab. 61, fig. 2. 


LUTRARIA UNIOIDES. Goldf., Petref., 1854-40, p. 256, tab. 152, fig. 12. 
PHocAbomyxa AmBiGuA. Quenstedt, Ælozgebirge Wurt., p. 147. 

PLEUROMYA UNIOIDES. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 256, pl. 27, fig. 9-15. 
LyonsiA — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 254. 


P. testä elongatäà, rotundato-trigonatà , subinflatä ; antice abbreviatà , ro- 
tundatä, compresso-cordata ; posterius productà, attenuatà, rotundatä ; mar- 
gine inferiore arcuato ; superiore recto, subdeclivi ; umbonibus antemedianis, 
crassis, involutis, prominulis; valvis concentricè irrequlariter rugulosis. 


Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 55 mill.; largeur 26 mill.; 
— (100 : 60 : 47). 

Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire à angles arrondis, 
assez renflée, la largeur égalant plus des 5/4 de la hauteur; côté antérieur 
raccourci, un peu prolongé et arrondi vers l'angle inférieur; côté posté- 
rieur prolongé, comprimé, assez élevé jusqu’à son extrémité, qui est 
arrondie; bord inférieur arqué, surtout postérieurement; bord supérieur 
presque droit, un peu déclive en arrière; sommets placés à l'union du 
tiers antérieur avec les ?/3 postérieurs, proéminents sur le bord cardinal, 
enroulés et circonscrivant une petite lunule allongée, peu marquée; ou- 
verture antérieure étroite, assez longue, la postérieure occupant presque 
toute l'extrémité, qui est très-légèrement relevée. 

Les valves présentent des sillons concentriques irréguliers, peu mar- 
qués; on ne voit pas de sillon latéral. 

Rapports et différences. — Cette espèce a la forme générale et la taille de 
la P. rostrata; elle s’en distingue néanmoins assez facilement par sa forme 
plus renflée, par ses angles plus arrondis, enfin par ses sillons moins 
marqués, irréguliers. 

Localités. — MM. Zieten, Roemer et Agassiz signalent cette espèce dans 


134 DESCRIPTION DES FOSSILES 


les couches liasiques; Goldfuss l'indique dans le calcaire liasique d’Amberg, 
de Goslar, de Güppingen; M. d'Orbigny, en France, à Chavagnac (Dor- 
dogne), à Vieux-Pont (Calvados). Nos échantillons proviennent du macigno 
et ont été trouvés près d'Aubange. 

Observations. — M. Agassiz dit que cette espèce n'a aucune tendance à 
se relever à son extrémité postérieure; nos exemplaires nous montrent 
cependant un léger redressement, marqué par la courbure du bord 
inférieur, plus forte vers cette région, et le peu de déclivité du bord supé- 
rieur à cet endroit. La figure que donne Zieten (tab. 61, fig. 2), sous le 
nom d’Unio hasinus, appartient bien probablement à une autre espèce. 


4. PLEUROMYA ROSTRATA. 
(PL. XXI, fig. 1.) 


PLEUROMYA ROSTRATA. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 241, pl. 27, fig. 14-16. 
PANOPAEA SUBROSTRATA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 215. 

PI. testä oblongä , trigonatà ; anticè abbreviatä, compresso-cordatä ; poste- 
rius productà, attenuatà, subrotundatà ; margine inferiore paulisper arcuato ; 
superiore subrecto, declivi ; umbonibus anticis, subinvolutis, prominulis , 
subincrassatis ; valvis concentricè et regulariter profundè sulcatis. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 52; largeur 21; — (100 : 
64 : 42). 

Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire , peu renflée, la lar- 
geur égalant seulement les ?/ de la hauteur; côté antérieur oblique des 
sommets à l’angle inférieur-antérieur, assez raccourci et donnant une coupe 
allongée cordiforme ; côté postérieur prolongé, peu comprimé, régulière- 
ment atténué jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie; bord inférieur peu 
arqué, bord supérieur presque droit, déclive, très-faiblement convexe, 
arqué dans sa partie postérieure; sommets subantérieurs, à lunion du 
quart antérieur avec les %/1 postérieurs, assez proéminents sur le bord car- 
dinal et circonscrivant une petite lunule; ouverture antérieure occupant 
seulement l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure peu large et s’avan- 
çant un peu sur le bord inférieur. 

Les valves présentent des côtes longitudinales concentriques , très-régu- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155 


lières, bien marquées sur toute la surface et depuis le sommet jusqu’à 
la base. Le sillon latéral est à peine distinct, un peu marqué vers les 
sommets et inférieurement par une légère inflexion des côtes. 

Rapports et différences. — Cette espèce est nettement caractérisée par sa 
forme triangulaire et ses sillons profonds; dans la P. unioides, les con- 
tours sont plus arrondis , l'extrémité postérieure plus relevée, les côtes 
moins marquées. 

Localités. — M. d'Orbigny indique cette espèce à Froschwiller (Alsace), 
à Haucourt (Moselle), à Langres; M. Agassiz pense que les échantillons qui 
ont servi à sa description proviennent du grès liasique. Nous avons ren- 
contré cette espèce dans le macigno d’Aubange, non loin de cette localité. 


5. PLeuroMYA HELENA. 
(PL. XXI, fig. 2) 


P. testà elongatä cylindraced ; anticè brevissimü, obtusä, cordatà ; poste- 
rius productà, compressé ; margine inferiore subarcuato, superiore recto, 
subdeclivi; umbonibus subanticis, crassis, inflatis, lunulam minüs excava- 
tam circumdantibus; valvis concentricè et regulariter costellatis, strisque 
radiantibus multis, punctalis, ornatis. 


Dimensions. — Longueur 29 mill.; hauteur 16; largeur 14; — (100 : 
DD : b1). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, renflée cylindroïde; côté 
antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe régulièrement cordi- 
forme; côté postérieur très-prolongé, assez élevé, ne présentant qu'un 
très-léger redressement à son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur 
légèrement arqué, le supérieur presque droit, un peu déclive; sommets 
très-antérieurs, situés à l'union du sixième antérieur avec les Ÿ/6 posté- 
rieurs , renflés et obtus, ne faisant qu’une légère saillie au-dessus du bord 
cardinal, circonscrivant antérieurement une petite lunule, peu excavée ; 
ouverture antérieure très-courte et n’occupant que l'extrémité de l'angle 
antéro-inférieur; la postérieure qui est peu marquée sur nos exemplai- 
res, paraît n’occuper que l'extrémité du bord supérieur. 

Les valves présentent des côtes concentriques régulières, bien marquées 


156 DESCRIPTION DES FOSSILES 


et assez saillantes; au lieu du sillon latéral, on ne voit qu’un léger aplatis- 
sement; une carène obtuse partant du sommet vers le bord inférieur-posté- 
rieur , sépare les flancs de la coquille de la région cardinale ; on observe 
encore sur les valves une multitude des stries rayonnantes très-serrées, 
formées de points très-petits, visibles seulement sous un grossissement, 
assez distants les uns des autres et non confondus comme dans la Ceromya 
strialo-punclata. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par sa forme cylin- 
droïde de la P. recurva et de la P. sinuosa, Roem. On la distingue 
facilement par ses sommets antérieurs, le peu de redressement de son 
extrémité postérieure, mais surtout par ses côtes longitudinales et ses 
stries rayonnantes. 


Localité. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy et a été 
trouvée près de cette ville. 
Observations. — Nous possédons deux échantillons de cette charmante 


petite espèce : l’un n’est qu’un moule sur lequel on voit encore distincte- 
ment les côtes longitudinales; l’autre a conservé sa valve droite et présente 
les dessins caractéristiques que nous avons mentionnés. 


G. PLEUROMYA TENUISTRIA. me 
(PI. XXI, fig. 5.) 


LuTRARIA TENUISTRIA. Münster, Goldf., 1854-40, Petref., p. 257, tab. 155, fig. 2. 
PLrEeurouYA = Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 245, pl. 24. 
PANOPAEA — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 275. 

P. testà elongatä, cylindraced; anticè brevissimä, obtusà, truncato-cor- 
datä; posterius productà, compressé, subresupinatä; margine inferiore 
arcualo, imprimis porticè, superiore reclo, subdeclivi; umbonibus anticis, 
crassis, involutis, distantibus, prominulis ; valvis concentricè el tenuè rugoso- 
strialis. 


Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 20; largeur 18; — (100 : 
55 : 50). 

Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, triangulaire, arrondie, 
subcylindroïde; côté antérieur très-court, coupé obliquement des sommets 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 157 


à la base, obtus, donnant une coupe renflée cordiforme; côté postérieur, 
prolongé, épais, arrondi à son extrémité, qui est très-légèrement relevée ; 
bord inférieur arqué, surtout en arrière; bord supérieur droit, peu déclive; 
sommets très-antérieurs, situés à l'union du cinquième antérieur avec les 
quatre cinquièmes postérieurs , obtus, peu enroulés et assez saillants au- 
dessus du bord cardinal, souvent séparés l’un de l’autre; ouverture anté- 
rieure allongée, commençant presque sous les crochets et atteignant le 
bord inférieur, la postérieure assez bâillante et occupant l'extrémité de la 
coquille. 

Valves présentant de très-faibles côtes longitudinales concentriques ; le 
sillon latéral des sommets à la base est fortement marqué dans toute sa 
longueur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue surtout par sa forme 
cylindroïde, le léger redressement de l'extrémité postérieure et son côté 
antérieur. 

Localités. — Goldfuss note cette espèce dans l’oolithe inférieur de 
Rabenstein, M. Agassiz dans celle de Durenast en Suisse, M. d'Orbigny 
l'indique à Mammers, à Moutiers, à Bayeux, etc. Nos échantillons pro- 
viennent du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. 


7. PLEUROMYA DECURTATA. 
(PL. XXI, fig. 8.) 


LoTrarIA DECURTATA. Goldfuss, 1859, Petref., p.257, pl. 155, fig. 5. 
PaNOPAEA = D'Orbigny, 1850, Prodr., I, p. 275. 


PL test transversä, subtrigonä, crassd ; anticè breviore, truncato-cordata, 
posterits attenuatà, rotundalä ; margine inferiore subarcuato, superiore de- 
clivi; umbonibus submedianis, crassis, inflatis, introrsüm incurvatis, lunu- 
lam latam, minùs excavatam cireumdantibus ; valvis (?) tenuè concentricè 
strialis. 


Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 25; largeur 18;—(100 : 67 : 48). 
Description. — Coquille peu inéquilatérale, légèrement transversale, 


triangulaire, à angles arrondis, assez ventrue, sa plus grande largeur se 
Towe XXV. 18 


158 DESCRIPTION DES FOSSILES 


trouve un peu en dessous des crochets; côté antérieur plus court, arrondi 
vers l'angle antérieur-inférieur , un peu obtus, donnant une coupe allon- 
gée cordiforme; côté postérieur prolongé, fortement atténué en une ex- 
trémité arrondie; bord inférieur presque droit, côté supérieur arqué, 
déclive; sommets situés à l’union des deux cinquièmes antérieurs avec les 
trois cinquièmes postérieurs, assez gros, renflés, recourbés en dedans, 
non proéminents, circonscrivant une lunule large et peu profonde; ouver- 
ture antérieure commençant un peu en dessous des crochets, et occu- 
pant l'angle inférieur; la postérieure paraît être moins allongée. 

Valves (?); le moule présente quelques sillons longitudinaux larges et peu 
profonds. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue par sa forme rac- 
courcie , son épaisseur et la position presque médiane de ses sommets. 

Localités. — Goldfuss l'indique dans l’oolithe inférieur de Rabenstein ; 
nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy près de cette ville. 

Observations. — Notre exemplaire n’est qu'un moule, comme l’étaient 
probablement ceux de Goldfuss ; la Lutraria decurtata de cet auteur n’est 
pas l’Amphidesma decurtatum de Phillips (Ag., p. 252). M. Agassiz pensait 
que la lutraire de Goldfuss était une variété de la PI. tenuistria; les carac- 
tères différenciels sont cependant assez tranchés pour pouvoir, à l’exem- 
ple de M. d'Orbigny , en faire deux espèces distinctes. 


8. PLEUROMYA ELONGATA. 


(PL XIX, fig. 3.) 


LUTRARIA ELONGATA. Munster, Goldf., 1854-40, Petref., p. 258, pl. 155, fig. 4. 
PLEUROMYA — Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 244, pl. 27, fig. 5-8. 
PanOPAEA SUBELONGATA. D'Orbig., 1850, Prodr., 1, 272. 


Pl. test elongatä; anticè abbreviatä, ovato-cordatà ; posterits productà, 
compressa, rotundalà ; margine inferiore prümim recto, dein arcuato ; supe- 
riore subhorizontali; umbonibus antemedianis, mediocriter incrassatis et pro- 
minulis ; valvis leviter et irrequlariter concentricè striatis. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 159 


Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 22; largeur 17; — (100: 
D : 47). 
Description. — Coquille inéquilatérale , allongée, peu renflée; côté anté- 


rieur raccourci, assez prolongé inférieurement; le postérieur plus allongé, 
comprimé, relevé vers son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur droit 
dans sa moitié antérieure, arqué et relevé dans le reste de son étendue ; 
bord supérieur horizontal dans sa plus grande partie, déclive seulement 
vers l'extrémité; sommets situés à l'union du tiers antérieur avec les deux 
tiers postérieurs, petits, peu enroulés, légèrement arqués en avant, un peu 
élevés au-dessus du bord cardinal; ouverture antérieure n’occupant que 
l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure plus prolongée, commençant 
un peu en arrière du milieu du bord cardinal et occupant le quart du 
bord inférieur. 

Les valves ne présentent que des ondulations longitudinales, simulant 
des côtes obtuses, et disparaissant en s’approchant des crochets ; le sillon 
latéral des sommets, vers la base, est large et peu marqué. 

Rapports et différences. — La forme allongée de cette espèce, la position 
de ses sommets la feront facilement distinguer de ses congénères. 

Localités. — Nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy, aux envi- 
rons de cette ville; Goldfuss l'indique dans l’oolithe inférieur, près d’Auer- 
bach; M. Agassiz dans l’oolithe ferrugineux de Durenast (Soleure), de 
Mogroeuve (Moselle); M. d'Orbigny, en France, à Bayeux. 

Observations. — Généralement les moules de cette espèce n’ont pas con- 
servé de traces des dessins de la coquille, notamment des rides concen- 
triques ; Goldfuss n’a probablement eu que des moules lisses; M. Agassiz 
ne connaît non plus que deux exemplaires qui aient conservé des rides; 
notre échantillon est un moule avec des ondulations et seulement quel- 
ques petites côtes. 


140 DESCRIPTION DES FOSSILES 


9. PLEUROMYA ALDUINI. 


(PL. XIX, fig. 4; pl. XX, fig. 4.) 


DONACITES ALDUINI. Al. Brongniart, Ann. des mün., t. IV, p.554, tab. 7, fig. 4. 

— — Bronn, 1855-58, Leth. geog., p. 578, tab. 20, fig. 17. 
LUTRARIA DONACINA. Roemer, 1856, Die Verstein., p. 194, tab. 9, fig. 14. 

—  Acpuni. Goldf., 1854-40, Petref., 11, p. 254, tab. 152, fig. 8. 
PLEUROMYA — Agassiz, 1849-45, Étud. crit. monog., p.242, pl. 22, fig. 10-22. 


PanOPAEA BRONGNARTINA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 555. 


Pl. testà transversä, subtrigond, crassä; anticè abbreviatä, obtusà, plus 
minüsvè cordiformi; posterius productä, altenuatà, rotundati ; margine in- 
feriore arcuato, imprimis posticè, superiore primim subrecto, dein declivi; 
umbonibus anticis, prominulis, plus minüsvè incrassatis, lunulam latam 
minus excavalam cireumdantibus ; valvis concentricè et regulariter striatis 
sulcalisque. 


Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 27; largeur 20; — (100 : 
67 : 50). 

Description. — Coquille inéquilatérale, transversale, triangulaire, arron- 
die, médiocrement ventrue : la plus grande épaisseur se trouve un peu en 
dessous des crochets; côté antérieur court, tronqué obliquement, arrondi 
vers l'angle inférieur, et donnant une coupe cordiforme, plus ou moins 
renflée selon l’âge; côté postérieur prolongé, atténué, marquant une légère 
tendance à se relever; bord inférieur légèrement arqué en avant, plus 
fortement en arrière; bord supérieur presque droit et accompagné de 
deux sillons parallèles bien marqués; sommets antérieurs, situés à l’u- 
nion du quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, faisant légère- 
ment saillie au-dessus du bord cardinal, renflés, surtout dans les individus 
adultes, peu enroulés en dedans et circonscrivant une lunule large, peu 
profonde, assez mal limitée ; l'ouverture antérieure étroite, allongée, com- 
mençant dans la lunule, occupant l’angle inférieur-antérieur et une partie 
du bord inférieur ; la postérieure occupant l’angle postérieur de la coquille. 

Les valves, lorsque le test existe, présentent des rides concentriques 
longitudinales, fines, serrées, et des ondulations plus grosses , faiblement 
marquées, disposées comme les stries. Lorsque le test a disparu, ces 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 141 


ondulations semblent mieux marquées et occupent toute la surface de la 
coquille. La dépression des flancs est faible et bon nombre d'exemplaires 
n'en conservent aucune trace. 

Rapports et différences. —Les sillons longitudinaux de cette espèce la distin- 
guent bien de la plupart des pleuromyes, chez lesquelles ils ne sont pas en 
général aussi marqués; on les retrouve cependant dans les PI. aequistriata et 
rostrata Ag., qui se rencontrent dans les mêmes couches; mais la première 
se distingue par sa forme plus raccourcie, la seconde par son extrémité 
postérieure plus longue, plus atténuée et la proéminence de ses crochets. 

Localités. — Goldfuss signale cette espèce dans le lias d’Altdorf et au 
Harz, dans l’oolithe inférieur de l'Alsace, du Wurtemberg; M. Agassiz à 
Goldenthal dans le canton de Soleure; M. d'Orbigny en France, à Chau- 
four (Sarthe) ; nous l’avons rencontrée dans différentes couches. On trouve 
des moules assez bien conservés dans le macigno d’Aubange, à Aubange, 
et près de Virton; dans la marne de Grand-Cour, au sud de S'-Mard, on la 
trouve dans des blocs de calcaire bleu, et quelques échantillons y conser- 
vent leur test; enfin, dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette 
ville. 


Genre CEROMYA, Acassrz. 


Testa inaequivalvis (?) inaequilateralis, libera, ovata vel cordiformis, 
tenuis ; impressiones musculares duae, mins profundae; impressio pallealis 
posticè valdè sinuosa; cardo simplex, edentulus ; lamella valvae dextrae ab inte- 
riore parte ad umbonem obliquè ascendens ; ligamentum externum, anqustum. 


Animal inconnu. 

Coquille ovale ou cordiforme, très-inéquilatérale (? inéquivalve, la valve 
droite un peu plus grande que la gauche). Crochets plus ou moins grands, 
rapprochés, opposés. Test très-mince. Impressions musculaires peu sail- 
lantes; la postérieure arrondie. Impression palléale largement sinueuse 
du côté postérieur; une côte sinueuse remontant obliquement de l’inté- 
rieur sur le bord cardinal de la valve droite. Charnière simple et sans 
dents, formée sur la valve gauche par une expansion du bord cardinal, 


142 DESCRIPTION DES FOSSILES 


qui se prolonge au delà du plan des bords de la valve; elle est entaillée 
en arrière du crochet, et les bords de l’entaille sont relevés de manière 
qu'ils figurent presque deux dents divergentes; cette expansion s’insère 
dans l’intérieur de la valve droite, qui en porte une autre plus petite, et 
à la partie postérieure seulement. Ligament étroit, allongé, fixé à la valve 
gauche, dans une fente extérieure située à la base de l'expansion denti- 
forme postérieure, et à la valve droite sur le bord cardinal lui-même, 
qui est légèrement cannelé. 

Le genre Ceromya a été établi par M. Agassiz pour des espèces confon- 
dues à cette époque avec les isocardes. M. Deshayes (Traité élément. de 
conch., t. 1, p. 159) y a réuni les gresslyes du même auteur, et les carac- 
tères du genre ont été successivement complétés par MM. Deshayes et 
Buvignier. Ce dernier, auquel nous avons emprunté le caractéristique ci- 
dessus, doute que ces coquilles soient réellement inéquivalves; la mobilité 
des valves et le peu de solidité de la charnière le portent à croire que le 
plus souvent les valves se sont dérangées dans la fossilisation. 

Les céromyes et les gresslyes de M. Agassiz composeront donc le genre 
Ceromya, bien distinct du genre Lyonsia, auquel M. d'Orbigny avait voulu le 
réunir. Elles appartiennent presque toutes aux terrains jurassiques et ne 
se rencontrent guère qu'à l’état de moule. 


A. CEROMYA LUNULATA. 
(PI. XXL, fig. 7.) 
GRESSLYA LUNULATA. Ag. 1845, Étud. crit. monog., pl. 15, fig. 7-10, pl. 15a, fig. 1-4. 


7- 
—  OVATA. Ag, 1845, id. id., pl. 15, fig. 4-6, pl. 15h, fig. 7-9. 
LyYONSIA LATIROSTRIS (sp.). D'Orb., Prodr., 1850, 1, p. 505. 


C. testà elongatä, inflatà; anticè abbrevialä, cordato-truncatà, posterius 
productà, rotundatä; margine inferiore paulisper arcualo, superiore sub- 
recto, declivi; sulculo cardinali profundiori; umbonibus anticis, parvis, subin- 
volutis, lunulam parvam, excavatam circumdantibus ; valvis concentricè sub- 
tiliter striatis. 


Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 51 ; largeur 24; — (100 : 
64 : 50). 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 145 


Description. — Coquille inéquilatérale, ventrue; côté antérieur raccourci, 
assez obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur prolongé, 
élevé, comprimé, arrondi à son extrémité ; bord inférieur très-peu arqué; 
bord supérieur presque droit et peu déclive en arrière; sillon cardinal 
bien marqué, courbe et assez allongé; sommets très-antérieurs, petits, fai- 
blement enroulés et faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal, 
avec une petite lunule un peu excavée; ouverture antérieure étroite, n’oc- 
cupant que l'angle antérieur-inférieur de la coquille; la postérieure un 
peu plus large, mais peu allongée. 

Valves présentant de très-fines stries d’accroissement, irrégulièrement 
entremêlées de rides un peu plus fortes. 

Rapports et différences. — Cette céromye varie pour la forme générale ; 
cependant on la distingue facilement de la C. truncata par sa forme moins 
obtuse en avant et ses crochets moins antérieurs; de la C. latior, par sa 
longueur relativement plus grande; enfin, de la C. major, parce qu'elle est 
moins bombée, que ses sommets sont beaucoup plus petits. 

Localités. — M. Agassiz donne cette espèce comme très-commune dans 
l'oolithe inférieur du Jura suisse ; M. d’Orbigny la note dans l'étage batho- 
nien ; nous en avons rencontré plusieurs exemplaires dans le calcaire de 
Longwy, aux environs de cette ville. 

Observation. — Nos échantillons se rapportent davantage à la C. ovata 
Ag., que cet auteur regarde comme une variété de la lunulata. 


2. CEROMYA STRIATO-PUNCTATA. 
(PL. XXI, fig. 5) 


LUTRARIA STRIATO-PUNCTATA. Munster, Goldf., 1854-40, Die Petref., pl. 152, fig. 11. 
GRESSLYA — Agass., 1842-45, Etud. crit. monog., p. 204 et 206. 
LyoxsrA — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 274. 


C. testà obovalo-rotundatä; anticè cordato-truncatä, posterius productà, 
rotundatä; margine inferiore subarcuato, superiore convexo-declivi ; umbo- 
nibus subanticis; antrorstm involutis, lunulam parvam, mints excavalam 
cireumdantibus; valvis concentricè irrequlariter multistriatis ; lineisque ra- 
diantibus subtilissimis, confertis, granulatis. 


144 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 50; larg. 25;—(100 : 71 : 54). 

Description. — Coquille inéquilatérale , médiocrement ventrue, à con- 
tours arrondis; côté antérieur raccourci, arrondi, cordiforme-allongé , 
côté postérieur prolongé, arrondi; bord inférieur tranchant, peu arqué; 
bord supérieur convexe et assez déclive en arrière, sans aire cardinale 
distincte, avec une lunule assez bien circonscrite, mais peu profonde; 
ouverture antérieure occupant tout l’angle antérieur et s’avançant jus- 
qu’au tiers antérieur du bord inférieur; la postérieure, si elle existe, est 
très-petite. 

Les valves présentent une foule de rides et de stries longitudinales 
concentriques; on remarque, en outre, de faibles côtes rayonnantes, très- 
serrées, granulées : les granulations presque confluentes, visibles seule- 
ment à la loupe. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la C. lunulata 
pour la forme générale; elle est cependant un peu plus comprimée; elle 
se distingue, du reste, parfaitement de toutes les autres espèces par ses 
côtes rayonnantes granulées. 

Localités. — Goldfuss indique cette espèce dans l’oolithe inférieur du 
Wurtemberg; notre échantillon provient du calcaire de Longwy, et a été 
trouvé aux environs de cette ville. 

Observations. — C’est un moule jaune, ferrugineux, avec quelques restes 
de test; il ne présente pas d’impressions musculaires, et nous n'avons pu 
y trouver le sillon cardinal de la valve droite. 


5. CEROMYA TRUNCATA. 


(PI. XXI, fig. 1.) 


Uno perrGrinus. Phil, 1829, Forks., p. 115, pl. VIT, fig. 12. ? 

GRESSLYA TRUNCATA. Ag., 1842-45, Étud. crit., Monogr., p. 215, pl. 19h, fig. 4-6. 
—  ROSTRATA. Ag., id. id, id, pl. 12h, fig. 7-9. 

LyonsiA PrREGRINA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 505. ? 


C. testà elongatä, cuneiformi ; anticè brevissimä , obtusà, cordato-truncata, 
posleriùs product, compressé, rotundatà ; margine inferiore subarcuato ; 
superiore convexo, posticè declivi ; umbonibus anticis, antrorstm involutis, 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 145 


lunulam magnam circumdantibus, sulculo cardinali mediocriter obliquo ; 
valvis concentricè trregulariter striatis. 


Dimensions. — Longueur 54 mill.; hauteur 58; largeur 51; — (100 : 70 : 
57). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale; côté antérieur raccourci, for- 
tement obtus, donnant une coupe régulièrement cordiforme; côté posté- 
rieur comprimé, en forme de coin, surtout à son extrémité, où les bords 
deviennent tranchants:; bord inférieur très-légèrement arqué; le supérieur 
un peu convexe derrière les crochets et très-déclive vers l'extrémité posté- 
rieure; sillon cardinal bien marqué et peu oblique; sommets antérieurs 
assez développés, enroulés en avant et en bas avec une lunule large, cordi- 
forme et assez profonde; on ne distingue aucune ouverture antérieure; la 
postérieure est peu allongée, peu bâillante et n’occupe que l'extrémité de 
la coquille. 

Lorsque le test est conservé, on distingue, entre une multitude de fines 
stries d’accroissement, d’autres rides concentriques un peu plus fortes, du 
reste irrégulières. 

Les impressions musculaires sont bien visibles sur l’un de nos exem- 
plaires; l'impression postérieure est arrondie; l’antérieure pyriforme, 
allongée ; l'impression palléale part de l'extrémité inférieure de cette der- 
nière, longe le bord inférieur de la valve, aux quatre cinquièmes posté- 
rieurs, se recourbe en haut et en avant jusqu’au delà du milieu, puis forme 
une seconde courbure en haut et en arrière pour gagner le bord infé- 
rieur de l'impression musculaire postérieure. 

Rapports et différences. — Les espèces réunies par M. Agassiz dans son 
genre Gresslya ont toutes une forme générale plus ou moins cunéiforme , 
mais dans aucune ce caractère n’est aussi marqué que dans la GC. truncata. 

Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l'oolithe inférieur du 
département du Bas-Rhin; nos échantillons proviennent d’une faible couche 
de marne bleue que l’on trouve au NO. de Longwy, dans le calcaire de 
ce nom. 


= 


Toue XXV. 1 


146 DESCRIPTION DES FOSSILES 


4. CEROMYA CONFORMIS. 


(PL. XXL, fig. 4.) 


GrESsLYA CONFORMIS. Agassiz, 1845, Étud. crit. monogr., p. 211 , pl. 15», fig. 4-6. 


C. testä elongalä, ovoided ; anticè abbreviatà, truncato-cordatü ; posterits 
productà, altà, rotundatä ; margine inferiore arcualo, superiore convexo- 
declivi; suleulo cardinali distinclo, minüs obliquo; umbonibus anticis, mi- 
nulis, antrorstm subinvolulis, saepiùs disjunctis, lunulam parvam, excava- 
tam cèrcumdantibus ; valvis concentricè striatis et irrequlariter costellatis. 


Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 27; largeur 19 ; — (100 : 
67 : 47). 
Description. — Coquille inéquilatérale, oblongue, à contours arrondis ; 


côté antérieur raccourci, donnant une coupe allongée cordiforme; côté 
postérieur prolongé, assez élevé, légèrement comprimé, arrondi à son 
extrémité; bord inférieur assez fortement arqué, tranchant; le supérieur 
convexe, déclive en arrière; sillon cardinal distinct, peu profond, très- 
faiblement oblique; sommets antérieurs, petits, peu contournés en avant, 
le plus souvent disjoints, avec une petite lunule assez profonde; ouverture 
antérieure étroite, commençant sous les crochets et se prolongeant jus- 
qu’au quart antérieur du bord inférieur; la postérieure un peu plus large 
mais moins allongée. 

Valves présentant une foule de stries d’accroissement entremélées de 
côtes longitudinales concentriques, peu élevées et irrégulières. 

Rapports et différences. — Des analogies marquées rapprochent cette 
espèce de la C. lunulata, cependant sa forme est plus comprimée, son bord 
cardinal est convexe et son côté postérieur plus élevé. 

Localités. — M. Agassiz note cette espèce dans l’oolithe inférieur de Nor- 
mandie : nos échantillons proviennent du calcaire de Longwy et se rencon- 
trent assez fréquemment aux environs de cette localité. 

Observation. — Dans le Prodrome de Paléontologie, M. d'Orbigny a 
réuni divers types décrits comme espèces distinctes par M. Agassiz, ainsi 
ce n’est peut-être pas à tort qu'il réunit les Gresslya latior et conformis, Ag., 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 147 


cependant comme nos exemplaires ne sont pas assez nombreux pour nous 
montrer les passages, nous les distinguerons comme l’a fait M. Agassiz. 


5. CEROMYA GREGARIA. 
(PI. XXI, fig. G.) 
LuTRARIA GREGARIA. Roemer, 1856, Oolit. F'ersteën., p. 124, pl VIE, fig. IL. 


— — Goldfuss, 1854-40, Die Petref., pl. 152, fig. 10. 
GRESSLYA — Ag., 1842-45, Étud. crit. monogr., p. 204 (non décrite). 


CERoMYA — Desh., 1855-50, Trait. élém. de conch., 1, p. 165, pl. 12h, fig. 5, 4, 5. 


C. testä subventricosä; anticè abruptè declivi, truncato-cordiformi; poste- 
rius product, subrotundatà; margine inferiore subarcuato ; superiore pri- 
miun recto, dein arcuato, magisque declivi; umbonibus subanticis, parvis et 
prominulis, lunulam parvam, sub-excavatam circumdantibus ; valvis con- 
centricè el irrequlariter striatis. 


Dimensions. — Longueur 44 mill.; hauteur 52; largeur 25; — (100 : 
72,:,52). 

Description. — Coquille peu allongée, médiocrement ventrue ; côté anté- 
rieur raccourci, obtus, donnant une coupe allongée cordiforme; côté 
postérieur prolongé, fortement comprimé, ce qui rend son bord tranchant; 
angle postérieur un peu arrondi; bord inférieur peu arqué, aigü ; bord 
supérieur droit et peu déclive dans les trois quarts de sa longueur, arqué 
et plus déclive à l'extrémité. Sommets subantérieurs situés à l’union du 
quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, assez petits, légèrement 
contournés en avant, un peu proéminents au-dessus du bord cardinal et 
circonscrivant une petite lunule assez profonde; l’ouverture antérieure 
paraît nulle ; la postérieure est étroite et tout à fait postérieure. 

Les valves présentent une quantité de fines stries d’accroissement très- 
légères et quelques rides plus fortes, entremêlées, mieux marquées vers 
la région antérieure. 

apports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des autres 
céromyes par ses sommets proéminents et la compression de son extré- 
mité postérieure. 


Localités. — Elle paraît assez répandue dans les couches jurassiques 


148 DESCRIPTION DES FOSSILES 


inférieures, d’après Goldfuss et M. Roemer : le premier l'indique aussi 
dans le lias d’Altdorf. Notre échantillon provient du lias; nous l'avons 
trouvé entre Gorey et Ville, dans le macigno d’Aubange. 

Observation. — D’après la remarque de M. Agassiz, l'espèce figurée 
par Zieten, tab. 64, fig. 1, sous le nom de Lutraria gregaria, ne serait 
pas une Gresslya; du reste, elle est bien distincte de l'espèce décrite ci- 
dessus. 


G. CEROMYA LATIOR, Agassiz. 


(PI. XXI, fig. 2. 


GRESSLYA LATIOR. Agassiz, Étud. crit. monogr., p. 210, pl. 15b, fig. 10-12, 19h, fig. 11-19. 
Lyonsia ABpucrTA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 274. 


C. testà transversà, inflatä, subcuneiformi; anticè breviore, obtusü, cor- 
datä; posterius productä, altä, compressä ; margine inferiore subrecto ; 
superiore convexo-declivi; umbonibus anticis, antrorsüm subinvolutis, crassis, 
lunulam mins excavatam circumdantibus ; valvis concentricè leviter striatis. 


Dimensions. — Longueur 60 mill.; hauteur 42; largeur 52; = (100 : 
70 : 50). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale , renflée surtout dans la ré- 
gion des crochets; côté antérieur obtus, raccourci, donnant une coupe cor- 
diforme légèrement allongée; côté postérieur prolongé, assez élevé, com- 
primé, angle inférieur-postérieur arrondi; bord inférieur presque droit, 
aigu et tranchant; supérieur convexe, arrondi, déclive à sa partie posté- 
rieure ; sillon cardinal faible et peu oblique; sommets antérieurs, assez 
gros et peu enroulés, avec une petite lunule peu profonde; ouverture anté- 
rieure commençant sous les crochets et se prolongeant jusqu’au bord 
inférieur; la postérieure plus petite et n’occupant que l'extrémité. 

Valves très-finement striées longitudinalement. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la C. truncata, 
par son angle antérieur-inférieur plus prolongé, de sorte que les sommets 
sont moins antérieurs; elle est plus comprimée, et son extrémité posté- 
rieure est moins arrondie. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 149 


Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy, aux 
environs de cette ville; M. Agassiz l'indique dans l’oolithe inférieur du 
Wurtemberg et du département du Bas-Rhin. 

Observation. — Cette céromye pourrait bien n'être qu'une variété locale 
de la C. lunulata, comme le remarque M. Agassiz lui-même; mais elle 
est constamment plus grande, un peu plus renflée et relativement plus 
allongée. 


Genre ASTARTE, Sowerby. 


Venus, Linn., Montagu, Blainv., etc. 
Asrante, Sow., Desh., Fér., Goldf., Roem., De Kon., Nyst, etc. 
Crassina, Lam. 


Testa aequivalvis, inaequilateralis, clausa; cardo dentibus duobus diver- 
gentibus subaequalibus, validis in valvä dexträ, antico minuto in altera ; 
ligamentum externum in latere longiore; impressiones musculares tres, qua- 
rum una minima postlerior ; impressio pallealis simplex. 


Animal peu connu. 

Coquille équivalve, inéquilatérale, close; charnière ayant deux fortes 
dents divergentes et à peu près de même grandeur sur la valve droite; sur 
la valve gauche une grosse dent et à côté une autre obsolète. Ligament 
extérieur sur le côté le plus long. Trois impressions musculaires sur 
chaque valve, deux latérales oblongues, simples ; la troisième très-petite 
et postérieure. Impression palléale simple. 

Ce genre , nombreux en espèces fossiles, se montre pour la première 
fois dans les couches anthraxifères, se continue dans les formations sui- 
vantes et subsiste encore à l'époque actuelle. 


1. ASTARTE CONSOBRINA. 
(PI. XXII, fig. 5.) 


A. testä transversd, subletragonä, compressé; anticè rotundata, abbre- 
viatä ; poslicè productà, compressä ; umbonibus minulis, subanticis ; lunula 


150 DESCRIPTION DES FOSSILES 


impressä; area cardinali, lanceolatä ; valvis costis concentricis et irrequla- 
ribus ornatis. 


Dimensions. — Longueur 22 mill. ; hauteur 16; épaisseur 7 ; — (100 : 
15 : 92). 
Description. — Coquille transversale, subtétragone, plus longue que 


haute, comprimée; côté antérieur très-court, à bord arrondi; côté posté- 
rieur allongé, comprimé vers le haut par une dépression partant du 
sommet, bord tronqué obliquement, subarrondi; bords inférieur et supé- 
rieur à peine convexes, presque parallèles ; sommets très-petits, dirigés en 
avant, presque complétement antérieurs; lunule ovale, allongée, plus ou 
moins déprimée et carénée sur les bords; aréa lancéolée, limitée par 
deux carènes aiguës. 

Valves munies de côtes concentriques peu régulières, nombreuses, 
(20-25) séparées par des espaces à peu près égaux. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des A. subtetragona et 
striato-sulcata. Elle s’en distinguera facilement, par la position de ses som- 
mets, sa longueur relative, sa taille, ses côtes, et surtout la dépression 
postérieure. 

Localités. — Gette espèce n’est pas rare dans la marne de Jamoigne, où 
on la rencontre dans beaucoup de localités, Chiny, Izel, S'-Cécile, La 
Cuisine, près d’Attert, etc. 

Observation. — Elle varie un peu quant à la longueur, à la régularité 
des côtes et à la profondeur de la lunule; plus souvent encore on la trouve 
accidentellement comprimée, de sorte que le sillon qui s'étend des cro- 
chets au bord postérieur s’affaiblit plus où moins. 


2. ASTARTE SUBTETRAGONA. 
(PL. XXII, fig. 4.) 
ASTARTE EXCAVATA. Goldf., 1839 , Petref., I, p. 190, pl. 154, fig. 6 (exclusis a, b.) 
— — Roem., 1859, Die V’erstein. Nacht., p. 40 (non Sow.) 


= SUBTETRAGONA. Munst. in Roem., de 4st. genere, 1842. p. 15. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 255. 


A. teslä convexà, ovalo-subrhomboïdali, anticè truncatà ; umbonibus an- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 151 


ticis ; lunul ovali, marginatäà ; valvis costis reqularibus aculis ornatis, inter- 
slitiis duplo latioribus. 


Dimensions. 
20? : 81). 
Description. — Coquille convexe, ovale subrhomboïdale, inéquilatérale: 


Longueur 25 mill.; largeur 12?; hauteur 20; = (100 : 


bord antérieur tronqué presque perpendiculairement; bord postérieur 
arrondi; l'inférieur et le supérieur parallèles, presque droits; sommets 
antérieurs, aigus, inclinés en avant; lunule ovale, profonde, à bords 
relevés; aire cardinale étroite, lancéolée, terminée par des bords aigus. 
très-élevés; le ligament n’en occupe que la moitié. 

Valves ornées de côtes concentriques régulières, assez aiguës, séparées 
par des intervalles au moins deux fois plus larges, légèrement concaves. 

Rapports et différences. — Cette coquille est très-distincte de FA. excavata 
Sow., par sa forme générale, par son bord supérieur beaucoup moins 
convexe, par sa Junule plus ovalaire, par ses côtes moins nombreuses. 
Goldfuss et M. Roemer lui attribuent des côtes séparées par des intervalles 
quatre fois plus larges qu’elles; nous les trouvons seulement environ deux 
fois plus larges, tels qu'ils sont très-bien représentés dans les figures c et 
d de Goldfuss. Nous en excluons les figures a et b que ce savant paléonto- 
logiste regarde comme de jeunes individus; c’est bien probablement l'A. 
complanata , de M. À. Roemer, que Goldfuss donne comme synonyme, 
mais que F. Roemer, dans sa monographie du G. Astarte, regarde comme 
bien distincte. 

Localité. — Cette espèce appartient au lias supérieur; nous l'avons 
rencontrée dans le calcaire subordonné à la marne de Grand-Cour, près 
de Ville, où elle est rare. 


Genre CARDINIA, Agassiz. 


Mya, Martin, Hoenighaus, etc. 

Uno, Sowerby, Zieten, Roemer, Goldfuss, Koch et Dunker, ete. (sp.). 
Cyraeres, Goldf. (sp.). 

Pacnyopon, Stutchbury. 

Sixemunia , De Christol. 


Tesla aequivalvis, inaequilateralis, transversa, non affixa ; impressiones 


152 DESCRIPTION DES FOSSILES 


musculares profundissimae, antica simplex ; cardo, dente unico in uträque 
valva, dens valvae dextrae cardinalis subanticus, foveae valvae sinistrae oppo- 
situs; dens valvae sinistrae posticus elongatus, foveae valvae dextrae oppositus ; 
pallium integrum ; ligamentum externum. 


Coquille équivalve, transverse, inéquilatérale, libre, complétement 
fermée; impressions musculaires extrêmement développées de manière à 
former des reliefs très-prononcés sur les moules; l'impression antérieure 
simple et non munie de faisceaux accessoires, comme dans les Unio, dont 
ce genre est très-voisin. Charnière formée d’une dent et d’une fossette sur 
chaque valve; dent de la valve droite située un peu en avant des crochets, 
correspondant à une fossette de la valve gauche; dent de la valve gauche 
postérieure aux crochets, allongée, non canaliculée, comme cela se voit 
dans les Unio, correspondant à une fossette de l’autre valve. Impression 
palléale entière, ligament externe. Crochets jamais exfoliés. 

Ce genre d'animaux marins ne se montre que dans les terrains ju- 
rassiques. 


1. CARDINIA SUBAEQUILATERALIS. 
(PL XXII, fig. 5.) 


C. testä elongalo-ovatà ; anticè alt@, rotundatä; posterius productà, mi- 
nimè attenuatà, rotundatà ; margine inferiore paulisper arcuato; superiore 
subrecto, posterits declivi; umbonibus submedianis, acutis, transversèm in- 
flatis, lunulam parvulam cireumdantibus ; valvis concentricè et irregulariter 
strialis sulcatisque. 


Dimensions. — Longueur 45 mill.; hauteur 20; largeur 15; — (100 : 
46 : 55). 

Description. — Coquille peu inéquilatérale, fortement allongée, arrondie 
à ses deux extrémités; tout le corps de la coquille est assez fortement 
bombé; les bords seulement sont amineis. Côté antérieur allongé, plus 
haut que le postérieur, se relevant légèrement vers le bord supérieur, 
régulièrement arrondi; le côté postérieur est un peu plus long que l’anté- 


rieur; il s’atténue très-légèrement vers l’extrémité postérieure, qui est 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155 


arrondie; bord inférieur, faiblement arqué, le supérieur droit et un peu 
relevé en avant des sommets, convexe et légèrement déclive en arrière. 
Sommets presque médians, fortement renflés transversalement, faisant 
une légère saillie et circonscrivant une lunule ovale, allongée, étroite et 
assez profonde. 

Valves présentant une multitude de stries concentriques, et entre elles 
quelques sillens mieux marqués, séparant des lamelles minces; latérale- 
ment une dépression partant des sommets se dirige en arrière vers le bord 
inférieur. 

Rapports et différences. — On ne pourrait confondre cette cardinie avec 
aucune autre; sa forme allongée, subéquilatérale, la hauteur de son 
côté antérieur la distinguent suffisamment. 

Localité. — Cette espèce se rencontre dans la marne de Jamoigne, sur la 
route de Florenville à La Cuisine. Elle paraît assez rare. 

Observations. — Nous ne possédons qu'un seul exemplaire de cette jolie 
espèce; il est muni de ses deux valves, et nous n'avons pu voir la char- 
nière; mais sa structure, sa dépression latérale ne permettent pas de 
douter que ce ne soit une cardinie. 


2. Carina Nizsoni. 
(PI. XXIL, fig. G.) 


Uno Nisoni. Koch, 1857, Beitrag. zür Kennt. Ool., p.18, pl. 1, fig. 1. 
Carpinia Nissonr. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 217. 


C. testà transverst , subtrigond ; anticè abbreviatà , rotundato-truncat , 
compresso-cordiformi; posticè attenuato-productà ; margine inferiore leviter 
arcualo; superiore subrecto, declivi; umbonibus subanticis, prominulis, 
lunulam parvam, mints excavatam cireumdantibus ; valvis concentricè et 
regulariter sulcalis ; lateraliter levissimè complanatis. 


Dimensions. — Longueur 54 mill.; hauteur 20; largeur 12; — (100 : 
D8 : 54). 
Description. — Coquille inéquilatérale, oblongue, triangulaire, égale- 


ment épaisse sur la plus grande partie de sa longueur ; côté antérieur très- 
Tower XXV. 20 


154 DESCRIPTION DES FOSSILES 


raccourci, arrondi, donnant une coupe allongée cordiforme ; côté posté- 
rieur prolongé, régulièrement aminci vers l'extrémité postérieure, qui est 
arrondie; bord inférieur légèrement courbé, bord supérieur presque 
droit et déclive; sommets très-antérieurs, situés à l'union du cinquième 
antérieur avec les quatre cinquièmes postérieurs, petits, peu enroulés, 
formant le point culminant de la coquille et circonscrivant une petite 
lunule allongée, peu profonde. 

Les valves présentent 15 ou 16 sillons concentriques, peu profonds, 
assez réguliers, limitant des lamelles fines et offrant aussi quelques stries 
concentriques : les valves sont très-légèrement aplaties sur la plus grande 
partie de leur surface, et forment sur les côtés du bord postérieur des 
bourrelets médiocrement épais, non saillants au-dessus du bord, si ce 
n’est un peu en arrière des crochets. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des C. Listeri et 
hybrida par sa forme triangulaire; mais ici cette forme est plus allongée 
et le bord supérieur n’est pas aussi convexe; d’autre part, les bourrelets 
des valves sont moins saillants et la dépression latérale bien moins mar- 
quée. M. Stutchbury a décrit, sous le nom de Pachyodon cuneatus, une 
espèce aussi de forme triangulaire, mais dont le bord inférieur est bien 
plus tranchant et, en somme, plus fortement comprimée. 

Localités. — D’après Koch, cette espèce se trouve en Allemagne, dans 
les marnes liasiques inférieures avec l’Ammonites angulatus. En Belgique, 
nous l’avons aussi trouvée avec cette ammonite dans la marne de Ja- 
moigne, dans les couches marneuses exploitées aux environs de cette 
localité. 


5. CARDINIA ANGUSTIPLEXA. 
(PI. XXL, fig. 4.) 


C. testä transversä, rotundato-trigon&, compressä; anticè abbreviatà , 
ovalo-truncalà ; posterius productä, attenuatà ; margine inferiore subrecto ; 
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, parvis, prominulis, lunulam 
parvam circumdantibus ; valvis concentricè et regulariter costatis, posticèque 
complanatis. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 155 


Dimensions. — Longueur 47 mill.; hauteur 52; largeur 14; — (100 : 
68 : 29). 

Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, triangulaire, à angles 
arrondis, comprimée, sa plus grande épaisseur se trouve en-dessous et un 
peu en arrière des crochets; côté antérieur court, arrondi, donnant une 
coupe ovalaire un peu amincie à ses extrémités; côté postérieur plus 
allongé, diminuant peu à peu de hauteur, jusqu'à l'extrémité qui est 
large, arrondie et placée près du bord inférieur; celui-ci est presque droit, 
légèrement courbé à ses deux extrémités; bord supérieur convexe, très- 
déclive. Sommets subantérieurs, situés à l’union du tiers antérieur avec 
les deux tiers postérieurs, petits, saillants et circonscrivant une lunule 
petite et assez profonde. 

Les valves présentent 10 à 12 côtes concentriques longitudinales, éga- 
lement espacées, très-régulières, égalant en largeur le tiers des espaces 
qui les séparent, formées par le soulèvement et le renflement du bord 
libre des lamelles d’accroissement : sur ces lamelles on voit encore quel- 
ques stries légères, parallèles aux côtes. Un renflement large et aplati 
part des sommets et va s’atténuant vers le bord inférieur postérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue nettement des autres 
cardinies par la disposition régulière de ses côtes, par son bord inférieur 
presque droit et par son renflement latéral. 

Localités. — Elle se trouve dans la marne de Jamoigne; nous l'avons 
rencontrée à Moyen et à Termes. 


4. CARDINIA LAMELLOSA. 
(PI. XXII, fig. 8.) 


CYTHEREA LAMELLOSA.  Goldfuss, 1839, Petref., p. 237, pl. 149, fig. 8, a, b. 
CARDINIA SUBLAMELLOSA. D’Orb., 1850, Prodr., 1, p.217. 


C. testä transversä, irrequlariter ovoïded, compressä; anticè abbreviatà , 
rotundatà, oblongo-ovatà ; posterits productà, altä; margine inferiore pau- 
lisper arcuato ; superiore convexo-declivi ; umbonibus anticis, minutis, acutis, 
lunulum parvam circumdantibus; valvis concentricè irrequlariter striatis 
sulcatisque. 


156 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 25; largeur 7-10; — (100 : 
68 : 18-28). 

Description. — Coquille inéquilatérale, peu allongée, irrégulièrement 
ovoide, fortement comprimée, la plus grande épaisseur se trouvant vers 
les sommets ; côté antérieur court, largement arrondi, donnant une coupe 
allongée ovalaire, renflée vers le haut; côté postérieur médiocrement pro- 
longé, assez élevé et se terminant en un angle large et arrondi; bord infé- 
rieur très-légèrement arqué; le supérieur convexe et déclive en arrière. 
Sommets subantérieurs, situés à l’union du cinquième antérieur avec les 
quatre cinquièmes postérieurs, très-petits, un peu dirigés en avant el 
assez aigus, circonscrivant une petite lunule allongée et assez profonde. 

Valves présentant des stries d’accroissement nombreuses, légèrement 
irrégulières, et, entre ces stries, des sillons plus forts en nombre très- 
variable, limitant des lamelles inégales entre elles, un peu soulevées à 
leur bord libre, où elles sont parfois légèrement renflées en bourrelet, 
surtout vers le bord inférieur des valves. Celles-ci forment sur les côtés 
du bord supérieur deux bourrelets épais vers les sommets et un peu en 
arrière, de là allant en s’amincissant vers l'angle inférieur postérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la C. unioïdes Ag. 
par la position antérieure de ses sommets et sa plus grande épaisseur à la 
région des crochets. Elle se rapproche encore de la C. quadrata du même 
auteur; cependant, outre que son bord supérieur est moins élevé, son 
épaisseur est beaucoup moindre. 

Localités. — Goldfuss signale cette espèce dans le lias inférieur du Wur- 
temberg; M. d’Orbigny, à Beauregard, dans le département de la Côte- 
d'Or. Elle est très-commune dans le lias du Luxembourg et se trouve dans 
la marne de Jamoigne; nous l’avons trouvée à S':-Cécile, sur la route de 
Florenville, à La Cuisine, à Chiny, à Izel, au moulin de Brevanne, 
à Moyen, etc. 

Observations. — M. Strickland, qui a étudié dans ces derniers temps les 
cardinies de l'Angleterre, pense que l'espèce décrite par M. Agassiz, sous 
le nom de C. amygdala, n'est que le jeune âge de la C. lamellosa; nous 
n'avons pas rencontré l’amygdala; de sorte que nous nous bornerons à 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 157 


signaler ce rapprochement. Dans le Prodrome, l'espèce de Goldfuss est 
appelée C. sublamellosa ; l'espèce de Goldfuss nous semble devoir conserver 
son nom, d'abord parce qu'il est antérieur et que M. d'Orbigny doute que 
la Sanguinolaria lamellosa de Goldfuss soit bien une cardinie. 


5. CARDINIA UNIOIDES. 
(PL. XXIIE, fig. 4.) 


CarDiniaA UMIOIDES. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. Monogr., p. 225, tab. 19, fig. 7-9. 
- — D'Orbigny, 1850. Prodr., 1, p. 217. 


C. test transversä, ovoïded, compressd ; anticè altà, rotundatä, posterius 
subattenuatà, rotundatà; margine inferiore arcuato; superiore convexo, mi- 
nus declivi; umbonibus submedianis, minutis, acutis, prominulis ; valvis con- 
centricè et subrequlariter striatis sulcatisque. 


Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 25; largeur 10; — (100 : 
71 : 28). 
Description. — Coquille peu inéquilatérale, transversale, comprimée , 


sa plus grande largeur se trouve à peu près à égale distance des crochets 
et du bord inférieur; côté antérieur élevé, arrondi, donnant une coupe 
ovalaire, amincie à ses deux bouts; côté postérieur prolongé, s’atténuant 
régulièrement en une extrémité large et arrondie; bord inférieur arqué, 
bord supérieur convexe, légèrement déclive en arrière. Sommets submé- 
dians, situés à l'union des deux cinquièmes antérieurs avec les trois cin- 
quièmes postérieurs, très-petits, acuminés , faisant légèrement saillie, sans 
lunule distincte, seulement dans quelques cas, un léger enfoncement en 
dessous des crochets. 

Valves présentant sur toute leur surface des stries et des sillons concen- 
triques , assez régulièrement entremélés; les lamelles d’accroissement sont 
inégales entre elles, moins larges vers les sommets et le bord inférieur; 
les valves ne forment pas de bourrelets le long du bord supérieur, de sorte 
que la plus grande épaisseur se trouve vers le centre de la coquille. 

Rapports et différences. — Cette espèce a le même aspect général que la 
C. lamellosa et se trouve communément avec elle; on la distinguera faci- 
lement par la position submédiane de ses crochets. 


158 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Localités. — M. Agassiz a reçu d'Angleterre les exemplaires qui ont 
servi à sa description; ils proviennent du lias de Cheltenham. Nous avons 
trouvé cette espèce dans la marne de Jamoigne, sur la route de Florenville, 
à La Cuisine, à St-Cécile, à Izel, etc. 

Observations. — M. Strickland pense que les C. cyprina Ag. et unioïdes 
Ag. sont identiques; on n’observe, en effet, que des différences bien légères 
entre les figures de ces espèces que donne M. Agassiz, tab. 12/’. D'autre 
part, elles ne seraient, d’après M. Strickland, rien autre chose que le 
Pachyodon ovalis de Stutchbury; ce dernier rapprochement paraît moins 
probable, si l’on compare attentivement les figures de ces espèces; pour 
décider la question, il serait nécessaire de comparer des séries d’exem- 
plaires des diverses localités. 


6. CarDiNia DuNKkERI. 
(PL. XXL, fig. 2.) 


Unio rriGonus. Koch et Dunk., 1857, Beitraeg., pl. 1, fig. 2. 


C. testä contractä, subtrigonä, ventricosd ; anticè abbreviatä, rotundatà, 
brevi-ovatà ; posterius productà, attenuatà, subrotundatà; margine inferiore 
subreclo; superiore convexo, declivi; umbonibus subanticis, subincrassatis, 
prominulis, lunulam satis magnam et excavatam cireumdantibus ; valvis 
concentricè et irrequlariter striatis lamelloso-sulcatisque. 


Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 24; largeur 17; — (100 : 
15 : 55). 

Description. — Coquille courte, triangulaire, arrondie, assez renflée ; côté 
antérieur raccourci, coupé obliquement, légèrement arrondi, donnant une 
coupe ovalaire bombée; côté postérieur un peu prolongé, s’atténuant for- 
tement et se terminant en une extrémité arrondie; bord inférieur presque 
droit, le supérieur convexe, fortement déclive; sommets situés au tiers 
antérieur de la coquille, assez gros, saillants et circonscrivant une lunule 
large, ovale et fortement excavée. 

Les valves présentent de nombreux sillons concentriques, profonds, 
non complétement réguliers, séparant des lamelles épaisses, inégales, for- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 159 


tement soulevées à leur bord libre; parmi celles-ci trois ou quatre le sont 
plus fortement que les autres, et donnent à la coupe de la coquille l'aspect 
des degrés d’un escalier; sur ces lamelles, on voit quelques stries légères. 

Rapports et différences. — Cette cardinie a des analogies avec les C. sulcata 
d’Ag. et quadrata, Ag.; elle se distingue de la première par la position de 
ses sommets et de la seconde par son bord supérieur moins convexe; de 
toutes deux par la disposition de ses sillons. 

Observations. — M. d’Orbigny, dans son Prodrome, pense que l’Unio 
trigonus, Kock et Dunker, n’est autre chose que la C. hybrida, Sow.; ces 
deux espèces ont certainement de l’analogie; cependant la figure donnée 
par les auteurs mentionnés ne montre aucune dépression latérale, carac- 
tère qui appartient à l’hybrida. L’échantillon que nous avons sous les yeux ne 
ressemble pas non plus à nos exemplaires de la C. hybrida. Nous avons dû 
changer le nom de l’espèce, parce que M. Roemer a décrit un Unio trigonus 
(tab. VITE, fig. 14); c'est la Cardinia trigona de M. d’Orbigny (Prod., 217), 
bien différente ; et Dunker (Paleont., 1846, tab. VI, fig. 7, 8), décrit sous le 
nom de C. trigona une espèce bien distincte encore; de sorte que trois espèces 
ont reçu le même nom. Nous donnerons à notre espèce le nom de C. Dunkeri. 

Localités. — Elle se trouve dans la marne de Jamoigne; nous l'avons 
rencontrée à S'-Cécile; mais elle y paraît assez rare. 


7. CARDINIA GIBBA. 
(PL XXII, fig 7.) 


C. testä elongatä, compressä; anticè abbreviatä, rotundatà, ovali; poste- 
rius productà, altä, rotundatà ; margine inferiore excavalo-sinualo ; Supe- 
rire convexo, forliter declivi; umbonibus anticis, minutis, lunulam par- 
vam circumdantibus; valvis concentricè et trrequlariter striatis sulcatisque. 


Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 17; largeur 8; —(100 : 55:25). 
Description. 


Coquille inéquilatérale, oblongue, la plus grande épais- 
seur se trouve près du bord supérieur; côté antérieur très-raccourci , 
médiocrement élevé, arrondi, donnant une coupe ovale; côté postérieur 
prolongé, s'atténuant légèrement jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie et 


160 DESCRIPTION DES FOSSILES 


recourbée vers le bord inférieur; celui-ci est sinueux, excavé dans son mi- 
lieu; bord supérieur convexe, fortement déclive en arrière. Sommets anté- 
rieurs , situés à l'union du cinquième antérieur avec les quatre cinquièmes 
postérieurs, petits, non proéminents, circonscrivant une petite lunule ova- 
laire assez profonde. | 

Valves présentant sur toute leur surface des stries et des sillons concentri- 
ques, irrégulièrement entremêlés; les sillons limitant des lamelles inégales 
entre elles, moins larges et plus nombreuses vers le bord inférieur. Les val- 
ves ne présentent pas de dépression latérale, mais deux bourrelets assez dé- 
veloppés sur les trois quarts antérieurs de la longueur du bord supérieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce nouvelle se distingue facilement 
des autres Cardinies par sa forme générale, remarquable surtout par sa 
longueur, la sinuosité du bord inférieur et l'épaisseur du bord supérieur. 

Localités. — On la rencontre avec les Cardinia lamellosa, uraoïdes , etc. , 
dans la marne de Jamoigne; nous l’avons trouvée à La Cuisine, sur la 
route de Florenville à La Cuisine, euc. 


8. CARDINIA PORRECTA. 


(PI. XXI, fig. 5.) 


C. testà transversd, compressä ; anticè abbreviatä, subrotundat&, ovatà ; 
posterius productä, atlenualà ; margine inferiore arcuato; superiore convexo, 
declivi; umbonibus subanticis, minutis, acutis, lunulam parvam, ovato-elon- 
gatam circumdantibus ; valvis concentricè et irrequlariter striatis sulcatisque, 
el posticè incrassato-complanatis. 


Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 20; largeur 11; — (100 : 
47 : 26). 

Description. — Coquille inéquilatérale, subovalaire, assez épaisse, la 
plus grande épaisseur se trouve en arrière et en dessous des crochets; 
côté antérieur raccourci, moins élevé que le postérieur, marquant une 
tendance à se recourber vers le haut, et donnant une coupe ovalaire ; côté 
postérieur prolongé régulièrement et assez fortement atténué vers l'extré- 
mité, qui est un peu en pointe. Bord inférieur assez arqué; le supérieur 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 161 


convexe, déclive. Sommets situés à l'union du tiers antérieur, avec les deux 
tiers postérieurs, petits, aigus, légèrement proéminents, circonscrivant 
une petite lunule assez profonde, limitée sur les côtés par deux arêtes qui 
vont se perdre vers le bord antérieur. 

Valves présentant des rides concentriques nombreuses, et entre elles 
des sillons irréguliers fortement marqués, limitant des lamelles inégales, 
plus ou moins relevées à leur bord libre. Un renflement large et aplati 
part des sommets et se dirige, en s’atténuant, vers la partie postérieure 
du bord inférieur. 

Rapports et différences. — Cette espèce présente quelque analogie de 
forme avec les C. subaequilateralis et gibba ; on la distinguera cependant de 
la première par la longueur relative du côté antérieur comparé au pos- 
térieur ; de la seconde, par son bord convexe et non excavé-sinueux. 

Localité. — Nous avons rencontré cette espèce dans la marne de Jamoi- 
gne, dans un seul endroit, à 2000 mètres au sud d’Attert, sur la route 
d'Arlon; elle n’est pas bien rare. 

Observations. — Cette espèce est assez variable dans sa forme : tantôt elle 
est plus arrondie, plus raccourcie; tantôt, au contraire, notablement plus 
longue, plus épaisse, avec des extrémités plus aiguës. Nous n’avons pu 
observer la charnière ; mais il n’y a nul doute que ce ne soit bien une 
cardinie. 


9. CARDINIA SIMILIS. 
(PL. XXIV, fig. 6.) 


CarDiNIA simiLis. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monogr., p. 230, pl. 12, fig. 25. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 217. 


C. testä ovoideä, subcompressä ; anticè rotundatäà, ovali ; posteriùs productä, 
alià, rotundatä; margine inferiore arcuato ; superiore convexo , primüm sub- 
recto, dein declivi; umbonibus anticis, parvulis, acutis, lunulam parvam, 
excavalam cireumdantibus; valvis concentricè et requlariter striato-sulcatis, 
sulcis approximatis. 


Dimensions. — Longueur 69 mill.; hauteur 46; largeur 20 (?); — (100 : 
66 : 29). 
Tome XXV. 21 


162 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Coquille inéquilatérale , ovalaire, un peu comprimée, la 
plus grande épaisseur se trouvant vers le centre de la coquille ; côté anté- 
rieur court, assez élevé, largement arrondi, donnant une coupe ovale; 
côté postérieur prolongé, sa plus grande hauteur, qui dépasse un peu celle 
des sommets, se trouve vers son milieu, de là il va s’atténuant et se ter- 
mine en une extrémité large et arrondie; bord inférieur régulièrement 
arqué; bord supérieur convexe, presque droit dans sa moitié antérieure, 
fortement déclive en arrière; sommets subantérieurs situés à l'union du 
cinquième antérieur avec les quatre cinquièmes postérieurs, petits, sub- 
obtus, dirigés en avant, circonscrivant une petite lunule assez profonde. 

Valves régulièrement bombées sur toute leur surface, présentant des 
sillons concentriques nombreux, peu profonds, très-régulièrement dis- 
posés , équidistants. 

Rapports et différences. — Cette grande cardinie a plusieurs points de 
contact avec la C. crassiuscula, Sow.; on la distingue cependant facilement 
par son allongement relativement plus considérable, par la régularité et 
le nombre des sillons concentriques. 

Localité. — M. Agassiz, qui, le premier, a décrit cette belle espèce, la 
signale dans le calcaire à gryphée de Baerschwyl, canton de Soleure; en 


Belgique, on la rencontre dans le grès de Luxembourg, aux environs 
d’Arlon. 


10. CARDINIA CRASSIUSGULA, Sowerby. 


(PI. XXII, fig. 8.) 


Un10 CRASSIUSCULES. Sowerby, 1816, Min. conch., p. 255, pl. 185. 

— — Zieten, 1850, Wurtemb., pl. 60, fig. 1 (?). 

—  TRIGONUS. Roemer, 1856, F’erstein., pl. VIII, fig. 14. 
PacnxoDON crassiuscuLus. Stutchbury, 1842, nn. of. nat. hist., p. 485, pl. IX, fig. 8. 
CARDINIA CRASSIUSCGULA. Ag., Étud. crit. monogr., 1842-45, p. 292. 


- — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 216. 


C. test ovali, subcompresst, antieè rotundatà ; posterits producta, altà, 
rotundata ; margine inferiore arcuato; superiore convexo, primüm subreclo 
dein fortiter declivi; umbonibus subanticis, parvulis, acutis, lunulam exi- 
quam, ovalem cireumdantibus ; valvis concentricè sulcatis, sulcis 8-9, distan- 
tibus, lamellis levissimè striatis. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 165 


Dimensions. — Longueur 62 mill.; hauteur 45; largeur 22 ; — (100 : 
12 : 35). 

Description. — Coquille inéquilatérale, en ovale raccourci, comprimée, 
la plus grande épaisseur se trouve vers le centre de la coquille; côté anté- 
rieur court, largement arrondi, donnant une coupe ovale allongée; le 
postérieur prolongé, élevé, peu atténué, se terminant par une extrémité 
large et obtuse ; bord inférieur arqué; le supérieur convexe, presque droit 
dans ses deux tiers antérieurs, très-déclive dans son dernier tiers. Som- 
mets antérieurs, situés à l'union du quart antérieur avec les trois quarts 
postérieurs, très-petits, aigus, formant une lunule petite, ovalaire, assez 
profonde, limitée sur les côtés par deux légères carènes partant des som- 
mets et se terminant vers le bord antérieur. 

Valves régulièrement convexes sur toute leur surface, présentant huit 
ou neuf sillons concentriques fortement marqués, limitant des lamelles iné- 
gales en largeur, offrant de légères stries concentriques sur leur surface. 

Rapports et différences. — Vu sa grande taille et l’état de sa surface, cette 
espèce ne pourrait guère se confondre qu'avec la C. crassissima, de l’oolithe 
inférieur ; elle s’en distingue suffisamment par sa moindre épaisseur. On 
la confondra moins encore avec la C. similis, à cause de sa forme plus 
raccourcie et de ses sillons, moins nombreux. 

Localités. — Cette espèce est très-répandue. En Angleterre, elle est 
signalée à Langar , à Cheltenham ; en France, à Beauregard, à Lyon; dans 
le Wurtemberg, près de Stuttgard. En Belgique, nous l’avons rencontrée 
dans le grès de Luxembourg, en diverses localités : à Wolberich, à Arlon, 
sur la route de Mersch, à Lasoye, etc. 


11. CARDINIA CONGINNA, Sowerby. 
(PL XXIV, fig. 7.) 


Unio CONGINNUS. Sowerby, 1820, Min. conch., p. 274, pl. 225. 
— = Zieten, 1850, Furtemb., pl. 60, fig. 2, 5. 
== = Goldfuss , 1854-40, Petref., p. 181, pl. 152, fig. 2, a, b. 
SUBPORRECTUS. Roemer, 1856, Ferstein., pl. V, fig. 11, 12. 
Pacuyxopon concinnus. Stutchbury, 1842, 4nn. and mag. of nat. hist., p.485, pl. X, fig. 15, 16. 
Canpiwia concinva. Ag. 1842-45, Étud. crit. monog., p. 229, fig. 21, 22. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p.217. 


C. testä transversä, oblongo-ovatà ; anticè abbreviatä, altà ; posterits pro- 


164 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ductä, sensim attenuatà, subrotundatä ; margine inferiore levissime arcuato , 
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, parvis, non prominulis, lu- 
nulam exiquam cireumdantibus ; valvis concentricè et densè striatis, sulcisque 
nonnullis, ornalis. 


Dimensions. — Longueur 87 mill.; hauteur 42 (?). 

Description. — Coquille fortement transversale, deux fois aussi longue 
que haute , ovale-allongée; côté antérieur raccourci, arrondi, donnant une 
coupe ovale peu épaisse; côté postérieur très-prolongé, s’atténuant légè- 
rement et se terminant en une extrémité arrondie, bord inférieur presque 
droit dans son milieu, arqué à ses extrémités; bord supérieur convexe 
dans sa partie antérieure, déclive à son extrémité. Sommets situés très 
en avant, petits, légèrement recourbés vers le bas, formant entre eux 
une petite lunule allongée. 

« Valves marquées sur leur surface de petites stries concentriques, 
nombreuses et entre elles quelques sillons plus forts, concentriques et 
inéquidistants. » (Auct.) 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement des C. similis 
et crassiuscula par sa longueur relative beaucoup plus grande. 

Localités. — Cette cardinie est signalée dans le lias d'Angleterre, à Cro- 
predy près Banbury; dans celui de Wurtemberg, à Gôppingen; en France, 
à Beauregard. En Belgique, nous l'avons rencontrée dans le grès de Luxem- 
bourg, à Metzert près d’Arlon, à Lime, à Lasoye, etc. 

Observations. — Nous ne possédons que le moule de cette espèce, moule 
dont la configuration se rapporte bien à celui que donne Goldfuss; seule- 
ment l'extrémité postérieure est plus large et plus arrondie, ce qui rap- 
procherait davantage ce moule de la figure donnée par Sowerby, pl. 225 


12. CarpiniA Konincki. 


(PL. XXV, fig. 1.) 


C. testä contractà, ovali, subventricosä; anticè abbreviatä, rotundatü, 
ovali, posteriüs productà, rotundatà ; margine inferiore arcuato, superiore 
convexo, declivi; umbonibus subanticis, parvis, lunulam parvam cirecum- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 165 


dantibus; valvis concentricè sulcatis, sulcis reqularibus, inaequidistantibus. 


Dimensions. — Longueur 80 mill. (?); hauteur 62; largeur 26 ; — (100: 
Hi: 32). 

Description. — Coquille inéquilatérale, en ovale raccourci, assez bombée; 
sa plus grande épaisseur se trouvant un peu en arrière du centre de la 
coquille ; côté antérieur un peu raccourci, assez élevé, largement arrondi, 
donnant une coupe ovale ; côté postérieur prolongé, allant en s’atténuant 
et se terminant en une extrémité large et arrondie; bord inférieur régu- 
lièrement arqué, bord supérieur convexe, déclive; sommets subantérieurs, 
situés à l'union du tiers antérieur avec les deux tiers postérieurs, petits 
et circonscrivant une très-petite lunule un peu excavée. 

Valves présentant de forts sillons concentriques, réguliers, limitant des 
lamelles inégales en largeur et couvertes de très-fines côtes concentriques, 
bien visibles surtout vers les sommets. 

Rapports et différences. — Cette cardinie se rapproche beaucoup par sa 
forme générale des GC. crassiuscula et similis; elle s’en distingue surtout par 
la position de ses sommets, la convexité de ses valves et la disposition de 
ses sillons. 

Localité. 


Comme les deux espèces précitées, elle se trouve dans le 
grès, à Weyler. 

Observations. — L'échantillon que nous avons sous les yeux, se trouve 
recouvert en partie d’une roche extrèmement tenace et dont nous n’avons 
pu la dégager entièrement; de sorte que les appréciations de grandeur 
pourraient être un peu inexactes; cependant les caractères indiqués plus 
haut ne permettent pas de douter qu’elle ne soit réellement différente de 
la C. similis, dont elle se rapproche le plus. 


15. CARDINIA COPIDES. 
(PL. XXIV, fig. 1.) 


SOLEN COPIDES. De Ryckholt, 1847. 
CarpiniA corines. De Ryckholt, Mélanges paléontolog., p. 108, pl. VI, fig. 22, 25, Mém. de l Acad. roy. de 
Belg., 1, XXIV, 1852. 


C. est elongatissimä, subparallelä; anticè brevissimé, rotundatä ; poste- 


166 DESCRIPTION DES FOSSILES 


rius productà, altä, attenuatä; margine inferiore subrecto, superiore convexo, 
primiüm ascendente, dein declivi; umbonibus anticis, exiquis, acutis; valvis 
concentricè parcè striato-sulcatis. 


Dimensions. — Longueur 85 mill.; hauteur 51; largeur 17; — (100 : 
56 : 20). Nous possédons des exemplaires qui mesurent 12 centimètres, 
et nous en avons vu qui pouvaient atteindre 15 centimètres. 

Description. — Coquille fortement allongée, subparallèle, peu épaisse, 
trois fois aussi longue que haute; côté antérieur très-court, peu élevé, 
arrondi, donnant une coupe ovalaire; côté postérieur très-prolongé, sa 
plus grande hauteur se trouve vers la moitié de sa longueur, de là il s’at- 
ténue et se termine en une extrémité assez rétrécie; bord inférieur droit, 
légèrement relevé en avant et en arrière, bord supérieur convexe s’élevant 
en arrière des crochets, pour devenir ensuite légèrement déclive, puis 
plus fortement en arrière; sommets antérieurs situés, dans les grands 
exemplaires, à l'union du huitième antérieur avec les sept huitièmes pos- 
térieurs, petits, assez aigus; lunule (?). 

Valves présentant des sillons concentriques, plus ou moins marqués, 
inégalement distants les uns des autres, rares vers les sommets, plus 
rapprochés vers le bord inférieur; des sommets partent deux légères 
carènes, très-obtuses qui se dirigent vers l'angle postérieur de la coquille. 

Rapports et différences. — Cette belle cardinie, nouvelle lorsque nous 
avons entrepris ce travail, vient d’être décrite par M. de Ryckholt. Elle 
se distingue de la plupart des autres par sa grande longueur ; ce même 
caractère, joint au peu de courbure du bord inférieur, la différencie de la 
C. securiformis Agassiz, pl. 12. Elle se rapproche davantage de la C. elon- 
gata Dunker, pl. VE, fig. 1-6; mais aucun des exemplaires figurés par 
cet auteur, n'atteint une aussi grande longueur relative; les sommets ne 
sont pas aussi rapprochés du bord antérieur, et enfin, la plus grande hau- 
teur de la coquille se trouve notablement en arrière des crochets, ce qui 
n'a pas lieu pour la C. elongata. Ce dernier caractère est extrêmement 
prononcé dans quelques échantillons. 

Localités. — Cette espèce est assez répandue dans le grès de Luxem- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 167 


bourg; ainsi nous l'avons trouvée à Metzert, à la Côte-Rouge, à Arlon, 


sur la route de Mersch , à Lasoye, à Fouche, etc. 


44. Carninia HyBripa. 
(PI. XXIIL, fig. 3.) 


Uni0 nyBripus. Sow., 1816, Hin. conch., p. 207, pl. 154, fig. 4. 
Pacnxopon nygripus. Stutchbury , 1842, {nn of. nat. hist., pl. IX, fig. 5, 4. 
CARDINIA HYBRIDA. Agassiz, 1842-45, Etud. crit. monog., p. 225, pl. XII. 


— — D'Orbigny, 1850, Prodr., 1, p. 217. 


C. testä trigonatü ; anticè subrotundatà, compresso-cordatà ; posterius sub- 
productà, crassiore ; marqine inferiore recto, subsinuoso ; superiore convexo, 
declivi, crasso; umbonibus subanticis, crassis, paulisper involutis, lunulam 
parvam et profundam circumdantibus; valvis concentricè et parcè sulcatis. 
lateraliter complanatis vel excavalis. 


Dimensions. — Longueur 45 mill.; hauteur 35; largeur 20; — (100 : 
17 : 44). 
Description. — Coquille inéquilatérale , triangulaire, arrondie ; côté an- 


térieur court, comprimé, arrondi vers l'angle inférieur, présentant une 
coupe cordiforme allongée; côté postérieur plus long, obtus et se termi- 
nant inférieurement en un angle arrondi; bord inférieur horizontal, légè- 
rement sinueux ; le supérieur convexe, obtus, fortement déclive en bas 
et en arrière. Sommets subantérieurs, situés à l'union du quart antérieur 
avec les trois quarts postérieurs, assez gros, faiblement recourbés en bas 
et en avant, limitant une petite lunule assez profonde. 

Les valves présentent de douze à quinze sillons concentriques, profon- 
dément marqués, plus ou moins régulièrement distants, limitant des 
lamelles sur lesquelles on voit aussi quelques stries concentriques. Une 
dépression large et peu profonde part des sommets et se dirige en bas et 
en arrière vers le bord inférieur qu’elle rend sinueux. Sur les côtés du 
bord supérieur, les valves forment deux bourrelets épais, surtout près 
des sommets, qui vont en s’amincissant vers l'angle inférieur postérieur. 

Rapports et différences. — Cette belle espèce se distingue de la plupart 
des cardinies par sa forme triangulaire et son épaisseur : la C. Listeri est 


165 DESCRIPTION DES FOSSILES 


aussi triangulaire; elle se reconnaît à son bord antérieur subvertical ; les 
autres espèces de même forme sont plus faciles à reconnaitre. 

Localités. — Cette espèce paraît très-fréquente dans le lias d'Angleterre ; 
M. Stutchbury la signale à Langres, Nottinghamshire, Cheltenham; M. d'Or- 
bigny l’indique en France, à Beauregard , à Sémur; elle se trouve aussi en 
Allemagne. Nos échantillons viennent de la marne de Strassen, à Walzingen, 
et du grès de Luxembourg, aux environs d’Arlon. Elle se trouve aussi à 
Muno. 

Observations. — Le savant auteur du Prodrome de paléontologie donne dans 
la synonymie de la C. hybrida, Y'Unio trigonus de Koch, 1857, Beitr., 
pl. [, fig. 2, et la Cytherea latiplexa de Goldfuss, pl. 149, fig. 6. La pre- 
mière manque de la dépression latérale que l’on trouve dans l’Aybrida; la 
deuxième a des côtes Jarges et élevées, tandis que l’hybrida n’a que des sil- 
lons. Ce rapprochement nous semble demander de nouvelles observations. 


15. CaRDINIA LisTERI. 
(PI. XXII, fig. 6.) 


Unio ListTERI. Sowerby, 1816, Min. conch., 11, p. 207, pl. 154, fig. 2, 5. 
— — Goldfuss, 1834-40, Petref., pl. 152, fig. 1. 
Pacnyopon Lisreri. Stutchbury, 1842, 4nn. of nat. hist., PL. IX, fig. 1, 2. 
CarDiniA — Agassiz, 1846, Étud. crit. monog., p. 222. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 216. 


C. testä contractà, trigonatà; anticè truncatà, brevissimä , obtusa ; poste- 
rius subcompressà, infernè rotundalä; margine inferiore leviter arcuato, 
superiore convexo, declivi; umbonibus anticis, crassis, antrorsüm el inferius 
involutis, lunulam magnam cireumdantibus ; valvis concentricè fortiter sul- 
catis , lateraliter complanatis. 


Dimensions. — Longueur 42 mill.; hauteur 37; largeur 26; — (100: 
88 : 62). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, raccourcie, triangulaire , 
assez épaisse; le côté antérieur est droit et son bord presque vertical; il 
est fortement obtus et donne une coupe allongée cordiforme; le côté pos- 
térieur va s’amincissant des sommets vers l’angle inférieur, qui est arrondi; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 169 


le bord inférieur légèrement arqué; le supérieur convexe, déclive en 
bas et en arrière, logé dans une profonde gouttière formée par l'union 
des valves; sommets très-antérieurs surplombant presque la face anté- 
rieure épais, et à pointe enroulée en bas et en avant, circonscrivant une 
lunule cordiforme assez large et profonde. 

Les valves présentent des sillons concentriques profonds, séparant des 
lamelles inégales entre elles, plus épaisses et plus rapprochées les unes 
des autres vers le bord inférieur. Une forte dépression latérale part des 
sommets et se dirige vers l’angle inférieur-postérieur. Sur les côtés du 
bord cardinal, les valves forment des bourrelets épais et saillants, de 
manière à déterminer une profonde gouttière, où l’on aperçoit le bord 
supérieur. 

Localités. — Cette espèce appartient au lias inférieur. M. Stutchbury 
la signale en Angleterre, à Frethern, dans le Gloucestershire; en France, 
M. d'Orbigny l'indique à Beauregard (Côte-d'Or). L'échantillon que nous 
avons sous les yeux nous a été communiqué par M. le D° de Condé, qui 
l'a trouvé dans la marne de Strassen, aux environs de Walzingen. 

Rapports et différences. — La C. Listeri se rapproche beaucoup de l'hybrida; 
cette analogie a déjà été signalée et il paraît assez probable que des termes 
intermédiaires permettront un jour de les réunir. 


Genre TRIGONIA, BRUGUIÈRE. 


Triconra. Brug. 
Lyrinox. Sow. 
Lyriopox. Br. 
Lyropox. Goldf. 
Doxacires (sp.). Schl. 
Triconecuires. Sch. 


Testa aequivalvis, inaequilateralis, interdüm suborbicularis; dentes cardi- 
nales oblongi, lateribus compressi, divaricati, transversim sulcati, in valva 
sinistrà duo, utrinque sulcati ; in alterd quatuor, uno tantum latere sulcati ; 
ligamentum externum, marginale; impressiones musculares D (?); impressio 
pallealis integra vel subsinuata. 


Toue XXV. 22 


170 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Coquille équivalve, inéquilatérale, triangulaire, carrée ou ovale, parfois 
suborbiculaire , épaisse, entièrement fermée. Charnière composée de dents 
cardinales oblongues, comprimées, latéralement divergentes, sillonnées 
transversalement, dont deux sur la valve gauche, quatre sur la valve droite; 
celles-ci sillonnées seulement d’un côté. Ligament externe, marginal. Deux 
impressions musculaires , une grande et une petite, des deux côtés sur 
chaque valve, plus une cinquième sous les crochets. Impression palléale 
entière ou légèrement sinueuse. 

Animal pourvu d’un manteau ouvert sur les trois quarts de sa circonfé- 
rence. Branchies étroites. Appendices buccaux courts. Pied très-allongé, 
étroit, coudé au milieu, l'extrémité pouvant se dilater en un disque étroit. 

Ce genre paraît avoir commencé avec les terrains carbonifères, dans 
lesquels M. d'Orbigny en a décrit une espèce; il reparaît dans le Mus- 
chelkack de S'-Cassian, renferme beaucoup d'espèces à l’époque secondaire, 
tandis que l’on n’en connaît qu’une à l’époque tertiaire et une moderne. 


1. TRIGONIA COSTATA. 
(PL XXV, fig. 8.) 


CunvirosTrA NON RuGOsA. Lhwyd, 1760, Zith., p. 56, pl. 59, fig. 714. 
Knorr, 1775, Vergnüg., IL, pl. B,1, @, fig. 7. 
— Supplément, tab. V, c, fig. 5 et 4. 
Venus an Donax sULGATA. Herm., Vaturfor., XV, tab. 4, fig. 5, 4,9, 10. 


TRIGONIA COSTATA. Park., Org: rem., NI, pl. 12, fig. 4. 

— — Sow., 1815, Min. conch., t. 1, pl. 85, p. 195. 
DONACITES COSTATUS. Schl., 1816, Petref., p. 195. 

— SULCATUS. Schl., Min. Tasch., VI, p. 56. 
TRIGONIA COSTATA. Lam., Syst., 2° édit., VI, p. 516. 


_ — Lam., Zncyclop. méth., tab. 958, fig. 1-6, b. 
— - Ziet., Wurt., 1850, pl. 58, fig. 5. 
_ — Roemer, 1855, Die Ferstein., p. 97. 


LYRIODON COSTATUM. Bronn, 1856, Leth. géog., 1, p. 564, pl. 20, fig. 4. 
LyRODON — Goldfuss, 1858, Petref., pl. 157, fig. 5, a, b, c, e (non à). 
T'RIGONIA COSTATA. Ag., 1840, Étud. crit. monog., p.55. pl 5, fig. 12-14. 

—  LINEOLATA. Ag., 1840, id., id, pl 4,fig. 1-5. 

—  CGOSTATA. Schmidt, 1846, Pétref.-Buch, p. 97, pl. 59, fig. 5. 


en. — Deshayes, 1849, Traité élém. de conch., pl. 52, fig. 12-14. 
= — D'Orb., 1850, Prodr , I, p. 278. 


T. test trigonä, compressd; anticè inflatä, truncatä ; posterius subpro- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 171 


duct@, attenuatà; umbonibus subanticis, retrorsum involutis ; areä latà, reti- 
culatä, tricarinatà, carinis lamelloso-tuberculatis ; valvis longitudinaliter 
costatis, costis 22-24, elevatis, sinuosis. 


Dimensions. — Longueur 60 mill.; hauteur 58; épaisseur 32; — (100 : 
97 : 55). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, comprimée, 
sensiblement renflée en avant, à peu près aussi haute que large; côté 
antérieur court, à bord antérieur presque vertical, peu convexe; côté pos- 
térieur un peu allongé, atténué; sommets situés à l'union du tiers anté- 
rieur avec les deux tiers postérieurs, assez aigus et recourbés en arrière. 
Aréa large, réticulée par l’entrecroisement de lignes saillantes divergentes 
et des lignes d’accroissement, tricarénée : carènes marginales fort sail- 
lantes, munies de plis en chevron plus nombreux que les côtes; carènes 
intermédiaires tuberculeuses, divisant l’aréa de chaque valve en deux par- 
ties presque égales; carènes internes également tuberculeuses, mais plus 
marquées, se rejoignant un peu en dessous du milieu de la hauteur, cir- 
conscrivant un espace marqué de plis d’accroissement saillants. 

Valves munies de 22 à 24 côtes élevées, s’abaissant rapidement à peu 
de distance du bord antérieur, pour devenir à peu près horizontales sur 
les flancs, et de nouveau légèrement infléchies vers le bas en s’approchant 
de la carène marginale au bord de laquelle elles cessent tout à coup 
avant de l’atteindre. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la Tr. similis par 
sa carène intermédiaire bien marquée et les plis qui sillonnent l’espace 
circonscrit par les carènes internes; on la distinguera plus facilement 
encore des autres espèces de la même section. 

Localités. — Elle se rencontre fréquemment dans le calcaire de Longwy, 
mais presque toujours en mauvais état; nous l'avons trouvée principale- 
ment aux environs de Longwy et au sud de Halanzy. Elle est également 
signalée dans l’oolithe inférieur d'Angleterre, d'Allemagne, de Suisse et 
de France. 


172 DESCRIPTION DES FOSSILES 


2, TRIGONIA SIGNATA. 
(PL XXVI, fig. 1.) 
TRIGONIA CLAVELLATA. Zieten, 1850, Furtemb., pl. 58, fig. 5. 


- SIGNATA, Agassiz, 1840, Étud. crit. monog., p.18, pl. UT, fig. 8. 
— = D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 278. 


T. testä elongato-trigont, compressd ; anticè abbreviatä, posterits producta; 
areû latä, transversè subplicatà, tricarinata ; valvis 18-20 seriebus tubercu- 
lorum ornatis, anticè arcuatis, posticè obliquis, ad carinam marginalem 
sub anqulo acuto pertinentibus. 


Dimensions. — Longueur 88 mill.; hauteur 60; — (100 : 69). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, allongée, for- 
tement comprimée, presque de moitié plus longue que haute; sommets 
petits, peu saillants, recourbés en arrière; aréa bien développée, limitée 
par une carène marginale bien dessinée, légèrement tuberculeuse, divisée 
sur chaque valve en deux parties presque égales par une carène intermé- 
diaire bordée d’un léger sillon; les carènes internes se rejoignent vers le 
milieu de la hauteur. La surface de l’aréa est couverte de très-légers plis 
d'accroissement, transverses et de plus en plus obliques aux carènes. 

Valves ornées de dix-huit à vingt séries de tubercules; d’abord légère- 
ment arquées en avant, puis fléchies en sens inverse et formant, les posté- 
rieures surtout, des angles très-aigus avec la carène marginale; les 
tubercules, parfaitement distincts dans les séries antérieures, se rappro- 
chent dans les postérieures au point de former des côtes presque continues. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la T. clavellata, dont 
M. Agassiz l’a séparée, par son bord antérieur beaucoup moins convexe, 
par ses côtes de moitié plus nombreuses, par l’angle, très-aigu, sous lequel 
les postérieures atteignent la carène marginale, ou le bord inférieur ou 
le bord antérieur, enfin par sa hauteur moindre. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire de Longwy, 
près de cette ville, et de S'-Pancré, où elle paraît assez rare. Zieten l’in- 
dique au Steufenberg; M. Agassiz, dans les cantons de Soleure et de Bâle; 
M. d'Orbigny à Guéret, toujours dans l'étage bajocien. 


I 
ot 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 1 


Genre HETTANGIA, TERQUEM. 


Testa aequivalvis, transversa, inaequilateralis, sublrigona, posticè truncata, 
hiantula, marginata ; cardo utriusque valvae dente et fossulà lateralibus, nec 
non posticè dente vel callo laterali instructus ; aliquando in valvi dexträà dentes 
cardinales duo (?); impressio pallealis integra; impressiones musculares ovales, 
postlica infra acuta; ligamentum externum, breve. 


Coquille équivalve, inéquilatérale , transverse, subtrigone, tronquée en 
arrière, bâillante et bordée d’un sillon. Charnière formée sur chaque 
valve d’une dent et d’une fossette latérale, et d’une dent ou d’une callo- 
sité postérieure; parfois deux dents cardinales sur la valve droite. Im- 
pression palléale simple, rejoignant l'impression musculaire postérieure 
à sa partie antérieure, en formant une espèce de sinus; impressions mus- 
culaires ovales; la postérieure aiguë en dessous. Ligament externe, court. 

Ce genre a été établi par M. Terquem pour deux espèces du grès d’Het- 
tange, dans un ouvrage qui n’est pas encore terminé. M. Buvignier, en 
ayant rencontré trois ou quatre autres espèces dans ce même système près 
de Montmédy, a été amené à modifier quelques-uns de ses caractères. 
Nous devons la caractéristique précédente à son obligeance. Il considère 
ce genre comme se rapprochant, d’un côté, des Lucina et des Cardium, 
de l’autre, des Corbis. MM. Morris et Lycett ont annoncé, dans un ouvrage 
remarquable, publié récemment sur les fossiles de l’oolithe d'Angleterre, 
la découverte de plusieurs coquilles, qu'ils avaient réunies sous le nom 
de Tancredia et qui probablement pourront rentrer dans le genre fondé 
par M. Terquem. 


HerranGiA ovaTa, Terquem (inéd.). 


H. testà elongato-trigoné, crassiusculä ; anticè subproductä, posticè oblique 
truncatä et valdè hiante; umbonibus submedianis, parvis, subprominulis ; 
areä poslicä marginali, depressà, longitudinaliter substriatà; valvis striis 
nonnullis concentricis, aliisque radiantibus, crebris, interruptis ornalis. 


Dimensions. — Longueur 56 mill.; hauteur 32; épaisseur 21 ;—(100 : 
60 : 40). 


174 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire allongée, compri- 
mée, largement bâillante en arrière; côté postérieur tronqué obliquement; 
côté antérieur prolongé, atténué et se terminant en une extrémité obtuse; 
bord inférieur légèrement arqué, le supérieur droit, déclive. Sommets 
situés un peu en arrière du tiers postérieur, obtus, peu saillants. 

Valves épaisses, lisses et marquées de quelques stries longitudinales 
concentriques, et destries rayonnantes faibles et interrompues, présentant, 
parallèlement au bord postérieur, un large sillon longitudinalement sub- 
strié et qui, partant des sommets, atteint presque le bord inférieur, où 
il se termine insensiblement. 

Rapports et différences. — Nous ne connaissons encore de ce genre, outre 
celle-ci, que quatre espèces figurées par M. Buvignier. L’H. ovata est très- 
facile à distinguer par sa grande taille, son bord inférieur convexe, et les 
stries dont ses valves sont ornées. 

Localités. — Cette espèce se trouve assez fréquemment dans le grès de 
Luxembourg; nous l'avons rencontrée à Eichen, Frassem, Lasoye, Fou- 
che, etc. 


Genre NUCULA , Lamarck. 


Anca sp., L. Gm. Brug., etc. 
Nucuza. Lam. et auct. 
Pozvoroxra. Mühlf. 
Lemeucus. Ris. 

Yoznra. Moeller. 


Testa transversa, ovato-trigona vel oblonga, acequivalvis, inaequilate- 
ralis ; area intermedia nulla; cardo linearis, medio fractus, fovea vel cochlea 
obliquè producta interruptus ; dentes numerosi (subacuti, saepè ut in pectini- 
bus producti); nates contiquae, anticè inflexae; ligamentum marginale, partim 
internum, foveae aut cochleae cardinali insertum. 


Animal à corps subtriquètre; manteau ouvert dans sa moitié inférieure 
seulement, à bords entiers, denticulés dans toute la longueur du dos sans 
prolongements postérieurs; pied fort grand, très-mince à sa racine, élargi 
en un grand disque ovale dont les bords sont garnis de digitations tenta- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 175 


culaires, appareils buccaux antérieurs assez longs, pointus, roides et appli- 
qués l’un contre l’autre; les postérieurs également roides et verticaux. 

Coquille transversale, ovale, triangulaire ou oblongue, équivalve, iné- 
quilatérale ; aréa intermédiaire nulle ; charnière linéaire, brisée vers le 
milieu de son étendue et interrompue par une fossette allongée dans un 
sens oblique; dents nombreuses (subaiguës, souvent prolongées comme 
dans les peignes). Sommets contigus, infléchis en avant; ligament mar- 
ginal en partie interne et inséré dans la fossette cardinale. Point de 
fossette entre les crochets. 

Ce genre, dont on retrouve encore quelques espèces vivantes, a déjà 
des représentants dans les couches siluriennes. 


1. NucuLa sUBGLOBOSA (?). 
(PL. XXIV, fig. 4.) 


Nucura suzGroBosa. Roemer, 1856, Die Ferstein., p. 99, pl. VI, fig. 7. 

— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 255. 

N. testà ventricos, trigond ; anticè truncatä, rectà, cordatä; posterits pro- 
ductä, attenuaté, rotundatà ; margine cardinali recto, declivi ; basi arcuatà; 
umbonibus crassis, antrorsüm incurvis; lunul& cordatä, mins excavatà : 
areû lanceolatà ; valvis concentricè striatis. 


Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 10; largeur 9; — (100 : 
76 : 67). 

Description. — Coquille triangulaire, ventrue, tronquée perpendiculai- 
rement en avant; côté postérieur allongé, diminuant graduellement de 
hauteur et d'épaisseur, terminé par un bord arrondi; bord cardinal droit, 
un peu déclive; base arquée. Sommets épais, dirigés en avant; lunule 
grande, cordiforme, superficielle; aréa médiocre, lancéolée, enfoncée 
entre les sommets, peu limitée postérieurement. 

Valves munies de fines stries concentriques. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans la marne de Grand- 
Cour, à Lamorteau. M. d’Orbigny la signale à Nancy, à S-Amand, à Aval- 
lon; M. Roemer, près de Goslar, dans l'étage toarcien. 

Observations. — I] nous reste quelque doute sur la détermination de 


176 DESCRIPTION DES FOSSILES 


cette espèce : la lunule est superficielle au lieu d’être excavée, et l’épais- 
seur est un peu moindre en arrière que ne le montre la figure donnée par 
M. Roemer. 


2. NuCULA AMOENA, N. 


(PI. XXIV, fig. 5.) 


N. testä trigonä, subconvexä ; anticè truncatä , cordata ; posticè producta, 
subaltenuatä; margine inferiore arcuato, superiore recto, subdeclivi; umbo- 
nibus anticis, crassis, incurvis ; lunulà cordatà ; are profundä, lanceolatà ; 
valvis laevibus vel leviter et concentricè striatis. 


Dimensions. — Longueur 18 mill.; hauteur 14 ; largeur 10; — (100 : 
18 : 54). 

Description. — Coquille de forme irrégulièrement triangulaire, tron- 
quée en avant, peu allongée, légèrement convexe et un peu atténuée en 
arrière; bord postérieur arrondi se continuant avec l’inférieur, qui est 
légèrement arqué ; le supérieur est droit et un peu déclive. Sommets tout 
à fait antérieurs , assez gros, saillants, un peu dirigés en avant. Lunule 
grande, cordée, peu profonde; aréa lancéolée, profondément située entre 
les crochets; charnière munie de dents nombreuses, comprimées, pa- 
raissant dépourvue de cuilleron cardinal. 

Valves lisses, ou présentant quelques stries concentriques peu marquées. 

Rapports et différences. — Cette espèce, dont nous n'avons recueilli que 
quelques exemplaires, nous paraît bien distincte de celles qu’on a décrites 
jusqu'à présent; elle rappelle jusqu’à un certain point, la N. margari- 
tacea, Lam., les N. Hammeri, Defr. et Eudorae, d'Orb. (Hammeni, Goldf.); 
mais sa forme générale, ses crochets développés, sa hauteur, etc., per- 
mettront de la reconnaître facilement. 

Localités. — Cette espèce provient de la marne de Grand-Cour; nous 
l'avons trouvée à Lamorteau et à Écouviez. 

Observations. — On trouve encore dans la marne de Grand-Cour de 
petits moules de nucule que l’on pourrait rapporter avec beaucoup de 
vraisemblance à la N. trigona, Roemer , qui n’est non plus qu'un moule. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 177 


5. Nucuza Omaiusi, N. 
(PL XXVI, fig. 2.) 


N. subovatä , subconvexd ; anticè compressé, declivi, subacutà ; wumbonibus 
antemedianis; lunul& ovato-lanceolatä, utrinque angulati, angulo obtuso ; 
ared lineari, subnullà; valvis laevibus. 


Dimensions. — Longueur 21 mill.; hauteur 12; épaisseur 8; — (100 : 
97 : 41.) 

Description. — Coquille de forme irrégulièrement ovalaire, peu con- 
vexe; côté antérieur moins développé que le postérieur, un peu comprimé, 
atténué en rostre subaigu; bord antérieur déclive, tombant d’abord rapi- 
dement, côté postérieur plus épais et plus long, à bord postérieur arrondi, 
se confondant insensiblement avec le bord inférieur, qui est à peine con- 
vexe et parallèle au bord supérieur. Sommets situés un peu en avant de 
la moitié de la longueur, épais, obtus, inclinés en avant; lunule ovale 
lancéolée, excavée, surtout en haut, et terminée par deux angles obtus ; 
area linéaire, presque nulle. 

Valves lisses, ou très-finement striées concentriquement. 

Rapports et différences. — Cette nucule, que nous avions d’abord rappor- 
tée à la N. ovum des auteurs, en est cependant bien distincte par sa forme 
générale et le prolongement de son côté antérieur. 

Localités. — Cette nucule appartient au lias supérieur. Elle paraît très- 
rare; nous n’en avons recueilli qu’un seul exemplaire dans la marne de 
Grand-Cour , entre Buré et Grand-Cour. 


Genre ARCA, Linwé. 


Arca, L. Gm., Brug., Cuv., Blainv., Desh., Goldf. 
Trisis, Oken. 

Peroncze, Bourguet. 

Cyrnoxis, Rafin. 

Cucurrara, Lam et Auct. 

Anrcacires, Schl. 

Byssoanca , Broderip. 


Testa plerümque transversa, aequivalvis, inaequilateralis ; umbones dis- 


Toue XXV. 923 


178 DESCRIPTION DES FOSSILES 


tantes, areû ligamenti separati; cardo linearis rectus vel subrectus, dentibus 
serialibus numerosis, alternatim insertis, verticalibus vel divergentibus com- 
positus; ligamentum externum, tenue, in areû explanatum; impressiones 
musculares duae, ligulà palleali angustà, margini parallelä conjunctae. 


Animal plus ou moins épais, assez allongé; manteau ouvert sur toute sa 
longueur, un peu prolongé en arrière, et offrant sur ses bords une rangée 
de filets tentaculaires ; appareils buccaux fort petits et grêles; pied pédon- 
culé, comprimé, court ou tronqué. Bouche pourvue de lèvres peu sail- 
lantes mais allongées. 

Coquille ordinairement transversale, équivalve ou subéquivalve , iné- 
quilatérale, à crochets écartés, séparés par la facette du ligament; char- 
nière en ligne droite ou légèrement arquée, et garnie de dents nom- 
breuses, sériales et intrantes, verticales ou divergentes. Ligament externe, 
mince et étendu sur la facette ligamentaire, celle-ci marquée de sillons 
anguleux. Deux impressions musculaires bien distinctes et réunies par 
une ligne palléale entière, étroite, peu marquée et parallèle au bord de 
la coquille. 

Ce genre, extrêmement nombreux en espèces, possède des représentants 


dans la plupart des époques géologiques, depuis les couches dévoniennes 
jusqu'à nos jours. 


1. ARCA ELEGANS. 
(PL XXI, fig. 2.) 
CucuLrAEA ELEGANS. Roemer, 1856, Oo!., p. 105, pl. 6, fig. 16. 


ARCA ELEGANS. Goldf., Petref., 1858, IT, p.146 , pl. 195, fig. 1 (non De Kon.). 
— — D'Orb., Prodr., 1850, I, p. 255. 


A. testà ovato-trapezoïided , ventricosà , posterits depresso-productà, subca- 
rinalä; margine antico subrotundato, postico subanqgulato ; umbonibus pro- 
minulis involutis, antemedianis, valdè distantibus ; valvis concentricè lamel- 
loso-strialis, lineis radiantibus inaequalibus, anticis majoribus ; areû densè 
striatà. 


Dimensions. — Longueur 40 mill.; largeur 28; hauteur 24; — (100 : 


70 : 60). 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 179 


Description. — Coquille de forme ovale, subtrapézoïde, très-large, ren- 
flée vers les crochets, comprimée, carénée en arrière; carène très-marquée 
vers le haut, rendue obtuse en arrière par un espace légèrement concave; 
bord antérieur arrondi, l'inférieur peu convexe, le postérieur tronqué, 
subanguleux vers le bas. Sommets saillants, recourbés en dedans et un 
peu en avant, très-distants , situés vers le tiers ou le quart antérieur de la 
coquille; aréa couverte de fines stries nombreuses ; charnière formée de 
10 à 12 dents; celles qui correspondent au sommet presque verticales. 

Valves épaisses, couvertes de lamelles concentriques irrégulières, de 
fines stries parallèles à celles-ci, et de côtes rayonnantes inégales, irrégu- 
lières, plus saillantes en avant et près de la carène. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'A. (cucullaea) can- 
cellata de Phill. (non Sow.) par sa forme générale, par son côté postérieur 
notablement plus court et par les ornements de sa surface un peu plus 
grossiers. 

Elle se rapproche davantage de l'A. inaequivalvis, au moins quant à sa 
forme; elle se reconnait du reste facilement par ce caractère, de porter 
des côtes rayonnantes sur les deux valves, tandis que l'A. inaequivalvis en 
présente sur la valve gauche seulement. 

Localités. — Cette espèce est caractéristique de la marne de Grand-Cour ; 
on la trouve en plusieurs endroits, à Grand-Cour, Écouviez, Lamorteau ; 
elle se rencontre dans des couches correspondantes en Allemagne, à Oker- 
hütte (Roemer), à Goslar (Goldfuss.). 


2. ARCA OBLONGA. 
(PI. XXIV, fig. 3.) 
CucurLaEA OBLONGA. Sow., 1818, Män. conch., t.IIL, p. 7, pl. 206, fig. 1, 2. 


— — Phill., 1855, Forksk., pl. IL, fig. 54. 
— — Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 56, fig. 5. 


ARCA — Goldf., 1858, Petref., 1, p. 147, pl. 195, fig. 2. 
— SUBDEGUSSATA. Munst.,Goldf., Petref., id., id, pl. 195, fig. 4. 
— OBLONGA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 280. 
CocuLLAEA — Desh. 1850, Trait. élém. de conch., pl. 57, fig. 1, 2. 


A. testà ovalo-trapeziformi, fornicalä ; umbonibus antemedianis, valdè 


180 DESCRIPTION DES FOSSILES 


distantibus ; latere postico truncato, declivi, obtuso, carinato ; valvis striis con- 
centricis , lineisque radiantibus geminatis crebris ornalis. 


Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 36; épaisseur 18; — (100: 
15 : 58.) 

Description. — Coquille oblongue, trapéziforme, renflée, obtusément 
carénée et comprimée; bord antérieur arrondi; bord postérieur tronqué 
obliquement; bord inférieur presque droit; sommets légèrement anté- 
rieurs, très-distants chez l'adulte; aire cardinale marquée de 9 à 12 stries 
parallèles. 

Valves ornées de stries concentriques et de fines côtes rayonnantes nom- 
breuses, d’abord simples, puis bifurquées. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'A. elegans, Goldf., 
par ses côtes rayonnantes fines, égales et régulières. 

Localités. — Nous avons rencontré cetle espèce dans le calcaire de 
Longwy, près de Halanzy; on la retrouve dans les mêmes terrains en 
Angleterre, à Dundry (Sow.); en Allemagne, au Stuifenberg (Ziet.), à 
Rabenstein (Goldf.); en France, elle n’est pas rare en Normandie, à Dra- 
guignan (Var), etc., (d'Orb.). 

Observation. — Nous réunissons à cette espèce, l'A. decussata de Munster, 
qui ne s’en distingue que par la distance des crochets et les stries simples, 
caractères qui sont en rapport avec l’âge et la taille de la coquille. 


Genre PINNA. 


Jammonneau, Adanson. 

Pmxa, L. et Auct. 

Cnimagra, Poli. 

Oxysma et Curvura, Rafinesque. 


Testa subcornea, fibrosa, fragilis, regularis, aequivalvis, transversa ; an- 
ticè umbone terminali recto acuta, posticè dilatata, truncata ; cardo dorsalis , 
linearis, edentulus ; ligamentum marginale, elongatum ; impressio muscu- 
laris postica magna, antica in umbone vix conspicua. 


Coquille subcornée, fibreuse, cassante, régulière, équivalve, longitu- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 181 


dinale, pointue antérieurement, au sommet, qui est droit, élargie et 
souvent comme tronquée en arrière. Charnière dorsale, longitudinale et 
sans dents. Ligament marginal, occupant presque tout le bord dorsal de 
la coquille. Une seule impression musculaire très-large en arrière; un 
indice de l’antérieure sous le sommet de la coquille. 

Animal ovale, allongé, assez épais ; manteau ouvert en dessous, et sur- 
tout en arrière, où il forme quelquefois une sorte de tube garni de cirrhes 
tentaculaires. Un appendice abdominal flabelliforme, subsillonné, et un 
byssus très-développé. Bouche pourvue de lèvres doubles, outre les deux 
paires d’appendices labiaux. Deux muscles adducteurs, l’un très-grand, 
submédian et subpostérieur ; l’autre très-petit, inséré dans le sommet. 

Ce genre, peu nombreux en espèces, a commencé à l’époque carbo- 
nifère, et est arrivé jusqu'à l’époque actuelle, où il vit sur les rivages 
sablonneux. 


1. PINNA Fis54. 
(PL. XXVI, fig. 6.) 


Pinna rissAa. Goldf., 1858, Petref., pl. 127, fig. 4. 
— —  D'Orb.,1850, Prodr., I, p. 255. 


« P. testà pyramidali, brevi, quadriquetrà ; carinà dorsali fissä ; striis con- 
centricis trreqularibus. » 


Description. — Coquille de petite taille, de forme pyramidale, à quatre 
faces. Valves ornées de stries concentriques irrégulières, fortement flé- 
chies près du bord supérieur auquel elles deviennent parallèles en formant 
plutôt de légères côtes onduleuses; près du bord inférieur, on aperçoit 
quelques traces de stries rayonnantes espacées; la carène médiane des 
valves est fendue. 

Observation. — La fente de la carène n'appartient qu’à la partie interne 
du test; si la partie externe est fendue, cela nous paraît dû à un accident. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue par son test plus 
lisse, presque sans trace de côtes rayonnantes, et par sa forme pyramidale 
élancée. Nous n’en possédons que des fragments de la grandeur de celui 


182 DESCRIPTION DES FOSSILES 


que figure Goldfuss; cependant nous ne croyons pas qu’on puisse la con- 
sidérer comme le jeune âge d’une autre espèce. 

Localités. — Nous l'avons rencontrée dans la marne de Jamoigne, dans 
cette localité. Goldfuss l'indique dans le grès liasique d’Altdorf. C’est sans 
doute par inadvertance que M. d’Orbigny la place dans son étage toarcien. 


2. PinNa sIMILIS. 
(PL. XXVL, fig. 8.) 


P. testà pyramidali quadriquetrà ; valvis concentricè undulato-striatis, ra- 
diatim costalis ; costis anqustis depressis, distantibus, irreqularibus ; carinä 
valvarum fissa. 


Description. — Coquille de forme pyramidale, à quatre faces, un peu 
comprimée en arrière, mais offrant toujours une coupe rhomboïdale ; valves 
ornées de stries, ou plutôt de petites côtes concentriques onduleuses, tom- 
bant presque perpendiculairement sur le bord inférieur, fortement fléchies 
vers le haut et devenant parallèles au bord supérieur; et de quelques lignes 
rayonnantes ou côtes étroites, distantes, irrégulières, bien visibles près 
du bord, mais peu marquées sur le milieu des valves. Carène des valves 


fendue. 
Elle peut atteindre plus de 12 centimètres de long. 
Rapports et différences. — Voisine de l’espèce suivante, elle s’en dis- 


tingue par une coupe rhomboïdale, déprimée en avant, comprimée en 
arrière; elle se sépare de la précédente par ses côtes rayonnantes et par 
l'ouverture de l'angle formé par les bords supérieur et inférieur. La fente 
de la carène paraît n’appartenir qu’à la couche interne. 
Localité. — L'échantillon décrit et figuré a été trouvé dans la marne de 
Jamoigne, à Muno. 
5. Pixna HarTuanni. 


(PL XXVI, Gg. 7.) 


Pivna Hartmann. Ziet., 1850, Furt., pl. 55, fig. 5. 
— — Goldf., 1858, Petref., pl. 197, fig. 5, a. 
= D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 218. 


P.testà ovato-triangulari, acutä; anticè quadriquetrd, posticè convexo-pland; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 185 


valvis concentricè striato-undulatis, radiatim costatis; costis anqustis, de- 
pressis, distantibus, undulatis. 


Description. — Coquille ovale-triangulaire, aiguë, offrant en avant la 
forme d’une pyramide à quatre faces, comprimée en arrière et légère- 
ment convexe; valves marquées de légères ondulations concentriques, 
irrégulières, et de côtes rayonnantes, onduleuses, étroites, peu marquées 
et distantes. 

Observation. — L’échantillon unique que nous rapportons à cette espèce, 
est conforme à la figure de Goldfuss, 5, a; dans celle de Zieten, les côtes 
sont beaucoup plus fortes. Il peut mesurer 11 à 12 centimètres de long. 

Localités. — Cette espèce a été trouvée à Hachy, dans la marne de 
Jamoigne. Zieten et Goldfuss la signalent en Allemagne, dans le lias infé- 
rieur de Vaihingen et de Goeppingen. 


4. PINNA DILUVIANA. 
(PI. XXX, fig. 2.) 
PiNNITES DILUVIANUS? Schloth, 1816, Petref. 


PINNA DILUVIANA. Zieten, 1850, Furt., pl. 55, fig. 6, 7. 
—  Hanrmanni. Goldf., 1858 , Petref., pl. 127, fig. 5, b (partim.) 


P. testé amplà, acut&, pyramidali, quadriqueträ, posticè compressä ; valvis 
concentricè undulalo-costatis; costis radiantibus, angustis, distantibus sub- 
nodosis. 


Description. — Coquille de grande taille, présentant la forme d’une pyra- 
mide allongée à quatre faces, fort comprimée en arrière; valves ornées de 
côtes entrecroisées , les unes concentriques, fortement fléchies en avant 
près du bord dorsal, nombreuses et onduleuses; les autres rayonnantes, 
étroites, espacées, un peu irrégulières, comme noduleuses à leur intersec- 
tion avec les premières. — Moule lisse, ainsi que la couche interne du test. 

Elle dépasse 25 centim. de long. 

Observation. — Zieten à figuré sous le nom de Pinna diluviana, Schl]., 
deux moules que Goldfuss réunit à la P. Hartmanni; mais ils paraissent 
s'en distinguer par leur taille et par leur coupe postérieure rhomboïdale. 


184 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Nous réunissons sous ce nom plusieurs moules semblables, munis ou non 
de la partie interne du test, et un individu dont le test, bien conservé, nous 
offre de fortes côtes semblables à celles de la fig. 3, b, de Goldfuss, mais 
bien différentes de la fig. a et des individus que nous y rapportons. Ce- 
pendant ce dessin n’est guère différent de celui de la P. Hartmanni, de Zie- 
ten; et si celle-ci est bien la même que celle de Goldfuss, nous ne serions 
pas éloignés de réunir le tout, à l'exemple de ce savant. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le grès de Luxem- 
bourg, où elle n’est pas bien rare, à Lasoye, Fontenoille, Étale; peut- 
être se trouve-t-elle aussi dans la marne de Strassen. Les individus de 
Zieten proviennent du calcaire liasique de Vaihingen et Degerloch, près 
Stuttgard. 


5. PINNA INFLATA. 


P. testä amplà, pyramidali quadriqueträ ; valvarum parte dorsali inflatà. 
convex@ ; costis radiantibus el concentricis decussatis; nucleo laevi. 


Description. — Coquille de grande taille; le moule a la forme d’une 
pyramide élancée à quatre faces, et les faces correspondantes à la moitié 
dorsale des valves sont renflées et convexes, surtout en avant. Le test est 
muni de côtes entre-croisées , les unes concentriques et onduleuses, les 
autres rayonnantes, étroites, comme noduleuses ; sa face interne, conser- 
vée sur une partie de l'échantillon, montre des traces de côtes rayon- 
nantes, et des stries d’accroissement à peine visibles ; mais les côtes ont 
disparu sur le moule. 

Elle atteint une longueur de 50 centimètres au moins. 

Différences. — Cette espèce nous a paru bien distincte de toutes celles 
avec lesquelles on pourrait la confondre de prime abord, par le renfle- 
ment convexe de la moitié dorsale de ses valves. 

Localité. — Elle a été trouvée dans les sables inférieurs du lias moyen, 
aux environs de Wolkrange; on la retrouve dans la même couche, à Breux 
(France). 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 185 


Genre MYTILUS, Linwé. 


Mynuus, Linn. 
Myrnicus, Monroca, Lam. 


Testa aequivalvis, inaequilateralis, tenuis, oblonga, anticè acuta vel 
obtusa, bysso affixa; umbones terminales vel subterminales ; cardo linearis 
saepissimè edentulus ; ligamentum subinternum ; impressio muscularis antica 
minima, postica magna elongata; impressio pallealis integra. 


Coquille équivalve, très-inéquilatérale, mince, régulière, oblongue, 
aiguë ou obtuse en avant, à peine bâillante pour le passage d’un byssus. 
Sommets terminaux ou presque terminaux. Charnière linéaire, le plus 
souvent sans dents ; ligament longitudinal légèrement interne. Deux impres- 
sions musculaires , l’antérieure petite, la postérieure grande, oblongue, 
superficielle. Impression palléale entière. 

Animal pourvu d’un manteau ouvert sur presque toute sa longueur, 
simulant un siphon non extensible, garni de tentacules en arrière seule- 
ment. Bouche simple, non papilleuse en dedans, pourvue de deux paires 
de lèvres charnues, allongées. Pied long, linguiforme, canaliculé; un byssus 
à sa partie postérieure. Deux muscles adducteurs. 

Les moules ont commencé à paraître dans les terrains les plus anciens; 
on en trouve beaucoup d'espèces dans presque tous les terrains, mais 
c'est à l’époque actuelle qu’elles sont le plus nombreuses. Elles vivent en 
société, sous toutes les latitudes, fixées par leur byssus, ordinairement 
au-dessus des marées basses. 


4. Mynizus Hizanoines? 


(PL XXV, fig. 5.) 


Myrius Hissanus. Goldf., 1858, Petref., pl. 150, fig. 8 (non Sow.). 
—  Hisranoines. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 340. 


M. testà ellipticà, convexà, concentricè striatà; wmbonibus terminalibus ; 
margine cardinali recto, brevi, latere inferiore convexo plano, in medio sub- 
compresso, anlicè arcualo, brevi. 


Tome XXV. 24 


A 


186 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 17 ; — 100 : 43. 

Description. — Coquille elliptique, très-inéquilatérale ; côté antérieur 
très-court, terminé par un bord arrondi; côté postérieur allongé; bord 
postérieur arrondi; bord inférieur presque droit; bord supérieur droit, 
court, et peu oblique vers les sommets, légèrement arqué en arrière. 
Sommets grêles, comprimés, presque terminaux. Valves striées concentri- 
quement, marquées d’une carène longitudinale obtuse, partant des som- 
mets et divisant les valves en deux parties, la supérieure convexe, l’infé- 
rieure presque plane, légèrement évidée vers le milieu. 

Rapports et différences. — Cette espèce, confondue par Goldfuss avec le 
M. hillanus de Sowerby, en a été séparée par M. d'Orbigny; elle s’en dis- 
tingue bien par ses sommets moindres, et son bord cardinal beaucoup 
moins oblique en arrière des sommets, ce qui rend la coquille moins 
haute. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire subor- 
donné à la marne de Jamoigne, à Muno; peut-être aussi dans la marne 
de Strassen, à Frelange. Goldfuss l'indique dans les marnes liasiques de 
Ockerhütte. 

Observation. — Nous avons été longtemps dans l’incertitude pour savoir 
si nous devions rapporter notre espèce au M. hillanoïdes ou au M. scalprum; 
la forme générale surtout nous a décidés pour la première de ces espèces. 


2. Myrizus TERQUEMIANUS. 
(PL. XXV, fig. 4.) 


Myrizus Terquemianus. De Ryckholt, 1850, Mel. paléont., p. 146, pl. 9, fig. 5, 4. (Mém. cour. de l’ Acad. de 
Belg., t. XXIV; 1852.) 


« AL. testä tenui, utrinquè angustatà, medio dilatatà, inflatä, gibbosä, 
sublaevi; latere palleali recto, compresso; latere ligamenti convexo ; apice 
exiquo. » 


Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, épais- 
seur 0,51. » . 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 187 


Description. — « Coquille mince, un peu plus rétrécie du côté buccal 
que du côté anal, élargie au milieu, émoussée aux extrémités, renflée, 
gibbeuse; sa surface est couverte de fines lignes d’accroissement ondu- 
leuses, inégalement espacées, qui se pressent vers l'extrémité buccale et 
font paraître cette partie légèrement ridée; région palléale droite, forte- 
ment comprimée et marquée d'une faible dépression arquée, qui longe 
d’abord la gibbosité dorsale et s'arrête avant d’avoir atteint le côté palléal ; 
région du ligament uniformément convexe; crochets peu apparents. » 

Rapports et différences. — « Il suffira de comparer les figures que nous 
donnons de cette coquille à celle de l'espèce suivante et du M. bipartitus, 
Sow., pour reconnaître qu’elle est bien distincte de l’une et de l’autre. » 

Localité. — « Le M. Terquemianus se trouve avec l'espèce suivante. » 


5. MYTILUS PSILINOTUS. 


(PL. XXV, fig. 5.) 


Myrizus psiziNorus. De Ryckholt, 1850, Mél. paléont., p. 145, pl. 9, fig. 1, 2. (Mém. cour. de l’ Acad. de 
Belg., t. XXIV; 1852.) 


« AL. testä tenui, subarcuatä, elongato-ovali, gibbosä , valdè inaequilatera , 
laevi; latere buccali brevi, angustiore, obtuso ; latere anali elongato, anticè 
obliquè rotundato; latere ligamenti inflato; latere palleali sinuoso, abruptè 
compresso ; apice viX CONSPICUO. » 


Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, lar- 
geur 0,18 ; épaisseur 0,52; longueur du côté anal 17 ‘2 mill. » 
Description. — « Coquille mince, légèrement arquée, allongée, un peu 


plus étroite en arrière qu’en avant, obtuse aux deux extrémités, gibbeuse 
et très-inéquilatérale; sa surface, partagée en deux parties par une carène 
longitudinale, oblique et peu tranchante, renseigne de fines lignes d’ac- 
croissement inégalement espacées; on observe, en outre, deux plis assez 
marqués vers l'extrémité anale, et quelques rides vers le rétrécissement 
palléal, formées par l'accumulation des stries d’accroissement; région du 


188 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ligament renflée , région palléale sinueuse, fortement comprimée et dépas- 
sant les crochets, qui sont fort petits. » 

Rapports et différences. — « Si lon compare notre modiole au Modiola 
bipartita, Sow., on trouve que les deux espèces ont les plus grands rap- 
ports; cependant la conformation du côté cardinal qui, dans la nôtre, se 
dessine en are de cercle régulier, tandis qu'il est tronqué dans l'espèce 
de Jaunton, établit entre les deux espèces une différence assez notable; 
la compression palléale est aussi plus forte dans la nôtre. M. Sowerby ne 
mentionne pas non plus sur les moules qu'il décrit, l'existence d’une 
carène tranchante, si prononcée sur ceux de notre coquille; ces caractères, 
et quelques autres que la comparaison des deux figures fera aisément 
saisir, m'ont porté à la considérer comme espèce distincte. » 

« Son côté cardinal plus arrondi, son côté buccal plus rétréci , son côté 
palléal plus creusé, distinguent notre coquille du Mod. laevis, Roemer. » 

Localité. — « J'ai rencontré cette espèce dans les grès de Luxembourg, 
de l’âge du lias inférieur. » 


4. MYyTiLus SUB-PARALLELUS , N. 


(PL XXV, fig. 6.) 


M. testä elongatä, ellipticä, utrinquè rotundatä; margine inferiore recto, 
superiore subarcualo ; umbonibus subterminalibus , gracilibus ; valvis concen- 
tricè striatis, infrà carinam mediam obtusam plano-convexis, suprà convexis ; 
dorso obtuso. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 15; épaisseur 14; — (100 : 
30 : 28). 

Description. — Coquille elliptique, très-allongée, non arquée; côté anté- 
rieur très-petit, atténué, terminé par un bord arrondi; côté postérieur 
très-allongé, arrondi et obtus; bord inférieur droit, bord supérieur très- 
légèrement arqué, droit et allongé à la région cardinale. Sommets grêles, 
comprimés, presque terminaux. Valves ornées de stries concentriques ou 
de plis peu marqués, partagées en deux parties par une carène partant 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 189 


du sommet, à peine arquée, obtuse, surtout en arrière; la partie inférieure 
est légèrement convexe, la partie supérieure l’est davantage, surtout en 
avant, où elle se réunit à celle de l’autre valve sous un angle très-obtus, 
ce qui donne à la coquille en cet endroit une coupe transversale ayant la 
forme d’un triangle isocèle dont les angles semblables seraient arrondis. 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère du M. plicatus, Goldf., par 
l'absence de plis et de courbure au bord cardinal, ainsi que par l’ensemble 
de la coquille; elle est fort voisine du M. scalprum, Sow.; mais celle-ci est 
toujours plus ou moins arquée, parfois très-fortement , et le bord cardinal 
est beaucoup plus court. 

Localüés. — Nous l'avons trouvée dans le macigno d’Aubange, à Bleid, 
à La Tour, à Aubange et dans les sables inférieurs du lias moyen, à Somme- 
Thonne; les moules ne sont pas rares, mais nous n’avons pas encore réussi 
à dégager un individu muni de son test. Certains fragments ont appartenu 
à des individus de 7 à 8 centimètres de long. 


5. MyriLus GiBBosus. 
(PL XX, fig. 7.) 
MopioLa GIBBOSA. Sow., 1818, Min. conch., t. IT, p. 19, pl. 211, fig. 2. 


MyYTuULITES MODIOLATUS. Schl., 1820, Petref., t. I, p. 500, n° 15. 
MonioriTEs PaPuANUSs. Krug, 1825, Urw., t. II, p. 440. 


MopiOLA CUNEATA. Ziet., 1850, Furt., pl. 59, fig. 8. 
—  HILLANA. Ziet5 id, xd. id., fig. 4. 
MyTILUS GIBBOSUS. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 540. 


ML. testà ovato-reniformi, latere antico minimo, postico elongato, obtuso : 
marine superiore convexo, inferiore emarginato; umbonibus subtermina- 
libus, incurvis, prominulis ; margine cardinali arcuato; valvis concentricè 
subtilissimè striatis, parte inferiore anticè ventricosà ; dorso carinato. 


Dimensions. — Longueur 44 mill.; hauteur 22; épaisseur 25; — (100 : 
D0 : 55). 
Description. — Coquille oblongue, réniforme; côté antérieur presque 


nul; côté postérieur allongé, terminé en arrière par un bord obtus; bord 
inférieur échancré; bord supérieur arqué; bord cardinal oblique, légère- 


190 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ment courbé, caréné. Sommets presque terminaux, saillants, recourbés 
en avant et en bas. Valves ornées de stries concentriques très-fines, mar- 
quées de deux dépressions longitudinales, l’une supérieure, commençant 
près du crochet et limitant la carène formée par le bord cardinal; l’autre 
inférieure , plus forte, atteignant le bord inférieur vers le milieu de la lon- 
gueur ; la moitié antérieure de la valve paraît par là renflée, gibbeuse. 

Cette espèce est fort large; le maximum de largeur se trouve un peu en 
avant de la moitié : la plus grande hauteur est située un peu en arrière. 

Rapports et différences. — Elle se distingue de la Modiola cuneata, Sow., 
avec laquelle elle à été confondue, par son bord cardinal arqué, le côté 
inférieur sensiblement plus échancré et par sa partie postérieure plus 
épaisse, moins cunéiforme. 

Localités. — Cette espèce, qui n’est pas rare dans le calcaire de Longwy, 
à Longwy et au sud de Halanzy, se rencontre, dans le même terrain, dans 
un grand nombre de localités, en Angleterre (Bath) et sur le continent : 
Bayeux, Guirch, Niort, Geniveaux, (d’Orbigny), Stuifenberg, Braune- 
berg, près de Wasseralfingen (Zieten); Hildesheim, Dôrshelf, Eschers- 
hausen (Roemer). 


Genre LITHODOMUS, Cuvrr. 


Mymius (p.), L. Brug., etc. 
Moniora (p.), Lam. 


Testa aequivalvis, inaequilateralis, oblonga, inflata, anticè obtusa, clausa ; 
umbones subterminales, involuti; cardo edentulus ; ligamentum lineare, exter- 
num ; impressio muscularis antica parva, postica magna oblonga; impressio 
pallealis integra. 


Coquille équivalve, très-inéquilatérale, allongée, oblongue, renflée, 
comprimée en arrière, obtuse en avant, fermée. Charnière sans dents, 
ligament linéaire presque externe. Sommets presque terminaux, contour- 
nés. Impressions musculaires au nombre de deux, l’antérieure petite, la 
postérieure grande, oblongue, superficielle. Impression palléale entière. 

Animal pourvu d’un manteau fermé seulement en avant, prolongé en 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 191 


arrière en deux longs tubes extensibles, accolés, dont l’un, anal, est 
ouvert seulement à son extrémité, et l’autre fendu dans toute sa lon- 
gueur. Branchies en longues lanières, formées de filaments libres. Bouche 
munie de lèvres. Pied étroit, assez court, comme bilobé; un byssus en 
arrière sur une saillie spéciale. Deux muscles adducteurs. 

Les lithodomes paraissent avoir apparu avec les couches liasiques; 
assez nombreux déjà dans les terrains jurassiques, ils le sont surtout 
dans les terrains crétacés et tertiaires; aujourd’hui, ils vivent principale- 
ment dans les mers chaudes et tempérées, au niveau des basses marées 
ou en-dessous, et perforent les pierres, les coraux, etc., en tapissant 
leur trou d’un tube calcaire plus ou moins prolongé. 


Liraopomus WATERKEYNI. 
(PL XXH, fig. 7.) 


L. test valdè inaequilaterd , oblongä ; anticè obtusd, posticè productà, alta, 
compressà, rotundatà ; margine cardinali recto, ascendente, dein arcuato de- 
clivi ; inferiore subarcuato; umbonibus anticis, exiquis, subprominulis ; valvis 
concentricè et requlariter striatis. 


Dimensions. — Longueur 20 mill.; hauteur 9; largeur 7; — (100 : 
45 : 59.) 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, oblongue, presque cylin- 
drique à la partie antérieure, qui est obtuse; côté postérieur très-pro- 
longé, comprimé, arrondi à son extrémité; la plus grande hauteur se 
trouve vers le milieu de la coquille. Bord cardinal droit et ascendant 
jusqu’à la moitié de sa longueur; de là légèrement convexe et déclive; 
l'inférieur très-faiblement arqué; sommets surplombant le bord antérieur, 
petits, ne formant qu’une très-légère saillie. 

Valves assez épaisses, présentant de très-fines stries d’accroissement et 
quelques sillons concentriques plus marqués, également ou inégalement 
distants les uns des autres, selon les individus. 

Rapports et différences. — Cette jolie espèce diffère du L. (Modiola) inclusus, 
Phill., par sa taille moindre, sa forme moins bombée, et une hauteur 


192 DESCRIPTION DES FOSSILES 


relative plus faible. Il sera plus facile encore de la distinguer des L. fa- 
bella et parasiticus, Deslongchamps. 

Localité. — Cette espèce se rencontre dans le calcaire de Longwy, au 
sommet du plateau où se trouve cette ville; elle n’y est pas commune, et 
se trouve dans des fragments d’astrées indéterminables. 


Genre LIMEA, Lamarck. 


Testa libera, aequivalvis, inaequilateralis, convexa, auriculata, clausa ; um- 
bones aequales, prominentes, areà declivi separati; margo cardinalis rectus, 
intüs utrinquè dentibus perpendicularibus vel divergentibus compositus ; fovea 
cardinalis mediana; ligamentum internum ; impressio muscularis unica, sub- 
mediana. 


Coquille libre, équivalve, inéquilatérale, convexe, auriculée, non 
bâäillante. Sommets égaux, saillants , séparés par un espace incliné. Char- 
nière droite, formée de chaque côté, de dents perpendiculaires ou diver- 
gentes. Fossette cardinale médiane triangulaire, recevant un ligament 
interne. Une seule impression musculaire presque médiane. 

Ce genre, éteint aujourd’hui, ne compte encore que trois espèces, une 
du lias moyen, une bajocienne, et celle que nous décrivons. 


1. Limea KoniNcKanA, N. 
(PI. XXVL, fig. 7.) 


L. testä obliqu&, ovato-semicireulari, subtilissimè concentricè striatà ; costis 
radiantibus 24-26, acutis, trifariäm granulosis, sulcis conformibus ; lunula 
planä, costis granulosis ; margine cardinali recto; utrinquè dentibus 4 exte- 
rioribus. 


Dimensions. — Longueur 14 mill.; hauteur 15; épaisseur 10; — (100 : 
106 : 78). 

Description. — Coquille peu oblique, de forme à peu près ovale-semi- 
circulaire , bombée, surtout près des sommets, le bord antérieur tombant 
très-rapidement. Valves ornées de stries concentriques très-fines et serrées 
et de 24-26 côtes rayonnantes, aiguës, carénées , séparées par des sillons 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 195 


égaux entre eux et aux côtes, à fond anguleux; chacune de ces côtes 
porte trois séries de petites dents ou granules nombreux, une sur l'angle, 
les deux autres sur le milieu de chaque côté. Lunule plane, portant 6 ou 
7 côtes dentées sur le bord, de plus en plus petites. Oreillette antérieure 
un peu plus grande que l’autre. Bord cardinal à peu près droit, dépourvu 
de dents; mais, en dehors de l’angle des oreillettes, on compte, en avant 
et en arrière, quatre dents bien marquées, les antérieures obliques, les 
postérieures presque horizontales. La dent supérieure de chaque côté se 
trouve immédiatement à l'extrémité du bord cardinal. 

Observation. — La charnière de cette espèce pourra peut-être servir à 
former un nouveau genre ; mais ce caractère n’a pas assez d'importance 
zoologique pour qu’il soit convenable aujourd'hui de la séparer du peu 
d'espèces que l’on connaît. 

Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jamoigne; on la 
trouve, mais rarement, à Jamoigne et à Termes. 


Genre LIMA, BRUGUIÈRE. 


Osrrea, sp. Lin. 

Gzaucion, Oken. 

Lo, Brug., Lam., Desh., Goldf., d'Orb. 
Pzaciosroma, Sow., Ziet., Desh., Phill. 


Testa obliqua, aequivalvis vel subaequivalvis, inaequilateralis , auriculata , 
inter valvas anticè hians ; winbones divaricati ; cardo edentulus, fovea cardi- 
nalis partim extlerna, ligamentum excipiens ; impressio muscularis unica, 
centralis, tripartita. 

Coquille plus ou moins oblique, équivalve ou presque équivalve, auri- 
culée, bâillante en avant, à sommets antérieurs et écartés. Charnière lon- 
gitudinale et sans dents. Ligament presque extérieur, inséré dans une fos- 
sette en partie extérieure de chaque valve. Impression musculaire centrale, 
partagée en trois parties distinctes. 


Corps médiocrement comprimé, presque symétrique; manteau fendu 
Toue XXV. 25 


194 DESCRIPTION DES FOSSILES 


dans presque toute sa circonférence, très-finement frangé sur les bords, 
sans trace de siphon. Bouche munie de lèvres frangées et de deux paires 
d’appendices labiaux ; pied rudimentaire, avec un byssus. 

Ce genre, très-nombreux en espèces, a commencé à être représenté 
dans le Muschelkalk, et s’est conservé jusqu’aujourd’hui, où on le rencon- 
tre dans les mers profondes. 


4. Liua Hermann. 
(PI. XXVIL, fig. 1.) 
Knorr, Suppl. V,d,n, 195, fig. 5. 
Lima Hermann. Voltz, in Ziet., 1850, Furt., pl. 51, fig. 2. 
— — Goldf., 1856, Petref., pl. 100, fig. 5. 


PraciosToma Hermann. Schmidt, 1846, Petr.-Buch, p. 60 et 74, pl. 16, fig. 1. 
Lima HERMANN. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 257. 


L. testä convexä, semicirculari, anticè truncatäà ; costis crebris, convexis. 
inaequalibus , interstitiis lineatis, nonnullis latioribus ; lunul& callosà, hiante. 


Dimensions. — Longueur 11 centim.; hauteur 14; épaisseur 6? — 
(100 : 127 : 54?). 
Description. — Coquille équivalve, de grande taille, convexe, subsemi- 


circulaire , à côté antérieur tronqué; sommets peu distincts; lunule dépri- 
mée, calleuse, légèrement bâillante. Valves marquées çà et là, surtout vers 
le bord, de fortes lignes d’accroissement, portant de nombreuses côtes 
rayonnantes, convexes, inégales, assez souvent alternes, parfois interrom- 
pues et déplacées par les anneaux d’accroissement, séparées par des 
interstices planes, inégaux, souvent plus larges que les côtes, et couverts 
de lignes rayonnantes plus ou moins fines. 

Observation. — Cette espèce est très-distincte par sa taille et ses orne- 
ments. Nos échantillons sont moins longs que celui que figure Goldfuss , 
et la lunule est déprimée, au lieu d’être presque plane, dans le seul indi- 
vidu où nous l’apercevions. Nous n'avons pas cru ces caractères suffisants 
pour autoriser la séparation spécifique de nos échantillons. 

Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jamoigne, où elle est 
rare ; nous l'avons rencontrée au nord d’Étale et près de Chiny. En Allema- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 195 


gne, on la rencontre à Boll, à Vaihingen et à Degerloch, près Stuttgard 
(Ziet.) ; en France, à Metz, et en Alsace, dans le lias moyen? (d’Orb.). 


9, Lima Hausmanni. 
(PL. XXVIL, fig. 5.) 


Lima Hausmanni. Dunk., 1844, in Menke’s Zeitsch. für Malak., p.187. 
_ — Dunk., 1846, Palæontogr., I, p. 41, pl 6, fig. 26. 


L. testà ovalä, convexä, anticè declivi, concentricè striatä, costisque 20-21 , 
radiantibus ornatä; cardinis margine recto; auriculis parvis, inaequalibus. 


Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 15. 

Description. — Coquille de petite taille, ovale, médiocrement convexe; 
à bord antérieur déclive; lunule plane, striée, sommets médiocres, oreil- 
lettes petites , inégales, la postérieure la plus grande. Valves ornées de 
stries concentriques très-fines et très-serrées, et de 20 ou 21 côtes convexes, 
obtuses, séparées par des sillons de même forme. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine de la suivante ; 
elle se distingue par le nombre et la forme de ses côtes, et par l'absence 
de côtes intermédiaires. 

Localités. — Elle se rencontre, mais très-rarement, dans la marne de 
Jamoigne, à S'-Cécile. M. Dunker l’a trouvée dans le lias inférieur près 
de Halberstadt, où elle paraît tout aussi rare. 


5. LimA FALLAx, N. 
(PL XXVIL, fig. 4.) 


L. testä ovatä, convex@, anticè declivi, concentricè striaté costisque radian- 
tibus 20-22 obtusis notatt, sulcis intermediis conformibus linea notatis ; auri- 
culis parvis?.… lunulä plan striata. 


Dimensions. — Longueur 14 mill.; hauteur 14 mill. 
Description. — Coquille ovale, de petite taille, médiocrement convexe; 
bord antérieur déclive, le postérieur arrondi; lunule plane, striée; oreil- 


196 DESCRIPTION DES FOSSILES 


lettes petites?.... Valves munies de stries concentriques très-nombreuses 
et très-fines, et de 20 à 22 côtes simples, égales, convexes-obtuses, sépa- 
rées par des sillons semblables dont le fond est occupé par une petite 
ligne saillante. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la précédente, 
ainsi que des autres qui l’avoisinent, par le nombre et la forme de ses 
côtes , et les lignes uniques qui se trouvent au fond des intervalles qui les 
séparent. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la marne de Ja- 
moigne, à Termes et à Jamoigne; elle y est très-rare. 


4. Lima Omauvsi, N. 


(PI. XXVII, fig. 2. 


L. testä ovatä, convexd, anticè truncata; lunulà magn, plano-concavä ; 
stris concentricis, crebris, sublamellosis; costis radiantibus 22-24 convexis , 
r'ugosis ; intersliliis aequalibus plano-concavis, costä minimdä notalis. 


Dimensions. — Longueur 58 mill. ; hauteur 45 ; épaisseur 24 ; — (100 : 
118 : 65). 

Description. — Coquille très-inéquilatérale, ovale, fortement convexe; 
côté antérieur tombant rapidement. Lunule grande, un peu excavée, 
marquée de stries d’accroissement et de lignes divergentes, dont les supé- 
rieures sont peu distinctes. Sommets ... Valves munies de stries d’ac- 
croissement grossières , sublamelleuses, et de 22 à 24 côtes rayonnantes, 
simples, convexes, rugueuses, séparées par des intervalles presque plans, 
égaux ou un peu plus grands, surtout en arrière, que les côtes, et dont 
le fond est presque entièrement occupé par une côte intermédiaire, large, 
convexe, peu élevée et rugueuse. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des L. pectinoïdes, 
duplicata, etc.; elle nous a paru distincte de toutes, soit par le nombre des 
côtes principales, soit par celui des côtes secondaires, et surtout par la 
grossièreté de ces ornements, due aux stries d’accroissement. C’est peut- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 197 


être la même que la L. Hettangiensis de M. Terquem , espèce que ce savant 
paléontologiste se propose de décrire prochainement dans son ouvrage sur 
les fossiles du grès d'Hettange. 

Localité. — Nous n'avons rencontré cette espèce qu’au nord d'Étale, 
dans la marne de Jamoigne. 


5. Lima PLEBEN, N. 


(PI. XXVIIL, fig. 1.) 


L. testà subconvexä, subsemicireulari, anticè truncatà; lunul& excavatà ; 
umbonibus parvis ; auriculis parvis, inaequalibus ; valvis concentricè subti- 
lissimè striatis striisque nonnullis, anticè et posticè divergentibus punctatis 
ornatis. 


Dimensions. — Longueur 75 mill. ; hauteur 75 ; épaisseur 32; — (100 : 
100 : 45). 

Description. — Coquille de taille médiocre, peu convexe, subsemi-cir- 
culaire, légèremeut bâillante en avant; bord antérieur droit et déclive; 
sommets assez petits, mais saillants ; oreillettes petites, inégales. Valves 
ornées de stries concentriques extrêmement fines et serrées, très-régu- 
lières, et de stries divergentes imperceptibles sur presque toute la sur- 
face, mais bien marquées, quoique étroites, en‘avant et en arrière, où elles 
sont finement ponctuées. La lunule, profondément excavée, est striée 
concentriquement. 

Rapports et différences. — Voisine de la L. punctata, Sow., elle s'en dis- 
tingue par sa forme peu bombée, sa lunule profonde et sa surface en 
grande partie dépourvue de stries divergentes ponctuées. Le test paraît 
souvent corné, transparent ou translucide. Quelques échantillons nous 
portent à croire que l'espèce ci-dessus pourrait bien être le jeune âge de 
la L. gigantea des auteurs; mais de nouvelles observations seraient néces- 
saires pour déterminer ce point. 

Localités. — Elle est commune dans la marne de Jamoigne, à Jamoigne, 
à Izel, à Chiny, à Muno, etc. 


198 DESCRIPTION DES FOSSILES 


6. Lima DUPLICATA. 
(PI. XXX, fig. 3.) 
PLAGIOSTOMA DUPLICATA. Sow., 1826, Min. conch., 1. IV, pl. 559, fig. 4, 5, 6. 
Lima — Roem., 1856, Ool., p. 75. 


— — Goldf., 1858, Petref., pl. 102, Gg. 11. 
— — D'Orb., 1850, Prodr.., t. I, p. 541. 


L. testä convexd, obliquè ovatà, anticè abruptè declivi; costis 25-27 acutis, 
carinatis ; sulcis conformibus linea ornatis ; lunulä pland, striata. 


Dimensions. — Longueur 55 mill.; hauteur 40; épaisseur 22 ; — (100 : 
114 : 65). 

Description. — Coquille d’assez petite taille, convexe, inéquilatérale, 
oblique, subovale; côté antérieur tombant rapidement; valves ornées de 
25 à 27 côtes aiguës, carénées, laissant entre elles des sillons semblables 
dont le fond est occupé par une seule ligne saillante; couverte, en outre, 
de stries concentriques très-fines et très-serrées, et de stries rayonnantes 
ordinairement moins distinctes. Lunule plane, ornée de stries rayon- 
nantes qui deviennent peu à peu des côtes semblables à celles du reste de 
la surface. 

Rapports et différences. — Cette espèce paraît bien distincte par le nombre 
et la forme de ses côtes et de ses sillons. Nous regrettons beaucoup de n’en 
posséder aucun échantillon certain du kelloway-rock; mais, malgré la diffé- 
rence de gisement, nous n'avons rien vu qui en séparàt nos individus, si 
ce n’est une plus grande taille. 

À la synonymie ci-dessus, il faut, sans doute, ajouter le Plagiostoma 
duplicatum, Phill., Yorksh., 1829, pl. VE, fig. 2, du kelloway de Scarbo- 
rough; mais il est difficile d’y reconnaître l’espèce de Sowerby. MM. Mor- 
ris et Lycett (À monogr. of the mollusca fr. the great oolite, 1855, pl. IT, 
p- 26), donnent dans la synonymie de cette espèce, le L. alternicosta, Buvig. 
(Géol. de la Meuse, t. XNIIE, p. 22, fig. 11-15) et le Plagiostoma pectinoïdes, 
Ziet. (Wurt., p. 92, pl. 69, fig. 2); mais celle-ci avec doute. 

Localités. — Elle se rencontre 1° dans la marne de Jamoigne, assez 
fréquemment à Jamoigne, à Termes, à Chiny, à Izel, à Muno; 2° dans le 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 199 


grès de Luxembourg, à Guirsch; 3° dans la marne de Strassen, à Frassem 
à Frelange; 4° dans le macigno (?); 5° dans le calcaire de Longwy, à Longwy. 

Sowerby l'indique dans l’oolithe corallien de Malton ; M. Foemer dans 
le lias et le dogger (oolithe inférieur) du Wurtemberg; Goldfuss, dans le 
lias, d’après de Münster, et dans l’oolithe inférieur; tandis que M. d’Or- 
bigny la regarde comme propre au callovien, et la cite dans plusieurs 
localités de France, et en Angleterre, à Scarborough et à Hackness, 
d'après Phillips. 

7. LiMA GIGaNTEA. 
(PI. XXVIIL, fig. 9, et pl. XXIX, fig. 1.) 


Kaorr. B,1,c,n, fig. 2. 
Encyclop., pl. 258, fig. 5, a, b. 
PLAGIOSTOMA GIGANTEA. Sow., 1814, Min. conch., t. 1, p. 176, pl. 77. 
— SEMILUNARE.  Lam., 1819, Ænim. sans vert., t. VI, p. 160. 
CHAMITES LAEVIS GIGANTEUS. Schl., 1820, Petref., p. 214, Suppl., pl. 54, fig. 2. 
PLAGIOSTOMA GIGANTEA. Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 51, fig. 1. 
Lima — Desh., 1851, Coq. caract., p.74, pl. 14, fig. 1. 
— — Roem., 1856, Ool., p. 75. 
_ — Goldf., 1858, Petref., 1. II, p. 80, pl. 101, fig. 1. 
PLAGIOSTOMA GIGANTEUM. Schmidt, 1846, Petr.-Buch, p. 60, pl. 16, fig. 2. 
LiMA GIGANTEA. Desh., 1849, Trait. de conch., pl. 49, fig. 1. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 255. 
L. testû magnä, convexä, tenui, subsemicirculart, anticè truncaté , striata : 
striüs in medio evanescentibus ; lunulà magnä, callosä, hiante; auriculis mi- 


nimis, inaequalibus. 


Dimensions. — Longueur 15 centim.; hauteur 18; épaisseur 9; — (100 : 
120 : 60). 

Nos exemplaires sont beaucoup moins longs que celui que figure Gold- 
fuss , et l'angle que forment au sommet les bords antérieurs et l'oreillette 
postérieure est beaucoup moins ouvert. Ils se rapprochent davantage des 
figures de Sowerby et de Deshayes. 

Description. — Coquille de grande taille, assez mince, convexe, arron- 
die, obliquement subsemi-cireulaire; crochets petits, peu saillants; bord 
cardinal presque droit, court, oblique à l’axe; oreillettes petites, l’an- 
térieure presque nulle, la postérieure légèrement sinueuse en arrière. 
Valves munies d’un grand nombre de stries fines, rayonnantes, inégales , 


200 DESCRIPTION DES FOSSILES 


s’affaiblissant à partir des extrémités et disparaissant vers le milieu de la 
coquille. Lunule grande, subcordiforme, excavée, bäillante vers le haut, 
portant, surtout en dehors, quelques stries plus enfoncées que les autres. 

Localités. — Nous avons rencontré cette grande espèce dans le grès de 
Luxembourg? près de Stockem, et dans la marne de Strassen, à Wal- 
zingen, à Frassem, etc. 

D’après Sowerby, elle se trouve dans le lias bleu de Bath, Cardifi- 
Castle, Pickeridge-Hill; à Pocklington, et à Staithes, d’après Phillips, 
dans le lias inférieur et moyen. M. Deshayes la regarde comme répandue 
dans tout le lias. Zieten et Goldfuss l’indiquent dans le calcaire et le grès 
liasique de Goslar, de Güppingen, de Vaihingen, etc. M. d’Orbigny la cite 
dans le lias supérieur de Fontenay, de Thouars, de Brülon, de Sémur ; 
ce savant la regarde comme bornée uniquement à cet étage; mais c’est 
probablement à tort. En effet, les synonymes qu’il donne (Ziet. et Goldf.) 
n'en proviennent pas, le grès liasique de ces auteurs n'étant pas toarcien. 
Il est vrai que M. d’Orbigny indique dans l'étage sinémurien, sous le nom 
de L. edula, une nouvelle espèce trouvée aux environs de Luxembourg, 
voisine de la L. gigantea, mais lisse au milieu, striée aux extrémüés; or ce 
caractère se voit très-bien dans les figures de Zieten et de Goldfuss; et ce 
dernier dit : stris in medio evanescentibus. Sowerby, qui place aussi son 
espèce dans le lias inférieur, dit que les stries sont souvent peu distinc- 
tes, comme effacées. 

En résumé, si cette espèce n’est pas répandue dans tout le système 
liasique, nous sommes portés à croire, malgré l'autorité de M. d'Orbigny, 
qu’elle appartient au lias inférieur. 


8. Lima AGIGULATA ? 
(PI. XXIX, fig. 5.) 


Lima acicuLaTA? Münst., in Goldf., 1856, Petref., pl. 101, fig. 5. 
=; — Roem., 1856, Oo!., p. 77. 


« EL. lestä convexo-planä, obliquè ovat&, anticè truncatä ; costulis crebris, 
reqularibus, depressis ; sulcis angustis, punclatis ; lunulà lanceolatä, exca- 
vald. » 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 204 


Nous rapportons à cette espèce, malgré la différence de terrain, une 
valve incomplète, trouvée à Fouche, dans le grès de Luxembourg. On voit 
distinctement la forme oblique, à peine convexe, et les stries étroites, 
distantes et ponctuées, que Goldfuss a figurées. Il l'indique dans le Korallen- 
kalk de Nattheim et de Streitberg; Roemer, dans le Coral-rag supérieur de 
Hoheneggelsen. 


9. Lima PUNCTATA. 
(PL. XXX, fig. 4.) 


PLAGIOSTOMA PUNCTATA. Sow., 1815, Min. conch., t. Il, pl. 115, fig. 1, 2. 
— PUNCTATUM. Ziet., 1850, Furtemb., pl. 51, fig. 5. 
Lima PUNCTATA. Goldf., 1856, Petref., pl. 101, fig. 2. 
— — Roem., 1859, Ool., Suppl, p. 50. 
— — Desh., 1849, Tr. de Conchyl., pl. 49, fig. 2-5. 
S — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 50. 


L. testä convexä, subsemicireulari, anticè declivi excavatà ; striis radian- 
tibus confertis punctatis. 


Description. — Coquille convexe , subsemicirculaire, bord antérieur tom- 
bant assez rapidement; oreillettes petites; lunule excavée. Valves ornées 
de stries divergentes nombreuses, plus serrées vers les extrémités , étroites 
et marquées de points enfoncés nombreux ; les intervalles sont plans, par- 
fois dichotomes, munis de stries concentriques extrêmement fines. La 
lunule est striée concentriquement et porte quelques lignes divergentes 
ponctuées. 

Rapports et différences. — Voisine des L. concentrica, plebeia, etc., cette 
espèce se distingue par ses stries étroites, ponctuées et répandues sur toute 
la surface. 

Localités. — Elle se rencontre chez nous dans la marne de Strassen, à 
Waltzing, à Bonnert et à Frelange; mais elle n’y paraît pas commune, et 
nous n'avons pu en trouver un individu complet. Elle appartient au lias 
inférieur d'Angleterre et d'Allemagne. 


Tome XXV. 26 


202 DESCRIPTION DES FOSSILES 


10. LIMA SEMICIRCGULARIS. 
(PI. XXX, fig. 5.) 
Lima SEMICIRCULARIS. Goldf., 1856, Petref., pl. 102, fig. 6. 


— — D'Orb., 1850, Prodr., 1.1, p. 283 (non Morr. et Lyc., 1853, Moll. from the great ool., 
pl. 5, fig. 5.) 


L. testà convexä, obliquè semicireulari, anticè truncatà, lunulà plano-con- 
cavä; costulis divergentibus, crebris, aequalibus, convexis; canalibus inter- 
stitialibus angustioribus, concentricè confertim striatis. 


Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 57 mill.; épaisseur 51 mill. 
— (100 : 100 : 55). 

Description. — Coquille de moyenne taille, convexe, inéquilatérale, 
obliquement semicirculaire; bord antérieur déclive; lunule légèrement 
excavée; oreillettes petites. Valves ornées d’un grand nombre de petites 
côtes divergentes, égales, peu convexes, séparées par d’étroits sillons, 
marqués de stries concentriques fines et fort serrées. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de 
Longwy, à Longwy. Si elle est commune, il est très-rare d’avoir le test. 
Goldfuss l’a trouvée à Nattheim, dans le Corallenkalk (?) (bajocien , d'Orb.). 
En France, on la rencontre à Bayeux et à Moutiers, dans l’étage bajocien 


(d’Orb.). 


11. Lima PROBOSGIDEA, Sowerby. 
(PL. XXXI, fig. 4.) 


Kaorr, tab. D, XI, n° 116, fig. 1. 


Lima PROBOSCIDEA. Sow., 1820, Hin. conch., 1. IN, pl. 264. 
OSTRACITES PECTINIFORMIS. Schl., 1820, Petref., p. 251, n° 1. 
OSTREA — Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 47 , fig. 1. 
LiMA PROBOSCIDEA. Roem., 1856, Oo!., p. 78. 


— — Goldf., 1856, Petref., pl. 105, fig. 2. 
OSTREA PECTINIFORMIS. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 95, pl. 58, fig. 1. 
Lima PROBOSCIDEA. Desh., 1849, Tr. de conchyl., pl. 48, fig. 1-2. 

— — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 282, 512, 541 et 571. 


L. lestà convexà , ovato-orbiculari, subaequilaterd ; concentricè lamelloso- 
rugosä; costis 11-14 convexis noduloso-tubuliferis, canalibus conformibus ; 
auriculis anterioribus sinuosis hiantibus ; lunulä nulla. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 205 


Dimensions. — Longueur 12 cent.; hauteur 14. 

Description. — Coquille de grande taille, équivalve, presque équilaté- 
rale, ovale-orbiculaire, ou presque orbiculaire, dépourvue de lunule : 
oreillettes inégales, les antérieures sinueuses et bâillantes. Valves couvertes 
de stries concentriques lamelleuses, rugueuses, munies de 11-14 côtes 
convexes, noduleuses, portant de longs prolongements tubuliformes, et 
séparées par des sillons de même forme. 

Cette espèce est très-distincte de toutes les autres, et facile à recon- 
naître, quoique ses tubes soient presque toujours brisés. 

Localités. — Elle se rencontre dans le calcaire de Longwy, aux environs 
de cette ville, et à Halanzy. Quelques fragments, trouvés dans l’oolithe 
ferrugineux de la vallée de Coulmy, semblent aussi s’y rapporter. On la 
trouve en Angleterre, à Clunch-Weymout, etc. (Sow.); en Allemagne, dans 
l’oolithe inférieur, au Stuifenberg (Zieten), et dans le Coral-rag, près de 
Heersum et de Hildesheim (Roem.). En France, elle se trouve dans l'étage 
bajocien, à Bayeux, Niort, Conlie, Avallon, etc.; dans le bathonien de S'-Au- 
bin de Nantua; dans le callovien de Poitiers, de Pizieux, de Lifol, etc. ; 
dans l’oxfordien de Trouville, de Neuvizi, et d’autres localités (d’Orb). 


12. Lima azTicosra, N. 
(PI. XXVIN, fig. 5.) 


L. testà ovatä-trigonä, convexä, anticè declivi, excavatà ; costis radiantibus 
crebris (42-46) altis, dorsatis, interstitiis in fundo plano-concavis, concen- 
tricè strialis, inaequalibus. 


Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 45 mill.; épaisseur 532 — 
100 : 94 : 68. 
Description. — Coquille de forme ovale-triangulaire, oblique, convexe; 


côté antérieur fort déclive; oreillettes presque égales; lunule médiocre- 
ment excavée, ornée de stries concentriques. Valves munies de 42-46 
côtes élevées, aussi larges ou plus larges sur leur bord libre que sur leur 
bord d'insertion, disparaissant sur les sommets (par usure?), séparées par 
des sillons inégaux, tantôt plus étroits , tantôt deux à trois fois plus larges 


204 DESCRIPTION DES FOSSILES 


que les côtes, généralement plus larges en arrière ; leur fond est légère- 
ment concave, finement strié concentriquement. 

Rapports et différences. — Cette espèce avoisine les L. sulcata et lyrata, 
Münster; mais elle s’en distingue très-bien par le nombre de ses côtes, 
la largeur des sillons qui les séparent, et sa forme générale. I] est à 
regretter que nous n’en possédions que deux valves; encore ne sont-elles 
pas en fort bon état. 

Localité. — Elle s’est rencontrée dans les assises inférieures du cal- 
caire de Longwy, près de Halanzy. 


Genre AVICULA , Kzein. 


Concua aztrorms, Gualtieri. 
Avicuca, Klein, Brug., Cuv., Desh., etc. 
Avicua et MerrAcrina, Lam. 

— Marcarira, Leach. 

—  Monons, Bronn, Goldfuss, Münster. 


Testa inaequivalvis, inaequilatera, plerümque tenuis, margaritacea, utrin- 
que producta; margo anterior valvae dextrae pro bysso emarginatus ; cardo 
transversus, rectus, linearis, dentibus solitaris vel binis callosis, haud rar ob- 
soletis munitus ; fovea oblonga triangularis , basi dilatata et canaliculata, liga- 
mentum semi-exlernum recipiens ; impressio muscularis unica submediana. 


Coquille inéquivalve , ordinairement mince et nacrée , allongée des deux 
côtés en espèces d’oreillettes. Bord antérieur de la valve droite échancré 
pour le passage d’un byssus. Charnière transverse, droite, linéaire, munie 
d’une ou de deux dents ou callosités, fréquemment presque nulles; fos- 
sette oblongue, triangulaire, dilatée à la base et canaliculée, recevant un 
ligament semi-externe. Une seule impression musculaire presque médiane. 
D'après M. d'Orbigny, il y aurait une seconde impression musculaire, 
buccale , très-petite. 

Animal aplati; lobes du manteau séparés dans toute la longueur; bran- 
chies presque égales; bouche ovale, assez grande; pied conique assez 
long, vermiforme, portant un byssus grossier médiocrement développé. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 205 


Ce genre, très-nombreux en espèces, se rencontre dans tous les ter- 
rains, et est encore représenté à l’époque actuelle, où il atteint son maxi- 
mum d'espèces; elles appartiennent aux pays chauds, et vivent à une cer- 
taine profondeur. 


1. AVICULA SINEMURIENSIS. 
(PL. XXVI, fig. 4.) 
AVICULA INAEQUIVALVIS. Sow., 1819, Han. conch., t. III, p. 78, pl. 244, fig. 2 (excl. var. a). 
— — Phill., 1829, Forksh., pl. 14, fig. 4. 
— — Zieten, 1850, Furt., pl. 55, fig. 2. 
— — Roem., 1856, Oo., p. 86. 
—- — Goldf., 1858, Petref., pl. 118, fig. 1. 


Moxoris — Schmidt, 1846, Petref.- Buck, pl. 28, fig. 4. 
AVICULA SINEMURIENSIS. D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 219. 


A. testà ovatà, subobliquà, convexd , inaequivalvi, alà anticä obtusangula ; 
posticä falciformi acutà; valvae sinistrae costis radiantibus 12-24 acutis, an- 
gustis, lineisque 6-8 interstitialibus ; dexträ minore laevi, radis marginata. 


Dimensions. — Longueur 25 mill. ; hauteur 22 — 100 : 88. 

Description. — Coquille ovale, légèrement oblique, convexe, très-iné- 
quivalve. Valve gauche ornée de stries très-fines concentriques, et de 
12 à 24 côtes rayonnantes , aiguës, étroites dont les intervalles sont mar- 
qués de 6 à 8 lignes saillantes, inégales, presque alternes, et plus ou 
moins fortes. Oreillette antérieure petite et obtuse, la postérieure grande, 
aigué et falciforme. Valve droite moitié moindre que l’autre, lisse, portant 
seulement quelques faibles côtes rayonnantes sur les bords. 

Observations. — Cette espèce , considérée par Sowerby et les auteurs qui 
l'ont suivi, comme une simple variété de VA. inaequivalvis du Kelloway- 
rock, en a été séparée avec raison par M. d'Orbigny, à cause des lignes 
rayonnantes intermédiaires qui la caractérisent; toutefois le nom aurait 
pu être mieux choisi, car nous avons rencontré cette espèce aussi dans 
le lias moyen, ainsi que Phillips et M. Roemer. 

Localités. — Cette espèce se rencontre : 1° dans le grès de Luxembourg, 
où elle est assez rare, à Guirsch, à Gérouville, à Bergiwé, etc.; 2° dans 
la marne de Strassen, où elle paraît très-rare, à Wolberich près d’Autel- 


206 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Bas; 3° dans le banc de grès ferrugineux de Frelange et dans les sables 
inférieurs du macigno, à Ethe, à Houdrigny, à Wolkrange, à S“-Croix; 
et 4° dans le macigno, où elle est assez commune, à Aubange, à S'-Mard, 
à Bleid, etc. En France, elle paraît assez répandue, mais dans l'étage 
sinémurien seulement (d'Orb.), tandis qu’en Angleterre, elle se trouve 
dans le liasien (marsltone, Phillips); il en est de même en Allemagne. 
Goldfuss l'indique aussi dans l’oolithe ferrugineux. 


2. AVICULA SUBSTRIATA. 
(PI. XXVI, fig. 5.) 
Moxortis sugsrriaATus. Munst., in Leonh. Br., t. Il, p. 8, 406. 
— — Ziet., 1850, Wurt., pl. 69, fig. 9. 
— — Goldf., 1857, Petref., pl. 140, fig. 7. 


_ - Roem., 1856, Ool., p. 75. 
AvicuLa sugsrRiATA. D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 257. 


A. testà suborbiculari subobliquà plano-convexà, lineis radiantibus con- 
fertis subaequalibus munitä; auriculà obtusangulü. 


Dimensions. — Longueur 100 ; hauteur 95 ; épaisseur. ? Elle atteint plus 
de 2 centimètres de longueur. 

Description. — Coquille suborbiculaire, légèrement oblique, peu convexe, 
à sommets petits, aigus et recourbés, à oreillette obtuse. Valves ornées 
de nombreuses lignes rayonnantes, serrées, inégales, presque alternes. 

Localités. — Cette espèce se rencontre à Aubange, mais très-rarement, 
dans le schiste bitumineux qui forme la base de la marne de Grand-Cour ; 
elle est plus fréquente dans les assises moyennes et supérieures, surtout 
dans le calcaire noduleux subordonné de beaucoup de localités. On la 
retrouve dans les couches correspondantes du Würtemberg, de Hildes- 
heim, de Baireuth (Roemer), de Banz et d’Altdorf (Goldf.). Zieten l'indique 
dans un grès ferrugineux, à la partie supérieure du lias, à Wasseral- 
fingen ; nous le regardons comme correspondant à notre oolithe ferrugi- 
neux de Mont-S'-Martin; d’un autre côté, M. d’Orbigny, en la citant à 
Nancy, la rapporte au lias moyen. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 207 


5. AVICULA ECHINATA. 


(PI. XXVI, fig. 3.) 


AvicuLa ECHINATA. Sow., 1819, t. III, pl. 245. 
= = Smith, Sratigr. syst., p.67. 
— — —  Strata ident., p. 26, Cornbrasch, fig. 8. 
— — Morr. et Lyc., 1855, Moll. from the great oo., p.16, pl. 2; fig. 2. 


A. testà ovalo-obliqud; auriculis parvis aequalibus ; valvä sinisträ forni- 
catä, costulis sub-aequalibus radiantibus, interstitisque tequlatis ; valva 
dextrà convexo-plant, obsoletè radiatim lineatà. 


Dimensions. — Longueur 19 mill.; hauteur 25; épaisseur 7; — 100 : 
150 : 37. 
Description. — Coquille ovale, peu oblique, très-inéquivalve, épaisse ; 


oreillettes petites et égales. Valve gauche épaisse et ventrue, ornée de 
côtes rayonnantes faibles, nombreuses, inégales, n’atteignant pas toutes 
le sommet, croisées par de fines stries concentriques, lamelleuses, rele- 
vées, surtout sur les côtes, en saillie tranchante. Valve droite à peine 
convexe, marquée de quelques lignes rayonnantes peu distinctes. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine de l'A. tegulata , 
Goldf.; mais sa valve droite est presque lisse, tandis que celle de l’autre 
espèce a les mêmes ornements que la valve gauche. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la partie supérieure 
du calcaire de Longwy, près de cette ville, et de Halanzy. Elle se trouve 
dans les couches correspondantes de l’oolithe à Metz (Goldfuss); en Angle- 
terre, on la trouve depuis le Fullers-earth jusqu’au great oolite. 


Genre POSIDONOMYA , Bronx. 


Inocerauus (sp), Sow., Goldf., Phill. 
Posmoxa, Bronn, Goldf., J. Sow., Phill., Roemer. 
Posmonouya, Br., Münst., d'Orb.... 


Testa subaequilatera, inaequivalvis, clausa, ovato-orbicularis, utrinquè 


208 DESCRIPTION DES FOSSILES 


subauriculata, auriculis rotundatis, non discretis ; margo cardinalis linearis, 
callosus, canali infrà auriculam anteriorem extenso ; umbones aequales, sub- 
mediani, subdepressi. 


Coquille ordinairement mince et fragile, ridée concentriquement, pres- 
que équilatérale, inéquivalve, close, ovale ou orbiculaire, légèrement au- 
riculée de chaque côté; auricules arrondies, peu distinctes. Bord cardinal 
linéaire, calleux, un canal s'étendant sous l’auricule antérieure. Sommets 
égaux, presque médians,. légèrement déprimés. Impression musculaire 
arrondie vers le milieu du côté postérieur. 

Ce genre a commencé à paraître, sinon dans les couches siluriennes, 
au moins à l'époque dévonienne; il ne paraît pas exister après le lias. 


Posiponomya BRonNi. 
(PI. XXX , fig. 6.) 
PosiponiA Brown.  Zieten, 1850, Wurt., pl. 57, fig. 4. 


- — Goldf., 1858, Petref., t. IL, p. 119, pl. 115, fig. 7. 
PosiponomyA Bronni. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 256. 


P. testà obliquè ovato-orbiculari, vel ovatä, fornicatä, auriculatä, tenui; 
costis concentricis convexis, inlerstiliisque conformibus lineatis. 


Dimensions. — Longueur 9 mill.; hauteur 10; elle dépasse beaucoup 
cette taille. 

Description. — Coquille inéquilatérale, oblique, ovale-orbiculaire ou 
ovale, très-convexe, à test mince; oreillettes distinctes; sommets plus 
élevés. Valves munies de nombreuses côtes concentriques, convexes, on- 
duleuses, séparées par des sillons de même forme, finement striées paral- 
lèlement, ainsi que les sillons. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire subor- 
donné à la marne de Grand-Cour, à Lamorteau; elle paraît se trouver 
aussi dans le schiste à Grand-Cour. C’est une des coquilles les plus carac- 
téristiques du lias supérieur, où on la retrouve dans beaucoup de loca- 
lités d'Allemagne et de France. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 209 


Genre PECTEN, BRUGUIÈRE. 


Osrrea, sp. Lin., Cuv... 
Pecren, Brug., Lam. et Auct. 
Auusiun, Megerle. 
Pzeurowecrites, Schl. 

Janira, Schum. 

Nerruea, Drouet. 

Panoora, Muhlenfeld. 
Carauys, Bolt. 


Testa libera, reqularis, inaequivalvis, aequilateralis vel subaequilateralis. 
auriculata ; margo cardinalis transversus, rectus, natibus contiquis ; cardo 
edentulus; fovea cardinalis penilùs interna, trigona, ligamentum recipiens. 


Coquille libre, régulière, inéquivalve, équilatérale ou presque équi- 
latérale, auriculée, à bord cardinal transverse, droit ou presque droit, à 
sommets contigus. Charnière dépourvue de dents; fossette cardinale trian- 
gulaire, recevant un ligament interne. 

Corps plus ou moins comprimé; manteau frangé, garni sur les bords 
de cils et de tubercules perlés, pédonculés, régulièrement espacés ; bouche 
transverse, à lèvres profondément frangées ; cœur dorsal; anus dorsal et 
flottant ; pied petit, rudimentaire, quelquefois byssifère; un muscle ad- 
ducteur. 

C'est un fort beau genre, très-nombreux en espèces et représenté à 


toutes les époques géologiques. 


1. PECTEN TEXTORIUS. 
(PI. XXXIL, fig. 2.) 


Knorr, pl. n° 4, B. 1, fig. 5, 4. 
PECTEN rExTORIUS. Schl., 1816, Petref., p. 229. 
— — Goldf., 1855, Petref., pl. 89, fig. 9. 
- — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 219. 
— Paris.  D'Orb., tb, p. 257. 


P. testà ovato-acutà, plano-convexd, aequivalvi ; costis crebris, subaequali- 
bus, minoribusve alternis, lineis concentricis in costarum dorso confertis, 


Tome XXV. 97 


210 DESCRIPTION DES FOSSILES 


noduloso-acutis ; auriculis magnis, inaequalibus, lamelloso-lineatis , anteriore 
dextra triradiatà. 


Dimensions. — Elle atteint jusqu’à 7-8 centimètres de haut. 

Description. — Coquille équivalve, presque équilatérale, ovale-aigué , à 
peine convexe; valves ornées de côtes rayonnantes nombreuses , presque 
égales ou alternativement plus fortes et plus faibles, et, en ce cas, sou- 
vent un peu rapprochées par paires; et de lignes concentriques serrées, 
relevées sur le dos des côtes en petits tubercules comprimés , aigus. Oreil- 
lettes grandes, inégales, portant des stries concentriques lamelleuses ; l’an- 
térieure du côté droit munie de trois lignes rayonnantes. 

Observation. — Nous réunissons, au moins provisoirement, dans l'espèce 
de Goldfuss, les deux espèces que M. d’Orbigny a séparées, n’apercevant 
pas de différences suffisantes dans nos échantillons ; malheureusement les 
individus du grès de Luxembourg et de la marne de Strassen sont presque 
toujours engagés dans la roche par leur face externe. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce 1° dans le grès de 
Luxembourg, à Fouche, à Guirsch, à Lime, à Lasoye; 2° dans la marne 
de Strassen , à Waltzing, à Frelange; 5° dans le schiste de Grand-Cour, 
à Grand-Cour; 4° dans le calcaire de Longwy, où elle est commune aux 
portes de cette ville. 

On la rencontre en Allemagne, dans le lias, à Amberg, à Altdorf (Goldf.); 
dans l’oolithe inférieur, à Streitberg (Goldf.) et à Willershausen (Roemer). 
M. d'Orbigny la regarde comme propre à l'étage sinémurien (P. textorius), 
à Pouilly, à Lyon, à Semur, etc. et au toarcien (P. Phillis), à Fontenay, 
à Lyon, Sémur, etc.). 


93, PFCTEN DiIsCIFORMIS. 
(PL XXXI, fig. 5.) 


PECTEn pisciFORMIS. Schübl. in Ziet., 1850, W'urtemb., pl. 55, fig. 2. 
—  CORNEUS. Goldf., 1855, Petref., pl. 98, fig. 11 (non Sow.). 
—  bemissus.  Goldf, ib., 4b., pl. 99, fig. 2 (non Phill.). 
_ Schmidt, 1846, Petref- Buch, p. 89, pl. 55, fig. 5. 
DISCIFORMIS. D'Orb., 1850, Pr t. 1, p. 259. 


P. testà suborbiculari, aequivalvi, aequilaterali, convexo-plant ; valvis con- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 211 


centricè subtilissimè striatis; auriculis mediocribus, subrectangulis, confor- 
mibusvel anticà valvae dextrae plicata. 


Dimensions. — Longueur 49 mill.; hauteur 50 — 100 : 102. 

Description. — Coquille presque orbiculaire, équivalve, équilatérale, très- 
légèrement convexe, mince, souvent un peu diaphane; valves ornées de 
stries concentriques extrêmement fines, marquées à l’intérieur d’un léger 
sillon latéral partant du sommet; oreillettes médiocres, presque rectangu- 
laires, semblables, ou, plus souvent, l’antérieure de la valve droite mar- 
quée de quelques lignes saillantes; bord cardinal, ordinairement droit, 
parfois un peu échancré, de manière que les angles extérieurs des oreil- 
lettes dépassent les sommets. 

Observation. — À l'exemple de M. d'Orbigny, nous croyons devoir 
réunir les P. corneus et demissus, Goldfuss, la seule différence consistant 
dans la forme des oreillettes, et ce caractère ne paraissant pas très-con- 
stant. 

Localités. — Cette espèce appartient : 1° au grès de Luxembourg, à Ber- 
giwé, à Valansart, à Lasoye, etc.; 2° à la marne de Strassen, à Guirsch, 
à Waltzing, à Frelange; 3° aux sables inférieurs du macigno, à Weyler, 
à Belmont. En outre, un certain nombre d'individus, du calcaire de Longwy 
des environs de cette ville, nous paraissent devoir s’y rapporter. 

Ou la trouve en Allemagne, dans le grès et la marne liasique à Altdorf, 
à Baireuth, à Thurnau, et dans l’oolithe ferrugineux de Wasseralfingen. 
M. d'Orbigny la place dans le lias moyen, et l'indique en France, à Semur, 
à Langres, et à Vieux-Pont (Calvados). 


5. PECTEN ACUTICOsTA. 


(PI, XXXI, fig. 5) 
PECTEN ACUTICOSTA. Lam., 1822, An. s. vert., t. VI, p. 180. 
—  ACUTICOSTATUS. Ziet., 1830, Wurt., pl. 55, fig. G. 
—  ACUTICOSTA. Roem., 1836, OoL., p. 68. 


_ _ D'Orb., 1850, Prodr., 1. I, p. 257. 


P. testà ovato-orbiculari, subaequilatera, subaequivalvi, plano-convexä, 20- 


212 DESCRIPTION DES FOSSILES 


24 costalä, concentricè subtilissimè requlariterque lineatä ; costis elatis, pera- 
cutis, angustis, in valvä dexträ obtusis; sulcis duplà latioribus, plano-concavis, 
auriculis inaequalibus, decussatis. 


Dimensions. — Longueur 42 mill. ; hauteur 47 mill.; épaisseur 10 mill.; 
— 100 : 112 : 24. 

Description. — Coquille ovale-arrondie, presque équilatérale, presque 
équivalve, peu convexe; portant de 20 à 24 côtes élevées, très-aiguës sur 
la valve gauche, obtuses sur la valve droite, séparées par des sillons lé- 
gèrement concaves, deux fois plus larges, ornés de stries concentriques 
régulières, fines et serrées, à peine visibles sur le sommet des côtes. On 
compte, en outre, quelques faibles côtes ou lignes divergentes, surtout 
en arrière. Oreillettes inégales , striées concentriquement. 

Observation. — Cette coquille nous laisse quelques doutes sur sa déter- 
mination. L'espèce de Lamarck se distingue, selon M. d’Orbigny, par ses 
valves très-inégales ; ce n’est pas le cas ici ; celle que M. Roemer a décrite 
comme nouvelle sous le même nom paraît avoir les côtes semblables sur 
les deux valves. La nôtre paraît bien être celle de Zieten, sauf les stries 
plus serrées. 

Localités. — Elle à été trouvée dans le sable inférieur du macigno, 
d'Aubange, entre Virton et Belmont. Zieten l'indique dans l’oolithe infé- 
rieur de Gamelshausen; Roemer, dans le lias à bélemnites de Kablefeld, 
de Willershausen, et de Steinberg, près Mark-Oldendorf. M. d’Orbigny, 
qui la cite à Chevillé, à Brülon, à Asnières, la rapporte à l'étage toarcien. 


4. PECTEN AEQUIVALVIS. 
(PL. XXXII, fig. 1.) 


PeCTEN AEQUIVALVIS. Sow., 1816, Min. conch., t. Il, pl. 156, fig. 1. 
_ — Ziet., 1850, Furt., p.68, pl. 59, fig. 4. 
— — Goldf., 1855, Petref., p. 45, pl. 89, fig. 4. 

= Roem., 1856, Ool., p. 67. 

== — Desh., 1849, Tr. de conch., pl. 50, fig. 7. 

= — D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 257. 


P. testà oblique orbiculari, convexä, subaequivalui, subtilissimè concentricè 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 2415 


striatà ; costis 19-21 aequalibus, convexis; sulcis latioribus, plano-concavis ; 
auriculis inaequalibus, lineatis. 


Dimensions. — 11 atteint un diamètre de 7 pouces, d’après Sowerby; 
notre plus grand échantillon a 12 ou 15 centimètres. 

Description. — Coquille orbiculaire, un peu oblique, subéquivalve , con- 
vexe; valves très-finement siriées concentriquement, munies de 19-21 
côtes divergentes, égales, convexes, séparées par des sillons plus larges , 
légèrement concaves; oreillettes inégales, finement striées concentrique- 
ment. 

La largeur des sillons parait susceptible de varier beaucoup : Goldfuss 
les dit trois fois plus larges que les côtes; nous ne les trouvons pas deux 
fois aussi larges. Les stries disparaissent presque entièrement sur les côtes. 

Localités. — T1 appartient au macigno d’Aubange, à Aubange, à Halanzy, 
à Ville, à Virton, etc. : on le trouve souvent à l’état de moule; plus souvent 
encore on ne trouve que des fragments de test. Sowerby l'a rapporté à tort 
à l’oolithe inférieur; tous les auteurs le placent dans le lias moyen. On le 
trouve en Angleterre, à Withby, en France, dans un grand nombre de 
localités, dans le Calvados, le Jura, l'Yonne, la Dordogne; en Allemagne, 
à Goslar, à Baireuth, à Altdorf, dans le Wurtemberg, etc. 


5. PECTEN ARTIGULATUS. 


(PL XXIX, fig. 5.) 


Pecrinires AnrTiICULATUS. Schl., 1820, Petref., p. 227. 
PECTFN — Goldf., 1855, Petref., pl. 90, fig. 10. 
— — Roem., 1856, Ool., p. 68. 
= — D'Orb., 1850, Prodr., 1. 1, p. 284. 


P. testä ovato-acutà, plano-convexä ; costis acutis, angustis, subaequalibus , 
cingulatis, cingulis acuminalis ; suleis latioribus, concavis , subtilissimè trans- 
versum strialis; auriculis inaequalibus, lamelloso-lineatis, costulisque virgatis. 


Dimensions. — Elle atteint au moins 6 centimètres de haut. 
Description. — Coquille ovale-aiguë, à peine convexe; valves ornées de 


214 DESCRIPTION DES FOSSILES 


côtes rayonnantes nombreuses, fortes, étroites, assez aiguës, entourées, de 
distance en distance, par de fortes lamelles perpendiculaires, triangulaires 
et presque pointues ; intervalles concaves, plus larges que les côtes (deux 
fois plus larges, Goldf.); stries concentriques fines et nombreuses, bien 
marquées dans les intervalles, disparaissant ou à peu près sur les côtes; 
oreillettes inégales, ornées de lamelles concentriques et de côtes rayon- 
nantes simples. 

Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. textorius, 
vimineus et subtextorius, mais il n’est pas difficile de la distinguer par ses 
fortes lamelles perpendiculaires. 

Localités. — Nous n'avons rencontré de cette espèce que quelques frag- 
ments sans oreillettes dans le calcaire bajocien de Longwy. Elle paraît 
appartenir à cet étage dans lequel on la rencontre en Allemagne, à Nat- 
theim (Gold., corallien ?), et près de Hanovre (corallien? Roemer). M. d’Or- 
bigny la signale, en France, dans l'étage bajocien d’un grand nombre de 
localités, entre autres à Geniveaux (Moselle) et aux environs d’Avallon 
(Yonne). 


G. PECTEN GERMANIAE. 
(PI. XXIX, fig. 2.) 
PECGTEN ANNULATUS. Goldf., 1855, Petref., pl. 91, fig. 2 (non Sow..). 


— — Roem., 1856, Oo!., p. 70. 
—  GEnmanæ. D'Orb., 1850, Prodr.,t. I, p. 514. 


P. testä obliquè ovato-orbiculari, convexä, lineis radiantibus subtilissimis , 
inaequalibus, arcuatim divergentibus, striis concentricis, distantibus inter- 
ruplis; auriculis inaequalibus, striatis. 


Dimensions. — Longueur 22 mill.; hauteur 24 mill. — 100 : 110. 

Description. — Coquille ovale-orbiculaire, un peu oblique, convexe, 
ornée de lignes rayonnantes arquées, inégales, très-fines et très - peu 
marquées, très-rarement dichotomes, interrompues par des stries concen- 
triques à peine lamelleuses, médiocrement distantes; oreillettes grandes, 


inégales, marquées de stries concentriques et de quelques lignes diver- 
gentes très-faibles. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 215 


Observation. — M. d'Orbigny sépare cette espèce du P. annulatus, Sow. 
Effectivement elle nous paraît s’en distinguer par ses stries divergentes, 
bien plus nombreuses, ses oreillettes plus finement striées, et surtout 
l'absence de lamelles relevées, concentriques, qui sont remplacées par de 
simples stries, à peine lamelleuses. 

Localités. — Un échantillon a été trouvé dans l’oolithe ferrugineux, 
entre Keyl et Esch; un autre, à Longwy, dans le calcaire. En Westphalie, 
à Osterkappeln, dans l’oolithe (bathonien d'Orb.). 


7. PECTEN SATURNUS. 
(PI. XXIX, fig. 4.) 


PECTEN SATURNUS. D'Orb , 1850, Prodr., t. I, p. 284. 


P. testà ovato-orbiculari, convexd, subaequivalvi, costulis radiantibus, ar- 
cuatim divergentibus, creberrimis, hinc indè dichotomis, striis interstitialibus 
punctatis ; auriculis inaequalibus, concentricè strialis, radiatim punctato- 
strialis. 


Dimensions. — Longueur 21 mill.; hauteur 23 mill. 

Description. — Coquille subéquivalve, légèrement oblique , ovale-orbi- 
culaire, médiocrement convexe; valves ornées de fines côtes divergentes, 
arquées, très-nombreuses, rarement dichotomes, séparées par des stries 
marquées de points enfoncés; oreillettes inégales, l’antérieure rectangu- 
laire, sinueuse à la base, marquée de lignes concentriques peu saillantes , 
croisées par des séries divergentes , parfois dichotomes, de points enfon- 
cés , allongés : la postérieure paraît avoir été obtuse et petite; mais nous 
n'avons pu en distinguer le dessin. 

Quand la partie extérieure du test a disparu, le reste est muni de stries 
concentriques très-fines. 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère du P. arcuatus de la craie 
par ses oreillettes et ses côtes divergentes, au moins trois fois plus nom- 
breuses. ; 

Localités. — Elle a été trouvée à la base du calcaire de Longwy, au sud 


216 DESCRIPTION DES FOSSILES 


de Halanzy. C’est probablement l'espèce de M. d'Orbigny, laquelle paraît 
être commune dans le bajocien à Conlie, à Mamers, à S'-Maixent, à Géni- 
veaux, etc. 


8. PECTEN PERSONATUS. 


(PI. XX VIE, fig. 4.) 


PECTEN PUMILUS? Lam., 1819, Ænèm. s. vert., t. VI, p. 185. 
—  PERSONATUS. Goldf, 1850, in Ziet., Furt., pl. 52, fig. 2. 
—  PUMILUS® Desh., 1856, in Lam., Anim. s. vert., 2° édit., t. VIT, p. 161. 


—  persONATUS. Goldf., 1858, Petref., pl. 99, fig. 5. 
—  parapOxus? Münst., in Goldf. &., pl. 99, fig. 4. 
—  PUMILUS. D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 257. 
—  PERSONATUS? Mor. et Lyc., 1855, Moll. fr. great ool., p. 11, pl. 1, fig. 17. 


P. testà aequilaterali, subaequivalvi, suborbiculari, subconvexà, tenui; 
valvis internè costis radiantibus 11-14 notatis, dextrà concentricè subtilis- 
simè strialä, sinistrà concentricè striatà, radiatim costulatä; costis crebris, 
inaequalibus ; auriculis inaequalibus, obtusanqulis, concentricè striatis. 


Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 14; — 100 : 108. 

Description. — Coquille de petite taille, équilatérale, presque équivalve, 
peu convexe, suborbiculaire, mince; valves munies de 11 à 14 côtes 
internes rayonnantes, la droite lisse, ornée seulement de stries concen- 
triques extrêmement fines et serrées; la gauche munie de stries concen- 
triques un peu plus marquées que celles de la valve droite, et de petites 
côtes rayonnantes, nombreuses, inégales et inégalement distantes, ou par- 
fois presque alternes, les plus petites n’arrivant pas jusqu'au sommet; 
oreillettes inégales, obtuses, marquées de stries concentriques; la pos- 
térieure petite, l’antérieure grande, arrondie en avant, sinueuse à la base, 
l’angle antérieur-supérieur dépassant le sommet du corps de la coquille. 

On compte environ une trentaine de côtes, remarquables par leur irré- 
gularité : en effet, elles diffèrent ordinairement de grosseur, de longueur 
et d’espacement; parfois plusieurs se succèdent assez semblables, d’au- 
res fois elles alternent, ou bien elles sont rapprochées deux à deux, même 
sur une seule valve. 

Observations. — Quoique la figure de cette espèce donnée par Zieten ne 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 217 


soit pas très-fidèle, et que Goldfuss ne cite pas cet auteur où son espèce à 
été décrite pour la première fois, il nous semble impossible de ne pas la 
considérer comme appartenant au P. personatus de Goldfuss. Le P. paradoxus, 
Münst., s’en distinguerait par une côte interne de moins, des stries concen- 
triques beaucoup plus faibles, et quelque différence dans les oreillettes ; 
nous pensons cependant qu’on pourrait difficilement l’en séparer, malgré 
la différence de terrain : les ornements de la valve gauche de nos échan- 
tillons sont moins prononcés que dans la figure que Goldfuss a donnée de 
l'espèce que nous venons de décrire; ce rapprochement, d’ailleurs, est 
déjà indiqué par M. d’Orbigny. Le P. pumilus, Lam., est probablement 
la même espèce, mais il est trop imparfaitement décrit pour que nous 
puissions adopter ce nom. Nous séparerions volontiers l'espèce que 
MM. Morris et Lycett viennent de décrire, en la rapportant avec doute au 
P. personatus. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce tout à fait à la base du 
calcaire de Longwy, près de Grand-Cour et de Halanzy. Elle appartient à 
cet étage, où elle est mentionnée par Zieten à Wasseralfingen, par Goldfuss, 
dans la même localité, à Græfenberg et à Besançon; et au lias supérieur, 
où Goldfuss l’a rencontrée à Banz, à Amberg, à Gundershofen. M. d'Or- 
bigny la rapporte à l'étage toarcien, et la cite à Saint-Maixent, outre les 
localités ci-dessus. 


Genre PLICATULA, Lamarck. 


Testa affixa, inaequivalvis, inacquilateralis , inauriculata, apice altenuata, 
margine infero rotundata, subplicata ; nates inaequales; cardo dentibus duo- 
bus validis in uträque valvd ; fovea intermedia ligamentum penitüs internum 
recipiens ; impressio muscularis unica, centralis. 


Coquille inéquivalve, inéquilatérale, non auriculée, épaisse, adhérente, 
rétrécie au sommet, arrondie et légèrement plissée au bord inférieur ; 
sommets inégaux; charnière composée de deux fortes dents sur chaque 
valve, et d’une fossette intermédiaire recevant un ligament interne; une 


impression musculaire centrale ou subcentrale. 
Tome XXV. 25 


218 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Ce genre a paru pour la première fois lors de la formation du Mus- 
chelkalck de S'-Cassian, et s’est perpétué, toujours pauvre en espèces, 
jusqu’à l’époque actuelle, où il est représenté dans les mers d'Amérique. 


PLICATULA SPINOSA. 


(PI. XXXI, fig. 4) 


Harpax. Park., 1811, Org. rem., t. IL, p. 221, pl. 12, fig. 14-18. 
PuicarTuLa spinosa. Sow., 1819, Min. conch., t. IL, p. 79, pl. 245. 
— — Phill., 1829, Forksh., pl. 14, fig. 15. 
Pcacuxa NopuLosa. Ziet., 1850, Wurt., pl. 44. 
P£ICATULA _ Roem., 1856, OoL., pl. 74. 
— sPiNosa.  Goldf., 1857, Petref., t. Il, pl. 107, fig. 1. 
= TEGULATA. Münst. in Goldf., +b., fig. 4. 
— SPINOSA. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 70, pl. 25, fig. 4. 
= — D'Orb., 1850, Prodr.., t. I, p. 220?, 258. 


P. testà obliquè ovali, umbone aflixa ; valvä dexträ convexd, sinistrà plana, 
uträque concentricè squammosd, lamellis in spinas exeuntibus, costas non- 
nunquâm ramosas efformantibus. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 40; épaisseur 14 — 100: 
154 : 47. 

Description. — Coquille plus ou moins oblique, ovale, élargie vers le 
bas, fixée par le sommet; valve supérieure plane, l’inférieure convexe, 
toutes deux ornées de côtes concentriques , écailleuses, portant de nom- 
breuses épines courtes, plus ou moins imbriquées, plus ou moins sail- 
lantes, dont la succession forme des plis rayonnants, irréguliers, souvent 
dichotomes, mais sans ordre. 

Observations. — Cette espèce varie notablement quant à ses dimensions 
relatives et à l'aspect de ses ornements ; tantôt les épines sont faibles et les 
côtes concentriques prédominent; tantôt c’est l'inverse, et les plis rayon- 
nants sont très-marqués; ceux-ci sont irréguliers et en nombre variable. 
Elle est surtout sujette à varier d'épaisseur. 

Nous y rapportons avec quelque doute l'espèce figurée par Zieten : les 
différences ne nous paraissent pas suffisantes pour l'en séparer. Mais faut-il 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 219 


y réunir, avec M. d'Orbigny, les PL. sarcinula et ventricosa, Münst. (in Goldf.), 
auxquelles se rapporte peut-être l'espèce de Phillips ? 

Localités. —- Cette espèce caractérise la partie supérieure de l'étage du ma- 
cigno d’Aubange; on la trouve abondamment dans beaucoup de localités, 
à Aubange, à Halanzy, à Ville, à Grand-Cour, à Aïx-sur-Cloix , etc. Sowerby 
l'indique dans le lias moyen et supérieur du Gloucestershire et du Nor- 
thamptonshire; l'espèce de Phillips provient du lias inférieur de Robin- 
’s-Hood-Bay, etc. Goldfuss la signale dans le lias inférieur de Baireuth et 
du Wurtemberg; Zieten, dans le lias moyen et supérieur, près de Pliensbach, 
de Gross-Eislingen; M. Roemer, dans le lias supérieur près de Goslar. 
M. d’Orbigny l'indique dans un grand nombre d’endroits du lias inférieur 
et du lias moyen de France; les localités susmentionnées du lias supérieur 
étant placées dans le lias moyen, il faut remarquer qu’il y réunit les qua- 
tre espèces décrites dans Goldfuss. 


Genre OSTREA, LinNé. 


Osrnea , Lin. 
Osrrea et Grypnara, Lam. 
— — et Exocyra, Say. 


Testa affixa, irreqularis, inaequivalvis; umbones distantes, aetale valdè im- 
pares; cardo edentulus; fovea cardinalis ligamentum semi-internum recipiens, 
in valvi inferiore nunnunquäm longior, pariter atque umbo crescens. 


Coquille adhérente, irrégulière, inéquivalve, à sommets distants, deve- 
nant très-inégaux par l’âge; charnière dépourvue de dents; fossette car- 
dinale recevant un ligament demi-interne, quelquefois plus long sur la 
valve inférieure, et croissant avec le crochet. 

Corps comprimé, plus ou moins orbiculaire; manteau à bords épais, 
libres, rétractiles, pourvus de deux rangs de filaments tentaculaires courts 
et nombreux; deux paires d’appendices labiaux triangulaires et allongés; 
un muscle adducteur subcentral. 

Ce genre, dont on retranche aujourd’hui beaucoup d'espèces que Linné 


220 DESCRIPTION DES FOSSILES 


y comprenait, et auquel nous réunissons, d’après MM. Deshayes, d’Or- 
bigny et plusieurs autres savants, les gryphées et les exogyres, contient 
encore un grand nombre d'espèces dont la première a apparu à l’époque 
carbonifère (M. De Koninck); on en trouve dans tous les terrains plus 
récents, et un bon nombre vivent encore dans les mers actuelles. 


1. OSTREA IRREGULARIS. 


(PL. XXXI, fig. 5.) 


OSTREA IRREGULARIS.  Münst. in Goldf,, 1855, Petref., pl. 79, fig. 5. 
—  LAEVIUSCULA. Münst., ib., db., fig. 6. 
—  UNGULA. Münst., 1855, Zand., 525 (jeune). 
—  SEMICIRCULARIS. Roem., 1856, Oo!., pl. 5, fig. 9. 
—  IRREGULARIS. D'Orb., 1850, Prodr., 1. 1, p. 258. 
—  INTERMEDIA. Terq. (Ms.), 1853. 


O. testä admodim variabili, saepiùs concentricè lamelloso-striatà ; valva 
inferiore umbone vel ferè totà superficie sessili, lateribus ascendentibus ; valva 
superiore plan vel subconvexä. 


Description. — Coquille de forme très-variable, ovale-triangulaire, ovale 
ou arrondie, couverte de stries d’accroissement parfois très-fortes et lamel- 
leuses, parfois peu marquées; valve inférieure fixée par le sommet seu- 
lement, et alors médiocrement, ou même peu convexe, ou bien par une 
partie plus ou moins grande de sa surface, quelquefois presque par sa 
totalité; bords relevés également dans le jeune âge, tandis que, plus tard, 
le bord droit prend souvent plus d’accroissement, ce qui rend la coquille 
très-irrégulière; valve supérieure ordinairement convexe, surtout près du 
sommet, assez souvent plane, parfois même concave; impression du liga- 
ment triangulaire, striée transversalement, divisée en trois parties, dont 
la moyenne est la plus large. 

Observations. — À l'exemple de M. d’Orbigny, nous réunissons les O. irre- 
gularis et laeviuscula de Münster. Goldfuss les distingue par la surface lamel- 
leuse ou lisse, et la valve supérieure plane ou plane-convexe. Dans les 
nombreux individus que nous avons recueillis dans les mêmes couches et 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 291 


, 
les mêmes localités, nous avons trouvé tant de variétés qu’il est presque 
impossible de distinguer par là deux espèces différentes. Quant aux sillons 
rayonnants signalés par Goldfuss, nous les avons vus si variables et si peu 
marqués, ce savant les dit si imperceptibles, que nous n'avons pu voir là 
de caractère spécifique. Les O. semicircularis et intermedia ne sont que des 
variétés. Le test est parfois d’une épaisseur considérable, et, surtout alors, 
profondément lamelleux. 

Localités. — Cette espèce se trouve communément et quelquefois en grande 
abondance dans les couches liasiques inférieures de Belgique. Ainsi, nous 
l'avons trouvée dans le grès de Martinsart, en empreintes; dans la marne 
de Jamoigne, au sud d’Attert, au nord d’Étalle, à Jamoigne, à Moyen, à 
Se-Cécile, à Izel, etc.; et dans le grès de Luxembourg, à Lime, à Fouche, 
à Guirsch, à Gérouville, etc.; à Hettange (Moselle). On la trouve encore 
en France dans le Cher et le Calvados ; M. d'Orbigny la place à tort dans 
l'étage liasien, contre l'opinion de Goldfuss et de M. Roemer, le premier 
la signalant dans les marnes et les calcaires liasiques de Linz et d’Am- 
berg; le second dans les couches inférieures du lias. 


2, OSTREA ARCUATA. 


(PL XXXIL, fig. 4,5.) 


Bourguet, 1742, Petref., pl. 15, fig. 92. 
Walcott, 1779, Desc. of. Petref. near Bath, p. 51, fig. 34 
Encycl., 1789, pl. 189. 
GRYPHAEA ARGUATA. Lam., 1801, Syst. des an. s. v., p. 598. 
_ — Park., 1811, Org. rem., t. IL, p.209, pl. 59, fig. 4. 
— INCURVA. Sow., 1815, Min. conch., t. II, p. 35, pl. 112, fig. 1, 2. 
_ ARCUATA. Lam., 1819, An. s. vert., t. VI, p. 198, n° 4. 
— INCURVA, Defr., 1829, Dict. des sc. nat., t. XIX, 556. 
— ARCUATA. De Bl., 1825, Malac., pl. 59, fig. 4. 
_ axcunva. Ziet., 1850, Wurtemb., p. 65, pl. 49, fig. 1. 
— ARCUATA. Desh. 1851, Coq. caract., p. 98, pl. 12, fig. 4-6. 
— — Goldf., 1855, Petref., pl. 84, fig. 1, 2. 
— = Roem., 1856, Ool., p. 62. 
— — Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 61, pl. 18, fig. 5. 
OsrREs — Desh., 1849, Tr. de Conch., pl. 56, fig. 8, 9. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 220. 
+ GrypnArA SuILLA. Schl,, Goldf, 1855, pl. 85, Gg. 5, a, b. 


222 DESCRIPTION DES FOSSILES 


GRYPHAEA SUILLA. Roem., 1856, Ool., p. 65. 
_ OVALIS. Ziet., 1850, Furtemb., pl. 49, fig. 1. 
? — mcurva, var. lata. Ziet., ib., db., ib., fig. 2. 
B — OBLIQUATA.  Sow., 1815, Min. conch., 1815, t. II, p. 24, pl. 112, fig. 5. 


— Mac-Cuzcocni. Sow., 1826, 4b., 1. VI, pl. 547, fig. 1, 2, 5. 
— OBLIQUATA.  Goldf., 1854, Petref., t. IT, pl. 85, fig. 2. 
— LAEVIUSCULA. Ziet., 1850, F'urtemb., pl. 49, fig. 4. 


O. test ovato-oblongä, valdè recurva , subsymmetricä ; apice obliqud, trans- 
versim rugosà, anticè sublobalä, sulco laterali distincto intrà apicem excur- 
rente; umbone magno, regulari, intorto; valvä superiore minimä, operculari, 
pland. 


Description. — Coquille épaisse, presque symétrique, ovale-oblongue, 
allongée, légèrement oblique; valve inférieure grande, fortement et ré- 
gulièrement arquée , presque lobée latéralement par un sillon, ordinaire- 
ment bien marqué, partant du crochet; crochet pointu, incliné fortement 
en dessus et plus ou moins en avant, contourné, portant ordinairement 
une très-petite surface d’adhérence; insertion du ligament triangulaire, 
étroite, trilobée, finement striée en travers ; impression musculaire arron- 
die; surface extérieure couverte de stries d’accroissement ridées , lamel- 
leuses, surtout chez les jeunes individus, tandis que, chez les vieux, 
ce sont des sillons irréguliers, sinueux dans la dépression latérale. Valve 
supérieure petite, aplatie, operculiforme, irrégulièrement oblongue , peu 
épaisse, légèrement concave en dehors; bord supérieur tronqué, épaissi 
à la surface d'insertion du ligament, qui est triangulaire, non trilobée, 
circonscrite par un sillon; impression musculaire petite, arrondie ; surface 
extérieure couverte de stries concentriques lamelleuses; bords un peu 
épaissis, coupés perpendiculairement. 

Variétés. — Nous y réunissons, comme simples variétés, à cause des 
passages, les formes suivantes : 

Var. « suilla Schl. Elle est caractérisée par sa forme plus ou moins 
orbiculaire, son test mince et surtout par la petitesse de son sommet, qui 
est légèrement oblique et tronqué. Nous y rapportons la G. ovalis, Ziet., 
que M. d’Orbigny considère comme synonyme de l'O. cymbium. 

Var. 8. obliquata, Sow. Cette variété se distingue du type par une dé- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DE LUXEMBOURG. 223 


pression latérale à peine marquée, et surtout une obliquité prononcée. 

Localités. — Cette espèce est assez répandue dans les couches liasiques 
inférieures du Luxembourg. Nous l’avons rencontrée 1° dans la marne 
de Jamoigne, à Florenville, à Izel, à Muno, etc.; 2° dans le grès de Luxem- 
bourg près de Belmont, à Gérouville et à Lime; 5° dans la marne de 
Strassen où elle est commune à Waltzing, à Bonnert, à Guirsch, à Fre- 
lange, etc. La variété « se trouve surtout dans la marne de Strassen. 

L’O. arcuata est une des espèces les plus répandues et les plus carac- 
téristiques du lias inférieur, dans lequel on la rencontre dans un grand 
nombre de localités de France, d'Angleterre et d'Allemagne. 


5. OSTREA CYMBIUM. 
(PL. XXXUII, fig. 4, 2; pl. XXXIV, fig. 1.) 


Knorr, 1768, Petref., 2° part, B, 1, d, pl. 20, fig. 7 
Encyclopédie, 1789, pl. 189, fig. 1, 2. 


GRYPHAEA CYMBULA. Lam., 1801, Syst., p. 598. 
— CYMBIUM. Lam., 1819, An. s.vert., t VI, p. 198, n°5. 
= GIGANTEA. Sow., 1825, Min. conch., t. IV, p. 127, pl. 591. 
— DEPRESSA. Phill., 1829, Yorksh., pl. 14, fig. 7. 
— Mac-CurLcocan. Ziet., 1850, Wurt., pl. 49, fig. 5, a, b, c. 
= CYMBIUM. Desh., 1851, Coq. caract., p. 96, pl. 19, fig. 1, 2. 


= — Goldf., 1850, Petref., pl. 84, fig. 5,5. 
En — Roem., 1856, Oo!., p. 60. 
OSTREA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 258. 
GRYPHAEA LOBATA. Buv., 1855, Géol. de la Meuse. 


O. test& ovato-oblongä vel suborbiculari; valv& superiore concavä, con- 
centricè striatà ; inferiore naviculari, concentricè lineatà et striatà ; sulco 
laterali infrà apicem excurrente ; umbone magno, involuto vel unciformi. 


Description. — Coquille de forme très-variable, ordinairement ovale- 
oblongue, mais parfois large et arrondie, souvent presque équilatérale, 
rétrécie vers le sommet; valve supérieure épaisse, concave, striée con- 
centriquement ; valve inférieure épaisse, naviculaire, plus ou moins pro- 
fonde, à bords amincis, lamelleux, à sommet développé, plus ou moins 
recourbé en haut et en avant, au-dessus de la valve supérieure, sans la 
toucher; surface d’adhérence de largeur variable, quelquefois à peine 


224 DESCRIPTION DES FOSSILES 


visible; surface extérieure marquée de stries concentriques lamelleuses, 
portant un sillon latéral plus ou moins fort, souvent indistinct, n’attei- 
gnant pas le sommet. 

Observations. — Cette espèce varie beaucoup, surtout par sa largeur et 
par son crochet; parfois ovale-allongée, elle peut devenir presque circu- 
laire ; non-seulement le crochet varie de direction en même temps que la 
coquille devient plus ou moins inéquilatérale, mais encore sa courbure 
est plus ou moins forte, sans que jamais il atteigne la valve supérieure 
qu'il dépasse; enfin, la convexité de la grande valve est fort variable. 

Rapports et différences. — Les nombreuses variétés de cette espèce pour- 
raient quelquefois la faire confondre avec l'O. arcuata et l'O. dilatata ; on 
la distinguera de la première par son épaisseur moindre, surtout près du 
crochet, qui n’atteint jamais la valve supérieure, et par le sillon latéral, 
toujours moins marqué et disparaissant avant d'atteindre le sommet. On 
ne la confondra pas avec la seconde, en observant qu’elle est souvent 
moins large et moins épaisse vers la région du crochet, et que le bord 
antérieur n’est jamais autant dilaté. 

Le G. lobata, Buv. ne nous paraît être qu’une variété, de mème que la 
G. depressa, Phillips. 

Localités. — Cette espèce se rencontre chez nous dans le lias moyen, 
depuis le sable inférieur jusqu’à la partie supérieure du macigno d’Au- 
bange; on la trouve dans le sable, entre Virton et Belmont, aux environs 
de Se-Croix, à Somme-Thonne, etc.; dans le schiste d’Aubange, près 
d'Ethe; dans le macigno, à Aubange, à Halanzy, à Virton, etc. 

D’après M. d’Orbigny, on la trouve en France dans le lias moyen du 
Calvados, du Cher, des Deux-Sèvres, de la Moselle. Sowerby l'indique à 
Ilminster, dans l’oolithe inférieur (probablement lias moyen), tandis que 
M. Phillips la dit commune dans le lias moyen. En Allemagne, Goldfuss 
la cite dans le lias moyen à Banz, à Baireuth, à Altdorf, etc. D'un autre côté, 
M. Roemer l'indique dans le Coral-rag près de Heersum ; M. Deshayes, 
dans l’oolithe supérieur et, d’après M. Brongniart, dans l'argile de Dives? 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 225 


4. OSTREA POLYMORPHA ? 
(PL XXXIV, fig. 2.) 


GRYPHAEA POLYMORPHA? Munst. in Goldf., 1855, Petref., pl. 86, fig. 1. 
OSTREA = D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 285. 


O. testä, tenui, suborbiculari, dextrorsum dilatatä, undulato-striatà : 
valvä inferiore umbone minore, lobo laterali indistincto; superiore orbicu- 
lari, concavä, lamellosä. 


Description. — Nous rapportons à cette espèce des coquilles suborbicu- 
laires, minces, un peu dilatées à droite; à valve inférieure munie d’un 
crochet très-petit, très-peu saillant, à bords légèrement dilatés et lamel- 
leux près du sommet, assez régulièrement convexe, légèrement ondulée, 
striée; à valve supérieure arrondie, concave extérieurement, lamelleuse 
vers les bords, à talon coupé presque perpendiculairement. 

Observation. — Nous avons toujours trouvé les deux valves séparées. 

Rapports et différences. — Voisine de l'O. dilatata, elle s’en distingue par 
sa forme, son test beaucoup moins épais, à bord beaucoup moins dilaté, 
et par son crochet très-petit, à peine recourbé. 

Localités. — Cette espèce s’est rencontrée dans l’oolithe ferrugineux de 
Mont-S'-Martin, à Mont-S'-Martin, à Piedmont et à Coulmy (Moselle). 
Goldfuss l'indique dans l’oolithe de Streitberg; M. d’Orbigny, à Mamers, 
à Geniveaux, dans l’étage bajocien. 


5. OSTREA PHAEDRA. 


(PI. XXXV, fig. 1.) 


OSsTREA PHAEDRA. D'Orb., Prodr., t. I, p. 285. 


O. testé tenut, inaequilaterali; valvd inferiore convexd, obliquè ovato-tri- 
gonû, sublamellosä, posticè sulco laterali ab umbone excurrente lobatä ; um- 
bone recurvo; valvä superiore subtrigonä, tenui, marginibus incrassatis , 

2 ] » 
lamellosis, posticè plicato-lobata. 
, 


Coquille assez mince, inéquilatérale; valve inférieure convexe, pro- 
Tome XXV. 29 


226 DESCRIPTION DES FOSSILES 


fonde, obliquement ovale-triangulaire, presque lisse? sublamelleuse, à 
bord inférieur épaissi; crochet médiocre, mais très-recourbé en haut et 
en arrière; une dépression postérieure prononcée part du sommet et dé- 
termine une sorte de lobe; impression musculaire presque carrée. Valve 
supérieure triangulaire-arrondie, fort mince, à bords coupés perpendi- 
culairement et épaissis, surtout au talon; surface extérieure fortement 
concave, marquée de stries divergentes, interrompues par des ondula- 
tions concentriques, lamelleuse près des bords, relevée en arrière par un 
pli très-marqué, partant du sommet, et déterminant un petit lobe légère- 
ment concave. 

Observation ; localités. — Nous croyons pouvoir rapporter à cette espèce 
deux valves inférieures trouvées dans l’oolithe ferrugineux de Mont-S'- 
Martin, dans la vallée du Coulmy, non loin de Longwy; et une valve 
supérieure trouvée à Piedmont, dans la même couche. M. d’Orbigny l'in- 
dique dans l’étage bajocien, à Moutiers, à S'-Maixent , à Draguignan, etc. 


G. OSTREA SANDALINA. 
(PL. XXX, fig. 7.) 
OSTRAGITES sEssiL1s? Schl., Petref., p. 237 (part.). 
OSTREA SANDALINA.  Gold., 1854, Petref., pl. 79, fig. 9. 


— — Roem., 1856, Ool., p. 61. 
— = D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 575. 


« O. socialis testà variabili, ovatä vel oblongä, tenui, umbone antrorsum 
vel retrorsüm incurvo; valvä superiore undulato-rugosü , inferiore lateribus 
undulato-striatä, umbone vel totà superficie sessili. » 


Description. — Coquille sociale de petite taille, mince, de forme très- 
variable, arrondie, ovale ou oblongue, adhérente par toute la valve infé- 
rieure , par une partie plus ou moins grande de sa surface, ou seulement 
par le sommet; valve supérieure ondulée , rugueuse , l’inférieure ondulée- 
striée sur les bords, à sommet très-variable, recourbé en avant ou en 
arrière. 

Rapports et différences. — Cette espèce est peu distincte de l'O. irregularis; 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 227 


elle s’en sépare cependant par sa taille toujours plus petite et par la min- 
ceur de son test. 

Localités. — Les individus que nous y rapportons ont été trouvés dans 
le calcaire de Longwy, près de cette ville, à Romain et à Cosne-(Moselle). 
Goldfuss l'indique à Hildesheim et à Goslar, dans l’oolithe inférieur, et 
à Streitberg, à Graefenberg, à Thurnau, à Osterkappell et à Lübke (dans le 
même terrain?). Roemer rapporte ces localités au Coral-rag supérieur (sans 
doute à tort : son Coral-rag ne nous paraît pas correspondre exactement à 
celui des auteurs); il la mentionne, en outre, à Knebel, au Golgenberg 
et à Wendhausen, et dans l’oolithe inférieur, au pied du Golgenberg. 
M. d’Orbigny, qui cite M. Roemer, n'indique aucune de ses localités, et 
place celles de Goldfuss dans l’oxfordien, terrain dans lequel il cite cette 
espèce à Neuvizi (Ardennes). 


7. OSTREA ACUMINATA. 
(PI. XXXII, fig. 6.) 
OSTREA ACUMINATA. Sow., Min. conch., 1818, t. Il, p. 82, pl. 155, fig. 2, 5. 
— — Roem., 1859, Ool., suppl., p. 26, pl. 18, fig. 16. 


— — D'Orb., 1850, Prodr.., 1.1, p. 515. 
— — Mor. et Lyc., 1855, Moll. from great oolite, p. 5, pl. 1, fig. 1. 


O. testé tenui, ovato-oblongä, lateraliter subarcuatà, apice acuminatä, 
umbone affixa ; valvd superiore plano-concavt, laevi, marginibus sublamel- 
losis, inferiore convexd , laevi, subundulatä, marginibus acutis ; umbonibus 
subaequalibus. 


Dimensions assez variables. — Longueur 15-20 mill.; largeur 6-10. 
— 100 : 40-50. 

Description. — Coquille de petite taille, mince, de forme ovale-oblon- 
gue, plus ou moins arquée, fixée par le sommet, qui est rétréci. Valve 
supérieure plane ou légèrement concave dans sa plus grande partie, 
convexe près du sommet; impression du ligament large, enfoncée dans 
son milieu; impression musculaire ovale-arrondie, située au-dessus du 
milieu et en avant. Valve inférieure peu profonde; bord antérieur droit 
ou, plus souvent, concave; bord postérieur ordinairement subsemicireu- 


228 DESCRIPTION DES FOSSILES 


laire; impression du ligament plus ou moins triangulaire, striée trans- 
versalement avec une dépression médiane; impression musculaire arron- 
die, située comme dans l’autre valve; surface d’adhérence plus ou moins 
petite; sommets des valves presque égaux. 

Toute la surface est lisse; les anneaux d’accroissement ne forment que 
de légères stries onduleuses, à peine visibles; les bords de la valve infé- 
rieure sont minces et tranchants; ceux de l’autre valve, un peu épaissis, 
sublamelleux. La courbure de la coquille dans le plan des valves, ordinai- 
rement bien marquée, l’est parfois fort peu, et la coquille est presque équi- 
latérale; la courbure dans le plan perpendiculaire est le plus souvent nulle. 

Localités. — Commune dans le calcaire de Longwy, aux portes de cette 
ville, au moins dans les marnes sableuses subordonnées, elle se retrouve 
aux environs de cette ville, à Gosne, à S'-Pancré, etc. Elle se rencontre 
en Angleterre dans le fuller’s-earth d’Ainhoe, etc. (Sow.) et dans le great 
oolite (Mor. et Lyc.); en Allemagne, dans un calcaire ferrugineux (batho- 
nien?), à Wetbergen (Roemer); en France, à Plame (Jura), à Marquise 
(Pas-de-Calais) et à Nantua (Ain) (d'Orbigny); d’après ce savant, elle 
caractériserait l’étage bathonien. 


8. OsrRea Marsa. 


(PI. XXXIV, fig. 5.) 


Knorr, 1755, Petref., pl.8, D, S; n°57, D, 1. 
Encyclopédie, 1791, pl. 185, fig. 6-11. 
OSTREA DILUVIANA. Park., 1811, Org. rem., t. II, pl. 15, fig. 1. 
— Mars. Sow., 1814, Min. conch., t. I, pl. 48. 
FLABELLOÏDES. Lam. 1819, An. s. vert. t. VI, p. 215. 
OSTRACITES CRISTA-GALLI. Schl., 1820, Petref., S. 242. 


Osrrea Marsan? Phill., 1829, Forksh., pp. 112, 116, 125. 
—  FLABELLOÏDES.  Ziet., 1850, Wurt., pl. 46, fig. 1; et 47, fig. 5? 
— Marsan. Goldf., 1854, Petref., pl. 75. 
— — Roem., 1856, Ool., p. 58. 
—  SPINOSA. Id, id, éd, pl. 5, fig. 5. 
— Marsan. 1. Sow., 1857, Trans. geol. Soc. of London , 2° sér., t. V, p.528; pl. 22, fig. 9. 


= = D'Orb., 1850, Prodr.., 1, p.542, eL 575. 


O0. subsolitaria, test subaequivalvi, ovato-trigond, convexo-pland , crassd ; 
plicis magnis, inaequalibus, acutis, subimbricatis. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 229 


Description. — Coquille de grande taille, le plus souvent solitaire, sub- 
équivalve, ovale-triangulaire, souvent pourvue d’un appendice rugueux 
au côté antérieur près du sommet, très-épaisse, généralement plus haute 
que longue. Valves présentant des plis irrégulièrement divergents, sim- 
ples ou divisés, en nombre variable, commençant tantôt au sommet, tantôt 
à quelque distance, très-forts, inégaux, tranchants, séparés par des sil- 
lons anguleux; parfois légèrement arrondis, moins élevés et plus nom- 
breux, mais toujours se relevant au bord inférieur, où ils se terminent en 
dents aiguës et épaisses, engrenées avec celles de l’autre valve. Des la- 
melles d’accroissement, plus ou moins nombreuses, rendent les plis plus 
ou moins imbriqués. Les dimensions respectives sont variables, ainsi que 
la forme, qui est ovale, triangulaire ou allongée. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de l'O. subcrenata, 
(0. crenata, Goldf. non Gmel.) par ses plis plus nombreux et infiniment 
plus forts et plus tranchants. Elle est facile à séparer des autres. 

Localités ; observation. — Nous avons rencontré quelques individus dans 
le calcaire de Longwy, près de cette ville. Sowerby indique cette espèce 
dans le calcaire de Bedfort; mais dans le catalogue ajouté par M. Agassiz 
à sa traduction française de la Mineral conchology, elle se trouve rapportée 
à l’oolithe inférieur de lYorkshire. Phillips la mentionne dans l'argile 
d'Oxford, le corn-brash, et le grand oolithe (gray limestone). Zieten a 
figuré, sous le nom d’O. flabelloïdes, Lam., deux variétés provenant de Was- 
seralfingen et du Stuifenberg, localités qui appartiennent à l’oolithe infé- 
rieur. M. d'Orbigny, n’admettant l'O. Marshü que dans les étages callovien 
et oxfordien, rapporte la première à l'O. Marshi dans l'étage callovien de 
Wasseralfingen et dans l'étage oxfordien de Wasseralfingen et Stuifen- 
berg ; il rapproche la seconde de l'O. subcrenata, Gold., sp., dans l'étage 
bajocien de Stuifenberg; mais il a omis de remarquer que Zieten dit expres- 
sément que ces deux variétés ont été recueillies dans les mêmes couches 
sablonneuses de loolithe inférieur de ces localités. Goldfuss indique cette 
espèce à Rabenstein, à Graefenberg, à Banz, à Wasseralfingen, et en Suisse 
(non pas à Schweiz, comme on l’a dit), dans l’oolithe ferrugineux inférieur. 
M. d'Orbigny replace ces localités dans l'étage callovien (sauf Banz qu'il 


250 DESCRIPTION DES FOSSILES 


ne cite pas). En France, ce dernier savant la cite à Villers (Calvados), à 
Chaumont (Haute-Marne) et à Virieux (Sarthe); ainsi qu’en Angleterre, dans 
l'Yorkshire, et dans l'Inde orientale; et à Neuvizi (Ardennes), à Grouville 
(Calvados), à Wagnon (Ardennes) dans l'étage oxfordien. Ainsi il paraît 
constant que cette espèce passe de l'étage bajocien à l’oxfordien; car, si 
l’on veut élever des doutes sur notre détermination, toujours est-il que 
Goldfuss et Zieten indiquent l'espèce dans l’oolithe inférieur, et M. d’Or- 
bigny reconnaît que c’est bien celle de Sowerby, et, implicitement, que 
celle de Zieten est bajocienne. 


Genre ANOMIA, BRUGUIÈRE. 


Anoma (part.), Mull., L., etc. 
Anowa, Brug. et auct. 
Ecuiox et Ecmioperma, Pol. 


Testa irreqularis, inaequivalvis, operculo adhaerens, rotundata, tenuis 
vel pellucida. Valva dextra affixa, plana vel concava, umbone emarginato 
vel perforato operculum plerümque testaceum excipiens. V'alva sinistra supe- 
rior, libera, convexa. Cardo edentulus; ligamentum breve. Impressio pal- 
lealis integra ; impressio muscularis tripartita. 


Coquille irrégulière, inéquivalve, operculée, adhérente par son oper- 
cule, plus ou moins arrondie, assez mince et souvent translucide. Valve 
droite fixe, plane ou concave, munie d’un trou ou d’une échancrure près 
du sommet pour recevoir une pièce operculaire calcaire ou cornée. Valve 
gauche supérieure, libre, entière, convexe. Charnière sans dent; ligament 
court et épais. Impression palléale entière ; impression musculaire divisée 
en trois parties. 

Animal très-déprimé, ayant les bords du manteau libres et ciliés, recou- 
vrant un double rang de branchies; anus libre. Pied rudimentaire, pédon- 
culé, dilaté à l'extrémité. Muscle adducteur divisé en trois faisceaux, dont 
le plus fort passe par un trou ou une échancrure de la petite valve pour 
se fixer aux corps sous-marins par une pièce operculaire. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 251 


Ce genre, tel qu'il a été limité par Bruguière, ne paraît pas avoir paru 
avant le lias; ses espèces sont peu nombreuses et difficiles à caractériser. 
comme le sont si souvent les coquilles fixes. 


ANoMIA PELLUCIDA, Terquem. (Ms.) 


A. valvä sinistrà depressä, suborbiculari, concentricè striata ; margine 
cardinali recto; umbone marginali. 


Dimensions. — Elle atteint près de 4 centimètres de longueur. 

Description. — Coquille mince, presque circulaire; valve gauche très- 
déprimée, marquée de stries ou de légères ondulations concentriques , 
tronquée à la région cardinale; sommet marginal peu marqué; valve 
droite inconnue. 

Nous en avons trouvé quelques individus fixés à la face interne des 
valves d’une Pinna; on voit sur presque tous trois petites saillies inégales 
qui sont, sans doute, les impressions musculaires, quoique leur grandeur 
relative et leur position ne paraissent pas bien constantes. 

Localités. — Nous l'avons rencontrée à Étalle, dans le grès de Luxem- 
bourg: nous l'avons reconnue dans la collection de M. Terquem dont nous 
acceptons le nom; ses échantillons viennent d'Hettange. 


252 DESCRIPTION DES FOSSILES 


MOLLUSQUES BRACHIOPODES. 


Genre LINGULA. Bruc. 


PareziaE (sp.), Linn., Gmel. 
Pinna (sp.), Chemnitz. 

Lincura, Brug., Lam., Cuv., etc. 
Mynius (sp.), Dillwyn. 


esta inaequivalvis, aequilateralis, ovata, vel oblonga; valvae plus minüsve 
convexae, tenues, wmbones versüs saepits acuminalae, infernè explanatae, 
edentulae ; umbones plus minüsve prominuli, minuti, pedunculo carnoso 


affioci. 


Animal déprimé, ovale ou plus ou moins allongé, compris entre les 
deux lobes d’un manteau fendu dans toute sa moitié antérieure ou cépha- 
lique, et portant des branchies pectinées adhérant à sa face interne; 
bouche simple, ayant de chaque côté un long appendice tentaculaire, 
cilié dans tout son bord externe, et se rétractant en spirale dans la 
coquille. 

Coquille inéquivalve (une valve plus convexe que l’autre), équilatérale, 
ovale ou allongée, le plus souvent terminée en pointe vers les sommets, 
élargie sur la région palléale, dépourvue de charnière ; valves réunies par 
les muscles adducteurs, attachées aux corps sous-marins par un long pédi- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255 


cule musculaire, sortant entre les sommets; la grande valve légèrement 
échancrée à cet endroit pour sa sortie; bras charnus, sans support écail- 
leux; deux impressions musculaires sur l’une des valves, quatre sur 
l'autre; structure cornée, couverte par un épiderme. 

Ce genre, peu nombreux en espèces, commence à paraître dans les 
terrains primaires, se continue dans les formations subséquentes, et pos- 
sède encore quelques représentants à l'époque actuelle. 


4. Lincuza saccuzus, N. 


(PL XXXV, fig. 4.) 


L. test ovato-oblongä, subconvexd; marginibus umbones versus acumi- 
natis, fronte rotundato ; umbonibus acutis ; valvis concentricè strialis ; striis 
irregularibus, subundulatis , lateraliter majoribus. 


Dimensions. — Hauteur 20 mill.; largeur 11; épaisseur 4 (?) — 100 : 
5 : 20. 
Description. — Coquille équilatérale, en ovale acuminé vers les som- 


mets, assez convexe, la plus grande épaisseur se trouvant vers le centre 
de la coquille; bords latéraux régulièrement et faiblement convexes, se 
continuant sans former d’angle avec le bord frontal, qui est arrondi; les 
bords latéraux acuminés en se rapprochant des sommets, et formant entre 
eux un angle droit; les sommets sont aigus, saillants, dépassant le bord 
marginal, un peu renflés vers la ligne médiane de la coquille. Valves peu 
épaisses, striées sur toute leur surface; stries fines, irrégulières, un peu 
onduleuses, plus fortement marquées vers les régions latérales, qui, par 
là, semblent couvertes de fines côtes. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la L. Voltæ, 
Terq.; elle s’en distingue par sa forme générale plus arrondie; d'autre 
part, M. Terquem dit que la L. Voltzi est lisse près des bords cardinaux, 
tandis que la L. sacculus est striée là comme ailleurs; une autre différence 
consiste dans l’angle que font les bords cardinaux, manifestement obtus 
dans la première, droit dans la seconde. 


Toue XXV. 50 


254 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Localité. — Cette espèce se trouve tantôt par valves isolées, tantôt la 
coquille entière. Nous l’avons rencontrée dans le macigno d’Aubange, au 
nord-ouest de Bleid, dans des blocs exploités comme pierres à paver. Les 
valves présentent une couleur brune fortement teinte de violet. 


2. LixcuLa LoNGo-viciEnsis. 
(PL XXXV, fig. 5.) 


LinGuca LoxGo-viciensis. Terquem, 1851, Bull. de la Soc. géol. de Fr., 1° série, t. VIII, p. 12. 


L. testä ovatà, subdepressà, lateribus fronteque arcuatis; umbonibus mi- 
nimis, Subprominulis; valvis concentricè tenerrimèque striatis, ferè pellu- 
cidis. 


Dimensions. — Hauteur 5 mill.; largeur 5 ; épaisseur (?). 

Description. — Coquille équilatérale, en ovale régulier; bords latéraux 
convexes et régulièrement arqués dans toute leur étendue; bord inférieur 
ou front, également arrondi, et se continuant avec les bords latéraux sans 
former d’angle, comme dans plusieurs autres espèces ; sommets extrême- 
ment petits, faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal. Valves 
minces, pellucides , légèrement déprimées , marquées sur toute leur sur- 
face de stries d’accroissement fines, égales, souvent interrompues, mieux 
marquées vers les bords latéraux. 

Rapports et différences. — Les autres lingules liasiques, la Voltzü, Terq. 
et Metensis, Terq., sont bien plus grandes que la Longo-viciensis, et leur 
forme est moins régulièrement ovalaire. 

Localités. — « Cette espèce se trouve en très-grande quantité, par 
valves isolées, dans des blocs calcaires de la partie moyenne du lias; elle 
accompagne le Monotis substriata, les Ammoniles communis, bifrons, Raqui- 
mianus, à Gorcy, à Rodange. » (Terquem.) Les ammonites précités ne se 
trouvent, en Belgique, que dans la marne de Grand-Cour, qui appartient 
bien, dans la division géologique que nous avons suivie, au lias supérieur. 
Nous avons rencontré la L. Longo-viciensis dans le schiste bitumineux ex- 
ploité à Grand-Cour. 

Nos plus grands échantillons mesurent 5 millimètres. M. Terquem dit 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255 


qu’elle arrive rarement à 10; elle passerait facilement inaperçue, à cause 
de sa petitesse, si sa couleur blanche éclatante ne la faisait trancher for- 
tement sur la teinte sombre des feuillets schisteux. 


Genre SPIRIFER , Sow. 


Axoma, L. Lister. 

Anowures, Martin, Wahlenb. 

TeresraruuiTes et Hysrerozrrues , Schl. 

Srrirer, Sow., Defr., De Buch, De Münst, De Kon. 
Cuarisrires, Fisch, 

Dezruynis, Dahlm., Kloeden, Goldf., Keferst., Roemer. 
Cyr, Dalm., Br. 

Tricoxorrera, Kænig, Br., Sandberg. 

TereerarTuLa, Lam., Fér., BL, Desh., Nyst. 
Propucrus (part.), Desh., Nyst. 

Semairera, Phillips. 

SririFER, SPIRIFERA , SPIRIFERINA , ete., d'Orb. 


Testa inaequivalvis, inaequilaleralis ; valva convexa major, sinu mediano 
longitudinali cum umbone nato, valva minor jugo correspondente munita ; 
area tlriangularis, decussata, valvä superiore unicù constructa; apertura 
triangularis, rard clausa; dentes quatuor, lamellis nunquäm sustentali; 
brachia apposita. 


Coquille inéquivalve, équilatérale, ordinairement transverse, plus ou 
moins trigone et convexe, rarement lisse, le plus souvent munie de stries 
ou de côtes. Grande valve convexe, parfois gibbeuse, divisée par un sinus 
longitudinal médian, variable en largeur et en profondeur, correspon- 
dant à un bourrelet de la petite valve ; crochet aigu et droit, quelquefois 
recourbé et obtus, toujours tronqué; aréa triangulaire, plus ou moins 
élevée, plane ou concave, formée aux dépens de la grande valve, et divisée 
par une ouverture médiane triangulaire, toujours couverte par un delti- 
dium échancré à sa base pour le passage des fibres pédonculaires. Petite 
valve moins convexe, à bourrelet médian, à sommet peu développé, dé- 
passant à peine le bord cardinal, qui est droit; charnière forte, trans- 
verse, formée de deux dents divergentes limitant la base de l'ouverture de 


256 DESCRIPTION DES FOSSILES 


la grande valve, et placées dans des fossettes qui se trouvent de chaque 
côté du crochet de la petite valve ; supports internes calcaires, formés de 
deux lamelles s’élevant sous le bec de la petite valve, et formant une spi- 
rale qui diminue en grandeur sous les angles cardinaux. 

Ce genre, qui apparaît dans les couches siluriennes, prend un grand 
développement dans les terrains primaires, et n’est plus représenté que 
par quelques espèces dans le lias, où il se termine. 


1. SpiRiFeR WaALcorri. 


(PL XXXV, fig. 7.) 


SPIRIFER WVALCOTTI. Sowerby, Min. conch., t. IV, p. 106, pl. 377, fig. 1, 2. 
Derrayris OcroPLicaTus. Ziet., 1850, Wurt., pl. 58, fig. G. 
— — Desh., 1856, Nouv. éd. de Lam., t. VI, p.374. 
— WaLcorrTi.  Roem., 1856, OoL., p. 56. 
_ — De Buch, 1840, Classif. des Delth., Mém. Soc. géol. de Fr., K'* série, vol. IV., pl. X, 
fig. 8. 
— — Morris, 1845, Catalogue (fide Dav.). 
— — Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 69, pl. 2, 5, fig. 1. 
— — Deslong., 1847, Soc. linn. de Norm. 


TRIGONOTRETA — Bronn, 1847, Lethaea geog., pl. 18, fig. 14. 

TEREBRATULA — Desh., 1849, Tr. de Conch., pl. 59, fig. 9, 10; pl. 60, fig. 1, 2. 
SPIRIFERINA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 221. 

SPIRIFER — Davidson, 1851, Brit. Brachiop., p. WE, p. 25. 


S. test variabili transversà, ventricosà; valv& rostrali in medio profundè 
sinuatà , utrinquè 5-plicatä ; rostro plus minüsve incurvo. 


Dimensions. — Long. 22 mill.; larg. 28 ; épaiss. 16; — 100 : 127 : 72, 

Description. — Coquille de forme variable, plus large que longue, 
épaisse, la plus grande largeur étant située à peu de distance de la char- 
nière ; crochet plus ou moins recourbé; aréa bien limitée; deltidium de deux 
pièces; bras spiraux et cloisons comme dans le S. rostratus; valves à sur- 
face ponctuée et épineuse; petite valve munie d’un bourrelet médian et 
de quatre plis de chaque côté, arrondis ; la grande valve présente un pro- 
fond sinus correspondant et cinq plis de chaque côté. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement du S. ros- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 257 


tratus, par son bourrelet et ses plis bien marqués, assez aigus et au nom- 
bre de quatre de chaque côté. 

Localités. — Ce Spirifer, abondant ailleurs, est assez rare chez nous: 
nous l’avons rencontré dans la marne de Strassen, près de Walzingen et 
de Bonnert. On le trouve dans le lias inférieur et moyen de France, d’An- 
gleterre et d'Allemagne, dans un grand nombre de localités. 


2, SPIRIFER ROSTRATUS. 
(PL. XXXV, fig. 6.) 


TEREBRATULITES ROSTRATUS. Schl., 1822, Nach.zür Petref., pl. XVI. 


SPIRIFER ROSTRATA. Ziet., 1850, Wurtemb., pl. 58, fig. 5. 
— HaRTMANNI. Ziet, id. id., id, fig. 1. 
= VERRUCOSA. Ziet., id. id., id., fig. 2. 
= PINGUIS. Ziet., id. id., id, fig. 5. 
DELTHYRIS VERRUCOSA. De Buch, 1851, Pétrif. remarq., pl. VIL, fig. 2. 
— — Roemer, 1856, Ool., p. 56. 
SPIRIFER MESOLOBA ? Phill. Deslong., 1857, Ann. de la Soc. linnéen. de Normandie. 
DELTHYRIS ROSTRATUS. De Buch, 1840, C1. des Delth., Mém. de la Soc. géol. de Fr., 1sér., IV, pl X, fig. 24. 
= VERRUCOSUS, De Buch, id., id., id., fig. 50. 
— TUMIDUS. De Buch, id, id., id., fig. 29. 
HARTMANNI. Quenstedt, 1845, Wurtemb., p. 181. 
= VERRUCOSA. Quenstedt, ïd., id, p. 185. 
— ROSTRATA. Quenstedt, id. id., p. 186. 
SPIRIFER PUNCTATUS:. Buchmann, 1845, Geol. of Cheltenham, pl. X, fig. 7. 
— LINGUIFEROÏDES et CHiLieNnsis. Forbes et Darwin, 1846, South Amer., pl. V, fig. 15-18. 
— VERRUCOSUS. Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 69, pl. 95, fig. 6. 
— ROSTRATUS. Dav., 1847, Lond. geol. journ., t. 1, p. 109, pl. XVII, fig. 1-10. 
— — Bronn, 1849, /nd. palaeont., p. 1181. 
SPIRIFERINA VERRUCOSA. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 221. 
— HaARTMANNI. D'Orb;, "10, "td, t. 1, p.239: 
SPIRIFER TUMIDUS. Coquand et Bayle, 1850, Bull. de la Soc. géol. de Fr., 2 série, vol. VIE, p. 255. 
—  ROSTRATUS. Davidson, 1851, Brit. Brachiop., p. WI, p. 20, pl. IL, et pl. I, fig. 1. 


S. testà rotundalo-trigont ventricosä ; sinu medio plus minüsve profundo ; 
superficie laevi, undulatä vel plicatä; rostro plus mintsve prominente, incurvo 
vel recto; ared sanè delimitata. 


Dimensions. — Long. 50 mill.; larg. 32; épaiss. 28; — 100 : 106 : 95. 
Description. — Coquille de forme très-variable, généralement arrondie 
ou subtriangulaire, munie d’un sinus et d’un bourrelet plus ou moins pro- 
noncés ; crochet développé, recourbé ou non; deltidium formé de deux 


258 DESCRIPTION DES FOSSILES 


pièces ; aréa bien limitée ; valves à surface ponctuée et épineuse jusqu'aux 

bords de l’aréa, unie, ondulée , ou marquée de plis plus ou moins arron- 

dis, qui s'étendent jusqu'aux sommets; trois lamelles dans l’intérieur de 
» q q ; 

la grande valve, la moyenne plus élevée et terminée en pointe; dans la 

, 2 

petite deux bras spiraux dirigés en dehors et réunis par une lamelle. 
Observation. — Nous n'avons trouvé que quelques moules de cette es- 

pèce; nous renvoyons, pour plus de détails sur les diverses formes et 

l'intérieur, aux explications et aux magnifiques planches de M. Davidson. 
Localités. — Nous n’avons rencontré cette espèce que dans le macigno 

q 
d’Aubange, à Aix-sur-Cloix et à Virton. On la trouve fréquemment en 
S' » 
Angleterre, en France, en Allemagne. 


Genre TEREBRATULA, Lwhyd. 


TereeratuLa (p.), Brug., etc. 
Eviwuyrinae , Morris. 
Teregratuza, d'Orb., Davidson, etc. 


Testa inaequivalvis, punctala vel perforala, ovata vel rotundata, plus 
minüsve convexa , laevis, nonnunquäm in adultis plicata vel costata ; libera 
peduneulo tantivm carnoso affixa ; valva perforata major, rostrata, imperfo- 
rala minor; rostrum truncatum, plus minüsve recurcum et prominens ; 
area indistincla; apertura terminalis rotundata, ab alter valva deltidio du- 
plici, wnbonem oblegente, sejuncta ; cardo dentibus duobus in imperforatà 
valvû, in fossulis allerius intrantibus, et callo mediano prominente, sub del- 
tidio inserto. 


Coquille inéquivalve, testacée, de contexture ponctuée ou perforée, ovale 
ou ronde, bombée ou déprimée, lisse, parfois munie de côtes ou de plis à 
l’âge adulte; libre, fixée seulement par un pédoncule tendineux passant à 
travers une ouverture de la grande valve. Valve perforée plus grande, l’autre 
plus petite, ayant son sommet recouvert par le deltidium de la grande; cro- 
chet tronqué transversalement, plus ou moins recourbé et saillant; ouver- 
ture ronde, terminale, séparée de l’autre valve par un deltidium de deux 
pièces qu'elle échancre plus ou moins; charnière composée de deux dents 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 259 


sur la valve inférieure, engrenées dans deux fossettes de l'autre valve, 
et d’une callosité médiane, saillant au delà du crochet et s’insérant sous 
le deltidium; appareil interne formé sur la petite valve d’une callosité de 
chaque côté de la charnière, desquelles partent des supports cartilagineux 
ou testacés qui soutiennent les bras, et restent libres sans jamais se joindre 
au fond de la valve. On remarque quelquefois une côte médiane longitu- 
dinale sur le milieu de la grande valve, et deux impressions longues près 
de la charnière. 

Animal fixe, souvent déprimé, ayant les bords du manteau minces, 
entiers, munis de cils courts; masse abdominale peu volumineuse, symé- 
trique; bouche médiane; branchies vasculaires, ramifiées sur le manteau ; 
bras ciliés, larges, coudés, libres à leur extrémité près de la bouche, fixés 
sur des tiges lestacées ou cartilagineuses , placées en arc formant un appa- 
reil apophysaire interne très-symétrique. Un muscle passe par l'ouverture 
de la coquille pour la fixer. 

Les térébratules sont abondantes dans les terrains paléozoïques ; elles 
ont traversé tous les étages, et sont arrivées jusqu'à l’époque actuelle, où 
elles vivent dans les mers de toutes les régions, mais toujours à de grandes 
profondeurs. 


4. TEREBRATULA SUB-PUNCTATA. 
(PL. XXXVI, fig. 1.) 


TEREPRATULA SUB-PUNCTATA. Dav., 1855, Brit. Brach., 1" part., p. 44, pl. 6, fig. 7-10, 12, 16? 
— INGRATA. N., 1851 (MS.) 


T. testà ovatà, laevi, medio latiore ; valvä minore parum convex, rostrali 
convexû , obtusè carinatà ; umbone magno, rotundato, aperturà magnä trun- 
cato, deltidium parvum divisum obtegente; ared mediocri, striatà, non li- 
milatd. 


Dimensions. — Longueur 50 mill.; largeur 20; épaisseur 15; — 100 : 
66 : 50. Elle atteint parfois près de 4 centimètres de long. 

Description. — Coquille de moyenne taille, ovale, lisse, finement ponc- 
tuée, marquée d’anneaux d’accroissement prononcés. Petite valve ovale- 
arrondie, généralement peu convexe, atteignant sa plus grande épaisseur 


240 DESCRIPTION DES FOSSILES 


vers le tiers de sa longueur, et, de là, s’abaissant rapidement vers le 
front; bords latéraux descendant un peu plus bas que le bord frontal, de 
sorte que, la coquille étant vue du côté du front, son bord est légèrement 
infléchi. Grande valve ovale, convexe, renflée et très-obtusément carénée au 
milieu, cette carène, ou plutôt, ce bourrelet s’atténuant insensiblement sur 
la moitié frontale; crochet gros, saillant, arrondi, tronqué par une ouver- 
ture assez grande, située dans le plan des valves, recourbé et cachant un 
deltidium de deux pièces, formant un peu plus du quart du contour de 
l'ouverture, moins long, mais plus large; arêtes cardinales se rejoignant 
sous un angle d'environ 70°, se continuant insensiblement avec les arêtes 
latérales ; assez marquées au sommet, elles deviennent bientôt très-obtu- 
ses, et limitent fort mal une fausse aréa assez médiocre, striée. La plus 
grande épaisseur est située avant la moitié de la longueur; la plus grande 
largeur , vers le milieu. 

Rapports et différences. — Cette térébratule nous avait paru distincte par 
la faible convexité de sa petite valve, le crochet gros, recourbé, l'espèce 
de carène de la grande valve, l'absence de tout pli, etc. Nous la réunis- 
sons aujourd'hui à l'espèce décrite naguère par M. Davidson; elle n’en 
diffère un peu que par l'épaisseur relative des valves. Nous prions les 
personnes à qui nous l'avons communiquée sous le nom de T. ingrata, de 
corriger cette dénomination. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans un banc de grès 
peu cohérent, très-calcarifère, au sud d’Arlon; elle y est très-nombreuse. 
Nous en avons retrouvé quelques échantillons à Weyler. Peut-être passe- 
t-elle dans le macigno d’Aubange ; mais nos exemplaires ne nous permet- 
tent pas de l’affirmer. Elle se rencontre dans le lias moyen près d'Ilmin- 
ster, etc. (Dav.); en France, près de Caen (Dav. et Desl.); et en Espagne 
(de Verneuil et de Lorière). 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 241 


2, TEREBRATULA CAUSONIANA. 


(PL XXXVI, fig. 2.) 
TEREBRATULA CAUSONIANA ? D'Orb., 1850, Prodr., 1, p. 221. 
T. testà pentagonali, laevi; valvis aequè sed parüm convexis, frontem ver- 


sùs sinualo-depressis; fronte sinuato, biangulato ; rostro compressiore, in- 
curvo; ared parvd; angulo cardinali 80°. 


Dimensions. — Longueur 17 mill.; largeur 14; hauteur 8; largeur du 
sinus 8 — 100 : 80 : 48 : 48. 
Description. — Coquille lisse, de forme pentagonale, à angles latéraux 


arrondis, à angles frontaux saillants. Valve ventrale convexe, atteignant 
sa plus grande hauteur vers la moitié de la longueur ou auparavant, 
munie de deux côtes peu distinctes sur les trois premiers quarts de la 
longueur, fortement accusées vers le front, aux angles duquel elles abou- 
tissent, séparées par une petite surface d’abord plane, mais notablement 
déprimée vers le front; deux côtes insensibles aboutissant aux angles 
latéraux ; arêtes cardinales se réunissant sous un angle de 115°. Grande 
valve formant la moitié de l'épaisseur totale, portant des côtes semblables 
à celles de la valve ventrale auxquelles elles correspondent. Arêtes cardi- 
nales légèrement convexes, formant la moitié de la longueur; arêtes laté- 
rales presque droites; arête frontale concave; angle des arêtes cardinales 
de 80°; crochet petit, recourbé, aigu, très-comprimé, caréné sur les 
côtés, tronqué par une ouverture assez petite, à demi embrassée par un 
deltidium de deux pièces, qui n’est pas tout à fait deux fois aussi large 
que haut; aréa petite, ne dépassant guère la moitié des arêtes cardinales, 
bien limitée vers le crochet. 

Observations. — Cette coquille, dont nous n'avons eu que quelques 
échantillons, ne dépasse guère 16-17 millimètres de long; un des angles 
du front est ordinairement mieux marqué que l’autre. 

Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît bien distincte des 
T. indentata, Sow., et vicinalis, Schl., par son aréa, par l'angle des arêtes 

Tous XXV. 51 


242 DESCRIPTION DES FOSSILES 


cardinales, son épaisseur moindre et par l'épaisseur relative des valves. 
Elle est plus voisine de la 7°. cornuta, Sow., dont elle paraît se distinguer 
par son épaisseur, et surtout le crochet plus comprimé. Cest sans doute 
l'espèce indiquée par M. d’Orbigny ({. c.), quoique la largeur du sinus 
ne soit pas bien considérable. 

Localités. — Nous tenons cette espèce de M. de Condé, qui la trouvée 
dans la marne de Strassen, près d’Arlon, sur la route de Florenville. 
M. d'Orbigny l'indique à Nancy, à Metz, près de Lyon, etc., dans l'étage 
sinémurien. 


5. TERERRATULA SUBBUCCULENTA , N. 


(PI. XXXVI, fig. 4.) 


TéREBRATULA BUCCULENTA ? Ziet., 1850, #Wurtemb., pl. 59, fig. 6 (non Sow.). 


T. testä obovatä subpentagonä , medio latiore; fronte obtuso, haud emargi- 
nalo, marginibus in adultis incrassatis ; valvä minore saepits subconvex , 
nonnunquäm ab umbone subdepressä ; valvä rostrali dorsatä; rostro incurvo, 


compresso, truncato; aperturä ab umbone deltidio conspicuo separatà ; area 
valdè distincta. 


Dimensions moyennes. — Longueur 100; largeur 80; épaisseur 51; elle 
atteint à peu près 50 millimètres de long. 

Description. — Coquille de forme variable, ovale-subrhomboïdale, lisse, 
de moyenne taille, finement ponctuée. Petite valve déprimée, peu épaisse, 
parfois marquée d’une très-légère dépression médiane partant du sommet, 
s’élevant rapidement jusqu'au tiers environ de sa longueur , atteignant son 
maximum de hauteur avant la moitié, et s’abaissant ensuite insensiblement 
jusqu’au front; bords à peu près dans un même plan, s’épaississant par 
l’âge , les latéraux comme tronqués perpendiculairement, le front oblique- 
ment. Grande valve convexe, munie d’un bourrelet marqué, s’atténuant vers 
la région frontale, et de deux méplats latéraux, ou même, de deux dépres- 
sions prononcées ; arêtes cardinales se rejoignant sous un angle à peu près 
droit, se continuant avec les arêtes latérales par un angle arrondi; front 
obtus, jamais émarginé; bords tronqués comme à l’autre valve; crochet 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 245 


recourbé, comprimé, tronqué par une ouverture médiocre, laissant voir 
un deltidium de deux pièces, environ deux fois aussi large que haut, dont 
la hauteur égale à peu près le diamètre de l'ouverture; aréa grande, striée, 
un peu excavée, limitée vers le dos par une carène tranchante qui se 
termine en saillie au crochet, de sorte que l'ouverture semble faire partie 
d’une surface cylindrique dont elle occuperait plus de la moitié de la cir- 
conférence. La plus grande largeur de la coquille est au milieu de la lon- 
gueur; la plus grande épaisseur, au même endroit, ou un peu plus près du 
sommet. 

Observation. — Nous croyons devoir séparer de la T. bucculenta, Sow... 
l'espèce figurée avec doute par Zieten sous ce nom; mais il est moins facile 
de dire si elle est la même que celle que nous venons de décrire. Celle-ci 
nous paraît distincte des T. bucculenta et emarginata, Sow., quoique bien 
voisine surtout de la dernière : elle n’est échancrée, ni sur le front, ni 
sur les côtés; ses bords sont épaissis; la carène de la valve dorsale est 
très-marquée ; la petite valve encore assez convexe; l’aréa parfaitement 
limitée. L'ensemble de ces caractères nous paraît la caractériser suffisam- 
ment. 

Une variété caractérisée par une largeur moindre et une épaisseur plus 
forte (voir fig. 4 d, e, f), se rapproche de la T. lagenalis, Sch]. Elle possède 
tous les autres caractères de la forme type avec laquelle elle se trouve, et 
diffère de l’espèce de Schlotheim par son crochet moins recourbé, ne 
cachant pas le deltidium, et dont les bords sont carénés, limitant très-bien 
l'aréa. 

Localité. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy. Nous l'avons 
rencontrée auprès de cette ville, où elle n’est pas rare, à Cosne, et au sud 
de Halanzy. L'espèce de Zieten vient du calcaire jurassique (bajocien ?) 
d'Aichelberg. 

4. TEREBRATULA PEROVALIS. 
(PI. XXXVI, ffg. 3.) 


TERPBRATULA PEROVALIS. Sow., 1825, Min. conch., t. V, p. 51; pl. 456, fig. 2,5. 
an INTERMEDIA. Ziet., 1850, Wurtemb., p.52; pl. 59, fig. 5. 


244 DESCRIPTION DES FOSSILES 


TEREBRATULA PEROVALIS.  Desl., 1857, Soc. linn. de Norm. (fide Davidson). 
— — De Buch, 1858, Térébr., p. 221, pl. 20, fig. 2. 
— — Morr., 1845, Catal., p. 155. 
— — ? Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 99, pl. 41, fig. 4. 
— — Bronn, 1849, Znd. pal., p. 1245. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 287. 
— — Davidson, 1851. Brit. Brach., part. I, p. 51, pl. 10, fig. 1-6. 


T. testä ovali, infra medium latiore, lateribus eleganter arcuatis; valva 
minore in fronte scilicet costis 2 convexis, plus minüsve obsoletis notata ; valva 
rostrali subsinuatä ; umbone incurvo, aperturd magnà truncato, deltidium 
plus minüsve obtegente. 


Dimensions. — Longueur 100; largeur 77 (82-71); épaisseur 51 (48- 
D5). Elle atteint jusqu’à 5 centimètres de long. 

Description. — Coquille de forme ovale, plus longue que large , médiocre- 
ment épaisse, lisse, à stries d’accroissement peu marquées, sauf sur les 
bords, à surface ponctuée. Valve imperforée s’élevant d’abord assez rapide- 
ment, atteignant son maximum au premier quart ou un peu au delà, puis 
s’abaissant insensiblement vers le front, portant deux plis médiocres ou 
faibles, arrondis, séparés vers le front par un petit sinus qui paraît au 
plus tôt vers le milieu de la longueur, et invisibles chez les jeunes individus, 
où le bord frontal est à peine infléchi au milieu. Valve perforée, convexe, 
obtusément carénée, surtout vers le crochet, ne portant de plis qu'après le 
milieu, les latéraux étant toujours très-plats; bord frontal légèrement 
sinueux ; arêtes cardinales et latérales se continuant en une courbe ovale 
régulière; crochet grand, arrondi, recourbé; ouverture grande, presque 
horizontale; deltidium de deux pièces, presque caché, beaucoup plus 
large que haut et n’embrassant pas le quart de l'ouverture; aréa striée, 
petite, mal limitée par des arêtes arrondies. La plus grande épaisseur est 
située en avant du milieu de la longueur, et la plus grande largeur au delà. 

Observations. — La T. intermedia, Ziet., (pl. 59, fig. 5), appartient sans 
doute à cette espèce; elle est plus large et n’a que des traces de plis; la 
valve dorsale parait moins carénée; mais nous avons des individus qui 
atteignent à peu près cette largeur , ou qui n’ont guère plus de plis. Aussi, 
à l'exemple de M. d'Orbigny, nous la réunissons à la T. perovalis. Quant 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 245 


à la T. insignis, Schübler et Zieten (pl. 40, fig. 1), nous ne pouvons, avec 
M. De Buch, la réunir à l'espèce de Sowerby, dont elle se sépare par 
la largeur maximum dans la moitié inférieure, le deltidium d’une seule 
pièce , etc. 

Localités. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy; elle n'est 
pas rare aux environs de cette ville; nous l'avons retrouvée dans le même 
terrain à Grand-Cour et à Halanzy. On la rencontre dans les couches cor- 
respondantes en Angleterre, à Dundry (Sow.); en France, à Avallon, à 
S'-Maixent, à Niort, à Moutiers, à Athis, etc. (d’Orb.); dans le Würtem- 
berg, à Wasseralfingen, au Stuifenberg et au Brauneberg (Zieten). 


5. TEREBRATULA GLOBATA ? Sow. 


Nous nous bornons à indiquer cette espèce dans le calcaire de Longwy ; 
les échantillons que nous y rapportons ont été trouvés auprès de cette 
ville, mais ils sont en trop mauvais état pour être décrits. 


Genre RHYNCHONELLA, Fischer. 


TereeraTuLa (p.), auct. 

PuyncnonezLa, Fischer, Davids., d'Orb.…. 
Hvroruvris, Phillips. 

Cvecoruyris, M'Coy. 

CYcLOTAYRIDAE (p.), Morris. 


Testa aequilateralis, inaequivalvis, testacea, fibrosa, pedunculo carnoso 
affixa ; costis radiantibus simplicibus, vel plicis magnis, in adultis tantüm 
conspicuis ornala; valva perforata major ; imperforata, convexa, arcuata ; 
rostrum inlegrum, recurvum, prominens ; area saepits indistincta ; apertura 
parva, rotundata vel oblonga, margine incrassato subtubulosa, ab imperfo- 
ratà valvà deltidio duplici sejuncta ; cardo dentibus duobus in valvà rostrali ; 
lamella interna majoris valvae unica, tenuis, perpendicularis; in minore, 
lamellae duae arcuatae, elongatae, extremitatibus dilatatis brachia carnosa 
suslentantes. 


Coquille équilatérale, inéquivalve, testacée, de contexture fibreuse, fixée 


246 DESCRIPTION DES FOSSILES 


aux corps sous-marins au moyen d'un pédoncule musculeux sortant par 
une ouverture de la grande valve; ornée de côtes rayonnantes simples, 
s'étendant du sommet aux bords, ou de gros plis, visibles seulement à 
l’état adulte. Valve perforée plus grande, à bord frontal saillant ou échan- 
cré; valve imperforée plus petite, bombée, arquée, à sommet enfoncé 
dans la valve supérieure; crochet entier, recourbé, saillant ; aréa souvent 
indistüincte; ouverture petite, arrondie ou oblongue, placée près du sommet 
de la grande valve, entourée, à sa partie inférieure, d’un bourrelet qui la 
rend comme tubuleuse ; séparée de la petite valve par un deltidium de deux 
pièces. Charnière formée sur la grande valve, de chaque côté, d’une dent 
oblique, allongée, entrant dans une rainure de la valve opposée. 

Appareil apophysaire formé sur la grande valve d’une lame verticale 
mince; sur la petite valve, de deux longues lamelles arquées vers le haut, 
plates, situées en dedans de la charnière, et terminées par une partie plus 
large qui supportait les bras libres et charnus de l'animal. 

Ce genre s’est montré dans les terrains les plus anciens, et se trouve 
représenté jusque dans les terrains crétacés, où il s’éteint. 


1. RaYNCHONELLA ANGEPs, N. 
(PI. XXXVIL, fig. 5.) 


R. testä ovalo-trigond, convexä, infrà medium latiore, 12-16 plicatà ; 
plicis 5-4 in jugo infrà medium minoris valvae; umbone minimo, subincurvo, 
aperturä mediocri ; areä minimä, parüm distinctà. 


Dimensions fort variables. — Longueur 15 mill.; largeur 14; épaisseur 
7 = 100 : 108 : 54. 

Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale-triangulaire 
ou triangulaire, à angles latéraux arrondis, médiocrement épaisse. Petite 
valve s’élevant d’abord rapidement, atteignant sa plus grande hauteur 
vers le milieu, formant au moins les deux tiers de l'épaisseur totale, ornée 
de 11-15 plis simples, tranchants, visibles jusqu'au sommet, marquée 
d'un bourrelet peu élevé, commençant après le milieu de la longueur, 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 247 


portant 5-4 plis à peu près à la même hauteur. Valve rostrale à peine 
convexe, parfois obtusément carénée près du sommet, portant 2-3 plis 
dans un sinus peu profond, ne commençant pas avant le milieu ; arêtes 
cardinales occupant environ la moitié de la longueur; arêtes latérales 
régulièrement courbées ; front droit ou peu convexe; crochet très-petit, 
aigu, médiocrement recourbé; ouverture modérée, atteignant presque la 
petite valve; deltidium embrassant, étroit; aréa très-petite, peu distincte. 
La plus grande largeur est en arrière de la moitié de la longueur; l'angle 
des arêtes cardinales un peu moindre qu’un droit; stries d’accroissement 
très-fines. 

Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît distincte par le nombre 
et la disposition de ses plis, la position du maximum de largeur, et son 
crochet; elle diffère de celle que M. Roemer a décrite sous le nom de 
parvirostris, par sa forme beaucoup plus courte, l'épaisseur moindre de la 
petite valve et le crochet moins recourbé. Ses plis visibles jusqu'au som- 
met, sa fausse aréa l’éloignent de la R. variabilis, Schlotheim, sp. 

Localités. — Cette espèce se rencontre : 1° dans la marne de Jamoigne, 
où elle est rare , à Jamoïgne et à La Cuisine; 2 dans la marne de Strassen, 
à Guirsch, à Waltzing , à Frelange ; elle n’y est pas rare, mais presque tou- 
jours brisée ou déformée. Nous n’en possédons aucun échantillon recon- 
naissable du grès de Luxembourg. 


2, RayNCHONELLA Bucan ? 


(PI. XXXVIT, fig. 4.) 


TErREBRATULA Bucun? Roemer, 1856, Oo., p. 42, pl. 2, fig. 16. 


R. test minuta, ovatä vel ovato-trigonà, plus minüsve ventricosa ; valva 
minore convexiore, infra medium latiore; plicis 7-11 obtusis, in medio eva- 
nescentibus, 5 medianis in jugo modico circà medium deficiente; rostro mi- 
nimo, compresso, incurvo, deltidium obtegente ; aperturä minuta. 


Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 8-12; épaisseur 5-7 — 100 : 
80-120 : 50-70. 


248 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Coquille de petite taille, de forme et de dimensions rela- 
tives très-variables, en général orbiculaire, ovale, ou ovale-triangulaire, 
plus ou moins renflée. Petite valve beaucoup plus convexe que la grande, 
ornée de sept à onze plis obtus, disparaissant à une distance variable du 
front, mais rarement au delà de la moitié de la longueur; ordinairement 
trois plis sur un bourrelet médiocre, qui lui-même ne dépasse guère cette 
limite. Bords des valves se rejoignant sous un angle très-ouvert. Le 
maximum de hauteur de la petite valve est ordinairement situé un peu au 
delà de la moitié de la longueur ; mais il est sujet à varier considérable- 
ment, et on le voit même arriver très-près du front. Crochet toujours très- 
petit, recourbé sur le deltidium, comprimé, tronqué par une ouverture 
remarquablement petite; aréa presque nulle. Elle dépasse rarement un 
centimètre; souvent même elle est beaucoup plus petite. 

Rapports et différences. — Nous croyons devoir rapporter les individus 
que nous venons de décrire à la T. Buchiü, Roemer; ils sont seulement 
plus larges, et portent en général de chaque côté un pli de plus. Cette 
espèce se distingue de la T. pulla, Roemer, par le nombre des plis et 
le crochet notablement moindre. Peut-être doit-elle être rapportée à la 
R. variabilis, Sch]., sp. 

Localités. — Nous avons rencontré cette espèce : 1° dans le grès de 
Luxembourg, près de Guirsch : elle y est très-rare; 2° dans la marne de 
Strassen, où on la trouve communément aux environs d'Arlon, près 
de Bonnert, à Waltzing, à Frelange, etc.; 5° dans le sable d’Aubange, 
près de Weyler. D’après M. Roemer, elle appartient au lias moyen (?) 
(Belemnitenschichte), où on la rencontre près de Willershausen et de 
Kahlefeld. 


5. RHYNCHONELLA VARIABILIS. 


(PI. XXXVI, fig. 5.) 


TEREBRATULITES VariaBiLis. Schloth, 1815, Beitr., in Leonhard's Min. Tasch., vol. VIT, pl. 1, fig. 4. 
TEREBRATULA TRIPLICATA. Phil, 1855, Forksh., p. 157, pl. 15, fig. 22. 
— BIDENS. Phill, id, id., id un EN 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 


[Re] 
PSS 
Læ) 


TEREBRATULA TRIPLICATA. Desh., 1856, Mouv. éd. de Lam., p. 555. 
— VARIABILIS. Pusch, 1857, Polens paleont., p. 11, pl. 5, fig. 2. 
_ TRIPLICATA et B1DENS. Desl., 1857, Séance de la Soc. linn.de Norm., p. 50 (fide Davids.). 
— De Buch, 1858, Aém. de la Soc. géol. de Fr., vol. IN, p. 140, pl. 14. fig. 9. 
— - Schmidt, 1846, Petref.-Buch, pl. 95, fig. 5. 
= — Rouilier et Vossinsky, 1847, Ét. sur la paléont. des env. de Moscou, n° 11, 
pl. B, fig. 17. 
— — Bronn , 1848, Zndeæ , p. 1254 (part, fide Davids.). 
RAaYNCHONELLA variABILIS.  D'Orb., 1849, Prodr., vol. I, p. 259. 
— — Davids., 1852, Brit. Brach., 5° part., p. 78, pl. 16, fig. 1-6, et pl. 15, fig. 8-10. 


R. testä variabili, ovato-trigonà; valv minore altiore, usquè ad frontem 
adscendente; plicis 3-10 obtusis, evanescentibus, 2-4 medianis in jugo me- 
diocri; umbone minimo, compresso, incurvo, deltidium saepiùs obtegente; 
aperturä parva; areà limitalä, concavä, valvam minorem haud multi 
emarginante. 


Dimensions très-variables. — Longueur 22 mill.; largeur 26; épaisseur 20 
= 100 : 150 (116-156) : 91 (45-95). 

Description. — Coquille très-variable de taille comme de forme, en 
général pyramidale, à angles très-arrondis. Petite valve formant plus de 
la moitié de l'épaisseur totale, s’élevant d’abord rapidement, puis, par 
une convexité régulière jusqu’au front, portant sur sa seconde moitié 
5-10 plis, gros, obtus, dont les 2-4 médians occupent un bourrelet qui 
commence avec eux, et sont séparés des plis latéraux par un espace assez 
large; le pli externe, de chaque côté, est souvent peu distinct. Grande 
valve peu convexe, à sinus assez profond, mais commençant seulement 
avec les plis vers la seconde moitié de la longueur. Crochet petit, com- 
primé, très-recourbé et cachant ordinairement l'ouverture qui est petite, 
entourée par les pièces du deltidium, sauf quelquefois un petit espace 
complété par la valve imperforée; aréa assez bien limitée, un peu enfon- 
cée, échancrant médiocrement la petite valve. La plus grande largeur est 
située entre le front et le milieu de la longueur; vue du côté du front, 
la coquille possède assez bien la forme d’un triangle isocèle à angles ar- 
rondis, mais dont la hauteur est très-variable. \ 

Observation. — Nous avions décrit seulement la R. bidens, Phill.; aujour- 
d'hui (1852), nous nous rangeons entièrement à l'avis de MM. d'Orbigny 

Tome XXV. 32 


250 DESCRIPTION DES FOSSILES 


et Davidson pour réunir cette espèce, avec la R. triplicata sp. du même 
auteur, à la R. variabilis, Schl. sp., et nous avons modifié notre descrip- 
tion en conséquence, d’après des ‘échantillons recueillis depuis. 

Rapports et différences. — Nous indiquons plus bas les analogies que pré- 
sente cette espèce avec la R. tetraedra, Sow., sp., et les caractères au moyen 
desquels on peut la séparer. Elle diffère de la R. subtetraedra, Dav., du 
Kimmeridge-clay, surtout par sa surface lisse. 

Localités. — Cette espèce appartient à l'étage du macigno d’Aubange, 
hors duquel nous ne l'avons pas rencontrée ; elle se trouve communément 
dans les assises supérieures, et varie surtout avec les localités. Jusqu'à 
présent, elle est très-rare dans le sable inférieur, et nous ne la possédons 
pas du schiste d’Aubange. On la rencontre dans le macigno d’une foule 
de localités : Aubange, Halanzy, Ville, Aix-sur-Cloix, etc., ordinairement 
dépourvue d’une partie du test, et offrant un aspect presque nacré. Elle 
est fréquente dans le lias moyen et supérieur d'Angleterre, d'Allemagne, 
de France, etc. 


4. RHYNCHONELLA ACUTA. 


(PI. XXXVIN, fig. 2.) 


Encyclop. méth., pl. 245, fig. 7. 
TEREBRATULA ACUTA. Sow., 1816, Min. conch., t. IT, p.115, pl. 150, fig. 1. 
ee — Phil, 1829, Forksh., pl. 15, fig. 95. 
_ — De Buch, 1834, Ueber Terebr., et 1858, Mém. Soc. géol. de Fr., p. 142, pl. 14, fig. 11. 
— —  Desh., 1856, Mouv. éd. de Lam., vol. VII, n° 69, p. 555. 
RRyNCHONELLA —  D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 259. 
— —  Davids., 1852, Brit. Brack., p. II, p. 76, pl. 14, fig. 8-9. 


R. testä triangulari; valvä minore 5-7 plicatä, plicdä medianä maximd, 
reclà, acutà, ascendente, lateralibus minimis ; sinu profundo, trigono, acuto ; 
umbone parvo, aculo, incurvo. 


Description. — Coquille triangulaire, pyramidale. Petite valve munie 
d’un grand pli médian, tranchant, s’élevant en ligne droite jusqu'au front, 
sous un angle d'environ 50°, et de 2-5 plis très-petits de chaque côté. 
Valve rostrale marquée d’un grand sinus lisse, à fond tranchant, occupant 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 251 


presque toute la valve. Crochet aigu, petit, recourbé. Coupe transversale 
en forme de triangle équilatéral. 

Cette espèce est très-bien caractérisée par son grand pli médian à arête 
droite et tranchante, et par le contour équilatéral de la coquille, vue du 
côté du front. 

Localités. — Nous n’avons rencontré cette espèce qu’au sud de Ville, où 
elle est très-rare; elle s’y trouve dans les assises supérieures du macigno 
d'Aubange. En Angleterre, Sowerby la mentionne à Staunton, dans l’oolithe 
inférieur (?) (probablement lias moyen), M. Phillips à Wilton-Castle et à Bils- 
dale, dans le lias moyen, étage où elle est commune, d’après M. Davidson. 
M. d’Orbigny la cite en France, dans les mêmes couches, à Landes, à Vieux- 
Pont, à Évrecy (Calvados.) Elle ne paraît pas se rencontrer en Allemagne. 


5. RHYNCHONELLA TETRAEDRA. 
(PI. XXXVIL, fig. 1.) 


TEREBRATULA TETRAEDRA. Sow., 1812, Min. conch., vol. I, p. 191, pl. 85, fig. 4. 
= MEDIA. Sow., 1815, ëb., ib., p.192, ïb, fig. 5. 
= TETRAEDRA.  Park., 1822, Org. remains, p. 254. 
— — Defr., 1828, Dict. d’hist. nat., vol. LIIT, p. 158. 
= — Young and Bird., 1828, Geol. surv. of York. coast, pl. 8, fig. 15. 
= — Schlot., 1852, Syst. vers. des Petref. 
—= — De Buch, 1854, Ueb. Ter.; et 1858, Mém. Soc. géol. de Fr., t. IT, p. 159, pl. 14, 
fig. 8. 
— = Desl., 1857, Séance de la Soc. linn. de Norm., p. 50 (fide Dav.). 
= = Bronn, 1848, Znd., p. 1255 (Excl. syn. parte , fide Dav.). 
— — Desh., 1849, Tr. de conchyl., pl. 60, fig. 20. 
Ruyx»CHONELLA — D'Orb., 1849, Prodr., vol. I, p. 258. 
= o Davids., 1852, Prit. Brach., 5° part., p.95, pl. 18, fig. 5-10. 


R. testä pyramidali ; valvä minore altiore, usquè ad frontem adscendente ; 
sinu profundo, saepits 4-6 plicato; lateribus saepiùs 6-7, eliam 4-5 plicatis ; 
plicis omnibus saepits aculis ; umbone parvo, acuto, valdè incurvo; aperturà 
parvd, saepiüs conspicud ; ared parvd, delimitalä, concav, valvam minorem 
plus minüsve emarginante ; altitudine longitudinem subaequante; angulo car- 
dinali recto vel majore. 


Dimensions. — Longueur 25 mill.; largeur 26 ; épaisseur 25 — 100:115 


(130-108) : 100 (110-90). 


252 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Coquille de forme un peu variable, tétraédrique, les trois 
dimensions à peu près égales, ou la largeur surpassant un peu les autres. 
Petite valve s’élevant d’abord très-rapidement, atteignant sa plus grande 
hauteur au front (quelquefois un peu en arrière), offrant à la coupe, de 
face comme de profil, un triangle équilatéral dont les angles seraient tron- 
qués; munie de 18-24 plis simples, aigus, commençant au sommet, dont 
4-6 (rarement 5) occupent le bourrelet et s'élèvent à peu près à la même 
hauteur; 6-8 s'étendent sur chaque côté en diminuant rapidement de hau- 
teur, séparés des premiers par une large surface qui, sur le bord, occupe 
quelquefois plus de la moitié de l'épaisseur de la coquille, et sur laquelle 
s'étend un pli, d’abord aussi marqué que les autres, mais diminuant 
bientôt pour disparaître vers le milieu de la longueur ou un peu plus loin. 
Grande valve munie d’un profond sinus, portant 5-5 plis, séparés des 
ailes par une surface large occupée par un pli qui se perd vers le milieu de 
la longueur; côtés portant 5-8 plis, dont les deux ou, rarement, les trois 
premiers sont à peu près à la même hauteur. Crochet aigu, petit, recourbé, 
laissant ordinairement apercevoir une petite ouverture et un deltidium 
qui l’embrasse presque entièrement ; aréa petite, bien limitée par les côtés 
du crochet, un peu enfoncée, striée et munie d’une oreille allongée qui 
échancre plus ou moins la petite valve. Arêtes cardinales droites, se réu- 
nissant au crochet sous un angle qui dépasse ordinairement un peu 90°, 
se continuant un peu au delà de la moitié de la longueur avec les arêtes 
latérales, qui sont aussi longues que le front. 

Rapports et différences. — La R. tetraedra est fort voisine des R. variabilis, 
Schl., obsoleta, Sow., et subtetraedra, Dav., au moins dans quelques-unes de 
leurs formes, car elles sont susceptibles de varier beaucoup. On éprouve 
surtout des difficultés pour la séparer de la R. variabilis ; toutefois, on peut 
dire, en général, que, dans celle-ci, la petite valve est moins échancrée 
par les oreilles de la fausse aréa de la grande; que sa convexité est diffé- 
rente, moins régulière et souvent moins forte; que les plis sont arrondis, 
moins nombreux, et n’arrivent pas au sommet. Cependant nous devons 
faire remarquer que M. Davidson à figuré un exemplaire qui ne porte que 
trois plis au bourrelet. Elle se distingue de la R. obsoleta par sa forme géné- 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 253 


rale, son aréa plus enfoncée, et surtout par ses plis et son crochet plus 
recourbé, cachant souvent une ouverture plus petite, etc. Sa surface, dé- 
pourvue de stries concentriques, l’éloigne de la R. subtetraedra. 

Localités. — Cette espèce appartient à la partie supérieure du macigno 
d’Aubange; on la trouve assez communément près de Virton, de Cou- 
vreux, etc.; plus rarement à Ville, à Aubange. Nous ne l’avons pas ren- 
contrée dans la marne de Grand-Cour. En Angleterre, elle est commune 
dans le lias moyen (Phillips), et aussi dans le lias supérieur (Davidson). 
Suivant M. de Buch, on la rencontrerait même dans l’oolithe inférieur à 
Dundry et à Aynhoe, ce qui est très-douteux : M. Davidson n’en a pas 
encore vu d’échantillon authentique. M. Morris la signale depuis loolithe 
inférieur jusque dans l’étage callovien de Kelloway, et dans le Fuller’s-earth 
de Banbury; mais de tous les nombreux échantillons qu’a vus M. Davidson, 
un seul s’y rapporterait, quoiqu'il ne porte que trois plis au bourrelet : 
il provient de l’oolithe inférieur de Cheltenham. On la retrouve fréquem- 
ment en Allemagne et en France; dans ce dernier pays, M. d'Orbigny la 
mentionne à Landes, à Évrecy, à Semur, à Nancy, à Metz; mais il la croit 
particulière au lias supérieur. 


6. RHyNCHONELLA Davipsont. 


(PI. XXXVIL, fig. 6.) 


R. testä minulä, transversä, depressä, concentricè striatà, 12-14 plicata ; 
plicis omnibus aculis, medianis 3-4 in jugo obsoleto, vel unilateralibus sub- 
depressis ; lateralibus subarcuatis , rariùs dichotomis ; rostro mediocri, acuto, 
subincurvo; aperturä magn&, subcordiformi, deltidium dividente; are ferè 
trianqulari. 


Description. — Coquille de petite taille, transverse, déprimée, ornée 
de stries concentriques très-fines et très-serrées. Petite valve munie de 
12-15, parfois 10, rarement 16 plis aigus, séparés par des sillons sem- 
blables, les latéraux légèrement arqués en dehors et parfois dichotomes 
près du sommet; bourrelet peu marqué, portant 5-4 plis, souvent nul, les 
deux côtés ne se trouvant pas à la même hauteur. Valve rostrale peu con- 


254 DESCRIPTION DES FOSSILES 


vexe, plissée comme l’autre. Arêtes cardinales se réunissant sous un angle 
variable, droit ou assez obtus; celui des arêtes de la petite valve toujours 
très-obtus. Crochet assez fort, aigu, peu recourbé; ouverture grande, en 
forme de cœur allongé à pointe obtuse, ou plutôt de triangle à angles 
arrondis, plus haut que large, divisant le deltidium en deux parties à peu 
près aussi larges que hautes. Aréa grande, striée, limitée par le pli ex- 
térieur de chaque côté, échancrant très-peu la petite valve, dont les 
arêtes terminales, presque en ligne droite, donnent à l’ensemble une 
forme qui rappelle celle des Spirifer. 

Cette jolie espèce ne paraît pas dépasser 10 millimètres de long; mais 
ses dimensions relatives sont très-variables : on en trouve dont la largeur 
surpasse la longueur de moitié; quelquefois, elle ne fait que l’égaler. La 
même chose a lieu pour l’angle des arêtes cardinales; nous ne croyons 
cependant pas pouvoir établir plusieurs espèces. 

Rapports et différences. — Cette coquille est fort voisine de la R. minuta, 
Buvignier, sp.; elle s’en distingue de suite par son aspect général, par ses 
plis tranchants , et surtout par l’aréa et le deltidium. Nous ne croyons pas 
qu’il soit possible de la confondre avec la R. Theodori, Schl., sp., même en 
laissant de côté la différence de taille. La figure que M. Schmidt donne de 
cette espèce (Petref.-Buch) en est plus voisine, mais le nombre des plis est 
tout autre; ce n’est pas, d’ailleurs, l'espèce de Schlotheim. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire de Longwy; 
elle était commune dans les travaux que l’on exécutait, en 1850 , pour les 
fortifications de cette ville; nous l’avons rencontrée, mais rarement, à 
Cosne et à Romain (Moselle). 

Nous avons dédié cette espèce à M. Davidson, dont les beaux travaux 
sur les Brachiopodes sont si hautement appréciés. 


7. RHYNCHONELLA PALLAS. 
(PL XXXVIL fig. 7.) 


R. testé sub-pyramidali, convext, 20-plicatä; plicis simplicibus, acutis, 
4 medianis in allo minoris valvae convexioris jugo; marginibus cardinalibus 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255 


longioribus, anqulo cardinali 110; rostro mediocri, acuto, incurvo; deltidio 
foraminis parvi dimidium amplectente ; are parvd , shrialà. 


Dimensions. — Longueur 28 mill.; largeur 55 ; épaisseur 24 — 100 : 
195 : 86. 
Description. — Coquille de moyenne taille, de forme irrégulièrement 


tétraédrique. Petite valve naissant presque à angle droit, décrivant 
presque un quart de cercle pour atteindre sa plus grande hauteur au 
front où elle arrive en ligne droite, sous un angle très-aigu; munie 
d'environ vingt plis simples, forts et tranchants, dont quatre se trou- 
vent à peu près à la même hauteur sur un bourrelet élevé, séparé des 
ailes par un large espace sur lequel s'étendent 1-2 plis qui se perdent 
sur le dernier tiers. Vue du côté du front, elle offre une coupe triangu- 
laire isocèle, à angles tronqués et dont les côtés semblables seraient 
entamés à côté du bourrelet. Grande valve formant environ le tiers de 
l'épaisseur totale, creusée d’un profond sinus portant trois plis et sur les 
côtés duquel se trouvent 1-2 plis incomplets. Arêtes cardinales très-lon- 
gues, se rejoignant sous un angle de 110°, laissant entre elles et les bords 
de la valve une aréa bien limitée, striée, assez grande, échancrant forte- 
ment la petite valve; bords épaissis. Crochet assez fort, aigu, médiocrement 
recourbé; ouverture petite, à demi embrassée par le deltidium, qui est à 
peine deux fois aussi large que haut. 

Rapports et différences. — Cette espèce rappelle la R. tetraedra, Sow. ; 
mais on la distinguera facilement par le nombre de ses plis et le crochet 
qui est tout autre. Ces caractères et le bourrelet la séparent de la R. lacu- 
nosa, Schlot., sp. 

Localité. — Elle appartient au calcaire de Longwy, dans lequel nous 
l'avons rencontrée près de cette ville; nous n’en avons encore vu que deux 


échantillons. 


8. Rayncnonezza Enwarpst, N. 
(PI. XXXVU, fig. 9.) 


R. testä ovato-trigoné, convexû , 24-98 plicatä; plicis simplicibus , aculis 


256 DESCRIPTION DES FOSSILES 


in margines rectè incumbentibus; sinu magno, sat profundo, 5-plicato; um- 
bone aculo, incurvo; anqgulo cardinali subrecto. 


Dimensions. — Longueur 20 mill. ; largeur 19 ; épaisseur 14 — 100 : 
JA: 
Description. — Coquille de forme ovale -triangulaire, convexe. Petite 


valve formant près des deux tiers de l'épaisseur totale, s’élevant à peu 
près à angle droit, arrivant, par une courbe uniforme, vers le milieu 
de sa longueur, où elle atteint sa plus grande élévation, s’abaissant, un 
peu plus loin, d’abord faiblement, puis, après une brusque courbure, 
atteignant le front par un petit espace droit, comme tronqué perpendicu- 
lairement au plan des valves; sur les bords latéraux, elle tombe éga- 
lement presque verticalement; et, comme la même chose se passe sur 
l’autre valve, il en résulte que les deux valves ne se rejoignent pas à 
angle aigu, mais en ligne droite. Elle porte 24-28 plis simples, aigus, 
les latéraux tombant sur le bord presque perpendiculairement; les 6 
médians sont situés presque à la même hauteur sur un bourrelet peu 
prononcé, occupant environ la moitié de la largeur. Valve rostrale légè- 
rement convexe, munie de plis semblables, à sinus peu marqué, nul dans 
plus de la moitié de son étendue. Angle cardinal presque droit. Crochet 
aigu, petit, peu recourbé; ouverture médiocre; deltidium embrassant, à 
peine deux fois aussi large que long ; sa longueur sur la ligne médiane 
n'atteint pas la moitié du diamètre de l'ouverture. Aréa petite, à peine 
striée, munie d’une oreille enfoncée, allongée, arrivant jusqu’au milieu 
de l’arête cardinale, échancrant assez fortement la petite valve. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la R. concinna, 
Sow., sp., par le nombre de ses plis et par son deltidium, séparant de la 
petite valve l’ouverture de la grande. Elle nous paraît intermédiaire entre 
les R. obsoleta, Sow., sp., et Langleti, N.; elle diffère de la première par la 
courbure des valves, par son bourrelet moins saillant et par l'angle sous 
lequel s'unissent les bords des valves; son épaisseur et son bourrelet suf- 
fisent pour la séparer de la seconde. 

Localités. — Nous l'avons rencontrée dans le calcaire de Longwy, aux 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 257 


environs de cette ville; mais nous n’avons pu nous en procurer que quel- 
ques échantillons. 

Que M. Milne Edwards, auquel les sciences zoologiques sont rede- 
vables de travaux si précieux, veuille bien nous permettre de lui dédier 
cette espèce. 


9. RHYNCHONELLA LANGLETI. 
(PL XXXVIL fig 8.) 


R. testà depressä, ovato-acutà, 26-plicatà; plicis simplicibus, obtusius- 
culis, 5 medianis in jugo parvo, supernè obsoleto minoris valvae ; umbone 
aculo, aperturd mediocri; are parva, limilatä, strialà ; angulo cardinali 80e. 


Dimensions. — Longueur 21 mill. ; largeur 20; épaisseur 10 ; — 100 : 
94 : AG. 
Description. — Coquille déprimée, ovale -triangulaire, assez aiguë, 


arrondie sur les côtés. Petite valve peu épaisse, formant une courbe 
uniforme, la plus grande épaisseur étant située vers le milieu de la 
longueur; vue du côté du front, elle offre une courbe semblable; elle 
est munie d'environ 26 (20-50) plis simples, médiocrement saillants, 
subarrondis, dont les cinq médians occupent un bourrelet peu prononcé, 
n'apparaissant que vers les deux tiers de la longueur; de sorte qu’on ne 
le rencontre que chez les vieux individus; sauf ce bourrelet, les bords 
sont dans un même plan. Valve rostrale presque uniformément convexe, 
à part un léger sinus portant 4 plis; les bords latéraux et frontal s’unis- 
sent à ceux de l’autre valve sous un angle très-aigu. Arèêtes cardinales 
longues, se rejoignant sous un angle variable d'environ 80° (71°-87°); 
arêtes latérales arrondies; front obtus. Crochet assez fort, mais aigu; 
ouverture dans le plan des valves, arrondie, embrassée par un deltidium 
court au milieu (!/; du diamètre de l'ouverture), de moitié plus large que 
long. Aréa striée, déprimée, bien limitée, surtout vers le crochet, échan- 
crant assez profondément la petite valve. 

Elle atteint rarement les dimensions indiquées; les plis extrêmes sont 
parfois très-peu marqués : il est rare d’y trouver quelque dichotomie; mais 


on rencontre des individus où le sinus disparaît par l'élévation ou l’abais- 
Tome XXV. 35 


258 DESCRIPTION DES FOSSILES 


sement d’un des côtés. Sur un très-vieil individu, les bords des valves 
tombent plus rapidement. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la R. rostrata, Sow., 
sp., de la craie; elle s’en distingue par son épaisseur moindre, le nombre 
des plis du sinus, le front plus obtus, et surtout le crochet beaucoup 
moindre. Il est très-facile de la séparer de la R. angulata, Sow., sp. (pl. 502, 
sub Ter. acuta). 

Nous dédions cette Rhynchonelle à M. Langlet, de Longwy, qui a bien 
voulu diriger nos courses aux environs de cette ville, et nous enrichir 
d'espèces rares de sa belle collection. 

Localités. — Cette espèce appartient au calcaire bajocien de Longwy; 
elle n’est pas rare auprès de cette ville, et nous l'avons trouvée dans 
le même terrain à Lamorteau. 


10. RHYNCHONELLA NIOBE, N. 
(PL. XXXVIL, fig. 5.) 


R. testä obtusè trigond, subconvex@, infrà medium latiore, concentricè 
subtilissimè striatà, 10-15 plicatà; plicis obtusis, primüm obsoletis, medianis 5. 
rard 2, in jugo minoris valvae convexioris; umbone mediocri, subacuto ; 
deltidio conspicuo ; aperturà magnä ; ared parvä. 


Dimensions. — Longueur 14 mill.; largeur 16; épaisseur 8 — 100 : 
114 : 56. 

Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale, obtusément 
triangulaire, arrondie vers le front, peu épaisse, ornée de stries d’ac- 
croissement à peine marquées. Petite valve formant plus de la moitié de 
l'épaisseur totale, s’élevant d’abord assez rapidement pour atteindre sa 
plus grande élévation au bord frontal sous un angle très-aigu; munie de 
10-15 plis simples, épais, mousses, peu marqués dans leur première 
moitié, dont 5, rarement 2, occupent un bourrelet médiocre, et ordinai- 
rement 4 se trouvent sur chaque côté. Grande valve peu convexe, munie 
de plis correspondants et d’un sinus qui n’est bien marqué que vers le 
front. Arêtes cardinales longues, se réunissant sous un angle à peu près 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 259 


droit; arêtes latérales peu convexes; front arrondi. Crochet médiocre, 
arrondi , aigu et recourbé; ouverture grande, circulaire, dans le plan des 
valves, et dont la moitié est embrassée par un deltidium de deux pièces 
beaucoup plus large que long; aréa petite, mal limitée, à peine striée, 
échancrant peu ou point la petite valve. La plus grande largeur et la plus 
grande épaisseur se trouvent au delà du milieu de la longueur. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de certaines variétés 
de la R. variabilis, Schl., sp., mais sa forme est plus ovale, le crochet moins 
recourbé et plus arrondi, l'ouverture est plus grande, toujours séparée de 
la petite valve, qui n’est pas échancrée par l’aréa. La R. subvariablis, Dav., 
est munie de fortes lignes d’accroissement. La R. Lycetti, Dav., en est 
beaucoup plus voisine. 

Localité. — Elle se rencontre, mais très-rarement, dans le calcaire de 
Longwy, surtout dans les couches marneuses, auprès de cette ville. 


11. RHYNCHONELLA OBSOLETA. 
(PI. XXXVIL, fig. 10.) 


TEREBRATULA OBSOLETA. Sow., 1812, Hin. conch., t. 1, p. 192, pl. 85, fig. 7. 
— — Park., 1822, Zntrod. to stud. org. rem., p. 254. 
= — Bronn, 1858, Lethaea, p. 289, pl. 18, fig. 5. 
= — Morris, 1845, Catal. (f. David). 
RHYNCHONELLA — Davidson, 1855, Brit. Brach., & IL, p.90, pl. 15, fig. 1-5. 

R. testà subtrigond, convexd, 18-24 plicalä ; plicis simplicibus acutis, 3-6 
medianis in jugo minoris valvae, nonnunquäm unilateralibus depressis ; 
umbone parvo, acuto, incurvo ; are parvä; deltidio aperturam parvam ferè 
totam amplectente. 


Dimensions. — Longueur 20 mill.; largeur 18-22; épaisseur 11-14 — 
100 : 90-110 : 55-70. 

Le plus grand échantillon que nous possédions a 25 millimètres de long. 

Description. — Coquille triangulaire à angles arrondis, médiocrement 
haute, à peu près aussi longue que large. Petite valve s’élevant plus ou 
moins rapidement, atteignant sa plus grande hauteur vers le front, munie 
d’un bourrelet assez saillant qui n'apparaît pas avant la moitié de la lon- 
gueur, et porte 5-6 plis simples, forts, aigus, séparés des côtés par un 


260 DESCRIPTION DES FOSSILES 


espace que parcourt un pli incomplet; 7-10 plis sur chaque côté. Grande 
valve ornée d’un sinus et de plis semblables; bords latéraux confondus 
avec le front en une courbe régulière, raccordés avec les arêtes cardinales, 
qui sont droites et se réunissent sous un angle variable, ordinairement 
moindre qu’un angle droit. Crochet médiocre, arrondi vers le dos, aigu , 
recourbé; ouverture petite, embrassée presque entièrement par un delti- 
dium de deux pièces; aréa à peine striée, bien limitée, avec une petite 
auricule enfoncée échancrant fortement la petite valve. Parfois les deux 
côtés ne sont pas symétriques, ni situés à la même hauteur. 

Cette espèce est fort variable par ses dimensions relatives, surtout par 
l’épaisseur et la saillie du bourrelet, qui est parfois peu marqué, par l'angle 
plus ou moins aigu sous lequel les valves se réunissent et par le nombre des 
plis du bourrelet, qui est généralement de 5-6, parfois de 4 ou même de 5. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par l’une ou l’autre 
de ses formes des R. concinna, Sow., tedraedra, Sow., quadriplicata, Zieten, et 
Edwardsi, N. On éprouve parfois de grandes difficultés pour la séparer de 
certaines variétés de R. tetraedra, du moins lorsque celle-ci porte 5-6 plis 
au bourrelet; on observera cependant que le nombre des plis est plus 
considérable, l'épaisseur moindre, le bourrelet moins saillant; en outre, 
l'espace latéral du bourrelet est notablement moindre; le crochet est sur- 
tout plus saillant et moins recourbé; il laisse à découvert un deltidium 
qui entoure entièrement ou presque entièrement l'ouverture. Elle se dis- 
tingue de la R. concinna par ses dimensions, ses plis moins nombreux et 
plus forts, et surtout par le deltidium qui sépare l'ouverture de la petite 
valve, et par l'oreillette plus saillante. Enfin, il se pourrait que la R. mul- 
tiformis, Roemer, sp., appartint également au même type. 

Localités. — C’est la rhynchonelle la plus fréquente dans le calcaire de 
Longwy, surtout dans les couches marneuses; nous l'avons rencontrée par- 
ticulièrement près de cette ville, puis à Ruette, à Halanzy, etc. En Angle- 
terre, on la trouve dans le great oolite près de Bath, de Cirencester , de Fel- 
mersham , etc.; dans le Bradford-clay de Bradford, et probablement dans 
le corn-brash. En France, on la rencontre dans le grand oolithe, en Nor- 
mandie (Davidson). 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 261 


ANNÉLIDES. 


Genre SERPULA , Linné. 


Corpus tubicola elongatum, posticè attenuatum ; segmenti crebri angusti ; 
tubi calcarei solitariivel aggregati, plûs minüsve flexi vel variè convoluti, affixi. 


1. SERPULA SOCIALIS. 
(PL. XXXVUIL, fig. 1.) 


Parkinson, 1811, Org. rem., t. IT, pl. 7, fig. 2. 
Schrôter, £inleitung , t. IV, pl. 2, fig. 12. 
S£rPuLA sOCIALIS. Goldfuss, Petref., 1856, pl. 69, fig. 12. 


S. testà filiformi elongatà laevi, pluribus in fasciculum aggregatis. 


Description. — Serpule à tube cylindrique, fi liforme, allongé, lisse, peu 
flexueux, un plus ou moins grand nombre étant lâchement rassemblés en 
faisceau. 

Localités. — Elle appartient à la marne de Jamoigne, à Muno, Villers- 
sur-Semois , etc.; au grès de Luxembourg, près de Guirsch , et au calcaire 
de Longwy. Elle paraîtrait se trouver, d’après Goldfuss, dans le calcaire 
eiffélien (?), dans l’oolithe inférieur de Souabe et dans le sable vert de Ratis- 
bonne (?). 


2. SERPULA LIMAX. 


(PL. XXXVIIT, fig. 4.) 


SerPura Limax. Goldf., Petref., 1856, pl. 67, fig. 12. 


S. testä serpentinâ, anticè tereli, transversim striatä, posticè triquetra ; 
carinà rectà, lateribus subconvexis. 


Description. — Serpule à tube flexueux, cylindrique en avant et strié 
transversalement, triangulaire en arrière, muni d’une carène droite, légè- 
rement convexe sur les côtés. 


262 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville, où elle est rare; 
de l’oolithe inférieur des environs de Baireuth. 


5. SERPULA TRICARINATA. 
(PL XXXVIN, fig. 5.) 


SERPULA TRICARINATA. Goldf, Petref., 1856, pl. 68, fig. 6. 


S. testà serpentin& laevi quinqueträ; carinis approximatis, aequalibus, 
aculis. 


Description. — Serpule à tube lisse, diversement flexueux, à cinq faces, 
une adhérente large, deux latérales et deux supérieures étroites, séparées 
entre elles et des latérales par trois carènes aiguës, égales et rapprochées. 

Localités. — Du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville, où elle 
est rare; de l’oolithe ferrugineux de Rabenstein. 


4. SERPULA FILARIA. 
(PL XXXVIIL, fig. 2.) 


SerPuLA FiLARIA. Goldf,, Petref., 1856, pl. G9, fig. 11. 


S. testà filiformi, laevi, posticè in spiram discoïdeam convolutà ; anticè 
flexuosä , elongatä , sensim incrassatd. 


Description. — Serpule à tube cylindrique, filiforme, lisse, enroulé en 
arrière en spire discoïde, libre et plus ou moins flexueux en avant, allongé 
et insensiblement épaissi. 

Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville, et de Halanzy. 
De l’oolithe inférieur de Graefenberg; du calcaire jurassique de Streitherg. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 263 


POLYPIERS. 


Face pes ASTRÉIDES. 


Genre MONTLIVALTIA, Lamouroux. 


MonruivaLtia, Lamx. 

AnTaopayLzLum, Goldf. 

Moxruvauria et Tuecopuyzuia, M. Edw. et H., Comptes rendus, t. XXVII; Ann. des se. nat. 
1848, 5° sér., t. XI. 

LasuoPayLLia , 

EczrsosmiLia (pars), 

PErismiL1A , D'Orb., Note sur des Pol. foss. et Prodr. 

PozyPuyLuia, 

CoNoPnyLua , 

Moxruivauria, M. Edw. et H., Polyp. paléoz. et British fossils corals. 

« Polypier simple, fixé ou libre, et subpédicellé; columelle nulle; cloi- 
sons nombreuses et serrées, très-larges, droites, débordantes, à bord 
supérieur fixement et régulièrement denticulé; muraille recouverte d’une 
épithèque membraniforme très-développée. » 

Ce genre renferme un grand nombre d'espèces, presque toutes secon- 
daires, quelques-unes tertiaires. MM. Milne Edwards et Haime en comptent 
71 espèces (y compris les espèces nouvelles indiquées dans le Prodrome 
de M. d’Orbigny), auxquelles il faut en ajouter 7 autres décrites dans les 
Polypiers fossiles d'Angleterre. Sur ce nombre 10 appartiennent au Muschel- 
kalck de S'-Cassian; 4 (5 ?) seulement au lias. Nous en ajouterons une espèce 
du lias inférieur. 

4. Monrzivazria Hammer, N. 
(PI. XXX VII, fig. 5.) 

M. subpedunculalä, discoïided, maximè depressà ; calyce saepits convexius- 
culo; fossul& centrali parva, orbiculari; septis numerosis , tenuibus, cycla sex 
formantibus. 


Dimensions. — Diamètre 25 mill.; hauteur 5 à 5 mill. 
Description. — Polypier simple, discoïde, déprimé; base très-légère- 
ment pédicellée; épithèque assez mince, ridée, s’étendant jusqu’au bord du 


264 DESCRIPTION DES FOSSILES 


calice, qui est circulaire, peu ou point convexe; fossette centrale petite et 
circulaire; cloisons nombreuses , formant six cycles : celles des deux pre- 
miers arrivant à peu près jusqu’au centre, différant peu du troisième; celles 
du dernier très-petites ; toutes ces cloisons sont minces, à bord fortement 
crénelé; celles des deux premiers cycles augmentent légèrement d’épais- 
seur à partir du centre jusqu’au quart environ de leur longueur, et de là 
diminuent vers la périphérie, où les cloisons de tous les cycles sont à peu 
près de même largeur. 

Cette espèce est remarquable par sa forme très-déprimée, qui la ferait 
prendre pour un cyclolithe; la base est ordinairement un peu convexe, mais 
parfois complétement horizontale; cependant cette variation n’amène que 
peu de différence dans la hauteur totale, la surface du calice étant plus 
bombée lorsque la base est plane. Celle-ci est recouverte d’une épithèque 
médiocrement épaisse, parfois érodée, et alors laissant apercevoir les 
cloisons. 

Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, par le nombre de ses 
cycles, des Monilivaltia dispar, trochoïdes, ponderosa, Beaumonti, patellata, sub- 
truncata et dilatata, mais elle s’en distingue immédiatement par sa forme 
discoïdale très-déprimée. Ce caractère la rapproche des M. depressa, lens, 
De la Bechei, orbitolites, deformis et numismalis (Thecophyllia numismalis, d'Orb., 
Prodr., 1850, p. 521). Mais aucune, si ce n’est peut-être la dernière, 
n’est aussi déprimée, et les caractères que nous avons indiqués, permet- 
tront toujours de la reconnaître. 

Nous nous empressons de dédier cette belle espèce à M. J. Haime, l'ha- 
bile collaborateur de M. Milne Edwards. 

Localités. — Cette espèce n’est pas rare dans la marne de Jamoigne, où 
on la trouve dans plusieurs localités, particulièrement à Jamoigne, à Ter- 
mes, etc. 


2. MONTLIVALTIA GUETTARDI. 
(PI. XXXVIL, fig. 6.) 


CaryxoPayzLoïpe, ete.?  Guettard, 1770, Hém., t. III, p. 468, pl. 26, fig. 4-5. 
Monrrvarria Guerrarpi. Blainv., 1850, Dict. des sc. nat., t. LX, p. 502. 

— — Id., 1854, Manuel d’Actinol., p. 556. 
THEcOPHYLLIA — Edw. et Haime, 1848, Ann. des sc. nat., 5° sér., t. XI, p. 242. 
MONTLIVALTIA — Id. 1850, Polyp. paléoz., p. 74. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 265 


M. pedunculatä, conicä, plus minüsve depressä, rarius cylindro-conica ; 
epithecä usquè ad calycem obtegente; calyce orbiculari, fossulà magnäà con- 
formi; septis crenatis, arcuatis, extrorsüm lenuioribus, 5 cycla formantibus. 


Dimensions. — Diamètre 50 mill.; hauteur 11 à 50 mill. 

Description. — Polypier simple, de forme assez variable, souvent coni- 
que, plus ou moins déprimé, rarement cylindro-conique; base assez légè- 
rement pédicellée; épithèque fortement ridée, épaisse, s'étendant jusqu’au 
bord du calice ; calice circulaire, ordinairement concave, à fossette cir- 
culaire médiocre, peu profonde. Cloisons ordinairement minces, à sur- 
face granulée, très-fortement dentelées sur leurs bords, qui sont arqués, 
diminuant d'épaisseur du centre, ou à peu près, à la périphérie; formant 
cinq cycles : celles du second égalent presque celles du premier, et ne 
dépassent pas beaucoup celles du troisième; les cloisons du cinquième 
sont très-petites. 

Cette espèce varie surtout par sa hauteur; elle est parfois légèrement 
courbée; la partie adhérente est petite. 

Rapports et différences. — Cette coquille se rapproche, par le nombre de 
ses cycles, des M. caryophyllata, pateriformis, hippuritiformis, decipiens, etc. 
Elle est surtout voisine du M. decipiens (Anthophyllum decipiens, Goldfuss) ; 
mais on pourra assez facilement la distinguer à son épithèque arrivant jus- 
qu’au calice et à la fossette plus grande. 

Localités. — Cette espèce appartient au lias inférieur : nous l'avons trou- 
vée dans la marne de Jamoiïigne, à La Cuisine, près de Florenville, etc.; 
on l’a retrouve en France, près de Sedan, dans la même couche; enfin, 
elle parait se rencontrer aussi dans la marne de Strassen , à Waltzing. 


Genre ISASTREA, Milne Edwards et Haime. 


ASTREA, auctor. 
Prionasrrea (pars), M. Edw. et H., Ann. des sc. nat., 5° série, vol. XI et XII. 
— (pars), British fossil corals, 4! part. 
— (pars), et Meaxorraruyzzra d'Orb., Note sur les polyp. fossiles. 
Isasrnea, M. Edw. et H., Polyp. foss. des terr. paléoz. 
— — Brit. corals, A part. 


« Polypier en masse convexe ou subgibbeuse, à plateau commun 
Towe XXV. 54 


266 DESCRIPTION DES FOSSILES 


recouvert d’une épithèque mince qui, lorsqu'elle est enlevée, laisse aper- 
cevoir des côtes disposées par faisceaux radiés; polypiérites prismatiques, 
se multipliant par gemmation calicinale et submarginale, intimement sou- 
dés entre eux par leurs murailles, qui sont simples dans toute leur éten- 
due; calices polygonaux, à fossette profonde, à bords simples et en arêtes; 
columelle rudimentaire ou nulle; cloisons minces, serrées, finement gra- 
nulées, et dont le bord libre présente de petites dents serrées et égales : 
traverses assez bien développées. » 

Ce genre parait avoir commencé à l’époque du Muschelkalk, pour finir 
avec les terrains secondaires. Il contient, d’après MM. Milne Edwards et 
Haime, quarante espèces, en y comprenant beaucoup de Prionastrea nou- 
velles de M. d'Orbigny; aucune n'appartient au lias. Il faut y ajouter cinq 
espèces nouvelles décrites dans les British fossil corals, et deux que nous 
avons rencontrées dans le lias inférieur du Luxembourg. 


1. IsASTREA OrBienyi, N. 
(PL XXXVIL, fig. 7.) 


I. solidä convexä ; calycibus inaequalibus, oblongis, polygonis, profundis ; 
thecarum marginibus reclis, acutis, tenuioribus ; septis 20-58 rectis, tenuibus 
nusquâm incrassalis, cycla quatuor formantibus, quarto imperfecto. 


Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 4 à 8 mill. ; la 
profondeur peut atteindre jusqu’à 2 mill. 

Description. — Polypier massif, terminé par une surface irrégulièrement 
convexe; calices inégaux, polygonaux, plus ou moins oblongs, assez pro- 
fonds, terminés par des bords muraux droits, tranchants, élevés, extrême- 
ment minces. Appareil septal irrégulier, composé de 20 à 58 cloisons, 
formant quatre cycles, dont l’extérieur est souvent incomplet. Cloisons 
droites, très-minces, d’égale épaisseur dans toute leur étendue, ordinaire- 
ment opposées à celles des calices voisins; celles des premiers ordres pa- 
raissent seules arriver jusqu’au centre. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des 1. helianthoïdes, 
Condeana, et surtout de VI. Munsterana ; elle s’en distingue par ses murailles 
minces , saillantes , les dimensions des calices, le nombre et l’épaisseur 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 267 


faible et régulière de ses cloisons, dont les plus nouvelles ne paraissent 
pas arriver jusqu'au centre. 
Nous dédions cette espèce à M. d’Orbigny, dont le zèle infatigable et 
les vastes connaissances ont tant agrandi le champ de la paléontologie. 
Localité. — Nous n'avons rencontré cette espèce que dans une seule 
localité de la marne de Jamoigne , à S'-Cécile. 


2. IsasTREA CONDEANA , N. 
(PL XXXVIL, fig. 8.) 

L. solidä, convext ; calycibus inaequalibus, profundis, polygonis ; thecis te- 
nuibus, rectis; septis 20-52 rectis, tenuibus, cycla quatuor formantibus, quarto 
imperfecto. 

Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 4 à 9 mill. ; 
leur profondeur dépasse rarement 1 mill. 

Description. — Polypier massif terminé par une surface convexe ; calices 
inégaux, de grandeur médiocre, peu profonds, polygonaux, terminés par 
un bord mural mince, droit et tranchant; cloisons minces, droites, alter- 
nant généralement avec celles des calices voisins; au nombre de 20 à 52, 
en systèmes irréguliers, formant quatre cycles, dont l'extérieur est in- 
complet. 

Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine de lL. limitata, dont 
elle se distingue par la grandeur et la profondeur de ses calices. 

Localités. — Ce polypier appartient au lias inférieur. Nous l'avons ren- 
contré dans le grès de Luxembourg, près d’Arlon, sur la route de Mersch, 
à Clairfontaine, à Fouche, etc. 


5. ISASTREA BERNARDANA. 
(PL XXXVIIL, fig. 10) 


PrionastReA BernarDiana D'Orb., Prodr., 1850, t. I, p. 295. 
ISASTREA BERNARDANA. Milne Edwards et Haime, 1851, Polyp. paléoz., p. 105. 


L. solidà, pland; calycibus subinaequalibus, plus minüsve profundis, poly- 
gonis ; thecis rectis, tenuibus ; septis 50-50, rectis, tenuibus, crenulalis, cycla 
quatuor formantibus, quarlo subimperfecto. 

Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 5 à 10 mill.; 
la profondeur, de 2 à 5 mill. 


268 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Description. — Polypier massif, terminé par une surface plane; calices 
de grandeur médiocre, peu inégaux, polygonaux, de forme très-variable , 
assez profonds, terminés par des bords muraux droits, assez minces. 
Appareil septal irrégulier, composé environ de 50 à 50 cloisons, parais- 
sant former quatre cycles, dont l'extérieur est souvent incomplet. Les cloi- 
sons sont droites, assez minces , d’égale épaisseur dans toute leur étendue, 
crénelées à leur bord libre. 

Rapports et différences. — Voisine de l’Astrea helianthoïdes, Goldfuss , elle 
s’en distingue cependant par ses calices généralement plus grands et sou- 
vent plus irréguliers, le nombre des côtés variant de 4 à 7, et surtout par 
les cloisons plus nombreuses. 

Localités. — Cette espèce se rencontre dans le calcaire de Longwy, aux 
environs de cette ville. M. d'Orbigny la cite dans l'étage bajocien de Lan- 
grune, de Salins, de Nantua, etc.; MM. Milne Edwards et Haime, à Metz. 


4. ISASTREA LIMITATA. 
(PI. XXX VUE, fig. 9.) 


ASTROIDES , elc. R. Plot., 1676, Wat. hist. of Oxford., pl. 1, fig. 6. 
MaprEPoORA. J. Walcott, 1779, Descrip. and fig. of petrif., p. 47, fig. 65. 
ASTREA LIMITATA. Larmx. in Michelin, 1846, Zcon. 200ph., pl. 54, fig. 10. 


— — M'Coy, 1848, Ann. and mag.uf nat. hist., 2° sér., vol. IT, p. 418. 
PRIONASTREA LIMITATA. M. Edw. et H., 1849, nn. des sc. nat., 5° sér., vol. XII, p. 157. 
— — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 522. 


ALIMENA. Id., id., id. 
— LUCIENSIS. Id., id., id, 
ISASTREA LIMITATA. M. Edw. et H., 1851, Polyp. paléoz., p. 105. 


— = — — British corals , 2 part, p.114, pl. 95, fig. 9, et pl. 24, fig. 4 et 5. 


I. solidä, superficie pland, nonnunquäm gibbosd ; calycibus inaequalibus , 
profundioribus, polygonis; thecarum marginibus tenuibus ; septis 20-50 rec- 
lis, tria cycla formantibus, cyclo incomplelo saepiùs adjecto. 


Dimensions. — La grande diagonale des calices varie de 5 à 6 mill., leur 
plus grande profondeur est d'environ 2 mill. 

Description. — Polypier massif terminé par une surface plane ou quel- 
quefois gibbeuse; calices presque égaux dans quelques parties, très-iné- 
gaux dans d’autres, les plus grands ordinairement situés sur les parties 
saillantes ; tous sont polygonaux, pas très-profonds et terminés par un bord 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 269 


mural mince et droit. Appareil septal très-irrégulier; vingt cloisons ou 
même moins dans les petits calices, trente dans les plus grands, formant, 
dans ce cas, trois cycles complets et un quatrième incomplet; cloisons 
minces, droites, granulées, présentant des stries rayonnantes sur les sur- 
faces latérales, alternant généralement avec celles des calices voisins. 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère des I. helianthoïdes, Mun- 
sterana, Bernardana, ornata et Condeana par la faible dimension de ses calices, 
et par ses cloisons plus nombreuses ; des L. polygonalis, oblonga et Michelini 
par ses murailles très-minces ; de VI. Guettardana par ses calices moins pro- 
fonds et ses cloisons plus fortes et plus nombreuses. 

D’après MM. Milne Edwards et Haime, les Prionastrea Alimena et Luciensis 
de M. d'Orbigny n’en diffèrent pas sensiblement. 

Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire bajocien, 
à Longwy. En Angleterre, on la rencontre dans le grand oolithe près 
de Bath et à Hampton-Downs; en France, dans le même terrain près de 
Caen, à Luc, à Ranville et à Langrune. 


Genre THAMNASTREA, Lesauvage. 


ASTREA, auct. 
Tuaunasrrea, Lesauvage, Ann. des sc. nat., 1"° série, t. XXVI. 
— et Syxasrres , M. Edw. et H., Comptes rendus, t. XXVIT. 
— — Brit. foss. corals, 1! part. 
Cenrrasrres et Porvpayziasrees, d'Orb., Note sur des polyp. foss. 
Tuamasrrea, M. Edwards et Haime, Polyp paléoz. et British corals, 2 part. 


« Polypier fixe, en général convexe ou subplane, quelquefois gibbeux 
ou même subdendroïde ; gemmation submarginale; polypiérites en général 
soudés très-intimement par leurs murailles, qui sont très-peu distinctes ; 
calices superficiels, bien distincts par le centre, mais confondus vers leur 
circonférence ; columelle papilleuse ou tuberculeuse et en général peu dé- 
veloppée; cloisons confluentes et se continuant sans interruption d’un 
calice à un autre, en débordant et en cachant les murailles qui séparent 
les individus; le bord libre de ces cloisons est sensiblement horizontal et 
présente des dents peu inégales, mais dont les plus rapprochées de la 
columelle paraissent cependant un peu plus fortes; leurs faces latérales 


270 DESCRIPTION DES FOSSILES 


sont fortement granulées, au point que souvent les grains se rencontrent 
avec ceux de la cloison voisine; mais les traverses lamellaires sont peu 
développées. » 

Ce genre, nombreux en espèces, semble avoir paru pour la première 
fois lors de la formation du Muschelkalk: de S'-Cassian, et finit avec l’époque 
secondaire, MM. Milne Edwards et Haime en indiquent soixante-dix-neuf 
espèces, en y comprenant les espèces nouvelles mentionnées par M. d’Or- 
bigny, dans son Prodrome ; depuis, ils en ont décrit huit nouvelles espèces 
de l’oolithe d'Angleterre. Sur le nombre total, deux viennent de S'-Cassian; 
une troisième vient du grès infra-liasique de Hettange (grès de Luxembourg). 
Nous en décrivons une nouvelle espèce du calcaire bajocien de Longwy. 


THAMNASTREA Dumonri. 
(PI. XXXVHE, fig. 11.) 


T. solidä, superficie subpland ; calycibus minutis, profundioribus, approæi- 
matis, inaequalibus ; columellä prominente ; septis 28-54 plerumque rectis, 
extrorstm incrassalis, saepius valdè inflexis. 


Dimensions. — La grande diagonale des calices mesure 2 à 5 mill. 

Description. — Polypier massif, terminé par une surface irrégulièrement 
aplatie; calices petits, très-profonds, rapprochés, inégaux, disposés sans 
ordre les uns par rapport aux autres; fossettes profondes; columelle bien 
marquée ; cloisons au nombre de 28 à 54, paraissant former quatre cycles, 
généralement droites, brusquement courbées au-dessus des murailles, un 
peu amincies vers le centre; les principales atteignent la columelle, les plus 
petites souvent rejoignent la cloison voisine. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue d’un grand nombre de 
ce genre par la petitesse de ses calices, par leur profondeur et par le grand 
nombre des cloisons. 

Localités. — Elle se trouve, mais rarement, dans le calcaire de Longwy, 
aux environs de cette ville. 

Dédiée à M. Dumont par ses disciples reconnaissants, comme un faible 
hommage rendu à ses beaux travaux. 


D — 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 271 


LISTE 


DES ESPÈCES DE CHAQUE ÉTAGE, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 


NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES (!). NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES (!). 


1. Grès de Martinsart. 


Ostrea irregularis, Münst. . . . | 


| 
2. Marne de Jamoigne. 


Ammonites angulatus, Schl. Lima plebeia, N. . 
Astarte consobrina, N. Limea Koninckana, N. 
Belemnites acutus, Mill. . . . . 5?, 4 Montlivaltia Guettardi, BI. 
Cardinia angustiplexa, N. — Haimei, N. 

—  Dunkeri, N. Mytilus Hillanoïdes , N. 
gibba, N. Ostrea arcuata, Lam., sp. 
hybrida, Sow., sp. +. . € — irregularis, Münst. 
lamellosa, Goldf., sp. Pinna fissa, Goldf. 
Nilsoni, K. et Dunk., sp. —  Hartmanni, Ziet. 
porrecta, N. — similis, N. 
subaequilateralis, N. Pleurotomaria cognata , N. 
unioïdes, Ag. _ expansa, SOW., Sp. 


Cerithium subturritella | Dunk., sp — basilica, N. 


Chemnitzia turbinata, Terq. . . : — rottellaeformis, Dunk. | 


Isastrea Orbignyi, N. Rhynchonella anceps, N. 

Lima duplicata, Sow., sp. . . . / Serpula socialis, Goldf. 
fallax, N. Trochus acuminatus, N. 
Hausmanni, Dunk. —  intermedius, N. 
Hermanni, Voltz. Turbo atavus, N. 


Omaliusi, N. — Nysti,N. 


(1) Les étages où passent, chez nous, les espèces mentionnées, sont indiqués par leurs numéros d'ordre , dans 
la seconde colonne. 


272 DESCRIPTION DES FOSSILES 


NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES. | NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES. 


3. Grès du Luxembourg. 


Ammonites bisulcatus, Brug. 
Condeanus, N. 


conybeari, Sow. 


stellaris, Sow. 
Anomia pellucida, Terq. 
Avicula sinemuriensis , d'Orb. 
? Belemnites acutus, Mill. 
Cardinia concinna, Sow., sp. 


copides, de Rhyck. 


hybrida, Sow., sp. 
similis, Ag. 
Cerithium Dumonti, N. 
— conforme, N. 
Chemnitzia aliena, N. 


— Davidsoni, N. 


Ammonites bisulcatus, Brug. 
Ayicula sinemuriensis, dOrb . 
Belemnites acutus, Mill. 

Cardinia hybrida, Sow., sp. . 


— Listeri, Sow., sp. 


Homomya alsatica, Ag. 
—  Konincki, N. 
Lima duplicata, Sow., sp. 
— gigantea, Sow., sp.. 


—  punctata, Sow. 


multicostatus, Sow. 


crassiuscula, Sow., sp. 


? Chemnitzia turbinata, Terq. . 


Chemnitzia nuda, N. 

— ingrata, N. 
Hettangia ovata, Terq. 
Isastrea Condeana, N. 
Lima aciculata? Münst. 

— duplicata, Sow., sp. 
— gigantea, Sow., sp. 
—  plebeia? N. 
Natica Koninckana, N. 
Nautilus affinis, N. 
Ostrea arcuata, Lam, sp. 
— _irregularis , Münst. 
Pecten disciformis, Schübl. . 
—  textorius, Schl. 


Pinna diluviana, Ziet. 


Rhynchonella Buchii? Roem., sp. . 


Serpula socialis, Goldf. 


4. Marne de Strassen, 


Monilivaltia Guettardi, BI. 

Mytilus Hillanoïdes? N. 

Nautilus affinis, N. 

Ostrea arcuata, Lam. sp. 

Pecten disciformis, Schubl. . 
—  textorius, Schl. 

Pholadomya ambigua , Sow. 

— glabra, Ag. 


Pleuromya striatula, Ag. 


Pleurotomaria expansa, Sow., sp. . 


4 
2,4 
1,92 


4, 5", 8? 
4,5*,5, 6,8. 


4,5* 
2,8 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 


NOMS DES ESPÈCES. 


Pleurotomaria rustica, E. Des. 
Rhynchonella anceps, N. 
— Buchii? Roem. 


Spirifer Walcotti, Sow. 


5". Sable inférieur du 


Ammonites multicostatus, Sow. 

— obtusus, Sow. 

— Valdani, Sow. 
Avicula Sinemuriensis, d'Orb. 
Cardinia Konincki, N. 

Ostrea cymhium, Lam., sp. 
Pecten acuticosta, Lam. ? 


—  disciformis, Schübl. 


Ammonites spinatns, Br. 
Avicula sinemuriensis, d'Orb. 
Belemnites abbreviatus, Mill. 

— clavatus, De BI. 
Cerithium subeurvicost., E. Desl., sp. 
Ceromya gregaria, Roem., sp. 


Lingula sacculus , N. 


Mytilus subparallelus , N. 


Ostrea cymbium, Lam., sp. 
Pecten aequivalvis, Sow. 
— textorius, Schl. 


Pholodomya decorata, Hartm, 


Ammonites bifrons, Brug. 
— Braunianus, d'Orb. 


_ Comensis, de Buch. 


(1) Nous avons jugé convenable de faire une liste séparce des fossiles de cette couche; 
dans celle du macigno, sauf quelques-uns, qui avaient été rapportés au gres de Luxembourg (1853). 


Tome XXV. 


| 
| 


ÉTAGES. 


3, 4, 8? 


G. Macigno 


5,4, 5* 


7. Marne de 


275 


NOMS DES ESPECES. 


Terebratula causoniana , d'Orb. 
Turbo Buvignieri, N. 
iosculptus , N. 


selectus, N. 


macigno d’'Aubange ('.. 


Pecten textorius, Schl. 
Pholadomya Davreuxi, N. 
— Dumonti, N. 
— Nysti, N. 
Pinna inflata, N. 


Rhynchonella Buchii? Roem , sp. 


— variabilis, Schl., sp. 


Terebratula sub-punctata, Dav. 


d'Aubange. 


Pholodomya foliacea , Ag. 
Pleuromya Alduini, A. Br., sp. 
— rostrala, Ag. 
— unioides, Roem , sp 
Plicatula spinosa, Park. 


Rhynchonella acuta, Sow., sp. 


— tetraedra, Sow., sp. 


variabilis, Schl., sp. 


Spirifer rostratus, Schl., sp. 
Turbo cyclostoma, Benz. 


— minax, N. 


Grand-Cour. 


Ammonites communis, Sow 
complanatus, Brug. 


concayus, SUW. 


ÉTAGES. 


primilivement ils étaient compris 


19 
En 
re 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


NOMS DES ESPÈCES. 


Ammonites cornucopiae, Y. et B. 
heterophyllus , Sow. 
Holandrei, d'Orb. 
mucronatus, d'Orb. 
radians , Rein. 
Raquinianus, d'Orb. 
serpentinus, Schl. 


variabilis, d'Orb. 


Arca elegans , Roem., sp. 


Astarte subtetragona, Münst. 


Avicula substriata, Münst., sp. 


ÉTAGES. 


NOMS DES ESPÈCES. 


Belemnites acuarius, Schl. 
— compressus, Voltz. 
— irregularis, Schl. 
— tripartitus, Schl. 
Lingula Longoviciensis, Terq. 
Nucula amoena, N. 
—  Omaliusi, N. 
—  subglobosa? Roem. 


Pecten textorius, Schl. 


Pleuromya Alduini, A. Br., sp. 


Posidonomya Bronni, Voltz. 


S. Oolithe ferrugineux de Mont-S-Martin. 


Ammonites Levesquei, d'Orb. 
_ radians, Rein. 
Belemnites giganteus, Schl. . 


? Lima proboscidea, Sow. 


Arca oblonga, Goldf. 
Avicula echinata, Sow. 
Belemnites giganteus, Schl. . 
Ceromya conformis, Ag. 
— latior, Ag. 
— lunulata, Ag. 
— striato-punct., Münst., sp. 
— truncata, Ag. 
Homomya gibbosa, Sow., sp. 
— Terquemi, N. 
Lima alticosta, N. 
— duplicata, Sow., sp. 
—  proboscidea, Sow., sp. 


— semicireularis, Goldf. 


Ostrea phaedra , d'Orb. 
—  polÿymorpha? Munst. 


Pecten Germaniae, d'Orb. 


9. Calcaire de Longwy. 


RQ 


Lithodomus Waterkeyni, N. 
Mytilus gibbosus Sow., sp. 
Ostrea acuminata , Sow. 

—  Marshii, Sow. 

—  sandalina, Goldf. 

Pecten articulatus , Schl. 

? —  disciformis, Schübl. . 
—  Germaniae, d’Orb. 
—  personatus, Goldf. 

—  Saturnus, d’Orb. 
—  textorius, Schl. 
Pholodomya bucardium , Ag. 
_ fidicula, Sow. 


— media, Ag. 


ÉTAGES. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 


; 


NOMS DES ESPÈCES. 


Pholadomya Murchisoni, Sow. 
— Zieleni , Ag. 
Pleuromya Alduini, A. Br., sp 
decurtata, Goldf., sp. 
elongata , Münst., sp. 


Helena, N. 


Pleurotomaria gyroplata, E. Des. 


— mutabilis, E. Desl. 

— Phine, N. 
Rhynchonella Davidsoni, N. 

— Edwardsi, N. 

— Langleti, N. 


tenuistria, Münst., sp. 


ÉTAGES. 


NOMS DES ESPÈCES. 


Rhynchonella Niobe, N. 
— obsoleta, Sow. sp 
— Pallas, N. 
Serpula filaria , Goldf. 

—  limax, Goldf. 

—  socialis, Goldf. 

— tricarinata, Goldf. 
Straparolus glabratus , N. 
Terebratula perovalis, Sow. 

— subbucculenta, N. 
Thamnastrea Dumonti, N. 


Turbo ditior, N. 


ÉTAGES. 


275 


276 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


TABLEAU SYNOPTIQU 


NOMS DES ESPÈCES. 


Ammonites angulatus, Schl. . 


— bifrons, Brug. 

— bisulcatus, Brug. 
— Braunianus, d'Orb. . 
— Comensis, de Buch. . 


— communis, SOW. . 


— complanatus, Brug. . 

— concavus, Sow. 

— Condeanus, N. 

— Conybeari, Sow. : 

= cornucopiae, Young et 
BITES SEAT 

— heterophyllus, Sow. 

— Holandrei, d’Orb. 


= Levesquei, d'Orb. 
= mucronatus, d'Orb. . 
— multicostatus, Sow. . 
— obtusus, Sow. 


— radians, Rein. 
= Raquinianus, d'Orb. . 


e serpentinus, Schl. 
— spinatus, Brug. 
— stellaris, Sow. 
— Valdani, d’Orb. 


= variabilis, d’Orb. . 


Marne 
DE JAMOIGNE. 


T 


Chiny, Jamoigne, Moy- 
en, Termes, etc. 


» 


Grès 


DE LUXEMBOURG. 


Lime, Guirsch . 
» 


Villers devant Orval 


Walzingen (envir. de). 


Lime . 


Walzing., env. Mawez. 


” 


Marne 


DE STRASSEN. 


Volberich . 


(1) Les localités des sables et grès inférieurs du macigno sont désignées par un astérisque (1853). 


Sable et Ma 


; &] 
D AUB ANGE 


Bonnert ‘, B 


Belmont *.… 


Athus, Bleid 


N.-0.de Somi 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 277 


ATIGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 


@olithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


Écouv., S'-Mard. 


d; Lamorteau . 


au; Grand-Cour, 
Ecouviez. 


Soleure 


Mont-S'-Martin, Pied- 
mon. 


Calcatre 


DE LONGWY. 


OBSERVATIONS. 


Lias le plus inférieur d'Allemagne. 


Lias supérieur de France. 


Lias inferieur d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 


Lias supérieur de France et d'Allemagne. 


_ de France. 


d'Angleterre. 


de France. 


Lias inférieur de France et d'Angleterre. 


Lias supérieur de France et d'Allemagne. 


_ de France. 


Lias inférieur d'Allemagne et d'Angleterre. 
— de France et d'Angleterre. 


Lias supérieur de France. 


— d'Allemagne , de France et d'Angleterre. 
Lias moyen de France, 
Lias inférieur de France et d'Angleterre. 
Lias moyen de France. 


Lias supérieur de France et d'Allemagne, 


278 DESCRIPTION DES FOSSILES 


= 


Marne Grès Marne 


DE JAMOIGNE. DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN. 


Arca elegans, Roem., sp. 


—  oblonga, Goldf. . 


Astarte subtetragona, Münst. . . Û 


—  consobrina, Nob.. . . . | Chiny, Izel, La Cui- 
sine, etc. 
Avicula Sinemuriensis, d'Orb. . . » Gérouville, Bergiwé .| Wolberich . . . .|S'-Croix, S=Ma 
| bange, Ethe 
—  substriata, Münst., sp. . » ù » v 4 
— echinata, Sow. . . . . " » » D 
Belemnites abbreviatus, Miller . . ” ” ” Halanzy, À ban 
tre Gorcy etNy 
— acuarius, Schl. . . . ” » » 
— acutus, Mill . . . . |?Hachy . . . . .|?Lime, près Virton. . | Guirsch,  Frelange, 
Waltzing. 
—  clavatus, DeBl . . . » » ” Entre Vi 
Tour. 
= compressus, Volz. . . » » ù) 
— giganteus, Schl. . . . 5 » » LL 
_ irregularis, Schl. . . . ù 5 1 4 
— ÉDIPAT AUS 0 » » » 
Cardinia angustiplexa, Nob. . . | Moyen, Termes. 
—  concinna, Sow., sp. . . » Metzert, Lime, etc. . » 
—  copides, de Ryck. . . . ” Metzert,  Wolberich, 
Guirsch, Lasoye, 
Fouche. 
—  crassiuscula, Sow., sp. . » Wolberich, Arlon (route ” 
de Mersch), Lasoye. 
A DunkEri NOb IS Cécile. ” ' 
—  gibba, Nob. : ©» . ." ” |'La Cuisine. 
—  hybrida, Sow., sp. . . | Muno . . . . . .| Environs d'Arlon . .| Waltzing. 
—  Konincki, Nob. . . . . » n » Weyler *. 
—  lamellosa, Goldf, sp. . . | S“-Cécile, route de Flo- ” > 
renville à La Cuisine, 
Chiny, Izel, Moyen, 
etc. 


Bye 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU 


LUXEMBOURG. 279 


RAND-COUR. 


; Lamorteau, etc. 


“ 


srand-Cour, La- 
Wu, S'-Mard. 


| LI 
Grand - Cour, 


Z. 


(p Lamorteau , 
{ S. de Ville. 


1, Lamorteau, etc. 


M:-S'-Martin, 


Oolithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


Piedmont. 


Calcaire 


DE LONGWY. 


Longwy . 


Longwy . 


Halanzy,Longwy, Coulmy. 


OBSERVATIONS. 


Lias supérieur d'Allemagne. 


Oolithe inférieur de France, d'Allemagne et d'Angleterre. 


Lias supérieur de France et d'Allemagne. 


Lias inférieur de France (d'Orb.), lias moyen d'Angle- 
terre (Phill.) et d'Allemagne (Goldf.). 


Lias supér. d'Allemagne; lias moyen de France (d'Orb.). 
Oolithe inf. de France et d'Angleterre; grand ool. d’Angl. 


Lias supérieur de France (d'Orb.), lias moyen d'Alle- 
magne (Quenstedt). 


Lias supér, (d'Orb., Pal. Fr.) lias moyen (d'Orb., Prodr.) 
de France, d'Angleterre du Wurtemberg. 


Lias inférieur de France et d'Angleterre. 


Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne; lias 
supérieur d'Orb. (Pal. fr. non Prod.), moyen et supé- 
rieur, Roemer. 


Lias supér. de France et d’Allem. (et lias moyen, Roemer). 


Oolithe inférieur de France , d'Allemagne et d'Angleterre. 


Lias supérieur d'Allemagne, de France et d'Angleterre. 


Lias supérieur d'Allemagne, de France et de Suisse. 


Lias inférieur de France, d'Angleterre, d'Allemagne et 
de Wurtemberg. 


Lias inférieur de France et d'Angleterre. 


— d'Allemagne. 


Lias inférieur de France et d'Allemagne. 


— de France et de Wurtemberg. 


280 DESCRIPTION DES FOSSILES 


Marne Grès Marne 


NOMS DES ESPÈCES. 


DE JAMOIGNE. DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN. 


Cardinia Listeri, Sow. . . - . » » NYALZIN ES ETATS n 
—  Nilsoni,KochetDunk.,sp. | Jamoigne. . . . . » » n | 
—  porrecta, Nob. . . . . |S. d'Attert. | 
— similis, Ag. . . . . . » Environs d'Arlon . . ù ù | 
—  subaequilateralis, Nob. . | Route de Florenville à 
La Cuisine. 
—  unioïdes, Ag. . . . . | Route de Florenville à ” 5 ” 
La Cuisine, S“-Cécile, 
Izel. 
Cerithium conforme, Nob. . . . ” Id. 
— Dumonti, Nob. . . . » Lasoye. 
— subcurvicost., Desl., sp. » | ” ï Aubange » . 
_ subturritella, Dunk., sp. | Termes . . . . . » ù à 
Ceromya conformis, Ag. . . . » ” » » 
—  gregaria, Roem., sp. . . » n à Entre Gorcy. 
AN EAN CONS EN ” » » 
—  Junulata, Ag. . . . . » ° 
—  striato-punel., Müns., sp. » » n 
CU ITUN PA AE RCE Q ” # 
Chemnitzia aliena, N. . . . . » Hopscheïd. 
— Davidsoni,N. . . . . ” Environs d'Arlon 
— inpratan Ne (cut ” Lime. 
— auda IN AR ARR ® Entre Étalle et Virton. 
_- turbinata, Terq. . . . | La Cuisine, Jamoïgne. “ ? Walzing. 
Helcion discrepans., de Ryck. . . ù ; F 
— infra-liasina, de Ryck. . Û d 
Hettangia ovata, Terq. . . . . ’ Eischen, Guirsch, Wol- 
berich, Lime, etc. 
_ Alsatica, Ag. : . . . 0 £ » Walzing. 
|| Homomya gibbosa, Sow. . . . Û . » » 
— Konincki, Nob. . . . Û » Frelange. 
— Terquemi, Nob. . . . “ » n 
Isastrea Bernardana, dOrb., sp. . “ » » 


{ 


= 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 281 


Oolithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


Loue XXV. 


| 


Calcaire 


DE LONGWY. 


Longwy . 


Id. 


Id. 


Id. 


Id. 


Longwy . 


Id. 


Id, 


OBSERVATIONS. 


Lias inférieur d'Angleterre. 


— d'Allemagne. 


_ de Suisse. 


— d'Angleterre. 


Lias supérieur? (Desl.), lias moyen {d'Orb.) de France. 
Lias inférieur d'Halberstadt. 

Oolithe inferieur de Normandie 

Lias (Goldf.) et oolithe infér. (Goldf., Roem.) d'Allemagne. 


Oolithe inférieur du Wurtemberg. 


| Jura inférieur de Suisse (Ag.), bathonien (d'Orb.). 


Oolithe inférieur du Wurtemberg, de France. 


— de France. 


Lias inférieur de France (Hettange). 


Lias moyen et supérieur de France 


Oolithe inférieur d'Angleterre. 


Oolithe inférieur de France. 


30 


282 


NOMS DES ESPÈCES. 


Isastrea Condeana, N. 

—  Orbignyi, N. . 

—  Jimitata, Lamx., sp. 

Lima alticosta, N. . 

— aciculata? Münster. 
duplicata, Sow., sp. 
fallax, N. 
gigantea, Sow., sp. 
Hausmanni , Dunker. . 
Hermanni, Voltz. 
Omaliusi, N.. 
plebeia , N. 
proboscidea , Sow. . 
punctata, Sow., sp. 
semicircularis, Goldf. . 

Limea Koninckana, N. 
Lingula Longo-viciensis, Terquem. 

—  sacculus, N. 

Lithodomus Waterkeyni, N. 

[| Montlivaltia Guettardi, BL, sp. 
— Haimei, N. . 
Mytilus hillanoïdes, Goldf., sp. 

psilinotus, de Ryck. 
gibbosus, Sow., sp. 
Terquemianus, de Ryck. 
subparallelus, N. 

Natica Koninckana, N. . 

Nautilus affinis, N. 

Nucula amœna, N. 

—  Omaliusi, N. . 


—  subglobosa? Roem 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


Marne 


DE JAMOIGNE. 


S'"-Cécile. 


Jamoigne, Chiny, Izel. 
| Termes, Jamoigne. 

? 
S'e-Cécile . 
Nord d'Étale, Chiny . 
Nord d’Étale. 


Jamoig., Termes, Chiny. 


Jamoigne. 


La Cuisine 
Jamoigne, Termes, etc. 


Muno . 


&rès 


DE LUXEMBOURG. 


Fouche, Clairfontaine. 


Fouche 


Arlon (route de Mersch).: 


Stockem . 


| 


Frassem. 
Près d’Arlon. 


" 


Marne 


DE STRASSEN. 


» 
» 


Frassem, Frelange . 


Waltzing . 


» 


Waltzing, Frelange 


Waltzing? 


?Frelange. 


Waltzing . 


ET MACIGNO D 


Du 


& 
4 


À 


“RAND-COUR. 


Oolithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


? Coulmy. 


a 


Longwy . 
Halnazy. 


Longwy 


Longwy. 


Longwy. 


| Longwy . 


Calcaire 


DE LONGWY. 


| Lias inférieur de France. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 285 


OBSERVATIONS. 


Grand oolithe de France et d'Angleterre 


Coralien d'Allemagne. 


Oolithe corall. (Sow. |; volithe inférieur et lias (Roemer, 
Goldf., Münster); callovien (d'Orb.. 


Lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France; lias supé- 
rieur (d'OUrb.). 
Lias inférieur d'Angleterre. 


Lias infér. d'Allemagne, lias moyen de France (d'Orb.). 


Oolithe infer. d'Allemagne (Ziet.); Coral-Rag (Roemer). 
En France, du bathonien à l’oxfordien. 


Lias inférieur d'Angleterre et de France. 


Oolithe inférieur de France et d'Allemagne. 


Lias supérieur de France. 


Lias d'Allemagne. 


Oolithe infér. d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 


Lias supérieur de France et d'Allemagne. 


284 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


qe 


NOMS DES ESPÈCES. 


Ostrea arcuata, Lam. sp. 
—  acuminata, Sow. 


—  cymbium, Sow., sp. . 


— _irregularis, Münst. 
—  Marshii, Sow. 


—  Phaedra, d'Orb. . 


—  polymorpha? Münst., sp. 


— sandalina, Goldf. 
Pecten aequivalvis, Sow. 

— acuticosta, Lam.?. 

— articulatus, Schl. . 

—  disciformis, Schübler. 

—  Germaniae, Goldf., sp. . 

—  personatus, Goldf. 

—  Saturnus, d'Orb. . 

—  textorius, Schl. 

Pholadomya ambigua, Sow. 

— bucardium, Ag. 
— decorata, Hartm. . 
— Deshayesea, N. 
— fidicula, Sow. . 
_ foliacea, Ag. 
— glabra, Ag... . 
_ Davreuxi, N. 
— media, Ag. 
= Murchisoni, Sow. 
— Nysti, N. 


— Zieteni, Ag. 


Pinna diluviana, Zieten. 
—  fissa, Goldf. 


—  Hartmanni, Ziet. 


Marne 


DE JAMOIGNE. 


Izel, La Guisine, etc. . 


» 
» 


Izel, Termes, Chiny 


Jamoïgne . 


Hachy . 


&Grès Marne 


DE LUXEMBOURG. DE STRASSEN. 


Metzert, Gérouville. Waltzing, Guirsch, etc. 


» n 
» n 
Fouche, Guirsch . . » 
» » 
» » 
» » 
» » 
» » 


» » 
L] » 
Bergiwé, Valansart,etc. | Guirsch, Frelange . . 
” » 
Li » 
» 9 = 


Fouche, Lime Waltzing, Frelange 


» Waltzing . 

» » 
» ’ 
» » 
» » 
» » 
» Id. 


Lasoye, Étale . . . ÿ 
» ’ 


» » 


Sable et M 


D'AUBANG] 


1 
» 
Belmont *, Aubt 
L] 


» 


4 

Aubange, H 

Entre Virton ll 
L 


Id. 


Bleid . 
Weyler *, 
Bleid . . S 
1 
ed 
Hondelangeb: 


» 


Fa 


Weyler *. 


Four « 


ss mnt fentes 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 285 


Oolithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


Mont-S'-Martin, Coulmy. 


Id. 


Entre Keyl et Esch 


» 


Calcaire 


DE LONGWY. 


Longwy . 


Id. 


Id. 
?Id. 


Longwy, Halanzy. 


Id. 


Halanzy . 


Longwy, Halanzy. 


» 


Longwy . 


Id. 


Id. 
Id. 


Id. 


OBSERVATIONS. 


Lias infér. de France , d'Angleterre et d'Allemagne. 


Oolithe infér. d'Allemagne, de France et d'Angleterre. 

Lias moy. (d'Orb.); ool. sup.? (Desh.); ool. inf.? (lias moy.) 
(Sow.); lias moy. (Phill., Goldf.); Coral-Rag (Roem.). 

Lias infer. d'Allemagne (Goldf.); lias moyen? (d'Orb.). 

Oolithe infér. d'Allemagne, d'Angleterre et de France; 
callov. et oxford. (d'Orb.). 

Oolithe inférieur de France. 

Oolithe inférieur de France et d'Allemagne. 

Oolithe infér. (Goldf.), id. et corallien? (Roemer), oxford. 
(d'Orb.). 

Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 

Lias moyen (Roemer); lias supér. (d'Orb.), oolithe infér. 
(Ziet.). 

Coral.” d'Allemagne (Goldf., Roemer), bajocien de France 


(d'Orbigny). 

Oolithe inférieur et lias (1. moy. d'Orb.). 

Oolithe inférieur de France et d'Allemagne. 

Lias sup. (Goldf,, d'Orb.) et ool. inf. (Goldf., Ziet.). 

Bajocien de France (d'Orb.). 

Lias et oolithe infér. (Goldf.); lias infér. et super. (d'Orb., 
2 espèces). 

Lias moyen (Roemer.). 

Oolithe inférieur de Suisse. 

Lias moyen (Roemer); lius et oolithe infér, (Goldf.); lias 
infér. et moy. (Ag.), toarcien (d'Orb.). 

Oolithe infér. de France, de Suisse et d'Allemagne. 

Lias (Agasiz), toarcien (d'Orb.). 


Lias d'Alsace (Ag.); liasien (d'Orb.). 


Oolithe inférieur de Suisse (Ag.). 


Oolithe inférieur de Suisse, d'Angleterre et de France. 


Oolithe ferrugineux de Suisse. 
Lias d'Allemagne. 
Lias inférieur d'Allemagne, 


Idem. 


286 


NOMS DES ESPÈCES. 


Pinna inflata, N. 
— similis, N. Muno. 
Pleuromya Alduini, A. Brong., sp. 
— decurtata, Goldf,, sp. . 
-- elongata, Münst., sp . 
— Helena, N. . 
== rostrata, Ag. 
— striatula , Ag. 
— tenuistria, Münst., sp 
— unioides, Roem., sp. 
Pleurotomaria basilica, N. . Jamoigne. 
— cognata, N. . . | Chiny. 
_ gyroplata, Desl. 
— mutabilis, Desl. . 
— Phine, N. 
_ rotellaeformis, Dunk. | Muno . 


— rustica, Desl. 


— expansa, Sow., sp. . | Jamoigne, 
Plicatula spinosa, Sow. . 
Posidonomya Bronni, Voltz. 
Rhynchonella acuta, Sow., sp. . 
— anceps, N. . Jamoigne. 


_ Buchii? Roem., sp. 

_ Davidsoni, N. . 

— Edwardsi, N. 

_ Langleti, N. 

= Niobe, N. . 

— obsoleta, Sow., sp. 
Pallas, N. . 

— tetraedra, SOw., sp. . 


— variabilis, Schloth., sp. 


Marne 


DE JAMOIGNE. 


n 


La Cuisine. 


Guirsch 


Grès 


DE LUXEMBOURG. 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


Marne 


STRASSEN, 


Waltzing . 


Id. 
Id. 


Guirch, Waltzing. 
Bonnert, Frelange . 


» 


Volkrange *, 


Aubange, Vi 
: 
» 
» 


Aubange . … 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 


287 


Oolithe ferr. 


DE MONT-SAINT-MARTIN. 


Calcaire 


DE LONGWY. 


| Longwy . 


Id. 
Id. 
Id. 


Id. 


Id. 
Id. 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


OBSERVATIONS. 


Lias d'Allemagne; oolithe infér. d'Alsace (Goldf.); id. de 
Suisse (Ag.), de France (d'Orb.). 


Oolithe inferieur du Wurtemberg. 


Oolithe inférieur d'Allemagne. 


Lias d'Alsace (Agasis), lias inférieur (d'Orb.). 
Lias inférieur de Suisse et de France. 
Olithe inférieur d'Allemagne. 


Lias moyen de France et d'Allemagne. 


Oolithe inférieur de France et d'Angleterre. 


Idem. 


Lias inférieur de France et d'Allemagne. 
Lias inférieur de France. 

Lias (inférieur?) de France et d'Angleterre. 
Lias d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 
Lias supérieur d'Allemagne et de France. 


Lias moyen d'Angleterre et de France. 


Lias moyen d'Allemagne. 


Oolithe inférieur d'Angleterre et de France. 


Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 


Lias inf. et moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 


288 


NOMS DES ESPÈCES. 


Serpula limax, Goldf. 

—  tricarinata, Goldf. . 

—  filaria . 

—  socialis. 

Spirifer Walcotti, Sow. . 

—  rostratus, Schl., sp. 
Straparolus glabratus, N. 
Terebratula subpunctata, Dav. 

— Causoniana, d'Orb. 

— perovalis, Sow. 

—  subbuculenta, N. . 
Thamnastrea Dumonti, N. . 
Trochus intermedius, N: 

—  acuminatus, N. . 
Turbo atavus, N. 

— Buvignieri, N. 

— insculptus, N. 

— Nysti, N. 

—  cyclostoma, Benz. 

— minax, N. 

— selectus, N. 


— ditior,N. . 


DESCRIPTION DES FOSSILES 


Marne 


DE JAMOIGNE. 


Muno . 


Jamoigne. 
Id. 
Id. 


DE LUXEMBOURG. 


Guirsch 


Grès 


Marne 


DELSTRASSEN. 


” 


» 


Waltzing, Bonnert. 


Frelange . 


Environs d’Arlon, 


Id, 


Waltzing. 


» 
a 

Aix-sur-Croixy 
» 

S. d’Arlon ‘1 
ñ 
nl 


Halanzy, À 
Halanzy. 


DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 289 


@olithe ferr. 
DE MONT-SAINT-MARTIN. 

» e° 
n ” 
| 
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| 4 | 
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} 
| 
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{l 

1 
| 

» L 
” » 


Calcaire 


DE LONGW Y. 


Longwy. 


Id. 
Id. 
Id. 


Id. 


Id. 
Id. 
Id. 


Environs de Ruette. 


OBSERVATIONS. 


Lias infér. et moyen d'Angleterre, de France et d’Alle- 
magne. 

Oolithe inférieur d'Allemagne. 

Idem. 

Idem. 

Oolithe inférieur; sable vert; cale. de l'Eifel (). 

Lias infér. et moy. de France, d'Allemagne et d'Angle- 


terre. 
Lias d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 


Lias moy. d'Angleterre, de France et d'Espagne. 


Lias inférieur de France. 


Oolithe infér. de France, d'Angleterre et d'Allemagne. 


?Oolithe inférieur d'Allemagne. 


Lias supérieur du Wurtemberg. 


AGassiz. 


Bayer. 
BAYLE. 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 


Études critiques sur les Mollusques fossiles, Trigonies, Myes, Car- 
dinies ; 1840-45. 

"Opuxroypaax Norica, etc.; cum tabb. Norimbergæ, 1708. 

(V. Coquand.) 


BLaivizce (H. Ducrotay De). Manuel de malacologie et de conchyliologie. Paris, 1825. 


BoBLAYE. 


Bosc. 
Boureuer. 
BRANDER. 


BRONGNIART. 
BRONx. 


BRUGUIÈRE. 


Bucu (DE). 


Mémoire sur les Bélemnites. Paris, 1827. 

Manuel d’Actinologie et de zoophytologie. Paris, 1854; 1 vol. avec 
atlas. 

Mémoire sur la formation jurassique dans le nord de la France. 
(Annales des sciences naturelles, t. XVII, 1829.) 

Histoire naturelle des coquilles. (Buffon de Déterville); 1802. 

Traité des pétrifications; avec figg. Paris, 1742. 

Fossilia Kantoniensia collecta et in Musaeo Britannico deposita; 
1766. 

(Ann. des mines, t. VI.) F 

Lethaea geognostica. Stuttgard, 1854-1838. 

Index palaeontologicus. Stuttgard , 1847-1848. 

Histoire naturelle des vers. (Encyclopédie méthodique) ; 1792, avec 
un supplément par Deshayes, etc. 

Recueil de planches de pétrifications remarquables, avec la des- 
cription. Berlin, 1851. 

Ueber Belemniten. (Mémoires de l'Académie des sciences de Berlin, 
1852.) 


Buca (DE). 


Bucamanx. 
Bulletins 


Buvicnier. 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 291 


Ueber Delthyris, oder Spirifer und Orthis. {Mémoires de l'Aca- 
démie des sciences de Berlin , 1858.) 

Essai sur une classification des Térébratules. (Mémoires de la So- 
cièté géologique de France) ; 1858-59. 

Geology of cheltenham. 

de l’Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Bel- 
gique, t. XVI, p. 551. 

de la Société géologique de France; 1850-52. 

Mémoire sur quelques fossiles nouveaux des départements de la 
Moselle et des Ardennes; 1845. (Mémoires de la Société philo- 
matique de Verdun.) 

Statistique géologique , minéralogique , minéralurgique et paléon- 
tologique du département de la Meuse. Paris, 1852; 1 vol. avec 
atlas. 


Buvicnier (Sauvace et). Satistique minéralogique et géologique du département des Ar- 


CHEeunirz. 


Coquanp et BAYLE. 


Cuvier (le baron De). 
Davison (T.). 


DE Haax. 


DESHAYES. 


dennes; 1842. 

Systematische Konchylien Cabinet, vol. IV à XI. Suite à Martini ; 
1780-1795. 

Note sur les fossiles recueillis dans le Chili, et sur les terrains 
auxquels ils appartiennent. (Bulletin de la Société géologique de 
France, 1851.) 

Règne animal, 5° édition. Bruxelles, 1856. 

Monograph of British oolitic and liasic Brachiopoda, 2° et 5° par- 
ties. Londres, 1851-52. 

Lamark Species of fossil terebratulae. Londres, 1850. 

Monographiam Ammonitearum et goniatitearum, etc. Lugduni 
Batavorum. Mai 1825. 

Encyclopédie méthodique, 1850-1835, faisant suite à Bruguiére. 

Description de coquilles caractéristiques des terrains; 1851. 

Traité élémentaire de conchyliologie, avec l'application de cette 
science à la géognosie. Paris, 1839-1855. (Tome I.) 


Desxayes et Mizxe Epwarps. Histoire des animaux sans vertèbres, 8 vol.; 1855-45. 


DesLonGcawes (E.). 


Dictionnaire 


(2° édit. de Lamarck.) 

Séance de la Société Linnéenne de Normandie, tenue en 1837. 
4 broch. Caen. 

Mémoire sur les genres Turritelle, Ranelle et Fuseau , 1845. (Mé- 
moires de la Société Linnéenne de Normandie, t. VIT.) 

Mémoire sur les Pleurotomaires des terrains secondaires du Cal- 
vados; 1848. (Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, 
t. VIIL.) 

des sciences naturelles, en 60 vol., avec supplément; 1816-1850. 


292 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 


Durrénoy et Ecie pe Beaumonr. Mémoires pour servir à une description géologique de la 


Dumoxr. 


Dunxer et MEvEr. 
FaurE-Bicuer. 
Férussac (De). 
GoLpruss. 
GUALTIERI. 
GUETTARD. 

Koca et Dunxer. 


Konincek (DE). 


Knorr. 


France ; 4 vol. Paris, 1850-1858. 

Mémoire sur les terrains secondaires du Luxembourg. (Extrait du 
tome XV des Mémoires de l'Académie royale de Belgique.) 

Rapport sur la carte géologique de la Belgique. (Bulletin de l'Aca- 
démie royale de Belgique, t. XNT, 2° partie, p. 551.) 

Paleontographica. Vol. [; 1846-1851. 

Considérations sur les Bélemnites; 4819. 

Prodrome ou Tableau systématique des animaux mollusques, elas- 
sés en familles naturelles; 1822. 

Petrefacta Germaniae; 5 vol., avec pl.; 1827-1844. 

Index testarum , conchyliarum, ete.; 1742. 

Mémoires sur différentes parties des sciences et des arts. Paris, 
1770; 5 vol. 

Beiträge zür Kentniss des norddeutschen Oolithengebildes und 
dessen Versteinerungen; 1857. 

Description des animaux fossiles des terrains carbonifères de Bel- 
gique; 1842-1851. 

Vergnügungen der Augen; 1757-1772. 

Lapides diluvii universalis testes , ete.; fol. Nurenberg, 1755- 
1775; avec pl. 


— et Wazsu. Recueil des monuments des catastrophes que le globe de la terre 


KRUGER. 


Lamarcx. 


LAMouroUx. 
LanGrus. 


Leonxarp et Bron. 


Lister. 
Linnæus. 
Lun. 


MENKE. 
MiLLer. 


MICHELIN. 


a essuiées , etc. 4 vol. avec pl.; 1676-1778. 

Geschichte der Urwelt im Umrissen entworfen : 2 part. Quedlim- 
burg, 1825. 

Système des animaux sans vertèbres; 1801. 

Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 7 vol.; 1815-1822. 
4® édition. 

Exposition méthodique des genres de l'ordre des Polypiers; 1821. 

Historia lapidum figuratorum Helvetiae. In-4°, cum tabb. 1708. 

Jahrbuch fur Mineralogie, Geognosie, Geologie und Petrefakten- 
kunde; 1830-1832. 

Neues Jahrbueh, etc.; 1855-1850. 

Historia animalium Angliae, etc.; 1678. 

Systema naturae. Stockholm, 1766-1768; 12° édition. 

Lychophylacii Britanniei Iconographia, ete., etc. Londini, 1699; 
edit. altera, Oxoniæ, 1760. 

Zeitschrift für Malacozoologie ; 1844. 

Observations on Belemnites; 1825. (Transactions of the geological 
society of London. 2° sér., t. Il, 1826.) 

Iconographie zoophytologique; description, par localités et ter- 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 293 


rains, des polypiers fossiles de France et des pays voisins. 
Paris, 1841-1846. 


Mine Enwarps et Hamme. Recherches sur les Polypiers. (Annales des sciences naturelles , 


Moxrorr (Denis DE). 


Morris. 
Münsrer. (Graff von) 
Omazius D'HALLOY (D). 


OrBieny (Alcide D’). 


PARKINSON. 
Puizzirs. 
Puscu. 
QUuENSTEDT. 
REINECKE. 
RoenER (F.-A.). 


—  (Ferd.). 


1. IX, X, XI, XII; 1848-1849.) 

Monographie des Polypiers fossiles des terrains paléozoïques; 1851. 
(Tome V, Mém. du Muséum.) 

A monograph of British fossil corals; 1851 ; 2° partie. 

Conchyliologie systématique, 1808; 2 vol. 

Histoire naturelle, générale et particulière des mollusques. Paris, 
1802-1805; 6 vol. 

Catalogue of british fossils; 1844. 

Bemerkungen zur näheren Kentniss der Belemniten; 14850. 

Coup d'œil sur la géologie de la Belgique; 1842. 

Précis de géologie; 1858. 

Paléontologie française, terrains jurassiques ; 1840-1851, L. I. 

Prodrome de paléontologie stratigraphique; 1850, t. I. 

Organic remains of a former world. 1804, 1808, 1811; 5 vol. 

Introduction to the study of fossil organie remains, etc.; 1851. 

Illustrations of the geology of the Yorkshire coast. London, 1829. 

Polens Palaeontologie, ete. Stuttgard, 1856-1837. 

Die Cephalopoden. Tubingen , 1849; avec atlas. 

Flôzgebirge Wurtembergs. 

Maris protogaei nautilos et argonautas, etc. Cobourg, 1818. 

Die Versteinerungen des norddeutschen oolithengebirges. Hanno- 
ver, 1856 ; suppl., 1859. 

De Astartarum genere et speciebus quae à saxis jurassicis atque 
cretaceis proveniunt. Berlin, 1842. 


Rouizzer et Vossixsky. Etudes progressives sur la paléontologie des environs de Moscou. 


Rycxnorr (DE). 
RumPHius. 
SCHLOTHEIM. 
SCHMIDT. 


SCHRÔTER. 


SMITH. 


Mélanges paléontologiques, 1847. (Insérés dans le t. XXIV des 
Mémoires des prix de l’Académie royale de Belgique , 1852.) 

Thesaurus imaginum piscium , ete.; 1711. 

Beiträge zur Naturgeschichte der Versteinerungen; 1816-1817. 
(Dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Bavière.) 

Die Petrefaktenkunde, etc., ete.; avec pl. Gotha, 1822-1825. 

Petrefacten-Buch, oder, etc. 1846. 

Vollständige Einleitung in die Kentniss und Geschichte der Steine 
und Versteinerungen. Altenburg, 1774. 

Stratigraphical system of organised fossils with reference to the 
specimens of the original geological collection in the British 
Museum. Londres, 1817. 

Strata identified by organised fossils, ete. Londres, 1816-1820. 


294 
STUCHBURY. 
SOWERBY. 


VoLrz. 


WALCOTT. 


You and Biro. 


ZAETEN. 


LISTE DES OUVRAGES CITÉS. 


On a new genus of Fossil Bivalve Shells. (Annals and mag. of nat. 
hist. 1842, vol. VIIL.) 

Mineral conchology of Great-Britain. 1812-1829; 6 vol. 

_ = traduction par Agassiz; 1837. 

Observations sur les Bélemnites; 1830. (Mémoires de la Société 
d'histoire naturelle de Strasbourg, t. I.) 

Descriptions and figures of petrifactions found in the quarries, ete. 
near Bath. Bath, 1779. 

À geological Survey of Yorkshire coast. 1822. 

Die Versteinerungen Wurtemberg’s; 1850. 


ERRATA ET ADDENDA. 


Page 9, ligne 2 de la note, au lieu de d'Hayange, lisez : de Florange. 
At 97" A — — marlstone, —  marly sandstone. 

Ajoutez à cette note : le terrain dont parle M. Levallois est bien notre oolithe ferrugineux de 
Mont-Saint-Martin, comme ce savant géologue l’admet lui-même; mais ce marly sandstone 
paraît être le marly sandstone de Thurmann ou grès supra-liasique, et non le marlstone 
de Phillips et des géologues anglais. 

— 92 — 95, au lieu de 1,7, lisez: 1-7. 
— 94 — 51 ajoutez: vol. Il, pl. VIII, fig. 6. 
— 25 — 2 au lieu de 17, lisez : 175. 
— — —  G6 ajoutez : p. 244. 
— 926 — 11 au lieu de XII, lisez : XIV. 
— 98 — 16 — picrrauis, lisez : pierrucus ??, et ajoutez à la fin : p. 55. 
— 56 — 9 ajoutez:p.70. 
— 39 — 925 au lieu de Yonug et Bird. lisez : Young et Bird. 
— 42 — 98 — 1829, lisez: 1829, Vaturg. des Erdkôrp. 
— 49 — 10 — 1830, — 1850, in Zieten. 
= 2e en) = Lo Too 
— 56 — 19 — 87 — 78. 
— 66 — 16 — 240 — 245. 
68 18 100 > 100 
— 76 — 95 _— droite, tranchante, lisez : droite tranchante. 
— — — 29 = ainsi, lisez : aussi. 
— 81 — 9 — haut, — arrière. 
— 86 — 925 _- l'inférieure, lisez : l'antérieure, 
— 87 — 4 — Jamoigne, lisez : à Jamoigne. 
— 88 — 8 — de haut en bas, lisez : d'avant en arrière. 
— — — 10 — inférieure, lisez : antérieure. 
— — — 12 — le bas des tours subanguleux, lisez : la partie antérieure des tours subanguleuse. 
— — — 28 — de haut en bas, lisez : d'avant en arrière. 
— 89 — 21 — le bas, lisez : la partie antérieure. 
— 91 — 27 — 17 — A1. 
— 94 — 1 — PRINCIPALIS, lisez : BASILICA. 
— 95 — 94 — supérieure, — postérieure. 
— 101 —  G après ALIMENA , ajoutez ; et PL. GyROPLATA. 


296 ERRATA ET ADDENDA. 


Page 102, ligne 12, après susconoïpEa , ajoutez : et P. ABBREVIATA ; CONOÏDEA ) SUBELONGATA € AGATHA. 


__ 105 — 5 au lieu de Lobe, lisez: Labre. 

= —, 17 — Menke's , lisez : in Menke’s. 

= 55 — 100 mill., largeur 50 mill., lisez : 100, largeur 50. 
| — 15°, lisez : 18°. 

__ 307 — 99 — Fontaine, Étoupefour, lisez: F ontaine-Étoupefour. 


a CG ONG lez 5e 

MN AE LEZ 0 

GS 5 — 76 — 7. 

— 118 — 6 == 64 — GG. 

_ 119 — 15 ajoutez: P. FIDICULA, Desh. 1845-50, Tr. de Conch., &. I, p. 157, pl. 5, fig. 5. 
__ 492 — 55, au lieu de 4°, lisez : 4°. 

= OT — 5 — 5. 

— 156 — 26 — porticè, lisez : posticè. 

DD A 

— 155 — 21 — Koch, —  Kochet Dunker. 

Es ET ES TARN CE 

_ 165 — 5 ajoutez: pl. 12. 

__ 475 — 95vis placez : (PL. XXV, fig. 2.) 

177 — 7 au lieu de 97, lisez : 57. 

__ 185 — 16 ajoutez: Petrefactenk, t. 1, p. 505. 

__ 185 — 927 lisez: (V. d'Orbigny, 1850, Prodr,, t. 1, p. 256). 
__ 996 — 10 après Br, ajoutez : 1851, Jahrb. 

__o51 — Avis, placez: (PL XXXV, fig. 5). 


__ 965 — 30 au lieu de: MEANOTROPHYELIA, lisez : MEANDROPHYLLIA. 


AMMONITES . 


TT 


angulatus. 
angulatus 
annularis 
annulatus . 
arietis 
bicarinatus . 
bifrons. 
bisulcatus. 
Braunianus . 
Brookii . 
Bucklandi . 
catenatus 
Comensis . 
communis 
complanatus. 
concavus . 
Condeanus 
Conybeari 
cornucopiae . 
costatus . 
elegans . . . 
eæaratus. 
falcifer 
fimbriatus . 
Hawskeriensis. 
heterophyllus 
Hildensis 
Holandrei. 
Levesquei. 
lineatus . 
Lythensis 
multicostatus 
mucronatus . 
obtusus 


OME XXV. 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


_.—— — 
A. 

35 AMMONITES ovatus 

56 —  planatella 

56 —  radians 

üb. —  Raquinianus. 

ib. —  Redcarensis. 

42 —  serpentinus . 

70 —  Smithi . 

66 —  solaris 

42 —  spinatus . 

52 stellaris 

41 —  Strangewaysi . 

44 —  striatulus 

56 —  thouarsensis 

65 —  Valdani 

56 —  variabilis. 

70 —  Walcotti. 

61 ANOMIA . . . . : 

58 — pellucida . 

44 ARCA. 

60 — elegans 

49 — oblonga . 

70 — subdecussata 

61 Argonauta serpentinus . 

68 ASTARTE . 5 

60 — consobrina 

49 — eæcavata. 

58 — subtetragona. 

66 ZAstrealimitata”." . à Lu: à 06 

55 Aubange (sable, schiste et macigno d’). 

74 AVICULA. Qu 

72 — echinata . 

61 — inaequivalvis . 

45 — Sinemuriensis . 

51 _— substriata. 

39 


@ «1 
1 O1 ho 


à 


298 TABLE ALPHABÉTIQUE. 


B. 

Bajocien (système) 15 BELEMNTESIQNACUES. 0 OC 26 

BELEXNITES. ; 19 — ATOME De LT store de DO 
— Aalensis 50 — XePUlARS eee CR oi Et 
— abbreviatus.. 22 _ lagenaeformis . . . . . . . 26 
- acuarius. 26 — IGEDES VS CRE NE RD 
— acuminatus 50 — longiscatus : =. 0 SELON 
— acutus 20 — TONI SNMST SE CURE TONER 
— aduncatus . 25 — Tongisnicntus 1 NRC 
— -apicicurvalus. S — lONRTUS EE RENE OR NEC 
— bicanaliculatus . . . . . . 25, 50 — ODYCONUS AN. ET 
— bipartitus . 50 — DEMOIIAIUS TO NL LUS RER 
— breviformis 22 — DISONS UN NEA 
— DR EVESS ME CRE ere 7.5,:90-22 — quinquesulcatus. . . . . . . 50 
— clavatus . 21 — SPONSOR CET 
— compressus . 25 — SUDCIQUATUS RNCS DCR 
— compressus 50 _ tenus 0e, Ven 1 CSSS CUERRR 
— crassus . 25 — TENUSSNIALUS ee CAT EN TRS Or 
— digitulus . 28 — tripar tits 20 CARRE TOR 
— ellipticus 50 — CTÉSUICOLUSE SERRE OT 
— giganteus . tb. — tubularts, CENTRE TRE 
— gigas ib. = EURIAUS "EM TEE EEE 
— gladius . tb. 

C. 

EDIT CU... 50. 2 0. AT M TGERTTEIUMSUHCUENICOS AU LEE NL 
— " angustiplexa + . à . + +. : A0M64 =Hpsubturritela 5 0 RENE ET 00 
— concinNd. -.. 0 rte 0 - 1109 CEROMYA NN OU AUTRE EN SUN A AN ARENNRENNTE ER CET 
COPIE ee Det tee ME 9, 04160 7 Cconfonnis te: 0,07 MERE SAR 
— I CTASSIUSCU AN 0 UMA ce 102 No auto tube 27:11 
1 DORE se 06 082 ARE: 2108), À = HORS NT NN TS 
A BIDDAN ECO NEREENN;.ESU) A UT ECC ER RE PE re lc LE ab CE 
= hybrides 0e CAT SEA C7 —  striato-punetata . . . . . . . . 145 
PK ONNCRI,- "0. ne COMMAIGE — Ditruncata Et PL ON EME ET 
—1ONIamEOsa) M. PT 0 155 Chamites laevis giganteus . . . . . . . 199 
— Ste A De Te NE D LG S CREUSE 20 EN ro MIROIR CN CRE 
— MANISONT EN Eee CT AE OM DS —\1saliena ei LCR RE 
—, porrectai .2 4, le. EIRE 60 + DAVIdSONI UN UN MES CEE 
2, SIMS Ste HUE NE RENE OR ie OO M RO eo Re ‘(' 
—  subaequilateralis. . . . . . 452 OUR NE MEN PE NS PA NE RTES 
—. :sublamellosa 2.009", MON" .0M155 = MtUrDiRAtANES er 1 MINES 
na ONES 0 + 16: 0 ANR MARE MT Bucullasaeleganst; = : + PONS EENME 

GRRTEMUN ER NES TO EC NODIONT AE. 00... ANNEES EE 
EHICONOINE, 2.0. 0 106 Cytherealamellosa. - .7 1 NON." , M5 


CD OONTIE ES ME CUNe pi] 


Delthyris Hartmanni. 
— octoplicatus. 
= rostratus. 
= tumidus - 
_— VETTUCOSUS . 


Fusus curvicostatus 


Globites heterophyllus. 


Grand-Cour (marne et schiste de). 


Gresslya  conformis . 

— gregaria 

— latior 

— lunulata 

— ovala . 

— rostrata. 

— striato-punctala . 

— truncata 
Gryphaea arcuata. 

— cymbium . 


MAPDAT, Le dns 
HEzciox. DER 
— discrepans 
— infraliasina . 
Helicina expansa. 
— polita. 
— solarioïdes . 


Introduction 
ISASTREA. CP 
—  Bernardana 


Jamoigne (marne de) 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


107 


58 
15 
146 
147 
148 
142 
142 
144 
Um El45 
Soon DLL 
221 
223 


218 
108 
109 
108 
97 
db. 
tb. 


10 


D. 


Delthyris W'alcoiti . 
Donacites Alduini . 
—= costatus . 
— sulcatus . 


Gryphaea cymbula 

— depressa 
| — gigantea 
— incurva . 
— laeviuscula 
— lobata . 
— Mac-Cullochii 
— obliquata . 
= ovalis - 
— polymorpha . 
— suilla 


HETTANGIA . 
— ovata . 
Homomya 
— alsatica 
— gibbosa 
— Konincki . 
— Terquemi. 


Isasrnea Condeana . 
—  limitata. 
—  Orbignyi 


J. 


| Jurassique (terrain) . 


299 


7, 15 


300 TABLE ALPHABÉTIQUE. 


— inférieur . 
— moyen. 
— supérieur . 


— aciculala . 

—  alticosta 

—  duplicata . 

—  fallax . 

—  gigantea . 

—  Hausmanni 

—  Hermanni. 

—  Omaliusi . 

—  pectiniformis 

—  plebeia. 

—  proboscidea . 

—  punctata . 

—  semicircularis 
Limea nie 
—  Koninckana . 
LinGura. A LS 

—  Longo-viciensis . 


Mactra giblosa . 
Martinsart (grès de) . 
Melania turritella . 
Monotis inaequivalvis. 

—  substriatus NAT 
Mont-S'-Martin (oolithe ferrugineux de) 
MonTLIVALTIA . : 

— Guettardi 


Narica . SE 
—  Koninckana 
Nauruus 
—  affinis 
—  annularis. 
—  costatus 


Ostracites crista-galli . 
— pectiniformis . 


265 
264 


80 
81 
82 
354 
56 
49 


L. 


| LinGura saceulus . 


Liraonomus : 
—  Waterkeyni . 
Longwy (calcaire de) 
Lutraria Alduini . 

—  decurtata. 

—  donacina . 

—  elongata . 

—  gregaria . 

—  sinuosa 

—  striato-punctata 

—  tenuistria. 

—  unioides . 
Luxembourg (grès de) . 
Lyonsia abductu. 

—  latirostris 

—  peregrina. 

—  striato-punctata 

—  unioides . 
Lyriodon costatum. 
Lyrodon costatum . 


NI. 
MonrLivartia Haimei 
ASTUCE OS Ee 
— gibbosus.. 
— Hillanoïdes . 
| — Hillanus 
— psilinotus 


— subparallelus 


N. 


NauriLus opalinus . 
—  radians 
Nucura . 
-—  amæna. 
—  Omaliusi 
—  subglobosa. 


©. 


Ostracites sessilis 
OSTREA . 


— Terquemianus . 


70 
72 
174 
176 
177 
175 


2928 
219 


OsrRea  acuminata 
— arcuata 
— crista-galli . 
— cymbium . 
— diluviana 
— flabelloïdes . 
— intermedia . 
— irregularis 
— laeviuscula . 


Pachyodon concinnus 
= crassiusculus 
— Listeri. 

Panopaea Brongniarti 
— decurtata . 
= striatula . 
— subelongata . 


— subrostrata . 


— tenuistria. 
— acuticosta . 
— aculicostatus 
— aequivalvis 
= annulatus 
— articulatus 
— corneus 
— demissus . 
— disciformis 
— Germaniae 
— paradoæus 
—= personatus 
— Phillis. 
— pumilus . 
— Saturnus . 
— textorius . 

Pectinites  articulatus . 

PHOLADOMYA . . . . 
— ambigua . 
— ambiqua . 
_ bucardium 
_ Davreuxi . 
— decorata . 
— Deshayesea 
— fidicula. 
— fidicula 
ee foliacea 
— gibbosa 
— glabra . 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


19 19 19 1 KW 
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P. 


OSTREA Marshii 


— pectiniformis 
— Phaedra . 
— polymorpha . 
— sandalina . 


— semicircularis . 


— spinosa . 
== ungula 


Pholadomya lyrata . 


— media . 

— Murchisoni 
— Nysti 

— obtusa . 

— Zieteni. 

— diluviana . 
— fissa. 

_— Hartmanni 


— Hartmanni . 


— inflata . 
— similis . 
Pinnites diluvianus 
Placuna nodulosa . 


Plagiostoma duplicatum . 


— giganteum 
— Hermanni 


= punclatum . 
— semilunare . 


Planites bifidus . 
— bisulcatus. 
— Conybeari 


= serpentinus . 


PLEUROMYA 5 à 
— Alduini. 
— decurtata . 
— elongata . 
— Helena . 
— rostrata 
— sinuosa. 
— striatula 
—_ tenuistria . 
— unioïdes 

PLEUROTOMARIA 5 
— alimena . 
— basilica. 
= cognata 


150 
140 
157 
158 
155 
154 
151 
152 
156 
153 

95 
101 

94 

95 


502 


PLEUROTOMARIA expansa. 
— gyroplata . 
— heliciformis . 
— mutabilis . 
— Phine . 
— polita . 
— rotellaeformis 
— rustica . 
— subconoïdea . 
_ suturalis . 
PLICATULA . 


Rotella expansa. 

— polita. 
RayYNCHONELLA . 

== acuta . 

— anceps 

— Buchii 

— Davidsoni 


Serpula . - 
- filaria . 
— limax . 
— socialis. 
—- tricarinata 
SPIRIFER SR de 
— chiliensis. 
— Hartmanni . 


— linguiferoides . 


— mesoloba . 
= pinguis 


TEREBRATULA . 

= aculta. 

— bidens 

— bucculenta . 
— Buchii . 
— Causoniana . 
— globata . 
— ingrata . 
— intermedia . 
— media 


TABLE 


ALPHABÉTIQUE. 


97 PLicATuLA spinosa 
101 — tequlata . 
96 Posidonia Bronni . 
102 Posiponomya . 
105 — Bronni. 
98 Préface . 5 
96 Prionastrea alimena. 
100 — Bernardana. 
102 — limitata . 
98 — Luciensis . 
9217 
KR. 
98 Rhynchonella Edwardsi 
tb. — Langleti . 
245 — Niobe. 
950 — obsoleta . 
246 - Pallas. 
247 — tetraedra. 
253 — variabilis . 
S. 
261 SPiRIFER punctatus 
262 — rostratus . 
261 — tumidus . 
äb. — Verrucosus . 
262 — Walcotti . 
255 Spiriferina Hartmanni . 
937 — verrucosa 
äb. — W'alcotti . 
üb. STRAPAROLUS . : 
tb. — glabratus . : 
üib. | Strassen (calcaire et marne de). 
T. 
938 TEREBRATULA obsoleta . 
950 — perovalis. 
249 — subbuceulenta . 
249 — subpunctata. 
247 — tetraedra 
241 — triplicata 
245 — variabilis . 
939 — Walcotti 
245 Terebratulites rostratus . 
251 — variabilis 


255 
257 
258 
259 
254 
251 
249 


THANNASTREA . : 
= Dumonti . 

Thecophyllia Guettardi 
Trigonotreta W'alcotti. 
TrRiGonIA É 

—  clavellata. 

—  costata. 

—  lineolata . 

—  signata. 
Trocnus. 

—  acuminatus 


Unio concinnus . 
—  crassiusculus . 
— liasinus. 

— Listeri . 


Venus uniordes . 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


269 
270 
264 
256 
169 
172 
170 

tb. 
172 

81 

82 


Trocuus intermedius 

| Turso 

| = atavus . 

| —  Buvignieri. 
callosus 

—  cyclostoma. 

| —  ditior 

—  insculptus . 

—  minax . 

— Nysti 

| -  selectus. 


Unio Nilsoni. 

—  peregrinus. 

—  subporrectus . 
—  trigonus. 


1SS. 


155 
144 
165 
162 


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EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE I. 


Fig. 4. Belemnites clavatus, De Blainv. — Macigno d’Aubange. 
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. 
b. Coupe du même, faite dans la partie renflée. 
c. — faite vers l'extrémité de l’alvéole. 
Fig. 2. Belemnites compressus, Voltz.' — Marne de Grand-Cour. 
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. 
b. Coupe vers le sommet de l'alvéole. 
c. — l'extrémité du rostre. 
d. Variété. 
Fig. 5. Belemnites tripartitus, Schl. — Marne de Grand-Cour. 
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région latérale. 
b. Coupe du rostre vers l'extrémité de l’alvéole. 
ce, d. Deux autres coupes à différentes longueurs. 
e, f. Une variété avec sa coupe (schiste de Grand-Cour). 
g, h. Autre variété avec sa coupe. 


PLANCHE I. 


Fig. 1. Belemnites acuarius, Schl. — Marne de Grand-Cour. 
a. Rostre d'un individu adulte, brisé dans sa partie moyenne et montrant la naissance 
du prolongement. 
b. Extrémité du rostre pour montrer les sillons. 
c. Coupe du rostre vers les sommet de l'alvéole. 
d. Rostre d'un individu jeune, sans prolongement. 


Tous XXV. 59 


506 EXPLICATION DES PLANCHES. 


Fig. 2. Belemniles giganteus, Schl. — Caleaire de Longwy. 
a. Fragment d'un rostre adulte de grandeur naturelle, vu de côté. 
b. __ qu rostre d'un jeune individu mäle, vu de côté. 
e, d. Coupes du rostre précédent, à différentes longueurs. 
e. Rostre d'un jeune individu femelle, vu de côté, de grandeur naturelle. 
g. Fragment d'un rostre pour montrer la naissance du prolongement. 


PLANCHE UN. 


Fig. 4. Belemnites aculus, Miller. — Marne de Strassen. 
a. Rostre de grandeur naturelle, vu par Ja région dorsale. 
b. Coupe à la base de l'alvéole. 
e. — vers l'extrémité de l'alvéole. 
Fig. 2. Belemnites abbreviatus, Miller. — Macigno d’Aubange. 
a. Rostre de grandeur naturelle, vu de côté. 
b. Coupe vers le sommet de l'alvéole. 
Fig. 3. Belemnites irregularis, Schl. — Marne de Grand-Cour. 
a. Bostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. 
b. Sa coupe au sommet de l'alvéole. 
c. Le même, vu de côté. 
d. Son sommet. 
e. Rostre d'une variété. 
Fig. 4. Nautilus affinis, N.— Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 


PLANCHE IV. 


Fig. 4. Ammoniles angulatus, Schl. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille vue de côté, demi-grandeur naturelle. 
b. La même, vue par la bouche. 
e. Cloison double de grandeur naturelle. 
d. Fragment d'un individu plus jeune, de grandeur naturelle. 
e. Le même, vu par le dos. 
f. Individu très-jeune, vu de côté. 
g. Le même, vu par la bouche. 
Fig. 2. Ammonites Condeanus, N. — Grès de Luxembourg. 
a. Echantillon réduit de moitié, vu de côté. 
b. Le même, vu par la partie intérieure du tour de spire. 
Fig. =. Ammonites oblusus, Sow. — Sable d’Aubange. 
b. Coquille très-réduite, vue par la bouche. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 4. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 5. 


Fig. 


Fig. 5. 


Fig. 


PA 


EXPLICATION DES PLANCHES. 5 


PLANCHE V. 


. Ammoniles obtusus, Sow. — Sable d'Aubange. 


a. Coquille vue de côté, très-réduite. 


e. Cloison. 
. Ammonites stellaris, Sow. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille vue de côté, réduite. ’ 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
c. Cloison. . 


5. Ammonites bisulcatus, Brug. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen). 


a. Coquille réduite, vue de côté. 
b. La même, vue par la bouche. 
ce. Cloison. 
Ammonites Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 


PLANCHE VI. 


. Ammoniles Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg. 


b. Coquille de grandeur naturelle, vue par la bouche. 
e. Cloison grossie trois fois. 


. Ammoniles mullicostatus, Sow. — Sable d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
c. Cloison grossie. 
Ammoniles Valdani, d'Oxb. — Sable d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
e. Cloison grossie (d’après MM. d'Orbigny et Quenstedt ). 


. Ammonites spinatus, Brug. — Macigno d’Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté (les côtes ne sont pas bien rendues). 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
e. Cloison grossie (d'après M. d'Orbigny). 
Ammonites mucronatus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
ec. Cloison grossie. 
Ammonites Braunianus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 


308 EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE VII. 


Fig. 1. Ammonites Raquinianus, d'Orb.— Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
ce. Cloison grossie. 

Fig. 2. Ammonites Braunianus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour. 
c. Cloison grossie. 

Fig. 5. Ammonites Holandrei, d'Orb. —Schiste et marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
c. Cloison grossie. 

Fig. 4. Ammonites communis, Sow. — Marne de Grand-Cour. 
c. Cloison grossie. 

Fig. 5. Ammonites heterophyllus, Sow. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille réduite, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
c. Cloison réduite. 


PLANCHE VIN. 


Fig. 4. Ammonites communis, Sow. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. (En général les côtes ne se bifurquent 
pas assez près des tubercules.) 
b. La même, vue par la bouche. 
Fig. 2. Ammonites cornucopiue, Y. et B. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
ce. Cloison grossie. 
Fig. 5. Ammonites concavus. Sow.— Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
ce. Cloison grossie. 
Fig. 4. Ammonites Comensis, De Buch.— Marne de Grand-Cour. 
b. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. 
e. Cloison grossie. 


PLANCHE IX. 


Fig. 4. Ammonites Comensis, De Buch.— Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 4. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 509 


9. Ammonites variabilis, d'Orb. — Marne de Grand-Cour. 


rs 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
c. Cloison grossie. 
Ammonites bifrons, Brug. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté de la bouche. 
ce. Cloison grossie. 
Ammonites serpentinus, Rein. — Schiste de Grand-Cour. 
e. Cloison, d'après M. d'Orbigny. 


PLANCHE X. 


. Ammonites serpentinus, Rein. — Schiste de Grand-Cour. Petit individu de grandeur natu- 


relle. 


2. Ammonites complanatus, Brug. — Schiste et marne de Grand-Cour. 


a. Coquille vue de côté, demi-grandeur naturelle. 
b. La même, vue de côté de la bouche. 
c. Cloison. 


5. Ammonites radians, Rein. — Oolithe ferrugimeux de Mont-S!-Martin et marne de Grand- 


ce 


Cour. 
b. Coquille non adulte, vue du côté de la bouche (de l'oolithe ferrugineux). 
ce. Cloison, de grandeur naturelle, d'un individu adulte (de la marne de Grand-Cour). 


PLANCHE XI. 


. Ammonîtes radians, Rein.—Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin (et marne de Grand- 
Cour). 
Coquille non adulte, vue de côté. 
. Ammonites Levesquei, d'Orb.— Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Marun. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue par la bouche. 
c. Cloison. 
. Chemnitzia turbinata, Terq. — Marne de Jamoigne. 
Coquille de grandeur naturelle. 


. Chemnitzia aliena, N.— Grès de Luxembourg. 


Coquille de grandeur naturelle, vue du côté du dos. 

. Chemnitzia Davidsoni, N. — Grès de Luxembourg. 
Coquille de grandeur naturelle. 

. Chemnitzia? ingrata, N. — Grès de Luxembourg. 
Moule de grandeur naturelle. 

. Natica Koninckana, N. — Grès de Luxembourg. 
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté du dos. 


310 EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE XII. 


Fig. 1. Chemnitzia? nuda, N. — Grès de Luxembourg. 
Moule de grandeur naturelle. 


Fig. 2. Straparolus glabratus, N. — Caleaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet. 
b. La même, vue par la base. 
Fig. 3. Trochus acuminalus , N. — Marne de Jamoïgne. 


Coquille grossie trois fois, vue du côté de la bouche. 
Fig. 4. Trochus intermedius, N. — Marne de Jamoigne. 
Coquille grossie trois fois, vue du côté de la bouche. 
.… Turbo Nysti, N.— Marne de Jamoïgne. 
Coquille grossie quatre fois, vue du coté de la bouche. (Les côtes longitudinales sont 
trop égales.) 
Fig. 6. Turbo alavus, N.— Marne de Jamoigne. 
Coquille grossie trois fois , vue du côté de la bouche. 
Fig. 7. Turbo selectus, N.— Marne de Strassen. 
Coquille grossie de moitié, vue du eÿté de la bouche. (Les côtes de la partie postérieure 
des tours et celles de la base sont trop fortes.) 
Fig. S. Turbo Buvignieri, N.— Marne de Strassen. 
Coquille grossie quatre fois, vue du côté de la bouche. 
Fig. 9. Turbo inseulptus, N. — Marne de Strassen. 
Coquille grossie cinq fois , vue du côté de la bouche. 
Fig. 10. Turbo cyclostoma, Benz. — Macigno d’Aubange. 
Coquille double de grandeur naturelle. 
kiq. A1. Turbo minaæ, N. — Macigno d'Aubange. 
a. Coquille grossie trois fois. 
b. Moule grossi trois fois. (Tubereules trop marqués.) 
Fig. 42. Turbo ditior, N. — Caleaire de Longwy. 
Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. 
Fig. A5. Pleurotomaria heliciformis, E. Desl. — Marne de Jamoïgne. 
a. Coquille de grandeur naturelle. 
b. La même, vue par le sommet. 
c. Sa base et sa bouche. (D'après M. Deslongchamps.) 


Q = 
0 


PLANCHE XIII. 


Fig. A. Pleurotomaria cognata, N. — Marne de Jamoïigne. 
a. Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. 
b. La même, vue du côté de la base. 

Fig. 2. Pleurotomaria basilica, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 51 


b. La même, vue par la base. 
c. Sa bouche. ; 
Fig. 5. Pleurotomaria expansa, Sow. sp. — Marne de Jamoïigne (a-d), et marne de Strassen (e-h) 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté, var. solarioides. 
b. La mème, vue par le sommet. 
ce. Sa base. 
d. Sa bouche. 
e. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté; var. expansa. 
f. La même, vue par le sommet. 
g. Sa base. 
h. Sa bouche. 
Fig. 4. Pleurotomaria Phine, N. — Calcaire de Longwy. 
Coquille grossie quatre fois. 
Fig. 5. Cerithium subturritella, Dank. sp. — Marne de Jamoigne. 
Coquille de grandeur naturelle. 
Fig. 6. Cerithium sub curvicostatum, E. Desl. sp. — Macigno d’Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle. 
b. Le dernier tour grossi. (D'après M. E. Deslongchamps.) 


PLANCHE XIV. 


Fig. 4. Pleurotomaria rustica, E. Desl. — Marne de Strassen. 

a. Coquille double de grandeur naturelle, vue du côté de la bouche. (Le dernier tour 
est trop anguleux vers la base.) 

b. La même, vue du côté de la base. 
c. Sa bouche. 

Fig. 2. Pleurotomaria gyroplata, E. Des. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle. 
b. Sa base. 

Fig. 5. Pleurotomaria mutabilis, E. Desl. — Calcaire de Longww. 
Coquille de grandeur naturelle. 

Fig. 4. Cerithium Dumonti, N. — Grès de Luxembourg. 

Coquille de grandeur naturelle. 
. Cerithium conforme, N. — Grès de Luxembourg. 
Coquille de grandeur naturelle. 

Fig. 6. Helcion discrepans, de Ryckh. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet. (D'après M. de RyckholL.) 
b. La même, vue de côté. 

Fig. 7. Helcion infra-liasina, de Ryckh. — Grès du Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par le sommet. (D'après M. de Ryckholt.) 
b. La même, vue de côté. 


Qt 


Fig. 


512 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE XV. 


= Pholadomya Deshayesi, N. — Sable d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
Ge _— vue par devant. 


__ Pholadomya Davreuxi, N. — Sable d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
— vue par devant. 


c. 
… Pholadomya Nysti, N. — Sable d'Aubange. 


b. Coquille de grandeur naturelle, vue d'en haut. 
e. La même, vue par devant. 


PLANCHE XVI: 


. Pholadomya Nysti, N.— Sable d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 


… Pholadomya glabra, Ag. — Marne de Strassen. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
pb. La même, vue d'en haut. 
ec — vue du côté antérieur. 


… Pholadomya ambiqua; Sow. — Marne de Strassen- 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
bp. La même, vue d'en haut. 
c __ yue du côté antérieur. 


. Pholadomya foliacea, AS: — Macigno d'Aubange. 


a. Goquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c — vue du côté antérieur. 


. Pholadomya decorata, Hartm. — Macigno d'Aubange: 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
pb. La même, vue d'en haut. 
c. __ vue du côté antérieur. 


PLANCHE XVII: 


. Pholadomya fidicula, Sow. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle , vue de côté. 
pb. La même, vue d'en haut. 
ce  — vue du côté antérieur. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


19 


O1 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


. Pholadomya Zieteni, Ziet. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
Ge — vue du côté antérieur. 

. Pholadomya media, Ag. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
€. — vue du côté antérieur. 

. Pholadomya Murchisoni, Sow. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


PLANCHE XVII. 


. Pholadomya bucardium , Ag. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. (Les tubercules sont trop forts.) 
d — vue du côté antérieur. 
. Homomya alsatica, Ag. — Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
€. — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya sinuosa, Roem. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


PLANCHE XIX. 


. Homomya Konincki, N. — Marne de Strassen. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


. Homomya gibbosa, Sow. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
€. — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya elongata, Munst. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c — vue du côté antérieur, 


Toue XXV. 


n 


©Q1 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


19 


rs 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


. 4. Pleuromya Alduini, À. Brong. sp.—(Macigno d’Aubange, marne de Grand-CGour et cal- 


caire de Longwy.) 
Coquille de grandeur naturelle. 


PLANCHE XX. 


. Homomya Terquemi, N. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
(A — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya striatula, Ag. — Marne de Strassen. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
€. — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya unioïdes, Roem. sp. — Macigno d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue de côté. 
€ — vue d'en haut. 


. Pleuromya Alduini, À. Brong. sp. — (Macigno d'Aubange, Marne de Grand-Cour et cal- 


caire de Longwy.) 
Coquille de grandeur naturelle. 


PLANCHE XXI. 


. Pleuromya rostrata. Ag. — Macigno d’Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya Helena. N. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 

c. — vue du côté antérieur. 

d. Fragment de test grossi. 


. Pleuromya tenuistria. Münst. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


. Ceromya conformis, Ag. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
GE — vue du côté antérieur. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 315 


. Ceromya striato-punctata, Münst. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 

€. — vue du côté antérieur. 

d. Fragment de test grossi. 


. Ceromya gregaria, Roem. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


. Ceromya lunulata, Ag. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


. Pleuromya decurtata, Goldf. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
@ _ vue du côté antérieur. 


PLANCHE XXII. 


. Ceromya truncata, Phill. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 

b. La même, vue d'en haut. 

c. _ vue du côté antérieur. 

d. Moule de grandeur naturelle, avec les impressions musculaires et palléale, vue de côté. 
e. Le même, vue d'en haut. 

f. — vue du côté antérieur. 


. Ceromya latior, Ag. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
5 — vue du côté supérieur. 


. Astarte consobrina, N. — Marne de Jamoigne. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut, 
€. — vue du côté antérieur. 


. Astarte subtetragona, Goldf. sp. — Marne de Grand-Cour. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
ce. — vue du côté antérieur. 


. Cardinia subæquilateralis, N. — Marne de Jamoigne. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 


516 EXPLICATION DES PLANCHES. 


Fig. 6. Cardinia Nilsoni, K. et D. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
€. — vue du côté antérieur. 

Fig. 7. Cardinia gibbosa, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 

Fig. 8. Cardinia lamellosa, Goldf. sp. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. _ vue du côté antérieur. 


PLANCHE XXII. 


Fig. 1. Cardinia angustiplexa, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue du côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 
Fig. 2. Cardinia Dunleri, K. et D. sp. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. — vue du côté antérieur. 
Fig. 5. Cardinia porrecta, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
GE — vue du côté antérieur. 
Fig. 4. Cardinia unioïdes, Ag. — Marne de Jamoïigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. —  vueen avant. 
Fig. 5. Cardinia hybrida, Sow. sp. — Marne de Strassen (et marne de Jamoigne). 
a. Goquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut, 
c. — vue en ayant. 
Fig. 6. Cardinia Listeri, Sow. sp. — Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
©. — vue en avant. 
g. 7. Lithodomus Waterkeyni, N. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. Autre individu, vu du côté. 


Fi 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Fig. 8. Cardinia crassiuscula, Sow. sp. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
e. — vue en avant. 


PLANCHE XXIV. 


Fig. 4. Cardinia copides, de Ryckh. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut, 
c. Fragment antérieur d'un autre individu, vu de côté. 
Fig. 2. Arca elegans, Roem. sp. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. Charnière. 
Fig. 3. Arca oblonga, Sow. sp. — Calcaire de Longwy. 
a. Valve droite, de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
Fig. 4. Nucula subglobosa, Roem. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
€. —  vyueen avant. 
Fig. 5. Nucula amoena, N. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue en avant. 
c. — vue d'en haut. 
Fig. 6. Cardinia similis, Ag. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. Moule. 
Æig. 7. Cardinia concinna, Sow. sp. — Grès de Luxembourg. 
Moule de grandeur naturelle, vu de côté. 


PLANCHE XXV. 


Fig. 1. Cardinia Konincki, N. — Sable d'Aubange. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
ig. 2. Heltangia ovata, Terq. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
Fig. 3. Mytilus hillanoïdes, Goldf. sp. — Marne de Jamoïgne (et marne de Strassen?) 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 


À 
= 


Qi 


Sn | 


518 EXPLICATION DES PLANCHES. 


Fig. 4. Mytilus Terquemianus , de Ryckh.— Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même. 
Fig. 3. Mytilus psilinotus, de Ryckh. — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même. 
Fig. 6. Mytilus subparallelus, N. — Macigno (et sables) d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
Fig. 7. Mytilus gibbosus, Sow. sp. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d’en haut. 
& — vueenavant. 
. Trigonia costata, Park. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue en arrière. 
c. — vue en avant. 


ee] 


Fig. 


PLANCHE XXVI. 


Fig. 1. Trigonia signata, Ag. — Calcaire de Longwy. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
Fig. 2. Nucula Omaliusi, N. — Marne de Grand-Cour. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue d'en haut. 
c. —  vueen avant. 
Fig. 5. Avicula echinata, Sow. — Calcaire de Longwy. 
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Valve droite, grandeur naturelle, vue de profil. 
e. Fragment grossi. 
Fig. 4. Avicula sinemuriensis, d'Orb. — Macigno d'Aubange (et sable d'Aubange, marne de Stras- 
sen et grès de Luxembourg). 
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Valve droite de grandeur naturelle, vue de côté. 
c. Fragment grossi. 
Fig. 5. Avicula substriata, Benz. — Schiste et marne de Grand-Cour. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
. Pinna fissa, Gold. — Marne de Jamoiïigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Coupe transversale. 
Fig. 7. Pinna Hartmanni, Ziet. — Marne de Jamoiïgne. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
Fig. 8. Pinma similis, N.— Marne de Jamoïgne. 


Fig. 


(=7] 


EXPLICATION DES PLANCHES. 319 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b, ce. Coupes transversales. 
Fig. 9. Limea Koninckana , N.— Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue en avant. 
c. Fragment grossi. 
d. Charnière. 


PLANCHE XXVIT. 


Fig. 1. Lima Hermanni, Noltz. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue en avant. 
Fig. 2. Lima Omaliusi, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b, La même, vue en avant. 
c. Fragment grossi. 
. Lima Hausmanni, Dunk. — Marne de Jamoigne. 
* a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, grossie. 
Fig. 4. Lima fallax, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Fragment grossi. 


Fig. 


ot 


PLANCHE XXVHI. 


Fig. 4. Lima plebeïia, N. — Marne de Jamoigne. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté antérieur. 
2. Lima gigantea, Sow. sp. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen). 
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté antérieur. 
5. Lima allicosta, N. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté antérieur. 
c. Coupe d'un fragment de test, pour montrer la disposition des côtes. 
Fig. 4. Pecten personatus, Goldf. — Calcaire de Longwy. 
a. Valve gauche de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Fragment grossi. 
c. Valve droite de grandeur naturelle, vue de côté. 
d. Fragment grossi. 


2 
x 
© 


2 
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© 


320 EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE XXIX. 


Fig. 1. Lima gigantea, Sow. sp. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen). 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
Fig. 2. Pecten Germaniæ, Goldf. sp. — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
Fig. 5. Pecten articulalus, Sch]l. — Caleaire de Longwy. 
Fragment de grandeur naturelle. 
. Pecten Saturnus, d'Orb. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle. 
b. Fragment grossi. 
Fig. 3. Lima aciculata, Münster, — Grès de Luxembourg. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. Fragment grossi. 


Es 


Fig. 


PLANCHE XXX. 


Fig. 4. Pinna inflata, N. — Sable d’Aubange. 
a. Moule demi-grandeur naturelle, vu de côté. 
b, e. Coupes transversales. 
. Pinna diluviana, Schl. — Grès de Luxembourg. 
Coquille demi-grandeur naturelle, vue de côté. 
Big. 3. Lima duplicata, Sow. sp. — Marne de Strassen (et marne de Jamoigne, grès de Luxem- 
bourg, sable d'Aubange et calcaire de Longwy). 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. 
b. La même, vue du côté antérieur. 
e. Fragment grossi. 
Fig. 4. Lima punctata, Sw. sp. — Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté (d'après Goldfuss). 
b. Fragment grossi. 
. Lima semicireularis, Goldf. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté antérieur. 
ce. Fragment grossi. 
Fig. 6. Posidonomya Bronni, Voltz. — Marne de Grand-Cour. 
Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
Fig. 7. Ostrea sandalina, Goldf. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle. 
b. La même, vue de côté. 
c. Intérieur d’une autre. 


Fig. 


19 


Fig. 


(4 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fiq. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 5 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 321 


PLANCHE XXXI. 


4. Lima proboscidea, Sow. — Calcaire de Longwy. 
Coquille de grandeur naturelle. 
9. Pecten disciformis, Schübl. — Grès de Luxemhourg (et marne de Strassen, sable d'Au- 
bange et calcaire de Longwy?) 
Coquille de grandeur naturelle. 
. Pecten acuticosta, Lam. — Sable d’Aubange. 
a. Valve gauche de grandeur naturelle (les stries sont trop peu serrées). 
b. Coupe d'un fragment. 
e. Valve droite de grandeur naturelle (les stries sont égalemeut trop peu nombreuses). 
d. Coupe d’un fragment. 
4. Plicatula spinosa, Park. — Macigno d'Aubange. 
a. Valve inférieure, grandeur naturelle. 
b. — supérieure, — = 
c. Coupe de la coquille. 


ot 


PLANCHE XXXIIL. 


4. Pecten æquivalvis, Sow. — Macigno d’Aubange. 
Coquille de grandeur naturelle. 
2, Pecten textorius, Schl. — Calcaire de Longwy (marne de Gand-Cour, marne de Strassen 
et grès de Luxembourg). 
Coquille de grandeur naturelle. 
3. Ostrea irregularis, Münster. — Marne de Jamoigne (et grès de Luxembourg). 
a. Valve inférieure, grandeur naturelle. 
b. Autre valve inférieure, grandeur naturelle. 
c. Valve supérieure. 
d, Coupe de la coquille. 
4. Ostrea arcuata, Lam. sp. — Marne de Strassen (grès de Luxembourg et marne de Ja- 
moigne). 
Coquille de grandeur naturelle, vue du côté antérieur. 
5. Ostrea arcuala, var. suilla. — Marne de Strassen. 
a. Valve inférieure, de grandeur naturelle, vue à l'intérieur. 
b. La même, vue à l'extérieur. 
c. Sa coupe. 
6. Ostreu acuminata, Sow. — Calcaire de Longwy. 
a. Valve supérieure, grandeur naturelle, vue à l'extérieur. 
b. La même, vue à l'intérieur. 
c. Valve inférieure, vue à l'extérieur. 
d. La même, vue à l'intérieur, 
c. Autre valve inférieure. 


Tome XXV. 


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A 
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19 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE XXXHI. 


Fig. 1. Ostrea cymbium , Lam. sp. — Macigno d'Aubange. 
a. Valve inférieure, vue à l'intérieur. 
b. La même, vue à l'extérieur. 
c. — vue de profil. 
d. Valve supérieure, vue de profil. 

Fig. 2. Ostrea cymbium, var. depressa. — Sable d'Aubange. 
Coquille , vue de profil. 


PLANCHE XXXIV. 


Fig. 4. Ostrea cymbium, var. depressa. — Sable d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue par la valve inférieure. 
b. La même, vue par valve supérieure. 
Fig. 2. Ostrea polymorpha, Münster, — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin. 
a. Valve inférieure , vue à l'extérieur. 
b. La coupe. 
e. Valve supérieure, vue à l'intérieur. 
Fig. 5. Ostrea Marshii, SOW. — Caleaire de Longwy. 
Coquille de grandeur naturelle. 


PLANCHE XXXV. 


Fig. 1. Ostrea Phœædra. D'Orb. — Oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin. 
a. Valve inférieure, de grandeur naturelle, vue à l'intérieur. 
b. La même vue à l'extérieur. 
c. Valve supérieure, vue à l'extérieur. 
Fig. 2. Anomia pellucida, Terq. — Grès de Luxembourg. 
Coquille de grandeur naturelle. 
Fig. 3. Lingula sacculus. N. — Macigno d’Aubange. 
Coquille de grandeur naturelle. 
Fig. 4. Lingula longo-viciensis. Terq. — Schiste (et marne) de Grand-Cour. 
Coquille un peu grossie. 
Fig 5. Spirifer rostratus. Schl. sp. — Macigno d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté du front. 
C> — par la petite valve. 
Fig. 6. Spirifer Walcotli. Sow. — Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même vue du côté du front. 
c. — par la valve ventrale. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


pre 


Lig. 


Fig. 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE XXXVI. 


Terebratula sub-punctata. Davy. — Sable d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté du front. 
c. — vue par la petite valve. 


. Terebratula Causoniana. d'Orb. — Marne de Strassen. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté du front. 
€. — vue par la petite valve. 


. Terebratulu perovalis. Sow. — Calcaire de Longwy. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 

b. La même, vue du côté du front. 

c. — vue par la petite valve. 
Terebratula sub-bucculenta. N. Calcaire de Longwy. 

a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 

b. La même, vue du côté du front. 

c. — vue par la petite valve. 

d, e, f. Variété plus épaisse. 


Rhynchonella variabilis. Sch]. sp. — (Sable et) macigno d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté du front. 

c. — vue par la petite valve. 

d. Variété, vue du côté du front. 

e. La même, vue de profil. 

f, g- Autre variété, vue de même. 

Ter: — — 

k. Variété, vue du côté de la petite valve. 
L. Petite variété, vue de profil. 

im. La même, vue du côté du front. 

nn. — vue par la petite valve. 


PLANCHE XXXVII. 


Rhynchonella tetracdra, Sow. sp. — Macigno d'Aubange. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue du côté du front. 
( — vue par la petite valve. 


2. Rhynchonella acuta, Sow. sp. — Macigno d'Aubange. 


a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
c. — vue la petite valve. 


325 


524 EXPLICATION DES PLANCHES. 


Fig. 5. Rhynchonella anceps.N.—Marne de Jamoïgne (et de Strassen). 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
c. — vue par la petit valve. 
Rhynchonella Buchii, Roem. sp. — Marne de Strassen. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
c. — vue par la petite valve. 
d. Variété arrondie, vue par le front. 
e. La même, vue par la petit valve. 
fg. Variété allongée transversalement. 
. Rhynchonella Niobe, N. — Calcaire de Longwy. 
a. Coquille double de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
c. — vue par la petite valve. 
Fig. 6. Rhynchonella Davidsoni, N.— Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
c. — vue par la petite valve. 
d. Variété, vue par la petite valve. 
e. La même, vue par le front. 
f. Autre variété. 


& 


Fig. 


Fig. 


[4 


Fig. 7. Rhynchonella Pallas, N.— Calcaire de Longwy. 
a. Coquille de grandeur naturelle, vue de profil. 
b. La même, vue par le front. 
€. — vue par la petite valve. 

Fig. 8. Rhynchonella Langleti, N. — Caleaire de Longwy. 


a, b, e. Coquille de grandeur naturelle. 
d. Variété. 

Fig. 9. Rhynchonella Edwardsi , N. — Calcaire de Longwy. 
a,b,c. Coquille de grandeur naturelle. 

Fig. 10. Rhynchonella obsoleta, Sow. sp. — Calcaire de Longwy. 
a, b, c. Coquille de grandeur naturelle. 


PLANCHE XXXVINI. 


Fig. 1. Serpula socialis, Goldf.— Calcaire de Longwy (grès de Luxembourg, marne de Jamoigne). 
Agrégat de tubes de grandeur naturelle. 
Fig. 2. Serpula filaria, Goldf. — Calcaire de Longwy. 
Individu de grandeur naturelle. 
. Serpula tricarinata, Goldf. — Calcaire de Longwy. 
a. Individu de grandeur naturelle. 
b. Sa coupe. 


Fig. 


Qt 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


Fig. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


4. Serpula limax, Goldf. — Calcaire de Longwy. 


Individu de grandeur naturelle. 


d. Montlivaltia Haimei, N. — Marne de Jamoigne. 


a. Polypier de grandeur naturelle, vu par le haut. 
b. Le même, vu par le bas. 

c. Son profil. 

d. Fragment grossi. 


6. Monitivaltia Guettardi, De BI. — Marne de Jamoigne. 


a. Polypier de grandeur naturelle, vu par le haut. 
b. Le même, vu par le bas. 

Gé — vu de profil. 

d. Fragment grossi. 


7. Isatrea Orbignyi, N. — Marne de Jamoigne. 


a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle. 
b. Une partie grossie. 


8. Isastrea Condeanu, N. — Grès de Luxembourg. 


a. Polypier de grandeur naturelle. 
b. Fragment grossi. 


9. Isastrea limitata, Lmx. sp. — Calcaire de Longwy. 


a. Polypier de grandeur naturelle. 
b. Fragment grossi. 


Fig. 10. Isastrea Bernardana, d'Orb. sp. — Calcaire de Longwy. 


Fig 


a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle, 
b. Une partie grossie. 


. 41. Thamnastrea Dumonti, N. — Calcaire de Longwy. 


a. Fragment d'un polypier de grandeur naturelle. 
b. Quelques calices grossis. 


FIN DE L'EXPLICATION DES PLANCHES. 


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Mem .de MS Chapuis el Dewalque, PI.XII . 


Mem .cour. el Mem .des sav.et rang Tom XXV . 


Mém cour. et Mém.des say. étrané Tom XX. Mém.de MS Chapuis et Dewalque, PI. XII. 


PA os d 
2, 


Mém.cour.et Mem.des sav.étrang, Tom.XXV. Men. de M'° Chapuis et Dewalque, PI. XIV. 


Mem -cour. et Mém .des SAV. etrang. Tom. XX Mer . de MES Cha puis et I Jewalque = PI. XV. 


Mem.cour.et Mem .des 


av. étrang 'om.XXV. 


Mém .de M! Chapuis el 


Dewalque, PI_XVI: 


Mem.cour.et Mem.des sav 


°$ 


. 


etrané. Tom. XXV. 


Mém de À 


Fe Chapuis el Dewalque. PLXVID, 


Mem .cour.et Mém.des sav. étrané. Tom. XXV. Mém.de M Chapuis et Dewalque, PL XVI 


Mém ..cour.et Mém.des 


sav.étrané .Tom.XXV. 
5 


Mém.de M'S Chapuis et Dewalque ,PIXIX. 


Meém .cour.et Mem.des sav.ctrané, Tom. XXV. Mém.de M Chapuis et Dewalque, PI. XX . 


Mém.cour.et Mém.des sav.étrané .Tom.XAV. Mém.de M Chapuis et Dewalque, PLANE 


Mem .cour.el \lem des SA cl rano Tom : \ \ \E 
© 


Mem.de M Chapuis et Dewalque, PI XXIT, 


\ 
À 
"A 
S 


Mém.cour. et Mem.des sav.étrang. Tom.N\V. Mém .de M Chapuis et Dewalque, PLXXTT, 


Mém .cour.et Mém des sax-étrané. Tom. XV. 


Mém.de MT Chapuis et Dewalque PI.XXN. 


Mém.cour.et Mém.des say.étrané. Tom. XXV. 
S 


© Mém.de M'S Chapuis et Dewalque, PI, XXI. 


ilque, PL XXY. 


J Ten de M E Chapuis el Dew 


l rang. Tom. XXV. 


$S SAV. €! 


Mem .cour.el Mem.de 


Mém.cou r.el Mem.des Say elrang, Tom. AV : 


Mem .de M FSChapuis et Dewalque, PI XXVI 5 


| 


— 
>| 


DE 


Mém.de MS Chapuis et Dewalque, PI. XXMIT: 


6. Tom.XXV. 


=] 


S sav.eltran 


Mém .cour. et Mem.de 


Mém.cour.et Mém.des sav.étrang Tom. XV . Mém .de MS Chapuis et Dewalque, PI XXVIIT: 


de MS C hapuis et Dewalque, PLXX Dee 


em.c 


M 


6. Tom.XXV. 


, 


sav.etran 


Mém .cour. et Mém.des 


2 on 


*stssts 


< Frtsssetsss 
| 


..* 


et Dewalque, PI. XXX. 


Chapuis 


'S 


Mém.de M' 


6.Tom.XXV. 


s sav.etran 


Mém.cour. et Mem.de 


RIAMAFERENEE LEE 


HITIILE 


Fe 


DETENTE 


LL 


Mém.cour.et Mém.des sav. étranê Tom. XXW. Mém.de M Chapuis et Dewalque, PI ONE 


Lu 


PTE 
= 


à 


5 


Mém.de MS Chapuis et Dewalque,PLAXXIT. 


Mém.cour.et Mém.des sav.étrang .Tom.XXV. 


Mém.cour.et Mém.des sav.étrané Tom.XV Mém.de MF Chapuis et Dewalque ,PLAXXITE, 


Mém.cour. et Mem.des sav.étrané Tom. XXV. Mém.de M Chapuis el Dewalque AOUUINE 


27 2e 


® 


Mem..cour.. et Mem.des sav.ét rang Tom. XXV. Mém.de M'° Chapuis et Dewalque , PI-XXXYV. 


Mém.cour. et Mém..des sav.étrané .Tom.XXV. 
re] 


Mém.de MF Chapuis et Dewalque,PLXXXVE. 


4 


Mem.cour. et Mém.des sav.étrang. Tom.X\V. Mém.de MS Chapuis et Dewalque, PIEXXXVIL. 


Mem..cour. et Mem.des sav.et rang. Tom. XXYV. Mém.de M Chapuis et Dewalque, PI XXX VIT: 


AUD 


S a 
PARLE 
ES 
> ANNE 
2 >} 


1 ne 
VÉRNE 
Le 


NOTE 


SUR 


LA THÉORIE DES RÉSIDUS QUADRATIQUES, 


M. Ancezo GENOCCHI. 


Tous XXVY. Î 


NOTE 


Dans deux mémoires sur la théorie des résidus quadratiques (Mém. de 
l’Acad. royale de Belgique, tom. XXIV et XXV), M. Schaar a donné des for- 
mules remarquables, qui conduisent à la loi de réciprocité de Legendre, 
et à la détermination des célèbres intégrales finies ou sommes alternées de 
M. Gauss, et de plusieurs autres intégrales analytiques. Je montrerai 
bientôt dans les Annali delle science Matematiche e fisiche de M. Tortolini, 
qu’on peut établir les mêmes formules et aussi une formule plus générale 
à l’aide d’une expression de ZF(x), que M. Plana a donnée en 1820, 
dans le tom. XXV de l’Académie de Turin, et que M. Schaar a démontrée 
de nouveau en 1848 (Mém. couronnés, etc., par l’Acad. royale de Belgique, 
tom. XXII, p. 19); mais ayant trouvé une autre démonstration qui m'a 
successivement conduit à tirer ces formules de celles de M. Gauss par des 
transformations assez simples et sans le secours du calcul intégral, j'ai 
pensé qu’il ne serait peut-être pas sans intérêt de faire connaître aussi 
mes nouvelles réflexions à ce sujet. 

Je ferai d’abord usage de la formule sommatoire de Poisson, à peu 
près comme l’a fait M. Schaar dans son mémoire du à août 1848 (Mém. 
couronnés, etc., tom. XXIIT), et je commencerai par montrer qu'on peut 


SUR LA THÉORIE 


ES 


arvenir à cette formule d’une manière plus courte que celle dont Poisson 
P P 1 
s'est servi. 
Dans la formule connue 
a) + f(—a 1 a 1 _i=® C ir(a—x) 
eee fi LE VAE rer os 
2 x RL 4 


24 


—à — 4 


faisons 2a— h, a—x—:—c, f(x) = p(2) : il vient 


© h Î c+-h D _i=o c+-h Dir(z—0c 
era) 2 ES pla) dz + 2 fs pla) papas ES 


2 h kh 5=1 
(À 


Remplaçons ici successivement € par €,, C,, C;, … €,_;, posant en gé- 


néral c;, = €, + ih, et ajoutons les équations résultantes : en remarquant 
Dir(z—c, Dir(z—c 


L o 
qu on à cos. RETT RENE — COS. ee Qi et que 
ci Ce C3 Cn Cr 
CNE a udz + à udz udz + … a udz — udz , 
4 Fe re Cn—1 rs 


u étant une fonction quelconque de z, nous trouvons 


EU ls CEE D Pm  .  dise fn | r(ac.) 
CR EE = [| ads + 3 fl LU 


t 


qui est la formule de Poisson. 
Si l’on prend c,—0, h — 1, elle devient 


r=n en 1—= © ñn 
DAAOUES pt = RERO f #@é+25, fra cos. Dirz. 


LV BV 
9 (x) = pe? e ? 


, 


m désignant un nombre entier quelconque, positif ou négatif, mais 
pair ou impair comme n : on aura 9(n)—=9 (0) = 1, et remplaçant 2 cos. 2irz 
par eV LL Vi ji] viendra 


z=n n 1=% n ë — 1=® LB CRÉES Lex 
2, _,?(x) = f e(2)d +X, 7 es e(e)dz + E_, y ol ‘e(z)dz. 
F4 L F1 2 FF Le 
o o 


o 


Éd Re 0 de 


ve 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 5 


Posons pour abréger m + 2in—a,, 2: + a; =t : nous aurons 


Au = y 
Ie ? (2) = armé et V— 


G à Tai Gi TR — 
1e eTEV—i o(z)dz = 7e 0 TE dl; 
Da F 


ï 


dz "TZ dt, 


mais 
Ta Tm° — Tm° 

nn == is — Ti(m4in) Vi = — 

e "m — tpm e — £ e 


car i(m + in) sera toujours un nombre pair : donc 


n : — zm? ai+ ia 7 
JA TV 9 (e) dz = En —V— UE 1, 


d’où, en vertu de la formule (2), on déduit 
i—= © n : TM y, — ZE, — 
ss f TV (2) d2 = 3 6 on El 


1—1 
De même, en posant m— 2in—b,, 2:+ b;, =t, on trouvera 


% ae rt bi TE, — 
A À arizV = o(c)ds= 3e af eanlmlll, 
à 2 

É 


ù 


bi 
TL, — TM 7 — — TM y, — 
en AE = T° Fi ce in) Vs re ee V 1: 
et de là 
1= © ñn bo ZE 
> 7 ei (z) az 5 He En 
“ 


Enfin, si l’on fait 2: + m—1t, on obtient 


AMEN N TE, — 
on = 
sl e) “Dee 
et par suite 
in TM? mAH TE 
14 p(2)dz=T%te an A an Vi 4 


(2 UD 


Substituant ces valeurs, il résulte 


t=n Le = Lo TÈ = Mm+H-n Et 1 Et 
2, z (x) re ein dt el Pr qi + f ev ‘al 


% 
a] 


6 SUR LA THÉORIE 


en remettant la valeur de + (x), et observant que b, = m, a, —m + 2n 
on aura 


=n ZT, ,— TT __Tmè = Eg,— 
: SE En Ver 7 nn pit m2 æ 7 V 
(>) . . . . Cd” | ñ en et = 3 € ein 


On peut déterminer par cette équation la valeur de l'intégrale définie 
que renferme le second membre, car en y faisant m—n—1, on trouve 
Re = rVe Ve AL 
JE pa di op .€ ei —= 92% : 


_— 


d'où , remplaçant t{ par j=, on tire 


œæ zi LE — 
sf en ab == 7 s Vn. 


Cette valeur étant substituée dans la formule (5), donne 
AUS EMTMERE AT LAmN ar D. 4 Va, 


équation qui subsistera pour deux nombres entiers m et n quelconques, 
pourvu que x soit positif et que m +- x soit un nombre pair. 


IL. 


La formule (6) suffit pour établir les relations dont j'ai parlé ci-dessus. 
Posons en effet n — pq, m — 2qi +-r, et soient p, q deux nombres entiers 
positifs quelconques, r un nombre entier, positif ou négatif, mais pair 
ou impair comme le produit pq, à un terme de la suite 1, 2, 5 … p: 
on aura »%+-n pair, et la formule (6) deviendra 


= TL — A, , r\l/= r((eqi+re Pa 
ele, Cri Re ET 
pm RE == Ty ,— Ærigy— 
= € (= er CE Vv— L Re 


Sommons les deux membres par rapport à à, de i— 1 à i—p: pour le 


“1 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 


premier membre, on aura 


= 270 _ TUE — — 
= P Ve Me A eV 1er 
Se 1 1e = CARRE EI 
Le 
ep | 


expression, qui se réduit à p, si x est divisible par p, et à zéro dans le 
cas contraire, x étant entier : il suffit donc de considérer les valeurs de 
æ, qui seront multiples de p, en faisant 4 = kp, k= 1, 2,5, q, et de 
multiplier le résultat par p. De cette manière, et en indiquant la somme 
du dernier membre prise par rapport à à, on obtient, après avoir divisé 
par p, 

EN VA or 


k=1 € e1 = € NC LE e 


relation générale entre trois nombres entiers p, q, r, qui exige seulement 
que ces nombres soient tous impairs, ou que r soit pair si l’un des nom- 
bres p, q est tel : d’ailleurs » peut être positif ou négatif. 

En supposant p et r pairs, on aura la même équation, que M. Schaar 
désigne par (5) dans son Mémoire du 5 avril 1850, p. 11, et qui est la 
formule fondamentale de ce mémoire. En supposant p pair, et r multi- 
ple de 2pq ou nul, on aura la relation qu'il avait trouvée dans son autre 
Mémoire du 6 octobre 1849, p. 7. Ainsi ces formules rentrent comme 
des cas particuliers dans la précédente équation (7), qui comprend en 
outre le cas de p, q, r impairs tous les trois (°). 


IE. 


Maintenant voyons comment des seules formules de M. Gauss on peut 
déduire l'équation (6). 


(‘) On pourrait croire que l'équation (5) du dernier mémoire de M. Schaar eût une généralité 
plus grande à cause des quantités e,, et p, qu'il désigne comme des constantes réelles (p. 9 et 10); 
sans les assujettir à aucune restriction; mais en examinant ses calculs, on verra qu'ils supposent 
que 2pe, et P soient des nombres entiers. 


8 SUR LA THÉORIE 


Les formules de M. Gauss se résument dans celle-ci , 


EME ER 


T=N Try, — T V/_x Ty y— 
: V= TV 
z=1 € 


— 4 4 == —4 n 
= € 1eme lue 


d'où, si x est multiple de 4, on tire 


Te FE Ve LAS V2 
ou, écrivant 2x au lieu de n, 
Sans ce EM 47 
z—1 
pour toutes les valeurs paires de x. Mais on a 
= = 1 eV 1 er 1 = Ve 


n étant pair, et par suite 


T—2M Tx- V=i T=N Tx- nr 
LR Ve 5 = 
Dre en =2 2. jen 
donc 
cn = LA rt = 
(O)PAEUENENCES ANNE — €4 Va. 


Cela posé, soit m un autre entier : en donnant successivement à x les 
valeurs 1, 2, 5, … n, il est clair que la somme m + x deviendra con- 
grue, suivant le module » et dans un ordre quelconque, aux mêmes 
nombres 1, 2, 5, … n, et qu'ainsi 


z=Nn Aron TNT — 
J "Vs —V 


= ñn 
Sr LN EM? z=1 € 


car, en désignant par k un entier quelconque, à étant pair, on à 


T\kn+x) V= Tr? 
e n —= (un 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 9 


Développant le carré (m + x}, il vient 


AN ay— TN Tin ,— MT l/ =: T=N TX, — 
Vs LE Ve ZEUS DEV 
(NT 2 en en Re = en , 


et substituant dans l'équation (10), on en conclut 


= | > ee T 2 
s ñn Ta° = TIME = (Z— 2 Le D. 


ñ n “ 
= e € 


qui se réduit à la formule (6), lorsqu'on remplace 2m par m. La formule 
(6) est donc démontrée dans le cas où m et n sont deux nombres pairs. 
Il: s'ensuit que la formule (7) est aussi démontrée, dans tous les cas où 
les nombres pq et r seront pairs, et auxquels se rapportent toutes les 
formules de M. Schaar. 

En écrivant 4p et 4r à la place de p et r, la formule (7) devient 


ui). un EU AV Esir Cr V{ Se TV, ri — | 


k=1 0 À e Ta EE “ 

Cette formule est susceptible d’une transformation remarquable, lors- 
que p et q sont des nombres impairs. Alors, dans la somme que renferme 
le second membre, les termes correspondants à des valeurs paires de à se 
détruisent entre eux, car une moitié de ces valeurs sera de la forme 4x, 
et l’autre moitié pourra être représentée par l'expression 4x + 2p, et l'on 
aura 


__ æÆq(az sp} Ve ær(ax Æ 2p) Ve — (pH ar +an = Tqlax)? V= Ær (4x) = 
[A ip (a P = - € 2p e p - 


— (pq + age + er) Vs — LA 


Quant aux valeurs impaires de à, on pourra les représenter par 2p+ 2x, 
en supposant æ— 1, 2, 3, … p, et À— + 1 ou À— +5, de manière 
que x prenne deux fois les valeurs 1, 2, … p. On aura 


Tq CAP Tr(Ap+ 2x) V= ! Tqp = mV= DS - 
e ‘p € p ni ; e e Pq 


2T (gx +7) V1 era Vs 
pq , 


Tome XXV. 2 


10 SUR LA THÉORIE 


puisque 2 et 2? sont des formes 2h + 1, 8h + 1 : par suite 


—4n FM y y — AN — _(» rè = = ; .® ee: 
< LE Ver  oe Le =. p = 2 eV à qe Vi 


Distinguons ici les valeurs paires des valeurs pt ie x, et dési- 
gnons les premières par 2h, en pl ù de A=1àh—"——, les secon- 
des par 2h —p, en prenant h de h — PT LE 4 à h=p: comme on aura 


La(2h—p) + rP = (2qh +7) + p°q? — 2pq(2qh + r), 


= — T NUE 15 
; th p}+rP Vi 4 æq(2h—p) V—1 ge pa EVE ee sgh Vs 


on en déduira 


=) LA Peer ET h=p Æ (eqh = =] 
Blu Ent V1 eTEV res > Em (egh +r) Vs 5 eTqh V1 
Tr LV =p a7qlè = atrh V= 
OC PART UT e p 
Donc 
i=4p Tqg y — Tri _—7(%+r)V=: h=?p at ,— Trh 
= CE 
(12). 2_,e 4 est y — 2) (ê+r) ER P AS L 


Substituant cette expression dans la formule (11), on obtiendra 


. 
k— TPhE  — TABLES ta és ; arf. = 
ce g #7pk = atrk Vu AV __æ(pqæ+er) V= q 
ax € 4 eq CE e 4pq + 
2 KE p 
(15) 


Si » est nul ou multiple de pq, celle-ci se réduit à 


k=q api — PI—4 — fa 
CR RARE e 1 Eye n ri QTRSS 
k=1 p h=1 


h=?p aTqhè V= 
CR ; 


et sous cette forme, il est très-facile d’en déduire la loi de réciprocité. 
Car si l’on fait tour à tour p—1 et g — 1, elle donne 


k=gq ax = qg—1 h=?p ay = 


(CIE HORS Æ Eacl Re Var à Tr 1 — rV 77 


R—4 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. Ai 


d’ailleurs supposant que p et q sont deux nombres impairs, premiers entre 
eux, on a, suivant la notation de Jacobi, 


D Ve) APR 

(16); 2, _,e À =() > =1t 1 ; 2, =; ë P à 2,_, F B 

à l’aide des formules (15) et (16), et en faisant m—pq—p—q + 1, 

l'équation (14) devient 

\ MT à y— \ 

Pere Ut) 
D 


(2 2e sa 


puisque m = (p— 1) (g—1), e-" V1 =(—1Ÿ. Ainsi la loi de réci- 


ou 


procité de Legendre, étendue à deux nombres impairs quelconques, 
pourvu qu'ils soient premiers entre eux, découlent très-simplement de l’équa- 
tion (14). 


IV. 


Pour démontrer la formule (6), dans le cas où m et n sont deux nom- 
bres impairs, on remarquera que 


zx He, = TmÈ2 
TT: V r CELA Ve n 7m 


— en — 
Vi Z=(m+e) = 
ñn nu ñn er , 


e e = € 


et que m + 2x sera congru , suivant le module 2», à l’un quelconque des 
nombres 1, 2, 5, 2n. Posons m + 2x — 2hin + i : à sera impair comme 
m, et on pourra faire à + n—2h, n étant aussi impair; on fera en même 
temps 2k + 1 —2, prenant les signes supérieurs lorsque à ne surpassera 
pas , et les inférieurs dans le cas contraire, et l’on aura m+2x—n+2h. 
Il en résulte 


2n h? 
= — + Àh + —, 
An 4 n 


(m + 2x)? 


Fm D JEVS, WMV a er 
£ = eù " 


e * 


puisque À est impair, et 2? de la forme 8i + 1; il est, de plus, visible, 


12 SUR LA THÉORIE 


qu'en donnant à x les valeurs 1, 2, n, on obtiendra pour k les mêmes 
valeurs, quoique dans un ordre différent : donc 


Zn A UOTMT),, — ANS ey— TEEN T y— TNË y /— 

: _ sc} —1 RS 
> en 4 e à = = n # ES San NW: n LA . 
œT—4 Lol % 

nT h=n rh, ,— = 

= —V— RkT V—1 

ei ‘3, e n v u e V . 


Maintenant nous pouvons distinguer les valeurs paires des valeurs 1m- 
paires de k, et représenter les unes par 2# et les autres par 2k—n, de 
telle sorte que k prendra les valeurs 1, 2, … n; et comme on a 


A Ve @k—n)r V—1 ta V1 71 skr V1 
e e e = 


e n = à 1e 


» 


nous en conclurons, d’après les formules (15), 


Anh, — — k=n 47k? n—1 E 
S FEU rV = dt 5e a EME FE zV 1Vn, 


h—=1 mn 


et, en substituant, nous obtiendrons la formule (6). 

On voit donc que les formules (6) et (7) ne sont que des conséquences 
de l'équation (8). ou même de l'équation (9), qui se rapporte au cas par- 
ticulier d’un nombre x doublement pair. Quelques autres formules, que 
j'avais trouvées par d’autres méthodes, se ramènent également aux pré- 
cédentes : j'indiquerai la suivante, où q est supposé impair, 


L— > AG 7 — zx My 
2 AE: VE COS. — + dl —"e © Vs cos 
x—1 p 


TT 


HN Op. 14 = D PET r(22—1)r 
atéailes Le Pos PV 605. rx > KE GE #0 
zx 


PARC | cos. 


V. 
On sait que la série 


sin. u + Æ sin. 2 + { sin. Su + À sin. Au + 


exprime $ r— +u, si u est compris entre zéro et 2, est nulle lorsque 
u—0, Ou u—2r, et reprend périodiquement les mêmes valeurs hors de 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 15 


ces limites, de telle sorte que la même valeur correspond aux deux sup- 
positions u — a et u= a + 2ir, à étant entier, a quelconque. Il s'ensuit 
qu’en désignant par v une quantité réelle et positive quelconque, excepté 
les nombres entiers, par q le plus grand entier contenu dans v, et par r 
le reste, savoir en faisant r—v—4q, on aura 


&l= 


OU . : 
(A7) . . . . r —#%—= (sin. 270 + E sin. 4rv + { sin. 670 + ....), 


A8). … . q—v0—#%+— (sin. 270 + FE sin. 4rv + À sin. 670 + ....). 


oi 


L’équation (18) coïncide avec une formule donnée par M. Schaar, dans 
le tome XXIIT des Mém. cour., etc., par l'Acad. roy. de Belgique. Mais il faut 
remarquer que cette équation n’a plus lieu lorsque v est un nombre en- 
tier, car alors le premier membre q est égal à v, et le second devient 
u— +. On en conclut que la série 


© . . . n 
20 — 1 + = (sin. 270 + : sin. 470 +- + sin. 6x0 + ..…...) 


exprime toujours un nombre entier, impair si v est un nombre entier, et 
pair dans le cas contraire, puisque, dans le premier cas, elle se réduit à 
2v— 1, et dans le second à 2. 

Si l’on fait v— Fo a et b désignant deux nombres entiers, les formules 
(17) et (18) exprimeront, par des séries infinies, le quotient q et le reste br, 
provenant de la division de a par b. Soit b un nombre premier impair : 
en supposant v — = et faisant successivement æ— 1, 2, 5, ... b—1, 
on obtiendra par la première formule la suite des résidus quadratiques 
de b, répétée deux fois; et, en général, supposant v — _ et z — 1,9, 
5, … b—1, cette formule donnera n fois la suite des résidus n°” de b. 
Mais dans le cas où v — ra a et b étant entiers, on peut transformer en 
une suite finie la série infinie que renferment les équations (17) et (18), 
ce qui nous conduira à des résultats utiles pour la théorie des résidus 
quadratiques. 


14 SUR LA THÉORIE 


Appelons b' le plus grand entier contenu dans © 


des nombres 1, 2,5, b!, k un entier positif quelconque : tous les ter- 


i l'un quelconque 


mes de cette série seront compris dans les trois formes 


1. (bla A1  . Q(Kb—ijar 41 . 2(Kb+ijer 
DUR, sin. SRE ———" 


%b b kb—i b * kb+i b 


et comme on à 


. 2(kb)ar . 2(kbæ+i)ax “ur 
Sin. b 0 ST b se Ji Eu , 


il s’ensuit que la même série se transforme dans une somme de produits 
de la forme 


diar 


r É 1 1 1 1 4 | 
RE = ER EE S ÉROO Cac 
Dents bete Dies MU Met St 
k 7e .+ iar 
Or, on sait que cette nouvelle série, par laquelle sin. y Se trouve 


Mes à 7 iT Te Dre 
multiplié, exprime 3 0-5: donc la série primitive aura pour somme 


Substituant cette valeur dans l'équation (17), et remplaçant r par Do 
on trouvera 


- b SOC 
(AO) ESA RE TETE Palo ae DA De ET 


où r sera le reste de la division de a par b. 
Des considérations semblables s'appliquent aux formules 


1 


Fu sin. u — } sin. 2u + À sin. Su — À sin. {u + ..…, 
3 7 = sin. u + À sin. Su + À sin. Du + …, 


qui supposent, la première — x < u < r, la deuxième 0 < u < 7; ainsi 
qu’à d’autres formules du même genre. On en tirera 


(AO) M Ni er ba Gi ON UE 


en supposant a pair, et b impair, et p= +[(—1Y7" +1]. 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 15 


Les équations (19) et (20) exigent que le reste r ne soit pas nul. On peut 
les vérifier facilement, comme je vais le montrer pour la première. On à 


k= ñ 1 
Er HE EAU ENES 


k=1 2 sin. £æ 


d’où, en différentiant par rapport à x, on tire 


LE m cos. (m++)x Sin. nur 
> NT OT ie Er PEL 
k=—1 2 sin. + æ sin.? Lx 
et par suite 
kK=B, 9kir b Îr 
> k sin NAN cot. — 


: Jr L : 
en faisant m—b, x — SL Cela change l'équation (19) en 


b 1 i=6 k=b Den Dir k 
T= = + — }. ue k | cos CAE ) cos. GAS | 
2 b 1—=1 k= b b 
: Dir(a+k Dir(r+k 2 5 _Q 
mais COS. ES — cos, puisque a = bq + r; d’ailleurs la 
i=V Dir(r +k ; \ . ue 
somme >. COs. = est égale à b', si le nombre r + k est divisible 


par b; dans le cas contraire, elle se réduit à — + lorsque b est impair, à 
— + + + cos. (r + k)r lorsque b est pair : en remarquant donc que, 
pour rendre r + k divisible par b, il faut supposer 5—b—r, et que, pour 
rendre r —k divisible par b, il faut supposer £—7, on conclura sans 
difficulté, que le second membre de la dernière équation revient à l’une 


des expressions 


b 1 (6 r) b—A à) r | 1 b—1 : b; > 
3-5 EF, | mn: 5) sr CE mn = ]=r. (b impair), 


b dir wub b j 
lle): on ==" (b pair), 


de sorte qu’il devient identique au premier membre. 


On peut mettre les équations (20) sous la forme 


(21) ' > SL (-1) SID 1) 2 sci dar ; ir 
2 2 CNE NP =) one sin an 
he sin. 7 CRE b FX E 
en faisant »’ — r lorsque le reste r sera un nombre pair, et»! — —(b—r) 


lorsque r sera impair. 


16 SUR LA THÉORIE 


VI. 


Pour appliquer ces formules à la théorie des résidus quadratiques, 
soit x un nombre premier impair, et faisons b—=n, a = 4x°?, xæ—1, 2, 
Fe n— 
3 


= .— Jiar : 
la somme > ar sin. —— sera nulle si le nombre n est de la forme 


4k+-A, et sera — (Se + VA, si n est de la forme 4k+ 5. Si donc l’on 


{ à n—1 HE È 
: on obtiendra pour r les =— résidus quadratiques de n, et 


n—1 


désigne par f le nombre des résidus quadratiques pairs de n, par g le 


n—1 


nombre des résidus quadratiques impairs, et par R la somme de ces 5 


résidus, l'équation (19) et la deuxième des (21) donneront pour n— #k +1. 


B9). . se... R=———, f—g—0, 


2 


et pour n = 4k +5 


n(n—1) == nie) ir € RS ir 
93). VS ? | —}) cot. —, = = > ? [ — } tang. —. 
( 5) R 4 à s— 1 n / 9 V°n i—4 n © n 


Lorsque n — 4h +3, on sait que si » est un résidu quadratique de », 
n— + est un non-résidu, et d’ailleurs 


_— Ait?r X = 

3° ? sin. — (El: LV: 

m—4 n n 

donc, en nommant F la somme des résidus quadratiques pairs, et F’ la 
somme des non-résidus quadratiques pairs du nombre », on tirera de la 


première des formules (21), n étant — 4k +5, 


.__n=t 9; \ (__4\ 
Re Er fe. Fer =yre vue) Re 


UE. 
n Sin. — 


Mais on aura 


_i)r ir 2n — Qi 2i 
Sn ET CN Re re == = — = 
nl n 


et par suite on pourra substituer aux valeurs impaires de à des valeurs 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 17 


aires : alors, en remplaçant à par 2, il viendra 
p'ac I 


intl Î 
ER Let PR EN PET (5 


On a aussi 


(n—i) 7 iT (n—i)z ir .  2(n—i)r 
0 — — (COL. larie. — —(tang. —, Sin — 
n n R n n n 


Nr In—i Di 
— — Sin. 3 —= ] 4 
n n n 


à l’aide de cette remarque, en représentant par r les résidus quadrati- 


ques de x inférieurs à », et par r’ les non-résidus, on conclura des équa- 
tions (25) et (25) 


= ER L'5 n(n—1) £ à Tr = 
Z cot: = — ze —R), Etang. — = — (f—9) Va, 
26). De 
(26) rar. e elNES 
sin. 7 V°n 
dr 1 —1 Tr — 
È cot. = = ( LAN 2) , Ztang. ENS (f—9)Vn, 
n n 2 n 
(27). L j FF" 
sin. 27 Va 


n 


où les sommes = s'étendent à toutes les valeurs de r ou de 7’. 
Remarquons encore que 
(on +i)r iT (an +i)r ir 2(an+i)r Dr 


U : ’ 
cot. = Co. , lang. — lang. —, sin. — SIN, — , 
n n n n n n 


À étant entier, et nous en déduirons que si »m est un nombre entier non 
divisible par x, on aura 


| MIT nt 4 f[n(n—1) MTT m : ; 
k cor, E —["). | = on), 5 tang. — — (?) (f—g)V'n, 


n nl n 


ushon » |L (Sos 
V'n 


(28). 


Faisant m — 2 dans la première des équations (28), et ayant égard aux 
relations connues tang. 9 — cot. y — 2 cot. 29, — — cot. p— cot. 20, 


Tous XXV. 5 


18 SUR LA THÉORIE 


on tirera de cette équation et des équations (26), 


TC EEE) 


= 2 Re n—1 
On aura donc F—F’ —0, lorsque [=] —1, et F—F'— — 2 ni 0 _9R 
d n 


9 


9n 


2 ; 
=="g}} lorsque (©) — — 1. Il s'ensuit 


3 


1 
(O0) En ets Te Ur MD 


ST — QE 


Se 
si le nombre x est de la forme 8% + 7, et pour n— 8k +5 


PA A ne pr Di Eee OUEN 


._ 2rr 
SIN 2 


Le premier de ces résultats a été démontré par M. Morizstern, dans le 
tome XV des Mémoires couronnés par l'Acad. roy. de Bruxelles (1° partie, 
p. 54); mais il avoue, que, malgré des efforts réitérés, il n’a pu déter- 
miner cette somme dans le cas de n = 8k + 3. On voit qu’elle dépend 
des nombres entiers /f, g, dont on n’a pas, à la vérité, une expression al- 
gébrique en fonction de x, mais qui s’évaluent facilement pour chaque 
valeur particulière de ce nombre. Je remarquerai que si (?) — 1, le 
double de tout résidu inférieur à = sera un résidu pair inférieur à n, et 
qu’au contraire ce double sera un non-résidu, si (2) — — 1; d’où l’on 
conclut qu’en désignant par L le nombre des résidus et par L’ le nom- 
bre des non-résidus quadratiques de n inférieurs à +, on aura toujours 
f—g—{(?) (ha —h'). Or, la différence h — h' est égale au reste qu’on 


n—1 


n1 n—1 
= see a Las —1\— 
obtient en divisant par n la somme 1 + 2° + 5° + … + F | 2, ét 


2 


peut se calculer, comme l’a montré M. Cauchy, au moyen des nombres 

de Bernoulli. Il résulte aussi de la première des équations (29) que 

cette différence sera multiple de 5 pour tous les nombres n — 8h + 3. 
On a aussi évidemment 


RMS TR A Eee 
SIN. 


CC 


Ve) 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 1 


D'après une autre formule de M. Cauchy, si l’on représente par p tous 
les nombres premiers qui sont résidus quadratiques de n, et par p' ceux 
qui sont non-résidus, on aura 


12 PEU ( | DE 


le signe de multiplication IT, s'étendant à tous les p et à tous les p' (voyez 
Comptes rendus, etc., tom. X, p. 720) : et par cette équation on voit que 
la différence h — h' sera toujours positive. La seconde des (28) donne 
—(h—kh) Va, d'où 


L'un des nombres fe h' sera pair et l’autre impair, x étant 8447 ou 
=! 
8k + 5, car h + h'—-—— est un nombre impair. Lorsqu'on sait lequel 


est pair ou impair, on a en tirer une conséquence pour le théorème 


de Wilson. En effet, il résulte de ce théorème que (1. DD. =} — {| 


4 


et par suite l’un des nombres 


n—1 n—1 


est divisible par n : si le premier est divisible, il y aura parmi les entiers 
225, — 
RUN = n—I\"= ps 0 ; 
car la différence | 1. 2.3 …. — E — 1 sera aussi divisible par n; si 
4 1\= 1 


à — 1 sera divisible 


aussi, et par conséquent le nombre des on rdus facteurs du produit 


un nombre pair de non-résidus quadratiques de », 


At È U— 
le second est divisible, la somme | Eee 


ee n—1 à à sé 
DNS. +—ÿ Sera impair. Donc le nombre x est diviseur de 1. 


= Ed n—1{ 
) …. 2 


+ 1, si h est pair, L' impair, et de 1.2.5 — 1,si h 


est LS , h' pair. 


On peut démontrer les formules (26), (27) par une autre méthode, 
n—1 1 


LT 
=1 (cos. 


ar 2 


dont je vais faire une application en déterminant la somme 2 
nm } 


20 SUR LA THÉORIE 


dans le cas où x désigne un nombre premier de la forme #k + 1. En 
différentiant par rapport à æ l'équation connue 


im . m “s m 


: e Sin. 4 sin. 3 DA 
5: sin. 7 — ! 
1=1 sin, x 
on trouve 
i=m . ' m sin. "T1! > sin? æ Fe 
x, COS TI rer EN Tree) 
= 9 sin. : x Sin. + © 
n—1 4rz? : AS 
d’où, faisant m — FRA Dons et supposant : un entier non divisible 
2 4 
par n, on tire 
! PL) 4riz? di = 
Es OU [Ne S — 2 cos le = ;t 
À be =), Mais 2 ._,* cos. = J ; V°n # 


puisque » est de la forme 4k + 1 : donc 
si == / — | 1 2 
Fe [ (= 2L m1 |=- #7 él sale 


2 2 i F he 
Or, on a F) = F) () , et nommant H la somme des résidus quadra- 


n n 


= n 
ee de x inférieurs à; 


& il est visible que la somme des valeurs de à Ë | pour 7 — 10/2208 


IH’ celle des non-résidus inférieurs aussi à 
n—1 


0] 


sera exprimée par H — H' : d’ailleurs la somme des valeurs de à sera 
n—1 


Nous en conclurons 


(52) = ‘ PE (©) H—H) VA. 
2 RU NE pe de 2 = ——— — — — n. 
Atos) 3 ñ 
Armz* 
En supposant x — ns M et 2 deux entiers non divisibles par x, on 
eût trouvé 
pers l n?—1 2m = 
(55) LM NE EST Er = — s| H—H') Vn. 
z —1 (cos ds Ÿ 2 n ( ) 
PAU 1 Ë 
On à, en général, es, 1 — tango : donc cette formule donnera 
S.* © ; 5 


=" / rm? \2 — ! 9 _ 
(SAS ET her er E [tang, “is | — piiEant à | = (H—H)V nu. 


9 n 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. PT 


MAÉ 
Faisons dans la formule (19) b—n, a—mx, et successivement æ— 1, 
9 = n—1 L : 
2,5, … —— : on pourra en tirer une expression de la somme des restes 


Ce = n—1 Ds 
obtenus en divisant par » les nombres m, 2m, 5m, … ——m; désignons 


cette somme par M. Supposant m pair, on trouve 


 — dimaer mir 
> ? sin. — — 1 tang, — : 
x—1 1 In 


v} 
oi 


au moyen de cette valeur, on aura 


n(n—1) — Mir ir 
il = — + 


4 i=1 9n n 


. . n 
Soit », le nombre des restes qui surpasseront >, M, leur somme : la 
. re ot 
somme des restes inférieurs à = sera M—M,; de plus, en retranchant 
, n 
de n RE des m, restes supérieurs à 5» On obtiendra des nombres in- 


férieurs à 3, dont la somme sera mn —M,, et qui, étant réunis aux au- 


n—1 
tres restes, compléteront la suite 1, 2, 3, … : d’où il résulte 
4 n—1 n?— 1 
(M—M,)+(mn—M,)=1+2+5 +... + —= —— , 
E 8 
el par suite 
n2— 1 n—1}? i= "= iT ir 
M — s + 2M, — M— 92M, l HD tANISe us cot. sy 
8 8 1=1 DATI nu 


en substituant la valeur de M. On voit donc que si l’on pose 


= a ir ir 
(GER EE > Dre = ei: =, 


8 en Non n 


les nombres m, et à seront tous deux pairs ou tous deux impairs. Or, 
: : m\ Mi 
suivant un lemme de M. Gauss, on a () —(— 1) ‘sin est un nombre 
n 
premier impair et m un entier non divisible par n : on aura donc aussi 


m , ’ pr à 
(”) = (— 1)", et par conséquent le nombre 2, donné par la formule (55), 


99 SUR LA THÉORIE 


déterminera le caractère quadratique du nombre pair m par rapport au 
nombre premier n. 

Si le nombre m, dont on demande le caractère quadratique est im- 
pair, on n'aura qu'à remplacer » par 4m dans la formule (55), puisque 
Am m 
ESA 


mir - 
Prenant m— 2, il vient tang. —— cot. — — 1, et par conséquent 


(n— 1} si mn? —1 2 à ee 
RSC Sn rein. 


n 
A l’aide de la formule (19) on peut démontrer deux autres lemimes , 
qui, avec le précédent, ont été employés par M. Gauss dans ses troisième 
et cinquième démonstrations de la loi de réciprocité. 
Soient, en effet, m et x» deux nombres impairs et premiers entre eux, 
et faisons b — mn, à — mx + ny : nous aurons 
Diaz Mir Diry Dizy Dir 


sin. Sin cos. — + sin. —— cos. 
b n m m n 


et partant 


nu Mir T Diry ir ie .  Ziry Dirx 
NE MANS: cos. cot. DE sin. cos. à 
2 ii ñ m nn i=1 nt n mn 


Le n—1 
{= —; , et donnons à x toutes 


Soient aussi, pour abréger, p — 
les valeurs 1,2, 5, q, à y toutes 1 Re 1,2,5, p : la somme des 
valeurs de cos. = sera p si à est divisible par m, et — } dans le cas 
contraire; de même, la somme des valeurs de cos. Sé sera q si à est di- 


visible par n, et — À dans le cas contraire. Or, à, s'étendant de 1 à 
mn—1 


— mq + p—np + q, aura q valeurs divisibles par m», et p valeurs 
divisibles par », et on pourra représenter les premières par mi, les der- 
nières par ni. Désignant, de plus, par Zr la somme des pq valeurs de r, 


on tirera de l’équation précédente 


mn D=q jm Dire ir Y=P 5" Diry iz 
Èr = — pq + EE 21 2 Sin, —— co — + 2 D'OTITATEMNe cot. — 
2 T1 ii ñ mn y=i iZi m mn 

M 1=9 =. Jimrc x n Y=P =? . 2inry ir 

== > sin CO. > DT Que ot. — 

Q zx=1 i=1 n 11 D y—=1t i=i m m 


a — 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 25 


Maintenant il est clair que si l’on suppose a < b, le reste de la divi- 
sion de a par b sera a; d’où il suit qu'en faisant dans la formule (19) 
b— mn, a — mx, et sommant de x = 1 à x — q, on aura 

T=q mn ST ET Dirx ir 


> mx = — q — DE En cot. —. 
z—=1 3 x—1 i=1 n mn 


On obtient d’une manière semblable 


Ep mn Ye M DiT1) ir 
ZE = ny = — p — ? sin. CO 
1— 2 m mn 


y=1 


D'ailleurs, si M désigne la somme des restes qu’on obtient en divisant 
par x les nombres mx — m, 2m, 5m, … qgm, et si N est la somme des 
restes qu'on obtient en divisant par m les nombres ny—n,?2n, 5n, … pn, 
la formule (19) donnera 


M n Sue Sy ..  Zimrx : Îiz 
= —q— sin cot. —, 
2 7 = ME" n n 

m Y= pp. | Dinry iz 
N=-p—3 HAS: EU = 
2 y=A1 1 m m 


Au moyen de ces équations, on réduira l'expression de >r à 


$ mn à [mn Soi : nn IP | 
Sr — Fe —_ max L[— p— EE n? 
21 9 PIE q PU note = L Y—A y} 
mn n [m 
M) — = N }, 
D \? DA 


2—=q U— 


Y=P 3 à 
ou, remplaçant les sommes X _ mx, > ny par leurs valeurs, et rédui- 
= —1 y=1 
sant, 


+ mM + nN. 


L 1 
OO 257 = mnpg— m LOT ni Plp ) 


Parmi les restes qui forment la somme M, distinguons ceux qui sur- 
passent q, et nommons m, leur nombre, M, leur somme : nous aurons, 
comme ci-dessus, 


nai 1 +1) 
(M—M,) + (mn—M,)— — = AE Fa où M=9M,— mn + ue } 


Pareillement, si n, est le nombre et N, la somme de ceux des restes for- 


19 
Le 


SUR LA THÉORIE 


= : p+1 
mant la somme N qui surpassent p, nous aurons N—2N,—n,m + eips ) 
D 


n 


et substituant ces valeurs, l'équation (56) deviendra 
25r = mnpq + 2mM, — nm, + 2nN, — mnn,, 


d'où il résulte que le nombre mnpq—mnm, —mnn, est pair. Donc le 
nombre pq —m,— n, sera pair aussi, puisque mn est impair : donc les 
deux nombres m, + n, et pq seront tous deux pairs ou tous deux im- 
pairs, ce qui est le lemme dont M. Gauss à fait usage dans le tom. IV des 


ER = 6 ; : m : 
Com. soc. Gotting. recent. En le combinant avec les équations Hi = (—1}", 
n 


[n . * . . 
F) — (— 1)%, lorsque » et n sont premiers, on a tout de suite la loi 
m 1 


« . m n 
de réciprocité Li Fi — (— 1 )?2. 
P n mt ( ) 
Représentons enfin par P la somme des quotients de mx divisé par n, 
æ étant —1,2,5, … q, et par Q la somme des quotients de ny divisé 
par m, y étant = 1, 2, 5, p: on aura 


T— 4 4 Y=?P 
M="> Quxz—nP, N—=E _ ny—mQ. 
T—= V1= 


D'ailleurs mx + ny sera toujours < mn, et par conséquent le reste » sera 
— mx + ny, d'où l’on conclut 


= y=r 
Zr — S(mx + ny) = p Re ma + q 2e, ny. 
On pourra donc transformer l'équation (536) en 
= Y=P g(q+1) >(p +1) 
(2p—m) E ur + (2q— 0) Z QU = MNpq — mnPl — mnQ —m = RCE ë SE : 
z= y= 2 2 


ou, mettant les valeurs des sommes indiquées dans le premier membre, 
remplaçant 2p—m et 2j —n par — 1, réduisant, et divisant par mn, en 
P + Q— pq. Cette formule exprime un autre lemme de M. Gauss, qu'il 
a démontré dans le tome XVI des anciennes Commentationes soc. Gotting., 
et que M. Schaar a rappelé dans son mémoire du 5 août 1848 (Mém. 
couronnés, etc, par l’Académie roy. de Belgique, tom. XXII). 

La formule (19) peut fournir plusieurs autres résultats. En suivant la 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 95 


* : d à m—A 
même marche, on pourra faire b=mn, a = mx? + nÿ°, p — at: 
n—1 A 


ES 2—=1,2,...q,y= 1,2, p: or, si l’on suppose que m et n 


soient deux nombres premiers de la forme 44 + 5, et que m est un résidu 
quadratique de n, en nommant R la somme des résidus quadratiques de 
m inférieurs à m, et R, la somme des entiers inférieurs à mn qui sont 
résidus de » et non-résidus de m, on trouvera 


Dans le même cas, en nommant f le nombre des résidus pairs et g le 
nombre des résidus impairs de m inférieurs à m, en distinguant pareille- 
ment les nombres pairs et les impairs parmi les entiers inférieurs à mn, 
résidus de x et non-résidus de m, et nommant f, le nombre des pairs, 4, 
le nombre des impairs, on tirera de la dernière des formules (21) 


mt ET (= gi): 


Si maintenant on suppose que » est un nombre premier de la forme 
4k +5, et n un nombre premier de la forme 4k + 1, et que R désigne 
la somme des résidus quadratiques de m inférieurs à m, et r, représente 
tous les entiers inférieurs à mn qui sont résidus des deux nombres » et n, 
ou non-résidus de l’un et de l’autre, la formule (19) donnera les résul- 
tats suivants : dans le cas, où m sera un résidu de », on aura 


T7 DR 
Z cot. — — — 2V/mn | : 
| mn 


— »), 


en nommant R, la somme des résidus de m et n inférieurs à mn; dans le 
cas Où » au contraire sera un non-résidu de », on aura 


T7 — F2rR 2R 
E cot. —— — — 2V/mn | - pq + » |. 
min mu LIL) 


R, désignant là somme des non-résidus de m et n inférieurs à mn. Dans 
ces deux formules le signe > s'étend à toutes les valeurs de r.. 
Tone XXV. / 


26 SUR LA THÉORIE 


VI. 


Les formules que nous avons démontrées pour des nombres premiers 
peuvent être étendues à des nombres composés. Je vais en donner un 
exemple sur la première des formules (26). 

Soit x un nombre impair, non divisible par des carrés : les entiers 
premiers à x et inférieurs à n vérifieront l’une ou l’autre des conditions 

m m rie . rue 

-]= +1,(-)=—1, et en désignant par r ceux qui vérifient la pre- 
[1 n 
miere, par r’ ceux qui vérifient la seconde, et supposant x de la forme 
4k © 5, on aura la somme alternée, étendue à tous les r et les 7’. 


, 


9rx 9r 


LT MERE 
n 


(52) 20 EMMA AUINES EN 


n 


Si n est de la forme 4% + 1, en posant b— 4n, on pourra partager 
en deux groupes les entiers premiers à b et inférieurs à b, de manière que 
les nombres d’un groupe étant désignés par r, et les autres par r', l’é- 
quation (57) ait lieu pour b, c’est-à-dire en y remplaçant » par b. De plus, 
les mêmes choses subsisteront, quelle que soit la forme de n, si l'on 
prend b= 8n. Ces propositions ont été démontrées par M. Cauchy dans 
le tom. XVII des Mémoires de l’Institut. 

Supposons maintenant, que dans la formule (19) la valeur b soit, sui- 
vant ces diverses hypothèses, n, 4n, ou 8n, et que celle de a soit r ou r': 
la formule (19), dans laquelle on remplacera » par 4, puisque a < b, 
peut être mise sous la forme 


î=b iar 17 
a —(b — a) = — 9 5%, sin Te cot. fe 
1= 
et nous en déduirons 

I  Dirr ir 
27e (OS PEER (2 sin. cot nt 
i=Ù r LES 
2r' — E(b—r)——25 ; 2 sin cote 
b 


Mais remarquons que le nombre b—» sera l’un des ?", et le nombre 


+ 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 27 


b—r', Vun des »; remarquons aussi, que si dans l'équation (57) on sub- 


“ . (2 Fa 3 « 
à r,r!, le second membre deviendra () V’n, ou zéro, sui- 
n 


stitue tr, tr! 


vant que é sera ou ne sera pas premier à x. D'après ces remarques, en 
combinant par soustraction les deux dernières équations, et représentant 


par R la somme des r, par R’ la somme des 7’, on obtiendra 


R—R——5> ( TETE. 
b b 


où le signe > doit s'étendre à tous les nombres à compris dans la suite 
1, 2, 5, .… L' et premiers à b. On peut étendre ce signe à tous les nombres 
1, 2, 5, … b, qui seront premiers à b, en doublant le premier membre, car 
on aura 

b—i i (b—i)x ir 

4 = — | =}, Po EE 


et par suile 


Mais on aura aussi 


se à. 
puisqu'on peut supposer r'—b—7+; en outre F) — À. On pourra donc 


Pr, j 7 à NT EN 
mettre 22 cot. = à la place de = () cot. = , et substituant » à b, il vien- 
dra 

T7 1 


(8). . . . . . . . . Set == = (R—R). 


J'ajoute que le symbole () représente dans ce qui précède la quantité 
+ 1 lorsque le nombre à appartient au groupe des r, et la quantité 
— À lorsqu'il appartient au groupe des »’, et je renvoie au mémoire de 
M. Cauchy pour les propositions que j'ai rappelées ci-dessus. 

La formule (58) se réduit à la première des (26), si » est un nombre 
premier #k + 5, car alors R+R'—1 +2 +5+ ... + (n—1)— ER 


; LE? 
d’où RTE ant — 9R. 


28 SUR LA THÉORIE 


Dans la même formule (58) on peut supposer que x soit le produit de 
deux nombres premiers, l’un de la forme #k + 5, et l’autre de la forme 
4k + E, et alors r désignera les mêmes nombres que nous avons repré- 
sentés par », dans les deux dernières formules du numéro précédent. On 
tirera donc d’autres équations de la comparaison de ces formules avec (38). 

On peut trouver une autre expression de E cot. T. 

Nommons + une racine primitive de l'équation à" — 1 —0, et X le pro- 
duit de tous les binômes x— 4, æ— 4", formés avec toutes les valeurs 


de r et r’ : d’après un théorème de M. Gauss, généralisé par M. Cauchy, 
on aura 


(0) D NNARQRE AREAS E VERRONT ML LÉ EE EGERR 


où X, Y, Z seront des fonctions entières de x à coefficients entiers, » 
étant le même nombre que dans la formule (58). (Voyez le tome X des 
Comptes rendus). On aura, de plus, 


(40) CORTE OR. PACE RFREXRE ü(r—5:) (Tz—4"), 
et en déterminant d’une manière convenable le signe du radical 
(41). . . | Y+2V=n—=9n(r 0), Y-ZV=n—9n(x — c): 


les signes de multiplication IT s'appliquent à tous les > ou 7". 
Différentions par rapport à x les équations (41) : il vient 
dv dZ 1 dY == 1 


ee VV n—2Nn(xz—0). > —, — ——V-n—92n(z—x) > 
dx dx x— dx dx 


x —&" 


Maintenant supposons æ—1, remplaçons »’ par n —r, et désignons 
par à le nombre des r, c’est-à-dire la moitié du nombre des entiers pre- 
miers à x et inférieurs à ». Nous aurons 


n(1—") =" (a — 1) = (—1)h a n(1—0), 2 — 


et « " sera — 1, car R, somme des r, sera divisible par » : donc il ré- 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 29 


sultera, pour x = 1, 


NA ee 1 
- _ : V—n — 2n (1—% ). Z i ; 
x dx re 
(49). à 
ENT Tee à 
VE TN Ne ee LL 
dx dx 1—2 


et l'équation (40) donnera aussi 

LAN oh et ons a Es 1 CAPE 

14 

9 : L D —1 Te . : 

pair , et la fonction X, étant — use réduira à x pour æ — 1 : dans 


5 : es n—1 ; 
Or, si n est un nombre premier #k + 5, À sera — ——, nombre im- 


ce cas, ajoutant les équations (42), on trouvera 


LT 


daY il 
nn — (=). > 
A — 


dæ 


et de l'équation (45) on tirera I (1 —#)= + V__n; d’ailleurs, si lon 
prend 


donc 


Lis TAN 
(CLEMENT EEE 


Si x est un nombre composé, à sera pair, et en formant la fonction X 
(v. Nouv. ann. par M. Terquem, tom. VIII, p. 552), on verra facilement, 
qu’elle se réduit à 1 pour += 1 : donc les formules (42) et (45) donneront 


A+ 


DRE 
—V—n=n(1—%). 
dx Ë ( que 1— 0 
de 
d’où, prenant :—e” LA 


, Nfi—o) = + 1. 
, On conclut 

T7 de — 
SRE NEO CRU UMA TES COUR 

n dx 


Par la comparaison de ces formules avec la formule (38), on voit que 
la différence R’ — R aura pour valeur, abstraction faite du signe, ce que 


: ; à UN 
devient l’un des polynômes dérivés 


l dZ ; 
— , n—,en Ï — {. On peut 
AT En Y faisant + — 1. On pa 


50 SUR LA THÉORIE 


même substituer 
Y dY L dZ£ 


æ—1 dx æ— | dx 


car l'équation (59) donne Y—0, Z= + 2, lorsque X— n, et Y — + 2, 
Z = 0, lorsque X — 1. 

En rapprochant ce résultat avec ceux du n° VI, on conclura que si x 
est nombre premier 8k +35 ou 8k + 7, la différence entre le nombre 
des résidus et le nombre des non-résidus quadratiques de » inférieurs à 
in, sera égale pour n = 8k +7, et triple pour n = 8k + 5, de la valeur 


numérique de - 5 xx Correspondante à x— 1. 
IX. 
Soit x un nombre premier de la forme 4k + 5, et faisons x = V—1 


dans les polynômes X, Y, Z de l'équation (59) : soit y + y, V1 ce que 
deviendra Y, et + 2, V—1 ce qui deviendra Z. 
Posant 


2V= Ave FL) — . [sr rs 
6: n'en V1, on a nu ge ee LI Vi, 9 V/—1. sin. = ——), 
k 


et de là 
n—1 R7} 7 — n—1 — T7. 17 
N(t—a)—92 5%. en "T! e 5 AMEL pan (= Z) 4 
: 4 n 


: n—1 ne ; 
étendant les II aux valeurs de r, faisons pour abréger 


n+1 R7 y, — x 
GE LAIT eV ! usin Er 
4 n 
ve AV , ; 
K sera une quantité réelle, car e” = +1, R étant muluple de n; 


et en substituant dans la formule (41), il viendra 


DH 


ÿ + y VOTE ee VER TV=, 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. . 31 


Maintenant, si » est de la forme 8i + 5, on aura 


n—1 — a = ni ; = 
es Vi à e TV (= ce e zV= = +1 (— (he 
2 


et par suite la comparaison des parties réelles et imaginaires donnera 


% K =: AE 
Er n+zVn=—(- 3: 


2 


d'où —y+ 2, Vn = y, + 2 Vn. Mais y, y, 3, sont supposés entiers : 


donc 


Si n est, au contraire, de la forme 8: +7, on aura 


1 e GtirV=s =), 


VS 4e (==) 
É 2 


et de même la comparaison des parties réelles et des parties imaginaires 


donnera 
K = a AK 
nn Va MOVE, 


d'où y— 2, Vn = y, + z Vn, par conséquent 


Y=y, A=—:, Y—=yU+V 1), Z=zi— Vi), 
y+sVi= (NT 
On a, d’ailleurs, 
ge a 4 N(V—1) —" | D 


donc l'équation (59), par la substitution des valeurs précédentes, de- 


viendra 
EVA = pA—V—IR + n2 (1 +V—IP, 


dans le cas de n — 8i + 5, c’est-à-dire 


MORE RTL Ont En ir 


52 SUR LA THÉORIE 


et 

AVI = pU4LV IR + ne (1 —V—I), 
ou bien 
eee ct NM BE ATIREle. MUR nr + as 


dans celui de n — 8i + 7. Remettant la valeur de K, et abstraction faite 
des signes de y et :, on trouve aussi 


(AS) ETS ARE ES y+sVr= dns (rs), 


qui, par la séparation des termes rationnels et irrationnels, suffit à dé- 
terminer y et z. Ainsi la possibilité des équations (46) et (47), en nombres 
entiers, est démontrée, et la formule (48) en donne une solution. 

Si l’on suppose que » soit de l’une des formes 4% + 1, 4(4k +5), 
8 (24 + 1), et nait aucun diviseur carré impair, au lieu des formules (39) 
et (41), on aura les suivantes 


(49) . . . . . . AX=Y—nZ%, Y+7Vn=92n(r—%"), 


dont on peut faire des applications semblables. 


En effet, concevons que » soit un nombre premier 4k + 1, et posons 


ELA Var rie 
z—A, «= er VV: on aura X— 


en de A désignant par y, : les 


valeurs correspondantes de Y, Z, on obtiendra par la première des équa- 
tions (49) 

An = ÿ — nz°?, 
d’où l’on voit que y et z étant des nombres entiers, y sera divisible par 
x; remplaçant donc y par ny, il viendra 


(DORE EE US A AURA 


En même temps, la deuxième équation (49) donnera ny +- 2 Vn 
— 211(1— 4), et on trouvera 
7 


a = eV x Vin. =, nf) (—92V 1) em VO. 


DIT = : 
D Sin — — “Je NAn —, 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 55 


d'où 

2 = re 
Vn(yVu+z)—=92?.nsin. —, 

n 
supprimant le double signe, car les signes de y et z sont ici indifférents. 
Or, n étant de la forme 4k + 1, à tout résidu quadratique » de n, qui 
ÉAMRE ie Sn « pe . AC 
soit inférieur à 3 il correspondra un résidu quadratique n —» supérieur 


Un 
à 5 et On aura 


on pourra donc ne considérer que les valeurs de r inférieures à {n, et 
alors la formule précédente deviendra 


n+1 — 


PUR RE Run sl 2 in sine =. 

Cette formule fournira une solution en nombres entiers, de l'équation 
indéterminée (50), à l’aide de fonctions circulaires. 

Ces solutions trigonométriques des équations (46) et (50) ont été don- 
nées sans démonstration par Jacobi, dans les Comptes rendus de l’Acadé- 
mie de Berlin (Opusc. mathémat., vol. T, pag. 524). 

Si dans l'équation (50), les nombres y et z sont pairs, en faisant y—2v, 


z=— Zu, on obtiendra &#?— nm? — — 1. Jacobi a remarqué que lorsque 
ces nombres sont impairs, il suffit d'élever l'équation (51) au cube pour 
en tirer la solution de l’autre u?— nù?— — 1. Posons, en effet, 


(z + yVnÿ = u + 0VAn, 
d’où 
u—z(2+5nÿ), v—=y(32? + nÿ); 


mais l'équation (50) donne 

2? + 5ny? — 4(2z? + 5), 32? + ny? — 4(2? + 1), 
et +5, # + 1 seront pairs; on voit donc que « et v seront divisibles 
par 8. D'ailleurs, nous aurons 


(2 —yVnÿ=u—vVn, 
Towe XXV. D 


34 SUR LA THÉORIE 


et par suite 
2 — nv? = (22 — ny) = — : 
remplaçant u et v par Su et Sv, nous en déduirons u? — nv? — — 1. 
Posons encore (u + v Va} =w + y VA : il viendra 


u—=u0û + nv, v'—2uv, u?— nv? —{(u —nu°}) — 1. 


On peut transformer d’une manière semblable les équations (46) et (47) : 
dans ces équations y et : seront impairs, et posant 


(y+2Vn) =u+vVn, On trouvera u=ÿ +nz, v— y, 
ce qui montre que u et v seront pairs; on aura, de plus, 
pP—n—=T+2, u—n°—=(ÿ —n2) = 4, 


et faisant u — 2u', v— 2, on en conclura u'?— nv? — 1. 

Ainsi les formules obtenues donnent la solution de l'équation célèbre 
u?— mn? + 1, dans tous les cas, où n sera nombre premier impair, qu'il 
appartienne à l’une ou à l’autre des formes 4k + 1. 


X. 

Je vais démontrer un autre théorème, énoncé au même endroit par 
Jacobi, et qui se rapporte aussi à cette théorie. 

Soit n le produit de deux nombres premiers p, q de la forme 4k + 3; 
soient 4! et 4! respectivement deux racines primitives des équations 
a —1—0, et 2—1—0, et représentons par r' les résidus quadratiques 
de p inférieurs à p, et par r’’ les résidus quadratiques de q inférieurs à q: 
on pourra tirer toutes les valeurs de r des deux équations # =" 7" 
# = a!" x", et les formules (49) deviendront 


“ 


, lam—1) (z —1) 
{a —1) (#1) 


'TTNEN 


Be . +, N+<2Vni= eue 0 0e nue TA)) 


Posons x — 1, et nommons y, z, les valeurs correspondantes de Y, Z; 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 55 


ë M 27 |/_ 
prenons, en outre, « — e? , æl—et : nous aurons 
7 7 _ y ÉTAT 1, 77 
(1— nu ) UE Deer 7” J=—=— (a'2r Aa Pr PLU 2 
e TT r''7\=2 
= [ 2 sin. (= + ==} : 
P q 
et par suite 
— ICE) (rx 1x 
(54) . . . gp —pg—=4, y+zVpg—22 ©?  . nsin? +), 
p q 


dont la deuxième fournira des valeurs entières de y et z satisfaisant à la 
première. Si y et z sont pairs, on fera y = 2u, z — 2; si y et z sont im- 
pairs, on fera (y +  VWpq} = 8(u + v Vpq), et, dans tous les cas, on 
obtiendra une solution de l’équation 4? = pqu? + 1 en nombres entiers. 

Remarquons que, dans cette équation, v sera pair et u impair; car si 
v était impair, le binôme pqu° + 1 serait de la forme 4k + 2, qui ne peut 
convenir à un carré u?. Il s'ensuit que, dans l'équation ÿ—pq2? — 4, le 
nombre y, s’il n’est pas impair, sera double d’un impair. 

Remarquons aussi que les deux équations 


Y+Z2Vpg =0, Y—2V pq = 0, 


n'ayant aucune racine réelle, les polynômes X + Z Vpq, Y —Z Vpq 
demeureront positifs pour toute valeur réelle de x, si l’on suppose positif, 
ce qui est permis, le coeficient de la plus haute puissance de x en Y: 
donc leur demi-somme Y demeurera pareillement positive. D'où l'on con- 
clut que la valeur y de Y correspondante à æ— 1 sera positive. 

Soient maintenant y’ et 2’ les valeurs de Y et Z correspondantes à æ—— 1: 
y! sera positif, et des formules (49), (52), on tirera 


HN ENT EE IE ETES z Vpyg=2u (1 +), 
le nombre des valeurs de r étant pair. Mais on a 
y + 2Vpq=2n (1 — x), 
et multipliant cette équation par la deuxième des (55), on obtient 


(y + z' Vpq) (y + 3 V pq) = 40 (1—%*). 


56 SUR LA THÉORIE 


Or, si 2 est compris parmi les », #” prendra les mêmes valeurs que +, 
et par conséquent on aura Il ({—=æ)=n(1—4), d'où 


(y + 2 Vpg) (y + 2 Vpg) =2(y + 2 Vpa): 


cette équation donnera y = 2, 7! — 0. 


Si 2 n’est point l'un des nombres r, les valeurs de +" seront toutes 
différentes de +, et remplaçant « par &” dans la deuxième équation (49), 


on devra changer le signe de Vpq, ce qui donnera 


Y—2Vpq—=2n(x—<#"), 
et par suite 
y—2Vpa=2n( — a") : 


dans ce cas, on aura donc 


(y + 2 Vpg) (uv + zVpd =2w—2V ps), 
et de là on tire 


s ; art PMU ÉRTE 
yy'+pgzz = y, ya + Yz = — 22, Ve ie 


Il en résulte que si y est impair, y' sera de la même forme 8k— 1, 
puisque #? sera de la forme 8k + 1; et que si y est pair, y! sera de la 
forme 2(164 + 1), puisque ÿ? sera de la forme 4 (8% + 1), y étant alors 
double d’un nombre impair. 

Faisons encore æ— V—1, et désignons par y, +%: AR RENCET CL | 
les valeurs correspondantes de Y,Z:il viendra 


Lu. SOUS TV 
y + VI + (2, +2, V—1) Vpg =92n h = 21. 
Mais prenant 
A Ver 7V= FV= eV L : 
a — ep" ; NON ALES D pret . eV 1 2V 1 sin. E — =.) o 
4 pq 


de plus, le nombre des r est 1(p— 1) (g—1), double d’un impair, et 
leur somme est divisible par pq; d'où 


nl (a 2 —«) = +V—I n|2 sin. (e 2 2)] 
à pq 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 57 


donc, en séparant les parties réelles et imaginaires, on concelura 


HO) SNA NE lu +2, Vm=oufosn(2)]. 


et y, + a Vpq—o, c'est-à-dire y, —0, z,—0, car y, et z, comme y, et 


z, sont supposés entiers ou nuls. Ainsi y, V1 et z V1 seront les 
valeurs de Y et Z correspondantes à x — V1, et en les substituant 
dans l'équation (52), on trouvera : 


RE ME Ne ET ii UUes —— 4: 
Cela posé, soit À = +(p—1) (49 — 1), et représentons par 
Pin pi el pri Sp: 


1 


le polinôme Y + Z Vpq, ou le produit 21I(x— 4) : tout coefficient P, 
sera un nombre entier, égal au double de la somme des produits formés 
en combinant à à à toutes les valeurs de &’. Chacune de ces combinaisons 
peut s’obtenir en divisant le produit de toutes les valeurs de par une 
combinaison des mêmes valeurs prises 2—i à 2—i, ou bien en le mul- 
tipliant par une combinaison semblable, car 4” ou 4/7" prendra les mé- 
mes valeurs que 2’; d’ailleurs le produit de toutes les valeurs de 4 est 1, 
la somme des valeurs de r étant divisible par pq : donc chaque combinai- 
son de à valeurs de 4 sera égale à une combinaison de 2—ài valeurs, et 
la somme des combinaisons à à à sera égale à la somme des combinaisons 
À— à à À—i. On aura partant P;, = P,_;, c’est-à-dire que dans les poly- 
nômes V et Z, les coefficients des termes également distants des extrêmes 
seront égaux. 

Soit, dans le polynôme Y, A la somme des coefficients des puissances 
paires de x, B la somme des coefficients des puissances impaires, B, la 
somme des coefficients des puissances dont les exposants seront de la forme 
4k + 1, B, celle des coefficients des puissances dont les exposants seront 
de la forme 44 + 5 : il est évident qu'on aura 


y=A+B, y—A—B, B=B, +B,, y, —B —B,, 


58 SUR LA THÉORIE 


d'où 
Var OP, OR =—Iy 2h 

De plus, le terme du milieu, étant affecté de la puissance impaire x?à, 
fera partie de la somme B, et comme 2 est de la forme 4k + 2, les nom- 
bres à et À— à seront tous deux pairs ou impairs, tous deux de la forme 
4k + À ou de la forme 4k + 5 : donc À sera toujours un nombre pair, B 
sera pair où impair, comme le coefficient de æ*à, et lorsque ce coefficient 
sera pair, B, et B, seront pairs aussi. 

Supposons premièrement que le coefficient de x°? soit impair; B, y et 
y! seront impairs, la forme de y’ sera 84 — 1, celle de 2B sera 4k + 2, 
et par conséquent celle de y = y! + 2B sera 4k + 1. 

Supposons, en second lieu, que le coefficient de +2 soit pair; B, et 
seront pairs, et comme 7, satisfait à l'équation (57), il sera double d’un 
nombre impair; donc y, + 2B, ou B, sera aussi double d’un impair. Dans 
la même hypothèse y! sera pair, et partant de la forme 2(16k + 1), k 
pouvant se réduire à zéro ; donc y sera de la forme 2(4k + 2), en vertu 
de l'équation y = y! + 2B, et puisque B est de la forme 44 + 2. 

Concluons que, dans les équations (54), si y est impair, sa forme sera 
Al: + 1; s'il est impair, sa forme sera 2 (4h +- 5). 

Cela prouve, d’abord, qu’on ne peut avoir y=— 2, :—0, et qu'ainsi 
on aura bien une solution en nombres entiers différents de zéro. Mais on 
peut en tirer une autre conséquence. 

L’équation y? — pq? — 4 donne (y + 2) (y—2) = pq, et les facteurs 
y + 2, y —2, dont la différence est 4, ne peuvent avoir de diviseur com- 
mun impair. Or, si y — 4k + 1, ces facteurs seront tous les deux de la 
forme 4i + 5 et premiers entre eux : donc, ayant pris deux nombres x 
et v, dont le produit soit égal à 2, et premiers entre eux, l’un des mêmes 
facteurs sera égal à pu? et l’autre à qu?. Posons 


LE y+2—=pu, y—2—=qY, z—=u, 
d’où 

BSD ile CN PR DU AQU A 

et 


Qy — pu + que, y + 22 V' pq = pu? + qu? + uv V/pq = (u Vp +ouV aq). 
VE? (l y PI =P q q 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 59 


Substituant cette valeur dans la deuxième (54), et extrayant des deux 
membres la racine carrée, on aura 


= — : TO 1x 
OS C0 2h. uVp +vVg—=292?% ?.u sin. (= +). 
p 


Si y est pair, 2 sera pair aussi, et posant y — 2(4k +5), :—24", il 
viendra 8 (4 + 1) (24 + 1)=pgk"?; donc k’? sera divisible par 8, k' par 
4 : soit 4! = 4k!!, d’où 

(k + 1) (2% + 1) = 2pqk'?; 


de sorte que k + 1 sera divisible par 2. Faisons k + 1 — 24, : on aura 
y = 2(8k, —1), y+2—16k, y—2—A(4%, —1), 


et ces deux derniers nombres auront 4 pour commun diviseur. 

Soit donc décomposé z en deux facteurs, dont le plus grand diviseur 
commun soit 2, faisant z2— uv : le nombre y — 2, diviseur de pqu°r?, étant 
de la forme 4(4k,—1), sera nécessairement égal à l’un des deux pu?, qu?, 
et, par conséquent, l’autre facteur y + 2 sera aussi égal à l’un de ces 
nombres. On posera donc y + 2 — pu?, y—2— qu?, et on en déduira, 
comme ci-dessus, les équations (38) et (59). 

L'équation (59) fournit donc, dans tous les cas, une solution de l’équa- 
tion indéterminée (58). C’est le théorème de Jacobi. 

En échangeant px? et qu? entre eux, on change le signe du second mem- 
bre de l’équation (58). Pour décider, lequel des deux signes doit avoir lieu, 
il faut observer que l'équation (58) donne 


4—=pu? (mod. 4), 4—=— qu (mod. p): 


4 étant carré, il s'ensuit que pu? doit être un résidu quadratique de q, 
et —qu?, un résidu quadratique de p; donc p doit être aussi un résidu 
quadratique de q, et — q un résidu quadratique de p, ou 4 un non-résidu 
quadratique de p, car p est de la forme 4k + 5. Au contraire, l'équation 
puË — qu? — — donnerait q résidu de p et p non-résidu de q. On con- 
clura de cette observation que le signe cherché dépend du caractère quadru- 
tique des nombres p, q, et que l’équation (58) aura lieu, si lon choisit pour 


40 SUR LA THÉORIE 


p celui des deux nombres qui est résidu quadratique de l’autre : cette 
condition à été aussi indiquée par Jacobi. 

On peut, en même temps, en conclure, que, p et q étant deux nombres 
premiers de la forme 4% + 5, si p est un résidu quadratique de q, q sera 
un non-résidu de p, et vice versa; ce qui est un cas de la loi de réciprocité. 

Jacobi remarque que si, dans l'équation (59), u et v sont impairs , il 
suffit de l'élévation au cube pour en déduire la solution de l’autre équation 

pi — qui = 1. 

Posons, en effet, 

(uVp + 0Vq$ = 8(u,Vp + v, Va), 
c’est-à-dire 


Su, = pu + 5quu?, Su, = 5pu?v + qu?; 


substituant pu? — qu? + 4, et divisant par 4, on obtient 


Ju, —tu (qu +1), "01, —v{qu +5), 


et qu? + À, qu° +5 étant deux nombres pairs, on voit que u, et v, se- 
ront entiers. Or, 


2 Î 
pui — qui — = 


Jai dit ($ VIII) que la fonction X, résultant de la multiplication de 
tous les binômes x — ; formés avec les racines primitives de l'équation 
æ”" — 1 — 0, n étant un nombre composé, se réduit à 1 lorsqu'on suppose 
æ— À : en voici la démonstration. 


Désignons par a, les diviseurs premiers différents du nombre n, par 


. . a NT . n n . . 
a; leurs combinaisons à à à, faisons = De EI b;, et indiquons par 


I (”*—1) une multiplication étendue à toutes les valeurs de b,, par I(æ" —1) 
une multiplication étendue à toutes les valeurs de b;, c’est-à-dire à toutes 
les combinaisons à à à des facteurs premiers inégaux de » : nous aurons 


(60) Xi} na 1). n(at— 1). m(ae—1).......:. 
Ne» D(xhi—1). D (x's—1) n(xs—1) n(xr—1) .. 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 


ES 
ee 


Soit 4 le nombre des a, : comme on a 


1 


k E(k—41) E(k—1) (4—9) 
N. 2m 1.2.5 
et par suite 


E(k—1)  A(F—1) (k— 92) (4—53) COTE) 
1 + + 22 À, = 2 LE 
1.2 1.2. 5.4 1 1.2.5 
il est clair que le nombre des facteurs binômes sera le même au numéra- 
teur et au dénominateur de X, et qu’ainsi on pourra y remplacer respec- 
tivement 


x" —1 ab — 1 æbi — 1 


GE = ES 


Mais pour x = 1, ces fractions deviennent n, b,, b; : donc X deviendra dans 
le même cas 


MLD D bi - n n ) n n n n 
ou nu D ne..]: T — AE 
Hb,. Nb. Db,. Nb, ... Us A dx 


Or, ce quotient représente un monôme dans lequel l’exposant de » sera 
évidemment 
Eh  k(k—1) K(&—1) (k—2) 


= Le Ken . 
l ee 123 = (ip = 6 


pareillement l’exposant de l’un quelconque des a, dans ce monôme sera 


[ h—1 (&—1)(#—92)  (#—1) (£—9) (k—5) ] 
ANS 5 


Il vient donc X— 1 pour x — 1. 

Ainsi on aura I (1—:)—1, le signe de multiplication I s'étendant à 
toutes les racines primitives « de l'équation 4" — 1 — 0. Nommons m»m un 
entier quelconque, inférieur et premier à », et prenons 


mT DE _— mT — Mr 

— —V —!1 , NE En ‘ d 

“= € V , d'où 1—4—9V 1.0 M . Sin. —; 
n 


soit à le nombre des m; leur somme sera + »1, car à tout entier m infé- 
rieur et premier à », il en correspond un autre de Ja forme n—m : par 


Tome XXV. 6 


42 SUR LA THÉORIE 


conséquent, on trouvera 


Pos a ae lie TU 


la multiplication s'étendant à tous les entiers m inférieurs et premiers à n. 


Vs 


Faisant x — e*°”"", on aura 


mi —. VU 
]=, x —1—9V 1. e"rV l| sin. n27, 


TZ = Er. . n27r 
ah 194, eV sin. : 


di 


substituons ces valeurs dans les expressions IT(&— +) et (60) de X. Dans 


l'expression Il (&—«), l’'exposant de e7 VX sera à; dans l'expression (60), 
il sera 
| 1 l 1 f'eRA 
n — 5b, + Xb, — Zb, + …—=n(i—2 +Èi——5>x “e) nn (1 =: 
a a « a 


supprimant donc les diviseurs communs, on obtiendra 


: : 27. 127 . Mar 
sin. 227. I Sin. —. Il Sin. ——. [1 Sin. — ... 
à mi 1 &, a dy 
(62) TiIsIn; L2 Re ——— 
| n 2 . nz7 . NT . NET £ 127 
I Sin, ——. Il Sin. . H SIN. ——. II Sin. — ... 
a, 3 ay d; 


Les propositions précédentes supposent que le nombre n ait des divi- 


seurs premiers inégaux. Si » est une puissance d’un nombre premier p, 
7 æ"— 1 Ë 5 A 
on aura X— -;—, qui pour æ— { devient p, en même temps => (p—1), 
æ? —1 


et par suite les équations (61) et (62) seront remplacées par les suivantes : 


_. Mr p Hu 
(CD) PER ET EE SL Sin (s+7 T= 
n —— 


Il sin. n27 
0)" … ns 


De la même manière, en faisant successivement x — 1, x = e* 
dans l’équation 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 45 
on parviendrait aux formules d'Euler, 
VRAI Tr MST .  (n—1)7 ni 
SUN M RE, 
n n n n Dr 
h : :) 4 <) } | :) : _ sin, 227 
SIN. 27. SIND. | 3 + — | 7. SIN. |Z + — | 7. SIN. | Z + — | 7 .… SIN. | Zz + T—= , 
n n ni 2 DST 
desquelles on peut déduire aussi les équations (61), (62), (65). 
XII. 
dd" — 1 ns : L : "ee 
La our ae LE (x— 4), en supposant x impair, et faisant 
q = — , peut se changer en 
Mrs LE k k dE | k k 
ET IL, _,(æ—) (a — 4" IEEE?) (x —x"). 


Soit 8 une autre racine primitive de l'équation 2" — 1 — 0 : n étant 
impair, &? sera aussi une racine primitive de cette équation, et on pourra 
prendre «—/{?, ce qui donnera 


(acte) = (6x6) (8tr— 65"), 
et par suite 
T'u— A k 


= 
GA à à à 10, _ (#58) (6x 8) 


Maintenant désignons par m un nombre impair premier à #, par z une 
racine primitive de l’équation 2" — 1 — 0, et par L lun des nombres 


cr m—1 : rs LÉ : 5 
1, 2, 5, …. —— faisant x — &/, l'équation (64) deviendra 


ah — gr" k 


CENTRE = (php) (ah BTE — ah gt), 


1— À 
Le] ? 
2 


On obtient d’une manière semblable, en posant p — ” 


prk pm h=?p 


RE 1 PE 


RS + (a BE — oh GE) (ah ft — gh Gt), 


Or, en dénotant simplement par la caractéristique IT une multiplica- 


/ 


44 SUR LA THÉORIE 


tion étendue aux pq combinaisons des valeurs de k et k, on a 
nl (Cm =, B') = (— { jp. n (Ca Bt Te cd 874) : 


donc les équations (65) et (66) donneront 


R=p [oh — oh = Q | gt —_ g-mi 

CIN EURE EE mn (Se 

Cette équation renferme un lemme de M. Gauss, que j'ai démontré d’une 
autre manière dans le & VIT. En effet, concevons qu'on divise par n tous 
les multiples mk en prenant les restes positifs ou négatifs, mais numéri- 
quement inférieurs à + n et nommons m, le nombre des restes négatifs : 
concevons de même qu’en divisant par m tous les multiples nh, on prenne 
les restes numériquement inférieurs à +m, et qu'on désigne par n, le 
nombre des restes négatifs : il est visible que l'équation (67) revient à 
(—1}" = (— 1) (— 1)", ce qui signifie que m, + n, sera pair ou im- 
pair comme pq. 

Si m et n sont deux nombres premiers, cela nous ramène à la loi de 
réciprocité 


Faisant 2— 1 dans l'équation (64), on obtient 


k=3Qq 
n = (—1}. TE (8 — 84)? : 


c'est la formule dont a fait usage M. Liouville pour démontrer la loi de 
réciprocité; elle revient à l'équation connue 


: L _ à . m— 1 
M. Liouville élève les deux membres à la puissance —;— , €t omettant 
les multiples de m, obtient 


n k= q gx LA. B"4 | 
2 PE TANT : 
fi) (EN mis | BREST 


qui exprime le caractère quadratique de x par rapport à ». En effet, 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 45 


on verra par la théorie des fonctions symétriques, que les termes omis 
dans le second membre sont entiers et multiples de m». On a par la 
même raison 


[m LE 
FRE) 
et de ces expressions comparées avec l'équation (67), on tire la loi de ré- 
ciprocité. Ce mode de démonstration, qui dispense de recourir au lemme 
F) = (—})", est aussi indiqué par M. Liouville. 

Au reste, on peut, sans ce lemme, établir la formule 


k= Mk __ fp-mk 
(FES 404 RE CRONNNNNER (#) =, EE} 
n =1 BE — gr! 


m étant un entier quelconque, x un nombre premier impair qui ne divise 
; , n—1 : : OS se c à 

pas m, q égal à ——, et 5 une racine imaginaire de l'équation 2" — 1 —o. 

Il faut se rappeler une propriété des nombres complexes ou polynômes radi- 


caux de la forme 
ANA DEAR EEE RNA TG 


c’est-à-dire que si les coefficients À, A,, ... A,_, sont entiers, et si un 
tel polynôme est divisible par 1 —£, la somme de ses coefficients sera 
divisible par ». Pour le démontrer, posons 


A+AB+A,R +. + A, 8 = (1—8) (B+B,B+B,6 + … + B,_, 28"), 
B, B,, … B,_, étant supposés entiers : on aura, en ordonnant, 


MB Pielh + B)24 (A+. —B.)2 +. (AB Spip =}: 


n—1 


et cette équation devra, à un facteur constant K près, être identique à 
l’autre 


ANECEB TEEN DEN — 0; 


car, sans cela, éliminant entre elles £"-", on obtiendrait une équation en 
6 d’un degré inférieur à n—1, qui serait satisfaite par les n—1 racines 
imaginaires de l'équation æ"—1 —o, et qui, par conséquent, aurait plus de 


46 SUR LA THÉORIE 


racines que n’en comporte son degré. On en déduira ainsi les x équations 


A+B,,—B=K, A,+B—B,—K, À,+B,—B,—K, … À, ,+B,,—B,,—kK, 


dont chacune montre que K sera un nombre entier, et dont la somme 
donne 


AA + A+. ANA. —Kn. 


Soit maintenant, pour abréger, 


pk ES pTmk 


nt = gkm—1) (1 Le g* Fe gx Lt D à paiREAIET D— (8) z(8°) &(6) ge e(8): 


e(8) = 


remplaçons dans la formule (64) 8 par £", qui sera aussi une racine pri- 
mitive, et divisons l'équation résultante, membre à membre, par la même 
équation (64) : il viendra 


k=q ( Z— BE GE =) 
Ré BE — BF 


et posant æ— {, on en déduira 1 — P?, et par suite P = p, £ étant l’une 
des racines carrées de l'unité. Mais & (£') est un polynôme radical à coeffi- 
cients entiers, et, par conséquent, P —, est aussi un polynôme radical 
à coefficients entiers ; en outre, P— 2 est divisible par 1 — 5, puisqu'il 
est nul; la somme des coefficients de 4 (f") est m, celle de P—, (on 
obtient cette somme en faisant 5— 1) est m— », ou me — p : donc 
MT — P sera divisible par n, donc Fe = p = P, ce qui est la formule (68). 
Soit m — 2. Si k est pair, on a 
(—A} (S—8") = 5— 8; 
si £ est impair, on a 
SU EN mn NT Cor 

et ici n— k est pair et plus grand que = k étant < = Étendant k à tou- 
tes les valeurs 1, 2, … 2 , et multipliant, on trouve 


n?1 


(A) (88) (BE) (B—E) = (PE) (88). (81— 8 4), 


ce qui réduira l'équation (68) à Fl lle 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 


CSS 
1 


La démonstration de M. Liouville peut encore être présentée sous 
d’autres formes. 

Soient m et n deux nombres premiers impairs, a et b leurs racines pri- 
mitives : à l’ordre des termes près, les deux suites 


seront identiques, et par suite, x étant quelconque, on aura 


FLE | = m—1 , h=p 
æ —1 a IL _, (ee IL, _ (x — act) (re — a+"), 
= m —1 ; ë 
où p — ——. Mais on a aussi 4’ + 1 — 0 (mod. m), et partant a} = — a! 


(mod. m), a+} =," : d'ailleurs, on peut remplacer par 2, et l'on a 


(x— 2") (æ— 424} Es (2% æ— 4) (ar œ— 0%) ; 


s 


donc, en substituant, on trouvera 


LA h=?p 
PDT Ci i —= IL. k (am — 40h) (act p— at), 
“À ==, — 


d’où, faisant x — 2%", on déduit 


gmbk __ p—mbk hk=?p 
= Il 


(oh pb y—ah G—bk (= ah QDE __ jan Bb). 


BE gp ‘h=1 


On obtiendra une formule semblable pour n, et comme en étendant 
le signe IL aux pq combinaisons des valeurs de k et k, il vient évidemment 


el (au Bbk si eu: B=b#) == (—1 LE 1 (ant B—bk — x 1 gb) k 


on en conclura 


k= q [ 3mbk __ B—mbt h=p [ snah nai 
RC 0 1 Les ( je 


Bbk _ g—bk 


ah — 5; ah 


On tirera de cette équation la loi de réciprocité, si l’on démontre cette 
autre formule 


n k= 3mbE — f—mbt 
1. VMS () =u D 1k 


RATE =" 


48 SUR LA THÉORIE 


Or, il y aura un nombre entier i < n, tel que »m = b' (mod. n), et cela 
pk LE 


pourra le réduire à l'aide de la congruence b! + 1 —0 (mod. »), qui 


donnera Gt — G-mk — ÿ . Si l’exposant à + k surpasse q, on 
fournit = —1#f, PE I (mod. n), d'où l’on voit que la puis- 
sance b'+# changera de signe lorsque à + k sera compris entre q et 2q, 
et ne changera pas lorsque à + k£ sera compris entre 2q et 5q. Mainte- 
nant, si à € q, la suite à +1, à + 2, … à + q, renfermera les termes 
1+q, i+q—1,i+q—2, … i+q—(i—1), dont le nombre est 
i et qui seront compris entre q et 2gq; si à > q, les termes de la même 
suite compris entre q et 2q seront à + 1, i<+2,.…..i+(2q—i), dont 
le nombre est 2q — i. Il s’ensuit qu’en remplaçant 4° par mb”, le produit 
11 (6° — fl) ne change pas de valeur absolue, mais un certain nombre 
de ses facteurs change de signe, et ce nombre est à lorsque i < q, 2q — à 
lorsque à > q. On aura donc, dans tous les cas, 


(PE) = SEE eu 
et comme d’ailleurs (”) — (— 1), on en conclura la formule (71). 
On peut aussi remarquer, que 
pit QE DS. DT = D X BE …. b1, D — (— 1) (mod. n), 
et qu'ainsi le nombre des puissances qui changent de signe est pair ou 


impair comme l’exposant 1. 


Faisant æ— 1 dans l'équation (69), on obtient 
r— 


p 
m = (—1}. TRE (ah — qu), 


et en élevant les deux membres à la puissance q, et supprimant, à la ma- 
nière de M. Liouville, les multiples de x, on en tire 


HAS Le ETUI fr") (= ne ne À 


n R= A4 À ouh y —ah 


n 
m 
parées avec (70), ou bien la deuxième comparée avec (71), donneront la 


On aura une expression semblable de le et ces deux formules com- 


loi de réciprocité. 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 49 


XIE. 


°aT dT, — 


- ; : ; ; y LAY= Le 
Si, dans l'équation (65), on fait 3 —er Do —er : ", en désignant 
ar a un nombre premier à m, et par b un nombre premier à », 1l viendra 
P 


.. 2anhT 
Sin. —— k=q 97 (ar 6 27 (anh — bmk 
PR ln mn Meme Manor COR EPP) UE (enRPnE 
2ahT k=1 mn mn 


sin. 


m 


Or, en général, sin. 27x est positif, si æ surpasse un nombre entier 
d’une quantité inférieure ou égale à +, négatif si, au contraire, il y a un 
3- Au moyen 
de cette remarque, on déduira de la formule (75) le théorème d’arith- 


métique suivant : 


nombre entier qui surpasse æ d’une quantité inférieure à 


Soient m, n, a, b des nombres entiers positifs ; m et n impairs et pre- 
miers entre eux, a premier à m, b premier à n; soit k un nombre déter- 
miné quelconque, et k un nombre indéterminé, qui prenne successive- 
ment les valeurs 1, 2, 5, LT Divisez par mn toutes les valeurs que 
prendront les quantités anh + bmk, anh — bmk, en déterminant les quo- 
tients de manière que chaque reste soit numériquement inférieur à + mn, et 
soit À le nombre total des restes négatifs. Divisez aussi ah et anh par m, en 
prenant les restes numériquement inférieurs à + m; enfin soit q — —— 


Cela posé, le nombre q + 2 sera pair, si les restes de ah et anh sont de 


1 


même signe, impair s'ils sont de signes contraires. 
Ce théorème pouvant conduire à la loi de réciprocité, nous allons en 
chercher une démonstration directe, en supposant, pour plus de simplicité, 


a—14,b—1 et h l'un des termes de la suite 4, 2, 5, … p, p étant = "— 


9 
Faisons 
mn—1 
r — = , Uu—=nh—mk, v—=nh+mk—r; 


9 


u et v, abstraction faite du signe, seront < + mn. Ayant divisé nh par m, 

AR : on = m 

soit à le quotient, L' le reste positif : nous aurons nh— mi + h", h< 3, 
. . m , “ . n Q 

et par suite mi < nh <°n+, d'où i < ;; donc mk sera plus petit que nh 


Toue XXV. 7 


50 SUR LA THÉORIE 


pour toutes les valeurs 4 — 1, 2, 5, i, mais pour ces seules valeurs, 
de sorte que u aura à valeurs positives. J'observe que les nombres h' et u ne 
peuvent être nuls, car nh, étant inférieur à + mn, ne peut être multiple en 
même temps de m et de n. Mais nous aurons aussi nh +- mimi k) + h', 
:—mq+-p, et, par conséquent, nh+-mk > r pour toutes les valeurs 


k—q—i+1, qg—i+2, q—i+5, .…. qg—1, gq, 
et aussi pour l’autre valeur £—q—ù, dans le cas de k' > p: en effet q—ù 
ne pourra pas être nul dans ce cas, puisque sig—i, il s’ensuivrait 
mi + h! > mg +p, ou nh >r, tandis que r est égal à np + q, et que h 


m 
ri ? 


ne surpasse pas p. Ainsi le nombre v aura à valeurs positives si 4° < 
et en aura i+ 1, si k' >=: Donc le nombre des valeurs positives de v 
égale celui des valeurs positives de u, lorsque le reste 4° est inférieur à 
1 m, et le surpasse d’une unité dans le cas contraire : de là résulte le 
théorème ci-dessus énoncé. 

Maintenant soit { le nombre total des valeurs positives de w, et 4 le 
nombre total des valeurs positives de v, en supposant qu'on attribue suc- 
cessivement à toutes les valeurs 1, 2, 5, … p, à k toutes les valeurs 
1, 2, 5, … q; soit », le nombre des restes supérieurs à + m provenant de 
la division des multiples nh par m : on aura évidemment g—f— n,. 

Par les mêmes raisons, si /’ désigne le nombre total des valeurs posi- 
tives de la quantité u' = mk—nh, et m, le nombre des restes supérieurs 
à 4 n provenant de la division des multiples mk par n, on aura g—f"—m,. 
Il en résulte 2g—f—f" — m, +n,, et par suite (—1}+T = (—1)"+", 
Mais les valeurs positives de w’ sont les négatives de u, car w = —u, et 
par conséquent, f + f' est le nombre total des valeurs de u, c’est-à-dire 
pq : done (— 1)" = (— 1)" 

Enfin, si » et n sont deux nombres premiers, on aura, d’après un 
lemme de M. Gauss, 


d'où l’on conclut la loi de réciprocité 


Ë 


n / 


(l) =" 


mn / 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. ET 


J'ignore si cette démonstration élémentaire et très-simple, et sa liaison 
avec celle de M. Liouville, aient déjà été signalées. 

Le lemme de M. Gauss, que je viens de rappeler, peut être généralisé 
ainsi qu'il suit. 

Soient m et x deux entiers premiers entre eux; À le nombre des entiers 
inférieurs à + x et premiers à n : représentons ces entiers par b, b, … b,, 
et divisons par » les multiples b,;m, bsm, ..…. b,m, de manière à avoir des 
restes positifs ou négatifs, mais numériquement inférieurs à = n. Si m, 
désigne le nombre des restes négatifs , m°—(—1)" sera divisible par ». 

Nommons, en effet, k,, h,, … h; les quotients, et k,, k,, … k, les restes 
de ces divisions : on aura 


bm—=hn+k,, bm—=hn+k,, … b;ym—=hn +k;, 


ce qui montre que les restes k,, k,, … k, seront tous premiers à x, car 
k;, par exemple, ne pourrait avoir de commun avec x un facteur pre- 
mier, qui ne divisat aussi b, ou m, en vertu de l’équation bym— hn + f.. 
Mais, de plus, ces restes seront tous numériquement inégaux, car si l'on 
eût k,— + k,, les équations bm—hn + k;, bym = hyn + k,, donneraient 
(b; + b;)m—{(h,; + h;)n, et n, étant premier à m, devrait être diviseur du 
nombre b; + b;, tandis que b; et b, sont < £n, et par suite b, + b; est 
numériquement inférieur à n. Donc la suite k,, k,, … k, sera composée 
des mêmes termes, abstraction faite de leurs signes et de leur ordre, 
que l’autre suite b,, b,, … b,, et l'on en déduira 4, k, … k, = (—1)". 
b, b, … b,. Or, en multipliant, membres à membres, les à équations 
précédentes, et supprimant les multiples de x, on obtiendra 


bb, .… b;. mA = k,k, … k; (mod.n) : done b,b, .… b1 [mA —(—1}"] = 0 (mod. n), 


c’est-à-dire que x sera diviseur de m°—(—1}", puisque le facteur b,, 
b,, … b, est premier à n. 


Lorsque » est premier, la suite b,, b,, … b, est celle des nombres na- 


n—1 


= n—1 n—1 = à: : 
; donc alors, m° —(— 1)" est di- 


mnnels 12/95. —— 00 a 1— 


2 2 


UC m 
visible par n, d’où (*) — (— 1)". 
(1) 


52 SUR LA THÉORIE 


Dans tous les cas, m°°—1 sera divisible par », car il est le produit 
des deux nombres m2 + 1, m°— 1 : théorème d’Euler. 

On peut remplacer le lemme de M. Gauss par d’autres propositions 
analogues. Au lieu de multiplier » par les entiers inférieurs à +n, on peut 
le multiplier par les entiers pairs inférieurs à n, ou par les entiers ämpairs 
inférieurs également à n, et diviser les produits par x, en prenant les 
restes positifs : dans le premier cas, le nombre des restes impairs, et celui 
des restes pairs dans le second, détermineront la valeur de (2) , 

On peut aussi choisir pour multiplicateurs les puissances 


n—1 


CC CHE 1e 


2 


: 5 Die B0 m , nur 
d’une racine primitive g de n : la valeur de (5 sera déterminée par le 
nombre des produits congrus aux autres puissances 


n—1 n—14 n—1 
— +1 — +2 +5 n—1 
(EE We RUE OA Loc VAE 


XIV. 


Je terminerai en déduisant de la formule (4) une transformation re- 
marquable, qui se présente dans la théorie des fonctions elliptiques et 
ultra-elliptiques. 

Prenons n —®, et o(x) — e"* cos. 2arx, k désignant une quantité 
réelle positive, ou une quantité imaginaire dont la partie réelle soit po- 
sitive : la formule (4) deviendra 


DES Jr # k= = . Le 
LH Z er cos. 2arx fe * dz cos. 2arz + 2 ZX ; fe  dz cos. 2arz cos. Lirz. 
= 1= 
0 a 
À présent il suffirait de substituer dans le second membre les valeurs 
connues des intégrales définies qu’il renferme; mais ces valeurs peuvent 
ètre déterminées au moyen de la même équation. Soit 
AGE DES p 
ÿr CRUE — DL: faisant x? — kz°, on en tire f° et az — Pr 


e 
o 


et différentiant plusieurs fois de suite par rapport à k, on obtient pour 


DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 


toute valeur entière et positive de m la formule 


ce] 


pe 1.5.5. ... (2m—1) D 
e ONCE — a — 
9" k" V’k 


ao 


de là, en développant cos. r:, on passe à l'intégrale 


Ko] a o LI ñ Le 
#32 —_kz2 LE kr UF y 
fe KE Qz cos. rz — f e "az — e 22 dr + DCE pe 
1.2 1.2.3.4 
[4 o o o 
p L fe 1.3 ne 4.5.5 n° 
= = il + = nr = = D = Edo aie All 
V’k 1.2 2% 1.2.3.4 (2k)? 1.2 3.4.5.6 (2k)5 


et remarquant que généralement 


LD ce es CAE EEE 


on trouve 


co hn p r2 1 fe 1 1 Les ll | p == 
Lz cos, re = | 4 + |) — ES EE: 
72 or l elles) vx‘ 


o 


Cette formule donnera la valeur de 


2] 


va e © dz cos. 2arz, 


o 


ao 
"1 eme dz cos. 2arz cos. 2irz, 


o 


et aussi celle de 


puisque 
2 cos. 2arz cos. irz — cos. 2(a+i)rz + cos. (a—i)rz, 


et, en les substituant dans l’équation ci-dessus, on aura 


T= © - 7] ar? 1= © (a+) 2 (a— 
EL + 2 nc art elle + + 3. ET ee SP ee sd : 
A V’k 11 


Soit a— 0, k — » : cette formule devient 


T0 _ se p i= © ra 
+ su S} e = MCE I2 2, (a , 


x=1 T 1= 


d'où évidemment 


# 


54 SUR LA THÉORIE DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 


Avec cette valeur de p, et faisant k—77, il viendra 


x — æ a 1 TT 1=® Ti 2aTi 2a7Ti 
(TA). EE e TE ços. Larx = —©> pr [4 AO er. Lee AUTRE Ti 1 
&'—A Vr 4) 
Cal 
(a+i) _ (a—1}* TT TÈ 2aTi 2aTi 
r F re r = |! ’ e » (e r + € 1 


On trouve d’autres démonstrations de cette formule dans le mémoire 
couronné de M. Rosenhain, sur les intégrales ultra-elliptiques (Mém. de 
l'Insütut, savants étrangers, tom. XI, pp. 595, 596). 

Si l’on suppose 


DO RER LPO AUTA ET, 
_ 


et la formule (74) donnera ce théorème de M. Cauchy, 


æ2? —40? — 90 


\ 
1 tÆ 1 _pe rt _ 02 
(ire +6 + € +.…)=#(ise ALES nl 


En même temps nous avons démontré les formules 


ile JE STAR 1.3.5 … (2m—1) = 
e  dz — : JE a de My — — R otre + 
2 us QU Jens 2 k 


C2 1 Te 


VA e © dz cos. rz — 1e V LE 


o 


Au surplus, la formule (4) peut conduire, d’une manière également 
simple, à d’autres transformations semblables d’une série trigonométri- 
que en une série d’exponentielles. 


RECHERCHES 


SUR 


LES MÉDIANES, 


M. Envesr QUETELET, 


OFFICIER DU GÉNIE, ANCIEN ÉLEVE LE L'ÉCOLE MILITAIRE. 


Presenté en la seance de l'Académie rovale , 


le 9 octubre 1852 


Toue XXV. 


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RECHERCHES 


SUR LES MÉDIANES. 


PRÉLIMINAIRES. 


1. L'analyse et la géométrie sont deux branches des sciences mathé- 
matiques liées l’une à l'autre par tant de points, qu’il paraît désormais 
impossible de les désunir; on remarque même que chacune d’elles n’a 
commencé à prendre cet immense développement, auquel elles sont arri- 
vées aujourd'hui, qu'au temps de Descartes, qui, le premier, reconnut 
le puissant secours qu’elles peuvent se prêter l’une à l’autre. 

Le but général de l'analyse est l’étude des fonctions; celui de la géométrie, 
l'étude des surfaces, ces mots étant pris dans leur acception la plus étendue. 
Or, généralement les fonctions sont des équations de surfaces : ainsi tout 
théorème de l’une des deux branches répond à une propriété de l’autre. 
De plus, comme une même fonction peut, en faisant varier le système des 
coordonnées, représenter une infinité de surfaces, et inversement qu’une 
même surface peut être exprimée par une infinité de fonctions, il en résulte 
des transformations de propriétés extrêmement générales. Seulement, pour 
obtenir tous les résultats qu’on peut se proposer par cette voie, il faut faire 
marcher de front les deux branches, sans jamais subordonner l’une à 


= 


RECHERCHES 


l'autre ; et c'est de cette façon que l’on peut vraiment dire que l’analyse et 
la géométrie se fécondent l’une par l’autre et sont presque inséparables. 

Le but de cet écrit est d'établir quelques rapports entre les fonctions 
et les surfaces; ces rapports ne sont pas tous nouveaux, mais peut-être 
sont-ils présentés d’une façon neuve et avec un ensemble qui permettra 
d’en tirer quelques conséquences intéressantes. 

Les mathématiques sont une science de comparaison, et les surfaces 
comme les fonctions sont étudiées dans leurs rapports avec des surfaces et 
des fonctions plus simples. Ainsi, l’on compare généralement les surfaces 
avec des plans tangents ou diamétraux, avec des sphères, des cônes, etc. 
Pour les fonctions, on recherche une partie de leurs propriétés dans les 
dérivées, qui jouent un si grand rôle dans l’analyse moderne. C’est dans 
cette voie et en suivant principalement les lois de la symétrie, que nous 
avons essayé d'établir quelques liaisons générales entre diverses classes de 
surfaces. Sous ce point de vue, une surface n’est jamais isolée, mais elle 
est toujours accompagnée d’un cortége de surfaces plus simples, dont les 
relations réciproques doivent servir à établir celles de la proposée. 

Nous ne nous occuperons ici que des surfaces dites algébriques, c’est- 
à-dire de celles qui sont représentées par une fonction algébrique à trois 
variables, rationnelle, entière et d’un nombre de termes fini. Quant à 
l'interprétation géométrique, nous rapporterons les surfaces à trois plans 
non parallèles et pour chacun d’eux par des droites parallèles à l’intersec- 
tion des deux autres. C’est le système ordinaire, dit aussi système de 
Descartes. 

2. La première chose que nous ayons à faire est de chercher les for- 
mules propres à passer d’un système de plans à un autre. 

Cette transformation se partage, comme on le fait ordinairement, en 
déux parties: l’une, où l’on change simplement l’origine en conservant des 
plans parallèles; l’autre où, en conservant la même origine, on change 
la direction des plans. 

5. Nous avons donc deux questions : 

1° Une surface algébrique étant rapportée à trois plans, la rapporter à trois 
nouveaux plans parallèles aux anciens. 


 R 


SUR LES MÉDIANES. 5 


Quand on change un des plans de comparaison en un plan parallèle, il 
est clair que toutes les coordonnées relatives à ce plan augmentent ou 
diminuent de la même quantité, qui est la partie de ces coordonnées com- 
prise entre les deux plans parallèles. Ainsi, nommant x'y'z! ces distances 
normales ou obliques, qui sont en même temps, relativement aux trois pre- 
miers plans, les coordonnées de la nouvelle origine, on a : X—x + x’, 
Y=y+y, Z=2+3; dans ces égalités, X est l’ancienne coordonnée, 
æ la nouvelle, x’ la coordonnée constante de la nouvelle origine par rap- 
port aux anciens axes. Telles sont les formules de transformation. 

Or, étant donnée l'équation à une inconnue 0 = x" + ax" "ba"? .. 
+ k, si on diminue toutes les racines de la quantité p, ce qui revient à 
changer x en x + p, on sait que la transformée est : 


r2 me 


T T° 
0—=P + P - + P'— .... + pu — à 

! 1:2 A2 um 
où P, P’, .... P° représentent la fonction et ses dérivées, quand on y a 
remplacé x par p. 

Soit donc S—0 une fonction algébrique rationnelle, entière, de degré », 

à trois variables , qui représente une surface algébrique d'ordre m. En ap- 
pliquant à cette fonction le théorème ci-dessus, on a la transformée de S : 


s = el D (E a? = | y Z 
rt dl 1 Ÿ \due/ 12 dydz] 41 
| v =) y? d | CT 
+ (—) = + | — = — 
dy} 1 dy} 4.2 dzdx/ 11 
E Z 22 ds | T y 
+ [—) = + — — 
dz lu dz2)N A2 dædy} 4 1 
S 


(ea) mb, d5S | yÈNz ds ÿs z° dis | TOURS ! 
> LUE 2 d e 5 ce 
T (ax) 123 dy?dz/ 1.2 1 ke dydz?} 4 1.2 v dedydz} A 41 


où les fonctions entre parenthèses sont la fonction S et ses dérivées, dans 


6 RECHERCHES 


lesquelles on a substitué à x y x les coordonnées de la nouvelle origine 


| PSC 


TYyz. 
4. 2 Ayant l'équation d’une surface par rapport à trois axes, trouver son 


équation pour trois nouveaux axes, qui se croisent dans la même origine. 

En menant par cette origine une perpendiculaire à l’ancien plan des y'z', 
on sait que la projection du rayon vecteur, tiré de l’origine au point de 
la surface, égale la somme des projections des coordonnées dans chacun 
des systèmes, d’où æ'=ax + by + cz, a b c étant des constantes, qui dé- 
pendent de l’inclinaison des axes. On a donc les formules : 

PORN DYNNCE UC, 


x 
y — aux + by + cz, 


— OUT EN URUR EN CIE. 


| 


Quand l'axe des z seul change, les points du plan x y conservent les 
mêmes coordonnées; faisant donc :— 0, il faut qu'on ait : 


/ ’ 


DD, VU —Y, 20—0 OU A1, D— 0, U—0, Vi, 400, DE T0, 


et les formules sont simplement : 


0 ’ ’ 1 1! 


T=HL+CZ, Y = Y + CZ, 2 —= CZ. 
Pour connaître actuellement la transformée de S — 0, prenons le terme 
général de S, t=Tzx”?y"1z2/", qui devient T (x +- cz)" (y + c'2)° c’”" x. Prenant 
également le terme général de chacun des binômes et multipliant, on a : 


T p(p—1)....(p—2+1) a qu A q(g—1).…...(g—6+1) 
ADM: & AO 2.2 4 


Vars 


dat+6 t cz“ céze 
—= (4 


dt dy 12... a 1.2.6 


17 


On en conclut qu’on aura la transformée en ajoutant toutes les dérivées 
de S suivant x y, depuis la dérivée zéro ou S même jusqu’à toutes les déri- 
vées m°”"*; seulement, dans chacune de ces dérivées, on substitue c'/: à Z, 
et si une dérivée est -°* pour x, 6°" pour y, elle sera multipliée par 


SUR LES MÉDIANES. 7 


Par le moyen de ces deux questions, on peut passer d’un système 


d’axes à un autre quelconque. 
>. Nous poserons ici quelques notations abréviatives qui pourront être 


utiles : 
ds ds , dS pe 
— = 4, =, = & ,; 
dx dy dz 
ds 2 ŒSINUUES JM GE ds "Las és 
ME GANG dude | dydz  ‘’ dzdx a dxdy EAU 
d5S d5S , ds PUS d5S d5S 
— —0) =, = — —— — KE, —"* , = €"; 
dæxs dy® dzs dy?dz dz?dx dx°dy 
ds d5S ._ ds . d5S 
in em GNT = PONS —= 
dydz°? É dzdx° dx dy? * dxdydz 


PREMIÈRE PARTIE. 


6. Les surfaces secondaires dont nous cherchons à faire dépendre 
l'étude d’une surface quelconque, seront liées à celle-ci par quelque loi 
de symétrie. C’est par cette symétrie que l’on peut justifier la dénomina- 
tion imposée à ces surfaces. 

La droite menée du sommet d’un triangle au milieu de la base porte 
le nom de médiane, parce qu’elle contient les milieux de toutes les droites 
parallèles à la base et comprises entre les deux côtés. Il semble donc 
conséquent de donner ce nom aux lignes ou aux surfaces qui jouissent 
de quelque propriété moyenne, comme, par exemple, le lieu des centres 
des moyennes distances sur une suite de droites parallèles qui rencontrent 
une surface. Et de la même manière que la ligne ou la surface est nommée 
médiane, chaque point de celle-ci qui jouit d’une propriété moyenne sur 
une des droites, portera avec avantage un nom qui rappelle cette pro- 
priété; ce sera le médian de la droite ou transversale; de façon que la 
médiane ne sera autre chose que le lieu des médians. 

7. Définitions. S — o représente une surface algébrique de l’ordre m, 


8 RECHERCHES 


rapportée à trois plans non parallèles. Une transversale rectiligne ren- 
contrera généralement cette surface en des points réels ou imaginaires, 
dont le nombre ne pourra surpasser m. 

Cela posé, nous appelons premier médian de la transversale un point 
situé sur celle-ci, et tel que la somme de ses distances aux points réels 
ou imaginaires où la transversale rencontre la courbe, soit nulle; 
deuxième médian de la transversale, un point situé sur celle-ci, et tel 
que la somme des produits deux à deux de ses distances aux mêmes 
points d’intersection soit nulle. 

On voit dès lors ce que seraient les médians 5°, 4", etc., de la trans- 
versale relativement à la surface S. 

Si la transversale se déplace suivant une loi, les médians engendreront 
des lieux géométriques, qui pourront être des lignes ou des surfaces. 
Mais, quelle que soit cette loi, les lieux des médians 1‘, 2", etc., seront 
définis respectivement médianes 1", 2", etc. de la surface. 

Nous distinguerons particulièrement deux des cas les plus simples : 
celui où la transversale demeure parallèle à elle-même, et celui où elle 
passe toujours par un même point. Quand on se borne à ces conditions, 
les médianes sont des surfaces définies, dans le premier cas, surfaces mé- 
dianes A", 2%, etc. parallèles, et dans le second, surfaces médianes 1", 
2m, etc. polaires. Mais on peut, en outre, se donner d’autres conditions, 
par exemple, que les transversales s'appuient sur une courbe où sur une 
surface ; alors elles constituent des cylindres ou des cônes, et les médianes 
sont de simples courbes. 

Nous nous proposons de rechercher les équations des surfaces médianes 
parallèles et polaires. 

8. Soit la surface S — 0, de l’ordre m, coupée par un système com- 
plet de transversales parallèles. Cette surface est rapportée à trois axes 
issus d’un même point, celui des z parallèle aux transversales, les deux 
autres quelconques. Soit changé + en z + h, ce qui revient à mouvoir 
le plan des x y parallèlement à lui-même. La transformée sera : 


5 (2e) 2 () z2 = 2" 
DNS) NE pa sen re 2 


SUR LES MÉDIANES. 9 


Une transversale quelconque est donnée par æ—a, y—b. Si on substitue 
ces valeurs dans la transformée, les : que donnera celle-ci seront les z des 
points où cette transversale rencontre la surface, rapportés au plan mobile 

des x y, dont l'équation est z— h. Mais suivant que ce plan rencontre la 

transversale en son médian 1°, en son médian 2", etc., le coefficient de 
” 


2"—", celui de #"-*, etc., doivent être nuls dans la transformée. Ainsi le mé- 
dian n°” de la transversale æ— a, y —b est donné, par rapport aux pre- 


mn 


miers axes, par la valeur de h tirée de ‘ 


= 
dz 


par a, b et h. Pour rendre à la transversale sa généralité, il faut remplacer 


où x, y et z sont remplacés 


a et b par æ et y; alors h sera l’ordonnée variable de la médiane n°" pa- 
rallèle de la surface. En représentant cette ordonnée par z, la médiane 


mn 


dz"" 


Par conséquent, les médianes 1" parallèles d'une surface algébrique d'ordre m 


np'ème a pour équation = 0. 


sont des surfaces de 1° ordre; les médianes 2" parallèles, des surfaces de 2° ordre ; 
les médianes n°" parallèles, des surfaces de n°" ordre, jusqu’à la médiane n°", 
qui est la proposée elle-même. 

Observation. — Quand 2" manque dans l'équation S—o, un des m points 
d’intersection de la surface avec les transversales parallèles aux + passe à 
l'infini, ainsi qu'un des médians de chaque ordre; mais il faut remarquer 
alors que les n — 1 points de la médiane n°” situés sur une parallèle aux 
z, ont la propriété d’être les médians n—1 des m—1 points de S, situés 
sur cette parallèle. 

9. Soit une surface S de l’ordre m, coupée par un système complet de 
transversales polaires. L'origine des coordonnées est prise au pôle, les 
axes étant d’ailleurs quelconques. x — az, y — bz est une transversale. 
Substituant ces x et y dans $, celle-ci donnera les z d’intersection de la 
transversale avec la surface. Cette équation en z, S’', est du degré m, et en 
général le coefficient de z? se compose de l’ensemble des termes du degré 
p de S, où x, y et z sont remplacés respectivement par a, b et 1. Soit changé 
dans $S', zen z + h; on obtient : 

0 = (S') + (e) s + =. LAN +- 122) A2 es 
il GEL Fe) (12 hi ALT S RSS m. 


dz 


Tour XXV. 2 


10 RECHERCHES 


Cette transformée donne les z de l’intersection , rapportés au plan mobile 
: — h. Mais il est aisé de voir que, si ce plan passe par le médian 1°, 
2e, etc. de la transversale, le coefficient de z"—*, ou celui de z"—?, etc. 
doit être nul. Ainsi le médian »°” de la transversale x — az, y — bz est 


donné, par rapport aux premiers axes, par la valeur de k tirée de l'équation 


d”"—"S' axe d"-1 / 3 < 
= —0, ou par la valeur de : tirée de me Celle-ci contient 


encore a et b, qui déterminent la transversale. Éliminant ces deux constan- 
tes a =; b— 2, on voit que l’on reconstruit en entier les termes des 
divers degrés, puisque a et b, comme constantes, ont gardé partout leurs 
exposants; le degré de z seul a partout diminué de m—n unités, de façon 
que, pour chasser les dénominateurs, on doit multiplier par 2"; et, de 
cette manière, les divers degrés sont reconstruits en entier. La seule chose 
à observer, c’est que, à cause de la différentiation, chaque degré est mul- 
tiplié par un coefficient. S'il s’agit, par exemple, du degré v, le coefficient 
est : uv (v— 1)... [v — (m—n) + 1]. On voit par là que la médiane n°" 
polaire n’a pas de terme d’un degré inférieur à m— n. 

Par conséquent, les médianes polaires d'une surface algébrique d'ordre m sont 
des surfaces du même ordre. 

La propriété la plus saillante de ces fonctions est que les divers degrés 
ne sont pas altérés, en passant de la proposée à ses diverses médianes po- 
laires; mais l'indice du plus faible degré ajouté à l’indice de la médiane 
vaut toujours m. 

Observation. —D'après le n° 8, une transversale rectiligne qui rencontre en 
m points la surface $, a n médians »°"*, tandis que ce numéro donne pour 
la médiane »"”* une surface d’ordre m:; cette contradiction apparente tient à 
ce que, pour rendre la fonction entière, il a fallu multiplier par 2"; 
aussi la surface a-t-elle à l’origine un point multiple d'ordre m—n, et 
ce sont les » points restants seuls qui sont médians »°”® de la transversale. 

10. Remarque. — I est à observer que les diverses médianes parallèles de 
S suivant un même axe, sont en même temps médianes les unes des autres, 


c'est-à-dire qu’elles sont toutes médianes de celles d'ordre supérieur. Ainsi 


PE ; ds ER 
la médiane m— 1 de S suivant les z est DS la médiane m—92 deS et la 


SUR LES MÉDIANES. 11 


ds 


GE ds . 
médiane m— 2 de 7; sont également : 
Z (124 


: COTE - 
diane m—2 de — suivant les :, on peut la prendre suivant les y, et alors 


2 z 


+ Mais au lieu de prendre la mé- 


2 


On a Celle-ci est encore une médiane m — 2; elle appartient aux 
médianes m—2 des deux axes z, y. De la même façon, les médianes m—5 


155 


. . . 0 
de trois axes TL, Y, 3 comprennent , AUSSI bien que Fr 


dxdydz 

En appliquant aux médians d’une transversale l'observation ci-dessus , 
on voit que si l’on prend les n médians n°" de m points en ligne droite, 
puis les p médians p°"* de ces n points, les p points seront en même temps 


les médians p 


ièmes 


des m premiers points. Pour trois points, par exemple, on 
a généralement deux médians seconds ; le médian premier de ces deux-ci, 
qui n’est autre que le point milieu des deux, est en même temps le centre 
des moyennes distances des trois premiers points. Il en résulte encore que 
la première médiane parallèle d’une surface de troisième ordre (cette 
médiane est le plan, lieu des centres des moyennes distances des transver- 
sales) est un plan diamétral de la surface de second ordre, qui en est la 
médiane deuxième. 

11. On peut donner à l'équation des médianes polaires une autre 
forme, qui rattache leurs propriétés à celles des médianes parallèles. Voici 
comment : 
ièmes 


Si l’on prend toutes les médianes n°” parallèles de trois axes x, Y, 2, si après 


da+b+ces PAGES (a+b+c) 
par 

dx° dy? dz° 1.2...aX1.2..bX1-2..c 

on ajoute tous les produits, on aura l'équation de la médiane polaire n°"° dont le 


avoir multiplié chacune des fonctions PAS 


pôle est à l’origine. 

Soit le terme général S, Tx?y!z". Suivant les dérivées que l’on en pren- 
dra, on aura des termes qui appartiendront aux différentes médianes pa- 
rallèles n°"#, mais qui, moyennant la multiplication indiquée par +, y et z, 
auront tous la partie commune Tx?y!z", et ne différeront donc que par un 
facteur constant. 

Or, quand on prend toutes les dérivées m — n de x?y'z 
qu'en posant p + q +r — v, la somme de tous les coefficients est 
v{u— 1)... [v—(m—n) +41]. Ilest seulement à remarquer que plusieurs 


Tr 


; On trouve 


de ces dérivées , ne différant que par l’ordre des différentiations, sont iden- 


12 RECHERCHES 


tiques; il faut donc multiplier chacune d'elles par un coefficient qu'il est 
aisé de déterminer. La même chose pouvant se dire de chaque terme, on 
voit que chacun reproduit le terme correspondant de la médiane polaire, 
et on en conclut le théorème ci-dessus. 

12. En prenant comme exemple la surface du second ordre : 


0 = An? + A’? + A2? + Byz + B'zx + B'xy + Cr + C'y + C''z + D. 


on trouve les médianes parallèles suivant les trois axes : 


o —= 2x + Bz + B'y + C, 
0 = 2Â'y + B'x + Bz + C7, 
OA ZE By BTE UC, 


et multipliant celles-ci par x, y, z, et ajoutant, on a la médiane polaire 
dont le pôle est à l’origine : 


o — 2 (Ar? + AY? + A2? + Byz + B'zx + B'xy) + Cr + C'y + CZ. 

Les médianes parallèles sont des plans diamétraux, et la médiane po- 
laire est une surface de second ordre semblable à la première et sembla- 
blement placée. Le centre de similitude se trouve sur la droite qui joint 
le pôle au point d'intersection des trois plans diamétraux : pour le déter- 
miner, il suffit de circonscrire le cône extérieur aux deux surfaces; son 
sommet répond à la question. Il y a aussi un centre de similitude inverse, 
pour lequel les rayons vecteurs homologues, quoique sur le même aligne- 
ment, sont dirigés dans des sens opposés par rapport au centre. Celui-ci 
est le sommet du cône intérieur circonscrit; il est situé sur la droite dé- 
finie plus haut. Quand le cône manque, en nommant O le centre de 
similitude inverse, AA’ les points où cette droite coupe une des surfaces, 
BB' les correspondants où elle coupe l’autre, O est déterminé par la rela- 
tion OA : OB — AA' : BB’. 

15. Nous avons les équations des médianes pour certaines directions 
et pour certaine position du pôle; il n’est pas difficile d’en conclure les 
équations générales. 


SUR LES MÉDIANES. 13 


Pour les médianes parallèles d’abord, prenons une direction générale, 
celle du nouvel axe des z du n° 4. 
La transformée du terme général t est, pour ce nouvel axe, 


T(x + cz)? (y + cz) cz"; 


sa dérivée pour 3 : 


Tprrez)sle(ly + caen 20 Tr + cz) q{y + cz)" c'en 77 
Tr p ( y € AE dt , dt dt 
+ THCa) My Ecr) Nr CE EC ce —: 
: dx dy dz 


Faisant la même chose pour chaque terme, on voit que la médiane 
m— 1 parallèle de $S, suivant le nouvel axe, est : 


ds , dS , dS 
e— + — + ©! —. 
dæ dy dz 


O—= 


Si de cette surface d'ordre m— 1 on prend la médiane m— 2 suivant 
un autre axe €,, c', et c'',, on trouve: 


æS ITS : æs æS 
O— Ce: ie ROME (CCR IC IC 
1x? dy? 2? dxdy 
Re) APP RES ds 
cc e c'e c 
ne à drdz "” dydz 


On peut continuer ainsi suivant une loi évidente. Dans le cas où l’on 
différentie deux fois sur la même direction, on à : 


2 2 2) 2 2 26 
Cet to ES Peur æs re ADe ds 


dx? ap TE ie 1 dxdy ni 7 MS dydz 


0 — €? 


et ainsi de suite. 
Toutes ces surfaces sont d’ailleurs rapportées aux mêmes axes primitifs 


que S—0. 
14. Pour les médianes polaires, opérons la transformation du n° 5, 
en prenant pour x’, y', z' les coordonnées du nouveau pôle. Nous aurons 


la transformée S, donnée dans ce numéro. 


14 RECHERCHES 


Maintenant, dans le système transformé, la médiane m — 1 polaire est 


ds, ds, dS, (5) (À) () 
O—=— EX + — y — 3= 14 | — y | — z | —}, 
dr dy 4 dz à dæ ci dy s dz 


: ds ” ds r, ; 
où (à) est la transformée de — due au changement d’axes. Et l’on est 


en droit de poser pee uisque, la direction des x n’ayant pas changé 
, P dx  \dx QPHSqUE SE yantp 6e; 
la médiane de la transformée est la transformée de la médiane pour cette 


; : à ds : ds 
direction. Repassant donc aux anciens axes, [=] redevient may ets 
Fe 


redeviennent 4—x!, y—y' et :—z/; de plus, l'on a pour équation de la mé- 
diane polaire m—1 de S relativement à un pôle aux coordonnées 2’, y, z': 
ds 18 ds 


O0 — (x—m) + — (y—Y) + Cl UNE 
dx dy dz 


On trouverait, par le même raisonnement, l'équation de la médiane 
! 


polaire m— 2 de S au pôle x’, y’, z': 


ds Te ds 7 d ne 
= — 2 0=— a 7 
“ dx? LA ARS dy? RE CRETE à 
ds æs ds 
2 — x") (y—y') + 2 y—y)(z—z')+92 3— 2) (x—x 
dE (x — 2") (y — y") + ayez ) nr ) (æ—x'), 


et ainsi de suite. 

Mais, dans ce cas, les diverses surfaces ne sont pas, comme dans le cas 
précédent, médianes successives les unes des autres. 

Nous avons maintenant les équations de toutes les médianes parallèles 
ou polaires, et leur inspection nous porte à conclure, comme, du reste, 
on devait le voir à priori, que les premières ne sont qu’un cas particu- 
lier des secondes. 

45. D’après le n° 8, quand $ a un point à l'infini sur une direction, 
il en est de même de toutes ses médianes polaires. Nous rechercherons 
ici les caractères des points situés à l’infini. 

Pour qu’une surface ait des points à l'infini sur la direction des z, il 
faut et il suffit que 2” manque dans l'équation de degré m de cette surface; 


SUR LES MÉDIANES. 15 


et, en général, il y aura autant de points à l'infini sur cette direction, qu'il 
manque d'unités jusqu’à » dans le plus haut exposant de x. 

Étant donnée la surface S rapportée à trois axes quelconques, on de- 
mande sur quelle direction elle à des points à l'infini. Il suffira de changer 
la direction des z par la deuxième transformation, et d’exprimer alors que 
le coefficient de =" est nul. Mais les termes en 2" de la transformée ne pro- 
viennent que des termes de degré m de S, que l’on a différentiés par rap- 
port à x et à y, de façon à en faire disparaître ces deux variables. Dès lors, 
on voit aisément que le coefficient de 2", dans la transformée, est justement 
le degré m de S où x, y et z sont remplacés par c, c' et c’”. Cette équation étant 


, 


\ . [4 C 
homogène en c, c' et c’’, donne une relation entre les rapports — et —. 
(4 C 


Par conséquent, si, par l’origine, on mène des parallèles à toutes les trans- 
versales dont les directions satisfont à cette relation, ces droites détermine- 
ront une surface. Pour en avoir l'équation, reprenons les éléments de la 
transformation du n° 4, x'=x+ cz, y—yæ-c'z et z —c'':; comme, dans 
chaque transformation, on ne considère que les points situés sur le nouvel 
axe des z, on a : æ—0 et y—0, d'où æ'—0cz, y/—c'z et 2! — c''2. Aïnsi les 
trois coordonnées dans le système primitif sont proportionnelles à €, c'etc/, 
et peuvent y être substituées dans la relation homogène ci-dessus, qui alors 
se réduit simplement au degré m de S. On en conclut que les directions 
suivant lesquelles S— 0 a des points à l'infini, sont données par les génératrices d’un 
cône qui est la médiane polaire d’indice zéro. 

Quand la courbe a deux points à l'infini sur la direction des z, l’équa- 
tion ne doit contenir z qu’au degré m—2 tout au plus. Ainsi les coefficients 


1 MA 


des quatre termes 2", æ2"—", y2"—", 2" 1 doivent être nuls. En représentant 


s £ d,, 
par 1, 1, l'ensemble des termes de degré m où m— 1 de S, par = la 
Lx 


dérivée pour x des termes de degré m, et ainsi de suite, on trouve ici 


quatre conditions : 


dt, di, 


D ==0, nu —0, “FILE 0: 


que l’on peut à volonté remplacer par 


Er —=0, 0) = 9 = Gi 


16 RECHERCHES 


Quand il y à trois points à l'infini sur la direction de l'axe ©, c', c'2, 


on a les conditions 
di dt, den 


0 0 0 0 = rte 


dx dy dx 


10, == |; 


dt, dt, 
— 0, = 
dy dax? dy? 


—= 0. 


dxdy 


Si l’on veut de la symétrie, il est clair que ce système d'équations se 
réduit au suivant : 


dt dt dl 
raies ER ET 
dx dy dz 


dl dt, de, dt dE, dt, 


= = —N0; 


= = 0, — —=0, 
dx? dy? dz? dxdy dxdz dydz 


Mais, sans aller plus loin, on peut voir que les points à l'infini dépen- 
dant des degrés complets de l'équation S, sont une conséquence des pro- 
priétés des médianes polaires. 

16. Nous avons vu que, dans l'équation des médianes polaires, entrent 
trois espèces de quantités, d’abord les variables de la médiane, puis les 
coordonnées du pôle et enfin des constantes; mais cette équation peut 
être envisagée sous un second aspect en regardant comme variables les 
coordonnées du pôle. L’équation donne alors le lieu des pôles de toutes 
les médianes qui passent par un point. Ce lieu est toujours un cône dont le 
centre est au point donné. S'il s’agit de la médiane m—1 polaire, le cône 
ordre, si la 


me 


est un simple plan; mais il est de second, troisième, m—n 
médiane est d'ordre m—®,m—5, ….. n. 

Ce résultat peut encore se présenter sous une forme différente. Con- 
naissant la surface S et ayant un point fixe, on demande le lieu des 
transversales que l’on peut mener par ce point fixe, et qui jouissent de 
la propriété d’avoir, en ce point, un médian 1®, 2%, n°", Or, les équa- 
tions répondent que, si le point doit être un médian 4er, 2me, n°, m—1me, 
le lieu des traversales est un cône d’ordre m—1 , un cône d'ordre m—2, 
un cône d'ordre m—n, enfin un cône de 1* ordre ou un plan. 

Par exemple, dans une surface de troisième ordre, tout point de l’es- 


| 


… a 


SUR LES MÉDIANES. 17 


pace est premier médian pour les génératrices d’un cône de second ordre 
et deuxième médian pour les droites situées dans un plan. 

17. Quand toutes les médianes parallèles #°"* de deux axes passent par 
un point, celles qui sont relatives à tout autre axe, parallèle au plan des 
deux premiers, passeront par ce même point; et si par celui-ci on mène 
un plan parallèle aux transversales, le point sera le médian »°" du plan 
ou de la section que ce plan fait dans la surface S. Par exemple, si la 
médiane est d'ordre m—1, et que le plan soit o — px + p'y + p''z, tous 
les points de la courbe 


seront les médians m— 1 des plans parallèles à celui ci-dessus. 

Il peut se faire encore (nous l'avons vu au numéro précédent) que des 
transversales constituant un cône, aient toutes un médian #"”" en un même 
point, le centre du cône; ce point se nomme alors médian n°" de la 
courbe à double courbure, qui est l'intersection du cône et de la surface S. 

Pour que toutes les médianes parallèles ou polaires d'ordre » passent 
par un point, il est nécessaire et suffisant que toutes les médianes n°" pa- 
rallèles de trois axes non situés dans un plan passent par ce point. Celui-ci 
est alors défini médian »°" de la surface. 

Quant aux médianes polaires, si deux polaires m — 1 passent par un 
point, toute polaire m — 1 dont le pôle est sur le prolongement des deux 
autres, passera par le même point. En général, si m—n + À polaires 
n°" dont les pôles sont en ligne droite, passent par un point, toute po- 


laire x°”° dont le pôle est sur cette droite passe par ce point. 
m—n+1l m—n+92 
1 2 


médianes x°"* polaires passent par un point, toute polaire n°" passe par 
ce point. 


On trouverait aussi aisément, qu'en général si 


On observera qu'il ne faut pas d’indétermination dans cette question ; 
ainsi, par exemple, s’il y avait plus de »—n + 1 points en ligne droite, 
quelques-unes des conditions seraient superflues. Enfin, il faut remarquer, 
ici, que cette dernière propriété est énoncée ci-dessus d’une manière plus 


Tous XXV. 5 


18 RECHERCHES 


commode et plus aisée pour le calcul, au moyen des médianes parallèles 
de crois axes. 

18. Après avoir parlé de l'intersection des médianes d’un même ordre 
entre elles, il faut dire encore un mot de l'intersection de $ et de ses dif- 
férentes médianes. 

D'abord l'intersection de S avec une de ses médianes m— 1 parallèles , 
est directement l'intersection d’une surface d'ordre m par une autre d'ordre 
m — 1; mais l’intersection de $ avec une de ses médianes polaires m— 1 
est l'intersection de deux surfaces d'ordre m; et cependant, par la nature des 
deux fonctions, on peut en former une troisième de degré m—1 , et qui 
est la conséquence des deux premières. L’intersection appartient donc en- 
core à une surface d'ordre m — 1, mais ce n’est plus une médiane ; ce- 
pendant, d’après son origine, on pourrait la nommer polaire réduite m—1. 

Les médianes parallèles m— 2 coupent $S suivant une courbe qui ap- 
partient à une surface d'ordre m — 2, tandis que cette courbe, pour les 
médianes polaires m— 2, n'appartient qu’à une surface d'ordre m— 1. 
Mais les points où cette dernière courbe rencontre la médiane polaire 
m— À, sont sur une surface d'ordre m—2, qu’on nommera polaire ré- 
duite m— 2. 

De même, s’il y a des points communs à S et à ses médianes polaires 


m—14, m—2, m— 5 de même pôle, ces points seront sur une surface 


5. 


d'ordre m— 5, nommée polaire réduite m 
19. La médiane polaire m— 1 a été trouvée : 


ds ds / as , 
— (x—x) + (y—Y) + (z2— 2") —= 0. 
dx 


dy 
La polaire réduite m — Î est alors : 


ds ds ds 


FE TS an y + Fr AE TO cl: — 107 
æ y dz 


t, ayant la même signification qu'au n° 15. On peut encore écrire pour 
abréger : 
US ds ds 


1 4 — 
dx L dy Ga dz 


SUR LES MÉDIANES. 19 


On voit que toutes les polaires réduites m—-1, qui passent par un point, 
ont leurs pôles dans un plan. Et si le pôle décrit le plan z’ — 0, les points 


Pré ds ds : <: PTE 
communs aux réduites m—-1 sont mn Pr 0: T—0; si le pôle décrit 
dx dy 
une droite x'—0, y'—o, les réduites m—1 ont une courbe commune 
us 
0, 0. 
dz 


Dans le cas du second degré, l'équation de la polaire réduite, consi- 
dérée sous ces deux points de vue, donne également un plan, et l’on sait 
qu'alors les polaires sont réciproques. 

20. Avant de passer à quelques applications, il nous reste à parler des 
propriétés numériques qui lient les segments interceptés sur une trans- 
versale, à partir de son pôle, par la surface $ et ses diverses médianes. 

Prenons cette transversale pour axe des x, et mettons l’origine au pôle; 
les points où S rencontre la transversale, sont donnés par les termes en 


z de S: 


0 = Ag" + Br”-1 + Cr”! Æ Dzr"-5 + Ex”"-t nt LICT + H. 


Les points où la transversale est coupée par les médianes 1, 2, 5, etc., 
sont alors : 


m 
Hi AT B, 


m(m—1) m—1 
em A LA 
422 


m(m—1) (m—9) 


BrEEiCr, 


4 (m—1) (m—92) 1 m2 
ES 22 7" Br? + Cx + D, 
1295 de 1 


et par les polaires réduites m — 1, m — 2, etc. : 


Br Gr 5 Dr + AErt 1. 
19) 209) 5 Dr 3, Are, 


9 PU Et D 9 3 4 Fy"-t 
- 2. 9 DYX Rue DA LEP ite 


IL est facile d’en déduire, sous forme de théorèmes, diverses relations. 
Bornons-nous aux deux suivantes : 

Le produit des m segments interceptés par $, vaut le produit des m — 1 
segments de la polaire réduite m — 1 par la distance du 1% médian 


20 RECHERCHES 


(l'origine des segments est toujours au pôle). Pour appliquer cet énoncé 
à la sphère de centre G, nommons O le pôle; décrivons sur la droite OC, 
comme diamètre, une seconde sphère qui sera la médiane polaire de la 
première. Le plan qui passe par l'intersection des deux sphères est la po- 
laire réduite. Par O soit menée une transversale quelconque, qui coupe 
la sphère de centre C en AA’, la seconde sphère en B et le plan en P; on 
aura toujours 
DAMMOAG= OBELOP: 
La somme des segments inverses (*) de S vaut m fois le segment inverse 


de la polaire réduite première; la somme des produits deux à deux des 
; m (m—1) ; . 

segments inverses de S vaut fois le produit des deux segments 

inverses de la polaire réduite deuxième; en général, la somme des produits 

m(m—1) … (m—n+1 


: : ) 
n à n des segments inverses de S vaut fois le pro- 


Air 
duit des x» segments inverses de la polaire réduite n°”. 


Ainsi, menant plusieurs droites par un point, si l’on porte sur chacune, 
à partir de ce point, une longueur telle que son inverse égale la moyenne 
des m segments inverses que cette droite intercepte sur S, toutes les extré- 
mités seront dans un même plan. 


DEUXIÈME PARTIE. 


21. Nous passerons actuellement à quelques applications. 

Jusqu'ici, les points où la transversale rencontre la surface n’ont été 
assujettis à aucune loi; ces points étant quelconques, on a déterminé 
leurs médians et on a cherché à reconnaître quelques-unes de leurs pro- 
priétés. Mais il est clair que si les points de rencontre de la transversale 
avec $ sont soumis à une loi de distribution, les médians doivent égale- 
ment posséder quelques caractères particuliers, desquels on puisse même 
conclure les propriétés des points principaux. 


() On nomme segment inverse l'unité divisée par la valeur du segment. 


SUR LES MÉDIANES. 21 


22. Nous ferons donc des hypothèses sur la position des m intersec- 
tions de S avec la transversale, et d’abord nous supposerons ces intersec- 
tions situées symétriquement par rapport à un point de cette droite. Ce 
point sera alors défini le centre de la transversale. 

La surface est rapportée à trois axes, dont celui des z est parallèle à 
la transversale, celle-ci ayant alors pour équations x—a, y—b. 

Effectuons la transformation du n° 5, par rapport à z seulement. Si le 
nouveau plan des æ y passe par le centre de la transversale, il faut qu’en 
faisant dans la transformée x= a, y—b, celle-ci ne contienne z qu'à des 
puissances paires ou à des puissances impaires, ou, en d’autres termes, il 
faut que les médianes paires ou les médianes impaires suivant z passent 
par ce point. 

Donc si une transversale a un centre, ce point doit être médian de tous les 
ordres pairs de la transversale, ou médian de tous les ordres impairs. 

Du reste, quand une des deux conditions est remplie pour un point, 
celui-ci est un centre de la transversale. 

On en déduit immédiatement cette autre propriété : Quand les points où 
une transversale rencontre S ont un centre, celui-ci est encore un centre pour les 
médians de tous les ordres de cette transversale. 

On voit donc que les centres de transversales sont de deux genres, les 
centres donnés par les médians pairs, et les centres donnés par les mé- 
dians impairs. Il en résulte que, pour un système de transversales paral- 
lèle ou polaire, on peut avoir des surfaces, des courbes ou de simples 
points comme lieux des centres ; ainsi, toutes les transversales formant un 
système parallèle ou polaire, peuvent avoir un centre; le lieu de celui-ci 
est une surface nommée surface diamétrale parallèle ou polaire, cette 
dernière comprenant, comme cas particulier, le centre de la surface. Si 
une série de transversales seulement sont douées de centres, le lieu de ces 
centres forme une courbe dite courbe diamétrale parallèle, ou courbe dia- 
métrale polaire. Enfin, il peut se faire que quelques transversales seule- 
ment aient un centre. 

Telle est la méthode générale. 

Nous ferons observer encore, comme cas particulier, qu’un point peut 


22 RECHERCHES 


ètre le centre de transversales formant un cône; alors ce point est nommé 
le centre de la courbe à double courbure résultant de l'intersection du cône 
et de la surface. Le cône peut être un plan; alors le point est le centre 
du plan ou de la courbe plane d’intersection. 

25. Examinons plus particulièrement le cas des surfaces diamétrales 
parallèles. Les z étant pris suivant la direction des transversales, les deux 
genres de centres seront donnés par les deux suites 

ds “s ds d5s 


SO, = — 0) lielic, el —\—,.0 
uz? é dz * dz5 


—10 ele. 


Or, en supposant, comme nous le faisons, que S ne puisse pas se ré- 
soudre en facteurs, ce qui entraînerait la dégénération de la surface, on voit 
que la première suite ne peut pas donner de surface diamétrale, sauf le 
cas où la direction des transversales n'offre qu’une rencontre avec S, et 
alors elle est évidemment à elle-même sa diamétrale. Ainsi les surfaces dia- 


; 5 ; US RES = 
métrales proprement dites sont données par la suite GE etc. Si, dans 


S, le plus haut exposant de z est impair, il y a une de ces fonctions qui 
est indépendante de :; c’est donc une constante ou un cylindre parallèle 


aux z; et dans les deux cas, il n’y a pas de surface diamétrale. 
D . A ds d5S u : 
L’équation devant satisfaire à ane etc., on voit qu'elle ne peut 
2 a z° 


contenir z qu'au premier degré, c’est-à-dire que toute parallèle aux trans- 


#4 


versales ne rencontre la surface diamétrale qu’en un point. 

Ainsi il ne faut chercher de surface diamétrale que pour des directions qui ren- 
contrent S en un nombre pair de points. L’équation de la surface doit alors satis- 
faire aux médianes parallèles m—1, m—5, etc., pour cette direction. 

24. Examinons aussi le cas du centre d’une surface; plaçons en ce 
point l’origine (n° 5); il ne faut, dans la transformée, que des degrés pairs 
ou impairs ; or, le degré m ne peut disparaître, donc c’est le degré m—1 
qui disparaîtra. Ainsi le centre se trouve à la fois sur toutes les médianes impaires 
de trois axes. 

Ceci donne lieu à un rapprochement. Si une surface d'ordre impair 
présente à la fois un centre et une surface diamétrale, nous prendrons 
le centre pour origine et les z suivant les transversales de la diamétrale. 


SUR LES MÉDIANES. 93 


Alors, à cause du centre, toutes les médianes impaires de trois axes passent 
par l’origine ; de même, à cause de la diamétrale, toutes les médianes paires 
suivant z passent par l’origine. Il en résulte que chaque terme de l’équa- 
tion contiendra æ ou y (voir n° 5). L’axe des z est donc alors sur la surface. 

On en conclut que, si une surface d'ordre impair a un centre, toutes les 
droites tirées de ce centre parallèlement aux transversales qui admettent une sur- 
face diamétrale, appartiennent à la surface d'ordre impair. 

Par le même raisonnement, on trouve qu’une courbe plane d'ordre im- 
pair ne peut jamais avoir à la fois un centre et une courbe diamétrale. 

Il est aisé de voir encore que le centre d’une surface est situé non-seu- 
lement sur toutes les surfaces ou courbes diamétrales de même genre que le 
centre, mais encore sur toutes les surfaces ou courbes diamétrales de 
genre différent. 

25. Comme application de ce qui précède, nous chercherons les centres 
de la surface de troisième ordre. 

Les centres de transversales de premier genre sont donnés par les 
médianes première et troisième; ceux de second genre par les médianes 
d'indices deux et zéro. d 

Les surfaces diamétrales appartiennent au second genre; on reconnait 
que les directions des transversales sont données par Île cône asymptote 
ou la médiane zéro, et les surfaces sont du second ordre. Il y a d’ailleurs 
une surface pour chacune de ces directions. 

Les lieux des centres de premier genre sont des sections planes de la 
surface, quelle que soit la direction des transversales. Le plan est le lieu 
des centres des moyennes distances pour la direction. Dans le cas où la 
direction des transversales est parallèle au cône asymptote, le plan lui- 
même est parallèle à cette direction, mais la section de S par ce plan 
répond toujours à la question. 

On voit donc par là que, sur une même direction, il peut y avoir des 
centres de deux genres; un exemple le fera voir mieux encore: soit la surface 
ay —=0, 


22 + 95 — ayz — 5 — 0 et les deux médianes suivant +, 2x2 
æ— 0. Cette surface a une diamétrale pour la direction des z, 2x: == ay; 
tandis que, pour les centres de premier genre, on obtient la courbe plane 


no 
Es 


RECHERCHES 


x—0, y —ay:—Ù5 = 0; et effectivement, suivant ce plan x — 0, toutes 
les parallèles aux 2 ont deux points situés à l'infini. 

Quant aux médianes polaires, il n’y a généralement que des courbes ; 
dans des cas particuliers seulement, on peut avoir des surfaces. Les cen- 
tres de premier genre sont à l'intersection de la proposée du troisième 
ordre par une surface du deuxième. Les centres de deuxième genre sont à 
l'intersection d’un cône, parallèle au cône asymptote et dont le centre est 
au pôle, par une surface de deuxième ordre passant par ce pôle. 

26. On peut se poser le problème inverse et se demander : étant donnés 
une surface de troisième ordre et un point, trouver le lieu des pôles ou 
les directions de transversales qui admettent une courbe ou une surface 
diamétrale passant par ce point. 

Le premier genre suppose le point donné sur la surface; alors les pôles 
ou les directions des transversales forment un cône de second ordre. Ainsi 
par chaque point d’une surface troisième, on peut mener une suite de 
droites formant un cône de second ordre et telles que la corde inscrite dans 
la surface soit divisée en ce point en deux parties égales. 

Quant au second genre, les pôles et les directions appartiennent à un 
cône mené par le point donné et parallèle au cône asymptote ; ils sont, 
d’ailleurs , aussi dans un plan. Ainsi le lieu de ces pôles se réduit à trois 
droites situées dans un plan. 

Nous prendrons un exemple particulier fort simple : 


Dy — 25 + ax? — bÿ + x — 0. 


On demande le lieu des transversales qui ont un centre à l’origine. En 
regardant, dans les équations des médianes polaires, les coordonnées 
du pôle comme variables et égalant à zéro les trois coordonnées x, y, z, 


on a les trois surfaces : 
[2] 


& 
ë 
ï 
] 


by 


12,7 15 


I 


Pour le premier genre, le lieu cherché se résout en deux plans pas- 
sant par l’axe des z. Toute transversale par l’origine située dans l’un de ces 


SUR LES MÉDIANES. 925 


plans, rencontre la surface en trois points, dont un, à l’origine, est tou- 
jours équidistant des deux autres. 

Quant au second genre, pour ce point, il offre deux droites seulement. 
Ce sont les axes des x et des y. Ces axes, en effet, ne rencontrent la sur- 
face qu’à l’origine. 

Si l’on cherche le lieu des centres pour des transversales parallèles 
aux +, on n’en trouve pas de second genre; mais la courbe d’intersection 
de la surface par le plan æy est une courbe de centres de premier genre, 
et l’on reconnaît, en effet, que, si l’on mène par cette courbe un cylindre 
parallèle aux z, l'intersection du cylindre avec S denne trois courbes 
égales et parallèles, distantes entre elles de la quantité c. 

27. On pourrait faire ici quelques recherches particulières, mais cela 
entraînerait trop loin. 

Bornons-nous à établir qu’en supposant des axes rectangles, les points 
de la surface S — 0 d’ordre troisième, pour lesquels le cône du second 
ordre, dont nous avons parlé ci-dessus, est de révolution, se trouvent à la 
rencontre de S avec la courbe : 


947 V9 
2 TT ER EE 
6 — 6" — = 
VA 74 
y" y" 
DE A — 4 sn 7 
TE , FT) 
% 74 


ces notations étant toujours celles du n° 5. 

28. Pour terminer ce qui se rapporte aux centres , il faut encore men- 
tionner les plans diamétraux. 

L’équation P — o du plan diamétral relatif à la direction des z doit 


ds 


à Ye 2 : ne dS 
satisfaire, avons-nous vu, aux équations des médianes me me 


Il faut donc que P soit diviseur de toutes ces dérivées, et que celle de 
l'ordre le plus faible se réduise à P lui-même, ou bien se décompose en 
deux facteurs, dont l’un soit P et dont l’autre représente un cylindre paral- 
lèle aux z. 
29. Une seconde circonstance curieuse se présente quand deux ou plu- 
sieurs des points où une transversale rencontre S sont confondus. Cest 
Toue XXV. 4 


6 RECHERCHES 


LS 


à ce cas-ci qu'appartiennent la théorie des tangentes et celle des points 
multiples. 

Une transversale est dite avoir un point multiple avec la surface S — 0, 
quand plusieurs de ses intersections avec cette surface sont confondues en 
un point. 

Quand n des m rencontres sont confondues, il résulte de la définition des mé- 
dians que ce point doit être à la fois médian m—1, m—2 .... m—n +1 
de la transversale, puisque, par rapport à ce point, il n’y a que m—n dis- 
tances qui ne sont pas nulles; et, réciproquement, si une rencontre de la 
transversale avec S est à la fois médian m—1, m—2....m—n<+1 
de Îa transversale, elle sera un point multiple d'ordre n de cette droite. 

Ainsi un point multiple n°" sur une transversale doit être situé sur 
toutes les médianes m— 1, m— 2 .... m—n + 1 pour des systèmes 
de transversales dont celle-ci fait partie. On en déduit en particulier : 


Les points de S — o doubles pour des transversales parallèles aux z sont à 
ds 
dz 
Les points de S—0 doubles pour des transversales passant par le point x’, y’, 2 


l'intersection des surfaces S — 0, 


sont à l'intersection des surfaces 


Dans chacun de ces deux cas, le lieu de ces points appartient donc à 
une surface inférieure d’un ordre à S. 


La médiane m— 1 parallèle, pour tout axe parallèle aux x y, a pour 
2 - d ds BR 
équation ce + €! FN et cette surface passe évidemment par les 
points communs aux médianes m— 1 suivant les x et les y. Aïnsi : 
Quand un point de S est double pour deux transversales en ce point, il l'est aussi 
pour toute transversale en ce point située dans le plan des deux premières. Ce plan 
est dit alors avoir un point double avec la surface S = 0. 
Quand un point de S est double pour trois transversales en ce point non situées 
dans un plan, il est double aussi pour toute transversale en ce point ; et celui-ci 


est dit point double de la surface. 


SUR LES MÉDIANES. 27 


Observations. — La première propriété démontre analytiquement que 
toutes les tangentes en un point d’une surface algébrique constituent un 
plan; la deuxième prouve que si trois tangentes en un point de la surface 
ne sont pas dans un plan, toute droite passant par ce point est une tan- 
gente; et la surface a un point double. 

L'intersection de S avec les deux médianes m — 1, dont on a les équa- 
tions ci-dessus , sont évidemment les courbes de contact du cylindre ou 
du cône tangent menés suivant la direction ou par le point. 

90. À propos de tangentes, il est une propriété assez curieuse qu'il 
peut être utile de noter ici. 

Supposons deux surfaces d'ordre 1m, qui coupent un plan suivant une 
même courbe, et qui, de plus, aient les mêmes plans tangents suivant cette 
courbe ; alors toute transversale interceptera, à partir du plan, m segments 
sur chacune des surfaces; la propriété consiste en ce que la somme des m 
segments inverses de l’une égale la somme des m segments inverses de l’autre. 

Sans développer la démonstration, qui est fort simple, il suffit de re- 
marquer que si le plan est pris pour x y et la transversale pour x, il faut, 
d’après les conditions, que, dans les deux équations, les termes qui ne 
contiennent pas 2 soient les mêmes. La conséquence alors est immédiate. 

Pour en prendre l’exemple le plus simple, soient un cercle et deux 
de ses tangentes; soient joints les deux points de contact. Une trans- 
versale quelconque coupera la droite de jonction en O, le cercle en GC”, 
les tangentes en T T'; et en faisant attention aux signes des segments, 
on aura : 

1 1 1 I 
CHNOTOT or or 


51. On à vu que tout point de S a un plan double unique, et que, 


ds ds 


0,— —0, ——0, tous les plans 
D 0 us les plar 


qui passent par ces points y sont doubles (”). 


les seuls point lesquels © — 
our 1eS Seuls points pour 1eSquels = 
P points p quels + 


Passons aux transversales triples. Le point triple de la transversale 


(‘) On appelle, pour abréger, droite double, plan double, la droite ou le plan qui a un point 
double avec S. 


28 RECHERCHES 


e, c!, c'! doit satisfaire aux trois relations . 


ds , dS ” 4 
S— 0, Cut C + C —,.0!, 
dx dy dz 
, PS id ES , æS SE ds 
PRES QUE CRE CC UC + 90e — —0 
dx? dy? dz? dxdy dxdz dydz 


Quel que soit le point de S que l’on étudie, il a un plan double, et les x y 
seront choisis parallèles à ce plan. 
Supposons d’abord que toutes les transversales doubles soient dans un 


plan; comme c’est parmi celles-là qu’il faut chercher celles qui sont 
ds ds 


triples, on aura c''—0, Us 0 CU il reste 
æ dy 
Si 0 ee AN ee 
dx? dy? dxdy 
ou n° à 
CC CC COCO — 0. 


Ainsi, parmi ces transversales doubles, on en aura deux triples, une seule 
ou aucune, suivant que 
DA EE OU ON ET) 


L'expression y"? — 66 étant continue, il s'ensuit que, pour passer d’un 
point de S doué de deux transversales triples à un point qui n’en a pas, 
on doit rencontrer un point qui n’en a qu'une et qui sert de transition. 
Ces points sont donc utiles à déterminer. À cet effet, le plan double en x, y, z 
étant à (2—2') + à! (y—y') + o!/'(z—2/)—0, et les deux directions ou axes 
parallèles €, c', ce"! et c,, c;', c,!!, on a les deux conditions : 


UN "no otr 


CCI NCIG 0, CR CE CCE IC MEN), 


et la relation y''?— 66! — 0, étant appliquée à ces deux directions géné- 
rales, devient : 


at 


o=[cc,e+ c'eé + c’e/'6" + (ec! + c'e )y" + (c'e! + c'e)» + (c'e, + «)7] 


a 
—[@6 +076 + 026" + 007" + Q'e!y + 2e'ey'] [dc+c'6 + c'26! + 200, y" 


Te 


Ho cl yr 000 0 07]. 


Développant cette équation, en groupant ensemble les termes €?, 66, etc., 


SUR LES MÉDIANES. 


ho 
=] 


on trouve que les coefficients ne renferment que trois espèce de facteurs 
c'e!"—c"e, c'e —cc,!', cc; —c'e; proportionnels à &, «, a!’ 


les deux premières conditions. Éliminant, il reste : 


, d’après 


D x (>° Et ea ) RAGE (>? Es GP) Ga (y? = ce!) 


’ 


+ Dual (et y"— y") + Oxo! (Ey —y y") + Qw/!a (C'y! — 7"). 


Cette équation détermine sur $S la courbe dont les points ont une trans- 
versale triple. D’un côté de cette courbe, les points de S ont deux trans- 
versales triples, de l’autre, ils n’en ont pas. 

Comme exemple simple, on peut prendre la surface 


3 = (ar? + Lx + c) y + das + ex? + fx + q. 


nano EE ol 0 0 270, ettla relation est 


a?y2= 0, qui se décompose en deux autres 4/—=0 et y'—0. La première 
est impossible , excepté quand : disparaît de l'équation, et dans ce cas, en 
effet, on a un cylindre; la seconde donne le plan 2ax + b—0. La courbe 
est donc plane, et même c’est une simple droite; en tout autre point de 
la surface, il y a deux transversales triples. 

Si, dans un plan double, on suppose trois transversales triples, cela en- 
traîne 6— 0, 6 —0, y'—0, et alors toute transversale en ce point dans le 
plan est triple; le plan lui-même est dit avoir un point triple avec S. 

Nous avons supposé les transversales doubles de la surface contenues 
dans un plan. Si toutes les transversales en un point de $S sont doubles, 


On A «—0, «4 —0, «/—0, et il reste 


11 


+ e06" + 2cc'y" + Qc'c/y + 2c'ey' = 0. 


ji 


S— 0, CiÉ-FICES 


Ces directions sont celles d’un cône de second ordre. Si, en dehors de ce 
cône , il y a d’autres transversales triples en ce point, on à 6 —0, €! —0, 
€ — 0, y! — 0, etc., et toute transversale en ce point est triple. 

52. On peut aisément pousser plus loin ce qui a été dit sur les points 
multiples et faire des applications. Nous n'indiquerons ici qu’une question 
particulière. Quand un point de S est double, on a vu que les transver- 


50 RECHERCHES 


sales triples constituent un cône de second ordre. Pour que ce cône se 
réduise à deux plans, il faut que la surface 


1 ra 


0—(6y +Cy 


atpett 
6 


CUP CE — 2yy'y" 


passe par le point double. D'ailleurs, cette condition est suffisante. 

55. Nous terminerons par un problème qui touche aux polaires. On 
demande dans quel cas on peut faire passer une surface du second ordre 
par deux courbes du même ordre. 

Quand les plans des deux courbes ne sont point parallèles, prenons- 
les pour plans coordonnés des xz et yz, et les deux courbes sont : 


2 


o— ax +bxz +cez + dx +ez+f 


0 = 0 +CYZ + VS + dY + ES + »?, 
a, b,etc., «, 6, etc., étant des constantes. Si la surface 
o = Ax° + AY + Az + Byz + B'zx + B'xy + Cr + C'y + C'z + D 


Ace : : (a e Ë - Ê 
satisfait à la question, on aura les relations - — - — La qui expriment que 
FRE 


les deux points où chacune des courbes rencontre l'axe des z doivent 
coïncider avec ceux de l’autre courbe. 
Quand les deux plans sont parallèles, les équations des courbes sont : 


y = 0, ax® + bxz + cz + dt +ez+f—=0 


VEN, XL” + CXZ + V2 + LT +EZ +9 —= 0. 


Pour que la surface ci-dessus satisfasse à la question, il faut que 
a b C 5 : s as 5 à F 
-—-—=-, ce qui exprime que les points à l'infini doivent être sur les 
de € y 
mêmes directions. 

Dans les deux cas, on reconnaît que généralement si une surface de 
second ordre passe par les deux courbes, il ÿ en a une infinité qui jouis- 
sent de cette propriété. Dans le premier cas, le coefficient de xy est arbi- 


traire; dans le deuxième, les coefficients de y? et y sont arbitraires, mais 


e AR Ne C’ : : 
liés par la relation © # + © + Pr ; A! et C étant respectivement 
£ a œ 


coefficients de y? et y. 


SUR LES MÉDIANES. 51 


54. Examinons si, parmi ces surfaces, il peut y avoir des cônes. S'il en 
est un, soient x’, y' et z' les coordonnées de son sommet. Portons l’origine 
en ce point, et prenons la transformée de la surface. Le degré deuxième 
seul doit rester, et on a les quatre équations en B/, æ’, y', 2! : 


ds 2A x B’2 By C 
D — a = A + B'y + 
ds 


D = ee — 2À'y + B'x + Bz + C' 


dz 
0 — (S) — Ax° + Ay? + A’z7+ By'z' 


ds 
à = Fa — 2A"3 + By + B'x + C” 


BTE Br y CT OC'y EC ED: 
Cette dernière, combinée avec les précédentes, devient : 
o = Cx' + Cy + C2 + 92D. 


Éliminons B/' entre les deux premières ; on trouve alors que les coor- 
données du sommet, x’, y', z', sont déterminées par les trois équations : 


o — 924»? — 9Aÿ? + B'x'z — By'z + Cx' — Cy 
Où — D AUZIEE By NB TUE C 
0 — Cr + Cy + C7: + 2D; 


et, à moins d'indétermination , il ne peut y avoir que deux cônes. 
On sait que la polaire réduite pour le pôle x’, y', z' est 
ds ds 
0 = Cx + C'y + C3 + 2D + à — + y — + 3 —. 
dx dy dz 
Identifions successivement cette réduite avec les deux plans des x2 et 
yz. On à, dans le premier cas, y — 0 pour équation; donc la précédente 
doit se vérifier, indépendamment de x et de z, et l’on obtient : 


0 — 2Ax + B'z' + By + C 
0 = 2A"z' + By! + B'x' + C” 


o0— Cr + Cy + C2! + 9D. 


52 RECHERCHES SUR LES MÉDIANES. 


De même, on a dans le second cas : 


0 —= 2A/y. + B'x" + Bz! + 
o — 2A"z" + By + B'a' + C” 
MOT UC YEN UEZ SCD: 


Dans ces trois groupes, les deux dernières équations sont les mêmes 
et ne contiennent point B’’. 

On en conclut que si, par deux courbes planes fixes de second ordre, on 
fait passer des surfaces de même ordre, et que, suivant ces deux courbes , 
on les enveloppe chacune de deux cônes, les sommets de tous ces cônes sont sur 
une droite, et que cette droite passe par les sommets des deux cônes que l'on 
peut mener par ces deux courbes. 

Cette droite est, d’ailleurs, pour toutes les surfaces, la polaire réci- 
proque de l'intersection des plans des deux courbes. 


FIN. 
ERRATA. 
Page 6, ligne 5 en remont., au lieu de c’'z à Z, lisez : cz à z, 
— 1, — 9 enremont, — général S, lisez : général deS, 


— 14, — 7h — de plus, l’on a, lisez : et l’on à. 


TABLE DES MATIÈRES. 


NOTIONS PRÉLIMINAIRES. — Système de coordonnées . 


PREMIÈRE PARTIE. — Définitions 

Équations particulières des médianes Parallèle € et “ee 

Relations analytiques entre les équations des médianes INIES et PRRLE 
Application au second degré. 


-14. Équations générales des médianes lee. et paires | 


Des points d’une surface situés à l'infini 
Du lieu des pôles pour lesquels la médiane n°" sobre passe . un om donné. 


-18. Sur les intersections des médianes . 


Des polaires réduites : : 
Propriétés numériques entre les segments eue par " re sur une 
transversale 


DEUXIÈME PARTIE. — Les intersections de la transversale avec la surface 
sont distribuées suivant une loi. 
. Première hypothèse. — Du centre des rabat Sirnues nee Da 
lèles et polaires. Centre d'une surface . 
Application à la surface de troisième ordre 


27. Sur le lieu des pôles qui admettent une courbe ou une re it nor 


par un point donné . 

Des plans diamétraux . 

Deuxième hypothèse. — Des “ue le bn connerie, De trans- 
versales et des plans doubles . 

De la transversale à deux surfaces qui se one suivant une ce Je, 

. Des transversales triples. Généralement il y en a deux ou il n’y en a aucune en 
un point d'une surface. Du lieu des D, d’une surface qui admettent une 
transversale triple 

Faire passer une surface de second sie. par ee Conie Denes de cet odee 
Sur le lieu des sommets des cônes circonscrits à ces surfaces suivant les deux 
courbes planes. 


A1 
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L HF t 
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MÉTHODE 


POUR 


DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE, 


LONGITUDE, L'HEURE ET L'AZIMUT, 


PAR DES PASSAGES OBSERVES DANS DEUX VERTICAUX: 


FAR 


J.-C. HOUZEAU , 


ANCIEN AIDE À L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES 


{Mémoire présenté en la séance du 4 juin 4853 ) 


Tome XXV. l 


nr aaTEAte A9 FPMO: A 


' 


‘4 


NE TIL PRIT 


E 


: 


de PR 


è.; 
Le 


va ou FA 


MÉTHODE 


FOUR 


DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE, 


LONGITUDE, L'HEURE ET L’AZIMUT, 


PAR DES PASSAGES OBSERVÉS DANS DEUX VERTICAUX. 


Les méthodes qui conviennent aux établissements fixes et aux observa- 
teurs sédentaires, ne sont pas ordinairement susceptibles d’être employées 
par les voyageurs. Dans une course rapide surtout, où l’on n’a que quel- 
ques heures de nuit à donner à l'observation des astres, il faut des pro- 
cédés expéditifs, et très-simples dans la pratique. Il arrive souvent que la 
précision des observations est sacrifiée aux exigences du voyage. Cepen- 
dant la sagacité de l’observateur, le choix des méthodes et des instru- 
ments, permettraient encore de tirer de quelques heures de travail des 
résultats satisfaisants. Au contraire, si l’on agit sans discernement et par 
des procédés mal appropriés aux circonstances, les observations seront 
généralement perdues. C’est ainsi que l'équation des chronomètres est 
restée si souvent indéterminée, parce que les secondes séries des hauteurs 
correspondantes avaient manqué. 


CS 


SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


Exécuter sans fatigue, et dans un court espace de temps, une heure 
par exemple, les observations nécessaires pour obtenir simultanément la 
latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, serait un résultat utile aux 
voyageurs. Mais si l’on parvient à ce résultat avec des instruments très- 
simples, avec une grande précision relative et par des calculs peu éten- 
dus, l'avantage sera sans doute incontestable. Une lunette plongeante, 
munie de fils verticaux propres à observer les passages, et un chronomè- 
tre de temps sidéral auquel nous ne demanderons que de courts inter- 
valles de temps, vont nous suffire pour remplir ce but. On sait tout le 
parti que les astronomes russes ont déjà tiré de la lunette des passages 
installée dans le premier vertical. Mais cette méthode exige un certain 
séjour dans l'observatoire temporaire. Il faut que l’azimut soit déterminé 
avec précision. Nous nous proposons, au contraire, de faire servir à notre 
objet des passages observés dans des verticaux quelconques. 

Une construction géométrique sur la sphère peut donner immédiate- 
ment l’idée de la méthode que nous proposons. Les situations des étoiles 
principales sont connues aujourd'hui avec une grande précision : tout 
grand cercle qui passerait par deux de ces étoiles serait donc déterminé 
en position avec une rigueur très-grande. Que deux cercles semblables 
se coupent, et il sera facile de calculer les coordonnées du point d'inter- 
section. Or, si ces deux cercles sont des verticaux, le point d’intersection 
sera le zénith lui-même, qui pourra être rapporté en distance et en direc- 
tion au pôle de la sphère étoilée, c’est-à-dire que l'on aura à la fois la 
latitude et l'heure. Si, de plus, l’un des verticaux contenait la lune, l’as- 
cension droite de cet astre en résultera, et par suite la longitude du lieu. 

En alignant deux étoiles sous un fil à plomb, ou mieux encore en ali- 
gnant leurs images directes avec leurs images réfléchies, on déterminerait 
déjà un vertical avec une haute précision. Si deux déterminations sem- 
blables étaient simultanées et faites dans deux azimuts à peu près rec- 
tangulaires entre eux, on aurait une latitude très-exacte sans instrument 
d'aucune espèce. C’est à ce procédé que nous allons employer la lunette 
des passages, tandis que le chronomètre servira à rétablir, par le calcul, 
la simultanéité d'observations qui pourront devenir consécutives. 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 5 

1. Détermination de la latitude, de l'azimut et de l'heure. 
pire 1. Soient P le pôle, Z le zénith, ZH un ver- 
A : TT tical que parcourt le fil du milieu de la lunette 
1 ù ù plongeante. L'étoile E', dont l'ascension droite 
/ LT 777 Pr est 4! et la déclinaison , coupe ce vertical à 
Fe l'heure =’ du chronomètre; de même l’étoile E/’, 
EX qui à pour coordonnées 4/! et 2, coupe le 

#4 


même vertical au temps +/’, corrigé, s’il ya lieu, 
de l'avance horaire. Il est facile de voir que l’angle au pôle E'PE”’, compté 
dans le sens du mouvement diurne, sera 


"1 


DL) Or EN  HUE HEIN : (1) 


Maintenant si l'on abaisse l'arc PQ perpendiculaire sur ZH, et que l’on 
pose PQ — i, angle E’PQ —m, le triangle rectangle PQE’ donnera 


Lans Cocos NE. Fetes HU Du (2) 
et le triangle PQE"’ fournira pareillement 
tang à — cot d’’ cos (m—a) . . . . . . . .. (5) 
En développant cos (m— a), cette expression pourrait s’écrire 


sin m cos m 7 
- + COS a - — tang d”’, 
tang tang à 


sin «a 


et en prenant deux nouvelles inconnues X et Y, on aurait l'équation gé- 
nérale de condition 


Sinia Xe: Cos NV) —;tans 0 AN amine dl uecne (4 


Cette équation se prête très-simplement à l'application des moindres 
carrés. On pourra donc faire concourir à la détermination des deux in- 
connues , toutes les étoiles qui auront été observées dans le même vertical. 
Puis on déduira m et à par les formules 


; sin m cos m ie 
lang — — TMS . .. (à) 


X Y 


lang M — T' 


6 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


Pour la première étoile, qui répond à l’origine du temps, on a tou- 
jours a = 0, d'où sin a— 0 et cos a = 1; mais pour toutes les autres 
l'angle a prend des valeurs finies, Quand on n’a observé que deux étoiles , 
il est plus simple, par conséquent, de pratiquer l'élimination immédiate 
entre les équations (2) et (5), ce qui donne 


cot d” il 


DO 
* cot d’’ sin a 


ee COt Ha EE EEE) 


2. Traitons d’une manière analogue les observations des étoiles z,, à, 
2, 2... faites dans un autre vertical; nous obtiendrons de même l'angle 
M et l'arc « qui déterminent ce vertical par rapport au pôle. Pour calculer 
le point d'intersection des deux cercles, il ne restera qu'à rapporter au 
même instant, c’est-à-dire à la même ligne de foi, les deux directions m 
et M. Le premier de ces angles est compté du cercle horaire de l'étoile 
2, observée à l'instant +’. Le second a pour point de départ le cercle 
horaire de létoile «,, observée au temps 7,, qui appartient à l’autre ver- 
tical. Ces deux cercles horaires diffèrent de l'angle 


RTE RE RS EE A ER 7) 
en sorte que si l’on pose 
LP OMR, RTE NT AE PAS) 
les deux angles seront mesurés à partir d’un même cercle. 


Les déclinaisons © de tous les points du vertical qui a pour éléments 
m et i sont données par l'équation 


tang p—\eot ji, cos (mt), pe: he ds 0. (0) 


en désignant par { l'angle de position autour du pôle. De même les dé- 
clinaisons des points du vertical qui a pour éléments y et « sont expri- 
mées par 
(Ana do == COCO (LC) CRC SET) 
Si l’on développe comme nous l'avons fait précédemment, l'équation 
générale de condition sera de la forme 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, zrc. 7 


ou, en substituant deux autres inconnues Z et V, 
SU EH ICOS MEN NAN HI) 


Cette expression se prête encore d’une manière très-simple à l'emploi 
des moindres carrés. Les équations finales fourniront les valeurs de Z et 
de V, d’où l’on tirera ensuite 


2 : 
OU LORD = = à à NN  .1 (49) 


Mais si l’on a observé seulement dans deux verticaux, on pourra en- 
core opérer l'élimination directe entre les équations (9) et (10), ce qui 
donnera pour l’angle de position du zénith 


cot à Cos Mm — cot : COS w 
tang { — 


cot « sin & — cot à sin m (5) 
Or, cet angle n’est autre que l’angle horaire de l'étoile E’ à l'instant 
de l’observation. Enfin, en mettant cette valeur de & dans les équations 
(9) ou (10), on en déduira la déclinaison ; du zénith, c’est-à-dire la 
latitude du lieu. 

5. Ainsi l’on fait aisément concourir à la détermination de chaque 
vertical toutes les étoiles qu'on y a observées, et à la détermination du 
zénith, c'est-à-dire de la latitude et de l'angle horaire, tous les verticaux 
qu'on à fixés. Il ne reste à déterminer que l’azimut particulier A de cha- 
que vertical, et l'avance absolue : du chronomètre. L’un des azimuts peut 
appartenir d’ailleurs à un signal terrestre, sur lequel on aurait pointé la 
lunette à la nuit tombante. 

Le triangle rectangle PQZ fournit la relation 


sin À 


sin À — À en 2 POV LE SE 2 Lt à cl 1] 


COS & 


dans laquelle k est compté du méridien inférieur, et dans le sens du 
mouvement diurne. 


8 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


Quant à l'avance absolue du chronomètre, elle résulte évidemment de 
la relation 


Er Dre E AIR OU RE STE) 


Toutes ces formules sont très-simples. On remarquera surtout la sy- 
métrie qui existe entre les formules qui déterminent le zénith et celles qui 
déterminent un vertical. Nous ne faisons usage d’aucun élément de cor- 
rection. Les passages observés dans les verticaux sont indépendants de 
la réfraction et de la parallaxe. On peut employer immédiatement les chif- 
fres mêmes des observations , et ceux des tables astronomiques. L’avance 
diurne du chronomètre sera même insensible si la duré des observations 
n’est pas considérable. Or, quand on est le maître de choisir les azimuts, 
on peut faire en sorte que deux étoiles fondamentales passent à très-peu 
d'intervalle dans la lunette, et en quelques minutes on a terminé les ob- 
servations d’un vertical. 


Il. Influence des erreurs d'observation. 


4. Il y a dans le problème que nous venons de résoudre des cas d’in- 
détermination, comme il y en a qui fournissent un maximum de précision. 
On sait, par exemple, qu'un grand cercle restera indéterminé, si les deux 
points par lesquels il est assujetti à passer sont éloignés entre eux de 180°. 
Il sera bon de choisir, au contraire, dans un même vertical, deux étoiles 
distantes d’un quadrant. Il sera prudent aussi de prendre deux verticaux 
qui se coupent à peu près à angle droit. Ces circonstances seraient évi- 
demment favorables. Mais nous allons chercher, d’une manière générale, 
l'influence des erreurs d'observation. 

Supposons que la lunette dont on fait usage permette de déterminer 
un passage méridien, par la moyenne de tous les fils, et pour une étoile 
de l'équateur, entre des limites d'erreur + A9. Cette quantité A9 est ce 
que nous appellerons le module de précision de l'instrument. 

Nommons encore 6 l’intervalle total des fils, dans le méridien et pour 
une étoile équatoriale, T ce même intervalle tiré d’une observation quel- 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, erc. 9 


conque, il est clair que le passage + qui aura fourni l'intervalle T pourra 
être entaché d’une erreur A7 marquée par les limites 


RE ST PRE ee CV (tel cp 2 TT G) 


Cependant, si l’on fait attention que la détermination du vertical dé- 
pend immédiatement de l'exactitude de chaque pointé, on verra que, quelle 
que soit la durée apparente du passage, la précision en arc de grand cer- 
cle restera la même. Les points par lesquels on fera passer le vertical 
observé, pourront s'éloigner chacun du vertical réel de la petite quantité 
A9. Le grand cercle que ces points définiront pourra prendre sur le ver- 
tical réel une petite inclinaison », dont il sera facile de calculer les limites. 

Soient z’ et z’’ les deux distances zénithales auxquelles les observations 
ont été faites. Si les deux points observés sont situés du même côté du 
vertical, on aura 


1 


= 48 ———— \, 
F cos & (z'— 2") 


et s'ils sont situés de côtés différents 


1 


Æ 
i sin + (z'—z") 


On en conclut facilement pour la distance x à laquelle l'arc déterminé 
passe du zénith 


cos Z(z + z 
L'— "A0 É ï 
cos X (z — 2") 
dans le premier cas, et 2e AE ANR ER 
sin ? (2 + 2” 
A — NA = = 1 
sin £ (z° — z”) 


dans le second. Il est clair qu'il faudra choisir la plus grande de ces deux 
valeurs, si l’on veut connaître entre quelles limites + x l'arc mené par 
les deux points d'observation peut s’écarter du zénith. 

En examinant les équations (17), on voit que le cas le plus favorable 


est celui dans lequel une des étoiles est située à l'horizon et l'autre au 
Tome XXV. 2 


10 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


zénith ; et dans ce cas l'incertitude du grand cerele se réduit à x —A5. En 


général, si la distance des deux étoiles que l’on observe reste voisine d’un 


quadrant, l'erreur x demeurera comprise entre les limites + 


\NB;vet 
l cos 45° à 
comme — — 1,41, on peut admettre qu’elle ne surpassera guère 
cos 45° o 

dans la pratique + 5 Ag. 

5. Supposons que l’on ait déterminé d’une manière analogue l’erreur 
: que comporte un second vertical. Comme les quantités x et ë sont fort 
petites, on aura sensiblement pour les sommes de leurs projections sur 
le méridien et sur le premier vertical, 


19/o7 


AT TSI EN SIA LU asp ete REPAS) 


2 


ju GLEN SR nel 208 VENT MSIE 
cos » 
où À et n représentent les azimuts, et où les sinus et cosinus sont pris 
d'une manière absolue, sans considération de leurs signes. A9 est l'erreur 
de la distance du pôle au zénith ou de la latitude, et At l'erreur qui peut 
affecter l'angle de position du zénith par rapport au pôle, c’est-à-dire 
l'angle horaire. 
On remarque immédiatement que les sin. et les cos. étant nécessaire- 
ment moindres que 1, on peut poser pour limites 


27% 
A9 VANNES 


cos ? | 


et en remplaçant x par sa limite dans la pratique, il viendrait, d’une part, 
A9 = + 549, et de l’autre, en decà des latitudes de 54°, At= + 5Ag. 

Ainsi les observations, dans deux verticaux, de quatre étoiles suffi- 
samment distantes deux à deux, feront connaître la latitude avec une in- 
certitude qui n’atteindra pas le triple du module. On voudra bien faire 
attention que celui-ci ne dépend ni de l'heure absolue ni du méridien 
absolu. C’est seulement une relation entre les bissections de l’étoile par 
les fils verticaux et le chronomètre. C’est l'erreur moyenne immédiate d’un 
passage. Or, dans le méridien, pour une étoile de l'équateur, et avec une 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, rc. 11 


lunette à cinq fils, où l’observation est par conséquent cinq fois répétée, 
on nous accordera sans doute que cette erreur ne peut guère surpasser 
un dixième de seconde de temps, ou 1//,5 en arc. D'où l’on voit que la 
latitude serait connue à 4/5. 

6. Évaluons enfin les erreurs du temps absolu et de l’azimut. La for- 
mule (15) donne d’une manière générale 


AE RAT EMA rte Ce it 20 (20) 


Or, la prudence commande, dans la détermination du temps, d'éviter 
les étoiles dont le mouvement est trop lent dans la lunette; de rejeter, par 

: : à T : 7. 
exemple, les cas particuliers où le rapport S serait > 2. Les limites de 
As resteraient alors comprises entre + 2A9 + 5A9, c’est-à-dire entre + 7A6. 
Avec le chiffre admis pour le module, on aurait donc l'heure absolue 
à 0,7. 


uant à l’azimut, l'équation (14) donne par la différentiation 
: léq P 


: cos 1 
cos h. Ah — sin À tang &. Ag + Aù, 
cos © 
l tt 2 l sin p sin o. sin À 
et en remplaçant lang œ par sa valeur cos 9 = ER 
: PE cos à . 
cos À . Ah — sin o sin ÿ. Ag + ——— ai . . . . . . (21) 
cos 


Cette équation montre déjà que l’azimut le mieux déterminé sera le 
méridien, tandis que le plus incertain sera le premier vertical. Elle fait 
voir, en outre, que lorsqu'on choisit deux azimuts conjugués, rectangu- 
laires, il faut les prendre, toutes les autres conditions restant les mêmes, 
à 45° du premier vertical et du méridien. 

On peut observer que, par construction, l’arc ? ne surpasse jamais le 
complément de +. Ainsi la plus grande valeur du coefficient de A9 serait 
sin Ç cos », et celle du coefficient de A, _— Il en résulterait sensi- 
blement pour les limites, dans nos latitudes, 


cos h. Ah — £ ap + 3 ai; 


12 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


et si l’on s’astreint à observer dans des plans verticaux qui ne s’écartent 
pas à plus de 45° de part et d'autre du méridien, ces limites deviendront 
en nombres ronds , 


Ah 3 Apt DA, EMA OUEN IR ENCENRMEE (20) 


Nous connaissons A9 en fonction du module; il ne reste à déterminer 
que Ai. Comme l'angle au pôle « résulte de la différence de deux passa- 
ges, si chacun de ceux-ci est entaché d’une erreur égale à + 246, on 
aura pour les limites de Aa la valeur + 449. 


Les équations (2) et (3) donnent par la différentiation et après réduc- 
cot 9 cos(m— a) 


tion, en observant que — — 
cot 0 cos m1 


sin (M—a) cos m 
Am — ; 


: aa. 
sin (2n— a) 


Substituons cette valeur dans l'expression de Ai tirée de l’équation (2), 


Ai = — sin m cos? à cot d' . am, 
; tang À 4 
et remplaçons cot J’ par sa valeur , nous obtiendrons enfin 
cos 7 
sin (M — a) sin m 
Ai l POMÉANE EN COS EN MAN CINE 0. 0 CR ER CE) 


sin (2m — a) 


Le dénominateur de la partie fractionnaire du second membre ne de- 
vient supérieur au numérateur que dans le voisinage du cas particulier 
a — 2m. Or, cette circonstance serait celle où l’on observerait dans les 
deux intersections du vertical avec un même petit cercle diurne; ce serait 
le cas d’une double observation d’une étoile dans un vertical. Notre sys- 
ème consiste, au contraire, à prendre des étoiles différentes et de diffé- 
rente déclinaison. Ainsi nous ne tomberons point dans le voisinage du cas 
particulier qui rendrait la fraction > 1, et nous pouvons regarder l'unité 

, Sin(m—a). sin » 


. . SNA à (] 
comme la limite supérieure de la quantité ———— dans notre 
sin (2m — a) 


système d'observation. 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, #rc. 15 


Le facteur tang à cos? à ne peut pas lui-même devenir supérieur à 
cot & sin? © ou à cos ? sin 9. Ce facteur-limite va en diminuant vers le 
pôle et vers l'équateur. D'ailleurs il ne surpassera jamais + Nous pour- 
rons donc poser comme limite Ai — — ; Aa, et en remplaçant ce dernier 
par sa propre limite, Ai= = 246. 

Mettant enfin dans l'équation (22) les valeurs extrêmes que nous avons 
trouvées pour A9 et pour Ai, il vient, en nombres ronds, Ah — + 645. 
Avec le module que nous avons adopté plus haut, l’azimut (à moins de 
45° du méridien) serait déterminé à la précision de 9’. 


III. Corrections de l'instrument. 


7. Jusqu'ici nous avons supposé que l'instrument dont on fait usage 
a son axe de rotation parfaitement horizontal, et son axe optique exacte- 
ment perpendiculaire à l’axe de rotation. On pourra généralement détruire 
la collimation c par les épreuves du retournement, qui sont faciles à 
effectuer dans un instrument portatif; et nous pensons que la meilleure 
règle sera, en effet, d'opérer cette correction mécaniquement. Mais l'in- 
clinaison s sera difficile à annuler tout à fait : le niveau en donnera la 
mesure dans chaque circonstance particulière. 

Cherchons la distance à laquelle le cercle décrit par la croisée des fils 
passe du zénith vrai. Prenons c positif quand la collimation, projetée sur 
l'horizon oriental, tombe dans le sens où les azimuts croissent. Prenons 
s positif quand le tourillon le plus septentrional est soulevé. Appelons 
enfin z et s les corrections de collimation et d’inclinaison, telles qu'on 
doit les appliquer aux observations. 

On sait que la correction +, pour une étoile dont la déclinaison est 9, 
est réciproque à cos à Hors du méridien, cette correction devient, en 
outre, réciproque au cosinus de l'angle E compris entre le cercle horaire 
de l'étoile et son vertical. Ainsi 

i 


cos à cos E 


4 = C 


14 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


Le premier signe s’applique à la première intersection du cercle diurne 
par le vertical, et le second signe à la seconde intersection, dans le sens 
du mouvement diurne des étoiles autour du pôle. Mais le triangle sphé- 
rique PZE donne 


cos d cos E = sin ? sin z — cos » cos = cos h, 


en appelant z la distance zénithale. Substituant cette valeur, 


| 


c— : (24) 
sin Sin 3 — Cos y? Cos Z Cos À 


Il sera donc facile de calculer la correction de collimation, en fonction 
de la distance zénithale, de la latitude approchée et de l’azimut approché. 
Dans le méridien, où cos À — + 1, le dénominateur se réduit à sin + 
sin 2 + cos ? cos z où à cos (9 + 2); et comme dans ce cas 9 + z — 0, 
on retombe sur la formule que l’on a coutume d'appliquer à la lunette 
méridienne. Le premier signe y sert alors pour les culminations supé- 
rieures, et le second pour les passages inférieurs. 

Mais il existe, dans la pratique de notre méthode, une formule géné- 
rale beaucoup plus simple, et d’une précision bien suffisante. Nommons 
toujours T la durée que l’observation assigne à l'intervalle total des fils, 
et @ ce même intervalle pour une étoile de l'équateur et dans le méri- 
dien ; il est clair que 

1 


T = © ———. 
cos d cos E 


Ainsi lon peut remplacer le coefficient de la collimation par Set 
écrire simplement 
ic. (25) 

Quelque simple que soit cette correction, nous pensons cependant que, 
dans un instrument portatif, il sera encore préférable de détruire la col- 
limation par les retournements. 

Il suffit de rappeler, en outre, que la correction pour l'inégal espace- 
ment des fils n’est qu’un élément particulier de collimation. Si la moyenne 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 15 


des distances des croisées individuelles à la croisée centrale est exprimée 
par €’, la correction qui en résulte est encore 


SAN ICR EL UE Lui 0-0 CE DL20) 

en sorte que les deux corrections pourraient être réunies dans la formule 
L 1 T C2 

PASSER REP OIL (27) 


8. Quant à la correction ; due à l’inclinaison, on peut la traiter exac- 
tement de la même manière, en observant que la distance des points du 
vertical réel aux points correspondants du vertical incliné, est propor- 
tionnelle à cos z. Ainsi 


cos z 

= 28 

Æ $ — : DE RENE ET) 
sin ? SIN Z — COS p COS Z COs À 


a 


’ » + cos Z 
Il en résulte, dans le méridien, la formule connue 5 — + s 


-; enfin, 
cos 9 


en employant l'intervalle des fils tiré directement de l'observation, 


T 
DES COS NZ RC INC IENOETSEN EE CAES (20) 


Il est vrai que l'observation ne fait pas connaître immédiatement l'arc z. 
On pourrait le déduire d’un calcul provisoire, en observant que 


à sin { cos à = 
BIS EE D US OU .00(50) 
sin À 


1 étant toujours l'angle horaire de l'étoile. Mais il sera bien suffisant, dans 
la pratique, de se contenter d’une estimation même grossière de l'arc z. 
En effet, si l’on différentie l'équation (29) par rapport à & et à z, on obtient 


a 5 SDS (01) 
dz (©) 


et comme on doit toujours avoir soin d’écarter les étoiles dont le mouve- 
1n 
pe “ZT n D 
ment est trop lent, on peut admettre que le facteur S 1€ Surpassera pas 


le nombre 2. Posons donc 


do ; = 
SRE 26 Sin LE 7 1: 152) 


16 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


admettons que l’inclinaison de l'axe s'élève jusqu'à 1’ en arc ou 4° en 
temps, et que les observations soient faites jusqu'à 80° de distance zéni- 
thale ou jusqu'à 10° de l'horizon. Il faudrait encore près de 44' d’inexac- 
titude dans la valeur de z pour produire 05,1 d'erreur dans la correction 
du passage. À 45° de hauteur, il faudrait une inexactitude de plus d’un 
degré pour rendre incertain le dixième de seconde. Une simple méthode 
d'estimation sera donc bien suffisante, de la part de l’observateur ou du 
calculateur. On pourrait se borner à mesurer mécaniquement la distance 
zénithale sur une sphère. 
Au reste, la formule (51) fournira dans chaque cas particulier 


et en se donnant pour A5 la limite d'erreur en dedans de laquelle on 
prétend rester, on en déduira la limite Az de la précision nécessaire dans 
la distance zénithale. 

Remarquons, enfin, que toutes nos corrections pourront être compri- 
ses dans l'expression générale 


CEE) RENE M cn 551) 


® | = 


(+ +5) = —T 


IV. Détermination de la longitude. 


9. Pour la détermination de la longitude, nous devons faire remarquer 
avant tout combien les culminations de la lune l’emportent en précision 
sur les distances de cet astre au soleil ou aux étoiles. Un seul passage au 
méridien fixe la longitude aussi exactement qu'une nuit entière d’obser- 
vation des distances. On peut s’en convaincre en parcourant les discus- 
sions de longitudes que M. Daussy insère presque chaque année dans les 
Additions à la Connaissance des temps. 

Les culminations ont encore un autre avantage : c’est que les calculs 
en sont fort simples et fort expéditifs; tandis que beaucoup de voyageurs 
reculent devant une réduction complète et rigoureuse de leurs distances 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, rc. 17 


lunaires. En observant des passages de la lune hors du méridien, et dans 
le vertical d'étoiles connues, on profite de tous les avantages des culmi- 
nations, sans compliquer les calculs d’une manière importante. Rien 
n'empêche, en outre, de transporter le vertical avec la marche diurne de 
l'astre, et de multiplier les observations. De cette manière, le travail qui 
exigeait auparavant plusieurs mois, pourra se faire dans une seule nuit. 

Les calculs des passages au vertical n’entraînent pas les mêmes lon- 
gueurs que les réductions des distances lunaires, parce qu’ils n’exigent 
pas la considération de la réfraction, de la parallaxe ni de l'augmentation 
du demi-diamètre. En effet, si nous supposons d’abord la terre sphéri- 
que, la verticale va passer par le centre même du globe. L’azimut dans 
lequel nous observons la lune ne diffère pas de l’azimut géocentrique qui 
correspondait au même instant physique. Nous pouvons regarder, par 
conséquent, l'heure du chronomètre comme une donnée relative au cen- 
tre de la terre. 

10. La latitude étant connue, le passage d’une seule étoile ne pour- 
rait donner l’azimut qu’en fonction de l'heure absolue. Appelant toujours 
+ l'instant du passage, e l’avance du chronomètre, + l'ascension droite et 
t l'angle horaire, on aurait 


RERO NS EU A EE, SO NE Eh) 


puis, en prenant pour ; un arc auxiliaire, 


tang 4 = cot d cos 4, 

cot D RC ie (0) 
cot h — — + cos (9 + x). 

sin % 


Mais il sera bien préférable d'observer au moins deux étoiles dans le 
vertical de la lune, et de tirer l’azimut h des éléments de ce vertical dé- 
terminés par les deux points, comme on le fait dans la formule (14). 
Ceci admis, nous raisonnerons comme si nous étions placé au centre 
de la terre, et nous chercherons, par le calcul, l'angle horaire géocen- 
trique qui répond à l’azimut A. Il est vrai que nous avons besoin de con- 
naître la déclinaison 9 de la lune. Mais cette déclinaison ne varie jamais 


æ 


Tone XXV. 5 


18 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


assez rapidement pour que la longitude approchée ne soit bien suffisante 
pour l'obtenir. Nous l’interpolerons donc dans les tables de la manière 
ordinaire. Puis nous résoudrons le triangle sphérique pôle-zénith-lune, 
afin d'en déduire l'angle horaire {. Nommant 4 un arc auxiliaire déter- 
miné par la relation 


cot y — sin ? lang h, 
nous aurons M DS ed. (7) 


cos ({— y) — cos ÿ cot + tang 0! 


Il est à remarquer que nous employons immédiatement la déclinaison 
des tables, précisément parce que nous résolvons le triangle géocentri- 
que. Si nous cherchions l'angle horaire vrai, nous devrions corriger cette 
déclinaison de la parallaxe, et nous obtiendrions alors une ascension 
droite également corrigée du même effet. Mais la simplicité de notre mé- 
thode consiste justement à effectuer sur-le-champ le calcul pour le centre 
même de la terre. 

Maintenant si + était l'instant observé du passage du centre de la lune 
par le vertical, il est clair que l'ascension droite + de l’astre était à ce 


même moment 
CR De SN PR NC ER MR (Ge) 


Enfin l’ascension droite de la lune étant déterminée, on en conclura 
l'heure dans le premier méridien, et par suite la longitude, au moyen 
des calculs connus. 

11. On voit que l’on obtiendra autant d’ascensions droites de la lune 
que l’on aura de verticaux, et par conséquent de passages de l’astre par 
la lunette. À chacune de ces ascensions droites répondra une détermina- 
tion simultanée du temps du lieu. Ce seront autant d'observations indi- 
viduelles et indépendantes de longitude. 

Nous avons seulement supposé que les observations se rapportaient au 
centre de la lune, tandis qu’elles s'appliquent en réalité à l’un des bords. 
Une correction très-simple va ramener l'observation à notre hypothèse. 

Si l’on appelle D la durée du passage du demi-diamètre par le méri- 
dien, telle qu’on la prend dans les tables, cette durée devient, pour un 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, erc. 1 


L=} 


vertical quelconque, 


ll se ; 
cos E 
ou bien 
1 = 
D'= + D — : : - (59) 
sin £. sin À. sin > — cost. cos 
ou bien encore, en vertu de la remarque consignée au n° 7, 
; L 
DE ÉPDE EE COS EN OER -m o0A0) 


Le premier signe se rapporte au bord précédent, et l’autre au bord 
suivant. ù 

On peut se demander si le rapport < tel qu'on le déduit de lobser- 
vation, fournit un coefficient assez exact pour une correction aussi grande 
que celle du demi-diamètre de la lune. Mais en se plaçant dans l'hypo- 
thèse la plus défavorable, celle où la lune est dans le méridien et dans 
l'équateur, on aurait encore une précision suffisante. On peut prendre 
comme donnée dans la pratique @ — 1205. On peut admettre de même 
que l'erreur de T ou de l'intervalle total, résultant, il est vrai, de la sim- 
ple comparaison de deux fils, ne dépassera guère 0°,25. Le coefficient de 
D sera donc connu à +, et la réduction du demi-diamètre à 0°,15. 

Cette quantité est de l’ordre des erreurs que comporte notre détermi- 
nation du temps absolu. Il sera permis de la négliger. On pourra se con- 
tenter, dans la pratique, de la formule (40). On recourra seulement à 
l'expression (59) dans les circonstances qui comporteront une très-grande 
exactitude. 

12. Il nous reste à considérer l'effet de l’ellipticité de la terre. Dans 
le sphéroïde, un plan vertical ne passe pas généralement par le centre, 
mais à une petite distance p. Nous pouvons encore transporter au centre 
du globe, parallèlement à eux-mêmes, les trois plans du méridien, de 
l'horizon et du vertical considéré; mais celui-ci ne passera plus exacte- 
ment par la lune. Il faut donc ramener notre observation à ce qu’elle eût 
été au centre de la terre; il faut la corriger du temps que l’astre emploie- 


20 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


rait à passer de notre vertical à un autre plan parallèle, éloigné de la 
distance p. Si l'on appelle 4’ la latitude géocentrique du lieu dont la 
latitude géographique est +, on sait que 


tang p — (1 — €) tang », 


e désignant l’excentricité de l’ellipse génératrice; d’où l’on tire avec l’a- 
platissement de Bessel, 
tango 10,995;526 tango; NA) 


ou, si l’on veut réduire en série, 
p — g— — 11°507,65 sin 2 + 1°16 sin de . . . . . (42) 


Le premier terme de cette série suffira constamment à notre objet. On 
trouve d’ailleurs des tables toutes calculées de 9 —%. Cette quantité est 
toujours de signe contraire à la latitude. 

Maintenant, en remplaçant les tangentes des petits arcs par ces arcs 
eux-mêmes, on a, pour la plus courte distance du centre de la terre au 
vertical, vue du point d'observation, 


DNS) Sn PR ER Rr CONAS) 


où À représente les azimuts, comptés du méridien, de 0° à 180. 

De plus, en nommant 7 la parallaxe horizontale équatoriale de la lune 
au moment de l’observation, R le rayon de l’équateur terrestre, p la dis- 
tance du lieu d'observation au centre de la terre, il est manifeste que la 
distance p vue de la lune deviendra 


, P 
P Te 


Et comme le produit rp est composé de deux petits arcs, et ne s’élèvera 
jamais au-dessus de 015!’ en arc ou 1° de temps, on peut très-légitime- 
} ROUE 5 

PE £ . . Th nor 
ment négliger le facteur &, qui provient de l'inégalité des rayons ter- 
restres , et écrire 


TO NOR D IT ENS 0 LOT ERT Me (LE) 


Pour appliquer à l'observation la correction « qui en résulte, il suffira 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 21 


de poser, comme dans la collimation, 


o = + D + (#— 9) sin à ee ts) 
. 

Telle est la correction à apporter aux observations, avant tout autre 
calcul, du fait de l’ellipticité de la terre. Dans nos climats, cette correction 
n'atteindra jamais une seconde et demie en temps. Pour les planètes, on 
pourrait la négliger entièrement. 

Si l’on réunit dans une seule formule les corrections qui s'appliquent 
aux passages lunaires dans un vertical dont l’azimut est h, on a 


a 


[ÆD.cos dE 7 (y —+) sin A] . . . . . (46) 


@I”- 


(D' + w) — 


Les premiers signes se rapportent au premier bord et à la première in- 
tersection par le vertical; les seconds signes, au second bord et à la se- 
conde intersection. 

15. Cherchons à évaluer, en terminant, l'exactitude dont une déter- 
mination individuelle de longitude est susceptible. Nous avons vu (n° 6) 
que l’erreur du temps sidéral absolu peut s'élever à 0°,70 ; celle des élé- 
ments de réduction à 0,15 (n° 11); celle du passage même de la lune 
pourra monter à la même quantité. Il reste enfin une incertitude de 0:,60 
sur l’azimut, et cette incertitude se reporte sur l'angle horaire multipliée 


Œ sa = Bu 2 : û 
par le rapport + Celui-ci peut devenir considérable, il est vrai, dans 
[©] 


quelques circonstances. Mais on doit éviter, comme on l’a vu, les obser- 
vations qui donneraient à l’astre un mouvement trop lent. Dans nos cli- 
mats, d’ailleurs, le rapport n’excédera jamais, pour la lune, 1,4. Ainsi 
l'angle horaire ne sera pas en erreur, du fait de l’azimut, de plus de 05,85. 

Toutes ces erreurs accumulées, en supposant qu'elles concourent, ne 
s’élèveraient pas encore à deux secondes entières. Il en résulterait, dans 
certains cas, une inexactitude de 55° sur la longitude, tandis que cette 


22 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


inexactitude pourrait se réduire à 59°, selon la rapidité du mouvement 
de la lune. 

Or, comparons une observation individuelle au sextant. Les meilleurs 
observateurs, munis d’un bon instrument, ne peuvent pas répondre de 
50/' d'arc sur une distance lunaire. Mais acceptons cette limite, et si 
toutes les autres sources d’erreurs étaient annulées, il en résulterait en- 
cofe 525 à 50° d’inexactitude sur la longitude, suivant la variation horaire 
des distances de la lune. On pourrait donc dire que le cas le plus défa- 
vorable de notre méthode, celui où toutes les erreurs sont à leur maæi- 
mum et s'ajoutent, comporte, pour ainsi dire, autant de précision que 
l'observation la plus exacte au sextant. 

Or, si l’on considère que les passages de la lune et de deux étoiles par 
un vertical ne prennent pas plus de temps qu’une observation de distance 
lunaire, accompagnée des mesures de hauteurs qui sont nécessaires aux 
réductions ; si l’on fait attention que les passages des étoiles concourent 
en même temps à nous donner la latitude, qu’il faudrait obtenir séparé- 
ment dans les autres méthodes; — nous pensons qu’on n’hésitera pas à 
reconnaître les avantages des observations dans les verticaux. 


V. Exemple numérique. 


14. Dans le désir de joindre à cette note un exemple numérique, nous 
avons fait quelques observations, dans le voisinage de Mons, pendant la 
soirée du 18 mai 1855. Nous nous sommes servi d’une lunette plongeante 
de 0",59 de foyer et de 0",40 d’axe, munie de cinq fils verticaux. L’inter- 
valle @ avait été déterminé seulement par la distance du réticule à l’ob- 
jectif; nous l’avons admis de 95,25. Le lieu d'observation était situé, 
d’après une opération trigonométrique exacte, 792" au Sud et 1927" à 
l'Est du château de Mons. Nous avons calculé récemment les coordonnées 
géodésiques de ce dernier point (*), au moyen d’une chaîne de triangles 


encadrée entre les positions astronomiques de Dunkerque et de Bruxelles. 


(°) Dans le volume actuellement sous presse des Mémoires de la Société des sciences du Hainaut. 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, zrc. 25 


La partie occidentale de cette chaîne, depuis Dunkerque jusqu’au triangle 
Douai, S'-Amand, Mont-Trinité, appartient à la nouvelle carte de France, 
et la partie orientale, à compter du même triangle, aux anciennes opéra- 
tions de Cassini. Ces calculs nous avaient donné pour le château de Mons : 
latitude — 50°27/17/'; longitude à l'Est de Paris — 1°56/55/’. Il en ré- 
sulterait pour les coordonnées géodésiques de notre station 


Ci b0N 2651 10/5825 100 1670332; 


La collimation ayant été soigneusement corrigée par des retournements, 
la pendule fut mise à peu près au temps sidéral. Nous observames, dans 
un premier vertical, la Chèvre et + de la Couronne, en ayant soin de lire 
chaque fois le niveau. Nous tournàmes ensuite l'instrument dans un azimut 
à peu près rectangulaire, où £& du Lion et « du Cygne furent observés. 
La lune passa elle-même, un peu plus tard, dans ce dernier vertical, et 
nous fournit une observation de longitude. Le tableau qui suit renferme 
les données de l'observation et les éléments de réduction. La dernière co- 
lonne contient les temps + des passages, corrigés de l’inclinaison de l’axe. 


ASTRES. INEURES OBSERVÉES. 


miAurigael® 1% 16 14154055s,56 


æ Coronaæ . . . . . 14. 41. 55,70 


B Leonis. 


æ Cygni . 
D), bord I. 


Nous prenons les éléments des astres dans le Berliner astronomisches 
Jahrbuch, et nous interpolons l'ascension droite et la déclinaison de la lune 
pour 12" 50" et pour 15" 0" de temps moyen de Berlin, époques qui con- 


24 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE 


tiendront entre elles l'instant physique de l'observation. Nous avons : 


ASTRES, ASC. DROITE — &. DÉCLIN. — d. 


Auripae TUE de: 5h 5m48:,48 + 45°50/56" 
Coronae CR 15. 28. 29,42 
GÉLeonsee LU. - 41. 54,10 
GROVE UE -- . 56. 25,93 
DAME OR LE MENT 21840755 


DiraMSL0 0 Er ReeC .18. 29,0 


Ces données admises, on commencera par calculer les éléments indi- 
viduels de chaque vertical. On formera préalablement l'angle a par de 
simples soustractions, et l’on trouvera, en convertissant le temps en arc, 


Pour le premier des verticaux. . . . . . . a— — 153 50° 4, 
— 124 92.55; 


Pourklerdeuxrème. +0. AIS Re IE AT a 


puis on obtiendra par la formule (6), et par les formules (2) ou (5), 


m 
M 


I 
Fa 
o 
19 
ca 
CS 
= 
= 
| 
c 
à 
& 


] 
| 
] 
œ 
= 
re 
ES 
ee 
| 
i] 
19 
19 


Mais pour rapporter l'angle M à la même ligne de foi, au cercle horaire 
de la Chèvre à l'instant de son passage, il faut, au moyen des formules 
(7) et (8), transformer M en y, ce qui fournit encore par de simples ad- 
ditions, 

um — — 172 55° 18”. 

Les quantités m et i, u et, étant déterminées, il ne reste plus qu'à 
combiner les deux verticaux entre eux, afin d’obtenir leur point d'inter- 
section, qui est le zénith. 

L'expression (13) donne sur-le-champ 


= — 1410451" = — 91 27% 0,04, 


DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, src. 25 


et en introduisant cette quantité dans les équations (9) et (10), on en tire 
deux valeurs de +, dont la concordance sert de vérification aux calculs. 
Nous obtenons, dans notre exemple, 


# — 80° 26 50”, 
ce qui donne pour les deux azimuts, par la formule (14) , 
h — 155° 31/26”, y — 63° 18/ 39. 
On déduit enfin l'avance absolue de la pendule, sur le temps sidéral, 
e — + 1" 465,76. 


15. Cest dans l’azimut ; que la lune a été observée. Il faut d’abord 
rapporter cette observation au centre de l’astre et au centre de la terre. 
Nous admettrons le demi-diamètre de 16/10"’,4, et la parallaxe hori- 
zontale équatoriale de 59/21//. On tire de ce demi-diamètre une durée de 
1% 195,54 pour son passage par le vertical considéré , d’où résulte le pas- 
sage du centre à 16"6"40°,67, et en retranchant l'avance de la pendule, 
à 16"4"55°,91 du temps sidéral du lieu. 

Quant à la correction pour l’ellipticité de la terre, nous prenons 
g — o—=—11/18/',6, et remplaçant tous les petits arcs par leurs sinus, 
dont nous tirons immédiatement des tables les logarithmes, nous trouvons 


Ainsi le passage de la lune par notre vertical aurait été observé du 
centre de la terre 0°,87 plus tard, c’est-à-dire à un instant 


r, — 16) 4m 545,78. 


Il ne reste plus qu’à calculer l'angle horaire, au moyen des formules 
(37), pour déterminer l'ascension droite de la lune au moment de cette 
observation. 

Cest ici qu'il devient nécessaire de connaître l'heure approchée sous 


le premier méridien, afin d'employer une déclinaison sensiblement exacte 
Tome XXV. 4 


26 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANÉE, erc. 


« 


de la lune. Or, si nous supposons notre station de 37"40° à l'occident de 
Berlin, nous trouverons facilement que le temps sidéral de Mons 7, ré- 
pond à 12"56"16° de temps moyen de Berlin; d’où nous tirerons la dé- 
clinaison de la lune 3— + 5°55'46/', avec toute l'exactitude suffisante. 
Faisant usage de cette valeur de 5, il vient, pour l'angle horaire, 


t — — 56° 58° 58" — — 35! 46" 545,5, 


et enfin pour l'ascension droite du centre de la lune, à l'instant où ce 
centre a traversé notre vertical d'observation, 


a—"1921482920:5, 


qui répond, à Berlin, à 12°55"56° de temps moyen. 

Or, d’après l'observation, le centre de la lune s’est trouvé dans ce 
vertical lorsque le temps sidéral à Mons était 16*4"55°,9. Comme l'heure 
sidérale au midi moyen de Mons était 5"44"17°,0, il en résulte, pour 


l'heure moyenne qui correspond à cet instant, 12*18"35,6. Ainsi 


Le temps moyen de Berlin était. . . . . . . 12" 55m56, 
et celui de Mons, au même instant physique, . . . 12.18. 56, 
d'où l'on tire la longitude . . . . . . . . . 0.37. 20, à l'occident de Berlin, 
ou . 0. 6. 54, à l’est de Paris. 


Cette observation isolée nous fournit donc la longitude à 21 secondes 
de temps. 


FIN. 


MÉMOIRE 


SUR 


L'ASCENSION DE L'EAU 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE 


LES TUBES CAPILLAIRES; 


M. Éure BÈDE, 


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MÉMOIRE 


L’'ASCENSION DE L'EAU 


LA DÉPRESSION DU MERCURE 


DANS 


LES TUBES CAPILLAIRES. 


L'étude des phénomènes capillaires offre un grand intérêt, surtout au 
point de vue de la théorie. Ils appartiennent, en effet, à cet ordre de faits 
dépendants des actions moléculaires, et qui peuvent nous conduire à con- 
naître ces forces fondamentales de la nature. Les phénomènes plus par- 
ticuliers d’ascension ou de dépression des liquides dans les tubes étroits 
présentaient l'avantage d’être accessibles à la fois à l'analyse et aux expé- 
riences précises. Aussi ont-ils été le sujet d’un grand nombre de travaux 
des meilleurs géomètres et des plus habiles physiciens. Les physiciens se 
sont trouvés d'accord avec les géomètres. L'expérience a vérifié l'analyse. 
Tout semble donc devoir faire considérer ce sujet comme épuisé. Fy 
suis revenu néanmoins, parce que j'étais convaincu que cet accord, in- 
complet du reste, entre la théorie et l'expérience, ne pouvait pas être 
rigoureux , même dans les limites admises, et devait provenir de quel- 
que inexactitude dans l’une ou dans l’autre, probablement dans toutes 


4 SUR L'ASCENSION DE L'EAU 


deux. Une considération essentielle avait amené cette conviction, et m'a 
engagé à entreprendre ces travaux. La voici : 

La théorie part de ce principe que l'attraction moléculaire est insen- 
sible à une distance sensible. Ce principe s'accorde mal avec la loi de 
continuité : aussi a-t-il été très-contesté et paraît-il encore très-contestable. 
Quoi qu'il en soit, en partant de là, on arrive, soit par l’une des deux théo- 
ries de Laplace, soit par celle de Poisson, soit par celle de M. Gauss, à 
l'équation d'équilibre des liquides dans les tubes capillaires, et de cette 
équation on déduit, entre autres conséquences, la loi du rapport inverse 
de l’ascension ou de la dépression au diamètre du tube. La théorie de 
M. Gauss me paraît la moins sujette aux objections, par cela seul qu’elle 
est la plus directe. Or, dans cette théorie, on arrive au résultat fonda- 
mental en négligeant deux intégrales quadruples de cette forme : 


[IT de ds cos. g. 0 (r). 


Vuwer 


; ds est un élément de la surface du liquide, aussi 
A bien de la surface libre que de celle qui est en 
X À at es. CA contact avec le tube, du est la portion de sphère 
dot de rayon Î, comprise dans le cône qui a son som- 
met en l'élément ds et pour base un autre élément 
ds! de la surface du liquide; r est la distance des deux éléments ds, do’; q 
l'angle que fait cette distance avec la normale à l'élément ds ; enfin, 6(r) 
est une fonction dont la valeur est insensible quand celle de r est sensi- 
ble. La seconde intégrale quadruple ne diffère de la première qu'en ce 
que les deux éléments, au lieu d’appartenir tous deux à la surface du 
liquide, appartiennent l’un à cette surface, l’autre à celle du tube. Ces 
deux intégrales sont négligeables, parce que leurs éléments sont tous très- 
petits. En effet, si » a une valeur sensible 4(r) est insensible; si, au con- 
traire, r a une valeur insensible, si les deux éléments do, ds! sont très- 
voisins, leur distance se confond à très-peu près avec la tangente à l’un 
ou l’autre des deux éléments: dès lors l’angle q est presque droit et cos. q 
très-voisin de 0. Donc, il entre toujours ainsi un facteur très-petit dans les 
intégrales précédentes, et il est permis de négliger ces intégrales. 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 5 


Il existe cependant un cas où ces considérations cessent d’être exactes : 
c'est celui où le liquide forme, le long des parois du tube, une couche 
très-mince. Dans ce cas, r peut être insensible sans que l'angle q soit 
droit; cet angle pourrait même être nul. Ainsi, il suffit de considérer 
deux éléments appartenant l’un à la surface de cette couche, l’autre à 
la surface du tube située derrière cette couche sur la normale au pre- 
mier élément. La distance r est alors l'épaisseur très-petite de la couche 
et l'angle q est nul. 

Ainsi donc, la théorie de M. Gauss se trouve en défaut, lorsque le liquide 
forme, le long des parois du tube, une couche très-mince. Or, c'est jus- 
tement le cas des expériences les plus précises, celles de Gay-Lussac. 
Pour éviter les irrégularités provenant de l’adhérence de l'air aux parois 
des tubes, Gay-Lussac mouillait entièrement ceux-ci avec le liquide dont 
il étudiait l'ascension. IL obtenait ainsi des résultats plus constants. 
Ces expériences vérifièrent la loi du rapport inverse de l’ascension au 
diamètre. 

Les expériences les plus précises et la théorie la plus rigoureuse se trou- 
vaient donc d'accord précisément dans le seul cas où cet accord ne devait 
pas exister. Dès lors , il y avait inexactitude d’un côté ou de l’autre, et 
il fallait de nouveaux travaux pour reconnaître de quel côté elle se trou- 
vait. Ces travaux devaient être faits, sans idée préconçue, pour ou contre 
la théorie ou l'observation, et dans les circonstances favorables ou con- 
traires à l’une ou à l’autre. Ainsi, il fallait opérer avec des tubes mouillés ; 
si l'expérience, dans ce cas, ne tenait pas compte de l'exception faite par la 
théorie, et établissait, malgré elle, la loi du rapport inverse, il y avait 
Opposition et non vérification. Si, au contraire, en opposition avec les expé- 
riences précédentes, l'observation repoussait cette loi, elle ôtait à la théorie 
une objection, mais en même temps aussi la vérification admise jus- 
qu'aujourd'hui. 

Ainsi donc, avec cette manière d'opérer, l'expérience ne peut que per- 
mettre à la théorie de subsister, mais non assurer son existence. Pour 
obtenir une vérification, il fallait expérimenter dans les conditions mêmes 
du problème théorique, c’est-à-dire avec des tubes secs. Si la loi du rap- 


6 SUR L'ASCENSION DE L'EAU 


port inverse ne se vérifiait que dans cette seconde épreuve, la théorie se 
confirmait ; dans le cas contraire, celle-ci perdait sa principale condition 
de vie. 

Je tenais à exposer les motifs qui m'ont fait entreprendre ce travail, 
parce qu’il en fallait de graves pour oser s'attaquer à une théorie soute- 
nue par des noms tels que Laplace, Poisson, Gauss et Gay-Lussac : sans 
le désaccord, latent mais réel, entre ces grandes autorités, je n'aurais 
certes pas abordé un tel sujet. 

Du reste, M. Simon (de Metz), dans un travail publié récemment !, 
avait déjà reconnu l’inexactitude de la loi du rapport inverse de l’ascen- 
sion au diamètre. Mais ses expériences, faites d’ailleurs avec beaucoup 
de soin et dans des limites très-étendues, ne me paraissent pas suffisam- 
ment directes, et leur principe me semble contestable. M. Simon ne me- 
sure pas directement la colonne soulevée par la capillarité; il la suppose 
égale à la colonne d’eau indiquant l'excès de pression qu’il faut donner 
à l’air d’un réservoir communiquant avec le tube pour empêcher l’ascen- 
sion de l’eau. Ainsi, supposons l'extrémité inférieure du tube capillaire 
afleurant l’eau de l'extrémité supérieure mastiquée dans un réservoir d'air 
auquel est adapté un manomètre à eau; si, en comprimant cet air, l'on 
refoule la colonne soulevée par la capillarité jusqu’à l'extrémité du tube 
(ce qui sera indiqué par l'apparition d’une bulle à cette extrémité), l'excès 
de pression de l'air dans le réservoir fera équilibre à la force qui tend à 
soulever l’eau, et par suite sera mesurée par une colonne d’eau égale à 
celle à laquelle l’eau se serait élevée dans le tube. 

Ceci est évident, mais à la condition que l’on ne considère que la pres- 
sion de l’air à l’extrémité inférieure du tube et non pas sa pression dans 
le réservoir, et ces deux pressions, loin de me sembler égales , me parais- 
sent devoir différer d'autant plus que le diamètre du tube est plus petit. 
En effet, la pression de l'air du réservoir, pour repousser la colonne d’eau 
dans le tube capillaire, doit non-seulement vaincre l'attraction du tube 
sur l’eau, mais encore l'attraction du tube sur la colonne d’air qui s’avance 


* Annales de physique et de chimie; 1851. 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 7 


en repoussant la colonne d’eau. En un mot, l'excès de pression de l'air 
du réservoir doit non-seulement vaincre la capillarité de l’eau, mais 
encore la capillarité de l'air, en interprétant ce mot de capillarité dans le 
sens d’adhérence. Donc la pression de l'air dans le réservoir est plus forte 
que la force qui tend à soulever l’eau, et la colonne d’eau du manomètre 
est plus considérable que celle qui s’élèverait dans le tube. Et, en effet, 
la différence des hauteurs ainsi obtenues par M. Simon, et de celles que 
j'ai mesurées directement, va en croissant à mesure que le diamètre de- 
vient plus petit. D'ailleurs, le procédé de M. Simon ne pouvait s'appliquer 
aux tubes secs, et j'ai montré combien il était important d'opérer sur ces 
tubes. J'ai donc préféré opérer de la manière la plus simple et la plus 
directe, c’est-à-dire de mesurer les hauteurs soulevées au moyen d’un 
cathétomètre. Cette méthode ne permet pas, il est vrai, d'opérer dans des 
limites aussi étendues ; cependant j'ai pu faire des observations sur des 
tubes dont le diamètre n’était que de 0,07, et c’est déjà une limite 
inférieure suffisante. 

Je n'ai expérimenté que sur le mercure et sur l’eau; l'étude de la 
dépression du mercure et de l'ascension de l’eau m'a paru suffisante pour 
contrôler les deux cas principaux de la théorie des phénomènes capil- 
laires. La dépression du mercure offrait cet avantage, qu’elle se faisait 
forcément dans les conditions de la théorie. Je vais décrire d’abord les 
observations faites sur ce sujet. 

L'appareil d'observation était aussi simple que possible : c'était un tube 
en U, formé d’un tube capillaire et d’un tube de 15 à 20 millimètres de 
diamètre, soudés ensemble. J'ai construit vingt-trois systèmes de ce genre. 
Quelques mots sur la nature des tubes capillaires employés sont néces- 
saires pour prévenir toute objection : vingt de ces tubes étaient en cristal, 
trois en verre ordinaire. Onze des tubes en cristal étaient des tubes à ther- 
momètres, c’est-à-dire des tubes très-capillaires et à parois épaisses ; six 
autres étaient à parois plus minces : c’étaient des tubes tels que ceux que 
l'on emploie pour les tiges des thermomètres à alcool. Deux tubes étaient 
formés artificiellement en effilant un large tube de cristal. Enfin, le der- 
nier tube en cristal était large et à parois épaisse : c'était un tube de ma- 


8 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


nomètre. Tous ces tubes avaient été fabriqués le même jour dans une 
verrerie de Grenelle. On pouvait donc les regarder comme étant de même 
nature. Pour en être plus certain, j'ai pris leurs densités. Elles différaient 
assez peu pour que l’on püt attribuer les différences aux erreurs d’obser- 
vation. En effet, les valeurs extrêmes de ces densités étaient 3,099 et 
5,062. Les trois tubes en verre étaient aussi de même nature, et leurs 
densités étaient 2,48, 2,48 et 2,49. 

J'ai fixé bien verticalement ces 24 systèmes sur une planche de 4 mètres 
de longueur. Aux deux extrémités et au milieu de cette planche étaient 
placés des thermomètres, destinés à donner la température au moment 
de l'observation. La dépression du mercure dans le tube capillaire se 
mesurait au moyen d’un très-bon cathétomètre, dont le vernier donnait 
les 20° de millimètre. Il suffisait de mesurer la différence de niveau dans 
les deux tubes de chaque système. 

Pour connaître le diamètre des tubes, j'ai employé la méthode ordi- 
naire, C'est-à-dire que je pesais une colonne de mercure dont la longueur 
était mesurée très-exactement au moyen d’une bonne machine à diviser. 
Chaque diamètre a été mesuré au moins trois fois, et les différences ne se 
sont jamais élevées à un millième de millimètre; pour les tubes très-larges, 
cette méthode n'étant pas applicable, je mesurais directement le diamètre 
au moyen de la machine à diviser. Il suffisait de couper le tube suivant 
deux tranches bien perpendiculaires à l'axe, de placer le tube verticale- 
ment sur la table de la machine, et d'amener l’un des fils du réticule 
successivement tangent à deux extrémités d’un diamètre de la section. 
C’est aussi ce moyen que j'ai employé pour mesurer l'épaisseur des parois, 
à laquelle j'avais peine à refuser toute influence. 

Pour obtenir une grande précision dans ces expériences, il eût fallu 
employer des tubes parfaitement calibrés. Cette condition n’était guère 
réalisable ; elle exigeait un choix très-considérable de tubes et beaucoup 
de temps. Je me suis assuré par des expériences préliminaires de l'impor- 
tance de cette condition. Ayant trouvé un tube parfaitement calibré, j'y 
ai observé plusieurs fois la dépression du mercure en faisant varier le 
niveau dans le large tube. Les différences que j'ai obtenues étaient très- 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 9 


faibles, mais tout à fait irrégulières et, par conséquent, indépendantes 
des causes sensibles, telles que la longueur de la colonne dans le tube 
et le calibrage de celui-ci. Il y avait, par suite, même pour les tubes par- 
faitement calibrés, nécessité de prendre une moyenne entre les dépres- 
sions observées dans un même tube. Or, en partant de la loi du rapport 
inverse de la dépression au diamètre, on trouve que, pour des tubes dont 
le diamètre ne varie que très-légèrement, cette moyenne donne aussi la 
dépression correspondante au diamètre moyen, c'est-à-dire celle qui aurait 
lieu dans le tube si son diamètre était partout rigoureusement le même, 
de telle sorte qu’en prenant la moyenne précédente, on compense tout à 
la fois les erreurs provenant des causes accidentelles et celles qui pro- 
viendraient des inégalités du diamètre. En d’autres termes, un calcul très- 
simple montre que si la loi du rapport inverse de la dépression au dia- 
mètre est exacte, la dépression correspondante au diamètre moyen n'est 
autre chose que la moyenne des dépressions observées en différents points 
du tube, et par suite correspondantes à différents diamètres , de telle sorte 
que la loi en question doit se vérifier pour cette moyenne et le diamètre 
moyen. En effet, supposons le tube partagé en parties de même longueur !, 
et soient r, r', r'!,...... les rayons de ces diflérentes parties ; ceci suppose, 
comme on le fait en calibrant un tube, que le diamètre est le même sur 
toute une longueur {. Si L est la longueur de la colonne pesée et R le 
rayon moyen déduit de cette pesée, on doit avoir 


ar + ar + .... —= 7R°L, 


et si L—n"1, 
TA Se RPEPECMEMR MES RESTE MORE ME PEN Et 0) 


Soient maintenant n observations faites en amenant le ménisque de mer- 
cure dans les différentes parties précédentes du tube capillaire. 4, h',... 
étant les différentes dépressions observées, si l’on admet la loi du rapport 
inverse de la dépression au diamètre ou au rayon, on aura : 


Tous XXV. 2 


10 SUR L’'ASCENSION DE L'EAU 


ou 


En substituant dans l'équation (1), nous aurons : 


( 1 ] R? (2 
c E + ne Mt =\ Se = (2) 


Soit maintenant H la dépression moyenne, c’est-à-dire : 


RSR E LEE 


n 


Soient aussi : 
RNA ON RQ TAPER ET 


En remplaçant dans l’équation (2), h, h', . . . par ces valeurs, et négli- 
£ £ FA . . . 
geant les secondes puissances de : > ;, ...., quantités qui seront toujours 


très-petites, à moins que le tube soit très-mal calibré, nous aurons : 


er == | nR?. 
Or, par cela seul que H est la moyenne de k, h',.....on a: 
EE HE + ..,. —10 
et 1l nous reste : 
x? 5 
TT) n —= nR?, 
d’où 
& 
HE 
R 


Si donc la loi du rapport inverse de la dépression au rayon est vraie, 
on devra obtenir cette relation entre la moyenne des dépressions mesu- 
rées et le rayon moyen. 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 11 


La plus grande incertitude qui règne sur les expériences faites jusqu’au- 
jourd’hui est la grande inconstance des résultats. Deux expériences faites 
simultanément et dans des circonstances identiques présentent souvent les 
résultats les plus différents. [Il existe, en effet, plusieurs résistances varia- 
bles au mouvement du mercure dans un tube capillaire. Telles sont l’adhé- 
rence de l'air aux parois du tube, et l’'adhérence produite par l’'impureté 
du mercure. Ces résistances ne pourraient être écartées qu'avec beaucoup 
de peine. On ne pourrait même pas annuler la première, en opérant dans 
le vide ; quant à la seconde, il est fort difficile d’avoir du mercure absolu- 
ment pur, surtout en très-grande quantité, et j'ai dû employer jusqu’à 20 à 
50 kilogrammes de mercure à la fois. D'ailleurs, on se convainc facilement 
que ces résistances ne sont en quelque sorte que passagères. Elles peuvent 
modifier momentanément l’équilibre, mais les autres forces finissent tou- 
jours par l'emporter, et je me suis assuré par un grand nombre d’expé- 
riences préliminaires que l’on obtenait des résultats très-constants à con- 
dition de laisser à l’équilibre le temps de s'établir. En remplissant de 
mercure le large tube, on le voit d’abord s’élever rapidement dans le tube 
capillaire jusqu’à une certaine distance au-dessous du niveau dans le pre- 
mier tube, puis il semble s'arrêter, mais en le suivant avec la lunette, on 
le voit continuer à s'élever lentement avec une vitesse toujours décrois- 
sante jusqu'à ce qu'il s'arrête entièrement. Le mercure peut s’élever ainsi 
de 14 millimètres après le premier arrêt. Le temps nécessaire pour que 
l'équilibre s’établisse complétement varie avec le diamètre du tube. Dans 
les tubes larges, il s'établit presque immédiatement. Dans les tubes très- 
étroits, ceux dont le diamètre est d'environ -= de millimètre, on voit le 
mercure continuer son ascension après plus de 12 heures. Pour l’eau, il 
en est absolument de même : seulement l'équilibre s'établit plus rapi- 
dement. 

On conçoit donc que si l’on fait l’observation immédiatement après 
avoir versé le mercure dans l'appareil, on obtiendra des résultats tout à 
fait discordants ; on n’aura observé qu'un équilibre momentané existant 
sous l'influence de causes essentiellement variables. C’est pourquoi j'ai 
opéré de la manière suivante : je versais du mercure dans les 24 tubes à 


12 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


la fois, et j'observai 24 heures après. L'observation terminée, au moyen 
d’un siphon, je vidais les appareils en partie, jusqu'à ce que le niveau 
s’abaissàt dans le tube capillaire , puis je remplissais de nouveau. De cette 
manière le niveau dans le tube capillaire devait toujours se relever. J'avais 
soin de faire toujours deux expériences consécutives dans les mêmes cir- 
constances, c'est-à-dire avec le même niveau dans le large tube. J’ai fait de 
cette manière six observations sur le mercure. Elles m'ont donné les ré- 
sultats suivants : 


DIFFÉRENCES DE NIVEAU OBSERVÉES, 
DÉ- DÉ- 
RAYONS 


ÉPAISSEUR. PRESSIONS | PRESSIONS 


11me EXP. me EX IV®e EXP. 


1758. 2159. 


MOYENS. 
MOYENNES. CALCULÉES. 


TEMPÉRATURE. 


mm. FA mm. mm. à mm. mm. 

0,0566 | 156,70 | 154,05 152,70 156,61 
0,0472 592 105,40 | 107,70 108,25 105,95 
00492 ,25 | 101,55 | 101,10 101,55 101,65 
0,0795 É ï » » ° » 62,90 
0,111 45,95 | 44,60 44,00 | 44,20 45,05 
0,115 5: 5 44,40 | 47,00 46,15 | 46,25 45,49 
0,195 3 5 49,65 | 41,25 44,95 | 44,50 40,00 
0,154 24,40 | 26,05 24,70 | 924,80 52,45 
0,178 25,50 | 925,55 97,10 | 97,15 28.09 
0,180 55 5 25,45 | 95,75 25,85 | 94,10 27,78 
0,186 7 ; 25,85 | 26,40 24,80 | 24,90 27,55 
0,199 5 : 25,40 | 92,95 29,85 | 992,95 25,15 
0,466 5 5 10,75 | 10,20 9,65 9,65 
0,487 5 7 9,65 | 10,10 9,55 9,40 
0,576 6,95 7,60 7,75 7,65 
0,621 5 7,15 8,00 8,10 8,20 
1,025 ë 4,15 4,00 5,80 4,00 
1,595 5 5,00 3,00 2,90 5,15 
1,465 7 2,55 2,65 2,70 2,85 
1,771 5 1,90 2,95 9,95 2,20 
2,140 2,15 1,90 2,20 2,00 
2,455 1,05 1,15 1,00 1,05 
2,514 7 ; ï 1,25 1,25 


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ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 15 


J'ai consigné dans ce tableau les températures moyennes des ex- 
périences, quoique l'influence de la température paraisse insensible, 
ou du moins inférieure aux causes d'erreur. Ainsi dans les expériences 
LIT et IV, les températures difiéraient de 2°,7, les niveaux du mercure 
dans les tubes larges étaient les mêmes, et ne différaient que très-peu, 
par conséquent, dans les tubes capillaires. Les différences de dépressions 
ne devaient donc résulter que des causes d'erreur et de la température. 
Or, ces différences sont très-irrégulières, de sorte que l'influence de la 
température, qui serait nécessairement uniforme, doit être plus faible 
que celle des causes d’erreur. 

Dans la dernière colonne, j'ai inscrit les dépressions calculées en divi- 
sant le nombre 5 par le rayon du tube. Ce nombre à est la moyenne des 
produits de la dépression par le rayon dans les trois premiers tubes. 

Il faut faire subir aux dépressions observées deux corrections prin- 
cipales : 

1° Il faut ajouter la dépression qui a lieu dans le grand tube soudé à 
chaque tube capillaire. Il suffit de prendre, dans une des tables connues, 
les dépressions correspondantes aux diamètres de ces tubes, que nous 
indiquerons plus loin; 

2 I1 faut ajouter à la hauteur observée le sixième du rayon du tube 
capillaire. Cette correction provient de ce que, dans l’observation, on 
suppose que le niveau du mercure est le plan horizontal tangent et la sur- 
face du ménisque; on diminue donc le poids de la colonne déprimée du 
poids de mercure qui serait compris entre la surface du ménisque et le 
plan tangent à son sommet. 

Gay-Lussac avait indiqué comme correction l'addition du tiers du 
rayon. Cette addition suppose que le ménisque est une demi-sphère, que 
sa hauteur est donc égale au rayon du tube. Or, il n’en est pas ainsi, 
comme on peut le voir en mesurant ces hauteurs. Je les ai mesurées dans 
les tubes capillaires, où elles étaient sensibles, et dans les tubes larges 
correspondants. Ces hauteurs et les diamètres des tubes sont rapportés 
dans le tableau suivant : 


14 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


IE. 


Hauteur Hauteur 
du du 
des des MÉNISQUE | MÉNISQUE 


DIAMÈT. RAYONS 


dans les dans les 


LARGES TUBES. | TUBES CAPILL. Ce de 
tubes larges. |tubes capillaires} 


= = 


1 
2 
5 
4 
5 
6 
7 
8 
9 
0 
1 
2 
5 


= 


En comparant les hauteurs des ménisques aux diamètres ou aux rayons 
des tubes, on voit que l’on ne peut établir aucune relation exacte entre 
ces quantités. Les hauteurs des ménisques, dans les tubes larges, sont sur- 
tout très-irrégulières, et paraissent dépendre de causes inconnues, telles 
que l’état de la surface du tube, bien plus que du diamètre. Je ferai observer 
cependant que la majeure partie de ces hauteurs est égale au dixième du 
diamètre ou au cinquième du rayon. Dans les tubes capillaires, ces hau- 
teurs sont également assez irrégulières; cependant si l’on observe que les 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 15 


erreurs d'observation peuvent s'élever jusqu'à 0,05, on peut admettre 
que ces hauteurs sont égales à la moitié du rayon. Cette relation existe 
visiblement dans les tubes 15, 14, 17, 18, 19, 20, 21. 

Quoi qu’il en soit, on ne peut pas admettre que la hauteur du ménis- 
que soit égale au rayon. Dès lors l’addition du tiers du rayon à la dépres- 
sion observée est une correction trop forte. Il serait plus exact d’ajouter 
le tiers de la hauteur du ménisque ou le sixième du rayon. On considére- 
rait alors le ménisque comme un demi-ellipsoïde de révolution dont les 
axes seraient r, r et k, de sorte que le volume compris entre sa surface et 
le plan tangent à son sommet serait 

27rr 2h zr 2h 


TEE — 
3 5 


Mais cette correction ne serait pas encore exacte; car il n’est pas cer- 
tain que la surface du ménisque soit un ellipsoïde. Nous ne pouvons donc 
faire que des corrections très-incertaines, surtout dans les tubes dont le 
diamètre est un peu considérable. 

La correction que nous avons indiquée d’abord, c’est-à-dire l'addition 
de la dépression dans le grand tube, sera plus incertaine encore que celle 
que nous venons de discuter, cette dépression devant être modifiée forte- 
ment par les causes qui rendent si irrégulières les hauteurs du ménisque 
dans ces tubes. 

D'un autre côté, si l'on considère quelle est l'importance de ces cor- 
rections vagues sur les dépressions faibles, on reconnaît l'extrême difficulté 
d'atteindre à des résultats précis dans ces petites dépressions et l’inutilité 
d'y faire des corrections capables d'apporter, en sens inverse, des erreurs 
au moins égales à celles que l’on voudrait corriger. Nous nous bornerons 
donc à la considération des seize premiers tubes dans lesquels les correc- 
tions sont plus certaines et ont moins d'importance. Aux dépressions 
moyennes observées dans ces tubes, nous ajouterons la dépression qui a 
lieu dans le grand tube correspondant, dépression que nous prendrons 
dans la table de Laplace, et comme seconde correction le sixième du 
rayon, en supposant, d’après ce qui précède, que l’on doive ajouter le 


16 SUR L'ASCENSION DE L'EAU 


tiers de la hauteur du ménisque, et que cette hauteur soit la moitié du 
rayon du tube. 

Nous multiplierons ensuite chacune des dépressions ainsi corrigées 
par le rayon du tube, afin de reconnaître si le produit est un nombre 
constant, comme le veut la loi du rapport inverse de la dépression au dia- 
mètre. Nous formerons ainsi le tableau suivant : 


XII. 


SAxONS DÉPREEIOE DÉPRESSION | DÉPRESSION PRODUITS 


dans le 


observée. corrigée. DR. 
TUBE LARGE. 


154,27 
106,95 
101,45 
60,90 
44,02 
46,19 
45,05 
95,06 
95,58 
95,36 
95,71 
95,81 
10,51 
9,72 
7,46 
8,05 


1 
2 
5 
4 
5 
6 
7 


En écartant pour un moment les nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8, 
15, nous remarquerons que les produits précédents diffèrent peu l’un de 
l’autre, et que les différences sont irrégulières. En prenant les moyennes 
relatives aux six premiers tubes 1,2, 5, 4, 5, 9, et aux six derniers 10, 
11, 12,15, 14, 16, on trouve deux nombres, 4,886 et 4,808, qui ne 
diffèrent l’un de l’autre que de -%. Nous pouvons donc admettre que, dans 
les limites précédentes, l'expérience vérifie la théorie, car nous devons faire 
observer ici que l'hypothèse que nous avons faite dans la correction rela- 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 1} 


tive au ménisque n’altère pas la loi du rapport inverse de la dépression au 
diamètre, c’est-à-dire que cette loi se déduit de la formule de Laplace : 


D I : 
ra R/° 


aussi bien, lorsque l’on suppose que la surface du ménisque est un 
ellipsoïde de révolution dont le petit axe est égal à la moitié du rayon du 
tube, que lorsqu'on la considère comme une sphère. En effet, on a dans 
ce cas, 


en appelant a le rayon du tube, d’où 


D — 


SR 


La dépression est la moitié de ce qu’elle serait si le ménisque était une 
sphère, mais elle est toujours en raison inverse du rayon du tube. 
Pour accorder la théorie et l'expérience, nous avons dû écarter les 
nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8, 15, les deux premiers donnant des 
nombres beaucoup trop forts, les seconds beaucoup trop faibles. Les deux 
premiers étaient des tubes très-épais, ainsi qu’on peut le voir dans le tableau 
des épaisseurs. Les seconds étaient formés en efilant des tubes très-larges 
de cristal, et leurs épaisseurs étaient tellement faibles que je n’ai pas cher- 
ché à les mesurer. Les écarts présentés par ces tubes sont si considérables 
et se sont reproduits si constamment dans toutes les observations, qu’ils 
me semblent indiquer clairement une influence de l'épaisseur des parois 
du tube. Ainsi, la dépression dans le tube 6 est notablement plus forte 
que dans le tube 5; cependant le diamètre du premier l'emporte sur celui 
du second. Au contraire, la dépression dans le tube 8 est plus faible que 
dans le tube 11, quoique le rayon de celui-ci soit environ les £ du rayon 


du premier. Dans le tube 15, la différence, bien que sensible, est moins 
Towe XXV. 5 


18 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


tranchée ; mais il faut observer que ce tube avait un diamètre relativement 
considérable, et que, pour l'obtenir, j'avais dû effiler beaucoup moins le 
tube de cristal, et par conséquent conserver une épaisseur plus grande. 
En présence de telles différences se reproduisant constamment dans des 
tubes de la même substance et placés dans les mêmes circonstances que 
tous les autres, on a peine à concevoir d’autre cause d’inégalité que les 
épaisseurs si différentes de ces tubes. 

Mais cette influence a besoin d'être expliquée, car elle semble contraire 
à celle que la théorie pourrait indiquer. Dans la dépression du mercure, 
trois forces sont en jeu: la pesanteur, l'attraction des molécules du mer- 
cure entre elles et l'attraction qu’elles subissent de la part des molécules 
du verre. Les deux premières forces agissent de haut en bas, la dernière 
de bas en haut. Celle-ci tend donc à diminuer la dépression. Or, si l’in- 
fluence de l'épaisseur est réelle, elle ne peut qu’augmenter cette force; 
donc elle doit diminuer la dépression. C’est l'effet contraire qui se pro- 
duit. Cette anomalie s'explique par la considération des composantes ho- 
rizontales de l'attraction du tube. On ne tient généralement pas compte 
de ces composantes, parce qu'étant opposées deux à deux, elles doivent 
se détruire. Ceci me paraît inexact. Ces composantes, je crois, ne se dé- 
truisent nullement, mais produisent une adhérence du mercure au tube, 
adhérence qui s'oppose au mouvement ascensionnel du mercure. D’après 
cela , la dépression, telle que nous l'avons observée, serait plutôt un phé- 
nomène de dynamique qu’un phénomène de statique. Dans notre système 
de tubes, le mouvement ascensionnel du mercure, dans le tube capillaire, 
est produit par la pression du mercure dans le large tube et par l’attrac- 
tion du tube capillaire. En s’élevant, le mercure est soumis à différentes 
forces retardatrices qui sont sa pesanteur, sa cohésion et son adhérence 
au tube; sa vitesse se détruit peu à peu, et le mercure s'arrête lorsqu'elle 
est annulée. Elle le sera d’autant plus vite, et l'élévation du mercure sera 
d'autant plus faible que les forces retardatrices, et entre autres ’adhérence 
au tube, seront plus puissantes. Si donc l’adhérence horizontale au tube 
croît avec l'épaisseur plus rapidement que l'attraction verticale du tube, 
l'influence de l'épaisseur sera telle que nous l’avons observée. 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. À 


= 


Pour m'assurer de la nature de cette influence et la mesurer, si c'était 
possible, j'ai opéré en sens inverse, c’est-à-dire que j'ai soulevé le mercure 
dans le petit tube au-dessus du niveau dans le grand. Le mercure descen- 
dait et l’adhérence au tube agissant encore en sens contraire du mouvement, 
devait diminuer la dépression. Malheureusement il m’a été impossible de 
rien obtenir d’exact. Les résultats étaient tout à fait discordants. J’ai même 
vu dans les tubes les plus capillaires, les tubes 1 et 2, le mercure se 
maintenir pendant vingt-quatre heures à un niveau supérieur à celui du 
large tube. Il fallait de fortes secousses pour le faire descendre, encore ne 
pouvait-on obtenir que de faibles dépressions. Ainsi, la plus forte que j'aie 
obtenue après de nombreuses secousses a été de 48"",10 dans le tube 2. 
L'autre manière d'opérer m'avait donné 108", Ces expériences, quelque 
insignifiants que soient leurs résultats, me paraissent néanmoins mettre 
hors de doute l'influence de l’adhérence horizontale, et nous portent 
même à considérer cette adhérence comme une des forces dominantes du 
phénomène. 

Pour étudier l'ascension de l’eau, je me suis servi d’abord des appareils 
précédents, après les avoir nettoyés avec soin. J'ai dû seulement démonter 
les six premiers tubes, trop capillaires pour être facilement nettoyés sur 
place. Jai fait avec ces appareils quatre expériences. Dans ces quatre 
expériences , le tube était mouillé par la colonne d’eau que je soulevais, 
en aspirant, jusqu'au haut du tube, et que je laissais ensuite redescendre, 
toujours pendant 24 heures. 

L'observation pouvait se faire plus simplement, en plongeant directe- 
ment les tubes capillaires dans l’eau : on évite même ainsi les corrections 
relatives aux larges tubes. C’est pour juger de l'importance de ces correc- 
tions que j'ai fait les quatre expériences précédentes avant de séparer les 
tubes capillaires des tubes larges. Après cette séparation, je plongeai les 
tubes, par groupes de quatre, dans six vases. Les tubes étaient fixés ver- 
ticalement, au moyen de bouchons, dans des planches percées de six trous; 
dans les deux autres trous étaient placés un thermomètre et un tube à 
pointe effilée servant à prendre la hauteur du niveau dans le vase. Il suffi- 
sait d'amener la pointe en contact avec l’eau, de retirer le vase après 


20 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


l'observation des tubes et de viser la pointe. J'ai fait, avec ces appareils, 
quatre expériences, deux en mouillant les tubes, comme dans les expé- 
riences précédentes, deux autres avec les tubes secs. Les deux premières 
m'ont donné, à très-peu près, les mêmes résultats que les quatre expé- 
riences précédentes. Je réunis les résultats de ces six expériences dans le 
tableau suivant. 


LV. 


HAUTEURS OBSERVÉES. PRODUITS 
HAUTEURS| HAUTEURS|  Jjeja 


Ile EXP. IVe EXP. Vi® EXP. HAUTEUR MOY, 
— moyennes. | calculées. 


par 
1394 1551 
354. 18. 5,1. le rayon. 


mm. 0 mm. mn. min. mm. min, 
0.0472 " 525,05 520,45 522,75 922,52 15,199 


0,0492 : 308,90 | 510,90 | 509,90 | 509,41 | 15,247 
0,0508 297,40 | 299,10 | 998,25 | 9299.67 | 15,151 
0,0795 : » 189,60 | 189,60 | 191,48 | 15,075 
0,111 157,10 | 136,20 | 156,65 | 157,15 | 15,168 
0,115 € 140,75 | 140,90 | 158,58 | 132,37 | 15,957 
0,149 99,50 | 101,20 | 100,55 | 102,17 | 14,952 
0,165 90,40 | 89,55 | 89,98 | 92,26 | 14,847 
0,178 7 Ë 85,75 | 83,90 | 82,56 | 85,52 | 14660 
0,180 É 85,20 | 85,40 | 82,67 | 84,57 | 14881 
0,186 5 80,05 | 80,55 | 80,00 | 81,84 | 14,880 
0.199 À 75.20 | 75,00 3 76,50 | 14,796 
0,466 5 50,45 | 50,50 | 5 52,67 | 14,252 
0,487 30,05 5 29.90 | 29,50 51,26 | 14,600 
0,576 ” 5. 24.25 | 24,20 5 | 26,45 | 15,956 
0.621 92970 | 292,95 5,25 | 94,51 | 14426 
1,025 15,10 ï 12,15 | 12,70 14,85 | 12,825 
1,525 Ë ë l 9,15 9,10 11.50 | 12,079 
1,465 8 ù ; 8:75 8,80 10,41 | 12,845 
1,490 9.25 9,15 10.22 | 15,708 
1,771 6,85 7,40 2 8,60 | 11,051 
2,140 3,15 4,45 7,11 | 10,700 
2,514 6,06 | 9,555 


1 
2 
5 
4 
5 
6 
7 
8 
9 
10 
11 
12 


nn © EE = => à = 
© © NN E Où D C 


1 
e 


Dans ce tableau figurent quatre nouveaux tubes; ce sont les n° 5, 7, 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 21 


8, 20. Ils remplacent quatre des anciens tubes que je n’avais pas pu net- 
toyer parfaitement. Ils étaient de plus aussi bien calibrés que possible. 

Dans l’avant-dernière colonne, j'ai inscrit les hauteurs, calculées en 
divisant le nombre 15,223 par les rayons des tubes. Ce nombre est la 
moyenne des produits 15,199 et 15,247 de l'élévation dans les tubes 
4 et 2, par les rayons de ces tubes. Dans la dernière colonne, j'ai inscrit 
les produits analogues pour tous les tubes. On voit que ces produits dé- 
croissent d’une manière à peu près continue avec l’augmentation du dia- 
mètre. La décroissance est moins rapide lorsque l’on fait subir, à la hau- 
teur observée, la correction indiquée par Gay-Lussac, c’est-à-dire l'addition 
du tiers du rayon. Mais lors même que nous ferions cette correction, nous 
trouverions encore des nombres s’abaissant de 15,247 pour le tube 2; à 
12,661, pour le tube 18, et à 14,556 pour le tube 16, si nous voulons 
rester dans les mêmes limites que précédemment. Ce serait là une diffé- 
rence assez considérable pour permettre de considérer la loi du rapport 
inverse de l'ascension au diamètre comme inexacte, même dans des limites 
restreintes. 

Mais une observation fort simple et, je crois, tout à fait neuve, qui 
m'a été communiquée par M. Plateau, s'oppose à cette conclusion. On sait 
que, dans un tube mouillé, l'élévation de l’eau est plutôt produite par 
l'attraction de la couche d’eau qui mouille le tube, que par l’attraction 
du tube qui ne fait que soutenir cette couche. Dès lors, le vrai tube, dans 
lequel se fait l'élévation de l’eau, n’est pas le tube de verre, mais le tube 
formé par la couche mouillante, et le rayon de ce tube est égal à celui 
du tube de verre, diminué de l’épaisseur de la couche. C’est par ce rayon, 
ainsi diminué, qu’il faut multiplier la hauteur observée. Or, l'épaisseur 
de la couche est inconnue ; mais on peut la supposer la même dans tous 
les tubes. 11 en résulte que l'influence de sa soustraction sera d'autant plus 
considérable que le rayon sera plus petit, et il suffira qu’elle ait une très- 
faible valeur pour rétablir la constance du produit de la hauteur par le 
rayon. En effet, si on la suppose seulement de un millième de millimètre, 
on obtient déjà de très-faibles divergences; on peut s’en convaincre par 
la considération du tableau suivant, dû à l’obligeance de M. Plateau, qui 


22 SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


n'a pas reculé devant de longs calculs pour me montrer immédiatement 
l'importance de sa remarque : ce tableau à été calculé en corrigeant les 
rayons par la soustraction de 0,001, épaisseur supposée de la couche, 
et les hauteurs par l'addition du tiers du rayon ainsi corrigé. Ces hauteurs 
ont été de plus ramenées à une même température moyenne, 14°,6, en 
s'appuyant sur la loi donnée par Simon. 


RAYONS 
PRODUITS. 


14,801 
14,850 
14,867 
14,754 
14.990 
14,815 
14,719 
14.588 
14,809 
14.811 
14755 
14,299 
14.648 


14,553 


1 
2 
5 
4 
5 
7 
8 
9 
10 


= — 
1 — 


ue 
ct 


 — 
ee à 


La moyenne générale des produits est 14,727, celles des 7 premiers 
tubes est 14,822, celles des 7 derniers 14,652. On voit que l'écart est à 
peine de la même valeur que l'écart présenté par le mercure. 

Cette observation de M. Plateau rend donc douteux le désaccord entre 
l'expérience et la théorie; mais elle ne le transforme pas en accord. Car 
rien ne permet de supposer que l'épaisseur de la couche mouillante est 
précisément un millième de millimètre. De cette observation il résulte 
même que la vérification faite jusqu'aujourd’hui de la loi du rapport in- 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 25 


verse devient tout à fait nulle, puisque l’on a toujours opéré avec des tubes 
mouillés sans jamais tenir compte de l'épaisseur de la couche mouillante. 
Cette vérification devient ainsi une véritable contradiction. 

Cette considération s'ajoute à celle que j'ai fait valoir au commence- 
ment de ce travail pour exiger que les observations se fassent sur des 
tubes secs et non sur des tubes mouillés. 

Dans la discussion précédente nous avons encore dû mettre à part les 
tubes 6 et 15, qui sont omis dans le tableau précédent. Ces tubes sont 
les mêmes que les tubes 6 et 15 du tableau [, le premier est un tube à 
parois très-épaisses, le second à parois très-minces : on peut voir, dans le 
tableau IV, que l'élévation est trop grande dans le tube 6, trop faible dans 
le tube 15. L’anomalie est la même que pour le mercure, et l'influence de 
l'épaisseur, si elle existe, doit agir de la même manière, c’est-à-dire aug- 
menter l'élévation comme elle augmentait la dépression. C’est qu’en effet, 
l’adhérence horizontale que nous avons admise pour le mercure doit agir 
ici de la même façon. Nous avons dit que, pour mouiller les tubes, nous 
soulevions la colonne d’eau et la laissions ensuite descendre. Dans cette 
circonstance, l’adhérence horizontale devait s'opposer au mouvement de 
descente , et en l’arrêtant plutôt produire une élévation plus grande. 

Les observations sur les tubes mouillés étant terminées, j'ai séché neuf 
de ces tubes. Je me suis borné à ce nombre pour rester dans les limites où 
les corrections sont à peu près nulles. Ce séchage se faisait simplement en 
attachant le tube d’un côté à un tube en U rempli de ponce imbibée 
d'acide sulfurique, de l’autre à l'ouverture d’une machine pneumatique. 
Après avoir fait le vide, je laissais rentrer l’air à travers le tube en U et 
le tube à sécher. Il passait ainsi dans celui-ci un volume d’air sec au 
moins égal à un million de fois la capacité du tube, et qui devait entiè- 
rement le sécher. J'ai fait deux observations sur les tubes ainsi desséchés. 
J'ai obtenu les nombres suivants : 


G 
CS 


SUR L’ASCENSION DE L'EAU 


VE. 


HAYONS HAUTEURS OBSERVÉES. \ 


HAUTEURS| PRODUITS 
a — 


des 


moyennes. hr. 


TUBES. 


F 


mm. 


10,295 
15,155 
15,355 


mm. 
0,0566 
0,0472 
0,0492 
0,0795 11,657 
0,111 11,022 
0,115 2, ; 5 10,595 
0,178 55 9,157 
0,186 À À 5: 8,841 
0,199 59, 59, 59,65 7,886 


ΠQG Gi: 


e 


@ 19 = 19 0 


ee à 
= S 


© @ NN EE CO à O1 1 = 


On voit par ces chiffres que la loi du rapport inverse de l’élévation au 
diamètre est loin d’être exacte pour les tubes secs. La décroissance est 
bien plus rapide que dans les tubes mouillés. Elle se fait aussi d’une ma- 
nière continue , si toutefois on excepte le tube 1, dont le nombre semble 
beaucoup trop faible. Je ne puis attribuer ce résultat qu'à ce que la co- 
lonne liquide s'élevait à très-peu près jusqu'à l'extrémité du tube dont la 
longueur était trop courte. 

Nous remarquerons aussi que l’influence de l’épaisseur n’est plus la 
même que dans les tubes mouillés. En effet, le tube 6, qui est le tube à 
parois épaisses des expériences précédentes, ne présente plus une élévation 
trop forte. Au contraire, si l’on relie les différents produits précédents 
par une formule d’interpolation quelconque, on trouve que l'élévation 
observée dans ce tube est au-dessous de celle que donne la formule. Ceci 
s'accorde avec les considérations précédentes sur l'influence de l'épaisseur. 
En effet, dans le cas actuel, l’eau en s’élevant dans le tube devait vaincre 
l'adhérence horizontale, et par suite s’élever d'autant moins haut que cette 
adhérence était plus forte. 

En résumé, les conclusions de ce travail semblent être les suivantes : 

1° La dépression du mercure dans les tubes capillaires est à très-peu 


ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 25 


près en raison inverse du diamètre, tant que celui-ci n'excède pas 1"; 
2° L’épaisseur des parois a une influence sensible sur la dépression; 

9° L’ascension de l’eau dans les tubes mouillés ne suit pas exactement 
la loi du rapport inverse au diamètre, si l’on ne tient pas compte de 
l'épaisseur de la couche mouillante. Mais en supposant cette épaisseur de 
0,001 , cette loi se confirme; 

4° L'épaisseur des parois a une influence sensible sur l'ascension de 
l’eau dans les tubes mouillés ; 

5° L’élévation de l’eau dans les tubes secs s’écarte notablement de la 
loi du rapport inverse au diamètre, même dans des limites restreintes ; 

6e L’épaisseur des parois semble aussi avoir une influence sur cette 
élévation; mais elle est moins sensible que sur la dépression du mercure 
et sur l’élévation de l’eau dans les tubes mouillés. 

En résumant encore ces conclusions, on se trouve dans une grande in- 
certitude sur la loi principale des phénomènes capillaires , vérifiée par la 
dépression du mercure, contredite par l'ascension de l’eau dans les tubes 
secs et ne se vérifiant, pour les tubes mouillés, que dans l'hypothèse d’une 
certaine épaisseur de la couche mouillante. Le seul fait de son inexactitude 
pour les tubes secs suflirait pour faire rejeter sa généralité, si ce mode 
d’expérimentation n’entraînait pas avec lui une cause d’erreur puissante, 
savoir la couche d’air sec adhérente au tube et l’altération de la surface 
qui en résulte. M. Plateau a bien voulu me communiquer encore, à cet 
égard, une observation remarquable. Il m'a rappelé ce fait connu qu'une 
goutte d’eau s'étend facilement sur la cassure fraîche d’un morceau de 
verre, tandis qu’elle ne peut s'étendre sur une surface de verre moins ré- 
cente, quel que soit le soin que l’on ait apporté à la nettoyer. I se pour- 
rait donc que, si l’on opérait sur des tubes secs immédiatement après qu'ils 
seraient sortis de la verrerie, on obtint des résultats tout différents. 
C’est ce que je me propose de vérifier dans un travail postérieur. Je me 
propose aussi de revenir sur l'influence de l’épaisseur des parois, cette 
question étant trop importante pour qu'on puisse la considérer comme 
décidée par les expériences précédentes. 


FIN. 


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RECHERCHES 


SUR 


LA MALADIE DE LA VIGNE 


LE CHAMPIGNON QUI L'ACCOMPAGNE, 


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RECHERCHES 


SUR 


LA MALADIE DE LA VIGNE 


ET SUR 


LE CHAMPIGNON QUI L’ACCOMPAGNE. 


Nous avons vu apparaître depuis peu une maladie de la vigne tout à 
fait inconnue jusqu’à présent. Cette maladie à été signalée pour la pre- 
mière fois en Angleterre, par M. Berkeley, en 1845, 1846 et 1847. 
MM. Morren et Hannon la constaterent en Belgique, en juillet et août 1850, 
et le premier la décrivit dans un remarquable article publié, en sep- 
tembre 1850, dans son Journal d'agriculture pratique. Dans cette note, je 
me propose d'ajouter quelques données, quelques observations à celles 
fournies par ce savant professeur. 

Jobservai pour la première fois la maladie en question à la fin de 
juillet 1851, sur les vignes de mon jardin, situé au centre de Bruxelles. 
En 1850, ces vignes n’avaient rien offert qui indiquât une lésion quel- 
conque ; elles n’avaient rien présenté de semblable à ce que nous y re- 
marquâmes cette année; leur végétation et leur fructification avaient été 
ce qu’elles sont tous les ans. Les vignes des jardins du voisinage ne sem- 
blaient pas davantage s’écarter de leur état normal. 

A l’époque susmentionnée, je vis les raisins se couvrir d’une poussière 
blanche, farineuse, qui m'était entièrement inconnue. La même pous- 


RECHERCHES 


Le 


sière se montra, en même temps, à la face inférieure des feuilles des 
jeunes pousses. Elle se répandit de plus en plus sur les grappes, de 
facon à les recouvrir entièrement ; elle envahit successivement aussi la 
face inférieure des feuilles plus âgées, et même leur face supérieure. Sur 
celle-ci, la poussière resta généralement moins abondante; la face supé- 
rieure de quelques feuilles en offrait cependant tout autant que leur face 
inférieure et les grappes. 

Vers le milieu du mois d'août, comme on parlait beaucoup de cette 
maladie , et du végétal parasite qui constituait cette poussière, mon père 
résolut de faire une expérience. Il frotta quelques grappes au moyen 
d’une brosse rude, puis les lava, de façon qu’on n’y apercevait plus de 
poussière. Celle-ci, chose remarquable, resta un mois à six semaines avant 
de s’y reproduire, et sur plusieurs de ces grappes elle resta toujours 
peu abondante. 

Vers la fin de septembre, les feuilles attaquées commencèrent à se 
dessécher sur leurs bords et à se crisper; les parties sèches prirent 
une teinte fauve. Il est à remarquer que les plus vieilles feuilles ne furent 
pas atteintes, et que la poussière blanche n’y apparut qu’exceptionnelle- 
ment et en petite quantité. 

Quant aux raisins, ils furent frappés d’un arrêt de développement, 
et n’acquirent que la moitié environ de leur volume normal. Plusieurs 
grappes prirent peu à peu une teinte brun-noirâtre, comme si elles allaient 
mûrir; la plupart gardèrent une couleur d’un vert plus ou moins foncé. 
Quelques raisins se fendillèrent; d’autres pourrirent; le plus grand nombre 
est encore actuellement dans l’état que je viens de décrire, offrant une 
teinte verte ou brunâtre et une surface lisse et égale. Ceux qui avaient été 
brossés et lavés, et sur lesquels la poussière en question ne s’était repro- 
duite que tardivement et incomplétement, offrent les mêmes altérations. 
Ils ne se sont même pas colorés, sont restés vertes; aussi crûmes-nous un 
moment que ceux qui n'avaient pas subi cette opération auraient plus de 
chances de mürir. 

Ces phénomènes se passaient sur des vignes à gros raisins noirs (dits 
Frankenthal), exposées à l’est et au midi. D’autres vignes à raisins blancs 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. ë, 


(dits Chasselas blancs) n’offrirent pas ces phénomènes. Quelques jeunes 
feuilles seulement étaient recouvertes de poussière blanche à leur face 
inférieure; ces feuilles ne se desséchèrent pas. Les grappes ne présente- 
rent pas cette poussière; les raisins acquirent leur volume habituel, et 
parvinrent à maturité dans la première quinzaine d'octobre. Pourtant, 
la plupart de ces raisins se tachèrent et pourrirent avec une rapidité inac- 
coutumée, et se couvrirent immédiatement de moisissures de diverses es- 
pèces. Nous n’étions pas habitués les autres années à les voir se gâter avec 
cette rapidité. 

Chez l’un de nos voisins se trouve une vigne à gros raisins noirs (Fran- 
kenthal), exposée à l’est; cette vigne touche les nôtres. La maladie 
s’y est déclarée avec une intensité beaucoup plus grande : pas une feuille 
ne manquait de la poussière blanche dont j'ai parlé; il n’en est pas une 
qui ne soit desséchée à partir de ses bords, comme je lai indiqué. 
Quant aux grappes, elles en étaient littéralement couvertes. Ces raisins 
sont restés plus petits que les nôtres; les uns offrent la même appa- 
rence, tandis que les autres, ou bien se sont pourris, ou bien se sont des- 
séchés et ratatinés. Il est une remarque que je ne dois pas omettre à ce 
propos : cette vigne n'avait été taillée qu’une seule fois, au commencement 
du printemps, et avec assez de négligence, de façon qu’elle présente des 
branches de nouvelle poussée d’une longueur considérable, disposées 
pêle-mêle et sans ordre. Les nôtres, au contraire, ont toujours été entre- 
tenues avec beaucoup de soin. 

Dans un autre jardin assez éloigné, j'observai une vigne de chasselas 
blanc, exposée au midi. La maladie s’y manifesta à la même époque que 
chez nous; la poussière blanche s’y montra exactement de la même ma- 
nière; mais les raisins furent atteints à un bien plus haut degré. Ces rai- 
sins ont le volume d’un petit pois; ils sont brun-rougeätre ou noirûtres, 
durs, secs, aplatis, ridés, ratatinés; il s’est développé à leur surface de 
nombreuses moisissures. Pourtant, chose remarquable, certaines grappes 
offrent deux ou trois grains arrivés normalement à maturité. — Les pédon- 
cules sont aussi desséchés et ratatinés. 

Voilà comment la maladie s’est développée, et quels ont été ses ellets. 


6 RECHERCHES 


On a généralement remarqué que l’un de ses caractères constants est l’exis- 
tence de cette poussière blanche dont j'ai plusieurs fois parlé. C’est donc 
d'elle que je vais maintenant m'occuper. 

Le microscope démontre que cette poussière est un champignon. 
M. Berkeley l’a rangé dans le genre Oidium (Link), et l'a appelé Oidium Tur- 
keri, du nom de M. Turker, qui en a le premier signalé l'existence. Cette 
détermination est-elle bien exacte ? C’est ce que je vais examiner dans ce 
qui suit: 

Lorsqu'on soumet à un grossissement de 50 à 60 fois un raisin ou une 
feuille de vigne recouverts de poussière blanche, on y aperçoit des appa- 
rences variables. Par réflexion, on y voit des filaments de longueur diverse, 
plus ou moins nombreux , enchevêtrés, terminés par des corpuscules ren- 
flés; par places ceux-ci sont accumulés en grande quantité. Par réfraction, 
toute la. surface paraît tapissée de filaments entre-croisés dans tous les 
sens, entrelacés et anastomosés de toutes les manières. On voit quelques- 
uns de ces filaments se terminer par des corpuscules renflés, comme je 
viens de l'indiquer. 

À un grossissement de 90 diamètres, et par réfraction, on commence 
à distinguer à ces filaments des contours doubles bien dessinés. 

Si de ces grossissements on passe à ceux de 200 à 250 diamètres, les 
objets précédemment décrits se présentent sous un nouvel aspect. Les fila- 
ments deviennent des tiges creuses, parfaitement bien délimitées; ces tiges 
sont tantôt continues, tantôt cloisonnées ou articulées. Elles s’anastomo- 
sent entre elles , ou plutôt elles se ramifient; parfois on voit plusieurs tiges 
converger vers le même point. 

Les corpuscules sont oblongs; ils semblent offrir une cavité remplie de 
petits granules. Quelquefois leurs contours, toujours bien dessinés, pa- 
raissent assez épais. Quelquefois aussi on voit une ligne plus obscure les 
traverser longitudinalement ou obliquement; comme l’a dit M. Morren, 
on croirait voir un diaphragme les traverser. Dans certains cas, cette ligne 
se bifurque en Y; dans d’autres, on voit deux lignes parallèles ou à peu 
près traverser le corpuscule. 

Les cavités des tiges et des corpuscules peuvent se démontrer facile- 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 7 


ment en ajoutant de l’eau à la préparation ; on les voit alors se gonfler, 
se distendre. 

Des grossissements de 300 à 400 diamètres viennent confirmer ces 
détails. Ils nous montrent des filaments dont les uns sont continus, tandis 
que les autres sont articulés, formés de segments juxtaposés bout à 
bout. Les filaments continus offrent de véritables ramifications, commu- 
niquant avec eux à plein canal. Les segments, au contraire, ne présentent 
jamais de semblable disposition; lorsque la partie articulée des filaments 
paraît ramifiée, c’est par juxtaposition latérale de nouveaux segments. 
On rencontre ainsi quelquefois des tiges articulées qui paraissent toutes 
partir d’un même point ou centre commun. Souvent les tiges se terminent 
par un, deux ou trois corpuscules, rarement davantage, rangés en ligne. 
D’autres fois, deux, trois ou quatre corpuscules constituent une espèce 
de grappe autour de l'extrémité d’un rameau; quelquefois il y en à un 
plus grand nombre , mais alors on ne distingue plus bien leur groupement. 
Les tiges articulées ne m'ont jamais montré cette disposition aciniforme 
qui semble propre à la terminaison des tiges non segmentées. 

Évidemment les filaments entre-croisés et ramifiés constituent un mycé- 
lium, et les corpuscules sont des spores. Celles-ci sont-elles formées par 
la transformation des articles terminaux des tiges, comme on le voit dans 
les Botrytis, les Torula , les Rhodocephalus, etc.? L'examen des tiges segmen- 
tées pourrait le faire croire ; mais l'existence des groupes aciniformes ne 
permet pas d'adopter cette opinion. Plus loin, j'expliquerai d’où ces 
spores proviennent, et par quel mécanisme elles se développent. 

Avec les grossissements que je viens d'indiquer, les spores offrent des 
contours foncés, parfaitement nets. Elles ont généralement la forme de 
petits barils, ou d’ellipsoïdes allongés tronqués par leurs deux bouts; 
souvent elles sont aplaties sur l’une de leurs faces, de sorte qu'en les 
faisant mouvoir dans l’eau sur le porte-objet du microscope, on leur voit 
en certains moments prendre la forme de bâtonnets. Toutes ne présentent 
pas ce phénomène; il en est qui ne sont pas aplaties; quelquefois même 
elles sont subcylindriques, n'étant pas renflées en leur milieu, ou l’étant 
à peine. Lorsqu'on les fait mouvoir, comme je viens de le dire, on voit 


8 RECHERCHES 


qu’elles offrent beaucoup de flexibilité et d’élasticité; on les voit se cour- 
ber, se replier sur elles-mêmes, se renfler ou s’amincir en certains points. 
Je ne puis mieux comparer ces changements de forme qu’à ceux que subis- 
sent les globules du sang lorsqu'ils viennent choquer contre un obstacle, 
ou lorsqu'ils passent à travers un vaisseau très-petit. 

Sur certaines spores, les lignes obscures indiquées précédemment sem- 
blent acquérir des doubles contours, lorsqu'on emploie un grossissement 
de 400 diamètres. 

Pour apprécier parfaitement toutes les particularités d'organisation de 
ce singulier végétal, il est nécessaire de l’examiner avec des grossisse- 
ments d’au moins 500 diamètres. Ces grossissements confirment tout ce 
que nous avons vu précédemment ; mais de plus, ils font apercevoir des 
détails aussi curieux qu’inattendus. 

Avant de les décrire, je vais indiquer comment il convient de faire les 
préparations pour être à même de les constater. 

Les observations au moyen de faibles grossissements , à la lumière ré- 
fléchie, peuvent se faire sur les raisins ou sur les feuilles. Toutefois , il 
faut choisir de préférence des raisins lisses et d’une couleur foncée, bru- 
nâtre; les parasites s’y dessinent beaucoup mieux que sur les feuilles et 
sur les raisins verts. 

A la lumière réfractée, les observations au moyen de grossissements 
qui ne dépassent pas 500 diamètres, peuvent se faire sur les feuilles. On 
peut amincir celles-ci en usant, avec un grattoir ou une lame de verre, la 
surface opposée à celle que l’on examine. Mais au delà du grossissement 
que je viens d'indiquer, ces préparations deviennent confuses , par suite 
du trop grand nombre de détails qu’elles accumulent. 

Pour les grossissements supérieurs, il faut faire usage simultanément 
de trois préparations différentes, dont chacune montre plus spécialement 
certaines particularités. 

La première de ces préparations consiste à enlever, au moyen d’un 
petit couteau bien affilé, des pellicules très-minces de la surface des raisins 
attaqués par la maladie. Il faut avoir soin de prendre des raisins verts 
pour faire cette préparation. Ceux d’une teinte foncée ne conviennent pas ; 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 9 


cette teinte absorbe la lumière, et au delà de 3500 diamètres les objets 
qu'on veut voir deviennent peu distincts. — On observe ainsi le végétal 
sur place. 

La seconde préparation consiste à découper ou plutôt à déchirer de 
petites lanières en bas du limbe d’une feuille malade. On voit alors très- 
bien des tiges faire saillie au delà des bords de ces lanières , et l’on peut 
les rendre plus apparentes en ajoutant de l’eau. 

Enfin, la troisième préparation consiste à isoler complétement le cryp- 
togame de la surface qui le supporte, et à le placer tout seul sur le porte- 
objet du microscope. Pour y parvenir, on n’a qu’à secouer les organes 
malades sur une plaque de verre , ou les frotter dessus, ou racler leur sur- 
face avec la pointe d’une aiguille ou avec la lame d’un petit couteau. Le pre- 
mier procédé ne fournit généralement que des spores; les autres four- 
nissent en même temps des tiges plus ou moins complètes. 

Ces trois préparations suffisent pour examiner tous les détails de struc- 
ture du parasite du raisin. Elles peuvent être employées à tous les gros- 
sissements, depuis le plus faible jusqu’au plus fort, à la lumière réfléchie 
comme à la lumière réfractée. 

Cela posé, je passe à la description de ce que fait apercevoir un gros- 
sissement de 600 diamètres. 

Prenons d’abord les spores. Elles présentent tous les caractères énu- 
mérés précédemment. De plus, on voit que les granules qui, à de plus 
faibles grossissements, semblent remplir leur cavité, sont à leur tour de 
véritables corpuscules creux, de petites cellules en voie de formation. Le 
volume et la netteté des contours de ces corpuscules s’accroissent avec 
l’âge des spores. On voit quelquefois de ces dernières qui ont seulement 
la moitié ou le quart de leur volume définitif : là les corpuscules ne se 
distinguent pas des granules moléculaires. À mesure qu’on observe des 
spores plus volumineuses, plus avancées en âge, les caractères dont je 
viens de parler deviennent plus saillants. Enfin, lorsqu'elles ont acquis 
leur entier développement, on distingue à leur intérieur des lignes ou sé- 
ries de ces petites cellules réunies bout à bout, absolument comme les 


articles des tiges et les spores terminales. Tantôt ces séries sont placées le 
Tour XXV. 2 


10 RECHERCHES 


long des bords de la spore, tantôt elles sont écartées de ceux-ci et traversent 
la spore longitudinalement ou obliquement. Ce sont elles qui font parfois 
paraître les bords assez épais; ce sont elles qui constituent ces lignes fon- 
cées que nous avons observées à des grossissements de 200 à 300 diamè- 
tres, et que M. Morren a comparées à des diaphragmes. Ceci explique 
comment déjà, avec les grossissements de 300 à 400 diamètres, on leur 
distingue des contours doubles. Ainsi se trouve également justifiée et 
confirmée l'opinion émise par le savant professeur de Liége sur la na- 
ture de ces lignes ou diaphragmes. « Ils indiquent sans doute, dit-il, 
» diverses phases de la croissance de ces articles, qui sont évidemment 
»._ les corps reproducteurs du champignon parasitique de la vigne. » Leur 
apparition indique, en effet, le groupement en séries des jeunes cellules 
formées à l’intérieur des spores; et ce groupement est, comme on le verra 
bientôt, une des circonstances les plus importantes de leur évolution. 
C’est encore le degré de développement plus ou moins avancé de ces jeunes 
cellules qui fait paraître certaines parties des spores plus obscures que 
d’autres. 

Voici les mesures de ces parties, indiquées en fractions de millimètre : 


Longueur des spores . . . . . . . . . . 0,0266 à 0,055 (£ à +). 
Largeur des spores. . . 0,0116 à 0,017 (as à #) 
Épaisseur des spores nt sur une de a files 0,0055 à 0,0066 (à 5): 
Diamètre des corpuscules isolés. . . . . -  0,00066 à 0,00195 (5 à +555): 
Diamètre des corpuscules agglomérés en ea) . 0,00495 à 0,00165 (x à 65): 


Ces dernières mesures ne s’obtiennent bien qu'avec un grossissement 
de 800 diamètres. 3 

Les tiges sont, comme je l'ai dit, les unes continues, les autres seg- 
mentées. La cavité des tiges continues renferme des corpuscules, tantôt 
isolés, tantôt agglomérés, en nombre d’ailleurs très-variable. Ces cor- 
puscules sont en tout semblables à ceux des spores, et ide en 
moyenne 5 de para he de diamètre; on en trouve qui ont +, tandis 
que d’autres n’ont que +. Lorsqu'on parvient à poursuivre ces tiges Jus- 
qu'à leurs extrémités, on arrive parfois à une spore complète dont la 


cavité semble se continuer avec la leur. D’autres fois on arrive tout sim- 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 11 


plement à un point obscur d’où partent en divers sens plusieurs tiges, les 
unes continues , les autres articulées , et autour duquel on parvient quel- 
quefois à apercevoir des corpuscules libres semblables à ceux de l’intérieur 
des spores et des tiges. Les tiges non segmentées se ramifient, comme je 
l'ai déjà dit, et souvent on les voit, ainsi que leurs ramifications, se ter- 
miner par des segments articulés, ou par des spores rangées bout à bout 
ou agglomérées en grappes. Quelquefois ces spores elles-mêmes paraissent 
être le point de départ de nouvelles tiges, soit continues, soit articulées. 

Les tiges segmentées ou articulées sont composées de cellules allongées, 
cylindriques, placées bout à bout; les grossissements de 600 à 800 dia- 
mètres permettent de voir très-bien leurs doubles parois accolées au point 
de jonction. Je n’ai jamais observé, à leur intérieur, de corpuscules sem- 
blables à ceux des spores ou des tiges continues; je n’y ai vu que des 
granules moléculaires semblables à ceux contenus dans toutes les cellules. 
Parfois elles se terminent par des articles semblables aux autres, d’autres 
fois par des spores rangées bout à bout. Il faut se garder de prendre pour 
des tiges articulées certaines tiges qui ne le sont pas. Cet aspect peut leur 
être donné, soit parce que des corpuscules sont accumulés en amas en 
un point de leur cavité, soit parce qu’elles sont fléchies ou ployées sur 
elles-mêmes. Les grossissements de 600 à 800 diamètres permettent de 
distinguer fort bien toutes ces circonstances, surtout si l’on fait mouvoir 
légèrement les tiges. 

Voici les dimensions de ces diverses parties : 


Épaisseur des tiges . . . . . . . 0,0066 à 0,0095 (4 à 4). 
) 


150 À 300 
Longueur des segments ou articles. . 0,10 à 0,0665 (5 à +). 


Au premier abord, ces résultats paraissent ne pas trop concorder en- 
semble, et l’on n’aperçoit pas bien l'unité, le lien qui doit réunir et ras- 
sembler ces données éparses. Pour le saisir, il faut y joindre les résultats 
d’une expérience qui vient en donner la clef. Cette expérience, c’est la 
germination des spores. 

Pour la provoquer, il suffit de laisser sur une plaque de verre, ou entre 
deux plaques, des spores parvenues à leur entier degré de développement, 


12 RECHERCHES 


et offrant à leur intérieur des corpuscules bien distincts. On les place dans 
un lieu chaud et humide, et l’on ne tarde pas à les voir germer. Sous 
l'influence du froid et de la sécheresse, elles se conservent au contraire 
indéfiniment. On peut de cette manière assister à la naissance du végé- 
tal parasite, et voir comment ses diverses parties procèdent les unes des 
autres. 

Au bout de 12 à 24 heures, beaucoup de spores offrent à l’une de leurs 
extrémités un prolongement de -& à -! de millimètre de longueur. Le 
second jour, ce prolongement s’est allongé, au point d’égaler ou de dé- 
passer la longueur de la spore. Son extrémité présente alors une sorte de 
dilatation bosselée, ou bien une division irrégulière. Ces phénomènes 
s’aperçoivent déjà avec un grossissement de 500 à 400 diamètres. Avec 
ceux de 600 à 800 diamètres, on voit que ce prolongement constitue une 
tige creuse communiquant avec la cavité de la spore. On distingue à son 
intérieur des corpuscules sortis de celle-ci; ils sont surtout abondants 
vers l'extrémité, et c’est leur accumulation qui y produit une dilatation , 
un renflement; ce sont eux qui donnent lieu aux bosselures que l’on y 
aperçoit. Ils s’y accroissent, et on les voit successivement acquérir un 
volume de 4 et de + de millimètre, au lieu de celui de = à 
500 qu'ils offrent à l’intérieur de la spore. J’ai remarqué que ce prolon- 
gement, qui est une véritable tige, se forme toujours à l’une des extré- 
mités de la spore, vers le point offrant la teinte la plus foncée, c’est-à-dire 
vers celui où , conformément à ce qu’on a vu précédemment, le dévelop- 
pement des corpuscules est le plus avancé. On dirait que la pression 
exercée par ceux-ci contre la membrane qui les enveloppe n’est pas sans 
influence dans l'acte de la germination. 

Par le troisième mode de préparation que j'ai indiqué , on voit souvent 
apparaître sur le porte-objet du microscope des spores portant des prolon- 
gements tels que je viens de les décrire. Ces prolongements sont quelque- 
fois multiples, plusieurs semblent sortir d’une même spore : ils peuvent 
acquérir une longueur considérable, se ramifier, se replier sur eux- 
mêmes plusieurs fois, et former ainsi un lacis : ils constituent les tiges con- 
tinues. Ils se terminent généralement par des corpuscules en nombre plus 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 15 


ou moins considérable, disposés tantôt en séries uniques ou multiples, 
tantôt en groupes plus ou moins réguliers. On peut observer tous les in- 
termédiaires entre le corpuscule de 5 de millimètre de diamètre et la 
spore complète, telle que je l’ai décrite. Ainsi, nous les avons vus pré- 
senter successivement des diamètres de 5 et de =; lorsqu'ils ont 
atteint celui-ci, ils commencent à s’allonger par leurs deux extrémités 
opposées, de sorte qu'à un certain moment, ils offrent = de millimètre 
de longueur sur + de largeur. À cette époque, en employant un 
grossissement de 800 diamètres, on aperçoit déjà à leur intérieur des 
granules, points de départ des futurs corpuscules. D’autres présentent 
le quart ou la moitié du volume des spores complètes. 

Quelquefois, mais assez rarement, ce n’est pas une tige creuse qui part 
de la spore, c’est un corpuscule qui semble en sortir directement; d’autres 
fois c'est une série de corpuscules, ou même plusieurs séries. On dirait 
que les séries formées à l’intérieur des spores se sont allongées et ont 
franchi les limites trop étroites de l’enveloppe qui les contenait. Tous ces 
phénomènes sont représentés dans les figures jointes à ces recherches. 

On comprend d’après cela comment se forment, en procédant de la 
spore primitive, et les tiges continues, et les spores diversement groupées 
qui les terminent. Il me reste un point à éclaircir : c’est la formation des 
tiges articulées. 

Il arrive un moment où, par suite du développement progressif des 
corpuscules contenus dans sa cavité, la membrane d’enveloppe des spores 
disparaît. Alors, les corpuscules apparaissent libres au dehors, les uns 
isolés, les autres réunis en séries linéaires ou ramifiées, comme Jje lai 
indiqué précédemment. Mais les corpuscules qui composent ces séries ne 
sont déjà plus tous globuleux ; quelques-uns d’entre eux se sont accrus 
par leurs deux pôles opposés, tout en gardant leur largeur primitive. Il se 
forme ainsi des séries de cellules allongées, cylindriques, juxtaposées bout à 
bout, et terminées généralement par des corpuscules non modifiés. On peut 
ainsi observer toutes les transitions; on peut voir le corpuscule globuleux 


4 2 


de 55 à 5555 de millimètre de diamètre s’allonger sans gagner en épais- 


seur, de façon à acquérir successivement 4, 25, 5% 55 de millimètre 


14 RECHERCHES 


de longueur; et quelquefois une seule et même série présente ces différents 
degrés. Qui ne voit de suite que ces séries constituent des tiges articu- 
lées composées de cellules séparées, ajoutées bout à bout? 

Ainsi, les corpuscules ou les jeunes cellules qui se forment à l’intérieur 
des spores sont susceptibles de subir une double transformation. Tous 
tendent à s’allonger par leurs deux pôles opposés. Mais les uns semblent 
ae presque exclusivement à she tendance, de façon à acquérir + à 

+5 de millimètre de longueur sur + tout au plus d'épaisseur. Les autres 
Scan nisEs er à la fois dans les deux sens, de façon que leur longueur 
n’est jamais plus que quadruple de leur largeur. Dans les premiers, on ne 
voit jamais se former de jeunes cellules susceptibles de transformation , 
comme dans les derniers. Ceux-là sont des organes de végétation, ce sont 
les segments des tiges; ceux-ci sont les organes de reproduction, les 
spores. 

On ne peut donc pas dire rigoureusement que ce sont les derniers seg- 
ments des tiges qui se transforment en spores et se détachent. Les segments 
et les spores ont chacun leur destination assignée d’avance et leur évolu- 
tion propre. C’est ce que confirme Pr la comparaison des pts 
sions de ces diverses parties (+ à -+ de millimètre de TER sur + à 
+5 de largeur pour les spores; -& à ui de longueur sur ++ 
seur pour les articles des tiges). 

Ces considérations, basées sur l’observation, expliquent toutes les ap- 


cts 


506 


parences que l’on remarque. Il y a des tiges uniquement segmentées ; 
elles ont été formées au sein des spores primitives, comme je l'ai dit, et 
sont devenues libres par la destruction de celles-ci. Des tiges segmen- 
tées semblent sortir des spores, comme on l’a vu pour les tiges continues; 
c’est alors qu’une série de corpuscules a forcé son enveloppe, et que 
parmi ces corpuscules il en est qui se sont transformés en cellules allon- 
gées et cylindriques. Une tige continue ou l’un de ses rameaux peut se 
terminer par une ou par plusieurs tiges articulées : c’est que parmi les 
corpuscules qui y ont été amenés, il s’en est trouvé qui se sont transformés 
en segments. On observe encore quelquefois d’autres apparences, qui 
trouvent leur explication dans ce qui précède : ainsi, on voit une spore 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 15 


terminant une tige donner naissance à son tour à une nouvelle tige, con- 
tinue ou articulée. D’autres fois, c’est une spore encore placée dans la 
série dont elle faisait partie, et donnant naissance latéralement à une 
tige. 

Deux faits capitaux ressortent des observations précédentes. 

I. L'évolution de ce végétal reconnaît pour point de départ les corpus- 
cules renfermés dans les spores. Ces corpuscules sont de jeunes cellules, 
desquelles procèdent, par des transformations diverses, et la cellule végé- 
tative, et la cellule reproductive. Elle prend donc sa source dans une 
génération intra-cellulaire ou endogène. 

IT. Les spores complétement développées donnent naissance à une ou 
plusieurs tiges, simples ou ramifiées, destinées à conduire au dehors, au 
lieu où elles devront atteindre le terme de leur croissance, une partie des 
jeunes cellules formées à leur intérieur. [1 y a une analogie frappante 
entre la production de ces tiges et la germination des spores des Confer- 
vacées et des Marchantiacées. Il y a une analogie non moins frappante 
entre elle et la production du boyau pollinique, telle qu’elle a été décrite 
par Schleiden. 

Ainsi , une partie des jeunes cellules produites au sein des spores par 
génération endogène, continue sur place son développement. Au contraire, 
une autre partie, celle sans doute qui s’y trouve en excès, qui s’y sent à 
l'étroit, se rend ailleurs pour l’achever. 

Ce mode de reproduction et d’accroissement n’est pas celui attribué au 
genre Oidium (Link). Ce qui précède ne s'accorde pas avec les caractères 
de ce genre, que voici, tels que les a énoncés M. Morren !. 

« Flocons biformes, septés, moniliformes et s’évanouissant, droits ou 
» décombents, subrameux, articles subglobuleux (ou elliptiques apla- 
» tis), pellucides et se détachant facilement, projetant leur matière spora- 
» cée. » 

Je me crois donc autorisé à faire de ce singulier végétal le type d’un 
nouveau genre, que je propose d'appeler Endogenium , à cause de son mode 


! Je n'ai pas eu l'occasion de consulter l'ouvrage de Fries (Systema mycologicum). 


16 RECHERCHES 


particulier de développement et de reproduction. Ce genre est ainsi carac- 
térisé 1 : 

Mycélium et flocons formés de filaments simples ou rameux, les uns 
continus, les autres articulés, terminés par des spores isolées ou disposées 
en séries linéaires ou en groupes ?; filaments continus provenant de la 
membrane d’enveloppe des spores primitives; spores remplies de jeunes 
cellules, dont beaucoup sont rangées en séries linéaires ; spores et segments 
des filaments articulés reconnaissant comme point de départ les jeunes 
cellules des spores primitives. 

Le champignon qui a fait le sujet de mes recherches pourrait donc 
être appelé Endogenium vitis, du nom du végétal sur lequel il vit en para- 
site. Les caractères spécifiques ressortent suffisamment de la description 
que j'ai donnée de ses diverses parties. 

Quelques recherches que j'aie faites, je ne suis jamais parvenu à voir 
les tiges de l’Endogenium sortir des stomates, comme l'indique M. Morren. Je 
les ai, au contraire, constamment vues passer au-dessus de ces organes. Tou- 
jours j'ai remarqué que, pour les distinguer, il faut écarter davantage l’ob- 
jectif du microscope du porte-objet, que pour voir même la couche super- 
ficielle des cellules et les stomates. On voit souvent plusieurs tiges converger 
vers un même point, qui paraît plus obscur; mais ce point n’est pas un 
stomate : c’est l'endroit qu'’occupait une spore, qui a été détruite après 
avoir donné naissance à ces tiges. On y aperçoit même quelquefois encore 
des séries de jeunes cellules dont le développement n’est pas complet. 


! Je n'ai malheureusement pas pu observer les autres espèces rangées dans le genre Oidium : 
mais souvent il m'est arrivé d'examiner des Torula et des espèces appartenant à des genres voisins, 
et jamais je n'ai rien vu qui püt faire soupçonner un mode de développement semblable à celui 
décrit précédemment. Si done, j'ai donné à ce végétal ce nouveau nom, c’est pour appeler l’atten- 
tion sur les faits nouveaux que j'ai signalés et qui reconnaissent pour point de départ le dévelop- 
pement endogène des cellules. 

? L'apparition de ces groupes n'est-elle pas due à des spores détachées qui sont venues par 
hasard se placer autour des tiges? Si mes observations ne se rapportaient qu'à l'âge adulte du 
végétal, ce doute pourrait être émis. Mais elles reconnaissent pour point de départ l’âge embryon- 
naire, l'époque de la germination des spores, et à cette époque déjà, on voit des corpuscules for- 
mant des groupes. Peut-on dès lors considérer ceux-ci comme le produit d'une agglomération 
purement accidentelle? 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 17 


Je n'ai pas vu non plus les filaments du mycélium s’avancer dans les 
chambres pneumatiques ni entre les cellules du diachyme inférieur. 
Lorsqu'on a enlevé, par frottement , la poussière blanche d’un raisin ou 
d’une feuille, on n’y trouve plus de traces du cryptogame; pourtant, si le 
mycélium pénétrait dans le parenchyme de ces parties et s’y ramifiait, le 
simple frottement ne l’enlèverait pas, et on devrait l’y retrouver. Enfin, si 
l'on compare le volume des spores indiqué précédemment au diamètre des 
stomates de la vigne, on ne comprendra pas trop comment elles pour- 
raient s’y introduire pour y germer. Toutefois, on conçoit qu’une tige, 
ou quelques jeunes cellules isolées, puissent s'engager dans un stomate ; 
mais ce doit être un fait entièrement exceptionnel. Je le répète, je ne 
l'ai jamais constaté, bien que j'aie fait de très-nombreuses observations 
pour m'assurer de l'exactitude, de la constance et des modifications des 
phénomènes que j'ai fait connaître précédemment. 


Ce champignon parasite est-il, comme le croit M. Morren, la cause de 
la maladie qui a attaqué la vigne? 

Au premier abord, l'existence constante du parasite donne beaucoup 
de vraisemblance à cette opinion. Lorsqu'on examine attentivement les 
faits, on trouve pourtant qu’elle laisse à désirer. En effet, rappelons-nous 
ce que j'ai dit au commencement de ce travail, et nous y trouverons les 
faits suivants : 

1° De deux vignes peu éloignées, l’une offrait l’endogenium en grande 
quantité, l’autre en présentait à peine. Pourtant, la contagion a dü se 
faire et elle s’est faite : la preuve, c’est que par-ci par-là on rencon- 
trait, sur cette dernière vigne, une jeune feuille couverte de poussière 
blanche. Comment donc les feuilles voisines et les grappes n’en présen- 
taient-elles pas? 

2° Parmi les grappes de cette dernière vigne, beaucoup se gâtèrent avec 
rapidité, plusieurs même avant la maturité, ce qui n’arrivait guère les 
autres années. Ces grappes n’offraient d’ailleurs pas de traces du parasite ; 

5° Une vigne offre encore actuellement des raisins sur lesquels on ne 
constate qu’un simple arrêt de développement. D'ailleurs, leur peau est 


Toue XXV. 0) 


18 RECHERCHES 


lisse et tendue; et je me demande s'ils ne seraient pas arrivés à maturité 
sans l'apparition des premiers froids. Sur une autre, qui touche la pre- 
mière, les raisins sont moins gros, ridés, plusieurs sont pourris ou des- 
séchés. Enfin, sur une troisième, ils sont secs, ratatinés et couverts de 
moisissures. Pourtant, sur ces trois vignes, la maladie a débuté à la même 
époque; et sur toutes ces grappes la poussière blanche s’est montrée avec 
une égale abondance. 

4° Sur certaines vignes, toutes les feuilles ont été atteintes ; sur d’au- 
tres, les jeunes feuilles seulement l’ont été. On voit des vignes malades 
où quelques grappes sont saines, des grappes malades où quelques grains 
sont intacts. M. Morren lui-même a cité des faits semblables. Il rapporte 
entre autres que, dans une plantation de vignes à l'air, toutes les feuilles 
étaient attaquées et mortes, et que pas une grappe n'était atteinte. 

d° Des grappes ont été débarrassées du parasite par le brossage et le 
lavage; il est resté assez longtemps avant de s’y reproduire ; sur plusieurs 
d’entre elles, il est toujours resté peu abondant. Pourtant ces grappes ont 
suivi exactement la même marche que celles abandonnées à la nature. 

Ces faits sont bien propres à nous inspirer des doutes sur l’étiologie 
de la maladie de la vigne. Ne semblerait-il pas plutôt, d’après eux, que, 
si l'endogenium se développe sur un organe, c’est que celui-ci tend à deve- 
nir malade, ou plutôt qu'il l’est déjà? 

Est-ce donc la maladie qui produit le champignon , par une espèce de 
génération spontanée? Dieu nous préserve d’admettre de pareilles absur- 
dités. Comme tous les êtres vivants, l’endogenium ne peut se développer 
que de germes provenant d'êtres semblables à lui, c’est-à-dire de spores. 
Ces germes se reproduisent et se succèdent depuis la création de l’espèce. 
Mais, pour qu'ils se développent, il leur faut un terrain convenable , et ce 
terrain, ce sont des organes atteints dans leur nutrition d’une manière qui 
nous est inconnue. Ainsi, laissez tomber ces spores sur une feuille ou sur 
une grappe parfaitement saine , le développement n'aura pas lieu, ou bien 
il restera incomplet. Laissez-les tomber, au contraire, sur un organe ma- 
lade, prédisposé à les recevoir, et il sera bientôt recouvert d’un épais 
mycélium, 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 19 


Cette manière de voir nous explique tous les faits cités précédemment. 
Elle explique comment une vigne peut rester saine à côté d’une autre ma- 
lade; comment certaines parties de la même vigne peuvent offrir le para- 
site et d’autres pas; comment des raisins ont pu ne subir qu'un simple 
arrêt de développement, tandis que d’autres, qui l'ont offert en égale abon- 
dance, se sont pourris ou desséchés; et ainsi de suite. 

Il est encore d’autres difficultés que cette opinion seule peut résoudre. 
En effet, si le champignon est la cause de la maladie, comment celle-ci 
n'existe-t-elle pas depuis la création du monde? Comment la vigne dont 
Noé fit la première vendange, n’en était-elle pas atteinte? Comment ce fléau 
a-t-il attendu jusqu’à l’année 1845 avant d’apparaître? Le seul moyen de 
le comprendre, ce serait d'admettre qu’en cette année 1845 a eu lieu, en 
Angleterre, une génération spontanée; qu’en cette année, Dieu a effectué 
une nouvelle création, et que le dernier chef-d'œuvre sorti de ses mains a 
été l’endogenium. 

Si, au contraire, on admet que le parasite ne peut se développer que 
sur des organes déja malades, dont la végétation est en souffrance, ces 
difficultés s’aplanissent d’elles-mêmes. On comprend qu'il a pu exister de 
tout temps; que de tout temps il a pu croître et se propager sur les orga- 
nes prédisposés à le recevoir. Mais ces organes étaient peu nombreux ; 
c'était par-ci par-là une feuille, un raisin, une grappe, peut-être même 
une vigne; mais toujours trop peu pour que l’on y fit attention. Ce fut 
seulement en 1845 qu’il trouva, sur une plus grande échelle, des condi- 
tions favorables à son développement, et qu’il se manifesta aux regards 
des observateurs. Si dans un temps donné, l’année prochaine, par exem- 
ple, ces conditions n'existent plus, l’endogenium ne se montrera plus non 
plus qu'exceptionnellement, jusqu’à ce qu'un temps vienne où il retrouve 
les mêmes circonstances. 


Examinons maintenant quelques-uns des arguments énoncés par 
M. Morren, en faveur de son opinion. Chaque fois que la maladie de la 
vigne se déclare, dit-il, on voit apparaître le même champignon, et jamais 
un autre. Sans doute; mais je ne vois pas la transition logique qui, de 


20 RECHERCHES 


cette proposition, nous ferait passer à la relation de cause à effet qu'il 
indique. Si, comme je le crois, l’état morbide préexiste , qu'il prédispose 
au développement de ce champignon , la même chose doit avoir lieu. 

M. Morren cite à l'appui de ses idées la transmission de la maladie 
par contagion, par inoculation, si l’on peut ainsi s'exprimer; il la com- 
pare à celle de la gale par la dissémination du sarcopte. Mais cette trans- 
mission, je crois pouvoir la révoquer en doute. En effet, prenons un 
homme atteint de la gale, et supposons qu’on ait laissé à celle-ci son 
libre cours. A-t-on jamais vu un homme dans ces conditions offrir un 
doigt, une main, un bras épargnés par l’insecte nosogène, tandis que les 
autres parties étaient atteintes ? Non, sur tout individu atteint de la gale, 
le sarcopte, si l’on n’enraie pas sa propagation, tend à se répandre 
indéfiniment , à envahir successivement toutes les parties du corps. Les 
faits énumérés précédemment démontrent qu’il n’en est pas de même pour 
l'endogenium, attaquant certaines parties d’un végétal et en respectant 
d’autres. 

Selon M. Morren, le parasite précède l'arrêt de la végétation; on le 
suit dans sa marche, et on remarque que ses propres développements 
s’'accompagnent des phénomènes qu’on est convenu d’appeler la maladie. 
Sans doute; mais cela prouve uniquement qu'il commence à se déve- 
lopper dès qu’apparaissent les circonstances favorables créées par la ma- 
ladie; celle-ci détermine à la fois et l'apparition du champignon et l'arrêt de 
développement. D'ailleurs, comme les faits précédents le prouvent, l’in- 
tensité de la maladie n’est pas en rapport direct avec l'abondance du para- 
site. C’est pourtant ce qui devrait être dans l'hypothèse de M. Morren. 

Je reconnais avec le savant professeur de Liége, que toute maladie est 
un effet, et jamais une cause, et que toute maladie suppose un fait anté- 
rieur duquel elle dérive. Mais est-ce à dire que nous devions connaître 
et indiquer ce fait antérieur ? Parce que ce n’est ni le chaud, ni le froïd, 
ni le sec, ni l'humide, ni aucun autre de ces agents auxquels on s’adresse 
lorsqu'on ne sait plus à quelle explication se vouer, est-ce nécessaire- 
ment un parasite ? La conclusion n’est pas rigoureuse; la seule consé- 
quence directe, logique, des ces considérations, c’est que la cause de la 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 21 


maladie de la vigne nous est inconnue. Et qu'y at-il d'étonnant à cela ? 
Connaissons-nous davantage les causes premières d’une foule de maladies 
qui ont dû de tout temps attirer l'attention des hommes, par suite du 
large tribut qu’elles prélèvent sur eux? Que savons-nous des causes 
productrices de la fièvre typhoïde, du choléra, de la scrofule, de la 
tuberculose, du cancer, etc. ? 

Ainsi, la cause réelle de la maladie de la vigne nous est inconnue , 
et dans tous les cas elle ne réside pas dans le champignon parasite que 
j'ai étudié. Celui-ci n’est qu'un effet de l'état morbide; cet état ne le pro- 
duit pas, mais il favorise son développement; il crée les conditions sans 
lesquelles son évolution ne s’opérerait pas. Nous voyons d’ailleurs la 
même chose avoir lieu pour bien d’autres parasites. Tout le monde sait 
combien la misère, la faiblesse de constitution, sont favorables au déve- 
loppement et à la multiplication des poux, des ricins, etc. Mais l'influence 
des conditions prédisposantes est bien plus frappante encore lorsqu'il 
s’agit des vers intestinaux. Si ceux-ci pouvaient se développer dans toutes 
les circonstances, chacun de nous en nourrirait une collection. En effet, 
ne vivons-nous pas dans le même milieu que d’autres personnes que nous 
en voyons atteintes? N’en absorbons-nous pas les germes aussi bien qu’elles? 
C’est que ces parasites aussi ne sont pas cause, mais effet; pour qu'ils se 
produisent, la muqueuse des organes digestifs doit se trouver dans des 
conditions morbides, elle doit offrir un certain degré d’irritation. Voilà 
pourquoi on les observe surtout chez les enfants et chez les personnes 
dont les voies digestives sont souvent dérangées. Voilà pourquoi certains 
aliments semblent en favoriser la production : ces aliments n’engendrent 
pas des vers, à coup sûr; mais ce sont des aliments indigestes, ils irritent 
le tube digestif, et ils favorisent de cette façon l’évolution des œufs qui 
y sont apportés. 

C’est de la même manière, je le répète, que je considère la maladie 
de la vigne comme le point de départ de la production de l’Endogenium 
vitis. Cette maladie, dont la cause est inconnue, ne crée pas un végétal , 
mais fait naître les conditions favorables à son développement, prépare à 
ses germes un sol approprié. On comprend d’ailleurs que, une fois pro- 


22 


RECHERCHES 


duit, il doive concourir à entretenir et même à accroître l’état morbide. 
En effet, les surfaces vertes des feuilles et des raisins sont destinées à 
être librement exposées à l'air, et non à être tapissées par un lacis de fila- 
ments. Celui-ci empêche l’abord de l'air et de la lumière, et entretient 


une humidité qui est loin d’être favorable. Pour reprendre le parallèle 
que j'ai établi tout à l'heure, c'est de la même façon que les vers in- 


testinaux tendent à maintenir et à aggraver cet état morbide des intes- 


tins sans lequel ils ne se seraient pas développés. 


Fig. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


. Grain de raisin recouvert d'endogenium. 
. Aspect général de l’'endogenium (mycélium et spores). On voit des tiges sortir de groupes 


de spores ou y aboutir, on en voit se terminer par des groupes ou des séries de spores, 
ou par des spores isolées. (Grossissement de 90 à 100 diamètres). 


. Spores. (Grossissement de 250 à 500 diamètres), offrant des corpuscules à l'intérieur. 


a. Spore elliptique à ligne foncée longitudinale. 
b. Spore elliptique à ligne foncée en Y. 

c. Spore subeylindrique. 

d. Spore elliptique aplatie, vu de profil. 

e. Spores offrant des inflexions sur elles-mêmes. 


. Tige continue ramifiée, d’un diamètre de #5 à 5 de millimètre. (Grossissement de 500 


Foû 
fois). 
a. Spores terminales isolées. 
b. Groupes de corpuscules disposés au bout des rameaux. 
ce. Corpuscules qu'on aperçoit dans l'intérieur des tiges. 


. Tige continue terminée par des spores en grappes ou en séries linéaires. (Grossissement 


de 500 diamètres). 


. Tiges articulées. 


b. Tige articulée terminée par des spores. (Grossissement de 600 diamètres). 


. Tige continue terminée par des rameaux articulés, (Grossissement de 400 diamètres). 


SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 25 


Fig. 8. Tige articulée à aspect ramifiée. Spores encore peu développées. (Grossissement de 600 
diamètres.) 
9. Spores. (Grossissement de 600 à 700 diamètres.) 
a, b. Spores offrant des séries et des amas de corpuscules, qui a des grossissements 
moins forts, paraissent comme des lignes ou des points obscurs. 
c. Spore où les séries de corpuscules sont tellement nombreuses et rapprochées 
que son contenu offre un aspect en quelque sorte tourbillonné. 
10. Cinq spores rangées en ligne, offrant chacune deux séries très-apparentes et presque pa- 
rallèles de corpuscules. (Grossissement de 700 diamètres.) 

b. Les mêmes spores, à 250 diamètres, paraissent traversées, selon leur longueur, 

par un double diaphragme. 
14. Germination des spores. (Premier jour.) 
12. Germination des spores. (Deuxième jour.) Grossissement de 800 diamètres. — On voit 
les tiges sortir des spores et les corpuscules s'y avancer; on voit apparaître les origines 
des rameaux. 
En a, on voit des spores encore rangées en série et déjà en train de germer. 
15. Germination des spores. (Troisième jour.) Les corpuscules de l'extrémité des tiges s'ac- 
croissent et deviennent plus distincts. 
a. Tige offrant une série de corpuscules dans son intérieur. 
b. Série de corpuscules s’'échappant directement de la spore. 
14. Spores trouvées sur des raisins, et offrant des apparences analogues. 
a. Les corpuscules les plus volumineux ont 2; ceux qui les environnent -!:; ceux 
de l'intérieur 5 à 545. On voit des séries entières formées dans la tige. 
b. Deux tiges s’échappant d'une spore. 
c. Corpuseules s’échappant directement. Ils ont 300 de millimètre. 
15. Spores donnant naissance à des tiges continues. 
a. Tige terminée par une jeune spore de de millimètre de longueur sur 2 de 
largeur, contenant déjà des granules. 
b. Deux spores donnant naissance à des tiges qui vont se perdre dans des groupes 
de jeunes spores. 
c. Spore déjà déformée, d'où sort une longue tige semblable à celles des figures 

4 et 5. 

d. Spore déjà déformée, d'où sortent trois tiges: deux sont tronquées; la troisième 
se termine par un bouquet de corpuseules de 4 à 4 de millimètre, La tige 

a en moyenne 45 de largeur; les corpuscules qui s'y trouvent ont 550; On en 

voit en e un amas qui, à un plus faible grossissement, simulait une articu- 

lation. 
16. lormation des tiges articulées au sein des spores. 
a et b. Spores offrant des séries de corpuscules allongés. 

c. Spore déformée offrant des séries de cellules globuleuses et allongées, Celles- 
ci offrent en moyenne 4 de millimètre de diamètre sur 3560 À 360 de 
longueur. 

17. a. Spore donnant naissance à une tige. 
b. Spore décomposée, offrant des amas et des séries de corpuseules et de cellules allon- 


RECHERCHES SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 


gées, et laissant voir tous les degrés de transition. On voit de ces cellules qui ont 


depuis 4 jusqu'à & de millimètre de longueur. 

c. Jeunes spores de + de longueur sur + de largeur, offrant déjà des granules à 

leur intérieur. 

Fig. 18. Spore primitive donnant naissance à trois tiges : deux se terminent chacune par une 
spore; la troisième se termine par trois spores de chacune desquelles procède une tige 
articulée. 

19. Spore primitive de laquelle procèdent directement trois chaînons de spores. 


Mém.cour. cet Mem des sa. étrang. Tom. XX V. Mem.de M! le Docteur J. Crocq. PL. I. 


= Mom.cour. et Mem.des sav. étrang. Tom.XXV, Mem.de M'le Docteur J.Crocq, PAL 


EPS 9 oo 0S 


Mem. de M! le Docteur.J.C rocq, PL. THE. 


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Mem.cour. et M 


MÉMOIRE 


SUR 


LA VILLE DE GAND, 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE: 


P.-C. VAN DER MEERSCH, 


CONSERVATEUR DES ARCHIVES DE L'ÉTAT ET DE LA FLANDRE 


ORIENTALE. 


(Présenté à la séance du 7 mars 4855 ) 


Tour XXV, 


Le 


MÉMOIRE 


LA VILLE DE GAND, 


CONSIDÉRÉE 


COMME PLACE DE GUERRE. 


La ville de Gand, dont le rôle a été si glorieux dans l’histoire de la 
Flandre, avait autrefois une grande importance militaire; elle la devait 
surtout à son admirable situation au confluent de l'Escaut et de la Lys. 
Située dans une presqu'île étroite, baignée de tous côtés par les eaux de 
ces deux rivières, la nature semblait l'avoir entourée d’une ceinture de 
fortifications naturelles. Plus tard, lorsque l'accroissement de sa population 
et l'extension que prirent successivement son commerce et son industrie 
l'eurent obligée à franchir ses limites primitives, l’art vint au secours de la 
nature pour conserver à la ville son importance stratégique, qu’elle con- 
serva Jusqu'à l'époque où Joseph IT fit démolir ses remparts, raser ses 
fortifications et combler ses fossés. 

S'il fallait en croire une tradition dont le souvenir a été conservé, entre 
autres, par Pétrarque, César, frappé des nombreux avantages que présen- 
tait cette position pour y faire hiverner ses légions, aurait construit un 
château fort sur les rives de l’Escaut, à l'endroit où ce fleuve reçoit les 
eaux de la Lys, c’est-à-dire à l'extrémité de cette vaste plaine où se dé- 
ployèrent dans la suite les immenses constructions de l’abbaye de S-Bavon, 


LA VILLE DE GAND 


CS 


dont quelques ruines imposantes ont échappé jusqu'à ce jour aux ravages 
des temps ‘. 

A l’appui de cette opinion, on cite, entre autres, ce passage de la Chro- 
nique de S'-Bavon de Jean de Thielrode : Iste Gayus Julius construxit orne 
CASTRUM ET FAMOSUM supra Scaldam et Legiam propter dicentiam et opportunita- 
tem loci in hyeme quiescendum et in estate contra regem Cassibellaunum Britanie 
bellandum ?. Le fond de ce passage paraît avoir été emprunté à la Vie de 
S'-Bavon, par Thierry, abbé de S'-Trond (1030), où on lit, en effet, ce qui 
suit: Tradunt hunc locum Caium Caesarem , Gallia diuturno bello domita , con- 
didisse, et ex nomine suo Gandam nomen ei indidisse 5. 

Nous sommes loin de vouloir attacher à ce passage de Thielrode plus 
d'importance qu'il n’en mérite; mais il prouve tout au moins que la tra- 
dition qui attribue aux Romains la fondation du premier château fort, 
était déjà accréditée dès le moyen âge. 

Une autre tradition, dont Sanderus s’est fait l'écho, porte que deux 
lieutenants de César, Caius Fabius et Caius Trebonius, commandaient la 
garnison chargée de la défense de cette forteresse, et qu’elle fut occupée, 
sans interruption, par les troupes romaines jusqu’à l’époque où Clodion, 
fils de Pharamond, s’en rendit maître (445) #. 

La question de savoir si la date de la fondation de ce castrum famosum 
doit être reculée jusqu’au temps de la conquête romaine, a vivement par- 
tagé les auteurs; M. Van Lokeren paraît l'avoir traitée avec beaucoup de 
sagacité et l’avoir résolue surtout d’une manière très-heureuse. Selon lui, ni 
César, comme l’affirment Thielrode et l'abbé Thierry, ni Agrippa, comme l'a 
prétendu un auteur du X° siècle, n’en peuvent avoir été les fondateurs; 
M. Van Lokeren le prouve, d’une part, par le texte même des Commen- 
taires de César et de Hirtius, son continuateur, et, d'autre part, par le 
témoignage négatif de Pline, de Ptolémée et de la Notitia dignitatum , qui 


! Pétrarque, en parlant de la ville de Gand, l'appelle Gandavum Caesare conditore superbum. 
Voy. Warnkônig, Hist. de Flandre, taduite par Gheldolf, t. IE, p. 10; Gramaye, CX, p.6; De Bast, 
De l'ancienneté de la ville de Gand, p. 4. 

> Chronique de S'-Buvon de Jean de Thielrode, publiée et annotée par M. Van Lokeren, pp. 5-6. 

5 Ghesquière, Acta Sanctorum Belgiüi, t. M, p. 14, n° 10, et Chronique de S'-Bavon, notes, p. 85. 

* Sanderus, Verheerlykt Vlaenderen, 1.1. p. 124. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 5 


ne font mention d'aucune ville, village, ni même d’une station portant le 
nom de Gandavum. Toutefois, il est à remarquer que la découverte en cet 
endroit de monnaies impériales , et surtout de poteries en terre sigillée, 
permet de conjecturer, avec une grande apparence de fondement, que les 
Romains doivent y avoir séjourné. 

Ce qui est hors de doute et prouvé par de nombreux témoignages his- 
toriques, c’est que, dès le commencement du VIT: siècle, la ville de Gand 
était déjà défendue par une forteresse imposante ; car nous voyons dans 
la Vie de saiñt Amand, écrite vers la fin du VIT siècle, par Baudemont, 
5° abbé de S'-Pierre (658-750), que le courageux missionnaire se rendit 
en Flandre, sous le règne du roi Dagobert, vers l’année 651, et qu'il y 
fonda, à proximité du confluent de l'Escaut et de la Lys, deux monas- 
tères, l’un sur le plateau du mont Blandin, l’autre dans la célèbre forte- 
resse du nom de Gand, in castro famoso nomine Gant ?. 

L'existence de ce castrum est encore prouvée par le témoignage d’un 
autre écrivain qui vivait vers l’année 670 : Allowinus vir Dei... ad Aman- 
dum , qui morabatur 1N cASTRO, cujus vocabulum est GanpaAvuM repedavit : quod 
videlicet castrum juxta Scaldim, ubi idem amnis Scaldis Legiam recipit, situm est ?. 

Du reste, les ruines de ce château, qui se sont en partie conservées jus- 
qu'à ce jour, portent le caractère irrécusable de ce genre de maçonnerie 
désigné par les archéologues sous le nom d’ouvrage en arêtes de poissons 
ou en feuilles de fougères, dont la construction remonte au V° ou au VI: 
siècle 5. Ce castrum fut détruit, paraît-il, de fond en comble par les Nor- 
mands, qui séjournèrent à Gand pendant l'hiver de 880, et reconstruit 
sans doute immédiatement après leur retraite. 

Lors du partage de l'empire de Charlemagne entre les petits-fils de ce 
prince, par le traité de Verdun (845), l'Escaut servit de limite entre la 
Lotharingie ou la France mitoyenne, assignée à Lothaire, et la Neustrie 


1 La Vie de saint Amand, dont la bibliothèque de l'Université de Gand possède un manuscrit 
du IX° siècle, a été imprimée dans les Acta Sanctorum, février, t. F, pp. 848-854, et dans les Acta 
Sanctorum Belgii de Ghesquière, t.IV, pp. 144-258, ainsi que dans Surius, t. I, févr., p. 70. Voy. le 
catalogue des manuse. dela biblioth. de l'Université de Gand, par M. le baron deSaint-Genois, n° 149. 

2? Ghesquière, Acta Sanctorum Belgii, 1. W, p. 901, n° 8. 

5 Chronique de S'-Bavon, notes, p. 96. 


6 LA VILLE DE GAND 


ou la France occidentale, attribuée à Charles le Chauve. La ville de Gand, 
traversée par ce fleuve, tomba ainsi en partage en partie à l'empereur 
d'Allemagne, et en partie au roi de France. La défense des marches ou 
frontières du royaume de France fut confiée à des chefs qui prirent d’abord 
le titre de marquis, ensuite celui de comte. 

Pour défendre la ville naissante du côté de l'Empire, et surtout pour 
la mettre à l'abri des incursions des Normands, qui, on le sait, marquaient 
toujours leur passage par une longue traînée de désastres et de pillages, 
Baudouin, surnommé Bras de Fer, premier marquis des Flamands, fit con- 
struire, en 867 ou 868 , à peu de distance de la rive gauche de la Lys, 
cette formidable forteresse féodale, connue encore aujourd’hui sous le nom 
de Château des Comtes (Graevensteen ou Graeven Kasteel), qui a résisté jusqu’à 
ce jour, du moins en grande partie, au souffle destructeur des temps. Ce 
château fort, dont Sanderus nous a conservé l'aspect général, reçut dans 
la suite quelques ouvrages complémentaires, qui s’étendaient depuis le 
pont dit Hooft Brugghe jusqu'à l'extrémité de la rue Courte du Château 
(de Korte Steen straet), où ils s’'appuyaient sur une porte flanquée de tours, 
connue sous le nom de Porte Grise !. Baudouin de Lille y ajouta de nou- 
velles fortifications qu'il munit de deux grosses tours, et Philippe d'Alsace 
compléta ces travaux en élevant, à l'entrée de la citadelle, une porte ar- 
rondie en plein-cintre, surmontée de créneaux étroits (1178). 

Le corps de cette forteresse et les ouvrages extérieurs, qui en défen- 
daient l'accès, étaient protégés, de l’un côté, par la Lys, et, de l’autre, par 
un cours d’eau parallèle à cette rivière. 

Quelques écrivains, au nombre desquels se trouve de Bast, se fondant 
sur un passage de la Chronique de Jean de Thielrode, prétendent qu'avant 
le règne d'Othon, les empereurs d'Allemagne avaient déjà élevé sur le 
territoire de l’abbaye de S'-Bavon, à l'endroit où l’'Escaut et la Lys con- 
fondent leurs eaux, un château (castellum) destiné à couvrir à la fois les 
frontières de l'Empire et l'enceinte du monastère. D'autres écrivains, et 
notamment Dieriex, contestent l'existence de cette forteresse, et soutiennent 


1 Dieriex, Mémoires sur la ville de Gand, L. 1, p. 456. 


“1 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 


que la citadelle, mentionnée par Thielrode n’était autre que celle que le 
comte Baudouin construisit aux bords de la Lys. 

Sans vouloir prendre part à ce débat, qui nous obligerait de franchir 
les limites que nous nous sommes tracées, nous croyons cependant de- 
voir faire remarquer que si l’on admet le passage de Thielrode, on ne 
peut raisonnablement rejeter l'existence de deux châteaux forts, car le 
chroniqueur dit en termes formels que le castellum dont il s’agit était 
situé in libera S° Bavonis possessione, c’est-à-dire sur le territoire même de 
l'abbaye; or, on sait que le monastère de S'-Bavon se trouvait en Brabant 
(in pago bracbantensi), sur les limites extrèmes de l'Empire, tandis que le 
château des comtes fut élevé sur cette partie de la ville de Gand que le 
traité de Verdun avait attribuée à la France. Ensuite Jean de Thielrode 
ajoute immédiatement après que cette forteresse avait été construite ad 
defendendum monasterium et villam Gandenses *. Il résulte de ces termes que 
le chäteau devait donc se trouver à proximité du monastère ; et tout porte 
à croire qu'il fut construit pour protéger les frontières de l'Empire contre 
les envahissements de la France. 

Au X° siècle, la ville de Gand avait déjà pris quelque extension par l’in- 
corporation de terrains situés sur la rive gauche de la Lys. Cet accrois- 
sement de territoire, qui augmentait considérablement la puissance de la 
cité, était regardé d’un œil jaloux par les Impériaux qui occupaient tou- 
jours la forteresse. Après une longue série d'attaques et de combats, dont 
les Gantois sortirent avec avantage, l'empereur Henri II tenta une descente 
dans la ville, mais elle fut vigoureusement repoussée. Alors les habitants, 
dans l’enivrement de leurs succès, essayèrent de se débarrasser de ce voisin 
redoutable dont l'attitude devenait de jour en jour plus menaçante pour 
l'indépendance de la cité. Malgré leur habileté dans l’art d’assiéger les 
places, ils ne purent se rendre maîtres de la citadelle qu’en la réduisant par 
la famine. En 1046, la garnison, dépourvue de vivres, fut forcée, après 
un long siége, de se rendre. Depuis lors l’histoire ne fait plus mention de 
ce puissant château, qui aura été probablement rasé par les vainqueurs. 


1 Chronique de S'-Bavon, notes, pp. 107 et suiv. 


S LA VILLE DE GAND 


Après la prise de la forteresse d'Othon, la prospérité de la ville de 
Gand se développa rapidement. Dès le onzième et le douzième siècle, le 
commerce et l’industrie y avaient déjà acquis une importance considérable, 
les tarifs des tonlieux en fournissent des preuves irrécusables 1. C’est aussi 
de cette époque que datent les relations commerciales que les Flamands 
établirent successivement avec l'Allemagne et l'Angleterre ? et la première 
organisation politique de la ville de Gand. La commune était administrée 
par un collége de treize échevins, investi de toutes les prérogatives judi- 
ciaires et seigneuriales dont jouissaient les grands vassaux; elle avait le 
droit de posséder un sceau, une cloche, une bannière et d’autres attributs 
de la puissance communale. Parmi les priviléges que les bourgeois avaient 
obtenus, on comptait, entre autres, celui d’être affranchis du service militaire 
et de ne devoir suivre leur comte que dans les expéditions maritimes; de 
plus, l’inviolabilité de leur personne et de leurs biens leur était garantie 5. 

Cependant, jusque vers la fin du XIL: siècle, la commune n'avait pas 
encore obtenu le droit de fortifier la ville, quoique, avant cette époque, 
elle fût déjà hérissée d’un grand nombre de maisons flanquées de tours 
solides et couronnées de créneaux menaçants, qui avaient l'aspect d’au- 
tant de forteresses formidables, comme il est prouvé par les termes du 
manifeste que Guillaume, archevêque de Reims, lança, en 1179, contre 
la ville de Gand, à la prière de Philippe d'Alsace “. 


! M. Warnkônig a publié le texte des plus importants à la fin du t. II de son Histoire de la 
Flandre, trad. par Gheldolf. 

2 Dès l'année 1104, les Flamands sont compris parmi les marchands étrangers soumis au ton- 
lieu de Coblence. — En 1164, Philippe d'Alsace obtient pour ses sujets la pleine liberté d'aller et 
venir par tout le territoire de l'Empire. — Une charte de 1175 accorde aux Flamands deux foires 
annuelles sur eau, à Duisbourg, et deux autres sur terre, à Aix-la-Chapelle, — L'empereur Frédéric 
Barberousse fixe la procédure à suivre par les marchands de Flandre envers leurs débiteurs habi- 
tants de l'Empire. — En 1178, l'archevêque de Cologne accorde aux Gantois le droit de continuer 
de jouir, comme leurs ancêtres, de la navigation du Rhin.— Dès l’année 1111, les rois d'Angle- 
terre cherchent à attirer dans leur royaume des tisserands de laine. Warnkünig, Histoire de 
Flandre, trad. par Gheldolf, L. IF, pp. 192 et suiv. 

5 Ce serait une erreur de croire que la commune ne fut affranchie que du temps de Philippe 
d'Alsace, en 1176 ou en 1178; elle était déjà libre et complétement organisée et administrée par 
ses propres échevins dès l'année 41198. Voy. Warnkônig, 1bid., t. IL, p. 25. 

# Voici les termes de ce manifeste : Post modum infortunio miserabili, praefato oppido penitus 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 9 


Philippe d'Alsace, avant d'entreprendre sa seconde expédition en Pa- 
lestine, où il trouva la mort, avait confié l’administration de son comté 
à sa femme Mathilde, fille du roi de Portugal. La nouvelle de son décès 
fut le signal de discussions interminables; Philippe-Auguste élevait des 
prétentions sur le comté de Flandre et avait même déjà envoyé ses grands 
officiers pour en prendre possession, comme d’un fief qui devait faire 
retour à la France, à défaut d’héritiers mâles; la reine Mathilde récla- 
mait de son côté un douaire plus considérable que celui stipulé dans son 
contrat de mariage; enfin, Marguerite d'Alsace voulait se faire reconnaître 
comme seule et unique héritière du défunt comte. 

Les Gantois entrèrent dans le parti de Mathilde, mais ils marchan- 
dèrent leur dévouement à la cause de la reine douairière, et profitant de sa 
détresse, ils la contraignirent pour ainsi dire à leur accorder la fameuse 
charte de 1192, en 56 articles, connue sous le nom de Kalfvel. 

Cette keure, qui est un monument de la plus haute importance pour 
l'histoire politique et constitutionnelle de la ville de Gand, accorde for- 
mellement aux Gantois le droit d’entourer leur cité de murs et de fossés, 
et d'y exécuter tels travaux de défense qu’il leur plaira : Spectat etiam ad 
libertatem eorum oppidum suum muris, vallis et quacumque voluerint munitione, 
ad libitum suum firmare, sic et proprios domos ?. 

La paix ayant été conclue entre Baudouin de Hainaut et Marguerite sa 
femme, d’une part, et la comtesse douairière de l’autre, Baudouin con- 
firma la grande charte de 1192 et y ajouta même quatre nouveaux 
articles ?. 

Quelques écrivains, et entre autres l’historien Meyer et le chroniqueur 
d'Oudegherst, ont prétendu que le comte, afin de pouvoir contester dans 


igne consumplo. . . . . multitudo civium propter arridentem sibi divitiarum abundantiam, et ares 
DOMORUM CUM TURRIBUS dequipollere, videbantur. Miraeus, Opera diplom., t. I, p. 974. — Il est aussi 
fait mention de ces maisons fortifiées dans les tarifs de tonlieux de 1199, publiés par M. Warn- 
kônig à la suite de son Æistoire de la Flandre. 

1 Cettepièce a été publiée d’une manière très-inexacte par Dieriex, Mém. sur les lois des Gantois, 
1. 1, pp. 102-137, D! et D?; elle est aussi imprimée dans Warnkônig, Histoire de la Flandre, trad. 
par Gheldolf, t. IE, pp. 226 et suiv. 

? Warnkônig, t. IE, p. 65. 

Tome XXV. 2 


10 LA VILLE DE GAND 


la suite la validité du diplôme dépêché à l’occasion de l'octroi ou plutôt 
de la confirmation de la grande charte, avait eu soin de ne le sceller ni 
de son sceau, ni de celui de sa femme, et de ne pas l'avoir fait revêtir de 
la signature des témoins dont les noms figurent dans l'acte; mais il résulte 
de l'inventaire des archives de la ville de Gand, dressé en 1432, que cette 
pièce, de même que le diplôme original de la reine Mathilde, ont été dûment 
scellés des sceaux de Baudouin et de la comtesse douairière. 

La mort de Baudouin IX fut le signal de graves événements; le comte, 
avant de quitter ses États pour aller prendre part, d’une manière si glo- 
rieuse, à la quatrième croisade, qui lui valut le trône impérial de Con- 
stantinople, avait confié la tutelle de ses deux filles, Jeanne et Marguerite, 
à son frère Philippe de Namur, auquel il adjoignit Guillaume de Château- 
Thierry et Bouchard d’Avesnes, un des chevaliers les plus sages de son 
siècle. Dès l'instant où la nouvelle de la fin prématurée de Baudouin se 
fut répandue en France, Philippe-Auguste, se rappelant les stipulations de 
la paix de Péronne, que le comte lui avait arrachées, songea à reprendre 
les villes d’Aire et de S'-Omer. Afin de parvenir plus sûrement à son but, 
il réclama la garde-noble des deux jeunes princesses, et, grâce à la trahison 
de Philippe de Namur, elles furent enlevées du château de Gand et remises 
entre les mains du roi. 

Fidèle à sa politique, qui consistait à empêcher, à tout prix, que les 
filles de Baudouin n’épousassent un prince anglais, le monarque français 
contraignit Jeanne à prendre pour époux Ferrand, fils de Sanche, roi de 
Portugal, et de Dolcis de Barcelone; ensuite, après que les jeunes époux 
eurent fait hommage au roi et consenti à la cession d’Aire et de S'-Omer, 
ils prirent le chemin de leur comté; mais l’'ombrageux monarque ne se 
fiant pas à leur parole, les fit arrêter à Péronne, pendant que son fils s’em- 
parait des deux villes contestées. 

Lorsque Ferrand se présenta en Flandre, Courtrai, Ypres et Bruges re- 
connurent sans peine son autorité; mais les Gantois refusèrent de le rece- 
voir, et le poursuivirent même jusqu'aux portes de Courtrai. Cependant le 
comte, qui n'avait souscrit que par contrainte au traité de Pont-à-Wendin, 
brülait du désir de tirer une vengeance éclatante de la perfidie du roi; 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 11 


l’occasion ne se fit pas longtemps attendre. Philippe-Auguste, prêt à faire 
une descente en Angleterre pour y combattre Jean sans Terre, qui avait 
été excommunié par le pape, somma ses grands vassaux de venir se ranger 
sous sa bannière; Ferrand, qui avait déjà conclu un traité secret avec le 
monarque anglais, exigea ,-comme condition préalable à sa coopération, 
la restitution des châteaux d’Aire et de S'-Omer. Le roi, renonçant à ses 
projets, tourna brusquement ses armes contre la Flandre et s’empara suc- 
cessivement de presque tout le pays. Mais Ferrand, qui était parvenu à 
s'attacher les Gantois, en leur accordant plusieurs priviléges , et notamment 
celui de fortifier leur ville !, soutenu par les Anglais, parvint à détruire, 
en grande partie, la flotte française, forte de 1,200 voiles, qui avait jeté 
lancre dans le havre de Damme. 

Ce n'était là que le prélude de plus grands événements. L'année sui- 
vante, il se forma contre la France une coalition formidable dans laquelle 
entrèrent, outre le comte de Flandre, le roi d'Angleterre, l’empereur 
détrôné Othon IV, les ducs de Brabant et de Limbourg, le comte de 
Hollande et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne. 

Les confédérés avaient réuni plus de 150,000 hommes, auxquels Philippe- 
Auguste, dont les forces étaient en partie tenues en échec par le roi d’An- 
gleterre , qui était entré en Poitou, ne pouvait opposer qu’une armée beau- 
coup moins nombreuse, mais, par contre, beaucoup plus forte en cavalerie. 

Les deux partis se rencontrèrent dans les plaines de Bouvines, entre 
Tournai et Lille; après un combat acharné où les deux armées firent des 
prodiges de valeur, les Français remportèrent une victoire complète. Fer- 
rand, fait prisonnier, fut conduit à Paris et jeté dans la tour du Louvre, 
où il gémit pendant douze ans. 


1 Voici le texte de ce privilége: £go Ferrandus Flandriae et Hannoniae comes , nec non dilecta 
uxor mea, Johanna comitissa, omnibus presens scriplum inspecturis in perpeluum notum facimus , 
quod burgensibus nostris de Gandavo licentiam et potestatem muniendi oppidum Gandense, quocunque 
modo voluerint et eis placuerit, dedimus, et ommem terram, quae vulgo Upstal dicitur, infra Ganden- 
sem scabinatum jacentem, ad communem utilitatem ipsius oppidi, eisdem burgensibus quiete et in pace 
contulimus, sine fine possidendam. Actum anno dominicae incarnationis M. CC. XIII, mense Mayo. 
Miraeus, Opera dipl, t. IV, p. 228. Ce diplôme a aussi été imprimé par Dieriex, Mém. sur la ville 
de Gand, 1.1, p.204. 


12 LA VILLE DE GAND 


Pendant tout le temps de sa longue captivité, Jeanne mit vainement 
tout en œuvre pour fléchir la colère de Philippe-Auguste, le geôlier de 
son mari; mais le roi resta sourd à ses prières. À la mort de ce monarque 
implacable, dont le règne fut une longue conspiration contre la Flandre, 
les négociations furent reprises et poursuivies avec de plus grandes chan- 
ces de succès : Louis VIIT, obsédé de tous côtés, consentit à traiter de la 
délivrance de son prisonnier, toutefois les conditions de sa mise en liberté 
étaient si dures et si humiliantes pour la Flandre, qu'on les rejeta avec 
indignation. En effet, entre autres stipulations du traité de Melun, il était 
interdit au comte et à la comtesse d'élever de nouvelles fortifications en 
Flandre, en deçà de l’'Escaut, sans l'agrément du roi : Comes et comitissa 
non possunt facere novas fortericias, nec veteres inforciare in Flandria, citra 
fluvium qui dicitur Escaut , nisi per nos. C'était se mettre entièrement à la 
merci de la France. Heureusement le fils de Philippe-Auguste vint à 
mourir, et la reine Blanche, mère et tutrice de saint Louis, fit disparaître 
les clauses humiliantes du traité de Melun et se contenta du payement 
d’une forte amende. 

Ce fut pendant cette longue période d’agitation intérieure et de compli- 
cations extérieures, qui commencent à la mort de Philippe d'Alsace pour 
aboutir à la sanglante bataille de Bouvines (1191-1214), que les Gantois 
entourèrent leur ville d’une ceinture de fortifications. Ces ouvrages devaient 
déjà être très-avancés en 1213, puisqu’en cette année Philippe-Auguste 
et le duc de Brabant, Henri le Guerroyeur, ne purent se rendre maîtres 
de la place qu'après un siége opinitre. 

Quoi qu’il en soit, l'enceinte fortifiée dont on entoura la ville suivait 
toutes les sinuosités de l’Escaut et de la Lys. Depuis le pont du Jugement 
jusqu’à la porte Grise, laquelle, comme nous l’avons dit, faisait partie 
du système de défense du Château des Comtes, les ouvrages se prolon- 
geaient exactement dans la direction du cours de la Lys. A l'endroit dit Bach- 
terleye, où la rivière se perdait dans les terres basses du quartier de S'-Sau- 
veur et du Nieuland, on construisit un rempart, connu jusqu’à ce jour sous 
le nom de Vieux-Rempart (Oude-Veste), qui était relié à la porte de S'-Georges 
ou de S'-Bavon par un fossé dont on peut encore voir quelques vestiges. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 15 


A l'endroit où la Lys se jette dans l’'Escaut, c’est-à-dire à proximité du 
confluent primitif de ces deux rivières, il y avait plusieurs ouvrages 
revêtus de maçonnerie, destinés à en défendre les abords. Ils ne furent 
démolis qu’en 1541. 

Depuis le confluent de l’Escaut et de la Lys, en face de l’ancienne 
abbaye de S'-Bavon jusqu’à la porte de Brabant, dite de Braempoorte, qui 
se trouvait près du pont du Moulin à eau (de Watermolenbrugge), 11 n’y 
avait, pour défendre les deux rives du bas Escaut, que le seul château fort 
de Gérard le Diable, arrondi de deux tours. Cet édifice, occupé aujour- 
d’hui en partie par l'institut des Orphelins, donne une idée exacte de nos 
anciens manoirs féodaux. 

Toute la partie de la ville, dont le nom d’Overschelde indique parfaite- 
ment la situation, était défendue naturellement par ses bas-fonds et ses 
marécages; elle était coupée par une longue digue, qui aboutissait à la 
Braempoorte. À peu de distance de là, au coin de la rue des Tanneurs, où 
l’Escaut forme un coude, le fleuve était commandé par un autre château 
fort, nommé het Wandelaers Casteel, et plus loin par le rempart de S'-Jean 
et la Walpoorte, où l’on creusa, vers la fin du XII: siècle, un large fossé 
destiné à mettre les eaux de l’Escaut en communication avec celles de 
la Lys, à proximité de la Ketelpoorte, ou porte de France. Ce canal de 
jonction était défendu, du côté de la ville, par un rempart nommé Kauter- 
veste, et du côté de S'-Pierre, par un autre nommé Ketelveste 1. 

Vers l’année 1194, on construisit, à l'extrémité du canal de jonction, 
dont nous venons d'indiquer la direction, une écluse défendue par deux 
grosses tours, auxquelles , à cause de leur forme, on donna le nom de 
Cuupen (cuves); l’écluse elle-même reçut le nom de Cuupgat ou Grooten Spey. 
Ce fut au moyen de cette écluse qu’on inonda, en 1455, 1578 et 1582, 
les bas-fonds qui s’étendaient au nord-ouest de la ville. Nous voyons, par 
un acte de bail, passé en 13453, qu'une de ces tours portait le nom de 
* Wyckhuus. 

Non loin de cette écluse se trouvait le Cuupbrugge (aujourd’hui le pont 


1 Voyez un article intéressant intitulé : De la première enceinte fortifiée de La ville de Gand (pa 
M. Van Lokeren), dans le Messager des sciences historiques, 1843, pp. 1 et suiv. 


14 LA VILLE DE GAND 


du Jugement), et, à peu distance de là, la Cuuppoorte, poterne flanquée de 
quatre tourelles, construite presqu’en face de la rue de la Vallée, et dé- 
molie, en 1542, par ordre de Charles-Quint. 

À partir du pont du Jugement, ou Cuupbrugge, on creusa un fossé (le quai 
au Bois), d’une largeur d'environ 50 mètres, qui se déchargeait dans la 
Liève et dans la Lys, près du pont aux Pommes. 

Ce fossé était défendu par une ligne non interrompue d'ouvrages d'art, 
que nous pouvons d’autant mieux faire connaître, qu’ils ont été en grande 
partie conservés jusqu’à ce jour. 

En suivant la direction du fossé, depuis son origine, au pont du Juge- 
ment, il y avait d'abord une poterne, dite Zandpoorte, connue aujour- 
d’hui sous le nom de porte des Fous; elle était reliée à la porte d’Assaut 
(Bestormpoorte), par une haute muraille flanquée, en divers endroits, de 
tours solides; ensuite, depuis cette porte jusqu’à celle dite aux Tours (de 
Torrebrugghe) , c’est-à-dire sur toute la longueur de la rue d'Angleterre, le 
rempart était revêtu d’une épaisse muraille, munie de quatre tours , dont 
une se nommait het Cranckhuys. Ces ouvrages furent démolis en 1561, et 
les matériaux servirent à la construction d’une écluse au canal du Sas. 

Enfin, l'enceinte fortifiée se prolongeait depuis la porte aux Tours, ap- 
pelée aussi porta Trunchi et porta Touraltana (porte de Tronchiennes et de 
Tourhout), jusqu’au pont aux Pommes, comme nous l'avons dit, où le 
canal du quai au Bois se décharge dans la Lys. Cette partie de nos an- 
ciennes fortifications a entièrement disparu !. 

Tel était le tracé de la première enceinte fortifiée de la ville de Gand; 
elle avait un développement d'environ deux mille mètres. Les frais de ces 
immenses travaux ne furent pas seulement supportés par les bourgeois 
de la cité, mais nous voyons, par un acte de 1253, que les abbayes de 
S'-Pierre et de S'-Bavon autorisèrent leurs vassaux à y concourir, parce 
que, trouvant de nombreux avantages dans le voisinage de la ville, il était 
juste qu’ils contribuassent aux dépenses qu'avait occasionnées sa défense ©. 


! Voyez l'article cité sur la première enceinte fortifiée de la ville de Gand. 
2 Voici, au sujet de l'intervention de l'abbaye de S'-Pierre dans les dépenses occasionnées par la 
construction des fortifications de la ville de Gand, le texte d’une pièce très-intéressante donnée 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 15 


Gràce aux progrès de la stratégie moderne, surtout en ce qui concerne 
l'attaque des places , la ville de Gand, vu son immense étendue, soutien- 
drait difficilement aujourd’hui un siége de quelques jours; mais ces hautes 
et épaisses murailles, couronnées de puissantes tours, faisaient autrefois 
de la cité une place de guerre si respectable, que, vers la fin du XIIIe siècle, 
l'armée que Philippe le Bel avait jetée en Flandre n’osa l’attaquer. 

Le côté le plus vulnérable de la ville était, sans contredit, celui fai- 
sant face au quartier d'Overschelde; car nous avons fait remarquer qu'il 
n'avait pour toute défense que les eaux du bas Escaut et le château de 
Gérard le Diable; mais lorsqu’en 1254, la comtesse Marguerite eut cédé 
aux Gantois ce vaste terrain sur lequel se déploya, dans la suite, l’im- 
mense et populeux quartier de S'-Anne ?, on songea immédiatement à le 


par la comtesse Marguerite, en 1255 : Universis presentes lilteras inspecturis scabini Gandenses 
salutem in Domino. Noveritis quod, cum nos fortreciam oppidi Gandensis faceremus, quae toti 
patriae et hominibus circummanentibus utilis videretur, et ab hominibus et subditis ecclesiae Sancti 
Petri Gandensis , propter lucrum et commoda quae ex oppido Gandensi reportant, ad sublevandum 
oneru et expensas, quibus occasione dictae fortreciae non modicum oneramur, subsidium nobis 
postularemus impendi, dilecti nostri viri religiosi, abbas et conventus ecclesiae supradiclae, nobis 
tale subsidium amicabiliter impenderunt : quod illi de villa Sancti Petri Gandensis solvant assi- 
siam in ipsà villà de mercationibus, negotiationibus, officiis et omnibus rebus suis sive bonis quae 
vendent vel ement extra Gandavum ; sicut ea solvunt ülli qui commorantur Gandavi de mercatio- 
nibus suis quas exercent Gandavi et extra : et una dimidietas assisiae praedictae cedet oppido Gan- 
densi ad fortreciam suam ex sufférentià et liberalitate dicti abbatis; altera vero dimidietas cedet ad 
fortreciam dictae villae Sancti Petri de consilio dominae comitissae et dicti abbatis faciendam, in 
quantüm ipsa fortrecia fieri poterit de pecunià quae proveniet ex dimidietate dictae assisiae, ipsam 
villam Sancti Petri contingente, prout superits est expressum : salvis in omnibus jure et liberta- 
tibus diclae ecclesiae et subditorum suorum, nec non et oppidi Gandensis : hoc notato, quod dicta 
ecclesia, et ejus subditi, ad dictam fortreciam villae S. Petri, de suo aliud non apponent infra ter- 
minum inferius expressum, quam dimidielatem dictae assisiae; nisi dicta ecclesia hoc facere voluerit 
ex gratia special; et durabit assisia predicta, in villa Sancti Petri sumenda, per biennium ; nisi 
terminus de consensu abbatis et scabinorum Gandensium, vel dominae comitissae fuerit abbreviatus; 
vel per consensum dicti abbatis el nostrum fuerit prorogatus : et per hoc illi de Sanclo Petro de mer- 
cationibus, negotiationibus et omnibus alüs de quibus assisia solvitur in Gandavo, non solvent 
majorem assisiam in oppido Gandensi, quod illi de Gandavo in villà Sancti Petri. Datum 
anno Domini MCCLIII, mense Martio, in die beati Gregorii. Aux Archives de l'État, à Gand. 
Voy. Dieriex, Mém. sur la ville de Gand, t. 1, pp. 295 et suiv. Dieriex assure que l'abbé de S'-Bavon 
fit, peu de temps après, avec les Gantois, un concordat de la même teneur, p. 278. 

1 L'acte de cession de ce quartier est imprimé dans Dieriex, Mémoires sur la ville de Gand, L | 
pp- 364-365, d'après l'original conservé aux archives de la ville de Gand. 


16 LA VILLE DE GAND 


mettre à l’abri d’une surprise, en y élevant une ligne de fortifications 
parallèle au Reep. Ces fortifications consistaient en un fossé dit l’étang des 
Échevins (Schepenen vivere), couvert par un rempart et deux portes: la porte 
aux Vaches (de Koeipoorte), qui se trouvait à l’extrémité du quai de ce nom, 
et la Hoyepoorte ou Steenpoorte, située sur la digue de Brabant, près l’an- 
cien couvent des capucins. Ces deux portes furent démolies par ordre de 
Charles-Quint, en 1540. 

Peu d’années après, on prolongea la digue de Brabant dans la direction 
de la porte de Bruxelles, et, vers 1290, on creusa à la porte aux Vannes 
(de poorte ten Windgaten), un second fossé presque parallèle au Reep; ce 
fossé, qui mettait le bas Escaut en communication avec le vieil Escaut, 
est connu sous le nom de Æleyn Scheldeken (petit Escaut); il était défendu 
par des bastions, des murailles et des casemates, dont les vestiges se voient 
encore dans l’enclos du petit béguinage 1. Deux tours, l’une à la porte aux 
Vannes (de poorte ten Windgaten), l'autre à la porte d'Eau (de Waterpoorte), 
servaient à la défense de cette ligne bastionnée. Enfin, en 1520 et en 1585, 
les échevins, autorisés par la commune, acquirent une longue lisière de 
terre, qui s’étendait dans la direction où l’on a creusé le Rüietgracht, et y 
élevèrent un remblai formant une troisième ligne de fortifications, qui, en 
partant de la porte de l'Empereur, venait aboutir à celle de S'-Liévin ?. 

Jusqu'au XV: siècle, l’enceinte extérieure de la ville de Gand n’était 
défendue par aucun ouvrage important; car, si l’on consulte les anciens 
plans, et notamment celui de 15545, on voit que toute la défense exté- 
rieure ne consistait qu'en un large fossé, qui, en partant de l’'Escaut, à 
proximité de la porte de l'Empereur, allait se jeter dans la Lys, à quel- 
ques pas de l'endroit dit t Enderweere. Ce fossé était défendu , en divers en- 
droits, par quelques tours crénelées ; toutefois, la partie de la ville de 
S'-Bavon, faisant face à la campagne, était entourée d’un mur, et le ter- 
rain ouvert compris entre la porte de la Colline et celle de S'-Liévin était 
défendu par une ligne non interrompue de palissades. L'intérieur de la 


1 Dieriex, Mém. sur la ville de Gand, 1.1, p. 575. 
nn LEE 1b., LI, p. 577. 
5 Ce plan fait partie de la collection de M. Goedgebuer, à Gand. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 17 


ville était, au contraire, dans un état de défense très-respectable : toutes 
les portes étaient flanquées de tours solides pouvant résister aux attaques 
les plus sérieuses; ainsi, pour ne parler que de cette partie de la ville 
connue aujourd’hui sous le nom de quartier de S'-Anne, ou Overschelde, 
on ne pouvait, de ce côté, pénétrer dans la ville, qu'après s'être rendu 
maître d’abord de la porte fortifiée du pont aux Vannes, ensuite de celle 
qui se trouvait à l'endroit nommé Hoye, enfin, d’une porte formidable qui 
dominait le haut et le bas Escaut, au pont du Moulin à eau. 

Lorsqu’en 1488, l'empereur Frédéric IE, accouru du fond de l'Alle- 
magne au secours de son fils Maximilien, qui avait été si durement traité 
par les Flamands, et surtout par les Brugeois, vint, à la tête d’une armée 
de 40,000 hommes, jeter l'alarme dans la ville de Gand, les habitants, 
pour mettre le nord de la ville à l'abri d’un coup de main — car les Impé- 
riaux étaient campés à Evergem , —inondèrent les environs sur une grande 
étendue, firent construire au rempart de S'-Bavon, à l'endroit où la Liève 
pénètre dans la cité, deux grosses tours rondes destinées à protéger les 
manœuvres de l’écluse qui s’y trouvait, et les relièrent, au moyen de 
quelques ouvrages en terre, à la porte de la Muyde, et de là à celle de 
l'Hôpital (de Hospitaelpoorte), près la porte d'Anvers f. 

Il paraît que cette ligne fortifiée ne consistait qu’en un large fossé, pro- 
tégé par une espèce de parapet ou de remblai gazonné; car sur le plan de 
1534, on ne trouve aucune trace d'ouvrages d’art proprement dits ?. 

Quoi qu'il en soit, lorsqu’en 1492, les Gantois, fatigués de la lutte qu'ils 
soutenaient avec un si fol acharnement contre le père de leur jeune sou- 


! tem, in dit jaer (1488) was den eersten steen gheleyt van den niewwen wercke ‘t Rabot an de veste 
C'Sente Baefs, welck werck ghenaempt was Tservers rurre, ende de voornoemde veste was ghedolven 
van der Spitael poorte tot der Mude poorte. Memoriensoecx ver sran Guexr, publié par P.-C. Van der 
Meersch. Gand, 4853, t. I, p. 331. 

— ….Doen, ten dien ende, die stede van Ghendt rondomme int watere stellen, alzoo varre alst 
mueghelick was, mitsgaders ooc diversche nieuwe bollewerken makenende een thorre buyten's Prin- 
cenhof. Despars, Chronycke van Vlaenderen, t. IV, bl. 407. 

2? Voyez une transaction entre le magistrat de Gand et la dame Barbe van Vaernewyck, par la- 
quelle celle-ci cède à la ville 500 verges de prairies incorporées dans le fossé ten Vogelen Sanck, 
creusé en 1484 (in de wutervesten en barmen), avec autorisation d'y élever bollewercken, huysen , 
muren, stakytsen, thuynen, enz. Arch. de la ville de Gand , reg. KK, fol. 315. 


Tous XXV. 3 


18 LA VILLE DE GAND 


verain, songèrent sérieusement à se réconcilier avec lui, Maximilien leur im- 
posa, comme condition préalable à tout arrangement, l'obligation de raser 
une partie des fortifications élevées pendant les troubles, notamment les 
deux tours du Rabot, et de construire, à leurs frais, une forteresse sur 
les rives de l'Escaut, à proximité du monastère de S'-Bavon; les députés 
chargés d'entrer en négociation reçureut même des instructions formelles 
en ce sens; toutefois l’archiduc renonça dans la suite à ces prétentions 
exagérées, et la paix de Cadzand, qui fut le gage de la réconciliation, ne 
contient à cet égard aucune réserve !. 


! Les instructions adressées par Maximilien aux députés chargés d'entrer en négociation avee 
les Gantois contiennent des détails très-intéressants sur l'état des fortifications de la ville de Gand 
vers la fin du XV° siècle. On nous saura gré de les faire connaître ici : « Pour ce que le Roy a nagaires 
entendu par les lettres que Monsieur le chancelier et Messieurs du conseil lui ont escriptes que 
ceulx de Gand sont fort pressés et ont grant nécessité de vivres et d’autres choses, et que Monsieur 
de Nassau asseure qu'ils n'auront secours ne ayde des Franchois, le plaisir du Roy est, se lesdits 
de Gand viennent à parlementer, que l’on les reçoive à merey, moyennant les choses ci-après 
déclairées : 

» Premiers qu'ils consentiront de rompre, abolyr et mectre au néant l’escluse qui tient l'eau en 
leur ville, laquelle ils ont faicte et fortifiée du temps du Roy et que toutes les pierres qui sont et 
ont esté mises pour faire ladite escluse et les deux grandes tours qui font ladite escluse, seront 
ostées du lieu où elles sont, et apportées en l'hostel du Roy et de Monseigneur audit lieu de Gand. 

» Que, pour fortifier ledit hostel, le lieu que l'on dit le Béghinaige, sera rompu et comprins 
avec icelui hostel, pour le fortifier à l'encontre de la ville, jusques à la petite rivière qui court en la 
rue de la porte de Bruges, et comprendra ladite porte de Bruges dedens ledit fort, qui sera ung 
chasteau. Et seront abatuz tous les fors de la ville qui pourroient estre à l'encontre dudit 
chasteau. 

» Item desdites pierres seront faictes, une douve demy rons et tourelles tout entour dudit chas- 
teau au bort des fossés , à l'encontre de la ville, et au dehors à l'encontre du gardin , sans rompre 
icelui gardin, et par dedens le Béghinaige jusques à la maison des Lyons, et de ladite maison des 
Lyons jusques à la porte de l'Eaue, et aux deux grosses nouvelles tours, de l'un et l'autre costé de la 
rivière, nommé le Mourewatre, en quoy seront comprinses les dites deux grosses nouvelles tours; 
et derrière ledit hostel, où du temps passé il souloit avoir deux ponts de bois, l'on y fera deux ponts 
de pierre, et au bout de la dicgue, que l'on fera bonne et plus grande qu’elle n'est au plain du champs, 
sera fait un gros bollewereq, gros et massez, devant la porte qui deffendra contre ceulx de la ville, 
et tout entour seront faictes les douves et tours cy-devant déclairées. 

» Sera aussi faict ung chasteau à Saint-Bavon, qui se prendra à une tour, qui est au bout dudit 
Saint-Bavou sur la rivière de l'Escault, assavoir en yssant hors de Gand , à la main droite et en y 
entrant en la main gauche. ; 

» Que ladite tour sera fortifiée, et au bout d'icelle sera fait ung pont de pierre sur ladite 
rivière de l'Escault, et à l'autre costé de ladite rivière sera fait un groz bolwerc de pierre qui 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 19 


Charles-Quint ne se montra pas de si bonne composition ; car, après 
avoir comprimé la mémorable révolte qui éclata à Gand, en 1559, il fit 
non-seulement construire une citadelle formidable destinée à tenir la tur- 
bulente population en respect; — projet, comme nous venons de le dire, 
que Maximilien avait formé quelques années avant, et qu'il abandonna en- 
suite; — mais , afin d'enlever, le cas échéant, à l'insurrection tout moyen 
de défense, il fit raser, niveler ou combler un grand nombre d'ouvrages 
fortifiés, tels que portes, tours, murailles, remparts, fossés, etc. Ainsi, 
par sa fameuse sentence du 29 avril 1540, il ordonna la démolition de 
«Ja tour Rouge, la tour au Trou des Crappaulx que tient Jehan Dinbise, 
» avec la muraille de Philippe Bratelman, le Bramporte, la porte des 
» Pierres, les cinq Trouz-au-Vent, la Walporte, la Ketelporte, le Cuypgat , 
» Ja Zantporte, la Posterne porte, la porte des Tours, la Grise porte, la 
» porte des Vasches et la porte Saint-Georges !. » En outre, il fit combler 
aux dépens de la ville « le Rytgracht, et rendre aux particuliers la despence 
» qu'ilz ont eu pour le relever, sans jamais le povoir relever, ne faire rele- 
» ver par les adhérités ne aultres, et avec ce oster et remplir les douves 


gardera ledit pont. Et sur le petit pont par lequel l'on va en la grande ville, au plus près des 
murailles de l'abbaye, sera faite une tour et ung pont levis à l'encontre de ladite ville. 

Item et au dehors dudit chasteau de Saint-Bavon sera fait ung pout dedans les fossés de la ville 
et par dehors ung fort bollewerc de pierre. 

» Que le Roy veult et ordonne à mon dit seigneur le chancelier et mes dits seigneurs du conseil, 
ou cas que lesdits de Gand deviennent à appointement, que l'on ne se arreste avec eulx à aucune 
somme de deniers ne à le nos previléges dedens ladite ville, mais seulement à faire le dit chas- 
teaulx et fortificacions à le nos dépens, par le Roy n’est délibéré, leur consentir aucun appointe- 
ment que lesdits chasteaulx ne se facent, et se ils sont de ce contens. Il veult que mes dits seigneurs 
facent incontinent et à extrême diligence, commancer iceulx chasteaulx et fortificacions aux des- 
pens des dits de Gand, et y facent ouvrer tous les jours deux ou trois mil hommes tant de Ja ville 
que du quartier. Et moyennant ce le Roy sera content que l'on leur baïlle terme de paier les 
deniers qu'ilz doivent par la paix de Tours. Ainsi signé per regem. Ainsi ordonné par le Roy en 
sa ville de Wlines (?), le xx° jour de juing, l'an HIJ** XIJ. De Gouvevaucr. » Aux archives de 
l'État, à Gand, Analectes historiques, vol. Ier. 

1 Gachard, Relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, p. 134.—11 est à remarquer que 
tous les ouvrages mentionnés dans la sentence ne furent pas démolis immédiatement; on conserva 
la porte de la Poterne; celle de Brabant, appelée Braempoorte, subsista jusqu’en 1562, et la Wai- 
poorte, ainsi que la Ketelpoorte, ne furent démolies qu'en 1780. Steur, Mémoire sur les b'oubles 
de Gand, p. 135. 


20 LA VILLE DE GAND 


» et fossés depuis la porte d’Anvers jusques à l’Escault, à leurs despens f. » 
Ces travaux furent terminés en octobre 1540. 

La construction du château des Espagnols fait époque dans l’histoire 
militaire de la ville de Gand. Les événements qui y donnèrent lieu sont 
trop connus pour qu’il soit nécessaire de les rappeler même d’une manière 
sommaire ; il suffit de dire qu’au mois de mars 1540, c’est-à-dire une 
année après l'occupation de la ville, Charles-Quint, accompagné de son 
frère Ferdinand, roi des Romains, parcourut la cité en tout sens, afin 
de choisir un emplacement convenable pour y élever une forteresse des- 
tinée à maintenir désormais dans l’obéissance cette remuante population 
gantoise, qui venait encore une fois d’arborer si audacieusement l’éten- 
dard de la révolte. 

Deux quartiers fixèrent particulièrement l'attention de l'Empereur : celui 
de S'-Pierre, situé sur une éminence dominant une grande partie de la 
ville, et celui de S'-Bavon. Ce dernier fut préféré, parce que, situé au con- 
fluent véritable de l'Escaut et de la Lys, entouré de vastes prairies dont 
l'inondation était facile en tout temps, il présentait un point de défense 
d'autant plus avantageux, qu’en le mettant en communication avec le Bra- 
bant, on assurait ainsi le ravitaillement de la citadelle. 

Le 22 avril, Charles-Quint fit jalonner en sa présence le circuit de la 
citadelle, et dès le surlendemain quatre mille ouvriers furent mis à l’ou- 
vrage. Pedro de Trente et Dominigo Dassimon exécutèrent les travaux, 
sous la surintendance de messire Adrien de Croy, comte du Rœulx, et 
sous la direction de l'ingénieur Donaes Dibon. 

Il résulte des comptes qu’on n’y a exécuté aucun ouvrage de pilotage. 
L'absence de ces travaux dans un terrain marécageux , peut-être aussi la 
célérité avec laquelle les premières constructions avaient été faites, parais- 
sent avoir nui à la solidité de l’ensemble; car, sur le rapport d’un ingé- 
nieur que l'Empereur avait fait venir de la Bourgogne, on se vit obligé 
de renforcer les fondations autour du château et celle des batteries, parce 
qu'elles n’étaient pas assez bien assises, et d'élever les faces des quatre 
bastions à la hauteur de 18 pieds. 


3 Gachard, ibid., p. 133. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 21 


Les travaux de construction du château, commencés en 1540, ne 
furent terminés que le 15 janvier 1554; la dépense totale s’élevait alors 
à la somme de 411,554 livres 5 sols, la livre comptée à raison de 40 
gros, et le sol à 2 gros. Elle fut couverte, en partie, au moyen du pro- 
duit de la vente des biens meubles et immeubles confisqués sur les corpo- 
rations de la ville. 

On entrait au château par trois portes, dont deux étaient ménagées dans 
les angles rentrant dans les courtines : l’une conduisait à la porte de Ter- 
monde, une autre débouchait à la Pêcherie, la troisième faisait face à la 
porte d'Anvers 1. 

La citadelle des Espagnols, dont les derniers vestiges sont sur le point 
de disparaître, formait un immense carré régulier flanqué de quatre bas- 
tions. Chaque bastion avait un nom particulier : ceux tournés vers la 
Pécherie portaient le nom de S'-Anne et de S'-Jacques; les deux autres, 
situés dans la direction de la campagne, avaient reçu les noms de S'-Marie 
et de S'-Charles. Ces ouvrages, casematés sous les deux flancs, à l’excep- 
tion de celui de S'-Anne, où fut placée la première pierre, étaient reliés 
ensemble par des courtines revêtues de maçonnerie et bordées d’un para- 
pet de quelques pieds de hauteur. Il est à remarquer que le corps de la 
place n’était protégé par aucun ouvrage extérieur; le retranchement qui 
se trouve hors la porte d'Anvers ne fut élevé que sous le gouvernement 
du prince de Parme. 

En construisant cette formidable forteresse, suspendue sur la ville 
comme une menace permanente; en confisquant les priviléges pour le 
maintien desquels les Gantois avaient plus d’une fois versé des flots de 
sang, en promenant, pendant plusieurs jours, la terreur dans les rues de 
Gand, Charles-Quint était sans doute parvenu à comprimer cet esprit d’in- 
dépendance et à éteindre cette soif de liberté auxquels la ville avait dû sa 
prodigieuse prospérité; mais, en abreuvant les Gantois de toutes sortes d’hu- 
miliations, il déposa au fond de leur cœur un germe de désaffection et 


1 La plupart de ces détails sont empruntés à l'intéressante notice que M. Van Lokeren à consa- 
crée à la citadelle des Espagnols, dans le Messager des sciences historiques, année 1848. 


22 LA VILLE DE GAND 


de sourde hostilité, que la première occasion eût sans doute fait éclater, 
si de plus graves événements n'étaient venus assombrir l'avenir. 

En 1555, l'Empereur, après un règne glorieux de quarante années, 
pendant lesquelles, comme il le disait lui-même, il n'avait pas goûté un 
seul jour de bonheur, déposa le pouvoir entre les mains de son fils. Au 
mois de juillet 1559, Philippe IT, avant de retourner en Espagne, se 
rendit à Gand, où, entouré d’une cour aussi brillante que nombreuse , il 
vint assister à une séance des États-Généraux, qui y étaient précisément 
assemblés. Borluut, pensionnaire de la ville, profitant de la présence du 
monarque , lui demanda, dans des termes empreints de la plus énergique 
franchise , le renvoi des troupes espagnoles, et lui rappela que les Fla- 
mands avaient eu de tout temps le privilége de veiller par eux-mêmes à 
la défense de leur territoire. Le roi, peu habitué à entendre un pareil 
langage, et confondu de rencontrer tant d’audace chez une population 
dont il croyait que son père avait à jamais abattu l’orgueilleuse inso- 
lence, se retira brusquement sans laisser de doutes sur les sentiments 
qui l’assiégeaient. 

Philippe If, avant de quitter le pays, qu’il ne devait plus revoir, confia 
le gouvernement général des Pays-Bas à Marguerite de Parme, sa sœur 
naturelle, et lui adjoignit, pour l’éclairer de ses avis, un conseil d'État, 
composé de six membres. À peine ce conseil fut-il institué, qu'il s’y forma: 
une sourde opposition, dont Guillaume d'Orange était l’âme. La lutte 
s’engagea d’abord sur le renvoi des troupes espagnoles, dont les désor- 
dres entretenaient le mécontentement; ensuite sur l'érection des nouveaux 
évêchés. Peu de temps après, la grande affaire de la liberté religieuse fit 
l'objet de la préoccupation générale ; le nombre des sectaires augmentant 
de jour en jour, il devenait urgent ou de laisser faire ou d’agir avec 
rigueur contre les partisans des nouvelles doctrines. Ce fut ce dernier 
parti qui prévalut. Le roi ordonna de faire exécuter sévèrement les édits 
publiés par l'Empereur son père; l'opinion publique s’en émut et provo- 
qua cette fameuse protestation par laquelle deux mille nobles s’engagèrent 
à s’opposer de tout leur pouvoir à l'établissement de l’inquisition. L'irri- 
tation devint bientôt générale, et, à la faveur de l'impunité, l'audace des 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 95 


sectaires ne connut plus de bornes. À Gand, les calvinistes préchèrent 
publiquement leurs doctrines en présence de plus de 7,000 auditeurs. 
Mais ce n’était là que le prélude de plus grands désordres : à l'exemple de 
ce qui venait de se passer à Anvers, les iconoclastes, dans leur fureur 
sacrilége, commirent à Gand les plus déplorables excès : la plupart des 
monuments religieux, et les ornements qui les décoraient, furent saccagés, 
brisés, lacérés. 

En 1567, la duchesse Marguerite, débordée de tous côtés, et trop fai- 
ble pour pouvoir supporter plus longtemps le fardeau de la situation, fut 
remplacée par le duc d’Albe. Don Alvarez de Tolède était un capitaine 
expérimenté, qui avait vieilli dans les armées de Charles-Quint. Doué 
d'une grande énergie de volonté, mais d’un caractère froid et réservé, 
ayant la parole brève et hautaine, le cœur sec et dur, il répandait autour 
de lui la terreur et l’effroi. 

I fit son entrée à Bruxelles le 22 juillet 1567, et, dès le 50 août sui- 
vant, il envoya 5,000 hommes de troupes espagnoles, commandés par don 
Alonzo de Ulloa, occuper la ville de Gand. Les soldats espagnols y com- 
mirent tant d’excès , que beaucoup de familles gantoises préférèrent cher- 
cher dans l’émigration le repos et la sécurité que leur refusait la patrie !. 

À peine le farouche capitaine avait-il saisi les rênes du gouvernement, 
qu'il institua le Conseil des troubles, chargé de connaître de tous les crimes 
politiques. Le nombre de victimes que ce Conseil de sang, comme l’appelait 
le peuple, fit périr par le fer, le feu ou la corde, est immense. 

Le 16 et le 17 janvier 1568, cent quarante-trois bourgeois de Gand 
furent sommés de comparaître devant ce tribunal redoutable; ils furent 
tous condamnés au dernier supplice; le 29 mars suivant, le conseil avait 
déjà prononcé sur le sort de quinze cents personnes. Tous les citoyens 
qui se montraient partisans des nouvelles doctrines furent poursuivis avec 
la dernière rigueur. Aux termes des édits, les biens de ceux qui refu- 

1 On prétend que, depuis l'arrivée du duc d’Albe, plus de 400,000 familles avaient abandonné 
les Pays-Bas; la plupart passèrent en Angleterre, où elles obtinrent d'Élisabeth l'autorisation de 
se fixer dans quelques villes pauvres, telles que Norwich, Sandwich, Colchester, Southampton, 


Maidstone, Canterbury, ete., qui doivent leur développement à ces émigrations religieuses. (Kervyn 
de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. VI, p. 248.) 


24 LA VILLE DE GAND 


saient de recevoir les derniers sacrements furent confisqués et leur corps 
ignominieusement enseveli sous les gibets; enfin les maisons où les calvi- 
nistes avaient tenu des réunions furent impitoyablement rasées. 

Ces mesures, d’une cruauté barbare, glacèrent tout le monde de ter- 
reur, et préparèrent une réaction d'autant plus violente, qu’elle puisait sa 
force dans le mécontentement du peuple et dans l’état de malaise où se 
trouvaient le commerce et l’industrie, qui menaçait de tarir les sources 
vives du travail national. 

L’odieux supplice des comtes d'Egmont et de Horn augmenta encore 
l’exaspération générale. A la nouvelle de cet atroce attentat, Guillaume le 
Taciturne, réfugié en Allemagne, mais qui s'était ménagé de nombreuses 
relations en Belgique, rassembla à la hâte une armée, qui s’éleva bientôt 
à plus de 20,000 hommes, et envahit les Pays-Bas, pendant que son frère, 
Louis de Nassau, faisait triompher ses armes en Frise contre le comte 
d’Aremberg. | 

Le duc d’Albe, en capitaine habile, sut déjouer ce double danger : il 
défit complétement le comte Louis et força le Taciturne à repasser le 
Rhin; mais il fut moins heureux contre les queux, dont les bandes indis- 
ciplinées commettaient partout les plus grands désordres. Les gueux de 
mer, commandés par des nobles émigrés, se distinguaient particulièrement 
par la rapidité de leurs courses et l'audace de leurs attaques; en 1572, 
ils se montrèrent jusqu'à Eecloo, Bouchaute et Assenede, et poussèrent 
même leurs incursions jusqu'aux portes de Gand. Les Gantois, afin de leur 
résister, s’enrégimentèrent au nombre d'environ 7,200, divisés en huit 
bataillons, placés chacun sous le commandement d’un capitaine; et, pour 
mettre leur ville à l'abri d’une surprise, ils exécutèrent à la hâte quelques 
travaux de défense à la porte de la Muyde, à la tour située à l'endroit dit 
1 Enderweere et ailleurs !. À cette occasion, on approfondit le fossé de la ville 


! Den 18 july 1572, begonst men aen de Muydepoorte, en den 21 aen den toren ‘x ExnerWeere, 
de veste te delven , ten koste van de stadt, met ontrent 150 mannen , die ele wonnen zes stuyvers dags. 
De Jonghe, Gendtsche geschiedenissen , t. 1, p. 198. 


— Op het eynde van deze maendt wierden in de stadt veel persoonen geprest, om le gaen delven. 
De Jonghe, /bid., 1. V, p. 213. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 25 


depuis la porte du Sas jusqu’à la tour connue sous le nom de s’Herders 
Toren !, on gabionna les portes et on exhaussa, en divers endroits, les para- 
pets. Ce ne fut que le rempart compris entre la porte de Bruges et la tour 
de ‘ Enderweere qu'on revêtit d’un mur maçonné en briques, flanqué de 
plusieurs tours massives : le fossé qui baignait le rempart fut également 
approfondi et élargi ?. 


1 In dit jaer ruumde men de veste van aen de Mundepoorte tot aen den ouden turre in den Ham, 
gheseyt Suervers turre. Memorienboeck der studt Ghent, publié par P.-C. Van der Meersch, année 
1572. 

— Pour pouvoir éteindre les dettes contractées pour la construction de ces fortifications, le ma- 
gistrat obtint, en 1575, l'autorisation de lever, pendant un terme de 42 années, un impôt extraor- 
dinaire sur plusieurs objets de consommation. Reg. RR., fol. 190 v°. Aux archives de la ville de Gand. 

2 Les fortifications de ‘* Enderweere sont parfaitement indiquées sur un plan précieux de la 
ville de Gand , de 1572, par François Hogenbergh. Ce plan, gravé, en 1575, par Philippe Galle, se 
trouve dans la curieuse collection de M. Goedgebuer. 

Nous avons découvert, aux archives communales de Gand, quelques pièces très-importantes , 
qui font connaître les travaux dont l'exécution était jugée nécessaire pour mettre les fortifications 
de la ville de Gand dans un bon état de défense. Nous les reproduisons ici d’après le texte transerit 
au registre RR. fol. 7 v° et suiv. : 


Noticien van Pieter de Buck, landmeter, de welke hy ghehauden heeft uut laste van E. ende Weerde 
Heeren Mynheere Van Assche, voorscepene, ende Guillaume Warenghien, scepene van der kuere der 
stede van Ghendt, int doen van der visitatie van de vesten deser stede, den twee en twintichsten 
augusty XV° twee en zeventich, mitsgaders int communiceren van eenighe noodzakelicke weercken, 
dienende ter fortificatie der zelver stede. 


Eerst an ’t Rabot t'Sanders Walle, upt gat daer men de deure upwint, es van noode eene plancke 
gheleyt ende wel ende steerck toeghenaghelt, ten fyne men aldaer in den turre niet en gherake, 
dwelcke somtyders ghebeurt es, naer rapport. 

Item, an de Brugghe aldaer alwaer men uute ende inne deser stede gaen can, waere goet eene 
loose poorte, ghemaect ten minsten van houte, tot dies men daer inne anders versien mach. 

Item, up de noort zyde van den zelven Rabotte, waere goet eene platteforme ofte bollewerck 
van eerde gemaect, hebbende de wydde an alle zyden (ter hoochde van den traghel ofte wylent de 
veste), van tsestich handtvoeten, rysende boven den traghel thien ghelycke voeten , recht up ende 
incommende ofte docerende boven an allen zyden vyf voeten, zoo dat de superficie boven blyve 
vyftich voeten viercant, omme grof gheschut up te legghene, indient van noode waere, welcke 
platteforme dient bewalt an de drye syden, wanof deen zyde bewaetert es, zoo datter maer res- 
teren en zouden ontrent ellef roeden te graven tot deur den traghel int waeter van der Lieve, 
ende de derde zyde en dient maer gherepareert te worden; de syden moeten alle met goeden tayen 
plantsoen opgheset zyn ende gheleyt in ghebanden ende gheanckert met syne ryse jeghens het 
invallen. 

Item, daer den traghel deurgraven zoude zyn, zoude moeten eene optreckende of andere brug- 


Tome XXV. 4 


LA VILLE DE GAND 


Lo 
5 


En 1575, le duc d’Albe, découragé du peu de succès qu'avait obtenu 
son administration, et profondément blessé de la haine que ses mesures 
sanguinaires lui avaient attirée, sollicita lui-même son rappel, et fut pres- 
que aussitôt remplacé par Louis de Requesens, grand commandeur de 
Castille. 

Le nouveau gouverneur général inaugura son entrée au pouvoir par 


ghe ghemaect worden, omme die drye muelene ende den meerschen Le dienen, ende zouden den 
wal van den voorcreven bolleweerck wel twee roeden weyt moeten zyn, up een somerwaeter ende 
diepe vyf voeten. 

Item, up de zuut zyde van den Rabotte, daer de veste gheel vul ende verlandt es, daer dient de 
zelve lanex henen ghedolven, ende verdiept tot den ouden kant ende bodem. Item, metter eerde 
daer uut commende zal men de veste verhooghen ende verdicken, makende boven parapecten 
ende wandelynghen, om vry van geschut te zyne indient noodt waere; tot welcke weercken van 
noode zyn pypegalen ende delve in goeder ghetalle, immers naer de haeste die myne Heeren daer 
mede begeeren. 

Item, gaende van den bolleweercke naer de Bruchsche poorte, daer dient de veste ghedolven als 
vooren van ghelycke parapecten, ghemaect als voorseyt es, ende mits dat dese veste redelick 
hooghe es, ende dat men qualick wech zal weten metter eerde daer uute commende, zoo waere 
goet de zelve gheemployeert omme an de noord syde van der Bruchsche poorte, een plateforme 
ofte bolleweercke van eerde ghemaect te werden van grooten ende hoochte ghelyck ’t voorsyde, 
ter defensie van der stede in  zelve quartier, daer de hoochde van de lande zeer by der poorten 
comt, welck weerck eensdeels cruweerck, ende meest kerreweerck zoude dienen. 

Item, dwaechuuseken bi de steene veste by Thenderweere, waere goet ghedect ende gherepareert. 

Item, daer de zavele uten veste ghegraven ende ghehaelt es, waere goet wederomme met gryse 
ende andersins ghevult ende gheeffent, want de zelve veste anders niet ghebruuckelick en es 
aldaer. 

Item, commende Thenderweere, daer de veste verdiept es, ende de eerde noch niet gheleyt 
z00 de zelve behoort, zal men de zelve moeten doen upcorten ende dyewys legghen ende bewae- 
ren van invallen ende instroomen, twelcke goet ghedaen waere, hebbende de opportuniteyt van 
t loopen van den plancken t'Sente Baefs. 

Item, tusschen de Percellepoorte ende der Leyen, zal de veste moeten verdiept wezen, zoo dat 
‘Lwaeter comme tot an de poorte, ende an de poorte een uptreckende brugghe ghemaect. 

Item, ontrent den midden van den Eechaute, up de hooghe veste, waere goet eene platte ende 
uutstekende forme of bolleweerck van eerde ghemaect, ter defensie van der zelven veste, ende der 
hooghe landen daer vooren , ende lanex der veste parapecten ende wandelynghen ghemaect, omme 
te voet ende te peerde daerlanex henen te ryden. 

Ende omme het overloopen te beletten, en can hy, landtmeter, gheenen beteren middel gheïma- 
gineren dan by middel van eenen hooghen ghelende of baerbelcause sluttende alomme jeghens de 
poorten ende waeckhuysen. 

Item, an thende van der vesten beoosten der Hueverpoorte zoude ooc dienen eene platteforme, 
ende eene uptreckende brugghe in de poorte ende voor der poorte totter Schelden, de veste 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 9 


“I 


des mesures d’indulgence et de douceur; tous ses efforts tendaient à ame- 
ner une réconciliation durable en guérissant les blessures faites par l’aveu- 
glement insensé de son prédécesseur. Après avoir défait, dans les plaines 
de Moock, près de Nimègue, l’armée de Louis et de Henri de Nassau, 1l 
fit proposer, aux États assemblés à Bruxelles, une amnistie générale et 
sans réserves, l'abolition des nouveaux impôts et la suppression du Conseil 


verdiept onder ende verwyt zoo dat ‘t waeter z00 naer der poorte commen, alst moghelick werd. 

Item, de veste tusschen der Schelden ende Sente Baefs poorte, item van sente Lievens poorte 
totter Keyser poorte, dient verwyt te zyne, midts dat se aldaer zeer cleene wydde heeft, ende zeer 
goet es ompasseren ende overgaen. 


Eenighe poincten ende articlen concernerende der fortificatie des stede van Ghendt, de welcke Weerde 
Myne Heeren scepenen van der kuere overgheeft Pieter de Buck, gheswoorne landtmetere, Weerder 
Heeren dienaere, altyts onder correctie ende ?t verbeteren van eenen yghelicken. 


Eerst an de Mudepoorte zal men de zelve poorte ghebruucken omme gheschut daer inne ende 
boven daer uppe in tyde van noode te legghen, ende de zelve poorte daer toe prepareren, metga- 
ders daer uppe makende, in stede van breeder defensie, goede steercke scransen manden ghevult 
met eerde. 

Van ghelycke sal men oock stellen ghelycke scrans manden up den hooghen muelewal ende 
hooghe veste in de stede van eenighen bolleweercken, die men aldaer ten excessiven coste zoude 
moghen maken. 

Item, de veste gheruumt zynde, waere goet dat alle de zygrachten ghesloten wierden , ende de 
baermen , putten by plecken wat ghehoocht, zoo van ghelycke goet waere, dat de cassa van den 
turre in den Ham wat gerepareerd wierde, ende dat men daer deuren inne stelde, ende alsdan 
een planck waeter in de veste liete, want ’t zelve wel eenen voet en half daer mede hooghen 
zoude. 

Item, nopende de brugghe an *t Rabbot t Sanders walle, daer de stede openlicht, waere goet eene 
poort ghemaect, drye zoo vier voeten dicke, ghestoffeert met busgaeten, dat men de gracht tus- 
schen den traeghel ende de meerschen verwydde, tot eene roede en alf wyt in de leechden, ende 
metter eerde daer uute commende den traeghel hoochde, ende danof eene nieve ende dobbel veste 
maecke, van an de Lieve tot Meerhem, makende jeghens de meerschen zekere baermen, met soen 
opgheset vier voeten hooghe, omme daer achter bedect te gaene, ende van Meerhem totter Mudde- 
poorte, daer eene aude gracht gheleghen es, dat men die gracht ruumende, ende by dien middel 
zoo zoude dat quartier dobbel bevest wesen, stellende ondertusschen up de muelenwalle ende de 
hooghe vesten , scransmanden als vooren. 

Item, nopende de hooghe vesten an de Hueverpoorte ende Percellepoorte, zal men de henden 
ter waeterwaert verdiepen, ende repareren tot an de poorte, ende daer oppe ende oock operveste, 
tusschen beede de poorten, zal men waechuysen repareren, ende de gheheele veste met baerbel- 
causen versteercken , zoo dat men daer niet uut noch inne gheclemenen en can, z00 de zelve wy- 
lent ghewveest heeft, mackende jeghens de zelve baerbelcausen , eenen baerme van eerde vier voe- 


28 LA VILLE DE GAND 


des troubles ; mais les États exigèrent de plus le renvoi des troupes espa- 
gnoles; c'était une prétention à laquelle, vu la situation du pays, Reque- 
sens ne pouvait souscrire, et les négociations furent rompues. 

À la mort du commandeur de Castille (5 mars 1576), le conseil d’État 
prit les rênes du Gouvernement; toutefois son pouvoir ne fut pas de longue 
durée : un parti puissant, qui agissait sous l'inspiration du prince d'Orange, 


ten hooghe, omme daer achter schuet vry te zyne, effenende ook de zelve veste boven, omme 
ghemackelick daer op te gaene ende ryden, met zekere up ende afreden daer toe dienende. 

liem, op de platteforme die daer licht ende elders daer tbest zoude moghen dienen, zal men ooc 
scransen stellen, als vooren. 

liem, van ghelyeke zoude men repareren de waechuusen t'Eckerghem op de eerde veste, up de 
veste an Sente Lievenspoorte ende Keyserpoorte, ende oock aldaer stellen de baerbelcausen ende 
seransmanden als vooren, verwydende de veste tusschen de Keyserpoorte ende de Schelde. 

Item, omme te beletten het afkeeren van den waeteren. In de veste deur de straete an de Keyser- 
poorte, indien de poorte niet souffisant en wacre, zoo zoude men aldaer zekere steercke weere mo- 
ghen maken van metselrie, streckende veertich of vyftich voeten naer Sente Lievenspoorte. 


Visitation faict le deuxiesme daougst XV° soixante douze par M° Jehan, faict en la ville de Gand, pour 
le faict de la fortification d'icelle. 


Premier. A commenchet à la porte de Mude, auquel fut trouvé estre besoing faire abbatre au 
dehors ladite porte ung mollin, et faire transporter la terre de la motte dudit molin, à cause qu'el 
nuict grandement à ladicte porte, une petite platteforme de soixante piez quarez, aflin d’en garder 
l'enbouchure et entré, moïennant y faire ung bon parapette de diz piet despes, et aussi sembla- 
blement au costé droict, continuant ainsy au soing du rempart. 

Venant à l'escluse, derier le lougy du Roy, at esté trouvé qu'il est grandement nécessaire faire 
au boult du pon dicelle tourre, unque platteforme de soixante pied carrez pour le moingz, afin de 
garder l'ennemy qu'y ne se saisy de ladict turre. 

Oulte tirant vers la porte de Bruges, a esté trouvé le fosse grandement remply, en quel fossez 
est besoïng la faire nettoyer; il est ausy besoing faire faire à ladicte porte de Bruges ung pont- 
levys et ung tappecul. 

De ladite porte de Bruges, tirant vers la tourre de Tendrouve (Zenderweere), est assez raison- 
nablement bon, may les fossez sont aussi ung peu remplye, de quoy l'on les polra aussi faire net- 
toyer, son voeult. 

Estant à la porte S'-Pierre, a esté trouvé par son fossez sans eaulz, may ayans bons rampars, 
sans touteffois estre garde de flancquer ny garandyr dauleuns travers, chose dangereuse, au moyen 
de quoy pour à ce obvyer à estre trouvé lieux à droict pour y planter un bon gros baulwareque, 
pour deffendre lesdits rempars et portes Saint-Pierre et Dueverporte, bien entendu qu'y fault 
aussy lever, au coing de l’entrer de Lescau , le rempars, à telle raison qu'il serve du cavalier pour 
flinquiser au long dudict Escau, bien entendu qu'il fault faire ausdietz portes, pons-levys et tapecul. 

Venant à la porte S'-Lievins, a esté trouvés en auleuns endroiet bons rampars et en aultre de- 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 29 


se forma à Bruxelles et fit jeter en prison la plupart des membres du con- 
seil; dès lors les États des provinces s’emparèrent du Gouvernement. A 
Gand, ils inaugurèrent leur administration en déclarant les Espagnols 
ennemis de la patrie, et prirent la résolution de les chasser du pays 1. Le 
château étant occupé par les soldats du roi, on résolut de s’en emparer. 
Un retranchement fut élevé hors la porte d'Anvers, et la citadelle fut 
investie de ce côté. Les hostilités commencèrent sérieusement le 18 sep- 
tembre 1576; les Espagnols ouvrirent le feu contre la ville. Les Gantois, 
afin d'empêcher la garnison de faire des sorties, barricadèrent, avec les 
débris des maisons démolies, toutes les rues débouchant vers le château; 
la porte de S'-Georges et le Papenhuys, qui y était attenante, furent gabionnés, 
et on éleva des batteries sur les ponts du Pas et de la Tour-Rouge. La terre 
nécessaire pour remplir les gabions fut prise dans la rue de S'-Georges, 
qui fut creusée, à cet effet, à une profondeur de 15 pieds. Au moyen de 
cette formidable artillerie, les assaillants canonnèrent vigoureusement les 
murs de la citadelle, et parvinrent à pratiquer une large brèche au bas- 
tion de S'-Jacques, qui se trouvait presque en face du pont du Pas. La gar- 
nison, loin de laisser abattre son courage par ce premier échec, fit plu- 
sieurs sorties qui firent beaucoup de mal aux assiégeants. Cependant les 
travaux du siége furent poussés avec un redoublement de vigueur : toute 
la population de la ville, hommes, femmes et enfants, travailla au creuse- 
ment des parallèles. Les Gantois obtinrent quelques secours du prince 


rompue, ayant les fossez remplie, sauf ung petit canal de Lescau, courant bien estroit partout, est 
besoin nécessairement le balargir et mectre les terraulx sur lesdits rempars; y fault aussy faire 
abattre près ladicte porte ung mollin, et faire amener la terre pour ce qu'elle domineroit ladicte 
porte et seroit cause de sa ruyne. 

De ladicte porte Saint-Lievens à la porte de l'Empereur, a esté trouvé bons en raisonnables 
rempars, ayant aussi le fossez en tout remplye, sauf ung pety canal venant de Lescau , lequel n’en- 
pêcheroit en riens à l'ennemys à passer, par ce est besoing aussi la faire netoyer et mectre la terre 
sur les rempars ; à ladicte porte de l'Empereur y faudra tirrer deulx petitte mourailles dung costé 
et daultre, affin qu'au boult l'on y mecte ung tapecul, et environ le milau ung pont-leviz. Ce fault 
faire, aflin doter à l'ennemys la cognoissance de non rompre l'escluze de ladicte porte, laquel est 
de grande import, au ca l’on fera entour lesdiets rempars parapette de quatre pied de hault, affin 
de couvrir le soudart contre les ennemys, bien entendue qu'y fauldra allentour de la ville faire 
abattre tous arbres, hay et hallot qui empêchent de descouvrir l'ennemys. 

! De Jonghe, Gendische geschiedenissen , t. 1, p. 255. 


50 LA VILLE DE GAND 


d'Orange, et les États armèrent tous les hommes de dix-huit à soixante 
ans. 

Le 9 novembre, la brèche étant suffisamment large, les assaillants, con- 
duits par un certain Penneman, tentèrent l'assaut ; mais ils furent repoussés 
avec perte. Enfin, le 11 du même mois, don Antonio d’Avalos Maldonado, 
lieutenant de Mondragon, demanda d’ouvrir des conférences pour traiter 
de la reddition de la forteresse. La garnison, qui s’était vaillamment dé- 
fendue, obtint l'autorisation de se retirer avec ses bagages; mais elle ne 
put emporter ses armes, dont la valeur lui fut cependant payée. Le même 
jour, la citadelle fut livrée au comte du Rœulx, qui en prit immédiatement 
possession. 

Le 5 août 1577, les États Généraux décrétèrent la démolition de la 
citadelle, qui rappelait aux Gantois de si douloureux souvenirs. Dès le 
26 du même mois, on mit la main à l’œuvre; le gouverneur, le sous-baïlli 
et un des échevins de la keure détachèrent les premières pierres, et im- 
médiatement après, plus de 10,000 bourgeois de la ville, tant hommes, 
que femmes et enfants, travaillèrent avec une ardeur sans égale à la dé- 
molition de la partie de la citadelle située dans la direction de la ville. 
Les historiens assurent que les travailleurs se rendaient à l'ouvrage en- 
seignes déployées et au son des tambours et de la musique militaire. 

Cependant la ville étant ouverte de tous côtés, et la guerre avec Don 
Juan devenant tous les jours de plus en plus imminente, le magistrat 
résolut d’entourer la cité d’une enceinte continue de fortifications. 

Avant l’année 1554, la ville de Gand, malgré l'accroissement considé- 
rable de son territoire par l’incorporation de plusieurs quartiers vastes 
et populeux, n'avait pas encore songé à couvrir ses abords. Les seuls 
ouvrages d'art — si on peut leur donner ce nom, — qu'on y trouvât, — 
nous ne parlons ici que de l'enceinte extérieure, — consistaient en quel- 
ques tours isolées situées le long des remparts, telles que le *s Herders torre, 
le Rabot, le Beghynen torre, ’t Enderweere torre; en un mur arrondi de 
deux tours, depuis la porte de Bruges jusqu’à l'extrémité de l'endroit dit 
1 Enderweere; en une levée de terre gazonnée, munie d'une clôture en 
fraise ou en palissades joignant les portes de Courtrai et de la Colline, 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 51 


et en une autre clôture, également en palissades, qui couvrait la partie de 
l’ancienne abbaye de S-Bavon ayant vue sur la campagne !. 

Il paraît que toute la défense extérieure de la ville était basée sur le 
système des inondations. 

En eflet, en fermant les écluses à poutrelles de la porte de Bruges, au 
Cuypgat, au Ketelpoorte, etc., on pouvait inonder les environs de la ville 
sur une très-grande étendue. 

Nous avons vu qu'au commencement du XVI: siècle, la place de Gand 
était entourée d'un immense réseau de fossés, qui constituait pour ainsi 
dire sa seule défense extérieure. Il partait de l’Escaut, près de l’ancienne 
porte de S'-Bavon , un fossé connu sous le nom de Rietgracht ou Bevrydt- 
gracht, qui, après avoir passé sous l’ancienne porte de Termonde et avoir 
traversé, presque dans toute leur largeur, les prairies d’Oostacker, aboutis- 
‘sait à l’ancienne porte de la Muyde, d’où il se prolongeait dans la direction 
de la porte de Bruges, pour se jeter dans la Lys, à quelques pas de l’en- 
droit dit ’t Enderweere. C'est ce fossé qui fut en partie comblé du temps 
de Charles-Quint. Les sinuosités de la Lys, depuis sa jonction avec le Riet- 
gracht jusqu’à la porte de Courtrai, et celles de l'Escaut, depuis l’ancienne 
porte de S'-Bavon jusqu’à celle de la Colline, défendaient la partie sud- 
ouest et sud-est de la ville; il n’y avait donc que le terrain élevé com- 
pris entre les portes de la Colline et de Courtrai, qui fût entièrement 
ouvert. Pour défendre de ce côté l'entrée dans la ville, on avait élevé 
un parapet, garni d’une clôture palissadée. 

Avant de commencer les travaux de la nouvelle enceinte bastionnée . 
plusieurs ingénieurs furent chargés d’étudier le terrain et de dresser les 
plans nécessaires, afin de mettre le magistrat en état de statuer en con- 
naissance de cause sur la direction qu’il convenait de donner aux for- 
üifications projetées. Il paraît que les hommes de l’art ne purent se 


1 Tous ces ouvrages sont parfaitement indiqués sur le tableau représentant la ville de Gand en 
1534, appartenant à M. Goedgebuer; on peut consulter aussi le plan de 1550-1552, dessiné par 
Jean Hoste, et ceux de 1567 et 1568, qui font partie des éditions italienne et française de Gui- 
chardin; ils se trouvent dans la collection de M. Goedgebuer, qui, avee sa complaisance habi- 
tuelle, a bien voulu les mettre à notre disposition. 


52 LA VILLE DE GAND 


mettre d'accord; Pierre de Buck, soutenu par le chapitre de S'-Bavon, 
voulait suivre l’ancien tracé des remparts qui entouraient la citadelle des 
Espagnols ; les autres ingénieurs, au nombre de cinq ou six, proposaient, 
au contraire, de faire passer la ligne fortifiée par le Ham et de resserrer 
l'enceinte projetée, afin de rendre ainsi la défense de la ville plus facile. 
Cette dernière opinion était partagée par la majorité des habitants !. 

Cette divergence de système et les discussions interminables qui en 
furent la suite, excitèrent le mécontentement de la population. Le 27 sep- 
tembre 1577, les habitants attirèrent l'attention du magistrat sur les con- 
séquences désastreuses que ces inconcevables lenteurs pouvaient avoir 
pour la sécurité de la ville, et menacèrent d'abandonner les travaux de 
démolition de la citadelle, si la question du tracé de la nouvelle enceinte 
fortifiée n’était pas promptement résolue. La collace, qu’on crut devoir 
consulter à ce sujet, émit l’avis que la ligne projetée devait s'appuyer sur 
la citadelle pour aboutir, d’une part, à la porte de l'Empereur et, d’autre 
part, à l’angle formé par le Ham, et se prolonger ainsi, par le moulin à 
chaux, jusqu’au nouveau fossé creusé près la porte de la Muyde. 

La collace s'était prononcée le 2 octobre 1577, et dès le 7 du même 
mois, on commença à creuser la partie du fossé comprise entre la forte- 
resse et la porte de l'Empereur. Ce fossé devait avoir, dans tout son par- 
cours, une profondeur de cinq pieds, sur une largeur de trois verges ?. 
Le prince d'Orange visita ces travaux pendant son séjour à Gand, en dé- 
cembre 1577. Le creusement du fossé, depuis ’ Enderweere jusqu’à la Bi- 
loque, fut commencé le 4 février de l’année suivante 5; toutefois les travaux 
ne furent réellement poussés avec vigueur qu’à dater du mois de mai 1378. 
Un nombre considérable d'ouvriers travaillèrent alors simultanément sur 
différents points : ce fut à cette époque que l’on construisit la nouvelle 
porte de Bruges f. On voit, par une ordonnance du 4 mars 1578, que pres- 
que tous les habitants, même les religieux , étaient tenus de travailler aux 


! De Jonghe, Ghendische geschiedenissen, 1.1, p. 507. 
? De Jonghe, t. 1, p. 308. 


5 Memorienboeck der stad Ghent, année 1578. 
* De Jonghe, t. I, p. 141. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 55 


fortifications ; les ménages composés d’au moins quatre personnes devaient 
fournir deux hommes; ceux qui en comptaient moins de quatre devaient 
en livrer un; les couvents d'hommes et de femmes n'étaient pas exemptés 
de ces corvées; les premiers devaient fournir un travailleur pour trois 
religieux ; les seconds un pour quatre; ces derniers pouvaient cependant 
racheter ces prestations en payant huit sous pour chaque ouvrier f. 

Les frais de ces travaux furent couverts au moyen d’un droit d’accise 
de 1 gros sur chaque pot de vin, et de 5 gros sur chaque tonne de bière ?, 
et de dons volontaires. À cet effet, des délégués furent chargés d'aller 
recueillir de maison en maison , les offrandes pour lesquelles chaque habi- 
tant consentait à contribuer dans cette dépense extraordinaire. Les uns 
s’engageaient à payer hebdomadairement six gros, d’autres quatre ou 
deux gros. 

_ Ces ouvrages doivent avoir été complétement achevés avant l’année 
1581, car la ligne fortifiée est indiquée, pour la première fois, sur le plan 
de la ville de Gand inséré dans la deuxième édition italienne de la des- 


1 Voici un extrait de cette ordonnance ….« Ende zoo den jeghenwoordigen tyd ende appa- 
renten nood wel es verheersschende de fortificatien deser voorseyde stede, met alder vlieticheyt 
ende diligentie ghedaen te werdene ende vulcommen te zyne, zo ghebiet van weghen als boven, 
dat alle poorters ende inzetenen, gheestelick ende weerlick, niemandt uut ghesteken noch ghe- 
exempteert, uut elcken huuse ende huusghezinne die zyn boven de vier persoonen, ghehouden 
zullen wesen totter zelver fortificatien te zendene twee persoonen, ende de ghene niet commende 
tot vier persoonen zullen ghestaen , midts zendende eenen uut huerlieder huusghezinne, voorzien 
van behoorlicken halm, ende uut ele rol te beschicken twee pypegalins. Ende aengaende de eloos- 
ters, dat de mans persoonen daer toe zullen employeren den derden persoon, ende de vrouwe 
cloosters den vierden persoon; behaudens nochtans dat de vrouwe persoonen ontstaen zullen, midts 
betaelende acht stuuvers voor elcken persoon, daer inne oock begrypende alle de ghone woonende 
binnen den vrytgracht der stede. 

» Lastende te dien oock den dienaers van den ghemeenen aermen deser stede, optenemene alle 
vagabonde ende ledichgangers, ‘t zy inzetene ofte vrempde, dezelve anne te tastene ende apprehende- 
rene, ende int voorseyde weerck t'employerene, daer vooren dat elck t'zynder theeringhe toegheleyt 
zal werden drie stuvers *s daechs, daer van de superintendenten nemen zullen toezicht. Ende de ghone 
die deffaillant zullen bevonden wesen, zullen ghehouden zyn te betaelene acht stuvers. Ende latende 
de kinderen ghestaen met haerlieder ghewilleghen aerbeyt. Actum den 4 Sporcle 1578. Reg. EE, 
fol. 178. Aux archives de la ville de Gand. » 

2 Voy. l'octroi du 15 janvier 4577. Reg. RR. fol. 326, et celui du 26 mai 1578. Reg. X , fol. 104, 
Aux archives de la ville de Gand. 

5 De Jonghe, Ghendische geschiedenissen , t. 1, p. 308. 


Toue XXV, 


[24 


54 LA VILLE DE GAND 


cription des Pays-Bas de Guichardin. Elle avait un développement de 
plus de deux lieues. 

Les plans de cette enceinte bastionnée ayant été conservés, il nous 
sera facile de faire connaître exactement le tracé qui a été suivi !. 

La partie de la ligne fortifiée comprise entre le château des Espagnols 
et la porte de Bruxelles était défendue par deux bastions, dont la partie 
saillante se dirigeait vers les prairies de Hernesse; ces deux ouvrages étaient 
reliés par des courtines, de l’un côté à la citadelle, et de l’autre à l'Escaut. 
Entre la porte de Bruxelles et le pont des Moines, il y avait deux demi- 
lunes et un bastion. La première de ces demi-lunes couvrait la porte de 
l'Empereur, la seconde la porte de S'-Liévin, le bastion, appelé Leysen 
bollewerck, commandait l'Escaut à son entrée en ville. Depuis le pont des 
Moines jusqu’à la porte de Courtrai, on comptait deux demi-lunes desti- 
nées à défendre respectivement l’entrée de la porte de la Colline et celle 
de Courtrai, ainsi que le cours de la Lys, et deux bastions connus sous 
le nom de ’s Graven bollewerck et Oranje bollewerck. Derrière l’enclos de la 
Biloke, on trouvait deux bastions dont l’un se nommait ’t bollewerck op 
1 Biloque veldt; ils servaient à défendre les sinuosités de la Lys; de là 
l'enceinte fortifiée se prolongeait en suivant exactement le tracé de la 


! Ces plans se trouvent aux archives communales de Gand; ils sont réunis en un volume gr. 
in-fol., portant pour titre: Register inhaudende chaerten of descriptien figurative van der fortificatie 
int ronde der stede van Ghendt, ende van alle de partien van de gronden van erfven die deur de 
zelve fortificatie vermindert ende vercurt zyn; mitsgaders de verbalen daer de voornoemde partien 
per numeros in ghedistinquert Staen, accorderende up de zelve descriptien, metter annotatie wat 
gronden gherecompenseert zyn gheweest, ende de ghone niet gherecompenseert ; wanof alle de partien 
de welcke van deser stede recompense ghehadt hebben, zyn in de chaerten met een selveren linie omme 
trocken; de gronden competerende gheestelicke persoonen niet gherecompenscert, zyn met gheluwe 
ghecoleurt, ende de gronden van erfven tocbehoorende weerelicke persoonen die gheen recompense 
ghehadt en hebben, zyn met een purper veerwe ghecoleurt. Al'twelcke ghemeten, ghecarteert ende op 
den corten voet ghestelt es wt laste van de E. Wecrde ende zeer Voorsienighe Heeren Joncheer Ghee- 
raert de Blasere, voorscepene, Joncheer Jaques van Zillebeke, gheseyt Takoen, scepene, ende huerlieder 
medeghesellen in wette, by Jan de Buck, ghezwoorne landtmeter deser voornoemde slede, metter 
assistentie van Joncheer Anthonis van der Schaghen, ontfangher van der stede weerchen, die den 
voornoemden landtmeter gheassisteert heeft in ‘t beleeden ende bewysen metten auderlinghen up elck 
quartier. Mitsgaders int ondersoucken van al de boucken van der recompense in de maenden van 
Augusto, September, October, November ende December van den jare XV° tacgentich. — Nous don- 
nons une copie réduite de ces plans. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 35 


Nouvelle Promenade jusqu’à l'endroit dit t Enderweere, pour aller aboutir 
à la porte de Bruges. Cette partie de l'enceinte était flanquée d’un redan 
et de trois bastions : le redan se trouvait derrière l’église d’Ackergem; le 
premier bastion portait le nom de bollewerck ’t Enderwecre ; les deux autres, 
appelés bollewerck thende mueren et Hembiezen bollewerck, se trouvaient sur 
le prolongement de cette ligne. 

Depuis la porte de Bruges, les fortifications suivaient le rempart de la 
porte de Bruges, ou Beghyne veste, jusqu’à la nouvelle porte de la Muyde, 
et de là jusqu’à celle d'Anvers, où elles venaient s'appuyer sur les ou- 
vrages de la citadelle des Espagnols. Cette partie importante de l'enceinte 
était flanquée de onze bastions, dont celui situé à proximité de l’ancienne 
porte d'Anvers avait le nom de Geusen bollewerck. La section comprise entre 
la porte de la Muyde et celle d'Anvers fut rasée en 1827, lors du creu- 
sement du bassin de commerce. 

Les remparts dont nous venons d'indiquer le tracé n'étaient que sim- 
plement gazonnés et entourés d’un large fossé; la partie comprise entre 
l'Escaut et la Lys, derrière l’ancienne abbaye de S'-Pierre, avait seule un 
revêtement en maçonnerie. 

Philippe IT était descendu dans la tombe en 1598, après avoir donné 
la souveraineté des Pays-Bas à son neveu l’archiduc Albert, cinquième 
fils de l’empereur Maximilien IL. Ce prince épousa, le 18 avril 1599, 
Isabelle-Claire-Eugénie, fille du monarque espagnol. Cette union ouvrit 
à la Belgique une nouvelle ère. À une longue époque d’agitation et de 
troubles allait succéder une période de réparation et de calme. 

L’affabilité et la franchise de leur caractère, plus encore que la sagesse 
et la douceur de leur gouvernement, concilièrent promptement aux archi- 
ducs l'affection et la confiance de leurs nouveaux sujets. Malheureuse- 
ment Albert et Isabelle moururent sans laisser de descendants, et comme, 
dans l'acte de donation, le cas avait été prévu, les provinces Belges firent 
retour à l'Espagne. 

L’archiduc Albert, malgré des chances diverses, avait réussi à tenir 
tête au prince Maurice, et était même parvenu à négocier avec les Pro- 
vinces-Unies une trêve de douze ans. Sa mort changea entièrement la face 


56 LA VILLE DE GAND 


des affaires. Le cardinal de Richelieu, dont la politique astucieuse tendait 
à l'abaissement de la maison d’Espagne, avait conclu un traité secret avec 
la Hollande, par lequel les deux parties avaient décidé de démembrer les 
Pays-Bas et de s’en adjuger les diverses provinces. 

Pendant que les Français, sous les ordres des maréchaux de Châtillon 
et de Brezé, entrent dans le Luxembourg, les Hollandais, commandés par 
le prince Frédéric-Henri de Nassau, pénètrent en Flandre. Le 13 sep- 
tembre 1641, le fils de Maurice débarque 15,000 hommes au fort de 
Philippine, et s’avance jusqu’au village d’Assenede dans l'intention de s’em- 
parer de Gand. La ville ne pouvait pas opposer par elle-même une longue 
résistance; mais une vaste inondation qu'on pratiqua autour de son en- 
ceinte obligea l'ennemi à renoncer à son entreprise. Au midi, les abords 
de la cité furent inondés sur une largeur de plus d’une lieue et de quatre 
à cinq cents mètres à l’ouest jusqu’au village de Vinderhaute; ensuite on 
forma un troisième bassin de 400 mètres de largeur et de huit lieues de 
longueur, côtoyant les villages d'Evergem, de Mendonck, de Wachtebeke, 
de Moerbeke et de Stekene jusqu’à la ville d’'Hulst. Le prince d'Orange, 
après avoir vainement essayé de rompre cette ligne d'inondation, se vit 
forcé de se retirer jusqu'à Bergen-op-Zoom, sans avoir obtenu aucun 
avantage marqué. 

L'année suivante, il tenta la même manœuvre, sans plus de succès; à 
cet effet, il jeta une armée de 10,000 hommes en Flandre, fit une pointe sur 
Oost-Eecloo, s’empara même des forts de Roodenhuyzen et de Terdonck, 
situés sur le canal du Sas; mais ne pouvant forcer la ligne d'inondation de 
la vallée secondaire du Moervaert, il dut rétrograder jusqu'au Sas-de- 
Gand , dont il se rendit maître après un siége de quatre semaines. 

En 1645, le général hollandais Brederode débarqua au Sas-de-Gand 
avec 70 compagnies d'infanterie et 18 de cavalerie, dans le but d'essayer 
de nouveau de traverser les inondations du Moervaert. Quoiqu'il réussit 
à enlever le village de Wachtebeke, il ne put cependant forcer le défilé 
défendu par le général espagnol Becx. Le prince d'Orange, informé du 
peu de succès des opérations de son lieutenant, accourut avec le reste 
de son armée, qui se trouvait dans ses cantonnements aux environs de 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 3 


Eat 


Bergen-op-Zoom, se dirigea sur Bruges par Maldegem et Oost-Eecloo, 
afin de forcer l'ennemi à sortir de ses positions; mais le général Becx se 
contenta de détacher quelques compagnies pour renforcer le corps d’ar- 
mée du prince de Lorraine, qui commandait à Bruges. 

Frédéric-Henri, voyant de nouveau échouer son entreprise, marcha sur 
le village de Mariakerke, situé aux environs de Gand, dans l'intention 
de s'emparer de cette ville, où il avait quelques intelligences et qui n’é- 
tait défendu que par une faible garnison; mais le duc de Lorraine et les 
généraux Becx et Picolomini prévenant son projet, allèrent à la hâte 
s’enfermer dans cette place. Alors le prince, tournant la ligne d’inonda- 
tion, se porta sur Vinderhaute et de là sur Deynze, où il passa la Lys, 
après avoir battu, conjointement avec l’armée française, le corps d'armée 
commandé par Becx. 

Les Français, qui avaient battu en retraite pour aller couvrir leurs fron- 
tières, mirent le prince d'Orange dans une position très-critique : aban- 
donné de ses alliés, presque isolé au milieu d’un pays ennemi et séparé 
de sa ligne d'opération, son armée courut les plus grands dangers. Il se 
retira de cette position en capitaine habile : se rejetant brusquement sur 
l'Escaut, il traversa ce fleuve sur un pont de bateaux à Zwynaerde et à 
Melle, marcha droit sur Lokeren et alla investir Hulst, qu'il emporta 
après un siége de quinze jours. 

La paix de Munster (1648) et celle des Pyrénées (1659) mirent fin 
aux hostilités; l’une valut aux Provinces-Unies leur indépendance, l’autre 
donna à la France un accroissement considérable de territoire. 

Les graves événements que nous venons d’esquisser et dont la Flandre 
centrale fut principalement le théâtre, démontrent que la ville de Gand 
dut plutôt son salut à son heureuse situation, qui lui permettait de cou- 
vrir ses abords par une longue ligne d’inondations, qu'à la solidité de 
ses remparts. Il est à remarquer que l'enceinte fortifiée qui entourait 
la partie élevée de la ville, comprise entre l’Escaut et la Lys, se trou- 
vant en dehors de la ligne d'inondation et n'étant protégée par aucun 
ouvrage extérieur, ne pouvait offrir une résistance bien sérieuse en cas de 
siége, quoiqu’elle fût entièrement revêtue en maçonnerie. C'était un très- 


38 LA VILLE DE GAND 


grave danger, surtout en cas de guerre avec la France, parce que ce n’é- 
tait que de ce côté que l'attaque pouvait être dirigée avec quelque chance de 
succès. En 1671, on essaya d'y obvier, en construisant, à environ 500 mè- 
tres en dehors de l'enceinte, plusieurs lunettes et demi-lunes, ainsi qu'un 
ouvrage à cornes, appelé le fort Monterey, revêtus en maçonnerie et 
pourvus de contre-mines. À cette occasion, on entoura de nouvelles for- 
tifications les faubourgs du Sas et de Bruges, et la partie Est de la ville 
entre l’Escaut supérieur et inférieur. 

IL paraît que ces constructions furent faites aux frais du gouvernement 
général des Pays-Bas; cependant, la ville de Gand y contribua aussi pour 
une somme considérable. Par ordonnances des 30 avril et 15 août 1671, 
elle fut autorisée à lever à cet effet un impôt extraordinaire de 60,000 
florins sur le papier timbré, et de 70,000 florins sur l’accise du vin !. 

Les événements ne tardèrent point à prouver l'utilité de ces précautions. 

Le traité des Pyrénées, en sanctionnant le morcellement de la Belgique, 
stipula le mariage du jeune Louis XIV avec l’infante Marie-Thérèse. 

En épousant la fille aînée de Philippe IV, le monarque français avait dû 
renoncer à tous ses droits sur la couronne d’Espagne; à la mort de son 
beau-père (1665), il chercha à éluder, du moins en partie, les clauses du 
traité des Pyrénées. 

Il existait dans les duchés de Brabant et de Limbourg une loi coutu- 
mière qui assurait aux enfants du premier lit, à la mort d’un de leurs 
parents, le droit de conserver la possession des biens propres du survi- 
vant, à l'exclusion des enfants à naître d’un deuxième mariage. Ce droit 
était connu sous le nom de droit de dévolution. Louis XIV s’en prévalut 
pour réclamer le Brabant du chef de sa femme. C'était évidemment une 
prétention imaginaire, car le droit de dévolution n'avait jamais eu un ca- 
ractère politique. 

Quoi qu'il en soit, le roi de France envahit la Flandre et le Hainaut, et 
après s'être emparé d’une grande partie de ces deux provinces, il donna 
l'ordre, en 1678, au maréchal d'Humières de mettre le siége devant la 


1 Placards de Flandre, &. UK, pp. 182 et 489. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 59 


ville de Gand, que le duc de Villa-Hermosa avait dégarnie de troupes. 
Don Francisco de Pardo, qui commandait la place, n’avait sous ses ordres 
que trois régiments, pour tenir tête à une armée nombreuse et pour dé- 
fendre une enceinte qui n'avait pas moins de deux lieues de développe- 
ment. Pour engager les habitants à prendre les armes et à concourir à la 
défense des remparts, le général espagnol leur promit de nouveaux pri- 
viléges ; mais lesprit communal s'était presque entièrement éteint, et la 
perspective de nouvelles franchises n’avait plus comme autrefois la magie 
d'électriser la bourgeoisie. 

La ville étroitement investie par les maréchaux d'Humières, de Luxem- 
bourg, de Lorges, de Schomberg et Vauban (ce dernier dirigeait les tra- 
vaux du siége), était entourée presque de toutes parts d’une large ceinture 
d’eau, et il ne restait aux assiégeants que l'alternative ou de renoncer à 
leur projet, ou de diriger l'attaque sur les hauteurs de S'-Pierre. Le 
8 mars, à onze heures du soir, fut donné le signal de l'assaut; le duc de 
Villeroy et le colonel de Saint-Georges enlevèrent les demi-lunes qui cou- 
vraient la porte de Courtrai, et le lendemain de Pardo, voyant l'impossi- 
bilité d’opposer une plus longue résistance, capitula après avoir vail- 
lamment défendu la place pendant six jours. La ville resta au pouvoir 
des Français jusqu’à la paix de Nimègue (1678). 

La ville de Gand joua un rôle important dans la guerre de la succes- 
sion d'Espagne : elle fut prise tour à tour par les armées françaises et par 
les troupes alliées. 

On connait l’origine de cette longue lutte, qui fut pour Louis XIV une 
série d'humiliations et de désastres, et pour la France une cause d’épui- 
sement et de ruine. 

Charles IT était monté sur le trône d'Espagne à la mort de Philippe IV; 
mais une santé débile et languissante le condamnait à une mort préma- 
turée. Ce prince, faible et maladif, n'ayant point d'enfants, sa succession 
excitait la convoitise des maisons de France et d'Autriche. Pour main- 
tenir l'équilibre européen et éviter la reprise des hostilités, l'Angleterre, 
la Hollande et la France conclurent à la Haye, en 1698, un traité secret 
par lequel ces puissances partagèrent la monarchie espagnole du vivant 


40 LA VILLE DE GAND 


même du roi d'Espagne. D’après ce traité, le duché de Lorraine, les royaumes 
de Naples et de Sicile et quelques petites principautés d'Italie étaient attri- 
bués au dauphin de France; l’archidue Charles obtenait le duché de 
Milan, et le prince électeur de Bavière devait succéder au trône d’Es- 
pagne. 

Charles IT mourut le 1* novembre 1700, et, au grand étonnement de 
l'Europe, on trouva un testament, daté du 2 octobre précédent, par lequel 
le duc d'Anjou, deuxième fils du dauphin de France, était désigné pour 
recueillir l'immense succession du monarque espagnol. 

Louis XIV, oubliant l'engagement solennel qu'il avait pris à la Haye, 
ne songea qu'à faire valoir les droits de son petit-fils, et se hâta de faire 
occuper les Pays-Bas. A cette nouvelle l'Europe s’arma contre la France ; 
il se forma à la Haye une ligue formidable, dans laquelle entrèrent outre 
la Hollande, l'Angleterre et l'Empereur, la Prusse, le Portugal, les princes 
de l'Empire et plus tard le duc de Savoie. Les hostilités commencèrent au 
mois de septembre 1702; le duc de Marlborough était à la tête des 
troupes alliées, tandis que le prince Eugène dirigeait les opérations en 
Italie; le maréchal de Boufflers commandait l’armée française. 

Après plusieurs campagnes sans résultats décisifs, la guerre fut portée 
en Allemagne. L’électeur de Bavière, appuyé d’un corps de troupes fran- 
çaises, avait formé le projet d’envahir l'Autriche; déjà il s'était avancé 
jusqu'à Donawert; le duc de Marlborough vola au secours des Impériaux 
et parvint à opérer sa jonction avec le prince Eugène; dès ce moment 
l'issue de la campagne ne fut plus douteuse : les armées se rencontrèrent 
dans les plaines d'Hochstedt, où le maréchal de Tallard, qui commandait 
les Français, essuya une sanglante défaite; les alliés y firent près de 
50,000 prisonniers et s’emparèrent de plus de 100 bouches à feu. 

Cette brillante victoire obligea les Français à se replier sur le Rhin; 
ils y furent suivis par les alliés, et la Belgique devint dès lors le principal 
théâtre des événements militaires, dont les suites furent si désastreuses 
pour la France. 

En 1706, Louis XIV avait levé une nouvelle armée de 70,000 hommes, 
commandée par le maréchal de Villeroi. Le général français, n’osant se 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 41 


hasarder dans la plaine, avait échelonné toutes ses forces derrière la Dyle 
du côté de Louvain; le duc de Marlborough, par une manœuvre habile, 
le força de sortir de ses retranchements et le défit complétement aux en- 
virons de Ramillies, à deux lieues de Jodoigne. Cette défaite mémorable 
coûta à la France 20,000 hommes et une grande partie de son artillerie. 

L’électeur de Bavière courut à Bruxelles, assembla en toute hâte ses 
papiers, ses bijoux et ses meubles les plus précieux et vint se réfugier 
sous le canon de Gand !. 

La victoire de Ramillies ouvrit au célèbre général anglais les portes de 
presque toutes les villes de la Belgique. Il fit successivement son entrée 
à Louvain et à Bruxelles, ensuite il se présenta devant la ville de Gand, 
d’où les ennemis se retirèrent Le 4* juin, laissant dans le fort de Monterey 
deux bataillons espagnols, qui se rendirent presque immédiatement. 

Le comte de Nassau, fils du feld-maréchal d'Ouwerkerke, fut nommé 
gouverneur de la place. 

Les campagnes de 1707 et de 1708 ne commencèrent pas, pour les 
alliés, sous de favorables auspices. Louis XIV était parvenu, non sans de 
grands sacrifices , à réparer les pertes qu’il avait essuyées en Italie et en 
Belgique. Pendant que les Français forçaient le prince Eugène à lever le 
siége de Toulon, les ducs de Vendôme et de Bourgogne tenaient les alliés 
en échec en Brabant. Cependant Marlborough manifesta l'intention d'aller 
assiéger Lille; à cette nouvelle, le duc de Bourgogne, pour faire diver- 
sion, résolut de surprendre quelques villes de la Flandre défendues par 
de faibles garnisons. À cet effet, il divisa son armée en deux corps, l'un, 
sous le commandement du comte de Chemerault, était chargé de se rendre 
maître des passages de la Dendre, l'autre, placé sous les ordres du mar- 
quis de Grimaldi, qui avait pour lieutenants le baron de Capres et le bri- 
gadier Della Faille, ancien grand bailli de Gand, avait mission de sur- 
prendre la ville de Gand. 

De Grimaldi, après une marche rapide, se présenta devant cette place le 
5 juillet, de grand matin, et envoya immédiatement quelques soldats à la 


! Rousset, Histoire militaire du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough, t. W, p. 215. 


Tous XXV. 


42 LA VILLE DE GAND 


porte de S'-Liévin, où ils se présentèrent comme déserteurs. Cette porte 
n’était gardée que par un piquet de bourgeois. Les prétendus déserteurs 
sont bien accueillis et conduits à la grand’garde; chemin faisant, quel- 
ques-uns d’entre eux se laissent choir à terre sous prétexte de lassitude, 
et demandent de l’eau-de-vie. Pendant ce temps, d’autres faux transfuges se 
présentent devant la même porte et vont rejoindre leurs camarades. Alors 
le comte Della Faille s’avance à la tête de cent hommes; par hasard, le 
soldat qui était en faction, ayant fait partie de son régiment, le reconnait 
et le couche en joue; Della Faille lui met quelques pistoles dans la main, 
passe outre, suivi de ses hommes et court se rendre maître des portes de 
Bruges, de Meulestede et de la Muyde, afin de fermer l'entrée de la ville 
au comte de Murray, qui était campé à Mariakerke et à Lovendegem avec 
trois ou quatre bataillons d’infanterie et un régiment de dragons. 

Pendant que Della Faille exécute ce hardi coup de main, de Grimaldi fait 
passer le reste de son détachement par la porte de S'-Liévin et va occuper 
militairement les principaux quartiers de la ville. Quand toutes les posi- 
tions furent gardées, le brigadier général se rendit à la maison de ville 
et présenta au magistrat une lettre de l'électeur de Bavière, datée du 
12 mai et portant en substance : « Que, dans l'espoir que la supériorité 
» des armes du duc de Bourgogne délivrerait la plupart des villes de 
» Flandre du joug des alliés , il avait jugé à propos, avant de partir pour 
» le Rhin, de laisser ses ordres pour témoigner en ce cas-là aux magis- 
» trats de Gand et au peuple la satisfaction qu’il éprouvait de les voir 
» toujours bien intentionnés et zélés pour le roi Philippe, même depuis 
» le changement arrivé, et pour les assurer qu’en cas qu’ils fussent remis 
» sous l’obéissance du roi, non-seulement on leur confirmerait leurs pri- 
» viléges, mais qu’on les augmenterait encore, ainsi qu’il serait jugé à 
» propos pour le bien public; et qu’enfin, S. A. E., en qualité de gouver- 
» _neur général, accorderait à la ville et à la province même une ammistie 
» générale de tout ce qui avait été fait depuis la bataille de Ramillies et 
» confirmerait pour deux ans le magistrat de Gand 1. » 


! Rousset, Histoire militaire du prince Eugène, t. I, pp. 247-248. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 45 


Cependant, le gouverneur de la place, voyant les Français maîtres de 
la ville, s'était enfermé dans la citadelle avec 3,000 hommes, dans l’in- 
tention d’opposer une vigoureuse résistance. Le marquis de Grimaldi le fit 
sommer de se rendre; mais le commandant répondit à cette sommation 
par des coups de canon; alors le général français fit immédiatement dresser 
quelques batteries contre le château, et avant d’en venir à une attaque 
sérieuse, il envoya le magistrat auprès du gouverneur pour lui faire con- 
naître l’état réel des choses et l’engager, dans l’intérêt de la ville, à ne 
pas prolonger la résistance. La citadelle fut remise aux Français dans la 
matinée du 10 juillet. 

Ce faible succès ne fut pas de longue durée : le lendemain de la prise 
de Gand, les ducs de Bourgogne et de Vendôme essuyèrent une défaite 
sanglante aux environs d’Audenarde. Dès cet instant, les Français perdi- 
rent une à une toutes les positions dont ils étaient parvenus à s'emparer 
au début de la campagne. Les alliés investirent d’abord Lille, qui, malgré 
la belle et savante défense du maréchal de Boufflers, fut emporté après 
dix semaines de siége; ensuite, malgré la saison avancée — c'était au mois 
de décembre —., ils résolurent de bloquer la ville de Gand, qui était une 
des dernières places où les Français avaient réussi à se maintenir. Le comte 
de la Mothe, qui y commandait, avait sous ses ordres vingt-neuf batail- 
lons , plusieurs régiments de dragons, et la ville était abondamment pour- 
vue de vivres, d'artillerie et de munitions de toute espèce. 

Louis XIV attachait la plus grande importance à la conservation de 
cette place, parce qu’elle lui donnait un pied dans le pays; Chamillart 
exprimait donc parfaitement les intentions de son maître, quand il écri- 
vait la lettre suivante au comte de la Mothe : « La conservation de Gand 
» est d’un si grand poids que vous ne sauriez, de concert avec le baron 
» de Capres, M. Della Faille, les brigadiers et autres officiers supérieurs, 
» vous appliquer avec trop de soins à une longue et vaillante défense, 
» dans le cas où les ennemis se résoudraient à vous assiéger. Quoique la 
» ville par elle-même ne soit pas forte, elle ne présente aux attaques qu'un 
» abord étroit et difficile. Vous avez des troupes assez nombreuses pour 
» défendre un chemin couvert et pour faire payer cher aux alliés la prise 
» de la ville, s'ils persistent dans le projet de s’en emparer. 


LA VILLE DE GAND 


CS 
CSS 


» Après avoir eu le malheur de commander dans la ville d'Ostende, que 
» les ennemis ont conquise en peu de jours, après le combat de Winen- 
»_dale, où vous n’avez pas été plus heureux, il est de la plus grande impor- 
» tance, pour vous comme pour Sa Majesté, que l’occasion qui se pré- 
» sente aujourd'hui puisse lui donner une si bonne opinion de vous que 
» vous obteniez de Sa Majesté les marques de distinction pour lesquelles 
» vous avez si souvent travaillé. Si vous êtes assiégé, vous devez mettre en 
» œuvre tous les moyens possibles pour prolonger le siége de telle sorte 
» qu'il occasionne de grands frais aux alliés, et leur disputer le terrain 
» pied à pied, comme a fait le maréchal de Bouflers. Je connais la diffé- 
» rence qui existe entre les fortifications de Lille et celles de Gand. 
» Cependant cette dernière ville a un bon chemin couvert, ce qui est d’une 
» grande utilité; après six semaines de siége, les ennemis n'étaient pas 
» encore entièrement maîtres de celui de Lille, bien que la situation de 
» cette ville soit moins forte que la vôtre 1. » 

Le duc de Marlborough, qui se trouvait à Beirlegem, quitta ses can- 
tonnements le 11 décembre 1708, traversa le village de Melle et vint 
planter ses tentes devant le corps de la place; il y fut rejoint le surlen- 
demain par le prince Eugène et par le prince d'Orange. À cause de l’état 
avancé de la saison, et pour éviter de devoir traîner le siége en longueur, 
les alliés résolurent d’attaquer simultanément la place par trois côtés 
différents. Le corps d’armée du comte de Lottum était campé sur le pla- 
teau, situé entre la route de Courtrai et le haut Escaut, à Zwynaerde, 
c’est-à-dire en face du fort Monterey; celui du prince héréditaire de 
Hesse-Cassel s’était déployé entre la porte de l'Empereur et le bas Escaut; 
le duc de Wurtemberg était chargé de bloquer étroitement le château des 
Espagnols. Le 24 et le 25, la tranchée fut ouverte sur les trois points 
d'attaque; le lendemain, les assiégés firent une vigoureuse sortie entre 
les portes de la Colline et de Courtrai, et mirent en déroute deux régi- 
ments anglais; toutefois, quelques autres régiments, accourus pour les dé- 
gager , forcèrent les Français à regagner la place. Le 27, les assiégeants 


* Voyez l'Histoire de Flandre par M. Kervyn de Lettenhove, VI, pp. 491-492. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 45 


emportèrent le Fort-Rouge, où ils firent 200 prisonniers, et se dispo- 
saient à faire jouer leur artillerie, qui était nombreuse et avantageuse- 
ment établie, lorsque le comte de La Mothe, sous prétexte de vouloir 
sauver la ville d’un embrasement imminent, demanda à entrer en négo- 
ciations. La capitulation fut signée le 29 décembre, et le 2 janvier sui- 
vant, la garnison abandonna la place et se dirigea, avec six pièces de 
canon, sur Tournai. 

La campagne de 1709 fut aussi désastreuse pour les armes de Louis XIV 
que celles qui l'avaient précédée ; les plans en furent arrêtés à Gand, le 
12 juin de cette année, entre le duc de Marlborough et le prince Eugène 
de Savoie. 

Il n'entre pas dans notre sujet de faire connaître les événements mili- 
taires qui suivirent la prise de notre ville et qui forment la dernière 
phase de cette longue et sanglante lutte pour la succession du trône 
ébranlé de Charles IT; disons seulement que les alliés triomphèrent 
encore à Malplaquet, mais que la défaite que Villars leur fit essuyer à 
Denain, les engagea à traiter avec Louis XIV, et que la paix d'Utrecht 
(1715) et le traité de la Barrière, qui firent passer les Pays-Bas espagnols 
sous la domination de la maison d'Autriche, mirent fin aux hostilités qui 
avaient tenu l'Europe pendant treize années en émoi. 

Le nom de la ville de Gand ne paraît plus avec quelque éclat dans l’his- 
toire militaire du XVIII: siècle que dans les premières années du règne de 
Marie-Thérèse. 

L'empereur Charles VI, afin d'assurer à sa fille la paisible possession de 
ses États héréditaires, avait fait souscrire par tous ceux qui auraient pu 
élever des droits éventuels à sa succession, un pacte de famille par lequel 
il était statué que toutes les parties de la monarchie autrichienne devaient 
former désormais un tout indivisible, transmissible par droit de primo- 
géniture et, à défaut de descendants mâles , à l’aînée des archiduchesses 
ses filles. 

A peine l'Empereur eut-il fermé les yeux qu’un orage formidable vint 
subitement fondre sur la tête de Marie-Thérèse, dont le trône était encore 
mal affermi. Attaquée presque simultanément par les rois d'Espagne, des 


46 LA VILLE DE GAND 


Deux-Siciles, de Sardaigne, de Prusse , de Pologne, et par l'électeur de 
Bavière , le trésor épuisé, l’armée réduite à 30,000 hommes, par suite 
des dernières guerres que Charles VI avait eu à soutenir contre les Fran- 
çais et les Turcs, la jeune souveraine se trouvait dans une position des 
plus critiques. 

Le bel et noble dévouement des Hongrois et l’héroïque conduite de 
Marie-Thérèse sauvèrent la monarchie. Aussi longtemps que l'attitude des 
Provinces-Unies pouvait laisser des doutes sur leurs véritables intentions, 
la France s'était bornée à appuyer sous main les ennemis de l’Autriche. 
mais dès l'instant où l'Angleterre et la Hollande embrassèrent ouvertement 
la cause de Marie-Thérèse, Louis XV fit immédiatement déclarer la guerre 
à l'Impératrice, et conduisit lui-même en Belgique une armée considéra- 
ble, placée sous le commandement du célèbre maréchal de Saxe. Menin, 
Ypres et Courtrai tombèrent presque immédiatement au pouvoir des 
Français, et la mémorable victoire de Fontenoi leur livra la Flandre et 
le Hainaut. 

Cependant les Anglais, craignant que les Français n’allassent immédia- 
tement investir la ville de Gand, qui renfermait les magasins des alliés, 
essayèrent de jeter 6,000 hommes dans cette place; le vicomte de Chayla 
les rencontra à Melle, à une lieue de Gand, et les mit dans une déroute 
complète. Cette action coûta aux Anglais 500 morts et 1,500 prisonniers. 

Louis XV était campé avec son armée à Rooborst, entre Audenarde et 
Grammont. Aussitôt que les Gantois apprirent que les Français s’avan- 
çaient dans la direction de leur ville, ils élevèrent à la hâte quelques for- 
tifications en avant de la place, et pourvurent la citadelle d’un matériel et 
des munitions nécessaires pour pouvoir opposer au besoin une vigoureuse 
résistance. Malheureusement, la garnison ne se composait que de huit 
cents hommes, commandés par le baron de Kiesegem. Le commandant 
fit demander au magistrat des instructions sur la manière dont il fallait 
pointer les canons qui défendaient la ligne fortifiée en avant du quartier 
de S'-Pierre ; car, comme le seul chemin couvert par où on pouvait péné- 
trer dans la place se trouvait dans cette direction, on supposait, avec 
raison, que l'attaque serait dirigée de ce côté. L’inexpérience du com- 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 4 


I 


mandant n’était pas de bon augure pour la défense de la ville. En effet, 
les Français se présentèrent devant les remparts, le 11 juillet 1745, à 
trois heures du matin, et pendant que le vicomte de Chayla, qui s’avan- 
çait vers la porte de l'Empereur, envoyait quelques boulets dans la ville, 
les troupes du comte de Lowendahl traversèrent à la nage le fossé qui 
bordait l’enceinte fortifiée comprise entre les portes de St-Liévin et 
de la Colline, et s’'emparèrent, presque sans coup férir, du corps de la 
place. Le baron de Kiesegem se retira avec la faible garnison dans le 
château qu'il fut bientôt obligé de rendre. 

Louis XV, après avoir confié l’intendance générale de la Flandre à de 
Sechelles, fit son entrée solennelle dans la ville de Gand, le 25 juillet. Le 
corps des échevins, suivi de toutes les confréries et de cent hommes riche- 
ment vêtus et portant dans la main un flambeau allumé, allèrent à Ja 
rencontre du roi jusqu’à la barrière, hors la porte de la Colline, où le 
vin d'honneur lui fut offert, de même qu’au Dauphin, aux ducs de Pen- 
thièvres, de Boufflers, etc. Louis XV, après avoir assisté, pendant trois 
jours, à des fêtes et à des réjouissances publiques, organisées en son hon- 
neur , alla se faire recevoir , avec le même cérémonial, à Bruges. 

La ville de Gand resta pendant trois ans au pouvoir des Français; elle 
fut rendue à Marie-Thérèse après la conclusion du traité d’Aix-la-Cha- 
pelle (1748) !. 

Depuis la prise de la ville de Gand par les armées de Louis XV, cette 
place perdit insensiblement son importance militaire. En 1781, Joseph I 
décréta le démantèlement de plusieurs places fortes de la Belgique et entre 
autres de celle de Gand. Voici la dépêche que le duc de Saxe-Teschen, gou- 
verneur général, adressa, à ce sujet, aux échevins de la keure : « Chers 
» et bien amés ; comme Sa Majesté, après avoir pris une inspection du 
» local des provinces des Pays-Bas , a jugé que, pour l'avantage desdites 
» provinces , des administrations et de son service, il convient de ne con- 
» server dans la plupart des villes que le seul cordon et le fossé capital 
» pour prévenir la défraudation des droits et impôts, et qu'en consé- 


* Voy. un article sur la prise de Gand, par Louis XV, dans la Revue de Bruxelles, février 
1540. 


48 LA VILLE DE GAND 


» quence, on ferait profit des terrains des différentes fortifications, soit 
» de la part des royales finances, soit de la part des villes, selon les 
» propriétés respectives; nous vous faisons les présentes pour vous en 
» informer, et nous vous prévenons en même temps que le commissaire 
» de la chambre des comptes, qui est chargé de l'exécution des souve- 
» raines intentions de Sa Majesté à cet égard, vous communiquera ce qui 
» concerne la démolition des fortifications de la ville et du château de 
» Gand, vous chargeons , en conséquence, d’ajouter entière foi et créance 
» à ce que ledit commissaire vous dira, et de concourir, en tout ce qui 
» pourra dépendre de vous, à la prompte exécution des volontés de Sa 
» Majesté. A tant, chers et bien amés, Dieu vous ait en sa sainte garde. 
» De Bruxelles, le 22 novembre 1781 » 1. 

Conformément à cette dépêche, tous les terrains militaires qui n'étaient 
pas nécessaires pour assurer la perception des droits d'octroi, furent 
exposés en vente; cependant comme toutes les parties de nos anciennes 
fortifications n'avaient pas la même origine, que les unes, telle que l’en- 
ceinte continue, avaient été construites aux frais exclusifs de la ville, que 
les autres, notamment les ouvrages extérieurs du château, le fort Mon- 
terey, les lunettes et les demi-lunes élevées entre l'Escaut et la Lys, et 
les travaux exécutés dans les faubourgs de la porte de Bruges et du Sas, 
de même que ceux situés entre l’Escaut supérieur et inférieur, avaient 
été établies par le gouvernement général, il fut ordonné de tenir compte 
de cette circonstance et de vendre les premières au bénéfice de la caisse 
communale et les autres au profit du trésor public ?. 

Les terrains appartenant à l'État furent divisés en 69 lots et vendus, 
sous la direction du receveur des fortifications van Overloop, les 23 et 
25 février 1782, au prix de 45,954 florins. Ils consistaient en plusieurs 
lunettes, retranchements, etc., situés devant les faces des contre-gardes 


! Aux archives de la ville de Gand. 

2 Il existe aux archives de la ville de Gand un dossier qui contient des documents très-intéres- 
sants relatifs aux travaux de démolition exécutés en 4782, et notamment plusieurs plans, certifiés 
par le capitaine du génie Boulangé, où les terrains appartenant respectivement à l'État et à la ville 
sont soigneusement indiqués. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 49 


des portes de l'Empereur, de S'-Liévin, de S'-Pierre et de Courtrai, l'ou- 
vrage à cornes de Monterey, les fortifications élevées en avant des portes 
de Bruges et du Sas, les terre-pleins et les parapets de la face gauche 
de la contre-garde des bastions de S'-Marie et de S'-Jacques, hors la porte 
d'Anvers, l’esplanade de la citadelle, etc. 

Les terrains appartenant à la ville furent divisés en 15 lots et vendus, 
le 19 septembre suivant, au prix de 7,568 florins. Les années suivantes, 
on exposa en vente publique plusieurs anciennes portes de la ville, quel- 
ques canons et un grand nombre d'armes à feu et des munitions de 
guerre se trouvant dans les arsenaux !. 

Un arrêté du préfet Faipoult, du 21 mai 1806, ordonna à tous les 
acquéreurs de terrains militaires de déposer, dans la quinzaine, à la pré- 
fecture du département, sous peine de déchéance, les titres en vertu 
desquels ils jouissaient, accompagnés des quittances justificatives de leur 
libération. Cette formalité fut scrupuleusement remplie ?. 

Il est à remarquer que presque tous les terrains provenant des an- 
ciennes fortifications, vendus en 1782, étaient situés au delà des fossés 
de la ville. Le 27 mars 1787, le magistrat mit en adjudication les 
travaux de démolition des murs et des contre-forts et de nivellement 
des remparts d'Hembyze, c’est-à-dire de toute la partie de l’ancienne en- 
ceinte fortifiée comprise entre la seconde porte de Bruges et le moulin 
situé à l'extrémité de l'endroit dit ‘t Enderweere. I résulte du cahier des 


1 Les procès-verbaux de ces diverses ventes sont conservés aux archives de la ville de Gand. 

2 Voici le texte de cet arrêté : Le préfet, vu la lettre du directeur des domaines, en date du 
13 de ce mois, par laquelle il invite le préfet à prendre des mesures pour que les détenteurs ac- 
tuels des terrains et bâtiments dépendant des fortifications de la ville de Gand et de la citadelle, 
qui se trouvent dans son enceinte, représentent les titres en vertu desquels ils jouissent et les quit- 
tances justificatives de leur libération; 

Vu le procès-verbal qui a été tenu de la vente de ces propriétés; 

Considérant que nonobstant les diverses interpellations qui ont été faites aux détenteurs desdits 
biens, à l'effet de produire leurs titres et les quittances de leur libération, ils sont restés jusqu'à 
présent en défaut d'y satisfaire; 

Considérant qu'il est de l'intérêt du Gouvernement de sassurer que les détenteurs des biens 
dont il s'agit jouissent en vertu d'un titre légal, et qu'ils ne doivent plus rien sur le prix des 
acquisitions qu'ils ont faites du gouvernement autrichien ; 


Tome XXV. 7 


50 LA VILLE DE GAND 


charges que nous avons sous les yeux, que les ouvrages ne devaient 
pas être rasés à fleur de terre, mais que les adjudicataires étaient tenus 
d'extraire les fondements des murs à une profondeur de six pieds au-des- 
sous du niveau du chemin longeant le fossé, et que, dans les travaux de 
nivellement, ils devaient tenir compte de la déclivité du terrain. 

Tel était l’état de nos anciennes fortifications à l’époque de l'entrée des 
Français. Il nous reste à faire connaître la dernière phase de l’histoire 
militaire de notre cité. Cette partie de notre travail, à défaut d’autre 
mérite, aura du moins celui de fournir quelques renseignements utiles 
sur les diverses dispositions législatives qui ont fait déchoir la ville de 
Gand du rang de place de guerre. 

La première loi que nous trouvons dans le vaste arsenal législatif que 
nous à légué la première révolution française, est celle du 1° décembre 
1790, dont l’art. 5 contient la disposition suivante, qu’il est nécessaire 
de reproduire pour l'intelligence de ce qui va suivre : « Les murs et les 
» fortifications des villes entretenus par l'État et utiles à sa défense font 
» partie des domaines nationaux ; il en est de même des anciens murs, 
» fossés et remparts, de celles qui ne sont point places fortes, mais les 
» villes et communautés qui en ont la jouissance actuelle y seront main- 
» tenues, si elles sont fondées en titres ou si leur possession remonte à 
» plus de dix ans, et à l'égard de celles dont la possession aurait été 
»_troublée ou interrompue depuis quarante ans, elles y seront rétablies. » 

Survint la loi du 7 brumaire an IX, ordonnant la remise à l'autorité 


Arrète : 4° Tous les détenteurs actuels des murs, fossés, remparts, bâtiments et terrains mili- 
taires de la ville de Gand et de sa citadelle, qui ont été vendus par ordre de Joseph IF, le 25 février 
1782, sont tenus de remettre à la préfecture, dans la quinzaine qui suivra la signification qui leur 
sera faite du présent arrêté, tous les titres en vertu desquels ils jouissent, accompagnés des quit- 
tances justificatives de leur libération; 

2° Ceux de ces détenteurs qui n'ont pas acquis directement du gouvernement autrichien, seront 
tenus de produire indépendamment de leurs titres ceux de l'acquéreur primitif de ces immeubles , 
et d'y joindre la quittance de son entière libération ; 

3° Les biens dont il s'agit, possédés par des particuliers qui n'auront pas déposé dans le délai 
preserit les pièces qui leur sont demandées, seront mis sous le séquestre par le receveur des do- 
maines , à Gand ; 

4 Le présent arrêté sera signifié, etc. Fait à Gand, le 21 mai 1806. Signé Farpouzr. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 51 


militaire des terrains, fortifications, etc., de la ville de Gand, et celle du 
{+ vendémiaire an XII, décrétant la suppression de plusieurs places fortes 
de la Belgique, et notamment de celle de Gand (le château seul excepté) 
et l'aliénation des fortifications et bâtiments militaires au profit du do- 
maine , à l'exception de ceux nécessaires à la garnison, lesquels devaient 
être désignés par une commission mixte à nommer à cet effet. 

En présence de ces deux lois, dont l’une maintenait, moyennant cer- 
taines conditions, les villes dans la jouissance de leurs murs, fossés et 
remparts, tandis que l’autre les dépossédait sans aucune compensation, 
l'administration communale de Gand réclama énergiquement l'exécution 
pure et simple, en sa faveur, de la loi du 1 décembre 1790. A l'appui de 
sa juste réclamation, elle produisit un mémoire très-développé, appuyé 
d’un grand nombre de titres, extraits de ses archives, dans lequel elle 
prouva à la dernière évidence que la ville avait eu non-seulement la jouis- 
sance immémoriale et non interrompue de ses murs, fossés et remparts, 
mais que même la plus grande partie de son enceinte fortifiée avait été 
construite, au XVI: siècle, à ses frais exclusifs. 

. Ce mémoire fut adressé au Ministre de la guerre, le 50 brumaire an XI, 
par le préfet du département de l’'Escaut, qui y ajouta le rapport suivant : 

« J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un mémoire appuyé d’un très- 
» grand nombre de pièces que vous adresse le maire de la ville de Gand, 
» à l'effet d’être maintenue ou rétablie dans la propriété des fossés et rem- 
» parts et autres emplacements militaires de ladite ville (le chàteau excepté). 

» Ce mémoire repose sur la propriété de la ville de Gand auxdits ter- 
» rains et fortifications, sur sa possession immémoriale, sur les disposi- 
» tions de l’art. 5 de la loi du 1% décembre 1790, enfin sur la nécessité 
» de conserver à une ville sujette à des dépenses considérables et qui n’a 
» d’autres revenus pour y pourvoir que le produit d’un octroi, les seules 
» barrières qui lui garantissent ce genre de revenu, sans lesquelles il serait 
» paralysé et réduit à rien par la fraude actuellement si bien réprimée , 
» mais toujours prête à se relever au moindre espoir de succès. 

» L’exposé du maire de la ville de Gand, les titres à l'appui de sa 


réclamation établissent d’une manière si évidente les droits de propriété 


52 LA VILLE DE GAND 


de ladite ville, que je suis convaincu, citoyen Ministre, qu'une seule 
lecture de ces nombreuses pièces suffira pour faire disparaître le moindre 
doute que vous pourriez concevoir sur la légitimité de la réclamation 
dont il s’agit. Les pièces produites par le maire remontent aux années 
1500, et se succèdent jusqu'en prairial an IX, époque de la remise à 
l'autorité militaire, conformément à l'arrêté du Gouvernement du 7 bru- 
maire an IX, des terrains, fortifications et bâtiments militaires de la 
ville de Gand. 

» Ces pièces prouvent, les unes le droit de propriété de la ville sur les 
objets dont il s’agit, par suite de l'indemnité qu'elle a accordée aux 
propriétaires des terrains qui avaient été incorporés dans les fortifica- 
tions qu’elle a fait construire à ses frais et par ses habitants en 1371 
(1577); d’autres prouvent encore la propriété de cette ville par le fonds 
qu’elle a donné, en 1671 , pour étendre et augmenter ses fortifications. 
D’autres prouvent sa possession paisible, immémoriale et non inter- 
rompue des susdits objets jusqu’en prairial an IX, époque, ainsi qu'il a 
été dit plus haut, de leur remise à l'autorité militaire. D'autres, enfin, 
prouvent la déférence qu'ont eue pour les droits de propriété de la ville 
de Gand, les anciens souverains de ce pays, et notamment Joseph IT, 
qui avait ordonné que toutes les places fortes de la Belgique seraient 
démantelées, en abandonnant à la ville de Gand le droit de vendre à 
son profit les fortifications et terrains militaires construits à l’entour 
de son enceinte sur des propriétés qu’elle avait acquises, dans le temps, 
au moyen de l'indemnité qu’elle avait accordée aux propriétaires. 

» Peu de réclamations sont appuyées de titres aussi respectables par 
leur ancienneté et leur authenticité que celle-ci; ils me donnent l'espoir 
qu'étant examinés et appréciés par un Ministre aussi éclairé que vous, 
la réclamation de la ville de Gand aura tout le succès que mérite une 
cause juste et l'intérêt que doit inspirer une des villes les plus impor- 
tantes de la République. » 


Le Gouvernement français, convaincu du fondement de la réclamation 


de l'administration municipale de Gand, prit, le 18 brumaire an XIII, un 
décret portant en substance : « Que la partie des murs, fossés et rem- 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 55 


» parts qui avaient été construits aux frais de la ville de Gand et sur 
» les terrains occupés par elle, lui seraient remis gratuitement en toute 
» propriété. Quant aux portions desdits murs, fossés et remparts faits 
» aux dépens des Gouvernements antérieurs, et qui avaient été construits 
» sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles, 
» qu'ils seraient de même cédés en toute propriété à ladite ville, moyen- 
» pant d'en verser le montant de la valeur au trésor public !. » 


1 Nous croyons devoir reproduire ici le texte de ce décret, qui forme le titre de propriété de la 
ville de Gand des terrains militaires dont il s'agit: « Au palais de S'-Cloud, le 13 brumaire an XHE. 
Napoléon, empereur des Français, vu, le travail fait par la commission mixte assemblée à Gand, 
en exécution de l'art. 3 de l'arrêté du 1° vendémiaire an XII, qui supprime plusieurs places et postes 
de guerre, les observations sur le travail de ladite commission , faites par la direction des fortifica- 
tions de la direction d'Anvers; 

» L’extrait du procès-verbal des séances du conseil municipal de Gand , en date du {°° frimaire 
an XIT; 

» La réclamation formée par le conseil municipal de la ville de Gand, pour que ladite ville soit 
rétablie dans la jouissance et la propriété de ses fossés, remparts et autres emplacements militaires, 
son château excepté; 

» Sur le rapport du Ministre de la guerre, le conseil d'État entendu, décrète : 

» Art. 1%, Le travail de la commission formée pour la ville de Gand, en exécution de l'arrêté du 
Gouvernement du 1 vendémiaire an XIE, relatif : 4° aux terrains susceptibles d'être vendus, et à 
leur division en lots; 2° aux bâtiments, corps de garde et loges, qu'on peut aussi aliéner au nombre 
de 30; 3° aux conditions générales de la vente; 4° aux bâtiments à conserver, conformément à 
l'art. 5 de l'arrêté précité; 5° aux bâtiments qui doivent être remis à la ville, en, par elle, rem- 
plissant les conditions qui lui seront imposées par l'art. 6 du susdit arrêté et auxquelles elle s'est 
assujettie par acte du 1° frimaire an XII; 

» Est approuvé, sauf les modifications suivantes : 

» 4° Le sixième lot des terrains formé par la commission , et la première partie du cinquième , 
évaluée par elle à 1,460 francs, seront conservés et formeront le champ de Mars de la garnison de 
Gand; d 

» 2 Sera conservé aussi celui des deux magasins à poudre qui sera jugé le plus propre à con- 
tenir la poudre qui sera annuellement nécessaire pour l'instruction de la garnison ; 

» 3° Les estimations faites par la commission, tant desdits lots de terrain et des bâtiments, ne 
seront regardées que comme une première mise à prix. 

» Art. 2. La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville de 
Gand et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété; quant 
aux portions desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouvernements 
antérieurs ou qui ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouvernements , 
soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles , ils seront de même cédés en 
toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'estimation qui 
en sera faite par des experts, dont l'un sera nommé par le préfet du département de l'Escaut, et 


54 LA VILLE DE GAND 


En exécution de ce décret, le préfet du département de l'Escaut prit 
un arrêté, en date du 28 mars 1806, par lequel la ville de Gand fut mise 
en possession de la partie de l'enceinte fortifiée dont elle avait justifié la 
propriété au moyen de titres et de documents conservés dans ses archives !; 
enfin, le 8 mai 1807 , elle fit l'acquisition de la partie des murs, fossés, 
remparts et bâtiments élevés aux dépens des Gouvernements antérieurs, 
et qui avaient été construits sur des terrains enlevés aux corporations ecclé- 


l'autre par le conseil municipal de la ville de Gand, sans toutefois que, par le fait de ladite exper- 
tise, les objets cédés à la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix indiqué par la 
commission mixte. 

» Art. 5. Quant aux autres objets, tels que bâtiments, terrains, etc., qui seront, par le conseil de 
la commune de Gand, jugés nécessaires à la perception de l'octroi, ou à quelque établissement utile 
à la commune, elle pourra, dans les trois jours qui suivront l’adjudication, se substituer aux lieu 
et place de chacun des adjudicataires, en leur remboursant le prix entier de leur adjudieation. 

» Art. 4. Les Ministres de la guerre et du trésor publie sont chargés, chacun en ce qui le con- 
cerne, de l'exécution du présent arrêté. Signé Narozéon. Par l'Empereur, le secrétaire d'État, 
Signé Hucues B. Marer ; le Ministre de la guerre, Signé Maréchal Berruter. (Aux Archives de la 
Flandre orientale.) 

« 1 Le préfet, vu la demande du maire de la ville de Gand tendant : 

» 4° A ce que le préfet rétablisse ladite ville dans la possession et jouissance des murs, fossés et 
remparts qui existent encore autour de son enceinte, sauf le droit des particuliers ayant un titre 
légal, à certaines portions dans lesdits murs, fossés et remparts; 

» 2 À ce que le préfet nomme un expert pour procéder, contradictoirement avec celui qui sera 
nommé par le conseil municipal, à l'estimation des parties des murs, fossés et remparts à acquérir 
par la ville, comme provenant d'établissements ecclésiastiques, ladite demande motivée sur l'art. 2 
du décret du 18 brumaire an XIE, relatif aux fortifications dont il s'agit; 

» Vu les pièces jointes à ladite pétition, et notamment le registre contenant les cartes et indica- 
tions figuratives des fortifications de la ville de Gand, formé, en 1590, par l'arpenteur de Buck, 
faisant partie des archives de la mairie, lequel registre indique les parties de terrain sur lesquelles 
ces fortifications ont été construites, en distinguant celles de ces parties dont les propriétaires 
ont été indemnisés par la ville de celles dont les propriétaires ne l’étaient pas à ladite époque 
de 1590; 

» Vu l'arrêté du Gouvernement du 4% vendémiaire an XI, portant que la ville de Gand cessera 
d'être mise au rang des places de guerre; 

» Vu le décret impérial , en date du 48 brumaire an XHE, relatif aux fortifications de ladite ville, 
portant, art. 2: « La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville 
» de Gand, et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété, 
» quant aux parties desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouverne- 
» ments antérieurs, ou qui ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouverne- 
» ments, soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles, ils seront de même 
» cédés en toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'esti- 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. BE) 


siastiques ou civiles. Le prix en fut fixé, par expertise contradictoire , à 
26,155 francs. 

Quant aux bâtiments militaires, leur sort fut définitivement fixé de la 
manière suivante : après la sécularisation des établissements monastiques, 
les édifices provenant des corporations religieuses furent en partie vendus 
au profit du domaine et en partie réservés pour être affectés à des services 
publics. Un décret impérial du 25 avril 1810 abandonna en toute pro- 


» mation qui en sera faite par des experts, dont l’un sera nommé par le préfet du département de 
l'Escaut, et l’autre par le conseil municipal de la ville de Gand, sans toutefois que, par le fait 
de ladite expertise, les objets cédés à la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix 
indiqué par la commission mixte; » 

» Vu l'état des parties desdites fortifications à acquérir par la ville de Gand; ledit état présenté 
par le maire de ce lieu; 

» Vu les observations de M. Bormans, capitaine du génie en chef de ce département, tant sur les 
pièces produites pour prouver les droits de propriété de la ville de Gand, que sur l'état précité; 

» Vu la réponse donnée à ces observations par le maire de ladite ville; 

» Vu, finalement, l'avis du directeur des domaines, en date du 21 de ce mois; 

» Considérant que les pièces produites par le maire de Gand prouvent à l'évidence les droits de 
cette ville à la propriété de la majeure partie des fortifications construites autour de son enceinte. 

» Considérant qu'il résulte de ces pièces que les seules parties des fortifications à acquérir par la 
ville sont: 4° la partie du n° 22 incorporée dans les remparts et le n° 25 de la 4° carte; 2° les 
n® 7 et 9 de la 4% carte; 5° le n° 1 de la 7° carte ; 4° les n° 1, 6, 7, 9 et 11 de la 9% carte; 
5° les n° 44, 12, 15, 14 et 15 de la 11% carte; toutes lesdites cartes contenues dans le registre 
de 1590 rappelé ci-dessus; 

» Considérant, quant au n° 27 de la 2€ carte dudit registre , que M. le capitaine du génie en chef 
croit devoir être acquis par la ville, que le terrain qui en fait l'objet ne provient ni des anciens Gou- 
vernements, ni d'une corporation ecclésiastique; qu'il fait partie des propriétés appartenant à l'hos- 
pice civil dit Hebbrecht, et qu'ainsi il n’est pas dans le cas de l’art. 2 du décret impérial précité; 

» Considérant qu'il en est de même à l'égard des articles 5, 10, 11 et 12 de la 4° carte du même 
registre, que le susdit officier croit aussi dans le cas d’être achetés par la ville, puisque le premier 
appartient au bureau de bienfaisance de Gand, comme provenant de la table du S'-Esprit de S'- 
Nicolas; le second à l'église de St-Martin; le troisième à la commission des hospices de Gand, par 
représentation du Béguinage, et le quatrième aux héritiers d'Abraham Van de Velde; 

» Considérant, à l'égard des articles 5, 7 et 10 de la 7% carte du susdit registre, que M. le capi- 
taine du génie et le directeur des domaines ont également indiqué pour être acquis par la ville, 
qu'elle n'a rien à liquider de ce chef avec le Gouvernement, puisque le premier est une propriété 
particulière appartenant aux héritiers du chanoine de Hertoghe, et que les deux autres ne font plus 
partie de l'enceinte de la ville; 

» Considérant, en ce qui concerne le n° 5 de la 9 carte du registre précité, également indiqué 
par le capitaine du génie pour être acquis par la ville, que c'est une propriété particulière appar- 
tenant aux héritiers Goethals, pour laquelle elle ne doit aucune indemnité au Gouvernement; 


56 LA VILLE DE GAND 


priété aux villes ceux de ces bâtiments qui avaient été convertis en casernes, 
hôpitaux, manutentions, corps de garde, etc., et un décret spécial du 27 
juin suivant mit la ville de Gand en possession : 1° de la grande et de la petite 
caserne de St-Pierre; 2° du grand et du petit quartier situés dans la rue 
de Bruxelles; 5° de l'hôpital militaire; 4° du couvent de S'-Agnès ; 5° d’une 
partie de celui des jésuites, rue des Foulons, employé comme magasin de lits 
militaires ; 6° d’une partie de l’abbaye de S'-Pierre ; 7° du corps de garde de 
la place d'armes. Enfin, par décret impérial du 25 janvier 1812, le Gou- 
vernement lui abandonna la propriété de la caserne de S'-Joseph et le 
corps de garde de la porte d'entrée du château des Espagnols. Il est à 
remarquer que, par un autre décret du 24 décembre 1811, la ville de 
Gand avait déjà obtenu la pleine propriété des remparts de l'ancienne cita- 
delle, pour les convertir en promenade publique; les bâtiments de ce chà- 
teau furent vendus, en 1815, au profit de la caisse d'amortissement. 

Il nous reste, pour terminer notre tâche, à dire un mot de la nouvelle 
citadelle construite en 1819. 

Nous avons vu, que depuis la mise à exécution du décret de Joseph IF, 
par lequel le démantèlement de la place de Gand avait été ordonné, la ville 
vit successivement disparaître tous les ouvrages fortifiés qui entouraient 


» Arrête : 1° M. le maire de Gand est autorisé à se mettre en possession et jouissance, au nom de 
ladite ville, des murs, fossés et remparts qui existent autour de son enceinte. Cette mise en pos- 
session ne pourra, toutefois, préjudicier aux droits des particuliers qui ont des propriétés faisant 
partie des susdites fortifications : ils continueront d'en jouir de la même manière qu'ils en jouis- 
saient avant que le Gouvernement se les fût appropriées. 

» 2 Le S' de Deken est nommé à l'effet de procéder à l'estimation des parties desdites fortifica- 
tions désignées ci-dessus, que la ville est obligée d'acquérir conformément à l'art. 2 du décret 
impérial du 48 brumaire an XJIT. Cette estimation sera faite contradictoirement par un expert à 
nommer par le conseil municipal de la ville de Gand; elle ne pourra être au-dessous du prix auquel 
lesdites parties ont été évaluées par la commission mixte qui avait été instituée par un arrêté du 
Gouvernement du 4° vendémiaire an XIL, pour toutes les opérations relatives âux fortifications et 
terrains militaires des places de guerre supprimées dans les départements réunis. Les procès-ver- 
baux des experts devront être remis à la préfecture pour y être statué, et ayant soin de donner la 
consistance de chaque partie de terrain d'une manière détaillée et de faire pour chaeune une éva- 
luation particulière. 

» 5° M. le maire de Gand est autorisé à convoquer son conseil municipal , à l'effet de nommer un 
expert pour procéder, contradictoirement avee M. de Deken, à l'estimation dont il s'agit. 

» 4° Copie du présent arrêté sera adressée à M. le maire de la ville de Gand, etc. Signé Fatpourr. 


CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 57 


son enceinte. En 1815, les hauteurs de S'-Pierre, qui avaient été regardées 
de tout temps comme la partie la mieux défendue de la ville, ne présen- 
tait que quelques monticules cultivés en jardins. Le duc de Wellington, 
convaincu de l'importance de cette position stratégique, avait fait con- 
struire, peu de temps avant la bataille de Waterloo, deux petites lunettes 
en terre, sur l'emplacement de l'ancien ouvrage à cornes de Monterey, 
démoli en 1782. Plus tard, on conçut le projet de reconstruire et de mettre 
en état de défense la citadelle des Espagnols, dont le front du côté de la 
ville avait été rasé par les patriotes en 1787. L’inspecteur général néerlan- 
dais Krayenhoff détourna le général anglais de ce projet, et parvint à faire 
prévaloir un autre plan, consistant à élever une nouvelle citadelle sur les 
hauteurs de S'-Pierre. Le lieutenant-colonel du génie Gey van Pittius fut 
chargé de lever les plans et, dans la suite, de diriger les travaux de 
construction de cette forteresse. 

Le 25 juillet 1819, il présenta à l'inspecteur général un avant-projet 
qui fut accepté, à l'exception de la partie du plan concernant les faces des 
bastions à la Bousmard et les réduits courbes casematés pour le feu des 
pierriers dans les places d’armes rentrantes des chemins couverts. 

Le 19 octobre suivant, le projet, accompagné de tous les profils des 
ouvrages et du devis, s’élevant à la somme de 5,175,000 florins, plus 
155,250 florins pour l'achat des terrains et des maisons à incorporer, fut 
envoyé à l'autorité supérieure. 

L'autorisation royale de commencer les travaux ne fut donnée que le 
4 octobre 1821 , parce que les plans devaient être préalablement soumis 
au duc de Wellington, qui ne vint, à cet effet, à Gand, que le 9 août de 
cette année. 

Les travaux, commencés le 27 mai 1822, ne furent entièrement ter- 
minés qu'après la révolution de 1850. Nous croyons inutile de donner ici 
la description de cette belle citadelle, qui a été si favorablement appréciée 
par tous les hommes compétents, M. Gey van Pittius l'ayant fait connaître 
dans tous ses détails, dans un ouvrage spécial, publié il y a quelques 


années !, 


! Description de la nouvelle citadelle de Gand. Bréda et Bruxelles, 18453. In-4°. 


î 
À 


RARE REP TS 


eMOIreS COUT Memoire de M° Vander M 


ENCEINTE FORTIFIÉE DE LA VILLE DE GAND, EN 
par Jean de Buck, 


d'apres 4444 plat CONSCT LE aux Archives de la oille di 


1 Porte de la Wide. 

2 Nouvelle Porte de la Miuyde., 

À Mocrvaert, 

4 Menu Sas._ Nouvelle celuse. 
d Het Tol huys. 

0'Voghelen sang. 

7 Moulin de Jean vande lutte. 
 Aet huys ter Lucht, 


LEE 7 e 7 TAUX 17 


conronnés & M 


bete Pieters 
2'Lierre) 


émoires des savants étrangers Tome NXV 


Le lésseherye 


Hout Leye À Quai au À 


pe strvret. 


Mémoire de M° Vander Mecrsch. 


ENCEINTE FORTIFIEE DE LA VILLE DE GAND,EN 1590, 


par Jean de Buck, 


d'après un plan conservé atur Archives de la ville de Gand. 


1 Porte de la Muyce. 

2 Nouvelle Porte de ln Muyde. 
3 Uoervaert. 

4 Nivum Sas. Nouvelle étuse. 
T Het Lot huys 

C'Voghelen sang. 

= Hour de Jean vande Lutte. 
8 Het huys ter Lucht. 

.o Het H'abot où Sanders Mille. 
20 Tour dite Beghynen Torre. 

u Porte de Bruges. 


22 Pastion appelé Hembysen bollewercke, 


1) 1. Bollewerchk Lhenden mueren. 
1Â A. Bollomerck Thenden were. 


23 Leur de T'hencten teen. 
16 Eglie d'ek 
47 Gvect van Wylent Andries Leys. 


vents 


18 Bastion appelé Bollewerck op Bloque veut. 
19 Porte de Courtrat. 

20 Pastion opel Onnge Bllewerch . 

21 1. » Craven Bollewerch. 

22 Porte de la Colline. 

23Pont des Moines. 

24 Bastion appelé Leysen Bollewerct 

23 Porte de S'Licuur. 

26 Porte de Bruxelles. 

27 Lorte d'Anvers, 

26 l'ont de la Tour rouge. 

29 l'ont de J' Georges 

Jo Bastion appelé Geuser Bollewer 


Memoire de MT Vander Meersch. 


Plan du Jrege el des Allagues 
de la Ville el Citadelle de 


Cr AY MN, 1)? 


Isstegee par les Armees des Allies, Le 22 Décemn © 170, 


sous læ Conduite du Prince et Duc de 


Warlboroug 


et rendue le 29 du néme mors. 


Attaque devant la forte de St | O Zatterie de 10 pieces de canon. 


| 
Prerre. |P Patt£ de » obusters ct 3 mortiers. 
À Zanchees ouvertes Le 24 Dec. 1706, | Q 2 petits crochets faits le Jo. 
B Zanchees ouvertes Le 24 Decemn | R Palterre de 20 pieces. 


C x crochet Le 27: |S Pallerte de Smnortcers. 


ouronnés él Mémoires de avants étranéc v vi 
ang om \V Mémoire de MT Vander Meersch 


Trondation 


nonwdatraun 


voie de. Mettostede 


Attaque de SAM 
le Due de Wurtenbery 


ESSAI SUR LES RAPPORTS 


QUI EXISTENT ENTRE 


LES APOLOGUES DE L'INDE 


LES APOLOGUES DE LA GRÈCE, 


A. WAGENER. 


EUR AGRÉGÉ A L'UNIVERSITÉ DE 


Tone XXV. 


INTRODUCTION. 


Lorsque vers la fin du siècle précédent, grâce aux travaux des savants 
anglais, le sanscrit commença à être connu en Europe, les philologues 
ne tardèrent pas à remarquer les analogies frappantes qu'il y a entre cette 
langue et celles de la Grèce et de Rome. On se mit alors à étudier, avec 
la plus grande ardeur, les monuments littéraires de l'Inde; chaque jour 
révéla de nouvelles ressemblances. Bientôt l'imagination s’en mêla, et l'on 
finit par croire que la presqu'île de l’Inde avait été le berceau de la civili- 
sation ancienne tout entière. Les Grecs, dont jusqu'alors on avait admiré 
l'esprit inventif, ne furent plus considérés que comme d’habiles plagiaires. 
Mythologie, philosophie, littérature, mathématiques et musique, enfin 
tout ce qui constitue la vie intellectuelle d’un peuple, avait été, disait-on , 
emprunté par les Hellènes aux Indiens. Cet enthousiasme passionné pour 
la civilisation brahmanique donna bientôt naissance à une réaction éga- 
lement exagérée; en effet, quelques philologues allèrent jusqu'à nier 
complétement l’affinité, néanmoins incontestable, qui unit le sanscrit aux 
deux langues classiques. Peu à peu on en est venu à une appréciation à la 
fois plus calme et plus juste, et l’on s’efforce maintenant, par une étude 
impartiale et consciencieuse , de reconnaître quels rapports il a pu y avoir 
entre la Grèce et l'extrême Orient. L’essai que nous offrons aux lecteurs 


est destiné à éclaircir un de ces points, encore assez obscurs, qui sem- 


INTRODUCTION. 


= 


blent rattacher la sagesse hellénique à celle des sectateurs de Brahma. 

L'apologue a été et est encore aujourd’hui répandu dans presque tout 
l'Orient; on le trouve chez les Hébreux, les Arabes, les Persans et les 
Indous. Les fables arabes avaient déjà, depuis longtemps, attiré l'attention 
des savants, à cause de la similitude qu'ont quelques-unes d’entre elles 
avec certains apologues de la Grèce; et tandis que les uns prétendaient 
que la priorité d'invention, sous ce rapport, appartenait aux Arabes, les 
autres en faisaient honneur aux Hellènes. Cependant personne ne s’avisa 
de faire, à ce sujet, des recherches sérieuses. Au reste, lors même qu'on 
l'aurait tenté, il eût été impossible de vider cette question, parce qu'on 
ne connaissait encore ni l'original des fables arabes, ni le texte primitif 
de celles que, vulgairement, on attribue à Ésope. Ce n’est que depuis quel- 
ques années que les originaux de ces deux classes d’apologues ont été 
découverts et publiés. Jusqu'à cette époque, il était permis de croire que, 
si quelques fables arabes se retrouvent dans les recueils portant le nom 
d'Ésope, cette coïncidence provenait de ce qu’au moyen äge les fabulistes 
de Byzance avaient pillé ceux de l'Arabie et réciproquement. Mais main- 
tenant que nous savons que tous les recueils de fables grecques qui nous 
étaient connus dérivent de la collection de Babrius, qu’un heureux hasard 
nous à fait retrouver; que, d’un autre côté, nous avons acquis la conviction 
que les fables arabes ne sont que la traduction d’un recueil indien qui 
a été publié, il y a quelques années; que, de plus, nous pouvons démon- 
trer que les auteurs de ces deux collections sont antérieurs à J.-C.; main- 
tenant, disons-nous, il n’est plus permis de recourir à de pareilles 
hypothèses. Par conséquent, s’il était prouvé que, même dans ces textes 
primitifs, il y a des fables qui, de tout point, se ressemblent, il s’ensui- 
vrait que déjà plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, il y a eu, entre 
l'Inde et la Grèce, quelques rapports, au moins littéraires, qui, jusque 


dans ces derniers temps, sont restés couverts d’une profonde obscurité. 


INTRODUCTION. 


Sr 


Telle est la thèse que nous avons essayé d'établir. Nous croyons que le 
lecteur, après avoir parcouru notre travail, sera convaincu qu'il y a un 
assez grand nombre de fables communes aux Indiens et aux Grecs. — 
Mais on comprend facilement qu’un tel résultat ne pouvait nous suffire. 
Après avoir établi qu'il y a une affinité incontestable entre les apologues 
grecs et indiens, il s'agissait de savoir auxquels d’entre eux revient la 
priorité. Cette recherche n’est pas sans difficultés. Quelques-unes des 
fables que nous avons recueillies portent un cachet évidemment oriental. 
Cette remarque nous portait naturellement à en attribuer l'invention aux 
Indiens. Mais d’un autre côté, en prenant en considération qu'Ésope était 
regardé généralement comme l'inventeur de la Fable, cette supposition 
nous paraissait inadmissible. Nous avons alors examiné scrupuleusement 
tout ce que les anciens nous ont rapporté sur le prétendu père de la Fable, 
et nous nous sommes convaincu qu'Ésope n’est au fond qu’un person- 
nage fictif, que le produit d’un mythe, devant occuper une place à côté 
de tant d’autres inventeurs imaginaires qu'avait enfantés le génie de la 
Grèce mensongère, pufotéros Ede. 

Nous savons que, surtout en Allemagne, on a abusé de cette manière 
de voir, et que, pour certains écrivains de ce pays, l’histoire ancienne 
presque tout entière est devenue de la mythologie. On a donc raison de 
se défier de ce procédé qui consiste, si l’on nous permet cette expression, 
à volatiliser la réalité historique. Cependant il est avéré aujourd’hui que 
beaucoup de noms, relatifs aux temps les plus reculés de l’histoire des 
religions et des arts, ne sont que des produits de l’imagination, derrière 
lesquels il serait absurde de vouloir placer des êtres réels. Il faut donc 
user de la plus grande circonspection toutes les fois qu'il s’agit de déter- 
miner si un personnage très-ancien, au sujet duquel les traditions sont 
contradictoires, appartient à la fiction ou à l’histoire. 


Nous croyons n'avoir rien à nous reprocher à cet égard. Le lecteur 


6 INTRODUCTION. 


qui voudra se donner la peine de peser les arguments que nous avons 
employés ne considérera plus désormais, nous en sommes convaincu, le 
nom d'Ésope comme celui d’un personnage historique. Il y a plus : il 
se persuadera facilement avec nous que ce nom n’est autre chose qu’une 
allusion à l'origine orientale de la Fable. Ésope veut dire Éthiopien, et jus- 
qu’à l’époque d’Eschyle, le nom d’Éthiopiens s’appliquait tout autant aux 
habitants de l'extrême Orient qu'à ceux du midi de l'Égypte. On deman- 
dera ici de quel droit nous affirmons que les Grecs, en attribuant l’inven- 
tion de la Fable aux Éthiopiens, ont eu en vue ceux de l’Asie et non pas 
ceux de l'Afrique. 

Nous avons répondu à cette question en faisant remarquer que d’abord 
Babrius considère les Assyriens comme les inventeurs de l'apologue, et 
qu’ensuite il y a des rapports nombreux entre les fables de l'Inde et celles 


de la Grèce, tandis qu’il ne nous est rien resté qui nous autorise à 


gs 


admettre que les Éthiopiens de l'Afrique aient transmis des apologues 
la Grèce. 

Pour établir la seconde partie de cette preuve, nous avons combattu 
longuement l'argumentation d’un savant de la Suisse, M. Zuendell, qui 
s'est efforcé d'établir que le nom d'Ésope s’appliquait aux Éthiopiens 
africains. Nous avons cru nécessaire de le réfuter en détail, parce que 
sa dissertation est écrite avec beaucoup de finesse et d'esprit; ce qui le 
prouve, c’est qu'il avait réussi à séduire M. Welcker lui-même, que 
l'Allemagne considère, avec raison, comme un des premiers philologues 
de l’Europe, et qui avait professé, dans le temps, une opinion tout à fait 
différente. 

C’est ainsi que le nom d’Ésope, qui d’abord nous empéchait d'attribuer 
aux Indiens l'invention de la Fable, comme genre littéraire, a contribué 
à nous confirmer encore davantage dans l'opinion que la comparaison 


des apologues grecs et indiens avait spontanément fait naître en nous. 


INTRODUCTION. 7 


Étant arrivé à ce point, nous avions à déterminer comment les fables 
indiennes avaient pu pénétrer dans la Grèce. Le lecteur trouvera à la fin 
de cet essai les motifs qui nous ont engagé à croire que ce sont les Assy- 
riens qui ont transmis les fables indiennes à la Lydie, et que, de là, elles 
se sont répandues dans l’Hellade. 

Tel est le résumé du travail que nous soumettons au monde savant. 
Nous l'avons fait précéder d’un aperçu critique sur les sources auxquelles 
nous avons puisé, pour qu'on puisse non-seulement contrôler, mais aussi 
poursuivre la comparaison que nous avons commencée, et qui, par un 
examen attentif, ne peut manquer de conduire à des résultats plus consi- 
dérables que ceux auxquels nous sommes arrivé. 

Si nous avons fait entrer dans nos recherches les fables latines, ç'a été 
plutôt pour être complet, qu'à cause de l’importance qu'on pourrait leur 
attribuer dans cette question. 

Nous aurions hésité à présenter notre travail à l’Académie si nous n’y 
avions été encouragé par le jugement que la faculté de philosophie et 
lettres de l’université de Bonn prononça, il y a trois ans, sur un mémoire 
latin que nous lui avions présenté en réponse à la question proposée par 


elle sur le même sujet !. 


1 Quum ordo postulasset ut « comparatio apologorum indicorum cum Graecis et Latinis ita insti- 
tueretur , ut apparerel, utrum communem originem haberent an diversam, et si communis esset, 
a quonam populo essent oriundi, » ei una Lantum reddita est seriptio.., sed talis, ut prorsus exspecta- 
tioni salisfecerit ; praeclaro enim successu eius auctor in explicanda quaestione satis difficili versatus 
est et non solum diligentiae et doctrinae laudem meruit, verum etiam judicii maturitatem probavit. 
Primus est, qui apologorum indicorum cum Graecis et Latinis comparationem instiluit Lam aceu- 
ratam, ut de communi origine nihil dubitationis supersit, eaque quaestionis pars in clariore Luce 
quam ante collocata sit. In altera autem tractanda ideo valde laudandus est, quod inter certiora et 
probabiliorabene distinxit. Etenim ostendit, Asiampro patria fabularum aesopiarum habitam fuisse 
ab ipsis Graecis, qui eas ex Æthiopum regione ad se migrasse tradunt, sed difficile esse, accuratius 
definire, ad quemnam populum hoc nomen referendum sit, quanquam ex causis nonnullis verisimile 


fiat, ab Indis inventos fuisse apologos; addit denique etiam de via, qua apologi Indici ad Graecos 


0) INTRODUCTION. 


Nous avons hâte d'ajouter que ce mémoire est inédit, et qu'il ne s’en 
trouve pas de copie à l’université rhénane. 

Si les conclusions auxquelles nous sommes arrivé sont conformes à la 
vérité, elles justifient d’une manière nouvelle et inattendue le haut intérêt 
que, depuis quelques années, on porte partout aux monuments assyÿriens, 
et les efforts persévérants des savants de la France, de l'Allemagne et du 
Danemark, pour déchiffrer les inscriptions dont ces monuments sont 
couverts. 

D'un autre côté, elles pourront contribuer pour leur part à déraciner 
l'opinion que la civilisation grecque dérive de celle de l'Égypte, opinion 
qui est en grande partie la cause de la fausse direction qu'ont prise dans 


certains pays les études historiques relatives à l'antiquité. 


pervenerint, certius quid statui non posse, maxime lamen esse probabile, eos ab Indis accepisse 
Assyrios, ab his Lydos : ad quae merila quum accedat castum et perspicuum dicendi genus, non 
q 


potuit ordo quin huic scriptioni praemium decerneret. 


ESSAI SUR LES RAPPORTS 


QUI EXISTENT ENTRE 


LES APOLOGUES DE L'INDE 


ET 


LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 


CHAPITRE I. 


SOURCES. 


S 


$ 1. — Des fables grecques. 


On s’exposerait à commettre bien des méprises si lon considérait 
comme antiques toutes les fables qui, dans les collections ordinaires, sont 
indistinctement attribuées à Ésope. Non-seulement il y en a parmi elles 
qui sont de beaucoup postérieures à l’époque où l’on prétend que ce 
fabuliste a vécu; il s’en rencontre aussi dans ce nombre qui ne sont que 
des traductions de fables sanscrites, ou qui ont été fabriquées au moyen 
àge par des moines. Nous donnerons donc une énumération aussi complète 
que possible de tous les auteurs anciens chez lesquels on rencontre des 
fables, parce que c’est là le seul moyen que la critique puisse admettre de 
s'assurer de leur ancienneté. Coraï, dans son excellente collection !, nous 


1 Mis Airowreloy cuyayæyy. Paris, 1810. 


Toue XXV. 2 


10 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


a bien déjà, il est vrai, facilité de beaucoup cette tâche. M. Robert ! a 
traité également cette matière avec une certaine étendue. Mais comme ils 
n'ont été l’un et l’autre ni assez exacts ni assez complets, nous allons 
reprendre leurs recherches en sous-œuvre. 

A la tête des fabulistes grecs il faut placer Hésiode, qui a raconté dans 
ses Opera et dies, v. 185-194, la fable de l'Épervier et du Rossignol. Le 
nommer, à cause de cela, l'inventeur de la Fable, ainsi que l’a fait Quinti- 
lien, c'est avancer une opinion insoutenable; car de ce qu'IHomère ne 
mentionne pas d’apologue, on ne peut pas conclure raisonnablement que 
ce genre de récit lui ait été inconnu. 

M. Robert ne dit pas un mot d’Archiloque, quoique nous trouvions 
jusqu’à trois fables dans les fragments qui nous ont été conservés de ses 
œuvres. Le savant Huschke en a parlé longuement ?. Cependant, c’est 
à tort, selon nous, qu'il considère ces fables comme des inventions d’Ar- 
chiloque. Qui nous garantit, en effet, qu’elles n'avaient pas déjà circulé 
longtemps avant lui dans la bouche du peuple ? Ce doute acquiert plus de 
consistance, si l’on considère qu’une de ces fables est appelée par le 
poëte lui-même ao äÿpru, un récit du peuple. Huschke ne fait mention 
que de deux fables d’Archiloque. Mais il est clair que le vers 


IX 00 AGE ah Eyivos 2v péye 


qui se rencontre parmi ceux qui nous sont restés de lui, est un fragment 
de l’apologue raconté par Plutarque dans le traité De solertia animalium , 
chap. 16. Nous faisons remarquer en passant que le poëte Ion avait 
rapporté la même fable, et Zénobe nous atteste dans ses Proverbes (cent. V, 
pr. 68), qu'Homère avait également traité ce sujet. Comme néanmoins 
dans les œuvres de ce poëte, qui nous ont été conservées , il n’y a rien à 
quoi le témoignage de Zénobe se puisse appliquer, il paraît que ce qu'il 
attribue à Homère appartenait à un poëte cyclique. Car nous savons que 


1 Fables inédites des XIXe, XILE et XIVe siècles, t. T, p. x1v et suiv. 
= Dans les Miscellanea philologica de Matthiae, t. L, p. 1 et suiv. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 11 


jusqu’à une époque relativement très-récente, le cycle épique tout entier 
a été considéré parfois comme l'ouvrage d’Homère. 

Après Archiloque vient Simonide d’Amorgos, qui, lui aussi, avait in- 
séré des fables dans ses iambes 1. Coraï et M. Robert n’en parlent pas du 
tout. D'un autre côté, ce dernier range parmi les fabulistes grecs le prêtre 
Épiménide, à cause du témoignage de Plutarque ?, qui dit qu'Ésope 
pourrait à meilleur droit qu'Épiménide se nommer disciple d'Hésiode, 
parce que le langage que celui-ci fait tenir à l’épervier avait donné à Ésope 
la première idée de ses fables. Nous ne comprenons pas qu'on puisse 
inférer de ces paroles qu'Épiménide ait écrit des apologues. S'il se nom- 
mait disciple d'Hésiode, il le faisait, et non sans raison, en tant que poëte 
sacré; C'était donc à un tout autre titre qu'Ésope. 

À Simonide succède Stésichore , dont Coraï a parlé p. 15, sans s’aper- 
cevoir néanmoins que c’est à ce poëte qu'il faut attribuer la fable si 
lée par lui-même, p. 1985. 


gna- 

Trop peu libéral envers Stésichore, Coraï l’a été trop par rapport à 
Alcée. Car c’est à tort qu’il lui a attribué une chanson de table #, qui, tout 
ancienne qu'elle est, n’a pourtant pas ce poële pour auteur, comme on 
peut le voir dans Athénée. 

Il n'a pas mentionné non plus la fable d'Ibycus, intitulée le Serpent et 
l'Ane, qu'on peut trouver dans le recueil des fragments de ce poëte, mis en 
ordre par M. Schneidewin, pages 193-198 ®. 

Hérodote nous a rapporté une fable (1, 141) racontée par Cyrus aux 
députés ioniens. 

Les fables d’Aristophane, d’Achéus d'Érétrie, de Xénophon, de Platon, 
d’Aristote, de Plutarque, de Lucien, d’Appien, de Diodore, d'Hermo- 
gène, de Galien , de Clément d'Alexandrie, de Maxime de Tyr, de Nicolas 
de Damas, de Thémistius, de Libanius, de Dion Chrysostôme, de Théon 


1 Voy. les fragm. 8 et 10, dans l'édition des poëtes lyriques de M. Schneidewin. 
2 Sept. sap. conv., $ 14. 

5 Elle est intitulée : gavres av0pwru. Nous en parlerons dans la suite. 

# Nous en parlerons également plus tard. 

5 Voy. M. Welcker, Kleine Schriften, 1.1, p. 249. 


12 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


et de Grégoire de Naziance, toutes ces fables sont fidèlement reproduites 
chez Coraï. Toutefois il en a omis un certain nombre, mais nous ne le 
compléterons ici que pour autant que nous en aurons besoin dans la 
suite. Démocrite parle chez Stobée, X, 69, p. 155, du chien qui pour- 
suit son ombre !. Platon fait allusion à la ? fable de l’Ane couvert de la 
peau du lion, et Plutarque à celle du Lion malade 5. Il faut encore ajouter 
que Julien * et Libanius 5 ont fait mention de la fable du Lion et de la petite 
Souris. 

Nous n'avons parlé jusqu'à présent que de fables détachées se trou- 
vant çà et là chez les auteurs anciens. Nous passons maintenant aux plus 
anciennes collections d’apologues. En premier lieu, demanderons-nous, 
Ésope a-t-il fait un recueil de fables? Et d’abord Ésope a-t-il jamais existé? 
Nous ne le croyons pas ; mais nous ne voulons pas préjuger ici cette ques- 
tion, que nous traiterons plus tard d’une manière détaillée. Nous admet- 
tons donc provisoirement qu'Ésope soit un personnage historique. Toujours 
est-il qu’il n’a pas composé un recueil d’apologues. La preuve en est fa- 
cile à donner. Le recueil d'Ésope devait être ou en prose ou en vers. S'il 
eût été en vers, comment Socrate aurait-il pu songer à refaire ce travail? 
Car nous savons par Platon qu'il mit en vers élégiaques plusieurs fables 
d'Ésope 6. De plus, s’il en était ainsi, à quoi aurait servi plus tard le recueil 
de Babrius? Et comment, tandis que nous avons des fragments en vers de 
presque tous les poëtes, n’en aurions-nous pas conservé un seul d’un au- 
teur aussi fréquemment cité par les anciens? Il est donc évident qu'Ésope 
n'a pas mis ses fables en vers. A-1-il écrit en prose? Mais aucune citation 
de cette prose ne nous a été transmise non plus par l’antiquité; et ce qui 
plus est, comment Démétrius de Phalère aurait-il pu concevoir l’idée 
de faire lui-même une collection de fables d'Ésope 7, s’il avait existé avant 


! Voy. plus loin. 

? Item. Voy. le Cratyle, p. 411. 

5 Item. Voy. le traité De prof. in virtute. 

* Ep. VIII ad Georg., p. 579. 

5 Ep. XLII. 

5 Non pas une seule, comme on l'admet communément. Voy. Welcker, ad Theognim, p. Lui. 

T Euyxyoyÿ Xyoy Aiswretsy. Voyez Diog. de Laerte, NV, 80. — Au moment où nous écrivions 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 15 


lui quelque chose de pareil? Par conséquent il est clair que les collections 
de fables grecques que nous possédons maintenant, ne peuvent pas re- 
monter à Ésope. 

IL est très-regrettable que le recueil de Démétrius se soit perdu. Comme 
élève d’Aristote, ce philosophe aura attaché tout autant d'importance que 
son maitre aux restes de la sagesse des vieux temps, qu’Aristote croyait 
bien plus près de la vérité que les époques plus récentes. Et de même 
que celui-ci recueillit avec le zèle le plus consciencieux les proverbes 
anciens !, de même aussi Démétrius aura recherché avec soin les plus an- 
ciens apologues. 

Si nous pouvions admettre que Babrius a fait usage du travail de 
Démétrius, nous aurions au moins une certaine compensation de cette 
perte. Et en vérité, nous croyons cette hypothèse très-plausible. En effet, 
si l’on parvient à prouver que Babrius n’a pas vécu longtemps après 
Démétrius de Phalère ; d'autre part, si l’on considère la réputation prodi- 
gieuse dont jouissait ce dernier, on ne pourra certes pas affirmer d’une 
manière catégorique que Babrius s’est servi du recueil de Démétrius, mais 
on pourra du moins le regarder comme très-probable. 

Nous ne concevons pas pourquoi M. Bernhardy rejette si loin cette 


ces lignes nous ne connaissions pas encore l'opinion émise par un de nos amis, M. Legrand, pro- 
fesseur de rhétorique latine à l'athénée de Hasselt, dans le Mémoire sur Démétrius de Phalère, 
qui lui valut, ainsi qu’à son collaborateur, M. Tychon, une médaille d'or de la part de l'Académie 
royale de Belgique. Cet estimable savant prétend que le recueil de fables de Démétrius était pro- 
bablement écrit en vers. Pour le prouver il fait valoir : 4° que ce polygraphe n'était nullement 
étranger à la poésie; 2 que Socrate avant lui et Babrius, ainsi que l'anonyme de Suidas après lui, 
avaient également donné à leurs fables la forme métrique. 

Nous tirons de ce second argument une conclusion tout à fait différente. Si les fables de Démé- 
trius avaient été écrites en vers, le travail de Babrius eût été parfaitement inutile. Qu'on n’objecte 
pas que les fables de Démétrius n'avaient peut-être pas de valeur poétique; ear M. Legrand nous 
apprend que les péans du même auteur semblent avoir eu une très-grande perfection. 

Babrius n'a pas non plus fait de fables nouvelles, ce qui justifierait son œuvre après celle de 
Démétrius; il nous dit lui-même qu'il n'a fait que mettre en vers les fables d'Ésope. Nous mainte- 
nons, par conséquent, notre manière de voir relativement au recueil de Démétrius, ainsi que la 
conclusion que nous en avons tirée. (V. Mémoires couronnés de l'Académie de Bruxelles, de 1850- 
1851, p. 141 et suiv.) — Voy. Schneïdewin, Praefatio paroemiogr. graec., p. n. 

1 Griechische Litteraturgeschichte, H, p. 1047. 


14 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


supposition. Îl est vrai qu'il ne partage pas notre manière de voir sur 
le temps auquel vécut Babrius. Mais, sous ce rapport, nous croyons pouvoir 
le contredire hardiment, et placer ce fabuliste à une époque bien plus 
reculée que celle qu'il lui assigne. 

Nous sommes sur ce point parfaitement d'accord avec M. Bergk, qui 
soutient ! que Babrius doit avoir écrit avant Callimaque. Pour le prouver, 
voici à peu près le raisonnement qu'il fait et qui nous semble de tout 
point convaincant. Dans la seconde préface de Babrius?, on lit ces mots : 


’ " CA) ’ , 
AD) éyo vén pobon 
Ad #EP9pd À) XPP5ÉD yawooas 
Toy pubaufBoy wonep trnov orAirry 
ES 
Yr euoÿ Où mectou tic Olpas avaybeons 


Eicm) 0e or. 


Le poëte, après avoir dit que la Fable fut inventée par les Assyriens, 
qu'Ésope, d’abord, et Libyssès, ensuite, la communiquèrent aux Grecs, 
ajoute : et moi je viens maintenant, avec une muse nouvelle, manier le’ 
mythiambe, après lui avoir mis une sous-gorge d’or, comme à un cheval 
chargé d'armes pesantes. Mais à peine la porte eut-elle été ouverte par moi, 
que d’autres entrèrent. 

Babrius se prévaut donc ici d’une innovation que d’autres se hâtèrent 
d'imiter. En quoi cette innovation peut-elle consister? Avant lui le cho- 
liambe n'avait été employé qu’à formuler des reproches sanglants. Et 
comme chez les Grecs chaque genre de poésie avait une ou plusieurs 
espèces de vers qui lui appartenaient en propre, ce fut une innovation 
véritable que d'employer le choliambe pour écrire des fables. Mais la forme 
du vers paraît aussi avoir été quelque peu modifiée dans ce but; car dans 
la première préface, il est dit: 


* à ; , 0 On L , 
Ov (rGv ui Âicwrei) EXATTOY El poiun co Onzm 
Iixpov tipBoy oxrpa xSa Gnhüvas. 


1 Voy. Classical Museum, t. NI, p- 126. 
? Page 66 de l'édition de Lachmann. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 15 


Je graverai dans ta mémoire, dit le poëte à Branchus, toutes les fables 
d'Ésope, après avoir adouci les membres si durs des iambes amers. — Ce qu'il 
y avait d’original dans la poésie de Babrius, c'était donc d’abord, qu'il 
avait adouci la forme trop dure du choliambe, et qu’ensuite, il l'avait fait 
servir à raconter des apologues , en créant de cette manière le mythiambe. 

Or nous savons que Callimaque avait également traité des fables en 
vers choliambiques !. Il est donc de toute évidence que Babrius lui est 
antérieur; car supposer que c’est à tort que Babrius s’est attribué l’hon- 
neur de l'invention dans ce genre, ainsi que le prétend M. Lewis ?, c’est 
faire une hypothèse toute gratuite. Babrius n’est donc postérieur que d’un 
demi-siècle environ à Démétrius de Phalère, et le raisonnement que nous 
avons fait plus haut se trouve pleinement justifié. 

Les fables de Babrius étaient entièrement perdues pour nous, à l’ex- 
ception de quelques fragments. Ce n’est qu’en 1844 que Minoides Menas 
trouva, dans un couvent du mont Athos, un exemplaire mutilé de ces 
fables, arrangées par ordre alphabétique. Ce n’est pourtant pas là la dis- 
position primitive; car Suidas nous rapporte que les fables de Babrius 
étaient divisées en dix livres; et nous n'avons pas besoin de révoquer en 
doute cette indication par le motif qu'Avien, fabuliste d’une époque incon- 
nue, restreint ce nombre à deux. Il paraît, en effet, qu'Avien à eu sous 
les yeux un exemplaire de Babrius semblable, sous beaucoup de rapports, 
à celui que nous avons encore maintenant. Dans cet exemplaire, il se 
trouve vers le milieu, au commencement de la lettre M, une seconde 
préface dans laquelle on lit ces mots : 


Ex deurépos ca tive (GifBloy acid. 


On à cru, et Lachmann lui-même est tombé dans cette erreur, que 
Babrius voulait dire par là qu’il commençait un second livre de fables, tandis 
qu'il est évident, comme l’a vu M. Bergk, qu'il s’agit d’une seconde édition : 
je vous récite ce livre, dit le poëte, & dvuréow, une seconde fois. Or, si 


! Voy. le fr. 98, chez Bentlei. 
= Babrii fab. Edidit Lewis. London, 1846, p. 15. 


16 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


Lachmann lui-même s’est trompé sous ce rapport !, il n’est pas étonnant 
qu'Avien ait été induit en erreur. Les deux livres de fables dont il parle ne 
sont donc pas autre chose que la collection que nous avons encore en 
partie, et qu'il faut distinguer de la grande édition en dix livres, men- 
tionnée par Suidas. 

Il serait assez difficile de dire si c'est à cette grande édition, ou seule- 
ment à un extrait, que doivent leur origine les diverses collections en prose 
de fables d'Ésope, mises en ordre, pour la plupart, au moyen äge. Dans 
cette catégorie viennent se ranger le recueil attribué à Planude, ainsi que 
celui que Nevelet fit connaître pour la première fois, et qui paraît être 
plus ancien que l’autre. C’est à la même source que doivent être rappor- 
tées les fables publiées par le comte de Rochefort? et les 40 tétrastiques 
d'Ignatius Magister, qui vécut au IX siècle de notre ère, et qui porte le 
nom de Gabrias, ce qui n’est rien qu'une corruption de Babrias®. 

Nous ne pensons pas, tant s’en faut, que toutes ces fables, sans excep- 
tion, aient été traitées par Babrius; ce que nous tenons à constater, c'est 
que, si même quelques-unes d’entre elles ne pouvaient pas être attribuées 
à ce fabuliste avec une entière certitude, il serait néanmoins très-possible 
qu'il les eût mises en vers; car, d’abord, le recueil qu'a découvert M. Menas 
est moins complet que l'édition primitive, et nous ne l’avons que jusqu'à 
la lettre O. De plus, M. Bergk a prouvé que Tzetzès avait encore sous les 
yeux un exemplaire de Babrius plus complet que le nôtre. Partant, si dans 
les recueils en prose il y a telle ou telle fable qui, par le fond ou par la forme, 
nous rappelle Babrius, nous sommes dans notre droit en la lui attribuant. 

Or, il existe plusieurs manuscrits qui ont conservé dans leur prose 
un grand nombre de vers choliambiques. Ceci est vrai surtout d’un ma- 
nuscrit de la bibliothèque Bodléenne, dont les fables sont rangées par 
ordre alphabétique, et dont la première est aussi la première d’Avien #; 

1 M. Duebner dans sa Commentatio de Babrio, p. 5-11 , sans appeler l'attention des lecteurs sur 
ce passage, a néanmoins découvert avec beaucoup de sagacité des traces de corrections insérées 
dans la seconde édition. — Les objections de Lachmann , p. 16, ne sont pas d'un grand poids. 

? Notices et extraits de la bibliothèque du Roi. 


5 Voy. Tyrwhitt de Babrio, p. 48. 
: Ibid., p. 5 et 22. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 17 


ce qui confirme ce que nous disions plus haut, qu'Avien avait probable- 
ment sous les yeux une édition de Babrius semblable à la nôtre. 

Des 96 fables qu'il renferme, depuis la lettre À jusqu’à O, 81 se retrou- 
vent dans le Babrius du mont Athos!, qui ne va pas au delà de cette dernière 
lettre. Le manuscrit de la bibliothèque Bodléenne est, par conséquent, 
d’une très-haute importance, et nous engageons les savants anglais à le 
ürer enfin de la poussière dans laquelle il est depuis si longtemps ense- 
veli. 

Il y a aussi un autre manuscrit des fables d'Ésope qui a conservé 
beaucoup de choliambes intacts : c’est celui de Florence. Furia, qui le 
publia en 1809, ne se douta pas même de la chose; Coraï et Schneider 
durent appeler sur ce point l’attention du monde savant. Marchant sur 
leurs traces, Berger alla si loin qu'il s’avisa de remettre en vers jusqu’à 
trois livres entiers. Knoch, qui lui succéda, usa d’une plus grande cir- 
conspection. 

L’attention des philologues était donc suffisamment attirée sur Babrius, 
lorsqu'en 184% le manuscrit du mont Athos fut inopinément découvert. 
Nous ne pouvons pas entrer ici dans toutes les discussions , en partie très- 
oiseuses, qu'a provoquées cette découverte. Celui qui désire les connaître 
en trouvera un résumé dans l’édition de M. Lewis. 

Qu'on nous permette cependant de dire un mot sur le paradoxe de 
M. Cobet, l’illustre professeur de l’université de Leyde, qui a soutenu la 
thèse ? : que la majeure partie des vers contenus dans le manuscrit nou- 
vellement découvert étaient dus à des moines et à des maîtres d'école 
ignorants. Sans doute, M. Cobet a eu grandement raison de relever sévè- 
rement les incorrections que Lachmann avait laissées subsister dans son 
édition ; mais en beaucoup d’autres endroits il attribue à la stupidité des 
moines ce qui proprement n’est qu'une faute de copiste et peut être 
facilement corrigé. 

Du reste, il est évident que le fond même des fables de Babrius, quel- 
que mutilée qu’en soit la forme, est bien sûrement antique; et c’est prin- 

# Voy. le Musée du Rhin, 1. V, p. 640. 


? Oratio de arte interpretandi, LB., 1847, p. 154. 


Toue XXV. 3 


18 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


cipalement là ce qui nous intéresse dans la question que nous avons entre- 
pris de traiter. 


$ 2. — Des fables latines. 


Si nous n'avions pas voulu rendre nos recherches aussi complètes que 
possible, nous n’aurions peut-être pas parlé des fables latines. Car, à peu 
d’exceptions près, elles sont toutes calquées sur celles de la Grèce. 

Les plus anciennes fables latines que nous ayons pu découvrir se trou- 
vent dans Ennius !, Lucilius, Horace? et Tite-Live5. Mais la source prin- 
cipale des apologues latins c’est le recueil de Phèdre, affranchi d’Auguste, 
qui, selon toute probabilité, n’a pas connu Babrius. Ce fait pourrait 
paraître étonnant si nous ne savions également que Sénèque, le savant 
Sénèque , ignorait complétement l'existence des apologues de Phèdre. Dans 
la plupart des manuscrits ces fables sont divisées en cinq livres. Un sixième 
y à été ajouté par M. Dressler #, qui a puisé à cet effet dans le recueil 
d’un certain Perrotto. Ce Perrotto, qui vécut en Italie vers le milieu du 
XIV: siècle, paraît avoir eu sous les yeux un manuscrit de Phèdre plus 
complet que ceux que nous possédons encore; car dans un Epütome fabu- 
larum Phaedri et Aviani, qu’il nous a laissé, il se trouve trente-deux fables 
qu'il range parmi celles de Phèdre, et que cependant nous ne retrouvons 
nulle part ailleurs. Cet épitome fut publié d’abord par Janelli, ensuite 
par le cardinal Angelo Mai et provoqua, de la part des savants, de nom- 
breuses discussions. Car il s'agissait de savoir si les fables de Perrotto pro- 
venaient en effet du fabuliste latin, ou si elles n'étaient qu’une imitation 
faite par Perrotto lui-même. Jusqu'à présent on n’est pas encore parvenu 
à résoudre cette question d’une manière définitive. Ce qui nous paraît hors 
de doute, c’est que ces fables sont d’une très-haute antiquité, et ceci nous 


* Aulu-Gelle, N. Att., II, 29. 

2 Satir., I, 6, 71; Epitres, 1, 4, 73; 5,19; 7, 29; 40, 54; 17, 50.; Ar't poét., 159. 
5 II, 52. 

* I a publié une édition de Phèdre en 1838. 

5 Classic. auct. nova collectio, édit, HT, p. 307. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 19 


amène à conclure qu'il est plus que probable que Phèdre en est bien réel- 
lement l’auteur. 

Nous laissons de côté quelques fabulistes dont nous ne connaissons que 
le nom et nous passons immédiatement au recueil d’Avien. Il serait diffi- 
cile d'indiquer d’une façon très-précise à quel siècle appartient cet auteur. 
En tout cas il est postérieur à Phèdre dont il cite l'ouvrage. Nous avons 
de lui 42 fables, écrites en vers élégiaques, dont 32 sont assez fidèle- 
ment calquées sur celles de Babrius; ce qui pourrait nous faire croire 
que les 10 autres se trouvaient dans un manuscrit de Babrius plus com- 
plet que celui qu'a découvert M. Menas ; en ce cas, nous pourrions consi- 
dérer ces 10 fables comme antiques. Mais il est évident que Babrius, 
après avoir écrit la fable 95, n’a pas pu en composer lui-même une imita- 
tion maladroite, et c’est pourtant ainsi qu'il faut caractériser la fable 30 
d'Avien. Ce qui est vrai d’une de ces 10 fables peut être vrai de toutes, et 
rien ne nous garantit, par conséquent, qu'elles soient la traduction d’apc- 
logues anciens. 

Outre ce recueil d’Avien nous avons plusieurs autres collections de 
fables latines, dont il faut dire à peu près la mème chose que des collec- 
tions grecques. De même que la plupart de celles-ci découlent des cho- 
liambes de Babrius, de même aussi celles-là remontent aux trimètres de 
Phèdre. Mais elles ont subi les unes et les autres les modifications les 
plus variées. 

Changées en prose, remises en vers, augmentées, diminuées, disper- 
sées, de nouveau réunies avec des additions étrangères, c’est ainsi qu’à 
travers le moyen âge ces collections arrivèrent jusqu’à nous. 

Un de ces recueils, celui qui était le plus fréquemment employé dans 
les écoles, passe pour avoir été fait par un certain Romulus, dont, au 
reste, nous ne savons absolument rien, sinon qu'il vécut avant le XII: 
siècle de notre ère. Ses ‘fables, au nombre de 80, sont partagées en 
quatre livres ?. — Un second recueil analogue fut publié pour la première 
fois en 1790. L'auteur en est entièrement inconnu ; on le nomme l’Ano- 


1 Publiées en dernier lieu par Lachmann, 1845. 
2 Voy. l'édition de Phèdre par Schwabe, 1806, £. IE. 


20 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


nyme de Nilant, parce que c'est Nilant qui, le premier, fit imprimer cet 
ouvrage. Sur les 60 fables qu'il renferme, 46 se trouvent dans Romulus. 

M. Knoch ! s’est trompé fortement en croyant y découvrir une imitation 
de Babrius. 

Les 60 fables en vers élégiaques, dont l’auteur est désigné communé- 
ment sous le nom de |’ Anonyme de Nevelet, et que M. Dressler croit devoir 
attribuer à Ugobardus Sulmonensis, écrivain du XII siècle, ces fables , 
disons-nous , ne sont autres que celles de Romulus et de l’'anonyme de 
Nilant, mises en vers. 

Nous avons déjà dit plus haut que la plupart de ces fables ont été 
empruntées à la collection de Phèdre. Ce qui le prouve, c’est que, dans 
les recueils qui les contiennent, il s’est conservé un bon nombre de tri- 
mètres. Il y a déjà longtemps que, s’attachant à ces vestiges, les savants 
ont tâché de reconstruire, au moins en partie, la rédaction primitive. 
Burman, par exemple, ajouta à son édition de Phèdre un appendice de 
54 fables en vers, que lui et Gudius avaient dégagées de l'enveloppe pro- 
saïque qui les couvrait chez Romulus et chez l'Anonyme de Nilant. L’édi- 
teur le plus récent que nous connaissions, M. Dressler, a repris en 
sous-œuvre le travail de ces savants. Écartant un grand nombre de con- 
jectures trop hardies, il s’attacha de préférence aux expressions employées 
dans les rédactions en prose; d’un autre côté, il alla plus loin et ajouta 
12 fables en vers aux 54 de Burman. 

Les fabulistes latins plus récents ne sont d’aucune importance pour le 
but que nous nous sommes proposé. Par conséquent, nous n’en parle- 
rons pas. 


$ 3. — Des fables indiennes. 


Les recherches relatives aux apologues de FInde sont épineuses sous 
beaucoup de rapports ; car il n'y a rien qui soit plus incertain que la chro- 
nologie de la littérature sanscrite. Chose singulière! tandis que tous les 
genres de prose et de poésie, depuis la sentence et l’apologue jusqu'à l'é- 


1 Voy. son Babrius, p. 89. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 21 


popée religieuse, ont été cultivés dans la presqu'île de l'Inde, l'histoire 
seule fait exception. 

Quel qu’en puisse être le motif, soit que la puissante imagination des 
Indous les ait entraînés en dehors de l’ordre réel, soit qu’ils aient trop 
mébprisé le présent en comparaison de ces siècles merveilleux qui, d’après 
les récits des poëtes, n'étaient remplis que de héros et de dieux, toujours 
est-il que l’histoire sérieuse n'a jamais été connue chez eux. Il s'ensuit 
que leurs annales littéraires sont plongées dans les mêmes ténèbres. 

Les fables sanscrites les plus anciennes que nous ayons pu découvrir, 
et qui, nous l’avouons avec plaisir, nous ont été indiquées par M. le pro- 
fesseur Lassen, de Bonn, se trouvent dans le Mahä-Bharata, c’est-à-dire 
dans cet immense poëme qui est comme le résumé de la civilisation des 
brahmanes et un répertoire de toutes leurs sciences, qui est leur code de 
religion et de morale, qui, en un mot, comprend presque toutes leurs 
idées 1. 

De même que les poésies homériques ont été interpolées et changées fré- 
quemment, de même aussi le Mahä-Bhärata contient des morceaux de date 
très-différente. On ne peut donc pas préciser d’une manière générale l'époque 
qu'il lui faut assigner. Tout ce qu'il est possible de faire, c'est de recher- 
cher l’époque approximative où quelques-unes de ces parties ont été compo- 
sées. C’est ainsi, par exemple, que M. Lassen a dirigé ses recherches sur le 
genre de récit qui porte le nom d’itihâsa ?. Il en distingue trois espèces, 
dont la première comprend les narrations ou les chants qui donnèrent 
naissance à la poésie épique, tandis que la seconde contient cette espèce 
de contes que nous nommons ordinairement contes moraux. C'est ici que 
viennent se ranger les fables. M. Lassen est d'avis qu'il n’y a rien qui nous 
force à considérer ces contes comme postérieurs à Bouddha ; il prouve 
que déjà dans les lois de Manou il est fait allusion à l'habitude de 
réciter des histoires à l’occasion des sacrifices et des fêtes, et il fait 
observer que le style de ces contes est en général simple et dépourvu 


1 Voy. les Antiquités de l'Inde, par M. Lassen, t. I, p. 486 et p. 858. (Allemand) 
2 Voy. Antiquités de l'Inde, pp. 856 et suiv. Hihâsa est un composé de Lrois mots : üti ha âsa 
qui signifient : ainsi il parla. 


22 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


d'ornements superflus, ce qui est presque un indice certain de l'antiquité 
d'un ouvrage. Si nous en croyons done M. Lassen, et certes il serait 
difficile de trouver un juge plus compétent pour toutes ces matières , 
nous pourrons admettre qu'un grand nombre d'itihäsas, et, par consé- 
quent, d’apologues, remontent au delà du VI: ou du VII siècle avant 
notre ère. 

Une troisième espèce d’itihäsas, qui paraît être d’une date plus récente, 
comprend ces récits étendus qui racontent les aventures de Nala, de 
Rama et d’autres. 

Le Mahä-Bhärata contient six apologues portant le nom d'Itihäsa : 
t. II, p. 509, un dialogue entre le Chacal et le Tigre; t. LE, p. 565, la 
fable du Vautour et du Chacal; t. IT, p. 559, la fable de la Souris et du 
Chat; t. IV, p. 15, un dialogue entre le Chacal et le Singe; t. IV, p. 72, 
la fable du Héros et de la Colombe; t. IV, p. 204, la fable du Vermisseau 
et de Viàsa. 

Les autres apologues compris dans cet ouvrage sont : t. [, p. 561, 
l’histoire de la cigogne; t. If, p. 285, la fable des Souris qui choisis- 
sent le chat pour leur roi; t. HIT, p. 558, la fable des Colombes. 

Au Mahà-Bhârata se trouve ordinairement annexé un poëme appelé 
Harivança, qui a été traduit en français par M. Langlois. Sans aucun 
doute il est d’une date beaucoup plus récente que l'épopée à laquelle il 
est joint. Nous y trouvons la fable du Perroquet et du Fils du roi, dont nous 
aurons, plus tard, l’occasion de parler. 

M. Grimm, dans son Reinhart Fuchs, p. 281 , a cité une fable indienne, 
empruntée à un livre Päli, sur lequel nous reviendrons aussi dans la 
suite. 

Mais les sources principales des apologues sanscrits sont les deux re- 
cueils appelés Pantcha-tantra et Hitopadéça. 

Le Pantcha-tantra où les cinq livres de morale est l'ouvrage capital pour 
les fables indiennes. C’est là que nous puiserons la plupart des récits orien- 
taux qui viendront se placer dans la suite de ce mémoire. Il est à regretter 
qu'il nous manque des renseignements suffisants pour préciser la date de 
sa première rédaction. Car, pour arriver à un pareil résultat, il ne suffit 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 25 


pas de s’appuyer sur des passages isolés , attendu que c’est le propre des 
écrits de ce genre d’être sujets, dans la suite des siècles, à toutes sortes de 
modifications malheureuses !. Voici, par exemple, ce qui est arrivé, sous 
ce rapport, au célèbre Colebrooke, qui est ordinairement si exact et si 
prudent. Dans une dissertation qui a pour but de fixer l’époque où vécut 
l'astronome Varahamihira ?, il fait usage d’un texte du Pantcha-tantra, 
dans lequel cet astronome est cité. À cette occasion, il vient à parler 
entre autres de la date qu’il faut assigner à ce recueil d’apologues. Nous 
savons qu'il a été traduit en pehlvi vers le commencement du VI: siècle 
de notre ère. De là Colebrooke tire la double conclusion, d’abord que 
Varahamihira a vécu avant cette époque, ensuite que le Pantcha -tantra 
doit avoir été composé dans l'intervalle de temps qui s’est écoulé depuis 
Varahamihira jusqu'au moment où il fut traduit en pehlvi. Et comme 
l’astronome en question ne peut remonter au delà des premiers siècles 
de notre ère, nous connaîtrions ainsi les deux termes extrêmes entre 
lesquels la composition du Pantcha-tantra devrait être placée. Mais si le 
passage sur lequel s’est appuyé Colebrooke était un de ceux qui n’ont 
été intercalés que plus tard? — Ce doute n’est que trop fondé, et nous 
pouvons presque le convertir en certitude. En effet, il y a deux rédac- 
tions principales du Pantcha-tantra 5, dont l’une est plus courte et plus 
simple et l’autre plus chargée d’ornements. C’est l'édition la plus simple 
qu'a éditée M. Kosegarten , et dans laquelle se trouve la citation signalée 
par Colebrooke. Mais ce passage ne se trouve ni dans l'édition plus ornée #, 
ni dans la traduction arabe, ni dans le Hitopadèça, qui a emprunté au 
Pantcha-tantra Va plupart de ses fables; et ce qui plus est, il n’a même 
pu se trouver ni dans le texte qui a servi à la traduction arabe, ni, par 
conséquent, dans l'original sanscrit. La chose est facile à comprendre. 


1 C'est ce qu'a fait très-bien remarquer M. Kosegarten, qui nous a donné, pour la première fois, 
une édition de cet ouvrage , en l'année 4848. Voy. sa préface, p. vi. Voy. aussi l'Anthologie sanscrité 
de M. Lassen, p. vu. 

? Miscelluneous essais, I, pp. 175 et 482. 

5 Voy. Kosegarten, p. 1x. 

: Jb., pp. vu et vin. 


24 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


Une grue veut engager des poissons à sortir du lac dans lequel ils se tien- 
nent. Pour parvenir à ce résultat, elle dit, dans la rédaction moins ornée, 
que bientôt il y aura une grande sécheresse, et elle le prouve par une 
citation de Varahamihira. 

Dans les trois autres versions, la grue s’y prend d’une manière tout à 
fait différente. Elle fait accroire aux poissons qu’elle a entendu dire à des 
pêcheurs que bientôt ils se rendraient vers leur lac. Il est clair qu'ici le 
texte de Varahamihira n'aurait pu venir à propos. Or, laquelle de ces 
deux rédactions est la plus ancienne? M. Kosegarten est d'avis (p. 1x) que 
c’est l'édition la plus ornée. Dans cette hypothèse il est évident que la cita- 
tion de Varahamihira ne peut servir à fixer la limite au delà de laquelle 
la première composition du Pantcha-tantra ne saurait être reculée. Dans 
l'hypothèse contraire il reste toujours à savoir si le passage de l’astronome 
indien n’est pas une addition plus récente. 

Nous nous sommes arrêté assez longuement sur ces détails, parce que 
nous avons vu que M. Wilson, le célèbre indianiste !, ainsi que Loiseleur 
de Longchamps ? ont considéré le raisonnement de Colebrooke comme 
péremptoire, tandis que, comme nous venons de le voir, il n’est rien moins 
que certain. 

Il nous importe néanmoins de connaître d’une manière au moins ap- 
proximative l’époque à laquelle le Pantcha-tantra a été composé ; car, sans 
cela, on pourrait supposer que les fables d’'Ésope n’ont pas été sans 
influence sur celles de l'Inde. Voilà pourquoi nous aurons recours à des 
arguments plus sûrs que ceux de Colebrooke, et qui établiront en même 
temps que le Pantcha-tantra remonte à une plus haute antiquité que celle 
qu'il lui veut assigner; car nous croyons pouvoir démontrer que ce re- 
cueil de fables est antérieur à Pànini, grammairien de l'Inde, qui vécut 
vers 320 avant J.-C. 

En effet, ce grammairien, après avoir donné (IV, 3, 125) une règle en 
vertu de laquelle deux mots peuvent être joints de telle manière que le mot 


1 Analytical account of the Pantchatantra, vol. 1 des Transactions de la Société Asiatique, 
p- 163. 
? Essai sur les fables indiennes ; Paris, 1858, p.28, note |, 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 25 


composé qui en résulte indique une inimitié entre les deux parties de ce 
mot, ce grammairien, disons-nous, Cile comme exemple le composé kako- 
lukia. Kaka signifie corneille et uluka hibou; de sorte que hakolukia veut 
dire l’inimitié des corneilles et des hibous 1. Or, c’est précisément là le titre 
que porte le livre IT du Pantcha-tantra, qui contient le récit détaillé d’une 
guerre des hibous et des corneilles. Nous pensons qu’on peut conclure 
de là que, si Panini n’avait pas eu le Pantcha-tantra sous les yeux, il n’au- 
rait jamais songé à inventer un pareil composé. C’est donc antérieurement 
à 550 av. J.-C. que fut fait ce recueil d’apologues. 

L'auteur en est appelé Vishnuçarman. Ce nom n’est pas dépourvu d'intérêt. 
Il signifie serviteur de Vichnou, et c’est précisément vers le [V* et le Ve siècle 
avant l’ère chrétienne que le culte de Vichnou acquit un développement 
remarquable ?. De ce côté donc, l'hypothèse qui place avant Pänini la com- 
position primitive du Pantcha-tantra reçoit une confirmation nouvelle et 
inattendue. 

L'introduction appartient à une période plus récente. On y trouve, sur- 
tout dans la version la plus ornée, une description détaillée de la ville de 
Mihilaropia , située dans le Dekhan. Cette cité, à en croire M. Wilson 5, 
florissait dans les premiers siècles après J.-C. C’est alors, ou bientôt après, 
que l'introduction doit avoir été écrite. Il suffit de la parcourir pour obte- 
nir la conviction qu'elle est moins ancienne que le recueil qu’elle précède. 

M. Kosegarten * s’est demandé si le Pantcha-tantra avait été composé 
primitivement en vers ou en prose, et il s’est décidé en faveur de la pre- 
mière hypothèse. Il est vrai que l’auteur de ce livre, en découvrant dans 
le Mahä-Bhärata des fables racontées en vers, devait être excité à imiter 
cet exemple. Il est vrai, d'autre part, que de temps en temps nous y trou- 
vons des distiques (clôkas), non-seulement, comme cela arrive d'ordinaire, 
pour exprimer des sentences morales, mais aussi dans le corps du récit. 
Toutefois il ne faut pas perdre de vue que les plus anciens itihäsas étaient 


1 Voy. Wilson, L. L., p. 173. 

? Voy. Lassen, Antiq. de l'Inde, p. 780. 
5 Voy. LL, p. 161. 

4 Voy. sa Préface, p. x. 


Tous XXV. 


= 


26 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


écrits en prose !, et qu’en outre, la fable VIT du troisième livre, sur la- 
quelle M. Kosegarten s’est surtout appuyé, ne peut pas servir d’argument. 
Sans doute, elle est presque entièrement en vers; mais elle est extraite du 
Mahä-Bhârata (t. WA, p. 558), ce qui a échappé à M. Wilson lui-même. 

L'énumération détaillée des traductions du Pantcha-tantra forme un des 
chapitres les plus curieux de l’histoire littéraire. Comme, néanmoins, il 
serait difficile d'ajouter encore quelque fait important aux recherches, 
aussi judicieuses que savantes, qu'a faites à ce sujet Silvestre de Sacy°, et 
comme, de plus, ce qu'il y avait à ajouter l’a déjà été par Loiseleur-Delong- 
champs 5, il ne nous reste qu'à donner brièvement le résultat de leurs tra- 
Vaux. 

Au commencement du VI: siècle de notre ère, le célèbre Chosroës, roi 
de Perse, ordonna qu'on fit du Pantcha-tantra une traduction en langue 
pehlvi. Cette traduction s’est perdue, à l'exception de quelques traces qui 
en sont restées dans la version arabe #; car l’auteur de cette version, qui 
date du VIIE siècle, ne recourut pas au texte sanscrit, mais se servit de 
l'ouvrage du traducteur persan. La version arabe servit de nouveau de 
texte à trois autres : à la version grecque, qui a pour auteur Siméon Seth, 
et qui est mieux connue sous le nom de Specimen sapientiae veterum Indo- 
rum ; à la version hébraïque qu’on attribue au rabbin Joel, et qui fut tra- 
duite (1262) en latin par Jean de Capoue; enfin à la version néo-persanne 
qui fut faite au XIe siècle par Nasrallaha. Changée au XVe siècle par Hocein- 
Vaez , abrégée d’une part et augmentée de l’autre, cette version servit de 
texte à la traduction turque qu’en fit un professeur d’Andrinople, appelé 
Ale-Tchelebi. Cette traduction porte le nom d’Homayun-Nameh; c’est elle 
que suivirent Cardonne et Galland pour faire connaître au public français 
ce qu'ils appelèrent les fables de Bidpaï *. 

Nous avons rappelé ici ces détails pour prévenir l'opinion qui pour- 


1 Voy. Lassen, 1. L., p. 856. 

Mémoire historique sur l'origine du livre Calila et Dimna, pp. 2 et suiv. 
Essai, ete., pp. 8 et suiv. 

! Voy. Kosegarten, p. xt. 

5 Probablement une altération de Vidiapati= Scientiae magister. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 97 


rait naître facilement de la comparaison des fables indiennes avec celles 
d’Ésope, à savoir, que déjà anciennement le Pantcha-tantra aurait été connu 
des Hellènes. 

Nous nous y sommes arrêté également par le motif que Le Calilah we 
Dimnah — c'est le nom que porte la version arabe — renferme quelques 
fables indiennes qui ne se trouvent pas dans l'original. C’est ainsi que la 
fable du Chat et de la Souris, dont nous donnerons la traduction dans la 
suite, de même que celle du Perroquet et du Prince, qui sont empruntées , 
l’une au Mahä-Bhärata (1. I, p. 35), l’autre au poëme intitulé Harivança ", 
sont comprises dans le Calilah we Dimnah, mais non dans les éditions du 
Pantcha-tantra, dont nous connaissons le contenu ou le texte. 

Nous avons aussi une traduction française de ce recueil d’apologues, 
publiée, en 1826, par le missionnaire Dubois. Mais, d’après l’aveu de l'au- 
teur lui-même (préf., p. vm), il a omis un grand nombre de fables. De plus, 
selon toute probabilité, il n’a eu devant lui qu’une édition de beaucoup 
postérieure à celle qu'a publiée M. Kosegarten. 

L'auteur du Hitopadéça a emprunté au Pantcha-tantra la plupart de ses 
fables. D'après ses propres paroles, c’est à cet ouvrage et à un autre recueil 
qu'il est redevable de tous ses récits. Nous ne savons pas quel peut être 
cet autre recueil. Il en existe un qui est très-réputé et qui porte le nom 
de Vrihatkathä; mais le contenu en est encore inconnu ?. 


CHAPITRE Il. 


ÉSOPE EST UN PERSONNAGE FICTIF. 


Nous connaissons maintenant les sources auxquelles nous aurons à pui- 
ser les éléments de la comparaison que nous nous sommes proposé d’éta- 


1 T. 1, p. 96 de la traduction de M. Langlois. 

? Ayant appris, par M. Lassen, que déjà, dans les lois de Manou, il se trouvait quelques allusions 
à des fables, nous avons parcouru cet ouvrage; mais jusqu'à présent , toutes nos recherches à ce 
sujet ont été infructueuses. 


28 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


blir; mais, avant d'aborder ce sujet, il nous a semblé convenable de con- 
sulter les témoignages des anciens sur l'origine et la transmission de leurs 
fables. En effet, quoique, dans un grand nombre de circonstances, ces témoi- 
gnages soient d’une valeur très-médiocre, quoique bien souventils soient con- 
tradictoires et qu’il faille beaucoup de critique et de tact pour démêler ce qu'il 
s’y trouve de vrai et de faux, il n’en est pas moins certain que, dans toutes 
les questions littéraires, c’est par là qu’il faut commencer ses recherches. 

Nous avons déjà fait observer précédemment que l'histoire littéraire de 
l'Inde est enveloppée des plus grandes obscurités, attendu qu’en général 
les brahmanes et les bouddhistes ne semblent avoir eu aucun goût pour 
l’histoire. Aussi les renseignements directs qu'on pourrait être tenté de 
chercher de ce côté, relativement au sujet qui nous occupe, se réduisent- 
ils presque à rien. Il n’en est pas de même pour la Grèce. Les écrivains 
de ce pays nous ont, en effet, transmis sur l’histoire de l’apologue plu- 
sieurs témoignages très-précieux. Seulement ces témoignages sont bien 
loin de s’accorder parfaitement entre eux. Nous avons donc à les combiner 
et à en apprécier la valeur relative pour parvenir à un résultat satisfaisant. 
Or, cette combinaison peut se faire de plusieurs manières différentes, et 
les savants donneront la préférence soit à l’une, soit à l’autre, selon l’idée 
générale qu'ils se seront formée de la culture hellénique. C'est ce qui fait 
que, malgré l'exactitude que nous avons apportée à nos recherches et 
malgré le soin, peut-être minutieux, que nous avons donné à l’enchaine- 
ment des probabilités historiques qui doivent servir à résoudre la question 
que nous traitons, nous craignons bien de ne pouvoir compter sur l’as- 
sentiment de tous les philologues. Il en est, en effet, qui attachent une 
telle importance au témoignage des anciens, qu'il suffit qu'un auteur de 
quelque renom ait énoncé une chose pour qu'ils considèrent le moin- 
dre doute à l'égard de ses paroles comme une véritable hérésie. On à 
beau leur prouver, de la manière la plus évidente, que cet auteur est en 
contradiction avec lui-même et avec toutes les données historiques, ils 
s’écrieront aussitôt que procéder de la sorte, c'est renverser loutes les 
bases de l’histoire, qu'il n'y aura dorénavant rien dont on ne puisse 
douter, etc. Ce n’est pas pour cette classe de lecteurs que nous écrivons. 


mi ft mit 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 29 


Nous ne considérons aucun écrivain classique comme inspiré ni, par con- 
séquent, comme infaillible, cet écrivain eût-il nom Hérodote. Et c'est, en 
effet, Hérodote dont nous nous sommes proposé d’infirmer le témoignage, 
pour autant qu'il nous donne des renseignements sur Ésope. Hérodote est 
un historien dont nous faisons le plus grand cas, sous beaucoup de rap- 
ports. C’est un auteur plein de naïveté et de grâce; son témoignage est 
digne de foi tant qu’il ne fait que rapporter les choses qu'il a vues et exa- 
minées par lui-même. Mais ce même écrivain a eu trop de bonhomie pour 
ne pas croire souvent à des récits mensongers. Il s’est laissé mystifier par 
les prêtres de l'Égypte; il a pris pour de l'histoire presque toute la 
mythologie ; en un mot, il n’a pas eu cette critique qui aurait été si néces- 
saire de son temps. 

Voilà comment nous considérons Hérodote, et c'est à ce point de vue 
que nous nous proposons d'examiner les détails qu'il nous a transmis sur 
Ésope (L. I, $ 154). 

« Rhodopis, dit-il, était esclave d’'Iadmon, fils d'Héphaistopolis, de 
» Samos. Ésope, le fabuliste, fut esclave avec elle. En effet, ce qui prouve 
» surtout (ox uote) qu'Ésope a été l’esclave d’ladmon, c’est le fait sui- 
» vant : Après que les habitants de Delphes eurent fait publier plusieurs 
» fois, selon les ordres du dieu, que celui qui réclamerait une rançon 
» pour le meurtre d'Ésope l’obtiendrait, personne ne se présenta, à l’ex- 
» ception d'Iadmon, petit-fils de l’autre Jadmon; et il obtint la rançon. 
» Ainsi donc Ésope fut l’esclave d’Iadmon. » 

C’est là le plus ancien témoignage que nous ayons sur Ésope. Comme 
il n’est pas entièrement clair, nous tâcherons de le compléter, en emprun- 
tant quelques renseignements à des écrivains postérieurs. 

D'abord, on voit qu'Hérodote croit nécessaire de prouver qu'Ésope a 
été l’esclave d’Iadmon et qu'il n’a pas appartenu à un autre. Ceci nous 
indique clairement qu'il cireulait sur le compte d'Ésope d’autres tradi- 
tions différentes de celle-ci. En effet, Callimaque ! nomme Ésope un habi- 
tant de Sardes : Aïowroc & Zaodvéc; Plutarque et Suidas le font demeurer à 


1 Voy. le Dictionnaire d'Apollonius, sv. de. 


30 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


la cour de Crésus. Selon le dernier de ces auteurs, il était même le favori 
(gdoiue) du roi de Lydie; et cette tradition paraît même remonter à une 
plus haute antiquité, puisqu'il est probable que l’auteur comique Alexis, 
qui avait composé une pièce intitulée Ésope, y avait fait figurer Crésus et 
Solon. Or, les auteurs comiques suivent ordinairement la tradition popu- 
laire et commune. Cette tradition était donc, selon toute vraisemblance, 
déjà connue du temps d'Hérodote, et c’est en contradiction avec elle qu'il 
s'efforce de prouver qu'Ésope était non de Sardes, mais de Samos, non 
pas un favori de Crésus, mais un esclave d’Iadmon. Mais, comment le 
prouve-t-il? Les habitants de Delphes, dit-il, avaient fait publier qu'ils 
payeraient une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclame- 
rait, et Tladmon de Samos a obtenu cette rançon. D'abord pourquoi et de 
quelle manière Ésope avait-il été tué? Callimaque nous rapporte qu'Ésope 
avait récité à ceux de Delphes une fable qui les avait irrités fortement : 


Taÿra à Asunos 
O ZSapoinvos Eire cv ci Aëdçoi 


"Adoyra mov où nas EdéEavto. 


et le scoliaste d’Aristophane ( Vesp. 1446 et Pax. 128) nous dit qu'Ésope 
avait reproché aux habitants de Delphes de vivre non pas de l’agricul- 
ture, mais des revenus de l’oracle. C’est donc pour cette raison qu'ils le 
tuèrent. Et de quelle manière cela se fit-11? Aristophane nous raconte 
( Vesp. 1446) qu’ils accusèrent le fabuliste d’avoir volé une coupe du dieu : 


Dei Ermriovto AËUa Toù eo : 


et, d’après le scoliaste, cette accusation fut appuyée de la manière sui- 
vante : on cacha la coupe parmi ses effets, on lui reprocha ensuite de l'avoir 
volée et on le condamna à mort, après qu’elle eut été trouvée sur lui. La 
même chose est rapportée par Héraclide du Pont!, contemporain de 


! Si même on considérait les fragments des Polities d'Héraclide comme empruntés aux Polities 
d'Aristote, cela ne diminuerait en rien ni l'autorité ni l'antiquité de ce témoignage. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 51 


Platon et d’Aristote, et nous avons toute raison de croire que c’est la la 
tradition que connaissait Hérodote. 

Ce crime odieux ne manqua pas d'appeler la vengeance du dieu. Une 
famine exerça ses fureurs sur les descendants de ceux qui avaient si injus- 
tement condamné Ésope !, et l’oracle ? leur ordonna de publier qu'ils 
payeraient la rançon du meurtre d'Ésope (rw 7% Aisôra duyñe, Hérod.). 
Plusieurs fois cette offre fut faite inutilement jusqu'à ce qu'enfin Jadmon 
se présentàt, pour obtenir la rançon promise, prétextant qu'Ésope avait 
été l’esclave de son grand-père, et l’oracle, fidèle à sa promesse, lui paya 
l'argent. 

Voilà donc le récit d'Hérodote, analysé jusque dans ses moindres dé- 
tails. Les trois conclusions qu’il semble qu'on puisse en tirer, sont les 
suivantes : d’abord Ésope a été tué à Delphes; ensuite il a vécu à Samos; 
enfin, Jadmon a obtenu la rançon de son meurtre. 

I. Ésope a été tué à Delphes, non pas d’une manière obscure, par 
exemple, dans une querelle, mais il a été condamné et exécuté publique- 
ment comme voleur d'objets sacrés, et ce sont les prêtres eux-mêmes qui 
l'ont fait condamner; car ce ne sont qu'eux qui ont pu faire mettre parmi 
ses effets une coupe du dieu. 

Mais d’abord, un esclave ne pouvait pas, comme un homme libre, être 
cité devant le tribunal. On le condamnait et on le punissait sommairement, 
sans avoir recours à de semblables formalités. Ensuite, si l’on pouvait 
accuser Ésope d’avoir volé une coupe du dieu, il faut qu'il ait été admis 
à consulter l'oracle; mais jamais un esclave ne pouvait consulter l’oracle, 
ni pour lui-même, ni pour d’autres. En troisième lieu, si les prêtres de 
Delphes se fâchent si fort de ce qu’il s’est moqué d’eux, il est bien clair 
qu'il a dû le faire en public; mais jamais un esclave n’était admis à parler 
en public. 

On le voit, les difficultés s'accumulent; les anciens paraissent déjà 
l'avoir senti. Pour y remédier, on raconta qu'Ésope avait été affranchi par 
son maître; c’est là ce que nous rapporte Héraclide du Pont. Mais ceci, 


‘ Voy. Libanius, De ulcise. Jul. nece, vol. NN, p. 53. 
? Ex Gorçoriou, d'après Hérodote. 


32 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


loin de lever la contradiction qu'il y a dans le récit d'Hérodote, ne fait, 
au contraire, que l'augmenter. Car si Ésope a été affranchi, de quel front 
Iadmon vient-il, plus tard, réclamer une rançon à laquelle il n'a aucun 
droit? Il ne peut pas, en effet, y prétendre, si Esope, au moment de sa 
mort, n’était plus l’esclave de son grand-père. 

Il est facile de voir, d’après ce qui précède, que la mort d'Ésope, à 
Delphes, est très-improbable, du moins si l’on s’en tient au récit d'Héro- 
dote. 

IT. Que sera-ce maintenant du deuxième point que nous croyions pou- 
voir admettre comme certain, d’après le témoignage du père de l'histoire? 
Ésope, disions-nous, doit avoir vécu à Samos. Pour prouver cette asser- 
tion, Hérodote s’appuie sur le récit d’'Iadmon, lequel constitue le troisième 
point que nous avons signalé plus haut. 

III. Jadmon a-t-il reçu de l'argent du temple de Delphes? Nous n’en 
doutons nullement. Le temple de Delphes a-t-il fait publier qu'il payerait 
une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclamerait? Cest 
également incontestable. Mais de ce que l’oracle de Delphes fait publier 
une chose pareille et de ce qu'Iadmon réclame et obtient la rançon, s’en- 
suit-il qu'il faille ajouter foi soit à l'un soit à l’autre? Ce sont là des 
questions qu'il convient d'examiner de plus près. 

S'il ya une chose dont il faille se défier dans l'antiquité, ce sont certai- 
nement les traditions des prêtres païens. L’oracle de Delphes avait de 
l'intérêt à ce que l'usage de faire pénitence et de payer rançon pour les 
meurtres ne diminuât point. Mais il n’y a rien qui entraîne davantage que 
l'exemple. Aussi voyons-nous que, d’après la légende, Apollon lui-même 
expie longuement le meurtre de Python, et se fait purifier par Carmanor. 
Si donc il se présentait, pour les habitants de Delphes, une occasion écla- 
tante de montrer qu'ils payaient volontiers eux-mêmes une rançon pour 
les crimes commis chez eux , ils devaient saisir cette occasion avec le plus 
grand empressement, pour exciter le reste de la Grèce à imiter leur 
exemple. Or, d'après la tradition, Ésope avait été tué à Delphes d'une 
manière odieuse et injuste. Faire usage de cette tradition à l’occasion d’une 
famine ou d’une peste, et publier qu’on était prêt à payer une rançon à 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 55 


qui de droit, c'était suivre une politique digne de tout point de ce que 
nous savons d'autre part de l’oracle de Delphes. 

On voit donc qu'il ne faut pas attribuer une importance exagérée à 
la publication faite par cet oracle. Tout ce qu'on peut en conclure, c’est 
qu'il y avait en Grèce une tradition, d’après laquelle Ésope avait été tué 
à Delphes. 

Ceci nous prouve en même temps qu'il ne faut pas non plus attacher trop 
de valeur ni aux prétentions d’'Iadmon, ni au fait qu'il avait obtenu la ran- 
çon promise. D’après ce que rapporte Hérodote, nous voyons qu'Iadmon se 
piquait d’avoir eu dans sa famille des personnes remarquables. Son grand- 
père, disait-il, avait eu pour esclave la célèbre courtisane Rhodopis; il 
avait également possédé Ésope, l’illustre fabuliste. Mais quelles preuves 
pouvait-il alléguer en faveur de cette dernière prétention ? 

Hérodote, auquel il a probablement raconté lui-même la chose, con- 
sidère, comme une preuve capitale, le fait que l'oracle lui a payé une 
rançon. Toutefois, si Ésope, cet esclave si célèbre, avait réellement appar- 
tenu à son grand-père, n’y aurait-il pas eu d’autres preuves manifestes et 
indubitables sur lesquelles il aurait pu s'appuyer ? 

Tout ce qu'on peut donc inférer des assertions d’'Iadmon, c'est que, 
d’après certaines traditions, Ésope a vécu à Samos. Mais vouloir en conclure 
qu’en effet, ladmon, le grand-père de celui dont nous parle Hérodote, ait 
possédé Ésope comme esclave, c’est aller plus loin que ne le permet une 
saine critique. 

Pouvons-nous, d’après ces considérations, regarder encore comme 
incontestable le deuxième point que nous avons indiqué plus haut, à 
savoir qu'Ésope aurait vécu à Samos? Il est évident que nous ne sommes 
plus en droit de le faire. Les prétentions d'Iadmon étant réduites à leur 
juste valeur, nous voyons que nous n’avons affaire qu'à une tradition 
d’une valeur incertaine, puisque déjà les anciens lui en opposaient une 
autre. Car tandis que ceux-ci plaçaient Ésope à Samos, ceux-là le faisaient 
vivre à la cour de Crésus. 

On voit que la question commence à se simplifier. Avant de continuer 
nos recherches, tächons de la bien préciser. Nous nous sommes proposé 


Tome XXV. pi 


54 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


de prouver, non-seulement qu'Ésope n’a pas été l’esclave d'Iadmon , mais 
qu’il n’a jamais eu d'existence historique, qu’en un mot, c'est un person- 
nage fictif. 

Nous ne sommes pas les premiers à énoncer cette opinion en apparence 
paradoxale. Des savants éminents, comme Luther, Camerarius, Vico, Creut- 
zer et M. Welcker ont douté de l'existence d'Ésope. Ce dernier surtout. 
dans une dissertation pleine d’érudition, de bon sens et de finesse, qui a 
été insérée d’abord dans le Musée du Rhin, année 1859, vol. VI, pp. 366 
et suiv., et qui a été réimprimée plus tard, avec quelques additions, dans 
le vol. IL de ses Kleine schrifien, pp. 228 et suiv., a prouvé d’une manière 
victorieuse, selon nous, que le personnage d'Ésope doit être rayé désor- 
mais de l’histoire littéraire comme individualité historique. C’est à lui, 
nous l’avouons volontiers, que nous avons emprunté, en grande partie, 
les arguments que nous avons employés jusqu'ici, de même que ceux 
dont nous ferons encore usage dans la suite. C’est lui aussi qui a démon- 
tré, autant qu'il est possible de le faire, que le témoignage d'Hérodote 
ne doit pas nous être un obstacle pour admettre un résultat auquel nous 
conduisent tant d’autres arguments. Car c'était surtout Hérodote sur qui 
s’appuyaient ceux qui voyaient dans Ésope un personnage réel. Le savant 
Jacobs était d'avis que, quelque grande que fût la part de la fiction dans 
la vie d'Ésope, telle qu’on la connaît généralement, c'était néanmoins agir 
trop arbitrairement que de rejeter le témoignage d’un écrivain d’un aussi 
grand poids qu'Hérodote. Un autre savant très-respectable, M. Grauert 
qui à traité cette question dans un mémoire couronné !, après avoir re- 
jeté, dans sa rédaction primitive, la réalité historique du fabuliste grec, 
s’est ravisé dans la suite, et s’est appliqué à démontrer, guidé par les 
conseils de Niebuhr, que le témoignage d'Hérodote est tout à fait décisif, 
et qu'Ésope a réellement existé. 

Si nous avons réussi à prouver que, dans le cas présent, l'autorité 
d'Hérodote n’est pas aussi grande qu’on le voudrait faire croire, nous 
avons déjà gagné la moitié de notre cause, et il nous sera facile de mon- 


‘ De Aesopo et fabulis Aesopiis. Bonnae ,1825. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 


OI 


trer maintenant que toutes les autres traditions, prises ensemble, ne sau- 
raient nous convaincre qu'Ésope soit un personnage historique. 

La tradition principale, qui circulait à côté de celle que rapporte 
Hérodote, consistait à placer Ésope à la cour de Crésus. Envoyé par ce 
roi à l’oracle de Delphes, il irrite, par une fable, les habitants de cette 
ville, qui, pour se venger de lui, cachent dans ses effets une coupe 
d’Apollon, l’accusent ensuite de l'avoir dérobée, le condamnent à mort 
et le précipitent de la roche Hyampée !. 

Ce genre d'accusation est attribué, dans l'antiquité, à diverses autres 
personnes, probablement toutes plus anciennes que l’époque à laquelle 
on place ordinairement Ésope. Moïse, dans l’histoire de Joseph (FE, 44), 
rapporte sa condamnation avec des circonstances analogues. D'après Héra- 
clide du Pont, les fils de l’archonte Phamis, à Magnésie, furent convain- 
cus, de la même manière, d’avoir volé des objets appartenant au temple. 
Une chose pareille eut lieu dans la ville de Delphes, à une époque, sans 
aucun doute, beaucoup plus reculée que celle d'Ésope, si nous en pou- 
vons croire Aristote (Pol. 5, 5, 5), Élien (Var. st. I, 5) et Plutarque 
(Praec. reip. ger., 52). Selon ces auteurs, Orgilaüs, fils de Phalis, qui 
devait épouser la fille de Cratès, ayant eu de mauvais présages, abandonna 
sa fiancée et partit avec son père. Cratès, pour se venger d’eux, fit cacher 
dans leurs effets un vase d’or du temple; après quoi, il les accusa de 
l'avoir enlevé, et les condamna, sans autre formalité , à être précipités du 
haut d’un rocher. Plusieurs autres parents et amis d'Orgilaüs furent tués 
le même jour. Mais plus tard, les habitants de Delphes assassinèrent 
Cratès lui-même, le chassèrent avec tout son parti, et bâtirent une partie 
du temple avec leurs biens confisqués. C’est là, dit Aristote, la source et 
le commencement des troubles qui agitèrent la ville de Delphes. 

Ce récit, qui remonte certainement à une très-haute antiquité, est em- 
preint de tous les caractères d’une histoire véritable, et Camerarius ? fait 
remarquer, avec raison, qu'on pourrait être tenté de voir dans la mort 
d'Orgilaüs l'original du meurtre d’Ésope. En effet, rien n’est plus naturel 


1 Plutarque, De sera numinis vindicta, e. 12. 
: 


= Vila Aesopi, p. 62. 


56 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


que d’accumuler sur un personnage connu tous les bons mots et toutes les 
anecdotes célèbres qui semblent quelque peu lui pouvoir être appliqués. 
Frédéric le Grand et Napoléon, de nos jours, suffisent pour nous le mon- 
trer clairement. 

En présence des faits que nous venons de signaler, on nous accordera 
volontiers, pensons-nous, que l’accusation et la mort d'Ésope deviennent 
de plus en plus problématiques. Mais comment, dira-t-on, en est-on venu 
à inventer une chose pareille ? 

Il convient de faire remarquer que ce sont deux questions différentes 
et qu'il faut bien séparer: d’abord une tradition est-elle invraisemblable? 
ensuite comment a-t-elle pu naître et prendre consistance? Souvent la pre- 
mière de ces choses peut être prouvée, sans que pour cela on puisse 
répondre à la seconde question. Dans le cas présent, il n’est pas difficile 
de démontrer que le genre d’accusation employé contre Ésope ne présente 
qu'une apparence de vérité fort médiocre, tandis que peut-être il est tout 
à fait impossible de faire voir clairement de quelle manière cette tradi- 
tion à pu lui être appliquée. 

Voici, néanmoins, comment on pourrait, par exemple, se figurer que, 
dans les récits populaires, Ésope ait été confondu avec Orgilaüs. En 
général, en racontant les fables d'Ésope on les lui faisait adapter à sa 
propre situation. « Ésope dit aux Corinthiens !, ou aux Athéniens ?, dans 
telle et telle circonstance, etc.; » c’est ainsi que les fables commen- 
çaient ordinairement. Supposons maintenant qu’on ait voulu faire raconter 
à Ésope la fable du Scarabée et de l'Aigle, qui était très-répandue chez les 
anciens. Pour parvenir à ce résultat, dans quelle meilleure situation pou- 
vait-on le placer que dans celle d’un fils de Phamis ou d’un Orgilaüs? 
Aïnsi, l’on conçoit très-bien que quelqu'un ait pu inventer une tournure 
semblable à celle que nous a transmise Aristophane (Vesp. 1446) : 


Aowroy oi Aeñqce TIOTE 
Dreddny Ennriôvro xélou Tob 0eoù 
O Dedcéey duroic, dc 0 xavdapéc more, etc. 


‘ C'est de cette manière que débute une fable d'Ésope mise en vers par Socrate. 
? Callimaque. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 57 


Qu'on ne se méprenne pas sur le sens de cette explication. Nous ne 
prétendons nullement que les choses se soient passées de la sorte. Nous 
avons voulu montrer seulement, par un exemple, qu'il n’est pas impos- 
sible qu’une fable ait donné naissance au récit du procès et du meurtre 
d'Ésope. Nous le répétons, si cette explication paraissait invraisemblable , 
il n’en resterait pas moins vrai que le récit lui-même n’est pourtant pas 
très-croyable. 

Cest à Delphes qu'Orgilaüs avait été condamné par suite d’une ruse 
criminelle ; et c’est dans la même ville et par la même ruse que plus tard 
on se serait débarrassé d’Ésope ! S'il en est ainsi, il faut avouer avec Boi- 
leau que 


Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. 


Si donc le récit de la mort d'Ésope à Delphes ne présente pas de garantie 
suffisante, voyons si, du moins, son séjour auprès de Crésus se recom- 
mande par plus de probabilité. 

Pour être admis à la cour d’un roi si puissant, surtout lorsqu'on était 
étranger, il fallait certainement se distinguer par des talents éminents. Or, 
quel mérite peut-on attribuer à Ésope? Est-il l'inventeur de la fable? Non: 
car Hésiode, Archiloque et Simonide d’Amorgos avaient employé des apo- 
logues avant lui? A-t-il écrit un recueil de fables, soit en prose, soit en 
vers? Non plus; nous l’avons démontré plus haut. Comment alors, deman- 
derons-nous, Ésope a-t-il pu acquérir sa célébrité s’il n’a ni inventé ni 
perfectionné la fable par ses écrits? On objectera peut-être que Thalès et 
Socrate sont dans le même cas qu'Ésope , qu'ils ne nous ont pas non plus 
laissé d'ouvrages, et que cependant on ne peut pas, à cause de cela, con- 
tester leur réalité historique. Nous répliquerons que ce cas est tout à fait 
différent. Thalès était un astronome distingué; il était, en outre, le père de 
la philosophie dont Socrate fut le régénérateur. Mais Ésope qu'’a-t-il fait 
de si grand? M. Grauert et d’autres nous répondent qu'il a très-souvent 
fait usage de la fable, et qu'il s’en est toujours servi fort à propos. Est-ce 
là un si grand titre de gloire? Inventer et raconter quelques fables, est-ce 


38 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


là ce qui rend un homme si célèbre et si considéré? Nous avouons que 
cette objection nous paraît irréfutable. 

Que sont, à côté de cela, les faibles raisons empruntées à l'unanimité 
des auteurs grecs et latins qui nous parlent tous d’Ésope comme d’un 
personnage réel? M. Robert! croit néanmoins cette considération très- 
sérieuse. « Aristophane, dit-il, qui écrivait environ un siècle après lui 
» (Ésope), se serait-il permis de le citer tant de fois dans les comédies 
» faites pour le peuple d'Athènes? N’aurait-il pas craint de ne pas être 
» entendu si le nom et les fables du Phrygien n'avaient pas été générale- 
» ment connues. » Assurément ce n’est pas là ce que nous contestons. Il 
est clair que, si Hérodote a fait une dissertation sur Ésope, les Athéniens 
ont dû connaître son nom. Ses fables étaient certainement répandues dans 
la Grèce. Mais s’ensuit-il de là qu'Ésope ne soit point un être de raison? 
Alors Hercule a également existé, alors Tartufe est un être réel, alors le 
personnage si connu en Belgique et en Allemagne sous le nom d’Uylen- 
spiegel doit être considéré aussi comme une réalité historique. Et qu'à 
propos de ce dernier, on nous permette une petite digression. Le lecteur 
se sera peut-être déja demandé: mais comment se fait-il qu'Hérodote ait 
commis une erreur si grave à propos d’un auteur qu'il ne place qu’à un 
siècle de lui? Eh bien! M. Philarète Chasles , un des rédacteurs du Journal 
des Débats, auteur de plusieurs ouvrages très-connus, professeur au collége 
de France, etc., M. Philarète Chasles, dans son Histoire de lu littérature 
française au XVF siècle, nous parle gravement d'Uylenspiegel comme d’un 
être réel; il sait même nous indiquer l'endroit où il est enterré en Alle- 
magne. Et cela se passe au XIX° siècle, qui est si fier de sa judicieuse cri- 
tique! Comment donc s'étonner qu'Hérodote se soit trompé, et comment 
surtout exiger d'un auteur comique ou d'autres écrivains, qui ne parlent 
d'Ésope qu’en passant, qu'ils fassent des réflexions sceptiques quand ils 
citent les fables d’'Ésope? Aristote considère Orphée comme un être fictif, 
et, en d’autres endroits, il en parle néanmoins tout comme il parle d'Ésope. 

Lors même que le nombre des témoignages anciens serait de beaucoup 


! Fables inédites , ete., p. xux. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 39 


plus considérable, on n’en saurait pas conclure davantage qu'Ésope ait 
réellement existé. 

On pourrait facilement nous poser encore toutes sortes de questions 
relatives au prétendu père de la Fable, et ces questions seraient peut-être 
dificiles à résoudre, sans que pour cela la démonstration que nous venons 
de donner perdit quelque chose de sa force. 

Pourquoi, demandera-t-on, Ésope est-il placé au VE siècle avant J.-C.? 
Probablement, dirons-nous, parce qu'à cette époque un grand nombre 
de fables, jusqu'alors inconnues, se répandirent dans la Grèce. Pour- 
quoi le nomme-t-on Lydien ou habitant de Samos? Parce que, comme 
nous le prouverons plus tard, un grand nombre de fables sont venues aux 
Grecs de la Lydie, et que Samos ayant subi l'influence immédiate de ce 
pays, comme l’histoire nous le montre clairement, il est probable que là 
aussi la Fable aura d’abord été plus répandue qu'ailleurs. Ce qui confirme 
surtout cette dernière explication, c’est que Simonide d’Amorgos, origi- 
naire de Samos, et Ibycus, qui vécut à la cour de Polycrate, ont connu et 
employé l’apologue. 

Pourquoi est-il nommé Thrace ou Phrygien? Parce qu'il était considéré 
comme esclave, et que les esclaves grecs venaient ordinairement de la 
Phrygie ou de la Thrace !. 

Pourquoi Ésope est-il représenté comme esclave? Parce que, comme 
Phèdre l’a déjà indiqué (5% prol., v. 55), il convient à un esclave de ne 


! Si, d'après Suidas, un certain Eüyeirey avait appelé Ésope un MecyuBprvé;, nous pensons que 
cette donnée peut facilement s'expliquer. En effet, Mesembria était une des villes les plus commer- 
gantes de toutes celles qui étaient situées sur le Pont-Euxin. Or, nous savons que les Thraces 
venaient dans ces villes pour acheter du sel en échange contre des esclaves, qu'on transportait en- 
suie dans les diverses contrées de la Grèce. Les villes du Pont avaient, par conséquent, de grands 
marchés d'esclaves, et comme celui de Mesembria était le plus considérable de tous, il était naturel 
de dire d'un esclave de la Thrace, que c'était un MeoyuBewvs:. L'auteur qui nous a transmis 
celte notice n'est pas connu par d'autres passages. Voilà pourquoi Cuperus (Observatt , LIN, p. 62) 
a cru devoir changer Edyeirwy en Eëyaisw. Ce dernier écrivain était de Samos et paraît avoir 
vécu antérieurement à Hérodote. Si cette conjecture était suffisamment sûre, ce serait Jà le plus 
ancien témoignage sur Ésope; mais comme les noms composés en yeire ne sonl pas du tout 
rares , il n’est nullement nécessaire de faire un changement, quoique M. Grauert (p. 67 de son 
ouvrage cité plus haut) et M. Muller (Fragmenta historicorum graecorum, 1. M, p. 16) aient adopté 
l'opinion de Cuperus 


40 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


pas s'exprimer librement, mais d'employer toutes sortes de détours pour 
dire la vérité à son maître. Partout où le faible se trouve en présence du 
puissant, il doit tâcher , d’une manière ingénieuse et prudente, de ne lui 
donner des leçons de morale qu’en termes voilés. Or, pour atteindre ce 
but, il n’y a rien qui vaille mieux qu’une fiction; ce moyen est si naturel 
qu’on le voit employé à toutes les époques de l’histoire. 

C’est ainsi que le prophète Nathan, avant de faire des reproches à 
David , lui raconte une fable qui émousse sa fureur. Ainsi il existe, en 
vieux flamand, un traité sur le jeu d'échecs, dans lequel nous trouvons 
un tyran auquel ses courtisans n’osent pas faire de reproches, mais au- 
quel on tâche d’inculquer ses devoirs en lui faisant connaitre les règles 
du jeu. C’est au moyen d’une fable qu'Hésiode critique la violence des 
rois, que Stésichore avertit ses concitoyens de ne pas se fier à un tyran, 
que Ménénius Agrippa calme les fureurs de la plèbe, que souvent l’orateur 
grec s’adressait au dux. Tous ces exemples nous font voir clairement qu'il 
n'y a aucune condition sociale qui convienne mieux au père de la Fable que 
celle dans laquelle la tradition nous le montre en effet. 

Nous croyons avoir à peu près épuisé les questions qu'on pourrait nous 
poser relativement à Ésope. Il reste cependant encore à expliquer com- 
ment et pourquoi on lui a donné son nom. Et quoique l’étymologie des 
noms propres soit presque toujours pleine des plus grandes difficultés et 
qu'il ne faille jamais trop s’y fier, nous croyons qu'il n’est pas impossible 
de résoudre le problème proposé. 

Babrius à commencé le second prologue de ses fables par les vers sui- 
vants, qui sont de tout point remarquables : 


Mes péy, © mai Basihéws AdeËydpou 
, ANS (2 1, ’ 
Zdpoy radou@y écriy Eupeu dvOpérwy 
OÙ pi mot noce émi Nivou te xai Bou. 
Ilodros À, où, eëxe mousiy Evo 
1 P ; 
A'sunoc d gopéc * eine al AiBuc twès 


Aéyou AuGüoonc !. 


‘ Uest là ce que porte le MS. Nous discuterons plus tard la leçon des deux derniers vers. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 


CS 
= 


Selon Babrius, la fable est donc une invention des Assyriens; car ce 
sont évidemment eux qu'il entend désigner en parlant des « anciens 
Syriens qui vivaient sous Ninus et Bel. » Nous ne voulons pas encore 
examiner maintenant si Babrius a raison ou tort. Toujours est-il qu’il a 
exprimé par ces mots une tradition répandue chez les Grecs. Il n’y aurait 
donc rien d'étonnant si l'inventeur de la Fable portait le nom de Syrus ou 
d'Assyrius. Or, nous prétendons que le nom d’Aïsur:z; ne doit pas nous 
étonner davantage. On sait, en effet, que du temps d'Homère tous les 
peuples habitant l'Orient portaient le nom générique d’Éthiopiens, et 
cette dénomination-se conserva pendant plusieurs siècles !. Memnon, le 
fils de l’Aurore, est appelé roi d'Éthiopie; ce n’est que plus tard que le 
même Memnon est désigné par Ctésias comme satrape du roi d’Assyrie. 
Par conséquent, si Babrius fait remonter aux Assyriens l'invention de la 
Fable, nous pouvons dire également, en nous conformant à une manière 
de voir plus ancienne, qu’elle est due aux Éthiopiens, ou bien aussi 
que l'inventeur de la Fable est un certain Aït. Or, Aïÿcy signifie noir ; 
c'est dans ce sens que l’emploie Méléagre (IT), lorsqu'il se sert des mots 
aibion ypôt; ado n’est donc pas autre chose qu'a) ou afuÿ Où afwmos ?. 
D'un autre côté, si le 9 est remplacé très-souvent par le o, si Au et Aïauv 
ne sont que deux formes différentes du même nom, si, comme M. Welcker 
l'a prouvé 5, le poëte Au est le même que Kwx%w, il nous sera permis 
de dire qu'Aours est la même chose qu'A’furos. Ésope signifie donc Éthio- 
pien. Ilest vrai qu’on n’a jamais donné aux Éthiopiens le nom d’Aswr. Mais 
M. Welcker fait observer, avec raison #, que tous ceux qui sont familia- 
risés avec la manière dont les Grecs formaient les noms, et surtout les 
noms fictifs, savent aussi qu’ils aimaient à en cacher quelque peu la signi- 
fication. 

Nous ne sachons pas que, depuis que M. Welcker a publié sa disserta- 
tion sur Ésope, quelqu'un en ait publiquement contesté les conclusions, 


! Elle est encore employée par Eschyle. 
2 Voy. Manethon, IV, 168. 

5 Cycle épique, X, p. 244. 

* Kleine Schriften, W, p.255. 


Toue XXV. 6 


49 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


du moins quant à la partie générale. Mais dans le vol. V du Nouveau Musée du 
Rhin, année 1847, pp. 422 et suiv., un savant de la Suisse, M. Zuendell, 
s’est attaché longuement à prouver que si Ésope est en effet un Éthiopien, 
il faut appliquer ce nom, non pas, comme le pense M. Welcker, aux Orien- 
taux, mais bien aux Éthiopiens de l’Afrique. Nous avons lu et relu son 
mémoire, et cependant nous devons déclarer en conscience qu'il ne nous a 
nullement persuadé. Afin que toutefois on ne nous accuse pas d’avoir porté 
un jugement téméraire, nous allons examiner une à une toutes les preuves 
qu'il a alléguées. 

C’est une chose ingrate que de réfuter des assertions erronées ; en le 
faisant, on court toujours risque de tomber dans une opposition systé- 
matique; et lors même qu’on parvient à éviter cet écueil, on a pourtant 
toujours l'air de s'occuper plutôt de défendre un préjugé, que de cher- 
cher simplement la vérité. Néanmoins, pour parvenir à notre but, qui 
est de montrer l’analogie qu’il y a entre les fables de l'Inde et celles de 
la Grèce, nous ne pouvons pas laisser de côté une opinion si savamment 
défendue, et qui nous paraît cependant radicalement fausse. 

D'abord, dit M. Zuendell, il est facile de prouver que les éya Aicwmewr 
et Afvorwoi ne sont qu’une seule et même chose. C’est là un fait que nous 
lui accordons volontiers, et dont nous ferons même notre profit dans la 
suite. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer le fragment des Myr- 
midons d'Eschyle, qui se trouve chez Dindorf, sous le numéro 125 : 


; : 
Os d'en pour Tüv AuBuorumv )6yos 
 IPyévr érpirte TOËLHG TOY GETOY 
; 
Eure dôvra uyavny Trepouatos 
Tad oùy dm almy dAdx vois épcis nrepoie 


‘Aluonéues de. 


Il est évident que la fable contenue dans ces vers ressemble de tout 
point aux fables d'Ésope. Eschyle n’établit donc aucune différence entre 
celles-ci et les fables de la Libye. 

Aristote fait absolument la même chose au livre Il de sa Rhétorique , 


SS 
© 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 


chap. XX: «Il y a, dit-il, deux genres d'exemples; l’un d'eux consiste à 
raconter des choses qui se sont passées en effet, l’autre à en inventer soi- 
même. Ce dernier genre comprend, d’abord, la parabole, ensuite les 
fables, par exemple celles d'Ésope et celles de la Libye : 27 d Jéyor des oi 
Agir vai AuBuzst. » Et, après avoir fait cette distinction, 1l cite, comme 
exemple, deux fables, l’une de Stésichore et l’autre d'Ésope, entre les- 
quelles il n’y a aucune différence spécifique. 

Il convient d'appuyer là-dessus, parce que M. Bernhardy, dont l’auto- 
rité en ces choses est certainement très-considérable, a émis l'opinion ! que, 
depuis l’époque d’'Eschyle, on a nommé 2éyx AuBurot toutes sortes de contes 
fantastiques et terribles, comme celui de la magicienne Lamia et celui de 
Mormo, qui fait peur aux enfants, etc. Il classe dans cette catégorie l'his- 
toire du féroce Busiris racontée par Panyasis ?. Ce qui paraît avoir induit 
M. Bernhardy en erreur, c’est que Dion Chrysostôme appelle l’histoire de 
Lamia, racontée par lui-même, un 59e x Bur6s. Toutefois, M. Lobeck avait 
déjà fait très-bien observer dans son Aglaophamos, p. 369, que M. Grauert 
avait rangé à tort l’histoire de Lamia parmi les fables libyennes; ce n’est 
rien, dit-il, qu'un conte de Libye, comme Élien en raconte un des ser- 
pents de la Phrygie, en le disant emprunté aux )éyx Dpiye (Hist. anim. , 
II, 21). Mais ce qui rend désormais le doute impossible, c’est le second 
prologue du recueil de Babrius. Nous l'avons déjà transcrit plus haut, 
nous réservant de discuter plus tard la leçon des deux derniers vers : 


pros À, ou, eîre oui Edrvur 
paTtos dE, @ ; 

; x , 
Atownoc à copéc‘ eîne xai AtBuc rue 


Aéyou Aufdsons. 


On voit que ces mots sont corrompus. Il est clair, d’abord, que 24 
doit être changé en 2éyaxs, parce qu'il faut que exe ait un régime direct. En- 
suite, comme l: de rw# est bref, il est nécessaire de réunir ce mot avec 

î Grundriss d. griech. Litteratur, XL, p. 58. 

2 Voy.l.ul., p.207. 

5 [,p. 188 de l'édition de Reiske. 


44 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


le précédent et de former de cette manière Afsr&o. Ces changements 
nous paraissent suffisants. Babrius veut faire l’histoire de la Fable dans 
la Grèce, et il raconte qu'ayant été inventée par les Assyriens, elle fut 
transmise aux Grecs en premier lieu par Ésope, ensuite par le Libyen 
Libyssès ; puis il ajoute : 42° éd z. v. À. 

D’autres ont fait des conjectures différentes. M. Schneidewin, par exem- 
ple, se fondant sur la préface des proverbes de Diogénien, a écrit ? ces 
vers de la manière suivante : 


eère xa AuBvorivoic 


Aéyous KiBioocc. 


et M. Welcker ? nomme cette conjecture excellente. Nous ne pouvons 
nullement partager l'opinion de ces deux savants ; aussi ce dernier, dans 
une discussion que nous avons eue avec lui à ce sujet, a fini par nous 
donner raison. Babrius n’a pas à faire l’histoire de la Fable chez les Li- 
byens; c’est pourquoi Afvorivas nous paraît une correction inutile. D’après 
notre manière d'écrire ces vers, une seule lettre est changée , ce qui est 
plus conforme aux règles de la critique philologique. 

Quoi qu’il en soit, il est évident que Babrius, tout en distinguant Ésope 
du fabuliste libyen, nous indique cependant clairement que les sujets qu’ils 
ont traités l’un et l’autre appartiennent au même genre d’écrits ; et M. Ber- 
nhardy lui-même semble avoir changé d'opinion dans le Ifw vol. de son 
ouvrage précité (p. 1048), qui n’a paru qu'après la découverte de Babrius, 
quoiqu'il ne lait pas dit en termes exprès. 

On voit donc que, par rapport aux fables libyennes, nous sommes tout 
à fait d'accord avec le savant de la Suisse. M. Zuendell a parfaitement 
raison en disant que les fables d’Ésope et les fables libyennes peuvent 
être considérées comme étant de même nature. 

Mais si nous parvenons à démontrer : 

a. Que les Grecs ont souvent confondu les choses appartenant aux 


! Gütting. gel. Anz., 1845, p. 6. 
>? Al. Schr., I, p. 256. 


ES 
Ca 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 


peuples orientaux avec celles qui provenaient de la Libye, parce que le 
nom d'Éthiopie s’appliquait aussi bien à l'Orient qu'au Midi ; 

b. Que dans le Midi, c’est-à-dire dans l'Égypte et dans la Libye, nous 
ne rencontrons rien qui nous indique que les peuples de ces contrées aient 
transmis des fables aux Grecs ; 

c. Qu’au contraire, chez les peuples orientaux nous trouvons un grand 
nombre de fables qui nous rappellent exactement celles de la Grèce; — si 
nous parvenons, dis-je, à démontrer ces trois points, il n’y aura plus 
aucune raison qui nous force d'admettre que la fable grecque doive son 
origine à la Libye ou à l'Égypte. 

Le premier de ces points est facile à prouver. Les idées que les anciens 
avaient sur les Éthiopiens étaient si confuses jusqu’à l'époque d’Alexan- 
dre le Grand, que celui-ci, à ce que rapporte Strabon (XV, p. 696), alla 
chercher dans l'Inde les sources du Nil. Il n’y a ici rien qui nous doive 
étonner. On se figurait l'Éthiopie comme une vaste contrée allant depuis 
l'extrême Orient jusqu’à l’ouest de l'Afrique. Il est clair qu'avec de pa- 
reilles idées, ce qui appartenait à l'Inde devait être souvent attribué à 
l'Afrique, et réciproquement. Aussi des exemples de cette confusion se 
présentent-ils en assez grand nombre. 

Le peuple appelé Zur est compté, par Scylax, parmi les nations de 
l'Inde, tandis qu'Antiphon et le scoliaste d’Aristophane (Aves v. 1552), 
le font figurer parmi celles de la Libye. Agatharchide attribue les Cyna- 
molges à l'Afrique, quoiqu'il ajoute lui-même qu'ils se nourrissent de 
bœufs indiens, et que Ctésias les place dans l'Inde !. 

Le martichoras, que Ctésias fait naître dans l'Inde, devient chez Pline 
un animal africain. La fabuleuse erocotta, si nous en croyons les anciens, 
se trouve également dans l'Égypte et dans l'Inde. 

Il faut dire la même chose des pygmées, des psylles, des himantopodes, 
des sternophthalmes, des macrobiens, des macrocéphales, etc. ?. Nous 
pourrions facilement multiplier ces exemples ; mais nous croyons en avoir 
déjà cité suffisamment pour soutenir la thèse que nous avons avancée. 


1 Voy. Fricten de Agatharchide, 1848, p. 48 et 49. 
2 Voy. Schwanbeck ad Megasthenis indica, p. 2 et suiv. 


46 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 

Si donc les Grecs nous parlent de fables libyennes, il ne s'ensuit nul- 
lement que ces fables soient originaires de la Libye; cette expression peut 
signifier la même chose que « fables éthiopiennes » , et, d’après l’étymo- 
logie que nous avons donnée plus haut, elle peut avoir également la signi- 
fication de « fables d'Ésope. » 

Nous venons d’énoncer une possibilité qui, nous l'espérons, deviendra 
probable plus tard, lorsque nous aurons fait voir, d’un côté, qu'il ne 
nous est point resté de traces de fables libyennes, c’est-à-dire de fables 
qui, de la Libye, seraient venues dans la Grèce, et, de l’autre côté, que 
chez les Éthiopiens orientaux nous trouvons, au contraire, un grand 
nombre d’apologues dont les imitations se retrouvent chez les Grecs. 

M. Zuendell attribue à l'Égypte l'invention des fables d'Ésope. Le pre- 
mier argument qu'il a fait valoir en faveur de son opinion, c’est-à-dire 
que les Grecs prétendent avoir reçu de la Libye une partie de leurs fables ; 
cet argument, nous venons de le voir, ne prouve nullement ce qu'il fallait 
démontrer. Et pour donner dès maintenant un exemple du mode d’argu- 
mentation tout à fait original, employé par M. Zuendell, nous n'avons 
besoin que de faire connaître comment il a interprété les vers de Babrius 
dont nous avons parlé plus haut. Mig, dit cet auteur, Xipoy ray écrw 
édpep” 4yOparo ci Tpiy OT 10& ent Nivou te xai Brihcu. 

Ces Syriens, nous l'avons déjà dit, ne sont autres que les Assyriens. 
Hérodote nous dit en termes exprès, VIL, 63 : Oùra (oi Acoïger) Où üro pèv 
Error éxahéuvro Zôpru, do à Tor BapBäpor ‘Ascpux nina. Ces paroles sont 
bien assez claires; si elles avaient besoin de confirmation, on pourrait 
renvoyer à l’Épinomis de Platon et à Apollodore, II, 14, 33 !; et si, 
pour éviter toute ambiguïté, Babrius ajoute qu’il parle des anciens Xp 
du temps de Ninus et de Bel, il est évident qu’il a voulu parler des Assy- 
riens. 

Mais M. Zuendell suit un tout autre chemin. Zwpx, dit-il, signifie noir”; 
Babrius nous a donc conservé la trace d’une ancienne tradition, d’après 
laquelle c’étaient des nègres qui avaient inventé la Fable. Pour trouver cela 


Voy. Boeckh, Metrologische Untersuchungen , p. A1. 
? Les preuves qu'il apporte en faveur de cette traduction sont très-douteuses 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 


= 
“1 


dans les paroles de Babrius, il faut, sans doute, être doué d’une grande 
puissance d'imagination. Mais, lors même que nous l’admettrions, quelle 
conclusion en pourrait-on tirer? Memnon, le roi des Éthiopiens, et Achille, 
comme vainqueur de Memnon, sont représentés dans les peintures an- 
ciennes avec un nègre au milieu de leur bouclier, ou bien aussi à leur 
côté; les Éthiopiens de l'Orient étaient donc également des noirs, d’après 
les idées des Grecs, et si Siza voulait dire « des nègres » , cela ne prou- 
verait point que, suivant l’opinion des Hellènes, l'invention de la Fable 
doive être cherchée en Afrique. 

M. Zuendell prétend avoir fait une autre découverte dans les vers sui- 
vants du même prologue. Nous avons dit que, dans l'unique manuscrit 
de Babrius, on trouve les mots : se ai Aifuc rivès Déyou Aisne. 

On n’imaginera pas facilement par quelle conjecture le savant professeur 
a cru corriger ces vers. Après avoir réuni, comme nous l'avons fait égale- 
ment, Aus et rw, il change Xyw en Xéyw, et pense que cette « embuscade 
de la Libye » signifie les habitants du Delta; car, dit-il, dans la fable 56, les 
Arabes sont dépeints sous les couleurs les plus noires, et comme toujours 
les peuples voisins se haïssent, et que les Arabes n’ont, pour ainsi dire, 
pas d’autres voisins que les habitants du Delta, ce ne sont qu'eux que le 
poëte a voulu désigner par les mots Xéyw ABÿsme. Si l’on veut appeler cela 
une hypothèse ingénieuse, il faudra qu’on avoue néanmoins qu'elle n’a 
pas la moindre apparence de vérité. 

Nous allons maintenant examiner successivement toutes les preuves qu'a 
alléguées le professeur de Lausanne. 

Après avoir parlé des fables libyennes, il appelle notre attention sur 
un passage de Plutarque !. Le roi d'Éthiopie, nous rapporte cet auteur, 
avait proposé à Amasis, roi d'Égypte, la question de savoir comment on 
pourrait vider la mer. Or, dans la biographie d'Ésope, attribuée à Planude, 
nous trouvons que Xanthus donne le même problème à résoudre au fabu- 
liste. Il s'ensuit, à en croire M. Zuendell, que plus nous remontons dans 
l’histoire de la Fable et dans celle d’Ésope, plus aussi nous rencontrons de 


! Sympos. sept. sapient., p. 151 B. 


48 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


traces égyptiennes. Il est vrai que la masse des inventions qu'on attribuait 
à Ésope s’accrut de plus en plus dans la suite des siècles. Tandis que 
d'abord on ne citait de lui que des fables, il passa, à une époque plus 
récente, pour le père d’une infinité de bons mots qu'on désignait par 
le nom d’Aisémow yeloia !. Plus tard, on lui fit donner des réponses pi- 
quantes et résoudre toutes sortes de problèmes; ce dont on forma une 
collection qui est citée par Suidas, et qui portait le nom d'érexpiuata 
Aisére. Quoique parmi ces éroxpiuara il ait dû se trouver un bon nombre 
d’énigmes, il ne s'ensuit cependant pas du tout qu'il faille les mettre sur 
la même ligne que les fables. Il se peut, nous l’accordons, qu'un certain 
nombre d’énigmes aient été transmises par l'Égypte à la Grèce; mais insi- 
nuer que, par la même raison, on doive admettre l’origine égyptienne de 
la Fable, c'est conclure du particulier au général, ce qui n’est pas permis 
en bonne logique. En second lieu, nous faisons remarquer que l'énigme 
en question se trouve dans un livre indien que nous ne possédons plus, il 
est vrai, en sanscrit, mais dont il nous reste une traduction grecque. Cette 
traduction porte le nom de Syntipas, et Loiseleur-Delongchamps a prouvé 
clairement qu’elle dérive d’une source indienne ?. 

Enfin, si Planude, ou l’auteur quel qu’il soit de la vie d'Ésope, attribue 
à celui-ci ce que Plutarque raconte d’Amasis, roi d'Égypte, il n’y a abso- 
lument rien là-dedans qui soit de quelque importance littéraire. S'il était 
constaté que le changement de personnes que nous trouvons chez Pla- 
nude se fût déjà fait antérieurement chez les Grecs, alors la remarque de 
M. Zuendell aurait du moins l'apparence du vrai. Mais si, comme nous 
le croyons, l’auteur de la vie d'Ésope n’a fait que copier Plutarque, 


1 Voy. Aristoph. Vesp., v. 566 et 1258. 

2 Nous devons une édition de cet ouvrage à M. Boissonade. Loiseleur-Delongehamps, qui, dans 
son Essai sur les fables indiennes, p. 125, a fait remarquer l'analogie signalée dans le texte, est 
d'avis que Planude a dû nécessairement puiser dans Syntipas. Le passage de Plutarque, ci-dessus 
mentionné, nous fait voir qu'il n'en est pas ainsi. — Du reste, si quelqu'un supposait que le tra- 
ducteur de Syntipas a fait des emprunts à la Grèce, attendu qu'on y trouve (p. 100, éd. Boisso- 
nade) la fable du Serpent et de l'Aigle, qu'Élien attribue à Stésichore (voy. Coraï, p. 198, n° 305), 
il suffirait de lui faire observer que cette fable est racontée dans un ouvrage sanscrit qui porte le 
nom de Vétélapantchavinçati. Nous reviendrons dans la suite sur ce point. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 49 


en y introduisant quelques légers changements, quelle valeur attribuera- 
t-on à ce pastiche ? On le voit, jusqu'à présent les arguments de M. Zuen- 
dell ne sont pas très-heureux. Continuons notre analyse. 

À la page 426, il nous fait observer que le personnel des fables d'Ésope 
convient éminemment à l'Égypte; à cet effet, il cite le crocodile, le chat, 
le lézard, les médecins, un oculiste, et signale les canaux creusés (éguxroi 
gra) dans lesquels se tiennent des grenouilles (Babr., 118, 2). Mais toutes 
ces choses se trouvaient dans la Grèce et se rencontraient également dans 
presque tout l'Orient, à l'exception du crocodile; or, si nous ne faisons 
pas erreur, ce dernier n’est cité nulle part dans tout le recueil de Babrius, 
à moins qu’on ne l’aille chercher dans le mot dé» de la fable 40. C’est 
aussi là ce qu'a fait M. Zuendell, sans même citer d'exemple à l'appui 
de cette traduction hasardée. Cette omission est du reste très-naturelle; il 
lui aurait été difficile de trouver les exemples requis, car nous ne croyons 
pas qu'il en existe. Ceci peut faire juger de la valeur qu'il faut attribuer à 
l'argumentation de la page 427. « Dans la fable de la grenouille qui veut 
se faire aussi grosse qu'un bœuf, nous n'avons, dit-il, qu'un changement 
malheureux d’un apologue provenant de l'Égypte, et c’est dans la fable 40 
de Babrius qu'il en faut chercher la forme primitive. Ici nous trouvons 
un lézard qui veut égaler un crocodile en grosseur. L'invention est d’autant 
plus naturelle, que le jeune crocodile n’est pas beaucoup plus grand qu'un 
lézard (Hérod., tom. IT, p. 68). » Mais tant qu'il ne sera pas prouvé que le 
mot dpi signifie crocodile, l'observation de M. Zuendell, qui ne manque 
pas de finesse, ne pourra nous servir à rien. 

M. Grimm a bien plus raison de considérer la fable du Héron, qui 
retire un os du gosier d’un loup, comme provoquée par cette observation 
que le trochilus, une espèce de roitelet, mange impunément les sangsues 
qui se sont fixées sur la langue du crocodile. Encore faut-il remarquer 
deux choses : d’abord que l’analogie est inexacte, puisqu’en agissant comme 
il fait, le roitelet trouve une bonne nourriture, et n'a, par conséquent, 
besoin d'aucune autre récompense, tandis que la base sur laquelle s’ap- 
puie la fable d'Ésope, c’est le refus du loup de payer le prix de sa cure, 
c’est l’ingratitude du plus fort à l'égard du plus faible; ensuite, comme 

Tome XXV. 7 


50 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


M. Grimm l'a fait observer lui-même, la fable grecque se retrouve avec 
de légers changements dans un livre Päli!; en conséquence, la fable égyp- 
tienne aurait dû, contre toute analogie, se répandre jusque dans l'extrême 
Orient. 

Dans la suite de sa dissertation, M. Zuendell discute longuement 
(pp. 427-455) les analogies qu'il prétend exister entre les apologues de la 
Grèce et les Hiéroglyphiques d'Horapollon. Mais on sait que cet ouvrage est 
suspect sous beaucoup de rapports. En général, il n’y a personne qui soit 
plus partial envers un auteur que celui qui l’a édité, et pourtant le der- 
nier éditeur, M. Leemans, dit dans sa préface qu’il est probable qu'Hora- 
pollon n’a fait qu'emprunter aux fabulistes et aux naturalistes de la Grèce 
tous les symboles qu’il fait passer pour des hiéroglyphes. C’est M. Zuendell 
lui-même qui nous l’apprend, et néanmoins, il ne peut s'abstenir d’invo- 
quer ce témoignage douteux; encore l’a-t-il fait, parfois, d’une manière 
très-malheureuse. 1 

Exemple. — HN fait venir (p. 447) les fables de l'Éthiopie à Memphis, 
de là à Naucratis, et de là enfin à Samos. Or, Naucratis a été fondée vers 
la 57° Olympiade ?. Avant cette époque, les fables égyptiennes ne purent 
donc pas, selon lui, pénétrer dans la Grèce; et cependant la signification 
du singe, qui se trouve dans Horapollon, M. Zuendell nous la montre dans 
les fragments du poëte Archiloque 5, qui vécut vers la 18° Olympiade. 


1 Nous transerirons cette fable dans la suite de ce mémoire. 
? M. Soldan a prouvé, dans le Musée du Rhin, IV, p. 126 et suiv., que si, dans la chronographie 
de S'-Jérôme, il est dit que Naueratis fut bâtie vers la 6° olympiade, c’est là une erreur manifeste. 
5 Qu'à propos de ce fragment d'Archiloque on nous permette une observation. Dans sa 
fable du Renard et du Singe, Archiloque fait dire au premier: rofyde d'à miâyxe ry muy 2 
(fragm. 84, éd. Bergk.). Comment suppléer aux paroles qui manquent? Voici ce qu'écrit Babrius 
(fable S0) : 
Kepot ridyzoz eyoiv * ÿy pas cr }yy 
Euoi rurpuy T'EOTL KATI TUTO. 
Kepdb rilÿro Eirey * &: OAI Webdbu 


"EAeyxer où Ecvouca Tfc dAylelye. 


Peut-on, au moyen de ces vers, compléter le fragment d’Archiloque? La chose est au moins 
très-douteuse. En supposant l'affirmative, l'ensemble devra être reconstruit de la manière sui- 
vante. Un singe fait devant un renard l'éloge de sa propre beauté, et se vante de ses ancêtres 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 5i 


Autre exemple. — La grenouille passait chez les Égyptiens pour le sym- 
bole de l’être imparfait (Horap., tom. [, p. 25): omastey à ovfpumoy ypagovres 
Girpayer Ewycagem, et dans Babrius, fable 120, nous trouvons qu'une gre- 
nouille, qui veut se faire passer pour un médecin, reçoit cette réplique du 
renard : za nos chdoy tion GE gayTèy CUT 40/07 cyTe pn cube ; 

Si la grenouille est appelée ywé, il est clair, dit le savant de la Suisse, 
que c’est là une pensée égyptienne. Les Grecs l’ont si peu pu comprendre 
que quelques-uns d’entre eux (chez Corai) ont changé ywk en Popé. Nous 
sommes d'avis qu'il n’est nullement nécessaire de recourir aux hiérogly- 
phes pour comprendre cette épithète. La grenouille, avec ses bonds iné- 
gaux , peut très-bien être appelée boîteuse. 

Troisième exemple. — Dans la fable du Scarabée et de l’Aïgle, le premier 
se venge du second, parce qu'il n'a pas épargné un lièvre qui s'était ré- 
fugié près de lui, et dont il lui avait demandé la grâce. Après une hostilité 
prolongée , les deux combattants vont trouver Jupiter, qui donne raison 
au plus faible des deux. Le scarabée, dit M. Zuendell, occupe ici la place 
de Z:x Etes et, en Égypte, d’après Champollion, il signifiait : le pére des 
dieux. Nous ne sommes pas fort sur les hiéroglyphes ; mais à en croire 
MM. Bunsen et Birch ( Revue archéologique, déc. 1848), le scarabée veut 
dire la forme ou le type. D'après le dernier de ces savants, l'explication de 
Champollion est depuis longtemps reconnue inexacte. 

Quatrième exemple. — Le mot ap est employé par Babrius (fab. 95), 
pour indiquer non le courage mais l'esprit; et chez les Égyptiens, à en 
croire Horapollon , le cœur exprimait la même chose. D'un autre côté, si 
nous ajoutons foi à ce que dit M. Zuendell, cette signification n’est pas 
du tout grecque. Pour convaincre ce savant qu'il se trompe, nous ne le 


nombreux. Le renard lui répond : que tu me parles de tes ancêtres, c'est bien; car personne ne 
peut te convaincre de mensonge; mais qu'avec une telle tournure (rade d'à ridyxe =ÿy ruyiy Eva) 
tu viennes L'enorgueillir de ta beauté, c'est là ce qui est trop impudent. M. Zuendeli, toutefois, 
conçoit la chose autrement; il imagine (p. 427 note) que le singe d’Archiloque fait l'éloge de 
la beauté de ses ancêtres; mais comment alors justifier l'apostrophe da renard? de beaux ancêtres 
peuvent avoir de vilains descendants. Le singe doit ou louer sa propre beaute, ou bien se préva- 
loir de ses ancêtres nombreux, ou bien aussi faire à la fois l'un et l'autre; mais il ne peut avoir 
aucun motif pour louer la beauté de ses ancêtres. 


52 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


renvoyons qu’au dictionnaire de M. Pape. De plus, comme nous le verrons 
plus tard , la fable de Babrius, dans laquelle le mot xp94: est employé de 
cette manière, a été traitée dans un ouvrage sanscrit. 

Mais ne nous arrêtons pas trop longtemps à Horapollon, parce que, 
d’après M. Zuendell lui-même, les preuves qu'il lui a empruntées ne sont 
pas de tout point certaines. 

Voyons donc si, comme il le promet, il réussit à prouver, indépendam- 
ment d'Horapollon, que certains animaux apparaissent dans les fables 
d'Ésope tout juste comme dans les monuments égyptiens. Pour soutenir 
sa thèse, il s'appuie sur quatre arguments . 

En premier lieu, le crocodile figure chez Coraï comme un insigne men- 
teur. Il se vante que ses ancêtres ont été gymnasiarques. Le renard lui 
répond : GX àro Toù Houatés ye quiin We Ex TahcuY ETOY eË Yo Va uÉvos. Or, dans 
Clément d'Alexandrie, il est dit que, chez les Égyptiens, le crocodile est 
un symbole de l’impudence. 

Ainsi donc, dit M. Zuendell, il y a ici une analogie évidente. Mais, 
d'abord , ne se voit-il pas forcé d’ajouter lui-même que Plutarque, qui, 
comme auteur plus ancien, mérile aussi certainement une plus grande 
confiance , met l’hippopotame à la place du crocodile? M. Zuendell croit 
cette différence insignifiante; selon nous, elle est ici capitale. Ensuite, la 
fable grecque précitée ne se trouve pas dans Babrius ; nous ne pouvons, 
par conséquent, en connaître la date, et ce qui semble indiquer qu'elle 
n'est pas très-ancienne, c’est qu'elle n’est autre chose qu’une imitation de 
lapologue du Renard et du Singe, qui, comme nous l'avons vu plus haut, 
a été traité par Archiloque. 

En second lieu, M. Zuendell parle longuement du phénix, et compare 
ce qu’en disaient les Égyptiens avec les récits des Grecs sur la huppe. 
Nous fatiguerions le lecteur en entrant dans tous ces détails. Nous faisons 
seulement remarquer que lors même que M. Zuendell aurait raison de 
chercher, dans l'histoire du phénix, l'original de celle de la huppe, on 
ne pourrait néanmoins en tirer aucune conclusion relative à l’origine de 


1 Fable 9. 


w 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 55 


la Fable. Car l’histoire du phénix n’est qu’une sainte légende ; elle n’a aucun 
caractère de l’apologue proprement dit !. 

En troisième lieu, M. Zuendell cite, comme exemple de l’analogie des 
fables grecques avec les symboles de l'Égypte, la signification du serpent. 
Cet animal, à en croire les égyptologues, est employé pour désigner un 
gardien; et comme, tant dans les fables que dans la mythologie de la Grèce, 
le serpent revêt le même caractère, parfois aussi celui d’un éy26oxiuun, 
M. Zuendell croit en pouvoir inférer que les Grecs doivent ce symbole à 
l'Égypte. Mais si la fable 42 du manuscrit florentin, sur laquelle le 
savant de la Suisse se fonde surtout, se trouve dans le Pantcha-tantra avec 
les mêmes détails ?, nous n'avons pas de motifs pour aller chercher plutôt 
dans l'Égypte que dans l’Inde, l’origine de la signification du serpent 5. 

Enfin M. Zuendell appelle notre attention sur un papyrus qui se trouve 
à Turin, et sur lequel sont représentés des animaux imitant les actions de 
l'homme, faisant un sacrifice, donnant un concert, etc. Entre autres, nous 
y trouvons une scène dans laquelle les chats, retranchés dans leur chà- 
teau, sont attaqués par des souris armées. Nous avons ici, dit le profes- 
seur de Lausanne, une véritable épopée animale, dans le genre du Roman 
du Renard. Les animaux y ont leur caractère bien marqué, ce qui n’a été 


! L'histoire de la huppe qui enterre son père dans sa tête, et obtient une crête en mémoire de 
cette action, cette histoire que raconte Aristophane (av. 471) et qu'Élien attribue aux Brahmanes, 
ne nous semble pas être indienne, quoi qu’en affirme cet auteur. Voici comment il raconte la chose 
(Hist. anim., XVI, c. 5) : Un roi de l'Inde avait trois fils, dont les deux aînés méprisaient le cadet et 
tourmentaient leurs parents. Ceux-ci, avec le plus jeune de leurs fils, prennent la fuite vers une 
autre contrée; mais ils meurent bientôt après, et le fils, ne sachant pas où les enterrer, fend sa tête 
au moyen d'un glaive et y ensevelit leur dépouille mortelle. Le soleil ayant vu avec admiration 
cette piété filiale, changea le jeune homme en un oiseau, qui est très-beau à voir et dont la vie est 
très-longue. Une huppe s'élève au-dessus de sa tête comme un monument de sa noble action. — 
Ce qui nous fait douter de l’assertion d'Élien, c’est que non-seulement il n’y a rien dans la littéra- 
ture indienne, qui ressemble le moins du monde à cette histoire, mais que de plus, ce n'est pas, 
selon les Brahmanes et les Bouddhistes, une récompense que d'être changé en oiseau. Le dogme 
de la métempsycose ne fait entrer dans le corps d'un animal que l'âme du méchant. 

? M. Zuendell, qui a fait observer ce rapport à la pag. 639, ne paraît avoir eu connaissance 
que trop tard du travail de Loiseleur-Delongehamps. 

5 C'est une croyance populaire dans l'Inde qu'il se trouve des pierres précieuses dans la tête du 
serpent. 


RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


A 
rs 


possible que par une longue suite de fables, depuis longtemps répandues 
dans l'Égypte. 

Mais d’abord , demanderons-nous, quelle est la date du papyrus de 
Turin? s’il ne remonte pas au delà de l’époque des successeurs d’Alexan- 
dre, les idées qu’il suppose peuvent très-bien être venues de la Grèce. 
Et puis, qui nous garantit que ce ne soit pas un artiste grec qui l'ait 
couvert de dessins? Et puis encore, même en admettant l'antiquité du 
papyrus en question, même en admettant que les dessins qui le couvrent 
aient été faits par une main égyptienne, tout ce qu’il sert à prouver, C’est 
qu'il y avait, en Égypte, une épopée d'animaux, et probablement aussi 
des fables, dans le genre de celles que nous attribuons à Ésope. 

On voit qu'il n’est pas même démontré que les Égyptiens aient connu 
l'apologue; car, si lon dit (p. 445) qu’il n’y a qu’un pas du culte des 
animaux à l'invention de la fable, on se sert d’un de ces arguments géné- 
raux auxquels nous n’accordons qu'une médiocre importance. Néanmoins, 
nous voulons admettre qu’il y ait eu des apologues en Égypte; mais qu'entre 
ces fables et celles de la Grèce il existe une communauté d’origine, c’est 
ce que M. Zuendell n’a pas su nous prouver. En effet, la seconde partie 
de sa dissertation, dans laquelle il s'applique à montrer que les énigmes, 
contenues dans la biographie d'Ésope, par Planude, portent des traces de 
leur origine égyptienne, cette partie ne nous regarde nullement. Car, 
déjà plus haut, nous avons fait remarquer que les énigmes et les fables 
appartiennent à des genres différents; or, ce n’est qu’à celles-ci que nous 
avons affaire. 

Nous avons maintenant démontré que, malgré les recherches les plus 
minutieuses, il a été impossible de trouver, en Égypte, des traces de 
fables rappelant celles de la Grèce. En conséquence, nous prions le lec- 
teur de vouloir bien se rappeler ce qui a été dit précédemment à propos 
des fables libyennes. 

Nous prétendions pouvoir démontrer que, d’abord, il est arrivé très- 
souvent que les Grecs ont confondu l’Orient et l'Afrique, parce que 
dans l’une et dans l’autre de ces contrées les anciens plaçaient des 
Ethiopiens; qu'ensuite, il n’est point resté de traces de fables grecques 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 


© 
© 


provenant de l'Afrique; qu'enfin, parmi les fables de l'Inde, il y en a 
beaucoup qui nous rappellent celles de la Grèce. 

Nous avons fini maintenant avec le deuxième de ces points. Car si les 
fables grecques ne sont pas venues de l'Égypte, comment la Libye les aurait- 
elle fournies à la Grèce? En effet, il n’y a plus que Cyrène qui pourrait être 
considérée comme station intermédiaire, et il est encore beaucoup moins 
vraisemblable que lapologue soit venu de ce côté-là. Car il serait réelle- 
ment étonnant que les barbares situés à l’ouest de l'Égypte, eussent dû 
fournir à la Grèce les arguments de ses fables. 

Il ne reste donc plus qu’une seule chose à montrer , l'analogie des fables 
grecques et indiennes. Or ceci, nous en sommes convaincu, deviendra 
tellement clair dans la suite, que nous demandons la permission au lecteur 
de le considérer provisoirement comme prouvé. 

Dans cette hypothèse, il est manifeste que si les fables d’Ésope sont des 
fables orientales, les fables libyennes, qui n’en diffèrent pas, quant à l’es- 
pèce, devront être considérées également comme orientales. 

Nous avons donc ici un exemple de plus de cette confusion de l'Orient 
avec l'Afrique, que nous avons précédemment signalée. 

Les fables d’'Ésope ne furent pas seulement appelées éthiopiennes, on leur 
donna également le nom de fables libyennes, et de même qu'Ésope (ou 
l'Éthiopien) avait inventé celles-là, de même aussi on désigna Libyssès 
(c’est-à-dire le Libyen) comme l'inventeur de celles-ci. Et qu’on ne dise pas 
que cette supposition soit trop hardie. Nous trouvons que, dans le sophiste 
Théon (Progymn. c. 5), il est parlé ! de Xyo ZuBaprrwoi et Kua; et ailleurs 
Osipue et KAË sont cités comme les inventeurs de ces Jéyx. Gsm est un 


1 Voici les paroles de Théon : #2oÿvre dè (oi Aéyci) Aiséreio xui AiBuorinct, y EuBapirisot te noi 
Dadyio où Kiirior ai Kapirot, Aiydmrio tai Kérpwr. Les Aéyor SuBapreisoi ne sont que des bons mots 
et des anecdotes de Sybaris (yea%%. Voy. Aristoph. Vesp., v. 1259); ceux de la Carie et de Cypre 
sont des légendes de temple (voy. Diogeniani prov. praef., pp. 179 et 180, éd. Schneidewin). I en 
est de même des Aéya Arcw, qui ne peuvent pas être des fables d'Ésope. Nous avons déjà parlé 
plus haut des 26yar qeivur, qui ne sont pas nécessairement des fables (voy. Élien, Hist. anim., U, 
21). 11 ne reste done plus que les Aéyor Aisérewt, AuBuorimoi et Kiwi, dont les deux premiers sont 
identiques, et dont les derniers, nous le verrons plus tard, peuvent très-bien être des fables 
d'Ésope. 


56 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


habitant de la ville de Thurii , fondée sur les ruines de l’ancienne Sybaris, 
et K2ë est un Cilicien. Ou bien quelqu'un s’avisera-t-il de chercher dans 
ces noms autre chose qu’une personnification? Or, si Thurios et Cilix 
ne sont que des êtres fictifs, dont le nom a été emprunté à deux classes 
d’apologues, pourquoi n’en serait-il pas de même pour Libyssès? pourquoi 
Esope ne serait-il pas placé sur la même ligne? Nous croyons ce point 
suffisamment établi. 


CHAPITRE IL. 


DES FABLES COMMUNES AUX INDIENS ET AUX GRECS. 


Les Grecs avaient une idée tellement haute de leur supériorité sur le 
reste des peuples, qu'ils les nommaient tous, sans distinction, des barbares, 
et qu'ils prétendaient n’être avec eux dans aucun rapport de dépendance 
ni quant à l’origine ni quant à la civilisation. Ils se disaient autochthones, 
c’est-à-dire issus du sol où ils avaient leurs demeures, et faisaient découler 
leurs sciences et leurs arts d’une source exclusivement grecque. 

Il n’y a, à cette règle, que fort peu d’exceptions qui méritent, à cause 
de cela même, une attention particulière; car, s’il arrive que, contraire- 
ment à leur habitude, les Grecs refusent l’indigénat à telle ou telle chose 
en usage chez eux, nous pouvons en conclure qu’il est au moins très-pro- 
bable que cette chose leur est, en effet, venue de l'étranger. Or, c’est pré- 
cisément là ce qui est arrivé aux fables d'Ésope. Les Grecs eux-mêmes en 
attribuent l'invention aux Orientaux. Nous croyons en avoir donné la 
preuve; nous n'avons donc aucuh motif pour ne pas les en croire. Et nous 
les en croirons bien plus volontiers si nous trouvons que, parmi les fables 
orientales, il y en a, et même en assez grand nombre, qui sont exactement 
les mêmes que certaines fables de la Grèce. 

Malheureusement la comparaison ne peut pas se faire sur une échelle 
assez étendue. Les fables n'étaient pas inconnues aux Persans. Nous le 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 57 


savons par le témoignage d’Hérodote (1. 1, $ 141); mais nous n'en avons 
qu'un exemple unique. 

Babrius fait venir l’apologue de chez les Assyriens ; mais nous ne sommes 
plus en état de vérifier cette donnée; en un mot, il n’y a que le peuple 
indien dont nous connaissions les fables d’une manière détaillée. Il est vrai 
que nous avons ici une très-ample moisson; car si, pour dériver de l'Égypte 
l'origine de la fable, M. Zuendell, comme nous l'avons vu au chapitre 
précédent , devait avoir recours à toutes sortes d’analogies éloignées , 
incertaines et obscures, il en est tout autrement de l'opinion qui fait 
venir l’apologue de l'Inde. M. Zuendell n’a pas même su démontrer, d’une 
manière irréfragable, que les Égyptiens aient connu l’apologue. Dans 
l'Inde, nous trouvons, au contraire, deux grands recueils de fables par- 
faitement authentiques , indépendamment de toutes celles qui sont répan- 
dues dans d’autres écrits. Dans les fables de l'Inde, on rencontre les mêmes 
personnages que dans celles de la Grèce; leur caractère s’y ressemble 
de tout point; et qu'on ne prenne pas ceci pour un effet du hasard, et 
qu'on ne dise pas que les animaux ayant partout la même nature, ont aussi 
naturellement dû revêtir le même caractère dans la fable. Pourquoi, en 
effet, demanderons-nous, le renard est-il ministre du lion? pourquoi l’é- 
crevisse est-elle la vengeresse du crime? pourquoi, et nous le disons très- 
sérieusement, pourquoi l’âne est-il pris chez l’un et chez l’autre peuple 
comme le symbole de la stupidité? Il y a plus; nous découvrons, en com- 
parant les fables elles-mêmes entre elles, qu’il y en a plusieurs qui sont 
calquées exactement les unes sur les autres. Il ne s’agit plus ici de ressem- 
blances obscures; tout le monde pourra facilement s’en convaincre en lisant 
avec quelque attention les fables que nous transcrirons tout à l'heure. 

Mais avant d'établir cette comparaison, qu’on nous permette de nous 
étendre encore un peu sur un point que nous avons déjà tantôt signalé , 
savoir que le caractère des principaux personnages de la Fable est exacte- 
ment le même dans la Grèce et dans l'Inde. 

Un des premiers acteurs de la fable est sans contredit le lion. Or, le 
lion est chez les uns et les autres le souverain de toute la gent animale. 


Nous nous voyons forcé ici de contredire un des savants les plus respec- 
Toue XXV. 8 


58 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


tables, M. Grimm, qui, dans son Reinhart Fuchs, p. XLV, a émis l'opinion 
qu'avant le deuxième siècle de notre ère, nous ne trouvons pas de trace 
certaine de la royauté du lion. En premier lieu, nous avons à lui opposer 
le témoignage de Babrius (fab. 95, v. 16), que nous avons démontré, 
d’après M. Bergk, être le prédécesseur ou le contemporain de Callimaque. 
Il est vrai que, lorsque M. Grimm écrivait son ouvrage, Babrius n’était 
pas encore retrouvé. 

Mais, même alors, sans qu'il y eût de témoignages écrits, les monuments 
de l’art auraient suffi pour prouver que, déjà anciennement, le lion était le 
symbole de la puissance royale. Nous avons, en effet, un grand nombre 
de peintures de vases antiques qui représentent le jugement de Pâris. 
Pour être préférée par le jeune berger, chacune des trois déesses lui fait 
des offres brillantes. Minerve veut lui donner la sagesse; Vénus lui promet 
la plus belle des femmes; Junon lui offre la puissance royale. Or, pour 
indiquer cette dernière circonstance, le peintre a représenté la déesse tenant 
dans sa main un lion. Le doute est ici impossible. 

Dans une autre peinture de vase qui est d’une très-haute antiquité, et 
qui, d’après l’ingénieuse explication de M. Welcker, représente le roi 
Arcésilas de Cyrène comme marchand de silphium, le personnage du roi 
est indiqué par un lion qui repose sous son trône. Ne pourrait-on pas même 
aller plus loin, et voir un indice de la royauté du lion dans la plus ancienne 
sculpture qui nous ait été conservée ? On sait qu'il ÿ a encore aujourd'hui 
deux lions en pierre au-dessus de la porte de Mycènes, à l'entrée de la 
citadelle des Atrides !. Ainsi il est probable que, dès cette époque recu- 
lée, le lion à été considéré comme un gardien digne d’un roi. Nous 
croyons que, sans être trop hardi dans ses conclusions, on peut en inférer 
que, dès lors, le lion était le £ Basdumrare, le symbole de la puissance 
royale. 

! Ceux qui ont voulu découvrir partout des traces égyptiennes, ont rapporté que les lions de 
Mycènes étaient faits de marbre verdâtre, provenant des carrières de l'Égypte. D'après cette donnée, 
la royauté du lion devrait être rapportée à l'antique patrie des Pharaons; ce dont M. Zuendell pour- 
rait faire son profit. Malheureusement pour lui, M. Welcker, qui a examiné Ja chose de près, nous 


assure que les lions de Mycènes sont faits de la même pierre que celle qu'on rencontre partout dans 
les environs. (Voy. Mueller, Archéologie de l'art, 5° édit., $ 64, note 2.) 


ns 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 59 


Quoi qu'il en soit de cette dernière hypothèse, les peintures de vases 
que nous avons signalées sont pour nous une preuve manifeste que la 
royauté du lion n’est pas en Grèce d’une date aussi récente que M. Grimm 
nous le voudrait faire croire. 

Dans l'Inde, nous remarquons la même chose. Nous trouvons déjà dans 
le Mahä-Bhärata (t. 11, p. 557) les deux distiques suivants : « Les lions, les 
tigres, les sangliers, les éléphants, les taureaux et les ours, sont appelés 
habitants des forêts; au contraire, la vache, la chèvre, la brebis, l'homme, 
le chacal, âne et le mulet, sont des animaux domestiques. L'homme est 
le chef de ceux-ci, le lion est le plus puissant de ceux-là. » 

Il est vrai qu'ici le lion n’a pas précisément le titre de roi des ani- 
maux; mais On voit qu'il en occupe le rang. De plus, dans la même épopée, 
il est plusieurs fois comparé à un roi. « De même, y est-il dit (£. Ier, p. 564), 
que les animaux vivent sans crainte quand telle est la volonté du lion, de 
même aussi toi tu vivras sans danger, quand tel sera le désir des monar- 
ques. » 

Dans le dictionnaire d’Amara-Sinha, c’est par le lion que commence 
l'énumération des diverses classes d'animaux; enfin, le lion est très-sou- 
vent nommé expressément mrigarägà, C'est-à-dire littéralement roi des ani- 
maux. Ce titre et d’autres semblables lui sont constamment donnés dans le 
Pantcha-tantra, et il en est de même dans beaucoup d’autres ouvrages !. 

Ce qui est encore plus étonnant, c’est que, dans les fables de l’Inde et 
dans celles de la Grèce, le caractère particulier du lion est dépeint de la 
même manière. 

M. Lassen ? a parfaitement résumé les diverses nuances de ce caractère, 
en disant que le lion nous apparaît dans l’apologue sanscrit comme un 
monarque souvent dupé et toujours confiant. Or, ceux qui connaissent les 
fables d'Ésope seront unanimes à avouer que c’est là exactement le por- 
trait du lion chez les Grecs. Il ne brille pas précisément par l'esprit; sa 
stupidité lui fait perdre sa proie (Coraï, fab. 224). Il se laisse arracher 
les dents et les griffes (Babrius, fab. 98). Malgré toute sa force, il est la dupe 


1 Voy.les Antiquités de l'Inde de M. Lassen, 1.1, p. 296. 
= Même ouvrage, p. 297. 


60 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


du renard, qui doit en toute circonstance lui donner des conseils (Coraï, 
fab. 296 et 558). 

Le renard aussi a son équivalent dans les fables indiennes ; c’est le 
chacal qui, comme on sait, lui ressemble au physique aussi bien qu’au 
moral 1. 

Le renard est chez les Grecs la personnification de la ruse. Tel est le 
caractère que lui donne déjà Archiloque. Comme Philostrate le fait très- 
bien observer, il est en quelque sorte le premier acteur de la Fable. Ésope, 
dit-11?, se sert dans la plupart de ses fables du ministère du renard ; 
le renard est pour la Fable ce qu'est Dave pour la comédie. Il est chez 
les deux peuples le premier ministre du lion ÿ, et chez les deux peuples 
aussi c’est un fourbe accompli. Le premier livre du Pantcha-tantra ne 
contient qu'une série d’embüches dressées par deux renards (carataka et 
damanaka, en arabe calilah et dimnah) à un lion et à un taureau. 

Toutes ces analogies nous paraissent fort naturelles, parce que, dès notre 
tendre jeunesse, nous avons été habitués à voir le renard et le lion vis- 
à-vis l’un de l’autre dans un semblable rapport. Il est presque nécessaire 
de rappeler au lecteur que c’est pourtant là un rapport tout fictif, que 
dans l’histoire naturelle nous ne trouvons rien de pareil. Or, cette circon- 
stance unique suffirait déjà à prouver qu'il doit y avoir une aflinité très- 
intime entre les fables de l'Inde et celles de la Grèce. Si nous n’en avions 
aucun autre indice , nous pourrions inférer de cela seul que nous n'avons 
pas affaire ici à un rapport fortuit. 

Nous ajouterons quelques autres exemples. L’aigle, l'oiseau de Jupi- 
ter, est le roi des oiseaux chez les Grecs; l'oiseau de Vichnou, garuda, 
occupe, chez les Indiens, un rang analogue. Rien n’est plus fréquent que 
de le voir en combat avec des serpents dans les poëmes de l'Inde #; et 


les Grecs, de leur côté, nous montrent très-souvent le serpent aux prises 
avec l'aigle. 


1 Voy. Grimm, Reinhart Fuchs, p. XX. 

? Jmagines, \, 2, édit. de Jacobs. 

5 Voy. Babrius, f. 95; Pantcha-tantra, 1. 1, f. 16 et 1. HA, f. 2. 

ï Voy. Lassen, Antiq. de l'Inde, 1, p. 787 et Syntipas, édit. Boissonade, p. 109. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 6 


Pour s’en convaincre, on peut voir Homère, 1. XII, v. 200 et suiv.; 
Eschyle, Choéph., v. 244-248; Aristote, Hist. anim. IX, 1; Ovide, Métam. 
IV, 562; Pline, Hist. nat. X, 4; Virgile, En. XI, 751; Horace, Od. IV, 4, 
4, 10; Cicéron, de Divin. 1, 47; Nicandre, Ther., 448, nolépuoy Dë Eév écru o 
dpoircy TPOS TOY GETOY LE 

Nous ne sommes pas partisan du paradoxe. Néanmoins, nous nous 


sommes demandé bien souvent, pourquoi l'âne est considéré générale- 


ment comme le type de la bêtise. Pourquoi? Il serait difficile d’en donner 
des motifs. Buffon et Tôppfer ont fait l'apologie de l’âne d’une manière 
aussi juste que piquante. Homère compare Ajax à un âne. Et pourtant 
il est vrai que les Indiens ? et les Grecs sont d'accord pour nous montrer 
le baudet comme l’animal le plus stupide de tous. Il est très-probable, et 
nous en sommes convaincu, que nous avons ici devant nous une tradi- 
tion orientale 5. 

Car, nous le répétons, à moins qu’on ne fasse voir clairement pourquoi 
l'âne a été considéré, en même temps, par deux peuples aussi éloignés l’un 
de l’autre, comme l'animal stupide par excellence, on ne pourra pas se 
dispenser d'admettre qu'il y a ici non-seulement une coïncidence remar- 
quable, mais une transmission de peuple à peuple. 


! Voy. Coraï, p. 503, voy. en outre Hitopadéça, 1. W, f. 12, et Grimm, L. L., p. xuiv. Les Per- 
sans paraissent avoir également considéré l'aigle comme le roi des oiseaux. Ce qui le prouve, c'est 
que non-seulement Darius est appelé fils d’un aigle, mais que c'est aussi des Persans que nous est 
venu le griffon. Les monuments de Persépolis le représentent souvent (voy. Niebuhr, Voyages, 
p. I, tab. 25), et c'est de là que les archéologues les plus distingués (voy. Welcker, Æleine Schr., 
1, p. 370) le font venir dans la Grèce, Or le griffon , comme on sait, n’est autre chose qu'un com- 
posé du lion et de l'aigle. Si donc le lion est le roi des animaux, l'aigle doit être considéré comme 
étant celui des oiseaux. Mais, dira-t-on, le lion était-il, en effet, le roi des animaux chezles Perses? 
Telle est du moins l'opinion d’un grand nombre de savants. Une des scènes qu'on rencontre le 
plus fréquemment sur les monuments assyriens et persans, est le combat du roi avec une espèce 
de lion. Or, d'après l'explication de M. Grotefend, il faut voir dans ce sujet une représentation 
allégorique du combat d'Ahriman et d'Ormuzd. Le principe du bien est représenté par le rot, le 
principe du mal par le roi des animaux. 

? Pancha-tantra, IN,9, 7; V, 7. 

5 La première trace de la stupidité présumée de l'âne que nous ayons rencontrée chez les Grecs 
se trouve dans les fragments d'Héraclite (Aristote, £th. Nic., K, 5) : l'âne, dit-il, préférerait une 
botte de foin à de l'or. 


62 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


Certes, si dans les fables de la Grèce et de l'Inde, nous trouvons que 
la perfidie est naturelle au serpent (Coraï, f. 141; Pantchat. MX, 15), ou 
bien aussi qu'il dévore des grenouilles !, il serait ridicule de vouloir s'ap- 
pesantir sur ces choses, parce qu’elles se trouvent en effet dans la 
nature de cet animal. Mais, si nous voyons d’un autre côté qu’il est con- 
sidéré comme gardien de trésors et de temples, chez les Indiens ?, les 
Latins 5 et les Grecs {, il sera permis de voir, dans cette coïncidence, 
autre chose que l'effet du hasard. 

Ce qui est plus singulier et ce que nous avons déjà signalé en passant, 
c’est que l’écrevisse joue le rôle de vengeresse du crime. Dans le Pantcha- 
tantra, cette idée se rencontre deux fois (1. 1, 7, et 1. V, 15). Chez les 
Grecs, on la retrouve à la fin de la Batrachomyomachie *, ainsi que dans 
une chanson de table, attribuée, quoiqu’à tort, à Alcée, et dont nous au- 
rons, plus tard, l’occasion de parler. 

Mais hätons-nous d’en venir aux fables elles-mêmes, qui dissiperont 
bientôt tous les doutes qui peuvent encore exister sur la communauté 
d’origine des apologues indiens et de ceux de la Grèce. 

Nous les comparerons, non pas en suivant l'ordre de tel ou de tel 
recueil, mais en plaçant sur la première ligne ceux dont l’analogie est le 
moins contestable, et en y ajoutant ensuite les autres, comme ils s’y rat- 
tacheront le plus naturellement. 

Nous mettons en tête la fable de l’Ane couvert de la peau du lion. Elle 
se trouve dans le Pantcha-tantra, IN, 7, dans le Hitopadéca, HT, 5, chez 
Coraï, p. 169, et dans Phèdre, 1, 11; quoique, chez ce dernier, l'apo- 
logue en question ait déjà une tout autre couleur. 


1 Pantch., I, 45: IV, 1; Coraï, 1467; Batrach., v. 79 et suiv.; Élien, Hist. anim., XIV, 25. 

2 Pantch., WE, 5. 

5 Voy. Phèdre, L. IV, f. 19: Draconis speluncam intimam custodiebat qui thesauros abditos. 

5 Voy. les fragments d'Ibyeus, édit. de Schneidewin, pp. 195-198, et Coraï, f. 85. On sait que 
bien souvent, dans la mythologie grecque , un serpent est préposé à la garde d’une fontaine ou d'un 
temple. 

5 Composée, comme on sait, par Pigrès, frère d’Artémise , reine de Carie. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 63 


(Pantcha-tantra, 1. AV, f. 7.) 


« Dans une certaine ville demeurait un blanchisseur appelé Cuddha- 
pata (c’est-à-dire habit blanc). Il avait un âne qui, faute de nourriture, 
était devenu excessivement maigre. Un jour que le blanchisseur errait 
dans la forêt, il découvrit le cadavre d’un tigre, et se dit aussitôt en lui- 
même : Voici une excellente trouvaille. Je vais mettre à mon âne la peau 
de ce tigre, et je l’enverrai, la nuit, accoutré de cette façon, dans les 
champs couverts de blé; car les gardiens des champs le prenant pour un 
tigre, n'auront pas le courage de le mettre en fuite. Ce projet fut exécuté, 
et désormais notre àne put manger du blé tant qu’il en avait envie. Chaque 
matin, le blanchisseur reconduisait son âne chez lui. Le temps se passant 
de la sorte, l'âne s’engraissa tellement qu’il ne pouvait plus qu'à peine 
rentrer dans son étable. Mais un jour, ayant entendu de loin les cris d’une 
ànesse, et la volupté le poussant, il commença, lui aussi, à crier. Les 
gardiens des champs remarquant aussitôt qu'ils n'avaient affaire qu'à un 
âne couvert d’une peau de tigre, le mirent en fuite avec des flèches et des 
pierres. » 

M. Wilson (Analyt. acc., etc., p. 181) a rapporté cette fable d’une tout 
autre façon. Nous ne savons pas s’il faut en conclure qu’il a eu sous les 
yeux une version différente; dans le Hitopodèça, elle est racontée de la 
même manière, avec celte seule différence que, dans ce dernier recueil , 
les cris de l’âne sont provoqués par la vue du manteau gris d’un gardien, 
que l’âne prend de loin pour une ânesse, tandis que, dans le Pantcha- 
tantra, il n’est pas fait mention de cette fiction improbable. 

La même fable se trouve très-souvent chez les Grecs. Voici comment 
elle est rapportée dans Coraï, p. 169 : 

« Un âne s'étant vêtu de la peau d'un lion, fut considéré partout 
comme un lion véritable. Les hommes et les animaux, tout s'enfuit. Mais 


un coup de vent emporta la peau du lion, et montra à nu notre âne qui 


64 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


reçut des gens accourus de toutes parts, force coups de bâton et de 
massue. » 

Ignatius Magister et Thémistius ont traité cette fable d’une manière 
tout à fait analogue. Lucien raconte (ed, 5; Aparer, S 15) que les habi- 
tants de la ville de Cumes ne pouvaient pas distinguer un âne d’un lion, 
jusqu’à ce qu'un étranger leur eût appris à découvrir la ruse de l'âne. Il 
est évident que ce trait a été ajouté par l’ironique écrivain. Mais comme 
chez les Grecs il y avait un proverbe dans lequel figurait l'âne de 
Cumes !, on peut en conclure que Lucien n’a fabriqué son conte qu’en 
se fondant sur une tradition populaire, de sorte que nous ne serons pas 
loin de la vérité, en considérant Cumes comme la patrie ou du moins 
comme la seconde patrie de cette fable. On verra plus tard quelles conclu- 
sions on peut tirer de ce fait. La version grecque, que nous avons suivie 
jusqu’à présent, diffère de la fable indienne, surtout en ce qu’il n’y est pas 
question des cris par lesquels se trahit la nature de l'âne. Mais dans le 
recueil publié par Fr. de Furia, qui, comme nous l’avons montré ci- 
dessus, se rapproche considérablement de celui de Babrius, il y a une 
version de cette fable où la chose est racontée autrement. Car ici le renard 
découvre la ruse de l’âne en l’entendant braire. 

Ce trait, qui a été effacé dans les versions postérieures, se trouvait donc 
dans la fable antique. La conclusion qu’on peut tirer de ce fait a une grande 
importance pour la question qui nous occupe. En effet, nous voyons par 
là que plus une fable grecque est antique, plus aussi elle se rapproche, 
jusque dans ses moindres détails, de la fable indienne correspondante. 

Si quelqu'un mettait en doute l'antiquité de cet apologue, attendu qu'il 
ne se trouve pas dans la partie de Babrius qui nous a été conservée, 
on pourrait démontrer aisément que, loin d’être postérieure à ce fabuliste, 
la fable en question lui est, au contraire, de beaucoup antérieure. Car 
Platon, dans le Cratyle, p. 411, À, fait dire à Socrate : « Puisque je me 
suis vêtu maintenant de la peau du lion, » et ces mots, comme Heindorf 
l'a fait voir, contiennent une allusion évidente à notre fable. 


1! Voy. Erasmi Adagia , p. 251. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 65 


Peut-être pourra-t-on même lui assigner une date plus reculée, si l’on 
considère avec attention l'histoire de Midas, roi de Phrygie. En effet, 
d’après le récit de plusieurs écrivains, ce roi tâcha de cacher les oreilles 
d'âne qui le défiguraient, en se coiffant d’une immense tiare. Personne n’était 
dans le secret, excepté un barbier, à qui il avait été sévèrement défendu 
de révéler la chose. Un jour pourtant, n'y tenant plus, il creusa une fosse 
profonde et y murmura à voix basse : Midas à des oreilles d'âne. Au 
même endroit sortirent plus tard des roseaux, qui, lorsque le vent les 
agitait, répétaient les paroles du barbier : Midas a des oreilles d’âne. 

Nous devrions nous tromper fortement si cette histoire était autre chose 
qu'une variation de la fable de l’Ane couvert de la peau de lion. Voici, en 
effet, à quoi elle se réduit: Midas veut en vain cacher ses oreilles d’âne 
au moyen d’une tiare (les insignes royaux sont ici l'équivalent de la peau 
du lion); car il ne peut empêcher les roseaux et les vents de faire con- 
naître au monde sa véritable nature. 

Nous ne prétendons nullement que ce conte, tel que nous venons de le 
rapporter, soit d'origine phrygienne, et remonte aussi haut que, dans cette 
hypothèse, on le pourrait supposer; car, si les Phrygiens, comme on n’en 
peut guère douter, se figuraient le roi Midas avec des oreilles d'âne et le 
représentaient de même dans leurs peintures, ce n’était là qu’un symbole 
mythologique qu’il faut bien se garder de mettre en rapport avec la pré- 
tendue stupidité de cet animal. Mais le roi Midas devint de bonne heure 
un des principaux personnages de la comédie à Athènes, et c’est aux 
auteurs comiques de cette ville qu’il faut attribuer la plupart des facéties 
qui circulent dans la littérature grecque sur le compte de ce roi !. L’his- 
toriette que nous avons racontée plus haut, et dans laquelle nous avons 
reconnu la fable de l’Ane couvert de la peau du lion, doit donc, selon 
toute probabilité, être attribuée aux auteurs de la comédie moyenne à 
Athènes, laquelle, comme on sait, se distingue en ceci de l’ancienne 
comédie et de la comédie nouvelle, qu’elle faisait apparaître sur la scène 
toutes sortes de personnages mythologiques. 

1 Voy. à ce sujet les savantes recherches de MM. Boettiger (Musée att., f, p. 354) et Welcker 


(Nachtr. z. Aeschyl. Trilogie, p. 501). 
Toue XXV. 9 


66 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


La première fable de Phèdre, qui n’est pas sans analogie avec celles que 
nous venons d'examiner, présente cependant, d’un autre côté, trop de 
différences essentielles pour que nous croyions devoir la transcrire ici. 
Voyez aussi la fable V d’Avien. 


Il. 


La ressemblance qui existe entre les apologues grecs et indiens se pré- 
sente d’une manière encore plus frappante dans la fable du Lion malade. 
Voyez Pantcha-tantra, 1. IV, p. 2. « Dans une certaine partie d’une forêt 
demeurait un lion appelé Ceralacesara (poil noir). Il avait pour ministre 
un chacal appelé Dhusaraka, qui l'accompagnait dans toutes ses courses. 
Un jour, un combat s’étant engagé entre un éléphant et le lion, celui-ci 
reçut sur tout son corps de si fortes blessures, qu’il lui fut complétement 
impossible de marcher. Par suite de la maladie du lion, le chacal devint 
tout à fait maigre et chétif; un jour, enfin, il s’adressa au lion et lui dit : 
Sire, la faim me tourmente; je ne puis plus faire un seul pas. Comment 
désormais vous servir? Le lion répondit : Va-t-en chercher quelque remède 
qui puisse me guérir de la langueur dans laquelle je demeure plongé. Le 
chacal ayant entendu ces paroles, se rendit au village voisin, et y remarqua 
un âne appelé Lambacarna (longue oreille), qui broutait au bord de l'eau 
quelques rares brins d’herbe. Le chacal s’approcha de lui et lui dit: Sois 
béni et daigne accepter mon salut. Il ÿ a déjà bien longtemps depuis que 
je t'ai vu pour la dernière fois : dis-moi, comment se fait-il que tu sois 
devenu si infirme? Lambacarna répliqua : O mon ami, pourquoi te con- 
terai-je cela? Ce blanchisseur inhumain me charge toujours d’un fardeau 
énorme. Mais, pour ce qui est de l'herbe , il ne m'en donne pas même une 
poignée. Je ne mange rien que ces quelques brins que tu vois; encore 
sont-ils tout sales de poussière. Comment, de cette manière, mon corps 
pourrait-il s’engraisser? Le chacal répondit : S'il en est ainsi, écoute 
mes paroles. Je connais une contrée dans laquelle abonde une herbe aussi 
belle que de l’émeraude, et qui est entrecoupée de délicieuses rivières. 
Viens avec moi dans ces lieux, où tu pourras jouir du commerce d’une élo- 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈÉCE. 67 


quente société. L’âne reprit: Rien ne s’opposerait à ce que je suivisse ton 
conseil, si Je ne craignais pas de devenir la proie des habitants des forêts. 
Que viens-tu donc me parler de cette riante contrée? Le chacal répondit: 
Cher ami, ne parle donc pas ainsi; car mon bras et mon corps défendent 
cette contrée contre les bêtes féroces. Aucun animal dangereux n’y pénètre. 
Seulement, il s’y trouve trois àânesses qui, ayant été, comme toi, mal- 
traitées par un blanchisseur, sont maintenant privées d’un mari. Pleines 
d’une ardeur juvénile, elles se sont adressées à moi et m'ont dit : Si tu 
es réellement notre oncle, rends-toi dans quelque village voisin, et tàche 
de nous en ramener un époux, afin qu'il puisse se marier avec nous; or, 
c'est toi que je veux leur conduire. Lambacarna, après avoir entendu 
ces paroles, fut tout étourdi par les feux de l'amour, et il dit au chacal : 
Mon ami, s’il en est réellement comme tu le dis, partons, et rendons-nous 
en hâte auprès d'elles; car on dit parfaitement bien: « Qu'est-ce que l’am- 
broisie ou le poison pour celui qui est en possession d’une épouse à la 
taille gracieuse, dont la présence fait naître la vie et dont l’absence équi- 
‘vaut à la mort. N'est-ce pas le comble du bonheur que de jouir de la vue 
et de la présence de celles dont le nom seul fait naître tous les feux de 
l'amour, lors même qu’elles sont absentes et que nous ne pouvons pas les 
voir de nos yeux?» Après avoir prononcé ces paroles, Lambacarna se mit 
en route avec le chacal, et tous deux se dirigèrent vers la caverne du lion. 
Celui-ci, malgré la douleur dont il était accablé, s’élança sur l'âne dès 
qu’il eut aperçu; mais l'âne s’enfuit à toutes jambes, quoiqu’en s’échap- 
pant il fût blessé par les griffes du lion. Le chacal voyant les efforts du 
lion couronnés de si peu de succès, fut enflammé d’une grande colère. A 
quoi bon, dit-il, de semblables attaques? Si l’âne lui-même vous surpasse 
en puissance, que sera-ce donc si un éléphant vient vous livrer combat? 
Le lion répondit au chacal qui se moquait de lui : Hélas! que faire désor- 
mais? Jadis aucun éléphant n’échappait à la vigueur de mes étreintes.….; 
cependant je n'étais pas préparé. Le chacal répliqua : Je vous promets 
qu'aujourd'hui même, et sous peu, je ramènerai l’âne en votre présence. 
Mais faites en sorte que cette fois, du moins, vous soyez préparé à le saisir 
avec force. Le lion reprit : Comment serait-il possible que celui qui n'a 


68 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


une fois vu de ses yeux consentit à retourner vers moi? Ne badine pas, je 
ten prie, mais cherche-moi une proie différente. Le chacal répondit : 
Pourquoi parlez-vous de la sorte? Prenez seulement les précautions néces- 
saires, afin que cette fois-ci vous soyez préparé. Il dit et se mit aussitôt en 
route dans la direction qu'avait suivie l’âne fugitif. Celui-ci l'ayant vu s’ap- 
procher, lui adressa la parole en ces termes : O toi qui, au lieu de me 
conduire dans la région des plaisirs, as failli me livrer à la mort, dis-moi 
quel est ce monstre horrible, aux coups foudroyants duquel je me suis 
arraché? Le chacal ayant entendu ces mots se mit à rire, et lui dit: O mon 
ami, ce n'était rien qu'une ânesse qui, étant devenue grasse par suite du 
bonheur dont elle jouit dans la forêt qu’elle habite, s’est élancée vers toi 
pour te serrer dans ses bras; car, dès qu’elle t'a vu arriver, l'amour s’est 
emparé de son âme. Mais toi, tu t'es enfui comme un poltron. Elle, toute- 
fois, ne saurait vivre sans toi. Oui, si tu étais menacé par la mort, elle 
étendrait son bras pour te défendre. Viens donc avec moi; car elle veut se 
laisser mourir de faim, et m'a dit : Si Lambacarna ne veut pas devenir mon 
époux, je chercherai la mort dans les flammes ou dans l’eau, ou bien je 
prendrai du poison; car, sans lui, il m'est impossible de vivre. Ainsi donc 
qu'il vienne en ces lieux, et qu’il daigne exaucer ma prière. Si tu ne le fais 
pas, tu seras le meurtrier d’une femme et tu auras contre toi la colère du 
Dieu de l'amour. Ne dit-on pas en effet : « Pour mépriser une belle femme 
qui triomphe de Cama (Cupidon) lui-même, il faut être aussi insensé que 
ceux qui, habillés tout en rouge, portant sur le front une touffe de che- 
veux et une tête de mort dans la main, ne s’attachent qu’à une ombre du 
bien !? » L’âne ayant entendu ces paroles, se rendit de nouveau auprès du 
lion. En effet, on ne dit pas sans motif : il arrive parfois aux meilleurs de 
broncher, et cependant quel méfait pourra-t-on jamais louer, füt-il commis 
par qui que ce soit? L’âne, induit en erreur par ce torrent de paroles, se 
laissa de nouveau engager à aller trouver le lion, qui, bien préparé cette 
fois, saisit et tua Lambacarna. Sur quoi, il chargea le chacal de lui garder 
sa proie pendant qu’il se rendrait à la rivière, à l'effet de s’y purifier. Mais 


! On voit qu'il est fait allusion ici aux anachorètes de l'Inde. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 69 


le chacal, qui était tourmenté par la faim, dévora le cœur et les oreilles 
de l'âne, qui fut ainsi abandonné, mutilé, sans oreilles et sans cœur. 
Le lion revint, et s'étant aperçu de la chose, il fut transporté d’une 
grande colère et, rudoyant le chacal : Fourbe, lui dit-il, quelle action 
abominable viens-tu de commettre? Cet âne, dont tu as mangé les oreilles 
et le cœur, ne ressemble-t-il pas à une proie ! délaissée? Le chacal répondit 
humblement : Sire, ne parlez pas ainsi; cet âne n’a eu ni cœur ni oreilles; 
car comment sans cela aurait-il pu revenir, après avoir une fois été mis 
en fuite par vous? Le lion, jugeant ces paroles dignes de foi, partagea 
avec le chacal, et dévora l’âne de gaieté de cœur. » 

Qu'on compare maintenant attentivement cette fable avec la 95 de 
Babrius, et l’on se convaincra que, si nous soutenons qu’il y a une analogie 
incontestable entre les apologues de l'Inde et ceux de la Grèce, nous ne 
nous appuyons pas sur de vagues ressemblances. 

« Un lion malade était couché dans le creux d’un rocher; ses membres 
fatigués étaient étendus sur la terre; il avait pour compagnon assidu un 
renard, auquel il était très-attaché. Un jour, il lui dit : Veux-tu me garder 
en vie? J’ai grand faim. Là-bas, sous ces pins sauvages, un cerf habite 
un taillis verdoyant; mais je me sens incapable de le poursuivre mainte- 
nant. Pourtant, si tu le veux, il tombera sous mes griffes, capté par tes 
mielleuses paroles. Le renard s’en alla, et trouva le cerf qui, dans la 
sauvage forêt, bondissait sur un tendre gazon. Il commença par l’em- 
brasser, et, après lui avoir donné le bon jour, il lui annonça qu'il était 
porteur d'excellentes nouvelles. Le lion, dit-il, est, comme tu sais, mon 
voisin. Il se porte très-mal et voit la mort s'approcher. Il a donc songé à 
se choisir un successeur pour régner après lui sur la gent animale. Le 
sanglier est dépourvu de raison, l’ours paresseux et le léopard irascible. 
Le tigre est un fanfaron et ne se complaît que dans la solitude. Le lion est 
donc d'avis que personne n’est plus digne de régner que le cerf. Son port 
est imposant, il vit pendant de longues années; ses cornes, qui s’éten- 
dent au loin comme un bois, sont bien autres que celles des taureaux ; 


! Dans le Pantch., IV, 40, le lion répudie la proie abandonnée par un autre animal. 


70 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


parmi tous les animaux elles répandent la terreur. Pourquoi t'en dirai-je 
davantage, si ce n’est que tu as été choisi et désigné par le sort pour 
commander à tous les habitants des montagnes? O mon souverain! je suis 
venu pour lapporter le premier cette nouvelle. Adieu, mon cher! je 
retourne en hâte vers le lion, afin qu’il ne me fasse pas rappeler; car, en 
toute chose, il veut avoir mon conseil. Et, je pense, mon enfant, si tu 
veux écouter cette tête blanchie par les ans, qu'il convient que toi aussi 
tu te rendes près de lui. Viens t'asseoir à ses côtés et console sa fai- 
blesse. Les petits soins séduisent le cœur de ceux qui sont à leur dernier 
moment; les mourants ont leur âme dans les yeux. Ainsi parla le renard. 
A ces paroles artificieuses, le cerf fut tout enflé d’orgueil. 11 se rendit vers 
l'antre creux du lion, ne sachant pas quel sort on lui réservait dans ce 
lieu. Le lion, emporté par une ardeur imprudente , s’élança de sa couche 
et déchira du bout de ses ongles les oreilles de la bête craintive, qui, 
franchissant la porte de l’antre, s'enfuit tout droit jusqu’au milieu de la 
forêt. Le renard voyant toutes ses peines dépensées en pure perte, se tordit 
les mains de dépit. L'autre grinça des dents et poussa un profond soupir; 
car il était tourmenté également par la colère et par la faim. Il supplia 
alors une seconde fois le renard d’imaginer une ruse qui pût lui fournir 
une victime. Le renard ayant sondé toutes les profondeurs de son esprit: 
Vous me demandez de nouveau, dit-il, une chose difficile; cependant, je 
veux remplir vos désirs. Et, semblable à une chienne intelligente, il se 
mit à suivre le cerf à la piste, ourdissant des trames et combinant toutes 
ses ressources. Îl demandait à chaque berger qu’il rencontrait s'il n'avait 
pas vu s'enfuir un cerf tout sanglant. Tous ceux qui l’avaient aperçu 
lui montrèrent le chemin, jusqu’à ce qu’enfin il le trouvàt dans un lieu 
ombragé, se rafraîchissant après les fatigues de sa course. Et c’est là que, 
dans son effronterie, il alla se poster sans baisser le sourcil; cependant 
une froide sueur se répandit sur le dos et les jambes du cerf. Sa poitrine 
bouillonnait de colère, et il s’adressa au renard en ces termes : Ainsi 
donc tu me poursuis en tous lieux, et c’est en vain que je te fuis! Mais 
cette fois-ci, à objet de ma haine! tu n'auras pas à te glorifier, si tu vap- 
proches de moi ou m’adresses la parole. Va-t-en tromper d’autres que moi 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 71 


qui n'ont encore aucune expérience; prends-en d’autres pour en faire des 
rois. Mais le renard sans se déconcerter : Comme tu es poltron, lui dit-il 
sournoisement ! que tu es accessible à la crainte ! C’est donc ainsi que tu 
as peur de tes amis? Le lion voulant t’être utile et cherchant à te guérir 
de ton ancienne mollesse, l’a pris par l'oreille comme un père mourant. 
Il se préparait à te donner les instructions nécessaires et à apprendre com- 
ment on conserve un empire aussi étendu que le sera le tien. Mais toi, tu 
n'as pu supporter les caresses de sa main défaillante, et c’est en te retirant 
que tu t'es blessé plus grièvement qu'il ne voulait; et maintenant il est 
plus en colère que toi. T’ayant reconnu trop léger et trop peu confiant, 
il veut donner, dit-il, le sceptre au loup. O dieux! quel méchant souve- 
rain! Tu seras la cause de notre malheur à nous tous. Oh! viens, et ne 
sois plus si peureux! Ne tremble pas comme une brebis éloignée du trou- 
peau; car, Je te le jure par toutes les feuilles et par toutes les fontaines : 
qu'à jamais je devienne ton esclave, s’il a envers toi de mauvaises inten- 
tions et s’il n’est pas vrai que, dans sa haute bienveillance, il te donnera 
le sceptre du royaume des animaux. Le cerf, cajolé de la sorte, se laissa 
engager à retourner vers la fatale demeure. Mais à peine fut-il enfermé 
dans un coin du taillis que le lion s’en fit un festin savoureux, mangeant 
ses chairs, suçant la moelle de ses os, déchirant ses entrailles. Le pour- 
voyeur se tenait là entretemps convoitant une partie de la proie; et, le 
cœur du cerf étant tombé, il le déroba et le mangea en cachette. Voilà la 
seule récompense qu’il obtint pour toutes ses peines. Cependant le roi 
compta les intestins un à un, et ne pouvant découvrir où était resté le 
cœur, qui seul lui manquait entre tous, il fouilla sa couche et toute sa 
demeure. Mais le renard, par ses trompeuses paroles, sut cacher la vérité, 
et dit au lion : Son cœur....: il en était dénué : cessez de chercher vaine- 
ment. Comment aurait-il eu un cœur, lui qui est venu jusqu’à deux fois 
dans la caverne du lion? » 

Il nous a été impossible de découvrir des traces de cette fable anté- 
rieures à Babrius, à moins qu'on ne veuille considérer comme telles quel- 
ques vers hexamètres cités par Suidas !, qui, d’après l'opinion de Bentlei, 


Ÿ Sub, v. y Zpcoacr* à Môdex. « I] ne veut pas du léopard , à cause de son caractère iras- 


72 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


ont été composés avant l’époque de ce poëte. Comme, toutefois, l'autorité 
de Lachmann ! est contraire à cette supposition, il est au moins permis 
de douter. Quant à nous, nous ne partageons pas la manière de voir de 
Bentlei; mais, quoi qu'il en soit, nous possédons la garantie que la fable 
grecque que nous avons sous les yeux est bien sûrement une fable antique. 
Le rapport qu'il y a entre la version grecque et la version sanscrite est 
d'autant plus digne de remarque. Il est à peine nécessaire , pensons-nous, 
d’insister sur la ressemblance des deux fables, de montrer comment dans 
l’une aussi bien que dans l’autre, il s’agit d’un lion malade, ayant un 
renard ou un chacal pour ministre, lequel, par des paroles doucereuses, 
réussit jusqu'à deux fois à tromper sa victime; de faire voir que, dans lun 
et dans l’autre récit, le lion blesse d’abord sa proie sans pouvoir la saisir; 
d'appeler enfin l'attention sur la réponse du renard, qui, dans les deux 
fables, mange le cœur de la victime et s’en excuse de la même manière. 
Les quelques différences qui distinguent les deux fables sont assurément 
de peu d'importance. Si l'âne de la fable indienne est remplacé chez 
Babrius par le cerf, cela s'explique d’une manière fort naturelle. En 
effet, dans toute l’antiquité grecque, non-seulement chez les poëtes, mais 
aussi sur d'innombrables peintures de vases, le cerf et la biche sont la 
proie ordinaire du lion. Ajoutez à cela que déjà chez Homère on trouve 
les mots xgan épuo employés en guise de proverbe, quoique le mot pd 
y ait une signification différente de celle qu'il faut lui attribuer dans la 
fable; car il est évident que xd ne signifie pas ici le courage, mais 
l'esprit, de même que le mot hridaya (cœur; comparez le flam. hart) en 
sanscrit ?. 
cible. » S. v. Tl224. « I] a dit beaucoup de mal du tigre insolent. » S. v. œyx&. « Le cerf rapide, 
trompé par ces avantages. » 

! Préface de l'édit. de Babrius, par Lachmann, p. VIII. 

? Voy. ci-dessus, p. 110. Tyrwhitt, dans sa dissertation sur Babrius (p.13, note 11), paraît ne 
pas avoir connu cette signification du mot #99, quoiqu'elle ne soit nullement rare et se rencontre 
dans tous les bons dictionnaires, ce qui nous dispense d'en donner des exemples. Il lui semble que 
laconclusion de cette fable est bien peu digne du reste ; elle lui paraît froïde et inexacte. Mais il 
est clair, au contraire, que c’est dans la réponse du renard que se trouve toute la morale de la 


fable. Il faut être, dit-il, dépourvu de raison pour venir deux fois chez le même ennemi. Du reste, 
il ne sera pas sans intérêt de faire observer, à propos de cette même note de Fyrwhitt, combien 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 75 


Une seconde différence qu’on aura sans doute remarquée ne présente 
pas non plus de difficultés. D'après le récit de Babrius, le renard ne mange 
pas les oreilles de la victime, tandis que, dans l’apologue sanscrit, le 
renard , après les avoir dévorées, prétend qu’il est impossible que l’âne en 
ait eu. Ce trait est d’autant plus piquant, que c’est précisément à cause de 
la longueur de ses oreilles que l’âne a reçu le nom de Lambacarna. La cause 
de cette différence est facile à trouver. En sanscrit acarna (c’est-à-dire sans 
oreilles) veut dire sourd et stupide. À ce point de vue donc, on peut très-bien 
dire que l'âne a été un acarna, qu'il a été privé d'oreilles. Mais la langue 
grecque n'offre aucune expression analogue, et si le fabuliste grec avait 
fait entrer ce trait dans sa fable, ses compatriotes n'auraient pas su le 
comprendre. 

M. Grimm, dans son Reinhart Fuchs (p. cezxxwi), croit avoir découvert 
une troisième différence. Il pense , en effet, que, dans le récit primitif, le 
lion voulait se guérir au moyen du cœur et des oreilles de sa proie ; et 
c’est ainsi, il le faut avouer, que la chose est rapportée dans la version 
anglaise du Calila et Dimna ( Knatchbull, pp. 264-267), dans la traduction 
française du Pantcha-tantra (Dubois, p. 199), dans le Specimen Sapientiae 
veterum Indorum (pp. 322 et suiv.), ainsi que dans le Bidpaï de Galland (1. VE, 
p. 54). Mais si c’est là la version primitive, elle renferme une difficulté 
inextricable. Le lion doit se guérir au moyen des oreilles et du cœur de 
sa victime, et ce sont précisément ces deux parties que dévore le renard. 
Pourquoi cela? Le renard veut-il la mort du lion? ou bien n’est-il pas 
content d’une seule victime? Croit-il que le lion en exigera une seconde, 
afin de pouvoir, cette fois-là du moins, y trouver des oreilles et un cœur ? 
Toutes ces suppositions sont également improbables. Il est vrai que dans 


de progrès a faits depuis son époque l'étude de la littérature, tant grecque que sanserite eL arabe. 
En effet, d'après l'opinion de ce philologue, la fin de la fable de Babrius a été imitée par l'auteur 
du livre arabe intitulé : Calila et Dimna. Car il ne eroit pas pouvoir se ranger du côté de ceux, 
qui (comme Starke, dans la préf. du Specimen Sap. vet. Indorum) soutiennent que cet ouvrage à 
été traduit en grec trois cents ans avant Alexandre le Grand. Nous savons aujourd'hui que Babrius 
n'a pas plus imité l'auteur du Calila et Dimna, que celui-ci n'a pris celui-là pour modèle; nous 
savons, de plus, que l'écrivain arabe n'a fait sa traduction de la version pehlvi que vers le VIE siè- 
cle de l'ère chrétienne. Et tout ceci nous le savons de science certaine. 


Tou£ XXV. 10 


74 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


le Bidpai de Galland ces difficultés ont été éludées. C’est le lion et non 
pas le renard qui y mange le cœur et les oreilles de l'âne. Mais pour par- 
venir à cette solution, il a fallu sacrifier une des plus belles parties de la 
fable : la conclusion en est défigurée. Le texte du Pantcha-tantra, tel que 
nous l'avons traduit plus haut, nous montre clairement que M. Grimm 
s’est trompé. Le chacal mange le cœur et les oreilles de l'âne pour ne pas 
être entièrement frustré du prix de ses courses. C’est de la même manière 
que Babrius motive la chose : voilà, dit-il, la seule récompense qu'obtint 
le renard pour toutes ses peines. Il n’y a qu’un seul point qui nous dé- 
plaise dans le récit sanscrit. Le lion, y est-il dit, partagea sa proie avec 
le chacal. Babrius a été plus conséquent, et nous ne sommes pas éloigné 
de croire que dans l’apologue sanscrit primitif le chacal était forcé de 
se dédommager lui-même, et que le lion n’y partageait pas sa proie avec lui. 

Cette fable a aussi été traitée en latin par Avien (fab. 50), mais les chan- 
gements qu'il y a faits sont des plus malheureux. 

« Un paysan avait laissé s'enfuir un sanglier qui dévastait les moissons 
et les riches guérets ; mais il lui avait enlevé une oreille, afin qu'emportant 
le souvenir de cette douleur, il se gardàt dorénavant de ravager les tendres 
moissons des autres. Mais ayant été attrapé de nouveau, pendant qu'il sil- 
lonnait les champs, il perdit aussi l’autre oreille, qui avait été épargnée. 
Peu de temps après, sa tête mutilée se montra derechef dans les blés. Mais 
sa double punition le fit aussitôt reconnaître. Le paysan alors le saisit et le 
fit figurer à la table splendide de son maître. Ille coupa en mille morceaux 
pour le faire servir à toutes sortes de mets. Le repas terminé et le maître 
cherchant le cœur du sanglier, — le cuisinier affamé, disait-on, l'avait pris, 
— le paysan calma sa juste colère en soutenant que le stupide animal avait 
été privé de cœur. En effet, dit-il, comment sans cela aurait-il pu être 
assez insensé pour se faire plus d’une fois mutiler et pour permettre à son 
ennemi de l’attraper si souvent? » 

On aura remarqué, sans doute, que dans ce récit il est resté une trace 
singulière de la fable indienne. Dans celle-ci le chacal dévore les oreilles 
de l'âne, dans celle d’Avien les oreilles du sanglier sont coupées par le 
paysan et dans Babrius le lion égratigne les oreilles du cerf. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 75 


HI. 


(Pantcha-tantra , 1. L, fab. 15.) 


« Une tortue, appelée Cambugriva (c’est-à-dire portant une chaine au 
cou) demeurait dans un lac. Deux oies, appelées Sankata et Vikata (c’est- 
à-dire grande et petite), avaient bâti leur nid sur le bord du même lac 
et avaient l'habitude de s’entretenir avec cette tortue sur les Dévarshis, les 
Rägarshis et les Brähmarshis *. Mais le temps se passant de la sorte, sans 
qu'il tombät de la pluie, le lac en question fut bientôt desséché. C’est ce 
qui fit que les oïes furent affectées d’une vive douleur , et elles dirent à la 
tortue : Chère amie, le lac que tu habites est plein de limon. Qu’adviendra- 
t-il de toi ? Nous sommes profondément afligées. Cambugriva répondit : le 
manque d'eau me rend ce séjour inhabitable. Cependant ne désespérez pas 
pour cela de mon salut. Car « l’homme de bien porte secours à ses parents 
et à ses amis , lorsqu'ils sont accablés de malheurs. » Voilà ce que dit la 
loi de Manou. Apportez-moi donc une corde solide ou un morceau de bois 
d’agallochum ou quelque chose de pareil, et alors nous chercherons en- 
semble un lac renfermant une grande quantité d’eau. Car je prendrai ce 
bois en travers entre mes dents, et de cette manière vous pourrez me 
transporter dans un lac, comme je viens de le dire. Les deux oies répli- 
quèrent : Nous ferons ainsi; mais tu dois nous promettre de garder le 
silence. La tortue répondit : Je vous jure par tous les dieux, que tant que 
je naviguerai dans les airs, jusqu’au moment où nous atteindrons le lac, 
je ne proférerai pas un seul mot. Mais pendant que Cambugriva volait dans 
les airs, elle remarqua au-dessous d’elle une ville très-considérable. Les 
habitants de cette ville, ayant aperçu la tortue, voiturée de la sorte, se 
mirent à rire et à pousser des cris : Voyez, voyez, dirent-ils, quel équipage 
ces oiseaux conduisent par les airs. Cambugriva ayant entendu ces paroles 


1 C'est-à-dire les saintes divinités, les saints rois et les saints brahmanes. 


76 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


s’écria : Quelles sont donc ces clameurs ? Mais elle eut à peine prononcé 
la moitié de ces mots qu’elle tomba et fut fracassée. Voilà pourquoi je dis : 
Quiconque méprise les conseils d’amis bienveillants périra comme la tor- 
tue insensée. » 

Cette fable est racontée de la même manière dans le Hitopadéça; tous 
les personnages y portent les mêmes noms; il n’y a que cette double dif- 
férence : d’abord, dans le Pantcha-tantra, c’est la sécheresse qui fait délo- 
ger la tortue, tandis que dans le Hitopadéça ce sont des pêcheurs qui se 
vantent d'attraper la tortue; ensuite, dans le premier de ces recueils, les 
habitants de la ville effraient la tortue, tandis que, dans le second, ils lui 
disent des injures auxquelles elle a l’imprudence de répondre. 

Babrius a rapporté cet apologue d’une manière un peu différente; mais, 
d’un autre côté, les ressemblances des deux versions sont si grandes, qu’il 
est impossible d'en méconnaître la commune origine . 

« Une tortue paresseuse s’adressa un jour en ces termes à des plon- 
geurs de marais, à des mouettes et à des céyx chasseurs : Ah! si quel- 
qu’un voulait me donner des ailes! 

» Un aigle se trouvant là par hasard : Quel prix, dit-il , veux-tu payer à 
l'aigle qui t’'élèvera dans les airs et te rendra légère. Je te donnerai, reprit- 
elle, tous les trésors que renferme la mer Érythrée. À ce prix, dit l'aigle, 
je veux être ton maître. Et l'ayant saisie par derrière, il alla la cacher 
dans les nues, puis de là, il la précipita sur un roc, où l’écaille de son dos 
fut entièrement fracassée. En mourant elle prononça ces mots : Jai mérité 
ma mort; qu'avais-je, en effet, besoin de voler dans les nues, moi qui ne 
pouvais, qu'avec peine, me trainer sur la terre ? » 

Il ne faut pas s'étonner que, dans ce dernier récit, l'aigle occupe la 
place de l’oie. L’aigle était l'oiseau favori des Grecs. C’était le messager 
de Jupiter; il avait enlevé Ganymède, etc. Chez les Indiens, au contraire, 
l'oiseau de prédilection des poëtes, c'était l’oie ou plutôt le flamingo 
(hansa ). 


La disparité est plus grande en ce qui concerne la morale des deux 


1 Voy. Babrius, fab]. 415. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 77 


fables. Par la première, on veut nous montrer qu’il ne faut faire aucun 
cas des discours du vulgaire; tandis que la seconde nous apprend à ne 
rien entreprendre qui soit contre notre nature !. 

Du reste, il semblera probable que la fable grecque est plus ancienne 
que Babrius, si l’on prend en considération ce qu'Élien nous raconte 
d'Eschyle ?. 

Ce poëte était assis sur une roche, méditant et écrivant selon sa coutume. 
Il était entièrement chauve. Un aigle prenant sa tête pour un roc, laissa 
_choir sur elle la tortue qu'il avait dans ses serres. Il ne manqua pas son 
but, et de cette manière le poëte périt. » 

Il est évident que nous n'avons pas affaire ici à de l’histoire. Personne 
n'a constaté jusqu'à présent que les aigles usent d’un pareil procédé pour 
briser l’écaille des tortues. De plus, il n’y a pas de rochers dans les envi- 
rons de l’Etna, où mourut le plus grand des tragiques. Nous avons donc 
devant nous une anecdote controuvée, et cette anecdote n’a pu naître que 
de la fable que nous venons de traduire. Il ne s’agit donc que de savoir si 
ce conte a été inventé avant ou après Babrius ; or, selon toute probabilité, 
il lui est antérieur 5. 

La fable 7 du 2" livre de Phèdre présente des modifications impor- 
tantes. Néanmoins les traces de ressemblance qu’elle a conservées ne per- 
mettent pas de douter de la communauté d’origine qui relie cet apologue 
aux deux autres que nous avons transcrits. 

« Un aigle emporta une tortue dans les airs. Mais elle couvrit si par- 
faitement son corps de sa maison d’écaille, qu'il n’y avait pas moyen de 
l'attaquer dans sa demeure. Une corneille passant à côté d’eux dans son 


! L'épilogue de la fable indienne, tel que nous l'avons rapporté, n’exprime pas la conclusion 
qu'elle renferme en effet, Cette remarque n’est pas seulement applicable aux apologues de l'Inde, 
elle doit aussi être faite très-souvent par rapport à ceux de la Grèce. Jacobs (Nachtraege zu Sul- 
zers Theorie der schoenen Kuenste, 1. V, pp. 295 et suiv.) a très-bien fait voir combien les épilo- 
gues des fables grecques sont parfois absurdes. 

2 Voy. Hist. anim., |. VII, ch. 47. 

* Au moment où nous écrivions ces lignes, M. Welcker faisait imprimer, dans le Musée du Rhin, 
une dissertation dans laquelle il démontre clairement que la mort d'Eschyle , telle que la raconte 
Élien, est une pure fiction. 


78 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


vol : Tu emportes dans tes serres, dit-elle à l'aigle, une proie excellente; 
mais à moins que je ne te montre ce que tu dois en faire, elle te fatiguera 
en vain par le poids de son corps. Après avoir fait son marché, elle l'exhorta 
à jeter du haut des astres sur un rocher cette écaille si dure. Car, dit- 
elle, se brisant de la sorte, elle sera pour toi un repas très-facile. 

» L'aigle, persuadé par ces paroles, obéit à ce que lui dit la corneille et 
lui donna en récompense une large part de sa proie. » 

On aura déjà peut-être observé que la fable indienne n’est pas sans 
analogie avec celle du Renard et du Corbeau (Babr., f. 77). En effet, c’est 
en ouvrant la bouche que, dans celle-ci, le corbeau perd son fromage, et 
que, dans celle-là, la tortue perd la vie. Nous doutons qu'une pareille 
ressemblance puisse être considérée comme un pur effet du hasard. Nous 
ne voulons pourtant pas nous appesantir là-dessus. 

Nous aurions pu traduire ici la 2% fable d’Avien. Mais comme elle s’ac- 
corde de tout point avec le récit de Babrius , nous avons pensé ne pas devoir 
allonger inutilement ce mémoire. 


IVe 


(Pancha-tantra, 1. AN, £. 7.) 


« La femme d’un villageois abandonna son mari pour suivre son amant; 
en partant, elle emporta avec elle toutes ses richesses. Étant arrivée au 
bord d’une rivière, son ami l’engage à lui remettre tout ce qu'elle a. Je 
porterai d’abord, dit-il, vers la rive opposée tes habits et tout ce que tu 
as; ensuite je viendrai te chercher toi-même. La femme y consent; lui se 
hâte d’emporter tous ses biens, et il la laisse toute nue sur le rivage du 
fleuve. Les choses en étant à ce point, un chacal vint au même endroit 
près de l’eau; il portait un morceau de chair dans la bouche. S’étant arrêté 
et ayant regardé autour de lui, il découvrit un grand poisson qui était 
sorti de l’eau et se reposait sur la rive. Dès qu'il l'eut aperçu, il jeta à 
terre le morceau qu'il tenait en bouche, et se dirigea vers le poisson. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 79 


Entretemps un vautour, descendu des hauteurs de l'air, enleva le morceau 
de chair et revola vers les nues, tandis que le poisson, qui avait vu venir 
le chacal, se hàta de rentrer dans le fleuve. Le chacal, voyant ainsi ses 
espérances frustrées, remarqua seulement alors que son morceau de chair 
était devenu la proie d’un vautour. La femme lui dit en souriant : Pourquoi 
étonner, à chacal! que tu n’aies ni chair ni poisson? Le vautour a pris 
l’une, et l’autre est descendu dans les flots. Le chacal ayant entendu ces 
paroles, et voyant qu'elle avait perdu son mari, son amant et ses biens, lui 
répondit en riant tout haut : Ta sagesse est de moitié plus grande que la 
mienne. Pourquoi t’étonner? Tu n’as maintenant ni mari, ni amant, et tu 
es abandonnée toute nue sur le rivage du fleuve. » 

Une fable tout à fait analogue se trouve chez Babrius (fabl. 79), et l’on 
en rencontre six versions différentes chez Coraï, pp. 155 et 156. 

« Un chien avait volé dans une cuisine un morceau de viande. Lon- 
geant avec sa proie le bord d’une rivière, il vit que l'ombre qu'elle pro- 
jetait dans les flots était beaucoup plus grande que la viande elle-même. 
Il la lâcha donc pour s’élancer sur l’image; mais il ne trouva ni l’image 
ni la proie, et regagna la rive, l'estomac affamé. » 

Toutes les fables correspondantes chez Coraï sont parfaitement sembla- 
bles à celle que nous venons de traduire, à l'exception, toutefois, d’une 
seule, qui est empruntée au recueil publié, pour la première fois, par 
Mathaei, en 1781, sous le nom de Fables de Syntipas 1. 

Dans le récit de cet auteur, il est dit que la viande du chien fut enlevée 
et mangée par un corbeau qui passait là d'aventure, circonstance qui nous 
rappelle la fable indienne. 

Le même détail se trouve aussi dans les fables de Locman, ce qui ne 
doit pas nous étonner, attendu que, d’après les recherches de M. Grauert?, 
les fables de Syntipas et de Locman ne sont que la traduction les unes 


des autres 5. 


1 Il ne faut pas confondre les fables de Syntipas avec un autre ouvrage dont nous avons parlé 
plus haut et qu'on attribue également au persan Syntipas. 

2 De Aesopo et fabulis Aesopiis, p. 96. 

5 En outre, M. Grauert a rendu très-probable que le fond de ces fables est décidément grec, et 


80 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


Phèdre a traité cette fable à l'exemple des Grecs (1. 1, f. 4): 

« Un chien traversant un fleuve à la nage, pendant qu'il avait un mor- 
ceau de viande dans la gueule, aperçut son image dans le miroir des 
eaux ; et, croyant qu'il avait devant lui un autre chien avec une proie dif- 
férente, il résolut de la lui arracher. Mais son avidité fut trompée; car il 
perdit la nourriture qu'il tenait dans la gueule, sans pouvoir attemdre 
celle qu'il avait poursuivie. » 

Il y a dans la manière dont cette fable a été traitée par les Grecs et par 
Phèdre une circonstance qu’on ne trouve pas dans la version sanscrite ; 
car il y est dit que le chien attaque sa propre image. Ce trait si ingénieux 
est employé dans une autre fable indienne qu’on nous pardonnera pour 
cette raison de transcrire; car une pareille analogie ne saurait être attri- 
buée au hasard. Cette fable a été traitée à la fois dans le Pantcha-tantra 
(t. I, p. 8) et dans le Hitopadéça (t. IT, p. 11). Puisqu'il ne s’agit ici que 
d’un trait accessoire, nous préférons nous en tenir à ce dernier recueil, 
dans lequel ce récit est plus bref que dans l’autre. 

« Un lion avait fait un traité avec tous les autres animaux. On était con- 
venu que chaque jour un animal lui serait donné comme proie. Le lièvre 
ayant vu s'approcher pour lui le terme fatal, imagina la ruse suivante : 
Il s’avance tout lentement comme s'il avait une blessure. Le lion, irrité, 


il pense que la version arabe a été faite sur le texte de Syntipas, dont il attribue la rédaction à 
un savant de Byzance. Mais cette dernière opinion n’est nullement sûre. Car pourquoi le livre de 
Syntipas ne serait-il pas une traduction de l'arabe? Nous croyons qu’on peut rendre très-plausible 
cette seconde hypothèse. En effet, nous venons de voir plus haut que, dans la fable du Chien pour- 
suivant l'ombre de sa proie, Syntipas et Locman ont emprunté, l’un et l'autre, un trait aux apologues 
de l'Inde. Nous croyons pouvoir en conclure que la priorité doit être accordée à l'auteur arabe. 
Car le changement signalé tout à l'heure provient plutôt d’un Arabe que d’un écrivain de Byzance. 
Ceci est facile à comprendre. Dès le VIH siècle, le Calila et Dimnu fut connu des Arabes, et il 
acquit bientôt chez eux une très-grande renommée, tandis que la traduction grecque qui ‘en fut 
faite par Siméon Seth ne date guère que de trois siècles plus tard et n'acquit jamais une grande 
publicité. Comment, d'après ces données, ne serait-il pas plus que probable que l'emprunt que 
Syntipas et Locman ont fait au Calila et Dimna provient bien plutôt d'un Arabe que d'un Grec 
de Constantinople? Or, s'il en est ainsi, voici l'opinion qu'il faudra se faire sur les deux ouvrages 
en question : les fables de Loeman sont tirées de celles de la Grèce; mais on y à fait plusieurs 
additions qui ne se trouvent pas dans les recueils attribués à Ésope, et c'est sur ce texte arabe, 
dit de Locman, qu'a été faite la traduction grecque portant le nom du persan Syntipas. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 81 


lui demande pourquoi il arrive avec tant de lenteur; le lièvre répond : Un 
autre lion s’est emparé de moi, et n’a voulu me laisser partir qu’à condi- 
tion que je jurerais de revenir bientôt chez lui. En quel endroit, dit le 
lion, demeure cet insolent? Conduis-moi vers lui. Le lièvre conduisit le 
lion vers un puits, et lui faisant contempler son image : C’est ici, dit-il, 
qu’il demeure. Le lion, apercevant cette image, s’élança dans le puits où 
il trouva la mort. » 

Il arrivera plusieurs fois dans la suite que nous verrons qu’une fable 
indienne, tout en reposant sur une base différente de celle des apologues 
de la Grèce, présente néanmoins, d’un autre côté, sous le rapport des cir- 
constances accessoires et des détails secondaires, une analogie telle avec 
les fables d'Ésope, qu’il serait impossible de considérer comme fortuit un 
rapprochement si singulier. 


V. 


(Pantcha-tantra, 1. EE, f. 15.) 


« Dans une région montagneuse, il y avait un arbre élevé dans lequel 
demeurait un oiseau appelé Simbukha, dans les ordures duquel il se trou- 
vait de l'or. Un chasseur ayant remarqué cet oiseau, s’approcha de lui. 
L'oiseau laissa choir ses ordures, qui aussitôt se changèrent en or. Le chas- 
seur ayant vu cela s’écria : Depuis ma tendre jeunesse, pendant quatre- 
vingts ans, j'ai pratiqué le métier d’oiseleur, mais jamais je n'ai remarqué 
de l'or dans les excréments d’un oiseau. Ayant fait ces réflexions en lui- 
même, il plaça ses lacets tout autour de cet arbre. L'oiseau imprudent, 
sans aucune crainte de danger, alla s'asseoir à l’endroit qu'il occupait d’or- 
dinaire, et fut bientôt engagé dans les lacets. L’oiseleur le plaça dans sa 
cage et retourna chez lui. II se mit alors à penser en lui-même : Que ferai-Je 
maintenant de cet oiseau? Si jamais quelqu'un s'aperçoit qu'il laisse 
tomber de l'or, il ira l’annoncer au roi, et gare alors à ma vie. Je vais 
moi-même le lui apporter. Ayant ainsi réfléchi, il exécuta son dessein. 


Tome XXV. 11 


82 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


» Le roi ayant vu cet oiseau fit de grands yeux, et ouvrant le lotus de 
sa bouche !, il dit, plein de joie, à ses gardiens : Donnez à cet oiseau tous 
les soins nécessaires. Tâchez de satisfaire tous ses désirs; donnez-lui à 
manger et à boire ce qu’il veut. Mais un conseiller dit au roi : Pourquoi 
garder cet oiseau que nous ne croyons extraordinaire que sur la foi d’un 
oiseleur qui ne mérite aucune confiance? Sur ces paroles du conseiller, on 
laissa l'oiseau s'envoler. Il s'enfuit en hâte, alla s'asseoir sur les arceaux 
de la porte élevée, y déposa ses ordures dorées, et se mit à chanter : Moi, 
le premier, j'ai été insensé, puis l’oiseleur, puis le roi. Nous ne sommes 
qu'un troupeau d’insensés. Après quoi, il s’élança dans les airs. » 

Qu'on compare avec cette fable celle de la Poule aux œufs d’or, qui se 
trouve chez Babrius (f. 125). 

« Une poule merveilleuse pondait des œufs d’or. Son possesseur s’ima- 
gina que, dans ses entrailles, il devait y avoir un riche trésor. Il la tua 
donc pour se rendre maître du tout; mais trouvant qu’elle était exacte- 
ment semblable aux autres oiseaux, il gémit longtemps de voir ses espé- 
rances frustrées; car le désir de posséder davantage le priva même de ce 
qu'il avait d’abord. » 

M. Fix à mis en doute l'authenticité de cette fable. Il ne croit pas que 
Babrius l'ait écrite. Nous n’imaginons pas quel motif peut lui avoir inspiré 
cette opinion; car le style de cet apologue n’est certainement pas indigne 
du célèbre fabuliste. De plus, il se rencontre chez Ignatius Magister et 
chez Avien, et nous avons fait observer plus haut que ces deux auteurs ont 
emprunté à Babrius la plupart de leurs fables. Nous ne croyons donc pas 
devoir nous arrêter à cette hypothèse toute gratuite. 

L’apologue sanscrit a été également l’objet de différentes critiques. 
M. Wilson le trouve fort peu ingénieux. Nous ne prétendons pas nous 
poser en défenseur de la beauté de cette fable ; mais on ne peut pas cepen- 
dant, pour ce motif, en contester l’origine indienne. Il est vrai que, lors- 
qu'une fable est maladroitement racontée, en sorte que le point saillant 
soit perdu de vue, on peut très-souvent en conclure qu'elle ne doit cette 


! C'est-à-dire sa bouche merveilleuse. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 85 


fausse couleur qu'à une imitation malheureuse. C'est ce que Jacobs à 
prouvé avec beaucoup de sagacité (1. I, p. 287). Mais si l’on voulait induire 
de là que la fable que nous avons sous les yeux n’est pas originaire de 
l'Inde, qu'elle a été, par exemple, empruntée aux Grecs, on admettrait 
une supposition insoutenable. Nous ne voulons pas contester, néanmoins, 
que les Grecs aient conservé la forme primitive de l’apologue en question ; 
car dans la fable du Serpent bienfaisant (Pantcha-tantra , t. IX, p. 5), que 
nous allons faire connaître à l'instant, cet animal est tué par un brahmane 
trop avide, tout juste comme l'oiseau aux œufs d’or est tué d’après ce que 
raconte Babrius. Voilà une première circonstance que l’auteur du Pantcha- 
tantra nous semble avoir modifiée. Un second détail qui paraît avoir été 
altéré dans le récit sanscrit, c’est que, d’après Babrius, l'oiseau mer- 
veilleux pond des œufs d’or, tandis que, dans le recueil indien, ce trait 
a été changé d’une façon peu heureuse. En effet, des œufs d’or sont men- 
tionnés si souvent par les poëtes indiens, qu'on à pu, avec raison, consi- 
dérer comme une tradition orientale l'œuf d’argent des poëmes orphiques !. 
Nous admettons donc volontiers que la forme sous laquelle cet apologue 
a été raconté chez les Grecs est plus primitive que le récit sanscrit. Mais 
ceci, loin d'être contraire à ce que nous voulons démontrer, ne fait que 
nous y conduire d’une manière plus directe; la ressemblance n’en est que 
plus grande. 

Nous avons dit plus haut que la fable du Serpent bienfaisant renfer- 
mait quelque analogie avec celle de la Poule aux œufs d’or. Comme elle 
se rencontre également chez les Latins et les Grecs, nous allons la faire 
connaître telle que le Pantcha-tantra la rapporte. 


1 Il est vrai que M. Lobeck, dans son Aglaophamos (p. 476), est d'une opinion tout à fait dif- 
férente. 


84 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


VE 


(Pantcha-tantra, 1. HI, f. 5.) 


« Dans une certaine contrée demeurait un brahmane appelé Haridatta ; 
malgré les soins qu'il vouait à la culture de son champ, il ne pouvait 
cependant en retirer aucun profit. Une fois, — c'était un jour d'été, — il 
s’endormit, accablé de chaleur, au milieu de son champ, sous l’ombrage 
d'un arbre; et il vit en songe un terrible serpent qui était roulé sur une 
fourmilière, et sur la tête duquel se dressait une crête superbe. Il songea 
alors en lui-même : N'est-ce pas là le dieu et le gardien de mon champ 
que jusqu'à présent je n’ai pas encore vénéré, à l'effet d'obtenir que mon 
champ soit fertile? Je vais aujourd’hui même lui porter mes offrandes. 
Ayant réfléchi de la sorte, il versa du lait dans un vase, et s’écria à haute 
voix : O toi! le gardien de mon champ, jusqu'à présent je ne t'ai pas 
encore honoré, car j'ignorais que tu fusses en ce lieu; daigne maintenant 
m’accorder ton pardon. Ayant alors déposé le lait, il retourna chez lui. 
Le lendemain matin étant revenu au même endroit, il trouva un dinara ! 
sur le sommet de la fourmilière ; et de même il trouvait journellement un 
dinara à mesure qu’il offrait du lait au serpent. Un jour, il chargea son fils 
d'aller à la fourmilière pour y apporter du lait, car lui-même devait se 
rendre en ville. Le fils y ayant apporté et déposé le lait, retourna chez 
lui; mais le lendemain ayant vu le dinara, il le prit et songea en lui-même : 
Ce monticule pourrait bien être tout plein de dinaras. Si je tue le serpent 
qui l’occupe, je pourrai tout emporter à la fois. Ces réflexions faites, le 
fils du brahmane brisa le lendemain avec un bâton la tête du serpent. 
Celui-ci ne périt pas, — un dieu le protégeait; — mais il mordit avec ses 
dents venimeuses le jeune imprudent, qui mourut aussitôt et fut brûlé 


! Le dinara est une pièce d'or, dont le nom semble avoir été emprunté au denarius romain. 
Cette circonstance prouve de nouveau que la dernière rédaction du Pantcha-tantra est de beau- 
coup postérieure à sa composition primitive. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 85 


par sa famille réunie autour du bûcher funèbre. Le jour suivant, le père 
revint de voyage, et ayant appris de sa famille la mort de son fils, il en 
fut profondément aflligé, et alla le lendemain matin trouver de nouveau le 
serpent, lui présentant du lait et invoquant à haute voix. Mais le serpent, 
après s'être tenu longtemps à l'entrée de son trou, s’adressa en ces termes au 
brahmane : Tu es encore plus avare qu’affligé de la mort de ton fils; c’est 
l'avarice qui t'a conduit en ces lieux. Ne t'imagine pas que l'amitié puisse 
de nouveau nous unir; car ton fils, obsédé d’une aveugle cupidité, m'a 
frappé, et je l'ai mordu pour le punir. Comment pourrais-je oublier que 
son bâton m'a blessé? et comment pourrais-tu être insensible toi-même à 
la douleur que t'a causée la mort de ton fils? Après avoir prononcé ces 
paroles, il lui donna un joyau d’une immense valeur; mais garde-toi bien, 
lui dit-il, de revenir dans la suite. Il répéta encore une fois ces paroles et 
se retira alors dans l’intérieur de son trou. Le brahmane retourna triste- 
ment chez lui, déplorant la malheureuse cupidité de son fils. » 

Plusieurs philologues ont déjà fait observer qu'il ÿ a une ressemblance 
entre cette fable et celle de Coraï, p. 538, qu'il a empruntée au recueil de 
Florence !. 

« Un serpent, qui avait son gîte devant la porte d’un laboureur, fit 
une blessure au pied de son enfant, qui en mourut aussitôt. Les parents 
de l'enfant furent affectés d’une vive douleur. Le père, accablé sous le poids 
de son malheur, prit une hache et tàcha de mettre à mort l'exécrable ser- 
pent. Celui-ci fut à peine sorti de son trou pour aller chercher de la nour- 


1 Divers motifs se réunissent pour nous faire croire que cette fable est empruntée à Babrius. 
Déjà Corai a fait remarquer : « Qu'il se trouve dans cet apologue un grand nombre de vers dodé- 
casyllabiques (c'est-à-dire choliambiques) que le diasceuaste a laissé subsister par impéritie, mé- 
langeant ainsi de la prose et des vers. » Mais le MS. de la bibliothèque Bodléenne, dont nous avons 
parlé plus haut, et qui a été consulté par Tyrwhitt, présente encore beaucoup plus de traces de la 
rédaction métrique primitive. Voici quels sont les premiers mots de cette fable, dans le MS. en 
question : Op yecpyob Tpobbpos gwAEday dyéihe) Gurod made ypmioy TÜu:. Le premier de ces vers 
peut être corrigé au moyen d'un léger changement indiqué par M. Baiter (voy. Musée du Rhin, 
V, p. 640) : 


"Ogis vewpyoù Tps Obpoiri poAEUY. 


Le second peut rester intact. 


86 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


riture, que le laboureur courut après lui, et lui appliqua avec son arme 
un coup formidable. Il ne parvint pourtant pas à le tuer, et lui emporta 
seulement l'extrémité de la queue. Redoutant alors que le serpent ne le 
tuàt lui-même, il prit de la farine, de l’eau et du miel, et pria le serpent de 
faire sa paix avec lui. Mais le serpent, qui s'était caché sous un roc, 
s’adressa à notre homme du fond de son trou, et lui dit avec un léger 
murmure : Dès à présent il n’y a plus aucune amitié entre nous. Car je 
suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux plus avoir envers moi 
des intentions pacifiques, puisqu'à chaque instant tu vois le tombeau de 
ton fils. » 

La même chose est racontée avec de légers changements dans la 
fable 42 du manuscrit florentin, ainsi que dans la fable 141 du recueil de 
Nevelet. Seulement il est dit, dans ces deux versions, que le laboureur 
frappe non pas la queue du serpent, mais le roc sous lequel il s’est réfu- 
gié. On voit que, dans la fable grecque, comparée à la fable sanscrite, 
il manque une circonstance importante, à savoir que le serpent est en 
même temps un dieu, c’est-à-dire un é&y«fodæpu. Le laboureur, est-il dit 
dans la version grecque que nous avons traduite, a peur que le serpent ne 
l'attaque lui-même. Mais la suite du récit nous fait voir que le laboureur 
craint la colère d’une divinité offensée. Il lui offre de l’eau, de la farine et 
du miel, c’est-à-dire une offrande de tout point semblable à celle qui, dans 
l'Odyssée, est présentée par Ulysse aux mânes des défunts. D’après une 
autre version (Coraï, p. 141), le laboureur offre au serpent du pain et du 
sel. Il est évident, surtout d’après cette dernière tournure, qu'il s’agit 
bien moins d’apaiser le serpent en tant qu’animal, en lui donnant à man- 
ger, que de calmer sa colère divine. 

Il n’y a rien qui soit plus familier aux poésies de la Grèce qu'un ser- 
pent sacré, ayant la garde soit d’un jardin, soit d’un temple, soit de toute 
autre chose consacrée à un dieu. Perse nous dit dans ses satires ([, 115) : 


Pinge duos angues, sacer est locus… 


Le serpent qui, comme il est dit dans la fable grecque, avait son gîte 
devant la porte d’un laboureur, était donc probablement, dans l’apologue 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 87 


grec primitif, un serpent protecteur, ce qui augmente l’analogie entre les 
deux fables précitées. 

Il est assez remarquable que, dans la fable latine de Romulus (LE, 12), 
cette circonstance ait été conservée. Cette fable, quoique écrite en prose, 
renferme encore tant de traces de trimètres iambiques, qu’elle peut, à coup 
sûr, être considérée comme antique. En voici la traduction : 

« Un serpent avait l’habitude de venir dans l'humble demeure d’un 
pauvre. Il était admis à sa table et se repaissait amplement des miettes 
qu'on lui jetait à terre. Bientôt après, le pauvre étant devenu riche, il s'ir- 
rita contre le serpent et le frappa de sa hache. Mais un petit espace de 
temps s'étant écoulé, il vit de nouveau revenir son ancienne pauvreté, et 
c'est alors seulement qu'il comprit que, si auparavant il s'était enrichi, 
c'était au serpent qu'il devait ce bienfait. Il vint donc vers lui et le sup- 
plia d’une voix caressante de lui pardonner le crime dont il s'était rendu 
coupable. Le serpent répondit : Tu pourras t'en repentir jusqu'à ce que 
ma blessure soit guérie. Mais ne crois pas cependant que dorénavant 
je sois de tout point ton ami. Je veux me réconcilier avec toi, à condi- 
tion que je ne me souvienne plus jamais de ta hache perfide. » 

Nous devons faire observer la grande ressemblance qu'il y a, dans les 
différents recueils, entre les réponses du serpent. Comment, dit-il dans la 
fable indienne, pourrais-je oublier que le bâton de ton fils m'a blessé, 
et comment pourrais-tu être insensible toi-même à la douleur que t'a cau- 
sée la mort de ton fils? — Voici ce que porte le manuscrit florentin : 

« Je suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux pas non plus 
avoir envers moi des intentions pacifiques, puisqu’à chaque instant tu vois 
le tombeau de ton fils. » — Dans une autre version (Coraï, p. 558) nous 
trouvons ce qui suit : « Je ne puis pas me réconcilier avec toi en regar- 
dant le rocher dont tu as fait sauter des éclats, et toi tu ne peux pas te 
réconcilier avec moi, quand tu jettes les yeux sur le sépulcre de ton fils. » 
— Ignatius Magister fait dire au serpent (Coraï, p. 25) : 


TGe yévawro oupfBases 


ft “ 0 ’ AE SAT 0 » 
Eux où Tüufoy révd éyu métpay [Bhero. 


88 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


C’est précisément cette réponse qui a donné naissance à une autre fable 
indienne, dont le rapport avec celle que nous venons d'analyser n’a pas 
échappé à M. Robert !. Elle se trouve non-seulement dans le Cala et 
Dimna (HI, p. 95), mais aussi dans cette partie du Mahä-Bhârata, qui porte 
le nom de Harivança (t. 1, p. 95, trad. de M. Langlois). Voici comment ces 
deux ouvrages rapportent la fable : « Un perroquet, tourmenté par le fils 
d’un roi, lui crève les yeux et s'envole. Le roi, malgré sa colère, engage le 
perroquet à revenir, lui promettant qu'il ne lui adviendrait aucun mal. 
Le perroquet répond qu’il ne pourra jamais oublier ce qui lui a été fait 
par le prince, pas plus que le roi ne perdra la souvenance de ce qui est 
arrivé à son fils. » 


VII. 


(Pantcha-tantra, 1. V, f. 15.) 


« Dans une certaine contrée demeurait un brahmane, appelé Brahma- 
datta. Il devait se rendre pour affaires dans un village voisin. Sa mère lui 
dit: Mon cher enfant, pourquoi partir tout seul? Tâche d'emmener avec 
toi quelque compagnon de voyage. Le brahmane répondit : Ne craignez 
rien, ma mère. Le chemin que j'ai à faire ne présente pas le moindre dan- 
ger. Je partirai tout seul pour terminer mes affaires. Sa mère, voyant que 
sa résolution était arrêtée, se dirigea vers la source voisine, à côté de 
laquelle se trouvait un arbre; et prenant une écrevisse du creux de cet 
arbre , elle la donna à son fils, en ajoutant ces mots : Mon fils, si tu as ré- 
solu d'aller seul en voyage, emporte du moins l’écrevisse que voici; puisse- 
t-elle te tenir lieu d’un ami! : 

» Le brahmane, qui avait envers sa mère une piété vraiment filiale , 
accepta des deux mains l’écrevisse, et la plaçant dans du cardamome et du 
campbre, il enveloppa le tout d’une peau; après quoi il partit à la hâte. 
Chemin faisant, il fut tellement accablé par la chaleur, qu’il alla se reposer 


! Fables inédiles, ete., t. I, p. 272 et suiv. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 89 


au pied d’un arbre, où un doux sommeil s’appesantit sur ses yeux. Aus- 
sitôt un noir serpent s'échappe du creux de l’arbre et se dirige vers lui. 
Mais alléché par l'odeur du cardamome et du camphre, il laissa le brah- 
mane de côté et dévora avidement l’écrevisse qui, en entrant dans son 
gosier, devint la cause de sa mort. Le brahmane s'étant réveillé et ayant 
ouvert les yeux, vit à proximité de lui la peau déchirée et le serpent privé 
de la vie pour avoir avalé l’écrevisse. Il pensa alors en lui-même : Ma mère 
avait bien raison de dire qu'il fallait prendre avec soi au moins un com- 
pagnon de voyage, et que jamais on ne devait partir tout seul. Car je puis 
le dire sans la moindre hésitation : c’est cette écrevisse qui m'a préservé 
de la morsure du serpent. » 

On trouve dans Coraï (f. 70) un récit analogue. 

« Un serpent passait sa vie en compagnie d’une écrevisse, avec laquelle 
il avait fait une alliance d'amitié. L’écrevisse, dont le cœur était droit, 
engagea le serpent à renoncer à ses fourberies. Mais celui-ci ne voulut, 
en aucune façon, se laisser persuader. Alors l’écrevisse ayant attendu qu'il 
fût endormi, le prit par la gorge et lui ôta la vie en le serrant entre ses 
pinces. Voyant ensuite le cadavre du serpent étendu tout au long sur la terre, 
elle s’adressa à lui en ces termes : C’est ainsi qu'auparavant tu aurais dû 
être simple et droit; car, à cette condition, tu aurais échappé à la punition 
que tu viens de subir. » 

Phèdre à raconté la même chose, quoique d’une manière un peu diffé- 
rente (1. IT, f. 25). 

« Couvrez-vous de la peau du renard, quand celle du serpent ne peut 
plus vous suffire. — Un serpent prit un lézard qu'il rencontra en chemin; 
déjà il ouvrait sa gueule pour l’avaler, lorque le lézard ramassa une petite 
branche d’arbre qui se trouvait à côté de lui; et la tenant fermement en 
travers de la gueule du serpent, il modéra son avidité par cet obstacle 
ingénieux, et le força à lâcher une proie inutile. » 

Nous devons faire connaître également ici une fable du Hitopadéca (1. AV, 
f. 7), qui renferme, il est vrai, des personnages autres que ceux des apologues 
traduits ci-dessus, mais qui, d’un autre côté, comme on pourra s'en con- 


vaincre, repose sur une base semblable. Nous n’en donnons qu’un résumé. 
Tome XXV. 12 


90 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


« Une cigogne, affaiblie par l’âge, alla se placer tristement au bord 
d’un étang. Une écrevisse lui demandant la cause de sa tristesse, elle ré- 
pondit que bientôt des pêcheurs viendraient attraper tous les poissons de 
l'étang, et qu’ainsi elle devrait mourir de faim. Les poissons, effrayés par 
ces paroles, demandèrent à la cigogne s’il n’y avait pas pour eux un moyen 
de salut. Le seul, leur dit-elle, que je connaisse, c’est de s'enfuir dans un 
autre étang ; et je vous offre mes services pour vous y porter. Les poissons 
consentirent, et la cigogne les dévora naturellement les uns après les autres. 
Enfin l’écrevisse demanda aussi à être transportée ; mais apercevant bientôt 
les arêtes des poissons éparpillées sur le sol, elle fut saisie d’une grande 
frayeur. Toutefois, après un instant de réflexion, la cigogne ayant étendu 
son cou pour la tuer, l’écrevisse le lui coupa au moyen de ses pinces. » 

La fable du Serpent et de l’Écrevisse doit être d’une grande antiquité 
chez les Grecs, puisqu'il y est fait allusion dans une chanson de table, 
(cxkéy) assurément très-ancienne, quoique ce soit à tort qu'on l'ait attri- 
buée ! à Alcée. Bentlei a émis l’opinion que cette chanson était antérieure à 
Ésope. Nous ignorons complétement quels motifs ont pu lui inspirer cette 
idée ; mais en tout cas le cou en question doit remonter à une date très- 
reculée. Il y a quelque temps que M. Cobet, professeur à l’université de 
Leyde, dans son excellente Oratio de arte interpretandi, p. 107 , en a parlé 
avec quelque détail, et a proposé de l’écrire de la manière suivante : 


ae Be Pete 
O À racuivos m9 pal ra|yox rèv oqu af, 


Edfèy ph Tov étaïpoy spuey vai un cxcluar povEi. 


Cette chanson a-t-elle donné naissance à la fable grecque racontée par 
Planude, ou bien, au contraire, fait-elle allusion à une fable déjà existante? 
Jacobs a adopté la première de ces deux hypothèses, mais il nous est im- 
possible de partager son avis. Comment, en effet, demanderons-nous, ce 
ché aurait-il pu être compris, s’il ne s'était rapporté à une fable connue? 
I n’y a aucune analogie entre ce que fait et ce que dit l’écrevisse, à moins 
qu'on ne se rappelle la narration de Planude. « L’écrevisse prend le ser- 


1 C'est ce qu'ont fait de Furia et Coraï. Le #45 est rapporté par Athénée. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 91 


pent dans ses pinces et lui dit : La droiture convient à un ami; il faut qu'il 
abandonne tout projet artificieux. » Si l’on n’ajoute à cela la circonstance 
de la mort du serpent qui est étendu de son long sur le sol, on ne pourra 
jamais saisir le sens caché de la chanson. [I n’y a pas jusqu’à l’article défini 
(o xaprives, ta ow), qui ne dénote qu’il est fait allusion à un apologue connu. 
Nous croyons donc l'opinion de Jacobs tout à fait dénuée de fondement; 
la chanson de table, tout antique qu’elle soit, fait néanmoins allusion à 
une fable encore plus ancienne. 

Il sera à peine nécessaire d'appeler l'attention du lecteur sur l'excellent 
bon mot que renferme cette courte chanson. Il s’agit d’une chanson de 
table, appelée par les Grecs 544. Or, le poëte avertit ses amis qu’ils ne 
doivent pas orouù op: , Ce qui signifie en même temps avoir des projets arti- 
ficieux et méditer des chansons de table. 

Il y à surtout une chose qui nous intéresse dans la comparaison que 
nous avons entreprise. Il s’agit particulièrement de savoir de quel côté les 
apologues sont venus à la connaissance des Grecs : s’ils ont été inventés 
dans la mère-patrie, ou bien s’ils leur sont arrivés des contrées orientales. 
Dans le cas présent, nous sommes à même, par un récit d'Élien (His. 
anim., XNI, ch. 58), de constater que c’est de la ville d'Éphèse que les 
Grecs reçurent la fable de l'Écrevisse. Car voici littéralement ce que nous 
rapporte cet auteur. 

« J'ai appris que dans Éphèse, la capitale, il y a un marais, à côté 
duquel se trouve une caverne. Dans cette caverne il y a une énorme quan- 
tité de serpents formidables, très-grands, et dont la morsure est terrible. 

» On rapporte qu'ils sortent de cet antre et qu'ils se dirigent vers le ma- 
rais voisin et y nagent, mais que dès qu'ils essaient d'avancer, ils en sont 
aussitôt empêchés, parce qu'au moment où ils vont toucher la terre, ils 
sont attaqués par de grandes écrevisses qui les prennent entre leurs pinces 
et les serrent si fortement, qu’elles les étouffent. C’est pourquoi les ser- 
pents, redoutant leurs ennemies, se tiennent en repos. Car ils ne peuvent 
pas atteindre la terre ferme, attendu que la garde des écrevisses les effraie, 
et qu'ils craignent d’être punis par elles. Et depuis longtemps déjà les 
habitants de ces lieux auraient perdu la vie, s’il n’y avait pas une cause 


92 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


cachée, retenant les écrevisses sur les bords du marais, pour empêcher 
les serpents d’en sortir et pour donner la sécurité à toute cette contrée. » 

Nous ne pensons pas que quelqu'un prétende voir dans ce récit autre 
chose qu'une fable. Il faudrait , en effet, peu connaître le caractère de la 
plupart des contes d’Élien, pour vouloir attribuer la vérité historique à 
une narration évidemment controuvée. Nous ne pouvons tirer de tout ceci 
qu'une seule conclusion, savoir qu’une pareille tradition existait à Éphèse; 
car ce n’est pas là ce que nous contestons à Élien; nous l’admettons au 
contraire volontiers, mais pour en inférer que la fable de l'Écrevisse et 
du Serpent vint probablement de l'Asie Mineure dans la Grèce, ce qu'il 
importe de ne pas oublier. 


VIII. 


(Pantcha-tantra, 1. TEE, f. 12.) 


Comme cette fable contient dans l'original beaucoup de détails super- 
flus, ne contribuant nullement à expliquer l’action principale, nous en 
élaguerons tout ce qui nous paraît inutile. 

« Sur les rives du Gange demeurait un homme marié qui, se baignant 
un jour dans ce fleuve, attrapa dans sa main une souris , qui était tombée 
du bec d’un faucon. Il la déposa sur une feuille de figuier, et continua à 
prendre son bain. Mais bientôt il obtint par sa piété que la souris fût 
changée en jeune fille; il la conduisit chez lui, et la présentant à sa femme 
qui n'avait pas d'enfants, il lui dit : Veuille adopter cette souris comme 
ta fille. Elle grandit sous sa garde soigneuse et parvint ainsi jusqu’à l’âge 
de douze ans. Voyant alors qu’elle était nubile, la femme dit à son mari: 
N’as-tu pas encore songé à lui choisir un époux? car le temps de la ma- 
rier est venu. Assurément, reprit-il, je lui en chercherai un qui ait les sept 
qualités suivantes : de la noblesse, de bonnes mœurs , de la fidélité, de la 
sagesse, des richesses , un beau corps et de la jeunesse. Je veux donc ap- 
peler le soleil, et demander à ma fille s’il lui convient comme mari. Il le 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 95 


fit, et le soleil demanda : Qui m'appelle? Le père répondit : Voici ma fille; 
si elle fixe son choix sur toi, tu seras son époux. Ensuite, il s’adressa à la 
fille et lui dit : Comment te plait le soleil, lui qui habite les trois mondes ? 
La fille répondit : IL est trop chaud; je n’en veux pas; j'en désire un meil- 
leur. Le père s'adressant au soleil : Qui est plus puissant que toi, lui dit- 
il? Le soleil répliqua : La nue, qui ne laisse pas passer mes rayons. La 
nue ayant comparu, la fille n’en voulut pas davantage , prétextant qu'elle 
était trop noire et trop froide. Le vent fut alors appelé, comme étant plus 
puissant que la nue. Mais la jeune fille soutint qu'il était trop inconstant. 
Le père fit alors venir une montagne ; car une montagne est plus puissante 
que le vent; elle l'empêche d'avancer librement. La jeune fille cependant 
se plaignit qu’un tel mari était beaucoup trop dur. Enfin, sur le dire de 
la montagne, que les souris la surpassaient en force, puisque son pied 
était miné par elles, le père fit comparaître une de ces dernières. À peine 
la jeune fille l’eut-elle vue qu’elle s’écria : Voilà le mari de mon choix; et 
son père obtint bientôt par ses prières qu’elle fût de nouveau métamor- 
phosée en souris. » 

Il y a dans le Hitopadèça (1. IV, f. 6) une fable qui présente beaucoup 
d’analogie avec celle que nous venons de traduire. Il est vrai que la morale 
en est tout à fait différente, mais elle peut servir à prouver que l’idée sur 
laquelle repose la fable du Pantcha-tantra est propre aux croyances de l'Inde. 

« Dans le bois des pénitents du devin Gautama !, il y avait un saint 
appelé Mahâtapas (c’est-à-dire grande ferveur). Un jour il vit non loin de 
sa cellule une souris tomber du bec d’un vautour. Plein de compassion il 
[la ramassa et] la nourrit de riz. Mais voyant qu'un chat rôdait en tapinois 
autour d'elle, il parvint par la puissance de sa pénitence ? à la changer en 
chat. Comme cependant le chat craignait le chien, il le métamorphosa 
en chien, et celui-ci redoutant le tigre, il fut transformé en tigre. Le 
saint ne considérait pas autrement son tigre que comme une souris, el 


! Probablement le créateur du bouddhisme. 

= Rien n'est plus commun que cette idée chez les bouddhistes. Un pénitent est souvent plus 
puissant qu'un dieu, et c'est pour prévenir cette puissance que les dieux inférieurs envoient des 
tentations aux saints anachorètes. 


94 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


tous ceux qui venaient le voir répétaient : Le saint anachorète a fait un 
tigre d’une souris, le tigre fut affligé d'entendre ces paroles, et il pensa en 
lui-même : Tant que vivra ce saint homme se perpétuera la tradition de 
ma forme primitive, qui néanmoins est honteuse pour moi. Ayant fait ces 
réflexions , il voulut tuer le saint. Mais celui-ci pénétra sa pensée, et lui 
rendit sa forme primitive en lui disant : Sois de nouveau souris. » 

La fable du Pantcha-tantra est racontée avec quelques modifications 
assez importantes dans le Calila et Dimna (t. I, p. 586); ces modifications 
proviennent néanmoins d’une source indienne, puisqu'elles sont emprun- 
tées au poëme appelé Harivança. 

M. Robert (1. L., p. cexvi) a fait observer que la seconde partie de la 
fable sanscrite s'accorde avec une tradition hébraïque , rapportée par saint 
Jérôme et Josèphe, d’après laquelle Abraham fait voir qu’au lieu d’ado- 
rer le feu, il conviendrait d’adorer l’eau qui l’éteint, ou plutôt les nuées 
qui nourrissent les eaux, ou plutôt le vent qui chasse les nuages, ou 
plutôt l’homme qui peut résister au vent, ou plutôt enfin celui qui créa 
l'homme, le vent, les nuages, l’eau et le feu. 

Nous ne voudrions pas, avec M. Robert, faire remonter cette tradi- 
tion à Abraham lui-même, et lui donner ainsi une antiquité de plus 
de 4,000 ans. Procéder de la sorte, c'est renverser toute critique his- 
torique. 

Cette tradition des Hébreux, bien entendu quant au fond, peut tout 
aussi bien leur être venue de peuples plus orientaux, qu’avoir été trans- 
mise à ceux-ci par le peuple de Dieu. Mais à tout prendre, cette consi- 
dération est pour nous d’une importance secondaire, parce que nous ne 
nous sommes proposé que de comparer les apologues de l'Inde avec ceux 
de la Grèce et de Rome. 

En effet, la tradition que nous venons de signaler, peu importe qu’on 
la nomme hébraïque ou indienne, est entièrement laissée de côté dans le 
récit de Babrius (f. 52), dans lequel nous croyons retrouver la fable 
sanscrile. 

« Un chat s'étant épris d’un bel homme, l’auguste Cypris, la mère 
des désirs, lui accorda la faveur de changer de forme et d’être métamor- 


ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 95 


phosé en femme. Elle devint une jeune fille charmante, qu’il était impos- 
sible de ne pas admirer. 

» Notre homme, en la voyant si belle, en devint amoureux, et il allait 
l'épouser. Déjà le repas de noces était prêt, lorsqu'une souris traversa la 
salle. Soudain la jeune fille se lève de sa couche moelleuse et se met à 
poursuivre la souris. Le festin fut interrompu, l'amour n'avait fait qu'un 
gentil badinage; la nature reprit le dessus. » 

Cette fable doit avoir existé chez les Grecs au moins un siècle et demi 
avant Babrius. Car il est dit, dans les proverbes de Zénobe (IF, 25), que 
l’auteur comique Alexis (Olymp. 99) y avait fait allusion dans une de 
ses pièces. Elle avait donné naissance à plusieurs proverbes ; par exemple, 
an jurovoy € où mére yon xpouuréy, dans lesquels on voit qu'il est question 
d’un chat orné d’une robe éclatante, probablement d’une robe de noces. 

Le même sujet avait aussi été traité en trimètres latins. Gudius qui a 
emprunté cette fable, nous ne savons à qui, a tâché de la remettre en 
vers !. En voici la traduction : 

« Jupiter ayant donné la forme humaine à un renard, cette nouvelle 
maîtresse alla se placer à côté de lui sur son trône royal. Mais dès qu’elle 
aperçut dans un coin un scarabée qui s’avançait lentement, elle s’élança 
en hâte sur sa proie ordinaire. Les dieux se mirent à rire, le père céleste 
rougit, et il répudia cette honteuse maîtresse. Va-t-en, dit-il en la chas- 
sant, vivre d’une manière digne de toi; car tu es incapable de jouir digne- 
ment de mes célestes faveurs. » 

La dernière forme de cette fable est , sans contredit, la moins heureuse 
de toutes. Mais à travers toutes les modifications qu’elle a subies, on 
reconnait pourtant encore la fable indienne. Car il nous paraît impossible 
d'admettre que la ressemblance qu’il y a entre les trois récits du Pantcha- 
tantra, de Babrius et de Phèdre, soit purement un effet du hasard. Il est 
vrai que la remarque d’'Horace : 

Naturam expellas furca, tamen usque recurret, est une de celles qu'a dû 
faire chaque peuple quelque peu civilisé; mais il y a loin de cette simple 
remarque à la manière dont elle a été habillée en fable. 


1 Voy. l'édition de Phèdre par M. Dressler, p. x1v. 


96 RAPPORT ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE. 
IX. 


(Pantcha-tantra, t. NX, f. 15.) 


« Dans une certaine contrée, non loin de la montagne occidentale, de- 
meurait un serpent, appelé Mandavisha (c’est-à-dire poison lent). Il était 
déjà avancé en àge, et songea un jour en lui-même : Que ferai-je pour ob- 
tenir une bonne nourriture? Ayant réfléchi, il se rendit près d’un lac très- 
riche en grenouilles, et fit semblant d’être excessivement dévot. Une gre- 
nouille ayant remarqué ses simagrées, s’approcha de la rive et lui dit : 
Cher ami, pourquoi n’es-tu pas en course aujourd'hui, comme tu en as 
l'habitude, pour chercher à manger? Le serpent répondit : Chère amie, 
je n'ai plus aucun désir de manger; car au commencement de Ja nuit 
précédente, pendant que je rôdais pour chercher une proie, j'aperçus une 
grenouille qui me tenta tellement que, pour l'obtenir, je violai les préceptes 
les plus sacrés. En effet, cette grenouille, craignant la mort, alla se réfu- 
gier dans la demeure des brahmanes. Je l'y suivis et la cherchai pendant 
longtemps; mais en vain. Ceci m'ayant rendu furieux, je blessai le fils d’un 
brahmane appelé Dradhika, en lui faisant au doigt une profonde morsure. 
Le jeune homme en mourut aussitôt, et c’est pour cela que le père, dans sa 
colère, m'a maudit, en prononçant ces paroles : Puisque tu as tué mon 
fils, qui ne l'avait fait aucun mal, tu es condamné à servir de monture aux 
grenouilles , et ta punition ne finira qu'avec ta vie. —Je suis donc arrivé 
en ce lieu, afin que vous vous serviez de moi comme monture. La gre- 
nouille ayant entendu ces paroles alla les rapporter à toutes ses com- 
pagnes. Pleines de joie, celles-ci se rendirent auprès de leur roi, afin de 
lui annoncer cette nouvelle. Le roi, entouré de ses conseillers, s’écria : 
Certes, voilà un grand miracle. Et, ayant quitté le lac à la hâte, il sauta 
sur la crête du serpent. Les autres imitèrent son exemple et allèrent, 
tant bien que mal, se placer sur le dos de Mandavisha. Bref, les gre- 
nouilles, après avoir quitté leurs demeures, se mirent à voyager sur le dos 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 97 


du serpent, qui, voulant leur procurer du plaisir, les fit avancer de toutes 
sortes de manières. Gälapada, qui se plaisait à ce contact du serpent, 
s’écriait à haute voix : « Si j'étais à cheval ou en voiture ou en quadrige, 
je n'aurais pas le plaisir que j'éprouve à être voituré par ce serpent. » Le 
lendemain, le malin serpent s’approcha de nouveau du lac à pas lents et 
mesurés. Ayant été remarqué par Gälapada, il lui dit : « Mon très-cher, le 
manque de nourriture me rend incapable aujourd'hui de vous conduire 
sur mon dos. » Gälapada répliqua : « Tu peux manger de petites gre- 
nouilles. » Après avoir entendu ces mots, Mandavisha, transporté de plaisir, 
s’écria à haute voix : « Tes paroles sont pour moi comme le serment d’un 
brahmane; ta permission me suffit. » Aussitôt il se mit à manger des gre- 
nouilles, et s’engraissant lentement, il songeait en lui-même : Parmi toutes 
les grenouilles que j'ai mangées, il y en avait bien peu qui fussent aussi 
minces qu’un roseau. Mais Gälapada, ayant confiance dans les paroles du 
serpent, ne remarqua pas ce qu'il faisait. Un jour cependant, un énorme 
serpent arriva dans la même contrée, et voyant que son confrère voitu- 
rait les grenouilles, il se mit à rire et lui dit : « Mon ami, nous autres nous 
croquons d'ordinaire celles auxquelles toi tu sers de monture. » Mandavisha 
répondit : « Je sais pourquoi je me laisse employer ainsi par les grenouilles. 
Car à ce prix, j'ai la permission de me nourrir de toutes celles que je 
veux. » Gälapada ayant entendu ces mots, fut saisi de frayeur, et il dit au 
serpent : « Mon ami, quelles paroles viennent d'échapper de tes lèvres? » 
Le serpent, pour écarter le soupçon qu'il venait de faire naître, répliqua : 
« Je n'ai rien dit du tout. » Rassuré de nouveau par ces paroles trom- 
peuses, Gälapada ne remarqua pas la perfidie du serpent. En un mot, celui- 
ci consomma toutes les grenouilles; pas une seule ne fut épargnée. » 
Qu'on rapproche cet apologue de la fable 57 du manuscrit florentin 
(Coraï, p. 355). — « Les grenouilles, se lassant de leur état d’anarchie, 
envoyèrent une députation à Jupiter, pour le supplier de leur donner un 
roi. Celui-ci, voyant leur sottise, jeta un soliveau au milieu de leur lac. 
Aussitôt les grenouilles tressaillirent de peur et allèrent se réfugier dans 
les profondeurs du marécage. De longtemps elles n’osèrent en sortir. Mais 
voyant, enfin, que le soliveau ne se remuait pas, elles reprirent courage, et 


Tome XXV. 13 


98 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


usèrent à son égard d’une si grande insolence qu'elles sautèrent sur lui 
et s’y assirent à leur aise. Toutefois ce monarque ne leur convenant pas, 
elles allèrent une seconde fois trouver Jupiter, afin qu’il daignàt leur en 
donner un autre. Pour le coup, il leur envoya une anguille. Mais les gre- 
nouilles la trouvèrent trop bonne et ne voulurent pas l'accepter davantage. 
Une troisième ambassade fut députée vers Jupiter pour obtenir un nou- 
veau changement. Cette fois-ci, Jupiter , furieux, leur envoya soudain une 
hydre, qui s’empara d'elles et les dévora une à une. » 

Cette fable est répétée trois fois chez Coraï (p. 101) et se retrouve égale- 
ment chez le fabuliste latin ([, 2); ce qui nous prouve suffisamment qu’elle 
n’est pas de date récente. Voici les paroles de Phèdre : 

« Les grenouilles, qui erraient jusqu'alors librement dans leurs marais, 
supplièrent à grands cris Jupiter de leur donner un monarque, qui pût 
mettre fin à leurs mœurs dissolues. Le père des dieux sourit et leur en- 
voya une poutrelle, qui fit un tel bruit en tombant, qu’elle mit en grande 
frayeur la gent peureuse des marais. Depuis longtemps déjà la poutrelle 
gisait là, toute couverte de boue, lorsque l’une d'elles s’aventura, enfin, à 
élever en tapinois sa tête hors de l’eau; et après avoir examiné le roi, elle 
appela toutes ses compagnes. Reprenant alors courage, elles s'avancèrent 
à l’envi, et leur troupe à la fin devint si pétulante qu’elles sautèrent jusque 
sur la solive. Aucun genre de mépris ne fut épargné à celle-ci, et bientôt 
une députation se rendit chez Jupiter pour obtenir un autre monarque, le 
premier paraissant inutile. Une hydre leur fut alors envoyée, qui, avec ses 
dents cruelles, les dévora une à une; car elles n'étaient pas assez alertes 
pour échapper à la mort et n’osaient pas non plus faire entendre de 
plainte, etc. » 

Il y a sans doute une très-grande différence entre le récit du Pantcha- 
tantra et les deux autres que nous lui avons comparés. Mais il y a néan- 
moins une circonstance qui les rapproche tellement, que nous croyons y 
découvrir une communauté d’origine. Dans l’apologue sanscrit, le serpent 
sert de monture aux grenouilles; dans les deux autres, le serpent est rem- 
placé par une poutre; mais les grenouilles le font servir à un usage sem- 
blable. Le manuscrit florentin s'accorde en ceci avec la version de Phèdre; 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 99 


ce trait n'est donc pas accessoire; il existait dans la tradition populaire. 
Or, ce trait, il faut en convenir, est très-singulier. Qu'on examine les 
choses avec un peu d’attention. Nous avons deux fables devant nous, dans 
chacune desquelles il y a des grenouilles et un serpent; dans l’une, ces 
grenouilles vont s'asseoir sur le dos du serpent, dans l’autre, elles sautent 
sur une poutre qui est, plus tard, remplacée par une hydre. Cette analogie, 
nous le répétons, nous paraît si remarquable, que nous avons cru y recon- 
naître une trace de plus de l’affinité incontestable que nous avons déjà ren- 
contrée si souvent entre les apologues orientaux et ceux de la Grèce. De 
même que, dans la fable grecque, les grenouilles demandent un roi, nous 
trouvons que, dans le Mahä-Bhärata (W, p. 285), les souris prennent un 
chat pour monarque. 

Cette dernière fable et celle de la Souris et du Chat (HI, p. 559) 
sont les seules dans ce vaste recueil qui aient de l’analogie avec les apo- 
logues de la Grèce. Nous allons en transcrire la seconde. Nous pourrions 
de beaucoup l'abréger ; mais comme, jusqu’à présent, personne n’a encore 
fait connaître une fable empruntée à cet immense poëme; comme, de plus, 
elle peut être considérée comme un exemple des nombreux itihâsas qui 
s’y trouvent, nous avons préféré nous en tenir à une traduction littérale et 
complète. Il est assez étonnant que le Calila et Dimna contienne le sujet de 
cette fable; car elle ne se trouve pas dans le recueil sanserit qui lui a servi 
de modèle. Il se pourrait qu'il y eût eu un exemplaire du Pantcha-tantra 
plus complet que le nôtre; mais attendu que M. Wilson, qui avait sous 
les yeux une édition différente, ne mentionne pas non plus l’apologue en 
question, on peut admettre, comme plusieurs autres motifs nous le font 
supposer, que l’auteur du Calila et Dimna ne s’est pas contenté d’em- 
prunter des récits au Pantcha-tantra et au Hitopadésa, mais qu'il a puisé 
également à d’autres sources sanscrites. 


100 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 
X. 


(Mahä-Bhäârata, t. HI, p. 559). 


« Au milieu d’une forêt s'élevait un très-grand figuier, couvert d'une 
multitude de plantes parasites. Il était habité par un grand nombre d’oi- 
seaux. Son tronc était considérable. On aurait pu le comparer à un 
nuage. Il étendait au loin la fraicheur de son ombre, et ranimait l'esprit 
accablé par la chaleur. Il ressemblait, à lui seul, à un bois; ce qui fit 
qu'il devint un repaire de bêtes féroces et de toutes sortes d'animaux. 
Autour de sa racine, une souris, nommée Palita, issue d’illustres ancé- 
tres, avait choisi son domicile, composé de centaines de galeries souter- 
raines. Sur une branche du mème arbre, un chat, appelé Lômaça, avait 
pris son gîte pour y chasser des oiseaux, et il ÿ passait sa vie dans une 
félicité non interrompue. Non loin de là, dans la même forêt, demeurait 
un Tchandäla 1, qui s’y était construit une demeure. Il avait l'habitude de 
placer journellement des piéges et des lacets faits de boyaux; après quoi, 
il rentrait chez lui et dormait doucement jusqu’à l'aurore. Pendant la nuit, 
différentes espèces d’animaux donnaient dans le panneau. Un beau jour, 
le chat fut également pris. Palita, l'illustre souris, voyant son ennemi, 
qui lui tendait des embüûches continuelles, engagé de la sorte, s’avança 
aussitôt délivrée de ses craintes. Elle vit de loin la chair qui avait alléché 
le chat et s’en promit un friand repas. Étant donc montée pour manger 
lamorce, elle jetait autour d’elle un regard dérobé, lorsqu'elle vit s’ap- 
procher un second ennemi, un furet aux yeux rouges. Il s'appelait Harita, 
et ressemblait à la fleur de la canne à sucre. Attiré par l’odeur de la souris, 
il se tenait à terre, le museau élevé, prêt à manger, et se léchant les 
lèvres. La souris vit, en outre, s'approcher un autre ennemi, un hibou de 
nuit, au bec recourbé. Cudraka, tel était son nom. La souris, voyant ainsi 
s’avancer à la fois le hibou et le furet, fut saisie d’une très-grande frayeur, 


! C’est le nom qu'on donne à ceux qui sont issus de l'alliance d'un sudra avec une personne des 
trois classes supérieures. C'est la classe la plus méprisée de toutes, ses membres sont de véritables 
parias. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 101 


et elle pensa en elle-même : Dans cette pénible conjoncture, me trouvant 
sur le seuil de la mort, entourée de tous côtés d’objets de terreur, que 
dois-je faire pour chercher mon salut? Ne voyant nulle part d’issue, 
apercevant partout des dangers, à moitié morte de crainte, elle choisit 
néanmoins la voie la plus sûre. Car, même dans les plus grands malheurs , 
il ne faut pas abandonner le soin de la vie. Si je descends de l'arbre, 
pensa-t-elle en elle-même, je deviendrai la proie du furet; en restant ici, 
je n’échapperai pas au hibou, et le chat me croquera si je ronge ses liens. 
Il convient que celui qui est doué d’une sagesse pareille à la mienne ne 
fasse rien qu'après mûre réflexion. Me confiant à la raison que je possède, 
je défendrai ma vie jusqu'à la dernière extrémité. Celui qui est riche 
en doctrine et connaît les Nitiçastras , celui-là ne succombera pas, fût-il 
entouré des plus grandes et des plus terribles calamités. Après tout, il 
n’y a pas d'autre moyen de salut que la délivrance du chat. Mon ennemi 
est sous le poids d’une grande infortune, et il a grandement besoin de 
moi. Par son aide, j'échapperai aux trois ennemis qui me guettent. Je 
délivrerai donc le chat de ses liens. Je lui ferai entrevoir son salut ; car 
je connais à fond les Nitiçastras, et je tromperai ainsi cette multitude 
d'ennemis. Comme mon adversaire est tombé dans une profonde cala- 
mité, il faut que je l'amène à faire un contrat avec moi, dans l'intérêt 
de sa propre conservation. Car « il ne faut pas même mépriser l’amitié 
d’un ennemi, pourvu qu'il soit doué de force. » Telle a toujours été la 
doctrine des atcharias (des sages). Lorsqu'on se trouve dans le malheur, 
mieux vaut choisir un sage ennemi qu'un ami insensé. Mon salut dépend 
de ce chat qui est mon ennemi; je lui exposerai comment il peut sauver 
sa vie. Que celui qui était mon ennemi devienne maintenant mon ami. 
Voilà ce que la souris résolut en elle-même de faire, afin de se délivrer de 
ses ennemis. Et comme elle était très-versée dans les divers moyens de 
salut, et qu’elle savait ce qu’il faut dire et dans la guerre et dans la paix, 
elle adressa au chat ces paroles doucereuses : « Mon ami, écoute mes 
paroles; est-ce que tu es encore en vie? Notre existence et notre bonheur 


? Les Witiçastras contiennent une espèce de philosophie pratique, surtout à l'usage des princes. 


102 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


à nous deux dépendent de nous-mêmes. Ne crains rien, mon ami; je te 
délivrerai, si tu me promets de ne pas me tuer. Il y a un moyen, mais un 
moyen dangereux, de C'arracher à tes liens et d'assurer mon salut; car, 
en méditant dans mon esprit, j'ai trouvé un remède capable de nous sauver 
l’un et l’autre. Le hibou au regard brillant, qui est assis au sommet de 
cet arbre et me regarde en criant, n'inspire une terrible frayeur; cepen- 
dant ni le hibou ni le furet, que réunit ici une malveillance commune, ne 
parviendront à me nuire, pourvu que tu deviennes mon ami. Quand les 
bons se réunissent, leur force est septuple. Je ferai avec toi un contrat par 
lequel tu peux être complétement rassuré; sans moi tu ne peux pas échapper 
à tes liens; c’est moi qui rongerai les lacets qui ’étreignent, si tu promets 
de ne pas me tuer. Faisons une alliance d'amitié, toi qui habites le sommet 
de cet arbre et moi qui en occupe la racine; car les sages ne sauraient 
louer ceux qui sont agités par une crainte éternelle. Qu’une liaison d'amitié 
se fasse donc entre nous et qu’elle nous unisse à jamais. En effet, ceux qui 
laissent échapper les circonstances favorables ne sont pas approuvés par les 
sages. Tu vois combien une alliance nous serait profitable. Nous nous sau- 
verons réciproquement la vie. Quiconque passe un fleuve au moyen d’un 
radeau, passe à la fois lui-même et fait passer le radeau. Que pareillement 
l'amitié nous unisse; je ferai en sorte que tu échappes à la mort; et moi 
aussi j'y échapperai par ton aide. » Le chat aux dents aiguës, et dont 
les yeux ressemblaient à du lapis lazuli, après avoir entendu les paroles de 
son ennemie, et considérant sa propre situation, s’adressa en ces termes à 
l'infortunée souris : « Salut et bonheur à toi, à mon amie! qui désires que 
je vive. Si tu connais une voie de salut, sers-t’en sans plus hésiter. Je suis 
profondément malheureux; mais toi tu es encore plus malheureuse que moi. 
Réunissons-nous donc, nous qu’un revers commun a frappés; ne tergiverse 
pas, je t'en prie. Je ferai ce qui est convenable aux circonstances présentes 
et ce qui nous conduira au but désiré. Si tu me délivres de mes liens, je 
te vouerai une reconnaissance éternelle. Je serai ton humble serviteur et 
ton disciple uniquement voué à ton bonheur. Je t'obéis; j'ai confiance en 
tes paroles, et je me mets à ta discrétion. Je l’implore donc comme ma 
protectrice. » 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 105 


La souris, voyant qu'elle avait le chat en son pouvoir, lui répondit : 
« Tes paroles ne m'étonnent nullement, lorsque je considère l'état dans 
lequel tu te trouves. Écoute maintenant quel expédient j'ai imaginé pour 
notre conservation. Je m'approcherai de toi, parce que je redoute fortement 
le furet. Préserve-moi contre lui, parce que moi aussi je puis te sauver, 
et protége-moi de même contre le hibou que la faim excite à me prendre, 
tandis que moi je rongerai les liens qui étreignent ton corps. Lomaça 
ayant entendu ces paroles bienveillantes, regarda Palita avec des yeux 
pleins de joie, et la salua amicalement. Lorsqu'il l’eut saluée, ils contrac- 
tèrent une alliance d'amitié, et après quelques instants : « Puisses-tu, dit 
le chat, m'être une amie véritable; qu’un bonheur durable te soit dévolu; 
tant que je vivrai je serai ton ami. C’est à ton insigne bonté que je devrai 
la conservation de ma vie. Si tu me la sauves, je ferai tout ce que tu me 
demanderas , pourvu que cela soit en mon pouvoir. Amie, que notre ami- 
tié soit réciproque! Dégagé de ces liens, uni d'amitié avec toi, je me pré- 
terai à tout ce qui pourra contribuer à ton salut. Si tu brises ces lacets, je 
te récompenserai de ton bienfait, quoique celui qui récompense soit infé- 
rieur en mérite à celui qui, le premier, nous accorde un bienfait. Car celui-ci 
fait du bien, parce qu’il est naturellement porté à la bienfaisance; tandis 
que celui-là ne le fait que pour rendre un bienfait. » La souris ayant de 
cette manière amené le chat à rechercher son propre salut, s’'approcha de 
lui sans la moindre frayeur. C’est donc ainsi que la sage souris fut engagée 
par le chat à se fier à lui et à dormir tranquillement à ses côtés, comme 
un père dort auprès d’une mère; tandis que le furet et le hibou, voyant la 
souris reposer près du chat et remarquant leur singulière amitié, furent 
frappés d’étonnement et de crainte. Comme ils n'étaient pas moins sages 
que forts et que leur esprit était très-cultivé, ils retournèrent à la hâte 
chez eux, leur sagacité les empêchant d'attaquer la souris. Celle-ci donc, 
reposant à côté du chat, commença à ronger ses liens; mais elle le faisait 
lentement, n’ignorant pas ce qu'il convient de faire en tout temps et en 
tout lieu. Le chat, toutefois, que ces liens étreignaient, voyant que la souris 
ne les rongeait qu'avec lenteur, quoiqu'il désirât que cela se fit prompte- 
ment, commença à l’encourager en ces termes : « Chère amie, quel motif 


104 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


te fait hésiter? N’as-tu pas atteint ton désir, toi qui maintenant m'aban- 
donnes? Ronge mes liens avant que le Tchandäla ne vienne. » Après 
que le chat eut ainsi exhorté Palita à se hâter, la sage souris répliqua 
au chat insensé qui avait parlé uniquement dans un intérêt personnel : 
« Silence, mon ami, ne fais pas de bruit, je t'en prie. Je me connais 
en matière de temps; il ne nous manquera pas. Tout ce qu'on n’entre- 
prend pas au moment convenable n’est pas non plus mené à bonne fin, 
tandis qu'on retire de grands avantages des choses qui se font en leur 
temps. Si je te délivrais déjà maintenant, tu serais pour moi un objet de 
terreur. Attends le moment convenable et ne me presse pas autant. Quand 
je verrai s'approcher le Tchandäla, les armes à la main, alors, mettant 
toute hésitation de côté, je briserai tes liens. Délivré, tu pourras alors 
gagner le sommet de l'arbre et ne songeras qu'à sauver ta vie. Alors aussi 
moi je rentrerai dans ma caverne, tremblante et frémissante de peur, 
pendant que toi tu monteras vers le haut. » La souris ayant parlé de la 
sorte, le chat, qui ne manquait pas d’éloquence, et qu'excitaient le désir 
de la vie et l’impatience d’être rendu à la liberté, fit entendre ces mots : 
« Les gens de bien ne règlent pas, comme toi, les affaires de leurs amis; 
car quoique tu aies été délivrée par mon aide, tu hésites à faire avancer 
mon salut. Fais en sorte, je t'en supplie, que nous soyons sauvés lun et 
l’autre. Il est convenable que tu penses maintenant au temps qui vient de 
s’'écouler. Songe au malheur qui te menaçait alors. Si auparavant j'ai 
commis quelque chose contre toi, veuille ne pas m'en garder rancune et 
accorde-moi à présent ton pardon. » Mais la souris, qui connaissait les 
câstras, répliqua au chat qui venait de prononcer ces paroles : « Tu viens 
de parler de ta conservation à toi, écoute aussi ce qui m'est profitable à 
moi. Nous devons protéger ce qui nous est cher, comme il faut défendre 
sa main contre la morsure d’un serpent. Quiconque se lie d'amitié avec un 
puissant, sans songer à son propre salut, celui-là n’en retire pas plus d’a- 
vantage que celui qui mange un mets indigeste. Chacun n’est pas l'ami de 
chacun, mais c’est l'intérêt qui cimente les amitiés et provoque les haines. 
Les intérêts se lient aux intérêts comme les éléphants se joignent aux 
éléphants; et lorsque notre but est atteint nous ne faisons pas toujours 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 105 


attention à celui qui nous l’a fait atteindre. Toute chose doit être menée à 
bout. Tu crains maintenant le lever du soleil, et quand arrivera le Tchan- 
dàla, tu t'enfuiras plein de frayeur, de sorte que tu ne me prendras 
pas alors. J'ai déjà rongé la plupart de tes liens; je n'en ai laissé 
qu’un seul, dont je te délivrerai dès qu'il viendra; n’aie pas peur! » 
Pendant que la souris parlait de la sorte, la nuit disparut et la crainte 
commença à gagner le chat. Car l'informe Tchandàla, à la large tournure, 
au teint noir et rouge à la fois, s'avança les armes à la main. Il s'appelait 
Parigha; semblable à un âne par l’énormité de sa bouche, sale et horrible 
à voir, il conduisait une meute de chiens. Le chat ayant aperçu cet ètre qui 
ressemblait au dieu des enfers, fut saisi de frayeur et se dit : « Que 
ferai-je maintenant? » Mais aussitôt la souris rongea le lien par lequel 
le chat était encore retenu. Délivré de cette manière de son terrible 
ennemi, le chat gagna le sommet de l’arbre, tandis que la souris se diri- 
geait vers son trou. Le Tchandäla, se voyant trompé dans son espoir, rentra 
dans sa maison. Lomaça, délivré de cette façon de ses craintes et placé au 
haut de son arbre, s’adressa ainsi à la souris qui en occupait la racine : 
« Après que je t'ai reçue dans mon intimité et que tu as sauvé mes jours, 
pourquoi ne viens-tu pas chez moi, puisque nous avons stipulé que nous 
nous rendrions des services mutuels? Quiconque ne cultive pas l'amitié 
manquera d'amis lorsqu'il sera accablé de malheurs. Tu m'as accordé un 
bienfait, daigne aussi jouir de ma reconnaissance. De même que les dis- 
ciples honorent leur maître, tu seras honorée par mes parents et mes amis. 
Car quiconque connaît ses devoirs ne manque pas d’égards envers celui 
qui sauva sa vie. Sois la maîtresse de ma personne et de mes biens, sois 
ma conseillère et gouverne-moi comme un père; ne crains rien de ma part. 
Tu égales Çukra en sagesse, tandis que moi je me distingue par la force. 
Veuille, par tes conseils, régler ma vie, toi à qui j'en suis redevable. » 
Lorsque le chat eut fini de parler, la souris, qui possédait un trésor de 
sagesse, lui répondit d’une manière amicale : « J'ai entendu les paroles 
que tu as prononcées; écoute-moi aussi à ton tour. [l faut connaître ceux 
dont il convient qu’on recherche ou qu’on fuie l'amitié. C’est à un prin- 


cipe qu'approuvent les sages de ce monde. Car ceux qui semblent être des 
Tome XXV. 14 


106 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


amis sont souvent des ennemis, et ceux qui paraissent être des ennemis 
sont souvent des amis. Ceux avec lesquels on conclut une alliance d’amitié, 
lorsque la cupidité ou la colère s’en mêle, on ne les reconnaît plus dans 
la suite comme amis. Des forces qui se réunissent pour s’aider, voilà la 
base de l'amitié. On reste ami tant qu'aucun danger ne menace. Quiconque 
conclut une liaison d'amitié, oubliant ce qui lui est profitable, celui-là 
ne sera constant ni dans son amitié, ni dans sa haine. Car il se fiera à 
celui qui ne mérite aucune confiance, et se défiera de celui qui en mérite. 
Le danger qui naît de trop de confiance détruit amitié jusque dans ses 
racines. Les rapports qu'il y a entre le père, la mère, le fils, l'oncle, le 
neveu et les autres parents, ne résultent pas de la nature des choses. 
Car souvent le père et la mère abandonnent leur fils. Le monde cherche 
son propre intérêt. — Ta légèreté l'a fait descendre du figuier; elle est 
la cause que tu t'es fait attraper. Comment donc toi, qui es si léger en- 
vers toi-même, ne le serais-tu pas envers les autres ? Il n’y a rien qu’une 
personne légère ne perde. Tes douces paroles ne me conduiront point 
dans tes piéges. Écoute ce qu'il faut observer dans le choix d’un ami. 
C'est toujours à cause d’un but déterminé que l'amitié se contracte et que 
la haine s’engendre. Il n’est guère possible dans ce monde que chacun 
devienne lami de chacun. L'amitié qui existe entre frères utérins et 
consanguins, entre le mari et la femme, doit être réciproque et inté- 
ressée. Je ne connais aucune amitié qui se fasse sans motif. Car il arrive 
que les frères s’irritent contre les frères et que la femme en veuille à son 
mari. Des cadeaux , de douces paroles, des sacrifices et des prières, voilà 
ce que fait naître l'amitié; jamais elle ne naît sans cause précise. L’al- 
liance que nous avons contractée dans un but spécial, ne marchera pas 
plus avant; ce but étant atteint maintenant, notre amitié s’est écroulée 
aussitôt. Pourquoi donc fais-tu valoir notre amitié antérieure ? D’une part, 
tu es désireux de ma chair, d'autre part, je ne suis pas insensée ? Ne viens 
pas avec des paroles, comme tu viens d’en prononcer, chez celle qui est 
parfaitement au courant des choses qui lui sont salutaires. Le moment 
que tu as choisi pour me présenter ton amitié, n’est nullement favorable. 
Car je ne suis constante dans la guerre et dans la paix qu'à condition 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 107 


que cela me porte profit. De même que les contours des nuages changent 
sans cesse, de même celui qui est mon ennemi aujourd’hui sera demain 
mon ami, pour redevenir mon ennemi le jour après. Telle est l’incon- 
stance des associations. Nous étions liés tant qu'il y avait entre nous un 
motif d'amitié. Mais cette amitié s’est évanouie avec la cause qui l'avait 
produite. C’est par un motif particulier que tu es devenu mon ami, toi 
que la nature m'a donné comme ennemi. Ce motif n’existant plus à pré- 
sent, la nature te pousse de nouveau vers l’inimitié. Voilà ce que j'ai 
appris dans les Çâstras. Pourquoi courrais-je à ma perte à l’effet de te plaire? 
Tu m'as sauvée, comme je t'ai sauvé à mon tour. Nous nous sommes donc 
rendu un service mutuel; et, néanmoins, nous ne devons plus dorénavant 
nous trouver ensemble. N’avons-nous pas aujourd’hui atteint l’un et l’autre 
notre but? Si je venais chez toi tu me mangerais et ne ferais pas autre- 
ment. Je serais la nourriture dont tu pourrais te repaître; car tu es fort 
et moi je suis faible. Depuis que le danger qui nous menaçait a disparu, 
je ne vois pas non plus de cause d'amitié qui pourrait nous lier. Tu ne 
me recherches comme amie que pour avoir de la päture. La faim te dévore 
et tu te donnes des airs de justice. Ta grande piété n’a-t-elle pas pour but 
de parvenir à me manger? L’appétit te tourmente et tu cherches une proie 
opportune. C’est par une liaison d'amitié que tu songes à te préparer un 
repas. Tu recherches une alliance et veux m’accorder un bienfait, tandis 
que tu as une épouse et des fils? Cette épouse et ces fils ne me mange- 
ront-ils pas, s'ils me voient liée d’amitié avec toi? Je ne viendrai pas chez 
toi, puisqu'il n’existe plus entre nous aucune cause d'amitié. Comment un 
sage pourrait-il venir dans la maison d’un ennemi qui n’est pas aria !, qui 
est en proie aux horreurs de la faim et qui cherche une proie? Je quitte- 
rai plutôt cet endroit, car je te crains même de loin. Cesse de me prier; 
car je ne me rendrai pas chez toi. Si tu veux accorder des bienfaits, 
cherche des gens à qui ils soient agréables. Les sages désapprouvent la 
société des puissants, qu’on y entre de confiance ou avec préméditation. 
Le puissant est à craindre, lors même qu’il renonce à ses mauvais 


1 C'est le nom que prenaient les premières castes, en opposition aux dernières et aux étrangers. 


108 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


instincts. S'il s’agit de faire quelque chose qui te soit profitable, dis-le- 
moi sans détour. Je te donnerai tout, à l'exception de moi-même. Car, pour 
sauver sa vie, il faut sacrifier jusqu'à sa progéniture, son empire, ses 
pierreries et ses trésors. Quand on a perdu tout le reste, la vie doit en- 
core être conservée pour elle-même. Pour un ami, il faut abandonner et 
puissance et richesses; car il importe de songer à notre existence future. 
Mais la perte de la vie ne peut être réparée ni par de l'or, ni par des 
pierres précieuses. Nous devons protéger notre vie, cela dût-il nous coû- 
ter nos trésors et nos fils. Les hommes qui connaissent les moyens de se 
défendre et qui n’agissent qu'après mûre réflexion, n'encourent jamais les 
dangers qu’engendre la folie. Ceux qui savent que le fort est l'ennemi 
du faible n’ont jamais l'esprit chancelant; car ils trouvent leur appui 
dans les Câstras. » Palita ayant prononcé ces paroles, le chat répondit tout 
honteux : « J'espère que ce n’est pas en vain que nous nous sommes liés 
par serment. Car je ne Lai pas proposé un contrat frauduleux. Ma chère, 
tu ne dois pas mal interpréter mes pensées. Je connais mes devoirs et le 
chemin de la vertu. Je suis doux envers mes amis, et ton salut m'est 
fortement à cœur. Voilà pourquoi je t'engage à renouveler alliance avec 
moi et à n'avoir aucune défiance. » La souris toutefois, qui était douée 
d’une grande sagesse, répliqua : « J'ai entendu tes paroles, mais il m'est 
impossible de me fier à toi comme à un ami. Ni des louanges ni des 
monceaux de richesses ne pourraient m'engager à munir avec toi. Ceux 
qui sont sages ne s’allient pas avec leurs ennemis sans motif. Car voici 
deux sentences d'Uçanas : Quiconque s’allie avec un plus puissant que soi, 
dans un but ou contre un ennemi commun, qu'il prenne garde de ne 
faire que ce qui est convenable. Ne te fie pas à celui qui ne mérite 
aucune confiance, et ne te fie pas trop à celui qui en mérite. Fais en sorte 
que les autres se fient à toi, mais toi-même ne te fie pas aux autres. 
Celui qui observera ces préceptes sauvera sa vie en toutes circonstances. 
La vie est préférable aux richesses et à la progéniture. Le fin mot des Ni- 
ticastras le voici : Garde-toi d’une trop grande confiance. La méfiance est 
la meilleure voie de salut. Ceux qui sont méfiants, fussent-ils même tout 
petits, ne périront pas par la main d’un ennemi, tandis que les forts se- 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 109 


ront tués par les faibles, lorsqu'ils sont pleins d’une aveugle confiance. 
Contre tes semblables, à chat, il faut que toujours je défende ma vie. 
Quant à toi, tu dois défendre la tienne contre les piéges de ce Tchandäla 
pervers. » La souris ayant prononcé ces paroles, le chat fut saisi de 
frayeur et quitta à la hâte la branche qui le portait. Cependant Palita, qui 
avait pénétré jusqu’à la moelle des Cästras, se rendit vers une autre ca- 
verne. C’est ainsi que Palita, à elle seule et malgré sa faiblesse, sut échap- 
per par sa sagesse à un grand nombre d’ennemis puissants. Que, par 
conséquent, le sage ne méprise pas l'alliance d’un ennemi, pourvu qu’elle 
lui porte profit : car c’est en se sauvant mutuellement que la souris et le 
chat échappèrent à la mort. » 

Nous mettons en rapport avec cette fable la 107° de Babrius, dont voici 
la traduction : « Un lion allait manger une souris qu’il venait d'attraper. 
Mais notre voleur domestique, se voyant près de la mort, adressa au puis- 
sant animal ces paroles suppliantes : « Il C'appartient de poursuivre des 
cerfs et des taureaux aux cornes élevées; mais il ne convient pas que tu 
touches seulement du bout de tes lèvres à un diner composé d’une souris. 
De grâce, épargne moi! Peut-être un jour, si petite que je sois, je pourrai 
te rendre service pour service. Le lion sourit et laissa la suppliante s’en 
aller saine et sauve. Bientôt après, il fut pris dans les rets de jeunes chas- 
seurs et fut étreint de liens. La souris alors sauta en tapinois de son trou 
et, rongeant les mailles solides avec ses menues dentelettes 1, délivra le lion et 
le rendit à la lumière du jour. C’est ainsi qu’elle paya dignement son salut. » 

Cette fable est racontée absolument de la même manière par Romulus, 
dont la prose a été changée par Burmann en trimètres iambiques, attendu 
qu’elle semble avoir été traitée primitivement par Phèdre. (V. l'édition de 
Dresslen, 1. VIT, f. 5.) 

On nous objectera, peut-être, que l’analogie qu'il y a entre ces fables 
est beaucoup trop éloignée pour qu'on puisse en tirer une conclusion 
relative à leur commune origine. Mais quoique nous soyons opposé aux 
comparaisons louches et aux combinaisons hasardées, nous devons faire 


1 Ysopet, f. 18, 


110 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


remarquer que, dans le cas présent, la ressemblance nous paraît être trop 
grande pour qu’on puisse songer ici à un simple hasard. Voici, en effet, 
le trait commun qui rapproche les deux fables. Dans l’une et dans l’autre, 
nous voyons une souris qui, pour prix de son salut, sauve un ennemi 
beaucoup plus puissant qu’elle, en rongeant les liens dans lesquels il 
s'est engagé. Si c’est là un rapprochement fortuit, on devra avouer qu'il 
est néanmoins fort remarquable. 


XL. 


(Pantcha-tantra, 1. V, f. D.) 


« Dans une certaine contrée demeuraient quatre brahmanes qu’unis- 
sait une étroite amitié. Trois d’entre eux avaient étudié les Câstras sans 
acquérir plus d'esprit pour cela; le quatrième faisait peu de cas des çàs- 
tras, mais avait, d’un autre côté, beaucoup d’esprit naturel. Un jour qu’ils 
étaient réunis, ils se dirent entre eux: « Quel avantage retirons-nous de 
toutes nos études? Il faut que notre science amuse les rois, afin que, de 
cette manière, nous obtenions des richesses. Rendons-nous donc dans 
d’autres pays.» Ils partirent, et chemin faisant, l’aîné des quatre s’adres- 
sant aux trois autres, leur dit: «Il y en a un parmi nous qui, tout sage 
qu'il est, n’est pourtant pas savant. Or, quand on n’a que de l'esprit sans 
posséder de la science, on n'obtient pas la faveur des monarques. Don- 
nons-lui donc une partie de notre fortune, et qu'après l'avoir reçue, il 
retourne chez lui. » Le deuxième approuva le premier, en disant : «Quelque 
grand que soit ton esprit, tu es pourtant pauvre en science; regagne, en 
conséquence, ta demeure. » Mais le troisième répliqua : « N’agissons pas 
ainsi, cela n’est pas convenable, car nous avons vécu avec lui dès notre 
tendre jeunesse; qu’il voyage avec nous. Jusqu'à présent, il a toujours eu 
sur nous une très-grande autorité; qu'il participe également aux richesses 
que nous allons acquérir. » Son conseil fut approuvé, et les brahmanes 
continuèrent leur chemin. Or, en traversant une certaine forêt, ils décou- 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. at 


vrirent les ossements d’un lion. L’un d’entre eux dit alors: « Nous avons 
ici l’occasion de mettre en œuvre une vieille doctrine, en vertu de laquelle 
tout ce qui est mort peut être rappelé à la vie. Nous ferons donc revivre 
ce lion, grâce à la science que nous avons dûment acquise. Je recomposerai 
ses os, dit le premier; je renouvellerai sa peau, sa chair et son sang, 
ajouta le deuxième; et moi, s’écria le troisième, je lui rendrai la vie. 
Aussitôt le premier replaça les os dans leur état primitif; le deuxième s’ap- 
pliqua à renouveler la peau, la chair et le sang. Mais lorsque le troisième 
allait rendre la vie au lion, le quatrième le retint et lui dit: « Si vous 
rappelez ce lion à la vie, sachez que vous deviendrez sa proie. » Le savant 
répondit : « Je ne souffrirai pas que ma science demeure stérile. » L'autre 
répliqua : « Cher ami, attends du moins un peu, je t'en prie, pour que 
j'aie le temps de monter sur cet arbre voisin. » A peine le lion fut-il rendu 
à la vie qu'il dévora les trois insensés. Mais leur compagnon fut sauvé; 
car, ayant attendu que le lion se fût retiré, il descendit de l'arbre et 
retourna chez lui. Voilà pourquoi je dis que la sagesse est préférable à la 
science; car ceux qui ne possèdent que celle-ci succombent ordinairement 
comme ces restaurateurs de lion. » 

Nous croyons reconnaître dans cette fable la 150° du manuscrit flo- 


rentin. (Coraï, p. 557.) 
Le Voyageur et le Serpent. 


« Un certain jour d’hiver, un voyageur trouva en chemin un serpent 
transi de froid et à moitié mort. Plein de compassion, il le leva de terre 
et le réchauffa en le pressant sur son sein. Tant qu'il resta engourdi par 
le froid, le serpent se tint tout tranquille; mais à peine fut-il réchauffé qu'il 
mordit le voyageur à la poitrine. Au moment de mourir, celui-ci s’écria : 
— J'ai mérité mon sort; qu’avais-je besoin, en effet, de soigner un serpent 
qui était sur le point de mourir, puisqu'il aurait fallu bien plutôt le tuer, 
lors même qu’il eût été plein de vie. » 

L’antiquité de cette fable nous est garantie par la version de Phèdre 
(L IV, £. 19) que voici: 


112 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


« Qui porte secours aux méchants, tôt ou tard le regrette. Quelqu'un 
releva un serpent que le froid avait rendu immobile et le réchauffa contre 
son sein, miséricordieux à ses propres dépens; car dès qu’il fut revenu à la 
vie, le serpent lui fit une blessure mortelle. Un autre serpent lui deman- 
dait pourquoi il avait agi de la sorte, il répondit: Afin que personne ne 
s’avise de faire du bien aux méchants. » 

Il y a sans doute entre ces deux versions de très-grandes différences ; 
mais il y a aussi un fond commun qui consiste à prouver qu'il ne faut 
pas rappeler à la vie un ennemi dangereux. Or, si l’on admet que les deux 
traditions remontent à la même origine, il sera, d’un autre côté, très- 
probable que la priorité doit être attribuée à la fable sanscrite. Rien n’est 
plus fréquent chez les Indiens que de voir non-seulement les pénitents et 
les saints, mais en général tous les brahmanes doués d’une puissance 
magique. Il n’en était pas de même chez les Grecs, qui se sont vus forcés, 
pour ce motif, de modifier le pouvoir surnaturel qui était mis en œuvre 
dans la fable primitive. Mais la modification n’est pas très-heureuse ; elle 
est tout aussi prosaïque qu’elle est invraisemblable. Quelle probabilité y 
a-t-il, en effet, qu’un voyageur réchauffe contre son sein un serpent engourdi 
par le froid, et que, de cette manière, il le rappelle à la vie? Tandis qu’on 
peut très-facilement imaginer que, pour éprouver sa puissance magique, 
quelqu'un se complaise à restaurer un lion. Certes, on ne peut pas toujours 
procéder de la sorte, et de ce qu’une fable est mieux traitée chez un 
peuple que chez un autre, en conclure aussitôt qu’elle a été inventée par 
celui des deux peuples auquel nous en devons la meilleure rédaction. Nous 
avouons que cette conclusion n’est pas toujours admissible; mais elle l'est 
du moins dans la plupart des cas, et nous croyons qu’elle l'est toutes les 
fois que, chez l’un, l'invention est absurde, lorsque, chez l'autre, elle est 
toute naturelle. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 4115 


XIL. 


(Pantcha-tantra, 1. IV, f. 4.) 


« Dans un certain endroit demeurait une lionne qui, étant devenue 
mère, mit au monde deux lionceaux. Le lion entre-temps tuait continuelle- 
ment des chacals qu’il apportait ensuite à la lionne. Mais un jour, il ne 
put rien découvrir; car, pendant qu'il rugissait encore dans la forêt, le 
soleil se coucha. Toutefois, en retournant chez lui, il attrapa un tout jeune 
chacal, mais il ne voulut point le tuer; car, se dit-il en lui-même, il est 
encore si petit! Le prenant donc entre ses dents, il alla l’apporter à la 
lionne et dit à celle-ci : — Chère amie, je n’ai rien pu trouver, si ce n’est 
ce jeune chacal. Faisant réflexion qu’il était si petit, je n’ai point voulu le 
tuer; car on dit : Une femme, un brahmane, un çivarta et un enfant sont 
inviolables, lors même que la mort nous menace. Toi, toutefois, tu peux 
le manger, car un tel mets convient à ton état; demain je t'en apporterai 
un plus grand. Mais la lionne répliqua : Cher ami, tu n’as pas tué ce chacal ; 
pourquoi donc moi le tuerais-je pour m'en faire un repas? Ne dit-on pas, 
en effet, qu'il ne faut pas sacrifier son devoir? C'est là ce qu’en tout temps 
nous prescrit la justice. Qu'il me soit donc comme un troisième enfant. » 
C'est ainsi qu’elle parla, et depuis elle nourrit le chacal de son lait. Les 
trois nourrissons , ne se doutant pas de la diversité de leur race, parvin- 
rent à l'adolescence en suivant le même genre de vie. Mais un jour un 
énorme éléphant arriva dans la forêt. Les lionceaux l’eurent à peine aperçu 
qu'ils se jetèrent sur lui; cependant le chacal se dit en lui-même: « Get 
éléphant est un ennemi de notre race, il ne faut pas que je m’approche 
de lui, tandis que les lionceaux, privés des conseils du chacal, se consu- 
maient en efforts inutiles. Et après qu'ils furent retournés chez eux, ils 
racontèrent à leur père comment le chacal, en voyant de loin venir un 
éléphant, s'était mis à fuir. Le chacal ayant entendu ces paroles, fut 
enflammé de colère, et, fronçant ses sourcils en trois plis, semblable au 
fils de Ravana, sur la tête duquel s'élève une triple touffe de cheveux, les 


Tour XXV. 15 


114 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


yeux enflammés, il se répandit contre eux en injures menaçantes. Mais la 
lionne le conduisit à l’écart et le calma par les paroles suivantes : — Mon 
ami, tais-toi, je l'en prie; car ce ne sont pas tes frères. Le chacal furieux 
répliqua : Pourquoi se moquent-ils de moi ? Leur suis-je inférieur en cou- 
rage, en beauté, en sagesse ou en bonheur? Je les mettrai à mort. » La 
lionne sourit en entendant ces paroles; mais comme elle ne voulait pas 
que le chacal périt, elle lui dit: « Écoute, mon enfant: C’est par pitié 
que je l'ai nourri de mon lait, toi qui es issu d’un chacal. Tant que mes 
fils étaient encore tous jeunes, ils ne remarquèrent point que tu étais un 
chacal. Mais puisqu'ils sont entrés maintenant dans l'adolescence, hâte- 
toi de partir d'ici et de te rendre au milieu des tiens, si tu veux échapper 
à la mort. Le chacal, en entendant ces paroles, fut frappé de terreur et 
alla trouver ses parents. » Qu'on mette cette fable en rapport avec celle 
de Babrius, qui a pour titre le Renard et le Loup (f. 101). 

« Il naquit parmi les loups un loup beaucoup plus fort que les autres: 
on le surnomma le lion. Incapable, dans sa folie, de supporter sa gloire, 
il quitta ses semblables pour fréquenter la société des lions. Un renard se 
moqua de lui et lui dit : Que le ciel me préserve de devenir jamais aussi 
insensé que tu es enflé d’orgueil. Il est vrai que tu passes pour un lion 
dans le peuple des loups; mais tu n’es qu'un loup à côté des lions. » 

Nous ne voulons pas trop insister sur la similitude des deux fables que 
nous venons de traduire, quoiqu'elle nous ait paru assez remarquable 
pour être signalée ici. 


XII. 


(Œuvriras, édit. de M. Boissonade, p. 109.) 


« Quelqu'un ayant préparé un repas somptueux, invita à diner un 
grand nombre d'amis. Les invités s’étant assis et étant occupés à manger, 
il résolut de leur faire boire du lait. Il n’attendait que le retour de la ser- 
vante qu’il avait envoyée au marché pour acheter le lait qu’il voulait leur 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 115 


servir. La servante ayant acheté le lait le plaça sur sa tête, comme plu- 
sieurs femmes ont l'habitude de le faire, et retourna chez son maitre. 
Mais pendant qu’elle marchait, un vautour descendit du haut des airs et 
fondit sur un serpent; puis il l’étreignit dans ses serres. En s’envolant, 
il passa juste au-dessus du vase que portait la servante, et le serpent 
que pressaient vigoureusement les serres du vautour fut obligé de lâcher 
son venin, lequel tomba précisément dans l’ouverture du vase. La ser- 
vante qui portait le vase sur la tête ne s’aperçut pas de ce qui venait 
de se passer. Elle rentra chez elle et distribua le lait aux convives, 
qui en burent tous et moururent aussitôt. » Pour se convaincre de lori- 
gine indienne de ce conte, il suffit de considérer que le livre de Syntipas 
auquel il est emprunté n’est, en définitive, qu'une traduction d’un livre 
indien. Car les motifs que Loiseleur-Delonchamps à fait valoir, dans son 
Essai sur les fables indiennes, pour appuyer cette opinion, sont tellement 
concluants qu’il nous paraît impossible de ne pas l'adopter. Du reste, si 
l’on en peut croire cet auteur (pag. 119), la même fable se retrouve dans 
un recueil bien évidemment indien, qui porte le nom de Vétalapantcha- 
vinçati (c’est-à-dire les vingt-cinq récits d’un vétala). M. Lassen, dans son 
Anthologie sanscrite, nous a fait connaître quelques-uns de ces contes; 
mais celui dont il est question ici n’est pas compris dans ce nombre. 
C’est en vain que nous nous sommes donné toute peine pour nous procu- 
rer une copie d’un des manuscrits de cette collection, qui sont assez nom- 
breux en Europe. Nous ne doutons nullement que si quelqu'un voulait 
nous faire connaître le texte ou la traduction de la fable sanscrite que 
nous venons de signaler, on trouverait qu’elle se rapproche encore bien 
plus que le récit de Syntipas de la fable de Stésichore avec laquelle nous 
allons la mettre en regard. Car ce récit nous paraît fortement tronqué. 

Voici la fable de Stésichore, telle qu’elle se trouve dans l’histoire des 
animaux d'Élien (1. 17, ch. XXXVIL.) 

« Des batteurs en grange, exposés à l’ardeur du soleil et tourmentés 
par la soif, envoyèrent l’un d’eux (ils étaient au nombre de seize) cher- 
cher de l’eau à une source voisine. 11 s’en alla sa faucille à la main et une 
cruche sur l’épaule. Chemin faisant il remarqua un aigle qu'un serpent 


116 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


étreignait si fort dans ses nœuds vigoureux que l'oiseau était près d'en 
mourir. L'aigle, qui avait attaqué le serpent, était loin de remporter la Vic- 
toire; il succombait au contraire à l'attaque qu'il avait si imprudemment 
provoquée et ne songeait pas, comme il est dit dans Homère, à apporter 
un repas à ses petits; mais engagé dans les liens que son ennemi nouait 
autour de son corps, il allait, par Jupiter, non pas tuer, mais être tué. Le 
laboureur sachant ou ayant entendu dire que l'aigle est le messager et le 
serviteur du père des dieux, sachant aussi que le serpent est un méchant 
animal, assomma ce dernier avec sa faucille, en sorte que l'aigle fut déli- 
vré des liens en apparence indissolubles dans lesquels il se trouvait enlacé. 
Le laboureur, qui n’avait fait ceci qu’en passant, continua son chemin pour 
aller chercher de l’eau , et après y avoir mêlé du vin, il en donna à boire 
à la ronde. Ils en burent tous à longs traits et à qui mieux mieux. Le por- 
teur devait boire après eux; car il se trouvait que pour lors il fût serviteur 
et non point convive. Mais au moment qu'il approcha la coupe de ses 
lèvres, l'aigle auquel il avait sauvé la vie et qui, par bonheur, se trouvait 
encore dans ces lieux, voulant payer sa rançon, se précipita sur la coupe, 
la secoua et en répandit toute la liqueur. L'autre, qui était tout altéré, se 
mit en colère et lui dit : « Eh quoi, c’est toi-même! — car il avait re- 
connu l'oiseau, — et c’est ainsi que tu récompenses ton sauveur? Com- 
ment approuver une semblable conduite? Comment désormais quelqu'un 
voudra-t-il te faire du bien par respect pour Jupiter qu'on nomme le gar- 
dien de la reconnaissance? » Il dit et brülait de soif. Mais en se retour- 
nant il remarqua que tous ceux qui avaient bu s’agitaient convulsivement 
et luttaient contre la mort. On doit donc supposer que le serpent avait 
empoisonné la source en y répandant son venin. C’est ainsi que l’aigle 
donna à son sauveur une récompense équivalente au bienfait qu'il en 
avait reçu. Cratès de Pergame nous dit que Stésichore avait traité ce sujet 
dans un poëme qui n'avait pas reçu une grande publicité. » 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 117 


XIV. 


(Babrius, {. 94.) 


« Un os s'était arrêté dans le gosier d’un loup. Celui-ci promit à un 
héron de lui donner une bonne récompense s'il parvenait, en y introdui- 
sant son cou, à retirer l'os et à le guérir de ses maux. Le héron retira l'os 
et demanda le prix de sa peine. Mais l’autre répliqua ironiquement : C’est 
bien assez de salaire pour ta cure que d’avoir retiré ta tête de la gueule 
d’un loup, sans qu'il te soit advenu de malheur. » 

C'est à cette fable que se rapporte un proverbe rapporté par Zé- 
nobe (IL, 48) : & vo otéuares. Nous avons déjà fait remarquer plus haut 
qu’on a voulu la faire provenir de l'Égypte, attendu que le trochilus 
mange impunément les sangsues qui se trouvent dans la gueule du croco- 
dile. Nous n'avons pas voulu contester cela d’une manière absolue, en 
faisant toutefois remarquer qu'un récit de tout point analogue se ren- 
contre dans un livre indien. En effet, M. Grimm (Reinh. Fuchs, p. coxxx1) 
nous à fait connaître un extrait d’un livre écrit en langue pâli ! et conte- 
nant la vie de Tevetat, dans lequel nous trouvons la narration suivante : 

« Par suite de la transmigration des âmes, il advint que Sommonaco- 
dom fut changé en un grand oiseau et que Tevetat revêtit la forme d’un 
rachasi ?, dans le gosier duquel, lorsqu'il mangeait de la viande, il s’ar- 
rêta un os. Le rachasi pria l'oiseau de retirer cet os; celui-ci s'empressa 
de le faire et demanda la récompense promise. Mais le rachasi répondit 
que c'était déjà une trop grande faveur pour lui que d’avoir eu la permis- 
sion d'introduire son bec dans son gosier et d’en avoir retiré sa tête sans 
danger. » 


1 Voy. de la Loubère, Royaume de Siam; Amsterdam, 1694, IT, 20. 

? M. Grimm avoue qu'il ignore quelle est cette espèce d'animal. Il aurait pu savoir aisément 
qu'il ne s'agit pas du tout ici d'un animal, mais d'un rakshas, c'est-à-dire d'un esprit malin, qu'on 
rencontre à tout moment dans les écrits de l'Inde. 


118 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


XV. 


Nous croyons avoir déjà fait observer que, parmi les fables des Indiens 
et des Grecs, il y en a plusieurs dont le trait saillant ou la pointe est abso- 
lument la même, tandis que le reste du récit ne présente pas une ressem- 
blance analogue. C’est ainsi, par exemple, que nous trouvons dans le 
Pancha-tantra (1. 1, f. 15) qu’une mouche s’introduit dans l'oreille d’un 
éléphant et le tourmente vivement, de même que dans Ésope (Coraï, p. 88) 
un moucheron parvient à triompher d’un lion en entrant dans ses narines. 
Il est vrai que cette fable ne se trouve pas dans Babrius; mais ce qui 
prouve qu'elle n’est pourtant pas d’une date très-récente, c'est que Nicétas 
Choniatès y a fait allusion (p. 517) et qu’en outre, elle a été probable- 
ment traitée par Phèdre, puisqu'elle se trouve parmi les fables que Bur- 
man à mises en trimètres iambiques. 


XVI. 


Ce que nous venons de dire des deux fables précédentes s'applique 
également à trois autres que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. 
La première de ces trois fables est empruntée au Hitopadèça (1. 1, £. 4) : 
« Sur le sommet du mont Arbudha demeurait un lion appelé Mahävi- 
krama (c’est-à-dire grande force). Chaque jour, une souris, près du trou 
de laquelle il se couchait sur la montagne, venait ronger sa crinière. Le 
lion, voyant sa crinière endommagée et ne pouvant pourtant pas attraper 
la souris, s’irrita et pensa en lui-même : — Que faudra-t-il faire à présent? 
On ne parvient pas par la force à triompher d’un petit ennemi. Le lion 
se rendit donc dans le village voisin, et, au moyen de viande et d’autres 
friandises, il sut attirer un chat appelé Dadhikarna , qu'il transporta dans 
sa caverne. La souris, pleine de frayeur, n’osa plus sortir de son trou, 
et le lion put désormais dormir en paix , sans que personne vint lui ronger 
la crinière. » 

La première partie de cette fable est parfaitement semblable à la 82° 
de Babrius : 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 119 


« Pendant le sommeil d’un lion, une souris passa en courant sur sa 
sauvage crinière. Grande fut la colère du lion, qui s’élança en bondissant 
de sa profonde caverne. Cependant, un renard souriait de le voir si ému 
contre une souris, lui le souverain de toute la gent animale. Mais le lion 
répliqua : — Je ne crains pas, importun, que la souris m'égratigne en 
fuyant; ce que je redoutais, c'est qu'elle ne défiguràt ma crinière. » 

Nous doutons que, sans le secours de la fable indienne, on puisse 
même comprendre la réponse du lion. 

La seconde partie de cette fable n’est pas sans analogie avec la 112 
de Babrius, intitulée : {a Souris et le Taureau. 

« Une souris mordit un taureau. Aïgri par la douleur, celui-ci se mit 
à la poursuivre. Mais la souris l’ayant prévenu en se retirant dans le fond 
de son trou, le taureau battit de ses cornes le mur devant lequel il dut 
s'arrêter, Jusqu'à ce que, tout épuisé de fatigue, il plia les genoux et s’en- 
dormit près du trou. La souris alors mit le nez à l'air, s’approcha de lui, 
le mordit de nouveau et s'enfuit. Lui se leva tout perplexe et ne sachant 
que faire. Mais la souris lui dit en murmurant : — Le plus grand n’est pas 
toujours le plus fort; il est des cas où la force appartient au plus petit et 
au plus humble. » 


XVIL. 


Il y a encore un grand nombre de fables semblables que nous ne vou- 
lons pas transcrire en entier, parce que le point de rapprochement qui les 
unit, quelque réel qu’il nous paraisse, est pourtant trop accessoire pour 
justifier des longueurs. Ainsi, par exemple, on trouve dans le Pantcha-tantra 
(L V,f. 7) un âne qui apprend à chanter, et que son maître, peu charmé 
de ce chant, ramène à la raison à coups de bâton; tandis que, d’un autre 
côté, nous savons qu'il y avait un grand nombre de proverbes grecs fai- 
sant allusion à un âne jouant de la Iyre (vo Aupi&uw). 

Ce trait nous fait souvenir de la 126": fable de Babrius, dans laquelle 
un âne, voulant faire le badin, casse un vase d’argile et ne reçoit en récom- 
pense que des coups, quoiqu'un singe, qui faisait absolument la même 


120 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


chose, eût le privilége de provoquer le rire. Cette fable nous en rappelle 
à son tour une autre, qui se trouve dans le Hitopadéça, et que nous croyons 
devoir faire connaître intégralement, puisqu'elle n’a pas encore été tra- 
duite en français (L. Il, f. 5). 

« À Bénarès demeurait un blanchisseur appelé Karpurapata (c'est-à- 
dire habit blanc). Un jour, après s’être amusé avec sa jeune maitresse , il 
tomba dans un profond sommeil. Entre-temps, des voleurs pénétrèrent 
dans sa maison pour lui dérober tout son bien. Mais à l'entrée de la 
maison se trouvaient un àne, attaché à sa corde, et un chien, qui s'était 
couché par terre. L’àne alors s'adressant au chien : — C’est ton métier, 
lui dit-il, pourquoi n’aboies-tu pas avec force, afin d’éveiller notre maitre? 
Le chien répondit : — Que viens-tu te mêler de mon emploi ? Tu sais bien 
que nuit et jour je veille sur la maison de mon maître. 

Voilà pourquoi il est déjà depuis longtemps plein de sécurité. Il 
méconnaît mon utilité et ne me donne plus qu'une maigre pitance. Car 
lorsque les maîtres ne voient pas de danger, ils ne respectent pas non plus 
leurs serviteurs. — L’âne répliqua : Fi donc, barbare que tu es. Celui 
qui fait des réclamations au moment de l’adversité, est-ce là un serviteur 
où un ami? — Le chien reprit : Celui qui ne respecte pas ses serviteurs, 
est-ce là un maître au moment de l’adversité? 

« Il n’y a pas de remplaçant pour nourrir les domestiques, pour ser- 
vir le maître, pour pratiquer la vertu ou pour engendrer un fils. » 

L’âne alors se mit en colère et dit : — Tu es un infâme, toi qui méprises 
ton maître dans le malheur. Soit! je veux mettre tout en œuvre, afin que 
mon maître s’éveille. 

« Il faut vénérer le soleil en se mettant sur le dos, le feu en se cou- 
chant sur le ventre, le maître de toutes ses forces, et l’autre monde sans 
dissimulation. 

Il dit et commença à braire. Le blanchisseur s’éveille à ces cris, se lève 
et, transporté de colère, applique à l’âne des coups de bâton, pour le punir 
de ce qu'il avait troublé son sommeil. » 

Il est impossible, selon nous, de méconnaitre la ressemblance frappante 
qu'il y a entre cette fable et la 131° de Babrius, dans laquelle il est ques- 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 121 


tion d’un âne qui, pour mériter l’affection de son maître, se met en devoir 
de le caresser à l'instar de son petit chien de Mélite. 

Nous ajoutons encore, quoique avec toutes les réserves nécessaires, la 
fable 119 de Babrius, dans laquelle il est parlé d’un Mercure en bois que 
son professeur vénérait tous les jours sans que l’état de sa fortune s’en 
amélioràt. Enfin, voyant que toutes ses prières étaient inutiles, notre 
homme, furieux, jette son idole par terre. Elle se brise, et de sa tête cassée 
il s'échappe de l'or. 

Une histoire tout à fait analogue à celle-ci est racontée dans le Pantcha- 
tantra (1. V, f. 1), avec cette seule différence que le Mercure en bois y est 
remplacé par un Jaina . Mais, comme nous venons de le dire, nous ne 
voulons pas insister là-dessus , parce que, d’après l'avis de M. Bernhardy 
(Gr. litt., Il, p. 1048), la fable grecque dont il est question ici, n’a pas 
pour auteur Babrius, quoiqu’elle soit comprise dans le recueil publié sous 
son nom. Selon ce philologue, elle est d’une date beaucoup plus récente et 
doit être considérée comme une interpolation maladroite. S'il en était ainsi, 
il se pourrait très-bien que la prétendue fable de Babrius ne fût autre 
chose qu’une imitation de la fable indienne , faite au moyen âge d’après une 
des nombreuses traductions du Pantcha-tantra que nous avons plus haut 
signalées. 

Nous ne voulons pas non plus nous arrêter longuement sur la fable 
du Pantcha-tantra (1. V , £. 2), dans laquelle il est raconté comment un brah- 
mane donna cruellement la mort à un furet qui avait défendu son fils 
contre les morsures d’un serpent. Ce brahmane, en voyant le furet plein de 
sang, S’imagina qu'il avait tué son fils, tandis qu’au contraire, il avait, au 
péril de ses jours, empéché le serpent d'exécuter son funeste projet. — 
Loiseleur-Delongchamps, à la p. 144 de son Essai sur les fables indiennes, 
fait remarquer la grande ressemblance qu’il y a entre ce récit, si souvent 
imité dans la suite , et le Culex attribué à Virgile. 


‘ Les Jainas forment une secte religieuse, dont l'origine ne remonte pas à une très-haute an- 
tiquité. 


Touz XXV. 16 


122 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


CHAPITRE IV. 


DE LA PATRIE DES APOLOGUES. 


Nous pensons que désormais il ne sera plus possible de douter qu'il y 
ait des rapports d’affinité entre les fables grecques et les fables indiennes. 

La comparaison à laquelle nous les avons soumises nous a montré qu'il 
y en a au moins une douzaine qui sont communes à la Grèce et à l'Inde. 

Nous avons vu que ces fables ne se ressemblent pas seulement par le 
fond, par l’idée générale, mais qu’elles offrent aussi, dans la forme et même 
dans les moindres détails, des analogies manifestes. En outre, nous nous 
sommes convaincu à diverses reprises que plus une fable grecque est 
ancienne, plus aussi elle se rapproche de la fable indienne correspondante. 
Nous pouvons, ce me semble, tirer de ces faits positifs la conclusion qu'il y a 
eu, à une certaine époque, des relations littéraires entre l'Inde et la Grèce, au moins 
en ce qui concerne l’apologue. Cette vérité, qui n'avait pas encore été démontrée, 
nous paraît avoir une assez grande importance, surtout si l'on prend en 
considération que ces relations littéraires remontent au moins au II: siècle 
avant notre ère et que très-probablement elles sont encore beaucoup plus 
anciennes. Jusqu'à présent nous savions seulement que les savants de l'Inde 
avaient fait à ceux de la Grèce quelques emprunts astronomiques , dont 
la date est, du reste, bien plus récente. Nous avons donc acquis une base 
nouvelle pour comparer les arts et les sciences de l'Inde avec ceux des pays 
helléniques. 

Il n’est plus permis de supposer avec M. Robert que les fables de Bidpaï, 
qui se retrouvent parmi celles d'Ésope, aient été ajoutées à celles-ci par 
les Grecs du Bas-Empire. Il faut remonter bien plus haut pour com- 
prendre et expliquer de semblables rapports. Déjà, à une époque très- 
reculée, les Grecs avaient emprunté aux Indiens un assez grand nombre 
de fables, ou bien ceux-ci en avaient reçu de ceux-là, ou bien encore les 
uns et les autres les devaient à un peuple différent, dont les fables n’ont 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÉCE. 125 


pas été conservées. Nous avons donc devant nous trois hypothèses. Mais 
pour ce qui concerne la première, elle se détruit par le témoignage des 
Grecs eux-mêmes. Babrius, qui probablement a fait usage des recherches 
de Démétrius de Phalère, prétend que la Fable est venue de l’Assyrie, et le 
nom d’Ésope, comme nous l'avons fait voir, nous indique clairement que, 
d’après l'opinion des Hellènes, la patrie de l’apologue doit être cherchée 
dans l'Orient. Ceci se confirme de diverses manières. Les fables grecques 
les plus anciennes appellent notre attention, du côté de l'Orient, vers l’île 
de Samos, vers la Lydie et, en général, vers toute l'Asie Mineure. Dans 
les fragments de Callimaque, la dispute du laurier et de l'olivier est trans- 
portée sur le mont Tinolus et rapportée « d’après les récits des anciens 
Lydiens 1. » 

Selon Lucien, l'aventure de l'âne couvert de la peau du lion s’est passée 
à Cumes, dans l'Éolie. Dans le Repas des sept sages de Plutarque (IV), Ésope 
parle du mulet lydien. Chez Coraï (p. 155), des renards veulent vider 
le Méandre. Simonide d’Amorgos ? fait allusion à la fable de l’anguille du 
Méandre. Une oie du Méandre figure dans les fragments du même poëte, 
Qu'on se rappelle encore ici ce que raconte Élien des écrevisses d’Éphèse 5, 
et qu'on songe qu'Ésope passait pour avoir été un habitant de Sardes, 
un favori de Crésus. 

Pour ce qui regarde la fréquence des fables dans l’île de Samos, il suffit 
de prendre en considération que Simonide d’Amorgos était originaire de 
cette île, qu'Ibycus y avait vécu chez Polycrate, qu'Ésope est souvent 
appelé Samien, et que, d’après Héraclide du Pont (X), il y avait ancien- 
nement, dans l’île de Samos, une quantité innombrable d'animaux ‘. Si 
nous réunissons toutes ces indications, nous pourrons facilement nous 
convaincre que les Grecs ont eu raison d’attribuer l'invention de la Fable 
à Ésope, c’est-à-dire à un Éthiopien. Mais lequel des peuples orientaux 


1 Voy. Ammonius, $. ©. wivos. 

2 Fr. 8 dans Ja collection de M. Bergh. 

5 Voy. plus haut, p.91. 

# Nous n’appuyons pas fortement là-dessus, parce que cette tradition peut être expliquée au- 
trement. 


© 


124 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE 


ou éthiopiens ont-ils entendu désigner? Il n’est pas du tout sûr que ce 
soient les Indiens. En effet, il se pourrait très-bien que les Indiens et les 
Grecs eussent emprunté la Fable soit aux Assyriens, soit aux Phrygiens , 
soit à un autre peuple de l'Asie Mineure. Néanmoins, il y a plusieurs mo- 
tifs qui nous font supposer que les Indiens n'ont pas reçu leurs fables 
d’un peuple étranger. Car, d’abord, quoique nos connaissances sur l'Inde 
soient encore très-incomplètes, nous avons cependant déjà la certitude 
qu'ils n’ont presque rien emprunté aux peuples qui les environnaient !. Et 
de même que les Égyptiens, ils n'avaient pas l'habitude de voyager dans des 
contrées éloignées ?. De plus, aucun peuple n’était plus propre à créer 
l’apologue. Aucun n'avait plus fidèlement observé le caractère des différents 
animaux. Ils avaient la croyance que les âmes des pécheurs passaient dans 
le corps de toutes sortes d'animaux, et dans l’un des plus anciens monu- 
ments de leur littérature, dans les lois de Manou, nous voyons qu’ils 
avaient spécifié, avec la plus grande exactitude, à quelle espèce d'animaux 
appartiendrait, après leur mort, telle ou telle espèce de coupables 5. Et qu'on 
ne nous objecte pas que l'apologue n’aurait pas pu se frayer un chemin à 
travers l'Asie jusqu'aux Grecs, puisque nous voyons que d’autres tradi- 
tions indiennes ont pénétré jusque-là. Les détails relatifs aux fourmis 
gigantesques de l'Inde, creusant la terre et rassemblant de l’or, ont été 
connus en Grèce bien avant l’époque d’'Hérodote. 

Les contes relatifs à la nation des Amazones, qu'on disait demeurer 
vers l'extrême Septentrion, ne sont pas différents de ceux que rapportent 
les auteurs indiens sur le royaume des femmes qu’ils appellent Strirâg'a *. 
D'un autre côté, Mégasthène donne à juste titre le nom d’Hyperboréens de 
l'Inde aux Ottorocorras, dont il est si souvent question dans les ouvrages 
sanscrits, qui, d'après la tradition, avaient leurs demeures dans le Nord, 


‘ Ils nommaient tous les étrangers des mlétchas , c'est-à-dire des barbares. 
2 Voy. M. Lassen, Antiquités de l'Inde, 1, p. 854. 

5 Les passages relatifs à cette croyance, que nous avons découverts dans le code de Manou, se 
trouvent, en suivant la traduction anglaise, aux pages 77, v. 115; 95, v. 930 ; 414, v. 67; 129, 
v. 166: 135, 154, 145, v. 11: 149, 169, v. 164; 555, v. 91 ; 583, v. 132; 401, v. 941; 419, 
v. 40-45; A4, 416. 


: Voy. les Antiquités de l'Inde, de M. Lassen, I, p. 851. 


ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 195 


et qui étaient considérés, tant par les Indiens que par les Grecs, comme 
le peuple le plus heureux et le plus juste du monde !. 

Et pour ne pas trop insister sur des généralités, nous ferons remarquer 
que le caractère particulier que revêtent certaines fables communes aux 
Indiens et aux Grecs parle tout à fait en faveur de leur origine indienne. 
Nous avons déjà fait observer plus haut que la poule qui pond des œufs 
d’or nous rappelle les traditions religieuses des livres sanscrits. Il faut dire 
la même chose de la fable du Brahmane et du Serpent, dans laquelle nous 
trouvons le culte du serpent pratiqué d’une manière inconnue à la Grèce. 
Les sectateurs de Bouddha avaient l'habitude de nourrir toute espèce d’ani- 
maux, et il suffit d’être un peu versé dans la connaissance des mœurs 
bouddhistiques pour être persuadé que cette fable est originaire de l'Inde. 
L’apologue des quatre brahmanes qui rappellent un lion à la vie, porte un 
cachet éminemment oriental; la magie dont ils font usage n’était pas fami- 
lière aux Hellènes. Cette remarque s'applique également à la fable de Ja 
Souris métamorphosée en fille. 

En combinant toutes ces données, on arrive à la conclusion qu'il est 
du moins très-probable qu’il faut chercher dans l'Inde l’origine de la Fable, 
considérée comme genre littéraire. 

Il ne sera pas sans intérêt de faire encore quelques recherches sur le 
chemin qu'ont dû suivre les apologues indiens pour parvenir dans la 
Grèce. 11 n’y a, selon nous, pour résoudre cette question, que deux hypo- 
thèses plausibles. La Fable a été transmise aux Grecs par les Assyriens, ou 
bien elle l’a été par les Perses. L'empire d’'Assyrie, d’après les recherches 
les plus récentes, s’étendait jusqu’à la Bactrie et à l'Inde; les guerres que, 
selon Ctésias, Sémiramis et Ninus portèrent dans ces deux contrées ne 
sont pas dénuées d’un fondement historique ?. D'autre part, cet empire 
s’étendait jusqu’au fleuve Halys, l’ancienne limite de la Lydie. En outre, 
il y avait entre la Lydie et l’Assyrie bien plus que des relations de voi- 
sinage. Les rois de ces deux peuples prétendaient descendre les uns et les 
autres d'Hercule. Si donc nous trouvons, d’un côté, des fables dans la 


1 Voy. L. L., p. 511, et Schwanbeck, Ad Megasthenis indica, p. 63. 
2 Voy. M. Lassen, [. L., p. 858. 


126 SUR LES APOLOGUES DE L'INDE ET DE LA GRECE. 


Lydie et que, de l’autre, nous en trouvons dans l'Inde; si, de plus, les Assy- 
riens ont eu des rapports très-intimes avec les peuples de ces deux con- 
trées, si, en outre, Babrius attribue aux Assyriens l'invention de la Fable, 
si, enfin, les Ciliciens, qui étaient tributaires des Assyriens!, avaient, 
comme le rapporte Théon, des fables à eux, si tout cela, disons-nous, est 
incontestable, nous croyons pouvoir en conclure, sans trop de hardiesse, 
que les Assyriens ont Joué le rôle d’intermédiaires entre l'Hindostan et la 
Grèce, au moins en ce qui concerne l’apologue. 

Ce n’est pas qu’on ne puisse aussi faire valoir quelques arguments en 
faveur de la seconde hypothèse, d’après laquelle ce seraient les Perses qui 
auraient transmis aux Hellènes l’apologue sanscrit. Eux aussi exercèrent, 
pendant un certain temps, leur domination depuis l’Inde jusqu'à l'Asie 
Mineure. Eux aussi connaissaient la Fable; Hérodote en fait foi ([, 141). 
Mais on ne peut pas aller au delà. 

Nous avons pensé, pendant quelque temps, que la Fable avait été trans- 
mise par les Assyriens aux Babyloniens, par ceux-ci aux Phéniciens et 
par ces derniers aux Grecs. Car l’île de Samos avait reçu des colonies 
phéniciennes; Archiloque, dans les fragments duquel nous avons trouvé 
des fables, était de l’île de Thasus, où il y avait aussi une colonie phéni- 
cienne; enfin, Hésiode, l’auteur le plus ancien qui nous ait transmis une 
fable, habitait Ascra, où les Phéniciens s'étaient également établis. Mais 
toutes ces considérations sont si peu concluantes que nous n’y attachons 
nous-même qu'une très-faible importance. 

Quoi qu'il en soit de la route qu'ont suivie les apologues pour arriver 
dans la Grèce, nous croyons avoir démontré d’une manière irréfragable 
qu'il y a de nombreux rapports d’affinité entre les fables de l'Inde et celles 
de la Grèce; nous croyons, de plus, avoir rendu très-probable que l’hon- 
neur de l'invention doit en être attribué aux Indiens. 

Nous espérons que d’autres plus savants que nous feront, sur une échelle 
plus vaste, l’histoire comparée des civilisations grecque et indienne. Nous 
n'avons fait qu'apporter une pierre à la construction de ce grand édifice. 


1 Voy. Niebuhr, Æleine Schriften , V, p. 205.— FRS 


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